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dimanche, 28 avril 2019

Sentant poindre la défaite, la propagande du système cible le populisme

Par le Paysan Savoyard

Ex: https://liguedumidi.com

Trois éléments de la propagande immigrationniste du Système sont à mettre en évidence. Ils sont probablement efficaces, car ils paraissent relever du registre du constat et semblent s’appuyer sur des positions raisonnables et équilibrées. Or la réalité est inverse : ces arguments de propagande sont assis sur des raisonnements biaisés et des faits mensongers. Plus fondamentalement, ils reposent sur une conception du monde contestable, partagée seulement par une faible minorité.

« Djihadisme et populisme sont deux extrêmes également malfaisants, qui se renforcent l’un l’autre »

La mise sur le même plan de l’islamisme radical et de l’extrême-droite est l’un des arguments les plus utilisés par le Système. Il a les apparences, c’est ce qui fait sa force, d’un constat de bon sens et d’une analyse objective. Le Système n’a pas de mal à convaincre en déclarant en substance : « Ces deux courants aux antipodes ont pour point commun d’être extrémistes : ils se renforcent mutuellement, les excès de l’un nourrissant la violence de l’autre. Les gens de bonne volonté, républicains laïcs comme musulmans modérés, doivent s’unir pour rejeter ce double extrémisme ».

Or cet argument est fondé sur une base doublement erronée et malhonnête. D’abord parce que l’extrême-droite est peu violente. On peut comptabiliser certes l’attentat de Breijvik et celui commis tout récemment en Nouvelle-Zélande, en remarquant au passage qu’ils sont intervenus dans deux pays où l’immigration de masse est récente. Dans les pays où elle est ancienne au contraire, en particulier en France et en Angleterre, il n’y a eu jusqu’ici presqu’aucune réaction violente à l’immigration, même de la part de militants d’extrême-droite. Cette absence de violence est à mettre en regard des centaines d’attentats commis par des musulmans « radicaux » dans les différents pays européens. Il y a lieu de rappeler également que la violence des immigrés, très généralement musulmans, ne se limite pas au terrorisme, la délinquance massive leur étant attribuable pour la plus grande part.

Le raisonnement consistant à présenter djihadisme et populisme comme deux frères-ennemis objectivement complices est malhonnête, deuxièmement, parce qu’il met sur le même plan deux groupes de populations qui n’ont aucunement le même statut : sauf à considérer que la notion même de frontière est obsolète – et c’est bien là le fond du problème, sur lequel nous revenons plus loin – il est illégitime d’assimiler la réaction de la population autochtone qui se sent submergée par l’immigration et le comportement des immigrés, djihadistes ou non, qui s’installent en masse dans un pays qui n’est pas le leur.

« Le populisme est un extrémisme et doit comme tel être combattu »

Le deuxième argument mis en avant par le Système est corrélé au précédent : « le populisme doit être combattu du fait même qu’il est un extrémisme et, comme tel, étranger au registre de la raison. Les positions raisonnables sont par nature modérées : elles tiennent le juste-milieu, tandis que les extrêmes relèvent de l’excès et de la caricature ».

Cet argument est lui aussi efficace. Les positions jugées extrêmes, caricaturales, excessives sont en effet perçues unanimement comme des sources d’affrontements et de violence. Elles sont également disqualifiées intellectuellement : combien de fois entend-on citer le mot de Talleyrand assimilant excès et insignifiance… ? De plus, la plupart des réalités propres à la condition humaine appellent une position modérée : manger de façon modérée, pratiquer le sport sans excès, se montrer de bonne compagnie sans se laisser marcher sur les pieds, rester poli sans verser dans l’obséquiosité… En la plupart des domaines, l’excès est un ennemi : il est dès lors également perçu comme tel dans le registre politique.

La dénonciation de l’extrémisme et la célébration de la modération sont donc efficaces. L’argumentaire est pourtant assis sur un raisonnement doublement malhonnête. Il est malhonnête d’abord parce que, bien loin d’être extrémistes, les réactions des populistes, comme celles de la population autochtone dans son ensemble, sont au contraire extrêmement modérées. Le principal parti d’extrême-droite, le RN, respecte ainsi un légalisme strict, participant sans broncher aux processus électoraux, en dépit des multiples entraves qu’il subit (poursuites pénales répétées, manifestations hostiles systématiques à la porte de ses meetings, comportement d’obstruction des banques…). De la même manière ce parti a depuis longtemps choisi d’adopter un discours républicain parfaitement conforme, prenant à son compte les valeurs célébrées par le Système, telles que la laïcité. Vis-à-vis de la question de l’immigration, les discours radicaux dénonçant l’invasion, le Grand remplacement et appelant à la remigration restent parfaitement marginaux, le RN affirmant quant à lui, à l’unisson des autres partis, que « l’islam a toute sa place dans la république dès lors qu’il en respecte les valeurs » ou que « la grande majorité des immigrés sont pacifiques et désireux de s’intégrer ». Pour notre part, au passage, nous considérons que ce discours trop lisse du RN est profondément erroné : il banalise le phénomène d’invasion auquel l’Europe est confrontée et contribue à l’opération d’anesthésie générale à laquelle le Système se consacre.

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La dénonciation de l’extrémisme est malhonnête pour une deuxième raison : les populistes, mêmes les plus radicaux d’entre eux qui dénoncent le « Grand remplacement », ne sont en rien des extrémistes. Qu’y-a-t-il en effet d’extrême à dénoncer l’invasion de son propre pays ? Faire le constat que les sociétés multiculturelles sont par nature belliqueuses et instables, affirmer que le rythme de l’immigration est tel qu’il mettra prochainement les populations autochtones en minorité sur leur propre sol, prédire que l’immigration de masse emportera la civilisation européenne elle-même, tout cela n’a rien d’extrême mais relève au contraire du constat brut, de la prévision raisonnable, du pronostic lucide et froid.

La situation est exactement à l’inverse de ce que présente la propagande du Système. Les extrémistes ne se trouvent pas là où on les désigne : les extrémistes sont ceux-là même qui dénoncent les extrêmes. C’est bien le Système en effet qui mène en tout domaine des politiques extrémistes : en mondialisant et en ayant délocalisé des millions d’emplois ; en imposant aux Français moyens de souche un niveau record d’impôts, de taxes et de cotisations pour financer les conséquences sociales de la mondialisation et l’immigration ; en mettant en place des mécanismes qui enrichissent la classe dirigeante comme jamais ; en alimentant un système économique fondé sur la production et la consommation de masse qui a déstabilisé le climat en seulement quelques décennies ; en adoptant des lois libertaires et en promouvant des mœurs qui heurtent le bon sens et déstructurent la société. La politique la plus extrême conduite par le Système reste cependant l’immigration massive, qui a été souhaitée, encouragée et organisée par la classe dirigeante depuis cinq décennies et qui aboutit à l’invasion de l’Europe. Les extrémistes ? Ils sont au pouvoir…

« Les discours de haine des populistes nuisent à la paix civile et doivent dès lors être proscrits »

Installé au cœur de la propagande du Système, le thème de la haine fait l’objet d’une invocation permanente : pas un jour sans que le Système, ses relais et ses porte-voix ne dénoncent « la haine », « ceux qui l’attisent, l’alimentent et la colportent ».

La dénonciation de la haine est particulièrement efficace, pour deux raisons distinctes. Son efficacité résulte d’une part du fait que la haine est ressentie par tous comme un péché parmi les plus graves. Bien qu’aujourd’hui athée et même anticatholique, notre société, en France en particulier, reste marquée en profondeur par le christianisme. La culture européenne et les structures mentales des Européens ont été façonnées par le message évangélique. Or l’Évangile est tout entier bâti sur la notion d’Amour : il commande de s’aimer les uns les autres, nous presse d’aimer le prochain, nous demande même d’aimer nos ennemis. La haine dans un tel contexte ne peut qu’apparaître comme un péché mortel.

Or, il est aberrant, même pour les chrétiens, de fonder une société sur les commandements évangéliques. C’est se tromper gravement que de faire de l’Évangile une lecture littérale applicable aux politiques publiques. L’Évangile s’adresse aux individus et leur propose un chemin de vie personnelle : il n’a aucunement vocation à présenter un modèle de société.

Mais l’efficacité de la dénonciation de la haine a un second ressort, plus puissant encore. L’argumentaire du Système est en substance le suivant : « Les discours opposés aux flux migratoires sont nécessairement ressentis par les immigrés comme hostiles et haineux. Ils nuisent dès lors par nature à la paix civile, contreviennent à la coexistence harmonieuse et menacent le vivre ensemble. Ils doivent pour cette raison être proscrits ».

Convaincue par ce raisonnement en forme de syllogisme, la majorité de la population ressent comme légitimes les lois limitant ou interdisant l’expression des opposants à l’immigration. De même les poursuites pénales qui sont engagées sur cette base contre « les porteurs de haine » sont considérées comme normales. De même encore la fermeture des comptes de réseaux sociaux de « ceux qui attisent la haine » est perçue comme nécessaire au maintien de l’ordre et de la paix civile.

En dépit de son caractère raisonnable en apparence – qui pourrait aimer la haine ? – cette dénonciation de la haine repose pourtant sur une tromperie. Depuis que les sociétés humaines existent, les peuples ont cherché à résister à leurs envahisseurs. Depuis toujours également, ils ont éprouvé envers leurs agresseurs de la haine. Ces réactions de résistance et de haine contre l’envahisseur sont toujours apparues comme des réactions normales et légitimes. On ne peut dénier à une population le droit de résister à l’invasion et de haïr l’envahisseur que si l’on se réclame d’un monde sans frontières, où chacun possède le droit de circuler librement et de s’installer où il le désire.

Or cette conception d’un monde sans frontières est manifestement une folle utopie. Elle n’est partagée que par quelques Européens. Elle est absente des autres continents. Les immigrés les premiers n’y sacrifient nullement : ils ne se ressentent aucunement comme citoyens du monde mais sont au contraire tout à fait conscients de participer à une entreprise de conquête et de colonisation. Quant à la population européenne, elle n’a jamais été consultée sur la politique d’immigration : si elle l’était, il y a fort à parier qu’elle rejetterait massivement la politique immigrationniste et la vision d’un monde sans frontières qui la sous-tend.

***

En bonne logique, le débat ne devrait donc pas se situer là où le place le Système. Il ne s’agit pas de choisir entre l’extrémisme et la modération, entre la haine et la concorde, ni même entre la paix et la violence : il faut remonter au fait générateur de tous ces questionnements et en venir à la question première, de laquelle découle les autres. La politique d’immigration massive conduite depuis cinquante ans repose sur la conception d’un monde sans frontières : un tel monde sans frontières est-il possible et souhaitable ?

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Si l’on répond affirmativement, les « discours de haine » et d’hostilité à l’immigration doivent alors être effectivement proscrits, parce qu’ils nuisent à la paix et au vivre-ensemble. La situation est toute différente si l’on considère, comme c’est notre cas, qu’un monde sans frontières ne constitue qu’une dangereuse utopie déconnectée des faits. Si l’on estime que l’organisation des peuples en nations, sur un territoire dont ils sont les maîtres, constitue le seul cadre envisageable parce qu’il correspond profondément à la réalité de la condition humaine, alors la haine de l’envahisseur et de ceux qui leur ouvrent la porte devient profondément légitime, humaine et saine. Et c’est l’attitude de bienveillance et de compréhension à l’égard de ceux qui s’introduisent en masse sur nos territoires qui doit être condamnée, parce qu’elle correspond à une trahison et débouche sur la soumission.

La condamnation et la proscription de la haine que voudrait obtenir le Système sont vaines, au demeurant, comme la suite des événements risque de le montrer. Si l’utopie folle d’un monde sans frontières continue à gouverner l’Europe, la haine s’invitera bientôt aux premières loges des massacres qui s’annoncent. Elle enflammera les protagonistes des affrontements en gestation. Elle dansera comme feux-follets autour des razzias, des pogroms et des ratonnades à venir. Elle déferlera dans le chaos et l’anomie qui s’installent. Elle brandira les drapeaux ensanglantés, déposera les bombes meurtrières, stimulera les porteurs de cimeterres.

Elle animera aussi ceux qui ne veulent pas mourir.

samedi, 27 avril 2019

Macron et le couronnement de la génération Mitterrand

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Macron et le couronnement de la génération Mitterrand

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Certains s’énervent après Macron, il n’y a pas de quoi. De toute manière si le système le remplace, on aura pire après (c’est le syndrome de Denys de Syracuse, étudié ici). Personne ne veut de révolution parce que tout le monde a de quoi bouffer, cliquer et regarder la télé. Le système c’est nous, c’est tout.

Désolé, mais Macron ce n’est que la continuation de la génération Mitterrand. C’est du présent perpétuel sur trente ans, pas celui sur 200 que j’ai l’habitude de commenter ici, à coups de Nietzsche et de Dostoïevski, de Poe ou de Baudelaire. Autoritarisme (coup d’Etat permanent), haine du peuple et des pauvres, américanisme, inféodation à l’Allemagne, aux richissimes, monarchie culturelle, tout est déjà chez Mitterrand deuxième mouture, chez qui Macron aura puisé son inspiration, y compris en recyclant les cathos zombies et les larves bureaucratiques de la droite folle ou molle. Alors un rappel…

pfister.jpgThierry Pfister fut mon éditeur chez Albin Michel et me publia la deuxième version du Mitterrand grand initié. Ce grand professionnel était un gentilhomme et un homme de gauche convaincu qui avait rompu avec le mitterrandisme deuxième mouture des années 84-85 qui dégénérait alors en « tonton mania ». En 1989 il publia sa splendide lettre à la génération Mitterrand qui vendit 300 000 exemplaires. Les années 90 marquèrent l’agonie du mitterrandisme revenu depuis à la mode dans ce pays sans mémoire et sans histoire.

Florilège (je n’ai pas le PDF et ma secrétaire est en vacances !) :

Sur les intellectuels  juifs qui en énervent tant aujourd’hui (et qui énervaient déjà Adorno en personne), Thierry Pfister rappelle « une plaisanterie en yiddish qui fit rire tous les leaders de mai 68 ». Et d’ajouter que « Mai 68 fut pour un leader juif une révolution juive, un écho millénaire du messianisme hébraïque (p.39-40). » ;
SOS racisme ? « Une association de défense de beurs peuplée de sionistes ravis d’avoir trouvé plus métèques qu’eux (p.71)… »
Europe allemande ? Pfister ajoute que déjà « la France se soumet de bonne grâce aux règles de la zone deutschemark où elle fait désormais figure de première sous-traitante. »
Manipulation historique ? Sur la débilité des experts d’alors, il rappelle que « dénoncer l’horreur nazie ne justifie pas le dangereux matraquage d’approximations… (p.43) ».
Amusant : Pfister explique que le PS se situe à l’extrême droite de l’internationale socialiste et souligne que le FN fait grossièrement partie du système… En bref, Mitterrand avant Macron célèbre le « conformisme étatique et social » de cette France pas très réformatrice.
Triomphe du communautarisme et fin d’un modèle ? « La civilisation US est celle du ghetto ; à chacun son quartier, à chacun sa piscine… »

On parle de Macron et des riches. On oublie Mitterrand et l’Oréal, Mitterrand et Bettencourt, Mitterrand qui fabriqua avec le crédit lyonnais les ultra-riches actuels comme Arnault et Pinault. Pfister écrit déjà « qu’on a une fiscalité qui touche les cadres possesseurs de leur appartement mais épargne les dynasties qui se transmettent des collections d’objets d’art comme ceux qui se dissimulent derrière la notion floue d’outil de travail… (p.94). » Et comme on n’aime pas le peuple qui vous porta au pouvoir en 1981, « les socialistes se déchargent sur d’anciens ministres de droite du soin de négocier avec les syndicats (p.96). »

Abrutissement et aggiornamento ?  La télévision se limite à « la promotion des disques, des magazines et des myopathes », et les brillants oligarques de la gauche sociétale demandent à la gauche de « rompre avec le corpus poussiéreux qui la tenait prisonnière du siècle précédent (Kouchner, Karmitz, Lévy, Minc, p.111). » Pfister ajoute que « les élites vont au peuple comme les dames patronnesses vont au peuple. » Il remarque au cours d’un voyage en Bourgogne qu’un « haut fonctionnaire de la culture parle d’indigène, de typique en regardant le retraité qui arrose son jardin en bordure de voie »… Pfister souligne inutilement la monstruosité du propos (p.119) qui ne rassurera pas les gilets jaunes qui se font flinguer ou mutiler tous les dimanches.

On termine : notre auteur dénonce les jeunes bobos d’alors, « les baskets si sensibles à la pollution et à la protection de la nature… ». Il rappelle que bien avant le navrant Hollande, Mitterrand et ses socialos se montrèrent de « parfaits porte-paroles de l’OTAN », d’ailleurs ponctuellement « pris à contre-pied » (p.155) par le revirement américain et soviétique d’alors !

Conclusion : « la gauche pue » ; certes, mais elle reste au pouvoir car elle pue comme ce pays, ni plus ni moins.

J’oubliais Notre-Dame. On va la relooker et en faire un musée-shopping centre-salle de spectacle, ce qu’elle est déjà. Il y a longtemps que ce n’est plus une Eglise et il y a longtemps que l’église catho a crevé. Voyez mon texte sur Swift-Hazard-Michelet-Feuerbach. Le catholicisme est un conglomérat de zombis, de Tartufes, d’octogénaires (Bergoglio fait fuir les jeunes) qui subiront tout.

A propos de la profanation des grands travaux mitterrandiens, Pfister parle déjà de « monarchie culturelle » et de cet « habillage administratif des foucades royales (façades, Louvre, Beaubourg, Orsay, Bastille, bibliothèque). » Il ajoute que « le président s’est offert tous les symboles antiques de la gloire et de l’immortalité » (p.167), ce qui est un « aveu d’inquiétude pour ce jeune chrétien » qui épatait notre couillon Mauriac ! Bloy ou Bernanos savaient mieux que le catho moderne avait muté en rentier humanitaire bon à voter progressiste-humanitariste-impérialiste-je-m’en-foutiste !

Et pour ceux qui se gonflent avec l’affaire Benalla, on recommandera cette perle : « la France socialiste supporte sans broncher les extravagances des vigiles de luxe de l’Elysée… »

Le pamphlet est un genre qui vieillit bien.

Source

Thierry Pfister – Lettre ouverte à la génération Mitterrand qui marche à côté de ses pompes (Albin, Michel, 1989)

L’adieu aux cathédrales

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L’adieu aux cathédrales

Ex: http://www.dedefensa.org

L’historien américain Victor Davis Hanson, un conservateur activiste et “musclé” (il fut un temps proche des neocons, lors des premières aventures de l’Irak et de l’Afghanistan), donne quelques appréciations sur l’incendie de Notre-Dame et surtout sur les perspectives de reconstruction. Hanson est un spécialiste de l’histoire militaire et culturelle, avec un grand intérêt pour l’Antiquité et les périodes marquées par une forte affirmation de la tradition (notamment le Moyen-Âge, et par conséquent “le Temps des Cathédrales”). Ce sont quelques mots mais ils ont le tranchant et le vif des pensées les plus audacieuses et les plus vraies par conséquent, – puisque, dans notre temps d’extraordinaire conformisme à la bienpensance (“conformisme du conformisme” si l’on veut), “la sagesse, c’est l’audace de la pensée”, – puisque l’audace revient essentiellement sinon exclusivement à rompre avec ce “conformisme au carré”.

L. Brent Bozel III, qui n’est pas un commentateur habituel du site Strategic-Culture.org, présente et commente le  21 avril 2019  sur ce site la question soulevée par la citation de Hanson. Le titre est crépusculaire, mais ô combien justifié : « La fin de la culture des cathédrales », comme si l’incendie de Notre-Dame sonnait la seconde mort du “Temps des Cathédrales” :  la mort de la représentation que nous nous en faisons dans le cadre de certaines illusions que nous continuons à entretenir sur notre perception du monde et sur notre culture civilisationnelle, après sa mort historique à la fin du XIIIème siècle.

« Peu de temps après la vision tragique de la cathédrale Notre-Dame qui s'enflammait à Paris, alors que les foules regardaient et chantaient l’Ave Maria, l’historien Victor Davis Hanson mettait notre époque moderne en perspective. Il déclarait à Laura Ingraham, de Fox News : “Il sera très difficile dans notre société de reconstruire une cathédrale, et encore moins de la réparer, parce que nous ne croyons plus en ce qu’elle représente. Et c'est ironique, parce que nous n'aimons pas le passé. Nous sommes en guerre contre le passé. Nous démolissons des monuments. Nous ne construisons pas de cathédrales. On efface les noms...” 
» Laura Ingraham de Fox a souligné ce point avec une citation déprimante de l’hebdomadaire Rolling Stone : “Toute reconstruction ne doit pas être le reflet d'une vieille France, ou d'une France qui n'a jamais été, – une France européenne blanche et non laïque, – mais le reflet de la France d'aujourd'hui, une France qui est en train de se construire”... »

… Ces quelques mots suffisent : Hanson pose implicitement une question d’un très grand intérêt, qui dépasse bien entendu la tragédie de Notre-Dame comme nous l’avons perçue, qui la hausse, pour l’installer dans une perspective bien plus large et puissante que la seule polémique disons “entre Anciens et Modernes”, entre ceux qui veulent une reconstitution dite “à l’identique”, telle qu’était cette véritable transcendance architecturale, et ceux qui veulent y mettre de notre époque...

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(Et l’on sait quelle est notre position dans cette polémique de très-basses eaux, inévitable avec le simulacre-Système, où se répand l’incroyable fatuité postmoderniste dans la prétention à “faire mieux” que n’était Notre-Dame : « plus belle encore », dit l’autre /notre clown-président).

La question est donc : “Saurons-nous”, ou plutôt “Saurions-nous reconstruire une cathédrale aujourd’hui alors que nous ne croyons plus en ce que symbolisent et ce que dispensent ces cathédrales ?” Poser cette question c’est bien entendu y répondre avec emphase et quasiment de l’enthousiasme, et cette réponse qui met implicitement en évidence :

d’une part qu’il y avait un lien sacré entre les cathédrales d’un côté, les bâtisseurs de cathédrales (du concepteur général à l’artisan le plus humble) et le peuple d’un autre côté, et que ce lien permettait aux êtres humains de ressentir la Gloire et la Beauté des cathédrales ;

et d’autre part et surtout, qu'il y avait le génie intuitif de donner à ces cathédrales la capacité de disposer du Temps et de le vaincre, pour prolonger leur force de suggestion et d’attraction à la fois, force venue de leur dimension spirituelle s’exprimant autant, grâce à son architecture transcendante, dans sa Gloire que dans sa Beauté.

… La suite du propos de Hanson montre effectivement, – what else ? – l’extrême pessimisme qui caractérise son jugement car, bien entendu, nous n’avons plus ces divers caractères et la foi qui les conditionne cela va de soi. Par conséquent, nous ne saurons pas, nous ne pouvons pas rebâtir la cathédrale Notre-Dame de Paris, par manque de caractère, psychologie défaillante, etc. Nous avons suffisamment régressé pour cela,– mission accomplie, si vous voulez. De ce point de vue, les vautours de l’AC (Art Contemporain), et de l’art moderne en vérité, ces artistes en général devenus fonctionnaires et valets artistiques de certains États et des grosses fortunes, ont toutes les chances de trouver un accueil bienveillant lorsqu’il s’agira de décider de quelle remise en l’état Notre-Dame doit souffrir, et dans un délai de 5 ans selon l’esprit ultra-rapide du temps, un peu comme Hollywood vous boucle un blockbuster en quelques mois.

Le sens de l’opération est particulièrement évident, selon cette plume extrêmement instruite de Rolling Stone : la France est en train de naître, de se construire, il n’y avait rien avant en fait de France que la terre rasée par les “blancs”, et donc une terre toute-blanche et complètement vide de la diversité, du multiculturalisme et toutes ces sortes de chose. Dans cette situation, il est évident que Notre-Dame n’avait qu’une chose à faire, – cramer, le plus vite possible, et l’on eût aimé que, comme à Hiroshima, cela soit jusqu’au millimètre-zéro. Si l’on suit PhG, – plaisantait-il véritablement, comme il avait semblé à certains qu’il faisait ? –la seule attitude acceptable en l’état serait justement de laisser Notre-Dame en l’état : 

« ...“[S]i j’étais président” donc, moi et pas Zombie-Apathie renvoyé à la niche, j’ordonnerais que l’on consolidât Notre-Dame dans son état actuel de dévastation avec l’aspect des restes d’elle que les flammes voulurent bien nous laisser, pour rappeler solennellement le symbole qu’elle fut et par conséquent ce que nous avons perdu. Chacun pourrait ainsi continuer à s’instruire de ce que fut l’objet de cette catastrophe, et mesurer l’effet de cette catastrophe qui est le produit indiscutable de ce que cette époque est capable de nous offrir ; c’est-à-dire un symbole absolument écrasant de notre époque, figurant, d’une façon générale avec le destin catastrophique comme l’est un attentat surtout-pas-islamiste du symbole venu du Temps des Cathédrales, ceci exactement : la néantisation du passé et l’entropisation du présent en un futur diabolique figé dans la catastrophe. Je ferais donc ce qu’ont fait les Japonais, d’ailleurs dans un autre esprit peu glorieux mais c’est l’acte qui importe ici, en gardant un vestige des effets de la Bombe : “En guise de témoignage, les ruines du dôme de Genbaku, l'un des seuls bâtiments à ne pas avoir été entièrement détruits par l'explosion, furent conservées.” »

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Tout cela se passe dans un contexte qu’on qualifiera d’“urbain”, pour être dans l’air du temps. On terminera donc ce court bilan par une réflexion d’un “spécialiste de la ville”, l’urbaniste Claude Rochet, présenté de la sorte dans Le Causeur et l’on comprend déjà la ligne directrice de son propos qui rejoint évidemment toutes les réflexions présentées ici sur la reconstruction de Notre-Dame : « Claude Rochet appartient à cette race d’énarques pour laquelle le service public a encore un sens. Spécialiste de la ville de demain qu’il pense dans sa globalité, il nous fait explorer ‘Les villes intelligentes’ à hauteur d’homme, loin des chimères néo-progressistes. »

D’une façon plus générale, avec son appréciation critique de la ville moderne et son appréciation admirative de la “ville médiévale”, Rochet nous donne une des clefs implicites et fondamentales de notre impuissance probable à reconstruire Notre-Dame dans la dimension inspiratrice et spirituelle qu’elle avait préservée et conduite jusqu’à nous. Ainsi, à la la question “Tout bien pesé, pourquoi jugez-vous la ville médiévale plus riche d’enseignements que les utopies urbaines constructivistes ?”, la réponse va de soi, naturellement, s’articulant autour de l’argument esthétique du Beau (dans ce contexte où rôde le postmodernisme, ce genre de chose se précise) qui répond à “l’idéal chrétien” du “Bien commun” : 

« La ville médiévale a été l’objet des analyses des plus grands historiens du développement urbain comme Lewis Mumford, analyses reprises par les théoriciens contemporains de la systémique comme Chris Alexander. Le principe fondamental de la ville médiévale était la croissance organique, soit le développement comme un organisme vivant. Pour Mumford, “la croissance organique ne part pas d’un but préconçu. Il évolue de besoins en besoins, d’opportunités en opportunités dans des séries d’adaptations qui elles-mêmes deviennent de plus en plus cohérentes et finalisées, de sorte qu’elles génèrent à la fin un design complexe à peine moins unifié qui motif géométrique prédéfini”. C’étaient des villes sans architectes ni urbanistes, il n’y avait pas de permis de construire mais il ne serait venu à personne de construire une horreur disgracieuse comme se le permet l’architecture contemporaine. La ville était animée par un corpus de valeurs communes issues de l’idéal chrétien du Bien commun et chacun devait contribuer au Beau collectif parce qu’il était la condition du Beau individuel. Cet idéal était également politique comme l’illustrent les fresques d’Ambroggio Lorenzetti sur le Bon gouvernement, qui décorent l’Hôtel de ville de Sienne. Cet idéal politique reposait sur la participation active des citoyens à la vie politique et des mécanismes de démocratie directe – comme la rotation annuelle des postes de magistrat représentée dans les fresque sur “les effets du bon gouvernement” – que l’on retrouve également dans les villes médiévales russes de Pskov et Veliki Novgorod. La tradition de la ville médiévale a connu sa fin à l’époque baroque où l’architecture de la ville devait exprimer le pouvoir absolu du Prince. »

Le futurisme illusoire des universitaires de l’ordre global libéral

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Le futurisme illusoire des universitaires de l’ordre global libéral

par Brandon Smith

 
Article original de Brandon Smith, publié le 3 avril 2019 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


Il s’agit peut-être d’une généralisation trop large, mais j’ai l’impression que le public a presque le sentiment qu’il y a quelque chose d’intrinsèquement gênant dans le milieu universitaire. La source de ce mécontentement fait l’objet d’un débat, mais je crois qu’il découle de l’image du projet des universitaires par rapport à la réalité de leur caractère personnel et de leurs intentions. 

L’universitaire moyen qui a obtenu un diplôme universitaire dira que certaines personnes ne le trouvent désagréable que parce qu’il est « si intelligent », ce qui en rend d’autres envieux. Je dirais que c’est le contraire – l’universitaire moyen est en fait assez ignorant, mais brandit une fausse image de génie. C’est pourquoi je les qualifie souvent d’« imbéciles académiques ».

La fausse intelligence et la fausse sagesse sont comme du papier de verre pour les nerfs des gens exposés, et la personne moyenne n’est pas aussi stupide que les universitaires le pensent.
Au sommet du mât totémique académique frauduleux se trouvent ce que j’appellerais les « philosophes académiques », les gardiens, les gens qui pontifient régulièrement sur le sens de la vie et de la société tout en vivant la vie la plus charmante qu’on puisse imaginer. Ce sont des gens qui, dans la plupart des cas, sont issus de la classe supérieure. Ils ont été cajolés à chaque instant éveillé de leur existence. Ils ont eu toutes les portes ouvertes pour eux par quelqu’un d’autre sur le chemin du succès, et ont connu peu ou pas de lutte ou de souffrance pendant tout le temps qu’ils ont passé sur cette Terre. Et pourtant, ils s’estiment en quelque sorte qualifiés pour commenter la condition humaine.

Il n’est pas surprenant que les idées développées par ces universitaires tendent à nier la réalité concrète. Ils cherchent à poursuivre des programmes qui sont au mieux fantaisistes et qui, en fin de compte, seraient destructeurs s’ils étaient appliqués dans le monde réel.

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Je trouve cela commun à de nombreux philosophes, non seulement aujourd’hui, mais tout au long de l’histoire. Le vénéré Platon était une telle personne, le plus jeune fils de riches parents aristocratiques qui n’avait pas grand-chose à faire dans sa jeunesse, mais qui réfléchissait. Les épreuves entourant son ami Socrate mis à part, Platon n’a jamais abandonné la notion de domination élitiste sur la société. La République de Platon est un sanctuaire du modèle élitiste, imaginant un monde gouverné essentiellement par des universitaires – des gens nés avec des capacités intellectuelles supérieures et qui étaient destinés à dominer le reste d’entre nous comme des demi-dieux bienveillants.
C’est une drôle de coïncidence que des universitaires soi-disant élitistes objectifs arrivent toujours à la conclusion qu’ILS sont les personnes les mieux à même pour gérer la société.

La cabale académique n’est cependant pas entièrement naïve. Ils se sont rendu compte au fil du temps que leur argumentaire de vente d’une classe de prêtres intellectuels et de schémas pyramidaux utopiques n’est pas très efficace, et ils ont choisi de changer de récit. Le nouveau récit est celui de l’inévitabilité ; l’inévitabilité du socialisme, l’inévitabilité du globalisme et l’inévitabilité de l’automatisation algorithmique.

En d’autres termes, le globalisme sera la structure sociale optimale et l’intelligence artificielle gouvernera les opérations quotidiennes de cette structure, peu importe ce que le public veut. Les élites ne gouverneront pas le monde directement, mais leurs semblables créeront les algorithmes et ces politiques gouverneront le monde en vertu de l’évolution sociale et technologique.  Tout comme le film français de Jean-Luc Godard, Alphaville, l’idée est que les élites peuvent simplement se reposer et laisser la sombre « logique » de la gouvernance algorithmique faire le sale boulot. Car, après tout, comment peut-on discuter avec un ordinateur ?

L’un des élitistes universitaires dont je parle est Yuval Noah Harari. Ses éditoriaux ont beaucoup fait parler d’eux dans les médias grand public ces derniers temps et ils mettent l’accent sur la nécessité de la globalisation ainsi que sur la nécessité pour les humains de s’adapter rapidement à la technocratie, de peur qu’ils ne se retrouvent obsolètes. Harari est un philosophe académique prototypique, régurgitant de vieux concepts d’aristocratie et de féodalisme à peine voilés par l’imagerie futuriste. Ses arguments sont du type de ceux que d’autres universitaires de moindre importance absorbent et perroquetent sans cesse comme s’ils étaient profonds.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec les idées derrière le futurisme, je suggère de lire mon article « La signification du bien et du mal en des temps périlleux ». En résumé, les futurologues sont toujours d’accord avec l’idée que les anciennes méthodologies doivent être effacées pour faire place à de nouvelles méthodologies. Les traditions et les idéaux du passé sont considérés comme une prison qui empêche l’humanité de progresser et d’avoir un avenir meilleur. Ils croient que la solution aux déséquilibres et aux tragédies d’aujourd’hui consiste à démanteler énergiquement le système actuel et à le reconstruire d’une manière nouvelle et originale. Cela inclut la morale et les principes directeurs, qu’ils considèrent comme étouffants et relatifs.

Le futurisme a été fondé au début du 20ème siècle en Europe avec des groupes frères en Russie et est considéré comme un précurseur des premiers mouvements socialistes, dont le fascisme et le communisme. Pour clarifier, il n’y a pas de nouvelles idées sous le soleil, seulement de vieilles idées avec une tournure légèrement différente. Le socialisme précède le globalisme, qui est l’une des idées les plus anciennes ; l’idée d’empire total.

Comme la plupart des philosophes universitaires modernes, Yuval Harari fait la promotion du futurisme et du globalisme. Il est associé au Carnegie Council For Ethics In International Affairs, un organisme globaliste. Autrefois connu sous le nom de Church Peace Union, le groupe a contribué à pousser Woodrow Wilson à impliquer les États-Unis dans la Première guerre globale et à promouvoir la création de l’ONU.

Il est un modèle adéquat pour démystifier ce que ces gens appellent souvent « l’ordre global libéral », qui n’est qu’une autre forme de futurisme. Comme point de référence, j’utilise deux articles de Harari, l’un publié pour le Guardian sur l’avenir de l’automatisation et des robots qui déclassent l’humanité, et l’autre publié pour le magazine The Economist propriété de la  Rothschild sur la nécessité de la globalisation et de la fin du nationalisme. Je vais résumer ses arguments et ses points de vue, mais j’invite les lecteurs à examiner ses articles liés ci-dessus.

Allons droit au but….

L’IA remplacera la plupart des humains… et c’est une bonne chose.

C’est en train de devenir l’un des piliers du discours de l’establishment globaliste et de son milieu universitaire pour un certain nombre de raisons. L’argument selon lequel la domination de l’intelligence artificielle est inévitable ressemble beaucoup à l’argument selon lequel la globalisation est inévitable ; les deux sont fondés sur une prophétie auto-réalisatrice.

Harari imagine ce qu’il appelle un « monde sans travail », un développement à venir d’ici seulement 20 à 30 ans où les machines algorithmiques remplaceront les êtres humains comme source principale de travail. Cette propagande a deux facettes : premièrement, elle vise à effrayer le public et à l’amener à exiger la centralisation et la gouvernance globale. Harari affirme que sans une gouvernance globale et un « revenu de base universel », l’IA fera de la plupart des gens qui n’ont pas de connaissances technologiques des pauvres instantanément, ce qu’il appelle « la classe inutile ». Et ici, nous voyons le tour de passe-passe.

Comme je l’ai souligné dans mon article intitulé « La vraie raison pour laquelle les globalistes sont si obsédés par l’intelligence artificielle », des entités globalistes comme la DARPA, l’ONU et le Forum économique global ont été très agressives en poussant l’intelligence artificielle à l’avant-scène et ont entrepris des campagnes de promotion pour contrer la méfiance du public envers cette technologie. Dans le même temps, ces organisations globalistes ont fait valoir que, sans leur surveillance accrue, l’IA pourrait faire l’objet d’abus de la part des États nations ou détruire des économies entières.

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Ainsi, les globalistes vous disent que la domination de l’IA est une conséquence inévitable du progrès alors qu’ils dépensent d’énormes quantité de capital et d’heures de travail pour faire de leur prédiction une réalité. Ils vous disent alors que l’IA sera une menace pour votre gagne-pain et celui de vos enfants. Ensuite, ils vous disent que la seule réponse est de leur donner plus de pouvoir pour régler le problème qu’ils ont créé.

La deuxième partie de cette propagande est l’affirmation selon laquelle les dangers de l’IA pourraient être transformés en avantages utopiques. Si le « monde sans travail » est le bâton, alors le revenu de base universel est la carotte. La promesse fantastique des futuristes remonte aux premiers jours du communisme, et inclut toujours une terre pour demain où tous les gens vivront une existence paisible ; une société où tous les besoins sont satisfaits sans travail. Habituellement, les voitures volantes et les villes flottantes sont offertes là-dedans quelque part …

Harrari insinue dans son article pour The Guardian que la paresse est un état naturel pour la plupart de l’humanité, et que la majorité des gens resteraient mentalement à l’aise de ne pas avoir de but dans la vie tant qu’on leur donnerait une existence virtuelle comme un moyen de distraction. Il cite l’exemple d’enfants adultes qui vivraient dans un sous-sol s’ils y étaient autorisés et qui y subsisteraient grâce à la générosité de leurs parents avec une vie dédiée aux jeux vidéo. Mais plutôt que de souligner qu’il est destructeur d’encourager un tel comportement, Hariri suggère que cela devrait être un pilier de notre société.

Ce que Hariri ignore est une question clé du pourquoi beaucoup de gens se contentent d’une telle vie. Ce n’est pas nécessairement parce qu’ils aiment faire partie de la « classe inutile » ; beaucoup d’entre eux veulent désespérément trouver un but et un accomplissement car ce désir est ancré dans la psyché de la plupart des gens à la naissance. C’est juste qu’ils n’ont aucune idée du comment, et ont vécu dans un environnement qui semble de plus en plus conçu pour nuire à leur indépendance.

Je note que les élites de l’aristocratie ont exploité pendant des siècles la béquille du revenu de base universel comme un moyen de contrôler le comportement de leurs enfants. La progéniture des élites était souvent traitée comme une propriété et maintenue dans la ligne grâce à l’infantilisation et à la dépendance à l’égard du revenu. Pour ces enfants, il était presque impensable de poursuivre un rêve personnel ou de se lancer seul, car ils ont été isolés de tout ensemble de compétences pratiques. Quitter le système, c’est s’exposer à la pauvreté et à la mort potentielle.

Le plan est donc le suivant : Empêchez les gens de devenir autonomes, assurez-vous d’être leur seule source de revenu, puis donnez-leur le pouvoir d’utiliser ce revenu comme s’ils vous devaient quelque chose comme un enfant se doit à un parent. Hariri réclame ce genre de mesure de contrôle pour le monde entier.

L’expérience humaine est dans nos têtes et ne signifie rien

Tout comme le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, le « monde sans travail » de Hariri repose sur les opiacés, mais dans ce cas, les opiacés technologiques de la réalité virtuelle. Il affirme qu’il n’y a rien de nouveau et que les humains participent depuis longtemps à des jeux de réalité virtuelle par leur participation à la religion ainsi que par l’acquisition de la propriété. Je ne vois pas la logique dans sa comparaison, et il semble qu’il utilise cette tangente étrange simplement comme une occasion de se perdre dans une rhétorique athée et socialiste sans originalité.

Cependant, cette diatribe nous donne une meilleure idée d’un autre mème de propagande globaliste, à savoir que toute expérience est une question de perception et que toutes les conclusions sont relatives, y compris les conclusions morales. J’ai écrit des douzaines d’articles sur la question du globalisme et du relativisme moral et sur les raisons pour lesquelles il est fondé sur le mensonge et la désinformation. Je pense que c’est l’un des débats les plus importants de notre époque ou de toute autre époque, car il détermine la survie de notre humanité.

Pour quelqu’un qui considère toute expérience comme un jeu inutile que les gens inventent pour se divertir jusqu’à leur mort, Hariri semble trop préoccupé par la façon dont nous sommes tous gouvernés alors que nous « jouons » tous notre chemin durant notre existence. S’il n’y a pas de sens et qu’il n’y a pas de conception de l’univers ou de l’humanité, alors pourquoi chercher à centraliser le contrôle du jeu ?

Bien sûr, c’est un non-sens élitiste, et je ne suis même pas sûr qu’ils croient les ordures qu’ils vendent. Comme je l’ai noté dans des articles précédents, de nombreux chercheurs ont présenté des preuves considérables de qualités psychologiques humaines inhérentes, y compris la conscience innée et la boussole morale, ainsi que des dualités archétypiques qui nous donnent le don inhérent du choix. De Carl Jung à Joseph Campbell en passant par Steven Pinker, etc., les scientifiques et chercheurs réels ont entrepris des décennies d’expérimentation, de collecte de données et d’observation pour appuyer leurs conclusions. C’est quelque chose dont des philosophes académiques comme Hariri ne tiennent pas compte. Ils pensent que s’ils énoncent un point de vue avec suffisamment de bravade arrogante, c’est tout ce dont ils ont besoin pour le consolider en tant que fait.

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La raison pour laquelle les globalistes en particulier sont si friands de la narration relativiste est parce qu’elle justifie leur comportement dans la poursuite de leurs objectifs de centralisation. Ce comportement est généralement basé sur une approche où « la fin justifie les moyens », et est contraire à notre voix inhérente d’empathie et de conscience. Si les expériences humaines sont toutes une question de perception et d’illusion, alors la façon dont les élites abusent ou subjuguent les autres humains pour subventionner leur propre réalité virtuelle ne compte plus.

Le globalisme est bon, le nationalisme est mauvais

La centralisation globale est appelée par différents noms par les universitaires élitistes : Le nouvel ordre mondial, l’ordre global multipolaire, le reset global, les biens communs globaux, l’ordre global libéral, etc. Les globalistes passent la majeure partie de leur temps à essayer de reconditionner le marketing derrière le globalisme pour le rendre plus acceptable aux yeux des masses. Il s’agit généralement d’un processus malhonnête parce qu’il exige d’eux qu’ils attribuent faussement les échecs du globalisme au libre marché et au nationalisme.

Hariri tient à proclamer que l’« ordre global libéral » a réussi à améliorer la planète sur plusieurs générations sur les plans économique et géopolitique, mais il affirme ensuite que les États-nations commencent à « saper » cette stabilité. Nous entendons aussi constamment les globalistes dire que le « capitalisme » est la cause de la plupart des maux du monde, mais la vérité est que l’ingérence de style socialiste a créé le corporatisme et l’oppression par les marchés libres au cours du siècle dernier.
Ainsi, le globalisme nous a sauvés du capitalisme de marché, mais le capitalisme détruit tout ? Comment ces deux choses peuvent-elles être vraies ?

C’est le scénario dominant des globalistes d’aujourd’hui – la globalisation fonctionne, le nationalisme et les économies indépendantes ne fonctionnent pas, et faire un pas en arrière, c’est du suicide. C’est-à-dire qu’ils considèrent les mouvements « populistes » d’aujourd’hui comme un recul suicidaire.
Ce que les élites académiques comme Hariri ignorent, ce sont les nombreux problèmes que notre monde connaît aujourd’hui en raison de l’interdépendance et de la centralisation. Il observe avec fierté que toute nation qui tenterait de fonctionner en dehors du système globaliste tomberait dans le désarroi économique, mais ne reconnaît pas qu’en 2008, le monde est tombé dans le désarroi exactement parce que les nations étaient beaucoup trop interdépendantes, avec un mécanisme commercial tellement intriqué que l’effondrement d’une grande économie a entraîné la suivante qui a fait tomber la suivante. C’était une faiblesse cancéreuse déclenchée par le globalisme, et non par l’isolationnisme ou le nationalisme. Et c’est une faiblesse qui persiste en 2019.

Pourtant, la solution est toujours la même : plus de globalisme. Le manque d’autosuffisance et de redondance des économies nationales n’est pas quelque chose qu’il faut célébrer, mais qu’il faut corriger. Il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi ; ce sont les globalistes qui l’ont fait.

Duper les masses dans l’amour de la globalisation

Comme le note Harari dans son article pour The Economist, la création d’une « identité globale » dans laquelle les masses remplacent la loyauté envers une nation ou une tribu par la loyauté envers leur espèce et envers la Terre ne doit pas être difficile. Tout ce qu’il faut, c’est un ennemi commun, et quel meilleur ennemi que la menace d’une guerre nucléaire, la menace des changements climatiques et la menace de l’intelligence artificielle?

Le recours à des menaces externes (dont certaines ont été fabriquées de toutes pièces) pour amener le public à adopter un état d’esprit voulu est le pain et le beurre des élites. Les changements climatiques causés par l’homme constituent une menace fabriquée de toutes pièces, constamment démystifiée et les données exposées comme truquées pour présenter des résultats prédéterminés. La grippe aviaire est une menace que les globalistes ont activement conçue (la DARPA en est la source première). La menace d’une guerre nucléaire existe depuis des décennies et je ne m’attends guère à ce que les élites globales démantèlent de telles armes une fois qu’elles auront pris le pouvoir sur un gouvernement global.

Et nous découvrons ici le sophisme sous-jacent du débat de Hariri et la position globaliste en général. Les élites évoquent des visions terribles de ce qui se passera si les États-nations et le tribalisme sont autorisés à perdurer, mais les catastrophes qu’elles prédisent, y compris la guerre ; la manipulation génétique ;  la militarisation de l’IA ; les crises de migration massive ; l’effondrement économique – toutes ces choses sont déjà causées par les élites. Et rien ne les empêcherait de continuer à causer de tels problèmes à l’avenir si elles obtiennent ce qu’elles veulent, à savoir une gouvernance globale totale.

Je ne vois pas pourquoi les institutions globalistes devraient être considérées comme plus dignes de confiance que les gouvernements nationaux, sans parler des tribus locales. Hariri est un professeur israélien qui a manifestement bénéficié du tribalisme de cette culture tout en la dénonçant. Les globalistes agissent comme s’ils étaient loyaux envers l’humanité, mais ils ne sont en réalité loyaux qu’envers leur propre idéologie parasitaire et leur propre tribu – la tribu globaliste.

Pour élever le globalisme vers quelque chose de plus proche d’une religion qu’une simple philosophie politique, Hariri tire de son sac de tours une dernière apparition utopique classique, la promesse de la divinité. Cette idée occupe une place plus importante dans ses livres que dans ses articles, mais elle réaffirme les soupçons dont j’ai parlé dans mon article « Luciferisme : un regard laïc sur un système de croyance globaliste destructeur ». À savoir, que le globalisme repose sur un fondement très similaire à l’idéologie luciférienne, et que la technocratie globaliste est motivée par l’obsession des sociopathes narcissiques à devenir des quasi-dieux.

Ils vendent cet avenir au public comme un leurre, mais je suppose que l’ordre global libéral ne donnera pas à la « classe inutile » le statut de divinité. Comme dans toute vision élitiste, seules les élites deviennent souveraines et sont déifiées. Le reste d’entre nous devient des rouages de la machine, si nous avons de la chance, et sont considérés comme sacrifiables si nous sommes malchanceux.

Brandon Smith

Liens

https://youtu.be/qqec8oWxpEI
 

vendredi, 26 avril 2019

Un objectif vital pour notre avenir construire un réseau pour le « NATO EXIT »

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Un objectif vital pour notre avenir construire un réseau pour le « NATO EXIT »

Auteurs : Prof Michel Chossudovsky et Manlio Dinucci 
Ex: http://www.zejournal.mobi 

Quel a été le résultat du Colloque international “Les 70 ans de l’OTAN : quel bilan historique ? Sortir du système de guerre, maintenant”, qui s’est tenu à Florence le 7 avril 2019. Manlio Dinucci en parle avec Michel Chossudovsky.

Note : au cours de cette année, l’OTAN effectue 310 exercices militaires, quasiment tous contre la Russie.

Avec l’OTAN du welfare au “warfare”

70 ans de l’OTAN. Interview de Michel Chossudovsky sur les 70 ans de l’OTAN : “ce n’est pas une Alliance, ce sont les USA qui commandent, ils veulent plus de dépense militaire dans toute l’Europe, ils sont prêts à de nouveaux conflits armés, y compris nucléaires”

Au colloque international “Les 70 ans de l’OTAN : quel bilan historique ? Sortir du système de guerre, maintenant”, qui s’est tenu à Florence le 7 avril 2019 -avec plus de 600 participants d’Italie et d’Europe-, a participé comme principal intervenant Michel Chossudovsky, directeur de Global Research, le centre de recherche sur la globalisation (Canada), organisateur du Colloque avec le Colitato No Guera No Nato et d’autres associations italiennes. Nous avons posé quelques questions à Michel Chossudovsky -un des plus grands experts internationaux d’économie et géopolitique-, collaborateur de l’Encyclopedia Britannica, auteur de 11 livres publiés en plus de 20 langues.

***

Quel a été le résultat du Colloque de Florence ?

L’événement a eu un très grand succès, avec la participation d’intervenants provenant des États-Unis, d’Europe et de Russie. L’histoire de l’OTAN y a été présentée. Y ont été identifiés et attentivement documentés les crimes contre l’humanité. À la fin du Colloque a été présentée la “Déclaration de Florence” pour sortir du système de la guerre.

Dans votre intervention introductive vous avez affirmé que l’Alliance atlantique n’est pas une alliance…

Sous l’apparence d’une alliance militaire multinationale c’est au contraire le Pentagone qui domine le mécanisme décisionnel de l’OTAN. Les USA contrôlent les structures de commandement de l’OTAN, qui sont incorporées à celles des États-Unis. le Commandant Suprême Allié en Europe (Saceur) est toujours un général étasunien nommé par Washington. Le Secrétaire général, actuellement Jens Stoltenberg, est essentiellement un bureaucrate qui s’occupe de relations publiques. Il n’a aucun rôle décisionnel.

Un autre thème que vous avez soulevé est celui des bases militaires USA en Italie et dans d’autres pays européens, y compris à l’Est, bien que le Pacte de Varsovie n’existe plus depuis 1991 et malgré la promesse faite à Gorbachev qu’aucun élargissement à l’Est n’aurait lieu. À quoi servent-elles ?

L’objectif tacite de l’OTAN -thème important de notre débat à Florence- a été d’opérer, sous une autre dénomination, “l’occupation militaire” de facto de l’Europe occidentale. Les États-Unis non seulement continuent à “occuper” les ex “pays de l’Axe” de la Seconde guerre mondiale (Italie, Allemagne), mais ont utilisé l’emblème de l’OTAN pour installer des bases militaires USA dans toute l’Europe occidentale, et, par la suite, en Europe Orientale dans le sillon de la guerre froide et dans les Balkans dans le sillon de la guerre OTAN contre la Yougoslavie (Serbie-Monténégro).

Qu’y a-t-il de changé par rapport à un possible usage d’armes nucléaires ?

Immédiatement après la guerre froide a été formulée une nouvelle doctrine nucléaire, focalisée sur l’usage préventif d’armes nucléaires, c’est-à-dire sur le first strike nucléaire comme moyen d’autodéfense. Dans le cadre des interventions USA-OTAN, présentées comme actions de maintien de la paix, a été créée une nouvelle génération d’armes nucléaires de “basse puissance” et “plus utilisables”, décrites comme “inoffensives pour les civils”. Les responsables politiques étasuniens les considèrent comme des “bombes pour la pacification”. Les accords de la guerre froide, qui établissaient certaines sauvegardes, ont été effacés. Le concept de “Destruction Mutuelle Assurée”, relatif à l’usage des armes nucléaires, a été remplacé par la doctrine de la guerre nucléaire préventive.

L’OTAN était “obsolète” au début de la présidence Trump mais maintenant elle est relancée par la Maison Blanche. Quelle relation y a-t-il entre course aux armements et crise économique ?

Guerre et globalisation vont de pair. La militarisation soutient l’imposition de la restructuration macro-économique dans les pays-cibles. Elle impose la dépense militaire pour soutenir l’économie de guerre au détriment de l’économie civile. Elle conduit à la déstabilisation économique et à la perte de pouvoir des institutions nationales. Un exemple : dernièrement le président Trump a proposé de grosses coupes budgétaires dans la santé, l’instruction et les infrastructures sociales, alors qu’il demande une grosse augmentation pour le budget du Pentagone. Au début de son administration, le président Trump a confirmé l’augmentation de la dépense pour le programme nucléaire militaire, lancé par Obama, de 1.000 à 1.200 milliards de dollars, en soutenant que cela sert à garder un monde plus sûr. Dans toute l’Union européenne l’augmentation de la dépense militaire, jumelée à des mesures d’austérité, est en train de conduire à la fin de ce qui était appelé “l’État-Providence” (welfare state). Maintenant l’OTAN est engagée sous la pression étasunienne à augmenter la dépense militaire et le secrétaire général Jens Stoltenberg déclare qu’il s’agit là de la chose juste à faire pour “garder la sécurité de notre population”. Les interventions militaires sont jumelées à des actes concomitants de sabotage économique et de manipulation financière. L’objectif final est la conquête des ressources autant humaines que matérielles et des institutions politiques. Les actes de guerre soutiennent un processus de conquête économique totale. Le projet hégémonique des États-Unis est de transformer les pays et les institutions internationales souveraines en territoires ouverts à leur pénétration. Un des instruments est l’imposition de lourdes contraintes aux pays endettés. L’imposition de réformes macro-économiques létales concourt à appauvrir de vastes secteurs de la population mondiale.

Quel est et quel devrait être le rôle des médias ?

Sans la désinformation opérée, en général, par presque tous les médias, le programme militaire USA-OTAN s’écroulerait comme un château de cartes. Les dangers imminents d’une nouvelle guerre avec les armements les plus modernes et du péril atomique, ne sont pas des informations qui font la Une. La guerre est représentée come une action de pacification. Les criminels de guerre sont dépeints comme des pacificateurs. La guerre devient paix. La réalité est renversée. Quand le mensonge devient vérité, on ne peut pas revenir en arrière.

Traduit de l’italien par M-A P

La malédiction de la classe pensante

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La malédiction de la classe pensante

par James Howard Kunstler
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 
 
Comment expliquer l’étrange mélange de névrose et de malhonnêteté qui s’est emparé de la classe pensante américaine depuis l’ascension de Donald Trump comme figure de proue épique de notre navire d’État ? Tout semble se réduire à la honte et à l’échec. 

Il y a, par exemple, l’échec des principaux vizirs économiques américains à arrêter l’effondrement de la classe moyenne – et avec lui, la désintégration des familles – qui a plus que tout produit le résultat des élections de 2016. Qu’y a-t-il de plus urgent : la destruction de toutes ces villes, de toutes ces villages et de toutes ces vies dans les zones sinistrées, ou la baisse de vingt points de l’indice boursier S & P ? 

Le choix fait par les « experts » ces dix dernières années est évident : gonfler à tout prix les marchés financiers en recourant à des interventions politiques malhonnêtes dont ils sont assez intelligents pour savoir qu’elles finiront par faire sauter le système bancaire. Ils l’ont fait pour préserver leur réputation assez longtemps pour prendre leur retraite. Le problème, c’est que les dommages sont maintenant si graves que, lorsque viendra le temps de présenter des excuses, ce ne sera pas suffisant. Ils perdront leur liberté et peut-être leur tête. 

La névrose et la malhonnêteté sont exactement ce qui a fait de deux des entreprises les plus sacrées et les plus nobles de ce pays, l’enseignement supérieur et la médecine, des rackets honteux. Dimanche soir, CBS 60 Minutes a couvert les deux bases dans son article principal sur la façon dont l’école de médecine de NYU a récemment déclaré son programme sans frais de scolarité. Ce grand triomphe est dû à un énorme don en espèces de l’un des fondateurs de la compagnie Home Depot, le milliardaire Ken Langone. Nulle part dans l’émission, la SCS n’a soulevé la question de savoir comment le coût d’un diplôme était devenu si scandaleux. Ou comment M. Langone a fait fortune en mettant toutes les quincailleries locales en faillite, ce qui lui a permis de saisir les revenus annuels de dix mille propriétaires de petites entreprises et de leurs employés. Le grand geste de l’université de New York n’est qu’un moyen de mettre par écrit le rôle honteux des dirigeants de l’université dans le racket du prêt pour accéder au collège qui peut détruire d’innombrables vies. 

La névrose et la honte sont les moteurs de la politique identitaire avec toutes ses persécutions et punitions rituelles étranges. C’est la classe pensante qui a mené la campagne pour les droits civiques dans les années 1960. Nous voici cinquante ans plus tard avec des douzaines de villes en ruines, des systèmes scolaires publics défaillants et des prisons remplies d’hommes noirs sans commune mesure avec leur démographie actuelle dans la population générale (37 % contre 13 % à l’échelle nationale). En Californie, c’est 29% alors que seulement 6% des résidents masculins de l’État sont afro-américains. Le récit favori de la classe intellectuelle dit que le taux élevé d’incarcération est dû à l’application injuste des lois sur les drogues pour des infractions relativement mineures, en particulier le fait d’être pris en train de posséder de l’herbe. 

Ok, la marijuana est légale en Californie depuis plusieurs années maintenant. Cela a-t-il modifié les statistiques ? Je suppose qu’on le saura bientôt. Y a-t-il une autre explication ? Peut-être un mauvais comportement disproportionné d’autres types : agression, vol, meurtre ? Peut-être le résultat des politiques gouvernementales conçues par la classe pensante pour promouvoir les familles monoparentales sans père présent depuis trois générations maintenant ? 

Après tout ce temps et toutes les preuves de la perniciosité de cette condition, pourquoi n’y a-t-il pas de débat à ce sujet ? Pourquoi la classe pensante est-elle si malhonnête au sujet de l’ingrédient le plus ruineux de l’école publique quotidienne : mauvais comportement, violence et perturbation constante de la classe ? Les classes pensantes doivent avoir honte et être consternées de tout cela, car cela semble contredire tous les efforts puissants déployés pour élever la sous-classe noire. Et quelle a été la réponse la plus notable ? Le département de l’Éducation de M. Obama a ordonné aux districts scolaires de cesser de suspendre et de discipliner les enfants noirs qui se sont mal comportés parce que cela avait l’air mauvais, et cette politique est toujours en place.
 
Comment ça se passe ? 

Le dernier appel de la classe pensante à remédier à ces problèmes par ailleurs insolubles et embarrassants est la panacée des réparations pour les descendants des esclaves. Bien sûr, l’argent dépensé pour les services sociaux au cours du dernier demi-siècle, s’il avait été simplement distribué en espèces, aurait fait de chaque Afro-Américain un millionnaire. Personnellement, je ne peux imaginer une pire façon d’attiser l’animosité raciale à travers l’Amérique jusqu’au point de rupture que ces réparations proposées. Nous en entendrons certainement davantage parler dans le long cheminement vers les élections de 2020, et cela ne fera que rendre les États-Unis plus fous aux yeux du reste du monde. 

La position de la classe pensante sur l’immigration légale et illégale est peut-être encore plus cynique – parce qu’elle sait sûrement à quel point elle est malhonnête, même par le brouillard de l’auto-illusion. La semaine dernière, le procureur général de Californie Xavier Becerra a proposé que l’immigration illégale soit décriminalisée. Étonnamment, personne n’a ri de cet exercice extraordinaire de casuistique. Pendant ce temps, l’État sombre dans l’insolvabilité, la misère et le chaos – un rappel que les gens n’obtiennent pas nécessairement ce qu’ils attendent, mais plutôt ce qu’ils méritent. 

Le RussiaGate, bien sûr, a été le lieu le plus aigu de malhonnêteté névrotique dans ce pays au cours des deux dernières années. Les principaux organes d’information de la classe pensante – The New York Times, The WashPo, CNN, MSNBC – ont non seulement omis de s’excuser pour la dangereuse hystérie qu’ils ont sciemment propagée, mais ils persistent à soutenir à tout prix la matrice des fantasmes dans ce qui doit maintenant être considéré comme une tentative sans espoir pour préserver leur réputation et peut-être même leurs moyens de subsistance. La répudiation de cette absurdité par l’inquisiteur en chef Robert Mueller ne pouvait être plus absolue, même s’il était contraint par la réalité et contre sa volonté et son instinct de le faire. Et maintenant, quelle voie empruntera tout cet animus malade de la classe pensante dans sa frénésie destructrice et honteuse pour se justifier ? 

James Howard Kunstler 

Traduit par Hervé pour le Saker Francophone

L’initiative chinoise « Belt and Road » bat son plein en Europe

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L’initiative chinoise « Belt and Road » bat son plein en Europe

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

La transformation multipolaire en cours sur le continent eurasien confirme la coopération industrielle et diplomatique entre la Chine et le continent européen en dépit de la forte opposition des États-Unis. 

La visite de Xi Jinping en Europe confirme ce que beaucoup d’entre nous ont écrit au cours des derniers mois et des dernières années, à savoir la réalité de la transformation mondiale en cours, d’un monde dominé par les États-Unis, vers un monde pluraliste composé de puissances différentes travaillant ensemble à l’avenir d’un monde multipolaire. 

L’Europe se trouve donc dans une position imprévue, à l’équilibre entre l’ancien monde avec ses liens avec les États-Unis d’une part et le nouveau monde de l’Eurasie naissante portée sur les fonds baptismaux par la Russie et la Chine d’autre part. 

Des pays comme l’Allemagne et la France, et même le Royaume-Uni, ont depuis longtemps mis en place des politiques commerciales favorisant l’intégration avec les pays du supercontinent eurasien. En 2015, le Royaume-Uni a été l’un des premiers pays occidentaux à rejoindre la Banque d’investissement pour l’infrastructure (AIIB), dirigée par la Chine, qui finance des projets de l’Initiative Belt and Road (BRI). 

Le méga projet chinois BRI [les nouvelles routes de la soie] a débuté en 2014 avec l’objectif ambitieux de favoriser le commerce entre la Chine et l’Europe par mer et par terre, avec la participation de tous les pays intermédiaires. L’idée, en tant que consolidation naturelle du commerce, est de réduire les délais de livraison des marchandises par chemin de fer et d’intégrer les routes maritimes. Le projet couvre non seulement les ports et les lignes ferroviaires, mais également la construction d’infrastructures technologiques permettant une inter-connectivité mondiale en utilisant la technologie 5G développée par le géant chinois de la technologie Huawei. 

L’Allemagne et la France ont, au fil des années, renforcé leurs partenariats avec Beijing. Paris, en particulier, a des liens historiques avec la Chine découlant de la coopération nucléaire entre le groupe chinois General Power Group (CGNPC) et Électricité de France (EDF), qui remonte à 1978, ainsi que de la coopération aérospatiale entre Airbus et les compagnies aéronautiques chinoises, en cours depuis 1985. 

L’Italie a récemment approché la BRI, suite à une initiative du nouveau gouvernement constitué du mouvement Lega Nord et du Mouvement des cinq étoiles (M5S). La décision de signer un mémorandum d’accord entre Beijing et Rome souligne la volonté du nouveau gouvernement de maintenir une position équilibrée entre Washington et Beijing dans certains secteurs. C’est exactement la démarche de l’Allemagne, qui a choisi de continuer à approfondir ses liens avec Moscou vis-à-vis des hydrocarbures et de Nord Stream 2, face aux énormes pressions de Washington. En outre, l’Allemagne et l’Italie ont toutes deux confirmé leur volonté de faire confiance à Huawei pour la mise en œuvre et la gestion du trafic 5G, élément fondamental d’un monde dominé par l’internet des objets. 

Les décisions de l’Allemagne, de la France et de l’Italie de poursuivre leur coopération avec Moscou et Beijing dans divers domaines vont à l’encontre du discours avancé par les médias aux ordres, contrôlés par les États-Unis, qui tentent de décourager les hommes politiques européens d’agir dans l’intérêt de leurs pays et de s’engager avec la Russie et la Chine. 

Washington ne comprend toujours pas pourquoi certains pays européens sont si déterminés à saisir les opportunités offertes par l’Est. L’exemple récent de l’Italie est assez facile à comprendre. Les Italiens espèrent que la BRI donnera une impulsion indispensable à leur industrie manufacturière, qui est en berne ces dernières années. La volonté de capitaux chinois de stimuler les exportations de produits italiens est le moteur du projet d’accord entre Beijing et Rome. 

Outre le besoin évident et naturel de capital financier, il y a aussi l’idée d’assurer l’approvisionnement en énergie, comme le fait l’Allemagne avec la construction du Nord Stream 2 avec la Russie. Malgré la forte opposition américaine, Berlin a défendu ses intérêts nationaux en matière de diversification énergétique, en évitant de céder aux pressions de Washington, qui souhaitait que l’Allemagne s’appuie sur le GNL [gaz naturel liquéfié] fourni par les États-Unis à un prix exorbitant par rapport au gaz fourni par la Russie. 

Les divergences entre les hommes politiques européens sont frappantes, surtout si l’on examine les relations entre Macron et Salvini en Italie ou entre May et ses collègues européennes. Même entre Merkel et Macron, il semble y avoir des frictions notables autour de l’indépendance énergétique. Cependant, malgré ces divergences apparentes, le thème dominant en dernière analyse est celui de vouloir échapper à la domination étouffante de Washington au profit d’une plus grande participation au concept d’un monde multipolaire. 

Aucune capitale européenne – que ce soit Paris, Rome, Berlin ou Londres – n’a l’intention de rompre le pacte atlantique avec Washington. Ceci est confirmé à chaque occasion officielle possible. Cependant, alors que Pékin se trouve de plus en plus au centre des questions de technologie, de fourniture de capital pour des investissements ou d’expansion commerciale, les modifications apportées à l’ordre global semblent imparables. 

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Le dernier obstacle reste les pays toujours étroitement liés aux politiques pro-atlantiques, ceux qui trouvent en Beijing, et surtout en Moscou, une excellente excuse pour inviter Washington à s’immiscer davantage dans les affaires souveraines de l’Europe. Les pays baltes et la Pologne semblent offrir aux décideurs américains le meilleur atout pour tenter d’influencer le débat sur le vieux continent concernant les liens avec l’Est. Les crises artificielles créées en Ukraine, en Syrie et au Venezuela servent également à diviser les dirigeants européens en camps opposés, créant ainsi les conditions nécessaires pour saboter la coopération européenne avec l’Est. 

Ce n’est pas un hasard si pour les stratèges américains les deux plus grands dangers résident dans la possibilité que Moscou et Beijing, ou Moscou et Berlin, coopèrent et coordonnent leurs efforts. Le triangle Berlin-Moscou-Beijing, avec l’ajout de Rome et de Paris, représente un scénario sans précédent pour Washington en ce qui concerne son défi à l’hégémonie américaine en Europe. 

Wang Yiwei, chercheur principal au Center for China and Globalization, lors de la visite historique de Xi Jinping à Rome, a exprimé de manière concrète l’évolution de l’ordre mondial : « Avec le plan de coopération 16 + 1 des pays d'Europe centrale et orientale avec la Chine, plusieurs pays ont signé un mémorandum d'accord avec celle-ci afin de construire conjointement la BRI. Actuellement, 171 accords de coopération ont été conclus avec 123 pays et 29 organisations internationales dans le cadre de la BRI ».

Federico
 

jeudi, 25 avril 2019

Pirates de la Méditerranée, ou les nouvelles aventures des migrants clandestins

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Pirates de la Méditerranée, ou les nouvelles aventures des migrants clandestins

par Sergey Latyshev
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

Le pétrolier turc El Hiblu-1 capturé par des migrants clandestins au large de la Libye, qui venait de « sauver » plus d’une centaine de « réfugiés » d’un naufrage, est arrivé à Malte. L’épopée du navire contrôlé par les migrants, que les autorités italiennes qualifient de « premier cas de de piraterie migratoire » en Méditerranée, s’est donc achevée. Quatre « immigrés clandestins » ont été placés en détention par la police maltaise, et les autres, qui n’avaient pas participé à la saisie du navire, ont été pris en charge au port de La Valette en bus puis emmenés vers une direction inconnue. 

La capture du bateau par les migrants a eu lieu après que les fugitifs qui se rendaient en Europe ont réalisé qu’on allait les renvoyer en Libye, distante de quelques milles. Pour éviter ceci, le groupe de « réfugiés » s’est emparé du pétrolier et a finalement exigé que son capitaine reprenne sa course vers Malte. 

Voilà la version officielle de l’incident, qui a fait beaucoup de bruit aujourd’hui à Malte et en Italie, dont les autorités ont refusé de traiter avec les « pirates » et affirmé qu’elles n’autoriseraient pas le bateau à franchir leurs eaux territoriales.

Salvini contre les « pirates » 

Le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, a tenu parole, promettant que l’unique moyen pour ces « pirates » de « voir les eaux territoriales italiennes [serait] un télescope. » La petite île de Malte n’a pas les moyens d’une telle indépendance et les Maltais ont dû accueillir un nouveau lot de « réfugiés ». Ils s’en portent d’ailleurs très bien : l’essentiel pour les migrants étant d’entrer sur le territoire de l’Union européenne, par n’importe quel pays, la suite n’est plus du ressort de Malte. 

Ce qu’on peut conclure, c’est que la « piraterie », ou ce qui y ressemble, va bientôt devenir monnaie courante en Méditerranée. 

Avant d’en expliquer la raison, il faut prononcer quelques paroles aimables et respectueuses envers l’actuel gouvernement italien, au service de son peuple, et non des mondialistes de la branche bruxelloise et leurs partisans américains, personnifiés par la sinistre figure du « philanthrope » George Soros. 

Peut-être le chef de la Ligue, Salvini, n’a-t-il pas tout à fait raison de parler d’acte de « piraterie » dans ce cas précis, puisque l’hypothèse d’une collusion des « immigrants illégaux » avec l’équipage et le capitaine du navire turc ne peut pas être exclue. Cependant, avec les autorités italiennes actuelles, il a réussi globalement ce qui était hypocritement considéré comme impossible en Europe occidentale. Depuis le début de l’année, seuls 300 immigrants clandestins ont été en mesure de pénétrer en Italie par la mer, c’est-à-dire 97% de moins qu’à la même période en 2017, et 94% de moins que l’année dernière. La Ligue et le Mouvement 5 étoiles au pouvoir tiennent les promesses qu’ils ont faites au peuple italien. Pendant ce temps, les autorités grecques et espagnoles – les autres principales « portes maritimes » de l’UE méridionale – placent les intérêts de gens cachés en coulisses au-dessus du bien de leurs propres peuples, qui protestent déjà envers les « réfugiés ».

Et l’impossible devient possible 

L’exemple de l’Italie démontre la véracité de ce qu’affirme depuis longtemps le Premier ministre hongrois Viktor Orban : ne croyez pas qu’il est impossible d’arrêter la migration illégale, et que par conséquent, les Européens n’ont d’autre choix que d’accepter docilement des millions de « réfugiés ». En effet, quand un État décide de ne plus participer au remplacement de sa population, les résultats positifs se font immédiatement sentir. 

Salvini, en tant que Ministre de l’intérieur, a interdit à tous les navires des organisations non gouvernementales d’entrer dans les ports italiens. En conséquence, la « flotte » de Soros a effectivement cessé ses activités dans la détroit de Sicile qui sépare l’Italie de la Libye. 

Maintenant, la garde côtière nationale de ce pays détruit par l’Occident est à nouveau en mesure de s’occuper du problème des migrants, et l’Italie l’assiste dans ses préparation et lui fournit de l’équipement. Le dernier navire des « militants des droits de l’homme » à avoir débarqué des migrants « secourus » sur l’île italienne de Lampedusa a été confisqué, et une enquête ouverte sur l’équipage, soupçonné de complicité pour immigration illégale. 

Il y a quelques années, l’Autriche était parvenue à convaincre un certain nombre de pays européens de fermer la « route des Balkans ». En conséquence, l’immigration clandestine qui passait par la Grèce pour rejoindre l’UE et que la Turquie avait encouragée, a décru de manière abrupte (les Turcs, à propos, gagnent de l’argent de cette manière). Ensuite les trafiquants d’êtres humains se sont mis à utiliser l’Italie plus activement pour envoyer les migrants vers l’Europe. 

Sous le nez des forces navales européennes, au large des côtes libyennes, de nombreux bateaux pleins de migrants se sont réunis à des endroits convenus avec les navires de « militants des droits de l’homme », sur lesquels les migrants ont été transbordés pour être ensuite envoyés en Italie ou à Malte. Ou bien certains d’entre eux ont nagé jusque-là par leurs propres moyens. Les forces navales ont fermé les yeux, puisque la mission de l’UE, Sophia, non seulement n’a pas combattu le transfert des « migrants clandestins », mais l’a en fait facilité de toutes les manières. C’est ainsi que l’alliance vicieuse entre les trafiquants d’êtres humains et les « militants des droits de l’homme » de Soros a prospéré. 

Maintenant les migrants en route vers l’Europe essaient d’éviter l’Italie et la Libye.

Quelle est la raison ? 

Ni les migrants, ni ceux dont les migrants dégradent le cadre de vie ne réalisent que le but ultime de tout cela n’est pas la création d’un paradis sur terre pour les Asiatiques et les Africains, où on n’a pas besoin de travailler et on peut vivre agréablement. L’objectif est complètement différent : utiliser la migration de masse pour balayer les identités européennes, diviser la population selon des lignes de fractures ethniques et religieuses, en finir avec les anciennes obligations sociales, les libertés et la démocratie. 

La raison, c’est de créer un État policier. Et cela, « à la demande des travailleurs », qui seront tout heureux de simplement pouvoir marcher en paix dans la rue. Hélas, seuls ceux que les nombreux partisans d’une « société ouverte » présentent comme des « populistes de droite », des « racistes » et des « fascistes » agissent contre cet avenir bien réel. 

Et c’est triste. 

Sergey Latyshev 

Traduit par Stünzi, vérifié par Wayan, relu par Cat pour le Saker francophone

Hyperloop va révolutionner les transports mondiaux

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Hyperloop va révolutionner les transports mondiaux

par René Tregouet

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous reprenons ici, en application d'un accord de principe donné il y a quelques années, un article très important du sénateur Trégouët concernant les trains et plus généralement les transports terrestres du futur. Europe solidaire

Cette semaine, je reviens sur un sujet que nous avons déjà plusieurs fois abordé mais qui mérite un nouveau développement, à la lumière des récentes avancées technologiques : l'avenir du train et du transport par rail.

La SNCF a validé le 26 juillet 2018 la commande de 100 TGV du futur à Alstom pour un montant proche de 3 milliards d'euros. Les premières livraisons sont prévues pour l'année 2023 et elles s'échelonneront jusqu'en 2033. Au total, la commande des nouveaux TGV coûtera 3 milliards d'euros. Le coût de fabrication de chaque rame est de 25 millions d'euros, contre 30 millions d'euros pour un TGV Duplex, soit une économie de 20 %. Ces nouveaux TGV seront 30 % moins coûteux à l'entretien grâce à des pièces de réparation plus abordables. En outre, ils consommeront 20 % d'énergie en moins et seront recyclable à 97 %.

Ce TGV de nouvelle génération aura deux étages, tout comme le TGV Duplex. Mais contrairement à ses prédécesseurs, ce TGV du futur sera modulable, ce qui permettra à la SNCF de faire varier le nombre et le type de voitures. « Les clients auront plus de place pour eux et leurs affaires. Les motrices ont été raccourcies. Tous les éléments techniques, centimètre par centimètre, ont été repoussés et les armoires diminuées pour gagner de la place pour les voyageurs, les toilettes et les bagages », précise Rachel Picard, directrice générale de Voyages SNCF.

En matière de sécurité et d'entretien, la SNCF a prévu de passer à la maintenance prédictive qui permettra de connaître en temps réel l'état d'usure de l'ensemble des pièces de ce train. Il sera ainsi possible d'anticiper un grand nombre de pannes et de défaillances, ce qui constitue une avancée majeure en matière d'exploitation et de sécurité. Côté confort, ce futur TGV sera à la fois plus silencieux et plus lumineux, grâce à de plus larges baies vitrées, et bénéficiera également d'un système sophistiqué de renouvellement et de purification de l'air.

Mais en dépit de ses nombreuses améliorations et innovations, ce futur TGV n'ira pas plus vite que ses homologues actuels et plafonnera à 320 km/h. En théorie, il serait pourtant possible d'augmenter la vitesse de croisière de ce futur TGV, pour la porter par exemple à 400 km/h, mais ce gain assez modeste de vitesse se ferait, à technologie constante, au prix d'une consommation considérablement accrue d'électricité.

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Le Maglev

Pour préparer les trains ultrarapides qui circuleront à partir de 2040, chercheurs et ingénieurs sont donc condamnés à une véritable rupture technologique, qui passera très probablement, sinon par l'abandon du rail, du moins par de nouveaux modes de propulsion et de sustentation. Parmi les prétendants les plus sérieux à la succession des trains à grande vitesse, tels que nous les connaissons, l'un des plus crédibles sur le plan technologique est sans conteste le Maglev, acronyme signifiant en anglais « Train à Lévitation Magnétique ». Cette technologie très innovante repose sur un monorail à sustentation électromagnétique : contrairement aux trains actuels, le Maglev n'est plus en contact direct avec les rails. Il « flotte » à quelques centimètres au-dessus de ces derniers, grâce à de puissants champs magnétiques générés par des aimants fixés aux voitures et à des bobines supraconductrices installées dans les rails. Ce saut technologique majeur a permis au Maglev japonais, prototype le plus avancé au monde, de battre en 2015 le record absolu et toutes catégories de vitesse sur rail, avec 603 km/h enregistré (avec des passagers à bord), sur la ligne de Yamanashi.

Cette technologie de sustentation électromagnétique, développée méthodiquement et opiniâtrement par les Japonais depuis plus de 50 ans, est à présent suffisamment maîtrisée pour envisager de passer à une exploitation commerciale sur de longues distances. Le gouvernement japonais a ainsi décidé, en dépit du coût encore très élevé de ce nouveau mode de propulsion et de ses infrastructures, de réaliser d'ici 2037 la première ligne de transport de passagers entièrement électromagnétique, qui reliera Tokyo à Osaka, soit 438 km, qui seront effectués en seulement 1h07, à une vitesse moyenne de 505 km/h !

Le Japon a déjà commencé des travaux sur la première partie de cette ligne, un tronçon reliant Tokyo à Nagoya, long de 285 km et réalisés à 90 % en tunnel. Dès 2027, les passagers pourront emprunter cette première ligne et ne mettront que 40 minutes pour effectuer ce trajet entre deux des plus grandes villes nipponnes. Le gouvernement japonais avait un temps envisagé de moderniser et d'améliorer son TGV actuel, le remarquable Shinkansen, mais ces améliorations n'auraient permis qu'un gain modeste en terme de vitesse, souvent limitée à 285 km/h, en raison des inévitables courbes de la ligne à grande vitesse nippone actuelle, qui ne peut s'affranchir de la topographie tourmentée et très montagneuse du Japon.

L'Hyperloop

Mais derrière le Maglev, et sa vitesse de croisière de 500 km/h, se profile déjà une autre rupture technologique encore plus radicale qui pourrait totalement révolutionner les transports au cours de la deuxième moitié de ce siècle : l'Hyperloop. Ce concept, qui a également plus d'un demi-siècle, consiste à faire circuler des capsules de taille et de capacité variables à très grande vitesse dans des tubes à très basse pression, ce qui permet de limiter drastiquement le phénomène de résistance de l'air avec la consommation d'énergie qui en résulte. Dans un premier temps, Hyperloop  transporterait, dans des capsules conçues pour des voyages supersoniques, une trentaine de personnes à des vitesses allant de 1.000 à 1.200 km/h. Ces capsules se succéderaient à un rythme élevé dans des tubes à très basse pression posés sur des pylônes qui seraient implantés en priorité au-dessus d'infrastructures routières ou ferroviaires déjà existantes.

En 2013, le charismatique entrepreneur Elon Musk, patron du fabricant de voitures électriques Tesla et de l'entreprise d'exploration spatiale SpaceX, a relancé de manière très habile cette idée, proposant même de relier en moins de 30 minutes Los Angeles et San Francisco, les deux grandes mégapoles de la côte ouest, par une liaison Hyperloop. À la suite de cette annonce très médiatique, trois entreprises se sont lancées dans cette course technologique, les américaines Virgin Hyperloop One et Hyperloop Transportation Technologies (HTT), et la société canadienne TransPod, qui a récemment ouvert une filiale en France.

Notre Pays est d'ailleurs au cœur des expérimentations mondiales de ce mode futuriste de transport puisque la société Hyperloop Transport Technologies (HTT), créée en 2013 par l'Allemand Dirk Ahlborn, a investi l'ancienne base militaire de Toulouse-Francazal, tandis que la canadienne Transpod, fondée en 2015, réalise ses essais à Droux, dans le Limousin.

Il est intéressant de souligner que Transpod, considéré par beaucoup de spécialistes comme le projet Hyperloop le plus fiable et le plus avancé à ce jour, a sensiblement modifié le concept initial d'Hyperloop proposé par Elon Musk. En effet, alors que Musk prévoyait d'utiliser de l'air comprimé pour assurer la lévitation capsule de transport, Transpod a opté pour des moteurs à induction linéaire et compte utiliser des champs électromagnétiques variables pour propulser ses capsules, tout en assurant leur lévitation stable au-dessus de la surface inférieure du tube.

En septembre 2017, les chercheurs et ingénieurs de Transpod ont publié une étude scientifique très sérieuse, intitulé « le système de transport ultrarapide Transpod, véhicules et infrastructures » (Voir Science Direct).

TransPod envisage, en étroite coopération avec d'autres entreprises et les gouvernements concernés, la construction de plusieurs lignes ultrarapides au Canada et en France, notamment Paris-Le Havre, Paris-Toulouse et Lyon-Saint-Etienne.

De son côté, la société californienne Hyperloop TT (HTT) a signé, en janvier 2017, un accord avec Toulouse Métropole, la Région et l'État, pour implanter son centre de recherche et développement européen sur l'ancienne base militaire de Francazal, au sud de Toulouse. Comme ses concurrents, HTT envisage un système de capsules, d'une longueur de 32 m pour un poids de 5 tonnes, propulsées par des champs électromagnétiques et capables de circuler à plus de 1 000 km/h dans des tubes à très basse pression.

Quant à la société Virgin Hyperloop One, elle a certes annoncé l'année dernière plusieurs projets ambitieux, comme une ligne européenne qui permettrait aux passagers d'effectuer le trajet Vienne-Bratislava-Budapest en moins de 30 minutes, une autre qui relierait (en passant sous la Baltique), en 28 minutes Stockholm à Helsinki, ou encore une ligne Hyperloop de 150 km entre Abu Dhabi, capitale des Émirats arabes unis, et Dubaï. Mais il semble à présent que la réalisation effective de ces projets se heurte à des obstacles technologiques, économiques et financiers beaucoup plus puissants que prévu...

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L'HyperFlight chinois

La Chine, cela n'étonnera personne, compte bien ne pas passer à côté de cette révolution technologique des trains hyper-rapides qui, en dépit de beaucoup d'effets d'annonces prématurés, verront très probablement le jour dans une vingtaine d'années. En août 2017, à l'occasion d'un forum sur l'Aérospatiale se tenant à Wuhan, la China Aerospace Science & Industry Corporation (CASIC) a créé la surprise en annonçant que ses chercheurs travaillaient sur un projet baptisé HyperFlight, reposant également sur la sustentation électromagnétique de capsules dans des tubes à basse pression, et visant à concevoir des trains capables de se déplacer à une vitesse maximale de 4000 km/h, soit 10 fois plus vite qu'un TGV et 5 fois plus qu'un avion.

Fidèle à sa stratégie méthodique à long terme, la Chine envisage, dans un premier temps, la construction d'un réseau interurbain régional atteignant une vitesse de 1.000 km/h. Dans un second temps, les Chinois veulent réaliser un réseau national reliant leurs grandes métropoles à une vitesse de 2.000 km/h. Enfin, la troisième étape, à l'horizon 2050, serait la réalisation d'un réseau international pouvant atteindre une vitesse de 4.000 km/h pour relier les 68 pays formant la « nouvelle route de la soie », un ensemble géo économique représentant 4,4 milliards d'habitants et les deux tiers du produit mondial brut...

On le voit, les transports mondiaux terrestres vont connaître d'ici le milieu de ce siècle une extraordinaire révolution, avec l'arrivée de systèmes de propulsion sans doute capables de rivaliser avec les transports aériens, en termes de rapidité, y compris si les vols supersoniques commerciaux redeviennent une réalité d'ici une dizaine d'années, compte tenu du prix moyen du billet qui devrait, à terme, être sensiblement moins élevé en Hyperloop, du moins pour les trajets intracontinentaux.

Reste le coût initial élevé de réalisation des infrastructures nécessaires au développement de l'Hyperloop, de l'ordre de 30 à 40 millions d'euros du kilomètre selon les évaluations. Même si ce coût de départ est inévitablement appelé à diminuer au fil des décennies, à mesure que ces réseaux hyper-rapides s'étendront à travers le monde, les investissements que va nécessiter la construction de ces nouvelles lignes de transports terrestres supersoniques ne pourront être réalisés que dans le cadre d'une coopération continentale entre états et d'un partenariat entre partenaires publics et privés.

Mais il faut ramener ce coût global de construction des infrastructures à son temps de réalisation et à sa zone de couverture. Si l'on prend le cas de l'Europe, et si l'on retient l'estimation haute du prix du kilomètre d'Hyperloop (40 millions d'euros), on peut estimer que la réalisation d'un réseau européen hyper-rapide de 20 000 km utilisant cette technologie Hyperloop, et qui relierait les grandes métropoles de notre continent, coûterait environ 800 milliards d'euros, soit 40 milliards par an pendant 20 ans, un effort financier qui ne représenterait que 0,25 % du PIB de l'Union européenne en 2018...

Pour des investissements européens et notamment français

En revanche, les retombées économiques positives qui pourraient résulter du développement, sur une génération, de ce système de transport révolutionnaire à l'échelle de notre continent, seraient absolument considérables. En mettant à moins de deux heures, le temps moyen de trajet - de centre à centre, avantage décisif sur l'avion - entre les principales mégapoles européennes, l'Hyperloop provoquerait un bouleversement sans précédent en termes de contraction de l'espace et d'échanges économiques, sociaux et cognitifs.

Alors que les élections européennes vont avoir lieu dans quelques semaines, et que l'Europe cherche, on le voit bien, un nouveau souffle pour mieux répondre aux attentes et aux aspirations de ses citoyens, nous devons imaginer, dans ce domaine des transports, comme dans les domaines de la santé, de l'espace, des énergies propres, de l'intelligence artificielle ou encore de l'Internet du futur, de grands projets à long terme qui puissent mobiliser nos sociétés et préparer notre Pays et notre Continent à relever les immenses défis qui les attendent.

Nous voyons bien que les autres grandes puissances politiques et économiques, je pense aux États-Unis mais également au Japon, à la Chine, à l'Inde, lancent à présent des projets scientifiques et technologiques toujours plus ambitieux et audacieux. Face à ces nouveaux défis, sommes-nous encore capables de nous engager nous aussi dans des projets, certes risqués, mais véritablement porteurs de ruptures majeures en matière de connaissance et d'innovation ?

René TRÉGOUËT
Sénateur honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

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Le GRISCY ou l'amorce d'un OTAN méditerranéen

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Le GRISCY ou l'amorce d'un OTAN méditerranéen

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il était illusoire de penser que les Etats-Unis ne chercheraient pas à étendre l'actuel OTAN. On avait envisagé qu'ils s'orienteraient vers l'Afrique. Mais c'est dans l'Est-Méditerranée qu'ils viennent de décider de le faire.

Aussi Washington n'a pas perdu de temps pour mettre en place un « axe stratégique » dorénavant dit GRISCY pour Grèce, Israël et Chypre. Le fait qu'Israël est le point fort de cet axe montre que l'initiative n'est pas seulement américaine mais israélienne. Tel Aviv veut ainsi renforcer son influence dans cette partie de la Méditerranée, très importante pour sa sécurité.

Le projet vient d'être validé par le Sénat américain qui a proposé le terme de « Eastern Mediterranean Security and Energy Partnership Act” . La traduction ne s'impose pas. L'Act ou Bill prend les décisions suivantes :

  • lever l'interdiction de ventes d'armes américaines à la République de Chypre.

  • autoriser la création d'un United States-Eastern Mediterranean Energy Center afin de faciliter la coopération en matière énergétique entre les Etats-Unis, Israël, la Grèce et Chypre.

  • autoriser le financement par l'Amérique de 3 millions de dollars d'aide militaire à la Grèce, complété de 2 millions d'aide à la Grèce et à Chypre en matière de formation et d'entraînement militaire.

  • refuser de vendre à la Turquie comme initialement prévu des avions de combat F-35 du fait que la Turquie continue à envisager l'acquisition de missiles anti-missiles russes S-400. Sur ce point, remarquons-le, Ankara qui s'y attendait ne s'en inquiétera pas.

  • demander à la Maison Blanche de soumettre au Congrès un projet de coopération renforcé entre les Etats-Unis, Israël, la Grèce et Chypre en matière de sécurité et de coopération énergétique, ainsi que pour le renseignement militaire.

Le GRISCY réunit sous la direction américaine trois Etats hostiles à la Turquie aux frontières occidentales de celle-ci. L'objectif immédiat est de réaliser un projet de gazoduc dit Est-Med sous la mer les reliant au gaz de l'Amou Daria au Turkménistan leur permettant de ne pas dépendre du futur gazoduc dit TANAP ou Gazoduc Transanatolien passant par la Turquie.

Parallèlement, la fourniture d'armements américains à la moitié de Chypre en conflit pour l'autre moitié occupée par la Turquie depuis la fin de la 2e guerre mondiale sera ressentie par cette dernière comme une intervention directe américaine dans le conflit, au profit de Chypre.

Il va de soi que l'intervention américaine est aussi dirigée en arrière plan contre la Russie et son accord avec Israël afin de la couper de la route commerciale dite route du Levant entre la Crimée, la Syrie, le Sinaï et l'Érythrée.

Référence

http://www.ekathimerini.com/239415/article/ekathimerini/n...
Ekathimerini est un organe grec d'information très populaire. Il publie en grec et en anglais


 

mercredi, 24 avril 2019

National Masochism

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National Masochism

Review:

Martin Lichtmesz & Michael Ley (eds.)
Nationalmasochismus [2]
Steigra: Antaios Verlag, 2018

nationazlmasochismus.jpgIn the Platz der deutschen Einheit (German Unity Square) in Düsseldorf, someone has covered the street name with Simone de Beauvoir Platz. This is one example among many that anyone living in the Federal Republic of Germany may encounter – evidence of the hatred of their country which some Germans feel. Evidence is all around. Now a book has been published stating and stressing this tendency of Germans to despise their birthright and identity.

Reviewing National Masochismus (National Masochism) places me in an awkward position. I have no wish to be ungracious about the competent and intelligent writers who have contributed to the collection of essays which make up the book, and it may be seen as disloyal to react negatively towards any attempt to take to task what is here described as the “masochism” of the European. Besides, there is an inherent tendency – even a kind of protocol – which insists that those concerned about the predicament of the white race should praise anyone on the same side for their efforts regardless of their quality. The downside of this is that Right-wingers reviewing the writing of people “on their side” lack critical discrimination.

Putting protocol to one side, I believe that National Masochismus is neither a useful nor enjoyable book. It is not poorly written, not untruthful, nor irrelevant, but it offers the reader little new insight and no hope (there are many insights here, but most have been made many times before; of hope, there is none whatsoever that I could find). National Masochismus simply has nothing positive to offer its readers. It is for the most part tedious to read, depressing, and is neither enjoyable nor of practical use, unless one believes enjoyment or practical use can be obtained through having the failings and pathological tendencies of one’s nation or race exposed and condemned with ever more lurid and bizarre examples.

National Masochismus is a collection of nine essays by eight different writers, most but not all of them on the subject of national masochism. Martin Lichtmesz, who has written two of the nine essays, is the author of the book Rassismus, which I have already reviewed for Counter-Currents [3]. In Rassismus, Lichtmesz sought to demonstrate that the bugbear of “racism” used to such effect in contemporary dialogue – or better said, contemporary abuse – is an American import. Lichtmesz called “racism” the “American nightmare.” This collection of essays might have pointed out (but did not) that German masochism, originating in the “shame” of Auschwitz, has spread out to become a European nightmare. What was once a typically German sense of shame about the German past has been gradually extended to embrace the entire West. Europe is saddled with a sense of shame about Europe and Europe’s past, shame about colonialism, shame about slavery, shame about fascism, and shame about racism. Germany had Auschwitz; Portugal, France, and Britain had colonies. Spain has the Conquista. Each white nation to its shame.

lichtmesz.jpgThe first essay by Lichtmesz (photo) is an overview of the notion of national masochism. In medical terms, masochism is the desire to obtain and/or the pleasure obtained from pain administered either by oneself or by others to oneself. The earliest use of the expression “national masochism,” according to Lichtmesz, comes from the actor Gustav Gründgens – ironic, if true – since the central figure in Klaus Mann’s Mephisto, Hendrik Höfgen, is a thinly-disguised Gründgens, and that book is a case study in German shame. The novel is about an actor who makes his peace with National Socialism for the sake of his professional career, drawing a parallel between Gründgens working in Germany after 1933 and Faust selling his soul to Mephistopheles for twenty-four years of youth, pleasure, and success. However, this theme had already been appropriated with vastly more skill, talent, and subtlety in his father Thomas Mann’s Doktor Faustus. Klaus Mann worked for American propaganda during the war and committed suicide in 1949. He himself might serve as an exemplary case of German self-loathing.

It is true, as Lichtmesz urges – as many have before him – that the German sense of guilt and shame at being German exceeds that of other European nations. This extreme self-loathing has its roots in the so-called Umerziehung (reeducation) that was carried out in post-war education and propaganda. It is not difficult to find examples to substantiate the case that the rejection of National Socialism in Germany is more than the rejection of a political doctrine; it is in fact a form of masochism, a mental sickness. Lichtmesz offers the example of Philippe Ruch to illustrate his point. Ruch was born in Dresden in 1981 and is the leader of an “alternative” arts troupe. In the manifesto of what he calls the group’s “aggressive humanism,” Ruch raves about himself and his fellow Germans. I have tried to render the awkward style of the original German in English:

We are the country of organizers and creators of the Holocaust. Our ancestors exterminated millions of people. They bumped off millions of innocent civilians. It cannot be repeated often enough: Germany struck the severest blow against humanity in the history of the human race. The moral core of the Federal Republic is the oath to ensure that genocide is banished for all time. The right to enjoy privileges as a German goes hand in hand with the awareness of a unique moral imperative. All those who do not live their lives in awareness of that imperative are politically illegitimate, they bask in a legitimation to which we only have a right on the assumption of that oath (p. 219).

This sort of writing substantiates Lichtmesz’s thesis that German self-loathing in respect of their own past is pathological, and borderline insane.

The second chapter of the book is an essay by Michael Ley, writing, as he says, in the tradition of the Enlightenment. Unlike Left-wing commentators and activists, Ley, who is Jewish, is consistent in his faith in the Enlightenment principles of free speech, individualism, and human rights, for he draws the logical conclusion from his rationalist and Enlightenment beliefs that Islam poses a direct threat to those beliefs. Trying to live in harmony and peace with this religion, so Ley, is a fatal delusion. The reader is confronted again with an example to illustrate the pathological dimensions of German – or in this case Christian – self-abnegation. In Ley’s example, the Archbishop of Cologne commissioned a life-sized model of an Islamic migrants’ boat to be set up outside Cologne Cathedral. Ley goes so far (p. 35) as to describe the demolition of intact buildings as a continuation of the “collective suicide” of the West, of which ignoring Islam’s challenge is the latest manifestation.

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Dr. Michael Ley

Ley’s essay throws up the conundrum regarding Israel. Should those defending a European identity against Islamic migration identify with Israel on the grounds that the enemy of my enemy is my friend? In light of the Islamic mass migration into Europe now taking place, many Right-wingers who were formerly sympathetic to Islam – as in, for example, supporting the Mujahideen in Afghanistan fighting the Soviets – have now veered towards sympathy for Israel. The late Guillaume Faye and Steve Bannon come to mind.

In the third chapter, Michael Mannheimer begins his contribution, which is entitled “Vom Nationamasochismus zum nationalen Suizid” (From National Masochism to National Suicide), with an example of what must be regarded as derangement in this statement by a journalist named Wiglaf Droste (p. 41):

The German people have the moral duty to die out, and quickly. Every Pole, Russian, Jew, Frenchman, Black African, and so on has as much right to live on the German land – which has been talked about as though it were holy or blessed – as any German, if not more so (Heinz Nawratil, Kult mit der Schuld [Munich: Universitas, 2012], p. 9).

Michael Mannheimer, who is a leading critic of Islam and who has been subjected to many attacks by the Left, does not subscribe – as do many critics of Islam, such as Guillaume Faye – to the view that Israel is a bastion for the defense of the West (on his blog, he recently published a piece suggesting that the Christchurch massacre may be a Mossad “false flag”). He focuses on the reality of demographics, and cites the sobering fact that in 1950, ninety percent of the population of West and East Germany was ninety-nine percent German, but that in 2018, forty percent (!) of those living in Germany have non-German roots. The turnaround year is projected to be 2035, when more than half the population of Germany will be non-German (p. 43). If he differs with Ley concerning Israel, Mannheimer concurs entirely in drawing attention to the activity of the so-called anti-fascists, whom he describes as “a weapon to crush alternative political opinions,” and especially that no demonstration against Islam or against the replacement of the native population of Germany can take place without the presence of professional anti-fascists (p. 56). It seems to this reviewer that the anti-fascists are a European export to the United States, where they are known by their German abbreviated form as “antifa” – a Coca-Cola infection in reverse.

Mannheimer is a friend of the Federal Republic’s Constitution, a point about which many readers may part company with him, but it is hard to disagree that the government of the Federal Republic and its supporters has begun to abandon its former sense of duty to abide faithfully to the spirit and letter of that Constitution. Mannheimer notes:

The Merkel government is now breaking German laws practically on a daily basis, massively supported by the media, churches, and unions. She is breaking Article 20, Paragraph 3 of the Constitution, which binds all governments to uphold existing law (p. 61).

Whereas in the past, the Bonn and Berlin governments could at least claim that they were acting within the bounds of the constitutional rights accorded to them in the establishment of the Federal Republic in 1949, Merkel’s unilateral decisions, which even Right-wingers sometimes implausibly interpret as a “mistake,” is a breach of the provisions of the Constitution, and therefore illegal. Mannheimer regards the failure of the Bundestag to oppose Merkel as capitulation to what Josef Isensee called a Staatsstreich (coup) (p. 61):

A coup from above is a breach of the Constitution on the part of an organ of the state. It can result from inactivity, be it that of institutions set up by the Constitution being cleared away, be it that Constitutional duties are not fulfilled . . . If the organs responsible widely fail to guarantee the free individual safety and security, they will have lost their right to expect obedience from their subjects, and resistance (Widerstandsfall) is the order of the day (Josef Isensee, Das Legalisierte Widerstandsrecht [When Resistance is Legal] [Bad Homburg: Gehlen, 1969], p. 28).

Mannheimer believes that Germany has shifted from being a parliamentary democracy to become what he calls a “parliamentary dictatorship” (p. 62):

Even the politicians of the old conservative parties seem to be intoxicated by their own decline. The slightest opposition to the collective suicide of one of the greatest cultures and nations of the world will be declared “Nazi” or “racist” by a phalanx of politics, the media, and the church (p. 68).

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The fourth essay, by Caroline Sommerfeld, brings some humor into what is a deadly earnest subject, and one treated with unrelenting earnestness in most of this book. She considers the psychological implication of the book’s title, namely the manifestation of the pathology of the drive to spiritual, and ultimately biological, self-harm that has germinated in the soil of the modern German psyche. Her essay is not only the sole amusing contribution, but it is the only piece which seems to me to approach the subject from an original perspective and in an original way. The style is discursive, even chummy, and the perspective very personal. Much of the contribution is an account of dialogues she had with her husband, or other people she knows. First, the reader is introduced to a supposedly “conservative” married couple in Berlin. A well-to-do mother is talking to the mother, Caroline Sommerfeld:

She: I think it is a good thing that there are always more brown children. At some stage, blonds will have died out.

Me: And you think that is good?

She: What is good about being blond? The white race has done so much wrong on this planet that it’s a good thing if it dies out (p. 71).

Sommerfeld humorously describes the reductio ad absurdum of the “blonde and blue-eyed,” Buddhistically-inclined, well-to-do mum. This mother rejects racialism for reasons which take fatalism to an altogether new level:

And so you think it is important to maintain white genes? Look, in a hundred years all people will be of mixed blood, and that’s good. Anyway, I see things in a Buddhist way, with no enemies – only teachers on the way. And you need to think globally. One day, humanity will have died out; the Sun will expand, and the whole planet will be destroyed (p. 72).

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Caroline Sommerfeld speaking at the Frankfurt Book Fair 2018

Sommerfeld refers approvingly to Martin Sellner of the Austrian branch of Generation Identity for giving the Western world’s masochistic leaders the designation of sect (p. 73). The greater part of her contribution is taken up with an analysis of discussions she has had with her much older husband. He was born in 1939, she in 1979; their age difference provides her with the opportunity to analyze, as she puts it:

. . . what must have happened after 1945 to account for the narrative of the disappearance of the notion of “my own,” a narrative which includes the dissolving of frontiers, nations, and peoples in the cause of globalization, and in which international solidarity replaces national solidarity, and where there is a worldwide exchange of goods, money, and people, and that this is seen not only as a historical imperative, but to be good in itself and necessary (pp. 78-79).

I disagree that the course of events is primarily presented in terms defined by those who accept globalization as a good in itself. Of course there are those who stress their belief that globalization is ipso facto a good thing, but from my experience, the development is much more often seen as something inevitable; people are resigned to it. It is accepted as an inexorable development, rather as Marx insisted that the collapse of capitalism and its transformation into socialism was scientific and inexorable. However, a shift from optimism to fatalism among proponents of globalism may just reflect a difference between generations among one-worlders, with earlier generations greeting globalization as a step in the constant self-improvement of mankind, and a later generation more dispassionately regarding it as inevitable and ethically neutral; a development for which there is “no alternative,” as Merkel justified her own decisions.

Sommerfeld notes – quite correctly, in this reviewer’s opinion – that a major strategy of those who adhere to what she describes as an “alien paradigm” argue against any right of a nation, people, or race to self-determination or survival by insisting that the race or nation in question is a construct of history, enjoying no objective reality. Here we come back to the idea that those in power belong, if not to a conspiracy, at the very least to a sect (whether they do so consciously or unconsciously, she does not discuss). This sect denies as a matter of strategy the existence of that which it seeks to destroy: the white race. Sommerfeld makes a telling point at the end of her contribution:

We are much too much on the defensive. If pressed to acknowledge Germany’s unending guilt, the answer has to be: What do you like so much about a sense of guilt that you expect everyone to share it? What is so wrong about being far-Right? What is wrong with sexism? What is your problem with anti-Semitism? (p. 94)

She explains that she poses these questions for the purpose of studying her husband’s reaction to them. More’s the pity. I believe such questions should be posed to try and get some answers from the only race in the history of mankind which is busily clamoring for its own destruction.

But why is National Masochismus stressing the obvious – not once, but repeatedly? An apt way of describing what these writers are doing is psychologically flagellating themselves. Masochism, ironically, is on full display in these very writings: the writers relish in talking about German shame, ignorance, and decline. And National Masochismus is over 200 pages long.

For my part, I do not believe that the masochism described here is representative of most Germans. It is the masochism of the opinion-makers, not of a majority of the indigenous citizens. In all my experience of talking with Germans, I have heard at the most extreme that a person “does not care,” or is indifferent toward the fate of blonds or the white race, but I have never heard the wish expressed that blonds would do well to die out, or that it will be grand if everyone becomes coffee-colored. On the contrary, a Communist lady (a card-carrying party member, as it happens) said to me in response to regret I expressed concerning the decline of white people, “If you like blonds so much, you should go ahead and marry a blond and have a bevy of blond children. No one is going to stop you.” Thus, in my experience, it is a minority of Germans who are consciously pathological in the manner described in this book. The masochism is accepted with resignation by millions because it is dictated and urged by authority, and Germans, of all people, tend to believe in the inherent legitimacy of certified authority. The reaction of the average German to the masochism described in this book is less to embrace than to ignore it, offering only by way of submission the token sacrifice of widespread self-deprecation regarding some of the smaller things in life. (Example: “Germans go totally overboard when it comes to tax regulation. It’s typically German to make it so complicated!”)

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This book exudes a negativity which works on the assumption that a majority of people are committed to the masochistic pleasures which are described and illustrated here, but the writers fall into the error of confusing the opinions of the elite with the acquiescence of the mass. It is not that I am suggesting that the mass is consciously opposed to what the masochists are doing and the damage they are causing, but rather that they are indifferent to it, and they are not so much “brainwashed” (that favorite mantra of Right-wing critics) as stultified and stupefied. They have other things than their country’s masochism or shame on their minds.

A chapter by Tilman Nagel on the Islamic religion simply stresses the incompatibility of Islam with Western society, and seems hardly relevant to the thesis of the book, unless it is to stress the masochism which indeed is likely to be a factor for people who welcome migrants to their country who will be toxic to their way of life.

The sixth chapter by Michael Klonovsky bears the peculiar sounding title of “Betroffenheitsathleten. Aus den Acta Diurna 2014-2017” (Athletes of Consternation: From the Acta Diurna, 2014-2017). In colorful language, Klonovsky recounts his reaction to daily events and statements which serve to illustrate German masochism. He begins by quoting a statement made by one of Dresden’s mayors that “Dresden was not an innocent city” (p. 119) – a masochistic declaration of a particularly distasteful kind, since it implicitly justifies the three-day destruction of a defenseless refugee city by the RAF and US Air Force, which was a war crime if the term “war crime” itself has any meaning. It was an act of terrorism which, given the extent of the destruction it caused, its cold-blooded determination to murder, and its efficiency and thoroughness in committing murder exceeded every act of Islamic terrorism in modern times by far.

Picture, right: Michael Klonovsky

autor_klonovski.jpgKlonovsky’s writing style is not unlike that of Tarki and other journalists at the British Spectator: intelligent, angry, snide. He recounts a program about Hans Michael Frank and an interview with his son, Niklas Frank. Niklas Frank takes masochism to new heights by explaining that everywhere he goes, he carries a picture with him depicting his father hanging from the gallows at Nuremberg. That way he can always reassure himself that Daddy “is well and truly dead” (p. 123). This must have been a repeat of an old program, since I remember a German girlfriend of mine being appalled by Niklas Frank when she watched the program on television in the late 1980s.

After describing the perverse show, the book proceeds to offer more examples of German self-loathing. My feeling by this stage was, “Yes, all right! I’ve got the message! You don’t have to go on about it anymore.” But go on about it these writers surely do. Harping on the subject of their own self-hatred is the Right-wing German’s way of being anti-German, and paradoxically fulfilling the role which the victors of 1945 gave to the defeated nation. This book indeed proves how masochistic some Germans are today, by either enjoying the rejection and denouncing of their nation or writing and reading about those who do so.

Another instance of self-loathing cited here (and let this by the last example for the purposes of this review) is the changing of names. Names of schools, institutions, barracks, and street signs are often replaced in order to erase any hint of a tribute to anyone or anything associated with the “dark years” of 1933-1945. Not only are the names of people associated with – or even approved of – by the government of those “dark years” being erased, but those who might in any way be seen as having an unsound connection to them – such as having been a forerunner, for example – is subject to scrutiny, and where deemed appropriate, given the equivalent of an anti-smoking health warning. According to Klonovsky, the list of individuals thus tainted in one German city, Freiburg, includes Johann Gottlieb Fichte, Theodor Körner, Richard Wagner, Richard Strauss, and – here one may indeed question the sanity of the masochists – Carl von Linné. Given that the sect of self-loathing whites who decide these things deny the very existence of human races, it is ominous that a cautionary explanation has even been issued against the inventor of the Latin nomenclature for fauna and flora. What is unsound about the hapless Linné? Perhaps it is because he ascribed the various races of man to subspecies status, and thus is considered potentially racist, or perhaps he once spoke disparagingly of broad-nosed, wooly-haired savages.

Has the reader had enough? I dutifully read the entire book, which certainly has trenchant observations and is all-in-all a hard-hitting exposure of what it claims is a national psychological malaise. Siegfried Gerlich rightly points out that Germans suffer, and have always suffered, from a compulsion to plagiarize; maybe it lies in their oft-observed dearth of imagination. But one comment did strike me as simply wrong, however, and its wrongness is significant. In the eighth chapter, Andreas Unterberger states that one finds “real national masochism only in Austria and Germany” (p. 205). I do not know what “real masochism” is, as opposed to “unreal masochism,” but it is a characteristic error of Right-wingers to claim almost with perverted pride that their nation is “worse off” or “further down the road” than other nations. Perhaps this form of nationalistic masochism is especially prevalent among Germans, but it is not unique to them.

In providing an array of writers to express their disdain and bewilderment at their nation’s suicidal self-loathing in different ways, both the editors and contributors of this book provide the paradoxical evidence to back their own argument – namely, that German writers indulge in self-deprecation and self-loathing to a pathological degree.

This book’s contributors disregard two major factors at work which serve to explain the passivity of the mass of Germans in the face of the consistent denigration of their own nation. Perhaps because the book is focused on masochism, they did not consider it relevant, but it offers other causes for the malaise which so often is blamed on the specifically German Umerziehung (reeducation) and Vergangenheitsbewältigung (overcoming the past). I would stress again that I do not share the implicit argument of this book that the masochism displayed by the sect of Federal Republic bigwigs is a widely-held phenomenon, or unique to Germany. In my view, the German masses are indolent and ignorant; too much so to be masochistic.

The first, specifically German, element of the phenomenon is that partly through political propaganda and education (which is more or less the same thing in modern Germany), and partly through folk memory and accounts handed down through the generations, and linked – but not identical to – a sense of guilt, Germans in their great majority are strongly antithetical to war. This means not only wars between nation-states, but war in any form, including war within the state, or even political war at the simplest level of robust rhetoric. As Rolf Peter Sieferle noted in his posthumously published Krieg und Zivilsation (War and Civilization), his study of history at university was marked by an avoidance of the subject of war, and he was amazed when he went to England to see how many books there were on the history of war and war-craft in the London bookshops.

Out of a masochistic sense of shame regarding its military past, Germany eschews war as a topic, and German society regards even public disputes as essentially undesirable. Consensus is the priority of German political life. Consequently, the German Parliament is stupefyingly anodyne. Nothing much happens on the public political stage, and comparatively seldom do prominent personalities clash in public. The important work of horse-trading and lobbying – which is all German politics is – is carried out in committee, unseen by outsiders, and not monitored by the media. German politicians employ a kind of sterile and sanitized language so as not to provoke clashes of personality and principle. The dirty work of engaging in a war against radical Right-wing opponents of the system is left to the “antifa,” whose comportment and even dress significantly plagiarizes and satirizes the historical National Socialists it loves to imagine are all around.

A second factor which is ignored in National Masochismus – albeit not specifically German at all, but which is nowhere more pronounced than in Germany – is the ruling sect’s indifference to the low levels of health and education among large swathes of the population. Not only the rulers of Germany, but also the nationalists and identitarians of different hues who challenge the status quo, do not acknowledge the low state of self-esteem (is that masochism?) and health which characterizes so many Germans. Proponents of multiculturalism frequently seize on this as firstly a reason to “pep up” society by importing labor “which the indigenous population will not do,” and secondly to ridicule the overall inferiority of those opposing immigration and the replacement of the indigenous population by healthy, young “new citizens.”

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A cartoon in the national press makes the point: It shows a group of smiling, happy-looking migrants arriving in Germany being confronted by ill-kempt and obese native Germans. “Ihr seid nur hier wegen dem Geld!” (“You are only here because from the money!”) a native German cries. “Nein, wir sind hier wegen des Geldes” (“No, we are here because of the money”), responds the dark-skinned newcomer. The joke mocks the low educational level of many German “nativists,” and especially the inability of many Germans to speak their own language well. It is true that the level of their own language spoken by many Germans is often very low, indeed. For example, it is common to hear what translated would be the equivalent in English to “bigger as,” “because from,” “if I would know,” and the like. Those who advocate for the replacement of the native German population like to stress – if not always as frankly as in the cartoon which I have cited – the low standards of health and education among ethnic Germans as compared to the high levels among many of the “new citizens.” Opponents of immigration either ignore this entirely, or consider such mockery further proof of the elitism of the ruling sect. The issue of the poor health, comportment, and education of the average ethnic German is ignored in this book. A book of 247 pages is published dealing with the way in which Germans “do their country down” as a pathological system of post-war reeducation, but it does not have a word to say about those aspects of German life about which Germans have a genuine reason to be ashamed.

The other side of this is that millions of ethnic Germans are pampered, indolent, and pacifistic. This state of affairs results from the enormous material gains made by post-war Germany and Austria. Practically every citizen can afford a car (and an expensive car at that), every employee enjoys paid holidays of five weeks per year, and lives under stringent rental and employment protection laws, retiring – often at an early age – with a guaranteed pension linked to previous earnings. It is surely obvious that such levels of comfort and financial security tend to make people soft and less inclined to fight for anything, especially as they have much to lose, but it is remarkable the extent to which Germans see no paradox here when they bemoan their lot. It is not always easy to take someone seriously who claims that the country is in rapid decline because of immigrants, and then cites national masochism as the reason, when that same person owns a Mercedes, drinks as much quality wine and beer as he or she wishes, and flies to Thailand on holiday. Thus, Michael Klonovsky – a not altogether oppressed member of the native population – apparently unconscious of the irony, introduces his critique of modern German society by mentioning what he was eating and drinking. He does not name his hotel, but my hunch is there were several stars next to its name:

Yesterday evening, convivially blessed with Wagyu Entrecôte and Châteauneuf-du Pape, I sought out my Berlin hotel. Not properly tired, I managed to avoid the trap of the hotel bat, but not the trap of the television . . . (p. 122)

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Germans complain of tax and financial hardship, but changing one expensive car for another every few years is not uncommon (it is very rare to see an old banger on German roads), and the restaurants and cafés in the major cities do a booming business. Health insurance is mandatory. Critics of modern Germany may drown their sorrows in a good meal consisting of the most expensive kind of steak money can buy, accompanied by an exclusive and pricey wine. In terms of well-being, modern ethnic Germans present something of a paradox: many suffer from poor health, and live in accommodations which many Americans would find shockingly cramped; and low levels of property ownership (one of the lowest in Europe) and poor health go hand-in-hand with widespread health insurance coverage, child benefit payments, maternity leave, and rental and employment security. What all these partially contradictory aspects of modern German life have in common, however, is that they lower the fighting spirit of the citizens. The writers of National Masochismus have not a word to say about the lack of national spirit created by comfort and investment as it pertains to the well-being of the state, which ensures docility among the masses in the face of the masochism apparent among the state’s rulers and trendsetters.

The book also fails to make any distinction between the Germany of the immediate post-war years – where the political system of the Third Reich was thrown overboard, but conservative values remained very much in force – and the changes which came in the 1960s, which heralded a wholesale rejection of the puritanism of the ‘50s such that National Socialism and conservatism were regarded as much the same beast to a far greater extent than in other nations. This and much more could have been examined in a book on national masochism, rather than essays concentrating on the threat of Islam. It is not even clear whether this book is only about German national masochism. The title speaks of only national masochism, and most of the book concentrates on Germany, but the last chapter of the book, which is by Martin Lichtmesz, carries the title “White Guilt” and “White Genocide” – expressions very familiar to anyone involved in “the movement” in the United States – and in it, Lichtmesz looks at the devaluation and declining respect for whiteness in the United States.

This book is hard-hitting and at times entertaining, but none of the writers here outline any kind of plan for change, be it ever so vague. What is the purpose of this book other than to underline how dire the situation of white folk is?

The masochism the writers here describe and illustrate with many examples is proof of their own masochism. National Masochismus is a case study in national pathology which discusses no other aspects of the problem other than national masochism to account for the feebleness of the white man, and specifically the German, in the face of long-term racial and territorial dispossession. In an especially disheartening contribution by Siegfried Gerlich on German reeducation (Umerziehung), he quotes the American Vice President Henry A. Wallace: “The German people must learn to unlearn all that they have been taught, not only by Hitler, but by his predecessors in the last hundred years” (p. 169). This book provides ample examples of the success of that unlearning – if not among the German masses, at least among the decision-makers and people of influence. But who among this book’s readers will be greatly influenced by it? What is National Masochismus hoping to achieve? For whom is it even written? Those in prior agreement are unlikely to become more convinced by these texts. It only reinforces what they already believe. And those who hold to the establishment’s narrative will not change their views because of this book. Finally, there is nothing “sexy” enough in any sense of the word to induce the “don’t knows” to read this book and have their opinions swayed.

I look forward to reviewing a book for Counter-Currents which provides not an account of the success of the governing sect, but an account of those who are proposing recipes for change; a report not from pathologists, but from those striving to find a cure and demonstrating the wherewithal to overthrow the masochistic sect.

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2019/04/national-masochism/

URLs in this post:

[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2019/04/4-18-19-18.jpg

[2] Nationalmasochismus: https://antaios.de/gesamtverzeichnis-antaios/einzeltitel/57202/nationalmasochismus

[3] which I have already reviewed for Counter-Currents: https://www.counter-currents.com/2019/03/dont-get-mixed-up-with-racism/

 

Pourquoi de telles défaillances dans la sécurité préventive de Notre Dame ?

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Pourquoi de telles défaillances dans la sécurité préventive de Notre Dame ?

Dossier établi par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il faut espérer que le procureur de Paris, en charge de l'enquête sur les causes de l'incendie ayant détruit la charpente de Notre Dame de Paris, sera suffisamment averti des questions de sécurité se posant sur les grands bâtiments anciens pour aborder les bonnes questions.

Pendant des siècles il a été possible de prévenir des incendies dans cette charpente, ou si certains s'étaient accidentellement déclarés, pour les éteindre très rapidement.

Pourtant, à ces époques, les charpentiers travaillaient à la lumière de torches ou autres lampes primitives particulièrement susceptibles de provoquer des départs de feu. Par ailleurs ils ne disposaient pas d'eau pour les éteindre, sauf celle qu'ils remontaient de la Seine à l'aide de seaux portés sur l'épaule. Enfin, les alertes à l'incendie à leur disposition se résumaient aux cris de « Au feu » poussés par les premiers ouvriers qui découvraient un début d'incendie.

On dira que l'ancien Paris, comme toutes les villes comportant des bâtiments en bois, était obsédé par le risque d'un incendie pouvant prendre des dimensions catastrophiques, comme celui du Grand Incendie de Londres en septembre 1666. Mais si Paris, comme plus particulièrement la Cathédrale Notre Dame, ont pu éviter de tels incendies, ce n'était pas du fait d'un miracle dont il faudrait remercier la divinité. C'était parce que des moyens suffisants avaient été apportés par les maîtres d'ouvrage. Le coût de ceux-ci devaient être très largement supérieurs aux bénéfices qu'ils tiraient de leurs chantiers. Mais il allait de soi à l'époque que la sécurité l'emportait sur le profit.

Scandaleuses défaillances

Concernant l'incendie à Notre Dame, les premiers éléments d'information ont montré de scandaleuses défaillances. Ainsi, sauf erreur, les alertes-incendie n'étaient qu'au nombre de deux, séparées par une centaine de mètres. Vu l'ampleur du chantier et les risques, sans être spécialiste, on peut affirmer qu'elles auraient du se trouver par dizaines dans tous les endroits exposés de la charpente. Par ailleurs les alertes au feu auraient du bénéficier de véritables sirènes d'alarme avertissant tout le chantier en quelques secondes. Enfin, des moyens multiples permettant d'éteindre un début d'incendie auraient du se trouver partout disponibles, ne fut-ce que sous forme de réserves d'eau et d'extincteurs de forte puissance.

Les responsables de l'entreprise ont affirmé dans un autre domaine essentiel que les personnels employés sur le chantier étaient parfaitement professionnels. On peut en douter vu le coût d'une telle main d'oeuvre qualifiée. Il est difficile de mettre en cause sans arguments sérieux la compétence des compagnons employés sur le chantier. Mais à première vue certaient d'entre eux avaient fait l'objet d'un recrutement peu scrupuleux. Ceci ne veut pas dire que l'incendie aurait pris de leur faute. Mais à tout le moins il n'est pas assuré qu'ils aient eux les bons réflexes pour le prévenir.

On trouve dans le World Socialist Web Site un article bien documenté intitulé The burning of Notre-Dame cathedral in Paris en date du 16 avril. Il impute la responsabilité de l'incendie au gouvernement d'Emmanuel Macron et plus largement au système capitaliste et à ses élites qui en toutes circonstances, préfèrent le profit immédiat à des investissements publics d'intérêt général visant en l'espèce à prévenir les catastrophes comme l'incendie de Notre Dame.

Il est certain que, lorsque constate la facilité avec laquelle les grands du CAC 40 ont réuni en quelques heures des centaines de millions pour réparer la cathédrale, il faut se demander pourquoi le millième de cette somme n'avait pas été procuré par eux en vue d'une sécurité préventive. Il va de soi que la réponse est simple. Collecter des centaines de millions dans le cas de Notre Dame augmente leur prestige – centaines de millions qui seront d'ailleurs supportés en dernier lieu par les consommateurs français de leurs produits et services. Prévenir des incendies dont la plupart ne se produiront pas n'a rien qui puisse leur servir.

Image. Notre Dame, avant

Notes au 18/04

*Très grave dysfonctionnement de l'Etat
https://blogs.mediapart.fr/pascal-kossivi-adjamagbo/blog/...

* Merci Xavier Niel, merci beaucoup
Le milliardaire offrirait tout sa fortune. Sur cet honnète homme, voir Médiapart
https://www.mediapart.fr/journal/france/180419/l-ecole-42...

Note au 19/04

Middle East Media Research Institute (MEMRI) rapporte
Des djihadistes célèbrent l'incendie de Notre-Dame, vu comme un châtiment et un bon présage
Ceci dit, il est de mauvais goût en France d'évoquer un éventuel attentat djihadiste

Voir aussi 

https://ripostelaique.com/incendie-de-notre-dame-il-ne-do...

Note au 19/04

Contrairement à ce qui avait été dit, et que nous avons rapporté, l'ancien architecte en chef témoigne que les dispositifs  de sécurité étaient suffisants - du moins tant qu'il était encore en fonction. Il est étonnant de voir que l'hypothèse d'un attentat reste encore refusée officiellement .

http://www.contre-info.com/notre-dame-que-sest-il-passe-l...

Modi-Poutine: alliance stratégique ?

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Modi-Poutine: alliance stratégique ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'on avait déjà noté que l'Inde et la Russie s'étaient mises d'accord sur une certaine convergence stratégique, associant d'ailleurs la Chine, au sein du BRICS. Il en résulte que l'Inde ne partage pas vraiment les objectifs américains au Moyen-Orient.
Ceci n'a d'ailleurs pas empêché l'Inde, sous la présidence de Narendra Modi, d'accepter les pressions américaines au plan international et dans le même temps de faire un large appel aux importations d'armes venant du complexe militaro-industriel des Etats-Unis.

Il reste que l'on a été surpris de voir l'Inde accepter un décret de Vladimir Poutine conférant à Modi la plus haute distinction honorifique russe. Il s'agit de la promotion dans l'Ordre de St André l'Apôtre dit en anglais Order of St Andrew the Apostle the First-Called. Cette distinction avait été abolie sous le régime soviétique et rétablie en 1998. Modi est le premier chef d'Etat occidental à recevoir cette distinction. Les observateurs considèrent que cette distinction, loin d'affaiblir l'audience politique de Modi en Inde, contribuera grandement à augmenter ses chances dans les futures « élections présidentielles.

Le décret russe indique que Modi a été décoré pour les services exceptionnels qu'il a apporté au partenariat stratégique entre l'Inde et la Russie, ainsi que pour le développement des relations amicales entre les deux peuples. Modi en retour a remercié Poutine avec une effusion remarquée. « Je suis très honoré de recevoir cette distinction prestigieuse. « J'en remercie le président Poutine et le peuple russe. Les racines de l'amitié entre la Russie et l'Inde sont anciennes et profondes. L'avenir de notre partenariat est brillant. Celui-ci avait déjà apporté à nos citoyens respectifs de nombreuses retombées positives.

Les observateurs extérieurs, notamment à Washington, ont été surpris de voir les témoignages de reconnaissance de Narendra Modià l'égard du président russe. Ils ont été plus encore surpris de voir Vladimir Poutine interférer, certes indirectement, mais d'une façon pouvant être lourde de conséquences, dans le processus électoral intéressant un chef d'Etat extérieur. Il avait toujours tenu a éviter de telles interventions officielles.

Rappelons cependant que Modi avait pris certains risques en acceptant l'acquisition de missiles russes de défense S-400 pour un montant de 6 milliards de dollars. Il négocie actuellement par ailleurs la mise en place d'une devise autre que le dollar pour les transactions avec la Russie.

Image Narendra Modi et Vladimir Poutine en 2018
 

Reconstruire la charpente de Notre Dame en chênes

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Reconstruire la charpente de Notre Dame en chênes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.com

Cette solution semble s'imposer en France aujourd'hui dans l'opinion. La mise en place de structures en béton armé ou en fer, même recouvertes de feuillures en chêne, pourrait être considérée comme une trahison de l'oeuvre originale.
 
Emmanuel Macron, dans l'annonce politiquement intéressée qu'il vient de faire d'une reconstruction de la cathédrale en cinq ans, l'a implicitement choisie. 

Beaucoup de non spécialistes semblent penser que le recours au chêne se heurterait à une impossibilité, tenant à l'absence de bois de chênes disponible. De plus elle pourrait nuire gravement aux forêts de chênes en leur imposant l'abattage d'arbres sur pied en nombre suffisant, arbres rappelons-le qui doivent être au moins centenaires.

Cependant les professionnels du chêne font savoir qu'ils ne partagent pas cet avis. Les forêts français sont suffisamment importantes pour fournir sans dommages les arbres nécessaire. Il est vrai par contre que les disponibilités en bois pouvant être rapidement livrés ne sont pas dans l'immédiat suffisantes. Selon Sylvain Charlois, patron du Groupe Charlois, Il n'y a pas en France de stocks de bois déjà sciés disponibles pour un tel chantier. Il estime qu'il a fallu 1.300 chênes pour construire la charpente il y a huit siècles, ce qui équivaut à "au moins 3.000 mètres cubes de bois".

Il considère qu'avec les moyens dont dispose actuellement la profession, il faudra plusieurs années pour constituer un stock de grumes de chêne de bonne qualité en quantité suffisante. Il faudra disposer d'espaces de stockage importants, ainsi que de moyens de transport principalement par camions grumiers qui auront du mal à circuler. Il faudra aussi évidemment que l'outillage nécessaire soit mis en place, avec le recrutement d'un important effectif de nouveaux charpentiers.

Tout ceci n'a rien d'impossible, mais tenir le délai de cinq ans imposé par Emmanuel Macron ne serait pas faisable, si du moins l'on voulait reconstruire la cathédrale à l'identique.

vendredi, 12 avril 2019

Liberalism: the other God that failed

While Arthur Koestler was awaiting execution after being captured and sentenced to death by Francoist forces as a communist spy during the Spanish Civil War, he had a mystical experience. Formerly a Marxist materialist who believed the universe was governed by “physical laws and social determinants”, he glimpsed another reality. The world now seemed instead as “a text written in invisible ink”.

The experience left him untroubled by the prospect of his imminent death by firing squad. At the last moment, he was traded for a prisoner held by Republican forces. But the epiphany of another order of things that came to him in the prison cell stayed with him for the rest of his days, informing his great novel of communist faith and disillusion, Darkness at Noon (1940), his later writings on the history of science, and a lifelong interest in parapsychology.

Koestler_(1969).jpgKoestler was a pivotal figure in the post-war generation that rejected communism as “the God that failed”— the title of a celebrated book of essays, edited by the Labour politician Richard Crossman and published in 1949, to which Koestler contributed. The ex-communists of this period followed a variety of political trajectories. André Gide, another contributor to the collection, abandoned communism, after a visit to the Soviet Union in 1936, to become a writer on issues of sexuality and personal authenticity.

Further reading

The rise of post-truth liberalism

By John Gray

Other ex-communists became social democrats, while a few became militant conservatives or lost interest in politics completely. Stephen Spender, poet and novelist and author of Forward from liberalism (1937), morphed into a cold-war liberal. James Burnham, a friend and disciple of Leon Trotsky, rejected Marxism in 1940 to reappear as a militant conservative, publishing The Suicide of the West: the meaning and destiny of liberalism (1964) and eventually being received into the Catholic Church. All of them became communists in a time when liberalism had failed. All were able to return to functioning liberal societies when they abandoned their communist faith.

When interwar Europe was overrun by fascism, the Soviet experiment seemed to these writers to be the best hope for the future. When the experiment failed, and they renounced communism, they were able to resume their life and work in a recognisably liberal civilisation.

Post-war global geopolitics may have been polarised, with a precarious nuclear stand-off between the Soviet Union and the US and its allies. Liberal societies may have been flawed, with McCarthyism and racial segregation stains on the values western societies claimed to promote. But liberal civilisation was not in crisis. Large communist movements may have existed in France, Italy and other European countries, while Maoism attracted sympathetic interest from alienated intellectuals. But even so, liberal values were sufficiently deep-rooted that in most western countries they could be taken for granted. The West was still home to a liberal way of life.

The situation is rather different today. Liberal freedoms have been eroded from within, and dissidents from a new liberal orthodoxy face exclusion from public institutions. This is not enforced by a totalitarian state, but by professional bodies, colleagues and ever vigilant internet guardians of virtue. In some ways, this soft totalitarianism is more invasive than that in the final years of the Soviet bloc.

Further reading

How Thatcherism produced Corbynism

By John Gray

The values imposed under communism were internalised by few among those who were compelled to conform to them. Ordinary citizens and many communist functionaries were a bit like Marranos, the Iberian Jews forced to convert to Christianity in mediaeval and early modern times, who secretly practised their true religion for generations or centuries afterwards. Such fortitude requires rich inner resources and an idea of truth as something independent of subjective emotion and social convention. There are not many Marranos in the post-liberal west.

Some have attempted to revive classical liberalism, an anachronistic project that harks back to a time when western values could command a global hegemony. Others have opted for a hyperbolic version of liberalism in which western civilisation is denounced as being a vehicle for global repression.

In this alt-liberal ideology, the central values of classical liberalism — personal autonomy and the rejection of tradition in favour of critical reason — are radicalised and turned against the liberal way of life. A heretical cult, alt-liberalism is what liberalism becomes when it tears up its roots in Jewish and Christian religion. Today it is the ruling ideology in much of the academy and media.

In these conditions one might suspect self-censorship, since anyone expressing seriously heterodox views risks a rupture in their professional life. Yet it would be a mistake to think alt-liberals are mostly cynical conformists. Since practising cynics realise that the views they are publicly promoting are actually false, cynicism presupposes the capacity to recognise truth. In contrast, alt-liberals appear wholly sincere when they denounce the society that privileges and rewards them. Unlike the Marranos, whose public professions concealed another view of the world, alt-liberals conceal nothing. There is nothing in them to conceal. They are expressing the prevailing western orthodoxy, which identifies western civilization as being uniquely malignant.

Further reading

Deluded liberals can't keep clinging to a dead idea

By John Gray

Of course, civilisational self-hatred is a singularly western conceit. Non-western countries — China, India and Russia, for example— are increasingly asserting themselves as civilisation-states. It is only western countries that denounce the civilisation they once represented. But not everything is as it seems. Even as they condemn it, alt-liberals are affirming the superiority of the West over other civilisations. Not only is the West uniquely destructive. It is only the West — or its most advanced section, the alt-liberal elite — that has the critical capacity to transcend itself. But to become what, exactly? Lying behind these intellectual contortions is an insoluble problem.

In his essay in The God that failed Gide wrote: “My faith in communism is like my faith in religion. It is a promise of salvation for mankind.” Here Gide acknowledged that communism was an atheist version of monotheism. But so is liberalism, and when Gide and others gave up faith in communism to become liberals, they were not renouncing the concepts and values that both ideologies had inherited from western religion. They continued to believe that history was a directional process in which humankind was advancing towards universal freedom.

Without this idea, liberal ideology cannot be coherently formulated. That liberal societies have existed, in some parts of the world over the past few centuries, is a fact established by empirical inquiry. That these societies embody the meaning of history is a confession of faith. However much its devotees may deny it, secular liberalism is an oxymoron.

A later generation of ex-communists confirms this conclusion. Trotskyists such as Irving Kristol and Christopher Hitchens who became neo-conservatives or hawkish liberals in the Eighties or Nineties did not relinquish their view of history as the march towards a universal system of government. They simply altered their view as to the nature of the destination.

Further reading

You're reaping what you sowed, liberals

By John Gray

Instead of world communism, it was now global democracy. Western interventions in Afghanistan, Iraq and later Libya were wars of liberation backed by the momentum of history. The fiascos that ensued did not shake this belief. The liberalism of these ex-Trotskyists was yet another iteration of monotheistic faith.

Alt-liberals aim to deconstruct monotheism, along with the grand narratives it has inspired in secular thinkers. But what emerges from this process? Once every cultural tradition is demolished, nothing remains. In principle, alt-liberalism is an empty ideology. In practice it defines itself by negation.

Populist currents are advancing throughout the West and supply the necessary antagonist. The old liberalism that prized tolerance no longer survives as a living force. Iconoclasts who smash statues of colonial-era figures are raging at an enemy that has long since surrendered. An impish avatar of a vanished liberal hegemony, alt-liberalism needs populism if it is to survive.

Resistance to populist movements fills what would otherwise be an indeterminacy at the heart of the alt-liberal project. Privileged woke censors of reactionary thinking and incendiary street warriors are mutually reinforcing forces. At times, indeed, they are mirror-images of one another. Both have targeted the state of Israel as the quintessential embodiment of western evil, for example. Not only do alt-liberals and populists need one another. They share the same demonology.

Further reading

Today's voguish communists should remember Budapest

By James Bloodworth

Viewing the post-liberal West from a historical standpoint, one might conclude that it will suffer the same fate as communism. Facing advancing authoritarian powers and weakened from within, a liberal way of life must surely vanish from history. True, some traces will remain. Even in societies where denunciation for reactionary thinking is a pervasive practice, fossil-like fragments of ancient freedoms will be found scattered here and there. But surely the global liberal order will finally implode, leaving behind only defaced remnants of a civilisation that once existed.

In fact, any simple analogy between the fall of communism and the decay of liberalism is misleading. The difference is that old-style liberals have nowhere to go. To be sure, they could abandon any universalistic claim for their values and think of them as inhering in a particular form of life — one that is flawed, like every other, but still worthwhile.

Yet this is hardly a viable stance at the present time. For one thing, this way of life is under siege in what were once liberal societies. Yet liberals cannot help but see themselves as carriers of universal values. Otherwise, what would they be? Anxious relics of a foundering civilisation, seeking shelter from a world they no longer understand.

There may be no way forward for liberalism. But neither is the liberal West committing suicide. That requires the ability to form a clear intention, which the West shows no evidence of possessing. Nothing as dramatic or definitive will occur. Koestler and the ex-communists of his generation regarded communism as the God that failed because they once believed it to be the future. Today almost no one any longer expects liberal values to triumph throughout the world, but few are able to admit it — least of all to themselves. So instead they drift.

It is not hard to detect a hint of nostalgia among liberals for the rationalist dictatorships of the past. Soviet communism may have been totalitarian, but at least it was inspired by an Enlightenment ideology. Though it has killed far fewer people, Putin’s Russia is far more threatening to the progressive world-view.

China, on the other hand, is envied as much as it is feared. Its rulers have renounced communism, but in favour of a market economy, globalisation and a high-tech version of Bentham’s Panopticon — all of them imported western models. The liberal west may be on the way out, but illiberal western ideas still have a part in shaping the global scene.

When ex-communists became liberals, they shifted from one secular faith to another. Troubled liberals today have no such option. Fearful of the alternatives, they hang on desperately to a faith in which they no longer believe. Liberalism may be the other God that failed, but for liberals themselves their vision of the future is a deus absconditus, mocking and tormenting them as the old freedoms disappear from the world.

 

mercredi, 10 avril 2019

Michel Houellebecq: Chronicler of Our Mass Incompetence in the Art of Living

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Michel Houellebecq: Chronicler of Our Mass Incompetence in the Art of Living

Not reading many contemporary French novels, I am not entitled to say that Michel Houellebecq is the most interesting French novelist writing today, but he is certainly very brilliant, if in a somewhat limited way. His beam is narrow but very penetrating, like that of a laser, and his theme an important, indeed a vital one: namely the vacuity of modern life in the West, its lack of transcendence, lived as it is increasingly without religious or political belief, without a worthwhile creative culture, often without deep personal attachments, and without even a struggle for survival. Into what Salman Rushdie (a much lesser writer than Houellebecq) called “a God-shaped hole” has rushed the search for sensual pleasure which, however, no more than distracts for a short while.

Something more is needed, but Western man—at least Western man at a certain level of education, intelligence and material ease—has not found it. Houellebecq’s underlying nihilism implies that it is not there to be found. The result of this lack of transcendent purpose is self-destruction not merely on a personal, but on a population, scale. Technical sophistication has been accompanied, or so it often seems, by mass incompetence in the art of living. Houellebecq is the prophet, the chronicler, of this incompetence.

Even the ironic title of his latest novel, Sérotonine, is testimony to the brilliance of his diagnostic powers and his capacity to capture in a single word the civilizational malaise which is his unique subject. Serotonin, as by now every self-obsessed member of the middle classes must know, is a chemical in the brain that acts as a neurotransmitter to which is ascribed powers formerly ascribed to the Holy Ghost. All forms of undesired conduct or feeling are caused a deficit or surplus or malalignment of this chemical, so that in essence all human problems become ones of neurochemistry.  

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On this view, unhappiness is a technical problem for the doctor to solve rather than a cause for reflection and perhaps even for adjustment to the way one lives. I don’t know whether in France the word malheureux has been almost completely replaced by the word déprimée, but in English unhappy has almost been replaced by depressed. In my last years of medical practice, I must have encountered hundreds, perhaps thousands, of depressed people, or those who called themselves such, but the only unhappy person I met was a prisoner who wanted to be moved to another prison, no doubt for reasons of safety.

Houellebecq’s one-word title captures this phenomenon (a semantic shift as a handmaiden to medicalisation) with a concision rarely equalled. And indeed, he has remarkably sensitive antennae to the zeitgeist in general, though it must be admitted that he is most sensitive to those aspects of it that are absurd, unpleasant, or dispiriting rather than to any that are positive.

Houellebecq satirises what might be called the neurochemical view of life which is little better than superstition or urban myth. The protagonist and narrator of Sérotonine, an early-middle aged agronomist whose jobs, though rewarding enough financially, have always seemed to him unsatisfactory or pointless. He suffers from the unhappiness that results from his inability to form a long-lasting relationship with a woman, instead having a series of relationships which he sabotages by his impulsive sensation-seeking behaviour. This man goes to a doctor to obtain more of his Captorix, a fictional new serotonergic anti-depressant. The doctor, without enquiring into the circumstances of his life, says to him:

What’s important is to maintain the serotonin at the correct level–then you’ll be all right–but to lower the cortisol and perhaps raise the dopamine and the endorphins would be the ideal.

This is the kind of debased scientistic language that can be heard on conversations on any bus, and reminds me strongly of Peter D Kramer’s preposterous book, Listening to Prozac, which some years back persuaded the public that we are on the verge of understanding so much neurochemistry that we shall soon be able to design our own personalities by means of self-medication.     

The novel lacks even the semblance of a plot, being more the fictional memoir of the chagrins of a man (one suspects) very much like the author himself. The protagonist, Florent-Claude (a ridiculous name that he hates) has been in love twice, but has both times ruined the relationship by a quick fling with a passing young woman. Although he has become dependent, at least psychologically, on his Captorix (incidentally, but not coincidentally, a very plausible name for a new drug), he recognises at the end of the book that he is the victim-participant of a culture in which monogamy is hardly to be expected. Speaking of the failure of his relationships, he says:

I could have made a woman happy… In fact, two; I have already told you which. Everything was obvious, extremely obvious, from the first; but we didn’t realise it. Had we surrendered to illusions of individual freedom, of the open life, the infinity of possibilities? That could be, these ideas were in the spirit of the times; we hadn’t formalised them, we hadn’t the desire to do so; we were content to conform to them, to allow ourselves to be destroyed by them.

For me the pleasure of reading Houellebecq is not in the plot, still less in the characterisation which is thin because the protagonist-narrator is so egotistical that he has little interest in anyone else (a trait which we are clearly intended to believe is widespread or even dominant in the modern world). It is rather in the mordant observations that Houellebecq makes on consumerism and its emptiness. Here, for example, Florent-Claude meets Yuku, his former Japanese girlfriend living in Paris, at an airport in Spain where he is temporarily living:

I knew her luggage very well, it was a famous brand that I had forgotten, Zadig and Voltaire or perhaps Pascal and Blaise, whose concept had been to reproduce on its material one of those Renaissance maps in which the landmass was represented very approximately, with a vintage legend reading something like ‘Here be tygers’, anyway it was chic luggage, its exclusivity reinforced by its lack of the little wheels that the vulgar Samsonite cases middle managers have, so it was necessary to wrestle with it, just like with the elegant trunks of the Victorian era.

He continues:

Like all the other countries of Western Europe, Spain was engaged on the mortal struggle to increase productivity and had suppressed all the unskilled jobs that formerly helped to make life a little less disagreeable, at the same time condemning the greater part of its population to mass unemployment. Luggage like this, whether it was Zadig and Voltaire or Pascal and Blaise, only had sense in a society in which porters still existed.

In this passage, with typical economy, Houellebecq skewers both the shallowness of a culture in which people obtain their sense of themselves from the visible labels or brands of their possessions, and the absurd but intractable contradictions of our political economy. He of course proposes no solution (perhaps there is none), but it is not the purpose of books such as his to propose solutions. It is enough if he opens our eyes to the problem.

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His mordant observations make many people extremely uncomfortable, not because they are inaccurate, but because they are only too accurate and could conceivably lead to unpleasant conclusions, or at least thoughts. They therefore reject the whole: it is the easiest way to deny what one knows to be true. In the following passage, for example, the protagonist (or Houellebecq) describes the owner of a bar in Northern France who has just spent his time—of which there was much—in minutely reading the local newspaper:

The owner had finished Paris-Normandie [the local newspaper] and had launched on just as close a reading of France Football, it was a very thorough reading, such reading exists, I have known people like that who are not satisfied by reading just the headlines, the statements of Édouard Philippe [the current Prime Minister of France] or the amount of Neymar’s transfer fee [Neymar is a famous Brazilian footballer], but want to get the bottom of things; they are the foundation of enlightened opinion, the pillar of representative democracy.

Houellebecq runs an abattoir for sacred cows.

What can be said against his misanthropic, completely disabused view of the modern world? His sex scenes, which for those who have read several of his books now seem like a tic or the public confession of his own deepest fantasies, imply that sex is (and can be) nothing but the brief satisfaction of an urgent desire, as mechanical in its operation as that of a cement mixer. More importantly, it might be said that he concentrates only on the worst aspects of modernity, its spiritual emptiness for example, without acknowledgement of the ways in which life has improved. But this is like objecting to Gulliver’s Travels on the same grounds.   

His work, not least Sérotonine, is filled with disgust, as was Swift’s: but it is the kind of disgust that can only emerge from deep disappointment, and one is not disappointed by what one does not care about. There is gallows humour on every page: the personage hanged being Western civilisation.

Theodore Dalrymple

Theodore Dalrymple is a retired prison doctor and psychiatrist, contributing editor of the City Journal and Dietrich Weissman Fellow of the Manhattan Institute.

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vendredi, 05 avril 2019

Jean-Philippe Duranthon : « Le contre monde est en marche » : faudra-t-il une nouvelle Longue Marche en Chine… ou en Europe ?

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Jean-Philippe Duranthon : « Le contre monde est en marche » : faudra-t-il une nouvelle Longue Marche en Chine… ou en Europe ?

Billet d’Humeur du 28 mars 2019, par Jean-Philippe Duranthon*

Ex: https://geopragma.fr

Caroline Galactéros a publié le 25 mars un « billet du lundi » consacré, dans la perspective de la visite en France du président de la République populaire de Chine, aux relations entre la France et ce pays. J’adhère pour ma part totalement aux analyses contenues dans ce billet mais aimerais prolonger certaines d’entre elles avec un prisme économico-financier.

1/ Sur le plan international, la Chine joue un triple rôle :

– c’est une puissance politique, qui s’affirme sans cesse davantage à l’échelle régionale mais aussi mondiale au point que certains voient aujourd’hui l’émergence d’un nouveau duopole, cette fois sino-américain ;

– c’est une puissance économique, un acteur fondamental de la répartition internationale de l’activité économique : en faisant appel à elle les entreprises peuvent, d’un côté abaisser leurs coûts de production, de l’autre vendre leurs produits sur un marché énorme et dont le potentiel de croissance doit être mesuré à l’aune des perspectives de développement du pays ;

– c’est une puissance financière car, en achetant leurs emprunts d’Etat, en particulier les bons du Trésor américain, elle permet aux pays occidentaux de financer leurs déficits des paiements mais aussi acquiert de ce fait une capacité d’investissement considérable.

Dans une sorte de cercle vertueux ces trois puissances se renforcent mutuellement. À titre d’exemple, l’énorme capacité financière de la Chine lui permet à la fois – de développer ses propres entreprises à vocation mondiale, ce qui complète son modèle économique tout en lui donnant des atouts supplémentaires dans le dialogue planétaire, – d’aider à financer les projets des « pays émergents », ce qui facilite sa prise de contrôle des matières premières nécessaires à sa propre croissance, – d’investir dans les entreprises occidentales, ce qui lui permet d’acquérir plus rapidement les technologies de pointe, et – de formaliser son emprise régionale en créant une « Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures » (AIIB) dont la vocation est clairement d’offrir une alternative à la Banque Mondiale.

peyrefitte.jpg2/ Faut-il, dès lors que la Chine s’est ainsi clairement « réveillée », « trembler », ainsi que Napoléon, s’il faut en croire Alain Peyrefitte, nous l’a conseillé ?

Comme le dit Caroline Galactéros, la France a, sur le plan géostratégique, beaucoup à gagner de l’émergence politique d’un grand acteur à vocation mondiale, capable de contrebalancer l’influence des Etats-Unis dont la personnalité de l’actuel président révèle à ceux qui en doutaient le poids et les objectifs.

Il n’en serait autrement que si l’on pouvait craindre une tentation hégémonique à dimension planétaire.

Peut-on la craindre d’un pays dont la langue principale est d’une complexité telle qu’elle exige de nombreuses années d’études, ne pourra donc jamais être parlée par les populations étrangères et n’a en conséquence aucune chance de s’imposer face au globish ? Faut-il la craindre d’un pays dont la culture est marquée par le confucianisme et le bouddhisme, c’est-à-dire par des philosophies dans lesquelles, contrairement à bien d’autres en Europe et au Moyen-Orient, le salut est une question personnelle et doit être recherché quel que soit l’environnement social, indépendamment de toute évolution de la société qu’il ne s’agit pas de transformer avant de la répandre sur la terre entière ? Faut-il la craindre d’un pays où l’on joue au go, c’est-à-dire à un jeu où, contrairement aux échecs dont l’objectif est de détruire l’ennemi en s’emparant de son chef, le but est « seulement » d’être plus fort que l’adversaire, sans pour autant l’anéantir ?

N’oublions pas, en outre, que le modèle économique chinois commence à montrer ses faiblesses : la croissance ralentit et le développement économique du pays fait que, désormais, la différence des coûts de production n’est plus aussi importante que dans le passé et est parfois moindre que dans d’autres pays (voir l’Ethiopie par exemple). C’est pourquoi la Chine cherche à se « banaliser » en développant des entreprises capables d’être des acteurs de poids sur le marché mondial et à maîtriser les technologies d’avenir (énergies propres, numérique…). Reste à savoir si cette nouvelle orientation, qui favorise les technologies les plus sophistiquées, permettra, comme la précédente, plus basique, de diffuser les bienfaits de la croissance économique à la majeure partie de la population.

Pensons aussi au fait que, plus qu’un pays, l’« empire du Milieu » est un empire et que peu d’empires ont été durables. Pékin parviendra-t-il à maintenir l’hégémonie des Han dans tous les territoires où ils sont implantés, mieux que, du temps de l’URSS, Moscou a voulu le faire avec les Slaves ? L’Occident ne s’intéresse qu’au Tibet (pour lequel on voit les défenseurs de la laïcité et de la démocratie réclamer avec insistance l’instauration d’une théocratie), mais c’est dans les territoires occidentaux de la Chine que se dérouleront certainement, et que se déroulent d’ores et déjà, des évènements porteurs de difficultés ultérieures.

Constatons enfin que l’histoire de la Chine est celle d’une recherche constante et d’une concentration des pouvoirs. Cette concentration des pouvoirs est absolue dans le domaine politique (pas de « balance des pouvoirs » à la mode de l’Anglais Fortescue, pas d’ « équilibre des pouvoirs » à la mode du Français Montesquieu), ce qui explique l’autoritarisme dont ont fait ou font preuve en interne les fils du Ciel successifs (quels que soient les avatars de ce Ciel) ; mais son extension spatiale n’a jamais été au centre des ambitions, dès lors que l’étranger (le barbare, auraient dit les Grecs) ne menace pas le détenteur du pouvoir.

3/ Restent les questions économiques.

Parce que le niveau de vie de sa population était faible, que son potentiel industriel était alors très limité et que tout était à faire, la Chine a obtenu de la part des pays développés de pouvoir commercer avec eux avec des dérogations considérables, de droit ou de fait, aux règles de l’OMC ou des conventions bilatérales régissant le commerce international : une forme de contrepartie aux nombreux accords imposés à la Chine, au XIXème, par les pays occidentaux et que Sun Yat Sen a, au début du XXème, qualifiés de « traités inégaux ». Bien sûr cette nouvelle inégalité de sens opposé n’était pas, pour les pays développés, inspirée uniquement par des considérations humanitaires, elle avait aussi et peut-être surtout pour but de favoriser l’émergence d’un nouveau marché, de taille considérable, dont leurs entreprises pourraient profiter.

Vingt ans après, puisque la Chine a réussi, et au-delà, son décollage économique, le même monde occidental lui demande de respecter désormais les règles qui régissent les relations économiques mondiales entre pays de niveau de développement comparable, jugées indispensables pour que les échanges favorisent le bien-être de tous. Il souhaite en particulier que les entreprises occidentales puissent investir et agir en Chine dans les mêmes conditions que les entreprises chinoises peuvent aujourd’hui investir et agir chez eux. Est-ce déraisonnable ?

Or la Chine refuse et veut continuer à profiter des exceptions qu’on lui a consenties dans un autre contexte. Elle veut continuer à pouvoir prendre le contrôle d’entreprises occidentales, ou en devenir l’actionnaire de référence, et désormais intervenir en partenariat avec les fonds d’investissements occidentaux, sans permettre aux entreprises occidentales d’en faire de même chez elle, où l’ampleur des participations étrangères est limitée et où les règles de gouvernance des entreprises sont différentes. Est-ce raisonnable ? Doit-on et peut-on l’accepter ?

Certes, la Chine a élaboré de manière accélérée une nouvelle loi sur les investissements étrangers. Mais celle-ci, dont certaines dispositions sont très vagues, donc sujettes à interprétations incertaines, ne répond pas à l’ensemble des demandes présentées pour rétablir l’équilibre des relations. Son but est plutôt de permettre au président des Etats-Unis, en mal d’accord international après les rebuffades du leader de la Corée du Nord, d’avoir un argument pour signer un accord commercial avec la Chine. Et, dans le même temps, celle-ci continue de bloquer la convention qu’elle négocie avec l’Union européenne en refusant de bouger sur des sujets aussi fondamentaux que la réciprocité d’accès aux marchés, les secteurs stratégiques, les marchés publics, les subventions ou la propriété intellectuelle.

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Comme l’écrit Caroline Galactéros, il faut donc travailler avec la Chine, il faut dialoguer avec elle, il faut chercher une solution qui satisfasse l’équilibre et l’équité. Le problème est que ce dialogue doit se faire dans un contexte que les Chinois veulent maintenir déséquilibré sur le plan économique, ce qui n’est pas acceptable.

4/ Comment faire ?

La première condition est de ne pas mélanger ce qui relève des rapports entre Etats et ce qui concerne les choix nationaux : les premiers sujets font naturellement l’objet du dialogue international, pour lequel notre pays doit être aussi rigoureux et volontaire que la Chine l’est elle-même, les seconds relèvent du droit de chaque pays à s’organiser comme il le souhaite et aucun pays n’est légitime pour chercher à imposer à des tiers ses propres choix et donner des leçons aux autres.

La deuxième condition est que notre pays, dans un cadre européen mais aussi seul (le siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU est un atout et confère des responsabilités que d’autres n’ont pas), s’insère dans le dialogue existant entre la Chine et les Etats-Unis. Et, dans ce contexte, la Russie pourrait être un allié de poids car elle a tout à craindre d’une Chine beaucoup plus peuplée que la partie asiatique de son propre territoire, quasiment vide et donc potentiellement attractive.

Mais, à l’échelle planétaire, l’Europe devrait avoir davantage de poids qu’un seul pays. C’est pourquoi l’initiative prise par le président de la République de recevoir le président de la République populaire de Chine avec la chancelière d’Allemagne et le président de la Commission européenne est éminemment logique. Mais, vu de Chine, quel poids ont aujourd’hui une chancelière sur le départ, dont le successeur se démarque chaque jour et exprime publiquement des revendications à l’égard de la France, et le président d’une Commission dont l’autorité sera amoindrie dans quelques mois lorsque le nouveau parlement aura été élu et disposera d’une légitimité plus grande que la sienne ? En outre, pourquoi ne pas avoir convié également le Royaume Uni qui, s’il préfère aujourd’hui se délecter dans ses jeux d’alcôves politiciens, sera toujours un acteur européen d’importance, et l’Italie, dont le PIB est le troisième de l’Union européenne à 27 ? Il est vrai que celle-ci avait choisi de faire cavalier seul en signant avec la Chine un accord-cadre relatif aux routes de la soie, sans grand contenu concret toutefois, semble-t-il, mais ne s’agissait-il pas avant tout pour elle de manifester aux Européens sa lassitude d’être toujours traitée en paria ? L’Europe ne doit-elle pas accepter que ses membres ne soient pas toujours d’accord et ne serait-elle pas plus forte si elle dialoguait avec ses membres critiques au lieu de les ostraciser ?

L’Europe doit aussi prendre conscience que les modes de régulation économique qu’elle a choisis ne sont plus nécessairement adaptés à une époque où les marchés ont acquis une dimension mondiale, ainsi que l’affaire Alstom/Siemens l’a clairement illustré.

Ainsi, les relations avec la Chine montrent les limites actuelles de la construction européenne et l’incapacité de son organisation à gérer avec efficacité les enjeux du moment.

5/ Comment apprécier, dans ce contexte, les « routes de la soie » (« Belt and Road Initiative » ou BRI) ?

S’agit-il de contribuer à la croissance mondiale en utilisant pour le bien-être de tous les énormes moyens financiers accumulés par la Chine ? D’œuvrer au bénéfice de l’entente entre les pays et entre les peuples ? De mettre en place des instruments de domination permettant au pouvoir chinois d’acquérir un droit de regard, en fait de codécision, dans toutes les zones concernées ? De promouvoir les entreprises chinoises en leur ouvrant des marchés ?… Sans doute de tout cela à la fois. Mais quelle est la véritable hiérarchie des priorités ?

Les Chinois n’aident guère leurs interlocuteurs à se positionner car, depuis l’annonce du projet par le président XI Jinping en septembre 2013 à l’université Nazarbayev du Kazakhstan, les objectifs et les modalités demeurent assez flous. Les montants concernés varient mais les ordres de grandeur sont tels (on parle de 1700 Md$ par an pour la seule Asie) qu’ils en deviennent déconnectés de toute perception concrète. Les modes de financement demeurent incertains. Certaines études montrent que 95 % des projets déjà réalisés ont été confiés à des entreprises chinoises, ce qui fait craindre une mainmise du processus par les seuls intérêts chinois ; mais ces projets ont, pour l’essentiel, été réalisés dans des zones dans lesquelles le potentiel local, c’est-à-dire la concurrence, était faible. Sans doute les possibilités sont-elles diverses et les modes de définition, de financement et de pilotage des projets peuvent varier d’un cas à l’autre : l’imagination doit avoir une place dans le processus, mais il ne faut pas oublier que la Chine dispose de moyens financiers que la France n’a pas, ce qui place inévitablement cette dernière en position de faiblesse.

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La prudence est donc de mise. Il serait autant absurde de refuser de participer au processus que d’accepter d’y jouer un rôle sans savoir à quoi l’on s’engage. C’est, semble-t-il, la ligne que les Européens ont exprimée au président chinois, et l’on ne peut que s’en réjouir.

6/ Le développement des relations entre la France et la Chine est éminemment souhaitable.

Mais son succès suppose, d’une part qu’au nom du réalisme la Chine accepte de perdre ses privilèges économiques qui ne se justifient plus, d’autre part que la France œuvre à ce qu’au nom du même réalisme l’Europe fonctionne de manière plus efficace. Il n’est pas certain que le challenge le plus difficile soit en Asie.

*Jean-Philippe Duranthon, membre fondateur de Geopragma 

jeudi, 04 avril 2019

Hadrien Desuin : « Vers une nouvelle Groß Koalition au Parlement européen? »

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Hadrien Desuin : « Vers une nouvelle Groß Koalition au Parlement européen? »

Une note d’analyse signée Hadrien Desuin*

Ex: http://geopragma.fr

À l’issue des élections européennes, où chaque camp est parti en ordre dispersé, une recomposition aura lieu pour former une majorité parlementaire. Face à l’essor des partis populistes et souverainistes, la majorité du parlement européen devrait resserrer ses rangs autour du groupe libéral.

C’était un vœu d’Emmanuel Macron qu’il avait prononcé à la Sorbonne dès septembre 2017 à la faveur du Brexit. A l’aide de listes transnationales, le Parlement européen devait s’ériger en Constituante en 2019 et se mettre en marche vers une Europe fédérale. Pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024, le président français voyait déjà ses athlètes courir sous les couleurs de l’Union Européenne…

Toute l’Europe applaudit l’enthousiasme du président français. On lui remet le prix Charlemagne à Aix-la-Chapelle en compagnie d’Angela Merkel. Mais toutes ces envolées visionnaires sont progressivement archivées pour mémoire. Les Allemands refusent de partager leurs économies et se contentent de mettre à jour le traité de l’Élysée de 1963. De fait, il n’y a ni liste transnationale, ni circonscription unique et encore moins de constituante.

Le découpage électoral, laissé à la discrétion des États-membres, fait de chacune des 27 campagnes nationales des événements politiques isolés. À part quelques personnalités venues symboliser l’unité européenne lors des grandes réunions publiques, on voit bien que le PPE (Parti Populaire Européen) ou le PSE (Parti Socialiste Européen) ont des rôles réduits. Ce sont des plateformes où cohabitent des partis aussi divers que Les Républicains de Laurent Wauquiez et le Fidesz de Victor Orban et qui, sans discipline de groupe, votent en fonction de leurs intérêts propres et parfois les uns contre les autres. De même, peu d’électeurs soupçonnent l’existence de l’ENL (Europe des Nations et des Libertés) et de l’ECR (Conservateurs et réformistes européens), les groupes qui représentent respectivement les populistes de droite et les conservateurs. Si le Parlement européen est très peu connu de ses électeurs, ceci peut aisément s’expliquer. En dehors de la confiance accordée à la Commission en début de mandature, cette assemblée de 750 membres n’a pas de réels pouvoirs législatifs. L’abstention bat donc tous les records.

Bien des rédactions ont d’ailleurs renoncé à décrire les méandres de la petite politique européenne à Strasbourg et Bruxelles, alors que les péripéties parisiennes, berlinoises ou romaines couvrent quotidiennement les journaux nationaux les plus respectés. Pour une campagne strictement européenne, il faudrait des médias européens. Or le seul quotidien dont la diffusion est proprement européenne est The New-York Times… Le journal a repris le nom de sa maison mère puisque le titre International Herald Tribune peinait à faire vendre. Ses pages en anglais traitent d’ailleurs plus souvent des différentes actualités nationales plutôt que de la machine Bruxelloise. Les chaînes de télévision comme Euronews n’ont pas non plus d’énormes succès d’audience. Le multilinguisme, comme le globish, a ses limites culturelles.

Coalition « roumaine »?

A la veille de ces élections du 26 au 29 mai 2019, les 750 députés sortants sont répartis en huit groupes. La majorité est composée des 218 députés du centre-droit PPE emmené par le bavarois Manfred Weber (CSU), alliés aux 186 députés sociaux-démocrates du PSE (dont les populistes du SMER slovaque et du PSD roumain). Ces derniers ont choisit le hollandais Frans Timmermans comme candidat à la tête de la commission. Avec un total de 404 parlementaires, ils peuvent se passer de leurs alliés libéraux d’ADLE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe). Le groupe dirigé par le belge Guy Verhofstadt a  68 députés (dont quatre de l’ANO du tchèque Andrej Babis.)

Après le 29 mai, la grosse coalition ne pourra plus se passer des libéraux pour atteindre la nouvelle majorité absolue fixée avec le Brexit à 353 députés. Ces derniers pourraient passer la barre des 100 députés avec Ciudadanos et LREM mais aussi les libéraux allemands et polonais. Le parti du président Macron voulait dynamiter les anciens partis du parlement et fédérer autour de lui un nouveau groupe central opposé aux populistes. Là encore ses ambitions se sont fracassées sur la résistance de la bipolarité allemande. Il est très probable que les successeurs et alliés idéologique

s du Modem reviennent de là où ils viennent: le groupe euro-libéral ALDE. Un renfort qui comblerait la baisse de la majorité actuelle du PPE sous la barre des 200 députés et du PSE sous les 150 représentants. La CDU en Allemagne, LR en France ou le PP en Espagne prévoient une érosion de leur socle électoral. De même pour le PS, le PD italien et le SPD allemands qui anticipent des scores plus faibles qu’en 2014. On se retrouverait alors dans une grosse coalition à trois qu’on pourrait qualifier de « coalition roumaine » (aux couleurs du drapeau de la Roumanie) : centre droit en bleu; centre libéral en jaune et centre-gauche en rouge. Cet attelage pourrait encore se passer des écologistes du groupe ALE, aujourd’hui au nombre de 52 mais dont le positionnement dans l’opposition est très ambiguë, partagé qu’il est entre les factions gestionnaires et contestataires. En revanche les libéraux ne devraient pas être assez nombreux pour former à eux seuls une coalition avec le centre-droit ou le centre-gauche. De même le centre droit ne serait pas assez fort pour se coaliser avec les libéraux et les conservateurs. Leur vision de l’Europe sont de toutes les façons trop divergentes.

Big bang souverainiste?

L’opposition, quant à elle, est scindée en quatre petits groupes répartis à droite et à gauche. Le principal, ECR (Conservateurs et Réformistes Européens) compte 74 députés dont 19 polonais principalement du PiS, et 19 conservateurs britanniques. Ce groupe va souffrir du Brexit et cherche à s’élargir. Il a déjà rallié Nicolas Dupont-Aignan qui selon les sondages pourrait obtenir une poignée de députés ainsi que les démocrates suédois. La rencontre entre Salvini et Kascinsky a été très commentée puisqu’elle pourrait entamer un « big bang » chez les souverainistes de droite si les italiens de la Lega ou les autrichiens du FPO passaient chez les conservateurs. Par ailleurs, le groupe EFDD (Europe de la liberté et de la démocratie directe) dont 19 élus sur 43 viennent du UKIP britannique cherche aussi à s’élargir (il faut 7 nationalités différentes au sein de chaque groupe et les moyens procurés par la formation d’un groupe ne sont pas négligeables). La composante M5S du groupe est très volatile idéologiquement et constitue une inconnue importante de l’équation. Ses relations avec la Lega sont compliquées et ne devraient pas faciliter l’union des souverainistes de droite dans un seul groupe au lieu de trois. Le groupe ENL (Europe des Nations et des Libertés) regroupe quant à lui 15 élus du RN français, 4 du FPÖ autrichien, 4 du PVV néerlandais et 6 de la Lega italienne. Le départ du député britannique devrait être compensé par l’arrivée de Vox, un mouvement national espagnol qui a le vent en poupe.

Enfin la gauche radicale regroupée au sein du groupe GUE (Gauche Unitaire Européenne) peine à faire campagne en restant unie. Les 52 députés sortant qui regroupent des communistes et des populistes de LFI ou de Podemos repousseront au lendemain du scrutin la négociation pour la formation du groupe. Leur score ne devrait pas baisser.

Sur le papier, la grande coalition majoritaire semble assurée de se voir reconduite. Avec la bonne tenue du groupe ALDE et en dépit de l’affaiblissement annoncée du PPE et du PSE, le parlement gravitera autour de son centre libéral. Ce sera un parlement à l’image du Bundestag dont le système représentatif proportionnel est assez proche. On devrait donc avoir une nouvelle commission centriste et libérale, dont la majorité sera seule face à une opposition eurosceptique et populiste. Si Manfred Weber a peu de chance d’obtenir la présidence de la commission, l’Europe à l’allemande a encore quelques années devant elle.

*Hadrien Desuin, chercheur associé chez Geopragma 

Universalisme islamique et droit-de-l’hommiste, même combat ?

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Universalisme islamique et droit-de-l’hommiste, même combat ?

Par Laurence Maugest, essayiste

La Charia pour l’Islam et l’ordre mondial pour les Droits de l’Homme. Existe-t-il des points de convergence ? Pour Laurence Maugest, contributrice régulière pour Polémia, c’est indubitable.

L’idéologie des Droits de l’Homme a en commun avec l’Islam de se vouer à la création d’un homme « sur-mesure », « construit », corseté dans des règles.

La religion musulmane est une doctrine qui s’immisce dans la vie privée des pratiquants, dans ses moindres recoins, lavage de mains, nourriture,  relations sexuelles…Tout est indiqué dans un calendrier que le bon musulman doit suivre à la lettre.

Curieusement, nous sommes dans l’obligation de noter que l’idéologie des Droits de l’Homme, notamment par les principes de précaution qu’elle sécrète, suit le même chemin.En effet, cette “religion” laïque devient de plus en plus invasive dans nos univers et s’évertue, de jour en jour, à réglementer davantage notre vie intime. Tel l’Islam, les Droits de l’Homme entrent dans nos foyers : des fessées aux enfants, maintenant interdites,au contenu de nos frigidaires, nous obligeant par exemple, à privilégier les légumes et à proscrire de plus en plus la viande.

Ces « avancées » se font toujours sous les coups de butoir de la culpabilité et nous mènent systématiquement à un résultat identique : notre déresponsabilisation « d’être libre ».

Le point de convergence, presque troublant, entre l’intrusion de l’Islam et celle des Droits de l’homme trouve son acmé dans ce qu’il y a de plus intime dans la vie des individus et de plus fondateur dans une société : la relation entre les hommes et les femmes.

Des chemins différents, voire opposés, aboutissent à un résultat identique

La mise à mal de la relation hommes – femmes :

  • Dans le monde masculin musulman, la femme doit se résoudre à « ne pas être », à « se dissoudre », à se dissimuler sous un voile, en dehors du regard de son père, de ses frères et de son mari.
  • L’homme occidental, lui est maintenu par l’épée des Droits de la Femme dans les reins, etne doit plus exprimer son désir.Il sera perçu, de plus en plus souvent, comme un prédateur, à surveiller de près et à maintenir à distance.

Faut-il rappeler qu’aux Etats Unis, les hommes rechignent parfois à monter dans un ascenseur seul avec une femme de peur de se retrouver devant le Juge et de payer un avocat?

Faut-il rappeler que, depuis que les européens rejettent leur histoire qui les a construits, leur avenir est lisible dans le présent des Etats Unis ? Ce qui, évidemment, n’est pas pour nous réjouir sous réserve que l’on ne soit pas avocat.

Trois autres points communs :

  • L’hyper sexualisation des relations hommes – femmes qui se révèle dans une forme d’obsession pathologique qui gomme, au passage, toutes possibilités de rencontresautreset de sympathie en dehors du sexe. Ce qui, avouons-le, est particulièrement réducteur en ce qui concerne la richesse des échanges entre les êtres en général.Ceci relève d’une limitation au corps et réduit à l’animalité notre gent humaine pourvue, pourtant, d’un cortex cérébral qui a fait ses preuves.
  • L’apartheid sexuel qui n’est pas sans rappeler la prophétie d’Alfred de Vigny (*) :

« Bientôt, se retirant dans un hideux royaume,
La Femme aura Gomorrhe et l’Homme aura Sodome,
Et, se jetant, de loin, un regard irrité,
Les deux sexes mourront chacun de son côté. »

  • La judiciarisation progressive des relations entre les hommes et les femmes

Ce dernier point commun entre l’Islam et les Droits de l’Homme « la judiciarisation exponentielle» concerne l’ensemble de la société. En effet, la mode actuelle privilégie, après la délation dans les hashtags en tous genres, les plaintes et les appels à la justice au moindre « dérapage ».  Rappelons-nous avec Rémi Brague que si  « le christianisme est la religion de l’absolu (Hegel),…l’Islam est un système politique  et juridique ». (*)

En cela nous pouvons conclure que l’Islam s’apparente davantage au Droits de l’Homme qu’au christianisme.

Dis-moi ce que tu veux, je te dirai qui tu es

Le christianisme porte en lui une visée universelle certes, mais qui concerne l’au-delà : « Mon royaume n’est pas de ce monde ».

Ce qui est loin d’être le cas de l’Islam et de son point d’orgue : la Charia qui vise à l’élargissement de la « oumma » (« Communauté mondiale des croyants »).

Les « droits-de-l’hommistes », eux, déploient une énergie considérable à détruire les frontières. Ceci, sous le prétexte que seul « un ordre mondial » assurera l’équilibre politique,  la santé écologique de la planète, la démographie et la sécurité de la population, notamment des femmes.

L’Islam et les Droits de l’Homme poursuivent donc un but similaire, l’universalisme sur Terre pour l’Islam, le cosmopolitisme mondial en ce qui concerne les Droits de l’Homme.

Un problème de taille

Le Monde est vaste et demeure, pour notre bonheur, pétris de diversités et de cultures variées.

Olivier Rey montre que tout ce qui est grand ou plus précisément grandit trop est source d’accidents. Ces aléas concernent le domaine biologique et aussi le champ géopolitique. (**)

Pensons à la superficie de la Russie qui impose à ce pays, depuis des siècles, un régime fort pour éviter le chaos susceptible de naître dans la confrontation des peuples si différents qui la composent.

Si les musulmans peuvent espérer que leurs règles de vie contrôlent la communauté des croyants, les mondialistes, eux, n’ont pas de Coran ou de petit livre rouge pour jouer le rôle de partition sévère et raide  dans un monde disparate qu’ils rêvent d’unifier.

C’est pourquoi, les Droits de l’Homme trouvent ici leur place naturelle et leur rôle de « régulateur des soucis de taille et de disparité ». Ainsi, plus l’empire mondialiste s’étendra, plus les commandements des Droits de l’Homme deviendront rigides, toujours plus répressifs, toujours plus liberticides.

Cela signifie, en définitive, que le démantèlement des frontières, nationales, culturelles, individuelles (en ce qui relève de la singularité des êtres qui est de moins en moins respectée au profit de leur nivellement), nous amène, peu ou prou, à un système politique tyrannique, seul, capable de faire obéir tout ce monde-là !

Nous sommes en train de perdre notre « responsabilité » d’être humain et la grande liberté qui s’y attache. Ce « Libre arbitre » qui nous fut offert par notre histoire gréco-latine et chrétienne sensible au développement personnel qui ne peut s’épanouir que dans une culture enracinée dans l’espace et le temps.

Il y a une membrane fondamentale que les règles islamiques comme les doctrines tyranniques des Droits de l’Homme ne détruisent pas mais, obstruent, bien au contraire,  pour notre malheur, il s’agit de notre relation au monde. Cette membrane osmotique qui, depuis la nuit des temps, ouvre l’homme comme sujet identifié, responsable, curieux et questionnant à l’univers qui l’entoure et aux mystères de la vie. Cet homme debout ne pourra plus être dans un système qui épingle « hors la loi » toutes singularités, judiciarise à tour de bras et surtout, est convaincu de son savoir ce qui inhibe, inévitablement, tout questionnement.

Laurence Maugest
5/12/2018

(*)  Libérons-nous du féminisme !, Bérénice Levet, https://www.youtube.com/watch?v=PJ6GUtAoqDM

(**) Une question de taille, Olivier Rey, https://miscellanees01.wordpress.com/2015/07/27/olivier-r... (Vidéo)

Source : Correspondance Polémia

How Brzezinski's Chessboard Degenerated Into Brennan's Russophobia

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How Brzezinski's Chessboard Degenerated Into Brennan's Russophobia
 
 

“Russia is an inalienable and organic part of Greater Europe and European civilization. Our citizens think of themselves as European. That’s why Russia proposes moving towards the creation of a common economic space from the Atlantic to the Pacific Ocean, a community referred to by Russian experts as ‘the Union of Europe’ which will strengthen Russia’s potential in its economic pivot toward the ‘New Asia.’” Vladimir Putin, President of the Russian Federation, February 2012

The allegations of ‘Russian meddling’ only make sense if they’re put into a broader geopolitical context. Once we realize that Washington is implementing an aggressive “containment” strategy to militarily encircle Russia and China in order to spread its tentacles across Central Asian, then we begin to understand that Russia is not the perpetrator of the hostilities and propaganda, but the victim. The Russia hacking allegations are part of a larger asymmetrical-information war that has been joined by the entire Washington political establishment. The objective is to methodically weaken an emerging rival while reinforcing US global hegemony.

Try to imagine for a minute, that the hacking claims were not part of a sinister plan by Vladimir Putin “to sow discord and division” in the United States, but were conjured up to create an external threat that would justify an aggressive response from Washington. That’s what Russiagate is really all about.

US policymakers and their allies in the military and Intelligence agencies, know that relations with Russia are bound to get increasingly confrontational, mainly because Washington is determined to pursue its ambitious “pivot” to Asia plan. This new regional strategy focuses on “strengthening bilateral security alliances, expanding trade and investment, and forging a broad-based military presence.” In short, the US is determined to maintain its global supremacy by establishing military outposts across Eurasia, continuing to tighten the noose around Russia and China, and reinforcing its position as the dominant player in the most populous and prosperous region in the world. The plan was first presented in its skeletal form by the architect of Washington’s plan to rule the world, Zbigniew Brzezinski. Here’s how Jimmy Carter’s former national security advisor summed it up in his 1997 magnum opus, The Grand Chessboard: American Primacy And Its Geostrategic Imperatives:

“For America, the chief geopolitical prize is Eurasia… (p.30)….. Eurasia is the globe’s largest continent and is geopolitically axial. A power that dominates Eurasia would control two of the world’s three most advanced and economically productive regions. …. About 75 per cent of the world’s people live in Eurasia, and most of the world’s physical wealth is there as well, both in its enterprises and underneath its soil. Eurasia accounts for 60 per cent of the world’s GNP and about three-fourths of the world’s known energy resources.” (“The Grand Chessboard:American Primacy And Its Geostrategic Imperatives”, Zbigniew Brzezinski, Basic Books, page 31, 1997)

14 years after those words were written, former Secretary of State Hillary Clinton took up the banner of imperial expansion and demanded a dramatic shift in US foreign policy that would focus primarily on increasing America’s military footprint in Asia. It was Clinton who first coined the term “pivot” in a speech she delivered in 2010 titled “America’s Pacific Century”. Here’s an excerpt from the speech:

“As the war in Iraq winds down and America begins to withdraw its forces from Afghanistan, the United States stands at a pivot point. Over the last 10 years, we have allocated immense resources to those two theaters. In the next 10 years, we need to be smart and systematic about where we invest time and energy, so that we put ourselves in the best position to sustain our leadership, secure our interests, and advance our values. One of the most important tasks of American statecraft over the next decade will therefore be to lock in a substantially increased investment — diplomatic, economic, strategic, and otherwise — in the Asia-Pacific region…

Open markets in Asia provide the United States with unprecedented opportunities for investment, trade, and access to cutting-edge technology…..American firms (need) to tap into the vast and growing consumer base of Asia…The region already generates more than half of global output and nearly half of global trade. As we strive to meet President Obama’s goal of doubling exports by 2015, we are looking for opportunities to do even more business in Asia…and our investment opportunities in Asia’s dynamic markets.”

(“America’s Pacific Century”, Secretary of State Hillary Clinton”, Foreign Policy Magazine, 2011)

The pivot strategy is not some trifling rehash of the 19th century “Great Game” promoted by think-tank fantasists and conspiracy theorists. It is Washington’s premier foreign policy doctrine, a ‘rebalancing’ theory that focuses on increasing US military and diplomatic presence across the Asian landmass. Naturally, NATO’s ominous troop movements on Russia’s western flank and Washington’s provocative naval operations in the South China Sea have sent up red flags in Moscow and Beijing. Former Chinese President Hu Jintao summed it up like this:

“The United States has strengthened its military deployments in the Asia-Pacific region, strengthened the US-Japan military alliance, strengthened strategic cooperation with India, improved relations with Vietnam, inveigled Pakistan, established a pro-American government in Afghanistan, increased arms sales to Taiwan, and so on. They have extended outposts and placed pressure points on us from the east, south, and west.”

Russian President Vladimir Putin has been equally critical of Washington’s erratic behavior. NATO’s eastward expansion has convinced Putin that the US will continue to be a disruptive force on the continent for the foreseeable future. Both leaders worry that Washington’s relentless provocations will lead to an unexpected clash that will end in war.

Even so, the political class has fully embraced the pivot strategy as a last-gasp attempt to roll back the clock to the post war era when the world’s industrial centers were in ruins and America was the only game in town. Now the center of gravity has shifted from west to east, leaving Washington with just two options: Allow the emerging giants in Asia to connect their high-speed rail and gas pipelines to Europe creating the world’s biggest free trade zone, or try to overturn the applecart by bullying allies and threatening rivals, by implementing sanctions that slow growth and send currencies plunging, and by arming jihadist proxies to fuel ethnic hatred and foment political unrest. Clearly, the choice has already been made. Uncle Sam has decided to fight til the bitter end.

Washington has many ways of dealing with its enemies, but none of these strategies have dampened the growth of its competitors in the east. China is poised to overtake the US as the world’s biggest economy sometime in the next 2 decades while Russia’s intervention in Syria has rolled back Washington’s plan to topple Bashar al Assad and consolidate its grip on the resource-rich Middle East. That plan has now collapsed forcing US policymakers to scrap the War on Terror altogether and switch to a “great power competition” which acknowledges that the US can no longer unilaterally impose its will wherever it goes. Challenges to America’s dominance are emerging everywhere particularly in the region where the US hopes to reign supreme, Asia.

This is why the entire national security state now stands foursquare behind the improbable pivot plan. It’s a desperate “Hail Mary” attempt to preserve the decaying unipolar world order.

What does that mean in practical terms?

It means that the White House (the National Security Strategy) the Pentagon (National Defense Strategy) and the Intelligence Community (The Worldwide Threat Assessment) have all drawn up their own respective analyses of the biggest threats the US currently faces. Naturally, Russia is at the very top of those lists. Russia has derailed Washington’s proxy war in Syria, frustrated US attempts to establish itself across Central Asia, and strengthened ties with the EU hoping to “create a harmonious community of economies from Lisbon to Vladivostok.” (Putin)

Keep in mind, the US does not feel threatened by the possibility of a Russian attack, but by Russia’s ability to thwart Washington’s grandiose imperial ambitions in Asia.

As we noted, the National Security Strategy (NSS) is a statutorily mandated document produced by the White House that explains how the President intends to implement his national security vision. Not surprisingly, the document’s main focus is Russia and China. Here’s an excerpt:

“China and Russia challenge American power, influence, and interests, attempting to erode American security and prosperity. They are determined to make economies less free and less fair, to grow their militaries, and to control information and data to repress their societies and expand their influence.” (Neither Russia nor China are attempting to erode American security and prosperity.” They are merely growing their economies and expanding their markets. If US corporations reinvested their capital into factories, employee training and R and D instead of stock buybacks and executive compensation, then they would be better able to complete globally.)

Here’s more: “Through modernized forms of subversive tactics, Russia interferes in the domestic political affairs of countries around the world.” (This is a case of the ‘pot calling the kettle black.’)

“Today, actors such as Russia are using information tools in an attempt to undermine the legitimacy of democracies. Adversaries target media, political processes, financial networks, and personal data.” (The western media behemoth is the biggest disinformation bullhorn the world has ever seen. RT and Sputnik don’t hold a candle to the ginormous MSM ‘Wurlitzer’ that controls the cable news stations, the newspapers and most of the print media. The Mueller Report proves beyond a doubt that the politically-motivated nonsense one reads in the media is neither reliably sourced nor trustworthy.)

The Worldwide Threat Assessment of the US Intelligence Community is even more explicit in its attacks on Russia. Check it out:

“Threats to US national security will expand and diversify in the coming year, driven in part by China and Russia as they respectively compete more intensely with the United States and its traditional allies and partners…. We assess that Moscow will continue pursuing a range of objectives to expand its reach, including undermining the US-led liberal international order, dividing Western political and security institutions, demonstrating Russia’s ability to shape global issues, and bolstering Putin’s domestic legitimacy.

We assess that Moscow has heightened confidence, based on its success in helping restore the Asad regime’s territorial control in Syria,… Russia seeks to boost its military presence and political influence in the Mediterranean and Red Seas… mediate conflicts, including engaging in the Middle East Peace Process and Afghanistan reconciliation….

Russia will continue pressing Central Asia’s leaders to support Russian-led economic and security initiatives and reduce engagement with Washington. …Russia and China are likely to intensify efforts to build influence in Europe at the expense of US interests…” (“The Worldwide Threat Assessment of the US Intelligence Community”, USG)

Notice how the Intelligence Community summary does not suggest that Russia poses an imminent military threat to the US, only that Russia has restored order in Syria, strengthened ties with China, emerged as an “honest broker” among countries in the Middle East, and used the free market system to improve relations with its trading partners and grow its economy. The IC appears to find fault with Russia because it is using the system the US created to better advantage than the US. This is entirely understandable given Putin’s determination to draw Europe and Asia closer together through a region-wide economic integration plan. Here’s Putin:

“We must consider more extensive cooperation in the energy sphere, up to and including the formation of a common European energy complex. The Nord Stream gas pipeline under the Baltic Sea and the South Stream pipeline under the Black Sea are important steps in that direction. These projects have the support of many governments and involve major European energy companies. Once the pipelines start operating at full capacity, Europe will have a reliable and flexible gas-supply system that does not depend on the political whims of any nation. This will strengthen the continent’s energy security not only in form but in substance. This is particularly relevant in the light of the decision of some European states to reduce or renounce nuclear energy.”

The gas pipelines and high-speed rail are the arteries that will bind the continents together and strengthen the new EU-Asia superstate. This is Washington’s greatest nightmare, a massive, thriving free trade zone beyond its reach and not subject to its rules. In 2012, Hillary Clinton acknowledged this new threat and promised to do everything in her power to destroy it. Check out this excerpt:

“U.S. Secretary of State Hillary Clinton described efforts to promote greater economic integration in Eurasia as “a move to re-Sovietize the region.”…. “We know what the goal is and we are trying to figure out effective ways to slow down or prevent it,” she said at an international conference in Dublin on December 6, 2012, Radio Free Europe.”

“Slow down or prevent it”?

Why? Because EU-Asia growth and prosperity will put pressure on US debt markets, US corporate interests, US (ballooning) national debt, and the US Dollar? Is that why Hillary is so committed to sabotaging Putin’s economic integration plan?

Indeed, it is. Washington wants to block progress and prosperity in the east in order to extend the lifespan of a doddering and thoroughly-bankrupt state that is presently $22 trillion in the red but continues to write checks on an overdrawn account.

But Russia shouldn’t be blamed for Washington’s profligate behavior, that’s not Putin’s fault. Moscow is merely using the free market system more effectively that the US.

Now consider the Pentagon’s 2018 National Defense Strategy (NDS) which reiterates many of the same themes as the other two documents.

“Today, we are emerging from a period of strategic atrophy, aware that our competitive military advantage has been eroding. We are facing increased global disorder, characterized by decline in the long-standing rules-based international order—creating a security environment more complex and volatile than any we have experienced in recent memory. Inter-state strategic competition, not terrorism, is now the primary concern in U.S. national security.”

(Naturally, the “security environment” is going to be more challenging when ‘regime change’ is the cornerstone of one’s foreign policy. Of course, the NDS glosses over that sad fact. Here’s more:)

“Russia has violated the borders of nearby nations and pursues veto power over the economic, diplomatic, and security decisions of its neighbors…..(Baloney. Russia has been a force for stability in Syria and Ukraine. If Obama had his way, Syria would have wound up like Iraq, a hellish wastelands occupied by foreign mercenaries. Is that how the Pentagon measures success?) Here’s more:

“China and Russia want to shape a world consistent with their authoritarian model…

“China and Russia are now undermining the international order from within the system…….

“China and Russia are the principal priorities for the Department… because of the magnitude of the threats they pose to U.S. security.” (National Defense Strategy of the United States of America)

Get the picture? China and Russia, China and Russia, China and Russia. Bad, bad, bad.

Why? Because they are successfully implementing their own development model which is NOT programed to favor US financial institutions and corporations. That’s the whole thing in a nutshell. The only reason Russia and China are a threat to the “rules-based system”, is because Washington insists on being the only one who makes the rules. That’s why foreign leaders are no longer falling in line, because it’s not a fair system.

These assessments represent the prevailing opinion of senior-level policymakers across the spectrum. (The White House, the Pentagon and the Intelligence Community) The USG is unanimous in its judgement that a harsher more combative approach is needed to deal with Russia and China. Foreign policy elites want to put the nation on the path to more confrontation, more conflict and more war. At the same time, none of these three documents suggest that Russia has any intention of launching an attack on the United States. The greatest concern is the effect that emerging competitors will have on Washington’s provocative plan for military and economic expansion, the threat that Russia and China pose to America’s tenuous grip on global power. It is that fear that drives US foreign policy.

And this is broader context into which we must fit the Russia investigation. The reason the Russia hacking furor has been allowed to flourish and spread despite the obvious lack of any supporting evidence, is because the vilifying of Russia segues perfectly with the geopolitical interests of elites in the government. The USG now works collaboratively with the media to influence public attitudes on issues that are important to the powerful foreign policy establishment. The ostensible goal of these psychological operations (PSYOP) is to selectively use information on “audiences to influence their emotions, motives, objective reasoning, and ultimately the behavior of… organizations, groups, and individuals.”

The USG now sees the minds of ordinary Americans as a legitimate target for their influence campaigns. They regard attitudes and perceptions as “the cognitive domain of the battlespace” which they must exploit in order to build public support for their vastly unpopular wars and interventions. The relentless Russiagate narrative (which was first referred to the FBI by the chief architect of the Syrian War, former-CIA Director John Brennan) represents the disinformation component of the broader campaign against Russia. Foreign policy elites are determined to persuade the American people that Russia constitutes a material threat to their security that must be countered by tighter sanctions, more sabre-rattling, and eventually war.

mercredi, 03 avril 2019

De la guerre des devises à la guerre militaire

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De la guerre des devises à la guerre militaire

par Eberhard Hamer, professeur ès sciences économiques

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le système financier mondial est dominé par un syndicat: le Conseil de stabilité financière (CSF) réunit, sous la supervision de la Banque fédérale de réserve (FED), les grandes banques atlantiques,1 elles-mêmes contrôlées par sept familles.2 «Les géants pétroliers Exxon Mobil, Royal Dutch Shell, BP et Chevron y sont également étroitement liés. Les sept familles disposent des majorités actionnaires dans pratiquement la totalité des 500 premières entreprises.»3


«La méthodologie de la domination financière mondiale est en fait assez simple: l’Amérique importe beaucoup plus de biens qu’elle n’exporte, de sorte que les dollars (fraîchement imprimés) sortent des Etats-Unis pour atterrir dans les banques centrales des autres pays. Les Etats-Unis refusant de payer leurs dettes en or, les banques centrales sont obligées d’investir des dollars en obligations et autres instruments financiers. Il en résulte un système d’endettement mondial, dominé par les Etats-Unis, qui fait prospérer l’économie américaine au détriment des autres».4


Suite à la prolifération effrénée du dollar et à la bulle d’endettement grandissante qui en résulte (32 billions de dollars), le dollar représente un risque financier toujours plus accentué. La bulle éclaterait si le monde refusait d’accepter le dollar. C’est en effet la régence du dollar qui permet au syndicat financier mondial de dépenser de l’argent à mauvais escient. Cette hégémonie du dollar est maintenue par la présence mondiale des armées américaines. Ainsi, la quasi-totalité des pays du monde se retrouvent assujettis par endettement envers le Syndicat financier américain, la plupart d’eux sont contraints à tolérer sur leur territoire, des troupes d’occupation ou des bases américaines qui assurent leur servitude pour dettes (Ramstein en Allemagne, Camp Bondsteel au Kosovo et autres).
Cependant, à maintes reprises, des pays individuels ont tenté de sortir de l’assujettissement par endettement imposé par l’empire du dollar afin d’engager leurs ressources en faveur du bien-être national plutôt que pour le syndicat financier mondial. Pour contrecarrer de tels efforts, l’empire mène en permanence des guerres économiques et financières sous diverses formes:

  • Les agences de notation du syndicat financier monopolisent l’évaluation de la solvabilité des Etats. Un pays mal noté doit payer des taux d’intérêt plus élevés sur les prêts.
  • Les blocus financiers, par exemple contre le Venezuela ou l’Iran, empêchent toute transaction financière avec les pays concernés, les excluant ainsi pratiquement du système monétaire mondial afin de le rendre insolvable.
  • Les sanctions économiques bloquent les importations ou exportations du pays visé.
  • Les accords sur les prix (dépression artificielle des prix à l’importation) réduisent la solvabilité des Etats rétifs jusqu’à ce qu’ils abandonnent.
  • Les actions judiciaires contre les concurrents des banques ou entreprises anglo-saxonnes visent à réduire leur compétitivité (actions américaines en justice contre VW (23 milliards de dollars) ou la Deutsche Bank (12 milliards de dollars).
  • En même temps, un système d’espionnage américain opérant à l’échelle mondiale garantit que tous les systèmes numériques dans le monde soient contrôlés, évalués, écrémés au profit des Etats-Unis et soumis au régiment numérique américain.
  • Une idéologie de la globalisation lutte pour les «quatre libertés» (libre circulation du capital, des produits, des services et des travailleurs) afin de briser les structures nationales, les systèmes sociaux et les démocraties, tout cela en faveur de l’empire du dollar.

La domination mondiale du dollar est assurée militairement. «Le cartel bancaire envoie l’armée américaine, qui dévore plus de la moitié de l’ensemble des budgets militaires du monde entier, partout où elle voit ses intérêts menacés.»5 Partout où l’hégémonie du dollar américain est remise en cause, les moyens de guerre financière ou économique mentionnés ci-dessus s’emploient dans le but de rétablir la soumission. Mais si les pays ou les gouvernements se montrent têtus, s’ils ne veulent plus vendre leurs matières premières pour des dollars ou même ne plus accepter le dollar lui-même, le syndicat financier exige l’intervention de l’armée américaine:

  • En novembre 2000, Saddam Hussein refusa d’accepter le dollar en échange du pétrole irakien; il accepta néanmoins l’euro, ce qui fit dévaluer le dollar.
  • En 2003, l’Irak fut attaqué parce qu’il rejetait la dictature du dollar. Ainsi la menace pour le dollar fut éliminée.
  • De même, le dirigeant libyen Kadhafi tenta de ne plus utiliser le dollar dans son commerce pétrolier. Aussitôt son régime fut exposé à des soulèvements et à une intervention militaire contre lui. Après l’assassinat de Kadhafi et la destruction de son système, la Libye fut réintégrée dans l’empire du dollar.
  • La Russie, elle non plus, n’était plus dispose à accepter l’avantage du dollar américain par rapport aux autres devises. Elle a mis en place son propre système de paiement (PRO100) qui se trouvait en dehors de la portée du cartel bancaire international. Poutine a, en outre, privé le cartel pétrolier de se servir des réserves russes de pétrole et de gaz. Depuis lors, Poutine et la Russie se trouvent être les principaux ennemis de l’empire du dollar. Ils se font donc encercler militairement et sont combattus par tous les moyens dans une guerre financière et commerciale.
  • Depuis plus de cinq ans, l’Iran est la cible des attaques monétaires, commerciales et juridiques du syndicat américain, car le pays se montrait décidé à vendre son pétrole non seulement en échange de dollars, mais également de toutes les autres devises. Des sanctions brutales à l’encontre de tous les potentiels acheteurs et partenaires commerciaux ont abouti à son exclusion totale du système financier mondial ainsi que de l’économie mondiale. Comme cet Etat ne fléchit toujours pas, la menace d’une action militaire est de plus en plus imminente.
  • La Chine se démarque aussi du dollar en se dotant d’un système monétaire concurrent (Banque asiatique de développement) qui ne tolère plus la domination du dollar et évolue donc, de plus en plus, en Etat ennemi du Syndicat financier atlantique.

Lors de la campagne électorale, Hillary Clinton avait promis «de commencer la guerre contre la Russie en Ukraine et en Syrie d’ici le mois de mars», mais elle s’est ensuite corrigée, en disant qu’on n’y parviendrait pas avant mai 2018. Par bonheur, elle n’a pas été élue.

Le dos contre le mur, l’Amérique est pourtant toujours sous double pression:

  • L’effet de la pression effrénée sur le dollar a conduit à une quantité de dettes uniques dans l’histoire des Etats-Unis (32 billions de dollars) qui peuvent s’effondrer à tout moment si d’autres pays importants n’acceptent plus le dollar, si les banques du système financier tombent en faillites ou si les pays surendettés deviennent insolvables. L’empire du dollar a jusqu’à présent tenté de corriger ces dangers avec des prêts à intérêt zéro, ce qui devient de plus en plus difficile à maintenir. La dévaluation d’une monnaie de référence (dollar) en hausse incontrôlée est finalement certaine. La confiance diminue. Le syndicat financier prépare donc déjà l’interdiction des espèces et le remplacement de l’argent-monnaie par de l’argent numérique.
  • L’empire du dollar ne peut être soutenu qu’avec un boom constant. Cela présuppose une exploitation élevée de la capacité de l’économie. Cependant, l’économie américaine produit pour 70% des armes, de sorte que l’économie américaine n’est florissante que lorsque l’industrie de l’armement est en plein essor. Celle-ci ne peut se développer que si elle peut vendre ses produits, c’est-à-dire s’il y a suffisamment de guerres dans le monde. La production américaine d’équipements militaires dépasse les 600 milliards d’euros, soit dix fois plus que celle de la Russie et plus de la moitié de la production mondiale d’équipements militaires. Le président américain exige des pays satellites d’acheter davantage d’armement (en provenance des USA), et il vend sans vergogne des armements à des dictatures (Arabie saoudite).
  • Après le réarmement de l’OTAN et de l’Ukraine et après la fin de la guerre en Syrie, l’industrie américaine de la défense a besoin d’un nouveau coup de pouce pour relancer l’économie aux Etats-Unis au moyen d’une nouvelle guerre.

La politique américaine prétend toujours que la Russie, la Chine, l’Iran ou d’autres pays sont belliqueux et dangereux. Comme le montrent les dépenses militaires et les actes d’agression (sanctions, châtiments, etc.) des Etats-Unis dans le monde entier, ce sont avant tout les USA qui sont belliqueux et prêts à la guerre. A plusieurs reprises, ils ont mis en avant le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et des hommes politiques des pays satellites (Heiko Maas, Ursula von der Leyen) pour diaboliser la Russie et exprimer des menaces de guerre.
Comme avant la Première Guerre mondiale, nous sommes donc dans une situation, où un petit événement pourrait déclencher un nouvel incendie mondial. Les dictatures et les empires ont toujours utilisé la guerre comme dernier recours quand ils ne savaient plus que faire. Si l’économie américaine s’effondre en raison d’un manque de demande d’armes ou de l’éclatement de la bulle d’endettement de l’empire du dollar, l’hégémonie du syndicat financier mondial et de la puissance mondiale des Etats-Unis devraient disparaître. Ainsi on arriverait à un point, où les politiciens ne savent plus quoi faire et ils pourraient éventuellement avoir recours au dernier ressort.
Aux Etats-Unis, des voix s’élèvent déjà pour dire que la guerre contre l’Iran doit commencer cet été. Les préparatifs sont terminés.
Il n’est donc guère compréhensible que le monde ne prenne pas conscience du danger de guerre, que les marches pour la paix n’exigent pas la paix dans tous les pays comme par le passé et que les médias dirigés par le syndicat financier (par exemple la presse Springer) puissent s’attaquer à la Russie et à l’Iran, sans aucune opposition, au lieu d’exiger la paix. Nous avons besoin d’une «révolte de tous les amoureux de la paix» pour faire prendre conscience du danger de la guerre et de l’exigence de paix pour tous les peuples. Si nous restons inactifs et que nous ne la dénonçons pas à temps, la politique irresponsable des Etats-Unis et de l’OTAN pourrait nous replonger dans l’impasse de la guerre contre notre volonté.
Non seulement il est grand temps de mettre en garde contre cela, mais nous devons le faire à voix haute.    •

(Traduction Horizons et débats)

1     JP Morgen Chase, City Group, Wells Fargo, Deutsche Bank, BNP, Barclays
2     Goldman Sachs, Rockefeller, Lehmann, Rothschild, Warburg, Lazard et Seifs
3     Orzechowski, Peter. Durch globales Chaos in die Neue Weltordnung, Rottenburg 2016
4     ibid, p. 61
5     ibid, p. 62

mardi, 02 avril 2019

Washington cherche l’escalade : y aura-t-il de nouvelles sanctions contre la Russie à cause du soutien de Moscou à Maduro ?

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Washington cherche l’escalade : y aura-t-il de nouvelles sanctions contre la Russie à cause du soutien de Moscou à Maduro ?

Washington / Caracas : Le gouvernement américain entend infliger de nouvelles sanctions à la Russie, cette fois à cause du soutien que celle-ci apporte au régime de Maduro au Vénézuela. John Bolton, conseiller ès-sécurité du Président Trump, a condamné ce soutien et a averti d’autres Etats de n’envoyer ni forces militaires ni équipements. « Nous considérerons de tels actes provocateurs comme une menace directe contre la paix internationale et contre la sécurité dans la région » a lancé Bolton.

Elliott Abrams, plénipotentiaire américain pour le Venezuela, a déclaré que les Etats-Unis disposaient de toute une série d’options pour s’opposer à l’engagement russe au pays de Maduro. Quand on lui a posé la question de savoir ce que le gouvernement américain entendait faire pour barrer la route aux projets russes en Amérique latine, Abrams a répondu : « Nous avons une liste d’options ». Il y aurait ainsi des possibilités au niveau diplomatique mais aussi au niveau économique, c’est-à-dire des sanctions. Il n’a pas été plus explicite. Mais il a toutefois souligné : « Ce serait une erreur, pour les Russes, de croire qu’ils ont les mains libres en cette région. Ils ne les ont pas ! ». Et il a ajouté que le nombre de soldats russes au Venezuela n’est pas très grand mais leur influence potentielle est néanmoins considérable. Leur présence ne va pas dans l’intérêt de la population du pays.

Les Russes ont toutefois contesté les accusations des Américains, ces derniers jours, et leur ont reproché d’organiser un coup d’Etat pour favoriser un changement de régime au Venezuela, ce qui revient à s’immiscer de manière inacceptable dans les affaires intérieures de l’Etat sud-américain. Moscou se réfère à un accord existant de coopération militaire et technique avec le Venezuela. Vendredi dernier, la Russie a demandé une nouvelle fois que les Etats-Unis ne se mêlent pas des affaires intérieures du Venezuela. Washington n’a pas le droit, ajoutent-ils, de dicter à d’autres Etats avec quels pays ils peuvent collaborer, pensent les principaux acteurs de la politique étrangères à Moscou.

(article paru sur http://www.zuerst.de – 01 avril 2019).

Nouvelle alliance stratégique Turquie-Iran-Etats arabes

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Nouvelle alliance stratégique Turquie-Iran-Etats arabes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Au Moyen-Orient, l'alliance stratégique qui a fait la loi depuis des années est celle de l'Arabie saoudite, de divers Etats sunnites et des Etats-Unis. Aujourd'hui, du fait des catastrophiques erreurs stratégiques américaines dans la région, une nouvelle alliance ou Entente est en train de se former.

Celle-ci unira la Turquie, l'Iran, le Qatar, avec le soutien de l'Iran, de la Syrie, du Liban et de la Jordanie, Inutile de préciser que Moscou s'intéresse à ce projet et l'appuiera de différentes façons.

C'est en été 2017 et à Doha au Qatar que les bases de cette alliance ont été jetées. On se souvient que Riyad avait décrété une offensive militaire puis un siège du Qatar, présenté à l'époque et à la grande surprise de beaucoup comme un ennemi de l'Arabie saoudite. Ceci visait à éliminer le Qatar en tant que rival de celle-ci. Malheureusement pour les Saoudiens, l'offensive qui devait aboutir en quelques jours s'est enlisée face à la résistance des Qataris. Ceci avait laissé le temps à Doha, Téhéran et Ankara d s'entendre pour la mise en place de ce qui avait été nommé un bloc stratégique cohérent. Il s'agissait de contrer le poids de l'Arabie saoudite et des Américains, ses alliés.

Initialement le bloc avait pour but de mettre en place des accords économiques, concernant non seulement le pétrole mais d'autres domaine importants, comme les transports.

Très vite cependant le bloc a compris que pour survivre face à une Arabie surarmée et bénéficiant en permanence du soutien américain, il devait se transformer en alliance militaire, Il s'est alors progressivement tourné vers la Russie, disposant déjà de deux petites bases militaires en Syrie. Vladimir Poutine a initialement manifesté une prudente réserve face à un appui militaire russe éventuel. Néanmoins, face aux offensives arabo-américaines contre son allié Bashar al Assad, il a laissé entendre qu'en tant que de besoin il appuierait l'alliance. Les combats victorieux récents, appuyés par la Russie, contre l'Etat Islamique au nord de la Syrie ont considérablement favorisé le rapprochement militaire de la Turquie avec la nouvelle alliance stratégique.

Dans le même temps, l'Irak, le Liban et la Jordanie, bien qu'encore très soumises politiquement aux Etats-Unis, ont vite compris que leur intérêt était de rejoindre la nouvelle alliance stratégique. Le 18 mars 2019, les commandants militaires de l'Iran, de la Syrie et de l'Iraq ont posé les bases d'une coopération de long terme, non seulement contre le terrorisme, mais pour mener des projets économiques communs. Le gouvernement turc n'a pas hésité depuis le début à s'associer à ces projets. Une des raisons qu'il y voient est de contrer l'influence des séparatistes kurdes qui jusqu'à présent bénéficiaient d'un appui important des Américains. Au plan économique, l'alliance devrait permettre à ses membres de coopérer à la reconstruction des villes syriennes détruite par la guerre. Un autre objectif sera évidemment de remettre en état l'exploitation des gisement pétroliers et gaziers de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie.

Mais comme les Américains ont depuis longtemps visé à prendre le contrôle de ces derniers, aujourd'hui notamment par l'intermédiaire de leurs alliés kurdes, il est prévisible qu'ils ne se laisseront pas sans combattre empêchés de le faire par la nouvelle alliance stratégique Turquie, Iran, Qatar.

Référence

Voir entre autres https://oilprice.com/Geopolitics/Middle-East/New-Middle-E...

Note

Il faut rappeler qu'Erdogan continuera à encourager le transit  de caravanes de migrants vers l'Europe, si l'on en croit l'article ci-dessous
https://ripostelaique.com/erdogan-va-lacher-des-dizaines-...

lundi, 01 avril 2019

La Géorgie deviendra-t-elle une base militaire américaine permanente?

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La Géorgie deviendra-t-elle une base militaire américaine permanente? 

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Chaque semaine ou presque, les Etats-Unis, qui dominent l'Otan depuis sa création, montrent qu'ils persistent à faire de cette organisation un outil destiné à porter la guerre sur le territoire russe. Certains membres de l'Otan voudraient calmer le jeu, mais d'autres, tels que la Pologne, soutiennent en permanence les visées du Pentagone à cet égard.

C'est totalement irresponsable de leur part car en cas de guerre, fut-elle seulement conventionnelle, avec la Russie, ils seraient détruits les premiers. Les Américains, à l'abri de l'autre côté de l'Atlantique, ne risquent évidemment rien.

L'attention se porte aujourd'hui sur la Géorgie ancienne république socialiste soviétique et devenue un adversaire résolu de Moscou, bien que celui-ci ait depuis longtemps renoncé à y exercer une influence autre que marginale, linguistique et culturelle. C'est ainsi que le 25 mars 2019, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, norvégien tout dévoué aux américains qui l'ont fait nommer à ce poste, a réaffirmé la volonté de l'Otan de donner satisfaction aux demandes de la Géorgie visant à devenir un membre permanent de l'Organisation.

Il se trouvait dans la capitale géorgienne Tbilisi, en compagnie du premier ministre Mamuka Bakhtadze. pour assister à des manœuvre militaires conjointes de 12 jours Otan-Géorgie. Inutile de dire que celles-ci représentent déjà une provocation pour la Russie. Il y a déclaré que l'Otan n'accepte pas que la Russie, ou tout autre Etat extérieur, puisse décider qui doit être ou non membre. Les manouvres se tenaient à la base militaire conjointe Otan-Géorgie de Krtsanisi. Elles impliquaient un contingent de 350 hommes fournis par les membres de l'Otan, avec une participation de l'Azerbaidjan, de la Finlande et de la Suède.

Il faut rappeler que les tensions entre la Russie et une Géorgie décidée à rejoindre le bloc occidental avait abouti à une guerre courte mais sanglante entre les deux pays. Moscou avait appuyé la volonté séparatiste des deux provinces de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhasie. En 15 jours les militaires russes avait mis en déroute l'armée de la Géorgie, puis reconnu l'indépendance de ces deux provinces.

En 2018, le premier ministre russe Dmitri Medvedev avait prévenu que l'entrée éventuelle de la Géorgie dans l'Otan « pourrait provoquer un terrible conflit ». Est-ce que cherche Washington aujourd'hui ?

Insurrection contre la canaille mondaine

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Insurrection contre la canaille mondaine

par Michel Maffesoli

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

 
Michel Maffesoli ne manque pas de préciser que l’expression de « canaille mondaine » est de Joseph de Maistre. Signe sympathique et profondément significatif pour nous qui considérons depuis longtemps Maistre comme une de nos grandes références, le nom de cet immense métaphysicien revient très souvent dans les écrits de Maffesoli. Ici, dans le texte que nous présentons, il (Maistre) est donc présent bien que, – ou parce que le sujet est d’une intense actualité : il s’agit des insurrections en cours dont les Gilets-Jaunes est le plus brûlant exemple, bien entendu insurrection contre la « canaille mondaine » (“les élites” dans le langage facile et ambigu de la postmodernité).

Maffesoli est professeur émérite à la Sorbonne, directeur du Centre d’études sur l’actuel et le quotidien, fondateur des revues Sociétés et Les cahiers européens de l’imaginaire, et aussi auteur de nombreux livres dont le dernier, de février 2019 (éditions Liber), La Force de l’imagination – contre les bien-pensants. Cela dit, Maffesoli sent le souffre et il est régulièrement dénoncé par les susdits bien-pensants et autres chiens de garde du Système.

... Il sent le soufre parce que, parmi les plus de 200 thèses qu’il a fait soutenir au début des années 1980, trois concernent l’astrologie, dont une de la vedette médiatique d’alors du domaine, Elisabeth Tessier. « S’ensuivit, écrit-il dans ‘La force de l’imaginaire’, une levée de boucliers d’une rare intensité (ce qui a fait bien sourire mes collègues étrangers, n’ayant pas, eux, ces pudeurs de jeunes filles !), m’accusant d’avoir fait “entrer l’astrologie à la Sorbonne”. Rien de moins ! »

Maffesoli fut donc l’objet d’une attaque en règle de la bienpensance du domaine, dont on retrouve des traces indélébiles dans les références auxquelles nous renvoie notre moteur de recherche universel et bien-pensant. (Une note dans son livre dit qu’en 1984, parce qu’il avait créé dans son centre une section de recherche sur l’homosexualité, Maffesoli avait été l’objet d’une semblable réprobation, et selon un collègue d’alors : « Michel, vous faites rentrer l’homosexualité à la Sorbonne ! » Tous les espoirs lui sont perelmis pour l'astrologie.) Finalement, on conclura l’épisode par cette citation : « Dans ce tintamarre médiatique, j’ai encore à l’esprit l’intervention de Jean Baudrillard qui, avec l’acuité qu’on lui connaît, teintée de malice, soulignait que, si les sociologues de base et leurs associations “professionnelles” (sic) protestaient avec tant de vigueur contre cette thèse [d’Elisabeth Tessier], n’était-ce pas parce qu’elle leur faisait concurrence en leur ôtant le monopole de la prédiction ? »

Cette mauvaise réputation dans les milieux de surveillance, quoiqu’on pense de l’astrologie, est une bonne introduction pour le texte ci-dessous qui traite des Gilets-Jaunes et des nouvelles conditions d’insurrection contre le Système (selon notre terminologie). Maffesoli juge que ces insurrections sont de caractère tribal à cause de l’éclatement des références permettant le reductio ad unum, notamment l’État-nation, sous la poussée de l’individualisme et du capitalisme-globaliste totalement déstructurant. Dans ce cas, le caractère “tribal” n’a aucun aspect péjoratif, il peut être le pire comme le meilleur et ce n’est qu’un moyen, en l’absence d’autres structures, par lequel se fait l’insurrection. Au reste, Maffesoli définit l’insurrection “tribale” des GJ de cette façon d’où la hauteur n’est certainement pas absente : « Nous assistons à un soulèvement quasi-mystique qui, dans l'absolu, reflète la fin d'une époque. »

Cette approche mystique d’une crise (celle des GJ) qui n’est, qui ne peut être qu’un signe parmi cent et mille de l’immense Grande Crise d’Effondrement du Système en cours nous convient parfaitement, comme nos lecteurs s’en doutent évidemment à la lecture de tant et tant de textes de ce site. Nulle timidité ni faux-fuyant dans cette appréciation générale, parce que la cause fondamentale ainsi décrite ne supporte pas de ces mégottages. La violence, par exemple... S’il le faut, et souvent il le faut pour contrebattre l’enfermement concentrationnaire et les garde-chiourmes efficaces et zélés du Système, qui entretiennent une violence constante faite de pression et d’oppression de l’esprit et des psychologies, – et, ces derniers temps, un peu plus directement, de la part des flics et d’une magistrature couchée, la même magistrature française qui successivement et à six ans de distance délégua ses mêmes juges condamner à mort, même élan de justice adaptée aux circonstances et variations atmosphériques, de Gaulle et Pétain.

« Il s’agit d’un ‘impératif atmosphérique’ auquel personne ne peut échapper. N’est-ce point cela que rappelle Victor Hugo : “et l’oiseau le plus libre a pour cage un climat”. Le climat est à l’effervescence. À la révolte des masses. Et rien ni personne n’en sera indemne. Tout au plus faut-il savoir l’accompagner, savoir la dire, le plus justement possible afin qu’elle ne s’aigrisse pas en une forme perverse, immaîtrisable et sanguinaire à souhait ! On retrouve cette idée dans le chemin de pensée de Martin Heidegger :“c’est le refus de l’animalité qui conduit à la bestialité” »

Et certes : « J’ai dit quête mystique. C’est à partir de la destruction qu’il y a une inéluctable renaissance. Contre tous les pouvoirs établis, seule la puissance populaire est le vecteur des métamorphoses. »

Dans cette longue liste des responsabilités et des culpabilités des sous-fifres, le commentateur met en bonne place pour notre plus grande approbation ceci que nous appelons presseSystème, qui ne cesse de déchoir à des profondeurs qu’on aurait pu penser impossible à atteindre tant la puanteur qui y règne est insupportable... Puisqu’il est question de puanteur, effectivement : « En la matière d’incompréhension, le summum est atteint par la Caste des journalistes. On se souvient de la formule assassine que Nietzsche prononçait en 1882 : “Encore un siècle de journalisme et les mots pueront”. Les mots puent quand, oubliant la soumission aux faits, fondement de la sagesse populaire, on se contente de s’inféoder à cette logique d’un “devoir être” dogmatique... »

Ce qui nous conduit au constat que nous-mêmes ne cessons de proclamer, bien entendu puisque nous sommes partie prenante, avec une conscience aigüe de ce qu’il nous est assigné de faire. C’est une idée qui traîne depuis 1999 pour notre compte, et cela réchauffe le cœur de voir que chaque événement d’importance la conforte, et qu’il se trouve d’aussi fortes phrases pour le confirmer :

« C’est sur les réseaux sociaux, les forums de discussion, les sites et autres plateformes du ‘Netactivisme’ qu’il faut suivre l’émergence de la socialité en cours de gestation. C’est cette presse alternative qui rend mieux compte des échanges, partages, entraides faisant des ronds-points un véritable Aventin postmoderne. »

Le texte de Maffesoli ci-dessous a été publié le 25 mars 2019 sur le site Atlantico.fr, auquel nous l’empruntons. On peut le compléter utilement par un entretien de Maffesoli avec Edouard Chanot, sur Spoutnik-français, le même 25 mars 2019.
dedefensa.org
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Bandits de grand chemin
L’ère médiatique de la canaille mondaine

Une intelligentsia déphasée se partage les débats médiatiques en croyant que le réel se pliera à ses apriori théoriques que telles des incantations d’un autre âge elle serine ad nauseam : valeurs républicaines, démocratie, citoyenneté, laïcité et autres fariboles du même acabit, n’intéressant plus personne, sinon les divers privilégiés se partageant les pouvoirs.

Les esprits libres le savent, tout comme, les amateurs de bonne chère : il faut de l’impertinence dans les analyses comme du poivre dans les ragoûts. Et ce, dans le souci de surprendre et non de choquer. C’est ainsi que l’on peut dire que l’anarchie n’a rien d’anarchique. N’est-ce point la définition proposée par Élisée Reclus : « l’anarchie, c’est l’ordre sans l’État ».

Voilà qui nous conduit fort loin de tous ces “a-priorismes” étant le fourriers des divers totalitarismes et attitudes dogmatiques qui ponctuèrent le siècle précédent. Totalitarismes , plus ou moins doux, contre lesquels les peuples, contemporainement, se révoltent.

Soulèvement qui n’est pas sans inquiéter ce que Joseph de Maistre nommait : la « canaille mondaine ». De nos jours c’est cette intelligentsia déphasée qui outre les chaines tv en continu se partage les débats de ces divers bulletins paroissiaux que sont les organes de presse “mainstream” : Le Monde, Le Figaro, Libération. Chaînes et journaux n’étant plus qualifiés de “référence” que dans les EPHAD et divers clubs du 4ème âge où l’on papote , entre soi, de l’avenir du monde. C’est dire !

Un avenir que les divers experts consultés par les politiques ont du mal à saisir, obnubilés qu’ils sont par ce que j’ai nommé “a-priorisme ”. C’est-à-dire une idéosophie on ne peut plus crédule, croyant, car c’est bien de croyance qu’il s’agit, que le réel doit se plier à ces a-priori théoriques que telles des incantations d’un autre âge on serine ad nauseam : valeurs républicaines, démocratie, citoyenneté, laïcité et autres fariboles du même acabit, n’intéressant plus personne, sinon les divers privilégiés se partageant les pouvoirs institutionnels d’une technocratie en déshérence.

En la matière d’incompréhension, le summum est atteint par la Caste des journalistes. On se souvient de la formule assassine que Nietzsche prononçait en 1882 : « encore un siècle de journalisme et les mots pueront ». Prophétie on ne peut plus d’actualité.

Les mots puent quand, oubliant la soumission aux faits, fondement de la sagesse populaire, on se contente de s’inféoder à cette logique d’un “devoir être” dogmatique on ne peut plus désuet.

C’est le dogmatisme d’un rationalisme abstrait, d’un utilitarisme à courte vue et d’un soi-disant individualisme dominant. Le tout confortant l’ économicisme dans la société officielle. Toutes choses ne faisant plus recette dans les rassemblements populaires. Ce peuple que les élites, toutes tendances confondues méprisent, ce peuple que l’on affuble du qualificatif de populisme, n’a que faire des aumônes que le pouvoir condescendant consent à lui jeter à la figure.

La perdurance de ces rassemblements, les multiples fortes des révoltes des peuples, la méfiance forcenée vis-à-vis de ces élites ayant le pouvoir de faire et de dire, tout cela est l’expression d’un réel souci du qualitatif. « L’homme du désir » qu’ont prophétisé certains philosophes retrouve une indéniable force et vigueur. L’ère d’un Je” égotiste est en train de céder la place à l’ère d’un Nous bien plus généreux. Voilà ce que le “vomitus matutinus” de la presse dominante ne veut pas, ne peut pas surtout admettre.

Restons dans le poivre du ragoût dont il a été question. C’est bien d’une quête mystique dont il est question dans les insurrections populaires. Mais comme toute réalité trouve son fondement dans l’ordre des choses sensibles, il faut bien passer, pour dire et vivre ce désir fondamental, par les expériences irréfragables de la vie de tous les jours : taxes, retraites, impôts divers.

Mais ce qui est essentiel, c’est bien cette “ère du Nous”. Créer un monde harmonieux, à partir du monde tel qu’il est, et non plus à partir de ce que des théories abstraites auraient aimé qu’il soit. Au-delà de ceux qui, avec une mentalité de vieillard, continuent de faire la leçon, de ceux qui enfermés dans les étroites limites d’un savoir appris dans les grandes écoles, de ceux qui se complaisent dans les “Grands Débats”, où sans écouter les questions on a déjà les réponses, en bref, au-delà des lieux communs dogmatiques, la révolte gronde et elle continuera à gronder.

C’est dans les plateformes libertaires qu’il faut chercher la reviviscence de la vie. C’est dans la hardiesse de vues qui est y est proposée que s’élabore en son sens fort une éthique nouvelle. “Ethos” étant tout simplement, le ciment confortant la vie de toute société. Ce ciment consistant à conforter les cœurs et les esprits dans un être-ensemble où ce qui est primordial, c’est être-avec. Réalisation effective d’un centre de l’union, préoccupation essentielle d’une dynamique sociétale digne de ce nom.

Ce ciment, quand il y a une rénovation culturelle, ce qui est en cours actuellement, ne peut pas faire l’économie de la force. La puissance populaire rappelle, régulièrement, que la force prime le droit. Voilà qui est difficile à dire. Voilà pourtant ce dont on ne peut pas faire l’économie. Dans le long déroulé des histoires humaines l’insurrection reste un élément essentiel.

N’est-ce pas cela que résume l’adage de Goethe : « Meurs et deviens » ? J’ai dit quête mystique. C’est à partir de la destruction qu’il y a une inéluctable renaissance. Contre tous les pouvoirs établis, seule la puissance populaire est le vecteur des métamorphoses. Fluidité de la vie, se vivant certes dans la crainte et le tremblement, mais n’en étant pas moins nécessaire.

Cela nous force à nous souvenir que tout homme est poussière. L’humanisme intégral nous forçant à admettre que l’humain est fait aussi d’humus. C’est dans une telle optique qu’il faut reconnaître que la violence peut être tout à la fois banale et fondatrice. Elle est au fondement de toute vie individuelle et sociale. C’est même le cœur battant de ce que le philosophe Max Scheler nommait : « Ordo amoris ». L’ordre de l’amour n’étant en rien celui des “bénis oui oui”, mais bien celui de l’effervescence.

Voilà ce que la canaille mondaine n’ose pas dire. L’esprit du temps est à l’effervescence. Les diverses élections, un peu partout de par le monde en sont les expressions on ne peut plus éloquentes. Il s’agit d’un “impératif atmosphérique” auquel personne ne peut échapper. N’est-ce point cela que rappelle Victor Hugo : « et l’oiseau le plus libre a pour cage un climat ». Le climat est à l’effervescence. À la révolte des masses. Et rien ni personne n’en sera indemne. Tout au plus faut-il savoir l’accompagner, savoir la dire, le plus justement possible afin qu’elle ne s’aigrisse pas en une forme perverse, immaîtrisable et sanguinaire à souhait ! On retrouve cette idée dans le chemin de pensée de Martin Heidegger : « c’est le refus de l’animalité qui conduit à la bestialité » et le 20ème siècle n’est pas avare d’expressions en ce sens. Ainsi plutôt que la dénier, ainsi qu’il est convenu de le faire, il faut savoir la ritualiser, l’homéopathiser, sans pour autant en méconnaître la redoutable efficacité.

En effet dans notre monde aseptisé, on ne le dit pas assez, la violence, en son sens étymologique, c’est le vouloir (volere ). C’est le vouloir essentiel, et c’est aussi la force en action (Vis). Pour les Grecs même, elle se rattachait à la force vitale (Bia) qui était l’apanage des dieux.

Mais d’une telle compréhension on est fort loin, lorsqu’on lit les articles publiés dans la presse officielle ou que l’on entend les débats propres au conformisme dominant. À côté de ceux-ci les discussions du café du commerce paraissent être de l’Académie Française. Et ce tant l’ennui prévaut, tant les lieux communs sont tirés en rafales. Pensée convenue édictée, comme il convient pour les “sachants” avec l’arrogance, la suffisance et la jactance que l’on sait. Toutes choses ne faisant plus grande illusion. Mais, dès lors, s’affichant avec une assurance redoublée.

C’est sur les réseaux sociaux, les forums de discussion, les sites et autres plateformes du Netactivismequ’il faut suivre l’émergence de la socialité en cours de gestation. C’est cette presse alternative qui rend mieux compte des échanges, partages, entraides faisant des ronds-points un véritable Aventin postmoderne.

Voilà ce que les bien-pensants ne comprennent pas. Mais ne peut-on pas les comparer à ceux que Platon nommait les « montreurs de marionnettes ». C’est-à-dire des sophistes qui, au nom d’une rhétorique éculée et d’un prétendu savoir scientifique ( les “experts”), s’emploient à manipuler le tout-venant n’en pouvant mais. C’est ainsi, d’ailleurs, que le philosophe conclut : « La perversion de la cité commence par la fraude aux mots ». Voilà qui est on ne peut plus d’actualité.

Michel Maffesoli

07:48 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, michel maffesoli, sociologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook