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lundi, 23 juillet 2018

L’Union Européenne est l’ennemie des Etats-Unis depuis la fin de l’ancienne guerre froide

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L’Union Européenne est l’ennemie des Etats-Unis depuis la fin de l’ancienne guerre froide

Par Tyler Durden

Trump a fait sensation cette semaine en décrivant l’Union Européenne comme une ennemie des Etats-Unis

Cette Remarque du Président américain, “politiquement incorrecte” et impensalbe jusqu’il y a peu a été prononcée après le sommet de l’OTAN, à l’occasion d’un entretien que Trump a donné à CBS News. Les journalistes ont demandé à Trump de décrire « le plus grand ennemi global d’aujourd’hui » : celui-ci a répondu, laissant tout un chacun complètement pantois : « Eh bien, je pense que nous avons un tas d’ennemis. Je pense que l’Union Européenne en est un pour ce qu’elle inflige à notre commerce. Certes, je comprends votre stupéfaction, car vous ne songiez pas à l’Union Européenne, mais, oui, elle est un ennemi ».

Très vite, le Président américain a édulcoré ses propres paroles en disant : « Je respecte les dirigeants de ces pays. Mais, du point de vue commercial, ils ont fini par prendre l’avantage sur nous et bon nombre de ces pays sont dans l’OTAN et ne paient pas leurs factures ». Mais le mal était fait.

Un sondage recent (recent poll ) nous apprend que deux tiers des Allemands pensent que Trump est « plus dangereux » que le Président russe Poutine. Quant au ministre allemand des affaires étrangères, il a déclaré lundi que son pays « ne pouvait plus entièrement faire confiance à la Maison Blanche » (voir : déclaration ).

Les médias « mainstream » décrivent cet incident majeur comme un désastre que l’Amérique s’inflige à elle-même « en rejetant ses liens traditionnels transatlantiques » et en répétant « que Trump a trahi les alliés les plus proches des Etats-Unis ». Cependant la situation est bien plus complexe que ne le veulent ces explications simplistes.

L’idéologie « America First » de Trump est complètement opposée  à l’approche globaliste de l’élite européenne de gauche. Trump, l’homme d’affaires milliardaire, n’accepte pas que les contribuables américains continuent à financer injustement les notes de l’OTAN tandis que les Européens gardent les mains libres grâce à leurs sacrifices. De plus, Trump n’accepte pas le déséquilibre tarifaire existant entre les Etats-Unis et l’Union Européenne ; toutefois, sa réponse est le résultat d’une manipulation des chiffres due à une tactique habile de gestion de la perception (cf. skillful perception management tactics ), tendant à faire croire à « une attaque non provoquée contre le commerce libre et honnête ». La réalité nous oblige à dire qu’il n’y a jamais eu de véritable commerce « libre et honnête » et que ce conflit larvé a toujours existé.

Les Etats-Unis avaient décidé, dès la fin des années 1940, de subsidier “l’utopie socialiste de l’Etat-Providence” dans l’Union Européenne, pour gagner des atouts lors de l’ancienne guerre froide. Cette raison, dorénavant caduque, a pourtant toujours été évoquée et traduite dans la pratique pour  faire triompher des objectifs globalistes favorisant l’unipolarité américaine (cf.  continued for unipolar globalist ends ).

Exactement comme les Russes soviétiques n’ont jamais cessé de redistribuer leurs ressources aux autres républiques de l’URSS puis aux pays européens du bloc de l’Est et aux pays alliés du « Sud soviétique » en Afrique et en Asie. Les Américains éprouvent des sentiments négatifs à l’égard de leurs gouvernements qui, pendant des décennies, ont favorisé les Européens et même les Chinois en leur octroyant des arrangements commerciaux asymétriques.

Aujourd’hui, les implications possibles en matière de sécurité, sur le long terme, qu’a ce transfert continu de richesses des Etats-Unis vers l’Europe, sont les motifs principaux pour lesquels Trump a considéré l’Union Européenne comme un « ennemi » car c’est là une façon simple et claire de définir la concurrence économique et stratégique entre ces deux pôles qui sont des « amis/ennemis » ; certes, cela a surpris considérablement les Européens d’être apostrophés de la sorte par le Président américain lui-même.

Ex: https://www.zero-hedge.com

dimanche, 22 juillet 2018

Steve Bannon veut créer une fondation en Europe : est-ce une aubaine ou un danger ?

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Steve Bannon veut créer une fondation en Europe : est-ce une aubaine ou un danger ?

Avec des fonds provenant des conservateurs de droite américains, les mouvements et partis de droite au sein de l’Union Européenne seraient dans un premier temps consolidés afin de former une fraction plus importante au Parlement européen. Désormais, l’ancien conseiller de Trump se concentre sur l’Europe.

Par Michael Steiner

Steve Bannon, on le sait, est un publiciste de la droite conservatrice américaine, un producteur de films, un conseiller politique qui a dirigé la page web « Breitbart News Network » et a été naguère le principal conseiller du Président américain Donald Trump. Bannon a décidé de concentrer tous ses efforts sur l’Europe et souhaite, avec l’appui d’une fondation, soutenir les partis conservateurs et populistes de droite pour qu’une solide faction conservatrice et droitière s’installe sur les strapontins du Parlement Européen qui sera élu l’année prochaine.

Aujourd’hui âgé de 64 ans, Bannon, après les élections dites du « mid-term », début novembre aux Etats-Unis, veut passer la moitié de son temps en Europe, apprend-on en lisant le portail américaine « The Daily Beast ». Bannon veut faire contrepoids à la Fondation gérée par le milliardaire globalitaire George Soros qui appuie les mouvements et groupes de gauche et d’extrême-gauche. Bannon a déjà trouvé un nom pour la Fondation qu’il envisage de créer : elle s’appellera « The Movement ».

D’après l’article de « The Daily Beast », Bannon veut installer son quartier général à Bruxelles et tout coordonner au départ de ce siège. Lors de la visite de Trump à Londres, il y a une semaine, il a rencontré quelques représentants de mouvements de droite dans la capitale britannique, contacts qui, selon lui, se sont avérés très prometteurs. Si bien qu’il peut se mettre à recruter du personnel. Cependant, nous pouvons nous poser quelques questions avec tout le scepticisme requis : Bannon pourra-t-il, en l’espace de quelques petits mois, consolider suffisamment les partis et mouvements de droite disséminés dans toute l’Europe ?

Question supplémentaire : sera-t-il capable d’aligner tous ces partis et mouvements, qui sont souvent très critiques à l’endroit de la politique américaine, sur un « courant unique » puis de les brancher sur le réseau des « néocons » de Washington ? Telles sont les questions que tout bon Européen doit poser. Si Bannon finit par disposer de suffisamment de moyens financiers dans les temps voulus, ne cherchera-t-il pas à faire émerger un changement de cap en politique internationale au sein des partis de droite en Europe qui, du moins partiellement, sont plutôt russophiles et hostiles à l’hégémonisme américain ?

Ex : https://www.contra-magazin.com

samedi, 21 juillet 2018

Le chef de la fraction des “Verts” en Allemagne veut de nouvelles alliances asiatiques pour l’Europe !

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Adieu à l’alliance américaine ?

Le chef de la fraction des “Verts” en Allemagne veut de nouvelles alliances asiatiques pour l’Europe !

Robert Habeck, chef de la fraction des Verts estime que l’Europe a besoin de nouveaux partenaires et alliés, surtout en Asie, quitte à ne plus être orientée exclusivement sur le partenariat transatlantique.

Par Marco Maier

Enfin, un gars parmi les Verts qui devient intelligent ! Après avoir quasiment exclu le mouvement pacifiste de ses rangs et surtout depuis le gouvernement Schröder/Fischer, les Verts de la tendance « Realo » et leurs amis ralliés à l’établissement ont donné le ton dans le parti qui, depuis, n’a cessé de vouloir pratiquer une politique férocement antirusse, surtout sous la pression du lobby homosexuel, ce qui a permis aux atlantistes de contrôler la marche des affaires en politique étrangère, induisant une suite ininterrompue de stratégies filandreuses et boiteuses. Aujourd’hui, les choses semblent changer : le chef du parti, Robert Habeck veut que l’Union Européenne se choisisse de nouveaux partenaires et alliés.

“Certes, nous ne pouvons pas abandonner l’espoir que nous plaçons dans une Amérique après Trump, où les relations transatlantiques reprendraient vigueur”, a déclaré Habeck, “mais une chose doit être claire désormais : l’Europe doit forger de nouvelles alliances, surtout en Asie ». L’Europe doit abandonner l’idée qu’il n’y aurait « qu’un seul véritable allié », a insisté Habeck. « En lieu et place du vieux camp (atlantiste), nous devons faire émerger un tissu d’alliance, suffisamment puissant, pour éviter toutes nouvelles guerres ». Ce qui est important, c’est que « l’Europe doit agir à l’unisson », a demandé le chef des Verts, « sinon nous ne jouerons plus aucun rôle (sur la scène internationale), y compris l’Allemagne ».

Le Président des Etats-Unis, a-t-il ajouté, « a un plan : la destruction de l’ordre ancien ». Dans le conflit qui oppose désormais l’Europe aux Etats-Unis, la Chine pourrait devenir l’un de nos partenaires, a dit Habeck, même si la République Populaire n’est nullement un modèle sur le plan des droits de l’homme (ce qui semble important pour les Verts…). Notre commentaire : s’il faut s’unir contre Trump, les droits de l’homme semblent tout d’un coup revêtir une importance bien moindre pour les Verts.

Toutefois, le politicien vert s’oppose contre toute augmentation aveugle du budget militaire allemand, comme l’a réclamé le Président des Etats-Unis et quelques politiciens allemands de la CDU, de la CSU et de la FDP. « Avant de poser la question ‘combien ?’, il faut poser la question du pourquoi et l’expliquer”, selon Habeck.  « Au départ, il faut procéder à une analyse stratégique pour déterminer quelles sont les tâches de la Bundeswehr et celles de ses partenaires européens aujourd’hui ». Et c’est sur la base de cette analyse stratégique qu’il faudra fixer les dépenses et non autrement.

Ex : https://www.contra-magazin.com

vendredi, 20 juillet 2018

Sanctions américaines contre l'Iran: l'Union Européenne veut soutenir les firmes européennes

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Sanctions américaines contre l’Iran: l’Union Européenne veut soutenir les firmes européennes

Bruxelles – Remarquable résistance européenne contre Washington : les Etats de l’UE viennent de décider de protéger les entreprises européennes dans le cadre des sanctions contre l’Iran que veulent imposer les Etats-Unis. Le Parlement européen doit encore décider définitivement de changer le « statut du blocus ». Les ministres européens des affaires étrangères se sont tous mis d’accord pour actualiser une directive de l’UE de 1996.

Cette directive interdit formellement aux firmes européennes de s’en tenir aux sanctions imposées par les Etats-Unis. Les entreprises seront désormais protégées contre toute intervention des autorités américaines et pourront, le cas échéant, exiger des dommages et intérêts.

Cette démarche a pour but d’assurer que l’Iran pourra, dans l’avenir, profiter des « avantages économiques de l’accord nucléaire », a expliqué la porte-paroles des affaires étrangères de l’UE, Mme Mogherini. Elle a toutefois concédé que c’était là « un exercice difficile », vu « le poids des Etats-Unis dans l’économie mondiale et dans le système financier international ». L’accord nucléaire va toutefois aussi dans l’intérêt de l’Europe et les conséquences d’un éventuel échec seraient « catastrophiques pour tous ».

Le Président des Etats-Unis, Donald Trump, avait annoncé en mai que son pays avait décidé de sortir de l’accord nucléaire. Téhéran avait demandé, suite à cette déclaration, que l’UE accorde des garanties économiques en compensation pour les sanctions américaines qui venaient à nouveau d’entrer en vigueur.

Le Washington Post avait annoncé auparavant que les exceptions aux mesures de rétorsion américaines, qu’avaient réclamées, dans un appel à Washington,  l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne au début du mois de juin, ne seront en aucun cas accordées.

Ex: http://www.zuerst.de

mercredi, 18 juillet 2018

Démocrature: Nazi Concept Welcomed into French Language

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Démocrature:
Nazi Concept Welcomed into French Language

It’s that time of year. The French dictionaries Le Petit Larousse and Le Petit Robert (don’t ask me why they are called “petit,” they are huge) are adding various neologisms and foreign loanwords to our beloved langue de Céline.

My interest was particularly piqued by the following new entry: 

DÉMOCRATURE 

noun, feminine (from democracy and dictatorship).

1. A political regime which, while having certain attributes of democracy, such as party pluralism, is nonetheless run in an authoritarian or even dictatorial fashion. (One also says dictocratie.)

2. The shift from democracy to dictatorship by undermining the rule of law.

How interesting! The word clearly refers to the various elected “populist” regimes which have emerged in Hungary, Poland, and the United States, which for various reasons, do not live up to liberals’ ever-changing definition of “democracy” and “the rule of law,” according to their latest ideological fashions.

What Le Petit Larousse fail to mention, however, is that the word actually goes much farther back, at least as far back as the 1930s: indeed, various fascist movements and thinkers deemed the Western parliamentary democracies to be in fact démocratures, as actually being run not by the people, but by warmongering and corrupt liberal and oligarchic elites. Given the pervasiveness of antiwar sentiment, if the people ran America or France, as these republics boldly claimed, it seems quite unlikely that either country would have gone to war against Germany, effectively on the side of the Soviet Union.

The historian Mark Mazower writes on postwar German National Socialists:

[S]uch men regarded parliamentary democracy as a sham “democratatorship” [sic] (Demokratur), believed the multi-party system had to be abolished and wanted somehow to reunify the country with the assistance of like-minded fascists abroad.[1] [2]

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What, in fact, is a liberal democracy? You will never find agreement as the two terms are in hopeless contradiction with one another. One man’s legitimate, majoritarian expression of the popular will is another man’s demagogic tyranny of the majority. To one man, the executive’s, media’s, and judges’ ignoring of public opinion will be an example of far-sighted, responsible, and enlightened leadership, while appearing to another man to be an abhorrent betrayal of democracy by oligarchic elites.

Recall: two World Wars were fought by the Western powers, tearing Europe apart in murderous conflicts from which the continent has never recovered, in the name of preserving liberal democracy. The religion of democracy excommunicates from respectable humanity all governments which are not liberal democracies. And yet, the very definition of the term is quite unclear, shifting, and ambiguous according to liberal elites’ changing moods and interests. All this is quite problematic.

In fact, all human societies are authoritarian and (civil-)religious. All societies, and their media-political elites, shun, demonize, and destroy those considered to have wrong values, lest they infect the rest of society. All societies have punishable taboos. Purging a university professor or screenwriter for his fascist or racialist views is not less “authoritarian” than purging one for his communist views. Therefore the distinction drawn by liberals and the Left in general, made popular in the 1960s by the Frankfurt School and others, is quite spurious and hypocritical. All societies have Platonic Guardians, whether they own up their role, or not.

This was not so apparent in the postwar years however. For the Boomers, bless them, one could live in a society which was, in fact, carefully policed by the audiovisual and print media, but which could claim to be “open,” “tolerant,” “pluralist,” characterized by “freedom of thought,” etc., all the while never being allowed to give a fair hearing any taboo Right-wing idea. One could have the pleasure of both thinking oneself open-minded and have the benefits of actually being authoritarian.

With the rise of national-populism, which signifies, for the first time in decades, a certain loss of control of the political process by mainstream media elites, the mainstreamers are waking up to démocrature. More and more are openly questioning democracy and elections, as leading to “instability,” “populism,” and above all, “wrong values.” Careful now, you might become Right-wingers!

Notes

[1] [3]Mark Mazower, Hitler’s Empire: Nazi Rule in Occupied Europe (New York: Penguin, 2008).

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2018/07/democrature-nazi-concept-welcomed-into-french-language/

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[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/07/Apotheosis2.jpg

[2] [1]: #_ftn1

[3] [1]: #_ftnref1

lundi, 16 juillet 2018

Manœuvre dilatoire ukrainienne : Porochenko exige l’arrêt de la construction du gazoduc Nord Stream 2

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Manœuvre dilatoire ukrainienne : Porochenko exige l’arrêt de la construction du gazoduc Nord Stream 2

 

Kiev/Bruxelles – On le sait : les Etats-Unis déploient tous leurs efforts pour mettre un terme au projet germano-russe du gazoduc Nord Stream 2. Cette fois, sans que cela n’étonne personne, le gouvernement ukrainien participe à la manœuvre. Il est vrai que l’Ukraine est directement concernée par la construction de ce nouveau gazoduc car, comme d’autres pays de transit qui posent problème, elle sera contournée à l’avenir et perdra une masse d’argent en ne pouvant plus prélever de taxes de transit.

Le Président ukrainien Porochenko a exié l’arrêt pur et simple des travaux de construction du gazoduc de la Baltique. Ses arguments sont les suivants ; il les a énoncés lors du sommet de l’OTAN à Bruxelles : « Nord Stream 2 n’est pas un projet économique et n’est mis en œuvre que pour des motivations politiques ». Ce serait une immixtion de la Russie et, de ce fait, totalement inacceptable. L’Europe occidentale pourrait utiliser les gazoducs passant par l’Ukraine car leurs capacités sont plus élevées que celles de Nord Stream 2. Et Porochenko a ajouté, sans la moindre circonlocution verbale : « Je formule l’espoir, a-t-il déclaré, qu’ensemble nous pourrons tous arrêter la construction de Nord Stream 2 ».

Quelques temps auparavant, le gouvernement américain avait menacé de sanctions toutes les entreprises qui participeraient à la construction de Nord Stream 2. Le président américain Trump n’avait pas hésité à critiquer l’Allemagne lors du sommet de l’OTAN et l’avait traitée de « prisonnière de la Russie » parce que la République Fédérale tirait majoritairement ses besoins énergétiques de sources russes.

Toutefois, ce n’est un secret pour personne que Wahington, en s’attaquant au projet Nord Stream 2, défend bec et ongles ses propres intérêts économiques et poursuit une géostratégie bien établie. Les Etats-Unis veulent vendre en Europe leur propre gaz de schiste et torpiller, pour y parvenir, toute consolidation des relations commerciales germano-russes.

Ex: http://www.zuerst.de

dimanche, 15 juillet 2018

Investissements le long des nouvelles routes de la Soie : l’Allemagne et la Chine signent 22 traités !

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Investissements le long des nouvelles routes de la Soie : l’Allemagne et la Chine signent 22 traités commerciaux !

Berlin – Malgré l’indécrottable obsession occidentaliste et atlantiste des dirigeants politiques de la République fédérale d’Allemagne, les relations économiques inter-eurasiatiques s’intensifient, en marge des querelles sous-jacentes qui troublent les relations transatlantiques. Suite à sa visite lors de la rencontre dite « 16 + 1 », à Sofia, capitale de la Bulgarie, le Président chinois Li Kequiang s’est rendu à Berlin, où il a plaidé pour une imbrication économique plus étroite entre Européens et Chinois. A cette occasion, plusieurs traités économiques germano-chinois ont été signé pour un valeur totale de 20 milliards d’euros.

Le but de ces pourparlers communs était de discuter des mauvaises conditions dans lesquelles évoluait le commerce internationale suite aux dernières sanctions douanières américaines. Tant la Chancelière Merkel que son hôte venu de Chine ont plaidé en faveur d’un commerce libre, libéré de toute entrave. Li a déclaré : « Nous sommes en faveur du commerce libre, du multilatéralisme ».

Beijing, ces derniers jours, a réagi face aux sanctions douanières américaines en imposant des taxes spéciales sur les produits américains importés en Chine.

En marge de ces consultations germano-chinoises, vingt-deux traités gouvernementaux et économiques ont été signés. Le principal de ces traités porte sur la construction d’une usine pour piles cellulaires destinées aux automobiles électriques et qui s’établira à Erfurt en Thuringe. Le producteur chinois CATL veut y investir, dans un premier temps, plusieurs centaines de millions. Le premier gros client pour ces piles est BMW. Le constructeur automobile bavarois veut faire construire des piles à Erfurt et en acheté pour 1,5 milliards d’euros. Merkel a aussitôt déclaré : « C’est un grand jour pour la Thuringe » mais elle a déploré, dans la foulée, que la Chine avait acquis une avance indubitable en ce domaine. "Si nous avions pu les produire par nous-mêmes, je n’aurais pas été triste ".

En Chine, désormais, plus de 5000 entreprises allemandes se sont installées. Le Chine est, depuis deux ans, le principal partenaire commercial de l’Allemagne.

Ex : http://www.zuerst.de

 

samedi, 14 juillet 2018

Projet de loi au Congrès américain : le gazoduc Nord Stream 2 est visé !

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Projet de loi au Congrès américain : le gazoduc Nord Stream 2 est visé !

Washington – Les Etats-Unis ne lâchent pas le morceau : ils ne veulent pas du projet de gazoduc germano-russe Nord Stream 2. Un projet de loi a été introduit au Congrès américain : il concerne les conséquences politiques et économiques qu’aura le projet de gazoduc. Le texte du document en question est paru sur le site officiel du Congrès. On y trouve les exigences du ministre américain des affaires étrangères, du chef des services de renseignement et du ministre des finances : tous veulent des rapports détaillés sur les effets que pourrait avoir l’installation de ce gazoduc dans la Baltique.

Littéralement, on peut lire la phrase suivante dans le texte du projet de loi : « La Fédération de Russie propose de construire un gazoduc partant de Russie pour aboutir en Allemagne ; ce gazoduc portera le nom de Nord Stream 2. Sa construction permettrait de couvrir l’augmentation éventuelle de la consommation d’énergie en Europe mais accroîtrait simultanément la dépendance de l’Europe à l’endroit de l’énergie russe et aurait des effets déstabilisants pour le gouvernement ukrainien si l’Ukraine, suite à la construction de ce gazoduc Nord Stream 2, perdait des dividendes dus au transit de l’énergie ».

Le projet de loi avance d’autres arguments : les Etats-Unis continueront à s’opposer à la réalisation de ce projet en Europe du Nord et prendront des « mesures diplomatiques » pour empêcher la construction du gazoduc.

Si la loi est adoptée, le chef des services de renseignement américain serait alors dans l’obligation de rédiger un rapport sur les effets du gazoduc Nord Stream 2 sur la sécurité énergétique de l’Union Européenne, sur les intérêts des Etats-Unis et de l’Ukraine dans cette affaire.

Le projet de loi a été introduit par le député démocrate Dennis Heck et son collègue républicain Ted Poe. Préalablement, le ministre américain des affaires étrangères Mike Pompeo avait déclaré que les Etats-Unis tenteraient de convaincre l’Union Européenne d’abandonner le projet Nord Stream 2.

Ex : http://www.zuerst.de

 

jeudi, 12 juillet 2018

Sommet de l’OTAN et sommet Trump/Poutine : que faut-il en penser ?

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Sommet de l’OTAN et sommet Trump/Poutine : que faut-il en penser ?

Par Robert Steuckers

Script de l'entretien d'aujourd'hui, 11 juillet 2018, accordé à Channel 5 (Moscou), sous la houlette d'Alexandra Lusnikova

Le sommet de l’OTAN qui se tient aujourd’hui, 11 juillet 2018, et se poursuivra demain à Bruxelles, aura pour point principal à son ordre du jour la volonté affichée par Donald Trump d’obtenir de ses partenaires, plutôt de ses vassaux, européens ce qu’il appelle un « Fair Share », c’est-à-dire une participation financière accrue des petites puissances européennes dans le budget de l’OTAN. Pour Trump, les pays européens consacrent trop d’argent au « welfare » et pas assez à leurs armées. C’est une antienne que l’on entend depuis belle lurette de la part de tous les ténors américains de l’atlantisme. Ceux-ci veulent que tous les pays européens consacrent au moins 2% de leur PNB à la chose militaire. Les Etats-Unis, engagés sur de multiples fronts de belligérance, consacrent 3,58% de leur PIB à leurs dépenses militaires. En Europe, la Grèce (qui craint surtout son voisin turc et doit sécuriser les îles de l’archipel égéen), le Royaume-Uni, la Pologne, l’Estonie et la Roumanie dépassent ces 2% exigés par Trump. La France consacre 1,79% à ses forces armées ; l’Allemagne 1,22%. Evidemment, ces 1,22% du PIB allemand sont largement supérieurs aux 2% consacrés par des pays moins riches. Malgré les 3,58% dépensés par les Etats-Unis,  précisons toutefois que ce budget, certes énorme, est en constante diminution depuis quelques années.

L’exigence américaine se heurte à plusieurs réalités : d’abord, les Etats-Unis ont sans cesse, depuis la création de l’OTAN, empêché les pays européens de développer leurs aviations militaires, en mettant des bâtons dans les roues de Dassault, de Saab, de Fiat, etc. et en interdisant la renaissance des usines aéronautiques allemandes. Si l’Europe avait reçu de son « suzerain » le droit de développer ses propres usines aéronautiques, ses budgets militaires, même réduits en apparence, auraient permis de consolider sérieusement ses armées, tout en créant des emplois de qualité sur le marché du travail ; ensuite, certains chiffres parlent pour eux-mêmes : si l’on additionne les budgets militaires des principales puissances européennes de l’OTAN (Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Espagne), ceux-ci dépassent de loin le budget de la Russie, posée comme « ennemi majeur ». Le bugdet de l’OTAN, Etats-Unis compris, est donc pharamineux.

Bon nombre de voix estiment que cette problématique de « Fair Share » est le rideau de fumée qui masque le problème réel: celui de la guerre commerciale larvée entre l’Europe et les Etats-Unis. Le but réel de Trump et du « Deep State » américain est de réduire les importations européennes (et chinoises) vers les Etats-Unis. Le but de Trump, louable pour un Président des Etats-Unis, est de remettre l’industrie américaine sur pied, de manière à débarrasser la société américaine des affres qu’a laissées la désindustrialisation du pays. Pour Trump, mais aussi pour ses prédécesseurs, l’UE imposerait des barrières, en dépit de ses crédos néolibéraux, qui empêcheraient les Etats-Unis d’exporter sans freins leurs produits finis en Europe, comme ils le faisaient dans les deux décennies qui ont immédiatement suivi la seconde guerre mondiale. L’UE est un problème pour l’élite financière américaine, tout simplement parce qu’elle est largement (bien qu’incomplètement) autarcique. Trump estime que, dans les relations commerciales bilatérales, les pertes américaines, par manque à gagner, s'élèveraient à 151 milliards de dollars. Le déficit commercial entre l’UE et les Etats-Unis serait actuellement de 91 milliards de dollars, au détriment de Washington.

Autre point à l’agenda : les efforts qui vont devoir, selon l’OTAN, être déployés pour que la Géorgie puisse adhérer le plus rapidement possible à l’Alliance Atlantique. Dans l’ordre du jour du sommet d’aujourd’hui et de demain, ici à Bruxelles, la question géorgienne est évidemment le thème le plus intéressant à analyser. La stratégie habituelle des puissances maritimes, l’Angleterre au 19ième siècle et puis les Etats-Unis qui prennent son relais, est de contrôler les bras de mer ou les mers intérieures qui s’enfoncent le plus profondément à l’intérieur de la masse continentale eurasienne et africaine. L’historien des stratégies navales anglaises depuis le 17ième siècle, l’Amiral américain Mahan, s’intéressait déjà à la maîtrise de la Méditerranée où l’US Navy avait commis sa première intervention contre les pirates de Tripolitaine à la fin du 18ième siècle. Halford John Mackinder retrace aussi, dans ses principaux traités de géopolitique, l’histoire de la maîtrise anglaise de la Méditerranée. Dans le cadre des accords Sykes-Picot et de la Déclaration Balfour, les Anglais protestants, en imaginant être un « peuple biblique », accordent, contre l’avis de leurs compatriotes et contemporains conservateurs, un foyer en Palestine pour les émigrants de confession mosaïque. Le but, que reconnaissait pleinement le penseur sioniste Max Nordau, était de faire de cette entité juive la gardienne surarmée du Canal de Suez au bénéfice de l’Empire britannique et de créer un Etat-tampon entre l’Egypte et l’actuelle Turquie afin que l’Empire ottoman ne se ressoude jamais. Les guerres récentes dans le Golfe Persique participent d’une même stratégie de contrôle des mers intérieures. Aujourd’hui, les événements d’Ukraine et la volonté d’inclure la Géorgie dans le dispositif de l’OTAN, visent à parachever l’œuvre de Sykes et de Balfour en installant, cette fois au fond de la Mer Noire, un Etat, militairement consolidé, à la disposition des thalassocraties. Le fond du Golfe Persique, le fond de la Méditerranée et le fond de la Mer Noire seraient ainsi tous contrôlés au bénéfice de la politique globale atlantiste, contrôle qui serait encore renforcé par quelques nouvelles bases dans la Caspienne. Je pense vraiment que ce point à l’ordre du jour est bien plus important que les débats autour du « Fair Share » et de la balance commerciale déficitaire des Etats-Unis.

Le sommet Trump-Poutine

D’après maints observateurs, le sommet prochain entre Trump et Poutine à Helsinki en Finlande aurait pour objet principal de laisser la Syrie à la Russie, après les succès de l’armée régulière syrienne sur le terrain. Reste à savoir si la Syrie, laissée à Assad, sera une Syrie tronquée ou une Syrie entière, dans ses frontières d’avant l’horrible guerre civile qu’elle a subi depuis 2011. L’objectif des Etats-Unis et d’Israël semble être de vouloir tenir l’Iran, et son satellite le Hizbollah, hors de Syrie. Poutine, apparemment, y consentirai et offre d’ores et déjà une alternative à l’Iran qui, depuis les premiers empires perses de l’antiquité, souhaite obtenir une façade sur la Méditerranée, directement ou indirectement par tribus ou mouvements religieux interposés. Poutine offre à l’Iran la possibilité d’emprunter une voie par la Caspienne (d’où l’intérêt récent des Américains à avoir des bases dans cette mer intérieure et fermée), la Volga, le Canal Volga/Don, le Don (par Rostov), la Mer d’Azov, l’isthme de Crimée et la Mer Noire. L’Iran préfère évidemment la voie directe vers la Méditerranée, celle qui passe par la Syrie et la partie chiite de l’Irak. Mais si l’Iran doit renoncer à son fer de lance qu’est le Hizbollah, les Etats-Unis devraient renoncer, en toute réciprocité, à soutenir des mouvements protestataires, souvent farfelus, en Iran.

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Deuxième condition, pour que l’éviction hors de Syrie de l’Iran soit crédible, il faudrait aussi expurger définitivement la Syrie de toutes les séquelles du djihadisme salafiste ou wahhabite. Or, on observe, ces derniers mois, que ces forces djihadistes sont alimentés voire instruites au départ de la base américaine d’al-Tanf sur la frontière syro-irakienne. Question à l’ordre du jour : les Etats-Unis vont-ils quitter cette base terrestre entre la Méditerranée et le Golfe Persique ou y rester, en tolérant des poches de résistance djihadiste qu’ils alimenteront au gré de leurs intérêts ?

L’objectif des Russes, dans le cadre syrien, est de sauver la viabilité économique du pays, de rouvrir les grands axes de communication et de soustraire définitivement ceux-ci à toute forme de guerre de basse intensité (low intensity warfare), à toute stratégie lawrencienne modernisée. Pour y parvenir, Poutine et Lavrov suggèreront sans nul doute le rétablissement d’une Syrie souveraine dans ses frontières de 2011, ce qui implique de purger le pays de toutes les formes de djihadisme, portées par les « Frères Musulmans » ou par Daesh et de prier la Turquie d’évacuer les zones qu’elle occupe au Nord du pays, le long de sa frontière. Le Hizbollah, lui, a toujours promis d’évacuer les territoires syriens où il est présent, dès que les forces djihadistes sunnito-wahhabites en auront été éliminées.

Force est de constater que le projet russe correspond certes aux intérêts traditionnels de la Russie, tsariste, soviétique ou poutinienne, mais aussi aux intérêts des puissances ouest-européennes comme la France et l’Italie et même à une puissance germano-centrée ou austro-centrée qui aurait retrouvé sa pleine souveraineté dans le centre de la presqu’île européenne.

Le volet géorgien du sommet de l’OTAN et les futurs échanges sur la Syrie et la présence iranienne en Syrie, entre Trump et Poutine, me paraissent les enjeux les plus intéressants de l’actualité qui se fait et se fera, aujourd’hui et demain, ici à Bruxelles.

Robert Steuckers, Bruxelles, 11 juillet 2018.

lundi, 09 juillet 2018

Entretien avec Mario Borghezio, député européen de la Lega

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Entretien avec Mario Borghezio, député européen de la Lega

Immigration illégale : « Beaucoup de problèmes demeurent irrésolus »

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

Q.: Lors du dernier sommet européen, la problématique des migrations illégales a constitué la thématique majeure des débats. Etes-vous satisfait des résultats de ceux-ci ?

MB : Finalement, l’UE a bien vu qu’il est impossible, pour l’Italie, à elle seule, de freiner le flot des migrants. L’UE a également reconnu qu’il était urgent et nécessaire, d’arrêter ces débarquements de migrants venus des côtes africaines. Cependant, bon nombre de problèmes demeurent irrésolus : nous devons surtout songer à repenser entièrement et à reformer le droit d’asile.

Q.: Quelle est, à votre avis, l’importance d’une protection de la frontière entre la Libye et le Niger dans le cadre d’une lutte généralisée contre les immigrations illégales de grande ampleur ? Faudra-t-il envoyer là-bas des policiers et des soldats européens ?

MB : La zone frontalière entre la Libye et le Niger est effectivement une véritable autoroute pour les migrants illégaux. Seul un contingent militaire peut sécuriser et améliorer la situation.

Q.: La Libye refuse que l’on installe sur son territoire des camps d’accueil. Comment pourrait-on amener la Libye (et d’autres Etats africains) à coopérer avec l’UE ?

MB : Il me paraît nécessaire que la Libye convienne, avec l’UE, d’un plan de grande envergure, élaboré sérieusement. Et il ne s’agit pas seulement d’argent, mais de moyens fondamentaux, pour activer la lutte contre les passeurs et pour offrir une gestion plausible des flots migratoires et des demandeurs d’asile.

Q.: Les activités de certaines ONG posent tout particulièrement problème en Méditerranée. Que pourra-t-on et devra-t-on mettre en œuvre pour arrêter ce trafic d’êtres humains ?

MB : Désormais, un bonne part de l’opinion publique s’est rendue compte que beaucoup d’ONG ont étroitement collaboré avec les passeurs. Avant que les contrôles nécessaires et les mesures de prévention puissent être mises en œuvre, les activités de ces ONG dans les régions maritimes concernées doivent être arrêtées. Les ports, où elles débarquaient habituellement les migrants, doivent être fermés, comme l’a ordonné le nouveau gouvernement italien.

Q.: Depuis le 1 juillet, l’Autriche préside le Conseil de l’UE. Qu’attendez-vous d’elle ?

MB : Le nouveau gouvernement autrichien agira très positivement dans la crise actuelle, en respectant le projet européen initial des pères fondateurs de l’Europe unie, notamment en rapprochant les peuples européens. Nous avons pleinement confiance en ce nouveau gouvernement autrichien sur ce chapitre !

Q.: Un des projets majeurs de cette présidence autrichienne est de lutter contre l’immigration illégale de grande ampleur. Y aura-t-il un axe entre Rome et Vienne, entre le ministre italien des affaires intérieures Matteo Salvini et son collègue et homologue autrichien Kickl ?

MB : Les deux ministres de l’intérieur trouveront certainement un bon terrain d’entente, tant en ce qui concerne le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l’Europe qu’en ce qui concerne la nécessité de créer des centres d’accueil pour identifier les migrants en zones extérieures à l’UE.

Q.: En Espagne, le nouveau gouvernement de gauche se montre très favorable à l’immigration. Cette position pourra-t-elle mettre en danger les efforts entrepris pour renforcer la protection des frontières extérieures à l’UE et pour combattre les migrations illégales de grande ampleur ?

MB : Nous devons espérer que la pression exercée par l’opinion publique espagnole, qui refuse catégoriquement l’invasion migratoire sur son sol, freinera cette politique néfaste du parti socialiste espagnol et de ses alliés qui, follement, agissent dans le sens d’une politique des « portes ouvertes ».

Q.: Je vous pose maintenant une question très générale : dans quelle mesure le travail de la FPÖ autrichienne, qui participe depuis décembre au gouvernement de l’Autriche, est-il un exemple pour la Lega ?

MB : La FPÖ est certes un exemple pour nous, non seulement pour la Lega mais pour toutes les forces politiques européennes qui veulent retrouvent la souveraineté de leurs Etats. Nous devons prendre position de manière claire et décidée pour la sécurité de nos peuples et pour un arrêt complet de toute immigration. Mais nous devons aussi avoir la capacité de gagner à nous l’approbation des électeurs « modérés », des centristes et des catholiques. La campagne « La Lega pour Salvini premier ministe » allait dans ce sens.

Q.: Les élections en Allemagne, en Autriche et en Italie ont montré que de plus en plus de gens votent pour les partis qui expriment de solides critiques à l’endroit de l’UE. Observe-t-on, dans les pays de l’UE, à un changement de cap fondateur ou bien doit-on admettre avec fatalisme que l’établissement dictera encore et toujours la voie à suivre ?

MB : Si les partis critiques se développent et engrangent encore de bons scores électoraux, il n’y aura plus de place en Europe pour les politiques foireuses et caduques des bureaucrates bruxellois.

Q.: Récemment, Merkel et Macron ont proposé des plans pour une réforme de l’euro-zone, qui devrait, selon eux, obtenir son propre budget. Quel regard jetez-vous sur ces plans ? Est-ce un pas de plus vers davantage de centralisme ?

MB : Merkel et Macron sont deux dinosaures de la politique eurocratique. Le séisme que nous avons provoqué les ensevelira, sans que nos peuples, y compris les Français et les Allemands, les regretteront.

Q.: Après les mutations politiques survenues en Autriche et en Italie, pourra-t-on, à terme, envisager une bonne coopération avec les gouvernements critiques à l’égard de l’UE, comme ceux de la Pologne ou de la Hongrie, afin de constituer un contrepoids au binôme franco-allemand ?

MB : Le groupe de Visegrad est non seulement un allié naturel de nos deux gouvernements mais constitue un signal politique et historique bien clair car ceux qui se sont libérés de la dictature communiste ne veulent pas subir un autre régime irréaliste et fou, orchestré par des technocrates et des bureaucrates soutenus par la haute finance et cherchant à dominer durement nos nations et nos régions.

Q.: Actuellement, on est en train de négocier le budget de l’UE pour les années 2021-2027. Après le Brexit, y aura-t-il des restrictions ?

MB : Nous pouvons éviter toute augmentation des quotas pour les pays membres d’une manière très simple : en décidant clairement de réduire les dépenses de l’UE, qui sont extravagantes, inutiles et trop onéreuses. Nous nous positionnons clairement contre tout nouvel impôt européen que celui-ci soit imposé ouvertement ou de manière camouflée.

Entretien paru dans « zur Zeit », Vienne, n°27-28/2018 ; http://www.zurzeit.at .

dimanche, 08 juillet 2018

La revue de presse de Pierre Bérard (07 juillet 2018)

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La revue de presse de Pierre Bérard (07 juillet 2018)

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Au sommaire :

À propos du complot de « l’ultra-droite » déjoué sans trop de difficulté par les pandores de l’anti-terrorisme qui aurait visé des personnalités de l’islam radical ainsi que des femmes voilées, cette excellente mise au point de Xavier Eman qui souligne très justement que le propre du dangereux terrorisme « d’extrême droite » est de n’avoir laissé aucune victime sur son chemin depuis des décennies, ce qui est loin d’être le cas du terrorisme islamiste dont les autorités nous serinent à chaque occasion qu’il n’a rien à voir avec l’islam. Au dernière nouvelles, nous apprenons en catimini que le chef du commando de pieds nickelés vient d’être libéré. Cela ne fait pas les grands titres de la presse comme l’avait fait son arrestation. N’est ce pas cette dissemblance de titrage qui compte pour les médias de propagande ? :

 
Brice Couturier consacre une de ses chroniques de France culture aux Conversations Tocqueville et à la communication qu’y a faite le philosophe Pierre Manent pour souligner que L’Europe ne se fera pas dans la négation de soi au nom de l’accueil de l’Autre :
 
 
soroscaricature.jpg« La multiplication des articles offensifs sur Georges Soros est révélatrice d’un changement de paradigme et de la mise en place d’un vrai affrontement idéologique au niveau mondial avec d’un côté les partisans d’un libéralisme libertaire et de l’autre les partisans d’un conservatisme étatique ». Étude très intéressante sur la galaxie Soros ainsi que ses méthodes intrusives dans la politique des États et la contestation que soulève désormais cet activisme. Analyse réalisée par Fabien Denis sous les auspices de L’École de Guerre Économique (première référence) et Soros au pouvoir en Espagne ?(seconde référence) :
 
 
 
Nouvelle illustration du double standard avec Arno Klarsfeld qui a effectué son service militaire en Israël dans les gardes frontières. Chacun sait que l’État israélien très jaloux de sa souveraineté et de son identité peut, sans sourciller massacrer des dizaines de palestiniens désarmés pour protéger son limes. Klarsfeld n'en explique pas moins aux européens que leurs frontières, elles, sont faites pour être quotidiennement violées par des milliers de clandestins. Dans son esprit, quelles qu’en soient les fâcheuses conséquences, elles seraient préférables à des gouvernements qui se revendiqueraient de la lèpre populistes :
 
 
« Je ne suis pas un homme » se récrie le/la charmant(e) Arnaud Gauthier-Fawas. Le négateur offusqué était l'invité d'un Daniel Schneidermann demeuré  visiblement abasourdi face à une telle coquecigrue. C’est que son interlocuteur porte tous les signes du mâle : le prénom, la voix, la barbe, et le vêtement avec en plus ce petit supplément de testostérone qui explique son indignation agressive. L’individu qui refuse de se trouver aliéné par le regard de ses semblables poursuit « il ne faut pas confondre identité de genre et expression de genre, sinon on va mal partir. » Penaud, Schneidermann présente ses excuses pour cette bévue. Tandis que l’autre se prend les pieds dans le tapis de sa propre dialectique en appelant Schneidermann monsieur. Mais le débat n’est pas clos. Croyant détendre l’atmosphère Schneidermann enchaîne : « Il va nous dire qu’il n’est pas blanc.» La réponse fuse alors : « Ben, non. Puisque je suis à moitié libanais » entretenant au passage une grave confusion entre appartenance nationale et appartenance « raciale »,  marque même du fascisme. 
S'il est vrai que mal nommer les chose est ajouter au malheur du monde, que dire de Gauthier-Fawas qui se sent insulté dans son narcissisme parce que mégenré. Accepterait-il de se voir désigné comme humanoïde ? Ce n’est pas sûr car cette appellation consiste encore à l'enfermer dans un stéréotype spéciste. Comment donc le qualifier ? Comment se désigne-t-il lui même ? Il se décrit comme « non binaire », locution qu’on ne trouvera pas dans le Littré, dictionnaire pourtant « progressiste » mais vieillot qui ignorait tout des 140 « genres » répertoriés par les LGBT dans leur étrange patois diversitaire. Ce que nous constatons en revanche c’est que le combat des Lumières contre les préjugés n’aura pas de fin, un préjugé en remplaçant un autre, et qu’il laissera un monde vidé de toute substance. Le surréaliste Magritte avait une formule pour ça; « Ceci n’est pas une pipe ». Il ne se doutait pas à quel point il était d’avant-garde.
firestone.jpgPour mémoire, Shulamith Firestone avait écrit en 1970 dans La dialectique du Sexe : « Tout comme le but final de la révolution socialiste n’était pas juste l’abolition des privilèges économiques de classe mais l’abolition des classes elles-mêmes, le but final de la révolution féministe ne doit pas être … l’abolition des privilèges masculins mais l’abolition des différences sexuelles elles-mêmes ». Nous y sommes en effet. L’objet du délit (première référence). La salutaire réaction pleine d’ironie cinglante d’Anne-Sophie Chazaud sur Causeur qui pointe « les élucubrations d’un gauchisme culturel moribond. » 
La cage aux phobes, aussi pathétique soit-elle a également des aspects réjouissants (deuxième référence). Enfin un texte plein d’humour et donc fatalement « réactionnaire » du site Philitt. Il voit dans les sorties de Gauthier-Fawas un hommage posthume à Descartes dans la deuxième Méditation métaphysique. Son apologue sur les automates  s'y conclue ainsi : comment croire au témoignage de ses sens ? (troisième référence) :
 
 
 
 
Le mot race est honni depuis 1945 au point qu’en commission les députés ont décidé d’en abolir l’usage dans le texte constitutionnel. Pourtant souligne la Fondation Polémia, le mot est toujours en usage à l’ONU et à l’UNESCO dans des définitions fluctuantes au gré des modes intellectuelles. Nous savons depuis l’Antiquité que le mot chien ne mord pas. Faut-il en conclure, contre toute attente, que le mot race vient contre-battre toute dignité humaine. Que penser de cette épuration du langage ? N’ajoute-t-elle pas une discrimination supplémentaire par la violence de ces nouveaux interdits ? 
(première référence).
Dans un autre article Stanislas François souligne à quel point il est étrange de supprimer ce référent à la race uniquement entendu dans le cadre égalitaire de la Constitution au moment où l’État lui même semble acquiescer à une racialisation des problématiques sociales sur le modèle anglo-saxon que le président de la République, la ministre de la Culture et la présidente de France Télévision illustrent quand ils déplorent la surreprésentation des « mâles blancs de plus de cinquante ans », sans parler du génial DJ Kiddy Smile invité à se produire à l’Élysée et qui affiche sur son  t-shirt un tonitruant « Fils d’immigré, noir et pédé ». Adoubée dans un des lieux les plus symboliques de la République cette inscription fait pour le moins désordre à l’instant où le gouvernement toujours avide de démontrer ses bons sentiments entend étouffer toute référence à une époque nauséabonde (deuxième référence) :
 
 
 

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Dans une charge réjouissante contre le multiculturalisme et le conformisme idéologique de l’époque, le sociologue Mathieu Bock-Côté puise dans l’actualité récente des exemples éloquents : suppression du mot « race » dans la constitution à l’heure où certains indigénistes de « gauche » réhabilitent les appartenances raciales et manifestent leur haine du blanc essentialisé comme esclavagiste et colonialiste. De même pour l’interdiction de la « distinction de sexe » qui conduit notre monde dans l’enfermement autoréférentiel. L’euphémisation du langage revient à un refoulement de la réalité ou a sa falsification. Selon lui le politiquement correct se radicalise au rythme où la société diversitaire se décompose :
 
 
ruéeeuropez.jpgMichel Drac pratique avec art et subtilité la note de lecture. Ci-jointe celle du livre de Stephen Smith La ruée vers l’Europe. La jeune Afrique en route pour le Vieux Continent paru chez Grasset en 2018.  Un livre important qui prend l’exacte mesure non seulement de la réalité présente mais de celle à venir. Son bilan est angoissant tant il montre que la poussée du mouvement des populations sub-saharienne est un phénomène structurel durable qui ne peut aller qu’en s’amplifiant. Notre continent est prévenu mais nos « élites » sont dans le brouillard des bons sentiment et poursuivent leur délirante politique migratoire oublieuses que le politique, quand il est assumé, ne peut pas être un dîner de gala, comme le disait Mao Zedong à propos de la révolution (première référence). Nous ajoutons à cette vidéo le texte du dernier éditorial de Bernard Lugan qui traite plus brièvement du même sujet (seconde référence) :
 
 
 
Pierre Conesa ancien haut fonctionnaire au ministère de la Défense et spécialiste des questions de géopolitique revient avec un nouvel ouvrage Hollywar : Hollywood, arme de propagande massive, aux éditions Robert Laffont. Les États Unis étant un pays qui affecte les questions d’éducations au 50 États qui les composent, il n’a donc pas ministère de l’Éducation national et donc pas de « récit national » comme ce fut le cas en France sous les troisième et quatrième République. De ce fait c’est Hollywood qui assume ce rôle. Il était tout récemment l’invité d’Élise Blaise sur les programmes de TV Libertés (première référence). Pierre Conesa interviewé par Pascal Boniface directeur de l’IRIS (deuxième référence) :
 
 
 
Dans l’émission L’esprit de l’escalier qu’il anime avec la complicité d’Élisabeth Lévy, Alain Finkielkraut aborde brièvement la canonisation laïque de Simone Veil, puis se lance dans une critique acerbe de la fête de la musique qui n’est nullement une fête de la musique, selon lui, mais celle de son remplacement. Il en va de la musique comme de la culture; c’est le même mot mais ce n’est pas du tout la même chose. Si Macron avait décidé d’organiser sur la parvis de L’Élysée un concert Debussy, dont on fête cette année le centenaire de la mort, les spin doctors de la présidence se seraient arrachés les cheveux car c’eut été trop élitiste. C’est la liquidation de l’héritage au profit de la laideur et du vacarme, malheur à ceux qui refusent d’hériter conclue-t-il.

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Sur l’immigration, nous dit-il, l’intervention de Mattéo Salvini réintroduit les droits du politique en lieu et place de ceux de la morale qui était jusqu’à présent le seul évangile des gouvernants. « L’Europe se définit aujourd’hui exclusivement par les droits de l’homme, même pas les droits du citoyen. Il y aurait d’un coté les populistes et de l’autre coté ceux qui sont fidèles aux valeurs de l’Europe.
Sauf que l’Europe ce ne sont pas seulement des valeurs, et le mot de valeur commence à me devenir insupportable. L’Europe c’est quelque chose de plus tangible. L’Europe ce sont des places, des villes, des oeuvres, des langues, des mémoires, des églises bien sûr, ce sont des palais. C’est une forme, un mode de présence sur terre, c’est un style de vie. Et la plupart de ceux qu’on appelle populistes veulent que l’Europe reste Europe et que la nation qu’ils habitent reste une nation… Le discours des valeurs nous explique aujourd’hui que l’Europe se replie sur elle-même, qu’elle devient une forteresse. 
Et ceux qu’on appelle les populistes disent que c’est une passoire. Qui a raison ? Les populistes. On nous dit aussi qu’il n’y a plus de véritable flux migratoire en Europe, que ça a même baissé de 90%. Oui en Méditerranée, mais en France que s’est il passé en 2017 ? Deux cent cinquante mille étrangers ont obtenu un titre de séjour. Cent mille, cent mille demandeurs d’asile parmi lesquels 37% ont obtenu l’asile, quant aux autres, ils sont très très difficilement et très rarement reconduits à la frontière ». Incontestablement « Finkie » a mangé du lion… :
 
 
Hadrien Desuin est interrogé par Coralie Delaume sur Polony tv. L’auteur de La France atlantiste qui analysait les deux quinquennats de Nicolas Sarkosy et de François Hollande comme fortement marqués de néo-conservatisme entreprend ici de rendre compte des premiers pas d’Emmanuel Macron en politique étrangère. Concernant Trump il montre comment celui-ci bien orienté en faveur de Poutine a du progressivement amender sa position pour calmer les anti-russes rabiques de Washington ce qui ne cadre guère avec son choix de la Chine comme adversaire prioritaire. Vis à vis de la Russie Macron reçoit Poutine avec éclat et en même temps le sermonne devant les médias tout en lui imposant la continuation des sanctions. Poutine a bien conscience que la France n’est pas maitresse de son destin   :
 
 
fournieramb.jpgÉric Fournier, ambassadeur de France en Hongrie défend la politique d’Orban dans un note confidentielle que publient les sycophantes de la stasi Médiapart. Macron qui s'efforce de mobiliser ses partenaires européens contre « la lèpre populiste » le limoge dans l’heure. Luc Rosenzweig analyse cette affaire dans laquelle il voit une manoeuvre de « la secte », c’est à dire des milieux néo-conservateurs qui ont colonisé le ministère des affaires étrangères (voir à ce sujet Vincent Jauvert : Les Intouchables d’État aux éditions Robert Laffont, 2018) et s’élève contre sa révocation concernant une dépêche diplomatique adressée dans les règles à son administration. Il ajoute : « expédiées chiffrées, ces dépêches sont réputées confidentielles, et la loi stipule que leur ouverture au public ne peut survenir qu’à l’issue d’un délai de trente ans. Cette garantie est la condition qui permet à nos diplomates en poste à l’étranger de s’exprimer librement, sans langue de bois, ni souci de plaire ou de déplaire aux gouvernements en fonction ». Bref, l’ambassadeur n’a rien à se reprocher sinon de ne pas être dans la ligne du pouvoir, c’est pourquoi cette affaire suscite une vive émotion dans le milieu de la diplomatie, essentiel à la défense des intérêts français dans le monde. Ce sont les mouchards du quai d’Orsay qui auraient du être remerciés. Et Rosenzweig de conclure : « La France mérite-t-elle vraiment d’être gouvernée par Edwy Plenel ? » :
 
 
Jean-Yves Le Gallou  esquisse pour les lecteurs du site Polémia ce que pourrait, et devrait être, l’action politique d’une France véritablement soucieuse de son propre destin comme nation européenne.
Il le fait en répondant à des questions concernant l’actualité du mois de juin. À propos du ministre de l'Intérieur Salvini il remarque qu’il ne se défausse pas de ces promesses électoral mais qu’il les tient contre vents et marées, ce qui explique sa popularité grandissante. Tout le contraire de la « droite » française qui, sous l’emprise des médias et des associatifs, a habitué ses électeurs à la trahison de ses promesses. Il exprime également les contours d’une politique de fermeté vis à vis de l’Aquarius et de navires semblables, co-organisateurs, sous le prétexte fallacieux de sauvetage humanitaire, de la noria de clandestins vers l’Europe où aucune vie digne ne les attend. Sont ensuite traités des sujets relatifs aux islamistes « européens » de Syrie et d’Irak, la crise du recrutement dans l’enseignement secondaire, la polémique sur les militaires présents sur le lieu du Bataclan et la présence annoncée du rappeur islamiste Médine dans cette salle, la censure de TV Libertés sur les réseaux sociaux et les moyens d’y remédier etc...
Un entretien roboratif sous le sceau du réalisme :
 
 
Ancien président des Jeunes avec Calmels dont il a démissionné avec fracas, Érik Tegnér était l’invité dernièrement d’Élise Blaise dans son émission « samedi politique ». Il entend déverrouiller la parole à droite. Partant du principe que les bases des différents mouvements sont proches (Les Républicains, Debout la France et Rassemblement National) il veut libérer les initiatives jusqu’à présent interdites par le politiquement correct:
 
 
guenole.jpgScandale dans la presse de grand chemin, Thomas Guénolé, économiste-sociologue proche des Insoumis de Jean-luc Mélenchon publie un article dans le dernier numéro de la revue Krisis dirigée par Alain de Benoist ! Le Monde, sous ses airs patelins, s’est fendu de l’article de dénonciation habituelle  immédiatement suivi par Les Inrockuptibles. Il s’agit surtout pour les médias bien-pensants de viser Mélenchon, l’excellente revue de débats Krisis n’étant dans cette affaire qu’un cible secondaire. Mais enfin pour qu’une « revue de débats » débatte, il faut au minimum que s’y expriment des avis divergents, voir opposés. Ce qui ne signifie pas que les « extrêmes » se rejoignent comme voulait le suggérer indûment l’article du Monde. Loin de ces balivernes c’est à l’écart du monde politique ravagé par son absence d’idées que s’expriment les options de l’avenir, n’en déplaise à la camarilla des médias subventionnés et à la fastidieuse répétition de leurs mantras stéréotypés depuis des décennies (première référence). La parole est enfin à la revue Krisis dont nous donnons le sommaire du dernier numéro (seconde référence) :
 
 
 
Jean-Yves Le Gallou et Hervé Grandchamp poursuivent leur travail de décryptage de l’actualité médiatique en déconstruisant le discours des dominants. L'autre semaine ils traitaient successivement de la fête de la musique à l’Élysée, de la Petite Yanela, le bobard qui a fait la Une du Time et du lynchage de Dupont-Aignan par la meute d’On N’est Pas Couché. Plus les rubriques habituels de l’émission : le zapping et les tweets d’I-Média (première référence). Cette semaine ils abordent essentiellement les émeutes nantaises (seconde référence) :

vendredi, 06 juillet 2018

La ruée vers l'Europe (Stephen Smith)

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La ruée vers l'Europe (Stephen Smith)

 
Une note de lecture sur l'ouvrage d'un journaliste spécialiste de l'Afrique à propos des perspectives migratoires
 

jeudi, 05 juillet 2018

Nouvelles Routes de la Soie : Russes et Chinois construisent la voie maritime arctique vers l’Europe

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Nouvelles Routes de la Soie : Russes et Chinois construisent la voie maritime arctique vers l’Europe

Moscou/Beijing : On le sait : les tensions s’accumulent entre la Chine, qui gagne en puissance, et ses concurrents américains, étrangers à l’espace asiatique. Ces tensions sont particulièrement fortes dans la Mer de Chine du Sud. Chinois et Américains s’y livrent une bataille propagandiste toujours plus virulente.

Mais le site de la confrontation sino-américaine le plus important pourrait être demain le gigantesque littoral au Nord de la masse continentale eurasienne. En effet, les Chinois et les Russes travaillent à créer en cette zone une nouvelle voie conduisant de l’Asie extrême-orientale vers l’Europe, un tracé complémentaire aux fameuses « Routes de la Soie » que la Chine entend promouvoir, à grand renforts d’investissements depuis quelques années. La voie arctique serait la route commerciale la plus rapide et la plus sûre entre l’Extrême-Orient et l’Extrême-Occident européen. Comparons ce tracé avec la route maritime principale actuelle entre la Chine et l’Europe, qui passe par le Détroit de Malacca et le Canal de Suez et prend 35 jours : la route arctique, elle, serait plus courte de 6500 km, ferait gagner énormément de temps, au moins deux semaines.

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De surcroît, la voie maritime arctique aurait l’avantage de permettre l’exploitation des énormes réserves de matières premières de la plate-forme continentale face aux côtes russes. Il y a quelques semaines, la Russie a envoyé l’Akademik Lomonossov, la première centrale nucléaire flottante, dans l’Arctique, au départ de Mourmansk avec, pour destination, la presqu’île des Tchouktches, où elle jettera l’ancre dans le port de Pewel. A partir de ces installations portuaires, la station énergétique flottante pourra fournir de l’énergie à ces régions éloignées de tout et à des plates-formes pétrolières.

L’Arctique est très riche en énergies fossiles. Les scientifiques américains estiment qu’un cinquième des réserves de pétrole du monde s’y trouve, de même qu’un quart des ressources en gaz naturel. Il y a là-bas, en plus, d’énormes réserves d’or, d’argent et de terres rares.

Récemment, le Président russe Vladimir Poutine a accompagné une délégation chinoise lors d’une visite à un chantier de gaz de schiste sur la presqu’île sibérienne de Iamal, où les Chinois sont partie prenante. Poutine a exhorté ses hôtes : « La Route de la Soie est arrivée dans le Grand Nord. Raccordons-là à la voie maritime arctique et, alors, nous aurons ce dont nous avons besoin ».

La Chine, entre-temps, vient de publier un livre blanc sur l’exploitation future de l’Arctique, où l’on peut lire que Beijing souhaite, « avec le concours d’autres Etats » (mais il est évident qu’il s’agit surtout de la Russie), ouvrir des voies maritimes dans la région arctique et de créer ainsi une « Route de la Soie polaire ».

Il va de soi que les activités arctiques des deux grandes puissances eurasiennes suscitent l’hostilité de Washington. L’ancienne vice-ministre des affaires étrangères américaine, Paula Dobriansky, a demandé avec insistance à l’OTAN de renforcer ses positions dans l’Arctique. Les Etats-Unis, conseille-t-elle vivement, devraient mettre sur pied une infrastructure militaire dans la Grand Nord, comprenant un quartier général. Car les Etats-Unis doivent montrer qui est le « véritable chef d’orchestre dans l’OTAN et dans le reste du monde ». Les Etats-Unis ne doivent plier devant rien ni personne et doivent imposer leur domination économique et politique contre tous. Une nouvelle zone de turbulences et de conflits vient de voir le jour.

Ex : http://www.zuerst.de

 

mercredi, 04 juillet 2018

Presseschau - Juli 2018

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Presseschau

Juli 2018

 

AUßENPOLITISCHES

EU-Währungsfonds

Merkel will Euro-Länder mit Kurzzeit-Krediten unterstützen

https://www.welt.de/politik/deutschland/article176919699/...

 

Sánchez ist neuer Regierungschef

Spanisches Parlament stürzt Rajoy

https://www.n-tv.de/politik/Spanisches-Parlament-stuerzt-...

 

Merkels neuer mächtiger Gegenspieler heißt Salvini

von Lukas Steinwandter

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/merkels-neu...

 

Knappe Mehrheit

Schweizer Nationalrat beschließt Frauenquote

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/schweizer-n...

 

Vollverschleierung

Niederländisches Parlament stimmt für Burkaverbot

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/niederlaend...

 

1.500 Problemviertel

Frankreichs Macron gibt auf: Bürger sollen Probleme selbst lösen

https://www.wochenblick.at/frankreichs-macron-gibt-auf-bu...

 

Griechenland und Mazedonien legen Namensstreit bei

https://www.gmx.net/magazine/politik/griechenland-mazedon...

 

Erweiterungspläne

EU für Beitrittsverhandlungen mit Albanien und Mazedonien

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/eu-fuer-bei...

 

Verbalattacke

Erdogan nennt Kurz „unmoralischen Kanzler“

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/erdogan-nen...

 

Imam-Ausweisungen

Erdogan droht Kurz mit Heiligem Krieg

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/erdogan-dro...

 

Türkeiwahl

Türken in Deutschland jubeln über Wahlsieg Erdogans

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/tuerken...

 

Nach Breitbart-Interview

Wagenknecht fordert Ausweisung des amerikanischen Botschafters

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/wagenkn...

 

Manuel Ochsenreiter »Russland, USA, Europa. Souveränität und Hegemonie«

https://www.youtube.com/watch?v=umtRQN1eFio&

 

Meinung

Trump als deutsche Chance

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/trump-als...

 

Medienbericht

USA erwägen Truppenabzug aus Deutschland

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/usa-erwaege...

 

Gipfeltreffen in Singapur

USA und Nordkorea unterzeichnen historische Vereinbarung

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/usa-und-nor...

 

Erinnerungspolitik in Afrika

Namibia: Deutsche Straßennamen werden getilgt

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/namibia-deu...

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INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

 

Merkels Kampf um ihr politisches Überleben

Die Logik des Machterhalts

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-logik...

 

Der Staatsfunk ruft nach Egon Krenz

https://sezession.de/58718/der-staatsfunk-ruft-nach-egon-...

 

Asylstreit

FDP-Chef Lindner: CSU hat sich als bürgerliche Partei verabschiedet

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fdp-che...

 

Pleiten-Wahlkampf der SPD soll Konsequenzen haben

http://www.fnp.de/nachrichten/politik/Pleiten-Wahlkampf-d...

 

SPD-Chefin beleidigt US-Präsident

Andrea Nahles nennt Trump „Feigling“ und „Lump“

https://jungefreiheit.de/politik/2018/andrea-nahles-nennt...

 

Studie

AfD-Wähler fürchten sich vor der Zukunft 

https://www.idowa.de/inhalt.studie-afd-waehler-fuerchten-...

 

Desiderius-Erasmus-Stiftung

AfD beschließt parteinahe Stiftung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-bes...

 

Geplante Erhöhung

Parteienfinanzierung, Parteienselbstbedienung

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/parteienf...

 

Kompensationszahlungen

Staatsleistungen an Kirchen auf Rekordstand

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/staatsleistungen-an-...

 

EU-Parlament

Sperrklausel für deutsche Kleinparteien soll kommen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/sperrkl...

 

KenFM im Gespräch mit: Holger Balodis ("Die große Rentenlüge")

https://www.youtube.com/watch?v=Er77dODlF5A

 

Bundeswehroffizier

Doch kein hinreichender Terrorverdacht im Fall von Franco A.

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/doch-ke...

 

Paderborn Großes Goodbye: 1.400 Briten marschieren durch Paderborn

http://www.nw.de/lokal/kreis_paderborn/paderborn/22179186...

 

Audi-Chef Stadler in Untersuchungshaft

Der Mann, der nichts wissen wollte

Elf Jahre führte Rupert Stadler den Audi-Konzern, lange hat er sich im Dieselskandal durchgewurstelt. Doch das klappt offenbar nicht mehr: Die Staatsanwaltschaft ließ den Top-Manager verhaften.

http://www.spiegel.de/wirtschaft/unternehmen/audi-chef-ru...

 

Gewalt im öffentlichen Raum

NRW-Innenminister kündigt weitgehendes Messerverbot an

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/nrw-inn...

 

Darmstadt

Auch Hubschrauber im Einsatz

Gewaltausbruch bei Festival: Vermummte Menschenmenge greift Polizisten an - 15 Verletzte

https://www.tz.de/welt/darmstadt-gewalt-bei-musikfestival...

 

Gewalt in Darmstadt: So schafft man sich ab

http://www.faz.net/aktuell/politik/inland/gewalt-in-darms...

 

Staatsdemonstration 2.0

Der Magistrat und Erich Feldmann feiern mit "Pulse of Europe"

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1314

 

Liedersammlung im Internet

Bundeswehr: Kein Liederbuch mehr für Soldaten

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bundesw...

 

Umbenennung

Uni Greifswald streicht Ernst Moritz Arndt aus dem Namen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/uni-gre...

 

"Vogelschiß in über 1.000 Jahren erfolgreicher deutscher Geschichte"

Bundesregierung verurteilt Gaulands Äußerungen zu NS-Zeit

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bundesr...

 

Sperriges Gedenken in der Paulskirche

  1. Jahrestag des Volksaufstandes in der DDR

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1316

 

KZ-Gedenkstätte eröffnet

Steinmeier erinnert an Opfer in Weißrussland

Die Nazis löschen im zweiten Weltkrieg mehr als ein Viertel der Bevölkerung Weißrusslands aus. Die Einrichtung einer Gedenkstätte ist für Bundespräsident Steinmeier "von unschätzbarem Wert". Besonders wenn das Wissen über solche Orte erhalten bleiben soll.

https://www.n-tv.de/politik/Steinmeier-erinnert-an-Opfer-...

 

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LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE

 

Mit Rechten reden – mit Linken leben

https://sezession.de/58721/mit-rechten-reden-mit-linken-l...

 

Linke, werdet erwachsen

Diskurshygiene wahren

von Werner J. Patzelt

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/diskurshy...

 

Regierung als Anzeigekunde

Die „taz“ und die Brotkrumen der Macht

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/die-taz-und-d...

 

"Aufstehen gegen Rassismus"

Bedenkliches Bindeglied

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bedenkl...

 

Grünen-Chef Robert Habeck

Mit Deutschland weiß er nichts anzufangen

von Wolfgang Müller

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/mit-deu...

 

„Waffenrechtlich unzuverlässig“

Gericht: Reichsbürger dürfen keine Waffen besitzen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/gericht...

 

AfD-Aschermittwochsrede

Staatsanwaltschaft stellt Ermittlungen gegen Poggenburg ein

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/staatsa...

 

Hetze gegen die AfD

Entfesselte Jagdmeute

von Thorsten Hinz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/entfessel...

 

Medien

So feiern Journalisten Gaulands Klamotten-Diebstahl

https://jungefreiheit.de/allgemein/2018/journalisten-feie...

 

Gauland-Hatz durch die Altstadt

Cappelluti, die "Grünen", die CDU und das tolerante Frankfurt

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1312

 

Talksendung

„hart aber fair“ erklärt AfD-Chef Gauland zur unerwünschten Person

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/hart-aber-fai...

 

Chemnitz

Urteil nach Angriff auf Bürgerbüro

Strafe nach Anschlag auf AfD: Geld für linkes Zentrum

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/strafe-...

 

Fragwürdiges Demo-Bündnis

Alerta, Alerta: Kein Büro für Bremer AfD-Politiker

von Bastian Behrens

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/alerta-al...

 

Bundesparteitag

Augsburger Hotels laden AfD-Politiker aus

https://jungefreiheit.de/politik/2018/augsburger-hotels-l...

 

Aufklärungskampagne

Herrmann warnt vor gemeinsamen Demos mit Linksextremisten

https://jungefreiheit.de/politik/2018/herrmann-warnt-vor-...

 

Quakenbrück Vier Linken-Politiker wegen Wahlfälschung verurteilt

Vier Kommunalpolitiker der Linkspartei aus Quakenbrück haben sich nach Überzeugung des Landgerichts Osnabrück der Manipulation der letzten Kommunalwahl schuldig gemacht. Die Linke hatte 2016 überraschend gute Ergebnisse erzielt.

http://www.haz.de/Nachrichten/Der-Norden/Uebersicht/Linke...

 

(Linken-Politiker Tupac Orellana…)

Tupac, der Napalm-Lutscher

https://www.journalistenwatch.com/2018/06/07/tupac-napalm...

https://vera-lengsfeld.de/2018/06/07/linker-politiker-ins...

 

Parteitag

Linkspartei für offene Grenzen und gegen Abschiebungen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/linkspa...

 

Politikspionage, Markenimitate, Kronjuwelen

Von Götz Kubitschek

https://sezession.de/58674/politikspionage-markenimitate-...

 

Wagenknecht, die »soziale Frage« und wir (1)

https://sezession.de/58679/wagenknecht-die-soziale-frage-...

 

Wagenknecht, die »soziale Frage« und wir (2)

https://sezession.de/58700/wagenknecht-die-soziale-frage-...

 

Machtarithmetik, Machtautismus (I)

Von Nils Wegner

https://sezession.de/58704/machtarithmetik-machtautismus-i

 

Machtarithmetik, Machtautismus (II)

Von Nils Wegner

https://sezession.de/58706/machtarithmetik-machtautismus-ii

 

(Claudia Roth)

Mordfall Susanna

Roth: Flüchtlinge nicht krimineller als Deutsche

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/roth-fl...

 

Bundestagsvizepräsidentin

Claudia Roth ermahnt Deutsche zu mehr Zurückhaltung bei Fußball-WM

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/claudia...

 

(Mal wieder…)

Deutschlandfahnen

Fußball-WM: Linksjugend ruft zum Flaggen-Klau auf

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fussbal...

 

Erhöhtes Gefährdungspotential

Verfassungsschutz: Linksextreme Gewalt steigt besorgniserregend

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/verfass...

 

Polizei nimmt Rädelsführer der G20-Krawalle fest

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/polizei...

 

Frankfurt

CDU-Position zum Klapperfeld unglaubwürdig

Vertragsbeendigung in Römer-Koalition kaum durchsetzbar

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1318

 

Greifswald

Polizei kapituliert vor linkem Mob

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/polizei...

 

Niederlage vorm Bundesverwaltungsgericht

Büdingen muss der NPD Fraktionsgeld zahlen

https://www.hessenschau.de/politik/buedingen-muss-der-npd...

 

Vor Bundesparteitag

Staatsanwaltschaft ermittelt wegen Anti-AfD-Krawallführer

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/staatsa...

 

Einschußlöcher, Schmierereien und Böller

Sachsen-Anhalt: Anschläge auf AfD-Büros

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/sachsen...

 

Nordrhein-Westfalen

Festnahme von Wuppertaler Jobcenter-Chef sorgt für politischen Wirbel

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/festnah...

 

(Linksextremer Brandanschlag)

Lkw-Fahrer entkam knapp

Das schwere Leben nach dem Brandanschlag in Gröpelingen

https://www.weser-kurier.de/bremen/bremen-stadt_artikel,-...

 

Bad Nauheim Farbanschlag auf hessischen AfD-Politiker

Unbekannte verüben einen Farbanschlag auf das Haus des hessischen AfD-Politikers Andreas Lichert in Bad Nauheim. Zwei Scheiben werden beschädigt und auf der Garage der Schriftzug „Faschist“ hinterlassen.

http://www.fr.de/rhein-main/alle-gemeinden/wetteraukreis/...

 

Attacke auf Lichert-Haus: AfD ist empört

https://www.wetterauer-zeitung.de/regional/wetteraukreis/...

 

Antifa-Anschlag auf Andreas Licherts Haus

Gastbeitrag

Andreas Lichert ist Landtagskandidat der AfD in Hessen Co-Vorsitzender des Instituts für Staatspolitik.  Auf sein Haus wurde ein Anschlag verübt.

https://sezession.de/58723/antifa-anschlag-auf-andreas-li...

 

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EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

Linke Migrationsfantasien: Die Revolution soll einwandern

http://www.achgut.com/artikel/linke_migrationsfantasien_d...

 

Marrakesh Political Declaration

https://ec.europa.eu/home-affairs/sites/homeaffairs/files...

 

(Zu Merkels Grenzöffnung)

Streit um Grenzöffnung

Hat sie, oder hat sie nicht?

von Ulrich Vosgerau

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/hat-sie-o...

 

Bosnien und Herzegowina

Die neue Balkanroute: Auf dem Weg nach Deutschland

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/die-neue-ba...

 

JF-TV Interview

Auf der neuen Balkanroute

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/auf-der-neu...

 

Balkanroute

„Allahu Akbar“: Flüchtlinge versuchen Grenze zu Kroatien zu stürmen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/allahu-akba...

 

Spanien

Hunderte Einwanderer stürmen Grenzzaun zur EU

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/hunderte-ei...

 

(Eine der ersten Amtshandlungen der neuen sozialistischen Regierung…)

Mittelmeer

Spanien nimmt 600 Afrikaner von Flüchtlingsboot auf

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/italien-und...

 

(Eine der ersten Amtshandlungen der neuen "rechtspopulistischen" Regierung…)

„Lifeline“ und „Seefuchs“

Beschlagnahmung von Schiffen: Italien geht gegen Flüchtlingshelfer vor

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/beschlagnah...

 

Italien

„Dossier zur Roma-Frage“

Salvini will Zigeuner zählen und ausweisen lassen

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/salvini-wil...

 

Verteilung auf europäische Länder

Im Streit um Flüchtlingsschiff „Lifeline“ zeichnet sich Einigung ab

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/im-streit-u...

 

Acht Länder sichern Unterstützung zu

Polizei verhört deutschen Kapitän der „Lifeline“

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/polizei-ver...

 

Theater um Lifeline

Kinder an der Macht

von Fabian Schmidt-Ahmad

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/kinder-an...

 

Worüber deutsche Medien schweigen

Immigranten der Aquarius in Spanien: Gespendete Kleidung weggeworfen und in Restaurant mit 100-Euro-Scheinen bezahlt

https://philosophia-perennis.com/2018/06/26/immigranten-d...

 

Niederlande

Einwanderer und Linke besetzen Häuser

„We are here“, um zu bleiben

von Sietske Bergsma

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/we-are-here...

 

Asylstreit: Kramp-Karrenbauer warnt vor Spaltung Europas

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/asylstr...

 

Gabriel wirft SPD Naivität in der Asylpolitik vor

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/gabriel...

 

(Kein Wille zur Kursänderung bei der SPD)

Islam in Deutschland

Giffey findet Burkinis im Schwimmunterricht unproblematisch

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/giffey-...

 

"Wenn man was im BAMF werden will", müsse man viele positive Asyl-Bescheide erstellen

https://www.tag24.de/nachrichten/mdr-fakt-karriere-im-bam...

 

Auf Wiedervorlage

Der ganz alltägliche Asyl-Wahnsinn

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/der-ganz-...

 

Nordrhein-Westfalen

Schleuserverdacht: Stadt streicht Flüchtlingshelfern Fördergelder

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/schleus...

 

(Einwanderungs-Indoktrination in der Schule)

Dein Tag für Afrika

https://sezession.de/58715/dein-tag-fuer-afrika

 

(Zur Alltagsgewalt)

Sonntagsheld (63) – Feuer frei!

"Vielen Dank für Ihre Reise mit der Deutschen Bahn."

https://sezession.de/58624/sonntagsheld-63-feuer-frei

 

Gescheiterte Abschiebung

Anwalt von Asef N. zeigt Dobrindt wegen Verleumdung an

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/anwalt-...

 

Offenbach

Wütende Reaktionen im Netz

Nach Rassismus-Eklat: Möbelhaus trennt sich von Filialleiter

https://www.op-online.de/offenbach/nach-rassismus-eklat-m...

 

Islamisierung

Gymnasium in Herne kauft Burkinis für Schwimmunterricht

https://jungefreiheit.de/kultur/2018/gymnasium-in-herne-k...

 

AfD-Politiker Martin Hess

„Flüchtlinge deutlich krimineller als Durchschnittsdeutsche“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fluecht...

 

„Hoheit des Rechtsstaates im Duisburger Norden wiedergewinnen“

https://www.welt.de/politik/deutschland/article178037842/...

 

Bayern

Abschiebung verhindert: Nigerianer entreißt Dienstwaffe und geht auf Polizisten los

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/abschie...

 

Sachsen

Deutscher Jugendlicher bei Schlägerei mit Ausländern schwer verletzt

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/deutsch...

https://www.mdr.de/sachsen/nachrichten-ticker-sachsen-ver...

 

Krisenherd Asylunterkünfte

Flüchtlinge randalieren in Cottbus, Göttingen und Potsdam

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/fluecht...

 

Revisionsverhandlung

Bundesgerichtshof hebt Urteil gegen Siegaue-Vergewaltiger auf

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/bundesg...

 

Vergewaltigung in Velbert

„Sie sind über das Mädchen hergefallen“

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/sie-sin...

 

Vergewaltigung

Acht Teenager missbrauchen 13-Jährige im Wald und filmen die Tat - sechs sitzen in U-Haft

Mindestens acht Jugendliche im Alter zwischen 14 und 16 Jahre haben sich in Velbert in einem Waldstück am Parkbad an einem 13-jährigen Mädchen vergangen.

https://www.stern.de/panorama/weltgeschehen/nachrichten-a...

 

Schwerer Missbrauch einer 13-Jährigen

Verdächtige Teenager aus Velbert setzen sich mit ihren Familien ab - Tatvideo wird ausgewertet

https://www.stern.de/panorama/velbert--verdaechtige-setze...

 

Wiesbaden: Wieder ein Mädchen tot – verdächtiger Iraker flüchtig

http://www.pi-news.net/2018/06/wiesbaden-wieder-ein-maedc...

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/mordfal...

 

Eine Festnahme, ein Flüchtiger

14-jährige Susanna vergewaltigt und getötet – Zwei Tatverdächtige

https://www.noz.de/deutschland-welt/vermischtes/artikel/1...

 

Mordfall Susanna F.

Die „Willkommenskultur“ frißt unsere Kinder

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/die-willk...

 

Der "Fall Susanna" und die Flüchtlingskrise

Die Bild-Zeitung muß sich entschuldigen

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/bild-zeit...

 

Im Bundestag

AfD gedenkt ermordeter Susanna mit Schweigeminute

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/afd-ged...

 

JF-TV AKTUELL zum Fall Susanna

„Das gab es so früher in Deutschland nicht“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/das-gab...

 

Wer ist verantwortlich für Susannas Tod?

Bei diesem Thema kochen die Emotionen hoch: ein Asylsuchender aus der Türkei, 33, der bereits festgenommen wurde und ein irakischer Flüchtling, 20, haben zusammen die 14-jährige Susanna missbraucht und ermordet. Über dieses Verbrechen sprechen wir mit Heinz Buschkowsky.

https://www.sat1.de/tv/fruehstuecksfernsehen/video/wer-is...

 

Ist mir egal, jetzt sind sie halt tot

Gottfried Curio, innenpolitischer Sprecher der AfD, haute am Freitag im Deutschen Bundestag Merkel und den versammelten Altparteien die fatalen Folgen ihres Asylwahnsinns und ihres totalen Politikversagens eloquent und scharfzüngig um die Ohren.

http://www.politikversagen.net/ist-mir-doch-egal-jetzt-si...

 

Susanna Feldman und die Hierarchie der Opfer

https://sezession.de/58655/susanna-feldman-und-die-hierar...

 

Der Mord an Susanna F. und die Folgen

Blutige Willkommenskultur

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/blutige-w...

 

Sexuelle Belästigung

21-Jähriger belästigt Mädchen und Frau in Bamberger Schwimmbad

https://www.infranken.de/regional/bamberg/21-jaehriger-be...

 

("Bulgarische Pässe")

Mutmaßliche Gruppenvergewaltigung in Velbert

"Sie war ein Zufallsopfer"

In einem Wald in Velbert sollen acht Jugendliche ein Mädchen vergewaltigt und die Tat gefilmt haben. Die Verdächtigen haben ihr Opfer offenbar zufällig ausgesucht.

http://www.spiegel.de/panorama/justiz/velbert-13-jaehrige...

 

Kriminalität

Frau in Park in Viersen erstochen

http://www.sueddeutsche.de/panorama/kriminalitaet-frau-in...

https://www.express.de/duesseldorf/taeter-auf-der-flucht-...

 

Messerangriff in Viersener Park: Tatverdächtiger (17) stellt sich der Polizei

https://www.derwesten.de/region/messerangriff-in-viesener...

https://www.t-online.de/nachrichten/panorama/kriminalitae...

 

„Noch nie so viele Delikte dieser Art“

Serie von Sexualstraftaten erschüttert Freiburg

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/serie-v...

 

(Deutsch-libanesischer Rapper als Tatverdächtiger)

Türkei

Deutsche Touristin tot im Meer gefunden

http://www.spiegel.de/panorama/justiz/tuerkei-deutsche-to...

https://www.n-tv.de/panorama/Deutsche-Touristin-tot-in-de...

 

Haftbefehl gegen Tunesier wegen gefährlichem Bio-Gift

https://www.gmx.net/magazine/panorama/raetsel-substanz-ko...

 

Frankfurt/Oder

Auseinandersetzung

18-Jähriger schlägt 32-Jährigen

https://www.moz.de/landkreise/oder-spree/frankfurt-oder/a...

 

Stadtfest

Cottbus: Erneut Schlägerei zwischen Deutschen und Syrern

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/cottbus...

 

Massenschlägerei in Duisburg

Rumänen-Clans gehen vor Polizeipräsidium aufeinander los

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/rumaene...

 

Vermisste Sophia (28) offenbar tot: Lkw-Fahrer in Spanien festgenommen

https://www.tag24.de/nachrichten/leipzig-sophia-loesche-2...

 

Dresden

Neun sexuelle Übergriffe: Polizei nimmt Syrer fest

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/neun-se...

 

Barsinghausen

Mordfall Anna-Lena: Verdächtiger ist wegen Gewalttaten vorbestraft

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/mordfal...

 

Ottobrunn

Flüchtlingskriminalität

Notärztin durch Flaschenwurf schwer verletzt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/notaerz...

 

Mordprozeß gegen abgelehnten Asylbewerber

Lebenslange Haft für Mord an Susanne F.

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/lebensl...

 

Urteil: Arrest nach Schlägen gegen Kippa-Träger in Berlin

https://www.gmx.net/magazine/politik/urteil-arrest-schlae...

 

Wegen verstorbenem Mädchen

Serbischer Großclan bedroht Chefarzt der Kölner Uniklinik

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2018/serbisc...

 

(Asylbewerber angerempelt – 14 Monate Gefängnis)

Schwarzen Asylbewerber angegriffen: Polizist muss ins Gefängnis

https://www.tag24.de/nachrichten/augsburg-heidenheim-gien...

 

Der nächste Messer-Prozess kommt in Darmstadt: Minderjähriger Afghane stach zehn Mal auf Ex-Freundin ein

https://www.epochtimes.de/politik/deutschland/der-naechst...

 

Alsfeld Streit um Fahrrad eskaliert blutig

http://www.fr.de/rhein-main/kriminalitaet/alsfeld-streit-...

 

KJ18-6.jpg

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

 

Why Modern Architecture SUCKS

https://www.youtube.com/watch?time_continue=624&v=Gap...

 

Kirchenabrisse: "Wir stehen erst am Anfang"

http://www.katholisch.de/aktuelles/aktuelle-artikel/kirch...

 

("Der LWL möchte künftig gerade diese dunkle Seite des Denkmals stärker betonen…")

Doch Interesse am neuen Porta-Denkmal ist riesig – Karten zu gewinnen

»Ein Kaiser-Denkmal braucht kein Mensch«

http://www.westfalen-blatt.de/OWL/Kreis-Minden-Luebbecke/...

 

Koalitionskrach um Einheitswippe

Berliner Einheitsdenkmal verzögert sich weiter

https://www.berliner-zeitung.de/berlin/koalitionskrach-um...

 

Die perfekte grüne Welle

von Hans-Hermann Gockel

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/die-perfekte-...

 

Diskussionsrunde

Maischberger ändert nach Shitstorm Titel zum Islam

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/maischberger-...

 

TV-Kritik zu Maischberger

Unterwerfung auf öffentlich-rechtlich

von Fabian Schmidt-Ahmad

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/unterwerf...

 

Werbeanzeigen

Regierungsmillionen für die BILD-APO

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2018/regierungsmil...

 

(Spiegel und Co.)

Donald Trump und deutscher Nanny-Journalismus

Im mundgerechten Gut-Böse-Schema

von Lukas Mihr

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2018/im-mundge...

 

Facebook darf Hassredner aussperren

Ein Facebook-Nutzer ruft mehrfach zu Internierung von Flüchtlingen auf und wird gesperrt. Zu Recht – urteilte das Oberlandesgericht Karlsruhe.

http://www.neuepresse.de/Nachrichten/Medien/Facebook-darf...

 

"Vielfalt der Gesellschaft"

Berliner SPD will feministische Pornos fördern

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2018/berline...

 

„Alle sollten beten“

Schottischer Priester hofft auf schwulen Prinz George

https://www.hna.de/leute/schottischer-priester-hofft-auf-...

 

Lehrerverbandschef: Es fehlt vor allem geschultes Personal

Für Inklusion nur die Note „mangelhaft“

https://www.op-online.de/hessen/lehrerverbandschef-interv...

 

Wegen Flüchtlingspolitik

Evangelische Kirche: EU soll Friedensnobelpreis zurückgeben

https://jungefreiheit.de/politik/2018/evangelische-kirche...

 

Heavy Metal und Jesus

In einem Slum in Rio de Janeiro predigt ein evangelikaler Pastor das Evangelium mit Hilfe von Metallica und Motörhead.

https://www.mittelbayerische.de/politik-nachrichten/heavy...

 

Nationalmannschaft

Merkel fordert Fans zum Klatschen für Özil und Gündogan auf

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Berliner Bezirk fordert Umbennung des Jahn-Sportparks

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Der politisierte Fußball

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Stadtreinigung schickt Greenpeace Rechnung für Farbaktion

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Euro-Gegner Manfred Brunner verstorben – Nachruf einen aufrechten Nationalliberalen

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Fleischer: Frankreichs Metzger beklagen Angriffe von Veganern

Schaufenster wurden mit falschem Blut bespritzt, Fleischereien verwüstet. Französische Metzger machen dafür Veganer verantwortlich. Sie fordern Hilfe von der Regierung.

https://www.zeit.de/gesellschaft/2018-06/fleischer-frankr...

 

(Verharmlosung veganer Straftäter und Verhöhnung der Kriminalitätsopfer in der "Zeit"…)

Frankreich: Wo sich Veganismus auf Extremismus reimt

https://www.zeit.de/entdecken/2018-06/frankreich-metzger-...

 

(Ebenfalls Einwanderer…)

Australien Katzen töten jährlich 650 Millionen Reptilien

Gibt es zu viele Katzen, wird das zum Problem für andere Arten. In Australien fangen die Tiere massenweise kleinere Reptilien - darunter auch bedrohte Arten.

http://www.spiegel.de/wissenschaft/natur/katzen-toeten-in...

 

Das war’s. Diesmal mit: Deutschen mit und ohne Knall

https://sezession.de/58639/das-wars-diesmal-mit-deutschen...

 

Das war’s. Diesmal: Wie wir mal Kinder abgeknallt haben

https://sezession.de/58682/das-wars-diesmal-wie-wir-mal-k...

 

Drei Jahre nach Attentat

Islamischer Skandalrapper soll im Bataclan auftreten

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2018/islamischer...

 

Ermittlungen gegen Rapper Kollegah und Farid Bang eingestellt

https://www.suedkurier.de/nachrichten/kultur/Ermittlungen...

 

Les sanctions au regard du droit international

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Les sanctions au regard du droit international

par Hans Köchler*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Dans cette conférence,* je vais traiter du caractère problématique des sanctions économiques sur le plan juridique. Je n’approfondirai pas ce qui relève des sanctions diplomatiques posant beaucoup moins de problèmes juridiques. Dans ce dernier domaine, on inclut ce qui relève de la souveraineté de l’Etat comme par exemple le rappel de diplomates ou la réduction par le pays accueillant du nombre des diplomates accrédités et attribués par un Etat, et bien d’autres choses du même acabit. Ce sont pour ainsi dire des piqûres d’aiguilles inhérentes à la routine des affaires diplomatiques selon le principe de la réciprocité et je n’en parlerai pas dans ma présentation de ce jour.


Parmi les sanctions économiques, il faut établir clairement la distinction entre les sanctions unilatérales et multilatérales. Afin d’éviter tout malentendu de terminologie, je me réfèrerai tout d’abord à des exemples concrets. Les sanctions unilatérales sont à peu près ce que les Etats-Unis ont pris l’habitude d’utiliser depuis la fin de la guerre froide. Cependant on peut aussi ranger dans cette catégorie les mesures prises par l’Union européenne en tant qu’organisation intergouvernementale à l’encontre, par exemple, de la Russie. Concernant la nature légale des sanctions, la différenciation suivante est décisive: l’appellation unilatérale s’applique lorsqu’un Etat ou un groupe d’Etats, agissant (comme par exemple l’UE) en tant qu’organisation ou, s’étant pour une raison quelconque rassemblé (coalition) dans ce but, émet des «sanctions» économiques. Un tel procédé ne découle pas d’une quelconque obligation légale et encore moins du niveau international. Les sanctions multilatérales, cependant, sont des mesures de contrainte économiques entrant dans le cadre du système de sécurité collective des Nations Unies en tant que mesures de contrainte, obligatoires pour tous les Etats. Juridiquement parlant, cela est tout à fait différent. La multilatéralité signifie dans ce cas que les mesures sont pour ainsi dire émises par la communauté mondiale et qu’elles ont donc un caractère d’obligation universelle – à la différence des mesures unilatérales prises par un Etat ou un groupe d’Etats.

«Les sanctions sont un instrument de politique internationale allant à l’encontre de l’idée de la diplomatie et de la coexistence pacifique entre les peuples. Comme l’indiquent clairement les dispositions du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, les sanctions sont le précurseur du recours à la force armée. Ce genre d’action coercitive a donc moralement le caractère de la guerre. […] Unilatéralement, les sanctions appartiennent en fin de compte à l’arsenal du droit du plus fort et sont donc probablement mieux adaptées à l’«ancien» droit international, dans lequel le ‹droit à la guerre› était la prérogative de l’Etat souverain. Cependant, il est aujourd’hui communément affirmé que nous aurions dépassé cette compréhension juridique depuis la fin de la Première Guerre mondiale.»

I. Les sanctions unilatérales

Dans le domaine des sanctions unilatérales, il va de soi que dans l’idéal, la compensation mutuelle règne entre les Etats – donc, il y a une clarification des positions divergentes et les conflits d’intérêts par la voie des pourparlers. Par conséquent, la diplomatie serait ainsi une façon raisonnable de dialoguer les uns avec les autres.


En réalité cependant, il n’est pas du tout inhabituel dans les relations internationales – surtout lorsque les rapports de force sont inégaux – qu’un Etat exprime ses positions en politique extérieure, c’est-à-dire ses «intérêts nationaux», par l’exercice de la contrainte. Les sanctions économiques unilatérales ne signifient rien d’autre que la volonté d’un Etat à imposer sa volonté aux autres. Dans le cas où un Etat se trouve être beaucoup plus fort qu’un autre, la tentation est naturellement beaucoup plus grande pour lui de concrétiser ses propres intérêts sous forme de sanctions. L’inverse n’est pas vrai. Ainsi la République de Saint-Marin n’envisagera pas, même en rêve, d’entreprendre des sanctions contre les Etats-Unis.

«En réalpolitique, les sanctions ne font sens que s’il y a un déséquilibre de pouvoir»

En réalpolitique les sanctions ne font sens que lorsqu’il y a un déséquilibre de pouvoir. A cela, il y a également un appui empirique. Dans les dernières décennies, l’Etat actuellement le plus puissant du monde, les Etats-Unis, a initié un nombre beaucoup plus important de sanctions que tous les autres Etats. Une statistique détaillée dépasserait le cadre de cet article. A ce propos, il est important de souligner l’aspect de l’arbitraire, du chantage, comme des instruments de politique extérieure. En outre, l’attitude en ce cas est souvent celle de l’assurance du bon droit avec laquelle l’Etat qui sanctionne (ou plutôt le groupe d’Etats qui sanctionnent) couvre ce qui est pratiquement une punition collective. Actuellement, on constate cela tout à fait concrètement dans les sanctions envers la Russie. Il ne faut pas non plus perdre de vue, dans ce genre de manœuvres intergouvernementales, le danger potentiel d’aggravation par les sanctions économiques des tensions politiques, au lieu d’un apaisement de la situation. A cet égard, les sanctions sont à considérer comme l’instrument d’une politique de force généralement contreproductif pour l’établissement d’un ordre de paix internationale stable. Elles sont d’ailleurs encore plus importantes dans leurs effets à l’époque de l’interconnexion mondiale qu’elles ne l’étaient lorsque l’interdépendance économique n’était pas encore aussi forte. A cet égard, le sujet est beaucoup plus actuel dans la présente constellation que lors des décennies de l’après-guerre, lorsqu’existaient les blocs – encore monolithiques – de pouvoir et d’économie, avec relativement peu d’interconnections.

Une violation du régime de libre-échange

Concernant maintenant l’appréciation juridique, les sanctions unilatérales équivalent tout à fait clairement à une violation du régime de libre-échange – si prisé du monde occidental – dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il est remarquable à ce propos que le pays s’étant présenté comme l’avocat déclaré du libre-échange, quand il s’agissait de fonder l’Organisation mondiale de commerce aux fins de succéder au GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) c’est-à-dire, les Etats-Unis, soit également celui qui viole les règles de libre-échange codifiées par l’OMC – et cela, en instrumentalisant l’économie dans un objectif politique, comme je le démontrerai plus en détails par la suite. Selon les règlements en vigueur, précédemment sous le GATT et à présent dans le cadre de l’OMC, il s’agit avant tout du principe de non-discrimination dans le commerce international et plus généralement, du principe selon lequel l’Etat ne doit pas se mêler de l’activité économique internationale. Cela correspond à un souci tout à fait compréhensible, d’avoir en face de soi un partenaire commercial prévisible – dans chaque Etat individuellement. Naturellement, il ne l’est pas et ne peut pas l’être si, soudainement, on se heurte à des dispositions étatiques rendant la poursuite de la coopération économique concrètement impossible.

Des exceptions formulées de manière peu claire

Un autre problème dans l’appréciation juridique des sanctions unilatérales se situe dans les instruments juridiques réglant le libre-échange: il y a des exceptions aux obligations mentionnées plus haut – ces exceptions sont si peu clairement formulées que les Etats peuvent décider plus ou moins arbitrairement eux-mêmes du moment opportun pour eux des conditions d’utilisation ou non d’une exception. Je peux ici que renvoyer sommairement aux définitions correspondantes. L’article 21 du General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) est déterminant, ainsi qu’il a été repris dans une décision formelle dans le règlement de l’Organisation mondiale du commerce. Il faut mentionner en outre l’article 14bis du General Agreement on Trade in Services (GATS) qui fut approuvé dans le cadre de la mise en place de l’Organisation mondiale du commerce. Des Etats émettant unilatéralement des sanctions, se réfèrent à ces dispositions pour que les règles du libre-échange ne puissent s’appliquer dans des cas concrets. Que signifient ces exceptions? Elles peuvent être revendiquées, s’il s’agit pour un Etat contractant de la sauvegarde de ses intérêts sécuritaires essentiels – notamment en ce qui concerne le commerce de matières nucléaires, le trafic d’armes en général, et dans une situation de guerre ou d’une autre «crise» dans les relations internationales («emergency in international relations»).


En outre, on considère qu’il peut y avoir des exceptions aux règles du libre-échange, s’il s’agit des obligations d’un Etat envers les règles de la Charte de l’ONU pour le maintien de la paix et de la sécurité internationale. Cette obligation est concrétisée par rapport aux résolutions obligatoires du Conseil de sécurité selon le chapitre VII de la Charte de l’ONU. Si le Conseil de sécurité impose dans ce contexte des sanctions à l’encontre d’un Etat membre, celles-ci doivent être appliquées – à titre de mesures multilatérales – par tous les Etats membres des Nations Unies. Etant donnée que, selon la Charte de l’ONU, l’autorité du Conseil de sécurité prime sur toutes les autres instances, des résolutions selon le chapitre VII mettent les règles de libre-échange d’autres organisations ou les accords des Etats membres hors jeu. Il était cependant stipulé du côté de l’Etat intéressé, que de telles annulations en référence aux obligations induites par l’appartenance à l’ONU étaient possibles aussi indépendamment des résolutions obligatoires du Conseil de sécurité, ce dont toutefois je doute. Ainsi, on ouvrirait grand la porte à l’arbitraire et à l’interprétation autoritaire du droit international – clairement dans l’intérêt de la légitimation d’une véritable politique de force motivant l’action de certains Etats.


Au sujet des exceptions au régime de libre-échange, il faut se référer finalement au travail de codification de la Commission de droit international des Nations Unies (International Law Commission). Je me réfère ici aux Draft Articles on the Responsibility of States for Internationally Wrongful Acts [Projets d’articles sur la responsabilité de l'Etats pour fait internationalement illicites], un document accepté par l’Assemblée générale des Nations Unies selon la résolution 56/83 du 12 décembre 2001, traçant ainsi en quelque sorte une ligne générale de droit international – bien que n’ayant qu’un caractère de recommandation. Selon l’article 49 de ce document, un Etat lésé peut prendre de contremesure à l'encotre de l'Etat responsable du fait internationalement illicité «pour amener cet Etat à s'acquitter des obligations qui lui incombent» [in order to induce that state to comply with its obligations]. Cette norme récemment été évoquée dans l’argumentation concernant les sanctions unilatérales appliquées contre la Russie en rapport avec les combats en Ukraine et en particulier avec la question de la souveraineté de l’Etat en jeu sur une partie du territoire de l’Ukraine.

«Concernant la nature légale des sanctions, la différenciation suivante est décisive: l’appellation unilatérale s’applique lorsqu’un Etat ou un groupe d’Etats, agissant (comme par exemple l’UE) en tant qu’organisation ou, s’étant pour une raison quelconque rassemblé (coalition) dans ce but, émet des ‹sanctions› économiques. Un tel procédé ne découle pas d’une quelconque obligation légale et encore moins du niveau international.»

La porte grande ouverte à l’arrogance du pouvoir

Le caractère problématique de ces exceptions – auxquelles on ne peut se rapporter que si l’on veut justifier les sanctions unilatérales – repose avant tout sur son absence totale de précisions. Selon les règles de la OMC, les Etats ne doivent fournir ni raison ni preuve des risques concrets encourus par leurs intérêts sécuritaires. L’utilisation des exceptions dépend en dernier lieu de l’estimation personnelle des intérêts de l’Etat émettant les sanctions. Il existe pour cela une expression anglaise concise «self-judged security exceptions». Les critères de leur utilisation ne doivent pas être examinés par une instance indépendante.


On retrouve ici de nouveau le problème de l’autosatisfaction que j’ai déjà évoquée au début. Avec de telles exceptions, on ouvre grand la porte à l’arrogance du pouvoir. Contrairement aux sanctions multilatérales, il n’y a là en fait aucun correctif juridique. Il n’existe pour cela aucun tribunal international d’arbitrage crédible. Dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, il y a, certes, des mécanismes de règlement des différends («Dispute Settlement Body») et une cour d’appel («Appellate Body») comptant sept juges dits indépendants, siégeant à Genève. Mais jusqu’à présent, dans les affaires de cette sorte, l’arbitrage, pour autant que mes recherches aient abouti, n’a jusqu’à présent jamais été revendiqué. Il se rapporte plus aux affaires procédurales, quand par exemple un Etat essaie de prouver qu’un autre Etat a violé les règles de fair-play de l’OMC, etc. Il ne reste ainsi à l’Etat ayant été l’objet de sanctions plus que l’option de la réalpolitique des mesures de rétorsion, c’est-à-dire des «contre-sanctions» – s’il se sent assez fort pour cela.

De graves violations du droit international

A propos de la problématique juridique, les sanctions quasi légalisées par les exceptions de l’OMC peuvent aussi représenter d’importantes violations du droit international, au vu de l’interdiction générale d’intervention dans les affaires intérieures, mais aussi du principe d’égalité souveraine des Etats (Article 2[1] de la Charte d’ONU) et de l’obligation de tous les membres de la communauté internationale au règlement pacifique des différends (Article 2[3] la Charte de l’ONU). Abstraction faite de ces aspects formels, les sanctions économiques peuvent aussi en quelque sorte entraîner des violations sérieuses des droits de l’homme – bien que les infractions aux règles mentionnées soient souvent difficiles à prouver. Ce problème s’est posé récemment avant tout pour les sanctions multilatérales, ce sur quoi je reviendrai par la suite.


Il n’y a pas de procédé juridique efficace pour un constat et une punition des violations de droit résultant des sanctions unilatérales au niveau international. La Cour de justice internationale (International Court of Justice) de La Haye, pour ainsi dire le tribunal de l’ONU, est parfaitement insignifiante à ce sujet. Ce tribunal ne peut examiner que les différends juridiques et proposer un règlement à l’amiable, si les Etats se soumettent explicitement à sa juridiction ou en appellent à la justice en vue d’une décision concernant un différend.


La Chambre de commerce américaine s’est prononcée contre les sanctions

En ce qui concerne l’appréciation juridique des sanctions unilatérales, il y a aussi un aspect important interne au pays. Un Etat appliquant des sanctions contre un ou plusieurs autres Etats, intervient en cela simultanément aussi dans les droits des sociétés à l’intérieur de son propre territoire national. Par les sanctions, l’Etat empêche le commerce de ces sociétés et peut ainsi détruire dans le cas le plus extrême également sa base commerciale. A ce propos, le point de vue de l’économie américaine sur ce problème est significatif. C’est ainsi qu’en septembre 2016, la Chambre de commerce des Etats-Unis (United States Chamber of Commerce) a publié une déclaration contre les sanctions économiques unilatérales («Oppose Unilateral Economic Sanctions»). Celles-ci nuiraient fortement aux intérêts économiques américains – dans leur propre pays, mais aussi à l’étranger. En outre, une application extraterritoriale des sanctions menace de susciter des conflits économiques, diplomatiques et juridiques avec d’autres Etats. Dans cette déclaration publiée avant l’élection de Donald Trump, était particulièrement visée la politique de sanctions contre Cuba, poursuivie par les Etats-Unis depuis 1960. Il est absolument remarquable politiquement (bien que très peu connu à l’étranger) que la Chambre de commerce des Etats-Unis – donc de l’Etat qui utilise l’instrument de la politique de sanctions unilatérales de manière parfaitement excessive – soit justement un adversaire déclaré de cette politique.


Les sanctions unilatérales – et avant tout les restrictions des exportations qui en résultent – nuisent en général tout autant à l’économie de l’Etat qui sanctionne. En effet elles réduisent ses sources de revenus touchant aux recettes fiscales. L’Etat qui sanctionne scie la branche sur laquelle il est assis. En règle générale: si l’on est vraiment convaincu du libre-échange – comme par exemple les Etats-Unis qui proposent ce principe au monde entier – alors l’Etat devrait renoncer en principe aux interventions politiques dans le commerce extérieur – et les entrepreneurs privés ne devraient pas se retrouver otages de la politique de force de leur propre Etat. Cela est très visible, si l’on lit la déclaration de la Chambre de commerce américaine, mais aussi quand on voit l’humeur générale chez les décideurs économiques des Etats-Unis. Concernant le bilan coûts-avantages de l’Etat, il ne faut pas perdre de vue les pertes affectant l’Etat qui sanctionne, suite aux mesures de rétorsion de l’Etat sanctionné.

«A propos de la problématique juridique, les sanctions quasi légalisées par les exceptions de l’OMC peuvent aussi représenter d’importantes violations du droit international, au vu de l’interdiction générale d’intervention dans les affaires intérieures, mais aussi du principe d’égalité souveraine des Etats (Article 2[1] de la Charte d’ONU) et de l’obligation de tous les membres de la communauté internationale au règlement pacifique des différends (Article 2[3] la Charte de l’ONU)»

Le problème épineux de l’extraterritorialité

Dans le domaine de la problématique du droit international concernant les sanctions unilatérales, l’aspect le plus important reste, cependant, celui déjà mentionné: celui de l’exterritorialité, lorsque les droits économiques (ou quand il s’agit d’Etats, les droits de souveraineté) d’entités ou d’Etats tiers non impliqués sont violés. Quand un Etat cherche à régler un conflit avec un autre Etat, entre autres par le biais de sanctions économiques – donc en contraignant un autre Etat à adopter une certaine position ou à abandonner sa position actuelle –, on ne peut en aucun cas avancer une justification juridique lorsque des Etats tiers, n’ayant rien à voir avec ce litige, sont astreints à ces sanctions unilatérales et sont ainsi entraînés indirectement dans le conflit.


Aucun Etat ne possède le droit de dicter à d’autres Etats ou aux sociétés à l’intérieur de ces Etats, la manière dont ils doivent gérer leurs relations économiques. Ce problème s’est posé de façon particulièrement aigüe lors de la décision concernant le Helms-Burton Act du Congrès américain («Cuban Liberty and Democratic Solidarity Act of 1996») par lequel les sanctions unilatérales à l’encontre de Cuba pouvaient également s’exercer à l’égard des entreprises dans et d’origine d’Etats tiers.1 Si, par exemple, des sociétés européennes possédant également des filiales aux Etats-Unis ou dont les transactions passent par des banques américaines, entretiennent des relations commerciales avec un Etat objet de sanctions (par exemple Cuba ou l’Iran), les Etats-Unis peuvent alors revendiquer, par le biais de décrets tel le Helms-Burton Act, le droit d’agir à l’encontre de ces sociétés étrangères. Un autre exemple de ce gravissime interventionnisme est illustré par les relations économiques internationales dans les difficultés avec lesquelles le consortium européen Airbus est confronté lors des marchés aéronautiques passés avec l’Iran, aussitôt que les avions destinés à l’exportation contiennent des pièces détachées produites aux Etats-Unis.


Les problèmes juridiques résultant de ce droit de souveraineté excessif (c’est-à-dire la mise en pratique extraterritoriale des sanctions), sont habituellement ignorés par l’Etat ayant émis les sanctions, car pour lui il ne s’agit pas de la prééminence juridique internationale de l’ONU, reconnue de tous, mais uniquement et seulement de contraindre l’Etat sanctionné à l’attitude souhaitée. Comme ces revendications se produisent habituellement dans un contexte de déséquilibre du pouvoir, il devient dès le début inutile de faire appel aux instances juridiques.


La seule chose qui compte, c’est que seul l’Etat concerné par les sanctions, s’il en est capable du point de vue de la réalpolitique, ou en coalition avec d’autres, prenne lui-même des mesures de rétorsion à l’encontre de l’Etat le sanctionnant.

II. Sanctions multilatérales

Dans le fond, les sanctions sont des mesures hostiles sur une échelle d’escalade pouvant aboutir à l’usage des armes. C’est notamment le cas des sanctions multilatérales dans le cadre des Nations Unies. Selon les dispositions du chapitre VII de la Charte de l’ONU, l’organisation mondiale a le devoir de garantir ou de rétablir la paix et la sécurité internationale. Selon l’article 39 de la Charte, cette tâche appartient au Conseil de sécurité qui, dans ce cas, agit au nom de tous les Etats membres. Les sanctions sont un instrument, dont le Conseil de sécurité peut se servir dans le cadre du système de la sécurité collective.


En ce sens, le caractère juridique des sanctions économiques multilatérales diffère totalement des mesures unilatérales d’Etats individuels ou de groupes d’Etats. Les sanctions dans le cadre de l’ONU sont toujours aussi des mesures pour maintenir l’Etat de droit, tant qu’il s’agit d’imposer l’interdiction du recours à la force, conformément au droit international (article 2[4] de la Charte de l’ONU) pour lesquelles le Conseil de sécurité est seul responsable et possède la force coercitive nécessaire. Les sanctions économiques représentent l’une des mesures de contraintes dont dispose le Conseil de sécurité. Selon les articles 41 et 42, l’échelle des sanctions va de la rupture partielle ou totale des voies d’information et de circulation, en passant par les relations économiques jusqu’aux mesures militaires avec intervention des forces terrestres, aériennes et maritimes. La philosophie de base de ce système de sécurité collective se fonde sur l’escalade par étapes. D’abord, il s’agit d’un arrangement pacifique des conflits pour lesquels le Conseil de sécurité peut proposer, selon le chapitre VI de la Charte, des mesures concrètes. Si pourtant le Conseil de sécurité constate que les négociations n’ont pas abouti et qu’il y a un risque concret ou un déclenchement d’un conflit, il peut recourir, selon le chapitre VII, à son pouvoir coercitif pour garantir ou rétablir la paix.


Il s’agit, finalement, du droit de la communauté des Etats, représenté par le Conseil de sécurité, à imposer l’interdiction du recours à la force entre les Etats, tâche dont les sanctions économiques, partielles ou totales, ne représentent qu’une mesure parmi d’autres, la marge discrétionnaire reposant uniquement auprès du Conseil de sécurité lui-même.

Monopole sur l’usage de la force par le Conseil de sécurité et le correctif de la politique de pouvoir

La réalité politique, c’est-à-dire en fin de compte la nature humaine est telle que la paix ou l’état de droit ne peut être garanti au niveau national que si l’Etat a le monopole de l’usage de la force, comme Max Weber l’a formulé classiquement. Au niveau interétatique (international), le Conseil de sécurité a ce monopole. Contrairement aux sanctions unilatérales, dans ce cadre législatif, il y a au moins un certain rectificatif limitant le caractère arbitraire de la prise des décisions. J’appellerais cela une «atténuation de la politique de pouvoir». D’abord, un organe de 15 Etats2 – non pas un seul Etat, aussi puissant soit-il – doit décider de l’imposition des mesures coercitives. Cela nécessite une majorité de 9 pays (sur 15). Concernant la composition générale (non permanente), le comité est également composé de manière à ce que toutes les régions du monde soient représentées. Ensuite, une décision sur les sanctions au Conseil de sécurité exige qu’aucun des cinq membres permanents ne s’y oppose. C’est la – dans les circonstances actuelles – le correctif particulier à la politique de pouvoir. Les sanctions doivent donc être décidées par les cinq membres permanents (les grandes puissances après la Seconde Guerre mondiale), ce qui signifie que – contrairement à la pratique des sanctions unilatérales – le nombre de régimes de sanctions multilatérales est resté relativement limité depuis la création de l’ONU.

Problèmes juridiques liés aux décisions du Conseil de sécurité

Cependant, des problèmes juridiques encore plus graves que dans le cas de sanctions unilatérales peuvent exister dans ce cadre. Cela résulte de l’interaction des règles de prise de décision de la Charte (article 27) avec les dispositions relatives à la primauté juridique du Conseil de sécurité, dont John Foster Dulles a dit un jour qu’il s’agit d’une «loi en soi».3 (Ceci est en fait une conséquence de l’absence de l’existence de la séparation des pouvoirs dans le cadre de l’ONU.) Les décisions concernant les sanctions (multilatérales) ne peuvent être prises qu’à la condition expresse qu’aucun des cinq membres permanents n’y appose son veto. En même temps, ces décisions sont – puisque fondées sur le Chapitre VII de la Charte – contraignantes pour tous les Etats. Elles ont également préséance sur le droit national. Il n’existe aucun droit d’appel légal. La Cour internationale de justice (CIJ) a elle aussi reconnu la primauté du Conseil de sécurité à cet égard. Dans une requête présentée par la Libye au tribunal pour imposer des mesures provisoires dans un différend sur l’interprétation de la Convention de Montréal de 1971 en relation avec l’attentat terroriste de Lockerbie (Ecosse), la CIJ a confirmé qu’elle n’avait le droit d’entreprendre une évaluation juridique des résolutions du Conseil de sécurité que si elles n’étaient pas fondées sur le chapitre VII de la Charte des Nations Unies (contenant les mesures coercitives pour le maintien ou le rétablissement de la paix) (décision du 27 février 1998). Il n’y a donc dans le cadre des Nations Unies aucune possibilité de révision juridique si le Conseil de sécurité agit dans l’exercice de son pouvoir coercitif. Cela s’applique tant à l’imposition de sanctions économiques qu’à l’utilisation ou à l’autorisation de la force armée.

Violations des droits de l’homme par les sanctions

Le problème juridique particulier découlant de ce qui précède est double. Premièrement: comment évaluer si le Conseil de sécurité lui-même viole les droits de l’homme par le biais d’un régime de sanctions? C’est la question soulevée par l’International Progress Organization – en tant que première organisation non-gouvernementale – devant la Commission des droits de l’homme de l’ONU à Genève à l’été 1991.4 En 1990, le Conseil de sécurité a imposé un régime de sanctions très complet à l’Irak, durci continuellement et maintenu pour une période de plus de 10 ans. Selon un documentaire du «Harvard Study Team» de 1996, ces sanctions ont entraîné la mort de centaines de milliers de personnes.5


Les faits sont choquants et décevants: le Conseil de sécurité prend une décision suite à laquelle les droits humains fondamentaux de tout un peuple – le droit à la vie, à la santé, etc. – sont gravement violés. Il n’y a absolument aucun moyen d’intenter une action en justice contre elle. Les possibilités politiques sont très limitées compte tenu de la faiblesse – souvent aussi la lâcheté et l’opportunisme – des autres Etats membres. La politique de force – même et surtout lorsqu’elle se présente sous l’apparence de la sécurité collective de l’ONU – ne connaît pas de conscience. Le seul exemple d’envergure mondiale qui, à l’époque, avait eu le courage d’appeler un chat un chat fut le pape Jean-Paul II.

Il n’est guère possible de réviser les décisions du Conseil de sécurité

Le deuxième problème juridique grave découle des règles de prise de décisions au Conseil de sécurité. Toutes les décisions – à l’exception des questions de procédure – nécessitent l’approbation des cinq membres permanents. Concrètement, cela signifie que toute révision d’une décision de sanction une fois adoptée, c’est-à-dire notamment la suspension ou la levée des sanctions, nécessite l’accord des membres permanents. Sur toutes les questions de fond, le Conseil de sécurité est, dans une certaine mesure, le prisonnier de sa décision initiale, c’est-à-dire le prisonnier des Etats dotés du droit de veto ayant abouti à la décision de sanction.


C’était également le dilemme dans le cas des sanctions contre l’Irak: le Conseil examinait périodiquement l’impact et les effets (humanitaires) de ces sanctions (comme le Conseil l’avait demandé), mais sans qu’il ait été en mesure de tirer les conclusions nécessaires. A propos des conséquences humanitaires, des demandes adressées au Conseil de sécurité, notamment de la part de la Russie, ont été formulées à plusieurs reprises pour mettre fin au régime de sanctions. Cela n’a pas été possible pour des raisons statutaires. Les sanctions seraient restées en vigueur éternellement, si les Etats-Unis n’avaient pas, à un moment donné, été «satisfaits» de la situation. Cependant, ils n’étaient pas satisfaits tant qu’ils n’avaient pas occupé eux-mêmes le pays. Les sanctions ont été tout discrètement levées en 2003 après avoir éliminé le gouvernement irakien. Le «changement de régime» a été la véritable raison du maintien des sanctions pendant plus d’une décennie.6


Cette leçon de politique de force montre que les conséquences d’une décision coercitive ne peuvent être contrôlées et que la communauté internationale est totalement impuissante si il y a au Conseil de sécurité une constellation dans laquelle au moins un membre permanent refuse d’abroger une décision antérieure (dans le cas concret: la levée d’importantes sanctions économiques) – pour des raisons qu’il ne veut pas préciser et qu’il n’est légalement pas obligé de divulguer. A cet égard, les règlements de la Charte des Nations Unies sont en fait circulaires.7


Le sens des sanctions dans le système de sécurité collective – et aussi une condition essentielle pour que ces mesures coercitives soient acceptées par la communauté internationale en tant qu’élément de maintien de la paix – est en fait qu’elles incitent l’Etat, auquel elles sont imposées, à modifier son comportement, ce qui suppose toutefois que les conditions de leur abolition soient formulées de manière précise et rationnellement compréhensible. Ce n’est pas seulement pour des raisons humanitaires que les pays auxquels les sanctions sont imposées, et donc aussi les peuples concernés, doivent pouvoir voir la lumière au bout du tunnel. Si les conditions ont changé, si, par exemple – comme dans le cas de l’Irak –, un pays ne constitue plus une menace pour la paix internationale, s’il s’est retiré depuis longtemps (dans le cas de l’Irak: en 1991) d’un Etat voisin occupé et a renoncé aux armes de destruction massive, alors il doit être possible de lever un régime de sanctions globales – équivalant en fait à une peine collective – selon des critères compréhensibles, au lieu d’en abuser à des fins purement politiques et immorales.


J’ai déjà signalé ce problème dans un document sur les aspects éthiques de la politique de sanctions du Conseil de sécurité au début des années 1990.8 Suite à la question soulevée par l’International Progress Organization en 1991 devant la Commission des droits de l’homme de l’ONU sur la conformité des sanctions contre l’Irak9 et d’autres initiatives d’ONG internationales avec les droits de l’homme, cet organe a demandé un rapport sur cette question aboutissant à des conclusions similaires.10

«Si l’on est vraiment convaincu du libre-échange – comme par exemple les Etats-Unis qui proposent ce principe au monde entier – alors l’Etat devrait renoncer en principe aux interventions politiques dans le commerce extérieur – et les entrepreneurs privés ne devraient pas se retrouver otages de la politique de force de leur propre Etat. […] Concernant le bilan coûts-avantages de l’Etat, il ne faut pas perdre de vue les pertes affectant l’Etat qui sanctionne, suite aux mesures de rétorsion de l’Etat sanctionné.»

III Conclusion

Les sanctions sont un instrument de politique internationale allant à l’encontre de l’idée de la diplomatie et de la coexistence pacifique entre les peuples. Comme l’indiquent clairement les dispositions du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, les sanctions sont le précurseur du recours à la force armée. Ce genre d’action coercitive a donc moralement le caractère de la guerre.

Les sanctions unilatérales font partie de l’arsenal de la loi du plus fort

Pour récapituler ce qui vient d’être dit: unilatéralement, les sanctions appartiennent en fin de compte à l’arsenal du droit du plus fort et sont donc probablement mieux adaptées à l’«ancien» droit international, dans lequel le «droit à la guerre» était la prérogative de l’Etat souverain. Cependant, il est aujourd’hui communément affirmé que nous aurions dépassé cette compréhension juridique depuis la fin de la Première Guerre mondiale.


Les sanctions multilatérales sont – à partir de l’idée – un instrument pour garantir l’état de droit international (international rule of law), c’est-à-dire pour faire respecter l’interdiction de la violence au niveau international et donc pour maintenir la paix. Elles ont ce statut malgré le fait que l’immunité «juridique» des membres permanents du Conseil de sécurité responsables des décisions de sanction, effectivement garantie par le droit de veto, frise en fait l’arbitraire. Ces circonstances statutaires ne changeront pas dans un avenir prévisible en raison du droit des membres permanents de s’y opposer.11 Tant qu’il n’y aura pas d’alternative sous la forme d’une organisation mondiale différente ou meilleure, il faudra accepter avec réticence qu’un régime de sanctions multilatérales comporte les risques que j’ai décrits.

Espoir permis uniquement s’il y a un équilibre des pouvoirs au Conseil de sécurité

On ne peut qu’espérer qu’une configuration comme celle du début des années 1990, peu après la fin de la guerre froide, ne se reproduira pas. Ce qui est crucial, c’est qu’il y ait un équilibre des pouvoirs au sein du Conseil de sécurité, et pas seulement sur le papier. Concernant les dispositions de la Charte, il existe un équilibre des pouvoirs grâce au veto des membres permanents. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Ce qui est en jeu, c’est un véritable équilibre de pouvoir qui n’existait pas en 1990 et dans les années suivantes, lorsque l’Union soviétique était dans la phase finale de désintégration et que la Russie avait un président ayant mené le pays au bord de l’abîme. Dans une situation, où aucun Etat ne se sent assez fort pour s’opposer à l’Etat dominant – en l’occurrence les Etats-Unis –, il y a inévitablement le danger que tous ceux réunis à la table ronde cèdent et n’osent pas dire non. Ceci est particulièrement évident dans le comportement de vote des petits et moyens Etats (en tant que membres non permanents du Conseil de sécurité) dans les années ayant suivi 1990. Il y eut des discussions dans les coulisses du siège de l’ONU, où les représentants de la seule puissance mondiale restante ont clairement indiqué à tout pays du Tiers-monde qu’il n’y aurait plus d’aide militaire ou au développement, etc, si le pays ne suivait pas la décision du Conseil de sécurité.12


Le recours aux sanctions multilatérales comme moyen de la politique de la seule puissance mondiale restante – représentant une violation massive des droits de l’homme de la population touchée – n’a été possible que de la manière décrite ci-dessus, c’est-à-dire en exploitant le déséquilibre de pouvoir au niveau mondial. A cet égard, il est important que les membres permanents, qui, en vertu de la réglementation actuelle, ont la possibilité d’empêcher une décision coercitive, se trouvent également dans une position plus réelle, tant sur le plan économique que militaire, dans laquelle ils peuvent tenir tête à l’Etat le plus puissant. Dans une certaine mesure, ce serait le véritable correctif politique indispensable dans cet environnement – dans le monde de la politique de puissance internationale –, tant que les possibilités légales de correction ne sont pas vraiment efficaces. La tendance progressive vers une nouvelle multipolarité, c’est-à-dire un nouvel équilibre des pouvoirs au niveau mondial, est toutefois porteuse d’espoir.    •

* Le texte ci-dessus est la version autorisée de sa conférence tenue le 2 septembre 2017 dans le cadre du colloque de septembre de «Mut zur Ethik», colloque intitulé «Renforcer le Bien commun par le dialogue d’égal à égal. S’engager pour l’Etat de droit, le droit international et la démocratie».

(Traduction Horizons et débats)

1    Pour plus de détails, cf. Puig, Alfredo. «Economic Sanctions and their Impact on Development: The Case of Cuba», in: Köchler, Hans (ed.): Economic Sanctions and Development. Studies in International Relations, vol. XXIII Vienne: International Progress Organization, 1997, p. 65–69.
2     Le nombre de membres du Conseil de sécurité est passé de 11 à 15 dans le cadre d’une réforme de la Charte des Nations Unies en 1963.
3     War or Peace. New York 1950, p. 194
4     Déclaration du délégué de l’I.P. O. à la Commission des droits de l’homme, Genève, 13/8/91: The Iraq Crisis and the United Nations: Power Politics vs. The International Rule of Law. Ed. Köchler, Hans. Vienne: International Progress Organization, 2004, p. 23–26.
5     Rapport du «Harvard Study Team»: Unsanctioned Suffering: A Human Rights Assessment of United Nations Sanctions on Iraq. Center for Economic and Social Rights. Mai 1996
6     Pour la documentation des problèmes juridiques et politiques et de la paralysie des Nations Unies due au veto, cf. Köchler, Hans (ed.). The Iraq Crisis and the United Nations: Power Politics vs. The International Rule of Law. Memoranda and declarations of the International Progress Organization (1990–2003). Studies in Inter­national Relations, Vol. XXVIII. Vienne: International Progress Organization, 2004
7     Pour les détails juridiques, cf. le traité de l’auteur. La procédure de vote au Conseil de Sécurité des Nations Unies: considérations philosophiques et juridiques sur une contradiction normologique et ses conséquences pour les relations internationales. Veröffentlichungen der Arbeitsgemeinschaft
für Wissenschaft und Politik an der Universität Innsbruck, Vol. VI. Innsbruck: Arbeitsgemein­schaft für Wissenschaft und Politik, 1991
8     Aspects éthiques des sanctions en droit inter­national: la pratique de la politique de sanctions et les droits de l’homme. Studies in International Relations, vol. XX Vienne: International Progress Organization, 1994.
9     Déclaration du 13 août 1991 (cf. note de bas de page 4)
10     Bossuyt, Marc. The Adverse Consequences of Economic Sanctions on the Enjoyment of Human Rights. United Nations, Commission on Human Rights, Doc. E/CN.4/Sub.2/2000/33
11     En vertu de l’article 108 de la Charte des Nations Unies, tout amendement à la Charte doit être ratifié par les membres permanents.
12    En référence à la résolution de la guerre du Golfe du 29 novembre 1990, cf. la référence d’Erskine Childers. Empowering ‹We the Peoples›
in the United Nations, in: Köchler, Hans (ed.). The United Nations and the New World Order: Keynote addresses from the Second International Conference On A More Democratic United Nations. Studies in International Relations, Vol. XVIII. Vienne: International Progress Organization, 1992, p. 27s.

 

Hans Köchler a été de 1990 à 2008 directeur de l’Institut de philosophie de l’Université d’Innsbruck. Aujourd’hui, il est président du Groupe de travail autrichien pour la science et la politique, co-président de l’Académie internationale de philosophie et président de l’International Progress Organization qu’il a fondée en 1972. On ne peut ici rappeler que quelques-uns des points marquants de l’activité débordante de Hans Köchler.


Les axes de recherche de Köchler sont, entre autres, la philosophie juridique, la philosophie politique et l’anthropologie philosophique, dans lesquelles ses résultats de recherche scientifique convergent sur de nombreux points avec les vues du cardinal polonais Karol Wojtyla, devenu plus tard le pape Jean Paul II.
Hans Köchler s’est fait connaître dès le début des années soixante-dix par de nombreuses publications, des voyages, des rapports, et par sa participation, au sein de diverses organisations internationales, à un dialogue des cultures, en particulier le dialogue entre le monde occidental et le monde islamique. En 1987, le professeur Köchler a lancé, en collaboration avec le lauréat du prix Nobel Sean McBride l’«Appel des juristes contre la guerre nucléaire» et a en conséquence contribué à une expertise, selon laquelle la Cour de justice internationale a établi que l’éventuelle utilisation d’armes nucléaires était incompatible avec le droit international public.


Hans Köchler a régulièrement pris position sur la question de la réforme des Nations Unies et a exigé leur démocratisation. Il a, en particulier, également pris position sur la question de la concrétisation du droit international, et s’est en cela opposé à une instrumentalisation politique des normes du droit international. Faisant partie des observateurs envoyés au procès de Lockerbie par Kofi Annan, alors Secrétaire général des Nations Unies, il a rédigé un rapport critique, paru en 2003 sous le titre «Global Justice or Global Revenge? International Justice at the Crossroads». Son impression était que le procès de Lockerbie s’était déroulé sous influence politique, et il en retirait l’exigence d’une séparation des pouvoirs ainsi qu’une totale indépendance de la juridiction pénale internationale.


Hans Köchler traite la question des sanctions unilatérales et multilatérales depuis plus de 20 ans. En 1994 déjà, il a rédigé une publication de 50 pages sur ce sujet («Ethische Aspekte der Sanktionen im Völkerrecht»). Elle est disponible en ligne à l’adresse https://books.google.ch/books?isbn=3900704147.

Les sanctions au regard du droit international

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Les sanctions au regard du droit international

par Hans Köchler*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Dans cette conférence,* je vais traiter du caractère problématique des sanctions économiques sur le plan juridique. Je n’approfondirai pas ce qui relève des sanctions diplomatiques posant beaucoup moins de problèmes juridiques. Dans ce dernier domaine, on inclut ce qui relève de la souveraineté de l’Etat comme par exemple le rappel de diplomates ou la réduction par le pays accueillant du nombre des diplomates accrédités et attribués par un Etat, et bien d’autres choses du même acabit. Ce sont pour ainsi dire des piqûres d’aiguilles inhérentes à la routine des affaires diplomatiques selon le principe de la réciprocité et je n’en parlerai pas dans ma présentation de ce jour.


Parmi les sanctions économiques, il faut établir clairement la distinction entre les sanctions unilatérales et multilatérales. Afin d’éviter tout malentendu de terminologie, je me réfèrerai tout d’abord à des exemples concrets. Les sanctions unilatérales sont à peu près ce que les Etats-Unis ont pris l’habitude d’utiliser depuis la fin de la guerre froide. Cependant on peut aussi ranger dans cette catégorie les mesures prises par l’Union européenne en tant qu’organisation intergouvernementale à l’encontre, par exemple, de la Russie. Concernant la nature légale des sanctions, la différenciation suivante est décisive: l’appellation unilatérale s’applique lorsqu’un Etat ou un groupe d’Etats, agissant (comme par exemple l’UE) en tant qu’organisation ou, s’étant pour une raison quelconque rassemblé (coalition) dans ce but, émet des «sanctions» économiques. Un tel procédé ne découle pas d’une quelconque obligation légale et encore moins du niveau international. Les sanctions multilatérales, cependant, sont des mesures de contrainte économiques entrant dans le cadre du système de sécurité collective des Nations Unies en tant que mesures de contrainte, obligatoires pour tous les Etats. Juridiquement parlant, cela est tout à fait différent. La multilatéralité signifie dans ce cas que les mesures sont pour ainsi dire émises par la communauté mondiale et qu’elles ont donc un caractère d’obligation universelle – à la différence des mesures unilatérales prises par un Etat ou un groupe d’Etats.

«Les sanctions sont un instrument de politique internationale allant à l’encontre de l’idée de la diplomatie et de la coexistence pacifique entre les peuples. Comme l’indiquent clairement les dispositions du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, les sanctions sont le précurseur du recours à la force armée. Ce genre d’action coercitive a donc moralement le caractère de la guerre. […] Unilatéralement, les sanctions appartiennent en fin de compte à l’arsenal du droit du plus fort et sont donc probablement mieux adaptées à l’«ancien» droit international, dans lequel le ‹droit à la guerre› était la prérogative de l’Etat souverain. Cependant, il est aujourd’hui communément affirmé que nous aurions dépassé cette compréhension juridique depuis la fin de la Première Guerre mondiale.»

I. Les sanctions unilatérales

Dans le domaine des sanctions unilatérales, il va de soi que dans l’idéal, la compensation mutuelle règne entre les Etats – donc, il y a une clarification des positions divergentes et les conflits d’intérêts par la voie des pourparlers. Par conséquent, la diplomatie serait ainsi une façon raisonnable de dialoguer les uns avec les autres.


En réalité cependant, il n’est pas du tout inhabituel dans les relations internationales – surtout lorsque les rapports de force sont inégaux – qu’un Etat exprime ses positions en politique extérieure, c’est-à-dire ses «intérêts nationaux», par l’exercice de la contrainte. Les sanctions économiques unilatérales ne signifient rien d’autre que la volonté d’un Etat à imposer sa volonté aux autres. Dans le cas où un Etat se trouve être beaucoup plus fort qu’un autre, la tentation est naturellement beaucoup plus grande pour lui de concrétiser ses propres intérêts sous forme de sanctions. L’inverse n’est pas vrai. Ainsi la République de Saint-Marin n’envisagera pas, même en rêve, d’entreprendre des sanctions contre les Etats-Unis.

«En réalpolitique, les sanctions ne font sens que s’il y a un déséquilibre de pouvoir»

En réalpolitique les sanctions ne font sens que lorsqu’il y a un déséquilibre de pouvoir. A cela, il y a également un appui empirique. Dans les dernières décennies, l’Etat actuellement le plus puissant du monde, les Etats-Unis, a initié un nombre beaucoup plus important de sanctions que tous les autres Etats. Une statistique détaillée dépasserait le cadre de cet article. A ce propos, il est important de souligner l’aspect de l’arbitraire, du chantage, comme des instruments de politique extérieure. En outre, l’attitude en ce cas est souvent celle de l’assurance du bon droit avec laquelle l’Etat qui sanctionne (ou plutôt le groupe d’Etats qui sanctionnent) couvre ce qui est pratiquement une punition collective. Actuellement, on constate cela tout à fait concrètement dans les sanctions envers la Russie. Il ne faut pas non plus perdre de vue, dans ce genre de manœuvres intergouvernementales, le danger potentiel d’aggravation par les sanctions économiques des tensions politiques, au lieu d’un apaisement de la situation. A cet égard, les sanctions sont à considérer comme l’instrument d’une politique de force généralement contreproductif pour l’établissement d’un ordre de paix internationale stable. Elles sont d’ailleurs encore plus importantes dans leurs effets à l’époque de l’interconnexion mondiale qu’elles ne l’étaient lorsque l’interdépendance économique n’était pas encore aussi forte. A cet égard, le sujet est beaucoup plus actuel dans la présente constellation que lors des décennies de l’après-guerre, lorsqu’existaient les blocs – encore monolithiques – de pouvoir et d’économie, avec relativement peu d’interconnections.

Une violation du régime de libre-échange

Concernant maintenant l’appréciation juridique, les sanctions unilatérales équivalent tout à fait clairement à une violation du régime de libre-échange – si prisé du monde occidental – dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il est remarquable à ce propos que le pays s’étant présenté comme l’avocat déclaré du libre-échange, quand il s’agissait de fonder l’Organisation mondiale de commerce aux fins de succéder au GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) c’est-à-dire, les Etats-Unis, soit également celui qui viole les règles de libre-échange codifiées par l’OMC – et cela, en instrumentalisant l’économie dans un objectif politique, comme je le démontrerai plus en détails par la suite. Selon les règlements en vigueur, précédemment sous le GATT et à présent dans le cadre de l’OMC, il s’agit avant tout du principe de non-discrimination dans le commerce international et plus généralement, du principe selon lequel l’Etat ne doit pas se mêler de l’activité économique internationale. Cela correspond à un souci tout à fait compréhensible, d’avoir en face de soi un partenaire commercial prévisible – dans chaque Etat individuellement. Naturellement, il ne l’est pas et ne peut pas l’être si, soudainement, on se heurte à des dispositions étatiques rendant la poursuite de la coopération économique concrètement impossible.

Des exceptions formulées de manière peu claire

Un autre problème dans l’appréciation juridique des sanctions unilatérales se situe dans les instruments juridiques réglant le libre-échange: il y a des exceptions aux obligations mentionnées plus haut – ces exceptions sont si peu clairement formulées que les Etats peuvent décider plus ou moins arbitrairement eux-mêmes du moment opportun pour eux des conditions d’utilisation ou non d’une exception. Je peux ici que renvoyer sommairement aux définitions correspondantes. L’article 21 du General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) est déterminant, ainsi qu’il a été repris dans une décision formelle dans le règlement de l’Organisation mondiale du commerce. Il faut mentionner en outre l’article 14bis du General Agreement on Trade in Services (GATS) qui fut approuvé dans le cadre de la mise en place de l’Organisation mondiale du commerce. Des Etats émettant unilatéralement des sanctions, se réfèrent à ces dispositions pour que les règles du libre-échange ne puissent s’appliquer dans des cas concrets. Que signifient ces exceptions? Elles peuvent être revendiquées, s’il s’agit pour un Etat contractant de la sauvegarde de ses intérêts sécuritaires essentiels – notamment en ce qui concerne le commerce de matières nucléaires, le trafic d’armes en général, et dans une situation de guerre ou d’une autre «crise» dans les relations internationales («emergency in international relations»).


En outre, on considère qu’il peut y avoir des exceptions aux règles du libre-échange, s’il s’agit des obligations d’un Etat envers les règles de la Charte de l’ONU pour le maintien de la paix et de la sécurité internationale. Cette obligation est concrétisée par rapport aux résolutions obligatoires du Conseil de sécurité selon le chapitre VII de la Charte de l’ONU. Si le Conseil de sécurité impose dans ce contexte des sanctions à l’encontre d’un Etat membre, celles-ci doivent être appliquées – à titre de mesures multilatérales – par tous les Etats membres des Nations Unies. Etant donnée que, selon la Charte de l’ONU, l’autorité du Conseil de sécurité prime sur toutes les autres instances, des résolutions selon le chapitre VII mettent les règles de libre-échange d’autres organisations ou les accords des Etats membres hors jeu. Il était cependant stipulé du côté de l’Etat intéressé, que de telles annulations en référence aux obligations induites par l’appartenance à l’ONU étaient possibles aussi indépendamment des résolutions obligatoires du Conseil de sécurité, ce dont toutefois je doute. Ainsi, on ouvrirait grand la porte à l’arbitraire et à l’interprétation autoritaire du droit international – clairement dans l’intérêt de la légitimation d’une véritable politique de force motivant l’action de certains Etats.


Au sujet des exceptions au régime de libre-échange, il faut se référer finalement au travail de codification de la Commission de droit international des Nations Unies (International Law Commission). Je me réfère ici aux Draft Articles on the Responsibility of States for Internationally Wrongful Acts [Projets d’articles sur la responsabilité de l'Etats pour fait internationalement illicites], un document accepté par l’Assemblée générale des Nations Unies selon la résolution 56/83 du 12 décembre 2001, traçant ainsi en quelque sorte une ligne générale de droit international – bien que n’ayant qu’un caractère de recommandation. Selon l’article 49 de ce document, un Etat lésé peut prendre de contremesure à l'encotre de l'Etat responsable du fait internationalement illicité «pour amener cet Etat à s'acquitter des obligations qui lui incombent» [in order to induce that state to comply with its obligations]. Cette norme récemment été évoquée dans l’argumentation concernant les sanctions unilatérales appliquées contre la Russie en rapport avec les combats en Ukraine et en particulier avec la question de la souveraineté de l’Etat en jeu sur une partie du territoire de l’Ukraine.

«Concernant la nature légale des sanctions, la différenciation suivante est décisive: l’appellation unilatérale s’applique lorsqu’un Etat ou un groupe d’Etats, agissant (comme par exemple l’UE) en tant qu’organisation ou, s’étant pour une raison quelconque rassemblé (coalition) dans ce but, émet des ‹sanctions› économiques. Un tel procédé ne découle pas d’une quelconque obligation légale et encore moins du niveau international.»

La porte grande ouverte à l’arrogance du pouvoir

Le caractère problématique de ces exceptions – auxquelles on ne peut se rapporter que si l’on veut justifier les sanctions unilatérales – repose avant tout sur son absence totale de précisions. Selon les règles de la OMC, les Etats ne doivent fournir ni raison ni preuve des risques concrets encourus par leurs intérêts sécuritaires. L’utilisation des exceptions dépend en dernier lieu de l’estimation personnelle des intérêts de l’Etat émettant les sanctions. Il existe pour cela une expression anglaise concise «self-judged security exceptions». Les critères de leur utilisation ne doivent pas être examinés par une instance indépendante.


On retrouve ici de nouveau le problème de l’autosatisfaction que j’ai déjà évoquée au début. Avec de telles exceptions, on ouvre grand la porte à l’arrogance du pouvoir. Contrairement aux sanctions multilatérales, il n’y a là en fait aucun correctif juridique. Il n’existe pour cela aucun tribunal international d’arbitrage crédible. Dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce, il y a, certes, des mécanismes de règlement des différends («Dispute Settlement Body») et une cour d’appel («Appellate Body») comptant sept juges dits indépendants, siégeant à Genève. Mais jusqu’à présent, dans les affaires de cette sorte, l’arbitrage, pour autant que mes recherches aient abouti, n’a jusqu’à présent jamais été revendiqué. Il se rapporte plus aux affaires procédurales, quand par exemple un Etat essaie de prouver qu’un autre Etat a violé les règles de fair-play de l’OMC, etc. Il ne reste ainsi à l’Etat ayant été l’objet de sanctions plus que l’option de la réalpolitique des mesures de rétorsion, c’est-à-dire des «contre-sanctions» – s’il se sent assez fort pour cela.

De graves violations du droit international

A propos de la problématique juridique, les sanctions quasi légalisées par les exceptions de l’OMC peuvent aussi représenter d’importantes violations du droit international, au vu de l’interdiction générale d’intervention dans les affaires intérieures, mais aussi du principe d’égalité souveraine des Etats (Article 2[1] de la Charte d’ONU) et de l’obligation de tous les membres de la communauté internationale au règlement pacifique des différends (Article 2[3] la Charte de l’ONU). Abstraction faite de ces aspects formels, les sanctions économiques peuvent aussi en quelque sorte entraîner des violations sérieuses des droits de l’homme – bien que les infractions aux règles mentionnées soient souvent difficiles à prouver. Ce problème s’est posé récemment avant tout pour les sanctions multilatérales, ce sur quoi je reviendrai par la suite.


Il n’y a pas de procédé juridique efficace pour un constat et une punition des violations de droit résultant des sanctions unilatérales au niveau international. La Cour de justice internationale (International Court of Justice) de La Haye, pour ainsi dire le tribunal de l’ONU, est parfaitement insignifiante à ce sujet. Ce tribunal ne peut examiner que les différends juridiques et proposer un règlement à l’amiable, si les Etats se soumettent explicitement à sa juridiction ou en appellent à la justice en vue d’une décision concernant un différend.


La Chambre de commerce américaine s’est prononcée contre les sanctions

En ce qui concerne l’appréciation juridique des sanctions unilatérales, il y a aussi un aspect important interne au pays. Un Etat appliquant des sanctions contre un ou plusieurs autres Etats, intervient en cela simultanément aussi dans les droits des sociétés à l’intérieur de son propre territoire national. Par les sanctions, l’Etat empêche le commerce de ces sociétés et peut ainsi détruire dans le cas le plus extrême également sa base commerciale. A ce propos, le point de vue de l’économie américaine sur ce problème est significatif. C’est ainsi qu’en septembre 2016, la Chambre de commerce des Etats-Unis (United States Chamber of Commerce) a publié une déclaration contre les sanctions économiques unilatérales («Oppose Unilateral Economic Sanctions»). Celles-ci nuiraient fortement aux intérêts économiques américains – dans leur propre pays, mais aussi à l’étranger. En outre, une application extraterritoriale des sanctions menace de susciter des conflits économiques, diplomatiques et juridiques avec d’autres Etats. Dans cette déclaration publiée avant l’élection de Donald Trump, était particulièrement visée la politique de sanctions contre Cuba, poursuivie par les Etats-Unis depuis 1960. Il est absolument remarquable politiquement (bien que très peu connu à l’étranger) que la Chambre de commerce des Etats-Unis – donc de l’Etat qui utilise l’instrument de la politique de sanctions unilatérales de manière parfaitement excessive – soit justement un adversaire déclaré de cette politique.


Les sanctions unilatérales – et avant tout les restrictions des exportations qui en résultent – nuisent en général tout autant à l’économie de l’Etat qui sanctionne. En effet elles réduisent ses sources de revenus touchant aux recettes fiscales. L’Etat qui sanctionne scie la branche sur laquelle il est assis. En règle générale: si l’on est vraiment convaincu du libre-échange – comme par exemple les Etats-Unis qui proposent ce principe au monde entier – alors l’Etat devrait renoncer en principe aux interventions politiques dans le commerce extérieur – et les entrepreneurs privés ne devraient pas se retrouver otages de la politique de force de leur propre Etat. Cela est très visible, si l’on lit la déclaration de la Chambre de commerce américaine, mais aussi quand on voit l’humeur générale chez les décideurs économiques des Etats-Unis. Concernant le bilan coûts-avantages de l’Etat, il ne faut pas perdre de vue les pertes affectant l’Etat qui sanctionne, suite aux mesures de rétorsion de l’Etat sanctionné.

«A propos de la problématique juridique, les sanctions quasi légalisées par les exceptions de l’OMC peuvent aussi représenter d’importantes violations du droit international, au vu de l’interdiction générale d’intervention dans les affaires intérieures, mais aussi du principe d’égalité souveraine des Etats (Article 2[1] de la Charte d’ONU) et de l’obligation de tous les membres de la communauté internationale au règlement pacifique des différends (Article 2[3] la Charte de l’ONU)»

Le problème épineux de l’extraterritorialité

Dans le domaine de la problématique du droit international concernant les sanctions unilatérales, l’aspect le plus important reste, cependant, celui déjà mentionné: celui de l’exterritorialité, lorsque les droits économiques (ou quand il s’agit d’Etats, les droits de souveraineté) d’entités ou d’Etats tiers non impliqués sont violés. Quand un Etat cherche à régler un conflit avec un autre Etat, entre autres par le biais de sanctions économiques – donc en contraignant un autre Etat à adopter une certaine position ou à abandonner sa position actuelle –, on ne peut en aucun cas avancer une justification juridique lorsque des Etats tiers, n’ayant rien à voir avec ce litige, sont astreints à ces sanctions unilatérales et sont ainsi entraînés indirectement dans le conflit.


Aucun Etat ne possède le droit de dicter à d’autres Etats ou aux sociétés à l’intérieur de ces Etats, la manière dont ils doivent gérer leurs relations économiques. Ce problème s’est posé de façon particulièrement aigüe lors de la décision concernant le Helms-Burton Act du Congrès américain («Cuban Liberty and Democratic Solidarity Act of 1996») par lequel les sanctions unilatérales à l’encontre de Cuba pouvaient également s’exercer à l’égard des entreprises dans et d’origine d’Etats tiers.1 Si, par exemple, des sociétés européennes possédant également des filiales aux Etats-Unis ou dont les transactions passent par des banques américaines, entretiennent des relations commerciales avec un Etat objet de sanctions (par exemple Cuba ou l’Iran), les Etats-Unis peuvent alors revendiquer, par le biais de décrets tel le Helms-Burton Act, le droit d’agir à l’encontre de ces sociétés étrangères. Un autre exemple de ce gravissime interventionnisme est illustré par les relations économiques internationales dans les difficultés avec lesquelles le consortium européen Airbus est confronté lors des marchés aéronautiques passés avec l’Iran, aussitôt que les avions destinés à l’exportation contiennent des pièces détachées produites aux Etats-Unis.


Les problèmes juridiques résultant de ce droit de souveraineté excessif (c’est-à-dire la mise en pratique extraterritoriale des sanctions), sont habituellement ignorés par l’Etat ayant émis les sanctions, car pour lui il ne s’agit pas de la prééminence juridique internationale de l’ONU, reconnue de tous, mais uniquement et seulement de contraindre l’Etat sanctionné à l’attitude souhaitée. Comme ces revendications se produisent habituellement dans un contexte de déséquilibre du pouvoir, il devient dès le début inutile de faire appel aux instances juridiques.


La seule chose qui compte, c’est que seul l’Etat concerné par les sanctions, s’il en est capable du point de vue de la réalpolitique, ou en coalition avec d’autres, prenne lui-même des mesures de rétorsion à l’encontre de l’Etat le sanctionnant.

II. Sanctions multilatérales

Dans le fond, les sanctions sont des mesures hostiles sur une échelle d’escalade pouvant aboutir à l’usage des armes. C’est notamment le cas des sanctions multilatérales dans le cadre des Nations Unies. Selon les dispositions du chapitre VII de la Charte de l’ONU, l’organisation mondiale a le devoir de garantir ou de rétablir la paix et la sécurité internationale. Selon l’article 39 de la Charte, cette tâche appartient au Conseil de sécurité qui, dans ce cas, agit au nom de tous les Etats membres. Les sanctions sont un instrument, dont le Conseil de sécurité peut se servir dans le cadre du système de la sécurité collective.


En ce sens, le caractère juridique des sanctions économiques multilatérales diffère totalement des mesures unilatérales d’Etats individuels ou de groupes d’Etats. Les sanctions dans le cadre de l’ONU sont toujours aussi des mesures pour maintenir l’Etat de droit, tant qu’il s’agit d’imposer l’interdiction du recours à la force, conformément au droit international (article 2[4] de la Charte de l’ONU) pour lesquelles le Conseil de sécurité est seul responsable et possède la force coercitive nécessaire. Les sanctions économiques représentent l’une des mesures de contraintes dont dispose le Conseil de sécurité. Selon les articles 41 et 42, l’échelle des sanctions va de la rupture partielle ou totale des voies d’information et de circulation, en passant par les relations économiques jusqu’aux mesures militaires avec intervention des forces terrestres, aériennes et maritimes. La philosophie de base de ce système de sécurité collective se fonde sur l’escalade par étapes. D’abord, il s’agit d’un arrangement pacifique des conflits pour lesquels le Conseil de sécurité peut proposer, selon le chapitre VI de la Charte, des mesures concrètes. Si pourtant le Conseil de sécurité constate que les négociations n’ont pas abouti et qu’il y a un risque concret ou un déclenchement d’un conflit, il peut recourir, selon le chapitre VII, à son pouvoir coercitif pour garantir ou rétablir la paix.


Il s’agit, finalement, du droit de la communauté des Etats, représenté par le Conseil de sécurité, à imposer l’interdiction du recours à la force entre les Etats, tâche dont les sanctions économiques, partielles ou totales, ne représentent qu’une mesure parmi d’autres, la marge discrétionnaire reposant uniquement auprès du Conseil de sécurité lui-même.

Monopole sur l’usage de la force par le Conseil de sécurité et le correctif de la politique de pouvoir

La réalité politique, c’est-à-dire en fin de compte la nature humaine est telle que la paix ou l’état de droit ne peut être garanti au niveau national que si l’Etat a le monopole de l’usage de la force, comme Max Weber l’a formulé classiquement. Au niveau interétatique (international), le Conseil de sécurité a ce monopole. Contrairement aux sanctions unilatérales, dans ce cadre législatif, il y a au moins un certain rectificatif limitant le caractère arbitraire de la prise des décisions. J’appellerais cela une «atténuation de la politique de pouvoir». D’abord, un organe de 15 Etats2 – non pas un seul Etat, aussi puissant soit-il – doit décider de l’imposition des mesures coercitives. Cela nécessite une majorité de 9 pays (sur 15). Concernant la composition générale (non permanente), le comité est également composé de manière à ce que toutes les régions du monde soient représentées. Ensuite, une décision sur les sanctions au Conseil de sécurité exige qu’aucun des cinq membres permanents ne s’y oppose. C’est la – dans les circonstances actuelles – le correctif particulier à la politique de pouvoir. Les sanctions doivent donc être décidées par les cinq membres permanents (les grandes puissances après la Seconde Guerre mondiale), ce qui signifie que – contrairement à la pratique des sanctions unilatérales – le nombre de régimes de sanctions multilatérales est resté relativement limité depuis la création de l’ONU.

Problèmes juridiques liés aux décisions du Conseil de sécurité

Cependant, des problèmes juridiques encore plus graves que dans le cas de sanctions unilatérales peuvent exister dans ce cadre. Cela résulte de l’interaction des règles de prise de décision de la Charte (article 27) avec les dispositions relatives à la primauté juridique du Conseil de sécurité, dont John Foster Dulles a dit un jour qu’il s’agit d’une «loi en soi».3 (Ceci est en fait une conséquence de l’absence de l’existence de la séparation des pouvoirs dans le cadre de l’ONU.) Les décisions concernant les sanctions (multilatérales) ne peuvent être prises qu’à la condition expresse qu’aucun des cinq membres permanents n’y appose son veto. En même temps, ces décisions sont – puisque fondées sur le Chapitre VII de la Charte – contraignantes pour tous les Etats. Elles ont également préséance sur le droit national. Il n’existe aucun droit d’appel légal. La Cour internationale de justice (CIJ) a elle aussi reconnu la primauté du Conseil de sécurité à cet égard. Dans une requête présentée par la Libye au tribunal pour imposer des mesures provisoires dans un différend sur l’interprétation de la Convention de Montréal de 1971 en relation avec l’attentat terroriste de Lockerbie (Ecosse), la CIJ a confirmé qu’elle n’avait le droit d’entreprendre une évaluation juridique des résolutions du Conseil de sécurité que si elles n’étaient pas fondées sur le chapitre VII de la Charte des Nations Unies (contenant les mesures coercitives pour le maintien ou le rétablissement de la paix) (décision du 27 février 1998). Il n’y a donc dans le cadre des Nations Unies aucune possibilité de révision juridique si le Conseil de sécurité agit dans l’exercice de son pouvoir coercitif. Cela s’applique tant à l’imposition de sanctions économiques qu’à l’utilisation ou à l’autorisation de la force armée.

Violations des droits de l’homme par les sanctions

Le problème juridique particulier découlant de ce qui précède est double. Premièrement: comment évaluer si le Conseil de sécurité lui-même viole les droits de l’homme par le biais d’un régime de sanctions? C’est la question soulevée par l’International Progress Organization – en tant que première organisation non-gouvernementale – devant la Commission des droits de l’homme de l’ONU à Genève à l’été 1991.4 En 1990, le Conseil de sécurité a imposé un régime de sanctions très complet à l’Irak, durci continuellement et maintenu pour une période de plus de 10 ans. Selon un documentaire du «Harvard Study Team» de 1996, ces sanctions ont entraîné la mort de centaines de milliers de personnes.5


Les faits sont choquants et décevants: le Conseil de sécurité prend une décision suite à laquelle les droits humains fondamentaux de tout un peuple – le droit à la vie, à la santé, etc. – sont gravement violés. Il n’y a absolument aucun moyen d’intenter une action en justice contre elle. Les possibilités politiques sont très limitées compte tenu de la faiblesse – souvent aussi la lâcheté et l’opportunisme – des autres Etats membres. La politique de force – même et surtout lorsqu’elle se présente sous l’apparence de la sécurité collective de l’ONU – ne connaît pas de conscience. Le seul exemple d’envergure mondiale qui, à l’époque, avait eu le courage d’appeler un chat un chat fut le pape Jean-Paul II.

Il n’est guère possible de réviser les décisions du Conseil de sécurité

Le deuxième problème juridique grave découle des règles de prise de décisions au Conseil de sécurité. Toutes les décisions – à l’exception des questions de procédure – nécessitent l’approbation des cinq membres permanents. Concrètement, cela signifie que toute révision d’une décision de sanction une fois adoptée, c’est-à-dire notamment la suspension ou la levée des sanctions, nécessite l’accord des membres permanents. Sur toutes les questions de fond, le Conseil de sécurité est, dans une certaine mesure, le prisonnier de sa décision initiale, c’est-à-dire le prisonnier des Etats dotés du droit de veto ayant abouti à la décision de sanction.


C’était également le dilemme dans le cas des sanctions contre l’Irak: le Conseil examinait périodiquement l’impact et les effets (humanitaires) de ces sanctions (comme le Conseil l’avait demandé), mais sans qu’il ait été en mesure de tirer les conclusions nécessaires. A propos des conséquences humanitaires, des demandes adressées au Conseil de sécurité, notamment de la part de la Russie, ont été formulées à plusieurs reprises pour mettre fin au régime de sanctions. Cela n’a pas été possible pour des raisons statutaires. Les sanctions seraient restées en vigueur éternellement, si les Etats-Unis n’avaient pas, à un moment donné, été «satisfaits» de la situation. Cependant, ils n’étaient pas satisfaits tant qu’ils n’avaient pas occupé eux-mêmes le pays. Les sanctions ont été tout discrètement levées en 2003 après avoir éliminé le gouvernement irakien. Le «changement de régime» a été la véritable raison du maintien des sanctions pendant plus d’une décennie.6


Cette leçon de politique de force montre que les conséquences d’une décision coercitive ne peuvent être contrôlées et que la communauté internationale est totalement impuissante si il y a au Conseil de sécurité une constellation dans laquelle au moins un membre permanent refuse d’abroger une décision antérieure (dans le cas concret: la levée d’importantes sanctions économiques) – pour des raisons qu’il ne veut pas préciser et qu’il n’est légalement pas obligé de divulguer. A cet égard, les règlements de la Charte des Nations Unies sont en fait circulaires.7


Le sens des sanctions dans le système de sécurité collective – et aussi une condition essentielle pour que ces mesures coercitives soient acceptées par la communauté internationale en tant qu’élément de maintien de la paix – est en fait qu’elles incitent l’Etat, auquel elles sont imposées, à modifier son comportement, ce qui suppose toutefois que les conditions de leur abolition soient formulées de manière précise et rationnellement compréhensible. Ce n’est pas seulement pour des raisons humanitaires que les pays auxquels les sanctions sont imposées, et donc aussi les peuples concernés, doivent pouvoir voir la lumière au bout du tunnel. Si les conditions ont changé, si, par exemple – comme dans le cas de l’Irak –, un pays ne constitue plus une menace pour la paix internationale, s’il s’est retiré depuis longtemps (dans le cas de l’Irak: en 1991) d’un Etat voisin occupé et a renoncé aux armes de destruction massive, alors il doit être possible de lever un régime de sanctions globales – équivalant en fait à une peine collective – selon des critères compréhensibles, au lieu d’en abuser à des fins purement politiques et immorales.


J’ai déjà signalé ce problème dans un document sur les aspects éthiques de la politique de sanctions du Conseil de sécurité au début des années 1990.8 Suite à la question soulevée par l’International Progress Organization en 1991 devant la Commission des droits de l’homme de l’ONU sur la conformité des sanctions contre l’Irak9 et d’autres initiatives d’ONG internationales avec les droits de l’homme, cet organe a demandé un rapport sur cette question aboutissant à des conclusions similaires.10

«Si l’on est vraiment convaincu du libre-échange – comme par exemple les Etats-Unis qui proposent ce principe au monde entier – alors l’Etat devrait renoncer en principe aux interventions politiques dans le commerce extérieur – et les entrepreneurs privés ne devraient pas se retrouver otages de la politique de force de leur propre Etat. […] Concernant le bilan coûts-avantages de l’Etat, il ne faut pas perdre de vue les pertes affectant l’Etat qui sanctionne, suite aux mesures de rétorsion de l’Etat sanctionné.»

III Conclusion

Les sanctions sont un instrument de politique internationale allant à l’encontre de l’idée de la diplomatie et de la coexistence pacifique entre les peuples. Comme l’indiquent clairement les dispositions du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, les sanctions sont le précurseur du recours à la force armée. Ce genre d’action coercitive a donc moralement le caractère de la guerre.

Les sanctions unilatérales font partie de l’arsenal de la loi du plus fort

Pour récapituler ce qui vient d’être dit: unilatéralement, les sanctions appartiennent en fin de compte à l’arsenal du droit du plus fort et sont donc probablement mieux adaptées à l’«ancien» droit international, dans lequel le «droit à la guerre» était la prérogative de l’Etat souverain. Cependant, il est aujourd’hui communément affirmé que nous aurions dépassé cette compréhension juridique depuis la fin de la Première Guerre mondiale.


Les sanctions multilatérales sont – à partir de l’idée – un instrument pour garantir l’état de droit international (international rule of law), c’est-à-dire pour faire respecter l’interdiction de la violence au niveau international et donc pour maintenir la paix. Elles ont ce statut malgré le fait que l’immunité «juridique» des membres permanents du Conseil de sécurité responsables des décisions de sanction, effectivement garantie par le droit de veto, frise en fait l’arbitraire. Ces circonstances statutaires ne changeront pas dans un avenir prévisible en raison du droit des membres permanents de s’y opposer.11 Tant qu’il n’y aura pas d’alternative sous la forme d’une organisation mondiale différente ou meilleure, il faudra accepter avec réticence qu’un régime de sanctions multilatérales comporte les risques que j’ai décrits.

Espoir permis uniquement s’il y a un équilibre des pouvoirs au Conseil de sécurité

On ne peut qu’espérer qu’une configuration comme celle du début des années 1990, peu après la fin de la guerre froide, ne se reproduira pas. Ce qui est crucial, c’est qu’il y ait un équilibre des pouvoirs au sein du Conseil de sécurité, et pas seulement sur le papier. Concernant les dispositions de la Charte, il existe un équilibre des pouvoirs grâce au veto des membres permanents. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Ce qui est en jeu, c’est un véritable équilibre de pouvoir qui n’existait pas en 1990 et dans les années suivantes, lorsque l’Union soviétique était dans la phase finale de désintégration et que la Russie avait un président ayant mené le pays au bord de l’abîme. Dans une situation, où aucun Etat ne se sent assez fort pour s’opposer à l’Etat dominant – en l’occurrence les Etats-Unis –, il y a inévitablement le danger que tous ceux réunis à la table ronde cèdent et n’osent pas dire non. Ceci est particulièrement évident dans le comportement de vote des petits et moyens Etats (en tant que membres non permanents du Conseil de sécurité) dans les années ayant suivi 1990. Il y eut des discussions dans les coulisses du siège de l’ONU, où les représentants de la seule puissance mondiale restante ont clairement indiqué à tout pays du Tiers-monde qu’il n’y aurait plus d’aide militaire ou au développement, etc, si le pays ne suivait pas la décision du Conseil de sécurité.12


Le recours aux sanctions multilatérales comme moyen de la politique de la seule puissance mondiale restante – représentant une violation massive des droits de l’homme de la population touchée – n’a été possible que de la manière décrite ci-dessus, c’est-à-dire en exploitant le déséquilibre de pouvoir au niveau mondial. A cet égard, il est important que les membres permanents, qui, en vertu de la réglementation actuelle, ont la possibilité d’empêcher une décision coercitive, se trouvent également dans une position plus réelle, tant sur le plan économique que militaire, dans laquelle ils peuvent tenir tête à l’Etat le plus puissant. Dans une certaine mesure, ce serait le véritable correctif politique indispensable dans cet environnement – dans le monde de la politique de puissance internationale –, tant que les possibilités légales de correction ne sont pas vraiment efficaces. La tendance progressive vers une nouvelle multipolarité, c’est-à-dire un nouvel équilibre des pouvoirs au niveau mondial, est toutefois porteuse d’espoir.    •

* Le texte ci-dessus est la version autorisée de sa conférence tenue le 2 septembre 2017 dans le cadre du colloque de septembre de «Mut zur Ethik», colloque intitulé «Renforcer le Bien commun par le dialogue d’égal à égal. S’engager pour l’Etat de droit, le droit international et la démocratie».

(Traduction Horizons et débats)

1    Pour plus de détails, cf. Puig, Alfredo. «Economic Sanctions and their Impact on Development: The Case of Cuba», in: Köchler, Hans (ed.): Economic Sanctions and Development. Studies in International Relations, vol. XXIII Vienne: International Progress Organization, 1997, p. 65–69.
2     Le nombre de membres du Conseil de sécurité est passé de 11 à 15 dans le cadre d’une réforme de la Charte des Nations Unies en 1963.
3     War or Peace. New York 1950, p. 194
4     Déclaration du délégué de l’I.P. O. à la Commission des droits de l’homme, Genève, 13/8/91: The Iraq Crisis and the United Nations: Power Politics vs. The International Rule of Law. Ed. Köchler, Hans. Vienne: International Progress Organization, 2004, p. 23–26.
5     Rapport du «Harvard Study Team»: Unsanctioned Suffering: A Human Rights Assessment of United Nations Sanctions on Iraq. Center for Economic and Social Rights. Mai 1996
6     Pour la documentation des problèmes juridiques et politiques et de la paralysie des Nations Unies due au veto, cf. Köchler, Hans (ed.). The Iraq Crisis and the United Nations: Power Politics vs. The International Rule of Law. Memoranda and declarations of the International Progress Organization (1990–2003). Studies in Inter­national Relations, Vol. XXVIII. Vienne: International Progress Organization, 2004
7     Pour les détails juridiques, cf. le traité de l’auteur. La procédure de vote au Conseil de Sécurité des Nations Unies: considérations philosophiques et juridiques sur une contradiction normologique et ses conséquences pour les relations internationales. Veröffentlichungen der Arbeitsgemeinschaft
für Wissenschaft und Politik an der Universität Innsbruck, Vol. VI. Innsbruck: Arbeitsgemein­schaft für Wissenschaft und Politik, 1991
8     Aspects éthiques des sanctions en droit inter­national: la pratique de la politique de sanctions et les droits de l’homme. Studies in International Relations, vol. XX Vienne: International Progress Organization, 1994.
9     Déclaration du 13 août 1991 (cf. note de bas de page 4)
10     Bossuyt, Marc. The Adverse Consequences of Economic Sanctions on the Enjoyment of Human Rights. United Nations, Commission on Human Rights, Doc. E/CN.4/Sub.2/2000/33
11     En vertu de l’article 108 de la Charte des Nations Unies, tout amendement à la Charte doit être ratifié par les membres permanents.
12    En référence à la résolution de la guerre du Golfe du 29 novembre 1990, cf. la référence d’Erskine Childers. Empowering ‹We the Peoples›
in the United Nations, in: Köchler, Hans (ed.). The United Nations and the New World Order: Keynote addresses from the Second International Conference On A More Democratic United Nations. Studies in International Relations, Vol. XVIII. Vienne: International Progress Organization, 1992, p. 27s.

 

Hans Köchler a été de 1990 à 2008 directeur de l’Institut de philosophie de l’Université d’Innsbruck. Aujourd’hui, il est président du Groupe de travail autrichien pour la science et la politique, co-président de l’Académie internationale de philosophie et président de l’International Progress Organization qu’il a fondée en 1972. On ne peut ici rappeler que quelques-uns des points marquants de l’activité débordante de Hans Köchler.


Les axes de recherche de Köchler sont, entre autres, la philosophie juridique, la philosophie politique et l’anthropologie philosophique, dans lesquelles ses résultats de recherche scientifique convergent sur de nombreux points avec les vues du cardinal polonais Karol Wojtyla, devenu plus tard le pape Jean Paul II.
Hans Köchler s’est fait connaître dès le début des années soixante-dix par de nombreuses publications, des voyages, des rapports, et par sa participation, au sein de diverses organisations internationales, à un dialogue des cultures, en particulier le dialogue entre le monde occidental et le monde islamique. En 1987, le professeur Köchler a lancé, en collaboration avec le lauréat du prix Nobel Sean McBride l’«Appel des juristes contre la guerre nucléaire» et a en conséquence contribué à une expertise, selon laquelle la Cour de justice internationale a établi que l’éventuelle utilisation d’armes nucléaires était incompatible avec le droit international public.


Hans Köchler a régulièrement pris position sur la question de la réforme des Nations Unies et a exigé leur démocratisation. Il a, en particulier, également pris position sur la question de la concrétisation du droit international, et s’est en cela opposé à une instrumentalisation politique des normes du droit international. Faisant partie des observateurs envoyés au procès de Lockerbie par Kofi Annan, alors Secrétaire général des Nations Unies, il a rédigé un rapport critique, paru en 2003 sous le titre «Global Justice or Global Revenge? International Justice at the Crossroads». Son impression était que le procès de Lockerbie s’était déroulé sous influence politique, et il en retirait l’exigence d’une séparation des pouvoirs ainsi qu’une totale indépendance de la juridiction pénale internationale.


Hans Köchler traite la question des sanctions unilatérales et multilatérales depuis plus de 20 ans. En 1994 déjà, il a rédigé une publication de 50 pages sur ce sujet («Ethische Aspekte der Sanktionen im Völkerrecht»). Elle est disponible en ligne à l’adresse https://books.google.ch/books?isbn=3900704147.

mardi, 03 juillet 2018

Lavrov : les activités de l’OTAN en Libye sont responsables de la crise des migrants

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Lavrov : les activités de l’OTAN en Libye sont responsables de la crise des migrants

Moscou: On pourrait dire que c’est de l’humour noir emballé en une langage diplomatique: le ministre russe des affaires étrangères Lavrov a commenté les résultats du dernier sommet européen sur les migrations. Il en a profité pour souligner la responsabilité de l’OTAN pour l’interminable crise des migrants. L’Union Européenne doit désormais subir les conséquences des anciennes activités de l’OTAN en Libye car telle est bien l’origine de la crise des migrants. L’Alliance atlantique est responsable du désastre car la Libye est devenue « en pratique, le principal pays de transit des immigrants illégaux ».

Voici, littéralement, ce que Lavrov a dit lors d’un entretien accordé à la chaîne britannique Channel 4 : « Ce que j’ai constaté en analysant les dernières délibérations de l’UE sur les migrations m’a amené à réfléchir sur le rôle de l’UE et de l’OTAN. L’OTAN a bombardé la Libye et a transformé ce pays en un trou noir par lequel des flots d’immigrants illégaux pénètrent en Europe. L’UE essaie maintenant de limiter les dégâts que l’Alliance atlantique a commis ».

Les forces de sécurité russes, elles, agissent en Syrie à l’invitation du gouvernement légitime, reconnu par la communauté internationale, a rappelé Lavrov.

Ex : http://www.zuerst.de

Salvini veut faire de la Lega une « force européenne »

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Salvini veut faire de la Lega une « force européenne »

Rome : Le nouveau ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, veut faire de la Lea une « force européenne ». « Mon objectif est de transformer la Lea en une force européenne et internationale, dépassant les frontières nationales et apportant à tous les peuples d’Europe la liberté, le travail et l’emploi », a déclaré le chef du parti Salvini selon le quotidien Corriere della Sera.

« Je suis pour une Europe de l’espoir, de l’emploi et de la sécurité», expliquait Salvini. « Jusqu’ici, l’Europe, pendant des décennies, a été mal gouvernée. Cela nous a amené une Europe d’emplois précaires, de faillites bancaires et d’immigrations incontrôlées. Tous les partis doivent désormais décidé de quel côté ils se rangent » a ajouté Salvini dans ses déclarations au journal milanais.

A l’occasion de cet entretien, il a très clairement refusé que la Lega rejoigne un jour le PPE (“Parti Populaire Européen”), auquel avait adhéré son alliée “Forza Italia”, le mouvement de l’ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi. Au sein du Parlement européen, le parti de Salvini appartient, tout comme la FPÖ autrichienne, à la fraction dite « Europe des nations et des libertés » (ENL).

Ex: http://www.zuerst.de

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dimanche, 01 juillet 2018

Gazoduc contesté : Washington s’insurge encore et toujours contre le projet « Nord Stream 2 »

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Gazoduc contesté : Washington s’insurge encore et toujours contre le projet « Nord Stream 2 »

Washington. Le gouvernement américain cherche encore à torpiller le projet germano-russe de gazoduc « Nord Stream 2 » qui traverse la Mer Baltique. Il ne fait pas mystère de ses tentatives d’immixtion.

Devant le Sénat des Etats-Unis, Pompeo, le ministre américain des affaires étrangères, a déclaré sans circonlocutions verbales : « Nous travaillons activement (…) à convaincre les pays européens et les entreprises européennes que toute augmentation de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie est en contradiction avec nos projets de contrer les initiatives russes ». Dans le cas où la construction du gazoduc « Nord Stream 2 » serait décidée, la Russie, a ajouté Pompeo, « aurait encore davantage de possibilité d’exercer son influence sur tous les pays européens ».

Le projet « Nord Stream 2 » prévoit un double tracé avec une capacité annuelle de 55 milliards de m3. Ce nouveau gazoduc devrait être opérationnel en 2019. Plusieurs pays s’opposent au projet, avec l’appui énergique de Washington. Parmi ces pays, il y a l’Ukraine, qui craint de voir disparaître ses revenus dus au transit du gaz russe, alors qu’elle a toujours utilisé dans le passé sa position de pays-transit comme moyen de chantage. Les Etats-Unis, de leur côté, caressent des projets ambitieux pour exporter du gaz de schiste vers l’Europe et cherchent à éliminer leurs concurrents russes. Pour des motifs russophobes, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne s’opposent aussi au projet germano-russe.

Source : http://www.zuerst.de

samedi, 30 juin 2018

"This is the End..." : Fête de la musique 2018 à l'Elysée

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"This is the End..." :
 
Fête de la musique 2018 à l'Elysée
 
par Pierre-Emile Blairon
 
Écrivain, journaliste
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 
C’est par ces mots, « This is the End » (« c’est la fin »), titre d’une chanson pathétique et envoûtante des Doors, que commence – mais oui – le splendide et terrible film du réalisateur Francis Ford Coppola, dont il a aussi coécrit le scénario avec John Milius : Apocalypse Now
 
Pour la fête de la Musique 2018, le 21 juin, Emmanuel Macron avait décidé d’ouvrir les portes de l’Élysée et de recevoir quelques représentants d’un certain type de musique actuelle : la musique électronique (il faut bien faire branché, et de préférence multiculturel) ; l’un d’eux, le DJ Kiddy Smile, venu avec sa troupe d’homosexuels noirs, exposait son pedigree sur son maillot : « fils d’immigré, noir et pédé ».
 
La photo du couple présidentiel français qui pose avec le groupe de danseurs noirs rappelle, par sa structure – mais en inversion totale, visuelle et symbolique, parodique -, celle, bouleversante, du couple impérial russe, les Romanov, avec leurs magnifiques enfants. Photo qui symbolise la fin d’un monde puisque les Romanov, parents et enfants, seront tous férocement assassinés le 16 juillet 1918 par les bolcheviks ; fin d’un cycle historique, pour la Russie, certes, mais aussi pour le monde entier puisque l’utopie communiste va le conquérir.
 
La photo du couple Macron avec les danseurs peut évoquer également les représentations lascives de certains péplums hollywoodiens qui racontaient à leur manière caricaturale la fin de l’Empire romain. Les Doors avaient, d’ailleurs, intégré dans leur chanson un vers sur la Rome décadente.
 
Ce qui nous fait revenir à Apocalypse Now, dont le titre résume à lui tout seul notre propos. Le film se termine sur une scène de fête barbare qui se déroule dans un lieu cauchemardesque peuplé de têtes piquées sur des bambous où les participants sacrifient un bœuf à la machette pendant laquelle le récitant répète, sur un ton sépulcral, ces deux mots : l’horreur… l’horreur… C’est exactement le mot qui est venu à nos lèvres en regardant la vidéo de la prestation de ce groupe de « danseurs ».
 
Faut-il rappeler que le palais de l’Élysée est devenu officiellement la résidence des présidents de la République en 1879 et que, de ce fait, il constitue un élément patrimonial emblématique du régime actuellement en place en France, qu’il siérait que ses locataires, censés disposer d’un minimum de dignité et de considération pour ce régime, préservent ce qui doit constituer un socle permanent, intangible, des valeurs de la République et, au-delà, un élément important du patrimoine français. Quand on remet vertement en place un adolescent qui ose dévaloriser la personne qui représente la fonction présidentielle, on se doit d’être à même de faire respecter ce qui dépasse sa propre personne, laquelle est bien plus éphémère.
 
Évidemment, le papillonnant Jack Lang, créateur de la fête de la Musique en 1982 (laquelle venait s’insérer à la date exacte du solstice d’été dont la célébration remonte au plus lointain de notre histoire), est tout à fait enchanté de la façon dont le président a traité l’affaire.

Mais ce dernier a-t-il la moindre idée de ce que pensent de ces profanations ceux qu’il appelle les « lépreux » ?

vendredi, 29 juin 2018

Les manipulateurs sont au pouvoir

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Les manipulateurs sont au pouvoir

par Pierre-Emile Blairon

Oswald Spengler avait prédit le « Déclin de l’occident », Mircea Eliade avait donné quelques scénarii de fins de cycle en se référant aux traditions des civilisations disparues qui avaient pour beaucoup fini leur existence à la suite d’une catastrophe naturelle, comme un déluge, le plus souvent couplé à une dégradation des mœurs des hommes qui avaient porté ces civilisations, René Guénon et Julius Evola avaient pointé la principale cause de notre fin de cycle européen qui entraînera dans sa chute toute la planète qu’il avait conquise par sa technique : la matérialisation de tout élément de vie autrefois spirituel qui aboutit inéluctablement au règne de la quantité et donc au règne de l’argent, à l’inversion des valeurs, celles qui permettaient aux hommes de se tenir debout ; ils marchent désormais sur la tête, ou plutôt à plat ventre.

Cette décadence voit fleurir toutes sortes de comportements déviants, de personnages sans foi ni loi, de crapules qui, assurées de leur quasi impunité par une justice défaillante ou complaisante, n’hésitent plus à tuer pour « un mauvais regard », d’escrocs en tous genres, de fonctionnaires corrompus, de bandits de grands chemins (les autoroutes) qui rançonnent les automobilistes, de vermines qui prolifèrent sur une société en putréfaction dont les oripeaux nauséabonds sont occultés par les paillettes hédonistes des fêtes et des « concerts » à répétition et les hurlements des supporters de football devant leurs télés.

Une pathologie récemment découverte

Les niveaux « sociologiquement » supérieurs de la société actuelle, ceux qu’on désigne par le terme pour eux bien usurpé d’«élites », sont essentiellement composés – dans l’ordre descendant de nuisance - par les pouvoirs financiers, médiatiques, politiques, judiciaires, publicitaires, artistiques, intellectuels, associatifs, syndicalistes…

De ces fausses élites surnage en eaux troubles un caractère bien trempé qui a dirigé le monde depuis l’apparition de l’hubris prométhéenne - Prométhée, celui qui défiait les dieux - mais qui n’est en fait qu’une pathologie dont on commence à peine à cerner les contours, la maladie du pouvoir et que le site Pour la science[1] qualifie de syndrome : « perte du sens des réalités, intolérance à la contradiction, actions à l’emporte-pièce, obsession de sa propre image et abus de pouvoir : tels sont quelques-uns des symptômes d’une maladie mentale récemment répertoriée qui se développerait durant l’exercice du pouvoir. »

Ce caractère a été étudié et ses comportements soigneusement analysés par la thérapeute comportementaliste Isabelle Nazare-Aga[2] qui en a défini les principales composantes : manipulateur, beau parleur, dissimulateur, menteur, égocentrique, narcissique, vaniteux, dénué de scrupules et de morale… dont le principal élément de défense lorsqu’il est (rarement) attaqué consiste à répercuter en miroir sur son détracteur ses propres turpitudes et à le culpabiliser et le dévaloriser. Les manipulateurs vivent en suçant de manière vampirique l’énergie de ceux qui les entourent.

Ces individus (hommes ou femmes) possèdent un don inné de la dissimulation qui consiste à paraître constamment comme des personnes séduisantes, charmantes et agréables à vivre dont personne ne soupçonnerait la duplicité, la perversité et la cruauté (c’est ainsi, par exemple, que beaucoup d’amis d’un couple prennent la défense d’un mari qui bat sa femme alors qu’elle passe pour une hystérique ou une affabulatrice lorsqu’elle y fait allusion ; c’est ainsi aussi que beaucoup d’hommes politiques habiles à manier le verbe, coupables de crimes odieux, ont échappé à la justice).

Le goût infantile du secret

Isabelle Nazare-Aga évalue le nombre de manipulateurs à 3% de la population (ce qui est énorme) ; nous pouvons même estimer que ce pourcentage peut être majoré en ce qui concerne la représentation de la maladie chez les dirigeants de notre monde actuel (dans les diverses composantes que j’ai plus haut définies) d’autant plus que le virus s’étend et prolifère dans un milieu qui lui est favorable, comme la pollution des mers engendre de nouvelles espèces de poissons qui se nourrissent des déchets des hommes.

Ce que les manipulateurs « domestiques » font au niveau de leur foyer, d’autres, quelquefois les mêmes, vont le faire au niveau d’un village, d’une ville, d’un pays, d’un continent. Les manipulateurs se reconnaissent entre eux et, même s’ils sont concurrents et se haïssent, vont se regrouper opportunément pour éliminer ceux qui ont percé à jour leur déviance. Ils sont généralement dotés d’une intelligence supérieure qui leur permet d’éviter tous les pièges et d’arriver à leurs fins sans se soucier des moyens employés ; ces hommes (et ces femmes) mégalomaniaques n’hésiteront pas une seconde à marcher sur la tête de leur meilleur ami si cela leur permet d’accéder à encore plus de ce pouvoir dont ils ne se rassasient jamais. Chacun teste ses limites, essaie de savoir jusqu’où il peut aller sans se faire prendre ; il sait, dans ce grand jeu qui est, dans notre période de fin de cycle, devenu planétaire, qu’il pourra compter sur ses semblables, ceux qui sont atteints de la même pathologie, qui vont l’aider dans tous leurs domaines de compétence (voir à nouveau la liste des « élites » établie plus haut) ; des sociétés plus ou moins secrètes qu’ils ont créées ont établi les règles du jeu et intronisé les joueurs, comme dans le film Eyes wide shut, quelle n’est pas alors la fierté d’un journaliste d’être accueilli au dîner du Siècle, d’un notable local d’être convié à suivre les travaux d’une session du groupe Bilderberg, d’un jeune ambitieux d’être distingué par « Young leaders » de la « French American Foundation », autant de ramifications d’une secte qui s’apparente à la mafia qui gangrène tous les paliers du pouvoir mondial.

Le jeu du chat et de la souris

Les manipulateurs de haut niveau jouent au chat et à la souris : le chat torture savamment la souris avant de l’achever, c’est leur plaisir suprême et pervers, qui est naturel pour un chat. La souris, pour eux, c’est le peuple, enfin, les masses, soigneusement abruties par les relais médiatiques et autres panem et circenses, comme le taureau dans l’arène est « préparé » par les picadors et autres banderilles. On peut sourire (jaune) à constater à quel niveau de naïveté ils arrivent à mener des masses qui les croient sincères quand ils font des promesses ou qu’ils récusent des accusations pourtant fondées sur des faits réels. Ils arrivent, grâce à leur duplicité et à leurs instruments médiatiques, à faire aimer sa condition à la souris qui finit par aimer le jeu où elle est si malmenée. On ne peut imaginer leur jouissance quand ils arrivent à faire en sorte que les sondages (qu’ils manipulent tout autant que les autres pions du jeu) leur sont favorables, car leurs adversaires, dans ce même jeu, en font tout autant.

Les valeurs comme le bon sens, l’empathie, la morale, la spiritualité, le bien commun, le peuple, la terre, l’honneur, la nation, l’amélioration du bien-être… n’ont pour eux aucune signification. Ils jouent. Ils ne sont intéressés, in fine, ni par l’argent ni par la gloire qu’ils ont déjà. Seul, le désir de gagner au jeu les motive. Ils tentent des coups, comme au poker - rien de plus facile pour eux que de jouer au poker menteur - et ne prennent même plus de précaution quand ils décident de pousser un pion en utilisant des moyens totalement illégaux. Pour eux, il n’y a pas de loi. Ils attendent, avec le sourire, la réaction de l’adversaire. Les peuples soigneusement décérébrés n’imaginent même pas leur degré de perversité, ils sont prêts à tout gober sans discussion ; « plus le mensonge est gros, plus il passe, plus souvent il est répété, plus le peuple le croit », nos manipulateurs au pouvoir ont bien assimilé la doctrine de Joseph Goebbels à qui cette phrase est attribuée (peut-être d’une manière mensongère ?).

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Ils se sont ainsi institués mutuellement en « maîtres du monde », sans doute en souvenir des dessins animés de leur enfance et ont imaginé un jeu total : on renverse la table, plus de règle, plus de limite, tous les coups sont permis ; le gagnant est celui qui arrivera le premier au but défini. Il s’agit de remplacer toute cette populace blanche, européenne ou autre, par tous les autres peuples que porte la Terre ; à terme, il s’agira de remplacer l’Homme lui-même par le robot. Chiche ! Amusant, non ? Comme dans Albator, Star Wars ou Capitaine Flam !

Des manipulations qui tournent au ridicule

Sans remonter trop loin dans le temps (mais il y aurait largement matière) on peut donc évoquer plusieurs phases du jeu qui passionne nos « élites » et qui sont évidemment centrées sur la capacité de manipulation des joueurs :

c’est ainsi qu’on voit un Colin Powell brandir une fiole supposée contenir des produits chimiques que l’Irak s’apprêtait à déverser sur le monde, ce qui a permis aux USA de l’envahir, c’est ainsi que l’ancien président français Sarkozy a été mis en examen ainsi que certains de ses proches pour une affaire de financement libyen supposé de sa campagne après l’assassinat inexpliqué du président libyen, c’est ainsi qu’une coalition occidentale, sans mandat de l’ONU, a bombardé la Syrie, sous le prétexte de répondre à des attaques chimiques qui auraient été perpétrées par le gouvernement syrien, accusé de martyriser son propre peuple. Cette coalition de trois pays : USA, Grande-Bretagne et France prétendait détenir les « preuves » des agissements supposés du gouvernement syrien. On attend toujours que ces « preuves » soient exposées…, c’est ainsi que le gouvernement anglais a accusé la Russie d’avoir empoisonné un ancien espion russe et sa fille, lesquels sont toujours vivants et l’accusation a été démentie par les propres services sanitaires anglais, c’est ainsi qu’on a vu un journaliste russe, Babtchenko ressuscité et en pleine forme le lendemain après avoir été tué la veille de trois balles dans le dos, selon le gouvernement ukrainien, c’est ainsi qu’on a vu, à Paris, un Mamoudou escalader à mains nues plusieurs étages comme un membre des commandos des forces spéciales super-entraînés, à la rescousse d’un petit garçon qui s’est miraculeusement raccroché à une rambarde en tombant d’un ou deux étages plus haut, etc.

Les pires ennemis de ces personnes atteintes de ces troubles psychiques si particuliers (dont l’attitude fait penser à ces adolescents dépendants des jeux vidéos) sont ceux qui essayent d’interrompre leur jeu, c’est ce que nous essayons de faire, ou ce que tentent de faire les « lanceurs d’alerte ». Avez-vous déjà essayé de soustraire la souris des griffes d’un chat ? Il devient hystérique.

Notes:

[1] https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/psychanalyse/le-syndrome-d-hubris-la-maladie-du-pouvoir-3250.php

[2] Les manipulateurs sont parmi nous, éditions de l’Homme.

jeudi, 28 juin 2018

Quel destin pour l’Europe ?

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Quel destin pour l’Europe ?

par Georges FELTIN-TRACOL

Politologue d’origine bulgare, Ivan Krastev est un des fondateurs du Conseil européen des relations étrangères et le directeur de l’édition bulgare de Foreign Policy, la revue étatsunienne proche des cénacles interventionnistes mondialistes. Il appartient pleinement à cette caste cosmopolite. Les crises simultanées ou quasi-consécutives de l’euro, des migrants, de l’Ukraine, du Brexit, de la Catalogne, etc., qui ébranlent la construction européenne lui donnent une sensation de déjà vu. L’étudiant qu’il était en Bulgarie en 1989 – 1990 a vécu l’effondrement rapide du système soviétique. Il craint maintenant de connaître un nouvel effondrement, celui des structures eurocratiques. Son essai s’ouvre d’ailleurs sur les derniers instants de l’Empire austro-hongrois. « Vivons-nous aujourd’hui, en Europe, un “ moment de désintégration ” similaire (p. 9) » à la chute des Habsbourg ?

Le destin de l’Europe a été écrit au lendemain du Brexit et de l’élection de Donald Trump. Krastev se félicite bien sûr des échecs répétés du « populisme » en Autriche, aux Pays-Bas et en France. Il ne pouvait néanmoins pas prévoir que cet arrêt ne serait que momentané. Depuis la parution de son ouvrage en France, l’Autriche est gouvernée par une coalition entre les conservateurs et le FPÖ, la Hongrie a triomphalement réélu Viktor Orban et une entente entre le Mouvement Cinq Étoiles et la Ligue dirige désormais l’Italie. On peut imaginer que l’auteur développera ces derniers événements dans un prochain essai.

L’Europe, destination de Cocagne…

couv web Destin de l'Europe avec bandeau300-large.jpgPeut-être y approfondira-t-il aussi son analyse de « géopolitique psychologique » qu’il émet au sujet des États-Unis ? « De nombreuses cartes électorales dessinées après la victoire de Trump aux dernières présidentielles américaines montrent très bien que, si les régions acquises à Trump correspondent à peu près à 85 % du territoire total des États-Unis, les régions acquises, elles, à Clinton représentent en gros 54 % de la population américaine. Si nous imaginons que ces régions constituent deux pays différents, nous notons immédiatement que le “ pays de Clinton ”, composé des régions côtières et d’îles urbaines, évoquent l’Angleterre du XIXe siècle; tandis que le “ pays de Trump ” ressemble quant à lui bien plus aux grandes étendues de l’Eurasie régentées par la Russie et l’Allemagne. Le combat politique qui a opposé Clinton et Trump fut un combat entre dimension maritime et dimension terrestre, entre des personnes pensant en termes d’espace et des personnes pensant en termes de lieux (pp. 49 – 50). » Subtile insinuation pour rapprocher Trump de la Russie de Vladimir Poutine…

Pour Ivan Krastev, le destin de l’Europe ne concerne pas l’avenir de l’euro, le devenir des relations euro-atlantiques ou le sort de l’Ukraine et des minorités russophones, mais le traitement des immigrés clandestins. « Au XXIe siècle, la migration est la nouvelle révolution – non pas une révolution des masses comme au XXe siècle, mais une révolution menée contre leur gré par des individus et des familles chassés de chez eux (p. 24). » Il ne s’interroge jamais sur ses causes. Les immigrés quittent leur foyer parce qu’ils fuient l’impitoyable domination économique néo-coloniale de Wall Street, de Chicago et de la City, ainsi que les opérations déstabilisatrices menées par l’Occident au Sahel, en Libye, en Syrie et au Yémen.

Véritable submersion démographique, la présente immigration de peuplement engendre une aporie. « Afin d’assurer leur prospérité, les Européens ont besoin d’ouvrir leurs frontières; pourtant, une telle ouverture menace d’annihiler ce qui fait leur spécificité culturelle (p. 61). » Cette crainte réelle que minimise l’auteur suscite la confrontation entre « ceux du n’importe où » et « ceux du quelque part (p. 49) ». Les immigrés viennent en Europe attirés par les images désormais diffusées par tout type d’écran qui leur présentent des pays de Cocagne. « La globalisation a fait du monde un village, mais celui-ci vit sous une sorte de dictature : la dictature des comparaisons globales (p. 45). » Films, séries télévisées et réclame publicitaire influencent les futurs clandestins qui se prennent à rêver de vivre comme des Occidentaux tout en conservant leurs coutumes d’origine. Ce désir, purement matérialiste, hédoniste et eudémoniste, serait rarement politique. « Un simple franchissement de frontière – celle de l’Union européenne en l’occurrence – est ici plus attirant que toute utopie. Pour tant de damnés de la Terre d’aujourd’hui, l’idée de changement est synonyme de changement de pays, de départ, et non pas de changement de gouvernement (pp. 44 – 45). »

Les immigrés ne comprennent pas qu’en tentant leur chance en Europe, ils perturbent des modes de vie ancestraux déjà bien fragilisés. « Seule crise authentiquement paneuropéenne, [la crise des “ migrants ”] remet en cause le modèle politique, économique et social de l’Europe (p. 29) », de l’Union soi-disant européenne faudrait-il plutôt écrire. Cette remise en cause est en soi salutaire puisque « l’Union européenne est désormais prônée, du moins par bon nombre de ses partisans, comme le dernier espoir d’un continent devenu forteresse (p. 54) ». Longtemps, l’Union dite européenne s’est ouverte à tous les vents de la concurrence planétaire et a condamné Budapest pour son intransigeance à appliquer les Accords de Schengen. Or, la roue de l’Histoire tourne. Le Danemark, l’Autriche et l’Italie approuvent en partie l’argumentation du Groupe de Visegrad animé par la Hongrie et la Pologne afin de contenir la submersion migratoire. Délaissant la question « souverainiste » de l’euro pour l’enjeu « identitaire » des migrations extra-européennes, le nouveau gouvernement « anti-Système » italien comprend instinctivement qu’une autre Europe pourrait résoudre avec fermeté ce défi majeur à la condition toutefois qu’elle entérine enfin un « post-libéralisme ».

En effet, pour l’auteur, « les migrants sont ces acteurs de l’Histoire qui décideront du sort du libéralisme européen (p. 33) ». Soucieux de l’avenir de cette pensée obsolète, il se préoccupe de la floraison rapide des régimes illibéraux en Europe centrale, orientale et maintenant occidentale. Ainsi nomme-t-il le « paradoxe centre-européen (p. 97) » qui complète un autre paradoxe, « ouest-européen (p. 111) » celui-là, à savoir des générations connectées et mondialisées, les enfants du programme Erasmus, qui se détournent dorénavant du projet européen « bruxellois » et qui adhèrent au « populisme »…

Contre l’internationalisme financier

Ivan Krastev oublie dans sa démonstration que la Pologne accueille déjà des miliers de réfugiés ukrainiens sans que cette présence massive n’entraîne d’insurmontables problèmes de cohabitation. La proximité anthropologique, culturelle et historique joue ici à plein, ce que Bruxelles persiste à ne pas vouloir comprendre. Résultat, « les nouvelles majorités populistes perçoivent les élections comme une occasion non pas de choisir entre différentes options politiques mais de se révolter contre des minorités privilégiées – dans le cas de l’Europe, de se révolter contre ses élites mais aussi contre un “ autre ” collectif clé : les migrants (p. 100). » il ajoute toutefois que « les visages de Janus de la globalisation sont ceux du touriste et du réfugié. Le touriste, protagoniste de la globalisation, est apprécié et accueilli à bras ouverts. Il est l’étranger bienveillant. […] Le réfugié […] incarne la nature menaçante de la globalisation. […] Il est parmi nous mais sans être des nôtres (pp. 28 – 29) ». En réalité, le tourisme lui-même est une nuisance, un fléau pour les sociétés qui ne tablent que sur cette forme unique de développement.

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Approchent donc les temps des affrontements entre colons et autochtones en terres d’Europe. « Des outsiders arrivent de toutes parts, les natifs, eux, n’ayant aucune possibilité de prendre la tangente. En ce sens, les électeurs des formations droitières perçoivent leur destin comme étant bien plus tragique que celui des pieds-noirs français, parce qu’ils n’ont, eux, pas d’endroit où retourner (p. 41). » C’est la raison pour laquelle la crise migratoire peut soit précipiter la décadence de l’Europe, soit faciliter la fondation d’une véritable renaissance civilisationnelle identitaire. Alors que « l’Europe est intégrée comme elle ne l’a jamais été auparavant (p. 10) », la construction européenne continue à se dépolitiser, à neutraliser tout élément de puissance, à demeurer une entité purement technique, administrative et fonctionnelle. « Il nous faut reconnaître que le projet européen actuel est intellectuellement enraciné dans l’idée de “ fin de l’Histoire ” (p. 31). » Pis, « l’Union européenne a toujours été une idée en quête de réalité (p. 13) ».

La brutalité de la crise migratoire pourrait redonner à un projet continental refondé les moyens d’aboutir sur de nouvelles assises novatrices hors du champ électoral politicien bien décati. « La ligne de partage gauche – droite, qui avait été sévèrement tracé et qui avait structuré la politique européenne depuis la Révolution française, s’en voit progressivement brouillée (p. 109). » Mieux, « le clivage gauche – droite se voit […] remplacé par un conflit opposant internationalistes et nativistes (p. 99) ». Les « nativistes » peuvent et doivent construire une alter Europe puissante et viable, une Europe d’après. « Parler d’une Europe d’après signifie que le Vieux Continent a à la fois perdu la position centrale qui était la sienne dans la politique internationale, à l’échelle du globe, et la confiance des Européens eux-mêmes – leur confiance en la capacité de ses choix politiques à façonner l’avenir du monde. Parler d’une Europe d’après, c’est dire que le projet européen a perdu de son attrait téléologique et que l’idée d’« États-Unis d’Europe » est bien moins source d’inspiration qu’auparavant – jamais sans doute le fut-elle aussi peu au cours de ces cinquante dernières années. Parler d’une Europe d’après, c’est signifier que l’Europe souffre d’une crise d’identité, que son héritage chrétien ainsi que le legs des Lumières ne sont plus pour elle des piliers de soutènement sûrs (p. 18). » Excellente nouvelle ! L’Europe n’est plus le phare du monde ! « Le postmodernisme de l’Europe, son postnationalisme et sa culture laïque la distinguent du reste du monde et n’en font pas nécessairement le modèle d’une éventuelle évolution future de ce monde (p. 17). » L’Europe de demain sera peut-être une Europe archaïque enfin délestée des fétides droits de l’homme.

Illibéralisme pro-européen ?

Ivan Krastev avance en outre un fait méconnu. « Alors que l’Union européenne est fondée à la fois sur l’idée française de nation (pour laquelle l’appartenance nationale est synonyme de loyauté aux institutions de la République) et sur la conception allemande de l’État (de puissants Länder et un centre fédéral relativement faible), les États d’Europe centrale, eux, ont été construits à l’inverse : ils combinent une admiration très française pour un État centralisé et tout-puissant avec une conception de la citoyenneté comme ascendance commune et culture partagée (pp. 68 – 69). » D’où le succès de l’illibéralisme à Bratislava, à Varsovie et à Budapest. L’illibéralisme serait au fond la fusion de Colbert et de Bismarck. L’auteur n’a pas tort, mais il se focalise trop sur les immigrés, quitte à mésestimer l’impact de l’euro dans la vie quotidienne et l’égoïsme sournois allemand. Contrairement à ce que pensent les nationaux-républicains et autres souverainistes nationaux de France et de Navarre, l’Allemagne n’est nullement européiste. Sous tutelle étatsunienne depuis 73 ans, elle refuse toute véritable unité européenne susceptible de s’affranchir du giron atlantiste. À diverses reprises, le Tribunal constitutionnel de Karlsruhe a réaffirmé une pseudo-souveraineté par rapport aux mécanismes institutionnels européens. Ayant renoncé à l’orée des années 2000 au modèle rhénan, les gouvernements d’outre-Rhin ont perverti l’ordo-libéralisme et imposé d’abord aux Allemands, puis aux peuples du « Club Med » ou aux PIGS (acronyme anglais signifiant « Cochons » pour désigner le Portugal, l’Italie, la Grèce et l’Espagne) des cures toujours plus sévères d’austérité si bien que témoins de cet asservissement financier qui bafoue le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, Hongrois, Slovaques, Tchèques, Polonais ont commencé à se révolter « contre les principes et les institutions du libéralisme constitutionnel, qui vont les piliers de soutènement même de l’Union européenne (p. 110) ».

Cependant, « si la désintégration devait se produire, ce ne serait pas en raison d’une désertion de la périphérie mais d’une révolte du centre (p. 19) ». Il n’est pas impossible que l’Allemagne se retire finalement de la Zone euro en compagnie de la Finlande, des États baltes, de l’Autriche, des Pays-Bas et de la Flandre (ou de la Belgique si elle n’explose pas sous la pression conjuguée des revendications nationales flamandes et communautaristes musulmanes) pour former une Zone euromark. Les membres restants de l’Eurolande constitueraient alors autour de la France une Zone eurofranc (hypothèse de l’économiste Christian Saint-Étienne dans La fin de l’euro en 2009). La guerre commerciale lancée par Donald Trump risque d’affecter en priorité l’industrie allemande. Berlin pourrait dès lors dévisser en terme de compétitivité économique et envisager un « Germanexit » qui avantagerait les collusions transatlantiques et empêcherait la constitution de tout axe grand-continental Madrid – Rome – Paris – Berlin – Moscou – Téhéran – Delhi – Pékin. Cet axe se concrétise par les nouvelles « Routes de la soie » à travers les premières liaisons ferroviaires sino-européennes. Si cette prévision se réalisait, la finalité de la construction européenne s’en trouverait totalement bouleversée.

Extorsions bancaires

computer-1500929__180-1.jpgLa défiance des peuples d’Europe à l’égard des instances supranationales ne cesse de croître. En effet, « au lieu de redistribuer les produits de l’imposition, des classes fortunées vers les classes pauvres, les gouvernements européens maintiennent désormais leur santé financière précaire en empruntant au nom des générations futures sous la forme du financement par le crédit. Par conséquent, les populations ont perdu le pouvoir démocratique de réguler le marché à travers leur participation aux élections (p. 15) ». Ivan Krastev estime que « si l’Union devait s’effondrer, la logique de sa fragmentation serait celle d’un retrait massif de dépôts bancaires et non celle d’une révolution (p. 19) », d’où plusieurs mesures adoptées depuis une décennie par la Commission afin de déposséder légalement les détenteurs de compte bancaire à l’exemple de Chypre et de la Grèce. Une directive européenne prise en 2013 et effective depuis le 1er janvier 2016 stipule que les dépôts bancaires des particuliers et des entreprises s’élevant à plus de 100 000 € pourraient être mis autoritairement à contribution afin de renflouer les banques en faillite. Ce montant pourrait bien évidemment baisser pour mieux spolier l’ensemble de la population dont les plus fragiles. La saisie prochaine des biens immobiliers (et uniquement immobiliers), en particulier des retraités, des chômeurs et des travailleurs précaires, est programmée par les mafias bancaires liées à l’Oligarchie mondiale. L’emploi de plus en plus fréquent de la monnaie électronique en Occident, mais aussi en Inde et en Corée du Sud, prépare cette future expropriation insidieuse pour le seul profit des banksters et des marchés. Déjà, en novembre 2011, « la chute de Berlusconi […] symbolisa plutôt le triomphe sans équivoque du pouvoir des marchés financiers (p. 93) ». Dernièrement, le 29 mai 2018, le commissaire « européen » au Budget, l’Allemand Günther Oettinger, déclarait au sujet de l’entente gouvernementale conclue entre le Mouvement Cinq Étoiles et la Ligue que « les marchés vont apprendre aux Italiens à bien voter ». Il a ensuite démenti ses propos tout en maintenant le fond de sa pensée.

Les « marchés » ne sont pas éthérés. Ce sont des algorithmes fort complexes et des individus qui recherchent avant tout leur seul intérêt personnel. « En Europe, note Ivan Krastev, l’élite méritocratique est une élite mercenaire dont les membres ne se comportent pas différemment de ces stars de football que s’arrachent les plus grands clubs à coups de chéquiers. […] Les banquiers néerlandais à la carrière fulgurante partent à Londres. Les hauts fonctionnaires allemands de talent rejoignent Bruxelles (p. 120). » Capables de faire défection dès le premier contretemps survenu, « les élites méritocratiques de notre temps, de cette époque de globalisation et d’intégration européenne, sont des élites de la “ no loyalty ”, pour laquelle l’idée d’allégeance nationale n’a pas de sens (p. 122) ». Serait-ce le rôle d’autres élites pas encore advenues d’orienter le projet européen vers une autre direction : la survie ethnique des peuples albo-européens ? Face au tsunamimigratoire, « les Européens pourraient bien sûr opter pour l’autre possibilité et fermer leurs frontières; mais alors il leur faudrait se préparer à un déclin brutal de leur niveau de vie général ainsi qu’à un futur où tout le monde aurait besoin de travailler jusqu’à ce que le corps ne puisse plus suivre (p. 61) ». Cette hypothèse ne se vérifierait que si les Européens commettaient l’erreur de garder leur modèle moderne, libéral, individualiste et bourgeois dépassé. Leur révolution est d’abord spirituelle et morale. Ils doivent par conséquent écarter certains arguments immigrationnistes fallacieux. Les immigrés représenteraient une nouvelle main-d’œuvre bon marché suppléant le vieillissement de l’Europe. Or, le progrès technique annule cette justification. « La peur d’une invasion barbare cœxiste […] avec une autre peur, prévient encore Krastev : celle de voir le lieu de travail bouleversé par les transformations liées à la robotique. Dans la dystopie technologique que nous voyons naître, il n’y aura tout simplement plus de travail pour les êtres humains (p. 60). » Dans une trentaine d’années, 43 % des postes de travail actuels seraient automatisés, robotisés et informatisés. Le travail ne sera plus un droit ou un devoir, mais un simple privilège. Que faire des masses inemployées ?

Dans ces conditions, les Européens peuvent fort bien prendre la voie de la décroissance, de la frugalité et de la pauvreté volontaire couplée à une implacable préférence européenne. L’Europe cesserait dès lors d’être attractive. Si l’Europe veut vraiment conserver un destin, elle devra accepter un avenir spartiate.

Georges Feltin-Tracol

• Ivan Krastev, Le destin de l’Europe. Une sensation de déjà vu, Éditions Premier Parallèle, 2017, 155 p., 16 €.

mercredi, 27 juin 2018

Spatial : Trump réaffirme la totale domination américaine

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Spatial : Trump réaffirme la totale domination américaine

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
L'on sait depuis les origines des politiques spatiales que les Etats-Unis avaient décidé de faire du spatial un domaine stratégique entièrement sous leur contrôle. C'est ce que résume le concept dit de « full spatial dominance ». Donald Trump vient d'en réaffirmer la nécessité 1).

Il montre en cela qu'il est toujours, malgré certaines décisions jugées étranges, totalement sous le contrôle du complexe scientifico-militaro-industriel américain. Dès le début de la guerre froide, Washington et le Pentagone ont toujours considéré qu'il s'agissait d'un élément essentiel à la lutte, sinon à la destruction, de la Russie. Le débarquement sur la Lune, décidée par J.F. Kennedy, n'avait pas d'autre but, sous l'apparence d'une intention scientifique.

Cette domination du spatial a d'abord pris la forme d'une exploitation militaire de l'Espace. Les satellites militaires américains ne se comptent plus, de même que leurs applications stratégiques multiples. Mais tout ce qui est considéré comme relevant du spatial scientifique, au delà d'un intérêt propre pour la connaissance de l'espace et de l'univers, est également largement financé par l'Etat profond américain au regard de ses implications en faveur de l'industrie de défense.

A cet égard, la Nasa, malgré son petit budget de $2 milliards, en a toujours constitué un élément essentiel – ceci d'autant plus que sous couvert de coopération spatiale, elle permet un espionnage scientifique sans égal. Il en est de même des réalisations de l'industrie spatiale américaine. Eon Musk ne s'en cache pas, au contraire. Il utilise l'argument pour obtenir des aides considérables de l'Etat.

On ne doit pas oublier non plus que les Grands de l'Internet américain, qui fonctionnent principalement avec l'aide du spatial américain, sont un élément essentiel pour formater les consciences mondiales au profit de la puissance américaine.

A terme enfin, la course pour un retour sur la Lune, puis un débarquement sur Mars, vise à faire de ces planètes de nouvelles colonies américaines. Si à la suite d'une série de catastrophes, en partie d'ailleurs provoquées par eux, ne survivaient dans le système solaire que quelques dizaines de milliers d'humains éventuellement « augmentés », ils porteraient tous la bannière étoilée.

La Russie puis la Chine l'ont bien compris. Mais les moyens qu'elles peuvent dégager au profit de leurs projets spatiaux restent bien inférieurs à ceux des Etats-Unis. De plus, le retard qu'elles ont pris ne se rattrapera pas, compte tenu des délais nécessaires à la réalisation de nouveaux programmes.

Une « force armée spatiale » américaine 

La création d'une sixième branche des forces armées américaines, qualifie de « Space Force », que vient d'annoncer Donald Trump, met en évidence la volonté américaine de militariser complètement et définitivement l'espace. Ceci signifie nécessairement en éliminer progressivement Russie et Chine, sans mentionner d'autres puissances qui auraient la volonté d'y jouer un rôle. Rappelons à cet égard que l'Agence spatiale européenne avait dès le début refusé de s'impliquer dans des objectifs militaires. Ceci aurait fortement déplu au Pentagone, qui veut rester maître du jeu. La France s'est dotée de quelques petits satellites militaires, mais aux ambitions très limitées.

Trump n'a pas caché l'objectif de Washington et du Pentagone de maintenir et renforcer la pleine domination spatiale américaine. Que se passerait-il si celle-ci entrait en conflit direct, éventuellement au plan militaire, avec la Russie et la Chine ?

Compte tenu de l'importance de l'Espace, celles-ci ne pourraient pas ne pas riposter. Il en résulterait inévitablement une guerre mondiale. Mais le risque n'est pas plus grand, diront les optimistes, que ceux découlant des affrontements dans le domaine nucléaire.

1) https://www.bbc.com/news/world-us-canada-44527672

Note au 21/06. La Russie réagit.

Le président du Conseil de défense et de sécurité russe, Viktor Bondarev, cité par l'agence de presse Ria le 19 juin, a réagi à l'annonce de Donald Trump de vouloir créer une force armée de l'espace : «La militarisation de l'espace mènera au désastre». Il a également fait référence à la possible volonté de Washington de mettre des armes de destruction massive en orbite. «Si les Etats-Unis se retirent des accords de 1967 qui proscrivent le déploiement d'armes nucléaires dans l'espace, ceci appellera «  une réponse forte de la part de notre pays, mais également d'autres Etats, il en irait de la préservation de la sécurité internationale »

Rappelons que le traité de l'espace de 1967 (également appelé «traité sur les principes régissant les activités des Etats en matière d'exploration et d'utilisation de l'espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes») interdit le déploiement d'armes nucléaires et de destruction massive dans l'espace. Le traité interdit aussi de pratiquer des essais d'armement dans l'espace et d'établir des bases militaires sur tout corps céleste, dont la Lune.

Au delà des mots de Victor Bondarev, il faut se demander ce que serait « la réponse forte » russe,  de même qu'une réponse chinoise à laquelle il a fait allusion. S'agira-t-il de détruire, selon des moyens à préciser, les satellites militaires américains, voire de détruire une base militaire sur la Lune. On ne voit pas comment cela ne déclencherait pas une guerre mondiale, au moins dans l'espace.

 

VALÉRIE BUGAULT: MESSAGE DE SOUTIEN À IURIE ROSCA

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VALÉRIE BUGAULT, DOCTEUR EN DROIT, FRANCE. MESSAGE DE SOUTIEN À IURIE ROSCA

Valérie Bugault, docteur en droit, France.

Message de soutien à Iurie Rosca

"La plume étant ma meilleure arme, la plus efficace, c’est par elle que je viendrai te soutenir. Jusqu’à il y a peu, j’ignorais et ton nom et le lieu de situation exact de ton pays, la Moldavie ; petit pays par sa superficie mais grand pays par sa position géographique et par sa culture, à la croisée des chemins de l’Est et de l’Ouest, avec le christianisme comme point de jonction.

Je t’ai découvert, dans le même temps que je découvrais la Moldavie et son courageux président Igor Dodon à l’occasion de ton invitation au 2ème colloque de Chisinau à l’hiver dernier. Ce fut un moment inoubliable où des intervenants, issus d’une grande variété de pays européens, a pu, collectivement, évoquer des pistes intellectuelles de refondation de la civilisation occidentale, elle-même en voie de disparition rapide autant que radicale. Disparition due au reniement par ses dirigeants politiques des valeurs qui avaient fait la grandeur des différents pays européens. Ces valeurs étaient la résultante directe de la longue histoire de ce continent, des aléas de l’organisation politique de ses différents pays et de son arme politique ultime qu’était le droit continental. Les différents pays d’Europe n’ont à vrai dire guère plus en commun qu’une culture fondée sur le christianisme et qu’un système juridique, dit continental, lui-même extrêmement imprégné de droit romain, droit dont la philosophie profonde consiste à organiser la vie en commun. Si cet héritage peut sembler modeste, il est en réalité unique et immense par la promesse de renouveau civilisationnel qu’il contient.

Ton accueil, mon cher Iurie, à l’occasion du second colloque de Chisinau consacré aux questions économiques, fut incroyablement chaleureux, à la hauteur, à vrai dire de ton enthousiasme pour sortir la Moldavie du mauvais pas dans lequel son adhésion à l’Union Européenne et à l’OTAN l’entrainerait inéluctablement, en créant de grandes difficultés relationnelles avec la Russie, son voisin géographique immédiat, son partenaire commercial naturel incontournable et son cousin spirituel.

C’est avec une grande tristesse que j’ai appris les ennuis judiciaires qui t’accablent aujourd’hui. Sans connaître réellement les tenants et aboutissants juridiques de ton dossier, on ne peut que s’étonner du rebondissement judiciaire, presque dix ans après les faits reprochés, d’une affaire qui, si j’ai bien compris, ne semble pas réellement étayée quant aux faits reprochés. L’étonnement est d’autant plus légitime que la peine encourue est extrêmement sévère (plusieurs années de prison) et que cette menace judiciaire intervient quelques mois avant les élections législatives en Moldavie. Sans anticiper les résultats de cette élection, il semble que le parti pro Union Européenne au pouvoir en Moldavie, que tu combats avec acharnement et détermination, pourrait se trouver en situation de perdre la majorité qu’il détient actuellement.

Ces élections sont-elles la réelle cause de tes ennuis judiciaires ou y sont-elles étrangères ? S’il ne m’est pas possible de répondre à cette question, il reste que ton incarcération porterait un coup très dur à toute voix dissidente en Moldavie, dans le même temps qu’il porterait un coup très dur à la liberté d’opinion et d’expression indispensables au pluralisme qui a fait la grandeur du continent européen. C’est au titre de la liberté d’expression que je prends donc ma plume pour défendre ta cause, mon cher Iurie.

Puissent le, ou les, procureur(s) qui s’occupe(nt) de ton dossier judiciaire, entendre la voix de la raison et permettre à la liberté d’expression d’exister, c’est-à-dire de rester libre…"

APPEL DE PARIS AU PRÉSIDENT DODON SUR LE „DOSSIER ROSCA”

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Le Président Dodon, Alexandre Douguine et Emmanuel Leroy

APPEL DE PARIS AU PRÉSIDENT DODON SUR LE „DOSSIER ROSCA”

 

Lettre ouverte à

Son Excellence,

Monsieur Igor Dodon

Président de la République Chisinau, MD 2073

154 Stefan cel Mare bd.

République de Moldavie 

Paris, le 19 juin 2018

Monsieur le Président,

Au cours de l’année passée, vous nous avez fait l’honneur de nous accueillir à deux reprises dans votre capitale pour la tenue des deux colloques que nous avons organisés avec mon ami Iurie Rosca. Le symposium du mois de décembre à Chisinau où vous avez fait une intervention remarquable pour introduire nos travaux, a été repris sur des dizaines de médias européens pour souligner le caractère historique de cette manifestation.

L’importance de ce colloque a été remarquée par des ONG internationales, notamment celles qui visent à faire disparaître l’Europe sous des vagues migratoires, et qui n’ont pas manqué de critiquer ce colloque qu’elles ont perçu comme un réel danger visant à la libération des peuples européens contre les dérives de la mondialisation financière, comme vous l’avez parfaitement souligné dans votre discours.

Aujourd’hui, mon ami Iurie Rosca, homme intègre et honnête s’il en fut, est accusé ignominieusement de trafic d’influence. Vous comme moi, nous connaissons Iurie Rosca et nous savons qu’il est incapable d’une telle bassesse. Nous savons qu’il est tout comme vous, un vrai patriote, profondément attaché à la liberté de la Moldavie — ce dont témoigne tout son passé de dissident, d’homme politique et de journaliste.

C’est pourquoi Monsieur le Président, je me rendrai à Chisinau le mois prochain avec une délégation d’amis français afin de solliciter une audience auprès de vous et en vous demandant de tout mettre en oeuvre pour protéger notre ami de ces manoeuvres de basse politique qui ne visent qu’à un seul but: éliminer un homme qui est écouté dans votre pays et cela afin de tenter d’influencer le résultat des élections législatives de l’automne prochain.

Partout en Europe aujourd’hui, les peuples commencent lentement à se libérer des chaines de la mondialisation financière, il serait paradoxal et vraiment dommageable que la Moldavie soit le seul pays européen qui régresse en soutenant la cause d’une Union européenne à bout de souffle qui montre à travers la crise des migrants qu’elle n’est plus capable d’apporter des réponses aux peuples qui veulent une autre politique. Cette autre politique, Monsieur le Président, c’est vous qui l’incarnez aujourd’hui avec le Président hongrois, le Premier Ministre italien, le Chancelier autrichien et demain encore d’autres, portés par l’immense vague des peuples européens qui ne veulent pas mourir.

lurie Rosca est un de ces grands patriotes qui lutte non seulement pour la Moldavie mais aussi pour tous les peuples du continent eurasiatique afin qu’ils échappent à la spirale mortifère dans laquelle l’Occident est tombé.

Je compte sur votre appui Monsieur le Président pour nous aider dans cette démarche qui honorera votre pays.

Je vous prie d’agréer Monsieur le Président, l’expression de ma très haute consideration.

Emmanuel Leroy

Co-organisateur du Forum de Chisinau