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mercredi, 03 septembre 2008

R. Steuckers: entretien à "Militant" (1992)

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ARCHIVES: Un entretien de 1992, pour tous ceux qu'intéressent à l'histoire du mouvement identitaire et "néo-droitiste" (en dépit des variétés que cette appelation peut recouvrir). A noter, cet entretien a été accordé à Xavier Cheneseau quelques semaines avant la rupture définitive avec le "canal historique" (et hystérique) de la nouvelle droite centrée autour d'Alain de Benoist et au moment des accords de Maastricht. La donne internationale a considérablement changé depuis. Prière aux lecteurs de 2008 d'en tenir compte!

 

 

Entretien de Robert Steuckers à la revue «Militant»

 

I - Animateur de la «Nouvelle Droite», pensez-vous que votre mouvance a contribué à préparer le terrain pour le Front National, par exemple?

 

Je voudrais d'abord apporter une petite précision: je ne me sens ni ne me considère comme étant de «droi­te», même si j'ai souscrit à bon nombre d'ana­lyses posées par le mouvement d'Alain de Benoist, abusivement baptisé «Nouvelle Droite» par les milieux du journalisme parisien. Dans cette mouvan­ce, c'est essentiellement la «nouveauté» qui m'a sé­duit. Je ne crois pas que la «Nouvelle Droite» d'A­lain de Benoist et de Guillaume Faye ait préparé le terrain pour le Front National. Celui-ci a été porté par une dynamique qui lui est propre. Si le Front Na­tional s'était laissé inspirer par les thèses de la ND, il aurait choisi une orientation moins occiden­taliste et repris à son compte l'anti-américanisme gaul­lien; son programme économique n'aurait pas été directement calqué sur Reagan et Thatcher, mais aurait opté pour un dirigisme à la française (Déat, le néo-socialisme, le gaullisme) ou pour un auto-cen­tra­ge tel que l'a préconisé le grand économiste fran­çais François Perroux. Enfin, le poids de l'intégris­me catholique aurait été moins net dans la presse du FN, si le souffle du «paganisme néo-droitiste» l'a­vait touchée, paganisme qui, en dernière instance, est une religion de la Cité et un refus tranché de tou­te forme de cosmopolitisme.

 

2 - Ne pensez-vous pas que le succès relatif du lepénisme peut apparaître com­me un démenti cinglant à la stra­té­gie métapolitique?

 

Le succès électoral du FN, drôlement étrillé à cause des manipulations de la loi électorale, est une chose. La stratégie métapolitique en est une autre. Celle-ci n'a nullement perdu de sa validité, quand le FN a com­mencé son ascension. Par stratégie métapoli­ti­que, il faut entendre une volonté de réactiver des idées, des pratiques, des programmes, des faits d'his­toire, qui ont été refoulés par les idéologies do­minantes. Devant les effets du déclin, que nous cons­tatons tous, cette stratégie métapolitique possè­de des vertus réparatrices: elle permet, sur base d'u­ne documentation, d'une incessante combinaison de thèmes politiques et historiques, de critiquer les idéo­logies dominantes, d'en montrer les tares et les insuffisances qui conduisent à des faillites reten­tis­santes, ce que prouvent des faits comme la désin­dustrialisation de l'Europe, le chômage de masse, le déclin démographique, l'incapacité de construire une défense européenne cohérente et de fédérer les a­touts industriels de notre continent, et, enfin, le lais­ser-aller généralisé, que les sociologues contempo­rains ont appelé l'«ère du vide» de la «bof-gene­ra­tion». Le FN a obéi à une toute autre logique que celle de la «métapolitique» d'Alain de Benoist: il a réac­tivé les clivages de la IVème République, re­nonçant ainsi à prendre acte des potentialités de l'ère gaullienne: organisation de la société française selon les critères de la «participation», orientations diplo­matiques de Troisième Voie (dialogue euro-arabe, re­lations avec l'Amérique Latine, avec la Chine, l'URSS, l'Inde, etc.), indépendance militaire et nuc­léaire, centrage de l'économie (Elf-Aquitaine), grands projets technologiques (Concorde), etc. La ND, quant à elle, n'a peut-être pas assez insisté sur ces réalités, bien que les livres de Faye constituent un bon tremplin didactique pour les réinjecter dans le débat.

 

3 - Partisan d'une Europe indépen­dan­te, vous préconisez une économie au­to-centrée. Pouvez-vous dire pourquoi et comment vous comptez y arriver?

 

L'idée d'un auto-centrage de notre continent est as­sez ancienne et, dans la littérature économique, elle est récurrente. Je songe aux projets de Friedrich List (1789-1846), qui fut l'artisan du Zollverein alle­mand et des politiques protectionnistes américaines, à l'œuvre d'Anton Zischka, qui traverse le siècle, et aux théories de François Perroux, qui a démontré les atouts du centrage des économies et la nécessité, pour le bon fonctionnement de celles-ci, d'une ho­mo­généité culturelle. C'est dans cette tradition multi­céphale, refoulée, radicalement différente de celles des idéologies dominantes, que je m'inscrit. Ce qu'il faut faire, sur base de ces théories? D'abord mi­liter pour la diffusion de ces alternatives cohé­ren­tes, non utopiques et, abandonner l'a priori anti-éco­nomie des «droites», qui rend leurs programmes to­talement inopérants à long terme. Ensuite, quand ces idées pratiques auront acquis une certaine notoriété, travailler à infléchir la logique actuelle qui est mon­dialiste, qui disperse les capitaux tous azimuts et dé­laisse l'investissement dans nos pays. A l'échelon eu­ropéen, nous nous ferons les défenseurs des fu­sions industrielles internes à notre continent. En clair, nous applaudirons à des fusions comme Ma­tra-Ericsson (le cas du contrat de la CGCT), comme Volvo-Daf, comme Peugeot-Mercedes et nous lutte­rons contre les fusions qui impliquent des parte­nai­res non européens, japonais ou américains. Cette idée, nous la partageons avec beaucoup d'Euro­péens engagés dans d'autres circuits politiques et idéo­logiques que le nôtre. Nous espérons que se réa­lisera un jour la fusion de ces bonnes volontés, en dépit des étiquettes actuelles.

 

4 - La politique euro-arabe préconisée par Benoist-Méchin vous paraît-elle tou­jours applicable?

 

Le monde arabe est pluriel, malgré la force unifi­ca­trice de l'Islam ou les nostalgies nasseriennes. Le rô­le de l'Europe est de jouer la conciliation entre les parties, sans imposer quelque politique que ce soit. Les Arabes sont nos voisins et, si nous sommes réa­listes, nous devons bien admettre qu'il faut s'enten­dre avec eux pour éliminer, chez nous, les effets né­ga­tifs de Yalta. La logique des relations euro-arabes futures ne saurait plus être de type colonialiste, puis­que les Arabes disposent désormais de solides atouts dans leur jeu: pétrole, démographie en haus­se, identité politique, grands espaces. L'Europe, mal­gré son déclin démographique préoccupant, pos­sède encore et toujours les cerveaux techniciens et une infrastructure industrielle remarquable, qui a be­soin de débouchés. Les Arabes ont intérêt à s'en­ten­dre avec les Européens plutôt qu'avec les Amé­ri­cains qui financent une tête de pont dans leur es­pa­ce, Israël, qui bafoue leur dignité et ne serait pas via­ble sans cette aide. Des opérations comme l'orga­nisation de la téléphonie saoudienne par les Suédois d'Ericsson, la vente d'appareils militaires français, la reconquête des zones désertifiées en Algérie par une équipe du Baden-Wurtemberg, les pourparlers (tor­pillés) entre Belges et Libyens ou entre Français et Irakiens en matières nucléaires, les bonnes rela­tions commerciales que continue à entretenir la RFA avec l'Iran, sont autant d'opportunités qui s'offrent à nos pays de sortir de la logique binaire de Yalta, de s'affranchir des dépendances économiques impo­sées par les réseaux transnationaux téléguidés de­puis Washington et d'accroître leurs potentiels in­dus­triels. A la logique de Benoist-Méchin, qui, mal­gré son passé collaborationiste, a infléchi la politi­que de la Vème République dans un sens arabo­phi­le, doit s'ajouter la logique de Zischka, qui en 1952 avait ébauché un plan de reconquête et de renta­bi­lisation du Sahara, plan que les politiciens médio­cres de notre après-guerre n'ont pas retenu (cf. Anton Zischka, Afrique, complément de l'Europe, Laffont, 1952). L'industrialisation et la refertili­sa­tion des zones sahariennes exigeront beaucoup de main-d'œuvre et les immigrés maghrébins d'Europe pourraient y pourvoir. L'immigration, qui crée un an­ta­gonisme euro-arabe compréhensible, est un fruit du libéralisme économique: cette idéologie a tou­jours rejeté les planifications audacieuses, comme cel­les de Zischka, parce que, par idéalisme irréaliste, elle ne reconnaît pas le primat du politique. Le retour à un planisme grandiose permettrait de règler la ques­tion de l'immigration dans un sens positif. Le pé­trole des Libyens et des Saoudiens pourrait large­ment financer des projets agricoles et industriels de ce type. Les fermes libyennes, irriguées selon des pro­cédés modernes, sont d'ores et déjà des modèles du genre.

 

Autre écueil à éviter: prendre parti pour une et une seule idéologie arabe, au détriment de toutes les au­tres. Les Européens, dans leur politique arabe, ne doi­vent privilégier aucun interlocuteur: ni les nassé­riens, ni les intégristes, ni les baathistes, ni les frè­res musulmans, ni les Libyens, ni les Irakiens mais vi­ser la conciliation de tous sans s'immiscer dans les affaires intérieures des pays arabes.

 

5 - La Turquie, Israël, les pays d'Afrique du Nord ont demandé à rejoindre la CEE. Que vous inspirent ces deman­des?

 

On ne crée pas un espace économique auto-centré sans homogénéité culturelle. Les différences entre le Nord et le Sud de l'Europe, entre les pôles latin et germanique, entre les Britanniques et les Continen­taux, etc. rendent le fonctionnement de l'Europe des 12 déjà fort problématique. Si l'on y adjoint le Ma­ghreb et la Turquie, le chaos sera à son comble. Tout centrage économique sans homogénéité cultu­relle conduit à une logique implosive, à un dérè­gle­ment généralisé. Au nom des impératifs géopo­liti­ques, la Turquie et les pays du Maghreb doivent de­venir des alliés de l'Europe, dans des sphères voi­si­nes, intégrées selon les mêmes règles de l'auto-cen­trage. La Turquie, dont l'opposition politique à Tür­güt Özal ne veut pas de la CEE, a intérêt à rejouer un rôle «ottoman» au Proche-Orient et à renouer avec la Syrie, l'Irak et l'Iran, en dépit des conflits récents. Tout axe diplomatique optimal pour la Turquie s'o­riente vers le Golfe Persique, alors que l'axe occi­den­tal, choisi par Özal, conduirait Ankara à n'être qu'un appendice mineur de la CEE, mal industrialisé et incapable de tenir devant les concurrences ouest-eu­ropéennes. Les Nord-Africains, eux, doivent jouer la carte du Grand Maghreb et refuser que leurs ressortissants ne deviennent les nouveaux esclaves de l'Europe industrialisée. L'Europe doit, pour sa part, tolérer l'expansion des Etats nord-africains vers le sud et, en tant que non français, je déplore l'ac­tion retardatrice que joue sur ce plan l'armée fran­çaise au Tchad, faisant ainsi le jeu des Amé­ri­cains, ennemis de toute forme de rassemblements con­tinentaux ou sub-continentaux. Quant à Israël, un seul choix s'offre à lui, qui s'articule comme suit: renoncer à son rôle de tête de pont de l'im­pé­ria­lisme américain en Méditerranée orientale, s'en­ten­dre avec les Palestiniens comme le préconisent les di­plomates européens et l'Internationale Socialiste (cf. la récente visite d'Arafat à Strasbourg), dia­lo­guer avec les Turcs soucieux d'orienter leur diplo­matie dans un sens ottoman. L'option CEE n'est pas un remède pour Israël: en effet, comment pourrait-il y vendre ses fruits devant la concurrence espagnole? De plus, il serait excentré et détaché artificiellement de son voisinage. La faiblesse géographique de l'E­tat hébreux le rend inviable à long terme, a fortiori quand la démographie palestinienne minorise déjà le peuplement juif. Les élites israëliennes, comme les chrétiens du Liban, ont intérêt à réviser leur sio­nis­me ou leur particularisme dans la perspective d'un néo-ottomanisme: c'est pour eux une question de vie ou de mort politiques.

 

6 - L'Acte Unique européen vous paraît-il une bonne base de départ pour l'Em­pire européen à construire?

 

Votre question n'autorise pas de réponse tranchée. L'Ac­te Unique aura pour conséquence d'éliminer des secteurs viables sur le plan national mais aussi des tares locales anachroniques. L'Acte Unique fa­vo­risera les grandes entreprises capitalistes au dé­triment des PME mais créera simultanément des ins­titutions permettant une plus grande mobilité d'ac­tion pour tous. Nous restons conscients du fait que la CEE a été créée jadis pour faciliter la pénétration en Europe des capitaux du Plan Marshall mais que l'idée d'une unité continentale et d'une intégration éco­nomique est plus ancienne et ne provient pas des Etats-Unis. Le défi à affronter, complexe et à fa­cet­tes multiples, est donc le suivant: choisir une poli­ti­que d'auto-centrage mais ne pas confisquer à cer­tains Européens les relations privilégiées qu'ils en­tretiennent avec des Etats européens non membres de la CEE. Le «grand espace» de 1992 ne sera pas d'emblée un paradis, un bijou politique. Le risque d'un gigantisme stérilisant demeure, donc cette Eu­ro­pe en gestation ne doit pas se considérer comme achevée; elle doit être ouverte à toutes les candida­tu­res européennes, fermée aux candidatures non euro­péennes. Prenons quelques exemples: la Suède et la Norvège comptent des industries de pointe remar­quables, avec lesquelles les grands consortiums eu­ro­péens ont intérêt à s'entendre plutôt qu'avec des équi­valents japonais ou américains. La RDA est mem­bre du COMECON mais, par le biais des rela­tions inter-allemandes, elle constitue aussi, officieu­se­ment, le treizième Etat de la CEE; la RFA, à partir de 1992, ne devra pas renoncer à ses liens spéciaux avec la RDA ni avec les autres pays de l'Est euro­péen, car cette situation est l'amorce d'un élargisse­ment généralisé à toute l'Europe. La Grèce souhaite, pour sa part, une accentuation des relations inter-bal­kaniques. Toutes ces dynamiques et ces syner­gies, dont l'impact dépasse le cadre territorial de la CEE, ne seront possibles que quand disparaîtra l'OTAN et l'inféodation à Washington, car sinon ja­mais les Suédois, les Suises, les Autrichiens et les Yougoslaves, qui détiennent des zones cruciales en Europe, ne pourront participer à la construction de notre continent. Mes amis et moi-même, qui consti­tuons une forme de pôle germano-belge de la ND eu­ropéenne, avons souvent été accusés de pro-so­vié­tisme par des camarades français. Nous consta­tons, en revanche, que ces accusateurs sont frappés d'une étrange myopie historique et réduisent l'Eu­rope au territoire de la CEE ou à celui de l'OTAN. A l'heure où la perestroïka  de Gorbatchev est avant tou­te chose un aveu d'impuissance économique, le danger ne vient plus prioritairement de l'Est. Il vient des concurrences capitalistes extra-continentales. Le danger soviétique ne redeviendra primordial que si l'Eu­rope actuelle, celle des libéraux et des mar­chands, reste sur ses positions et refuse les dy­na­mi­ques que je viens d'évoquer. Les Russes n'auront plus qu'une solution: reconduire leur vieille alliance avec l'Amérique. Car il faut savoir que la Russie ne pactice qu'avec le plus fort: avec l'Amérique comme pendant la Guerre de Sécession  —ce qu'avait prévu Tocqueville en 1834—  ou sous Roosevelt (de 1941 à 1945) et Khroutchev (de 1959 à 1962); avec l'Allemagne (de 1939 à 1941) ou l'Europe unie quand celles-ci sont puissantes et fermes.

 

En conclusion, l'Acte Unique peut être le meilleur ou le pire: espérons au moins qu'il balaiera les ana­chronismes nationaux, portés par des politiciens sans envergure, sans mémoire historique et, surtout, sans vision d'avenir grandiose.

 

mardi, 26 août 2008

Pour un populisme offensif!

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Pour un populisme offensif!

Le terme “populisme” désigne tous les mouvements politico-sociaux qui dérangent et qui ne sont pas assimilables à la gauche classique, au nationalisme traditionnel ou à une forme ou une autre de néo-fascisme ou de néo-nazisme. Le “populisme” est un mouvement politique qui s'adresse directement au peuple, qui est animé par des hommes et des femmes qui sont eux aussi directement issus du peuple, qui, avant de passer à l'action politique, n'appartenaient à aucun réseau "traditionnel”, à aucun parti en place. Le populisme, c'est la spontanéité populaire, c'est la réaction directe du peuple, de la population, surtout dans les grandes villes où, justement, les attaches avec les réseaux partisans conventionnels se sont relâchées et où cette population, venue généralement des quatre coins du pays, ne se reconnaît plus dans les agences politiques de l'établissement.

Le peuple, c'est avant toute chose, les hommes et les femmes qui doivent travailler chaque jour pour gagner leur vie, c'est l'ensemble de ceux qui ne sont pas sûrs du lendemain, que guette le spectre du chômage, ce sont aussi ceux qui n'ont pas la garantie de l'emploi et qui sombrent parfois dans ce chômage désormais omniprésent et dans ses humiliations: faire interminablement la file à la CAPAC pour ne demander rien que son droit le plus strict à des apparatchiks grossiers, subir la scandaleuse tracasserie du pointage, quémander un emploi auprès de fonctionnaires qui se fichent de votre destin et de votre misère comme un poisson d'une pomme. En latin, travailler se dit laborare, ce qui veut également dire souffrir. Le populisme est donc l'idéologie de ceux qui travaillent donc qui souffrent.

Car, chacun le sait, travailler sans souci du lendemain n'est plus une évidence aujourd'hui. Depuis plus de vingt ans, l'incompétence et l'insouciance des partis en place, des coalitions rouges-romaines ou bleues-romaines, a plongé le pays dans une basse conjoncture aux effets négatifs devenus permanents. L'ensemble de la population est appauvri sur fond d'une dette publique colossale, qui fait que chacun d'entre nous, du nourrisson au centenaire et immigrés compris, est endetté pour un million de francs! Cette situation malsaine, la plus malsaine d'Europe en ce qui concerne l'endettement public, fait que le chômage frappe les jeunes, qui ne fondent plus de famille, qui n'ont plus d'enfants, qui vivent dans la précarité et l'instabilité financière, qui sont exclus des circuits du travail, qui alimentent les effectifs de la “nouvelle pauvreté”. Notre pays perd sa population tout simplement parce que les générations ne se renouvellent plus, le mal-vivre ne permettant pas de voir la vie en rose, de cultiver la sérénité qu'il faut avoir pour élever des enfants. Dans une vingtaine ou une trentaine d'années, notre pays sera un gigantesque hospice, financé par une poignée de personnes qui travailleront encore.

L'établissement nous dit: «Mais ce sont les immigrés qui payeront nos pensions...». Ce discours est malhonnête. D'abord pour les immigrés eux-mêmes qui songent tout naturellement aux leurs d'abord, à éduquer leurs propres enfants, et non pas à financer les pensions d'une population qui leur est étrangère et à qui ils reprocheront d'avoir élu de mauvais bergers. Enfin, les immigrés, même ceux qui sont les mieux payés, touchent des bas salaires et ne paient pas suffisamment d'impôts pour financer une aussi gigantesque machine. Ensuite, précarisés eux-mêmes dans un pays qui leur a promis monts et merveilles et ne leur a donné que le chômage, les immigrés font aussi de moins en moins d'enfants. Donc ceux sur qui nos lamentables escrocs comptent pour payer nos pensions, n'existeront tout simplement pas, parce qu'on n'aura pas eu le cœur de les engendrer! Il y a ensuite tout lieu de croire que les flux migratoires vont s'inverser: ne trouvant plus d'emplois stables chez nous, les allocations se faisant de plus en plus congrues, étant de plus en plus bouffées par l'inflation, les jeunes immigrés vigoureux et courageux iront chercher un destin ailleurs, dans des pays où la conjoncture est haute.

Le bilan de tout cela, c'est que personne n'a été intégré: ni les autochtones ni les immigrés. La source de notre malaise, c'est effectivement que les recettes de l'établissement ne permettent plus aucune forme d'intégration sociale. On le constate aisément: les statistiques et les travaux d'observation des grands instituts européens, comme l'OCDE, parlent sans arrêt d'une désagrégation de la société, démontrent que les immigrés sont les premières victimes du chômage donc qu'ils ne sont nullement intégrés et risquent de rester inintégrables, vu le manque de moyens. Tel est donc le langage que nous tient l'OCDE, qui constate la faillite de toutes les formes d'intégration sociale pour les autochtones comme pour les immigrés; mais au lieu de prendre cette misère à bras le corps, de chercher des solutions réalisables, de fixer des projets clairs, satisfaisants pour tous, l'établissement esquive les vrais problèmes et camoufle ses carences derrière un formidable battage publicitaire et médiatique où l'on ne parle plus que d'intégration et où l'on promet le purgatoire et l'enfer à tous ceux qui oseraient douter de l'opportunité de ce miroir aux alouettes.

Personne ne peut être hostile à la notion d'intégration et nous ne le sommes pas a priori, car nous aimerions que chaque concitoyen, que chaque étranger qui est notre hôte, ait son boulot, son atelier, puisse travailler selon son cœur et ses aptitudes. Animés comme tous les populistes par une volonté sincère de donner à chacun son dû, nous sommes tout simplement hostiles aux prometteurs de beaux jours, aux charlatans et aux menteurs: cette intégration tous azimuts n'est malheureusement plus possible et le sera encore moins demain. Nos enfants ne sont déjà plus pleinement intégrés à la société dans laquelle ils vivent et les enfants des immigrés risquent bien de connaître un sort pire, même s'ils ont réussi de brillantes études, comme certains sont en train de le faire.

Pour reprendre un vieux slogan socialiste, les “damnés de la terre” sont revenus à l'avant-plan. Et ces “damnés de la terre”, c'est nous! Cette position peu enviable postule d'organiser la résistance et de s'opposer rationnellement et efficacement à tous ceux qui jouissent de privilèges indûs dans notre société, qui bénéficient de pensions exagérément élevées, qui ne subissent pas le principe du cumul des époux et/ou des cohabitants dans la fiscalisation des pensions, qui bénéficient de clauses de stabilité d'emploi dont les salariés ne bénéficient plus et dont les indépendants ne peuvent que rêver, qui ont obtenu des emplois dans la fonction publique en dépit de l'inutilité de ces postes. La priorité doit être redonnée en matières d'emploi et de lois sociales à tous ceux qui travaillent dans la précarité, qui doivent lutter âprement, chaque jour que Dieu fait, pour vivre, qu'ils soient indépendants ou salariés.

Car se déclarer “populiste”, c'est marquer une volonté d'aller au réel et de ne pas vouloir transformer le monde d'après une idéologie toute faite, d'après des planifications qui ne masquent que très mal les intentions idéologiques de leurs auteurs. En effet, le peuple est un tout complexe, composé de personnalités et d'individus très différents les uns des autres. Développer un discours ou une action populistes ne signifie pas une volonté de mettre au pas ces innombrables différences entre les personnes, mais constater que celles-ci ne peuvent plus déployer leurs originalités, exercer leurs compétences, si le pays est mal gouverné, si l'endettement jugule toutes les initiatives intelligentes. Aussi différentes que soient les personnes qui composent notre peuple, elles partagent une sorte de destin, de fatalité: elles vivent non seulement sur un même espace géographique mais aussi sous un seul régime politique qui finit par les exclure du marché du travail, par leur confisquer leur liberté de créer, par les ligoter dans leur élan par une fiscalité qui sert avant tout à nourrir les suppôts fonctionnarisés du régime ou à payer les intérêts pharamineux de la dette. La démocratie, qu'il ne s'agit pas de nier ici, a prévu l'alternance: si un gouvernement ou une coalition ne donne pas satisfaction, il faut mettre les meilleurs challengeurs au pouvoir, s'ils sont choisis par le peuple. En rendant nulle et non avenue la séparation des trois pouvoirs, en nommant les magistrats en dépit de l'indépendance que devrait avoir le pouvoir judiciaire, en rendant la séparation entre le législatif et l'exécutif illusoire à cause du poids des partis et des chefs de parti, le régime a perdu sa légitimité démocratique: le recours au peuple, à ces innombrables différences qu'il recèle, devient donc une nécessité. Il faut inventer de nouveaux mécanismes de pouvoir ou en réexhumer dans nos traditions politiques.

Le régime se défend, bien évidemment. Il veut conserver la non-démocratie qui le maintient au pouvoir et empêcher tout recours au peuple réel.

- D'où des trains de lois qui décrèteront “raciste” toute question relative au bien-fondé, à l'utilité ou à l'efficacité de l'immigration (répétons-le: nous sommes hostiles au mécanisme économique qui consiste à recourir à l'immigration, nous déplorons la non-intégration de masses immigrées et juvéniles désœuvrées, nous déplorons la petite criminalité qui en découle en en rendant prioritairement responsable le pouvoir et non pas les délinquants, nous refusons toute démarche qui serait a priori hostile à des personnes en vertu de leurs appartenance à une race ou à une religion autres que celles de la majorité de la population).

- D'où les tentatives de juguler l'action des syndicats qui débordent leur encadrement dévoué d'une façon ou d'une autre au pouvoir, notamment aux partis socialistes.

- D'où la suppression subtile de la liberté de la presse par un contrôle systématique des rubriques “courrier des lecteurs”.

- D'où l'augmentation scandaleuse des tarifs postaux pour les éditeurs de revues indépendantes, qui pourraient préparer des équipes à reprendre les affaires en mains (c'est là une manière de ruiner les audacieux qui osent faire usage de leur droit à la parole).

- D'où la déconstruction systématique de l'enseignement, de façon à raréfier l'esprit critique dans les nouvelles générations: l'enseignement gratuit de qualité avait été un des plus beaux acquis démocratiques de ce siècle; le pouvoir est en train de le démonter pour faire de nos enfants un vulgaire troupeau de moutons de Panurge, taillable et manipulable à souhait. C'est la raison pour laquelle les populistes doivent défendre les enseignants et l'enseignement.

Le populisme peut recevoir une interprétation de gauche ou une interprétation de droite. Il est de gauche quand il prend appui sur des injustices sociales flagrantes, quand il vient d'une base ouvrière lésée, quand il prend racine dans des comités de quartiers. Il est de droite quand il veut dépasser les divisions naturelles de la société en mythifiant l'unité de destin des personnes et en évoquant ainsi l'unité mythique de la Nation, quand il se range derrière la bannière d'un chef politique charismatique ou d'une élite de notabilités traditionnelles. Mais les frontières entre populisme de gauche et populisme de droite sont floues et poreuses. Le peuple dans sa plénitude et dans ses différences transcende le clivage d'une gauche ou d'une droite: le peuple est un, il n'y a pas deux demi-peuples.

Le populisme, répétons-le, n'est pas une idéologie pré-fabriquée que l'on plaquerait sur une réalité mouvante et rétive. Le populisme, c'est le recours à la réalité quotidienne.

Dans notre contexte, celui des dix-neuf communes de la Région de Bruxelles-Capitale, la réalité quotidienne ne fonctionne plus correctement parce qu'une immigration incontrôlée, avec beaucoup de clandestins, ne parvient pas à s'intégrer, parce qu'un urbanisme délirant chasse les hommes de chair et de sang pour faire place aux bureaux et aux administrations eurocratiques, parce que la convivialité disparaît. L'immigration n'aurait pas posé beaucoup de problèmes si nos dirigeants avaient respecté scrupuleusement les clauses des accords belgo-marocains, prévoyant des contrats de travail pour cinq ans seulement, sans regroupement familial, dans cinq secteurs précis de l'industrie. Pacta sunt servanda, les traités (pactes et accords) doivent être respectés, dit l'adage latin. Quand les Belges se plaignent de l'immigration, c'est ce que leur répondent les autorités marocaines: si vous aviez respecté nos accords à la lettre, l'immigration n'aurait pas posé de problèmes, vous n'avez donc qu'à vous en prendre à vous-mêmes. Les débordements d'une jeunesse immigrée déboussolée, la non-intégration, le taux de chômage des immigrés sont des effets pervers de la négligence de nos gouvernants et non pas des immigrés ou des autochtones qui seraient brusquement devenus des “racistes”. L'afflux d'immigrés et d'eurocrates, couplé à un urbanisme spéculateur et axé sur la seule construction de bureaux, fait augmenter considérablement le coût du logement à Bruxelles, l'espace se raréfie pour les familles et les enfants, la population de souche doit migrer vers les campagnes ou les communes périphériques du Brabant flamand ou wallon, ce qui fait disparaître la convivialité et monter la tension entre les plus démunis qui restent dans leur ville natale et les nouveaux arrivants qui ne comprennent pas pourquoi ils sont mal reçus.

Chômage, dette, urbanisme spéculateur, disparition de la convivialité ambiante, nécessité de respecter les traités signés pour réguler harmonieusement les flux migratoires: ce sont là autant de problèmes auxquels il s'agit désormais de donner une forme politique, non idéologique, réalitaire et populiste. En forgeant cette forme politique, nous donnerons de la substance à la protestation populaire contre les déraillements de l'établissement et des partis au pouvoir depuis des décennies et des décennies.

Les objectifs d'un nouveau populisme à Bruxelles:

- répondre aux problèmes de la vie quotidienne;

- opposer aux partis établis une logique du bon sens;

- libérer les énergies du peuple réel qui ont été brimées pendant trop longtemps.

Robert STEUCKERS.

(texte de 1999). 

lundi, 25 août 2008

Consolidons deux axes contre l'atlantisme!

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Ugo GAUDENZI:

Consolidons deux axes contre l’atlantisme !

 

Depuis des années déjà, mon quotidien romain, “Rinascita”, milite, prêche et exhorte ses  lecteurs pour aboutir à ce qui semble la seule et unique solution possible pour assurer la survie de notre Europe: l’union stratégique de l’Ouest et de l’Est du continent.

 

Cette unité de la “plus grande Europe” est une question de vie ou de mort: elle ne se réalisera que par la réactivation et la consolidation d’un nouvel “axe carolingien”, l’Axe Paris-Berlin-Moscou (ndt: remarquablement mis en exergue par Henri de Grossouvre en France), et par l’invention révolutionnaire d’une “alliance continentale-méditerranéenne”, d’un Axe Madrid-Rome-Belgrade-Moscou, capable de fermer les côtes méridionales de l’Europe à toute influence hostile émanant de l’atlantisme.

 

Telle est notre “utopie réalisable”  (et, en partie, elle est déjà en voie de réalisation): construire un double axe géopolitique assurant la défense et la sécurité en Europe.

 

L’objectif, de fait, est de rendre la souveraineté aux Etats nationaux européens, qui ont été transformés, par les Anglo-Américains, en un chapelet de petites colonies satellisées. L’objectif, pour tous les peuples d’Europe, c’est de faire converger leurs forces, de les additionner et de les joindre à celles de la Russie, l’unique Etat national européen encore capable de donner à notre “plus grande patrie” un avenir dans l’unité sur tous les plans: culturel, social, économique et politique.

 

En dépit de toutes les vicissitudes, et même des vicissitudes négatives, jour après jour, année après année, notre vision commune s’est renforcée et n’a cessé de se renforcer en Europe. Notre voix, celle de “Rinascita”, n’est plus une voix qui crie dans le désert, mais une voix qui a suscité, en dehors de son vivier d’origine, un écho tangible et des analyses similaires, désormais partagées par de nombreux cercles et personnalités.

 

De l’effondrement du Mur de Berlin à nos jours, l’histoire européenne a enregistré et subi des offensives répétées contre son territoire. Par le miroir aux alouettes du bien-être occidental ou par les armes de l’OTAN, les fédérations des Etats d’Europe orientale, soit l’URSS et l’ex-Yougoslavie, ont été brisées, émiettées et fragmentées par l’offensive anglo-américaine et néo-libérale, agissant souvent par le biais de “révolutions oranges”, financées par des fonds issus de l’usure et de la finance.

 

Actuellement, les “fondations” et les groupes de pression occidentaux (Rockefeller, Agnelli, Trilatérale, Davos et autres) ont juré de détruire tous les Etats nationaux et tous les systèmes de protection sociale qu’ils ont mis sur pied, en faisant miroiter les délices d’un “fédéralisme” composé d’autonomies régionales, alors que leur objectif réel est tout entier contenu dans le vieil adage latin “Divide et impera” (“Diviser pour régner”), à appliquer, cette fois, à tout le globe, par ceux qui détiennent le maximum de pouvoir sur les plans politique et économique.

 

Mais voilà que l’attaque en direction du coeur de la Russie, attaque qui était censée constituer la manoeuvre principale dans la conquête définitive de l’Europe, vient d’échouer.

 

Le Kremlin a repris les rênes du pouvoir en ses terres propres. Il a utilisé les mêmes armes que les puissances atlantiques, le pétrole et l’énergie, mais sans avoir eu besoin, pour ce faire, d’envahir d’autres pays et de les occuper. Ainsi, le Kremlin est revenu à un “status quo ante” qui hisse à nouveau la Russie au rang de puissance planétaire et non plus régionale.

 

Pour le bien commun de toutes nos terres européennes, pour le bien de l’humanité toute entière, il faut qu’échoue la stratégie mondialiste qui, sous les oripeaux de la “globalisation économique” et sous la bannière du “libre marché”, cherche en réalité à imposer à toutes les nations la domination unipolaire des Anglo-Américains, orchestrée par la haute finance.

 

L’enjeu est énorme, extrême. Tellement extrême que, depuis 2001, Washington, prévoyant, pour sa puissance, l’émergence imminente de vents prochains très défavorables, a fait battre ses tambours de guerre, partout dans le monde.

 

Ces tambours, il faut les faire taire. Notre tâche, à nous Italiens, est de travailler à l’alliance méditerranéenne/continentale, à l’Axe qui nous unira à Moscou.

 

Ugo GAUDENZI.

(éditorial de “Rinascita”, Rome, 13 août 2008; trad. franç.: Robert Steuckers).

 

samedi, 23 août 2008

G. Schröder sur la Guerre du Caucase et les relations euro-russes

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L’ex-Chancelier Gerhard Schröder sur la Guerre du Caucase et les relations euro-russes

Résumé de l’entretien qu’il a accordé au “Spiegel”, n°34/2008

Q.: Monsieur Schröder, qui est responsable de la guerre dans le Caucase?

GSch: Le conflit possède sans nul doute ses racines historiques, car ila déjà connu plusieurs expressions au cours de l’histoire. Mais l’élément déchencheur dans les hostilités actuelles est l’entrée des troupes géorgiennes en Ossétie du Sud. Voilà ce qu’il ne faut pas chercher à dissimuler.

Voilà la première réponse de l’ancien Chancelier fédéral Schröder aux journalistes du “Spiegel”, cette semaine. Le ton est donné. Il est vif, succinct, dépourvu d’ambigüités. Schröder rappelle également dans cet entretien, plusieurs vérités bonnes à entendre et qui recèlent bien des similitudes avec notre discours, que nous tenons depuis bientôt trois décennies:

-          qu’il n’a jamais jugé intelligente la politique de Washington de faire encadrer l’armée géorgienne par des conseillers militaires américains;

-          qu’il est bizarre que ces conseillers n’ait pas eu vent des projets russes; “ils sont soit dénués de qualités professionnelles ou alors ils ont été trompés sur toute la ligne”, ajoute-t-il;

-          qu’il ne faut pas oublier que le déploiement de fusées américaines en Pologne et en Tchéquie a hérissé les Russes; ndlr:  imagine-t-on l’effet qu’aurait fait l’installation de fusées en Géorgie?

-          que l’Occident a commis des erreurs très graves dans sa politique à l’endroit de la Russie.

-          qu’il ne partage pas l’idée répandue en Occident d’un “danger russe”  et que la perception de la Russie à l’Ouest n’a pas grand chose à voir avec la réalité;

-          qu’il existe une dépendance mutuelle entre l’Ouest (du moins l’Europe de l’Ouest, ndlr) et la Russie; qu’il n’y a pas un seul problème global qui puisse être réglé sans le concours de la Russie; qu’il n’y a pas moyen, en Europe de l’Ouest, de se passer du pétrole et du gaz russes et, en Russie, de se passer des commandes européennes;

-          qu’il n’y a aucune raison d’abandonner le principe du “partenariat stratégique” germano-russe pour satisfaire la politique de Saakachvili;

-          qu’il n’y aura pas de retour au “status quo ante” en Abkhazie et en Ossétie du Sud, non pas parce la Russie y a pratiqué, contre Saakachvili, une politique du “gros bâton”, mais parce que la population ne le veut pas;

-          qu’il ne souhaite pas l’envoi de soldats allemands en Géorgie pour une mission de pacification;

-          que Merkel et Steinmeier ont eu raison de ne pas s’enthousiasmer, de manifester leur scepticisme, lors du sommet de l’OTAN en avril dernier à Bucarest, face à la candidature géorgienne, contrairement à l’avis des Américains et de certains pays est-européens;

-          que si la Géorgie avait fait partie de l’OTAN, l’Allemagne et l’Europe entière se seraient retrouvées aux côtés d’un aventurier politique (“ein Hasardeur”);

-          que l’Ukraine et la Géorgie doivent d’abord régler leurs problèmes intérieurs avant de songer à rejoindre des regroupements d’Etats comme l’OTAN ou l’UE;

-          que le coup de force de Saakachvili aura eu au moins l’effet bénéfique de postposer pendant plusieurs années au moins l’adhésion effective de la Géorgie à l’OTAN;

-          qu’il ne partage pas les propos tenus, lors des événements de Géorgie, par le secrétaire général de l’OTAN;

-          qu’il n’est pas un “Géorgien” dans le sens où le veut la déclaration du candidat républicain à la présidence des Etats-Unis, McCain, qui avait proclamé: “Nous sommes tous des Géorgiens!”;

-          qu’après avoir lu les dernières tirades du belliciste néocon Robert Kagan à propos de l’entrée des troupes russes en Ossétie du Sud, évoquant un “tournant dans l’histoire” et “le retour des conflits entre grandes puissances pour raisons territoriales”, il reste profondément perplexe; que Kagan appartenait déjà au club de “ces messieurs” (sic) qui ont poussé à la guerre en Irak, guerre dont les conséquences ne sont intéressantes ni pour l’Amérique ni pour l’Europe; et que, par conséquent, personne ne doit plus écouter les “bons conseils” de ce Kagan;

-          que la fin de la domination unipolaire de l’Amérique approche (allusion à son récent essai publié par l’hedomadaire “Die Zeit” de Hambourg); que les démocrates autour d’Obama s’en rendent compte, comme d’ailleurs tous les républicains raisonnables; que l’Amérique est contrainte d’accepter la multipolarité dans le monde, qu’il n’y a plus moyen désormais d’agir sur le monde autrement qu’en termes de multipolarité; que les républicains devront se soumettre à cette évidence et agir en cherchant des alliés et en tenant compte de l’avis des instances internationales (ndlr: contrairement à l’équipe de Bush jr.); sinon, l’Amérique gagnera sans doute encore des guerres mais perdra toujours  la paix; en clair, Schröder annonce la faillite de l’option néocon;

-          que l’unification des esprits en Europe, sur le plan de la politique extérieure, a connu un réel ressac depuis 2005 (ndlr: c’est-à-dire depuis la disparition factuelle de l’Axe Paris-Berlin-Moscou), notamment à cause de l’intégration de nouveaux Etats (ndlr : agités par une certaine russophobie);

-          que l’Europe ne jouera un rôle sur l’échiquier international, entre l’Amérique et l’Asie, que si elle développe des relations étroites avec la Russie et les maintient sur le long terme; qu’en ce sens, lui Schröder, perçoit la Russie comme partie intégrante de l’Europe plutôt que comme partie intégrante de toute autre constellation;

-          que l’équipe dirigeante de la Russie actuelle pense de la même façon mais que sa marge de manoeuvre est plus grande: la Russie peut jouer une carte asiatique mais non l’Europe;

-          qu’il s’insurge contre toute diabolisation de la Russie dans les médias; que ni le “Spiegel” ni les autres organes de presse en Allemagne et en Europe ne doivent participer à la diffusion d’informations erronées voire carrément fausses (ndlr: c’est-à-dire, pour nous, à ne pas reproduire les clichés des agences du soft power américain);

-          qu’il est le président du comité des actionnaires de “Nord Stream” (le complexe des oléoducs et gazoducs amenant vers la Baltique les hydrocarbures de Russie); que ce complexe est géré par un ensemble d’entreprises allemandes, néerlandaises et russes dont l’objectif est de construire un réseau de gazoducs et d’oléoducs sous la Baltique pour approvisionner l’Europe et l’Allemagne parce que cet approvisionnement garantit le bon fonctionnement de nos économies, donc de nos sociétés.

Des propos qui ont le mérite de la clarté. Et auxquels nous n’avons rien à ajouter! Puisque c’est ce que nous avons toujours dit, depuis la création des revues “Orientations” (1980) et “Vouloir” (1983), “Nouvelles de Synergies Européennes” (1994) et “Au fil de l’épée” (1999), dont le relais est repris, entre autres, par ce blog (2007).

(résumé de Robert Steuckers).

Géorgie: les racines du conflit

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Günther DESCHNER:

Géorgie: les racines du conflit

 

C’est dans une constellation “triangulaire” de tensions, entre Tiflis (Tbilisi), Washington et Moscou qu’il faut aller rechercher les déclencheurs de la “Guerre d’août” dans le Caucase, guerre qu’a ordonnée le président Mikhail Saakachvili pour ramener de force dans l’ordre étatique de la Géorgie la “République d’Ossétie du Sud” qui avait fait sécession et n’avait pas été reconnue en tant que telle par l’ordre politique international. Cette action a donné à la Russie le prétexte d’une intervention militaire de grande ampleur. Finalement, les raisons profondes de cette “Guerre d’août” résident dans la lutte géostratégique que mènent les Etats-Unis et d’autres puissances pour contrôler les ressources pétrolières et gazières des régions caucasienne et caspienne.

 

Mais ce conflit a d’autres racines et il faut remonter loin dans le passé pour les découvrir et les comprendre. Au 18ième siècle, l’Empire des Tsars, en pleine expansion, absorbe, dans le Caucase du Sud les territoires habités par les Abkhazes, les Géorgiens et les Ossètes, qui deviennent une province russe. En Ossétie, plus exactement sur le territoire actuel de l’Ossétie du Nord/Alanie, qui appartient à la Fédération de Russie, la “Commission du Caucase” fit construire une forteresse en 1784, qui deviendra la capitale de la région, en portant le nom significatif de “Vladikavkaz” (= “Qui domine le Caucase”).

 

Après la chute des tsars et la révolution d’Octobre qui s’ensuivit, on vit d’abord se constituer dans la région une “République Fédérative et Démocratique de Transcaucasie”, qui s’est rapidement disloquée. Finalement, à côté d’une nouvelle Arménie et d’un nouvel Azerbaïdjan, une “République Démocratique de Géorgie” proclame son indépendance en 1918. Le Reich allemand contribua directement à l’émergence de cette république géorgienne, notamment par l’action du général bavarois Kress von Kressenstein, qui appartenait à l’encadrement allemand de l’armée ottomane, alors alliée de Berlin. Les Géorgiens espéraient à l’époque que les Allemands l’emporteraient sur les Russes, victoire qui leur garantirait l’indépendance. Ce fut partiellement le cas. Les objectifs allemands en Géorgie étaient de lier le pays à l’Allemagne par le truchement de traités économiques et de conventions militaires.

 

Ces plans allemands ne pouvaient se réaliser que si la Géorgie accédait à la pleine indépendance; dès lors, on assista à une convergence des intérêts allemands et géorgiens dans la région. En avril 1918, Berlin s’immisca directement dans les événements. L’Allemagne et la Géorgie signent un accord, où les parties reconnaissent les frontirèes de la Géorgie; pour sa part, l’Allemagne promet de jouer un rôle d’intermédiaire entre la Géorgie, la nouvelle Russie et l’Empire ottoman. Pour appuyer l’indépendance de la Géorgie, l’Allemagne envoie trois mille soldats. L’Allemagne a ainsi parrainé l’indépendance géorgienne qui n’a duré que jusqu’en 1921. Les bonnes relations germano-géorgiennes, qui persistent encore, sont dues partiellement à ce souvenir historique.

 

Suite aux vicissitudes de la guerre civile russe, entre Blancs et Rouges, la Géorgie glisse, elle aussi, sous l’autorité des Bolcheviks; elle est conquise, toutefois après que les Abkhazes et les Ossètes aient proclamé leurs propres républiques soviétiques. Au départ, ces deux républiques ont constitué des “oblast” autonomes de la grande “République Soviétique de Transcaucasie”, à laquelle appartenait aussi la Géorgie. En 1936, Joseph Staline dissout cette république transcaucasienne.

 

C’est justement lui, un Géorgien, qui a tracé arbitrairement les frontières des républiques soviétiques. La nouvelle “République Socialiste Soviétique de Géorgie”, selon la volonté de Staline, reprenait à son compte les territoires inclus dans cette Géorgie qui s’était proclamée indépendante en 1918; l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud devinrent dès lors parties intégrantes de la RSS de Géorgie, mais jouissaient d’une très large autonomie.

 

Par ce processus, les Ossètes furent partagés en deux entités, l’une au Nord du Caucase, l’autre au Sud. Les uns appartenaient désormais à la République Socialiste Soviétique Fédérative de Russie, tandis que les autres se retrouvaient au sein de la nouvelle RSS de Géorgie, ce qui, à l’époque, n’avait guère d’importance pour la vie quotidienne du peuple ossète. Les choses ont changé lorsque la Géorgie, dans les années 90 du 20ième siècle, a retrouvé une nouvelle fois son indépendance, au moment de l’effondrement de l’URSS. Dès ce moment, les Ossètes ont été véritablement séparés les uns des autres, car la frontière, internationalement reconnue, passait alors au beau milieu de leur territoire.

 

Dans l’ivresse de leur indépendance retrouvée, les Géorgiens ne se sont pas rendus compte que d’autres peuples vivaient sur le territoire de leur république et aspiraient à une autonomie politique dans les limites de leur propre espace vital. L’un des premiers chefs d’Etat de la nouvelle Géorgie, l’ancien ministre soviétique des affaires étrangères, Edouard Chevarnadzé, comprenait les aspirations abkhazes et ossètes, s’était montré conciliant face aux frictions et aux tensions inter-ethniques, tandis que son successeur Saakachvili, lui, se pose comme un “dur”, un “hardliner”.

 

L’Occident, sur lequel Saakachvili a tant parié, n’a cessé de cultiver les ambigüités et n’a rien fait pour améliorer la situation, bien au contraire, il a tout fait pour envenimer les choses. L’Occident proclame qu’il est pour l’ “intégrité territoriale” de la Géorgie, mais ne souffle mot quant à la façon dont le gouvernement géorgien s’y prend pour maintenir cette “intégrité territoriale”. La Géorgie, ex-république de l’Union Soviétique, s’est proclamée indépendante lors de l’effondrement de l’URSS, ce qui entre parfaitement dans le cadre du droit des gens.

 

Les républiques autonomes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, du coup, n’ont plus eu la possibilité de se déclarer indépendantes de la Géorgie selon le droit international. Nous sommes là face à une contradiction non résolue. Qui a débouché, en 1992, sur une guerre de sécession sanglante, qui a duré un an. Crimes de guerre, massacres et expulsions furent à l’ordre du jour; des milliers de Géorgiens, d’Abkhazes et d’Ossètes ont été chassés de leurs lieux de résidence. En 1992, un armistice est signé avec l’Ossétie du Sud et, deux ans plus tard, avec l’Abkhazie, armistice qui prévoit que des troupes des Etats de la CEI y maintiendront la paix et y feront taire les armes. En Abkhazie, la Russie a envoyé 3000 militaires, qui ont quasiment constitué le seul contingent de “soldats de la paix” jusqu’à ce qu’éclate la “Guerre d’août”.

 

De facto, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud sont des républiques agissant en toute autonomie même si elles ne sont pas reconnues sur le plan international et continuent d’appartenir à la Géorgie selon le droit des gens. Le conflit persistant entre la Russie et la Géorgie a poussé petit à petit les deux républiques dans les bras de la Russie. Quand la Géorgie a décrété, par sottise, un embargo économique général contre les deux républiques, la Russie a eu beau jeu de placer les deux régions sous sa propre tutelle économique. Les deux républiques se posent certes comme “indépendantes” mais elles ne le sont pas car leur survie sur les plans économique, politique et militaire dépend directement de leur grand voisin russe, avec lequel elles aimeraient d’ailleurs fusionner. Mais sans l’accord de la Géorgie, cet “Anschluss” est tout aussi impossible sur le plan du droit des gens que leur déclaration unilatérale d’indépendance. La plupart des habitants des deux régions sécessionnistes ont d’ailleurs déjà reçu des passeports russes. Quant au président sud-ossète Edouard Kokoity, il souhaite que se constitue une Ossétie unie.

 

Les parallèles et les différences entre ce conflit et celui du Kossovo sont étonnants. Dans les deux cas, nous avons affaire à des régions autonomes, où l’Etat titulaire réclame le droit d’exercer sa souveraineté, en se basant sur une interprétation stricte du droit des gens, tandis que ce sont des soldats de la paix venus d’autres pays qui y assurent la sécurité. Quand l’Occident a reconnu le Kosovo, à l’évidence, la Russie allait, dans l’avenir proche, soutenir l’indépendantisme abkhaze et sud-ossète, surtout si cela nuisait à la Géorgie et présentait un intérêt dans l’opposition géostratégique générale entre Washington et Moscou.

 

Dans cette logique, en avril 2008, deux mois après la reconnaissance du Kosovo, Vladimir Poutine, qui était encore le président russe à l’époque, ordonne de “soutenir substantiellement” l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, tandis que la Douma préconisait de reconnaître les deux républiques. Depuis lors, les autorités russes ont reconnu tous les documents émis par ces deux républiques et permis l’établissement de relations consulaires. La Russie a donc reconnu de facto les deux républiques sécessionnistes, ce que la Géorgie interprète comme une annexion déguisée. C’est cela qui a donné le prétexte à Saakachvili de se lancer dans cette aventure militaire, dont l’issue conduira à l’émergence de réalités nouvelles dans la région.

 

Günther DESCHNER.

(artcle tiré de “Junge Freiheit”, Berlin, n°34/2008, trad. franç.: Robert Steuckers).

vendredi, 22 août 2008

Die Memoiren von Jaruzelski

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Die Memoiren von Jaruzelski: bemerkenswerte Notizen über die Rolle des Staatsmannes

 

Analyse: Wojciech Jaruzelski, Hinter den Türen der Macht. Der Anfang vom Ende einer Herrschaft,  Militzke Verlag, Leipzig, 1996, 479 S., ISBN 3-86189-089-5.

 

Im Frühsommer 1992 publizierte der polnische General Jaruzelski ein Buch, wo er seine politische Erinnerungen darstellte. Er schilderte die Ereignisse in Polen ab dem 13. Dezember 1981, wenn das Kriegsrecht ausgerufen wurde. Moskau fürchtete, daß das destabilisierte Polen das sowjetische Herrschaftssystem wankeln ließ. Deshalb sollte die kommunistische Moskau-treue Ordnung wiederherstellt werden. Jaruzelski hatte als Aufgabe bekommen, sein Land sowjettreu zu erhalten, eben durch Mittel der Gewalt, wenn nötig. Die Kapitel seines Buches enthüllen wenig bekannte Sachlagen der polnischen Zeitgeschichte in den Jahren 1980-1985. Obwohl “Sozialist” und Anhänger des damals “realexistierenden” Sozialimus sowjetischer Prägung, erscheint uns nach diesen tumultvollen Ereignissen der Militär Jaruzelski als eine Art konservativer “Katechon”, d. h., um die Definition von Carl Schmitt zu wiederholen, als ein Staatsmann, der als Aufgabe hat, die Ordnung zu herstellen und sein Staatswesen vom Chaos und Zerfall zu retten.

 

Selbstverständlich bleibt in unseren Augen der Kommunismus ein Fremdkörper am Leibe der polnischen Nation und die Solidaritätsbewegung Walesas ein spontaner Ausdruck des Volkzornes. Nichtdestoweniger muß heute der neutrale Beobachter doch wohl annehmen, daß fremde Geheimdienste “Solidarnosc” manipuliert haben, genau um das schon morsche Sowjetsystem zu sprengen, am Ort wo es am weichsten war, d. h. zwischen dem sowjetischen Großraum und der DDR (Thüringisches Bollwerk und Speerspitze der Warschauer-Pakt-Verbände). Konservative und militärische Kräfte innerhalb des Sowjetsystems konnte eine solche zwar demokratische aber doch “abenteuerische” Entwicklung in den damaligen Kräftenverhältnissen nicht dulden. Jaruzelski wurde als Retter der Lage eingesetzt: als Militär hat er den Befehlen seiner politischen Vorgesetzten gefolgt. Die Geisteshaltung von Jaruzelski wird im Buch deutlich dargelegt. Sie kann eigentlich als konservativ-erhaltender bzw. katechonischer (im Schmittschen Sinn) Art betrachtet werden. Folgende Aussagen zeugen davon: “Geschichte und Geographie sucht man sich nicht aus. In meiner Generation findet man kaum Menschen, die aus einem Stück Holz geschnitzt sind. Das Leben hat uns aus den Splittern des Schicksals und den Abschnitten des Weges geformt. Wir waren Kinder unserer Zeit, unseres Milieus,  unseres Systems. Jeder ist auf seine Weise aus diesem Rahmen ausgebrochen. Nicht jeder, dem das schnell gelang, verdient Achtung. Und nicht jeder, dem das erst später gelang verdient Verachtung. Das Wichtigste ist, wovon der einzelne Mensch sich leiten ließ, wie er das tat, was er tat, und was für ein Mensch er heute ist”  (S. 8).

 

“Als Soldat weiß ich, daß ein militärischer Führer und überhaupt jeder Vorgesetzte für alles und alle verantwortlich ist. Das Wort ‘Entschuldigung’ mag nichtssagend klingen, aber ein anderes Wort kann ich nicht finden. Ich möchte deshalb um eines bitten: Wenn es Menschen gibt, bei denen die Zeit die Wunden nicht geheilt, den Zorn nicht zum Erlöschen gebracht hat, dann mögen sie diesen Zorn vor allem gegen mich richten, nicht aber gegen diejenigen, die unter den gegebenen Bedingungen, erhlich und in gutem Glauben, viele Jahre lang ihre ganze Arbeitskraft dem Aufbau unseres Vaterlandes geopfert haben”  (S. 9).

In seinem Schluß, äußert sich Jaruzelski in einem klaren “katechonischen” Stil: “Außergewöhnliche Situationen und Maßnahmen führen oft zu Blutvergießen. Wir wissen, daß in vielen Ländern der Ausnahmezustand Tausende und Abertausende von Menschenleben gekostet hat. Wir dagegen trafen diese dramatische Entscheidung eben deshalb, damit es nicht zu einer solchen Tragödie komme. Dies ist uns in hohem Maße gelungen. Hunderprozentig leider nicht. Im Bergwerk “Wujek” kam es zum Schußwaffengebrauch, neun Bergleute kamen ums Leben. Dieses schmerzliche Ereignis wirft bis heute seinen Schatten auf die Gesamtbewertung der damaligen Vorgänge”  (S. 465). 

 

Seine nüchtere Beobachtung der menschlichen Kräfte in der Politik erweisen sich erstaunlich dem konservativ-katechonischen Gedankengut von Denkern wie Donoso Cortés, Joseph de Maistre oder Constantin Franz nah: “Im Machtapparat gab es viele nachdenkliche, gebildete und erfahrene Menschen. Leider führt eine Summe von klugen Köpfen nicht automatisch zu einem Zuwachs an Klugheit. Oftmals wird man von den Dümmeren hinabgezogen, die durch Fanatismus, Demagogie und Schneid dafür sorgen, daß selbst die besten Absichten mit falschem Zungenschlag vorgetragen werden. Sowohl aus objektiven als auch aus subjektiven Gründen ließ sich die Regierungsbasis nicht wesentlich erweitern. Sehr viele wertvolle Menschen, die sich auf keiner der beiden Seiten klar engagieren wollten, gerieten ins Abseits”  (S. 466).

 

Der Unterscheid zwischen Mythologie und Pragmatismus in der Politik sieht der polnische General auch klar: “Die Mythologie ist ein untrennbarer Bestandteil des Gesellschaftsleben. Diese Färbung hat auch der Begriff “Ethos der ‘Solidarnosc’”, obwohl er heute schon merklich an Lebenskraft verliert. Wahrscheinlich war es Pilsudski, der gesagt hat, daß die Polen “nicht in Tatsachen, sondern in Symbolen denken”. Der Pragmatismus hat in der Politik ungeheure Vorteile und sollte eigentlich Wegweiser für alle Führungsmannschaften sein. Aber Pragmatismus allein reicht nicht. Er ist dürr und grau, wenn seine Vertreter nicht gleichzeitig an die emotionalen Grundlagen des kollektiven und des individuellen Bewußtseins appellieren” (S. 469).  Skeptisch bleibt Jaruzelski, wenn er die totale Wirtschafts-Liberalisierung der ehemaligen Ostblokstaaten observiert: “Ich fürchte, daß verschiedene Racheparolen, die zur “Dekommunisierung” aufrufen, unsere Aufmerksamkeit von den wesentlichen Zielen ablenken und zu einer Zersplitterung der Anstrengungen unserer Gesellschaft führen könnten. Das wäre für Polen im wahrsten Sinne des Wortes mörderisch. Es kann den Interessen unseres Landes nur schaden, wenn man sich in dieser von Rivalität, Wettlauf und Konkurrenz geprägten Welt Ersatzziele sucht und die Energie der Gesellschaft darauf verschwendet”  (S. 470).

Jaruzelski hat einen sowjetgeprägten Staat verteidigt und gerettet, ohne anscheinend ein Anhänger der kommunistischen Ideologie zu sein. Warum hat er dann so gehandelt? Kapitel 28 des Buches gibt uns eine sehr detaillierte und interessante Antwort. Hauptsache für den General ist es, die Souveränität Polens zu bewahren: “Gab es für Polen nach dem Zweiten Weltkrieg die Chance, als vollkommen unabhängiger Staat zu existieren, ohne sowjetischen Einfluß? (...) Teheran, Jalta und Potsdam gehören zu jenen Knotenpunkten in der neuzeitlichen Geschichte, über die die Historiker endlos diskutieren werden. (...) Die Mehrheit der damaligen Politiker mußte das Abkommen von Jalta wohl oder übel als gegebene Realität (...) hinnehmen (...). Die existierende Ordnung zwang auch Polen ihre Spielregeln auf und bestimmete seinen Handlungsspielraum. Als Militär konnte ich nicht so tun, als ob ich das nicht wüßte”  (S. 302-303).

Jaruzelski erinnert seine Leser an einen Brief, den er an seine Mutter und seine Schwester 1945 geschrieben hatte: “Ich bin verpflichtet für Polen zu dienen und zu arbeiten, ganz gleich, wie Polen auch aussehen mag und welche Opfer von uns auch gefordert werden mögen”  (S. 304). Der junge damalige Offizier wollte sein Land als ein real-existierende polnischer Staat, für Polen “wie es auch aussehen mag”, und dieses Pflicht allem anderen überordnen. Die nationalen Deutsche werden sehr wahrscheinlich eine solche Bekenntnis als dubiös und unhaltbar betrachtet, sie ist trotzdem wihl oder übel eine typische Haltung des polnischen Offizierentum, wo Dienst und Pflicht wichtiger erscheinen als etwa ethnische oder historische Fakten oder ideologische Konstruktionen. Jaruzelski skizziert in diesem 28. Kapitel die Auseinandersetzungen zwischen den Londoner-Polen um General Anders und den Moskauer-Polen.

 

Die westliche Mächte haben die neue Westgrenzen Polens nie garantiert, im Gegenteil zu Moskau. In den Augen Jaruzelskis, erscheint also die Sowjetunion als ein treuer Garant und ein fester Bundgenosse. Nur Moskau garantierte dem polnischen Staat eine feste und klare Gestalt. Die Londoner-Polen wollten die Grenzen von 1939, was die Sowjets nie akzeptiert hätten, weil Polen Riesengebiete Weißrußlandes und der Ukraine 1921 annektiert hatte, so lief Polen die Gefahr, an der Gestalt des früheren Kongreß-Polen reduziert zu werden, d. h. ein Land, das zergliederte Grenzen gehabt hätte, die nicht zu verteidigen waren.  So wurde das Schicksal der Ostdeutschen besiegelt: das mit der Sowjetunion verbündete Polen mußte seine eigene Ostgebiete abgeben und nach Westen als Kompensation erweitert werden.

Die Feinde Jaruzelskis betonen, Polen war im Warschauer Pakt versklavt. Dazu antwortet der General, daß es zwei Formen der Souveränitätsbeschränkung gibt: 1) Die freiwillige Beschränkung im Interesse des Staates oder einer verbündeten Staatengruppe; 2) Die Beschränkung, die Protektoratscharakter hat. Jaruzelski gibt zu, Polen war ein Protektorat bis 1956, danach war seine Souveränität nur “beschränkt” im Rahmen des Warschauer-Paktes. Funktionsfähigkeit des Staates und Vermeidung des sozialen und wirtschaftlichen Chaos sind die beiden Hauptaufgaben, die Jaruzelski sich gesetzt hatte.

Jaruzelski zitiert noch die Appelle von den Kanzlern Kreisky und Schmidt, die Ordnung zu retten, damit Polen seine vertragliche Verpflichtungen gegenüber anderen Staaten erfülle, und Vernunft und Mäßigung zu pflegen. Weiter finden man den kompletten Wortlaut eines Berichts des polnischen Außenministers Jozef Czyrek über seinen Besuch beim Papsten (S. 353-354), und auch einen Bericht des General Kiszczaks über die sowjetischen, ostdeutschen und tschechischen Manöver an den polnischen Grenzen in Herbst 1981 oder durch Mittel von Geheimdienst-Agenten innerhalb der polnischen Grenzen selbst. Hätte Jaruzelski das Kriegsrecht nicht am 13. Dezember 1981 ausgerufen, wären die Warschauer-Pakt-Verbündeten am 16. einmarschiert, um Polen “vom Wurg der Konterrevolution” zu retten. Genauso wie in Prag 1968.

Die Aktion Jaruzelskis war also, wie der amerikanische antikommunistische “Falke” Zbigniew Brzezinski es geschrieben hat, die Übergang vom “kommunistischen Autoritarismus” zum “postkommunistischen Autoritarismus”. Solidarnosc ist nicht verboten worden, wie auch der Papst es Czyrek gebeten hatte, sondern einfach gezügelt, damit man Polen von einer sowjetischen Invasion, von Chaos und Bankrott bewahren konnte. Man kann skeptisch bleiben, aber die Lektüre dieses Buches ist hoch interessant, nicht weil es uns die Gedankenwelt eines sowjetfreundlichen polnischen Generals, sondern weil es sehr genau das Pflichtbewußtsein eines Militärs in der Politik enthüllt. Militärs, Katholizismus, Russophilie und Kommunismus mischen sich erstaunlicherweise in den Memoiren Jaruzelskis. All diese Ingredienten sind letzter Hand eine unstabile Mischung und entsprechen ganz genau die real-existierende polnische Identität (Robert STEUCKERS).

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mercredi, 20 août 2008

Vandaag Zuid-Ossetië, morgen Vlaanderen?

Vandaag Zuid-Ossetië, morgen Vlaanderen?

samedi, 16 août 2008

La Légion Etrangère du Komintern

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Erich KÖRNER-LAKATOS:

La “Légion étrangère” du Komintern

Le 10 octobre 1936, trois mois après l’ “Alzamiento nacional”, le soulèvement national espagnol, le navire “Ciudad de Barcelona” jette l’ancre dans le port d’Alicante. Débarquent alors 650 volontaires qui apporteront non seulement leur aide aux forces de gauche espagnoles dans la guerre civile mais chercheront à traduire dans les faits une motion décidée par le “7ème Congrès mondial du Komintern” lors de l’été 1935: la constitution d’un Etat de type soviétique sur la péninsule ibérique. Ce 10 octobre est désormais considéré comme le jour de la naissance de cette “légion étrangère” rouge, mieux connues sous le nom de “Brigades Internationales”. Parmi les organisateurs, nous trouvons Josip Broz, dit “Tito”, futur leader de  la Yougoslavie non alignée. Le poète Erich Weinert rédige en allemand le chant de combat des “Brigadas Internacionales”, où nous trouvons les paroles “unsere Brüder sind Bauer und Prolet”, “nos frères sont le paysan et le prolétaire” et “dem Faschistengesindel keine Gnade”, “pas de pitié pour la racaille fasciste”.

Le lieu de rassemblement de ces troupes, leur camp d’entraînement et leur quartier général se situent dans la ville d’Albacete sur le haut plateau de la Nouvelle Castille. Une compagnie de grandes célébrités y tiendra son camp. Parmi elles, un certain Herbert Karl Frahm, que le monde connaîtra plus tard sous le nom de Willy Brandt; ensuite l’écrivain Ilya Ehrenburg qui, lors de la seconde guerre mondiale, en appelera aux viols de masse (“Brisez l’orgeuil des femmes germaniques, prenez-les comme juste butin!”). En tout, quelque 40.000 volontaires s’y rassembleront jusqu’à l’automne 1938. Mis à part les volontaires communistes, on y retrouvait des idéalistes de gauche, ou les “Schutzbündler” d’Autriche (1). Hélas aussi, dans cette grande fraternité, dans cet élan de solidarité avec les républicains espagnols, se mêlèrent des figures moins reluisantes: des criminels violents  cherchant à échapper à la justice de leur pays, des endettés cherchant à fuir leur créanciers, des proxénètes qui cherchent une nouvelle virginité.

“Los Internacionales” sont répartis en cinq grandes unités, sur base de leur nationalité. La 11ème Brigade, dirigée par l’Autrichien Manfred Stern, qui a pris pour nom de guerre “général Kléber”, rassemble des ressortissants allemands et autrichiens. Les bataillons s’appelaient “Ernst Thälmann”, du nom du chef du parti communiste allemand, “Edgar André” (ancien président des milices du “Front Rouge” allemand, exécuté pour assassinat le 4 novembre 1936), “Hans Beimler” (commandant de l’unité) et, enfin, “12 février”, création spécifique du parti communiste autrichien, à l’époque illégal.

Au nom de ce parti entré en clandestinité, Franz Honner, futur ministre de l’intérieur autrichien après 1945, se rend en Espagne. Dans la nuit du 1 au 2 juillet 1937, il fonde ce bataillon autrichien, qui sera composé de quatre compagnies; elles porteront le nom de militants du Schutzbund communiste: “Georg Weissel”, “Koloman Wallisch”, “Franz Münichreiter”  et “Josef Gerl”. 1700 ressortissants autrichiens combattront dans les rangs de ces compagnies; deux cents trouveront la mort au combat. Chez les Allemands, l’impôt du sang, payé à la république espagnole, sera plus lourd encore: la moitié des 3300 brigadistes allemands sera tuée.

Les Italiens se rassembleront dans la 12ème Brigade. La plus haute figure du Risorgimento italien du 19ème siècle lui donnera son nom: Giuseppe Garibaldi. Ces volontaires italiens se heurteront, sur le champ de bataille, à leurs compatriotes du corps expéditionnaire envoyé par Mussolini pour soutenir Franco. Nous en reparlerons.

La 13ème Brigade est composé de volontaires issus des pays slaves. Les Polonais serviront dans le bataillon “Dombrowski”; les Tchèques donneront à leur contingent le nom du principal saint hussite, Thomas Masaryk; les Bulgares nomment leur compagnie, forte d’une centaine d’hommes, “Compagnie Georgi Dimitrov”. Les Hongrois, non slaves, sont inclus dans cette 13ème Brigade. Leur unité est commandée par Mihàly Szalavi, agitateur et ouvrier maçon cultivé; mais le nom de l’unité est celui d’un aristocrate, “Ferenc Ràkoczi”, chef d’une insurrection contre les Habsbourg: il avait proclamé l’indépendance de la Hongrie en 1703.

Les francophones sont affectés à la 14ème Brigade, dite “Commune de Paris”, sous le commandement du Colonel Rol Tanguy. Au sein de cette Brigade, un aviateur de chasse, André Malraux, à l’époque jeune militant communiste; avec la maturité, il deviendra gaulliste et ministre de la culture. La 15ème Brigade rassemble les volontaires de langue anglaise; la majorité d’entre eux est américaine et sert dans le bataillon “Abraham Lincoln”; la plupart des autres sont Canadiens et appartiennent à l’unité “Mackenzie-Papineau”.

Au sein de chacune des brigades, un véritable réseau de commissaires politiques, tous communistes triés sur le volet, assure un contrôle serré, auquel personne n’échappe. Le “politruk” suprême est un Autrichien qui a pour nom Heinrich Dürmayer. En 1945 à Vienne, il montera la police d’Etat, la “Staatspolizei” ou, en abrégé la “Stapo”, du nouvel Etat autrichien. Bien entendu, tous les cadres de cette Stapo seront, à l’époque, des cadres “moscovites” patentés.

Sur le plan militaire, les Brigadistes n’ont pu intervenir que deux fois sur le cours des événements, notamment à Madrid en novembre 1936 et à Guadalajara, au nord de la capitale espagnole, en mars 1937. La bataille pour la capitale commença le 7 novembre 1936. Les Nationaux alignaient 20.000 soldats, principalement des Marocains, des “Moros” et la fameuse “Légion étrangère” espagnole. Ces unités étaient bien entraînées et bien équipées. Elles reçurent l’ordre d’avancer en quatre colonnes contre une masse de combattants bien plus importante mais sans grande formation militaire. Les “héros” du PC espagnol consacrèrent plutôt leurs efforts contre une “cinquième colonne” imaginaire, qui aurait fourbi ses armes dans la clandestinité, à l’intérieur même de la capitale. Pour l’attirer dans les rets des milices communistes, on ne recula devant aucun truc, aussi veule fût-il: une vaste maison madrilène abritait, apparemment, une représentation diplomatique du Royaume du Siam (qui n’avait aucun ministre en Espagne à l’époque). Des centaines de Madrilènes y demandèrent l’asile politique. Ils finirent tous fusillés. Les prêtres et les religieuses furent les victimes favorites des milices du PCE. A la radio, l’agitatrice Dolores Ibarruri Gomez, connue sous le sobriquet de “La Pasionaria”, excitait les esprits. Elle s’adressait aux femmes de Madrid: “Il vaut mieux être la  veuve d’un héros que l’épouse d’un lâche”. Elle martèlait sans cesse un maître-slogan dans la tête des Madrilènes: “No pasaran!”; “Ils ne passeront pas!”.

Le 7 novembre 1936, le 11ème Brigade (germanique) traverse à marche forcée la capitale espagnole; son objectif? Le quartier universitaire à l’ouest de la ville. Les brigadistes rouges y connaîtront le baptême du feu. Un tiers des effectifs tombe au combat rien que dans les quatre premiers jours. Le 12 novembre, une nouvelle brigade entre dans la danse, sous les ordres du Général Lukacs (de son vrai nom Màté Zalka). La bataille durera jusqu’au 23 novembre. Les jeux sont clairs: les Nationaux ont échoué dans leur offensive. Franco ne prendra la capitale espagnole qu’en mars 1939.

La deuxième épreuve du feu des “Internacionales” fut un affrontement entre Italiens. On le sait, Benito Mussolini est venu en aide au camp nationaliste espagnol, en lui envoyant quatre divisions; pour une moitié composées de soldats réguliers, pour un autre moitié de miliciens fascistes. Après la prise de Malaga en février 1937, qui se déroula sans peine, Rome croyait avoir montré ses muscles. Mais un mois plus tard, nous ne sommes plus en Andalousie mais au nord de Madrid, à Guadalajara. Le 3 mars 1937, les troupes du Duce passent à l’attaque. Face à elles, se tiennent les Italiens rouges. En lançant des tracts et des slogans par mégaphone, ils invitent à la désertion. Avec succès! Les nationalistes espagnols connaissent désormais la valeur de leurs alliés, si peu fiables. Malgré ce que colportent les légendes héroïques de la gauche, après Guadalajara, le rôle des Brigades Internationales fut quasiment terminé. Car la cohésion des brigades n’existe plus: c’est la méfiance qui règne en leur sein au lieu de la camaraderie.  Pourquoi? A Moscou, les fameuses purges, les procès spectaculaires ont commencé. Dans les rangs des Brigades, le NKVD soviétique cherche aussi des suspects. Tous ceux qui n’adoptent pas la ligne du parti, c’est-à-dire les trotskistes, les anarchistes et les autres “déviationnistes” finissent dans les chambres de torture. Les fusillades sont à l’ordre du jour. Finalement, les idéalistes perdent leur ferveur: ils ne luttent pas pour un avenir radieux de l’humanité mais pour les intérêts de Staline.

En novembre 1938, le gouvernement de l’Espagne rouge décide de dissoudre les Brigades, afin de satisfaire une clause interdisant à toutes puissances étrangères d’intervenir dans la guerre civile. En vain. Six mois plus tard, Franco peut annoncer la victoire du “soulèvement national”.

Erich KÖRNER-LAKATOS.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°36/2006; trad. franç.: Robert Steuckers).

Note:

(1) Julius Deutsch fut un communiste guerrier. En 1923/24, il organisa le Schutzbund républicain, une milice d’auto-défense ouvrière armée. Il en fut le commandant jusqu’en 1934. Le 12 février de cette année-là, il avait organisé, conjointement avec Otto Bauer, la lutte ouvrière contre le gouvernement autrichien. De 1936 à 1939, Deutsch fut général dans l’armée républicaine espagnole.

 

jeudi, 14 août 2008

Essai de typologie des extrémismes

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Essai de typologie des extrémismes

Uwe BACKES, Politischer Extremismus in demokratischen Verfassungsstaaten. Elemente einer normativen Rahmen­theorie, Westdeutscher Verlag, Opla­den, 1989, 385 S., DM 52, ISBN 3-531-11946-X.

 

Né en 1960, docteur en sciences politiques, en­sei­gnant à l'Université de Bayreuth, Uwe Backes s'est imposé comme l'un des principaux ana­lystes de l'extrémisme politique en Europe. Son ouvrage de base, qui permet de rénover en­tièrement l'approche scientifique des phéno­mè­nes d'extrémisme, commence par une cri­tique des méthodes conventionnelles de re­cherche en ce domaine. Celles-ci partaient géné­ralement d'a priori idéologiques, 68 oblige, opéraient une confusion permanente des concepts, retraçaient des généalogies lacu­naires, transposaient dans le présent des concepts qui ne valaient que pour des phéno­mènes du passé, manipulaient des sché­mas in­terprétatifs monocausaux et refu­saient trop sou­vent de recourir à des fertili­sa­tions croisées entre les recherches posées dans divers pays (le «provincialisme scientifique»). L'auteur passe ensuite à une phénoménologie gé­nérale des ex­trémismes politiques.

A «gau­che», il distingue un filon communiste et un fi­lon anarchiste. Dans le filon communiste, il met les subdivi­sions suivantes en exergue: mar­xisme, léni­nisme, stalinisme, trotskisme, maoïsme, com­munisme de gauche (luxem­bour­gisme et conseillisme), nouvelle gauche et eu­rocommu­nisme. Dans le filon anarchiste, il distingue la zone de flou entre l'anarcho-com­munisme et l'anarcho-libéralisme, l'anarcho-syndicalisme et l'anarchisme pragmatique.

A «droite», espace du «conservatisme antidé­mo­cra­tique», il dis­tingue quatre filons: 1) le mo­narchisme; 2) le nationalisme; 3) le con­ser­va­tisme révolution­naire et le fascisme; 4) la xé­nophobie et le ra­cisme. Dans le filon natio­na­liste, le plus diver­sifié des quatre, Uwe Backes repère les ten­dances suivantes: l'insistance sur la notion de communauté (communauté cultu­relle, idéolo­gique et raciale), le binôme ethno­cen­trisme/ethnopluralisme, le séparatisme (il en­­tend les mouvements régionalistes, y compris ceux qui recourent à la violence) et le populisme (avec une analyse du caractère populiste mâtiné d'ethnocentrisme repérable dans le discours de Le Pen).

Dans un quatrième chapitre, Uwe Backes dresse une typologie des modes d'orga­nisation extrémistes; il y a les cercles de théo­riciens, les associations traditionalistes, les ac­ti­vistes isolés, les sectes politiques, les groupes terroristes, les mouvements rassembleurs et les partis de cadres. Enfin, dans un cinquième cha­­­pitre, Backes procède à une analyse critique des caractéristiques majeures des doctrines ex­trémistes; elles prétendent toutes détenir les clefs de l'absolu, tant dans leurs phases offen­si­ves que dans leurs phases défensives. Elles re­posent sur un dogmatisme; elles visent une uto­pie ou rejettent catégoriquement le principe uto­pique. Backes examine ensuite les stéréotypes de l'ami et de l'ennemi qu'elles génèrent. Il nous parle des théories de la conspiration  —sou­vent mo­trices dans l'aire des extrémismes—   du fa­na­tisme et de l'activisme.

Au départ de tous ces éléments, il est possible de formuler une théorie complexe et complète de l'extrémisme et d'appliquer à chacun des phé­no­mènes particuliers une grille d'analyse ob­jective (Robert Steuckers).

 

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mercredi, 13 août 2008

Les trois régions historiques de l'Europe

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Les trois régions histo­riques de l'Europe

Jenö SZÜCS, Die drei historischen Regionen Europas, Verlag Neue Kritik, Frankfurt a.M., 1990, 107 S., DM 20, ISBN 3-8015-0240-6 (avec une préface de Fernand Braudel).

Dans sa préface, Fernand Braudel reconnaît la pertinence du découpage, par Jenö Szücs, de l'Europe en trois régions historiques: l'Europe oc­cidentale, l'Europe orientale et la Mitteleuropa. Cette dernière oscillant en permanence entre les deux autres pôles. Cet espace du milieu focalise toute l'attention de l'historien hongrois. Il étudie les forces souterraines qui agitent en permanence cette portion centrale de notre continent, sans cé­der à la nostalgie facile du temps des Habs­bourgs. Disciple de l'historien hongrois Istvan Bibo et de l'école française des Annales (Le Goff, Braudel, Duby), Szücs se réfère également à la théorie de l'absolutisme formulée par Perry Anderson et à la théorie de l'impérialisme d'Immanuel Wallerstein. Sur base de ce corpus théorique, Szücs détermine comme suit les coor­données de l'Europe:

1) un «Occident», forgé par les Germains qui repren­nent à leur compte l'héritage de Rome (500-800) et étendent leur sphère d'influence vers l'Est et le Nord (Scandinavie et Mitteleuropa orientale) entre 1000 et 1300;

2) une sphère d'influence byzan­tine, composée d'un bloc continental russe et d'une péninsule balkanique, soustraite à l'histoire européenne, déterminée par l'Ouest romano-ger­manique, d'abord par la présence byzantine puis par l'occupation ottomane.

A partir des temps modernes, l'Ouest s'étend aux Amériques et l'Est se prolonge, grâce aux conquêtes des Cosaques du Tsar, jusqu'au Paci­fique. Coincée entre ces deux sphères, devenues démesurées: la Mitteleuropa, qui doit se défendre contre les grignotements occidentaux (conquête allemande, occupation française des côtes dal­mates sous Napoléon), orientaux (les partages successifs de la Pologne) et ottomans (la défense de Vienne contre les Turcs). C'est cette dyna­mique qui, aujourd'hui encore, détermine les rythmes différents qui animent le sous-continent européen (Robert Steuckers). 

 

 

Intervista a Julius Evola (La Nation européenne, 1967)

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Fonte: La Nation Européenne, 15 marzo 1967
 

  Un pessimismo giustificato? Intervista a Julius Evola
di Franco Rosati

Lei crede che esista un rapporto tra la filosofia e la politica? Una filosofia può influire su un'impresa di ricostruzione politica nazionale o europea?
Io non credo che una filosofia intesa in senso strettamente teorico possa influire sulla politica. Perché eserciti un'influenza, bisogna che essa si incarni in un'ideologia o in una concezione del mondo. E' quanto è avvenuto, per esempio, con l'illuminismo, col materialismo dialettico marxista e con certe concezioni filosofiche che erano incorporate nella concezione del mondo del nazionalsocialismo tedesco. In generale, l'epoca dei grandi sistemi filosofici è terminata; non esistono più che filosofie bastarde e mediocri. A una delle mie opere passate, del mio periodo filosofico, io avevo posto in esergo queste parole di Jules Lachelier: "La filosofia (moderna) è una riflessione che ha finito per riconoscere la propria impotenza e la necessità di un'azione che parta dall'interno" (nota 1). Il dominio proprio di un'azione di questo tipo ha un carattere metafilosofico. Di qui, la transizione che si osserva nei miei libri, i quali non parlano di "filosofia", ma di "metafisica", di visione del mondo e di dottrine tradizionali.

Lei pensa che morale ed etica siano sinonimi e che debbano avere un fondamento filosofico?
E' possibile stabilire una distinzione, se per "morale" si intende propriamente il costume e per "etica" una disciplina filosofica (quella che viene chiamata la "filosofia morale"). A mio parere, qualunque etica o qualunque morale voglia avere un fondamento filosofico di carattere assoluto, è illusoria. Senza riferimento a qualcosa di trascendente, la morale non può avere che una portata relativa, contingente, "sociale" e non può resistere ad una critica dell'individualismo, dell'esistenzialismo o del nichilismo. Lo ho dimostrato nel mio libro Cavalcare la tigre, nel capitolo intitolato Nel mondo dove Dio è morto. In questo capitolo ho anche affrontato la problematica posta da Nietzsche e dall'esistenzialismo.

Lei crede che l'influenza del Cristianesimo sia stata positiva per la civiltà europea? Non pensa che l'aver adottato una religione d'origine semitica abbia snaturato certi valori europei tradizionali?
Parlando di Cristianesimo, ho spesso usato l'espressione "la religione che è venuta a prevalere in Occidente". Infatti il più grande miracolo del Cristianesimo è di essere riuscito ad affermarsi tra i popoli europei, anche tenendo conto della decadenza in cui erano piombate numerose tradizioni di questi popoli. Tuttavia non bisogna dimenticare i casi in cui la cristianizzazione dell'Occidente è stata soltanto esteriore. Inoltre, se il Cristianesimo ha, senza alcun dubbio, alterato certi valori europei, vi sono anche dei casi in cui questi valori sono risorti dal Cristianesimo rettificandolo e modificandolo. Altrimenti il cattolicesimo sarebbe inconcepibile nei suoi diversi aspetti "romani"; allo stesso modo sarebbe inconcepibile una parte della civiltà medioevale con fenomeni quali l'apparizione dei grandi ordini cavallereschi, del tomismo, una certa mistica di alto rango (per esempio Meister Eckhart), lo spirito della Crociata ecc.

Lei pensa che il conflitto tra guelfi e ghibellini nel corso della storia europea sia qualcosa di più che non un semplice episodio politico e costituisca un conflitto tra due diversi tipi di spiritualità? Ritiene possibile una recrudescenza del "ghibellinismo"?
L'idea che alle origini della lotta tra l'Impero e la Chiesa non vi sia stata soltanto una rivalità politica, ma che questa lotta traducesse l'antinomia di due diversi tipi di spiritualità, questa idea costituisce il tema centrale del mio libro Il mistero del Graal e la tradizione ghibellina dell'Impero. Questo libro è stato edito in tedesco e uscirà presto anche in francese. In fondo, il "ghibellinismo" attribuiva all'autorità imperiale un fondamento di carattere soprannaturale e trascendente quanto quello che la Chiesa pretendeva di essere la sola a possedere (Dante stesso difende in parte la medesima tesi). Così certi teologi ghibellini poterono parlare di "religione regale" e, in particolare, attribuire un carattere sacro ai discendenti degli Hohenstaufen. Beninteso, l'Impero cristallizzava un tipo di spiritualità che non poteva essere identificato con la spiritualità cristiana. Ma se questi sono i dati del conflitto guelfi-ghibellini, è chiaro, allora, che una resurrezione del "ghibellinismo" alla nostra epoca e molto problematica. Dove trovare, infatti, i "riferimenti superiori" per opporsi alla Chiesa, se ciò non avviene in nome di uno Stato laico, secolarizzato, "democratico" o "sociale", sprovvisto di ogni concezione dell'autorità proveniente dall'alto? Già il "Los von Rom" e il "Kulturkampf" del tempo di Bismarck avevano soltanto un carattere politico, per non parlare delle aberrazioni e del dilettantismo di un certo neopaganesimo.

Nel suo libro Il Cammino del Cinabro, dove è esposta la genesi delle sue opere, lei ammette che il principale difensore contemporaneo della concezione tradizionale, René Guénon, ha esercitato una certa influenza su di lei, al punto che la hanno definita "il Guénon italiano". Esiste una corrispondenza perfetta tra il suo pensiero e quello di Guénon? E non crede, a proposito di Guénon, che certi ambienti sopravvalutino la filosofia orientale?
Il mio orientamento non differisce da quello di Guénon per quanto concerne il valore da attribuire al Mondo della Tradizione. Per Mondo della Tradizione bisogna intendere una civiltà organica e gerarchica in cui tutte le attività sono orientate dall'alto e verso l'alto e sono improntate a valori che non sono semplicemente valori umani. Come Guénon, io ho scritto diverse opere sulla sapienza tradizionale, studiandone direttamente le fonti. La prima parte della mia opera principale Rivolta contro il mondo moderno è appunto una "Morfologia del Mondo della Tradizione". Vi è anche corrispondenza tra Guénon e me per quanto concerne la critica radicale del mondo moderno. Su questo punto vi sono tuttavia delle divergenze minori tra lui e me. Data la sua "equazione personale", nella spiritualità tradizionale Guénon ha assegnato alla "conoscenza" e alla "contemplazione" il primato sull'azione; egli ha subordinato la regalità al sacerdozio. Io, invece, mi sono sforzato di presentare e di valorizzare l'eredità tradizionale dal punto di vista di una spiritualità da "casta guerriera" e di mostrare le possibilità parimenti offerte dalla "via dell'azione". Una conseguenza di questi punti di vista differenti è che, se Guénon assume come base per una eventuale ricostruzione tradizionale dell'Europa una élite intellectuelle, io, per quanto mi concerne, sono piuttosto incline a parlare di un ordine. Divergono anche i giudizi che Guénon ed io diamo del Cattolicesimo e della Massoneria. Credo tuttavia che la formula di Guénon non si situi nella linea dell'uomo occidentale, il quale è malgrado tutto, per sua natura, orientato specialmente verso l'azione.

Non si può qui parlare di "filosofia orientale"; si tratta piuttosto di modalità di pensiero orientali facenti parte di un sapere tradizionale che, anche in Oriente, si è conservato più integro e più puro ed ha preso il posto della religione, ma era parimenti diffuso nell'Occidente premoderno. Se queste modalità di pensiero valorizzano ciò che ha un contenuto universale metafisico, non si può dire che vengano sopravvalutate. Quando si tratta di concezione del mondo, bisogna guardarsi dalle semplificazioni superficiali. L'Oriente non comprende solo l'India del Vêdanta, della dottrina della Mâyâ e della contemplazione distaccata dal mondo; esso comprende anche l'India che, con la Bhagavad Gîtâ, ha dato una giustificazione sacrale alla guerra e al dovere del guerriero; comprende anche la concezione dualista e combattiva della Persia antica, la concezione imperiale cosmocratica dell'antica Cina, la civiltà giapponese, la quale è così lontana dall'essere unicamente contemplativa e introversa, che in Giappone una frazione esoterica del buddhismo ha potuto dar nascita alla "filosofia dei Samurai" ecc.

Sfortunatamente, ciò che caratterizza il mondo europeo moderno non è l'azione, ma la sua contraffazione, vale a dire un attivismo privo di fondamento, che si limita al dominio delle realizzazioni puramente materiali. "Si sono distaccati dal cielo col pretesto di conquistare la terra", fino a non sapere più che cosa sia veramente l'azione.

Il suo giudizio sulla scienza e sulla tecnica sembra, nella sua opera, negativo. Quali sono le ragioni della sua posizione? Non crede che le conquiste materiali e l'eliminazione della fame e della miseria permetteranno di affrontare con più energia i problemi spirituali?
Per quanto riguarda il secondo punto da lei sollevato, dirò che, come esiste uno stato di abbrutimento dovuto alla miseria, così esiste uno stato di abbrutimento dovuto al benessere e alla prosperità. Le "società del benessere", nelle quali non si può più parlare di fame e di miseria, sono lungi dall'ingenerare un aumento della vera spiritualità; anzi, vi si constata una forma violenta e distruttiva di rivolta delle nuove generazioni contro il sistema nel suo insieme e contro un'esistenza sprovvista di ogni significato (USA-Inghilterra-Scandinavia). Il problema consiste piuttosto nel fissare un giusto limite, frenando la frenesia di un'economia capitalista creatrice di bisogni artificiali e liberando l'individuo dalla sua crescente dipendenza dall'ingranaggio sociale e produttivo. Bisognerebbe stabilire un equilibrio. Fino a poco tempo fa, il Giappone aveva dato l'esempio di un equilibrio di questo tipo; si era modernizzato e non si era lasciato distanziare dall'Occidente nei domini scientifico e tecnico, pur salvaguardando le sue tradizioni specifiche. Ma oggi la situazione è ben diversa.

C'è un altro punto fondamentale da sottolineare: è difficile adottare la scienza e la tecnica circoscrivendole entro i limiti di mezzi materiali e di strumenti di una civiltà, vale a dire mantenendo, nei lori riguardi, una certa distanza; al contrario, è praticamente inevitabile che ci si impregni della concezione del mondo su cui si basa la moderna scienza profana, concezione che viene praticamente inculcata nei nostri spiriti dai metodi di istruzione abituali e che ha, sul piano spirituale, un effetto distruttivo. Il concetto stesso della vera conoscenza viene così ad essere totalmente falsato.

Si è anche parlato del suo "razzismo spirituale". Qual è il significato esatto di questa espressione?
Nella mia fase precedente, ho pensato bene di formulare una dottrina della razza che avrebbe impedito al razzismo tedesco e italiano di andare a finire in una sorta di "materialismo biologico". Il mio punto di partenza è stato la concezione dell'uomo come essere costituito di corpo, di anima e di spirito, con il primato della parte spirituale sulla parte corporea. Il problema della razza doveva dunque porsi per ciascuno di questi tre elementi. Di qui la possibilità di parlare di una razza dello spirito e dell'anima, oltre alla razza biologica. L'opportunità di questa formulazione risiede nel fatto che una razza può degenerare, anche restando biologicamente pura, se la parte interiore e spirituale è morta, diminuita o obnubilata, se ha perso la propria forza (come presso certi tipi nordici attuali). Inoltre gl'incroci, di cui oggi pochissime stirpi sono esenti, possono avere come conseguenza che ad un corpo di una data razza siano legati, in un individuo, il carattere e l'orientamento spirituale propri di un'altra razza, donde una più complessa concezione del meticciato. La "razza interiore" si manifesta attraverso il modo d'essere, attraverso un comportamento specifico, attraverso il carattere, per non parlare della maniera di concepire la realtà spirituale (i diversi tipi di religioni, di etiche, di visioni del mondo ecc. possono esprimere "razze interiori" ben distinte). Questo punto di vista consente di superare molte concezioni unilaterali e di allargare il campo delle ricerche. Per esempio, il giudaismo si definisce soprattutto nei termini di una "razza dell'anima" (di una condotta) unica, osservabile in individui che, dal punto di vista della razza del corpo, sono assai diversi. D'altra parte, per dirsi "ariani" nel senso completo della parola non è necessario non avere la minima goccia di sangue ebraico o di una razza di colore; bisognerebbe innanzitutto esaminare qual è la vera "razza interiore", ossia l'insieme di qualità che in origine corrispondevano all'ideale dell'uomo ario. Ho avuto occasione di dichiarare che, ai giorni nostri, non si dovrebbe insistere troppo sul problema ebraico; infatti, le qualità che dominavano e dominano oggi in diversi tipi di ebrei sono evidentissime in tipi "ariani", senza che per questi ultimi si possa invocare come attenuante la minima circostanza ereditaria.

Nella storia d'Europa, vi sono stati diversi tentativi di formare un "Impero europeo": Carlo Magno, Federico I e Federico II, Carlo V, Napoleone, Hitler, ma nessuno è riuscito a rifare, in maniera stabile, l'Impero di Roma. Quali sono state, secondo lei, le cause di questi fallimenti? Pensa che oggi la costruzione di un Impero europeo sia possibile? Se no, quali sono le ragioni del suo pessimismo?
Per rispondere, sia pure in maniera sommaria, a questa domanda, bisognerebbe poter disporre di uno spazio ben più grande che non quello di un'intervista. Mi limiterò a dire che gli ostacoli principali, nel caso del Sacro Romano Impero, sono stati l'opposizione della Chiesa, gl'inizi della rivolta del Terzo Stato (come nel caso dei Comuni), la nascita di Stati nazionali centralizzati che non ammettevano alcuna autorità superiore e, infine, la politica non imperiale ma imperialista della dinastia francese. Io non attribuirei, al tentativo di Napoleone, un vero carattere imperiale. Malgrado tutto, Napoleone è stato l'esportatore delle idee della Rivoluzione Francese, idee che sono state utilizzate contro l'Europa dinastica e tradizionale.

Per quanto riguarda Hitler, bisognerebbe fare delle riserve nella misura in cui la sua concezione dell'Impero era fondata sul mito del Popolo (Volk = Popolo-razza), concezione che rivestiva un aspetto di collettivizzazione e di esclusivismo nazionalista (etnocentrismo). Fu solo nell'ultimo periodo del Terzo Reich che le vedute si allargarono, da una parte grazie all'idea di un Ordine, difesa da certi ambienti della SS, dall'altra grazie all'unità internazionale delle divisioni europee di volontari che si battevano sul fronte dell'Est.

Per contro, non bisognerebbe dimenticare il principio di un Ordine europeo che è esistito con la Santa Alleanza (il cui declino fu imputabile in gran parte all'Inghilterra) e anche con il progetto chiamato Drei Kaiserbund, al tempo di Bismarck: la linea difensiva dei tre imperatori che avrebbe dovuto inglobare anche l'Italia (con la Triplice Alleanza) e il Vaticano e opporsi alle manovre antieuropee dell'Inghilterra e della stessa America.

Un "Reich Europa", non una "Nazione Europa", sarebbe l'unica formula accettabile dal punto di vista tradizionale per la realizzazione di una unificazione autentica ed organica dell'Europa. Quanto alla possibilità di realizzare l'unità europea in questo modo, non posso non essere pessimista per le stesse ragioni che mi hanno indotto a dire che oggi c'è poco spazio per una rinascita del "ghibellinismo": non c'è un punto di riferimento superiore, non c'è un fondamento per dare saldezza e legittimità a un principio d'autorità sopranazionale. Non si può infatti trascurare questo punto fondamentale e accontentarsi di fare appello alla "solidarietà attiva" degli Europei contro le potenze antieuropee, passando sopra ad ogni divergenza ideologica. Anche quando si giungesse, con questo metodo pragmatico, a fare dell'Europa una unità, ci sarebbe sempre il pericolo di veder nascere, in questa Europa, nuove contraddizioni disgregatrici, in particolare per quanto concerne le divergenze ideologiche e per effetto della mancanza di un principio, posto come primordiale, di un'autorità superiore. "Comunità di destino" ha valore solo come parola d'ordine di carattere pratico. Oggi è difficile parlare di "comune cultura europea": la cultura moderna non conosce frontiere; l'Europa importa ed esporta "beni culturali"; non solo nel dominio della cultura, ma anche nel dominio del gusto, nel modo di vivere, si manifesta sempre più un livellamento generale che, coniugato con il livellamento prodotto dalla scienza e dalla tecnica, fornisce argomenti non a coloro che vogliono un'Europa unitaria, ma piuttosto a coloro che vorrebbero edificare uno Stato mondiale. Di nuovo, ci scontriamo con l'ostacolo costituito dall'inesistenza di una vera idea superiore differenziatrice, che dovrebbe essere il nucleo dell'Impero europeo. Al di là di tutto, il clima generale è sfavorevole: lo stato spirituale di devozione, di eroismo, di fedeltà, di onore nell'unità, che dovrebbe servire da cemento al sistema organico di un Ordine europeo imperiale è oggi, per così dire, inesistente. Il primo compito da eseguire dovrebbe essere una purificazione sistematica degli spiriti, antidemocratica e antimarxista, nelle nazioni europee. In seguito, bisognerebbe potere scuotere le grandi masse dei nostri popoli con mezzi diversi, sia facendo appello agli interessi materiali, sia con un'azione a carattere demagogico e fanatico che, necessariamente, solleciterebbe lo strato subpersonale e irrazionale dell'uomo. Questi mezzi implicherebbero fatalmente certi rischi. Ma tutti questi problemi non possono essere tratti in poche parole; d'altronde, ho avuto modo di parlarne in uno dei miei libri, Gli uomini e le rovine.

Note

1. Per una svista, Evola attribuisce a Jules Lachelier la frase di Lagneau che egli aveva preposta a mo' di epigrafe al primo dei suoi Saggi sull'Idealismo Magico (Atanòr, Todi-Roma 1925): "La philosophie, c'est la réflexion aboutissant à reconnaître sa propre insuffisance et la nécessité d'une action absolue partant du dedans" (J. Lagneau, Rev. de Mét. et de Mor., mars 1898, p. 127).



L'intervista che traduciamo qui di seguito apparve originariamente in francese, sui nn. 13 (15 dicembre 1966 - 15 gennaio 1967) e 14 (15 febbraio - 15 marzo 1967) del mensile "La Nation Européenne" (Parigi). Il periodico, diretto da Gérard Bordes, aveva come "conseiller politique" Jean Thiriart, che l'aveva fondato tra il 1965 e il 1966, e contava su una rete paneuropea di collaboratori. L'intervista, realizzata da Franco Rosati, era accompagnata da una foto e da una bibliografia francese della produzione evoliana ed era preceduta da una breve presentazione in cui, nonostante Evola venisse definito "uno dei più grandi pensatori europei (...) un caposcuola, un maestro", si prendevano le distanze nei confronti della sua "sfiducia verso l'avvenire unitario dell'Europa". Al testo dell'intervista seguiva, sul n. 14, una nota redazionale che esprimeva in termini chiarissimi la divergenza esistente fra il tradizionalismo di Evola e il pragmatismo di Thiriart. Infatti vi si leggeva tra l'altro: "La 'Tradizione', certo, è rispettabile. Vogliamo anzi ammettere che noi attingiamo da essa un certo modo di vedere il mondo e un certo metodo di azione. Ma non possiamo accettare di fare di questa 'Tradizione' un nuovo 'senso della storia' e ancor meno una Bibbia in cui è racchiuso tutto. Per noi, la verità si costruisce ogni giorno attraverso metodi e vie diverse. (...) La verità non è posta fin da principio come un faro che rischiara la via. Noi pensiamo piuttosto che, alla fine, la lenta e difficile scoperta della verità nasca, il più delle volte, dall'azione e grazie all'azione".

Claudio Mutti

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lundi, 11 août 2008

L'idée touranienne dans la stratégie américaine

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L'idée touranienne dans la stratégie américaine

 

Le régime turc est autorisé à se maintenir en lisière de l'Eu­rope et dans l'OTAN, malgré ses dimensions "non démo­cra­ti­ques", parce ce pays reçoit en priorité l'appui des Etats-U­nis, qui savent que le militarisme turc pourra leur être très utile si le "Grand Jeu" reprend au beau milieu de l'espace eurasiatique. Cette coïncidence d'intérêts entre militaires turcs et stratégie générale des Etats-Unis incite les uns et les autres à redonner vigueur au "panturquisme", qui porte quelques fois un autre nom : celui de "pantouranisme" ou de "touranisme". C'est le rêve et le projet d'un "empire grand-turc", même s'il doit rester informel, qui s'étendrait de l'Adriatique (en Bosnie) à la Chine (en englobant le Xin­jian ou "Turkestan oriental" ou "Turkestan chinois") (1). Cet empire grand-turc rêvé prendrait le relais de l'Empire otto­man défunt. Le projet touranien a été formulé jadis par le dernier ministre de la guerre de cet empire ottoman, Enver Pacha, tombé au combat face aux troupes soviétiques en com­mandant des indépendantistes turcophones d'Asie cen­tra­le. La "Touranie" centre asiatique n'a jamais fait partie de l'Empire ottoman, sauf quelques bribes territoriales dans les marches; néanmoins, il y a toujours eu des liens entre les khanats des peuples turcs d'Asie centrale et l'Empire ot­to­man, qui y recrutait des hommes pour ses armées. Si la li­gnée d'Osman s'était éteinte, celle des khans de Crimée, de la maison de Giraj, dont l'ancêtre était le Grand Khan des Mongols, Gengis Khan (2), serait alors devenue, comme prévu, la dynastie dirigeante de l'Empire Ottoman (3). 

 

Face au projet touranien, Atatürk adoptait plutôt une posi­tion de rejet, mais c'était très vraisemblablement par tac­ti­que (4), car il devait justifier sa politique face à l'Occident et condamner, pour cette raison, le génocide perpétré par les gouvernements jeunes-turques contre les Arméniens. En­suite, dès que le régime soviétique s'est consolidé, il n'au­rait pas été réaliste de persister sur des positions pan­tou­raniennes. Pourtant, en 1942, quand les troupes alle­man­des pénètrent profondément à l'intérieur du territoire so­viétique, le panturquisme, longtemps refoulé, revient très vite à la surface. Mais, vu la constellation internatio­nale, le gouvernement turc a dû officiellement juger cer­tains activistes pantouraniens, comme le fameux Alparslan Türkesch, pour "activités racistes"; en effet, les Britan­ni­ques (et non pas l'Allemagne nationale-socialiste) avaient, selon leurs bonnes habitudes et sans circonlocutions inu­ti­les, menacé d'occuper la Turquie et Staline, lui, était passé à l'acte en déportant en Sibérie les Tatars de Crimée, alliés poten­tiels d'une coalition germano-turque.

 

Perspective touranienne et "grande turcophonie"

 

Après l'effondrement de l'URSS, la perspective touranienne (5) est bien trop séduisante pour les Etats-Unis, héritiers du système de domination britannique, pour qu'ils la négli­gent. Mises à part les républiques caucasiennes, la majorité écrasante de la population des Etats indépendants dans la partie méridionale de l'ex-Union Soviétique sont de souche turque, sauf les Tadjiks qui sont de souche persane. Qui plus est, de nombreux peuples au sein même de la Fé ­dé­ra­tion de Russie appartiennent à cette "grande turcophonie": leur taux de natalité est très élevé, comme par exemple chez les Tatars, qui ont obtenu le statut d'une république quasi indépendante, ou chez les Tchétchènes, qui combat­tent pour obtenir un statut équivalent. Les "pantouraniens" de Turquie ne sont pas encore très conscients du fait que les Yakoutes de Sibérie nord-orientale, face à l'Etat amé­ri­cain d'Alaska, relèvent, eux aussi, au sens large, de la tur­co­phonie.

 

Si l'on parvient à unir ces peuples qui, tous ensemble, comp­tent quelque 120 millions de ressortissants, ou, si on par­vient à les orienter vers la Turquie et son puissant allié, les Etats-Unis, à long terme, les dimensions de la Russie pourraient bien redevenir celles, fort réduites, qu'elle avait au temps d'Ivan le Terrible (6). En jouant la carte azérie (l'A­zerbaïdjan), ethnie qui fournit la majorité du cadre mi­li­taire de l'Iran, on pourrait soit opérer une partition de l'I­ran soit imposer à ce pays un régime de type kémaliste, indirectement contrôlé par les Turcs. Certains pantoura­niens turcs, à l'imagination débordante, pourraient même rêver d'un nouvel Empire Moghol, entité démantelée en son temps par les Britanniques et qui sanctionnait la domina­tion turque sur l'Inde et dont l'héritier actuel est le Pa­ki­stan.

 

Le "Parti du Mouvement National" (MHP), issu des "Loups Gris" de Türkesch, se réclame très nettement du touranis­me; lors des dernières élections pour le parlement turc, ce parti a obtenu 18,1%, sous la houlette de son président, Dev­let Bahceli et est devenu ainsi le deuxième parti du pays. Il participe au gouvernement actuel du pays, dans une coalition avec le social-démocrate Ecevit, permettant ainsi à certaines idées panturques ou à des sentiments de même acabit, d'exercer une influence évidente dans la so­ciété turque. C'est comme si l'Allemagne était gouvernée par une coalition SPD/NPD, avec Schroeder pour chancelier et Horst Mahler comme vice-chancelier et ministre des af­faires extérieures! […].

 

Une Asie centrale "kémalisée"?

 

Dans un tel contexte, le kémalisme comme régime a toutes ses chances dans les républiques touraniennes de l'ex-Union Soviétique. Les post-communistes, qui gouvernent ces E­tats, gardent leur distance vis-à-vis de l'Islam militant et veu­lent le tenir en échec sur les plans politique et institu­tionnel. Mais l'arsenal du pouvoir mis en œuvre là-bas peut rapidement basculer, le cas échéant, dans une démocratie truquée. Jusqu'à présent, ces Etats et leurs régimes se sont orientés sur les concepts du soviétisme libéralisé et, mis à part l'Azerbaïdjan, choisissent encore de s'appuyer plutôt sur la Russie que sur la Turquie (8), malgré l'engagement à grande échelle de Washington et d'Ankara dans les sociétés pétrolières et dans la politique linguistique (introduction d'un alphabet latin modifié (7), adaptation des langues turques au turc de Turquie. Comme l'Occident exige la li­berté d'opinion et le pluralisme, ces éléments de "bonne gouvernance" sont introduits graduellement par les gouver­ne­ments de ces pays, ce qui constitue une démocratisation sous contrôle des services secrets selon la notion de peres­troïka héritée de l'Union Soviétique (9).

 

Cela revient à construire les "villages à la Potemkine " de la dé­mocratie (10), dont le mode de fonctionnement concret est difficile à comprendre de l'extérieur. Tant que les diffé­rents partis et organes de presse demeurent sous le contrô­le des services secrets, on n'aura pas besoin d'interdire des formations politiques en Asie centrale (contrairement à ce qui se passe en Allemagne fédérale!). Mieux: on ira jusqu'à soutenir le "pluralisme" par des subsides en provenance des services secrets, car cela facilitera l'exercice du pouvoir par les régimes post-communistes établis, selon le bon vieux principe de "Divide et impera", mais l'Occident aura l'im­pression que la démocratie est en marche dans la ré­gion.

 

Avec Peter Scholl-Latour, on peut se poser la question: «Pen­dant combien de temps l'Occident  —principalement le Congrès américain et le Conseil de l'Europe—  va-t-il culti­ver le caprice d'imposer un parlementarisme, qui soit le cal­que parfait de Westminster, dans cette région perdue du monde, où le despotisme est et reste la règle cardinale de tout pouvoir? ». Ce jeu factice de pseudo-partis et de pseu­do-majorités ne peut conduire qu'à discréditer un système, qui ne s'est avéré viable qu'en Occident et qui y est incon­tour­nable. Le pluralisme politique et la liberté d'opinion ne sont pas des "valeurs" qui se développeront de manière op­timale en Asie centrale. Même le Président Askar Akaïev du Kirghizistan, considéré en Europe comme étant "relative­ment libéral", a fait prolonger et bétonner arbitrairement son mandat par le biais d'un référendum impératif. Nous avons donc affaire à de purs rituels pro-occidentaux, à un libéralisme d'illusionniste, pure poudre aux yeux, et les mis­sionnaires de cette belle sotériologie éclairée, venus d'Oc­cident, finiront un jour ou l'autre par apparaître pour ce qu'ils sont: des maquignons et des hypocrites (11).

 

Va-t-on vers une islamisation de l'extrémisme libéral?

 

Comme la pseudo-démocratie à vernis occidental court tout droit vers le discrédit et qu'elle correspond aux intérêts américains, tout en ménageant ceux de la Russie (du moins dans l'immédiat…), c'est un tiers qui se renforcera, celui dont on veut couper l'herbe sous les pieds : l'islamisme. Com­me le kémalisme connaît aussi l'échec au niveau des par­tis politiques, parce que la laïcisation forcée qu'il a prô­née n'a pas fonctionné, la perspective touranienne conduit ipso facto à réclamer une ré-islamisation de la Turquie , mais une ré-islamisation compatible avec la doctrine kéma­liste de l'occidentalisation (12); de cette façon, le kéma­lis­me pourra, à moyen terme, prendre en charge les régimes post-communistes de la "Touranie".

 

La synthèse turco-islamique ("Türk-islam sentezi") est un nou­vel élément doctrinal, sur lequel travaillent depuis long­temps déjà les idéologues du panturquisme (13), avec de bonnes chances de connaître le succès : si l'on compta­bi­lise les voix du DSP et du CHP, on obtient à peu de choses près le nombre des adeptes de l'alévisme; ceux-ci se veu­lent les représentants d'un Islam turc, posé comme distinct du sunnisme, considéré comme "arabe", et du chiisme, con­sidéré comme "persan" (14). Dans cette constellation poli­tique et religieuse, il faut ajouter aux adeptes de l'alé­visme, l'extrême-droite turque et une partie des islamistes (15). Ces deux composantes du paysage politique turc é­taient prêtes à adopter une telle synthèse, celle d'un Islam turc, voir à avaliser sans problème une islamisation du ké­malisme, qui aurait pu, en cas de démocratisation, con­duire à une indigénisation de facto de l'extrémisme libéral.

 

Universalisme islamique et Etats nationaux

 

En s'efforçant de créer une religion turque basée sur la ma­xime "2500 ans de turcicité, 1000 ans d'islam et (seule­ment) 150 ans d'occidentalisation", un dilemme se révèle : ce­lui d'une démocratisation dans le cadre d'un islam qui reste en dernière instance théocratique. L'établissement de la démocratie dans tout contexte islamique s'avère fort difficile, parce que la conception islamique de l'Etat im­plique une négation complète de l'Etat national (16). Or cette instance, qu'on le veuille ou non, a été la grande pré­misse et une des conditions premières dans l'éclosion de la démocratie occidentale (en dépit de ce que peuvent penser les idéologues allemands au service de la police politique, qui marinent dans les contradictions de leur esprit para-théocratique, glosant à l'infini sur les "valeurs" de la démo­cratie occidentale). Dans l'optique de l'islam stricto sensu, en principe, tous les Etats existants en terre d'islam sont illégitimes et peuvent à la rigueur être considérés comme des instances purement provisoires. Ils n'acquièrent légiti­mité au regard des puristes que s'ils se désignent eux-mê­mes comme bases de départ du futur Etat islamique qui, en théorie, ne peut être qu'unique. 

 

Dans le christianisme, le conflit entre la revendication universaliste de la religion et les exigences particularistes de la politique "mondaine" (immanente) se résout par la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Dans le christianisme oriental (orthodoxie), la séparation de l'Eglise et de l'Etat n'a pas été poussée aussi loin, ce qui est une caracté­ristique découlant tout droit de la forme de domination propre au système ottoman, que l'on appelle le "système des millets", où les chefs d'Eglise, notamment le Patriarche de Constantinople, sont considérés comme des "chefs de peuple". De ce fait, le principe de l'"église nationale" con­stitue la solution dans cette aire byzantine et orthodoxe. Dans l'aire islamique, nous retrouvons cette logique, qui, en Occident, a conduit à la démocratie, telle qu'on la connaît aujourd'hui. Cette démocratie a pu s'organiser dans un es­pace particulier et circonscrit, via l'instance "Etat national". Donc dans l'aire islamique, réaliser la démocratie passe né­cessairement par le postulat de créer une religion natio­nale. On retrouve une logique similaire dans le judaïsme, lui aussi apparenté à l'Islam, où le sionisme a été le moteur d'une démocratisation nationaliste, qui a finalement con­duit à la création de l'Etat d'Israël. Cependant, dans l'aire islamique, une religion nationale de ce type, qui pourrait concerner tous les Etats musulmans, ne pourrait pas se con­tenter d'être une simple religion civile, comme en Occident et notamment en RFA, où la religion civile repose sur un reniement moralisateur du passé, organisé par l'Etat lui-mê­me; elle devrait avoir tous les éléments d'une véritable religion (17), pouvant se déclarer "islamique", même si d'au­tres refusent de la considérer comme telle.

 

L'alévisme turc, religiosité de type gnostique

 

Dans les doctrines de l'alévisme turc (18), nous avons affai­re à une religion de type gnostique, car son noyau évoque la théorie des émanations, selon laquelle tous les étants sont issus de Dieu, vers lequels ils vont ensuite s'efforcer de retourner. Dieu a créé les hommes comme êtres corporels (phy­siques) (19), afin de se reconnaître lui-même dans sa création. Après le "retour" dans l'immense cycle ontolo­gi­que, toutes les formes, produites par l'émanation, retour­nent à Dieu et se dissolvent en lui (20), ce qui lui permet de gagner en quelque sorte une plus-value d'auto-connais­sance. La capacité qu'a l'homme de reconnaître Dieu at­teste de la nature divine de l'homme. Par extrapolation, on aboutit quelques fois à une divinisation de l'homme, deve­nant de la sorte un être parfait (où l'homme devient un dieu sur la Terre ), et, dans la logique de l'alévisme turc, le Turc devient ainsi le plus parfait des êtres parfaits. L'hom­me a parfaitement la liberté d'être athée, car l'athéisme con­stitue une possibilité de connaître Dieu (21), car la con­nais­sance de Dieu, dans cette optique, équivaut à une con­naissance de soi-même.

 

Par conséquent, les lois islamiques, y compris les règles de la prière, ne sont pas reconnues et, à leur place, on installe les anciennes règles sociales pré-islamiques des peuples turcs, ce qui revient à mettre sur pied une religion ethni­que turque, compénétrée d'éléments chamaniques venus d'Asie centrale. Dans une telle optique, Mohammed et Ali, qui, au titre d'émanation est pied sur pied d'égalité avec lui, sont perçus comme des êtres angéliques préexistants, devenus hommes.  Le Coran n'a plus qu'une importance de moin­dre rang, car, disent les gnostiques turcs, par sa chute dans une forme somatique d'existence, le Prophète a subi une perte de savoir, le ramenant au niveau de la simple con­naissance humaine. Tous les éléments d'arabité en vien­nent à être rejetés, pour être remplacés par des éléments turcs.

 

Ordre des Janissaires, alévisme et indigénisme turc

 

Si l'on ôte de l'idéologie d'Atatürk tout le vernis libéral (extrême libéral), on perçoit alors clairement que le fonda­teur de la Turquie moderne —même s'il n'en était pas entiè­rement conscient lui-même—  était effectivement un Alé­vite, donc en quelque sorte un indigéniste turc (on le voit dans ses réformes : égalité de l'homme et de la femme, in­terdiction du voile, autorisation de consommer de l'alcool, suppression de l'alphabet et de la langue arabes, etc.). Ce programme ne peut évidemment pas se transposer sans heurts dans d'autres Etats islamiques. En Turquie, ces ré­for­mes ont pu s'appliquer plus aisément dans la majorité sun­nite du pays sous le prétexte qu'elles étaient une occi­dentalisation et non pas une transposition politique des critères propres de l'alévisme. La suppression du califat sun­nite par Atatürk en 1924 peut s'interpréter comme une ven­geance pour la liquidation de l'ordre des janissaires par l'Etat ottoman en 1826. Les janissaires constituaient la prin­cipale troupe d'élite de l'Empire ottoman; sur le plan re­ligieux, elle était inspirée par l'Ordre alévite des Bekta­chis , lui aussi interdit en 1827 (22). Les intellectuels de l'Armée et les nationalistes d'inspiration alévite reprochent à cette interdiction d'avoir empêché la turquisation des Albanais, très influencés par le bektachisme, à l'ère du ré­veil des nationalités. Les nationalistes alévites constituent l'épine dorsale du mouvement des Jeunes Turcs qui arrivent au pouvoir en 1908. Ces événements et cette importante cardinale du bektachisme alévite explique pourquoi la Tur ­quie actuelle et les Etats-Unis (23) accordent tant d'impor­tance à l'Albanie dans les Balkans, au point de les soutenir contre les Européens.

 

L'idéal de "Touran" vise à poursuivre la marche de l'histoire

 

La religion quasi étatique dérivée directement des doctri­nes alévites pourrait sous-tendre un processus de démocra­ti­sation dans l'aire culturelle musulmane (24), mais elle ne serait acceptée ni par les Sunnites ni par les Chiites. Ceux-ci n'hésiteraient pas une seconde à déclarer la "guerre sain­te" aux Alévites. On peut penser que les prémisses de cet Is­lam turco-alévite pourrait, par un effet de miroir, se re­trou­ver dans le contexte iranien, où les Perses se réfère­raient à leur culture pré-islamique (ou forgeraient à leur tour un islam qui tiendrait compte de cette culture). Une tel­le démarche, en Iran, prendrait pour base l'épopée na­tio­nale du Shahnameh (le "Livre des Rois"). Aujourd'hui, on observe un certain retour à cette iranisme, par nature non islamique, ce qui s'explique sans doute par une certaine dé­ception face aux résultats de la révolution islamique. Mais le nouvel iranisme diffus d'aujourd'hui se plait à souligner toutes les différences opposant les Perses aux Turcs, alliés des Etats-Unis. Enfin, dans l'iranisme actuel, on perçoit en fi­ligrane une trace du principe fondamental du zoro­as­tris­me, c'est-à-dire la partition du monde en un règne du Bien et un règne du Mal, un règne de la "Lumière" et un règne de l'"Obscurité", compénétrant entièrement l'épopée nationale des Perses. Cela se répercute dans l'opposition qui y est dé­cri­te entre l'Empire d'"Iran" et l'Empire du "Touran". « L'Iran étant la patrie hautement civilisée des Aryens, tandis que le Touran obscur est le lieu où se rassemblent tous les peu­ples barbares de la steppe, venus des profondeurs de l'Asie centrale, pour assiéger la race des seigneurs de souche in­do-européenne » (25).

 

La fin de l'histoire occidentale

 

Peu importe ce que les faits établiront concrètement dans le futur : dés aujourd'hui, on peut dire que la perspective tou­ranienne permet d'aller dans le sens des intérêts amé­ri­cains au cas où le "Grand Jeu" se réactiverait et aurait à nou­veau pour enjeu la domination du continent eurasia­ti­que, prochain "champ de bataille du futur" (26). Parce qu'ils bénéficient du soutien des Etats-Unis, les Etats riverains et touraniens de la Mer Caspienne équipent leurs flottes de guerre pour affirmer leurs droits de souveraineté sur cette mer intérieure face à la Russie et à l'Iran. Le tracé de ces frontières maritimes est important pour déterminer dans l'avenir proche à qui appartiendront les immenses réserves de pétrole et de gaz naturel. Le risque de guerre qui en découle montre l'immoralité de la politique d'occidentalisa­tion, dont parle Huntington (27). Celui-ci nous évoque les moyens qui devront irrémédiablement se mettre en œuvre pour concrétiser une telle politique : ces moyens montrent que la conséquence nécessaire de l'universalisme est l'im­pé­­rialisme, mais que, dans le contexte actuel qui nous pré­occupe, l'Occident n'a plus la volonté nécessaire de l'impo­ser par lui-même (mis à part le fait que cet impérialisme con­tredirait les "principes" occidentaux…). L'universalisme oc­ci­dental, qui cherche à s'imposer par la contrainte, ne peut déboucher que sur le désordre, car les moyens mis en œuvre libèreraient des forces religieuses, philosophiques et démographiques qu'il est incapable de contrôler et de com­pren­dre. Cette libération de forces pourra conduire à tout, sauf à la "fin de l'histoire". Mais cette fin de l'histoire sera effectivement une fin pour la civilisation qui pense que cet­te fin est déjà arrivée. «Les sociétés qui partent du prin­ci­pe que leur histoire est arrivée à sa fin sont habituel­le­ment des sociétés dont l'histoire sera interprétée comme étant déjà sur la voie du déclin » (28).

 

On peut émettre de sérieux doute quant à la réalisation ef­fective de la "perspective touranienne" ou d'une issue con­crète aux conflits qu'elle serait susceptible de déclencher dans l'espace centra-asiatique quadrillé jadis par l'interna­tionalisme stalinien qui a imposé des frontières artificiel­les, reprises telles quelles par le nouvel ordre libéral, qui ne parle pas d'"internationalisme", comme les Staliniens, mais de "multiculturalisme". Ce multiculturalisme ne veut pas de frontières, alors que ce système de frontières est une nécessité pour arbitrer les conflits potentiels de cette ré­gion à hauts risques. Renoncer aux frontières utiles re­vient à attendre une orgie de sang et d'horreur, qui sera d'au­tant plus corsée qu'elle aura une dimension métaphy­si­que (29). C'est une sombre perspective pour nous Euro­péens, mais, pour les Turcs, elle implique la survie, quoi qu'il arrive, à l'horizon de la fin de l'histoire, que ce soit en préservant leur alliance privilégiée avec les Etats-Unis ou en entrant en conflit avec eux, remplaçant l'URSS comme dé­tenteurs de la "Terre du Milieu", nécessairement opposés aux maîtres de la Mer.

 

Josef SCHÜSSLBURNER.

(extrait d'un article paru dans Staatsbriefe, n°9-10/2001; trad. franç.: Robert Steuckers).

 

Notes :

(1)       Cf. «Waffen und Fundamentalismus. Die muslimischen Separa­tisten im Nordwesten Chinas erhalten zulauf», Frankfurter Allgemeine Zeitung, 29.3.1999.

(2)       Plus tard, un nombre plus élevé de tribus mongoles se sont pro­­gressivement "turquisées"; le terme "Moghol" le rappelle, par exemple, car il signifie "mongol" en persan; c'est un sou­venir des origines mongoles des familles dominantes, alors qu'en fin de compte, il s'agit d'une domination turque sur l'In­de.

(3)       F. Gabrieli, Mohammed in Europa - 1300 Jahre Geschichte, Kunst, Kultur, 1997, p. 143.

(4)       La position d'Atatürk était purement tactique, en effet, si l'on se rappelle que les principaux responsables du génocide sont devenus les meilleurs piliers du régime kémaliste; cf. W. Gust, Der Völkermord an den Armeniern, 1993, pp. 288 et ss.

(5)       Cf. «Stetig präsent. Das Engagement der Türkei in einem unsi­cher werdenden Mittelasien», Frankfurter Allgemeine Zei­tung, 4.10.1999.

(6)       La Russie reconnaît effectivement cette problématique; cf. «Mos­kau will eine Allianz gegen Russland nicht hinnehmen. Ankara der Verbreitung pantürkischer Vorstellung bezichtigt - Ab­schluß des Gipfels (der Staatschefs von Aserbaidschan, Ka­sachstan, Kyrgystan, Usbekistan und Turkmnistan) in Istanbul» (!), Frankfurter Allgmeine Zeitung, 20.10.1994.

(7)       Vu le caractère "irréversible" de la candidature de la Turquie à l'UE, la CDU et le Frankfurter Allgemeine Zeitung espèrent que l'ancien bourgmestre d'Istanbul fondera un parti islamique sur le modèle de la CDU (cf. «Im Zeichen der Glühbirne - Die neu­ge­gründete islamische Partei in der Türkei könnte erfolgreich sein - Diesen Erfolg will jedoch das kemalistische Regime nicht zulassen», Frankfurter Allgemeine Zeitung, 16.8.1991, p. 12; cf. également: «Neues Verfahren gegen Erdogan», Frankfurter Allgemeine Zeitung, 22.8.2001, p. 8.

(8)       A ce sujet, cf. «Ein U für ein Y. Schriftwechsel in Aserbaid­schan von kyrillischen zu lateinischen Buchstaben; "…die durch den Wechsel der Schrift zu erwartende engere Anbindung an die Türkei sei von Vorteil für das Land, weil dadurch auch ein wirtschaftlicher Aufschwung zu erwarten sei», Frankfurter All­gemeine Zeitung, 2.8.2001, p. 10.

(9)       Pourtant la distance s'amplifie, cf. «Staatschefs der GUS reden ü­ber regionale Sicherheit; "… herrschen indes Zweifel am Sinn und Zweck der GUS, deren Staaten sich in den vergangenen Jahren auseinanderentwickelt haben», Frankfurter Allge­mei­ne Zeitung, 2.8.2001, p. 6.

(10)    Malheureusement, il n'existe aucune présentation systéma­ti­que de ce concept de "pseudo-démocratisation" téléguidée par les services secrets; on trouve cependant quelques allusions chez A. Zinoviev, Katastroïka, L'Age d'Homme, Lausanne. Par ail­leurs, des allusions similaires se retrouvent dans A. Golit­syn, New Lies for Old, 1984, livre dont nous recommandons la lecture car l'auteur, sur base de sa bonne connaissance du sys­tème soviétique de domination, a parfaitement pu prévoir la mon­tée de la perestroïka.

(11)    Voir le titre de chapitre, p. 109, dans le livre de Peter Scholl-La­tour, Das Schlachtfeld der Zukunft. Zwischen Kaukasus und Pamir, 1998. 

(12)    Ibidem, pp. 151 et ss.

(13)    Cf. «Türkisierung  des Islam? Eine alte Idee wird in Ankara neu aufgelegt», Frankfurter Allgemeine Zeitung, 4.9.1998.

(14)    Références dans U. Steinbach, Geschichte der Türken, 2000, p. 111.

(15)    Dans ce contexte, il convient de citer le nom du prédicateur iti­né­rant Fethullah Gülen, toutefois soupçonné par les kéma­listes, cf. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 15.4.1998.

(16)    C'est ce que souligne à juste titre Huntington, pp. 281 et sui­vantes de l'édition de poche allemande de son livre Der Kampf der Kulturen. Die Neugestaltung der Weltpolitik im 21. Jahr­hundert, 1996.

(17)    Il existe une étape intermédiaire entre une religion civile em­preinte de dogmatisme, comme cette "révision moralisante et permanente du passé" qui s'exerce en RFA, et une véritable religion d'Etat: c'est le concept du "panchasilla", qui est à la fois politique et religieux, propre au régime indonésien, qui permet à l'Etat d'énoncer des dogmes religieux, comme celui d'un monothéisme abstrait, ce qui oblige la minorité bouddhis­te d'interpréter l'idée de nirvana dans un sens théiste, ce qui pré­pare en fait son islamisation (voir notre note 20).

(18)    On en trouve une bonne présentation chez Anton J. Dierl, Ge­schichte und Lehre des anatolischen Alevismus-Bektasismus, 1998, voir en particulier pp. 29 et ss.

(19)    L'accent mis sur le corps et sur les besoins du corps, y compris l'autorisation de boire de l'alcool, a rendu les Alévites sus­pects, comme jadis les Pauliciens et les Bogomils, dont la spiritualité est sous-jacente à l'islam européen dans les Bal­kans. On peut hésiter à qualifier cette religiosité de "gnosti­que". Toutefois la construction théologique générale possède les caractéristiques du gnosticisme, car son lien avec l'islam ap­paraît plutôt fortuit (en effet, les doctrines gnostiques peu­vent recevoir aisément une formulation chrétienne ou boud­dhis­te, comme l'atteste le manichéisme).

(20)    Cette conception peut provenir du temps où la majeure partie des peuples turcs était encore bouddhiste : à l'évidence, il s'a­git ici d'une interprétation théiste du nirvana; on peut suppo­ser qu'elle ait continué à exister au niveau de la mémoire, mê­me après la conversion à l'islam de ces Turcs bouddhistes d'A­sie centrale et d'Inde, même si cette théorie n'est pas satis­fai­sante pour expliquer le principe du karma tout en niant l'exis­tence de l'âme.

(21)    On peut y reconnaître des influences venues de l'hindouisme ; la vision de Dieu comme créateur, conservateur et destructeur du monde rappelle la doctrine trifonctionnelle (Trimurti) de l'hin­douisme; quant à savoir si les cercles ésotériques de l'alé­visme turc croient à la transmigration des âmes  —comme les Dru­ses, mais qui se réfèrent à d'autres traditions, on peut sim­ple­ment le supposer. Les Alaouites de Syrie le pensent, mais les Alévites turcs ne veulent rien avoir à faire avec les Alaoui­tes qui dominent le système politique en Syrie, comme, en fin de compte, aucun Turc s'estimant authentiquement turc ne veut rien avoir à faire avec les Arabes!

(22)    L'orthodoxie sunnite n'a pas pu reprendre en charge cette fonc­tion, car elle s'opposait à la conversion forcée des Chré­tiens (jusqu'en 1700, les janissaires se recrutaient parmi les garçons chrétiens enlevés à leurs familles); cette orthodoxie ne pouvait accepter qu'un musulman soit l'esclave d'un chré­tien (ce que les janissaires étaient formellement en dépit de leur conversion forcée); ce devrait être un avertissement à ceux qui pensent que les Alévites sont des "libéraux" que l'on pourrait soutenir contre l'orthodoxie islamique.

(23)    Cf. «Das Doppelspiel der Amerikaner : Unter den Europäern wächst die Irritation über das zwielichtige Agieren Washing­tons auf dem Balkan : Als Paten der UÇK sind die USA mitver­ant­wortlich für die Zuspitzung des Konflikts zwischen Albanern und Slawo-Mazedoniern», Der Spiegel, n°31/2001, p. 100.

(24)    Il faut tenir compte du fait que l'Islam, actuellement, se trou­ve à une période de son histoire qui correspond à celle de la Ré ­forme en Europe : à cette époque-là en Europe, la démo­cra­tisation ne pouvait se comprendre que comme une théocra­tisation - l'Iran actuel correspond ainsi au pouvoir instauré par Calvin à Genève (et aux théocraties équivalentes installées en Nouvelle-Angleterre). Il faudrait en outre accorder une plus grande importance à la phénoménologie culturelle que nous a léguée un Oswald Spengler; celui-ci , avec une précision toute allemande, a approfondi la théorie de l'anakyklosis (doctrine des cycles ascendants) de Polybe. Pour les collaborateurs des ser­vices de sûreté allemands, Spengler et Polybe seraient au­tomatiquement classés comme des "ennemis de la consti­tu­tion", car ni l'un ni l'autre n'auraient cru, aujourd'hui, à l'é­ternité du système de la RFA actuelle, que tous les historiens contemporains sont sommés de ne jamais relativiser!

(25)    Cf. le résumé final dans le livre de Peter Scholl-Latour, op. cit., p. 294.

(26)    Comme le dit bien le titre du livre de Peter Scholl-Latour, op. cit.

(27)    Ibidem, p. 511.

(28)    Comme le dit à juste titre Samuel Huntington, op. cit. , p. 495.

(29)    Exactement comme le dit le titre de chapitre en page 151 du li­vre de Peter Scholl-Latour, op. cit.

 

 

vendredi, 08 août 2008

Le Livre celtique des jours...

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Le Livre celtique des jours...

Analyse: Caitlín MATTHEWS, The Celtic Book of Days. A Celebration of Celtic Wisdom, Godsfield Press Ltd, New Alresford, 1995, 128 p. (format: 233 mm x 210 mm), nombreuses ill., ISBN 1-899434-10-0.

Dans cet ouvrage richement illustré, Caitlín Matthews nous offre un livre familial, destiné à être lu jour après jour, à accompagner la maisonnée tout au long du cycle cosmique qui se répète chaque année. Elle explique la fascination récente pour l'héritage mythologique et cosmogonique celtique par la présence dans ces traditions d'un cycle annuel bien clair. La succession des rythmes saisonniers (samhain, imbolc, beltane et lughnasadh) est ponctuée par des fêtes et des célébrations qui sont autant de moyens de découvrir et sa propre personnalité et une spiritualité transpersonnelle, indiquant à la personne sa localisation transindividuelle.

Nous sommes hommes et personnes, nous avons notre spécificité inaliénable, certes, mais nous n'en sommes pas moins imbriqués dans les cycles de la planète Terre qui échappent à notre contrôle, nous sommes nourris par ses éléments, par les végétaux et les animaux qui y poussent, y croissent ou y gambadent. Suivre un cycle cosmique à travers le jeu de célébrations cultuelles, c'est apprendre chaque jour une leçon, entrevoir directement ce que sont les rythmes de la Terre , découvrir l'immense et inextricable réseau qu'est la vie, avec sa multiplicité inépuisable, irréductible à des schémas unitaires ou simplificateurs. Chacune des grandes fêtes celtiques (samhain, imbolc, beltane et lughnasadh) sont des “portes” initiatiques qui introduisent à une même réalité tout à la fois identique et mouvante, affichant des facettes changeantes de couleurs, de lumières et d'obscurité, qui finiront par retrouver les tons et tonalités qu'elles viennent de perdre, par l'effet d'un éternel retour, d'un cycle cosmique, fondement inamovible du réel.

Ainsi, la fête du samhain est une période qui débute quand les travaux agricoles ont cessé, que les mesures pratiques de la communauté pour affronter l'hiver ont été prises: c'est alors que cette communauté recommunique avec ses ancêtres disparus et s'adonne à l'introspection; la fête d'imbolc célèbre les émergences, les bourgeonnements, l'innocence primale; la fête de beltane inaugure la période de créativité et de forte expression; la fête de la lughnasadh exprime la maturité et la consolidation des acquis. Numineusement parlant, chacune de ses facettes du réel tellurique n'est-elle pas marquée par des rythmes et des forces différentes, que l'on honore par des fêtes et cultes différents, rendant hommage à des forces, tantôt ascendantes tantôt déclinantes? Vouloir ne célébrer que telle ou telle fête, la maturité plutôt que l'introspection, le bourgeonnement plutôt que la forte expression, etc. est une mutilation de la personnalité qui, quoi qu'on fasse, a toujours été et l'une et l'autre à un moment de son existence et deviendra et l'une ou l'autre dans le futur.

Caitlín Matthews explique les raisons qui l'ont poussée à rédiger et à recomposer cet almanach celtique (plutôt celtique-insulaire) des jours et des semaines: «Les facteurs [naturels] qui nous relient à nos ancêtres celtiques sont les territoires sur lesquels ils ont vécu et qui nous donnent notre sens du lieu; ce sont les traditions qu'ils ont pratiquées qui nous donnent aussi notre sens du lieu; et puis, il y a les saisons qui nous relient à eux au-delà de fort nombreuses strates temporelles. Pour beaucoup de gens qui liront notre livre dans d'autres parties du monde, seuls le sens de l'espace et le sens du temps seront pertinents, car ils habitent un site différent qui possède sa propre sagesse». Caitlín Matthews jette les bases les plus simples et les plus solides d'une religion qui relie vraiment parce qu'elle lie au sol, à un sol particulier. Et l'instrument le plus commode pour restaurer cette religiosité immémoriale  —dans un monde marqué par les fausses religions de l'éradication obsessionnelle et de l'acharnement “linéariste” contre toutes les expressions cycliques—  est l'almanach, compagnon de tous nos ancêtres depuis la disparition de la tradition orale. Caitlín Matthews nous en a composé un très beau. Il faut la remercier.

Kevin McCearnnok.

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mardi, 05 août 2008

L'Union Méditerranéenne éloigne l'UE de la Russie

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Bernhard TOMASCHITZ:

L’Union Méditerranéenne éloigne l’UE de la Russie

Critique du projet transatlantiste de Sarközy

Pour le président français Nicolas Sarközy, la création de l’Union Méditerranéenne est un “rêve devenu réalité”. Cette nouvelle construction, qui a été portée sur les fonds baptismaux à Paris le 13 juillet 2008, inclut, outre les 27 Etats membres de l’UE, tous les pays riverains de la Mer Méditerranée, à l’exception de la Libye. L’objectif officiel de cette organisation, qui aura deux présidents et un secrétariat à Tunis, est, pour l’essentiel, la coopération dans les domaines de l’économie, de l’éducation, de l’assainissement écologique de la Méditerranée et de la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit. La réalisation de ce projet chéri du Président actuellement en fonction du Conseil de l’UE coûtera bien cher au contribuable. D’après les chiffres avancés par la commissaire européenne aux affaires étrangères, Benita Ferrero-Waldner, Euro-Bruxelles mettra la somme de neuf milliards d’euro, d’ici à 2013, à la disposition de la région couverte par cette UM.

L’Union Méditerranéenne, structure préparée de longue date, aura, pour autant qu’elle fonctionnera dans les faits, d’énormes retombées géostratégiques. Sarközy avait parlé de cette Union Méditerranéenne au début de l’année 2007, dans le cadre de la campagne pour les élections  présidentielles en France et, pour la réaliser, a dû accepter un compromis avec l’Allemagne.

Au  départ, cette Union Méditerranéenne devait se limiter aux Etats de l’UE riverains de la Méditerranée. Pour éviter de faire capoter le projet, et face aux réticences de la Chancelière fédérale Angela Merkel, il a dû ouvrir le projet à tous les Etats de l’UE.

Mais dans les pays du Nord de l’UE, en Allemagne, en Pologne, en Suède ou dans les Pays Baltes, personne ne se réjouit de la création de cette Union Méditerranéenne. Ces pays du Septentrion de notre sous-continent auraient préféré consolider les relations de l’UE avec la Russie, riche en matières premières. Le ministre suédois des affaires étrangères, Carl Bildt, a émis son opinion lors de la fête pompeuse qui a marqué la fondation de l’UM à Paris: pour lui, cette UM est certes “souhaitable sur le fond”, mais, ajoutait-il, “elle ne changera pas le monde en un jour”. Bildt employait évidemment un langage diplomatique; traduit en clair, cela équivaut à: “Elle est belle votre fête ici, mais finalement tout ça, c’est du bidon!”.

Nous assistons donc à un déplacement du centre de gravité de l’UE, qui glisse ainsi de l’Est au Sud. En ce sens, l’UM se révèle pour ce qu’elle est: un truc de la stratégie internationale des Etats-Unis pour éloigner l’UE de la Russie. En fin de compte, Washington ne veut pas  seulement encercler la Russie mais aussi empêcher que ne se constitue encore, plus tard, un “Axe Paris-Berlin-Moscou”, comme en 2003 lorsque Washington a déclenché sa guerre d’agression contre l’Irak. La Russie dispose des moyens d’offrir à l’UE une alternative attrayante à la domination sans partage des Etats-Unis sur le monde. Récemment, le Président russe Dimitri Medvedev a donné son aval à un document où l’on déclare que “la constitution d’un système ouvert et démocratique de sécurité et de coopération régionales et collectives qui garantira l’unité de la région euro-atlantique de Vancouver à Vladivostok”, but qui sera “l’objectif principal de la politique étrangère russe en direction de l’Europe”.

Vu l’existence de tels projets à Moscou, les Etats-Unis ont de la chance d’avoir à l’Elysée depuis juin 2007 un “transatlantiste” avéré en la personne de Nicolas Sarközy. Contrairement à son prédécesseur, le président français actuel ne veut pas seulement ancrer davantage encore  son pays dans l’OTAN mais, en plus, lier solidement la politique européenne de sécurité et de défense à l’alliance nord-atlantique. Car l’OTAN, a déclaré Sarközy, “est notre alliance: nous avons contribué à la créer et nous en sommes aujourd’hui l’un des principaux bailleurs de fonds”. Or, aujourd’hui, il faut bien le constater, le seul but de l’existence de cette OTAN est de parfaire l’encerclement de la Russie.

La création de l’UM renforce les soupçons de ceux qui craignent qu’elle servira à introduire la Turquie dans l’UE, et, plus tard, aussi Israël. Il y a un peu plus d’un an, Sarközy se drapait dans le rôle du lutteur clairvoyant, qui allait tout faire pour empêcher l’adhésion turque à l’UE; aujourd’hui, changement d’attitude: il veut se comporter “de manière loyale” à l’égard d’Ankara. “Si de nouvelles conditions d’adhésion doivent être prises en considération, ce sera la présidence française du conseil qui le fera”, vient de dire Sarközy en marge de la cérémonie de fondation de l’UM. Le président français ne cesse de proclamer qu’il est “un ami d’Israël” et que la France “se trouvera toujours aux côtés” de l’Etat créé jadis par le mouvement sioniste.

Les efforts que Sarközy et les Américains déploient pour entraîner l’UE dans les conflits du Proche Orient sont patents depuis longemps déjà. Sur ce plan, les déclarations du ministre allemand des affaires étrangères, Joschka Fischer, en octobre 2005 sont révélatrices: “La sécurité de l’Europe ne dépendra plus des ses frontières orientales mais de la situation dans le bassin oriental de la Méditerranée et au Proche Orient. La Turquie, dans cette conception de la sécurité européenne, doit devenir un pilier de cette sécurité et toutes les entreprises visant à empêcher cette évolution relèvent tout simplement de la courte vue”. C’est en ces termes que le “Daily Princetonian”, quotidien de la célèbre université américaine de Princeton, cite le politicien allemand, situé à la gauche de la gauche.

Quant à Zbigniew Brzezinski, conseiller en matières de sécurité de l’ancien président américain Jimmy Carter, il remarquait, dès 1997, que “la France ne vise pas seulement un rôle politique central dans une Europe unie mais qu’elle se veut aussi le noyau d’un groupe d’Etats nord-africains et méditerranéens, qui, ensemble, ont les mêmes intérêts”. Conclusion: c’est parce que l’Europe dépend entièrement des Etats-Unis que l’extansion de la sphère d’influence de l’UE dans l’espace méditerranéen sera simultanément un accroissement de l’influence américaine dans cette région.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°30-31/2008; trad.  franç.: Robert Steuckers).

 

 

lundi, 04 août 2008

Jacques Pirenne: oligarchies de politiciens professionnels

Sur ce texte ancien de Jacques PIRENNE :

 

Voici une petite analyse intéressante de l'historien Jacques PIRENNE (fils de Henri) dans le tome 6 de son livre "LES GRANDS COURANTS DE L'HISTOIRE UNIVERSELLE" pp. 708-709, imprimé par les "ÉDITIONS DE LA BACONNIÈRE , NEUCHATEL" et publié par ALBIN MICHEL en 1955.

 

Cette analyse concerne la période de l'avant seconde guerre mondiale. Vous observerez que sa conclusion "sent le belge" (la stabilité par le compromis) et, à la lueur du temps, montre bien le chemin parcouru par les partis dits "démocatiques".

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Jacques PIRENNE :

 

La vie politique est prise en mains par une oligarchie de politiciens professionnels

 

Le parlementarisme fondé sur l'opinion, avait été le fait, à l'origine, de petites minorités: Le corps électoral s'est progressivement accru, au fur et à mesure que s'est étendue l'instruction et qu'a augmenté le niveau de vie, c'est-à-dire l'indépendance matérielle de la masse. Après 1918, le suffrage universel est devenu partout une réalité. Le parlementarisme s'est adapté à ce régime nouveau dans lequel l'immense majorité des électeurs ignore tout des problèmes qui se posent au pays. Tout naturellement les partis ont visé à les embrigader en les groupant selon leurs intérêts matériels. Le socialisme, parti de classe, a encadré la masse; en défendant ses intérêts, il lui a imposé en même temps une discipline et un dogme.

 

En face du socialisme, le parti catholique a, lui aussi, créé des organisations professionnelles diverses, en superposant aux intérêts de classe l'idéal religieux. Seul le parti libéral, respectueux, de par son essence, de la liberté individuelle, ne s'est pas organisé. Partout, de ce fait, il s'est trouvé réduit à n'être qu'un parti minoritaire.

 

Dans les régimes totalitaires, un parti unique impose ses chefs et son dogme à la population tout entière. Dans les pays parlementaires, chaque parti impose sa direction à la fraction de l'opinion politique qu'il représente et encadre. Le droit de vote du citoyen se trouve ainsi réduit à accepter en bloc le programme et les hommes que lui propose tel ou tel parti. Ainsi le suffrage universel a-t-il eu pour conséquence de créer une oligarchie politique formée par les dirigeants des divers partis, lesquels ne constituent qu'une très petite minorité du corps électoral.

 

Seule la Suisse , par l'usage du référendum, a conservé au citoyen une liberté qui lui permet d'exercer une action directe sur la législation. Dans tous les autres pays parlementaires, cette oligarchie politique tend de plus en plus à se transformer en une classe spéciale. La politique devient une profession. Le mandataire est rétribué. L'extension constante des attributions de l'Etat ne cesse d'augmenter l'influence des hommes politiques. Le dirigisme économique leur livre de larges secteurs de la vie économique, leur ouvrant ainsi quantité de possibilités de profits. Pour faire partie de cette minorité dirigeante de la politique, il faut se plier à une stricte discipline, franchir des échelons qui, des organisations de parti, mènent aux mandats municipaux, provinciaux ou législatifs. Le parti fait un bloc; il donne ses Consignes ; il a ses intérêts, qu'il place avant ceux de l'État. En marge du parlement, les partis constituent un rouage irresponsable, mais tout-puissant, de la vie politique. Ils dominent le parlement, voire même le gouvernement, dont tous les ministres appartiennent à leurs organisations.

 

Ainsi le personnel politique se transforme en une oligarchie, comme le personnel des grands groupements capitalistes. Entre ces deux oligarchies des rapports se nouent; des services s'échangent.

 

Il en résulte une profonde transformation du régime parlementaire, de plus en plus dominé par les intérêts de classes ou de groupes que représentent les partis. Le rôle de l'élite intellectuelle y devient de plus en plus réduit, et la valeur des mandataires politiques, dont la plus grande partie ne joue plus au parlement que le rôle de figurants, tend à baisser.

 

Les partis constituent dorénavant les cadres des régimes parlementaires. Et tout naturellement, comme toujours lorsqu'une société possède des cadres politiques ou sociaux, ces cadres ont tendance à constituer des oligarchies privilégiées.

 

Comme la source de la puissance de ces oligarchies réside dans la possession du pouvoir, les partis luttent tout naturellement pour disposer du pouvoir en faisant et en défaisant des coalitions, de sorte que l'État se trouve ballotté d'un parti à l'autre.

 

L'autorité du gouvernement diminue tandis que celle des partis augmente; or, l'interventionnisme de l'État ne cesse d'étendre les attributions du gouvernement. Les partis, ou plutôt les petites oligarchies qui les dirigent et qui, à tour de rôle, se partagent les portefeuilles, étendent ainsi de plus en plus leur mainmise sur l'État et sur le pays.

 

Tel quel, cependant, le régime parlementaire demeure un régime d'opinion. En dehors des partis, en effet, se maintient une masse flottante d'électeurs qui se portent, lors des élections, vers l'un ou l'autre parti selon les tendances du moment. Si bien que malgré leur rigidité, les partis restent influencés par l'opinion. En outre, la succession des partis au gouvernement maintient l'équilibre entre les intérêts divers qu'ils représentent. Les crises ministérielles empêchent ainsi des crises sociales. Elles jouent le rôle de soupapes de sûreté. L'instabilité apparente du pouvoir, dans les régimes parlementaires, est la raison de la stabilité du régime lui-même. L'évolution démocratique des pays parlementaires a rallié tous les partis à une politique de réformisme social qui, à travers les crises ministérielles, s'est adaptée aux intérêts de tous les groupes sociaux.

 

 

 

dimanche, 03 août 2008

Citation de Louis Pauwels

L'Europe doit à nouveau fabriquer des hommes libres

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Il n'y a pas de liberté sans enracinement et sans volonté. L'homme libre : tel est l'idéal unique qu'exalte tradionnellement la culture européenne, les poèmes celtes, les légendes germaniques. Autonome dans ses choix, responsable de ses actes, l'homme libre est le produit des vertus du génie européen. Or, c'est lui précisément, qui est menacé par la marche des despotismes extérieurs. Mais aussi, à l'intérieur, par ce que Konrad Lorenz nomme la contagion de l'endoctrinement et Raymond Ruyer la pollution idéologique. Egalitarisme, uniformisation des modes de vie, bureaucratisation accélérée, économisme totalitaire, sont en train de changer l'homme libre européen en homme-masse étranger à lui-même.
Louis Pauwels, Le Figaro-Magazine, 8 octobre 1977.

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vendredi, 01 août 2008

Une biographie magistrale d'Auger Ghiselin de Busbecq

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Un Européen chez les Turcs. Auger Ghiselin de Busbecq

  • Ignace Dalle
  • Date de Parution : 28/05/2008
  • Collection : Documents
  • Prix public TTC : 23,00 €
  • Code ISBN / EAN : 9782213626796 / hachette : 3528791
  • Format (153 x 235)
  • Nombre de pages : 438


Dans la première moitié du XVIe siècle, les Turcs, qui ont déjà conquis Budapest et un tiers de l’Europe, sont sur le point de s’emparer de Vienne. Leur puissance militaire, leur mode de vie et leur religion inspirent la crainte, parfois la terreur chez de nombreux Européens. Un demi-millénaire plus tard, en ce début du XXIe siècle, la Turquie, candidate à l’Union européenne, suscite à nouveau la peur et souvent un rejet violent en Europe occidentale.
Beaucoup d’Européens ignorent l’histoire étonnante de ce grand pays qui a abrité jusqu’en 1453 l’empire byzantin, premier empire chrétien, avant que les Ottomans ne prennent Constantinople et commencent à narguer le Saint empire romain germanique en occupant une bonne partie de l’Europe.

Enfant illégitime né en 1521 au cœur de la Flandre, alors la région la plus riche du monde, Auger Ghiselin de Busbecq parvient, grâce à ses dons multiples et après avoir été légitimé par Charles Quint, à représenter l’Empire des Habsbourg auprès de Soliman le Magnifique. Si ses talents de diplomate lui permettent de calmer le jeu en Europe centrale, où Turcs et Autrichiens se font face, Busbecq reste surtout connu pour sa description amusante et originale de la société turque au moment où l’Empire ottoman est à son apogée. La discipline, la propreté et, surtout, la priorité donnée au mérite sont quelques-unes des qualités turques auxquelles Busbecq rend d’autant plus volontiers hommage qu’elles sont presque inconnues en Europe occidentale au XVIe siècle. Au-delà de la Turquie, l’œuvre de Busbecq est un témoignage incomparable sur une période charnière de l’histoire de l’Europe marquée par la Renaissance, la découverte du Nouveau Monde, la Réforme et les ambitions ottomanes.

Auteur :
Journaliste à l'Agence France Presse, Ignace Dalle a passé de nombreuses années en poste dans le monde arabe, notamment au Liban, en Egypte et au Maroc. De 1992 à 1996, il est directeur du bureau de l'AFP à Rabat. Diplômé de l'Ecole Supérieure de Journalisme de Lille et d'Etudes arabes de l'Université Saint Joseph de Beyrouth, il a publié plusieurs livres sur cette partie du monde.

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vendredi, 25 juillet 2008

Sur Karl Anton Rohan

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Note sur le Prince Karl Anton Rohan, catholique, fédéraliste, européiste et national-socialiste

 

Né le 9 septembre 1898 à Albrechtsberg et décédé le 17 mars 1975 à Salzbourg, le Prince Karl Anton Rohan fut un écrivain et un propagandiste de l'idée européenne. Jeune aristocrate, ce sont les traditions "noires et jaunes" (c'est-à-dire impériales) de la vieille Autriche des familles de la toute haute noblesse qui le fascinent, lui, issu, côté paternel, d'une famille illustre originaire de Bretagne et, côté maternel, de la Maison des Auersperg. Il a grandi à Sichrow dans le Nord-est de la Bohème. Marqué par la guerre de 1914, par les expériences de la révolution bolchevique à l'Est et de l'effondrement de la monarchie pluriethnique, Rohan décide d'œuvrer pour que se comprennent les différentes élites nationales d'Europe, pour qu'elles puissent se rapprocher et faire front commun contre le bolchevisme et le libéralisme.

 

Après la fondation d'un "Kulturbund" à Vienne en 1922, Rohan s'efforcera, en suivant un conseil de J. Redlich, de prendre des contacts avec la France victorieuse. Après la fondation d'un "comité français" au début de l'année 1923, se constitue à Paris en 1924 une "Fédération des Unions Intellectuelles". Son objectif était de favoriser un rassemblement européen, Grande-Bretagne et Russie comprises sur le plan culturel. Dans chaque pays, la société et les forces de l'esprit devaient se rassembler au-delà des clivages usuels entre nations, classes, races, appartenances politiques et confessionnelles. Sur base de l'autonomie des nations, lesquelles constituaient les piliers porteurs, et sur base des structures étatiques, devant constituer les chapiteaux, des "Etats-Unis d'Europe" devaient émerger, comme grande coupole surplombant la diversité européenne.

 

Rohan considérait que le catholicisme sous-tendait le grand œcoumène spirituel de l'Europe. Il défendait l'idée d'un "Abendland", d'un "Ponant", qu'il opposait à l'idée de "Paneurope" de son compatriote Richard Coudenhove-Kalergi. Jusqu'en 1934, le Kulturbund de Rohan est resté intact et des filiales ont émergé dans presque toutes les capitales européennes.

 

Aux colloques annuels impulsés par Rohan (Paris en 1924, Milan en 1925, Vienne en 1926, Heidelberg et Francfort en 1927, Prague en 1928, Barcelone en 1929, Cracovie en 1930, Zurich en 1932 et Budapest en 1934), de 25 à 300 personnes ont pris part. Les nombreuses conférences et allocutions de ces colloques, fournies par les groupes de chaque pays, duraient parfois pendant toute une semaine. Elles ont été organisées en Autriche jusqu'en 1938. Dans ce pays, ces initiatives du Kulturbund recevaient surtout le soutien du Comte P. von Thun-Hohenstein, d'Ignaz Seipel et de Hugo von Hofmannsthal, qui a inauguré le colloque de Vienne en 1926 et l'a présidé. Les principaux représentants français de ce courant étaient Ch. Hayet, Paul Valéry, P. Langevin et Paul Painlevé. En Italie, c'était surtout des représentants universitaires et intellectuels du courant fasciste qui participaient à ces initiatives. Côté allemand, on a surtout remarqué la présence d'Alfred Weber, A. Bergsträsser, L. Curtius, Lilly von Schnitzler, le Comte Hermann von Keyserling, R. von Kühlmann et d'importants industriels comme G. von Schnitzler, R. Bosch, O. Wolff, R. Merton, E. Mayrisch et F. von Mendelssohn.

 

Rohan peut être considéré comme l'un des principaux représentants catholiques et centre-européens de la "Révolution conservatrice"; il jette les bases de ses idées sur le papier dans une brochure programmatique intitulée Europa et publiée en 1923/24. C'est lui également qui lance la publication Europäische Revue, qu'il a ensuite éditée de 1925 à 1936. Depuis 1923, Rohan était véritablement fasciné par le fascisme italien. A partir de 1933, il va sympathiser avec les nationaux-socialistes allemands, mais sans abandonner l'idée d'une autonomie de l'Autriche et en soulignant la nécessité du rôle dirigeant de cette Autriche dans le Sud-est de l'Europe. A partir de 1935, il deviendra membre de la NSDAP et des SA. En 1938, après l' Anschluß, Rohan prend en charge le département des affaires extérieures dans le gouvernement local national-socialiste autrichien, dirigé par J. Leopold. En 1937, il s'était fait le propagandiste d'une alliance entre un catholicisme rénové et le national-socialisme contre le bolchevisme et le libéralisme, alliance qui devait consacrer ses efforts à éviter une nouvelle guerre mondiale. Beau-fils d'un homme politique hongrois, le Comte A. Apponyi, il travaille intensément à partir de 1934 à organiser une coopération entre l'Autriche, l'Allemagne et la Hongrie.

 

Après avoir dû fuir devant l'avance de l'armée rouge en 1945, Rohan est emprisonné pendant deux ans par les Américains. Après sa libération, Rohan ne pourra plus jamais participer à des activités publiques, sauf à quelques activités occasionnelles des associations de réfugiés du Pays des Sudètes, qui lui accorderont un prix de littérature en 1974.

 

L'importance de Rohan réside dans ses efforts, commencés immédiatement avant la première guerre mondiale, pour unir l'Europe sur base de ses Etats nationaux. Très consciemment, Rohan a placé au centre de son idée européenne l'unité des expériences historiques et culturelles de l'Est, du Centre et de l'Ouest de l'Europe. Cette unité se retrouvait également dans l'idée de "Reich", dans la monarchie pluriethnique des Habsbourgs et dans l'universalisme catholique de l'idée d'Occident ("Abendland", que nous traduirions plus volontiers par "Ponant", ndt). Les besoins d'ordre culturel, spirituel, religieux et éthique devaient être respectés et valorisés au-delà de l'économie et de la politique (politicienne). Cet aristocrate, solitaire et original, que fut Rohan, était ancré dans les obligations de son environnement social élitiste et exclusif tout en demeurant parfaitement ouvert aux courants modernes de son époque. En sa personne, Rohan incarnait tout à la fois la vieille Autriche, l'Allemand et l'Européen de souche française.

 

Dr. Guido MÜLLER.

 

(entrée parue dans: Caspar von SCHRENCK-NOTZING (Hrsg.), Lexikon des Konservatismus, L. Stocker, Graz, 1996, ISBN 3-7020-0760-1; trad. franç.: Robert Steuckers).

 

 

 

J. Parvulesco: Dans la Forêt de Fontainebleau

Dans la forêt de Fontainebleau
Sur "Dans la Forêt de Fontainebleau" de Jean Parvulesco
D’origine roumaine, Jean Parvulesco, né en 1929, est un écrivain français, catholique de Tradition. Il fut l’ami de Raymond Abellio, Mircea Eliade, Jacques Bergier, Dominique de Roux, Guy Dupré et de nombreux autres. Il eut des contacts avec Martin Heidegger, Ezra Pound et Julius Evola. Réfléchir et Agir ainsi que Le Libre Journal ont publié de remarquables papiers sur lui dont, dans le premier, Vladimir Poutine et l’Eurasie et, dans le second, le papier de Nicolas Bonnal[1] : Jean Parvulesco : Le Sentier perdu.
           
Dans le n° 26 de la revue Rebellion (septembre-octobre 2007), sous le titre « La troisème guerre mondiale est commencée » que vous trouverez en archives 2007 (octobre) sur le site : http://rebellion.hautetfort.com , vous trouverez la citation suivante de Jean Parvulesco : « En même temps, il ne faut au aucun cas oublier que, mystérieusement, c’est en France et à partir de la France que la partie finale va devoir se jouer, parce que c’est ainsi qu’il en a été décidé ‘depuis les ultimes hauteurs des cieux’. Ce sera donc dans les soubassements inconscients d’une certaine France profonde, dissimulée, que réside la décisions salvatrice, et peu importe alors l’état d’abominable dégénérescence spirituelle et politico-historique de la France, parce que des puissances d’un autre ordre vont avoir à y mener la ‘bataille finale’. Il est donc urgent que les nôtres – quelque soit leur nombre – se rassemblent déjà, et ce tiennent prêts à se saisir de la grande vague montante ».
           
C’est cette phrase que Jean Parvulesco développe en 430 pages dans cet onzième grand roman métaphysique La forêt de Fontainebleau, l’escatologie se rencontre de chapitre en chapitre. Le style est à mi chemin entre celui de Raymond Abellio et de Maurice G.Dantec : curieux, désorientant, occulte, empli de ce que Jean Pauwels nommait des coincidences troublantes.
           
J’avoue que les cent premières pages m’ont été difficiles à lire et je comprends que certains lecteurs en restent là. Ils ont tort. La suite devient, peu à peu, d’abord captivante, ensuite passionnante.
           
Ce que n’avait pas vu Francis Parker Yockey[2], et que souligne Parvulesco, c’est que l’Imperium grand continental (auquel j’aspire tout comme Jean Parvulesco) dépendra toujours de la situation suprahistorique de la France. Il faut que la France retrouve le fil de « sa propre histoire profonde » crimellement interrompue par la décapitation de Louis XVI et de Marie-Antoinette.
           
Le roman imagine Marie-Antoinette et Louis XVII rescuscités en notre temps et cachés dans la forêt de Fontainebeau jusqu’à ce que « le jour vienne ». Or le jour est venu. Il n’était pas dans les vues de l’auteur de nous conter de quelle manière la Renaissance de l’Impérium se passera mais de nous conter les fort nombreuses traces qui permettent, souterrainement, d’y accéder. Et, pour cela, bravo l’artiste !
           
« … je ne parle pas de certeins rêves prophétiques, dont on doit comprendre qu’ils ne sont pas des rêves mais de visions commandées depuis l’au-delà, qui n’ont que l’apparence du rêve, dont ils ne font qu’emprunter les voies, à des fins autres, entièrement différentes ».
           
« Là, je ferai un rapprochement. Avec un fragment d’un roman qui n’a pas été publié, et qui risque de ne jamais l’être, Les Chats Bottés de Nicolas Bonnal, fragment qui fait état de l’apprentissage spirituel de Bérénice par Frantz l’initiant au langage des oiseaux, au mystérieux carmina galli, ‘langue angélique ou des états supérieurs de l’être’. »
« Le secret de tout n’est-il pas là ? À travers les noires broussailles, il y a un sentier oublié y menant. »
           
« … mais encore faudrait-il avoir au moins pressenti, si ce n’est déjà su comprendre en profondeur, quel est l’ultime mystère arthurien[3] du roman, de la ‘romance occidentale’ ; tâche gigantesque, suprahumaine, dévastatrice ; qu’l s’agit de poursuivre sur les confins glaciaires de la ligne de partage d’être et du non-être. »
«  (Je tiens de ‘Laurence de Saint-Germain’ que, pareille à un tumulus de la steppe cachant les restes d’un prince scythe anonyme, la ‘colline’ en pleine terre s’élevant au milieu de la belle cour intérieure de la ‘mason d’édition’ hantant mes rêves, garde secrètement de la jeune maîtresse française d’un général allemand violéee et assassinée, cher elle, par la ‘résistance’, l’été de 1943 ; celle-ci, fille des anciens propriétaires de l’immeuble, se serait appelée Marie-Christine, et l’on dit une messe en sa mémoire, à l’église Saint Thomas d’Aquin, toute proche, chaque 26 juillet[4], jour anniversaire de son supplice et de sa mort ; quand, parfois, se laissant surprendre à dessein, elle ‘apparaît’) »
           
« La littérature en action, arme occulte de la Parousie[5] »
           
« Cependant, aujourd’hui, ce 26 juillet, la canicule semblait avoir quelque peu cédé. J’y pressens un signe menteur, le pire est sans doute encore à venir. Dans toute ma vie, ce qui m’est arrivé d’extraordinaire, c’est à chaque fois en juillet que cela s’était passé. Sans aucune exception, toujours en juillet. »
           
C’est  ainsi qu’en 2007, ma maman est morte le 19 juillet, a été enterrée le 22 juillet (et je tiens ici à remercier mes amis Jacqueline De Beukelaer, Michel Cuykens et que le 26 juillet, jour de mon
           
« … je l’avais chérie comme une Yvonne de Galais[6] ‘glissant près des étangs’, comme l’ombre d’une jeune princesse du haut moyen-âge réincarnée clandestinement en ce temps de dépravation sans bornes, de misère et de honte abjectissimes ».
           
« Par rapport au non-être, lêtre sera toujours en situation de ‘camp retranché’. Ce n’est qu’en se reournant sur lui-même, séparé de tout ce qu’il n’est pas, que lêtre peut faire face à l’encerclement du non-être. Car l’être se trouve en permanece encerclé par le non-être[7] ».
           
Après, comme je l’ai dit, avoir dépassé les cent premières pages, « … je commençais à pouvoir mieux déchiffrer les arrangements occultes qui s’étaient mis en marche aurour de moi à partir de l’instant où je m’étais trouvé brusquement happé dans la ‘voie sans retour’ de l’allégeance à la centrale conspirative inconnue qui, depuis ‘l’autre monde’, menait si étroitement le jeu dans lequel je me voyais à présent engagé : tout à fait malgré moi, au départ ; mais, depuis,m’étant de plus en plus laissé prendre. » Exactement comme moi.
            « Des ‘portes induites’[8] il y en a, certainement, d’autres au monde ; mais pas autant qu’on pourrait le croire, et même bien moins, la plupart s’étant refermées avec l’obscurcissement accéléré des temps actuels ; et quand il n’y en aura plus aucune, c’est que la fin sera imminente, et sans doute déjà là. »
           
« L’amiral avait raison, avec l’apparition de ‘Régine’ et de Louis au ‘Manoir des Roses’, apparition imprévue, et soudaine s’il en fut, notre combat entrait vraiment dans sa « phase finale’. Ce qui impliquait que, désormais, il nous faudra de plus en plus agir, ou faire agir à visage découvert, accepter toutes les conditions de l’action politique directe, action d’encadrement idéologico-organisationnel et de sur-activation permanente des groupes disposés – que nous allions prédisposer nous-mêmes – à s’engager à nos côtés, totalement. Car à nouveau la dialectique tragique destinée à ramener les masses sous l’influence irrésistible des minorités agissantes viendra à battre son plein, sans trêve ni aucune échappatoire. Aucune. »
           
« Mais une reine de France est faite pour être adorée, et celle-ci plus que n’importe quelle autre. Il faut aussi, pour que l’on puisse mieux comprendre les choses, que l’âge qui paraissait être celui de ‘Régine’ n’était pas du tout celui qu’elle avait la veille de la date fatale du 16 octobre 1793, mais celui de ses 25 ou 28 ans. »
Dans ce roman, qui est, en réalité, plus un Journal qu’un Roman, Jean Parvulesco nous promène de lieu en lieu, de Suisse, en Vaucluse, en Berry, à Paris, en Vendée, en Italie. Il nous parle de plusieurs personnages, il est, en réalité un fabuleux metteur en scène, connaissant à merveille l’art du play back. Jugez-en :
           
Coire[9], « ville chère, très chère à mon cœur, avit été la première ville impériale qui avait reçu et salué Frédéric II Hohenstaufen, ses étendards et ses oriflammes, avec une ardeur annonçant les sommets lumineux, enflammés du bref Regnum Sacrum qui allait venir, et qui restera dans l’immémoire abyssale des nôtres comme la dernière grande saison d’ensoleillement cosmique de l’histoire occidentale du monde (…) Oui, je souviens de la ville de Coire, de la secrète ville de Coire, comme si j’y étais encore, où pour la première fois j’avais respiré l’air vivifiant et bûlant, le très limpide air d’une ‘zone libérée’. L’air de la ‘Citadelle de l’Ardente Foi’. »
           
« … je l’ai traversée, moi aussi, ma ‘Saison aux Enfers’, je les ai connus, les Enfers, et j’ai vu que ce n’était quand même pas grand-chose ; la Foi sera toujours plus forte que tous les Enfers ; il suffit d’avoir la vraie Foi, ou que la Foi vous ait vraiment… ».
La Foi chrétienne et le rêve d’un Impérium sont les points forts de ce livre.
           
« Pour nous autres, l’Impérium Ultimum devra être constitué, dans sa première phase historique, par l’intégration impériale finale de l’Europe de l’Ouest, de l’Europe de l’Est, de la Russie, du Tibet, de l’Inde e du Japon. Impérium Ultimum axé également – il n’y a pas ‘dEmpire Final’ sans une nouvelle ‘Religion Finale’ – sur la réintégration des deux grandes religions européennes, le catholicisme et l’orthodoxie, le protestantisme ne comptant pas, en une seule ‘Religion Impériale Finale’, à laquelle viendront s’adjoindre – dans le cadre de ‘l’Empire Eurasiatique de la Fin’ – d’une manière ou d’une autre, le ‘grand shintoïsme japonais et le ‘grand hindouisme’ indien de la fin. »
Jean Parvulesco n’hésite pas à faire figurer le pape Jean-Paul II dans son Journal :
           
« D’une voix toute basse, et lente, mais sans aucune interruption, le Saint-Père en vint ensuite à dresser, devant nous, la vision du ministère occulte, du ministère eschatologique final de la France, d’une certine ‘France Secrète’, ministère concernat les destinées de l’ensemble de la civilisation chrétienne européenne, Russie y comprise, à part entière. (…) afin que l’Europe puisse revenir à son identité totale retrouvée – à la fois antérieure et ultime, ‘finale’ – à sa double identité ontologique, sacrée et impériale.»
           
« Et j’ai retenu aussi, entre bien d’autres, une fort saisissante confidence du cardinal A.T. sur Jean-Paul II, lequel, miraculeusement échappé à la mort lors de l’attentat contre sa personne de la Place Saint-Pierre, le 13 mai 1981, et croyant intraitablement à une intervention, ce jour-là, en sa faveur, de Notre-Dame de Fatima, aurait proposé aussitôt à la Vierge un ‘pacte de survivance commandé’, pour qu’Il soit ‘maintenu en vie’ jusqu’à ce qu’Il finisse par vraiment pouvoir ‘accomplir sa mission’ ; ‘jusqu’au bout’. Mais de quelle mission s’agissait-il ? Peut-être celle de la réintégration finale du catholocisme et de l’orthodoxie dans une seule ‘religion impériale’, faisant suite à une future œuvre de ‘nouvelle évangélisation’ du contient européen dans son ensemble, œuvre poursuivie, en profondeur, et qu’il faudra totalement achever, tant en Europe de l’Ouest qu’en Europe de l’Est. »
           
« Et tout cela pour qu’il finisse par me confier en continuité que Jean-Paul II ne déserpérait pas de nourrir, au fond de Lu-Même l’ardent désir – toujours, pour le moment, profondément caché – d’arriver, un jour, à pouvoir procéder, personnellement, à la canonisation finale de Louis XVI et de la famille martyre de celui-ci. La mystérieuse ‘réapparition’ de ‘Marie’ et de son fils ‘Louis’ ayant, cependant, suspendu le processus de cette canonisation secrètement en cours d’émergence à la lumière du jour ».
           
« Et il y avait même bien plus encore : à ce qu’il semblerait, le Saint-Père commençait à se laisser convaincre par deux de ses ‘conseillers secrets’ -- un espagnol et un ukrainien – de l’éventualité à envisager, un jour, de la canonisation de Corneliu Codreanu, le chef de la Légion de l’Archange Michel. »
De Rome, nous passons, sans transition, dans le Cher :
           
« Jusqu’à ce que nous rencontrâmes, devant nous, soudain le cours de la Louque, et que je ne sais pas comment nous escaladâmes, ensuite – mais comment avions-nous pu passer la Louque – la haute pente abrupte remontant vers le village de Lignière. »
« Ne jamais croire aux apparences, au grand jamais. Toutes les apparences, même les plus apparentes, sont fausses ; toujours. »
« … dans les ténèbres cosmologiques immenses d’un monde réduit actuellement à la totale mainmise subversive, sur lui, du non-être, une ‘toute petite flamme’ persiste donc néanmoins à luire, qui est celle du feu sacré de l’être qu’entretiennent encore les derniers groupements engagés à perpétuer clandestinement le souffle vivant de ce qui n’est déjà plus… or, c’est bien de cette perpétuation disqualifiée, à peine symbolique, de ces restes sacrés, de ce qui n’est déjà plus, ou déjà presque plus, que devront surgir les avancées abyssales du futur renouvellement cosmologique, s’affirmer le mystèreagissant d’un prochain retour de l’être, et de ce futur surgissement de l’être c’est à nous autres qu’il appartient d’assurer, de mener et de conduire en avant la marche révolutionnaire de son avènement souterrain… et cela en reconstruisant, dans l’invisible,une ‘nouvelle centrale de l’être’, une ‘forteresse ontologique occulte’ devant fournir le ‘lieu-même’ du futur achèvement de celui-ci, le ‘lieu même’ de sa propre émergence, d’où tout recommancera (…) il nous faudra donc faire œuvre de surhommes… or je pense que, secrètement, nous sommes déjà des surhommes à l’œuvre…(…) in nous revient à nous autres d’instituer, révolutionnairement, le Règne à venir, le Regnum Sanctum.»
           
« Et si, quelque part, le double domaine du visible et de l’invisible n’en faisait qu’un? »
Comme l’écrit si justement Frederick van Eeden : Le soleil accepte bien de passer par de petites fenêtres.  Et Jean Parvulesco d’affirmer : « À la fin, ce qui commande tout, c’est l’héraldique. »
           
« Pour des raisons que j’ignore, Manuel de Richter semblerait s’intéresser beaucoup aux Bourbons-Parme. Il est par contre animé, et à juste titre, je crois, d’une véritable haine à l’égard des Orléans. »
           
« Si le supérieur commande à l’inférieur, par le retour sur nous-mêmes et le ‘changement de régime’ que ce retour implique, nous fournirons, Marie et moi, au combat actuel des nôtres pour la promotion impériale finale du ‘Grand Continent’ eurasiatque, ses dimensions trnzdcendantales suprêmes,’polaires. (…) Car c’est l’actuelle ‘conspiration cosmique’ (…) qui décidera du prochain renversement de ce monde et de l’avènement du Regnum Sanctum, de son établissement imépérial révolutionnaire (…) Désormais, tout est renversement, même si celui-ci n’apparît pas encore en pleine lumière du jour. »
           
« …je me demandais (…) ce qu’il fallait penser (…) de la récente escapade à l’hôtel Le Coq de Bruyère, chez Julie Landrève, au village de Lignières, sur la frontière secrète du Vieux Pays[10] (…) à l’intérieur même du Vieux Pays, de l’autre monde. »
           
« Une certaine littérature agit par en dessous sur les développements de la ‘grande histoire’ dans sa marche en avant, détient un pouvoir propre d’irradiation transcendantale qui intervient à part entière dans les plus secrets combats de l’être contre les conspirations du non-être. »
Me vient ici en mémoire cette citation de Cicéron : L’histoire est le témoin des temps, la lumière de la vérité, la vie de la mémoire, l’institutrice de la vie, la messagère de l’antiquité.
           
« À l’heure présente, le Vaucluse se trouve travaillé par en dessous par des forces tout à fait considérables, encore inconnues – non identifiables encore, mais, qui, bientôt, le seront pleinement – dont le tumulte à couvert annonce des redoutables orages, des rensversements à la fois inattendus et suprêmement décisifs. »
           
Je me permets, ici, une citation de Guy Rommand, 10 octobre 2007 dans : www.lesmanantsduroi.com
 « … la Bléone qui rejoint à Digue le cours moins trouble de la Durance »
Revenons à Jean Parvulesco et à ses mots sur le Vaucluse où je troovais il y a deux mois à peine.
           
« Mais je n’y ai pas coupé, je me suis quand même mis à étudier le dossier en cours de constitution du ‘nouveau pouvoir du Vaucluse’ (…) {qui} s’appuierait fondamentalement sur une action révolutionnaire métapolitique occulte, action déjà en cours dans la région (…) ‘conspiration des Bories’, du nom du village ‘archaïque’, ‘paléolitique’ des Bories, situé à quatre kilomètres de Gordes[11]. (…) Ce ‘nouveau pouvoir du Vaucluse’ contrôle donc la totalité du Midi de la France, l’ensemble de sa côte méditerranéenne ; un contrôle pour le moment encore souterrain, et qui entend le rester ; mais jusqu’à une certaine date seulement, que l’on ignore, nous autres. »
           
« L’apparition, pour le moment encore spectrale, de ce que nous appelons à présent le ‘nouvel ordre du Vaucluse’ serait ainsi un signe avant-coureur de la prochaine émergence historique -- et de toutes les façons suprahistorique aussi – de notre propre Imperium Ultimum, du Regnum Sacrum de la nouvelle Grande Europe impériale continentale, ‘eurasiatique’. »
           
«  (…) au ‘nouveau pouvoir du Vaucluse’ devant répondre, en temps dû, l’établissement analogued’un ‘nouveau pouvoir en Alsace’, ou en Vendée, ou dans le ‘Grand Paris et la région parisienne. »
           
« C’est dans le Vaucluse que, aujourd’hui, se forgent secrètement les prochaines destinées millénaires de la plus Grande Europe continentale, eurasiatique (…) alors qu’ (…) à Avignon, une association fort active, ‘Les étudiants du Vaucluse pour le Tibet Libre’[12]  (…) ce qui se passe dans le Vaucluse est une forme tout à fait nouvelle de la dialectique essentiellement révolutionnaire des ‘minorités agissantes’. (…) Et tout cela comme si de rien n’ééétait ; dans le Vaucluse, l’invisible intervient directement. Cela par une relation particulière entre les cieux et les humains. »
           
« La voûte étoilée au-dessus du Vaucluse a certainement quelque chose de particulier, des arrangements chiffrés, des figures théurgiquement actives ayant un ministère secret, aux répondants cosmiques inouïs. Toute rencontre faite dans le Vaucluse, n’est-elle pas réputée définitive ? Et cela depuis des temps immémoriaux ? »
           
« Et j’ai aussi l’impression que tôt ou tard, il faudra que l’on se résigne à envisager l’intégration des deux zones de problèmes qui nous mobilisent tous actuellement : celle de nos survivants royaux, ‘Marie-Antoinette’ et son fils ‘Mgr[13] Louis’, et celle du ‘nouveau pouvoir du Vaucluse’ ».
« Dionysos serait-il en train de renaître dans le Vaucluse ? »
           
« … dans le Vaucluse le Groupement d’Action et de Recherche Géopolitiques Avancées, organisation contre-stratégique supranationale engagée à promouvoir l’intégration impériale révolutionnaire de la plus Grande Europe continentale, ‘eurasiatique’, suivant la doctrine g éopolitique d’avant-garde de l’axe ParisBerlin-Moscou- New Delhi – Tokio ». Mon ami Robert Steuckers appréciera.
           
Puis, Jean Parvulesco étend son réseau à la France entière :
           
« Or, dans l’état actuel de la situation politique de la France, Jean d’Altavilla savait pouvoir compter sur environ treize instances opérationnelles actives, ou plut^to activées, qu’il s’avouait en état de tout de suite intégrer au Projet l’Archipel : compter, donc, sur le ‘Manoir des Roses’, tout comme sur le ‘nouveau pouvoir du Vaucluse[14]’, et la ‘Vendée souterraine’ ; sur les organisations national-révolutionnaires en place en Bretagne et en Alsace ; sur la ‘forteresse’ du Coq de Bruyère, le village de Lgnières ainsi que, à travers celui-ci, sur le ‘Vieux Pays’[15], sur le point, peut-être, d’émerger à l’histoire visible ; sur la centrale de Rennes-le-Château, qui n’est pas celle que l’on pense : sur la nébuleuse du ‘groupe’ de l’Étoile Vénisienne dirigée par Armando Weill ; sur des ‘groupes’ secrètement organisés de paras, de nageurs de combat, des ‘forces spéciales’ ; et, enfin, dur des fractions activistes secrètes avancées de la police, RG et DST ; sur d’importants élémentys de la gendarmerie, dont un nombre considérable[16] de cadres supérieurs. La France, à l’heure actuelle, se trouve en fait, dans un état de révolution immédiat et avancé, tout en l’ignorant complètement : c’est ainsi que ces choses-là se passent, toujours.De chacune de ces instances déjà en action, mais en action, pour le moment, séparément, chacune plus ou moins pour son propre compte, Jean d’Altavilla allait donc s’efforcer, dans un premier temps, de dégager des dirigeants spécifiques de la trempe d’un Richard Kitaeff, d’un Hubert de Salm, d’un Armando Weill et, une fois ceux-ci identifiés sur place, les intégrer dans un ‘conseil unitaire de commandement’ devant constituer l’ infrastructure opérationnelle spéciale du projet l’Archipel. Avant de passer réellement à l’action, le ‘Manoir des Roses’ entedait établir un réseau souterrain d’influences et de contacts lui garantissant le contrôle à couvert de l’ensemble de l’espace sur lequel il allait avoir à exercer son pouvoir révolutionnaire nouveau, avant que le projet l’Archipel ne soit à même de pouvoir prendre les choses en main pour son propre compte. Avant la tombée définitive des marsques et sachant que l’espace sur lequel le ‘Manoir des Roses’ comptait exercer complètement son pouvoir était celui de la France. Pour commencer, parce que le but final concernait l’espace géopolitique[17] propre de la plus Grande Europe à l’ordre de la ligne impériale Paris-Berlin-Moscou[18]-New Delhy[19]-Tokyo. Pour la plus grand Europe, il fallait enclencher le travail à faire par la mise en œuvre du processus d’intégration politique otale de la France et de l’Allemagne, qui ne devront plus constituer qu’un seul État, en attendant aussi, que celui-ci vienne se trouver intégré dans la plus Grande Europe continentale impériale, ‘eurasiatique. »
Le samedi 1er décembre 2007, au Château Coloma, Alain Soral, Eddy Hermie, Pierre Vial, Hervé Van Lathem, Alian Escada, Robert Steuckers et Kris Romans ont, les uns et les autres, différemment, parlé dans ce sens à l’invitation de Georges Hupin. Au solstice d’hiver, le vendredi 21 décembre 2007 au Cercle des Renards, Pierre-Émile Blairon ajoutait sa pierre à cet édifice. Le samedi 22 décembre 2007 au pied du Mont des Cats, Robert Steuckers en évoquant l’histoire et l’actualité de l’Iran évoquait Alexandre le Grand et son Emprie.
           
« Les Richter croyaient que seul le rétablissement ontologique, révolutionnaire et nuptial, d’un ‘centre polaire absolu’ – d’un nouveau ‘centre polaire absolu’ – du monde et de l’histoire permettrait que l’on retrouvât le souffle, la lumière vive et le règne reconnu pour ce qu’il est à travers ce qu’il n’est pas. »e originel de lêtre, ce qui ferait alors que le sens de l’histoire en sera renversé, et le monde changé dans son entier, définitivement. Alors que Jean d’Altavilla, lui, pense, au contraire, qu’il fallait commencer par renverser révolutionnairement le sens de l’histoire, changer la face du monde et jusqu’aux états mêmes de la condition humaine ; et qu’ensuite seulment pourrait se poser effectivement le problème du retour à l’être. Autrement dit, les Richter entendaient agir nuptialement sur l’Esprit pour changer l’histoire, et Jean d’Altavilla changer l’histoire pour aboutir au retour de l’Esprit, pour qu’un accès nous soit à nouveau donné vers le Règle de l’esprit, vers le Regnum Sanctum. Quant à moi {Jean Parvulesco}, je suis persuadé que pour arriver au Sanctum, il faut que le ‘Manoir des Roses’ ait simultanément recours aux deux positions antagonistes : utiliser l’Esprit pour changer l’histoire, et changer l’histoire pour retrouver l’Esqprit. »
           
« Quel est le ‘signe de feu’ selon lequel on doit pouvoir reconnaître la véritable identité du ‘prince providentiel’, de son émergence de l’au-delà ? C’est que, lors de son apparition – lors de sa présentation – tout le monde doit se rendre, comme par miracle à l’évidence incontournable de son ‘identité providentielle’. Il sera donc ‘celui que l’on attendait’, parce qu’il apparaîtra d’emblée et tout à fait indéniablement, comme ‘celui que l’on attendait’, et que personne ne pourra en aucun cas douter de cela. Et ce sera, alors, précisément le cas de celui qui apparaîtra comme le ‘prince de la Forêt de Fontainebeau’, et qui sera, en réalité, Mgr Louis, gardant en lui, occultement, l’identité providentielle du ‘sauveur attendu’ et qui, comme tel, sera reconnu pour ce qu’il est à travers ce qu’il n’est pas. »
Ici, une citation de Bernard Werber : Nous ne sommes que des grains de sable mais nous sommes ensemble. Nous sommes comme les grains de sable sur la plage mais sans les grains de sable la plage n’existerait pas.
           
« Une chose m’apparaît, et d’affirme comme absolument certaine : il n’y a pas, il ne se peut en aucun casqu’il y ait un ‘Nouvel Empire’ total –l’Imperium Novissimum – sans une ‘Nouvelle Religion’ impériale, émanation et fondation active de celui-ci. »
           
« … épousailles (…) se trouvant ainsi orientées non pas vers un certain passé révolu, mais, au contraire, vers un certain avenir non encorte advenu ; mais qu’il faut quand même tenir, désormais, pour imminent. C’est ce j’appelle, moi, le ‘décalage en avant du Vaucluse ». »
           
« Louis voit en lady Laura l’incarnation providentielle du Regnum, le soleil rayonnant de la conclusion eschatologique de ‘histoire, de ‘l’histoire à sa fin’ … il faut que vous sachiez reconnaître en Louis le ‘concept absolu’ de la révolution impériale grand-européenne, l’homme du Regnum Christi… il est un héros mystique, la réincarnation – en quelque sorte – d’un chevalier du haut Moyen-Âge, un homme secrètement transmuté, e qui le mystère transcendantal, ‘divin’, de sa race est parvenu à définitivement s’accomplir… il a été fait par la Divine Providence pour être ce qu’il est… pour vos ‘grands desseins conspirationnels suprahistoriques’, vous ne pouvez pas trouver mieux, et là tout est dit… »
Alphonse II, n’a-t-il pas déclaré  le 18 avril 1986 : Je n'ai pas choisi d'être l'aîné, mais je dois conserver allumée une flamme qui vient du fond des âges, c'est-à-dire du baptême de Clovis, du couronnement de Charlemagne et de l'élection d'Hugues Capet, il y a pour ainsi dire mille ans. C'est une flamme qui a éclairé le monde et qui pourrait rendre bien des services à nos contemporains.
Et Parvulesco de préciser sa pensée :
            « Et comment aurais-je pu ne pas me laisser convaincre par un être qui, en réalité, est une ‘Étoile’ ? Je le sais, une étoile limpide et scintillante, logée au cœur même du firmament qui se tient au dessus de nous (je dévoile là un grand secret).[20] »
           
« Ils ne savent pas ce qui les attend les détenteurs en place de l’actuel pouvoir politico-historique de ce monde, les ‘puissants du jour’. Mais nous autres, déjà, nous le savons. Parce que c’est bien à nous autres qu’il revient d’agir à présent, d’assumer opérativement l’immense tournant politico-historique, culturel et spirituel, religieux qu’il faut déjà tenir pour imminent, et qui représente le renversement révolutionnaire total de l’actuelle conjoncture planétaire finale. Le monde rt son histoire en cours devront changer jusqu’à ce que leur contraire suraffirmé vienne à s’installer inconditionnellement à la place de ce qu’ils avaient été jusqu’à présent, l’héritahe de la soi-disant Révolution Française définitivement anéanti. Attention donc : pour nous autres, l’heure de l’action est venue, l’heure de l’action révolutionnaire ‘ultime et totale’. Désormais, pour nous autres, c’est une question de jours, voire même une question d’heures. »
           
« … je peux même me charger personnellement à organiser votre visite dans le Vaucluse, et je peux également vous dévoiler que l’on m’a effectivemment demandé de le faire… et par la même occasion, je vous livre aussi l’information -- à mon avis extraordinairement significative – selon laquelle l’actuel Père Abbé de Sénanque est le demi-frère cadet du ‘Tono’, du ‘Seigneur’ de la grande confrérie initiatique ultra-secrète japonaise de la ‘Cime Polaire Resplandissante’, la Hokkayoko no mabushii ch_oj_o … et que bien c’est l’actuel ‘Tono’ de la Hokkayoko no mabushii ch_oj_o (…) qui l’a instruit dans les doctrines opératives de la confrérie, et lui a fait confier les pouvoirs occultes considérables qui s’y attachent… vous voyez donc comme tout se tient… »
           
« … celui-ci est sur le point d’établir l’emprise révolutionnaire souterraine sur l’ensemble du Vaucluse. »
           
« Dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler le ‘Vieux Pays’, Hubert de Salm vient de réussir non seulement à établir d’une manière inconditionnelle son propre dispositif d’emprise souterraine politico-historique sur place, tant dans le ‘Vieux Pays’ lui-même qu’outre Louque, dans le village libre et les bois de Lignières, mais aussi à obtenir la reconnaissance implicite de cette situation de fait de la part de certaines puissances politiques européennes. »
           
« En même temps, en Vendée – en ‘Vendée Libre’[21] – les choses prennent de plus en plus une allure ouvertement ‘insurrectionnelle’. Le 21 janvier 2005, (…) huit cents personnes ont manifesté, à midi, sous un vaste déploiement de drapeaux blancs à l’effigie du Sacré Cœur Rouge (…) manifestation placée sous le signe du retour en force de la vendée – de la Vendée Secrète – à la monarchie catholique et traditionnelle, intégrée dans la plus Grande Europe engagée autour de l’axe géopolitique Paris-Berlin-Moscou. « 
           
« Tout est en place, tout est prêt, tout se tient : il ne manquera donc plus que seule l’apparition du ‘prince providentiel’ pour que la super-déferante révolutionnaire finale des nôttres l’emporte. Définitivement.(…)  Finalement, l’heure est là, le piège se referme, le piège cosmique tendu par les nôtres. Le ‘prince providentiel’ se trouve déjà dans la Forêt de Fontinebleau. Tout comme l’Étoile du Nord dans la Grande Ourse. »
           
« Quand l’heure viendra, le ‘prince providentiel’ se déclarera comme tel, ouvertement, et de par cela même il sera immédiatement reconnu, par tout le monde, pour ce qu’il est, et la déferlante révolutionnaire des places-fortes constituant l’Archipel contre-stratégique européen grand-continental souterrainement mis en place par nous autres l’emportera sur tout, balayant tout devant elle, et l’Empire Européen de la Fin se trouvera ainsi installé, dans la grande histoire ainsi que dans dans l’histoire d’au-delà de l’histoire. Ensuite ‘d’autres temps viendront’. »
           
« Mais il se fit aussi que, à force de le regarder, moi aussi, de mon côté, attiré avec force par son visage, il commença à m’apparaître de plus en plus comme si je le connaissais déjà, comme s’il eût pu m’être en quelque sorte familier, je ne sais pas d’où ; ni comment ; pour qu’à un certain moment d’un seul coup, j’ai su voir qu’il ‘avait la tête de César‘ ; que lui-même, c’était César ; que c’était bien une apparition de Khaesar qui se tenait là devant moi ; c’était donc ça le secret de sa personnalité, du trouble provoqué par sa présence, par son extraordinaire prédestination pressentie ; par ses pouvoirs magnétiques voilés, par son aura si insoutenablement intense. Difficilement croyable que tout cela. Nous attendions secrètement un César, et maintenant il était là, à table, devant nous. C’est ainsi que j’avais compris que les temps étaient venus. »
J’avoue que je suis impressionné : César, Arthur, les grands parmi les grands, et maintenant Louis (celui de Sire de Jean Raspail ou celui de Jean Parvulesco, peu importe). Quel bonheur !
Ivan de Duve, 30 décembre 2007
Jean Parvulesco
Dans la forêt de Fontainebeau
Alexipharmaque
ISBN : 978-2-9525875-6-3
EAN : 9782952587563

De Nicolas Bonnal, lire, entre autres, Le voyageur éveillé, Les Belles Lettres, 2002 (ISBN 978-2251442235)
Francis Parker Yockey Le prophète de l’Imperium Éditions Avatar, ISBN 0-9544652-3-7
Sur le grand roi Arthur, voir notamment :
Jean Mabire
Thulé
Robert Laffont
Réédition : Pardès
Jean Mabire
Godefroy de Harcourt
Les éditions du Lore
Jeanne Bourin
Le grand feu
La Table Ronde
Anne Dudant
Le Cycle d’Harold, Chevalier de la Table Ronde et Guerrier Impie
Édition Nox, Vielsam, Belgique
Gillian Bradshaw
La légende arthurienne
Nestiveqnen

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mercredi, 23 juillet 2008

Quand l'US Army pillait les trains d'or juif en Bavière...

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Quand l’US-Army pillait les trains d’or juif en Bavière en 1945

L’an dernier le Congrès américain et la Maison Blanche ont mis sur pied une commission, qui devait rechercher les valeurs ayant appartenu aux victimes de l’holocauste et voir si ces valeurs ne s’étaient pas retrouver sur le territoire des Etats-Unis. Le président du Congrès juif mondial, Edgar Bronfman a été nommé président de cette « Presidential Advisory Commission on Holocaust Assets » (= « Commission Consultative présidentielle sur les avoirs de l’holocauste »). L’élite politique des Etats-Unis estimait qu’elle avait un devoir à remplir : au cours des dernières années, l’Amérique a accusé de nombreux pays (ndt : la Suisse , la Suède , l’Autriche, la Belgique , etc.) de s’être enrichis indûment en s’appropriant toute ou partie de la fortune des victimes juives du national-socialisme. Ces pays ont été cloués au pilori par les médias. L’élite politique américaine voulait prouver qu’elle acceptait une enquête en Amérique même ; on pensait que l’Atlantique était un fossé bien large, que l’Europe était loin et que la Commission —mon Dieu !— ne trouverait rien in God’s own country !

Vers le 15 octobre 1999, une commission d’études a publié un rapport provisoire sur la direction du représentant du Ministre américain des finances, Stuart Eizenstat. Le lendemain, le résultat révélé par ce rapport provisoire faisait la une de tous les grands quotidiens américains. La Commission s’était penchée sur un cas devenu quasi légendaire, celui du « train d’or hongrois ».

A la fin de l’automne 1944, quand les troupes soviétiques, progressant depuis la Transylvanie , se mettent à franchir les frontières de la Petite Hongrie du Traité du Trianon, Adolf Eichmann, officier SS, prend des mesures de protection exceptionnelles à Budapest. Il réquisitionne plusieurs trains pour évacuer ce qu’il y a lieu d’évacuer vers l’Ouest ; la destination de ces trains est la Suisse neutre. Dans l’un d’eux ont été entreposées les réserves d’or de la Banque nationale de Hongrie ; dans un autre convoi, ont été entassées les peintures et les sculptures du Musée National hongrois.

A la fin de la guerre, ces deux trains ont été rapatriés en Hongrie. Un troisième train contenait les objets de valeur appartenant à plus de cent mille Juifs de Hongrie, qui furent ensuite déportés. Il s’agissait d’œuvres d’art, d’argenterie, de porcelaine, de tapis précieux, de bijoux, de diamants bruts, d’objets en cristal, de collections de monnaies et de timbres postaux, ainsi que des lingots d’or et deux serviettes pleines contenant de la poussière d’or, sans compter de très nombreuses montres et des appareils photographiques.

Des généraux américains se sont partagé le butin contenu dans 24 wagons !

Ce troisième train n’est jamais arrivé en Suisse. Le 16 mai 1945, quelques jours après la fin des hostilités en Europe, des soldats américains découvrent ce train à l’abri dans un tunnel près du village de Werfen. Il s’agissait de 24 wagons plombés (deux autres wagons avaient déjà auparavant été pillés par des soldats français). Le contenu des 24 wagons a été ensuite amené dans un dépôt de l’US Army à Salzbourg. Comme des inventaires avaient été dressés, le gouvernement hongrois a pu procéder à une évaluation du contenu : le trésor fabuleux du « train d’or » s’élevait à 204 millions de dollars américains (au cours de 1945). Si l’on adopte le cours du change que le Congrès Juif mondial a imposé aux banques suisses, cette somme correspondrait aujourd’hui à près de 2 milliards de dollars américains.

Une partie de ces biens a immédiatement été envoyée en Allemagne et confiée aux organisations juives, qui les ont mis aux enchères, pour obtenir des liquidités, qui ont été utilisées pour soigner et soulager les innombrables « personnes déplacées ». Plus tard, 1181 peintures ont été confiées par les autorités américaines à l’Etat autrichien, quand l’Autriche était encore considérée comme une nation alliée. Mais une part considérable de ces biens du « train d’or » est tombée aux mains de généraux américains, qui avaient installé leurs quartiers dans les villas et les châteaux de l’aristocratie autrichienne.

Le premier à s’être emparé de ces biens fut le Commandant des troupes américaines d’Autriche occidentale et Commandant de la Place de Salzbourg, le Général Major Harry J. Collins. Il donna un ordre de réquisition, où il commanda pour sa résidence et pour son wagon personnel de chemin de fer, des services de cristal et de porcelaine pour 45 personnes, 30 jeux de nappes et de serviettes de lin, 12 candélabres d’argent, 13 tapis d’Orient, 60 jeux d’essuies de bain. Et cet homme avide de beaux objets a ajouté : « tout doit être de la meilleure qualité, être du travail fait main par des artisans du plus haut niveau ». Quatre autres généraux se sont servi dans les masses de biens volés ; leurs patronymes sont cités dans le rapport remis récemment aux autorités américaines : Hume, Luade, Howard et Linden.

On n’a pas pu savoir ce que sont devenus ces objets de valeur après le départ des Américains hors d’Autriche, mais on peut imaginer que la Commission poursuivra son enquête… Son président y veille et on sait qu’il est un dur à cuire qui ne se laissera jamais intimidé. Ce qui restait du « train d’or » a été distribué via les magasins de l’administration militaire ou a purement et simplement été subtilisé.

L’existence du « train d’or » était connue depuis des années. On lui a même consacré des livres. L’auteur de l’un de ces livres, Kenneth D. Alford, cite un certain Capitaine Howard A. MacKenzie, qui a formulé une simple remarque sur le sort du « train d’or » : « … la seule différence entre Allemands et Américains en ce qui concerne les pillages réside en ceci : les Allemands ont dressé avec précision l’inventaire des patrimoines pillés, tandis que chez les Américains régnait la libre entreprise incontrôlée ».

Entre le gouvernement américain et le régime communiste hongrois, eut lieu une longue bataille juridique, assez stérile, où, finalement, le gouvernement communiste hongrois n’a rien reçu. Pour justifier cela, les services américains utilisaient généralement l’argument qu’une restitution ne serait pas possible, car les propriétaires des pièces ne pouvaient plus être retrouvés. Dès le premier jour de la publication du rapport provisoire de la Commission , la communauté juive de Budapest s’est manifestée et a réclamé la restitution des biens ou un dédommagement. La Commission elle-même a recommandé au gouvernement américain de payer des dommages et intérêts. Dans l’avenir, c’est certain, une pénible bataille juridique va s’éterniser et on entendra encore souvent parler du « train d’or » de Hongrie.

Il faut procéder à un examen critique du rôle de l’US Army

Vu le rôle peu glorieux de l’armée américain dans ce cas, cette révélation servira sans doute de leçons aux médias américains, si prompts à désigner les autres à la vindicte de l’opinion publique mondiale. Les donneurs de leçons d’Outre-Atlantique auront l’occasion de méditer le vieux dicton anglais : « When you live in a glass-house, you don’t throw stones » (= Quand on vit dans une maison de verre, on ne s’amuse pas à lancer des cailloux).

Ivan DENES.

(texte issu de Junge Freiheit, n°43/1999).   

 

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mardi, 22 juillet 2008

The Czech project "Delian Diver"

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The Czech project “Delian diver”

(as explained at the Euro-Rus conference having taken place in Flanders on June 28th, 2008).

The introducing of “Delian Diver”

We regard our project as an unique attempt in the central European area, especially in the territory we are joint with- in concrete the countries of former Czechoslovakia, nowaday`s Czech and Slovak Republic. Our impulse for establishing such platform was the well founded perception of lasting informational vacuum in Czech Republic, a sort of artifically maintained status quo of “the death caused by silence”, which puts the bar on spreading the ideas of various thinkers of European Resistance Movement and information about varied identitary movements and organizations which operate all over Europe or are led by people of European descend overseas. Unfortunately this kind of informational vacuum includes the scope of  “nonconformist identitary underground” penetrated only by incomplete information and fragmentary news.

More than 40 years of darkness, informational and linguistic embargo has logically resulted in the impossibility of keeping the pace with actual European trends and ideas in the domains of no support by the oppresive communist regime and official massmedia.

We respect the freedom of speech regarding it as one of the most important values of  functional society, therefore we are not going to resort to newspeak bringing back the orwellian world, also we don’t respect any kind of either legal or non-written norms of political correctness and worshipping the liberal democracy as a “golden calf” in terms of  the evangel of its own kind within the rule of New World Order.

On the other side we don`t want to be “showly incorrect” just by reason of some “teenage” rebelion and negation. First of all our aim is to hold a free and open discussion involving European and global themes, bare of new prejudices of those who on the grounds of false fundamentals aim for their historical elimination. Nothwithstanding the fact that by proclaiming ourselves as “politically incorrect” we display our awareness of existence of something “politically correct”. There is just one truth and in accordance with Dr. Sunic we deem one of the main contemporary focuses is to clear the liberal lexical junk off our discursus.

We are the representatives of the nation of European civilisational sphere, which is exposed to situation being indisputably unique in the whole history of mankind- delegation of its power to the agents of  the global universalist doctrine striving for absolute uprooting of an individual from his natural structure and his effective enslavement by both open and latent covered methods. We are aware of  the succesful or unsuccesful attempts to exterminate the whole ethnic or broader civisisational entities in the course of history, but almost always it was the result of the pressure imposed on that entity by an external enemy, not of the dominating flagellatory suicidal voices from within.

Simultaneously we have been manipulated into the participation on the global conflict which doesn`t reflect our interests, moreover without the understanding of its causes and consequences. We refuse to tend blindly to the atlanticists` desire for distribution of liberal and and multicultural “worldwide hapiness key” irrespective of geographical, cultural and historical conditions, as like as we can`t bear to be the silent witnesses of spreading and enforcement of the alien authentic cultures and religions progressively gaining more and more influence at the European continent.

We would like to become a free platform of ideas whereby its objective is the rennaisance of European civilization and redefinition of its cultural essence in the environment of 21. century. In the age of new millenium the “long march” of hostile forces which had commenced centuries ago in conjunction with “fukuyamic” faith in the end of history and free thinking by reaching the longed-for absolute can bring the fatal results.

We found ourselves in the situation when we feel no shame to copy the well-proven methods of our ideological oponents in the effort to preserve our essence, for instance we are inspired by dateless analysis by Antonio Gramsci, who had highlighted the importance of seizing the cultural area of every society which implies political changes, not reversely.

First and foremost we will put our effort in self-education, cognizing of so far unrecognized and eventual transmitting of our conclusions to the territories, where the current situation is similar as in Czech Republic. Consequently some prolific discussions should happen, as well as creating of vital and reasonable ideological doctrines.

It is extremely difficult to be successful in the contest for the “reconquiste” of Europe without any intellectual groundwork widely influencing the socio-cultural sphere. We welcome any prospective political layouts getting inspiration in our activities, in that case they will be provided with our support, but as we have already suggested, Delian Diver strictly rejects to take part in real institucional politics.

Although we feel loyality to our nation and are bound with its interests, there is no way for isolationism in Europe of our age. A solitary nation hardly survives without strong bonds of common civilizational values. Therefore we would like to contribute to the process of creating strong, long-lasting and productive relations within Euro-Russian territorry, one of our main targets is to provide our help and support to the representatives of other European countries, who share our views and would like to establish a similar ideological platform. First and foremost we are focused on neighbouring Slovakia, which has been the closest country to Czech Republic in terms of culture and history in the central European area.

Situation after 1989

In 1989 the rigid Bolshevik communism had been “withdrawn from circulation” in accordance with the worldwide pattern (respectively its post 68´ model of  “real socialism“) Reigning marxism-leninism had been defeated by liberalism (its illusory ideological enemy and counterpart), this ideology was considered as an inprospective and obsolete doctrine. There a massive boom of interest in democratic political activities was regarded for the reason of people`s faith in almightiness of parliamentary democracy and its mechanisms ensuring the development of  plurality of public views without the surveillance of state censorship. The ideology of egalitarian multicultural liberalism has prevailed.

Even in the field of pro-national politics we could have traced back the exeptional growth of activities, say in two waves: the first one, straight after 1989, where an anticommunist and patriotic enthusiasm prevailed, the second one took place in 90`s as a result of social shocks (which happened due to unruly privatisation of the state assets, collapses of the big state owned companies and uncontrolled tunneling of newly founded bank institutions) and implied a mass disillusion. Unfortunately even despite this disillusion has deepened  mainly due to pompous arrogance of Czech government which recognized the puppet state of Kosovo and agreed upon the American bid to install a radar in our territory, there hasn`t been taken advantage of potential for progressive mobilization against the System which still exists from now on.

Whom to blame?

Various subjects (either political parties, movements, its coalitions or civic corporations) have been established just for their future dissolution which seemed to be inevitable after the first particular unsuccess. The reasons have been mainly the personal profiles of the involved persons, unsophisticated populist ideas or the struggle of fractions in the process of permanent splitting for the inability to settle even on the basic consensus.

Delian Diver is not going to reiterate the old mistakes of then leading subjects possesed ambitions in real politics, we are walking down the different way.

Now let`s analyse out the repetitive blunders and conclude an answer to this fundamental question – What to do?

The questions which must be asked by a person willing to be involved in European Resistance Movement are:

1.       Does it make any sense to work within the framework of the System and political structures?

Our clear answer is – NO! We are not willing to make compromises in the name of sleazy populism and our atractiveness in the eyes of masses, also our desire is not to abide party`s directives and bylaws which in fact reflect only the selfish effort of the political parties` representatives longing for the lucrative posts in the limelight of glory and personal prosperity. Their goals don`t match the ours, as their real effort is to eliminate the other competitors of similar interests.

We prefer quality over quantity and substantiality over emptied form, what means we have got no ambitions to embark on political stages just as the next prophets of the only universalist truth having the cure to salve the material needs of majority. Our focus is not the parliament, posts in the council of administrators assured by servile loyality to the real agents of “democratic” politics- the global capital or constituting the purpose-built alliances with our oponents just for temporary pragmatic reasons.

We have chosen the non-parliamentary way by creating the independent intellectual platforms  engaged in the structures of system on a minimum scale respecting just the basic legal framework (like the norms embedding the founding of civic corporations, conducting the accounting procedures, also the elimination of any violent conduct is a must by any means)

These independent and radical intellectual platforms should clearly stand up against:

-          all pro-national political parties and movements which haven`t ever brought any real effect and its former ideological clarity and drive has merged into the swamps of democratism

-          the representatives of the “old right” which have commited themselves to the excesses of nacism or longing for “good old times”

-          the neoconservative vision of an inevitable connection between defending Europe against islamisation and defending Israel and his interests proclaiming the Jewish culture is an integral part of the European civilisation

Just by this strict rejection of current System we can avoid the assured organisational decay, create the new inspiring cultural environment and lead the European Resistance Movement out of the intellectual ghetto.

2.       How should these platforms be created and operated?

The European resistance movement needs to preserve its figting power and avoid the common mistakes which can cause the final failure. The key lies in an imminent touch between its members, whose communication is based on personal bonds. The basics are:

-          intentional rejection of operating within the structures of the System- in particular at the political stage which contains all the risk factors resulting in failures- wide, vertically organised, financially demanding structure, which is open to public for it can be easily infiltrated by the agents of the System

-          the absence of large-scale organizational structure which can be controlled and influenced by the System and vulnerated by the pressure imposed on it by its ideollogical opponents

-          the absence of vertical organizational structure which obstructs the excessive personal ambitions which can be secretly used to act against the whole by the opponents

-          minimal financial demandingness of the platforms` establishing, which enables their quick forming and minimizes the possibility of “financial infiltration” by the individuals or groups acting according to System`s agents` or ideological opponents` interests

-          tactical dropping of  the old phraseology automatically branded as rasist and compared to nazists` racial theories and virulent antisemitism (reduction ad Hitlerum). The reforming of  the European resistance movement`s discursus does by no means signify we have diverged of the main objective: the contest for preserving of the European physical, cultural and spiritual heritage. The newly defined discursus primarily means assuring the mistakes of the past won`t be commited again

3.       What forms should these platforms possess?

By abandonement of the collaboration with the System`s elements in the form of political participation on the distribution of power, organizational structure and obsolete phraseology these platforms are open to various intellectual sources of ideas whose goals can match those of European resistance movement even despite possible differences between each other.

Communication, inter-personal cooperation and multilingual presentation within the scope of broader platform (geographically in Euro-Russian territory, culturally in every area where people of European descent live – USA, Canada, South Africa, Australia, etc.) can be considered as a growing necessity (and conditions sine qua non) of resultful activities.

This strategy can be implemented by these platforms in the form of student clubs, discussion groups, circles of readers, virtual blogs and any other meaningful microcommunity (hereby we would like to highlight the role of women within this movement, environmental activities, revitalization of the ancient religious systems, etc.)  These cultural patterns create the sources of maintaining and expressing the European Resistance Movement`s ideas.

4.       What is the role of an individual in this process?

It is not an imminent urgency to create just the platforms, the activities within the framework of European Resistance Movement can also acquire the shape of individual cultural protest against “spirit of the age”. The mutual cooperation and the exchange of ideas between these platforms and “forrest walkers” (or „partisans of modern age”) contribute the cells of resistance to create and maintain themselves and to infiltrate the domains, where are not expected by the System which has not been prepared for their presence and activities yet.

5.       What does “European Resistance Movement” mean?

The network of cooperating platforms creates the substrate for the brand new movement – European resistance movement. Eventually this movement will be working as an interconnection between various groups, platforms and individuals, who will share the collective identity endeavouring for the change of current social climate and restitution of the European society`s organic structures (cultural, social and mental).

It is inevitable at least for leading groups and individuals to gain the ideal identity and background which can be formed as the result of  intellectuals` debates, proclamations and essays. There is no shame for us to admit we are not afraid to copy the deconstructional tactics commonly applied by our ideolocical opponents, especially by:

-          defining and labelling the enemies of European Resistance Movement

-          recognition and description of pros and cons of our ideological opponent`s identities

-          the analysis and deconstruction of this intellectual identity

-          proposals for changes of social climate and reconstruction of an organic system

6.       How are these platforms supposed to cooperate?

As it has already been suggested the basic is a proximate contact between its members, in the international scope we can cite one of the conclusions drawn at the conference called “The White World`s Future“ held in Moscow in 2006- „the imminent contact has been made via internet, by creating the webportals, personal blogs and through the participation on the international conferences, education trainings and meetings.”  

It is simply not possible to embrace the whole matter just in one speech, therefore after setting this primary process off there are more crucial topics to be discussed at further conferences refered to creating the System`s antipodes by establishing the paralel structures and institutions (for instance home schools, other educational institutes and possibly universities, economically autarchic communities, as for internet activities the creating of self-publishing houses, holding virtual exhibitions, etc.)  

Sic semper tyrannis!

Delian diver´s team.

http://deliandiver.blogspot.com

 

lundi, 21 juillet 2008

Saddam éliminé parce qu'il voulait passer à l'Euro...

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Gerhoch REISEGGER :

 

Saddam a été éliminé parce qu'il voulait facturer son pétrole en euro et non plus en dollars!

 

Gerhoch REISEGGER est conseiller d'entreprise indépendant actuellement. Précédem­ment, il a connu une carrière de chef d'entreprise dans le domaine de l'informatique. Il a été le directeur du marketing d'une filiale autrichienne d'un consortium américain d'ordinateurs. Il est officier de réserve dans l'armée fédérale autrichienne. Il a étudié la physique à la “Technische Universität” de Vienne. Il a fait de longs séjours profes­sion­nels à l'étranger, surtout dans le domaine de l'informatique. Depuis quelques années, il déploie une grande activité de publiciste et de conférencier sur les thèmes de l'économie mondiale et de la géopolitique. Il a notamment pris la parole lors de congrès inter­nationaux de l'«Académie Russe des Sciences». Le thème de sa conférence de 2001 était: « Sur la situation géopolitique dix après l'effondrement de l'Union Soviétique ». Il a aussi participé au congrès international sur la globalisation et les problèmes de la nou­velle histoire, en 2002 à Moscou. Il a participé à plusieurs universités d'été et sé­minaires de “Synergies Européennes”, notamment à Sababurg en novembre 1997, à Trente en 1998 et à Pérouse (Perugia) en 1999. Il a participé à l'organisation d'un symposium à l'U­niversité des Saints Cyril et Méthode à Thyrnau/Trnava, sur l'Europe centrale, l'Union Européenne et la globalisation (novembre 2000). Ses contributions sont parues dans de nombreuses revues à Munich, Graz, Vienne, Berlin, Belgrade, Bruxelles, Sofia, Moscou et Bruges. Il est également le fondateur de la Société Johann Heinrich von Thünen en Au­triche, dont les objectifs sont de promouvoir de nouveaux projets dans les domaines de l'agriculture, de la sylviculture et de l'économie politique en général. Il est le président de cette société depuis 1996. Ces dernières années, Gerhoch Reisegger a effectué de nom­breux voyages d'étude en Macédoine, en Serbie, en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Slovaquie, en Hongrie et en Grèce. Il s'intéresse tout particulièrement à l'histoire po­li­tique et économique des Balkans et des pays d'Europe centrale et orientale.

 

En novembre 2000, l'Irak décide de vendre son pétrole contre des euro, ce qui a eu pour effet immédiat la reprise des bombardements par les Anglo-Américains. La Malaisie semblait prête à le suivre dans cette voie. Quant à la Russie , elle cherchait à forger une alliance stratégique sur base de l'énergie, non seulement avec l'UE mais aussi avec d'autres puissances du continent eurasiatique. Ce remaniement planétaire aurait évidemment eu pour effet immédiat de mettre un terme à la politique du “pétrole libre”, dont les Etats-Unis sont les premiers bénéficiaires, parce que le pétrole est facturé en dollars, lesquels sont accumulés à des fins spéculatives. Les Etats-Unis n'auraient plus pu faire pression sur les autres puissances en arguant de leurs privilèges, dont ils jouissent parce qu'ils émettent la devise servant à l'achat des hydrocarbures. C'est ainsi qu'ils ont établi leur puissance dans le monde. Mais, si le projet de Saddam Hussein et des Malais, voire des Russes, aboutissait, la fin de l'hégémonie américaine deviendrait à terme une certitude. A la condition, bien sûr, que l'UE accepte ce nouveau jeu sans être sabotée par la Grande-Bretagne (or ce sabotage est parfaitement prévisible, vu l'attitude prise par Blair dans le conflit contre l'Irak).

 

 

Un contrôle monopolistique sur les sources d'énergie dans le monde

 

 

Nous avons derrière nous cent années de domination anglo-saxonne dans le domaine du pétrole. Rappelons quelques faits historiques : le tandem germano-ottoman s'oppose à l'Angleterre lors de la construction de la ligne de chemin de fer Berlin-Bagdad, ce qui induit Londres à déclencher la première guerre mondiale. Après la seconde guerre mondiale, les assassins d'Enrico Mattei et du Roi Faysal d'Arabie Saoudite empêchent in extremis l'abandon du dollar par les Arabes et l'alliance euro-arabe. En 1990, l'Irak tombe dans le piège : l'ambassadrice américaine April Glaspie fait savoir à Saddam Hussein que toute invasion irakienne du Koweit serait une affaire arabo-arabe, dans laquelle les Etats-Unis ne prendraient pas position. Cette ruse a permis de déclencher une guerre contre l'Irak sans avoir à demander au Congrès américain d'avaliser une guerre d'agression. Au même moment, des forces secrètes provoquent la dissolution de l'Union Soviétique, puis de la CEI , puis de la Fédération de Russie, en favorisant l'émergence de nouveaux Etats “indépendants”, aussitôt reconnus, dans la “ceinture pétrolière” autour du Caucase. L'objectif est identique, comme le souligne sans vergogne Zbigniew Brzezinski dans Le grand échiquier. Cet objectif est le suivant : exercer au bénéfice des Etats-Unis un contrôle monopolistique sur les sources d'énergie dans le monde.

 

Le geste de Saddam Hussein, s'il avait réussi, aurait porté au dollar un coup fatal et donné à l'euro l'élan qui lui manquait. Personne ne semble avoir analysé les choses dans cette perspective. Pourtant d'autres indices corroborent notre vision : lorsque les Allemands et les Russes avaient envisagé la création d'une alliance monétaire germano-russe, Alfred Herrhausen, impulseur de cette idée, l'a payé de sa vie en 1989 (…). Examinons la situation de manière plus précise. Que s'est-il passé au cours de ces récentes années, de manière occultée? Les médias américains taisent le véritable motif de la guerre contre l'Irak : il s'agit d'imposer leur devise dans les transactions pétrolières. Le gouvernement américain veut empêcher à tout prix que les pays de l'OPEC suivent l'exemple de l'Irak et prennent l'euro pour devise de ces transactions. Ce serait la fin de l'hégémonie américaine. Comme l'Irak dispose des secondes réserves mondiales en quantité, les Etats-Unis, pour des raisons stratégiques évidentes, veulent s'emparer de celles-ci afin de briser le cartel de l'OPEC en exploitant à fond les réserves irakiennes. Toute autre solution aurait fait courir de hauts risques à l'économie américaine, car celle-ci repose entièrement sur la domination du dollar dans les transactions pétrolières et en tant que devise de réserve. Les Etats-Unis ont pu, jusqu'ici, satisfaire leurs appétits pétroliers démesurés : grâce à leur privilège, qu'ils détiennent depuis 1945, les Etats-Unis produisent des dollars (“fiat money”) et le reste du monde doit leur fournir des marchandises contre ces pétro-dollars.

 

 

Saddam Hussein avait promis de facturer son pétrole en euro

 

 

Mais, à partir du moment où Saddam Hussein promet de facturer son pétrole en euro, les Etats-Unis savent qu'ils ne pourront plus mobiliser une coalition internationale contre lui, comme ils l'avaient fait auparavant. Plus personne, dans les chancelleries et chez les véritables décideurs, ne croyait la propagande américaine, arguant que “Saddam cherchait à jouer le monde”, alors qu'il satisfaisait à toutes les demandes de l'ONU et que les 300 inspecteurs des Nations Unies, déployés en Irak, n'avaient strictement rien trouvé comme “armes de destruction massive”. Malgré toute la rhétorique qu'ils ont utilisée, Bush et la CIA ne sont pas parvenu à faire croire au monde que Saddam Hussein et Al Qaida étaient de mèche.

 

La seule raison de faire tomber Saddam Hussein résidait dans sa décision de novembre 2000, de facturer le pétrole en euro et non plus en dollar. En prenant cette décision, son sort était scellé. Bush, un obligé de l'industrie pétrolière, partageait avec ces dernières un projet géostratégique clair, qui nécessitait le déclenchement d'une deuxième guerre du Golfe, sur des prétextes entièrement “fabriqués”, s'il le fallait. Qui plus est, l'Irak a changé en euro ses réserves de 10 milliards de dollars qu'il avait placées auprès de l'ONU, dans le cadre du programme “nourriture contre pétrole”. Cette guerre n'a donc rien à voir avec les aspects dictatoriaux du régime de Saddam Hussein ou avec la détention d'armes de destruction massive. Son objectif premier est d'intimider les pays de l'OPEC, qui, s'ils suivaient le programme de Saddam Hussein, risqueraient de se voir infliger le même sort. Il s'agit bien entendu de les empêcher de suivre ce “mauvais exemple” irakien. Saddam Hussein s'est décidé pour l'euro au moment où celui-ci valait 0,80 dollar. C'est ce qui explique pourquoi le dollar à perdu 20% de sa valeur par rapport à l'euro depuis la fin de l'année 2002 (cf. Charles Recknagel, « Iraq : Baghdad Moves to Euro », http://www.rferl.org/nca/features/2000/11/01112000160846.... ).

 

 

Que ce serait-il passé si l'OPEC avait brusquement adopté l'euro? Tous les Etats exportateurs de pétrole et leurs banques centrales auraient dû changer leurs réserves de devises en euro et abandonner le dollar. Le dollar aurait perdu automatiquement la moitié de sa valeur, avec toutes les conséquences que cela aurait entraîné pour l'économie américaine, c'est-à-dire une épouvantable inflation. Les investisseurs étrangers ayant acheté des actions et des titres libellés en dollars, s'empresseraient de s'en débarrasser, provoquant une prise d'assaut des banques comme dans les années 30. Le déficit américain en commerce extérieur, qui est énorme, ne pourrait plus être maintenu en équilibre. L'Etat américain serait de facto en faillite. La double crise russe et latino-américaine scellerait le sort de la première puissance militaire mondiale.

 

 

La priorité : éviter le crash définitif du dollar

 

 

Les choses semblent claires : le problème du pétrole dépasse de loin la problématique soulevée par l'Irak de Saddam Hussein, et englobe l'Iran, l'Arabie Saoudite et le Venezuela. Le danger pour le dollar est si grand que même les problèmes actuels de l'économie américaine peuvent attendre; la priorité est d'éviter le crash définitif du dollar, qui serait irrémédiable si l'OPEC adopte l'euro. Le rôle de la Russie , de l'Inde et de la Chine   dans le “grand jeu” est parfaitement clair aussi : le territoire de ces trois puissances occupe le “pont terrestre” eurasien, autrement dit, dans les termes mêmes de Brzezinski, la “nouvelle route de la soie”. La domination de l'espace eurasien semble plus solide que la domination exercée via le dollar. Jusqu'à présent, les Etats-Unis ont dominé les autres puissances grâce à leur dollar, par le monopole que leur devise nationale exerçait sur le commerce mondial. La machine militaire américaine doit servir à forcer les autres à revenir sur le “chemin de la vertu”, c'est-à-dire à un commerce mondial uniquement axé sur le dollar.

 

Les médias américains cachent également les raisons qui poussent le gouvernement Bush à parler systématiquement d'un “axe du mal” : l'Iran, inclus dans cet axe en même temps que son ancien ennemi mortel Saddam Hussein, souhaite lui aussi vendre son pétrole contre des euro (cf. Roy Gutman & John Barry, « Beyond Baghdad:Expanded Target List»,http://www.unansweredquestions.net/timeline/2002/newsweek...). La banque centrale iranienne est favorable à ce passage à l'euro, maintenant que la devise de l'UE s'est consolidée. En 2002, l'Iran a converti une bonne part de ses réserves en euro, probablement plus de la moitié, comme l'explique Mohammad Abasspour, membre de la Commission du développement au parlement iranien (cf. «Forex Fund Shifting to Europe», in : Iran Financial News, 25 août 2002; http://www.payvand.com/news/02/aug/1080.html... ). Cette politique suivie par l'Iran est un indice fort, démontrant bien que les Iraniens, à leur tour, veulent opter pour l'euro, comme devise des transactions pétrolières (cf. « Economics Drive Iran Euro Oil Plan. Politics Also Key », http://www.iranexpert.com/2002/economicsdriveiraneurooil2... ).

Dans un tel contexte, qui s'éton­ne­ra que l'Iran devienne la prochaine cible de la “lutte contre le terrorisme”?

 

Le Venezuela, quatrième producteur de pétrole et également membre de l'OPEC, pourrait opter pour la même politique. Hugo Chavez a commencé, à son tour, une politique commerciale de troc avec les pays voisins, en é­changeant du pétrole contre des marchandises dont le peuple vénézuélien a un besoin urgent. Le Venezuela ne dispose pas de grandes réserves de dollars : en pratiquant le troc, il sort ipso facto du cycle conventionnel des transactions pétrolières. Les Etats-Unis n'ont jamais cessé de conspirer contre Chavez. Indice : Bush a approuvé le putsch militaire manqué d'avril 2002, où la CIA a certainement joué un rôle actif, a tiré les ficelles (cf. Larry Birms & Alex Volberding, « US is the Primary Loser in Failed Venezuelan Coup », in : Newsday, 21 avril 2002;

 http://www.coha.org/COHA%20_in%20_the_news/Articles%20200...). Mais ces intrigues permanentes de Washington pourraient pousser plus rapidement le Venezuela de Chavez à adopter l'euro et de réaliser une politique que les Etats-Unis cherchent à tout prix à éviter.

 

 

Le chantage nord-coréen

 

 

Les médias américains taisent une autre tendance qui se fait jour dans la politique économique mondiale : d'autres pays que le Venezuela, l'Iran ou certains pays de l'OPEC convertissent leurs réserves en euro, comme la Chine et, plus récemment, la Russie (cf. « Euro continues to extend its global influence », http://www.europartnership.com/news/02jan07.htm... ). La Corée du Nord, autre pays inclus dans l'“axe du mal”, s'est officiellement décidé, le 7 décembre 2002, d'opter pour l'euro plutôt que pour le dollar dans ses transactions commerciales avec le reste du monde (cf. Caroline Gluck, « North Korea embraces the euro », 1/12/2002). La Corée du Nord cherche sans nul doute à se venger du très dur embargo sur le pétrole que lui ont imposé les Etats-Unis. Les Nord-Coréens espèrent sans doute faire fléchir les Etats-Unis, obtenir des matières premières et des denrées alimentaires importantes en promettant à Washington de conserver le dollar comme devise de leurs transactions. Le programme nucléaire nord-coréen est probablement un instrument de ce chantage.

 

 

Javad Yarjani, chef du département d'analyse des marchés pétroliers auprès de l'OPEC, a tenu un discours très intéressant en Espagne en avril 2002 (cf. « The Choice of Currency for the Denomination of the Oil Bill », http://www.opec.org/Newsinfo/Speeches/sp2002/spAraqueSpai... ). Ce discours traitait de la problématique de la devise dans les transactions pétrolières. Les médias américains ont censurés cette information. Yarjani a notamment dit ceci : « A la fin des années 90, plus des quatre cinquièmes des transactions en devises et la moitié des exportations mondiales se font en dollars. En outre, la devise américaine forme deux tiers des réserves officielles de devises dans le monde. Le monde dépend donc du dollar pour son commerce; les pays sont donc liés aux réserves en dollars, alors que cette devise existe sans aucun rapport avec la part produite par les Etats-Unis dans la production mondiale. La part du dollar dans la commerce mondial est bien plus élevée que la part du commerce international américain… La zone euro détient une part bien plus importante du commerce mondial que les Etats-Unis; tandis que les Etats-Unis ont un déficit commercial gigantesque, la zone euro, elle, est en équilibre… En outre, il convient de remarquer que la zone euro est un importateur plus important de pétrole et de produits dérivés que les Etats-Unis… A court terme, les pays membres de l'OPEC continueront à accepter des paiements en dollars. Mais, dans l'avenir, ils n'excluent pas une facturation et un paiement en euro… Si l'euro en vient à ébranler la solidité du dollar, il faudra l'inclure a fortiori comme critère de paiement des transactions pétrolières. Dans ce cas, nous verrons émerger un système qui sera bénéfique à bon nombre de pays. Si l'intégration européenne se poursuit et si l'économie européenne se consolide, ce système deviendra une réalité ».

 

 

L'euro deviendra-t-il la devise des transactions pétrolières dans le monde?  

 

Ce discours, fondamental pour comprendre les enjeux d'aujourd'hui, prévoit un élargissement de l'UE en 2004, où cette dernière comptera alors 450 millions d'habitants, avec un PIB d'environ 9,5 milliards. Cet élargissement constituera à coup sûr un encouragement pour les pays de l'OPEC qui souhaitent passer à l'euro. Nous ne comptons pas dans notre calcul les potentiels de l'Angleterre, de la Norvège , du Danemark et de la Suède , qui ne sont pas membres de l'Union monétaire. Depuis avril 2002, quand Yarjani a tenu son discours en Espagne, le rapport dollar-euro s'est inversé, et le dollar ne cesse de chuter.

 

Si la Norvège se décide à facturer son pétrole en euro et si l'Angleterre adopte l'euro, ce sera un tournant important pour l'OPEC, qui choisira ipso facto l'euro. Pour la Norvège , la décision suédoise aura une valeur d'exemple, à laquelle le Danemark ne pourra pas se soustraire. Une fois de plus, c'est l'Angleterre qui pose problème : c'est d'elle que dépendra le futur statut de l'euro : deviendra-t-il la devise des transactions internationales ou non? Quoi qu'il en soit, le monde s'est mis tout entier en mouvement pour contester la suprématie du dollar. Dans deux ou trois ans, l'OPEC prendra sa décision finale.

 

 

L'économie américaine sera mortellement frappée, car, comme je l'ai déjà dit, elle est intimement lié au rôle du dollar en tant que devise de réserve. Un effondrement du dollar aurait pour effet d'intervertir les rôles entre les Etats-Unis et l'UE dans l'économie mondiale, ce que Washington peut difficilement accepter. Raison pour laquelle les menaces militaires américaines seront déterminantes dans l'attitude des pays de l'OPEC. La politique égoïste de Washington, qui méprise les traités du droit international, qui déploie un militarisme agressif, trouvera tôt ou tard ses limites. La rhétorique belliciste de Bush n'a pas placé les Etats-Unis sous un jour avantageux. Washington passe désormais pour une puissance agressive, fautrice de guerre, qui ne tient même plus compte des décisions de l'ONU et n'agit qu'à sa guise.

 

 

Un futur effondrement américain?

 

L'hégémonie américaine prendra fin tôt ou tard. Les Etats-Unis ne peuvent pas éternellement faire appel à la force militaire pour maintenir leur suprématie. Au contraire, les gesticulations militaires, même si elles sont en apparence couronnées de succès, sont un indice de faiblesse et de déclin. Le sociologue français Emmanuel Todd, qui avait prédit la fin de l'URSS en 1976, vient de poser un diagnostic similaire pour les Etats-Unis. Les causes principales du futur effondrement américain sont les suivantes, d'après Todd : un prix trop élevé pour le pétrole et une dévaluation trop importante du dollar.

 

Cet effondrement comporte évidemment des risques politiques majeurs, mais le plus grand danger qui nous guette est une détérioration drastique de l'économie japonaise. A plus ou moins long terme, le Japon ne pourra pas faire face à un prix trop élevé du pétrole (45 dollars par baril). Si les banques japonaises subissent un krach, leur trop grande dépendance vis-à-vis du pétrole, une dépendance qui est de l'ordre de 100%, entraînera une réaction en chaîne en Asie du Sud-Est, qui aura des effets immédiats en Europe et en Russie. Après cette triple crise extrême-orientale, européenne et russe, les Etats-Unis seront touchés à leur tour.

 

Quelle est la situation qui encadre tout cela?

◊ La guerre américaine contre le terrorisme entraîne déjà, comme on peut le constater chaque jour, d'immenses déficits, avec, en prime, une balance commerciale américaine plus déficitaire que jamais.

 

◊ Beaucoup de pays en voie de développement suivent l'exemple du Venezuela et de la Chine , ainsi que d'autres pays, et changent leurs réserves de devises, constituées principalement de dollars, en euro et en or.

 

◊ L'OPEC pourrait très bien passer à l'euro ou se doter d'une devise propre, couverte par les réserves de pétrole. Le monde islamique prévoit d'autres initiatives, comme, par exemple, celle que suggère le Premier Ministre de Malaisie, Mahathir : la création d'un “dinar-or”. Pour cette raison Mahathir a été déclaré “ennemi public numéro un” par le spéculateur Georges Soros.

 

◊ Les pays en voie de développement, dont les réserves en dollars sont réduites, pourraient également transformer leur économie en économie de troc. Ce système est plus facile à gérer actuellement, via des opérations d'échange effectuées par le biais de techniques informatiques. Ces pays pourraient commercialiser ainsi leurs matières premières, sous-évaluées sur les marchés mondiaux dominés par le dollar et les Etats-Unis. Le Président vénézuélien Chavez a signé treize contrats de troc de ce type, prévoyant l'échange de matières premières indispensables au Venezuela contre du pétrole.

 

◊ Les Etats-Unis ne pourront financer indéfiniment leur déficit commercial (± 5% du PIB) et la guerre permanente qu'ils ont déclenchée, sous prétexte de lutte contre le terrorisme.

 

 

Les pétro-dollars, instruments de la puissance américaine

 

Les élites américaines le savent, mais ne veulent pas le faire connaître via les médias : la force du dollar ne repose pas en soi sur les capacités réelles de l'économie nationale américaine. En réalité, la force du dollar repose depuis 1945 sur le privilège d'être la devise de réserve internationale et la devise “fiat” pour les transactions pétrolières dans le monde entier (les fameux “pétro-dollars”). Les Etats-Unis font effectivement imprimer des centaines de milliards de ces pétro-dollars que les Etats nationaux, dans le monde entier, utilisent pour acheter du pétrole auprès des producteurs de l'OPEC, à l'exception de l'Irak, partiellement du Venezuela, qui hésite encore à passer à d'autres formes de transactions, et prochainement l'Iran. Ces pétro-dollars sont renvoyés aux Etats-Unis par les pays de l'OPEC, où, par le truchement de “Treasury Bills” ou d'autres titres ou valeurs libellés en dollars ou encore, par des investissements immobiliers, ils sont réinvestis dans les circuits américains. Ce retour des pétro-dollars à l'Amérique est le prix que les pays producteurs de pétrole doivent payer pour acheter la tolérance américaine à l'égard de ce cartel que constitue l'OPEC.

 

Le dollar est donc l'instrument de la suprématie globale des Etats-Unis, car seuls les Etats-Unis sont autorisés à l'imprimer. Le dollar, devise “fiat”, est à la hausse depuis seize ans, en dépit du déficit record de la balance commerciale américaine et en dépit des dettes énormes que l'Amérique a contractées.

 

Les réserves en dollars doivent impérativement être reconverties en dépôts américains, ce qui entraîne un surplus de capitaux en circulation pour le bénéfice de l'économie américaine. Mais après une année de corrections importantes, les actions américaines gardent la santé depuis une période de 25 ans. Le surplus de la balance américaine des capitaux, provenant des investissements étrangers, finance le déficit de la balance commerciale. Qui plus est, toute valeur libellée en dollar, indépendamment du lieu où elle se trouve, est de facto une valeur américaine. Comme le pétrole s'achète et se vend en dollars, en vertu de la puissance américaine consolidée en 1945, et comme le dollar est une devise créée quasiment ex nihilo pour le commerce du pétrole, on peut dire effectivement que les Etats-Unis possèdent les réserves pétrolières mondiales : celles-ci sont à leur disposition. Plus les Etats-Unis produisent des “green backs” (des dollars), plus les valeurs américaines augmentent. La politique du dollar fort constitue donc un double avantage et bénéfice pour les Etats-Unis.

 

 

Augmenter la production de pétrole dans l'Irak occupé pour faire crouler l'OPEC

 

 

Cette situation actuelle, marquée par l'injustice, ne se maintiendra que si :

 

◊ les peuples du monde continuent à acheter et à payer le pétrole dont ils ont besoin, de même que d'autres matières premières, en dollars;

 

◊ la devise de réserve pour les transactions pétrolières mondiales reste le dollar, et le dollar seul.

 

L'introduction de l'euro constitue un facteur nouveau, qui constitue la première menace pour la suprématie économique américaine.

 

Au vu de toutes ses données, les Etats-Unis vont donc déclencher une guerre contre l'Irak, chasser Saddam Hussein et augmenter démesurément la production de pétrole en Irak, afin de vendre le pétrole à bas prix et, ainsi, détruire le cartel que constitue l'OPEC, ce qui aura pour conséquence d'empêcher l'ensemble des pays producteurs de passer à l'euro. Tel est le véritable enjeu de la guerre contre le terrorisme ou l'axe du mal. La mise en scène ne trompe personne d'éclairé : les Etats-Unis ont d'ores et déjà annoncé la couleur. Ils imposeront un gouvernement militaire américain dans l'Irak conquis, afin de pouvoir mener leur politique. La première mesure qu'ils prendront sera de ramener l'Irak dans le giron du dollar. A partir de ce moment-là, un gouvernement fantoche gouvernera le pays comme en Afghanistan. Bien entendu, les champs pétrolifères seront placés sous la garde des soldats américains. La junte de Bush pourra quintupler la production du pétrole irakien, de façon à faire sauter les quotas imposés par l'OPEC (pour l'Irak : deux millions de barils par jour). Plus personne, dans de telles conditions, ne voudra encore réduire ses quotas. Mais, les Etats-Unis devront quand même compter sur une résistance des pays de l'OPEC.

 

Pendant le programme “pétrole contre nourriture”, l'Irak a vendu en cinq ans pour 60 milliards de dollars de pétrole, ce qui fait moins d'un million de barils par jour. Après quelques investissements nécessaires dans les infrastructures d'exploitation, la production irakienne pourra facilement passer à sept millions de barils par jour (2,5 milliards de barils par an). Si l'on tient compte du fait que la production mondiale est de 75 millions de barils par jour et que l'OPEC en produit 5 millions par jour, on comprend aisément que la politique américaine vis-à-vis du pétrole irakien vise ni plus ni moins la destruction de l'OPEC, ce qui fera baisser le prix du pétrole à plus ou moins dix dollars le baril. Les pays importateurs de pétrole économiseront ainsi chaque année 375 milliards de dollars. D'où cette phrase entendue aux Etats-Unis : « The Iraq war is not a money­maker, but it could be an OPEC breaker » (La guerre contre l'Irak ne rapportera sans doute pas d'argent, mais cassera sûrement l'OPEC).

 

 

L'OPEC devra réagir

 

 

Cette réflexion, posée par un belliciste américain, est forcément venue à l'esprit des représentants de l'OPEC. Les Américains considèrent que ce jeu dangereux est la “meilleure des solutions”, du moins si tout se passe bien. Mais, l'OPEC ne restera pas sans réagir, si les Américains pompent le pétrole irakien à leur profit et à tire-larigot. Assister à ce pillage les bras ballants équivaut à un suicide pour l'OPEC. Déjà la résistance à l'encontre des projets américains dans le monde est éloquente, même si les centaines de milliers de gens qui défilent dans les rues n'en sont pas conscients. A terme, les pressions et les initiatives américaines pourraient bien échouer.

 

L'OPEC devra passer à l'euro pour les transactions pétrolières, rien que si elle veut assurer sa survie. Une telle décision signifierait la fin du dollar américain comme devise hégémonique, la fin du statut d'unique hyperpuissance.

 

Il y a un an environ, l'hebdomadaire britannique The Economist évoquait le paradoxe de la puissance américaine (cf. John Nye, « The new Rome meets the new Barbarians », The Economist, 23.3.2002; Nye est le Doyen de la “Kennedy School of Government” de Harvard et l'ex-Assistent Secretary of Defence, en 1994-1995, est, avec Samuel Huntington, éditeur de Global Dilemmas, au centre même du nouveau cénacle de ceux qui forgent et déterminent l'actuelle politique extérieure américaine). L'article de Nye dans The Economist dit bien qu'à long terme la puissance américaine ne pourra pas subir de défis sérieux, mais qu'elle se trouve néanmoins face à des challenges qui vont l'obliger à s'unir à d'autres Etats au sein de “coalitions”, afin de ne pas devoir recourir sans cesse à la force militaire brutale pour contraindre le monde à fonctionner selon la volonté américaine, mais à créer les conditions d'un soft power, d'une puissance douce. L'argumentation de John Nye est un savant dosage de vérités factuelles incontestables, de désinformations savamment distillées, d'analyses cohérentes et de menaces à peine voilées.

 

 

Dans sa démonstration, la partie la plus intéressante, à mes yeux, est celle où il évoque les “trois types de puissance”.

C'est-à-dire :

 

◊ la puissance militaire;

 

◊ la puissance économique et

 

◊ la puissance qui découle des “relations transnationales telles qu'elles existent au-delà de tout contrôle exercé par les gouvernements” (exemples : les transferts par voie électronique de sommes d'argent gigantesques au sein même du système bancaire international, les réseaux terroristes qui apparaissent toujours immanquablement quelque part, les trafics internationaux d'armes et de drogues, les “hackers” d'internet ou des systèmes informatiques).

 

 

L'analyse de la puissance américaine par John Nye

 

 

La présence de ces trois formes de puissance est une évidence objective. Mais elles ne sont pas nouvelles. Clausewitz, et Sun Tzu dans la Chine antique, n'ont jamais réduit leurs analyses de situation aux forces quantitatives des armées. Clausewitz constatait, c'est bien connu, que la guerre est la poursuite de la politique par des moyens militaires, mais des moyens militaires qui sont toujours mêlés à d'autres moyens. La politique américaine n'échappe pas à cette règle clausewitzienne.

 

Nye perçoit la puissance militaire américaine comme “unipolaire”. Il veut dire par là que les Etats-Unis seuls sont aujourd'hui en mesure de “projeter” leurs forces armées nucléaires ou conventionnelles partout dans le monde, donc de menacer tous les Etats de la planète et de leur faire effectivement la guerre. Dans l'état actuel des choses, cette remarque est vraie, sans nul doute, mais, quoi qu'on en dise, l'armée russe est toujours une donne dont il faut tenir compte et elle dispose aussi d'armes nucléaires balistiques. Quant à la Chine , elle est tout simplement trop importante quantitativement, pour être vaincue par la puissance militaire américaine. L'incertitude qui règne aujourd'hui quant à la puissance réelle des armées russes et chinoises vient du fait que la Russie et la Chine sont des nations de grande culture et de longue mémoire et qu'elles ne vont évidemment pas tenter quoi que ce soit, au risque de provoquer une conflagration universelle. Par conséquent, cette sobriété russe et chinoise fait que les menaces américaines fonctionnent… encore (comme le disait Madeleine Albright : «… we have the means and the will to use it » ; = nous avons les moyens et la volonté de les utiliser).

 

Quant à la deuxième dimension de la puissance, c'est-à-dire la puissance économique, John Nye avoue qu'elle est aujourd'hui multipolaire, avec, pour protagonistes, l'Europe, le Japon et les Etats-Unis. Ensemble, ces trois puissances valent les deux tiers du PIB mondial. Mais cette vision des choses repose sur une distorsion des faits monétaires réels, avec une devise gonflée artificiellement parce qu'elle est la devise standard, la “fiat-money”. L'Amérique, contrairement à ce que John Nye veut bien nous dire, est de facto en faillite. Elle vit d'importations non payées en provenance du reste du monde. Il peut parler de “multipolarité” autant qu'il le voudra, la menace qui pèse le plus lourdement sur les Etats-Unis se situe bien au niveau de la puissance économique.

 

 

Le rôle des banques

 

 

La troisième dimension, celle des relations transnationales, est un cas particulier. Nye ne nous parle que modérément du rôle des banques et insiste plutôt sur celui des hackers et d'internet. Or le rôle des banques demeure cardinal; en temps de paix, le système bancaire est l'arme préférée des Etats-Unis quand il s'agit de déstabiliser les pays étrangers. Nye nous parle d'une “puissance largement répandue dans le monde et, à son propos, il paraît inutile de parler d'unipolarité, de multipolarité ou d'hégémonisme”. Nye minimise donc les effets d'une “puissance anonyme”, alors qu'elle est celle du dollar; en fait, il veut dissimuler les usages qu'en font les Etats-Unis, car les impulsions données par Washington au système bancaire international constituent les moyens secrets mis en œuvre par la puissance américaine. Quand on ne sait pas par qui on est attaqué, ni l'endroit où cette attaque se déploie, la riposte s'avère difficile, sinon impossible. Les Etats-Unis jouent ici un rôle crucial, ou pour être plus précis, ce sont surtout les instances dominantes de la côte Est des Etats-Unis qui le jouent. Prenons par exemple la situation du Japon. Si les Japonais souhaitaient brusquement mettre un terme à leurs problèmes de finances et de dettes, il leur suffirait de liquider pour 1000 milliards de dollars de titres libellés en cette devise, qui sont en leur possession. Une telle action précipiterait les Etats-Unis dans le marasme le plus total. Les Américains le savent. C'est pourquoi l'ancien ministre des finances américain O'Neill a clairement déclaré que cette “option” n'était pas “ouverte” pour les Japonais.

 

Les agencements de la puissance économique fonctionneront comme facteurs de puissance uniquement si le reste du monde continue à se laisser imposer les règles voulues par les Etats-Unis, c'est-à-dire aussi longtemps que le dollar servira de devise de réserve.

 

Nye nous a donc clairement évoqué, dans son article de The Economist, quels sont les domaines clefs de la puissance actuellement dans le monde, mais aussitôt évoqués, il les drape dans une brume de désinformation. Il nous dit que la stabilité des finances internationales est d'une importance vitale pour le bien-être des Américains, mais que, pour y parvenir, les Etats-Unis ont besoin de la coopération d'autres puissances, afin d'assurer cette stabilité pour l'avenir. Mais cette requête, quémandant la coopération de tierces puissances, est un indice du commencement de la fin. Toute construction qui perd l'une de ses colonnes porteuses s'effondre.

 

Petit secret du “nouvel ordre mondial” : le reste du monde pourrait jeter les Etats-Unis en bas de leur piédestal, dès le moment où il proclamerait la fin du dollar comme devise standard des échanges internationaux. C'est un dilemme crucial auquel l'Amérique ne pourra pas sortir dans l'avenir proche. Mais le processus de la chute ne s'est pas encore mis en marche, parce que l'ensemble des pays occidentaux en serait également ébranlé et les dirigeants de ces pays craignent d'affronter de tels bouleversements. Mais ces craintes pourraient fort bien se dissiper quand il apparaîtra de plus en plus clairement que les Etats-Unis se conduisent comme le “Super-Etat-Voyou”, menaçant tous les pays du monde. Cette conduite inacceptable risque de faire émerger une donne : celle que les Etats-Unis veulent à tout prix éviter.

 

 

L'Iran et le Venezuela pourraient choisir l'euro

 

L'économie japonaise pourrait fort bien s'effondrer. L'Iran, le Venezuela et plusieurs autres pays pourraient choisir l'euro comme devise pour les échanges commerciaux internationaux. La décision de l'OPEC de passer à l'euro pourrait accélérer le processus. Qui plus est, en dépit de ces risques très réels, les Etats-Unis n'ont pas cessé de pratiquer leur politique désastreuse, avec :

 

◊ un accroissement massif de leur déficit ;

 

◊ une absence de volonté réelle de faire passer un système de supervision général des actions en bourse (le SEC; “Stock Exhcange Control”) ;

 

◊ un échec de leurs politiques économique et fiscale.

 

La plupart des Américains n'en n'ont pas idée, car leurs médias ne leur en parlent pas. On gave les citoyens américains —comme du reste les citoyens européens—  de consommation et de loisirs. Seuls internet et les réseaux de samizdat fournissent encore de véritables informations.

 

 

CONCLUSION :

 

 

Dans un premier temps, il semble plus que probable que toute tentative d'un pays de l'OPEC, de passer à l'euro, se verra combattue par les Etats-Unis, soit par des moyens directement militaires, soit par des opérations camouflées des services secrets. Sous le prétexte de la guerre permanente contre le terrorisme, le gouvernement américain manipule les citoyens des Etats-Unis et de tous les autres pays du monde, via les médias qu'il domine, et trompe l'opinion mondiale sur les véritables motifs économiques de la guerre contre l'Irak. Cette guerre n'a évidemment rien à voir avec les menaces imaginaires que Saddam Hussein aurait fait peser sur la région en déployant des armes de destruction massive, tout aussi imaginaires, comme on le sait aujourd'hui. Le motif de cette guerre est de perpétuer la domination du dollar comme devise dans les transactions pétrolières. Ce n'est pas un contexte qui s'est développé seulement au cours des derniers mois : les décisions avaient déjà été prises avant l'accession au pouvoir de l'équipe de Bush, représentant des lobbies pétroliers. De plus, la banqueroute virtuelle des Etats-Unis est un fait avéré depuis bien plus longtemps. Les attentats du 11 septembre a été un “second Pearl Harbor”, comme bon nombre d'observateurs l'ont d'ores et déjà constaté. Avec ces attentats, la propagande de guerre a pu commencer à battre son plein.

 

 

La confrontation dollar / euro semble inévitable, même si l'euro, au départ, avait été voulu par les Américains. Après les guerres de religion et d'idéologie, nous verrons l'avènement d'une nouvelle catégorie de guerres : les guerres de devises.

 

 

11 septembre 2001 = nouveau Pearl Harbor

 

 

Les gens se sont posé plusieurs questions après le 11 septembre 2001 : sur les motivations de ces attentats, d'une part, sur les possibilités réelles de les perpétrer, d'autre part, parce qu'on mettait en doute la présentation qu'en avaient faite les médias. Les gens veulent aller au bout des choses. Sur le plan purement physique, nous devons d'emblée rejeter la thèse officielle avancée par les Etats-Unis sur ces attentats, soit la thèse qui prétend que des terroristes islamistes ont utilisé des avions comme bombes volantes pour détruire les deux immeubles qui symbolisaient la politique globaliste des Etats-Unis; de même, la motivation fabriquée de toutes pièces par les grands médias est dénuée de tout fondement : on ne peut en rien affirmer que ces attentats constituent la vengeance du monde islamique contre l'impérialisme américain.  Or si l'on rejette la thèse officielle de Washington et des médias à sa dévotion, on pose ipso facto la question de savoir quelles sont les véritables causes intérieures qui ont motivé ces attentats. On ne peut plus éluder cette question avec le mépris habituel, en disant qu'elle participe de la “théorie de la conspiration”. L'hypothèse la plus plausible est la suivante : à moyen terme, les Etats-Unis et les médias qu'ils téléguident ne pourront plus dissimuler aux citoyens du monde l'imminence d'une crise économique et d'un effondrement des marchés financiers; par conséquent, il leur fallait trouver un bouc émissaire. L'argumentation tient la route. Vu la dimension gigantesque de la crise qui nous attend, l'événement devait être hyper-frappant, aussi frappant que l'avait été Pearl Harbor, qui a servi de prétexte pour l'entrée en guerre des Etats-Unis en décembre 1941. Le 11 septembre 2001 est par conséquent, aux yeux des esprits critiques et lucides, un nouveau Pearl Harbor, un prétexte idéal pour entamer un nouveau processus de guerres en chaîne.

 

 

Si l'on a observé, comme je l'ai fait, la situation économique réelle du monde depuis quelques années, on constate que les médias ne révèlent jamais au public la situation réelle et manipulent les informations. Ce silence et ce tissu de mensonges attestent de l'ampleur de la catastrophe qui nous attend. A l'aide de l'arithmétique la plus élémentaire, on doit déjà pouvoir constater qu'une bulle financière aussi énorme éclatera tôt ou tard. La bulle financière qui a crû sur les marchés financiers de manière exponentielle éclatera effectivement et donnera lieu à un krach épouvantable. Les bénéfices artificiels, engrangés à la suite de bilans faussés, n'existent que sur le papier et doivent immanquablement conduire à la faillite.

 

 

A. Greenspan : sommes-nous proches d'une dictature mondiale?

 

 

Bon nombre de démonstrations faites par A. Greenspan, avant qu'il ne devienne le chef de la “Federal Reserve Bank” prouvent qu'il savait tout cela, aussi bien que n'importe quel individu capable de raisonner correctement. Greenspan est devenu entre-temps l'homme le plus puissant de l'économie américaine et donc du monde entier. Va-t-il laisser aller les choses à vau-l'eau? Je ne le pense pas. Et je me rappelle quelques réflexions émises par Barnick, qui nous annonçait l'avènement d'une ère nouvelle : nous sommes, disait-il, bien près d'une dictature mondiale, appelée à gérer les ressources qui se raréfient et pour garantir un “ordre social” cohérent aux masses désormais atomisées et dépourvues de moyens. Ces réflexions, qui se veulent d'ordre philosophique, sont intégrées depuis des années dans les “think tanks” des planificateurs américains. Les exemples sont légion : bornons-nous à citer Huntington et Brzezinski, dont les idées servent à consolider et à justifier des opérations dont les objectifs sont essentiellement économiques et géopolitiques. Ces réflexions philosophiques ont donc un impact direct sur la réalité du monde : les observateurs européens, chinois et surtout russes s'en rendent parfaitement compte.

 

La situation est analysée d'une manière quelque peu différente à Moscou, où l'on est parfaitement conscient des issues dramatiques potentielles qu'elle aura. A la mi-mai 2001, un congrès s'est tenu au Kremlin, dont l'objet était : « Les temps après le dollar ». Après le dollar comme devise de réserve, s'entend. A Moscou, on spécule déjà sur le chute de l'actuel système monétaire. I. P. Panarine, de l'Académie Diplomatique du Ministère des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie, optait pour une position euro-centrée. Il pensait que les Etats-Unis éclateraient en groupes d'Etats séparés, voire antagonistes, d'ici une dizaine ou une quinzaine d'années, à cause de la crise économique. Indépendamment de cette analyse russe, mentionnons une étude plus ancienne, celle du Russe germano-balte Georg Knüpfer qui prédisait en 1963 déjà que les Etats-Unis éclateraient en quatre morceaux antagonistes et ne seraient plus capables d'exporter la guerre, comme ils l'avaient toujours fait (cf. Der Kampf um die Weltherrschaft). Si Al Gore, représentant du grand capital, avait remporté les élections, le risque d'un éclatement des Etats-Unis aurait été plus grand encore que sous la houlette de Bush. Les Etats-Unis sont prêts à tout, y compris à multiplier les interventions militaires, pour conserver l'influence du dollar sur le monde entier.

 

Tels sont les plans concoctés dans l'orbite de la finance américaine. Dans le fond, il s'agit d'une déclaration de guerre pour une guerre économique totale, car les conséquences sont clairement perceptibles :de nombreux pays ont été détruits économiquement au cours de ces dernières décennies.

 

 

Pillage du monde par le dollar

 

 

Avec un dollar surévalué, les Etats-Unis se sont approprié dans le passé récent le fruit du travail des peuples, leurs ressources énergétiques (dont le pétrole) sans contrepartie. Mais, parce comportement, ils préparent, sans vouloir s'en rendre compte, l'abandon par ces peuples du dollar au profit d'une autre montagne de papier, l'euro. Les Américains ont acheté les entreprises performantes (pas les autres), les mines, les champs pétrolifères, les droits d'exploitation de ceux-ci, à l'aide de leur “fiat money”. Ils ont pillé les économies des peuples étrangers, pour les exploiter à fond puis les laisser péricliter en dévaluant le dollar. Par cette manière de procéder, les Etats-Unis se sont approprié le capital réel des peuples et, par les dévaluations successives et bien calculées du dollar, ils ont épongé leurs dettes gigantesques, que, de toutes les façons, ils n'auraient jamais pu payer. Ces dettes sont ensuite éparpillées à travers le monde entier, qui, au lieu de posséder du capital réel  —c'est-à-dire des entreprises productives, des matières premières, etc.—  ne possèdent plus que des montagnes de dollars sans valeur.

 

On verra si le programme actuel des élites américaines va réussir ou échouer. Mais, quoi qu'il en soit, l'euro existe. Quant au franc suisse, il n'est plus vraiment un “havre sûr”, depuis les dernières décisions du gouvernement helvétique : par toutes sortes de trucs, de ruses et de tromperies, ce gouvernement a réussi à fourguer aux Suisses une modification constitutionnelle, permettant de lever la couverture or du franc suisse. Vu sous cet angle, le travail des globalistes a le vent en poupe.

 

Gerhoch REISEGGER.

(version française: Robert Steuckers). 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

samedi, 19 juillet 2008

Remarques critiques sur l' "Union Méditerranéenne" de Sarközy

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Bernhard TOMASCHITZ:

Remarques critiques sur l’ “Union Méditerranéenne” de Sarközy

Le 13 juillet, ce sera  chose faite: un jour avant la fête nationale française, on signera à paris le Traité fondateur de l’Union méditerranéenne, lors du sommet entre pays de l’UE et pays riverains de la Méditerranée. A cette nouvelle construction appartiendront non seulement les 27 pays membres de l’UE, mais aussi tous les pays riverains des côtes méridionales et orientales de la Mer Méditerranée , dont le Maroc, l’Algérie, la Tunisie , le Libye, l’Egypte, Israël, la Syrie et la Turquie. Malgré tout le tintamarre et tous les flonflons suscités par Sarközy pour faire passer son projet favori, l’affaire ne semble pas vraiment démarrer sous de bons auspices: d’abord, Sarközy a dû modifier considérablement son projet de départ; il voulait que seuls les pays de l’UE, qui sont réellement riverains de la Méditerranée , participent au projet et voilà que maintenant, on en est à se demander quels pays riverains en feront vraiment partie. De plus, Sarközy n’a jamais pu réfuter complètement les reproches qu’on lui formulait, notamment ceux qui alléguaient que l’objectif réel de cette construction euro-méditerranéenne visait uniquement à consolider les positions déjà dominantes de la France en Méditerranée.

Sarközy a commencé par essuyer une fin de non recevoir du leader libyen Mouamar Khadafi, qui considère l’Union Méditerranéenne comme une “insulte” aux Etats arabes et africains. Ce refus de Khadafi s’explique sans doute par le fait qu’il ne pourra pas jouer, dans ce nouvel orchestre, le rôle de la vedette principale. Mais le Ministre égyptien des affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit n’est pas plus enthousiaste. Pour lui, cette “Union Méditerranéenne” est “comme un spectre dans les airs, sur lequel on ne rine dire de raisonnable”. Ensuite, a-t-il ajouté, “il aurait été bon que le Président français ait préalablement consulté les Etats arabes avant d’annoncer publiquement son projet”. Les Arabes estiment donc qu’ils ont été pris de court et craignent de futures divergences vu la participatin annoncée d’Israël dans ce concert. La Syrie , pour sa part, accepte le projet, avec prudence, car Damas espère que, par le biais de cette “Union Méditerranéenne”, les Syriens obtiendront un traité de paix avec Israël, afin de récupérer à terme les hauteurs du Golan.

Le Président français se voit dans la peau d’un médiateur et d’un pacificateur vu la participation d’Israël. “L’Union Méditerranéenne, cela signifie qu’Israël sera à Paris aux côtés des nations arabes. J’enregistre avec intérêt ce qu’Israël a dit à propos de négociations indirectes de paix avec la Syrie. Et peut-être y aura-t-il des négociations directes entre la Syrie et Israël à Paris”. En fait, son objectif réel semble être de vouloir rapprocher davantage l’entité sioniste de l’UE. C’est ce que révèle in fine son discours tenu fin mai à la Knesset , durant sa visite en Israël. Dans ce discours, Sarközy s’est posé comme “ami” de l’Etat sioniste et a promis que la France serait “toujours du côté d’Israël lorsque celui-ci sera menacé”. Au vif plaisir de ses interlocuteurs de la Knesset , Sarközy a répété le poncif de l’actuelle propagande sioniste, qui veut que le programme nucléaire de l’Iran menace la paix. Textuellement Sarközy a dit: “Un Iran disposant de l’arme atomique est inacceptable pour mon pays”.

Mais lorsqu’il s’agit de préserver les intérêts de la “Grande Nation”, Paris n’hésite pas à coopérer avec des pays dont on peut considérer la politique comme douteuse. Ainsi, fin juin, à Alger, le premier ministre français François Fillon et le Président algérien Abdelaziz Bouteflika ont signé un accord global quant à une coopération des deux pays en matières nucléaires. Or, doit-on le rappeler, en Algérie, les islamistes ont mené une guerre civile de 1991 à 2003 qui a fait 120.000 victimes; aujourd’hui encore, la paix intérieure du pays est régulièrement troublée par des attentats à la bombe, qui font beaucoup de victimes. L’ancienne colonie algérienne de la France demeure importante pour Paris parce qu’elle recèle en son sol des ressources pétrolières importantes, les troisièmes en ordre de grandeur d’Afrique, de même que des nappes de gaz naturel dans le Sahara. Mais cette coopération étroite avec une Algérie fragilisée n’est pas unique: l’autocrate libyen, le Colonel Khadafi, dispose, lui aussi, de réserves pétrolières. En juillet 2007, la France de Sarközy l’a littéralement dragué. Lors d’une visite à Tripoli, le Président français a signé les accords de coopération franco-libyens, qui comprennent un volet nucléaire, prévoyant la construction d’installations.

En octobre 2006, la France signait des accords avec le Maroc, prévoyant la construction d’une centrale nucléaire sur la côte atlantique, près de la ville d’Essaouira. Tous ces pays, prétend Sarközy, contrairement à l’Iran chez qui il subodore les pires intentions malveillantes, utiliseront l’atome à des “fins pacifiques”.

Derrière cette politique dangereuse de la France , se profile la crainte de voir les Chinois rafler la première place en Afrique, continent si riche en matières premières. C’est essentiellement pour cette raison que la France veut diminuer sa présence militaire sur le continent noir au profit d’un engagement renforcé dans le secteur privé. “Il y a aujourd’hui 900.000 Chinois en Afrique et moins de 300.000 Français. Nous devons tenter, là-bas, d’être à nouveau plus concurrentiels” a expliqué le secrétaire d’Etat au développement Alain Joyandet. Celui-ci a également réclamé une nouvelle “Realpolitik” française en Afrique. “Les autres pays construisent en Afrique des routes, des ponts, dirigent des entreprises et marquent leur présence dans le commerce du bois”, a ajouté Joyandet. Dans ces domaines, la France ne peut plus demeurer absente et doit offrir des projets: “L’Afrique bouge. Nous voulons rester un partenaire important de l’Afrique”.

Dans l’avenir, la France n’entend toutefois pas renoncer entièrement à ses moyens de pression militaires. Dans la mission internationale de l’ONU au Tchad, la France entend impliquer ses “partenaires européens”, afin d’aller y défendre les intérêts  de la “Grande Nation”. Récemment, l’hebdomadaire allemand “Der Spiegel” rappelait que Sarközy, lors d’une rencontre avec la Chancelière fédérale Angela Merkel, a annoncé à cette dernière que la France avait l’intention de créer une flotte européenne. La Bundeswehr allemande devrait y participer en mettant à sa disposition des frégates et des unités logistiques qui appuieront un groupe de combat centré autour d’un porte-avions (français évidemment...) qui voguerait sur les océans en battant pavillon européen.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°28/2008; trad.  franç.:  Robert Steuckers).

 

vendredi, 18 juillet 2008

Lectures pour l'été

Conseils de lecture estivaux

Parce que l'été est souvent l'occasion de lire (ou relire) des ouvrages que l'on a parfois même pas le temps d'entamer au cours de l'année, les JI Pays d'Aix vous proposent une sélection de livres qui vous feront passer un été à la fois formateur, enraciné, enrichissant mais reposant, pour lire à l'ombre des pins et sous la surveillance des cigales...  L'école des cadres de "Synergies Européennes", dans ses sections de Wallonie, ne peut que souscrire à ce choix, partagé par les Identitaires genevois et provençaux. Nous leur adressons un salut fraternel!

 

Histoire de notre civilisation :

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 Depuis Albert Thibaudet, écrivant en arrière des tranchées de 1917 sa Campagne avec Thucydide, personne n'ignorela signification de la guerre du Péloponnèse pour les Européens du XXème siècle et donc d'aujourd'hui. Pour Thibaudet, laguerre fratricide qui opposa toutes les cités grecques regroupées autour d'Athènes et de Sparte au Vème siècle avant notre ère, préfigurait la Grande Guerre de 14-18, en attendant celle de 39-45. Aucune guerre dans l'histoire n'est aussi riche d'enseignements. Ce fut un affrontement titanesque entre la puissance maritime, impérialiste et commerciale d'Athènes et la puissance continentale de Sparte la "militariste". Mais, en dépit des théories en faveur d'Athènes, Sparte finalement l'a emporté, en se dotant d'une marine de combat. Ce fut une guerre fratricide, totale et sans merci, multipliant les massacres et les opérations de terreur entre Grecs (comme la guerre civile européenne de 1917-1945...). Ce fut une guerre fatale dont les vainqueurs sortirent tout aussi épuisés que les vaincus. Après -404, c'en était fait de l'ancienne indépendance grecque (comme l'Europe après 45, soumise à l'impérialisme américain...). Politiquement et humainement, la Grèce avait commis un suicide. Ne subsistait que le souvenir impérissable d'une civilisation déjà millénaire. Historien américain (université de Californie), Hanson reprend l'historique de ce conflit, s'inspirant bien entendu du récit incontournable de Thucydide (source: La NRH, juillet-août 2008).

La Guerre du Péloponnèse, par Victor Davis Hanson (Flammarion), 496 p., 26€ 

 

 

 

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La civilisation romaine offre à l'homme moderne un visage original et sans égal. Elle seule a su dominer un empire immense pendant une aussi longue période ; elle seule a fait de la paix et de la prospérité de ses provinces sa préoccupation première ; elle seule a réussi à tisser un lien d'égalité entre tous les hommes libres de l'Empire en leur accordant les mêmes droits qu'aux citoyens de Rome. La seule civilisation qui ait réussi à unir dans la pax romana des peuplades aussi différentes, et surtout hostiles.

L'observateur prend rapidement conscience que les mots utilisés pour qualifier le pouvoir romain, ceux "d'impérialisme", de "colonialisme", de "nationalisme"..., ne correspondent en rien à la réalité historique. Le Romain portait sur les êtres et les choses un regard différent du nôtre ; sa société ne ressemblait guère à la nôtre (la nécessité de la transmission des valeurs, la tutelle du pater familias dans les familles romaines, le primat de la communauté sur l'individu, ... Autant de schémas sociétaux aujourd'hui disparus !). Et cependant, sa culture a posé les fondements de notre identité européenne. Son souci d'humanité a orienté durablement notre conception moderne des valeurs humaines. A tel point que nous pouvons dire "nos ancêtres les Romains" en songeant à la langue que nous parlons (le français, langue latine par excellence), à l'Eglise catholique et romaine (dont la France est "la fille aînée" selon l'expression consacrée), au droit romain (fondement des droits européens continentaux, influence des droits anglo-saxons aussi), à notre Provence qui est selon Pline "plus qu'une province, une autre Italie", ...

À nous d'en nourrir notre réflexion sur notre identité, car, comme le notait Paul Valéry, « l'histoire, je le crains, ne nous permet pas de prévoir ; mais, associée à l'indépendance de l'esprit, elle peut nous aider à mieux voir. »

Rome, la gloire et la liberté - Aux sources de l'identité européenne, par Jean-Noël Robert, (Les Belles Lettres), 378 p., 2008 

 

A propos du Félibrige, avant-garde du régionalisme provençal : 

languedocpourtendardts9.jpgLe félibrige, fondé en 1854 par Frédéric Mistral, a pour ambition de sauver et promouvoir la langue des pays d’oc. Il a rassemblé depuis près de cent cinquante ans des dizaines d’écrivains, de poètes, d’artistes, de linguistes, d’historiens ou tout simplement d’amoureux de la langue d’oc. À travers l’étude de plusieurs personnalités, célèbres ou oubliées, cet ouvrage présente ce groupe d’hommes et de femmes, d’origines et d’opinions parfois opposées, mais réunis pour sauvegarder ou illustrer une langue régionale. De Mistral à René Jouveau, de Félix Gras à Théodore Aubanel, des félibres rouges aux félibres blancs, des Provençaux aux Gascons, des Auvergnats aux Catalans, ce livre propose un véritable panorama du monde félibréen. Les débats qui agitent les félibres ont pour thème la beauté ou la richesse de la langue maternelle, mais aussi le fédéralisme, le patriotisme, le nationalisme, le séparatisme ou encore l’occitanisme, sujets pouvant avoir des répercussions au niveau national. Au cours de leur histoire, ces personnes ont-elles su créer un large mouvement populaire et construire ainsi une communauté d’intérêts ? Ou bien se sont-elles enfermées dans des disputes néfastes aux buts qu’elles s’étaient donné ?

Ce livre devrait permettre à chacun de savoir comment se placer par rapport à l'héritage du Félibrige que nous autres, identitaires provençaux, devons assumer comme celui de nos pères en matière de défense de notre identité charnelle et régionale. Parce que leurs questionnements sont aussi les nôtres : sommes-nous "fédéralistes" ou "indépendantistes" ? Devons-nous "aimer la France plus que tout" (Félix Gras) ? Comment faire cohabiter notre identité provençale avec notre identité nationale ? L'amour de la Provence est-il compatible avec celui de la France ? En tant que régionalistes, devons-nous en vouloir au régime politique républicain ou à la France toute entière ? En somme, il nous appartient, en quelques sortes, d'être modestement de "nouveaux Félibres" et, pour ce faire, de faire appel aux anciens...

La langue d'oc pour étendard, les Félibres (1854-2002), par Simon Calamel et Dominqiue Javel, (Privat), 288 p., 2002 

 

  Le grand classique :

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L’objet de ce livre est un retour aux sources, l’auteur s’interroge sur ce qu’est l’Europe et qui sont les Européens. Cette identité qui n’a rien à voir avec l’Union Européenne remonte à la préhistoire, comme le suggère le sous-titre « 30'000 ans d’identité ».  Le constat est clair, l’Europe est en grand danger. Partout dans le monde les identités s’affirment et seuls les Européens nient la leur.

Cette négation est expliquée par le nihilisme dont on trouve l’origine dans le matérialisme. L’auteur s’attache ensuite à expliquer comment se battre contre cet état de fait. L’arme que les Européens ont entre leurs mains est la Tradition, il faut vivre selon celle-ci. C’est-à-dire :

Vivre selon la Tradition, c’est se conformer à l’idéal qu’elle incarne, cultiver l’excellence par rapport à sa nature, retrouver ses racines, transmettre l’héritage, être solidaire des siens. Cela veut dire également chasser de soi le nihilisme, même si l’on se sacrifie en apparences aux normes pratiques d’une société qui est asservie par le désir. Cela implique une certaine frugalité afin de se limiter pour se libérer des chaînes de la consommation. Cela signifie retrouver la perception poétique du sacré dans la nature, l’amour, la famille, le plaisir et l’action. Pour vivre selon sa Tradition, encore faut-il la connaître. C’est pourquoi Dominique Venner nous propose une plongée dans l’identité européenne.

Bien que Venner dresse un tableau assez noir de notre époque, parle de déclin et de décadence, il n’oublie pas que la civilisation européenne comme bien d’autres a connu des périodes sombres. Rien n’est inéluctable. L’histoire est cyclique, elle est une perpétuelle renaissance. Venant d’horizons inattendus, les résistances sont nombreuses. Comme dans le conte de la Belle au bois dormant, la mémoire endormie se réveillera. Elle se réveillera sous l’ardeur de l’amour que nous lui porterons. (source : fiche de lecture des JI Genève)

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Le numéro de la NRH sur la Reconquista espagnole

Ecole des Cadres de "Synergies Européennes" / Sections de Wallonie (Liège/Namur/Charleroi)

Le dernier numéro de la "Nouvelle Revue d'Histoire" de Dominique Venner est exceptionnellement dense. Il ré-ancre une école de pensée dans le fleuve de l'histoire, que d'aucuns avaient voulu quitter naguère. A lire aussi dans ce numéro, l'histoire du MSI à l'AN en Italie. En vente dans tous les bons kiosques et marchands de journaux du pays.

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