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mardi, 19 avril 2016

Antwort an Brüssel: Orbán legt „Schengen 2.0“-Plan zur Lösung der Asylkrise vor

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Antwort an Brüssel: Orbán legt „Schengen 2.0“-Plan zur Lösung der Asylkrise vor

Ex: http://www.zuerst.de

Budapest. Die ungarische Regierung beharrt weiter auf einem strikten Grenzschutz und hat auf europäischer Ebene jetzt erneut die Initiative ergriffen. Bei einem Treffen der demokratischen Zentrumsparteien in Lissabon hat der ungarische Ministerpräsident Orbán jetzt einen Zehn-Punkte-Vorschlag für den Schutz der EU-Außengrenzen und die Freizügigkeit innerhalb der Gemeinschaft präsentiert.

Orbáns „Schengen 2.0“-Konzept zielt darauf ab, die europäischen Außengrenzen zu schützen, und positioniert sich gegen den Vorschlag der EU-Kommission, dem zufolge das Asyl-Desaster durch eine Reform des Asylsystems in Gestalt einer europäischen Quotenregelung bewältigt werden soll. Orbán argumentiert, der ungarische Plan sei als Antwort an die EU erforderlich, denn Ungarns Position sei es, daß die Grenzen in verstärktem Maße geschützt werden müssen. In den nächsten  Wochen will Budapest den Aktionsplan nun an die Regierungen der übrigen Visegrad-Staaten sowie an die Regierungschefs anderer EU-Mitgliedstaaten senden; außerdem will Orbán seine Vorschläge in persönlichen Gesprächen nächste Woche in Deutschland und hierauf in anderen europäischen Ländern erläutern.

Orbán erklärte in diesem Zusammenhang, daß es nicht hinnehmbar sei, wenn „in Brüssel jemand darüber entscheiden möchte, daß die EU-Mitgliedstaaten ihre demographischen und wirtschaftlichen Probleme durch Zuwanderung zu lösen haben“. Es gebe Länder in der EU, „die ihre Probleme auf die eine Weise lösen wollen, während andere unterschiedliche Lösungen anstreben.“ Ungarn gehöre zur letzteren Gruppe, da es seine Probleme durch familien- und wirtschaftspolitische Maßnahmen und nicht durch eine von außen erzwungene Zuwanderung lösen wolle.

Deshalb sei auch das geplante ungarische Referendum über die EU-Quotenregelung wichtig. Orbán: „Jetzt, wo der offizielle Vorschlag von Brüssel vorliegt, stehen wir unter enormem Druck. (…) Wenn es uns nicht gelingt, Brüssel mit einem Referendum zu stoppen, (…) dann werden uns Massen von Menschen, mit denen wir nicht zusammenleben wollen, de facto aufgezwungen werden“. (mü)

dimanche, 17 avril 2016

Le MAI 1968 dont les médias n’ont pas voulu parler

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Le MAI 1968 dont les médias n’ont pas voulu parler

Ex: http://zejournal.mobi

Soyons sérieux : le véritable anar, en mai 1968, ça n’était pas Cohn-Bendit, c’était le général de Gaulle. Il était seul, entouré d’ennemis. A 78 ans, ce vieil anticonformiste a livré ses dernières batailles, tiré ses dernières cartouches. C’était Roland à Ronceveau ! Dien bien phu !…

« La seule chose que les Américains ne lui ont jamais pardonné, m’a dit Pierre Messmer peu avant sa mort, ça n’est pas sa sortie de la défense intégrée de l’OTAN (où Sarkozy veut nous faire réentrer), ni son fameux discours de Pnom-Penh dénonçant la guerre au Vietnam, mais c’est sa remise en cause du « privilège exorbitant du dollar ». Monnaie de réserve mondiale, encore liée à l’or à l’époque, du moins symboliquement, le dollar permettait aux USA de vivre à crédit sur le dos du monde en faisant marcher à tour de bras la planche à billets (ça continue aujourd’hui en mille fois pire !)…

De Gaulle, Che Guevara de la finance (et autrement dangereux qu’un Che Guevara puisqu’il dirigeait une nation puissante munie de l’arme atomique) a envoyé la marine nationale aux Etats-unis, acte hautement symbolique, pour remporter « son or » en échange de billets verts, monnaie de singe dont il ne voulait plus. Là, il visait juste, il visait où ça fait mal. Et il a essayé d’entrainer avec lui, dans cette aventure (se débarrasser des dollars-papier), l’Afrique du sud, les pays arabes, la Russie, la Chine… Les stocks d’or US fondaient.

La presse d’outre-atlantique poussait des hauts cris, dénonçant « Gaullefinger » ! Par ailleurs, il tentait de construire une Europe « indépendante des deux blocs » qui inclurait des pays de l’est (en plein mai 68, il rendait visite en ce sens en Roumanie à Ceaucescu). Dans le même esprit il avait élaboré une défense « tous azimuts », ses missiles nucléaires devant être tournés vers l’est mais aussi vers l’ouest (le général Ailleret, metteur en œuvre de cette politique, mourrait opportunément dans un accident d’avion en mars 68, à la veille du fameux mois de mai).

Qui sait, disait de Gaulle pour justifier cette politique, qui gouvernera les Etats-unis et la Russie dans quelques décennies. En sus des Américains, de Gaulle avait à dos leurs suiveurs atlantistes, de Mitterrand à Lecanuet, sans compter Jean-Jacques Servan-Schreiber qui, en plein mois de mai, dénonçait « la dictature intellectuelle du Général qui avait tout gelé en France ». Et cela dans un magazine américain : « Life » qui par ailleurs voyait dans l’Elysée un nid d’espions du KGB. Aux USA une campagne de presse antigaulliste d’une violence et d’un bêtise inouïes battait son plein…

Participaient encore à cette curée, le banc et l’arrière banc du vichysme et de l’OAS : « mai » c’était l’occasion de régler son compte à l’homme de la France libre et au décolonisateur de l’Algérie. Sans compter les milieux d’affaire : « De Gaulle a pour opposants les mêmes gens, haute finance et classe moyenne, qui firent tomber le gouvernement Blum dans les années trente en spéculant contre le franc et en plaçant leur argent à l’étranger (écrit Hannah Arendt dans une lettre à Mary Mc Carty fin 68). Le tout non pas en réaction aux émeutes étudiantes, mais aux idées grandioses de de Gaulle sur la PARTICIPATION des travailleurs dans les entreprises »…

Autre crime impardonnable du vieux baroudeur en effet. Tandis que les pavés volaient, les stocks d’or français s’envolaient. La guerre contre le dollar, ourdie par de Gaulle se retournait en offensive spéculative contre le franc… Le paradoxe du gauchisme, __et sa vérité farcesque__ c’est que prétendant abattre la société bourgeoise, il avait derrière lui tous les notables, tous les nantis qui rêvaient d’abattre la statue du Commandeur gaullien (car la France est le seul pays où le mouvement mondial de mai a pris un tour directement politique: renverser un gouvernement).

Des « situationnistes » m’ont raconté que, lors de l’occupation de la Sorbonne, des gens « louches », manifestement de l’OAS, leur avaient proposé des armes. Au cours d’une manif, un ancien mao se rappelle que, pris dans la foule, au premier rang, des mains invisibles, par derrière, distribuaient par centaines barres de fer et manches de pioches. Provocateurs ? Qui avait intérêt à mettre de l’huile sur le feu ?

Ce dont le sympathique et, dans une certaine mesure, naïf Cohn-Bendit ne se vante pas, c’est que depuis mars 68, il était suivi pas à pas par Paris-Match et RTL, entre autres, qui l’ont transformé en « star révolutionnaire ». Reportage-photos sur Cohn-Bendit dans sa cuisine, se préparant un café; ou faisant joujou avec les enfants de son frère; ou bien, comble de l’ironie, cliché en double-page le montrant en blouson, portant une valise de « bolchevique errant », devant la porte de Brandebourg, avec en légende : « ET MAINTENANT IL PART PRECHER L’ANARCHIE DANS TOUTE L’EUROPE ». Cela, je le dis bien, dans Match, feuille de choux « gauchiste » s’il en est !!!

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C’est dans la voiture de Match, une ID 19, que Cohn-Bendit a quitté la France au milieu de mai 68, c’est dans la voiture de Match qu’il y est entré à nouveau: ses cheveux roux teints en noir. De la commedia dell’arte ! A qui appartenait Match à l’époque (et en partie RTL): à Jean Prouvost qui, en sa personne, résume un bonne part de tout ce que de Gaulle comptait d’ennemis: le notable, le nanti, le grand industriel, le sympathisant vichyste (frappé d’indignité nationale en 45). Prouvost figure comme rédacteur en chef de Match, début juin 68, ayant purgé son équipe: grand-patron-journaliste et supervisant donc directement le contenu du journal !… Non sans ironique finesse politique, Cohn-Bendit lançait, en plein 68: « En fait on roule pour Mitterrand ». Pour l’atlantisme ? Les manipes, il les a senties lui aussi.

En juin 68 Cohn-Bendit déclare à Hervé Bourges: « Il semble que la CIA se soit intéressée à nous ces derniers temps: certains journaux et associations américaines, filiales et intermédiaires de la CIA, nous ont proposé des sommes importantes; inutile de vous dire l’accueil que nous leur avons fait… »(1). Les sentiments de la CIA à l’égard de de Gaulle, nous les connaissons grâce à un rapport de Richard Helms au président Johnson du 30 mai 1968 dénonçant dans le général un dictateur qui ne pourra se maintenir au pouvoir qu’en versant des fleuves de sang (2).

Les gaullistes, me direz-vous, ont gagné les législatives de juin 1968. Certes. Mais de Gaulle les a perdues. Il a perdu sa guerre: « Notre monnaie était profondément atteinte, écrirait Georges Pompidou. Nos réserves avaient fondu comme neige au soleil…La France du général de Gaulle était ramenée à ses vraies dimensions et on ne s’en réjouissait pas moins. Finie la guerre au dollar. Finies les leçons données aux grands de ce monde. Fini notre leadership en Europe occidentale. Telle était la réaction mondiale et, si je ne le montrais guère, j’éprouvais de tout cela une immense tristesse »(3). Mai 68 ça n’est pas que cela sans doute. Mais c’est AUSSI cela…

Notes:

1-Farkas, Jean Pierre: 1968, le Pavé,Phonurgia nova éditions,1998.

2-Jauvert, Vincent: L’Amérique contre de gaulle, Seuil, 2000.

3- Pompidou, Georges: Pour rétablir une vérité, Plon 1982.

Photo: Charles de Gaulle et Nicolae Ceausescu en Roumanie


- Source : Comité Valmy

La Macédoine convoitée par les Américains

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La Macédoine convoitée par les Américains

Ex: http://www.katehon.com

Le 24 courant auront lieu des élections législatives anticipées en Macédoine, décidées après la démission du Premier ministre, Nikola Grouevski, à l'issue d'une cabale organisée contre lui par des mouvements stipendiés par les services américains, tels que les Fondations Georges Soros qui fleurissent dans les pays de l'est de l'Europe.

Dépourvue certes d'accès à la mer, la Macédoine occupe néanmoins une place stratégique importante au cœur des Balkans, attirant la convoitise des Américains. Elle est entourée par la Grèce, la Bulgarie, la Serbie, l'Albanie et le Kosovo. Durant son histoire, illustre depuis Alexandre le Grand, elle a subi des mutations territoriales, des mouvements migratoires à l'instar de la vague de migration actuelle qui frappe le continent européen, enrichissant sa culture mais compliquant la compréhension des enjeux politiques aussi bien de ce pays que de cette région de l'Europe. Cette complexité et cette mosaïque s'illustrent par le nom qu'elle a offert à des plats composés de mélanges de légumes ou de fruits, à l'instar de la « balkanisation », une terminologie qui fait référence au processus de fragmentation des Etats et des régions en entités plus petites, hostiles les unes envers les autres.

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En effet, la Macédoine contemporaine s'est tissée au cours des guerres des Balkans, entre le XIXème et le XXème siècle, comme le décrit bien le journaliste et essayiste, Milenko Nedelkovski : d'abord, lors des soulèvements contre les Ottomans dont le plus célèbre est celui du 2 août 1903, le jour de la Saint Elie, ensuite son passage à une autonomie limitée sous la Fédération de Yousolavie, en 1944, avant d'accéder à l'indépendance en 1991, à l'issue de la chute de l'ex-Union soviétique et la dislocation de la Fédération yougoslave.

Mais cette indépendance n'est pas dépourvue de difficultés qu'elle rencontre avec ses voisins. La Grèce lui conteste son nom, craignant une sécession d'une partie du nord de son territoire, à l'instar du pays Basque partagé entre la France et l'Espagne.

Dans une moindre mesure, la Serbie et le Bulgarie sont méfiants de leur voisin et maintiennent avec lui des relations distantes. L'essor économique de la Macédoine, pays limitrophe de la Bulgarie et de la Grèce, membres de l'Union européenne qui endurent des difficultés, augmente cette crainte.

Par ailleurs, les rapports entre la Macédoine avec l'Albanie sont difficiles en raison d'un conflit opposant les Macédoniens d'origine albanaise, de confession musulmane, aux Macédoniens chrétiens de rite orthodoxe. Ce conflit a éclaté en 2001, menaçant ce pays d'une sécession au profit du Kosovo, ce qui explique aussi ses relations actuellement tendues avec cette province.

Cet imbroglio est un terrain d'expérimentation favorable aux projets visant la création du chaos non seulement dans les Balkans mais dans l'ensemble des pays de l'Est de l'Europe allant jusqu'aux frontières de la Russie.

Les Américains, présents dans la région comme ils le sont dans le Caucase, alimentent ces divisions et ces conflits par le biais du « soft power », notamment à travers les Fondations précitées de George Soros.

L'ambassade américaine de Skopje est une véritable forteresse, un bâtiment impressionnant s'étendant sur plusieurs hectares avec une technologie sophistiquée, pour dissuader et exercer une hégémonie sur cette région. Les Macédoniens semblent excédés par ces intrigues et soutiennent massivement leur Premier Ministre sortant, Nicolas Gruevski, candidat du parti patriote (VMRO-DPME) à ces élections qui, nous l'espérons, confirmeront l'indépendance de ce pays.

 

La Russia e le relazioni con le repubbliche del Caucaso meridionale

di Emanuele Cassano * 

Ex: http://www.notiziegeopolitiche.net

Se attualmente il Caucaso viene considerato l’estrema propaggine sud-orientale dell’Europa, questo si deve principalmente al fatto che negli ultimi due secoli di storia la regione ha vissuto quasi ininterrottamente sotto il dominio russo. Fu proprio l’Impero zarista ad avviare a partire dalla metà del XIX secolo il processo di occidentalizzazione di una regione che fino a quel momento veniva comunemente considerata storicamente e culturalmente parte del Medio Oriente, essendo rientrata per secoli nelle sfere d’influenza di imperi come quello ottomano e quello persiano, che hanno fatto del Caucaso una terra di conquista.


Verso l’inizio del XIX secolo, consolidate le recenti acquisizioni territoriali (territori di Rostov, Astrakhan e Krasnodar), e approfittando della contemporanea crisi che stava colpendo le due principali potenze regionali, ovvero i già citati imperi ottomano e persiano, l’Impero russo decise di provare a espandere ulteriormente i propri confini verso sud, nella regione del Caucaso, dove già aveva creato qualche avamposto militare. Il primo paese ad essere annesso all’Impero fu la Georgia, che già dal 1783 era diventata un protettorato russo. Invocato dal sovrano locale, nel 1801 lo zar Alessandro I entrò a Tbilisi con l’esercito, ponendo fine a una violenta guerra civile e incorporando il Regno di Kartli-Kakheti (Georgia centro-orientale) all’Impero russo. Nel 1810 i russi annetterono anche il Regno di Imereti (Georgia centro-occidentale), completando la conquista del paese. Nel frattempo l’Impero russo aveva intrapreso l’ennesima guerra contro i persiani (1804) per alcune dispute territoriali riguardanti proprio l’annessione della Georgia, uscendone qualche anno dopo vincitore. A porre fine al conflitto fu il Trattato di Gulistan, stipulato nel 1813, che obbligò l’Impero persiano a riconoscere il dominio russo sulla Georgia e a cedere allo zar il Dagestan, buona parte dell’Azerbaigian e parte dell’Armenia settentrionale.

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Nel 1817 le truppe zariste guidate da Aleksey Yermolov diedero il via alla conquista del Caucaso settentrionale, abitato principalmente da popoli montanari che però riuscirono a opporre una tenace resistenza all’invasione russa. Nel 1826 scoppiò l’ultima delle guerre russo-persiane, che terminò due anni dopo con il Trattato di Turkmenchay, in seguito al quale l’Impero russo acquisì i khanati di Erivan, Nakhcivan e Talysh, oltre alla provincia di Iğdır; mentre un anno dopo i russi ebbero la meglio anche sugli ottomani, che dovettero cedere i porti di Anapa e Poti e parte della Georgia meridionale. Dopo quasi mezzo secolo di dure battaglie, i russi riuscirono infine a piegare anche la tenace resistenza dei montanari del Caucaso settentrionale, sconfiggendo prima gli uomini dell’Imam Shamil nel 1859 e poi spezzando definitivamente nel 1864 la resistenza dei circassi, arrivando a conquistare l’intera regione. Le ultime acquisizioni territoriali nel Caucaso avvennero in seguito alla Guerra russo-turca del 1877-78, quando gli ottomani dovettero cedere allo zar l’Agiara e la provincia di Kars.


In seguito alla Rivoluzione russa del 1917, che segnò la fine dell’Impero zarista, i popoli del Caucaso vissero un breve quanto effimero periodo di indipendenza, segnato da numerose guerre interetniche. Tra il 1919 e il 1921 l’Armata Rossa riuscì a riconquistare la regione, che entrò in seguito a far parte dell’Unione Sovietica. Il Caucaso settentrionale venne inglobato all’interno della RSS Russa, mentre in quello meridionale, dopo la breve esperienza della RSFS Transcaucasica, vennero create le RSS di Georgia, Armenia e Azerbaigian. Il dominio russo nel Caucaso meridionale durò per altri settant’anni, fino a quando nel 1991, in seguito al collasso dell’Unione Sovietica, le tre repubbliche non proclamarono la propria indipendenza.


Nonostante siano passati ormai 25 anni dalla dissoluzione dell’URSS, per una serie di fattori storici, politici e culturali Mosca continua a esercitare tutt’ora una forte influenza nel Caucaso meridionale, che rappresenta una regione chiave sotto molti punti di vista, verso la quale la Russia nutre ancora grandi interessi economici e geostrategici. Per queste ragioni anche dopo l’esperienza sovietica Mosca ha sempre cercato di mantenere i paesi del Caucaso all’interno della propria sfera d’influenza, usando la diplomazia,cercando di stringere negli anni accordi mirati a rafforzare la cooperazione reciproca, ed esercitando quando necessario il proprio potere coercitivo, garantitole dal ruolo di principale potenza regionale.

Il difficile rapporto con la Georgia.


In seguito alla decisione del governo di Tbilisi di rompere ogni relazione in seguito alla Seconda Guerra in Ossezia del Sud del 2008, Mosca continua a non avere alcun rapporto diplomatico ufficiale con la Georgia. Nonostante l’assenza di relazioni ufficiali, parte delle forti tensioni accumulatesi in seguito alla guerra sono state comunque stemperate negli ultimi anni, soprattutto in seguito alla salita al potere del partito del Sogno Georgiano dopo le elezioni parlamentari del 2012. L’ascesa del Sogno Georgiano, guidato dal miliardario Bidzina Ivanishvili, l’uomo più ricco del paese, ha di fatto posto fine agli anni di governo di Saakashvili, da sempre ostile nei confronti del Cremlino, e del suo Movimento Nazionale Unito, che l’anno successivo ha poi perso anche le elezioni presidenziali. La débâcle degli uomini di Saakashvili ha fatto credere a molti analisti politici in un possibile cambio di rotta di Tbilisi in politica estera e ad un conseguente riavvicinamento alla Russia; tale riavvicinamento non si è però mai concretizzato, a causa delle inconciliabili posizioni che hanno impedito finora lo sviluppo di un dialogo costruttivo tra Mosca e Tbilisi.

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Il principale motivo di scontro tra i due paesi è la questione delle repubbliche separatiste di Abkhazia e Ossezia del Sud, il cui status è tuttora disputato. Tbilisi considera le due regioni parte integrante del proprio territorio, continuando a denunciare l’occupazione da parte delle milizie locali e dell’esercito russo; il Cremlino invece, in seguito al confitto del 2008 ne ha riconosciuto l’indipendenza, stringendo nel tempo rapporti sempre più stretti con i due governi locali. Come affermato recentemente dai vertici del governo georgiano, Tbilisi non ha intenzione di ripristinare i rapporti con Mosca né ora né in un prossimo futuro, almeno finché la situazione non cambierà. Il governo georgiano si aspetta infatti che la Russia faccia un passo indietro, ritrattando il riconoscimento delle due repubbliche o perlomeno ritirando le proprie truppe dalle regioni occupate; dal canto suo Mosca, principale alleato di Sukhumi e Tskhinvali, non sembra essere disposta a prendere in considerazione le richieste di Tbilisi.


La rottura dei rapporti diplomatici con Mosca ha finito per influire fortemente anche sull’economia georgiana, considerando che fino al 2006 la Russia è stata uno dei più importanti partner commerciali di Tbilisi. Il primo segno di rottura è avvenuto proprio in quell’anno, con l’embargo economico imposto da Mosca nei confronti dei vini georgiani per presunte violazioni delle norme sanitarie. La situazione è poi nettamente peggiorata in seguito al conflitto russo-georgiano, quando Mosca ha deciso di aumentare sensibilmente il prezzo del gas destinato alla Georgia, paese che non dispone di materie prime, la quale per pronta risposta ha iniziato a importare in misura sempre maggiore dall’Azerbaigian (attualmente Tbilisi importa il 90% del gas naturale da Baku, mentre solo il restante 10% proviene dalla Russia, diretto in Armenia). Recentemente, dopo che la domanda di gas nel paese è aumentata, il governo di Tbilisi ha provato a intavolare una trattativa con Gazprom per aumentare la quantità di gas russo commercializzabile nel mercato georgiano, per fare concorrenza all’Azerbaigian e ottenere prezzi più competitivi; la decisione di trattare con la compagnia russa è stata però fortemente contestata dall’opposizione, che è scesa in piazza per protestare contro la trattativa, costringendo il governo a prendere accordi per un aumento di fornitura con la compagnia azera SOCAR.


A fine anno in Georgia si terranno le elezioni parlamentari, con il Sogno Georgiano arrivato al termine del proprio mandato con Giorgi Kvirikashvili come primo ministro, dopo la parentesi di Garibashvili, che proverà a riconfermarsi alla guida del paese nonostante il crescente calo di consensi, difendendosi ancora una volta dall’assalto del Movimento Nazionale Unito dell’ex presidente Saakashvili, ora guidato dal suo delfino Davit Bakradze. L’esito di queste elezioni potrebbe avere un importante impatto nel bene o nel male sulle future relazioni tra Mosca e Tbilisi.

La cooperazione con Abkhazia e Ossezia del Sud.


Un discorso a parte meritano Abkhazia e Ossezia del Sud, territori che la Russia riconosce ufficialmente come repubbliche indipendenti. In seguito al riconoscimento Mosca ha intensificato i rapporti diplomatici e commerciali con Sukhumi e Tskhinvali, assumendosi inoltre l’incarico di difenderei loro confini, nonché ponendosi come principale garante del loro status quo. Negli anni immediatamente successivi al conflitto con la Georgia, per cercare di far ripartire il settore economico dei due paesi Mosca ha provveduto a elargire una serie di importanti finanziamenti ai due governi, mentre per cercare di aggirare il loro isolamento politico (oltre alla Russia l’Abkhazia e l’Ossezia del Sud sono riconosciute solo da Nicaragua, Venezuela e Nauru) ha provveduto a distribuire passaporti russi ai cittadini abkhazi e sud-osseti, permettendogli di spostarsi agevolmente all’interno della Federazione Russa e di viaggiare all’estero.


Nel 2014 la Russia ha stretto con l’Abkhazia un importante accordo di cooperazione che ha ulteriormente rafforzato i legami economici tra i due paesi, all’interno del quale è stato definito un prestito di circa 5 miliardi di rubli (più o meno 65 milioni di euro); parte dello stesso accordo è stata anche la creazione di uno spazio comune di difesa e sicurezza, con la decisione di Mosca di aumentare la militarizzazione del confine abkhazo-georgiano. L’anno successivo la Russia ha firmato un secondo accordo “sull’alleanza e l’integrazione” con l’Ossezia del Sud, attraverso il quale Mosca ha deciso di attuare un’unione doganale tra i due paesi per venire incontro alla precaria economia osseta, togliendo inoltre i controlli alla frontiera per rendere più agevole il transito delle persone. L’accordo ha riguardato anche la sicurezza, con la decisione di accorpare le milizie sud-ossete alle forze armate russe e agli altri corpi di sicurezza che presidiano la regione, andando a formare un vero e proprio esercito unico.

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Questi ultimi accordi hanno portato le due repubbliche caucasiche a raggiungere un elevato grado d’integrazione con Mosca, spingendo diversi analisti politici a ipotizzare soprattutto nel caso dell’Ossezia del Sud una possibile futura annessione alla Russia; ipotesi rafforzata dalle parole del presidente sud-osseto Leonid Tibilov, che lo scorso ottobre ha fatto capire che il suo paese sarebbe pronto a votare l’unione alla Russia, definita come “il sogno di tante generazioni di osseti”. Finora questa ipotesi è stata però sempre smentita da Mosca, la quale è conscia del problematico impatto che una mossa di questo tipo avrebbe sulla comunità internazionale e sui rapporti con la Georgia.

L’alleanza con l’Armenia in chiave euroasiatica e la questione del Nagorno-Karabakh.


Intrappolata in una morsa formata da due paesi ostili come la Turchia a ovest e l’Azerbaigian a est, fin dal momento della sua indipendenza l’Armenia ha sempre cercato di intrattenere buoni rapporti con la Russia, unico alleato affidabile nella regione in grado di proteggere Yerevan dai bellicosi vicini ed evitarle l’isolamento politico. Nonostante questo, l’Armenia ha mantenuto per anni una posizione piuttosto ambigua in politica estera, legandosi in modo sempre più stretto a Mosca ma cercando di seguire contemporaneamente la strada dell’integrazione europea.


Dopo diverse indecisioni, nel 2013 il governo di Yerevan ha finalmente scelto il percorso da intraprendere, annunciando di volere aderire all’Unione Doganale Euroasiatica, interrompendo così il processo di integrazione europea a soli due mesi dal vertice del Partenariato Orientale tenutosi quell’anno a Vilnius, in cui l’Armenia avrebbe dovuto firmare l’Accordo di associazione con l’Unione Europea. L’anno successivo il paese è entrato ufficialmente all’interno della neonata Unione Economica Euroasiatica, aggiungendosi a Russia, Bielorussia e Kazakistan.

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Il recente ingresso dell’Armenia nell’Unione Euroasiatica ha contribuito a rafforzare ulteriormente i già solidi rapporti con Mosca, che rappresenta attualmente il primo partner commerciale di Yerevan sia per quanto riguarda le importazioni che le esportazioni. Negli ultimi anni la Russia ha inoltre concesso una serie di sostanziosi finanziamenti mirati a rilanciare l’economia dell’Armenia, che in cambio ha garantito a Mosca l’esclusiva in diversi settori economici tra cui alcuni di fondamentale importanza come quello dell’approvvigionamento energetico. La maggior parte del gas e del petrolio consumato nel paese caucasico viene infatti importata da Mosca, che al momento vanta il diritto esclusivo a utilizzare tutte le infrastrutture energetiche presenti nel paese, compreso il gasdotto che collega Yerevan a Teheran, rilevato lo scorso anno da Gazprom attraverso la filiale armena Armrosgazprom. In mano a una compagnia russa è anche il settore dell’energia elettrica, che viene gestito dalla Inter RAO.


Tra la Russia e l’Armenia si registra una grande cooperazione anche nel settore della sicurezza. Considerato il progressivo riarmo azero, nonché l’aumento dell’instabilità nella regione del Nagorno-Karabakh, recentemente teatro di violenti scontri, nell’ultimo periodo Mosca ha concesso a Yerevan una serie di prestiti mirati a finanziare l’acquisto di armamenti di produzione russa, intensificando inoltre le esercitazioni congiunte con l’esercito armeno. In cambio del supporto militare l’Armenia ha concesso alla Russia di mantenere attiva la 102ª Base Militare di Gyumri, nel nord-ovest del paese, così come la 3624ª Base Aerea di Erebuni, situata alle porte di Yerevan. Recentemente l’Armenia ha inoltre firmato con Mosca un accordo che prevede la creazione di un sistema regionale comune di difesa aerea, che assicurerà lo scambio di informazioni tra i due paesi su tutto lo spazio aereo del Caucaso, e aiuterà lo sviluppo dei sistemi missilistici di difesa aerea e dei sistemi radar armeni.


La Russia gioca inoltre un ruolo di primo piano nel processo di pacificazione del Nagorno-Karabakh, territorio conteso tra Armenia e Azerbaigian che fu teatro nella prima metà degli anni Novanta di un sanguinoso conflitto armato, terminato nel 1994 in seguito a un cessate il fuoco negoziato proprio dal Cremlino. Il fatto che in oltre vent’anni i governi di Armenia e Azerbaigian non siano mai riusciti ad avviare un dialogo costruttivo, aspettando che qualche organizzazione o paese terzo risolvesse la questione per conto loro, ha così finito per conferire gradualmente alla Russia un ruolo di fondamentale importanza nel processo di risoluzione del conflitto.


Attualmente Mosca insieme a Francia e Stati Uniti siede alla presidenza del Gruppo di Minsk, struttura creata nel 1992 dall’OSCE (all’epoca CSCE) per cercare di risolvere la questione del Nagorno-Karabakh attraverso vie diplomatiche, la quale finora non è però riuscita a conseguire risultati importanti. Ma il ruolo di primo piano di Mosca va oltre i negoziati portati avanti dal Gruppo di Minsk; in seguito alle reciproche provocazioni e ai conseguenti incidenti che si sono verificati negli ultimi anni lungo la linea di confine armeno-azera, il Cremlino, quale principale potenza regionale,è sempre stato pronto a prendere in mano la situazione, finendo quindi per essere legittimato dalle due parti nel ruolo di principale mediatore del conflitto.

Mosca e l’Azerbaigian, amici in conflitto d’interessi.


Il rapporto che l’Azerbaigian ha intrattenuto con la partire dalla fine dell’epoca sovietica si può definire ambivalente: da un lato Baku ha sempre cercato di mantenere rapporti amichevoli con Mosca, a cui è in parte ancora legata dal recente passato e poiché consapevole dell’importante peso del Cremlino in chiave regionale; dall’altro il paese caucasico ha sviluppato negli anni una politica di progressivo allontanamento dalla Russia, per avvicinarsi invece alla Turchia e ai paesi occidentali, specialmente europei, con i quali intrattiene importanti rapporti economici. Considerati quindi i legami che uniscono Baku a Mosca e i rapporti commerciali che allo stesso tempo la avvicinano all’Europa, i vertici del paese caucasico negli ultimi anni hanno preferito promuovere una linea neutrale in politica estera, decidendo di non schierarsi apertamente né con l’una né con l’altra parte. La posizione di neutralità assunta dall’Azerbaigian è stata confermata dalla decisione di aderire nel 2011 al Movimento dei paesi non allineati, unico caso tra le repubbliche del Caucaso.

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In ambito economico i rapporti tra Russia e Azerbaigian sono segnati dal conflitto d’interessi nel settore energetico causato dal tentativo dei paesi dell’Unione Europea di diversificare il proprio approvvigionamento cercando fornitori alternativi a Mosca, e dal fatto che Bruxelles abbia individuato proprio in Baku il partner ideale per la realizzazione di questo progetto. Nel 2006, con la realizzazione dell’oleodotto Baku-Tbilisi-Ceyhan, l’Azerbaigian è riuscito a fare arrivare il proprio petrolio fino al bacino del Mediterraneo e quindi ai mercati europei, aggirando per la prima volta la Russia. Inoltre, a partire dal 2007, in seguito all’inizio dello sfruttamento del grande giacimento off-shore di Shah Deniz, il più grande giacimento di gas naturale del paese, l’Azerbaigian ha deciso di interrompere le forniture di gas russo, rivelatesi ormai non più necessarie, diventando a sua volta uno dei più importanti produttori regionali. Con la definitiva rinuncia da parte della Russia al progetto South Stream, che avrebbe dovuto trasportare il gas russo in Europa attraverso il Mar Nero e i Balcani, l’Azerbaigian ha colto l’opportunità di prendere parte alla creazione un proprio Corridoio Meridionale del Gas, progetto reso possibile dall’inizio dei lavori di realizzazione dei gasdotti TANAP e TAP, che trasporteranno il gas azero fino in Italia. Nonostante il conflitto d’interessi nel settore energetico, negli ultimi anni Mosca e Baku hanno comunque firmato diversi accordi commerciali che hanno portato a un continuo aumento degli scambi economici tra i due paesi.


Tra i settori chiave in cui i due paesi collaborano maggiormente vi è sicuramente quello della sicurezza. Baku negli ultimi anni ha incrementato esponenzialmente le proprie spese militari, stringendo importanti accordi con Mosca ma anche con Israele per l’acquisto di nuovi armamenti mirati ad ammodernare il proprio esercito e per l’organizzazione di esercitazioni militari congiunte. Nel 2012 la Russia è stata comunque costretta a rinunciare alla propria presenza militare nel paese caucasico, con la chiusura della stazione radio di Qabala in seguito al mancato accordo per il rinnovo del contratto d’affitto dell’impianto. Nonostante i due paesi abbiano sempre collaborato nel settore della sicurezza, vi sono anche punti su cui essi si trovano in disaccordo. Su tutti vi è la questione del Nagorno-Karabakh, del cui processo di pacificazione la Russia svolge un ruolo chiave. Secondo il governo dell’Azerbaigian infatti, il Gruppo di Minsk, co-presieduto da Mosca, sarebbe troppo sbilanciato su posizioni filo-armene; inoltre a Baku non viene visto di buon occhio il consistente supporto militare che la Russia fornisce all’Armenia, con l’obiettivo di far fronte proprio al riarmo azero, così come continua a creare tensioni il progressivo avvicinamento di Yerevan a Mosca, culminato con l’ingresso dell’Armenia all’interno dell’Unione Economica Euroasiatica.

* Emanuele Cassano. Studente di Scienze Internazionali con specializzazione in Studi Europei presso l’Università degli Studi di Torino, si occupa dell’area del Caucaso, sia dal punto di vista politico che da quello storico e culturale. Dal 2012 è redattore di East Journal, mentre dal 2014 è coordinatore di redazione della rivista Most, quadrimestrale di politica internazionale.

vendredi, 15 avril 2016

Les Européens en ont assez de l’interventionnisme américain

Les Européens en ont assez de l’interventionnisme américain

Auteur : Ron Paul
Ex: http://www.zejournal.mobi

uncle-sam_super.jpgLe Premier ministre ukrainien, M. Yatsenyuk, a démissionné dimanche, quatre jours seulement après que les Hollandais ont voté contre l’entrée de l’Ukraine dans l’Union Européenne. Ces deux évènements indiquent clairement que le coup organisé par les Etats-Unis en Ukraine n’a pas offert au pays la liberté et la démocratie promises. Ils suggèrent également un profond mécontentement des Européens face à l’interventionnisme de Washington.

Selon les gouvernements des États-Unis et de l’Union Européenne – chose qu’ont beaucoup répété les médias grand public – le peuple ukrainien s’est soulevé de sa propre volonté en 2014 pour se débarrasser d’un gouvernement corrompu et allié de Moscou, pour venir rejoindre le camp pro-occidental. Selon ces gens, le personnel du gouvernement américain qui a distribué des cookies et est entré en scène à Kiev pour pousser le peuple à renverser leur gouvernement n’a rien eu à voir avec ce coup.

Quand la Vice-secrétaire d’Etat américaine, Victoria Nuland, a été filmée se vantant des 5 milliards de dollars dépensés par le gouvernement des Etats-Unis pour « promouvoir la démocratie » en Ukraine, elle ne voulait absolument pas dire que les Etats-Unis avaient eu quoi que ce soit à voir avec la chute du gouvernement d’Ianoukovitch. Quand elle a été filmée en train de dire à l’ambassadeur américain à Kiev que le Premier ministre Yatsenyuk était le choix des Etats-Unis, elle n’a absolument pas sous-entendu que les Etats-Unis avaient interféré avec les affaires internes de l’Ukraine. Les néo-conservateurs considèrent encore les rumeurs d’une implication des Etats-Unis comme une « théorie de la conspiration ».

Je ne doute pas que l’ancien gouvernement était corrompu. La corruption est l’apanage des gouvernements. Mais selon Transparency International, la corruption du gouvernement ukrainien est aujourd’hui similaire à ce qu’elle était avant le coup. L’intervention américaine a donc échoué à régler le problème, et le gouvernement installé par les Etats-Unis tombe aujourd’hui en ruines. Le chaos que traverse l’Ukraine peut-il être qualifié de nouvelle réussite de Washington ?

Mais venons-en au vote hollandais. Le rejet du projet de l’Union Européenne d’accueillir l’Ukraine parmi ses rangs démontre le niveau de frustration et de colère en Europe face à l’interventionnisme de Washington dans les affaires politiques de la région aux dépends de la sécurité et de la prospérité des Européens. Les autres pays membres de l’Union Européenne n’ont même pas osé organiser un référendum sur la question.

Bruxelles soutient l’intervention des Etats-Unis au Proche-Orient, et des centaines de milliers de réfugiés qui cherchent à échapper aux bombardements accablent aujourd’hui l’Europe. Les gens doivent payer toujours plus de taxes pour venir en aide aux victimes des politiques de Washington.

Bruxelles défend les projets de changement de régime en Ukraine, et les citoyens européens entendent dire qu’ils devront porter le fardeau de la transformation d’une cause désespérée en un pays digne des standards établis par l’Europe. Combien coûterait-il à l’Europe d’adopter l’Ukraine en tant que membre ? Personne n’ose le dire. Mais les Européens en ont assez de voir leur dirigeants respecter les demandes de Washington et de se retrouver à en payer les frais.

La colère monte, et il est impossible de savoir jusqu’où la situation pourra aller. En juin prochain, le Royaume-Uni votera sur la question d’une possible sortie de l’Union Européenne. La campagne de sortie allie des conservateurs, des populistes et des progressistes. Peu importe ce qui en ressortira, ce vote sera d’une grande importance. Les Européens en ont assez de voir leurs dirigeants de Bruxelles détruire leur sécurité financière et politique en cautionnant l’interventionnisme de Washington. Personne n’oserait appeler ces récentes interventions des réussites, et les Européens le savent.

D’une manière ou d’une autre, l’empire des Etats-Unis touche à sa fin. Reste à savoir ce qui manquera en premier: l’argent ou les alliés. Mieux vaudrait pour les Américains de demander à ce que prennent fin ces politiques le plus tôt possible.

jeudi, 14 avril 2016

Aspects pratiques des convergences eurasiennes actuelles

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Aspects pratiques des convergences eurasiennes actuelles

Conférence prononcée par Robert Steuckers pour les « Deuxièmes journées eurasistes » de Bordeaux, 5 septembre 2015

Bonjour à tous et désolé de ne pouvoir être physiquement présent parmi vous, de ne pouvoir vous parler qu’au travers de « Skype ».

 Je vais essentiellement vous présenter un travail succinct, une ébauche, car je n’ai que trois quarts d’heure à ma disposition pour brosser une fresque gigantesque, un survol rapide des mutations en cours sur la grande masse continentale eurasiatique aujourd’hui. Je ne vous apporterai ce jour qu’un squelette mais vous promets simultanément un texte bien plus étoffé, comme ce fut d’ailleurs le cas après les « journées eurasistes » d’octobre 2014 à Bruxelles. 

L’incontournable ouvrage du Professeur Beckwith

Lors de ces premières rencontres eurasistes de Bruxelles, tenues dans les locaux du vicariat à deux pas de la fameuse Place Flagey, je me suis concentré sur les grandes lignes à retenir de l’histoire des convergences eurasiatiques, en tablant principalement sur l’ouvrage incontournable, fouillé, du Professeur Christopher I. Beckwith de l’Université de Princeton. Pour le Prof. Beckwith, la marque originelle de toute pensée impériale eurasienne vient de la figure du Prince indo-européen, ou plutôt indo-iranien, qui émerge à la proto-histoire, un Prince qui a tout le charisme et l’exemplarité nécessaires, toutes les vertus voulues, pour entraîner derrière lui une « suite » de fidèles, un « comitatus », comme l’attestent d’ailleurs la figure mythologique du Rama védique et celle de Zarathoustra, fondant ainsi une période axiale, selon la terminologie philosophique forgée par Karl Jaspers et reprise par Karen Armstrong. Le Prince charismatique et son « comitatus » injectent les principes fondamentaux de toute organisation tribale (essentiellement, au départ, de peuples cavaliers) et, par suite, de tout organisation territoriale et impériale, ainsi que le montre le premier empire de facture indo-européenne sur le Grand Continent eurasiatique, l’Empire perse. Ce modèle est ensuite repris par les peuples turco-mongols. Cette translatio au profit des peuples turco-mongols ne doit pas nous faire oublier, ici en Europe, le « droit d’aînesse » des peuples proto-iraniens. 

J’espère pouvoir aborder la dimension religieuse des convergences eurasiatiques lors de futures rencontres eurasistes, en tablant sur des œuvres fondamentales mais largement ignorées dans nos contextes de « grand oubli », de « grand effacement », car nous savons, depuis les travaux de feue Elisabeth Noelle-Neumann que le système dominant procède par omission de thématiques dérangeantes pour n’imposer que du prêt-à-penser, pour ancrer l’oubli dans les masses déboussolées. Parmi ces œuvres à ré-explorer, il y a celle de l’explorateur et anthropologue italien Giuseppe Tucci, dont Payot avait jadis publié l’immense travail sur les religiosités d’Asie centrale, sur les syncrétismes du cœur de l’Asie. Ceux-ci ont émergé sur un socle shamaniste, dont toutes les variantes du bouddhisme, surtout au Tibet, en Mongolie, dans les confins bouriates, ont gardé des éléments clefs. Le « Baron fou », Fiodor von Ungern-Sternberg, commandeur de la division de cavalerie asiatique du dernier Tsar Nicolas II, était justement fasciné par cette synthèse, étudiée à fond par Tucci. Ensuite, comme le préconise Claudio Mutti, le directeur de la revue de géopolitique italienne Eurasia, une relecture des travaux de Henry Corbin s’avère impérative : elle porte sur les traditions avestiques, sur le culte iranien de la Lumière, sur la transposition de ce culte dans le chiisme duodécimain, sur l’œuvre du mystique perse Sohrawardî, etc. Mutti voit en Corbin le théoricien d’une sagesse eurasiatique qui émergera après l’effacement des religions et confessions actuelles, en phase de ressac et de déliquescence. Le culte de la Lumière, et de la Lumière intérieure, du Xvarnah, de l’auréole charismatique, également évoquée par Beckwith, est appelé à prendre la place de religiosités qui ont lamentablement basculé dans une méchante hystérie ou dans une moraline rédhibitoire. L’avenir ne peut appartenir qu’à un retour triomphal d’une religiosité archangélique et michaëlienne, au service de la transparence lumineuse et du Bien commun en tous points de la planète. 

Aujourd’hui, cependant, je me montrerai plus prosaïque, davantage géopolitologue, en n’abordant que les innombrables aspects pratiques que prennent aujourd’hui les convergences eurasiatiques. Les initiatives sont nombreuses, en effet. Il y a la diplomatie nouvelle induite par la Russie et son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov ; il y a ensuite les initiatives chinoises, également diplomatiques avec la volonté d’injecter dans les relations internationales une manière d’agir qui ne soit pas interventionniste et respecte les institutions et les traditions des peuples autochtones, mais surtout la volonté de créer de multiples synergies en communications ferroviaires et maritimes pour relier l’Europe à la Chine. Ensuite, l’Inde, sans doute dans une moindre mesure, participe à ces synergies asiatiques. Le groupe des BRICS suggère un système bancaire international alternatif. L’ASEAN vise à annuler les inconvénients de la balkanisation de l’Asie du Sud-est, en cherchant des modes de relations acceptables et variés avec la Chine et, parfois, avec l’Inde ou la Russie. 

D’Alexandre II à Poutine

alexander22006.jpgPour le dire en quelques mots simples, la Russie actuelle cherche à retrouver la cohérence du règne d’Alexandre II, qui avait tiré les conclusions de la Guerre de Crimée lorsqu’il avait accédé au trône à 37 ans, en 1855, alors que cette guerre n’était pas encore terminée. La Russie de Poutine et de Lavrov rejette en fait les facteurs, toujours présents, toujours activables, des fragilités russes du temps de Nicolas II et de la présidence d’Eltsine, période de la fin du XXe siècle que les Russes assimilent à une nouvelle « Smuta », soit à une époque de déliquescence au début du XVIIe siècle. L’idée de « smuta », de déchéance politique totale, est une hantise des Russes et des Chinois (leur XIXe siècle, après les guerres de l’opium) : pour les Européens de l’Ouest, la « smuta » première, c’est l’époque des « rois fainéants », des mérovingiens tardifs et les historiens, dans un avenir proche, considèreront sans nul doute l’Europe des Hollande, Merkel, Juncker, etc., comme une Europe affligée d’une « smuta » dont les générations futures auront profondément honte. 

Aujourd’hui, les risques auxquels la Russie est confrontée restent les mêmes que du temps de la guerre de Crimée ou du règne de Nicolas II. Elle est en effet tenue en échec en Mer Noire malgré le retour de la Crimée à la mère-patrie : l’OTAN peut toujours faire jouer le verrou turc. Elle est menacée dans le Caucase, où elle avait soumis les peuples montagnards après des campagnes extrêmement dures, très coûteuses en hommes et en matériels. Sous Alexandre II, elle franchit la ligne Caspienne-Aral pour s’avancer en direction de l’Afghanistan : cette marche en avant vers l’Océan Indien s’avère pénible et Alexandre II prend parfaitement conscience des facteurs temps et espace qui freinent l’élan de ses troupes vers le Sud. Le temps des campagnes doit être réduit, les espaces doivent être franchis plus vite. La solution réside dans la construction de chemins de fer, d’infrastructures modernes. 

Des ONG qui jouent sur tous les registres de la russophobie

La réalisation de ces projets de grande ampleur postule une modernisation pratique et non idéologique de la société russe, avec, à la clef, une émancipation des larges strates populaires. Le nombre réduit de la classe noble ne permettant pas le recrutement optimal de cadres pour de tels projets. Dès 1873, dès l’avancée réelle des forces du Tsar vers l’Afghanistan donc potentiellement vers le sous-continent indien, clef de voûte de l’Empire britannique dans l’Océan Indien, dit l’« Océan du Milieu », commence le « Grand Jeu », soit la confrontation entre la thalassocratie britannique et la puissance continentale russe. De 1877 à 1879, la Russie prend indirectement pied dans les Balkans, en tablant sur les petites puissances orthodoxes qui viennent de s’émanciper du joug ottoman. Entre 1879 et 1881, la Russie d’Alexandre II est secouée par une vague d’attentats perpétrés par les sociaux-révolutionnaires qui finiront par assassiner le monarque. La Russie faisait face à des révolutionnaires fanatiques, sans nul doute téléguidés par la thalassocratie adverse, tout comme, aujourd’hui, la Russie de Poutine, parce qu’elle renoue en quelque sorte avec la pratique des grands projets infrastructurels inaugurée par Alexandre II, doit faire face à des ONG mal intentionnées ou à des terroristes tchétchènes ou daghestanais manipulés de l’extérieur. Alexandre III et Nicolas II prennent le relais du Tsar assassiné. Nicolas II sera également fustigé par les propagandes extérieures, campé comme un Tsar sanguinaire, modèle d’une « barbarie asiatique ». Cette propagande exploite toutes les ressources de la russophobie que l’essayiste suisse Guy Mettan vient de très bien mettre en exergue dans Russie-Occident – Une guerre de mille ans. Curieusement, la Russie de Nicolas II est décrite comme une « puissance asiatique », comme l’expression féroce et inacceptable d’une gigantomanie territoriale mongole et gengiskhanide, alors que toute la littérature russe de l’époque dépréciait toutes les formes d’asiatisme, se moquait des engouements pour le bouddhisme et posait la Chine et son mandarinat figé comme un modèle à ne pas imiter. L’eurasisme, ultérieur, postérieur à la révolution bolchevique de 1917, est partiellement une réaction à cette propagande occidentale qui tenait absolument à « asiatiser » la Russie : puisque vous nous décrivez comme des « Asiates », se sont dit quelques penseurs politiques russes, nous reprenons ce reproche à notre compte, nous le faisons nôtre, et nous élaborons une synthèse entre impérialité romano-byzantine et khanat gengiskhanide, que nous actualiserons, fusionnerons avec le système léniniste et stalinien, etc. 

Pour affaiblir l’empire de Nicolas II, en dépit de l’appui français qu’il reçoit depuis la visite d’Alexandre III à Paris dans les années 1890, l’Angleterre cherche un allié de revers et table sur une puissance émergente d’Extrême-Orient, le Japon, qui, lui, tentait alors de contrôler les côtes du continent asiatique qui lui font immédiatement face : déjà maître de Taiwan et de la Corée après avoir vaincu la Chine déclinante en 1895, le Japon devient le puissant voisin tout proche de la portion pacifique de la Sibérie désormais russe. Londres attisera le conflit qui se terminera par la défaite russe de 1904, face à un Japon qui, suite à l’ère Meiji, avait réussi son passage à la modernité industrielle. Les navires russes en partance pour le Pacifique n’avaient pas pu s’approvisionner en charbon dans les relais britanniques, au nom d’une neutralité affichée, en toute hypocrisie, mais qui ne l’était évidemment pas... 

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Le Transsibérien bouleverse la donne géostratégique

Les troupes russes au sol, elles, s’étaient déplacées beaucoup plus rapidement qu’auparavant grâce aux premiers tronçons du Transsibérien. L’état-major britannique est alarmé et se rappelle du coup de bélier des armées tsaristes contre la Chine, lorsqu’il s’était agi de dégager le quartier des légations à Pékin, lors du siège de 55 jours imposé aux étrangers, suite à la révolte des Boxers entre juin et août 1900. Le géographe Sir Halford John Mackinder énonce aussitôt les fameuses théories géopolitiques de la dialectique Terre/Mer et de la « Terre du Milieu », du « Heartland », inaccessible à la puissance de feu et à la capacité de contrôle des rimlands dont disposait à l’époque la puissance maritime anglaise. Le Transsibérien permettait à la Russie de Nicolas II de sortir des limites spatio-temporelles imposées par le gigantisme territorial, qui avait, au temps des guerres napoléoniennes, empêché Paul I de joindre ses forces à celles de Napoléon pour marcher vers les Indes. Henri Troyat explique avec grande clarté à ses lecteurs français tous ces projets dans la monographie qu’il consacre à Paul I. De même, la Russie avait perdu la Guerre de Crimée notamment parce que sa logistique lente, à cause des trop longues distances terrestres à franchir pour fantassins et cavaliers, ne lui avait pas permis d’acheminer rapidement des troupes vers le front, tandis que les navires de transport anglais et français pouvaient débarquer sans entraves des troupes venues de la métropole anglaise, de Marseille ou d’Algérie. L’élément thalassocratique avait été déterminant dans la victoire anglo-française en Crimée. 

La Russie de Nicolas II, bien présente en Asie centrale, va dès lors, dans un premier temps, payer la note que les Britanniques avaient déjà voulu faire payer à Alexandre II, le conquérant de l’Asie centrale, assassiné en 1881 par une bande de révolutionnaires radicaux, appartenant à Narodnaïa Voljia. La Russie d’Alexandre II pacifie le Caucase, le soustrayant définitivement à toute influence ottomane ou perse, donc à toute tentative anglaise d’utiliser les empires ottoman et perse pour contribuer à l’endiguement de cette Russie tsariste, conquiert l’Asie centrale et affirme sa présence en Extrême-Orient, notamment dans l’île de Sakhaline. Au même moment, les marines passent entièrement des voiles et de la vapeur (et donc du charbon) au pétrole. La Russie détient celui de Bakou en Azerbaïdjan. La possession de cette aire sud-caucasienne, la proximité entre les troupes russes et les zones pétrolifères iraniennes fait de la Russie l’ennemi potentiel le plus redoutable de l’Angleterre qui, pour conserver l’atout militaire majeur qu’est sa flotte, doit garder la mainmise absolue sur ces ressources énergétiques, en contrôler une quantité maximale sur la planète. 

L’assassinat de Stolypine

StolypinCrop.JPGComme le danger allemand devient aux yeux des Britannique plus préoccupant que le danger russe,  ­ -parce que la nouvelle puissance industrielle germanique risque de débouler dans l’Egée et en Egypte grâce à son alliance avec l’Empire ottoman moribond-  l’Empire de Nicolas II est attiré dans l’alliance franco-anglaise, dans l’Entente, à partir de 1904. Stolypine, partisan et artisan d’une modernisation de la société russe pour faire face aux nouveaux défis planétaires, aurait sans doute déconstruit progressivement et habilement le corset qu’impliquait cette alliance, au nom d’un pacifisme de bon aloi, mais il est assassiné par un fanatique social-révolutionnaire en 1911 (les spéculations sont ouvertes : qui a armé le bras de ce tueur fou ?). Stolypine, qui aurait pu, comme Jaurès, être un frein aux multiples bellicismes qui animaient la scène européenne avant la Grande Guerre, disparaît du monde politique sans avoir pu parachever son œuvre de redressement et de modernisation. La voie est libre pour les bellicistes russes qui joindront leurs efforts à ceux de France et d’Angleterre. Ce qui fait dire à quelques observateurs actuels que Poutine est en somme un Stolypine qui a réussi. 

Dès que la Russie s’ancre plus solidement dans l’Entente, la propagande hostile à Nicolas II, orchestrée depuis Londres, fait volte-face : le Tsar cesse d’un coup d’être un abominable monarque sanguinaire et devient, comme par miracle, un empereur bon, paternel, qui aime ses sujets. Staline connaîtra un destin similaire : horrible boucher sanguinaire pour ses purges des années 1930, « bon petit père des peuples » pendant la seconde guerre mondiale, tyran antidémocratique dès que s’amorce la guerre froide. Avant Orwell, Lord Ponsonby décortiquera les mécanismes de cette propagande bien huilée, capable de changer de cap, de désigner comme ennemi l’ami d’hier et vice-versa, exactement comme dans l’Oceania de Big Brother. La Russie entre dans la Grande Guerre aux côtés des autres puissances de l’Entente : ce sera sa perte. Dmitri Merejkovski l’avait prévu. Les analyses de Soljénitsyne abondent également dans ce sens. L’affaire désastreuse des Dardanelles, voulue par Churchill en 1915, avait pour objectif inavoué d’arriver à Constantinople avant les Russes et de verrouiller les détroits turcs comme en 1877-78 : la duplicité londonienne ne s’était pas effacée au nom de la fraternité d’armes de 1914. 

Au temps des deux « géants rouges »

La Russie actuelle, celle de Poutine, entend conserver la cohérence territoriale de l’Union Soviétique défunte mais sans la rigidité idéologique communiste. Le communisme était une « idéologie froide » (Papaioannou) et un « système réductionniste » (Koestler), dont les retombées pratiques s’avéraient désastreuses, notamment sur le plan de la nécessaire autarcie agricole que devrait détenir toute grande puissance de dimensions continentales. Toute puissance de cet ordre de grandeur a pour obligation pratique de maintenir une « cohérence territoriale », de colmater toutes les brèches qui pourraient survenir au fil du temps, que celles-ci soient le fait de dissidences intérieures ou d’une subversion organisée par l’ennemi. Sous d’autres oripeaux que ceux du communisme, Poutine cherche à rétablir les atouts dont disposait l’Union soviétique entre 1949 et 1972, quand elle formait, avec la Chine, un bloc communiste de très grande profondeur territoriale. La Chine maoïste et l’URSS, de Staline à Brejnev, étaient certes des puissances continentales dont l’idéologie officielle était posée comme « progressiste ». Elles ont toutefois été marquées par une régression industrielle et technologique permanente par rapport aux Etats-Unis, au Japon ou à l’Europe occidentale, corroborant la théorie américaine du technological gap. Les développements internes à l’ère communiste ont certes balayé quelques archaïsmes, il faut le reconnaître, mais à quel prix ? Aujourd’hui, la situation est différente. La Chine est à la pointe de nombreuses innovations techniques. Elle est capable de développer des réseaux de chemins de fer performants, de construire des infrastructures aéroportuaires ultra-modernes, de gérer les flux de trafic urbain par d’audacieuses innovations technologiques, de fabriquer des porte-avions à double piste, etc. 

Même si on ne peut pas dire que la Russie et la Chine n’ont plus aucun contentieux, le binôme sino-russe tient parce qu’à Moscou comme à Beijing les diplomates savent que le déclin de l’URSS a commencé en 1972 quand Nixon et Kissinger déploient une intense activité diplomatique en direction de la Chine et transforment celle-ci en un allié de revers contre Moscou. 1972, il faut s’en souvenir, a été une année charnière : l’URSS était encerclée, coincée entre l’OTAN et la Chine, son déclin s’est automatiquement amorcé, tandis que la Chine, attelée à cette alliance de facto avec les Etats-Unis, était contrainte d’opter pour un développement continental, soit de tourner le dos au Pacifique, de ne plus y contrarier les intérêts stratégiques américains. Kissinger faisait ainsi d’une pierre deux coups : il affaiblissait la Russie et détournait la Chine maoïste des eaux du Pacifique (ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, comme l’attestent les incidents récurrents en Mer de Chine du Sud). 

De l’alliance sino-américaine au déclin de l’Union Soviétique

mao_wideweb__470x282,0.jpgWashington consolidait ainsi son hégémonisme planétaire et unipolaire : De Gaulle était mort, l’Allemagne et l’Europe toujours divisées, les stratégistes américains planifiaient déjà la chute du Shah, coupable d’avoir soutenu les revendications des pays producteurs de pétrole et de développer une puissance régionale sérieuse, appuyée par des forces aériennes et navales efficaces, dans une zone hautement stratégique. Pour le monde musulman, 1979, année de la prise du pouvoir par Khomeiny, appuyé par les services américains, britanniques et israéliens dans un premier temps, sera l’année-charnière car, dès ce moment, il sera travaillé par des forces hostiles à l’ordre du monde de type « westphalien », ce qui nous conduira au chaos non maîtrisable que nous connaissons aujourd’hui. Avec ce désordre anti-westphalien sur son flanc sud, Poutine cherche tout simplement un pôle de stabilité alternative, permettant un développement normal de la Fédération de Russie dans un cadre impérial cohérent, combinant in fine les acquis d’Alexandre II ­ -qui avait déclenché le « Grand Jeu »-  et la sécurité stratégique obtenue par l’URSS après la seconde guerre mondiale et surtout à l’époque entre 1949 et 1972, quand la Chine ne dépendait en aucune façon des Etats-Unis et de leurs alliances sur les rimlands d’Eurasie. Cette sécurité, offrant la stabilité, doit aussi se refléter sur les plans religieux et idéologique : la pluralité des confessions ou des approches idéologiques ou, encore, des politiques économiques, ne doit pas nécessairement provoquer des dynamiques centrifuges. Au-delà de tous les clivages établis par l’histoire sur la masse continentale centre-asiatique, la politique générale doit être convergente et ne plus admettre les divergences qui conduisent inexorablement à une « smuta ». Cette volonté de convergence devrait valoir aussi pour l’Europe, au sens le plus strict du terme : cette idée était déjà présente chez le Tsar Alexandre I qui, après les troubles de l’ère révolutionnaire et napoléonienne, avait envisagé une convergence religieuse en Europe, une fusion de l’orthodoxie, du catholicisme et du protestantisme, pour consolider la première ébauche d’union eurasienne qu’était la Sainte-Alliance. 

Ukraine et « Corridor 5 »

Suite à la petite « smuta » de l’ère eltsinienne, la Russie n’a même pas pu conserver le projet d’une union entre les trois républiques slaves de l’ex-URSS, rêvée par Alexandre Soljénitsyne dès son exil américain. Les forces hostiles à toute union (formelle ou informelle) de l’Eurasie, à toute résurrection de la Sainte-Alliance, aux convergences générées par des communications optimales ont visé l’Ukraine, appelée à se détacher de la symbiose voulue par Soljénitsyne. Deux raisonnements historico-stratégiques ont conduit à cette politique : 

1)     l’Ukraine redessinée par Khrouchtchev dans les années 1950 contenait la Crimée, presqu’île dans l’espace maritime pontique sans laquelle la Russie n’a plus aucune projection vers la Méditerranée et ne peut plus être une grande puissance qui compte ;

2)     ensuite, l’Ukraine, dans la partie occidentale de la masse continentale eurasiatique, est un espace de transit, que les géopolitologues appellent, en anglais, a gateway region. Pour infliger une paralysie à l’adversaire, il convient en effet de bloquer tout transit en de telles régions, a fortiori si l’on veut bloquer les communications entre les puissances situées de part et d’autre de cet espace de transit. De Cadix à Kiev, l’Europe est traversée par ce qu’il est convenu d’appeler le « Corridor 5 ». A partir de Kiev, ce « corridor », poursuivi, mène en Inde, en Chine et sur les côtes du Pacifique : ce sont les tronçons de l’antique « route de la soie », empruntés par Marco Polo. 

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Pour toute puissance hégémonique hostile à la fois à la Russie et à l’Europe (centrée autour du pôle industriel allemand), le « Corridor  5 » doit être bloqué en tout lieu où l’on peut réanimer un conflit ancien moyennant les stratégies habituelles de subversion. La subversion de l’Ukraine -au nom de conflits anciens et au bénéfice apparent de forces idéologiques autochtones, ultranationalistes, dont on combat pourtant les homologues partout ailleurs dans le monde-  est par conséquent, un modèle d’école. On a délibérément choisit l’Ukraine parce qu’elle est une zone de transit des gazoducs russes en direction de l’Europe. En transformant l’Ukraine en une zone de turbulences, on oblige Russes et Européens à investir inutilement dans des projets alternatifs, pour contourner un pays désormais hostile, non pas parce qu’il entend défendre ses propres intérêts légitimes, mais, au contraire, parce qu’il veut, en dépit du bon sens, faire triompher les intérêts d’une puissance hégémonique, étrangère aux espaces russe et européen. Le nouveau gouvernement ukrainien se détache de la sorte de l’espace civilisationnel européen dont il fait partie. 

Par ailleurs, la subversion, inspirée par certains préceptes de Sun Tzu, vise aussi à anéantir les ressorts traditionnels d’une puissance ennemie : à l’heure des grands médias, cette forme de subversion déploie des spectacles ou des provocations déliquescentes, à l’instar des « pussy riots » ou des « femens ». Ce type d’actions subversives sape les fondements éthiques d’une société, en tablant sur les bas instincts et les carences en discernement du grand nombre, et, partant, détruit la cohésion de la politie, en ruine les structures sociales, les assises religieuses. La Russie de Poutine a veillé à annuler les capacités de nuisance de ces entreprises, fautrices de déliquescence irrémédiable, au grand dam des officines, généralement américaines, qui les avaient activées dans la ferme intention de saper les assises de la société russe et d’ébranler l’édifice étatique de la Fédération de Russie. 

Le mythe occidental des « sociétés ouvertes »

La Russie de Poutine, comme toute autre Russie qui chercherait à se consolider sur le long terme, doit donc retrouver une stabilité territoriale et géopolitique englobant les atouts de la Russie d’Alexandre II et ceux de l’URSS entre 1949 et 1972, quand la longue frontière centre-asiatique avec la Chine était sécurisée : face à la Chine post-communiste, Poutine ne répétera pas l’hostilité sourde et sournoise de Staline et de ses successeurs à l’égard de la Chine maoïste, en dépit d’une unité idéologique de façade qui faisait parler des deux « géants rouges ». La cohérence qu’il vise, à la fois tsariste et communiste, doit se compléter par une ouverture à d’autres zones de grande importance géostratégique dans le monde, afin de pallier les désavantages énormes que les fermetures communistes avaient entrainés. Dans la dialectique Sociétés ouvertes / Sociétés fermées, imaginée par Karl Popper, les sociétés russe et chinoise d’aujourd’hui optent pour un équilibre entre ouverture et fermeture : elles refusent l’ouverture tous azimuts, préconisée par les tenants du globalisme néolibéral (Soros, etc.) ; elles refusent tout autant les fermetures rigides pratiquées par les communismes stalinien, brejnevien, albanais et maoïste. Ce double refus passe par un retour en Chine à la pensée pragmatique de Confucius (condamné par les nervis maoïstes de la « révolution culturelle » des années 1960) et en Russie à des étatistes pragmatiques et bâtisseurs tels qu’en a connus l’histoire russe de la fin du XIXe siècle à 1914. Cette synthèse nouvelle entre ouverture et fermeture, pour reprendre la terminologie inaugurée par Popper, postule un rejet de l’extrémisme néolibéral, un planisme souple de gaullienne mémoire, une volonté de provoquer la « dé-dollarisation » de l’économie planétaire et de créer une alternative solide au système anglo-saxon, manchestérien et néolibéral. Cette synthèse, que l’on vise mais qui n’a pas encore été réalisée, loin s’en faut, permet déjà de forger des économies hétérodoxes, chaque fois adaptées aux contextes historiques et sociaux dans lesquelles elles sont censées s’appliquer. Disparaît alors la volonté enragée et monomaniaque de vouloir imposer à toutes les économies du monde un seul et même modèle. 

Le monde est un « pluriversum »

Russes et Chinois espèrent trouver dans le BRICS des cohérences nouvelles dans une diversité bien équilibrée, dans un « pluriversum » apte à respecter la diversité du monde contre toutes les tentatives de l’homogénéiser. Le groupe BRICS constitue une alternative plurielle au système dominant et américano-centré, le monde des Etats n’étant pas un « univers » mais bien un « plurivers » comme le disait le philosophe allemand du politique Bernhard Willms, décédé en 1991, et comme l’affirme aujourd’hui l’analyste géopolitique russe Leonid Savin. La recherche d’une économie hétérodoxe, souple et contextualisée (selon le vocabulaire du MAUSS, « Mouvement Anti-Utilitariste dans les Sciences Sociales »), correspond aussi à la volonté chinoise de déployer, à l’échelle planétaire, une diplomatie souple, hostile à toute pratique hystérique de l’immixtion, comme celles que préconisent les néo-conservateurs américains, les nouveaux philosophes regroupés peu ou prou derrière le pompon de Bernard-Henri Lévy ou les extrémistes salafistes stipendiés par l’Arabie Saoudite. 

La Chine préconise ainsi une diplomatie de la non-intervention dans les affaires intérieures des Etats tiers. La généralisation de ce principe, plus doux et plus pacifique que les modes de fonctionnement occidentaux actuels, devrait conduire à terme à supprimer ces facteurs d’ingérence et de conflits inutiles que sont bon nombre d’ONG américaines : en Chine, elles ne fonctionnent guère, sauf quand elles font appel à des fondamentalistes salafistes du Turkestan chinois, soutenus par les Turcs et les Saoudiens, ou à des sectes pseudo-religieuses farfelues ou quand elles instrumentalisent le Dalaï Lama. La Russie a commencé ce travail de neutralisation des organismes fauteurs de troubles et de guerres en jugulant le travail subversif des ONG d’Outre-Atlantique, considérées à juste titre comme des facteurs de « smuta », et en amorçant le contrôle des médias, de Google, etc. 

Le but premier d’un mouvement eurasien serait dès lors de participer à ces nouvelles forces à l’œuvre sur la planète, à favoriser les innovations qu’elles apportent pour nous sortir d’impasses mortifères. 

Empêcher le basculement de l’Europe vers la Russie, l’Eurasie, la Chine et l’Iran

Mais cette vaste panoplie d’innovations, qui cherchent à s’imposer partout dans le monde, va, bien entendu, provoquer une riposte de l’hegemon. Les conflits d’Ukraine et de Syrie ont été activés par des stratégistes mal intentionnés pour entraver la marche en avant de cet ensemble alternatif, englobant l’Europe. En effet, l’objectif premier des stratégistes de l’hegemon est d’empêcher à tout prix le glissement de l’Europe vers les puissances eurasiennes du groupe BRICS et vers l’Iran. C’est donc en premier lieu vers les zones possibles de connexion entre notre sous-continent et le reste de l’Eurasie que l’hegemon doit agir pour bloquer cette synergie grande-continentale. L’Ukraine avec, notamment, les ports de Crimée, était en quelque sorte l’interface entre la civilisation grecque, puis byzantine, et les voies terrestres vers le centre de l’Asie, l’Inde et la Chine ; elle a gardé cette fonction aux temps médiévaux des entreprises génoises qui demeuraient branchées sur les « routes de la soie » du nord, en dépit des tentatives de blocage perpétrées au Sud et au niveau du Bosphore par les Seldjouks puis par les Ottomans. La façade maritime méditerranéenne du Levant, soit du Liban et de la Syrie actuels, donnait accès aux routes de la soie menant, par la Mésopotamie et l’espace perse, aux Indes et à la Chine. Aujourd’hui, la Chine a développé les capacités de créer des réseaux ferroviaires trans-eurasiens, où les territoires de la Fédération de Russie, du Kazakhstan et de quelques autres anciennes républiques majoritairement musulmanes de l’ex-URSS, servent de jonction entre les deux espaces, l’européen et le chinois, que Leibniz jugeait déjà les « plus élevés en civilisation ». 

Les stratégistes mal intentionnés prévoient d’autres blocages dans la zone de connexion entre notre Europe et le reste de l’Eurasie. D’abord il y a la possibilité de créer une zone de turbulences durables, un abcès de fixation, en Transnistrie et en Moldavie, en bloquant tout transit entre l’Ukraine et l’Europe, tandis que le territoire du Donbass empêche déjà toute communication fluide entre l’Ukraine et la Russie du Don, de la Volga et de la Caspienne. Au sud, un général américain, Ben Hodges, commandant de l’OTAN jusqu’en 2014, envisage de soulever le Caucase du Nord en réactivant les conflits russo-tchétchène et russo-ingouche, de façon à troubler l’acheminement des hydrocarbures de la Caspienne et de créer une zone de turbulences sur le long terme entre les territoires russe et iranien. De même, ces stratégistes envisagent de réanimer le conflit russo-géorgien, placé au frigidaire depuis août 2008. Ou de déclencher un nouveau conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour la région du Nagorny-Karabach, ce qui aurait pour effet de bloquer toute liaison territoriale entre la Russie et l’Iran, surtout après le faux dégel entre l’Occident et Téhéran que l’on observe depuis les dernières semaines de l’année 2015. Plus à l’est, les mêmes stratégistes envisagent un projet de « chaotisation complète » de l’Asie centrale post-soviétique. Au départ de l’Afghanistan, ils envisagent de faire pénétrer au Turkménistan, au Tadjikistan, au Kirghizistan voire en Ouzbékistan des éléments fondamentalistes (talibans, partisans d’Al Qaeda, avatars de l’Etat islamique, etc., les golems ne manqueront pas…) qui feront subir à ces pays, s’ils se montrent récalcitrants, le sort de l’Irak ou de la Syrie. Le Turkménistan, riverain de la Caspienne et voisin de l’Afghanistan, pourrait être transformé en une zone de turbulences s’il ne cède pas aux pressions de l’OTAN qui lui fait miroiter une aide économique. Des terroristes afghans, que l’on posera comme « incontrôlables » en dépit de la présence américaine là-bas, passeront la frontière pour semer le chaos dans ce pays qui est un producteur d’hydrocarbures et un riverain de la Caspienne. 

Un chaos créé artificiellement

Ce chaos créé artificiellement est une application agressive de la stratégie ancienne de l’«endiguement». Non seulement il freinera l’acheminement de matières premières et d’hydrocarbures vers l’Europe mais troublera durablement les voies de communication entre la Russie, l’Inde et la Chine, où un pari possible sur des fondamentalistes pakistanais permettrait aussi de bloquer à nouveau les régions du Cachemire-Jammu et de l’Aksai Chin, ruinant toutes les tentatives d’apaisement entre Beijing et New Delhi, lesquelles avaient toujours été laborieuses. 

L’objectif impératif que doivent se fixer les cercles eurasistes, c’est d’œuvrer et de militer pour ne pas que nos contemporains s’embarquent dans de telles manœuvres bellicistes, pour qu’ils soient toujours rétifs aux sirènes des propagandes.  

Cependant, saper la cohésion européenne, œuvrer à disloquer les sociétés européennes et à affaiblir ses économies nationales et régionales ne passe pas seulement par l’organisation de conflits à ses frontières (Libye, Donbass, Syrie, Caucase) mais aussi, comme certains faits des années 1990 et 2000 semblent l’attester, de provoquer de mystérieux accidents dans le tunnel du Mont Blanc pour bloquer le « Corridor 5 » (toujours lui !), d’organiser des grèves sauvages pour paralyser les communications dans l’Hexagone et autour de lui, comme en 1995 pour mettre Chirac sous pression afin qu’il abandonne son programme nucléaire  –Jean Parvulesco se plaisait à le signaler et à rappeler les liens anciens entre certains syndicats socialistes français et l’OSS ou la CIA. Aujourd’hui, les clandestins bloquent parfois le tunnel sous la Manche à Calais, avec l’appui d’associations bizarres, se réclamant d’une xénophilie délirante ou d’une forme d’antifascisme fantasmagorique, dont l’objectif ne peut nullement être qualifié de « rationnel ». Est-ce pour rompre les liens entre la Grande-Bretagne et l’Europe ?

Cet ensemble de pressions constantes, s’exerçant sur les communications entre l’Europe et le reste de la masse continentale eurasiatique, a pour but essentiel d’empêcher la constitution d’un réseau efficace, la réalisation du vœu de Leibniz : faire de la « Moscovie » le pont entre l’Europe et la Chine. Les actuels projets ferroviaires chinois sont en effet très impressionnants. Le nouveau poids de la Chine, certes relatif, pourrait, estiment les stratégistes américains, provoquer un basculement de l’Europe vers l’Asie. Une telle éventualité a été un jour explicitée par Dominique de Villepin : celui-ci estimait que la concrétisation finale des projets ferroviaires et des routes maritimes envisagées par la Chine offrait potentiellement à la France et aux autres pays européens d’innombrables occasions de forger des accords lucratifs avec la Russie, les pays d’Asie centrale et la Chine dans les domaines des transports et des services urbains. Dans un article des Echos, de Villepin écrivait : « C’est là une tâche qui devrait non seulement mobiliser l’Union Européenne et ses Etats membres mais aussi les autorités locales, les chambres de commerce et les hommes d’affaires pour ne même pas mentionner les universités et les boîtes-à-penser ». Grande sagesse. Et clairement exprimée ! En termes très diplomatiques, de Villepin poursuit : le projet de route de la soie « est une vision politique qui induit les pays européens à renouveler le dialogue avec des partenaires du continent asiatique, permettant de forger, par exemple, des projets souples avec la Russie, notamment pour trouver les fonds nécessaires pour re-stabiliser l’Ukraine. Le lien entre l’Est et l’Ouest doit se maintenir ». Mieux : « Nous avons là une vision économique qui adapte la planification chinoise à la coopération économique internationale. Dans un monde financièrement volatile et instable, il s’avère nécessaire d’opter pour la bonne approche dans les projets à long terme, utilisant des outils nouveaux, de type multilatéral ». 

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Le grand projet OBOR des Chinois

La Chine envisage l’émergence de six corridors économiques, à replacer dans un projet plus vaste, baptisé OBOR (« One Belt, One Road » - soit « Une ceinture (maritime), Une route »). Cet OBOR entend consolider une route maritime de la Chine à l’Iran voire à la Mer Rouge et créer de solides liaisons ferroviaires entre l’Europe et la Chine. Il vise surtout à relier la Chine à soixante pays. Les six corridors majeurs sont : le CMREC ou Corridor économique Chine / Mongolie / Russie ; le NELB ou « Nouveau Pont Terrestre eurasien » (« New Eurasian Land Bridge ») ; le CCWAEC ou Corridor économique Chine / Asie centrale et occidentale ; le CICPEC ou Corridor économique Chine / Péninsule indochinoise ; le CPEC ou Corridor économique Chine / Pakistan ; et, enfin, le BCIMEC ou Corridor économique Bengladesh / Chine / Inde / Myanmar. A ces projets chinois, tous nécessaires d’un point de vue asiatique, s’ajoute celui du « Canal Eurasia », élaboré par les Russes et les Kazakhs. Ce canal doit relier la Caspienne à la Mer d’Azov (face à la Crimée !), permettant notamment d’acheminer du brut vers la Mer Noire donc vers les confins orientaux de l’Europe. L’enjeu ukrainien/criméen prend ici toute son ampleur. 

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De Marx à List

Ces projets, dont on pourrait dresser une longue liste, démontrent que les puissances du BRICS, du moins la Chine et la Russie, ne sont plus guère affectées, comme jadis, par l’idéologie prêtée à Marx et à Engels mais tentent d’appliquer ou de ré-appliquer les principes pragmatiques de l’économiste Friedrich List (1789-1846). Ce dernier était considéré comme un « libéral » mais, à coup sûr, un libéral « hétérodoxe », soucieux de tenir compte des contextes historiques dans lesquels se déployait l’économie. List était un idéologue du développement. Pour qu’une économie puisse se développer à un rythme correct, l’Etat ne doit nullement jouer un rôle de « veilleur de nuit », à l’instar de ce que souhaitent les théoriciens libéraux anglo-saxons. Au contraire, List pose l’Etat comme une instance constructrice, investisseuse. L’Etat est là pour construire des lignes de chemin de fer et des canaux. C’est List qui planifiera le premier réseau ferroviaire allemand, au sein du Zollverein, de l’Union douanière, dont il fut aussi un père fondateur. En Belgique et aux Etats-Unis, il préconisera le creusement de canaux. En France, il inspirera les praticiens de la « colonisation intérieure ». L’idée du Transsibérien en Russie, les suggestions pratiques des économistes et ingénieurs du Kuo Min Tang chinois s’inspirent toutes d’idées dérivées de List, après sa mort. La politique des grands projets gaulliens est « listienne », de même que le sont les pratiques chinoises, après la parenthèse maoïste et le ressac dû à la tristement célèbre « révolution culturelle » des années 1960. A partir de Deng Xiaoping, la Chine redevient « listienne » et « confucéenne » : c’est à cette double mutation de référence qu’elle doit son succès actuel. Ce serait à un retour à Aristote et à List que l’Europe pourrait devoir son hypothétique renaissance, du moins si l’avenir permettra l’élimination impitoyable des pseudo-élites déchues et abjectes qui nous gouvernent actuellement, exactement comme la Chine maoïste a éliminé sa « bande des quatre », pour ne pas sombrer dans les délires manichéens et idéologiques, dans un remake de la calamiteuse « éthique de conviction » de la « révolution culturelle » et de ses avatars malsains. 

Le clivage dans le monde ne passe plus par la dichotomie capitalisme / communisme ni par la piètre distinction entre sociétés ouvertes et sociétés fermées mais par une dichotomie entre « listiens » et néolibéraux qui recoupe aussi la distinction qu’opérait Max Weber entre « éthique de la conviction » et « éthique de la responsabilité ». Les néolibéraux, et le cortège à la Jérôme Bosch que constituent leurs alliés festivistes, gauchistes ou féministes, adhèrent à des éthiques farfelues de la conviction. Leurs adversaires les plus sérieux à une éthique « listienne » de la responsabilité. 

L’Allemagne dans ce grand jeu eurasien

Les projets chinois séduisent les Allemands. Ce n’est ni nouveau ni étonnant. Le moteur économique de l’Europe participe aux synergies suggérées par Beijing, en tire de substantiels bénéfices que la délirante « juridification » de la sphère économique tente de réduire par l’artifice de procès farfelus comme celui intenté contre Volkswagen en 2015. Est-ce la raison pour laquelle on tente de faire basculer l’Allemagne de Merkel dans le chaos, en lui imposant des flots d’hères inassimilables, flanqués d’activistes formés au terrorisme et à d’autres formes de guerres de la « quatrième génération », qui n’y produisent que du désordre et de la violence ? 

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Jusqu’ici, l’Allemagne avait réussi à desserrer la cangue américaine en se branchant sur les gazoducs russes, dont la gestion a été placée sous le patronage et l’impulsion des anciens chanceliers Helmut Schmidt et Gerhard Schröder. Leur socialisme, pragmatique et non idéologique, « listien » et wébérien, conjuguait ses efforts pour parfaire une diplomatie de l’apaisement, une Ostpolitik fructueuse. Ces efforts avaient abouti aux accords permettant, à terme, de construire le tracé des gazoducs « North Stream 1 & 2 », accentuant certes la dépendance allemande par rapport au gaz russe mais déconstruisant simultanément son extrême dépendance politique face au système atlantiste, tandis que le « South Stream » alimente l’Italie, l’Autriche et la Hongrie (où Orban refuse les sanctions contre la Russie, sur fond d’un revival marginal de l’idéologie eurasiste en pays magyar). 

Hans Kundnani, dans un article magistral de la revue américaine Foreign Affairs (janvier-février 2015), évoque une « Allemagne post-occidentale », c’est-à-dire une Allemagne qui se serait détachée de ses liens avec l’Occident anglo-saxon, de sa Westbindung, pour se mouvoir vers un espace essentiellement industriel, commercial et énergétique dont les pôles majeurs seraient la Russie et la Chine voire l’Inde. Pour la première fois dans l’histoire de la République Fédérale, une minorité de 45% seulement est encore en faveur du statu quo pro-occidental, impliquant l’adhésion à l’OTAN et/ou à l’UE comme seules possibilités diplomatiques. 49% des Allemands contemporains sont désormais en faveur d’une « position médiatrice », où l’Allemagne équilibrerait le jeu de ses relations entre l’Europe occidentale et la Russie. C’est le résultat tangible d’un anti-américanisme qui s’est sans cesse amplifié depuis la guerre du Golfe, déclenchée par Bush junior en 2003 et depuis les révélations d’Edward Snowden sur l’espionnage systématique pratiqué par la NSA. Les liens commerciaux avec la Russie et la Chine se sont considérablement accrus, accroissement qui permettait, jusqu’il y a peu de temps, le maintien de l’opulence allemande, assorti de l’espoir de voir celle-ci se consolider et se perpétuer. Ce lent glissement de l’Allemagne, cœur industriel et territorial du sous-continent européen, vers un Est eurasien très vaste, explique sans nul doute les attaques qu’elle subit depuis le printemps 2015. Par ailleurs, des stratégistes de l’ombre veillent à créer un espace pro-occidental, agité ou non de turbulences, entre l’Allemagne et la Russie que l’on baptisera pompeusement « Intermarium ». Cet « Intermarium », cet entre-deux-mers entre la Baltique et la Mer Noire, est la ré-activation d’un projet concocté à Londres pendant la seconde guerre mondiale par les gouvernements polonais et tchèque en exil, avec la bénédiction de Churchill, que l’alliance avec Staline avait rendu nul et non avenu : on a sacrifié, à Londres, les velléités d’indépendance polonaises et tchèques pour pouvoir exploiter à fond la chair à canon soviétique. Moscou ne voulait pas de ce bloc polono-tchèque, même à un moment où la guerre contre l’Allemagne hitlérienne atteignait un paroxysme inégalé. 

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Du « Cordon sanitaire » de Lord Curzon à l’Intermarium

Même si l’on peut considérer que ce projet d’un Intermarium n’est pas, a priori, une mauvaise idée en soi, qu’il est une application actuelle de projets géopolitiques très anciens, visant toujours à relier les mers du nord à celles du sud parce l’Europe, petite presqu’île à l’ouest de la très grande Eurasie, est géographiquement constituée de trois axes nord/sud : celui qui va de la Mer du Nord au bassin occidental de la Méditerranée (l’espace lotharingien du partage de Verdun en 843), celui envisagé mais non réalisé au moyen-âge par le roi de Bohème Ottokar II Premysl qui va de la Baltique à l’Adriatique (de Stettin à Venise ou Trieste, cités aujourd’hui reliées par une voie de chemin de fer directe et rapide) et, enfin, l’axe dit « gothique », reliant depuis les Goths, bousculés par les Huns, la Baltique à la Mer Noire et à l’Egée, au bassin oriental de la Méditerranée. Aujourd’hui, les stratégistes ennemis de toute vigueur européenne et de toute synergie euro-russe, veulent constituer un Intermarium, sur l’ancien axe gothique, qui serait une résurrection du « cordon sanitaire » de Lord Curzon, destiné à empêcher toute influence de l’Allemagne et de ses dynamismes sur la Russie, posée depuis le géopolitologue Halford John Mackinder comme le « cœur du monde » mais un « cœur de monde » qui ne peut être optimalement activé que par une forte injection d’énergie allemande. Toute alliance germano-russe étant, dans cette optique, considérée comme irrémédiablement invincible, invincibilité qu’il faut toujours combattre et réduire à néant, avant même qu’elle n’émerge sur la scène internationale. 

La submersion démographique que subit l’Allemagne depuis les derniers mois de l’année 2015, qui provoquera des troubles civils et ruinera le système social exemplaire de la République Fédérale, qui compte déjà plus de 12 millions de pauvres, a été plus que probablement téléguidée depuis certaines officines de subversion : plusieurs observateurs ont ainsi constaté que les nouvelles alarmantes sur la présence de migrants délinquants en Allemagne viennent de serveurs basés aux Etats-Unis ou en Angleterre, de même que les tweets ou autres messages sur Facebook incitant les migrants à commettre des déprédations ou des viols ou, inversement, incitant les Allemands à manifester contre la submersion démographique ou contre la Chancelière Merkel. Le conflit civil semble être fabriqué de toutes pièces, avec, au milieu du flot des réfugiés, l’armée de réserve du système, composée de djihadistes qui combattent le régime baathiste syrien ou le pouvoir chiite irakien ou l’armée russe en Tchétchénie mais se recyclent en Europe pour déborder les polices des Etats de l’UE en menant la guerre planétaire selon d’autres méthodes.

Spykman, les « rimlands » et l’endiguement

spykmanlivre.pngSi la submersion de l’Allemagne a pour but essentiel de briser les potentialités immenses d’un tandem germano-russe, elle vise aussi, bien sûr, à ruiner les bonnes relations économiques entre l’Allemagne et la Chine, d’autant plus que les chemins de fer allemands, la Deutsche Bundesbahn, sont partie prenante dans la construction des voies de trains à grande vitesse entre Hambourg et Shanghai. L’Allemagne et, partant, les pays du Benelux, sont fortement dépendants du commerce avec la Chine. Le but de l’hegemon est donc de briser à tout prix ces synergies et ces convergences. Affirmer cela n’est pas l’expression d’un complotisme découlant d’une mentalité obsidionale mais bel et bien un constat, tiré d’une analyse de l’histoire contemporaine : la réalisation du Transsibérien russe sous l’impulsion du ministre Witte a entraîné la théorisation et la mise en pratique de la stratégie de l’endiguement par Halford John Mackinder d’abord, par son disciple hollando-américain Nicholas Spykman ensuite. Sans Mackinder et Spykman, les Etats-Unis n’auraient sans doute jamais élaboré leur géostratégie planétaire visant à rassembler des alliances hétéroclites, parfois composées d’ennemis héréditaires, sur les franges du grand continent eurasien, avec l’OTAN de l’Islande à la frontière perse, le CENTO du Bosphore à l’Indus et l’OTASE en Asie du Sud-Est. 

Finalement, ces stratégies de l’endiguement sont une application de la fameuse « Doctrine de Monroe », dite de « l’Amérique aux Américains ». Derrière cette apparente revendication d’indépendance se camouflait une volonté de soumettre totalement l’Amérique ibérique au bon vouloir des Etats-Unis. Mais elle s’opposait aussi à la terrible menace qu’aurait pu faire peser sur le continent américain une Sainte-Alliance européenne inébranlable qui s’étendait de l’Atlantique Nord au Pacifique, puisque l’empire du Tsar Alexandre Ier en faisait partie. Cette Sainte-Alliance aurait parfaitement pu défendre les intérêts espagnols dans les Amériques ou les européaniser. A l’époque, la Russie avait une frontière commune avec l’Espagne en… Californie, à hauteur du poste russe de Fort Ross, abandonné seulement en 1842. Le Vieux Monde européen était uni –mais cette union n’allait durer qu’une petite quinzaine d’années- tandis que le Nouveau Monde américain était fragmenté. La Sainte-Alliance, pour le Nouveau Monde et pour les Etats-Unis, encore en gestation mais sûrs de pouvoir mener à terme une mission civilisatrice déduite de leur idéologie religieuse puritaine, constituait par voie de conséquence un double danger : celui de perpétuer le morcellement politique du Nouveau Monde au bénéfice de l’Euro-Russie et celui de se maintenir comme une unité indissoluble et de contrôler le monde pour le très long terme. 

« Doctrine de Monroe » et pratique de la table rase

monroeODA0OTcxNzI2OTY0MjM3.jpgLa « Doctrine de Monroe » est donc un rejet de l’Europe et des vieilles civilisations qu’elle représentait, de même qu’un rejet malsain et pervers de toute civilisation ancienne, quelle qu’elle soit, et, surtout, de toute grande profondeur temporelle : là, les délires puritains des sectes protestantes farfelues hostiles à la culture classique gréco-latine de l’Europe catholique ou même anglicane-élisabéthaine, rejoignait les folies de certains avatars incontrôlés de l’idéologie des Lumières. La conjonction de ces deux formes de folie et de nuisance idéologique, qui sévit toujours aujourd’hui, génère un fantasme criminel de destruction systématique d’acquis positifs et de legs historiques. 

La « Doctrine de Monroe », bien davantage que les socialismes messianiques qui pointaient à l’horizon avec la maturation des idées de Karl Marx, est donc une pratique perverse et sournoise de la table rase que tente de parachever de nos jours le néolibéralisme, né aux Etats-Unis à partir de la fin des années 1960 : toute démarche eurasiste constitue donc une révolte contre ce projet d’arasement total, représente une défense des vieilles civilisations, des traditions primordiales, et une revendication du primat de toute profondeur temporelle par rapport à des innovations-élucubrations inventées par des iconoclastes avides de pouvoir absolu, un pouvoir total qui ne peut s’exercer que sur des masses amorphes et amnésiques. 

Face aux avatars actualisés de la « Doctrine de Monroe », qui est passée d’une défense affichée de l’autonomie des Etats américains et des Etats créoles de l’Amérique ibérique à la volonté de contrôler les rives atlantiques et pacifiques qui font face à la bi-océanité étatsunienne, l’eurasisme bien compris vise, au contraire, à éradiquer les blocages et fermetures que génèrent les pratiques géopolitiques et la pactomanie américaines sur le continent eurasien, d’abord en Europe et en Asie. Ce rejet des verrouillages incapacitants induit tout naturellement la promotion volontaire d’une politique grande-continentale d’ouvertures rationnelles aux flux qui vivifient et ont jadis vivifié les territoires eurasiatiques. 

Ce volontarisme eurasiste réduit à néant le discours stratégique né de la distinction opérée par Karl Popper entre sociétés ouvertes et sociétés fermées, où les Etats-Unis se posent comme les promoteurs et les garants des « sociétés ouvertes », tout en pratiquant des fermetures calamiteuses dues à la pactomanie qu’ils pratiquent sur les rimlands eurasiens de l’Europe à l’Indochine. A l’Eurasie des fermetures, produit de la Guerre Froide, doit succéder une Eurasie des communications sans entraves entre l’Europe et la Chine : le monde réellement fermé est donc celui qu’ont établi les tenants de la « société ouverte » (de Popper et de Soros), tandis que l’Eurasie des communications ouvertes est le fait en gestation de ceux qui sont accusés, dans les médias dominants, d’être les adeptes des « sociétés fermées », d’hégélienne ou de marxienne mémoires. Sur cette contradiction flagrante, mais ignorée délibérément dans les discours médiatiques occidentaux, reposent toutes les ambigüités de la propagande, tout le flou incapacitant dans lequel marinent nos décideurs et nos concitoyens. 

Trois ouvertures historiques

Trois ouvertures historiques en Eurasie doivent nous servir de modèles : l’Empire de Kubilaï Khan, visité par Marco Polo, qui ne s’opposait pas à la libre circulation des biens, des caravanes et des idées, contrairement aux verrouillages seldjouk et ottoman ; les rapports espérés entre la Chine et l’Europe quand le jésuite Ferdinand Verbist exerçait son haut mandarinat en Chine au XVIIe siècle ; l’alliance informelle sous Louis XVI entre la France, l’Autriche et la Russie, où la première veillait à contrôler l’Atlantique Nord, les seconde et troisième à faire sauter le verrou ottoman. A ces trois modèles, il convient d’ajouter la notion de syncrétisme religieux, porté par une volonté de ne rien éradiquer, d’opérer des fusions fécondes et de générer de l’harmonie : c’était la préoccupation principale d’Alexandre Ier après les tumultes révolutionnaires et napoléoniens ; c’est la notion de « djadidisme » qui prévaut aujourd’hui dans l’islam de la Fédération de Russie, notamment au Tatarstan où se situe le grand centre spirituel de Kazan ; le djadidisme s’interdit de chercher querelle avec les autres confessions, contrairement aux formes diverses et pernicieuses qu’un certain islam a prises ailleurs dans le monde, soit le salafisme, le wahhabisme ou le mouvement des Frères musulmans, formes virulentes aujourd’hui en Occident et génératrices à court terme de graves conflits civils ; ces formes inacceptables ont cherché à s’implanter en Russie, à partir de la période de « smuta » que fut le premier gouvernement d’Eltsine : elles ont échoué ; ce n’est qu’à Kazan et au Tatarstan qu’un véritable « euro-islam » s’est constitué ; il n’y en a pas d’autres possibles et les constructions boiteuses d’un Tarik Ramadan, dont les prédécesseurs et collatéraux ont été financés et soutenus par les services américains, ne sont que des déguisements maladroits pour gruger les Occidentaux écervelés. Outre la volonté de convergence religieuse du Tsar Alexandre Ier, outre le syncrétisme centre-asiatique promu en Asie centrale au temps de la domination mongole, outre le djadidisme actuel de la Fédération de Russie, nous ne voyons guère d’autres filons religieux traditionnels qui tiennent vraiment compte de la profondeur temporelle voire immémoriale, nécessaire à l’établissement de véritables ferveurs structurantes, indispensables pour contrer les déliquescences du monde moderne. L’ouverture des communications, le rejet des véritables sociétés fermées par les intransigeances occidentales ou wahhabites/salafistes implique l’émergence d’un syncrétisme harmonisateur qui ne raisonne pas par exclusion (« ou bien… ou bien… ») mais par inclusion (« et… et… »). 

Quelques mots sur l’Inde

Cachemire-aujourd-hui-carte-simplifiee.gifMa démonstration, ici, que j’annonçais d’emblée « succincte » et incomplète, ne peut donc prétendre à l’exhaustivité. Mais elle ne saurait omettre d’évoquer l’Inde dans ce survol des convergences eurasiatiques. Depuis son indépendance en 1947, l’Inde est traditionnellement alliée à la Russie, hostile à la Chine, contre laquelle elle a mené une guerre sur les hauteurs de l’Himalaya. La volonté de convergence eurasiatique s’occupe de gommer ce conflit. Les régions himalayennes contestées permettraient, une fois pacifiées, un passage entre l’Inde et les territoires anciennement soviétiques et entre l’Inde et la Chine. L’affaire se corse parce que la Chine, du temps de son conflit avec l’Inde, avait soutenu le Pakistan pour obtenir un port sur l’Océan Indien et des voies de communications entre ces installations portuaires avec la région chinoise de Kachgar, via le tracé en montagne dit de « Karakoroum », partant d’Islamabad pour rejoindre le poste-frontière d’Aliabad au Cachemire. Le gros problème est que l’Inde revendique cette partie du Cachemire pour avoir un lien avec le Tadjikistan ex-soviétique. Par ailleurs, comme le soulignent deux historiens insignes des faits indiens, le Britannique Ian Morris et l’Indien Pankaj Mishra, l’Inde souhaite consolider la cohésion du commerce entre le Golfe et la Mer Rouge d’une part, le Golfe du Bengale et les eaux de l’Asie du Sud-Est, d’autre part. L’objectif géopolitique de l’Inde est d’affirmer sa présence dans l’Océan Indien, surtout dans l’archipel d’Andaman et dans les Iles Nicobar, face aux côtes thaïlandaises. Cette volonté entend créer un chapelet de relais entre la Mer Rouge et l’Insulinde, le même que celui voulu par la Chine, qui le prolongerait jusqu’à ses propres ports du Pacifique, ce qui explique le conflit actuel pour les îles et îlots, naturels ou artificiels, dans la Mer de Chine du Sud.  La consolidation de ce chapelet de relais maritimes, sans possibilité de le couper ou de le fragmenter, rendrait à l’ensemble des Etats d’Eurasie une autonomie commerciale et navale sur son flanc sud, tandis que la Russie rétablirait les communications par l’Arctique, de Hambourg au Japon. Une Egypte militaire, débarrassée du danger que représentent les Frères musulmans et les autres adversaires des syncrétismes féconds, ouvrirait, par Suez, l’espace méditerranéen au commerce eurasien, réalisant du même coup le vœu des Génois et des Vénitiens de notre moyen-âge, tout en isolant la Turquie, du moins si cette dernière entend encore jouer le rôle d’un verrou et non pas d’un pont, comme le souhaitent les Chinois qui leur proposent la construction, entre l’Iran et l’Egée, d’un chemin de fer les liant tout à la fois à l’Asie et à l’Europe. Erdogan se trouve devant un choix : abandonner les « otâneries » et les sottises fondamentalistes ou renouer avec un laïcisme et un syncrétisme turcs qui n’apporteraient que des bienfaits. 

La Chine, le chapelet de relais et l’Océan Pacifique

La consolidation du chapelet de relais maritimes de Cadix à Shanghai permettrait à l’Europe, à son centre germanique et à la Russie de se projeter vers le Pacifique, impératif géopolitique qu’avaient compris des hommes aussi différents que Louis XVI, La Pérouse, Lord Kitchener et Karl Haushofer. Kitchener prévoyait, dans une conversation avec Haushofer, que les puissances européennes (Royaume-Uni compris !) qui n’auraient pas de bases solides dans le Pacifique, seraient irrémédiablement condamnées au déclin. Haushofer avait tiré la conclusion suivante : l’Allemagne, présente dans les Mariannes, suite au retrait espagnol, avait des chances ce consolider ses positions mais, dans la foulée, rencontrait automatiquement l’hostilité des Etats-Unis qui cherchaient  -depuis 1848, date à laquelle ils acquièrent l’atout géostratégique majeur de la bi-océanité-  à dominer le marché chinois, quantitativement le plus important à l’époque, comme de nos jours. Le destin a décidé qu’après la rétrocession des Mariannes à Tokyo par l’Allemagne au Traité de Versailles de 1919, la lutte pour le Pacifique se déroulerait entre un Japon, agrandi de cette immense Micronésie, et les Etats-Unis, maîtres des Philippines depuis leur victoire sur l’Espagne en 1898. La seconde guerre mondiale donnera aux Etats-Unis la maîtrise absolue du Pacifique, atout qui scelle leur hégémonisme planétaire. Aujourd’hui, le télescopage géopolitique ne s’effectue pas entre une puissance européenne présente au centre du Pacifique (comme le furent successivement l’Espagne puis l’Allemagne de Guillaume II) ou le Japon shintoïste et les Etats-Unis, mais entre les Etats-Unis et la Chine, où cette dernière est endiguée par une chaîne de petites puissances (Japon vaincu en 1945 compris) entièrement contrôlées par le système des alliances américaines. Cette chaîne vise à empêcher la Chine de s’élancer vers le large et à doter les Etats-Unis des bases insulaires nécessaires pour harceler, le cas échéant, les convois et l’acheminement d’hydrocarbures vers les ports du littoral pacifique chinois, pour rendre précaire cette ligne vitale de communications maritimes. 

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Chine : double stratégie maritime et continentale

L’application de cette stratégie de harcèlement en Mer de Chine du Sud pourra soit étouffer la Chine soit épuiser les Etats-Unis (où le taux de pauvreté augmente dangereusement). La Chine avait jadis deux stratégies possibles : une stratégie continentale, d’expansion vers le Tibet et le Turkestan/Sinkiang, qui ne dérangeait pas les Américains puisqu’elle inquiétait les Soviétiques. Ou une stratégie maritime, à laquelle le maoïsme avait renoncé, permettant, à partir de 1972, de nouer une alliance informelle avec les Etats-Unis. Aujourd’hui, la Chine cherche à échapper à son endiguement par une double stratégie : à la fois continentale, vers le Kazakhstan et au-delà, par le truchement de chemins de fer trans-asiatiques, et maritime, par la consolidation d’un chapelet de relais dans le Pacifique et l’Océan Indien, dans la mesure du possible en harmonie avec son concurrent potentiel, l’Inde. L’Europe, centrée sur l’Allemagne, et, partant, le tandem euro-russe ont donc intérêt à assurer des projections sans obstacles vers l’Inde et la Chine, tout en évitant qu’une puissance comme le Japon continue à faire partie de la barrière maritime américaine. Or le Japon se débat de nos jours, coincé qu’il est dans le dilemme suivant : éviter l’absorption par la Chine, ce qui serait humiliant, eu égard aux conflits sino-japonais depuis 1895 et éviter l’inféodation perpétuelle à une puissance étrangère à l’espace asiatique comme les Etats-Unis. Attiser les contentieux sino-japonais va dans le sens des intérêts de l’hegemon. Harmoniser les rapports futurs entre le Céleste Empire et l’Empire du Soleil Levant est une tâche des cénacles eurasistes partout dans le monde.

La pacification des rapports entre toutes les composantes de la masse continentale eurasiste (flanquée du Japon) permettra l’avènement de ce que Jean Parvulesco appelait l’ « Empire eurasiatique de la Fin », dans toute son acception eschatologique. Cela signifie-t-il une « fin de l’histoire », un peu comme celle qu’avait envisagée Francis Fukuyama au moment de l’effondrement du système soviétique et de la plongée de la Russie dans la « smuta » eltsinienne ? Non, Fukuyama a déjà été réfuté par les faits : l’histoire ne s’est pas arrêtée, bien au contraire, elle s’est accélérée. Cet « Empire eurasiatique de la Fin » signifierait essentiellement la fin des divisions rédhibitoires, des interventions belligènes potentielles, inutiles et néfastes que déploraient Carl Schmitt ou Otto Hoetzsch. Ce serait le retour définitif de l’alliance informelle du XVIIIe siècle ou, enfin, un retour de la Sainte-Alliance, de l’Atlantique au Pacifique. 

Douze pistes pour une « pax eurasiatica »

J’emprunte ma conclusion au géopolitologue italien Alfonso Piscitelli qui suggère une douzaine de pistes pour aboutir à cette pax eurasiatica :

  1. Ne jamais renoncer à la coopération énergétique, ce qui signifie poursuivre envers et contre tout la politique des gazoducs North et South Stream, selon les modalités fixées par l’ancien Chancelier allemand Gerhard Schröder.
  1. Re-nationaliser les sources énergétiques pour les soustraire aux fluctuations erratiques d’un libéralisme mal conçu.
  1. Parier sur les BRICS et s’acheminer progressivement vers un « Euro-BRICS ».
  1. Viser des continuités politiques sur un plus long terme en généralisant les régimes présidentiels, façon gaullienne, avec élection directe du Président comme en France et en Russie, assorti d’un re-dimensionnement des pouvoirs non élus (des potestates indirectae, des pouvoirs indirects, dont la nuisance a été soulignée par Carl Schmitt). Le but final est un retour à une sorte de « monarchie populaire ».
  1. Proposer un islam modéré, calqué sur le djadidisme soviétique, russe et tatar, compatible, dans le monde arabe, avec des régimes militaires et civils détachés des extrémismes religieux, comme ce fut le cas dans l’Egypte nassérienne, dans l’Iran du Shah, dans la Libye de Khadafi et dans les régimes baathistes de Syrie et d’Irak. Toute pensée politique exprimée par les musulmans des diasporas doit s’inspirer de ces formes de panarabisme, de personnalisme baathiste, de kémalisme ou de valorisation de la chose militaire et non plus de délires salafistes ou wahhabites qui n’ont apporté que le chaos et la misère dans le monde arabo-musulman. 
  1. Favoriser l’intégration militaire de l’Europe, puis de l’Europe et de la Russie et, enfin de l’Euro-Russie et des BRICS, le tout évidemment hors de cette structure vermoulue qu’est l’OTAN qui ne peut conduire qu’au ressac européen, comme on l’observe très nettement aujourd’hui. 
  1. Plaider pour un monde multipolaire contre l’unipolarité voulue par Washington, selon les axes conceptuels mis au point par les équipes eurasistes russe autour d’Alexandre Douguine, Natella Speranskaya et Leonid Savin. 
  1. Travailler à une réglementation positive des migrations, comme l’ont préconisé le Président Poutine dans son discours à la Douma, le 4 février 2013, et Philippe Migault, quand il a plaidé pour une entente euro-russe en Méditerranée, sur fond du triple enjeu grec, syrien et cypriote.
  1. Favoriser une politique familiale traditionnelle comme en Russie pour pallier le ressac démographique européen.
  1. Entamer un dialogue culturel inter-européen qui inclut les linéaments de la pensée organique russe, comme l’avaient souhaité des figures allemandes comme l’éditeur Eugen Diederichs dès la fin du XIXe siècle ou le Prof. Otto Hoetzsch, grand artisan d’un réel dialogue germano-russe ou euro-russe de l’ère wilhelminienne à Weimar et de Weimar à l’ère nationale-socialiste, malgré l’hostilité du régime en place.
  1. Entamer un dialogue entre civilisations et grandes traditions religieuses, comme le voulait le Tsar Alexandre Ier et selon certains axes préconisés par les leaders religieux iraniens, comme le Président Rohani.
  1. Revenir à l’idée universelle romaine. L’eurasisme est un projet impérial, pan-impérial, qui est une actualisation des pouvoirs impériaux romain (et donc byzantin, allemand et russe), perse et chinois. 

J’ajouterai à cette douzaine de pistes une treizième, celle qui doit déboucher sur une dé-dollarisation définitive de l’économie mondiale. Quelques initiatives, surtout au départ des BRICS, ont déjà marqué des points dans ce sens.

Pour réaliser ce programme suggéré par Alfonso Piscitelli, il convient évidemment d’éviter deux écueils :

  1. Présenter ces pistes sous la forme d’un discours d’excité, truffé de rêveries ridicules, risquant de faire interpréter toute démarche eurasiste comme un irréalisme extrémiste, lequel serait automatiquement discrédité dans les médias.
  1. Eviter les polémiques gratuites contre les autres sujets de l’histoire européenne : pas de russophobie ou de germanophobie anachroniques, pas de sinophobie rappelant les discours sur le « péril jaune », etc. Et pas davantage de discours anti-grecs, sous prétexte que la Grèce aurait mal gérée ses finances, ou de discours hispanophobes, prenant le relais des « légendes noires » colportées contre l’Espagne impériale par les protestants dès la XVIe siècle.

Vous constaterez qu’il y a un immense chantier devant nous. Au travail !

Robert Steuckers,

Forest-Flotzenberg, septembre 2015, février 2016.

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Articles anonymes:

-          La nouvelle route de la soie, une arme de destruction massive de l’étau géopolitique anglo-américain, https://zoidberginfo.wordpress.com, 26 août 2013.

-          Nazarbaev rieletto Presidente del Kazakhstan : significato e reinterpretazioni, http://www.geopolitica-rivista.org , repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com, 10 mai 2015.

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-          Chinese pledge S600m to Khorgos Free Economic Zone, http://www.eurasianbusinessbriefing.com , 4 septembre 2015.

-          Essarcompany hopes Russia will become India’s prime oil, gas supplier, http://www.therussophile.org , 4 septembre 2015.

-          Le grand échiquier, http://www.chroniquesdugrandjeu.com , 11 octobre 2015.

-          Mackinder, bouche tes oreilles ! , http://www.chroniquesdugrandjeu.com , 4 novembre 2015.

-          Les seigneurs de l’anneau, http://www.chroniquesdugrandjeu.com , repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com, le 12 novembre 2015.

-          Moscou ou la technique du rhinocéros, http://leblancetlenoir.com , repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com, 12 novembre 2015.

Attentats à Paris et à Bruxelles : «C'est l'ennemi qui nous désigne»

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Attentats à Paris et à Bruxelles : «C'est l'ennemi qui nous désigne»

Par Mathieu Bock-Côté

Ex: http://www.lefigaro.fr

FIGAROVOX/ANALYSE:

Pour comprendre la guerre qui oppose l'Europe à l'islamisme, Mathieu Bock-Côté nous invite à redécouvrir Julien Freund.


Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Son prochain livre Le multiculturalisme comme religion politique paraît le 18 avril aux éditions du Cerf.


julfs.jpgPendant un bon moment, la figure de Julien Freund (1921-1993) a été oubliée. Il était même absent du Dictionnaire des intellectuels français paru en 1996 au Seuil, sous la direction de Jacques Julliard et Michel Winock, comme si sa contribution à la vie des idées et à la compréhension du monde était insignifiante. Son œuvre n'était pas rééditée depuis 1986. L'ancien résistant devenu philosophe qui refusait les mondanités parisiennes et la vision de la respectabilité idéologique qui les accompagne œuvrait plutôt en solitaire à une réflexion centrée sur la nature du politique, sur la signification profonde de cette sphère de l'activité humaine.

Son souvenir a pourtant commencé à rejaillir ces dernières années. Après avoir réédité chez Dalloz en 2004 son maître ouvrage, L'essence du politique, Pierre-André Taguieff lui consacrait un petit ouvrage remarquablement informé, Julien Freund: au cœur du politique, à La Table Ronde en 2008. En 2010, certains des meilleurs universitaires français, parmi lesquels Gil Delannoi, Chantal Delsol et Philippe Raynaud, se rassemblaient dans un colloque consacré à son œuvre, dont les actes seront publiés en 2010 chez Berg international. Son œuvre scientifique y était explorée très largement.

Mais ce sont les événements récents qui nous obligent à redécouvrir une philosophie politique particulièrement utile pour comprendre notre époque. L'intérêt académique que Freund pouvait susciter se transforme en intérêt existentiel, dans une époque marquée par le terrorisme islamiste et le sentiment de plus en plus intime qu'ont les pays occidentaux d'être entraînés dans la spirale régressive de la décadence et de l'impuissance historique. Freund, qui était clairement de sensibilité conservatrice, est un penseur du conflit et de son caractère insurmontable dans les affaires humaines.

Dans son plus récent ouvrage, Malaise dans la démocratie (Stock, 2016), et dès les premières pages, Jean-Pierre Le Goff nous rappelle ainsi, en se référant directement à Freund, que quoi qu'en pensent les pacifistes qui s'imaginent qu'on peut neutraliser l'inimitié par l'amour et la fraternité, si l'ennemi décide de nous faire la guerre, nous serons en guerre de facto. Selon la formule forte de Freund, «c'est l'ennemi qui vous désigne». C'est aussi en se référant au concept d'ennemi chez Freund qu'Alain Finkielkraut se référait ouvertement à sa pensée dans le numéro de février de La Nef.

En d'autres mots, Freund ne croyait pas que l'humanité transcenderait un jour la guerre même si d'une époque à l'autre, elle se métamorphosait. Le conflit, selon lui, était constitutif de la pluralité humaine. Et contre le progressisme qui s'imagine pouvoir dissoudre la pluralité humaine dans une forme d'universalisme juridique ou économique et le conflit politique dans le dialogue et l'ouverture à l'autre, Freund rappelait que la guerre était un fait politique insurmontable et que l'accepter ne voulait pas dire pour autant la désirer. C'était une philosophie politique tragique. Mais une philosophie politique sérieuse peut-elle ne pas l'être?

La scène commence à être connue et Alain Finkielkraut l'évoquait justement dans son entretien de La Nef. Freund l'a racontée dans un beau texte consacré à son directeur de thèse, Raymond Aron. Au moment de sa soutenance de thèse, Freund voit son ancien directeur, Jean Hyppolite, s'opposer à sa vision tragique du politique, en confessant son espoir de voir un jour l'humanité se réconcilier. Le politique, un jour, ne serait plus une affaire de vie et de mort. La guerre serait un moment de l'histoire humaine mais un jour, elle aurait un terme. L'humanité était appelée, tôt ou tard, à la réconciliation finale. Le sens de l'histoire en voudrait ainsi.

Freund répondra qu'il n'en croyait rien et que si l'ennemi vous désigne, vous le serez malgré vos plus grandes déclarations d'amitié. Dans une ultime protestation, Hyppolite dira qu'il ne lui reste plus qu'à se réfugier dans son jardin. Freund aura pourtant le dernier mot: si l'ennemi le veut vraiment, il ira chercher Jean Hyppolite dans son jardin. Jean Hyppolite répondra terriblement: «dans ce cas, il ne me reste plus qu'à me suicider». Il préférait s'anéantir par fidélité à ses principes plutôt que vivre dans le monde réel, qui exige justement qu'on compose avec lui, en acceptant qu'il ne se laissera jamais absorber par un fantasme irénique.

La chose est particulièrement éclairante devant l'islamisme qui vient aujourd'hui tuer les Occidentaux dans leurs jardins. Les élites occidentales, avec une obstination suicidaire, s'entêtent à ne pas nommer l'ennemi. Devant des attentats comme ceux de Bruxelles ou de Paris, elles préfèrent s'imaginer une lutte philosophique entre la démocratie et le terrorisme, entre la société ouverte et le fanatisme, entre la civilisation et la barbarie. On oublie pourtant que le terrorisme n'est qu'une arme et qu'on n'est jamais fanatique qu'à partir d'une religion ou idéologie particulière. Ce n'est pas le terrorisme générique qui frappe les villes européennes en leur cœur.

On peut voir là l'étrange manie des Occidentaux de traduire toutes les réalités sociales et politiques dans une forme d'universalisme radical qui les rend incapables de penser la pluralité humaine et les conflits qu'elle peut engendrer. En se délivrant de l'universalisme radical qui culmine dans la logique des droits de l'homme, les Occidentaux auraient l'impression de commettre un scandale philosophique. La promesse la plus intime de la modernité n'est-elle pas celle de l'avènement du citoyen du monde? Celui qui confessera douter de cette parousie droit-de-l'hommiste sera accusé de complaisance réactionnaire. Ce sera le cas de Freund.

Un pays incapable de nommer ses ennemis, et qui retourne contre lui la violence qu'on lui inflige, se condamne à une inévitable décadence. C'est ce portrait que donnent les nations européennes lorsqu'elles s'imaginent toujours que l'islamisme trouve sa source dans l'islamophobie et l'exclusion sociale. On n'imagine pas les nations occidentales s'entêter durablement à refuser de particulariser l'ennemi et à ne pas entendre les raisons que donnent les islamistes lorsqu'ils mitraillent Paris ou se font exploser à Bruxelles. À moins qu'elles n'aient justement le réflexe de Jean Hyppolite et préfèrent se laisser mourir plutôt que renoncer à leurs fantasmes?

Dans La fin de la renaissance, un essai paru en 1980, Freund commentait avec dépit le mauvais sort de la civilisation européenne: «Il y a, malgré une énergie apparente, comme un affadissement de la volonté des populations de l'Europe. Cet amollissement se manifeste dans les domaines les plus divers, par exemple la facilité avec laquelle les Européens acceptent de se laisser culpabiliser, ou bien l'abandon à une jouissance immédiate et capricieuse, […] ou encore les justifications d'une violence terroriste, quand certains intellectuels ne l'approuvent pas directement. Les Européens seraient-ils même encore capables de mener une guerre»?

On peut voir dans cette dévitalisation le symptôme d'une perte d'identité, comme le suggérait Freund dans Politique et impolitique. «Quels que soient les groupements et la civilisation, quelles que soient les générations et les circonstances, la perte du sentiment d'identité collective est génératrice et amplificatrice de détresse et d'angoisse. Elle est annonciatrice d'une vie indigente et appauvrie et, à la longue, d'une dévitalisation, éventuellement, de la mort d'un peuple ou d'une civilisation. Mais il arrive heureusement que l'identité collective se réfugie aussi dans un sommeil plus ou moins long avec un réveil brutal si, durant ce temps, elle a été trop asservie».

Le retour à Freund est salutaire pour quiconque veut se délivrer de l'illusion progressiste de la paix perpétuelle et de l'humanité réconciliée. À travers sa méditation sur la violence et la guerre, sur la décadence et l'impuissance politique, sur la pluralité humaine et le rôle vital des identités historiques, Freund permet de jeter un nouveau regard sur l'époque et plus encore, sur les fondements du politique, ceux qu'on ne peut oublier sans se condamner à ne rien comprendre au monde dans lequel nous vivons. Si l'œuvre de Freund trouve aujourd'hui à renaître, c'est qu'elle nous pousse à renouer avec le réel.

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La Turquie est partout !

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La Turquie est partout!

Michel Lhomme, politologue

Ex: http://metamag.fr

Pour les attentats de Bruxelles comme pour ceux de Paris, la proximité entre les suspects et la Turquie apparaît comme un élément clé du dossier.

Au-delà de la Turquie, ce sont les liens avec le wahabisme saoudien ou du moins certains de ses services qui se profilent mais ce qui paraît clair, c’est que de plus en plus la piste nous ramène à la Turquie. C’est d’ailleurs la thèse défendue âprement par le réseau Voltaire souvent bien informé.

Ainsi l’Audi S4 noire, ayant servi à véhiculer les auteurs des attentats de Bruxelles et appartenant à un jeune turc de vingt-deux ans, identifié par les services de renseignement belges pour avoir fait, en 2015 un voyage en Arabie Saoudite aux motivations peu claires nous ramène une fois de plus, par les enquêtes et les fuites policières, non pas à des fanatiques de banlieue en roue libre mais plutôt à une intense activité militarisée entre d’un côté des exécuteurs de basses œuvres installés en Belgique et de l’autre des organisateurs qui sont souvent passés par la Turquie via l’Arabie Saoudite pour rejoindre l’État Islamique ou pour en revenir.

L’enquête de ces derniers jours montre bien cette fois que les services de renseignement s’intéressent aux allées et venues entre l’Europe et l’Arabie Saoudite qui demeure pourtant l’un des principaux partenaires militaires de la France dans la déstabilisation programmée depuis 2011 de la Syrie.

Il est tout de même curieux que, tout à coup, les routes d’Europe se trouvent parcourues par une multitude de suspects qui empruntent toujours la route du Danube pour revenir à la frontière turque alors que dans le même temps la Russie prend au sérieux les menaces de fermeture du Bosphore par Istanbul.

Il devient de plus en plus frappant que la version officielle des attentats qui limitait l’organisation de ceux-ci à 8 personnes, ne tient pas. En réalité, des réseaux structurés, importants, dotés de moyens étrangers, sont à l’œuvre. Il est maintenant évident que des services secrets étrangers (Turquie?) manipulent ou essaient de manipuler les événements.

Mais à ce front occidental turc, serions-nous passés à un front oriental turc avec les combats meurtriers qui ont repris entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dans la région du Haut-Karabagh et qui ont fait plus de trente morts. Le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui couvait depuis 1994 a repris ces derniers jours (« d’une ampleur inédite » selon le Haut-Représentant du Haut-Karabagh en France) dans le Haut-Karabagh, chacun de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie se rejetant la responsabilité d’avoir rompu la trêve et repris les hostilités.

N’est-ce pas alors l’ouverture d’une énième guerre par procuration et une fois de plus entre la Russie et la Turquie sur fond de guerre en Syrie ? En effet, la Russie soutient l’Arménie au sein d’une alliance dans l’Organisation du Traité de Sécurité Collective, la Turquie soutient l’Azerbaïdjan pour prendre de revers l’Arménie avec qui elle est en conflit historico-mémoriel.

De fait, cette semaine, le président Vladimir Poutine a appelé à un «cessez-le-feu immédiat» , alors que le président Recep Tayyip Erdogan a dit soutenir « jusqu’au bout » son allié azerbaïdjanais. A cette rivalité russo-turque  »nouvelle » dans le feu des événements s’ajoute dans le conflit du Haut-Karabagh, le rôle de l’Iran.

En effet, l’Iran est peuplé comme l’Azerbaïdjan de chiites, mais pour des raisons géostratégiques (en particulier le tracé des gazoducs et des oléoducs), Téhéran est proche diplomatiquement de l’Arménie. Or, diviser le peuple chiite est aussi une belle option dans le scénario de chaos actuel du champ de bataille syrien.

Ah, mais que l’Orient est donc compliqué !

mercredi, 13 avril 2016

100 Jahre Osteraufstand

100 Jahre Osteraufstand

von Christoph George

Ex: http://www.blauenarzisse.de

risingpg03-5.jpgDieses Jahr begeht Irland den 100. Jahrestag des Osteraufstandes. Ein Grund, die Ereignisse von damals Revue passieren zu lassen. Ein Beitrag von Christoph George.

Die Geschichte der irischen Aufstände gegen die britische Kolonialmacht ist lang und reicht über die Jahrhunderte bis in die Frühphase der englischen Kolonisation zurück. So unterschiedlich all diese Rebellionen auch gewesen sein mögen, hatten sie doch letztlich eines gemeinsam: sie waren allesamt erfolglos. Das Imperium erwies sich stets als zu stark, Irland stets als zu schwach, um sich aus den Fängen des ungeliebten Nachbarn gänzlich befreien zu können. Nicht anders verhielt es sich mit dem Aufstand um die Osterzeit 1916, welcher sich hauptsächlich auf Dublin konzentrierte. Und dennoch kamen die Unabhängigkeitsbestrebungen der Iren mit diesem Osteraufstand entschieden voran.

Nach dem Osteraufstand vereinigten sich die verschiedenen Gruppen zur IRA

Die Idee einer Unabhängigkeit vom britischen Imperium stieß am Anfang des 20. Jh. in Irland keineswegs auf große Zustimmung. Anders als in vergangenen Zeiten waren die zurückliegenden Jahrzehnte politisch und wirtschaftlich zu ruhig, als daß der Unmut des durchschnittlichen Iren zu einer Unabhängigkeit gedrängt hätte. So waren es auch nur verhältnismäßig kleine Gruppen wie die Irish Republican Brotherhood (IRB), welche mit dem Ausbruch des Ersten Weltkrieges eine bewaffnete Rebellion gegen die englische Besatzung beschlossen. Während viele Iren freiwillig in den Reihen der britischen Armee kämpften, nahm die IRB Kontakte nach Deutschland auf, um im Kaiserreich den entscheidenden Verbündeten für ihr Vorhaben zu finden.

So wurde von Seiten der Iren die Idee eines deutschen Landungsunternehmens im Westen Irlands vorgeschlagen, um die Engländer mit einem Schlag von der Insel zu fegen. Dies lehnte man jedoch von deutscher Seite aus ebenso ab, wie die Bitte um Entsendung deutscher Ausbilder für einen Guerillakrieg. Letztlich einigte man sich auf die Lieferung von 20.000 französischen und russischen Beutegewehren an die irischen Aufständischen. Mit ihnen sollte der akute Mangel an Waffen behoben werden, der ansonsten über 10.000 potentielle Rebellen zur Untätigkeit verdammte. Die Auslieferung sollte mit einem unter norwegischer Fahne getarnten Handelsschiff am Vorabend des Osterwochenendes 1916 erfolgen. Dieses wurde jedoch kurz vor der irischen Küste von einem englischen Kriegsschiff aufgebracht und entzog sich anschließend durch Selbstversenkung seiner Beschlagnahmung.

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Ausrufung der Republik am 24. April 1916

Mit dieser geplatzten Waffenlieferung wurde dem irischen Aufstand das Rückgrat gebrochen, noch bevor auch nur ein Schuß fallen konnte. Seitens der Anführer der irischen Rebellen, unter welchen heute berühmte Namen wie James Conolly, Roger Casement und Patrick Pearse zu finden waren, entschloß man sich dennoch zu dem Vorhaben – jedoch im kleineren Maßstab. Wurde ursprünglich ein Aufstand über das ganze Land hinweg geplant, um britische Kasernen, Häfen und wichtige Punkte der Infrastruktur zu besetzen, sollte sich der Aufstand nun – der fehlenden Waffen wegen – auf die Hauptstadt Dublin konzentrieren. Aus 15.000 Aufständischen, wurden so lediglich 1200.

Der deswegen verunsicherten Masse an verbleibenden Kämpfern sagte man, sie würden nun durch die Einnahme von Schlüsselpositionen der Stadt diese unter Kontrolle bringen, um anschließend von hier aus den Aufstand über das ganze Land auszuweiten. Insgeheim waren sich jedoch die Anführer des Osteraufstandes darüber im Klaren, daß ihr Unternehmen in einem militärischen Desaster enden mußte. England, welches zur damaligen Zeit noch als das mächtigste Land der Welt galt, war schlichtweg zu stark. Der Aufstand sollte ab jetzt nur noch durchgeführt werden, um ein Fanal für die Geschichte Irlands zu schaffen; eine Tat des selbstlosen Aufbäumens gegen den ewigen Besatzer, welche zur Inspiration zukünftiger Generationen werden möge.

Und eben so kam es dann auch: am 29. April 1916 blieb den Rebellen nach nur fünf Tagen verheerender Straßenkämpfe, welche die größten Zerstörungen einer europäischen Großstadt seit den napoleonischen Feldzügen mit sich brachte, nichts weiter übrig, als angesichts der hoffnungslosen Überlegenheit der Briten die Waffen zu strecken. Die am Beginn des Aufstandes von James Conolly ausgerufene Republik mußte vorerst weiterhin ein Traum bleiben.

“Ireland unfree shall never be at peace.” (Patrick Pearse)

Am Ende des Aufstandes zählte man 130 tote britische Soldaten, 60 tote Rebellen und ca. 250 tote Zivilisten und die Masse der überlebenden Aufständischen wurde über Jahre in England interniert. Doch mit der Exekution ihrer 15 Anführer im Mai 1916 begannen die Briten jenen für sie fatalen Fehler, welcher die Grundlage für das Scheitern ganzer Imperien legen kann: sie schufen Märtyrer. Mit diesen Hinrichtungen schlug die Ablehnung der Rebellen in der irischen Öffentlichkeit nun in Zustimmung um, und die Idee der irischen Unabhängigkeit bekam Rückenwind. In den Folgejahren konnten denn auch durch einen Unabhängigkeitskrieg größere Zugeständnisse seitens der Briten erkämpft werden, was vor allem mehr Selbstverwaltung und niedrigere Pflichten gegenüber London betraf. Die wirkliche politische Unabhängigkeit kam jedoch erst 1949 mit der Gründung der Republik Irland auf gänzlich politischem Weg, wobei bis heute das 1921 von London einbehaltene Nordirland ein Teil Großbritanniens blieb.

Für die irische Republik ist der Osteraufstand von 1916 ihr ideeller Gründungsakt, der deswegen auch Jahr für Jahr traditionell mit Militärparaden und Nachstellung der Ausrufung der Republik in Dublin begannen wird. Zum 100. Jahrestag finden am anstehenden Osterwochenende zudem zahlreiche weitere Veranstaltungen rund um die damaligen Ereignisse statt, um jene patriotische Tat auch dem jungen Irland in lebendiger Erinnerung zu halten.

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L’Europe et les migrations – causes, conséquences et gestion

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L’Europe et les migrations – causes, conséquences et gestion

par Albert A. Stahel,

Institut d’études stratégiques, Wädenswil

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Le mouvement migratoire qui se répand actuellement en Europe pourrait s’inscrire dans la réalité au cours des prochaines années, peut-être même sur des décennies.

Les réfugiés syriens

Poussés par la pénurie de produits alimentaires, elle-même conséquence de la sécheresse qui a sévi entre 2006 et 2010, par la corruption du régime ainsi que par le «printemps arabe», l’opposition sunnite a manifesté au début de l’année 2011 dans la ville syrienne de Dara contre le régime issu de la minorité alaouite du président Bashar al-Assad, régime au pouvoir depuis 1963. Le gouvernement a alors accepté quelques réformes; ainsi, le rôle dirigeant du parti Baas a été supprimé du texte de la Constitution. Les pouvoirs du président en ont été augmentés d’autant. Très rapidement l’escalade du conflit a évolué vers une véritable guerre entre l’armée syrienne et les divers groupes armés sunnites tels la Free Syrian Army. Aujourd’hui, l’opposition sunnite est totalement divisée.


Un nombre sans cesse croissant d’Etats et de groupes étrangers se sont alors immiscés dans cette guerre. Ainsi, les Etats-Unis et la Turquie ont soutenu la Free Syrian Army par des livraisons d’armes tandis que l’Arabie saoudite et le Qatar finançaient avant tout les groupes islamistes qu’ils approvisionnaient également en armes. L’Iran est accouru au secours de son allié al-Assad, en expédiant au régime syrien non seulement des armes, mais aussi des conseillers militaires et des troupes de combat de la garde républicaine et du Hezbollah libanais. Depuis septembre 2015, la Fédération de Russie s’est également jointe aux hostilités, ses avions de combat se livrant à des bombardements depuis la base aérienne militaire de Hmeimim.


La conséquence de la poursuite de la guerre ininterrompue depuis 2011 a été la destruction, non seulement de villes comme Alep et Damas, mais aussi de sites archéologiques, telle l’Apamée hellénistique. En outre, les organisations salafistes comme l’Etat islamique (EI) ont détourné à leur profit la guerre en Syrie pour atteindre leurs propres objectifs et conquis d’immenses territoires. Actuellement, l’EI doit contrôler environ 50% de la Syrie. Une coalition conduite par les Etats-Unis mène une guerre aérienne contre l’EI, avec des résultats modérés. Faute de pouvoir utiliser ses propres troupes, Washington emploie des mercenaires kurdes recrutés au PYD syrien – de nouveau probablement allié du PKK kurde – et les Peshmergas irakiens.


En 2012, la Syrie avait une population d’environ 22'597'531 habitants.1 De mars 2012 à l’été 2015, il y a eu vraisemblablement 250'000 décès de Syriens et Syriennes. Dans le même temps, des millions de personnes, surtout Sunnites, se sont enfuis de Syrie. Selon l’UNHCR, on en dénombre 4'603'363, en Turquie, Egypte, Irak, Jordanie et au Liban2 dont, à la fin de l’année 2015, entre 2 et 2,5 millions étaient réfugiés en Turquie3 et 245'022 en Irak4. En Syrie même, plus de 7,5 millions de personnes déplacées auraient été chassées de leurs maisons et appartements.


Plus d’un demi-million de Syriens et Syriennes, surtout Sunnites, pourraient avoir émigré en 2015 depuis la Turquie jusqu’en Autriche, en Allemagne et en Suède en passant par la Grèce et la route des Balkans.

Les réfugiés irakiens

Depuis l’invasion des Etats-Unis et de leur «Coalition des bonnes volontés» en mars/avril 2003 et la chute de Saddam Hussein, la guerre règne en Irak entre les Chiites et les Sunnites. Très rapidement, à partir de 2003, s’est formée une quasi-avant-garde des Sunnites évincés du pouvoir, Al-Qaïda en Irak, dont le chef était le Jordanien Abu Musab al-Zarqawi. Après qu’il ait été abattu le 7 juin 2006, au laser et par des bombes dirigées par GPS depuis un avion de combat US F-16,5 Al-Qaïda en Irak s’est graduellement transformé en Etat islamique. Aujourd’hui l’EI, sous l’égide du calife Ibrahim, contrôle encore environ 30% de l’Irak malgré les pertes territoriales infligées au cours des derniers mois par les Peshmergas et l’armée irakienne.


L’Etat islamique continue ses attaques contre les opposants chiites et les membres du gouvernement de Bagdad. Sur le plan militaire, l’Irak va recevoir les conseils des Gardes de la révolution iraniens. Il y a également en Irak des milices chiites sous commandement iranien. Les Etats-Unis consolident avec leurs alliés la puissance de l’armée irakienne et lui dispensent des formations. L’objectif final est la reconquête de la grande ville irakienne de Mossoul qui sert de capitale à l’EI. La guerre en Irak pourrait encore durer quelques temps à cause du retrait, ordonné par le président Obama, de toutes les troupes de l’armée de terre américaine fin 2011 et de par la vacance de pouvoir qui en a résulté.


La population de l’Irak était en 2014 de 32'585'692 personnes.6 En décembre 2015 le nombre des réfugiés irakiens était estimé à 2'019'050.7 1'400'000 d’entre eux ont été déplacés à l’intérieur de l’Irak et 400'000 vivent en Syrie. Seuls 166'000 réfugiés sont stationnés en Turquie. Dans l’intervalle, une partie d’entre eux pourrait avoir émigré en Autriche, en Allemagne et en Suède.

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Les réfugiés en provenance d’Afghanistan, du Pakistan, d’Iran et d’Afrique du Nord

Parmi les candidats potentiels à l’émigration, il faut mentionner les jeunes en provenance de divers Etats d’Asie et d’Afrique du Nord, et ce, en raison de la situation économique, des conditions sociales, d’un mauvais approvisionnement en denrées alimentaires et en eau et aussi, en partie, à cause de la situation politique à l’intérieur du pays d’origine.

L’Afghanistan fait partie de ces Etats. Malgré la lutte pour le pouvoir entre le gouvernement de Kaboul et les Talibans, le calme règne dans de nombreuses provinces. S’il se produit des attaques terroristes de la part des Talibans, elles ont lieu surtout à Kaboul et sont dirigées contre les troupes américaines ou afghanes. L’augmentation du nombre de ces attaques pourrait être la conséquence du départ presque total des troupes territoriales des Etats-Unis et de leurs alliés à la fin de 2014.


Au 1er janvier 2016, on estimait la population de l’Afghanistan à 33'275'428 personnes.8 Une année auparavant, on n’en dénombrait que 32'376'967, ce qui équivaut à un taux de croissance de 2,78%. Malgré l’émigration, la population est en augmentation. Cependant, ce qui est inquiétant, c’est le fait que 14'067'852 personnes, soit 42,3% de la population, a moins de 15 ans, répartis entre 7'209'454 garçons et 6'858'398 filles. Au vu de la situation économique et sociale et de l’espérance de vie moyenne, qui est de 44,8 ans pour les hommes, une partie non négligeable de la population mâle de l’Afghanistan entre 10 et 20 ans pourrait désirer émigrer. Il pourrait s’agir là de 2,5 à 5 millions de jeunes.


Voisin de l’Afghanistan, le Pakistan présente une situation identique. Il en résulte là aussi – surtout dans le nord-ouest – des troubles dont les auteurs sont les Talibans pakistanais. Tout comme en Afghanistan, il y a au Pakistan d’énormes différences économiques et sociales entre les classes sociales les plus basses et les élites. Au 1er janvier 2016, le Pakistan avait une population de 190'814'320 personnes.9 Un an plus tôt, elle ne comptait que 187'831'555 personnes, ce qui signifie un taux de croissance démographique 1,59%. La couche de population des moins de 15 ans atteignait 67'603'605 personnes, soit 35,4% de la population totale, dont 34'726'298 garçons et 32'877'307 filles. Il est plus difficile d’estimer le nombre de candidats à l’émigration du Pakistan. Il pourrait cependant s’agir de plus d’un million.


L’Iran est dirigé par une théocratie. En Iran, les facteurs déterminants l’émigration sont le manque de perspectives économiques et une société sclérosée. Au 1er janvier 2016, l’Iran avait une population de 80'311'566 personnes.10 Dix ans plus tôt, ils étaient 79'321'632, ce qui, par conséquent, indique un taux de croissance démographique de 1,25% pour la République populaire islamique d’Iran. Début 2016, le nombre de jeunes de moins de 15 ans s’élevait à 19'318'947, soit 24,1% de la population, dont 9'907'235 garçons et 9'411'712 filles. En Iran également on relève un excédent de garçons. Au contraire des pays voisins, seuls quelques éléments des couches sociales les plus défavorisées seraient susceptibles d’être candidats à l’émigration. Les dirigeants politiques iraniens sont attentifs aux besoins des catégories sociales inférieures. Par contre, selon mes expériences personnelles lors de plusieurs voyages et de nombreux entretiens, ce sont avant tout les diplômés universitaires et les étudiants qui pourraient être tentés par l’émigration, notamment aux Etats-Unis.


Les pays d’Afrique du Nord offrent une image contrastée. La Libye est un pays en déliquescence, où le chaos domine et où s’affrontent différentes milices. Ici aussi, l’Etat islamique est actif et il a cherché à y établir un territoire sous contrôle. A la suite du «printemps arabe», la Tunisie s’est transformée en quasi démocratie. Toutefois la situation de politique intérieure y demeure marquée par l’instabilité. L’Algérie est dirigée par une dictature militaire. Les manifestations n’y sont pas admises. La population berbère de Kabylie exige de la classe dirigeante arabe la reconnaissance de son ethnie, voire même un degré d’accession à l’autonomie. Le même constat s’applique également aux Touareg des montagnes du Hoggar au Sahara. En plus de ces conflits et revendications ethniques, le régime est confronté à des attaques de la branche locale d’Al-Qaïda au Maghreb. Le Maroc voisin offre le même tableau que l’Algérie. Depuis longtemps les Berbères de l’Atlas et de la région de Marrakech y sont opprimés par les souverains arabes de Rabat. S’y ajoute en outre la question non résolue de l’avenir de la région de l’ancien Sahara espagnol. Les combattants sahraouis et leurs familles vivent toujours dans des camps de réfugiés en Algérie.


La Libye, pays en pleine déliquescence, avait en 2016 une population de 6'678'697 habitants.11 L’année précédente, elle était de 6'543'636, avec par conséquent un taux de croissance démographique de 2,06%. Avec un total de 2'188'409, dont 1'118'081 garçons et 1'070'328 filles de moins de 15 ans, nous avons ici une très jeune population (32,8?% du total). Là aussi, on relève un excédent de garçons. Au vu de la situation désastreuse du pays, la Libye devrait avoir une proportion élevée de candidats à l’émigration parmi les jeunes.


Au 1er janvier 2016, la Tunisie avait une population de 11'205'342 d’habitants avec un taux de croissance de 0,98?%.12 Avec 2'601'208 adolescents (1'343'408 garçons et 1'257'800 filles) de moins de 15 ans, la proportion par rapport à l’ensemble de la population s’élève à 23,2?%. La Tunisie a le taux le plus élevé de combattants étrangers engagés dans l’EI et doit aussi compter avec un pourcentage élevé de candidats à l’émigration.


L’Algérie comptait au 1er janvier 2016 une population de 40'319'284 habitants et un taux de croissance de 1,17%.13 24,2% de ces personnes, c’est-à-dire 9'752'025, avaient moins de 15 ans, dont 4'976'609 garçons et 4'775'416 filles. La dictature militaire limitant la libre circulation des jeunes, beaucoup d’entre eux seraient donc susceptibles de désirer émigrer.


Le Maroc ne diffère pas de l’Algérie dans la structure de sa population. Au 1er janvier 2016, le Maroc avait une population de 33'931'519 habitants et un taux de croissance de 1,07%.14 On y dénombrait 9'443'481 jeunes gens de moins de 15 ans, dont 4'791'809 garçons et 4'651'672 filles, soit 27,8% de l’ensemble de la population. Du fait que le Royaume du Maroc, comparé à la dictature militaire de l’Algérie, exerce une répression moindre à l’encontre de son opposition, le taux des candidats à l’émigration devrait être inférieur à celui relevé dans la dictature militaire algérienne.


Dans l’analyse des trois pays, Tunisie, Algérie et Maroc, il faut également considérer qu’ils ont, en raison de leur passé historique, encore une relation étroite avec l’ancienne puissance coloniale française, dont font notamment partie la langue et la culture.

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Les conséquences de l’appel de Mme Merkel

Avec son appel, la Chancelière allemande Mme Merkel a, en prônant l’entrée sans conditions des réfugiés syriens en Allemagne, enfreint différentes réglementations et entrainé diverses répercussions. Tout d’abord, avec son appel unilatéral, elle s’est non seulement placée au-dessus du droit de contrôle du Parlement allemand, mais elle a également annulé de son propre chef les deux Accords de Schengen et de Dublin. Tous deux reposent sur un contrôle de l’immigration des demandeurs d’asile en Europe et leur enregistrement obligatoire. En cas de refus de leur demande d’asile, ils doivent être renvoyés dans le pays dans lequel ils ont été enregistrés à leur arrivée en Europe. C’est principalement cette mesure qui a été abrogée.


En outre, elle a généré avec son appel un effet d’entrainement sur les réfugiés syriens vivant en Turquie ainsi que sur les candidats à l’émigration issus des pays mentionnés plus haut. En ce sens, elle est à l’origine d’un flux migratoire incontrôlé qui à présent déferle sur l’Europe. Non seulement les pays qui se trouvent sur la route des Balkans, comme la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Croatie, la Slovénie ont été submergés par l’endiguement de cette arrivée massive d’immigrés, mais en Allemagne même cela a déclenché un véritable chaos de réfugiés et de demandeurs d’asile. Comme le montre l’actualité, la police et les institutions allemandes ne parviennent plus, ni à enregistrer les demandes, ni à contrôler ce flot de plus d’un million d’immigrants. En fait, le chaos règne en Allemagne dans le domaine des réfugiés, complété par la petite délinquance de certains immigrants.


A cela s’ajoute le fait que l’intégration de nombre de ces immigrés – qui ne proviennent pas de régions en guerre – va très rapidement surcharger l’Allemagne. Un grand nombre de jeunes Afghans ont ainsi interrompu leur scolarité, lorsqu’ils ne sont pas tout bonnement analphabètes, ce qui signifie que, même dans leur propre langue, ils ne savent ni lire ni écrire. A quoi viennent s’ajouter les problèmes culturels, comme l’ont montré les évènements du 31 décembre 2015 à Cologne. Beaucoup de ces jeunes gens, en particulier ceux venant d’Afghanistan, du Pakistan, de l’Afrique du Nord, vivent dans des sociétés dans lesquelles les femmes comptent pour rien et sont au mieux des marchandises.


Cela n’est qu’en partie dû à l’islam en tant que religion. Ce sont notamment les sociétés d’où proviennent ces jeunes gens qui sont archaïques. Le fait que ce soient avant tout des jeunes hommes qui ont émigré en Europe génère un autre problème. A l’avenir, l’Allemagne va devoir se confronter à la société parallèle instable née de cette immigration.


Avec son appel, Mme Merkel n’a pas seulement remis en question l’avenir de l’Allemagne, mais c’est aussi l’avenir même de l’Europe qu’elle a remis en cause, par son abrogation unilatérale des Accords de Schengen et de Dublin. L’un après l’autre, les pays ont réintroduit les contrôles frontaliers. Ainsi, ces deux accords n’ont même plus la valeur du papier sur lequel ils ont été conçus.


Mme Merkel s’entête à refuser d’introduire en Allemagne des contrôles aux frontières et des quotas. En même temps, elle continue à parler d’une solution européenne pour la crise migratoire, ce qui, au vu des évènements, est devenu totalement inenvisageable. Elle remet de plus en plus en question l’avenir de l’Allemagne tout comme, en principe, celui de l’Europe toute entière.

Qui y a-t-il derrière l’appel de Mme Merkel?

Il y a deux ans encore, la chancelière fédérale refusait de manière impitoyable toute concession face à l’Italie au sujet de l’accueil par l’Allemagne de réfugiés en provenance d’Afrique. Etrange volte-face.

Malheureusement, on ne peut pour le moment que spéculer sur ce revirement. On peut concevoir que cet appel réponde à une proposition de l’administration Obama. Par la poursuite de leurs guerres au Moyen-Orient, les Etats-Unis sont responsables de la souffrance, des tragédies et du drame des réfugiés dans ces régions. Il est possible qu’au travers de l’accueil par l’Allemagne des réfugiés syriens venus de Turquie, l’administration Obama espère se soustraire à sa responsabilité vis-à-vis de la catastrophe engendrée par les Etats-Unis. Il est aussi plausible qu’on lui ait suggéré que l’Allemagne pourrait ainsi négocier des indulgences pour les crimes commis par le régime nazi en accueillant des réfugiés et générer en même temps un renouvellement de la société allemande vieillissante. Mais le fait est qu’avec cet appel, elle a déclenché un phénomène migratoire qui pourrait bouleverser l’Europe.

Solution à la crise migratoire

Comment pourrait-on résoudre cette crise migratoire et l’endiguer à l’avenir? Comme l’ont montré les récents évènements touchant aux réfugiés et aux migrants en provenance d’Afrique, la reconduite à la frontière et l’expulsion des personnes refusées est pratiquement impossible. Il ne reste que la possibilité de stopper le flux migratoire. Il faudrait pour cela que les trois pays, l’Allemagne, l’Autriche et la Suède, arrêtent leur soutien financier aux immigrants. En remplacement, on ne fournirait plus qu’un soutien pratique. Il faudrait en outre cesser de distribuer gratuitement des portables et de fournir le généreux soutien d’assistants sociaux et d’avocats. Dès à présent, les organisations humanitaires pour les réfugiés ne devraient plus recevoir d’aide financière de l’Etat. La prochaine étape de dissuasion serait l’obligation pour les migrants de séjourner impérativement dans des camps situés en dehors des grandes villes. Ensuite, les infractions, telles le fait de peloter des femmes ou même de les violer devraient être passibles de sanctions très sévères par l’Etat de droit.


La prochaine étape consisterait à ce que tous les Etats membres de l’espace Schengen réintroduisent leurs propres contrôles aux frontières. Sans cela, les flux migratoires ne pourront être stoppés. Lors de ces contrôles, les candidats à l’émigration venant d’Afghanistan, du Pakistan, de l’Iran et de l’Afrique du Nord devront être placés dans des camps directement à la frontière et être expulsés aussi rapidement que possible. Les Etats n’acceptant pas leurs ressortissants devront être poursuivis par les Etats européens.
Les mesures décrites doivent être prises immédiatement par les chefs d’Etats européens sensés, même s’ils sont vilipendés par Mme Merkel et sa clique d’écolos-gauchistes. Il ne reste que peu de temps à l’Europe pour sauver son espace culturel et économique.15    •

Source: www.strategische-studien.com du 13/3/16, première parution in: Portas Capital Newsletter, février 2016

(Traduction Horizons et débats)

1    The Military Balance 2015. The International Institute for Strategic Studies, London, 2015, p. 352
2    http://data.unhcr.org/syrianrefugees/regional.php
3    Stratfor. How German Politics will Change Europe, January 22, 2016, p. 3
4    http://data.unhcr.org/syrianrefugees/regional.php
5    Mc Chrystal, St., General, U.S. Army (ret), My Share of the Task, A Memoir, updated with a New Preface, Portfolio/Penguin, New York, 2014, p. 230
6    The Military Balance 2015, p. 330
7    www.unhcr.org/pages/49e486426.html
8    http://countrymeters.info/en/Afghanistan
9    http://countrymeters.info/en/Pakistan
10    http://countrymeters.info/en/Iran
11    http://countrymeters.info/en/Libya
12    http://countrymeters.info/en/Tunisia
13    http://countrymeters.info/en/Algeria
14    http://countrymeters.info/en/Morocco
15    Stratfor, How German Politics Will Change Europe, January 22, 2016, p. 5

mardi, 12 avril 2016

Pirinçci: Böhmermann ist kein Held

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Pirinçci: Böhmermann ist kein Held

von Felix Krautkrämer

Ex: http://jungefreiheit.de

Deutschland streitet über die Schmähkritik Jan Böhmermanns an Erdogan. Ist das noch Satire oder bloß plumpe Beleidigung? Die JUNGE FREIHEIT hat mit einem Experten für Fäkalsprache über den Fall geredet und den Publizisten Akif Pirinçci nach seiner Meinung zu Böhmermanns Gedicht befragt.

Herr Pirinçci, ganz Deutschland redet über Jan Böhmermann, weil er den türkischen Premier Erdogan in einem Schmähgedicht beleidigt hat. Können Sie die Aufregung nachvollziehen?

Pirinçci: Ach, der Böhmermann, das ist einer, der immer frech tut, aber in Wahrheit stets auf der richtigen Seite steht. Jetzt ist er halt mal ausgerutscht und hingefallen. Das wird aber keine negativen Konsequenzen für ihn haben, weil er sich den „richtigen“ Feind ausgesucht hat. Dafür wird er jetzt als Held gefeiert. Für etwas, wofür es keinen Mut brauchte.

Wie ein Besoffener, der durch die Straßen rennt und grölt

Wie finden Sie sein Gedicht?

Pirinçci: Lustig. Es ist auch keine Beleidigung an sich. Das Ganze ist doch sinnfrei. Bis auf den Punkt mit der Unterdrückung der Kurden enthält es auch keine politischen Inhalte. Der Rest ist auf jeden anwendbar, um ihn zu schmähen. Es ist, wie wenn ein Besoffener nachts durch die Straßen rennt und grölt. Und die Fäkalität in seinem Gedicht finde ich witzig.

Die Ausdrucksweise ist Ihnen ja auch nicht fremd …

Pirinçci: Wissen Sie, das linke Lustigsein war in den vergangenen Jahren ziemlich eingeschlafen. Es hatte keinen Biß mehr, keine Schärfe, alles war berechenbar, und da bin ich gekommen und habe das mal etwas aufgewirbelt, mit meiner Sprache. Ich habe diese Art der Schmähkritik hier ja quasi erst eingeführt. Satire muß nicht immer eine politische Botschaft haben, sondern darf manchmal auch einfach nur die Sau rauslassen. Als eigentliches Mittel zum Zweck.

In Ihrem Fall ist das aber nicht auf solche Begeisterung gestoßen.

pirin9783944872223.jpgPirincçi: Ich bin als Künstler aus dem deutschen Kulturleben ausgelöscht und ausradiert worden. Meine Bücher werden nicht mehr verkauft und sogar aus Bibliotheken verbannt, selbst meine Katzenkrimis. Da hat sich kaum einer daran gestört. Im Gegenteil: Die meisten haben das auch noch beklatscht. Böhmermann dagegen wird glimpflich davonkommen. Er wird ein paar tausend Euro Strafe wegen Beleidigung zahlen müssen, aber dann als heldenhafter Künstler in die Geschichte eingehen. Mir hat man dagegen die Existenz zerstört. Aber ich bin ja auch kein Linker. Da ist das dann ok.

Deutsche Debattenkultur könnte in Obszönitäten ertrinken

Noch ist nicht entschieden, ob es ein Verfahren im Fall Böhmermann geben wird.

Pirinçci: Egal, wie die ganze Angelegenheit ausgeht, die Kulturlandschaft kann nur verlieren. Entweder wird ein Richter entscheiden, was ein Künstler in Deutschland sagen darf und was nicht. Oder aber der Richter sagt, das ist alles von der Kunst- und Meinungsfreiheit gedeckt. Und dann wird die deutsche Debattenkultur, insbesondere im Netz, in Obszönitäten ertrinken und darin ersticken.

Wieso?

Pirinçci: Weil dann jeder reimen kann, was er will. Zum Beispiel über den Geruch gewisser Körperteile der Bundeskanzlerin, um bei Böhmermanns Beispiel zu bleiben. Und wenn es dann Ärger gibt, braucht er nur zu sagen: Das ist Satire, der Böhmermann durfte das ja auch.

Türken haben andere Beleidigungskultur

Sie stammen selbst aus der Türkei, hätte Böhmermann nicht wissen müssen, daß jemand wie Erdogan einen anderen Ehrbegriff hat als jemand, der nach 1968 in Deutschland sozialisiert wurde?

Pirinçci: Das glaube ich gar nicht. Wir haben in der Türkei eine viel hochentwickeltere Fluch- und Beleidigungskultur als die Deutschen. Das geht weit über das hinaus, was in Deutschland gebräuchlich ist. Ein „Ich fick deine Mutter“ ist da noch harmlos. Insofern müßte Erdogan das eigentlich abkönnen.

Warum reagiert er dann so empfindlich?

Pirinçci: Weil er weiß, daß er Deutschland in der Hand hat. Er sitzt am Flüchtlingshahn und wenn ihm ein Verhalten Deutschlands nicht paßt, dann dreht er diesen Hahn einfach etwas auf und läßt zehntausende Flüchtlinge nach Europa und Deutschland strömen. Andererseits: Vielleicht ist er auch einfach nur größenwahnsinnig geworden. Er hat gesehen, daß er in der Türkei unbequeme Journalisten ins Gefängnis stecken kann und hat sich möglicherweise gedacht: Mal gucken, ob das auch in Deutschland klappt. Nur daß er sich mit Böhmermann dabei eigentlich gar keinen unbequemen Komiker rausgesucht hat.

Ankara exige des poursuites pénales contre le comédien allemand pour ses propos sur Erdogan

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Ankara exige des poursuites pénales contre le comédien allemand pour ses propos sur Erdogan

Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Jan-Böhmermann-Alles-alles-über-Deutschland.jpgLe satiriste allemand Jan Böhmermann (photos) avait, lors d’une émission diffusée par la chaîne publique ZDF-neo, traité le président turc de pédophile et de zoophile. Ankara exige à présent que des poursuites pénales soient engagées contre le comédien.

Le gouvernement turc a réclamé au ministre allemand des Affaires étrangères d’ouvrir des poursuites pénales suite à la diffusion, fin mars, de l’émission télévisée dans laquelle Jan Böhmermann avait lu un poème sur le président turc, Recep Tayyip Erdogan.

Selon le ministère allemand des Affaires étrangères, l’Allemagne envisage d’étudier méticuleusement le contenu des revendications demandées par la Turquie afin de déterminer un plan d’action approprié.

Le parquet allemand avait déjà ouvert une enquête préliminaire à l’encontre du comédien après qu’une vingtaine de plaintes ont été déposées, et, que le porte-parole de la chancelière allemande, Angela Merkel, a qualifié les propos du comédien de «sciemment insultants».

Source : RT

The EU’s “suicide by reality denial”

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The EU’s “suicide by reality denial”

This article was written for the Unz Review: http://www.unz.com/tsaker/the-eus-suicide-by-reality-deni...

What had to happen did happen. The EU, being the chain of weak links it is, did eventually give in, and the Dutch people were the first one to vote against the association with the Ukraine. Of course, the Euroburocrats can now find some reason to declare the vote invalid, they can declare that some law was violated, they can even negotiate some minor change the to association agreement, or they might even decide that they can simply ignore this vote. But none of that will make any difference: the undeniable truth is that the Ukrainians are not welcome in the EU, not as associates and even less so as members. So no EU, no NATO no “European future” for the Ukraine. The entire hot air balloon which has been fueling the naïve and ugly hopes of the Euromaidan has burst and the Euro-Ukrainian project is crash and burning like the Hindenburg.

This disaster did not have to happen, it was entirely man made. In a saner world, the EU, Russia and the Ukraine could have negotiated a tripartite deal which would have given the Ukraine the role which geography and history have given it: to be a bridge between Russia and the EU. But the EU categorically rejected this option, several times, simply declaring that “the Ukraine is a sovereign state and Russia has no say in Ukrainian matters”. This zero sum game was forced on Russia against her will but now it is the EU which has lost it all, even if this is by no means a victory for Russia either. The sad reality is that everybody has lost. Now the EU has to accept the total defeat of its Ukrainian policy, Russia is now alone looking at a dying failed state right across her border, while the Ukraine is simply falling apart and dying a painful death. Will the Eurobureaucrats accept this outcome?

Probably not.

They will do what they have always done. They will lie, deny, minimize and, most importantly, pretend like nothing has happened. They will say that 60% of 30% of a small EU nation do not get to make decisions for the entire continent. Or they will declare that instead of just an old fashioned “association” the EU will offer the Ukraine something much better – a “heartfelt friendship” maybe. Or a “love eternal”. Or even a “continental brotherhood”. But that will all be in vain because the people of Europe are clearly weary of the Ukronazis, even their Polish “friends” are now considering building a wall of their own, to keep their “Ukrainian friends” out of Poland; feel the love!

Consequence one: financial costs

But it is way too late for the Europeans. The really bad news for them is that they will have to pay most of the costs of more or less rebuilding the Ukraine. Russia simply cannot do it. Her economy is way too small, and she is already struggling with trying to restore law and order in Crimea (which is proving very hard, as the local mob is already trying to return the way it operated under Ukrainian control). Furthermore, Russia will have to pay for the Donbass, that is pretty obvious. So Russia is really maxed out.

The US could pay, but won’t. Even if Hillary is elected (aka appointed by the US ‘deeps state’), such a huge economic rescue program for the Ukraine will never pass Congress, not when the US themselves are in need of a similar program to rebuilt their own decrepit and neglected infrastructure and economy.

But most importantly, Russia does have the means to close her borders. The newly created Russian National Guard will now take over the responsibilities of several ministries and agencies including the Federal Migration Service. Russia already has a very capable Border Guard Service which is subordinated to the Federal Security Service (ex-KGB). It is estimated that the Border Guard Service currently includes 10 regional offices, 80+ border units, 950+ outposts, 400+ checkpoints. Every day the service conducts 11,000 patrols. In total, the task of preservation and protection of borders of the Russian Federation carried out by about 200’000 border guards. This service has its own air force, coastal navy, UAV, intelligence directorate, armored units and even its own Spetsnaz forces. The reality is that the Russian Border Guard Service is more powerful than most EU armies. And now it will have the full power of the National Guard to back it. Make no mistake, Russia can, and will, if needed, lock and protect her borders.

As for the USA, they have the best border protection on the planet: the Atlantic and Pacific oceans.

So when the Ukraine turns into a black hole (the process is well under way) the only ones who will not be able to protect themselves but who will have the means to pay to fix this mess will be the Europeans. Yes, sure, the US and Russia will also have to help, and they both will, for different reasons. But the bulk of the costs will go directly to the European taxpayer. That is the price the EU will have to pay, sooner or later, for its arrogance and incompetence.

Second Consequence: security

There will also be another price to pay, this time a price in security. All the NATO saber-rattling along the Russian border did, eventually, wake up the “Russian bear”. Not only has Russia now deployed her formidable Iskander missiles in Kaliningrad, she has now doubled the size of her already formidable Airborne Forces.  Here is what I wrote about that in December 2014:

“the Russians have no fear of the military threat posed by NATO. Their reaction to the latest NATO moves (new bases and personnel in Central Europe, more spending, etc.) is to denounce it as provocative, but Russian officials all insist that Russia can handle the military threat. As one Russian deputy said “5 rapid reaction diversionary groups is a problem we can solve with one missile”. A simplistic but basically correct formula. As I mentioned before, the decision to double the size of the Russian Airborne Forces and to upgrade the elite 45th Special Designation Airborne Regiment to full brigade-size has already been taken anyway. You could say that Russia preempted the creation of the 10’000 strong NATO force by bringing her own mobile (airborne) forces from 36’000 to 72’000 . This is typical Putin. While NATO announces with fanfare and fireworks that NATO will create a special rapid reaction “spearhead” force of 10’000, Putin quietly doubles the size of the Russian Airborne Forces to 72’000. And, believe me, the battle hardened Russian Airborne Forces are a vastly more capable fighting force then the hedonistic and demotivated multi-national (28 countries) Euroforce of 5’000 NATO is struggling hard to put together . The US commanders fully understand that”.

But that is not all Russia did. Putin has ordered the re-creation of the ultimate Cold War Russian armor threat: the First Guards Tank Army. This Tank Army will include two Tank Division (the best ones in the Russian military – 2nd Guards Tamanskaya Motor Rifle Division and the 4th Guards Kantemirovskaya Tank Division), and a total of 500+ T-14 Armata tanks. This Tank Army will be supported by the 20th Guards Combined Arms Army.

Make no mistake, this is a huge, heavy and powerful force whose purpose will be very similar to the famous Soviet “Shock” Armies during WWII and the Cold War: “overcome difficult defensive dispositions in order to create a tactical penetration of sufficient breadth and depth to permit the commitment of mobile formations for deeper exploitation”.

Bravo Europe – you just painted a giant crosshair on your forehead!

Very little of that is reported in the western media, of course, and so the general public is utterly unaware of the fact that while NATO and western politicians pretended to play tough and tried to scare Russia, the Russians decided to take these threats seriously and took real, practical action.

For somebody like me who lived through the Cold War and who used to monitor the Soviet Forces in Eastern Germany, it is both distressing and sickening to see that the West has literally forced Russia into a new Cold War she neither wanted nor needed. Of course, I am absolutely confident that there is no “Russian threat” in East, and the only way to get this entire military power to strike would be to attack it first, but the sad reality is that the EU/NATO countries are now directly targeted by Russian forces.

To make it all much worse, there is now a strong possibility that Hillary and her Neocon gang will soon take over the White House. God only knows what these people are capable off. Hillary, whose only “success” in life seems to have push Bill to bomb the Serbs and making a ugly mess out of Libya, will have something to prove: that she is more of a man than Putin. She will try to scare and bully him into some kind of submission and nevermind that the Russian people now see the West as a degenerate, if arrogant, society of Conchita Wurst like poseurs who simply don’t have what it take to fight a real fight and who can only pick on the weak and humble. It is not fear which the Neocons inspire in Russians, but disgust. At most, they can elicit a sense of concern due to their seemingly infinite arrogance and self-defeating lack of foresight. As I have written many, many times already, Russian do fear war, no doubt about it, but, unlike the AngloZionists, they are nevertheless ready for it.

As for the Europeans, they are now slowly coming to realize that they are in for a long and very painful war against Wahabi terrorism. The attacks in Paris and Brussels are just the opening shots of a war which will last many years. It took Russia over a decade to finally crush the Wahabi terrorists in the Caucasus, and that was with a man like Vladimir Putin at the helm of the country. One look at Francois Hollande or Angela Merkel and you can feel in your guts that these two sad clowns will never prevail. Just contrast the reaction of Vladimir Putin to the downing of the Russian airliner over the Sinai with Frederica Mogherini’s sobbing following the bombings in Brussels.

Now imagine that you are a Wahabi terrorist leader, and a hardcore lifelong sexist, would I add, and that you are looking at these two photos on the right. Would this influence your selection of targets?

Of course it would.

The same goes for the comparison of the US/NATO operations in Syria with the outcome of just under six months of Russian Aerospace forces. States, just like people, have their own “body language” and while the body language displayed by Russia is one of confident and formidable power, the body language of the EU and, to a marginally lesser extend, the USA is one of weakness, hubris and incompetence, often bordering on the suicidal (like Merkel’s policy towards immigration).

The Bottom Line

The bottom line of this mess is this: what the US and the EU did in the Ukraine (and elsewhere, really) was fantastically stupid. But the US can afford such mistakes, while the EU clearly cannot. As for Russia, yes, she most definitely has been hurt by these policies, but this pain has been channeled by the Kremlin to make Russia stronger on many levels, from the political, to the military and even the economy, although here the progress has been minimal and the 5th column is still very much in charge, though I remain hopeful of a much needed purge.

What the EU has done is essentially a form of “suicide by reality denial”. What follows next will have to be regime change, not for one country, but for the entire continent. I think that such regime change is inevitable, but the big question is how long this slow and painful EU agony will last. Alas, this could take many years, I think. EU leaders will not elegantly apologize and resign, there is an entire class of parasites which now lives from the EU structure which will desperately resist any meaningful reforms, nevermind regime change, and which will always put their narrow comprador class interests above their people or even common sense.

As for the people of the EU, they will find out that they don’t have the means to impose political change by the ballot, that they live in a pretend-democracy, and that everything they have been told and promised is just an empty, ugly, lie. The Ukraine did not become Europe, but Europe became the Ukraine.

Welcome to the real word, EU!

The Saker

Les Pays-Bas ont-ils ouvert une crise continentale?

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Les Pays-Bas ont-ils ouvert une crise continentale?

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Les Pays-Bas font partie des Etats fondateurs de l’Union Européenne. Signataires du traité de Rome, ils sont historiquement attachés au libre-échange et à la construction communautaire. Un tiers d’entre eux s’est déplacé cette semaine au referendum d’initiative populaire sur l’accord de libre association entre l’Union Européenne et l’Ukraine. À une écrasante majorité, les électeurs ont manifesté leur opposition à ce texte, ce qui empêche sa ratification par le pays. Potentiellement, c’est la politique de l’Union vis-à-vis de l’Ukraine qui est remise en cause.

Les Pays-Bas, ce caillou dans la chaussure européenne

Pour l’Union, mise à rude épreuve par la crise des migrants qu’elle a très provisoirement réglée, le referendum hollandais est un mauvais présage. À quelques semaines du referendum britannique, le signal envoyé est celui d’un refus populaire et majoritaire opposé à la conception germanique de l’Union.

C’est en effet l’Allemagne qui a pesé de tout son poids pour soutenir l’Ukraine contre la Russie. Et c’est l’Allemagne qui a tendu les relations avec Poutine en favorisant la construction de relations bilatérales privilégiées avec l’Ukraine. Ces choix sont en tout cas mal compris à l’Ouest, où les Néerlandais viennent de les rejeter officiellement.

Il va maintenant falloir faire avec ce nouvel incident de parcours qui affaiblit la légitimité des politiques européennes. Formellement, l’accord d’association ne pourra se passer de la ratification néerlandaise sans perdre ses bases juridiques. L’option finale sur le dossier risque d’être compliquée à assumer.

L’Union est-elle menacée?

A ce stade, ni Jean-Claude Juncker ni Donald Tusk n’ont annoncé le moindre changement dans les options communautaires. Si cet attentisme se justifie par le besoin de laisser le gouvernement néerlandais digérer son échec, il rappelle aussi que l’Union n’est pas conduite aujourd’hui par des leaders charismatiques capables de dégager des visions à long terme.

Cette apathie politique de l’Union est probablement son handicap fondamental. Le sentiment que les peuples aboient et que la caravane communautaire passe devrait en sortir accentué. Le « cause toujours tu m’intéresses » de la démocratie européenne est une donnée brute de l’Union.

On en mesurera le prix lors du referendum sur le Brexit. Face à des Britanniques épuisés par la machinerie bruxelloise, l’immobilisme de Donald Tusk (qui s’est empressé de dire que le referendum néerlandais ne changerait rien à court terme), le président du conseil, devient un jeu dangereux.

Le traité transatlantique et le suicide européen

On notera au passage que Juncker et Tusk ne sont pas les seuls à jouer avec le feu. Angela Merkel, leur mère protectrice, continue à épuiser ses voisins avec ses lubies. La dernière en date consiste à pousser à la conclusion rapide du traité de libre-échange transatlantique. Le sommet franco-allemand a permis de l’évoquer. Voici ce qu’indique le relevé de décisions:

La France et l’Allemagne soutiennent la conclusion d’un accord entre l’Union européenne et les Etats-Unis qui soit ambitieux, équilibré et mutuellement bénéfique, si possible avant la fin de l’année si les conditions sont réunies. L’accord de partenariat commercial transatlantique, en permettant un accès renforcé au marché américain pour nos entreprises, devra offrir des opportunités pour plus de croissance et d’emploi en France et en Allemagne et permettra une coopération réglementaire selon les normes les plus élevées pour une économie durable.

La France et l’Allemagne seront en particulier vigilantes sur l’atteinte d’un résultat ambitieux et équilibré pour l’Union européenne dans les négociations, notamment sur l’accès aux marchés publics aux Etats-Unis, y compris au niveau subfédéral, sur la reconnaissance des indications géographiques, sur les services (transport maritime et coopération réglementaire en matière de services financiers en particulier), ainsi que sur les questions non-tarifaires dans le domaine agricole et agro-alimentaire, ou encore sur des objectifs ambitieux s’agissant du développement durable et de la responsabilité sociale des entreprises.

En ce qui concerne le mécanisme de règlement des différends investisseur/Etat, l’accord est une occasion d’établir un modèle pour les futures négociations commerciales, sur la base des propositions faites par la Commission.

Mais qu’espère Angela Merkel avec ce traité?

http://www.eric-verhaeghe.fr/pays-bas-ont-ouvert-crise-co...

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lundi, 11 avril 2016

Der Konflikt in Berg-​Karabach

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Der Konflikt in Berg-​Karabach

von Robin Classen

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Lernajin Gharabagh, zu deutsch „gebirgiger schwarzer Garten“, heißt die Region Berg-​Karabach auf armenisch. Sie war schon immer recht inhomogen und jetzt kracht es dort erneut.

Die etwa 11.500 Quadratkilometer große Gebirgsregion wird heute von rund 147.000 christlichen Armeniern bewohnt, die die Region für einen unabhängigen Staat halten und auch als solchen führen.

Ebenso wie alle anderen Staaten der Weltgemeinschaft, die Vereinten Nationen und der Europarat hat auch Armenien die Region allerdings noch nicht als Staat anerkannt. Völkerrechtlich wird sie als stabilisiertes De-​facto-​Regime angesehen. 1991 stimmten bei einem Referendum jedenfalls gerade einmal 24 von 108.000 Wählern gegen die Unabhängigkeit. Um für seine Rechte einzutreten, hat sich die „Republik Bergkarabach“ mit den russisch gesteuerten Separatistenstaaten Abchasien, Südossetien und Transnistrien zur „Gemeinschaft der nicht-​anerkannten Staaten“ zusammengetan.

Der Berg-​Karabach-​Konflikt entlud sich bereits 1992 in einem Krieg

Und in der Tat kann die Region sich darauf berufen, schon zu Zeiten der Sowjetunion den Status eines autonomen Gebietes innegehabt zu haben. Nachdem der Sowjetbolschewismus 1990 zusammenbrach, entflammte ein Streit zwischen den frisch gebackenen Staaten Armenien und Aserbaidschan um die Zugehörigkeit der Region. Die Folge ab 1992: Zwei Jahre lang gab es Krieg. Bis zu 50.000 Menschen starben, 1,1 Millionen vornehmlich muslimische Aserbaidschaner wurden aus der Region vertrieben, in der heute wohlgemerkt nur noch 147.000 Menschen leben.

Morde an Zivilisten durch beide Seiten und grausames Vorgehen von Milizen säte Hass, der heute noch in den Köpfen festsitzt. Armenische Truppen eroberten zudem auch weitere Provinzen, weswegen die heutige Republik Bergkarabach mit 11.500 Quadratkilometern wesentlich größer als die autonome Sowjetprovinz ist, die nur 4.400 Quadratkilometer verwaltete. Bei den zusätzlich annektierten Provinzen handelt es sich um strategisch wichtige Grenzregionen zum Iran, aber vor allem zum Protektor und großen Bruder Armenien, der heute noch mit 20.000 Soldaten die Waffenstillstandslinien wehrhaft hält. Dies ist angesichts immer wieder auftretender Grenzscharmützel mit Toten auf beiden Seiten und immer wiederkehrenden Kriegsdrohungen auch bitter nötig.

Russland verhält sich vorbildlich

Aserbaidschan hat mehrfach betont, den Status Quo nicht zu akzeptieren und notfalls militärisch eine Wiedereingliederung in das eigene Staatsgebiet anzustreben. Dass es dazu noch nicht gekommen ist, liegt vornehmlich an der in diesem Konflikt wirklich als vorbildlich zu bezeichnenden Rolle Russlands, welches tendenziell eher auf armenischer Seite steht, aber bereits seit 25 Jahren regelmäßig als unparteiischer Vermittler mit beiden Seiten Abkommen und Lösungsmöglichkeiten ausgearbeitet hat. Die Türkei, bei den Armeniern vor allem durch den Völkermord am armenischen Volk in Verruf, stand seit jeher wenig verwunderlicher Weise auf Seiten des Bruder-​Turkvolks der Aserbaidschaner.

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Historisch gesehen verfügt die Region über eine ähnlich wechselhafte Zugehörigkeit wie die Krim oder Israel, welche bekanntlich ebenfalls regelmäßig für Schlagzeilen sorgen. Ethnokulturell homogen war Berg-​Karabach wohl noch nie. Wie ein roter Faden zieht sich allerdings eine mal mehr, mal minder starke Präsenz christlich-​armenischer Kultur und Menschen durch seine Geschichte. Ab dem 8. Jahrhundert war die Region allerdings von wechselnden islamischen Völkern besetzt, was sich auch in der Ansiedlung einer entsprechenden Bevölkerung niederschlug.

Nach dem Russisch-​Persischen-​Krieg gelangte die Region 1805 jedoch unter russische Herrschaft, was zur Wiederansiedlung zehntausender Armenien führte. Ähnliches geschah nach dem Völkermord in und der Vertreibung der Armenier aus der Türkei. Immer wieder waren die Siedlungsbewegungen beider Seiten mit gewaltsamen Spannungen verbunden, sodass die viel kritisierte Aussage des ehemaligen armenischen Präsidenten Robert Kotscharjan, Armenier und Aserbaidschaner seien „ethnisch inkompatibel“, gewissermaßen durchaus der Wahrheit entspricht.

Die schlimmsten Auseinandersetzungen seit dem Waffenstillstand von 1994

Das letzte Aufflammen des Konflikts liegt nicht weit zurück: Im Sommer 2014 starben einige Soldaten auf beiden Seiten wegen Scharmützeln an der Grenze. Doch was nun am 2. April in der Region geschah, könnte mehr als nur ein Strohfeuer sein. Wie aus dem Nichts griff Aserbaidschan mit Panzern, Hubschraubern und Artillerie an und tötete 18 armenische Soldaten und ein armenisches Kind. Armenien will daraufhin fünf aserbaidschanische Panzer zerstört haben. Es war die schwerste bewaffnete Auseinandersetzung seit dem Waffenstillstand von 1994.

Für einen länger andauernden militärischen Konflikt spricht diesmal auch die weltpolitische Gesamtlage. Insbesondere das nördlich gelegene Russland und die westlich an Armenien grenzende Türkei könnten diesmal versucht sein, einen Stellvertreterkrieg zu führen. Seit dem Abschuss eines russischen Kampfjets durch die Türken sind die Beziehungen zwischen Russen und Türken angespannt wie seit langen Zeiten nicht mehr. Russland hat Tausende Soldaten in Armenien stationiert, aber seit jeher auch einen guten Draht zu Aserbaidschan gehalten, was die zentrale Rolle als unparteiischer Verhandlungsführer erst ermöglichte.

Doch der Preis war hoch: Zwischen 2010 und 2015 sind laut WELT die aserbaidschanischen Rüstungsimporte um mehr als 200 Prozent gestiegen – und die stammen hauptsächlich aus Russland. Wozu diese Waffen dienen sollten, hätte dem Kreml klar sein müssen. Ein 200 Millionen Dollar Kredit zum Kauf von russischen Waffen an den in der Eurasischen Union organisierten Verbündeten Armenien sollte wohl das Gleichgewicht wahren, doch wer Waffen kauft, wird diese irgendwann auch einmal einsetzen wollen.

Der NATO-​Russland-​Konflikt könnte eskalieren

Aserbaidschan würde dabei wohl Erdogans Rückendeckung genießen: Man werde das Land „bis zum bitteren Ende“ unterstützen, tönte der Irre von Ankara. „Wenn die armenischen Provokationen andauern, starten wir eine umfassende Operation auf der ganzen Länge der Front und setzen alle unsere Waffen ein“, verlautbarte derweil Aserbaidschan. Da die „armenischen Provokationen“ ohnehin nur in der Propaganda Aserbaidschans existieren, ist ein solcher offener Krieg nicht völlig ausgeschlossen. Deutschland sollte sich derzeit an den regional erfahrenen Verhandlungspartner Russland halten, dessen Außenminister binnen weniger Stunden Aserbaidschan immerhin zu einer Feuerpause bewegen konnte.

Sollte es zum offenen Konflikt kommen, so wäre wohl wegen der NATO-​Geiselhaft eher mit einer einseitigen Positionierung pro Aserbaidschan zu rechnen. Dies würde den Kalten Krieg mit Russland auf eine neue Stufe heben, denn Armenien ist nicht nur in dessen Eurasischer Union organisiert, sondern auch in der russisch dominierten „Organisation des Vertrags über kollektive Sicherheit“. Außerdem unterhält Russland in Armenien eine Militärbasis mit etwa 5.000 Soldaten.

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La educación como instrumento de la geopolítica de los EEUU

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La educación como instrumento de la geopolítica de los EEUU

 
Ex: http://katehon.com

Observaciones preliminares

Al considerar los mecanismos mediante los que la política exterior de Estados Unidos se pone en práctica en el contexto de la educación, es necesario determinar de inmediato una taxonomía de trabajo.

La educación, en este caso, no es sólo un sistema de colegios, institutos y universidades, donde se preparan los jóvenes estadounidenses, sino también los programas gubernamentales para estudiantes internacionales, la enseñanza y la formación de los ciudadanos estadounidenses en el extranjero, la concesión de subvenciones a través de la sociedad civil, la propagación masiva de los centros educativos y de investigación estadounidenses en otros países, y además, la coordinación entre organismos de las autoridades competentes. Estos se adaptan constantemente también a las nuevas condiciones en paralelo a la promoción de los valores e intereses que son considerados fundamentales para la cultura y la estructura del Estado norteamericano. También está la cultura popular, que es la mejor representada por la cinematografía de Hollywood.

En otras palabras, la educación está destinada a crear una imagen ideal de los Estados Unidos, tanto para el consumo interno como para el mundo exterior, independientemente de que se utilice como un activo atractivo o aterrador.

Estos aspectos se unifican e interconectan dentro de la política estadounidense en su conjunto, como se ejemplifica en la agenda oficial que está disponible en el Departamento de Estado y en el sitio web de la Casa Blanca.

La ideología en el sistema educativo de EE.UU.

En el centro de la doctrina educativa de Estados Unidos, en su manifestación, está la exclusividad y el elitismo de la ideología estadounidense tanto en un contexto histórico como en relación con el día de hoy. Esto está perfectamente representado en la declaración de Woodrow Wilson al Congreso de Estados Unidos el 2 de abril de 1917: "Hay principios norteamericanos, políticas norteamericanas. No debemos apoyarnos en ningún otro. Y también son los principios y las políticas de hombres y mujeres progresista de todas partes, de todas las naciones modernas, de toda comunidad ilustrada" [1].

En realidad, en este momento se presentó a la justificación para la intervención global en los asuntos de otros países, ya que, como Henry Kissinger comentó acertadamente: "El aspecto procesal del equilibrio de poder, su neutralidad en cuanto al mérito moral de las partes contendientes era, por lo tanto, inmoral, así como peligroso. No sólo era la democracia la mejor forma de gobierno, también era la única garantía para la paz permanente" [2].

Además de la exclusividad, hay varias características de la ideología americana que penetran en el sistema educativo. Este "superioridad" de los EE.UU. se funda en una posición de moralidad histórica (la república constitucional) y desarrollo económico (el capitalismo); una oposición al económicamente inferior y moralmente decadente tipo de modelo económico "totalitario" y "colectivista"; y en oposición, en general, al derecho internacional (o la ONU) y las leyes que restringen a los EE.UU., subrayando esa promoción de la excepcionalidad estadounidense. También se basa en el orientalismo y la anglofilia, promoción del A5 + 1 como una "tribu" (Inglaterra, Estados Unidos, Canadá, Australia, Nueva Zelanda e Israel); y el miedo a lo eslavo, a Oriente Medio y a los países asiáticos (excepto a los japoneses). La "rusofobia" (y anteriormente el anticomunismo) y la islamofobia por razones de civilización; la legitimación de la hegemonía estadounidense como un luchador contra el totalitarismo (el comunismo, el fascismo) y el radicalismo islámico; y la legalidad de despliegue de militar estadounidense en cualquier parte del mundo para la "seguridad nacional", son otros motivos más sobre los que se fundamenta y se manifiesta la ideología estadounidense en la educación.

De hecho, la educación es una guerra de ideas. Pero, al mismo tiempo, el enemigo a menudo no se da cuenta de que está tomando parte en una confrontación. Además, la formación de instrumentos en la guerra de las ideas no tiene prácticamente ninguna alternativa como la de la escuela primaria o secundaria. A uno se le da la información que se presenta como la única versión correcta, y las notas y las pruebas se emiten por el propósito de que el alumno asimile ese material.

¿Qué es una guerra de ideas? Es un choque de visiones, conceptos e imágenes, y especialmente de su interpretación. La violencia física, en este caso puede ser mínima, ya que la guerra de las ideas está dirigida a objetivos políticos, sociales, culturales o económicos, pero de cualquier manera, tienen intención hostil o actos hostiles. La guerra de las ideas puede tomar muchas formas, pero se ha sugerido que la guerra de las ideas se divide en cuatro categorías generales: (a) debates intelectuales, (b) guerras ideológicas, (c) guerras por dogma religioso, y (d) campañas de publicidad. Todas ellas son esencialmente sobre el poder y la influencia, al igual que las guerras por el territorio y los recursos materiales, y sus apuestas puede ser muy altas [3]. A través de este tipo de guerras ideológicas, la sociedad estadounidense ha pasado su historia. Por lo tanto, este enfoque es bastante cercano a los propios estadounidenses.

A mediados del siglo XX, los intelectuales norteamericanos establecieron los fundamentos de la conducción de tales guerras en la política exterior a través de la noción del excepcionalismo norteamericano, que fue fundado mucho antes, comenzando con la idea de la frontera y el protestantismo anglicano. En el siglo XIX, sin embargo, adquirió un pronunciado tinte político.

El politólogo estadounidense Robert Strausz-Hupe, conocido por su trabajo en el proyecto secreto "M" creado por Roosevelt en 1941, dijo que nos enfrentamos a la creación de la imagen del enemigo mundial, que ha de ser presentado como un amigo. Los principales métodos de esta propaganda incluyen: (1) el uso selectivo de las declaraciones de doctrina y de propaganda enemiga como ilustraciones de una intencionalidad secreta; (2) atribuciones de coherencia y de diseño, siguiendo un plan preestablecido para la conquista del mundo, en la política exterior del enemigo; (3) demandas contradictorias respecto a que las creencias del enemigo son irracionales y diabólicas pero super-inteligentes y calculadas; y (4) un tono jeremíaco generalizado acerca de la necesidad de los EE.UU. para revelar la naturaleza "real" de la amenaza a la que se hace frente [4].

Estas técnicas se aplican en un contexto en el que parecen "naturales", como los imperativos de la política exterior de Estados Unidos y los intereses nacionales son flexibles. Si durante la Guerra Fría se presentó la amenaza del comunismo como una justificación suficiente, a continuación, después del colapso de la Unión Soviética, George Bush padre comenzó a redirigir el foco a la amenaza del tráfico de drogas. Después del 11S, se convirtió en una guerra global contra el terrorismo, que a menudo es utilizada como una justificación para hacer cumplir los intereses de Washington [5].

Cabe señalar que las autoridades estadounidenses han considerado la llamada guerra contra el terrorismo, lanzada en 2002, como una combinación de esfuerzos que involucra tanto elementos físicos como ideológicos, siendo el último factor más importante, teniendo incluso una importancia decisiva en comparación con la del primero. Este énfasis sugiere que los Estados Unidos se ve a sí mismo como un sujeto que apuesta por el segundo tipo, la guerra de las ideas, mientras que la fuerza física, es decir, los militares, desempeña un papel de apoyo.

La importancia de la guerra de las ideas se refleja en una serie de políticas nacionales de los Estados Unidos (seguridad, asuntos internos, defensa, etc.) que por lo general se actualizan cada cuatro o cinco años.

Los medios de comunicación juegan un papel importante en estas estrategias, ya que reproducen una representación virtual de la realidad. Es una forma simbiótica de la interacción estratégica, una combinación de poder blando y duro, conocida como poder inteligente. Como resultado, tenemos un marco dinámico y comprensivo del esquema que forma tanto las fronteras físicas, mentales y psicológicas como los límites de los grupos, las audiencias o las comunidades, que no son necesariamente conscientes de los efectos de esta estructura.

Por lo tanto, el espacio virtual de la información (al que diversas agencias estadounidenses prestan mucha atención) construye un marco contextual o, lo que puede llamarse el marco principal o "marco maestro", a través del engaño estratégico. El objetivo es reorientar al público objetivo o las masas críticas a través del proceso de conversión en formas que generan una dinámica en los movimientos sociales y de oposición fragmentados en los diferentes países, al servicio de de los intereses políticos de la hegemonía [6].

Anteriormente, el estratega militar británico Basil Henry Liddell Hart llamó a esto "acción indirecta", y Hans Morgenthau describió este fenómeno como "imperialismo cultural".

Los programas educativos de los Estados Unidos son los más adecuados para una política de este tipo, y, más recientemente, en relación con la posibilidad de estudiar en el extranjero o el "aprendizaje a distancia", se promueven vigorosamente.

El Programa Nacional de Educación

En primer lugar, vamos a echar un vistazo de cerca a la política interna de EE.UU. [7]

En primer lugar, el establishment norteamericano utiliza la educación para promover la ideología liberal. El sistema educativo se presenta como una parte de la sociedad en general, que reinterpreta las lecciones ideológicas, incluyendo sus aspectos económicos y sociales.

De hecho, el adoctrinamiento en los Estados Unidos comienza en la edad preescolar, en la guardería, a la edad de 3, 4 y 5 años de edad.

El sistema se basa en 1) las excepciones, que son numerosas; 2) los procesos suaves, en los cuales se crean los individuos liberales de una sociedad liberal, ya que el núcleo interno de la ideología liberal se encuentra en el centro de la conciencia, por no decir en la conciencia social de Estados Unidos. Todos estos factores se reflejan en los programas escolares, las normas, los libros de texto, los enfoques de los maestros, y se basan en un enfoque de "sentido común" hacia la educación y la actitud general hacia la escolarización.

A la edad preescolar y en la escuela primaria (de 6 a 12 años), se practican dos métodos principales liberales en la educación en los Estados Unidos. Dado que los niños estadounidenses tienen diferentes maestros para cada clase, y, debido a que durante la transición de una clase a otra los niños a menudo están en constante cambio, estos métodos en cierta medida se mezclan.

Se ha practicado durante mucho tiempo la idea de los primeros conceptos de la pedagogía y de la infancia de la izquierda posmoderna, donde se elogia al mismo nivel cualquier resultado producto de la creatividad y del progreso de los niños, como la falta de resultados o avances. Por lo tanto, al final, todos los resultados son iguales, y el enfoque se basa en la autoestima.

Los defensores de estas ideas llegaron a ser conocidos como el movimiento de la autoestima. Esta tendencia encuentra sus fundamentos en el libro de Nathaniel Brandon, publicado en 1969, llamado “Psychology of self-esteem” ["Psicología de la autoestima"]. En la década de 1980, las ideas de Brandon se convirtieron en la tendencia dominante en la pedagogía de los Estados Unidos, que se considera un elemento fundamental del liberalismo. La Asamblea del Estado de California, por ejemplo, creó incluso un grupo para la autoestima en las escuelas. Aunque la concepción global del éxito sea antisocial en el paradigma liberal, es poco adecuada a las necesidades humanas básicas a un nivel emocional, psicológico, social o espiritual. Por lo tanto, se ve reforzada por el segundo método, modificada por la necesidad de mantener la autoestima durante los "años formativos de la infancia", ya que presta un potencial psicológico para el éxito en el trabajo, la carrera y la vida.

Cabe señalarse que California ha actuado tradicionalmente como uno de los sitios principales para los experimentos liberales estadounidenses. El sistema de educación general conocido como K-12, fue probado inicialmente en este estado. La reforma de salud, que recibió el nombre de Obama-care, también se puso en marcha en California.

Como puede verse, la moda de la "autoestima" en la educación recientemente ha llegado a ser popular en muchos países, lo que indica la aparición de ciertas ideas pedagógicas norteamericanas en diferentes sociedades.

El segundo método liberal, más antiguo y más estrechamente asociado con América Central, se centra en el trabajo y en la disciplina como las claves del éxito. Las clases más bajas son más patriotas y están más ligadas al concepto local de virtud cívica. Pero, al mismo tiempo, el énfasis se pòne en el individuo como elemento principal del "éxito". Las clases medias y altas son más individualistas y están más orientadas hacia los negocios, con un enfoque del éxito, incluso si éste se produce a expensas del bienestar de la población en general (es, de hecho, antisocial). Tal desprecio por el resto de la sociedad se asocia con la idea de que el paradigma liberal se basa en la realidad en un juego de suma cero en la economía.

Además, el imperativo común de la educación en Estados Unidos es el anti-intelectualismo. Para los niños mayores y los adolescentes, la introducción del paradigma liberal puede rastrearse más claramente volviendo al punto de vista ideológico basado en trabajos específicos de algunos de los autores del modernismo clásico. Estos incluyen, por regla general: Maquiavelo, Hobbes, Rousseau y Locke, y con frecuencia Bentham y Mill. Los epicúreos ingleses se les enseña brevemente en las universidades (con edades entre los 18-22 años de edad), junto con los fundadores de la Constitución de Estados Unidos. Marx y Nietzsche se presentan como filósofos de la Europa continental, muy influyentes e importantes de leer, pero siguiendo un errónea e incorrecto modelo "totalitario" de Europa (el comunismo y el fascismo).

Por lo tanto, las mentes de los estudiantes son adoctrinadas con una fórmula que afirma que la Europa continental dio lugar a proyectos totalitarios y dictatoriales, mientras que Gran Bretaña y los Estados Unidos están relacionados con las ideas del liberalismo y la libertad.

Por supuesto, para la continuidad del personal que trabaja en la introducción de las ideas norteamericanas en el exterior, se utilizan famosas universidades de Estados Unidos. El U.S Diplomacy Center funciona a través del Departamento de Estado.

Una serie de conocidos politólogos son también profesores de liderazgo en instituciones educativas estadounidenses que trabajan intensamente en la implantación de esta matriz ideológica en la mente del estudiante.

La educación y la Política Exterior

Mientras tanto, desde la década de 1960, la experiencia de Estados Unidos ha empezado a extenderse a otros países. En Europa, el primer país que pasó por la americanización fue Finlandia. El sistema de la escuela primaria de Finlandia (Peruskoulu, de 1-9 clases) fue toamdo del modelo estadounidense de áreas sociales (es decir, desfavorecidas), donde el estadounidense promedio no envía a educar a sus hijos. Este sistema fue introducido por los políticos finlandeses de izquierda del Partido Comunista, el Partido Socialdemócrata, el Partido de los Trabajadores y otros (todas estos partidos son en sí mismos anti-intelectuales y estaban en contra de los enfoques académicos eruditos). Es significativo que los sistemas de clasificación que alaban la alta calidad de la educación finlandesa como "la mejor del mundo" los realiza una agencia estadounidense a través del presupuesto de Finlandia.

En general, la ideología liberal progresista, cosmopolita, en la educación refuerza los siguientes temas de la política exterior:

1) la uniformidad de los derechos legales y morales alrededor del mundo;

2) la uniformidad de las necesidades de las personas;

3) la idea de que Estados Unidos se basa fundamentalmente en buenas ideas, pero que simplemente cometió muchos errores e injusticias (la guerra contra los nativos americanos y mexicanos, la esclavitud, las leyes de Jim Crow, el macartismo, el imperialismo -Vietnam, etc.);

4) la percepción de que Estados Unidos es un "proceso", es decir, que la democracia es un proceso que comprende sus propios errores del pasado y se permite legalmente enseñar al resto del mundo cómo solucionar los problemas;

5) la idea de que Estados Unidos, como potencia mundial, y teniendo en cuenta los cuatro primeros puntos, tiene la doctrina R2R, la "responsabilidad de proteger" los derechos humanos o cualquier otra cosa en todo el mundo usando la fuerza militar;

6) la supuesta legalidad de la hegemonía estadounidense, ya que los EE.UU. supuestamente actúa en nombre de los "derechos humanos" a través de la ONU y las ONG que también contribuyen activamente a la creación de las leyes internacionales de acuerdo con los intereses de los Estados Unidos.

El papel del Departamento de Estado de los EE.UU.

El Departamento de Estado de Estados Unidos llevó a cabo directamente una serie de programas científicos y educativos en la segunda mitad del siglo XX.

En general, su objetivo es la constante formación y la preparación de las futuras élites potencialmente leales entre los jóvenes de otros países. Algunas iniciativas tienen dos características: los estudiantes estadounidenses van al extranjero, y los jóvenes de otros países vienen a los Estados Unidos.

El ejemplo más famoso de este tipo es el programa Fulbright, que fue creado por iniciativa del senador William Fulbright en 1946. Dentro de este marco, se conceden anualmente ocho mil becas a los estadounidenses que viajan al extranjero, así como para los estudiantes extranjeros que llegan a los Estados Unidos. Este programa opera en 160 países. Es interesante seguir la preferencia geográfica de las iniciativas del programa Fulbright. En la década de 1990, se dirigía a los países post-soviéticos, pero en los últimos años el enfoque cambió a Oriente Medio y Asia Central. Recientemente, se lanzó la iniciativa del Ártico, lo que muestra claramente el contexto geopolítico del programa.

Entre las más destacadas iniciativas internacionales del Departamento de Estado están el Alumni Program, el Global Youth Issues, y el EducationUSA, que comenzó la iniciativa llamada "LGBTI CAMPUS LIFE". El trabajo dentro de este marco apunta a la creación de un "pool" de estudiantes de diferentes países en el mundo que se identifican como homosexuales. El moderador del programa es el director del Centro de Recursos LGBT de la Universidad George Washington.

Aquí podemos recordar las ideas de Saul Alinsky en su libros Rules for Radicals [8], donde dice que "la ética debe ser flexible". La ex secretario de Estado estadounidense, Hillary Clinton, a menudo cita a Alinsky, así como el actual presidente Barack Obama, quien por primera vez dijo que uno de los imperativos de la política exterior de Estados Unidos es la protección de los derechos de las minorías sexuales de todo el mundo.

Tales programas y éste en particular también gozan de una amplia difusión en todo tipo de cursos de formación de activistas políticos que se celebran en los Estados Unidos o en el territorio de sus aliados. Hay reuniones y seminarios especiales para los ciberdisidentes, por ejemplo, cuyas actividades están dirigidas principalmente a trabajar en Internet. Por regla general, este tipo de formación tiene como objetivo preparar a las personas para llevar a cabo golpes de Estado, también llamadas "revoluciones de color".

Aplicación en bloque

Además del "poder blando", los servicios de seguridad y los militares, como un bloque, son utilizados activamente en el módulo educativo para sus propios fines.

Hubo casos en que estudiantes Fulbright y voluntarios del Peace Corp, ciudadanos estadounidenses, fueron solicitados por la Embajada de Estados Unidos para espiar y enviar la información adquirida de nuevo a la embajada [9].

En 2005, la Ley de Inteligencia proporcionó 4 millones de dólares para el Programa de Estudios de Inteligencia Pat Roberts, un programa piloto conocido como PRISP. Debe su nombre al presidente del Senado y miembro del Comité Selecto de Inteligencia, Pat Roberts. La esencia de este programa consistió en preparar estudiantes para una carrera en los servicios de seguridad. Al cabo de dos años, se les dio becas de 50.000 dólares, y tuvieron que completar al menos una pasantía de verano en la CIA o en cualquier otra agencia [10]. El programa se llevó a cabo en secreto. Nadie sabía los nombres de los estudiantes, y por lo menos 100 jóvenes de las diversas universidades de Estados Unidos ya se han integrado en los servicios de inteligencia. Naturalmente, todos los recién llegados se sumergieron en la cultura corporativa de la CIA, que es conocida por su desconfianza y por la búsqueda de enemigos internos y externos.

El Departamento de Defensa de Estados Unidos, así como otras agencias de seguridad, trabajan activamente en una serie de programas educativos. Esto no sólo se aplica a la mejora continua de tales sistemas y métodos, sino también a trabajar con aliados y en las relaciones entre civiles y militares. En 2015, el principal fondo donante que trabajar con los gobiernos extranjeros, USAID, publicó un nuevo memorándum que declararó que las organizaciones no gubernamentales deben interactuar con las estructuras del Pentágono. Esto se manifiesta en la militarización del conocimiento estadounidense que trabaja a través de las relaciones internacionales. En general, la cultura militar de Estados Unidos puede ser descrita por la analogía de la buena oveja que debe ser protegida de los lobos malos, y alguien debe llevar a cabo esta función. Especial atención se presta por parte de la comunidad militar a las operaciones psicológicas y de convicción ideológica.

En cuanto a las reclamaciones estadounidenses relativas a ser el centro científico del mundo, el Science Citation Index California es un ejemplo demostrativo. Siendo publicado requiere avances en su escala científica en la mayoría de los países. Además, hay otros índices varios que tienen una naturaleza política distinta, pero que se utilizan comúnmente como estadísticas objetivas. La mayoría de estos índices son cercanos a los centros de análisis de los EE.UU., así como a centros universitarios. Estos incluyen el índice global de centros de reflexión [o "think tank" (de la Universidad de Pensilvania), el índice de estados frágiles y fallidos (de la Carnegie Endowment for International Peace y a revista Foreign Policy), y el índice de seguridad nuclear (Nuclear Threat Initiative), etc.

Teniendo en cuenta todos estos componentes que en conjunto representan un conglomerado integral y en red de los distintos departamentos y organismos sintetizados en la cultura estratégica nacional estadounidense, podemos decir que actualmente no existe un gobierno que sea capaz de resistir de manera efectiva al "poder blando" estadounidense proyectado a través de los proyectos educativos. No obstante, la consolidación de los esfuerzos de aquellos países que abogan por un orden mundial multipolar en esta esfera es absolutamente necesario.

[1] Wilson, Woodrow. Mensaje al Congreso, Abril 2,1917.

[2] Kissinger, Henry. World Order, Penguin books, 2014, P. 149.

[3][3] Antulio J. Echevarria II, Wars of Ideas and The War of Ideas. Strategic Studies Institute, June 2008.

[4] Andrew Crampton, Gearoid o Tuathail. Intellectuals, institutions and ideology: the case of Robert Strausz-Hupk and ‘American geopolitics’// Political Geography, Vol. 15,N o. 617, pp. 533-555, 1996.

[5] Ver más en: Savin L. New Means Waging War. How does America build the Empite? S.-Petersburg. 2016.

[6] Amr G.E. Sabet. Geopolitics of Deception: Media, Framing, and War by Other Means. ECSSR, 2014.

[7] Agradezco a Joaquín Flores, de Fort Russ por sus importantes observaciones acerca de la política de la educación doméstica en EE.UU.

[8] Saul Alinsky. Rules for Radicals. A Practical Primer for Realistic Radicals. Random House, Inc., New York, 1971.

[9] http:? //abcnews.go.com/Blotter/story id = 4262036 & page = 1

[10] http: //www.democracynow.org/2005/8/3/the_intelligence_university...

 

samedi, 09 avril 2016

Entretien avec Guy Mettan

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Entretien avec Guy Mettan: «On assiste à la faillite de la puissance intellectuelle de la France»

 
Ex: http://arretsurinfo.ch

Guy Mettan est un journaliste et une personnalité politique suisse. Il a été rédacteur en chef de le Tribune de Genève et président de la Croix Rouge Genevoise. Aujourd’hui, il est député PDC (centriste) au Grand Conseil du canton de Genève et directeur du Club suisse de la presse. En 2015, il a publié Russie-Occident, une guerre de mille ans : La russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne aux Éditions des Syrtes.

Guy Mettan, bonjour. Commençons par votre livre. Vous pensez que la russophobie que l’on observe depuis la Deuxième guerre mondiale sert à structurer le patchwork des sociétés occidentales « contre un ennemi commun ». Est-ce là sa seule fonction?

Non, le « contre un ennemi commun » n’est que l’une de ses fonctions. La russophobie, comme je l’explique dans ce livre, est un phénomène qui remonte très loin et qui concerne un large espace géographique. J’ai effectivement voulu en montrer les racines profondes et les manifestations. Elle trouve des formes nouvelles à chaque génération, mais découle d’un substrat qui est, lui, très ancien.

Concrètement, depuis une dizaine d’années, plus la crise de l’Union européenne s’intensifie, plus la russophobie s’accroît. C’est comme si l’UE avait elle aussi besoin de se créer un ennemi pour exister : c’est le sens de cette expression. Cependant, la russophobie n’est absolument pas limitée à l’UE, bien au contraire : elle est encore plus virulente aux États-Unis.

Pensez-vous qu’il y ait réellement une russophobie chez les Européens ou s’agit-il d’une fabrication de la propagande américaine ?

Historiquement, la russophobie n’est pas venue des USA. En France, elle était déjà présente de la fin du XVIIIe siècle au XIXe siècle ; c’est suite à sa défaite face à l’Allemagne en 1870 que la France a renoué avec la Russie pour faire face à la menace de l’Empire allemand.

La russophobie a dès lors émigré en Grande Bretagne. Après les guerres napoléoniennes, elle a servi à justifier le conflit géopolitique entre l’Empire britannique et la Russie en Asie centrale. Elle a ensuite émigré en Allemagne à la fin du XIXème siècle : les Allemands cherchaient en effet à agrandir leur empire à peine unifié et se sont tournés vers les territoires d’Europe de l’Est. C’était la fameuse théorie du Lebensraum, l’espace vital, d’abord mise en place par le IIe Reich et ensuite reprise avec une violence extrême par Hitler. La russophobie est donc avant tout un phénomène européen qui a ensuite  migré aux États-Unis. Une fois la Deuxième Guerre mondiale gagnée grâce à l’apport soviétique – 26 millions de morts dont 13 millions de Russes – les Américains se sont emparés de cette russophobie pour en faire le fondement idéologique de la Guerre froide et justifier leur propre expansionnisme. Les États-Unis, au fond, sont les derniers héritiers de cette longue tradition russophobe.

On constate donc qu’il n’existe pas de russophobie intrinsèquement européenne. Il existe effectivement un conflit, qui remonte selon moi à Charlemagne et au schisme religieux de 1054. Cette vieille division a fait naître une profonde rivalité entre ces deux mondes, qui resurgit aujourd’hui à la faveur de circonstances politiques. Elle relève plus de facteurs politiques que d’une haine inextinguible. Il existe d’ailleurs aussi une forme de russophilie : avant, elle  se situait dans les partis communistes occidentaux. Elle existe encore à gauche, mais de façon plutôt marginale. De nos jours, la russophilie est surtout dans le camp conservateur.

La Russie a toujours généré en Europe des sentiments de forte sympathie et/ou de forte haine. Simplement, ces haines, ces phobies dominent au niveau officiel, celui des chancelleries et des médias, parce qu’elles servent des intérêts politiques. En l’occurrence, elles servent à légitimer l’expansionnisme occidental. Sous prétexte de s’opposer à un supposé expansionnisme russe, on légitime son propre expansionnisme. C’est le rôle de la propagande russophobe. On le voit à propos de la Syrie et plus largement à chaque fois que la Russie s’exprime ou agit : les propos russophobes s’exacerbent, deviennent même violents.

guymettan9782940523184.jpgSelon certains analystes américains, la Guerre froide a été la « colle sociale » qui a servi à structurer les USA. Pensez-vous que l’UE réussisse aussi à se forger une identité avec cet ennemi ?

Oui, je crois que la russophobie a deux fonctions. D’une part, elle permet de structurer l’espace géopolitique. C’est l’argument avancé pour justifier les incursions, les agressions, pour ne pas dire les invasions effectuées par l’Occident (appelons-le l’Occident puisque, que ce soit l’UE ou les États-Unis, ce sont deux composantes d’une même réalité géopolitique).

D’autre part, la russophobie permet de façonner politiquement et sociologiquement l’opinion. Elle permet, via une forme de propagande, d’obtenir l’adhésion des opinions populaires à ce programme d’expansion, qui est, osons le dire, un programme impérialiste. Voilà pourquoi la russophobie est si utile et si souvent exploitée par les médias, par les chancelleries et par les Think Tanks qui structurent l’opinion publique en Occident.

Nous allons en venir à la façon dont votre livre a été accueilli. En Suisse dont vous êtes originaire et où vous résidez, il a reçu un bon accueil. Est-ce que cela a été le cas en France ?

En Suisse, cela fait 35 ans que je connais le milieu du journalisme et cela s’est plutôt bien passé. Ajoutons que la Suisse est un pays particulier : nous avons quatre langues, deux religions et quatre cultures. Nous sommes donc habitués à prendre en considération des opinions qui ne sont pas forcément les nôtres. Et, contrairement à la France, nous n’avons pas l’habitude de stigmatiser quelqu’un parce qu’il serait de gauche ou de droite. Pendant les campagnes politiques, tout le monde débat autour d’une même table. En France, si vous êtes estampillé de gauche, il est impossible de débattre avec quelqu’un de droite, et inversement. Nous avons donc une tradition un peu différente. Enfin, en raison de notre neutralité, nous sommes plus habitués à écouter des points de vue qui ne sont pas ceux de la majorité.

En France, mon livre a été bien reçu par le public. Il se vend bien mais son succès repose sur le bouche-à-oreille. Les médias français m’ont tous boycotté.

Pensez-vous que la censure dont vous avez fait l’objet était orchestrée ? 

Non, je ne pense pas que ce soit orchestré. Cela relève de la tendance générale : les médias de gauche ou de droite, en tous cas sur la Russie, disent tous à peu près la même chose. On ignore donc simplement une opinion divergente parce qu’elle ne rentre pas dans le cadre. Fait curieux, même le Monde Diplomatique, qui est pourtant beaucoup plus ouvert à d’autres points de vue, notamment de pays émergents ou de pays du Sud, et qui est le moins russophobe des médias français, n’a pas publié de critique. J’ai pu faire paraître une opinion dans Libération, grâce à un ami. Aucun autre passage dans les médias, qu’ils soient écrits ou audiovisuels.

En revanche, et c’est un point intéressant, plus on s’éloigne de la France et des États-Unis, meilleur est l’accueil. Les Italiens, les Chinois vont traduire et éditer le livre d’ici la fin de l’année. La Russie aussi, cela va de soi.

Ce n’est pas surprenant puisque la russophobie est un phénomène exclusivement européen et américain. En Amérique latine, en Afrique, en Asie, même au Japon malgré les deux guerres qui ont opposé Russie et Japon, les réactions russophobes sont absentes.

Pensez-vous que la censure de l’UE, et des médias mainstream occidentaux en général, soit la marque d’une faiblesse ? Quand on n’accepte pas d’écouter un dissident, est-ce parce qu’on a une position fragile et qu’on est mal à l’aise ?

Certainement. La Russie met le doigt sur nos propres insuffisances en matière de politique étrangère. Elle les dévoile aux opinions politiques occidentales qui ont été largement endormies par la propagande, qui parlait d’ « expansion de démocratie », de « lutte pour les droits de l’homme », etc. Mais ces raisons d’intervenir ne servaient en réalité qu’à masquer des intérêts purement économiques et géopolitiques. La Russie révèle cette vérité dérangeante aux franges les plus lucides de l’opinion occidentale.

C’est exactement ce qui se passe aussi avec la Syrie. Pendant des années, on nous a vendu les rebelles syriens comme des « combattants de la liberté ». C’est ainsi qu’on les nommait en 2011. Ensuite, on les appelait « djihadistes », « combattants de la foi », ce qui est encore une dénomination politique. Jusqu’à ce qu’enfin, on se rende compte que ces gens étaient des purs terroristes. Il a fallu deux attaques à Paris, celle de Charlie Hebdo et celle du 13 novembre pour que les Français se rendent compte qu’on avait affaire à des terroristes purs et durs, et aucunement à des « combattants de la liberté » comme on nous l’avait seriné pendant des années. Les Russes l’avaient dit bien avant et leur intervention l’a démontré.

Pensez-vous que dans l’UE, c’est l’amplification de ce malaise qui engendre une surenchère dans la russophobie allant jusqu’à des insultes régulières envers Vladimir Poutine ?

Le malaise, aujourd’hui amplifié, a commencé en 2003, c’est-à-dire au moment où la Russie a voulu récupérer sa souveraineté nationale sur ses ressources, et qui parallèlement s’est opposée à l’invasion de l’Irak par les États-Unis. Entre 2001 et 2003, après les attentats du 11 Septembre, la Russie et les États-Unis s’entendaient très bien. Poutine avait même offert ses bons services à Bush dans sa lutte contre l’islamisme.

Début 2003, vint l’affaire Khodorkovski : le président russe s’est opposé à la mainmise des Américains sur le pétrole russe. Kodorkovski a été mis en prison parce qu’il cédait tous les actifs russes de Ioukos aux Américains pour une bouchée de pain, et qu’il voulait se présenter aux élections afin d’être élu président et devenir le relais de la politique américaine en Russie. Ensuite, à l’automne 2003, la Russie s’est opposée à l’invasion de l’Irak. Ces deux événements ont suscité une recrudescence de la propagande anti-russe dans les médias occidentaux.

Puis vint l’affaire de la Géorgie, en 2008. Alors même que c’était le président Saakachvili qui avait attaqué les forces russes en Ossétie, on a vu la propagande occidentale affirmer le contraire. Encore aujourd’hui, bien qu’un rapport accessible à tous sur le site du Conseil de l’Europe démontre que c’est bien la Géorgie qui avait attaqué, les journaux continuent à diffuser la fausse version.

Les propos hostiles à la politique de la Russie ont ensuite été alimentés par l’Ukraine. On sait maintenant que la révolution du Maïdan a été largement fomentée, comme l’a dit Victoria Nuland, Secrétaire d’État américaine adjointe, par l’investissement dans des ONG de 5 milliards de dollars destinés à renverser le gouvernement Ianoukovitch. Bien sûr, le peuple ukrainien était excédé par la corruption ambiante, mais nous avons attisé ce mouvement et nous avons profité de cette frustration populaire pour mener à bien un coup d’État qui n’était pas du tout le changement voulu par le peuple. Et deux ans plus tard, le gouvernement mis en place avec Iatseniouk apparaît tout aussi corrompu que le précédent.

Mais par le biais de cette révolution vampirisée par des oligarques pro-occidentaux, l’Ukraine a basculé dans le camp occidental, réalisant un rêve américain vieux de 50 ans. Brzezinski écrivait noir sur blanc : « l’Amérique doit absolument s’emparer de l’Ukraine, parce que l’Ukraine est le pivot de la puissance russe en Europe. Une fois l’Ukraine séparée de la Russie, la Russie n’est plus une menace ». C’est ce programme qui a été réalisé en 2014. On s’en apercevra avec éclat, mais dans dix ou quinze ans, quand la vérité commencera à sortir peu à peu. Comme pour le début de la guerre du Vietnam et l’incident du golfe du Tonkin, la vérité finira par émerger, mais seulement quand elle sera devenue indolore et surtout, irréversible.

Revenons aux médias. Quand on observe le paysage médiatique américain, on y constate un pluralisme beaucoup plus marqué que chez nous. Là-bas, il va de la droite dure neocon de Fox News jusqu’à des publications de gauche grand public comme Salon.com et à des voix radicales, des journalistes très engagés contre le système qui ne sont absolument pas des marginaux, comme par exemple Glenn Greenwald. On a même eu récemment une tribune du neveu du président Kennedy contre la politique étrangère américaine. Pourquoi la France, et même l’Union Européenne, sont-elles plus royalistes que le roi anglo-saxon et pourquoi tente-t-on à ce point d’étouffer le débat d’idées ici ?

Pour moi qui suis francophone, qui ai passé mon bac en France, qui vis constamment aux coté de Français, c’est une immense déception et un grand mystère. Comme vous l’avez dit, si les médias dominants aux États-Unis sont totalement anti-russes, il existe aux États-Unis des médias marginaux ou des voix marginales qu’on peut entendre. Il y a beaucoup de recherches universitaires, même dans de petites universités, qui dénoncent ces manipulations, cette mainmise des médias mainstreams sur l’opinion générale.

Il existe même des publications d’universités aussi célèbres que Princeton contre le système américaniste…

Oui. Ces voix sont marginales, certes, au sein des publications générales des universités, mais elles existent toutes. Mon livre ne cite d’ailleurs que des sources américaines, anglaises ou européennes. En Allemagne aussi on peut trouver ces voix-là, même si elles sont périphériques. En revanche en France, c’est totalement exclu. Pour moi, c’est une immense déception, parce que cela marque l’abdication des grands intellectuels français.

La France, depuis le XVIIIe siècle, a toujours été un phare intellectuel pour le monde. Elle a un peu perdu de sa puissance politique mais elle était restée, jusqu’au début des années 90, disons une grande puissance intellectuelle ; maintenant on assiste à sa faillite.

Aujourd’hui, les intellectuels sont tous complètement alignés dans une sorte d’unanimisme. Ils expriment une vision du monde totalement sectaire qui prétend s’appuyer sur le culte des droits de l’homme, de la démocratie, de l’humanisme et qui, de fait, se révèle être une manière d’instrumentaliser l’esprit des Lumières et des droits de l’homme pour le mettre au service de causes et d’intérêts totalement médiocres. Pour vendre des armes à l’Arabie Saoudite, on est capables de diaboliser Poutine et de ne pas dire un mot sur ce qui se passe en Arabie saoudite, où c’est cent fois pire que tout ce que l’on peut voir et que l’on pourrait critiquer en Russie. C’est pareil pour la Turquie.

Pour l’observateur que je suis, cet aveuglement paraît absolument incompréhensible. Cette espèce de subjugation intellectuelle représente une démission intellectuelle face aux États-Unis et aux Anglo-saxons ou tout du moins, face à une partie de l’establishment intellectuel anglo-saxon.

Cet aveuglement des intellectuels fait écho à un aveuglement politique. Si en février 2014, la France  avait joué le rôle que l’on attendait d’elle dans la crise ukrainienne, elle se serait précipitée à Moscou pour exiger le respect de l’accord qui avait été signé le 21 février 2014 par Laurent Fabius, Steinmeyer et d’autres. Ianoukovitch aussi l’avait signé. Alors la guerre civile aurait été évitée. La Crimée, le Donbass seraient toujours ukrainiens. Poutine serait sorti de ce guêpier en sauvant la face, la tête haute, ce qui est toujours important en politique. Même chose en Syrie : s’obstiner à vouloir absolument faire du renversement d’Assad un préalable à toute négociation est politiquement suicidaire.

On assiste à un alignement total de la France sur les États-Unis, une démission, une capitulation. S’il s’agissait d’un rapport de force, on pourrait comprendre. Mais vu de l’extérieur, sur le plan intellectuel, qu’aucun journaliste français ne conteste cette position est incompréhensible.

Une dernière question : récemment, pour alimenter l’hystérie, les médias ont mis en avant des opposants à Poutine qui ne sont tout bonnement pas crédibles, comme Garry Kasparov. La montée dans l’hystérie est-elle une bonne stratégie de propagande ? Cela a-t-il un impact efficace sur les foules ?

J’ai reçu Kasparov. Dans la presse que je dirige, je donne la parole à Poutine, aux opposants, je donne la parole à tout le monde parce que justement, j’estime que c’est une règle de base du journalisme intellectuellement honnête. Ce qui ne veut pas dire que l’on doive adhérer à tout ce qui est dit, mais quand on fait ce travail, on est d’autant plus autorisé à émettre sa propre opinion que l’on donne aussi à l’opinion publique les moyens de juger.

Pour répondre à votre question, il est vrai que l’hystérisation peut être efficace. On l’a vu pendant les années 30, où l’on avait affaire à un hystérique qui a réussi à captiver les foules, à les drainer. L’hystérie peut être un moyen de communication redoutable. Quand la conscience collective est anesthésiée, elle finit par adhérer aux discours les plus extrémistes.

C’est un sujet de préoccupation grave pour les vrais démocrates. Un vrai démocrate ne peut pas accepter qu’un homme politique s’exprime de façon hystérique. Face à une société éveillée, lucide, critique, informée, le danger de l’hystérie est faible ; en revanche, quand l’opinion est en permanence bombardée par de la propagande, elle commence à y adhérer, et l’hystérie l’emporte. Ce point devrait mobiliser une attention toute particulière de la part des démocrates.

Interview réalisée par Corinne Roussel, publiée le 5 avril 2016 par Les-crises.fr 

Source: http://www.les-crises.fr/


Terrorisme et migration: nous produisons des légions de déracinés et de mécontents

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Terrorisme et migration: nous produisons des légions de déracinés et de mécontents

Ex: http://lesobservateurs.ch
 

De Roger Köppel

L'Europe est sur le point de s'autodétruire. Aucune civilisation qui ne sécurise plus ses frontières et accueille, sans orientation, des centaines de milliers, voire des millions d'étrangers difficilement ou à peine intégrables, n'a de chance de survie. La mentalité délirante du «nous y arriverons» a régulièrement provoqué des catastrophes au cours de l'histoire européenne. Il est probable que les hommes d'État européens se soient aussi dit «nous y arriverons» en lançant leurs armées dans une guerre qu’ils pensaient de courte durée pendant l'été 1914. Quatre ans et des millions de morts plus tard, on a reconnu l'erreur. Ce sont les peuples qui en ont payé le prix, pas les gouvernants. La surestimation de ses propres capacités est la source de tous les maux.

Le problème fondamental aujourd'hui reste l'islam. Pour des raisons sur lesquelles nous n'avons pas besoin de nous attarder, cette religion est particulièrement exposée au risque de détournement par des fanatiques et des fous attirés par la mort. Ce n'est pas la foi en elle-même qui est à blâmer, toutefois, il est troublant que ce ne sont pas des bouddhistes, des protestants, des juifs ni des Témoins de Jéhovah barbares qui font sauter des aéroports et des terrains de jeu. Ce sont des membres de la communauté musulmane qui s'arrogent le droit au nom de leur Dieu de commettre de telles atrocités. Le détournement de Dieu à des fins terrestres existe ou a existé probablement dans de nombreuses religions. Mais la virulence de la terreur islamiste est un fait. Le passer sous silence et l'enjoliver ne servent à rien.

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Qu'ont à voir les attentats terroristes avec l'immigration actuelle en provenance d'Afrique du Nord et du Proche-Orient? Les personnes bienveillantes calment le jeu. Elles disent que les poseurs de bombes sont nés en Europe et ont un passeport européen. C'est vrai. Mais c'est bien ce qui est alarmant. Apparemment, les communautés musulmanes en France, en Belgique ou en Allemagne sont des foyers de non-intégration et d'incitation à la haine religieuse. La «politique d'intégration» portée aux nues des États a échoué. Les naturalisations ne constituent pas un prérequis, mais devraient éventuellement attester une intégration réussie. Paris et, maintenant, Bruxelles sont des symptômes aigus d'une politique d'immigration erronée, qui va mal.

Alors que l'intégration des musulmans nés dans ces pays ne marche guère, l'UE accueille des millions de croyants de l'islam d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. Cela ne fait qu'augmenter considérablement la menace de terrorisme en Europe. Le risque existe que pénètrent sous le couvert de l'asile des islamistes, futurs auteurs d'attentats-suicides. Je trouve, cependant, encore plus catastrophique le fait que des politiciens uniquement soucieux de leur image fassent subir à nos sociétés, sans mandat pour le faire, des changements assimilables à une thérapie de choc, à un niveau transnational, et ce, à vitesse grand V.

La grande majorité des migrants ne remplissent pas les conditions pour réussir leur intégration dans notre économie concurrentielle. Au contraire, ils importent leurs visions de la politique, de l'État de droit, des femmes et de la religion qui datent d’avant la modernité. Ils viennent de régions où les luttes tribales et les vendettas ont encore cours, où l'on met en pratique avec un zèle sacro-saint, voire fatal, des idées moyenâgeuses sur l'honneur masculin. Il est prévisible que nombre d'entre eux finiront dans les filets de la protection sociale, sans la pression du travail pour s'adapter. Le risque est que nous produisions des légions de déracinés et de mécontents qui chercheront des soupapes d'échappement politiques à leur déception. La France et la Belgique ne sont qu'un avant-goût. Il est illusoire de croire que la politique puisse venir à bout de cette migration de masse.

Bien entendu, je ne crois pas que les structures ethniques ou culturelles soient immuables. L'homme est flexible et adaptable lorsque les circonstances l'exigent. Nous sommes la seule créature capable de se réinventer, concept que les philosophes ont appelé «transcendance pratique». Bien sûr, les musulmans peuvent se faire accepter dans notre société et réussir. Mais, force est de constater qu'il y a précisément des groupes et des cultures qui mettent plus de temps que d'autres à prendre pied. Ces différences culturelles et ces influences du milieu d'origine ne sont pas insurmontables, mais elles existent, et il faut les prendre en compte. Une bonne politique d'immigration est donc toujours une question d'individualités, de mesure et de nombre. Plus les difficultés d’intégration de certaines cultures sont grandes, plus l'immigration devrait être menée de manière prudente et mesurée. Les autorités doivent apprendre à dire non.

L'UE fait le contraire. L'accord sur les réfugiés avec la Turquie est un autre aveu de faillite. Bruxelles refile la responsabilité de protéger les frontières orientales de l'Europe à l'autocrate Erdogan. On paie des milliards, on fait miroiter aux Turcs la possibilité de voyager sans visa et, en plus, on leur prend des migrants du Proche-Orient, en nombre illimité. Ce n'est pas un accord, c'est une soumission. Elle montre que l'UE n'est plus en mesure ou plus désireuse d'exercer ses missions régaliennes essentielles. Les accords de Schengen sont désormais lettre morte, tout comme le Règlement de Dublin sur les réfugiés, qui n'a jamais fonctionné. La situation est instable et dangereuse. Des conflits sociaux menacent. L'extrémisme politique prendra de l'ampleur tant que les élites et leurs médias ne seront pas prêts à discuter des problèmes qu'ils ont créés, ni à les résoudre.

Et que se passe-t-il en Suisse? L'immigration ne ralentit pratiquement pas. L'initiative contre l'immigration de masse est encore loin de la mise en œuvre. Le Conseil fédéral fait primer les intérêts de l'UE sur la décision populaire. En matière d'asile, la ministre de la Justice Sommaruga mise excessivement sur la culture de l'accueil. La nouvelle révision de la loi sur l'asile rendra la Suisse encore plus attrayante pour les fraudeurs en matière d'asile et les faux réfugiés. Le Conseil fédéral devrait envoyer des signaux de protection accrue des frontières, n'accorder l'asile qu'aux personnes dont la vie et l'intégrité physique sont vraiment en danger. Au lieu de cela, on augmente les capacités d'accueil. Désormais, le gouvernement veut même avoir le droit d'exproprier des personnes privées et des communes. L'aide judiciaire pour tous les demandeurs d'asile devrait accélérer les processus. Ce serait une erreur de plus, car la Suisse ne renvoyant pratiquement pas les demandeurs d'asile déboutés, les conseils juridiques ne permettront au mieux qu'à ce qu'encore plus de faux réfugiés aient le droit de rester en Suisse encore plus vite – «en procédure accélérée».

Alors qu'il faudrait de la modération, c'est la démesure qui prévaut. Cela n'augure rien de bon.

Roger Köppel  / Die Weltwoche

vendredi, 08 avril 2016

Pays-Bas: rejet massif de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE

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Pays-Bas: rejet massif de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE

Ex: http://zejournal.mobi

Les Pays-Bas disent « non » à 61%

Les électeurs néerlandais ont dit massivement non mercredi 6 avril, à l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne lors d’un référendum convoqué par des groupes eurosceptiques devenu un vote symbolique sur l’UE, affirme l’agence de presse néerlandaise ANP.
Se fondant sur les résultats de 191 municipalités, l’ANP annonce que le non l’emporte avec 61,1%, et que le taux de participation s’élève finalement à 32,2%. Des estimations initiales le plaçaient sous les 30%, ce qui aurait invalidé le scrutin.

Le référendum - dont les organisateurs admettent qu’il ne concerne pas l’Ukraine mais répond à une animosité plus large envers l’UE - était suivi de près par les Européens, Kiev et Moscou. Les résultats seront également examinés à la loupe en Grande-Bretagne, quelques mois avant le vote de juin sur une sortie de l’Union européenne.

Le Premier ministre néerlandais, favorable à l’accord

Le Premier ministre libéral Mark Rutte avait appelé dans la journée ses concitoyens à approuver l’accord, qui vise à renforcer le dialogue politique ainsi que les échanges économiques et commerciaux entre l’UE et l’Ukraine. « Nous devons aider l’Ukraine à bâtir un Etat de droit, à construire sa démocratie, à soutenir ses minorités, notamment les juifs, et la communauté homosexuelle », a-t-il lancé.

En Ukraine, on se souvient de la volte-face de l’ancien président Viktor Ianoukovitch, qui avait renoncé au dernier moment, sous la pression de Moscou, à signer cet accord, et avait provoqué le soulèvement proeuropéen du Maïdan en 2013. Pour Kiev, qui a envoyé des ministres faire campagne aux Pays-Bas, cet accord représente une « nouvelle ère » pour l’Ukraine, tandis que Moscou le considère comme un empiètement des Européens dans sa sphère d’influence.

NLref.PNGLe débat sur la ratification de l’accord relancé

Certaines associations eurosceptiques, ayant appelé à ce vote, estiment que l’accord n’est qu’un exemple de plus d’une Union européenne bureaucratique et technocratique ayant perdu le contact avec les citoyens.

Les Pays-Bas sont le dernier pays de l’UE à ne pas avoir ratifié l’accord, qui a cependant reçu le feu vert du Parlement. En dépit de son caractère consultatif, le scrutin contraint le Parlement à débattre à nouveau sur la ratification de cet accord d’association et risque de plonger le gouvernement néerlandais dans un abîme de difficulté ; d’autant plus que celui-ci assure actuellement la présidence semestrielle tournante du Conseil de l’Union européenne, rapporte notre correspondant à Bruxelles, Quentin Dickinson.

Stupeur en Ukraine

C’est avec stupeur, que le résultat du référendum hollandais a été accueilli en Ukraine, un pays dont une grande partie de la population se déclare toujours favorable à un rapprochement avec l’Union européenne. Cet échec est une épine de plus dans le pied du président Petro Porochenko, déjà mis en cause, depuis quelques jours, dans le scandale des Panama Papers, rapporte notre correspondant à Kiev, Laurent Geslin.

C’est aussi un camouflet pour le Premier ministre Arseni Iatseniouk, résolument pro-européen, mais qui ne dispose plus au Parlement d’une majorité lui permettant de gouverner. En attendant un hypothétique changement à la tête de l’exécutif, les citoyens ukrainiens commencent à réaliser que l’Union européenne en crise n’est pas en mesure de résoudre les problèmes structurels qui touchent l’Ukraine, à commencer par une corruption endémique et la faillite de l’Etat de droit.

Désormais tous les regards sont tournés vers le Parlement néerlandais qui suite au référendum, pourrait dénoncer l’accord d’association et donc rendre le texte caduque.

 

Presseschau - April 2016

jeudi, 31 mars 2016

Hungría y Rusia en la defensa de la Civilización europea en el siglo XXI

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Las dos caras de Jano. Hungría y Rusia en la defensa de la Civilización europea en el siglo XXI

por Sergio Fernández Riquelme

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

La soberanía nacional, la Familia natural, el Estado firme. A uno y otro lado de la frontera entre la Europa comunitaria y el proyecto euroasiático [1], dos naciones (Hungría y Rusia) compartían, junto a intereses geoeconómicos comunes, estos valores que enarbolaban como las claves de la identidad de la Civilización europea; identidad ligada a la llamada “modernización conservadora”, paradigma que explicaba la capacidad del Viejo continente de aunar tradición e innovación con garantías de éxito social y cultural ante las mutaciones geopolíticas de la globalización [2]. Las dos caras de Jano. Como señalaba Plutarco, ese equilibrio entre el caos y la civilización, ese genio capaz de adaptarse al mundo cambiante, un rostro que miraba a Oriente y otro que observaba a Occidente:

“porque de Jano en lo antiguo, ora fuese genio, ora fuese rey, se dice haber sido político y popular, y que indujo mudanza en el modo de vivir fiero y silvestre: y por esta razón lo pintan con dos caras, como que pasó la vida de los hombres de una forma y disposición a otra” [3].

En plena crisis entre el Occidente europeo y la Federación rusa, a raíz de la crisis de Ucrania (de la anexión de la península de Crimea al apoyo a los separatistas pro-rusos de Lugansk y Donetsk), Orbán y Putin se reunieron en febrero de 2016 en la residencia de Novo-Ogaryovo (Moscú). Hungría, el otrora alumno ejemplar del proceso de integración europea de los antiguos países comunistas, bajo el gobierno de Viktor Orbán y Fidesz, criticado desde sus inicios por la burocracia de Bruselas, y especialmente durante la crisis de refugiados en 2015, aparecía públicamente como la nación más cercana a los intereses y posiciones geopolíticas del gobierno de Vladimir Putin.

Desde el inicio del citado conflicto, el gobierno húngaro fue el principal adalid de no imponer sanciones financieras y diplomáticas a Rusia, y posteriormente defendió en todos los foros comunitarios eliminarlas inmediatamente. Pero detrás de esta posición aparentemente circunstancial (ligada a proyectos energéticos y comerciales comunes) se situaban afinidades ideológicas y políticas entre ambos regímenes, cifradas en términos de valores civilizatorios: las raíces cristianas, la protección moral y familiar, la soberanía económica, y el Estado iliberal [4].

Primera afinidad: las raíces cristiana de Europa.

Orbán, desde su vuelta al poder en la nación magiar en 2010, reivindicó su misión de defensa de los valores morales tradicionales inscritos en la identidad europea [5]. Hungría debía ser el modelo a seguir por países (de Polonia a Eslovaquia), a su juicio, amenazados en su realidad identitaria histórica por el impacto en la Unión europea de la neocolonización norteamericana, el secularismo nórdico y la inmigración multicultural. A ello respondió su pionera Constitución de 2011, que en su famoso Preámbulo significaba el ascendiente cristiano (multiconfesional) en el nacimiento de la nación magiar, ya que como señalaba Orbán [6]:

“El cristianismo no es sólo una religión; es también una cultura sobre la cual hemos construido toda una civilización. No hay elección posible, se trata de un hecho”. Por eso era injustificable el insuficiente reconocimiento de las raíces, las tradiciones y el sentido cristiano de la vida en las instituciones de la UE, que alejaba sigue hiriendo al día de hoy a millones de europeos” [7].

Similar posición a la expresada por Putin y su gobierno en numerosas ocasiones y actos públicos, desde el apoyo a las actividades de la Iglesia Ortodoxa rusa (IOR) y las excelentes relaciones con el Patriarca de Moscú (así como con el resto de confesiones tradicionales, del budismo al islam ruso), hasta la aprobación de leyes de defensa de la religión ante las ofensas públicas (2013) o de los textos sagrados (de la Biblia al Corán) ante difamaciones o acusaciones de extremismo (2015). Así señaló en 2007:

“Primero y ante todo debemos ser regida por el sentido común. Pero el sentido común debe estar basada en principios morales en primer lugar. Y no es posible hoy en día tienen la moral separada de los valores religiosos” [8].

Segunda afinidad: la protección de la moral y la Familia natural.

La citada nueva Constitución húngara, así como la posterior Ley de Familia, protegía la concepción natural del matrimonio y la Familia, y la necesidad de una política de desarrollo demográfico paralela, subrayando que “(1) Hungría protegerá la institución del matrimonio como la unión de un hombre y una mujer establecida por la decisión voluntaria, y la familia como base de la supervivencia de la nación. Los lazos familiares se basan en el matrimonio y / o la relación entre padres e hijos. (2) Hungría fomentará el compromiso de tener hijos” (Artículo L).

Concepción ligada a la necesidad objetiva del renacimiento demográfico de una Europa envejecida, sin niños, solo sostenida momentáneamente por la emigración. El futuro social de Europa pasaba, para Orbán, por identificarse, como Hungría y otros muchos países “con el sentido cristiano de la familia”, respetando otras formas de convivencia pero afirmando “que en la Europa cristiana la familia es la unión de un hombre y una mujer”. Así afirmaba que:

“La gran mayoría de personas en Europa respeta la familia y se niega a reconocer – como yo mismo hago–, la relativización y la extensión de la noción de familia, a la que de esta forma se resta significado e incluso se la ridiculiza. Este es el motivo por el que hemos aprobado en Hungría una ley especial para la protección de las familias” [9].

Orbán señalaba, a diferencia del mundo occidental, que “la inmigración masiva no es la solución al problema demográfico de Europa”, sino un sistema social y fiscal basado en la Familia natural y en su protección jurídica:“La historia ha demostrado que las civilizaciones que no son biológicamente capaces de perpetuarse a sí mismas están destinadas a desaparecer y desaparecen. Nuestra civilización, Europa, hoy no es capaz de hacerlo. La inmigración masiva, que muchos propone como remedio, provoca tensiones que conducen a más conflictos y terremotos políticos, debido a las diferencias culturales, religiosas y de estilo de vida. El sentido común dicta que Europa en el futuro debe hacer frente a sus problemas demográficos por una vía natural, respetando y protegiendo la familia y la paternidad” [10]. Y a finales de 2015 reiteraba esta máxima de restricción de la inmigración y apoyo a la Familia nacional ante el fenómeno de llegada masiva de refugiados sirios y afganos, común a su juicio al Este de Europa (Polonia, Eslovaquia, Eslovenia o la República checa):

“Al oeste de esta línea hay países que ya han renunciado a la protección de las familias, pero al Este de esta línea todos tenemos políticas favorables a la familia, y el cambio del matrimonio no es aceptado en cualquiera de estos países. En esta parte de Europa todo el mundo también entiende que no podemos permitir a esta las masas de personas, cuya verdadera identidad e intenciones son desconocidas. Esto no es entendido en el Oeste, donde están a favor de la política de inclusión, y donde esto va a provocar graves problemas” [11].

Desde Rusia se compartía esta posición; pero sin los frenos ideológicos de la UE, su defensa y promoción se tradujo en el apoyo económico directo a las familias para impulsar la natalidad (tras la grave crisis demográfica de finales del siglo XX); la restricción progresiva del aborto; la aprobación de la famosa Ley de protección moral de los menores ante las relaciones no tradicionales (2013) que, en suma, prohibía toda información y manifestación de concepciones ajenas a la familia natural rusa (adoptadas igualmente en Crimea, Donetsk y Lugansk en 2015); normas de prohibición de las ofensas religiosas o el lenguaje soez o insultante en los medios de comunicación; y la polémica Legislación que impedían a estas relaciones adoptar menores (2014). Limitación de la propaganda social y familiar no tradicional valorada por el alcalde de Budapest István Tarlós (criticando los desfiles considerados amorales en 2015) o por el mismo Orbán:

Hungría es un país serio. Se basa fundamentalmente en los valores tradicionales. Hungría es una nación tolerante. La tolerancia, sin embargo, no significa que se aplicarán las mismas reglas para las personas cuyo estilo de vida es diferente del nuestro. Podemos diferenciar entre ellos y nosotros. La tolerancia significa la paciencia, la tolerancia es la capacidad para convivir, y es la base de la Constitución húngara que diferencia claramente entre la relación matrimonial entre un hombre y una mujer y otras diferentes formas de convivencia” [12].

Tercera afinidad: la soberanía económica.

Orbán, desafiando a la elite liberal-social europea, apostaba por reconstruir un Estado fuerte que garantizara la independencia económica nacional y el bienestar ciudadano, especialmente ante las graves consecuencias de deuda y pobreza provocadas la crisis del neoliberalismo internacional desde 2008. Para el premier magiar, ésta era una cuestión urgente al definir el futuro mismo de la Unión Europea, ya que “aquí no podemos afrontar el vivir a cuenta del dinero de los otros” y “tarde o temprano tenemos que trabajar para ganar y devolver cada euro que gastemos”. Ante esta situación de dependencia, todos los Estados miembros debían hacer sus propios deberes y alcanzar su soberanía económica como Hungría, que “devolvió antes de su vencimiento el préstamo del FMI concedido para resolver su crisis financiera”, introduciendo en la Constitución un límite de endeudamiento público y reduciendo sistemáticamente la deuda nacional [13].

Soberanía que en “Europa sólo puede prevalecer y prosperar a través del trabajo”, proclamaba Orbán, mostrando su concepción de una “sociedad basada en el trabajo” apoyando el empleo en vez de subvenciones, y restaurando la dignidad del trabajo manual. “Hungría y Europa serán fuertes si todo el mundo que puede y quiere trabajar tiene un puesto de trabajo”. Pero “como el sector privado no era capaz de dar a todos un puesto de trabajo, como es el caso actual en Europa”, debía implantarse el “workfare state” (“el Estado del trabajo”), intervención razonable del Estado en búsqueda del pleno empleo. Una autoridad pública que respondía a la falta de competitividad de la neoliberal Europa ante el empuje de las áreas americanas y asiáticas, con menor precio de la mano de obra, más flexibilidad laboral, mayor acceso a una financiación barata, la estabilidad regulatoria o el entorno propicio para el emprendimiento empresarial, y especialmente con mejores precio de la energía [14].

Esta soberanía económica, nacía pues de una económica basada en valores, con una intervención pública centralizada y responsable, que llevó al control directo del Estado del sistema bancario buscando restringir los poderes facticos ajenos a la supervisión política; con un crecimiento económico sostenido en plena época de crisis, manteniendo un alto nivel de Bienestar de la ciudadanía (crecimiento del PIB un 3,7% en 2014); con la independencia comercial y financiara, manteniendo estrechas relaciones con sus socios comunitarios (especialmente los países del grupo de Visegrado) pero abriendo importantes acuerdos con los países euroasiáticos, de Asia Central y del Lejano Oriente (con estrecha relación con Turquía y Azerbayán); y con el respeto de los derechos laborales y de los valores morales, llegando incluso a la casi total limitación de la libertad de los comercios de abrir los domingos, respetando así el descanso de los trabajadores y sus familias (2014).

En Rusia, esta soberanía iba un paso más allá, configurando un auténtico “capitalismo de Estado”, donde la primacía de lo público sobre los sectores estratégicos y la gran iniciativa privada era fundamental. Este modelo, pese a las limitaciones el uso y abuso de los recursos naturales (especialmente los hidrocarburos) como principal fuente de financiación, se demostró exitoso desde su configuración a inicios del siglo XXI. Durante el amplio mandato de Putin y su equipo, entre 2000 y 2014, el crecimiento del PIB nacional llegó al 5,2% de media, ligada a la explotación intensiva de las enormes fuentes energéticas y a la aún limitada diversificación productiva. De esta manera, Rusia volvió situarse en el 9º puesto de la lista mundial de PIB nominal en 2014 (2.057.000 millones de dólares) [15] y en el sexto del PIB PPA (3,564.5 millones) [16]. Datos macroeconómicos que se reflejaron en una mejora sustancial de la calidad de vida de los ciudadanos rusos, frenada ante las sanciones occidentales y la caída del precio del petróleo entre 2015 y 2016. Así, el empleo se mantuvo en notables y estables cifras en el último lustro: tasa de paro en 5,9% (2015) y tasa de ocupación del 71,6%. En cuanto a los salarios, pasaron de los 10351 RUB/Mes a finales del siglo XXI a los 32508 de marzo de 2015; mientras, el salario mínimo creció de los 1100 RUB/Mes de 2006 a los 5965 de 2014, y la productividad aumentó hasta los 201 puntos desde los 150 de 2006 [17]. Por ello la tasa de pobreza en Rusia descendió del 40% del año 1999 al 13,1% de 2010, creciendo el PIB per cápita entre esos años de 4200 a 17000 RUB/Mes.

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Cuarta y última afinidad: el Estado iliberal.

Llegaba un tiempo histórico donde “Oriente” era alternativa soberana al mundo occidental. Y en él, Hungría debía encontrar su propio camino, su modelo de desarrollo, construir su propio Estado nacional, al contemplar como otros modelos políticos y económicos (en China, Rusia, Singapur o Corea del Sur) se presentaban como opciones viables (y en algunos puntos exitosas) pese a evidentes diferencias culturales, “a un método europeo occidental que está perdiendo claramente sus reservas, y tal vez ya se les ha agotado”; y que demostraban que había vida más allá de la prototípica democracia liberal de mímesis anglosajona.

Por ello, Orbán subrayaba que “los húngaros tenemos una cultura fundamentalmente cristiana y estamos motivados por la libertad, por lo que debemos construir nuestro propio sistema con respecto a la economía y la política“, y para construir este camino, se inició en 2010 una revolución nacional gracias a la “victoria electoral de dos tercios[18]. Así, y tras su posterior y abrumadora reelección en 2014 comenzó la siguiente fase del proceso [19], que apareció en las primeras planas de la prensa internacional. Llegaba la hora de un nuevo tipo de democracia en Europa, lejos de la que denunciaba como ineficiente y corrupta estructura liberal, y por encima de un subvencionado e insostenible socialismo del Bienestar; y en esa hora Hungría, para Orbán, sería la vanguardia europea de un fenómeno postliberal en germen en medio mundo.

La líneas maestras de su propuestas aparecieron dibujadas en su polémico discurso La era del Estado basado en el trabajo se está acercando, pronunciado en Tusnádfürdő (Rumanía) el 29 de julio de 2014, en la vigésima quinta edición de la Universidad libre de Transilvania (Campus de Verano “Balvanyos”). Viktor Orbán esbozó en él las ideas del futuro Estado nacional húngaro frente a un auditorio de incondicionales: las minorías húngaras en Rumanía, que habían apoyado abrumadoramente al gobierno entre Fidesz y KNDP [20].

En primer lugar “la base del Estado húngaro recién organizado es una sociedad basada en el trabajo que no es liberal en su naturaleza, a partir de poderes políticos civiles cristianos y nacionales que rigen el país tras ganar las elecciones con dos tercios de los votos”. Esta victoria mayoritaria era la manifestación del “equilibrio moral” en el país frente aquellas fuerzas que habían votado en contra de la readmisión de los húngaros que viven más allá de las fronteras del país en diciembre de 2004; habían “recibido su justa recompensa” como resultado del hecho de que la alianza Fidesz-KNDP logró su espectacular resultado con la ayuda de los votos de los húngaros transfronterizos [21].

Una nueva era en Hungría emergía, construida tras la reestructuración de la economía mundial y el cambio en la potencia mundial que se hizo evidente en 2008. La generación que él encabezaba desde la recuperación de la democracia en 1898, debía ahora hacer frente a los “cambios que se producen en la actualidad” en “un mundo radicalmente diferente”. Y en este novedoso escenario histórico el Primer Ministro declaró que:

hay una carrera mundial para inventar un Estado que sea más adecuado para lograr el éxito de la nación. Hoy en día, el mundo está tratando de entender los sistemas que no son no occidentales, liberales, tal vez ni siquiera las democracias, pero no obstante, son un éxito, y las estrellas de los analistas son Singapur, China, India, Rusia y Turquía” [22].

Por ello, “a pesar de la ruptura con los dogmas e ideologías que se han adoptado por parte de Occidente”, en Hungría “estamos tratando de encontrar la forma de organización de la comunidad, el nuevo Estado húngaro, que es capaz de hacer de nuestra comunidad competitiva en la gran carrera mundial en las próximas décadas”. Así, para edificar ese nuevo Estado el gobierno húngaro, alternativo al caduco modelo norteamericano para Tamás Fricz (investigador senior en su Instituto de Ciencias Políticas y profesor en la Universidad de Miskolc), se comprometió a “romper con los principios y métodos liberales de organización social”, ya que el anterior Estado liberal en manos socialistas no protegió a la comunidad nacional ante la crisis económica y moral sufrida, ignorando que “los húngaros que viven en todo el mundo son parte de Estado húngaro y no impidió que el país caiga en deuda o no protegió a las familias de la esclavitud de esa deuda“. Este Estado del bienestar se había alejado de la “raíz de la nación-estado”, y debía ser sustituido por “el enfoque de un Estado basado en el trabajo”. Por ello proclamaba que:

Los ciudadanos húngaros esperan que los líderes de Hungría desarrollen un nuevo tipo de organización estatal que, después de la era de la organización liberal del Estado, una vez más, hace que la comunidad húngara competitivo, respetando el cristianismo, la libertad y los derechos humanos[23].

Esta reorganización del Estado húngaro, iniciada en 2010 y refrendada por la población en las urnas en 2014, era un imperativo histórico obligatorio. “La nación húngara no es simplemente un grupo de individuos, sino una comunidad que debe ser organizada, reforzada y construida” y ​ en este sentido “el nuevo estado que se ha construido en Hungría no es un modelo liberal”, recogiendo los anhelos de la misma sociedad civil. Una sociedad orgullosa de su pasado, fraternalmente unida más allá de las fronteras actuales, enemiga de la “dictadura de la deuda” impuesta por los organismos liberales internacionales y de las injerencias de los países extranjeros occidentales. Así subrayaba la actuación del gobierno ante los intentos del activismo político liberal en el país, como por ejemplo la financiación de Noruega a organismos no gubernamentales apoyados por los partidos políticos de la oposición, o la adquisición pública del Banco MKB a los accionistas alemanes (con ello, la relación de la propiedad nacional de Hungría dentro del sistema bancario del país superaba el 50 por ciento) [24].

Las críticas no tardaron, de nuevo, en llegar. La oposición lo comparó con el mismo Putin [25]. La prensa liberal anglosajona denominaba la organización desarrollada por Orbán como “Estado iliberal[26] y a su propia figura como la de un nuevo Mussolini [27] o un “mini-Putin” por ser el único gobernante de la UE en bloquear a Jean-Claude Junker como nuevo presidente de la Comisión, por apoyar económica y políticamente a Rusia en la crisis de Ucrania (considerando injustas y contraproducentes las sanciones), y desarrollar políticas internas consideradas como autoritarias [28].

Se concretaba la misión histórica de Orbán: una gran Hungría sobre un nuevo Estado construido desde el patriotismo económico (capitalismo de Estado), la democracia dirigida (posiblemente presidencialista) y las raíces cristianas (y sus valores sociales intrínsecos). Ante “los problema sistémicos” de la democracia liberal-capitalista y su Estado del Bienestar subvencionado, esta emergente organización político-social húngara sería un ejemplo de la alternativa histórica al liberalismo “cínico, neocolonial casi feudal” de los EEUU y sus vasallos en la UE; un modelo hegemónico agotado por la “corrupción, la ilegalidad, el sexo y las drogas” en su seno, y que había engañado por última vez al pueblo húngaro [29].

Los húngaros son un pueblo de luchadores por la libertad” proclamó el primer ministro Viktor Orbán en el 25 aniversario del picnic paneuropeo en Sopron, una manifestación pacífica que condujo a la caída de la “Cortina de Hierro” en 1989. La transición poscomunista había aumentado el nivel de libertad ampliamente, pero en los últimos años se había resentido ante el crecimiento de la inflación, la corrupción, la deuda pública y el desempleo. Los éxitos de la transición política debían ser preservados, mientras que la evolución desfavorable tenía que ser cambiada, señalaba Orbán, especialmente ante una Europa occidental vulnerable económica y políticamente. “Hoy, el conjunto de Europa occidental está llamando para la renovación” concluyó. Y a finales de 2015 veía confirmados su anuncio y su propuesta. El mundo occidental debía hacer frente a un cambio geopolítico histórico que ponía en cuestión su hegemonía y su propio modelo político-social, posibilitando la diversidad de sistemas democráticos acordes con las exigencias que ponían en cuestión el éxito de la civilización europea y el mismo proceso de integración comunitaria:

“Europa está buscando su lugar en un mundo cambiante. Estamos viviendo en tiempos en que la jerarquía de los países está cambiando, y están surgiendo nuevos centros militares, geopolíticos y económicos. Debemos enfrentar el hecho de que China va a ser la primera potencia económica del mundo en el futuro cercano. En pocos años, también será la primera fuerza militar. ¿Alguien sabe qué tipo de mundo va a ser? ¿Qué será de nuestro mundo cuando se evapore el dominio Anglo-Sajón dominio?” [30].

Y para Orbán, Rusia había reaccionado. Es este tiempo de cambio trascendental “Rusia – un país con un enorme territorio y poder militar – ya no volverá a los tiempos de Yeltsin – la era de la desintegración de Rusia –; los Rusos han aprendido su lección” [31]. Bajo el gobierno de Putin habían reconstruido la posición soberana y competitiva de su nación, de manera cercana a su propuesta de “Estado basado en el trabajo“, frente a las políticas liberales de los Estados del bienestar, basadas en la mera subvención. La democracia soberana rusa respondía, según Orbán, a este esquema.

Rusia era un Estado iliberal, soberano e independiente, respetuoso de sus tradiciones y abierto a la modernidad, que adaptaba el modelo político-social a sus particularidades nacionales, y lo compartía en su “espacio vital” euroasiático. Por ello, Rusia no solo era un socio económico al que defender: “la Unión Europea se está moviendo más lejos de Rusia todos los días, lo cual es malo no sólo para Hungría, sino para toda la UE[32]; era también un modelo a seguir, en su caso en clave “imperial” [33], con amplio apoyo ciudadano (en 2015 un 89,9% de aprobación del presidente [34]): defensa de los nacionales étnicos (en las ex-repúblicas soviéticas), continuidad histórica de la patria (del Imperio zarista al legado soviético), la recuperación demográfica (más de 146 millones y medio de habitantes en 2016), la mirada al Oriente (pactos económicos con China o Irán desde 2014, y creación de la ЕАЭС o Unión económica euroasiática con Armenia, Bielorrusia, Kazajistán y Kirguizistán), y por supuesto, el conservadurismo social, que Vladimir Putin, siguiendo a Nicolai Berdaiev, resumía en este análisis:

“Hoy en día, muchos países están revisando sus valores morales y normas éticas, erosionando las tradiciones étnicas y las diferencias entre pueblos y culturas. Ahora la sociedad requiere no sólo reconocer el derecho de toda persona a la libertad de conciencia, la opinión política y la vida privada, sino también a aceptar, sin cuestionar, la igualdad de los conceptos del bien y del mal, por extraño que parezca, que son opuestos en su significado. Esta destrucción de los valores tradicionales desde lo alto, no sólo tiene consecuencias negativas para la sociedad, sino también es esencialmente antidemocrática, ya que se lleva a cabo sobre la base de ideas abstractas y especulativas, en contra de la voluntad de la mayoría, que no acepta los cambios que se producen o la propuesta de revisión de los valores. Sabemos que hay más y más personas en el mundo que apoyan nuestra posición sobre la defensa de los valores tradicionales que han constituido la base espiritual y moral de la civilización en cada nación hace miles de años: los valores de la familia tradicional, la vida humana real, incluyendo la vida religiosa, no sólo la existencia material, sino también la espiritualidad, los valores del humanismo y de la diversidad global. Por supuesto, ésta es una posición conservadora” [35].

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Por ello, Hungría, como Rusia, debía construir su propio modelo democrático, cuidando a los compatriotas húngaros de otros países (las seculares minorías en Eslovaquia, Rumania y Serbia), protegiendo sus fronteras de la que denominaba como “invasión” alentada por ciertos países europeos (en especial la política de asilo indiscriminada de Alemania), reivindicando la identidad original del pueblo magiar (de una lengua única y un etnia diferente), y proclamando sus raíces cristianas y la moral asociada (estricta para un viejo calvinista como él, rememorando la trascendental conversión de San Esteban, patrón húngaro).

Así pues, para Orbán cada modelo político o económico estaba determinado (y debía estarlo para su propia supervivencia) por la cultura nacional de origen (ancestral o diversa), “por lo que en Europa no se puede seguir un modelo que no se base en el cristianismo”. Rusia lo había construido, frente a los enemigos de Occidente y frente a los monstruos de su pasado; la primera cara de Jano. Llegaba el turno de la Hungría proyectada por Viktor Orbán; la segunda cara de Jano.

[1] Aleksander Duguin, “Putin y la revolución conservadora”. Katehon, 18/02/2016.

[2] Jordi Garriga, “Apuntes de Geopolítica I”. Katehon, 25/02/2016.

[3] Plutarco, Vidas paralelas. Tomo I.

[4] Sergio Fernández Riquelme, “Hungría y las raíces históricas de Europa”. La Razón histórica, nº 27, 2014, pp. 26-50.

[5] En noviembre de 2011 Orbán pronunció su primer gran discurso en el extranjero. En la London School of Economics describió la victoria de Fidesz en 2010 como la máxima expresión de un deseo de los ciudadanos húngaros de un liderazgo fuerte capaz de cerrar la transición post-comunista, y la necesidad de una nueva Constitución que recuperara la identidad nacional del país centroeuropeo, que podía ser ejemplo para la construcción de la UE en los tiempos de crisis y globalización. Véase United front against Viktor Orban, the Catholic conservative”. Vatican Insider, 03/13/2012.

[6] Silvia Blanco, “El primer ministro húngaro difunde en España sus polémicos mensajes”. El País, 16/04/2013.

[7] Ídem.

[8] Time, 2007.

[9] Ídem.

[10] Ídem.

[11] Magyar Idők, 25/12/2016.

[12] Hungarian Spectrum, 22/05/2015.

[13] ´ Silvia Blanco, op.cit.

[14] Ídem.

[15] CIA World Factbook. June 2, 2012.

[16] Report for Selected Country Groups and Subjects (PPP valuation of country GDP). IMF, 2015.

[17] La productividad en Rusia es analizada por el Vienna Institute for International Economic Studies (wiiw).

[18] Viktor Orban, “Los húngaros son luchadores por la libertad”. Kormany, 22/08/2014.

[19] Silvia Blanco, “Un enérgico cruzado del populismo. Orbán, que luchó contra el comunismo en Hungría hace 25 años, acapara el poder en todos los ámbitos con un mensaje nacionalista, conservador y cristiano”. El País, 6/04/2014.

[20] Discurso completo en la página del Gobierno húngaro: http://www.kormany.hu/en

[21] Igor Janke, Hajrá magyarok! – Az Orbán Viktor-sztori egy lengyel újságíró szemével. Rézbong Kiadó, Budapest, 2013.

[22] Viktor Orbán, “The era of the work-based state is approaching”. Kormany, 20/07/2014.

[23] Ídem.

[24] Al final de su discurso, el primer ministro proclamaba que “aunque vivimos en un mundo en el que cualquier cosa puede suceder” y donde “hay razones para temer un futuro incierto”, el futuro mostraba que también tiene una gran cantidad de posibilidades y oportunidades para el desarrollo de la nación húngara: “En lugar de miedo, aislamiento y retraimiento, recomiendo coraje, pensando en el futuro y la acción racional, siendo valientes para la comunidad húngara de la Cuenca de los Cárpatos, y de hecho para la comunidad húngara en todo el mundo. Dado que cualquier cosa puede suceder, que fácilmente podría ser el caso de que vendrá nuestro tiempo”. Ídem.

[25] Free Hungary, 27/07/2014.

[26] “Viktor Orban’s illiberal world”. Financial Times, 30/07/2014

[27] Damien Sharkov, “Hungary’s Mussolini’ Vows to Make the EU Member an ‘Illiberal State’”. Newsweek, 30/07/2014.

[28] Matt Chorley, “Cameron’s ally in EU jobs battle Viktor Orban announces he wants to ‘build an illiberal new state’ in Hungary”. Daily mail, 30/07/2014.

[29] Para Orbán, después de la Primera Guerra Mundial las potencias occidentales victoriosas, encabezadas por el presidente Woodrow Wilson, robaron a Hungría dos tercios de su territorio; tras la Segunda Guerra Mundial, en Yalta la nación fue vendida gratis a los comunistas; en plena revolución de 1956 Occidente no ayudó a los sublevados contra sus dominadores soviéticos; y desde la caída del comunismo, la UE y las organizaciones no gubernamentales occidentales (en especial la Fundación Soros) habían buscado tratado de restar al país su soberanía, pero se había acabado el tiempo de servidumbre y humillación para Hungría.

[30] Magyar Idők, 25/12/2016.

[31] Ídem.

[32] Viktor Orbán, “Reunión anual de Embajadores de Hungría”. Kormany, 26/08/2014.

[33] Sergio Fernández Riquelme, Rusia como Imperio. Murcia: Colección La Razón Histórica, 2014.

[34] Centro de Opinión pública rusa, Octubre de 2015.

[35] “Discurso ante la Asamblea nacional”. La Razón histórica, nº26, 2014.

Fuente: Katehon.

lundi, 28 mars 2016

Trump Is Right—–Dump NATO Now

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Trump Is Right—–Dump NATO Now

If you want to know why we have a $19 trillion national debt and a fiscal structure that will take that already staggering figure to $35 trillion and 140% of GDP within a decade, just consider the latest campaign fracas. That is, the shrieks of disbelief in response to Donald Trump’s sensible suggestion that the Europeans pay for their own defense.

The fact is, NATO has been an obsolete waste for 25 years. Yet the denizens of the Imperial City cannot even seem to grasp that the 4 million Red Army is no more; and that the Soviet Empire, which enslaved 410 million souls to its economic and military service, vanished from the pages of history in December 1991.

What is left is a pitiful remnant—–145 million aging, Vodka-besotted Russians who subsist in what is essentially a failing third world economy. Its larcenous oligarchy of Putin and friends appeared to live high on the hog and to spread a veneer of glitz around Moscow and St. Petersburg. But that was all based on the world’s one-time boom in oil, gas, nickel, aluminum, fertilizer, steel and other commodities and processed industrial materials.

Stated differently, the Russian economy is a glorified oil patch and mining town with a GDP the equivalent of the NYC metropolitan area. And that’s its devastating Achilles Heel.

The central bank drove global commodity and the industrial boom is over and done. As a new cycle of epic deflation engulfs the world and further compresses commodity prices and profits, the Russian economy is going down for the count; it’s already been shrunk by nearly 10% in real terms, and the bottom is a long way down from there.

The plain fact is Russia is an economic and military weakling and is not the slightest threat to the security of the United States.  None. Nichts. Nada. Nope.

Its entire expenditure for national defense amounts to just $50 billion, but during the current year, only $35 billion of that will actually go to the Russian Armed Forces. On an apples-to-apples basis, that’s about three weeks of Pentagon spending!

Even given its non-existent capacity, however, there remains the matter of purported hostile intention and aggressive action. But as amplified below, there has been none. The whole demonization of Putin is based on a false narrative arising from one single event.

To wit, the February 2014 coup in Kiev against Ukraine’s constitutionally elected government was organized, funded and catalyzed by the Washington/NATO apparatus. Putin took defensive action in response because this supremely stupid and illegal  provocation threatened vital interests in his own backyard.

The openly hostile government installed in Kiev the very next day by the State Department threatened to join NATO, persecute the Russian-speaking minority in eastern Ukraine, renounce its multi-billion financial obligations to Moscow and imperil Russia’s rental arrangement for the homeport of its the Black Sea naval fleet in Sevastopol (Crimea). The latter has been the historic anchor of Russia’s national security policy under czars and commissars alike.

Moreover, the putsch installed by the “regime change” crowd at the CIA, State Department and so-called Endowment for Democracy while Putin was minding his own business at the Sochi Olympics was crawling with adherents of the “Right Sector”. The latter is a fascist movement that looks to a World War II Nazi collaborator, Stepan Bandera, as its national hero.

That’s right. The new prime minister imposed by US Assistant Secretary of State and card-carrying neocon, Victoria Nuland, and affectionately known as  “our man Yats” was part of a neo-Nazi cabal.

Moreover, without the prodding of Washington and the bellicose incitements of the NATO apparatus, Europe wouldn’t even need a military alliance. Save for the manufactured and unnecessary conflict with Russia, Europe has no industrial state enemy on the planet; it doesn’t need to spend even the $250 billion or 2% of GDP that it collectively allocates to defense (waste) at present.

The whole confrontation with Russia including the self-inflicted economic folly of the anti-Putin sanctions is the handiwork of a war machine and its bureaucratic auxiliaries that are long past their sell-by date. That is, the entire “Russian threat” narrative is concocted by generals, admirals, spies, diplomats and other national security apparatchiks who would otherwise be out of power, jobs, and cushy pensions.

Naturally, Trump’s GOP rivals crawled out of their time warps to calamity-howl the very idea of getting realistic about NATO. Not surprisingly, Governor Kasich said Trump was “dead wrong”, and then unleashed another barrage of his patented beltway stupid-speak:

We clearly have to make sure we strengthen NATO, we have to make sure that (Russian President Vladimir) Putin understands we will arm the Ukrainians so they fight for freedom,” Kasich told Anderson Cooper. “We need NATO. NATO is important; we all wish they would do more.”

The man is still campaigning for the Lithuanian vote in Youngstown—so maybe he has no particular reason to think about the matter. But at least, someone should disabuse him of the fairy tale that the nationalist politicians, crypto-Nazi thugs and thieving oligarchs who seized the Ukrainian government is some kind of latter-day “freedom fighters”.

But Ted Cruz is another matter. When it comes to foreign policy, the guy is just plain whacko. He has been so pumped full of neocon ideology that he fairly oozes jingoistic bile:

“It has been Russia’s objective, it has been Putin’s objective, for decades to break NATO. What Donald Trump is saying that he would unilaterally surrender to Russia and Putin, give Putin a massive foreign policy victory by breaking NATO and abandoning Europe.”

Needless to say, there is not a single accurate point in that statement. The truth is more nearly the opposite. And that begins with George H. W Bush’s 1989 promise to Gorbachev that in return for his acquiescence to the reunification of Germany, NATO would not be expanded by “a single inch”.

NATO should have declared victory and been disbanded. The defense budget should have been drastically reduced to a homeland defense force because there were no industrial state enemies left in the world.

As it happened, the Elder Bush’s sensible promise was torn-up and dropped into the White House waste basket by Bill Clinton in the mid-1990s. It seems that his reelection was threatened by charges from the GOP rightwing that he was soft on defense. So his solution was to invite Poland, the Baltic states and most of the remainder of the now disbanded Warsaw Pact to join NATO.

What should have been a vestigial alliance of 15 nations slated for zero was transformed into a menacing “Gang of 28” that virtually surrounds Russia. Yet aside from the now 25-month old conflict over the Ukrainian coup and the 2008 intermural fight over the borders of Stalin’s home country of Georgia between Moscow and a local crook, there was never any conflict at all.

During 15 years in power from 1999 through February 2014, Putin had demonstrated no desire whatsoever to swallow non-Russian peoples. And he has made it clear since then through the Minsk agreement that he supports an independent government in the Ukraine—-so long as the legitimate demands of the Russian-speaking Donbas region for a measure of autonomy and safeguards are implemented.

Nor is there a shred of evidence that Moscow is about to invade the already harmless the Baltic States or highly independent Poland, let alone the rest of Europe.

So the whole case for NATO’s continued existence turns on the Ukraine matter, and there the facts and history leave no doubt.

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Crimea has been part of Russia since 1783 when Catherine the Great bought it from the Turks for hard cash. Thereafter she made Sevastopol the homeport for the Great Black Sea Fleet that has ever since been the fundamental bulwark of Russia’s national security.

For the next 171 years, Crimea was an integral part of Russia—a span that exceeds the 166 years that have elapsed since California was annexed by a similar thrust of “Manifest Destiny” on this continent, thereby providing, incidentally, the United States Navy with its own warm-water port in San Diego.

While no foreign forces subsequently invaded the California coasts, it was most definitely not Ukrainian rifles, artillery, and blood which famously annihilated The Charge Of The Light Brigade at the Crimean city of Balaclava in 1854; they were Russians patriots defending the homeland from Turks, Europeans, and Brits.

Indeed, the portrait of the Russian “hero” hanging in Putin’s office is that of Czar Nicholas I. His brutal 30-year reign brought the Russian Empire to its historical zenith, but, ironically, he is revered in Russian hagiography for another reason—-namely, as the defender of Crimea, even as he lost the 1850s war to the Ottomans and Europeans.

At the end of the day, it’s their Red Line. When the enfeebled Franklin Roosevelt made port in the Crimean city of Yalta in February 1945 he did at least know that he was in Soviet Russia.

Maneuvering to cement his control of the Kremlin in the intrigue-ridden struggle for succession after Stalin’s death a few years later, Nikita Khrushchev allegedly spent 15 minutes reviewing his “gift” of Crimea to his subalterns in Kiev in honor of the decision by their ancestors 300 years earlier to accept the inevitable and become a vassal of Russia.

So Crimea only became part of the Ukraine’s geography by happenstance during the Soviet era of the mid-1950s. Yet its re-annexation—-upon a 90% favorable vote in the referendum—-after the provocations of February 2014 has become the basis for virtually reigniting the Cold War.

Moreover, the fact that Crimea and the nearby industrial heartland of the Donbas are Russian speaking is not something “trumped up” by Putin. In fact, it is soaked in an 85-year history of blood.

During the 1930s, Stalin populated the eastern industrial region (Donbas), which was the coal, steel, machinery and chemical backbone of the Soviet Union, with transplanted Russians for a perverse reason. He knew the Ukrainian Kulaks that he had liquidated in their millions during his catastrophic forced collectivization campaign were seething with hatred for the red regime in Moscow and could not be trusted to remain subjected.

Sure enough. The Ukrainian nationalists of Kiev and the western regions joined the Nazi Wehrmacht on its way to Stalingrad, liquidating Jews, Poles and Reds by the tens of thousands as they marched east in 1943; and after the Red Army finally broke the bloodiest siege in history, the Russian-speakers of the Donbas joined the Red Army on its march back to Germany, liquidating Ukrainian Nazi collaborators in their tens of thousands in retaliation.

So all the Washington sabre rattling about the Ukraine is rooted in an abiding ignorance about the Ukraine’s History of Horribles. The current renewed flare-up of this tragic history was self-evidently and wantonly triggered by Victoria Nuland’s coup; it was not some nefarious aggression by Putin!

And that gets us back to the original question. What kind of warped thinking holds that the addition of Albania, Croatia, Estonia, Slovakia, and Slovenia, among the other economic and military midgets, to an obsolete NATO alliance, adds one iota of safety and security to the citizens of Lincoln NE, Spokane WA or Worcester MA?

The answer is that it is not thinking at all. It reflects the dreadful inertia of a war machine that has sunk its tentacles deep into the nation’s economy and the process of political governance. Now it virtually defies history and bleeds the nation white.

After the Berlin Wall fell in November 1989 and the death of the Soviet Union was confirmed two years later when Boris Yeltsin courageously stood down the red army tanks in front of Moscow’s White House, a dark era in human history came to an end.

The world had descended into what had been a 77-year global war, incepting with the mobilization of the armies of old Europe in August 1914. If you want to count bodies, 150 million were killed by all the depredations which germinated in the Great War, its foolish aftermath at Versailles, and the march of history into the world war and cold war which followed inexorably thereupon.

To wit, upwards of 8% of the human race was wiped-out during that span. The toll encompassed the madness of trench warfare during 1914-1918; the murderous regimes of Soviet and Nazi totalitarianism that rose from the ashes of the Great War and Versailles; and then the carnage of WWII and all the lesser (unnecessary) wars and invasions of the Cold War including Korea and Vietnam.

The end of the cold war meant world peace was finally at hand, yet 25 years later there is still no peace because Imperial Washington confounds it.

In fact, the War Party entrenched in the nation’s capital is dedicated to economic interests and ideological perversions that guarantee perpetual war; they ensure endless waste on armaments and the inestimable death and human suffering that stems from 21st century high tech warfare and the terrorist blowback it inherently generates among those upon which the War Party inflicts its violent hegemony.

So there was a virulent threat to peace still lurking on the Potomac after the 77-year war ended. The great general and president, Dwight Eisenhower, had called it the “military-industrial complex” in his farewell address, but that memorable phrase had been abbreviated by his speechwriters, who deleted the word “congressional” in a gesture of comity to the legislative branch.

So restore Ike’s deleted reference to the pork barrels and Sunday afternoon warriors of Capitol Hill and toss in the legions of beltway busybodies that constituted the civilian branches of the cold war armada (CIA, State, AID etc.) and the circle would have been complete. It constituted the most awesome machine of warfare and imperial hegemony since the Roman legions bestrode most of the civilized world.

In a word, the real threat to peace circa 1990 was that Pax Americana would not go away quietly in the night.

In fact, during the past 25 years, Imperial Washington has lost all memory that peace was ever possible at the end of the cold war. Today it is as feckless, misguided and bloodthirsty as were Berlin, Paris, St. Petersburg, Vienna, and London in August 1914.

Indeed, there is no peace on earth today for reasons mainly rooted in Imperial Washington——, not Moscow, Beijing, Tehran, Damascus, Mosul or even Raqqa. The latter has become a global menace owing to what didn’t happen in 1991.

What should have happened is that Bush the elder should have declared “mission accomplished” and slashed the Pentagon budget from $600 billion to $200 billion; demobilized the military-industrial complex by putting a moratorium on all new weapons development, procurement and export sales; dissolved NATO and dismantled the far-flung network of US military bases; slashed the US standing armed forces from 1.5 million to a few hundred thousand; and organized and led a world disarmament and peace campaign, as did his Republican predecessors during the 1920s.

Self-evidently, none of that possibility even entered the discourse in the Imperial City. Yet questioning NATO is actually a proxy—-belated as it is—–for re-opening the questions that were buried after 1991.

No wonder the Washington War Party has greeted Donald Trump’s impertinence with such rabid disdain.

Reprinted with permission from David Stockman’s Contra Corner.

dimanche, 27 mars 2016

L’Occident et la Turquie – un sale jeu qui dure

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L’Occident et la Turquie – un sale jeu qui dure

par Willy Wimmer

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

hd. Depuis le sommet de l’UE avec la Turquie du 6 et 7 mars, d’importants fonctionnaires dirigeants de l’UE et quelques rares Etats de l’UE – en première ligne la chancelière allemande – ont donné le mot d’ordre qu’une solution durable avec la Turquie concernant la question migratoire va bientôt être finalisée et résoudra durablement les problèmes des mois passés. Willy Wimmer a été pendant plus de 30 ans député du Bundestag de la CDU, secrétaire d’Etat au ministère de la Défense et vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE. Son analyse illustre pourquoi l’espoir d’arriver à un accord durable dans la question des réfugiés avec la Turquie est une chimère. Non seulement à cause des revendications de la Turquie et les contenus des programmes prévus, mais aussi parce que l’Occident lui-même joue un sale jeu avec la Turquie: d’une part, on veut la garder comme alliée militaire dans la région du Moyen-Orient, d’autre part, on soutient déjà depuis des années – depuis l’agression illégale, en violation du droit international, de l’OTAN contre la Yougoslavie en 1999 – une politique de désintégration de ce pays et la formation d’un Etat kurde. Willy Wimmer craint que l’Allemagne puisse soudainement se retrouver dans une situation internationale difficile, suite à laquelle elle aurait à payer un prix très élevé, comme cela s’est produit à la suite de la Première Guerre mondiale.

Quiconque le désire peut prendre connaissance de ce que la Turquie veut et demeure en état de faire, en volant en hélicoptère entre la métropole de Diyarbakir et la frontière irako-syrienne par dessus un paysage presque infini. Jusqu’à l’horizon, on observe au début de l’été des champs de céréales. Mais ce n’est qu’une première vue, il est nécessaire de regarder plus attentivement. A tout moment, on reconnaît des murs de fondation de maisons, de villages et de villes détruites au milieu du vert soutenu. Ils témoignent de la lutte du gouvernement turc contre les Kurdes au cours des années 1970 quand plus de 3000 villages et villes ont été rasés. Des centaines de milliers de personnes ont ainsi perdu leur base de vie et leur patrie. Cela s’est passé avec l’aide de grands propriétaires terriens kurdes soutenant le gouvernement turc à Ankara dans la lutte contre les Kurdes. Prétendument, il s’agissait jadis comme aujourd’hui de combattre le PKK, mais en réalité, Ankara créa de cette manière une immense région dépeuplée pour tenir à distance les Kurdes d’Irak et de Syrie. Aux millions de personnes, ayant dû quitter leur patrie, il ne resta rien d’autre que d’aller vivre sur la côte méditerranée turque ou d’émigrer à Stuttgart ou Cologne.


A l’époque, nous Occidentaux avions accepté cette situation sans broncher, car il y avait une justification officielle de la part du gouvernement turque suite à la guerre froide. Dans la lutte contre le communisme athée qu’on imaginait chez le Kurdes chaque moyen était bon. Donc: éliminons les Kurdes. Dans la République turque cette attitude n’a vraisemblablement pas changée entretemps. La dimension de la lutte semble le prouver.

Nouvelle stratégie de l’OTAN après la «victoire» dans la guerre froide

La guerre de l’OTAN contre Belgrade en 1999 fut ressentie à Ankara comme si l’on sonnait le glas pour la Turquie. Sans s’occuper du droit international en vigueur, l’Occident s’est mis à nettoyer les Balkans de toute influence russe et de les fileter à sa guise, bombes sur Belgrade incluses. Précisément pour un pays de transit comme la Turquie, il était évident que les démarches occidentales dans les Balkans visaient au contrôle des tracés des voies de transport du pétrole et du gaz.


Mme Ciller, chef du gouvernement turc d’alors, a entrepris diverses activités dans les Balkans pour éviter le pire. Le gouvernement turc n’avait qu’à observer son propre pays, pour étudier les conséquences des séparations ethniques que poursuivaient notamment les Etats-Unis pour mieux imposer leurs buts dans cette région. Si l’on compte correctement toutes les peuplades vivant sur le territoire de la Turquie entre les Arméniens, les Kurdes et le Turcs, on arrive à vingt-quatre au sein de la République turque. Donc assez d’aspects à prendre en compte dans les calculs des stratèges occidentaux. Selon le modèle des années 1970, les acteurs des Etats-Unis et de leurs alliés les plus proches savent parfaitement que les flux de déplacés atterriront quelque part entre Flensburg et Passau.

Merkel et le mirage turc

Comme un moulin à prières et avec une sorte de dernier espoir, la Chancelière fédérale encore en fonction parle d’une amélioration de la situation migratoire, pouvant être atteinte uniquement en coopération avec la Turquie. Il faudrait conseiller à Berlin de lire les journaux. Il est effarant de constater toutes ces déclarations d’intention fanfaronnes que nous avons dû subir au cours des derniers mois. En relation avec la Turquie, on a même proposé d’envoyer des bâtiments de l’OTAN dans la mer Egée pour verrouiller les flux migratoires. Les navires n’avaient pas encore quitté leurs ports d’attache quand Ankara ne se sentait déjà plus lié à son engagement: jamais au monde on reprendrait sur territoire turc les personnes sauvées par les bateaux de l’OTAN dans la mer Egée. Mais pourquoi la Turquie devrait-elle se comporter différemment de ceux qui promettent des milliards sans jamais les débourser pour financer l’aide humanitaire turque? Un «souk» n’est rien à côté de la manière dont on se comporte l’un envers l’autre tout en appelant cela «relations amicales». Cependant Ankara réalise une chose: à l’ouest de la Turquie, on supplie Ankara de coopérer pour stopper la migration vers l’Europe et à l’est du pays, on applique le scalpel contre la volonté de la Turquie – d’ailleurs, par les mêmes acteurs s’activant en Occident pour faciliter les flux migratoires, prochainement aussi de Libye, pour protéger les flancs des guerres américaines.


Ankara a tenté faire disparaître la Syrie de la carte et entend en même temps sonner vigoureusement le glas dans la partie orientale de son territoire.


Depuis la fin de la Première Guerre mondiale le monde a assigné aux Kurdes un destin spécial. On ne leur a pas même accordé ce que les Azéris entre l’Iran et l’Azerbaïdjan avaient obtenu, excepté au cours d’une très courte période.

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Apprendre de l’histoire?

Ce qui se passe actuellement dans cette Grande région, nous renvoie 100 ans en arrière. Tout porte à croire qu’on veut à nouveau nous relier, nous les Allemands, avec le destin de cette région, avec des conséquences que nous ne pourront guère influencer. Pour quiconque s’est approfondi ces dernières semaines dans l’ouvrage historique de David Fromkin1 pour trouver des réponses aux questions concernant les problèmes actuels de cette Grande région, la situation actuelle, c’est du déjà-vu. Cette bible de l’histoire récente du Moyen- et Proche-Orient est intitulée «The Peace to End All Peace», ce qui est un titre tout à fait adapté à la situation actuelle. Si l’on tire les leçons des évènements de l’époque, la grande importance de cette région pour nous en Europe apparaît clairement. Ceci avant tout parce qu’Israël a perdu toute ses craintes de se positionner ouvertement en faveur de l’aspiration des Kurdes à fonder leur propre Etat. Cela a de grandes conséquences, car le gouvernement fédéral n’a pas hésité, tout en connaissant le soutien d’Israël aux Kurdes, à envoyer des troupes dans la région kurde.

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C’est une fois de plus du déjà-vu. En Allemagne, on a oublié ce que David Fromkin et d’autres ont écrit. La société juive et notamment les citoyens américains de religion juive étaient très favorables à l’entrée en guerre des Empires centraux contre l’Entente dans la Première Guerre mondiale. Le surplus en droits que les citoyens juifs avaient obtenus dans l’empire allemand, en comparaison à d’autres Etats, y était pour beaucoup. Cela devait changer fondamentalement pour correspondre aux intérêts de l’Entente, comme on a pu le démonter grâce aux archives de Moscou rendues publique par la suite. Le célèbre «Accord Sykes-Picot» entre l’Angle­terre et la France fut un moyen adapté. L’empereur allemand continua à soutenir ses alliés ottomans et ne réagit pas aux exigences envers lui, visant à créer un «foyer national du peuple juif» en Palestine. En fait, en Allemagne, il n’est pas nécessaire d’en dire davantage pour expliquer pourquoi aujourd’hui des soldats allemands se trouvent dans une région, où Israël propage ouvertement et sans fard la formation d’un Etat indépendant. Il est difficile d’agir de manière plus anhistorique en s’étonnant par la suite des conséquences en Allemagne.    •
(Traduction Horizons et débats)

1     Le livre de David Fromkin «A Peace to End All Peace: The Fall of the Ottoman Empire and the Creation of the Modern Middle East» a paru en 1989. Il décrit les évènements, ayant abouti à la désintégration de l’Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale. Cela eut des conséquences drastiques pour le Proche-Orient qui, selon Fromkin, menèrent à une nouvelle guerre mondiale, très peu connue, durant jusqu’à nos jours.

samedi, 26 mars 2016

Extrait du discours du Premier ministre hongrois Viktor Orban sur l’état de la nation

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«Je suggère que nous nous reposions sur la source antique de la démocratie européenne: la volonté du peuple»

Extrait du discours du Premier ministre hongrois Viktor Orban sur l’état de la nation, le 28 février 2016

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Mesdames, Messieurs,

Les deuxième et troisième décennies du XXIe siècle seront les décennies de l’immigration massive. Nous entrons dans une ère à laquelle nous ne sommes pas préparés. Nous avons cru que ce genre de choses n’aurait pu se produire que dans un lointain passé, ou resterait confiné dans les pages des livres d’histoire. En fait, pourtant, les quelques années à venir verront de plus en plus de gens – des multitudes dépassant la population entière de certains pays européens – se fixer en Europe. Il est temps de faire face à la réalité. Il est temps de marquer la séparation entre ce qui existe et ce que nos voudrions voir exister. Il est temps de dissiper les illusions, les théories sophistiquées, les idéologies et les rêves utopiques.


La réalité, c’est que depuis longtemps déjà, un monde de sociétés parallèles s’est développé avec une régularité persistante, loin sous la surface, dans un certain nombre de pays européens. La réalité, c’est que selon un naturel ordre des choses, cela fait régresser notre monde – et avec lui, nous-mêmes, nos enfants et nos petits-enfants. La réalité, c’est que ceux qui arrivent ici n’ont aucune intention d’adopter notre mode de vie parce qu’ils considèrent que le leur a plus de valeur, de force et de visibilité que le nôtre. Et pourquoi, d’ailleurs, en changeraient-ils? La réalité, c’est qu’ils ne fourniront pas le supplément de main-d’œuvre que nécessitent les usines d’Europe de l’Ouest.


Dans les faits, on voit que pour des générations entières le taux de chômage est beaucoup plus élevé – parfois même plusieurs fois supérieur – parmi les gens n’étant pas d’origine européenne. La réalité, c’est que les pays européens n’ont pas non plus été capables d’intégrer les personnes en provenance d’Asie et d’Afrique, même ceux arrivés graduellement, sur un laps de temps couvrant plusieurs décennies. Comment pourraient-ils dans ce cas y parvenir maintenant, si rapidement et pour un si grand nombre de personnes? La réalité, c’est que nous sommes incapables d’utiliser le monde musulman pour résoudre les problèmes démographiques d’une Europe indéniablement vieillissante et diminuée, sans y perdre notre mode de vie, notre sécurité et nous y perdre nous-mêmes. La réalité, c’est qu’à moins que nous n’y mettions rapidement le holà, nous allons voir émerger un niveau de tension ingérable, entre une Europe vieillissante et un jeune monde musulman, entre une Europe séculaire et athée et un monde musulman de plus en plus fervent, entre une Europe incapable de fournir des emplois à sa propre jeunesse qualifiée et un monde musulman sous-qualifié. Et ceci n’est pas en train de se produire dans une contrée lointaine, par conséquent sans danger pour nous, mais ici, au cœur de l’Europe.

Mesdames, Messieurs,

Il n’est cependant pas trop tard pour les élites européennes d’appréhender la leçon du Général de Gaulle: «La politique doit se baser sur les faits. La politique, quand elle est un art, un service, et non une exploitation, consiste à agir pour un idéal fondé sur la réalité des faits». La réalité est historique, culturelle, démographique et géographique. Il n’est peut-être pas encore trop tard pour que nous comprenions que la réalité n’est pas une limite à la liberté. L’enseignement que nous sommes à présent en train d’en tirer, c’est que la liberté ne peut exister en opposition à la réalité; sans réalité il n’y a rien d’autre que délire politique et intoxication politique. Nous pouvons bien sûr bâtir notre monde sur notre désir des idéaux les plus nobles, mais si ce monde n’est pas basé sur des faits réels, il demeurera un vœu pieux. Lorsqu’on s’oppose au réel, il n’y a ni avancement individuel, ni progrès communs; il n’y a plus qu’échec, déception, amertume et finalement, cynisme et autodestruction. C’est sans doute pourquoi on voit tant de malheureux politiciens à l’esprit noble et libéral errant dans les couloirs de Bruxelles. Que nous le voulions ou non, les vagues d’immigration massive n’auront jamais rien de pacifique: lorsque des flots de populations se cherchent une nouvelle patrie, cela mène inévitablement à des conflits car ces personnes désirent occuper des endroits où d’autres vivent déjà: des gens qui ont fait de ces endroits leurs propres chez-eux et qui souhaitent protéger leurs foyers, leurs cultures et leurs modes de vie.

Mesdames, Messieurs,

L’histoire a enfoncé notre porte: elle a assiégé les frontières de l’Europe, la sécurité des cultures européennes et des citoyens européens. Bien que l’urgence ne favorise pas la pensée nuancée – et encore moins les sentiments raffinés – ce n’est pourtant pas contre les migrants que nos devons nous insurger. La majorité d’entre eux sont aussi des victimes: victimes de l’effondrement des gouvernements dans leurs pays, victimes de mauvaises décisions internationales, victimes des passeurs. Ils font ce qu’ils pensent être dans leur propre intérêt. Le problème est que nous autres Européens ne faisons pas ce qui devrait être dans notre propre intérêt. Il n’existe pas de meilleur mot pour désigner l’action de Bruxelles que celui d’«absurde». On dirait le capitaine d’un navire se dirigeant droit vers une collision et qui, au lieu d’entreprendre une manœuvre d’évitement, se préoccuperait de déterminer lesquels des canots de sauvetage doivent être non-fumeurs. C’est comme si, au lieu de réparer l’avarie de la coque, nous discutions de savoir quelles cabines seraient inondées et dans quelle mesure elles le seraient.

Mes amis,

En fait, on peut stopper l’immigration massive. L’Europe est une communauté d’un demi-milliard de personnes – cinq cent millions d’habitants. Nous sommes plus nombreux que les Russes et les Américains réunis. La situation de l’Europe – son développement technologique, stratégique et économique – lui donne les moyens de se défendre.
Le fait que Bruxelles soit incapable d’organiser la défense de l’Europe est déjà un problème en soi, mais il y a un autre problème, encore plus important, qui est qu’elle manque de la volonté de s’en charger. A Budapest, Varsovie, Prague et Bratislava, il nous est difficile de comprendre comment nous avons pu atteindre ce point où il est devenu possible à des gens venant d’autres continents et d’autres cultures de pouvoir être admis ici en Europe, sans aucun contrôle. Il est difficile de comprendre l’affaiblissement de l’instinct naturel et fondamental de notre civilisation, qui est de garantir notre propre défense, celle de nos familles, de nos foyers et de notre terre.


Mais, Mesdames et Messieurs, nous avons réellement des choses à défendre: la coexistence des nations européennes, libres, chrétiennes et indépendantes; les mêmes racines, les mêmes valeurs, la même histoire, la même interdépendance géographique et géopolitique; l’égalité entre les sexes; la liberté et la responsabilité; la libre concurrence et la solidarité; la fierté et l’humilité; la justice et la pitié. Nous sommes tout cela: c’est cela l’Europe. L’Europe est Hellas, la Grèce antique, pas la Perse; c’est Rome, pas Carthage; c’est le christianisme, pas un califat. Quand nous le disons, nous ne proclamons pas que nous sommes meilleurs, mais que nous sommes différents. Démontrer l’existence d’une civilisation européenne indépendante ne signifie pas qu’elle soit meilleure ou pire; cela veut seulement dire «nous, nous sommes comme ceci et vous, vous êtes comme cela».
Il y a quelques années encore, ces idées paraissaient évidentes. Il y a quelques années encore, il nous semblait que nous étions d’accord. Il y a quelques années encore, les choses avaient l’air en ordre: les cœurs et les esprits des dirigeants européens avaient l’air d’être en accord avec notre notion de ce qui était juste. L’un après l’autre, ils avaient décrété la mort du multiculturalisme. Il y a quelques années encore, nous pensions qu’ils avaient réalisé que les arrivées massives de migrants ne pouvaient favoriser leur intégration dans leurs pays. Mais en 2015, tout a changé. L’harmonie d’autrefois s’est désintégrée. Nous sommes tombés en chute libre, exactement dans le chaos intellectuel dont nous avions lutté pour sortir. Un beau matin, tout d’un coup, nous nous sommes réveillés au son de la «Willkommenskultur». Les dirigeants européens nous racontent maintenant que nous devons aider. En haut lieu, on nous presse de montrer notre solidarité et d’offrir notre assistance.

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Mes Amis,

Tout cela est naturel. Nous n’avons pas non plus des cœurs de pierre. Il est également vrai que nous n’avons pas des têtes de cailloux. Nous gardons présente à l’esprit la règle la plus importante lorsqu’on offre son aide: si nous les aidons ici, ils viendront ici; si nous les aidons là-bas, ils resteront là-bas. Au lieu de tenir compte de cette règle, Bruxelles a commencé à encourager ceux qui vivaient dans les endroits les plus pauvres et les moins chanceux du monde à venir en Europe et à échanger leurs existences pour quelque chose de différent. Chaque soir, dans la moitié du monde – ou au moins dans la moitié de l’Europe – les gens, chez eux, tentent de comprendre ce qui a bien pu arriver et ce qui se cache derrière tout ceci. Bientôt, chaque famille en Europe parviendra à sa propre explication – et je ne veux pas manquer de m’atteler à la mienne. De la façon dont je le vois, à Bruxelles et dans quelques autres capitales européennes, les élites politiques et intellectuelles se considèrent comme des citoyens du monde – par opposition à la majorité de la population, qui a, elle, un fort sentiment national. De la façon dont je le vois, les dirigeants politiques en sont également conscients. Et comme ils n’ont aucune chance de se faire comprendre par leur propre peuple, ils préfèrent lui tourner le dos. Comme on le dit dans cette partie du monde, «ils savent ce qu’il faut faire, ils osent le faire et ils le font». Mais ceci signifie que le vrai problème n’est pas à l’extérieur de l’Europe, mais en Europe. Ceux qui mettent le plus en danger l’avenir de l’Europe ne sont pas ceux qui veulent y venir, mais les dirigeants politiques, économiques et intellectuels qui essaient de redessiner l’Europe contre la volonté de ses populations. C’est ainsi que, pour planifier le transfert en Europe de plusieurs millions de migrants, est apparue la plus bizarre coalition de l’histoire du monde: les passeurs de clandestins, les activistes des droits de l’homme et les hauts dirigeants européens.

Mesdames et Messieurs,

A ce jour, nous admettons sans contrôle ni sélection des centaines de milliers de personnes venant de pays avec lesquels nous sommes en guerre, sur les territoires desquels les Etats membres de l’Union européenne sont engagés dans des opérations militaires. On ne nous a laissé aucune possibilité de dépister ceux qui pouvaient représenter un danger pour nous. A ce jour non plus, nous n’avons aucune idée de qui est terroriste, qui est criminel, qui est migrant économique et qui a réellement pris la fuite pour sauver sa vie. Il est difficile de ne pas appeler cela autrement que de la folie. […]

Mes Amis,

Nous devons arrêter l’avancée de Bruxelles. Ils se sont mis dans la tête qu’ils allaient répartir entre nous – de façon obligatoire et ayant force de loi – les migrants qui ont été transférés en Europe. Cela porte le nom de «quotas migratoires imposés». Ils ont pris cette décision de façon unilatérale, illégale, irrationnelle, injuste et minable concernant 120?000 migrants. En outrepassant avec mépris et en contournant le principe de souveraineté nationale représenté par les Premiers ministres des Etats membres, ils ont décrété l’adoption de cette loi directement au Parlement européen. Nous contestons cette décision et nous luttons pour son annulation devant la Cour européenne. A Bruxelles aussi, bien qu’en Hongrie, il semble que l’appétit vienne en mangeant. Ils veulent donc mettre en place un système appliqué à chaque migrant et chaque Etat membre qui assurera une redistribution obligatoire, continuelle et permanente des migrants.

Mes Amis,

L’UE est clairement divisée en deux camps: d’un côté il y a les fédéralistes, et de l’autre les tenants de la souveraineté nationale. Les fédéralistes veulent des Etats-Unis d’Europe et des quotas migratoires imposés, tandis que les supporters de la souveraineté nationale veulent une Europe composée de pays libres mais ne veulent pas entendre parler de quelque forme de quotas que ce soit. C’est ainsi que les quotas migratoires imposés sont devenus l’essence et le symbole même de l’époque où nous vivons. Ceci est important en soi, mais contient aussi tout ce que nous craignons, ce dont nous ne voulons pas, et recèle un potentiel explosif par rapport à l’alliance des peuples européens. Nous ne pouvons nous permettre de laisser Bruxelles se placer au-dessus des lois. Nous ne pouvons nous permettre de laisser les conséquences de politiques insensées se répandre dans les pays ayant respecté l’observance de chaque traité et de chaque loi – comme nous l’avons fait nous-mêmes. Nous ne pouvons nous permettre de les laisser nous forcer ou forcer qui que ce soit d’autre à importer les fruits amers de leurs politiques malavisées. Nous ne voulons pas – et nous ne le ferons pas – importer le crime, le terrorisme, l’homophobie et l’antisémitisme en Hongrie. Il n’y aura pas en Hongrie de zones urbaines hors-la-loi, il n’y aura pas de violence dans les rues ou de rixes entre migrants, il n’y aura pas d’incendies criminels dans les camps de réfugiés, et les gangs n’enlèveront ni nos femmes, ni nos filles. En Hongrie, nous étoufferons dans l’œuf toute tentative de ce genre et nous les punirons de manière conséquente.

Mesdames et Messieurs,

Nous ne renoncerons pas à notre droit à décider avec qui nous désirons vivre et avec qui nous ne voulons pas vivre. C’est pourquoi nous devons résister à ceux qui cherchent à populariser l’idée des quotas en Europe et nous leur résisterons. «Un risque est toujours risqué», comme le dit la vieille blague de Budapest, et nous devons en fait rassembler notre courage. Nous allons devoir en faire preuve car, pour la plus grande gloire de la démocratie européenne nous devons nous dresser face à la censure, au chantage et aux menaces. En Belgique, on a retiré des librairies des livres écrits par le ministre hongrois de la Justice et la presse de certains Etats répand sur nous des mensonges éhontés. Le ton qu’on emploie contre la Hongrie est insolent, grossier et agressif. De plus, on nous menace également de sanctions économiques, on nous accuse d’ingratitude par rapport aux soutiens que nous avons reçus. C’est une réaction semblable à celle du prêtre de l’histoire à qui l’on demandait d’éliminer les inégalités de richesses. «Parfait», dit-il, «partageons-nous le travail: vous convainquez les riches de donner et je convaincrai les pauvres d’accepter». C’est comme cela qu’on conçoit les choses. La réalité, cependant, est que nous ne devons rien – pas le moindre sou. Affaiblie, saignée à blanc, non compétitive et dénuée de tout capital après quarante-cinq ans de communisme, la Hongrie a ouvert ses portes aux compagnies occidentales. Chacun en a profité: les compagnies occidentales ont rapatrié autant d’argent à partir de la Hongrie que l’Europe en a envoyé ici. Nous sommes quittes et nous n’avons pas de compte à rendre.

Mesdames et Messieurs,

Finalement, comment pourrons-nous stopper l’offensive des quotas migratoires de Bruxelles? Je suggère que nous fassions confiance à l’antique source de la démocratie européenne: la volonté du peuple. S’il est vrai que le peuple ne veut pas de l’actuelle et démente politique d’immigration de Bruxelles – et même qu’il s’y oppose – nous devons faire place à sa voix et écouter ce qu’il a à dire. Après tout, l’Union européenne est basée sur les fondements de la démocratie. Cela signifie que nous ne devons pas prendre de décisions qui puissent changer dramatiquement la vie des gens sans les consulter, et contre leur volonté. C’est pourquoi nous allons organiser un référendum en Hongrie. Ceci ne concerne pas le quota, déjà décidé et actuellement contesté devant les tribunaux; ceci est déjà du passé. Le référendum concerne le futur: nous appelons les citoyens hongrois à combattre, en opposition au nouveau système européen des quotas migratoires imposés qui sera à l’ordre du jour en mars. Nous croyons que, même dans son état actuel, Bruxelles ne doit pas dépasser les limites de ses propres concepts. Cela ne doit pas se retourner contre les Européens.


L’Union européenne ne doit pas être une sorte d’«Union soviétique réactivée». Nous, les Hongrois, ne rejetterons pas l’Europe, en dépit de toutes ses faiblesses, de son émaciation et de son instabilité; et nous ne l’abandonnerons pas, malgré son actuel accès d’égarement. Nous sommes des citoyens de la même Europe spirituelle et historique, au même titre que Charlemagne, Léonard de Vinci, Beethoven, Saint Ladislas, Imre Madâch ou Béla Bartók. Notre Europe est bâtie sur des fondations chrétiennes et nous sommes fiers qu’elle ait accompli la réalisation de la liberté humaine et spirituelle. Nous sommes nombreux en Europe, et nous avons différents modes de pensée. Il y a ceux qui croient en des idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité et il y a ceux qui croient en la trinité de Dieu, la patrie et la famille, et un royaume à venir de foi, d’espoir et d’amour. Mais quelles que soient nos croyances personnelles, aucun d’entre nous ne souhaite une Europe se soumettant, confrontée à un torrent humain délibérément dirigé vers nous, à des demandes agressives d’affirmation de morales et de coutumes différentes. Nous ne croyons pas que l’Europe soit condamnée à ce destin, nous ne croyons pas que l’Europe choisira de renoncer à des valeurs millénaires. Nous ne le croyons pas mais, Monsieur le Président Balog, ce que nous savons et affirmons, c’est que la Hongrie ne s’engagera pas d’un seul pas sur ce chemin.


Vive l’Europe, Vive la Hongrie!    •

Source: www.miniszterelnok.hu/in_english_article/prime_minister_v... 

(Traduction Horizons et débats)

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«Notre place est dans le camp de la paix»

km. Le 28 février 2016 à Budapest, le premier ministre hongrois Victor Orban a prononcé devant le Parlement un discours sur l’état de la nation, lequel a provoqué l’attention bien au-delà des frontières du pays. Alors que la première partie de son intervention portait avant tout sur l’histoire, le passé et l’avenir du pays, il a développé dans la seconde partie, que nous rapportons ci-dessous, le thème préoccupant actuellement l’Europe: les millions de personnes en provenance d’Asie et d’Afrique qui cherchent actuellement à migrer en Europe. On peut cependant ajouter que la première partie du discours est aussi digne d’intérêt, car elle montre un politicien ne répondant pas aux critères habituellement en vigueur chez nous. En témoigne la surprenante déclaration en faveur de la paix faite par Orban et livrée en ces termes: «C’est uniquement en l’absence de toute pression hostile de la part de grandes puissances que les Hongrois pourront être indépendants, uniquement dans ce cas qu’ils pourront vivre en liberté, qu’ils pourront emprunter la voie qui démontre leur talent et leur volonté […]. Bien sûr, il y a des époques, et cela a été vrai autrefois pour notre région, où ont soufflé des vents belliqueux, et où toute ligne politique s’est trouvée réduite à la question ‹qui est avec qui?›. Si de telles époques, si pénibles, devaient se reproduire, ce serait toujours à notre désavantage. Nous en étions vraiment malades, au point même de sembler en être arrivés au point de recevoir les derniers sacrements. C’étaient de tristes temps, pleins de tragiques cauchemars. A cette époque, ces rêves étaient remplis de hyènes, de vautours tournant en rond au-dessus des champs, de personnes déplacées, de réfugiés, de centaines de milliers de gens fuyant les camps de la mort. C’est donc un droit sacré de la politique extérieure hongroise que ce désir de paix chez nous, Hongrois. Notre place est dans le camp de la paix. Il n’est pas dans l’intérêt des Hongrois de se joindre à ces actions internationales irrespectueuses, insultantes, et qui agressent le sentiment national de l’un ou l’autre pays. […] Cette politique complaisante, prétentieuse et basée sur la supériorité morale, si séduisante et si souvent populaire dans la moitié occidentale du continent – et parfois aussi de l’autre côté du grand étang – n’est ni notre politique, ni notre voie, et elle n’est pas plus dans notre intérêt. La paix, la collaboration, le commerce, les investissements mutuels, l’équilibre régional de nos intérêts, la mise en place de ces mêmes intérêts – constituent les pierres angulaires de la politique étrangère (nationale) hongroise».

vendredi, 25 mars 2016

La Route de la soie du XXIe siècle: «Une ceinture – une route»

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La Route de la soie du XXIe siècle: «Une ceinture – une route»

par Živadin Jovanovic, président du «Belgrade Forum for a World of Equals»

Ex: http://www.horizons-et-debats.ch

Débuts mars, je suis de retour de Chine. J’y ai participé à un laboratoire d’idées de l’Initiative «Nouvelle Route de la soie du XXIe siècle», fondée par le président chinois Xi Jinping en 2013. La conférence a eu lieu dans la région chinoise de Shenzhen, avec 80 participants d’une cinquantaine de pays de l’Europe, de l’Asie, du Proche-Orient et de l’Amérique latine. Des représentants officiels importants de nombreux pays y participaient, par exemple d’importants diplomates israéliens, iraniens, biélorusses, kirghizes, afghanes et kazakhes. On y trouvait des politiciens connus comme l’ancien chancelier autrichien Alfred Gusenbauer, l’ancienne présidente kirghize Rosa Otunbayeva et d’autres personnes.


La conférence a été organisée par le Chinese Center for Contemporary World Studies (CCCWS), le gouvernement de la ville de Shenzhen et l’Université Fudan de Shanghai. L’Association internationale de la Nouvelle Route de la soie a été fondée et la Déclaration de Shanghai a été divulguée.


Les invités visitèrent en outre Pékin, Chong­qing et le district Dazu dans la province de Sichuan. Shenzhen est le centre de la production de téléphones portables et a, avec ses 13 millions d’habitants, une population presqu’aussi grande que Hongkong. Les visiteurs furent accueillis par une représentation du gouvernement, par des politiciens et des scientifiques de Pékin.


J’ai appris que Chongqing est la plus grande ville de Chine. Elle est située au bord du fleuve Yangzi, a 33 millions d’habitants, produit chaque année 3 millions de voitures et 55 millions d’ordinateurs portables. Elle joue un rôle central pour la relation de la Chine centrale vers l’est en direction de l’Océan pacifique et vers l’Asie du Sud-Est, et vers l’ouest en direction de l’Asie centrale, la région de Volgograd en Russie et l’Europe centrale. Les présidents chinois et russe, Xi Jinping et Vladimir Poutine soutiennent particulièrement cette relation entre Chongqing et Volgograd.


La Route de la soie est un projet d’envergure mondiale pluridimensionnel, ayant pour but la modernisation et l’intensification du partenariat financier entre la Chine, l’Asie, l’Afrique et toute l’Europe. Ceci permet l’évolution économique tout le long de l’immense ceinture de la nouvelle Route de la soie et intensifie la collaboration culturelle, instaure la compréhension et la confiance mutuelle entre les Etats et les civilisations. Pour la réaliser, il est nécessaire de construire ou de moderniser les routes, les chemins de fer, les installations pour les transports maritimes, le réseau aérien, les systèmes énergétiques et de communication, la production industrielle et agroalimentaire. Environ 900 milliards de dollars de fonds chinois sont nécessaires. L’UE devrait contribuer 315 milliards de dollars en plus pour assurer le plein succès du projet. Cependant, selon certaines sources, l’UE ne serait en mesure d’assurer actuellement que 60 milliards et a demandé le reste du montant à la Chine. Pour le moment, les Etats-Unis ne semblent pas vouloir participer ou soutenir cette initiative chinoise pour la nouvelle Route de la soie.


Les Etats-Unis n’ont pas adhéré à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, en réalité d’origine chinoise, (Asian Infrastructure Investment Bank – AIIB) malgré le fait que cette banque ait attiré déjà plus de 60 pays qui en sont membres, y compris les plus proches alliés des Etats-Unis en Europe, telle la Grande-Bretagne. Par contre, on croit observer que les Etats-Unis tentent de rassembler tous les pays de l’espace asiatique et pacifique, ayant pour une raison ou une autre une tendance à hésiter à collaborer avec la Chine ou bien ayant des conflits avec elle. Ainsi, les Etats-Unis tentent de créer un contrepoids à cette initiative chinoise ou même de la bloquer. Washington n’est guère ravi de la participation de l’Union européenne à la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures. Pour cette raison, les Américains multiplient leurs efforts pour pousser Bruxelles à accepter le TTIP aussi rapidement que possible et à mettre cet accord de libre-échange transatlantique en vigueur. C’est une sorte de course de la vie à la mort, pas seulement entre adversaires, mais également entre pays habituellement alliés. Pour certains pays, cela s’explique en raison de causes économiques, pour d’autres en raison de causes géopolitiques.

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Outre l’UE, adhérente à cette initiative notamment pour des raisons économiques, il s’est formé, il y a trois ans, le groupe «Chine plus 16» pour soutenir les intérêts des pays d’Europe centrale et du Sud-Est au sein de cette initiative. Pour le moment, la Chine a mis à disposition 10 milliards de dollars à ce groupe particulier pour divers projets d’infrastructure. La Serbie devrait obtenir 1,5 milliard de dollars, ce qui attribue une certaine importance à ce pays. Une partie de ce montant a déjà été investie dans la construction de deux ponts – l’un sur le Danube, l’autre sur la Sava. Le reste est réservé à la modernisation de la voie ferroviaire entre Belgrade et Budapest. Ce n’est que le début de la modernisation du «corridor européen no 10» qui reliera les ports de Pirée et de Thessaloniki en Grèce avec l’Europe centrale et septentrionale.


La Chine a également entrepris la construction d’une autoroute entre Belgrade et Bar (situé au Monténégro sur la côte adriatique), et le projet thermoélectrique «Obrenovac II». Simultanément, des négociations sont en cours pour la construction d’un parc industriel dans une zone franche, qui sera le premier projet de ce type dans cette partie de l’Europe. Dans tous les projets serbo-chinois, il est prévu de respecter méticuleusement les normes européennes élevées de la protection de l’environnement. Certains participants de la Conférence de Shenzhen ont souligné l’importance de relier les «trois mers», donc la mer Adriatique, la mer Noire et la mer Baltique. Pour ce faire, la voie navigable du Danube sera améliorée et modernisée.


L’initiative de la Nouvelle Route de la soie (en bref: «Une ceinture – une Route») tout juste lancée, il y a quatre ans, comprend déjà dans son projet, le long de cette ceinture, 75 zones franches avec des parcs industriels dans 35 pays. Environ 950'000 personnes ont trouvé un emploi et ces activités ont rapporté jusqu’à présent plus de 100 milliards de dollars de recettes fiscales aux pays participants. S’y ajoutent de nouvelles autoroutes, des lignes de chemins de fer, des ports et des ponts. C’est donc un début prometteur pour cette initiative «Nouvelle Route de la soie», malgré la misère du reste de l’économie mondiale.    •
(Traduction Horizons et débats)

 

Terroristes en Chine et en Syrie

«Un rôle-clé dans l’initiative de la nouvelle Route de la soie doit être attribué à l’actuelle région autonome ouïgoure du Xinjiang où passaient autrefois deux des anciennes voies commerciales les plus importantes au nord et au sud du désert du Taklamakan. […] Depuis les années 1990, il y a constamment des troubles au Xinjiang et des attaques terroristes visant les Chinois Han vivant dans la région. Bien qu’il y ait depuis l’époque des Han, des Chinois ethniques vivant au Xinjiang – dont la part de la population n’a guère changé depuis le début du XIXe siècle – et bien que la République populaire de Chine ait une des lois sur les minorités les plus progressistes du monde, il reste une petite partie des Ouïgoures percevant la politique chinoise comme une menace pour leur ethnie et aspirant donc à un Etat indépendant. […] Le Mouvement islamique du Turkestan oriental (MITO), fondé par des terroristes ouïghours, a revendiqué la responsabilité de plusieurs attentats au Xinjiang et dans d’autres parties de la Chine. Il n’aspire pas seulement à l’indépendance du Xinjiang, mais également à l’installation d’un califat d’Asie centrale. Aux services de quels pouvoirs se trouve le MITO, relève de plusieurs circonstances intéressantes: après les attaques contre le World Trade Center de New York le 11 septembre 2001, il fut placé sur la liste des groupes terroristes par les Etats-Unis et en fut à nouveau biffé en 2004. Aujourd’hui, les unités du MITO se battent aux côtés des groupes terroristes en Syrie. Comme d’autres forces anti-syriennes, le MITO profite du soutien de la Turquie. C’est ainsi que la ville de Jisr al-Choghour, près de la frontière turque entre Idleb et Lattaquié, a été colonisée à l’aide des services de sécurité turques après sa ‹libération› des Ouïghours exilés – beaucoup d’entre eux étant venus de la Turquie – et sert depuis de camp d’entraînement pour le MITO».

Extrait de Hannes A. Fellner: «Handel statt Krieg». In: junge Welt du 7/3/16

«Coopération internationale pacifique au bénéfice de toutes les parties concernées»

«Ce n’est donc pas un hasard si le gouvernement chinois actuel utilise pour son initiative le nom de ‹Route de la soie›. Pour la République populaire, il est synonyme, en tant que paradigme – dans l’esprit de la stratégie chinoise du soft power –, pour un échange économique et culturel, basé sur la coopération internationale pacifique au bénéfice de toutes les parties concernées. L’initiative «une ceinture – une route» vise d’abord à l’intégration, dans une zone économique commune, des pays et régions limitrophes à l’ancienne Route de la soie (Chine, Afghanistan, nord de l’Inde et du Pakistan, Tadjikistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Turkménistan, nord de l’Iran, Irak, Syrie). La procédure est de développer les infrastructures, de simplifier et d’intensifier le commerce et de renforcer les contacts culturels. Le plan prévoit, entre autre, la construction de lignes de chemins de fer pour les trains à grande vitesse d’une longueur de 80?000 kilomètres.»

Extrait de Hannes A. Feller: «Handel statt Krieg». In: junge Welt du 7/3/16