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samedi, 29 mars 2014

Entrevue du C.N.C par l'Association Culturelle Zenit

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Entrevue du C.N.C par l'Association Culturelle Zenit (Italie/Belgique)

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Après avoir interviewé des associations à travers l'Europe, l'Association Culturelle Zenit, basée à Rome, nous a fait l'honneur de nous interroger pour la France sur divers sujets d'actualité. Nous espérons que cette entrevue sera l'occasion pour notre lectorat de mieux nous connaître.

ZENIT:

1.Un grand merci à Jean pour avoir accepté de répondre à notre interview. Peux-tu nous expliquer en quelques mots quel est le but du "CERCLE NON CONFORME"?

Jean/CNC: Le Cercle Non Conforme est une association culturelle française rattachée au Mouvement d’Action Sociale. Nos activités sont à la fois ancrées dans le réel car nous organisons des conférences, participons à des rassemblements et organisons des activités culturelles, mais elles sont aussi très présentes sur internet où nous tenons un blog avec des chroniques de livres, de films, d’albums et aussi des articles de réflexion. Nous sommes aussi liés à la radio Méridien Zéro.

Le but du CNC est d’apporter une réflexion autant sur le milieu nationaliste français que sur la société et le monde actuels, nous sommes donc dans une perspective non conforme à la fois vis-à-vis de notre milieu d’origine (le nationalisme) et vis-à-vis de la société qui rejette en partie nos idées.

Nous sommes assez influencés par le renouveau militant italien, nous avons voyagé en Italie au sein de différentes sections de Casapound (Rome, Vérone, Bolzano) et nous avons également un esprit assez proche du blog d’avant-garde Zentropa puisque nous puisons nos références partout.

2.Depuis toujours l'Europe de l'Est est une vrai poudrière à ciel ouvert, qui peut exploser à tout moment; les différents peuples du bloc de l'Est se battent pour défendre leur identité ainsi que leur souveraineté. Quelle est selon vous la solution face à ce problème? Peut-on espérer voir un jour naître une coalition  entre ces différents pays afin de donner vie à l'Europe des peuples dont nous rêvons tant?

La situation en Europe de l’est, et en Ukraine en particulier, est très complexe. En France elle a été l’occasion de débats houleux. En effet deux visions s‘affrontent schématiquement. Une vision assez identitaire qui considère que les peuples sont maîtres chez eux et qu’ils ont un droit à se gouverner eux-mêmes sur leur terre. Et puis il y a une vision géopolitique, structurée autour des intérêts de différentes puissances qui défendent des modèles opposés.

Nous partons tous du constat que les Etats-Unis sont un vrai problème pour l’Europe et pour l’équilibre mondial. Mais si dans le cas de la Syrie, nous avons tous défendu peu ou prou la même ligne, celui de l’Ukraine a causé des divisions fortes. Dans les deux cas, beaucoup de militants ont nourri l’espoir, surement naïf, que la renaissance de l’Europe se fasse par l’est.

Il semble que la troisième voie soit difficile à développer car tout le monde n’appréhende pas le réel de la même façon. Pour nous l’idéal serait une Ukraine nationaliste qui signerait des partenariats avec la Russie sur un pied d’égalité, mais les deux partis le veulent-ils ? Les Russes considèrent l’Ukraine comme une « petite Russie » qui doit leur être inféodée et les Ukrainiens perçoivent les Russes comme une puissance impérialiste néfaste. Nous avons connu ce problème en Europe, quoique différemment, dans l’opposition entre la France et l’Allemagne. Tout cela n’a conduit qu’à des guerres, à la désolation et à la décadence de l’Europe. Et surtout : le règne des Etats-Unis.
Il faut donc marteler que notre ennemi numéro 1, ce sont les Etats-Unis, cette anti-Europe. Pour cela il faut aussi généraliser les échanges entre nationalistes de toute l’Europe. Pour notre part nous côtoyons surtout les belges et les italiens. Peut-être faudrait-il aussi engager plus de liens avec les Allemands qui sont une puissance complémentaire de la France et dont les méthodes militantes évoluent également fortement en raison de la répression. Nous avons tous à apprendre les uns des autres. Nous sommes peut-être à un tournant historique, où, débarrassés de tout esprit revanchard, de l’irrédentisme et face à des ennemis communs, nous pouvons enfin discuter sur un pied d’égalité pour construire l’Europe de demain.

3.Ces derniers mois nous avons assisté à des manifestations populaires dans certaines villes de France, notamment à Nantes ou en Bretagne avec les "bonnets rouges", sans oublier les manifestations contre le "mariage pour tous", peut-on parler d'une "renaissance du nationalisme" en France?

La France connaît effectivement une forte agitation politique. Manifestations contre le mariage homosexuel, pour la défense de la famille, mais aussi émeutes menées par l’extrême-gauche à Nantes, jacqueries contre les taxes en Bretagne, etc… mais il faut être prudent sur la « renaissance du nationalisme ». Le nationalisme français est plutôt en crise et cherche aujourd’hui un chemin. Il faudrait même s’entendre sur ce qu’on appelle « nationalisme »…
La plupart des mouvements, malgré une sympathie mutuelle, ont souvent des positions très différentes sur de nombreux sujets : le régime politique, l’économie, l’identité, la religion, l’Europe, etc…

Le mariage homosexuel est un thème très conservateur, alors que d’autres sujets devraient mobiliser des millions de français : le chômage, l’esclavage par la dette, l’immigration de masse, l’Union européenne.

Cependant, les dernières manifestations ont permis à certains nationalistes de revenir au contact de la population dont ils étaient souvent coupés. C’est le principal effet positif des manifestations contre la mariage homosexuel, cela a permis à des gens différents de se parler, de se connaître et désormais d’opérer peu à peu une jonction des luttes.
Mais les Français ont encore pour beaucoup peur du nationalisme, car on leur a martelé que le nationalisme c’est la guerre, la dictature, etc… Il y a encore un gros travail à faire pour que le nationalisme soit perçu de façon positive pour nos compatriotes. Pour cela il faut surement redéfinir la doctrine du nationalisme du XXI eme siècle. C’est pour cela que nous puisons dans des références diverses et que nous cherchons à analyser le monde dans lequel nous vivons sans aucune nostalgie.

Par ailleurs il existe deux tendances très fortes aujourd’hui en France, une « union des droites », patriote et conservatrice, qui est libérale sur le plan économique et une autre voie issue de l’extrême-gauche, dite « dissidente », qui prône l’unité, sans clivage ethnique, religieux ou de parti contre l’oligarchie euro-mondialiste mais qui ne peut nous satisfaire sur la question identitaire.

Pour notre part nous sommes encore une fois porteur d’une troisième voie, à la fois sociale et nationale, ferme sur les principes mais tournés vers l’avenir. Il faut répondre aux préoccupations de son peuple sans pour autant se trahir.

4.Que pensez-vous de François Hollande comme président de la République?

D’abord une précision pour les italiens qui ne connaissent pas forcément le système politique français : la France est un régime dit « présidentiel » c'est-à-dire que nous votons pour le président, qui nomme ensuite son gouvernement. Mais nous votons aussi pour les députés qui définissent alors la majorité à l’Assemblée Nationale. En France, François Hollande est au PS, l’Assemblée Nationale est majoritairement PS donc le gouvernement nommé par le président et son premier ministre sont PS.

Hollande est emblématique de l’arnaque démocratique. Rapportées au nombre de Français, les voix obtenues à la présidentielle représentent à peine un quart de la population. La côte de popularité du président est très faible, environ 15%, autant dire que sa légitimité est nulle. Les différents projets fiscaux ou vis-à-vis de la famille, la montée du chômage et de l’insécurité contribuent à nuire à sa côte de popularité. Ainsi de nombreux français ont lancé une offensive politique contre le président Hollande, certains allant même jusqu’à demander sa destitution.


Pour notre part nous sommes assez méfiants. Perdre un président social-démocrate pour un président de « droite » n’a aucun intérêt, d’ailleurs la droite française a fait beaucoup plus de mal à notre pays que la gauche. La droite a beaucoup plus favorisé l’immigration que la gauche, contrairement à une idée reçue, et c’est assez logique, la droite est le parti du MEDEF (syndicat des patrons). Quant à la gauche, après avoir permis à la classe ouvrière de consommer grâce à l’augmentation des salaires et aux congés payés, elle prépare aujourd’hui la France multi-culturelle, mais in fine tout ça sert les intérêts du capitalisme. C’est donc un système.

Cependant, Hollande n’est pas pire que son prédécesseur, la France n’est pas souveraine, elle applique les diktats de l’UE, ceux de la banque mondiale ou d’autres officines mondialistes, ce sont des détails techniques qui vont changer entre Hollande (la gauche) ou la droite : untel va préférer taxer tel produit, alors que l’autre taxera tel autre produit. Tout ça n’est qu’une mascarade.

C’est l’oligarchie euro-mondialiste qu’il faut dénoncer, dont François Hollande n’est que le valet servile. Demain ce sera un autre et rien ne changera. Et puis peut-être qu’un jour, on ne nous demandera plus notre avis, c’est bien ce que vous avez connu en Italie avec Mario Monti…


5.Dans quelques mois auront lieu les élections pour le parlement européen, beaucoup craignent de voir une  montée en flèche des partis nationalistes qui n'ont jamais caché leur "euroscepticisme"; d'ailleurs le F.N de Marine Le Pen en a fait son cheval de bataille. Selon vous à quoi faut-il s'attendre lors de ces élections? Que pensez-vous de Marine Le Pen?

Le FN est un parti assez unique en son genre. Il a plus un discours « souverainiste » que véritablement nationaliste. Ce n’est pas non plus un parti libéral comme ceux existant en Europe du nord. Le FN de Marine Le Pen a progressé sur certains points : la question sociale, la dénonciation de la finance, de l’UE et la géopolitique. Tout ça est positif. En revanche son discours s’est amollit sur la question identitaire. L’immigration, qui était un thème central auparavant n’est plus vraiment abordée. Alors certes on ne peut pas tout résumer à l’immigration, mais la question n’a jamais été aussi brûlante, avec les hordes qui déferlent en Espagne et en Italie et deux milliards d’africains à l’horizon 2050 dont beaucoup chercheront l’eldorado.

Nous trouvons assez positif que le FN fasse des scores élevés, car cela pose problème à l’oligarchie qui perd du terrain, des postes et dont le discours est de plus en plus contesté. En revanche le FN traduit aussi un aspect inquiétant de la situation française : cette foi quasi religieuse dans le vote, la déresponsabilisation des citoyens et la cécité face à la gabegie. Malgré la corruption, les scandales sexuels et financiers, l’insécurité, l’immigration de masse, les diktats de l’UE, la destruction de l’environnement, l’inféodation à la politique des Etats-Unis, la réduction de nos libertés, l’esclavage de la dette, le chômage, etc… le FN n’est crédité « que » de 25% des intentions de vote. Il y a donc encore 75% des électeurs qui considèrent qu’il vaut mieux voter pour tous les autres. Et je trouve ça assez inquiétant. Alors certes ce score est important vu de l’étranger, mais que vous fassiez 1% ou 25%, vous n’obtenez rien de plus car les modes de scrutin sont défavorables au FN.

Pour les élections européennes, je pense qu’il y aura une montée des mouvements « populistes », mais est-elle de nature à infléchir le cours des choses ? Difficile à dire.

Un sursaut des consciences est urgent, car bien que j’aie foi en notre victoire finale, chaque jour qui passe empire encore plus la situation. Nous pensons de fait qu’il faut structurer un mouvement capable de gérer la crise majeure qui interviendra tôt ou tard.

Un grand merci à nos amis du « CERCLE NON CONFORME » pour  votre collaboration. Nos chemins se recroiseront très certainement.

ZENIT/CNC

Entrevue publiée sur le site de l'Associazione Culturale Zenit en italien le 17/03/2014

Note du C.N.C: L'entrevue a été réalisée début mars par l'Association Culturelle Zenit de Rome puis traduite par Zenit Belgique. Nous remercions les camarades italiens et belges pour leur initiative et leur soutien. Nous organisons une conférence avec l'association Zenit le 5 avril 2014 dans la métropole lilloise.

mardi, 25 mars 2014

Robert Stark Interviews Keith Preston

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The Stark Truth
Robert Stark Interviews Keith Preston

By Counter-Currents Radio

 

To download the mp3, right-click here [2] and choose “save target or link as.”

To subscribe to our podcasts, click here [3].

Robert Stark welcomes back Keith Preston of Attack the System [4]. Topics include:

  • Keith’s article “Who and I? Left, Right, or Center”: http://attackthesystem.com/2014/02/21/who-am-i-left-right-or-center/ [5]
  • How his anti imperialist views on foreign policy overlap with the far Left as well as Paleoconservative and New Right thinkers
  • How he finds his critique of capitalism often overlaps with both those of the far Left but also those of Catholic distributists and social nationalists on the far Right
  • How he shares some views on social issues with the Left, but swings back to the Right on decentralist, anti-statist or civil libertarian grounds
  • His support for regionalist and ethno-identitarian movements as a bulwark against imperialism and the Leviathan state
  • The cult of guilt by association versus intellectual freedom
  • Making a case against mass immigration to anarchists
  • His podcast “Who Are the Power Elite?”: http://attackthesystem.com/2013/12/30/attack-the-system-who-are-the-power-elite/ [6]
  • The difference between power elite analysis and conspiracy theories
  • Power elite analysis versus theories of democratic pluralism
  • How the power elite uses demographic, cultural, and class conflict to protect its own position of dominance
  • Robert Putnam’s book Bowling Alone and the concept of social capital
  • His podcast “Creating Alternative Infrastructure”: http://attackthesystem.com/2014/02/15/ats-roundtable-on-creating-alternative-infrastructure/ [7]

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/03/robert-stark-interviews-keith-preston-3/

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[2] here: http://cdn.counter-currents.com/radio/StarkTruth-2014-03-19-KeithPreston.mp3

[3] here: http://www.counter-currents.comitpc://feeds.feedburner.com/Counter-Currents

[4] Attack the System: http://attackthesystem.com/

[5] http://attackthesystem.com/2014/02/21/who-am-i-left-right-or-center/: http://attackthesystem.com/2014/02/21/who-am-i-left-right-or-center/

[6] http://attackthesystem.com/2013/12/30/attack-the-system-who-are-the-power-elite/: http://attackthesystem.com/2013/12/30/attack-the-system-who-are-the-power-elite/

[7] http://attackthesystem.com/2014/02/15/ats-roundtable-on-creating-alternative-infrastructure/: http://attackthesystem.com/2014/02/15/ats-roundtable-on-creating-alternative-infrastructure/

lundi, 24 mars 2014

Entretien avec Anne-Marie Le Pourhiet sur l'Union européenne

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L'UE est une hydre technocratique manipulée par les lobbies...

Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Anne-Marie Le Pourhiet au Cercle Poincaré. Professeur de droit public à l'université de Rennes-I et spécialiste du droit constitutionnel, Anne-Marie Le Pourhiet s'est fait connaître par la publication dans la grande presse de tribunes libres percutantes dans lesquelles elle défend avec talent des positions souverainistes orthodoxes.

 Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Entretien avec Anne-Marie Le Pourhiet sur l'Union européenne

«Renationaliser le pouvoir de décision pour le repolitiser»

— Les élections des députés européens approchent. Les dernières échéances ont montré un fort désintérêt des citoyens de presque tous les pays pour ce suffrage, et certains sondages annoncent une majorité eurosceptique au Parlement européen. Dans cette hypothèse, quelle influence pourrait avoir cette « chambre introuvable » eurosceptique sur le fonctionnement, voire la réforme, de l'Union européenne ?

    Vous savez, je suis constitutionnaliste et non politologue et encore moins voyante, je serais donc bien incapable de vous dire ce que serait et ferait exactement cette chambre à majorité eurosceptique. Mais la logique voudrait qu’elle refuse d’adopter une grande partie de la législation envahissante que propose la Commission en invoquant systématiquement les principes de proportionnalité et de subsidiarité auxquels est consacré un protocole additif au traité de Lisbonne. Défendre l’autonomie des États et saboter les prétentions fédéralistes de l’Union devrait être le premier souci d’une telle chambre.

— Sauf que la nouveauté des élections européennes de 2014, introduite par le traité de Lisbonne, c'est que les têtes de liste des partis européens sont désormais transnationales, désignées au niveau de l'Union, et celle dont le parti sortira premier du scrutin aura de grandes chances d'être élue, à la majorité absolue de la nouvelle chambre, à la tête de la Commission européenne. Le traité de Lisbonne réalise-t-il ainsi l'aspiration que Jacques Delors exprimait en 1990 - rejetée avec vigueur par Margaret Thatcher à la Chambre des Communes, avec son fameux « No ! No ! No ! » - de créer un régime parlementaire fédéral en Europe, où l'exécutif procéderait du législatif et serait responsable devant lui ?

    Que le traité de Lisbonne ait des prétentions constitutionnelles n’a rien d’étonnant puisqu’il est la copie conforme du traité constitutionnel que les Français avaient rejeté et que Nicolas Sarkozy a cependant fait ratifier par les parlementaires, de gauche et de droite, réunis pour contourner le verdict populaire. Le divorce ne peut que s’accroître entre des institutions à prétention fédérale et des peuples rétifs à la supranationalité. Élire des listes anti-fédéralistes aux européennes est donc une bonne stratégie pour essayer de torpiller le système de l’intérieur.

— Ces élections européennes, instaurées en 1979, ont eu pour vocation de démocratiser le fonctionnement de l'UE, en instaurant un corps représentatif émanant directement des citoyens des États-membres. Or l'idée même de « démocratie européenne » est discutée, notamment par la Cour constitutionnelle de Karlsruhe, en Allemagne, qui, dans sa décision du 30 juin 2009, estime qu'en l'absence de peuple européen, il ne saurait y avoir de démocratie européenne possible. Dépourvue de demos, l'UE n'a-t-elle pas vocation à n'être qu'une organisation internationale ?

    Je vous rappelle que le Conseil constitutionnel lui-même a affirmé clairement, dans sa décision du 30 décembre 1976 (n°76-71 DC) relative à l’élection au suffrage universel direct de ceux que l’on appelait encore à l’époque les  « représentants des peuples des États-membres des communautés européennes », qu’ « aucune disposition de nature constitutionnelle n’autorise des transferts de tout ou partie de la souveraineté nationale à quelque organisation internationale que ce soit », que l’élection des eurodéputés au suffrage universel direct n’est pas « de nature à modifier la nature de cette assemblée qui demeure composée de représentants de chacun des peuples de ces États », que «  la souveraineté qui est définie à l’article 3 de la Constitution de la République française, tant dans son fondement que dans son exercice, ne peut être que nationale et que seuls peuvent être regardés comme participant à l’exercice de cette souveraineté les représentants du peuple français élus dans le cadre des institutions de la République ». Le Conseil conclut que « l’acte du 20 septembre 1976 est relatif à l’élection des membres d’une assemblée qui n’appartient pas à l’ordre institutionnel de la République française et qui ne participe pas à l’exercice de la souveraineté nationale ». Dans sa décision du 19 novembre 2004 (n° 2005-505 DC) relative au traité constitutionnel, il a encore rappelé que le parlement européen « n’est pas l’émanation de la souveraineté nationale ».

 Il n’empêche que les révisions constitutionnelles ad hoc auxquelles nous procédons avant la ratification de chaque nouveau traité obscurcissent la situation juridique et que le Conseil est contraint de rédiger des motivations complexes. Dans la même décision, après avoir constaté que les stipulations du traité constitutionnel concernant son entrée en vigueur, sa révision et sa possibilité de dénonciation lui conservent « le caractère d’un traité international » et que sa dénomination (constitution pour l’Europe) est « sans incidence sur l’existence de la constitution française et sa place au sommet de l’ordre juridique interne », il affirme cependant que « l’article 88-1 de la Constitution française, issu de la révision de 1992, consacre l’existence d’un ordre juridique communautaire intégré à l’ordre juridique interne et distinct de l’ordre juridique international ». C’est peu dire que le raisonnement est confus et que sa cohérence laisse à désirer. La Constitution française reste donc au sommet d’un ordre juridique interne auquel un traité international intègre cependant un ordre juridique externe distinct de l’ordre juridique international mais dont les normes priment sur le droit interne ! Allez comprendre !

En tout état de cause, il eût fallu s’entendre effectivement, depuis longtemps, sur le fait que l’Europe ne devait pas dépasser le stade d’une confédération et d’un marché, mais nul n’a été capable d’arrêter le délire mégalomaniaque qui inspire cette machine infernale.

— À ce propos, les évolutions récentes de la construction européenne laissent transparaître l'ascendant qu'a l'Allemagne sur le fonctionnement présent et futur de l'Union européenne. Pour autant, avec la décision de la Cour de Karlsruhe mentionnée plus haut, le juge constitutionnel allemand a clairement identifié les domaines où tout nouvel approfondissement de l'intégration européenne requerrait préalablement une réforme substantielle – et improbable - de la Loi fondamentale allemande. L'idée de construire les « États-Unis d'Europe », si elle existe encore, est-elle vouée à mourir à Karlsruhe ?

   Par rapport au Conseil constitutionnel français, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe est obligée d’être beaucoup plus rigoureuse car les justiciables qui la saisissent produisent des recours rédigés par des juristes pointus, dont les arguments ne peuvent être évacués par des pirouettes. En outre la Constitution allemande consacre une forme de supra-constitutionnalité interdisant de réviser les principes posés à l’article 20, essentiellement le principe démocratique de souveraineté du peuple. La Cour est donc en effet condamnée à se montrer sévère et à déterminer un seuil au-delà duquel il ne serait plus possible de renforcer la supranationalité européenne dans le cadre de la loi fondamentale existante.

— Dès après sa réélection, Angela Merkel annonçait vouloir une réforme des traités européens pour 2015, notamment en faveur d'un renforcement de la gouvernance de la zone euro. David Cameron a quant à lui instauré une forme d'ultimatum à la réforme de l'Union européenne en fixant à 2017 le référendum d'appartenance du Royaume-Uni à l'UE. François Hollande préfère, de son côté, jouer la montre. Face à ces aspirations centrifuges des trois grandes puissances européennes, quelles devraient être, selon vous, les priorités d'une refonte de l'UE ?

    Les aspirations de Hollande et de Merkel ne me semblent pas « centrifuges », contrairement à celles de Cameron. Je dois dire que nous devons une fière chandelle aux conservateurs britanniques et que je ne peux m’empêcher de penser avec satisfaction : « Messieurs les Anglais, tirez-vous les premiers ! ». C’est aussi à eux, et à la conférence de Brighton qu’ils avaient convoquée, que l’on doit le protocole n°15 à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme introduisant expressément dans son préambule le respect du « principe de subsidiarité » et de la « marge nationale d’appréciation » que la Cour de Strasbourg a une fâcheuse tendance à piétiner.

    La priorité d’une refonte de l’Union consiste à changer complètement le mode de définition des compétences de l’union en s’inspirant d’un modèle confédéral et d’une répartition centrifuge et  statique à l’américaine plutôt que d’une répartition centripète et dynamique à l’allemande. Il faut impérativement renationaliser le pouvoir de décision pour le repolitiser et faire reculer cette hydre technocratique manipulée par des lobbies.

— Mais les adversaires d'une réforme de l'Union en faveur des États arguent souvent du caractère irréversible de la construction européenne. Le traité de Maastricht était d'ailleurs écrit dans cet esprit, alors que celui de Lisbonne ouvre une brèche avec l'article 50 du Traité sur l'Union européenne (TUE) qui permet le « retrait volontaire » d'un État-membre de l'Union. Que l'on parle de rapatriement de compétences ou d' « Europe à la carte » avec des coopérations renforcées entre certains États, comment pourrait-on concrètement, et juridiquement, mettre en œuvre cet éventuel détricotage de l'UE actuelle ?

    C’est d’une simplicité biblique ! Vous prenez les traités actuels, vous raturez partout et surtout vous réécrivez les dispositions essentielles définissant les « objectifs » de l’Union en des termes filandreux et sans fin, car ce sont partout ces objectifs qui justifient les compétences, rendant par là-même celles-ci illimitées. Il faut revoir tout cela « au karcher ». C’est très facile, il suffit de le vouloir.

— À l'occasion de l'adoption du pacte de stabilité, vous aviez dénoncé un texte qui, par le biais de la « règle d'or » budgétaire que certains voulaient inscrire dans la Constitution, importait en France la préférence allemande pour la règle. Votre position se fondait alors sur les différences de nature qui existent entre les modèles constitutionnels français et allemand ; ce dernier étant centré sur une Loi fondamentale précise et, dans une certaine mesure, exhaustive. Quels risques cette tendance fait-elle courir sur la lettre et l'esprit de la Constitution de la Ve République, et sur l'équilibre institutionnel qu'elle consacre ?

    Hélas, ce risque est depuis longtemps consommé. Voyez les révisions constitutionnelles qui se sont accumulées depuis les années 1990 et qui ont multiplié les dispositions lourdingues et indigestes dont certaines incompréhensibles avec des renvois à un arsenal complémentaire de lois organiques et ordinaires en cascade, c’est un hamburger juridique inspiré des façons de légiférer germaniques et européennes. Ceci s’observe dans des révisions qui ne sont pourtant pas directement « commandées » par l’Europe elle-même, comme celle de 2003 sur l’organisation décentralisée (encore que la Charte européenne de l’autonomie locale ait inspiré l’ensemble)  ou celle de 2008 sur la modernisation des institutions.  C’est une mode, un travers calamiteux, une véritable « addiction » à la norme, un « maldroit »  que je compare volontiers à la « malbouffe » nutritionnelle et qui débouche sur la même obésité. Voyez la proposition de loi constitutionnelle socialiste sur la ratification de la Charte européenne des langues régionales, c’est une parfaite caricature de cette pathologie.

— D'ailleurs, l'Union européenne semble se construire et se légitimer par la norme justement, que ce soit par l'orthodoxie budgétaire dans la gouvernance de la zone euro ou par l'inflation normative qui résulte de l'activisme de la Commission et du Parlement. En quoi est-ce un problème que le projet européen, à défaut d'avoir un objectif et une forme clairs, repose au moins sur un appareil juridique « solide » ?


    Solide ? Ce n’est sûrement pas l’accumulation de normes tatillonnes, envahissantes et illégitimes qui rend un système juridique solide. Envoyez un obèse aux jeux olympiques, vous allez voir son degré de performance et de compétitivité !

— Certes. Mais dans le cas de la France, cette « importation » de la préférence allemande pour la règle n'a-t-elle pas au moins l'intérêt d'être un rempart contre les errements d'une classe politique française accaparée par la compétition politicienne, elle-même permise par diverses évolutions du régime de 1958 ?

    Oh la-la ! Vous m’entraînez dans la sociologie politique. Allez voir le dernier film de Roberto Ando « Viva la libertà » qui ressasse l’éternel problème de la classe politique italienne, sans toutefois faire encore autre chose que de s’indigner et d’en appeler de façon incantatoire à  la repolitisation et au réenchantement… Les belles paroles et les leçons de morale ne suffisent pas à révolutionner les hommes et leurs mœurs ! Les Italiens comme les Français ont sûrement la classe politique qu’ils méritent : elle est sans doute à leur image. Il n’y pas de société politique corrompue sans société civile corruptrice. Mais je ne pense pas  que la solution à cette « catastrophe » (selon le terme du film) consiste à accepter de se soumettre à la schlague allemande. Je n’oublierai jamais la lettre péremptoire adressée en pleine crise financière par le commissaire européen Olli Rehn à Guglio Tremonti (ministre italien de l'économie et des finances de 2008 à 2011) et le priant de répondre « in english »…. L’horreur absolue, une gifle à la démocratie, mais Rome s’est couchée ! Et à quel terrible spectacle avons-nous assisté lorsque le Premier ministre grec a proposé d’organiser un référendum sur la mise sous tutelle de son pays … On venait tuer la démocratie à domicile ! Pierre-André Taguieff a écrit en 2001 sur l’Union une phrase dure mais vraie: «  L’Europe est un empire gouverné par des super-oligarques, caste d’imposteurs suprêmes célébrant le culte de la démocratie après en avoir confisqué le nom et interdit la pratique » (« Les ravages de la mondialisation heureuse », in Peut-on encore débattre en France ? Plon – Le Figaro, 2001).

— Pour terminer l'entretien et élargir le propos, éloignons-nous (quoique) de l'Union européenne et parlons du Conseil de l'Europe, et de sa célèbre charte sur les langues régionales et minoritaires. D'aucuns décrient une atteinte d'une rare gravité contre le modèle républicain français. Qu'en pensez-vous ?


    Je ne peux que vous renvoyer à mon article récemment publié dans Marianne le 31 janvier 2014. Mon point de vue est clair : cette charte et ses promoteurs sont anti-républicains.

— Vous avez parfois dénoncé la dimension anglo-saxonne qui tend à caractériser de plus en plus le droit européen, incompatible selon vous avec le droit continental, et a fortiori avec le droit républicain français. En quoi consiste cette incompatibilité ? Quelles conséquences produit cette différence de nature entre les différents droits applicables en France ?

    Outre les vieilles différences de système juridique entre la common law et le droit continental, il y a surtout une différence culturelle colossale entre le multiculturalisme anglo-saxon et le modèle républicain français. Lorsque nous organisons des colloques juridiques communs entre l'université de Rennes 1, celle de Louvain-la-Neuve en Belgique et celle d'Ottawa, au Canada, je me rends compte que nous sommes tous francophones mais que les Belges et les Canadiens ne raisonnent pas comme nous. C’est frappant. Tous les conflits qui traversent actuellement la société française résultent de cette confrontation entre le modèle républicain et le multiculturalisme (féminisme compris) anglo-saxon. Et vous remarquerez que tous ces conflits atterrissent dans la Constitution puisque c’est elle qui fonde notre contrat social et notre « tradition républicaine » (cf. révisions sur la Nouvelle-Calédonie, l’organisation décentralisée version fédéralisme asymétrique, parité, Europe, langues régionales, etc …). C’est incontestablement notre « identité constitutionnelle » qui est en jeu. 

— Vous avez mentionné plus tôt la Cour européenne des Droits de l'Homme, parlons-en. Ses juges sont réputés pour les controverses politiques que créent leurs jugements dans certains États, et plus généralement pour l'interprétation extensive qu'ils auraient de leur office. La justice ayant pour but de faire appliquer les lois qu'une société se donne, et en l'absence de société européenne, quelle est la légitimité d'une justice européenne s'appliquant uniformément à des pays de cultures et de traditions différentes ? Quelle place et quel crédit accorder à la supranationalité normative ?

    Vous savez, Jean Foyer, quand il était garde des sceaux du général de Gaulle, avait compris que si le texte de la Convention européenne des droits de l’homme ne soulevait aucune objection en lui-même, c’est l’existence d’une Cour chargée de l’interpréter qui allait poser de graves problèmes de souveraineté. Il avait donc mis le général de Gaulle en garde contre le risque qu’il y avait à placer ainsi la France sous tutelle de juges européens. Au Conseil des ministres suivant, après que Couve de Murville eut exposé l’intérêt de ratifier la Convention, le Général conclut, en s’adressant à son garde des Sceaux: « J’ai lu votre note. Vous m’avez convaincu. La Convention ne sera pas ratifiée. La séance est levée ». Il lui avait précédemment enseigné : « Souvenez-vous de ceci : il y a d’abord la France, ensuite l’État, enfin, autant que les intérêts majeurs des deux sont sauvegardés, le droit ». Et il avait raison. Le droit n’est légitime que s’il traduit la volonté populaire, la « supranationalité » normative n’est évidemment pas légitime dès lors qu’elle échappe au contrôle des représentants de la nation.

Anne-Marie Le Pourhiet (Cercle Poincaré, 2 mars 2014)

samedi, 22 mars 2014

Peter Scholl-Latour: Die Krim ist russisch

Peter Scholl-Latour: Die Krim ist russisch

jeudi, 20 mars 2014

Entretien avec Hongbing Song, auteur de «La guerre des monnaies»

Entretien avec Hongbing Song, auteur de «La guerre des monnaies»

Ex: http://www.scriptoblog.com

Hongbing Song pense que la Chine devrait pousser l’intégration de la monnaie à travers l’Asie, prenant exemple sur l’Allemagne, qui a abandonné le deutsche Mark, mais a pris le contrôle de l’Europe et de l’euro. Bien que n’étant pas reconnue comme une source universitaire, la série La guerre des monnaies de Hongbing Song est très populaire parmi les lecteurs. Song se considère comme un « spécialiste de la finance internationale  », qui envisage l’économie en termes de « guerres ». Il croit que l’économie n’est qu’une pièce du jeu politique plutôt qu’une théorie ou une science.

 

 

Il explique son impopularité parmi les économistes du courant dominant en disant qu’il est compréhensible que « les économistes rejettent un nouveau système qui remet en question leur système de connaissances monopolistique ».

Dans ses livres, Song tente d’expliquer l’histoire et le développement du monde à travers la perspective des monnaies et de la finance. Il pense que « bien que l’histoire ne se répète tout simplement pas, l’humanité reflétée dans des périodes différentes est étonnamment semblable. » Song espère trouver une solution pour le développement du monde.

Lors de son entretien, Song mentionne que dans le passé, les Chinois ne se sont pas préoccupés des devises. L’argent, le commerce et les relations financières et commerciales ont été négligés pendant des milliers d’années en Chine.

The Economic observer  : Que-ce qui vous a poussé à écrire la série La Guerre des monnaies?

hong.jpgHongbing Song : J’habite aux États-Unis depuis 14 ans et j’ai passé plus de 20 ans en Chine. Si la Chine veut devenir une puissance mondiale comme les États-Unis, elle doit se concentrer sur plus de choses que sa simple puissance militaire. La principale concurrence entre les deux pays sera l’économie et les finances, plutôt que l’armée traditionnelle ou la guerre. Plus j’y réfléchissais, plus je réalisais que la puissance financière des États-Unis a été sous-estimée par la plupart des gens.

Tous mes livres tentent d’expliquer l’histoire et le développement du monde dans la perspective de la monnaie et de la finance. Les chinois ne sont pas très préoccupés par l’argent, et nous avons négligé l’argent, les échanges et l’influence de la finance sur le commerce pendant des milliers d’années.

Voulez-vous dire que nous n’avons pas conscience de l’importance de l’argent ?

Depuis les années 1940, il y a eu quelques occasions pour les Chinois d’acquérir de l’expérience dans la finance. En tant que puissance économique montante, la Chine pourrait subir des pertes dans la concurrence internationale, si nous ne possédons pas de solides connaissances sur la finance. C’est pourquoi j’ai combiné les deux notions de « monnaie » et « guerre ». Lorsque j’ai d’abord proposé ce concept, les gens étaient confus et ont demandé : « Comment une guerre pourrait éclater entre les monnaies ? » Cependant, lorsque les gens sont devenus plus conscients de l’environnement économique du monde, ils ont commencé à en accepter la possibilité.

Il n’y a pas de recherche systématique sur la concurrence des monnaies et de l’argent en Chine. Seuls les théories monétaires ou l’économie sont étudiées. La Chine a négligé l’importance de la finance comme un outil, une mesure et une arme, qui pourrait être vital pour son développement, son économie et sa sécurité nationale à l’avenir. Par conséquent, mon point central dans les quatre livres est en fait l’influence que l’argent a sur le sort d’un pays et du monde.

Qu’avez-vous trouvé ?

Basé sur un récent sondage que j’ai effectué à l’université ETH de Zurich, nous avons analysé la structure des capitaux propres de 37 millions d’entreprises transnationales et constaté que 147 des plus grands instituts financiers exercent un contrôle sur ces 37 millions d’entreprises. En outre, il y a 20 ou 30 grands groupes de sociétés de portefeuilles derrière ces 147 institutions. Cela montre comment les sociétés de portefeuilles financières minoritaires au sommet de la pyramide contrôlent effectivement la plupart des groupes transnationaux de matériaux de base et de d’énergie.

L’enquête a démontré mon hypothèse dans La guerre des monnaies 2. Il y avait 60 familles qui contrôlaient plus de 60 % des industries aux États-Unis, en dépit de leur récente disparition du classement des plus grandes fortunes du monde depuis 1940. Pourquoi ont-elles disparu, vous demandez-vous ? Est-ce à cause de la guerre ? Cependant, gardez à l’esprit qu’il n’y a pas eu depuis de guerre sur le sol américain. J’ai le sentiment qu’à cette époque, les grandes et indispensables entreprises dans le monde étaient encore contrôlées par une minorité de familles. Les grandes banques et les entreprises sont en fait très centralisées. Beaucoup de grandes familles financières ont mis en place des fonds et fait don de leurs fortunes, surtout après 1930. Ce qu’ils veulent, c’est le contrôle plutôt que la propriété. Bien qu’il y ait peut-être des philanthropes, la pratique courante de mise en place des fondations de charité ne me semble pas logique.

Le monde est vraiment en désordre maintenant. Votre quatrième livre est « La période des États en guerre ». Qui selon vous en sortira « gagnant » ?

D’après la situation actuelle, les États-Unis et l’Europe sont les régions qui sont les plus susceptibles de réussir. En comparaison, la Chine n’est pas encore au même niveau. La compétition pour le leadership de l’économie mondiale se fait donc principalement entre les États-Unis et l’Europe. Bien que la Chine soit également prête, le pays n’est pas encore aussi compétent.

Votre réponse est très différente des autres. Pouvez-vous nous l’expliquer ?

Pour moi, la Chine est encore très fragile, non seulement au sens économique, mais en général aussi. L’énorme édifice économique que nous avons construit a une base très fragile. Comment pouvons-nous prétendre être une puissance mondiale si l’énergie et les matériaux ne sont pas suffisants au niveau national et que le commerce dépend principalement du ​marché étranger. Pour une véritable montée en puissance, son économie doit être beaucoup plus grande que sa dépendance aux marchés étrangers, comme l’expansion de l’Amérique l’a démontré. Avant son entrée dans la Seconde Guerre mondiale dans les années 1930, seulement 2 % à 3 % de sa croissance économique était attribuée aux marchés étrangers. En d’autres termes, les États-Unis n’avaient pas besoin d’un marché extérieur, et au contraire, les marchés étrangers avaient besoin des États-Unis. Même aujourd’hui, alors que cet État est devenu un immense empire dans le monde, son commerce extérieur ne représente que 8 % de son PIB, alors que le chiffre pour la Chine est de 30 %. Ce n’est que lorsque le pays n’est pas dépendant des autres qu’il peut mener sa propre voie.

Dans votre ère d’États supposés en guerre, est-ce que la Chine a un rôle décisif ?

Je ne suis pas pessimiste à ce sujet. L’idée de base est qu’un grand marché intérieur est la base pour l’ascension d’un pays. Certains ont mentionné l’internationalisation du yuan, mais il est évident que le yuan ne peut pas devenir la monnaie de réserve du monde si le marché intérieur de la Chine n’est pas le plus important du monde. L’économie chinoise est dépendante des exportations, ce qui signifie que la monnaie va refluer lorsque les marchandises seront exportées. Le Japon et l’Allemagne ont tous deux essayé l’internationalisation du mark et du yen. Toutefois, leur part dans la monnaie internationale n’a jamais dépassé 7 %, aussi à cause de leurs économies orientées vers l’exportation.

Cela pourrait servir de leçon à la Chine. Un tiers du PIB de la Chine vient de son marché intérieur, qui représente seulement un neuvième de la taille du marché américain. Le meilleur résultat pour les pays tournés vers l’exportation ne peut pas être mieux que ce qui était le cas pour le deutsche Mark ou le yen.

Quel est l’objectif stratégique de promotion de l’internationalisation du yuan ? À mon avis, la réponse est de remplacer le dollar. Cependant, est-il possible de garantir un encadrement efficace de la négociation des yuans à l’étranger maintenant ? Plus les yuans s’écoulent à l’étranger, plus cela sera dangereux. Il en va de même pour l’évaluation du yuan. Si l’administration d’État du marché des changes et de la Banque populaire de Chine met en place le taux de change à 6,36, alors que l’accord est de 5 à New York, quelle norme le marché va-t-il suivre ? Comme il y a beaucoup de dérivés financiers à l’étranger, le nombre d’accords là-bas peut dépasser celui de Pékin. Dans ce cas, la Chine pourrait perdre le droit d’établissement des prix.

C’est précisément pourquoi je regarde vers le passé. En regardant en arrière, nous pouvons observer comment la livre et le dollar ont augmenté. Lorsque l’on compare le marché intérieur des États-Unis et de la Grande-Bretagne à celui de la Chine, il est impossible de prétendre que le yuan pourrait remplacer le dollar américain d’ici les 30 prochaines années. Il serait préférable de promouvoir une monnaie asiatique et bénéficier de l’internationalisation indirecte des yuans. Cependant, il y a aussi des problèmes, tels que la façon dont l’Asie devrait être intégrée.

Voulez-vous dire la liaison de toute l’Asie ?

Oui. En fait, les Chinois pensent rarement à la raison pour laquelle l’économie asiatique est toujours distraite et contenue par les États-Unis et l’Europe alors que leur économie totale est déjà l’égal des deux puissances. Ils considèrent aussi rarement pourquoi tous les pays asiatiques se tournent vers les États-Unis à la place d’autres pays asiatiques en cas de problème. Si la Chine veut devenir une puissance mondiale, il est essentiel que celle-ci s’intègre à d’autres pays d’Asie.

L’intégration de l’Asie n’est elle pas difficile pour des raisons géographiques, historiques et de relations politiques ?

La racine des problèmes des pays asiatiques ne sont pas les malentendus et les obstacles historiques. Par rapport à ces problèmes secondaires, le principal facteur est externe – le fait que les États-Unis ne veulent pas que l’Asie s’unisse. Il n’y a pas eu autant de guerres en Asie, qu’il y en a eu en Europe, pourtant les pays sont encore très aliénés. Si l’Asie est intégrée en tant que communauté d’intérêt, les États-Unis n’auront aucune chance de rester une superpuissance.

C’est pourquoi j’ai décrit la réconciliation de l’Allemagne et de la France dans le livre. L’Allemagne et la France ont été réunies par la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Les deux pays étaient en guerre, lorsque la France a pris les régions de la Ruhr et de la Sarre après la Seconde Guerre mondiale et l’Allemagne a trouvé que leur développement était limité par la France après la guerre. La guerre potentielle dans les années 1950 entre les deux pays a été plus tard éliminée par l’articulation de leurs industries sidérurgiques. L’union est supra-souveraine et ouverte, appelant aussi d’autres pays à s’y joindre. C’est l’origine de la Communauté européenne et de l’Union européenne. Si les pays asiatiques ont des conflits sur la mer à l’est et au sud, pourquoi ne pas prendre l’exemple et intégrer les sources de pétrole là-bas avec une Union supra-souveraine, qui peut lier ensemble les intérêts de la Chine, du Japon et la Corée. D’ici là, aucun de ces pays ne commenceraient une guerre et un nouveau marché asiatique uni sera également créé. Quand une monnaie asiatique pourra enfin être promue, l’influence des États-Unis et de l’Europe sur la région diminuera.

Votre réflexion est typiquement américaine. Accepteriez-vous que les Chinois ne pensent pas normalement de la même manière ?

Oui. Après avoir vécu aux États-Unis, j’ai constaté que la pensée américaine et britannique est la clé de leur succès dans la conduite du monde, car elle se concentre sur l’intérêt national rationnel. Plutôt que de se concentrer sur le « visage » du pays, ils poursuivent les entreprises les plus rationnelles et les plus utiles. Le nationalisme en Chine est trop irrationnel. Ça ne fait pas de différence si nous nous plaignons des autres tout le temps. Cependant, si nous coopérons avec le Japon et unissons les pays asiatiques pour faire une organisation d’intérêt mutuel, la Chine en bénéficiera le plus. Comme dit le proverbe, même les mendiants doivent surveiller leur dos quand ils battent les chiens, comment la Chine pourrait s’opposer à l’Europe et aux États-Unis sans le secours de l’Asie ? La Chine devrait rivaliser avec l’Europe et les États-Unis pour le rôle de premier plan dans le monde. La « diplomatie de grande puissance » que nous avons trop soulignée dans le passé devrait être remplacée par une « diplomatie de voisin ». Même si nous pouvions maintenir une bonne relation avec l’Europe et les États-Unis, comment pouvons-nous attendre d’eux de nous aider sincèrement quand tout le monde est en concurrence avec l’autre pour être le leader du monde ? C’est comme essayer de trouver un poisson dans un arbre. Nous devrions nous tourner vers nos voisins asiatiques pour de l’aide en changeant notre mentalité au sujet de comment devenir le chef de file mondial.

Je ne veux pas dire que nous devrions vivre dans l’histoire, mais je veux montrer que nous ne devrions pas répéter l’histoire non plus – nous ne devons pas être divisés et gouvernés par des puissances étrangères. La Chine devrait intégrer les puissances asiatiques dans un marché commun ainsi qu’une monnaie commune. L’Allemagne a renoncé à son marché intérieur et son deutsche Mark, mais a gagné l’ensemble du marché ainsi que le contrôle de l’Union européenne. Il s’agit de la relation dialectique du « donner » et « gagner ». Comment pouvons-nous obtenir quelque chose sans donner ?

Traduction E&R
Source : The Economic Observer

mercredi, 12 mars 2014

Wenn nur noch die Gesinnung zählt

Thilo-Sarrazin.jpg

Wenn nur noch die Gesinnung zählt

Sarrazin veröffentlichte dieser Tage sein neues Buch über »Tugendterror«, dem er gleich zum Opfer fiel

Ex: http://www.preussische-allgemeine.de

Mit „Deutschland schafft sich ab“ und „Europa braucht den Euro nicht“ lieferte der ehemalige Berliner Finanzsenator und Ex-Bundesbanker zwar zwei Bestseller, wurde aber auch zur Hassfigur der Mächtigen. In der PAZ steht er Rede und Antwort, wie er die Debatten um seine Bücher bewertet und was ihn nachdenklich stimmt. Die Fragen stellte Rebecca Bellano.

PAZ: Noch bevor Ihr neues Buch „Der neue Tugendterror. Über die Grenzen der Meinungsfreiheit in Deutschland“ (siehe Seite 22) herausgekommen ist, maßen sich Journalisten an, es zu verreißen. „Die Schublade des gefährlichen Schwachsinns“ titelte beispielsweise der „Tagesspiegel“ auf seiner Internetseite, wo der Autor am Ende betont, er wolle ihr Buch gar nicht lesen. Wie gehen Sie als Autor mit dieser Haltung und den massiven Anfeindungen um?

Thilo Sarrazin: Kritische Vorab-Rezensionen von Autoren, die sich dazu bekennen, das Buch gar nicht gelesen zu haben, sind erheiternd und bezeichnend zugleich: Erheiternd, weil der Rezensent sich damit lächerlich macht. Bezeichnend, weil er damit die Medienkritik bestätigt, die ich in meinem Buch übe. Ein prinzipienstarker Gesinnungsjournalismus scheut offenbar kein Mittel, um Fragestellungen und Perspektiven, die er bekämpft, zu diskreditieren und lächerlich zu machen.

PAZ: Im Grunde greifen Sie in Ihrer neuesten Veröffentlichung alle Aussagen, für die Sie kritisiert wurden, erneut auf und konfrontieren Ihre Gegner mit Zahlen und Studien. Welches Thema ist Ihnen hiervon besonders wichtig, sprich bei welchem wollen Sie am meisten die Masse überzeugen?

Sarrazin: In meinem neuen Buch drehe ich den Spieß um und stelle mich in die Schuhe meiner Gegner: Ich formuliere 14 Axiome des in den Medien grassierenden Tugendwahns, die sich allesamt um die Ideologie der Gleichheit drehen. Jedes dieser Axiome formuliere ich zunächst aus einer Pro-Position in aller Konsequenz. Diese Konsequenz entlarvt ihre Hohlheit in schlagender Weise.  Dem stelle ich dann die differenzierte Wirklichkeit gegenüber, und so tauchen ganz zwanglos  auch Thesen und Analysen aus den beiden vorangegangen Büchern wieder auf, aber es geht darüber hinaus. In der ideologischen Weltsicht, die ich kritisiere, hängt alles mit allem zusammen. Das war für mich besonders erhellend.

PAZ: Sie schreiben, dass das Scheitern von Gesellschaften aufgrund ihrer inneren Beschränktheit historisch gesehen eher die Regel als die Ausnahme sei. Wo­ran sehen Sie Deutschland schwerpunktmäßig scheitern?

Sarrazin: Wir wissen ja alle, dass wir sterben werden, aber nicht wann, wie und weshalb. Dieses Unwissen ist auch eine Gnade. Das gleiche gilt für Staaten, Nationen und Gesellschaften. Sie sind immer endlich und werden irgendwann untergehen. Dann wird Neues kommen, das Ende der Menschheit ist noch fern. Analysiert man solche Untergänge, so sind es selten allein militärische Gründe, sondern eben jene inneren Beschränktheiten, die eine angemessene Reaktion auf die Herausforderungen von Gegenwart und Zukunft verhindern. In „Deutschland schafft sich ab“ zeige ich für unser Land, wie es enden könnte. Ich vermeide aber sorgfältig jede Prognose. Das ist ein bisschen wie in der Medizin: Starke Raucher gefährden ihre Gesundheit extrem. Trotzdem sollte man mit der Prognose von Lungenkrebs vorsichtig sein. Helmut Schmidt zum Beispiel, dem ich noch ein langes Leben wünsche, wird voraussichtlich nicht an den Folgen seines Zigarettenkonsums sterben.

PAZ: Sie bezeichnen die Medien als Verwalter einer Pseudorealität. Wie genau ist das zu verstehen?

Sarrazin: Ich kritisiere einen vorherrschenden Trend, nicht „die“ Medien generell. Wo Ideologie und Wunschdenken herrschen, verkleben offenbar die Hirnwindungen des gesunden Menschenverstandes, und heraus kommt ein Zerrbild der Wirklichkeit. Wussten Sie, dass nach der Armutsdefinition der OECD der Anteil der Armen in Italien höher ist als in Rumänien und in Deutschland höher als in Tschechien? Das ergibt sich aus dem Konzept der relativen Armut, einem Kind der Gleichheitsideologie, und sämtliche Armutsberichte in den deutschen Medien bauen auf dieses Konzept auf. Dabei geht unter, dass ein deutscher „Armer“ im weltweiten Maßstab tatsächlich ein Reicher ist.

PAZ: Wie erklären Sie sich den Umstand, dass Sie einen Bestseller nach dem anderen schreiben, gleichzeitig aber keine Veränderung in der öffentlichen Meinung, aber auch im Wahlverhalten der Bürger (siehe letzte Bundestagswahl) bewirken?

Sarrazin: Ob mein neues Buch ein Bestseller wird, weiß ich noch nicht. Aber die Hoffnung wäre anmaßend, und sie würde mich auch krank machen, dass man mit einem Buch quasi in das Rad der Weltgeschichte greifen könne. „Das Kapital“ von Karl Marx mag die Welt verändert haben, aber sicherlich nicht zum Guten. Der Einfluss eines Buches auf die öffentliche Meinung ist quasi wie ein Stein, den man ins Wasser eines Sees wirft. Viel ist erreicht, wenn man für einige Sekunden sehen kann, wie sich die dadurch gezogenen Kreise weiter ziehen und schließlich mit den übrigen Wellen vermischen. Über Kausalitäten in der Wirklichkeit kann man endlos spekulieren. Manchmal kann ja ein Buch auch wie ein Flügelschlag eines Kolibris im Amazonasbecken sein, der am Ende viele Tausend Kilometer weiter einen Orkan auslöst.

PAZ: Wie bewerten Sie die öffentlichen Reaktionen auf die Volksabstimmung zur Zuwanderung in der Schweiz?

Sarrazin: Deutsche Medien behämen und beleidigen die Mehrheit des Schweizer Volkes, weil es sich den höheren Einsichten der fremden Kommentarschreiber verschloss und deutlich machte, dass es selbst darüber entscheiden will, wer auf Schweizer Boden leben darf. Jetzt wissen alle genau, dass man die Mitwirkung der Völker unbedingt vermeiden muss, wenn man die europäische Integration weiter vorantreiben will. Bertolt Brecht sagte nach dem Volksaufstand am 17. Juni 1953: „Das Volk hat das Vertrauen der Regierung verscherzt. Wäre es da nicht einfacher, die Regierung löste das Volk auf und wählte ein anderes?“ Es ist doch schön, wie ein großer Dichter die Dinge auf den Punkt bringen kann.

dimanche, 09 mars 2014

Interview mit John Morgan

Alternativen zur Moderne

Interview mit John Morgan, Verlag Arktos

von Johannes Schüller

Ex: http://www.blauenarzisse.de

JM_NPI.jpgBN-​Gespräch. John Morgan leitet „Arktos”. Johannes Schüller sprach mit ihm über rechte Alternativen in den USA, Identitäre weltweit und das Arktos-​Programm.

Blaue Narzisse: Arktos ist der erste englischsprachige Verlag der Neuen Rechten. Das Spektrum der veröffentlichten Bücher reicht weit. Es lassen sich sowohl Bücher des Yoga-​Gurus Sri Sri Ravi Shankar finden als auch Ernst von Salomons Freikorps-​Roman Die Geächteten. Was ist eigentlich das ideologische Fundament Ihres Verlags?

John Morgan: Arktos hat keine spezifische Ideologie. Als wir mit unserer Arbeit begannen und ich den „Über Uns”-Text für unsere Webseite schrieb, dachte ich auch über den roten Faden nach, der all unsere Tätigkeiten verbindet. Ich entschied mich für „Alternativen zur Moderne”. Denn im Kern wollen wir Texte veröffentlichen, die die Grundlagen unserer gegenwärtigen Zivilisation hinterfragen, sei es politisch, spirituell, kulturell oder auf andere Weise. Darüber hinaus wäre es schwierig, ein durchgängiges Thema zu all unseren Publikationen zu finden.

Dennoch gibt es gewisse Dinge, die für Arktos von besonderem Interesse sind. Denn wir sind zum Beispiel der erste englischsprachige Verlag, der Vertreter der europäischen Neuen Rechten sowie ihrer Vordenker aus der Konservativen Revolution veröffentlicht. Die traditionalistische Schule von René Guénon und Julius Evola liegt außerdem in unserem Fokus. Und da wir in den ersten fünf Jahren unseren Sitz in Indien hatten, konnten wir auch dort viele Kontakte knüpfen. Deshalb veröffentlichen wir auch weiterhin auf den Hinduismus und Indiens politische Situation bezogene Bücher. Wir sind stets daran orientiert, unseren Horizont zu erweitern und neue, ebenso wichtige Aspekte einzubeziehen. Denn wir fühlen uns nicht auf die bisherigen Themen beschränkt.

Sie kommen aus dem US-​Bundesstaat Michigan und gehörten 2009 zu den Gründern von Arktos. Gibt es eine Neue Rechte oder identitäre Gegenkultur in den Vereinigten Staaten? Zu den bekanntesten zählt sicher der sogenannte Paläokonservatismus?

Ich komme aus Michigan, zuvor war ich jedoch in New York. Nun lebe ich in Budapest, nachdem ich einige Jahre in Indien verbracht habe. Trotzdem bin ich nach wie vor in der amerikanischen „Szene” aktiv. Ich denke, es gibt tatsächlich eine Kultur der Neuen Rechten in Amerika, wenngleich sie sich sehr von der europäischen Variante unterscheidet. Denn sie ist mehr oder weniger auf einzelne Internetseiten, Veröffentlichungen und einen kleinen Personenkreis beschränkt. Ich bin sicher, Sie kennen sie: Dazu gehören unter anderem das Projekt Counter-​Currents, das Radix Journal, das National Policy Institute und die Vierteljahresschrift Occidental Observer.

Die identitäre Idee dagegen hat in Amerika bis jetzt nicht Fuß gefasst, obwohl die amerikanischen Zirkel der Neuen Rechten an den europäischen Entwicklungen interessiert sind. Das Problem ist, dass die Amerikaner keinen richtigen Sinn für Identität außerhalb des Konsums haben. Dadurch bleibt es schwierig, eine Bewegung auf Grundlage einer „amerikanischen Identität” zu begründen, ohne sich etwas ausdenken zu müssen.

Die Paläokonservativen dagegen stellen eine interessante Bewegung in den USA dar. Sie unterscheiden sich stark von der Neuen Rechten, aber es gibt auch Überschneidungen. Sie repräsentieren quasi das, was vor einem Jahrhundert als Mainstream-​Konservatismus galt und jetzt durch den Neokonservatismus ersetzt wurde. Letzterer wurde vor allem von der Regierung George W. Bushs vertreten.

Trotzdem bleiben die Paläokonservativen heute ebenso unbeachtet wie die Neue Rechte. Mit Ausnahme des bekannten Autors Pat Buchanan sind sie in Amerika außerhalb akademischer Kreise gänzlich unbekannt. Es gibt also durchaus vielversprechende Entwicklungen in den USA, doch im Moment sind die Gruppen klein und nicht sehr einflussreich.

Sie veröffentlichen auch Autoren wie den libanesischen Diplomaten Abir Taha, den österreichischen Identitären Markus Willinger oder den amerikanischen Schriftsteller Tito Perdue. Existiert so etwas wie eine „Identitäre Internationale”, die ähnlich organisiert ist wie die alte Kommunistische Internationale?

(Lacht) Das wäre schön, aber bestimmte Sachen funktionieren nicht so. Denn es gibt keine internationale Organisation, die all diese Dinge koordiniert. Ich halte das für eine gute Sache, denn die Kommunistische Internationale war stets sehr diktatorisch und ideologisch orientiert. Was identitäre und neurechte Bewegungen betrifft, erachte ich es sogar als besser, wenn jedes Land und jede Region seine einzigartigen Lösungen und Strategien für die eigenen Probleme entwickelt. Schließlich kämpft die Neue Rechte für Dezentralisierung, nicht für eine Rückkehr zu fehlgeschlagenen, totalitären Ideen.

Auf die von Ihnen genannten Autoren sind wir natürlich stolz, doch sie sind alle sehr verschieden. Sie verbindet nichts außer der Fakt, dass sie von Arktos veröffentlicht wurden. Denn es gibt gewiss keine Hintergrundorganisation, die die Tätigkeit des Verlags steuert oder uns befiehlt, wen wir veröffentlichen sollen.

arktos_facebook.jpgIst trotzdem nicht zum Beispiel die regelmäßige Konferenz „Identitarian Ideas” ein erster Schritt, um die internationale Neue Rechte zu vereinen?

Im Juni 2013 fand in Stockholm die fünfte Konferenz „Identitarian Ideas” statt, ich war einer der Sprecher. Die nächste Konferenz wird wieder diesen Juni stattfinden. Arktos nahm daran teil, obwohl es sich nicht um eine Arktos–Veranstaltung handelte. Organisiert hat sie wie immer die schwedische, metapolitische Organisation „Motpol”. Der Gedanke hinter den „Identitarian Ideas” war nie, die „internationale Neue Rechte zu vereinen”. Selbst wenn wir das versuchen würden, hätten wir nur beschränkte Möglichkeiten. Es handelt sich um eine schwedische Konferenz, die sich an einem schwedischen Publikum orientiert. Motpol lädt immer Referenten aus vielen verschiedenen Ländern ein, dadurch können sie ihre Ideen einer schwedischen Zielgruppe vorstellen. Internationale Gäste sind natürlich stets Willkommen. Die meisten der Gespräche finden auch auf Englisch statt.

Inwiefern war die Konferenz damit erfolgreich?

Gewiss war es erfolgreich, wenngleich die Konferenz im letzten Jahr die Kapazitäten erschöpfte. Zugleich war aber auch eine sehr große und interessante Bandbreite von Referenten vertreten.

Welche Bücher und Autoren wollen Sie in den nächsten Jahren veröffentlichen? Wie sind Ihre Pläne für die Zukunft?

Natürlich wollen wir zuerst mehr Bücher veröffentlichen! Kaum eine Woche vergeht, in der wir nicht über mögliche neue und interessante Projekte nachdenken. Und wir haben ohnehin eine seitenlange Liste voller Dinge, die wir irgendwann einmal umsetzen wollen. Selbstverständlich wird es auch mehr Bücher unserer prominenten Autoren geben, also von Alain de Benoist, Guillaume Faye, Alexander Dugin und Julius Evola.

Außerdem werden wir Arbeiten zu identitären Themen publizieren. Wir sitzen zudem gerade über weiteren Romanen von Tito Perdue, der zweifelsohne zu den interessantesten englischsprachigen Romanschriftstellern gehört. In naher Zukunft wird es außerdem ein Buch des deutschen Filmemachers Hans-​Jürgen Syberberg geben. Und wir werden Texte über die Rechte in Indien veröffentlichen.

In Kürze erscheint darüber hinaus The Shock of History von Dominique Venner. Es handelt sich zugleich um das erste ins Englische übersetzte Buch Venners. Viele weitere Projekte werden noch folgen. Von Arktos können Sie neue und aufregende Bücher erwarten!

Mr. Morgan, thanks a lot!

Zur Internetseite des Verlags Arktos geht es hier.

Bild: John Morgan

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De l’utilité des milieux activistes d’extrême-gauche pour la consolidation du système

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De l’utilité des milieux activistes d’extrême-gauche pour la consolidation du système

Entretien avec le Dr. Claus-Martin Wolfschlag

Propos recueillis par Jan Ackermeier

Q.: Dr. Wolfschlag, votre travail scientifique s’est intensément penché, depuis plusieurs années déjà, sur l’extrémisme de gauche, sur lequel vous avez publié quelques ouvrages de référence qui avertissent aussi le public des dangers que représentent ces gauches hyper-activistes. Comment jaugez-vous aujourd’hui le danger représenté par cette mouvance qui s’affiche de gauche?

CMW: Le vocable de “dangerosité” est subjectif, il indique automatiquement une prise de position. Le requin représente un danger pour de nombreux petits poissons. Il n’est nullement un danger pour une grosse baleine. Dès que l’on manie le vocable de “dangerosité”, on doit se demander pour qui, et dans quelle mesure, ce danger existe. Pour les élites qui détiennent aujourd’hui le pouvoir, pour les oligarchies financières, cet “extrémisme de gauche” ne représente pas un grand danger. Ces élites au pouvoir gardent un contrôle certain sur la situation, sinon on ne financerait pas les innombrables “centres culturels” de la mouvance radicale de gauche. De même, la mansuétude de l’appareil judiciaire et des médias à son égard n’est pas vraiment inspirée par la peur que susciteraient ces petits groupes hyper-activistes. Si l’Etat le voulait vraiment, il lui suffirait de claquer des doigts et l’“extrémisme de gauche”, parfois si arrogant, disparaîtrait bien vite de la scène politique. Par conséquent, il faut bien constater que ces extrémistes de gauche sont bien utiles à l’élite en place, pour que celle-ci puisse disposer d’un instrument commode pour rapidement pouvoir museler ses seuls adversaires idéologiques réels. Or aujourd’hui les seuls adversaires réels de cette oligarchie se trouvent positionnés à droite, une droite hostile à la globalisation, hostile aux oligarchies en place parce qu’elle veut maintenir la culture traditionnelle.

Les “extrémistes de gauche” ne sont donc dangereux que pour les petites gens auxquelles on colle l’étiquette de “droite” (à tort ou à raison), surtout celles qui s’activent dans de petits partis politiques ou qui animent de petites structures éditoriales. Elles risquent à tout moment de subir des menaces ou des violences réelles ou d’être dénoncées dans les médias, d’être clouées au pilori médiatique et d’en subir toutes les conséquences sociales, de subir la délation auprès de leur employeur ou de leur voisinage. Les “extrémistes de gauche” sont, dans une perspective plus générale, dangereux pour le peuple tout entier et pour l’Etat national parce qu’ils contribuent, par leurs actions, à empêcher que se déploie des correctifs intelligents et pratiques aux dérives dangereuses du système et parce qu’ils criminalisent tous les modèles alternatifs potentiels et leur diffusion.

Q.: Dans les rapports rédigés annuellement par le “Verfassungsschutz” allemand (= la police politique qui s’affiche comme défenderesse de la “constitution”), dans les discours des médias d’Autriche et d’Allemagne, on évoque sans cesse la persistance d’un danger de “droite”, alors que la gauche activiste et violente n’est quasi jamais évoquée. Comment interprétez-vous cette situation aberrante?

allemagne,entretien,claus-martin wolfschlag,antifascisme,extrême-gauche,politique,sociologieCMW: Cette situation n’est aberrante que si vous partez encore et toujours du schéma qu’il existerait un “Centre” politique légitime et deux marges extrêmes qui devraient toutes deux être combattues. Il faudrait plutôt se demander pour quelles politiques et quelles valeur ce “Centre” s’engage. Où nous mène la politique des soi-disant “responsables” qui, depuis des décennies, se sont installés dans les fauteuils confortables du pouvoir? Si vous vous posez cette question, vous vous en poserez automatiquement une autre: les objectifs de ce “Centre”, de ces “forces centristes”, et de cette “mauvance hyper-activiste de gauche” ne sont-ils pas les mêmes, finalement? Le libéralisme et le communisme s’efforcent tous deux de créer sur la planète entière un seul et unique Etat global et unitaire qui, officiellement, nous apportera la paix et le bien-être mais, en réalité, nous contrôlera tous à l’extrême et exercera un pouvoir globalitaire au seul bénéfice d’une élite numériquement très ténue.

Q.: De quelles strates sociales proviennent ces hyper-activistes d’extrême-gauche, à votre avis, et, à titre de comparaison, quelle différence y a-t-il entre eux et les anciens soixante-huitards?

CMW: Aucun sondage n’a été effectué pour le déterminer, aucune statistique n’a été établie, je dois donc vous répondre en puisant dans le souvenir de mes propres observations. La plupart des activistes de l’extrême-gauche allemande sont issus de ce qu’il faut bien appeler le “prolétariat universitaire”. Généralement, il s’agit d’étudiants en sociologie et en pédagogie qui estiment constituer une sorte d’avant-garde progressiste. Quand j’effectuais mes études, j’en ai croisé un grand nombre et, aujourd’hui, beaucoup d’étudiants en sociologie, qui ne sont pas de gauche et avec qui j’entretiens des contacts, me confirment que bien peu de choses ont changé depuis lors. Certains séminaires de l’université, où s’agite ce prolétariat académique, sont de véritables bouillons de culture d’où sort l’idéologie de la gauche radicale. Le personnel enseignant est très marqué par cette idéologie et accueille dans ces séminaires de nombreux étudiants affiliés aux groupes dit “antifa”. Ils y apprennent une certaine rhétorique efficace; ils y sont bien écolés et parviennent à faire taire toutes les voix discordantes, moins bien formées, en avançant des arguments apparemment imparables ou en menaçant subtilement leurs adversaires. En fait, depuis l’ère des soixante-huitards, peu de choses ont changé. Cela fait maintenant presque cinquante ans qu’un fatras intellectuel s’est déversé sur les établissements d’enseignement, produisant une hydre à nombreuses têtes qui nous parlent d’une “société plurielle post-nationale” ou de “gender studies”, etc. Il existe toutefois une différence notable. Le niveau intellectuel a considérablement baissé. Le mouvement de 1968 se justifiait partiellement, il a constitué une rupture sociale plus ou moins nécessaire, il a fragmenté la croûte qui recouvrait encore des structures sociales vidées intérieurement, ne représentant plus rien. Aujourd’hui, cependant, nous avons affaire à une génération qui n’a jamais connu autre chose que ce fatras intellectuel, qui a été socialisée et éduquée dans le seul giron de cette idéologie dominante depuis près d’un demi-siècle. Cette génération a littéralement pompé et avalé, sans avoir les anti-corps nécessaires pour le faire, tous les préjugés, les marottes, les ritournelles et les stéréotypes de ce fatras intellectuel, sans le soumettre à la moindre critique. Or toute cette génération qui n’a pas connu véritablement d’autres pensées que celle dominante, marine forcément dans son jus et s’abrutit lentement, inexorablement.

 

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Q.: Avez-vous constaté un accroissement de la violence potntielle depuis quinze ou vingt ans?

CMW: Pour vous répondre, je dois faire référence aux statistiques du “Verfassungsschutz”, qui évalue les actes violents réellement commis. Dans la citadelle des “autonomes” qu’est la ville de Hambourg le nombre d’actes violents commis par les activistes d’extrême-gauche s’est accru depuis l’an 2000. La promptitude à commettre des actes violents est difficilement mesurable car elle s’estompe dans les têtes ou se concrétise dans certaines situations précises. C’est là que réside le véritable danger. La droite politique, très réduite en nombre, n’existe pour les médias et pour la perception de la plupart des citoyens, que sous la forme d’un “nazisme” imaginaire, que l’on démonise et que l’on pose comme prêt à revenir sur la scène politique allemande. Officiellement, on ne veut absolument pas faire la différence entre ce nazisme imaginaire et médiatique et les réalités sur le terrain. On ne trie jamais le bon grain de l’ivraie. Ce qui a pour conséquence que ces figures démonisées par les médias focalisent tout le potentiel d’agressivité disponible: elles sont dès lors boucs émissaires, elles servent à dériver les attentions. Nous avons en Allemagne plusieurs générations qui ont été éduquées dans une perspective soi-disant “anti-fasciste” et qui ont, dès lors, intériorisé ce schéma binaire et fantasmagorique.

Certes, l’Etat traditionnel oppose encore quelques digues. Mais, progressivement, les droits fondamentaux sont vidés de leur substance. Pour ceux que l’on considère comme “de droite” (à tort ou à raison), le droit de s’assembler, le droit à la libre expression, à l’égalité devant les tribunaux, à être protégé contre toute discrimination sont sans cesse réduits. Et l’on proclame: “Pas de liberté pour les ennemis de la liberté”. Le danger qui se pointe à l’horizon, c’est que les ressortissants de ces générations socialisées à pareille enseigne vont obtenir postes et fonctions dans l’appareil étatique et dans la magistrature: ils voudront alors utiliser le monopole étatique de la violence pour lancer “la bataille finale pour la libération”. Nous verrons alors des collégiens ou des étudiants, qui ont l’air bien nets et bien propres aujourd’hui, qui hurlent leurs paroles soi-disant “anti-racistes” dans les rues, devenir demain gardiens-en-chef de camps de concentration, briseurs d’os dans les chambres de torture ou juristes terrifiants qui nous bâtiront un avenir d’enfer. Le Malin trouve toujours de nouveaux chemins à emprunter.

(entretien paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°8/2014, http://www;zurzeit.at ).

samedi, 08 mars 2014

Interview with Ruben Rosiers

Ruben Rosiers (27) is a Belgian citizen and activist of the "European Solidarity Front for Syria". Roseris studied Public Relations and works for a Flamish company.

"We support Syria!"

Interview with Ruben Rosiers

Ex: http://manuelochsenreiter.com

Ruben Rosiers (27) is a Belgian citizen and activist of the "European Solidarity Front for Syria". Rosiers studied Public Relations and works for a Flemish company.

Mr. Rosiers, you just came back from your trip to Syria on behalf of the “European Solidarity Front for Syria” (ESFS). Your organization was criticized in the past for supporting the “Syrian regime” by the mainstream media. What is the ESFS doing?

Rosiers: The ESFS are volunteers from whole Europe. We support the Syrians in their war to keep their independence, unity and sovereignty and against the western backed terrorism.

How do you “support the Syrians”?

Rosiers: In Europe we inform the public about the reality on the Syrian battleground. We are present in all the European countries; organize demonstrations together with the Syrians here. We cooperate with some alternative media as well. We also collect money to provide humanitarian help in Syria. As we are a pure independent volunteer organization we can guarantee that 100 percent of the donated money really arrives in Syria. We don´t have any bureaucratic infrastructure.

Your trip to Syria had the character of a “fact finding mission”...

Rosiers: Indeed.

One would say: “fact finding is not the job of volunteers but of journalists and politicians.”

Rosiers: This is not so wrong. But neither European journalists nor politicians do their job in a proper way. Of course there are exceptions. But generally, the information policy in whole Europe is a disaster. That makes the work of the ESFS so important!

What facts did you find in Syria?

Rosiers: I had many meetings in the capital Damascus; I spoke to politicians, clerics, soldiers, journalists and civilians. I had the opportunity to visit the Palestinian Yarmouk Camp in Damascus; I was in the city of Al-Nabk – where the people celebrated the Syrian Arab Army which liberated them from the terrorist gangs. I also visited the city Latakia.

You were in the Yarmouk camp? European mainstream media report it is besieged by the Syrian Army...

Rosiers: And here we are. I don´t think that any European mainstream journalist who writes such stories was recently there. The Yarmouk camp is like a little city in the city. Terrorist gangs were occupying parts of the camp, the Syrian government supported the Palestinian armed groups fighting against the terrorist forces. There is no “siege”. You can enter and leave the camp in the safe areas – and safety means always: controlled by the government and loyal Palestinian militias like the Popular Front for the Liberation of Palestine (PFLP). In the terrorist controlled areas the situation is really dangerous. Terrorist snipers shoot at everybody crossing the streets, a large part of the population left already the terrorist controlled sectors of the camp. By the way: We had also to leave the camp very quick again because of hostile sniper activities. The vast majority people in the camp stand with the Syrian government by the way – there is no doubt in that.

European media report about starvation in the camp...

Rosiers: The problem is that the terrorists tried to isolate the parts of the camps they controlled. The Syrian government provides food and medical help, but this is dangerous. Terrorist snipers shoot at them as well.

Ruben Rosiers and minister Ali Haidar (right)

Ruben Rosiers and minister Ali Haidar (right)

You met the Minister of State for National Reconciliation Affairs in Damascus. What did you talk about with Mr. Ali Haidar?

Rosiers: Mr. Haidar has maybe one of the most challenging jobs in Syria. National reconciliation is as important as difficult. His own son was killed by terrorist gangs in 2012. Mr. Haidar coordinates reconciliation talks between the different factions in Syria to find a peaceful solution. By the way, Mr. Haidar is not a Baath party member, he is oppositional himself. His SSNP party was banned for many years in Syria before it was legalized again. He knows about what he is talking. We discussed the reconciliation process, the next solidarity mission of the ESFS, the current political situation and the desire of the Syrian people for fast ending of the war. He also talked about the many kidnapped people and I had the chance to meet people who were looking for their kidnapped family members. You know that in Syria the terrorists even consider you a legal target if you are a postman? They consider you a “collaborator of the regime” and just kill, torture or kidnap you…

In Western media Ali Haidar doesn´t play any role...

Rosiers: Because he cooperates with the real opposition inside Syria and not with the foreign backed terrorists who destroy the country. This is a huge difference. Ali Haidar excludes extremists from the talks – this is why Western politics and media don´t give him any publicity.

In Al-Nabk you visited an Army celebration...

Rosiers: The people of Al-Nabk were celebrating the liberation of their city.

Mainstream media claim that those celebrations are propaganda acts by the Syrian government. They claim: The Syrians are forced to participate at those rallies.

Rosiers: Nobody was “forced” to participate. This was pure happiness that the horrible times of the terrorist control are over. The people wanted to thank the army that liberated Al-Nabk. Important to notice is that during the occupation of parts of the city by FSA and Al-Nusra, the residents of Al-Nabk didn’t flee but organized themselves to fight against the terrorists. Not a single person left the city! Nice detail, the majority of the city is Sunni Muslim - so there goes another myth the western media wants to keep alive…

You were also delivering a speech – what about?

Celebration in Al-Nabk: Liberation of the city

Celebration in Al-Nabk: Liberation of the city

Rosiers: This was really a spontaneous thing: I asked if I can give a message of solidarity – and some seconds later I spoke into the microphone. I told the Syrians that they shouldn´t confuse the European governments with the European peoples. I told the Syrians that we are with them despite of the wrong politics of our governments. The people were very happy about this unexpected message of solidarity.

Some critics claim that you are an “agent of the Syrian government” and that you are paid for the “solidarity”...

Manuel Ochsenreiter and Ruben Rosiers during a geopolitical conference in Bielefeld (2013)

Manuel Ochsenreiter and Ruben Rosiers during a geopolitical conference in Bielefeld (2013)

Rosiers: This is complete nonsense. Nobody pays us. We are a volunteer organization. My trip was paid completely by myself. Those rumors are spread to harm our credibility. And do you really think I would risk my life for some green paper in my pocket? Maybe this is hard to understand for capitalist and materialist people, but I just fight for what I believe in. Just like all the volunteers of the ESFS. If the Syrian government would ever offer me one dollar I would stop supporting them. They should use their money just to help the Syrian people!

If somebody wants to show solidarity with Syria and support the ESFS is it enough to press the “like”-button on Facebook?

Rosiers: This is a good start! But of course we are happy about any activist. As I said: We are all volunteers. We do our solidarity work because we really believe in our aims and not because we get paid or supported by state institutions or any NGOs. We are happy about every new volunteer in our rows! So please donate money, join our Facebook page, join our manifestations, spread the message and make the ESFS grow every day! Long live Syria!

Contact:

European Solidarity Front for Syria on Facebook

European Solidarity Front for Syria

vendredi, 07 mars 2014

Interview with Gennady Sivak

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Interview with Gennady Sivak, the head of the "Social Patriotic Assembly of the Slavs" about the situation on Crimea

by Natalya Bazhenova/Manuel Ochsenreiter

Ex: http://manuelochsenreiter.com

Mr. Sivak, since in Kiev the so called “Maidan Movement” took power, the people in Eastern and Southern regions of Ukraine started organizing to defend themselves against the new pro-Western government in Kiev. What can you tell us about the situation in Crimea?

Sivak: Citizens of the Crimean Republic will never recognize the violations of the Constitution of Ukraine, the result of which was that the armed bandits came to power. On February 27 the Supreme Council of the Crimean Republic voted for this statement. Crimea does not recognize the Verkhovna Rada (National Parliament) of Ukraine.

You are head of the “Social Patriotic Assembly of the Slavs” (SPAS) in Crimea. What role does your organization play in the conflict?

Sivak: The party SPAS has always strictly condemned all cases of violent excesses in the Crimea and Ukraine. The main goal of our activists in the present confrontation is to unify the Slavs and to keep peace and stability in Crimea. In order to achieve this goal we control the city Simferopol and all entrances to the Crimean Republic. And in the current conflict we abandoned our party´s symbols because we believe that people should not be divided by political parties – in opposite, we must unite all the people of Crimea.

Gennady Sivak, the head of the "Social Patriotic Assembly of the Slavs" 

Gennady Sivak, the head of the "Social Patriotic Assembly of the Slavs" 

The conflict in Crimea shows shocking images: Tatar extremists shouting “Allahu akbar” and Islamist claims in their fight against the Crimean Russians. What is behind this conflict?

Sivak: The majority of peaceful Muslims living in Crimea are fooled by a bunch of different kinds of radicals funded by Turkey and a number of Islamic countries that are always happy to recruit militants among Tatars to send them to different hotspots. As we know about 1.500 Tatar militants are fighting in Syria against the Syrian army. The Ukrainian legislation allows extremists to rapidly increase the number of their supporters. Therefore it is necessary to immediately eliminate the legal gaps in our legislation in order to stop the spread of extremism!

What gaps in the Ukrainian legislation provoke the spread of the extremism?

Sivak: You see, the “Mejlis of the Crimean Tatar People” (central executive body of the Kurultai of Crimean Tatars) always acts as a legal entity but it is not even officially registered. Therefore, we can’t even make a claim in cases of ethnic hatred incidents as this “Mejlis” does not officially exist. This makes the “Mejlis” a political entity which does not exist “de jure” but acts like a political power “de facto”. We tried to resist this absurd situation since we can’t solve the problem in an official way.

The problem of Tatar extremism in Crimea arose long time ago. What political forces in Kiev support and encourage it?

Sivak: Unfortunately the Kiev government consists of officials who are totally mired in corruption and therefore extremists on Turkey’s payroll can wade into power through different parties. Their business is deeply connected to oligarchic clans and they mainly use the Ukrainian Parliament (Rada) as a propaganda platform for acquiring the deputy status or to buy the deputies in order to lobby the required laws.

Did Tatar extremists take part in the Maidan movement?

Sivak: Of course. Tatar nationalist symbols were from the very beginning on the Maidan square and the former leader of the Tatar radicals Mustafa Dzhemilev is always present on the Maidan podium. They are closely related because of the fact that the Maidan opposition does not have support among the Slavs in Crimea but part of the Tatars supports them. As we all know recently the leader of the Ukrainian radical nationalists (Right Sector) Dmitry Yarosh openly stated that according to his opinion it is necessary for the future prosperity of Ukraine to get rid of the Russians and to drive them away from Crimea. He also said that it is much better for the Ukrainian nationalist cause if Crimea becomes Tatar. So you can see that the communication between them is obvious. Those radicals are responsible for the inter-ethnic conflict in our region while the most residents of Crimea, Russians and Tatar, want to live in peace together.

You mentioned the Turkish role in the support of the Muslim extremism...

Sivak: Ankara´s financial support for the Tatars in Crimea seems to be for a good cause at the first glance. But when we calculate all the money pumped by Turkey for the last 20 years and compare the amount with the number of Crimean Tatars, it turns out that every person should have at least a new apartment for each family. But this is not the case. Therefore the whereabouts of that money causes us extreme anxiety.

Do you think that most of the money is illegally directed to support the Tatar extremism in the region? Do you see any connection to the Tatar militants fighting in Syria?

Sivak: There is no doubt that this money is not being used in a transparent way and no doubt as well about the presence of Tatar militants in Syria. There is also the radical Islamic organization, Hizbut-Tahrir, which is banned as an extremist organization in many countries of the world including Germany that acts absolutely legally in Ukraine. They have an office here and hold their congresses and their representatives propagate radical Islam freely through Ukrainian TV. And we have strong reasons to believe that they take an active part in the escalation of the ethnic conflict in Crimea. In addition to this, we have information that the Turkish-Islamic underground network is organized in Crimea since a long time. The leading roles in it belong not only to Crimean Tatars but also to Uygur Islamists from Sinndzyan Uygur Autonomy of China. There are also several dozens of Islamist inspectors from Turkey and Azerbaijan. So as you see, Crimean Tatar extremists have prepared different ways (Nationalist, Turkic, Islamic) to put Crimea under the jurisdiction of Ukraine and to make a proclamation of an own independent state. Therefore the question is: On what basis was the union of Ukrainian nationalists and Tartar radical extremists created?

Western mainstream media still speaks about a “revolution” in Ukraine...

Sivak: As many people know, during 60 years USA made countless “revolutions” all over the world. So the American scenario of this political performance is very obvious in my opinion. Americans muddy the water everywhere using the principle of divide and rule as well as the destructive elements of society. And unfortunately European Union is totally involved now in that process without realizing that the fire may spread to Europe.

Western media write about war scenarios. Do you see a political solution of the actual crisis?

Sivak: Absolutely! The referendum which must be held on March 30, 2014 is a political solution of the issue. If during this time Russia, USA and Germany are able to negotiate and resolve the situation in Ukraine, there will be no need for this referendum. But if there will be no agreement, Crimea will follow the fate of South Ossetia and Transnistria. In any case it is obvious that Russia is the only real guarantee of peace and stability in our region!

Special thanks to my colleague from St. Petersburg Natalya Bazhenova for the great cooperation!

La Russie, l’Occident, le fondamentalisme islamiste et l’Ukraine

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La Russie, l’Occident, le fondamentalisme islamiste et l’Ukraine

Entretien avec Peter Scholl-Latour

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

Q.: Monsieur Scholl-Latour, en 2006 vous avez écrit un livre où vous dites que la Russie se trouve prise en tenaille entre l’OTAN, la Chine et l’Islam. Depuis la rédaction de cet ouvrage, la pression sur la Russie a-t-elle, oui ou non, augmentée?

PSL: Pour le moment je ne vois aucun conflit poindre à l’horizon entre la Chine et la Russie parce que ces deux grandes puissances sont suffisamment intelligentes pour remiser les conflits potentiels qui pourraient les opposer et qui les opposeront un jour, notamment celui qui aura pour cause la démographie chinoise en Extrême-Orient sibérien. Tant les Russes que les Chinois n’ont aucun intérêt à s’engager dans des conflits sur deux fronts avec l’Occident.

Q.: L’Occident en revanche attise les conflits; en effet, l’actualité nous montre que sa volonté de frapper Moscou a le vent en poupe...

PSL: Il est très étonnant que l’Occident adopte une attitude si hostile à la Russie actuellement. Cette hostilité vient de la personnalité de Poutine, que l’on critique sur un mode extrême. Ce ton, adopté par l’ensemble de l’Occident, relève de la pure sottise, car cet Occident se comporte comme si la Guerre Froide n’était pas terminée. Que Poutine en Russie soit un autocrate ou ne le soit pas, cela ne nous regarde pas. Sous Gorbatchev, la Russie avait fait l’expérience de la démocratie occidentale, ce qui avait été très avantageux pour l’Occident —la réunification allemande a été rendue possible à cette époque— mais absolument catastrophique pour la Russie. A cette époque-là, la démocratie et le capitalisme avaient précipité la Russie dans une misère et une incertitude jamais vues auparavant. C’est la raison pour laquelle toutes les spéculations occidentales sur une éventuelle insurrection du peuple russe contre Poutine sont pures chimères.

Q.: Comment jugez-vous les événements qui agitent actuellement l’Ukraine, voisine de l’UE?

PSL: Ce qui se passe actuellement en Ukraine est également une grosse sottise commise par l’Occident. Il est certes juste de dire que les Ukrainiens ont le droit de décider de leur propre destin, mais nous n’avons pas à nous en mêler, à déterminer le mode de cette auto-détermination. L’Occident, y compris les Européens, s’est malheureusement habitué à intervenir en tout. Et voilà que l’on soutient maintenant les diverses oppositions au Président Yanoukovitch qui, ne l’oublions pas, a tout de même été élu démocratiquement. Nous ne devons pas oublier non plus que l’Ukraine est en soi un pays déjà divisé. Nous devons plutôt espérer que les tensions qui agitent l’Ukraine ne débouchent pas sur une guerre civile.

Q.: Au début des années 1990, l’effondrement de l’Union Soviétique semblait annoncer aussi la désagrégation de la Russie. Ce danger est-il désormais conjuré?

PSL: Cette désagrégation de la Russie a commencé avec la dissolution de l’Union Soviétique car les régions, devenues indépendantes sous Gorbatchev, avaient fait partie de l’Empire des Tsars. L’Ouzbékistan actuel n’était pas, à l’époque, une conquête soviétique mais appartenait déjà à la Russie impériale. Lénine avait renoncé à d’énormes portions de territoires à l’Ouest parce qu’il croyait qu’une révolution mondiale était imminente et réunirait bien vite le tout sous la bannière rouge.

Q.: Quelle intensité la menace de l’islamisme fondamentaliste peut-elle faire peser sur la Russie, si l’on tient compte de la situation dans le Caucase du Nord?

russland-im-zangengriff-cover.jpgPSL: Les Américains commencent, petit à petit, à reconnaître le danger que représente l’islamisme, sujet principal de la politique américaine, en dépit de la montée en puissance de la Chine. Ils savent aussi que l’islamisme est bien présent en Russie aussi. Les observateurs internationaux sont conscients de cette menace parce que les peuples musulmans du Caucase ont constitué récemment des facteurs de turbulences voire des facteurs nettement belligènes. Je ne pense pas tant à la Tchétchénie aujourd’hui mais plutôt au Daghestan. Les Russes se sentent très menacés par le fondamentalisme islamique, facteur qui n’existait pas auparavant. Lorsque je visitais l’Asie centrale en 1958, le fondamentalisme n’était pas un sujet de discussion mais, entretemps, les choses ont changé par l’attitude prise par les dirigeants locaux, tous jadis hauts fonctionnaires du PCUS comme Nazarbaïev au Kazakstan. En un tourne-main, tous ces dirigeants communistes se sont mués en despotes orientaux mais ils doivent agir sous la pression de forces radicales islamistes, surtout en Ouzbékistan.

Q.: La crainte de l’islamisme ne constitue-t-elle pas le motif majeur de l’appui qu’apporte la Russie au président syrien Al-Assad?

PSL: Le soutien apporté à la Syrie repose sur plusieurs motifs: la Syrie a toujours été un allié de l’ex-Union Soviétique et les Russes n’ont aucun intérêt à ce que la Syrie tombe aux mains des extrémistes musulmans qui combattent aux côtés de l’opposition ni aux mains d’Al Qaeda qui entend créer un “Etat islamique d’Irak et de Syrie”. Obama semble lui aussi reconnaître, mais un peu tard, dans quelle mélasse il est allé patauger. Nous ne devons pas oublier que la Fédération de Russie elle-même —c’est-à-dire ce qui reste de la Russie après la désagrégation de l’Union Soviétique— abrite au moins 25 millions de musulmans. Ceux-ci n’habitent pas seulement dans les régions au Nord du Caucase mais aussi dans le centre même de la Russie, le long de la Volga. A Kazan, où les aspirations à un nationalisme tatar ne se sont pas encore faites valoir, on a édifié une gigantesque mosquée qui, en dimensions, est bien plus vaste que le Kremlin construit par Ivan le Terrible. J’ai appris qu’y oeuvraient des extrémistes musulmans. Comme d’habitude, ces derniers reçoivent le soutien de prédicateurs haineux venus d’Arabie saoudite.

Q.: Dans quelle mesure peut-on évaluer la méfiance que cultivent Poutine et bon nombre de dirigeants russes à l’endroit de l’Occident, surtout si l’on tient compte de l’élargissement de l’OTAN à l’Est?

PSL: Ils ont raison de se méfier! Comme je l’ai déjà dit, on a l’impression que la Guerre Froide n’est pas terminée. Si, à la rigueur, on peut comprendre qu’une grosse portion de l’Ukraine veut demeurer purement ukrainienne et ne pas être occupée par la Russie, directement ou indirectement, on ne doit pas oublier non plus que la Russie est née à Kiev, lorsque les autres princes russes croupissaient encore sous le joug tatar. C’est à Kiev que la Russie s’est convertie à la chrétienté orthodoxe byzantine.

Q.: Par conséquent, estimez-vous que l’UE, face à la question ukrainienne, et face à la Russie, devrait adopter une position plus souple, plus pondérée?

PSL: L’Europe ferait bien mieux de s’occuper de ses propres problèmes au lieu de chercher encore et toujours à s’étendre. On tente en Allemagne d’étendre sans cesse l’Europe alors que ce fut une bêtise gigantesque d’accepter la Roumanie et la Bulgarie dans l’UE. Et voilà que maintenant on veut aborber l’Ukraine quand l’Europe souffre déjà de son hypertrophie. Si les insurgés ukrainiens s’imposent sur la scène politique, l’Ukraine se dégagera de son partenariat étroit avec la Russie et s’orientera vers l’Europe qui, alors, s’étendra presque jusqu’à l’ancienne Stalingrad! Mais ce n’est pas là le but de la manoeuvre!

(entretien paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°6-7/2014, http://www.zurzeit.at ).

samedi, 01 mars 2014

Der Bürgerkrieg kommt

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Der Bürgerkrieg kommt

von Johannes Schüller

Ex: http://www.blauenarzisse.de

BN-​Gespräch. Richard Millet gehört zu den bekanntesten Schriftstellern Frankreichs. Jetzt ist seine rechte Schrift, Verlorene Posten, auf Deutsch erschienen. Ein Interview zu Europas Zukunft.

In Ihrem Essay Literarischer Gesang auf Anders Breivik, der Sie ins literarische Abseits brachte, bezeichnen Sie den Massenmörder Breivik als „Henker und Opfer, Symptom und unmögliche Kur” der multikulturellen Gesellschaft. Welche tragischen Figuren und Massaker wird es zukünftig geben?

Die Breiviks und Mohammed Merahs (islamistischer Attentäter von Toulouse, J. S.) werden zunehmen, sofern man nicht einsehen will, dass Europa nicht Amerika ist. Multikulturalismus verkörpert das Scheitern der Nationen, die sich jeweils auf einem einzigen Volk gründen. Ein latenter Bürgerkrieg ist im Kommen.

Ist dieser latente Bürgerkrieg in Frankreich nicht schon längst im Gange? Was bleibt den Franzosen noch, um ihre Heimat zu schützen?

Der Bürgerkrieg findet auf eine gewisse Art und Weise bereits seit 1789 statt. Aber jetzt ist es ein Krieg ohne Namen, in dem das französische Volk gar nicht mehr als solches besteht.

Welche Rolle wird dabei die islamische Kultur spielen?

Es gibt keine islamische Kultur in Europa, sondern einen politischen Angriff. Er wird durch Länder geführt, von denen man sehen wird, dass sie Feinde sind, nämlich Katar, Saudi-Arabien, Kuwait, Pakistan, Algerien. Sie finanzieren den islamischen Terrorismus und den Krieg der Bäuche in Europa. Dieser Krieg findet in Frankreich auch auf Rechtsebene statt, insbesondere in den Einrichtungen öffentlicher Bildung. All das, was der Islam in Europa darstellt, ist weitgehend negativ.

Sie nennen die Literatur und den tradierten Sprachbestand als einen der letzten Rückzugsräume eines europäischen, christlichen Erbes. Lässt sich die große Krise unseres Kontinents politisch nicht mehr lösen?

Es gibt keinen politischen Willen, diese Krise zu lösen. Europa wird geteilt und seine Intellektuellen unterhalten sich nicht mehr miteinander. Es gibt sogar einen Willen, nicht mehr man selbst zu sein, also eine Ablehnung des christlichen und humanistischen Erbes, die eine neue Art des Totalitarismus darstellt. Jeder wünscht sich, amerikanisch zu sein: also ohne Gedächtnis.

Viele Politiker und Parteien kämpfen gegen die ethnische Krise. Vor der Europawahl befürworten zum Beispiel laut aktueller Umfrage circa 34 Prozent der Franzosen die Positionen des Front National. Ist das alles nichts wert?

Der Front National stellt kulturell nichts dar. Nun ist der jetzige Krieg allerdings besonders kulturell: Und zwar in dem Sinne, nach dem Antonio Gramsci die kulturelle Macht als Beherrschungsinstrument definierte. Die Allianz aus Sozialisten und Rechten (gemeint ist hier die bürgerlich-​konservative UMP in Frankreich, J. S.) besitzt diese Macht, folglich ist alles verloren.

Wie stehen Sie zum Freitod Dominique Venners in der Pariser Kathedrale Notre-​Dame? Handelte es sich um einen Akt der Verzweiflung oder ein souveränes Symbol gegen den Untergang Frankreichs?verloreneposten

Der Katholik in mir kann in diesem Selbstmord nur eine Verzweiflungstat sehen und politisch ist es sinnlos. Auch Notre-Dame zu wählen, um zu sterben, ist ein Fehler. Da hätten sich das Pariser Rathaus oder der Eiffelturm besser geeignet.

Eine der Ursachen des Niedergangs ist das, was Sie als „Horizontalisierung” bzw. „Gleichmacherei” erkennen . Hat diese Idee nicht in unserer Kultur ihre Wurzeln? Haben wir uns damit selbst den Tod vorbereitet?

Das Gleichheitsverlangen darf nicht mit dem ideologischen Egalitarismus verwechselt werden und zwar auf dieselbe Art und Weise wie das demokratische Ideal nicht jene „Tyrannei der Mehrheit bedeuten kann, vor der sich schon Tocqueville ängstigte. Der ideologische Egalitarismus ist derzeit in den Ländern am Werk, die man westliche Demokratien nennt, die in Wirklichkeit aber durch die Finanzmärkte regiert werden.

Auch der Niedergang der französischen Sprache erscheint aus der Sicht Ihres Verlorenen Posten unausweichlich. Warum schreiben Sie noch?

Ich schreibe, um zu vollenden, was ich begonnen habe: für die Ehre und dafür, dem Feind nicht das Feld zu überlassen. Und ich schreibe, um einen gewissen, bald verlorenen Stand der französischen Sprache noch ein wenig erklingen zu lassen.

Das literarische Erbe Frankreichs und Deutschland gehört zu unseren letzten sicheren Beständen. Welche Schriftsteller können Sie also jungen, deutschen Lesern empfehlen?

Alle wahrhaften Zeitgenossen, von Homer bis Peter Handke, von Dante bis Marcel Proust, von Shakespeare bis W. G. Sebald, von Blaise Pascal bis Friedrich Nietzsche, von Honoré de Balzacbis Paul Celan.

Monsieur Millet, merci beaucoup!

Anm. d. Red.: Verlorene Posten, die aktuelle deutsche Übersetzung der wichtigsten politischen Essays von Millet, gibt es hier.

mardi, 18 février 2014

En Islande, les ressources naturelles sont maintenant « détenues par le peuple »

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En Islande, les ressources naturelles sont maintenant «détenues par le peuple»
Ex: http://www.localisme.fr
 
Interview - La nouvelle Constitution islandaise, choisie par référendum, prévoit que les ressources naturelles soient « détenues par le peuple islandais ».

Entretien avec Victor David, juriste de l’environnement à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).

Le projet de nouvelle Constitution islandaise prévoit que les ressources naturelles soient « détenues par le peuple islandais ». Quelle serait la portée de ce texte s’il était adopté ?

Victor David : Cette formulation est une façon politiquement correcte de parler de nationalisation des ressources naturelles. En Islande, un des grands enjeux concerne les produits de la mer. Quelques grosses entreprises concentrent presque l’ensemble des quotas de pêche. Cette nationalisation permettrait de renégocier les quotas vers une redistribution plus favorable à l’ensemble de la population. Les perspectives de trouver du pétrole dans les eaux territoriales islandaises en mer du Nord ne sont probablement pas non plus étrangères à cette proposition. Plus largement, la nationalisation est motivée par la crainte de voir des multinationales, voire des Etats étrangers via des entreprises publiques, accaparer les ressources. La Chine a par exemple essayé d’acquérir des terrains en Islande. Il faut cependant relativiser la portée du texte islandais qui ne fait référence qu’aux ressources non déjà privatisées. Il ne s’agit donc pas pour le gouvernement de faire une chasse aux compagnies privées.

Les changements sont donc assez marginaux ?

Non, car il existe encore beaucoup de ressources naturelles non encore transférées au secteur privé, en matière de pêche mais aussi les réserves pétrolières offshore qui n’en sont qu’au stade… de potentiel !

La référence au « peuple » ne donne-t-elle pas plus de prise aux citoyens sur leurs ressources que la seule nationalisation ?

Pas vraiment, dans la mesure où l’Islande est une démocratie représentative. Il faudrait la mise en place de mécanismes de participation pour que la population soit associée à la gestion des ressources. Par le biais de référendums locaux notamment. Alors, la propriété des peuples aurait plus de sens. Cela dit, il est vrai que le projet de constitution islandaise prévoit des référendums d’initiative citoyenne. 10% de la population pourrait provoquer un référendum, pourquoi pas, sur les ressources naturelles en cas de litige avec l’Etat.

Est-ce que ce projet laisse envisager une meilleure protection des ressources naturelles ?

L’environnement n’a pas forcément grand chose à y gagner. Derrière le vocable « ressources naturelles », on parle en effet moins de la flore, de la faune ou des paysages, que de tout ce qui peut s’avérer être une « richesse naturelle », comme le pétrole, les minerais ou les produits de la pêche. On soustrait aux appétits individuels les ressources naturelles qui ne sont pas déjà privatisées pour les donner au peuple. En réalité, c’est l’Etat qui les gère sous forme d’actionnariat majoritaire, sans nécessairement protéger la nature. Un vrai progrès ces dernières années en matière de protection des ressources naturelles vient de la constitution équatorienne de 2008 qui a décidé d’accorder des « droits fondamentaux » à la nature elle-même. Cela facilite en particulier la défense de l’environnement car ces droits permettent à toute personne de se faire le porte-parole de la nature devant la justice et de porter plainte sans avoir à justifier de préjudice personnel. Et les atteintes à l’environnement sont imprescriptibles.

Cette proposition de l’Islande s’inscrit-elle dans une tendance plus large ?

Oui, la nationalisation des ressources naturelles revient sur le devant de la scène. En toute légalité d’ailleurs puisque, depuis 1962, les Nations unies affirment la souveraineté des Etats sur les ressources naturelles. Ces dernières décennies, les Etats avaient pourtant utilisé ces droits pour privatiser les ressources, sous la pression du FMI et de la Banque mondiale. Depuis le début des années 2000, le Venezuela, la Bolivie et l’Equateur ont entamé ou renforcé la nationalisation de leurs ressources naturelles, notamment du pétrole mais pas seulement. En Bolivie, la nationalisation de l’eau a permis à l’Etat de reprendre la main sur ce secteur contre Suez. A Québec, les partis politiques nationalistes réclament régulièrement la souveraineté sur les ressources naturelles. Mais un effet pervers de ce genre de nationalisation est le risque de corruption, car les gouvernants deviennent les gestionnaires exclusifs de ces richesses. Il faut donc impérativement accroître la participation du public dans la prise de décision en matière de gestion des ressources naturelles et renforcer les garanties de transparence de l’action publique.

 

Cet article de Magali Reinert a initialement été publié, le 8 janvier, par Novethic, le média expert du développement durable.

lundi, 03 février 2014

A. Chauprade: sur l'Ukraine


Ayméric Chauprade:

L'Ukraine, nouvelle étape dans la stratégie de domination américaine

par realpolitiktv

vendredi, 31 janvier 2014

1914: Allemagne, culpabilité partagée

Christopher_Clark_Frankfurter_Buchmesse_2013_1.JPG1914: Allemagne, culpabilité partagée

 

Entretien avec le Prof. Christopher Clark sur ses thèses quant au déclenchement de la première guerre mondiale. Toutes les puissances sont coupables et pas seulement le Reich de Guillaume II!

Le Professeur Dr. Christopher Clark enseigne l’histoire contemporaine à l’Université de Cambridge et a sorti récemment un livre de près de 700 pages qui suscite une formidable controverse, “The Sleepwalkers – How Europe Went to War in 1914” (2012, éd. de poche chez Penguin, 2013).

Q.: Professeur Clark, le “Spiegel” a rendu votre oeuvre “suspecte”, “parce que vos possitions rappellent celles des historiens allemands classés dans le camp ‘national-conservateur’”. Seriez-vous par hasard germanophile?

CC: L’Allemagne est certes un pays pour lequel j’éprouve de la sympathie. Je parle l’allemand, mes séjours en Allemagne me sont agréables, je visite volontiers le pays. Mais je ne suis certainement pas germanophile au sens où cette germanophilie serait une position de doctrinaire...

Q.: Dans quelle mesure mettez-vous alors en doute la culpabilité exclusive de l’Allemagne dans le déclenchement de la première guerre mondiale?

CC: Plus personne ne parle vraiment de “culpabilité exclusive” aujourd’hui, même plus les adeptes les plus sourcilleux de l’école de Fritz Fischer, qui avait voulu bétonner l’idée d’une culpabilité exclusive.

Q.: L’historien allemand Fritz Fischer avait déclenché un débat dans les années 60 à propos de la culpabilité dans le déclenchement de la guerre de 14, débat qui avait vite porté le nom de “controverse Fischer”. Pour citer une nouvelle fois le “Spiegel”: “Dans cette controverse, Fischer posait la thèse de la culpabilité exclusive de l’Allemagne”...

CC: C’est un fait: la thèse de Fischer a fini par devenir une sorte d’orthodoxie, non pas sous les oripeaux du radicalisme, mais en version “light”. Chez mes collègues anglophones, on a traduit la thèse de Fischer de la manière suivante: les Russes, les Français et les Anglais ont certes commis des bêtises mais seuls les Allemands voulaient la guerre et l’ont provoquée.

Q.: En Allemagne c’est plutôt la version “radicale” qui a triomphé: une rédactrice de la chaîne ZDF vous a reproché “de prendre trop l’Allemagne sous votre aile protectrice”...

CC: Pas du tout! Je dis de façon claire et nette que l’Allemagne est co-responsable. Mais c’est bizarre: il n’y a qu’en Allemagne que l’on vous reprochera d’être trop “amical” à l’égard du pays. Ce n’est qu’en Allemagne qu’une bienveillance objective en arrive à être “suspecte”.

Q.: Dans quelle mesure?

CC: Je me souviens d’un débat à Berlin sur le thème de la Prusse. Quand il s’est terminé, une dame assez âgée, toute gentille, cultivée, m’a adressé la parole: “Monsieur Clark, vous semblez nous aimer, nous, les Allemands”. “Ben, oui”, ai-je répondu, “pourquoi donc ne vous aimerais-je pas?”. Et elle me rétorqua: “Parce que nous sommes si terribles!”. Je pense qu’un dialogue pareil serait tout bonnement impensable dans un autre pays.

9780062199225.340x340-75.jpgQ.: Votre livre est un formidable best-seller en Allemagne. Est-ce parce qu’il est en porte-à-faux par rapport à tous les autres, qui adoptent les thèses dominantes, qu’il est perçu comme “provocateur”...

CC: C’est possible. En Angleterre aussi, il a suscité des critiques acerbes. On disait: “Nous savons qui est le coupable dans le déclenchement de la première guerre mondiale! Que vient nous raconter ce Clark?”. Moi-même, j’ai encore appris à l’école que les grandes puissances s’étaient solidarisées entre elles pour faire face à l’Allemagne qui avait provoqué la guerre.

Q.: Et ce n’est pas vrai...?

CC: Les choses sont beaucoup plus compliquées. La Russie s’est alliée à la France justement parce qu’elle pensait que Londres pouvait s’allier à Berlin. Et Londres n’a pas cherché à se rapprocher de Saint-Pétersbourg pour intimider l’Allemagne, mais pour protéger l’Inde et la Perse contre les ambitions prêtées à la Russie.

Q.: La conclusion de votre livre: le Reich de Guillaume II n’est pas l’Etat-voyou que l’on a décrit depuis les événements...

CC: Non. L’Allemagne a contribué à créer la situation générale qui a débouché sur la première guerre mondiale et en est donc co-resposable, mais sans plus. Il n’y a pas eu de conspiration allemande pour aboutir à la guerre. L’Allemagne voulait être une grande puissance et c’est pourquoi elle s’est comportée comme une grande puissance. La politique allemande d’avant 1914 correspond entièrement au cadre mental de l’époque.

Q.: Donc, pour vous, l’Allemagne ne cherchait pas à devenir une puissance mondiale...?

CC: Il est plus exact de dire que l’Allemagne proclamait qu’elle voulait mener une “Weltpolitik”. Le résultat de cette aspiration a été l’acquisition de quelques colonies dans le Pacifique et en Afrique. Dans l’ensemble, le butin était finalement bien chiche. Aucune comparaison possible avec les grandes puissances bien établies de l’époque. Il y a une question que j’aime poser à mes étudiants: quelle était la différence entre la flotte britannique de l’époque et la flotte allemande? La flotte britannique était toujours en action. La flotte allemande ne l’était pratiquement pas. La même conclusion s’impose quand on compare les armées britannique et allemande de l’époque.

Q.: Pourtant, lors de la crise de juillet 1914, Berlin a couvert Vienne et a encouragé les Austro-Hongrois à faire la guerre parce qu’en fait, les Allemands la voulaient aussi: c’est ainsi que les théoriciens de la culpabilité exclusive ou principale de l’Allemagne justifient leurs positions...

CC: Il est exact que l’Autriche comme l’Allemagne voulaient une guerre locale contre la Serbie. Cependant la France et la Russie avaient imaginé qu’une poussée des puissances centrales en direction de la Serbie contituerait un casus belli et avaient ainsi fait de la Serbie une sorte d’avant-poste de leur dispositif. La Serbie était posée comme une entité à laquelle il ne fallait pas toucher faute de quoi on déclencherait la guerre. Cela prouve que Français et Russes étaient prêts à courir le risque. Je ne veux pas dire par là que la guerre a été le résultat d’une “conspiration franco-russe”. Berlin partait à l’époque du principe que les Russes n’interviendraient pas. La direction allemande était dès lors prête à risquer une guerre continentale. Le Chancelier Bethmann pensait que, si les Russes, contre toute attente, attaqueraient quand même, ce serait la preuve qu’ils avaient voulu la guerre. Bethmann pensait alors que si les choses pouvaient se passer comme cela, l’Allemagne ne devait pas chercher à éviter la guerre.

Q.: Vous absolvez également le deuxième “grand félon”, c’est-à-dire l’Autriche-Hongrie...

CC: Je n’absous nullement l’Autriche-Hongrie, mais elle n’est pas davantage que l’Allemagne le “grand félon”, seul responsable de la catastrophe. En fait, Vienne se trouvait dans une situation très précaire. Selon la logique qu’adopte toute grande puissance, en tous temps, elle devait réagir, d’une manière ou d’une autre, à l’assassinat de son prince héritier à Sarajevo par des nationalistes serbes.

Q.: Pourquoi?

CC: A votre avis, comment réagiraient les Etats-Unis si un commando, entraîné à Téhéran, par exemple, assassinait le président des Etats-Unis et son épouse en pleine rue? Je ne crois pas que les Américains resteraient sans réagir.

Q.: Vous dites que l’assassinat de l’héritier du trône a été pour l’Autriche-Hongrie une sorte de “11 septembre 2001”...

CC: Oui. Cet attentat a bouleversé de fond en comble l’alchimie politique de l’époque. C’est une légende de dire que les Autrichiens n’ont pas été touchés par la mort du prince héritier et qu’ils n’ont considéré cette mort que comme un prétexte pour pouvoir faire la guerre contre la Serbie. Non, les Autrichiens ont été profondément bouleversés. La mort de l’archiduc a été un véritable choc pour l’Empire austro-hongrois.

Q.: Qui alors est le véritable coupable dans le déclenchement de la première guerre mondiale?

CC: Je pense que la notion de “culpabilité” n’explique absolument rien. De plus, l’idée d’une “culpabilité” implique simultanément celle d’une “non-culpabilité”: voilà pourquoi cette notion nous conduit à avoir une représentation faussée de la crise de juillet 1914. La guerre a jailli d’une certaine culture politique européenne. L’Europe, à l’époque, était un continent explosif.

Q.: Vos propos ressemblent à ceux de Lloyd George, premier ministre britannique, qui avait dit “que nous nous étions tous laissés aller vers la guerre”... Votre thèse des “somnambules” est-elle quelque peu différente?

CC: Quand on dit “se laisser aller à la guerre”, cela signifie que les responsables n’ont pas de culpabilité. Ce n’est pas exact. Il faut dire plutôt que tous, comme des somnambules, ont laissé faire les choses, les yeux ouverts, sans vouloir rien empêcher: ils ont tous accepté le déclenchement d’une guerre de formidable ampleur, en entrevoyant parfaitement ce qui se passait. Personne n’a voulu commencer la guerre mais tous étaient prêts à l’accepter en toute bonne conscience, pour autant qu’un autre la rendait possible par son comportement. Et quand je dis “rendre possible”, je ne dis pas “la forcer”: il n’était même pas nécessaire d’exercer une telle pression...

(entretien paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°3/2014, http://www.zurzeit.at ).

jeudi, 30 janvier 2014

"United by Hatred"

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"United by Hatred"

Interview with Alexander Dugin

by Manuel Ochsenreiter

Ex: http://manuelochsenreiter.com

Prof. Dugin, the Western mainstream media and established politicians describe the recent situation in Ukraine as a conflict between pro-European, democratic and liberal oppositional alliance on the one side and an authoritarian regime with a dictator as president on the other side. Do you agree?

Dugin: I know those stories and I consider this type of analysis totally wrong. We cannot divide the world today in the Cold War style. There is no “democratic world” which stands against an “antidemocratic world”, as many Western media report.

Your country, Russia, is one of the cores of this so called “antidemocratic world” when we believe our mainstream media. And Russia with president Vladimir Putin tries to intervene in Ukrainian domestic politics, we read...

Dugin: That´s completely wrong. Russia is a liberal democracy. Take a look at the Russian constitution: We have a democratic electoral system, a functioning parliament, a free market system. The constitution is based on Western pattern. Our president Vladimir Putin rules the country in a democratic way. We are a not a monarchy, we are not a dictatorship, we are not a soviet communist regime.

Our politicians in Germany call Putin a “dictator”!

Dugin: (laughs) On what basis?

Because of his LGBT-laws, his support for Syria, the law suits against Michail Chodorchowski and “Pussy Riot”...

Dugin: So they call him “dictator” because they don´t like the Russian mentality. Every point you mentioned is completely democratically legitimate. There is not just one single “authoritarian” element. So we shouldn´t mix that: Even if you don´t like Russia´s politics you can´t deny that Russia is a liberal democracy. President Vladimir Putin accepts the democratic rules of our system and respects them. He never violated one single law. So Russia is part of the liberal democratic camp and the Cold War pattern doesn´t work to explain the Ukrainian crisis.

Violent protesters in Kiev

So how can we describe this violent and bloody conflict?

Dugin: We need a very clear geopolitical and civilizational analysis. And we have to accept historical facts, even if they are in these days not en vogue!

What do you mean?

Dugin: Todays Ukraine is a state which never existed in history. It is a newly created entity. This entity has at least two completely different parts. These two parts have a different identity and culture. There is Western Ukraine which is united in its Eastern European identity. The vast majority of the people living in Western Ukraine consider themselves as Eastern Europeans. And this identity is based on the complete rejection of any pan-Slavic idea together with Russia. Russians are regarded as existential enemies. We can say it like that: They hate Russians, Russian culture and of course Russian politics. This makes an important part of their identity.

You are not upset about this as a Russian?

Dugin: (laughs) Not at all! It is a part of identity. It doesn´t necessarily mean they want to go on war against us, but they don´t like us. We should respect this. Look, the Americans are hated by much more people and they accept it also. So when the Western Ukrainians hate us, it is neither bad nor good – it is a fact. Let´s simply accept this. Not everybody has to love us!

But the Eastern Ukrainians like you Russians more!

Dugin: Not so fast! The majority of people living in the Eastern part of Ukraine share a common identity with Russian people – historical, civilizational, and geopolitical. Eastern Ukraine is an absolute Russian and Eurasian country. So there are two Ukraines. We see this very clear at the elections. The population is split in any important political question. And especially when it comes to the relations with Russia, we witness how dramatic this problem becomes: One part is absolute anti-Russian, the other Part absolute pro-Russian. Two different societies, two different countries and two different national, historical identities live in one entity.

So the question is which society dominates the other?

Dugin: That´s an important part of Ukrainian politics. We have the two parts and we have the capital Kiev. But in Kiev we have both identities. It is neither the capital of Western Ukraine nor Eastern Ukraine. The capital of the Western part is Lviv, the capital of the Eastern part is Kharkiv. Kiev is the capital of an artificial entity. These are all important facts to understand this conflict.

Western Media as well as Ukrainian “nationalists” would strongly disagree with the term “artificial” for the Ukrainian state.

Dugin: The facts are clear. The creation of the state of Ukraine within the borders of today wasn´t the result of a historical development. It was a bureaucratic and administrative decision by the Soviet Union. The Ukrainian Soviet Socialist Republic was one of the 15 constituent republics of the Soviet Union from its inception in 1922 to its end in 1991. Throughout this 72-year history, the republic's borders changed many times, with a significant part of what is now Western Ukraine being annexed by the Red Army in 1939 and the addition of formerly Russian Crimea in 1954.

Some politicians and analysts say that the easiest solution would be the partition of Ukraine to an Eastern and a Western state.

Dugin: It is not as easy as it might sound because we would get problems with national minorities. In the Western part of Ukraine many people who consider themselves as Russians live today. In the Eastern part lives a part of the population that considers itself as Western Ukrainian. You see: A simple partition of the state wouldn´t really solve the problem but even create a new one. We can imagine the Crimean separation, because that part of Ukraine is purely Russian populated territory.

Why does it seem that the European Union is so much interested in “importing” all those problems to its sphere?

Dugin: It is not in the interest of any European alliance, it is in the interest of USA. It is a political campaign which is led against Russia. The invitation of Brussels to Ukraine to join the West brought immediately the conflict with Moscow and the inner conflict of Ukraine. This is not surprising at all of anybody who knows about the Ukrainian society and history.

Some German politicians said that they were surprised by the civil war scenes in Kiev...

Dugin: This says more about the standards of political and historical education of your politicians than about the crisis in Ukraine...

But the Ukrainian president Viktor Yanukovych refused the invitation of the West.

Dugin: Of course he did. He was elected by the pro-Russian East and not by the West. Yanukovych can´t act against the interest and the will of his personal electoral base. If he would accept the Western-EU-invitation he would be immediately a traitor in the eyes of his voters. Yanukovych´s supporters want integration with Russia. To say it clearly: Yanukovych simply did what was very logical for him to do. No surprise, no miracle. Simply logical politics.

 

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There is now a very pluralistic and political colorful oppositional alliance against Yanukovych: This alliance includes typical liberals, anarchists, communists, gay right groups and also nationalist and even neo-Nazi groups and hooligans. What keeps these different groups and ideologies together?

Dugin: They are united by their pure hatred against Russia. Yanukovych is in their eyes the proxy of Russia, the friend of Putin, the man of the East. They hate everything what has to do with Russia. This hate keeps them together; this is a block of hatred. To say it clearly: Hate is their political ideology. They don´t love the EU or Brussels.

What are the main groups? Who is dominating the oppositional actions?

Dugin: These are clearly the most violent neo-Nazi groups on the so called Euro-Maidan. They push for violence and provoke a civil war situation in Kiev.

Western Mainstream media claims that the role of those extremist groups is dramatized by the pro-Russian media to defame the whole oppositional alliance.

Dugin: Of course they do. How do they want to justify that the EU and the European governments support extremist, racist, neo-Nazis outside the EU-borders while they do inside the EU melodramatic and expensive actions even against the most moderate right wing groups?

But how can for example the gay right groups and the left wing liberal groups fight alongside the neo-Nazis who are well known to be not really very gay friendly?

Dugin: First of all, all these groups hate Russia and the Russian president. This hate makes them comrades. And the left wing liberal groups are not less extremist than the neo-Nazi groups. We tend to think that they are liberal, but this is horribly wrong. We find especially in Eastern Europe and Russia very often that the Homosexual-Lobby and the ultranationalist and neo-Nazi groups are allies. Also the Homosexual lobby has very extremist ideas about how to deform, re-educate and influence the society. We shouldn´t forget this. The gay and lesbian lobby is not less dangerous for any society than neo-Nazis.

We know such an alliance also from Moscow. The liberal blogger and candidate for the mayoral position in Moscow Alexej Nawalny was supported by such an alliance of gay rights organizations and neo-Nazi groups.

Dugin: Exactly. And this Nawalny-coalition was also supported by the West. The point is, it is not at all about the ideological content of those groups. This is not interesting for the West.

What do you mean?

Dugin: What would happen if a neo-Nazi organization supported Putin in Russia or Yanukovych in Ukraine?

The EU would start a political campaign; all huge western mainstream media would cover this and scandalize that.

Dugin: Exactly that´s the case. So it is only about on which side such a group stands. If the group is against Putin, against Yanukovych, against Russia, the ideology of that group is not a problem. If that group supports Putin, Russia or Yanukovych, the ideology immediately becomes a huge problem. It is all about the geopolitical side the group takes. It is nothing but geopolitics. It is a very good lesson what is going on in Ukraine. The lesson tells us: Geopolitics is dominating those conflicts and nothing else. We witness this also with other conflicts for example in Syria, Libya, Egypt, in Caucasian region, Iraq, Iran...

Any group taking side in favor of the West is a “good” group with no respect if it is extremist?

Dugin: Yes and any group taking side against the West – even if this group is secular and moderate – will be called “extremist” by the Western propaganda. This approach exactly dominates the geopolitical battlefields today. You can be the most radical and brutal Salafi fighter, you can hate Jews and eat human organs in front of a camera, as long as you fight for the Western interest against the Syrian government you are a respected and supported ally of the West. When you defend a multi-religious, secular and moderate society, all ideals of the West by the way, but you take position against the Western interest like the Syrian government, you are the enemy. Nobody is interested in what you believe in, it is only about the geopolitical side you chose if you are right or wrong in the eyes of the Western hegemon.

Prof. Dugin, especially Ukrainian opposition groups calling themselves “nationalists” would strongly disagree with you. They claim: “We are against Russia and against the EU, we take a third position!” The same thing ironically also the salafi fighter in Syria would say: “We hate Americans as much as the Syrian government!” Is there something like a possible third position in this geopolitical war of today?

Dugin: The idea to take a third and independent position between the two dominating blocks is very common. I had some interesting interviews and talks with a leading figure of the Chechen separatist guerilla. He confessed to me that he really believed in the possibility of an independent and free Islamic Chechnya. But later he understood that there is no “third position”, no possibility of that. He understood that he fights against Russia on the side of the West. He was a geopolitical instrument of the West, a NATO proxy on the Caucasian battlefield. The same ugly truth hits the Ukrainian “nationalist” and the Arab salafi fighter: They are Western proxies. It is hard to accept for them because nobody likes the idea to be the useful idiot of Washington.

To say it clearly: The “third position” is absolutely impossible?

Dugin: No way for that today. There is land power and sea power in geopolitics. Land power is represented today by Russia, sea power by Washington. During World War II Germany tried to impose a third position. This attempt was based precisely on those political errors we talk about right now. Germany went on war against the sea power represented by the British Empire, and against the land power represented by Russia. Berlin fought against the main global forces and lost that war. The end was the complete destruction of Germany. So when even the strong and powerful Germany of that time wasn´t strong enough to impose the third position how the much smaller and weaker groups want to do this today? It is impossible, it is a ridiculous illusion.

Anybody who claims today to fight for an independent “third position” is in reality a proxy of the West?

Dugin: In most of the cases, yes.

Former German foreign minister Guido Westerwelle shows solidarity with the "Euro-Maidan"

Moscow seems to be very passive. Russia doesn´t support any proxies for example in the EU countries. Why?

Dugin: Russia doesn´t have an imperialist agenda. Moscow respects sovereignty and wouldn´t interfere in the domestic politics of any other country. And it is an honest and good politics. We witness this even in Ukraine. We see much more EU-politicians and even US-politicians and diplomats travelling to Kiev to support the opposition than we see Russian politicians supporting Yanukovych in Ukraine. We shouldn´t forget that Russia doesn´t have any hegemonial interests in Europe, but the Americans have. Frankly speaking, the European Union is not a genuine European entity – it is an imperialist transatlantic project. It doesn´t serve the interests of the Europeans but the interests of the Washington administration. The “European Union” is in reality anti-European. And the “Euro-Maidan” is in reality “anti-Euro-Maidan”. The violent neo-Nazis in Ukraine are neither “nationalist” nor “patriotic” nor “European” - they are purely American proxies. The same for the homosexual rights groups and organizations like FEMEN or left wing liberal protest groups.

mercredi, 29 janvier 2014

Crise ukrainienne : entretien avec Xavier Moreau

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Crise ukrainienne : entretien avec Xavier Moreau

 
KIEV (NOVOpress) – Éditorialiste du site d’analyses de géopolitique www.realpolitik.tv, russophone, Saint-Cyrien et officier parachutiste, titulaire d’un DEA de relations internationales à Paris IV Sorbonne, Xavier Moreau vit et travaille à Moscou. A ce titre, il bénéficie d’un accès à des informations directes en provenance d’Ukraine, non déformées par le prisme des médias occidentaux. Il a bien voulu répondre aux questions de Novopress sur la crise que traverse l’Ukraine depuis de nombreuses semaines.
 
Quelles sont les origines de la crise que traverse aujourd’hui l’Ukraine ?
 
 
Les origines sont diverses. Du point de vue de l’Histoire européenne, le contrôle de l’Ukraine est un enjeu stratégique pour la Russie, la Pologne et l’Allemagne. Il est devenu, par la suite, un enjeu pour les États-Unis, dont l’idéologie géopolitique affirme la nécessité de contrôler la plaine ukrainienne, afin d’empêcher la puissance eurasiatique russe d’être européenne. A l’heure où les Américains se retirent d’Europe, chasser les Russes d’Ukraine éviterait une remise en cause trop rapide de l’hégémonie atlantiste. Ces différentes forces s’appuient sur les différentes composantes de l’Ukraine moderne, issues de la deuxième guerre mondiale.
 
Les diplomaties américaine et allemande sont passées maîtresses dans l’art d’utiliser ces groupuscules (…)
 
La non-signature de l’accord de coopération, qui n’apportait absolument rien à l’Ukraine, n’est bien sûr qu’un prétexte.
 
Ces manifestations d’une opposition pro-européenne sont-elles à classer dans la série des révolutions de couleur qui ont secoué l’Europe centrale et orientale depuis le début des années 2000 ?
 
Elles se rapprochent davantage des crises yougoslave ou syrienne. Les révolutions colorées sont arrivées à l’issu d’un processus électoral litigieux et avaient donc une légitimité, sans doute contestable, mais réelle. Dans le cas de l’Ukraine, il s’agit de déstabiliser un pouvoir légitime et démocratiquement élu aux moyens de bandes armées extrémistes. En Bosnie, au Kosovo et en Syrie, elles étaient composées d’islamistes, en Croatie et en Ukraine de fascistes. Les diplomaties américaine et allemande sont passées maîtresses dans l’art d’utiliser ces groupuscules, qui étaient d’ailleurs déjà présents en 2004 à Kiev. C’est à ce moment que nous avons commencé à parler de l’alliance orange/brune.
 
Quelles sont les forces en présence ?
 
Du côté du gouvernement légal et légitime, on trouve le Parti des Régions, qui s’appuie sur l’Ukraine de l’Est, fortement industrialisée et russophone, ainsi que sur la Crimée, qui est en fait une terre russe, donnée en cadeau à la République Socialiste Soviétique d’Ukraine en 1954 par Nikita Khrouchtchev. Le Parti des Régions est actuellement tiraillé entre les personnages qui composent son élite, et dont les intérêts divergent. C’est ce qui explique le marasme politique actuel.
 
Du côté de l’opposition, nous trouvons le parti UDAR de Vitali Klitschko qui est une construction germano-américaine. Vitali Klitschko semble plein de bonne volonté, mais s’est révélé être un parfait imbécile. Son absence totale de sens politique lui fait exécuter sans nuance les consignes du département d’État américain. Il portera une grave responsabilité si le pays bascule dans la guerre civile.
 
Nous trouvons également Arseni Iatseniouk, qui appartient à l’équipe de Yulia Timoshenko. Il est de ce fait bien moins légitime que Vitali Klitschko, dont l’honnêteté ne peut être remise en cause. Il est important de souligner, qu’aucun de ces deux membres de l’opposition ne sont véritablement reconnus par les manifestants. Vitali Klitschko s’est d’ailleurs adressé aux extrémistes ukrainiens dans sa langue natale qui est le russe. Vous pouvez imaginer leur réaction…
 
Le troisième mouvement d’opposition est le parti fasciste « Svoboda », ancien parti social-national d’Ukraine, qui affiche un rejet radical de tout ce qui est russe ou russophone. Il est influent principalement dans l’extrême ouest de l’Ukraine autour de la Galicie. Dans son giron, s’affolent une galaxie de mouvements encore plus radicaux et sectaires, difficilement contrôlables, mais qui bénéficient, malgré leur antisémitisme affiché, du soutien des occidentaux (États-Unis, Union Européenne, Allemagne, Pologne…). Sans eux, le mouvement d’Euromaïdan aurait pris fin sans violence, dès le mois de décembre.
 
 
Viktor Ianoukovytch a-t-il fait une erreur en proposant à l’opposition d’intégrer le gouvernement ukrainien ?
 
 
Il essaie de jouer au plus fin, et veut vraisemblablement mettre en évidence l’inaptitude à gouverner de l’opposition et son incapacité à sortir l’Ukraine de cette crise. La véritable question est de savoir pourquoi Viktor Ianoukovytch laisse 2000 fascistes à Kiev – et quelques centaines en région – déstabiliser gravement l’Ukraine, alors que la légitimité et la légalité sont de son côté.
 
Je pense qu’il y a deux raisons principales. La première est liée au caractère de Viktor Ianoukovytch, qui pour être franc, n’est pas quelqu’un de très courageux. Le politologue russe, Gleb Pavlovski, proche de Vladimir Poutine, avait d’ailleurs signalé la lâcheté du Président ukrainien en 2004. Bien qu’assuré du soutien russe, il avait préféré abandonné le pouvoir à Viktor Iouchtchenko‎, dont la victoire n’était pas plus certaine que la sienne.
 
La deuxième raison n’est pas plus glorieuse. Viktor Ianoukovytch, aidé de ses fils, aurait passé les trois premières années de son quinquennat à rançonner les oligarques ukrainiens, y compris ceux qui l’ont aidé à être élu. Il se serait ainsi mis à dos nombre d’entre eux. La fortune colossale, ainsi accumulée par sa famille, pourrait être saisie dans le cadre de sanctions américaines ou européennes.
 
Ce sont ces deux raisons qui expliquent le mieux, l’inaction du Président ukrainien. Quelle que soit l’issue de cette crise, le Parti des Régions doit changer de leader.
 
Quelle issue voyez-vous à la crise ukrainienne ?
 
C’est difficile à dire. L’enchainement des événements est révolutionnaire dans le sens où des groupes peu nombreux mais hyper violents affrontent un pouvoir faible. En revanche, tant que la police ou l’armée n’ont pas été retournées, le pouvoir en place peut reprendre la main en quelques jours face aux extrémistes de l’ouest. Cela ne se fera pas sans violence, ni-même sans morts, mais n’importe quel État d’Europe de l’Ouest n’aurait jamais permis l’envahissement de bâtiments ministériels, quitte à tirer sur des manifestants armés.
 
Pourquoi la communauté européenne soutient-elle des manifestants pourtant ultra-violents ?
 
Tout d’abord, il faut rappeler qu’en matière de politique étrangère, l’Union européenne est une chambre d’enregistrement des décisions prises par Washington et Berlin. Ce soutien aux groupuscules fascistes et antisémites n’est cependant pas étonnant. Le département d’État américain sait parfaitement bien que les leviers sur lesquelles il s’appuie habituellement (médias, partis libéraux ou sociaux-démocrates, minorités sexuelles…) ne sont pas suffisamment contrôlés ou influents pour faire basculer politiquement l’Ukraine. La solution est donc de lancer une campagne de déstabilisation de type révolutionnaire, et cela ne peut se faire qu’au moyen de l’un des quatre piliers traditionnels de l’influence américaine (trotskisme, fascisme, islamisme ou crime organisé). L’issue la plus favorable pour les révolutionnaires serait la mise en place d’un « gouvernement fasciste de transition », sur le modèle de ce qui s’est fait en Croatie, où un gouvernement social-démocrate a succédé à celui de Franco Tudjman et a fait rentrer le pays dans l’UE et dans l’OTAN.
 
Dans le pire des cas, même s’il échoue, le gouvernement américain aura transformé l’Ukraine en champ de ruine, culpabilisant les Européens de ne pouvoir régler un conflit en Europe sans l’OTAN. C’est peut-être là que l’Allemagne et la Pologne hésiteront à suivre le jusqu’auboutisme américain, d’autant plus que contrairement aux années 90, la Russie soutiendra loyalement la partie russe et russophone. L’autre élément pourrait jouer en faveur du pouvoir légal est la multiplication des actes antisémites par les groupuscules fascistes. L’ambassade israélienne à Kiev a d’ailleurs lancé un appel au gouvernement ukrainien.
 
Xavier Moreau, merci.
 
Propos recueillis par Guy Montag pour Novopress

lundi, 27 janvier 2014

Deutsche Russen in Sibirien

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Deutsche Russen in Sibirien

Ex: http://www.blauenarzisse.de

BN-​Gespräch. Alexander Geier ist Vorsitzender des Deutsch-​Russischen Hauses (DRH) im sibirischen Tomsk. Frank Marten sprach mit ihm über Geschichte, Gegenwart und Identität der Russlanddeutschen.

Blaue​Narzisse​.de: Herr Geier, spielen die deutschen Wurzeln bei den Russlanddeutschen heute überhaupt noch eine Rolle?

Diese Frage kann ich nicht eindeutig beantworten. Es gibt auf jeden Fall starke regionale Abweichungen. So hat sich die deutsche Sprache bei den Russlanddeutschen in Kasachstan wesentlich besser erhalten als bei den Russlanddeutschen in Sibirien. Die Gründe für diese Entwicklung kann ich jedoch selber nicht nennen. Ein positives Beispiel für Sibirien ist die Situation der Russlanddeutschen in Omsk. Denn bereits 1911 sind unter dem damaligen russischen Ministerpräsidenten Pjotr Stolypin (er stammte aus Dresden, Red.) zahlreiche Russlanddeutsche aus dem Wolgagebiet ausgewandert. Aus ökonomischen Gründen kamen sie in die Gegend um das sibirische Omsk.

Als was sehen sie sich? Als Russe, Deutscher oder als Synthese?

Diesbezüglich bin ich hin und hergerissen. Aufgrund meiner Erziehung und meiner Kindheit würde ich mich als Deutscher sehen. Obwohl meine Eltern in Russland lebten, genoss ich eine deutsche Erziehung. So las mir meine Großmutter stets deutsche Gedichte und Märchen vor.

Aber aufgrund meines Lebensschwerpunktes in Russland mit meinen vielen russischen Freunden bin ich auch Russe. Deshalb sind mir viele Deutsche bei meinen Besuchen in Deutschland fremd. Die Russlanddeutschen in Russland jedoch sehe ich als meine Landsmänner. Zusammenfassend kann ich sagen, dass ich mich als Deutscher, der in Russland lebt, fühle.

Was macht für sie eine spezifisch deutschrussische Kultur aus? Was unterscheidet sie von deutscher Kultur?

Die Basis für die Russlanddeutsche wurde vor mehr als 200 Jahren mit dem Erlass Katharina der Großen gelegt. So benutzen wir Russlanddeutsche Ausdrücke und Redewendungen, die heutzutage in Deutschland niemand mehr verwendet. Beispielsweise begrüßen sich einzelne Russlanddeutsche mit der Redewendung „Zeit bieten“. Wenn man in Deutschland sagt, „Das Leben geht vorbei“, sagen die Russlanddeutschen: „Nur der Buchel bleibt hinten“. Aufgrund dieser traditionellen Sprachweise sind auch die Handlungsweisen der Russlanddeutschen von traditionellen Intentionen geprägt.

Gibt es eine besondere „deutschrussische Mentalität”? Wie würden sie diese beschreiben?

Wie bereits erwähnt, sind die Russlanddeutschen traditioneller als die Deutschen in Deutschland. Der Vater wird stets als Patriarch der Familie wahrgenommen. Ich beispielsweise sieze meinen Vater, der nun mit meiner Mutter in Deutschland lebt. Die traditionelle Rollenverteilung innerhalb der Familie genießt bei den Russlanddeutschen immer noch einen hohen Stellenwert.

Ich kenne einen Mann, der russlanddeutsche Wurzeln hat, sich selbst jedoch als Angehöriger der russischen Ethnie sieht. Dieser zeichnet allerdings seit knapp 30 Jahren dreimal am Tag das Wetter auf und konnte den Projektteilnehmern die Wetterlage an einem bestimmten Tag vor sechs Jahren schildern. Dieses Beispiel zeigt, dass die meisten Russlanddeutschen aufgrund ihrer Liebe zur Ordnung und zur Sorgfalt im Herzen immer Deutsche geblieben sind.

Woher stammt Ihre Familie? Wie und wann kam diese nach Russland?

Meine Familie entstammt dem Dialekt nach aus dem Dreiländereck der heutigen Bundesländer Hessen, Rheinland-​Pfalz und Baden-​Württemberg. In das damalige Zarenreich ist die Familie nach dem Erlass Katharina der Großen ab 1763 übergesiedelt. Jedoch habe ich keine Angaben über den genauen Zeitpunkt.

Wie kamen Sie in das sibirische Tomsk?

Ich wuchs in Kasachstan auf und lebte dort bis zu meinem zwanzigsten Lebensjahr. Nach Sibirien ging ich in erster Linie aufgrund meines Studiums in Novosibirsk. Im Alter von 27 Jahren zog ich 1986 nach Tomsk. Sie war damals eine für Ausländer geschlossene Stadt.

Was machen Sie heute im DRH? Welche Aufgaben hat es?

Das DRH in Tomsk wurde 1993 gegründet und ist eine staatliche Institution. Wie der Name erahnen lässt, stehen bei uns die Russlanddeutschen im Fokus unserer Arbeit. Unser primäres Ziel ist die Erhaltung der russlanddeutschen Kultur und Sprache. In diesem Sinne führen wir viele Projekte durch, organisieren Sprachcamps und Austausche mit deutschen Schulen oder Institutionen. Im Mai 2013 tagte ein Deutsch-​Russisches Managertreffen bei uns in Tomsk. Daneben bieten wir selbstverständlich Sprachkurse in Deutsch an und haben sogar eine Tanzgruppe.

Wie werden die Russlanddeutschen von der Mehrheit der Russen wahrgenommen? Gibt es Probleme?

Im modernen Russland gibt es glücklicherweise keine Probleme oder Vorurteile gegenüber uns Russlanddeutschen. Dies war zur Zeit der Sowjetunion anders. Ich durfte beispielsweise niemals in die DDR reisen. Für die Mehrheit der Russlanddeutschen wurden die Hürden für einen Auslandsaufenthalt erheblich erhöht.

Funktioniert heute die Zusammenarbeit mit staatlichen Agenturen und Behörden?

Da das DRH eine staatliche Institution ist, pflegen wir natürlich Kontakte und Beziehungen zu anderen Agenturen und Behörden. Aufgrund dessen ist das DRH dem Kulturdepartement von Novosibirsk unterstellt. Wir finanzieren uns aus dem Regionalfond des Oblast (Einheit für einen größeren Verwaltungsbezirk, Red.) Tomsk.

Gibt es eine Zusammenarbeit mit deutschen Behörden, Organisationen bzw. Verbänden der Russlanddeutschen?

Natürlich existiert eine Zusammenarbeit. Allein aufgrund der Vielzahl von Russlanddeutschen in Deutschland pflegen wir zahlreiche Kontakte zu den verschiedenen Verbänden der Russlanddeutschen. Des weiteren gibt es Kontakte zum Deutschen Akademischen Austauschdienst e. V. (DAAD), dem Goethe-​Institut, der Robert-​Bosch Stiftung und dem Deutschen Generalkonsulat in Novosibirsk.

Herr Geier, vielen Dank für das Gespräch!

Anm. der Red.: Mit der Geschichte der Russlanddeutschen hat sich Fabian Flecken hier beschäftigt.

mercredi, 22 janvier 2014

« On ne va pas aller mourir pour du pétrole »

«On ne va pas aller mourir pour du pétrole»

Entretien avec Aymeric Chauprade


chaupraderj9.jpgAymeric Chauprade, docteur en sciences politiques, savant de renommée internationale, l’un des spécialistes de pointe de la géopolitique en France, assigne à la Russie un rôle de première importance dans la mise en place du monde moderne. En quoi la croissance de l’influence russe est-elle liée à la renaissance de l’Orthodoxie ? Comment notre pays peut-il aider les chrétiens persécutés du Moyen-Orient ? Comment son rôle particulier est-il lié aux protestations récentes de millions de Français contre le mariage homosexuel ?

 

C’est là le sujet de notre discussion avec Aymeric Chauprade.

 

La foi et l’argent

 

Thomas : qu’est-ce qui attire particulièrement votre attention dans la Russie d’aujourd’hui ?

 

Aymeric Chauprade : Je comprends pourquoi, pour les Français de ma génération ou même plus jeunes, la Russie est si attirante aujourd’hui, et pourquoi les gens apprennent le russe et déménagent ici pour y fonder leur propre affaire. Ce n’est pas une sorte de phénomène marginal, le flot de ces gens est de plus en plus significatif. Ils ne sont pas, bien sûr, des dizaines de milliers, mais ils sont nombreux. Et ce phénomène est nouveau. Avant, les jeunes gens partaient aux U.S.A., brûlaient du « rêve américain ». Et maintenant, vient le remplacer le « rêve russe ». Et il est lié, à la différence du rêve américain, non aux aspects matériels et financiers, mais ce qui est plus important, à la recherche de soi, en tant qu’homme, à un retour aux sources chrétiennes. Pour la plupart des Européens, qui se réfèrent à leur culture chrétienne, la Russie incarne de plus en plus une sorte de contre modèle de l’Europe, en ce qui concerne les valeurs familiales et spirituelles.

 

Thomas : C’est étonnant, vous avez, pour un étranger, une idée si flatteuse des Russes…

 

A.C. : Bien sûr, les Russes participent à la société de consommation comme tous les autres dans le monde entier. Mais tout de même, ici, en Russie, on rencontre chez les gens quelque chose de profond, (peut-être la « mystérieuse âme russe » ?), la conviction que l’argent n’est pas dans la vie la valeur suprême. Et cela est vraiment attirant pour les jeunes Français, ceux du moins qui se trouvent en quête de plus profond que l’élargissement de leurs possibilités matérielles. C’est paradoxal, mais c’est un fait. Je vois d’un côté, en Russie, quelque chose de très proche de la culture américaine : le besoin d’amasser, le désir de déballer son niveau de réussite. Mais d’un autre côté, il y a là quelque chose qu’on ne trouve pas dans la culture américaine : si l’on fait connaissance avec un Russe d’une façon moins superficielle, on s’aperçoit que mise à part la soif de réussite, il y a en lui le désir de se trouver lui-même : « Qui suis-je et pourquoi est-ce que je vis » ? Et à mon avis, cela est directement lié en premier lieu au retour des Russes vers la religion, en partie à l’Orthodoxie. C’est une renaissance religieuse, le besoin de restaurer le lien du présent avec toute l’histoire russe. Je n’idéalise pas, cela plane dans l’air et se sent clairement.  C’est seulement une réalité qu’on peut constater.

 

Thomas : Et que s’est-il donc passé pour que la Russie soit brusquement devenue attirante aux yeux des étrangers sur le plan des affaires ? Qu’est-ce qui a changé ?

 

A.C. : La façon de considérer la Russie a changé. Quand on disait « la Russie » dans les années 90, on comprenait la mafia. Et cela faisait peur de venir travailler ici et y investir de l’argent, on pouvait tout perdre d’un coup. Mais de telles associations n’existent plus. Les gens ont senti que sur le plan économique, ici, c’était maintenant sans danger. Il existe une différence colossale entre le tableau que tracent de la Russie les médias pro-américains et ce que connaissent de la Russie les analystes économiques. Les premiers considèrent tout ce qui est lié à la Russie d’une façon strictement critique.

 

Les seconds regardent les choses d’une façon lucide et réaliste et savent qu’en Russie, toutes les conditions sont rassemblées pour y conduire des affaires. J’ai personnellement entendu dire lors d’une conférence au directeur d’une compagnie française très importante : « Avant, nos entrepreneurs allaient en Chine, mais en réalité, personne n’a rien pu y gagner, à part les marques de luxe. Aujourd’hui, les compagnies françaises importantes gagnent beaucoup d’argent en Russie. Celui qui investit ici fait de bonnes affaires ».

 

La comparaison avec la Chine est vraiment intéressante. Il y eut en effet la période du boum chinois, les Européens ont pris pied dans le marché chinois, et au début, semblait-il, les bénéfices croissaient à des rythmes extraordinaires. Mais la différence entre les cultures est telle que les gens tombaient dans une véritable frustration et sortaient de ce marché : ils ne parvenaient pas à être « chez eux » dans cette civilisation, ils restaient de toute façon « étrangers » en Chine. Alors que les Russes et les Français, malgré toutes les différences sont en fin de compte très proches.

 

Thomas : En quoi la renaissance  économique du pays est-elle liée au retour des Russes vers la religion ?

 

A.C. : J’ai rencontré des Russes qui sont matérialistes à 100 %. Mais j’ai aussi rencontré personnellement ceux qui gagnent beaucoup d’argent mais se souviennent qu’il y a quelque chose de plus grand que l’argent, par exemple le salut de l’âme. Ces entrepreneurs qui sont loin d’être pauvres décident à un certain moment de dépenser une partie (parfois importante) de l’argent gagné pour financer des projets liés à l’Église, à l’éducation, à l’illumination, afin que les gens viennent à la foi en Dieu. C’est à mes yeux très important. À ce propos, cela existe aux U.S.A., dans les milieux protestants.  En France, justement, cela nous manque beaucoup, peu de gens qui, ayant gagné beaucoup d’argent voudraient l’affecter à la cause de la renaissance de la religion et des valeurs spirituelles. De mon point de vue, c’est la maladie gravissime de l’Europe Occidentale contemporaine.

 

Rattraper et dépasser l’Occident ?

 

Thomas : Quelles sont vos impressions personnelles de votre participation au club de discussion « Valdaï » en septembre 2013 ?

 

A.C. : Honnêtement, j’en garde des sentiments mitigés. D’un côté, j’ai été impressionné par le niveau du déroulement de l’évènement lui-même, la diversité des experts très intéressants et l’organisation intelligente des discussions. Mais ce qui me troublait d’un autre côté, c’est que la philosophie générale  de « Valdaï » est pénétrée de part en part par la vision du monde occidentale et libérale. J’avais l’impression que toute une classe de politiques russes, rassemblés à Valdaï, pas tous mais la majorité, essaie de dépasser l’Occident sur le plan des valeurs libérales. Et ils essaient de le faire de telle manière que la Russie reçoit ces valeurs comme la norme. D’après moi, c’est étrange. La Russie sur le plan spirituel et culturel a toujours suivi son propre chemin historique, et elle a aujourd’hui la possibilité de créer son propre modèle de civilisation sans copier l’Occident. Cela sonnera peut-être comme une provocation, mais quand à Valdaï j’ai entendu certains politiques, j’ai eu l’impression qu’ils se sentaient comme des représentants d’un pays du tiers-monde, et tentaient de toutes leurs forces de se montrer à leur avantage devant l’Occident « civilisé », comme pour dire : « Nous aussi, nous avons le progrès, regardez comme nous sommes libéraux. » Comme s’ils étaient des élèves, et que de l’Occident étaient venus des professeurs qui leur disaient avec condescendance : « Eh bien que voulez-vous, il vous faut encore, bien sûr, travailler à la lutte contre la corruption, à la défense des droits des minorités. Vous avez bien sûr fait des progrès particuliers, mais ce n’est quand même pas suffisant. » Et les savants russes, s’excusant, répondent : « Oui, oui, oui, nous allons essayer, nous allons grandir. » Je considère que la Russie mérite mieux.

 

Thomas : Mais il y vraiment en Russie de grands problèmes de corruption, tout le monde le sait…

 

A.C. : Je ne veux pas dire qu’en Russie tout soit rose. Je dis que dans les questions de civilisation et de culture, la Russie a ses réalités historiques, et il n’y a pas de nécessité à l’évaluer toujours sur le fond des pays occidentaux. Il va sans dire qu’en Russie, comme dans tout autre pays, il y a des problèmes. Il faut lutter impitoyablement contre la corruption, Mais soit-dit en passant, elle existe aussi de la corruption en Occident.

 

Thomas : Est-ce possible ?

 

A.C. : Le fait est que les critères pour déterminer le niveau de corruption de tel ou tel pays sont établis et installés par des agences occidentales et que d’après leurs estimations, en France, en Allemagne ou aux U.S.A. la corruption, cela va sans dire, ne peut exister. C’est pourquoi je ne prendrais pour preuves leurs estimations qu’en Russie tout va mal qu’avec prudence. J’affirme qu’en Europe, la corruption existe aussi. Peut-être n’est-elle pas aussi voyante, aussi criante, mais elle existe. Elle est seulement cachée, masquée, exprimée d’une autre manière que « Je te donne l’argent, tu me fais le contrat ». Dans le cas de l’Occident, il est plutôt question d’une corruption de l’esprit, du caractère des gens eux-mêmes. C’est une sorte de profonde corruption morale, exprimée en cela qu’on a complètement exclu Dieu de notre vie. Mais personne n’a parlé à Valdaï de cette corruption fondamentale du monde occidental.

 

Il faut défendre les chrétiens

 

Thomas : Pourquoi les persécutions de chrétiens au Moyen-Orient sont-elles devenues si cruelles ces derniers temps ?

 

A.C. : En fait, les chrétiens du Moyen-Orient se trouvent depuis longtemps dans une situation de continuelle pression. La Turquie en est l’éclatant exemple. Au début du XXe siècle, huit pour cent de la population turque était chrétienne, et il est aujourd’hui question de quelques centièmes d’un pour cent. Il n’y a pourtant pas, en Turquie, de persécution physique des chrétiens. En revanche, on interdit l’enregistrement de nouvelles paroisses, et les gens sont obligés de quitter le pays d’eux-mêmes. En un mot, on essaie doucement et en silence d’étouffer le christianisme. Et c’est la situation générale des pays du Moyen-Orient.

 

Mais il y a une autre tendance, une relation ouvertement grossière et cruelle aux chrétiens. Cette tendance s’est activée particulièrement après la guerre d’Irak. Il faut malheureusement reconnaître que les guerres des U.S.A. dans cette région ont facilité à leur manière l’émergence du fondamentalisme islamique, en particulier sunnite. Que ce soit il y a quelques années en Irak ou aujourd’hui en Syrie, ce sont les mêmes extrémistes sunnites. Ils détruisent les églises, scient les croix, profanent les icônes et, bien sûr, éliminent physiquement les chrétiens, parmi lesquels apparaissent à nouveau de véritables martyrs. C’est pourquoi si le régime du président de la Syrie Bachar el Assad s’effondre, il est tout à fait évident que les persécutions ne feront que s’intensifier. En un mot, ces jeux politiques, cette union entre les U.S.A., la Grande-Bretagne et, à mon grand regret, la France, font les affaires des islamistes fondamentalistes dans leur lutte contre les chrétiens. Je souligne que je ne parle pas de l’islam dans son ensemble en tant que religion mais bien des fondamentalistes, c’est-à-dire d’un groupe particulier de gens aux dispositions guerrières à l’intérieur du monde musulman.

 

 

La Russie, dans la situation de la persécution des chrétiens au Moyen-Orient peut jouer un rôle vraiment historique, tout à fait dans le courant de toute l’histoire russe. Car au cours de nombreux siècles, jusqu’à la révolution de 1917, la Russie a été le défenseur assidu des chrétiens d’Orient. Et il est indispensable aujourd’hui, à mon avis, qu’elle redevienne ce défenseur. Il faut que la Russie qui se retrouve grâce au renouveau de l’Orthodoxie, envoie au monde le signal : « Nous sommes un État chrétien et les défenseurs des chrétiens. En dehors des chrétiens d’Orient, nous soutiendrons tous les chrétiens qui s’opposent à l’imposition des principes d’individualisme, au Diktat des minorités, à la légalisation du mariage homosexuel et ainsi de suite. Nous les soutiendrons pour défendre les valeurs traditionnelles ». De la sorte, ce sont précisément les valeurs traditionnelles qui deviendront la principale ressource russe, son principal outil, et feront de la Russie un acteur important de la politique mondiale. J’y crois et m’efforce de promouvoir cette idée de toutes les manières. Et je sais qu’en Russie, beaucoup considèrent que c’est justement dans cette direction qu’il faut avancer : s’engager dans l’éducation, expliquer le christianisme aux gens, pour devenir un État qu’on puisse appeler chrétien de plein droit.

 

Thomas : Le thème de la persécution des chrétiens est-il évoqué par les médias occidentaux ?

 

A.C. : Ça dépend. Dans l’ensemble, on peut dire que la tendance est de le minimiser. Mais la situation s’arrange petit à petit, car Internet apparaît comme une puissante source d’information alternative. Les ressources d’Internet rappellent aux principaux média traditionnels, par exemple, à des journaux français tels que Le Figaro ou Libération, l’état réel des affaires. Et quand de pareils médias ne disent rien d’un événement comme l’exécution de chrétiens à Maaloula, ces choses surgissent sur Internet, et les médias ne peuvent faire autrement que de les mettre en lumière. C’est pourquoi la situation évolue. Et de plus en plus de chrétiens en France se rendent compte que les chrétiens au Moyen Orient, par exemple les coptes en Égypte, sont réellement en danger.

 

La France se réveille

 

Thomas : En avril 2013, la loi sur le mariage homosexuel est entrée en vigueur en France, ce qui a suscité de massives actions de protestations de la part des défenseurs des valeurs traditionnelles. Qu’en pensez-vous ?

 

A.C. : Il s’est produit en France un événement d’une importance colossale. Bien sûr, auparavant, s’est produit un regrettable événement : la loi sur la légalisation du mariage homosexuel a été adoptée. La plupart des ministres, les socialistes et les « Verts », ont soutenu et soutiennent le mouvement en ce sens. Chaque jour que Dieu fait, pas à pas, ils s’efforcent avec persévérance de détruire l’aspect chrétien de la France contemporaine. Un exemple tout récent : ils ont promu la proposition de supprimer du calendrier français les fêtes chrétiennes pour les remplacer par des fêtes juives et musulmanes. Mais la société réagit quand même. Trois millions de personnes étaient dans la rue pour protester contre la légalisation du mariage homosexuel. Des gens d’âges divers, de bonnes familles, étaient prêts à manifester avec le risque d’être arrêtés, pour dire non à cette loi et défendre la seule conception normale de la famille. Sur ce point, il s’est produit quelque chose de très important. Bien qu’aujourd’hui la vague de protestation ait reflué, elle a enclenché tout un processus, ouvert la voie à tout un mouvement de résistance, comme si un ressort sur la porte s’était tendu sous la pression, la serrure avait été arrachée, et la porte s’était ouverte toute grande. Les gens savent maintenant qu’ils ont une plateforme où ils peuvent se rassembler pour défendre les valeurs familiales traditionnelles. En outre, il y a aussi d’autres directions de « combat » : la question de l’immigration, la question de l’islamisation etc. Je suis persuadé que nous assistons à un processus très important : le réveil des Français. Bien que pour parler d’une façon imagée, les forces du mal soient de toute façon très puissantes.

 

Thomas : Beaucoup sont persuadés que le mouvement pour la défense des valeurs traditionnelles doit prendre une dimension internationale. Que pensez-vous, sur ce point, d’une collaboration entre le France et la Russie ?

 

A.C. : C’est justement là-dessus que je m’efforce de travailler. C’est le thème qui m’occupe en permanence. Je suis persuadé que personne ne gagnera dans la solitude. C’est comme la lutte avec le nazisme; la menace était si forte qu’on ne pouvait la contrer qu’en s’unissant, et ce n’est pas par hasard que la Russie a trouvé un allié dans la Résistance française. Nous avons aujourd’hui devant nous une nouvelle forme de totalitarisme. Il n’est extérieurement pas aussi évident, il est masqué, il ne porte pas de casque militaire, mais c’est bien un totalitarisme, quoique rampant, on impose aux gens les valeurs libérales, on met en doute les concepts traditionnels de dignité de la personne, on pousse l’homme à se révolter contre Dieu, et en ce sens, le nouveau totalitarisme revêt des traits vraiment sataniques. Il faut opposer à ce totalitarisme une puissante résistance. Et si la Russie se déclare un État chrétien, et le défenseur des valeurs chrétiennes, cela deviendra justement une réponse, et la création d’un contre-modèle à ce que l’on impose aux gens en Occident. On le leur impose précisément. Je ne considère pas, par exemple, que la légalisation du mariage homosexuel réponde à une position sincèrement motivée des gens ordinaires dans les pays d’Europe. Non, c’est celle de la minorité au pouvoir qui cherche à imposer ses critères au peuple : ils ont fabriqué la théorie du genre qui « fonde » la légalisation des mariages homosexuels. Je suis sûr que les Européens de base eux-mêmes, comme d’ailleurs les Américains, n’en veulent pas. Et si on leur propose un contre modèle, ils l’adopteront. La Russie, en collaboration avec d’autres pays et organisations sociales qui soutiennent la famille traditionnelle peut le réaliser.

 

Thomas : Mais pourtant, comme les informations nous l’ont appris, bien que trois millions de Français soient sortis dans la rue, pas moins de 60 % de la population française, c’est-à-dire la majorité, soutenaient cette légalisation du mariage homosexuel. Et vous nous dites que ce n’est pas l’avis du peuple…

 

A.C. : Il faut parler ici de la logique de l’histoire de l’humanité en tant que telle. La majorité des gens, dans n’importe quel pays à n’importe quelle époque est malheureusement passive. C’est seulement un fait historique. Cela concerne n’importe quel peuple. Cela signifie que si un gouvernant inculque le mal, le peuple le reçoit et suit le mal. Si le gouvernant fait le bien, le peuple l’accepte et suit le bien. Cela ne signifie pas que la société est stupide, pas du tout. Simplement la plupart des gens vit au quotidien, s’occupe de ses affaires au jour le jour. Ce n’est pas mal, ce sont de bonnes gens qui éveillent en moi personnellement une vive sympathie. Mais on ne peut pas les appeler des citoyens conscients, on ne peut pas dire qu’ils réfléchissent à ce qui se passe dans leur État. C’est toujours une minorité qui est consciente, dans la société, et qui se bat et s’oppose. Elle va se battre, par exemple, pour la liberté de l’homme, ce qui, en fin de compte, veut dire la lutte pour le triomphe d’une vérité chrétienne. Ce schéma est valable pour toutes les sociétés. Rappelez-vous la Résistance française, dont les participants étaient bien sûr en minorité. Et même en U.R.S.S., il y eut de la même manière le mouvement des dissidents qui résistaient au régime soviétique, et pourtant les Soviétiques en majorité n’étaient pas des partisans du régime déterminés, la majorité simplement se taisait, nageait dans le sens du courant. Je le répète, telle est la philosophie de l’histoire.  C’est la minorité active qui fait l’histoire, et la question est seulement de savoir quel choix elle va faire, dans le sens du bien ou dans celui du mal.

 

Thomas : N’êtes-vous pas seul de cet avis parmi vos collègues en France ? Le fait est que beaucoup généralisent, affirmant : « On considère en Occident… » Comme si l’Occident était quelque chose d’homogène, où l’avis des gens est unifié, et où les experts isolés, par exemple vous-même, vous êtes plutôt l’exception à la règle, le vecteur d’un avis marginal sur les choses. En quoi cela correspond-il à la réalité ?

 

A.C. : Je trouve important de le dire en Russie, dans une interview pour une publication russe. La réalité objective est la suivante : la majorité des gens en Occident ne réfléchit pas aux questions dont nous parlons maintenant. Et la minorité qui vit et travaille tous les jours avec ces questions se partage en deux groupes : le premier, ce sont ceux qui considèrent l’individualisme général comme la norme, et le deuxième, ce sont ceux qui  trouvent indispensable de revenir aux racines chrétiennes. C’est là, je le répète, le tableau objectif. Ce sont ces deux minorités qui créent les partis et les organisations politiques. Ensuite, c’est la question du libre choix des citoyens aux élections. Pour parler de la France, il existe aujourd’hui un parti qui, d’après les analystes, dans un proche avenir deviendra le premier de France par sa popularité, c’est le Front national. Un parti qui se dresse contre le système existant. Ses partisans ne sont pas une minorité, c’est une partie notable des Français qui affirment l’importance des valeurs chrétiennes, la dignité de la personne, le danger de l’islamisation de la France, le refus de participer aux guerres des U.S.A., etc. Il ne convient donc pas de me considérer comme un bien grand original. Non, une grande quantité de gens, en France, raisonnent selon la même logique. Parmi les économistes, parmi les militaires. Si vous pratiquez un sondage chez les officiers, vous verrez que 30 ou 40 % d’entre eux sont disposés envers la Russie de façon très, très positive; beaucoup plus positive qu’envers les U.S.A. J’ai enseigné dix ans à des officiers, j’avais presque trois mille étudiants, je sais de quoi ils parlent et ce qu’ils pensent. Sans conteste, il est parmi eux des « atlantistes » des gens qui sont à cent pour cent pour l’O.T.A.N., qui raisonnent jusqu’à maintenant en termes de guerre froide; soi-disant, « les Russes sont d’affreux communistes ». Mais il y a une part significative d’officiers, particulièrement chez les jeunes, qui raisonnent d’une façon radicalement différente.

 

Thomas : Vous avez évoqué le parti « le Front national ».  En Russie, la tendance est de craindre comme le feu les mots « national », « nationalité » etc. On confond le mot « nationalisme » avec le mot « nazisme ». Et tout ce qui est « national » entraîne une association directe avec fascisme, agression, génocide, camps de concentration, extermination physique des immigrés… Existe-t-il, d’après vous, un nationalisme pacifique et à quoi ressemble-t-il en pratique ?

 

A.C. : Il existe. L’exemple en est justement le Front national qui s’est déclaré dès le début comme un parti patriotique. Ce n’est pas un parti de nationalistes, si l’on comprend le nationalisme comme un synonyme d’agression. Le parti patriotique s’efforce de conserver le visage historique de la France, défend sa civilisation et sa culture contre les changements du système qui se produisent sous l’influence des étrangers. Il n’a jamais été question de chasser immédiatement du pays tous les immigrés. La question, c’est que le multiculturalisme nuit à la France dans un sens purement démographique, les gens qui sont arrivés des pays arabes et leurs enfants occupent de plus en plus la France et de ce fait, provoquent la guerre civile. Ce que nous voulons, c’est que les étrangers s’assimilent, c’est-à-dire deviennent proprement des Français. Cela peut naturellement être lié à l’adoption du christianisme. Mais pas forcément : celui qui trouve important pour lui de rester dans l’islam doit simplement connaître et accepter la culture française, ne pas obliger sa femme à porter le voile intégral, etc. C’est là le programme du Front national. On n’y trouve pas un mot sur le recours à la force contre les immigrés. En outre, parmi les députés élus à l’assemblée nationale il y a des Arabes, ce que peu de gens savent. Nous pensons simplement qu’une immigration trop abondante nuit à la France. Comme elle nuit à ces mêmes étrangers qui viennent en France

 

Je suis moi-même partisan du dialogue entre les civilisations. J’ai beaucoup travaillé et enseigné, par exemple au Maroc. J’ai pris parole à l’O.N.U. comme expert  du Maroc. J’ai des dizaines d’amis et de collègues parmi les musulmans, je crois en une politique arabe de la France. Les pays arabes sont nos voisins par la Méditerranée. Nous avons d’excellentes relations avec eux. La seule chose que nous devions faire, c’est contrôler les flux migratoires. Car aujourd’hui, cela ne peut pas continuer ainsi. Autrement la société française va tout simplement exploser, parce que la prospérité du gouvernement va s’écrouler, beaucoup de jeunes étrangers viennent en France dans l’espoir de vivre des allocations.

 

Être ou avoir

 

Thomas : Vous parlez beaucoup de religion. Dans quelle mesure la religion, en tant que domaine fondamentalement non matériel, peut-être un facteur géopolitique ?

 

A.C. : La géopolitique comprend au minimum trois choses fondamentales : La première c’est la géographie physique, c’est-à-dire où et comment le pays se situe, qui sont ses voisins, son ouverture sur la mer, etc. La deuxième, c’est la géographie des ressources, le pétrole, le gaz naturel, etc. Et la troisième, c’est la géographie identitaire, comment les gens se voient, quelle est leur identité. C’est relié directement aux conflits ethniques et religieux, car l’identité religieuse est l’une des plus importantes pour l’homme. En ce sens, on peut réduire de façon imagée la problématique de la géopolitique à deux verbes principaux, qui, dans la langue française sont également des auxiliaires qui servent à constituer les temps, le verbe avoir et le verbe être. À travers le verbe être, l’homme définit justement son identité, c’est-à-dire qu’il répond à la question : « que suis-je en cette vie ? » Cela concerne les questions de religion : « je suis chrétien », « je suis musulman », « je suis juif ».

 

 

L’identité religieuse a une énorme signification, car elle définit le système de valeurs de cette personne concrète, la façon dont il va percevoir le monde alentour. Et au moment où il se définit et commence à voir le monde précisément comme cela et pas autrement, cela devient un facteur de géopolitique. Car l’homme ne vit pas seul au monde mais en relation avec les autres. En un mot, la religion du point de vue géopolitique n’est pas pour les gens une question de connaissance théologique, ni de vie spirituelle intérieure, mais de recherche de sa propre identité, la tentative de décider « qui je suis » et d’agir en conséquence.

 

Beaucoup considèrent qu’en géopolitique domine tout ce qui est lié au verbe « avoir » : qui a quelles armes, les ressources naturelles, les technologies etc. C’est bien sûr important, mais ce n’est pas le plus important. Car on ne va pas aller mourir pour du pétrole. En ce sens, c’est le verbe « être » qui occupe la première place : les gens sont prêts à faire la guerre s’ils défendent leur identité, leur vision du monde, ce qui leur est cher.

 

 

L’identité religieuse, je le répète, est pour l’homme en un sens la principale, parce que la façon dont voit ses relations avec Dieu, avec l’Absolu, avec les valeurs supérieures, détermine celle dont il va construire ses relations avec tout le reste du monde terrestre.

 

Thomas : Et quel rôle jouent la religion et la foi dans votre vie ?

 

A.C. : Je m’intéresse beaucoup à tout ce qui est lié au catholicisme dans le monde contemporain. Mais l’Orthodoxie me fascine, je sens en elle quelque chose d’originel, un christianisme pur qui n’a pas été obscurci, le reflet de la foi des premiers chrétiens. En Occident, nous le savons, ces notions se sont en partie perdues.

 

Je suis marié, j’ai quatre enfants. Et la religion est pour moi une chose centrale et vitale. Ce qui ne change rien au fait que je suis pécheur, que la force et la profondeur de ma foi sont moindres que je le juge nécessaire. La religion, c’est ce qui permet de rendre plus digne notre façon de vivre et de s’opposer aux séductions du monde, comme par exemple, l’argent et les belles filles, qui sont d’ailleurs très nombreuses en Russie. On ne tient que grâce à la foi, la foi en Celui qui est plus grand que tout cela.

 

• Propos recueillis par Thomas et mis en ligne sur L’Esprit européen, le 15 décembre 2013.

 


 

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dimanche, 12 janvier 2014

Christophe Poitou : « Le totalitarisme économique, manipulations mondiales et répression financière »

Christophe Poitou : « Le totalitarisme économique, manipulations mondiales et répression financière »

Ex: http://fortune.fdesouche.com

Loligarchie est mauvaise perdante. Elle ne laissera pas ce qu’on appel le système, qui est un « tout subtil et maléfique », se faire balayer par une crise économique, ce qui pourtant serait logique. Elle s’est laissé surprendre en 2008 par Lehman, mais ne se fera probablement pas avoir ainsi deux fois, elle prendra toutes les mesures nécessaires. À commencer par le refinancement ad libitum des agents financiers en difficulté présentant un risque systémique.

« Dernière combine en date (avril 2013) évoquée pour refinancer les agents en difficulté sans toucher à la dette publique centrale : la mise à contribution forcée de l’assurance vie des particuliers pour soutenir les entreprises en difficulté. On parle là d’un détournement de près de 100 milliards »

Il s’agit d’éviter une crise trop monstrueuse qui se transformerait en crise politique majeure avec éventuellement l’arrivée au pouvoir de partis de sensibilité nationale ou l’avènement de telle ou telle situation qui la dérangerait trop. En fait, si on prend les choses avec du recul on peut dire que d’une certaine manière l’oligarchie se refinance elle-même dès qu’elle est en difficulté. Dans les faits, ce à quoi nous assistons depuis quelques temps.

Elle ne peut donc en quelques sorte jamais être en difficulté ni être en passe être renversée ?

Un krach obligataire dantesque aurait déjà du éclater en 2009/2010. Cela n’a pas été le cas. Certes, Sarkozy, Papandréou, Berlusconi ou Monti ont sauté, mais ça ne change pas grand-chose. Le système lui-même, lui, est toujours là. L’oligarchie a pris les mesures nécessaires sans la moindre légitimité ou consultation démocratique pour se maintenir et empêcher toute crise grave.

Quelles sont ces mesures ?

Ce sont ces mesures – en fait, ces sales méthodes – que j’examine une par une dans mon livre : la création monétaire dans ces diverses variantes, l’allongement de la maturité des titres, le partage forcé de la valeur ajoutée, l’extorsion fiscale, l’exportation de l’inflation, les manipulations des taux de change, ainsi que la manipulation à mon avis la plus satanique de toutes: les taux d’intérêt inversés ou négatifs.

J’examine aussi les diverses formes de répression financière dont le cas de Chypre fournit actuellement un exemple incroyable. La méga-gaffe récente du commissaire européen Jeroen Dijsselbloem sur le fait que la répression financière à Chypre pourrait être éventuellement transposé chez nous fait froid dans le dos !

Le masque tombe…

À vrai dire, c’est déjà en partie le cas. On s’apprête en France à puiser de force dans l’épargne de M. et Mme Dupont pour financer les HLM faute de pouvoir faire de la création monétaire et de la dette comme avant !

Une crise majeure n’est donc pas envisageable ?

Si, peut-être qu’en dépit de toutes ces mesures oligarchiques, une crise éclatera quand même… Ça ne me dérangerait pas d’ailleurs. Je dirais même que j’espère me tromper ! Vivement un monstrueux ouragan obligataire qui fasse valdinguer les puissants et emporte tout sur son passage de son souffle puissant et vengeur. Mais je n’y crois pas trop, hélas…

Le rôle des apatrides cosmopolites est d’ailleurs significatif dans cette stabilisation totalitaire que nous voyons actuellement : ils sont massivement pour la création monétaire en occident car elle préserve le système tel qu’il est et dans lequel ils ont de bonnes places…

Ils ne vont donc pas se tirer une balle dans le pied et se limoger eux-mêmes ?

Évidemment… En revanche, lorsque qu’ils n’ont pas de places assez bonnes à leur goût ou n’arrivent pas à se saisir d’actif réels, c’est l’inverse, ils essaient de renverser le système et non de le maintenir.

Logique ! Ils utilisent alors la déflation et non la création monétaire, à savoir la fuite des capitaux ou alors des phénomènes déstabilisants : sortie de capitaux, par exemple… Ils font régulièrement le coup en Russie… C’était le cas avant 1917 et c’est le cas actuellement sous Poutine… Chez nous, c’est le contraire, ils essaient de stabiliser de force le système.

Qu’en concluez-vous ?

Certes, techniquement nous pouvons vivre sur l’héritage de nos ancêtres encore un peu. L’économie peut continuer quelques temps toute seule comme un poulet sans tête, sans son noyau spirituel, car elle est très mécanisée et rodée dans ces process. Hop ! vous appuyez sur le bouton d’une machine à laver et ça marche tout seul pendant une heure… Mais l’économie ne survivra pas éternellement à l’affaiblissement de sa cause, c’est-à-dire à l’affaiblissement de la population française de souche qui l’a créée.

Bonne question, ça : qui a créé l’économie française ?

Les banquiers qui sont souvent des gros mégalomanes vous diront parfois qu’ils ont à eux tous seuls financé et créé la sidérurgie ou les chemins de fer. La vérité, c’est plutôt que c’est le dur labeur des paysans au cours des siècles qui a fondamentalement accru les rendements et dégagé une main-d’œuvre qui a permis l’essor de l’industrie.

Voyez aussi ce qui se passe en Afrique du Sud. En dépit des taux de croissance nominaux flatteurs qui ne veulent pas dire grand-chose, le pays entre dans une phase de délabrement grave car les Sud-Africains d’origine européenne qui ont créé cette économie s’en vont. Un article est paru d’ailleurs sur ce thème dans le pourtant très politiquement correct The Economist : South Africa cry the beloved country.

Le totalitarisme économique de Christophe Poitou, éditions de L’Æncre, collection « À nouveau siècle, nouveaux enjeux », dirigée par Philippe Randa, 250 pages, 25 euros.

Francephi

samedi, 11 janvier 2014

Douguine : «Les Etats-Unis sont derrière les attentats de Volgograd»

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Alexandre Douguine : «Les Etats-Unis sont derrière les attentats de Volgograd»

Auteur : Algérie Patriotique
Ex: http://www.zejournal.mobi

Algeriepatriotique : Quelle analyse faites-vous de la dégradation de la situation sécuritaire en Russie après les deux actes terroristes perpétrés à Volgograd ?

Alexandre Douguine : Je ne crois pas qu'il s’agisse de dégradation de la situation sécuritaire en Russie. Certains actes terroristes sont presque incontrôlables quand il est question des régions ayant des populations plus ou moins homogènes qui soutiennent, dans une certaine mesure, des groupes terroristes comme c'est le cas au Caucase du Nord, en Russie. Le fait que l'activité des terroristes s’accentue ces derniers temps montre que les forces qui veulent déstabiliser la Russie se focalisent sur les Jeux olympiques de Sotchi. Les Etats-Unis et les pays de l'Otan veulent montrer Poutine, qui s’oppose radicalement au libéralisme et à l’hégémonie américaine, comme un «dictateur» en comparant Sotchi à Munich à l'époque d’Hitler. C'est la guerre médiatique. Dans cette situation, les forces qui soutiennent la politique hégémonique américaine, avant tout les réseaux sub-impérialistes locaux – comme les wahhabites soutenus par l’Arabie Saoudite –, cherchent à confirmer cette image en faisant de la Russie un pays où il n’y a pas le minimum de sécurité et qui est prêt à installer la dictature en réponse aux actes terroristes qui visent essentiellement les Jeux olympiques de Sotchi chers à Poutine. On sait que le chef des renseignements saoudiens, Bandar Bin Sultan, a proposé à Poutine de garantir la sécurité en Russie en échange de l'arrêt de l'appui russe à Damas. Poutine a piqué une colère et refusé cela d'une manière explicite, en accusant les Saoudiens d'être des terroristes, ce qu'ils sont en vérité, pire que ceux qui servent les intérêts des Etats-Unis. Donc, les groupes wahhabites qui activent en Russie, téléguidés par les Saoudiens et à travers eux par leurs maîtres de Washington, ont accompli la menace de Bandar Bin Sultan. En fin de compte, ce sont les Etats-Unis qui attaquent la Russie de Poutine, afin de le châtier pour sa politique indépendante et insoumise à la dictature hégémonique américaine et libérale.

Qui en est à l'origine ?
Je crois que je l'ai expliqué dans ma réponse à la question précédente. Quant aux organisateurs concrets de cet acte terroriste, je n'en sais pas plus que les autres. Il semble que ce sont des réseaux wahhabites du Caucase du Nord et les femmes de terroristes liquidés par les services spéciaux russes. Je crois qu’elles sont ignoblement utilisées par les chefs cyniques, consciemment ou inconsciemment, qui travaillent pour les intérêts des Américains.

D'aucuns estiment que ces attentats terroristes sont la conséquence du soutien indéfectible de la Russie à la Syrie et à l'Ukraine. Etes-vous du même avis ?
C'est absolument correct. Il s'agit du «châtiment américain» accompli par les complices des Américains par le biais des Saoudiens.

Quelles vont être les mesures que prendra le Kremlin pour parer à une escalade de la violence dans le pays ?
Je crois que la montée de la violence durant la période des Jeux olympiques de Sotchi est inévitable. J'espère qu’à Sotchi on réussira quand même à contrôler la situation, mais c'est théoriquement impossible de le faire dans les régions qui l'entourent et qui sont organiquement liées à certains groupes de population du Caucase du Nord où se trouvent les bases principales des terroristes. Cette fois, ce n'est pas la Tchétchénie qui est au centre du dispositif du terrorisme, mais plutôt le Daguestan et la République de Kabardino-Balkarie. On essayera de faire pour le mieux, mais il ne faut pas oublier qu’on a affaire à une grande puissance mondiale, celle des Etats-Unis, qui nous attaque. C'est un défi sérieux qui demande une réponse symétrique. Donc, on verra...

vendredi, 10 janvier 2014

Entrevista a José Luís Ontiveros, escritor mexicano

Por Juan Carlos Vergara y Gonzalo Geraldo Peláez

Bestia inclasificable, escritor heterodoxo y sumamente molesto, a contracorriente de las bagatelas y mercachifles a la orden del dólar en nuestra literatura más reciente. Lobo estepario, vive solitario en una isla de Aztlán donde espera pacientemente los signos de lo Alto que le anuncien su último viaje, el viaje a la Ciudad de Los Césares. Mítica ciudad donde se encontrará con los más fieles: el maestro del estilo, Ernesto Giménez Caballero; el profeta de la Tercera Roma, Fédor Dostoievski; el escritor anarco-fascista mexicano Rubén Sálazar Mallén; el emboscado Ernst Jünger; el abominable Louis-Ferdinad Céline; el mártir y trovador Ezra Pound y el último guerrero de Oriente, Yukio Mishima.

1. ¿Cuál es el papel de México en el contexto del desarrollo de un “nacionalismo continental” y quiénes son sus representantes?

Creo que la idea de una Federación de Naciones Hispánicas está contenida en el origen mismo del ser imperial de México con el emperador Iturbide. Don Agustín de Iturbide –que es el realizador y no sólo el consumador de la Independencia, como a su vez el creador de la Bandera Nacional Trigarante, la de las tres garantías: “religión, unión e independencia”– se pone de acuerdo con el Libertador Simón Bolívar para convocar, en lo que hoy es el territorio de Panamá segregado por los gringos de Colombia, a las naciones iberoamericanas para crear una Federación de Pueblos Hispánicos en una Junta Anfictiónica. Puede decirse entonces que desde su nacimiento a la independencia política bajo la forma imperial, México está marcado por un principio geopolítico y meta-político a la vez, en que lo importante es la vertebración de los pueblos iberoamericanos en una Gran Nación para poder enfrentar tanto a los anglosajones como a las potencias europeas.

Durante el siglo XIX, México sufrirá la guerra de agresión estadounidense, que ya estaba en el destino manifiesto de aquel país y que no es más que la transposición secular del mesianismo del pueblo elegido: la “judeocracia” como raíz de los Estados Unidos –por eso decía von Salomon, aquel nacional-bolchevique tan extraordinario y de una altura escritural semejante a la de Jünger, en su libro El Cuestionario, que le parecía obsceno que la gente tuviera que jurar bajo la Biblia, como si ella no contuviera muchos pasajes genocidas y otros de aberraciones morales-. Pero volviendo al tema de México, en el siglo XIX, cuando los yanquis cumplen con esa parte de su destino manifiesto que es la conquista de la Tierra Prometida y se apoderan de más de la mitad del territorio nacional, de la parte más rica de México, ello provoca que los conservadores, con sus limitaciones reaccionarias y güelfas, decidan en un momento determinado buscar en un país europeo un contrapeso a la expansión yanqui; es el caso de Francia, con Napoleón III que aprovechará la Guerra de Secesión en EE.UU. para intentar crear un Imperio Latino (de allí el término Latinoamérica acuñado por los franceses). Cuál es la idea entonces, ver en la figura de un príncipe europeo el restablecimiento del Imperio Mexicano, y eso se hace con el emperador Maximiliano de Habsburgo, quien tiene un fin trágico porque nunca los franceses quisieron en realidad un ejército imperial mexicano, independiente y poderoso. Los generales conservadores con mayor perspectiva, como era Miramón, que defendió el alcázar del castillo de Chapultepec con los cadetes del Colegio Militar en el último bastión de resistencia a la invasión gringa, y que es mandado al exterior, lo mismo que el general Mejías, son parte de aquel fin trágico consumado en manos del traidor Benito Juárez, quien firma el tratado McLane-Ocampo: un oprobio, algo indefendible, que los mismos liberales condenan en su obra magna México a través de los siglos. Es la venta de Baja California, el otorgamiento libre a las campañas punitivas yanquis en el norte y el paso a perpetuidad por el istmo de Tehuantepec. Prácticamente una entrega completa de México a los EE. UU. encabezada por el traidor Benito Juárez, quien con el apoyo yanqui arrastra a la derrota del ejército imperial y fusila al emperador Maximiliano, al general Miramón y al general Mejías en el Cerro de las Campanas.

De ahí se pasa a otra etapa del país, pero siempre está latente en el mexicano el propósito de una revancha contra los gringos, lo que ocurrirá en la Primera Guerra Mundial cuando la Alemania del Káiser manda un telegrama a Venustiano Carranza, primer jefe del Ejército Constitucionalista, y quien honra la memoria de Iturbide, primer jefe de las tropas insurgentes. Este telegrama es el telegrama Zimmermann, donde Alemania ofrece a México que si se une a la guerra en un nuevo frente contra los EE. UU. le serán devueltos en recompensa los territorios perdidos en 1847. México está desangrado por la revolución, no tiene capacidad operativa, pero de cualquier forma esto marca también otro hito muy claro de su trayectoria política más pura.

Pero ya llegando al terreno de las ideas, será, en principio, José Vasconcelos quien perfila la noción metafísica del águila y el cóndor en los motivos de la Universidad Nacional, de la que será rector y cuyo lema es “Por mi raza hablará el Espíritu”. Precisamente el lugar del águila bicéfala del imperio español, el cóndor y el águila, por una parte, y los motivos del escudo, por otra, como símbolos  de la Unidad Continental de los Pueblos de América. Esto se encuentra también en la invitación que Vasconcelos hace a Gabriela Mistral a México, en donde desarrolla una gran labor que provoca la envidia de los pigmeos, fomentada por los mediocres que nunca faltan en ningún país nuestro y que son una mayoría. Entonces, Mistral regresa a Chile, pero la “idea iberoamericana” que forma parte de la Revolución Mexicana alienta al APRA peruano (Víctor Haya de la Torre) como al joven Sandino y, luego, al Peronismo.

A propósito del Peronismo, la Revolución Mexicana tiene una confluencia natural con éste. Hay una visita de una comisión mexicana en la etapa peronista recibida por Eva Duarte de Perón en la que figuran dos diputados que serán futuros presidentes mexicanos, Adolfo López Mateos y Gustavo Díaz Ordaz. Se puede decir que la misión vinculatoria de México en Latinoamérica, en la América Románica, en Iberoamérica, en Indo-América o como se le quiera designar, se mantiene hasta que se firma el Tratado de Libre Comercio en la época de la entropía de la Revolución Mexicana bajo el dominio tecnocrático de Carlos Salinas de Gortari. Se establece entonces el Tratado que da lugar al alejamiento de México de su “misión iberoamericana”.

Finalmente, hay que considerar que la Revolución Cubana es una forma en que México proyecta su Independencia. En México tuvo lugar el primer viaje que hacen los revolucionarios cubanos a bordo del Granma y que da inicio a la Revolución Cubana, donde juega un papel muy importante don Fernando Gutiérrez Barrios, de quien fui asesor y allegado y que fungía como agente especial de la Dirección Federal de Seguridad de los órganos de inteligencia mexicanos, bajo la dirección del presidente López Mateos. En esa ocasión dimos un golpe muy sensible a los gringos: cuando en la OEA todos los países latinoamericanos se inclinan ante el poder yanqui y piden que sea expulsada Cuba, el único país que defiende a Cuba es México.

Pero de toda esa trayectoria histórica y doctrinaria, se pasa a un estado de neocolonialismo cada vez más grave y abyecto.

2. ¿Cuáles serían las lecciones históricas de la Revolución Mexicana en cuanto origen de una tradición de pensamiento continental y revolucionario?

La Revolución Mexicana como todo nacionalismo tiene su raíz en la Revolución Francesa; por eso no debemos mitificar al nacionalismo en la medida que es una creación de la Ilustración. La fragmentación entre naciones también nos ha conducido a guerras fratricidas, especialmente en Sudamérica, como esa infame alianza entre Argentina, Brasil y Uruguay contra Paraguay, una verdadera abyección. También Chile, en ese sentido, tiene que revisar su papel respecto a Perú y Bolivia. Debemos estar conscientes por lo mismo que si no superamos el nacionalismo como cantonalidad de “pensamiento aldeano” y no pensamos en una “unidad superior política” como es el Imperio Iberoamericano, los latinoamericanos –donde quepan los brasileños pero no como poder suprematista sino en una relación de equidad– estaremos perdidos.

La Revolución Mexicana expresa el “ethos” más profundo de la nación mexicana, genera un movimiento literario, la “novela de la Revolución”, un movimiento pictórico como  el muralismo, igualmente una importante corriente musical donde está el Huapango de Moncayo por ejemplo, con lo cual el mexicano vuelve a sentirse orgulloso de su ser mexicano. Esto es muy importante: tenemos que tener orgullo cada uno de nuestra particularidad  pero sin que ello nos lleve a confrontarnos o a decir que nuestro particularismo es mejor que el otro.

En México, actualmente la Revolución Mexicana ha sido desmantelada por el partido que se dice heredero de la misma, el P.R.I. que también tiene etapas diversas desde su origen, con el gran geoestratega, el General Calles, creador del Partido Nacional Revolucionario, el partido de la Revolución Mexicana y fundamento del P.R.I., que ha retornado al poder tras el fracaso estruendoso de la derechona pro-yanqui y pro-sionista. Sin embargo, en estos momentos México atraviesa una crisis interna provocada por el desbordamiento de la violencia de los carteles del narcotráfico. Esto habría que revisarlo en otro punto: la cuestión de las drogas, su uso tradicional y mistérico  como iniciación. También, como dijo el Che que había que llenar Latinoamérica de Vietnams, hay que llenar a los gringos de droga porque no pueden vivir sin ella, eso es evidente y es una verdad tan contundente como aromática es la marihuana.

3. ¿Qué examen realizas actualmente respecto al rechazo y el desprecio de la Cultura, y sus efectos de creciente despolitización?

Todo esto se explica en referencia a los ciclos cósmicos, por lo que no podemos para nada olvidar que estamos en el cierre de un ciclo, como dice Julius Evola, y como también explica don Miguel Serrano mencionando el Kaliyuga. Uno de los rasgos de la Edad Sombría, de la Edad de Hierro que mencionara Hesíodo, es el rechazo a toda vida comunitaria, a una axiología superior, a las raíces identitarias, a la personalidad histórica y a la definición del hombre por la palabra y el lenguaje. Es entonces una época de negacionismo, de nihilismo colectivo, en que los pueblos pierden su personalidad, es decir, su identidad y se vuelven consumidores, de ahí que estemos grupos como la revista chilena Ciudad de los Césares, el revisionismo histórico que representa Héctor Buela en Argentina desde la Video Editora El Walhalla. Distintas manifestaciones, algunas no organizadas en corrientes de opinión, pero sí en escritores simbólicos que las encarnan para volver a revitalizar el alma de los pueblos: “esa es la gran labor y el desafío cultural y político”. Y no hay que olvidar nunca la enseña poética de José Antonio Primo de Rivera: “A los pueblos no los han movido nunca más que los poetas”.

El hombre de la América Románica o de Indo-América, en particular, tiene el desafío de pensar un bloque geoestratégico Iberoamericano: “Iberoamérica como una unidad de destino en lo Universal”, como una exigencia de confrontación con la civilización gangrenada y occidentafílica, dominada por la “usurocracia judía”. Creo entonces que bajo la ecuación “amigo/enemigo” de Carl Schmitt tenemos muy claramente definidos a los enemigos: el lobby judío internacional, el Sanedrín, lo que llamaba ya San Pablo muy poéticamente “la sinagoga de Satanás”, y por otra parte sus siervos, los gringos, y sus aliados európidos otanescos. Ellos son el enemigo, que busca nuestro subyugamiento y la pérdida de nuestra lengua, nuestras creencias y nuestra manera de ser. Tenemos por tanto que afinar todos los medios estratégicos para vertebrar una resistencia iberoamericana que nos conduzca a una genuina “Segunda Guerra de Independencia”.

4. ¿Cuáles serían los modos de movilizar las fuerzas metafísicas o espirituales del bloque continental iberoamericano?

Ciertamente son los escritores y los poetas los que determinarán un nuevo ciclo para Iberoamérica. Como han citado a Jünger muy acertadamente, se trata de la <<movilización total>> de los “poderes metafísicos” del alma indestructible de nuestra estirpe: “mientras tengamos palabra y alma no podremos ser vencidos”. En sí considero, en ese sentido, que el fascismo como doctrina y revelación a los pueblos no fue vencido en la Segunda Guerra Mundial, y la prueba es que estamos aquí reunidos nosotros bajo un haz de flecha y bajo la bendición de la palabra y el Poder de lo Alto. Yo creo indudablemente que debemos buscar fórmulas políticas novedosas que no contengan en sí el uso de términos que muchas veces han sido satanizados, demonizados por la industria de Hollywood y el aparato de propaganda mundialista; de tal modo que estamos en desventaja táctica ante esos poderes que dominan el mundo, pero mientras mantengamos una relación y una comunión con el Poder de lo Alto y con los “magmas secretos que mueven la historia” podemos decir que un escritor en su buhardilla decide la historia del mundo.

5. ¿A quiénes consideras como los más caros representantes de la tradición político-cultural iberoamericana?

Cada uno de nuestros pueblos tiene una tradición literaria, tanto en historiografía como en teoría del Estado, suficiente como referencia para trazar un destino. Debemos, sin embargo, ver más allá de nosotros mismos, no para seguir de manera epigonal, servil, o como caricatura a pensadores de otras latitudes, sino para no perdernos en una visión de autosuficiencia y aislacionismo.

Así, yo diría que los puntos de referencia, más que en los pensadores políticos, está en los grandes escritores. Dostoievski es la referencia máxima que podemos encontrar respecto a la Santa Rusia, la Tercera Roma; Jünger es el que nos proporciona el medio más eficaz para actuar con  inteligencia en las actuales condiciones de adversidad, en su obra La Emboscadura. Giménez Caballero (“Gecé”), en España, nos marca la necesidad de la imaginación y de la renovación del estilo como una forma de permanecer fieles y adelantarnos a los tiempos, porque creo que nuestra misión es “unir la Tradición con la Modernidad”. En términos posmodernos, es crear un sistema cultural autónomo pero flexible; no hablo necesariamente de sincretismo o eclecticismo, pero sí de cierta porosidad que permita animar a los nuevos bárbaros, y me refiero a mi libro Apología de la Barbarie, que se reeditará en España y Argentina en su edición definitiva, y cuyo sentido es ese retorno a los valores bárbaros, en los términos de Nietzsche, como generadores de nuevos significados. Necesitamos arrollar y terminar con la civilización senecta y gangrenada, insustentable, del neo-capitalismo usurocrático y reconstituir el “arte en la vida”, el arte de la guerra, el valor del guerrero, el valor del poeta. Creo que esto es lo fundamental. Cada uno de nuestros pueblos tiene en sus simientes la marca misma de la genialidad, de la originalidad y de un sentido propio, lo que no nos puede llevar a perder de vista la universalidad.

6. ¿Qué vínculos secretos o profundos se pueden establecer entre México, Japón y la Europa fascista?

Hay tradiciones fundamentales que, pese a que no han tenido, como en Japón, el cuidado de una descendencia dinástica –la de la Casa del Sol, el Imperio del Sol Naciente y el Emperador como hijo de la diosa Amaterasu–, mantienen un vínculo trascendente. Los símbolos imperiales de la tradición pre-hispánica son un ejemplo. Está como afinidad fundamental la doctrina azteca de “lucha y victoria” que se manifiesta en los caballeros águilas y tigres, y que estudian en el Calmécac no solamente el arte de la guerra sino el sentido sacro de su misión guerrera. Esto es similar a la imagen del samurái, que si bien con la dinastía Meiji y la modernización del Japón se ha visto humillado, despojándosele de la katana, alma del guerrero, en la Segunda Guerra la ha recuperado como símbolo del honor. Creo, a propósito del Japón, que no hubo ejército más decidido y fanático como “habitantes del templo” –su sentido etimológico– que ese, y que hay necesidad del fanatismo, no como obcecación y exclusión automática del otro, ni como satanización de enemigos cuya perversidad es intrínseca de una Iglesia Católica, sino como un aliento inclaudicable como el que tuvieron los japoneses en su combate, incluso superior, me atrevería a decir –con lo que les admiro–, a la Wehrmacht y las SS.

Pero digamos, para finalizar, lo siguiente: podemos constituir un “eje Aztlán-Austral-Yamato”, un nuevo eje Metafísico, un nuevo Poder Geopolítico Mundial. Mientras nuestros pueblos Iberoamericanos sigamos perdidos en nuestras insignificancias, en nuestros problemas locales, en las pequeñas cosas de la vida cotidiana, no podremos alzar al cielo nuestra palabra.

7. ¿Es el escritor e intelectual Octavio Paz el padre de la literatura mexicana moderna?

Es indudable que el príncipe Paz tuvo su corte, y que frente a las actuales pequeñas bestias y bestezuelas letradas, él fue de otra categoría, tanto por su estilo como por su obra ensayística y poética. El problema fundamental de Paz, sin embargo, es que no quería tener amigos ni seguidores sino lacayos, como todos los monarcas. México había sido regido antes de Paz por Alfonso Reyes, que se llevó muy bien con Borges; ha sido, en ese sentido, tierra pródiga en asilos y en la protección de los escritores iberoamericanos bajo persecución  en épocas de gobiernos sin respeto a las letras ni a la diversidad espiritual. Entre todos los pueblos iberoamericanos, pocos pueden hablar de una historia de asilo y protección como la ha tenido México en muy diversas etapas de su historia, tanto a los españoles republicanos como al exilio chileno que produjo el Golpe militar.

Ahora bien, Paz es una referencia indudable en la vida literaria mexicana, y yo diría más, en la vida cultural e incluso política. Sin embargo, hay que ver también sus etapas. Está el joven Paz, que va a luchar junto a la Liga de Artistas y Escritores Revolucionarios (que era un engendro stalinista) en la Guerra Civil Española, donde naturalmente no disparó ni un solo tiro –quizá alguna flatulencia. Luego, el Paz que se vuelve “demócrata profesional” pero al mismo tiempo goza de todos los privilegios que da el P.R.I. en el poder, y que en 1968, hace el gesto, aunque más bien mueca, de renunciar a la embajada en India por la pretendida masacre de los estudiantes –que no pasarían de 500 y que fue una decisión patriótica y obligada de un gran presidente mexicano como fue don Gustavo Díaz Ordaz–. Renunciando puramente al título de embajador sigue cobrando la nómina. Es decir, Paz, como ejemplo de coraje, de la consistencia y del arrojo, no lo es. No es ningún tipo de Ezra Pound, ni nada semejante. Aunque sí tuvo la virtud de enfrentarse al mandarinato de la dictadura infrarroja en el pensamiento y logró de alguna forma abrir cauces a la expresión de otras tendencias políticas, pese a que actualmente su herencia sea usufructuada por el perverso judío Enrique Krauze, quien dirige la revista Letras Libres, que yo llamo “letras vencidas” o “letras en venta”. No hay ninguna similitud entre el gran escritor Paz y el amanuense Krauze, por lo que de alguna manera aquí no pasó como con Zeus y Kronos porque no hay que confiar nunca en un judío –aunque yo, como el Führer, admiro a un gran judío: León Bloy–.

8. ¿Qué nos puedes comentar de la experiencia de la “diáspora” o del “exilio” de los escritores o intelectuales vinculados a un pensamiento disidente, a una tercera vía de pensamiento?

Por principio no utilicemos el término diáspora, que eso es del pueblo judío errante; de lo que sí hablaría es del “exilio interior” y en esa perspectiva creo que sí es muy claro que somos como Robinsones. Lo de Robinsón Literario, dicho sea de paso, proviene de Ernesto Giménez Caballero (“Gecé”), que publicó el Robinsón Literario antes de la Guerra Civil Española como una proclama de que él vivía en su ínsula y que no quería entrar en una contienda fratricida; aunque al final, cuando se dieron las cosas, Giménez Caballero fue de alguna manera el Goebbels español, en las proporciones debidas.

Volviendo a lo nuestro, estamos los Robinsones, los que somos forajidos de la opinión, disidentes del espíritu, francotiradores, trotabosques, andariegos, vagabundos, transterrados: no tenemos el arraigo a una tierra que nos proteja porque le reprochamos a aquella donde hemos nacido su tendencia a la abyección, a la falta de creatividad, al aletargamiento del ser; somos profundamente antipáticos e incluso abominables, de alguna manera somos espectros de bestias negras, porque de un bestiario se trata, desde el Yeti, abominable hombre que vive en Aztlán, hasta Erwin Robertson y la gente que reafirma el ser más profundo de su pueblo, todos ellos abominables. Es lo que debemos considerar como la cuota obligada a cumplir, no tendremos reconocimiento nunca: nadie valorará nuestra obra, estamos solos, pero con nosotros está el Espíritu Santo.

9. ¿Cuáles serían los lazos profundos, esotéricos entre Iberoamérica y el mundo del Islam?

Un principio fundamental para reconocernos como Imperio Indo-americano, Iberoamericano o de la América Románica, es tener presente aquel factor fundamental en la constitución de nuestra “psique” como es el Islam. No solamente por su aportación a la actual lengua española, donde hablamos más de cuatro mil palabras de origen árabe –sin olvidar que el Profeta Muhammad, que bendito y protegido sea por Allah, surge de la tribu de los Qurays, que practicaba torneos de oratoria, perfeccionando y dando forma lingüística al árabe– no sólo por ello. También porque los ochos siglos que los árabes, el Islam, estuvo en España, son los siglos imborrables del gran califato de Córdoba, en donde se vivió la mayor riqueza espiritual de España, pese a la islamofobia actual provocada por el Sionismo.

Quien desarrolla la medicina, la arquitectura, la alquimia, es el Islam. En el Islam guardamos mucho del sentido patriarcal Iberoamericano: nuestra forma de considerar a la mujer es islámica, nuestra forma de combatir y hacer la guerra es islámica y proviene de la Yihâd, es decir de la “Guerra Santa”, nuestra forma de ser católicos es islámica… ¿qué no es islámico?...bueno, el vino, que es mediterráneo, griego.  Pero todo lo demás está permeado del Islam, nuestra hospitalidad, nuestra forma de la cortesía, de la amabilidad, del tratamiento con las personas, del respeto, es Islámica y también nuestra concepción de la autoridad hierática es Islámica: somos tributarios de una profunda herencia islámica. Y yo diría que en estos momentos Siria, con su Islam profundo y tolerante, arraigado en el pueblo y no vuelto una herramienta de dominio, se convierte en el símbolo de los derechos de los pueblos. No hay ningún país más asediado, no hay ningún país más ultrajado, no hay ninguno que sufra más en carne propia esa agresión artera que proviene de todas las corrientes del Imperialismo Yanqui, del Sionismo y de los traidores al Islam bajo la careta de una falsa posición de purismo como es el Wahabbismo. Entonces, Siria es Chile, Siria es México, Siria es Argentina: “Siria es Iberoamérica”.

Qui possède le monde?

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Qui possède le monde?

Auteur : Noam Chomsky 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Extrait du livre «Power system» ( Metropolitan Books) d’entretiens entre Noam Chomsky et David Barsamian, directeur d’Alternative Radio (www.alternativeradio.org) sorti le 06/02/2013 sur truth-out.org

David Barsamian: Le nouvel impérialisme Américain semble être substantiellement différent de l’ancienne version car les USA ont un pouvoir économique sur le déclin et voient leur pouvoir politique et leur influence s’affaiblir.

Noam Chomsky: Je pense que le discours sur le déclin américain doit être pris avec un peu de recul.
Les USA sont vraiment devenus une puissance globale au cours de la seconde guerre mondiale. Ce pays était la plus grosse puissance économique bien avant la guerre mais c’était un pouvoir qu’on pourrait qualifier de régional. Ils contrôlaient la sphère occidentale et avaient effectué quelques incursions dans le Pacifique mais l’Angleterre restait la première puissance mondiale. La seconde guerre mondiale a tout changé : les USA sont devenus la puissance dominant le monde, possédant la moitié de la richesse mondiale alors que les autres nations industrielles étaient affaiblies ou détruites. Cette nation était dans une position incroyablement  forte par le contrôle de leur hémisphère ainsi que l’Atlantique et le Pacifique avec une puissance militaire énorme. Bien sûr cela évolua : l’Europe et le Japon se sont relevés et la décolonisation changea la donne. En 1970 les USA étaient redescendus à 25% de la richesse mondiale ce qui est comparable à leur situation des années 20. Ils avaient encore leur pouvoir global écrasant mais étaient loin de la situation de 1950. Depuis 1970 cette situation s’est maintenue malgré quelques changements.

Durant cette dernière décennie et pour la première fois en 500 ans depuis la conquête espagnole et portugaise, l’Amérique latine a commencé à prendre en main ses problèmes. L’Amérique du sud a commencé a s’organiser alors qu’auparavant chaque pays était isolé et tourné vers l’ouest : d’abord vers l’Europe puis vers les USA. L’organisation est importante car elle signifie qu’il n’est plus aussi facile de cueillir les pays un par un. Les pays d’Amérique latine peuvent s’unir pour se défendre contre une puissance extérieure. L’autre évolution qui a plus d’importance et est plus complexe est que les pays d’Amérique latine commencent individuellement a faire face a leurs lourds problèmes internes. Avec ses ressources l’Amérique latine devrait être un continent riche ; particulièrement l’Amérique du sud. L’Amérique latine a beaucoup de richesses, aux mains d’une élite minoritaire et souvent occidentalisée qui côtoie une pauvreté massive. Il existe des tentatives de lutter contre cela et l’Amérique latine est en train de s’éloigner de la mainmise américaine ce qui est une autre forme d’organisation.

On parle beaucoup d’un changement global de pouvoir : l’Inde et la Chine vont devenir les nouvelles super-puissances, les pays riches. Il est nécessaire de prendre du recul par rapport a cela. Par exemple, de nombreux observateurs évoquent la dette américaine et le fait que la Chine en possède une grande partie. Il y a quelques années c’était le Japon qui en détenait la plus grande part mais maintenant la Chine l’a dépassé.

La généralisation du discours sur le déclin de USA est trompeur: on nous a appris à parler d’un ensemble d’Etats envisagé comme des entités unifiées et cohérentes. Dans l’étude de la théorie des relations internationales, il existe une école appelée l’école réaliste qui considère qu’il y a un monde anarchique d’Etats, chacun poursuivant ses propres «intérêts nationaux». En grande partie, c’est un mythe. Il existe quelques intérêts communs comme par exemple la survie, mais en général, les individus d’une même nation ont des intérêts divergents. Les intérêts du P-DG de General Electric et du concierge qui nettoie son sol ne sont pas les mêmes.

Une partie du système doctrinal aux Etats-Unis fait croire que nous sommes tous une famille heureuse, sans division de classes, et que tout le monde travaille ensemble en harmonie parfaite. C’est totalement faux. Au 18° siècle, Adam Smith a dit que ce sont les gens qui possèdent la société qui font la politique : les marchands et les fabricants. Aujourd’hui le pouvoir est aux mains des institutions financières et des multinationales. Ces institutions ont un intérêt au développement chinois. Donc par exemple pour le P-DG de Walmart ou Dell ou Hewlett-Packard, il est parfaitement satisfaisant d’avoir de la main d’œuvre très bon marché en Chine, travaillant dans des conditions affreuses et avec très peu de contraintes environnementales. Aussi longtemps que la Chine a ce qu’on appelle la croissance économique, c’est parfait.

Actuellement, la croissance économique de la Chine est un peu un mythe. La Chine est principalement une usine d’assemblage. La Chine est un exportateur majeur mais alors que le déficit de la balance commerciale des USA avec la Chine a augmenté, le déficit avec le Japon, Taïwan et la Corée a diminué. La raison en est que le système de production régional se développe. Les pays les plus développés de la région (le Japon, Singapour, la Corée du sud et Taïwan) envoient des composants et pièces détachées de haute technologie en Chine, qui use de sa force de travail bon marché pour assembler des marchandises et les envoyer hors de la région. Les sociétés américaines font la même chose : elles envoient des composants et pièces détachées en Chine où la population assemble et exporte les produits finis. Ces produits sont comptabilisés comme exportations chinoises mais ce sont bien souvent des exportations régionales et parfois des exportations américaines vers les USA.

A partir du moment où nous cassons cette vision d’états-nations comme entités unifiées sans divisions internes, nous pouvons voir qu’il y a bien un déplacement global du pouvoir, mais c’est de la force de travail mondiale vers les propriétaires du monde : le capital transnational et les institutions financières globales.


- Source : Noam Chomsky

dimanche, 05 janvier 2014

R. Steuckers : Identité(s) Européenne(s) et actualité internationale

 

Entretien accordé au "Cercle des Volontaires"

Robert Steuckers :

Identité(s) Européenne(s) et actualité internationale

 

Le Cercle des Volontaires est allé à la rencontre de Robert Steuckers, grande figure de ce qu’on appelle la « Nouvelle Droite », ancien membre du mouvement GRECE et fondateur du mouvement « Synergies européennes ».

 

Voici les sujets qui ont été traités par Robert Steuckers :
- L’identité européenne
- L’identité européenne influencée à travers les relations avec les autres peuples
- Une ou des identités européennes ?
- Une identité menacée ?
- Puritanisme américain et néoconservatisme
- Ukraine/UE et l’Axe Paris-Berlin-Moscou
- Nucléaire iranien et bouclier anti-missiles de l’OTAN

 

Nous vous signalons que nous publierons dans les prochains jours une version écrite de cet entretien et qui sera illustrée par énormément de documentation afin d’aller plus en profondeur dans l’analyse des sujets traités.

Anass

mercredi, 01 janvier 2014

Entrevista a Ernesto Milà

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Entrevista a Ernesto Milà

Ex: http://infokrisis.blogia.com

Entrevista realizada hace algunos meses con cuestionario realizado por Ediciones Camzo para incluir en un texto de su fondo editorial.

¿Podría resumirnos cuál es el núcleo de su idea sobre la renovación de España?

Es muy simple y se puede resumir en unos cuantos puntos muy esquemáticos:

1) Desde la Generación del 98 no se ha realizado una actualización de los principios del patriotismo español ni se ha realizado una revisión en profundidad de la idea de España. Esto ha generado que esa idea haya quedado envejecida, que sea inadecuada para el tiempo presente y que resulte urgente replantearla.

2) Se suele aceptar que el Imperio de los Austrias es el momento culminante de la historia de España, pero se olvida la falta de sentido geopolítico de Carlos I y en especial de Felipe II que obligaron a España a combatir en dos frentes incompatibles entre sí: en Europa y en la colonización de América.

3) Si apareció este problema fue precisamente por la indefinición histórica de España como potencia marítima (lo que hubiera supuesto priorizar la colonización americana) o como potencia terrestre (lo que hubiera impuesto priorizar y concentrar nuestra presencia en la escena europea.

4) Esta es la primera cuestión que se debe dirimir: ¿qué somos? ¿potencia terrestre u oceánica? Es decir: ¿hacía donde tenemos que apuntar nuestra “misión” y nuestro “destino”? ¿Hacia Europa o hacia América?

5) El patriotismo español estuvo siempre vinculado a la Iglesia Católica y fue de inspiración cristiana. Pero, a partir de los años 60 el catolicismo entró en crisis y el impacto de la fe católica fue descendiendo hasta el punto de que hoy ya es imposible vincular a España a la “defensa de la fe” como pretendía el patriotismo decimonónico.

6) España “fue” antes de la conversión de Recaredo (desde la más remota antigüedad la península fue considerada como un territorio homogéneo y único por todos los pueblos, las Hespérides) y seguirá siendo después de que el catolicismo haya dejado de ser hegemónico en la sociedad española, contrariamente a lo que opina la historiografía patriótica y católica.

7) Una “Nación” según la definición de Ortega y Gasset, recuperada por Primo de Rivera es una “misión” y un “destino”: falta definir con realismo cuál es la “misión” y el “destino” de España en el siglo XXI, pregunta que ha quedado en suspenso desde los años de la postguerra y a la que Ramiro Ledesma apenas aportó un intento de definición en 1935.

8) Es imprescindible no confundir “patriotismo” (impulso de amor e identidad hacia la “tierra de los padres”) con “nacionalismo” (fenómeno esencialmente moderno y decimonónico de matriz liberal). Quien dice “nacionalismo” alude una sociedad liberal, con la burguesía como clase hegemónica, el libremercado como modelo económico y la democracia parlamentaria como forma política. Quien dice “patriotismo” dice identidad, arraigo, tradición. Ser patriota es ser, necesariamente, antiliberal; ser nacionalista, en cambio, implica un cierto grado de ambigüedad.

9) España está hoy sometida a una triple presión: 1) por parte de la Unión Europea, consorcio cerrado franco–alemán generado para garantizar los buenos negocios al capital de ambos países, 2) por la globalización, producto del “empequeñecimiento del mundo” operado tras la II Guerra Mundial y por la concentración de capital y 3) por los micronacionalismos regionalistas. La presión se puede aliviar mediante una reforma constitucional que ponga coto a los nacionalistas periféricos, mediante una renegociación del acuerdo de adhesión a la UE y mediante el rechazo rotundo a la globalización, a lo que representa de pérdidas de identidades nacionales y a lo que acarrea de entrega de los pueblos a la plutocracia y a los “señores del dinero”.

10) Las naciones hoy no pueden ser “cerradas”, deben abrirse “por arriba” a niveles de cooperación internacional y también deben descentralizarse “hacia abajo”. En el primer caso debe prevalecer el “interés nacional” y en el segundo “la unidad del Estado”. Las identidades regionales deben de elegir entre la lealtad al Estado y cooperar en la gobernabilidad del Estado o bien enfrentarse al Estado y arriesgarse a desaparecer.

11) El Estado es la encarnación jurídica de la nación y la estructura de gestión política de un pueblo en el cumplimiento de su “misión” y de su destino histórico. Por eso el Estado debe ser fuerte, sus centros de poder deben ser visibles y sus atribuciones evidentes e indubitadas, y por ello mismo, el delito contra el Estado debe ser considerado como el peor delito. Y por eso, por encima de los partidos debe de existir una vocación y un proyecto nacional que prolongue su vigencia a través de los siglos y al cual los partidos políticos deban de atenerse.

12) En la actualidad España sufre las consecuencias de una transición mal concluida: crisis económica, corrupción generalizada, inmigración masiva, inadecuación de al clase política, ruptura entre la “España real” y la “España oficial”, partidocracia y centrifugación nacionalista, fin del Estado del Bienestar sacrificado en el altar del Estado de las Autonomías. Ninguno de estos problemas puede resolverse en el actual marco constitucional: así pues, es preciso una nueva constitución.

13) La crisis económica, inicialmente un crisis inmobiliaria, se transformó pronto –dada la peculiar estructura económica de España– en una crisis del empleo, luego desembocó en una crisis social, posteriormente en una crisis de deuda pública, cuando ya se había transformado en una crisis política generalizada. No es una simple reforma económica lo que se precisa sino una reforma en profundidad del paradigma organizativo del Estado y de sus mismas estructuras. El parlamentarismo, la partidocracia y el liberalismo económico han fracasado y deben ser relegados definitivamente al baúl de los malos recuerdos

14) La regeneración de España es, ante todo y sobre todo un problema de reforma social: es cierto que el Estado debe proteger y tutelar a la sociedad especialmente de los depredadores (lo que implica enunciar una línea de política social), pero también es cierto que nuestra sociedad tiene una tara congénita que Machado llamó “el macizo de la raza”, es decir, su núcleo central y que hace que nuestro pueblo sea apático, individualista, con muy escaso sentido comunitario, alejado de la tarea del gobierno, despreocupado por ello. Nuestra actual postración no puede achacarse solamente a causas externas: el problema del “macizo de la raza” se remonta precisamente al período de los Austrias y a partir de ahí se prolongó hasta nuestros días agravándose constantemente. La identidad reconquista antes de 1492 se perdió.

15)  Pero no siempre fue así: hubo una España tradicional (lo que llamo “la Vieja España”) en la que nuestro país tenía rasgos de identidad bien definidos que se prolongaron hasta inicios de la Edad Moderna (siglo XVI). Por eso vale la pena estudiar las antiguas tradiciones y la antropología de nuestro pueblo: nos lleva a redefinir una identidad. Y en ella es visible la reaparición del sentido comunitario y tradicional. Así pues, se trata de reconquistar una forma de ser para un tiempo nuevo. Faye llamó a esto “Arqueofuturismo”. Es preciso una tarea educativa sin precedentes para rectificar ese “macizo de la raza”.

He tratado toda esta temática –muy amplia rica y que apenas ha registrado incursiones en nuestro pensamiento político– en tres libros: Identidad, patriotismo y arraigo en el siglo XXI, Reflexiones sobre la crisis de España (por un patriotismo revolucionario) y Teoría y práctica de la familia en España que pueden adquirirse en EMInves o en Amazon.

¿Cree posible avanzar hacia la unidad de lo que se llama en España “el área”, o se está más lejos que antes de intentarlo?

¿Unidad para qué? He defendido desde hace diez años que no existe “el área” sino tres sectores diferenciados en la extrema–derecha: el sector histórico (grupos falangistas, carlistas y distintos círculos neonazis), el sector anti–inmigración (hoy fundamentalmente constituido por PxC y E2000)  y el sector católico (con AES, FyV, MCE, etc.). Y luego una serie de siglas que pueden ser calificadas como restos de serie que carecen de concejales, de votos, de puntos “fuertes” y se limitan a publicar webs, estar presentes en redes sociales sin esperanzas de poder salir de ese nivel.

¿Avanzar a la unidad? Si aceptamos el anterior esquema, aceptaremos también que solamente se puede llegar a la unidad por “sectores”. De estos sectores, el único que me puede interesar es el del sector anti–inmigración e identitario. Y afecta, sobre todo a E2000 y a PxC. Y ahí dejo el asunto porque no me corresponde a mí lanzar puentes ni realizar sondeos. Se trata de los únicos grupos, con mucho, que han obtenido algunos resultados parciales apreciables y cargos electos en algunas ciudades y pueblos.

Si las direcciones de estos dos grupos son lo suficientemente lúcidas como para plantear una coalición de cara a las próximas elecciones europeas, habrán demostrado madurez y entender la situación. De lo contrario, demostrarán ser presas de un afán insensato de llegar en solitario y en primera posición al final de la carrera o de un dogmatismo excluyente que tiene mucho más de ridículo que de otra cosa. Juntos pueden lograr algo, por separado les va a resultar mucho más difícil.

En cuanto al sector histórico y a los católicos, francamente, creo que deberían de pensar con apertura de miras. Pero esa es otra historia que a mí, personalmente, no me corresponde juzgar en absoluto. 

Usted pone énfasis en la formación espiritual del militante y del guerrero, tema que muchos ignoran o desprecian. Hay en ese sentido mucha confusión. ¿Qué le aconsejaría a un joven militante con voluntad de comenzar esa formación seriamente?

El militante debe ser alguien dispuesto a hacerlo todo contando con nada, a entregarse y sacrificar su ego por una empresa que le trasciende y estar dispuesto a seguir su destino. Es, naturalmente, una opción “espiritual” si quieres utilizar esta palabra, aunque yo en realidad prefiero aludir a una identificación “doctrinal” entre el militante y su causa. El militante debería ser un “guerrero político”, pero, no nos engañemos, en la modernidad este concepto suena a pura retórica (y frecuentemente lo es). Con decir que el militante debe ser alguien que ligue su destino personal al de su causa habría suficiente.

Y esto, automáticamente, sirve para enunciar un orden de prioridades: en primer lugar el militante debe saber cuál es “su causa”. No siempre está claro este punto. No siempre el militante es consciente de si lo que pretende es un simple cambio de gobierno, llegar al poder o cambiar el sistema. Y, aun aceptando que lo que pretende es un cambio de sistema, hará falta enunciar cuáles serán las características de ese sistema que sustituirá al actual.

Todo esto precisa formación, formación y formación. Pero no me gustaría ser confundido con un “vendedor de cultura”, como aquellos “gramscistas de derechas” de finales de los 70 y principios de los 80, que eran como un entrenador que decía a su equipo: “para jugar un partido hay que entrenarse”. Y, nosotros, todos, nos entrenábamos, esperando que llegara un día en el que “jugaríamos el partido”; pero los dirigentes de la “lucha cultural” nunca consideraban que había llegado el momento de jugar el partido. Y en eso siguen, mientras Marine Le Pen se está convirtiendo en primera fuerza política… sin que en ese ascenso la “lucha cultural” haya tenido absolutamente nada que ver. Por eso no me gusta considerar la lucha cultural como aislada de las luchas en otros terrenos. Y nunca la recomendaría.

Es más, puede ser incluso perjudicial para el militante: el absorber conocimientos y matices culturales, adquiriendo –en el mejor de los casos– una amplia cultura puede generar un desarrollo hipertrófico de su ego y derivarlo hacia la “intelectualidad”. Drieu decía que intelectual “no es aquel que piensa, sino el que hace del pensar una profesión”. Muchos amigos entrarían dentro de esta definición. No es lo que busco, ni lo que me interesa, ni lo que voy a recomendar a otros.

Lo primero que le recomendaría al militante es que se informara de en qué consiste su opción, que la fuera perfilando, que cada día leyera la prensa diaria (en Internet es fácil hacerlo), y que profundizara en lo que quiere (doctrina), en cómo lo quiere obtener (estrategia y organización) y en comprender cómo es el mundo de su tiempo (mediante el análisis político y la comprensión de cuáles son las líneas maestras de la modernidad) y porqué se producen los fenómenos económicos, políticos y sociales que son el pan de cada día.

Ser militante y ser dirigente son dos conjuntos complementarios: el dirigente debe ser militante, pero el militante no debe ser forzosamente dirigente. Hoy lo que necesita nuestro ambiente político son dirigentes mucho más que militantes. Hay una docena de siglas para militar, forjar las primeras armas y asimilar lo que es la militancia. Pero quede claro que ninguna de estas siglas es perfecta, ni yo voy a recomendar participar en ellas (a pesar de que estoy afiliado de base a España 2000 y veo con buenos ojos la actividad que desarrollan los concejales de PxC en el cinturón industrial de Cataluña), de la misma forma que desaconsejo la participación en grupos residuales que llevan 15 años con dificultades para pasar de 100 a 200 afiliados… en efecto, en ocasiones el “minimalismo” político no es síntoma de calidad, sino muestra de la levedad e irrelevancia de sus dirigentes, de la inadecuación de la doctrina o de sobredosis de despiste ingenuo e infantil puro y simple.   

Usted produce una cantidad admirable de textos. ¿Cree que en España la militancia lee y comprende suficientemente ese tipo de textos?

Habitualmente escribo para aclarar mis propias ideas. El proceso de elaboración de un artículo es importante para buscar información sobre un tema concreto, valorar las distintas posiciones y establecer la que más conviene a la propia concepción del mundo.

Parto de la base también de que en este momento apenas existe militancia política. Y dudo, incluso, de que la poca que hay actualmente movilizada, sea la que conviene e incluso la que se necesita para alumbrar un movimiento político. Para esto hacen falta dirigentes, gente lúcida con capacidad de análisis, voluntad y decisión. No es esto, precisamente, lo que abunda hoy.

Uno de los elementos que más me interesan en este momento es precisamente la experiencia histórica del fascismo. De ahí que mensualmente publique la Revista de Historia del Fascismo que va ya por el número XXIV. Y me interesa, porque el fenómeno fascista ha sido mal comprendido por propios y extraños, especialmente en nuestro país. La pregunta es: ¿cómo diablos en apenas 20 años aparecieron en toda Europa líderes, clases políticas dirigentes y millones de militantes, muchos de ellos de mucha calidad humana y personal, capaces de detener y revertir los procesos de decadencia entonces en curso? La respuesta es: porque existía una élite intelectual que había entendido cuáles eran los mecanismos de la decadencia y sobre esa base un grupo de líderes políticos decidieron reaccionar contra ella.

El que esta élite existiera se debió, sin duda, a fenómenos muy diversos: la experiencia bélica de la primera guerra mundial, que aportó a sus protagonistas la realidad de otro modelo de sociedad, la sociedad guerrera, frente a la sociedad de los mercaderes. Menos influencia tuvieron las crisis económicas. La reacción contra el bolchevismo agresivo fue otro elemento fundamental, así como la afirmación de un clima cultural previo en donde se fueron agregando pequeños elementos (sindicalismo, nacionalismo revolucionario, futurismo, jóvenes conservadores, antisemitismo de matriz social, etc.) que fundidos todos dieron como resultante el fascismo.

Ninguno de estos fenómenos está hoy presente, por tanto es difícil que aparezca un fenómeno como el fascismo histórico. Si a eso unimos cierta ceguera y no pocas dosis de mediocridad entre los dirigentes de los movimientos “neofascistas” españoles, es evidente que, mientras persista la situación, ninguno de ellos va a poder destacar ni mucho menos convertirse en opción de poder.

A la pregunta de si la militancia comprende lo que escribo, cabe recordar lo ya dicho: apenas hay militancia y si escribiera para una militancia inexistente poco o nada estaría haciendo. He trabajado y escrito para grandes editoriales y durante mucho tiempo he logrado vivir de mi producción para estas empresas. Hasta que llegó un momento en el que me sentí cansado y harto de escribir lo que me pedían y que en buena medida no me interesaba en absoluto. Hoy escribo sobre lo que me interesa y en el orden que me interesa, haciendo abstracción de quien me lee.

Al viejo infokrisis (http://infokrisis.blogia.com) que llevo publicando desde hace 10 años y que cuenta con dos mil artículos y una media de 3.000 entradas diarias (reforzado con mi presencia en otros blogs y en varias redes sociales (en este enlace están todos los enlaces que engloban mi trabajo en la red: http://info–krisis.blogspot.com.es/2013/03/mis–otros–blogs.html), acuden una mayor parte de gente que no pertenece a “nuestro ambiente” político y que demuestra que se puede penetrar en otros ambientes a poco que uno sea consciente de lo que hay de eterno y permanente en su concepción del mundo y de aquello otro que está superado, que fue y que no volverá a ser.

En países como Italia existe también la fragmentación y enfrentamientos entre grupos afines, sin embargo existe también una vitalidad que parece no existir en España ¿Se debe esto al carácter español, a la historia reciente, a alguna otra causa que Ud. pueda mencionar?

Se debe a que durante los 40 años del franquismo se produjo un empobrecimiento entre la militancia. El “fascismo español” fue siempre débil precisamente por el excesivo papel que ocupaba la Iglesia Católica durante los años 30–60 y que hizo imposible la existencia de un movimiento político que escapara de su órbita y control como son, en definitiva, todos los fascismos.

He dicho en muchas ocasiones que el franquismo fue un fenómeno polimórfico: fascista imperial entre 1939 y 1942, nacional–católico entre 1943 y 1959 y tecnocrático–desarrollista entre 1960 y 1975. En cada fase hubo una fuerza política preeminente: los falangistas primero, los propagandistas de Acción Católica luego y finalmente el Opus Dei. Cuando murió Franco, había miles de falangistas divididos en media docena de grupos, estaba Fuerza Nueva, estaba CEDADE y había cientos de militantes no organizados. Todos nos vimos superados por la velocidad a la que se desarrollaron los tiempos de la transición y la mayoría se sintió respaldada por los miles y miles de militantes y simpatizantes que acudieron a los actos del 20–N en la transición entre 1976 y 1981. Además, éramos muy jóvenes y sin experiencia para poder controlar el proceso e incluso las organizaciones en las que militábamos.

Creo que fui de los pocos que advertí en 1977 a Blas Piñar sobre el hecho de que diez años después el acto del 20–N terminaría celebrándose en un teatrito. En efecto, hacia 1987 la asistencia había disminuido extraordinariamente y empezó a ser residual e irrelevante. Pero, dado que ni la militancia, ni las direcciones políticas de los grupos existentes, tenían la más remota idea de en qué consistía la práctica política, creyeron que el dogmatismo, la pretendida fidelidad a los ideales, habitualmente máscaras del egocentrismo y de la cortedad de miras, el ambiente, no sólo se estancó, sino que entró en pérdida a partir de 1979 y en franca crisis a partir del 23–F de 1981. Al convocarse las elecciones de 1983 era evidente que el ambiente había entrado en una atomización que todavía dura hoy. Por eso siempre he sido partidario de no repetir los errores: aquella extrema-derecha de la transición fracasó y murió con la transición. Intentar resucitarla supone perder el tiempo y atenerse a un modelo que ni siquiera en su tiempo funcionó.

Todo este lamentable proceso fue el resultado de dirigentes que se habían criado al calor del franquismo y que no ascendían ni por lucidez ni por méritos, sino por fidelidad al mando… un mando que cuando murió el 20–N dejó a muchos incapaces al frente de diarios y grupos que de otra manera jamás habrían ostentado. Ante el caos de Falange Española y de Fuerza Nueva durante la transición es evidente que, poco a poco, se fueron retirando los mejores y los cuadros más capaces y se produjo una selección a la inversa que restó más y más dirigentes y atrajo solamente a militantes jóvenes, inmaduros, sin posibilidades de formarse que en el mejor de los casos difícilmente superaban los dos años en activo. En los dos volúmenes de mis Ultramemorias he intentado aproximarme a las causas del fracaso de la extrema–derecha y ahí remito a los lectores que les interese profundizar en esa dirección.

Teniendo en cuenta el carácter mercenario de las instituciones militares modernas, ¿hasta qué punto podría considerarse lícito el concepto de la "defensa de la Nación" actualmente? ¿Podría comparar a grandes rasgos el carácter militar desde las opuestas perspectivas: Tradicional y Moderna?

Me interesan los temas sobre la tradición guerrera y mucho menos los temas propios de la defensa nacional; explicaré el porqué. Existe una diferencia sustancial entre el “soldado” y el “guerrero”. El primero es aquel que hace del “sueldo” (de la soldada) el eje de su vida. El segundo es aquel que experimenta que en su carácter hay un elemento preponderante que le llama a la acción y que pone al servicio de su comunidad. En ambos casos subyace una característica propia de la naturaleza humana (que tiene mucho de animal… en el mejor sentido de la palabra). Somos biología (pero no solo biología, naturalmente) y esa biología es lo que hace que estén presentes en nosotros los mismos instintos que en las especies superiores: instinto de supervivencia, instinto de agresividad, instinto territorial, etc. En las culturas superiores estos instintos están “modulados”: el instinto territorial se convierte en patriotismo, el instinto de supervivencia en natalidad y eugenesia, el instinto de agresividad en concepción guerrera de la vida que informa a la casta guerrera en las sociedades trifuncionales indo–europeas.

La imagen del “soldado” apareció fugazmente en la Edad Media y muy especialmente se difundió en el Renacimiento italiano junto a los “condottieros”. La Revolución Francesa concedió el “deber” de defender a la patria con las armas en la mano, estableciendo el servicio militar obligatorio. Antes, en las sociedades tradicionales, no hablábamos de un “deber” de empuñar las armas, sino del “derecho” de la aristocracia guerrera a llevar armas y defender a la comunidad. Era la “función guerrera” que completaba el marco social junto a la “función productiva” (el artesanado y el campesinado) y la “función sacerdotal” (la casta religiosa). Sacerdotes, guerreros y artesanos formaban una sociedad orgánica, especializada por una parte y comunitaria por otro.

Las naciones solamente aparecieron a finales del siglo XVIII. Antes existían los “reinos”. No existía nacionalismo, existía un patriotismo (arraigo a la tierra natal) y una fidelidad al monarca considerado como encarnación de la nación). El rey era el primus inter pares entre los aristócratas y, anteriormente, su figura era una síntesis del guerrero y del sacerdote.

Mientras las aristocracias ganaron sus blasones armas en mano, pudo decirse que en esa casta figuraban los “guerreros” dignos de tal nombre. Luego, cuando la nobleza pasó a ser hereditaria y se fueron olvidando sus obligaciones, más no así sus derechos, empezó la decadencia de la función guerrera que quedó sepultada con la Revolución Americana y con la Revolución Francesa en apenas 20 años. Es en este proceso en el que se afirma el concepto de Nación como sustituto del Reino. Antes existían las “nacionalidades” o partes con identidad propia en las que estaban divididos los reinos o los imperios. Las naciones modernas y democráticas se formaron sobre la nivelación de las “nacionalidades”, “patrias carnales” o “patrias chicas”. Apareció así el jacobinismo que uniformizó las naciones y abolió las identidades regionales pre–existentes. Se trató de un fenómeno propio del siglo XIX.

A partir de entonces apareció con Clausewitz el concepto de “defensa nacional”. Para situarlo podemos decir que era un concepto superior al internacionalismo y al pacifismo, pero inferior a lo preexistente: la defensa del Reino y de sus nacionalidades, la lealtad hacia el monarca y la obligación de la casta guerrera. La “defensa nacional” se “democratizó  pasó a ser “cosa de todos”, incluso de aquellos cuyo carácter era más propio del sacerdote o del productor, pero en absoluto del guerrero.

Esto por lo que respecta a la génesis de la modernidad y a la liquidación del concepto tradicional de orden social (un orden trifuncional).

En ese contexto vale la pena realizar una especificación importante. Cuando la “defensa nacional” se democratizó, la mayoría de los valores de las antiguas aristocracias guerreras pasaron a enseñarse en las academias militares y se recluyeron allí. Se les agregó un acompañamiento emotivo y sentimental para que “hicieran juego” con el Estado que las financiaba y que requería su concurso: se insiste, por ejemplo, en que las fuerzas armadas están creadas para respetar el orden constitucional, que su misión es la defensa de la democracia, etc. Pero, a fin de cuentas, la forma de entrenamiento militar (que consiste básicamente en neutralizar el ego para que afluya, mediante la disciplina, un valor mas elevado, el “esprit de corps” y la posibilidad de desafiar a la muerte) es irreductible a la democracia.

Y esto es lo que ha hecho que en la milicia, las virtudes militares estén mucho más acusadas y vivas hoy que en cualquier otro cuerpo social. Tal es la tesis que hemos expuesto en nuestra obra Militia, introducción a la tradición guerra (que hoy puede ser adquirida en Amazon.com y en cuya segunda parte estamos trabajando actualmente), a saber, que para superar la pendiente de la decadencia, es necesario dotarse de valores tradicionales; estos valores están hoy vivos y, como he dicho, se transmiten en las academia militares.

Por tanto, el tránsito de una sociedad masificada y burguesa a una sociedad nuevamente enderezada, solamente puede realizarse mediante la recuperación de unos valores que no sean meramente teóricos, sino que estén vivos y activos, al menos en un sector de la sociedad. Los valores del sacerdocio están lamentablemente lastrados por el concepto que el cristianismo tiene de esta casta, sin embargo, los valores militares sí son susceptibles de ser enseñados en las escuelas y de contribuir a un enderezamiento de la sociedad.

¿Hasta qué punto podríamos considerar ajeno al espíritu popular el concepto artístico institucionalizado con miras a representar la esencia moderna? ¿Podríamos considerar también una intromisión por parte de un elemento étnico exótico en este aspecto?

Se trata de un problema complejo que vamos a intentar resumir. Hasta ahora las aportaciones culturales que nos han llegado de la inmigración están próximas al cero absoluto. En realidad, resulta muy difícil traspasar una concepción cultural de un país a otro. Como máximo se pueden trasladar algunos elementos aislados y adaptados (el jazz, por ejemplo). Todo lo que procede del Tercer Mundo está lastrado por un concepto que desapareció en Europa entre los siglos II y VII: el concepto de tribu. En África y en zonas del mundo árabe, sigue vivo. No, desde luego, entre nosotros.

Si han penetrado en el Primer Mundo formas culturales procedentes del Tercer Mundo, no se debe a la tarea de difusión cultural de los exponentes de este último, como a la búsqueda de originalidad y de “productos nuevos” de los marchantes y “agitadores culturales” del Primer Mundo. ¿Por qué ha ocurrido este proceso? ¿Por qué un cretino aporreando un tambor puede ser considerado como “música”? Simplemente porque la creatividad se ha agotado en Occidente. Ha entrado en crisis. Era normal que así ocurriera.

La intelectualización del arte (es decir, el interpretar una determinada creación artística en función de conceptos ideológicos que nada tienen que ver con ese arte en sí) generó el fenómeno de las “vanguardias artísticas” desde el último tercio del siglo XIX.

Julius Evola, que vivió intensamente el dadaísmo explica que en éste existía todavía un impulso hacia la trascendencia y, por tanto, consideraba el mundo como algo más allá que lo perceptible por los sentidos. Sin embargo, en la vanguardia que lo sustituyó, el surrealismo, esta tendencia ya estaba completamente ausente y, en el mejor de los casos, había sido sustituida por la superstición pura y simple: lo “inmaterial” había sido sustituido por el interés en la interpretación de los sueños en la línea de Sigmund Freud y en la escritura automática propia de los ocultistas de los 30 años anteriores. Ulteriores vanguardias contribuyeron cada vez más a rebajar el listón de calidad.

El arte, para ser tal, debe ser anónimo. No está destinado para engordar el ego del artista, ni aumentar su fama, su popularidad o sus ingresos, sino que debe “sintonizar” con lo absoluto y ofrecer a la sociedad la posibilidad de que, contemplándolo, entre en contacto con la trascendencia. Esa presencia de “lo absoluto” en una creación artística es lo que se llama “inspiración”. Los fines utilitaristas, crematísticos o egóticos hacen que una pretendida “creación artística” no pase de ser la obra puramente contingente de un artista que mira a la materia y que, en tanto que todo lo material puede ser reproducido hasta el infinito, topa con la competencia que otros miles de artistas intentan en el mismo plano. Vence aquel que domina mejor las relaciones públicas, no aquel que está “inspirado”. Cuando a la “inspiración” se une el dominio de la técnica estamos ante la genialidad. Algo que ya queda muy lejos de nuestro tiempo.

El arte se vuelve así masificado, irrelevante y “original”, cuando en realidad debería de ser inspirado, trascendente y “originario”.

En esa búsqueda de la “originalidad” es donde los “artistas” que predican el “mestizaje” y la “fusión cultural”, han intentado penetrar e introducir sus productos averiados. Pero es imposible fusionar la música de Bach con el tam–tam sin obtener un resultado ridículo. Y si alguien cree que es posible, solamente esa misma creencia basta para desacreditarlo como artista y tenerlo por traidor (consciente o inconsciente, simplemente por estupidez) a su propia identidad.

Respecto al fenómeno de las migraciones masivas, ¿hasta qué punto podría resultar alterado el orden geográfico de las distintas culturas actuales capaces de sobrevivir? ¿Podría esta consecuencia dar paso a una futura valoración étnica como primera base cultural?

En los últimos 30 años, Europa ha sufrido migraciones prácticamente ilimitadas procedentes del Tercer Mundo. En España este fenómeno se inició posteriormente, en 1997, pero en apenas 15 años nos hemos colocado a la cabeza de Europa en este terreno. Los problemas que genera la inmigración son claros y se pueden enumerar sistemáticamente: 

1) Hemos asistido al mayor movimiento migratorio de la historia, sin precedentes en ningún otro momento del pasado.

2) Esto ha generado el cambio del sustrato étnico y antropológico de Europa en apenas una generación.

3) Las tasas de natalidad europeas no superan la tasa de reposición, mientras que las de la inmigración las superan entre dos y cuatro veces.

4) Contra más primitivo es el país de origen de los inmigrantes, estos disponen de una mayor tasa de reposición.

5) Esto hará que en un plazo de entre 20 y 50 años, la población de origen inmigrante supondrá entre un 30 y un 50% de la población de algunos países europeos.

6) Contrariamente a lo que opinan los “humanistas–universalistas” no se producirá mestizaje étnico (éste es muy minoritario en la actualidad) sino creación de una cultura mestiza de baja o bajísima calidad en la que los europeos cederemos ante poblaciones cuyo primitivismo tribal es lacerante.

7) Los que hablan de “España país de las tres culturas” y de “fusión cultural”, ignoran que los inmigrantes no se refieren en absoluto a estos conceptos.

8) Los inmigrantes y los gobiernos ofrecen “integración”: respetar las identidades originarias de los inmigrantes procurando que no entren en conflicto con la identidad nacional del país de acogida.

9) La postura correcta sería “asimilación”: el inmigrante que quiera permanecer en Europa debe de asumir los rasgos de la cultura europea, renunciando a los suyos propios.

10)  El mestizaje étnico y/o cultural no crea “riqueza” en ninguno de estos terrenos sino que acarrea inestabilidad social tal como demuestra la experiencia histórica.

Por lo demás, en relación a la pregunta que formulas, en la actualidad la inmigración ha destrozado cualquier idea de “orden” geográfico, étnico, geopolítico, social, etc. Sus promotores han sido los poderes globalizadores (siempre hemos dicho que la globalización es una autopista de doble dirección: este a oeste y de sur a norte, inmigración; y de oeste a este y de norte a sur, deslocalización industrial) con el único objetivo de aumentar los beneficios del capital.

Este proceso ha sido facilitado por el humanismo–universalista que hemos denunciado en muchas ocasiones, una de cuyas alucinaciones más insensatas es un mundo con un gobierno mundial (ONU), una religión mundial (new age) y… una sola raza mundial (… la humanidad mestiza). Por increíble que parezca, hay ideólogos del universalismo que piensan y actúan en función de esta hipótesis.

Si nos oponemos a la inmigración masiva (y, por tanto, a la globalización, es imposible aceptar la primera y rechazar la segunda como hace la nueva izquierda, “indignada”) lo que estamos haciendo es defender nuestra identidad. Y esta noción es fundamental: un pueblo con identidad es un pueblo consciente de sí mismo, de sus rasgos, de sus características, de su existencia, de su misión y de su destino. No es raro que los promotores de la globalización se hayan cuidado de destruir, como paso previo a la realización de su proyecto, a las identidades nacionales. 

Usted entre muchas de sus obras escritas ha publicado ‘Marruecos: el enemigo del Sur’ y ‘El Libro Negro de la Inmigración’ ¿En qué punto de inflexión se encuentra España frente al ‘enemigo del Sur’ en particular y al mundo árabe en general? ¿Y Europa? 

Estos libros se escribieron hace diez años, tuvieron tiradas de 2.000 y 4.000 ejemplares y hoy se encuentran completamente agotados, pero pueden leerse bajo forma de e–books en Amazon.com. Las tesis que mantenía hace diez años se han confirmado: 

1) Las “revoluciones árabes” han confirmado lo que ya decía: que la única fuerzas política y social del Magreb es el Islam y que Europa está obligada a entenderse con el Islam antes que apuntalar a los regímenes corruptos del norte de África o a ejercer la vocación mesiánica de implantar regímenes “amigos”.

2) La monarquía marroquí es el único régimen magrebí que ha sobrevivido en estos últimos diez años y esto a costa de adaptarse: primero realizando operaciones en las “alcantarillas” para limitar el crecimiento de los islamistas (2003, atentados de Casablanca), luego creación de un partido seudo–islamista domesticado por la casa real, finalmente intentando cohabitar con los islamistas radicales del Partido de la Justicia y el Desarrollo y de la organización islamista Justicia y Caridad. La monarquía alauita está cada vez más desprestigiada.

3) La Unión Europea intenta apuntalar al régimen marroquí ofreciendo un “acuerdo preferencial” que sentencia a muerte a la agricultura española, sin que nuestro gobierno haya pronunciado ni una sola palabra en Bruselas en defensa de nuestro agricultores.

4) Durante esta última década, Marruecos ha proseguido con la línea iniciada a finales de los noventa: inundar España con haschisch procedente del Valle del Rif, permitir el paso de millones de inmigrantes, proseguir con la guerra económica, no rebajar ni uno solo de los objetivos incluidos en su ficción geopolítica del “Gran Marruecos” (con Ceuta y Melilla como primer objetivo y Canarias como segundo) y rearmarse, configurándose como primer aliado de EEUU en el Magreb.

Podríamos añadir: “tal como lo preveíamos”, si no pareciera excesivamente petulante. Pero así ha sido. Las tesis que anunciamos en Marruecos, el enemigo del sur, Marruecos, la amenaza y el Libro Negro de la Inmigración (los tres a la venta en Amazon-Kindle), se han cumplido al pie de la letra… tal como podía prever un observador objetivo y tal como podía prever nuestro gobierno si hubiera evaluado la situación con rigor.

Nuestra tesis final y de síntesis era: el Islam es un elemento de la cultura del desierto, de otros horizontes geográficos. Sigue siendo la única fuerza política y social real en las zonas de mayoría islámica en donde los partidos políticos “a la europea” no existen. Y, por tanto, en el contexto de una política europea en relación a África, el islam debe ser el principal interlocutor válido. Ahora bien, esto no implica ni aceptación del islam en Europa, ni siquiera considerar al islam como algo más que una superstición propia de las tribus primitivas anárquicas con las que Mahoma tuvo que lidiar… Insisto mucho en esta idea: el islam es “cosa del desierto”… y en Europa los bosques son dominantes. Dicho de otra manera: el islam es el interlocutor válido en el Magreb y en Oriente Medio, pero es islam no tiene lugar en la sagrada tierra de Europa. Así pues, la idea que hemos lanzado es: alianza con el islam en el Magreb y en Oriente Medio, pero a condición de que no se aporte ni un petrodólar para la expansión del islam en Europa. Cualquier otro planteamiento, me temo que será el preludio a un inmenso caos: porque ni el Magreb ni Oriente Medio son zonas en las que pueda instalarse una democracia a la europea, ni Europa es, culturalmente, una tierra de promisión del islam. Así que hace falta ser claros y establecer políticas en función de esa claridad y de esa racionalidad.

Usted comentaba en el periódico IdentidaD en el año 2008 que el proyecto político concreto del gobierno de Zapatero era el ‘Universalismo Humanista’. Estamos viendo desde que el Sr. Rajoy empezó a gobernar que las medidas que está tomando son la continuación, en cierta medida, de las del Sr. Zapatero ¿Qué proyecto político concreto está siguiendo el gobierno de Rajoy? ¿Qué desarrollo ideológico está llevando a cabo la política del PP en la actualidad?

IdentidaD pudo aparecer con una tirada inicial de 15.000 ejemplares y final de 10.000 durante 34 números, si no recuerdo mal, desde 2008 hasta 2011. A pesar de venderse en kioscos, la revista fue completamente irrelevante y nunca tuvo una política de promoción y marketing, así que pasó casi completamente desapercibida en nuestro ambiente político. Yo aportaba contenidos (prácticamente el 75% de los artículos publicados). Fue una pena que no llegáramos a tiempo para someter a juicio la gestión del PP en el poder. Era fácil atacar al zapaterismo porque, no solamente en su doctrina, sino en sus gentes, en sus gestos, en sus actitudes y en su gestión, era una banda sencillamente de incapaces, culpables junto a la corrupción del “felipismo”, de haber literalmente vaciado al PSOE de elementos de valía personal y de capacidad técnica. Si pensamos que hoy Rubalcaba es lo mejor que le queda al PSOE podemos entender el estado de putrefacción de ese partido.

En realidad, las raíces de los problemas de hoy hay que buscarlas en el tardo- franquismo: allí empezó la crisis de la enseñanza, el modelo económico basado en el “ladrillo” y en el turismo, la desintegración social, que luego se han ido agravando sin parar.

Es indudable que Felipe González realizó una muy mala negociación para nuestro ingreso en la Unión Europea que costó el desmantelamiento de sectores amplios de nuestra economía (industria pesada, siderurgia, astilleros, minería), luego Aznar creó un modelo económico insensato basado en “ladrillo”, salarios bajos, inmigración masiva y acceso fácil al crédito, que generó la burbuja inmobiliaria. Las bombas del 11–M generaron el que un incapaz, rodeado de una banda de gente más incapaz todavía, llegara al poder, no hiciera nada para detener la burbuja inmobiliaria, abriera las puertas de par en par a la inmigración e intentara realizar una tarea de “ingeniería social” según las orientaciones de la UNESCO, para luego, cuando estalló la crisis, negarla primero y afrontarla después de manera errónea transformando la crisis inmobiliaria en crisis de endeudamiento público.

Y en eso llega Rajoy: un hombre que durante la campaña electoral prometió que la economía con él volvería a ir bien ¡por que estimularía el sector de la construcción!, palabras propias, sino de un ignorante, sí de al menos de alguien que se ha preocupado mucho de triunfar en guerra intestinas dentro del PP, pero muy poco por leer la prensa diaria.

¿Qué está haciendo Mariano Rajoy? Básicamente lo mismo que hizo Zapatero. De ahí que cuando en Twitter se alude al “PPSOE” y yo mismo, cuando durante los 34 números de IdentidaD decía que las políticas del PP y del PSOE eran las dos caras de una misma moneda, tengamos razón. ¿Cuáles son los en los que Rajoy insiste?

1) Hay que afrontar los compromisos adquiridos con Europa: especialmente con entidades de crédito francesas y alemanas, así pues hay que devolver los préstamos que la banca española recibió y precisamente por eso, con entidades de esos países a la vista de que nuestra banca habría quedado colapsada si no hubiera recibido 250.000 millones de ayudas públicas. El PSOE dio esas primeras ayudas, el PP las ha seguido dando.

2) Hay que mantener a 7.000.000 de inmigrantes de los que 1.500.000 ya tiene nacionalidad española… pero no trabajo. 500.000 son jubilados europeos que viven de maravilla o son estudiantes Erasmus, 1.250.000 trabajan y cotizan por las franjas salariales más bajas y el resto viven de la caridad pública. Así pues, tenemos un excedente de inmigración de 5.000.000 de personas que no se van ni se piensan ir por dura que sea la crisis (y los que se van a su país siguen empadronados aquí con la intención de que al cabo de 10 años de llegar obtengan la doble nacionalidad que les permita buscar trabajo y vivir en su país de origen o en la UE). El PP inicio el fenómeno migratorio con Aznar, Zapatero abrió las puertas de par en par y Rajoy no ha tomado ni una sola medida para cerrarlas.

3) Tanto el PSOE desde el “felipismo” como el PP en el período de Aznar y hoy con Rajoy, llevan adelante una política fiscal basada en penalizar a las rentas procedentes del trabajo y reducir la presión fiscal sobre las rentas procedentes del capital. No es privativo de España, ciertamente, porque es la política dictada por los “señores del dinero” en todo el mundo. Lo que significa que tanto PP como PSOE tienen en los temas importantes la misma hoja de ruta impuesta por otros a los que no votamos, ni que nos presentan sus programas.

4) Rajoy es un liberal moderado que coexiste con liberales radicales en su propio partido (empezando por Esperanza Aguirre y terminando por el mini grupo mediático de Intereconomía) cuya política no es muy diferente de la de un Zapatero que aceptaba las privatizaciones, “mientras no afectaran a los servicios sociales básicos”.

5) Rajoy, como Zapatero, son partidarios del soft–power, el poder blando, diversificando los centros de poder, transfiriendo competencias a Europa “por arriba” y a las comunidades autónomas “por abajo”. Por eso no hay reformas en la administración, ni se alude a renegociar el acuerdo de adhesión con la UE, ni a realizar modificación alguna en el texto constitucional. Las únicas reformas que se han planteado en el mercado laboral son continuación de las que ya realizó Zapatero: aumentar la competitividad rebajando indemnización por despido, disminuyendo coberturas sociales y limitando los salarios: pero será difícil alcanzar las condiciones laborales de China o de Vietnam, las únicas que podrían devolvernos competitividad en un mundo globalizado.

6) ¿Cuál es, pues, la política que sigue Rajoy? Neocapitalismo globalizador. Sólo eso y nada más que eso: tendencia progresiva a las privatizaciones para aumentar la concentración de capital, aceptación acrítica del fenómeno globalizador y aceptación del fatum iniciado con Felipe González: lo ya firmado, es innegociable y hay que esperar a que conduzca a sus últimas consecuencias, por dramáticas que sean. Todo el problema consiste en preparar a la sociedad.

Cambiando de tema y para finalizar, desearía preguntarle sobre la masonería. Como experto en Masonería y Sociedades Secretas ¿qué diferencias básicas existen entre la Masonería de finales del siglo XIX, en la cual estaban grandes literatos y filósofos, y la masonería actual?

Se tiene tendencia a pensar que la masonería es una sociedad unitaria en su estructura y en su doctrina. No es así. Dentro de la masonería hay múltiples Obediencias (redes de logias que aceptan una autoridad común) e innumerables Ritos (distintas liturgias rituales practicadas en cada logia, que varían extraordinariamente) en cada país. Y, por lo mismo, incluso en los momentos en los que masonería ha sido más preeminente respecto a la sociedad de su tiempo (de mediados del siglo XVIII al primer tercio del siglo XX) las opiniones políticas, los criterios doctrinales y las inspiraciones ideológicos han sido múltiples y muy diversificadas. Encontramos junto al tradicionalista Josep de Maistre, a ultra revolucionario como un Danton, sin ir más lejos. Es decir, junto a ideas tradicionalistas, se difundían ideas liberales avanzadas.

Siempre la masonería ha sido un “pastiche” ideológico (hoy mismo, en España, hay presencia de todos los partidos políticos (PP, PSOE, IU, CiU, ERC, PNV, etc, con una “leve” preeminencia de miembros del PSOE) en el que lo mejor se ha juntado con lo peor… Pero si hay que encontrar una línea preponderante en la masonería histórica es, sin duda, el ser el motor de las revoluciones liberales, desde 1789 a la II República y desde Kemal Ataturk hasta Sandino. Allí donde se ha instaurado una logia masónica, antes o después, desde la independencia de las colonias de Nueva Inglaterra, lo que se ha generado es una revolución liberal.

Vale la pena repasar lo que dice Evola en la segunda parte de Los Hombres y las Ruinas sobre el papel histórico de la masonería: no sirvió para otra cosa que para generar un modelo político en el que la burguesía mercantil sustituyó a la aristocracia de la sangre que había ostentado la hegemonía en el ciclo histórico anterior.

Pero la masonería no ha cambiado mucho en estos últimos 300 años: tanto al principio como ahora, allí fueron a parar arribistas en busca de “buenos negocios”, “contactos” y para codearse con el “stablishment”. La única diferencia entre otro tiempo y el nuestro es que en la actualidad, prácticamente, no queda gente de relevancia cultural y social en la masonería y en otro tiempo sí los hubo.

Esto tiene mucho que ver con el empobrecimiento general de nivel cultural que se produce en todo el mundo y especialmente en los países occidentales, con el repliegue hacia lo personal que hacen incluso los intelectuales más exhibicionistas y que les inhabilita para participar en todo tipo de asociaciones, pero también, con una bajada del listón en las condiciones de admisión en la masonería: hoy, allí, entra todo el mundo. Harina de otro costal es que permanezcan durante mucho tiempo (la mayoría apenas supera el grado de “aprendiz” y menos de un 30% de los recién llegados llegan a “maestros”…) y que su permanencia allí aporte algo a la masonería. 

¿Cuál es la realidad actual de la Masonería en nuestro país? ¿Qué planes tiene y qué objetivos se está marcando respecto a la crisis que todo Occidente está sufriendo, así como dentro de lo que es la estructuración que las sociedades están sufriendo para adaptarse al impuesto Nuevo Orden Mundial? 

La masonería en España está compuesta por unas 4.000 personas, de las que la mitad son extranjeros –habitualmente ingleses, holandeses y alemanes– que se han jubilado y residen en Alicante, Baleares, Canarias y Málaga, y han constituido logias propias que, a pesar de estar adscritas a la Gran Logia de España, tienen una total autonomía, suelen “trabajar” el Rito de York en su lengua vernácula. En cuanto a los masones específicamente españoles, no solamente son pocos, sino que la mayoría no ostentan cargos de responsabilidad en ningún terreno. Y, por si eso fuera poco, están divididos en algo más de media docena de Obediencias rivales que andan, frecuentemente, a la greña desdiciendo el mito de la “fraternidad masónica”.

Contrariamente a lo que se tiene tendencia a pensar en los medios de extrema–derecha, la masonería en España es completamente irrelevante. Aquí su momento álgido fue a mediados de los años 80, cuando Mario Conde con su equipo de la Logia Concordia nº 2 de Madrid “asalto” el Banco Español de Crédito y durante unos años hizo y deshizo a su antojo. Conde subvencionaba a la Logia Duque de Wharton, logia de investigación, y no hay que olvidar que la parte del león de su patrimonio personal lo acumuló en la operación de compra venta de Antibióticos SA, a la Montedison italiana, operación preparada y facilitada por Di Bernardo, Gran Maestre de la masonería italiana.

Pero, una vez Conde fue procesado y encarcelado, todo aquello terminó. La masonería se convirtió en algo que había sido siempre, pero que ahora quedó casi como único elemento dominante: el ser un receptáculo de arribistas en busca de alguien que pudiera ofrecerles un trabajo, un buen contacto o simplemente alguna personalidad con la que codearse… Una sociedad en la que todos van en busca de algo pero ninguno tiene nada que ofrecer es inviable a corto plazo. Y eso es lo que ha pasado.

Es falso que Zapatero fuera masón. Su inspiración no era masónica y, es más, en su ignorancia supina, probablemente ni siquiera tiene claro lo que es la masonería. Procede de León, pequeña ciudad en la que ni siquiera antes de la guerra civil existió un número significativo de masones y en la que en la actualidad tampoco hay logia. Si a alguien le interesan las “fuentes” ideológicas del zapaterismo puede recurrir a mi libro El pensamiento excéntrico (La ideología de Zapatero y su tortuoso origen) que puede adquirir como ebook en Amazon.

La crisis de la masonería española no es diferente a la crisis de la masonería mundial. Solamente en el Reino Unido (especialmente en Scotland Yard) y en EEUU (especialmente en el Pentágono), siguen teniendo la iniciativa. En las sociedades del resto de Europa, la masonería hoy es irrelevante más allá de un grupo de presión más, especialmente en Italia y en Francia y cuya influencia es cada vez más limitada.

¿Por qué se ha producido esta caída en picado de la masonería? Por tres factores:

1) La masonería fue el motor de las revoluciones liberales, la expresión organizada de la burguesía pujante que quería construir un marco político en el que fuera la casta preeminente. Una vez conseguido este objetivo (hacia el último tercio del siglo XX) la masonería dejó de producir ideas y a partir de ese momento se evidenció su mero papel de sociedad de “ayuda mutua” en el que la “fraternidad” se suele confundir con la “complicidad”.

2) Porque en estos momentos la casta hegemónica ya no es la burguesía, sino la aristocracia económica y esta se organiza mucho mejor en estructuras más elitistas: Club Bildelberg, Comisión Trilateral, etc. Desde esos centros de poder mundial se planifica cómo será el mundo del mañana, tanto en lo económico como en lo político y cultural. Hoy las logias masónicas tienen una capacidad de influir limitadísima, incluso en el mundo de la cultura. Sin embargo, Bildelberg es quien dicta cómo será el “entertaintment” de mañana, como serán los futuros equilibrios geopolíticos, dónde se destinarán las plantas de producción, cuáles serán las reglas del juego económico, etc. Esta es la competencia (insuperable) que la masonería tiene “por arriba”.

3) En su aspecto de “organización caritativa” (que es como gusta presentarse la masonería actualmente), no ha podido soportar la competencia de las ONGs (parte de las cuales, como el tronco esencial de SOS Racismo en Francia, han sido generadas en medios masónicos). Es lo que podríamos llamar la competencia de la masonería “por abajo”. Sé de logias masónicas que en la actualidad no tienen ni medios económicos para ayudar a sus “hermanos” en paro, ni siquiera para encontrarle un trabajo. Eso da una imagen de la “influencia” de la masonería en España.

En mi opinión, la masonería es una más de entre las muchas estructuras de la sociedad burguesa que han entrado en crisis. Parece cierto que, especialmente a través de EEUU y del Reino Unido, existen nexos entre Bildelberg y la masonería, pero no hay que olvidar que, contrariamente a lo que se tiene tendencia a pensar, en la actualidad no existe ninguna estructura internacional de mando que se superpongan a las lógicas nacionales, las oriente y las dirija de manera efectiva. De hecho, nunca ha existido una estructura de este tipo. La Asociación Masónica Internacional que existió en los años 30, hace décadas que se disolvió. Así pues, a la pregunta de cómo influye la masonería en el nuevo orden mundial hay que responder que poco o nada. Y, desde luego, carece de iniciativa y le resulta muy difícil superar su crisis.

Cabe preguntar sobre las fuentes de que dispongo: en primer lugar contacto directo con medios masónicos a los que conozco desde hace muchos años. En muchos países, antiguos militantes de extrema–derecha, habitualmente lectores de René Guénon, tras dar por concluida su militancia política ingresaron en logias. He seguido manteniendo contacto con muchos de ellos. Sin olvidar que es posible seguir a través de Internet la evolución y situación de las distintas Obediencias Masónicas y en Barcelona existe incluso la Biblioteca Pública Arús que es un tesoro de documentación sobre la masonería y en donde es fácil conocer y relacionarse con esos medios.

Dado que mi opinión sobre la masonería la he mantenido incluso en medios masónicos, y que hablo con conocimiento de causa, esos medios, como mínimo, me tienen respeto. Por lo demás, quien desee conocer mis opiniones y evaluación sobre la masonería puede recurrir a mi libro Estudio sobre la masonería, publicado por PNL Books y que me puede solicitar directamente.

¿Qué nos espera?

Parafraseando el lenguaje utilizado en la película Gladiador, podemos resumir lo que tenemos ante la vista como “tinieblas y cenizas”. No creo que se pueda ser optimista ante la situación actual: en 1945 se produjo el cambio de paradigma que ya se venía anunciando desde los Enciclopedistas: el “humanismo universalista” (mucho más que la democracia o el comunismo) venció. Su victoria consistió en apalancarse en las atalayas de la UNESCO y de la ONU y alumbrar un ciclo de civilización que allanó el camino para la mundialización y, en economía, para la aceptación de la globalización. Mientras sigan siendo aceptados como “normales” el humanismo–universalista, mientras la mundialización sea aceptable para la mayoría la globalización, el destino final de Europa será el relativismo y la destrucción de las identidades nacionales y culturales.

A la vista de que los núcleos que reaccionan contra este sistema de valores impuesto tras 1945 son extremadamente débiles no puede esperarse que de ellos parta una recuperación o un enderezamiento. De ahí que a esta pregunta solamente pueda responderse solamente con “tinieblas y cenizas”. Evola dijo que nuestra civilización vive de todo lo que las anteriores rechazaron. Otra imagen sugestiva es la de un mundo en el que se ha retirado la luz del Sol. Tras el espejismo de la modernidad y su falso relumbrón, lo que subyace es la tristeza y decrepitud de un mundo en el que los valores que en otro tiempo se han extinguido casi completamente, la noche oscura en donde la luz del Sol ha sido sustituida por el brillo de la Luna, siempre cambiante (oscilaciones de las modas), carente de luz propia y reflejo de otro (tiempos de look, de imagen y marketing) y que incluso en ciertas noches desaparece.

André Malraux en sus conversaciones de pre–guerra con Drieu La Rochelle decía que “un fascista es un pesimista activo” y tenía razón. Creo que hoy muchos que se esfuerzan por conocer los caracteres de su tiempo no pueden ser, a pesar suyo, sino fascistas, si no se resignan a vivir al paso con la decadencia y aspiran a resistir a las “tinieblas y cenizas” del tiempo que nos ha tocado vivir.

Agradeceríamos unas palabras para el lector.

Soy yo el que debo agradecer a Manuel y Alberto el haberme dejado expresar en estas páginas que me han servido incluso para poner algo más en orden las ideas. Y al lector que me haya seguido hasta aquí, gracias también por su paciencia.

(c) Ediciones Camzo

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