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jeudi, 18 mai 2023

Entretien avec le groupe Feniks/Flandre : contre-mouvement et collectif métapolitique - Contre le narratif du mondialisme

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Entretien avec le groupe Feniks/Flandre : contre-mouvement et collectif métapolitique

Contre le narratif du mondialisme

Par Nick Krekelbergh

Quiconque ouvre régulièrement un journal ou parcourt l'internet a peut-être remarqué qu'une nouvelle étoile brillait depuis peu au firmament du conservatisme et du nationalisme en Flandre. Feniks est un nouveau groupe d'action et un collectif métapolitique qui s'adresse principalement aux jeunes. Il est frappant de constater que les fondements théoriques y occupent une place centrale. Mais le groupe se fait aussi régulièrement entendre par le biais de manifestations et de campagnes dans les médias sociaux. Ce faisant, le groupement ne se concentre pas tant sur les thèmes nationalistes flamands habituels, qui se résument généralement à une synthèse des luttes identitaires et institutionnelles, mais plutôt sur ce qu'il considère comme des développements sociaux plus profonds et plus fondamentaux. Pas d'actions autour de la périphérie flamande de la région bruxelloise ou contre l'islamisation, mais des soirées de formation sur lap pensée de Spengler et des manifestations contre l'introduction des pass sanitaires et de l'euro. Après plusieurs manifestations réussies, la publication d'un manifeste volumineux constitué d'"essais contre le narratif du mondialisme" est désormais à l'ordre du jour. TeKoS s'est entretenu avec Sacha Vliegen, l'un des initiateurs de Feniks.

TeKoS : Depuis quelques années, dans la rue et sur les médias sociaux (et parfois dans les médias grand public), nous avons pu faire la connaissance d'un nouveau groupe catalogué au sein de la droite conservatrice : Feniks. Pouvez-vous nous présenter brièvement Feniks ? Comment Feniks a-t-il vu le jour ? Pourquoi le besoin d'ajouter une nouvelle association au paysage nationaliste flamand ou à celui de la droite conservatrice ?

SV : Le riche paysage conservateur et nationaliste flamand actuel compte plusieurs organisations qui s'occupent principalement du domaine identitaire et, dans une moindre mesure, du domaine politico-institutionnel. Ces thèmes n'ont certainement pas perdu de leur pertinence, mais ces dernières années, d'autres thèmes ont également été mis en avant. Nous pensons à la pandémie du coronavirus, qui semble maintenant bel et bien derrière nous, au cours de laquelle les sciences se sont alliées à la pensée de l'ingénierie sociale et ont ébranlé toute la société de manière inattendue. En outre, nous assistons à la résurgence de la géopolitique, qui s'est également installée dans les préoccupations de nos contemporains depuis le printemps arabe de la décennie précédente. En raison de l'accent mis principalement sur la politique intérieure flamande et belge, ces thèmes essentiels ont souvent échappé à d'autres organisations que la nôtre. D'un point de vue structurel, Feniks établit également un lien étroit entre le contenu propement intellectuel et idéologique (nous pensons simplement aux conférences et aux entretiens en ligne, aux blogs, à la publication d'un manifeste) et les campagnes grand public. Au cours de la première année et demie de notre existence, l'accent a été mis sur les manifestations de ce que l'on appelle le "contre-mouvement", un nom collectif pour les différentes organisations qui ont vu le jour en réponse aux mesures prises lors de la pandémie.

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TeKoS : Feniks s'est révélé pour la première fois au monde extérieur lors des manifestations contre le confinement en novembre 2021. En effet, le premier événement de l'initiative Samen Voor Vrijheid, une organisation baldaquin, pluraliste, à laquelle Feniks a apporté son soutien logistique, a attiré 35.000 personnes. Pouvez-vous nous expliquer brièvement comment vous vous êtes impliqué dans cette initiative et pourquoi cette question est si importante pour Feniks ?

SV : La réaction officielle de l'Etat à l'émergence du coronavirus a eu un impact indéniable sur la société. Les réactions telles que le confinement général, les fermetures de sites où s'exprimait la convivialité sociale, et l'introduction du CST (Covid Safe Ticket) ont été imposées par une peur irrationnelle, attisée par des médias sensationnalistes, et ont aussi parfaitement montré à quel point l'élite politique est convaincue de l'existence d'une forme d'ingénierie sociale. Une technocratie a remplacé la primauté de la politique et les aspects sociaux de la vie humaine ont été négligés. Pour nous, cela reflétait à quel point une société peut être dystopique entre les mains d'une élite, pour laquelle les êtres humains sont réduits à "survivre" en tant qu'individus, mais qui ne sont plus considérés dans leurs connexions naturelles avec leurs communautés. Alors que nous venions tout juste de nous réunir pour former Feniks, nous avons uni nos forces à celles d'un certain nombre d'organisations pour descendre collectivement dans la rue pour protester contre le CST qui venait d'être introduit. Depuis lors, le nom collectif de "contre-mouvement" a émergé compte tenu des différentes perspectives émanant de toutes les associations qui se sont réunies à l'époque. Ce qui a été organiquement mis en place en très peu de temps constitue, pour le dire avec prudence, un jalon manifeste dans l'histoire récente.

TeKoS : Outre l'activisme de rue et les campagnes sur les médias sociaux, Feniks accorde également beaucoup d'attention aux fondements théoriques de son idéologie conservatrice. Cela va au-delà de la simple organisation de soirées de formation. Un manifeste est en cours d'élaboration. Il ne s'agit pas seulement d'une liste énonçant quelques points de désaccord avec d'autres instances ou organisations. Il s'agit d'une vaste collection d'essais philosophiques fondamentaux contre "le narratif du mondialisme", qui aborde divers thèmes tels que l'identité, l'économie, la migration, la géopolitique, la spiritualité, ... Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? Comment ce manifeste a-t-il vu le jour ?

SV : Ce corpus doctrinal était déjà présent à l'origine juste avant la création de Feniks. Il y a tellement de thèmes différents qui se rejoignent lorsqu'il s'agit d'un système social, qu'en les réduisant à un seul thème, on s'obscurcit la vue. Par exemple, ceux qui évoquent principalement les migrations, qui sont un thème important, ne peuvent pas porter leurs regards au-delà et percevoir les causes géopolitiques. Celui qui parle d'identité doit aussi prendre en compte la phase du capitalisme dans laquelle nous sommes et l'impact qu'elle a sur notre vie quotidienne.

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TeKoS : Bon nombre d'essais couvrent le domaine de la géopolitique. Surtout aujourd'hui, avec la guerre en Ukraine en toile de fond, c'est un sujet délicat. Alexander Douguine et sa Quatrième théorie politique (y compris le modèle de la multipolarité) sont également abordés. Comment voyez-vous l'avenir de l'Europe et son rôle dans le monde ?

SV : Nous craignons nous-mêmes une Europe qui se soumet servilement à ce que dictent les Etats-Unis. Notre espoir réside dans une Europe souveraine qui poursuit ses propres intérêts et les aborde de manière réaliste. Pour les États-Unis, par exemple, les migrations provoquées par le printemps arabe ou par la guerre en Ukraine n'ont pas un impact aussi important que pour l'Europe. Pourtant, l'Europe suit docilement les États-Unis. Notre espoir est de larguer les États-Unis, tant sur le plan géopolitique que culturel, en tant que première civilisation du monde. Cette primauté ne correspond plus à la réalité, ou du moins, nous vivons une phase de transition. Douguine est un philosophe extrêmement intéressant, qui tend un bon miroir à ce qui s'est passé en Occident au cours des trente dernières années (en particulier après la chute du mur): la transition de la démocratie libérale à la société postmoderne. Cela ne veut pas dire que nous sommes entièrement d'accord avec Douguine. Douguine nous décrit ce qui se passe au sein de la civilisation russe (ou du moins d'une partie de celle-ci). La société multipolaire est de fait devenue une réalité après le 24 février 2022. Cependant, elle apparaissait déjà en gestation évidente après la guerre en Syrie (ou contre la Syrie). La civilisation occidentale a atteint ses limites. Par exemple, nous partageons avec Douguine, mais pas seulement avec lui (pensez à Samuel Huntington), l'idée que la civilisation occidentale ne continuera pas à se développer universellement. Nous pensons qu'il existe différentes civilisations qui partageront le pouvoir au niveau international, politiquement, militairement, économiquement et culturellement. La manière irréfléchie dont l'OTAN et l'UE ont cherché à s'étendre s'est traduite par une réponse militaire misérable. C'est ce qui nous différencie de Douguine, par exemple: nous envisageons la situation d'un point de vue européen et souhaitons avant tout que les armes se taisent le plus rapidement possible. Cela peut encore être possible si nous osons, en tant qu'Europe, fixer une limite à la volonté d'expansion de l'OTAN et de l'UE en échange de la souveraineté nationale des pays d'Europe de l'Est limitrophes de la Russie. Les hommes politiques européens suivent cependant la voie opposée.

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TeKoS : Chez Feniks, ce sont surtout les jeunes qui sont actifs, semble-t-il. Les jeunes générations sont parfois blâmées pour la volatilité, le manque d'engagement et de concentration par les générations plus âgées. Est-il facile de les mobiliser sur un projet aussi substantiel que Feniks ? Cela nécessite-t-il une stratégie de mobilisation et de communication adaptée ?

SV : C'est en effet un défi, en contradiction avec l'esprit du temps. C'est délibérément que nous ne visons pas les masses en soi. Les actions à l'extérieur servent à montrer les positions spécifiques que nous défendons ou auxquelles nous sommes opposés, la formation réelle est principalement une question interne, parfois individuelle, et ne s'adresse donc pas à tout le monde. La prise en compte de sujets substantiels est souvent très demandée aujourd'hui, dans un monde où l'on est constamment stimulé par de courts clips de trente secondes ou des messages publicitaires. Il y a donc des conférences en ligne, qui sont aussi parfois mises en ligne pour le grand public, ainsi qu'un canal de formation interne via Telegram (une application de médias sociaux) et des formations individuelles. Ces dernières me rappellent le regretté Francis Van den Eynde qui, à l'époque, prenait personnellement le temps de philosopher avec de jeunes étudiants, parfois pendant plusieurs heures de suite lors d'un après-midi.

TeKoS : Il y a aussi beaucoup de citations philosophiques et idéologiques partagées sur les médias sociaux. Heidegger, Spengler et Nietschze, par exemple, sont souvent cités. Si vous pouviez citer trois penseurs qui ont eu une influence fondamentale sur Feniks, quels seraient-ils ?

SV : Trois, c'est difficile parce que ce serait encore trop limité. Oswald Spengler, Heidegger, De Benoist, Douguine, Johan Gotfried von Herder et Diego Fusaro, si nous pouvons aller jusqu'à six, cela fait deux fois trois. Ils peuvent probablement tous être qualifiés de "penseurs controversés" mais leurs idées sont étroitement liées. Par conséquent, aucun d'entre eux n'est décisif dans tous les domaines. Il y a donc suffisamment de thèmes pour continuer à donner des conférences et des interviews pendant plusieurs années encore.

TeKoS : Le "marxisme culturel" n'existe pas en réalité, comme l'affirme le manifeste de Feniks, ou du moins il n'est pas ce grand moteur des évolutions sociales que certains penseurs, blogueurs et journalistes conservateurs ont cru y reconnaître il y a quelques années. Pourriez-vous nous en dire un peu plus ? Qu'est-ce que c'est ? Et quel a été le rôle de l'école de Francfort et de la génération de Mai 68 dans cette évolution ?

SV : La théorie critique, par exemple, joue un rôle très important dans notre réflexion. Alors que de nombreux faiseurs d'opinion conservateurs se concentrent sur le contexte marxiste, ils oublient souvent que les Frankfurter eux-mêmes qualifiaient Karl Marx et ses idées de réactionnaires. En outre, le terme "marxisme culturel" crée une confusion avec le socialisme ou le communisme tel que nous les connaissions à l'époque soviétique. Les communistes soviétiques et les soi-disant marxistes culturels n'en seraient peut-être pas très heureux. Nous n'allons pas nier l'infusion de Marx et de la théorie freudienne dans les idées de l'école de Francfort, ni l'impact essentiellement négatif de ce corpus sur la civilisation occidentale, avec les aberrations de la culture woke et de la cancel culture. Il est important de reconnaître également, d'un point de vue métapolitique, que ces "marxistes culturels" se sont concentrés sur le sujet individuel, de manière encore plus radicale que les libéraux classiques. Nous pouvons donc - et nous l'expliquons plus en détail dans notre manifeste - considérer le "marxisme culturel" comme un enfant du libéralisme. L'ancienne gauche radicale a donc complètement vendu son âme au capitalisme. La phrase de Clay Routledge, reprise dans Tekos 188, résume bien la situation : "Nous vivons à l'ère du woke capitalism, où les entreprises prétendent se préoccuper de justice sociale pour vendre des produits à des gens qui prétendent détester le capitalisme".

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Le n°189 de TeKoS, où est paru la version originale du présent entretien avec Sacha Vliegen.

TeKoS : Feniks accorde également de l'attention aux penseurs de gauche (Sahra Wagenknecht, Hannah Arendt, Diego Fusaro) dans son manifeste, et explique même que la Frankfurter Schule n'était pas sans mérite. Les collaborations concrètes avec des organisations dissidentes, plus à gauche, ne sont pas non plus rejetées. La droite commence-t-elle à sortir tranquillement de sa "stérilité anticommuniste", comme le rappelle Alain de Benoist dans les notes deson journal, récemment publiées ?

SV : Personnellement, je ne considère pas Hannah Arendt comme un penseur de gauche, mais dans tous les cas, l'intégration d'autres perspectives est essentielle si vous voulez poursuivre une théorie globale et être un véritable groupe anti-système. Prenez l'immigration, par exemple. La force motrice qui la sous-tend est d'origine capitaliste. Par conséquent, quiconque critique l'immigration doit également critiquer le capitalisme et vice versa. Quelqu'un comme Diego Fusaro, par exemple, le reconnaît et s'inscrit donc moins dans un cadre purement gauchiste tel que nous le verrions en 2023. La plupart des personnes appartenant à la gauche politique pourraient considérer Fusaro comme étant d'extrême droite en raison de ses opinions sur la souveraineté nationale uniquement. Même les premiers Frankfurter ont formulé des critiques intéressantes sur le capitalisme et la massification de l'homme (par exemple, l'influence de l'industrie du divertissement). Dommage que la gauche ait oublié ces critiques.

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TeKoS : "Nouvelle droite" est un terme qui revient sans cesse dans les médias, où il est utilisé par toutes sortes de journalistes, de "spécialistes" et d'universitaires pour désigner à peu près tout ce qui évolue dans le sillage du Mouvement flamand contemporain et de la droite conservatrice. Considérez-vous Feniks comme une émanation de la "Nouvelle Droite" et quelle influence la Nouvelle Droite, en tant qu'école de pensée historique, a-t-elle eue sur vous ?

SV : L'influence est indéniablement très forte. Francis Van den Eynde (auteur et éditeur de TeKoS pendant de nombreuses années, ndlr) a été mon père spirituel et politique pendant mes années d'études, et ma contribution personnelle au manifeste lui est d'ailleurs dédiée. Pour nous, Robert Steuckers est également un compagnon et une encyclopédie ambulante, et ses travaux sur l'Europe et la géopolitique sont également importants dans notre manifeste. La Nouvelle Droite ne peut pas tout englober: comme nous l'avons déjà dit, il y a plusieurs penseurs qui ont apporté des contributions importantes qui ne s'inscrivent pas tout à fait dans le cadre de la Nouvelle Droite.

TeKoS : Un thème sur lequel Feniks est remarquablement silencieux, même dans son manifeste, est celui de la Flandre, de l'indépendance flamande et des Pays-Bas. C'est plutôt atypique pour un mouvement de droite conservatrice du sud des Pays-Bas. Est-ce une décision délibérée de se concentrer sur d'autres thèmes ?

SV : Laissons de côté la question institutionnelle pour l'instant. Il s'agit également d'un thème juridique très important qui s'inscrit moins dans un cadre philosophique. Néanmoins, il y a eu une nette tendance dans ce sens ces dernières années, malheureusement peut-être. Par ailleurs, dans l'Union européenne actuelle, il sera très difficile, voire impossible, de créer de nouveaux États souverains. Cela est douloureusement clair depuis l'affaire de la Catalogne. Nous devrons donc nous détacher politiquement et institutionnellement de l'enchevêtrement de l'UE avant de pouvoir parler d'une Flandre ou de Pays-Bas "indépendants".

TeKoS : Activisme de rue, médias sociaux, multimédia, théorisation et formation. Votre champ de vision est large, les moyens sont vastes et les objectifs semblent ambitieux. Comment envisagez-vous l'année à venir et comment Feniks entend-il continuer à marquer de son empreinte le paysage métapolitique et la société civile ?

SV : L'ambition ne manque pas. Le 5 février a déjà eu lieu une manifestation sur le thème "Towards €xit", qui désigne une attitude critique à l'égard de l'Union européenne. Le pouvoir politico-institutionnel se niche largement dans les institutions européennes, bien davantage qu'au niveau national. C'était un premier pas en termes d'actions. En outre, notre manifeste sera bientôt publié et nous le présenterons lors d'un congrès. D'ailleurs, nous organiserons une première fête de la mi-hiver cet automne, et nous espérons pouvoir continuer à le faire chaque année. En ce qui concerne les conférences, nous avons déjà interviewé au début de l'année David Engels sur l'avenir de l'Europe et Robert Steuckers sur les conflits actuels en Europe. À plus long terme, la formation d'une nouvelle génération est un projet en cours, que nous avons l'intention de poursuivre dans l'esprit de feu Francis Van den Eynde.

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Le Manifeste de Feniks porte le sous-titre "Essais contre le narratif du mondialisme" et peut être lu comme une analyse du système mondial avec des contributions fondamentales et réfléchies sur des sujets tels que l'identité, l'immigration, l'idéologie, l'économie, la géopolitique et la culture, à la fois dans leurs dimensions actuelles et historiques. Les lecteurs qui souhaitent acheter un exemplaire en prévente peuvent contacter info.feniksvlaanderen@gmail.com.

mercredi, 17 mai 2023

Nicolas Bonnal : La Pulsion Génocidaire

La caverne

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La caverne

par Carlos X. Blanco

Source: https://la-sociale.online/spip.php?article965

De nombreuses forces conspirent pour que vous ne puissiez pas le percevoir. Ils travaillent dans l’ombre et très peu annoncent ce qui vient. La radio, les écrans et les réseaux, tout cela est contrôlé par des puissances hégémoniques. Il n’est pas si difficile de retrouver qui en est propriétaire et de savoir pour qui tout le travail est fait. C’est un gros investissement : des millions dépensés pour construire la Caverne.

Ils ne vous disent pas la vérité. Cette guerre, au milieu de l’Europe, ils ne la gagnent pas. Dans la Caverne, ils disent que oui, mais… La stratégie est un échec. Affronter directement l’Ours, l’empire d’Orient, est suicidaire. La guerre à coups de cadavres et de pays interposés est une ruine. Les mercenaires de la moitié du monde et les montagnes de cadavres ukrainiens ne donneront pas la palme à « l’Occident ». Les nations ne peuvent être inventées à la demande de l’OTAN. Le « nationalisme » n’est pas une chose. Chose vient de « cause », et le latin se souvient de sa racine commune : le nationalisme n’est la « cause » d’aucune guerre. Normalement, le nationalisme est un sentiment sombre, aux profondes racines collectives, qui se nourrit à la fois d’amour et de haine, mais son expression politique ne devient réelle et sanglante que lorsqu’il y a de l’argent étranger. C’est ainsi qu’ETA est née : avec la CIA et le dollar en cause. C’est ainsi qu’est né aussi Zelenski, l’humoriste qui a cessé d’être drôle quand le Pentagone et l’OTAN, deux visages du même Janus, lui ont enfilé la chemise militaire et un masque nationaliste.

Ils ne vous disent jamais la vérité. « L’Ouest » est seul. Près des deux tiers de la population mondiale, regroupés autour de civilisations non anglo-saxonnes, sont les personnes, des milliards, qui descendent aujourd’hui de ce train sans conducteur, véhicule télécommandé pour psychotiques. Si nous continuons ainsi, nous nous dirigeons vers l’abîme : la guerre nucléaire et la destruction de toutes les civilisations, mais d’abord la nôtre.

Vous vivez dans la Caverne : l’« Ouest » collectif, c’est l’Anglosphère, ce n’est pas vous, ce n’est pas l’Espagne, ce n’est pas la vraie Europe ou l’Amérique hispanique. Regardez vos enfants. Les modes les plus ridicules venues du pays des Yankees leur tombent dessus. Son discours, sa « musique », ses vêtements, son sexe. Tout a été anglo-saxonisé. Même vous-même, et vous ne vous en rendez pas compte. Pensez-vous que « Black lives matter  », « Me too », « empowerment  », la lutte LGTBI+, le véganisme et l’animalité, tout cela, sont des problèmes du Peuple, de votre Peuple. Si vous pensez que ce sont les problèmes, vous avez le problème. Le problème est la caverne.

Ils ont construit une grotte et vous ne voulez pas le savoir. Si tel est le cas, vivant dans la Grotte et ne le sachant pas, ne désirant pas en sortir, le problème vient de vous.

Observez le « cycle long » de l’histoire qui s’appelle la Modernité. La montée du capitalisme a nécessité une nouvelle classe d’hommes : l’homo liberalis. Il fallait démembrer les liens communautaires, arracher les racines, faire une poupée solitaire et égoïste, l’égoïsme toujours au fond. Les différents peuples d’Europe ont résisté à cette mutation anthropologique créée par l’idéologie libérale, simple transcription des besoins capitalistes. Les protestants succombèrent les premiers, après eux les catholiques. Le monde orthodoxe est — ou était — en train de le faire… Mais l’homo libéralis détruit toutes les croyances et nie la différence. Il y a un empire de l’homo liberalis partout où il y a un McDonald’s.

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Les peuples non anglo-saxons de cet « Ouest » collectif ne viennent pas de se réveiller. Le nombre de bases militaires sur leur sol, qu’ils appellent encore souverain, est énorme. Quelle souveraineté possède l’Allemagne ou l’Italie ? Ce sont des protectorats d’Amérique du Nord. Ce sont des pays occupés. Les Yankees savent où mettre leurs bottes et la situation de 1945, dans laquelle ils sont devenus propriétaires de ce qu’ils appellent le « Vieux Continent », est ce qu’ils n’oublient jamais.

Continuez à vivre dans votre caverne. Aller à Las Vegas pour se marier, comme le fait la gauche postmoderne « quand ça lui chante ». Achetez leurs produits de pacotille : « indigenismo », « biocentrisme », sexualité « non binaire ». Les drogues en Espagne et en Europe viennent toujours de l’extérieur, et comment sont-elles entrées ? Elles sont entrées avec l’américanisation du Nord. Défoncez-vous sur la chimie ou les idées folles : le monde yankee les fait venir à vous facilement et rapidement. Allez étudier son anglais dégénéré, qui n’est pas le bel anglais du XVIIIe siècle ; Il étudie aux USA le terrible novlangue des affaires et de la technologie. Embaucher plus d’économistes et de technologues pour « éduquer » les enfants, c’est-à-dire pour mieux les former à la cyberdépendance, et ainsi parvenir à une plus grande et meilleure soumission.

Carlos X. Blanco

mardi, 16 mai 2023

L'ombre de Fu Manchu sur Taïwan

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L'ombre de Fu Manchu sur Taïwan

Constantin von Hoffmeister

Source: https://eurosiberia.substack.com/p/fu-manchus-shadow-over-taiwan?utm_source=post-email-title&publication_id=1305515&post_id=120780373&isFreemail=true&utm_medium=email

Dans les sombres profondeurs du discours politique et la cacophonie des médias, une question glaçante émerge comme une apparition dans une crypte : le tambour de la guerre résonnera-t-il sur le territoire contesté de Taïwan ? Il ne se passe guère de cycle lunaire sans que cette question lancinante ne soit posée. En effet, la lutte crépusculaire entre la vaste République populaire et l'Occident pour le joyau insulaire de l'Orient devient de plus en plus menaçante, comme les crocs de l'insidieux docteur Fu Manchu dans le film de 1965 Le visage de Fu Manchu, où le docteur malveillant, que l'on croyait mort, refait surface à Londres, ourdissant un complot néfaste pour conquérir le monde. Ce film représentait lui aussi le face-à-face entre l'Occident et l'Orient.

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Cette île, Taïwan, est une pièce d'échecs dans le grand jeu des trônes, fermement tenue dans les griffes de la Chine depuis les jours sombres du dix-septième siècle, lorsque la dynastie Qing l'a officiellement incorporée à la province de Fujian. Pourtant, comme dans le film de 1966 Les fiancées de Fu Manchu, où le diabolique docteur hypnotise les filles d'importants scientifiques pour les forcer à l'aider dans ses projets de domination mondiale, les puissances coloniales du 19ème siècle, comme la Prusse, ont convoité ces terres, attisant ainsi les conflits. Leurs désirs, cependant, n'allaient pas se réaliser, tout comme les conspirations complexes de Fu Manchu dérapent souvent.

En 1895, comme dans le film La vengeance de Fu Manchu (1967), où notre ignoble docteur établit un empire criminel à New York avec l'intention d'assassiner ses ennemis, le Japon saisit l'occasion de l'échec de la Prusse. Après son triomphe lors de la première guerre sino-japonaise, il prend le contrôle de Taïwan. Cependant, en 1945, parallèlement à la défaite de Fu Manchu dans Le Château de Fu Manchu (1969), où le docteur dépravé tente de geler les océans du monde avec un dispositif mortel mais est déjoué, Tokyo a dû renoncer à son emprise sur Taïwan, la rendant à la Chine après sa défaite ignominieuse lors de la Seconde Guerre mondiale. Mais la présence du conflit ne s'est pas arrêtée.

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Le Guomindang, tel un protagoniste battu dans un film de Fu Manchu, a réussi à échapper aux mâchoires de la défaite lors de la guerre civile chinoise, trouvant refuge à Taïwan. Ils ont proclamé l'existence de la République de Chine sous leur domination, une proclamation qui ressemble étrangement à l'objectif grandiose de Fu Manchu de subjuguer le monde entier dans Le sang de Fu Manchu (1968), où le méchant médecin concocte un venin provoquant la cécité, diffusé par l'intermédiaire de jeunes filles sans méfiance. Pékin a néanmoins rejeté cette revendication, à l'instar de Nayland Smith, l'ennemi juré de Fu Manchu, qui n'a de cesse de contester les odieux desseins du médecin.

Sur le plan international, Taipei a d'abord triomphé en conservant le siège de la Chine aux Nations unies, ce qui rappelle les victoires temporaires de Fu Manchu contre Nayland Smith. The Fiendish Plot of Fu Manchu (1980), le dernier film de la série, dans lequel Fu Manchu, au crépuscule de sa vie, met au point un complot élaboré pour retrouver sa jeunesse à l'aide d'ingrédients provenant de la tombe de Gengis Khan, avant de voir ses machinations s'effondrer face aux interventions persistantes de Nayland Smith, de même la main ferme de Taipei sur le trône estimé du siège de l'ONU s'est désintégrée. Le 25 octobre 1971, l'Assemblée générale des Nations unies a reconnu la République populaire, et non Taïwan, comme représentant légitime de la Chine, à l'instar de la victoire finale de Nayland Smith sur Fu Manchu.

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Les nations occidentales, à l'instar de Nayland Smith, battu mais implacable, se sont pliées à cette décision, reconnaissant le "principe d'une seule Chine". Cependant, elles ont également commencé à soutenir Taïwan, remettant ainsi en question le "principe d'une seule Chine", une manœuvre qui reflète les tactiques intelligentes de Nayland Smith pour saper Fu Manchu. Cependant, cette manœuvre, tout comme les toxines redoutables concoctées dans les chambres clandestines de l'antre de Fu Manchu, recèle un péril aux proportions cataclysmiques. En effet, la République populaire, à l'image de l'obstiné et inflexible Fu Manchu, insiste fermement sur le caractère sacré de son intégrité territoriale.

Ironiquement, un compromis était possible avec le Guomindang, un peu comme Nayland Smith trouvait parfois un terrain d'entente avec la fille de Fu Manchu, Fah Lo See. Ils se sont mis d'accord sur le "Consensus de 1992", un armistice fragile qui fait penser à l'aile d'un papillon de nuit battant dans la tempête incessante de leur discorde idéologique. Cette trêve, en dépit de leurs dissensions persistantes, a servi de baume apaisant, réduisant le conflit brutal et rageur à un chaudron frémissant. Cette paix précaire évoque la tranquillité trompeuse qui règne dans L'île de Fu Manchu (1941), un tableau littéraire où, comme le calme sinistre qui précède la tempête, la tension se retire dans l'ombre, pour ressurgir avec une vigueur renouvelée et implacable lorsque Fu Manchu, que l'on croyait tué, refait surface sur une île isolée, élaborant des plans de vengeance complexes, préparant ainsi le terrain pour la résurgence imminente de l'affrontement.

Cependant, le Parti démocrate progressiste (DPP), le fantôme qui hante désormais les couloirs de la gouvernance de l'île, fait pression sans relâche pour que Taïwan se sépare officiellement de l'étreinte spectrale de la Chine continentale. Cette démarche, dans son essence, reflète l'astuce labyrinthique du film Le Dieu d'or du Dr Fu Manchu (1956). Dans cette fantasmagorie télévisée, les alliances, comme les sables dans le sablier désolé du temps, changent et se transforment avec une imprévisibilité qui fait froid dans le dos. Dans cette saga, Fu Manchu manipule sans cesse ses pions, tissant une toile complexe de tromperies et de subterfuges, à l'image de la poussée incessante du DPP en faveur de l'autonomie, à la fois prometteuse et menaçante pour l'équilibre fragile du pouvoir dans ce jeu d'échecs mondial. Cette position a conduit le Congrès national du peuple à Pékin à adopter la loi anti-sécession, à l'instar des contre-stratégies incessantes de Fu Manchu.

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Tout comme les abominables stratagèmes de Fu Manchu dans le feuilleton radiophonique L'ombre de Fu Manchu (1939-40), qui se présentent comme un spectre implacable de malheur, dans lequel le méchant docteur se lance dans un voyage de vengeance contre ceux qui osent le défier, la déclaration potentielle de sécession du DPP jette un voile déchirant sur la danse délicate de la diplomatie, présageant un conflit catastrophique qui pourrait renaître tel un phénix des cendres fumantes de cette détente précaire.

Pour se préparer à cette horreur imminente, à cette vision du champ de bataille qui plane à l'horizon, les États-Unis, tels des chevaliers aguerris se préparant au combat, renforcent les forces de Taïwan. Cet acte fait écho à la sombre détermination de Nayland Smith dans The Return of Dr. Fu Manchu (1930), où notre vaillant protagoniste se prépare méticuleusement à son affrontement final et cataclysmique avec l'incarnation du mal. Dans le récit ténébreux de ce film, Nayland Smith, armé de la connaissance de la résurrection de Fu Manchu et de ses plans pour répandre une peste mortelle, rassemble ses forces pour un affrontement qui déterminera le sort de l'humanité, tout comme la dure réalité du paysage géopolitique d'aujourd'hui. Il envoie notamment des formateurs militaires sur l'île, à l'instar de Nayland Smith qui renforce ses alliés contre les intrigues de Fu Manchu. Pendant ce temps, Pékin, comme Fu Manchu, répond aux provocations par de grandes démonstrations de force.

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Tout comme le docteur dément brandit sa formidable puissance dans Drums of Fu Manchu (1940), un feuilleton cinématographique dans lequel le docteur insidieux cherche à plonger le monde dans le chaos avec ses sinistres tambours de malheur, les grandioses parades militaires de Pékin sont un sinistre présage des conséquences désastreuses qui suivraient inévitablement une rupture formelle. Les manœuvres de Pékin, comme les battements sinistres des tambours diaboliques de Fu Manchu, se répercutent dans l'éther, jetant un linceul glacial sur la scène mondiale, servant d'avertissement sinistre et tacite de la tempête qui pourrait éclater après la déclaration de sécession. Une invasion peut sembler un choix évident, mais un blocus, comme les tactiques plus subtiles de Fu Manchu, semble plus prometteur du point de vue de Pékin. Toutefois, cette situation pourrait rapidement dégénérer en conflit armé. Si les États-Unis, à l'instar de Nayland Smith, tentent de briser le blocus par la force, ce pourrait bien être le début d'une guerre, une fin dévastatrice semblable à l'apogée d'un conte de Fu Manchu.

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lundi, 15 mai 2023

Le déclin de l'Europe passe aussi par l'intelligence artificielle des Etats-Unis et de la Chine

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Le déclin de l'Europe passe aussi par l'intelligence artificielle des Etats-Unis et de la Chine

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/il-declino-delleuropa-passa-anche-attraverso-lintelligenza-artificiale-di-usa-e-cina/#google_vignette

L'affrontement entre Chatgpt et Ernie n'est pas seulement le défi entre l'américain OpenAi et le chinois Baidu. Mais c'est surtout l'affrontement entre deux visions du monde qui utilisent l'intelligence artificielle pour imposer leur propre vision, leur propre conception de la réalité et de l'avenir, à la majorité du globe. Légitime, sacro-saint. Et l'Europe? Bruxelles étudie les règles à imposer. Non pas le développement d'une réalité alternative, mais des règles banales qui, comme toujours, seront ignorées et dépassées par une réalité qui ne ressemblera jamais à celle imaginée par les euro-bureaucrates et les euro-larbins de Biden.

D'ailleurs, il ne pouvait en être autrement. Surtout en Italie, aux prises avec un déclin qui semble inéluctable. "Nous payons les conséquences d'une réforme universitaire désastreuse", a expliqué le professeur Francesco Pizzetti, ancien garant de la vie privée, lors d'un débat organisé par Leading Law dans le cadre des Turin Digital Days. Une semaine de débats et d'analyses en continu sur le thème de l'intelligence artificielle et de ses conséquences dans tous les domaines.

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Et il est faux", a ajouté M. Pizzetti (photo), "de confondre ce qui est défini comme "intelligence artificielle" avec les forums de discussion, qui n'en sont qu'une petite partie. Nous sommes déjà plongés dans une réalité qui repose sur ces algorithmes. Qu'il s'agisse de la conduite automatique de certaines lignes de métro ou de la gestion d'une gare de triage. Mais après tout, la même machine à laver à la maison représente déjà quelque chose d'artificiel.

Le problème est toujours le même: comment faire face au changement au lieu de le subir. Non seulement au niveau politique, mais aussi au niveau individuel et personnel. C'est vrai pour ceux qui, dans un système universitaire qui fonctionne, devraient concevoir le changement, mais c'est aussi vrai pour ceux qui, dans tous les domaines, devront vivre avec lui au quotidien.

Au lieu de cela, la réaction moyenne des Italiens est la peur et, par conséquent, la fuite. Fuir la responsabilité de jeter à la poubelle une réforme universitaire tout simplement idiote et clientéliste, coûteuse et en faillite. Fuir la nécessité d'une politique qui ait le courage de rejeter le modèle américain de vision du monde (ne l'appelons pas "culturelle" pour ne pas effrayer les ministres bellicistes). Fuite de l'engagement personnel, mis de côté au nom des droits: le droit d'étudier peu ou pas, de travailler le moins possible et le plus mal possible, d'exploiter les travailleurs parce que le marché le prévoit, de voler et de violer parce que l'on se sent incompris.

Dans ces conditions, il devient difficile d'imputer à Pizzetti le déclin de l'Italie et de l'Europe. D'autant plus qu'il s'agit d'un déclin qui est déjà en cours, et ce depuis un certain temps. En fin de compte, il est plus facile et plus commode de s'en remettre à une intelligence artificielle pour penser ce qu'il est trop difficile de penser soi-même. Et si ce n'est pas la machine qui pense vraiment, mais ceux qui la contrôlent, peu importe. Nous nous adaptons et renonçons à notre liberté en échange de quelques droits supplémentaires imposés par le politiquement correct et totalement inutiles.

La forte participation à la semaine de rencontres pourrait signifier que tout n'est pas perdu. L'absence de politiciens n'est cependant pas rassurante...

Les quatre phases de l'ère post-soviétique

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Les quatre phases de l'ère post-soviétique

par Fulvio Bellini

Source: https://www.sinistrainrete.info/geopolitica/25467-fulvio-bellini-le-quattro-fasi-dell-era-post-sovietica.html

Avant-propos : les trois niveaux de lecture de La fin de l'histoire et le dernier homme

En 1992 est paru un livre singulier qui a immédiatement suscité un débat passionné, divisant le terrain entre opposants déclarés et admirateurs secrets: La fin de l'histoire et le dernier homme de Francis Fukuyama. Malgré son succès auprès du public, il s'agissait d'un livre dédié à la classe dirigeante occidentale, et en particulier aux États-Unis, célébrant la "prétendue" victoire, et nous expliquerons pourquoi prétendue, du soi-disant monde libre sur l'Union soviétique et le bloc du socialisme réel. Dans les années 1990, les élites occidentales ont été envahies par un authentique délire de toute-puissance que Fukuyama a eu l'esprit courtisan mais aussi l'indéniable courage de traduire en livre pour le revêtir d'une noble robe tissée de philosophie de l'histoire. Le politologue américain, au nom et pour le compte des élites occidentales, annonçait urbi et orbi que l'histoire universelle de l'humanité, entendue non pas comme une concaténation chronologique d'événements, mais comme le mouvement d'ensemble de l'humanité exprimé dans le terme allemand de Weltanschauung, avait enfin atteint son épilogue. Cette thèse du livre, qui n'est évidemment pas la seule, se concentre sur l'analyse des raisons qui ont déterminé les défaites mondiales du "totalitarisme communiste" d'une part et des régimes dictatoriaux de droite d'autre part, défaites qui ont ouvert la voie, comme si les eaux de la mer Rouge s'étaient à nouveau ouvertes devant Moïse, à l'affirmation mondiale de la démocratie libérale et de son indissoluble "compagnon de route" : le capitalisme de libre marché. Soumis à une critique marxienne, il est possible de discerner trois niveaux de lecture dans le livre de Fukuyama : celui qui concerne l'interprétation philosophique déformée de l'histoire dans les années 1990 ; celui qui relève plus proprement de la définition d'une idéologie du monde occidental ; et celui qui identifie involontairement un nouveau cycle historique.

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Du point de vue de la philosophie de l'histoire, le texte de Fukuyama est tout à fait discutable ; il s'agit de la célébration d'une séquence d'événements des années 1990 qui pourrait donner lieu à l'interprétation de la victoire américaine dans la guerre froide. Mais contrairement à la victoire d'Octave Auguste sur Marc-Antoine, la fin de la confrontation de plusieurs décennies entre les États-Unis et l'URSS n'a pas du tout été suivie de la "Pax Americana", mais plutôt d'une série brutale de règlements de comptes et de conflits de type "gangster". En d'autres termes, la victoire des démocraties libérales et de leur partenaire inséparable, le libéralisme sauvage, a immédiatement entraîné un désastre des deux côtés du rideau de fer. Sur le banc des accusés de la lèse-majesté contre la Maison Blanche se sont retrouvés, à des titres divers et avec des condamnations diverses : la République démocratique allemande, l'Italie, la Yougoslavie, l'Irak, et même à un titre la Grande-Bretagne avec la mort controversée de la princesse Diana Spencer, ex-épouse du Prince de Galles, qui a servi de viatique aux gouvernements plus que collaborationnistes de Tony Blair et de Gordon Brown. Contrairement à son analyse philosophique et historique risible, l'échafaudage idéologique fourni par Fukuyama aux classes dirigeantes américaines dans le besoin et européennes subordonnées est un échafaudage qui imprègne encore aujourd'hui la culture politique du monde occidental. En effet, jamais auparavant, dans la crise de l'empire américain, la "fin de l'histoire et le dernier homme" n'ont fourni un ciment idéologique à une bourgeoisie en déclin et donc de plus en plus despotique des deux côtés de l'océan Atlantique. Fukuyama écrit les tables de la loi : la démocratie libérale fondée sur les partis est la seule forme possible de représentation de la volonté du peuple ; le système capitaliste est la seule forme fiable d'organisation économique ; la préservation de certaines formes de droits est la raison suprême de faire de la politique. Pour le politologue, ces droits sont de trois sortes, citées dans le texte : les droits civils "l'exemption de contrôle (par l'Etat ndlr) du citoyen en ce qui concerne sa personne et sa propriété" ; les droits religieux "l'exemption de contrôle en ce qui concerne l'expression des opinions religieuses et la pratique du culte" ; et les droits politiques "l'exemption de contrôle dans les affaires qui n'affectent pas le bien-être de la communauté dans son ensemble de manière si évidente que le contrôle lui-même est nécessaire". Les droits économiques et sociaux, à savoir ceux du travail, d'une fiscalité équitable et d'une redistribution adéquate des revenus, qui devraient théoriquement être les pierres angulaires d'une politique sociale-démocrate au sein d'un système de démocratie libérale, sont absents de l'appel. Sur ce point, cependant, Fukuyama est clair et péremptoire : "Faire pression pour la reconnaissance de divers droits économiques de deuxième et troisième classe, tels que le droit au travail, au logement et aux soins de santé, a été une pratique courante dans tous les pays socialistes. Mais un tel élargissement de la liste pose un problème majeur, à savoir l'incompatibilité de la reconnaissance de ces droits avec celle du droit de propriété et du libre-échange". Ce passage fondamental est à la base du divorce définitif entre droits civils et droits sociaux, disjonction nécessaire pour élever les privilèges et les vices de la classe bourgeoise dirigeante au rang de droits civils, phénomène qui a trouvé son accomplissement à notre époque. Un autre concept de Fukuyama est aujourd'hui à la base du processus de mythification du système démocratique, qui ne devrait pas être substantiel mais seulement formel : "La démocratie, en revanche, est le droit universel à une part du pouvoir politique, c'est-à-dire le droit de tous les citoyens de voter et de participer à l'activité politique....". Pour déterminer quels pays sont démocratiques, nous nous en tenons à une définition strictement formelle de la démocratie. Un pays est démocratique s'il permet à ses citoyens de choisir le gouvernement qu'ils souhaitent par le biais d'élections périodiques, multipartites, à bulletin secret et basées sur le suffrage universel et égal. Le vote n'est plus le moyen d'exprimer la volonté du peuple pour faire prévaloir une ligne politique particulière, mais un acte pour lui-même puisque l'électeur est confronté au choix de partis dont les programmes sont sensiblement identiques. C'est la raison pour laquelle il est juste de dire que la démocratie libérale encourage l'abstention. Arrêtons-nous là pour ce qui concerne cet article. Il ne reste plus qu'à souligner que, à titre d'exemple et au-delà des distinctions purement folkloriques, ces principes idéologiques unissent en Italie les Néocons de Giorgia Meloni et les Radicaux Chic d'Elly Schlein qui, dans le théâtre de notre politique, sont envoyés sur scène avec les costumes de la droite néo ou post-fasciste et de la gauche sociale-démocrate ; la tromperie exécrable qui persiste alors que la transformation de l'Italie en un pays sud-américain du siècle dernier progresse rapidement, un changement promu par les États-Unis par l'intermédiaire de leur légat Mario Draghi.

Le troisième niveau de lecture de "La fin de l'histoire" est enfin l'objet de cet article. Fukuyama, conscient du fait que les nombreux nobles pères de la démocratie libérale et du libéralisme en économie ont été maintes fois démentis par la théorie et la pratique, rappelle continuellement les grands penseurs et révolutionnaires du camp adverse, en commençant par Hegel lui-même, et en continuant avec Marx, Lénine et le produit de l'action révolutionnaire de ce dernier : l'Union soviétique. Cette étrange nécessité de l'auteur nous incite à considérer le 25 décembre 1991, date de l'abaissement définitif du drapeau soviétique au Kremlin, comme une sorte d'année zéro d'une certaine vision de l'histoire récente, dans laquelle nous avons assisté à l'imposition d'une certaine idéologie, celle précisément contenue dans le livre de Fukuyama et qui règne aujourd'hui en maître dans le seul monde occidental. Cependant, n'étant qu'une idéologie, elle n'a pas pu endiguer les autres visions de l'histoire qui se sont affirmées, et il y a une raison précise pour laquelle des visions plurielles se sont déjà produites au tournant du siècle, puisque dans La fin de l'histoire et le dernier homme se cache un grand mensonge qui est enfin mis en lumière : les États-Unis n'ont jamais gagné la guerre froide.

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Première phase : l'illusion occidentale de la victoire

Le 20 mars 2023, date de la visite du président chinois Xi Jinping au président russe Vladimir Poutine à Moscou, s'ouvre la quatrième phase de l'histoire post-soviétique de notre planète. Si nous sommes entrés dans la quatrième phase, cela signifie qu'il y en a eu trois auparavant, et pour les expliquer de manière succincte mais aussi claire que possible, nous utiliserons l'intéressante division des événements en différentes phases utilisée par Fosco Giannini lors de ses réunions publiques : la première, au cours de laquelle les États-Unis semblaient affirmer leur hégémonie sur le monde entier et qui leur permettait de régler leurs comptes avec tous ceux qui ne s'étaient pas "bien comportés" au cours des décennies précédentes de la guerre froide ; la deuxième où il y a eu une réaction inattendue à la "non Pax americana" de la part d'un groupe de pays sud-américains, de la Russie du nouveau cours imprimé par Vladimir Poutine et de l'affirmation du socialisme aux caractéristiques chinoises ; la troisième où les États-Unis ont réagi durement à ces formes d'insubordination ; la quatrième, toute récente et proposée par l'auteur, marquée par la définition d'un éventuel "casus belli". Une dernière remarque : il est impossible de définir des frontières précises et uniformes pour les trois premières phases historiques ; si nous avons une date de départ, la transition vers les phases suivantes est marquée par des chevauchements temporels et des différenciations géopolitiques. Pour être plus clair : alors qu'en Amérique du Sud les expériences socialistes que nous verrons appartenir à la deuxième phase étaient en cours, aux États-Unis, en Europe et, par extension, en Chine, nous étions déjà entrés dans la troisième, celle de la réaction américaine. Les années 90 sont liées à la première phase, et même aujourd'hui, ce sont des années peu étudiées, enveloppées d'un halo mythique donné par l'empreinte idéologique prônée par un monde intellectuel et politique qui a évolué à l'unisson avec Francis Fukuyama. Si en Italie, par exemple, les États-Unis ont exigé la fin de l'économie mixte, et donc des partis qui la protégeaient, surtout la Démocratie chrétienne, même le Parti communiste italien n'a pas été gracié, son exécution capitale a simplement été confiée à des dirigeants et collaborateurs internes plutôt qu'au Parquet de Milan, comme ce fut le cas pour la DC et le PSI. Il s'agit de condamnations à mort de systèmes politiques et économiques qui ont été exécutées de différentes manières, tout d'abord dans les deux principaux "pays voyous" de l'époque de la guerre froide : l'Italie, coupable d'avoir créé un système économique subversif au sein du capitalisme, et la RDA, coupable d'avoir créé un système de socialisme réel potentiellement attrayant pour le monde occidental. Dans le cas allemand, toujours à titre d'exemple, on peut citer le célèbre assassinat du président de la Deutsche Bank, Alfred Herrhausen, le 4 décembre 1989, attribué à la Rote Armee Fraktion mais probablement inspiré par les services secrets de Bonn. L'intérêt du gouvernement allemand était d'éliminer le maître d'œuvre de la stratégie d'unification centrée sur le principe "un Etat - deux systèmes" en faveur de la ligne d'Helmuth Kohl de liquidation de la RDA et de son annexion à la République fédérale "manu militari". L'assassinat de Herrhausen a marqué un tournant fondamental dans l'histoire de l'Europe, car le modèle d'annexion adopté en Allemagne a été reproduit pour l'essentiel à l'égard de tous les autres pays de l'ancien bloc soviétique. Ce modèle d'annexion, qui prévoyait l'annulation totale de l'organisation productive et sociale des pays de l'Est et leur assimilation brutale et immédiate aux systèmes occidentaux, rendait toutefois l'ancienne organisation de la Communauté européenne obsolète et inadéquate, et c'est la raison qui a conduit les 12 gouvernements de l'ancienne CEE à adopter d'urgence le traité de Maastricht le 7 février 1992.

L'Europe occidentale voulait participer au banquet de la richesse industrielle des pays de l'Est, laissant aux États-Unis le repas principal : la Russie de Boris Eltsine. Grâce à cet accord tacite, l'Allemagne réunifiée a pu construire sa puissante organisation industrielle qui en fait aujourd'hui encore la locomotive de l'Europe. L'acquisition à prix cassés de complexes industriels de l'Est, comme dans le cas du tchèque Skoda qui a rejoint le groupe Volkswagen dès 1991 avec sa main-d'œuvre qualifiée, a permis aux Allemands de délocaliser la chaîne d'approvisionnement en produits semi-finis et en composants vers des pays performants mais à main-d'œuvre bon marché, en concentrant la production à haute valeur ajoutée en Allemagne où les coûts de main-d'œuvre étaient plus élevés. Ce schéma concernait également l'Italie du Nord, dont les petites et moyennes entreprises, ayant perdu à jamais leurs grands clients publics, devaient se tourner vers les conglomérats teutons naissants et, pour ce faire, comprimer le coût de leur main-d'oeuvre, un processus qui a commencé immédiatement avec la suppression de l'escalator, le 31 juillet 1992. Non contente de réaliser cette chaîne de valeur industrielle, Berlin a envisagé dès 1998 de se doter de voies d'importation directe de gaz naturel russe bon marché, afin d'approvisionner sa structure manufacturière en énergie abondante. Ce projet s'est concrétisé le 6 septembre 2011 avec la mise en service du Nord Stream 1, que la chancelière Angela Merkel a tenté de faire suivre du Nord Stream 2 afin de rendre l'industrie allemande encore plus performante. Mais le gouvernement allemand a changé entre-temps, tout comme les intérêts américains, et le sabotage des deux gazoducs par les Américains en septembre de l'année dernière a mis fin au système de création de valeur de l'"Europe centrale".

Les années 1990, en revanche, ont été des années fastes pour l'Allemagne unifiée et son système continental, qui n'était plus la CEE et pas encore l'Union européenne, à tel point qu'elle a mérité, malgré elle, le titre inconfortable de "perle" de l'empire américain. Petite parenthèse à ce sujet. Le terme "perle" d'un empire fait référence à un pays qui, pour diverses raisons, économiques surtout, mais aussi stratégiques et géopolitiques, représente le cœur battant de tout un système de domination, quelle qu'en soit l'extension. La perte de la "perle" détermine également la perte du statut d'"hégémon", c'est-à-dire d'un pays au centre d'un pouvoir politique, financier et économique diffusé à la fois directement dans les territoires dominés et indirectement vers les pays tiers. Prenons quelques exemples historiques : la perle de l'empire vénitien (de petite taille parce qu'il adhérait au modèle phénicien) était l'île de Crète, dont la perte en 1689 a déterminé la disparition définitive de la Sérénissime en tant qu'acteur majeur de la politique européenne. La perle de l'empire espagnol, et cela peut surprendre, n'a jamais été ses vastes domaines américains ou les Philippines, mais les Flandres, et leur perte à la paix d'Utrecht en 1713 a déterminé la fin du rôle hégémonique de l'Espagne en Europe et le passage définitif du témoin en faveur de la Grande-Bretagne. Les colonies britanniques d'Amérique du Nord n'ont jamais représenté la "perle" de l'Empire britannique et, en fait, leur perte en 1776 n'a provoqué aucune crise dans le rôle hégémonique croissant de Londres. La perle de l'Empire britannique était l'Inde et sa perte, le 15 août 1947, a conduit à la liquidation de tous les dominions britanniques et au transfert du rôle hégémonique aux États-Unis. Washington a également sa "perle", l'Allemagne : la défense de cette possession a déterminé la politique américaine d'après-guerre, à commencer par le choix du front à fermer après la défaite militaire fondamentale au Viêt Nam. Ce n'est pas un hasard si le secrétaire d'État américain de l'époque, Heinz Alfred Kissinger, dit Henry, né à Fürth en Bavière, n'avait aucun doute sur la nécessité de fermer le front chinois et de se concentrer sur l'Europe contre l'URSS jusqu'à la "victoire" de 1991 grâce à l'utilisation massive de l'arme du "dollar inconvertible". Or, cette victoire recèle un mystère qu'il convient d'explorer. Si les États-Unis ont vaincu l'URSS et ses alliés, si le dollar a conquis de nouveaux marchés pour les matières premières et les biens de consommation et a réussi à mettre la main sur les immenses actifs soviétiques par l'intermédiaire d'Eltsine et d'anciens fonctionnaires corrompus devenus oligarques, pourquoi les trois principaux indicateurs macro-économiques américains se sont-ils dégradés au cours de cette décennie de "succès" planétaire. La dette publique fédérale s'élevait en 1990 à 3233 milliards de dollars, en 1995 à 4973 milliards de dollars, pour atteindre 5556 milliards de dollars en 1999 ; la balance commerciale était négative en 1990 à hauteur de 77,58 milliards de dollars, en 1995 à hauteur de 89,76 milliards de dollars, et fin 1999 dans le rouge à hauteur de 259,55 milliards de dollars ; enfin, la balance des paiements était négative en 1990 à hauteur de 78,95 milliards de dollars, en 1995 à hauteur de 113,56 milliards de dollars, pour finalement atteindre en 1999 un déficit de 286,62 milliards de dollars. Dans les années 1990, la contradiction d'un pays officiellement vainqueur d'un conflit acharné avec l'autre superpuissance, mais qui se retrouve avec les résultats budgétaires d'un pays "presque vaincu", à l'instar de ce qui est arrivé à la Grande-Bretagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, est devenue évidente. Pourtant, les bénéfices de cette "victoire" se sont traduits par un doublement substantiel du PIB américain au cours de cette décennie : de 5963 milliards de dollars en 1990 à 9631 milliards de dollars en 1999. Comment expliquer cette contradiction ? Peut-être que les États-Unis n'ont pas gagné la guerre froide avec l'URSS, mais qu'une paix distincte a été obtenue entre les deux superpuissances, sans tenir compte des intérêts de leurs alliés mutuels. Pour des raisons différentes, Washington et Moscou avaient tous deux intérêt à clore ce chapitre excessivement coûteux de l'histoire européenne. Ainsi, alors que Fukuyama et toute l'intelligentsia et les politiciens occidentaux célébraient la victoire sur le socialisme réel, les États-Unis ont dû, au cours de cette décennie, esquisser les principaux scénarios stratégiques: en Europe, en permettant à l'Allemagne réunifiée de faire preuve d'un activisme politique plus que tolérable; en Asie, en permettant à Pékin d'entamer la longue marche qui la conduirait à devenir l'actuel atelier du monde; et, de manière surprenante, en Amérique latine, considérée comme son propre jardin privé.

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La deuxième phase : l'Amérique latine n'est plus l'arrière-cour de Washington

Sans parler de la tristement célèbre doctrine Monroe, pour laquelle les États-Unis s'étaient déjà définis comme protecteurs de l'ensemble du continent en 1823, il ne fait aucun doute qu'au cours du XIXe siècle, les États-Unis ont directement ou indirectement incité les anciennes puissances coloniales européennes, à savoir l'Espagne, la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, la France, à céder le contrôle des Amériques aux seuls États-Unis. Cependant, les États-Unis n'ont fait que remplacer les anciens maîtres européens dans la même relation d'exploitation en contrôlant des gouvernements locaux plus ou moins corrompus, despotiques et souvent criminels, mais surtout sans politique étrangère propre qui ne soit pas dictée par Washington. Au-delà de l'expérience de la révolution mexicaine de 1910, la véritable rupture historique avec ce système a sans doute été la révolution socialiste de Fidel Castro à Cuba en 1959. Mais les États-Unis de l'époque ont réussi à circonscrire cette "infection" par rapport au reste de l'Amérique latine jusqu'à l'expérience de Daniel Ortega au Nicaragua en 1985-1990, qui concernait pourtant un petit pays marginal. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, alors que l'impérialisme américain est théoriquement au maximum de sa puissance, on assiste au contraire à de nombreuses expériences "socialistes" en Amérique du Sud, initiées par Hugo Chavez au Venezuela de 1999 à 2013, suivies par celles de Lula da Silva au Brésil de 2003 à 2011 (il reviendra au pouvoir en 2023), d'Evo Morales en Bolivie de 2006 à 2019, et de Rafael Correa en Équateur de 2007 à 2017. Pendant une brève période, même un État traditionnellement nazi comme le Paraguay a connu une expérience "socialiste" avec la présidence de Fernando Lugo de 2008 à 2012, qui a été rapidement démis de ses fonctions. L'expérience de ces hommes politiques a profondément marqué l'histoire de l'Amérique du Sud, notamment parce qu'ils ont réussi à convaincre la caste militaire, réservoir traditionnel des putschistes soutenus par les États-Unis, qu'ils pouvaient jouer un rôle plus important que celui de simples "Carabineros de Gringos". Les "socialistes sud-américains" ont offert aux dirigeants militaires la possibilité d'assumer un rôle dans la nouvelle classe dirigeante consacrée à la poursuite des intérêts nationaux et capable d'élever ces pays à des rôles de plus en plus importants sur l'échiquier international. C'est la raison fondamentale pour laquelle un Chavez pourrait provenir de l'armée vénézuélienne et qu'aucun général brésilien n'a songé à renverser Lula da Silva. En d'autres termes, les dirigeants socialistes de ces pays ont réussi à rompre l'association séculaire entre les hautes hiérarchies des forces armées et la grande bourgeoisie locale, représentante et courroie de transmission des intérêts de Washington, en faisant passer les premières de leur côté. Il ne faut cependant pas négliger la perte de contrôle des États-Unis sur l'Amérique latine au tournant du siècle ; les États-Unis des années 1970 auraient immédiatement mis un Augusto Pinochet au Venezuela, au Brésil, en Bolivie et en Équateur. Un autre signe du déclin de la puissance américaine dans les années 1990, masqué par la grandeur de la victoire sur le socialisme réel, réside dans la manière dont l'Afrique du Sud est sortie du régime de l'Apartheid, un système social similaire à celui en vigueur dans les Etats du sud de l'Union dans les années 1960 et 1970, et toujours en vigueur, de manière beaucoup plus répressive et sanglante, en Israël. Dès 1994, dans l'ombre de Nelson Mandela, le Parti communiste d'Afrique du Sud a immédiatement rejoint l'Alliance tripartite avec le Congrès national sud-africain et le Congrès des syndicats, restant fermement dans la majorité et participant aux gouvernements de Pretoria. Le rôle des communistes a ensuite été décisif dans le choix de l'Afrique du Sud de rejoindre une association particulière d'États, née comme une alternative au G7 occidental, appelée BRICS, acronyme pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Ces pays ont commencé à se fréquenter plus assidûment et dans un esprit de coopération marquée à partir de septembre 2006 à New York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Par la suite, les ministres des affaires étrangères des pays du BRIC, à partir de leur rencontre en mai 2008 en Russie, se sont réunis périodiquement à l'Assemblée générale des Nations unies. C'est là qu'en septembre 2010, il a été convenu d'inviter l'Afrique du Sud à participer aux réunions des BRIC, ce qui a entraîné le changement de l'acronyme en BRICS. La première position commune pertinente dans l'arène internationale a été l'abstention significative au Conseil de sécurité sur la Libye en mars 2011, tandis que la première réunion au niveau des chefs d'État et de gouvernement a eu lieu à Toyako (Japon) le 9 juillet 2008, lors d'une réunion du G8. Ce type de relations internationales spéciales échappant au contrôle des États-Unis a constitué un nouvel avertissement pour Washington quant à la nécessité de se débarrasser de la ternissure que nous avons décrite et de passer à une contre-offensive forte et décisive sur tous les fronts mondiaux.

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La troisième phase : la contre-offensive américaine et l'endettement sans fin

Comme nous l'avons dit dans l'introduction, la scansion des trois phases n'est pas homogène, et si dans le reste du monde la phase deux a duré jusqu'à la fin des années 2010, en Europe la phase trois a commencé dès le début des années 2000, comme théâtre principal de la contre-offensive américaine à la fois pour reprendre le contrôle de la "perle" de son empire, l'Allemagne, et parce qu'elle était mécontente du nouveau cours pris par la Russie de Vladimir Poutine, qui est devenu président le 7 mai 2000. Il faut reconnaître que l'opération menée par les États-Unis en Europe a été magistrale, reposant sur un mécanisme qui a permis à Washington d'atteindre trois résultats stratégiques en une seule manœuvre : ramener l'activisme politique excessif de l'Allemagne dans des limites acceptables ; substituer sa propre influence politique à celle des pays d'Europe occidentale face aux régimes formellement démocratiques et essentiellement fascistes et anti-russes d'Europe de l'Est ; et avancer les frontières de l'OTAN de manière menaçante jusqu'à la frontière russe. Dans les années 1990, les seigneurs de Bruxelles avaient renoncé à la bannière étoilée. Dès cette décennie, l'élargissement de l'Union européenne vers la Russie par la voie baltique avait commencé (adhésion de la Suède et de la Finlande en 1995). Mais c'est à partir de 2004 que les États-Unis ont articulé un mécanisme prévoyant l'entrée des anciens pays du bloc de l'Est dans l'OTAN, avec la promesse d'être tenus par les riches nations occidentales, la France et l'Allemagne en premier lieu. À cet égard, les dates sont éclairantes pour la stratégie américaine : la Pologne et la République tchèque ont rejoint l'OTAN en 1999 et l'UE en 2004 ; les républiques baltes, la Hongrie, la Slovaquie et la Slovénie ont rejoint l'OTAN et l'UE la même année, également en 2004 ; la Bulgarie et la Roumanie ont rejoint l'OTAN en 2004 et l'UE en 2007. Mission accomplie : la Communauté européenne telle qu'on la connaissait jusqu'à la fin du siècle dernier n'existait plus, à sa place était née l'Union européenne, une pléthore de pays désunis sur presque tout, avec peu d'estime mutuelle et encore moins de compréhension, mais unis par leur soumission consciencieuse à la puissance impériale américaine et contraints de s'enfermer dans la camisole de force de l'OTAN. La contre-offensive en Europe a été un succès et, une fois de plus, les indicateurs macroéconomiques américains n'en ont tiré aucun bénéfice. Au cours des sept premières années du nouveau siècle, la dette publique américaine est passée de 5674 milliards de dollars en 2000 à 9007 milliards de dollars en 2007; une dette qui a presque doublé en l'espace de sept ans. 2008 est l'année décisive, Washington saisit la crise des Subprimes déclenchée par la faillite de la banque Lehmann Brothers pour retourner contre la Chine les terribles conséquences de la violente contraction des marchés mondiaux qui a suivi le krach financier. Les stratèges de Washington comptent sur la forte interdépendance entre les exportations chinoises vers les États-Unis, la création d'une dette supplémentaire par le Trésor pour les payer et le maintien du rôle de la Chine en tant que principal souscripteur d'obligations américaines. Pour Washington, Pékin n'aurait pas été en mesure de gérer l'effondrement des commandes américaines et la crise industrielle, économique et donc financière qui en aurait résulté, à l'instar de ce qui se passait en Europe. La Chine, en revanche, a montré qu'elle était capable de surmonter la crise en se tournant vers le développement de son propre marché intérieur, en investissant environ 600 milliards de dollars dans des travaux et des infrastructures domestiques. Le système de planification économique, élément distinctif du socialisme, a donné à la Chine les outils nécessaires et utiles pour repousser l'attaque à l'expéditeur, en causant des dommages irréparables aux États-Unis: une production démesurée et incontrôlée de dollars pour soutenir d'abord l'attaque contre Pékin et ensuite les conséquences de sa faillite. Les chiffres de la croissance de la dette fédérale dans les années qui ont suivi la crise des subprimes sont impressionnants : 10.024 milliards de dollars en 2008, 13.561 milliards de dollars en 2010, 18.150 milliards de dollars en 2015, 22.719 milliards de dollars en 2019 à la veille de la pandémie de Covid-19. Les chiffres de l'augmentation de la dette américaine au cours des trois dernières années sont encore plus retentissants : de fin 2019 à fin 2022, c'est-à-dire pendant les deux années de la pandémie et l'année du conflit en Ukraine, les États-Unis ont contracté de nouvelles dettes à hauteur de 8.209 milliards de dollars, ce qui porte la dette fédérale à 30.928 milliards de dollars. Pour utiliser un terme élégant, les États-Unis sont manifestement en situation de défaut de paiement, mais si l'on regarde la réalité en face, les données suggèrent une définition beaucoup plus prosaïque mais adéquate: la faillite et la fraude. Pourquoi la faillite? Parce que pas un seul dollar de la dette actuelle de 31.703 milliards ne sera jamais remboursé ; pourquoi frauduleux? Parce que, pour être sûr que le sujet ne sera même pas soulevé par un créancier international, les trois dernières années ont été caractérisées par des crises continues et terribles: deux années de Covid-19 dans le monde entier et une année de guerre par procuration en Ukraine, des crises qui ne cesseront pas tant que le monde n'aura pas résolu sa relation avec le dollar.

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La quatrième phase : la procession vers la Cité interdite

Selon Fukuyama, l'histoire est linéaire mais pas éternelle ; elle s'est achevée avec la chute du mur de Berlin. Nous savons que ce n'est pas du tout vrai, mais il est vrai qu'il y a des dates marquantes qui changent le cours des événements historiques. L'une de ces dates vient de se produire: le 20 mars 2023, date du début de la visite d'État du président Xi Jinping à Moscou, au cours de laquelle l'amitié et l'alliance substantielle entre la Russie et la Chine ont été annoncées au monde. Pour les classes dirigeantes occidentales, la cloche d'Ernest Hemingway a commencé à sonner et, prises de panique, elles cherchent à savoir à qui appartient la cloche qui sonne en premier. La grande frayeur dans les rangs des vassaux européens des États-Unis est attestée par la procession immédiate de ces derniers à Pékin dans l'espoir d'obtenir la sympathie et le pardon pour leurs méfaits atlantistes de la part du président chinois Xi Jinping, devenu à leurs yeux effrayés et déconcertés "l'empereur céleste". Il n'est pas du tout anodin que le premier à frapper à la porte de la Cité interdite ait été le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, le 30 mars, sans même laisser le temps à Xi, affolé, de défaire ses valises alors qu'il revenait de Moscou. L'évaluation par la presse espagnole du voyage de M. Sanchez à Pékin est éclairante, car elle révèle peut-être inconsciemment la vénération naturelle qu'un dirigeant d'un petit pays européen éprouve pour le souverain céleste: pour le journal El País, "le périple de Sánchez", qui passera par le Forum asiatique de Boao dans l'île de Hainan avant d'atterrir à Pékin, "doit être interprété en termes espagnols comme le déficit commercial chronique et croissant face au premier exportateur mondial, le faible poids du commerce espagnol à valeur ajoutée, l'accès au marché chinois ou la réouverture du tourisme....". Du point de vue chinois, en revanche, ... l'Espagne "est un pays sympathique, relativement important au sein de l'Union européenne, mais pas trop impliqué dans des questions telles que les droits de l'homme. Pour cette raison, ils nous reçoivent par la grande porte", comme l'a rapporté Ants le 30 mars 2023. El Pais pèche par excès de modestie, ne confondant pas l'Espagne avec l'Italie, le vrai pays occidental qui ne compte plus. Le premier ministre espagnol, lui, revient du 28ème sommet des Amériques qui s'est tenu à Saint-Domingue le 24 mars 2023, en présence des chefs d'État et de gouvernement des 22 pays de langue et de culture ibériques, dont le roi Philippe VI d'Espagne.

L'absence des présidents brésilien Lula da Silva et mexicain Obrador a montré que la politique atlantiste, même si elle n'est pas aussi vulgaire et grossière que celle de Rome, n'est pas favorable à Madrid dans ses relations avec l'Amérique latine. A travers les pays latino-américains, l'Espagne a immédiatement saisi le changement de climat dans la politique internationale dû au sommet de Moscou qui se tenait les mêmes jours. Immédiatement après la visite de Sanchez, le président français Emmanuel Macron a frappé à la porte de la Cité interdite, lui aussi en quête de compréhension et de bénédiction de la part du "céleste" Xi, à la fois pour être un dirigeant à la recherche constante d'un "centre de gravité permanent", comme l'aurait dit Franco Battiato, ayant changé d'avis et de position sur la guerre en Ukraine à plusieurs reprises, et pour être mal-aimé dans son pays, pour ne pas dire plus, à la suite du coup d'État contre le Parlement lors de l'approbation récente de la réforme des retraites. Manifestement foudroyé sur le chemin de Pékin, Macron de retour de Chine déclare : "Les Européens ne doivent pas être les vassaux des Etats-Unis, nous devons éviter de nous impliquer dans les crises des autres" ....

L'Europe doit réduire sa dépendance vis-à-vis des Etats-Unis et éviter d'être entraînée dans un conflit entre la Chine et les Etats-Unis sur Taiwan: le président français Emmanuel Macron, dans une interview accordée à politico.eu et à deux journalistes transalpins dans l'avion qui le ramenait d'une visite d'État de trois jours en Chine, a souligné sa théorie de l'"autonomie stratégique" pour l'Europe, vraisemblablement dirigée par la France, afin de devenir une "troisième superpuissance". "Si les tensions entre les deux superpuissances s'exacerbent, nous n'aurons ni le temps ni les moyens de financer notre autonomie stratégique et nous deviendrons des vassaux", tels sont les mots du président français, nous apprend le Fatto Quotidiano du 10 avril ; on attend le prochain changement de sa position. Mais même les atlantistes purs et durs se sont rendus au palais du "céleste" Xi, ne serait-ce que pour réaffirmer leur loyauté absolue et aveugle à Washington. C'est ce qu'a fait la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui était en compagnie de Macron sans que personne ne le remarque, comme le rapporte Italia Oggi le 12 avril 2023 : "Une UE que Macron aime : Ursula humiliée à Pékin par le protocole, contredite par Xi Jinping et contrainte de rentrer en avion de ligne... Alors que Macron, à son arrivée, a été accueilli avec tous les honneurs par Xi Jinping lui-même, Ursula a été reçue par le ministre de l'Environnement de Pékin, qui n'est pas son pair". De plus, alors que Macron a rencontré plusieurs fois Xi Jinping, allant même jusqu'à avoir une conversation de quatre heures en tête-à-tête avec lui, en présence des seuls interprètes, Ursula von der Leyen n'a participé qu'à l'entretien à trois, adoptant une position sur Taïwan à laquelle Xi s'est opposé et que Macron n'a pas entièrement partagée. Le fossé entre les deux représentants européens est devenu flagrant lors du voyage de retour: Ursula a pris un vol régulier, tandis que Macron a voyagé à bord du Cotam Unité, l'Air Force One français, où il a donné une interview à trois journalistes sur la nécessité d'une autonomie stratégique de l'UE dans un contexte anti-américain, ce qui a évidemment été très bien accueilli par la Chine". D'autre part, entendre von der Leyen répéter comme un perroquet la position du dominus américain sur Taïwan était évidemment irritant pour Xi Jinping et embarrassant pour le versatile Macron. Lorsque l'on évoque le fanatisme idéologique qui imprègne La fin de l'histoire et le dernier homme, qui caractérise aujourd'hui les bourgeoisies occidentales de plus en plus effrayées, enragées et despotiques, on se réfère également à la visite ultérieure de la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, le 14 avril. Si l'importance politique de la visite de Mme Baerbock n'a pas été mentionnée, il convient de souligner son extrémisme inquiétant, tel qu'il a été rapporté par les médias suivants, tous en date du 14 avril; entre autres: "Dites à la Russie d'arrêter la guerre.... C'est une bonne chose que la Chine ait exprimé son engagement en faveur d'une solution, mais je dois dire franchement que je me demande pourquoi la position chinoise n'inclut pas jusqu'à présent un appel à la Russie, l'agresseur, pour qu'elle mette fin à la guerre" (Euronews); ou "Baerbock à Pékin évoque le "scénario d'horreur" si la Chine attaque Taiwan" (Le Formiche); enfin "J'ai expliqué à mon homologue, lors de nos discussions bilatérales, que nous sommes préoccupés de voir que les espaces de liberté de la société civile en Chine continuent de se rétrécir et que les droits de l'homme sont en train de diminuer" (Il Sole 24 Ore). Bref, un chapelet d'insultes, d'injonctions et de remarques désagréables, au point d'obliger le ministre chinois des affaires étrangères, compatissant, à réprimander son collègue: "Ce dont nous n'avons absolument pas besoin, ce sont les petits maîtres de l'Occident" (La Repubblica). En guise de coda au spectacle du leader des Verts allemands, il convient de noter que la dangereuse soudure entre Neocon et Radical Chic, dont Baerbock est un illustre représentant, sur les principes dictés par Francis Fukuyama est également en cours en Allemagne.

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La quatrième phase : la fuite du dollar et le problème du "casus belli"

Le journaliste Pepe Escobar, dans l'Anti Diplomatico du 13 avril, nous parle du dernier livre publié par l'économiste américain Michael Hudson, The Collapse of Antiquity, dans lequel il analyse le rôle de la dette dans le déclin des grandes civilisations grecques et romaines de l'Antiquité. Manifestement inspiré par son nouveau livre, Hudson explique de manière succincte mais significative la situation actuelle de la politique internationale : "L'Amérique a effectué une révolution de couleur au sommet, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre et en France, essentiellement, où la politique étrangère de l'Europe ne représente pas leurs intérêts économiques (...) L'Amérique a simplement dit : "Nous sommes déterminés à soutenir une guerre d'agression : - Nous sommes déterminés à soutenir une guerre de (ce qu'ils appellent) la démocratie (par laquelle ils entendent l'oligarchie, y compris le nazisme de l'Ukraine) contre l'autocratie (...) L'autocratie est tout pays suffisamment fort pour empêcher l'émergence d'une oligarchie de créanciers, comme la Chine a empêché l'oligarchie de créanciers". Hudson soulève la question du rôle de la dette comme cause, indépendamment de la volonté des classes dirigeantes américaines et européennes, du retrait inévitable du dollar de son rôle de monnaie de réserve mondiale. Mais ce n'est pas seulement la question de la dette hors de contrôle qui sape le rôle du billet vert; au moins deux autres facteurs liés au conflit en Ukraine ont contribué à cet affaiblissement. Dans son article intitulé "Explication des sanctions de l'UE contre la Russie", le site web du Conseil européen explique avec une certaine prosopopée que "l'Union européenne a interdit toutes les transactions avec la Banque centrale nationale russe liées à la gestion de ses réserves et de ses actifs". Suite au gel des avoirs de la Banque centrale, celle-ci ne peut plus accéder aux avoirs détenus par les banques centrales et les institutions privées de l'UE. En décembre 2022, l'UE a ajouté la Banque russe de développement régional à la liste des entités détenues ou contrôlées par l'État russe qui font l'objet d'une interdiction totale de transactions. En février 2022, les réserves internationales de la Russie s'élevaient à 643 milliards de dollars (579 milliards d'euros)... En raison de l'interdiction des transactions en provenance de l'UE et d'autres pays, on estime que plus de la moitié des réserves de la Russie sont gelées. L'interdiction a également été imposée par d'autres pays (tels que les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni) qui détiennent également une partie des réserves de change de la Russie". Le Conseil européen nous informe, comme s'il s'agissait d'une évidence, que l'UE a saisi à elle seule quelque 320 milliards de dollars de biens de la Banque centrale russe, et qu'elle l'a fait pour se conformer à des normes de justice qu'elle s'est elle-même imposées, également inspirées par La fin de l'histoire. L'UE n'a toutefois pas tenu compte du fait que cette décision a également été évaluée avec soin, et certainement pas de manière positive, par d'autres acteurs financiers majeurs tels que la Chine et les États du golfe Persique. Si les démocraties libérales décident, du jour au lendemain, que Pékin ou Riyad ou même Téhéran ont dépassé une certaine limite décrétée motu proprio et sans aucune contradiction en termes de respect des droits de l'homme ou des droits civils (mais Israël n'est jamais remis en question), il est alors possible d'appliquer des sanctions en gelant et même en confisquant les dépôts et les investissements des institutions financières publiques et privées de ces pays dans le système bancaire occidental. Dans le cas russe en question, il s'agissait donc pour les pays occidentaux de geler en raison des sanctions liées au conflit ukrainien; pour les propriétaires légitimes des capitaux, il s'agissait simplement de donner à l'opération son nom exact: le vol de plus de 320 milliards de dollars. Les dépôts de capitaux importants et les investissements étant basés sur la confiance, il est difficile de croire que le "spectacle" offert par l'UE et les banques européennes ait été ignoré par les grands investisseurs susmentionnés, et pas seulement eux; il est également difficile de croire que nombre d'entre eux n'aient pas pris la peine de commencer à réclamer leur argent avant qu'un quelconque Baerbock ne décide que Pékin est le nouvel empire du mal et qu'il est juste de voler, pardon de geler, leurs fonds déposés en Allemagne, dans l'Union européenne ou en Suisse. Résultat de la stratégie de Bruxelles ? La Stampa du 9 février 2023 titrera: "Credit Suisse, perte de plus de 7 milliards en 2022", ou "Ubs achète Credit Suisse: 3 milliards de renflouement. Des obligations pour 16 milliards anéanties. Accord conclu pour le sauvetage: sur la table également 100 milliards de liquidités extraordinaires et des garanties gouvernementales sur les poursuites et les pertes en capital", Il Sole 24 Ore du 19 mars 2023; ou encore : "Crise bancaire, même la Deutsche Bank tremble. L'effet domino va-t-il s'abattre sur les marchés ?", Valeurs du 24 mars. Nous nous limitons au système bancaire européen, regardons maintenant à l'étranger. Il Sussidiario.net du 17 avril titre "L'hégémonie mondiale du dollar en danger". Yellen: "La faute aux sanctions imposées". La domination mondiale du dollar pourrait être menacée, comme l'a fait savoir hier Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain. La faute en incombe aux nombreuses sanctions imposées par l'Occident à la Russie au cours de l'année écoulée, depuis le début du conflit, ainsi qu'à d'autres pays tels que la Chine, la Corée du Nord et l'Iran. Au micro de la chaîne américaine CNN, Yellen a avoué: "Il y a un risque, lorsque nous utilisons des sanctions financières liées au rôle du dollar, qu'avec le temps elles puissent saper l'hégémonie du dollar... Bien sûr, cela crée un désir de la part de la Chine, de la Russie, de l'Iran de trouver une alternative". Résultat de la stratégie de Washington? "Xi-Poutine, après la rencontre de Moscou, l'hypothèse de la monnaie yuan pour l'Afrique prend forme" (Milano Finanza du 22 mars); ou encore : "Lula s'envole vers Xi Jinping : le projet de remplacer le dollar par la monnaie chinoise. Le leader de Pékin accueille cordialement le président brésilien: les accords commerciaux et la crise en Ukraine sont à l'ordre du jour. Mais aussi le projet de sortir de la "dépendance" au dollar avec la Novo Banco de Desenvolvimento, la banque des Brics, dirigée par Dilma Rousseff". Enfin, plus sensationnel encore: "L'Arabie saoudite et la Chine étudient comment utiliser le yuan dans les ventes de pétrole. Cette nouvelle aurait des conséquences majeures pour le monde pétrolier, qui a toujours utilisé la devise américaine comme monnaie officielle. Il s'agirait de l'alliance du plus grand importateur de pétrole, la Chine, avec le plus grand exportateur, l'Arabie saoudite, avec pour conséquence le passage du pétrodollar au pétroyuan". Il n'a pas du tout cité les gros titres, mais c'est le véritable "casus belli" que les États-Unis ont contre la Russie, la Chine, le Brésil et l'Arabie saoudite. Un processus s'est enclenché par lequel le dollar, pur papier accepté uniquement parce qu'il est sponsorisé par l'armée américaine, est progressivement rejeté au profit d'autres monnaies. La stratégie américaine en 2022, qui se poursuit encore aujourd'hui, était de décharger ses tensions inflationnistes sur la zone euro sous prétexte de sanctions contre la Russie, mais l'an dernier, les intentions de ces grands acteurs internationaux de ne plus utiliser le dollar n'étaient pas encore aussi explicites. Cette année, elles le sont devenues et peuvent conduire à cette explosion inflationniste du billet vert, potentiellement bien plus dévastatrice que la crise du Papier Mark de 1923. Les Etats-Unis se trouvent donc à un carrefour fatal: accepter le risque que tôt ou tard, et tout d'un coup, le dollar se dissolve dans une crise inflationniste, entraînant l'économie et la société américaines dans l'abîme; ou finalement atteindre l'objectif de déclencher un conflit étendu et significatif, peut-être une troisième guerre mondiale, sans en payer l'addition mais seulement en récolter les bénéfices, comme cela s'est produit dans les deux conflits du 20ème siècle. La première option présente un terrible danger, la seconde est un vœu pieux et la Maison Blanche est réellement confrontée à ce dilemme. Cependant, il est possible de discerner la stratégie que le cabinet Biden souhaite adopter dans les mois à venir, et la poursuite de la guerre en Ukraine y jouera un rôle important. Les Ukrainiens à enrôler et à envoyer à l'abattoir commencent à manquer: Avvenire du 25 mars, qui n'est pas tendre avec les Russes, doit admettre: "Même Kiev doit compter avec les militaires qui, à partir de l'automne, risquent de commencer à manquer. Pour y remédier, des garçons de 17 ans sont déjà recrutés, appelés dans des camps d'entraînement en vue d'être déployés sur le champ de bataille après leur majorité. Pour de nombreuses familles, c'est une véritable tragédie. Et à Odessa, comme dans d'autres villes, la police militaire a souvent été vue en action pour convaincre, par la ruse, ceux qui ne veulent pas aller au combat et en revenir handicapés ou dans un cercueil. Sur certains marchés, jusqu'au mois dernier, on vendait des plâtres de jambe pour prétendre être temporairement inapte à l'entraînement et éviter l'enrôlement". Sur la table du bureau ovale, on discute probablement d'une nouvelle stratégie selon laquelle les forces armées européennes seraient déployées, mais pas au sein de l'OTAN, afin de ne pas impliquer les États-Unis, par le biais d'accords bilatéraux, par exemple, entre Kiev et des capitales individuelles telles que Varsovie, Sofia, Bucarest. Ces pays enverraient des soldats réguliers déguisés en milices volontaires, ce qui exempterait l'OTAN de toute implication, du moins dans un premier temps. Toutefois, il n'est pas exclu que quelques pays d'Europe de l'Ouest viennent grossir le conflit tout en maintenant le délicat accord de non-implication de l'Alliance atlantique. Il faudrait cependant choisir un pays qui se prête à d'énormes risques pour la sécurité nationale. En l'état actuel des connaissances, il existe deux suspects, dont les gouvernements sont absolument soumis aux souhaits de la Maison Blanche et qui ont déjà tenté de faire la guerre à la Russie pendant la Seconde Guerre mondiale. Personnellement, je doute qu'après le choc de deux défaites militaires au 20ème siècle, les Allemands soient prêts à se sacrifier pour les États-Unis, mais le gouvernement d'Olaf Scholz serait tout à fait disposé à le faire avec enthousiasme. En revanche, j'ai moins de doutes quant à l'implication du pays le plus influencé politiquement par Washington, à parts égales entre le chef du gouvernement et celui de l'opposition, et le fait qu'il s'agisse de femmes n'a aucune importance. Il s'agit du pays dont l'état de décadence l'expose à toute aventure de la part de tiers, un pays dont la Constitution a été suspendue de facto, et toujours ignorée : l'Italie. Fantaisie politique ? Espérons-le. Pour les États-Unis, en revanche, la question est sur la table : le casus belli est déjà là, la nécessité d'une guerre prolongée, y compris nucléaire. Le problème est de savoir comment mettre en œuvre cette stratégie en limitant le plus possible leur implication, et c'est à mon avis le thème fondamental de cette année, car le temps joue contre les Américains, la fuite du dollar a déjà commencé, et la conséquence inévitable est la dissolution du dollar à cause de l'hyperinflation.

dimanche, 14 mai 2023

G7 et G20

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G7 et G20

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/article/g7-i-g20

Deux clubs de l'économie mondiale

Le sommet du G7 se tiendra à Hiroshima, au Japon, du 19 au 21 mai 2023. Il est déjà clair qu'il se déroulera dans une atmosphère placée entièrement sous le signe de l'exceptionnalisme occidental, comme en témoignent les résultats de la dernière réunion ministérielle dans la ville de Karuizawa, où de hauts diplomates du G7 ont exprimé leur position sur un certain nombre de questions. Il s'agit notamment de désapprouver les positions prises par un certain nombre de pays, ainsi que d'affirmer des déclarations visiblement infondées faites dans l'espoir de marquer des points auprès des représentants d'autres pays, alors que la confiance dans l'Occident collectif décline rapidement.

Tout cela s'est reflété dans un long communiqué de vingt pages des ministres des affaires étrangères des pays du G7 (+ représentant de l'UE) publié le 18 avril.

Il convient de noter que les ministres des affaires étrangères du Canada, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des États-Unis, ainsi que le haut représentant de l'Union européenne, se sont engagés "à maintenir et à renforcer un ordre international libre et ouvert, fondé sur l'État de droit" - un système qui a vu le jour après la Seconde Guerre mondiale, qui a été considérablement consolidé après l'effondrement de l'URSS et qui est largement dominé par les États-Unis. Jusqu'à récemment, il est resté pratiquement incontesté, mais le tournant vers la multipolarité érode ses fondements petit à petit. Dans une tentative paniquée de maintenir son hégémonie, Washington trouve un nouveau moyen et une nouvelle raison de justifier ce modèle unipolaire et parasitaire, et ses satellites sont contraints d'y contribuer, même si cela ne leur profite pas.

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S'adressant à la presse, le ministre japonais des affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi (photo), a déclaré sans ambages que l'un des engagements du G7 était de "s'opposer fermement aux tentatives unilatérales de modifier le statu quo où que ce soit dans le monde", ce qui est bien sûr l'objectif recherché par la Chine et la Russie, qui s'efforcent, elles, de créer un espace économique unique dans le cadre d'un ordre mondial multipolaire.

En ce qui concerne les différents problèmes et menaces, les politiciens occidentaux placent la Russie en tête de liste, tout en notant même "l'utilisation de ressources alimentaires et énergétiques comme armes". Bien que ce soit l'Occident qui ait imposé des sanctions, fait sauter le gazoduc Nord Stream et imposé un certain nombre d'interdictions sur divers produits en provenance de Russie, il est donc bien clair que c'est l'Occident qui est à l'origine de toutes ces mesures. Il est clair que c'est l'Occident, avec à sa tête les États-Unis, qui utilise comme arme tous les domaines à sa disposition, y compris le droit humanitaire. Et avec l'aide de ses médias, il tente de mener une propagande agressive, dont une grande partie des informations relève de la désinformation grossière.

La deuxième place, dans le rapport, mentionne la région indo-pacifique et les activités de l'ANASE, mais assez brièvement.

Ensuite, on passe directement à la Chine, qui, comme la Russie, est tenue pour responsable de la destruction de l'Union européenne !

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Le G7 est préoccupé par l'escalade et les tensions autour de Taïwan, mais aussi par d'autres questions. Cependant, certaines dispositions sont exprimées sur un ton impératif: "s'abstenir de menaces, de coercition, d'intimidation ou de recours à la force. Nous restons gravement préoccupés par la situation dans les mers de Chine orientale et méridionale [...] Les revendications maritimes expansives de la Chine dans la mer de Chine méridionale ne reposent sur aucune base juridique et nous nous opposons aux activités militaristes de la Chine dans la région".

La Chine, dans la liste, est suivie par la Corée du Nord, avec une référence non seulement aux armes nucléaires et aux programmes de missiles balistiques (auxquels, en tant que puissance souveraine, la Corée du Nord a tout à fait droit), mais aussi à une sorte de "crise humanitaire" dans le pays et à des "violations systématiques des droits de l'homme". Ce passage s'apparente clairement à une ingérence dans les affaires intérieures du pays.

Les dirigeants du Myanmar, de l'Afghanistan et de l'Iran sont ensuite condamnés avec la même ferveur. L'Iran est également crédité d'"activités déstabilisatrices, y compris le transfert de missiles, de drones et de technologies connexes à des acteurs étatiques et non étatiques et à des groupes considérés comme proxies". Le soutien de l'Iran à la Russie est également condamné et, bien sûr, la situation à l'intérieur du pays.

Un bloc important de textes est consacré au désarmement, que le G7 est censé soutenir. Alors pourquoi élargir l'OTAN et fournir des armes au régime de Kiev et à Taïwan ?

L'affirmation selon laquelle il faut suivre les règles de l'ONU, y compris les décisions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité, est également assez hypocrite. Le G7 a manifestement la mémoire courte: l'invasion de l'Irak en 2003 par les États-Unis avec le soutien de la Grande-Bretagne a été menée sans le consentement de l'ONU. Il en a été de même pour le bombardement et l'occupation de l'Afghanistan, que les États-Unis et leurs complices ont piteusement quitté vingt ans plus tard.

Fait révélateur, la Chine a immédiatement réagi à ce communiqué. Lors de sa conférence de presse habituelle, le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Wenbin, a déclaré que le G7 "s'est grossièrement ingéré dans les affaires intérieures de la Chine et a malicieusement vilipendé et discrédité la Chine". Le communiqué lui-même reflète "l'arrogance, les préjugés et la volonté délibérée du groupe de bloquer et de contenir la Chine. Nous le regrettons et le rejetons, et nous avons fait une démarche ferme auprès du pays hôte, le Japon".

Le ministre a indiqué que le G7 tentait de manipuler les récits pour tromper le public. Il ne peut en aucun cas parler au nom de la communauté internationale.

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Wang Wenbin (photo) a également souligné les contradictions apparentes dans le document du G7 et en a donné une description juste : "Le G7 se met dans la peau d'un juge et fait des commentaires absurdes sur les politiques de sécurité stratégique et de contrôle des armements des autres pays, sapant constamment le système international de désarmement nucléaire et de non-prolifération. Comment un tel comportement peut-il gagner la confiance de la communauté internationale ? Les États-Unis disposent de l'arsenal nucléaire le plus important et le plus avancé au monde. Ils se sont retirés des traités et des organisations de contrôle des armements, adhèrent à une politique de dissuasion nucléaire de premier recours, continuent de moderniser leur triade nucléaire, renforcent et tentent de reproduire les accords de partage nucléaire et font progresser le déploiement avancé des forces stratégiques. Les États-Unis sont devenus l'élément le plus destructeur et la plus grande source de risque pour la paix et la sécurité internationales. En outre, les États-Unis et le Royaume-Uni transfèrent ouvertement des réacteurs de sous-marins nucléaires et de l'uranium hautement enrichi, de qualité militaire, à l'Australie, ce qui pose de sérieux risques de prolifération et contredit l'objet et le but du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP)".

Et il a ajouté: "Je voudrais souligner que le Japon, qui assure la présidence tournante du G7, a adopté une position politique très hypocrite en matière de contrôle des armements. Le Japon s'est longtemps présenté comme une victime des explosions nucléaires et un défenseur d'un monde sans armes nucléaires. Mais en réalité, le Japon est confortablement installé sous le parapluie nucléaire des États-Unis, et il décourage les États-Unis d'utiliser des armes nucléaires en premier, en s'y opposant. Or, désormais, certains hommes politiques japonais évoquent même la possibilité de partager des armes nucléaires avec les États-Unis. En outre, le gouvernement japonais a ignoré les intérêts du public international en insistant sur le déversement dans l'océan de l'eau contaminée par le nucléaire provenant de la centrale nucléaire de Fukushima. Cette décision a entraîné un risque imprévisible de contamination nucléaire pour les populations du monde entier.

Une fois de plus, nous appelons le G7 à cesser de vilipender les autres pays et à cesser de fomenter l'antagonisme et la confrontation. Les pays du G7 doivent réfléchir à leurs propres politiques stratégiques de sécurité, mettre en œuvre de bonne foi leurs obligations internationales respectives en matière de contrôle des armements et assumer la responsabilité qui leur incombe pour la paix et la sécurité dans le monde".

La critique de la Chine est très pertinente. En effet, pour construire un monde multipolaire, il est nécessaire de démystifier les mythes et les faux récits que colporte l'Occident collectif.

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D'ailleurs, le G7 est-il vraiment "grand" ? Après tout, lorsque ce club a été créé, la part de ces pays dans l'économie mondiale était très différente. Aujourd'hui, le PIB de la Chine est presque égal à celui des États-Unis, et les autres membres du G7 ont collectivement un PIB à peu près équivalent à celui de la RPC.

Le G20, plutôt que le G7, a plus de poids à cet égard, et cette année, il sera intéressant d'observer la position de l'Inde, qui a remporté la présidence de l'organisation après l'Indonésie.

karthik2-1.jpgComme l'écrit Karthik Nachiappan (photo), "le programme de l'Inde pour le G20 semble ambitieux et se concentre sur ce que Delhi considère comme les défis mondiaux les plus importants: le changement climatique et la croissance durable, l'émancipation des femmes, les biens publics numériques, la sécurité alimentaire et la réforme des institutions financières internationales. Au fur et à mesure des discussions dans les groupes de travail du G20, on peut comprendre ce que l'Inde espère mettre au centre du G20 : les politiques de développement mondial et les inégalités, qui se manifestent de manière éclatante dans l'affaire du covid-19 et dans la crise ukrainienne, sans que cette dernière soit formellement identifiée comme la cause principale".

En effet, l'Inde veut beaucoup, mais en réalité, New Delhi parviendra-t-elle à réformer les institutions actuelles au profit des pays en développement et du Sud ?

Il convient de rappeler que l'idée originale du G20 a été lancée par le président américain Bill Clinton qui, lors de la réunion de 1997 de la Coopération économique Asie-Pacifique, a suggéré que les pays du G7 invitent les ministres des finances du groupe des économies "d'importance systémique" pour discuter des moyens de répondre à la crise. Début 1998, le secrétaire américain au Trésor, Robert Rubin, a convoqué les ministres des finances et les gouverneurs des banques centrales de 22 pays. Ce groupe a également été appelé le groupe Willard.

Le premier sommet du G-22 s'est tenu à Washington en avril 1998, en marge des réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Début 1999, le G-22 a été remplacé par un groupe beaucoup plus large de 33 pays, mais cette tendance à l'élargissement ne s'est pas développée.

Comme on le voit, le G20 est né, à l'origine, dans les profondeurs du collectif occidental. Officiellement, il "vise à créer un nouveau mécanisme de dialogue informel dans le cadre institutionnel de Bretton Woods, à renforcer le dialogue sur les questions clés de politique économique et financière entre les économies d'importance systémique et à promouvoir la coopération pour parvenir à une croissance économique mondiale stable et soutenue qui profite à tous". Il convient de noter que le FMI et la Banque mondiale font également partie, avec les États, du G20, qui continue de servir les intérêts d'un petit groupe d'élites occidentales.

Au départ, toutes les discussions au sein de ce groupe visaient à prévenir et à résoudre les crises financières systémiques plutôt qu'à réformer le modèle néolibéral de l'économie mondiale. Mais la crise financière ultérieure de 2007-2008, provoquée par la politique spéculative de l'oligarchie américaine, n'a pas pu être évitée et, par conséquent, le G20 n'a pas été efficace.

D'autre part, il est clair que l'invitation d'autres pays à rejoindre le groupe était liée aux tentatives du bloc néolibéral occidental de légitimer ses actions auprès du reste du monde en assurant la présence d'États asiatiques, africains et latino-américains. Par conséquent, malgré ses intentions, il est peu probable que l'Inde opère un changement majeur, mais toute tentative de dés-établissement sera accueillie favorablement par la majorité mondiale.

Et lorsqu'il s'agit de tentatives réelles d'engagement collectif pour résoudre divers problèmes, il vaut mieux se tourner vers le G7.

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samedi, 13 mai 2023

Les États-Unis accuseront un déficit de 1500 milliards de dollars en 2023 et augmenteront leur dette envers les banques mondiales

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Les États-Unis accuseront un déficit de 1500 milliards de dollars en 2023 et augmenteront leur dette envers les banques mondiales

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/eeuu-tendra-un-deficit-de-us-15-billones-en-2023-e-incrementa-su-deuda-con-los-bancos-globales/

Le budget américain accusera en 2023 un déficit d'au moins 1,5 trillion de dollars (1,5 trillion, ou "trillion" pour les anglophones), qui pourrait encore augmenter en raison de la baisse des recettes fiscales, pour atteindre 6 % du PIB en 2024, a indiqué le Congressional Budget Office (CBO) dans un communiqué.

"Les projections actuelles du CBO font état d'un déficit budgétaire fédéral de 1,5 billion de dollars d'ici 2023, soit 0,1 billion de dollars de plus que ce que l'agence avait estimé en février. L'estimation du déficit pour 2023 est sujette à une incertitude considérable, qui est devenue plus évidente depuis la fin du mois de mars, lorsque les projections actualisées ont été finalisées. Depuis lors, le CBO a appris que les recettes perçues jusqu'en avril étaient inférieures aux prévisions de l'agence, ce qui pourrait affecter les recettes totales pour l'année fiscale 2023,″ a déclaré le bureau dans son rapport.

Pour aggraver les choses, les projections indiquent que les déficits annuels vont presque doubler au cours de la prochaine décennie, atteignant 2700 milliards de dollars en 2033, avec un cumul sur la période 2024-2033 de 20.200 milliards de dollars: "Les projections actualisées du Bureau montrent que les déficits annuels de l'agence vont presque doubler au cours de la prochaine décennie, atteignant 2700 milliards de dollars en 2033, avec un cumul sur la période 2024-2033 de 20.200 milliards de dollars".

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Dans les projections actualisées de l'agence, les déficits annuels vont presque doubler au cours de la prochaine décennie, pour atteindre 2700 milliards de dollars en 2033 (Les déficits ont été ajustés pour exclure les effets des changements qui interviennent dans le calendrier de certains paiements lorsque le 1er octobre, premier jour de l'année fiscale, tombe un week-end). Le déficit cumulé projeté sur la période 2024-2033 (20.200 milliards de dollars) est à peu près identique au déficit projeté par le CBO en février. Mesurés par rapport à la taille de l'économie, les déficits passent de 6,0 % du produit intérieur brut (PIB) l'année prochaine à 6,9 % en 2033, ce qui est bien supérieur à leur moyenne sur 50 ans, qui est de 3,6 % du PIB".

Le moyen de résoudre ce problème budgétaire chronique, aux États-Unis, est d'augmenter la dette due à la Réserve fédérale, la banque centrale qui émet les dollars, et qui est en pratique détenue par les grandes banques privées mondiales. À cette fin, Joe Biden cherche désespérément à obtenir l'approbation du Congrès pour relever le plafond de la dette du pays. "Les déficits projetés dans le scénario de base du CBO augmenteraient la dette fédérale détenue par le public, qui se compose principalement de titres que le Trésor émet pour obtenir des liquidités afin de financer les activités du gouvernement fédéral et de payer ses dettes arrivant à échéance. Le montant net que le Trésor emprunte chaque année en émettant des titres est déterminé principalement par le déficit budgétaire annuel. Après prise en compte de tous les besoins d'emprunt du gouvernement, la dette détenue par le public passerait de 24.300 milliards de dollars à la fin de 2022 à 46.700 milliards de dollars à la fin de 2033, selon les projections du CBO. Cette dette devrait atteindre 119 % du PIB à la fin de 2033, soit environ 22 points de pourcentage de plus qu'à la fin de 2022 et environ deux fois et demie sa moyenne des 50 dernières années", explique le rapport.

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Des sanctions européennes contre la Chine seraient un hara-kiri économique total

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Des sanctions européennes contre la Chine seraient un hara-kiri économique total

Auteur : Bernhard Tomaschitz

Source: https://zurzeit.at/index.php/eu-sanktionen-gegen-china-waeren-wirtschaftspolitisches-harakiri-mit-anlauf/

La Chine est le principal partenaire commercial de l'UE

Selon les médias, l'UE prévoit désormais, dans le cadre de la guerre en Ukraine, des sanctions contre les entreprises chinoises qui fourniraient des équipements militaires à la Russie. Si Bruxelles devait effectivement imposer ces mesures, il s'agirait de "sanctions extraterritoriales". Il s'agit de "sanctions secondaires" qui ne sont pas dirigées contre l'adversaire, mais contre ses propre partenaires commerciaux.

Mais surtout, imposer des sanctions aux entreprises chinoises reviendrait pour l'UE à se faire hara-kiri en matière de politique économique. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a averti que les projets de Bruxelles étaient "très dangereux" et a appelé l'UE à "ne pas s'engager dans cette mauvaise voie".

Dans le cas contraire, Pékin prendra des "mesures décisives" pour protéger ses droits et intérêts légitimes. Pour l'UE, la Chine est le premier partenaire commercial, avec 230 milliards d'euros d'exportations vers l'Empire du Milieu en 2022.

Il est intéressant de noter le changement d'opinion de l'UE en ce qui concerne les sanctions secondaires. Ainsi, le chef de la délégation FPÖ au Parlement européen, Harald Vilimsky, rappelle que lorsque des entreprises européennes ont été touchées par des sanctions américaines, l'UE a encore qualifié ces sanctions dites secondaires de contraires au droit international. Mais "entre-temps, toutes les inhibitions tombent apparemment à Bruxelles lorsqu'il s'agit de la participation de facto à la guerre du côté de l'Ukraine", critique Vilimsky. "Et si l'UE déclenche maintenant une guerre commerciale contre la Chine, "il faut sérieusement s'interroger sur la capacité de l'UE à faire face à ses responsabilités".

On ne peut que douter de la capacité de Bruxelles "à assumer ses responsabilités".

Rapport de l'UE: une dépendance dangereuse dans l'industrie de l'armement

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Rapport de l'UE: une dépendance dangereuse dans l'industrie de l'armement

Auteur : G.B.

Source: https://zurzeit.at/index.php/eu-bericht-gefaehrliche-abhaengigkeit-bei-ruestungsindustrie/

Les matières premières pour les armes de haute technologie ne sont pas disponibles en quantité suffisante

Lorsqu'on évoque l'industrie de l'armement et les matières premières, l'acier et le pétrole viennent immédiatement à l'esprit. L'un est une matière première pour la fabrication des chars et de l'artillerie, l'autre pour le raffinage des intrants. Mais l'industrie de la défense moderne dépend d'innombrables matières premières dont les noms sont tout au plus associés aux ordinateurs portables, aux téléphones intelligents ou à la mobilité électrique.

Un rapport du Centre commun de recherche de l'UE a consacré un chapitre à la défense dans une étude sur les chaînes d'approvisionnement et les besoins en matériaux. Le soutien à l'Ukraine en fait une nécessité.

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Enfin, les arsenaux se vident et la production ne démarre que timidement. Sur les 20 plus grands groupes de défense au monde, seuls trois sont situés en Europe. Dont deux dans l'UE. Le lanthane et le tellure sont nécessaires pour les appareils de vision nocturne. Le néodyme pour les lasers de visée, le tungstène pour les munitions perforantes, le tantale et le niobium pour les missiles, le baryllium et le titane pour les avions de combat, le hafnium et le vanadium pour les sous-marins. Un F 35 Lightning II est notamment composé de 415 kilogrammes d'yttrium et de terbium. Et un missile antichar est guidé à l'aide de 250 puces électroniques pour pouvoir atteindre une cible située entre 2000 et 4000 mètres.

Il faudrait donc évaluer si l'on peut encore se permettre de développer l'électromobilité. Quoi qu'il en soit, de nombreux arguments plaident en faveur d'un développement des activités minières en Europe même. Si possible. Rappelons également le développement du procédé Haber-Bosch pendant la Première Guerre mondiale, où l'ammoniac était produit artificiellement pour la fabrication de munitions. Ou la production d'essence à partir du charbon pendant la Seconde Guerre mondiale. L'armement comme moteur de l'innovation au sens du proverbe : "Faire de nécessité vertu".

vendredi, 12 mai 2023

La Turquie à la veille d'élections cruciales

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La Turquie à la veille d'élections cruciales

Source: https://katehon.com/ru/article/turciya-nakanune-reshayush...

La Turquie organise des élections présidentielles et législatives le 14 mai prochain. La situation politique interne du pays est très tendue. De facto, l'avenir du pays se jouera ce jour-là.

Principaux rivaux

L'événement principal des prochains jours en Turquie est l'élection présidentielle. Les deux principaux candidats sont le président sortant Recep Tayyip Erdogan et Kemal Kılıçdaroğlu, chef du Parti républicain du peuple (CHP). Les sondages d'opinion - selon les sympathisants des sondeurs, ils donnent un avantage de 1 % à l'un ou l'autre candidat. Mais un second tour est également tout à fait possible, car outre Kılıçdaroğlu et Erdoğan, plusieurs autres candidats se présentent et il est possible qu'aucun des principaux prétendants n'obtienne plus de 50 % des voix le 14 mai. Un second tour devrait alors être organisé dans une quinzaine de jours.

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L'opinion publique est divisée en deux. Il s'agit en grande partie d'un vote pour ou contre Erdogan. Ainsi, Kılıçdaroğlu est soutenu par une coalition hétéroclite de partis, comprenant les kémalistes libéraux (CHP), les islamistes (SAADET), les anciens fonctionnaires d'Erdoğan Ali Babacan et Ahmet Davutoğlu avec leurs partis, et les nationalistes du Bon Parti (IYI). Outre ces structures politiques, qui se présentent également aux élections législatives sous la forme d'un bloc, l'Alliance nationale, la candidature de Kılıçdaroğlu aux élections présidentielles est également soutenue par le Parti démocratique des peuples kurde (HDP), qui est accusé d'avoir des liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan, un parti terroriste. La seule chose que toutes ces forces ont en commun est leur désir de renverser Erdogan à tout prix.

Repères en matière de politique étrangère

Dans sa campagne électorale, Recep Tayyip Erdoğan met en avant sa réussite à élever le rôle de la Turquie sur la scène internationale, à en faire un leader régional et à développer les infrastructures du pays. L'opposition, rassemblée autour de Kılıçdaroğlu, reproche aux autorités la détérioration de la situation économique de la Turquie, notamment ces dernières années, l'inflation et la dépréciation de la monnaie nationale, la livre turque.

L'opposition ne cache pas ses liens avec les Etats-Unis. Kılıçdaroğlu a récemment rencontré l'ambassadeur américain en Turquie, Geoffrey Flake. À l'automne dernier, il s'est rendu aux États-Unis, où il a disparu de la vue des journalistes pendant huit heures. On ne sait pas de quoi et avec qui il a discuté pendant cette période. Auparavant, le président américain Joe Biden avait ouvertement déclaré son intention d'évincer Recep Tayyip Erdogan lors des élections. Après les États-Unis, le principal rival d'Erdogan s'est rendu au Royaume-Uni pour y rencontrer des "investisseurs".

L'opposition espère une aide de l'Occident, notamment des pays anglo-saxons, dans le domaine économique. Si elle arrive au pouvoir, certaines positions géopolitiques de la Turquie pourraient devenir une monnaie d'échange.

En échange d'une aide financière et de la levée de certaines sanctions, Kılıçdaroğlu et son équipe pourraient opter pour une détérioration progressive des relations avec la Russie : en matière de sanctions anti-russes, de coopération technique et militaro-technique, de coordination des actions en Syrie, de corridor aérien vers la Syrie, d'assistance militaro-technique au régime de Zelenski.

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Dans une interview accordée au Wall Street Journal le 9 mai dernier, Kemal Kılıçdaroğlu a promis de se joindre aux sanctions anti-russes et de suivre la ligne de l'OTAN dans la politique étrangère du pays. Il ne faut pas oublier que l'équipe de Kılıçdaroğlu comprend Ahmed Davutoğlu (photo), l'architecte des politiques néo-ottomanes de la Turquie dans les années 2010, qui était premier ministre lors de la destruction tragique en 2015 d'un Su-25 russe dans le ciel de la Syrie. Les pilotes qui ont abattu l'avion ont agi sur ordre de Davutoğlu. Davutoğlu, malgré son néo-ottomanisme, est également un homme politique pro-américain.

Dans le même temps, les États-Unis n'ont pas utilisé tous les leviers à leur disposition pour soutenir l'opposition. Cela pourrait signifier qu'ils font pression sur l'équipe d'Erdogan en même temps, montrant qu'ils sont prêts à travailler avec eux aussi, mais en échange de certaines concessions.

Conséquences immédiates

À la veille de l'élection, chacune des parties en présence a fait savoir que, dans certaines circonstances, elle pourrait ne pas accepter les résultats. Suleyman Soylu, chef de la MIL turque, affirme que les États-Unis tentent d'interférer dans les élections turques. Pour sa part, Muharrem Erkek, adjoint de Kemal Kılıçdaroğlu, a accusé Soylu lui-même d'avoir préparé le trucage. Une situation a été créée qui pourrait se transformer en une tentative de "révolution de couleur" ou, à tout le moins, en troubles de masse.

Une crise de pouvoir prolongée pourrait également se produire si une force politique remporte les élections présidentielles et une autre les élections législatives. Cela est possible dans une société divisée.

Si l'opposition turque l'emporte, il est fort probable que les divisions internes au sein d'un camp uni par le seul désir de se débarrasser d'Erdogan s'intensifieront. Les contradictions internes sont susceptibles de conduire à une scission et à des élections anticipées dans les six prochains mois. Il convient de noter que l'opposition, à l'exception de Babacan et Davutoğlu, n'a aucune expérience de la gestion d'un État depuis 20 ans. La Turquie a beaucoup changé sous le règne d'Erdogan. Il est probable qu'en l'absence d'une figure charismatique à la barre, ils ne seront pas en mesure de faire face à la gouvernance de l'État et de régler les différends internes, ce qui entraînera une aggravation des tendances à la crise en Turquie.

Les grâces accordées pour le coup d'État de 2016 inspiré par Fethullah Gulen, basé aux États-Unis, pourraient entraîner de graves problèmes internes et une détérioration des relations avec la Russie.

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Kılıçdaroğlu avait précédemment promis "le soleil et le printemps" aux personnes renvoyées pendant les décrets relatifs à l'état d'urgence. Après la tentative de coup d'État de 2016, plus de 170.000 fonctionnaires et militaires, professeurs d'université et des centaines de médias et d'ONG ont été licenciés en Turquie en deux ans pour leurs liens avec l'organisation de Gulen. Des poursuites ont été engagées contre 128.000 personnes soupçonnées d'avoir participé au coup d'État.

Soutenir les participants au putsch, les gracier et les renvoyer de l'étranger, y compris à des postes gouvernementaux, alors que la Russie a joué un rôle clé dans l'échec du putsch en avertissant Erdogan de la tentative de coup d'État, pourrait conduire au renforcement d'une strate anti-russe au sein de l'élite dirigeante, des médias et des ONG de Turquie et à l'expansion des mécanismes de gouvernance externe dans le pays. À l'intérieur de la Turquie, une telle amnistie conduirait à un affrontement avec les opposants au putsch, qui sont descendus dans la rue en 2016 pour défendre le pays contre les gülenistes.

Cependant, la victoire d'Erdoğan et de son Parti de la justice et du développement (AKP) n'augure pas d'un redressement prochain du pays. Jusqu'à présent, les dirigeants turcs actuels ne montrent aucun signe de capacité à résoudre les problèmes économiques. Un autre problème pourrait être une crise de pouvoir au sein du parti. Le parti d'Erdogan est uni autour de son leader charismatique. Une détérioration significative de sa santé ces derniers temps pourrait entraîner une augmentation des tendances centrifuges au sein des "élites erdoganistes". Il existe déjà un "pôle patriotique" conditionnel représenté par le ministre de l'intérieur Suleyman Soylu, qui critique constamment les États-Unis, et un pôle axé sur le dialogue avec l'Occident représenté par le porte-parole d'Erdoğan, Ibrahim Kalın, et le ministre des affaires étrangères Mevlüt Çavuşoğlu, qui ne cessent de parler de la loyauté de la Turquie à l'égard des engagements euro-atlantiques.

Il est clair que la Russie devra trouver une approche de ces élites au-delà de la relation personnelle entre le président Poutine et le président Erdogan. Toutes les voies possibles de communication et de rapprochement doivent être envisagées, à la fois sur la base d'intérêts pragmatiques et des vues idéologiques des personnages clés : l'antiaméricanisme (Soylu) et le traditionalisme (Kalın - en tant qu'adepte du philosophe René Guénon et des mystiques islamiques : Ibn Arabi et Mulla Sadr).

La Chine exhorte les États-Unis et l'OTAN à financer la reconstruction de l'Afghanistan

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La Chine exhorte les États-Unis et l'OTAN à financer la reconstruction de l'Afghanistan

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/historico-de-noticias/40614-2023-05-04-18-24-35

DOHA (Sputnik) - L'envoyé de la Chine pour l'Afghanistan, Yue Xiaoyong (photo), a affirmé que les Etats-Unis et les autres pays de l'OTAN, qui ont envahi pendant des années ce pays d'Asie centrale, devraient financer sa reconstruction.

"Les États-Unis et les pays de l'OTAN, qui ont occupé l'Afghanistan pendant deux décennies, doivent prendre en charge la reconstruction de l'Afghanistan", a déclaré M. Yue à Sputnik.

Le diplomate chinois a assisté à la réunion du secrétaire général de l'ONU, António Guterres, avec les envoyés spéciaux pour l'Afghanistan d'une vingtaine de pays, les 1er et 2 mai à Doha, au Qatar.

M. Yue a indiqué que plusieurs délégués présents à la réunion ont fait valoir que les États-Unis devraient financer la reconstruction de l'Afghanistan après des années d'invasion, et ont demandé le déblocage des fonds destinés à ce pays d'Asie centrale.

"De plus en plus de pays s'expriment sur les avoirs afghans et les États occidentaux ont du mal à ignorer ces préoccupations. Les avoirs afghans, qui s'élèvent à 7 milliards de dollars, doivent être dégelés", a-t-il souligné.

Les participants aux consultations de deux jours organisées sous l'égide des Nations unies ont abordé les problèmes humanitaires de l'Afghanistan, ainsi que les moyens de renforcer la stabilité dans le pays.

En ce qui concerne la reconnaissance éventuelle du gouvernement afghan dirigé par les talibans, l'envoyé chinois a souligné que son pays n'avait pas l'intention de le faire.

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"Pour la Chine, la question de la reconnaissance du gouvernement mis en place par le mouvement taliban n'est pas à l'ordre du jour dans l'immédiat, mais cela ne signifie pas que nous ne devrions pas prendre contact avec les autorités afghanes", a-t-il déclaré.

Il a ajouté que l'Afghanistan, après 20 ans d'occupation américaine, avait désormais la possibilité de prendre son destin en main.

"Nous respectons l'Afghanistan, sa souveraineté et son intégrité territoriale, mais la Chine a besoin de temps pour voir comment ce pays sort de la situation chaotique dans laquelle il se trouve après 20 ans d'occupation américaine (...) Il doit rompre avec les groupes terroristes d'une manière crédible", a-t-il déclaré.

M. Yue a insisté sur le fait que chaque pays doit résoudre séparément la question de la reconnaissance du gouvernement afghan. Pour la Chine, a-t-il souligné, la priorité à ce stade est d'aider le peuple afghan, et non de reconnaître le gouvernement.

Les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN ont envahi l'Afghanistan en 2001 sous le prétexte de lutter contre le terrorisme.

Le mouvement taliban (soumis à des sanctions de l'ONU pour activités terroristes) a repris le pouvoir en Afghanistan le 15 août 2021, après la fuite du président Ashraf Ghani, soutenu par les États-Unis et d'autres forces de l'OTAN. Deux semaines plus tard, les troupes américaines se sont retirées de l'Afghanistan de manière chaotique après près de 20 ans d'invasion.

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L'ONU qualifie la crise humanitaire en Afghanistan de plus importante au monde

ONU (Sputnik) - Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a qualifié la crise en Afghanistan de plus grande crise humanitaire au monde.

"Il est difficile d'exagérer la gravité de la situation en Afghanistan. C'est la plus grande crise humanitaire dans le monde aujourd'hui", a déclaré António Guterres à la presse à Doha après une réunion des envoyés spéciaux pour l'Afghanistan.

Selon le Secrétaire général des Nations Unies, 97% des Afghans vivent dans la pauvreté.

"Les deux tiers de la population, soit 28 millions de personnes, auront besoin d'une aide humanitaire cette année pour survivre", a déclaré M. Guterres.

Il a ajouté que six millions d'enfants, de femmes et d'hommes afghans sont au bord de la famine.

"Dans le même temps, les fonds disparaissent. Notre plan d'intervention humanitaire, qui est censé mobiliser 4,6 milliards de dollars, n'a reçu que 294 millions de dollars, soit 6,4 % du montant total nécessaire", a-t-il déclaré.

Le secrétaire général a également révélé que la majorité du personnel de l'ONU dans le pays était composée d'Afghans.

"Beaucoup d'entre eux sont des femmes. L'interdiction faite aux femmes afghanes de travailler pour les Nations Unies et les ONG est inacceptable et met en danger la vie des gens", a-t-il souligné.

M. Guterres et les envoyés spéciaux pour l'Afghanistan de plusieurs pays, dont la Chine, les États-Unis, la France, l'Inde, le Pakistan, le Royaume-Uni, la Russie, l'Union européenne et l'Organisation de la coopération islamique, se sont rencontrés à Doha.

La réunion visait à trouver un terrain d'entente sur des questions telles que les droits de l'homme, en particulier les droits des femmes et des filles, la gouvernance inclusive, la lutte contre le terrorisme et le trafic de stupéfiants.

L'Afghanistan a plongé dans le chaos après la fuite du président Ashraf Ghani le 15 août 2021.

Le mouvement taliban (soumis à des sanctions de l'ONU pour activités terroristes) a pris le pouvoir, mettant fin à deux décennies de conflit armé avec le gouvernement, qui était soutenu par les États-Unis et d'autres pays de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).

La chute de Ghani précipite le départ chaotique des troupes américaines qui avaient envahi l'Afghanistan en 2001 sous le prétexte de lutter contre le terrorisme.

Début septembre 2021, les talibans ont formé un gouvernement intérimaire dont la moitié des membres figuraient sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies.

Le goût de la haine

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Le goût de la haine

La politique française repose sur des logiques de pouvoir laïques, et les villes mises à mal ces dernières semaines sont là pour le rappeler.

Davide Arcidiacono 

Source: https://www.dissipatio.it/il-gusto-di-odiare/?mc_cid=0404f3e47e&mc_eid=b9ef517c81

Comme s'il s'agissait de la fin d'un roman de Houellebecq, la "guerre civile rampante" - comme l'a qualifiée Fabrizio Agnocchetti dans le quotidien Il Messaggero du 26 mars - touche de manière égale une partie de plus en plus large, interclassiste, métropolitaine et périphérique de la société. Le casus belli, comme on le sait, est la réforme des retraites, le défi de tous les présidents français qui ont tenté de s'en emparer. Ces dernières semaines ont été marquées par des intrusions dans des sièges financiers (comme l'assaut de Blackrock) et des attaques de banques, des incendies de mairies et de nombreux affrontements avec la police, ainsi que par des centaines d'arrestations. Au-delà de la réforme elle-même, considérée par certains comme une atteinte scandaleuse aux droits des travailleurs français, par d'autres comme fondamentale dans un pays qui consacre 14% de son produit intérieur brut à la sécurité sociale, soit le double de la moyenne européenne. Agnocchetti lui-même avait déjà décrit la France comme "un pays déchiré", en raison du malaise social provoqué par un sentiment commun de perplexité face aux échecs de la mondialisation et à l'accroissement des inégalités.

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Dans ce contexte, Emmanuel Macron n'a pas cherché à calmer le jeu : il a engagé une procédure parlementaire pour contourner le vote de l'Assemblée sur les retraites (ce qui ne s'était pas produit depuis 1958), et s'est montré à plusieurs reprises peu enclin au dialogue avec les partenaires sociaux.

Jamais auparavant le président français n'avait rappelé l'image idéalisée de la vieille noblesse, méprisante pour le peuple. Cela n'a pas aidé la controverse bien connue de l'interview télévisée de l'Elysée, lorsqu'il a enlevé la montre de luxe de son bras, officiellement "parce qu'elle cognait sur la table". 

La relation entre le Palais et le Peuple est donc compliquée, c'est un euphémisme. Et ce, alors que le consensus autour du Président s'effrite de jour en jour, comptant actuellement sur le soutien d'un Français sur trois. Par rapport aux manifestations qui ont fait connaître le mouvement bigarré des "gilets jaunes", cette fois-ci, les manifestants ne sont pas des entrepreneurs, des comptables fiscaux et des indépendants, mais des salariés, des employés de l'État, un segment interclasse qui estime qu'il n'a pas d'autre choix que de faire grève jusqu'au bout, pour inverser la tendance qui, depuis les années 1980, a vu émerger un mode de vie de moins en moins enviable. Macron, à y regarder de plus près, représente parfaitement l'arrogance de cette élite, peut-être 10 % du pays, qui fait effrontément semblant d'être au même niveau que les 90 % restants, alors qu'ils en sont de plus en plus éloignés. Comme un principe de vases communicants appliqué à la politique, l'Elysée tente ces jours-ci de faire parler des affaires internationales (c'est-à-dire de Taïwan) pour détourner l'attention de ses propres affaires intérieures. C'est une vieille tactique des dirigeants du monde entier : ceux qui s'intéressent ou se préoccupent des équilibres géopolitiques du nouvel ordre mondial qui se dessine ne suivront pas la contestation en cours avec la même attention.

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Mais en allant plus loin, la "Marche française" ne fait que réitérer un éternel retour de la logique politique transalpine, intrinsèque à son système institutionnel, qui, d'une part, place la personnification du pouvoir au centre, et, d'autre part, assume une centralité populaire qui a émergé, de facto, après 1789, et qui n'a pas été éludée depuis. Les attaques contre les vitrines des marques de luxe, les raids sur les centres du capital financier international, témoignent d'autre chose : un sursaut existentiel contre une inégalité perçue comme insurmontable, et pour cette raison d'autant plus frustrante. 

Ainsi, pour psychanalyser l'inconscient de la logique du pouvoir français, le plus grand service que le Président puisse rendre dans de telles circonstances est de représenter encore plus le snobisme typique de ceux qui sont obligés de cacher leur origine sociale pour être crédibles aux yeux de l'opinion publique. L'Elysée, quel que soit son représentant, doit se faire le catalyseur de la haine de classe : c'est la clause du contrat social signé par tous les Français il y a quelques siècles. Un état de fait sans doute plus vivable que le scénario inverse, où au contraire le pouvoir s'affiche et oblige les autres à le percevoir comme une morale, et plus encore comme l'essence même de l'éthique politique. 

Si l'on s'en tient à ce jeu de rôle, Macron représente l'idéal de l'homme politique "haïssable", comme d'autres avant lui, capable de créer les conditions de base de l'explosion de rage utile à la décompression du pays. C'est le modèle français, qui fonde son existence sur le dualisme entre le palais et le peuple, où l'un est le miroir de l'autre, et où les principes démocratiques, au-delà de l'attitude de l'exécutif, s'accomplissent sous de nouvelles formes. En un sens, le pouvoir, par définition, ne peut être que détestable et détesté. Dans d'autres pays, comme les États-Unis, dont le modèle, sans surprise, est attaqué par Macron lui-même, les dirigeants, pour subsister, doivent incarner une éthique politique, exprimant une sorte de leadership éclairé pour le monde. Une condition unique et fondamentale pour justifier l'empire.

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Le débat Foucault-Chomsky à Eindhoven.

Une condition qui étouffe pourtant le débat sur la possibilité d'un pouvoir juste, celui-là même que le Français Michel Foucault et l'Américain Noam Chomsky ont mené à l'Université technique d'Eindhoven il y a plus de cinquante ans. Les choses n'ont pas beaucoup changé depuis, même si les idées se sont malheureusement traduites par des pratiques contradictoires.

Davide Arcidiacono

Né à Gênes en 1995, il vit entre Rome et Milan. Après avoir obtenu un diplôme en relations internationales, il s'est installé à Moscou pour étudier la politique, l'économie et la philosophie à la HSE. Il a collaboré avec plusieurs journaux avant d'arriver à Dissipatio, dont il est le rédacteur en chef.

jeudi, 11 mai 2023

La mort du paradigme libéral et la montée de la technocratie

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Comment sortir de l'impasse paradigmatique

La mort du paradigme libéral et la montée de la technocratie

par Iure Rosca

Je voudrais remercier notre ami d'Allemagne, Peter Töpfer, d'avoir noté mon intervention lors de la récente conférence internationale sur la multipolarité. Et si ma modeste contribution a été remarquée, c'est parce que j'ai essayé de souligner qu'en ce moment, malgré des conflits majeurs entre différents pays, ils suivent tous docilement le même agenda mondialiste. J'ai mentionné qu'il s'agit de ce qu'on appelle le Great Reset, Agenda 21 ou Agenda 2030 pour le développement durable, adopté au sein de l'ONU. Et si tous les pays, sans exception, suivent le même ordre du jour, le résultat qui sera atteint sera commun à toute l'humanité. C'est-à-dire la disparition de tout élément d'identité religieuse, civilisationnelle et culturelle collective. Il s'agit du vaste programme des élites mondialistes qui se résume à  deux priorités: DÉPEUPLEMENT et CONTRÔLE. Et les moyens pour atteindre ces objectifs démoniaques sont ceux fournis par la techno-science. Il s'agit du phénomène complexe de la destruction de l'homme en tant que création divine ou, pour ceux qui ne s'associent à aucune foi religieuse, de l'homme tel qu'il a existé à travers l'histoire.

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Et quiconque ignore cette évidence, préférant n'en rester qu'au niveau de la dilatation de certaines rivalités, même réelles, entre divers États et groupes d'États, commet au moins une erreur de perspective. De plus, au-delà des éléments d'uniformisation du monde, mentionnés dans le texte précédent (adhésion à la politique génocidaire de l'OMS, la numérisation totale de la société, l'élimination de l'argent liquide et l'imposition de la CBDC, l'introduction des documents électroniques, l'expansion du réseau 5G et l'acceptation du plan de développement technologique 6G, l'adhésion au mythe climatique, etc.), il faut aussi rappeler la guerre totale contre l'identité sexuelle et la famille (la théorie du genre et le féminisme faisant partie des conventions de l'ONU et les politiques de l'UE, de l'OTAN, etc.). Et le fait que les pays de l'Est et du Sud n'aient pas encore atteint le niveau de dégradation de l'Occident collectif est un état de fait provisoire, car aucun régime politique ne peut mettre un terme au réseau mondial de l'Internet, ni à l’immense offensive culturelle par l'hollywoodisation du monde.

Autrement dit, la guerre culturelle dévastatrice, la rupture des codes moraux, le dynamitage des traditions et l'homogénéisation rapide du monde prennent des rythmes et des proportions colossales. Et ce type d'agression identitaire généralisée et omniprésente nous ne pouvons pas nous opposer uniquement par des moyens économiques, technologiques et militaires à la disposition d'États prétendant constituer des pôles géopolitiques indépendants.

Un autre facteur qui doit être pris en compte dans nos analyses géopolitiques est le fait qu'aujourd'hui les États du monde ne représentent plus des acteurs internationaux indépendants. Les sociétés transnationales ont définitivement subordonné leurs États, et le facteur économique a pris le dessus sur le facteur politique. C'est une vérité connue depuis plusieurs décennies. Dans ces conditions, surestimer le rôle des hommes d'État aux postes clés est une exagération regrettable. Et si les États sont devenus des coquilles vides, manipulés par certains groupes privés, dans quelle mesure pouvons-nous ignorer un autre problème, bien connu dans la Modernité? Il s'agit du paradigme de la démocratie qui a triomphé après la Révolution française.

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Dans les conditions des avancées technologiques actuelles et de l'impact des médias de masse sur l'esprit collectif, l'idéologie libérale fondée sur le parlementarisme, le pluripartisme, l'électoralisme et la religion des droits de l'homme ne représente qu'une illusion majeure cultivée par les élites mondialistes. Mais c'est précisément ce système de référence qui est considéré partout comme la seule forme d'organisation politique de la société. C'est précisément pour cette raison que tous les pays membres de l'ONU, y compris ceux qui sont qualifiés d'illibéraux, sont contraints de simuler régulièrement certains processus électoraux et d'alimenter le mythe de la souveraineté du peuple. Ainsi, même ceux qui se disent conservateurs ou communistes sont victimes des mythes fondateurs de la Révolution française. Et pourtant, le libéralisme politique qui sous-tend la démocratie de masse, assurant la domination des usuriers et des marchands, apparaît à l'heure actuelle comme une réalité obsolète. Actuellement, les techniques de contrôle de l'esprit, de façonnage du comportement et de gestion de la perception permettent au système soi-disant démocratique de fonctionner dans l'intérêt des élites satanisées.

Les cercles occultes qui se cachent derrière des organisations telles que le WEF (Le Forum économique mondial), la Commission Trilatérale, le CFR (Council on Foreign Relations), le Groupe Bilderberg, le Club de Rome, etc. et qui opèrent par le biais d'organismes internationaux officiels tels que l'ONU, l'UE, l'OMS, l'OMC, le FMI, la Banque mondiale, la Banque des règlements internationaux, etc. ont des instruments de domination, devant lesquels aucun État ne peut résister. Il s'agit d'entités nébuleuses comme Big Money, Big Tech, Big Pharma, Big Media avec un impact mondial dévastateur. Face à un tel tsunami aux proportions diluviennes, toute revendication d'indépendance politique et d'autonomie civilisationnelle me paraît être soit une grossière naïveté, soit un simulacre.

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Les réalités mentionnées ci-dessus sont largement décrites dans une multitude de livres et d'études. Mais on ne peut s'empêcher d'admettre que, pour l'instant, il n'a pas été possible d'identifier des moyens efficaces de résistance face à ces tendances extrêmement puissantes. Le paradigme libéral comme expression de la religion politique de l'Occident exposé par une brillante pléiade d'auteurs, au premier rang desquels Alain de Benoist et Alexandre Douguine, appartient au passé. La « civilisation de l'argent » elle-même qui s'est affirmée au cours des derniers siècles dans l'Occident mondialisé est sur le point de disparaître. Dans une société sans numéraire, la fonction de ces unités conventionnelles attribuées électroniquement sera radicalement différente de celle d'aujourd'hui.

La théorie politique libérale a rempli sa fonction historique malheureuse, étant abandonnée à l'heure actuelle par les élites mondialistes qui l'ont utilisée pour dominer les masses, s'emparer des richesses mondiales, assujettir leurs États et concentrer tout le pouvoir politique à l'échelle mondiale. Les élites mondialistes n'ont plus besoin de ses outils théoriques ni de son expression politico-juridique et économique.

Mais la mort de l'Homo oeconomicus ne détermine pas la renaissance de l'Homo hierarchicus comme expression de la tradition. Louis Dumont a tout dit à ce sujet, mais ses excellentes recherches concernent néanmoins une époque arrivée à sa fin logique. La sacralisation des dogmes du capitalisme classique, la déification d'un Adam Smith, le caractère axiomatique du darwinisme social en économie, la libre concurrence et la propriété privée appartiennent au passé, ils ne sont plus aujourd'hui qu'un simulacre ou un camouflage de la propagande. L'histoire du capitalisme comme "destruction créatrice" (Werner Sombart) termine son cycle.

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Aujourd'hui l'oligarchie mondialiste ou la superclasse mondiale (David Rothkopf, Michel Geoffroy) s'approprie l'accomplissement complet d'une stratégie d'asservissement et de contrôle. La Ploutocratie établit une tyrannie mondiale absolue avec un autre nom - la Technocratie. Big Money assure la domination du monde grâce à Big Tech. Au triomphe de l'idéologie économique, excellemment décrit par Louis Dumont, succède le triomphe de l'idéologie technocratique. A l'heure actuelle, toute analyse géopolitique qui ferait abstraction de l'entrée en scène de l'histoire d'un nouveau phénomène - la Technocratie - est incomplète et implicitement déformante. L'auteur américain Patrick M. Wood est indispensable à la compréhension approfondie de ces réalités à l'impact mondial sans précédent dans l'histoire.

Une réalité complémentaire à celle décrite ci-dessus s'appelle le transhumanisme. Klaus Schwab nous a familiarisé avec ce concept en 2016 à travers son livre "La quatrième révolution industrielle". Et aucun pays au monde ne semble pouvoir résister à ce danger pour l'existence même de l'humanité. Au contraire, la technophilie et l'enchantement provoqués par l'émergence de l'Intelligence Artificielle, ainsi que la numérisation totale du monde, ont également affecté les masses comme les gouvernants. Le philosophe et théologien français d'origine roumaine, Jean Boboc, apporte une contribution fondamentale au décryptage du transhumanisme. Et toute analyse politique qui ignorerait ce phénomène d'une ampleur et d'une gravité écrasantes est partielle et donc incapable de saisir l'image globale du monde d'aujourd'hui.

La mort de l'Empire américain et la naissance de l'Empire chinois comme occasion de jubilation des adeptes de la multipolarité

L’autre lieu commun dans les analyses des auteurs de notre camp antimondialiste opposé à l'hégémonie américaine est la jubilation devant l'ascension de la Chine sur la scène mondiale comme leader économique et technologique incontesté. Détester l'Occident collectif comme expression du mal absolu et contester la domination américaine crée souvent la tentation de souscrire, consciemment ou non, à l'idée de domination chinoise. La nouvelle route de la soie ravit les tenants de la multipolarité, les empêchant souvent de voir une réalité frappante, à savoir que si ce gigantesque projet chinois réussit, le monde sera à nouveau unipolaire, avec un centre de commandement unique situé à Pékin. Nous vous rappelons que One Belt One Road est une stratégie globale de développement des infrastructures adoptée par le gouvernement chinois en 2013 dans le but d'investir dans plus de 150 États sur les 193 existants. Et puis, pourquoi l'unipolarité sous la baguette américaine est-elle contestée, et celle à la chinoise applaudie?

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Il conviendrait ici de rappeler la stratégie des élites mondialistes pour désindustrialiser les pays occidentaux et transformer la Chine non seulement en "usine du monde", mais aussi en un projet pilote, un modèle de société qui s'imposerait à tous les États. Il serait bon de se rafraîchir la mémoire sur le rôle d'Henry Kissinger (sa visite de juillet 1971 à Pékin) pour mieux comprendre quels facteurs ont assuré le saut économique et technologique de la Chine. Ignorer le fait que les élites sataniques ont des stratégies de longue date, ainsi que le fait qu'elles sont essentiellement apatrides, exerçant leur domination mondiale en tant qu'entités extraterritoriales, serait une erreur regrettable.

Nous ne mentionnons ici que quelques éléments qui aideraient les chercheurs qui souhaitent approfondir le sujet de la Chine en tant qu'outil des mêmes élites mondialistes qui se tenaient derrière l'Empire britannique, et après la Seconde Guerre mondiale - derrière les États-Unis.

1) Dans le rapport annuel de la Fondation Rockefeller de 2010 (https://www.rockefellerfoundation.org/wp-content/uploads/...), qui décrit une hypothétique pandémie qui a coïncidé étrangement - à cent pour cent - avec la plandémie Covid-19 lancée en 2020, les auteurs louent les performances de la Chine communiste pour avoir fait face au mieux à ce fléau inventé par les mondialistes. Ces éloges sont une preuve évidente du fait que les élites satanistes préfèrent un gouvernement totalitaire à un régime qui respecterait un minimum de droits civiques.

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2) Le 18 octobre 2019, le John Hopkins Center for Health Security à New York (créé et financé par le même clan Rockefeller) en partenariat avec le Forum économique mondial et la Fondation Bill et Melinda Gates a accueilli la réunion appelée Event 201, une soi-disant exercice pandémique (https://centerforhealthsecurity.org/our-work/tabletop-exe..., https://www.youtube.com/watch?v=AoLw-Q8X174). Parmi les participants figuraient des responsables américains de la santé publique et des représentants de l'industrie pharmaceutique, ainsi qu'un haut responsable chinois, à savoir le professeur George F. Fao, directeur général du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, président de la Société chinoise de biotechnologie et président de la Fédération asiatique de biotechnologie. Et le 27 décembre 2019, les autorités chinoises signalaient déjà le premier cas de Covid-19 découvert à Wuhan. Cet exercice de simulation de pandémie était un cas classique de programmation prédictive autour de l'opération spéciale des élites sataniques Covid-19 destinée à contribuer au dépeuplement massif du monde. L'événement a été financé par l'Open Philanthropy Project appartenant au sinistre magnat George Soros.

3) La prochaine réunion du Forum économique mondial aura lieu du 27 au 29 juin 2023 en Chine. (https://www.weforum.org/events/annual-meeting-of-the-new-...). Tout analyste avec un minimum de formation sait que cette institution est l'un des principaux outils des mondialistes.

Revenons maintenant à l'expansion économique qui se poursuit aux dépens des États-Unis. Même s'il en est exactement ainsi, pourquoi ce phénomène susciterait-il la satisfaction des antimondialistes? Je savais personnellement que les militants de la multipolarité sont par définition souverainistes, s'opposent à la domination étrangère et aspirent à restaurer l'indépendance de leur propre pays. Dans ces conditions, le rejet du colonialisme économique devrait être un élément clé de la pensée et de l'action d'un antimondialiste. L'école de pensée centrée sur le protectionnisme économique, conceptualisée par Friedrich List qui s'est inspiré des travaux d'Alexander Hamilton, n'a pas perdu selon moi de sa pertinence. Et si aux XVIIIe et XIXe siècles les deux auteurs s'opposaient à l'impérialisme britannique manifesté dans le cadre du régime de libre-échange, un patriote des temps modernes - même s'il est adepte de la théorie des «grands espaces» selon Carl Schmitt - n'ont-ils pas à s'inquiéter de l'impérialisme économique chinois qui s'impose à travers le même régime de libre-échange?

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On sait que la domination politique d'un pays est précédée et accompagnée de sa domination économique. Comme on le sait, la différence fondamentale entre une économie productive (la Chine) et une économie de consommation (les 150 pays qui seraient envahis par les investissements et les biens chinois). Avouons-le, être à la fois opposant à l'unipolarité américaine et partisan de l'unipolarité chinoise fait preuve d'une naïveté inquiétante. A la décolonisation économique des pays du monde, c'est-à-dire au rejet de la domination des capitaux et des biens d'origine occidentale, ne doit pas succéder leur recolonisation par la Chine.

De plus, la gigantomanie tant décriée sous le communisme et rejetée dans le cas de la domination mondiale de la corporatocratie occidentale ne devrait pas être traitée avec autant d'admiration et d'enthousiasme dans le cas de la Chine. Si les Chinois aspirent à rendre 150 pays heureux par leur présence économique, il s'ensuit implicitement que tous accepteront le rôle ingrat des « républiques bananières » chinoises. Le reste du monde ne fournirait au géant mondial chinois que des matières premières, des marchés et éventuellement de la main-d'œuvre. Dans ces conditions, quelle place reste-t-il à nos aspirations vers un ordre mondial multipolaire?

Actuellement, la Chine est le rêve d'or de tout dictateur de l'histoire, avec la médecine forcée, le confinement et l'incarcération de ses propres citoyens dans leurs maisons, une surveillance généralisée, un contrôle  social et aucune liberté politique et civile. C'est précisément pour cela que la Chine est louée par les représentants des élites mondialistes-sataniques telles que Klaus Schwab ou Bill Gates. Donc ceux qui veulent savoir à quoi ressembleront leurs sociétés demain doivent regarder la Chine d'aujourd'hui.

Le chemin de la liberté

A partir de l'année 2020, l’on a vu s’instaurer la tyrannie mondiale sous prétexte médical, et constaté ce que valent les principes démocratiques et la légalité. Dans le même temps, toute illusion sur l'existence de centres de pouvoir véritablement indépendants a disparu. La plandémie de Covid-19, annoncée par le patron du WEF comme une fenêtre d'opportunité pour le «Great Reset», a brisé toute illusion que la tyrannie numérique mondiale pouvait être stoppée en recourant aux méthodes traditionnelles de lutte politique: élections, rue protestations, recours en justice, critiques dans la presse alternative. Le monstre mondialiste n'a plus besoin de maintenir l'apparence de l'État de droit. Le terrorisme d'État et l'imposition de mesures génocidaires et liberticides sont devenus des pratiques quotidiennes partout dans le monde.

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Rappelons-nous que la gouvernance mondiale s'exerce sans entrave au moyen de gouvernements fantoches subordonnés aux élites lucifériennes. Et la succession au gouvernement n'apporte aucun changement substantiel, ne servant que de décor à ce sinistre spectacle. L'éventail politique dans tous les pays de la démocratie libérale s'est définitivement uniformisé. La classe politique est l'otage du même paradigme dominant. La subordination de tous les gouvernements de pays du monde entier à l'ONU et à ses agences (OMS, OMC, PNUD, UNICEF, etc.) en tant qu'expression du Gouvernement Mondial est évidente pour tout observateur attentif.

Alors que faire? Premièrement, toutes les illusions doivent être abandonnées. Présenter le désirable comme une réalité et cultiver le mythe des rivalités géopolitiques qui transcenderaient l'agenda globaliste-sataniste est non seulement contre-productif, mais suicidaire. C'est-à-dire qu'il faut un saut paradigmatique qui dépasserait les clichés d'interprétation politique et géopolitique. Une analyse profonde, réaliste et  sans limite circonstancielle des hiérarchies étatiques est le prélude à l'élaboration d'une plateforme de lutte idéologique et politique efficace.

Et puisqu'à l'heure actuelle il n'y a aucun pays qui dispose d'un leadership fort, déterminé à livrer un combat total, jusqu'à la mort, aux élites satanistes qui ont usurpé le pouvoir politique à l'échelle mondiale, il est impératif de révéler cet état de fait tragique. En ce moment historique, critique pour l'humanité, l'esprit de sacrifice et le courage des élites intellectuelles anti-Système est la condition indispensable de notre effort pour réveiller les nations. Toute tentative d'édulcorer la réalité et d'éviter les risques de confrontations directes avec des gouvernements asservis à des centres de commandement mondialistes peut être fatale pour le monde entier. L'histoire est mise en avant par des personnages forts et lucides. Le temps des marchands et de l'esprit petit-bourgeois doit rester révolu. Le temps des héros frappe à la porte. L'avenir dépend de la volonté de quelques minorités qui constituent les véritables élites des nations. L’on ne peut pas bâtir sur les fondations fragiles de la médiocrité et de la lâcheté. Notre futur sera compromis  si nous manquons le moment opportun.

Nous sommes tous d'accord pour dire que nous assistons à la fin d'un cycle historique que nous associons à la Modernité et au capitalisme. Les signes des temps font que certains chefs religieux chrétiens voient approcher le dénouement apocalyptique. Mais en recourant à l'interprétation de René Guénon, on espère toujours qu'il ne s'agit pas de la fin du monde, mais de "la fin de ce monde". Nous ne souscrivons pas à la conception hindoue de la cyclicité du temps, mais utilisons simplement cette figure de style pour dire que nous désirons tous la naissance d'un monde meilleur. Et le chemin qui y mène passe nécessairement par la rupture des schémas et la remise en cause du libéralisme, mais aussi de la technocratie qui tend à prendre sa place. A ce moment crucial de l'histoire, une révolte majeure, mondiale, inconciliable et victorieuse des nations s'impose. Un nouveau monde ne peut être construit que sur les ruines d'un ancien monde. La génération actuelle est destinée à devenir le fossoyeur du capitalisme mondialiste, mais aussi de la technocratie démoniaque.

Iurie Rosca,

Moldavie.

mercredi, 10 mai 2023

La Syrie retourne à la Ligue Arabe malgré l'opposition des Etats-Unis

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La Syrie retourne à la Ligue arabe malgré l'opposition des États-Unis

Source: https://www.piccolenote.it/mondo/la-siria-torna-nella-lega-araba-nonostante-la-contrarieta-degli-usa

La Syrie est de retour au sein de la Ligue arabe après en avoir été expulsée il y a 11 ans en raison du changement de régime vicieux initié par les États-Unis et soutenu par plusieurs pays arabes et européens. La Syrie a résisté à l'agression avec l'aide de l'Iran et de la Russie, mais elle en est ressortie dévastée et réduite - un tiers est toujours sous occupation américaine par l'intermédiaire des Kurdes - et épuisée par les sanctions, qui sont restées en place malgré le récent tremblement de terre qui a détruit le pays.

Concernant la situation tragique en Syrie, un rapport de l'ONU, rapporté par CNN, note que "les niveaux de pauvreté et d'insécurité alimentaire auxquels sont confrontés les Syriens sont sans précédent". Le Programme alimentaire mondial estime que d'ici 2022, "plus de 12 millions de Syriens, soit plus de la moitié de la population, seront en situation d'insécurité alimentaire". Les sanctions en sont la cause, mais CNN ne peut évidemment pas dire que son pays et l'Europe affament un peuple entier...

La défaite des États-Unis

Au-delà des détails, il reste la réintégration de la Syrie dans l'œcumène arabe, qui a été fortement entravée par les Etats-Unis (Jerusalem Post), obsédés par leur haine irréductible d'Assad. A tel point que samedi dernier, avant le vote de l'assemblée arabe sur la question, le conseiller américain à la sécurité nationale Jake Sullivan s'est précipité à Riyad pour s'entretenir avec le prince Mohamed Bin Salman, architecte du retour dans le giron arabe de Damas.

Selon Axios, les deux hommes ont parlé de la paix au Yémen et de certains projets d'infrastructure visant à relier plus étroitement les pays du Moyen-Orient et l'Inde.

Ils voudraient créer une alternative à l'intégration du Moyen-Orient dans la route de la soie chinoise, en cooptant l'Inde - le rival de la Chine - dans un projet alternatif dirigé par les États-Unis, qui verrait l'adhésion future d'Israël. Une tentative qui pourrait ne pas aboutir, notamment parce que, comme le note Foreign Affairs dans un article intitulé "The Wrong US Bet on India", "New Delhi ne se rangera pas du côté de Washington contre Pékin"...

Cependant, le timing de la visite de Sullivan, qui est arrivé à Riyad la veille du vote fatidique sur la Syrie, ne nous échappe pas. Il a manifestement tenté une dernière fois d'éviter une telle démarche, mais n'y est pas parvenu. Une défaite pour la diplomatie américaine, comme en témoigne le fait que les premiers à se réjouir de ce qui s'est passé sont la Russie et la Chine, ses antagonistes mondiaux.

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Le nouvel activisme de Riyad

L'étape a été douloureuse, comme en témoigne le fait que la réunion décisive pour la réintégration de la Syrie s'est déroulée à huis clos et que la décision a été prise à la majorité (The Cradle a mentionné l'opposition du Qatar dans l'article "Ennemis jusqu'au bout").

Le retour de Damas au sein de la Ligue marque un nouveau point en faveur de la diplomatie saoudienne, qui le souhaitait vivement, s'exposant ainsi aux représailles des nombreux ennemis d'Assad.

C'est un moment très important pour Mohamed Bin Salman qui, de moteur de la déstabilisation régionale (pour le compte d'autrui), a endossé le rôle de moteur du nouvel ordre moyen-oriental, comme en témoigne aussi la détente avec l'Iran.

L'activisme déployé à l'égard du conflit soudanais, qui a éclaté il y a quelques jours en raison de la rivalité de deux puissants seigneurs de guerre locaux et des manœuvres des néocons qui ont alimenté des rivalités latentes, s'inscrit également dans cette perspective.

Riyad a accueilli un sommet entre les factions rivales (Guardian). Il n'y a pas encore d'accord, mais le simple fait d'amener les duellistes à la table des négociations est une réussite remarquable. Nous verrons bien.

La fatwa contre Fusaro

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La fatwa contre Fusaro

Par Carlos X. Blanco

Source: https://ntvespana.com/06/05/2023/la-fatwa-contra-fusaro-por-carlos-x-blanco/

A Barcelone, plusieurs muftis ou oulémas de la gauche "radicale" ont pris leur décision. Fusaro doit être "canceld", éliminé de l'horizon ("fatwa"). Et avec cette élimination, par voie de conséquence, tous ceux qui éditent, traduisent, commentent, étudient, diffusent et disent "bonjour" au penseur italien.

La gauche espagnole a réussi, après la mort de Franco, à associer deux concepts dans l'esprit des masses, comme s'ils étaient nécessairement soudés: "censure" et "franquisme". Il est évident pour tout lecteur versé dans les sciences politiques que la censure est inextricablement liée au pouvoir, même au pouvoir démo-libéral. Penser l'Etat et le réalisme politique sans une théorie et une pratique de la censure, c'est vivre dans un monde irréel, dans une utopie infantile. Il y a toujours censure s'il y a pouvoir, s'il y a État, quel que soit son signe. Ce qui est décisif, c'est qui l'exerce, sur quels sujets, de quelle manière et par quels moyens, dans quelle mesure et sur quelles questions. Récemment, le philosophe russe Alexandre Douguine a publié une réflexion intéressante sur la censure et sa portée ontologique.

La portée ontologique de la censure n'est pas un sujet qui plaît aux libéraux, qu'ils soient de gauche ou de droite, mais le traditionaliste russe touche les plaies, et sait très bien où ses plaies s'ouvrent et où les contradictions s'enveniment : chaque jour, le libéralisme global et omniprésent nous les montre.

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Le fait est évident. Il n'y a pas que Franco, il n'y a pas que le "fascisme" : la deuxième République espagnole a aussi été un censeur. Tout régime, qu'il s'agisse d'un régime démolisseur ou d'un régime autoproclamé "socialiste", "communiste", "démocratique-populaire", était un régime de censure. La censure fait partie des pouvoirs que se réserve un Etat, et le "droit à une information libre et véridique" doit toujours côtoyer les pouvoirs - légaux et autres - que se réserve un pouvoir pour se perpétuer et se défendre ou défendre des valeurs suprêmes. Certains de ces pouvoirs peuvent être parfaitement constitutionnels (ordre public, prévention de la trahison, unité nationale, protection des secrets d'État). Être censeur dans l'intérêt politique suprême et avoir besoin d'une "censure juste" est un prius, une donnée essentielle du réalisme politique. Peu importe que l'on soit de gauche ou de droite. Les choses doivent toujours être vues "en lutte" et sans utopie.

Les partis, les journaux, les entités - publiques ou privées - qui "gèrent une coterie", c'est-à-dire un groupe de personnes dans lequel - tel est l'homme - il n'y a pas et il ne peut pas y avoir d'uniformité, censurent également. Il y a aussi l'autocensure, et d'autres pratiques qui se glissent entre la circonspection, la conspiration du silence, le "ninguneo", etc. En parlant de cette autre censure, une censure non étatique, je dois parler de la récente "affaire Fusaro".

Elle s'est produite cette semaine. Une maison d'édition de gauche "de toujours", El Viejo Topo, marxiste à part entière, a été interdite (ou censurée) lors d'une foire du livre à Barcelone. Il semble que cette foire s'appelle "Literal" et qu'elle soit fréquentée par au moins une centaine d'éditeurs "spécialisés dans la pensée radicale". Elle prétend être une foire non seulement de livres, mais aussi d'"idées". El Viejo Topo, selon son directeur Miguel Riera dans un communiqué de presse, s'est vu opposer un veto soudain par un appel téléphonique. La raison ? L'éditeur a publié des livres du philosophe italien Diego Fusaro.

Je me sens obligé d'écrire ces lignes. J'ai une opinion sur le veto de la "Fira Literal", non pas parce que je sais quelque chose à leur sujet, mais à cause des victimes de la censure ou du veto, dont je me sens très proche. J'ai collaboré avec Fusaro à de nombreuses reprises. La dernière fois, j'ai édité et préfacé le livre de ses éditeurs SND "Karl Marx et l'esclavage".

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J'ai également collaboré avec El Viejo Topo, dans la revue duquel certains de mes articles ont été publiés. Je dois surtout exprimer ma solidarité avec cette maison d'édition, que j'apprécie, ainsi qu'avec Diego Fusaro, avec qui je suis uni par l'affection et l'admiration.

Il ne s'agit pas d'une censure de l'Etat, dans l'intérêt de la survie du Pouvoir, de l'Ordre Public, de l'intégrité nationale, etc. C'est la censure de quelques misérables tâcherons, incapables de reconnaître où se trouve le vrai radicalisme.

Le vrai radicalisme ne réside pas en quelques farceurs qui organisent une foire du livre, mais dans un philosophe à l'œuvre très vaste (malgré son jeune âge) qui connaît Marx comme très peu de gens dans le monde le connaissent aujourd'hui. C'est pourquoi j'ai travaillé à l'édition de son dernier livre, en collaboration avec SND, une maison d'édition qui sait reconnaître la "racine" (et le radical vient de la racine) des maux du monde moderne, et qui a un grand flair pour repérer un grand penseur et publier l'une de ses œuvres. Fusaro est un grand penseur, et sa très large projection rappelle à tous ces faux "radicaux" ce qu'ils sont vraiment. Une gauche au service du Grand Capital, au service du Nouvel Ordre Mondial. Les gardiens du système, voilà ce qu'ils sont. Un système néolibéral qui repose sur deux piliers, les néolibéraux de l'argent et de la droite, et les gauchistes néolibéraux de l'"empowerment", du séparatisme et de la culture de l'annulation.

Ils essaient d'annuler Fusaro et ce qu'ils obtiennent, à proprement parler, c'est l'auto-annulation. Ils s'enferment dans la négation de leurs propres discours, qui promettaient d'être si émancipateurs: étant si antifascistes, ils distillent eux-mêmes, chaque jour davantage, un totalitarisme nu et honteux. Ils sont les censeurs à la solde du Système, ses garçons de course. Ils font un sale boulot pour pas cher: laver la face d'une pseudo-démocratie et d'une ploutocratie. Bientôt, une forte pluie balaiera cette poussière de nullités. Dans les poubelles de l'histoire, la poussière que sont ces "radicaux" se déposera à jamais. Mais Fusaro, et les courageux éditeurs qui diffusent ses livres, brilleront toujours au milieu de cette poussière d'insignifiance et de cette crasse pseudo-idéologique.

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mardi, 09 mai 2023

Bonnal: La Tyrannie numérique

Le Coup de Gueule de Nicolas Bonnal, la rubrique de Café Noir du mardi 09 mai 2023.

Pour une sélection de livres avec liens de Nicolas & Tetyana Bonnal voir ci-dessous.

LIVRES DE BONNAL CHEZ AVATAR EDITION

Internet – La Nouvelle Voie Initiatique https://avatareditions.com/livre/inte...

Le Choc Macron – Fin des Libertés et Nouvelles Résistances https://avatareditions.com/livre/le-c...

Le Salut par Tolkien https://avatareditions.com/livre/le-s...

Louis Ferdinand Céline – La Colère et les Mots https://avatareditions.com/livre/loui...

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Discours de Calistrat Atudorei à la conférence mondiale sur la multipolarité, 29 avril 2023

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Discours de Calistrat Atudorei à la conférence mondiale sur la multipolarité, 29 avril 2023

Calistrat Atudorei

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/discurso-de-calistrat-atudorei-en-la-conferencia-mundial-sobre-la-multipolaridad-29-de-abril

Discours de Calistrat Atudorei lors de la Conférence mondiale sur la multipolarité du 29 avril 2023.

Je m'appelle Calistrat Atudorei, je suis président du Forum des non-alignés de Roumanie, docteur en philosophie politique et journaliste.

Le message que je souhaite transmettre en cette période de grande agitation sur la scène internationale est axé sur la prise de conscience du fait qu'au cours des cent dernières années, et plus particulièrement des trois dernières, nous avons été témoins de nombreux efforts de coercition et d'agression coordonnés à l'échelle mondiale contre des États et des peuples. Ces actions concertées qui ont eu lieu dans le monde entier impliquent nécessairement un réseau trop vaste et trop efficace pour être attribué uniquement à la puissance américaine et aux moyens dont elle dispose.

Pour citer brièvement quelques-unes de ces agressions à fort impact que j'ai documentées dans mes travaux, je mentionne les suivantes :

    - La révolution bolchevique de 1917 a été exécutée sous les ordres et avec le soutien massif de certaines organisations extérieures à la Russie (pas seulement les États-Unis) ; les deux guerres mondiales ont été instrumentalisées par l'implication des mêmes entités transnationales qui ont cherché à restructurer le système international en fonction des intérêts de certaines organisations de l'ombre ; pendant la guerre froide, l'OTAN et d'autres organisations ont utilisé des structures paramilitaires telles que Gladio, qui ont secrètement manipulé par la terreur et les attaques sous faux drapeau les orientations sociales de la plupart des gouvernements occidentaux.

Le système financier et bancaire international a été, surtout après la Seconde Guerre mondiale, agressivement contrôlé par des institutions mondialistes telles que la Banque des règlements internationaux (BRI), la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, la Federal Reserve Bank ou le réseau SWIFT. Toutes ces institutions ont agi de manière coordonnée et ont assujetti les États par l'endettement forcé et l'imposition dans chaque pays de l'autorité des soi-disant "banques nationales", qui étaient en réalité (et le sont encore dans de nombreux pays) de simples vassaux du cartel financier et bancaire mondialiste.

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Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à la même collaboration supra-étatique particulièrement efficace dans l'exportation de la soi-disant "démocratie" dans d'innombrables pays du monde. Cela s'est avéré être un moyen d'infiltrer des agents dans la plupart des États afin de procéder à des changements de régime et de prendre les rênes du pouvoir dans la plupart des pays. L'infrastructure connexe utilisée, qui comprenait la formation systématique de "manifestants" et le financement de groupes d'opposition, était coordonnée non seulement par les départements d'État américains, mais aussi par de vastes organisations européennes liées à l'Union européenne, par des trusts tels que Open Society (parrainé par George Soros), des structures opérationnelles telles que OTPOR, CANVAS, REZIST, mais aussi des dizaines d'autres conseils, comités, fondations, groupes de réflexion, en plus de centaines d'organisations diverses plus ou moins discrètes.

Des recherches, dont les miennes, ont montré que les organisations terroristes les plus importantes ont été fondées, entraînées et financées précisément par des puissances occidentales sous la forme de quelques armées de mercenaires.

Des attentats terroristes de grande ampleur ont également été mis en scène, couverts de manière intensive et coordonnée par une infrastructure politique et médiatique dans l'ensemble de l'Occident. L'exemple le plus marquant est l'attentat du 11 septembre 2001 (qui était en réalité une démolition contrôlée exécutée par de multiples services secrets), qui a servi de prétexte à l'orchestration de la "guerre contre la terreur" infligée au Moyen-Orient.

Au cours des trois dernières années, nous avons tous observé la terrible accélération de cet agenda mondialiste à travers l'instrumentalisation de la soi-disant "pandémie de Covid-19" (dont il est maintenant abondamment prouvé qu'elle a été générée artificiellement), puis à travers le positionnement coordonné des États libéraux contre la Fédération de Russie, sous le prétexte d'aider la "démocratie" en Ukraine.

    - En conclusion de ces remarques, je pense qu'il est devenu évident que nous sommes confrontés à un système caché, souterrain et subversif, de nature transnationale, qui contrôle bien plus que l'Amérique et qui cherche à créer ce que l'on appelle le "nouvel ordre mondial". Des organisations telles que le Forum économique mondial, le groupe Bilderberg ou la Commission trilatérale agissent depuis longtemps de manière coordonnée, comme une sorte de gouvernement de l'ombre, et cherchent (toujours secrètement) à imposer leur agenda. Le pouvoir mondial, l'hégémonie mondiale n'est plus seulement l'objectif d'une superpuissance (apparemment les États-Unis), mais le désir précis de ce gouvernement mondial de l'ombre. Dans tout cet appareil mondialiste, l'État américain n'est, par le biais de ses administrations, que la principale interface pour l'exercice de l'influence mondialiste.

À partir de ce type de preuves, une conclusion importante que nous pourrions tirer est qu'après la désintégration de l'Union soviétique en 1991, les relations internationales sont passées d'une phase de bipolarité (dans laquelle deux superpuissances s'affrontaient) à une phase d'unipolarité, mais dans laquelle les intérêts et les aspirations à l'hégémonie mondiale n'étaient plus associés à un seul État (apparemment les États-Unis), mais à une structure mondiale de nature supranationale, configurée sous la forme d'un Système mondialiste. Ce Système regroupe des organisations transnationales, souvent secrètes, qui ne servent les intérêts d'aucune nation, mais ceux d'une "élite mondialiste" qui cherche à établir, à l'insu de la population mondiale, une forme de contrôle et de gouvernance à l'échelle planétaire. Ce sont ces mondialistes qui manigancent délibérément les crises, qui possèdent les médias, qui contrôlent les grandes organisations internationales en vue et qui tiennent les leviers du pouvoir financier et bancaire.

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Il est désormais de plus en plus évident que le système libéral occidental, qui constitue la base du système mondialiste, s'effondre rapidement. La Russie, la Chine et de nombreux autres États préparent depuis des années leur sortie de cette forme de domination et de contrôle et ont créé un système financier, bancaire, économique (et militaire) alternatif, qui exclut toute possibilité de rétablissement d'un monde unipolaire à l'américaine.

Le nombre d'États dépendant du système mondialiste a visiblement diminué ces dernières années et de plus en plus de pays choisissent la voie du nationalisme et de la souveraineté. Le système mondialiste qui aspire à l'unipolarité, dirigé (apparemment) par les États-Unis, ne contrôle que 20 % au maximum de la population mondiale. Les 80 % restants appartiennent à des États qui ne veulent plus entendre parler de l'hégémonie américaine/mondialiste et qui sont fatigués de ses sanctions abusives. Près de sept des huit milliards d'habitants de la planète appartiennent aujourd'hui - ou sont sur le point d'appartenir - à des organisations très puissantes qui se sont détachées de la sphère de domination mondialiste. Ces organisations comprennent les BRICS, l'ANASE (Association des nations de l'Asie du Sud-Est), l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), le Partenariat économique régional global (RCEP) ou la Communauté des États indépendants (CEI).

Si nous ne pouvons pas encore dire que nous sommes véritablement entrés dans l'ordre international multipolaire, sa mise en place est, à mon avis, inévitable et très proche, et redonnera à l'humanité la possibilité d'une coopération particulièrement fructueuse entre des États souverains et indépendants.

lundi, 08 mai 2023

Opération Bélisaire : une stratégie eurasienne pour l'Occident

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Opération Bélisaire : une stratégie eurasienne pour l'Occident

Alexander Wolfheze

Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/operacao-belisario-estrategia-eurasiana-para-o-ocidente

Discours d'Alexander Wolfheze, philosophe et écrivain néerlandais, lors de la Conférence mondiale sur la multipolarité du 29 avril 2023.

C'est un honneur de parler ici aujourd'hui au nom du peuple néerlandais, qui vit depuis plus de mille ans sur les rives grises de la mer du Nord, à la frontière maritime de la grande Eurasie, et de parler pour une grande cause qui unit tous les peuples d'Eurasie dans la lutte pour un avenir post-mondialiste, un avenir dans lequel les Pays-Bas méritent eux aussi une place au soleil.

Si une réalité historique et géopolitique mondiale est apparue clairement ces dernières années - une réalité malheureusement connue depuis longtemps par peu de gens, mais heureusement par nous tous réunis ici aujourd'hui - c'est qu'un grand mal s'est incarné en Occident. Il y a près d'un demi siècle, en 1979, la révolution iranienne nommait déjà ce mal : elle appelait l'État le plus puissant de l'Occident, les États-Unis, le "Grand Satan". Le Royaume-Uni n'était qu'un échelon sur l'échelle géopolitique de la hiérarchie démoniaque : il était le "Petit Satan". Bien entendu, si nous suivons cette ligne de description du milieu mondialiste-atlantiste, mon propre pays, les Pays-Bas, peut être décrit comme un "Mini-Satan" - une république pirate, refuge d'une petite mais ancienne et impitoyable force portée par des institutions d'usure et par un "ordre fondé sur des règles", celles de la haute finance. La plupart d'entre nous, réunis ici dans notre section européenne de la conférence multipolaire d'aujourd'hui, viennent de pays qui font - encore - partie de l'Occident unipolaire : nous tous, dissidents, savons ce que c'est que de devoir vivre et travailler dans l'antre de la bête.

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Nous, dissidents occidentaux, savons également que notre partie de l'Europe est tout aussi possédée par Satan que l'Amérique. D'une certaine manière, l'Europe occidentale est encore plus une dystopie totalitaire orwellienne, avec moins de liberté et plus de répression. Alors que l'Amérique elle-même dispose encore de certains droits constitutionnels, tels que la liberté d'expression, la liberté de réunion et l'autodéfense, ici en Europe, nous avons connu des confinements totaux, des mandats de vaccination complets, une répression policière brutale et une censure ouverte. En fait, la majeure partie de l'Europe n'est rien d'autre qu'une colonie américaine, comme l'a amplement prouvé la servilité de ses "dirigeants" lors de la crise ukrainienne et de l'affaire Nord Stream, et ces dernières décennies, elle n'a pas été en mesure de s'opposer de manière significative à l'agenda impérialiste-mondialiste. L'Europe est sous le joug de ce qui est, en fait, un gouvernement néocolonial mondialiste : la substitution ethnique (la "crise des réfugiés") installe des colons du tiers-monde sur nos terres, la dégénérescence sociale parrainée par les mondialistes (la "révolution sexuelle") dissout nos cultures indigènes, et l'usure bancaire imposée par les mondialistes (le "néolibéralisme") pille nos ressources humaines et naturelles. La "gouvernance de l'UE" et la "sécurité de l'OTAN" sont une farce : ce ne sont rien d'autre que des mécanismes de contrôle mondialistes visant à maintenir l'Europe sous la domination coloniale impitoyable d'une élite mondialiste-nihiliste qui peut être basée dans l'anglosphère mais qui pense et planifie désormais à l'échelle transnationale. Pour cette élite, le "monde ne suffit pas" : elle mène actuellement une guerre multidimensionnelle pour remporter le prix géopolitique ultime : la masse continentale eurasienne et les grandes puissances terrestres que sont la Russie et la Chine. Mais une victoire mondialiste dans cette guerre - et nous pouvons dire que la "dernière guerre insulaire du monde" d'Alexandre Douguine a commencé le 22 février 2022 - est loin d'être certaine. En effet, comme je l'ai soutenu dans mon essai, The Apocalyptic Rite of Spring, sur notre espace partagé geopolitika.ru, il semble que l'élite mondialiste ait réagi de manière excessive et qu'elle soit maintenant engagée dans une spirale descendante imparable. L'"Empire du mensonge" mondialiste est ébranlé dans ses fondements par des erreurs de calcul militaire, un désastre pour sa réputation et une ruine économique après son attaque démesurée contre la coalition eurasienne de la Russie et de la Chine. Qu'est-ce que cela signifie pour nous, dissidents occidentaux ? Quels risques et quelles opportunités la crise actuelle et l'éventuel effondrement futur de l'"Empire du mensonge" représentent-ils pour nous, dissidents ?

Nous devrions nous rappeler qu'après la chute de la Première Rome et de l'Empire romain d'Occident, l'Empire romain d'Orient a survécu pendant un millier d'années - et que la Seconde Rome, Byzance, a non seulement joué un rôle déterminant dans la re-civilisation de l'Occident pendant la Renaissance, mais aussi dans la reconquête de la Première Rome quelques décennies seulement après sa chute. Un grand général, Bélisaire, part en Occident pour détruire et expulser les royaumes barbares fondés par les Vandales, les Ostrogoths et les Visigoths. Son armée est composée de mercenaires, de barbares et d'auxiliaires issus des terres occidentales reconquises. Est-il possible que la Troisième Rome, qui est la Russie chrétienne orthodoxe restaurée, qui est le centre de notre mouvement eurasien, reconquière à nouveau la Première Rome ? C'est possible : à l'heure actuelle, la domination barbare sur l'Europe occidentale s'affaiblit lentement. Alors que les peuples terrifiés de l'Occident s'enfoncent lentement dans une nouvelle ère sombre de tyrannie, d'anarchie et de pauvreté, leurs structures de pouvoir sont de plus en plus tendues et susceptibles de se dissoudre en raison de la perte de confiance du public, du sectarisme et des luttes intestines. Dans un tel climat, une "opération Bélisaire" eurasienne - une Reconquista de l'Occident - peut devenir une option. De nombreux Occidentaux dépossédés et mécontents accepteraient volontiers une libération eurasienne de leurs terres dévastées : la restauration de la liberté, le retour de l'État de droit, la redécouverte des traditions et la renaissance de la culture. Que pouvons-nous faire, nous les dissidents occidentaux, pour faciliter cette ambitieuse mais nécessaire "opération Bélisaire" ? Nous pouvons espérer que l'année prochaine, le groupe Wagner tiendra sa parade de victoire à Berlin ou que les troupes chinoises de maintien de la paix patrouilleront dans les rues de Rome, mais je pense que le Götterdämmerung de l'Occident prendra plus de temps. Il se peut même que cela prenne une décennie, voire toute une vie. Que pouvons-nous donc faire, nous, dissidents occidentaux, maintenant ?

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Nous pouvons préparer le terrain, nous pouvons jeter les bases de la Reconquista. Certains d'entre nous peuvent le faire en exil, en travaillant comme publicistes et en soutenant le mouvement eurasien, d'autres peuvent le faire chez eux, en travaillant comme activistes et politiciens pour planter les graines de formes alternatives de gouvernance, de droit et de médias. Nous, dissidents occidentaux, connaissons mieux que quiconque l'ennemi mondialiste, ses forces et ses faiblesses. Nous pouvons analyser les obstacles et les opportunités - la réalité sur le terrain. Nous savons que seule une minorité d'Occidentaux est complice du mal mondialiste. Mon pays était réputé pour son commerce équitable, ses transactions honnêtes et sa comptabilité saine - des choses qui peuvent être utilisées pour le bien ou pour le mal. Permettez-moi donc de vous donner mon meilleur "compte-rendu" des calculs politiques. J'oserais dire que sur le noyau dur de la population occidentale, seuls 10 % sont réellement perdus politiquement - irrémédiablement englués dans la corruption, le péché et rendus fous par le phénomène "Woke". Peut-être que 20 % sont simplement des collaborateurs apolitiques, travaillant pour l'argent sans allégeance intérieure au mondialisme. Face à eux, il y a encore 10 % et 20 % - ceux qui s'opposent ouvertement ou secrètement au Nouvel ordre mondial mondialiste. Il reste donc 40 % au milieu, des gens qui veulent simplement vivre leur vie avec leur famille, qui sont très dépendants du système totalitaire et qui en ont peur. Les pourcentages ne semblent donc pas trop mauvais : l'équilibre démographique est défavorable au régime d'occupation mondialiste, ce qui n'est pas sans rappeler la situation dans les pays du Sud, comme l'Inde britannique lorsqu'elle a entamé sa lutte pour l'indépendance. En fait, une grande poussée peut faire s'écrouler tout le château de cartes mondialiste. En tant que dissidents, nous devrions travailler dans ce sens, c'est-à-dire nous préparer.

Nous devrions encourager nos amis eurasiens de l'Est à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour promouvoir une nouvelle génération d'eurasiens occidentaux - une génération qui pourra prendre les rênes du pouvoir lorsque l'ensemble du château de cartes mondialiste s'effondrera. Pour ajouter une stratégie de puissance douce à une stratégie de puissance dure. Les jeunes Occidentaux peuvent être invités à faire l'expérience de choses qui sont rares en Occident aujourd'hui : une bonne éducation, une vie religieuse, une carrière militaire, une année de travail dans une ferme ou une usine, une véritable éducation politique. Les cœurs et les esprits des masses de jeunes Occidentaux se sont depuis longtemps détournés de la décadence crasse, des illusions obsolètes et du matérialisme vide de la "voie moderne" du nihilisme mondialiste. Ils aspirent à un avenir différent, à un nouveau départ et à une vraie vie. C'est tout cela que l'Orient eurasien en pleine expansion et le nouveau mouvement eurasien peuvent leur offrir. De cette manière, nous pouvons renverser la vapeur face à l'ennemi mondialiste et atlantiste : à mesure que l'attaque mondialiste contre l'Eurasie s'enfonce et vacille, et que l'"Empire du mensonge" se brise et se fragmente, il implosera tout simplement de l'intérieur.

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Enfin, j'ai un mot d'avertissement pour nos amis de l'Est. En tant que personne née et élevée à l'Ouest, qui a vécu et travaillé à l'Ouest, je voudrais dire ceci : ne croyez pas que vous pouvez négocier avec l'élite mondialiste qui dirige l'Ouest, ne vous faites pas d'illusions en pensant qu'il peut y avoir des concessions. Ce qu'il faut, c'est une pression constante, une patience constante, un travail constant - et une volonté de fer pour mener le combat jusqu'au bout. Il n'y a pas de demi-paix avec l'ennemi mondialiste-atlantiste - ce mal doit être renversé une fois pour toutes. Cette lutte devra être menée jusqu'au bout, jusqu'au "Triomphe de la Volonté". Notre combat pour notre liberté - et la vôtre.

La volonté inébranlable
Elle aussi peut durer
Je suis toujours Bélisaire
- Henry Wadsworth Longfellow

La gauche otaniste

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La gauche otaniste

Carlos X. Blanco

L'OTAN est une organisation militaire dotée de nombreuses "ailes", extensions et franchises. Nous avons vu l'Union européenne se mettre à son service, surtout après l'intervention militaire spéciale de la Russie en Ukraine. Les meneurs et les fonctionnaires "pro-européens", même sans uniforme, se plient volontiers aux exigences du haut commandement, exécutent les ordres - très obligeamment - et se tiennent à la disposition de Washington. Josep Borrell est déjà un "général civil", un porte-parole du bellicisme américain, un homme "pentagonal" et otaniste.

Une "aile" de l'OTAN dont on parle moins est la gauche révisionniste (représentée en Espagne par Podemos, Más País et la nouvelle entité "Sumar"). Il est tout à fait possible de parler désormais d'une gauche otaniste. Il s'agit d'une gauche très répandue en Occident, et en particulier en Espagne, une gauche qui rejette ses origines idéologiques: "L'OTAN n'est pas faite pour desdébutants". Vous en souvenez-vous ? Moi, pour des raisons d'âge, je m'en souviens parfaitement. Je me souviens de l'arnaque du référendum. Il y avait, dans cette soi-disant "transition", une refus tranché et majoritaire au sein du peuple espagnol contre une organisation guerrière et belliciste dont la raison d'être et l'utilité pour la défense nationale étaient plus que discutables.

Avec une certaine dose de terrorisme médiatique et les manigances typiques du PSOE, l'Espagne a rejoint une telle organisation, signant des chèques en blanc et laissant son dos méridional à découvert : ce dos à découvert reste un danger, par lequel pénètrent les maux les plus nocifs pour l'Espagne: il a un nom. Il s'agit du Royaume du Maroc. L'OTAN a lavé le visage des Espagnols avec le soi-disant européanisme et a délivré un prétendu certificat d'occidentalisme: avec un visage lavé et une coiffure fraîchement peignée... mais avec l'arrière-train à découvert.

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Les décennies passent et, au-delà du PSOE, dont la praxis néolibérale ne fait plus aucun doute, dans ce pays qui est le nôtre, si usé par les menteurs et les bonimenteurs, les "penseurs de la gauche otaniste" ont émergé. L'un d'entre eux, digne d'intérêt, est Santiago Alba (photo). Ce monsieur est l'un des fondateurs du site web rebelión.org, et l'inspirateur du parti politique Podemos depuis ses tout débuts.

Dans le quotidien Público [https://blogs.publico.es/dominiopublico/46548/no-a-la-otan-si-a-que/], Don Santiago s'étonne du fait qu'il puisse y avoir des gauchistes qui ne soutiennent pas l'OTAN. En tant que philosophe, il connaît le pouvoir de l'utilisation des mots, du choix des termes et de l'appropriation d'un "récit". Cet auteur représente parfaitement la gauche otaniste : cette étrange position de ceux qui affirment que le capitalisme est certes mauvais mais qu'il n'y a pas d'alternative à la puissance abusive et hégémonique de son gendarme, les Etats-Unis. Les gendarmes du monde ont créé l'OTAN, vient nous dire la gauche otaniste, et, ma foi, nous n'aimons pas beaucoup cette organisation. Mais quelle est l'alternative, l'"autocratie" de Poutine ? D'une manière ou d'une autre, Don Santiago parle ainsi.

Nous devons parler la langue du gendarme Biden, selon le conseil de M. Alba: ne parlons pas de "guerre en Ukraine", mais d'"invasion russe" (je cite M. Alba: "donner l'illusion que c'est l'Alliance qui assiège et menace les villes ukrainiennes"). L'article de M. Alba ne tient pas compte de l'ensemble du contexte - manifestement agressif - qui conduit l'OTAN à outrepasser ses compétences dans tous les sens du terme : au-delà des limites territoriales pour lesquelles elle a été conçue, au-delà de la limite stratégique de sécurité convenue avec la Russie il y a des années, au-delà des besoins défensifs des pays membres.... En dehors de la prudence et du bon sens. L'OTAN a déclaré la guerre à la Russie par procuration. Officiellement, l'OTAN aide un pays envahi. Le pays envahi, partie intégrante de la civilisation russe depuis des siècles, est cependant un territoire où l'Occident collectif a - précédemment - forcé un changement de régime, au profit des ultra-nationalistes et des nazis anti-russes, ce qui l'arrange bien pour compléter l'"encerclement" de la Russie.

Le langage de la gauche "correcte", alignée sur le gendarme mondial, M. Biden, et sur les autres "pentagonaux", doit insister sur la dénonciation de la volonté néo-impériale de Poutine. Santiago Alba a peur d'une volonté néo-impériale, celle de la "Troisième Rome" moscovite, et il s'est plutôt habitué à l'autre volonté d'empire, celle de Biden et du Pentagone. C'est celle devant laquelle l'auteur otaniste dit que nous devons nous incliner. C'est du moins celle que nous connaissons en Occident et qui nous guide. C'est aussi celui de la gauche. Alba demande : "Que fait la Russie, par exemple, en Syrie, au Mozambique, au Mali, en Libye, pour se défendre contre l'OTAN ?

Il s'avère que certains empires ont le droit d'être omniprésents. Mais les interventions ponctuelles d'autres empires, la Russie ou la Chine, doivent être immédiatement remises en cause. Faut-il chercher des chiffres pour comparer le nombre de porte-avions, de bases militaires dans le monde, de troupes déployées à l'étranger ? La différence est écrasante : les États-Unis l'emportent dans toutes les statistiques. C'est l'empire interventionniste et omniprésent : ils sont sur toutes les mers, sur tous les continents. La présence extérieure de la Russie, au-delà des pays satellites rattachés ou territorialement contigus à la Fédération, est rare, ponctuelle, limitée. De son côté, la présence militaire de la Chine, au-delà de la défense de ses eaux et frontières juridictionnelles, est très limitée. Dans cet article, Don Santiago maintient une équidistance inacceptable. Cette équidistance rappelle les années de plomb, des années où un camp tue et tire, et où l'autre tombe sous les coups en entendant, de la bouche de son propre bourreau, le refrain : "asseyons-nous et négocions !"

Don Santiago, avec sa gauche otaniste, condamne à mort toute une trajectoire idéologique d'opposition à l'empire yankee, de lutte contre le cadre agressif et belliciste de l'OTAN, de pacifisme conscient et réaliste, de défense active de la multipolarité, de lutte au nom des peuples, des nations qui ne veulent pas continuer à être des colonies des États-Unis ou les acolytes d'une armée omniprésente et génocidaire. Il ne s'agit pas d'aimer Poutine, ni d'adhérer à son "récit". Il s'agit pour nous de dénoncer clairement l'existence d'une gauche otaniste, l'une des "jambes" sur lesquelles repose l'empire du néolibéralisme.

Le néolibéralisme. Ou gouverner pour les marchés

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Le néolibéralisme. Ou gouverner pour les marchés

Diego Fusaro

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/tribuna-libre/40588-neoliberalismo-o-del-gobernar-para-los-mercados

Le fondement du turbo-capitalisme s'inscrit dans la vision néolibérale que Foucault a condensée dans la formule d'un gouvernement non pas "des marchés", mais "pour les marchés". Dans le langage de von Hayek, le gouvernement et l'État n'ont proprement qu'une seule tâche, qui n'est pas de "produire certains services ou biens pour la consommation des citoyens, mais plutôt de contrôler que le mécanisme de régulation de la production de biens et de services est maintenu en fonctionnement".

Droite et gauche, inféodées au capital, partagent désormais la même vision économique néolibérale, sous la bannière du fondamentalisme du libre marché, qui consiste à réduire simultanément l'État et le gouvernement au statut de simples serviteurs du marché. L'adhésion au dogme du libre cannibalisme, comme on pourrait définir le marché libre, est la revendication de la droite économique qui s'est tellement répandue qu'elle s'est transformée en Weltbild, la "vision du monde" omniprésente. Elle coïncide essentiellement avec la "liberté de s'envoyer mutuellement à la ruine" - selon la définition de Fichte dans L'État commercial fermé - et avec la suppression de toute limitation extérieure au pouvoir du plus fort (ius sive potentia). Si le keynésianisme pouvait être compris lato sensu comme la tentative de mettre le capitalisme au service des finalités sociales établies par la politique, on peut affirmer à juste titre qu'au contraire, le néolibéralisme marque la transition historique d'époque d'une politique économique à base keynésienne à une politique à matrice hayékienne : la justice sociale et la justice de marché ne coexisteront plus, car la seule qui survivra est la justice de marché, convertie - en accomplissement du théorème de Thrasymaque exprimé dans la République (338c) - en "droit du plus fort", τὸ τοῦ κρείττονος συμφέρον. Selon la vision canonique de Hayek, le concept de justice sociale est, du point de vue néolibéral, un simple ens imaginationis "vide et dénué de sens".

harvey_couv.jpgComme le souligne Harvey dans sa Brève histoire du néolibéralisme (2005), cette perspective trouve son origine dans le quadrant droit et notamment chez des théoriciens tels que von Hayek et von Mises, avant de trouver ses bastions opérationnels chez Reagan et Thatcher. L'idée générale, explique Harvey, est celle d'une dérégulation du marché, jugé capable de s'autoréguler ; une dérégulation par laquelle l'économie devient superiorem non recognoscens et l'État désouverainisé devient un simple "policier" qui surveille les marchés et les défend si nécessaire. L'ordo néolibéral a réinventé l'État avec une fonction anti-keynésienne, en tant que "garde armé" de l'ordre désordonné de la compétitivité et en tant que garant ultime des intérêts du bloc oligarchique néolibéral non frontalier et de son hégémonie.

L'État néolibéral intervient dans l'économie, mais - et c'est là la nouveauté - il est structuré de telle sorte qu'il peut être géré de manière unidirectionnelle par l'élite cosmopolite pour son propre bénéfice, grâce au changement de la relation entre la politique et l'économie ; cela va du sauvetage public des banques et des entreprises privées (avec la redéfinition de l'État comme une énorme compagnie d'assurance, émettant des polices au profit des loups cyniques de Wall Street) à la répression policière des mouvements de protestation menés par les esclaves du peuple et de la nation contre l'ordre mondialiste (du G8 à Gênes en 2001, aux places françaises occupées par les gilets jaunes en 2019).

La déresponsabilisation du politique par le marché est complétée par l'érosion progressive des bases de la légitimité de l'État démocratique et de ses fondements sociaux, issus du compromis keynésien entre le politique et l'économique : le politique doit désormais être soumis à un rôle subalterne, incapable d'interférer dans l'économie, agissant exclusivement comme son serviteur et son "garde du corps". C'est ce que nous proposons d'appeler la dépolitisation néolibérale de l'économie. A la base, le compromis keynésien était l'artifice délicat construit pour redistribuer les richesses du haut vers le bas et assurer ainsi un équilibre acceptable entre démocratie et capitalisme. Depuis la fin du socialisme réel et avec la subsomption absolue de la gauche sous le capital, la décomposition progressive de l'Etat-providence s'est poursuivie dans ses principales déterminations (des retraites aux indemnités, de la grossesse à la maladie), toutes évidemment incompatibles avec les "défis" de la compétitivité sans frontières, id est avec l'exigence de produire le plus possible au prix le plus bas possible.

Liée à la réorganisation verticale de l'équilibre des pouvoirs rendue possible par le triomphe du paradigme technocapitaliste en 1989, la dé-démocratisation se fonde, comme nous l'avons vu plus haut, sur la dé-souverainisation et, conjointement, sur la supranationalisation, c'est-à-dire sur le déplacement du centre du pouvoir de la dimension des États souverains démocratiques vers des entités transnationales post-démocratiques. Comme le souligne Costanzo Preve, "la décision politique 'publique' est vidée et rendue marginale par son transfert 'privé' vers les grands centres des oligarchies financières", avec pour conséquence le passage des parlements nationaux à des conseils d'administration privés. De cette manière, qui est légitimée comme une libération de la belligérance des États nationaux et qui, en réalité, vise à neutraliser la souveraineté démocratique (qui implique la citoyenneté et la représentation) et à renforcer de manière convergente l'oligarchie financière cosmopolite "pour les peuples superflus", la disjonction entre les mécanismes de représentation populaire et les décisions macroéconomiques est réalisée. L'économie se dépolitise en s'affranchissant de plus en plus du contrôle démocratique, de même que la politique - ou ce que l'on continue d'appeler ainsi - s'"économicise", dans la mesure où elle devient un simple suiveur des intérêts économiques des groupes dominants ("comité d'entreprise des classes dominantes", pour reprendre la formule de Marx). L'état c'est moi est aujourd'hui la formule prononcée non plus par le roi, mais par la classe oligarchique néolibérale dans son ensemble.

Cet horizon de sens inclut aussi, entre autres, les allégements fiscaux mis en œuvre par la gouvernance libérale au profit des seigneurs du capital, au motif non avéré qu'ils conduiraient à des hausses généralisées de l'emploi et des revenus. Les "requins financiers" apatrides - comme les appelait Federico Caffè - et les géants du capital sans frontières sont en fait des évadés fiscaux au sens de la loi - les géants du commerce électronique, par exemple, paient un impôt d'environ 3 % - tandis que les classes moyennes et populaires subissent une hyperpression fiscale qui, en fait, représente une expropriation permanente.

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A l'examen des rapports de force du turbo-capitalisme, il est clair que "marché" non seulement ne rime pas avec "démocratie", mais procède par vidange de son contenu et érosion de ses espaces. C'est là l'essence même de la "seconde restauration" post-1989, comme l'appelait Badiou dans Le Siècle : le capital victorieux s'empare de tout. Et il passe à l'offensive, dé-souverainisant les États-nations comme derniers bastions de résistance à la domination de l'économie mondiale, attaquant les classes moyennes et ouvrières et déconstruisant les espaces des démocraties nées au 20ème siècle, lesquelles étaient pourtant encore perfectibles. De plus en plus, surtout depuis les années 1990, la gouvernance néolibérale a avili la démocratie électorale au nom de l'expertise : et cette "expertise" à laquelle ils se réfèrent n'est jamais celle des travailleurs et des masses nationales-populaires, mais coïncide au contraire avec l'expertise exclusive des "techniciens", comme on appelle pieusement les banquiers et les top managers, en utilisant un terme anodin et faussement super partes.

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C'est Frank Fischer qui a ouvert la voie dans Technocracy and the Politics of Expertise (1990). Selon l'ordre du discours libéral, le pouvoir de décision ne sera pas dévolu au peuple souverain (ce qui est, après tout, une autre façon de dire "démocratie"), mais au "comité" - ou task force - d'"experts", c'est-à-dire de banquiers et de top managers. En d'autres termes, au-delà du théâtre des apparences, c'est l'économie, le marché et la classe dirigeante qui décident vraiment, et d'une manière qui n'a rien de démocratique. C'est également pour cette raison que le néolibéralisme peut être compris comme le détournement de l'expérience commune par le biais de l'expertise.

Comme on l'a déjà rappelé, même en ce qui concerne l'aversion pour le peuple en tant que sujet souverain (cristallisée dans la catégorie du "populisme"), la nouvelle gauche et le bloc oligarchique néolibéral font système. Et une telle involution serait synthétisée dans la formule suivante : puisque le peuple n'a pas la capacité de décider et de choisir, il faut l'annuler, pour que, sans le peuple - et c'est là le paradoxe - la démocratie puisse mieux fonctionner. C'est le résultat des conclusions tirées dans La crise de la démocratie : sur la gouvernabilité des démocraties - l'étude de 1975 préparée conjointement par Michel Crozier, Samuel Huntington et Joji Watanuki, commandée par la "Commission Trilatérale" - que les groupes dominants ont cherché de nouveaux outils conceptuels pour gouverner le peuple en régénérant la "juste distance" entre le haut et le bas, menacée à ce stade par la participation démocratique croissante et la capacité critique pas encore totalement anesthésiée des classes subalternes.

La réduction du pouvoir syndical, la réduction contrôlée de la participation populaire à la vie politique et la propagation d'une apathie généralisée ont été quelques-unes des stratégies privilégiées pour le réajustement vertical de l'équilibre des pouvoirs. La dévalorisation même du peuple en tant qu'élément essentiel de la vie démocratique a été, dans une mesure toujours plus grande après 1989, le point culminant de cette réorganisation post-démocratique caractéristique du néo-libéralisme.

vendredi, 05 mai 2023

Discours de Lucas Leiroz à la Conférence mondiale sur la multipolarité

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Discours de Lucas Leiroz à la Conférence mondiale sur la multipolarité

Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/discurso-de-lucas-leiroz-para-conferencia-global-multipolar

Lucas Leiroz

Transcription du discours de Lucas Leiroz, chef du service des relations internationales de Nouvelle Résistance/Brésil, à la Conférence mondiale sur la multipolarité du 29 avril 2023.

Christos voskrese ! Le Christ est ressuscité !

Chers amis, collègues, frères et camarades,

ma plus sincère gratitude à chacun d'entre vous pour cet événement. En tant que membre de Nouvelle Résistance/Brésil, je suis immensément reconnaissant au professeur Alexandre Douguine et à son équipe, au Mouvement russophile international et aux amis chinois du Forum des penseurs d'avoir fait de cet événement un véritable pilier de la construction du monde multipolaire.

Je pense que cette conférence est exactement le modèle que nous voulons pour un nouveau monde. Les gens pensent souvent que la multipolarité est synonyme d'idées telles que l'isolationnisme et une moindre intégration entre les nations. Mais ces déviances n'ont rien à voir avec la multipolarité.

Au cours des dernières décennies, on nous a fait croire que la mondialisation libérale était la plus grande avancée de l'histoire humaine, intégrant les peuples, les cultures et les civilisations dans un monde caractérisé par un plus grand respect mutuel entre les personnes et une plus grande tolérance à l'égard des différences. Mais nous savons désormais que c'est un mensonge.

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Lucas Leiroz

La mondialisation est un faux concept. Elle n'a jamais existé en termes académiques. La "mondialisation" n'est rien d'autre que l'"occidentalisation". Et si nous utilisons le mot "mondialisation", c'est précisément parce que l'Occident est devenu, d'une manière ou d'une autre, "mondial".

Avec la fin de la guerre froide et la victoire des États-Unis, nous avons complètement perdu la perception géographique et idéologique dans nos esprits. Le libéralisme est devenu la nature elle-même. Et l'Occident est devenu le globe lui-même. Ce qui était idéologique est devenu normal et naturel. Ce qui était autrefois la civilisation occidentale moderne est devenu la civilisation mondiale elle-même.

Mais il n'a pas fallu longtemps pour se rappeler les mots de Proudhon et de Carl Schmitt : celui qui invoque l'humanité veut tricher. Dans les années qui ont suivi la victoire de l'Occident capitaliste, des guerres d'agression et des invasions de toutes sortes ont commencé dans le monde entier. Les guerres ont été menées au nom de ce qu'ils appelaient "l'humanité" et nous, peuples non occidentaux, avons vite compris que nous n'étions pas vraiment membres de cette "civilisation mondiale", de cette "humanité". Nous avons compris que la mondialisation n'était pas un processus pacifique, mais un processus violent de domination forcée de tous les peuples, sanctionné par les guerres et la terreur.

Et c'est à ce moment-là que nous avons compris que nous étions seuls. Que les puissances occidentales ne viendraient pas à notre secours et ne nous sauveraient pas de la misère et du chaos auxquels elles nous avaient elles-mêmes soumis. C'est aussi à ce moment-là que nous avons compris que, pour surmonter cette situation, nous devions nous unir, coopérer les uns avec les autres et réécrire l'histoire des nations.

Cette prise de conscience que nous, peuples non occidentaux, n'avions que pour nous-mêmes, nous a fait progressivement reconnaître que tout ce qu'on nous avait enseigné était faux. Elle nous a fait voir que nous ne vivions pas dans une civilisation mondiale sans frontières, mais dans un certain espace physique et géographique, plein de nos propres symboles, de notre langue, de notre culture et de notre religion.

Il nous a fait reconnaître que nous n'étions pas les étrangers d'une union mondiale appelée "humanité", mais que nous étions la véritable humanité, au sens plein du terme : l'harmonie qualitative de tous les peuples. Ce n'est qu'à cette condition que nous avons pu entamer notre marche vers la liberté.

Cette marche est avant tout mentale et spirituelle. Notre guerre commence dans nos esprits et dans nos cœurs. C'est là que nous devons nous libérer des principales chaînes occidentales. Et tant que cela ne sera pas fait, nous ne pourrons pas affronter correctement les batailles physiques. Tant que nous serons colonisés dans nos têtes et nos esprits, nous resterons les otages de nos oppresseurs, quelle que soit la souveraineté formelle de nos pays.

Je considère donc cet événement comme le résultat de la conscience humaine que nous sommes en train de développer. Le résultat du grand réveil qui nous fait réaliser qu'en fait, c'est nous, et non eux, qui sommes l'humanité.

C'est donc exactement ce que j'entends par multipolarité. Le réveil de l'humanité. La prise de conscience que nous sommes ensemble dans une guerre contre ceux qui veulent nous soumettre, nous coloniser et nous anéantir. C'est pourquoi nous devons toujours être ensemble, unis, intégrés et échanger des perspectives et des connaissances. Nous avons beaucoup à apprendre et à gagner les uns des autres. Cette conférence en est la preuve.

Nous savons que les idées ne suffisent pas et qu'il y a aussi une guerre physique. Nous savons qu'en ce moment même, nos héros sacrifient leur vie sur le champ de bataille pour lutter en faveur de la multipolarité. Et nous honorons avant tout leur travail nécessaire. Toutefois, nous devons également garder à l'esprit qu'il s'agit d'une guerre mentale et spirituelle et que nos philosophes et nos saints sont les ennemis numéro un des mondialistes.

Je vous remercie tous.

Lucas Leiroz

Source : Nova Resistência

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Le courage, une vertu fondamentale dans la transition vers la multipolarité

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Le courage, une vertu fondamentale dans la transition vers la multipolarité

Raphael Machado

Transcription du discours de Raphael Machado, leader de l'organisation populaire et patriotique Nouvelle Résistance - NR, lors de la Conférence mondiale sur la multipolarité du 29 avril 2023.

Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/coragem-como-virtude-fundamental-na-transicao-para-multipolaridade

Si nous nous penchons sur la tradition hellénique, qui est pertinente pour la civilisation européenne, mais aussi pour d'autres civilisations proches ou apparentées (comme l'Ibéro-Amérique), nous verrons la proéminence donnée par des philosophes comme Aristote à la vertu du courage (ἀνδρεία). Considérée comme la plus haute vertu des Spartiates ─ comme nous pouvons le déduire des Dits des Spartiates de Plutarque ─ selon Aristote, la vertu de courage impliquait une volonté d'affronter un risque existentiel réel mais non désespéré au nom d'une fin digne d'intérêt.

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Aristote nie donc que nous ayons affaire à la vertu du courage lorsque le danger n'est pas existentiel, lorsqu'il n'y a aucune chance de triomphe ou lorsqu'il n'y a pas de fin digne de ce nom. Le courage, comme toutes les vertus aristotéliciennes, implique donc un bon objet, une bonne manière et un bon moment, dans une sorte d'exacte mesure entre les extrêmes de la peur et de la confiance.

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Raphael Machado

On pourrait ici aussi évoquer le concept de yong (勇), la vertu du courage telle qu'elle est présentée dans la civilisation chinoise par les écrits de Confucius. Le courage apparaît ici comme l'une des trois vertus de l'homme noble, une question de mesure y étant impliquée, pour Confucius également. Il doit être encadré par un sens de la convenance ou du rite, c'est-à-dire qu'il y a une manière correcte d'être courageux, et il doit également être précédé par la connaissance. En bref, il s'agit de la volonté de prendre des risques pour empêcher le mal en obéissant à des normes éthiques.

On pourrait s'interroger sur la raison de ce bref discours sur la vertu dans le cadre d'une conférence sur la multipolarité. Mais il est possible de justifier une telle démarche en faisant appel à une notion plutôt traditionnelle : selon les Anciens, il existe une homologie entre l'homme et la cité (c'est-à-dire l'État, en termes modernes), de sorte qu'il est possible de transplanter les vertus humaines dans la dimension politique, la dimension communautaire et institutionnelle de la chose publique.

Il faut donc penser la transition multipolaire et l'attitude des pays face à cette transition à la lumière du courage traditionnel comme vertu publique. Nous sommes tous conscients que nous nous trouvons à un carrefour historique, face à des circonstances historiques qui peuvent changer le cours de l'histoire des peuples. Nous devons considérer le moment présent comme aussi étonnant que la période de la chute de Constantinople. Ces possibilités ont été inaugurées par la déflagration que constitue l'opération militaire spéciale russe à sa frontière sud-ouest. La décision russe de lancer cette opération, au bon moment, a ouvert une myriade de possibilités pour les autres peuples du monde. Eux aussi se trouvent dans le kairos de prendre une décision.

Or, cette myriade de possibilités inaugurée par la décision russe peut être condensée dans le dépassement du moment unipolaire atlantique par l'établissement d'un ordre mondial multipolaire. Nous serions maintenant dans la transition, dans l'intervalle, sur le seuil entre ces deux directions, et si l'issue finale dépend du résultat de l'opération militaire russe, la concrétisation, la stabilisation et la configuration de l'ordre multipolaire dépendent de la décision prise par chaque peuple dans ce kairos qui est unique et qui exige donc une décision. Les conséquences de l'absence de décision, ou de la prise d'une mauvaise décision et de la fermeture des portes de ce kairos, peuvent être dramatiques.

C'est dans ce contexte que nous pouvons présenter le courage comme une vertu publique et, plus encore, comme la vertu publique fondamentale dans ce kairos international.

Notre conférence réunit des représentants de plus de 64 pays. Dans l'auditoire, nous avons des représentants d'encore plus de pays, peut-être de tous les pays du monde. Il n'est donc pas étranger de dire qu'en ce moment de transition multipolaire, plusieurs pays, parmi les petits et les grands, sont récalcitrants à la possibilité de changements radicaux dans l'ordre international. Au-delà de la peur bourgeoise de l'inconnu, ces pays craignent :

(a) des sanctions ;

b) des interventions militaires

c) des révolutions de couleur,

ou une combinaison de ces outils, si leurs États prennent des mesures visant à rompre avec le statu quo.

Selon les critères aristotéliciens, toutes ces craintes correspondent au type d'objet susceptible d'être traité par la vertu de courage. Il s'agit de risques existentiels, qui peuvent conduire à la destruction d'un pays ; la finalité est noble, puisque la multipolarité est la condition internationale qui permet l'autoréalisation souveraine de chaque peuple dans sa civilisation ; et, surtout, le danger est surmontable.

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Parce que de nombreuses nations, se souvenant de situations passées où elles ont été attaquées par des sanctions, des interventions et des révolutions colorées, ont une peur exagérée du moment de faiblesse de l'hégémon et des structures hégémoniques, et pour cette raison, elles hésitent à se positionner activement dans la transition vers la multipolarité, s'obstinant à essayer de retarder cette transition. Cela ne veut pas dire que tous les pays du monde devraient adopter la même position que la Russie et d'autres pays qui défient ouvertement et activement l'ancienne structure unipolaire. C'est le propre du courage que d'être dirigé vers le bon objet, de la bonne manière et au bon moment, le moment étant le même pour tous, la manière variant selon les conditions objectives (de puissance, de géographie, etc.) de chaque pays. Néanmoins, même si la manière diffère, même le plus petit pays du monde, s'il en a le courage, peut se risquer, en montrant sa valeur, à contribuer à l'accélération et à la consolidation de la transition multipolaire.

Pour certains, il s'agira simplement de refuser de soutenir les sanctions contre les cibles que l'Occident veut éliminer, ou de voter, à l'ONU, pour les principes multipolaires. Peut-être même quelque chose d'aussi simple que de promouvoir le dialogue à un niveau officiel ou culturel avec les pays "annulés" par les mondialistes. Mais ce qui est fondamental, c'est de comprendre le moment, le kairos, et d'agir en conséquence, afin que chacun de nos peuples et de nos civilisations participe à la construction de la multipolarité.

Amis de tous les peuples du monde, soyons audacieux.

Source : Nouvelle Résistance, Brésil.

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La multipolarité et la montée des États civilisationnels

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La multipolarité et la montée des États civilisationnels

Zhang Weiwei

Transcription du discours de Zhang Weiwei lors de la conférence mondiale sur la multipolarité du 29 avril 2023.

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/multipolarity-and-rise-civilizational-states

À la veille de la visite du président chinois Xi Jinping en Russie, le 19 mars, j'ai été interviewé par Russia Today, qui m'a demandé comment je percevais les lourdes sanctions occidentales imposées à la Russie, et j'ai répondu que la Russie avait été isolée par l'Occident et que l'Occident avait été isolé par les autres. La raison en est simple: si l'opération militaire russe en Ukraine est controversée, l'un des objectifs avoués de la Russie est de transformer l'ordre mondial multipolaire dirigé par les États-Unis en un ordre mondial multipolaire, et cet objectif est largement soutenu ou du moins compris par le monde non occidental.

Leur soutien ou leur compréhension de cet objectif est renforcé par le fait que les grandes puissances non occidentales comme la Chine, la Russie, l'Inde et l'Iran, et d'autres encore, se qualifient ouvertement d'États civilisationnels. Ils peuvent diverger sur la définition exacte du terme "État civilisationnel", mais ils semblent s'accorder sur au moins trois thèmes : premièrement, ils constituent tous respectivement une civilisation unique, deuxièmement, ils en ont assez que l'Occident leur impose ses valeurs au nom de "valeurs universelles" et, troisièmement, ils résistent à l'ingérence de l'Occident dans leurs affaires intérieures.

Ces États civilisationnels en plein essor remettent en effet en question l'ordre mondial unipolaire dit libéral, et le monde assiste ainsi à un changement de l'ordre mondial, qui passe d'un ordre vertical, dans lequel l'Occident est au-dessus des autres, à un ordre horizontal, dans lequel l'Occident et les autres sont sur un pied d'égalité en termes de richesses, de pouvoir et d'idées. Sans parler des autres puissances non occidentales, la Chine à elle seule a contribué davantage à la croissance économique mondiale que les pays du G7 réunis (38 % contre 25 %) au cours des dix dernières années. L'utilisation du dollar par les États-Unis dans le cadre de leurs sanctions contre la Russie n'a fait qu'inciter de plus en plus de pays non occidentaux à abandonner l'utilisation du dollar dans leurs échanges internationaux, ce qui porte un coup terrible à l'ordre économique unipolaire existant. L'année dernière, 70 % des échanges sino-russes ont été réalisés dans les monnaies locales, et l'Inde, le Brésil, l'Iran, la Turquie, l'Indonésie et d'autres grands pays non occidentaux encouragent tous les échanges dans leurs monnaies locales.

Il est également vrai que dans les relations internationales, les puissances occidentales ont longtemps poursuivi une stratégie de "diviser pour régner" depuis l'époque coloniale. En revanche, les grandes puissances non occidentales, notamment la Chine, suivant sa tradition d'État civilisationnel, poursuivent exactement le contraire, c'est-à-dire "unir et prospérer", comme le montre sa vaste initiative "la Ceinture et la Route" (BRI), qui s'avère populaire auprès de la plupart des pays, et la Chine estime également que cet idéal d'union et de prospérité représente les meilleurs intérêts des Chinois ainsi que de la plupart des autres peuples.

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Le pouvoir politique et l'autorité morale de Washington s'affaiblissant rapidement tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, il est tout à fait naturel que les pays non occidentaux s'inspirent de leurs propres cultures et civilisations pour se démarquer du modèle libéral américain discrédité et de son hégémonie unipolaire.

Il est intéressant de noter que l'idée d'un État-civilisation est également attrayante pour de nombreuses personnes dans le monde occidental. Par exemple, face aux défis redoutables de la "renationalisation" de l'Europe, le président français Macron a presque ouvertement admiré l'idéal de l'État civilisationnel en citant la Chine, la Russie et l'Inde comme exemples et en déclarant que le destin historique de la France était de guider l'Europe vers un renouveau civilisationnel.

Pour la droite occidentale, le modèle de l'État civilisationnel est un moyen de défendre les valeurs traditionnelles et de résister à l'excès de l'ultralibéralisme et à la dégénérescence culturelle largement perçue, tandis que pour la gauche, ce modèle témoigne du respect dû aux cultures et aux traditions indigènes et constitue un moyen de rejeter l'impérialisme occidental et l'excès du néolibéralisme.

En effet, les États civilisationnels émergents d'Eurasie se définissent principalement contre l'Occident libéral, tandis que l'Occident s'efforce aujourd'hui de définir sa propre identité, ce qui semble plus difficile que pour la Chine ou la Russie. D'une part, les libéraux ont longtemps prêché des valeurs universelles au-delà des frontières nationales ou civilisationnelles et pensent que leurs valeurs sont universelles, ni occidentales, ni européennes, ni judéo-chrétiennes. Pourtant, le politologue européen Bruno Maçães affirme que l'"Occident" libéral est aujourd'hui mort, reflétant sa sympathie pour "une révolte contre le déracinement mondial".

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Cependant, l'Occident peut-il exister en tant qu'entité civilisationnelle indépendante ? L'universitaire britannique Christoph Coker note que "ni les Grecs ni les Européens du XVIe siècle... ne se considéraient comme "occidentaux", un terme qui ne remonte qu'à la fin du XVIIIe siècle".

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Certains libéraux occidentaux prônent un retour aux Lumières en Europe, mais il est évident que le libéralisme des Lumières, avec ses tendances universelles, a conduit l'Occident à son dilemme actuel, qui a coupé l'Occident, et l'Europe en particulier, de ses propres racines culturelles, comme le note Macaes : "Les sociétés occidentales ont sacrifié leurs cultures spécifiques au nom d'un projet universel." En effet, un Occident divisé culturellement, socialement et politiquement, comme c'est le cas aujourd'hui, a encore une bataille difficile à mener avant de façonner une identité civilisationnelle commune, si tant est qu'il y en ait une.

Dans une perspective à moyen et long terme, comme l'ordre mondial devient de plus en plus horizontal plutôt que vertical, et que l'Occident et les autres pays sont davantage sur un pied d'égalité en termes de richesse, de pouvoir et d'idées, il est probable que nous assistions à l'émergence d'un plus grand nombre de communautés ou d'États civilisationnels, autoproclamés ou authentiques, parmi lesquels il pourrait bien y avoir une communauté civilisationnelle occidentale sur un pied d'égalité avec d'autres. Il faut espérer que les "valeurs universelles" définies unilatéralement par l'Occident seront progressivement remplacées par certaines valeurs communes approuvées par l'ensemble de la communauté internationale, telles que la paix, l'humanité, la solidarité internationale et une seule communauté humaine, et que toutes les communautés civilisationnelles apporteront leur contribution à cette noble entreprise dans l'intérêt de l'humanité tout entière.

jeudi, 04 mai 2023

Création d'un nouveau parti politique en Allemagne : Wagenknecht se lance...

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Création d'un nouveau parti politique en Allemagne: Wagenknecht se lance...

Par Sven Eggers

Source: https://www.compact-online.de/parteigruendung-wagenknecht-legt-los/?mc_cid=0e52c5bccd&mc_eid=128c71e308

Sahra Wagenknecht a reconnu qu'elle était en train de créer un parti. Est-ce l'occasion d'unir la droite et la gauche? C'est là qu'intervient le nouveau livre de l'auteur à succès Manfred Kleine-Hartlage, Querfront. Die letzte Chance der deutschen Demokratie (= "Front transversal. La dernière chance de la démocratie allemande"), tombe à point nommé. En savoir plus: cf. infra.

Le journal Die Welt écrivait récemment : "Les signes se multiplient selon lesquels la politicienne de gauche Wagenknecht prévoit de fonder un parti. En coulisses, les détails de cette fondation sont explorés depuis longtemps".

"Ce serait raisonnable"

En premier lieu, le journal du groupe Springer se réfère à une conversation entre Wagenknecht et le rédacteur en chef de la Freie Presse à Chemnitz fin avril. Elle y déclare : "Il y a énormément de gens - je le remarque aux échos que je capte, aux mails que je reçois ; les sondages le disent aussi - qui ne se sentent plus représentés par aucun parti".

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Selon le journal, il est problématique qu'une partie importante de la population ne soit plus réellement représentée. Wagenknecht clarifie ensuite sa position :

    "Il serait donc raisonnable qu'une force nouvelle voit le jour".

Selon les informations de Die Welt, il n'y a pas encore de décision définitive - "même si la tendance semble aller vers la création d'un parti". Si l'on en croit le journal, il s'agit pour l'instant avant tout de questions juridiques, organisationnelles, financières et personnelles, ainsi que des chances de succès.

"Si la gauche se restructurait complètement, avec des têtes attrayantes à la tête du parti et un programme raisonnable, j'arrêterais immédiatement toute réflexion sur une nouvelle fondation", déclare Wagenknecht, avant d'ajouter: "Mais je ne vois pas cela. L'adhésion à Die Linke a beaucoup changé ces dernières années". Le principal problème, selon elle, est qu'une certaine gauche veut être plus verte que les Verts et s'occupe de "sujets comme les styles de vie woke", pour lesquels il n'y a pas de base électorale suffisante.

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Guérot est de la partie

La politologue Ulrike Guérot, qui a récemment risqué sa peau pour avoir critiqué le gouvernement sur les thèmes de la guerre en Ukraine et du coronavirus, fait pression :

    "Si Sahra Wagenknecht créait un parti, j'en ferais partie".

Guérot poursuit : "A mon avis, il faut une force politique, un parti de la raison, qui ne mette pas l'idéologie ou la morale au centre, mais, au contraire, n'avance que des arguments factuels". Elle ajoute : "Un parti pour un centre bourgeois qui n'est pas satisfait de cette politique marquée par la morale. Un parti pour la liberté, la paix, la raison".

En outre, il faut enfin en finir avec "l'exclusion morale". Il existe en effet une tendance à éviter de prendre certaines positions par peur d'être "applaudi du mauvais côté". Dans le cas contraire, on est vite considéré comme "de droite". Cette stigmatisation a créé "un vide politique" qui doit être comblé, "et pour lequel je vois un grand potentiel électoral".

La question délicate

Même Die Welt remarque cependant ici: "Mais c'est précisément ce point qui soulève une question délicate : Où s'arrête la propre tolérance de Wagenknecht ? Qui, même elle, ne veut-elle pas avoir dans son parti" ?

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Dans son livre "Querfront", Manfred Kleine-Hartlage écrit :

    "Il n'y a plus qu'une seule et minuscule chance d'empêcher le naufrage final de la démocratie en Allemagne, et c'est la coopération entre l'opposition de gauche et l'opposition de droite: non pas parce que les forces d'opposition seraient idéologiquement d'accord entre elles, mais parce qu'elles ne le sont justement pas".

Et plus loin : "Elles devraient cependant être d'accord sur le souhait de vivre à nouveau dans un pays où les conflits politiques sont réglés par des arguments, et non par diverses variantes d'exclusion et d'intimidation allant jusqu'à la terreur ; dans un pays qui ne se laisse pas abuser comme n'étant que le pauvre larbin d'une grande puissance impérialiste et qui peut donc en toute liberté contribuer à la paix en Europe; dans un pays où les principes de l'État de droit sont à nouveau en vigueur; dans un pays qui est capable, entre autres pour cette raison, de s'attaquer à ses problèmes et de se construire un avenir !"

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Querfront - Table ronde avec Anselm Lenz ("Demokratischer Widerstand"), Oliver Kirchner (AfD Sachsen-Anhalt), l'auteur Manfred Kleine-Hartlage, Jürgen Elsässer (de droite à gauche).

Dans ce contexte, Die Welt rappelle également le numéro de décembre de COMPACT avec Wagenknecht en première page ou l'invitation de Björn Höcke, président de l'AfD en Thuringe, à ce que Wagenknecht rejoigne l'AfD.

En ce qui concerne les chances de succès de Wagenknecht, Die Welt : "L'année prochaine, il y aura des élections européennes. Le principe des listes nationales n'existe pas plus qu'une clause d'exclusion. Même si un parti forgé par Wagenknecht devait donc manquer de base d'ici la fin de l'année, les élections européennes pourraient devenir une rampe de lancement".

Sans des forces dites de droite, Wagenknecht ne peut toutefois pas gagner. C'est ce qui ressort également du livre Querfront ! La dernière chance de la démocratie allemande". Sur 224 pages, Manfred Kleine-Hartlage parle à la conscience des gauchistes endurcis, mais aussi à celle de la droite, trop étatiste dans de nombreux domaines. A commander ici: https://www.compact-shop.de/shop/buecher/manfred-kleine-h...