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mardi, 06 septembre 2022

Le laboratoire politique de la France contemporaine

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Le laboratoire politique de la France contemporaine

par Georges FELTIN-TRACOL

michelet_invention-presidence-republique-tt-width-300-height-455-crop-1-bgcolor-ffffff-lazyload-0.jpgC’est au printemps 2022 en pleine campagne présidentielle que paraît un livre au titre étonnant : L’invention de la présidence de la République (1). Il ne s’agit pas d’une étude de droit constitutionnel, mais d’un essai d’histoire politique sur la plus brève et la plus méconnue des républiques françaises, la Deuxième (1848 – 1852).

L’auteur, Maxime Michelet, examine quatre années décisives qui ont modelé le paysage politique jusqu’en 2017. Il en profite pour contester certaines interprétations institutionnelles viciées de l’historiographie républicaine sans toutefois toujours convaincre. En effet, on pense que la IIe République fut un régime présidentiel puisque le chef de l’État ne pouvait pas dissoudre la chambre. C’est inexact en raison des ambivalences de la constitution de 1848. L’assemblée monocamérale poursuit des pratiques parlementaires acquises sous la Seconde Restauration (1815 – 1830) et la Monarchie de Juillet (1830 – 1848). Elle vote régulièrement la défiance envers le cabinet ministériel et/ou certains de ses membres. « La constitution de 1848 accorde peu de pouvoirs à son premier magistrat » qui porte pour la première fois le titre de « président de la République ».

Toute la parole au peuple ?

À part le droit de nommer et de révoquer les ministres (art. 67), le président ne peut pas agir sans l’indispensable contreseing ministériel. Les constituants limitent sérieusement ses prérogatives. Élu pour quatre ans, il n’est pas rééligible. Le jour de son investiture, il est le seul à devoir prêter un serment de fidélité à la constitution devant les députés.

Maxime Michelet n’est pas constitutionnaliste. Certes, le président de la IIe République ne peut ni suspendre ni proroger l’Assemblée nationale législative. En revanche, il peut la convoquer (art. 32) ou « demander, par un message motivé, une nouvelle délibération (art. 58) ». À l’instar de son homologue outre-Atlantique, il ne dispose pas non plus de l’initiative législative directe. Mais, il « a le droit de faire présenter des projets de loi à l’Assemblée nationale par les ministres (art. 49) ». L’auteur oublie en outre que l’article 63 stipule que le chef de l’État « réside où siège l’Assemblée nationale, et ne peut sortir du territoire continental de la République sans y être autorisé par une loi ». L’auteur semble ainsi confondre le régime présidentiel ou « séparation institutionnelle des trois pouvoirs » du présidentialisme autoritaire (initiative législative de l’exécutif, droit de dissolution de l’assemblée, fixation de l’ordre du jour du Parlement, possibilité d’arrêter le budget par décret, etc.), voire d’un « présidentialisme parlementaire » en vigueur au Portugal et en Autriche où le président est élu au suffrage universel direct, mais dont la responsabilité de l’exécutif revient au chef du gouvernement. La Ve République française se définirait plutôt, après trois cohabitations (1986 – 1988, 1993 – 1995 et 1997 – 2002), comme un « système semi-présidentiel au parlementarisme rationalisé ».

Aux pouvoirs volontairement restreints, le président de la République détient néanmoins un atout considérable. Après bien des discussions et des tergiversations parmi les députés, il bénéficie de « l’autorité acquise par l’onction populaire ». Encore inspiré de l’exemple américain, les constituants de 1848 décident d’élire le président de la République au suffrage universel direct par tous les hommes âgés de 21 ans au moins. Le scrutin se passe en un seul tour (tour populaire). Pour être élu, il faut recueillir la majorité absolue des suffrages dont un minimum de deux millions de voix, soit environ un tiers des inscrits. Si aucun candidat n’est élu, il revient à l’Assemblée législative d’élire le président parmi « les cinq candidats éligibles qui ont obtenu le plus de voix (art. 47) » (tour parlementaire) (2).

L’article 46 prévoit que l’élection présidentielle « a lieu de plein droit le deuxième dimanche du mois de mai », y compris si le président a été élu à une autre date. Les constituants rognent sciemment près de sept mois de présidence pour l’élu des 10 et 11 décembre 1848. Maxime Michelet note que « par le hasard de la date du décès de Georges Pompidou, les élections présidentielles ont lieu en mai depuis 1974, le second tour ayant lieu le premier (depuis 1995), le deuxième (1981 et 1988) ou le troisième dimanche dudit mois (1974). L’élection présidentielle de 1965 avait été organisée en décembre – tout comme celle de 1848 – tandis que celle de 1969 avait pris place en juin. En 2022, pour la première fois, le second tour prend place en avril ».

Louis_Eugène_Cavaignac_MdesA_2014.jpgTous les publicistes de l’époque pronostiquent la victoire du général Cavaignac (photo). Militaire républicain modéré, Louis-Eugène Cavaignac dirige le pouvoir exécutif après avoir maté l’insurrection ouvrière parisienne de juin 1848. Il « demeurait à l’hôtel de Monaco - aujourd’hui hôtel de Matignon ». Élu président, le général Cavaignac en aurait fait son palais présidentiel. Mais il perd l’élection dès le tour populaire tout comme le général conservateur Nicolas Changarnier, les socialistes Alexandre-Auguste Ledru-Rollin et François Raspail et le républicain Alphonse de Lamartine. Avec 75 % des voix, le premier président de la République française est un homme de 40 ans : Louis-Napoléon Bonaparte. « L’héritier de l’Empire devient le premier des premiers magistrats de la République, porté à cette charge quelques jours plus tôt par les suffrages quasi unanimes du peuple français, déposés à l’occasion de la première élection présidentielle au suffrage universel direct. Une expérience audacieuse qui ne se reproduisit plus en France avant 1965. » Mieux, Maxime Michelet le présente comme « le premier président de la Ve République ». En effet, « du point de vue des principes comme de la pratique, Louis-Napoléon Bonaparte a inventé la présidence de la République et, à considérer la prééminence du chef de l’État au sein de la constitution de 1958, on pourrait même oser une affirmation riche en paradoxes : Louis-Napoléon Bonaparte a fondé notre République ».

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Le choix de l’impartialité

Le nouveau dirigeant français inaugure des usages dont certains perdurent encore aujourd’hui. Il est « le premier locataire de l’Élysée ». Il y organise de grandes réceptions et invite les familles royalistes légitimistes et orléanistes les plus influentes, les membres du clan Bonaparte et un entourage présidentiel immédiat dont les fidélités sont « nées dans l’exil et les conspirations ». Connaissant mieux l’étranger que son pays natal, le président, bon locuteur en allemand, en anglais et en italien, visite au cours de son mandat la France et n’hésite pas à séjourner dans des départements politiquement hostiles. Les discours qu’il prononce accroissent sa notoriété auprès de la population. Petite anecdote savoureuse pour l’époque : sa maîtresse en titre, l’Anglaise Elizabeth-Ann Haryett alias Miss Harriet Howard (1823 – 1865) (tableau, ci-dessous), accompagne volontiers ce célibataire endurci pendant les voyages officiels...

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En ces temps d’hypostase laïcarde, l’auteur signale que « par privilège particulier, le chef de l’État français possédait […] le droit de remettre la barrette cardinalice au nonce apostolique en France – l’ambassadeur du pape – lorsqu’il était nommé cardinal à l’issue de sa mission diplomatique: le dernier président de la République à remettre sa barrette à un cardinal sera le général de Gaulle en 1959 (et ainsi, en 1953, le président Auriol aura-t-il remis sa barrette au cardinal Roncalli, futur Jean XXIII ». Il mentionne enfin une « magistrature unique dans toute l’histoire républicaine de la France »: la vice-présidence de la République dont le titulaire s’appelle Henri Georges Boulay de La Meurthe (1797 - 1858). L’article 70 définit cette nouvelle fonction. Le vice-président de la République est nommé par l’Assemblée nationale, sur la présentation des trois candidats faite par le président (outre l’heureux élu, les deux autres sont le comte Achille Baraguey d'Hilliers et Alexandre-François Vivien). Président du Conseil d’État, le vice-président de la République remplace le président en cas d’empêchement et assure un court intérim.

Président des Amis de Napoléon III, Maxime Michelet entend réhabiliter la figure paradoxale du premier chef de l’État français élu au suffrage universel de l’histoire, du premier des présidents de la République et du dernier des monarques français. Il rappelle à toute fin utile que du 20 décembre 1848 au 2 septembre 1870, « Louis-Napoléon Bonaparte a présidé aux destinées de la France durant vingt et un ans et huit mois. À ce titre, il est l’homme politique contemporain à avoir exercé le plus longtemps la magistrature suprême, suivi de Louis-Philippe (dix-sept ans et deux mois), Napoléon Ier (quatorze ans et sept mois) et François Mitterrand (quatorze ans) ». Il ajoute que « loin de l’aventurier jouisseur et sans autre colonne vertébrale que la poursuite d’un confort luxueux financé par la nation, Louis-Napoléon est un homme d’État, porteur d’une véritable conception politique, acteur d’une trajectoire personnelle parmi les plus étonnantes du XIXe siècle et qu’il serait bien réducteur de caricaturer en vulgaire conspiration d’un escroc sanguinaire ».

Le « Prince-Président » a anticipé et compris les aspirations d’une partie non négligeable de l’électorat. « En 1848, qui mieux que l’héritier de Napoléon pouvait fonder en France la magistrature suprême ? Proclamer le principe de l’élection par le peuple, n’était-ce pas d’ailleurs déjà couronner le prince qui était l’incarnation de ses droits ? » Un solide argument, car les Bonaparte forment « la seule dynastie compatible avec les institutions républicaines. […] L’angle est celui d’une dynastie nationale, surgie de la Révolution et auréolée de gloire, vaincue par les armées étrangères ».

Très tôt, Louis-Napoléon se place au-dessus des clivages partisans et des antagonismes politiques. C’est un fait. Par exemple, aux législatives de 1849, de nombreux cantons qui l’ont massivement choisi se portent ensuite sur les républicains radicaux. Le canton de Saint-Pourçain dans l’Allier, qui avait voté à 84 % pour le prince impérial en décembre 1848, vote à 65 % pour les candidats de la Montagne démocrate-socialiste. Pour leur part, les droites (légitimiste, bonapartiste autoritaire, orléaniste et républicaine conservatrice) cherchent à se coordonner au sein d’un « comité de la rue de Poitiers ». Mais, « il est difficile de gouverner avec des hommes qui – issus des élites orléanistes – cachent difficilement leur mépris pour un aventurier qui, selon eux, ne doit son élection qu’au fétichisme des masses paysannes pour son nom ». Le nouveau président doit composer avec une assemblée méfiante et rétive à ses initiatives. Il commence par prendre des ministres compatibles avec la majorité de droite. Cependant, dès le 31 octobre 1849, il désigne un « gouvernement présidentiel ». Certes, « l’Assemblée demeure – sur le plan constitutionnel et politique – le cœur du pouvoir républicain. Face à elle se tient désormais un chef de l’État qui n’est plus seulement un président qui nomme le pouvoir exécutif et le délègue à ses ministres mais un président qui exerce le pouvoir exécutif à travers ses ministres, récupérant l’exercice d’un pouvoir que la lettre de l’article 43 de la constitution – comme l’esprit de l’élection du 10-Décembre – lui déléguait directement ». Sa présidence se marque de diverses combinaisons gouvernementales qui prennent en compte une lecture parlementaire de la constitution de 1848. Aux dépens d’un brumeux « parti du peuple », le président Bonaparte subit les pressions permanentes du « parti de l’Ordre » bourgeois et rentier dont Adolphe Thiers est l’un des principaux animateurs.

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Concorde nationale et harmonie sociale 

Malgré une situation politique compliquée, le chef de l’État engage une politique de rupture avec un certain ordre social établi. En tant qu’ancien prisonnier politique, il « est l’infatigable promoteur de l’amnistie » des Journées sanglantes de juin 1848. Il travaille sa stature régalienne. En tant que chef de l’armée, le président de la République exerce « une présidence napoléonienne »; il agit en « bienfaiteur des soldats »; il intervient en « grand prêtre de la mémoire napoléonienne » et organise « les charités présidentielles ». Maxime Michelet remarque qu’en politique, « le bonapartisme présidentiel est plus conservateur que le bonapartisme impérial, en partie car sa principale mission est de rétablir l’ordre et de promouvoir une révision de l’équilibre institutionnel ». Si c’est sous le Second Empire que « la loi du 9 juin 1853 fonde notre système de retraite », dès la IIe République, le président demande aux parlementaires d’accorder quelques avancées sociales réelles empreintes d’un esprit paternaliste. La loi du 18 juin 1850 autorise des caisses facultatives de retraite par capitalisation dans le secteur privé. La loi du 13 avril 1850 favorise « l’assainissement des logements insalubres ». La loi du 15 juillet 1850 légalise l’organisation du système mutualiste et des sociétés de secours mutuels. La loi du 22 janvier 1851 accorde l’assistance judiciaire gratuite aux plus démunis. Quant à la loi du 22 février 1851, elle concerne l’apprentissage, sa contractualisation, le temps de travail, les jours fériés, le repos dominical et le droit à l’instruction des apprentis.

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L’auteur prévient cependant que « plus qu’une dimension sociale, c’est une dimension populaire qui domine le mandat présidentiel de Louis-Napoléon Bonaparte ». N’est-il pas perçu comme un « prince rouge » ? N’a-t-il pas publié en 1844 De l’extinction du paupérisme dans le sillage de la pensée saint-simonienne ? Sur cette ligne équivoque, en janvier 1849, son cousin Pierre Bonaparte fonde et dirige un éphémère journal intitulé Le Socialisme napoléonien. Un autre cousin, le prince impérial Napoléon-Jérôme Bonaparte, dit « Plon-Plon », siège à l’Assemblée sur les bancs de l’extrême gauche républicaine et anti-cléricale.

Ces engagements ne sont pas paradoxaux. Tous les membres de la famille Bonaparte défendent « la mémoire impériale, porteur de souvenirs et de principes tant révolutionnaires que conservateurs ». À cet égard, le bonapartisme louis-napoléonien est une révolution conservatrice du premier âge industriel. Les historiens des idées politiques du XIXe siècle ont relevé la présence significative de cette expression. Le journal berlinois Die Volksstimme l’emploie dès 1848. Dans son édition du 20 décembre 1851 qui mentionne le coup d’État du 2 décembre, le journal suisse Le Genevois écrit: « Grâce à la Providence, une véritable révolution conservatrice s’accomplit en France par la discipline de l’armée et par la terreur qu’inspire l’anarchie. » « La souveraineté populaire et son incarnation en actes et en puissance, tel est le credo de Louis-Napoléon. » La souveraineté populaire et non la souveraineté nationale, nuance fondamentale entre le bonapartisme au XIXe siècle et le gaullisme au XXe siècle ! Contre les GAFAM et autres transnationales, le XXIe siècle ne verrait-il pas enfin une convergence de ces deux souverainetés plus ou moins conflictuelles vers une souveraineté nationale-populaire et son dépassement en souveraineté communautaire ?

Pour le futur Napoléon III, en 1848, « la candidature napoléonienne était celle d’un puissant mouvement populaire allant au-delà du clivage entre gauche et droite », car « l’élection présidentielle est […] la rencontre d’un peuple avec un prince, dont le nom est un principe ». Maxime Michelet parle de « réconciliation des principes bonapartistes et des principes républicains dans le creuset de la constitution gaullienne ».

Une république plébiscitaire héréditaire

La perspective de la fin du mandat présidentiel en 1852 incite le président à réclamer au moyen d’une pétition la révision de la constitution qui, par des blocages politiques et juridiques, ne se réalise pas. Pendant cette campagne pétitionnaire, le parti de l’Ordre envisage d’autres candidats pour l’échéance présidentielle à venir dont François d’Orléans, prince de Joinville, le dernier fils de Louis-Philippe. Il s’inquiète aussi de l’engouement du public pour le député démocrate-socialiste de la Creuse, Martin Nadaud, à peine âgé de 36 ans. Sa possible candidature à l’Élysée électrise le débat public. S’ajoute la perspective d’un double imbroglio politico-électoral. Le 9 mai, le président Bonaparte achèvera son mandat et sera remplacé par le vice-président de la République. Si Louis-Napoléon n’est pas réélu hors du champs constitutionnel ou si aucune majorité ne se dégage, l’élection reviendrait à l’Assemblée nationale. Mais laquelle ? Celle élue le 2 mai ou celle dont le mandat s’achève le 28 mai ? « On se retrouverait ainsi dans une situation absolument chaotique : un ancien président sans doute réélu illégalement, un vice-président exerçant la présidence par intérim, un futur président à désigner, une assemblée sortante toujours en fonction et une nouvelle assemblée impuissante mais à la composition déjà connue. »

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Louis-Napoléon Bonaparte prépare par conséquent un coup de force. Celui-ci aurait dû se produire dès le 17 septembre 1851, mais il est aussitôt reporté. L’action se déroule le 2 décembre 1851 dans le cadre de l’opération Rubicon. Malgré des résistances parfois violentes dans le Sud-Est et des débuts de jacqueries dans le Massif Central, le putsch présidentiel réussit. Le plébiscite des 21 et 22 décembre 1851 entérine une nouvelle constitution républicaine vraiment présidentialiste (présidence décennale, responsabilité plébiscitaire permanente devant le peuple, ministres responsables devant le président, monopole gouvernemental de l’initiative des lois, etc.). Après 1851, « le pouvoir de Louis-Napoléon n’est pas un simple autoritarisme autocratique mais un autoritarisme démocratique, sa puissance et sa prédominance au sein des institutions ne relevant pas tant de la personne du prince que du principe qu’il incarne ».

Moins d’un an plus tard, le plébiscite des 20 et 21 novembre 1852 établit un nouveau régime impérial. « En réalité, ce n’est ni une dynastie, ni une succession mais une dignité qui est rétablie. » Louis-Napoléon Bonaparte considère en effet que les droits dynastiques qu’il détient lui ont été conférés précédemment par le suffrage universel manifesté avec les consultations plébiscitaires de 1799, de 1802 et de 1804. L’auteur explique avec raison que « bien différente de la royauté, dont l’ordre de succession ne saurait être discuté puisque part intégrante de la légitimité, l’Empire est une monarchie contractuelle fondée sur un pacte explicite entre le souverain et le peuple. En ressuscitant la monarchie impériale, Louis-Napoléon rétablit de nouveau un principe (l’hérédité au sein de la famille de Napoléon) ainsi qu’au titre (empereur des Français) mais ne restaure pas une dynastie. Il instaure sa dynastie ». Le caractère contractuel de l’Empire sera réaffirmé après 1873 par le prétendant impérial, Louis-Napoléon (ou Napoléon IV pour les « impérialistes »), qui proposera que l’intronisation de chaque nouvel empereur des Français ne se fasse qu’après un accord plébiscitaire favorable. Le système bonapartiste s’apparente plus à une Res Publica héréditaire basée sur le consentement plébiscitaire du peuple.

51kQYWycinL._SX312_BO1,204,203,200_.jpgAmbassadeur de Prusse à Paris en 1862, Otto von Bismarck a-t-il pris conscience de la force du peuple dans la réalisation de son projet d’unité nationale allemande dans un sens conservateur, puis bien plus tard dans les avancées sociales légales ? L’un de ses biographes, Lothar Gall, a estimé que le futur « Chancelier de fer » agissait en « révolutionnaire blanc » (3). Serait-ce une anticipation ou une préfiguration de la Révolution conservatrice du premier tiers du XXe siècle (4) ?

L’invention de la présidence de la République ne se contente pas de relater les péripéties politiques et parfois personnelles de la première présidence de la République française. Cet ouvrage remarquable montre un cas pratique de « troisième voie » entre la Réaction et la Révolution, une tentative assez aboutie de synthèse nationale autour des concepts d’Ordre politique, de Justice sociale et d’Égalité civique. À son tour biographe du troisième empereur des Français (5), Pierre Milza considérait la période « louis-napoléonienne » comme le grand moment illibéral de la France (6). Maxime Michelet ne reprend pas l’expression, mais il montre une politique adroite non pas du « juste milieu », mais de concorde nationale et sociale liant des mentalités traditionnelles au dynamisme de la modernité techno-scientifique européenne.

GF-T

Notes

1 : Maxime Michelet, L’invention de la présidence de la République. L’œuvre de Louis-Napoléon Bonaparte, préface d’Éric Anceau, Passés composés, 2022, 394 p., 24 €. Les citations en sont extraites.

2 : La Bolivie a appliqué ce mode de désignation présidentielle jusqu’en décembre 2005 quand Evo Morales gagna le scrutin dès le premier tour à 53,70 %.

3 : Lothar Gall, Bismarck. Le révolutionnaire blanc, Fayard, coll. « Histoire », 1984.

 

4 : En lisant Otto von Bismarck, Pensées et Souvenirs, présentation de Joseph Rovan, Calmann-Lévy, 1984, on comprend qu’entre 1851 et 1862, le Second Empire dans sa phase autoritaire rassure les diplomaties européennes.  

 

5 : Rappelons que le fils de Napoléon Ier, Napoléon II, bien que mineur, régna de jure sur la France entre les 22 juin et 8 juillet 1815.

 

6 : Pierre Milza, Napoléon III, Perrin, 2004.

Les États-Unis pompent les poches des Européens avec l'excuse de la guerre

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Les États-Unis pompent les poches des Européens avec l'excuse de la guerre

par Luciano Lago

Source: https://www.ideeazione.com/gli-stati-uniti-stanno-ripulendo-le-tasche-degli-europei-con-la-scusa-della-guerra/

L'Occident collectif parle de l'introduction éventuelle d'un plafond sur les prix du pétrole en provenance de Russie. Toutefois, Moscou ne vendra pas d'or noir aux pays qui prennent une telle mesure, a déclaré le vice-premier ministre Alexander Novak. Quelles conséquences se cachent derrière le désir des États-Unis et de leurs alliés d'isoler la Russie, a demandé l'expert en économie Dmitry Adamidov.

Novak a qualifié de complètement absurde l'idée que les pays du G7 présentent un plan visant à limiter le prix du pétrole russe. L'idée de l'Occident menace la sécurité énergétique du monde entier, a-t-il ajouté. Moscou ne travaillera pas dans des conditions non commerciales.

L'histoire se répète, affirme l'expert économique indépendant Dmitry Adamidov. La Russie a déjà connu des situations similaires: certains pays hostiles ont refusé de payer le gaz en roubles, tandis que d'autres ont refusé d'acheter directement le carburant.

"L'histoire était assez révélatrice. Rien n'a changé, les médiateurs sont juste apparus après les scandales et les cris. Le pétrole fait peut-être une diversion, mais pas tout: des concepts comme le 'mélange letton', le 'pétrole belge' sont apparus. D'où viendrait bien le pétrole en Belgique? Cela semblerait étrange qu'il y en ait. En général, les propres intermédiaires de l'UE en tirent toujours de l'argent", a ajouté l'interlocuteur de PolitExpert.

Cette fois, la situation avec les intermédiaires se répétera, dit l'économiste. Peu importe le nombre de pays qui s'accordent pour fixer un plafond de prix. Selon M. Adamidov, les restrictions imposées peuvent facilement être levées en cas de besoin.

L'Europe fixera un prix plafond pour le pétrole russe, la Russie le vendra en passant par des intermédiaires asiatiques ou américains (comme c'est déjà le cas actuellement avec l'Inde et la Turquie). Le Venezuela peut fournir du pétrole russe. L'Iran peut être mis sur le marché, bien sûr, mais il n'a pas autant de volume pour conquérir une niche. Mais elle conclura simplement un contrat avec la Fédération de Russie et le pétrole russe ira en Europe, mais il sera appelé "iranien".

La Russie a de grandes possibilités de réorienter le marché, la décision de l'Occident ne jouera donc pas un rôle majeur. Il s'agit d'une performance américaine, qui est jouée pour "prendre de l'argent dans la poche des consommateurs" en Europe et dans d'autres pays sous le prétexte de combattre la Fédération de Russie, dit l'interlocuteur de PE. Par conséquent, les restrictions sur le pétrole russe aggraveront une crise qui s'est déjà aggravée, a-t-il conclu :

"L'économie européenne s'effondre. D'ailleurs, les Européens le comprennent, mais ne peuvent rien faire. C'est ainsi que se manifeste leur indépendance politique. De cette manière sophistiquée, les Américains et les autres parties intéressées résolvent leurs problèmes : ils détruisent l'industrie européenne, qui a toujours été l'alliée de la Russie. Les derniers fonds et fournitures sont retirés des poches de la population".

Les pays européens ont ressenti toute la force des sanctions anti-russes, plongeant dans une crise énergétique. Le politologue finlandais Johan Bäckman a prédit des émeutes en Finlande en raison des sales coups perpétrés par le gouvernement d'Helsinki dans la lutte contre la crise énergétique.

Note : Il est difficile de comprendre la logique de la position des eurocrates de Bruxelles qui, dans une situation de marché caractérisée par une forte prévalence de la demande d'énergie sur l'offre, prétendent mettre en place un cartel d'achat au rabais. La manœuvre des eurocrates cache en réalité une subordination aux intérêts des multinationales américaines et une volonté de favoriser les lobbies intermédiaires.

Trois articles de l'analyste finlandais Markku Siira sur les récentes turbulences au Xinjiang

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Trois articles de l'analyste finlandais Markku Siira sur les récentes turbulences au Xinjiang

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Pas de surprise: l'organisation américaine derrière la propagande du Xinjiang

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/09/02/ei-mikaan-yllatys-amerikkalaisjarjesto-xinjiangin-propagandan-takana/

Le gouvernement régional chinois du Xinjiang a tenu une conférence de presse en mai, déclarant que la fondation américaine National Endowment for Democracy (NED en abrégé) a été "le principal soutien des forces et organisations anti-chinoises qui cherchent à séparer la région du Xinjiang de la Chine". La NED est également l'organisation à l'origine d'allégations quant à des violations des droits de l'homme.

Selon Liu Weidong, chercheur à l'Institut d'études américaines de l'Académie chinoise des sciences sociales, entre 2004 et 2020, la NED a versé plus de 8,75 millions de dollars à des organisations séparatistes du Xinjiang, ce qui en fait le principal donateur du tristement célèbre "Congrès mondial ouïghour" et d'autres groupes cherchant à séparer la région du Xinjiang de la Chine.

Surnommée la 'seconde CIA', la NED a infiltré divers pays pour inciter les citoyens à s'engager dans le 'militantisme démocratique' afin de servir les intérêts de la politique étrangère américaine. Partout où il y a des "manifestations spontanées" contre des régimes indésirables pour les États-Unis, la NED et ses employés sont derrière l'agitation.

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Carl Gershman, qui a dirigé la NED depuis sa fondation en 1984 jusqu'en 2021, a même ouvertement soutenu que la Chine a besoin d'une révolution de couleur pour résoudre les problèmes du Xinjiang et qu'un changement de régime pourrait faire du pays une république fédérale au goût de l'Occident.

En 2022, la NED a financé neuf programmes liés au Xinjiang avec 2,5 millions de dollars. Les programmes comprenaient "l'utilisation des nouveaux médias pour créer de la propagande et la création d'une base de données sur les droits de l'homme des Ouïghours". Ces programmes avaient et ont toujours un objectif très clair : fomenter une soi-disant crise des droits de l'homme en Chine afin de favoriser les objectifs américains et occidentaux.

Non seulement la NED a fourni des fonds à certaines organisations, mais elle a également formé et encouragé les forces anti-chinoises et les groupes séparatistes "à mieux coopérer avec la stratégie américaine visant à contenir la Chine".

Qu'ont fait les organisations séparatistes avec le soutien de la NED ? Liu a déclaré que pour obtenir la reconnaissance de la NED, les séparatistes du Xinjiang et le Congrès Ouïghour Mondial ont travaillé dur pour fabriquer des mensonges et répandre la désinformation sur le Xinjiang. Cette propagande est truffée d'accusations exagérées allant des "camps de concentration" au "génocide" et aux "crimes contre l'humanité", utilisant le vocabulaire typique des acteurs occidentaux.

Le Congrès mondial ouïghour, fondé aux États-Unis en 2004, avec l'aide des forces anti-chinoises des États-Unis et de l'Occident, a mis en place un "tribunal ouïghour", dans lequel des personnes révélées par la suite comme étant des acteurs payés dans des apparitions médiatiques ont fait de faux témoignages sur des "violations des droits de l'homme", tandis que les médias occidentaux continuent de diffuser ces allégations.

Depuis la fin du 20ème siècle, les États-Unis, qui ont tout militarisé, ont toujours utilisé les "droits de l'homme" comme prétexte pour s'ingérer dans les affaires des autres pays et même pour déclencher des guerres, provoquant de graves crises humanitaires et des flux de réfugiés en Europe et ailleurs. "Afin de promouvoir le processus d''américanisation', la NED est également active en Ukraine depuis longtemps.

"Les États-Unis accusent toujours avec arrogance les autres pays de violations des droits de l'homme, alors qu'ils sont eux-mêmes la principale cause des catastrophes humanitaires, les destructeurs de l'ordre international, les violateurs des droits de l'homme et les auteurs de génocides", a déclaré Xu Guixiang, porte-parole du gouvernement régional du Xinjiang, lors d'une conférence de presse en mai.

Malgré les opérations américaines, la population du Xinjiang jouit d'une vie stable sans attaques terroristes soutenues par l'Occident depuis plus de cinq ans. Le Congrès mondial ouïghour et d'autres mouvements anti-chinois continueront sûrement à fabriquer des histoires sensationnelles - du moins tant que l'argent de l'aide occidentale sera disponible.

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Les manigances occidentales en matière de droits de l'homme - Rapport de l'ONU sur le Xinjiang

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/09/01/lannen-ihmisoikeusaseen-laukauksia-ykn-raportti-xinjiangista/

Le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a publié un rapport sur le traitement des musulmans ouïghours dans le Xinjiang, en Chine, à la fin de son mandat de quatre ans. Bachelet a visité le Xinjiang en Chine en mai.

Le poste de Haut Commissaire aux droits de l'homme fait souvent l'objet de pressions politiques intenses dans le monde entier. Presque tous les commissaires ont quitté leur poste après un mandat, et Bachelet ne fait pas exception.

Depuis son voyage au Xinjiang, la déléguée chilienne a notamment été critiquée pour ne pas avoir adopté une position assez ferme sur la situation des Ouïghours. Il ne fait aucun doute que Bachelet subit la pression des États-Unis, qui cherchent à renverser le régime socialiste en Chine.

J'ai déjà écrit sur les Ouïghours et la campagne anti-chinoise de l'Occident - qui est également perceptible en Finlande - mais il semble que le sujet doive être revisité.

Puisque les grands médias occidentaux, avec leurs journalistes, se chargent de la critique habituelle de la Chine, je vais me concentrer sur d'autres points de vue. Il y a quelques éléments qui ressortent du récent rapport de l'ONU et qui ne manqueront pas d'être négligés par les médias grand public, alors permettez-nous au moins de corriger cela.

La grande majorité des violations présumées des droits de l'homme sont basées sur le témoignage de quarante personnes, et la plupart d'entre elles ont déjà été interrogées par des organisations et des journalistes qui ont supposé, comme si c'était une évidence, que leurs rapports sont vrais.

iaspindex.pngLe rapport mentionne également cinq fois le think-tank australien Australian Strategic Policy Institute comme source, même si cet institut fait bel et bien partie du département de propagande relevant du complexe militaro-industriel occidental, qui cherche à produire du matériel anti-chinois pour étayer la "stratégie indo-pacifique" des Américains. Ce seul fait place le contenu du rapport sous un jour bien étrange.

Le rapport de l'ONU répète les récits occidentaux, tissés de sarcasmes, sur la politique chinoise de planning familial, sur la mauvaise nature de l'ingérence dans l'extrémisme religieux et sur la destruction des mosquées, même si le nombre de mosquées dans la région du Xinjiang est l'un des plus élevés au monde.

Le rapport, publié juste à temps pour le congrès du parti communiste chinois, répète des allégations basées sur des sources non vérifiées, des traductions "non officielles" de documents chinois et des interprétations subjectives de la loi chinoise.

Même si le rapport de l'ONU était considéré comme l'entière vérité, il prouverait au mieux que la Chine, qui essaie de tout faire le plus efficacement possible, a éradiqué l'extrémisme islamiste au Xinjiang pour des raisons de sécurité nationale et conformément à la loi chinoise.

Cependant, les discours occidentaux sur les "crimes contre l'humanité" et le "génocide" sont des exagérations propagandistes sans aucun fondement dans la réalité. Si les États-Unis, par exemple, disposaient de preuves solides de tels crimes, ils n'auraient pas à se contenter de vagues insinuations et d'une campagne de dénigrement. Cependant, tous les moyens sont utilisés dans la guerre de l'information et pour obtenir de l'influence hybride.

Le cas des musulmans ouïghours semble être examiné de près par les pays musulmans. Pourtant, seuls les États-Unis et leurs alliés occidentaux lancent des allégations sur de soi-disant mauvais traitements infligés aux Ouïghours, alors que ce sont eux qui ont tué des millions de musulmans et provoqué d'énormes flux de réfugiés avec leurs sales guerres. Après tout cela, l'inquiétude de l'Occident au sujet des Ouïghours ne semble pas très crédible.

La Chine a également publié une réponse succincte au rapport de l'ONU, qui clarifie la situation passée au Xinjiang, les attaques terroristes et les activités extrémistes. Bien entendu, les médias occidentaux ne donnent pas beaucoup de détails à ce sujet. Dans les déclarations chinoises, les allégations de génocide au Xinjiang ont été qualifiées de "mensonge du siècle".

L'"arme des droits de l'homme", maniée par l'Occident, est pointée sur la Chine pour des raisons de luttes de pouvoir géopolitiques et géoéconomiques et de ressources naturelles. J'ai bien deviné, il y a quelque temps, que les Ouïghours étaient évoqués surtout en raison des énormes gisements de pétrole et de gaz découverts dans le Xinjiang. Les oligarques cupides de l'Occident n'y auront pas accès tant que la Chine sera dirigée par un régime nationaliste.

La guerre de l'Occident contre la Chine se poursuit sur tous les fronts et les enjeux augmentent. Si les manifestations en faveur des droits de l'homme et la rhétorique de la révolution de couleur ne parviennent pas à renverser le régime socialiste en Chine, il y aura certainement, tôt ou tard, une transition de la guerre de l'information à la confrontation armée.

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Les États-Unis veulent un changement de pouvoir en Chine

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/08/31/yhdysvallat-haluaa-vallanvaihdon-kiinassa/

Le vingtième congrès national du parti communiste chinois est prévu pour le 16 octobre. À cette occasion, les délégués définiront la stratégie et les priorités de développement de la Chine et éliront un dirigeant pour le pays qui exercera ses fonctions pendant les cinq prochaines années.

Selon Valery Kulikov, il est probable que l'actuel secrétaire général du Parti, Xi Jinping, soit réélu pour un troisième mandat, car la règle selon laquelle une même personne ne peut effectuer plus de deux mandats consécutifs en tant que secrétaire général a été abolie en 2018.

Xi Jinping est à la tête du Parti communiste depuis près de dix ans et, durant cette période, il s'est constamment concentré sur le renforcement de la souveraineté nationale de la Chine dans l'arène politique, ainsi que dans les domaines du commerce, de l'économie et de la science.

Cette politique a certainement renforcé son autorité personnelle en Chine, mais elle s'est également attirée les foudres des puissances occidentales, et Washington est désormais déterminé à trouver un moyen d'écarter Xi du pouvoir.

De nombreux membres de l'administration de Joe Biden ont exprimé leur opposition à la politique chinoise actuelle. En mai de cette année, le secrétaire d'État Antony Blinken a décrit la Chine comme "le plus sérieux défi à long terme pour l'ordre international". Il a ajouté que la seule réponse à la "menace" posée par Pékin était la "dissuasion unie" et "l'investissement dans les forces armées".

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L'attitude de l'élite américaine a été traduite dans les couvertures du livre par l'ancien diplomate Roger Garside, qui, dans son livre China Coup : The Great Leap to Freedom, a décrit sans vergogne comment l'actuel dirigeant chinois pourrait être renversé par une révolte organisée par ses rivaux politiques. Quoi qu'il en soit, les auteurs du coup d'État passeraient alors d'un régime socialiste à une démocratie libérale de type occidental.

Dans son livre, Garside affirme que sous le "leadership trop affirmé" de Xi, la Chine a été mise sur une trajectoire de collision avec les États-Unis. La "révolution de palais" de Pékin serait déclenchée par la menace d'une guerre commerciale portant atteinte à l'économie chinoise. Dans le scénario de Garside, les États-Unis dirigent astucieusement la "cinquième colonne" de la Chine et créent les conditions pour que les rivaux de Xi puissent l'affronter.

Les idées pour un changement de pouvoir ne se limitent pas au niveau de l'écriture. Au début de l'année, George Soros, spéculateur milliardaire de 92 ans, partisan convaincu de toutes les "révolutions de couleur" fomentées par l'Occident, a lancé un appel à peine voilé à un changement du régime communiste lors d'une réunion du Forum économique mondial, qualifiant Xi Jinping de "plus grande menace pour l'ordre mondial libéral".

Dans une tentative d'organiser une révolution dans la Chine nationaliste, Soros et ses diverses organisations ont ciblé les jeunes élites économiques et financières du pays dans l'espoir qu'elles puissent agir comme une opposition pro-occidentale face aux vétérans du parti et aux militaires et créer une crise politique intérieure en Chine.

Par le biais de sa fondation, Soros suit toujours la même formule utilisée à l'approche des coups d'État : travailler avec des jeunes gens politiquement actifs et sélectionner les candidats les plus "prometteurs", les plus vulnérables aux tentations du libéralisme, pour les former aux États-Unis et en Europe afin de promouvoir les intérêts des capitalistes financiers occidentaux.

Mais les plans du spéculateur monétaire vieillissant et de l'élite dirigeante occidentale sont entravés par le fait qu'au cours des cinq dernières années, le régime de Xi Jinping a mis en place un certain nombre de mécanismes pour contrer l'influence étrangère : le Parti communiste a désormais une hiérarchie de commandement plus forte et le pays a également lancé des campagnes de lutte contre la corruption.

Par conséquent, la campagne de sabotage n'a pas réussi comme prévu initialement. Washington a donc changé de tactique et lancé une nouvelle campagne anti-chinoise axée sur les aspirations à l'indépendance de l'île taïwanaise.

Washington a choisi Taïwan comme point central de son offensive contre la Chine continentale parce que les précédentes tentatives de déstabilisation, axées sur le Xinjiang et Hong Kong, ont échoué lamentablement.

Cela est apparu clairement ce printemps lorsque Michelle Bachelet, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, est revenue d'une visite dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang et a été accusée, après une conférence de presse, d'être "trop douce avec la Chine". Les communautés musulmanes du monde entier ont également protesté contre les tentatives d'utiliser les Ouïghours comme une arme de propagande contre la Chine.

Les tentatives de Washington d'organiser des manifestations hostiles à Xi Jinping à Hong Kong à l'été 2019 n'ont pas mieux réussi. Les projets visant à reconnaître Hong Kong comme un État indépendant et à établir des relations commerciales distinctes avec lui, excluant ainsi la Chine, ont échoué sur des amendements juridiques. Les "experts" de Washington ont ensuite ciblé l'île de Taiwan.

Début août, l'administration Biden a envoyé Nancy Pelosi, chef du parti démocrate à la Chambre des représentants, faire un voyage provocateur à Taipei. L'objectif de cette visite était d'humilier Xi Jinping et de saper sa position politique, ainsi que d'inciter les électeurs américains à soutenir les démocrates lors des prochaines élections de mi-mandat.

Washington est bien conscient qu'en ce moment, peu avant le congrès du Parti communiste chinois, la stabilité sociale, économique et politique est d'une importance capitale pour Pékin, aussi tous les efforts sont déployés pour déstabiliser le régime de Xi.

Ayant fait leur premier pas dans le jeu de Taïwan, les États-Unis ont continué à provoquer avec d'autres visites politiques sur l'île. Le 14 août, une délégation du Congrès dirigée par le sénateur Ed Markey et soutenue par quatre autres sénateurs est arrivée à Taipei pour une visite de deux semaines. Ensuite, le gouverneur républicain de l'Indiana, Eric Holcomb, et, peu après, la sénatrice du Tennessee, Marsha Blackburn, ont à leur tour rendu visite à Taïwan.

Pour montrer sa loyauté envers les États-Unis, la Lituanie, petit État vassal balte toujours prêt à soutenir tout projet d'hégémonie occidentale, a également envoyé une délégation dirigée par le vice-ministre des Transports et des Communications Agne Vaiciukevičiūtė pour un voyage de cinq jours à Taïwan. La Lituanie a déjà pris position contre la Chine par le passé, "pour être du bon côté du nouveau rideau de fer".

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Le Japon, vieil ennemi de la Chine en Asie, a également suivi l'exemple de son hôte transatlantique et a envoyé une délégation dirigée par l'ancien ministre de la défense, le libéral-démocrate Shigeru Ishiba (photo), pour un voyage de quatre jours à Taiwan. Peu après, un autre homme politique japonais, Keiji Furuya, s'est également rendu sur l'île chinoise.

Kulikov interprète l'objectif de ces visites comme une volonté de "faire pression sur Taipei pour que l'île fasse une déclaration formelle d'indépendance dans l'espoir qu'une réponse modérée de la Chine à ces provocations sera perçue comme un coup porté à l'autorité du parti au pouvoir en Chine et de Xi Jinping".

Alors que les événements ci-dessus se déroulent, les États-Unis et la Chine ont tous deux démontré leur puissance militaire dans les eaux au large de Taïwan. Il est probable que les États-Unis continueront à proférer des menaces dans l'espoir que la Chine fasse une erreur et entre dans un conflit qui entraînera des difficultés similaires à celles auxquelles la Russie a été confrontée avec l'opération en Ukraine.

L'administration de Xi Jinping est certainement consciente des plans cyniques de Washington. Pékin s'est très probablement préparé aux machinations des États-Unis, évaluant différents scénarios et préparant des contre-mesures pour l'automne.

lundi, 05 septembre 2022

Réalisme géopolitique, multipolarisme et perspective de neutralité

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Réalisme géopolitique, multipolarisme et perspective de neutralité

par Andrea Zhok

Source: https://www.ideeazione.com/pillole-programmatiche-5-realismo-geopolitico-multipolarismo-e-la-prospettiva-della-neutralita/

Nous avons déjà souligné le lien interne crucial entre la demande de restauration de la souveraineté populaire et les conditions de viabilité de la démocratie. L'idée de souveraineté populaire est jumelée au niveau des relations internationales avec l'idée d'"autodétermination des peuples": en principe, chaque peuple a le droit de poursuivre ses propres lignes de développement, conformément à sa propre trajectoire historico-culturelle et à sa situation territoriale.

Deux modèles entrent en collision frontale avec cette perspective : le modèle impérialiste et le modèle mondialiste. Ces deux modèles supposent qu'une forme de vie doit s'imposer à toutes les autres. Dans le cas de l'impérialisme, c'est une civilisation unique qui doit être imposée aux autres, dans le cas du mondialisme, c'est un modèle économique unique qui doit être imposé universellement.

Bien que le mondialisme se soit répandu sur la base d'un programme libéral, que certains opposent naïvement à la tension impérialiste, le moteur de la mondialisation a toujours été autoritaire, souvent soutenu par la "persuasion morale" et militaire. Par le passé, les instances mondialistes se sont parfaitement mêlées aux instances impérialistes. C'est ainsi depuis les tirs des canonnières britanniques contre les ports chinois au milieu du XIXe siècle (guerre de l'opium), en passant par les changements de régime en Amérique du Sud jusqu'à aujourd'hui, où l'Occident libéral-capitaliste (dirigé par les Anglo-Saxons) a encouragé l'ouverture forcée des marchés des autres. Le conte de fées séculaire du "bénéfice mutuel du libre-échange" a servi à l'Occident pour revendiquer une fois de plus le monopole du bien et du juste, justifiant toutes les tergiversations et toutes les violences ("nous ouvrons les marchés des autres à la pointe de la baïonnette, mais même s'ils ne le savent pas, c'est pour leur bien"). L'impérialisme et le mondialisme sont des mouvements sympathiques, qui se différencient simplement par une rhétorique différente : l'IMPÉRIALISME se présente généralement sous l'aspect paternaliste de celui qui apporte la vraie civilisation à ceux qui en sont dépourvus, tandis que le MONDIALISME se présente comme la diffusion par le "doux commerce" d'un modèle de vie intrinsèquement supérieur.

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Dans le monde contemporain, l'impérialisme et le mondialisme gravitent autour du même centre politique, à savoir l'État-nation américain, le seul qui se réserve le droit à l'autodétermination (et d'ailleurs les États-Unis ne ratifient pas systématiquement les traités qui feraient d'eux un objet d'ingérence ou de contrôle - par exemple celui qui a instauré la Cour pénale internationale).

Adopter le principe d'autodétermination signifie adopter une vision géopolitique qui défend une perspective MULTIPLE dans les relations internationales, où l'on suppose que, en présence d'asymétries de pouvoir entre différentes nations, l'existence d'une pluralité de pôles d'attraction ("puissances") est néanmoins souhaitable. L'existence d'une pluralité de pôles à peu près égaux rend les petites puissances, les États les plus faibles, moins sujets au chantage, puisqu'ils peuvent osciller entre différentes sphères d'influence, se rapprocher d'une autre sphère d'influence si la précédente s'avère trop oppressante, ou chercher une position de neutralité entre elles. Le multipolarisme est une "démocratie" possible dans un domaine où elle est formellement impossible, à savoir les relations entre les nations.

Le fait d'être des provinces d'un empire, ou pire encore d'en être des protectorats de facto, comme c'est le cas de l'Italie, a le seul avantage de réduire les responsabilités de la classe politique (qui peut donc se permettre d'avoir un Di Maio comme ministre des affaires étrangères - un tatou ou un koala pourraient aussi bien faire l'affaire). Cependant, ce positionnement rend les pions parfaitement et entièrement sacrifiables, chaque fois que cela est utile au centre impérial.

La position de l'Italie aujourd'hui est délicate et extrêmement dangereuse. En tant que pays stratégiquement situé entre l'Occident et l'Orient politique, entre l'Europe atlantique et le Moyen-Orient, entre le Nord et le Sud du monde, nous sommes les plus exposés aux deux menaces qui se profilent dans cette phase historique : le danger d'un conflit guerrier et la pression migratoire.

Quant au premier, la situation de l'Italie pourrait dégénérer à tout moment. Le conflit russo-ukrainien, fomenté de manière irresponsable par les États-Unis et l'OTAN, peut dégénérer en une implication directe en un seul bref instant. L'Italie étant le porte-avions américain en Méditerranée, toute escalade impliquant explicitement l'OTAN nous verrait, malgré nous, en première ligne.

Dans le même temps, l'Italie est également en première ligne face au problème explosif des processus migratoires. Des taux de migration élevés et incontrôlés fonctionnent systématiquement comme des fauteurs de déséquilibre social, en mettant à mal les structures de bien-être des pays d'accueil, en fournissant des petites mains possibles pour la criminalité et en créant une couche de main-d'œuvre soumise au chantage et prête à tout, avec l'effet délétère de la compression des salaires pour les autres. Par conséquent, les immigrations massives sur de courtes périodes - dépassant la capacité d'intégration et de métabolisation des États d'accueil - sont économiquement et culturellement dommageables pour les systèmes sociaux qui les subissent, créant des conditions dans lesquelles l'exploitation, la précarité et le chantage se développent verticalement.

Sur ces deux questions, la politique (et l'information) italienne fonctionne et s'exprime bien en dessous du niveau minimum de sérieux. Les sujets sont systématiquement traités comme s'il s'agissait avant tout de questions morales, remettant en cause les jugements sentimentaux : loyauté (atlantique) ou brutalité (russe), générosité de l'accueil ou haine xénophobe, bienveillance des bons ou hostilité des méchants.

Toute tentative de remettre la question des intérêts nationaux au centre, comme cela est nécessaire dans une discussion où le réalisme géopolitique prévaut, est rejetée comme de l'égoïsme, de l'étroitesse, du nationalisme.

Cette existence virtuelle dans un monde de conte de fées bien-pensant, étranger à la réalité des rapports de force et à la confrontation d'intérêts indépendants, n'est pas un simple enfantillage innocent, mais une opération de distraction massive, qui contribue à rendre notre pays impuissant sur la scène internationale : une victime prédestinée.

Mais tant en raison de sa situation géographique que de son histoire, l'Italie pourrait naturellement aspirer à un rôle de NEUTRALITÉ. L'Italie est le siège du Vatican, elle est l'une des régions du monde présentant le plus grand intérêt historique et artistique, et elle a cette position géopolitiquement médiane qui en fait un candidat de choix pour un rôle de non-alignement et d'équidistance dans un monde multipolaire.

Il est clair que dans le contexte qui a mûri au fil du temps, le réalisme politique exige également de reconnaître que l'Italie ne dispose pas d'une échappatoire à ses dépendances internationales actuelles. Ce qui doit avoir lieu, c'est le début d'un processus d'autonomisation, qui est au contraire parfaitement dans les possibilités immédiates du pays. À ce stade historique, la première étape indispensable serait la promotion de pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine et le retrait immédiat de toute implication dans le conflit actuel.

Existe-t-il une philosophie politique dans la tradition néo-platonicienne?

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Existe-t-il une philosophie politique dans la tradition néo-platonicienne?

par Darya Platonova Dugina

Source: https://www.ideeazione.com/esiste-una-filosofia-politica-nella-tradizione-neoplatonica/?fbclid=IwAR2YJrkwCl_PayjJWpLnLQkvGQWMTXaIrBQF6C5qgdYDz0XSecdHu-xi8tQ

"Car l'État est l'homme en grand format et l'homme est l'État en petit format".

F. Nietzsche

Friedrich Nietzsche, dans ses conférences sur la philosophie grecque, a qualifié Platon de révolutionnaire radical. Platon, dans l'interprétation de Nietzsche, est celui qui dépasse la notion grecque classique du citoyen idéal: le philosophe de Platon se place au-dessus de la religiosité, contemplant directement l'idée du Bien, contrairement aux deux autres catégories (guerriers et artisans).

Cela fait plutôt écho au modèle de théologie platonique du néo-platonicien Proclus, où les dieux occupent la position la plus basse dans la hiérarchie du monde. Rappelons que dans la systématisation de Festugier, la hiérarchie des mondes de Proclus est la suivante :

- Le supra-substantiel (dans lequel il y a deux commencements : la limite et l'infini),

- le mental (être, vie, esprit),

- l'intermédiaire (esprit-pensée : au-delà, céleste, en-deçà),

- la pensée (Chronos, Rhéa, Zeus),

- Déité (têtes divines, détachées, intra-cosmiques).

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Plotin place les formes au-dessus des dieux. Les dieux ne sont que des contemplateurs de formes absolument idéales.

"Amené sur son rivage par la vague de l'esprit, s'élevant vers le monde spirituel sur la crête de la vague, on commence immédiatement à voir, sans comprendre comment ; mais la vue, s'approchant de la lumière, ne permet pas de discerner dans la lumière un objet qui n'est pas lumière. Non, alors seule la lumière elle-même est visible. L'objet accessible à la vue et la lumière qui permet de le voir n'existent pas séparément, tout comme l'esprit et l'objet-pensée n'existent pas séparément. Mais il y a la lumière pure elle-même, dont découlent ensuite ces opposés".

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Le Dieu-Démiurge du Timée crée le monde selon les modèles du monde des idées, occupe une position intermédiaire entre le monde sensible et le monde intelligible - tout comme le philosophe, qui établit la justice dans l'État. Il s'agit d'un concept plutôt révolutionnaire pour la société grecque antique. Elle place une autre essence au-dessus des dieux, une pensée supra-religieuse et philosophique.

La République, dialogue de Platon, construit une philosophie psychologique et politique non classique. Les types d'âme sont comparés aux types de structure étatique, dont découlent différentes conceptions du bonheur. L'objectif de chaque personne, dirigeant et subordonné, est de construire un état juste et cohérent avec la hiérarchie ontologique du monde. C'est ce concept d'interprétation de la politique et de l'âme en tant que manifestation de l'axe ontologique que Proclus Diadochos développe dans son commentaire des dialogues de Platon.

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S'il est facile de parler de la philosophie politique de Platon, il est beaucoup plus difficile de parler de la philosophie politique de la tradition néo-platonicienne. Le néo-platonisme était généralement perçu comme une métaphysique visant à la déification de l'homme ("l'assimiler à une divinité"), considérée séparément de la sphère politique. Toutefois, cette vision de la philosophie néo-platonicienne est incomplète. Le processus d'"assimilation à la divinité" de Proclus, qui découle de la fonction métaphysique du philosophe chez Platon, implique également l'inclusion du politique. La déification se produit également à travers la sphère politique. Dans le livre VII du dialogue intitulé République, dans le mythe de la caverne, Platon décrit un philosophe qui s'échappe du monde des lances et s'élève dans le monde des idées, pour ensuite retourner à nouveau dans la caverne. Ainsi, le processus de "ressemblance avec une divinité" va dans les deux sens : le philosophe tourne son regard vers les idées, dépasse le monde de l'illusion et s'élève au niveau de la contemplation des idées et, donc, de l'idée du Bien. Toutefois, ce processus ne s'achève pas avec la contemplation de l'idée du Bien comme étape finale - le philosophe retourne à la caverne.

Quelle est cette descente du philosophe, qui a atteint le niveau de la contemplation des idées, dans le monde mensonger des ombres, des copies, du devenir ? N'est-ce pas un sacrifice du philosophe-réalisateur pour le peuple, pour son peuple ? Cette descente a-t-elle une apologie ontologique ?

Georgia Murutsu, spécialiste de l'État chez Platon, suggère que la descente a un double sens (un appel à la lecture du platonisme par Schleiermacher) :

1) l'interprétation exotérique explique la descente dans la grotte par le fait que c'est la loi qui oblige le philosophe, qui a touché le Bien par le pouvoir de la contemplation, à rendre la justice dans l'État, à éclairer les citoyens (le philosophe se sacrifie pour le peuple) ;

2) Le sens exotérique de la descente du philosophe dans le monde inférieur (dans le domaine du devenir) correspond à celui du démiurge, reflétant l'émanation de l'esprit du monde.

Cette dernière interprétation est très répandue dans la tradition néo-platonicienne. Le rôle du philosophe est de traduire ce qu'il contemple de manière éidétique dans la vie sociale, les structures de l'État, les règles de la vie sociale, les normes de l'éducation (paideia). Dans le Timée, la création du monde est expliquée par le fait que le Bien (transsubstantiant "sa bonté") partage son contenu avec le monde. De même, le philosophe qui contemple l'idée du Bien, en tant que ce Bien lui-même, répand la bonté sur le monde et, dans cet acte d'émanation, crée l'ordre et la justice dans l'âme et dans l'État.

"L'ascension et la contemplation des choses supérieures est l'ascension de l'âme dans le domaine de l'intelligible. Si vous admettez cela, vous comprendrez ma chère pensée - si vous aspirez bientôt à la connaître - et Dieu sait qu'elle est vraie. Voici ce que je vois : dans ce qui est perceptible, l'idée de bien est la limite et est à peine perceptible, mais dès qu'elle y est perceptible, il s'ensuit qu'elle est la cause de tout ce qui est juste et beau. Dans le domaine du visible, elle donne naissance à la lumière et à sa règle, mais dans le domaine du concevable, elle est elle-même la règle dont dépendent la vérité et la raison, et c'est vers elle que doivent se tourner ceux qui veulent agir consciemment dans la vie privée et publique".

Il convient de noter que le retour, la descente dans la grotte, n'est pas un processus unique, mais un processus qui se répète constamment (royaume). C'est l'émanation infinie du Bien dans l'autre, de l'un dans le multiple. Et cette manifestation du Bien est définie par la création de lois, l'éducation des citoyens. C'est pourquoi, dans le mythe de la grotte, il est très important de mettre l'accent sur le moment où le souverain descend au fond de la grotte - la "cathode". La vision des ombres après la contemplation de l'idée du Bien sera différente de leur perception par les prisonniers, qui sont restés toute leur vie dans l'horizon inférieur de la caverne (au niveau de l'ignorance).

L'idée que c'est la déification et la mission kénotique particulière du philosophe dans l'État de Platon, dans son interprétation néo-platonicienne, qui constitue le paradigme de la philosophie politique de Proclus et d'autres néo-platoniciens ultérieurs, a été exprimée pour la première fois par Dominic O'Meara. Il reconnaît l'existence d'un "point de vue conventionnel" dans la littérature critique sur le platonisme, selon lequel "les néo-platoniciens n'ont pas de philosophie politique", mais exprime sa conviction que cette position est erronée. Au lieu d'opposer l'idéal de la théosis, la théurgie et la philosophie politique, comme le font souvent les universitaires, il suggère que la "théosis" doit être interprétée politiquement.

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La clé de la philosophie implicite de la politique de Proclus est donc la "descente du philosophe", κάθοδος, sa descente, qui répète, d'une part, le geste démiurgique et, d'autre part, est le processus d'émanation de l'Élément, πρόοδος. Le philosophe descendant des hauteurs de la contemplation est la source des réformes juridiques, religieuses, historiques et politiques. Et ce qui lui donne une légitimité dans le domaine du Politique, c'est précisément la " ressemblance avec la divinité ", la contemplation, le "lever" et le "retour" (ὲπιστροφή) qu'il effectue dans la phase précédente. Le philosophe, dont l'âme est devenue divine, reçoit la source de l'idéal politique de sa propre source et est obligé de porter cette connaissance et sa lumière au reste de l'humanité.

Le philosophe-roi chez les néo-platoniciens n'est pas spécifique au sexe. Une femme philosophe peut également se trouver dans cette position. O'Meara considère les figures hellénistiques tardives d'Hypatie, d'Asclepigenia, de Sosipatra, de Marcellus ou d'Edesia comme des prototypes de ces souverains philosophes loués par les néo-platoniciens. Sosipatra, porteuse du charisme théurgique, en tant que chef de l'école de Pergame, apparaît comme une telle reine. Son enseignement est un prototype de l'ascension de ses disciples sur l'échelle des vertus vers l'Unique.

Hypatie d'Alexandrie, reine de l'astronomie, présente une image similaire dans son école d'Alexandrie. Hypatie est également connue pour avoir donné aux dirigeants de la ville des conseils sur la meilleure façon de gouverner. Cette condescendance dans la caverne des gens du haut de la contemplation est ce qui lui a coûté sa mort tragique. Mais Platon lui-même - voyant l'exemple de l'exécution de Socrate - prévoyait clairement la possibilité d'une telle issue pour un philosophe qui était descendu dans le Politique. Il est intéressant de noter que les platoniciens chrétiens y ont vu un prototype de l'exécution tragique du Christ lui-même.

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Platon s'est préparé une descente similaire, en se lançant dans la création d'un État idéal pour le souverain de Syracuse, Dionysius, et en étant traîtreusement vendu comme esclave par le tyran adultère. L'image néo-platonicienne de la reine-philosophe, fondée sur l'égalité des femmes supposée dans la République de Platon, est une particularité dans l'idée générale du lien entre la théurgie et le domaine du Politique. Il est important pour nous que l'image de Platon de la montée/descente du philosophe de la caverne et de son retour à la caverne ait une interprétation étroitement parallèle dans le domaine du Politique et du Théurgique. Ce point est au cœur de la philosophie politique de Platon et ne pouvait être manqué et développé par les néo-platoniciens. Une autre question est que Proclus, se trouvant dans les conditions de la société chrétienne, n'a pas pu développer pleinement et ouvertement ce thème, ou alors ses traités purement politiques ne nous sont pas parvenus. L'exemple d'Hypatie montre que la mise en garde de Proclus n'était pas superflue. Cependant, en étant conscient que l'ascension/descension était initialement interprétée à la fois métaphysiquement, épistémologiquement et politiquement, nous pouvons considérer tout ce que Proclus a dit sur la théurgie dans une perspective politique. La déification de l'âme du contemplatif et du théurge fait de lui un véritable homme politique. La société peut l'accepter ou non. Ici, le destin de Socrate, les problèmes de Platon avec le tyran Dionysius, et la mort tragique du Christ, sur la croix duquel était écrit "INRI - Jésus le Nazaréen, roi des Juifs". Il est le Roi qui est descendu du ciel et qui est monté au ciel pour les hommes. Dans le contexte du néo-platonisme païen de Proclus, cette idée d'un pouvoir politique véritablement légitime aurait dû être présente et construite sur exactement le même principe : seul celui qui est "descendu" a le droit de gouverner. Mais pour descendre, il faut d'abord monter. Par conséquent, la théurgie et le fait de "ressembler à une divinité", bien que n'étant pas des procédures politiques en soi, contiennent implicitement la politique et, de plus, la politique ne devient platoniquement légitime qu'à travers elles.

La "ressemblance avec une divinité" et la théurgie des néo-platoniciens contiennent en elles une dimension politique, qui s'incarne au maximum au moment de la "descente" du philosophe dans la caverne.

Michel de Montaigne : le premier conservateur

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Michel de Montaigne : le premier conservateur

par Klaus Kunze

Source: http://klauskunze.com/blog/2022/08/27/der-erste-konservative/

"J'ai horreur de la nouveauté" 

Le conservateur est celui qui aime le monde tel qu'il est. Pourquoi, dès lors, devrait-il tout bouleverser ? Michel de Montaigne (1533-1592) n'avait pas encore quarante ans que, ancien juge, il prenait sa retraite. Dans sa tour de 16 pas de diamètre, il se retira pour lire un bon millier de livres, pour la plupart des éditions latines de classiques antiques. Il vécut désormais de ses biens fonciers.

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Tour de Montaigne : la bibliothèque de la tour de Michel de Montaigne se trouve au deuxième étage (photo Heinrich Salome 2009, Wikipedia).

Montaigne s'affiche ouvertement comme un conservateur :

"J'ai horreur des innovations, quel que soit leur visage, et j'ai raison de le faire, car j'en ai vu les effets les plus désastreux. Celle qui nous fait si durement souffrir depuis vingt-cinq ou trente ans n'a certes pas tout fait à elle seule, mais on peut dire avec quelque raison qu'elle a tout produit et engendré, au moins indirectement, même les méfaits et les destructions qui se commettent depuis sans elle, et même contre elle".

    Montaigne, Livre I, 23, p.66.

En France, le XVIe siècle et en Allemagne, les XVIe et XVIIe siècles ont été l'époque des guerres de religion. Les innovations mentionnées par Montaigne sont les édits de Châteaubriant (1551), de Compiègne (1557) et d'Écouen (1559), qui ont privé les protestants de leurs droits et les ont finalement condamnés à mort, ce qui a conduit aux guerres huguenotes et a fait des milliers de victimes huguenotes lors de la nuit de la Saint-Barthélemy en 1572. Le catholique Michel de Montaigne aurait préféré que tout reste en l'état, les innovations ayant conduit à ces excès et à une "décomposition de l'ordre social".

La France du XVIe siècle a vu, outre les persécutions des huguenots, des cannibales d'Amérique du Sud ramenés par bateau. Montaigne opère une comparaison en 1580,

    "il est encore plus barbare de se repaître de l'agonie d'un homme vivant que de le manger mort : plus barbare de déchirer sur le banc de torture un corps qui sent encore tout, de le griller par morceaux, de le faire mordre et déchirer par les chiens et les porcs (comme nous ne l'avons pas seulement lu, mais comme nous le voyons encore devant nous dans un frais souvenir : pas du tout entre anciens ennemis, mais entre voisins et concitoyens, et, ce qui est pire, sous prétexte de piété et de fidélité à la foi), que de le rôtir et de se l'approprier après qu'il a rendu son dernier souffle. "[1]

    Michel de Montaigne, Essais, 1580, livre I, 31, p.113.

Dans son voisinage, des connaissances et des parents se massacraient parfois mutuellement pour des subtilités théologiques. Chacun, y compris Montaigne, était menacé de torture et de bûcher pour tout soupçon d' "hérésie". Il est très instructif et pertinent pour notre époque de voir comment le très cultivé Montaigne s'est comporté dans cette situation. Bien que conservateur, il considérait qu'un ordre moral bien établi et des institutions étaient nécessaires pour contenir les forces imprévisibles de la nature humaine [2]. L'Eglise catholique était pour lui un tel garant d'un ordre possible, raison pour laquelle il y restait extérieurement fidèle. "Il était un conservateur pratique, pas un conservateur déclaré, combatif, idéologique" [3], mais il restait sceptique vis-à-vis de toute doctrine.

Entre Charybde et Scylla

Juriste et bon rhétoricien, Montaigne a toujours su laisser transparaître sa véritable opinion sans que l'Inquisition ne puisse l'épingler. Dans un seul et même Essai (livre I, 23), il parvient à présenter des affirmations contradictoires de telle sorte que l'une le protège des poursuites et l'autre contient la critique. Montaigne affirme "l'exhortation sans équivoque d'obéir à l'autorité et de ne pas toucher à la forme de gouvernement", dont il a juste avant maudit les "innovations".

Les contradictions se dissipent immédiatement si l'on considère l'une comme son opinion réelle et l'autre comme une feuille de vigne rhétorique destinée à le protéger. Dans un autre essai, il l'admet ouvertement :

"Ce n'est pas que ces histoires ou ces citations m'aient toujours servi d'exemple, d'accréditation ou d'ornement : je ne les considère pas seulement sous l'angle de l'usage que j'en fais. Souvent, au-delà de leur rapport avec mon sujet, elles portent en elles le germe de réflexions plus complexes et plus audacieuses, et font résonner un sous-entendu subtil tant pour moi, qui ne veux pas m'étendre sur le sujet, que pour ceux qui sont capables de s'accorder à ma façon de penser".

    Montaigne, Essais, 1580, Livre I, 40, p.130.

Montaigne laisse sagement de côté les réflexions les plus osées. Il s'en tient au sous-entendu de l'incrédulité: "Je doute de moi comme de tout le reste" (II 17 p.314). Cette technique d'argumentation est typique des époques où la police de la pensée, avec ses chambres de torture, ses bûchers ou ses emprisonnements dans des camps, n'attend qu'un mot de travers. La prudence est d'autant plus recommandée qu'une domination combattue règne sur la société. René Descartes (1596-1650) a conseillé un jour à un ami : "Je veux en tout cas que tu n'exposes pas ouvertement tes idées nouvelles, mais que tu t'en tiennes extérieurement aux anciens principes. Tu dois te contenter d'ajouter de nouveaux arguments aux anciens. Personne ne peut t'en vouloir ; et ceux qui comprennent tes arguments pourront déduire d'eux-mêmes ce que tu as voulu leur faire comprendre".

C'est surtout sous les régimes totalitaires qu'un écrivain doit espérer que son lecteur réfléchira de manière compréhensive et ira jusqu'au bout de sa pensée. Les générations futures reconnaissent l'empreinte intellectuelle de ces époques au fait qu'il y a plus de choses entre les lignes que dans les lignes elles-mêmes [4].

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Briser les tabous

Les Etats théocratiques, comme dans l'espace de l'Islam, et d'autres Etats idéologiques mettent leur saint des saints respectif sous tabou. Une blague sur Mahomet peut être la dernière que l'on se permette. Aujourd'hui encore, en Allemagne, on n'a pas le droit de plaisanter sur tout. Pensez-vous de manière compréhensive ?

En Occident, l'existence de Dieu et la vérité de la révélation chrétienne étaient sacro-saintes, aujourd'hui, cette croyance est remplacée par une acception quasi-religieuse de la dignité d'une abstraction, celle de l'homme en soi. Montaigne savait exactement comment envelopper sa critique sans briser un tabou.

Celui qui est contraint d'utiliser le langage de l'adversaire court cependant le risque de faire de ses "contenus de pensée au moins le point de référence incontournable d'une pensée visant à l'efficacité sociale" et de se laisser ainsi dicter les conditions de la discussion [5]. Montaigne évitait cet écueil de façon magistrale. Le point de référence de toute pensée inquisitoriale était Dieu, et ce dans son interprétation par les théologiens catholiques. Montaigne loue ce Dieu de manière hymnique et ne manque pas de le confesser. En même temps, il affirme son humilité devant les théologiens appelés à interpréter la parole de Dieu. Non, il ne connaît rien à la théologie et n'a aucune ambition.

Après ces clauses salvatrices et stéréotypées, il donne du fil à retordre à la théologie scolastique de son temps. Il lui retire littéralement le tapis sous les pieds grâce à une argumentation intelligente. Elle était essentiellement basée sur le raisonnement. Par des déductions syllogistiques et un raisonnement convaincant, les scolastiques médiévaux avaient voulu prouver l'existence de Dieu. Montaigne n'a que des sarcasmes pour cela et désarme en même temps ses détracteurs avec l'argument hypocrite suivant : les conseils de Dieu sont si insondables qu'on ne peut absolument pas le prouver par la raison humaine.

Nous comprenons immédiatement que le Rubicon des "raisonnements plus audacieux" est atteint ici. Dans la vision du monde de Montaigne, Dieu n'a aucune fonction.  On pourrait le supprimer sans que cela change quoi que ce soit. Montaigne conduit ses lecteurs d'argument en argument jusqu'au point où ils ne peuvent raisonnablement que conclure : Dieu n'existe pas du tout, ou du moins n'est pas un référent pertinent. Montaigne se sauve en souriant vers la rive sûre avec l'excuse suivante : on ne peut que croire fermement en lui, ce que lui, Montaigne, fait naturellement. Je le vois rire de bon cœur dans sa tour et je me réjouis de voir avec quel génie mon collègue juriste, décédé depuis longtemps, savait raisonner. Avec lui, il ne faut jamais s'arrêter aux apparences, mais comprendre ce qu'il veut vraiment nous dire derrière ses mots.

Ses arguments sont complexes et profonds. Ce qu'ils prétendent dire ne correspond pas nécessairement à leur fonction argumentative. Il admet que "le public n'a pas à se soucier" (I, 23) de ses "pensées" non exprimées [6].

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Dieu - manœuvré hors du débat

Profondément sceptique, Montaigne juxtapose de nombreux points de vue de philosophes sur ce que sont Dieu et une âme, et les rejette tous comme ridicules : "Il est étonnant que même les partisans les plus acharnés de la croyance en l'immortalité de l'âme se soient trouvés incapables et hors d'état de la prouver, qu'ils trouvaient si évidente et si convaincante, en vertu de leur capacité humaine. Ce sont des rêves de gens qui désirent, non de gens qui savent, disaient les anciens" (II, 12) [7]. Cela semble très moderne et agnostique : Nous ne savons rien des "âmes". Quatre paragraphes plus loin, nous nous frottons les yeux avec étonnement : "Il était juste, en effet, de nous renvoyer à Dieu seul et au bienfait de sa grâce, avec la dette de reconnaissance pour la vérité d'une si noble foi, que c'est de sa main généreuse seule que nous recevons le fruit de l'immortalité, qui consiste à jouir de la béatitude éternelle".

Tout en fouillant avec délectation les fondements de la foi de l'Église, Montaigne repousse toute opposition théologique possible : "Nous ne pouvons avoir de certitude sur Dieu que par la foi. C'est pourquoi les théologiens peuvent nous faire croire ce qu'ils veulent. Comme on pensait autrefois chasser un démon avec un sort, il catapulte "Dieu" dans l'oubli argumentatif : hors de propos, affaire de foi, nous n'en savons rien. Montaigne ne contredit aucun dogme théologique. Ils ne l'intéressent plus, car il fait un pas décisif de la scolastique médiévale vers les temps modernes des Lumières :

Se tourner vers la nature

Au lieu de s'attarder sur les subtilités scolastiques et les fausses preuves de la "nature de Dieu" et de "l'homme en soi", Montaigne se tourne résolument vers la nature réelle, le monde que nous pouvons percevoir par les sens, la diversité des animaux, des peuples, des coutumes et des religions. Cette approche a ouvert la voie à l'empirisme et aux sciences naturelles. Au-delà de toute spéculation sur les "choses en soi" platoniciennes, il a comparé les cultures des hommes et les a trouvées toutes aussi aptes, dans leur diversité, à garantir la paix et la tranquillité par des lois quelconques.

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N'importe lesquelles ! Montaigne considère que toutes les religions, coutumes, traditions et lois liées à la culture se valent. Il relativise ainsi la prétention du christianisme à l'exclusivité et le relègue au rang de "coustume", de coutume, d'usage et de mode. Pour Montaigne, les lois, les religions et les coutumes sont des situations. Cela devait être fatal à tout intellectualisme et à tout normativisme [8].

Les intellectualismes sont des constructions intellectuelles rationalistes sophistiquées qui partent de postulats et en tirent des conclusions de plus en plus larges par déduction, sans commencer par regarder autour d'eux dans la réalité empirique. Est normativisme toute dogmatique qui part d'un postulat "moral", c'est-à-dire d'une exigence de devoir. Montaigne détruit les prétentions à l'absolu de toutes ces doctrines. Sa méthode de pensée relativiste signifiait un "adieu au principe" fondamental, comme l'a repris ces jours-ci un philosophe à la mode. Le "scepticisme" de Montaigne "décompose l'idéalité des normes en vigueur, mais consolide leur validité de fait" [9].

C'est dans l'abandon sceptique des principes que réside la pertinence permanente de Montaigne. Alors que les théologiens de l'Inquisition passaient au crible chaque imprimé pour y déceler des hérésies, les éditeurs doivent aujourd'hui à nouveau "retirer" les livres qui ont attiré la haine religieuse des fanatiques. Des fonctionnaires sont licenciés pour avoir prétendument "relativisé" le postulat de base de notre constitution : la "dignité" de l'homme. Aujourd'hui, ce terme ne désigne plus seulement la règle fondamentale de la civilisation selon laquelle l'État ne doit pas avilir un être humain. Aujourd'hui, est déjà considéré comme un ennemi de la dignité humaine celui qui tient à la pérennité ethnique de son peuple.

Une croyance métaphysique en un "homme en soi" abstrait et en sa "dignité inaliénable" est devenue un principe idéologique de base à partir duquel on peut joyeusement déduire tout ce qui va d'un droit d'immigration en Allemagne, d'une société multiculturelle, d'un revenu minimum de l'Etat pour tous jusqu'à la reconnaissance des 63 types sexuels réellement existants.

Interdire à l'État, en vertu d'un droit positif, c'est-à-dire d'une loi, de traiter les gens de manière dégradante était une décision constitutionnelle nécessaire. Mais faire de la dignité humaine un principe "pré-étatique" ( !), donc métaphysique, à partir duquel on peut déduire n'importe quel contenu idéologique, n'aurait fait que faire rire amèrement Montaigne : "Celui qui sait gagner notre foi à ses postulats est notre maître et notre dieu" (II, 12) [10]. C'est ainsi que nous aussi, aujourd'hui, avons nos maîtres gardiens de la pensée. La plupart des gens se prosternent devant eux, si tant est qu'ils y pensent. Les hommes, soupire Montaigne, suivent "de bonne foi en leurs opinions" la "conception dominante, et on l'adopte, avec tout le fatras des arguments et des preuves, comme une vérité, comme un corps de doctrine ferme et fermé, qu'on n'ébranle plus et sur lequel on ne se permet plus de juger". (II, 12) [11].

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Combien de temps les petits singes de cirque vont-ils continuer à faire des pirouettes ?

"Il est très facile d'ériger sur des "postulats statutaires des édifices de pensée de toute sorte, car en vertu d'un tel précepte qui fixe les règles, les autres parties peuvent être assemblées sans contradiction". Notre "accord et notre approbation leur donnent les mains libres pour nous entraîner tantôt à gauche, tantôt à droite, jusqu'à ce que nous fassions des pirouettes à leur rythme". (II 12) [12].

Tant que nous ne ferons pas abstraction aujourd'hui, dans l'espace pré-politique et le débat politique, des postulats de foi de nos maîtres idéologiques, nous ne ferons, sur le chemin de l'abandon total de nos intérêts nationaux et de notre peuple, que des pirouettes comme autrefois un petit singe de cirque enchaîné d'un joueur d'orgue de Barbarie. Montaigne est là pour nous conseiller :

"Chaque science a ses principes préétablis, qui limitent de toutes parts le jugement humain. Si vous vous heurtez un jour à cette barrière, à cette erreur de principe, la bouche des partisans des principes vous répondra aussitôt qu'on ne débat pas avec des gens qui n'ont pas de principes. Pourtant, il ne peut y avoir de principes pour les hommes, à moins que la divinité ne les leur ait révélés. Tout le reste, le début, le milieu et la fin, est un rêve et de l'écume. A ceux qui vont au combat avec des postulats, il faut postuler leur renversement respectif". [13]

    Montaigne, Essais, 1580, livre II, 12, p. 270.

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C'est pourquoi, résume Montaigne, nous devons "mettre dans la balance tous les postulats, et principalement les postulats généraux, et ceux qui nous tyrannisent".

Ne pas se laisser tyranniser par des principes et des postulats arbitraires - tel est l'héritage durable du conservateur sceptique Michel de Montaigne.

Notes:

[1] Michel de Montaigne, Essais, 1580, éd. Hans Magnus Enzensberger, traducteur Hans Stilett, Francfort 1998, livre I, 31, p.113.

[2] Panajotis Kondylis, Les Lumières dans le cadre du rationalisme moderne, 1981, p.143.

[3] Klaus Jürgen Grundner, Michel de Montaigne, in : Criticón 1981, 160 et suivantes (161 r.sp.).

[4] Klaus Kunze, Mut zur Freiheit, 1995, p.212.

[5] Kondylis, Les Lumières dans le cadre du rationalisme moderne, p.236.

[6] Montaigne, I 23, p.65.

[7] Montaigne, Livre II, 12, p.276.

[8] Kondylis, Les Lumières dans le cadre du rationalisme moderne, p.139.

[9] Hugo Friedrich, Montaigne, 2ème éd. 1967, cité ici par Grundner op. cit. S.163.

[10] Montaigne, Livre II, 12, p.270.

[11] Montaigne, Livre II, 12, p.269.

[12] Montaigne, Livre II, 12, p.269 s., 270.

[13] Montaigne, Livre II, 12, p. 270.

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Hommes et ruines : Evola et le jusnaturalisme

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Hommes et ruines : Evola et le jusnaturalisme

par Giovanni Sessa

Source: https://www.paginefilosofali.it/gli-uomini-e-le-rovine-ev...

Evola a joué un rôle de premier plan dans l'espace public journalistique et doctrinaire de l'après-Seconde Guerre mondiale en Italie. Le penseur romain était un point de référence pour ces jeunes qui, à la fin de la guerre, n'avaient aucune intention de se soumettre aux valeurs et aux hommes du nouveau régime. Un moment central de l'action culturelle promue par les traditionalistes pour corriger les références théoriques fallacieuses du milieu néo-fasciste se trouve dans la publication de l'ouvrage Gli uomini e le rovine (Les Hommes au milieu des ruines). Marco Iacona reconstruit la genèse, le contenu et les objectifs politiques et culturels de l'auteur dans son dernier ouvrage, Contro il giusnaturalismo moderno. Evola, lo Stato, gli uomini, le rovine, en librairie chez Algra Editore (par commande : algraeditore@gmail.com, pp. 83, euro 7.00). Le texte comporte une préface de Claudio Bonvecchio.

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Le livre d'Evola a été publié pour la première fois en 1953, presque au même moment où a eu lieu le procès du F.A.R. dans lequel le philosophe avait été injustement impliqué. Le penseur, dans ses pages, était animé par l'intention d'expliciter les prérequis théoriques d'un véritable Droit, afin de libérer les jeunes qui le regardaient comme un Maître, d'un nostalgisme stérile, en les orientant vers les valeurs de la Tradition. Comme pour le pamphlet Orientamenti, ainsi que pour la rédaction de Gli uomini e le rovine, l'intellectuel romain a utilisé les contributions qu'il avait préparées à ce moment historique pour "l'encre des vaincus" et, comme le note Iacona : "on peut affirmer, sans trop de scrupules, que les idées qui y sont exprimées peuvent être datées des deux années 1949 et 1950" (p. 13). Le livre est introduit par un essai du prince Junio Valerio Borghese, commandant de la fameuse division X Mas. Evola a donc assumé un rôle théorique, Borghese, au contraire, un rôle pratique. Il devait organiser "des forces capables d'intervenir en cas d'urgence" (p. 15). La même stratégie, dans ces années-là, rappelle Evola dans Le chemin du Cinabre, avait été adoptée par les communistes, auxquels il fallait répondre en s'inspirant de leurs propres tactiques.

L'élite traditionnelle d'une part, donc, et les hommes préparés à l'action d'autre part. Des années plus tard, le traditionaliste l'a reconnu : "Tout ce projet n'a eu aucun suivi" (p. 17). Les Edizioni dell'Ascia, chez lesquelles est sorti le volume d'Evola, auraient dû prévoir, sur la recommandation du penseur, de publier douze textes destinés à orienter ceux qui étaient restés "debout parmi les ruines". En réalité, seuls deux textes sont issus de cette série. Dans Les hommes au milieu des ruines, les positions des traditionalistes sont ouvertement contre-révolutionnaires. Le pouvoir légitime, affirme-t-il, dans le monde de la tradition, vient toujours "d'en haut". Cela avait été réitéré, bien qu'avec des nuances différentes, par les intellectuels qui s'opposaient aux retombées de la Révolution française. La véritable cible polémique du volume est le droit naturel moderne, qui place à l'origine de la condition humaine "un état de nature dont il aurait fallu sortir [...] et envisager un pouvoir organisé garant des droits naturels appartenant à chaque individu " (p. 27). Au contraire, pour Evola, "le peuple lui-même a son centre dans le souverain qui surgit naturellement comme tel par voie divine" (p. 28).

L'unité d'état organique est structurée de manière hiérarchique, une re-proposition de la hiérarchie existant dans chaque homme, tripartite en corps, âme et esprit. Une structure politique traditionnelle, avec en son centre l'omphalos rayonnant du rex, est réputée favoriser la pulsion anagogique qui conduit les individus à la conquête de la personnalité. La loi de la nature est donc, pour Evola, "le fondement non pas de l'égalité mais de l'inégalité" (p. 31). Le penseur nie la condition présociale de l'état de nature, rejette le contrat social et la souveraineté populaire, et postule la nécessité de restaurer un droit différencié. La "révolution" évolienne ne peut donc se présenter que comme conservatrice. En effet, Les hommes au milieu des ruines "est un livre unique pour l'Europe de l'époque ; il délimite clairement [...] les positions que peut prendre une droite d'opposition authentique" (p. 38). De nombreux jeunes ont répondu passionnément à l'appel d'Evola. Malheureusement, l'action métapolitique et la formation spirituelle présentées dans le livre, conclut Iacona, n'ont apporté aucun changement à la droite italienne. La classe dirigeante du MSI et, plus tard, celle de l'Alleanza Nazionale, étaient insensibles à la proposition du traditionaliste qui, comme le notait Geminello Alvi, avait, par rapport à notre époque, une "distance sidérale".

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Il s'agissait d'un radicalisme "de 'reconstruction'" (p. 43), capable d'accorder une extraordinaire capacité de résistance au moderne. Les membres du groupe des "Fils du Soleil", proches d'Evola, rappelant la Tradition métahistorique, ont définitivement laissé derrière eux les scories du néofascisme. Le philosophe était un critique acerbe de l'État totalitaire défini comme "une école de la servilité" (p. 64), de l'idée du parti unique (une véritable contradiction dans les termes : la partie s'arrogeant la qualité du tout), du nationalisme, central dans l'idée fasciste. Pour lui, il fallait identifier les principes de l'État véritable, compris comme la forme aristotélicienne du pouvoir démotique de la nation  "dans l'imperium et l'auctoritas [...] dans l'ordre politique et sa prééminence sur l'ordre social et économique" (p. 46). Ces principes appartiennent à la dimension de l'être, du stare (se tenir debout), ils sont impérissables. Une telle référence traditionnelle fait défaut à l'histoire italienne depuis la période romaine.

Les références, donc "aux principes de la Tradition qui seront d'un type idéal" (p. 47). Le contenu de Gli uomini e le rovine était un antidote à la modernité : aujourd'hui, il peut jouer le même rôle vis-à-vis de la société liquide, son successeur.

dimanche, 04 septembre 2022

Quelques souvenirs de Jack Marchal et deux textes quasi inconnus de sa plume !

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Quelques souvenirs de Jack Marchal et deux textes quasi inconnus de sa plume !

Par Robert Steuckers

J’ai bien peu de souvenirs de Jack Marchal, mon aîné de dix ans. J’ai dû le voir une ou deux fois à Paris, en coup de vent, à l’occasion d’un colloque ou d’une causerie. Un jour, cependant, il est venu à Bruxelles, accompagné de l’une de ses filles, qui devait alors avoir neuf ou dix ans. Ils ont dormi sur un matelas de fortune, dans un coin de mon salon, avec, à côté d'eux, Pascal Junod qui campait aussi chez moi. Ce furent d’interminables conversations à bâtons rompus sur d’innombrables sujets, très peu politiques au demeurant. Jusqu’aux petites heures et aussi à une table du célèbre estaminet saint-gillois, le Moeder Lambiek qui servait, à l’époque, jusqu’à 1200 bières différentes, aux soiffards de tous horizons. J’ai cependant été stupéfait de constater qu’il était un parfait polyglotte, maîtrisant le néerlandais, féru d’ethnologie et de morphologie ethnique, connaisseur de la nomenclature de nos dialectes bas-franciques. Il devait être unique parmi ses compatriotes, universitaires néerlandistes exceptés mais, ceux-là, on peut les compter sur les doigts de la main. Plus tard, il a dû m'héberger à Paris et, à cette occasion, m'a offert ses deux disques (Science et violence). Même discussion interminable jusqu'à trois heures du matin.

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Plus tard, une polémique franco-wallonne éclate suite à la traduction d’un entretien que le philologue wallingant (mais non francophile) Roger Viroux avait accordé à la revue étudiante flamande Ons Leven (déc. 1999/Janv. 2000). Cet entretien revêt rétrospectivement un caractère historique vu le décès du Prof. Viroux et la promotion des deux étudiants devenus journalistes en vue (Michael Vandamme et Wouter van der Meersch). Viroux, selon sa bonne habitude, tenait des propos vigoureux, et son fils a pris le relais désormais, pour fustiger la disparition du vernaculaire wallon au profit du français de Paris et pour dénoncer la mainmise française sur certains secteurs économiques belges (flamands et wallons confondus). J’envoie cet entretien à mes correspondants de l’époque. Jack Marchal, qui le reçoit, adresse alors une réponse à Viroux, qui ne répondra pas, mais à laquelle, en revanche rétorque l’un de ses bouillants partisans, Lothaire Demambourg, habitué à tremper sa plume dans le vitriol ! Ce débat, qui montre l’intérêt de Marchal, notamment pour les langues vernaculaires, pour les parlers français hors Hexagone, peut se lire ici : http://www.archiveseroe.eu/wallonie-a48744616 . Que les amis de notre cher ami, qui vient de mourir, prennent donc connaissance de ce texte peu connu de Jack. Cette polémique a sans doute mis un peu de brouille dans nos relations et je n’ai plus entendu parler de Marchal depuis lors : les rapports entre Wallons impériaux comme Demambourg, d’une part, et le microcosme, dont Marchal est une figure historique comme l’a bien montré l’émission que lui a consacré Martial Bild sur TV Libertés, d’autre part, sont loin d’être cordiaux et ne sont certes pas prêts de s’arranger…

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Le numéro de "Nouvelles de Synergies Européennes" où figure le débat franco-wallon, auquel participa Jack Marchal.

Jack Marchal s’est, de manière très fugace, rappelé à mon bon souvenir le 10 juin 2017 en commentant mes photos de la ville d’Orléans, prise fin juillet 2014 (cf. http://robertsteuckers.blogspot.com/2017/06/orleans-juill... ). Le texte que Jack Marchal a rédigé à cette occasion est particulièrement beau et mérite amplement d’être soumis, en ces tristes jours qui suivent son décès, à ses amis et admirateurs, d'autant plus qu'il donne des détails sur la géopolitique fluviale de la France, plus particulièrement de la Loire. Le voici :

« Bien que la ville soit au cœur de la France et de son histoire, Orléans m'a toujours stupéfié par son caractère d'absolue étrangeté. La vieille ville me donne la sensation d'une sorte de poste-frontière hors du temps — comme confirme la cathédrale, cette invraisemblable anomalie, un sanctuaire gothique construit en pleines ères baroque et néo-classique, aux 17-18e siècles, en un temps où le gothique était totalement oublié, ignoré, dédaigné, c'est unique, incroyable...

L'environnement naturel d'Orléans, caractérisé par ses très faibles densités de population, rend compte un peu de cette perception : les immenses solitudes céréalières de Beauce au Nord-Ouest, l'opaque forêt d'Orléans au Nord-Est, et au Sud les landes et marais autrefois inhabités de Sologne. Orléans reste inscrit au milieu d'un no man's land.

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Certes, je n'ignore pas que la fortune d'Orléans a été basée autrefois sur le fait que la ville concentrait les échanges commerciaux entre la région parisienne et le Sud du pays, au temps où la batellerie se contentait (avant 1840) de faibles tirants d'eau compatibles avec le cours peu fiable de la Loire. Les mariniers remontaient depuis Nantes, portés par les vents dominants d'Ouest, où descendaient le courant depuis Roanne, pas loin de Lyon, et à Orléans avait lieu la rupture de charge, les rouliers prenaient le relais pour le charroi vers ou depuis Paris. D'où vient qu'à la fin du Moyen-Âge, Orléans était une des principales villes du pays, seulement dépassée par Paris, Rouen et Lyon.

Le vieil Orléans est aujourd'hui au centre d'une grosse agglomération, avec d'immenses zones industrielles et résidentielles, centres commerciaux, campus universitaire etc., tous d'une fastidieuse banalité style années 60-70, quoique pas désagréables à habiter. Il reste que le noyau ancien est étrangement mal connecté avec cette périphérie. Le vieil Orléans central restera toujours pour moi une énigme insoluble. Et cette cathédrale...

J'aime bien les souvenirs photographiques de voyage dont Robert nous gratifie régulièrement ; que n'y ajoute-t-il des commentaires historiques, culturels, géopolitiques, il saurait très bien faire. Bah, que, concernant Orléans, ce qui précède en tienne lieu.

Jack M. ».

Et voici mes réponses :

« Merci, cher ami, pour ces belles précisions quant à l'histoire et la géographie d'Orléans. Ce qui m'a frappé, outre le cours lent de la Loire, ce sont 1) le modèle romain en damier de la ville; 2) la plaque commémorative, discrète, dans la rue qui descend de la cathédrale vers les berges de la Loire, en l'honneur des chevaliers écossais qui ont combattu aux côtés de Jeanne d'Arc, dont les ressortissants d'un clan "Kennedy". Le pont qui enjambe la Loire recèle un certain charme et l'île au milieu du fleuve abrite de jolis échassiers blancs.
Bien à vous,
L'Oncle Bob.

J'oublie: le contraste entre la Beauce et la Sologne est remarquable, très apaisant quand on vient d'une région à trop haute densité démographique et que l'on emprunte les petites routes (et non les autoroutes). La route qui va de la Ferté-Saint-Aubin à Vierzon est une ritournelle dont je ne me lasse jamais. J'y ai mon boulanger, mon marchand de journaux, mes étapes. Merci d'avoir ajouté cette comparaison. Elle mérite sa place, toute sa place dans un commentaire sur Orléans ».

Nos chemins se sont alors définitivement séparés il y a six ans. Je ne savais pas où joindre Marchal. Je n’avais plus aucune de ses coordonnées mais j’ai été ému de savoir qu’il parcourait si attentivement les blogs que j’abreuvais chaque jour. Une complicité tacite, bien que critique. De celles qui, j’espère, touchent un maximum de personnes qui utilisent les textes subrepticement pour émailler leurs conversations, épicer leurs articles, éduquer leurs enfants, informer leurs amis. C’est ainsi que se construit, à pas de colombe, le pôle de rétivité que Jack et moi-même, chacun à notre manière (et Dieu sait si elles sont différentes), ont toujours voulu édifier. A Martial Bild, il déclarait qu’en fin de compte nous aurions raison. Je n’en doute pas un instant. Vaarwel, beste vriend !

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Jack, comme Kerouac

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Jack, comme Kerouac

par Gabriele Adinolfi

Je l'avais renommé Peter Pan quand, il y a cinq ans, lors d'un concert à Rome dans lequel, peut-être pour la dernière fois, avait également joué Junio ​​​​Guariento, j'ai découvert que cet elfe éternellement jeune avait déjà soixante-dix ans. Il apprécia.

fogna01.jpgJack Marchal a été immortalisé en tant que dessinateur du Rat Noir, le "rat des égouts" qui a pris sa revanche joyeuse et moqueuse et qui a ensuite trouvé asile en Italie dans La voce della fogna.

Il fut même sinon avant tout un musicien de talent pendant un bon demi-siècle, toujours prêt à se renouveler et très attentif à l'actualité générationnelle, avec qui il interagissait toujours.

Il a été un militant convaincu depuis 1967, quand la marée montante du trotskysme et du maoïsme était sur le point d'inonder les écoles et les universités..

À l'époque, Jack était orienté à gauche, ne tolérant pas le conformisme et même certains thèmes patriotiques.

La dernière fois que je l'ai rencontré, c'est-à-dire l'été dernier, il souvenait d'avoir été hostile à l'Algérie française au nom de l'autodétermination des peuples. Ce n'est pas si absurde car à l'époque le sentiment était partagé même dans des cercles surprenants. Jean Mabire pensait pareil, mais il fit sa guerre d'Algérie parce que - disait-il - les copains d'abord.

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Jack était avant tout un libertaire et c'est pourquoi il était farouchement opposé au nouveau conformisme oppressif de la gauche. Et il se retrouva - en tant qu'anarchiste - à l'extrême droite : Occident, GUD et Parti des Forces Nouvelles.

Ceux qui n'ont pas vécu ces années ne sont probablement pas capables de comprendre, aussi parce qu'ils s'orientent par des modèles abstraits et des partis pris. Le fait est qu'alors les libertaires, les autonomes, les indépendants c'était nous.

Peut-être n'a-t-on jamais autant respiré la liberté dans tout son sens et dans toutes ses nuances que ceux qui se sont alors rangés du côté de l'Autre '68. J'avais 14 ans, il en avait 20.

Mon anarchisme était probablement plus hiérarchique que le sien, mais cela se résume à des nuances car je ne me souviens jamais d'un mauvais choix de la part de Jack. Ni au moment de la folle scission mégrétiste contre Jean-Marie Le Pen, ni ces derniers temps.

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L'inspiration première: les rats de Raymond Macherot.

Il vivait dans le nord de la France et ne venait pas souvent à Paris. La dernière fois que je l'ai vu, il s'est présenté à l'improviste à un dîner qu'on avait organisé dans un restaurant de la capitale fin juillet 2021. Comme c'était le sujet du moment, il s'est présenté en déclarant à tout le monde : « Je ne vais pas voter pour Zemmour ». Je l'aurais bien serré dans mes bras, mais ce n'était certainement pas la première fois que j'avais cette tentation. Je ne veux ennuyer personne avec des détails mais, qu'il s'agisse de Front National, de Campo Hobbit ou de choix politiques de mouvements de droite radicale, sans s'être concerté auparavant, nous pensions de la même manière. Impressionnant!

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Campo Hobbit.

Comme je l'ai déjà dit, avec une approche un peu différente, beaucoup plus individuelle et insouciante que la mienne celle de Peter Pan qui, peut-être plus que quiconque, a représenté l'air du temps de la plus belle aube de notre On the Road. Ceux qui n'ont pas vécu ne sauront jamais ce qu'ils ont raté !

Je parle très sérieusement.

Merci Jack, chante encore avec nous ! Ce fut un privilège de t'avoir connu et d'avoir été si bien en symbiose tous les deux.

 

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Jack Marchal le rebelle et l'épopée du "Rat Noir"

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Jack Marchal le rebelle et l'épopée du "Rat Noir"

"Je déteste par principe idéaliser le passé. Nous avons été créatifs à ce moment précis, c'est vrai, mais par nécessité et peut-être sans en être pleinement conscients. Nous voulions faire entendre de la musique à des gens qui ne la connaissaient pas, parler d'écologie à des gens qui n'en avaient rien à faire, implanter les concepts intellectuels de la 'nouvelle droite' dans des gens qui étaient restés à la "masse"".

par Roberto Alfatti Appetiti

Source: https://www.barbadillo.it/105908-jack-marchal-il-ribelle-e-lepica-del-rat-noir/

En mémoire de Jack Marchal, décédé le 1er septembre en France, nous republions le portrait du rebelle créatif français signé par Roberto Alfatti Appetiti pour il Secolo d'Italia.

Il était une fois une souris. Non, nous ne faisons pas référence à cet irritant petit je-sais-tout qu'est Mickey Mouse, ni à notre Topo Gigio, si "démocrate-chrétien" et pro-gouvernemental qu'il a mis fin à une carrière télévisuelle de cinquante ans en servant de témoin pour la campagne de prévention lancée par le gouvernement italien en 2009 contre la grippe A. Nous parlons d'un rat qui est tout sauf accommodant et se situe résolument dans l'opposition. Prêt à se déchaîner contre le système. Noir. Tout noir. Il a décidé de sortir à l'air libre, de prendre une guitare, d'avoir son mot à dire sur le monde. Il n'a pas l'intention de retourner dans les égouts, comme la plupart des gens l'ont poliment incité à le faire.

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C'est en janvier 1970 que ce rat, conçu par le Français Jack Marchal (né en 1946) et destiné à devenir une icône de la jeune droite, est apparu pour la première fois en France puis, dans les années suivantes, est arrivé en Italie. De tract en tract, de ronéo en ronéo, des premières caricatures dans le magazine satirique Alternative à un rôle de premier plan à la une de La voce della fogna, le périodique irrévérencieux par vocation - "différent", se définissait-il - fondé par le Florentin Marco Tarchi, alors fer de lance des jeunes Rautiens et aujourd'hui politologue et professeur d'université.

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Né de l'auto-ironie des jeunes nationalistes du GUD (Groupe Union Défense, formé d'étudiants issus d'Occident), le rat maudit a rapidement conquis les jeunes sympathisants et militants du MSI ainsi que les formations extra-parlementaires, aussi agités qu'intolérants face à leur environnement de référence, lequel était aigri par la nostalgie et réfractaire à toute contamination par la modernité.

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Ce n'est que bien des années plus tard que la souris (ou le rat) sera dédouanée et que des armées de souris plus ou moins gracieuses et résolument entreprenantes - devenues entre-temps détectives, journalistes (le mythique Geronimo Stilton), scientifiques et autres - peupleront livres et films au point de devenir de véritables stars du cinéma.

remyratatouille1_1.jpgL'exemple le plus frappant, à cet égard, est celui du rat Rémy, le protagoniste de Ratatouille, doté d'un odorat prodigieux qui, dans un Paris imaginaire, décide de "tenter quelque chose de nouveau", pour reprendre une expression chère à la nouvelle droite. Les "traditions" familiales le condamnent à un avenir de mangeur d'ordures et la société civile n'encourage pas ses ambitions, mais il veut absolument devenir cuisinier. Il n'est plus soutenu par une compagnie éparpillée de rêveurs militants mais par le cuirassé Pixar, grâce auquel il a remporté l'Oscar du meilleur film d'animation. Tout comme ces "rats d'égout" qui peuplaient les sections poussiéreuses des vieux partis sont maintenant maires, présidents de province, parlementaires et même ministres.

Une partie du mérite, cependant, pourrait être attribuée à Marchal lui-même, le premier à ouvrir leurs trous d'homme et, comme tout parent aimant le ferait, à les envoyer en Europe pour faire leurs armes et acquérir de l'expérience. Avec une tâche précise : montrer au monde que le militant de droite était bien différent du cliché caricatural du néo-fasciste. Des préjugés que, paradoxalement, Marchal avait également cultivés avant la "prise de conscience tardive" à la suite de laquelle il allait lui-même devenir un militant de droite.

"Bien que j'aie lu Nietzsche et Céline, j'avais été vaguement de gauche, facilement antiraciste, manifestant individualiste, avouait-il dans une interview, et je n'avais pas une grande opinion des militants politiques en général, je détestais ceux d'extrême-droite qui, selon moi, voulaient m'empêcher de faire ce que je voulais : la liberté, le rock, les femmes, les fêtes".

Il lui a suffi d'entrer en contact avec eux pour se rendre compte qu'à droite, la goliardise et la légèreté n'étaient certainement pas dédaignées, ce qui n'empêchait pas ces garçons et ces filles d'être à l'aise pour discuter avec passion et compétence d'immigration, d'économie, de sciences sociales, d'écologie, de cinéma et - pourquoi pas ? - même de musique rock.

L'intolérance résidait ailleurs. "J'ai vu les leaders de Mai 68 de trop près à la faculté de lettres de Nanterre, se souvient-il, pour avoir eu la moindre illusion à leur sujet". Les médias nous présentent cette période comme une explosion de liberté alors qu'au contraire, cette période a ouvert une phase de terrorisme idéologique dans les universités et les lycées. Les mêmes consciences arrogantes et sectaires que nous voyons s'agiter au sein des "groupes antifascistes". Il n'y avait rien d'autre à faire que de sauter à droite.

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Jacques Marchal et sa source première d'inspiration: la figure d'Anthracite, le méchant rat de Raymond Macherot.

La rencontre avec des camarades à l'université, explique-t-il, a fait le reste : les ennemis de ces salauds ne pouvaient être que mes amis. C'est ainsi que j'ai fait mienne la croix celtique au cours de l'hiver 1966-67'. Du Celte au rat. "Après 68, une myriade de groupes marxistes et d'ultra-gauche avaient colonisé les universités et les remplissaient d'affiches aux textes ennuyeux, interminables et répétitifs. Nous essayions de nous distinguer de cette bande de producteurs de logorrhées avec des slogans humoristiques et des graphiques alternatifs. Nous n'avions pas de symbole, alors j'ai eu un jour l'idée de dessiner un rat, puisque nos adversaires nous appelaient ainsi, qui commentait de manière caustique et piquante les événements politiques qui nous entouraient. Nous avions trouvé un symbole pour notre mouvement d'opposition au conformisme de la gauche marxiste verbeuse et oppressive. 30_ans_GUD-9c01b.jpgUn symbole libertaire qui, mieux que tout autre, représentait le désir de rébellion de ceux qui voulaient vivre la politique autrement, en se la réappropriant : non plus un simple travail manuel consacré aux attentats et aux conférences/passeurs à l'usage des notables du parti, mais un nouveau protagonisme juvénile à la recherche de nouveaux moyens d'expression.
Graphiste aussi novateur qu'original, Marchal a inspiré par son style plusieurs générations de militants du Front de la jeunesse : autocollants, affiches et tracts des années suivantes porteront l'incontournable "signe" de Marchal, inauguré par le tout jeune Sergio Caputo, alors militant de droite, pour créer le mastère du périodique Alternativa.

Artiste complet, convaincu que "tout ce qui touche à la culture est une arme politique", Marchal est aussi un musicien innovant. À ce titre, il développe à la fin des années 1970 l'un des premiers projets de rock identitaire dans le sillage des premiers albums de Ragnarock en Allemagne et de Janus en Italie.

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Et c'est précisément dans notre pays qu'il a présenté en 1980 - à l'occasion du troisième Hobbit Camp qui s'est tenu à Castel Camponeschi dans les Abruzzes - Science & Violence, un LP entièrement écrit par lui et enregistré en août 1979 à Rome, dans la salle de répétition mise à disposition par Mario Ladich, batteur de Janus. Il a été enregistré par trois personnes, avec Ladich et Olivier Carré, musicien, peintre de talent et compagnon de lycée puis de militantisme politique de Marchal, mort dans un accident de moto dans la nuit du 31 août 1994 à l'âge de 40 ans. Deux personnes étaient montées et descendues de cette moto, mais Marchal s'en est sorti indemne.

Une expérience qui a peut-être contribué à faire de lui un ennemi de toutes les célébrations, même les siennes. "Je déteste par principe idéaliser le passé. Nous avons été créatifs à ce moment précis, c'est vrai, mais par nécessité et peut-être sans en être pleinement conscients. Nous voulions faire entendre de la musique à des gens qui ne la connaissaient pas, parler d'écologie à des gens qui n'en avaient rien à faire, implanter les concepts intellectuels de la "nouvelle droite" chez des gens qui étaient restés à la "masse"".

Nationaliste impénitent, il n'a certainement pas baissé les bras et n'a surtout pas changé d'avis sur les soixante-huitards. "Ils ont échangé leur marxisme contre le libéralisme mercantile le plus nauséabond tout en conservant la mentalité totalitaire habituelle. Lorsqu'ils sont au pouvoir, les effets sont évidents : censure généralisée, suppression progressive de toute liberté d'expression".

C'est ce qu'a dit Jack Marchal, et il est effectivement difficile de lui prouver qu'il a tort.

Roberto Alfatti Appetiti

Roberto Alfatti Appetiti sur Barbadillo.it

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La revue de presse de CD - 04 septembre 2022

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La revue de presse de CD

04 septembre 2022

EN VEDETTE

Alain de Benoist : « L'eurasisme de Douguine est incompatible avec le nationalisme »

ENTRETIEN. Les médias français s’intéressent depuis quelques jours à Alexandre Douguine. Alain de Benoist qui, lui, connaît bien Alexandre Douguine, explique il est vraiment : « Je le connais depuis plus de trente ans. Il est un théoricien de l’eurasisme. Ce courant de pensée est apparu dans les années 1920, tant dans les milieux de l’émigration russe (les « Russes blancs ») que dans la jeune Union soviétique, dans le cadre de la querelle des Slavophiles et des Occidentalistes (Zapadniki) qui divisait déjà les élites russes dans les années 1840. »…

frontpopulaire.fr

https://frontpopulaire.fr/o/Content/co13891408/alain-de-b...  

AFRIQUE

Analyse de la stratégie des Etats-Unis en Afrique : Washington peut-il rattraper la Chine ?

Au début du mois d'août, la Maison Blanche a publié un mémorandum pour une stratégie en Afrique subsaharienne [i]. Il s'agit d'un document assez unique qui expose les objectifs et les méthodes des États-Unis dans la région. Ce faisant, le texte lui-même commence par une citation du secrétaire d'État Anthony Blinken, qui a déclaré en novembre 2021 que « l'Afrique façonnera l'avenir - et pas seulement l'avenir du peuple africain, mais celui du monde entier ». Cela peut sembler plutôt inhabituel, puisque le département d'État publie habituellement ses propres stratégies.

euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/08/31/a...

CHILI

Un projet de constitution qui menace la stabilité du Chili. Entretien avec Carol Bown

Carol Bown est avocate et femme politique chilienne. Elle a été deux fois vice-ministre (des carabiniers et de l’enfance). Élue constituante de la Convention chargée de rédiger la nouvelle Constitution du Chili, Carol Bown répond à Conflits à quelques jours du référendum du 4 septembre au cours duquel la proposition émise par la Convention sera soumise à un vote obligatoire. Les sondages indiquent que le peuple chilien rejetterait le texte constitutionnel.

revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/un-projet-de-constitution-q...

COMPLOTISME (?) – « c’est celui qui l’dit qu’y est »

Rudy Reichstadt : L’anti complots complotiste

Omniprésent dans les médias, l’ambitieux Reichstadt sait se rendre indispensable, fort de l’expertise qu’il s’auto-attribue. Au même titre que celle des Décodeurs du Monde, dont il est le pendant, sa parole est d’or (c’est du plaqué) dès lors qu’il s’agit de séparer le bon grain de l’ivraie et d’éduquer les générations futures aux médias. Arbitre du vrai, il s’ingénie à confondre le complotisme et le scepticisme pour mieux grossir le phénomène qu’il étudie, et le fait vivre.

ojim.fr

https://www.ojim.fr/portraits/rudy-reichstadt/

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DÉCONSTRUCTION

La persécution de J.K. Rowling aux mains des « opprimés »

La persécution de Rowling sur les réseaux sociaux est révélatrice du comportement d’une partie de la gauche anglo-saxonne.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/08/31/418240-la-persecu...

Le Planning Familial, de la libération sexuelle à la libération de la reproduction sexuée

Êtes-vous d’extrême droite ? Le Planning Familial vous propose de le découvrir grâce à son quiz de l’été. Regardez donc la dernière affiche publiée par cette association loi 1901 dont la raison d’être historique et sociale fut au départ, à sa création au début des années 1960, le contrôle des naissances ainsi que la protection de la santé sexuelle et reproductive des femmes. Sur l’affiche, on peut lire ceci : « Au planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints ». En dessous du titre, on peut voir un dessin représentant deux hommes : l’un est un homme blanc portant une barbe et de longs cheveux gris, l’autre est un homme noir (ou « racisé ») dont le ventre gonflé indique qu’il s’agit en fait d’un « transgenre », c’est-à-dire d’une personne née biologiquement femme, mais dont l’identité de genre est masculine (oui, c'est un peu compliqué et il faut bien suivre !)

francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/le-planning-f...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ

Revue de presse RT du 21 au 27 aout 2022

Petit exercice hebdomadaire de confrontation de l’information dispensée en Europe avec celle venue de l’est européen. Cette semaine sur RT, l’Europe qui n’en est plus aux sombres prédictions mais aux réelles conséquences de ses sanctions contre la Russie, l’Ukraine qui tourne à l’État terroriste/mafieux, la Russie qui lance son premier avertissement aux États-Unis et la Chine qui continue de subir les provocations autour de Taïwan.

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-21-au...

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Centrale nucléaire de Zaporijjia : faire peur est plus important qu’informer

Il s’agit d’une des plus grandes centrales nucléaires au monde, la plus puissante d’Europe. Elle fait trembler tout le monde depuis le milieu de l’été. La centrale de Zaporijjia pourrait à tout moment faire l’objet d’un accident, dont les responsables seraient bien évidemment à chercher du côté de Moscou. C’est ce que chantent tous en chœur les médias occidentaux, qui oublient au passage de livrer les informations les plus élémentaires sur la place de cette centrale dans le conflit russo-ukrainien.

ojim.fr

https://www.ojim.fr/centrale-nucleaire-de-zaporijjia-fair...

L'attentat de la rue Copernic, fausses pistes et manigances - Contre-enquêtes

Le 3 octobre 1980, une bombe explose devant la synagogue de la rue Copernic, dans le XVIème arrondissement de Paris. Bilan : quatre morts et une quarantaine de blessés. L'extrême droite est immédiatement pointée du doigt, et des militants ainsi que des personnes assimilées à la mouvance sont violemment agressés. Le pouvoir politique oriente l'enquête vers les milieux nationalistes, bien que les Renseignements et la police doutent de leur implication. En effet, les informations qu'ils recueillent semblent indiquer une tout autre menace...

synthesenationale.hautetfort.com

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2022/09/0...

ÉCOLOGIE

1200 scientifiques disent qu’il n’y a pas d’urgence climatique

Voici une déclaration signée par plus de 1200 scientifiques qui réfutent le narratif du changement climatique tel que distillé par le GIEC et ses canaux de diffusion, à savoir nos médias mainstream. D’ailleurs, les célébrités ne croient pas elles-mêmes dans le narratif destiné exclusivement aux sans dents et surtout sans voix…

lilianeheldkhawam.com

https://lilianeheldkhawam.com/2022/08/25/1200-scientifiqu...

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Sécheresse en Europe, un épouvantail idéal

Alors que l’année se déroule particulièrement sèchement, les médias et les politiciens, avides de causes célèbres, décrètent qu’une preuve indubitable est maintenant donnée sur les méfaits des activités humaines causant le réchauffement climatique.

Le blog de Michel de Rougemont

https://blog.mr-int.ch/?p=8590&utm_source=mailpoet&am...

ÉCONOMIE

L'euro dégringole… mais pourquoi ? Décryptage avec Jacques Sapir

 Le cours de l'euro est au plus bas. Dans un contexte économique mondial de plus en plus tendu, les interrogations et les inquiétudes sont légion. L'occasion pour l'économiste Jacques Sapir, que nous avons interrogé, de dresser l'état des lieux.

frontpopulaire.fr

https://frontpopulaire.fr/o/Content/co13794973/l-euro-deg...

Sanctions économiques : une arme contre-productive et profondément déstabilisatrice

Jamais depuis les années 30 une économie de la taille de la Russie n’a été soumise à un tel arsenal de restrictions commerciales que celles imposées en réaction à son invasion de l’Ukraine. Mais contrairement à l’Italie et au Japon des années 30, la Russie d’aujourd’hui est un grand pays exportateur de pétrole, de céréales et d’autres produits de base essentiels, et l’économie mondiale est beaucoup plus intégrée. Les sanctions actuelles ont par conséquent des répercussions économiques mondiales d’une envergure inédite. Leur ampleur devrait inciter à remettre en question le recours aux sanctions comme un outil stratégique efficace avec de fortes incidences économiques mondiales.

les-crises.fr

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Faut-il réinventer la monnaie ?

Un débat fascinant se développe sur l’avenir de la monnaie, aux enjeux cruciaux en termes économiques, philosophiques et politiques. Au cours des millénaires, toutes sortes de choses ont été utilisées comme monnaies. Aujourd’hui, la monnaie est largement dématérialisée. Surtout, elle peut être créée facilement… peut-être même trop facilement.

laselectiondujour.com

https://www.laselectiondujour.com/faut-il-reinventer-la-m...

EIRE

Il y a cent ans, Michael Collins est mort seul sur une route perdue d'Irlande

Héros de l’IRA, Michael Collins est mort solitaire sur une route oubliée près de Béal na mBláth, un trou tout aussi oublié du sud-ouest de l'Irlande. Sa mort tragique a été entourée d'autant de mythes que sa vie courte mais fascinante. Son soleil, qui a brûlé pendant un bref mais éblouissant moment, a été éteint par une balle - peut-être une balle perdue - mais son ombre plane toujours sur l'île verte. Les souvenirs de lui n'ont jamais sombré dans les sables mouvants de l'histoire. Au contraire, sa vie reste à ce jour une référence dans l'historiographie irlandaise moderne, et ce à juste titre, car peu ont laissé une telle marque sur l'histoire récente de la nation irlandaise que Michael Collins.

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ÉNERGIES

Pénurie de gaz, températures glaciales, stockage de bois : jusqu’où peut-on aller cet hiver ?

Le prix du gaz naturel a quadruplé cette année en Europe. En prévision de l’hiver et en imaginant les nouveaux sommets que les valeurs énergétiques pourraient atteindre, les consommateurs commencent à opter pour un (ancien) mode de chauffage alternatif : le bois. Une énorme demande de combustibles, ainsi que de poêles à bois, a été détectée dans plusieurs États occidentaux. Par Anastasia Safronova, rédactrice en chef de Russia Today.

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ÉTATS-UNIS

Le suicide économique et social de l’Europe, provoqué par les États-Unis et favorisé par les dirigeants européens

En raison de la stupidité des dirigeants politiques européens, les États-Unis ont réussi à pousser l’Europe au suicide économique et social. Le 8 février, Michael Hudson, professeur d’économie à l’Université du Missouri, écrivait au sujet du conflit qui se préparait alors en Ukraine et que les États-Unis avaient intentionnellement provoqué.

lesakerfrancophone.fr

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LA CIA ET LES MÉDIAS (5/6) – Quand William Colby efface les traces de l’Agence

Comment les médias les plus puissants d’Amérique ont travaillé main dans la main avec la Central Intelligence Agency et pourquoi la Commission Church les a couverts.

les-crises.fr

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Plongée dans l’enfer des prisons américaines, avec Rémi Tremblay [Entretien]

Dans son dernier ouvrage en date, intitulé « Plongée dans l’univers carcéral américain », Rémi Tremblay, qui dirige également l’excellente revue Le Harfang, interroge quatre prisonniers blancs incarcérés dans les prisons les plus violentes de l’Amérique avec des témoignages inédits sur les conditions de détention, les tensions raciales, la violence, la peine de mort. Pour la première fois, ces détenus brisent le silence et font pénétrer le lecteur dans un univers sombre, où la violence est omniprésente.

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Réseaux mondiaux américains

Nous sommes désormais habitués à associer le mot « réseautage » aux médias sociaux sur Internet. Cependant, même le réseautage social est un phénomène plus large que les applications Internet. Avant tout, il s'agit de l'interaction sociale entre différents groupes de population.

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FRANCE

Plus d'un Français sur deux est inquiet de l’état de notre démocratie

D’après une enquête de l’institut Harris Interactive, 59 % des Français considèrent que la démocratie s’est dégradée en France ces dernières années. Après une succession d’échéances électorales, ce chiffre a de quoi interpeller.

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Montpellier : le progrès qui n’en est pas un

Depuis 2020, Michaël Delafosse dirige la ville de Montpellier (34), grâce à une coalition de gauche où siègent élus socialistes, verts et communistes. Et toute cette clique ne s’en est jamais cachée, fantasmant devant le modèle parisien : leur idole, c’est Anne Hidalgo !

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Un nouveau Conseil de défense pour l'énergie : encore un passage en force?

« Le président de la République va tenir un Conseil de défense vendredi matin. Il sera consacré à l'approvisionnement en gaz et en électricité, au vu de l'augmentation des prix de l'énergie et en prévision de cet hiver », rapporte BFMTV. À l’origine, le Conseil de défense était consacré aux sujets de sécurité et de défense, mais Emmanuel Macron et son gouvernement ont transposé ce concept dans la cadre dans la lutte contre le Covid, et aujourd’hui de la crise énergétique. Une mauvaise habitude ?

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GAFAM

Les réseaux sociaux vous espionnent avec leur "navigateur intégré"

Si vous cliquez sur des liens depuis les applications de Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp…), le géant du web est capable de suivre tous les sites consultés, tant que vous n’ouvrez pas ledit lien dans un navigateur distinct de l’application. TikTok fait pire, et serait même capable de surveiller tout ce que vous tapez sur l’écran de votre smartphone par le biais de son navigateur intégré, dont vos mots de passe.

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GÉOPOLITIQUE

OCS, Europe, Brésil, Chine, USA…Les grandes échéances politiques et géopolitiques à suivre d’ici la fin de l’année 2022

Six échéances politiques et/ou géopolitiques devront être suivies de près au fil des quatre prochains mois. Autant de dates qui, actuellement dans un monde en plein bouleversement, sont des caps géopolitiques incontournables.

breizh-info.com

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GRANDE-BRETAGNE

Bons baisers de Pékin : quand des caméras chinoises surveillent Londres

Non, ce n’est pas le titre d’une nouvelle aventure de James Bond… Il y a 6 millions de caméras de surveillance au Royaume-Uni, c’est-à-dire 1 pour 7 personnes. Ce marché est dominé par les sociétés Hikvision et Dahua, toutes deux liées à l’État chinois, dont les yeux inquisiteurs scrutent 60% des bâtiments gouvernementaux britanniques, y compris parmi les plus importants.

laselectiondujour.com

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MONDIALISME

Ces élites détestées qui nous préparent sciemment un hiver misérable

Le mondialisme, le grand reset, la sobriété, c’est très intéressant mais apparemment, les peuples n’en veulent pas et le font savoir.

contrepoints.org

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RÉFLEXIONS

Guy Debord et le « despotisme peu éclairé » de notre apocalypse démocratique

Il y a quarante ans ou presque Guy Debord revenu du gauchisme et converti à la critique radicale et traditionnelle (subtilement teintée de marxisme, car il y a une dimension guénonienne dans le marxisme bien tempéré) du monde moderne nous prévient que « le destin du Spectacle (démocratie libérale) n’est pas de finir en despotisme éclairé ». Il se demande même « qui diable peut commander le monde démocratique. » Nous y sommes, et tout se passe bien. Debord comprend très bien pourquoi : nous devenons des imbéciles dirigés par des conspirateurs nihilistes.

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RUSSIE

Mikhaïl Gorbatchev et la perestroïka

Mikhaïl Gorbatchev est né le 2 mars 1931 dans une famille paysanne du territoire de Stavropol (Russie méridionale). En 1950, il est reçu au concours d’entrée de la faculté de droit de la très prestigieuse Université d’Etat de Moscou. Membre des Jeunesses communistes (Komsomol), il est admis dès 1952 dans les rangs du parti communiste.

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Quelques réflexions sur Gorbačëv et la fin de l'URSS

L'effondrement de l'Union soviétique a été entièrement dû à l'idiotie de Gorbačëv, tel qu'il semble être compris à partir des « célébrations » de certains à l'annonce de sa mort. Cela dénote la régression infantile, qui comporte aussi une barbarie considérable, dans laquelle sont tombés ceux qui prétendent se référer à Marx, connu, entre autres, pour avoir promu l'analyse structurelle. Il faut se demander comment une seule personne a pu faire échouer tout un système qui, jusqu'à quelques années auparavant, rivalisait pour l'hégémonie avec les États-Unis, et il faut se demander comment quelqu'un comme Gorbačëv est arrivé à la tête de l'Union soviétique.

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La Russie surfe sur son or noir !

« Nous allons livrer une guerre économique et financière totale à la Russie. Nous allons donc provoquer l’effondrement de la Russie » avait annoncé Bruno Le Maire, notre ministre de l’Économie, sur France Info, le 1er mars 2022. Par sa voix, relayant celle d’Emmanuel Macron qui exerçait alors la présidence de l'Union européenne, la France réclamait à cor et à cri un strict embargo sur le gaz et le pétrole russes. Sans enthousiasme, les dirigeants des pays membres de l'UE ont fini par se rallier à un embargo sur 90% du pétrole russe d'ici à la fin de l'année. Six mois après la déclaration fracassante de Bruno Le Maire, quelle est la situation ? « La Russie n'a jamais gagné autant d'argent avec ses exportations de pétrole et de gaz » affirme François Lenglet dans son éditorial économique du 31 août sur RTL (vidéo en lien ci-dessous).

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SANTÉ/LIBERTÉS 

Royaume-Uni : le vaccin anti-Covid est finalement déconseillé aux femmes enceintes

Le 16 août dernier, le gouvernement britannique a recommandé aux femmes enceintes et allaitantes de ne pas recevoir le vaccin contre le Covid-19, admettant que « des garanties suffisantes quant à l'utilisation sûre du vaccin ne peuvent être fournies à l'heure actuelle ». Il serait temps !

francesoir.fr/

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« Panneaux antivaccins Covid-19 à Toulouse » : Réinfo Liberté explique ses résultats

Alors que la Préfecture et la mairie de Toulouse tentent de les faire retirer, les panneaux d’affichages de Réinfo Covid et Réinfo Liberté sont toujours présents dans la ville rose. Nous avions convenu dans un précédent entretien avec Vincent Pavan, président de cette seconde association, que nous suivrons leur méthode afin de comprendre en quoi leur message « Un accident cardiovasculaire pour 100 injections (ou myocardite, péricardite, angio-œdème…). La santé de nos enfants vaut plus que des vaccins expérimentaux » est pertinent. Également membre du Conseil scientifique indépendant, Emmanuelle Darles l'accompagne pour détailler leur calcul à l’occasion de ce débriefing

francesoir.fr

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Covid-19. Le point sur la situation dans le monde au 1er septembre 2022

« On peut débattre de tout, sauf des chiffres » (lorsqu’ils ne sont pas mensongers, bien sûr) Propagande gouvernementale reprise inlassablement en octobre et novembre 2021 par la « meute » des médias mainstream français… et abandonnée depuis … Il convient donc de faire parler les chiffres déclarés par les États eux-mêmes…

breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2022/09/01/207310/covid-19-le...

La Fondation Rockefeller demande aux spécialistes des sciences du comportement de trouver des arguments plus convaincants pour la vaccination contre le Covid

Signe supplémentaire que le programme de vaccination contre le covid des institutions mondialistes n’a pas eu le succès escompté, la Fondation Rockefeller a révélé qu’elle (ainsi que d’autres organisations à but non lucratif) a injecté des millions de dollars dans un projet de science comportementale visant à comprendre pourquoi de grands groupes de personnes dans le monde refusent de se faire vacciner.

aubedigitale.com

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SERBIE

Andrej Mitić : « Les Serbes vivent l’apartheid sur leur propre terre, en Europe, au 21ème siècle, du fait d’islamistes et de mafieux »

Entretien avec Andrej Mitić, diplômé de philosophie, docteur en sciences juridiques, secrétaire international et conseiller du groupe parlementaire du Mouvement serbe Dveri.

breizh-info.com

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samedi, 03 septembre 2022

Quelque chose va-t-il changer dans un monde multipolaire ?

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Quelque chose va-t-il changer dans un monde multipolaire ?

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/08/29/muuttuuko-mikaan-moninapaisessa-maailmassa/ 

Le président russe Vladimir Poutine est désormais considéré sans rire en Occident comme le plus grand mal de la planète, comme le nouvel Hitler, etc. Si vous ne dénigrez pas la Russie ou ses dirigeants, vous êtes immédiatement étiqueté "poutiniste" et "antipatriotique". La dissidence et la remise en question du récit officiel de l'OTAN soutiendraient les objectifs de Poutine.

Comme je l'ai fait pendant le pire de l'infarctus collectif, j'ai pensé que je critiquerais à nouveau le régime russe une fois de plus, mais d'un point de vue différent de celui des journalistes finlandais de Yle et des tabloïds, et des semeurs de haine pro-occidentaux en matière de politique étrangère et de sécurité.

Dans ses discours, Poutine a pris position contre l'élite occidentale. Au cours des six derniers mois en particulier, le président russe a parlé ouvertement du fait que les politiciens démocratiquement élus ne gouvernent pas en Occident, mais que le véritable pouvoir est exercé par "l'élite mondialiste occidentale", en d'autres termes, par un petit cercle de banquiers centraux et de grands investisseurs.

Les discours de Poutine ont été bons, mais en fin de compte, ce sont les actions qui comptent. Bien que les relations du Kremlin avec l'Occident soient gravement abîmées - du moins c'est ce qu'on nous fait croire - la Russie continue de promouvoir les mêmes choses que l'Occident.

Comme Pékin, Washington, Londres et Bruxelles, Moscou répète le même mantra onusien de "développement durable", de "changement climatique", de numérisation et de nécessité de combattre la "pandémie" avec des vaccins.

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En d'autres termes, la Russie continue d'adopter les mêmes politiques techno-féodales que l'Occident. À certains égards, la Russie pourrait même être en avance sur les autres dans la mise en œuvre de la "nouvelle normalité" qui a commencé pendant la crise sanitaire. Poutine s'enthousiasme pour les programmes de génie génétique et de reconnaissance faciale, par exemple.

Si Poutine est si opposé à ce système anti-humain, comme certains le suggèrent, pourquoi semble-t-il le laisser s'enraciner en Russie ? Après tout, Davos et le "monde multipolaire" veulent-ils un système techno-totalitaire similaire, et maintenant le différend porte principalement sur la question de savoir qui doit le diriger ? Ou bien les élites des différents pays se disputent-elles vraiment ?

De telles pensées viennent à l'esprit de temps en temps lorsque l'on regarde la situation de l'extérieur et de manière aussi critique que possible. Je ne veux pas répandre le désespoir, mais je ne crois toujours pas que quelqu'un comme Trump et ses troupes viendront sauver le monde et que les gens n'auront qu'à attendre passivement, en ne faisant rien eux-mêmes.

Pour couronner le tout, alors que la Finlande officielle et d'autres pays de la zone euro soutiennent une politique de sanctions anti-russes contre leurs intérêts nationaux, les États-Unis eux-mêmes continuent de commercer avec la Russie. Malgré ce fait, les sonnettes d'alarme ne sont pas tirées pour tout le monde.

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Il y a déjà des menaces de pannes d'électricité et on parle de l'importance d'adopter un "esprit de guerre hivernal" pour l'hiver à venir. Les instructions arrogantes des détenteurs du pouvoir à leurs sujets ne semblent pas suffire à réveiller les dormeurs. Prenez donc une douche courte et froide et asseyez-vous dans un appartement sombre et froid. En attendant, le Premier ministre Marin peut toujours danser et s'amuser, avec la bénédiction d'Hillary Clinton.

La série de crises créées artificiellement et l'agenda de l'anarchie ne font que se poursuivre. Bien sûr, il y a ceux qui croient qu'au fur et à mesure que tout s'effondre, le scandale de la corruption mondiale sera exposé, les gens se "réveilleront" et ceux qui sont actuellement au pouvoir seront tenus responsables de leurs actions.

Après des décennies d'hégémonie anglo-américaine, j'aimerais moi-même voir une véritable "multipolarité". Mais je reste sceptique quant aux détails du processus.

La technocratie, les réglementations en matière de vaccination et d'autres caractéristiques de la "nouvelle normalité" semblent se poursuivre partout, alors qu'est-ce qui va réellement changer, même si l'ordre du monde change? Ce serait bien de voir un peu de lumière au bout de ce tunnel obscur.

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Small is beautiful : Leopold Kohr et le refus de l’Etat totalitaire moderne

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Small is beautiful: Leopold Kohr et le refus de l’Etat totalitaire moderne

par Nicolas Bonnal

Nous allons vivre un cauchemar étatique dans tous les pays. Le penseur austro-américain Léopold Kohr était cité avec Jacques Ellul et Guy Debord à la fin du documentaire apocalyptique Koyaanisqatsi. C’est comme cela que je l’ai découvert en 1983. En réalité son nom est inconnu alors que son lemme est mythique : small is beautiful. Kohr est l’esprit qui a mis en doute le monde moderne dans tout ce qu’il a de gigantesque, de titanesque, d'autoritaire et de compliqué.

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Pour lui tout s’écroulera de ce fait ; ou, si cela ne s’écroule pas, finira mal. A l’heure où l’Europe tangue, où les USA tanguent, où l’Espagne et le royaume désuni tanguent, on ferait mieux de redécouvrir son breakdown of nations publié il y a plus d’un demi-siècle. Proche des libertariens ou des traditionnels (je suis des deux écoles, donc je me sens bien concerné), la pensée de Kohr ne pourrait qu’inspirer une solution de rechange à notre civilisation marquée par le gigantisme messianique et l’hypnotisme techno-totalitaire.

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Léopold Kohr est un peu comme René Girard. Son explication unique doit tout expliquer. Voici ce qu’il écrit au début de l'effondrement (breakdown) des nations :

« Comme les physiciens de notre temps ont essayé d'élaborer une théorie unique, capable d'expliquer non seulement certains mais tous phénomènes de l'univers physique, j'ai essayé de développer une seule théorie à travers laquelle non seulement certains mais tous les phénomènes de l'univers social peuvent être réduits à un commun dénominateur. »

Et son secret, inspiré par une remarque de Jonathan Swift (un grand initié selon le père de mon ami Nicolas Richer) est le refus du bulk, de la masse, de la taille :

«Le résultat est une philosophie politique nouvelle et unifiée centrée autour de la taille. Elle suggère qu'il semble y avoir une seule cause derrière toutes les formes de misère sociale: la grandeur. Aussi simpliste que cela puisse paraître, nous trouverons l'idée plus facilement acceptable si nous considérons que la grandeur, ou sur-dimension, est vraiment beaucoup plus que juste un problème social. Elle semble être le seul et unique problème imprégnant toute la création. Où quelque chose ne va pas, c’est que quelque chose est trop gros. »

Il multiplie ensuite les exemples physiques et médicaux :

 « Si les étoiles dans le ciel ou les atomes d'uranium se désagrègent en explosion spontanée, ce n'est pas parce que leur substance a perdu son équilibre. C'est parce que la matière a tenté d’étendre au-delà des barrières infranchissables fixées à chaque accumulation. Leur masse est devenue trop grande. Si le corps humain devient malade, c'est, comme dans le cancer, parce qu'une cellule, ou un groupe de cellules, a commencé à dépasser ses limites étroites attribuées. »

Sans alluder à Le Bon et à tous ceux (Canetti, Freud, Pearson), qui ont étudié la triste civilisation des masses et de l’abrutissement collectiviste moderne, Kohr ajoute très justement :

 « Et si les corps sociaux deviennent malades avec la fièvre de l'agression, la brutalité, le collectivisme, ou l'idiotie massive, ce n'est pas parce qu'ils ont été victimes d’un mauvais leadership ou d’un dérangement mental. C'est parce que les êtres humains, si charmants en tant qu'individus ou en petites agrégations, ont été soudés en unités sociales concentrées telles que des foules, syndicats, cartels ou grandes puissances. C'est alors qu’ils commencent à glisser en catastrophe incontrôlable. »

La société postmoderne semblait moins dangereuse qui devient plus stupide. Le grand universitaire batave Johann Huizinga avait bien parlé lui de cette dérive du sport massifié dans son Homo ludens, qui est aussi un hommage au monde traditionnel non massifié. Kohr ajoute en hommage à Malthus (pourquoi pas d’ailleurs quand on voit comment les Chinois sont traités par leur administration ?) cette fois :

 « Les problèmes sociaux, pour paraphraser la doctrine de la population de Thomas Malthus, ont la malheureuse tendance à croître à un rapport géométrique avec la croissance de l'organisme dont ils font partie, tandis que la capacité de l'homme à faire face avec eux, si elle peut être étendue, ne croît qu'à un rapport arithmétique. Ce qui signifie que, si une société se développe au-delà de sa taille optimale, ses problèmes doivent finalement dépasser la croissance des facultés humaines qui sont nécessaires pour y faire face. »

On se rapproche de notre sujet du moment : la dérive fasciste et eschatologique des Etats occidentaux. Léopold Kohr écrit :

« Après la Seconde Guerre mondiale, une tendance similaire à la destruction de sa propre puissance mondiale s'installa, à un rythme cependant beaucoup plus lent. Entre-temps, il a été complètement arrêté. Il n'y a plus de possibilité que les États-Unis ne soient pas une grande puissance. En conséquence, l'état d'esprit correspondant, se développant comme une conséquence peut-être indésirable mais inévitable, a déjà commencé à se manifester à de nombreuses reprises, par exemple lorsque le secrétaire à la Défense du Président Truman, Louis Johnson, a envisagé en 1950 une guerre préventive, ou lorsque le général Eisenhower, dans un discours devant le Congrès dans la même année, a déclaré que nous pouvons écrabouiller (lick) le monde. Ce dernier mot ressemblait plus à une déclaration de l'exubérant Kaiser d'Allemagne qu'au président de l'université de Columbia. Pourquoi un défenseur de la paix et de la démocratie devrait-il vouloir écrabouiller le monde? Exprimée de façon non agressive, l'affirmation aurait été que, si nous sommes unis, le monde entier ne peut pas nous liquider. »

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Kohr donne son explication à ces temps nouveaux d’hubris et de terreur et de lutte contre la terreur, la pénurie ou le climat :

« Cependant, cela montre comment le pouvoir engendre cet état d'esprit particulier, en particulier chez un homme qui, en général, doit connaître toute l'étendue du potentiel de l'Amérique. Il montre aussi qu'aucune idéologie de la paix, aussi ancrée soit-elle dans les traditions d'un pays, ne peut empêcher la guerre si une certaine condition de pouvoir est apparue. Il peut avoir un effet retardateur et embellissant, mais c'est tout, comme l'indique le mythe trompeur de la guerre préventive qui préconise l'agression pour le but solennellement déclaré de l'éviter. C'est comme si quelqu'un allait tuer un homme pour lui épargner la peine de mourir. »

Cela me fait penser au « principe de précaution » dont l’usage ne peut être que menaçant dans ses applications, dérisoire dans ses résultats et totalitaire dans son aboutissement. Kohr reprend Hegel et Marx pour qui la modification quantitative entraîne nécessairement une mutation qualitative. La tranquille nation de Jefferson devient un petit monstre sous Lincoln ou Roosevelt I, une énorme monstre sous Roosevelt II-Truman et une créature tératologique et cocasse sous Bush-Obama-Biden (Trump n'ayant jamais exercé le pouvoir).

Kohr explique encore :

« C'est donc toujours la masse critique du pouvoir qui transforme les nations en agresseurs, tandis que l'absence de pouvoir critique semble toujours la condition qui les rend pacifiques. Le calme n'est donc pas une attitude mentale ou une qualité acquise qui peut être formée en nous. Il nous revient automatiquement comme le résultat de la faiblesse physique. Les tribus les plus sauvages sont paisibles lorsqu'elles sont faibles. Mais, pour la même raison, les peuples civilisés deviennent des sauvages quand ils sont forts. »

En devenant forts nous devenons dangereux. Et en devenant gros nous devenons aussi médiocres. Nietzsche, Eric Hobsbawn (très intéressant) ou Bakounine ont remarqué la stérilisation culturelle et musicale de l’Allemagne et de l’Italie au moment de leur unification… qui a débouché sur les monstres politiques que l’on sait (fascisme, nazisme, Europe).

Kohr redoute plus encore, vers 1960, l’Etat mondial ou la démence de la construction européenne. Il nous reste à remarquer que son culte des petits Etats (plus pacifiques, solidaires, cultivés, etc.) peut facilement être détourné et recyclé par « les puissances », au sens paulinien, du jour. Il n’est pas démontré que la déconstruction de nos pauvres Etats-nations - ou de ce qu’il en reste - serve nécessairement la liberté, la prospérité et surtout la culture de nos peuples. C’est une élimination de plus dans le projet flasque et grotesque d’une gargantuesque construction mondialiste.

 

Hommage à Daria Douguine: “Dans sa vie, Daria a choisi la lumière. Elle l’a également choisi dans l’éternité”

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Hommage à Daria Douguine: “Dans sa vie, Daria a choisi la lumière. Elle l’a également choisi dans l’éternité”

Source: https://rebellion-sre.fr/hommage-a-daria-douguine-dans-sa-vie-daria-a-choisi-la-lumiere-elle-la-egalement-choisi-dans-leternite/?fbclid=IwAR2d59NpWudMtfdbKE1JDgqwKl16KLvhFk9cZjNzdoadAW-NxH3wQdZXi0Y

Suite à l’assassinat de Daria Douguina le 20 août dernier, une quinzaine de camarades et amis qui l’avaient bien connue durant ses études à Bordeaux, se sont réunis le samedi 27 août afin de dédier cette journée à son souvenir et être près de sa famille par la pensée et pour certains par la prière. A cette occasion, une messe en la mémoire de Daria a été célébrée en l’église Saint-Siméon de Bouliac. Nous voulons également vous faire partager le témoignage que Thomas, un des amis présents, nous a livré ce même jour à propos de Daria.

Le 20 août dernier, c’est un drame qui s’est abattu sur la Russie. A l’issue d’un festival musical portant sur la Tradition, notre amie Daria Douguine a été lâchement assassinée, victime d’un attentat à la voiture piégée. Cet attentat visait les Douguine, père et fille, et il a réussi : il a ôté à un père la vie de sa propre fille. 

Alors qu’ils venaient de passer ensemble une heureuse journée, c’est sous les yeux de son père qu’est décédée Daria Douguine, à l’âge de 29 ans. 

C’est un drame qui s’est abattu sur la Russie et c’est un drame qui s’est abattu sur nous, en France. Ici à Bordeaux, nous avons bien connu Daria Douguine. Elle était venue passer une année universitaire en 2012-2013 pour étudier la philosophie. 

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Nous nous souvenons du premier repas que nous avions organisé pour sa venue, dans notre petite colocation, notre « Casa Pound » bordelaise. C’était très simple : du vin, du bon pain, un plateau de fromage, un plateau de charcuterie. Daria était ravie de ce petit repas franchouillard, et bien souvent nous avons remis ça tant c’était une joie de se voir. 

Comment vous décrire Daria ? C’était à l’époque une belle fille de 20 ans, avec un visage parfaitement slave, un regard pétillant d’intelligence et de bonté. Belle, intelligente et pleine de bonté, elle l’est d’ailleurs restée jusqu’au bout. 

Nos camarades bordelais peuvent témoigner des nombreux échanges que nous avons eu avec elle, à tout propos : philosophie, son sujet de prédilection, mais aussi politique, littérature, cinéma… 

Elle était curieuse de tout et avait le don de poser un regard ferme et lucide sur toutes choses. 

Elle avait également beaucoup d’humour. L’auteur de ces lignes se souvient d’un jour où la conversation, entre deux verres de rouquin, s’était portée sur le mythe de l’androgyne chez Platon. Daria rappelait que Platon décrivait les premiers hommes comme des créatures sphériques et que leur cou était arrondi comme leurs flancs. Et Daria, s’adressant alors, pleine de gentillesse, à un camarade bien-portant, de lui dire : « Tu vois, tu es important pour moi car tu es un homme primordial ! » 

Mais, au-delà de sa bonté, de son sens de l’humour, de son intelligence, Daria nous a marqué pour une chose précise : elle incarnait des valeurs que nous chérissons. 

Elle aimait la Russie d’un amour, propre à faire rougir de honte le plus patriote d’entre nous. Elle aimait la tradition – dans son cas c’était bien sûr l’orthodoxie – avec une humilité et une simplicité que beaucoup pourraient lui envier, en particulier chez nous qui avons parfois un rapport compliqué et distant avec nos propres traditions. 

C’est peut-être ça qui nous a le plus marqué chez Daria : sa simplicité. Tous ceux qui ont un jour échangé quelques mots avec elle s’accordent à souligner sa gentillesse. Ce n’est pas qu’elle était gentille, c’est qu’elle avait le don de poser un regard pur sur les choses. Comme un enfant. Un regard à la fois ferme et extrêmement bon. 

C’est cette bonté d’âme, cette simplicité de cœur qui la rendait tout aussi combative. Dans son activité de journaliste en Russie, Daria défendait brillamment une idée avec laquelle nous avons du mal dans notre Europe nihiliste : celle de vérité. 

A nous, Occidentaux, qui avons tendance à penser que la vérité n’existe pas ou que chacun doit avoir sa propre vérité, elle n’avait pas peur de dire : il y a des choses vraies et il y a des choses fausses. Il y a la vérité et il y a les erreurs ou les mensonges. Elle ne craignait pas de dire qu’il y a des choses normales, et des choses qui ne le sont pas. 

C’était sa manière de lutter contre ce que Vladimir Poutine a récemment appelé l’Empire du mensonge. Et c’est d’ailleurs cet Empire du mensonge qui l’a lâchement assassinée. 

Daria n’a jamais travaillé dans l’ombre. Elle n’a jamais caché ses convictions. Ses vertus ? Le courage, l’honnêteté, la rigueur, la bonté. Et le monde qui l’a assassiné, c’est celui de la lâcheté, du mensonge, de la dissimulation, du vice. 

Je voudrais souligner un parallèle important : la femme qui a commis l’attentat à la voiture piégée contre les Douguine, outre que cela s’appelle purement et simplement du terrorisme, a également utilisé sa propre fille, une adolescente, pour espionner Daria et assister au festival auquel les Douguine participaient. Autrement dit, ce qu’a montré cette mère à sa propre fille, c’est la dissimulation, la duplicité et la violence. 

A l’inverse, Alexandre Douguine assistait en compagnie de sa fille à un festival dans lequel il était aussi accessible que n’importe lequel d’entre nous. Ils n’avaient rien à cacher. Ils étaient là, présents, très simplement. 

Les amis bordelais qui ont eu la joie de rencontrer Daria et de rencontrer son père Alexandre peuvent en témoigner : Daria était une aussi grande intellectuelle que son père, mais des intellectuels accessibles. Des braves gens. Des gens qui ont l’amour des choses simples. 

Lors de sa participation à la Manif pour tous à Bordeaux, Daria nous avait simplement dit : « C’est beau de voir tous ces gens qui veulent juste défendre la famille et la tradition ». Ces mots très simples résumaient tout. 

Manif pour tous, études de philosophie politique, activités de journaliste, analyses sur l’Euro Maïdan puis, plus récemment, sur le conflit ukrainien : Daria n’a jamais cessé d’être une combattante acharnée de la vérité. 

Elle le disait elle-même à son père quelques instants avant de quitter ce bas-monde : « Papa, je me sens comme un guerrier, je me sens comme un héros. Je veux être comme ça, je ne veux pas d’autre destin, je veux être avec mon peuple, avec mon pays. Je veux être du côté des forces de la lumière. ». 

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Voilà qui résume bien ce que Daria a été pour nous dans cette époque de ténèbres : une lumière. 

Cette lumière a été pour nous un véritable rafraîchissement, un véritable ressourcement. On se souvient tous avec une grande joie de l’année que nous avons passé auprès d’elle. Nous la pleurons aujourd’hui parce qu’elle était une militante, mais aussi une amie. 

Mais, il faut l’avouer, Daria a été aussi pour nous comme un miroir de nos insuffisances. Voilà une fille qui aimait la culture, qui aimait les siens, qui aimait son pays, qui aimait ses traditions, et qui nous par sa seule présence nous demandait : et vous, qu’aimez-vous ? 

Fréquenter Daria Douguine, c’était sans cesse se poser la question : qu’est-ce que j’aime ? Qu’est-ce que je veux défendre ? Pour quoi suis-je prêt à donner ma vie ? Pour qui suis-je prêt à  donner ma vie ? Quelles valeurs est-ce que je veux défendre ? Quelles vertus est-ce que je veux incarner ? Est-ce que je veux être du côté de la lumière ? Est-ce que je veux être avec les ténèbres ? 

Ce sont des questions radicales. Mais c’est là tout le sens de la vie de Daria et tout le sens de la vision néo-eurasiste qu’elle défendait. Ce sont des questions auxquelles son parcours et sa mort prématurée ont apporté une réponse. 

Daria a vécu pour les valeurs qu’elle défendait. Daria est morte pour les valeurs qu’elle défendait. Elle est morte pour ce père qu’elle aimait profondément, pourfendeur de l’Empire du mensonge et ardent défenseur de la chrétienté. Elle est morte pour la Russie. Elle est morte pour les siens. 

Elle est morte pour nous. 

Dans sa vie, Daria a choisi la lumière. Elle l’a également choisi dans l’éternité. 

La plus belle manière que nous avons de saluer notre amie Daria, c’est de continuer à porter en nous et autour de nous un peu de cette lumière qu’elle nous a apportée. 

(Ci-dessous: Hommage à Daria Douguina devant la cathédrale russe-orthodoxe de Nice).

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Les sanctions antirusses se retournent contre l'envoyeur: l'économie russe résiste alors que l'Europe s'affaiblit

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Les sanctions antirusses se retournent contre l'envoyeur: l'économie russe résiste alors que l'Europe s'affaiblit

Source: https://zuerst.de/2022/09/02/die-russland-sanktionen-werden-zum-eigentor-russlands-wirtschaft-haelt-stand-waehrend-europa-schwaechelt/

Moscou. Il devient de plus en plus clair que l'Occident a fait une erreur de calcul avec ses sanctions contre la Russie. Pire encore : alors que la Russie se porte étonnamment bien après plus de six mois de guerre, l'impact des sanctions se répercute pleinement sur l'Occident.

Lorsque les gouvernements occidentaux ont réagi à l'invasion russe de l'Ukraine par des sanctions, beaucoup, y compris les analystes des grandes banques d'investissement de Wall Street à New York, s'attendaient à un effondrement économique rapide de la Russie. Six mois plus tard, ils doivent admettre que leurs prévisions étaient erronées.

Certes, la performance économique de la Russie d'avril à juin a été inférieure de quatre pour cent à celle de l'année précédente. C'est une baisse, mais elle est loin des 35% prévus par la plus grande banque d'investissement américaine, J P Morgan. La pandémie de 2020 avait précédemment frappé la Russie plus durement. Le produit intérieur brut (PIB) du deuxième trimestre était alors inférieur de 7,4 % à celui de l'année précédente.

La résistance de l'économie russe a été sous-estimée, tant en ce qui concerne les sanctions contre les exportations russes et l'interdiction des importations de pétrole que l'exclusion du rouble russe des marchés internationaux des changes.

Une raison parmi d'autres : l'Occident est assez isolé dans sa politique de sanctions. Ce n'est pas "le monde" qui a imposé des sanctions à la Russie. Ce sont les États-Unis, le Canada, la plupart des pays de l'UE et l'Australie. La Corée du Sud et Taïwan se sont également ralliés aux sanctions européennes, le Japon aussi du moins en partie. Mais toute l'Afrique, presque toute l'Amérique du Sud et la majeure partie de l'Asie n'y participent pas.

Au contraire, la Russie peut désormais se réjouir des exportations de matières premières russes, qui sont bien plus importantes que prévu. Le pétrole brut russe fait également l'objet d'une forte demande. Cela a soutenu durablement l'économie. Dans ce domaine, les analystes ont clairement mal évalué la situation.

Les analystes de Wall Street s'attendaient à ce que l'embargo occidental sur le pétrole cause de graves dommages à la Russie. La Russie est le troisième plus grand producteur de pétrole au monde. L'économie russe est donc fortement dépendante des exportations d'énergie. Les revenus du secteur pétrolier et gazier représentaient environ 45% du budget national en 2021.

Les États-Unis ont imposé un embargo sur l'énergie russe en mars. L'Union européenne a décidé en mai d'une interdiction progressive, qui concerne pour l'instant 75 pour cent des importations de pétrole de l'UE en provenance de Russie. En mars, Goldman Sachs a écrit qu'il était peu probable que Moscou trouve d'autres acheteurs pour son pétrole brut. L'une des raisons en est l'exclusion de la banque centrale russe du système Swift pour les paiements internationaux. Là encore, il s'agit d'une grave erreur.

Selon les données de Bloomberg, la Russie a encore exporté 7,4 millions de barils de pétrole par jour en juillet. En particulier, la Russie a réussi à augmenter considérablement ses exportations de pétrole vers l'Inde. Le pays achète actuellement un million de barils de pétrole russe par jour, soit une augmentation de 900% par rapport à février.

D'autre part, l'Europe n'a pas encore réussi à se détacher du pétrole brut russe. L'UE achète actuellement 2,8 millions de barils de pétrole brut par jour à la Russie. C'est seulement 30% de moins que les quatre millions de barils par jour de février.

Après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la ministre allemande des Affaires étrangères, Mme Baerbock (Verts), avait explicitement indiqué que l'objectif de la politique allemande était de "ruiner" la Russie. Mais la Russie en est très loin - tandis que les Européens sont de plus en plus victimes de leurs propres sanctions. (mü)

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vendredi, 02 septembre 2022

En souvenir de Jack Marchal (1946-2022)

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En souvenir de Jack Marchal (1946-2022)

Par Pierre Robin

Source: Page Facebook de Pierre Robin

A vrai dire Jack Marchal n'était une vedette que dans un milieu assez restreint, dans lequel m'avaient introduit ma soif d'absolu et ma détestation des rebelles officiels et agréés (les différentes sortes de gauchisme universitaire des années 70). Je veux parler de la fac d'Assas, du GUD et toutes ces choses. Là J.M. jouissait du prestige d'avoir créé le personnage du rat noir (à partir d'un autre rat de la BD des années 60), rongeur emblématique de l'extrême droite estudiantine, et " adopté " en quelque sorte par défi, les ennemis de la Ligue communiste désignant collectivement les " fascistes " par cet animal pestilentiel (les sectateurs de Krivine ayant choisi eux comme animal totémique la taupe de Karl Marx).

Des rats de cave...

Ce rat noir casqué de noir était mis en scène par Marchal dans différentes activités: essentiellement le cassage de gueule de gauchistes, à grands moulinets de nunchaku (et aussi un peu de débauche gauloise). J. M., au mitan des années 70 allait étoffer ses BD dans le magazine Alternative, honnête tentative de fanzine branché nationaliste et anti-gauche. Tout ça n'était peut-être pas très politique au sens traditionnel du mot, mais au fond la politique nous était interdite, restait donc la baston et la provocation - et la camaraderie.

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Je n'ai pas beaucoup vu alors la silhouette dégingandée et la tête (et la coiffure) médiévale de Marchal. Je l'ai mieux connu à la toute fin des années 70. Par la contre-culture rock, essentiellement - et en ce sens il était bien, à sa façon particulière, de la génération Wight/Woodstock. Déjà vers 1975, il avait réalisé, avec le peintre futuriste Olivier Carré et un activiste italien, un 33 tours, Science & Violence, chanté en français extrémiste et ricaneur, sans doute musicalement influencé par les Rolling Stones ou le rock progressif encore la mode : ça ne m'emballait pas - à part peut-être le dystopique Tu sais Monsieur derrière ta porte - mais le disque avait l'incontestable mérite d'être unique en son genre...

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Et c'était ça l'autre grande passion de Jack Marchal : la musique pop/rock. Il s'était enthousiasmé pour la new wave britannique, avait acheté des synthétiseurs Korg et des boîtes à rythmes primitives. Je me souviens d'une de ses compositions assez réussies dans le genre vaguement kraftwerkien. Et c'est dans son mini-studio installé dans une pièce de son appartement de la rue de l'Assomption que mon cousin et moi-même fîmes les premières maquettes de notre groupe Jeunesse Dorée.

Marchal allait plus tard parrainer les groupes du "rock identitaire français", pas hyper excitants, du moins musicalement, mais c'est l'intention qui compte, on dira. Sinon, il s'était également enthousiasmé, à la fin des Seventies, pour les radios encore libres, et on l'entendait parfois aborder les sujets les plus variés et les plus clivants sur Radio Ici & Maintenant, tenue par des hippies vraiment très tolérants et peut-être épatés.

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Marchal avait un humour très acéré, balançait en pince-sans-rire des vannes assassines sur l'époque et ses " héros ". Il avait ce look d'éternel étudiant, un étudiant qui se foutait de l'élégance vestimentaire et plus encore de la mode (même new wave). Il était incommensurablement original dans ses réparties. Ou dans son comportement : je me souviens d'une soirée Jalons tenue à l'été 82 dans l'appartement de Cousin Arnaud, du côté du métro Villiers (75008). Une bonne partie de la nuit les gens - dont des people émergents comme Philippe Manoeuvre et Jean-Pierre Dionnet - dansaient, buvaient, faisaient bruyamment les malins. Marchal lui s'était éclipsé assez tôt dans une pièce du fond du grand appartement, où mon cousin entreposait ses machines musicales, et il avait passé toute la nuit - en tout cas toute la fête - à tester les possibilités infinies de l'énorme synthétiseur Yamaha, dernière et coûteuse acquisition d'Arnaud, en un superbe mépris de nos activités festives. On l'avait vu émerger vers 3 heures du matin, content de sa " soirée ", prenant un verre d'alcool réparateur et balançant quelques saillies aux derniers invités présents. C'était ça Marchal, un mélange attachant de radicalité politique et de planerie un peu " années 70 "...

Jack Marchal : les étudiants de droite en Mai 68

Musicien et dessinateur, Jack Marchal est une icône de la droite nationaliste. Il est, dans les années 70, le créateur d'un style et d'une graphie qui sera la marque de la droite radicale à travers un symbole : le rat. En mai 68, Marchal est étudiant à Nanterre et membre d'Occident avec Madelin et Longuet. Récit.

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Quelques réflexions sur Gorbačëv et la fin de l'URSS

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Quelques réflexions sur Gorbačëv et la fin de l'URSS

par Gennaro Scala 

Source: Gennaro Scala & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/qualche-riflessione-su-gorba-ev-e-la-fine-dell-urss

L'effondrement de l'Union soviétique a été entièrement dû à l'idiotie de Gorbačëv, tel qu'il semble être compris à partir des "célébrations" de certains à l'annonce de sa mort. Cela dénote la régression infantile, qui comporte aussi une barbarie considérable, dans laquelle sont tombés ceux qui prétendent se référer à Marx, connu, entre autres, pour avoir promu l'analyse structurelle. Il faut se demander comment une seule personne a pu faire échouer tout un système qui, jusqu'à quelques années auparavant, rivalisait pour l'hégémonie avec les États-Unis, et il faut se demander comment quelqu'un comme Gorbačëv est arrivé à la tête de l'Union soviétique.

Quelles ont été les causes de l'effondrement de l'Union soviétique est une question trop complexe pour être traitée de manière adéquate dans un message sur FB, j'en ai traité indirectement dans mon livre "Pour un nouveau socialisme". Je voudrais ici soulever une question : le mondialisme. Marx voulait donner au communisme une perspective mondialiste. Extrait d'un article important, très négligé par les "marxologues", son dernier article publié dans le Rheinische Zeitung dans les derniers jours de 1848, avant son exil en Angleterre, où il désigne l'Angleterre elle-même comme le principal ennemi de la révolution, mais déclare en même temps qu'étant donné sa puissance mondiale, seul un mouvement de portée mondiale pourrait la vaincre. C'est grâce à cette approche mondialiste que le communisme soviétique a pu être un défi mondial à l'hégémonie mondiale des États-Unis qui a succédé à celle de l'Angleterre (pour plus de détails, voir mon livre précité).

Dans le défi mondial lancé à l'hégémonie américaine, l'Union soviétique a perdu pour plusieurs raisons. Tout d'abord, bien qu'étant un mondialisme, le soviétisme n'était pas un véritable impérialisme, c'est-à-dire avec les connotations économiques du terme, capable de drainer des pays subordonnés vers le centre des ressources à utiliser dans la compétition avec les Etats-Unis.

Pour des raisons inhérentes aux conditions exceptionnelles dans lesquelles l'État soviétique est né, et pour les immenses défis auxquels il a été confronté à sa naissance et plus tard avec l'attaque nazie, il n'a jamais surmonté la centralisation du pouvoir étatique, de sorte qu'une formation étatique stable n'a jamais été atteinte, l'État soviétique étant toujours géré selon les critères de l'État d'exception. Cela était également dû à l'absence d'une théorie efficace de l'État au sein du marxisme. Domenico Losurdo a mis l'accent sur ces deux questions.

Le défi avec les États-Unis n'était pas le défi entre deux systèmes de vie différents. Que le travailleur soit employé par une entreprise privée ou qu'il soit employé par l'État, nous avons la même aliénation de ses conditions de vie, alors que le communisme de Marx aspirait à la libération du travailleur qui consistait à pouvoir contrôler ces conditions de vie, qui passent avant tout par le travail. Sous le prétexte qu'il s'agissait d'un pays socialiste en Union soviétique, même les syndicats ont été interdits (alors que Lénine avait déclaré que les syndicats devaient subsister afin de "défendre les travailleurs contre leur propre État"). 

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Par conséquent, certaines nations européennes avec une forte présence syndicale étaient plus socialistes. Pour ces raisons, les Soviétiques ont souffert de l'hégémonie du "consumérisme" occidental. Sauf que si un ingénieur occidental pouvait acheter une Mercedes, la plus haute aspiration d'un ingénieur soviétique pouvait être la Trabant. Certains philosophes tels que Lukács et son élève Agnes Heller (photo) ont écrit qu'au lieu de rivaliser sur la consommation, le système aurait dû offrir la possibilité d'une "vie raisonnable", comme une extension de la "bonne vie" aristotélicienne au monde actuel (un thème qui reste très pertinent aujourd'hui), mais cela aurait signifié permettre une participation politique que le système soviétique ne pouvait pas permettre. En Union soviétique, une classe moyenne s'est formée, nécessaire dans la sphère de la production, le complexe militaire, l'éducation, la bureaucratie d'État, etc., mais elle était comprimée dans la consommation et le mode de vie, ce qui fit qu'elle s'est finalement tournée vers le mode de vie occidental. C'était la base de Gorbačëv dans le parti communiste qui a fini par liquider l'État. C'est la thèse de Costanzo Preve.

La première fissure majeure dans le mondialisme soviétique s'est produite avec la Chine, qui a rejeté la doctrine Brejnev d'intervention dans les pays socialistes qui ne suivaient pas les directives soviétiques, ce qui a conduit à une quasi guerre à la frontière avec la Russie en 1969. Cette rupture a ensuite conduit à la normalisation des relations entre la Chine et les États-Unis avec la visite de Nixon en 1972, qui a jeté les bases de la collaboration économique et de l'exportation de capitaux. Les États-Unis pensaient subjuguer la Chine, mais étant donné le contrôle conservé par l'État chinois sur l'économie, cela n'a conduit qu'à l'industrialisation ultime de la Chine. D'une certaine manière, le gorbatchevisme était interne au communisme, mais il n'en a retenu que le "bon" côté universaliste, la paix entre les peuples, la coexistence, etc., mais a oublié la question de l'impérialisme, croyant aux fausses promesses occidentales de détente et de collaboration.

Les États-Unis en ont profité pour démolir le système d'alliance soviétique, visant en fin de compte la démolition de la Russie elle-même. La guerre actuelle en Ukraine est elle-même le résultat de cette politique américaine.

La naissance du monde multipolaire s'est d'abord présentée comme un mondialisme alternatif. Mais un tel mondialisme était voué à la défaite, tout comme le mondialisme libéral, car il contredisait la dynamique fondamentale de notre monde. Probablement qu'avec une classe politique moins désorientée et avec moins d'illusions que celle de Gorbatchev, cette transition nécessaire aurait été moins traumatisante pour la Russie.

Cette déclinaison mondialiste particulière du socialisme qu'était le communisme appartient désormais définitivement au passé. S'il doit y avoir un socialisme de l'avenir, ce sera un socialisme qui saura se penser dans le monde multipolaire de demain.

 

Donation américaine de plusieurs millions de dollars: une fondation de gauche veut renverser Orbán - et Soros se pointe à nouveau...

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Donation américaine de plusieurs millions de dollars: une fondation de gauche veut renverser Orbán - et Soros se pointe à nouveau...

Source: https://zuerst.de/2022/09/01/millionenspende-aus-den-usa-linke-stiftung-wollte-orban-stuerzen-und-soros-ist-wieder-dabei/

Budapest/New York. En Hongrie, un solide scandale politique fait grand bruit: une fondation dirigée par des critiques du gouvernement hongrois d'Orbán et par d'éminents gauchistes américains a apporté un soutien financier considérable à l'opposition hongroise à l'approche des dernières élections législatives d'avril, dans le but de provoquer un changement de gouvernement à Budapest. Mais : les contributions financières étrangères aux partis politiques hongrois sont interdites. Des accusations d'abus se font déjà entendre dans les cercles du parti au pouvoir, le Fidesz.

Péter Márki-Zay, maire de Hódmezővásárhely (sud-est de la Hongrie) et ancien candidat à la présidence pour les élections législatives d'avril, a lui-même attiré l'attention sur cette affaire. En ce qui concerne les comptes détaillés de la campagne électorale, qu'il vient seulement de voir, Márki-Zay a admis qu'il avait reçu plusieurs millions de forints en provenance des Etats-Unis en juillet et que ces fonds devaient maintenant servir à payer les factures de la campagne.

Il n'a pas caché que tous les dons avaient été utilisés pour tenter de "renverser" le Premier ministre Orbán - et qu'ils continueraient à l'être.

Selon Márki-Zay, les dons proviennent d'une fondation américaine appelée Action for Democracy, qui n'a été créée qu'en février 2022, juste avant les élections hongroises.

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Entre-temps, Action for Democracy ne se concentre plus exclusivement sur la Hongrie. Sur son site Internet, la fondation dresse la liste des "principaux pays contestés dans le monde", "où nous estimons que la démocratie est la plus menacée et où des élections auront lieu l'année prochaine, qui décideront du sort de ces démocraties". Il s'agit notamment de l'Italie, du Brésil, de la Hongrie, de la Pologne et de la Turquie. Dans tous ces pays, les partis nationaux-conservateurs sont au pouvoir ou, comme dans le cas de l'Italie, ont de fortes chances de remporter les prochaines élections.

Bien que le conseil consultatif de la fondation soit présidé par l'écrivain hongrois Kati Marton, il compte de nombreux autres membres éminents, dont l'historien britannique Timothy Garton Ash, l'historienne américaine Anne Applebaum, l'ancien commandant en chef de l'OTAN, le général Wesley K. Clark, le politologue libéral américain Francis Fukuyama, l'historien américain Timothy Snyder et l'ancien ministre des affaires étrangères britannique David Milliband.

Le responsable de la communication du Fidesz, István Hollik, a indiqué aux médias qu'il était illégal en Hongrie qu'un parti reçoive des fonds de l'étranger. Selon lui, Márki-Zay et son équipe ont "abusé de la loi" puisqu'ils ont reçu les fonds sur le compte de leur association. Hollik a également attiré l'attention sur le fait qu'Action for Democracy avait des "milliers de liens" avec George Soros. (mü)

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Nouvelle doctrine de sécurité européenne : soutenir l'Ukraine - jusqu'à sa propre ruine

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Nouvelle doctrine de sécurité européenne: soutenir l'Ukraine - jusqu'à sa propre ruine

Source: https://zuerst.de/2022/08/30/neue-europaeische-sicherheitsdoktrin-unterstuetzung-fuer-die-ukraine-bis-zum-eigenen-ruin/

La Haye/Berlin. Une position de plus en plus radicale s'impose dans la politique européenne vis-à-vis de l'Ukraine: alors qu'aux Etats-Unis, des voix de plus en plus fortes appellent le gouvernement américain à la retenue, les partisans inconditionnels de la guerre semblent désormais prendre le dessus dans les capitales d'Europe occidentale.

Le chancelier allemand Olaf Scholz (SPD) a récemment déclaré que l'Allemagne soutenait pleinement le gouvernement de Kiev à l'occasion de la fête de l'indépendance de l'Ukraine, le 24 août. Dans son message de bienvenue, que Scholz a conclu par les mots "Slava Ukraini" ("Salut à l'Ukraine !"), il a annoncé que l'Allemagne se tenait "fermement aux côtés de l'Ukraine menacée, aujourd'hui et aussi longtemps que l'Ukraine aura besoin de notre soutien".

L'Allemagne poursuivra également les sanctions contre la Russie, continuera à soutenir financièrement l'Ukraine, à l'aider à se reconstruire, à transporter des céréales ukrainiennes par train vers les ports européens, à soigner les Ukrainiens blessés dans les hôpitaux allemands et à accueillir les réfugiés ukrainiens, a poursuivi le chancelier.

Peu de temps après, la ministre allemande des Affaires étrangères, Mme Baerbock (Verts), a confirmé cette position et a assuré à l'Ukraine, dans une interview accordée au journal Bild am Sonntag, qu'elle continuerait à la soutenir dans sa lutte contre la Russie pendant des années si nécessaire, par exemple en lui fournissant des armes lourdes.

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"Bien sûr, je souhaiterais que la guerre se termine le plus rapidement possible, mais nous devons malheureusement partir du principe que l'Ukraine aura encore besoin de nouvelles armes lourdes de la part de ses amis l'été prochain", a déclaré Mme Baerbock, ajoutant : "Pour moi, c'est clair : l'Ukraine défend aussi notre liberté, notre ordre de paix, et nous la soutenons financièrement et militairement - et ce aussi longtemps que nécessaire. Point final".

Le gouvernement fédéral allemand n'est pas seul à adopter cette position. Le gouvernement néerlandais, dirigé par le Premier ministre libéral Mark Rutte, lui a emboîté le pas. La ministre de la Défense Karin Hildur "Kajsa" Ollongren (photo) a annoncé que son gouvernement n'avait pas de limite quant au nombre d'armes qu'il fournirait à l'Ukraine pour contrer l'invasion russe. La ministre est membre du parti libéral de gauche D'66 ("Démocrates '66").

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"L'industrie doit livrer des armes aux Pays-Bas et en Ukraine, et nous devons financer cela", a déclaré la ministre de la Défense.

Aux Pays-Bas aussi, les livraisons massives d'armes à l'Ukraine nuisent désormais à leur propre capacité de défense. Ces derniers mois, les Pays-Bas, membre de l'OTAN, ont fait don de la quasi-totalité de leurs stocks d'armes à l'Ukraine, pour une valeur d'environ 210 millions d'euros, et ne pourraient donc plus remplir leurs obligations envers l'OTAN en cas d'urgence. Pour la ministre de la Défense, ce n'est pas un problème : elle a déclaré qu'elle allait commander de nouvelles armes aux entreprises d'armement et les transmettre immédiatement à Kiev. (mü)

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jeudi, 01 septembre 2022

L'industrie allemande met en garde contre l'explosion des coûts énergétiques : "L'Allemagne devient un musée industriel"

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L'industrie allemande met en garde contre l'explosion des coûts énergétiques : "L'Allemagne devient un musée industriel"

Source: https://zuerst.de/2022/08/30/deutsche-industrie-warnt-vor-explodierenden-energiekosten-deutschland-wird-zum-industriemuseum/

Berlin/Darmstadt/Munich. Les mises en garde contre les conséquences de la politique énergétique actuelle et l'explosion des coûts de l'énergie qui en résulte se font désormais entendre dans les milieux industriels.

Début août déjà, le célèbre propriétaire de Trigema, Wolfgang Grupp, entre autres, avait mis en garde contre une "grande vague de licenciements". Et la Chambre bavaroise de l'industrie et du commerce (BIHK) a déclaré qu'au vu des prix actuels de l'électricité, des milliers d'emplois étaient menacés rien qu'en Bavière ; si le gaz russe venait à manquer, ce chiffre pourrait atteindre un million rien qu'en Bavière.

Selon une enquête de la BIHK, deux tiers des entreprises bavaroises craignent une perte de compétitivité et un cinquième envisage de délocaliser à l'étranger ou a déjà commencé à le faire. La Bavière et le Bade-Wurtemberg sont des places fortes dans le paysage industriel allemand.

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Mais les entreprises industrielles du nord de l'Allemagne sont également confrontées à d'importants problèmes. Par exemple, une entreprise spécialisée dans la métallurgie, un atelier de trempe sous vide, dont les coûts annuels d'électricité s'élevaient jusqu'à présent à 168.000 euros, doit désormais s'attendre à des coûts de 1,7 à 2 millions d'euros pour la même quantité d'énergie. Il est pratiquement impossible de réaliser d'autres économies d'énergie dans ce processus techniquement complexe qui consiste à chauffer électriquement des pièces métalliques pour les durcir.

Les prix de l'énergie en Allemagne étaient déjà les plus élevés d'Europe avant la crise actuelle. Le Handelsblatt cite un expert en énergie de l'université technique de Darmstadt : "L'industrie allemande paie actuellement pour le gaz naturel un prix de marché huit fois plus élevé que le prix du marché aux Etats-Unis". Si l'on inclut les impôts et les taxes, il est même neuf fois plus élevé. Le président du directoire de LANXESS AG, la filiale de Bayer AG spécialisée dans la chimie, a déclaré que si les prix de l'énergie restaient aussi élevés qu'aujourd'hui, "nous verrions des entreprises fermer à tour de bras dans les industries clés allemandes. Et ce qui est actuellement perdu au profit de régions plus compétitives, comme les États-Unis, ne reviendra pas".

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La fédération allemande des industries du textile et de la mode (Gesamtverband der deutschen Textil- und Modeindustrie) estime elle aussi que son secteur est en danger. Son directeur général, Uwe Mazura, a récemment mis en garde : "Ceux qui parlent encore de prix élevés comme d'une incitation nécessaire aux économies d'énergie n'ont pas encore compris tout le drame. Si les fabricants ne peuvent même plus payer leurs factures d'énergie, les lumières s'éteindront complètement, et ce à l'échelle nationale".

Selon l'Agence internationale de l'énergie, le prix de l'électricité pour l'industrie en Allemagne était déjà de 15,22 centimes d'euro par kilowattheure en 2020 - avant la vague actuelle d'augmentations -, soit plus du double du prix payé aux États-Unis, où le prix n'est que de 6,66 centimes. Les taxes supplémentaires imposées sont si élevées que même après les réductions accordées à l'industrie, il reste un prix bien supérieur à celui de l'électricité dans d'autres pays. Dans ces conditions, les Etats-Unis deviennent soudainement - ne serait-ce que grâce à leurs prix plus bas pour l'électricité et le gaz - une destination attractive pour l'émigration des entreprises industrielles allemandes.

Dans l'industrie allemande de l'aluminium, les hausses de prix ont déjà entraîné une baisse de la production de 23% au deuxième trimestre de cette année. L'aluminium est une matière première cruciale pour la construction aéronautique, entre autres, mais aussi pour l'industrie automobile. De plus, l'un des plus grands fournisseurs extérieurs d'aluminium - la Russie - a fait défaut suite aux sanctions. Il s'agit là d'une nouvelle menace pour l'approvisionnement en matières premières de l'Allemagne, déjà fragilisé par les sanctions contre la Russie.

Selon Wolfgang Große Entrup, directeur général de l'Association de l'industrie chimique allemande, les grandes entreprises chimiques internationales peuvent s'accommoder de cette charge et réorganiser leurs processus de production à l'échelle internationale. En revanche, de nombreuses petites et moyennes entreprises qui ne produisent qu'en Allemagne devront fermer.

En ce qui concerne les perspectives d'avenir, Entrup se montre pessimiste : "Aucune idée au monde ne parvient encore à compenser les désavantages concurrentiels actuels en termes de coûts énergétiques". Le passage d'une "nation industrielle et exportatrice, leader mondial, à un musée industriel est court et doit être évité à tout prix". (se)

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Tocqueville et la vanité de la théorie du complot

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Tocqueville et la vanité de la théorie du complot

par Nicolas Bonnal

Personne n'a expliqué le monde dit moderne et les siècles dits démocratiques mieux qu'Alexis de Tocqueville. On peut se demander alors ce que ce grand esprit terrassé par le césarisme plébiscitaire des Bonaparte (qui stérilisa l'esprit français, en particulier l'esprit aristocratique qui est celui de la Liberté – voir Jouvenel) pouvait penser de la théorie du complot pour expliquer l'histoire. Or il n'y a pas à se le demander, car il a bien répondu sur ce point dans sa correspondance, à un ami visiblement « d’extrême-droite », le sympathique marquis de Circourt, qui lui parlait de l'inévitable et fastidieux jésuite Barruel, auteur du pensum sur les conspirations maçonniques et illuminées pendant la révolution (dans le genre je préfère Robison ou même le Napoléon de Walter Scott, ou même Dumas et Balsamo).

Sur la gesticulation politique au XIXe siècle, Debord avait écrit dans ses Commentaires :

La « conception policière de l’histoire était au XIXe siècle une explication réactionnaire, et ridicule, alors que tant de puissants mouvements sociaux agitaient les masses (1). »

Mais les masses allaient mener au socialisme, à l’étatisme, au fascisme et au nazisme, en attendant le mondialisme télévisé. Relisez Ortega Y Gasset qui révéla leur perversion dans Rébellion.

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Tocqueville n'a donc pas lu le légendaire et sulfureux Barruel ; et d'expliquer pourquoi :

« J'en ai toujours été détourné par l'idée que celui-ci avait un point de départ essentiellement faux. Sa donnée première est que la révolution française (il est permis de dire aujourd'hui européenne) a été produite par une conspiration. Rien ne me paraît plus erroné (2). »

Car on oublie que conspirer signifie respirer ensemble. Les Français voulaient tous ou presque cette abomination. Le voyageur Young révéla l’instantané fanatisme de leur révolution dans ses voyages.

Tocqueville fait ensuite une concession rhétorique :

« Je ne dis pas qu'il n'y eût pas dans tout le cours du dix-huitième siècle des sociétés secrètes et des machinations souterraines tendant au renversement de l'ancien ordre social. Au-dessous de tous les grands mouvements qui agitent les esprits se trouvent toujours des menées cachées. C'est comme le sous-sol des révolutions. »

Mais Tocqueville rappelle l'essentiel. L'essentiel est qu'il n'y a pas besoin de théorie de la conspiration quand la théorie de la constatation fonctionne.  Les Français voulaient que ça saute, comme aujourd'hui ils veulent du Macron, du Reset, de la pénurie et des coupures de courant (oui, je sais, pas tous, mais la minorité de mécontents qui clique ne fait et ne fera pas la loi). Car on ne les refait pas les Français. La révolution-conspiration c’est quand la masse veut la même merde que l’élite. Aux mécontents de changer de pays.

Tocqueville ajoute superbement :

« Mais ce dont je suis convaincu, c'est que les sociétés secrètes dont on parle ont été les symptômes de la maladie et non la maladie elle-même, ses effets et non ses causes. Le changement des idées qui a fini par amener le changement dans les faits s'est opéré au grand jour par l'effort combiné de tout le monde, écrivains, nobles et princes, tous se poussant hors de la vieille société sans savoir dans quelle autre ils allaient entrer (3). »

Nouvelle société qui semblait inévitable. A cet égard Tocqueville souligne les caractères de la science historique :

« On dirait, en parcourant les histoires écrites de notre temps, que l’homme ne peut rien, ni sur lui, ni autour de lui. Les historiens de l’Antiquité enseignaient à commander, ceux de nos jours n’apprennent guère qu’à obéir. Dans leurs écrits, l’auteur paraît souvent grand, mais l’humanité est toujours petite. »

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Notre écrivain ajoute :

 « Si cette doctrine de la fatalité, qui a tant d’attraits pour ceux qui écrivent l’histoire dans les temps démocratiques, passant des écrivains à leurs lecteurs, pénétrait ainsi la masse entière des citoyens et s’emparait de l’esprit public, on peut prévoir qu’elle paralyserait bientôt le mouvement des sociétés nouvelles et réduirait les chrétiens en Turcs (4). »

Cette doctrine de la fatalité me paraît juste : tout empire, à commencer par l’étatisme, le bellicisme humanitaire et la tyrannie informatique, et l’on n’y peut rien : théorie de la constatation.

C'est l'historien de l'Espagne Stanley Payne qui, désespéré par l'anesthésie de cet ancien grand peuple, dénonce la torpeur de ces temps post-historiques. Raison de plus pour rendre hommage à la liquidation de la théorie du complot par Tocqueville : la masse suit, quand elle ne la précède pas, la mauvaise volonté de son élite. Plus antiraciste, plus féministe, plus véganienne et plus écologiste qu’elle, plus cybernétisée même, elle exige du Reset.

Ma solution ? Un voilier dans les sublimes fjords du Chili (pays le plus vacciné au monde...).

Notes

1). Debord, Commentaires, XX.

2). Tocqueville, correspondance, A M. LE COMTE DE CIRCOURT, Tocqueville, 14 juin 1852.

3). Ibid.

4). De la Démocratie en Amérique II Première partie CHAPITRE XX.

 

 

Réflexions sur "La métaphysique de la frontière" de Daria Platonova

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Réflexions sur La métaphysique de la frontière de Daria Platonova

Pavel Kiselev

En mémoire de Daria Dugina, assassinée le 20 août 2022 par les ennemis de la Russie

"Les frontières pensent vassal, les frontières pensent seigneur", Daria Dugina

Lors de l'école eurasienne du 13 août, Dasha a lu son article "La métaphysique de la frontière". Certains Eurasiens, ou de jeunes gens aspirant à le devenir, l'ont vue et entendue pour la première et, à leur grand chagrin, la dernière fois. Dasha parlait avec vivacité, énergie et éloquence, ce qui ne pouvait manquer d'impressionner des jeunes gens dont l'âge n'était pas très différent de celui de Dasha. Sa clarté d'esprit, sa capacité à articuler ses arguments et à communiquer facilement son message au public, étant donné qu'une telle énergie et une incroyable force de persuasion proviennent d'une jeune fille, ont influencé positivement la dynamique de l'école et, espérons-le, ont également motivé de nombreux participants à consacrer leur force et leur volonté à notre cause commune.

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Daria Douguina et son père lors des journées eurasistes du 13 août 2022.

La mort tragique de Dasha une semaine plus tard a laissé une blessure indélébile dans l'âme de tous ceux d'entre nous qui la connaissaient intimement, qui étaient constamment à ses côtés, qui l'écoutaient et étaient inspirés par son courage et son énergie. Et chacun d'entre nous qui a été profondément blessé par sa mort inattendue a conservé un peu de ce courage, de cette énergie pour œuvrer avec nous à la mémoire de notre ange, Daria, et pour porter sa bannière dans la bataille vers la victoire.

Pour ma part, je voulais écrire cette critique du rapport de Dasha dès mon retour de l'école, tant il m'a impressionnée et fait réfléchir. À cette époque, je supposais que nous allions tous souvent coopérer avec Dasha au sein de l'Union eurasienne de la jeunesse, je voulais écrire ce texte immédiatement et le lui envoyer, discuter et obtenir des conseils, mais ensuite, comme toujours, je me suis appuyé sur le fait qu'il y a encore assez de temps, nous aurons le temps...

Maintenant, je pense qu'il est juste et important d'écrire mes pensées nées de l'un de ses derniers discours, qui m'a poussé à franchir une nouvelle étape dans mon étude de la géopolitique et des relations internationales. "La métaphysique de la frontière" est une perspective tout à fait unique sur la confrontation entre la Russie et les pays occidentaux, quelque chose qui n'est pas issu de la terminologie d'Alexandre G. Douguine, qui peut et doit être poursuivi dans la pensée géopolitique. C'est maintenant la tâche et la mission de ses disciples, de ses associés et de l'Union eurasienne de la jeunesse de comprendre et de poursuivre les recherches scientifiques de Dasha. Et ce sera la meilleure façon d'honorer la mémoire de Daria qui vit à jamais dans nos cœurs.

"Les frontières pensent vassal, les frontières pensent maître". Cette phrase de Dasha est mémorable depuis la première fois. Pour le clarifier pour les lecteurs, on peut le paraphraser comme suit : "Aujourd'hui, un homme ordinaire pense aux frontières des États, et un homme politique pense aux frontières". Les frontières, au sens où elles sont marquées sur une carte physique dans les manuels de géographie, ont disparu après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, nous avons affaire à des entités supranationales qui étendent leur présence et leur influence à travers le monde. La ligne où se terminent leurs capacités et leurs intérêts (ou qui constitue une barrière temporaire à l'expansion) est la frontière. Nous ne sommes pas toujours en mesure de délimiter cette ligne physiquement ; elle n'existe souvent que métaphysiquement.

La plus grande entité supranationale menaçant les intérêts de la Russie et du monde russe est l'OTAN. Alors que les zones de l'UE ou de l'ANASE ont des limites assez claires (leur statut ne relève très probablement plus de la définition de la frontière), la ligne conventionnelle de l'OTAN peut être délimitée en pointillés. L'Alliance de l'Atlantique Nord a promis de ne pas s'étendre vers l'Est en 1990, mais après l'effondrement de l'URSS, elle a décidé de ne pas tenir compte des arrangements et des intérêts de la Russie dans les anciens pays du Pacte de Varsovie. Dans la situation géopolitique actuelle, ce à quoi nous avons affaire dans le Donbass et en Ukraine est le résultat du déplacement de cette ligne de front de l'OTAN dans une zone où elle ne peut plus s'enraciner historiquement et géopolitiquement.

La guerre dans le Donbass et l'Opération militaire spéciale en Ukraine relèvent d'une bataille de fronts. Mais si le mouvement de l'OTAN vers l'est est clair pour nous - l'expansion de la présence commerciale américaine, le contrôle total de l'activité économique et militaire, la pression géopolitique sur la Russie et, enfin, la victoire idéologique complète du libéralisme et du capitalisme dans les territoires où prévalent les idées antilibérales et traditionnelles - alors comment définir la frontière de la Russie ? Où s'arrêtent les intérêts de la Russie, et jusqu'où doit aller "l'idée russe" ?

On peut rappeler ici la célèbre phrase de Vladimir Poutine (dite en plaisantant) : "La Russie ne s'arrête nulle part". Non, cela ne signifie pas que la Russie devrait envahir l'Europe après le renversement du régime criminel de Kiev - nous n'avons pas besoin de ses territoires, nous n'avons pas et n'aurons jamais aucun droit sur eux, car il s'agit d'une culture complètement différente, d'une nature humaine différente, d'une civilisation différente. Mais nous devons travailler avec l'Europe à un autre niveau. Nous ne pouvons pas qualifier ce niveau d'idéologique, car les idées de la Sobornost russe ou du socialisme russe (dans la compréhension, par exemple, de Berdiaev) ne sont pas proches d'eux.

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Le livre "La grande Europe de l'Est" d'Alexandre Bovdunov (photo), expert en géopolitique et membre du Mouvement international eurasien, affirme que l'Europe de l'Est est désormais une frontière entre la Russie et l'Occident - les deux parties tentent d'influencer les décisions politiques dans cette région, et malheureusement l'avantage est toujours en faveur de nos rivaux (à l'exception de situations dans plusieurs pays comme la Serbie). Mais la tâche de la Russie en Europe de l'Est est d'établir une coopération dans la région, basée sur des valeurs communes : orthodoxie, philosophie, langue, racines slaves (dans le cas de la Pologne, de la Slovénie, de la Slovaquie, de la Serbie).

Bien sûr, nous avons beaucoup de choses en commun avec les pays d'Europe de l'Est ; il est beaucoup plus facile d'établir des relations amicales et mutuellement bénéfiques avec eux qu'avec le reste de l'Europe. Cependant, tout est possible, et c'est précisément pour la possibilité de survie de notre civilisation, d'une existence sûre aux côtés d'autres civilisations et de l'établissement d'un monde multipolaire, que les soldats russes se battent actuellement en Ukraine. Les frontières de la Russie seront fixées là où l'Opération militaire spéciale se terminera, mais la lutte pour la frontière se poursuivra. Dans le choc sur les fronts, il existe déjà une question plus fondamentale que celle de l'incorporation de l'Ukraine à la Russie. Voici la question de l'existence des civilisations.

Les politiques libérales américaines destructrices sapent l'indépendance culturelle, économique et géopolitique de l'Europe. Dans sa conférence, Dasha parlait justement du fait que plus la ligne de front de la Russie se déplace, plus les partis et organisations en Europe se font plus substantiels et plus indépendants de l'influence américaine. Dasha pense que l'avenir de la France est entre les mains de Marine Le Pen, que l'avenir de la Hongrie est entre les mains de Viktor Orban, et que même aux États-Unis, le trumpisme est idéologiquement plus fort que les politiques néolibérales corrosives de Biden (ou plutôt de ceux qui sont derrière sa figure).

Plus la situation économique et politique de l'Europe, qui dépend directement des centres de décision américains, est vulnérable, plus la frontière russe est forte. Et où s'arrête la frontière russe ? Si la ligne de l'OTAN est transparente et en pointillés, la frontière russe n'est pas du tout visible. C'est pourquoi nous parlons de la "métaphysique" plutôt que de la "physique" de la frontière. L'expansion de l'OTAN est la domination du capitalisme américain sur toutes les structures des autres pays et civilisations, la subordination militaire et économique complète aux grands hommes d'affaires et idéologues américains, les Ford, Rothschild, Rockefeller et Soros d'aujourd'hui.

L'expansion de la frontière russe concerne la coopération dans la sphère des intérêts communs, sur les principes communs des civilisations russe et européenne. Si elle peut fonctionner avec les peuples d'Europe de l'Est, elle fonctionnera avec tous les autres. Et ces principes sont les plus simples - indépendance culturelle, sécurité économique, intégrité politique et respect mutuel des peuples.

Et cette nouvelle frontière géopolitique se durcit actuellement dans le Donbass, où deux grandes civilisations s'affrontent. Une civilisation se bat pour l'hégémonie mondiale, l'autre pour le salut et la liberté du monde. Le philosophe russe Evgeny Nikolaevich Trubetskoy a déclaré dans un article : "La vocation de la Russie est d'être le libérateur des peuples". Et il avait des raisons historiques de le croire, car l'Empire russe libérait les peuples qui le composaient de l'oubli et du néant. Puis la guerre contre Napoléon a véritablement porté la mission historique de libération des peuples à un nouveau niveau supranational. Et le peuple russe a prouvé son droit de mener à bien cette mission pendant la Seconde Guerre mondiale et le prouve aujourd'hui dans le Donbas.

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Pourquoi la Russie ? Récemment, dans l'un de ses discours, l'archiprêtre Andrey Tkachev (photo) a exprimé une idée intéressante. En bref, il se lit comme suit: "L'homme russe n'est pas fini. L'Allemand est fini, le Français est fini, l'Anglais est fini, mais "le Russe est ouvert sur l'avenir". Qu'est-ce que cela signifie ? La personne russe est complexe, à multiples facettes, large (nous nous souvenons de Dostoïevski), profonde (nous nous souvenons de la conférence d'Alexandre Douguine à la même École eurasienne). Il est impossible de comprendre l'homme russe jusqu'au bout. Le Russe comprend un Allemand, un Français, "un petit-fils fier des Slaves, un Finlandais, un Toungouze, un ami des steppes, un Kalmouk". La complexité et la polyvalence de l'homme russe peuvent absorber les significations et l'esprit d'autres peuples. Je me souviens ici des lignes d'Alexander Blok :

Nous aimons tout - et la chaleur des chiffres froids,

Et le don des visions divines,

Le sens aigu des Gaulois pour tout,

Et le sombre génie allemand...

Donc, à la question de la frontière. La frontière est à la fois quelque chose qui existe et quelque chose qui ne peut être compris en utilisant uniquement des notions spatiales physiques. La frontière américaine correspond à bien des égards aux frontières de l'OTAN et la tâche de notre lutte idéologique est de la réduire aux frontières civilisationnelles de l'Amérique. La géographie est étudiée à l'intérieur des frontières nationales, la géopolitique à l'intérieur des frontières civilisationnelles, ce que nous pouvons trouver dans les livres de Douguine, Huntington et McKinder. Mais il n'existe pas de carte des frontières métaphysiques.

Alors, où s'arrête la frontière russe ? Cette question est identique à une autre question ontologique : "Où s'arrête l'homme russe ?" Pour paraphraser Vladimir Vladimirovitch : "L'homme russe ne s'arrête nulle part". La Russie, oui, est finie. Elle a des frontières, et historiquement, ces frontières se sont rétrécies et élargies jusqu'à la limite permise par la civilisation. Mais la frontière véritablement russe est une valeur métaphysique. Elle s'étend lentement dans l'espace et s'échappe progressivement dans l'infini, dans la lumière des montagnes, dans le monde des idées platoniciennes.

Merci à Dasha d'avoir introduit cette question dans notre discours philosophique et politique général. Ce sera difficile pour nous sans son esprit lucide, sans son raisonnement. Personne ne prendra sa place - elle est maintenant dans nos cœurs. Elle restera à jamais pour nous une amie, un mentor, une sœur et une étoile brillante dans notre firmament eurasien, éclairant le chemin des jeunes philosophes dans ce monde d'ombres.

La Russie fait-elle partie de la civilisation européenne ou eurasienne?

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La Russie fait-elle partie de la civilisation européenne ou eurasienne?

Krzysztof Karczewski

Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/la-russia-fa-parte-della-civilta-europea-o-di-quella-eurasiatica

J'ai entendu une discussion qui allait bon train l'autre jour; thèmes: la Russie appartient-elle à l'Europe ? En d'autres termes : la Russie appartient-elle au cercle de la civilisation européenne ou au cercle de la civilisation eurasienne ? La nation russe est-elle plus proche des autres nations européennes en termes de civilisation, ou est-elle plus proche des peuples mongols, turcs, paléo-sibériens, etc., des nations indo-européennes ou "turques" ?

Il existe une certaine incompréhension quant aux concepts d'"Europe" et d'"Occident" dans le contexte de la Russie en tant que civilisation distincte. À mon avis, bien sûr, il est juste que la Russie soit l'Eurasie, une civilisation, séparée tout à la fois de l'Europe et de l'Asie. C'est un point de vue que j'estime incontestable. Cependant, il convient également de s'attarder sur les détails de ces concepts, en particulier : qu'est-ce que l'"Europe", l'"Occident"?

À mon avis, ce questionnement : "La Russie fait-elle partie de l'Europe ou de l'Eurasie ?" - est un grand malentendu. Je demande tout d'abord : quelle est la civilisation de l'Europe ? Voulez-vous dire la civilisation moderne, postmoderne (et anciennement moderniste), libérale, mondialiste et non chrétienne de l'Occident ? Ou s'agit-il de la civilisation chrétienne (catholique) de l'Europe médiévale ? Ou est-ce l'héritage gréco-romain qui remonte, disons, à l'époque de la philosophie grecque et de la pensée politique romaine ? Après tout, la civilisation européenne n'est pas homogène. Oui, l'histoire de la civilisation européenne dans le courant dominant a conduit directement de la phase catholique (civilisation médiévale et catholique de l'Europe) à la phase finale du libéralisme postmoderne, l'ère LGBT, la technologie moderne, l'intelligence artificielle et la mondialisation, en passant par les phases des Lumières (18ème siècle) et du positivisme (19ème siècle). La civilisation européenne se dirigeait dans la même direction : vers la désacralisation, la perte de la communauté, l'apothéose de l'individu "libre", la "libération" de l'individu de sa nature biologique. En outre, le libéralisme, l'idéologie officielle de la civilisation européenne actuelle, est né au cœur de l'Europe catholique. Mais les différentes étapes du développement de la civilisation européenne, fondées sur le nominalisme, le mondialisme, etc. Par rapport à la phase postmoderne actuelle du libéralisme, l'héritage catholique est plus traditionnel.

Nous oublions cependant qu'en plus de l'héritage catholique et de l'Europe moderne, libérale et impie, il existe un héritage gréco-romain (et accessoirement celui d'autres peuples indo-européens : Celtes, Germains, Slaves, etc.) qui remonte à l'époque pré-chrétienne. C'est pourquoi, par exemple, les représentants de la "Nouvelle Droite" européenne et antilibérale ont distingué les concepts suivants :

(a) L' "Europe" - en tant que civilisation fondée sur l'héritage ethnoculturel des Indo-Européens : un héritage conservateur et social ; un héritage affirmant les valeurs de la tradition, de la communauté et de la fraternité ;

(b) "L'Occident" en tant que civilisation libérale, moderne, mercantile, matérialiste et technocratique, avec des institutions telles que l'OTAN, l'Union européenne et un ordre international monocentrique (avec les États-Unis comme "gendarme du monde").

Ainsi, en généralisant grandement, nous pouvons distinguer trois paradigmes au sein de la civilisation européenne :

(a) l'héritage pré-chrétien des peuples indo-européens (Grecs, Romains, Celtes, Germains, Slaves, etc.) ;

(b) l'héritage catholique ;

(c) l'héritage moderne, libéral, des Lumières (et post-moderne), matérialiste, positif, séculaire (la civilisation occidentale moderne) - ici, ce paradigme a prévalu de la fin du Moyen Âge (selon les historiens occidentaux) à nos jours.

Ces trois paradigmes sont complètement distincts, mais se chevauchent parfois, par exemple, le christianisme a repris de la Grèce pré-chrétienne l'héritage de certains des grands philosophes grecs (dont Platon, Aristote, etc.) et s'est également intéressé plus tard à la pensée politique romaine. Le tournant de l'histoire de l'Empire romain a été sa christianisation, qui a commencé avec l'édit de tolérance religieuse émis par Constantin le Grand à Milan en 313 (et peut-être une circulaire antérieure de son rival Licinius) et a été couronnée par l'établissement du christianisme comme religion d'État par Théodose Ier le Grand en 380. À cette époque, la civilisation de l'Europe était identique à celle de l'empire chrétien.

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Cependant, en 395, Théodose Ier le Grand divise l'empire en deux parties : l'occidentale (romaine-latine) et l'orientale (grecque). L'unité politique de l'empire, qui avait toujours eu une mission sacrée et universelle (ici : répandre la Vérité de Dieu), s'est désintégrée. Par la suite, l'Empire romain d'Occident s'est effondré en raison du chaos politique et de la dépravation morale. Le dernier empereur, Romulus Augustulus, est renversé par le chef germanique Odoacre. L'Empire romain d'Orient (selon les historiens occidentaux : Byzance) existe jusqu'en 1453 (chute de Constantinople).

De plus, plus tard, à partir du 9ème siècle de notre ère, les structures de l'église chrétienne ont commencé à être déchirées de l'intérieur par des différences dogmatiques et ont fini par se diviser en catholicisme et orthodoxie. Bien sûr, le pilier du catholicisme à cette époque était l'Europe occidentale et le pilier du vrai christianisme, c'est-à-dire l'orthodoxie, était l'Europe orientale. Par conséquent, l'orthodoxie a prévalu dans l'Empire byzantin. L'Empire byzantin était un véritable empire chrétien (orthodoxe), héritier légitime de l'Empire romain chrétien (règnes de Constantin le Grand et de Théodose le Grand).

La civilisation européenne était ainsi divisée en :

(a) la partie occidentale, catholique, romano-germanique et latine ;

(b) la partie orientale, orthodoxe (véritablement chrétienne), byzantine, grecque (plus tard russe).

Ainsi, de manière surprenante, un conflit de civilisations est apparu au sein de l'Europe entre :

(a) la civilisation de l'Occident ;

(b) la civilisation de l'Europe de l'Est.

Donc, si vous dites : "La Russie n'est pas l'Europe" ou : "La civilisation russe est incompatible avec la civilisation européenne" (ou : "...avec la civilisation occidentale"), en pensant uniquement à l'Europe libérale, occidentale, romaine-latine, à l'Europe d'aujourd'hui, à l'Occident au sens large, à la "communauté" transatlantique, à l'héritage moderne européen/occidental et à l'héritage catholique de l'Europe, vous avez raison ! L'identité russe est fondée sur les principes orthodoxes traditionnels, le byzantinisme, le mysticisme, la supériorité de l'esprit sur la matière, les concepts orthodoxes : la symphonie des deux principes (impérial et sacerdotal), Dieu-humanité, la sobornost et, entre autres, le concept de "toute l'humanité" de Fyodor Dostoïevski. Cet héritage remonte à l'Empire romain chrétien, à l'Empire byzantin et à l'Empire russe et s'oppose à l'héritage catholique et - encore plus ! - à la religion libérale, occidentale, rationaliste, moderniste (et postmoderne), occidentale, technocratique, matérialiste, assimilant ainsi les termes "Europe" et "Occident". Au fait, l'antagonisme : l'Europe rationaliste-catholique-libérale contre la Russie orthodoxe-byzantine a été réalisée par les slavophiles (dont Alexei Khomyakov, Konstantin Aksakov, Ivan Kireevsky), par Nikolai Danilevsky, par des poventistes (par exemple, Fyodor Dostoevsky), par des Eurasistes (dont Nikolai Trubetskoy, Peter Savitsky, Peter Suvchinsky, Sergey Efron, Lev Karsavin, George Vernadsky).

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Mais si vous pensez que "la Russie fait partie de l'Europe" (sans entrer dans les détails !) ou que "la Russie n'est pas l'Europe" (je répète - sans entrer dans les détails !), si vous définissez la civilisation de l'Europe comme une entité sans autre explication (même comme "civilisation européenne chrétienne" !), comme un tout unique, comme un monolithe, alors - je vous préviens - vous serez confronté à une série de malentendus, de débats houleux et d'obscurités.

Oui, l'héritage de l'histoire de l'Europe dans son courant principal s'est développé dans une certaine direction, du catholicisme au post-modernisme et à l'affirmation des LGBT en passant par les Lumières, les idéologies du libéralisme, du socialisme, du nationalisme. Mais il existe aussi une "deuxième Europe", une "Europe-2" : essentiellement périphérique, mystique, anti-libérale, anti-occidentale, fortement anti-mondialiste, distincte et sociale, basée sur la fraternité, la communauté et la tradition, très proche de l'héritage de l'Europe de l'Est - l'héritage slave, byzantin et orthodoxe. Cette "Europe-2" s'exprime dans des déclarations et des programmes, en partie dans des partis populistes et/ou socialistes qui sont sceptiques à l'égard de l'UE, de la domination américaine, du mondialisme, de l'ordre international monocentrique et du pouvoir technocratique des banquiers et des politiciens compromettants des États-Unis.

De plus, l'"Europe-2" anti-libérale, anti-occidentale, sociale et conservatrice est sans équivoque plus proche idéologiquement et culturellement de la Russie-Eurasie que de l'Europe (occidentale) dominante, libérale, mondialiste et matérialiste ! Regardez l'antagonisme : la civilisation occidentale moderne affirme l'individualisme, la liberté, le progrès, le mondialisme et le rationalisme, tandis que la civilisation russe et eurasienne affirme la communauté, la tradition, la "complexité florissante" et le mysticisme. L'Europe-2 comporte de nombreux courants identitaires, nationaux, conservateurs, communautaires et religieux (par exemple le catholicisme, évidemment seulement dans sa variété la plus traditionaliste et antilibérale), mais aucun signe d'affirmation des valeurs libérales.

En outre, la civilisation russe (eurasienne), la Russie-Eurasie, combine non seulement l'héritage politique et administratif de l'empire oriental de Gengis Khan, mais aussi - ou peut-être surtout ! - l'héritage de l'Europe de l'Est : orthodoxe, byzantin et... russe (entre les deux, à proprement parler, se trouvent les Russes ethniques).

En d'autres termes, la thèse de la "Russie contre l'Europe" est parfois vague, générique et peu spécifique et s'accompagne de nombreux malentendus. La Russie affronte la ligne dominante, occidentale, libérale, éclairée, postmoderne, mercantile, LGBT (dans une moindre mesure, catholique) de l'Europe, mais pas l'ensemble de l'héritage culturel du Vieux Continent !

Et la thèse de l'affrontement "Russie contre Occident" est celle que je considère comme la plus appropriée. Il convient de rappeler la justesse d'un tel conflit de civilisations :

L'Europe libérale, occidentale, individualiste, mondialiste, mercantiliste, matérialiste et, dans une moindre mesure, catholique (l'Ouest) contre l'"Europe-2" communautaire et sociale, l'Europe orientale byzantine et orthodoxe (c'est-à-dire la civilisation indirectement russo-eurasienne, le peuple russe en tant que communauté impériale et multiethnique, avec les Russes au sens étroit comme noyau).

En outre, j'ai dit que je pense qu'il est indéniable que la Russie est l'Eurasie, donc une civilisation et un empire distincts, qui renferme la richesse du peuple russe en tant que communauté multiethnique, avec les Russes au sens étroit comme noyau. Oui, je pense qu'il est indéniable que la Russie combine l'héritage identitaire essentiellement byzantin, orthodoxe et slave, puis l'héritage essentiellement est-européen, et l'héritage politique et administratif de l'empire de Gengis Khan à l'est.

En bref : "L'Europe contre la Russie" n'est pas une réalité. "L'Europe libérale et occidentale contre l'Europe-2 et contre l'Europe byzantine et orthodoxe (c'est-à-dire, indirectement, la Russie-Eurasie)". - Oui. "Le conflit entre la civilisation libérale, mondialiste et transatlantique de l'Occident et la civilisation de la Russie-Eurasie peut être défini comme suit.

La civilisation libérale, mondialiste et transatlantique de l'Occident est donc contre :

(a) la civilisation russo-eurasienne (unissant principalement l'Europe orientale orthodoxe, byzantine et slave, mais aussi de nombreux peuples et groupes ethniques mongols, turcs, finno-ougriens, mandchous et paléosibériens) ;

(b) une "Europe-2" périphérique, antilibérale, conservatrice, socialiste, populaire et nationaliste, qui inclut un catholique dans sa composante traditionaliste et pro-russe ;

(c) les civilisations asiatique, africaine et latino-américaine.