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mercredi, 03 juillet 2013

Entretien accordé à Manuel Quesada

Robert Steuckers:

Entretien accordé à Manuel Quesada

1.

Monsieur Steuckers, vous avez passé de nombreuses années à circuler dans l’espace défini comme “identitaire” voire “nationaliste” ou “néo-nationaliste”, de tendance “nouvelle droite”. Nous avons un ami commun, le Britannique Troy Southgate. Qu’est-ce qui vous a incité à choisir cet espace culturel et politique?

ATHENA.jpgAu départ, rien, mais absolument rien, ne me prédestinait à aller circuler dans ce milieu, qui a précédé puis fondé l’espace politico-culturel de la “nouvelle droite”. Aucune tradition familiale ne m’a incité à aller chercher du sens dans un tel espace: en effet, les agitations politiciennes relevaient, pour mon père, issu du paysannat limbourgeois-hesbignon, de la “folie des villes”. Sa devise était: “pour vivre heureux, vivons caché” et il la citait volontiers en français, qui n’était pas sa langue maternelle. Quant à ma mère, elle était issue d’une famille qui entendait vivre en parfaite autarcie par rapport à une société que mon grand-père, ancien combattant de 14-18, méprisait, quelles qu’en aient été les facettes. Quand on évoquait des grands problèmes sociaux, irrésolus, ma mère disait, en flamand: “’t is ver van mijn bed!” (“C’est loin de mon lit!”), sous-entendu, “je n’ai pas à m’en occuper”. Mon père a travaillé de 1938 à 1944, et de 1952 à 1978 pour le Comte Guillaume de Hemricourt de Grünne, l’oncle de Rodolphe de Hemricourt de Grünne, le héros de l’aviation franquiste pendant la guerre d’Espagne, où ce jeune et fringant aristocrate, issu du Collège Saint-Louis de Bruxelles, s’était porté volontaire pour s’affranchir d’une vie de dandy qui ne le satisfaisait plus. Les frères de Guillaume de Grünne, Eugène et Xavier, étaient eux aussi des héros militaires. Eugène, chantre du sacrifice du soldat chrétien (catholique), a d’ailleurs été tué à la guerre, aux côtés du beau-frère de mon père, à Maldegem, en mai 1940, fidèle aux préceptes qu’il énonçait, volontaire de guerre en première ligne à 57 ans! Xavier, alpiniste chevronné, puis sénateur rexiste, puis adversaire de Degrelle, puis fondateur d’une “Phalange belge” hostile tant aux Anglais qu’aux Allemands, mourra en déportation à Mauthausen, fidèle à la neutralité belge jusqu’à son dernier souffle, en dépit de tous les rapports de force! Un idéalisme d’une pureté inouïe qui s’est fracassé contre le “granit du pragmatisme”, comme aurait dit le regretté Dominique Venner!

 

Mais l’option catholique intransigeante, qui n’avait plus aucune représentation politique en Belgique dans les années 50, 60 et 70, était totalement refoulée, à l’époque bénie de mon enfance, sous l’impact du consumérisme, de la modernité, des modes un peu canailles (existentialisme sartrien, hédonisme à la Françoise Sagan, Beatles anglais, hippies, etc.). On ne parlait plus de politique. On cherchait d’autres choses, sans les trouver vraiment ou alors très furtivement, car ces “choses” étaient démodées déjà avant qu’on ne les ait comprises, tant dans leur aspect subversif que dans leur aspect superficiel de pure fabrication médiatique. Bref les adages que répétaient mes parents, à satiété, semblaient parfaitement de mise: mieux vaut ne pas s’occuper des folies modernes, mieux vaut s’occuper de ses propres affaires, gérer sa vie selon les principes immémoriaux (ma mère: “Ne t’occupe pas du chapeau de la gamine, pousse ta voiture!”), bref selon une forme modeste de “mos majorum”. Je ne me suis pas révolté contre cette limitation volontaire: je l’ai acceptée. Je n’avais pas le loisir de me payer le luxe d’une révolte fracassante comme les gamins des bourgeois nantis. Les modes et les chansonnettes m’horripilaient et j’aime toujours à regarder cette planche désopilante de Franquin, le créateur de “Gaston Lagaffe”, où le chef de bureau Prunelle, excédé par la niaiserie des paroles chantées, canarde à la carabine de chasse, suite à une maladresse technique de l’inénarrable gaffeur, les disques virevoltants qui reproduisaient bruyamment les chansonnettes ineptes et qui appartenaient à la vieille Tante Hortense de Lagaffe: c’est ce sentiment de Prunelle excédé que je partageais quand les filles passaient de tels disques lors de mes vacances franc-comtoises. Mais j’ai estimé, dès l’âge de quatorze ans, qu’on ne pouvait pas toujours vivre caché et qu’il y avait bien des choses passionnantes loin de mon lit...

 

En fait, vous me demandez un travail d’anamnèse un peu harassant: quels ont été chez moi les déclics qui, cumulés, ont provoqué le rejet du pandémonium dominant? D’abord, oui, cet univers cucu-la-praline des chansonettes des années 60, aussi navrantes que celles des années 30 (dont se rappelait ma mère, qui les écoutait en français à Bruxelles, sa ville natale); ensuite, le basculement du catholicisme sociologique vers des choses qui me paraissaient tout-à-fait inintéressantes; ce nouveau catholicisme abandonnait ce que la religion dominante avait auparavant d’exaltant: art, cathédrales somptueuses (qui, avec leurs rosaces, me fascinent toujours, me rappellent un culte michaélien et zoroastrien du soleil et de la lumière), esprit de croisade, etc. Nous vivions dans un porte-à-faux permanent en ce milieu belge du catholicisme sociologique dans les années 60, en pleine mutation, en plein passage d’un virilisme latin à la liquéfaction para-hippy. Certains instituteurs exaltaient le passé médiéval et bourguignon de la Belgique. D’autres n’avaient aucune vision historique. Un jour, quand une formidable bataille s’était déclenchée à la cour de récréation de mon école primaire, et que les élèves encourageaient les combattants comme autour d’un ring de boxe, le vicaire-aumônier B., pourtant haut en couleurs, est arrivé, en criant et en levant les bras au ciel: “Mais enfin, les enfants, est-il chrétien de se battre comme ça?”. J’ai répondu: “Et les croisés, monsieur l’Abbé?”. Le vicaire B. est resté sans voix et a tourné les talons. Deux ans plus tard, quand, pour rire et pour faire les malins devant les filles, nous nous bagarrions comme de vrais sauvageons dans l’autobus qui nous ramenait du prieuré où nous avions fait retraite quelques jours avant notre communion solenelle, le successeur du vicaire B., le frêle et triste abbé G., tentait de nous ramener à la raison, en posant la même question. J’ai eu exactement la même réponse. J’ai fait ma communion solenelle avec le front maquillé, enduit de fond de teint, car il était d’un bleu violacé, tout en laideur: un condisciple, Yves M., m’avait atteint le front d’un maître coup de catapulte tiré quasi à bout portant, alors que je donnais l’assaut à sa position, perché qu’il était au sommet d’une cage à poules. Ces joyeusetés étaient devenues tout-à-coup tabou. Interdites. On nous pressait de rentrer dans un moule étriqué, dans un monde aseptisé, sans joie, sans couleurs, tout de retenue, avec pour consolation, on allait le voir, des musiques et des glapissements fabriqués aux Etats-Unis et, avec mai 68, un an plus tard, une “libération sexuelle” sérialisée, sans danger ni piment dans la mesure où veillaient la pilule et la capote anglaise

 

Même glissement dans le mouvement scout. J’étais louveteau, selon les rituels de Baden-Powell, à huit ans sous l’autorité d’un Akéla extraordinaire, le fils de la famille Biswall des chocolats Côte-d’Or. On s’amusait comme des petits fous. On arpentaient les sentiers de la Forêt de Soignes. On se distribuait, dans la joie et sans rancune, moults horions et maîtres coups de bâton. Akéla-Biswall est parti à l’université, pour y étudier le droit, et a été remplacé par le fils compassé d’un gargotier du quartier, prolo mental, style démo-crétin, totalement coincé, qui a interdit tous les jeux collectifs un peu vigoureux, a supprimé les sorties dans la Forêt de Soignes. Un emmerdeur, pire, un emmerdeur compassé, car les tenants de l’idéologie dominante sont finalement tous des emmerdeurs. Il nous fallait, tout un après-midi, alors que le soleil était là, qu’une belle hêtraie verdoyante était à 300 m, mimer, à l’intérieur du local sans lumière, le vol de la petite abeille Maya. Je me suis enfui. Plus tard, grâce à une émission de la VRT ou de la RTBF, j’ai appris que l’animal qui avait voulu rendre le mouvement scout “politiquement correct” —ante litteram— n’était autre que le futur premier ministre Jean-Luc Dehaene, le patapouf qui a ruiné la Belgique, contracté des dettes pharamineuses, mis par terre la banque Dexia, endetté le pays et ses familles pour de nombreuses générations. Non seulement ces gens sont des emmerdeurs mais ils sont aussi des incapables.

 

Réflexion faite, je pense toutefois que c’est l’immersion dans l’univers héroïque du “De Viris Illustribus” simplifié que nous utilisions en deuxième année de latin en 1968-69 qui m’a conduit sur la voie d’une adhésion aux tréfonds de la culture européenne. J’ai racheté, il y a deux ou trois ans, un exemplaire quasi neuf de cette vieille méthode d’enseignement du latin, jetée bien sûr aux orties par les nouveaux pédagogues qui croient avoir trouvé la clef qui ouvrira aux élèves tous les secrets de l’univers. J’ai été stupéfait de constater combien de phrases, de règles, de schémas, d’exercices me revenaient à l’esprit en feuilletant cette méthode du Prof. Van Rijckevorsel. Il y avait là les Horaces et les Curiaces, l’enlèvement des Sabines, les oies du Capitole, Mucius Scaevola (mon préféré!) et surtout Cincinnatus, qui sauvait les “res publicae” et retournait tranquillement à sa charrue. La maturation politique, qui germait dans l’intériorité du pré-adolescent que j’étais, venait incontestablement de ces modèles: on ne pouvait être homme, “vir”, on ne pouvait faire de la politique, oeuvrer dans la Cité, que si l’on prenait ces héros de la Rome antique comme exemples! Après venaient les quelques copains —une toute petite minorité— qui, eux aussi, rejetaient et les niaiseries à la mode des années 60 —les stupides chansonnettes françaises prisées par la “Tante Hortense”— et l’esprit de la revue branchée “Salut les copains” que nous abominions au profit, bien sûr, tradition locale oblige, du journal “Tintin”, parce qu’il y avait notamment, dans ses pages, l’univers antique d’Alix, avec la Reine Adréa de Sparte et le sage commandant de sa “Garde Noire”, Astyanax... Les “modes” ne nous intéressaient pas, nous les détestions et dans le mot “mode”, il y a la racine du terme “moderne”. Est “moderne” au départ, celui qui ne prête plus attention aux fondements (politiques, religieux, philosophiques, ethnologiques, anthropologiques), ceux des “Anciens”, et s’entiche des dernières créations en vogue, toujours artificielles, toujours éphémères et vite remplacées par de nouveaux engouements: pérenniser cette succession ininterrompue d’historiettes et de radotages bricolés, dépourvus de fondements, est l’objectif de la modernité, est le noyau même de la démarche moderne qui fait de la disparition des fondements, des assises de toute civilisation, un “progrès”, accompagné du relativisme et des “petits récits” sans continuité de la postmodernité (qui n’a pas su prendre révolutionnairement le relais de la modernité libérale).

 

A notre pré-adolescence, donc, il fallait, nous semblait-il, penser en termes de fondements donc cultiver la “longue mémoire”, procéder par la méthode “généalogique” ou “archéologique”, qu’une lecture assez rapide de Nietzsche, vers quinze ans, aller conforter: certes, cette lecture peut s’avérer dangereuse et destructrice pour un jeune esprit, faire de lui un être hostile à la religion en général —à toute religion— ou un être dépourvu de tout sens moral ou éthique, s’estimant autorisé à commettre sans scrupules les actes les plus répréhensibles. On a pu relever, quelques fois, des dérapages dus à une lecture mal digérée de textes ou de citations de Nietzsche, non pas tant dans un quelconque espace politisé mais dans des bandes “à la mode” (encore!) qui se donnaient un style agressif, avec des oripeaux ou des coiffures de grande laideur, destinés à faire peur ou à se démarquer de toute bienséance, se marginalisant du même coup, rendant impossible la transposition de leurs quelques vagues idées “nietzschéennes” dans la réalité concrète des citoyens actifs de la Cité, ceux qui, avec abnégation et persévérence, affrontent en permanence les défis qui se présentent, dans toute leur concrétude. Les “sub-cultures”, qu’elles soient de gauche ou de droite, qu’elles se donnent des allures soft, comme les hippies, ou hard, comme les “blousons noirs” ou les “skinheads”, participent du système qui génère les modes parce que les modes font oublier les fondements de notre culture européenne (et japonaise au Japon, chinoise en Chine, etc.) et aussi et surtout parce qu’elles permettent, adroitement, de marginaliser les contestations puis de les récupérer ou de les diaboliser, justement parce qu’elles ont été “montées en spectacle”, visibilisées sous les feux de rampe médiatiques, par ce système aliénant moderne que Guy Debord, le situationniste, nommait la “société du spectacle”.

 

 

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Cela nous ramène à l’actualité, quand l’historienne américaine des idées Susan Jacoby publie en 2008 son ouvrage de référence indispensable à assimiler pour bien gérer le combat métapolitique de la mouvance identitaire européenne actuelle, “The Age of American Unreason – Dumbing Down and the Future of Democracy” (Old Street Publishing, London, 2ème éd.). Dans ce livre, Susan Jacoby dénonce la culture populaire actuellement dominante, issue des fabriques à ahurir basées aux Etats-Unis. C’est une culture de la déraison totale, de la non-raison, que proposent paradoxalement une société et une superpuissance qui prétendent que leurs racines résident dans les “Lumières” du 18ème siècle, dans le savoir rationnel et pragmatique que ces “Lumières” ont induit pour contrecarrer les effets permanents et anciens d’une “tradition” (tout à la fois aristotélicienne et religieuse), tradition qu’elles posaient derechef comme irrationnelle et obscurantiste. Or, en bout de course, la superpuissance-guide de l’Occident “éclairé” générait chez elle et exportait partout dans le monde un “junk thought”, une “pensée-détritus” qui ne tenait plus compte de la pondération, de la rationalité, du bon sens, pour produire, via les médias, via le fondamentalisme religieux le plus stupide et via l’enseignement américain à la dérive, via, aussi, la crédulité entretenue du grand public, une sous-culture de l’“infotainment” (des loisirs via l’information médiatisée), qui ne mobilisait plus du tout l’esprit critique, nécessaire en permanence pour ne pas s’enliser dans les répétitions, pour être apte à répondre à tous les défis qui pourraient se présenter. Ce “junk thought” a-critique n’est pas vraiment assimilable aux irrationalismes d’antan ou aux formes philosophiques d’anti-intellectualisme ou d’anti-rationalisme: la “non-raison” qu’il répand à grande échelle engendre un déclin bien perceptible, d’abord dans l’enseignement et la transmission (devenue, sous toutes ses formes, “politiquement incorrecte” et sabotée par les pédagogues officiels, fonctionnaires des ministères); ensuite, cette “non-raison” s’infiltre dans le vaste public, toujours plus ignorant des tenants et aboutissants réels du monde passé et présent, un public devenu “reality-denier”, “négateur du réel”, et répétant des banalités sans fondements dans un langage codé par les médias. Susan Jacoby constate l’impasse dans laquelle les “Lumières” se sont fourvoyées en pariant, non pas, à terme, sur le despotisme éclairé des monarques politiques, mais sur le “moderne” (donc sur les “modes” inventées puis oubliées et remplacées). Il fallait qu’au nom d’une “liberté” faussement comprise, il débouche immanquablement sur le “junk thought”.

En 1975, je découvre le livre de Pierre Chassard, “La philosophie de l’histoire  dans la philosophie de Nietzsche”, publié par le GRECE à Paris. J’ai passé l’été 1975 à lire non seulement ce livre mais à me référer à toutes les oeuvres de Nietzsche lui-même, citées dans les pages de Chassard. C’est ainsi que j’ai reçu ma formation nietzschéenne. Au même moment, Bernard Garcet, qui avait été cadre de “Jeune Europe” à l’Université de Louvain au début des années 60 avait réanimé, chez lui, une “école des cadres”, cette fois non politisée, et très “sciences po” dans ses exigences: il m’a forcé à lire Burke, Mannheim, Rougier et à structurer mes notes de lecture, à les couler dans un exposé cohérent. Etonnant personnage que ce Garcet, professeur de religion catholique, agréé par le vicariat diocésain, tout en se réclamant d’un catholicisme irlando-écossais du haut moyen âge en rupture de ban avec les dogmes habituels de l’Eglise et avec Vatican II sans adhérer au lefébvrisme, percevant le christianisme de Scot Erigène comme la continuation du druidisme païen... Un Garcet qui parlait d’Orwell dans son cours... Un Garcet qui sera aussi un redoutable professeur de “Thaï Boxing”, célèbre à Schaerbeek et environs. Un Garcet quinquagénaire qu’on avait muté dans une école de sages jeunes filles pour terminer sa carrière car il avait secoué un élève violent... le directeur avait ri sous cape...

Sur cette note un peu nostalgique, je termine tout de même ma réponse à votre question: c’est l’école primaire, puis l’école secondaire et l’université qui m’ont formé. C’est toujours dans leur cadre que j’ai appris les fondamentaux qui font aujourd’hui ma vision du monde. Si j’ai eu entre les mains le livre de Chassard et si j’ai fréquenté l’“école des cadres” de Garcet, c’est parce que des professeurs m’avaient mis sur la voie: comment ne pas évoquer avec tendresse le patriotisme bourguignon de l’instituteur M., très sévère et fils  d’un résistant royaliste ardennais, et les cours de littérature allemande d’Albert D. (dont je narrerai un jour l’époustouflante biographie... qui fera  jaser les “Vigilants”...).

 

2.

Vous défendez l’idée eurasienne. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’elle est, ce qui en tient lieu de fondement, pour vous? Quelles sont de votre point de vue les racines de l’eurasismecontemporain?

J’ai toujours souligné, surtout dans l’introduction que j’ai rédigée pour le livre du géopolitologue croate Jure Vujic, que ma perspective “eurasienne” (et donc “eurasiste”), provient d’une lecture ancienne, celles des atlas historiques du Britannique Colin McEvedy. Cet historien, géographe et cartographe avait écrit de nombreux atlas historiques pour les écoles du Royaume-Uni. Dans son introduction au premier de ces précieux volumes, McEvedy ne réduit pas l’histoire proto-historique et antique d’un point de vue exclusivement européen actuel, donc euro-centrique au mauvais sens du terme, dans la mesure où il serait limité aux seuls pays européens actuels: pour lui, l’espace de déploiement des peuples européens (indo-européens) englobe certes l’ensemble du sous-continent européen mais aussi l’espace nord-africain, parce Rome s’y est imposé suite aux guerres puniques, le Levant jusqu’à la Mésopotamie, parce que les Empereurs romains y ont mené leurs légions. McEvedy va même plus loin: l’espace des peuples européens s’étend jusqu’aux montagnes du Pamir, là où ont buté les peuples cavaliers de souche européenne au seizième siècle avant l’ère chrétienne. Il inclut également l’Ouest de l’Iran actuel, là où les cavaliers indo-européens venus soit des hauts plateaux de l’Iran soit de l’aire mésopotamienne ont rencontré les peuples élamo-dravidiens. Je rappelle notamment que Dominique Venner, dans “Histoire et tradition des Européens – 30.000 ans d’identité” estimait que l’identité de nos peuples trouve ses racines dans ce lointain passé, dans ces quelques vingt-huit millénaires de proto-histoire et de haute antiquité. McEvedy dans la première édition de son Atlas historique du monde antique posait l’hypothèse d’une origine des peuples européens dans l’espace dit de la “culture swiderienne”, une culture préhistorique, datant de 12 ou 13 millénaires avant l’ère chrétienne. Cet espace se situait en lisière de la banquise glaciaire de l’époque, sur une bande territoriale d’une profondeur maximale de 250 km, située approximativement entre le Sud de la Finlande et la Thuringe. A partir de ce territoire matriciel, les pré-Européens auraient essaimé vers l’Est et l’Ouest, de l’Irlande au Pamir et de l’Espagne à l’Indus.

 

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L’épopée des peuples cavaliers, de souche européenne, fait partie intégrante de notre héritage le plus ancien. Le chercheur ukrainien Iaroslav Lebedynsky publie la plupart de ses ouvrages en français à Paris, où il enseigne à l’“Institut national des langues et civilisations orientales”: on lui doit de remarquables monographies sur les Scythes, les Sarmates, les Saces, les Cimmériens, les Iazyges et les Roxolans, les Alains, etc. qui nous procurent un regard absolument inédit sur l’aventure extraordinaire de ces peuples de souche européenne sur un espace que l’on qualifie un peu vite d’ “asiatique” dans les atlas d’écoles primaires. Il n’y a pas de frontières naturelles entre l’Europe orientale et l’Asie sibérienne, expliquait le Général Heinrich Jordis von Lohausen dans son fameux traité de géopolitique de l’année 1979, que j’allais résumer dans le tout premier numéro des revues parues sous ma houlette. Les Monts Ourals ont une hauteur maximale de 1600 m, pas davantage que le Chasseral dans le Jura suisse. De la plaine hongroise, la Puszta, à la Mandchourie, il n’y a pas d’obstacles majeurs, si l’on évite les massifs montagneux du Pamir et de l’Altaï, du Danube pannonien au Don, de celui-ci à la Caspienne et de celle-ci à la Mer d’Aral et au Lac Balkach. C’est la future route de la soie menant d’Europe en Chine. Jusqu’à l’irruption des Huns, sur le Don face aux Goths, puis dans la plaine hongroise puis jusqu’aux Champs Catalauniques de Champagne, cet immense espace a été déterminé par des cultures de souche européenne, comme le prouvent aussi les momies du Tarim, découvertes par des archéologues il y a une trentaine d’années.

 

L’histoire européenne depuis les Champs Catalauniques est l’histoire d’un long et gigantesque combat pour reprendre l’initiative. Le Prof. Lebedynsky, suite sans doute aux ouvrages du professeur français René Gousset, le rappelle dans son dernier volume sur les peuples cavaliers de souche européenne, consacré aux Cosaques. Ce sont eux qui ont repris le contrôle de la Sibérie et empêché la réémergence de coalitions irrésistibles de cavaliers turco-mongols dans cet espace nomade. En Méditerranée, la flotte de Don Juan à Lépante en 1571, les armées de hussards ailés du Roi Jean III Sobieski en 1683 et les techniques militaires du Prince Eugène de Savoie-Carignan jusqu’en 1718 ont contenu définitivement les Ottomans, comme nous l’a très bien expliqué, dans plusieurs livres clairs, l’historien français, ancien officier de la Légion étrangère, Dominique Farale. A partir de ce moment-là seulement, quand les Ottomans étaient contenus en Méditerranée et dans les Balkans, et que les Cosaques surveillaient le territoire initial des Mongols en lisière de la Mandchourie, l’Europe a pu maîtriser le monde. La question qui se pose aujourd’hui est la suivante: vit-on à nouveau un ressac de la puissance européenne? Plusieurs historiens en vue dans le monde anglo-saxon, dont notamment John Darwin, auteur de “After Tamerlan” (2007), estiment d’ailleurs que la suprématie européenne de ces deux ou trois cents dernières années pourrait bien être une anomalie passagère de l’histoire, l’Inde et la Chine ayant constitué plus de 35% du commerce mondial dans la seconde moitié du 18ème siècle. Un autre historien britannique, Ian Morris, pense lui, au contraire, que la suprématie européenne, qui a certes connu des hauts et des bas, est un fait historique inscrit dans une assez longue durée et qu’elle explique la survie de la culture européenne, capable de réagir vite, même au bord du gouffre (cf. Ian Morris, “Why the West Rules – For Now – The Patterns of History and What They Reveal about the Future”, Profile Books, London, 2010-2011). Le débat est ouvert...

 

Dès les victoires autrichiennes du Prince Eugène et de ses successeurs contre les Ottomans dans les Balkans, l’Europe pense, avec la Russie désormais maîtresse de la Sibérie jusqu’aux côtes pacifiques, à avoir une frontière commune, favorisant les échanges directs, avec l’autre môle d’impérialité sur la masse continentale eurasienne, la Chine. Le philosophe, diplomate et mathématicien allemand Leibniz raisonnera en de tels termes et couchera sur le papier des réflexions géopolitiques qui conservent, en leur noyau, fraîcheur et actualité. Un peu plus tard, au 18ème siècle, nous avons une alliance tacite, eurasienne avant la lettre et assez conforme aux vues de Leibniz, entre la France de Louis XVI (réconcilié avec l’Autriche par son mariage avec Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine), l’Autriche de Marie-Thérèse puis de Joseph II et la Russie de Catherine II la Grande. Cette alliance tacite, étayée par les meilleurs diplomates (Vergennes par exemple), offrait un espace stratégique de la Bretagne atlantique, voire de l’Espagne des Bourbons éclairés notamment sous le règne de Carlos III, jusqu’aux confins pacifiques de la Sibérie orientale. Cette alliance eurasienne a permis, entre l’avènement de Louis XVI en 1774 et la révolution française, d’esquisser une unité géostratégique entre les trois principales puissances continentales européennes (où la France avait acquis une supériorité navale dans l’Atlantique Nord suite à la guerre d’indépendance des Etats-Unis).

 

En 1815, la Sainte-Alliance a voulu répéter cette unité, en y ajoutant l’Angleterre et la Prusse protestantes. La Prusse jouera le jeu jusqu’à l’éviction de Bismarck, qui rendra caduque l’alliance Berlin-Pétersbourg. L’Angleterre —en détachant progressivement la France de cette Sainte-Alliance, une France qui ne s’était pas vraiment guérie de son fondamentalisme jacobin et de ses folies révolutionnaires— fera émerger l’exception occidentale dès la guerre de Crimée, comme le constatera avec pertinence Dostoïevski dans son “Journal d’un écrivain”. L’espace stratégique eurasien s’étendra désormais du Rhin au Pacifique et non plus de l’Atlantique au Pacifique. L’Union des Trois Empereurs (Russie, Allemagne, Autriche) prendra le relais de la Sainte-Alliance, dont la puissance potentielle, et la présence sur le continent américain, en Alaska (jusqu’en 1867) et dans les Caraïbes (à Cuba jusqu’en 1898), avait contraint le Président américain Monroe à proclamer sa célèbre doctrine de “l’Amérique aux Américains”, visant d’abord à chasser l’Espagne du Nouveau Monde, pour être sûr que, dans son sillage, et au nom d’une unité “eurasienne”, les autres puissances européennes, unies dans leurs visées stratégiques, n’interviennent en Amérique, au départ d’une quelconque possession espagnole ou au départ de l’Alaska, russe à l’époque. Cette logique géopolitique nord-américaine a été tout de suite dénoncée par le ministre autrichien Hülsemann, qui a vu, avant tout le monde, émerger, sur l’autre rive de l’Atlantique, une puissance négatrice de l’excellence européenne, une “puissance-antipode”. D’autres verront également clair: le diplomate allemand Constantin Frantz constate, après la guerre de Crimée, que la Sainte-Alliance a péri et que l’Occident anglo-français est tout prêt à importer en Europe des querelles nées bien loin en dehors du sous-continent, matrice géographique des peuples européens. Ces querelles risquent de susciter des guerres en Europe pour des raisons étrangères à l’indispensable équilibre de l’Europe. Sans cet équilibre, l’Europe risque l’implosion. Et, privée de cet équilibre, elle a effectivement implosé dès 1914.

 

La Doctrine de Monroe, par la pression constante qu’elle a exercée, a conduit à l’effondrement définitif de l’Espagne impériale en 1898 et à la crise morale qui s’en est suivie. L’Espagne est, en ce sens, la première victime européenne de la Doctrine de Monroe. Tarabustée par une “légende noire” fort tenace, inventée par les fondamentalistes protestants hollandais et par l’Angleterre élizabéthaine, puis reprise par les Français de Richelieu, l’Espagne a été paralysée, depuis la fin du 16ème jusqu’à nos jours, par une légende négative, colportée ad infinitum: c’est là une technique de déstabilisation de l’adversaire, qu’ont utilisé les propagandistes protestants hier, les tenants de la “correction politique” et des vérités médiatiques aujourd’hui; cette technique propagandiste sera reprise et affinée pour éliminer et affaiblir en permanence l’Allemagne, suite aux deux guerres mondiales du 20ème siècle, tant et si bien que l’hebdomadaire britannique “The Economist” pouvait sortir un dossier récent (début juin 2013), consacré à l’Allemagne d’Angela Merkel; ce dossier, assez copieux, campait la superpuissance économique germanique en plein milieu de notre Europe comme un nain politique, à cause de son incapacité à surmonter sa propre “leyenda negra”. La Russie, à son tour, même après le communisme, est victime d’une autre “légende noire”, colportée et amplifiée depuis les diatribes du Marquis de Custines et la propagande anglaise lors de la Guerre de Crimée. Il conviendrait donc de réfléchir à annuler les effets de toutes les “leyendas negras”, par des efforts coordonnées, à l’échelle globale, dans tous les Etats européens, en Iran, au sein de toutes les puissances du BRICS.

 

L’eurasisme, à mon sens, doit être la reprise actualisée de l’alliance austro-franco-russe du 18ème, de la Sainte-Alliance (surtout telle qu’elle fut envisagée par Hülsemann) et de l’Union des Trois Empereurs, voire une résurrection des projets d’alliance franco-germano-austro-russe de Gabriel Hanotaux (1853-1944), avant 1914. On ne parle pas assez de ce Gabriel Hanotaux, qui deviendra ministre des affaires étrangères en France en 1894. Nationaliste de coeur, il a soutenu le programme de colonisation française en Afrique, en Algérie et à Madagascar, tout en s’opposant à la pénétration britannique au Soudan, où il a été un partisan de la fermeté au moment de la fameuse affaire de Fachoda en 1898, quand des forces françaises et britanniques s’étaient affrontées pour le contrôle du Nil soudanais. Selon certaines sources, qu’aimait citer l’eurasiste européiste Jean Parvulesco, malheureusement décédé en 2010, Hanotaux ne souhaitait pas l’alliance britannique, préférait à coup sûr l’alliance russe et aurait envisagé une réconciliation franco-allemande.

 

3.

Nous aimerions que vous nous révéliez vos idées sur l’éventuelle résolution des facteurs raciaux au sein de l’Eurasie, car celles-ci contient effectivement des peuples ethniquement et racialement très différents...

 

Mon concept d’Eurasie est synonyme d’une confédération solidaire de peuples de souche européenne qui devront, éventuellement, occuper des territoires où vivent d’autres peuples, pour des raisons essentiellement stratégiques. J’ai oublié de dire, en répondant à votre deuxième question, que l’idée eurasienne provient également du géopolitologue allemand Karl Haushofer, pour qui les puissances d’Europe et le Japon devaient unir leurs forces pour organiser en parallèle, selon des “corridors Nord-Sud” —des corridors eurafricain, russo-irano-indien, nippo-micronésien, sino-indochinois, tous bien délimités— la masse continentale entre Atlantique et Pacifique: il appelait cela la troïka germano-russo-japonaise, puis, après la consolidation en 1938 de l’Axe Rome-Berlin, le quadrige germano-italo-russo-japonais. Mis à part le Japon —qui devait se développer de préférence en direction du Sud et dans l’espace pacifique (après avoir hérité à Versailles de la Micronésie jadis espagnole puis devenue allemande), sans meurtrir la Chine— les autres puissances de la troïka ou du quadrige étaient européennes dans leur esprit, dérivé de Rome ou de la Troisième Rome byzantine (que représente la Russie). La vision ethno-différentialiste postule que les peuples non européens ne soient pas obligés de singer les Européens, de modifier leurs substrats naturels, que ce soit par fusion, par mixage ou par aliénation culturelle. Il me semble que l’URSS de Brejnev, dans sa constitution modifiée de 1977, ait quelque peu répondu à votre question, sans que nous ne soyons obligés, à l’heure actuelle, de reprendre en compte les archaïsmes et les schématismes communistes que cette constitution soviétique véhiculait.

 

La pensée des “autres Lumières” (celles que ne sont plus jugées “politiquement correctes” par la pensée dominante actuelle), notamment les “Lumières” qui ont promu la vision ethno-différentialiste de Herder, a donné le mouvement slavophile des “narodniki” en Russie, que le communiste n’a jamais pu éradiquer, tant et si bien, que, dès les années soixante, la culture soviétique, contrairement à l’Occident, retourne timidement, et parfois plus audacieusement, vers le passé slavophile. On a pu parler, fin des années 70, avec le dissident occidentaliste Yanov, réfugié en Californie, d’une “nouvelle droite” soviétique, bien ancrée dans les cercles académiques de l’URSS, déjà en phase d’implosion. Cet esprit herdérien a permis, même sous Staline (mutatis mutandis) de créer des républiques ethniques, parfois, hélas, avec des tracés aberrants. Généralement, les républiques ethniques finno-ougriennes et indo-européennes (comme les Ossètes), sont restées fidèles à l’URSS, puis à la Fédération de Russie. Certaines républiques turcophones ou tatars (ouralo-altaïques) aussi. On sait que la Doctrine Brzezinski visait à soulever tout le ventre mou de l’URSS, dès 1978, quand l’Afghanistan officiel avait opté pour une alliance afghano-soviétique. Pour soulever ce “ventre mou”, il fallait utiliser un levier: le seul levier possible était l’islam fondamentaliste, lequel pouvait évidemment bénéficier de la manne financière saoudienne.

 

Brzezinski-strategic-vision1.jpgToutefois, cette stratégie a échoué, comme l’avoue Brzezinski lui-même dans son dernier ouvrage de mars 2012, intitulé “Strategic Vision”. Pour le théoricien de la conquête de la “Route de la Soie” (“Silk Road”) et de l’inclusion de l’Ukraine dans l’OTAN, pour l’homme qui a suggéré l’armement des talibans contre les Soviétiques en Afghanistan, toutes ces strtatégies, qu’il a préconisées, ont échoué. Selon le regard nouveau qu’il propose de jeter sur l’échiquier international, il ne faut donc plus fragmenter la Russie à l’infini mais s’allier à elle, dans une sorte de grande alliance de l’hémisphère Nord, avec l’Amérique du Nord, l’Europe (Turquie comprise) et la Russie! Au soir de sa vie, à 84 ans, cet homme avoue sans état d’âme, sans s’effondrer mentalement, que ses projets n’ont pas abouti! Et propose exactement ce que propose un théoricien néo-droitiste français, tout à fait inclassable, comme Guillaume Faye! Ou que proposent aussi beaucoup de théoriciens nationalistes américains, partisans d’une “unité du monde blanc”! Brzezinski est devenu “Amereurasiste”! Apparemment, il n’est guère écouté Outre-Atantique, où l’“Administration Obama” poursuit les guerres de Bush et le contrôle des esprits dissidents ou contestataires aux Etats-Unis mêmes, avec une acribie encore plus frénétique.

 

Personnellement, pour moi, il faudrait que l’Amérique du Nord revienne à une pensée aristotélicienne, renaissanciste (au sens où l’ntendait Julien Freund), débarrassée de tous les résidus de ce puritanisme échevelé, de cette pseudo-théologie fanatique où aucun esprit d’équilibre, de pondération et d’harmonie ne souffle, pour envisager une alliance avec les puissances du Vieux Monde. Le biblisme nord-américain s’exporte en Amérique ibérique, disloquant souvent les sociétés ibéro-améridiennes de ce continent. Cette propension à s’exporter vient de la nature messianique de cette pseudo-théologie, parfois laïcisée et transformée en une vulgate médiatique particulièrement nocive. Le Vieux Monde comprend trois ou quatre pôles civilisationnels: l’Europe (Russie comprise), car je ne retiens pas, pour l’Europe, le clivage entre, d’une part, un Occident catholico-protestant (où règnerait d’office la “bonne gouvernance”) et, d’autre part, une zone russo-byzantino-orthodoxe (où se maintiendraient des résidus d’autoritarisme) comme le faisait Samuel Huntington dans son “Choc des civilisations”; l’Inde et la Chine (ou le complexe sino-nippon bouddhisto-confucéano-taoisto-shintoïste). Ian Morris en voit deux, nés dès la fameuse période axiale de l’histoire, selon Karl Jaspers et Karen Armstrong: l’espace européen, ultérieurement marqué par Rome qui l’a unifié “impérialement”, et la Chine, unifiée et transformée en empire dès les Qing. Pour moi, aujourd’hui, il y en a quatre voire cinq: l’Europe, héritière de Rome et de la germanisation, par Prétoriens et Foederati interposés, dès le Bas Empire et pendant le haut moyen-âge (en Espagne, on peut parler de la “wisigothisation”); l’Iran post-avestique, pré-islamique, zoroastrien et islamisé selon un mode très différent de l’espace arabophone ou turcophone, avec une composante mystique et nationale; l’Inde, qui a retrouvé son identité grâce au mouvement métapolitique du RSS, né sous le “Raj” britannique en tant que mouvement contestataire de la colonisation et de l’exploitation sauvage du sous-continent indien; la Chine, monde en soi, rejetant tout messianisme, tout esprit de conversion et toute forme d’immixtion dans les affaires intérieures d’entités politiques tierces; le Japon, cinquième pôle, animé par la spiritualité shintoïste, également non messianique car intransmissible aux non Japonais. Ces entités ne constituent pas une menace pour l’Europe car elles ne sont pas animées par le messianisme américano-bibliste ou par l’effervescence wahhabite-salafiste, qu’elles considèrent comme de dangereuses aberrations, bouleversant équilibres et harmonies.

 

Il y a d’ailleurs alliance implicite du messianisme nord-américain bibliste et du messianisme saoudien, wahhabitico-salafiste. Ces anomalies dangereuses doivent être contrées par l’idée équilibrante et harmonieuse de l’auto-centrage des aires civilisationnelles.

 

4.

Ne serait-il pas plus correct de procéder à une extension du fait politique européen sur l’échiquier eurasiatique, en englobant la “Russie blanche” dans un ensemble européen homogène, plutôt que de parler d’Eurasie?

 

De toutes les façons, dans un cas comme dans l’autre, la Russie actuelle, la Fédération de Russie, présidée par Poutine ou Medvedev, est pour l’essentiel, de souche européenne: les autres ethnies, minoritaires, sont neutralisées par l’idéologie herdérienne, post-narodnikiste. Y compris les Tatars du Tatarstan et les Bachkirs du Bachkirtostan, dont les imams se sont farouchement opposés aux menées wahhabites, virulentes du temps où Brzezinski espérait encore disloquer la Russie en utilisant le levier wahhabite et saoudien. La seule exception semble être le Nord-Caucase tchétchène et daghestanais, travaillé par la propagande wahhabite. Nous avons là le seul front “chaud”, résidu de l’ancienne stratégie Brzezinski. Par ailleurs, le Président kazak Nazarbaïev n’a pas succombé aux tentations, auxquelles les Américains auraient bien voulu qu’il succombe: ni au fondamentalisme wahhabite ni aux sirènes du panturquisme/pantouranisme du temps du premier ministre turc Türgüt Özal. La géopolitique kazak actuelle est la négation même du “brzezinskisme”, la preuve vivante de sa faillite, la preuve que le tronçon central de la “Route de la Soie” n’est pas assimilable à la géostratégie offensive et disloquante de Washington sur l’échiquier eurasiatique. Et la preuve aussi qu’une géopolitique, portée par un peuple turcophone, asiatique et non européen, peut s’harmoniser parfaitement avec l’idée d’une troïka ou d’un quadrige haushoférien —et, partant, européen et euro-nippon— réactualisé.

 

5.

Quel est votre opinion sur l’Europe des ethnies?

 

Il y a deux visions de l’Europe des ethnies: celle qui veut la fragmentation du continent ad infinitum, de manière à le rendre aussi “invertébré” que l’Espagne après 1898, phénomène de dissolution dénoncé par Ortega y Gasset dans son fameux ouvrage “España invertebrada”, livre de chevet de Jean Thiriart, en même temps que “La révolte des masses”. Cette vision “invertébrée” ne retient pas l’idée impériale, pourtant respectueuse des diversités qui composent les grands ensembles transnationaux ou transethniques. La Suisse et l’Allemagne fédérale, tout comme l’Autriche, sont des entités fédérales, respectueuses des diversités régionales, sans que personne, au sein de ces Etats fédéraux, ne songe à ruiner l’unité. A côté des “ethnistes fragmenteurs”, il y a ce que je nommerais les “ethnistes impériaux”, qui couplent l’idée impériale-européenne au souci herdérien de l’enracinement des peuples dans leur propre culture. Quand on prend en compte les oeuvres politiques des mouvements ethnistes, on doit pouvoir distinguer entre, d’une part, les “fragmenteurs”, qui commettent un “politicide” dans la mesure où ils participent à la balkanisation de notre sous-continent au bénéfice des superpuissances hégémoniques et où ils prennent le relais des “petits-nationalismes” étriqués qui ont précipité l’Europe dans les guerres fratricides qui l’ont ruinée; et, d’autre part, les “impériaux” qui cherchent à unir les hommes réels, de chair et de sang, dans un vaste projet commun, où les réalités charnelles ne seront ni gommées ni oblitérées.

 

Certains mouvements ethnistes peuvent contribuer à ruiner des polities ou des républiques qui ont tendance, systématiquement, à se replier sur elles-mêmes et à se placer en position antagoniste, contre le reste du continent, contre leur propre aire civilisationnelle, au nom d’un égoïsme à courte vue ou d’un messianisme laïque complètement ridicule. C’est, au fond, l’opposition du 16ème siècle entre Charles-Quint, Impérial et soucieux du destin de l’Europe face au danger ottoman, et François I, qui s’allie à ces derniers pour satisfaire des appétits égoïstes, hostiles à l’harmonie de notre aire civilisationnelle. Dans cette même optique, toute velléité ethniste, dans un pays européen quelconque, qui vise à se détacher d’une forme ou l’autre d’Etat, dont l’existence est en contradiction avec le “testament de Charles-Quint” et qui aurait annexé des territoires ayant un jour fait partie, ou ayant un jour voulu faire partie, de la “Grande Alianza” (Bourgogne + Habsbourg + Castille-Aragon), est bien évidemment légitime: un peuple, ou un fragment de peuple, qui souhaite revenir dans le giron de la “Grande Alianza”, après en avoir été détaché par la force ou la contrainte, pose là une démarche “impériale” et non une démarche “fragmenteuse”. Je rappelle ici que Sud-Néerlandais, Autrichiens, Hongrois, Croates, Allemands, Espagnols, Italiens du Nord ne sont “vertébrés” politiquement, au sens où l’entendait José Ortega y Gasset, que s’ils gardent en tête le “testament de Charles-Quint”, base inamovible de toute véritable démarche européenne. S’ils n’ont pas ce “Testament” en tête, ils sont vecteurs de folie, de dissensus, de conflits civils, ils participent à la ruine de notre civilisation.

 

6.

Dans un entretien que vous avez naguère accordé aux animateurs du “Mouvement International Eurasiste” (“International Eurasian Movement”), vous évoquez la vision d’un monde multipolaire. Y a-t-il une possibilité réelle de faire émerger un tel monde, alors que la globalisation a déjà tout envahi? Cette multipolarité ne serait alors que le cache-sexe d’une globalisation parachevée, où le monde entier serait soumis aux intérêts de la haute finance...

 

Après l’effondrement de l’Union Soviétique suite à la perestroïka de Gorbatchev, que le dissident et philosophe Alexandre Zinoviev nommait la “catastroïka”, le monde semblait basculer vers l’unipolarité, centrée sur la seule “américanosphère”. Le penseur nippo-américain Francis Fukuyama annonçait la fin de l’histoire et l’entrée du monde dans l’ère de la parousie néo-libérale. Pour lui, avec l’avènement d’Eltsine suite à un putsch paléo-communiste avorté qui entendait chasser Gorbatchev du pouvoir, l’ex-URSS allait se fondre à son tour dans la “Globalia” néo-libérale. Eltsine plonge alors la Russie dans le marasme, Poutine l’en sortira. Moralité: les prévisions de Fukuyama se sont avérées fausses. L’histoire est revenue, d’abord avec les néo-conservateurs américains, trotskistes recyclés qui ont remplacé la “révolution permanente” théorisée par leur maître initial par la “guerre permanente” que doivent mener les Etats-Unis, instance étatique élue par Dieu (?) pour faire triompher le Bien sur la Terre, contre le reste du monde, y compris contre leurs propres alliés qu’ils espionnent avec ECHELON et, très récemment, avec le système d’écoute “Prism” de la NSA ou “Tempora” de leurs homologues britanniques. Les théoriciens néo-conservateurs comme Robert Kagan ont annoncé “le retour de l’histoire” et non pas son terminus, et, surtout, “la fin des rêves” (cf. R. Kagan, “The Return of History and the End of Dreams”, 2008). Evidemment, pour Kagan, seuls les Etats-Unis sont autorisés à retourner au chantier de l’histoire, à quitter le monde onirique des idéologies iréniques. Ils doivent combattre les môles de puissance irréductibles que sont la Russie, la Chine et l’Iran, tout en se méfiant de l’Inde. Ils considèrent l’Europe comme un espace neutralisé, gouverné par des pitres sans envergure (seul Poutine est considéré comme un “chien dangereux” selon les documents révélés par Assange lors de l’affaire “Wikileaks”), un espace émasculé que l’on peut piller à qui mieux-mieux via les systèmes d’espionnage satellitaires. Dans un ouvrage plus récent, un autre néo-conservateur américain, Robert D. Kaplan, rappelle qu’un empire —en l’occurrence, pour lui, l’empire américain— doit en permanence se souvenir des impératifs de la géographie (cf. R. D. Kaplan, “The Revenge of Geography – What the Map Tells Us about Coming Conflicts and the Battle Against Fate”, Random House, New York, 2012) quand il façonne ses stratégies. Dans cet ouvrage qui réhabilite complètement les démarches géopolitiques et passe en revue les fondements géographiques de chaque puissance eurasienne, avouant implicitement qu’il y a, de facto, une multipolarité, mais une multipolarité que les Américains, selon Kagan ou Kaplan, doivent affronter, dont ils doivent réduire les môles de puissance, contenir leurs éventuelles expansions.

 

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Kaplan est également l’auteur d’un ouvrage de géopolitique capital pour comprendre le monde d’aujourd’hui et les intentions de l’hyperpuissance américaine: ce livre est consacré à l’Océan du Milieu, en d’autres termes, l’Océan Indien. Il s’intitule “”Monsoon – The Indian Ocean and the Future of American Power” (Random House, 2010, 2nd ed., 2011). Kaplan rejette la projection géographique usuelle aux Etats-Unis, où l’hémisphère occidental, c’est-à-dire les deux Amériques, est placé au centre des cartes, escamotant du même coup l’Océan Indien, alors que cet espace océanique est véritablement central, qu’il offre à qui le contrôle la domination sur le “rimland” asiatique des moussons. Cette “Asie des moussons” a donné aux Britanniques la puissance la plus déterminante sur l’échiquier européen et mondial, dès la seconde moitié du 18ème siècle. Au 21ème siècle, il en sera de même, il faudra, pour détenir l’hyperpuissance sur la planète, contrôler l’espace de l’Océan des Moussons: les Etats-Unis, pour Kaplan, ont intérêt à contrôler ou à contenir rapidement les puissances, petites ou moyennes, de l’arc de l’Asie des moussons, soit l’Inde, le Pakistan, la Chine, l’Indonésie, la Birmanie/Myanmar, Oman, le Sri Lanka, le Bengla Desh et la Tanzanie. Car c’est là, précise Kaplan, dans cet espace fragmenté, bigarré, sans homogénéité raciale ou culturelle, vaguement rassemblé dans une “Association des pays riverains de l’Océan Indien pour une coopération régionale” (IOR-ARC), que la lutte planétaire pour la “démocratie” (évidemment!), pour l’indépendance énergétique (américaine) et pour la “liberté religieuse” (?) sera gagné ou perdu. La diplomatie américaine doit concentrer tous ses efforts sur cette partie du monde si Washington veut continuer à garder un certain hégémonisme sur la Terre. Les pères fondateurs de la géopolitique, Mackinder et Haushofer ne disaient rien d’autre... L’Océan Indien baigne un espace à pôles multiples: il est l’espace même d’une multipolarité divergente.

 

La mondialisation/globalisation procède certes par le truchement d’un mode de société toujours plus consumériste. Les Chinois commencent à consommer avec la même frénésie que les Américains et les Européens. La délocalisation de bon nombre d’industries manufacturières, qui ont quitté l’Amérique du Nord et l’Europe pour l’Asie et surtout pour la Chine, provoquant un chômage endémique dans nos pays, sanctionne finalement une “division du travail”, générant plus de problèmes qu’elle n’en résout. Il n’empêche que cette fusion apparente dans le creuset d’une globalisation économique laisse intacte les desseins géopolitiques et géostratégiques des “pôles” de la multipolarité.

 

Les sphères émergentes contestent l’hégémonisme américain, contestent aussi l’idéologie que cet hégémonisme véhicule. Le point commun de tous les pôles, sauf l’Europe, totalement neutralisée, est de refuser l’immixtion permanente des Etats-Unis, notamment par le biais de l’idéologie dite des “droits-de-l’homme”, inventée, ou plutôt ré-inventée, à l’époque de la Présidence de Jimmy Carter, pour subvertir l’Iran du Shah et l’URSS de Brejnev (à l’époque, la Chine maoïste était exemptée de tout immixtionnisme américain puisqu’elle venait de sceller une alliance anti-soviétique avec Washington). Les cibles demeurent les mêmes: l’Iran, la Russie, la Chine qui retrouve le rôle négatif qu’on lui avait attribué dans les années 50 et 60. L’Inde —qui, explique Kaplan dans “Monsoon” (op. cit.), cherche à s’étendre “horizontalement” (vers l’Est et vers l’Ouest) et non pas “verticalement” (du Nord vers le Sud) comme le fait au contraire la Chine qui, en outre, cherche à devenir une puissance bi-océanique, d’où la condamnation de ses stratégies par Washington aujourd’hui— est tantôt ménagée, parce qu’elle doit participer à l’endiguement (“containment”) de la Chine, tantôt fustigée, quand elle affirme son caractère hindou (avec le BJP) ou qu’elle conserve ses liens étroits avec la Russie. L’Inde se définit comme “un pont entre différents mondes”, sans se reconnaître dans aucun groupe d’Etats (sous-entendu, elle garde ses distances avec le fameux “Groupe de Shanghai”). Malgré le poids de leur hyperpuissance militaire, les Etats-Unis seront toujours incapables d’absorber et de neutraliser les pôles asiatiques ou eurasiatiques comme ils ont brisé l’Europe, en détruisant l’Allemagne d’abord, en contrôlant totalement l’UE ensuite, par l’importation d’un néo-libéralisme qui a empêché l’Europe de consolider ses velléités d’autarcie, d’ordo-libéralisme (de capitalisme patrimonial rhénan ou, au Japon, “samourai”) ou de socialisme bien conçu, disons de facture bismarcko-keynesienne, comme le voulaient ses pères fondateurs ou encore un Jacques Delors. L’Europe, que nous espérions voir devenir un pôle à part entière dans un monde recomposé et enfin sorti du bipolarisme figé du temps de la Guerre Froide, enfin émancipé complètement de la tutelle américaine, est, aujourd’hui plus que jamais, un espace neutralisé, au tissu industriel mité, aux sociétés disloquées par toutes sortes de facteurs au départ exogènes, un espace d’amnésie historique, un espace totalement “invertébré”, un espace qui vénère benoîtement la “norme” sans oser se doter de force (Zaki Laïdi); ces dernières semaines de juin 2013 nous apportent une preuve éloquente de cette déliquescence de tout un continent potentiellement puissant mais paralysé, quand la Commissaire à la justice Viviane Reding, qui avait capitulé sans condition devant les Américains et les Britanniques qui espionnent, avec les systèmes d’écoute “Prism” et “Tempora”, les autres Européens, au mépris des règles diplomatiques et internationales les mieux établies, tout en promettant, la pauvre bougresse, de prendre des “mesures”, qui ne viendront évidemment jamais ou resteront au stade de voeu pieux...

 

L’Europe-croupion, que nous avons devant les yeux, est une victime consentante de la globalisation voulue par l’hegemon américain. Les autres pôles ne le sont pas. Ils ont encore tous une pensée “vertébrée”, des traditions orthodoxes, hindouistes ou confucéennes intactes. En ce sens, l’Europe actuelle, sans “épine dorsale”, est effectivement soumise aux diktats de la haute finance internationale. Comme l’avait réclamé dans son recueil “Von rechts gesehen” (“Vu de droite”), Armin Mohler, théoricien de la “révolution conservatrice” allemande et ancien secrétaire de l’écrivain Ernst Jünger, écrivait que, pour se dégager des tutelles exogènes, l’Allemagne devait opter pour une alliance avec la France gaullienne —à l’époque une réalité, aujourd’hui disparue sous l’effet délétère des politiques aberrantes de Sarközy et de Hollande— et ne jamais hésiter à entretenir des relations avec les Etats que la propagande américaine nommait déjà les “Rogue States”. Armin Mohler et Jean Thiriart étaient au fond sur la même longueur d’onde. L’actualisation de leurs injonctions politiques postule évidemment, pour nous, de privilégier les rapports euro-BRICS ou euro-Shanghaï, de façon à nous dégager des étaux de la propagande médiatique américaine et du banksterisme de Wall Street, dans lesquels nous étouffons. La multipolarité pourrait nous donner l’occasion de rejouer une carte contestatrice à la Mohler et à la Thiriart en matières de politique extérieure.

 

7.

Aujourd’hui, 10% de la population vivant en Europe est musulmane et à ces 10% il faut ajouter l’installation en Europe de toute une série d’autres populations non indigènes; sans entrer dans les détails, je ne citerai qu’un exemple: la population européenne (de souche, toutes nationalités confondues) ne totalise qu’un tiers de la population de Londres aujourd’hui, elle est donc en état d’infériorité numérique par rapport aux autres “races” qui, de plus, ont un taux de natalité bien supérieur, le triple de la moyenne européenne. A quel phénomène faisons-nous face? Et comment le résoudre?

 

Vous savez bien qu’il est interdit de parler sereinement de ces phénomènes, surtout en France ou en Belgique où la liberté d’expression n’existe plus en ce domaine bien particulier. Vous pouvez blasphémer à qui mieux-mieux contre les religions autochtones, surtout le catholicisme lorsque des “femens” déchaînées et camées s’attaquent à Bruxelles à un archevêque qui, très timidement, veut ramener un tout petit peu de bon sens dans une église à la dérive depuis un demi siècle, vous pouvez vous moquer avec la plus extrême des méchancetés de toutes les traditions européennes, religieuses ou culinaires, historiques ou littéraires, artistiques ou philosophiques, vous pouvez fabriquer la pornographie la plus outrancière et la plus perverse, mais vous ne pouvez souffler mot sur le phénomène que certains polémistes français comme Renaud Camus appellent le “grand remplacement”. Depuis les émeutes de Paris et des grandes villes françaises en novembre 2005, depuis les émeutes de grande ampleur à Londres en août 2011, depuis les récentes émeutes de Suède en mai 2013, on sait que la situation va devenir très difficilement gérable dans la décennie à venir, surtout sur fond de crise économique et financière car la gestion de ces populations, précarisées du fait de leur non intégration, va coûter de plus en plus cher et l’argent n’est plus là, tout simplement. Ces installations irréfléchies de populations hétéroclites dans les grands centres urbains de l’Europe va, à terme, provoquer l’effondrement du système de sécurité sociale, laborieusement mis en place pendant les “Trente Glorieuses” et maintenu vaille que vaille durant les “Trente Piteuses”, effondrement dont pâtiront et les autochtones les plus précarisés et les migrants intégrés ou non, sans distinction.

 

Ce n’est évidemment pas ce seul phénomène “migratoire” qui va faire s’effondrer le système, bon dans ses principes organisationnels et dans ses intentions premières, mais malheureusement bâti sur du sable et non sur le réalisme politique et économique de la tradition aristotélicienne, bâti, hélas, sur le sable mouvant des “nuisances idéologiques” (Raymond Ruyer), qui sont nuisances justement parce qu’elles ignorent tout principe d’harmonie et d’équilibre, toute limite et toute pondération; parmi elles, il y a surtout l’emballement que provoque la forme dominante du néo-libéralisme, imposé depuis l’ère Thatcher & Reagan, depuis les années 1979 à 1982. Le néo-libéralisme en place est principalement une forme de capitalisme financier, et non industriel et patrimonial, qui a misé sur le court terme, la spéculation, la titrisation, la dollarisation, plutôt que sur les investissements, la recherche et le développement, le long terme, la consolidation lente et précise des acquis, etc. La crise de l’automne 2008 et la période de ressac que nous connaissons tous depuis lors, surtout dans les pays méditerranéens, en Grèce et en Espagne, sont l’aboutissement d’une idéologie fumeuse, inapplicable car irréelle, que mes amis et moi-même dénonçons depuis le moment même de son avènement: nous avons été des “voces clamantes in deserto”.

 

Cette crise va fragiliser les phénomènes connexes à cette globalisation néo-libérale, dont l’immigration-peuplement, surtout qu’il y a eu, en plus, “délocalisation” du tissu industriel donc perte massive d’emplois pour travailleurs peu qualifiés. Bon nombre d’auteurs, même en dehors du microcosme dit “identitaire”, ont pourtant tiré la sonnette d’alarme.

 

Je pense notamment au Français Jean-Paul Gourévitch qui, en 2007, énumérait quatre défis majeurs auxquels les pays accueillant de fortes minorités immigrées allaient être confrontés:

1)     le vieillissement de la population européenne, observable déjà depuis les années 60, notamment par un historien comme Pierre Chaunu (père de l’“histoire sérielle”), est un phénomène très préoccupant d’implosion et de ressac qui n’a jamais été contré par une politique nataliste et volontariste, semblable à celle que Poutine tente de mettre en place en Russie; le recul des naissances, dans la logique d’une société de consommation, où le quantitatif prime le qualitatif, oblige à faire appel à des migrations comme palliatifs, des migrations d’abord bien encadrées, quand la bonne conjoncture des “Trente Glorieuses” le permettait encore, puis déversées dans nos villes de manière anarchique et incontrôlée;

2)     la lutte difficile contre les inévitables discriminations, lutte amorcée en vue de faciliter l’intégration; ces difficultés sont dues, notamment, entre beaucoup d’autres pierres d’achoppement, à l’impossibilité d’étendre à l’infini le marché public du logement social, lequel se compose, notamment en France, d’appartements de quatre pièces, insuffisants pour abriter des familles extrêmement nombreuses, parfois polygames; le parc immobilier, mis à la disposition des plus démunis, exige des frais d’entretien énormes que les municipalités ne peuvent plus financer; les volontés de “mixité” sociale, exprimées par les pouvoirs publics, se heurtent tout à la fois à l’hostilité des autochtones, qui quittent les villes pour les périphéries, et des immigrés qui veulent rester entre eux, sans immixtion constante de fonctionnaires municipaux, dénués de raison vitale et adeptes de toutes les niaiseries idéologiques; les discriminations à l’emploi continuent à frapper les immigrés, en dépit de plus de deux décennies de propagande massive en faveur de l’intégration; on doit donc en conclure que les politiques d’intégration ont partout fait faillitte car elles ne sont acceptées ni des autochtones, qui restent silencieux et fuient les villes pour constituer une nouvelle catégorie démographique, celle des “néo-ruraux”, ni des immigrés, qui manifestent parfois bruyamment leur mécontentement, quand les subsides qui leur sont pourtant généreusement alloués leur semblent trop chiches (voir les récents événements de Suède).

3)     Les Etats hôtes d’Europe occidentale n’ont pas pu maîtriser l’immigration clandestine qui, par le flux ininterrompu qu’elle représente, précarise, bien au-delà du simple regroupement familial préconisé depuis la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, les strates immigrées déjà présentes ou anciennes; elles rendent encore plus hétéroclites les masses non intégrées, créant de la sorte, en ce début de 21ème siècle, la situation aberrante que narre le mythe biblique de la “Tour de Babel”, où tous finissent pas fuir parce que s’instaure la confusion générale. Les flux hétérogènes, différents des premières vagues migratoires légales vers l’Europe, génèrent, de par leur illégalité, une exploitation cruelle, assimilable à une forme d’esclavage, n’épargnant pas les mineurs d’âge (50% des nouveaux esclaves!) et basculant largement dans une prostitution incontrôlable. A laquelle s’ajoutent aussi les trafics d’organes. Cette “économie” parallèle contribue à corrompre les services de police et de justice. Autre horreur: la réapparition de “murs” (après la disparition de celui de Berlin) le long de la frontière américano-mexicaine, en lisière des villes espagnoles de Ceuta et Melilla, et de murs “virtuels” sous forme de radars et de détecteurs en Mer du Nord et en Méditerranée, dispositifs chimiques pour détecter l’émission des gaz carboniques émis par les corps humains dissimulés, etc. Toutes ces infrastructures de dissuasion coûtent fort cher et mobilisent des budgets qui rognent sur ceux, utiles, de la sécurité sociale, de la recherche et du développement, du réarmement de l’Europe, de l’enseignement, etc. Ils contribuent ainsi à l’affaiblissement généralisé de l’Europe, citadelle aujourd’hui assiégée de toutes parts. Tous ces problèmes horribles, inouïs, et le sort cruel des exploités, des enfants réduits à une prostitution incontrôlée, les pauvres hères à qui on achète les organes, les travailleurs sans protection qu’on oblige à prester des travaux dangereux ne font pas sourciller les faux humanistes, qui se donnent bonne conscience en défendant les “sans papiers” mais qui sont, par là même, les complices évidents des mafieux —également “sans papiers” pour échapper à toute poursuite et à toute localisation. Ceux-ci peuvent ainsi tranquillement poursuivre leurs activités lucratives: en tant qu’“idiots utiles”, les humanistes à faux nez sont complices et donc coupables, co-auteurs, des crimes commis contre ces pauvres déracinés sans protection et que ne protègeront pas, bien entendu, les fameux “papiers” qu’on réclame pour eux. Nos angélistes aux discours tout de mièvrerie sont donc complices des forfaits commis, au même titre que les proxénètes, les négriers et les trafiquants. Sans la mobilisation des “bonnes consciences”, ces derniers ne pourraient pas aussi aisément poursuivre leurs menées criminelles.

4)     Le quatrième défi, mis en évidence par Gourévitch, est celui de l’économie informelle, phénomène antérieur aux flux migratoires, mais que ceux-ci ont amplifiés, tout en alimentant la fraction, de plus en plus nombreuse, des populations migrantes qui ne parviennent pas à s’insérer dans le tissu social, en dépit des dispositifs d’intégration mis en place depuis trois bonnes décennies. La France a beau avoir mis en place la DILTI (“Délégation Interministérielle à la Lutte contre le Travail Illégal”), l’OCDE a eu tout aussi beau jeu de tirer à son tour la sonnette d’alarme, l’ethnic business et l’économie souterraine, les recels et les locations de taudis insalubres, bref la totalité de l’économie informelle aurait brassé, selon l’enquête menée par Gourevitch en 2007 à plus de 300 milliards d’euro, soit 17 à 18% du PIB français. L’ampleur de cette économie informelle et l’opacité du milieu qui la génère rend les services de police et la justice totalement impuissants.

 

Nous faisons donc face à cette économie informelle, qui génère des “sociétés parallèles” (qu’appuie un certain Erdogan en Europe centrale, avec tout le poids de la diplomatie turque...) et à la démultiplication quasi à l’infini des frais sociaux, prévus par l’Etat-Providence. Cette démultiplication va entraîner très vite, dans les cinq à dix ans à venir, l’assèchement des caisses municipales (et autres...) et à l’impossibilité de lever de nouveaux impôts sur une classe moyenne considérablement appauvrie par la crise. La démesure babelienne que les intellos écervelés et les “croyeux” naïfs ont prise pour du “progressisme”, à grand renfort de propagande médiatique, va se muer en un bel éventail de facteurs non niables de “régressisme”, de régression sociale, de détricotage de tous les acquis sociaux et syndicaux. Selon l’adage: qui veut faire l’ange, fait la bête... Les négateurs de balises et de limites, qui voulaient tout bousculer au nom du “progrès” (qu’ils imaginaient au-delà de tout empirisme), vont provoquer une crise qui rendra leurs rêves totalement impossibles pour au moins une dizaine de générations, sauf si nous connaîtrons l’implosion totale et définitive... Quant aux solutions que nous pourrions apporter, eh bien, elles sont nulles car le système a bétonné toute critique: il voulait poursuivre sa logique, sans accepter le moindre correctif démocratique, en croyant que tout trouverait une solution. Ce calcul s’est avéré faux. Archi-faux. Donc tout va s’effondrer. Devant notre lucidité. Nous rirons de la déconfiture de nos adversaires mais nous pleurerons amèrement sur les malheurs de nos peuples.

 

8.

Si nous prenons en considération l’avancée profonde du matérialisme et de l’individualisme dans les pays occidentaux, ne devons-nous pas craindre d’être poussé vers une perte totale de spiritualité?

 

Nous avons déjà perdu toute spiritualité. Les traditionalistes, qui s’inspirent de Guénon et d’Evola, évoquent une ère de “Kali Yuga”, d’âge sombre, telle que l’entrevoit la tradition hindoue. C’est bien l’époque que nous vivons car Evola a signalé qu’en fin de cycle, les phénomènes de dégénérescence et de déclin vont en s’accélérant, plongeant les Empires et les Etats dans la déliquescence totale. En Europe, où nous n’avons même plus un Kagan ou un Kaplan pour nous rappeler quelques recettes élémentaires pour tenir un Empire, même à une époque de ressac. Le “Kali Yuga” est donc bien palpable de nos jours: la France, depuis Sarközy et Hollande (dit “Holl’andouille”) n’est plus que la caricature d’elle-même, et la négation de sa propre originalité politico-diplomatique gaullienne; l’Allemagne se cramponne à des idées fixes et n’ose pas s’affirmer, sous le règne d’une Angela Merkel qui n’a bien entendu ni le tonus ni la clairvoyance de ses prédécesseurs socialistes, d’un Schroeder ou d’un Schmitt. Votre question, si j’y répondais de manière exhaustive, exigerait la rédaction d’un livre tout entier. Je ne peux dire en quelques lignes ce qu’Evola, Schuon, Guénon ou d’autres traditionalistes ont dit en plusieurs dizaines de volumes, car, souvent, il n’y a pas grand chose à ajouter à leurs diagnostics, si ce n’est les traduire en un langage plus quotidien.

 

L’histoire de mon pays, la Belgique, nous fait entrevoir le désastre, rien que dans l’involution de la famille politique catholique, puis “démocrate-chrétienne”. Notre histoire politique montre donc que l’exigence morale des tenants de la “Jeune Droite” de Henry Carton de Wiart au début du 20ème siècle, puis des militants de l’ACJB (“Action Catholique de la Jeunesse Belge”), quelles qu’aient été leurs options ultérieures après l’émergence du rexisme de Léon Degrelle, que le souci éthique que le Prof. Marcel Decorte avait encore voulu réveiller dans les années 50, se sont bien vite évanouis au profit d’un technocratisme sans épaisseur éthique, importé par Paul Van Zeeland avant-guerre et poursuivi par toute une série de politiciens sans envergure ou sans scrupules après 1945 ou au profit d’un démocratisme du “je-ne-sais-quoi” et du “presque-rien” qui a débouché sur la mascarade puante d’un parti dirigé par des festivistes écervelés qui se donnent désormais l’étiquette d’“humanistes”. On se demande en quoi leurs salades sont “humanistes”: Erasme, qui était hypocondriaque mais un véritable humaniste renaissanciste, doit galoper plein tube vers un bassinet pour y vômir sa soupe aux légumes quand, du haut de son empyrée céleste, il jette un regard sur le spectacle que nous donne en permanence cette brochette de connards et de connasses qui ont galvaudé le terme même d’humanisme puis transformé, par leurs sottises, la principale force politique de la Belgique, en un parti estropié et minoritaire, à la remorque des socialistes, qui titubent d’une corruption à l’autre, pour chavirer ensuite dans une autre perversité. En Flandre, les excès de technocratisme, tourné en “plomberie” du temps de Dehaene, ont également ruiné le pôle démocrate-chrétien au profit d’une forme de pseudo-nationalisme, centré sur la vacuité et la vanité d’un gros bonhomme qui a maigri pour faire jacasser les médias, une formation idéologiquement filandreuse à relents festivistes, avec laquelle personne ne veut gouverner. Bref, l’absence d’éthique dans le pôle politique qui, précisément, entendait l’incarner, du moins jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, a provoqué l’implosion du pays. L’Europe et le reste du monde occidental présentent la même implosion, parfois en moins ridicule mais toujours sur un mode aussi navrant, aussi impolitique, aussi incapable de sortir notre aire civilisationnelle de l’ornière où elle s’est enlisée.

 

La disparition de toute épine dorsale éthique dans le monde occidental, le plus touché par la décadence, entraîne toute une série de maladies psycho-sociales, dont quelques universitaires dressent la cartographie, tout en étant complètement ignorés des “décideurs” politiques qui, comme on le sait, préfèrent la politique de l’autruche. Parmi ces universitaires, je ne citerai que le Flamand Dirk De Wachter, professeur à la KUL de Louvain, et l’Allemand Manfred Spitzer, directeur de la clinique psychiatrique de l’Université d’Ulm (cf. Dirk De Wachter, “Borderline Times – Het einde van de normaliteit”, Lannoo Campus, Tielt, 2012; Manfred Spitzer, “Digitale Demenz – Wie wir uns und unsere Kinder um den Verstand bringen”, Droemer, München, 2012).

 

Le Prof. De Wachter voit disparaître toute forme de “normalité” et glisser nos populations vers ce qu’il appelle, en jargon de psychiatrie, le “borderline”, la “limite” acceptable pour tout comportement social intégré, une “borderline” que de plus en plus de citoyens franchissent malheureusement pour basculer dans une forme plus ou moins douce, plus ou moins dangereuse, de folie: en Belgique, 25% de la population est en “traitement”, 10% ingurgitent des anti-dépresseurs, de 2005 à 2009 le nombre d’enfants et d’adolescents contraints de prendre de la rilatine a doublé rien qu’en Flandre (de 15.000 à 30.000...); en 2007, la Flandre est le deuxième pays sur la liste en Europe quant au nombre de suicides par million d’habitants (161/un million). C’est là, on en conviendra, une brillante réussite de la politique régimiste! Bilan désastreux pour nos “progressistes” qui croyaient avoir trouvé toutes les formules pour faire le bonheur des masses! Pour le Prof. De Wachter, la solution réside dans un renouveau culturel, littéraire et artistique, basé sur des principes radicalement différents de ceux appliqués aujourd’hui dans les établissements d’enseignement: l’effondrement du niveau, où le prof doit se mettre au niveau des élèves et capter leur attention “no matter what” et la négligence des branches littéraires, artistiques et musicales, qui permettent à l’enfant de tenir compte d’autrui, font basculer les nouvelles générations dans une déshumanisation problématique, constate le Prof. De Wachter, en se réclamant du philosophe conservateur britannique Roger Scruton et de la “communautariste” américaine Martha Nussbaum, vigoureuse avocate du retour aux humanités classiques, à nos racines grecques et aristotéliciennes. Guérir notre société malade passe donc par une révolution culturelle, soit par un retour, par un “revolvere” aux fondements sûrs de notre civilisation, aux humanités classiques et aux bases identitaires. Sans identité, sans tradition, sans “centre” intérieur (Frithjof Schuon), on devient fou: tel est notre constat, schématisé ici de manière certes un peu abrupte, et il est corroboré par l’une des plus grandes sommités de la médecine psychiatrique de la célèbre université de Louvain. Ceux qui nous contrarient au nom de leurs chimères et de leurs délires, sont, par voie de conséquence, sans trop solliciter les faits, des fous qui veulent précipiter leurs contemporains au-delà de la “borderline”, où on ne survit qu’à grands renforts d’anti-dépresseurs ou d’euphorisants, à moins de passer dans la catégorie des 161 infortunés sur un million d’habitants qui recourent au suicide.

 

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Quant à ce spécialiste des recherches sur le fonctionnement du cerveau qu’est le Prof. Manfred Spitzer, il s’est penché tout spécialement, dans son dernier livre (op. cit.) sur la “démence digitale”, où il dénonce l’utilisation abusive de médias digitalisés dans l’enseignement. Son ouvrage est une riposte à une dangereuse élucubration de la “Commission d’enquête” du Bundestag allemand, qui avait prévu d’offrir un “notebook” à tous les écoliers et de promouvoir la “pédagogie par jeux informatiques”: il paraît d’après ces délirants germaniques que cette bimbeloterie high tech et cette pédagogie de cornecul vont offrir “un meilleur avenir pour nos enfants” (gnagnagna...). Pour le Prof. Spitzer, nobelisable, ce délire témoigne d’une méconnaissance totale du fonctionnement du cerveau humain (surtout au stade de l’enfance et de l’adolescence) et d’un commercialisme sans scrupules (car les marchands d’ordinateurs et de logiciels ont sûrement graissé la patte des politicards et des pédagogogues). Pourtant, bon nombre d’études scientifiques ont prouvé que les médias digitalisés ne donnaient que de piètres résultats sur le plan pédagogique. Pire, ils endommagent les corps et les cerveaux, dans la mesure où la mémoire et la concentration en pâtissent. On entraîne ainsi les nouvelles générations dans la superficialité, dans l’a-socialité (les amis virtuels de “Facebook” ou de “Twitter” ne sont pas des amis de chair et de sang), dans la dépression (cf. De Wachter), due notamment à l’absence de sommeil cumulée sur des mois voire des années. Et dans les pages 276 à 281 de son livre, Spitzer pointe du doigt les coupables: les politiciens, tous partis confondus; citation: “Lors de conférences et de débats, on m’a souvent demandé d’aller parler aux hommes politiques. Je l’ai fait, à plusieurs reprises, notamment, il y a quelques années, lors d’un audit d’experts mandé par la Commission de la jeunesse du Bundestag. Cet audit a duré deux fois plus de temps que prévu et les députés ont trouvé formidable tout ce que nous leur disions. Après environ six semaines, on a pondu un long protocole qui concluait... qu’il n’y avait aucune raison d’agir... Le lobby médiatique, entretemps, n’avait pas perdu son temps”. Mieux: “Le sort des enfants n’est pas pris au sérieux par les responsables politiques. Ils les perçoivent plutôt comme du bétail et non pas comme des êtres en pleine croissance, comme de petits diamants que l’on doit traiter raisonnablement et avec respect”. Voilà donc l’avis de deux experts, issus de facultés de médecine prestigieuses, un avis que les politiciens ignorent... Et peuvent ignorer en toute tranquillité parce qu’il n’y a pas de structures de combat métapolitique dans nos quartiers pour contrer leurs agissements criminels et anti-sociaux dans nos assemblées municipales, dans nos écoles, dans nos comités de voisinage, etc. Il y a des dizaines de savants irréprochables, comme De Wachter et Spitzer, qui ne peuvent pas faire entendre leur voix parce qu’ils n’ont aucun relais dans la société civile, aucune association métapolitique pour leur venir en aide et faire triompher, dans chaque quartier, dans chaque bourg, leurs idées justes et bonnes.

 

9.

Quelles est votre opinion sur la montée ou sur les avatars des partis dits “nationalistes” en Europe aujourd’hui?

 

A partir de la perestroïka de Gorbatchev, au moment de la chute du Mur de Berlin, au début des années 90 du 20ème siècle, tous les espoirs étaient quasi permis: le communisme disparaissait en tant que partie prenante du duopole de Yalta. Sa fonction de croquemitaine pour imposer le libéralisme manchestérien à l’Europe occidentale s’évanouissait. On pouvait envisager ce que nous appellions, à l’ère du duopole, une “troisième voie” (Jean-Gilles Malliarakis à Paris) ou un “solidarisme” (Lothar Penz et Ulrich Behrenz à Hambourg). Rien n’est arrivé. Nos espoirs ont été totalement déçus. Les partis dits “nationalistes” sont apparus à la même époque: Le Pen prend son envol, grâce aux efforts de Stirbois à Dreux, dès 1984, un an avant l’accession de Gorbatchev au pouvoir. D’autres partis sortent de la marginalité ailleurs en Europe: le bilan de cette effervescence nouvelle à l’époque, je l’ai dressé, encore assez enthousiaste, avec le regretté Roland Gaucher, dans un numéro spécial sur les “nouveaux nationalistes” du célèbre mensuel parisien “Le Crapouillot” en 1994. C’était là une enquête minutieuse que j’avais pu mener allègrement, grâce, surtout, à la formidable documentation qu’avaient compilée Peter Dehoust, Heinz-Dieter Hansen et Wolfgang Strauss en Allemagne dans les colonnes de revues ou de bulletins comme “Nation Europa”, “DESG-Inform” ou “Staatsbriefe” (du Dr. Hans-Dieter Sander). Deux écueils expliquent la stagnation actuelle de toutes ces formations politiques, stagnation assortie par d’interminables querelles entre personnes: 1) le mirage du néo-libéralisme, dont ces formations ne se sont pas assez démarquées au profit d’un solidarisme nouveau, c’est-à-dire d’un socialisme comme aux temps héroïques, comme au temps de Georges Sorel ou de Roberto Michels, d’un socialisme débarrassé de toutes corruptions mais demeurant inébranlablement au service du peuple, ce qui n’est plus le cas d’un socialisme “diroupetté” ou “hollandouillé”; 2) l’incapacité à s’unir dans le domaine de la politique étrangère; on a vu certains partis faire l’apologie de Bush et du néo-conservatisme new-yorkais, au nom d’une islamophobie qui confondait l’islam avec les dérapages inacceptables du wahhabisme saoudien ou du salafisme nord-africain. Position aussi imbécile que celles des socialistes (corrompus) des vieilles sociales-démocraties usées d’Europe qui croyaient qu’Obama allait nous apporter une ère de paix diamétralement différente du bellicisme néo-conservateur! Alors qu’Obama poursuit, opiniâtre, le programme guerrier et pétrolier du père et du fils Bush!

 

Seule la FPÖ autrichienne offre, dans sa presse, des articles anti-impérialistes bien argumentés et documentés, dus à la plume d’un véritable héros contemporain de l’européisme sainement conçu, un héros modeste et effacé, le Dr. Bernhard Tomaschitz, que j’ai le vif plaisir de traduire assez souvent. En Italie, le quotidien de la “Lega Nord”, “La Padania”, offrait aussi de fructueuses analyses en politique étrangère et je me souviens, avec nostalgie, de ma coopération avec Archimede Bontempi, lors de la guerre de l’OTAN contre la Serbie. En dehors des partis représentés dans les hémicycles, le quotidien romain “Rinascita”, organe d’une “gauche nationale” offre chaque jour, grâce à un excellent réseau de correspondants dispersés dans le monde entier, des analyses de politique internationale qui devraient servir d’exemples à tous et faire honte à tous les cancres qui ne s’en inspirent pas...

 

En tant qu’admirateur de la clarté conceptuelle de Jean Thiriart, j’ai donc été déçu de ne pas voir les analyses de Tomaschitz, de Bontempi (et de ses amis) et de la formidable équipe de “Rinascita” être traduites en un militantisme offensif, tous azimuts, mobilisant les universités (si c’est encore possible, à l’heure de la démence digitalisée stigmatisée par le Prof. Spitzer...), les cercles culturels, para-politiques et métapolitiques, les débats parlementaires en commission des affaires étrangères, de manière à s’opposer systématiquement aux diktats de l’hegemon, non pas par une politique frontale, car nous n’en avons pas (encore) les moyens, mais par une stratégie des petits coups d’épingle constants et incessants, une stratégie dont les partis dits “nationalistes” auraient dû se faire le fer de lance, faute d’autres combattants représentatifs et à cause des scléroses mentales des formations d’extrême-gauche, pourtant plus férues de politique étrangère... Beaucoup n’ont pas opté pour ce combat constant et nécessaire... En attendant, l’Europe des tartuffes constate qu’elle est espionnée, que l’Oncle Sam a des yeux et des oreilles partout, jusque dans les chiottes du Parlement européen (pour parler comme Poutine...), grâce au système Prism et que John Bull fait de même, avec “Tempora”. Les cocus magnifiques... Nous n’avons pas attendu un tel scandale ni les révélations de Julian Assange ou d’Edward Snowden pour réagir, pour organiser un mini-pôle de rétivité. Une fois de plus, nous avons eu raison, mille fois raisons. Notre politique de refus de l’américanisme était la bonne. La seule qui soit politiquement rationnelle face à un hegemon malhonnête.

 

10.

Pour terminer cet entretien, je voudrais que vous expliquiez aux néophytes que nous sommes ce qu’a été le rôle de “Synergies Européennes”?

 

Vous pourrez consulter l’entretien que j’ai accordé au site scandinave “Oskorei” pour comprendre ce qu’a été “Synergies Européennes”. L’objectif était de faire travailler ensemble des Européens lucides et enracinés dans leur culture par des colloques, conférences et universités d’été communes et par une politique de traduction tous azimuts. Lors de mon intervention sur les ondes de la radio libre “Méridien Zéro” en juin 2012, l’animateur de service ce jour-là m’a bien avoué qu’il manque aujourd’hui en Europe une association “baldaquin” du genre que celle que j’ai animée jusqu’en 2004, avant de passer au virtuel comme tout le monde —ce qui n’est pas la même chose, hélas, que les rapports directs et personnels entre confrères— sur les sites http://euro-synergies.hautetfort.com puis http://vouloir.hautetfort.com et http://archiveseroe.eu . Mes textes personnels se trouvent sur http://robertsteuckers.blogspot.com . Si d’aucuns estiment opportune la renaissance d’une telle structure souple et ouverte, d’un tel baldaquin, que les volontaires se présentent au bureau de recrutement, avec leurs références, prouvant qu’ils savent travailler dans la constance et la détermination. Et tout redémarrera comme au premier jour.

 

11.

Merci d’ajouter les quelques mots de la fin pour nos lecteurs...

 

Méditez l’adage tiré de la fable de Lafontaine, “Le laboureur et ses enfants”: “Travaillez, prenez de la peine, c’est le fond qui manque le moins”.

 

lundi, 01 juillet 2013

Entretien avec Gilbert Sincyr

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« Le Paganisme est une Vue du monde

 

basée sur un sens du sacré, qui rejette le fatalisme.

 

Il est fondé sur le sens de l’honneur

 

et de la responsabilité de l’Homme,

 

face aux évènements de la vie »

 

Entretien avec Gilbert Sincyr, auteur du livre Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe

Propos recueillis par Fabrice Dutilleul

 

Votre livre Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europe est un succès. Pourtant ce thème peut paraître quelque peu « décalé » à notre époque.

Bien au contraire : si les églises se vident, ce n’est pas parce que l’homme a perdu le sens du sacré, c’est parce que l’Européen se sent mal à l’aise vis-à-vis d’une religion qui ne répond pas à sa sensibilité. L’Européen est un être qui aspire à la liberté et à la responsabilité. Or, lui répéter que son destin dépend du bon vouloir d’un Dieu étranger, que dès sa naissance il est marqué par le péché, et qu’il devra passer sa vie à demander le pardon de ses soi-disant fautes, n’est pas ce que l’on peut appeler être un adulte maître de son destin. Plus les populations sont évoluées, plus on constate leur rejet de l’approche monothéiste avec un Dieu responsable de tout ce qui est bon, mais jamais du mal ou de la souffrance, et devant qui il convient de se prosterner. Maintenant que l’Église n’a plus son pouvoir dominateur sur le peuple, on constate une évolution vers une aspiration à la liberté de l’esprit. C’est un chemin à rebours de la condamnation évangélique, originelle et perpétuelle.

Alors, qu’est-ce que le Paganisme ?

C'est d’abord un qualificatif choisi par l’Église pour désigner d’un mot l’ensemble des religions européennes, puisqu’à l’évidence elles reposaient sur des valeurs communes. C’est donc le terme qui englobe l’héritage spirituel et culturel des Indo-européens. Le Paganisme est une Vue du monde basée sur un sens du sacré, qui rejette le fatalisme. Il est fondé sur le sens de l’honneur et de la responsabilité de l’Homme, face aux évènements de la vie. Ce mental de combat s’est élaboré depuis le néolithique au fil de milliers d’années nous donnant une façon de penser, une attitude face au monde. Il est à l’opposé de l’assujettissement traditionnel moyen-oriental devant une force extérieure, la volonté divine, qui contrôle le destin de chacun. Ainsi donc, le Paganisme contient et exprime l’identité que se sont forgés les Européens, du néolithique à la révolution chrétienne.

Vous voulez donc remplacer un Dieu par plusieurs ?

Pas du tout. Les temps ne sont plus à l’adoration. Les Hommes ont acquit des connaissances qui les éloignent des peurs ancestrales. Personne n’a encore apporté la preuve incontestable qu’il existe, ou qu’il n’existe pas, une force « spirituelle » universelle. Des hommes à l’intelligence exceptionnelle, continuent à s’affronter sur ce sujet, et je crois que personne ne mettrait sa tête à couper, pour l’un ou l’autre de ces choix. Ce n’est donc pas ainsi que nous posons le problème.

Le Paganisme, qui est l’expression européenne d’une vue unitaire du monde, à l’opposé de la conception dualiste des monothéismes, est la réponse spécifique d’autres peuples aux mêmes questionnements. D’où les différences entre civilisations.

Quand il y a invasion et submersion d’une civilisation par une autre, on appelle cela une colonisation. C’est ce qui s’est passé en Europe, contrainte souvent par la terreur, à changer de religion (souvenons-nous de la chasse aux idoles et aux sorcières, des destructions des temples anciens, des tortures et bûchers, tout cela bien sûr au nom de l’amour). Quand il y a rejet de cette colonisation, dans un but de recherche identitaire, on appelle cela une libération, ou une « Reconquista », comme on l’a dit de l’Espagne lors du reflux des Arabes. Et nous en sommes là, sauf qu’il ne s’agit pas de reflux, mais d’abandon de valeurs étrangères au profit d’un retour de notre identité spirituelle.

Convertis par la force, les Européens se libèrent. « Chassez le naturel et il revient au galop », dit-on, et voilà que notre identité refoulée nous revient à nouveau. Non pas par un retour des anciens Dieux, forme d’expression d’une époque lointaine, mais comme un recours aux valeurs de liberté et de responsabilité qui étaient les nôtres, et que le Paganisme contient et exprime.

Débarrassés des miasmes du monothéisme totalitaire, les Européens retrouvent leur contact privilégié avec la nature. On reparle d’altérité plutôt que d’égalité, d’honneur plutôt que d’humilité, de responsabilité, de volonté, de défi, de diversité, d’identité, enfin de ce qui constitue notre héritage culturel, pourchassé, rejeté et condamné depuis deux mille ans.

S’agit-il alors d’une nouvelle guerre de religion ?

Pas du tout, évidemment. Les Européens doivent dépasser ce qui leur a été imposé et qui leur est étranger. Nous devons réunifier sacré et profane, c’est-à-dire réaffirmer que l’homme est un tout, que, de ce fait, il est le maître de son destin car il n’y a pas dichotomie entre corps et esprit. Les Européens ne doivent plus s’agenouiller pour implorer le pardon de fautes définies par une idéologie dictatoriale moyen-orientale. Ce n’est pas vers un retour du passé qu’il nous faut nous tourner, gardons-nous surtout d’une attitude passéiste, elle ne serait que folklore et compromission. Au contraire des religions monothéistes, sclérosées dans leurs livres intouchables, le Paganisme, comme une source jaillissante, doit se trouver de nouveaux chemins, de nouvelles expressions. À l’inverse des religions du livre, bloquées, incapables d’évoluer, dépassées et vieillissantes, le Paganisme est l’expression de la liberté de l’homme européen, dans son environnement naturel qu’il respecte. C’est une source de vie qui jaillit de nouveau en Europe, affirmant notre identité, et notre sens du sacré, pour un avenir de fierté, de liberté et de volonté, dans la modernité.

Le Paganisme. Recours spirituel et identitaire de l’Europede Gilbert Sincyr, éditions de L’Æncre, collection « Patrimoine des Religions », dirigée par Philippe Randa, 232 pages, 25 euros.

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samedi, 29 juin 2013

Les guerres d'Afrique

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Les guerres d'Afrique

Des origines à nos jours

Entretien avec Bernard Lugan

Africaniste renommé, récemment auteur entre autres ouvrages d'une Histoire de l'Afrique, d'une Histoire de l'Afrique du Sud et d'une Histoire du Maroc, expert auprès du TPI-Rwanda et éditeur de la lettre d'information L'Afrique Réelle, Bernard Lugan signe aujourd'hui une nouvelle somme.

Son livre est très logiquement divisé selon un plan chronologique en quatre grandes parties : "Guerres et sociétés guerrières en Afrique avant la colonisation", "Les guerres de conquête coloniale", "Les guerres de la période coloniale" et "Les guerres contemporaines, 1960-2013", tous conflits dont il fait le récit chronologique et factuel. On voit bien l'ampleur du sujet et Bernard Lugan nous fait plusieurs fois traverser le continent de part en part au fil des époques. La grande région sahélienne, celle des Grands Lacs et l'Afrique australe reviennent bien sûr à plusieurs reprises et certaines situations résonnent en écho jusqu'à aujourd'hui. Tous les chapitres, agrémentés d'encarts qui précisent des situations locales ou des données chiffrés, sont intéressants et l'on ne retiendra à titre d'exemple que quelques titres de la dernière partie (sait-on que pour la période 2000-2010 70% des décisions de l'ONU sont relatives aux conflits africains ?) : "La guerre civile algérienne (1992-2002)", "Les guerres de Somalie : clans contre clans (depuis 1977)", "Nigeria : de la guerre du Biafra au conflit ethno-religieux Nord-Sud", "La deuxième guerre du Kivu (depuis 2007)" : autant de coups de projecteur extrêmement utiles et souvent pertinents sur des zones crisogènes dont l'Europe ne peut pas se désintéresser (même si elle le voulait, de toute façon).

L'ensemble de ces chapitres, rédigés d'une plume alerte et toujours référencés, est complété par un cahier central d'une soixantaine de cartes en couleurs, parfaitement lisibles et pédagogiques, et le livre se termine sur un index complet et une bibliographie significative. Ceux qui connaissent déjà tel ou tel engagement pourront regretter que certaines campagnes ne soient pas traitées davantages en détail, mais aborder autant d'opérations et de combats en 400 pages témoigne d'un bel esprit de synthèse. Au total, un ouvrage appelé à devenir très rapidement de référence et que liront avec le plus grand intérêt les étudiants et tous ceux qui soit s'intéressent à l'histoire du continent, soit se préoccupent de l'avenir. 

Editions du Rocher, Monaco, 2013, 403 pages, 32 euros.
ISBN : 978-2-268-97531-0.


Bernard Lugan a bien voulu répondre à quelques questions pour nos lecteurs :

Question : Votre livre dresse un impressionnant tableau des conflits en Afrique de la plus haute Antiquité aux guerres actuelles. Par grande période, une introduction présente un résumé des évolutions, mais vous ne tentez pas d'en tirer des enseignements généraux en conclusion. Pourquoi ?

Réponse : Parce que nous ne devons par parler de l’Afrique, mais des Afriques, donc des guerres africaines. Mon livre est construit sur cette multiplicité, sur ces différences irréductibles les unes aux autres et sur leur mise en perspective. Dans ces conditions, il est vain de faire une typologie, sauf pour les guerres de la période contemporaine, ce que j’ai fait, et encore moins une classique conclusion de synthèse.

Question : La grande région saharienne-Sahel est présente dans chaque partie, des "Origines de la guerre africaine" aux "Guerres contemporaines". Pouvez-vous nous en dire davantage sur ce qui semble bien être une zone de conflits quasi-permanents ?

Réponse : Cette zone qui court de l’Atlantique à la mer Rouge en couvrant plus de dix pays, est un véritable rift racial et ethnique en plus d’être une barrière géographique. Ce fut toujours une terre convoitée car elle fut à la fois le point de départ et le point d’arrivée -hier du commerce, aujourd’hui des trafics transsahariens, une zone de mise en relation entre l’Afrique « blanche » et l’Afrique des savanes, un monde d’expansion des grands royaumes puis de l’islam.

Aujourd’hui, cette conflictualité ancienne et résurgente tout à la fois est exacerbée par des frontières cloisonnant artificiellement l’espace et qui forcent à vivre ensemble des populations nordistes et sudistes qui ont de lourds contentieux. Le tout est aggravé par le suffrage universel fondé sur le principe du « un homme, une voix », qui débouche sur une ethno mathématique donnant automatiquement le pouvoir aux plus nombreux, en l’occurrence les sudistes. Voilà la cause de la guerre du Mali, mais ce problème se retrouve dans tout le Sahel, notamment au Niger et au Tchad. Au Mali, le fondamentalisme islamiste s’est greffé sur une revendication politique nordiste de manière récente et tout à fait opportuniste. Or, comme le problème nord-sud n’a pas été réglé, les causes des guerres sahéliennes subsistent.

Question : On a dit beaucoup de choses sur le retentissement de l'échec italien lors de la première tentative de conquête de l'Ethiopie à la fin du XIXe siècle. Si les conséquences en politique intérieure à Rome sont compréhensibles, ces événements ont-ils un écho réel dans les autres capitales européennes et sur le sol africain lui-même ?

Réponse : L’originalité de la défaite d’Adoua est qu’elle a, sur le moment, mis un terme au projet colonial italien. Ce fut une défaite stratégique. Français, Anglais et Allemands connurent eux aussi des défaites, les premiers, notamment au Sahara, mais cela n’interrompit pas la prise contrôle de ces immensités ; les Britanniques furent battus à Isandhlawana, ce qui n’empêcha pas la conquête du royaume zulu ; quant aux Allemands, ils subirent plusieurs déconvenues contre les Hehe et les Maji Maji, mais l’Est africain fut néanmoins conquis. Le désastre italien fut d’une autre nature, d’une autre échelle, alors que, à l’exception d’Isandlhawana, Anglais, Français et Allemands ne perdirent en réalité que des combats à l’échelle d’une section, au pire, d’une compagnie. Quant aux Espagnols, même après leurs sanglantes déroutes lors de la guerre du Rif, leur présence dans le Maroc septentrional ne fut pas remise en cause et, dès qu’ils décidèrent d’utiliser leurs troupes d’élite comme le Tercio et non plus des recrues tant métropolitaines qu’indigènes, ils reprirent le contrôle de la situation. Il faut cependant remarquer qu’avant son éviction par Pétain, Lyautey avait, comme je le montre dans mon livre, rétabli la situation sur le front de l’Ouergha et de Taza, ce qui enlevait toute profondeur d’action aux Riffains.

Autre conséquence, auréolée par sa victoire de 1896, puis par sa résistance sous Mussolini, l’Ethiopie eut un statut particulier d’Etat leader du mouvement indépendantiste et ce fut d’ailleurs pourquoi, dès sa création en 1963, le siège de l’Organisation de l’unité africaine fut établi à Addis-Abeba.

Question : Vous décrivez "Un demi-siècle de guerres au Zaïre/RDC", et l'on a finalement le sentiment qu'une amélioration de la situation reste très hypothétique. Comment l'expliquez-vous ?

Réponse : Ici le problème est sans solution car il n’est pas économique mais ethnique et politique. Nous sommes en effet en présence d’un Etat artificiel découpé au centre du continent à la fin du XIX° afin de retirer le bassin du Congo à la convoitise des colonisateurs et cela afin d’éviter une guerre européenne pour sa possession. Cet Etat artificiel, désert humain en son centre forestier, englobe sur ses périphéries de vieux Etats comme le royaume Luba, l’empire Lunda ou encore le royaume de Kongo. Ces derniers ont une forte identité et leurs peuples ne se reconnaissent pas dans l’artificielle création coloniale qu’est la RDC. Quant à l’impérialisme rwandais qui s’exerce au Kivu, il entretient un foyer permanent de guerre dans tout l’est du pays. La raison en est claire : étouffant sous sa surpopulation, le « petit » Rwanda doit trouver un exutoire humain s’il veut éviter le collapsus. De plus, comme 40% du budget du pays provient de l’aide internationale et le reste, à plus de 90% du pillage des ressources du Congo, pour le Rwanda, la fin de la guerre signifierait donc la mort économique du pays. Appuyé par les Etats-Unis qui en ont fait le pivot de leur politique régionale, le Rwanda exploite avec habileté ce que certains ont appelé la « rente génocidaire » pour dépecer sans états d’âme la partie orientale du pays.

Question : Vous intitulez la partie dans laquelle vous traitez de la décolonisation : « Des guerres gagnées, des empires perdus », pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Réponse : Parce que la parenthèse coloniale fut refermée sans affrontements majeurs, sans ces combats de grande intensité qui ravagèrent l’Indochine. En Afrique, les guérillas nationalistes ne furent jamais en mesure de l’emporter sur le terrain, pas plus en Algérie où les maquis de l’intérieur n’existaient quasiment plus en 1961, qu’au Kenya où les Britanniques avaient éradiqué les Mau Mau, ou encore que dans le domaine portugais -à l’exception de la Guinée Bissau-, où, et mes cartes le montrent bien, l’armée de Lisbonne était maîtresse du terrain. En Rhodésie, la pugnace et efficace petite armée de Salisbury avait réussi à tenir tête à une masse d’ennemis coalisés, massivement aidés par l’URSS et la Chine avant d’être trahie par l’Afrique du Sud qui pensa naïvement acheter son salut en abandonnant les Blancs de Rhodésie. Partout, la décolonisation fut un choix politique métropolitain ; elle ne fut nulle part imposée sur le terrain. Les combats de grande intensité apparurent après les indépendances, dans le cadre de la guerre froide, et je les décrits dans mon livre : Angola, South African Border War, Corne de l’Afrique, Congo etc.

Merci très vivement pour toutes ces précisions et plein succès pour votre ouvrage. A très bientôt.

 

 
 

mardi, 25 juin 2013

P. Scholl-Latour: “L’Occident s’allie avec Al-Qaeda”

“L’Occident s’allie avec Al-Qaeda”

Peter Scholl-Latour, le grand expert allemand sur le Proche et le Moyen Orient s’exprime sur la guerre civile syrienne, sur le rôle de l’Europe et des Etats-Unis, sur le programme nucléaire iranien qui suscite bien des controverses...

Entretien avec Peter Scholl-Latour

PSLatour.jpgQ.: En Syrie, l’armée vient de reprendre un bastion des rebelles, la ville de Qussayr et a enregistré d’autres succès encore. Ces victoires représentent-elles un tournant dans cette guerre civile atroce, cette fois favorable à Bechar El-Assad?

PSL: Jamais la situation n’a vraiment été critique pour le Président El-Assad, contrairement à ce qu’ont toujours affirmé nos médias. Il y a bien sûr des villages qui sont occupés par les rebelles; des frontières intérieures ont certes été formées au cours des événements mais on peut difficilement les tracer sur une carte avec précision. La Syrie ressemble dès lors à une peau de léopard. Aucun chef-lieu de province n’est tombé aux mains des rebelles, bien que bon nombre d’entre eux soient entourés de villages hostiles à El-Assad. Il est tout aussi faux d’affirmer que tous les Sunnites sont des adversaires d’El-Assad, et la chute d’une place forte stratégique aussi importante que Qussayr est bien entendu le fruit d’une coopération avec le Hizbollah libanais.

Q.: Le Liban sera-t-il encore plus impliqué dans la guerre civile syrienne qu’auparavant? 

PSL: Le Liban est profondément impliqué! Quand j’étais à Tripoli dans le Nord du pays, il y a trois ans, des coups de feu s’échangeaient déjà entre les quartiers alaouites et sunnites. La ville de Tripoli a toujours été considérée comme le principal bastion au Liban de l’islam rigoriste et, pour l’instant, on ne sait pas encore comment se positionneront vraiment les chrétiens. On peut cependant prévoir qu’ils en auront bien vite assez de la folie des rebelles syriens, dont le slogan est le suivant: “Les chrétiens à Beyrouth, les alaouites au cimetière!”.

Q.: L’UE vient encore de prolonger l’embargo sur les armes contre la Syrie, vu que l’Europe ne montre aucune unité diplomatique ou stratégique. Peut-on considérer cette posture comme un prise de position inutile de la part de l’UE?

PSL: Les Européens montrent une fois de plus une image lamentable, surtout les Français et les Anglais. Cette image lamentable, à mes yeux, se repère surtout dans la tentative maladroite des Français de prouver que le régime d’El-Assad utilise des gaz de combat, affirmation purement gratuite car il n’y a pas l’ombre d’une preuve. Cependant, les seuls qui auraient un intérêt à utiliser des gaz, même en proportions très limitées, sont les rebelles, car Obama a déclaré naguère que l’utilisation de telles armes chimiques constituerait le franchissement d’une “ligne rouge”, permettant à l’Occident d’intervenir.

Q.: L’Occident pourra-t-il encore intervenir, surtout les Etats-Unis, même sans utiliser de troupes terrestres et en imposant militairement une zone interdite aux avions d’El-Assad?

PSL: Les Américains ne sont pas prêts, pour le moment, à franchir ce pas parce qu’ils ne veulent pas s’impliquer encore davantage dans les conflits du Proche Orient et surtout parce qu’ils en ont assez du gâchis libyen. L’Occident a certes connu une forme de succès en Libye, en provoquant la chute de Khadhafi, mais le pays est plongé depuis lors dans un inextricable chaos dont ne perçoit pas la fin. En Cyrénaïque, plus précisément à Benghazi, où l’on a cru naïvement qu’un soulèvement pour la démocratie avait eu lieu, l’ambassadeur des Etats-Unis a été assassiné. On aurait parfaitement pu prévoir ce chaos car la Cyrénaïque a toujours été, dans l’histoire, la province libyenne la plus travaillée par l’islamisme radical.

On a cru tout aussi naïvement que des élections allaient amener au pouvoir un gouvernement modéré et pro-occidental, mais on n’a toujours rien vu arriver... Les luttes acharnées qui déchirent la Libye sont organisées par les diverses tribus qui ont chacune leurs visions religieuses propres.

Q.: L’Occident soutient les rebelles en Syrie tandis que la Russie se range derrière El-Assad. Peut-on en conclure que, vu les relations considérablement rafraîchies aujourd’hui entre l’Occident et la Russie, la guerre civile syrienne est une sorte de guerre russo-occidentale par partis syriens interposés?

PSL: Bien sûr qu’il s’agit d’une guerre par partis syriens interposés: les Russes se sont rangés derrière El-Assad, comme vous le dites, de même que l’Iran et le premier ministre irakien Nouri Al-Maliki. La frontière entre la Syrie et la Turquie est complètement ouverte, ce qui permet aux armes, aux volontaires anti-Assad et aux combattants d’Al Qaeda de passer en Syrie et de renforcer le camp des rebelles. De plus, en Turquie, on entraîne des combattants tchétchènes, ce qui me permet de dire que l’Occident s’est bel et bien allié à Al-Qaeda.

Q.: Quelles motivations poussent donc les Turcs? Sont-ils animés par un rêve de puissance alimenté par l’idéologie néo-ottomane?

PSL: Selon toute vraisemblance, de telles idées animent l’esprit du premier ministre turc Erdogan. Mais, depuis peu, des troubles secouent toute la Turquie, qu’il ne faut certes pas exagérer dans leur ampleur parce qu’Erdogan est bien installé au pouvoir, difficilement délogeable, ne peut être renversé. Mais les événements récents égratignent considérablement l’image de marque de la Turquie, telle qu’elle avait été concoctée pour le public européen, celle d’un pays à l’islam tolérant, exemple pour tout le monde musulman. Cette vision vient d’éclater comme une baudruche. Mais les véritables inspirateurs des rebelles syriens sont les Saoudiens, dont la doctrine wahhabite est précisément celle des talibans.

Q.: L’Autriche va retirer ses casques bleus du Golan. On peut dès lors se poser la question: la mission de l’ONU dans cette région pourra-t-elle se maintenir? Si la zone-tampon disparaît, ne peut-on pas craindre une guerre entre Israël et la Syrie?

PSL: Pour les Israéliens, ce serait stupide de déclencher une guerre, ce serait une erreur que personne ne comprendrait car depuis la fin de la guerre du Yom Kippour, il y a près de quarante ans, il n’y a pas eu le moindre incident sur la frontière du Golan. J’ai visité là-bas les casques bleus autrichiens et ils ne m’ont pas mentionné le moindre incident. Aujourd’hui toutefois les échanges de tirs ont commencé et les groupes islamistes extrémistes s’infiltrent; il vaut donc mieux que les Autrichiens, qui ont l’ordre de ne jamais tirer, se retirent au plus vite.

Q.: Mais alors une guerre entre Israéliens et Syriens devient possible...

PSL: Israël a une idée fixe: la grande menace viendrait de l’Iran, ce qui est une interprétation totalement erronée. Si les rebelles ont le dessus en Syrie, Israël aura affaire à des islamistes sunnites sur les hauteurs du Golan. Bien sûr, on me rétorquera que le Hizbollah chiite du Liban est, lui aussi, sur la frontière avec Israël, mais il faut savoir que le Hizbollah est une armée disciplinée. Sa doctrine est aussi beaucoup plus tolérante qu’on ne nous l’a dépeinte dans les médias occidentaux: par exemple, dans les régions tenues par le Hizbollah, il n’y a jamais eu de persécutions contre les chrétiens; les églises y sont ouvertes et les statues mariales y demeurent dressées. Toutes choses impensables en Arabie Saoudite, pays qui est un de nos chers alliés, auquel l’Allemagne ne cesse de fournir des chars de combat... Nous vivons à l’heure d’une hypocrisie totale.

Q.: Vous venez d’évoquer l’Iran: un changement de cap après les présidentielles est fort peu probable, surtout si la figure de proue religieuse demeure forte en la personne de Khamenei...

PSL: On a largement surestimé Ahmadinedjad. Il a certes dit quelques bêtises à propos d’Israël mais dans le monde arabe il y a bien d’autres hommes politiques qui ont dit rigoureusement la même chose, sans que les médias occidentaux n’aient jugé bon de lancer des campagnes d’hystérie. Certes, le zèle religieux est bien repérable chez les Chiites d’Iran et, dans les villes surtout, le nationalisme iranien est une force politique considérable. Si un conflit éclate, l’Iran n’est pas un adversaire qu’il s’agira de sous-estimer.

Q.: Le programme nucléaire iranien, si contesté, est aussi et surtout l’expression d’un nationalisme iranien...

PSL: On ne peut prédire si l’Iran se dotera d’un armement nucléaire ou non. Mais on peut émettre l’hypothèse qu’un jour l’Iran deviendra une puissance nucléaire. Cela ne veut pas dire que l’Iran lancera des armes atomiques contre ses voisins car Téhéran considèrera cet armement comme un atout dissuasif, comme tous les autres Etats qui en disposent. L’Iran, tout simplement, est un Etat entouré de voisins plus ou moins hostiles et aimerait disposer d’un armement atomique dissuasif.

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz.

(entretien paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°24/2013).

mardi, 18 juin 2013

D. Venner: Kein zweiter Faschismus

Kein zweiter Faschismus

Ein Interview mit Dominique Venner (2010)

Ex: http://www.sezession.de/

Dominique Venner ist Historiker, Schriftsteller und Chefredakteur der Pariser Zeitschrift Nouvelle Revue d’Histoire. Zuletzt erschien von ihm die Monographie Ernst Jünger. Un autre destin européen (Le Rocher, Monaco 2009). Zu seinen wichtigsten Buchveröffentlichungen zählen die Großessays Histoire et tradition des Européens (Le Rocher, Monaco 2002/2004) und Le Siècle de 1914 (Pygmalion, Paris 2006), in denen Venner die Grundlagen der europäischen Identität und die europäische Geschichte des 20. Jahrhunderts neu interpretiert. Zudem veröffentlichte er Le coeur rebelle (Belles Lettres, 1994), eine persönliche Reflexion über seine radikale Jugend, den Algerienkrieg, seine Haftzeit, die Bewegung »Europe Action« und die Ursprünge der »Nouvelle Droite«. Sein erstes zeitgeschichtliches Werk (Baltikum, 1974) befaßte sich mit den Freikorps. Die deutsche Ausgabe erschien unter dem Titel Söldner ohne Sold (Paul Neff Verlag, Wien 1974).

Kontakt: www.dominiquevenner.fr

dv-ej585234835.jpgSezession: Herr Venner, in Deutschland hat man nur eine recht vage Vorstellung von den Entwicklungen im Frankreich der fünfziger und sechziger Jahre. Welche Kräfte bestimmten das Schicksal Ihres Landes zwischen Dien Bien Phu und dem Ende der Algérie française?

Venner: Die »patriotische« Strömung im Denken und Handeln zur Zeit des Algerienkriegs läßt sich nicht isoliert von einer sehr viel breiteren historischen Bewegung betrachten. Um jene Epoche ebenso wie unsere eigene zu verstehen, muß man die europäische Geschichte des 20. Jahrhunderts deuten lernen. Bis 1914 vermochte eine »europäische Ordnung« Traditionen und Moderne zu versöhnen. Der Erste Weltkrieg zerstörte diese Ordnung, die von dynamischen Aristokratien errichtet worden war. Auf den Trümmern dieser Zivilisation spielten sich ab 1920 gewaltige sozialistische und nationalistische Revolutionen ab. Daß diese Revolutionen, der italienische Faschismus ebenso wie der Nationalsozialismus, scheiterten und einen neuen Weltkrieg und weitere Katastrophen auslösten, lag vor allem an ihrem aggressiven Nationalismus und der Brutalität, mit der sie gegen ihre Gegner vorgingen. Allmählich beginnt sich die Erkenntnis durchzusetzen, daß Europa zwischen 1914 und 1945 einen zweiten »Dreißigjährigen Krieg« erlebte. Er endete mit dem überwältigenden Sieg der USA und der Sowjetunion. Diese beiden Mächte teilten Europa zwischen sich auf und zwangen ihm ihre jeweilige Ideologie auf. Gebrochen von einem halben Jahrhundert erst des Gewaltwahns, dann des Schuldgefühls, ist Europa daraufhin in tiefen Schlaf gefallen. Die »patriotischen« und militärischen Bewegungen, die in Frankreich zwischen Dien Bien Phu (1954) und dem Ende des Algerienkriegs (1962) entstanden, lassen sich als instinktive Revolten gegen diese Erniedrigung Europas deuten, die in Frankreich durch die Dekolonisierung schmerzhaft spürbar wurde.

Sezession: Sie haben damals die Herausforderung gesucht. Mit zwanzig kämpften Sie in Algerien, um die französische Herrschaft dort zu verteidigen. Zu Zeiten des Budapester Volksaufstands kämpften Sie gegen die Kommunisten. Sie waren am Putsch der Generäle vom April 1961 beteiligt, dem Versuch, Staatspräsident Charles de Gaulle zu stürzen. Für Ihre Beteiligung am Kampf der Untergrundbewegung Organisation de l’ Armée Secrète (OAS) verbüßten Sie eine Gefängnisstrafe. Was war der Anstoß, daß Sie zu einem »rebellischen Herzen« wurden?


Venner: Ich hatte damals ein sehr ausgeprägtes Lebensgefühl. Gemeinsam mit einer Handvoll Kameraden bekämpfte ich das politische und intellektuelle Hundepack, das wir für unseren Niedergang verantwortlich machten. Unsere Ideen waren kurzlebig, unsere Instinkte aber tief. In tollkühnen Aktionen riskierten wir Kopf und Kragen. Dieses Engagement hatte wenig mit dem gemein, was man landläufig als »politisch« bezeichnet. Wir träumten weniger davon, eine »Partei« zu gründen als vielmehr einen mystisch-militärischen Orden. Unsere Vorbilder waren die spanischen Falangisten von 1936 oder ein Mann wie Oberst Nasser 1952.

Sezession: Wenn Sie von der damaligen Zeit sprechen, bezeichnen Sie sich selber als einen »Nationalisten«. Warum?


Venner: Wir nannten uns damals »nationalistisch «, um zuvorderst unsere Radikalität zu betonen und uns von der bürgerlichen Rechten abzugrenzen, die sich als »national« bezeichnete. Scherzeshalber pflegten wir zu sagen: »Der Nationale verhält sich zum Nationalisten wie das Rindfleisch zum Stier.« Zudem verstanden wir uns als europäische Nationalisten. Wir waren unserer Zeit voraus.

Sezession: Später verfaßten Sie eine »positive Kritik « des Nationalismus. Was hat sich verändert?


Venner: Das Manifest Pour une critique positive habe ich im Gefängnis geschrieben, Ende 1962, nachdem der Kampf für die französische Kolonialherrschaft in Algerien gescheitert war. Es entstand als Antwort auf die Herausforderung einer historischen Niederlage und wollte neue Denkansätze und Stoßrichtungen für den Kampf formulieren. Die Situation, in der wir uns heute befinden, ist eine radikal andere. Damals mußte alles wiederaufgebaut werden, ohne daß irgendeine Grundlage vorhanden gewesen wäre. Der kraftvolle Gestaltungswille der zwei Jahrzehnte zwischen 1920 und 1940 war durch den Sieg des Kommunismus und des amerikanischen Demokratismus gebrochen, zu schweigen von den antifaschistischen »Säuberungen«. Der Algerienkrieg bewirkte zwar eine patriotische Erneuerung, die jedoch, statt Impulse für ein neues Denken zu geben, große Verwirrung stiftete. Nach 1962 war unsere Ideenwelt dementsprechend verödet. Der Veröffentlichung von Pour une critique positive folgte 1963 die Gründung der Zeitschrift Europe Action, die sich in vielerlei Hinsicht spürbar auswirkte. Wenngleich Europe Action nicht alle in sie gesetzten Erwartungen erfüllen konnte, gelang es doch, Grundlagen zu schaffen. Dazu zählt die Öffnung des Nationalismus für die europäische Dimension, die Befreiung vom Christentum, die Fruchtbarmachung sämtlicher Forschungsergebnisse aus der Philosophie und Geschichtswissenschaft. Dies bildete die Vorlage für das spätere intellektuelle Wirken der Nouvelle Droite.

Sezession: Im Januar 2010 sind seit dem »Barrikadenputsch « in Algier genau fünfzig Jahre vergangen. Wie denken Sie heute über Ihren damaligen Hauptfeind: General de Gaulle?


Venner: Ich habe ein Buch über diese komplexe Figur geschrieben: De Gaulle. La grandeur ou le néant? (Le Rocher, Monaco 2004). Der Titel »De Gaulle. Die Größe oder das Nichts« unterstreicht die Ambivalenz seiner Persönlichkeit. De Gaulle verfügte über große politische Fähigkeiten. Er hätte sie zugunsten der europäischen Einigung und unserer Loslösung von den USA einsetzen können. Leider blieb er zeitlebens der Logik des antifaschistischen Bürgerkriegs verhaftet, auf die er in zwei Schicksalskämpfen gesetzt hatte: 1940/45 und erneut 1958/62. Das Ergebnis ist bekannt. Im Mai 1958 kam de Gaulle an die Macht zurück, getragen von einer breiten Bewegung der nationalen Erneuerung. Zehn Jahre später hatte er dieser Bewegung so sehr das Rückgrat gebrochen, daß ihr politisches Gegenteil triumphierte: der Geist vom Mai ’68, der heute noch dominant ist.

Sezession: Armin Mohler, der von 1953 bis 1960 als Korrespondent für Schweizer und deutsche Zeitungen in Paris arbeitete, schrieb 1958 in der Zeit, Frankreich sei das einzige Land, in dem der Faschismus eine »zweite Chance« hatte. Warum, glauben Sie, entwickelte sich aus dem Nationalismus, der OAS und den Bewegungen der pieds-noirs, der Algerienfranzosen, nie eine neue Form des Faschismus?


Venner: Aus soziologischer Sicht läßt sich die Existenz eines allgemeinen Phänomens namens »Faschismus« feststellen, einschließlich des freilich sehr anders gearteten deutschen Nationalsozialismus. Dabei handelt es sich um eine einmalige historische Erscheinungsform, die nur in einer bestimmten Epoche auftrat. Entgegen den Vorstellungen der Antifaschisten ist der Faschismus weder räumlich noch zeitlich übertragbar. Ohne den Ersten Weltkrieg, ohne den Tod der vormaligen europäischen Ordnung hätte es keinen Faschismus gegeben. Seine Entstehung verdankt er den verzweifelten Umständen sowie dem Aufkommen einer Ersatz-Elite innerhalb der Kriegsgeneration. Er ist im übrigen nur eine Reaktion auf die bolschewistische Bedrohung. Hinzu kommen die Auswirkungen eines verwundeten Nationalismus. Nach 1945 und der historischen Niederlage einer neuen, aus den »Stahlgewittern« hervorgegangenen Elite bestand niemals irgendeine Chance für einen anderen »Faschismus«. Eine Wiederkehr des Faschismus wird es genausowenig geben wie eine neue Reformation. Die Geschichte der großen Bewegungen wiederholt sich nicht. Wir leben längst in einer anderen Zeit, nämlich jener des Zusammenpralls der Zivilisationen und ihres Wiederauflebens – und nicht zu vergessen: Europas.

Sezession: Herr Venner, wir bedanken uns für das Gespräch.

Das Interview führte Karlheinz Weißmann

 


 

Article printed from Sezession im Netz: http://www.sezession.de

 

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[2] Image: http://www.sezession.de/heftseiten/heft-34-februar-2010

dimanche, 16 juin 2013

Romain Lecap: Manipulations médiatiques

Romain Lecap:

Manipulations médiatiques

vendredi, 14 juin 2013

M. Drac : Enjeux géopolitiques pour l'avenir

Entretien avec Michel Drac :

Enjeux géopolitiques pour l'avenir

jeudi, 13 juin 2013

Europe, Globalization and Metapolitics

 

Robert Steuckers:

Europe, Globalization and Metapolitics

Questions by Leonid Savin (April/May 2013)

Ex: http://www.geopolitca.ru/

Mr. Steuckers, we would like to start our interview by describing the current situation in the EU, especially in its North-West region. What could you tell us about it?

 
The situation in the Benelux-countries is what I could call a blind alley: the Netherlands, as a multicultural state —now with a majority of Catholics since only a couple of decades, a strong minority of Protestants including the Calvinists, who gave the nation its very birth in the 16th and 17th centuries, Atheists, who currently reject all forms of religious belief, and a Muslim minority within the predominently Moroccan and Turkish immigrant communities— is trying to reject vehemently Islam, as most immigrants don’t behave properly according to the Dutch standards and don’t represent at all a dignified Islam that would fit the general tendency of the Dutch people towards decency, fair play, respectability and gentleness. The Netherlands, due to the long dominating Calvinist elite, show currently a tendency to imitate the worst British or American models, even if Catholics, now a majority, incline to be more receptive to German or other Continental models, be they left-wing or right-wing. The islamophobic bias of the current leader of the PVV-party (“Liberty Party”), Geert Wilders, induce the Dutch government to follow the British and American foreign policy, although the positions of the former islamophobic political leader of the Netherlands, Pim Fortuyn, who was a Catholic homosexual and was assassinated by a pseudo-environmentalist thug, was against all Dutch intervention in the Balkan to crush the Serbians and pleaded for a complete withdrawal of the Dutch units that had been sent to Bosnia: this may have been the real reason for his assassination and not the lack of ecological positions in his programme or the quite agressive stances against Muslims he had taken in his political speeches and pamphlets. The Netherlands, although a model state in the current EU-crisis, as its financial status in the euro-zone seems to be perfectly sound, are nevertheless at risk because, exactly like Spain, they have a speculative bubble in real estate, that could explode at any moment.
 
One thing we should not forget abroad: the Netherlands, together with Flanders in Belgium, are constantly producing a huge amount of books on all levels of human sciences, on topics we are interested in, but that are unfortunately largely ignored in non Dutch-speaking areas, never translated and never quoted in scientific works, despite the fact that Dutch and Flemish intellectuals generally understand and read at least four languages and are therefore able to make remarkable synthesis.
 
Belgium is now another multicultural state, divided by a linguistic border separating two mainly Catholic communities, the Dutch-speaking Flemings and the French-speaking Walloons (there is also a small German-speaking community in the East of the country, alongside the German border). The Flemings have nowadays a stonger tendency, like the Dutch, to imitate Anglo-Saxon models while the Walloons are deeply influenced by French ways of thinking. The Germans are of course strongly influenced by German ideas and debates. These Low Countries are an incredible patchwork of ideas: you don’t find overthere large currents of ideas widely partaken within the population; on the contrary, you’ll find everything, left-wing or right-wing, sometimes expressed in very original ways but no social coherence deduced from this wide variety of ideas. Even within the main political parties (liberal, christian-democrats, socialists), tendencies are numerous among the leaders and the militants. The main trend is of course to accept the Western views within the frame that NATO is, although all the opposite elements are historically (Harmel) or currently (Collon) available to develop a strong critique of the NATO-ideology and praxis. Besides, people are not really interested in the operations launched in Iraq, Afghanistan, Libya or Syria. They don’t support the army sent overthere in these NATO-invaded countries (surely because the army is not a conscription army anymore), just as Pim Fortuyn wanted to withdraw Dutch troops from ex-Yugoslavia. I think personally, and I repeat it here, that this was most probably the main reason for his assassination and not the deliberate act of a crazy environmentalist activist; later, when the filmmaker Theo Van Gogh was murdered in Amsterdam by a Muslim fanatic because he had produced a short film allegedly criticizing presumed Islamic anti-feminism, the religious creeds of the assassin contributed to justify paradoxically the pro-NATO attitudes of Fortuyn’s successor in the Dutch populist ideological area, i. e. Geert Wilders, whose father was born in the Catholic province of Limburg near the German City of Aachen and whose mother is an Indian Hindu, most probably quite hostile to Muslims. The loyalty of the son towards his mother could explain some islamophobic BJP-like attitudes...
 
In the Low Countries, you can perceive a lot of isolated reactions against the System whereby the efforts of a Chomsky-inspired politologist like the ex-Maoist activist Michel Collon in French-speaking Belgium are the most notorious abroad. Belgium is nevertheless a fragilized country, even if the three Low Countries belong to the strongest economical powers within the EU. The effects of the crisis and the recession are palpable in Belgium now, as prices for food and first necessity products are a lot higher than in France and Germany, reducing drastically the common people’s purchasing power. Belgium maintains its relative stability only because of the giant customer-neighbour that is Germany, that buys goods in Belgium to produce other goods in Germany for the Russian and Chinese markets. So Germany, and by “translation” as a math teacher would say, Belgium and the Netherlands, are main partners of the most prominent Eurasian BRICS-countries, even if the NATO-oriented thrash-elite doesn’t want to be considered as such, despite the economical and commercial facts and figures. Thus “Little Belgium” shares a part of the German pie in Eurasia: in high commercial caucuses they are well aware of it and some cleverer minds dream of recuperating the positions Belgium had before 1914 in Russia (as Russia was the main commercial partner of Belgium between 1890 and 1914) and even in China, where many commercial missions are sent regularly. 
 
To conclude these short thoughts about the Low Countries, I would suggest Russian friends to create a small caucus for Dutch and Flemish studies in order to gather useful information that no one else would in the long run be able to take profit of.
 
- Austerity policies are now implemented in Southern Europe: how do you perceive them in the North-West? And what about the idea of a Pan-European solidarity or concert of nations in a crisis context?
 
You’ll probably know in Russia that the tragedy in Europe is that Northern people don’t have high consideration for their Southern neighbours and a political thinker such as Jean Thiriart, who remains a source of inspiration for me and for Prof. Dugin, deeply regretted it. Most people in Northern Europe say that we should force Spain, Greece, Portugal and Italy to accept these austerity policies but by thinking so they refuse to take the plain fact into consideration: the speculation of Wall Street banksters against the more fragile Southern European countries are speculations against the EU as a whole and an attempt to smash the euro as an alternative currency to the dollar, that some BRICS countries could have accepted as a mean to regulate international trade. The Atlanticist blindness prevent the EU-leaders to perceive these US-based banksters speculation as an extreme lethal weapon in the new non military types of warfare, just as spying European labs or engineering bureaus through the ECHELON-satellites system, just as exciting immigrants in French suburbs to start a guerilla warfare against the police to finally eliminate Chirac (who committed two main sins: developing further a French autonomous nuclear armament in 1995, according to De Gaulle’s vision, and having supported the idea of an Alliance between Paris, Berlin and Moscow during the British-American assault on Iraq in 2003) and replace him by a wacko politician such as Nicolas Sarkozy, who would some months later reintroduce France in the NATO High Command, just as sending “femens” trying to ridicule able politicians or archbishops, just as creating ex nihilo “orange revolutions”, etc. Indeed, as you suggest it, a wide and indefectible solidarity would be preferable in Europa than the current Southerner-bashing we are experimenting these days, especially as the three main peninsulas in the Mediterranean area are of the highest strategical importance and are potential springboards to invade the Centre and the North of the European subcontinent. One key idea would simply be to support the Southern European countries in a new policy consisting of refusing to pay banks back and to restart a new area, as they successfully did in Iceland. This would of course ruin all the dogmas of neo-liberalism. But is this not the ultimate aim of our struggle? 
 
The more or less official journal of the EU, “Europe’s World”, presents in its Spring 2013 issue two positions about the crisis, the one of Hans-Olaf Henkel, President of the Federation of German Industries (BDI), once an avowed advocate of the euro: he suggests now to create a “Northern euro” making an end to the promised Pan-European solidarity. Then the head of the European Institute at the London School of Economics, Paul De Grauwe, in the same issue of “Europe’s World”, pleads in favour of a “fiscal union” as that in the United States, even if the process of establishing it would take time, in order to avoid eurozone governments issuing debt in euros without being able to control the currency, what, according to De Grauwe, “prevents governments to give a guarantee to bondholders that the cash will always be available to pay them at maturity” (p. 28). Even if we have to be quite suspicious in front of all what the mainly neo-liberal London School of Economics theorizes, this strategy, suggested by De Grauwe, would reinforce European unity and avoid speculation against weaker countries. De Grauwe calls his suggested system the “pooling of eurozone governments’ debts” in order that “the weakest are protected from destructive movements of fear and panic that arise in the financial markets, and that in theory can hit any member country” (for instance, the Netherlands if the real estate bubble would give some banksters the opportunity to speculate against this otherwise financial “sound state”). Only this way could Europe become a full actor on the multipolar chessboard and be protected against the weapon of speculation that is a permanent risk when you remain glued in the Euro-Atlanticist realm where the “allies” aren’t allies anymore since the Clinton Doctrine described them as mere “alien audiences” that can be thrashed if there is somehow a fear in Washington that these “allies” could become very soon real competitors. 
 
Northern pride or not, learned and authorized voices in Germany predict a bad future for the economical superpower in the very Middle of the European subcontinent: both Conservative Count Christian von Krockow and Socialist Thilo Sarrazin enumerate the problems Germany has now to face: dereliction of the education system, which is now unable to generate the needed amount of technical or scientific elites, demographic downfall, ideological stalemate, refusal of the immigrants to assimilate or even to integrate, non manageable crisis of the Welfare State, etc. The crisis affecting Greece or Spain are only preludes to the big crisis that will hit whole Europe, including Germany, in the next decades, if a complete and total change of mind doesn’t occur. 
 
- Are economics a fate for Europe or is there a deeper base for a union (or a separation) of all European people?
 
Europa had of course to harmonize its economy after the Second World War, as the five or six gloomy years that followed 1945 were a disaster for our countries, a tragical derelict period in our history that an American or British historian, Keith Lowe, describes in a recent book; these were years of misery just as in the former Eastern Block and in the Soviet Union. Germany was a heap of ruins and France and Italy had been harshly hit too by carpet bombings (although to a lesser extent than Germany) and destructions due to military operations dotted both countries. We cannot deny a real European patriotism among the first architects of the European unification process (as Schuman, Adenauer and De Gasperi): their obvious aim was to make of Europe —this time through economical and not through military means— what Carl Schmitt would have called a “Greater Area” (a “Grossraum”). But due to a degenerative process induced by mass consumption and “sensate” materialistic attitudes (I use here the word “sensate” as it was coined by Pitirim Sorokin), out of which the May 68 ideology was the apex, partly due to the constant but silent efforts of former OSS-agent Herbert Marcuse, the staunch vision of a United Europe (or even of a “Eurafrica”) gave way to a kind of general capitulation, leaving the leadership of the Euro-Atlantic zone to the United States, a process that is about to be definitively achieved now when the Americans are trying to control the whole African continent through the recently set up AFRICOM-Command and so to get rid there of the Chinese first, who will be followed by the French now helping the Yankees in Mali! Sic transit gloria mundi! We can agree with many observers that the “sensate” mentality and the priority given to materialistic values have been deliberately induced by American think tanks who were and are transfering into practice the ideas of Sun Tsu, according to whom you have to weaken your potential ennemies or competitors by awakening among them a Sybarite mentality. 
 
If set down as the main and only possible motor to create a social system at narrow-national or wide-continental levels, economics induces by fatality, and as a practice banking on quantities and not rightly on qualities, a materialistic worldview that emerges and eliminates quickly all other values, as Julien Freund could demonstrate it, and gets rid of all ethical or historical sense of duty. Each form of triumphant materialism prompt people not to feel linked to their fellow countrymen anymore or instigates them not to respect religious ethical duties towards others, be they partaking the same beliefs as they do or, as Christian or Tolstoian ethics lays it, be they simply human beings who should be respected as such with no other consideration. It is in this sense of abandoning all national-political or religious links that Arthur Moeller van den Bruck, who together with his wife Lucy Kerrick, translated Dostoievski into German, said that after only some decades of liberalism (i. e. The “sensate” materialistic ideology of what the Russian economist and sociologist Sergej Nikolaievich Bulgakov —1871-1944— called “bourgeoisnost”, a neologism aiming at defining the utilitarian ideology of British liberalism) a people simply dies as a genuine value-born community and become a heap of scattered individuals, as we have now in our countries. Europe should have first be unified by means of a common “culture”, by a common educational system, and, in a second step, we would have coined a common constitutional and civil law system, respecting ethnic and linguistic communities (“real communities”) throughout the subcontinent. So all the prerogatives of the Indo-European “First Function”, according to the French academician Georges Dumezil, would have been set down as a very first frame for a future unification process. Later, the “Second Function” should have been established by constituting an autonomous military system, not depending on the NATO structures (as it was fully juridically possible in each Western European country), including a European production network for modern weapons in order not to depend from abroad for military supplies. Only after having created a general culture, education, law and defence frame, we could have thought of various unification processes on economical levels. The first think you have to do is to design the frame for all non materialistic values, which would be the real backbone of the genuine “ideational” (Sorokin) civilisation you want to promote, except perhaps in the European context in the late Forties and in the beginning of the Fifties, where urgently needed attempts to unify the subcontinent on economical level were reduced to the essential and the minimum, i. e. the coal and steel industry (EGKS/CECA).
 
- After the Second World War, the United States got a very strong influence on Western Europe, that was subsequently transformed into a junior partner in a Euro-Atlantic political community with so-called “shared values”. How does “Euro-Atlanticism” works nowadays in Europe?
 
The process of linking Western Europe, and now all the former COMECON-countries, to the United States has been long and quite complicated to understand it in all its aspects (and to explain them in a short interview) but one can say without any hesitation that it has never been studied systematically till yet. Let’s say, to put it in a nutshell, that the first attempt of the United States to colonize mentally the Europeans (their most dangerous potential foes) was to submerge the European cinematographic industry in the ocean of Hollywood productions. The battle was thus “metapolitical”. Hollywood was supposed to replace entirely the European film industry. France, that had already developed a good film producing industry before 1939, was positively blackmailed by the Americans in 1948: if the French cinemas didn’t take at least 80% of Hollywood productions to be broadcast everywhere in France, the country wouldn’t benefit from the money of the Marshall Plan, at a crucial moment of postwar French history, when riots and strikes were paralysing the country, when food supplies in big cities were undergoing scarcity, so that we can now blankly ask the question: weren’t the Communists, who organized the strikes and were supposed to operate for the benefit of Moscow, not performing the job the American secret services wanted actually to be done, in order to force France to accept the American “diktat” to give money if the movies were alone productions of Hollywood? In the Fifties, the Social-Democrats were the main secret allies of the Americans, as a result that they were chosen as partners by the American Democrats around Franklin Delano Roosevelt, whose New Deal policy in the Thirties became a model for socialists throughout the European subcontinent. The metapolitical influence of socialism and social-democracy in Europe has as result that American Democrats are always prefered in Europe than Republicans: remember Kennedy, Clinton (who waged more wars than his Republican predecessors Reagan or Bush Senior), Obama (who’s continuing Bush Junior’s wars and replacing troops by drones, causing even more numerous casualties in Afghanistan and Pakistan...). I would like to take the opportunity to evoke here two important books to understand the mechanisms of Europe’s colonization by the United States: 
- Richard F. Kuisel, Seducing the French – The Dilemma of Americanization, University of California Press, Berkeley/Los Angeles, 1993;
- Reinhold Wagnleitner, Coca-Colonization and the Cold War – The Cultural Mission of the United States in Austria after the Second World War, The University of North Carolina Press, Chapel Hill, 1994.
 
But the strategies developed in the European countries didn’t work properly: France under De Gaulle left NATO and asserted an original diplomacy throughout the world, partly along the lines defined by the Non-Aligned as suggested by De Gaulle’s famous declaration in Pnonh Penh (Cambodia) in 1966. This new French diplomacy, supported by able ministers like Couve de Murville and Jobert, was also backed by the high technological development of French aeronautics industry, producing among others the famous Mirage III fighters, that gave Israel the victory in June 1967. These planes were sold everywhere in the world and were serious competitors to American equals. Germany, despite its total destruction in 1945 and the millions of men who were prisoners of war in Europe (one million alone for France!), in the Soviet Union and in America could recover completely, in particular due to the courage of the women who helped rebuild the towns, the so-called “Trummerfrauen” or “Ruins ladies”, and could start the real economical wonder at the end of the Fifties, what aroused admiration even among former anti-Fascists. Germany had and still has a weak point: it has no aeronautics industry anymore but a well-developed automobile industry, perhaps the best in the world. The United States lost a lot of parts on the car markets in Europe due to the renewal of the celebrated German car brands: even American consumers started to buy German Volkswagen, Mercedes or BMW, just as Chinese or Russian new rich do nowadays. So the United States, once favorable to the European unification process, in order to get a huge market for their own products, began to reject secretely Europe as a unified economical block and to organize a commercial war against a lot of products like Camembert or Gruyere cheese, bananas from the French islands in the Caribbean Sea etc. European high technology companies, such as a German one producing solar panels, were spied by the ECHELON-Satellites; some former COMECON-countries were invited to join the EU and the NATO, so that the Europeans would pay endlessly for the constitution of a new military block aiming at “containing” Russia. The Europeans were to pay to sustain the weak countries and the Americans were taking the strategic benefits of the new situation without giving out a single penny. The last act of war is of course the speculation against the weaker economies of Southern Europe, in order to strike the “weak Mediterranean” belly of the subcontinent officially described as an ally but actually treated as a foe. 
 
According to geopolitican Robert Strauss-Hupe, who was formerly a collaborator of General Karl Haushofer’s “Journal of Geopolitics” (“Zeitschrift fur Geopolitik”) in his native Germany but had to leave the Reich after Hitler’s arrival to power because he was partly Jewish or had a Jewish wife and had to settle in America where he became an adviser of the US war machine, Europe and Germany in its middle part will always be potentially stronger than the United States for several reasons, among which he counted the excellence of the education systems and the “racial homogeneity”. The May 68 plots, coined by former OSS-officers like Herbert Marcuse (another German emigre) and many others, managed to destroy or at least to handicap seriously the European education systems. The importation of immigrants, having not benefited from a serious level of education in their own derelict countries, aimed at paralysing the social security systems and at compelling the European States to devote incredibly huge budgets to help these new masses of jobless people to survive in everyday life instead of creating for instance a good military or aeronautics industry. Second purpose of mass immigration is to be able to manipulate these masses in order to create severe civilian disorder in countries that could, for one reason or another, loose the links that bond them to America: this was said frankly by a former US ambassador in Paris, Charles Rivkin (that we shouldn’t confuse with the economist Jeremy Rivkin), who started a policy of supporting leaders of agressive youth gangs in the Parisian suburbs and promising them American and Saoudi or Qatari support. The riots that set ablaze the Parisian suburbs in November 2005 were a revenge of the US neo-conservatives aiming at chasing “disloyal Chirac” from power and to replace him by the man who took away a maximum of votes from Chirac’s RPR/UMP and from Le Pen’s “Front National”, i. e. Nicolas Sarkozy, by promising the French to “karcherize the banlieues” and to eliminate the “racaille” (the riffraff) (a “Karcher” is a brand derived noun, as Karcher-machines are used to remove the dust or the filth from houses’ walls by using an extreme powerful water spray). Nothing of that sort was obviously ever done but Sarkozy came to power and brought France back in the NATO and waged a war against Libya, so that the Congress in Washington hadn’t to vote war credits... The 2005 Parisian riots were used to promote an obscure suburb politician, who uttered a strong agressive and hysterical language to gather votes in order to change radically the Gaullist political orientations of his country in favour of the American world strategy. Objective observers can so see what can be the useful purpose of jobless masses in “alien audiences” (Bill Clinton), that are perhaps “allies” but should sometimes be thrashed. 
 
American influence is consolidated by several musical fashions and modes and through media agencies that always convey the US interpretation of world events. In France, the best exemple is furnished by the so-called “nouveaux philosophes”. This bunch of jabbering nonsense and humbug producers is determining the agenda of French politics since the end of the Seventies. The figurehead of the bunch is undoubtedly Bernard-Henry Levy (BHL), who has indirectly —with a leftist or pseudo-theological or pseudo-republican (French style) “wind language” (this expression was coined by Regis Debray)— supported all the American or Israeli moves on the international chessboard, depicting all the ennemies of America as if they all were dangerous Fascists, venomous dictators or backward populists, nationalists or paleo-communists. In France, BHL lead a systematic campaign against all possible challengers in domestic politics and not only against the nationalists around Le Pen. So the “shared values” of the so-called “Atlantic Community of Values” are now a mix of conservative Atlanticists (when some naive Catholics or Protestants believe that Washington is a kind of new protecting and benevolent Rome, as an otherwise interesting student of late Carl Schmitt, Erich Voegelin, who migrated to the United States during Hitler’s time, theorized), of Socialists of all kinds linked to the American Democrats in the Rooseveltian tradition, Manchesterian liberals who believe religiously in the credos coined by Adams Smith’s heirs, left-wing liberals a la Cohn-Bendit whose endeavours to promote the dissoluting anti-values of May 68 in order to weaken permanently Europe for the benefit of the United States, recycled Trotskites who replace the former Bolshevik notion of “permanent revolution” by the the actual practice of “permanent war” on Brzezinski” Eurasian chessboard (see the polemic books and articles of Robert Kagan), a permanent war around the territory of Afghanistan aiming at containing and destroying Russia, perceived as the heir power of the Czars and of Stalin. These are of course the “anti-values”, the values of “Non Being” as Jean Parvulesco polemically called them, against which my friends and I have struggled since the very beginning of our public activities. They are indeed “non being” values as it is impossible to build a lasting state or empire banking on them (for instance Parvulesco’s vision of an “End of time’s Eurasian Empire”). BHL endeavours have as main and only purpose to prevent the return of real political values, such as the ones Carl Schmitt and Julien Freund (among many others) illustrated in their precious works.
 
- Do you feel more “freedom” in Europe after Obama announced the emergence of a US “Pacific Axis”?
 
No. Not really. But maybe we can say that constant pressure is not needed anymore in Western Europe now because our countries are politically dead after so many decades of “liberalism” as Arthur Moeller van den Bruck would have said. It is also true that after the tragical and awful events in Libya in 2011-2012, where BHL was Sarkozy’s adviser instead of the French army’s generals (!), the figurehead of the “nouveaux philosophes” has lost a good deal of his impact on public opinion. The Lybian affair caused among other changes in French domestic politics the fall of Sarkozy who betrayed De Gaulle’s vision of international politics, in which France should have played an independant role in front of the orther superpowers. One of the last flops BHL committed in April 2012 was to describe Algeria —which is now simultaneously courted by the United States to join an informal “Southern NATO” around US main ally Morrocco and threatened like Syria is for keeping the militarized FLN in power since the independance of the country in 1962— not as an Arab and Muslim country but as a Jewish and French country! This vicious attack is emblematic in a certain way as Algeria wanted to be an Arab, Panarabian and Arab nationalist country within the community of Arab countries, despite the fact that most of the Algerians are of Berber/Capsian stock. The Arab reference of the Algerian nationalists, who spoke in the Sixties a dialect quite different from the classical Arabic language, was to take the new independant country out of isolation, to participate to a wider range of non aligned nations and to be close to the Nasserite form of the Panarabian ideal. Although a very interesting political figure as the former Algerian President Houari Boumediene remained a purely political thinker who could generate a team of very able diplomats in the Seventies and Eighties (before the terrible civil war of the “Blood Decade” from 1992 to 2003). These diplmats could for instance solve the problems between Iran and Iraq in 1975, when the circulation of oil vessels could be pacifically regulated in the Chatt-el-Arab part of the Gulf. Iran was represented by the Shah and Iraq by Saddam Hussein. Mohammed Sahnoun, adviser of President Chadli (Boumediene’s successor), was the head of a geopolitcal school in Algeria and lead the diplomatic mission to solve the problems in the Grand Lakes area in Africa. Sahnoun pleaded for an Euro-African alliance aiming at keeping the United States out of the Black Continent, especially out of the Horn of Africa, a region which is a strategic bridgehead to the Indian Ocean, described by Mackinder’s heir as the “Heart Sea” in front of Russia as the “Heart Land”. Still more interesting, Sahnoun theorized in a positive way the pacific and cooperative juxtaposition on the international chessboard of “cultures”, that would have to come back to their roots and abandon the false seductions of mean modern ideologies. Sahnoun is the real antidote to the conflict arousing perspective of late Samuel Huntington, who perceived the cultures as automatically antagonist. His ideas find an echo in the works of his Japanese alter ego, Moriyuki Motono, adviser of former Prime Minister Nakasone, who also pleaded for a pacific juxtaposition of “cultural areas” but having this time neighbouring “intersection areas” which would help neighbours to understand each other better, simply because they have in their spiritual heritage values shared by both neighbouring cultures. 
 
Boumediene had been a student of Arab literature and was surely a pious Muslim but he never used religion as an emblem of his “Algerian specific socialism”. When BHL says that Algeria is neither a Muslim country, he attacks also the Salafists of the wide range of Muslim-oriented political forces in Algeria. To say that Algeria is both Jewish and French means that Algeria is unable to help itself and needs a recolonization by the Jews and French, who were expelled in 1962. BHL added that in the short run Algeria will be undergoing an “Arab Spring” like Libya and Syria. This is of course a clear threat to an independant country which has already experimented a civil war that caused hundreds of thousands of casualities. But this has been too much: BHL isn’t taken seriously anymore. Even the Belgian daily paper “Le Soir” (25th April 2013) titled “la Syrie ne fait plus recette” (“Syria doesn’t bring cash anymore”), deploring that initiatives to raise money for the Syrian rebels in Belgium isn’t a success. So the whole ideology that BHL and his chums are trying to impose with a good dose of forcefulness loses currently all impact: people aren’t interested anymore. 
 
This attack against Algeria brings me directly back to your question: the purpose of the Atlanticists is to include Algeria in a kind of “Southern NATO” by giving the former Spanish Sahara to Morrocco and give Mauretania as a kind of newly designed colony to an officially anti-colonialist Algeria, so that Algeria could get its geopolitical dream fulfilled by being simultaneously a Mediterranean and an Atlantic power. The problem is that the distance between de Mediterranean and the first parts of the Mauretanian Atlantic shore is incredbly long: more than three thousand kilometers of sand desert, with poor communications by road or railway and so without any economical utility and permanently under the threat of the Morroccan army, which can at any time withdraw in the Atlas mountains and strike back at will. The gift suggested is not a real gift. The US goal is to control the whole former French West Africa, from Dakar in Senegal to Somalia, Djibuti included, in order to protect the exploitation of oil fields in Nigeria, Camerun and Chad and to prevent the Chinese to be the leading exploiting power in Black Africa. So your question asking if Europeans feel more “safe” or “free” since Obama decided to give priority to a Pacific Axis can be obviously answered negatively as the containment of China in the Pacific implies a US presence in Africa and the creation of a “Southern NATO” being an annex of a general AFRICOM-bolt that would encircle completely Europe on its meridional flank. If China loses its African positions, it will be considerably weakened and unable to order as many goods as nowadays in Europe. Germany would also be weakened and Belgium risks to be in the same situation as Greece or Spain, as its public debt is quite high, especially since the compelled taking over of two bankrupt banks after 2008 (Fortis and Dexia/Belfius): the planned crumbling down of the eurozone would be brought to an end and the “Northern euro” would only be a dream of paleo-nationalists in Germany and Northern Europe. One must not forget that Belgium and especially the Walloon coal-and-steel areas were hit by the Iranian Islamic revolution that prevented the consolidation of the nuclear power and steel industry cooperation that the Shah started with France, Germany and Belgium. The so-called Islamic revolution in Iran had for us all severe consequences so that, even if we refused all forms of agression against present-day Iran and if we respect the positions of President Ahmadinedjad on the Eurasian chessboard and in Latin America (when he cooperated with Chavez), we don’t share some views of yours and of former ex-Maoist journalist Michel Collon about the history of Iran before the Islamic revolution of 1978-79. We don’t forget that the same “nouveaux philosophes” and Trotskites, who preached against the Shah in the streets of Paris, Brussels and Berlin in 1977-78, are now trying to excite people against Ahmadinedjad, exactly as they did against Milosevic, Putin, Lukachenko, Khadafi and others! The purpose is to prevent all cooperation between Europe and Iran, be the regime overthere Imperial or Islamic; therefore we defend the positions of the Shah in the Seventies and we support all initiatives trying to prevent a useless and criminal war against Ahmadinedjad’s Iran.
 
Obama’s Pacific Axis has thus effects on the Southern flank of Europe. Wherever they strike, they hit us all. Hitting China in Africa means hitting Europe here and there too. 
 
-What do you think about EU-outsiders such as Turkey, Serbia and some ex-Soviet countries like Moldova, Belarus and Ukraine?
 
Turkey is a tremendously interesting country to study and it fascinates me since two memorable periods in my life: 1) the long trip our Latin and Philosophy teachers organized for us to Turkey in the Summer of 1972; 2) My subsequent reading of Arnold Toynbee’s pages on Bythinia, the Byzantine Empire and the Ottoman Byzantine strategy; according to Toynbee, who was a “byzantologist”, the power that dominates the small narrow former Roman province of Bythinia and the neighbouring Bosphorus area is able to expend in all directions, i. e. the Black Sea, the Balkan, Caucasus, Syria, Egypt and Northern Africa and even beyond if enough material and human means are available. It’s maybe therefore that the American strategist Edward Luttwak has recently written a book about the Byzantine strategy, which aimed, when the Byzantine Empire was still a powerful commonwealth, at controlling all the former areas of the first Roman Empire exactly like the Ottomans will later try to expend alongside the same geostrategical lines. The Ottomans couldn’t perform the task: their sea power was fragilized after the battle of Lepanto (1571) and the definitive blowback was a fact after they failed to take the City of Vienna in 1683. After the terrible defeat in front of Vienna’s walls, their decay period started, even if they could maintain their grip on the Balkans, Syria, Palestina, Iraq and Egypt till the Russian-Turkish war of 1877-78, the Balkan uprisings of 1912-13 and the defeat of 1918. In the eyes of their leader Mustafa Kemal Ataturk, the Islamic-Ottoman option had been brought to an end and the remaining Turkish state had to follow other paths. It should first get rid of the Islamic past and find a new identity that according to Ataturk himself should be a Hittite identity (he therefore opened an archeological museum in Ankara). By choosing a Hittite identity, Ataturk intended to identify his country, reduced to the Anatolian part of the former Ottoman Empire and bereft of all the Iraqi oil fields, with an Indo-European people that came from Europe to conquer Anatolia, where it left an astonishing civilisation, and induced geostrategical lines that were taken over by the Romans and the Crusaders marching towards Syria and Mesopotamia. The Hittite rage didn’t last long in modern Turkey and was replaced in the political mythology of the anti-islamic military elite by Panturkism or Panturanism, aiming at assembling all Turkish-speaking people in one giant state from the Egean to China. This Panturkic ideology was resolutely anti-Soviet as the main Turkish-speaking area the Panturkists wanted to acquire were in Soviet hands in Central Asia. In 1942, when the Germans could have taken Stalingrad and cut in their very middle the supply routes the Americans had created in Iran by organizing the Paniranian railways and in the Northern Atlantic from New York to Murmansk by organizing huge convoys of “Liberty ships” bringing ammunitions and material to the Soviet Army, Turkish officers around Staff-Chief General Cakmak proposed in Berlin to invade the Caucasus but their scheme was so abstruse that the Germans didn’t want this suggested alliance implying the emergence of an even more dangerous super-state in the East. 
 
Erdogan has inaugurated a new era in Turkish politics as he rejects officially the non religious Hittite and Panturanic/Panturkic projects in favour of a renewed Ottoman-Islamic scheme. His aim is to crush the former military elite and to replace it by a new pious “bourgeoisie” that thrived economically in the new developing area in the South-East part of present-day Turkey. We cannot meddle in the domestic affairs of Turkey and dictate the Turks in which way they should think. So be the official ideology Kemalist or Neo-Ottoman/Islamic, we don’t care and simply hear and listen to what Turkish politicians say. But when Erdogan comes to Germany or Belgium and urges Turkish people living in our countries not to assimilate (which I can understand because Europe lives now in a dangerous and deleterious period of decay) and to form a kind of “Fifth Column” in a Europa that they will in the end control and bereave of its identity, we cannot agree. We disagree too with the Syrian policy that Erdogan followed in supporting the Western- and Qatari-backed rebels against the Baath regime of Bechar El-Assad. It would have been better if Turkey had followed its initial policy of friendly relationships with Syria before the fatidic visit of Erdogan and Gul in Damascus in August 2011, when they tried to impose ministers of the rebellious “Muslim Brotherhood” in a next hypothetical Syrian government. The links that the present-day Turkish president has in the bank world of the Gulf Emirates and most probably of Qatar are of course another problem, that can jeopardize fruitful future relations with Europe and Russia. Erdogan’s Minister of Foreign Affairs, Ahmet Davutoglu, nicknamed the “Hoca”, the “Professor”, in Turkey, wanted to develop a neo-Ottoman foreign policy, which we could have accepted in its first version, as it wanted “zero problems on our borders” and started the first positive policy towards Syria, Iran, Libya and other powers in the Near- and Middle-East. But this orientation has had no future, unfortunately. Of course from a European, Austrian, Panorthodox and Russian point of view, we cannot accept the expansion of a neo-Ottoman scheme in the Balkan, that would be backed by the United States, Saudi Arabia, Qatar and the so-called Islamic finance, from which apparently Gul proceeds. Even if Prof. Dugin and his Italian friend Claudio Mutti were deeply influenced by Leontiev’s ideas, which prefered an Ottoman domination in the Balkan than the juxtaposition of false Orthodox mini-powers strongly influenced by modern Western ideas, things have changed in the second half of the 20th century and it is of course now better for all of us to support in the Balkan Croatian or Serbian geopolitics. 
 
This brings us to Serbia. This country is the “core area” of the Balkan. Even if Germans had a general tendency to support Croatia in the Nineties instead of Serbia, the Austrian geopolitician Baron Jordis von Lohausen supported Serbia at the end of his life and even evoked an Axis “Vienna-Belgrado” to link Danubian Europe to the Egean by the shortest river and land roads. Croatia has a different perspective on geopolitics: its geopolitical lines are Adriatic-Mediterranean and the only conflict with Serbia was about a “window” on the Danube river at Vukovar where fierce fights opposed Croatian troops to the Serbian Army. In 1995, the Croatian Army conquered the Kraina region, which was peopled by Serbian villagers but was a strategic balcony threatening Dalmatia’s harbours which were formerly Croatian-Venetian. The dramas of Vukovar and the Kraina have certainly left a huge amount of bitterness in former Yugoslavia but the core area that Serbia is has not been so dangerously threatened as it was later by the Kosovar independance movement lead by the Albanian-speaking UCK-militia. Kosovo was till the Ottoman invasion in the 14th century a pure Serbian province, in which the tragical battle of the “Blackbirds’ Field” took place and in which the oldest Orthodox monastries stood. The independance of Kosovo is certainly the oddest mutilation of Serbian territory that we have to deplore. As you perhaps know, I am and was a friend of both Tomislav Sunic, the Croatian thinker, and of late Dragos Kalajic, the Serbian painter and traditional philosopher who published the Serbian version of the magazine “Elementy”. I am also a friend of Jure Vujic, the Croatian geopolitician and political scientist who recently published a book on Atlanticism and Eurasianism, for which I wrote a foreword: you have commented this book and my introduction on one of your websites. Sunic, Vujic and Kalajic were speakers at our Euro-Synergies’ Summer Courses in France, Italy and Germany. Sunic has written a book on the American Evil in Croatian and so did Kalajic (“Amerikanski Zlo”) in Serbian. In 1999, together with Laurent Ozon in France, I opposed the NATO-intervention against Yugoslavia and I spoke with Kalajic and his Italian friend Archimede Bontempi in Milano, together with the Mayor of the City, to explain how the war against Serbia was a war against Europe, which purpose it was to block all river traffic on the Danube and to destroy for long all developments in the Adriatic Sea, where NATO-fighters dropped their extra bombs in the sea, killing Italian fishermen. We dispatched the texts of the gallant American senator of Serbian origin, Bob Djurdjevic and, on their side, the left-wing Professors Michel Collon and Jean Bricmont did the same: Collon remembers this all around dispatching of counter-information on Serbia as the first resistance action on the internet in a recent speech he held in Brussels and Bricmont was even savagely beaten up by the thugs of the Brussels police and thrown an all night in a dirty cell because he stood in front of the NATO-buildings in the Belgian capital, just as some years later the Italian member of European Parliament and former Justice Secretary of State Mario Borghezio, who had opposed the bombings of Belgrado too, got also —even if he is an elderly man— a hiding with truncheons by the same scum and thrown in a cell: the Italian Embassy had to send officers to order the Belgian government to let him immediately free. 
 
Kosovo is the central part of what Kalajic called the “Islamic chain of States” that Americans and Saudis intended to install in the Balkan in order to bolt the landway between Central Europe and the Eastern Mediterranean, leaving Greece isolated and weakening all possible allies of Russia in this area. Kosovo will shelter the hugest military base of the United States in Europe, the “Camp Bondsteele”, that was built by Halliburton and where a substantial part of the US garrisons of Germany will move to. The purpose of this policy could have been read in Sir Nigel Bagnall’s book about the “Illyrians operations” of the Romans between 229 and 227 B.C. and between 215 and 205 B.C. In these historical studies by the former Chief of the British General Staff, the importance of the central areas of the Balkan are duly stressed: the book has been written in 1990 and its German translation dates back 1995, just four years before the bombings started in Serbia (Sir Nigel Bagnall, Rome und Karthago – Der Kampf ums Mittelemeer, Siedler, Berlin, 1995). A control of this central Kosovar-Serbian part of the Balkan allows every superpower to threaten or control Italy and to benefit from a springboard towards Anatolia and further East, exactly like the Ancient Macedonians did at the time of Alexander the Great at the eve of his invasion of the Persian Empire. The Ottomans, once they could control the same areas in the 14th century, became a permanent threat for Italy, Central Europe and the Black Sea (Pontic) area. So an intact Serbia could have been the territory that would have united Central Europe (Austria’s imperial heritage) and Russia (in a Panorthodox perspective) in the struggle to repel all foreign powers out of the Balkans, the Eastern Mediterranean, the Adriatic Sea and the Pontic area. 
 
Now the EU and the United States are trying to blackmail Serbia, promising a rapid membership in the EU if Serbia recognizes Kosovo as an independant state. I hope Serbia is not going to abandon its traditional position and still will consider Kosovo as a lost province that will one day be Serbian again. 
 
If we hear almost nothing about Moldova here in Western Europe, Belarus is described in our mainstream media as a clownish dictatorship of paleo-communist bigots. Belarus is nevertheless the central part of the North-South “Baltic/Pontic” line. There are three such North-South lines in Europe: 1) the Rhine/Rhone line linking by landways the North Sea to the Mediterranean; 2) the Baltic/Adriatic line from Stettin or Gdansk/Dantzig to Trieste in Italy or Pula in Croatia; this area will in the short run be linked by a direct railway track linking Dantzig to Ravenna in Northern Italy, a City that was the capital of the Ostrogothic Kingdom in Italy, which was conquered by the Byzantine General Belisarius in 536. In the Middle Ages, King Ottokar II Przmysl (1253-1278) of Bohemia wanted to create a realm linking the Baltic Sea to the Adriatic: the future rapid railway track between Gdansk/Dantzig and Ravenna will fulfill his dream; 3) the Baltic/Pontic line has never been united except perhaps by the Goths at the eve of the Hun invasion of Central Europe and the Roman Empire; therefore this line is sometimes called the “Gothic Axis”. The Polish-Lithuanian state was an attempt to restore this Axis under the Baltic-Slavonic Jagellon dynasty but the project failed due to the Ottoman conquest of the present-day Ukrainian territories beyond Odessa and of the Crimean peninsula. In the 18th century, the Empress of Russia Catherine dreamt together with the German philosopher Johann Gottfried Herder to create in this space between Lithuania and Crimea a realm that would be a new Germanic-Baltic-Slavonic Hellas, on the model of Ancient Greece. New enlightened societies would have been created in this area separating Western and Central Europe from Russia, that is simultaneously an “intersection area” according to the Japanese “culturalist” philosopher Moriyuki Motono (cf. supra), who perceives “intersection areas” as unifying factors and not as dividing forces. The very importance of Belarus, as the central part of this potential “intersection area” and of the “Baltic/Pontic” line should prevent the European medias to bash constantly Belarus and its President Lukatshenko and find instead all possible positive approaches of the Belarussian factor. 
 
At the time of the so-called “Orange revolution” (2004-2005), we could have feared that the Ukrainian state would have joined the NATO and have isolated the Crimean Navy base of the Russian Black Sea Fleet, which was one of the purposes Zbigniew Brzezinski hoped to achieve. For Brzezinski the fall of the Ukraine would have meant the total and complete achievement of his long elaborated strategy, as it would have weakened Russia definitively and made of the Black Sea an American-Turkish lake. Due to the victory of the anti-orange party in Kiev and Kharkov, Brzezinski’s project is doomed to be a failure, what he has recognized himself by saying that his long hammered policy of destroying Russia, by supporting the Mujahiddin in Afghanistan, the secessionist forces in the Muslim Republics of the former Soviet Union and the Ukrainian nationalists couldn’t be carried out in due time and that the United States had now to change strategy and try to ally with Russia in order to create a “Northern Hemisphere” Big Alliance with Northern America, Europe, Russia and Turkey (see one of his last books “Strategic Vision”, published in the United States in March 2012). 
 
- Do you think that some of these countries could possibly join the NATO or the EU for political reasons, like Rumania and Bulgaria did at the time of the so-called NATO-enlargement? 
 
Turkey is already a NATO-member and among the most important ones due to the old strategic position its territory occupies between the Black Sea, the Balkan, the Syrian area, the Eastern Mediterranean and Egypt. But there is absolutely no necessity for new countries to join the NATO as this Atlantic Alliance had been set up in the time when communism was still a quite virulent ideology that allegedly wanted to export a “world revolution” and put the rest of the world ablaze. This ideology doesn’t exist anymore, except in the form of “trotskism” now skillfully disguised in neo-conservatism as “permanent revolution” (Trotsky) has become “permanent war” (Kagan): the real “communist danger” nowadays is America as a trostskite/neo-con superpower, even more virulent than the Soviet Union ever was. And even in the last years of the “Cold War”, the American grip on Europe became tighter, after the “century’s market” which imposed American fighters in all the air forces of Western Europe instead of the French Mirage or the Swedish Viggen fighter or a new fighter having been produced by a joint Swedish-French venture. This incident proved that our political elite was rotten and corrupted and that they were not conscious of the treason they committed and, subsequently that we were not free and constantly betrayed by degenerated politicians; all that induced us to reject NATO as an enslaving organisation (slaves are not entitled to carry weapons). So since the very beginning of our activities we were hostile to NATO, as Jean Thiriart was some ten years before us. We could bank on several Belgian political traditions, that never could be implemented: when NATO was created under the impulse of the Belgian socialist minister Paul-Henri Spaak, the conservatives among the Belgian politicians were mocking the attempt to build such an Alliance and nicknamed it “Spaakistan”. They were reluctant to include Belgium and the Belgian Congo colony into such a “Spaakistanese” construct. Later the Catholic Prime Minister and future Foreign Affairs minister Pierre Harmel tried to escape the grip of America by proposing new bilateral relationships between small powers of the NATO commonwealth and small powers of the Warsaw Pact, i. e. between Belgium and, for instance, Poland or Hungary (as Catholic countries, Hungary being a State having belonged like Belgium to the Austrian Empire). These ideas, that were impossible to implement due to the total infeodation of Belgium, are nevertheless still alive in the debates run in the country: Prof. Rik Coolsaet and diplomatic TV-journalist Jan Balliauw continue this critical tradition of Belgian intellectuals and diplomatic personnel who were never tired to criticize American policies on the international chessboard. 
 
In 1984 I had the opportunity to meet at the Frankfurt Book Fair former Division General Jochen Loser of the German Army, who also was the last young officer who had been evacuated by a Ju52 plane from Stalingrad after having lost his hand. Loser had been disgusted by the colonialist behaviour of Americans and moreover by the policy of installing Pershing rackets targeting Warsaw Pact positions, risking to provoke Soviet retaliation on the German soil. Consequently Germany, East and West, could have been wiped out the map through a carpet bombing through nuclear weapons. A neutrality policy based on the models of Austria, Switzerland, Finland, Sweden and Yugoslavia was therefore the only rational possibility. The neutral central zone in Europe should, according to Loser, be enlarged to East and West Germany, Poland, Czechoslovakia, Hungary, the Netherlands, Belgium and Luxemburg. A Swiss-Yugoslavian bunkerized defence system should have sanctuarized the whole area. The perestroika of Gorbachev made this kind of speculations useless. One year later, General Gunther Kiessling, German delegate officer at the NATO Headquarters in Casteau (Belgium) was also disgusted by the fact that High Staf officers were always American or British despite the fact that European armies were more numerous in the forces displayed by NATO; Kiessling subsequently advocated a foreign policy based on Harmel’s ideas. Our positions, at the very beginning of the history of our magazines “Orientations” and “Vouloir”, stood in this rational, political and non ideological way of thinking and our hostility to Washington’s warmongers derives from these objective statements.
 
- In one of your articles issued in 1998 you wrote about the priority of “Volk” over abstract state. How do you think about this position now when we have a postmodern mix with the social networks, the long-distance nationalism and the immigrants flows?
 
I don’t remember exactly about which article you are talking. But nevertheless the sense of belonging, the sense of duty and, if necessary of sacrifice, is only possible when you are embedded in a blood and soil humus or if you’re “roped together” (“encordes”) like alpinists with your fellow-citizens as the present-day French philosopher Robert Redeker says in denouncing the degenerative Western fashions, focussing only on the diseased “ego” reduced to the only physical body, the “Egobody”, as he calls it, and trying to embellish it by artificial interventions or bizarre tricks like tattoos, piercings, mamal implants, etc. Modest traditional people should have a “craddle country”, have a dialect, i. e. words of their own that are a part of their intimate identity, an identity that has to be linked by a “long story” or a memory which ought to be embedded in a genuine history and in songs, poems and novels that are their own and non imported. Intellectuals of course have always had a more open mind, could always throw and catch a glimpse beyond the border of their own kinship but this is of course not a reason to reject viciously what’s carved in your own self and create artificially cosmopolitan societies and pseudo-values, believing they are the only keys to the future, i. e. cosmopolitan societies that neo-liberals a la Soros now call “open societies”. A society is dangerously “open” when all its members have lost their memories, when they are serialized like preserved meat cans or like poor battery chickens. The notion of “Volk” was first coined philosophically by Johann Gottfried Herder, who had a great influence in Russia and inspired the “Narodniki” thinkers. This enabled the Czar in the 19th century to pay linguists and grammarians to write down a first scientific Russian grammar and also, a couple of decades later, grammars of the Baltic languages. Later, even the Soviet system could better preserve the small peoples of the present-day Russian Federation like the Mordves, the Chuvashes, the Maris, etc. and give them autonomous districts or republics that kept their cultural heritage intact without even endangering Soviet Union or current Russia as supranational wholes. This also is a heritage of Herder’s thinking, which is “another Enlightenment” quite different than the Enlightenment that generated the Western ideology. You could of course say that the Soviet system of ethnical republics lead to the tragedy of Chechnya and the dangers of an Islamic rebellion in Tatarstan or Bashkirtostan. I answer this objection by remembering that other Republics, like of course Ossetia remained absolutely true to the links they have since about two centuries with Russia and that the Muslim religious authorities in Kazan develop an Islam that is original and immune in front of all the false seductions of Wahhabism. 
 
Religious values can only be kept alive in the “ethnical-ideational” frames that “Volker” objectively are, without any sanctimonious or bigot derivations. Big overcrowded Cities are a danger for the human kind not only in Europe, in Japan or in Russia but also in Africa (see the horrors of the slums in Nigeria for instance) and in Latin America (Mexico City and his criminal gangs having transformed this poor country —that once upon a time fascinated the English writer David Herbert Lawrence— in a “failed State”). Once more the idea of a variety of people on the surface of the Earth, expressed some decades ago by the Breton thinker Yann Fouere and his Irish fellows among the true leaders of Eire (De Valera, MacBride, etc.), is a true and acceptable “inter-national” idea, i. e. an idea shared “among nations” (Latin, “inter nationes”), as the people are “actually existing” and the pseudo-international, cosmopolitan ideas are mere chimaeras. You cannot sell the cosmopolitan ideas of Parisian intellectuals a la Bernard-Henri Levy in Africa. The Chinese by cleverly refusing to impose their own foreign notions to Africans could conquer markets in the most derelict states of the Black Continent because their leaders were fed up by the moralizing and intrusive interference of the West with their domectic affairs. The French-speaking poet and writer Leopold Sedar Senghor, who became President of Senegal, was an attentive reader of Count de Gobineau, described in all possible “antifa” books and essays as the “Father of Racism”. The couple of pages Gobineau devoted to the African people in is “Essay on the Inequality of Races” didn’t upset the future President of Senegal when he read them as a student involved in the “Negritude” movement in France and French-dominated Africa. Senghor stressed the necessity to keep in each possible culture, in Africa, Europe or elsewhere in the world, the figure of the “conteur”, the “storyteller”, who transmit the people’s memory to the future generations. In a developed country the collective “storyteller” could be the historians and philologists, who surely exist in the best way in our societies, but are edged out and bereft of all consideration in front of all the negative figures of modernity like bankers, economists, lawyers, technocrats, etc. who have wiped out the collective memories in our developed societies, destroying what Redeker, as an attentive reader of Heidegger, calls the “encordements”, the “roped-togetherness”, leaving behind a miserable crippled (sub?)human kind unable to react properly in front of all the challenges of postmodern age. 
 
Postmodern thoughts could have been an opportunity to get rid of the Western ideology that claims to be the only heir of the 18th Century Enlightenment and as such the only “true” acceptable way of thinking: all other forms of thoughts being dismissed as unacceptable, racist, fascist, non democratic, etc. becoming automatically a domestic outlaw, who would surely be totally ignored by the mainstream media (which is a contradiction to the “Human Rights” principles as such an edging-out is equivalent to the forbidden political crime of condemning a citizen to the “civil death”) or an international thug, whose state would be registered in the “Black List” of the contemptible “Axis of Evil States”. Armin Mohler —who wrote the most memorable book introducing us to all the aspects of the German so-called “Conservative Revolution” and asked all non-conformist Europeans in the Sixites and Seventies to show an actual solidarity towards all the States that the USA described as “Rogue States”— had hoped in 1988-89, just some months before the destruction of the Berlin Wall, that postmodern trends would have eroded the Western ideology, which in Germany had become a must in the versions coined by Sir Ralf Dahrendorf (who was a British citizen) and Jurgen Habermas. No one could think, elaborate an ideological corpus outside the only few paths indicated by Habermas, the atrabilious professor who was always rising an admonishing finger. Postmodernity signifies first of all relativism. One could have needed a relativism precisely to “relativize” the new compulsory ideology imposed not only in Germany but everywhere else in Western Europe. 
 
Unfortunately for Western Europe and for the ex-Comecon states now included in the EU, the relativism of some postmodern thinkers couldn’t perform the job that Mohler hoped that we would have achieved. The relativism of postmodern thoughts leads to a still more “sensate” world of decay, that the late and regretted French thinker Philippe Muray called the “festivism”, mocking the current trend to invent new “postmodern” festivities like Gay Prides to replace traditional and liturgical religious festivals or ceremonies. Mohler hoped that postmodernity would have restored an ironical criticism banking on the traditional irony of Ancient Greek philosophy (Diogenes), on the famous “Hammer’s philosophy” of Nietzsche aiming at generalizing a “joyful knowledge” and on some aspects of the Heideggerian will to “fluidify the concepts”, that’s to say to eliminate all the rigidities the concepts had acquired by time because of the bad habits of starchy philosophers who only could repeat stupidly what their brilliant teachers in the past had said, so that they were constantly losing the substance and rigidifying the forms. Heidegger had been ordered by Conrad Grober, his parish priest (who as an eminent theologist became later the Archbishop of Freiburg-im-Breisgau), to study the concepts of Aristoteles in order to think beyond the rigid concepts the Scholastics had clumsily fabricated out of the genuine Aristotelian materials. According to Grober, Aristoteles’ concepts were more dynamic than static: the schoolmen hadn’t understood properly the meaning of the Greek grammar tenses, that express a variety of time meanings, among which some were rather static and others frankly dynamic. The schoolmen had only kept the static meaning in their narrow brains. Grober wanted to restore the dynamic nuances and save the Catholic faith (it was his main aim!) of sclerosis due to a too static interpretation of Aristoteles’ concepts by the scholastic tradition. 
 
The worldwide adoption of the poor substanceless cosmopolitan cogitations will surely destroy ethnical and ethical values, i. e. the “Volker” and “volkisch”-determined values Herder and the Narodniki wanted to save by a constant acitvity of poets, archeologists, philologists, grammarians and historians as well as the religious traditional values eminent men like Guenon, Evola, Tucci, Schuon, Coomaraswamy, etc. wanted to restore. “Nationalism” in the positive sense of the word, that’s to say in the sense Herder had wanted to impulse in Germany, Russia and elsewhere, implies that you feel as your duty to immerge yourself in your national-ethnical-linguistic surroundings, as actual and non fictional surroundings, in your “Nahe”, your proximity, as Heidegger has taught us and as he had practiced it by drinking beers with his beloved and often forgotten brother Fritz in the pub of his native town of Messkirch in Schwabenland and by having long walks on the paths of the Black Forest near his small chalet of Todtnauberg. Heidegger also stressed the importance of the “Nahe” in a speech he held in plain language for the inhabitants of Messkirch in 1961; the speech was about television: Heidegger explained that television was a devilish device introducing “Farness” (“die Ferne”) into our “proximity” (our “Nahe”), ruining the entrenchments and real-life links we needed as stabile and not uprooted beings. Nowadays with modern devices as MP3, iPods and another useless knick-knacks every possible event or presposterous fancy spectacle is permanently irrupting in our daily lives: strident or cacophonic GSM-bells are ringing when you’re in your bath, in a tramcar, in a romantic restaurant, in your girlfriend’s bed or at a serious meeting, pupils can watch a film in the classroom without being caught by the unaware teacher, young girls and boys are emitting curious sounds in the bus because they’re listening to loud crazy music, so that they’re even conscious of making noises. This kind of subhumanity you can observe now in your daily life is maybe the humanity of the “last men twinkling their eyes” (Nietzsche) but they are surely “people without a centre” as Schuon explained it in his tremedously interesting book “Avoir un centre”, trying simultaneously to find a remedy to this anthropological disaster. Schuon opted for meditation in the Sahara desert or among the Sioux in North America. 
 
These are the very results of the lost of all form of liturgy in religious life: D. H. Lawrence warned against such a lost in his booklet “Apocalypse” and Mircea Eliade devoted almost all his life to the study of real-life faiths. Maybe as Orlando Figes explains it in “Natasha’s Dance”, his recent book about Russian intellectual life before the Bolshevik revolution, the “Old Believers” revolted against the modern world in being in the 16th, 17th and 18th centuries because rituals and liturgical sacred gestures were scrapped out of Russian religious life... So you can surely create a virtual community of “nationalists” or of “traditionalists” on the net, you can get a lot of information from all parts of the world but your duty is nevertheless “hic et nunc”, here and nowhere else, now and not in the past or in a hypothetical future, here in the liturgical traditions and gestures that have given cohesion to your ancestors’ communities. If these traditions have been forgotten or mocked away, you simply have to remember them and let them remember by your fellow-countrymen, by performing the sometimes modest job of the philologist or the ethnologist or the archeologist as Herder induced us to do. Scores of people in Western Europe are now trying to revive past gentle and well-balanced traditions, despite the silence of the mainstream medias.
 
Mass immigration is a weapon to destroy societies, as former US Ambassador Charles Rivkin has acknowledged it: the present-day European societies are destroyed because the relativism —induced by modernity and forcefully imposed by devilish postmodern subversive intellectuals— renders the people unable to find a positive solution to the problem. The immigrants are also destroyed by the simple fact that their traditional family values will also be eradicated, as all will in the short run become “centerless” beings. 
 
- And how would you link your traditional “volkisch” ideas with the suggestion Prof. Dugin has formulated in his 4th Political Theory, for which the “People” as “Volk” or “Narod” remains a subject of history but not expressed as a “nation” in a land or as a “class” but as a “Dasein” according to Heidegger’s philosophy?
 
Difficult question to answer as I wasn’t sent a copy of Dugin’s “Fourth Political Theory”. The “Volker” cannot be efficient subjects of history anymore, even if there are sometimes notable exceptions as the protesting Icelandic people that could escape the choking policy of the cosmopolitan banksters or the Venezuelan people that stood behind Hugo Chavez. Carl Schmitt explained very well that now the real subjects of history are the “Grossraume” (the “Greater Areas”), a volunteer assembly of ethnical or non ethnical countries around a hegemon (super)power. Small nations cannot achieve anything now, except domestic cohesion policies, which are of course duly needed. The BRICS-countries are now all “Greater Areas” and are hegemon in their own domestic territory; they are also able to assemble around their leadership smaller powers in their neighbourhood. 
 
“Dasein” means literally in German “to be there” or the “being-there”, so that we are brought back to the previous question. I am because I am located here. I cannot “be” ubiquitously in two or three different places, so I cannot act as a genuine “zoon politikon” (Aristoteles) if I have no location or a score of locations, like the so-called modern “nomads” that a mainstream pseudo-thinker like Jacques Attali admires so much and suggests as models for future mankind. Man is linked to his “oikos” and cannot be a perfect “zoon politikon” if he lives elsewhere or if he is moving ceaselessly. That’s one aspect. But Heidegger, even if he defined himself as a native of Messkirch, was certainly not a short-sighted thinker. I suppose the aspect Dugin wants to stress in his book is the notion of “authentic man”, willing to escape the world of modern standardization, the world that his student and former girlfriend Hannah Arendt called the “world of the petty jobs”. We live in the anthropological ruins (Evola!) of modern world where mere existence is repetitive, dull, nonsensical. This cannot be “real life” according to existentialist Heidegger. Therefore “Dasein” has, let’s say for the purpose of explaining here the matter in a narrow nutshell, a second meaning in Heidegger philosophy. “Dasein” is often translated into French by the word “existence” (as Sartre did in the late Forties). In this way the “Sein” is simply the world or the universe that was given a sense yet, be it static, lifeless, material or be it vivid, growing, dynamic, vegetal or animal. For a human being, or better said for a “zoon politikon”, “Sein” without a given sense is not enough. He or she has to jump voluntarily into existence and if you jump from (“ex”) an indefinite place, as the mere “Sein” (“res stantes”) is, you arrive of course “there” where you’re born or “there” where you’ve chosen to be, you are “ex” the “res stantes”, i. e. in a dynamic, dangerous world, an “ex-istence”, where you have to struggle or to suffer to be authentic. We are not satisfied with the ruins of modern world, with the mess of the “festivistic” postmodern societies in which we cannot do anything else but rebel. Our “Dasein” is also this rebellion which is the jump out of this mess, or better said the result of the willing jump we had the audacity to perform in order not to rotten in “in-authenticity”. This rebellious jump is performed by thousands and thousands of people throughout the world, resulting in the birth or rebirth in the “real risky and revolutionary life” of the authentic men, the ones who want to remain for ever traditional “zoon politikon” or traditional “Kschatriyas” or “Brahmani”. It is in this sense that I understand your question and subsequently Dugin’s position. Dugin dreams obviously of a worldwide rallying unity of “authentic traditional men” that have set a step backward in front of the mess that modernity is, thus having opted first for what Arnold Toynbee called a “withdrawal” to meditate, to recreate metaphysical authenticity in non modern spiritual areas, like the Old Believers lived in remote villages on the shore of the White Sea or in the deepest forests of Siberia, to come back one day, the day of the “return” (Toynbee), when a new cycle will start. 
 
To think further into this Heidegger and Arendt vision of “authentic life”, I am reading now the works of the Italian theologist Vito Mancuso, who wrote precisely a book significantly titled “La Vita autentica” (= “Authentic Life”). 
 
- In this sense how might political metaphysics become actual in Europe where strong secular moods are now dominating, while you have the rise of Islam within the European societies now as well as on the other side of the Mediterranean?
 
Dugin indeed very often uses the phrase “political metaphysics”, referring mainly to the traditional corpuses of Guenon and Evola. Dozens of authors revive now, after Evola, Guenon, Schuon and many others what we can call “political metaphysics” or simply “metaphysics”, whereby “metaphysics” can eventually be politicized. Metaphysics as the traditional knowledge of things active and linked together behind the physical appearances, as a non material, intuitive and poetical ability of selected humans to perceive the divine “noumena” beyond the mere “phenomena” has been gradually rejected as a “ridiculous irrationality” in the Western thought patterns and Immanuel Kant proclaimed the end of metaphysics in the last decade of the 18th century. Many tried to save metaphysics from oblivion, others replace it by “culture philosophy” (Hamann, Herder) or by history (Hegel, the Hegelians and the Marxists). The modern and postmodern world rejects metaphysics since the 18th century as well as, since the last phases of this catastrophic shift leading towards present-day visible “Kali Yuga”, culture as cement of societies and history as a prospective move towards a better future, because both culture and history implies also duties. Kant could theorize an ethical approach of duty without metaphysics, because he was the philosopher who declared metaphysics was abolished or to be abolished: this sense of Kantian (Prussian!) duty was ruined in the long run by extreme individualism and consumption society. “Culture” as Hamann or Herder undesrtood it has also vanished and history as it had been formerly conceived by some existentialists (Sartre, Camus, Malraux) and by the Marxists is also mocked and rejected by postmodern relativists. Even the most seducing “Ersatze” of metaphysics are now rejected and mocked by postmodern relativism. Nevertheless it must be said here that the true understanding of metaphysics was only a privilege of intellectual or religious elites, having undergone a long training or initiation: for common people liturgy, religious festivities and rites were factually more important, because they were giving sense to their lifes and were rhythming their daily existence. All these old peasants’ festivities and rites have also vanished out of our everyday life to be replaced by what Philippe Muray calls “attractions”, i. e. media tricks, or “parodies” as Guenon or Evola would have said. Francesco Lamendola, a present-day Italian philosopher, whose articles you can find on high interesting sites like http://www.arianneditrice.it or http://www.centrostudilaruna.it , explained us recently that even the official Catholic Church is now unable, despite certain efforts of Pope Benedict XVI, to revive metaphysics or traditional ways as it has too long tried to ape modern media subcultures to be saved again from total decay: his article was illustrated by a photo showing priests and nuns dancing and twisting their bodies like crazy youths, hippy-style... Once you tolerate such undignified attitudes by the very guardian of your religion you cannot find easily the way back to more worthy positions. Secular bric-a-brac has invaded and neutralized everything in the religious realm of people in America and Western Europe, what induces another current Italian philosopher, Umberto Galimberti, to define christianity as “a religion of the empty heavens” (“la religione dal cielo vuoto”). 
 
What concerns Islam, you must keep in mind that we would fully accept a truely traditional Islam as it has been illustrated by high figures such as Seyyed Hossein Nasr, Henry Corbin (and his follower Christian Jambet), Michel Chodkiewicz or the Algerian thinker Meriboute. Their visions, that could be spiritual models for Iran and Central Asia, or could be connected with the Iranian medieval mystique (Sohrawardi) or the Flemish-Rhinish mystical tradition (Ruusbroec, Meister Eckhart, Sister Hadewych, Nicolaus von Cues, etc.), have of course nothing to do with present-day salafism or wahhabism or with the inadequacies preached by the Muslim Brotherhood that has set Syria aflame in 1981-82 and once again since about two years. Unfortunately the mix of salafism, wahhabism and Brotherhood’s Islam is currently seducing thousands of young immigrants in Europe today, who then reject both the modernist lunacies and the healthy remains of traditional Europe. Tariq Ramadan’s thoughts have also a real impact nowadays on Muslims in Europe but, even if this Swiss-based Muslim intellectual leader seems to suggest some interesting anti-Western ideas, we should not forget that, according to very recent historical studies performed in the United States and in Germany, his uncle Said Ramadan, another prominent Muslim Brother in the Fifties, helped actively to replace all the pro-European (and anti-Soviet) imams of Munich’s main mosque and Muslim religious centre in Germany by Muslim Brothers with the help of CIA-agents as the Muslim Brothers were at that time plotting against the Egyptian leader Gamal Abdel Nasser (nicknamed the “Pharao” by his domestic foes) for the high benefit of Israel as they are plotting now against the Syrian Baathist power elite. This kind of Islam is, despite American-made “Golems” like Al Qaeda or Bin Laden, an instrument in the hand of the United States and Saudi Arabia and aims under many other projects at recreating a strong strategic “bolt” of islamized or semi-islamized states (Greater Albania, Kosovo, a potentially islamized Macedonia, autonomous Muslim-Turkish areas in Bulgaria, etc.) in the Balkan against Serbia, Europe and Russia, as the Serbian traditionalist thinker, diplomat and artist Dragos Kalajic observed attentively before his early death some years ago. Kalajic used to call this project the “dorsale islamique dans les Balkans”. 
 
- We see that many people are protesting in the streets of many European capitals but how resistance can occur and develop in “bourgeois societies” like these of the EU?
 
First “bourgeois” societies are going to vanish if middle classe people and workers all together will be completely ruined by inflation and economical crisis. In Spain, Portugal and Greece you’ve surely a social agitation but not a revolutionary spirit able to modify thoroughly society. In iceland the demonstrations have at least compelled the government to refuse to pay banks back and to sue the responsible ministers and throw them in jail. In Italy, the last elections, with the success of Beppe Grillo, prove that people don’t believe in the usual corrupted parties of the worn-out old partitocracy: this is a good thing, proving that the election process, presented in the media as the quintessence of true democracy, is ruined, is pure fake, as soon as non elected technocrats are taking over power in spite of people’s rejection of corruption and technocratic governance. In Belgium the conventional trade unions tried to mobilize their militants so that they refuse austerity but tell us nothing about the too high prices for energy, food in supermarkets and insurance fees, that are eroding the purchase power of all our fellow-citizens. In France, the situation is astonishing: people were tired of neo-liberal Sarkozy but reject also socialist Hollande whereby protests are focussed on homosexual marriage. France seems to reject left-wing Voltairian pan-criticism and the typical French May-68 ideology for which homosexuality, gender problems, criminality, marginality, etc. were considered as an aspect of a certain intellectual and moral superiority in front of the conventional mass of heterosexual women and men, of fathers and mothers: this previously non politicized mass seems now to be fed up to be seen by all mainstream medias as inferior (or as potential fascist thugs) and mocked by the so-called “intellectual elite”. Gender speculations and Gay Prides were also set out as expressions of the true “Republican values”, which are now rejected by a wider mass of citizens reacting in a non materialistic, non “sensate” way. This could be a way out of the bourgeois mentality which is of course “sensate” in the definition once given by Pitirim Sorokin. 
 
- In Gramsci’s words, citizens need a consensus for managemant and co-evolution but it seems now that the Euro-bureaucracy and the transnational financists have usurped all the necessary tools for decision-making...
 
Technologically speaking we don’t live in Gramsci’s time anymore so we must avoid all anachronisms. Gramsci was influenced by the Italian neo-Macchiavellian school of sociology (Mosca, Pareto, Michels) where the notions of ruling (oligarchy) and challenging elites (revolutionists) were very important. Gramsci was the main thinker of the pre-Fascist Italian communist movement, in which he saw an instrument to abolish the power of the Italian oligarchy (his beloved brother on the contrary saw Fascism as a better instrument to control the oligarchy!). In order to be efficient, the revolutionists had to start a cultural struggle mainly by using popular and classical theater as a tool. So did the Futurists around Marinetti, who became fascists, and so did Brecht in Germany, who remained a communist. In the eyes of Gramsci, modern Italian street theater would create consensus but now the heirs of the non communist but leftist (Lenin: “leftism as the infantile illness of communism”!) are creating dissensus in French society and the pussy riots or femen “happenings” in the purest Sixties’ style are mainly considered as vulgar and ridiculous. True “subversion” of the establishment’s power can only be now a kind of blowback, a return of the usual “decency” of traditional societies as George Orwell wanted also in his time to be the main option of socialist forces in Britain and elsewhere. Orwell and his heir the Slavist Anthony Burgess (who is not read anymore...) rejected deviant behaviours within the Left as it was, in their eyes, the best tools of the oligarchies to cancel the efficiency of peoples’ protest. 
 
The Eurocracy is now generally rejected in all Western European countries. The policy of austerity leads to a general contestation of the Eurocratic power so that at the end of April this year they announced officially that they would find out another solution. But it is impossible for them to change their type of governance as they would automatically and definitively be expelled from power. Europe has now to make a choice: either she takes the option for the shortsighted oligarchy’s “economical/financial reasons” or she makes the decision in favour of the “vital reasons”. The first option means political derath; the second, survival. 
 
- What do politicians and geopoliticans in Europe think about Russi and other Eurasian countries such as India and China?
 
Politicians and mainstream opinion-makers generally follows what NATO says. In France, despite the present-day revolt against the May 68-elites, the “nouveaux philosophes” still determine foreign policy. Bad things are said about Russia, of course, as Putin is described as a kind of “new Stalin” who manipulates all elections held in your country. In China the Human Rights are said to be fully neglected and Tibet is considered as crushed as well as the Uighours of Chinese Turkestan (Sin Kiang). India is perhaps better perceived, except when the BJP-Hindu nationalists are in power. The geopolitical schools in Europe on the contrary have an objective view on Russia, India and China. In Germany people as Peter Scholl-Latour or Alexander Rahr knows that the United States are constantly imposing geopolitical views that are opposite to the natural interests of Germany. Aymeric Chauprade, who published his books on geopolitics by the “Ellipses” publisher in Paris, was fired from the Military Academy as soon as Sarkozy came to power because he wanted to remain true to the Gaullist independent French position towards NATO. Geopolitical schools see the development of the BRICS-powers as positive because it allows us to escape America-centrered unipolarity on the international chessboard and, above all things, create a multipolar cohesion in the world that will be strongly linked by telluric-continental highways from the Atlantic shores till the Pacific Ocean.
 
- From the point of view of eurocentrism, what is Russia? Is there any fears of a “yellow threat”?
 
When we use the word “eurocentrism” in a positive way, we think about historical periods where a kind of Eurasian unity would have been possible without great efforts or was de facto actualized. In the 18th century, Louis XVIth, Maria Theresa of Austria and Catherine of Russia were allied against the Turks and the British (at least unofficially), and their kingdoms and empires stretched from the Atlantic to the Pacific, not to forget that Russia possessed at that time Alaska, the Hawai and a portion of the Pacific Coast of North America till Fort Ross on the former Russian-Spanish border in California! The Holy Alliance or Pentarchy (as Constantin Frantz called it) was an implict alliance from Ireland to Alaska that was deliberately destroyed by the British and the French at the time of the Crimean War. The “Drei-Kaiser-Bund” (the “Three-Emperors-Alliance”) of Germany, Austria and Russia was also an implicit alliance but not so strong as the two previous ones, as the Western Atlantic coast was lost and as the United States had become a non negligible power, that could conquer the Californian coast after a war against Mexico and buy Alaska to allow the Czar to conquer Central Asia. Arthur Moeller van den Bruck and the “National-Bolsheviks” among the German diplomats or militants wanted at least a German-Soviet tandem that would have strategically united half Europe and Sovietized Russia, from Hamburg till Vladivostok. The craze of a possible “yellow threat” is not a specific West-European or German phobia, even if Emperor Wilhelm II was maybe one of the main representative of this phobic trend before 1914. The French Slavist Georges Nivat has analyzed the fear of a “Chinese threat” in Russian literature between 1850 and 1914 as well as the ideological rejection of Asian or Buddhist fashions among some Petersburger intellectuals, whereby the “Chinese threat” shouldn’t be seen exclusively as racial but also as a rejection of a too centralized and bureaucratized state. The Imperial Chinese “Mandarinate” was seen as a threat for human freedom and free will, as genuine virtues of “Christianity” (i. e. of European and Ancient Greek culture). In principle China isn’t a danger as China is centered on itself. China proposes the world an international organization where no single power would have the right to interfere in others’ domestic affairs. In Africa, the only problem China can create is on the level of high sea fishing: if Africans cannot benefit from the fish along their own coasts, they risk an awful food dependancy that could have catastrophic consequences, especially if coupled with the already existing food shortages and the draughts in the Sahel area. 
 
- Nikolai Danilevski in his book “Russia and Europe” wrote that Europeans were afraid of Russia because of its huge landmass overhanging over Europe... But we have also differences in religion, ethos, etc.
 
We’ve stated since long that Russian patriots are swinging between a Danilevski-oriented nationalism and a Leontiev-oriented traditionalism. Danilevski was partially influenced by Darwinism like some but not all “Pangermans” and saw a coming struggle for survival and domination between “old peoples” (Britain, France) and “young peoples” (Russia, the Slavs in general). Leontiev was more traditional and ortthodox and wanted the status quo being preserved, especially in the Balkans. The Europeans feared Russia’s demographic boom in the 19th century, exactly as Europeans and Russians had also feared Chinese demography or fear the current African or Northern African population boom or as the French at the end of the 19th century were obsessed by the increase of German population, while their own population was decreasing. Russia in the 19th century was mainly a threat not for Europe, as France, Belgium, Germany invested a lot in Russia, but for British liberalism and for British India as soon as the Czar’s armies managed to control Central Asia till the Afghan borders: huge armies could have been ready to invade India, the cornerstone of the British Empire and the key to control the “Heart Sea”, which is the Indian Ocean. The Crimean War, that destroyed the strategical unity of Pentarchy, as the embodiment of European civilization, and weakened Russia only for a couple of decades, is the very source of the geopolitical and metaphysical opposition between East and West, as Dostoievsky pointed it out in his “Diary of a Writer”. The West appeared as a subversive force that was undermining the unity of “Christianity” (i. e. Europe and Russia perceived as a strategical unity). According to Constantin Frantz, the lack of interest in European unity in France and Britain was due to colonialism: both French and British empires hadn’t their centre in Europe anymore and could survive without the necessity of a unity: this lead directly to the catastrophe of World War One. The differences in religion and ethos can more easily be bridged, at the sole condition that Catholics or Protestants aren’t trying to convert others by all means, not only in Russia or in Orthodox countries but also in Muslim areas, in China or in India. Protestants US based sects should also give up their missions in Catholic Latin America. The giving up of proselytism should be one condition of world peace alongside the renouncing to interfere in domestic policies as the Chinese have asked for. 
 
This week, the French weekly magazine “Valeurs actuelles” (n°3989) publishes a world map showing the “clash between religious dynamics” where not only Islam or Muslim fundamentalism is pushing forward in Muslim countries, in Africa (Nigeria) or in India but where the mostly US based “Evangelic churches” are thriving tremendously as they are extremely active in Latin America (and in Spain due to Latino immigration!), in Catholic Black Africa (West Africa, Congo, Angola, etc.), in China, Japan and the Philippines. The map shows us also the progression of “religious diversity” in the United States, in Australia, in all European countries, in Russia and in China, Corea and Japan. “Religious diversity” means obviously a decrease in social coherence when this diversity is imported and means also, one should not forget it, a general and problematic uprooting of people when “natural” or “native” religions are disappearing, even in their christianized or islamized syncretic forms (see the recent tragical fate of Tumbuctu mosques and libraries or of the Serbian Orthodox monastries in Kosovo). Both the conquests of Wahhabism (or Salafism) and of the American “Evangelic Churches” are proofs of the victories of “unipolarity” even if the United States pretend to be the main foe of “Al Qaeda”. Both hyper-active fundamentalisms, i. e. Saudi Wahhabism and US-perverted Evangelism, aims at conquering or re-conquering lost territories or territories that had been previously immunized against Puritanical-Wahhabite subversion, for instance by intelligent and efficient civilian-military developing regimes. Latin America has reached a certain level of independance thanks to the Mercosur common market, the indigenist positions of Morales in Bolivia or the anti-imperialist actions and diplomacy of late President Chavez: the South-American continent risks in the long run to be totally subverted and reconquered by the social action of the Evangelic churches. In Africa it is obvious that the secret aim of these churches is to cut French-speaking Africa from France and the EU and to replace French or European (and Chinese!) influence by American domination in order to get the oil of this part of the world. In China the Evangelical moves have as purpose to break the cohesion of the Han Chinese society and to create confusion and dissensus, exactly like in the 19th century when a civil war lead by a curious convert to a kind of strange christianity cost China more than 20 millions dead. So this religious subversion is one of the weapons used to eliminate China as a competitor superpower in the Far East, like military containment, support of fundamentalist Uighurs in Sinkiang, Cyberwarfare, etc. are other weapons pointed against Beijing. 
 
The increase of “religious diversity” in the main countries of the EU means a lost of social and political cohesion that corresponds to the purposes of the geopolitician Robert Strauss-Hupe, who became an adviser of the US presidents Roosevelt and Truman, alongside a certain Mr. Morgenthau who wanted to transform Germany into a bucolic agrarian state in the very middle of Europe. Now, as Socialist Thilo Sarrazin fears it, Germany will be unable to produce the needed engineers to let the German industrial machine work properly. The same is true for other European countries and so Morgenthau’s dream risks to become reality: Germany as a weak industrial country animated by crazy sociologists, who would be a kind of leisure class priesthood, that would impose a “festivist” way of life (with ubiquitous sexual permissiveness and with the “femens” as new tarty nuns!) and would flay as “fascist” all those who would plead for a more rational society (see Helmut Schelsky, “Die Arbeit tun die Anderen”). 
 
- Thank you, Mr. Steuckers, for having answering these questions. Do you want to add something or to formulate some other remarks?
 
Caucuses like yours and ours should study geopolitics and history in all their aspects and know all about the forces that activate the Muslim world from the Atlantic coasts of Morrocco to the tiniest islands of Indonesia. We must create a world elite of men and women totally immune to the artificial propagandas produced by US based media agencies. Therefore we must meet as often as possible, exchange ideas by means of interviews, but at a more trepident tempo as it has been done till yet: the others are not lazy, so we may certainly not be less active, otherwise the metapolitical battle will be definitively lost for us. 

Interviewed by Leonid Savin

Richard Millet im Gespräch

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„Wächter des Niedergangs“

Richard Millet im Gespräch

Benedikt Kaiser

Ex: http://www.sezession.de/

SEZESSION: Der Freitod Dominique Venners vollzog sich in einem nervösen Frankreich. Demonstrationen und Ausschreitungen begleiten die Installierung der  „Lex Taubira“, die homosexuellen Paaren Heirat und Adoption erlaubt. Wie gestaltet sich die Lage vor Ort?

MILLET: Dominique Venner wollte einen symbolischen Freitod. Ich befürchte, daß er unter diesem Gesichtspunkt „gescheitert“ ist: er hat weder die spektakuläre Wirksamkeit eines Mishima noch die diskrete, sehr römische Größe eines Montherlant. Man muß sich nicht in Notre-Dame umbringen, dann schon eher vor dem Pariser Rathaus, dieser Hochburg der sozialistisch-homosexuellen Lobby.

SEZESSION: Wie reagierten die Medien?

MILLET: Die gesamte Presse (und rechts wie links ist es dieselbe politisch korrekte, unwahre Einheitspresse), stellt nur die Tatsache fest, daß ein Historiker der extremen Rechten verzweifelt ist: Sie verschweigt die Gründe für diese Handlung, sie spricht nicht darüber. Wie mehrere Millionen weitere Franzosen wurde Venner vom Gesetz über die Homo-Ehe geschockt, das in der Tat eine Unsinnigkeit und ein politischer Schlag ist, der zum Unterdrückungsarsenal der antirassistischen Religion hinzutritt. Der Tod von Venner erfolgt in einem Zustand der Verzweiflung und einer tiefen Depression in Frankreich wie in vielen weiteren europäischen Ländern, die durch eine massive, nichteuropäische – häufig muslimische – Einwanderung zermürbt werden.

SEZESSION: Zermürbt durch Zustände, die bald an Bürgerkriege erinnern lassen?

MILLET: Europa kennt einen mehr oder weniger latenten Bürgerkrieg: ethnische Unruhen im schwedischen Paradies; Durchschneiden der Kehle eines Soldaten im belebten London durch einen islamistischen Schwarzen; Versuch des Durchschneidens der Kehle eines französischen Soldaten in einer Station der Pariser U-Bahn durch einen Mann mit „dunkler Haut und langen schwarzen Bart“; und ich erinnere gar nicht an Breivik und Merah, ans Bostoner Attentat. Frankreich ist in die post-histoire eingetreten: Es hat Probleme, sich wiederzuerkennen. Das Nachgeschichtliche (nachchristlich, nachkulturell, nachidentitär) trifft auf die Wirtschaftskrise. Es ist unvermeidlich, daß Voraussetzungen für eine Verzweiflung entstehen, von der man nicht weiß, wie die Franzosen, die nicht bereit sind, sich zu bewegen, ihr entkommen sollen. Sie sind gelähmt durch die mediale und politische Propaganda, terrorisiert durch die Gesetze Gayssot und Taubira…

SEZESSION: Nun sieht man aber hunderttausende Menschen demonstrieren, die nicht gelähmt sind. Wieso sorgt ausgerechnet das Gesetz über die Homo-Ehe für eine solche Protestbewegung?

MILLET: Die Demonstranten sind größtenteils französische Katholiken, aber auch andere Menschen guten Willens, die über etwas entrüstet sind, das eine rein geschlechtliche Angelegenheit ist und daher im Privatleben bleiben müßte, obwohl es die sozialistische Propaganda als „sozialen Fortschritt“ präsentiert hat. Wir sahen, wie die erste „homosexuelle Ehe“ spektakulär durch die im Solde der Macht stehenden Medien vermarktet worden ist. Das reicht, um zu begreifen, daß man dabei ist, die Kultur zu verändern.

SEZESSION: Ist die Bewegung „Manif pour tous“ thematisch breiter angelegt als die Fokussierung auf homosexuelles Adoptionsrecht und auf das Unmittelbare, das damit zusammenhängt, erahnen läßt?

MILLET: Es ist bedauernswert, daß diese Demonstranten bei der Homo-Ehe halt machen und es nicht für richtig gehalten haben, ihre Überlegungen auf den gesamten Vorgang auszudehnen: den unwiderruflichen Austausch der europäischen Völker durch andere, die aus nichteuropäischen Kulturkreisen stammen und diese nicht ablegen, oft indes die Maske der amerikanischen Subkultur tragen – als Weichensteller für den Islam. Zwischen der Homo-Ehe und der Islamisierung Europas gibt es also eine objektive Komplizenschaft, eine Zusammenkunft von Interessen, die mit der Globalisierung und dem kulturellen und geistigen Defizit Europas zusammenhängen.

SEZESSION: Umtriebige Verteidiger der „westlichen Zivilisation“ werfen aber doch gerade islamischen Glaubensrichtungen vor, rückständig zu sein und die Rechte sexueller Minderheiten – etwa Homosexueller – nicht zu respektieren. Die „offene“, postmoderne Gesellschaft als Komplize des Islam, der seinerseits ausschließlich die Ehe zwischen Mann und Frau anerkennt – beißt sich das nicht?

MILLET: Es hat bei bestimmten Demonstrationen auch Muslime gegeben, die neben den Katholiken marschiert sind (mit arabisch-sprachigen Spruchbändern, versteht sich!). Es existiert für mich allerdings keine Frontlinie zwischen moderner Sexualität und archaischer Religion. Ich wiederhole es: Sex ist eine private Angelegenheit und Homosexuelle sind keine politische Minderheit …

Die tatsächliche Frontlinie verläuft im Krieg zwischen einem abendländischen und einem islamisiertem Europa, das als angeschlossenes Terrain an das fungiert, was man das arabisch-amerikanische oder muslimisch-amerikanische Kondominium (weil Pakistan eingeschlossen werden muß) nennen kann. Für Europa ist dies bereits ein verlorener Krieg, wenn man die Rolle bedenkt, die Katar, die Vereinigten Arabischen Emirate und Saudi-Arabien, ja selbst die Türkei einnehmen: Der Islamismus spielt vor Ort mit, und zwar als Akteur des Kapitalismus (demnach wirkt er post-kulturell; Kultur hier als höchster Wert des judeochristlichen Europas verstanden).

Der Terrorismus ist nur ein etwas vulgäres Verhandlungselement, das glauben lassen soll, daß es jenseits von ihm einen „guten Islam“ gebe. Aber es gibt keine „gute“ Religion, sobald sie sich in die Politik einmischt. All das ist nicht widersprüchlich: Es ist eher ein Zeichen des Zusammenbruchs innerhalb jener so „offenen“ Gesellschaften, die als solche doch schon längst nicht mehr bestehen.

SEZESSION: Ist die Selbstaufgabe und freiwillige Preisgabe Europas ein Zeichen der Wehrlosigkeit einer gegen die Realität konstruierten, nun untergehenden offenen Gesellschaft? Hat sich Venner vielleicht auch deshalb umgebracht, weil der Okzident dabei ist, sich selbst umzubringen?

MILLET: Es ist tatsächlich diese Verweigerung vor der unmittelbaren Realität, die mich am meisten überrascht, diese geistige Konstruktion, justiert durch die medienpolitische Macht: diese von Toleranz, von Transparenz, von universeller Demokratie träumenden Konzepte; die offene Gesellschaft, alternative Gesellschaft, Globalisierung, Ablehnung der Grenzen, das allgemeine Rassenmischungsprogramm, die Dekonstruktion jeder Metaphysik, der Haß auf den Katholizismus, der Ersatz des „Mannes“ durch ein entladenes, transsexuelles, erratisches und metamorphes Subjekt undsoweiter. All das wird zu einer vielförmigen Ideologie vermengt, die der hedonistischen Knechtung des Individuums gewidmet ist, das alsdann nicht mehr in der Lage ist, etwas selbst zu schaffen.

Sie sprechen richtigerweise von Wehrlosigkeit, denn sie ist charakteristisch für den europäischen Menschen, der zwar weiß, daß die Propaganda ihn belügt, aber der meistens ignoriert, wie diese Lüge, die Umkehrung von Wahr in Falsch, zu entziffern ist. Der europäische Mensch geht in der Wehrlosigkeit auf, die ihm die Schuld aufzwingt; er kann nur in der unendlichen nachkolonialen, nachgenozidalen, nachkulturellen Sühne verschwinden.

SEZESSION: Sie schreiben in ihrem fulminanten Essay Antirassismus als Terror gegen die Literatur, der bald in deutscher Fassung erscheinen wird, trotz dieser Zustandsbeschreibung des gegenwärtigen Abendländers, daß Sie „die Waffen nicht strecken“ können, und führe es auch zu der von Ihnen ebenfalls erwähnten „einsamen Nacktheit“. Venner hat die Waffen auf seine Art und Weise gestreckt und doch nicht gestreckt; die Hoffnung auf folgende Generationen hat er letztlich doch in sich getragen. Haben Sie noch Hoffnung?

MILLET: Das größte Vergnügen, das wir unseren Feinden machen könnten, bestünde darin, zu verstummen. Die Propaganda will die Schriftsteller ruhigstellen, sie einschüchtern. Es ist politischer Terror, vor dem ich mich weigere, das Handtuch zu werfen – trotz der Versuchung der etwaigen Stille. Um jeden Preis weiterzuschreiben, koste es, was es wolle, ist eine Notwendigkeit und zugleich eine Frage der Ehre (Ehre! – eine vergessene Kategorie der Neuen Weltordnung). Besser noch: man kann durchaus eine Art Hoffnung in dieser Haltung des Letzten sehen – letzter Schriftsteller, letzter „Mann“ undsoweiter. Nun: Wir werden wir bis zum Ende die Wächter des Niedergangs sein.

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mercredi, 12 juin 2013

Chute programmée du système financier

Entretien avec Pierre Jovanovic :

chute programmée du système financier

mardi, 04 juin 2013

Turkish revolution

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Turkish revolution

An interview with Claudio Mutti

Ex: http://www.granews.info/

Natella Speranskaya:  The national revolution has started in Turkey. What are the forces behind it? Who is fighting whom?

Claudio Mutti:  The slogans about "human rights" and "democracy", the Femen's performances, the solidarity expressed by Madonna and other hollywoodian stars, the antifa rhetoric peppered with "Bella ciao" as its soundtrack are the symptoms of an "orange revolution" or a "Turkish spring", rather than of a national revolution. At present it is impossible to know if the troubles have broken out in a spontaneous way, or if really foreign agents have provoked the troubles, as pretended by Erdogan. But we must consider that US Ambassador Francis Ricciardone has repeated twice in two days his message in favour of protesters and that John Kerry has made a declaration about the right of protesting. Certainly, among the protesters there are also militants and activists of national, anti-Atlantist and also pro-Eurasian movements (as, for example, the Workers' Party, İşçi Partisi); but I don't think that they are in the position to direct a so heterogeneous mass towards the goal of a national revolution.

Natella Speranskaya:  How is the Turkish revolution related to the geopolitical opposition of Eurasianism (Russia, Iran, Syria) and atlantism (NATO, USA, EU)?

Claudio Mutti:  It is true that many people have been troubled by Turkey's envolvement in the Syrian conflict. Nevertheless, when the protesters claim "We are the children of Ataturk", they express a concern related to secularistic and laicistic beliefs, not to a Eurasianistic position. Unfortunately I don't see a significant anti-Atlantic trend in the present revolt.

Natella Speranskaya:  Your prognosis of the development of events in Turkey and how it will effect the situation in Syria?

Claudio Mutti:  It is probable that the Turkish revolt will induce Erdogan to think about the saying "sow the wind and reap the whirlwind" and to devote himself more to Turkish affairs than to Syrian ones; probably he will take note of the fact that Americans are always ready to oust their collaborators, after making use of them. Two months ago his Foreign Minister Ahmet Davutoglu has signed a protocol of agreement with the SCO. If the Turkish government wants to be consistent with this decision, it must drop that kind of "neo-Ottomanism" which conceals a subimperialistic role, useful to North American interests. Even better, if Turkey really wants to be a point of reference for muslim peoples of Mediterranean Sea and Middle East, it must break off its ties with NATO and with the Zionist regime. It is schizofrenic to destabilize Syria and at the same time to accuse Zionism and Israel of being, according Erdogan's words, "a crime against humanity" and "a threat to regional peace".   

lundi, 03 juin 2013

John Morgan: The Fourth Political Theory

The Fourth Political Theory

An interview with John Morgan

Natella Speranskaya:  How did you discover the Fourth Political Theory? And how would you evaluate its chances of becoming a major ideology of the 21st century?

JM:  I have been interested in the work of Prof. Dugin since I first discovered English translations of his writings at the Arctogaia Web sites in the late 1990s. So I had already heard of the Fourth Political Theory even before my publishing house, Arktos, agreed to publish his book of the same name. In editing the translation of the book, I became intimately familiar with Prof. Dugin’s concept. According to him, the Fourth Political Theory is more of a question than an ideology at this point. It is easier to identify what it is not, which is opposed to everything represented by liberalism, and which will transcend the failures of Marxism and fascism. In recent decades, many people have been heralding the “death of ideology.” Carl Schmitt predicted this, saying that the last battle would take place between those who wish to reject the role of politics in civilization, and those who understand the need for it. The death of ideology, I believe, is simply the exhaustion of those political systems that are founded on liberalism. This does not mean that politics itself has ended, but only that a new system is required. The Fourth Political Theory offers the best chance to take what is best from the old ideologies and combine them with new ideas, to create the new vision that will carry humanity into the next age. Although we can’t say with certainty what that will look like, as of yet. But it should be obvious to everyone that the current ideology has already run its course.

NS:  Leo Strauss when commenting on the fundamental work of Carl Schmitt The Concept of the Political notes that despite all radical critique of liberalism incorporated in it Schmitt does not follow it through since his critique remains within the scope of liberalism”. “His anti-Liberal tendencies, – claims Strauss, - remain constrained by “systematics of liberal thought” that has not been overcome so far, which – as Schmitt himself admits – “despite all failures cannot be substituted by any other system in today’s Europe. What would you identify as a solution to the problem of overcoming the liberal discourse? Could you consider the Fourth Political Theory by Alexander Dugin to be such a solution? The theory that is beyond the three major ideologies of the 20th century – Liberalism, Communism and Fascism, and that is against the Liberal doctrine.

JM:  Yes, definitely. The unsustainably and intellectual poverty of liberalism in Europe, and also America, is becoming more apparent with each passing day. Clearly a new solution is needed. Prof. Dugin’s Fourth Political Theory, as he has explained in his book of the same title, is more of a question than an ideology at this point, and it is up to those of us who are attempting to defy unipolar hegemony to determine what it will be. So, yes, we need a new ideology, even if we cannot yet explain exactly what it will be in practice. I think Prof. Dugin’s idea of taking Heidegger’s Dasein as our watchword is a good one, because we are so entrenched in the liberal mindset – even those of us who want to overcome it – that it is only be re-engaging with the pure essence of the reality of the world around us that we will find a way out of it. The representational, virtual reality of postmodernism which surrounds most of us on a daily basis has conditioned us to only think about liberalism on its own terms. Only by renewing our contact with the real, non-representational world, and by disregarding all previous concepts and labels, can we find the seeds for a new way of apprehending it.

NS:  Do you agree that today there are “two Europes”: the one – the liberal one (incorporating the idea of “open society”, human rights, registration of same-sex marriages, etc.) and the other Europe (“a different Europe”) – politically engaged, thinker, intellectual, spiritual, the one that considers the status quo and domination of liberal discourse as a real disaster and the betrayal of the European tradition. How would you evaluate chances of victory of a “different Europe” over the ”first” one?

JM:  Speaking as an American outsider, I absolutely see two Europes. The surface Europe is one that has turned itself into a facsimile of America – the free market, democracy, multiculturalism, secularism, pop culture, sacrificing genuine identity for fashions, and so on. The other Europe is much more difficult to see, but I have the good fortune of having many friends who dwell within it. This is the undercurrent that has refused to accept the Americanization of Europe, and which also rejects the liberal hegemony in all its forms. They remain true to the ancient spirit of Europe’s various peoples and cultures, while also dreaming of a new Europe that will be strong, independent and creative once again. We see this in the New Right, in the identitarian movement, and in the many nationalist groups across Europe that have sprung up in recent years. As of now, their influence is small, but as the global situation gets worse, I believe they will gain the upper hand, as more Europeans will become open to the idea of finding new solutions and new ways of living, disassociated from the collapsing hegemonic order. So I estimate their chances as being very good. Although they must begin acting now, even before the “collapse,” if they are to rescue their identities from oblivion, since the “real” Europe is fast being driven out of existence by the forces of liberalism.

NS:  “There is nothing more tragic than a failure to understand the historical moment we are currently going through; - notes Alain de Benoist – this is the moment of postmodern globalization”. The French philosopher emphasizes the significance of the issue of a new Nomos of the Earth or a way of establishing international relations. What do you think the fourth Nomos will be like? Would you agree that the new Nomos is going to be Eurasian and multipolar (transition from universum to pluriversum)?

JM:  Yes, I do agree. In terms of what it will look like, see my answer to question 4 in the first set of questions.

NS:  Do you agree that the era of the white European human race has ended, and the future will be predetermined by Asian cultures and societies?

JM:  If you mean the era of the domination of White Europeans (although of course that comprises many diverse and unique identities in itself), and those of European descent such as in America, over the entire world, then yes, that era is coming to an end, and has been, gradually, since the First World War. As for the fate of White Europeans in our own homelands, that is also an open question, given the lack of genuine culture and diminishing reproductive rates of Whites around the world, coupled with large-scale non-White immigration into our homelands. While I welcome the end of White hegemony, which overall hasn’t been good for anyone, most especially for Whites themselves, as an American of European descent I do fear the changes that are taking place in our lands. As the thinkers of the “New Right” such as Alain de Benoist have said, if we stand for the preservation of the distinct identities of all peoples and cultures, then we must also defend the identities of the various European peoples and their offshoots. I would like to see European peoples, including in America, develop the will to resist this onslaught and re-establish our lands as the true cradles of our cultures and identities. Of course, in order to do this, White peoples must first get their souls back and return to their true cultures, rejecting multiculturalism and the corporate consumer culture that has grown up in tandem with neo-colonialism, both of which victimize Whites just as much as non-Whites. Unfortunately, few White Europeans around the world have come to this understanding thus far, but I hope that will change.

As for whether the future belongs to Asians, that I cannot say. Certainly India and China are among the most prominent rising powers. But at the same time, they face huge domestic challenges, demographically and otherwise. Whether they will be able to sustain the momentum they have now is uncertain. Having lived in India for the last four years, while it is a land I have come to love, I have difficulty seeing India emerging as a superpower anytime soon. The foundations just aren’t there yet.  Likewise, I find it troubling that India and China continue to understand “progress” in terms of how closely they mimic the American lifestyle and its values. Until Asian (and other) nations can find a way to develop a sustainable and stable social order, and until they forge a new and unique identity for themselves in keeping with their traditions that is disconnected from the Western model, I don’t see them overtaking the so-called “First World.”

NS:  Do you consider Russia to be a part of Europe or do you accept the view that Russia and Europe represent two different civilizations?

JM:  As a longtime student of Dostoevsky, I have always believed that Russia is a unique civilization in its own right. Although clearly Russia shares cultural affinities and linkages with Europe that cannot be denied, and which bring it closer to Europe than to Asia, it retains a character that is purely its own. I have always admired this aspect of Russia. Whereas Western Europe sold its soul in the name of material prosperity in its rush to embrace the supposed benefits of the Industrial Revolution and modernity as quickly as possible, Russia developed its own unique path to modernity, and has always fought hard to maintain its independence. It seems to me, as a foreigner, that as a result, Russia retains a much stronger connection to the spiritual and the intangible aspects of life than in the West, as well as a more diverse, as opposed to purely utilitarian, outlook. The German Conservative Revolutionaries understood this, which is why they sought to tilt Germany more towards Russia politically and culturally, and away from England and the United States (such as Arthur Moeller van den Bruck advocated). Similarly, in today’s world, New Rightists, traditionalists and so forth would do well to look toward Russia and its traditions for inspiration. 

NS:  Contemporary ideologies are based on the principle of secularity. Would you predict the return of religion, the return of sacrality? If so, in what form? Do you consider it to be Islam, Christianity, Paganism or any other forms of religion?

JM:  I think we already see this happening to an extent. In the nineteenth and for most of the twentieth century, the prevailing view was skepticism and scientism, with religion primarily relegated to its moralistic aspects. But beginning in the 1960s in North America and Western Europe, we have seen a renewal of interest in religion and the transcendental view of life on a large scale. This development was, of course, presaged by the traditionalist philosophers, such as René Guénon and Julius Evola, who understood modernity perhaps better than any other Europeans of their time. But unfortunately, this revival in practice has tended toward New Age modes of thought, or else mere identity politics and exotericism as we see with the rise of fundamentalist Christianity in America, rather than in genuinely traditional spirituality. As such, most spirituality in the Western nations today is an outgrowth of modernity, rather than something that can be used to oppose and transcend it. But the fact that more traditionalist books are being made available, and that we see more groups dedicated to traditional spirituality and esotericism than ever before, is a promising trend.

As for the form that this revival will ultimately take, that depends on the location. For much of the world, of course, people are likely to return to and revitalize the traditions that grew out of their own civilizations, which is as it should be. We already see efforts in this direction at work in some parts of the so-called “Third World.” But in Western Europe, and especially America, it is a more difficult question. The Catholic Church today doesn’t hold much promise for those of a traditional mindset. Guénon himself abandoned his native Catholicism and began to practice Islam because he had come to believe that Catholicism was no longer a useful vehicle for Tradition. And of course today, things are much worse than they were in Guénon’s time. Protestantism, besides being counter-traditional, is in even poorer shape these days. And while I am very sympathetic to those who are seeking to revive the pre-Christian traditions of Europe, or adopt traditions from other cultures, this ultimately isn’t a good strategy for those who are engaged in sociopolitical activity alongside spiritual activities. The vast majority of Europeans and Americans still identify with Christianity in some form, and this will need to be taken into account by any new political or metapolitical movement that emerges there.

In America, unlike Europe, we have no real tradition of our own. This is both a blessing and a curse. It’s a blessing because our culture has always been tolerant of allowing and even embracing the presence of alternative forms of spirituality. (Interest in Hinduism, for example, began in America already in the Nineteenth century with such figures as Thoreau and Emerson, and with the arrival of Hindu teachers from India such as Protap Chunder Mozoomdar and Swami Vivekananda.) But it is also a curse because there is no particular, universal spiritual tradition that underlies American civilization which can be revived. Christianity remains dominant, but certainly the popular forms of it that exist in America today are unacceptable from a traditional standpoint. At the same time, most Americans are unlikely to accept any form of spirituality which they perceive to be different from or in opposition to Christianity. So it is a difficult question.

The best solution may be to exclude advocating any specific religion from our efforts in the West for the time being, and leave such decisions to the individual. Of course, we should encourage everyone who supports us to integrate the traditional worldview into their own lives, in whatever form that may take, and to oppose secularism on the grounds of the resacralization of culture. Perhaps once the process of the collapse of the current global and cultural order is further along, and as the peoples’ faith in the illusions of progress, materialism and nationalism inculcated by modernity are shattered, the new form or forms of religion that must take root in the West will become more readily apparent.

 

mardi, 21 mai 2013

PASSET-626x220.jpg René Passet : « Il faut prendre du recul pour voir qu’un autre monde est en train de naître »

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René Passet : « Il faut prendre du recul pour voir qu’un autre monde est en train de naître »

 






Basta !  : Notre manière de penser l’économie dépend de notre perception du monde. Et varie totalement en fonction des époques et du progrès technique. Dans votre dernier ouvrage, vous proposez de relire l’histoire économique à la lumière de ces mutations. Quelles sont les grandes étapes de cette longue histoire ?

René Passet [1] : Ceux qui voient le monde comme une mécanique, une horloge, ne considèrent pas l’économie de la même façon que ceux qui le voient comme un système énergétique qui se dégrade. Les mêmes astronomes, armés des mêmes instruments, ne perçoivent pas les mêmes choses dans le ciel, avant et après Copernic. Quand l’homme n’a que ses sens pour comprendre le monde, l’univers lui apparaît mystérieux.

C’est un univers qui chante, qui le nourrit, qui gronde aussi parfois. Des forces jaillissent de partout. Il pense que des êtres mystérieux et supérieurs le jugent, l’approuvent ou le punissent. Avant même le Néolithique, l’homme s’aperçoit que la plante dont il se nourrit pousse mieux dans les milieux humides. Ou que les déchets organiques favorisent la végétation. Il découvre ainsi les forces productives de la nature et les régularités du monde naturel. Cela va faire reculer les esprits, qui se réfugient sur les sommets des montages, comme l’Olympe.

Les dieux succèdent aux esprits, le monde mythique au monde magique. La civilisation grecque marque le basculement de l’esprit vers la conceptualisation. Un tournant décisif, le début d’une réflexion sur la nature des choses, avec la philosophie, science première. On passe ensuite des dieux au pluriel à un dieu au singulier. L’activité économique est encore une activité pour le salut des âmes, dans la perspective chrétienne. Si vous ne voulez pas finir vos jours dans les lieux infernaux, il faut vivre selon les préceptes économiques des théologiens.

Peu à peu la rationalité l’emporte, et la science se laïcise. Pour Descartes et Newton, le monde fonctionne comme une horloge. C’est dans cette société « mécaniste », que naît l’école libérale classique. Au 18e siècle, Adam Smith, qui était aussi astronome [2], propose une théorie gravitationnelle de l’équilibre : le prix du marché gravite autour du « prix naturel », qui est le coût de production de l’objet, exactement comme les astres gravitent autour du soleil.

Avec la machine à vapeur apparaît une nouvelle représentation du monde…

En 1824, le physicien Sadi Carnot découvre les lois de la thermodynamique : le principe de conservation et le principe de dégradation. Imaginez un morceau de charbon. Il brûle, mais ne disparaît pas : tous ses éléments constitutifs se conservent, répandus dans l’univers. Et s’il a produit du mouvement, jamais plus il n’en produira, car il est désormais déstructuré, « dégradé ».

A ce moment de l’histoire, on passe d’une représentation mécanique du monde à la société énergétique. Alors que chez Adam Smith, chez Newton, c’est l’équilibre – statique – qui compte, les lois de l’énergie sont des lois de probabilité. Quand on répand un gaz dans un volume, il va dans tous les sens, et le hasard fait qu’il se répand partout de manière homogène.

Au niveau de l’individu, il n’y a pas de déterminisme apparent, mais au niveau des grands nombres, les mouvements se compensent : ce sont les lois de probabilité. On change de causalité, et d’univers : le monde est en mouvement, comme le montre aussi Darwin. Au même moment dans l’histoire économique, Marx et les socialistes se mettent à penser non pas en terme d’équilibre mais d’évolution.

Ce passage d’une représentation mécanique du monde à la société énergétique a-t-il un impact sur la vie des idées ?

Le mouvement des idées part alors dans trois directions. Avec Léon Walras, qui invente « l’équilibre général » des marchés, c’est la loi de conservation qui prime. La deuxième loi, celle de la dégradation entropique, amène à la théorie de l’autodestruction du système capitaliste, par Karl Marx. Au fil du temps, le système entropique et le système capitaliste suivent un même cheminement, ils se dégradent, se désorganisent.

La loi de probabilité, on la retrouve chez Keynes [3]. Sa théorie est celle de l’incertitude radicale : les acteurs économiques agissent dans un monde incertain, dont ils ont une connaissance imparfaite. Une vision à l’opposé des analyses classiques sur la rationalité des marchés.

Vient ensuite le temps de l’immatériel et de l’information…

La société énergétique, celle de la grande industrie, fonctionne par l’accumulation de capitaux et le développement du secteur financier et bancaire. La vraie rupture entre les classes sociales apparaît. La société s’organise hiérarchiquement. Au début des années 1970 deux événements vont marquer un tournant important : la première crise du pétrole et la sortie du microprocesseur Intel. L’informatique pour tous, et nous voici dans la société informationnelle (dans le sens de « donner une forme »).

Dans cet univers, la force productive est l’esprit humain. Les modes d’organisation changent complètement. De l’entreprise au monde entier, l’économie est organisée en réseaux. Le monde se vit comme unité, en temps réel. On gomme le temps et l’espace.

Est-ce l’avènement de la financiarisation de l’économie ?

L’ordinateur nous a donné le moyen du contact immédiat et la logique financière nous pousse vers une économie de rendement immédiat. Avec la politique de libération des mouvements de capitaux dans le monde, on assiste à une concentration de capital, et à la naissance d’une puissance financière supérieure à celle des États. Avec des effets désastreux pour l’économie réelle.

Un exemple ? L’entreprise pharmaceutique Sanofi gagne des sommes colossales, licencie pourtant ses chercheurs et n’invente plus rien, depuis que son PDG est issu du secteur de la finance. La finalité ? Produire du dividende et non plus du médicament. On relève la barre de rentabilité, on externalise la recherche et pour le reste, on dégraisse. Les chercheurs sont désespérés, ils ne font plus leur métier.

« L’humanité est en train de résoudre son problème économique », disait Keynes, envisageant un avenir prochain où l’homme pourrait travailler trois heures par jour, grâce à l’augmentation de la productivité. Nous en sommes très loin… Avons-nous raté quelque chose ?

A toute époque, le progrès technique a pour effet d’augmenter la productivité du travail humain. La productivité accroît la quantité de valeur ajoutée. Mais la façon dont celle-ci est partagée dépend du rapport de force dans la société. Dans la vision fordiste, les intérêts des salariés et des entrepreneurs sont convergents.

Henry Ford le dit très bien : « Si vous voulez vendre vos bagnoles, payez vos ouvriers ». Progrès économique et progrès social vont alors de pair. Lorsque c’est le pouvoir de la finance qui domine, le dividende se nourrit de la ponction qu’il effectue sur les autres revenus.

La logique ? Réduire l’État, les salaires, le nombre de salariés, les protections sociales. L’augmentation de la productivité a été compensée par cette logique de la rémunération des actionnaires. Keynes a raison ! Et la semaine de 32 heures est aujourd’hui un des moyens pour rétablir le plein emploi. Keynes évoque aussi les risques psychologiques de cette évolution. Pour la première fois depuis sa création, l’homme devra faire face à son problème véritable : comment employer sa liberté arrachée aux contraintes économiques ?

Vous expliquez comment nous avons successivement fait tomber les barrières, entre espace terrestre et céleste avec Galilée, entre l’homme et l’animal avec Darwin, entre conscience et rationalité avec Freud. Que pensez-vous de cette nouvelle convergence qui s’opère, entre le vivant et la machine, avec les biotechnologies, dont vous décrivez l’importance dans votre ouvrage ?

Je ne crois pas à la fin de l’histoire, mais à la fin de l’homme. Avec les nanotechnologies et le concept « d’homme augmenté », on prévoit d’introduire dans notre sang des robots qui vont nous réparer. Et nous ne saurons bientôt plus quelle est la part humaine et quelle est la part robotique en l’homme. Nous aurons dans le cerveau des puces avec de la mémoire. Est-ce que la puce va appartenir à l’homme, ou bien le modifier ?

Lorsque je m’interrogerai, la réponse arrivera un peu plus vite. Mais est-ce vraiment moi qui répondrai, ou bien est-ce l’encyclopédie Universalis, à ma disposition dans mon cerveau ? Quelles seront les conséquences de tout cela ? L’homme se crée lui-même par les efforts qu’il fournit, en travaillant pour acquérir des connaissances, en transformant le monde, comme disaient Hegel ou Marx. S’il dispose de prothèses pour faire le travail à sa place, je crains que l’homme ne se diminue lui-même. Toute prothèse est atrophiante.

Vous n’êtes pas très optimiste…

Je suis très inquiet pour l’avenir de l’humain. J’ai peur qu’arrive, dans une humanité mécanisée, robotisée, un autre homme dont on ne saura plus très bien ce qu’il est. Le grand cybernéticien Alan Turing (1912-1954) a parié qu’aux environs de l’an 2000 on ne serait plus capable, dans une conversation téléphonique, de faire la différence entre un homme et un robot. C’est une autre limite, une autre frontière. Est-ce le sens de l’évolution ? Cela a-t-il une signification ? Je n’en sais rien.

Pouvons-nous maîtriser ces bifurcations de civilisation ?

Avons-nous maîtrisé les bifurcations précédentes ? Elles sont venues au fil de l’évolution, et nous les avons suivies. Nous ne les comprenons qu’après coup, et nous nous adaptons à une nouvelle normalité qui s’établit. Les gens les ont vécues comme la fin d’un monde, sans comprendre où allait le monde nouveau. Il faut prendre du recul pour voir qu’un autre monde est en train de naître. Nous vivons aujourd’hui une confusion entre crise et mutation. Nous mélangeons deux types de crises.

L’évolution est faite de ruptures et de normalité. La crise dans la normalité, c’est lorsque dans le système établi apparaissent des dysfonctionnements qui nous éloignent de la norme. C’est la crise au sens propre du terme, conjoncturelle. Le problème est alors de revenir à la norme. Si le sous-emploi est conjoncturel, on va essayer de rétablir le plein-emploi dans les normes traditionnelles, avec les moyens traditionnels.

Les crises de mutation, c’est passer d’un système à un autre. Et c’est ce que nous vivons aujourd’hui. Ce n’est pas une crise économique, mais une crise du système néolibéral. C’est la logique même du système qui a provoqué la crise des subprimes en 2008. Notre vrai problème est aujourd’hui de réussir la mutation. Or nous avons chaussé les lunettes de la crise du court terme.

Un exemple : rigueur ou relance ? Tous les gouvernements raisonnent dans une logique de court terme ! Le pouvoir financier impose sa vision du temps court. Cela fausse tout, nous raisonnons à partir d’une économie complètement tronquée.

Quelles en sont les conséquences ?

Dans le temps court, le salaire n’est qu’une charge pour les entreprises, et la protection sociale, une charge pour la société. L’impôt, c’est un prélèvement et rien d’autre. Si vous abordez le problème avec cette vision, cela vous amène forcément à la rigueur : il faut restreindre la dépense publique. Même si la crise ne vient pas de la dépense publique mais du secteur privé, en premier lieu des banques avec la crise des subprimes.

Il faut comprimer les salaires, travailler plus pour gagner moins ! Le résultat ? Un cercle vicieux. Le second effet apparaît dans un temps plus long : le salaire, c’est le support d’un revenu qui alimente la dépense de consommation. L’impôt, c’est le support de la dépense publique. Il ne se perd pas dans les sables du désert ! Toute cette dimension nous manque. Les gouvernements sont piégés dans cette logique de court terme, alors que le vrai problème est celui de la réussite de la mutation.

« L’homme des cavernes pouvait difficilement – à la lumière de son expérience – se faire une conception de l’univers autre que magique », écrivez-vous. Alors que les marchés sont aujourd’hui présentés comme des oracles, ne serions-nous pas capables de faire mieux que l’homme des cavernes ?

Dans une vision à court terme, la tendance est de défendre les structures existantes. Avec de très bonnes intentions, on s’enferme dans des contradictions totales. Les gouvernements mènent une politique de réduction des dépenses énergétiques, et de l’autre côté, n’acceptent pas la diminution du nombre de raffineries, qui découle de cette politique. Le problème n’est pas que les salariés des raffineries restent raffineurs, mais de les employer dans de nouvelles structures, et de voir quelles sont les structures nécessaires à la poursuite de la mutation.

En essayant de régler un problème de long terme avec des instruments de court terme, nous nous enfonçons de plus en plus dans la crise, à force de prendre des décisions à contre-sens. Au contraire, anticiper ces transitions, cette mutation, devrait pourtant inspirer non pas le discours des politiques, mais leur action. On se trompera forcément, mais par tâtonnement nous finirons par trouver la voie pour nous engager dans un cercle vertueux.

Vous définissez la science économique comme un « système de pensée nombriliste, clos sur lui-même, replié sur la contemplation inlassable des mêmes équilibres et des mêmes procédures d’optimisation ». De quelle science économique avons-nous besoin aujourd’hui ?

Lorsque j’ai publié mon livre L’économique et le vivant en 1979, les économistes m’ont dit : « Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Ce n’est pas de l’économie. » Depuis, beaucoup ont compris l’importance de la transdisciplinarité. Confrontés aux mêmes réalités, chaque discipline interroge le monde sous un angle différent. La nature de mes questions me définit comme économiste.

C’est le lieu d’où je questionne le monde, mais ce n’est pas une prison ! Si les chercheurs refusent de se hasarder dans les zones d’interférences, certains problèmes ne seront jamais abordés. C’est pourtant dans ces zones que se joue aujourd’hui la survie de l’humanité.

Comment recréer des espaces de réflexion interdisciplinaires ?

Il y a aujourd’hui des courants intéressants, comme celui des Économistes atterrés. On parle en ce moment de la reconstitution d’une structure qui ressemblerait à celle du Plan, avec une ambition de prospective. J’étais très favorable à la planification française, souple. Les objectifs des secteurs stratégiques – sidérurgie, transports, énergie,…– étaient définis au sein des Commissions du Plan, qui réunissaient des grands fonctionnaires, des intellectuels, mais aussi des syndicats ouvriers et patronaux. Une concertation sociale permanente.

C’est ce qui nous manque le plus aujourd’hui. De cette rencontre sortaient des objectifs, ensuite arbitrés par l’État. On n’avait pas besoin de faire des grands discours sur la concertation, on la faisait !

Vous défendez le principe de bioéconomie. En quoi cela consiste-t-il ?

Ce n’est pas une nouvelle branche de l’économie : c’est l’économie qui doit se faire bio. La destruction de la biosphère menace actuellement l’humanité. Et si on détruit la biosphère, cela ne sert à rien de disserter sur le Plan et l’avenir de l’humanité : il n’y aura pas d’avenir, pas d’économie. Le monde est arrivé à ce moment où il atteint et dépasse la capacité de charge de la biosphère. Toutes les conventions sur lesquelles était fondée l’économie sont remises en cause.

La nature était considérée comme inépuisable ? Elle devient un facteur rare que l’on épuise. Et c’est une des conventions fondatrices de l’économie qui disparaît. Quand on cherche la combinaison optimale de facteurs de production, ou de biens de consommation qui vont vous donner le maximum de satisfaction, on procède par substitution de biens. C’est la deuxième convention de base de l’économie : on optimise en substituant.

Cela n’est plus vrai aujourd’hui : quand vous atteignez les limites de la biosphère, certaines ressources ne peuvent plus être augmentés. La substituabilité disparaît. Troisième convention : « Le plus est le mieux » – c’est en consommant davantage que l’on accroît le bien-être. Nous atteignons aussi la limite où ce n’est plus vrai. Le paradoxe d’Easterlin montre que dans les nations les plus riches le bien-être et le revenu ne vont plus de pair. Il arrive un moment où la relation s’inverse carrément.

Comment l’économie peut-elle intégrer la question de la reproduction des ressources et du vivant ?

L’économie est faite pour optimiser – ce n’est pas un vilain mot !. Cela veut dire tirer le maximum de résultats, de choses positives, de satisfaction, à partir des moyens limités dont nous disposons. Mais elle doit intégrer ces stratégies d’optimisation (de production et de consommation) dans les limites des mécanismes de reproduction du système.

Par exemple les rythmes de reproduction des matières premières, des ressources renouvelables : « Voilà, on peut piocher dans les réserves jusque ce niveau, mais pas plus ». Ou des rythmes de prélèvement des ressources non renouvelables compatibles avec des perspectives de relève, de remplacement de ces ressources. L’économie retrouve alors sa vraie vocation : une science d’optimisation sous contrainte. Sans limites, il n’y a pas d’économie, car cela veut dire que l’on peut faire n’importe quoi !

Le système économique actuel peut-il s’adapter à cette contrainte ?

Certains économistes voudraient que l’économie soit une science qui prenne en compte toutes les contraintes, sauf celles de l’environnement ! Dans un système vivant, vous avez une finalité qui domine, c’est la finalité du système tout entier : maintenir et reproduire sa structure dans le temps, alors que les lois physiques, les lois d’entropie voudraient qu’il se désagrège. Cette finalité est supérieure à toutes les autres.

Dans une horloge, vous avez une seule loi, du ressort à la mécanique entière. C’est très différent dans le vivant : on fait un saut dans le vivant, en passant de la molécule à la cellule, c’est une autre logique qui s’applique. Et la logique de l’organe est différente de la somme des logiques des cellules. La pensée n’est pas la somme des atomes du cerveau.

En économie, c’est pareil. C’est le paradoxe de Condorcet : il faut un choix à un moment donné, la logique du tout n’est pas la somme des logiques particulières. On est loin de la « main invisible du marché » d’Adam Smith, qui transforme mécaniquement les intérêts individuels en intérêt général.

Vous parlez de « point critique », ce moment qui nous fait basculer dans un autre univers. Sommes-nous en train d’atteindre un tel point critique ?

Nous vivons une crise de civilisation, mais le dépérissement du système sera long, car trop d’intérêts sont en jeu. Pour l’univers de la finance, ce système n’est pas mauvais : quand tout va bien, il engrange les bénéfices, et quand tout va mal, la charge retombe sur la collectivité.

La faillite d’un paradigme n’implique pas qu’il disparaisse immédiatement. Il faut qu’une théorie concurrente soit prête à prendre la place, comme le dit l’historien Thomas Kuhn. Le point critique, c’est lorsqu’un écart évolutif, au lieu d’être ramené vers la moyenne, bifurque de manière totalement imprévisible vers une nouvelle voie d’évolution.

Tout progrès est ambigu, à la fois chance et péril. C’est nous qui choisissons. Le progrès technique nous donne actuellement la possibilité de gagner plus, de vivre mieux, de travailler moins. Et comme nous avons libéré la cupidité des hommes, avec la libéralisation du secteur financier, ce sont les effets pervers qui l’emportent. Ce qui devrait être un instrument de libération des hommes devient un moyen d’asservissement. L’homme devient la variable d’ajustement de l’augmentation des dividendes.

Tant qu’on n’aura pas tranché le nœud gordien du pouvoir de la finance, rien ne sera possible. Parce que le rapport de force agira toujours dans cette direction, et le côté pervers du progrès technique l’emportera toujours. Sous la pression des événements et des drames qui se multiplieront, serons-nous amenés à le faire à temps ? Sans cela, nous courrons à la catastrophe. Il faut continuer à alerter et à travailler dans ce sens.

Notes

A lire : René Passet, Les Grandes Représentations du monde et de l’économie à travers l’histoire, éditions LLL Les liens qui libèrent, 950 pages, 38 euros.

Notes

[1René Passet, économiste spécialiste du développement et professeur émérite à la Sorbonne, a été membre du Groupe des Dix, constitué à l’initiative de Jacques Robin et de Robert Buron, au sein duquel il a travaillé avec des biologistes, des physiciens, des sociologues, des anthropologues, des informaticiens. Il a été le premier président du Conseil scientifique de l’association Attac.

[2Auteur de l’ouvrage Histoire de l’astronomie.

[3Qui a écrit un traité des probabilités avant de se pencher sur l’économie.

Basta Mag

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jeudi, 16 mai 2013

Savants nazis : les Français et les Anglais se sont servis aussi

Savants nazis : les Français et les Anglais se sont servis aussi

« Les quelques privilégiés qui connaissaient l’existence
du Bureau des Projets Spéciaux du général SS Kammler,
admettaient qu’il constituait l’instrument
d’étude et de mise au point le plus avancé du IIIe Reich »

 

Entretien avec Louis-Christian Gautier, auteur de Le secret de l’anti-gravité. À l’ombre du IIIe Reich et de la Nasa (éditions Dualpha)

propos recueillis par Fabrice Dutilleul

 

Vous abordez un sujet délicat : l’appropriation par les Américains et les Soviétiques des savants du IIIe Reich à la fin de la IIe Guerre mondiale…

 

Il n’y a pas qu’eux : Britanniques et Français se sont aussi « servis ». Tous les Alliés s’emparèrent des savants du IIIe Reich et s’approprièrent ainsi tous leurs travaux, recherches… et découvertes ! Parmi ces prises de guerre figuraient les recherches sur la gravité, effectuées par le général SS Hans Kammler qui rendait compte directement et uniquement au Reichführer de l’Ordre noir Heinrich Himmler.

 

 

Comment avez-vous été amené à écrire ce livre ?

 

À la demande du rédacteur en chef de la défunte revue Aventures de l’Histoire. C’est un fouineur qui m’a adressé un ouvrage qu’il s’était procuré je ne sais comment, dont le titre pourrait approximativement se traduire par : « À la recherche du point zéro, le périple d’un homme pour découvrir le plus grand des secrets depuis l’invention de la bombe atomique. » Si, dans mon adolescence, je prenais un certain plaisir à la lecture des romans de science-fiction – en particulier ceux de Peter Randa, père de mon éditeur auquel j’en profite pour rentre hommage – je suis devenu depuis un historien « pur et dur », et c’est d’abord en rechignant que j’ai entrepris de traduire le document de référence, mais je ne prends pas parti au sujet des théories exposées.

 

 

Les chercheurs américains refusaient de reconnaître cette science révolutionnaire…

 

En effet, les Nationaux-socialistes eurent une approche de la science et de l’ingénierie totalement différente de celle des autres, car leur idéologie était également basée sur une vision du monde différente.
La gravité constitue la plus importante source d’énergie potentielle. Un engin qui l’utiliserait pourrait atteindre la vitesse de la lumière. Les Américains ont-ils maîtrisé toutes les technologies tombées entre leurs mains ? C’est ce que chercha à savoir le Britannique Nick Cook, journaliste aéronautique réputé. Son enquête le mena ainsi jusqu’aux terribles camps de concentration qui furent en quelque sorte le « moteur » de la production de cet « État dans l’État », comme Speer avait qualifié la SS. C’est en leur sein que travailla le Bureau des Projets Spéciaux du général Kammler. Les quelques privilégiés qui en connaissaient l’existence admettaient qu’il constituait l’instrument d’étude et de mise au point le plus avancé du IIIe Reich. Pour le constituer, on avait écrémé tout ce que le pays possédait comme chercheurs de haut niveau, sans se préoccuper s’ils avaient ou non des liens avec le Parti. Une fois recrutés, ceux-ci étaient soumis à un secret rigoureux et leurs activités protégées par des spécialistes du contre-espionnage appartenant à la SS.

 

 

Au fil de la lecture, on se passionne pour cette véritable enquête policière…

 

Il faut suivre l’auteur britannique dans l’espace et dans le temps. C’est aussi la personnalité de celui-ci qui, dans le cadre de la « critique externe » du document, a suscité mon intérêt : Nick Cook était consultant aérospatial à la revue Jane’s Defense Weekly. Or, le Jane’s est une référence internationale en matière de défense et d’armement. Un de ses collaborateurs ne pouvait être un fumiste intégral. Mais je dis et répète que je me refuse à prendre parti : j’ai abordé le sujet d’un point de vue strictement historique.

 

 

Vous ne prétendez donc pas révéler le secret de l’anti-gravité ?

 

Pas plus que celui des Templiers, ni l’emplacement de leur trésor, sujets sur lequel j’avais jusqu’alors le plus publié.

 

 

Le secret de l’anti-gravité. À l’ombre du IIIe Reich et de la Nasa de Louis-Christian Gautier, 216 pages, 23 euros, éditions Dualpha, collection « Vérités pour l’Histoire », dirigée par Philippe Randa.

 

BON DE COMMANDE

 

Je souhaite commander :

 

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jeudi, 25 avril 2013

Comment l'islam a étouffé les cultures pré-islamiques au nom du culte de l'unicité de Dieu

Comment l'islam a étouffé les cultures pré-islamiques au nom du culte de l'unicité de Dieu

De l'architecture aux divinités, une conférence à Fès au Maroc s'est penchée pour la première fois sur l'histoire du Maroc antique. Mais les cultures pré-islamiques restent largement méconnues.

Al-tawhîd

Ex: http://histoire.fdesouche.com/

 
"L'islam a conservé, et on l'ignore souvent, des éléments de culture pré-islamique."

"L'islam a conservé, et on l'ignore souvent, des éléments de culture pré-islamique." Crédit DR

Atlantico : De l'architecture aux divinités, une conférence tenue à Fès au Maroc s'est penchée pour la première fois sur l'histoire du Maroc antique. Les cultures pré-islamiques restent largement méconnues. Comment l'expliquer ? 

C'est une conférence salutaire à tout point de vue, car, en effet, objectivement, l'histoire des sociétés arabes ne commence absolument pas avec la naissance de l'islam au début du VIIème siècle. Il serait bon de s'en souvenir. Ainsi, cette religion monothéiste, née en Arabie en 610 sous l'apostolat de Muhammad, ne s'est donc pas développée ex nihilo. À côté de l'architecture et du culte des divinités, à l'époque anté-islamique, il ne faut pas omettre de mentionner la littérature arabe et plus exactement encore sa poésie, laquelle fut très raffinée avant et après l'avènement de l'islam.

Si les cultures pré-islamiques sont sinon ignorées du moins délaissées, c'est parce que selon un certain enseignement de l'islam, du culte de l'unicité absolue de Dieu (al-tawhîd), celles-là contribueraient à éloigner l'homme en général et le musulman en particulier, de la croyance en un Dieu unique suivant des règles ou des principes précis édictés dans le Coran, la Sunna (traditions prophétiques) et "la compréhension des pieux prédécesseurs" (al-salaf al-çâlih).

Il y a une confusion regrettable dans l'esprit de certains musulmans de nos jours. En effet, ils confondent démarche de connaissance, historique et démarche piétiste ou fidéiste, en sorte qu'ils croient, à tort, que la première menace inéluctablement l'intégrité de leur foi !

Quelles étaient les valeurs qui y étaient défendues (en particulier le rapport au sexe et à la femme) ? Quelles en ont été les principaux apports et quel en est aujourd'hui l'héritage ? 

Dans L'Arabie pré-islamique, par exemple, dominait une vie tribale où la liberté du groupe se confondait avec celle de l'individu, dans une perpétuelle interaction. Il y avait, notamment à La Mecque, outre une culture polythéiste intense à côté du judaïsme et du christianisme, une dialectique de la paix et de la guerre entre les différentes tribus, avec des razzias, etc. Y dominaient par ailleurs des solidarités mécaniques, les vertus de courage, d'honneur, etc. La vie morale des Bédouins reposait, selon Roger Caratini, entre autres orientalistes, essentiellement sur les valeurs suivantes: "le courage, l'honneur tribal, familial, individuel, la générosité et l'hospitalité".

La polygamie était largement de mise, dans la mesure où plus vous aviez de femmes, plus il vous était possible d'asseoir la puissance de la tribu, avec une prime accordée aux garçons (symboles de la puissance du groupe), tandis que les fillettes étaient parfois enterrées vivantes...Et c'est l'islam, très précisément, qui a mis fin à cette pratique horrible!

Quant à la poésie pré-islamique, elle chantait les vertus de l'amour, du vin; elle prônait quelquefois l'injure ou l'ironie vis-à-vis des clans ennemis, etc. 

Cependant, l'islam a conservé, et on l'ignore souvent, des éléments de culture pré-islamique. Il faut savoir que le pèlerinage à La Mecque était déjà de rigueur et un lieu prisé par différentes tribus et les grands commerçants installés ou de passage, soit donc bien avant l'arrivée de l'islam. L'autorisation de la polygamie était également un héritage de la période pré-islamique, en plus de la richesse sémantique de la langue arabe qui deviendra aussi la langue du Coran !

Quelles conséquences le développement de l'islam a-t-il eu sur elles et sur leur rayonnement ? Quel regard porte-t-il aujourd'hui sur ces cultures ? Plus globalement, quel rapport l'islam a-t-il à l'histoire ?

Les conséquences sont multiples. L'islam a sévèrement combattu la polythéisme, c'est un fait; a fortiori sous les feux de lectures orthodoxes; il a interdit, suivant l'orthodoxie sunnite notamment, et en plusieurs étapes, la consommation d'alcool, le libéralisme sexuel (sur ce point, comme n'importe quel autre monothéisme); il a également strictement encadré la polygamie, etc. Des acteurs de l'islam (activiste) contemporain qui nourrissent une vision très rigoriste de la religion, entretiennent une véritable animosité et haine vis-à-vis de certains types de culture hérités de la période pré-islamique. Souvenons-nous à cet égard des Talibans afghans qui ont détruit les Bouddhas de Bâmiyâm en 2001 ou, plus récemment, des islamistes qui ont entamé la destruction de mausolées de saints à Tombouctou au Mali... Cela dit, il convient d'être extrêmement précis: c'est moins l'islam, en tant que tel, et intrinsèquement, qui mène une guerre sans pitié à l'encontre de ces cultures, que des activistes qui vouent un souverain mépris à l'endroit de la connaissance de façon générale, et, en particulier, du patrimoine de l'humanité.

jeudi, 18 avril 2013

Sur la territorialité

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Sur la territorialité

Entretien avec Georges Feltin-Tracol

Il y a quelques mois, le Comité directeur du Carrefour des Acteurs Sociaux (C.A.S.) animé par Joël Broquet, en particulier son pôle « Territoires »,  proposait à un questionnaire d’enquête consacré à la question territoriale dans l’Hexagone. Georges Feltin-Tracol, rédacteur en chef d’Europe Maxima, a bien voulu y participer. Les réponses mises en ligne ci-dessous ont été largement développées par rapport à la version initiale envoyée au C.A.S.

Cet entretien paraît approprié au lendemain du « non » alsacien qui ne résout rien et qui aggrave au contraire les problèmes territoriaux issus d’une décentralisation trop technocratique dès le départ. L’échec du référendum régional alsacien témoigne aussi de la nécessité pour les prochaines consultations locales d’affronter frontalement notables et élus locaux.

Carrefour des Acteurs Sociaux : Selon vous, quelle organisation territoriale serait à préconiser pour optimiser les actions publiques ?

Georges Feltin-Tracol : À mes yeux, le territoire administratif le plus optimal en matière d’actions publiques demeure la région. Toutefois, il est primordial de réviser en profondeur et d’une manière complète la carte administrative territoriale en s’appuyant sur des régions rectifiées (fusion des deux demi-régions normandes, rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, création d’une région « Pays-Bas français » sur les régions Picardie et Nord – Pas-de-Calais, fusion de départements en Alsace, en Corse, en Savoie) et réduites en nombre (22, c’est trop).

C.A.S. : Quel échelon actuel est-il, selon vous, pertinent aujourd’hui ?

G.F.-T. : Outre la région, l’autre échelon pertinent me paraît être l’arrondissement rectifié. Mais attention ! La notion d’arrondissement est à modifier complètement. En effet, l’essor des modes de transport (voiture, train), l’implantation des centres commerciaux en périphérie des villes et l’étalement urbain sur les zones rurales proches (ce qui est un grave problème en soi) entraînent une véritable révolution territoriale administrative silencieuse. Face à l’effacement de la distinction rural / urbain, la région et l’arrondissement rectifié afin qu’il corresponde à un bassin de vie autour d’une ville-centre paraissent des échelons pertinents.

C.A.S. : « L’abrogation » de la démarche Pays vous semble-t-elle justifiée ?

G.F.-T. : Oui, dans le cadre actuel. En revanche, dans le cadre de l’arrondissement – bassin de vie, le « pays » pourrait renaître à la fois en tant que successeur de l’arrondissement actuel et qu’en espace optimal de proximité à la condition que ce nouvel arrondissement ou pays fusionne avec le canton, l’intercommunalité et l’actuel « pays ».

C.A.S. : Comment la gouvernance territoriale devrait-elle être organisée ?

G.F.-T. : D’abord, il faut sortir de la novlangue officielle en place. « Gouvernance » relève du jargon bureaucratique d’essence libérale-mondialiste. Le gouvernement idoine des territoires serait un recours massif et permanent à la démocratie directe.

Il est important d’abandonner le régime d’assemblée en vigueur dans les collectivités municipales, départementales et régionales et l’omnipotence de l’exécutif territorial en appliquant une large démocratie directe. Outre le contrôle civique des élus par les droits populaires de surveillance, de veto et de proposition, les responsables territoriaux devraient être tirés au sort, ne cumuler aucun mandat, être révocables et détenir un mandat impératif. Une autre réforme de taille serait d’instaurer la responsabilité sur leurs biens propres de la gestion de la collectivité. En corollaire, le droit de vote serait obligatoire sous peine de lourdes sanctions. L’idéal serait aussi une réelle impartialité, c’est-à-dire une absence de partis politiques…

C.A.S. : Les solidarités urbain/rural ont-elles un sens aujourd’hui ? Si oui, lesquelles  ?

G.F.-T. : Il est clair, aujourd’hui, que les solidarités urbain / rural se distendent du fait de la disparition voulue de la paysannerie, de l’étalement urbain anarchique et de l’alignement des campagnes sur le mode de vie, les codes culturels et les goûts des citadins. La France est en train de se scinder en trois ensembles disparates : les métropoles, créatrices de richesses, leurs banlieues sur-subventionnées et les territoires péri-urbains (ou ruraux profonds) délaissés (fermeture au nom de la R.G.P.P. – réduction générale des politiques publiques – du bureau de poste, de l’école primaire, de la gare, non-desserte des transports en commun, etc.). Fuyant des zones urbaines en chaos ethnique et les fortes hausses d’impôts, les catégories populaires et intermédiaires qui s’installent « à la campagne » se sentent pénaliser : elles n’ont droit à rien et doivent payer pour des services inexistants.

C.A.S. : Quel constat de la décentralisation faites-vous ?

G.F.-T. : D’un point de vue fédéraliste, identitaire et régionaliste français et européen, la décentralisation est un fiasco total du fait de l’incompétence de son personnel politicien. L’État central a eu tort de faire confiance à la partitocratie, d’où l’explosion des effectifs de la fonction publique territoriale, du clientélisme et de la corruption, de conserver ses attributions ou de les déléguer sans accompagnement financier réel et d’empêcher l’autonomie réelle des collectivités en leur assurant une fiscalité propre.

Plutôt que de relancer la décentralisation, l’heure est venue pour la régionalisation et la réduction draconienne des strates administratives et du nombre d’élus.

C.A.S. : Selon vous, quelles orientations devraient prendre la politique européenne de cohésion territoriale (organisation spatiale du territoire européen) ?

G.F.-T. : L’idéal serait un État fédéral européen dégagé de l’O.T.A.N. et de l’O.M.C. à vocation impériale grande-continentale. Plus concrètement, une vaste politique coordonnée de relance et de relocalisation de l’industrie, de l’agriculture (dans un sens bio et non productiviste) et des transports collectifs (avec le retour de l’aéro-train) donnerait enfin une véritable cohérence territoriale au continent sans omettre bien sûr une ambitieuse politique culturelle et scolaire authentiquement européenne et identitaire.

C.A.S. : Quelle devrait être la place de « Paris » dans l’architecture urbaine mondiale et européenne ?

G.F.-T. : L’anti-Parisien que je suis estime que ce n’est qu’une agglomération française parmi d’autres. Malheureusement, soyons réalistes. Paris et ses environs demeurent la première région de France en population et en production économique. La déconcentration de la Capitale prendra beaucoup de temps. En attendant, il importe de valoriser les autres villes et agglomérations afin de contrebalancer l’influence de plus en plus délétère de Paris.

C.A.S. :  Quel périmètre devrait avoir « Paris », en tant que ville et en tant qu’agglomération ?

G.F.-T. : Dans l’idéal toujours, il serait bien d’arrêter la croissance parisienne et de favoriser l’attrait de la « Province ». En pratique et dans la perspective voulue d’en faire une métropole mondiale, Paris doit franchir le Périphérique et étendre sa superficie à la « Petite Couronne ». En clair, il est nécessaire d’abolir le 75 et les départements périphériques et de tirer un trait définitif sur les conséquences de la Commune de 1871.

C.A.S. : La structure de l’agglomération parisienne serait selon vous ?

G.F.-T. : Une collectivité territoriale intégrant les compétences communales, départementales et régionales.

C.A.S. : Selon votre réponse, quel devrait en être le périmètre ?

G.F.-T. : Si Paris devient une collectivité territoriale, sa superficie devrait correspondre, nonobstant l’obstacle des départements à faire disparaître, à son aire urbaine, soit les « Petite » et « Grande Couronne » réunies. Un autre facteur entre en ligne de compte : les migrations tant internes qu’externes. Il faut arrêter les flux migratoires vers l’Île-de-France qui est devenue l’«Île-du-Monde ».

C.A.S. : Quelles devraient être les compétences pour la structure de l’agglomération parisienne serait selon vous ?

G.F.-T. : Le « Grand Paris » devrait détenir toutes les compétences ! À savoir la planification territoriale et l’urbanisme, l’emploi et la formation professionnelle, le développement économique, les transports, la préservation du patrimoine et l’essor culturel enraciné, l’écologie véritable et non le fumeux développement durable, ou les services sociaux à la population.

C.A.S. : Quelle appellation souhaiteriez-vous pour l’entité de la structure de l’agglomération parisienne ?

G.F.-T. : Cette collectivité territoriale avec une population moindre du fait d’un retour (imposé ? forcé ?) dans les provinces de nombreux résidents pourrait très bien s’appeler « Paris – Île-de-France ». Et puis, imaginons un changement de capitale en promouvant Lyon ou Clermont-Ferrand, voire en créant ex-nihilo une nouvelle sur les exemples de Brasilia ou d’Astana.

• Propos recueillis par le pôle « Territoires » du C.A.S.


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samedi, 13 avril 2013

La Syrie est le théâtre d’une guerre économique mondiale

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La Syrie est le théâtre d’une guerre économique mondiale

Ex: http://linformationnationaliste.hautetfort.com/

Le journaliste, écrivain et politologue suisso-tunisien Riadh Sidaoui est le fondateur et directeur du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociales basé à Genève. Il est également rédacteur en chef de la revue "Progressiste". Dans cet entretien, il décortique la crise en Syrie, théâtre de la guerre économique mondiale entre les puissances économiques occidentale et les économies émergentes et explique l’appui américain aux islamistes dans ce qu’on appelle le printemps arabe.

Le Temps d’Algérie : La Ligue arabe vient d’octroyer un siège permanent à l’opposition syrienne. Comment interprétez-vous ce geste ?

Riadh Sidaoui : Sur le plan interne, nous constatons aujourd’hui que la Ligue arabe est l’otage de certains pays qui se sont octroyés la mission de propager la démocratie dans les pays arabes, alors qu’ils se trouvent être les pires dictatures. Les deux pays à la tête de la Ligue arabe que sont le Qatar et l’Arabie saoudite sont dépourvus de toute vie démocratique et sont en rupture totale avec les principes de démocratie, à savoir une tradition électorale, une vie syndicale, l’exercice des libertés d’expression et de pensée…

C’est ce qu’on appelle en sciences politiques des dictatures absolues. Sur le plan externe, la politique de la ligue arabe répond parfaitement aux intérêts des Etats-Unis. Le Qatar et l’Arabie saoudite sont les principaux alliés des Américains dans la région et ont, de tout temps, aidé les Américains à appliquer leur agenda. L’Arabie saoudite a financé les Contras [correction du Grand Soir] (les éléments de la contre-révolution) en Amérique latine pour le compte de la CIA.

Cette dernière a besoin d’un budget énorme pour financer tous ses projets et a pu compter sur l’aide de son allié saoudien. C’est une situation surréaliste que de voir un tel acharnement de dictatures absolues en soutien à une opposition. Un acharnement qui a abouti, puisque les voix de l’Algérie et de l’Irak, qui ont émis des réserves, ou du Liban qui s’est abstenu sur la question ont été très minoritaires et sans impact.

Comment expliquer la position algérienne ?

La position algérienne est le résultat de l’héritage de la révolution algérienne. L’Algérie a adopté, depuis son indépendance, des positions en faveur du « fraternisme » arabe et sa politique insiste beaucoup sur la souveraineté des Etats et s’oppose donc à l’ingérence et aux interventions étrangères.

Cette position traduit-elle une prise de conscience par les autorités algériennes des réalités du « printemps arabe » ?

Beaucoup la disent elle-même menacée par cette vague de déstabilisation. C’est surtout le résultat de la culture de la révolution et une tradition issue du boumediénisme qui était très proche des mouvements nassérien et baâthiste. L’on s’est rendu compte que l’on était en face d’un mouvement mondial pour l’hégémonie américaine. Ce mouvement déploie tous les moyens possibles et se sert de tous ses outils, notamment de la Ligue arabe.

Il y a eu des tentatives de déstabilisation de l’Algérie par ces mêmes pays qui sont aujourd’hui à la tête de la Ligue. Outre un financement des groupes terroristes du GIA, ces pays ont procédé à un matraquage médiatique en faveur des groupes terroristes, notamment grâce aux grands titres de la presse comme Al Hayat et Charq El Awsat. Mais le rôle de l’armée algérienne a été déterminant dans cette tentative de déstabilisation du pouvoir algérien et de l’installation des islamistes au pouvoir.

Pourquoi cette propulsion des islamistes au pouvoir dans les pays arabes ?

Les clivages « progressiste » – à savoir la gauche arabe représentée par le boumediénisme (Algérie), le nassérisme (Egypte) et le baâthisme (Irak et Syrie) – et le clivage réactionnaire des monarchies du Golfe ne peuvent pas cohabiter.

Après le rayonnement du clivage progressiste, malgré ce qu’on peut lui reprocher, on assiste aujourd’hui à la revanche des réactionnaires arabes sur tout ce qui est progressiste ou qui peut être démocratique, grâce notamment à une hégémonie sur le champ médiatique arabe.

La crise syrienne, comme ce qu’on appelle le « printemps arabe », est donc un retour en force de la réaction arabe.
 
Il y a un dynamisme interne au sein du peuple syrien en faveur de l’établissement d’un modèle démocratique solide, loin du modèle qatari ou saoudien. On ne peut pas le nier. Cependant, ce n’est nullement la transition démocratique qui est le but de l’acharnement diplomatique des têtes de la Ligue en faveur de l’actuelle opposition syrienne. Les forces étrangères, à leur tête le Qatar et l’Arabie saoudite, ont accordé pas moins de 20 milliards de dollars d’aide à l’opposition. Si on avait voulu aider le peuple syrien, cette somme aurait pu être investie dans la création de l’emploi et l’aide à la population.

Mais l’on vise la destruction de l’Etat syrien. C’est le baâthisme syrien qui est visé, comme l’a été le baâthisme irakien et le nassérisme égyptien. Ce sont ces modèles, malgré tout ce qu’on peut leur reprocher, qui sont visés afin de les détruire. On assiste cependant à une résistance interne et même externe face aux attaques étrangères émanant notamment de Turquie et du Liban malgré sa position officielle plus neutre. Les intérêts des puissances économiques mondiales se confondent et elles essaient, toutes, à travers leurs alliés, de défendre leurs intérêts.

La Syrie est-elle le théâtre d’une guerre économique mondiale ? Quels sont les enjeux économiques derrière cette crise ?

Absolument. On assiste à une guerre mondiale entre les différentes grandes puissances économiques. Il y a d’un côté les Etats-Unis, avec l’aide de leurs alliés qui veulent imposer leur hégémonie sur les énergies et les ressources naturelles mondiales, et de l’autre la Russie et la Chine qui résistent, avec à leur côté les économies émergentes, l’Iran, l’Inde, le Brésil et l’Afriques du sud qui ont refusé une intervention étrangère en Syrie et évité ainsi un scénario à la libyenne.

La Russie a utilisé son veto, et pour la première fois, la Chine a recouru à son droit de veto elle aussi. Elle a voulu par ce geste passer un message aux Etats-Unis. On a désormais compris que l’on était dans une guerre économique mondiale ; les économies émergentes, la Russie et la Chine, ont fait savoir qu’elles n’allaient pas se laisser faire. Quant aux enjeux économiques, ils concernent en premier lieu le pétrole et le gaz.

Quand on regarde bien la carte, on constate que l’Irak et l’Afghanistan, qui ont déjà été envahis, la Syrie, en proie à une crise, et probablement l’Iran après, forment un cordon autour de la Chine et de la Russie. La Syrie, même si elle ne dispose pas de ressources énergétiques importantes, relie la mer méditerranée et l’Asie. C’est une jonction entre les continents européen et africain d’un côté et le continent asiatique de l’autre, par laquelle passent de nombreux pipelines. C’est une crise motivée d’abord par les intérêts économiques des uns et des autres.

C’est pour cela qu’on ne peut pas parler d’un « printemps arabe ». Si l’on nous parle d’une volonté d’aider des peuples à instaurer la démocratie, on ne peut que constater le deux poids, deux mesures des Etats-Unis qui soutiennent militairement des « oppositions » à renverser le pouvoir en place et aident en même temps le régime bahreïni à mâter une révolte populaire.

Sur le terrain, les Etats-Unis ne sont pas très visibles. Ce sont plutôt la Grande-Bretagne et surtout la France, accusée de mener des guerres pour les Américains. comment expliquer la position de la France ?

La position de la France concernant l’invasion de l’Irak était radicalement anti-américaine. L’ancien président, Jacques Chirac, avait menacé d’utiliser son droit de veto. Il avait opté pour une politique « pro-arabe » et s’est même montré correct avec les Palestiniens, s’attirant les foudres du lobby sioniste en France. Il tentait ainsi d’avoir la sympathie des pays arabes pour se procurer de nouveaux marchés, notamment un marché d’armes juteux.

Mais il avait fait de mauvais calculs, les pays du Golfe sont des clients des Etats-Unis et de la Grande- Bretagne. Finalement, la politique de Chirac n’avait pas été fructueuse. Son successeur, Sarkozy, est ouvertement pro-américain et pro-israélien, il s’est rangé au côté de l’axe américano-sioniste et a même été plus royaliste que le roi en s’embarquant dans les guerres du printemps arabe, qui profitent pleinement aux Américains.

Avec l’arrivée du socialiste Hollande, certains ont espéré un changement, mais on a constaté qu’il avait continué dans la même lignée. La France était déjà très impliquée dans la crise syrienne. Elle se retrouve, elle, le pays laïque, à soutenir des islamistes ! La position de la Grande-Bretagne est plus attendue. C’est l’alliée fidèle des Etats-Unis. D’ailleurs, ces derniers ont établi des liens avec les islamistes sous l’influence de la Grande-Bretagne.

Ce sont donc les Etats-Unis qui ont le plus à gagner avec l’arrivée des islamistes au pouvoir ?

Le lien entre les Etats-Unis et les islamistes est établi. Il y a d’abord les différents câbles diplomatiques divulgués par Wikileaks qui en attestent. Ensuite, la mort de Ben Laden qui, après une cavale de plus de dix ans, disparaît brutalement en plein « printemps arabe » ! De plus, les interventions militaires en Libye et Irak, qui visaient à détruire les courants de la gauche arabe, ont mené à la montée d’islamistes au pouvoir.

Il y a aussi les déclarations fortes du directeur de la police de Dubaï lors d’une réunion en présence de l’ambassadeur américain, accusant directement les Américains de vouloir renverser des régimes arabes et de favoriser l’accès des islamistes au pouvoir.

Comment expliquer cette sortie fracassante alors que les Emirats arabes unis sont considérés comme les alliés des USA ?

Il faut savoir que les Emirats ne sont pas le Qatar ou l’Arabie saoudite. Ils s’en démarquent. Ils refusent le wahhabisme promu par ces deux pays et tentent vraiment de se développer et de progresser. Ils ne cachent plus leur grand malaise face au wahhabisme qatari et avaient d’ailleurs osé s’opposer à l’Arabie saoudite en l’appelant à s’occuper de ses cinq millions d’habitants vivant sous le seuil de la pauvreté.

Quels sont les scénarios envisageables maintenant en Syrie ?

Le premier scénario voudrait que la guerre perdure. Certaines crises en Amérique latine, comme en Colombie, ont duré des décennies, car dans cette guerre, il y a ce qu’on appelle « une mobilisation totale des ressources », qu’elles soient humaines, financières ou médiatiques, de toutes les parties impliquées. On assiste également à des divisions au sein de l’opposition. Le deuxième scénario prévoit, lui, une victoire du pouvoir syrien. N’oublions pas qu’il vient de reconquérir des espaces qui étaient aux mains de l’opposition armée.

Il est vrai que la crise dure, et elle risque de durer encore ; l’armée étant de formation soviétique, elle n’est pas préparée à la guérilla ; les guerres des villes sont les plus dures, d’autant que l’armée syrienne ne s’y était pas préparée. Ceci dit, c’est une armée qui est en train de gagner des batailles, si l’on en croit les vraies sources d’information. Car à en croire Al Jazeera par exemple, le régime syrien aurait dû tomber depuis longtemps. Il devra cependant faire des concessions et aller vers des réformes. Ce n’est pas perdu pour lui.

Le siège de la Syrie à l’ONU ne serait-il pas menacé ?

Non, il ne l’est pas. L’Onu n’est pas la Ligue arabe. Cette dernière n’a plus aucun poids. Son rôle a pris fin en 1973 quand l’organisation a décidé l’embargo pétrolier. C’est bien la dernière décision de la Ligue qui, depuis, n’est qu’une marionnette aux mains des dictatures absolues du Golfe ; elles-mêmes sont des marionnettes aux mains des Etats-Unis.
 
Riadh Sidaoui http://www.voxnr.com
 
notes :
 
Riadh Sidaoui est le directeur du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociales.

Entretien réalisé par Mehdia Belkadi

lundi, 25 mars 2013

Interview with Mr Leonid SAVIN

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Interview with Mr Leonid SAVIN of the International Eurasian Movement

 

- Could you describe in a few key words the essence and goals of your movement? Does it place itself in an existing sociopolitical-historical trend of Russian politics? Does it lobby in Russian government circles to achieve its goals?

 

The main idea and goal of the International Eurasian Movement is to establish a multipolar

world order, where there will be no dictatorship of the U.S. anymore or of any other country or actor of world politics. In the sector of ideology we strongly reject (neo)liberalism and the

globalization process as its derivative. We agree that we (as well as other nations) need a

constructive platform for our alternative future. In the search of it, our work is directed to

dialogue with other cultures and peoples who understand the meaning and necessity of

conservative values in contemporary societies. Speaking about Russian reality, we are heirs and assigns to the former eurasianists (this ideology was born in the 1920s): Piotr Savitsky, Nikolay Trubetskoy, Nikolay Alekseev as well as Lev Gumilev – the famous Soviet scholar. They all studied historical processes and proposed a unique vision of our history, separate from the eurocentric science approach. The understanding that Russia is not part of Europe or Asia, but forms a very own unique world, named Eurasia, is also implemented in our political activity. In cooperation with members of parliament or the Council of the Federation or other governmental bodies, with our advices and recommendations, we always provide a strong basis linked to our history, culture, diversity and so on. And I must tell you that many people understand and support our ideas and efforts (in governmental structures, local and regional authorities, science and education, religious institutions and in society at large).

 

- What is your vision on a multipolar world? Which role do you see for Western European

nations? Do they have any future at all on the world stage of the 21st century? Will they

surmount the actual crises on a demographic, metaphysical and mental level?

 

In my opinion, a multipolar world is the order with 5 or more centers of power in the world and this reality will keep our planet more safe and balanced with shared responsibility between the regions. But it is not just interdependence by the logic of liberalism: some regions might well exist in relative political and economic autarky. Beside that, there might exist a double core in one center (for example Arabs and Turks in a large Muslim zone or Russia and Central Asian states for Eurasia) and shifted and inter-imposed zones, because, historically, centers of power can be moved. Of course at the moment the most significant centers of power are described in terms of nuclear arms, GDP, economic weight/growth and diplomatic influence. First of all we already have more poles than during the Soviet-US opposition. Secondly, everybody understands the role of China as a ‘Bretton Woods-2’, as well as emerging countries under acronyms as BRICS or VISTA, “anchor countries” and so on. And, thirdly, we see the rise of popular and unconventional diplomacy and the desire of many countries (many of them are strong regional actors such as Iran, Indonesia and Brazil) to not follow the U.S. as satellites or minor partners.

 

Of course, Washington does not like this scenario and tries to make coalitions based on states

with a neocolonial background or on dutiful marionettes. But even in the U.S., politicians and

analysts understand that the time of unipolar hegemony has gone. They are trying to build a more flexible approach to international relations, called ‘multilateralism’ (H. Clinton) or ‘non-polarity’ (R. Haas), but the problem is that the U.S. do not have enough confidence in foreign actors united as joint, but who still have no strong alternative to the contemporary world order. So, they use another option for destabilization of rising regions, known as controlled chaos. Because of its military presence over most parts of the globe and its status of promoter of democracy and the protection of human rights, the White House can justify its own interests in these places. And cyberspace is also the object of manipulation, where the whole world is divided in two camps that remind us of the times of the Cold War (I call it ‘Cold Cyber War’).

 

We think that the contemporary West European nations are one of the poles (centers of power) in a forthcoming multipolar world order). But the problem for now is their engagement in U.S. proatlanticist politics, as manifested in the Euro-Atlantic chart of cooperation (common market, legislation and regulation mechanisms, including items of domestic politics), as well as NATO activity. The same we see on the other side of Eurasia – attempts of Washington to start trans-Atlantic cooperation with Asian countries. The contemporary crisis is neither good nor bad. It’s a fact. And the European nations must think about the way they’ll choose, because it will form the future (at least in Europe). It is not the first time in history: during the middle ages there was decline of population because of pestilence and wars. Religious schisms also occurred, so Europeans have some experience in metaphysics and ethics dealing with system failure too. The point is that now we have more interconnected reality and the speed of information sharing is fantastic, that was not possible, imagine, a century ago. And European society becomes more consumerist! But even in Europe, there are a lot of voices in respect of nature (organic greens), anti-grow movements (in economics) and traditionalists who try to keep and preserve ethnic and historical values and manners. Even the Soviet experience could be useful: after the Great Social Revolution there was a strong anti-church attitude promoted by the government, but after 70 years we’re back at our roots (of course during all this time not all people were atheists and the return to church happened during Stalin’s period when the institute of the Patriarchy was restored).

 

- How do you see the dialogue of civilizations in the light of more than 10 years of wars

between the West and the Muslim world? Where does Russia stand in this opposition? Are there fears of an islamization process within the Russian Federation, or are Russian

authorities setting on long-time accommodation with Muslim minorities and actors?

 

At first we must bear in mind that the idea of Huntington (the ‘clash of civilizations’) was

developed out of necessity of justifying the U.S.’s military and economic expansion. His book

was issued when the first wave of globalization as the highest principle of Westcentrism just

began its tide in the Third World. By the logic of neoliberal capitalism it must be re-ordered and re-programmed in the search for new markets. All non-western societies must consume western products, services and technologies by this logic. And let’s remember that war against the Muslim countries originated from the neocons from Washington. So, these 10 years of wars that you to mention is nothing more than a provoked conflict by a small group that was very powerful in American politics at the beginning of the 2000s. By the way, all kinds of radical Islam (Wahhabism) were promoted by the United Kingdom. This version of Islam was founded in Saudi Arabia only with London’s special support. The Great Game in Eurasia was started many years ago and Britain has played here a most significant role. The U.S. took this role only after WW2, but many destructive processes were already unleashed. Of course, Russia is suspicious of the radical Islam, because emissaries of the wahhabis and al-Qaeda were already in the Northern Caucasus. And still now, there are different terrorist groups with the idea of the socalled “Emirate of the Caucasus”. There were also attempts to spread another sectarian belief promoted by Fetullah Gullen (Nurjular), but for now this sect is prohibited here. Actually Islam is not a threat to Russia, because, traditionally, a lot of people living here are Muslim. Regions like Tatarstan, the North Caucasus republics, Bashkortostan have an Islamic population. And our government supports traditional Islam here.

 

- What do you think about the American/Western strategy of strategic encirclement of

Russia? Can we see this as well in the process of the so-called 'Arab Spring'? Is an open,

Western-waged war against Syria and Iran possible and would it be the onset to a major

world conflict, a 'Third World War'? Where would Russia stand?

 

It works. Not only because of the reset of the Anaconda strategy for Eurasia by means of military presence. Sometimes it doesn’t manifest in classical bases. Logistics is the main element of contemporary warfare, as well as C4ISR – Command, Control, Computer, Communications, Intelligence, Surveillance, Reconnaissance – works in the vein of smart engagement. Other tools are: economics, promotion of democracy and human rights, cyber politics. The Arab Spring is a very complex phenomenon – there are a couple of components, but you can see that the U.S. has a bonus anyway: Egypt has asked for a huge loan from the World Bank; Western companies go to Libya; Muslim extremists are being manipulated against moderate Muslims, because they are a threat to western interests and so on. Organized chaos is just another view on the socio-political reality in turbulence. As Steve Mann (famous theorist of the chaos principle in diplomacy) wrote: the state is just hardware and ideology is its soft version. It were better to use ‘virus’ (in other words ‘promoting democracy’) and not to break PC. Syria and Iran are interesting for many nations now. The hysteria of Israel is not good, because this country has nuclear weapons. What will come of Israel using it? The Palestinian question is also on the table. I think that Israel is a more serious problem than Syria and Iran. Russia firmly supports Syria and takes a moderate

position on Iran. During the presidency of Dmitry Medvedev, Russia declined to provide the “S-300” rocket complex to Iran (we had already signed the contract) and the deal was canceled. You bear in mind that during the same time Russia supported resolution 1973 of UN Security Council and the West started operation “Odyssey Dawn” against Libya. So, even VIP politicians in Russia sometimes do wrong things! But Mr. Putin is actively pro-Syrian and I think that the position of Russia about Iran and about Western pressure will be more adequate than before. As foreign minister Sergey Lavrov told: “we got experience with Libya and don’t believe the West anymore”.

 

- What do you think about the Western Europeans: should they remain loyal to their

historical-political heritage of individualism and atlanticism, or should they rethink

themselves and orient themselves towards Russia and continentalism? What about pro-

Russian elements in European society? Can they be partners or are they, politically and

socially spoken, too marginal for that?

 

John M. Hobson, in his brilliant work The eurocentric conception of world politics, made very

clear that the West is rooted in the logic of immanence instead of the logic of co-development

that is characteristic of non-western societies. He continues that the formula “the West and the Rest” is wrong, because without the rest there is no place for the West. Now we see one United Europe, but in real life we have two levels. The first one is presented by the bureaucratic establishment with its symbols, history, power projections and procedures. The second one is active publicity with movements, political parties and personal activists who are not interested in an Orwellian future with “Big Brother”, universal values and so on. Actually, in geography we have more than one substance. And where is the border between Southern, Western and Eastern Europe? It’s mostly in the minds. From history we remember the Celtic space, the Roman Empire, the Germanic and nomad invasions (Huns, Avars, etc.), that shows that the face of Europe permanently changed throughout the centuries. Now the European population includes people from Africa and Asia and soon the demographic balance will change. Political culture will change too. Without Russia, Europe is impossible. Not only because of geography (just look at the map and you will see that the EU is just the small, overpopulated western peninsula of Eurasia), but also because of the role of Russia in European history. Napoleon and Hitler – the two most significant unifiers of Europe - were stopped and defeated in Russia and, after that, new political orders were established. And for now in Europe we have so many Russian “prints”: in culture, history, the role of some persons and diasporas. I think that pro-Russian elements just now have a very good choice, because the window of opportunity is open. All these elements could form an avant-garde of a new kind of cooperation: in trade relations, science, art and education and public diplomacy. The last one is the tie for all activities. Actually Minister Lavrov just today (i.e. 26.02.2013) announced that, because of the Russia year in the Netherlands and vice versa, there will be more than 350 actions on state level. It is a good sign of mutual respect and it may be deeper.

 

- What about key power Germany? Do you believe in, let's say, an 'Indo-European bloc',

an axis Berlin-Moscow-New Delhi, as a formidable counterweight to the atlanticist bloc of

the axis Washington-London-Paris? Do the horrors of the Second World War still affect

Russians' views of Germany and the Germans, or is it possible to turn the page on both

sides and look forward? What about the French: do they belong in the atlanticist bloc, or

can they be won for the continentalist bloc without giving in to their chauvinism? And what

about China: will it turn out to be an even more dangerous enemy than the USA, or will

both Russia and China remain strategic partners, e.g. within the SCO?

 

Because the EU has two levels, the same is true for Germany. One Germany, represented by the political establishment, is pro-U.S. and cannot do anything without Washington. Another one (latent or potential) is looking for closer cooperation with Russia. At the time of the Russian Empire a lot of German people came to our country at the invitation of Empress Catherine the Great. Even before that, many foreigners were in Russia as military officers, teachers, technical specialists, etc. People’s potential can do a lot of things. We must keep in mind that, besides Sea Power and Land Power in geopolitics, we have Man Power, which is the unique and main axis of any politics. The problem is that, after WWII, there was in most European countries a strong influence of Britain and the U.S.. They used very black propaganda and the peoples of Europe were afraid of a communist invasion. The U.S. even started more horrible projects in Western Europe (for example Propaganda-Due and operation “Gladio” in Italy, as well as “Stay Behind” NATO secret armies, formed from right-wing extremist elements). Still now in the EU, we see anti-Russian propaganda, but our borders are open and any European can go to Russia and see what happens here. The case of Gérard Depardieu is just one example.

 

If we look at what happens in China we’ll understand that it is a very strong actor and that its

power grows from year to year. In the UN Security Council China is an important partner of

Russia (for the Syria voting too). Russia is a supplier of oil and gas to China and we have new

agreements for the future. Besides that we provide military equipment to China, though they

have good weapon systems of their own as well. In the SCO we had good results and I think that cooperation in this organization must be enlarged through strategic military elements with the entry at least of Iran, Belarus, India and Pakistan (they have an observer or dialogue partner status). Turkey is interested as well, but because of its NATO membership it will be difficult to join.

 

I know that some Russians and Europeans describe China as a possible enemy, a “yellow threat” (the Polish writer Ignacy Witkiewicz even wrote about it in his novel in 1929!!!) and so on, but in reality China has no intents of border pretence to Russia. We have had some incidents in Siberia with contraband, but these are criminal cases which do not deal with state politics. China will focus on Taiwan and on the disputed islands in the Pacific and it will take all geopolitical attention and may be some loyalty from Russia and SCO members.

 

Also China has the same view on the future world order – multipolarity. Actually this idea

(duojihua) was born in China in 1986. And with the strategic cooperation with many other

countries in Africa and South America, joint efforts against western hegemony will be fruitful.

So, I think China and Russia can do a lot for a reform of the forthcoming world order.

A lot of people now want to forget their own origins and the origins of other peoples. Bavaria,

for example, was populated centuries ago by Avars from Asia (part of them still live in the

Caucasus) during the Migration Period. Groups of Turkish origin also went to lands of

contemporary Austria. So in contemporary Europe we have a lot of Asian elements. And vice

versa in Asia we have people of Aryan origin. Not only in the North of India, but also in

Tajikistan, Pakistan, Iran (arya is the self-name of the people of Iran and India). And

hybridization is continuing as we speak in Europe and in other regions. Just before Hitler's attack on the Soviet Union we had a pact with Germany and had been cooperating extensively in technologies and in the economy. And France was attacked first by Germany, but now relations between both countries are normal. I think that historical harms between Germany and Russia have been mostly forgotten. And I think that many Germans still remember that the most destructive attacks did not come from the Soviet army but from U.S. and British air forces (Dresden, Leipzig...). It was not a war, but a deliberate destruction of cities and non-armed refugees. Actually now Germans is mostly good businessmen for Russians, compared to representatives of other European nations (these facts have been confirmed by many friends who do business with Europeans).

 

I can not to speak with enough certainty of what happens with Russian-French relations, because I'm not very interested in this sector. During the XXth century we had many deals with France and after WWII it was the idea of Stalin to give the winner status to France. Charles de Gaulle also was pro-Soviet in a geopolitical sense. But after the legalization of the gay marriage in France, many Russians feel suspicious about this country. But every people and every country has its own specifics. We have had many interesting philosophers from France who have had influence on Russian thinkers too.

 

- Turning to domestic Russian problems: Russia under President Putin has been able to

make enormous progress in the social field, mainly due to energy sales during the 2000s.

Has this changed the face of Russia? Has this period come to an end or is there stagnation? How will Russia cope with its domestic problems, such as the demographic crisis, which it shares with Western Europe? Should the Siberian land mass be 're-colonized' by Russians and other Europeans, in order to make it an impregnable 'green lung fortress' for the white peoples?

 

The grand contribution of Mr. Putin is that he stopped liberal privatization and the process of

separatism in Russia. Persons such as Chodorkovsky were representatives of the Western

oligarchy, especially of powerful financial clans (for example, he is a personal friend of

Rothschild) and he had plans to usurp power in Russia through the corruption of parliament. We still have the rudiments of predatory liberalism such as misbalances, corruption, fifth column, degradation of traditional values, etc. For now we see in Russia efforts to build a smarter kind of economics, but it must be done very carefully. The questions that must be at the center are: how to deal with the Federal Reserve System? What about a new currency order that may be represented by BRICS? How to start mobilization? What to do with the neoliberal lobby within the government? The demographic crisis is also linked with neoliberalism and consumerism. A century ago, there was a rise of population in Russia, but two world wars have cut it. Even during Soviet times we had a good demography index. Now the government has started supporting young families and the process of human reproduction. In addition to birth programs we have an initiative dealing with the return of compatriots to Russia and all people who were born in the USSR can come to Russia very easily and get certain funding from the state. But I think that, because the Russians were the state-forming people, there must be a preference for Slavonic origin, because migrants from Asian countries (who do not speak Russian and have other traditions) will flow to Russia for economic reasons. Many Russian activists who take a critical stance on Asian people are already disappointed by this program. I think that the attraction of Byelorussians and Ukrainians can equalize this disproportion. But, strategically, the state must support a system of child-bearing with all necessary needs (fosterage, education, working place, social environmental, etc.). In some regions governors personally start up that kind of programs dealing with local and regional solidarity. First of all, Siberia is still Russian. The Siberian type of Russian is different from citizens from the central or southern regions, but till now it's still mainly Russian, not only institutionally, but also ethnically. Actually, according to our statistics, most labor migrants to Russia come from Ukraine! So, in spite of strange relations between both countries and with strong anti-Russian stances on the part of Ukrainian nationalists and pro-western "democrats", people just make their own choice. Rationally speaking, Siberia is not only interesting, because of its virgin forests and natural resources, but also because of its neighbors - and China is one of them with an emerging economy. So Siberia could serve as a hub in the future. I think that Europeans would also go to

Russia (not only to Siberia), but this migration must be done meticulously, because of the

language barrier, with a period of adaptation to different social conditions and so on. Maybe it could be useful to organize towns of compact residence and also city-hubs for foreign people who come to live in Russia, where they can live and work in new conditions. New Berlin, New Brussels, New Paris (of course translated into the Russian language) will then appear on a new Russian map.

 

- What is your opinion about the future of Putinist Russia? Will the government be able to

enduringly counter Western propaganda and destabilization campaigns, and come to a

'generation pact' between the older generation, born during Soviet times, and the younger

generation, born after 1991? What will be President Putin's fundamental heritage for

Russian history?

 

The key problem for Russia is a neoliberal group inside the Kremlin. Putin has the support of

people who want more radical actions against corruption, western agents and so on. But a

“colored revolution” in Russia is impossible, because the masses do not believe in the prowestern opposition. Ideas of democracy and human rights promoted by West have been

discredited worldwide and our people understand well what liberalization, privatization and such kind of activities in the interest of global oligarchy mean. And because of the announcement of the Eurasian Customs Union Russia must work hard the coming years with partners from Kazakhstan and Belarus. As for counterpropaganda, the new official doctrine of Russian foreign policy is about soft power. So Russia has all the instruments officially legalized to model its own image abroad. In some sense we do this kind of work, just as other non-governmental organizations and public initiatives. You mention a “generation pact”, referring to different ideals of young and older people, especially in the context of the Soviet era. Now, you would be surprised that a figure as Stalin is very popular among young people and thinking part of the youth understands well that Soviet times were more enjoyable than contemporary semi-capitalism. As I told in my previous answer, Putin is important because he stopped the disintegration of Russia. He already is a historical figure.

 

- Is there a common 'metaphysical future' for the whole of Europe after the downfall of

Western Christianity (catholicism, protestantism)? Can Russian Orthodoxism be a guide?

What do you hold of the modest revival of pre-Christian religious traditions across the

continent? What about countering the influence of Islam on the European continent? Is

there a different view concerning that discussion between Russia and Western Europe?

 

Russian Christian Orthodoxy is not panacea, because there are also some problems. Christianity in XIIth century, XVIth century and nowadays is very different. Now many formal orthodox Christians go to church two times a year, at Easter and at Christmas. But Orthodox Christianity is also a thesaurus of wisdom where you can find ideas from ancient Greek philosophy, metaphysics, cultural heritage, transformed paganism and psychology. In this sense, Russian Christian Orthodox old believers keep this heritage alive and may be interested as well in forms (ceremonies) as in the spiritual essence with its complex ideas. Speaking about paganism, Russia is the only country in Europe that still has authentic pagan societies (Republics of Mari-El, Mordovia, Komi) with very interesting rites and traditions. Actually Finno-Ugric peoples historically were very close to Slavonic people and assimilated together, so there is a good chance to research these traditions for those who are interested in Slavonic pre-Christian culture. But the postmodern version of a restored paganism in Europe or any other region to my opinion is just a fake and there is not so much from true paganism. As for Islam, as I told before, in Russia there exist a couple of versions of traditional Islam, which are presented by several law schools (mazhabs). In the Northern Caucasus, the regional government has tried to copy the idea of multiculturalism and to implement EuroIslam as an antithesis to spreading wahhabism. But it has not worked and now more attention is paid to traditional religious culture linked with education and the social sector. But the project of multiculturalism has failed in Europe as well, so all common Euro-Russian outlooks on Islam are finished. But, to be honest, I think that Europe must learn from the Russian experience of coexistence of different religions (not forgetting paganism and shamanism – this belief is widely found in Siberia). In Europe, they use the term tolerance but we, eurasianists, prefer the term complimentarity, proposed by Lev Gumilev, meaning a subconscious sympathy between different ethnic groups. As Gumilev explained, Russia became so large because Russians, during the expansion, looked on other people as on their own and understood them. This differs from the point of view (more specifically in ethnosociology) that all ethnic groups have the idea of “We are” against “The Other”, represented by another group. The imperial principle works with the idea of mosaics where every ethnos is a “We are”. And our famous writer and philosopher Fjodor Dostoevsky told about all-human (all-mankind) nature (not common to all mankind) that is represented by

the Russians, because inside, you can find all radical oppositions. I think it is a good reason to turn to Russia and its people.

 

Thank you, Mr Savin, for this very interesting and open-hearted interview.

 

dimanche, 24 mars 2013

Rivoluzionario e inimitabile, ecco chi era mio nonno: Gabriele D'Annunzio

 

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"Rivoluzionario e inimitabile, ecco chi era mio nonno: Gabriele D'Annunzio"

Federico D'Annunzio, imprenditore col physique dell'intellettuale, racconta vita e opere dell'avo, nato esattamente 150 anni fa: "Il fascismo? Lui lo vedeva come un fumetto. La sua scrittura? Potenza assoluta. Fu un genio: oggi avrebbe milioni di followers"


Ex: http://www.ilgiornale.it/
 

Federico d'Annunzio, physique dell'intellettuale e ambizioni dell'imprenditore, romano di nascita e milanese di rinascita, è nipote legittimo del poeta-soldato Gabriele D'Annunzio.
Figlio di Gabriele jr. (1942-96, sposato a Patrizia dei conti dell'Acqua), a sua volta figlio di Ugo Veniero (1887-1945, marito di Luigia Bertelli), terzogenito del Vate, Federico d'Annunzio, 48 anni, tre matrimoni, tre figlie e un'azienda, è, oltre che uomo d'affari, uomo di Lettere.

Che ben conosce vita e opere del celebre bisnonno: il Comandante, che nasceva proprio 150 anni fa, oggi.

Federico d'Annunzio, tanto di parla, ancora oggi, di fascismo, di Regime e di rapporti tra intellettuali e Potere. Ma quali furono le relazioni di Gabriele con il fascismo?
«In Gabriele è forte lo slancio patriottico, che appare già nei suoi scritti "abruzzesi" di inizio Novecento. Dopo la verità positiva, naturale, raccontata dai "fotografi" letterari dell'epoca, d'Annunzio intesse la trama necessaria per vestire la nobiltà d'Italia. In seguito gli scritti e i discorsi interventisti, e la conquista di Fiume, confermano questo percorso. Ed è "sopra" d'Annunzio che il Fascismo costruisce le proprie fondamenta. Egli tuttavia non partecipa, ma è costretto a seguire il sogno creato dalla sua stessa poesia. Come avviene spesso per la figura femminile amata e poi respinta con pari violenza, così d'Annunzio assiste al cambiamento dell'ideale in realtà: la volontà superiore trasformata in silenzio, le parole vane, così come le costruzioni e le conquiste fasciste. Il fascismo agli occhi di d'Annunzio è un fumetto, una sacca vuota che non lascia nulla di sé».

Perché un ragazzo dovrebbe leggere d'Annunzio, oggi?
«Per l'uso sconvolgente e sperimentale che d'Annunzio fa della parola. In ogni suo scritto, in ogni poesia, nel mezzo di una descrizione o di un passaggio apparentemente piano, appare, sempre, in modo improvviso e ineluttabile, un capolavoro totale: sequenze di immagini luminose, contrastate, definite, di ombre, di sensazioni, di scintille irraggiungibili descritte con assoluta esattezza, rese vive, strappate da momenti così intimi, da non sembrare neppure intuibili, neppure visibili. E ecco invece tutto davanti agli occhi...».

Esempi?
«L'incipit di Forse che sì, forse che no. Quanta enorme distanza dalle Novelle della Pescara. Siamo in pieno Futurismo, azione, energia, morte, ricerca pura della velocità che sposi il linguaggio, per menti che non temono la fatica, la costruzione che si miscela come un arcano, semplicissimo e terribilmente potente, e in cima alla salita, il segreto, custodito in tutti gli scritti successivi: il d'Annunzio notturno. Che cresce negli anni seguenti sino al "Libro dei libri" di Gabriele, quel Diario Segreto che è il fuoco della letteratura e dello scrivere inimitabile».

Non le pare di esagerare?
«Dopo d'Annunzio è quasi impossibile scrivere, ed è quasi impossibile leggere. Al confronto molta letteratura sembra vaga, diluita, amatoriale. Non vi è ricerca felice e dolorosa della purezza, della tecnica, della linea che demarca la verità dell'immagine dal compiacimento solitario e inutile. In d'Annunzio tutto è dono, la scrittura è un dono: che le luci del Poeta, le favolose faville, possano passare, per qualche imperscrutabile magia, nel cuore e negli occhi del lettore, perché il candore senza protesta, la forza idiota, e ogni accostamento sino ad allora impossibile, possano vivere nella luce vera della parola, che trasporta un dono inarrestabile e involontario. Per Gabriele tutto è poetico e involontario, la scrittura non è un gesto d'amore, è dono perché consapevole, ma la volontà in tutto ciò è inutile. La fatica, la lotta, è con se stessi, cercare la perfezione ad ogni costo, per rendere il momento assoluto, dandogli vita eterna».

Non capisco.
«Prima di Joyce, d'Annunzio crea metaforme, plasmi, melodie di pensieri ravvicinati e soprapposti, fino ad allora solo intuiti. Essi tra essi trovano nuovi splendori, crescono in bellezza e ricchezza e appaiono più onesti e più grandi. Si assiste alla espansione del pensiero alla potenza dei suoi moduli sovrapposti, le nuove concatenazioni sono piante e fiori d'altri mondi, eppure comprensibili, solo difficili da raggiungere. Ci vuole forza per raggiungere questi confini, ma il premio è una consapevolezza di sé (senza confini). Sembra una verità parallela, eppure è così: tanta la sperimentazione, l'intuizione favolosa, tanto grande il respiro del pensiero dentro di sé. Nasce un orgoglio e una intimità con se stessi che si credeva avere perduto, se non mai posseduto. La gioia si nasconde dietro una frase, e dopo questa si vorrebbe chiudere il libro ed aspettare che questa carezza si esaurisca.

Ma la lettura di d'Annunzio è sempre così entusiasmante?
«Tutto il contrario. Alcuni momenti sono insopportabili, uno spregio per lo spettatore trattato a orpello, a scafo imbrattato di catrame, utile solo a trasportare la propria gloria, ma vergognoso di bellezza e di sentimento. Nasce l'odio per tanta arroganza, tanta presunzione tremendamente onesta e supportata da una superiorità inavvicinabile, nella facondia, nella sensualità, nella esattezza della vista e delle rime. Odio, soltanto odio, e un desiderio di schianto, immediato, senza speranza né pietà, che si fotta l'Inclito! Leggere d'Annunzio è anche questo».

Quale percorso consiglia per conoscere d'Annunzio?
«Comincerei leggendo il Giovanni Episcopo, che esprime un d'Annunzio maturo, dopo il Piacere e un periodo di sospensione creativa. Il racconto, e la dedica a Matilde Serao, disvelano tutto d'Annunzio, e la poetica successiva: la volontà di "invenzione", la tecnica della parola, l'analisi cruda di se stesso attraverso il racconto, con un linguaggio insolitamente composto e misurato. Godibile, leggibile, l'Episcopo è un buon inizio per conoscere Gabriele».

Non si parte dal Piacere?
«No, il Piacere va giustificato, quasi perdonato, attraverso la lettura degli scritti successivi. È un libro che mostra la umana debolezza del giovane Gabriele alla ricerca del successo. Il libro si avviluppa intorno a un estetismo ancora formale e immaturo, stupefacente, che ritrova invece una forma lirica e autentica nel Fuoco. Il Piacere mostra una parte marginale, debole, della sensibilità poetica di d'Annunzio, che è invece soprattutto interessato all'Uomo, alla sua complessità e al suo dialogo interiore».

Poi?
«La prosa e la poesia di d'Annunzio sono l'opera di un infaticabile ed appassionato sperimentatore, sorretto da una vena poetica inesauribile. Il celebre vivere inimitabile fu l'immagine utile, lo strumento di Gabriele verso la scrittura, l'unico suo vero destino. Leggere d'Annunzio è una esperienza che concede piaceri e drammatiche esaltazioni (e fatiche), ed andrebbe alternata con letture di altri autori, per godere appieno per contrasto della scrittura inimitabile. Per continuare la lettura suggerisco il Trionfo della morte, che raccoglie tracce di tutta la scrittura precedente e successiva. Vi è l'Abruzzo crudele e giusto, la famiglia, la Femmina assoluta (infine, la Nemica), e la Morte, un argomento quasi sconosciuto ma dominante per comprendere la poesia di Gabriele».

Altri libri...
«L'Innocente, illuminato dal contrasto tra il titolo e il testo. Figlio non figlio, padre non padre, protagonista è la colpa e la hybris, ridiretta e esposta, un viaggio al fondo del dolore, nelle profondità del Male. Una confessione che lascia stupiti, per giorni, o per sempre. Siamo noi così? Un libro indimenticabile, un ferro rovente nel cuore. E poi il Fuoco, capolavoro sull'onestà inevitabile della lirica e della poesia, l'Alcyone, il manifesto dello scrivere inimitabile, ed il teatro, con La figlia di Iorio e Il ferro. Ma proprio Il ferro, il nuovo teatro sperimentale, annuncia il periodo più raffinato e dolce della scrittura di d'Annunzio. Fioriscono il Notturno ed il Libro Segreto, diari intimi che concedono ai lettori "a fior di pelle" emozioni non raccontabili, che stanno solo nello spazio tra il Poeta e il Sé. E nel Libro Segreto un d'Annunzio terribile, che falcia la propria scrittura, e inventa, appena prima di morire, una nuova letteratura. Quest'ultimo, senza dubbio, il mio preferito.

Chi sarebbe oggi d'Annunzio?
«Uno scrittore, ancor più inimitabile. Avrebbe milioni di follower, scriverebbe in lingue diverse, cambierebbe le identità dei social networks, costringendoli a una nuova radicale modalità broadcast. Ed il mondo non potrebbe stancarsi di lui: saprebbe inventare, stupire e cogliere ancora di ciascuno la natura profonda».

dimanche, 17 mars 2013

Jean-Loup Izambert sur les dessous des guerres actuelles

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"Crimes sans châtiment": une enquête de Jean-Loup Izambert sur les dessous des guerres actuelles

De la guerre économique à la guerre totale !

Afrique noire, Palestine, Yougoslavie, Irak, Afghanistan, pays du Caucase et du Maghreb, Iran… De François Mitterand à François Hollande, les dirigeants de l’État français pactisent en secret avec des organisations terroristes pour engager la France dans les guerres planifiées et commandées par Washington.

Dans cette enquête sans compromis sur les coulisses des guerres contre la Libye et la République arabe syrienne, riche en révélations surprenantes, en documents inédits et en témoignages accablants, Jean-Loup Izembert (cliquez ici) met à jour le puzzle de vingt années de complicités criminelles contre le monde arabo-perse, l’Eurasie et l’Afrique.

Crimes sans châtiment : un nouvel éclairage sur les guerres contemporaines…

Crimes sans chatiment, Jean-Loup Izembert, Editions 20 coeurs, février 2013, 328 pages, 22 €

Pour l'acheter : Editions 20 coeurs, cliquez ici

Jean-Loup Izambert

Journaliste d’investigation indépendant, ancien collaborateur de VSD, du groupe Les Echos et de L’Humanité, Jean-Loup Izambert est auteur de plusieurs livres bouleversant les convenances sur les réseaux de pouvoir.

Il signe avec Crimes sans châtiment une nouvelle enquête nourrie de son vécu qui s’inscrit dans le droit-fil de ses ouvrages à succès tels que Le Crédit Agricole hors la loi ? Et Faut-il brûler l’ONU ?

 

En Juin 2012, Jean-Loup Izambert annonçait déjà la sortie prochaine de son livre Crimes sans châtiment (qui portait alors le titre provisoire de « La ligne jaune ») dans ce mensuel (n°177).
Voici la retranscription de l’article en question :

 

Les noires complicités de la France

Révélations : comment des ministres UMP ont couvert pendant des années des hommes recherchés par Interpol.

 

B.I : Pourquoi ce titre insolite, « La Ligne jaune » ?

Jean-Loup Izambert : La ligne jaune est celle que l’on franchit lorsque l’on viole la Charte des Nations unies dans les relations entre les peuples. Depuis des décennies, et tout particulièrement depuis les opérations dirigées contre la République fédérative de Yougoslavie dans les années 90, les gouvernements de trois États occidentaux – États-Unis, Angleterre et France – ont violé à plusieurs reprises les principes de la Charte qui est le texte fondateur sur lequel repose la paix mondiale. Ces gouvernements ont également violé des résolutions de l’ONU ainsi que des conventions internationales, et même des décisions de parlements dont le Parlement européen, pour engager, développer et entretenir des guerres. Ils ont également menti à plusieurs reprises à leurs opinions publiques et aux représentants des États à l’ONU.

 

Q: Que les dirigeants de ces États mentent à leur opinion publique ou aux représentants des États à l’Onu, la chose n’est pas nouvelle…

R: Évidemment. Mais ils ne se sont pas contentés du mensonge. Ils ont également protégé, armé et financé des individus liés à des groupes terroristes. En agissant ainsi ils ont bien franchi la ligne jaune. L’objet de mon investigation ne se limite pas à la campagne de désinformation orchestrée pour justifier les agressions militaires. L’intérêt est de montrer, de manière plus générale, les liens entretenus par des dirigeants occidentaux – et tout particulièrement français – avec des éléments liés à des groupes terroristes. Les dirigeants français s’érigent souvent en donneurs de leçons de droits de l’homme. En réalité, derrière leurs discours sur la démocratie, plusieurs d’entre eux parmi les principaux protègent, depuis une vingtaine d’années, des individus associés à des organisations terroristes. 

Q: Qui sont-ils ?

R: Les éléments dont je retrace l’itinéraire à l’étranger et en France depuis leur arrivée clandestine sont des islamistes sunnites liés à l’Organisation internationale des frères musulmans (OIFM). Alors que plusieurs d’entre eux étaient recherchés par Interpol pour – je cite l’une des fiches de recherche d’Interpol les concernant – « association à une organisation de terroristes », des ministres et hauts fonctionnaires du renseignement français les ont soustraits aux recherches de l’Organisation internationale de la police criminelle.

 

Q: Pourquoi protéger des individus ayant commis des crimes ?

R: Ils n’ont pas fait que commettre des crimes. Les uns ont organisé plusieurs tentatives de coup d’État contre le gouvernement tunisien, les autres se sont employés à déstabiliser l’Égypte, l’Algérie, la Libye et aujourd’hui la Syrie. Les États capitalistes sont dans une crise économique et financière profonde qui ne cesse de s’aggraver depuis les années 90. Ils ont par-dessus tout besoin des ressources de ces pays – pétrole, gaz, minerais précieux, agroalimentaire – mais aussi de contrôler les grandes voies de communication qu’ils bornent. Leurs dettes globales, États-Unis en tête, ne sont plus remboursables et leur économie est en passe de devenir insolvable. Le temps du dépôt de bilan approche. Aussi ont-ils besoin de la guerre pour effacer leurs dettes et prolonger la survie de leur vieux système qui s’effondre. Le terrorisme et la propagande sont leurs derniers outils pour préparer et conduire leurs croisades. Ils en ont besoin pour créer des troubles et justifier leurs interventions militaires, un peu comme l’extême-droite allemande avait besoin d’allumer l’incendie du Reichstag en février 1933 pour justifier sa répression contre les communistes.

 

Q: Mais quel intérêt pour les dirigeants français de soutenir à ce point de tels groupes ?

R: Les islamistes sunnites présentent aux yeux des politiciens français plusieurs avantages. D’abord ils sont en relation avec l’OIFM, l’une des principales associations religieuses musulmanes, implantées dans la plupart des pays où la religion musulmane est présente. Au travers de cette organisation, ils possèdent un relationnel important dans ces pays et offrent aux représentants de société d’État ou transnationales capitalistes la possibilité d’approcher les décideurs pour des marchés stratégiques importants (armement, pétrole, gaz, minerais précieux, agroalimentaire). Je donne des exemples dans mon livre. Ensuite, de tous temps les Frères musulmans ont cherché à prendre le pouvoir politique pour établir des califats en lieu et place des États arabes contemporains. Avec le temps, ils sont devenus un outil utile aux puissances coloniales occidentales pour les déstabiliser. Je rappelle dans mon livre que depuis leur fondation en Égypte en 1928, les Frères musulmans ont toujours été les collaborateurs zélés des puissances coloniales occidentales. Les exemples ne manquent pas, depuis leur collaboration avec l’armée nazie lors de la Seconde guerre mondiale à leurs relations suivies avec des services occidentaux pendant la Guerre froide, sans parler de la période contemporaine. Ils ont été les principaux alliés de l’OTAN pour détruire la République Fédérative de Yougoslavie et aujourd’hui les pays du Maghreb. Je m’attache personnellement au cas français mais mon confrère Richard Labévière a réalisé un travail similaire sur plusieurs années d’enquête, publié sous le titre « Les dollars de la terreur. » (1)

 

Q: Vous prenez l’exemple de l’agression militaire contre la Libye. Les Frères musulmans libyens qui n’apparaissent pratiquement pas lors de la guerre y ont-ils là aussi joué un rôle important ?

R: C’est évident. Même si le courant islamiste sunnite est composé de tendances et de courants différents. Ainsi que je le démontre à partir d’éléments recueillis par des services de renseignements de pays du Maghreb, le plan utilisé pour préparer le putsch contre le régime de Tripoli s’inspire exactement de celui élaboré par les Frères musulmans tunisiens dans les années 90 pour renverser le régime laïc de Tunisie. Ce plan a été mûri de longue date avec l’objectif de casser le mouvement anti-impérialiste au sein des pays de la sphère arabo-musulmane et d’Afrique.

 

Q: En quoi consiste ce plan ?

R: Le conflit est déclenché selon la même tactique : un cycle de provocation-répression jusqu’à obtenir des morts érigés en martyrs afin de faire monter la tension et appeler à une intervention militaire extérieure. Abdallah Amami, l’un des spécialistes des Frères musulmans qui a étudié leurs organisations à travers le monde, intervient dans mon travail pour expliquer leur stratégie de prise de pouvoir. L’un des faits importants de la guerre contre la Libye est que pour la première fois de leur histoire, les Frères musulmans apparaissent sous leur vrai jour. En appelant à l’intervention militaire occidentale contre un peuple et une terre arabe, ils se sont ouvertement déclarés comme des collabos des puissances coloniales occidentales, les mêmes qui assassinent les peuples palestinien, libanais, irakien, afghan ou du continent africain. Du reste, les Frères musulmans tunisiens étaient fortement représentés avec d’autres branches de l’organisation, tels les Syriens, au congrès des Frères musulmans libyens qui s’est tenu à Benghazi à la mi-novembre 2011. Le même plan de subversion a été engagé contre la Syrie et est de nouveau envisagé contre l’Algérie avec les mêmes soutiens extérieurs occidentaux. C’est ce à quoi s’emploie actuellement Anouar Haddam, l’un des principaux dirigeants du Front islamique du salut algérien, depuis les États-Unis.

 

Q: Comment des activistes terroristes recherchés par Interpol ont-ils pu entrer en France, s’y installer et y séjourner pendant près de vingt ans sans être inquiétés ?

R: Ils n’ont pu le faire, des années 90 à 2011, qu’avec la protection de dirigeants du ministère de l’Intérieur français. Pour parvenir à leurs buts dans les guerres qu’ils déclenchent, les dirigeants français qui se présentent comme des défenseurs de la démocratie pactisent en réalité dans la coulisse avec les forces les plus rétrogrades, les plus antidémocratiques et anti-laïques. L’agression militaire contre la Libye était préparée de longue date depuis Paris et Londres. Il en est de même pour les provocations ouvertes contre la Syrie et, très certainement, celles à venir contre l’Algérie. Les prétendues « oppositions » sont en fait des organisations de Frères musulmans ou issues de leur mouvance et instrumentalisées par les services français et anglais dans le but de provoquer des troubles, voire des coups d’État.

 

Q: Pour y installer des régimes à leur solde ?

R: Pas forcément. À la limite, peu importe le régime pourvu que celui-ci privatise et laisse les transnationales occidentales s’approprier les grandes sociétés des secteurs les plus rentables de l’économie des pays. Les services de renseignement anglais et français travaillent avec ceux des États-Unis à déstabiliser tous les pays de la Méditerranée, la « mer aux trois continents », du Maghreb jusqu’aux frontières de l’Eurasie.

La tentative de déstabiliser les pays du Caucase à partir de la Géorgie en est un autre exemple. Celle d’installer un régime à leur solde à Kaboul pour contrôler la région et y implanter des bases militaires, encore un autre. Le philosophe et politologue Alain de Benoist intervient de manière pertinente sur cette question dans mon travail d’investigation.

Autre exemple : le Conseil national de la résistance iranienne qui est également installé en France a un programme politique qui accepte le capitalisme tout comme le Conseil national syrien.

Au-delà de leurs différences ces organisations sont donc accueillies à bras ouverts par les autorités françaises qui voient en elles non seulement un moyen de créer des troubles en Iran et en Syrie mais surtout de faire main basse sur les richesses de ces pays si elles parvenaient au pouvoir.

C’est la raison pour laquelle, exception faite des Iraniens, ce sont les mêmes groupes islamistes sunnites, et parfois les mêmes hommes, que l’on retrouve dans la proximité des bandes qui sèment la mort en Fédération de Russie, en Tchétchénie, en Bosnie et au Kosovo, mais également en Égypte, en Libye, en Algérie. Les services russes ont pénétré ces groupes et neutralisé plusieurs de ces criminels. Ils en suivent d’autres à la trace mais c’est bien souvent dans la cour des services français, anglo-saxons, israéliens et pakistanais qu’aboutissent les investigations menées sur eux.

 

Q: Quels dirigeants français sont impliqués ?

R: L’examen des dossiers d’Interpol auxquels je fais référence, tels ceux qui furent enregistrés sous les numéros 28878/91 à 28908/91, est sur ce point très instructive. Une lecture croisée du parcours des islamistes concernés avec des faits relatifs à l’évolution du paysage politique français, à la politique étrangère de la France et à certains contrats de sociétés transnationales, est riche d’enseignements. Ainsi, des premiers islamistes arrivés en France en 1986 à ceux qui les rejoignent par la suite, jusqu’en 2011, douze ministres de l’Intérieur se succèdent. Mais ce sont les ministres de droite qui, tant par leur nombre que par la durée de leur direction au ministère de l’Intérieur français, sont aux commandes aux moments importants de ce dossier. Charles Pasqua (RPR, 1986-1988 et 1993-1995) ; Jean-Louis Debré (UMP, 1995-1997) ; Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa (UMP 2002-2004 et 2005-2007) ; Dominique de Villepin (UMP, 2004-2005) ; François Barouin (UMP, 2007) ; Michèle Alliot-Marie – celle-là même qui donna aux procureurs de la République consigne de poursuivre les militants qui appellent au boycott des produits des colonies juives illégales de Palestine (UMP, 2007-2009) ; Brice Hortefeux (UMP, 2009-27 février 2011).

Cette continuité dans la gestion de ce dossier par la droite confirme le caractère naturel violent du pouvoir politique de la bourgeoisie.

 

Q: C’est-à-dire ?

R: La violence ne s’exprime pas que dans les rapports humains et économiques. Au plan politique, vous constatez des liens identiques du pouvoir bourgeois dans les années 50-60 avec des organisations d’extrême-droite paramilitaires criminelles comme l’OAS ou la Main rouge contre les militants indépendantistes du Maghreb, avec des milices politico-mafieuses comme le SAC contre les militants ouvriers, cégétistes et communistes des années 60 à 81, avec les réseaux de la Françafrique jusqu’à ce jour et surtout avec les truands du patronat mis à jour dans les années 75-80 par le militant ouvrier Marcel Caille (2) ou le journaliste Claude Picant. Rappelons comment a été enterrée depuis mai 2011 l’affaire de la caisse noire de l’Union des industries et métiers de la métallurgie du Medef, qui a fait apparaître un placement de près de 650 millions d’euros au travers d’une caisse noire destinée à briser les conflits du travail dans les entreprises.

 

Q: L’un des chapitres de votre livre s’intitule « La droite gère le système de protection des terroristes. » Mais des années 90 à aujourd’hui, des ministres de l’Intérieur ont aussi appartenu à la gauche ?

R: C’est exact. Mais les ministres de la gauche, tous socialistes – Pierre Joxe (1984-1986 mais surtout 1988-1991) ; Philippe Marchand (1991-1992) ; Paul Quilès (1992-1993) ; Jean-Pierre Chevènement (1997-1998 et 1998-2000) et Daniel Vaillant (2000-2002) – n’ont été à la tête de l’Intérieur français que pour de très courtes périodes. Même s’il n’y a jamais eu une grande différence entre la politique de gauche et de la droite qui, exception faite des parlementaires communistes, ont voté ensemble pour la prolongation de l’intervention militaire contre la Libye, la gestion du dossier des islamistes s’opère dès ses origines et sur le long terme de manière quasiment exclusive par les dirigeants de la droite. De Charles Pasqua à Nicolas Sarkozy et à Claude Guéant, ce sont bien les ministres de l’UMP et leurs plus proches collaborateurs – promus à la tête de services de renseignement ou au sein de leurs cabinets – qui constituent le cœur du système de protection et d’instrumentalisation de groupes terroristes islamistes.

 

Q: Les ministres de droite pouvaient-ils ignorer la présence de ces individus en France ?

R: En aucune manière et pour plusieurs raisons que j’expose dans mon livre, à commencer par le travail d’information d’Interpol en direction des autorités des pays. Dans le cadres de mon investigation, Yves Bonnet, ancien dirigeant de la Direction de la surveillance du territoire, explique très clairement le travail des services de renseignement et les relations du renseignement avec le pouvoir politique. Par ailleurs je donne une succession de faits qui prouvent que ces responsables du ministère de l’Intérieur français ne pouvaient ignorer ni la présence, ni les activités de plusieurs dirigeants islamistes. Je rappelle qu’il ne s’agit pas d’un ou deux individus isolés mais de plusieurs membres des Frères musulmans parmi lesquels les principaux dirigeants.

 

Q: Le ministère des Affaires étrangères avait-il connaissance de ces faits ?

R: Il en avait également connaissance tant ce contentieux a pesé sur les relations entre la Tunisie et la France comme il continue de peser aujourd’hui sur les relations avec l’Algérie.

Je pense du reste que la France aura des comptes à rendre à ces pays comme à la Syrie. Plusieurs de ces dirigeants islamistes ont fait l’objet de demandes d’extradition du gouvernement tunisien et toutes ont été ignorées par Paris. Par ailleurs plusieurs dirigeants du Front islamique du salut algérien impliqués dans des attentats se sont réfugiés en France, en Angleterre et aux États-Unis.

Alain Juppé a été ministre UMP des Affaires étrangères de mars 1993 à mai 1995, puis Premier ministre de mai 1995 à juin 1997 et à nouveau ministre des Affaires étrangères depuis février 2011. On imagine donc mal, alors qu’il était ministre des Affaires étrangères ou Premier ministre, qu’il n’ait pas été informé d’un dossier aussi sensible quand huit attentats à la bombe, tous le fait de groupes islamistes sunnites, ont frappé la France de juillet à octobre 1995.

Visiblement cela ne lui a pas suffi puisqu’il a engagé la France dans le financement des groupes organisant le coup d’État contre le régime libyen en 2011, y compris un bataillon armé et entraîné dans le désert du Qatar avec les Émirats arabes unis. Cet homme là n’a vraiment pas qualité pour donner des leçons de démocratie et de droits de l’Homme aux dirigeants d’autres pays.

Juppé est bien le « ministre du mensonge » comme vous l’avez décrit dans B.I. (3) et comme je le démontre dans mon travail d’enquête.

 

Q: Dans votre ouvrage vous faites allusion à la responsabilité de Claude Guéant et d’autres dirigeants du renseignement français dans ce dossier. Quel rôle ont-ils joué ?

R: Je n’y fais pas seulement allusion, je le dénonce. Je constate que Claude Guéant a été directeur-adjoint du cabinet du ministre de l’Intérieur Charles Pasqua en avril 1993 puis directeur général de la Police nationale en septembre 1994.

Or, à cette époque, plusieurs dirigeants du groupe islamiste faisant l’objet de mandats d’arrêts internationaux sont réfugiés en France depuis au moins quatre ans. En regard des fonctions qu’il occupe et des dangers que présentent ces individus pour la société, Claude Guéant est donc forcément informé de ces dossiers par Interpol et par les responsables des services qu’il dirige. Puis, il a été directeur de cabinet du ministère de l’Intérieur de mai 2002 à 2004 puis de nouveau de juin 2005 à mars 2007 – les deux fois où Nicolas Sarkozy est ministre de l’Intérieur dans les gouvernements de Jean-Pierre Raffarain puis de Dominique Galouzeau de Villepin – et enfin ministre de l’Intérieur à partir du 27 février 2011.

Pendant toutes ces années, non seulement les individus recherchés par Interpol sont présents en France mais plusieurs d’entre eux participent à des activités politiques publiques contre les pays du Maghreb. Aussi, je trouve que ce ministre a des allures de commissaire Juve qu’interprétait avec brio au cinéma Louis de Funès dans « Fantômas ». Voilà un homme qui n’a cessé de bercer les français en papotant sur la sécurité et « le contrôle des flux migratoires » mais qui n’a pas hésité de faire obstacle aux mandats d’arrêts d’Interpol contre des individus recherchés pour association à une organisation de terroristes, alors qu’il occupait lui-même plusieurs fonctions importantes près des ministres de l’Intérieur de l’UMP. Comme vous pourrez le lire dans mon livre, il n’est pas le seul haut fonctionnaire du renseignement français à avoir franchi la ligne jaune.

 

Q: Sortie de votre livre ?

R: Pour le moment, le manuscrit a été remis à plusieurs maisons d’édition en France mais également à l’étranger puisque mon investigation aborde des aspects géopolitiques qui concernent les pays du Maghreb, mais également de la Fédération de Russie et la République Populaire de Chine.

Les faits que je rapporte sont très graves et il est important que le livre joue pleinement son rôle pour dénoncer les jeux dangereux de politiciens français des ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères. On ne dîne pas avec le diable, même avec une longue cuillère.

  1. « Les dollars de la terreur : les États-Unis et les islamistes », Richard Labévières, Ed. Grasset.

  2. Lire sur ce point « Les Truands du patronat », par Marcel Caille, Ed. Sociales

  1. « Alain Juppé : Le ministre du mensonge », par Stratediplo et Michel Samaha, B.I. N° 176.

 

samedi, 16 mars 2013

Chi, e perchè, vuole la caduta di Assad?

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Chi, e perchè, vuole la caduta di Assad?

Obiettivo Siria tra disinformazione mediatica e mistificazione

Federico Dal Cortivo

Ex: http://www.rinascita.eu/

La Siria è sotto tiro da mesi oramai e dopo la liquidazione della Libia di Gheddafi , l’apparato bellico e mediatico degli Stati Uniti e dei suoi fidi alleati, ha iniziato a muoversi contro il legittimo presidente siriano Bashar al Assad. Una guerra al momento fatta d’ intelligence, gruppi ben armati di mercenari, operazioni sotto copertura, provocazioni, che hanno già causato migliaia di vittime tra la popolazione civile e tra le forze di sicurezza governative. I fatti riportati dai media embedded tutti allineati al mainstream imposto da Washington , ogni giorno ci dipingono una Siria nel caos, un presidente delegittimato,una forza di opposizione che gode del pieno consenso dei siriani e una popolazione in attesa di essere “ liberata” . Ne abbiamo parlato con il dott. Giannantonio Valli che è stato di recente in visita a Damasco.
 
Dott.Valli innanzitutto una premessa, lei in una recente conferenza ha esordito parlando della totale disinformazione che c’è sull’argomento Siria. Giornali, riviste, canali televisivi tutti salvo rare e lodevoli eccezioni ci propinano ripetitivamente la solita immagine degli insorti liberatori e dei governativi oppressori, come giudica la libertà di stampa in Italia oggi e in Europa in generale?


Il paradigma storico-politico dal quale l’umanità viene conformata dal secondo conflitto mondiale o per dirla più semplicemente la cornice che inquadra la ricezione delle informazioni da parte dell’uomo comune, è stato forgiato da precise centrali di guerra psicologica. Tali centrali altro non sono che le dirette eredi della Psychological Warfare Branch angloamericana. La creazione dei più diversi immaginarii è quindi, da un lato, il risultato pressoché inconscio della conformazione dei cervelli dell’uomo democratico, dall’altro dell’incessante opera dei mezzi di comunicazione di massa. Questi ultimi rispondono, in ogni Paese dell’Occidente, per il 99 per cento ai potentati finanziari, padroni pure della quasi totalità delle forze politiche maggiori. La residua libertà, di stampa e più latamente di informazione, è dovuta a voci assolutamente coraggiose, che mettono in discussione non tanto questo e quel singolo fatto, ma le radici stesse, ideologiche e storiche, del mondo attuale. Tra queste mi piace ricordare, per la loro serietà, coerenza e irriducibilità al Sistema, il quotidiano Rinascita e la rivista l’Uomo libero, come pure i siti internetici olodogma e syrian free press network. Quest’ultimo è la maggiore e più obiettiva fonte di informazione sugli eventi siriani. Come ho detto in una recente intervista radiofonica al periodico online La voce del ribelle, tale sito, oltre ad un’infinità di notizie, smentite e rettifiche, diffonde sia filmati girati dai cosiddetti ribelli «siriani», sia filmati di provenienza governativa. Tra questi, anche i telegiornali siriani, la cui diffusione viene impedita da mesi, alla faccia del pluralismo vantato dalla cosiddetta Libera Stampa, dai canali satellitari non solo occidentali, ma in primo luogo delle petromonarchie saudita, emiratica e qatariota. Li si guardi. Ognuno giudichi poi da sé, con la propria testa, la propria sensibilità, la propria coscienza. Quanto alle mie convinzioni sugli eventi siriani, oltre che sulle citate testate, mi sono basato sull’analisi degli eventi dell’ultimo trentennio, su una quindicina di volumi, reperibili con qualche impegno per ogni volonteroso che non voglia farsi accecare dalla propaganda degli aggressori, ed infine sulle impressioni ricavate dal mio viaggio in Siria nel maggio 2012. Una settimana non permette certo di conoscere la realtà di un Paese nella sua complessità. Ma io, a differenza della quasi totalità dei giornalisti di regime, ci sono stato. A mie spese. Il mio cervello non lo paga nessuno.
 
Veniamo alla Siria, che da tempo faceva parte di quella lista di “Stati canaglia” stilata dal Dipartimento di Stato statunitense e quindi prima o poi sarebbe finita sotto il mirino di Washington, quali sono state a suo avviso le ragioni principali di quest’ offensiva a tutto campo contro Damasco?


La Sua domanda mi permette di proseguire il discorso in tutta naturalezza. In effetti, come ho detto alla televisione siriana, non si può capire il problema Siria se non lo si inquadra in una più ampia visione ideologica e in una strategia economico-geopolitica. Ideologia e strategia non solo americane, ma più ampiamente mondialiste, vale a dire giudaiche. Avere bollato da decenni la Siria come «Stato canaglia» ha significato, per gli Occidentali (mi riferisco agli Stati Uniti, all’Inghilterra, alla Francia e ad Israele, eterno nemico con il quale mai Damasco ha sottoscritto un trattato di pace) tenere sotto scacco quel Paese fin dagli ultimi anni Settanta. In questa ottica, è comprensibile che la diffamazione di ogni atto del governo siriano sia stata e venga condotta col massimo della tenacia e della «buona coscienza» democratica. «Buona coscienza» che io riconosco non solo ai giornalisti della cosiddetta Libera Stampa, ma persino ai loro direttori e ai più «autorevoli» commentatori. Tra questi ultimi cito, persona tra le più velenose, l’ex ambasciatore Sergio Romano. Gran penna del Corriere della Sera, costui non perde occasione per pedissequare, con supponenza, la versione degli eventi siriani data dal foglio che lo nutre. Invero, oggi, la battaglia non la si vince tanto sul campo con le armi, quanto con la conquista dei cervelli dei sudditi democratici. Al contrario del nostro Solone, io ho potuto fare esperienza diretta, vedere coi miei occhi, toccare con le mie mani, come sia possibile manipolare le coscienze. Quella in atto è in primo luogo una guerra mediatica. Prima che sul campo, la guerra oggi si vince, ripeto, invadendo la mente degli individui. Sono quindi lieto – tristemente lieto – per avere assistito di persona alla creazione di realtà fittizie con immagini manipolate e le menzogne più sordide. In particolare, mi riferisco ai massacri compiuti nell’ultimo ventennio da Stati Uniti, Inghilterra, Francia e Israele col massimo di buona coscienza e avallati dalla complicità, dalla viltà dei popoli del Libero Occidente. Prima però di trattare dell’aggressione alla Siria, mi permetta di rammentare sette altri casi di menzogna, altrettanto atroci.


1. Per l’Iraq di Saddam Hussein ricordo, del 1990, la farsa delle incubatrici svuotate negli ospedali del Quwait, coi neonati scagliati a terra dai soldati iracheni. E l’anno dopo le strisce verdi della contraerea nel cielo notturno, con le quali l’emittente al-Jazeera, da poco fondata dal Qatar con supervisione ebraico-americana, ci ha suggestionato, facendoci credere di assistere ad una «guerra in diretta». Ricordo, del 2003, la bufala delle «bombe intelligenti» e delle «fiale di antrace» – rammenta Powell, il Segretario di Stato, sventolante la mitica provetta di liquido giallo? Ricordo il cormorano nero dagli occhi rossi coperto di petrolio a «provare» l’«infamia ecologica» di Saddam. Mi permetta di sottolineare l’importanza anche dei colori nella creazione degli immaginari fissati nei cervelli delle masse, mille volte più forti di tante parole: verde, giallo, nero, rosso... E poi le fantomatiche «armi di distruzione di massa», pretesto per il nuovo massacro dopo il decennale stillicidio di bombe clintoniano. Prova generale per i successivi in Afghanistan, Libia e Siria.


2. Svaniti da ogni memoria sono i 200.000 – sottolineo, duecentomila – morti del golpe algerino compiuto nel 1992 dai militari massonici dopo la vittoria elettorale del Fronte Islamico di Salvezza. Duecentomila persone, per la quasi totalità stragizzate in un decennio. Vittime non solo i protestatari cui sarebbe andata la legittima vittoria – e della cui radicalizzazione successiva, e ribadisco: successiva, non dovremmo quindi stupirci – ma anche migliaia di semplici cittadini tacciati di connivenza. A carte ribaltate rispetto agli eventi siriani, è conferma di quanto dico l’ammissione del supergiornalista Lorenzo Cremonesi sul Corriere della Sera del 19 gennaio. Le cito: «Si affinò la tecnica dei massacri di civili imputandoli poi agli islamici per ingraziarsi la popolazione. Mohammed Samraoui, ex numero due dell’antiterrorismo, in un libro del 2003 [...] citava una frase che usava ripetere il suo capo diretto, Smail Lamari: “Sono pronto ad eliminare tre milioni di algerini pur di mantenere la legge e l’ordine”».


3. E il massacro del popolo serbo operato dalla NATO seminando il paese di uranio. Uranio per il quale sono morti e muoiono tuttora di cancro centinaia di nostri soldati inviati in quella missione «di pace». Massacri compiuti non solo dai delinquenti albanesi , addestrati, armati e guidati dagli americani, ma anche dai bombardieri partiti dall’Italia. Dalle basi concesse al Grande Fratello Capitalista dal comunista Massimo D’Alema, promosso capo del governo alla bisogna. E quindi sbrigativamente scaricato. E qui apro una parentesi, e non parlo dei famigerati «danni collaterali», espressione da allora entrata nell’immaginario collettivo. «Collaterali», anche se furono scientemente voluti per logorare e demoralizzare i serbi. Sottolineo come obiettivo primario degli Occidentali fu, allora come oggi, silenziare i mezzi di comunicazione non conformi. E tanto più quelli nemici, in particolare le televisioni.
Allora quella serba, bombardata con qualche «distrazione» a monito contro la Cina... nell’attacco, ricorderà, morirono, istruttivamente, cittadini cinesi. E nel 2011 la televisione libica, colpita perché, dissero i virtuosi delle democrazie, «era di parte» e «mentiva». E l’anno dopo, ed oggi la televisione siriana per mano di ben istruiti terroristi, con l’uccisione di decine di giornalisti. E tutto senza alcuna protesta dei loro «colleghi» occidentali. Ultima ma non ultima riprova dell’idea occidentale di libertà di informazione: all’inizio di settembre 2012 sono stati oscurati i canali televisivi al-Ikhbariya e al-Dunya. Dopo il successo di Damasco nell’affrontare il feroce attacco occidentale, armato e mediatico, gli amministratori del satellite NileSat, hanno non solo violato i termini del contratto, ma anche brutalmente violato le regole deontologiche dell’informazione.


4. Ricordo poi due eventi gemelli: la cacciata dei giornalisti dalla città ribelle di Falluja in Iraq nell’aprile 2004, per settimane stragizzata all’uranio e al fosforo bianco dagli USA, e la cacciata dei giornalisti da Gaza nel dicembre 2008, città e terra stragizzate all’uranio e al fosforo bianco da Tel Aviv con l’Operazione Piombo Fuso. Da quell’Israele, che avrebbe aggredito l’Iran già nel 2006 se non fosse stato fermato sui confini dagli Hizbollah. Schiumando rabbia, Israele distrusse allora dall’aria, strategia dei vigliacchi, le infrastrutture civili. Ponti, strade, scuole, ospedali, abitazioni, acquedotti, elettrodotti, e quant’altro. Tutto distrutto, contro ogni norma di diritto bellico. Nessuna reazione dall’ONU, silenzio dal Tribunale dell’Aja, guaiti dal Vaticano. Al contrario, le falsità create da al-Jazeera e da al-Arabiyya, come pure i filmati girati dai terroristi, vengono ripresi da ogni televisione e giornalone occidentale. E riproposti a distanza, anche se da tempo smascherati come falsi.


5. Solleticando il buon cuore dei sudditi democratici, dei minimalisti di buona famiglia, di quelli che vedono l’albero e non si accorgono che fa parte di una foresta, l’Afghanistan è stato devastato all’insegna di «liberare le donne dal burqa». Che, infatti, è rimasto lì come prima.
In compenso, oltre ad avere impiantato enormi basi militari, fatto affari con la ricostruzione di quanto avevano distrutto, portato alle stelle la produzione di oppio, gli americani continuano a seminare stragi anche da decine di migliaia di chilometri di distanza attraverso i droni. In particolare, stragizzando qualunque assembramento «sospetto», come quelli durante le feste di nozze.


6. Quanto alla cosiddetta «primavera araba», spacciata per moti di libertà in particolare dalle sinistre di ogni sfumatura, ci accorgiamo solo ora che il vero obiettivo della messa in scena era propiziare un «inverno libico» e, Dio non voglia, siriano. Aggredita a occidente a partire da una Tunisia destabilizzata, ad oriente da un Egitto destabilizzato, bombardata dal mare e dall’aria sempre contro ogni norma di diritto bellico, la Libia ha finora visto il massacro di 120.000 suoi cittadini. Con bombe a sottrazione di ossigeno, bruciato da ogni bomba su un’area di ventimila metri quadri, tre campi di calcio. Con bombe a frammentazione. Con una pioggia di fosforo, proiettili all’uranio, missili a gas nervini. Con crani esplosi a colpi di mitra e persone sgozzate. Massacro operato dai tagliagole armati dall’Occidente, così come dai bombardamenti «umanitari» franco-anglo-americani. Ai quali si è accodato, violando la Costituzione e su istigazione del quirinalizio comunista Napolitano, lo sciacallo italiano. Nella fattispecie, il governo berlusconico, quintocolonnato dal ministro degli Esteri Frank Frattini. Ma poi, dov’erano quelli che nel 2003 appendevano gli stracci arcobaleno della «pace» contro Bush? E così la Libia è stata riportata all’ovile occidentale dopo quarant’anni di indipendenza e un’eroica resistenza durata di sette mesi fino all’assassinio del colonnello Gheddafi. Una resistenza tuttora in atto, nel silenzio della Disinformazione Corretta. E questo, aggiungo, senza contare la popolazione angariata e le decine di migliaia di lealisti tuttora incarcerati, torturati e massacrati per essere rimasti fedeli ad un legittimo governo. Ma, talora, chi semina vento raccoglie tempesta. L’11 settembre – un altro 11 settembre, ricorrenza mitopoietica dell’operazione Torri Gemelle – sono stati linciati tre marines e l’ambasciatore americano a Bengasi... ci dicono ad opera della «furia fondamentalista». La causa: una «imperdonabile» offesa inferta a Maometto dal cinema hollywoodiano. Con tutta evidenza, contro gli Apprendisti Stregoni del «laico» Occidente si sta rivoltando un mostro da loro scatenato contro Gheddafi. Nessuna pietà, me lo lasci dire, ho provato per l’ambasciatore, uno degli organizzatori dei massacri di Libia. Ne potrei provare un pizzico, per carità solo un pizzico, se l’Abbronzato di Washington si cospargesse di cenere per la morte inferta «per sbaglio», dai suoi, all’ultimo cammelliere dell’ultima oasi libica. O all’ultimo spazzino dell’ultima cittadina libica, massacrato perché pubblico dipendente.


7. Nessuno ha poi parlato, se non per un giorno, del Bahrein, ove la repressione dei moti di libertà da parte sciita, quelli sì veri, ha visto il mitragliamento della popolazione da parte degli elicotteri americani e l’invasione delle truppe saudite, chiamate dall’emiro. Inoltre, la polizia ha imprigionato e torturato decine – sottolineo, decine, il che rende l’’ampiezza della repressione – di medici, accusandoli di complicità coi dimostranti per avere curato i feriti. All’inizio dello scorso settembre, dopo un anno e mezzo dai moti, decine di manifestanti – ovviamente, i sopravvissuti – sono stati condannati a pene che giungono all’ergastolo. E questo, nel più completo silenzio della stampa e di ogni organizzazione umanitaria. E le rivolte, queste sì vere e legittime, e la repressione continuano tuttora, nel più laido silenzio della Grande Stampa Democratica.


E mi fermo, ricordando l’imbonimento mediatico, quanto alla Siria, compiuto per le stragi, veramente istruttive, di Houla, Daraya, Deir al-Safir (colpi di mortaio su un asilo, spacciati per bombardamento aereo governativo), Halfaya (scoppio di esplosivi in un covo terroristico, spacciato per bombardamento aereo governativo di una panetteria con la gente in coda... morti duecento, poi cento, poi trenta, poi venti, poi boh!), Aleppo (missili o colpi di mortaio sull’università e gli studenti in esame, sempre attribuiti al governo) ed ancora Aleppo (un’ottantina di corpi nel canale, cittadini assassinati con le mani legate dietro la schiena). Nessun problema poi, ottenuto il risultato con titoloni, ad ammettere nelle pagine interne, dopo qualche settimana, la responsabilità dei tagliagole e non del governo siriano. Tanto, cosa ricorda il suddito democratico, tra migliaia di altre notizie e in mezzo a tutti i suoi problemi? Altro che la «verità» di chi spaccia filmati girati su regia occidentale! Vedi i 40 bambini di Houla, il 25 maggio. Cadaveri veri, bambini e familiari colpiti da breve distanza o con le gole tagliate, fatti passare per vittime dell’esercito, quando tutti erano di famiglie filogovernative. Verità ammessa tre mesi dopo, ad esempio, dalla Frankfurter Allgemeine, ma ignorata da ogni altro giornalone. Cento innocenti massacrati, foto truccate, immagini scattate anni prima in Iraq e a Gaza. Di bambini vittime del fuoco americano e israeliano. Egualmente massacrati dai terroristi nelle case e per le strade sono stati, il 25 agosto, i 245 civili di Daraya presso Damasco. E sempre la strage è stata attribuita, prima di svanire d’un botto dai giornali, all’esercito.
 
L’attacco era stato preparato da qualche tempo, basta scorrere le pagine internet del Brooking Institute e del Saba Center, noti think thank della potente lobby sionista statunitense, oppure dare uno sguardo alla rivista Foreingn Policy che a novembre 2011 ospitava un intervento di Hillary Clinton dall’eloquente titolo “Il secolo pacifico dell’America” vera e propria dichiarazione bellica contro il Vicino Oriente.


Quindi stiamo solo assistendo all’applicazione della geopolitica statunitense, che andando a ritroso s’ispira a Zbigniew Brzezinski il quale nel celebre libro “La grande scacchiera” aveva tracciato le linee guida per il controllo dell’Eurasia. Lei dott. Valli che ne pensa?


In un’intervista televisiva a Damasco mi è stato chiesto: perché la Siria? Ho risposto che non è solo questione di geopolitica o di economia, ma anche di ideologia. I piani degli aggressori datano da decenni, sono piani a lunga scadenza. L’obiettivo finale, il messianico obiettivo finale, è la distruzione delle nazioni e l’instaurazione di un unico governo mondiale. A guida, ovviamente, americana. A guida, ovviamente, dell’Alta Finanza. A guida, ovviamente, giudaica. Un governo che, delira il profeta Isaia, tramuterà le spade in falci e le lance in vomeri d’aratro. E dove il leone si pascerà di fieno a fianco dell’agnello, senza mangiare l’agnello. Potenza dell’ingegneria genetica! Sappiamo che non è un complotto, un tenebroso complotto. Un complotto, quando gli scopi sono stati dichiarati a tutte lettere – ripeto: a tutte lettere – dagli stessi autori in decine di pubblicazioni? Cerchiamo di essere seri. Non prendiamoci in giro.


È una strategia pensata in ogni aspetto, non un complotto. Chi parla di complotto è un mistificatore. Uno che nuota nel torbido. O, altrimenti, un perfetto ignorante.
Di queste pubblicazioni, progenie di precedenti progetti, cito solo tre esempi.


(A) Nel 1997 Brzezinski, l’ebreo polacco da Lei citato, consigliere di sei presidenti da Carter ad Obama, democratici come repubblicani, pubblicò The Great Chessboard, “La Grande Scacchiera - Il mondo e la politica nell’era della supremazia americana”. Suggerendo di adoperarsi per fare scoppiare conflitti interetnici nei più diversi paesi, Brzezinski ammonisce che in futuro «la capacità degli Stati Uniti di [continuare ad] esercitare un’effettiva supremazia mondiale dipenderà dal modo in cui sapranno affrontare i complessi equilibri di forze nell’Eurasia, scongiurando soprattutto l’emergere di una potenza predominante e antagonista in questa regione».


(B) Nello stesso 1997 una trentina di neoconservatori, ventotto almeno dei quali ebrei e anime nere bushiane, lanciò il Project for the New American Century, “Progetto per il Nuovo Secolo Americano”, che rilanciava le tesi di Brzezinski, suggerendo i necessari comportamenti applicativi.


(C) Similmente, un gruppo di intellettuali israeliani capeggiati dall’influente politologo Oded Yinon aveva codificato, fin dal 1982, quindi ben quindici anni prima dei confratelli di oltreoceano, la preventiva distruzione di ogni Stato considerato nemico.


Cinque sono state le fasi di tale strategia. La prima: scagliare in una guerra contro l’Iran khomeinista un Iraq stupidamente caduto nella trappola e quindi, dopo averlo indebolito, spiazzarlo economicamente. La seconda: occupare l’Iraq e impadronirsi delle sue risorse energetiche, eliminando al contempo uno dei più tenaci nemici di Israele e interrompendo la continuità territoriale tra Siria ed Iran. La terza: occupare l’Afghanistan e impiantare basi nell’ex Asia sovietica, condizionando a nord la Russia e accerchiando da oriente l’Iran, già possedendo a sud il controllo del Golfo.


La quarta: assicurarsi, in vista di una guerra con l’Iran, le ingenti risorse energetiche libiche, spegnendo al contempo le velleità panafricaniste di Gheddafi e testando le reazioni del duo Russia-Cina. La quinta: eliminare il baluardo geografico e militare siriano, premessa per l’aggressione all’Iran.
Sull’onda delle secolari teorizzazioni massoniche dell’«Ordo ab chao, Ordine dal caos», sull’onda di quel «caos creativo» cantato nel 2006 dal Segretario di Stato bushiano Condoleezza Rice, possiamo definire tale strategia «geopolitica del caos», espressione coniata dallo storico Paolo Sensini. I Signori del Caos vogliono frantumare gli Stati laici e modernizzatori – Iraq, Libia, Siria e, anche se non è propriamente laico, l’Iran sciita di Ahmadinejad – in miniregioni in lotta una contro l’altra per motivi etnici e religiosi. Un federalismo in salsa orientale. Uno Stato dopo l’altro, la «politica del carciofo». Eliminare una foglia dopo l’altra, fino a giungere al cuore. L’ultima foglia è l’Iran. Il cuore, il nemico strategico dell’Alta Finanza, sono la Russia e la Cina. In particolare, per l’estensione del suo territorio e la ricchezza in materie prime di ogni genere, la Russia. Ma i giochi non sempre riescono, e l’ultimo osso sarà troppo duro per questa banda di assassini. Anche la distruzione economica dell’Europa, in quanto potenza alternativa agli USA, rientra nei loro piani. Quanto alle modalità dell’applicazione di tale strategia, invito ad informarsi sul rivelatore volume dell’ebreo Gene Sharp, attivo fin dal 2004, «Come abbattere un regime», edito in Italia da Chiarelettere nel 2011.
 
Quale è a suo avviso il ruolo che stanno ricoprendo la Russia,la Cina e l’Iran in questa fase?


Proprio di recente la Repubblica Islamica dell’Iran ha presentato una sua proposta di pace in sei punti per uscire dalla crisi ribadendo ancora una volta la posizione pacifica di Teheran.
Dopo avere abbandonato al suo destino la Libia, Russia e Cina hanno preso una netta posizione all’ONU ponendo il veto sulla terza «zona di non volo» pretesa (dopo la prima in Iraq e la seconda appunto in Libia) dagli aggressori mondialisti. Date le loro dimensioni, le loro economie ed i loro armamenti, Russia e Cina sono potenze globali, per cui, consapevoli della sostanziale ostilità americana nei confronti di entrambi, devono giocare su diversi scacchieri. Come che sia, all’errore storico di valutazione compiuto nel caso libico potranno rimediare con grande difficoltà. Resta la bruciante lezione, che certo non dimenticheranno. L’ipocrisia, il cinismo, l’arroganza e la violenza adoperati dagli Occidentali – l’ignobile mosca cocchiera fu la Francia – saranno una lezione perenne per chiunque voglia ancora prestare fede alle Grandi Carte, dell’ONU come delle Democrazie. Dopo l’«ingenuità» di allora, quali furono gli altri motivi dell’indecisionismo russo-cinese? Certamente la freddezza, o se vogliamo l’«equidistanza», mostrata da sempre da Gheddafi nei loro confronti. Di un Gheddafi non solo illuso dal «patto di amicizia» stipulato con l’Italia (che avrebbe dovuto tutelarlo non mettendo a disposizione dei suoi nemici le basi per un’aggressione aerea), ma anche, tutto sommato, illuso dalle «garanzie» cartacee dello statuto dell’ONU. Quanto alla politica di Russia e Cina nei confronti della Siria, devo dire che, a differenza della Russia putiniana, della Cina io non mi fido affatto. La Russia ha concreti, essenziali interessi geopolitici alla sua periferia. Se cadesse la Siria non avrebbe più sbocco navale sul Mediterraneo, ma, cosa ancora più importante, i suoi nemici occidentali avrebbero mano totalmente libera sui suoi confini meridionali. Pensiamo al caso Georgia, a ragione bacchettata duramente nel 2008. Per la Cina conta, invece, in primo luogo l’Iran, uno tra i suoi primi fornitori energetici.
L’Iran sciita sa benissimo di essere nel mirino da un lato delle petromonarchie sunnite infeudate agli americani, dall’altro degli Occidentali e di Israele. Se non vuole crollare come Stato e infeudarsi a Washington e Tel Aviv, non può assolutamente permettersi di perdere la Siria. Non solo per le affinità ideologico-religiose, ma per concreti interessi strategici geopolitici. Quanto alla proposta di pace cui Lei accenna, da un lato confesso di non averne preso documentata visione, dall’altro mi permetto di ritenerla un passo che, seppur doveroso nell’ambito della politica internazionale e mediatica, sarà del tutto infruttuoso, data la determinazione degli aggressori occidentali. Questi delinquenti politici, che in tempi più fausti sarebbero stati pubblicamente impiccati per i loro crimini – parlo di supercriminali come Sarkozy, Hollande, Obama, Erdogan, Netanyahu, i sauditi e i qatarioti, come pure dei loro portaborse italiani – si sono spinti ormai troppo avanti. Ritengo difficile, per non dire impossibile, non solo che questa banda ripieghi rientrando nei ranghi del diritto internazionale, ma anche che si arresti in una sorta di nuova guerra fredda.


Chi sono invece i nemici principali della Siria?


Ogni aggressore della Siria ha i propri obiettivi. In prima fila – per quanto silenzioso, dato che per lui agisce l’intero Occidente – resta sempre Israele, per il quale Damasco è non solo il nemico tradizionale, ma l’ultimo ostacolo per l’aggressione all’Iran, pianificata da anni.
A ruota segue il suo grande satellite a stelle e strisce. La distruzione di un altro anello dell’Asse del Male risale non ai repubblicani Bush padre né a Reagan, ma al democratico Carter.
Al Nobel per la pace Carter, al buono e mite democratico, che trentatré anni fa avviò la destabilizzazione della Siria.


Vale a dire, tre anni prima che Hafez al-Assad, il padre dell’attuale presidente, reprimesse il terrorismo dei Fratelli Musulmani, mobilitati fin dal 1971 contro il «testo ateo» della Costituzione. Sulla stessa linea si è messo, con più concreti ordini operativi, nel marzo 2005 Bush figlio.
La scoperta, in questi ultimi anni, di enormi depositi di gas e petrolio al largo delle coste siriane è un’altra motivazione per l’intervento dei predatori occidentali.


Quanto a Londra e Parigi, i due compari ricalcano un colonialismo nato nel maggio 1916 e proseguito coi Mandati loro assegnati dopo la prima guerra mondiale dalla Società delle Nazioni. Cioè, da loro stessi. Violando ogni norma, Parigi non solo staccò dalla Siria nel 1923 il territorio libanese, da sempre provincia di Damasco, ma nel giugno 1939, per ingraziarsi la Turchia in vista della nuova, programmata guerra mondiale, le cedette l’intera provincia di Alessandretta con Antiochia. Infine, un punto ancor più significativo, almeno sotto l’aspetto simbolico, è che le bande terroristiche del cosiddetto «Libero Esercito Siriano» sventolano oggi, senz’alcuna vergogna, la bandiera con la striscia verde e le tre stelle rosse. Quella dei servi, della Siria coloniale francese.


Secolare è poi l’ostilità tra Istanbul e Damasco, cui si aggiunge l’odio religioso tra la Turchia sunnita e l’Iran sciita. Nonché, con più concrete motivazioni, la volontà turca di diventare il principale crocevia, e quindi controllore, energetico dal Medio Oriente e dall’Asia Centrale all’Europa.
I regimi feudali di Arabia e Qatar, stretti agli USA fin dal febbraio 1945 da un ferreo patto in cambio della più totale acquiescenza, aggiungono ai predominanti motivi economici l’odio per il laicismo siriano che difende la convivenza delle più varie fedi ed etnie.


Intrisa di wahabismo – una ideologia messianica fondata da criptoebrei come criptoebrei furono i fondatori del clan dei Saud – l’Arabia è l’unico paese al mondo a trarre il nome non da un popolo né da un credo, ma da una famiglia. Quasi che lo Stato e il popolo siano proprietà personale di qualche migliaio di principotti. Invero, non esiste «il mondo arabo», e neppure «il mondo islamico», intesi come entità omogenee spinte contro l’Europa da un interesse comune o da un’ideologia unificante. Esistono solo paesi arabi, o islamici, in lotta fra loro. Divisi da concreti interessi, da rivalità geopolitiche, da settarismi religiosi. Paesi vassalli degli Stati Uniti, a partire dal Marocco fino agli Emirati Uniti.
Sono del tutto infondate due tesi. La prima, che vede in Siria una rivolta di popolo contro il cosiddetto «clan» alauita del presidente Bashar. La seconda, che vede in atto una guerra civile. Per quanto esistano frange di opposizione antigovernativa più o meno radicali, non è una rivolta, non è una guerra civile, cioè un conflitto fra due componenti sostanziali di una stessa società. È invece una feroce aggressione dall’esterno, voluta dagli Occidentali, dalle petromonarchie e dalla Turchia. I loro strumenti sono bande di fanatici religiosi, di sperimentati mercenari, di sadici criminali.


Contro la splendida realtà siriana di umana convivenza, l’Occidente ha scagliato centomila tagliagole. Qualche decina di migliaia di terroristi autoctoni, pressoché tutti delinquenti comuni e latitanti condannati con pene anche fino all’ergastolo; ben più numerosi e in posizione trainante sono quelli giunti dall’estero. Mercenari sperimentati in Libia, Iraq ed Afghanistan. Pazzoidi religiosi arrivati da Marocco, Algeria, Tunisia, Libano, Giordania, Yemen e Pakistan. Guerriglieri salafiti e wahabiti. intossicati da un credo ottuso, esaltati contro l’«eretico» Bashar che permette a cristiani, drusi e altri non musulmani di convivere a parità di diritti con la maggioranza sunnita.. Bande di terroristi salafiti, wahabiti, alqaedisti messe in piedi dalla CIA. Armati, addestrati, pagati e guidati dall’Occidente «laico e progressista».


Assassini che soprattutto all’inizio, quando la mano delle autorità è stata leggera per mesi, dapprima nelle zone più periferiche poi in quartieri delle grandi città hanno creato repubblichette partigiane ove regnava la violenza più cruda. Dove hanno compiuto attentati con mortai, autobombe, lanciarazzi e, ritiratisi sotto la pressione dell’esercito, con mine a scoppio ritardato. Dove hanno incendiato e distrutto monumenti millenari come il vecchio mercato di Aleppo, patrimonio dell’UNESCO. Dove hanno distrutto centinaia di scuole e ambulatori. Dove hanno sgozzato, decapitato, squartato, mutilato impiegati statali, poliziotti, amministratori, insegnanti, medici, religiosi non allineati. Dove hanno sequestrato e massacrato nei modi più efferati, nella ferrea logica di ogni partigianesimo che deve intimorire i civili con un terrore esemplare, gente di ogni età e di ogni ceto. All’inizio, diffondendo video sulle proprie prodezze, quali i «processi» agli avversari malmenati, umiliati e messi al muro, lo sgozzamento di poliziotti, l’assassinio di civili a colpi di mitra o di machete, il lancio nel vuoto di lealisti dai tetti delle case. In seguito, eliminando in massa civili di ogni età e, resi più accorti delle reazioni negative del delicato Occidente, attribuendo, spudoratamente supportati dalla Grande Stampa e dalle Grandi Televisioni, i massacri alle forze governative. In ogni caso cercando di sfiancare, logorare, demoralizzare, paralizzare il paese dall’interno, di far perdere ai cittadini la fiducia nella protezione del proprio governo. Il tutto, in attesa dell’attacco in supporto dall’esterno, con le bombe e i missili NATO. E di un più vasto bagno di sangue.


Certa è in ogni caso l’intercambiabilità degli aggressori. Il risultato è lo stesso che ad aggredire sia un Bush, bianco massone cattivo e repubblicano, o un Obama, negro massone buono e democratico. Un tizio nobelizzato per la Pace ancor prima di avere detto bah, e per questo legittimato a fare ciò che vuole. Nonché zombizzato dall’odiosa Hillary, quella dei quintali di Viagra – qualcuno lo ricorderà – distribuiti da Gheddafi per incitare i soldati a stuprare le donne dei nemici.
Il risultato è lo stesso vi sia il socialista Blair o il conservatore Cameron, il destrorso Sarkozy o il sinistrorso Hollande, i militari massoni di Istanbul o l’islamico Erdogan. Complici e pagatori pronta cassa, gli sceicchi delle petromonarchie. E a tirare le fila, Israele e l’ebraismo internazionale. Di quest’ultimo mi limito a citare il trio intellettuale rappresentato dagli ex sessantottini miliardari Bernard-Henri Lévy, Alain Finkielkraut e André Glucksmann. Coadiuvati fattivamente dall’ex ministro degli Esteri sarkozyco Bernard Kouchner, già fondatore di Medici senza frontiere, uno dei massimi istigatori al massacro di Serbia, e dal ministro degli esteri hollandico Laurent Fabius. Cinque ebrei. Come ebrei ed ebrei onorari furono e sono lo stesso Sarkozy e lo stesso Hollande. Di Fabius, poiché tutto si tiene, rammento che fu il cervello, l’ideatore eponimo della legge Fabius-Gayssot, approvata nel 1990 per tacitare ogni storico nonconforme alla vulgata sterminazionista, all’Immaginario Olocaustico. Defilatosi in seguito Fabius, tutto il merito della repressione del pensiero, tutto il merito dell’infamia, resta al comunista Gayssot, l’ennesimo utile idiota goyish.
 
Dott.Valli ci parli delle libere elezioni che si sono svolte in Siria nel maggio 2012, sulle quali è calato il silenzio mediatico teso ad avallare l’immagine di una Siria dominata da una feroce dittatura e ci parli della Costituzione siriana.


A differenza della Libia, Paese di sei milioni di abitanti divisi in centocinquanta tribù in eterna discordia tra loro, unificati solo dal carisma di Gheddafi – e tuttavia semplicemente eroico nella resistenza solitaria, per sette mesi, contro nemici perfidi e ultrapotenti – la Siria è un vero Stato. Uno Stato laico nel quale convivono una quindicina di confessioni religiose e una ventina di etnie. La scuola è gratuita. La sanità è anch’essa a carico dello Stato. Se il presidente è di religione musulmana-alauita, i vicepresidenti sono di confessione sunnita. E non solo, uno dei tre vicepresidenti è stata una donna, l’unica donna a rivestire una carica di tale importanza nel Vicino Oriente. In Arabia alle donne è persino vietato guidare la macchina. Inoltre la Siria, per quanto secondo la Costituzione il Presidente non possa essere che musulmano, è l’unico paese arabo dove l’islamismo non è religione di Stato e il credo dei cittadini non è riportato sulle carte d’identità.


Impressionanti, a confronto del deserto stepposo della Giordania, sono i cento chilometri che separano Damasco da Daraa visti dall’aereo, verdeggianti, bonificati, irrigati dalle riforme volute da Hafez al-Assad, «il padre della Siria». Un personaggio di umili origini divenuto generale d’aviazione, un modernizzatore che, appoggiato dagli intellettuali e dai tecnici del partito nazionalista e socialista Baath, «Rinascita», ha spazzato via le tracce del peggiore feudalesimo.


Che un paese assediato abbia usato ed usi un pugno saldo, ed ora un pugno finalmente di ferro, per mantenere la convivenza civile e fronteggiare una spietata aggressione esterna, non fa meraviglia. In ogni caso la Siria di Bashar al-Assad era un paese che stava vivendo una fase di dinamismo politico caratterizzato dal progetto di una nuova Costituzione – stilata da un comitato di giuristi, parlamentari e membri della società civile – e da un multipartitismo sempre più vivace.


E, soprattutto, caratterizzato da quelle libere elezioni del 7 maggio 2012 sulle quali è subito calato il silenzio, il silenzio totale da parte dei massmedia occidentali... arma la più efficace perché una qualunque cosa, come che la si voglia giudicare, neppure più esiste se non se ne parla. Non vale neppure accusare il governo di brogli. Non se parla. In ogni caso le democrazie occidentali, le nostre truffaldine democrazie del nostro beato Occidente, sono proprio le ultime a poter impartire lezioni di correttezza. Inoltre, le elezioni hanno dato una netta maggioranza ai partiti governativi. Alla tornata elettorale ha partecipato il 51,26 % degli aventi diritto, una cifra miracolosa, se pensiamo che in molte zone l’accesso ai seggi è stato impedito dai terroristi, che hanno anche assassinato numerosi candidati. Una tornata che ha visto 7.195 candidati, di cui 710 donne, contendersi i 250 seggi dell’Assemblea Nazionale che avrebbe approvato una nuova Costituzione. Prima delle elezioni il governo era retto da una maggioranza di nove partiti, tra cui il Baath. Oltre a candidati indipendenti, hanno concorso altri nove partiti, facenti parte di un’opposizione più o meno determinata ma non terroristica. Con Paolo Sensini, della genuinità della contesa elettorale sono stato testimone io stesso a Damasco.
Chiudo con qualche cifra. Su ventiquattro milioni di siriani, i nemici radicali del regime sono quattro milioni, pressoché tutti sunniti ed appartenenti alla parte più bassa della popolazione. Trogloditi, mi passi il termine, nemici delle scuole pubbliche, tenuti nel più ignorante fanatismo islamico dai loro capi religiosi, residenti nelle zone di Homs, Hama, Idlib e Daraa. All’epoca del mio viaggio in Siria le vittime, civili come militari, dell’aggressione terroristica imperversante da tredici mesi si aggiravano sulle 4000. A fine giugno erano balzate a 13.000. Terrificante la successiva scalata. A tutt’oggi, febbraio 2013, dopo soli altri otto mesi, possiamo contare, dalla parte del governo e del popolo siriano, assassinati 40.000 civili e caduti 30.000 militari – militari di leva, il «ragazzo della porta accanto», non «milizie di regime» – e 30.000 paramilitari di autodifesa. Di contro, 40.000 sarebbero i terroristi indigeni ed altri 40.000 quelli stranieri terminati dall’esercito.
 
Durante il suo recente viaggio in terra siriana ha potuto certamente raccogliere testimonianze e vedere con i proprio occhi la realtà locale, quella quotidiana fatta di uomini e donne del popolo, ce ne può parlare?


Come ho detto, ho avuto la fortuna di passare in Siria la prima settimana di maggio 2012. Ho interrogato il generale medico, cristiano figlio di contadini, direttore del maggiore ospedale di Damasco. Quotidianamente vi morivano una decina di militari, oggi infiniti di più. La nostra delegazione ha intervistato decine di soldati feriti e mutilati. Ho intervistato il presidente del parlamento. Il ministro dell’Informazione. Il governatore di Daraa, la prima città ad essere infiltrata dai terroristi. Il patriarca greco-cattolico melchita Gregorio III ci ha parlato a nome di tutte le confessioni cristiane, sostenendo il governo. Il massimo studioso vivente dell’Islam, il dottor Mohammad Albouti, lucidissimo novantenne nella moschea sunnita degli Omayyadi, nella funzione del venerdì ci ha detto testualmente: «I cittadini siriani hanno un livello di conoscenza che impedisce loro di cadere nella trappola. È proprio questa conoscenza la nostra difesa contro questa aggressione». Dopo avere citato il proverbio «È un tuo fratello anche se non è stato generato da tua madre», si è rivolto a noi: «Credo nella vostra fratellanza più che in quella dei nostri cugini arabi che falsificano la verità». Per un più dettagliato resoconto rimando al numero 73 de l’Uomo libero.


Mi consenta di citare la testimonianza di Agnès-Mariam de la Croix, suora carmelitana libanese, attiva in Siria da vent’anni, resa nell’ormai lontano 25 luglio 2012 in un convegno a Roma: «Per quanto riguarda il massacro di Homs attribuito all’Esercito governativo, ho constatato con i miei occhi un centinaio di cadaveri all’obitorio. Erano civili sgozzati dai ribelli per distruggere la vita sociale della Siria. Ho contattato e incontrato i loro familiari, che in parte conoscevo, erano cristiani e musulmani baathisti. Ho capito che il fine dei rivoltosi è la distruzione della Siria così come è stata sino ad ora. Per far ciò bisogna prima distruggere la vita sociale, ad esempio si impedisce al medico di curare gli ammalati e se non obbedisce lo si sgozza, al panettiere di sfornare il pane e così via, e poi si giunge alla distruzione della Siria. Tutto è finalizzato a far collassare la Società civile siriana. I cento morti di Homs erano cittadini che hanno osato non obbedire ai ribelli e sono stati sgozzati. Oggi la medesima tattica, impiegata ieri ad Homs, è stata perfezionata in peggio. A Damasco seimila mercenari stranieri hanno invaso la zona residenziale della capitale per seminare il terrore tra i civili; ad Aleppo dodicimila mercenari stranieri e qualche centinaio di siriani stanno seminando il panico nella “capitale economica” della Siria. Ma a Damasco i cittadini in 48 ore hanno evacuato la città ed hanno permesso all’Esercito di reprimere i rivoltosi. Questa è legittima difesa, non “crimine di guerra” come dice la stampa occidentale. Ad Aleppo non vi sono mai state dimostrazioni pacifiche o violente, come invece vi erano state a Damasco per dare l’impressione e la parvenza di una “rivoluzione spontanea primaverile” che chiedesse la libertà. Come mai adesso dodicimila miliziani, che son sbucati fuori dal nulla, marciano verso Aleppo e sono entrati nella città? Chi sono? Chi li manda? [...] Sono turchi, libici, afghani, pachistani, sudanesi, e vogliono portare solo caos e distruzione, non vogliono la libertà dei siriani come dicono i ‘media’. Da Homs a Damasco si contano 13.000 cristiani uccisi dai mercenari islamisti radicali. Cosa avverrà ad Aleppo? I vescovi siriani si sono riuniti oggi per smascherare il complotto che si cela dietro le apparenze di democrazia e libertà e fare in modo che tutti sappiano chi si nasconde dietro la rivolta, ma la stampa occidentale non vuol ascoltare».
 
Alla luce dei recenti fatti che si stanno succedendo nel Vicino Oriente, chi sono oggi i veri “nemici dei Popoli”?


Per rispondere compiutamente alla Sua domanda occorre alzare lo sguardo dalle motivazioni economiche e geopolitiche. Andare al fondo delle cose. Dal punto di vista ideologico le finalità – basate sull’eterno delirio dell’Unico Mondo guidato dagli Unici Eletti – sono quelle vantate, in otto sole parole, da un personaggio buffo ma pericoloso, l’amministratore delegato FIAT Sergio Marchionne. Quello dei maglioncini e della barba incolta. Della delocalizzazione e della miseria nazionale. Dei contributi statali a fondo perduto e degli Elkann. Cito tra virgolette tanta saggezza: «Bisogna superare l’attaccamento emozionale al proprio paese». La stessa concezione anima mister Mario Monti, nel novembre 2011 unto senatore a vita dal quirinalizio comunista e da lui messo a capo del governo. Sei mesi prima, il 28 maggio, alla Bocconi, l’esimio Salvatore delle Banche si era augurato che si estinguesse «il senso di appartenenza dei cittadini ad una collettività nazionale». Si veda su Google il video di tre minuti titolato «Monti le parole di un pazzo».


Ma la disgrazia, per Marchionne, per Monti, per tutti i mondialisti del «volemose bene» intergalattico, è che ci sono popoli, come i siriani, che al loro paese – alla loro gente, alla loro nazione, ai loro padri, ai loro figli, a se stessi – non vogliono rinunciare. Lo si intenda una volta per tutte! Non siamo all’interno di una disputa scolastica, ma di una guerra di civiltà! È una guerra politica, una guerra intellettuale, una guerra morale, una guerra spirituale, è una guerra totale quella che ci coinvolge. La posta in gioco, nel suo senso più profondo, non è il Potere, ma la Memoria e l’esistenza dei popoli, la sopravvivenza dell’Anima stessa dell’uomo.


Come ho detto a Milano il 14 luglio in una manifestazione pro-Siria, non sono mai stato politicamente corretto, non ho paura delle parole. Non è il tempo dei compromessi. È il tempo delle affermazioni assolute e delle negazioni radicali. Non è tempo di neutralità. Non è il tempo degli utili idioti che strillavano «né con Saddam né con Bush, né con Milosevic né con la NATO». Il privilegio dell’ignoranza e il vanto dell’idiozia li lascio a chi sventolò gli stracci arcobaleno con iscritto «pace». A coloro che usano ancora termini ammuffiti come colonialismo e imperialismo. Il nemico dell’uomo, il nemico dei popoli liberi non è oggi l’imperialismo. È il Nuovo Ordine Mondiale. È il mondialismo, l’universalismo. È il cosmopolitismo, la cittadinanza planetaria. Il termine imperialismo proietta le menti in un’atmosfera fuorviante, in un quadro emotivo e relazionale ottocentesco, epoca nella quale ancora vivevano e si mobilitavano le nazioni. Combattendosi l’un l’altra per i propri valori, i propri sogni, i propri deliri, i propri interessi. Legittimi o illegittimi, a noi graditi o meno che fossero. Il quadro è radicalmente mutato. Oggi stanno per scomparire tutte le nazioni, stanno per decomporsi tutti i popoli, per divenire sezioni di un osceno ammasso planetario dominato neanche più da una singola nazione, ma da una mostruosa entità finanziaria. Da una entità globale che ha inventato a suo uso e consumo, ed imposto a tutti i popoli, la farsa dei Diritti Umani. Una entità apolide che se ne serve a scopo del più bieco sfruttamento. Il re oggi è nudo, nudissimo.


L’umanitarismo, il capitalismo finanziario del quale gli Stati Uniti sono l’espressione più compiuta, è il male assoluto, un disastro come il mondo non ha mai conosciuto. Perché comporta l’annientamento di ogni cosa.


Se in passato qualche sistema politico ha distrutto gli individui, fin dalla sua infanzia il Sistema ha decomposto tutte le culture, attaccato i valori che fanno la specificità delle civiltà, privato l’uomo delle sue appartenenze naturali, ridotto le nazioni a folklore. Quando pure, nella sua giovinezza e maturità, non ha distrutto, fisicamente, interi popoli. Dei suoi complici sono parte gruppi come Amnesty International, Human Rights Watch, gli altermondialisti, i neoglobal... altro che no global ! Dei suoi complici è parte il Tribunale Internazionale dell’Aja, responsabile dell’assassinio in carcere di Slobodan Milosevic e del massacro di Libia. Tribunale mobilitato oggi contro il popolo siriano, avallando con la sua «autorità» l’operato dei tagliagole e ponendo le premesse per un’ennesima guerra. Gli «aiuti umanitari» mascherano i più torbidi interessi, quando non dirette forniture di armi. Già disse Proudhon: «Chi dice umanità cerca di ingannarti».


Se non si capisce che l’universalismo è la tara di fondo, che non è mai esistito né mai esisterà un «cosmopolita», cioè un «cittadino del mondo», che la «vera democrazia» esiste solo nella mente di Giove, che la democrazia è solo questa bieca democrazia reale, non si è capito nulla. La differenza non è più tra destra e sinistra, tra rossi e neri, e così via. La differenza è fra mondialisti e difensori del diritto dei popoli ad essere se stessi. Per distruggere le appartenenze al mondo reale – fatto di razze, stirpi, nazioni, popoli e Stati – tre sono le strategie dei Nemici degli uomini liberi.


(A) La prima è la distruzione armata degli Stati che non s’inchinano ai loro voleri: nel Vicino Oriente, in Africa, in America Latina. Ma anche in paesi europei come la Serbia. Le cito al proposito, non si potrebbe essere più chiari, il detto Glucksmann, quello dal caschetto argenteo a paggetto, sul Corrierone del 15 dicembre: «Il nuovo ordine mondiale ora passa anche per Damasco».


(B) La seconda sono le rivoluzioni colorate – arancioni, viola, gialle, rosa, verdi, dei tulipani e chi più ne ha più ne metta – contro l’Iran e i paesi ex comunisti: Serbia, Macedonia, Moldavia, Ucraina, Bielorussia, Russia (vedi le tre efebiche pussy riot, traduzione più cruda: “la rivolta della figa”), Georgia, Kirghizistan. «Rivoluzioni» studiate a tavolino da gruppi come la Fondazione Società Aperta del supermiliardario, guarda caso sempre ebreo, George Soros. L’affondatore della lira nel 1992. Il superspeculatore inventore dell’acronimo PIIGS nel 2010 coi confratelli Steven Cohen e John Paulson. Il compare di Prodi, da Prodi fatto premiare a Bologna con una laurea honoris causa.


(C) La terza è la strategia contro l’Europa. In quattro fasi: rieducazione dei suoi popoli mediante il lavaggio del cervello con le cosiddette «colpe» della guerra mondiale, in particolare la Fantasmatica Olocaustica; invasione migratoria; distruzione dello Stato sociale; riduzione in miseria dei suoi popoli. In particolare, dell’ultima fase sono artefici, attraverso colpi di Stato chiamati governi tecnici, i portaborse dell’Alta Finanza. Sempre quelli della «cittadinanza planetaria», dei predicatori della pace perpetua. Della pace eterna. Di tali golpe, due soli esempi. In Italia mister Monti, in Grecia un altro maggiordomo Goldman Sachs. E su tutto, l’occhio insonne del ciambellano Mario Draghi, già Goldman Sachs. Colpi di Stato coordinati dalle massime cariche istituzionali e avallati dalla quasi totalità dei politici, camerieri dei banchieri, complici consapevoli o semplici idioti.


Intervistato l’11 ottobre dalla TV siriana, l’ex generale libanese, cristiano, Michel Aoun, capo del Blocco per il Cambiamento e le Riforme, ha pronosticato che la Siria non cadrà. I paesi che cospirano non riusciranno a sottometterla: «La fermezza della Siria contro il complotto è molto forte, perché la crisi non ha potuto colpire il settore amministrativo, né quello giudiziario, né quello militare, nonostante tutte le enormi perdite umane ed economiche». RingraziandoLa per l’opportunità offertami, riassumo il senso della questione siriana in due frasi. 1° L’unica possibilità di salvezza per la Siria sta nel suo esercito, nei giovani militari in difesa del loro popolo; l’unica possibilità di non essere inghiottiti dalla cloaca dell’Occidente è Bashar al-Assad. 2° La Siria di Bashar al-Assad, la Siria del popolo siriano, è un esempio unico di fierezza e dignità, un rimprovero perenne per i popoli vili, un baluardo della residua libertà.
 
europeanphoenix.com
 
NOTE
Gianantonio Valli, nato a Milano nel 1949 da famiglia valtellinese e medico-chirurgo, ha ● pubblicato saggi su l’Uomo libero e Orion; ● curato la Bibliografia della Repubblica Sociale Italiana (19891), i saggi di Silvano Lorenzoni L’abbraccio mortale - Monoteismo ed Europa e La figura mostruosa di Cristo e la convergenza dei monoteismi, i libri di Joachim Nolywaika La Wehrmacht - Nel cuore della storia 1935-1945 (Ritter, 2003), Agostino Marsoner Gesù tra mito e storia - Decostruzione del dio incarnato (Effepi, 2009), Wilhelm Marr, La vittoria del giudaismo sul germanesimo (Effepi, 2011) e Johannes Öhquist, Il Nazionalsocialismo - Origini, lotta, Weltanschauung (Thule Italia, 2012); ● redatto la cartografia e curato l’edizione di L’Occidente contro l’Europa (Edizioni dell’Uomo libero, 19841, 19852) e Prima d’Israele (EUl, 19962) di Piero Sella, Gorizia 1940-1947 (EUl, 1990) e La linea dell’Isonzo - Diario postumo di un soldato della RSI. Battaglione bersaglieri volontari “Benito Mussolini” (Effepi, 2009) di Teodoro Francesconi; ● tradotto, del nazionalsocialista Gottfried Griesmayr, Il nostro credo - Professione di fede di un giovane tedesco (Effepi, 2011). È autore di: ● Lo specchio infranto - Mito, storia, psicologia della visione del mondo ellenica (EUl, 1989), studio sul percorso e il significato metastorico di quella Weltanschauung; ● Sentimento del fascismo - Ambiguità esistenzialesare Pavese (Società Editrice Barbarossa, 1991), nel quale sulla base del taccuino «ritrovato» evidenzia l’adesione dello scrittore alla visione del mondo fascista; ● Dietro il Sogno Americano - Il ruolo dell’ebraismo nella cinematografia statunitense (SEB, 1991), punto di partenza per un’opera di seimila pagine di formato normale: ● I complici di Dio - Genesi del Mondialismo, edito da Effepi in DVD con volumetto nel gennaio 2009 e, corretto, in quattro volumi per 3030 pagine A4 su due colonne nel giugno 2009; ● Colori e immagini del nazionalsocialismo: i Congressi Nazionali del Partito (SEB, 1996 e 1998), due volumi fotografici sui primi sette Reichsparteitage; ● Holocaustica religio - Fondamenti di un paradigma (Effepi, 2007, reimpostato nelle 704 pagine di Holocaustica religio - Psicosi ebraica, progetto mondialista, Effepi, 2009); ● Il prezzo della disfatta - Massacri e saccheggi nell’Europa “liberata” (Effepi, 2008); ● Schindler’s List: l’immaginazione al potere - Il cinema come strumento di rieducazione (Effepi, 2009); ● Operazione Barbarossa - 22 giugno 1941: una guerra preventiva per la salvezza dell’Europa (Effepi, 2009); ● Difesa della Rivoluzione - La repressione politica nel Ventennio fascista (Effepi, 20091, 20122); ● Il compimento del Regno - La distruzione dell’uomo attraverso la televisione (Effepi, 2009); ● La razza nel nazionalsocialismo - Teoria antropologica, prassi giuridica (in La legislazione razziale del Terzo Reich, Effepi, 2006 e, autonomo, Effepi, 2010); ● Dietro la bandiera rossa - Il comunismo, creatura ebraica (Effepi, 2010, pp. 1280); ● Note sui campi di sterminio - Immagini e statistiche (Effepi, 2010); ● L’ambigua evidenza - L’identità ebraica tra razza e nazione (Effepi, 2010, pp. 736); ● La fine dell’Europa - Il ruolo dell’ebraismo (Effepi, 2010, pp. 1360); ● La rivolta della ragione - Il revisionismo storico, strumento di verità (Effepi, 2010, pp. 680); ● Trafficanti di sogni - Hollywood, creatura ebraica (Effepi, 2011, pp. 1360); ● Invasione - Giudaismo e immigrazione (Effepi, 2011, pp. 336); ● Il volto nascosto della schiavitù - Il ruolo dell’ebraismo (Effepi, 2012); ● L’occhio insonne - Strategie ebraiche di dominio (Effepi, 2012, pp. 604);.Quale complemento di L’occhio insonne ha in preparazione ZOG - Governi di occupazione ebraica, cui seguirà Giudeobolscevismo - Il massacro del popolo russo, aggiornamento e rielaborazione della prima parte di Dietro la bandiera rossa.
Riconoscendosi nel solco del realismo pagano (visione del mondo elleno-romana, machiavellico-vichiana, nietzscheana ed infine compiutamente fascista) è in radicale opposizione ad ogni allucinazione ideo-politica demoliberale e socialcomunista e ad ogni allucinazione filosofico-religiosa giudaica/giudaicodiscesa. Gli sono grati spunti critico-operativi di ascendenza volterriana. Non ha mai fatto parte di gruppi o movimenti politici e continua a ritenere preclusa ai nemici del Sistema la via della politica comunemente intesa. Al contrario, considera l’assoluta urgenza di prese di posizione puntuali, impatteggiabili, sul piano dell’analisi storica e intellettuale.


09 Marzo 2013 12:00:00 - http://www.rinascita.eu/index.php?action=news&id=19556

dimanche, 03 mars 2013

Entretien avec Laurent Obertone

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Laurent Obertone :

« Tous les pays hétérogènes ont une criminalité très forte »

Tout d’abord, avez-vous subit des pressions, avant ou après la publication de votre livre ? 
Essentiellement après. Mais elles sont sans importance : les réactions des lecteurs, en particulier des victimes, des policiers et des premiers témoins de l’insécurité, sont très favorables. Mon but est de dire la vérité, pas de ménager ceux qui ont intérêt à la dissimuler. Le terrorisme intellectuel ne gagnera pas. 
 
Comment appréhendez-vous le fait que, dans une vidéo officielle récente, Marine Le Pen fasse l’éloge de votre livre ? 
Ce qui m’importe est qu’on parle de mon livre. Je me demande plutôt pourquoi la plupart des médias et des politiciens refusent d’en parler. L’insécurité n’a pourtant rien de politique… Assurer la sécurité des honnêtes gens est un des devoirs essentiels de la société. Non seulement ce devoir n’est plus assuré, mais il devient périlleux de le faire remarquer. 
 
Avez-vous envisagé la récupération politique et comment comptez-vous la gérer ? 
J’espère que le sujet sera « récupéré » par tous ceux que la réalité criminelle intéresse. Pour l’instant, beaucoup de citoyens… très peu de médias et de politiciens. 
 
À présent, parlons du contenu de votre livre. Vous vous référez fréquemment à des anthropologues pour appuyer vos propos. Votre grille de lecture de l’insécurité diffère nettement de l’idéologie officielle dont vous refusez le misérabilisme. Pourriez-vous résumer votre analyse sociologique de ce phénomène ? 
Pour synthétiser, la violence est normale, c’est une règle évolutive, et nous sommes le produit d’une longue lutte pour la survie des plus adaptés. L’ultraviolence qui secoue notre société est le choc entre une société moraliste (la nôtre), qui a renoncé à sa violence normale, et la tribalisation de groupes – souvent issus de l’immigration – dont la violence (encouragée) envers les autres groupes est un moteur identitaire. 
 
Quels sociologues, anthropologues, ethnologues sont, selon vous, les plus aptes à nous faire analyser la situation actuelle ? 
Paradoxalement, ce sont des éthologues qui expliquent le mieux la situation. Nous ne devons pas oublier que des règles biologiques nous animent. En France, les « experts » médiatisés ont souvent un siècle de retard : pour eux le social détermine tout. Ils s’interdisent même de considérer l’éventualité de différences culturelles entre groupes d’individus, par peur d’être lynchés médiatiquement. La plupart des sociologues médiatiques sont là pour psychanalyser la violence et lui inventer des causes dénuées de toute réalité, comme je le montre dans mon livre. 
 
Comment expliquez-vous la lâcheté et l’inaction des journalistes et des pouvoirs en place ? 
Dans notre pays s’est développée une sorte de compétition morale, qui consiste à aller toujours plus loin dans l’excuse du criminel et l’oubli des victimes, et donc dans l’encouragement de la barbarie et dans la négation de la réalité. Cette morale hors-sol, devenue incontournable (il faut suivre le groupe pour ne pas en être exclu), offre un bon statut (du pouvoir), à peu de frais, car il est facile d’en assimiler les contours : il suffit de tenir un discours égalitaire et progressiste. Qu’on soit artiste, journaliste, universitaire, souvent magistrat, cette morale est quasi-indispensable pour réussir une carrière. Tant que cette morale si facile à adopter sera concrètement bénéfique, il n’y a pas de raison pour que ces gens y renoncent. Problème : cette morale hors-sol ne peut survivre qu’à condition de nier la réalité de plus en plus violemment. 
 
Qu’est-ce qui fait que la presse locale relate plus les nuisances des criminels et des délinquants que la presse nationale ? 
La presse locale a une obligation de vérité. Si elle ne relate pas les faits que les gens constatent, ils cesseront de la lire. La presse nationale en revanche peut se permettre de ne plus vivre de ses lecteurs, tant elle est subventionnée (et déficitaire), par quantité de manières, pour occuper l’espace informatif, donner l’illusion que la presse plurielle existe encore et que notre démocratie se porte bien. Ces journalistes sont des fonctionnaires. Ils peuvent donc continuer à nier la réalité, c’est même leur rôle essentiel. 
 
Pensez-vous, comme Xavier Bébin, que la construction de nouvelles prisons serait salutaire d’un point de vue judiciaire et économique, les condamnations permettant de juguler le coup de la délinquance ? 
Cela permettrait d’avoir un effet immédiat, en se donnant simplement les moyens d’appliquer la loi. Mais il faut également s’interroger sur la pertinence de vouloir à tout prix, plus tôt que plus tard, une société ethniquement hétérogène, ce que la France et les pays européens n’ont jamais été. Je montre dans mon livre que tous les pays hétérogènes ont une criminalité très forte (entre autres désagréments), contrairement aux pays homogènes. 
 
Quelles solutions préconisez-vous ? 
Mon analyse n’étant pas politique, je m’en tiens à mes constats. Pas assez de prisons, échec du laxisme, faillite morale, État incapable d’assurer la sécurité de nos concitoyens, dégâts de l’hétérogénéité… Résoudre ces problèmes est une autre étape, qui ne peut pas être abordée sans prise de conscience populaire. Mon livre est là pour ça. 
 
Pour finir, quelle est votre position sur la peine de mort. Aurait-elle selon vous un effet dissuasif en entraînant une baisse de la criminalité ? 
L’objectif premier de la justice n’est pas tant la dissuasion que le fait de faire payer au condamné le prix de son crime. Aujourd’hui, un prisonnier joue toute la journée à la Playstation, coûte très cher à la société… et est relâché souvent rapidement, même pour des crimes très graves. Plus les peines sont courtes, plus le taux de récidive réelle est élevé… La peine de mort existe bel et bien : notre société, parce qu’elle refuse de condamner des coupables, condamne des innocents à croiser leur route. 

Laurent Obertone est journaliste diplômé de l’École de Lille. Après avoir travaillé pour un hebdomadaire français, il s’est consacré à l’écriture d’un livre sur l’explosion de la violence et l’ensauvagement de la société : « La France orange mécanique » (Éditions RING, 2013)

Source

vendredi, 01 mars 2013

Catherine Rouvier : « Pour obtenir un résultat politique, il faut une action politique. »

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Catherine Rouvier :

« Pour obtenir un résultat politique, il faut une action politique. »

Ex: http://www.lerougeetlenoir.org/

 

Catherine Rouvier est docteur d’Etat en Droit public et en Sciences politiques de l’Université Paris II (Panthéon-Assas), ancienne élève de Sciences Po Paris et professeur à l’université de Paris XI (Orsay). Sa thèse d’histoire des idées politiques sur Gustave Le Bon, parue initialement en 1986 aux PUF avec une préface d’Edgar Faure et qui a reçu le prix Fabien de morale et de sociologie de l’Académie française, a permis de redécouvrir cet auteur qui fut le père de la psychologie collective et dont l’ouvrage Psychologie des foules, paru en 1895, connut un grand succès. Son ouvrage a été augmenté, enrichi et réédité en 2012 (avec une préface de Paul-Marie Coûteaux).

Bago : Bonjour Madame, qu’a pensé la spécialiste de la psychologie des foules que vous êtes des manifestations contre le « mariage pour tous » ?

Catherine Rouvier : Le déroulement de la manifestation ; la nature même des mots d’ordre et des chants ; la couleur rose apaisante et inoffensive des panneaux, des tee-shirts, des écharpes ; la scission des cortèges, venus de trois endroits différents, ce qui diluait l’effet de masse ; le caractère très lent de la marche, souvent stoppée par de longues minutes passées dans le froid, ce qui minimisait l’échauffement des corps mais aussi des esprits ; tout était fait pour que ne se produise pas de phénomène de foule, c’est-à-dire la fusion des individualités en un « moi collectif » animé d’une pensée commune, et parcouru de sentiments contagieux comme la colère ou l’enthousiasme. Or, seule la puissance invincible d’une véritable "foule" au sens psychosociologique du terme peut faire peur à un gouvernement jusqu’à le faire plier, comme ce fut le cas en 1984.

Nous sommes gentils !

Bago  : Que faudrait-il, le 24 mars, pour que les gentils manifestants se changent en foule ?

Catherine Rouvier : En priorité, il faut deux choses : des mots d’ordres et un chef.

Bago  : Les mots d’ordres ne convenaient-ils pas ? [1]

Catherine Rouvier : Le message, pour générer l’action, doit être simple, clair, univoque. On ne peut pas faire dire à une foule qu’on souhaite mobiliser vraiment deux choses à la fois, surtout si elles sont presque exclusives l’une de l’autre. Sinon le message est brouillé, donc inefficace. Ainsi, en l’espèce, on ne pouvait pas, d’un côté, refuser d’appeler « mariage » la légalisation de la vie commune de deux hommes ou de deux femmes et refuser que cette union ait les mêmes conséquences que celle d’un homme et d’une femme ; et, d’un autre coté, reprendre à son compte le terme même qui justifie ces revendications : la lutte contre l’homophobie. Donc mettre sur les tracts appelant à manifester, sous le mot d’ordre principal, « manif’ pour tous » (qui était déjà un clin d’œil amical à l’appellation fallacieuse de « mariage pour tous » des adversaires - ce qui n’est pas très bon), un second mot d’ordre : « lutter contre l’homophobie », lequel brouillait le message.

Bago  : Qu’en est-il du chef ?

Catherine Rouvier : Virginie Telenne, alias Frigide Barjot, s’est attirée à juste titre la sympathie et la reconnaissance des catholiques en soutenant le pape Benoît XVI dans les médias à une époque où ceux-ci ne faisaient que relayer les critiques de toutes sortes et les attaques les plus violentes contre le « pape allemand ». Mais elle l’a fait en utilisant le personnage de parodiste, forgé pour elle par son mari Basile de Koch alias Bruno Telenne (qui, lui, reste dans la dérision dans sa manifestation « le mariage pour personne » en marge de la manifestation officielle). Or, ce surnom a une connotation positive, puisqu’il évoque Brigitte Bardot, gloire nationale, très belle actrice, femme attachante, passionnée de la cause animale. Mais dans le même temps, il a la connotation péjorative à cause de deux adjectifs peu valorisants : « frigide » et « barjot ». Or le sujet est grave et comme le notait déjà La Bruyère : « Le caractère des Français demande du sérieux dans le souverain ». Un chef doit être « auréolé de prestige » , ce que la dérision exclut de facto. Il n’est pas là pour plaire, et il ne doit pas craindre d’être accusé de ne pas être « gentil ».

Un débardeur grave et solennel ?

Bago  : Pensez-vous à quelqu’un en particulier ?

Catherine Rouvier : Le chef peut être ressenti comme prestigieux à cause d’un titre, d’une fonction, ou d’un exploit passé qui l’a fait connaître et admirer. Mais aussi parce qu’il se sera déjà exprimé fermement sur le sujet. Par exemple, le Rabbin Berheim, ou un évêque, comme ceux de Toulon, de Bayonne, ou de Vannes. Cela pourrait aussi être Marine Le Pen. Elle a refusé de se prêter au « jeu » des précédentes manifestations, comprenant l’intérêt d’être dans le registre sérieux qui la caractérise, mais s’est exprimée fermement, aussi bien contre la récente exhibition des Femen à Notre Dame que contre le « mariage homo », déclarant clairement qu’elle abrogerait le texte sitôt arrivée au pouvoir. Dans les rangs du l’UMP, on nuance, on finasse. Jean-François Copé a manifesté, mais interviewé par les journalistes pendant la manifestation, il a dit que ce qui le gênait surtout, c’était la GPA et la PMA, plus que le texte lui-même : message non clair, là encore. Monsieur Guaino a fait un beau témoignage, émouvant, sur sa propre difficulté à avoir vécu une enfance sans père. Mais il a atténué considérablement l’effet produit en protestant lui aussi longuement contre l’« homophobie » comme s’il était accusé et non accusant. François Fillon a été le plus clair, parlant lui aussi d’abrogation, mais brièvement, dans une intervention liminaire au vote à l’Assemblée, non médiatisée. Quand aux centristes, entre ceux qui « se sont trompés de bouton » et « ceux qui étaient sortis au moment du vote » (zut, pas de chance, c’est déjà voté !), on ne les voit pas en leaders sur ce sujet !

Bago  : Quelles sont les autres conditions du succès ?

Catherine Rouvier : Changer de style. Le souci de satisfaire une mode « festive » et son métier, le spectacle, ont conduit Frigide à organiser une sorte de parodie de gay pride avec chars, chants, musique disco et techno, « tubes » de l’été… La scène dressée sur le Champ-de-Mars évoquait un theâtre, une émission de télé-divertissement, pas un meeting politique. Seul le jeune Xavier Bongibault a eu un mot politique. Il a comparé Hollande à Hitler parce qu’il veut « enfermer les homos dans une définition dictée par leurs choix sexuels ». Mais pour cette remarque, à l’efficacité médiatique immédiate, il s’est fait tancer par Frigide, et s’est tout de suite excusé. Ce choix du festif et du non-politique n’est pas mobilisateur, car il maintient les manifestants dans le bien-être des retrouvailles de ceux-qui-pensent-comme-eux, et les bercent de la certitude fallacieuse d’une opinion largement répandue. Se réunir devient alors le but de la réunion. Par ailleurs, à cette foule qui attendait des mots d’ordre parce qu’elle avait reçu un choc - celui d’un projet de loi ouvrant le mariage à deux hommes entre eux ou à deux femmes entre elles - la réponse apportée par Frigide Barjot a été de dire que c’était pas vrai, qu’à un enfant il faut un papa et une maman, que les enfants naissent d’un homme et d’une femme. Et la foule a récité ou chanté cela un peu comme une litanie ou une comptine apaisante et auto-convaincante. Mais on ne lui a pas demandé (et on le lui a même interdit - les mots d’ordre et chants étant limités et imposés) de dire que ce n’est pas bien. Pour obtenir un résultat politique, il faut mener la foule vers une action politique.

Bago  : Pensez-vous qu’il serait alors possible de transformer l’essai ?

Catherine Rouvier : Oui, mais à certaines conditions. La foule est « expectante », dit le Bon. Son attente dure-t-elle après cette marche impuissante à modifier le cours des choses ? Là est la vraie question. Le vote mardi dernier [12 février 2013, ndlr] de l’article 1 disposant : « le mariage est ouvert aux personnes de même sexe » a sans doute été un deuxième choc, d’autant plus que l’annonce en a été faite alors que des manifestations avaient lieu en même temps en province devant les préfectures. Alors oui, on peut en effet imaginer qu’une foule immense réunie à nouveau le 24 Mars, sans flons flons, en un immense ruban compact comme en 1984 - et non divisée en trois cortèges, avec des slogans, banderoles et chants non pas imposés par le rose bonbon mais décidés par des chefs d’établissements scolaires, des religieux, des paroissiens, des chefs de syndicats et de partis, qui défileront suivis de leurs adhérents ou ouailles, dans une gravité et une colère véritable contre la dénaturation de notre modèle sociétal. Ceux qui l’imposent pourraient faire changer le cours des choses.

Mais la « réactivation mémorielle » étant une condition de la mobilisation des foules, il faudra que les organisateurs produisent des témoignages, non comme ils l’ont fait jusqu’ici d’enfants heureux d’avoir été adoptés par des parents de sexe opposé (encore une fois là, on n’attaque pas, on oppose une affirmation à une autre) mais des témoignages poignants, révoltants, ceux de ces enfants malheureux parce qu’ignorant leurs origines après PMA et qui ont écrit leur douleur dans des livres, ceux de ces adultes élevés par deux femmes ou deux hommes et qui ont été dans l’incapacité de construire une vie affective et l’ont avoué récemment dans la presse, celui de l’effarant procès de cette femme aux Pays-Bas ayant vendu à trois couples l’enfant qu’elle portait, et des conséquences terribles pour le bébé « ballotté » d’un foyer à l’autre au rythme des décisions de justice. L’empathie est l’autre source du phénomène de foule.

Autre modification nécessaire : il ne faudra pas isoler par un « cordon sanitaire » les manifestants du reste de la rue comme çela a été fait le 13 janvier. Pour que la foule agisse, qu’elle remporte le combat qu’elle livre, il faut que la rue puisse la rejoindre, la suivre, s’y agréger, il faut que la rue réagisse. Pour et contre, pourquoi pas ? La manifestation de Civitas du 18 novembre a été portée à la connaissance du monde entier en moins de 2 heures par les médias à cause de l’attaque des Femen. Il ne s’agit pas de provoquer les incidents, mais il faut laisser les adversaires montrer ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent. La présence de la police doit suffire à éviter les débordements.

Enfin, la présence à cette manifestation du plus grand nombre d’étrangers présents en France, de croyants français non chrétiens - musulmans, voire confucéens - ainsi que des Français d’outre-mer résidant en métropole qui, comme Bruno Nestor Azerot, sont scandalisés par cette loi, est indispensable au succès de ce combat. Comme une majorité écrasante d’entre eux ont voté socialiste et que certains d’entre eux, les étrangers, seront appelés à voter très bientôt par le pouvoir en place, leur présence dans la manifestation interpellera plus sûrement les dirigeants que les gentilles mères de famille versaillaises qui - ils le savent bien - n’ont jamais voté et ne voteront jamais pour eux. Les contrarier, en effet, ne change rien à leurs chances de réélection !

Bago  : Quel résultat peut-on attendre ?

Catherine Rouvier : Dans l’Histoire, les foules ont fait des révolutions, des coups d’Etat, mais aussi des obstructions au bon fonctionnement des institutions. Dans le cas présent, des milliers d’officiers municipaux sont opposés à ce projet. Devront-ils se démettre de leurs fonctions, renoncer à leur mandat parce qu’ils se seront mis en infraction en refusant d’appliquer cette loi et donc de « marier » des hommes entre eux ou des femmes entre elles ? Un joli but politique serait alors atteint pour l’actuelle majorité : démission garantie de tous les maires catholiques de droite, et des élus « réfractaires » de gauche ! Ne vaudrait-il pas mieux prendre les devants, et que les maires disent comme Mirabeau qu’ils sont dans leur mairie « par la volonté du peuple et qu’ils n’en sortiront que par la force des baïonnettes », mais qu’on ne les forcera pas à faire cet acte contraire à leur conscience ? Ce sont les communes, ne l’oublions pas, qui se sont insurgées contre le pouvoir excessif du roi et ont obtenu une « chambre » à elles en Angleterre dès le XIIIe siècle. De même, les associations familiales catholiques devront-elles changer de nom et d’objet social parce que la « famille », après le vote de la loi, devra obligatoirement comprendre les unions d’homosexuels et leurs désirs d’enfants ?

Des milliers de prêtres et de religieuses devront-ils tomber sous le coup de la loi, astreints à des amendes conséquentes pour avoir simplement dit ce que la religion qui est leur vocation et leur vie leur enjoint de dire sur ce sujet ? L’Eglise va-t-elle demain être mise hors-la-loi ? Aujourd’hui, elle n’a plus de chef, mais c’est justement cette situation - qui va attirer sur elle tous les projecteurs d’ici à fin mars - qui rendra d’autant plus visibles et d’autant plus efficaces les prises de positions et les actes posés par les évêques résolument opposés a ce projet.

 

Notes

[1] A ce sujet, nous ne saurions que trop vous conseiller cet article : http://www.lerougeetlenoir.org/les-controverses/que-fera-t-on-de-nos-pieds

dimanche, 17 février 2013

Interview of Dari Dugina

Interview of Dari Dugina :

“We Live In The Era Of The End”

 

Open Revolt is very happy to present a conversation between the Eurasian Youth Union’s Dari Dougina and our own James Porrazzo.

Dari, the daugher of Alexander Dugin, in addition to her work in the Eurasian Youth Union is also the director of the project Alternative Europe for the Global Revolutionary Alliance.

Dari you are a second generation Eurasianist, daughter of our most important thinker and leader Alexander Dugin. Do you care to share with us your thoughts on being a young militant this deep into the Kali Yuga?

We live in the era of the end – that’s the end of culture, philosophy, politics, ideology. That’s the time without real movement; the Fukuyama’s gloomy prophecy of the ”end of history” turns to be a kind of reality. That’s the essence of Modernity, of Kali Yuga. We are living in the momentum of Finis Mundi. The arrival of Antichrist is in the agenda. This deep and exhausting night is the reign of quantity, masked by the tempting concepts such as Rhizome of Gilles Deleuze: the pieces of the modern Subject changes into the ”chair-woman” from the “Tokyo Gore Police” (post-modern Japanese film) – the individual of the modern paradigm turns into the pieces of dividuum. ”God is dead” and his place is occupied by the fragments of individual. But if we make a political analysis we will find out that this new state of the world is the project of liberalism. The extravagant ideas of Foucault seemingly revolutionary in their pathos after more scruple analyze show their conformist and (secretly) liberal bottom, that goes against the traditional hierarchy of values, establishing pervert “new order” where the summit is occupied by the self-adoring individual, atomistic decay. 
That’s hard to fight against the modernity, but sure – it’s unbearable to live in it – to agree with this state of the things – where all the systems are changed and the traditional values became a parody – being purged and mocked in all spheres of controls of modern paradigms. That’s the reign of the cultural hegemony.
 And this state of the world bothers us. We fight against it – for the divine order – for the ideal hierarchy. The cast-system in modern world is completely forgotten and transformed into a parody. But it has a fundamental point. In Plato’s republic – there is very interesting and important thought: casts and vertical hierarchy in politics are nothing but the reflection of the world of ideas and higher good. This model in politics manifests the basic metaphysical principles of the normal (spiritual) world. Destroying the primordial cast system it in the society – we negate the dignity of the divine being and his Order. Resigning from the casts system and traditional order, brilliantly described by Dumezil, we damage the hierarchy of our soul. Our soul is nothing but the system of casts with a wide harmony of justice which unites 3 parts of the soul (the philosophical – the intellect, the guardian – the will, and the merchants – the lust). 
Fighting for the tradition we are fighting for our deep nature as the human creature. Man is not something granted – it s the aim. And we are fighting for the truth of human nature (to be human is to strive to the superhumanity). That can be called a holly war.

What does the Fourth Political Theory mean to you?

That’s the light of the truth, of something rarely authentic in the post-modern times. That’s the right accent on the degrees of existence – the natural chords of the world laws. That’s something which grows up on the ruins of the human experience. There is no success without the first attempts – all of the past ideologies contained in them something what caused their failure.

The Fourth Political Theory – that’s the project of the best sides of divine order that can be manifested in our world – from liberalism we take the idea of the democracy (but not in it’s modern meaning) and  liberty in the Evolian sense; from communism we accept the idea of solidarity, anti-capitalism, anti-individualism and the idea of collectivism; from fascism we take the concept of vertical hierarchy and the will to power – the heroic codex of the Indo-European warrior.

All these past ideologies suffered from grave shortcomings – democracy with the addition of liberalism became  tyranny (the worst state-regime by Plato), communism defended the technocentric world with no traditions and origins, fascism followed the wrong geopolitical orientation, its racism was Western, Modern, liberal and anti-traditional.

The Fourth Political Theory is the global transgression of this defects – the final design of the future (open) history. It’s the only way to defend the truth.

For us – truth is the multipolar world, the blossoming variety of different cultures and traditions.

We are against racism, against the cultural and strategic racism of the USA’s Western modern civilization, which is perfectly described by professor John M. Hobson in ”The Europocentric conception of world politics”. The structural (open or subliminal) racism destroys charming complexity of the human societies – primitive or complex.

Do you find any special challenges as both a young woman and a activist in this age?

This spiritual war against (post)Modern world gives me the force to live.

I know, that I’m fighting against the hegemony of evil for the truth of the eternal Tradition. It is obscured now, not completely lost. Without it nothing could exist.

I think that any gender and age has its forms to access  the Tradition and its ways to challenge  Modernity.

My existential practice is to abdicate most values of the globalist youth. I think we need to be different from this thrash. I don’t believe in anything modern. Modernity is always wrong.

I consider love to be a form of initiation and spiritual realization. And the family should be the union of  spiritually similar persons.

Beyond your father, obviously, who else would you suggest young militants wishing to learn our ideas study?

I recommend to make acquaintance with the books of Rene Guenon, Julius Evola, Jean Parvulesco, Henri Corbin, Claudio Mutti, Sheikh Imran Nazar Hosein (traditionalism); Plato, Proclus, Schelling, Nietzsche, Martin Heidegger, E. Cioran (philosophy); Carl Schmitt, Alain de Benoist, Alain Soral (politics); John M. Hobson, Fabio Petito (IR); Gilbert Durand, G. Dumezil (sociology). The base kit of reading for our intellectual and political revolution.

You’ve now spent some time living in Western Europe. How would you compare the state of the West to the East, after first hand experience?

In fact, before my arrival to Europe I thought that this civilization is absolutely dead and no revolt could be possible there. I was comparing the modern liberal Europe to bog, with no possibility to protest against the hegemony of  liberalism.

Reading the foreign European press, seeing the articles with titles as ”Putin – the satan of Russia” / ” the luxury life of poor president Putin” / ” pussy riot – the great martyrs of the rotten Russia” – this idea was almost confirmed. But after a while I’ve found some political anti-globalist groups and movements of France – like Egalite&Reconcilation,  Engarda, Fils de France etc – and everything changed.

The swamps of Europe have transformed into something else – with the hidden possibility of revolt. I’ve found the ”other Europe”, the ”alternative” hidden empire, the secret geopolitical pole.

The real secret Europe should be awakened to fight and destroy its liberal double.

Now I’m absolutely sure, that there are 2 Europes; absolutely different – liberal decadent Atlanticist Europe and alternative Europe ( anti-globalist, anti-liberal, Eurasia-orientated).

Guenon wrote in the ”Crisis of the modern world” that we must divide the state of being anti-modern and anti-Western. To be against the modernity – is to help Occident in its fight against  Modernity, which is constructed on liberal codes. Europe has it’s own fundamental culture (I recommend the book of Alain de Benoist – “The traditions of Europe”). So I found this alternative, secret, powerful, Traditionalist other Europe and I put my hopes on its secret guardians.

We’ve organized with Egalite&Reconcilation a conference in Bordeaux in October with Alexander Dugin and Christian Bouchet in a huge hall but there was no place for all the volunteers who wanted to see this conference.

It shows that something begins to move…

Concerning my views on Russia – I’ve remarked that the bigger part of European people don’t trust the media information – and the interest to Russia grows up – it’s seen in the mode of learning Russian, of watching soviet films and many European people understand that the media of Europe are totally influenced by the hegemonic Leviathan, liberal globalist machine of lies.

So the seeds of protest are in the soil, with  time they’ll grow up, destroying the ”society of spectacle”.

Your whole family is a great inspiration to us here at Open Revolt and New Resistance. Do you have a message for your friends and comrades in North America?

I really can’t help admiring your intensive revolutionary work! The way you are working – in the media – is the way of killing the enemy ”with it’s own poison”, using the network warfare strategy. Evola spoke about that in his excellent book ”Ride the tiger”.

Uomo differenzziato is someone who stays in the center of modern civilization but don’t accept it in his inner empire of his heroic soul. He can use the means and arms of modernity to cause a mortal wound to the reign of quantity and its golems.

I can understand that the situation in USA now is difficult to stand. It’s the center of hell, but Holderlin wrote that the hero must throw himself into abyss, into the heart of the night and thus conquer the darkness.

Any closing thoughts you’d like to share?

Studying in the faculthttp://openrevolt.info/2013/01/23/we-live-in-the-era-of-the-end-a-interview-with-dari-dougina/y of philosophy and working on Plato and neo-platonism, I can remark, that politics is nothing but the manifestation of the basic metaphysical principles which lays in the fundament of being.

Making political war for the Fourth Political Theory we are also establishing the metaphysical order – manifesting it in the material world.

Our struggle is not only for the ideal human state – it is also the holy war for reestablishing the right ontology.

http://openrevolt.info/2013/01/23/we-live-in-the-era-of-the-end-a-interview-with-dari-dougina/

vendredi, 25 janvier 2013

Xavier Faure: "Pourquoi je souhaite devenir russe!"

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Xavier Faure: "Pourquoi je souhaite devenir russe!"

Propos recueillis par Alexandre Latsa

Ex: http://fr.rian.ru/

Sur le même sujet: Un pilote de montgolfière français souhaite devenir Russe comme Depardieu

 
Alors que l’affaire Depardieu n’en finit pas de faire des remous médiatiques, on peut cependant déjà tirer une conclusion de ce Buzz planétaire: la Russie pour des centaines de millions de gens apparaît comme un pays dans lequel on peut désormais envisager de s’installer.

 

On peut même imaginer que l’affaire Depardieu a fait plus pour l’image de la Russie que la plupart des grands cabinets de PR qui travaillent pour l’Etat! Depardieu n’est cependant pas le seul à vouloir devenir russe. Les lecteurs de RIA Novosti ont pu lire une nouvelle surprenante vendredi dernier affirmant qu’un pilote de Montgolfière français, du nom de Xavier Faure, souhaitait lui aussi devenir Russe!

 

J’ai donc voulu en savoir plus sur ses motivations à "souhaiter devenir russe".

 

Xavier Faure bonjour et merci de bien vouloir rependre a mes questions, tout d’abord, pourriez vous vous présenter?

 

J'ai 37 ans, célibataire, né à Reims en Champagne. J'ai étudié le Russe comme première langue étrangère au collège. Je n'étais pas un très bon élève mais j'ai toujours porté ce pays dans mon cœur. J'ai ensuite étudié dans le domaine technique et obtenu un brevet de technicien en électrochimie, avant de travailler dans diverses usines, de simple operateur jusqu'à chef d'équipe. J'ai ensuite travaillé comme équipier de montgolfière, un métier au contact du public et de la nature. Puis j'ai passé mon brevet en contrat de qualification. En 2006, je suis devenu pilote professionnel après 150 heures de vols et avoir piloté des montgolfières de gros volumes dans différentes grosses sociétés en France et à l'étranger. Du fait de la précarité et de la saisonnalité de cette activité, j'ai essayé en parallèle de trouver une activité stable qui me correspondrait.

 

J'ai donc passé un examen professionnel en sérigraphie en 2001, puis un BTS en agriculture Biologique en 2007 mais les belle promesses sur le Bio ne sont pas suivis de financement. Parallèlement donc j’ai travaillé sur d'autres sujets: l'eau sous tous ces aspects, des traitements naturels a la potabilisation, les médecines alternatives et quantiques et aussi sur les systèmes énergétiques innovants. Je suis en relation avec des chercheurs et expérimentateurs dans ces domaines et j'écris quelques articles dans des revues spécialisés. En gros je fais de la veille technologique.

 

Si j’ai bien compris vous résidez actuellement à Koungur, une petite ville dans l’Oblast (région) de Perm. Pourriez-vous nous présenter la ville, et ce que vous y faites? Comment y est la vie?

 

C'est une très petite ville de province, source de quelques moqueries de la part des habitants des grandes villes, mais c'est surtout une étape sur la voie du transsibérien. Elle est traversée par trois rivières. Le Héros Ermak y serait arrivé en Bateau et aurais fait étape avant de conquérir les territoires sibériens et battre les tatares. Les Armes de la ville sont la corne de l'abondance et les cristaux de l’Oural, ainsi que le bateau d’Ermak.

 

Koungur possède de nombreuses et magnifiques églises et il est possible de se baigner dans les rivières en été comme en hiver, c'est même le sport local préféré, me semble-t-il. Il y a une grotte très rare ou il y de la glace toute l'année, plusieurs usines et de la place tout autour pour se poser en montgolfière. Comme partout en Russie les femmes y sont très belles.

 

La nature est très riche avec les paysages typiques des contreforts de l’Oural, plats avec de la forêt trouée par de grandes étendues de champs peu cultivés et des vallées fluviale plus prononcés mais parfois encaissées. En France, cela pourrais ressembler à un mélange de régions entre Colmar au pied des Vosges et les Ardennes entre Charleville-Mézières et Gisors.

 

Il y a quelques usines comme "Маштаб" qui fabrique des camions et emploie entre 3.000 et 4.000 personnes, deux usines de transformation de viande dont la célèbre "Телец", deux usines de limonade "Пикон", le "Молокобинат" pour le lait, deux scieries et d'autres que je ne connais pas encore.

 

La vie y est dure et douce en même temps. Dure économiquement car il me semble qu’il faille au moins deux activités pour vivre correctement. Il y beaucoup de "débrouille" mais tous le monde se connaît et il y a une forte entraide et une importante solidarité que je ne connais pas chez nous en France, en tout cas pas à cette échelle. J'entends malgré tout, souvent, que c'est moins fort qu'il y a 10-15 ans en arrière. L'esprit de la surconsommation effrénée et l’hyper matérialisme me semble porter atteinte à l'âme des gens et ici comme ailleurs les mêmes causes produisent les mêmes effets. Mais il y encore de la marge avant d'arriver à la même situation qu'en France. Les habitants sont patriotes, ils aiment leur pays et l'affichent. La ferveur religieuse est aussi très présente et importante.

 

Les institutions locales et fédérales sont socialement très présentes surtout après des enfants, écoles, bibliothèques, maison des activités de l'enfance pour les petits, maison des jeunes et du tourisme, parcs pour les enfants et installations de jeux enfantins, le sport et les installations sportive, stades, piscine, salles d’entraînement etc. Il y a aussi des musées dont celui de la conquête spatial et enfin le collège des Artistes et son foyer ou j'habite et dont les conditions matérielles pourraient paraître spartiates pour un Européen normal. Il y partout de grands quartiers d'isbas traditionnelles et parfois un ensemble d'immeubles au milieu. On trouve des petits magasins partout et quelques hypermarchés de types super U, et il y a aussi un club très actif d'école de pilotes de montgolfière, dirigé par Andreï Vertiproxov, ancien pilote de Mig.

 

Mes occupations sont diverses. J'ai fait quelques interventions dans une école locale ou on y enseigne le Français en deuxième langue. L'administration issue de l'époque Eltsine pousse pour l'anglais en première langue et le français ainsi que l'allemand font de la résistance. Je suis sinon fort occupé par mes démarches administratives (pour obtenir un passeport Russe) et les nombreuses interviews que j’ai commencé à donner a ma grande surprise. Enfin et surtout j’apprends le russe.

 

Pourquoi avoir choisi une aussi petite ville, alors que généralement les étrangers s’installent plus généralement dans des grandes villes russes?

 

J'aime les petites villes car la nature est à porté de la main, c'est très important pour moi. Je ne supporte plus, en France comme ailleurs, l'absurdité de la vie dans les grandes villes. Passer sa précieuse vie dans les embouteillages à dépenser une énergie de plus en plus rare, tout ça pour un travail qui ne sert qu’à perpétuer un système moribond, me parait complètement aberrant.

 

Mais surtout, j'ai trouvé un endroit ou je me sens à ma place.

 

Grâce à Daria Gissot de l'association So!art qui représente la ville de Perm à Bruxelles,  j'ai cet été participé à "небесная ярмака", le festival de montgolfière annuelle de Koungur. Elle m'avait souvent parlé de sa Région natale et c'est un projet que nous avions depuis longtemps.

 

J'ai rencontré ici de nombreuses personnes avec qui je me suis profondément lié d'amitié, une équipe municipale dynamique et volontaire, ainsi qu'une population chaleureuse. Une sorte de liberté et de joie de vivre malgré les soucis quotidiens, règne ici. Une ville, belle, historique avec un potentiel de développement important. Bref, un petit morceau de paradis, comme il en existe beaucoup en Russie.

 

Comment arrive-t-on de France (Lille?) à Koungur? Je veux dire physiquement bien sûr mais aussi mentalement? Quelles sont les raisons ou motivations qui vous ont poussé à quitter la France?

 

Et bien en voiture déjà, car je suis parti avec ce qui me semblais essentiel à emporter et j'ai traversé toute l'Europe et le pays baltes. Après, moralement, je ne sais pas expliquer comment, c'est à l'intérieur que cela se joue et je n'ai pas les mots pour le dire, il faut le vivre. Comme ont dit en Russe "просто так" simplement comme ça! Quelques habits chauds, une volonté de fer de rester et d'y vivre et un forte envie de pleurer de joie tout les jours quand je me lève et que je regarde par la fenêtre et ce malgré les difficultés.

 

Les raisons sont diverses et nombreuses. D’abord je crois que fondamentalement j'ai toujours voulu habiter en Russie, donc c'est un rêve d'enfant que je devais réaliser avant d'être trop âgé.  Ensuite la situation en France est devenue intenable sur beaucoup de plan. La vie est excessivement chère, cela se dégrade chaque jours et ne va pas s'arranger de si tôt, je pense même que cela va fortement se dégrader cette année. La situation économique et sociale est exécrable. Je n'y ai plus de perspectives d'emploi. Les projets et idées que j'ai eues n'ont rencontré aucun écho. Je trouve que beaucoup de gens sont fermé d'esprit ne s'intéressent qu'a eux et sont vieux dans leur tête. Les politiques n'en ont que faire du peuple et ne vivent que pour eux et leurs petites magouilles personnelles. Il n'est pas possible ne montrer qu'on aime son pays, comme en Russie. Je ne me sentais plus de rester en France. C'est mon pays que j'aime, j’aime son histoire qui me rend fier, j’aime sa culture et sa cuisine, il a été grand, mais je n'arrive plus à m'y projeter dans le futur.

 

Aujourd'hui, la France est un pays en faillite qui ne peut plus payer ses militaires en opération depuis 8 mois et qui fait enlever les culasses des armes quand le président visite une caserne!

 

J'ai vécu une expérience intéressante l'hiver dernier qui m'a décidé à partir. En revenant d'Afrique, j'ai remarqué qu'en nous posant à Orly les même gens qui était joyeux dans l'avion devenait soudain apathique comme si un couvercle leur était tombé dessus. C'est là que j'ai réalisé qu'il y avait une atmosphère particulière qui planait sur la France. J'ai eu la confirmation de ce phénomène par beaucoup de personnes qui ont voyagé ainsi que sur le blog de Pierre Jovanovic : nombreux sont ceux qui ont ressentis la même chose. Personnellement, je suis de nature joyeuse mais c'était un effort de tous les instants de ne pas être contaminé par cet apathie générale et c'était très énergivore et fatiguant.

 

En Russie il y a beaucoup de problèmes à régler mais ma vie c'est transformé d'un mauvais film de série B en aventure de tous les instant. Il m'arrive ici des choses qui n’auraient pas été possible en France!

 

L’image de la Russie est mauvaise, tout le monde le sait. Vous habitez dans ce pays depuis quelques mois et dans des conditions normales (pas en tant qu’expatrié), quelle est votre opinion sur l’image de la Russie par rapport à ce qu’est la Russie en réalité? Ou du moins telle que vous la vivez?

 

La vision médiatique est complètement fausse et n'a pas grand chose à voir avec la réalité. Il règne ici une forme d’insouciance, un joyeux bazar organisé, (les russes disent всё нормално!) à tout bout de champs pour les choses un peu curieuse et il y a une envie de vivre que j'ai aussi rencontré en Afrique noire et qui à a mon avis disparu depuis longtemps de chez nous dans nos pays Européens.

 

Sinon c'est une démocratie représentative comme les autres, ni plus ni moins avec ses particularités propres, qui sont une administration parfois lente et lourde et des différences sociales très marqués, résultat sans doute de l'hyper-libéralisation de l'économie des années 90. Les Russes sont comme les autres humains, ils y en a des bons, des très bons, des mauvais et des très mauvais, mais heureusement ceux que je connais ont un cœur "grand comme ça".

 

Surtout, je m'y sens plus libre que ces dernières années en France. Il y plein de choses, aussi simple que de se baigner librement en rivière par exemple, qui ne sont plus possible en France. Gérard Depardieu à dit que: "La Russie est une grande démocratie". La Russie est une démocratie comme la France (qui d’ailleurs à été un modèle dans la rédaction de la constitution russe) et c'est un pays à l'échelle d'un continent donc oui, techniquement "c'est une grande démocratie".

 

Comparativement à la France et dans le cadre du quotidien vécu: quel est le plus grand atout de la Russie et aussi ce qu'il faut améliorer en priorité?

 

Le plus grand atout, c'est la solidarité. Les Russes sont tous différents mais se sentent tous Russes dans l'âme et sont prêt à vivre ensemble et à construire une grande Russie. L'immense espace territorial est aussi un grand atout car il recèle de nombreuses ressources naturelles qui assurent à la Russie son indépendance. Il y a ici de la place pour tous et pour tout faire.

 

J'entends très souvent autour de moi des plaintes envers l'état des routes et la précarité des rémunérations et du système des retraites. Une autre inquiétude est la dépendance économique basé principalement sur la ventes des ressources énergétiques, qui si celles-ci devaient se tarir, laisseraient la Russie exsangue. Je pense que la Russie devrait massivement investir dans les économies d'énergies et les ressources locales de productions énergétiques et alimentaires. Parallèlement développer un système de sécurité sociale fort sur le modèle Français, modèle envié dans le monde entier et qui a été un gage de prospérité économique pendant 40 ans, jusqu'aux attaques gouvernementales de ses dernières années.

 

Beaucoup de Français, depuis l’affaire Depardieu, affirment à haute voix vouloir un jour devenir russe, notamment sur ma page Facebook j’ai pu le constater. Tous ne connaissent pas la Russie, mais ce pays pour eux représente quelque chose, comme une sorte de forteresse? Etes-vous d’accord avec cela?

 

Oui en partie. Pour l'instant c'est un pays qui semble être sur une position non-aligné par rapport à l'axe du bien censé être le monde des démocraties occidentales. En tout cas, elle participe à l'élaboration d'un monde multipolaire favorisant l'entente des peuples et est donc gage de stabilité mondiale et de prospérité économique. Les valeurs qui ont permis aux humains de vivre ensemble y sont encore défendues.

 

Le même phénomène a eu lieu envers la France quand le Président Chirac avait refusé de participer à la deuxième guerre en Irak. La France s'était levé contre une injustice majeure et avait suscité l'intérêt et l'admiration à travers le monde. Partout les Alliances Françaises avaient été envahies par des personnes qui voulaient apprendre le français.

 

La Russie représente aujourd'hui un phare guidant les gens qui refusent la vision simpliste, marchande et unipolaire du monde, et qui recherchent un peu d'enthousiasme et de chaleur humaine. Elle retrouve un peu le statu qu'avait l'URSS face au modèle tout capitalisme libéral américain, mais dans un monde qui a évolué et où les repères et valeurs sont différents.

 

Vous avez parlé de prendre la nationalité russe? Vous êtes donc prêt à abandonner votre nationalité française comme le prévoit la loi russe?

 

Et bien, je ne suis pas un expert en droit international, mais je ne vois pas d'inconvénient à abandonner la nationalité française! Mes meilleurs amis en France sont Belges, Polonais, Russes, Géorgiens. La France est aujourd’hui vendue à l'idée européenne qui ne reconnaît pas les nations en tant qu'entités souveraines. 90% des lois françaises qui sont votées par le parlement sont des lois européennes transcrites en droit français. La Commission Européenne décide du budget de la France. Le drapeau français a disparu du site de l’Élysée et nos gouvernements privatisent le système des retraites et la sécurité sociale, soit le meilleur système de protection sociale que tout le monde nous envie.

 

La France en tant que tel pour moi n'existe plus donc quid? Où est le problème?

 

Vous sentez-vous proche de la mentalité russe, et si oui comment la définiriez vous ? En quoi diffère-t-elle de la mentalité française?

 

Oui, je me sens assez proche de la mentalité russe, qui est une forme de résignation joyeuse, "вот как мы живем" disent souvent mes amis. Voilà comment nous vivons, traduction. "C'est dur mais on est chez nous avec nos amis et cela nous plaît, que peut-on faire d'autre?". C'est un mélange de survie au jour le jour et de vie intense de chaque bon moment de la vie sans trop se poser de question sur l'avenir.  En tout cas en province c'est comme cela que je le ressens.

 

En France tous est contrôlé, aseptisé, propre, rangé, légiféré, organisé, fini! Il est difficile de trouver de l'aventure comme c'était possible jusque dans les années 1950. Il n'y a plus de grandes causes dans lesquelles s'identifier sinon celles proposées par le monde anglo-saxon. C'est d'ailleurs pourquoi beaucoup partent en vacances loin, dans des destinations exotiques et aventureuses. Moi qui est vécu une grande partie de ma vie à Reims puis suis parti pour mon travail aux 4 coins de la France: Angers, Saumur, Toulouse, Lille, j'ai ressenti partout le même malaise d'être jeune avec peu de débouché et de faire face a cette situation nouvelle en France: l'ennui dans des grandes villes désertées à partir de 20h00, les tensions avec les banlieues, l'incompréhension réciproque, etc.

 

Quels sont vos plans et objectifs aujourd’hui en Russie? Que pensez- vous que la Russie peut vous apporter?

 

Dans un premier temps, je vais travailler avec les élèves de l'école de français de Perm, le temps de mieux maîtriser le russe et d'étudier le fonctionnement des structures locales. Mon expérience dans l'émission d'Andreï Makarov sur la Première chaîne m'a donné envie de participer à des émissions où il est possible de débattre calmement des questions économiques et sociales et d'apporter mon expertise, car j'ai aussi étudié l'économie politique dans un parti politique pendant cinq ans. J'écris parallèlement des articles sur la vie en Russie et aussi sur les autres sujets auxquels je m’intéresse à destination de la France.

 

Par la suite, je souhaiterais partager l'expérience de mes divers domaines de compétences, montgolfières, tourisme et agriculture biologique avec la Russie et principalement à Koungur. J'aimerai aider Koungur à devenir une ville modèle dans le domaine des questions d'environnement et monter une association de promotion des techniques liées à la protection de l'environnement en Oural, voire créer une maison de l'environnement et du tourisme environnemental, comme il en existe en France, associant une découverte du terroir en Montgolfière. Un tel centre serait je crois un pôle d'excellence et d'attraction pour Koungur.

 

Il y a ici de nombreuses possibilités. Le président Poutine et le premier ministre Medvedev ont déclaré: "2013 année de l'environnement et de l'agriculture biologique en Russie", l'occasion d'agir dans ce sens est une chance dont Koungur pourrait se saisir. La ville est idéalement située dans ce cadre, au croisement de deux axes routiers importants, un axe Nord/Sud et l'autre faisant le lien entre la Russie européenne et asiatique. La ville est proche d'un aéroport et desservie par une ligne ferroviaire. De plus, son cadre naturel et historique la chaleur de sa population, sont tout autant d'atouts qui en font une ville attractive.

 

J'aimerai que la Russie m'apporte, que la France ne permet que difficilement d’obtenir, un travail, de la reconnaissance et un terrain pour construire une maison et une famille. Mais j'aimerai surtout que ma présence ici permette à la Russie ainsi qu'à la France, deux grand pays avec des histoires communes sur de nombreux points, de mieux se comprendre et de travailler ensemble en dépassant les conflits politiques.

 

Merci Xavier Faure pour vos réponses, les lecteurs souhaitant en savoir plus peuvent consulter votre blog, qui relate votre nouvelle vie en Russie.

 

L’opinion exprimée dans cet article ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction, l'auteur étant extérieur à RIA Novosti.

 

Alexandre Latsa est un journaliste français qui vit en Russie et anime le site DISSONANCE, destiné à donner un "autre regard sur la Russie".