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lundi, 11 mars 2019

Réseaux 5G : encore une révolution qui échappe à l’Europe ?...

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Réseaux 5G : encore une révolution qui échappe à l’Europe ?...

par Christopher Th. Coonen

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Christopher Coonen cueilli sur Geopragma et consacré aux enjeux pour l'Europe de la technologie 5G. Membre de Geopragma, Christopher Coonen a exercé des fonctions de directions dans des sociétés de niveau international appartenant au secteur du numérique.

Réseaux 5G : encore une révolution qui échappe à l’Europe ?

Le mot « 5G » sera sur toutes les lèvres lors du « Mobile World Congress » du 25 au 28 février prochains, grand-messe mondiale annuelle de la téléphonie mobile à Barcelone. Pourquoi ? Car c’est l’héritier tant attendu du standard actuel, la 4G.

Nous utilisons nos smartphones en France et en Europe depuis 2012 à leur plein potentiel grâce à la 4G. Ce fut alors une petite révolution, car la 4G offrait deux atouts : premièrement, elle permettait la circulation des appels vocaux directement par Internet et non plus par le réseau téléphonique. Deuxièmement, la 4G s’appuyait sur le « multiplexage » (passage de différents types d’information par le même canal) permettant d’augmenter les flux d’informations et des données.

Le réseau 4G donne un aspect superlatif au terme haut débit. A juste titre : ses débits théoriques sont nettement supérieurs à la génération précédente (3G), allant de 42 Megabits / seconde à 300 Megabits / seconde pour la « LTE » (Long Term Evolution). La « LTE Advanced » va au-delà de 1 Gigabit/seconde.

Les inventeurs de WhatsApp ne s’y étaient pas trompés, lançant en 2009 une application Android et iOS permettant un service de messagerie, de MMS (envoi de messages enrichis de photos, vidéos et messages vocaux), et d’appels vocaux, tous gratuits sous réseau WIFI, faisant trembler les opérateurs traditionnels de téléphonie mobile qui voyaient déjà leurs millions d’abonnés les déserter. Pour la petite histoire, ces démissionnaires de Yahoo! avaient postulé chez Facebook et vu leurs candidatures rejetées, avant de se faire racheter à prix d’or quelques années plus tard en 2014 par le même Facebook pour la modique somme de 19 milliards de dollars…Facebook impliqué dans le scandale de l’usurpation de données via Cambridge Analytica, et décrié par certains de ses anciens employés pour une insoutenable légèreté de l’être s’agissant du traitement des données personnelles. Facebook a 1,7 milliard d’abonnés au niveau mondial, WhatsApp 1,5 milliard – de lourds enjeux.

Nous voici au cœur du sujet : avec la 5G, le débit de données sera 10 à 100 fois plus puissant qu’avec la 4G. Au-delà des calculs et des quantités de débit, il existe un calcul de pouvoir, d’influence et de renseignement qui devrait inquiéter au plus haut point tous dirigeants politiques, militaires et d’entreprises. En effet, contrairement à la 4G, les données ne seront plus uniquement transportées d’un point A vers un point B, mais bien interactives dans tous les sens et depuis de multiples sources, rendant la gestion des villes connectées, les utilisations des voitures autonomes ou encore des drones civils et militaires bien plus efficaces avec des réactions en contexte et en temps infiniment réel. C’en sera fini de la « latence technologique ».

Or, face à ces enjeux de souveraineté colossaux, comme d’ailleurs sur bien d’autres sujets, l’Europe se retrouve de nouveau coincée entre les Etats-Unis et la Chine.

Les grandes manœuvres ont débuté pour l’attribution des licences 5G à l’échelle mondiale, ainsi que les appels d’offre organisés pour la construction de ce réseau révolutionnaire qui comprendra des « backbones » de fibre optique terriens et sous-marins, des routeurs et des réseaux du dernier kilomètre. Les entreprises qui les installeront auront à gérer leur part de réseau et les données y transitant, et pourraient assez facilement créer des « portes arrière » pour capter et potentiellement copier celles-ci.

Imaginons le revers de la médaille. Ces applications tellement plus puissantes et versatiles auront aussi leur talon d’Achille : les hackers d’Etat, petits ou grands, ou des pirates informatiques privés, pourront créer de véritables crises et failles en déréglant la circulation de véhicules en ville, paralysant totalement ces mêmes villes, ou encore en faussant le ciblage de la livraison d’un colis ou d’un missile…Il n’existe pas pour le moment de standard de cryptographie et de sécurité associé à la 5G.

Entre temps, sur l’autre rive de l’Atlantique, le Président Trump a pourtant adressé aux agences fédérales en octobre 2018 l’un de ses « Memorandum » : « il est impératif que les Etats-Unis soient les premiers dans la technologie cellulaire de cinquième génération (5G) », soulignant que la course à la 5G avec la Chine était une priorité de sécurité nationale. Mais en oubliant de mentionner l’importance de la cyber-sécurité de ces nouveaux réseaux et abrogeant même des dispositions prises par la « Federal Communications Commission » de l’administration du Président Obama pour que les réseaux de la 5G soient sécurisés en amont par des standards pour réduire les risques d’intrusions et de cyberattaques…

C’est donc un vide sidéral de part et d’autre face à des dangers très tangibles et incroyablement destructeurs. S’affrontent sur cette question de standards gouvernements et acteurs privés, et ces derniers ont bien plus de chance d’innover rapidement et de se mettre en ordre de bataille avant que ne le fassent les bureaucraties d’Etat ou pire la bureaucratie communautaire avec telle ou telle « directive » ; notre regard peut s’arrêter sur l’impuissance et même l’inconscience des nations sur ces sujets depuis vingt ans sur toutes sortes de questions liées à la technologie… En l’absence de standards et de supervision, tout est possible.

Avec la 5G se dessine donc un combat mondial entre les géants qui construisent et gèrent déjà nos réseaux 4G en Europe : Cisco (US), Ericsson, Nokia et Alcatel (EU) –qui tous trois possèdent des parts de marché minoritaires aujourd’hui – et deux géants chinois, ZTE et Huawei. Cette dernière a fait les choux gras des quotidiens récemment, avec la détention de sa DAF (surtout fille du fondateur) au Canada sous mandat d’arrêt des Etats-Unis pour violation potentielle des sanctions mises en place contre l’Iran. Huawei s’est vue qualifiée par la Commission Européenne de société « inquiétante » car les terra datas qu’elle traite pourraient tomber dans la nasse des services de renseignements chinois. Huawei est en pleine ascension en Europe, ayant doublé ses effectifs entre 2013 et 2018 pour atteindre 14.000 employés, avec une part de marché des infrastructures de réseaux européens estimée à 15-20%. Son chiffre d’affaires en 2018 s’est établi à 100 milliards de dollars, plus que Cisco et même IBM. Elle a détrôné Apple pour devenir le deuxième vendeur de smartphones au monde, derrière Samsung.

Contre ce mastodonte, les Etats-Unis mènent une campagne de pressions notamment envers les opérateurs télécom en Europe, ainsi qu’envers nos gouvernements pour sortir Huawei de cette « course aux armements » du 21ème siècle d’un nouveau genre. L’Administration américaine a dépêché des émissaires au Royaume-Uni, en Allemagne, et en Pologne en 2018 pour faire passer un message très clair : les gains de coûts associés au fait d’utiliser un prestataire tel que Huawei sont sans commune mesure avec les risques (et coûts) d’intrusions chinoises dans les infrastructures de l’OTAN…et la possible remise en cause de la construction d’une base de l’armée américaine en Pologne évaluée à USD $ 2 milliards. L’effet de cette campagne s’est même fait ressentir jusqu’en Australie qui a sorti Huawei des appels d’offres liés à la 5G.

Lorsque Huawei et ZTE ont remplacé les puces américaines par des chinoises dans leurs smartphones, le gouvernement des Etats-Unis a sommé ses deux plus importants opérateurs de téléphonie mobile, AT&T et Verizon, d’arrêter la vente de ces smartphones dans leurs boutiques. Ils s’y sont pliés sans broncher.

La crainte des Etats-Unis repose en partie sur une loi de l’Empire du Milieu datant de 2017, la « Loi Nationale d’Intelligence », qui enjoint les sociétés chinoises de soutenir et de coopérer avec les services de renseignement chinois, où qu’elles opèrent.

Mais cette posture du gouvernement américain est imprégnée d’une hypocrisie sans vergogne. Car dans cette affaire, il existe aussi un angle « NSA » (National Security Agency), les « Grandes Oreilles » de notre grand allié qui sont allées jusqu’à épier les téléphones mobiles de chefs d’Etat « amis ». En 2013, son directeur, l’Amiral Michael S. Rogers, avait interdit aux dirigeants des opérateurs télécom américains d’inclure Huawei ou tout autre acteur chinois dans leurs appels d’offre. Ensuite, grâce aux révélations d’Edward Snowden, nous savons qu’une opération de piratage conduite à partir de 2010 par cette même agence, nommée « Shotgiant », lui a permis de s’immiscer dans les systèmes d’information du géant à son QG à Shenzhen. Cette intrusion n’aurait apparemment pas révélé l’existence de codes sources « malins » ou de programmes systématiques de collecte de données.  Le gouvernement américain continue à ce jour de démentir l’existence d’une telle opération.

Et l’Europe, où est-elle dans tout cela ? Elle est loin sur son propre territoire, de reconstruire et même simplement de rénover son propre réseau avec les seuls acteurs nordiques et français. Elle se retrouve coincée entre les acteurs publics et privés chinois et américains. Peut-être pourrait-elle donner l’exemple comme elle l’a fait avec la RGPD, encore faudrait-il qu’il y ait une véritable prise de conscience et une ambition stratégique de la part de nos leaders politiques pour « sécuriser » cette révolution technologique, protéger les données confidentielles de nos entreprises et de nos gouvernements, et même pour s’en emparer. Il y a urgence. La mise en place de la RGPD est en effet d’ores et déjà elle-même menacée par le « Cloud Act II » voté par le Congrès américain en 2018.

Christopher Th. Coonen (Geopragma, 11 février 2019)

jeudi, 07 mars 2019

Edelweiss The Archaeo-Futurist European Imperial Idea in Robert Steuckers’ Europa I. Valeurs et racines profonds de l’Europe

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Edelweiss

The Archaeo-Futurist European Imperial Idea in Robert Steuckers’ Europa I. Valeurs et racines profonds de l’Europe

(Madrid: BIOS, 2017)

by Alexander Wolfheze

Prologue: Wormtongue in Zürich

RS-trilogievol1.jpgFor the Brussels regime of globalist eurocrats the upcoming European elections obviously represent an opportunity to fit itself with a new set of ‘democratic clothes’, but it also offers the patriotic-identitarian resistance an opportunity to revisit its critique of the ‘EU project’. At this point, the camouflage cover of EU emperorship has become so threadbare that even its heir-apparent Mark Rutte openly wonders if the time has not come to switch from outdated democratic outfits to updated totalitarian styles. In this regard, the title of his Zürich ‘Churchill Lecture’ of 13 February 2019 - interpreted as yet another ‘job application’ by many political analysts - leaves little room for doubt: ‘The EU: from the power of principles towards principles and power’. Despite the grammatical ambiguity, the ‘semantic switch’ is clear for all to see: the ‘power principle’ is now foremost in the minds of the eurocratic elite. For the EU needs a reality check; power is not a dirty word read: ‘the EU should use its instruments of power’. For the importance of being less naïve and more realistic read: ‘it is time to end the idealistic charade’. For The requirement of unanimity reflects the fact that foreign policy is part of the core of national sovereignty... But when it comes to sanctions, I do think that we must give serious thought to enabling qualified majority voting for specific, defined cases read: ‘the remaining state sovereignty of the member states should be diminished even further’. In fact, the transformation of the EU into a ‘super state’ is already a palpable reality: the steady accumulation of censorship in the (social) media and digital sphere, through ‘hate speech codes’,[1] ‘fake news taskforces’[2] and ‘copyright directives’,[3] is approaching the level of Orwellian perfection. As the totalitarian finish line of the EU project is coming into view, it is important to re-view its historical genesis and ideological baseline.

The Maastricht Treaty that laid the formal groundwork for the present-day European Union was signed on 7 February 1992, only six weeks after the formal dissolution of the Soviet Union. Thus, the construction of the new cultural-marxist Western Bloc commenced almost immediately after the demolition of the old real-socialist Eastern Bloc. Since then, the EU was not only enlarged externally (most substantially through the hasty absorption of the Central European nation-states that had just freed themselves from Eastern Bloc rule) - it was also transformed internally, rapidly developing into a proto-totalitarian ‘super state’ project and a worthy successor to the Soviet Union. In a number of ways, the similarities are increasingly startling. The same social ‘deconstruction’ - Eastern Bloc: hyper-proletarian collectivism / Western Bloc: neo-matriarchal levelling. The same economic ‘deconstruction’ - Eastern Bloc: ‘forced collectivization’ / Western Bloc: ‘disaster capitalism’. The same ethnic ‘deconstruction’ - Eastern Bloc: ‘group deportation’ / Western Bloc: Umvolkung. In the contemporary West, the discrepancy between the theoretical discourse of the rulers and the practical lived reality of the people is approaching the same grotesque ‘doublethink’ level as it reached in the Eastern Bloc. The ideological doctrine of Western liberal-normativism theoretically upholds ‘freedom’, ‘equality’, ‘democracy’, ‘justice’ and ‘human rights’, but its real-time practice of nihilist deconstruction provides only social-darwinist economic jungle law, perverse social implosion, pervasive institutional corruption, failing law enforcement and wholesale ethnic replacement. In a certain sense, the Western Bloc has already surpassed Eastern Bloc totalitarianism: in all EU member states the EU flag is everywhere displayed right next to the national flag - a direct insult to national dignity that even the formally independent Soviet satellite states were spared.

Given this escalating discrepancy between theory and practice, the ruling class of the Western Bloc - a globalistically-eurocratically operating coalition between neo-liberal high finance and cultural-marxist intelligentsia - has been transformed into a hostile elite in the true sense of the word. Its EU project has been shown for what it truly constitutes: a globalist anti-Europe project. If European civilization, and the indigenous peoples of Europe that are the bearers of this civilization are to survive, the removal of the hostile elite must have absolute priority. In working towards this end, a fundamental (cultural-historical, political-philosophical) critique of its ideology is of crucial importance for the patriotic-identitarian resistance. An important contribution to this critique has recently been made by Belgian Traditionalist publicist Robert Steuckers: a better ‘guide’ to the issues at stake in the upcoming ‘European elections’ of May 2019 than his great trilogy Europa is hardly imaginable. This present essay aims at making Steuckers’ analysis of Europe’s authentic core values and identitarian roots, found in Part I of Europa but written in French and not yet translated, available to a wider English-speaking audience. Part I of Europa offers more than a thorough counter-analysis of the postmodern ‘deconstruction’ of Europe’s authentic values and identities: it offers a clear formulation of a viable alternative: an Archaeo-Futuristically inspired ‘Europe of the Peoples’, based on the complementary principles of autonomous ethnic communities, consistently-applied political subsidiarity and pragmatic confederative structures. It ought to be said once more: the Western patriotic-identitarian movement owes Robert Steuckers a great debt of gratitude for his tireless educational work. Above and beyond this, the patriotic-identitarian movement of the Low Countries congratulates him on rising above the usual intellectual mediocrity of our ‘lowlands’ - and reminding Europe of the fact that even in our backwaters thought is being given to the possible shape of a new Europe of the Peoples.

(*) As in the case of the preceding ‘Steuckers reviews’,[4] this essay is not only meant as a review: it also serves as a meta-political analysis in its own right - a contribution to the patriotic-identitarian counter-deconstruction of the postmodern deconstruction discourse of the Western hostile elite. The core of this essay provides a summary of Steuckers’ Traditionalist exploration of European identity. This exploration puts a full stop behind the postmodern deconstruction of that identity and provides a cultural-historical tabula rasa that allows the patriotic-identitarian movement to give an entirely new and revolutionary meaning to the idea that is ‘Europe’. In an intellectual sense, an Archaeo-Futurist Europe is now effectively within reach.

(**) This essay treats the ‘European case’ in three steps: the first paragraph triad offers base-line ‘diagnostics’, the second paragraph triad offers ‘therapeutic’ reference points and the seventh paragraph suggests avenues for a concrete ‘treatment’. In the first and last paragraphs, the reviewer gives an outline of the larger Archaeo-Futurist context within which Steuckers’ exploration of European identity becomes relevant for the patriotic-identitarian movement - the actual ‘review’ of Steuckers’ Europa I is found in paragraphs 2 through 6.

(***) For an explanation of the chosen linguistic form and note format the reader is referred to the prologues of the preceding ‘Steuckers reviews’.

1.

The Red Weed

(psycho-historical diagnosis)

‘Over Your Cities Grass Will Grow’[5]

wwwells2.jpgTill today, H.G. Wells’ masterpiece The War of the Worlds not only remains one of the greatest works of the entire literary science fiction genre: till today, this evergreen also retains a direct - albeit mostly unconsciously and instinctively recognized - relevance to the existential condition of Western civilization.[6] Wells’ masterful impressionist rendering of ‘Earth under the Martians’ sketches a world where mankind has lost its bearings - where all recognition and reference points have been wiped away. As human civilization is destroyed by superior alien technology, alien occupation reduces mankind itself to cattle for the slaughter - even earthly nature itself is displaced by alien vegetation. Thus a (literally) creepy ‘red weed’ - a reference to the red colour of ‘war planet’ Mars - grows over the ruins of human civilization, suffocating the remnants of earthly vegetation.[7] Literary analyses of The War of the Worlds recognize that Wells’ masterpiece can be plausibly interpreted as a series of retrospective and contextual psycho-historical ‘mirror images’. Thus, Wells projects the imperialistically rationalized and social-darwinistically justified genocide of ‘primitive peoples’ (such as the indigenous people of Tasmania)[8] by the ‘white master race’ throughout the modern era on the hypothetical extermination of humanity by a superior alien race. He also projects the dehumanizing horror of the rising ‘bio-industry’ of his time on humanity’s hypothetical ‘cattle status’ under alien dominion. Most literary analyses, however, stop of short of pointing to the predictive value of Wells’ work - a value that derives from its forward projection of multiple and simultaneous occurring technological and sociological developmental trajectories. Earlier times would undoubtedly have been recognized Wells’ genius literary packaging of these projections as straightforward ‘prophecy’ – our own time must make do with ‘scientific fiction’.

The existential stress fractures that Modernity has caused in Western civilization can be analyzed - and partially projected forward - by means of modern scientific models: economically as Entfremdung (Karl Marx), sociologically as anomie (Emile Durkheim), psychologically as cognitive dissonance (Leon Festinger) and philosophically as Seinsvergessenheit (Martin Heidegger). For the Western patriotic-identitarian movement the meta-political relevance of these analyses does not primarily reside in their - sometimes ideologically biased - ‘deconstructive’ capacity, but rather in their simple diagnostic value. In this respect, there exists an important similarity between such modern scientific models and modern artistic ‘models’ such as Wells’ The War of the Worlds: by interpreting societal develops as ‘omens’ they can provide societal ‘traffic signs’ - and existential ‘warning signs’. By now, the accumulative impact of Modernity on Western societies is so great that the existential condition of the Western peoples can no longer be described in terms of authentic civilizational continuities or historical ‘standard settings’. When deviation, aberration and derailment determine an entire existential condition, then historically recognizable ‘standards’ are obsolete. When scientifically formulated ‘traffic signs’ are ignored for long enough, then artistically ‘predicted’ dystopian abysses must be faced. It is not by chance that the current phase op (ex-)Western cultural history is described by the term ‘post-modern’: the (ex-)Western societies of today have largely left behind authentic civilizational continuity and they are now moving with increasing speed in the direction of existential conditions that bare an uncanny resemblance to those that prevailed in Wells’ vision of Earth under the Martians.

The new ‘globalist’ ruling class of the West has effectively separated itself from the Western peoples - and positioned itself above it. Now, its only ‘connection’ to these peoples is found in the impact of its power. The hostile elite now considers itself superior to the ‘masses’ that it has ‘outgrown’ in a sense that is not merely ethical and aesthetical: it considers itself evolutionarily superior - it has become alienated in the most literal sense of the word.[9] The consistently negative effects of the hostile elite’s exercise of power - felt most particularly in neo-liberal exploitation, industrial ecocide, bio-industrial animal cruelty, cultural-marxist deconstruction, social implosion, ethnic replacement - define its role as a literally hostile elite. It does not know empathy and sympathy in any way, shape or form: not for its Western enemies, not for its Third World servants and not for its home planet - it is now literally alien to the Earth itself. The globalists are at war with humanity as a whole. They seek to eliminate or enslave at will. They care about themselves and themselves alone. They are committed to concentrating all wealth in their hideous hands. In their evil eyes, our only purpose is to serve them and enrich them. Hence, there is no room for racism, prejudice, and discrimination in this struggle. It is not a race war but a war for the human race, all included, a socio-political and economic war of planetary proportions (Jean-François Paradis).[10]

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The globalist - and therefore anti-European - geopolitical strategy of the hostile elite (which aims at industrial delocalization, social atomization and cultural deracination, cf. Steuckers 223ff.) may be recognized as social-economic and psycho-social warfare by a handful of patriotic-identitarian thinkers, but the Western masses only recognize its effects: economic marginalization (labour market manipulation, artificial unemployment, interethnic wealth redistribution), social malaise (matriarchal anti-law, family structure disruption, digital pornification) and cultural decadence (educational ‘idiocracy’, academic ‘valorization’, media ‘political-correctness’). Through a carefully calibrated - but now critically dosed - process of mass immigration, the hostile elite is constantly reinforcing these economic, social and cultural ‘deconstruction’ programs, to the point of irreversibility. The Umvolkung process aims at eradicating the Western peoples as ethnically, historically and culturally distinct entities by ‘dissolving’ them in an atomized mass of atomized déracinés - by stamping them down into la boue,[11] the ‘mud’ of identity-less, character-less and will-less ‘mass man’. This process of ethno-cultural, social-economic and psycho-social total levelling, for now directed primarily at Europe, aims at the ultimate Endlösung of the core problem of the New World Order, which is the continued existence of authentic - and therefore automatically anti-globalist - identities at the collective level. Most concretely, this Endlösung is realized through the totalitarian implementation of ethnocidal ‘multiculturality’ and anti-identitarian ‘mobocracy’.

The motivations and aims of the hostile elite effectively ‘surpass’ the imagination of the Western masses - in certain respects, they even ‘surpass’ the common categories of human thought. In fact, their ‘un-earthly’ and ‘diabolical’ quality is starting to become increasingly evident in its concrete effects.[12] Elsewhere, the ideology of the hostile elite was defined as ‘Culture Nihilism’, i.e. as an improvised amalgam of ideas characterized by militant secularism, social-darwinist hyper-individualism, collectively internalized narcissism and doctrinal culture-relativism aimed at the destruction of all authentic forms of Western civilization.[13] The fact that the Western masses are not able to grasp Cultural Nihilism as an ideology and a program is largely due to its deliberate ‘vagueness’: the explicit motivations and aims of the hostile elite are intentionally il-logical and anti-rational. The only thing that is important for the hostile elite is power: its so-called ‘ideas’ are mere stratagems to gain, retain and expand power: they should be understood as ‘frames’ that serve specific purposes in cognitive warfare.

spcar.jpgA good example of this cognitive warfare can be found in the currently fashionable ‘climate debate’: the ‘party (cartel) line’ that has been laid out by the hostile elite makes an appeal to Gutmensch eco-consciousness, but the punitive tribute that is imposed on the masses by means of new ‘climate taxes’ is exclusively used for ‘investment’ in commercial ‘climate business’ - and to subsidize politically-correct ‘climate clubs’. The inevitable popular backlash is then cognitively ‘transposed’ into a sub-rational ‘climate denial’ discourse that is projected on - even pragmatically claimed by - the ‘populist’ opposition, either in activism (the French ‘yellow vests’) or in parliament (the ‘0,00007 degrees centigrade’ slogan of the Dutch Forum for Democracy party). In this case, the cognitive dissonance that has been successfully created by the hostile elite runs so deep that the ‘common man in the street’ is actually denying the reality of vanishing winter ice and absurd February springs seasons to himself. The balancing act of the hostile elite is entirely effective: the ‘populist opposition’ is happy to abandon the moral high ground for the sake of a few extra parliamentary seats, the masses are happy because they can continue their ‘dance on the volcano’ with some extra years of holiday flights and automobile kilometres and the hostile elite is happy to continue in its ‘economic growth’ model - and with the extra ‘climate taxes’ that can be fed into ‘commercial investments’ and, of course, ‘climate refugees’. In the meantime, ‘business as usual’, or actually more than usual, means that the ecocidal clock of anthropogenic global warming and meteorological catastrophes is left to run its course - to the ‘final countdown’.

On balance, however, the Western masses do instinctively recognize the globalist megalomania of the hostile elite - the elite intelligentsia dismisses this instinctive recognition as ‘belly feel’ and it disqualifies its political expression as ‘populism’. This extreme demophobic arrogance may long retain its effectiveness, but in the longest run, it will come at a heavy price: even now, the Western peoples are beginning to experience the globalist regime of the hostile elite as an ‘alien occupation’. The masses are slowly by slowly starting to see the all-suffocating power of the hostile elite for what it is: an alien ‘red weed’ that is literally smothering Western civilization and the Western homeland.

I had not realised what had been happening to the world, had not anticipated this startling vision of unfamiliar things. I had expected to see... ruins - I found about me the landscape, weird and lurid, of another planet. For that moment I touched an emotion beyond the common range of men, yet one that the poor brutes we dominate know only too well. I felt as a rabbit might feel returning to his burrow and suddenly confronted by the work of a dozen busy navvies digging the foundations of a house. I felt the first inkling of a thing that presently grew quite clear in my mind, that oppressed me for many days, a sense of dethronement, a persuasion that I was no longer a master, but an animal among the animals, under [alien rule]. With us it would be as with them, to lurk and watch, to run and hide; the fear and empire of man had passed away. - Herbert George Wells, The War of the Worlds

2.

The European Kata-morphosis

(political-philosophical diagnosis)

 

Impia tortorum long[o]s hic turba furores sanguinis innocui, non satiata, aluit.

Sospite nunc patria, fracto nunc funeris antro, mors ubi dira fuit,

vita salusque patent.

[Here an impious mob of torturers, insatiable,

fed their long-lasting frenzies for innocent blood.

Now that the fatherland is safe, now that the cave of murder has been destroyed,

in the place where foul death once was,

life and health are open to all.][14]

After half a century of systematic demolition work on state structures and ethnic identities, Europe’s political, economic, social and cultural landscape has changed beyond recognition. The decades’ long outgrowths of parasitical neo-liberalism and prolific cultural-marxism have covered Europe as a ‘red weed’, creating previously unimaginable societal deformations. Hyper-mobile ‘flash capital’ is causing short-lived economic bubbles that give rise to architectural, artistic and fashion monstrosities, spreading outwards from ‘central business districts’, ‘leisure time resorts’ and ‘academic campus environments’. Ethnic ‘diversity’ is resulting in social-economic networks that are smothering the Western public sphere as so many ‘invasive species’: diaspora economies, drug mafias and polycriminal subcultures. These networks are supplemented by un-Western ‘spirit-based’ institutions: the awqāf[15] sponsored by Middle Eastern oil capital, the ‘asylum industry’ funded by public taxes and the ‘system media’ managed by globalist capital. What effectively links all these networks and institutions, systematically tolerated and facilitated by the hostile elite, is their common functionality, viz. their role as replacement mechanisms that are laying the groundwork for the New World Order. In this regard, a crucial role is reserved for the schwebende Intelligenz, viz. cultural-marxist intelligentsia that constitutes the globalist avant-garde. This intelligentsia is tasked with the supra-spatial and im-material deconstruction that precedes the spatial and material deconstruction of Western civilization. These ‘spiritual’ and ‘intellectual’ representatives of the globalist occupation regime ...se nichent dans [l]es trois milieux-clefs - média, économie, enseignement - et participent à la élimination graduelle mais certaines des assises idéologiques, des fondements spirituels et éthiques de notre civilisation. Les uns oblitèrent les résidus désormais épars de ces fondements en diffusant une culture de variétés sans profondeur aucune, les autres en décentrant l’économie et en l’éclatant littéralement par les pratiques de la spéculation et de la délocalisation, les troisièmes, en refusant l’idéal pédagogique de la transmission, laquelle est désormais interprétée comme une pratique anachronique et autoritaire, ce qu’elle n’est certainement pas au sens péjoratif que ces termes ont acquis dans le sillage de Mai 68. [...have settled in [the] three key positions [of globalist power] - media, economy [and] education - and there they work towards the slow but sure elimination of the ideological, spiritual and ethical foundations of our civilization. Some of them are engaged in the erasure of the already crumbling foundational remnants by disseminating superficial ‘cultural diversity’. Others [are engaged in] the ‘decentralization’ of the economy by literally blowing it up through speculation and delocalization. Yet others [are engaged in] the sabotage of the pedagogical ideal of [cultural] transmission by representing [that ideal] as an ‘outdated’ and ‘authoritarian’ practice on the basis of the negative connotation that these terms were charged with in the aftermath of May ’68.] (p. 262-3)

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The globalist intelligentsia is using refined ‘alien audience’ propaganda strategies and coordinates the cognitive warfare that the hostile elite is waging against the Western peoples: it is creating a liberal-normative habitus of exclusively ‘economic thought’ that justifies the physical deconstruction of Western civilization. ...[U]ne économie ne peut pas, sans danger, refuser par principe de tenir compte des autres domaines de l’activité humaine. L’héritage culturel, l’organisation de la médecine et de l’enseignement doivent toujours recevoir une priorité par rapport aux facteurs purement économiques, parce qu’ils procurent ordre et stabilité au sein d’une société donnée ou d’une aire civilisationnelle, garantissant du même coup l’avenir des peuples qui vivent dans cet espace de civilisation. Sans une telle stabilité, les peuples périssent littéralement d’un excès de libéralisme, ou d’économicisme ou de ‘commercialité’... [An econom[ic model] cannot refuse to take account of other spheres of human activity with impunity. The cultural sphere, the healthcare sphere and the educational sphere must always be prioritized above merely economic factors because they provide order and stability to a given community or civilization. They are the guarantors of the future of the peoples living within that civilization. Without such stability, the[se] peoples will literally die of an overdose of ‘liberalism’, ‘economism’ and ‘commercialism’...] (p. 216-7)

In the European context, the doubly neo-liberal and cultural-marxist deconstruction of Western civilization and peoples is implemented through the Brussels-based ‘EU project’. This project is characterized by a radical departure from all traditional notions of pan-European cooperation: in a meta-historical sense, the postmodern ‘EU project’ represents a structural inversion of the classical concept of the European empire. L’Europe actuelle, qui a pris la forme de l’eurocratie bruxelloise, n’est évidemment pas un empire, mais, au contraire, un super-état en devenir. La notion d’‘état’ n’a rien  à voir avec la notion d’‘empire’, car un ‘état’ est ‘statique’ et ne se meut pas, tandis que, par définition, un empire englobe en son sein toutes les formes organiques de l’aire civilisationnelle qu’il organise, les transforme et les adapte sur les plans spirituel et politique, ce qui implique qu’il est en permanence en effervescence et en mouvement. L’eurocratie bruxelloise conduira, si elle persiste dans ses errements, à une rigidification totale. L’actuelle eurocratie bruxelloise n’a pas de mémoire, refuse d’en avoir une, a perdu toute assise historique, se pose comme sans racines. L’idéologie de cette construction de type ‘machine’ relève du pur bricolage idéologique, d’un bricolage qui refuse de tirer des leçons des expériences du passé. Cela implique une négation de la dimension historique des systèmes économiques réellement existants, qui ont effectivement émergé et se sont développés sur le sol européen. [Contemporary ‘Europe’, as given shape by the Brussels ‘eurocrats’, is clearly not an empire - it represents its opposite: a superstate-in-the-making. The notion of the ‘state’ is essentially different from the notion of the ‘empire’: the ‘state’ is [literally] ‘static’ and [essentially] immovable, whereas the ‘empire’ is [always in a state of flux as it is] engaged in the [constant] absorption of the organic forms that come within its reach, re-shaping and re-adapting them in accordance with its spiritual and political precepts. [T]hus, [the empire] is a constant state of fermentation and movement. If the Brussels eurocracy continues on its current path, which is leading [in the opposite direction and] towards a dead end, then it will end up in a state of total ‘fossilization’. In its current form, the Brussels eurocracy lacks - and refuses - [any kind of historical] memory and it resists [any kind of historical] rootedness. [Its radically] constructivist and mechanical self-image is based on an ideological improvisation that refuses to learn from the lessons and experiences of [European] history. This involves a denial of the historical dimension of the [specific national] real-life economic systems that have [organically] sprung up from the soil of Europe.] (p. 215-6)

From a political-philosophical perspective, the deeply anti-European ‘EU project’ represents no less than a globalist Machtergreifung. Neo-Jacobin radicals have taken over the reins of power and the historical precedents for Jacobin power experiments[16] - as in French and Russian revolutionary terror - should set off alarm bells all over Europe. But knowledge of the European historical context of the ‘EU project’, by itself, is insufficient for a thorough understanding of its ostensibly contradictory - because self-destructive - anti-European aims. Such an understanding requires insight into the larger aims of globalism - in his Europa trilogy, Steuckers now provides that insight in a lucid and concise manner.

3.

Globalist Anti-Europe Project

(geo-political diagnosis)

 

Sometimes the crime that one is about to commit is so terrible

that to commit it on behalf nation is not enough

- one needs to commit it on behalf of humanity.

- Nicolás Gómez Dávila

Steuckers’ panoramic overview of the contemporary global geopolitical landscape proceeds from the notion that the anti-European ‘EU project’ can only be properly understood as the result of the Second World War. That conflict ended the great power status and imperial hegemony of the European nation-states: the military defeat of France (1940), Italy (1943) and Germany (1945) was followed by the liquidation of European colonial empires (British India in 1947, the Dutch East Indies in 1949, Belgian Congo in 1960, French Algeria in 1962 and Portuguese Africa in 1975). In a few short years, world rule shifted to two superpowers that were guided by universalist ideologies and globalist geopolitics: the United States as the champion of Liberalism and the Soviet Union as the champion of Socialism. The physical (geographic, demographic, industrial) assets of defeated Europe was divided between the victors through military treaties (NATO, Warsaw Pact) and economic structures (EEC, Comecon). It is important to remember these brutal realities of military defeat, colonial liquidation and political tutelage. La Seconde Guerre mondiale avait pour objectif principal, selon Roosevelt et Churchill, d’empêcher l’unification européenne sous la férule des puissances d’Axe, afin d’éviter l’émergence d’une économie ‘impénétrée’ et ‘impénétrable’, capable de s’affirmer sur la scène mondiale. La Second Guerre mondiale n’avait donc pas pour but de ‘libérer’ l’Europe mais de précipiter définitivement l’économie de notre continent dans un état de dépendance et de l’y maintenir. Je n’énonce donc pas un jugement ‘moral’ sur les responsabilités de la guerre, mais je juge son déclenchement au départ de critères matériels et économiques objectifs. Nos médias omettent de citer encore quelques buts de guerre, pourtant clairement affirmés à l’époque, ce qui ne doit surtout pas nous induire à penser qu’ils étaient insignifiants. [For Roosevelt and Churchill the main aim of the Second World War was to prevent of the unification of Europe under the Axis powers, which would have given rise to a [European] economy that would have been ‘impenetrable’ and ‘invincible’ as an independent force on the world stage. Thus, [their true] aim in fighting the Second World War was not the ‘liberation’ of Europe, but [merely] the reduction of [Europe’s] continental economy to a state of permanent dependence. This statement does not reflect any pronouncement on the ‘moral’ responsibility for that war - it merely reflects the objective material and economic goals [that shaped it]. The fact that [the system] media are [carefully] avoiding any mention of [those] other goals, [goals] that were clearly pronounced at the time, does not mean that they were unimportant.] (p.220)

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In the mid-‘80s, after four decades of Cold War, the first stress fractures started to appear the globally operating power structures of the two superpowers. The Challenger and Chernobyl disasters (respectively, 28 January and 26 April 1986) clearly illustrated the fact that the symptoms of ‘imperial overstretch’ could no longer be hidden from public view. Escalating economic chaos and increasing loss of political credibility forced both superpowers into radical domestic reforms: Reaganomics and Perestroika represent the superpowers’ geopolitical high water mark. After the implosion of the Soviet Union, the United States formally comes out ‘on top’, but the Pyrrhic quality of America’s Cold War ‘victory’ soon becomes undeniable: it immediately ‘rolls over’ when China transforms itself into an economic superpower and it soon retreats from the Third World, which had been the prime battlefield of the Cold War just a few years before. After the American defeat in Somalia (Black Hawk Down, 1993), Africa is allowed to collapse into ‘failed states’ and neo-tribal chaos. After the American retreat from Panama (Canal Zone Handover, 1999), Latin America is left to Bolivarianismo and the Marea Rosa.[17] The imperialist ‘rat race’ between sovereign nation-states that started with the ‘World War Zero’ Seven Years War (1756-63) may have ended with America as ‘last man standing’, but the enforcement of an authentically imperial Pax America is far beyond the scope of America’s geopolitical intent, ambition and capacity. Thus, despite the overt Wilsonian rhetoric that surrounded America’s interventions in Iraq (Bush Senior in 1991 and Bush Junior in 2003), these do not represent exercises in principled ‘global governance’ - rather, they simply represent attempts at pragmatic resource control. After the self-abolition of the Soviet Union as a superpower contender and after the official announcement of a ‘New World Order’ (Bush Senior, 1991), the American ruling class decided that the ‘End of History’ (Francis Fukuyama, 1992) had come: it decided to switch from Americanism to globalism. Thus, it deliberately transformed itself into a ‘world elite’, now accessible to anybody with very much money and very little morality. This new world elite considers itself entirely exempt from the old rules and laws of geopolitics: from its perspective, national sovereignty, cultural uniqueness and ethnic identity are hopelessly outdated phenomena that merely stand in the way of its ‘Brave New World’. As a group, this new ‘globalist’ elite has cut itself off from all ethnic, religious and cultural roots: on the basis of this self-willed rootlessness it turns against the rest of mankind, to the extent that the rest still possesses roots: against states that still possess sovereign rights, against cultures that still possess authentic essences and against peoples that still possess substantial identities. The globalist hostile elite is born.

Under the double banners of neo-liberalism and cultural-marxism, the hostile elite regards the ‘backward’ residue of humanity as little more than a mass of infinitely malleable ‘human material’ that it can use to fill its bank accounts, to serve its sexual perversities and to compensate for its existential crises. [La superclasse... domine à l’ère idéologique du néoliberalisme. Il n’est pas aisé de la définir : elle comporte évidemment les managers des grandes entreprises mondiales, les directeurs des grandes banques, de cheiks du pétrole ou des décideurs politiques voire quelques vedettes du cinéma ou de la littérature ou encore, en coulisses, des leaders religieux et des narcotrafiquants, qui alimentent le secteur bancaire en argent sale. Cette superclasse n’est pas stable : on y appartient pendant quelques années ou pendant une ou deux décennies puis on en sort, avec, un bon ‘parachute doré’. ...[N]umériquement insignifiante mais bien plus puissante que les anciennes aristocraties ou partitocraties, elle est totalement coupée des masses, dont elle détermine le destin. En dépit de tous les discours démocratiques, qui annoncent à cor et à cri l’avènement d’une liberté et d’une équité inégalées, le poids politique/économique des masses, ou des peuples, n’a jamais été aussi réduit. Son projet ‘globalitaire’ ne peut donc pas recevoir le label de ‘démocratique’. [The ‘superclass’... dominates the era of neo-liberal ideology. It is not easy to define it: it is most clearly composed of the managers of the great multinationals, the directors of the great banks, the oil sheikhs [and some prominent] political leaders, but [it also includes] some movie stars, intellectuals and ‘spiritual gurus’. Aside from these, [it also includes] a much more opaque number of [mafia bosses and] drug barons who feed its banking branch with ‘black money’. The ‘superclass’ is far from stable: it is possible to belong to it for some years or decades, and then to drop out of it again - mostly with a ‘golden parachute’. ...[N]umerically, it is small, but it is more powerful than any of the aristocracies and partitocracies that preceded throughout all of [recorded] human history. Despite a [public] discourse that continually speaks about a glorious dawn of unprecedented freedom and equality, the [real] political [and] economic weight of the masses has never been so small before. Thus, the globalist project [that is now pursued by the ‘superclass’] cannot be qualified as ‘democratic’ in any meaningful way.] (p. 291)

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The globalist hostile elite instrumentalizes American military power and political influence: it uses American power and influence to further its own globalist agenda. It abuses American prestige, American wealth and American lives - this is the deepest reason for the anti-globalist and nationalist ‘populist’ backlash that brought Donald Trump into the White House. But the hostile elite operates above and behind formal institutions such as the presidency: in America, real power is largely exempt from institutional control and democratic correction. Real power resides in the ‘Washington swamp’, the ‘lying press’ and the ‘deep state’ - they determine policy; it is to fight these monsters that the American people chose Donald Trump to be its president. The monstrous power of the hostile elite, however, is so great that the public sphere is still dominated by Trump’s enemies, even two years after his election victory. The terrible anger and open sabotage with which the hostile elite responds to Trump is understandable: in the final analysis, the fate of the globalist hostile elite depends on its control over American military and political assets. The hostile elite needs to maintain its control over America’s monetary supply, America’ armed forces and America’s diplomatic network if it wants to maintain the international geopolitical chaos on which its financial interests and ideological chimaeras thrive.

The most pressing geopolitical concern of the hostile elite and the reason it needs absolute control over America is the permanent subjugation of its potentially most dangerous enemy: Europe. The deadly danger to nihilist and rootless globalism posed by Europe resides in its combination of technological-industrial/social-economic capacity with authentic cultural-historical rootedness/ethnicity-based identity. After the collapse of the Soviet Union the task of keeping Europe in subjugation to globalism, previously shared between the two superpowers, devolved on the United States alone. The globalist strategy to achieve this task started out twofold: the globalist hostile elite enforced a permanent weakening of newly re-united Germany (through formal sovereignty limits and ‘monetary union’ tribute payments to France) and it expanded American military presence eastward (through NATO enlargement). This double strategy, however proved problematic as a long-term solution to the ‘European Question’: given America’s many global commitments, its military presence throughout all of Europe constitutes a considerable liability that forces it into grotesque deficit spending and risqué diplomatic brinkmanship. Its centrepiece, the ‘containment’ of Germany, is also proving to be more problematic than previously thought: even the burdens of German unification (from 1990) and European single-currency liability (from 1999) have not been able to slow down the German social-economic motor. Quite the opposite has happened: EU expansion into the former Eastern Bloc (from 2004) is raising the old spectre of a German-led semi-autarkic geopolitical bloc. The prevention of such a Mitteleuropa project was the main aim of the Balkan ‘thwarting’ policy of the Entente powers in the early 20th Century: in the summer of 1914 it finally provoked the Central powers into starting the First World War. This geopolitical ‘larger picture’ provides an entirely different perspective on phenomena such as the ‘Financial Crisis’ of 2008, which started in America but led Europe into the crippling ‘European Debt Crisis’ of 2009, and the ‘Arab Spring’ of 2011, which led to the ‘European Migration Crisis’ of 2015.

Philosophy-Machiavelli.jpgThis perspective is best formulated by Steuckers himself: La globalisation, c’est... le maintien de l’Europe, et de l’Europe seule, en état de faiblesse structurelle permanente. Et cette faiblesse structurelle est due, à la base, à un déficit éthique entretenu, à un déficit politique et culturel. Il n’y a pas d’éthique collective, de politique viable ou de culture féconde sans que Machiavel et les anciens Romains, auxquels le Florentin se référait, appelaient des ‘vertus politiques’, le terme ‘vertu’ n’ayant pas le sens stupidement moraliste qu’il a acquis, mais celui, latin, de ‘force agissante’, de ‘force intérieure agissante’... [Globalization means this: ...the maintenance of Europe - and only Europe - in a permanent state of structural weakness. In the final analysis, this weakness is due to a permanent ‘ethical deficit’ [that translates into] a political and cultural deficit. Collective ethics, viable politics [and] fruitful cultures are impossible without what Machiavelli, and the ancient Romans on whom the Florentine based hi[s thought], termed the ‘political virtues’ - a phrase in which the meaning of the word ‘virtue’ does not have the short-sighted moralistic charge that it has attracted recently, but rather the [original] Latin [meaning] of ‘acting force’ [and] ‘inner guiding force’.] (p. 279-80) Steuckers correctly points to the ‘ethical deficit’ of Europe as being imposed by globalist cognitive warfare, resulting in Europe’s debilitating lack of purpose and willpower. This deficit prevents psycho-historical catharsis, geopolitical assertiveness and decisionist self-defence. It renders Europe helpless in the face of acute existential threats such as the social implosion, mass-immigration and jihadist terror that are deliberately fostered by its enemies. This globalist ‘anti-European’ Europe is realized in the internalization of the cognitively dissonant globalist ‘mainstream media’ discourse of self-destructively interpreted ‘human rights’, ‘multiculturality’ and ‘diversity’. L’arme principale qui est dirigée contre l’Europe est donc un ‘écran moralisateur’, à sens unique, légal et moral, composé d’images positives, de valeurs dites occidentales et d’innocences prétendues menacées, pour justifier des campagnes de violence politique illimitée. [The main weapon employed against Europe is the uniquely ‘moralist [television, computer and telephone] screen’ that [is imposing specific] legal and moral ‘values’ [through] the positive ‘frame’ of so-called ‘Western values’ and supposedly ‘threatened innocence’ by justifying a [systematic] campaign of endless political terrorism.] (p.281)

Everywhere across Europe this globalist discourse is entirely internalized and primarily represented by the soixante-huitard generation that achieved a power monopoly in the wake of its ‘long march through the institutions’. Pendant les années de leur traversée du désert, ...les [utopistes]de [la] génération soixante-huitard] feront... un ‘compromis historique’ qui repose, ...premièrement, sur un abandon du corpus gauchiste, libertaire et émancipateur, au profit des thèses néolibérales, deuxièmement, sur une instrumentalisation de l’idée freudo-sartienne de la ‘culpabilité’ des peuples européens, responsables de toutes les horreurs commises dans l’histoire, et troisièmement, sur un pari pour toutes les démarches ‘mondialisatrices’, même émanant d’instances capitalistes non légitimées démocratiquement ou d’institution comme la Commission Européenne, championne de la ‘néolibéralisation’ de l’Europe, dont le pouvoir n’est jamais sanctionné par une élection. [During their years in the desert... the [utopists] of the [‘68] generation... made a ‘historical compromise’ that is based... on [three complementary strategies]: (1) an [abandonment and] betrayal of their [core] leftist ideology [of] freedom and emancipation in favour of neo-liberalism, (2) a [political] application of the Freudian-Sartrean notion of the ‘guilt’ of the European peoples, [who are held] responsible for all crimes in history and (3) an adherence to ‘globalizing’ processes - even [if those processes] are driven by [un]democratic [and] illegitimate capitalist powers of institution[s] such as the European Commission, [which has become] the champion of the ‘neo-liberalisation’ of Europe and which has never received a democratic mandate.[18]] (p.293) This ideological betrayal and this globalist collaboration, now the standard modalities of the European hostile elite, have brought European civilization to the brink of the abyss.

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Steuckers points to the functionality of the treason of the European soixante-huitards in the larger framework of globalist geopolitics: this treason delivers Europe into the hands of a de facto ‘monster pact’ between two quintessentially anti-European globalist forces: liberal-normativism, as symbolized by American ‘Puritanism’, and islamism, symbolized by Saudi ‘Wahhabism’. Aujourd’hui, nous faisons face à l’alliance calamiteuse de deux fanatismes religieux : le wahhabisme, visibilisé par les médias, chargé de tous les péchés, et le puritanisme américain, camouflé derrière une façade ‘rationnelle’ et ‘économiste’ et campé comme matrice de la ‘démocratie’ et de toute ‘bonne gouvernance’. Que nous ayons affaire à un fanatisme salafiste ou hanbaliste qui rejette toutes les synthèses fécondes, génératrice et façonneuses d’empires, qu’elles soient byzantino-islamiques ou irano-islamisées ou qu’elles se présentent sous les formes multiples de pouvoir militaire équilibrant dans les pays musulmans, ou que nous ayons affaire à un fanatisme puritain rationalisé qui entend semer le désordre dans tous ces états de la planète, que ces états soient ennemis ou alliés, parce que ces états soumis à subversion ne procèdent pas de la même matrice mentale, nous constatons que toutes nos propres traditions européennes... sont considérées par ces fanatismes contemporains d’au-delà de l’Atlantique ou d’au-delà de la Méditerranée comme émanations du Mal, comme des filons culturels à éradiquer pour retrouver une très hypothétique pureté, incarnée jadis par les pèlerins du ‘Mayflower’ ou par les naturels de l’Arabie du VIIIe siècle. [In the contemporary world we are facing a disastrous [globalist, anti-European] alliance between two religious fanatisms: Wahhabism,[19] which is visualized as the scapegoat [‘bad cop’] in the [mainstream] media - and American puritanism, which is portrayed as a stable rational and economist reference frame [‘good cop’] that provides ‘democracy’ and ‘good governance’. But such [fanatisms] are [entirely] incompatible with our own European traditions. This is not only true for [‘Wahhabism’ and its] ‘Hanbalite and ‘Salafist’ [fellow-traveller] fanatisms[20] that are incompatible with the fertile, creative and imperial syntheses characteristic of [Traditional Islam, such as] Byzantine Islam and Persian Islam, but [it is] also [true] for the puritanically rationalized and militarily enforced [America-based] fanatism that is [now] creating chaos throughout the entire world (because all other cultural circles, irrespective of their allied or enemy status, necessarily represent incompatible mental worlds). To the fanatisms [that face Europe] across the Atlantic Ocean and Mediterranean Sea, [all of Europe’s authentic traditions] represent incarnations of Evil [pure and simple]: they represent mental worlds that they will fight to the death for the sake of their - highly hypothetical - purity, as modelled on the ‘Pilgrim Fathers’ [of the 17th Century] Mayflower[21] and the bons sauvages[22] of the 8th Century Arabian Desert.] (p.261-2)

The totalitarian-regressive fanatisms of ‘Puritanical’ liberal-normativism and ‘Wahhabist’ islamism have to be overcome emotionally, intellectually and spiritually if European civilization and the European peoples are to survive the Crisis of the Modern West. At this critical juncture, the therapy that Traditionalism can recommend as having the greatest chance of success is the ultimate political-philosophical ‘emergency option’: Archaeo-Futurism.

4.

The Archaeo-Futurist Alternative

(political-philosophical therapy)

Lo, all our pomp of yesterday
Is one with Nineveh and Tyre!
Judge of the Nations, spare us yet.
Lest we forget - lest we forget!

- Rudyard Kipling

The Archaeo-Futurist alternative for the globalist anti-European ‘EU project’ is based on a simultaneous retrograde recovery and forward projection of a Traditionalist concept that has long played a vital role in European history and may do so again: the European Imperial Idea. This is an idea that is strictly speaking supra-historical and can, therefore, be reactivated at any given point in history. The ideological abuse and historiographical misinterpretation of the European Imperial Idea in 19th and 20th Century (hyper-)nationalism - most recently in the ‘Third Reich’ - does not invalidate its supra-historical vitality. In this regard, Steuckers points to the vital importance of a correct understanding of the larger Traditionalist framework in which the Imperial Idea functions. Traditionalism states that all collective (linguistic, religious, ethnic, national) identities and the horizontally (worldly, physically) experienced differences between them are potentially organic parts of larger, synergetically unique entities with a higher, vertical, and transcendentally (spiritually, psychologically) experienced functionality. This entity can be identified as Imperium (German: Reich) - in the Western Tradition it derives its legitimacy from the ancient Roman Empire. Its numinous character becomes obvious from the fact that its mere mention conjures up a feeling of awe among those that naturally belong to it - and that inspires a feeling of fear among those that are unworthy of it.

Pour résumer brièvement la position traditional[iste],... disons que les horizontalités modernes ne permettent pas le respect de l’Autre, de l’être-autre. Si l’Autre est jugé dérangeant, inopportun dans son altérité, il peut être purement et simplement éliminé ou mis au pas, sans le moindre respect de son altérité, car l’horizontalité fait de tous des ‘riens ontologiques’, privés de valeur intrinsèque. Tel est l’aboutissement de la logique égalitaire, propre des idéologies et des systèmes qui ont voulu usurper et éradiquer la tradition ‘reichique’ : si tout vaut tout dans l’intériorité de l’homme, ou même dans sa constitution physique, cela signifie, finalement, que plus rien n’a de valeur spécifique, et si une valeur spécifique cherche à pointer envers et contre tout, elle sera vite considérée comme une anomalie qui appelle l’extermination. L’intervention fanatique et sanglante de ‘colonnes infernales’. La verticalité, en revanche, implique le devoir de protection et de respect, un devoir de servir les supérieurs et un devoir des supérieurs de protéger les inférieurs, dans un rapport comparable à celui qui existe, dans les sociétés et les familles traditionnelles, entre parents et enfants. La verticalité respecte les différences ontologiques et culturelles ; elle ne les considère pas comme des ‘riens’ qui ne méritent ni considération ni respect. [To summarize the traditional[ist] perspective... it may be said that modern[ist] horizontality impedes a[ny true] respect for [what is] Other and [what is D]ifferent. When the Other-ness of what is [D]ifferent is judged to be [mere] ‘interference’ [and] ‘inconvenience’, than it can be simply eliminated or ignored without the least respect for [its] Other-ness: [thus], modern[ist] horizontality reduces all [forms of authentic] identity to ‘ontological nullities’ without intrinsic value. This is the [inevitable] end result of the egalitarian logic that shapes ideologies and systems that aim at supplanting and erasing the imperial tradition. When everything is assumed to depend exclusively on human [subjective value], or even exclusively on [individual] human physical [existence], then nothing of specifically [objective] value remains. When any specific value points in a different [non-egalitarian] direction against the [perceived ‘common good’], then it is quickly identified as an ‘aberration’ that needs to be eliminated. This [results] in the fanatic and bloody intervention of ‘infernal columns’[23] [of modernist collectivism]. The principle of [Traditionalist] verticality, on the other hand, proceeds from a [reverse] duty: to protect and respect [the Other]. [This implies] the duty of [the commoners] to serve those set above them, and the duty of the higher-ranked to protect the lower-ranked, in a relationship that can be compared to that of parents and children in traditional communities and families. This verticality respects ontological differences and the cultural [expressions of these differences]: it does not reduce them to ‘[ontological] nullities’ unworthy of consideration and respect.] (p. 157)

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Thus, the Traditionalist Imperial Idea implies a holistic vision in which all collective and individual [authentic] identities are organically fitted into a larger entity of synergetic ‘added value’. Il faut enfin... que chaque communauté et chaque individu aient conscience qu’ils gagnent à demeurer dans l’ensemble impéria[ux]au lieu de vivre séparément. Tâche éminemment difficile qui souligne la fragilité des édifices impériaux : Rome a su maintenir un tel équilibre pendant les siècles, d’où la nostalgie de cet ordre jusqu’à nos jours. ...[L]a civitas de l’origine... de l’Urbs, la Ville initiale de l’histoire impériale, ...s’est étendue à l’Orbis romanus. Le citoyen romain dans l’empire signale son appartenance à cet Orbis, tout en conservant sa natio et sa patria, appartenance à telle nation ou telle ville de l’ensemble constitué par l’Orbis. [In the final analysis, it is necessary... that every community and every individual realizes that it stands to benefit more from its allegiance to the imperial entity than from a separate existence. [This requires] a difficult balancing act, underlining the vulnerability of [all] imperial projects: for centuries, Rome managed to maintain such a balance - hence the nostalgi[c longing] for the [Roman] order that pervades [Europe] up to today. ... [as the Roman Empire grew], the original civitas... of the ancestral Urbs, [i.e.] the City from which imperial history unfolded,... grew into an Orbis romanus. In th[at] empire, Roman citizenship meant identification with that Orbis, even if [citizens] still belonged to a particular natio and a particular patria, [i.e.] even if [they permanently] retained [their] specific nationality and fatherland within the [larger] Orbis.] (p.129-31) D’abord, il faut préciser que le ‘Reich’ n’est pas une nation, même s’il est porté, en théorie, par un populus (le populus romanus) ou une ‘nation’ (la deutsche Nation) : ...[c’est] n’est pas [une chose] nationaliste, [c’est] même [une chose] anti-nationaliste. [I]l n’a rien contre les sentiments d’appartenance nationale, contre la fierté d’appartenir à une nation. De tels sentiments sont positifs... mais doivent être transcendés par une idée. Cette transcendance conduit à une verticalité, qui oppose à toutes les formes modernes d’horizontalité, ce qui est, par ailleurs, le noyau idéel, de toutes les traditions... [Above all, it should be made clear that an ‘Empire’ is no nation, even if it is theoretically carried by a [particular] populus ([i.e. a ‘people’ such as] the populus romanus) or a [particular] nation ([i.e. a ‘nation’ such as] the deutsche Nation): ...[the Empire] is not nationalist, [it is, in fact,] anti-nationalist. [I]t does not oppose the [collective] nationalist sentiment or the [individual] pride that [rightly] derives from national identity. Such sentiments are positive [in themselves]... but they should be surpassed by the [still higher imperial] idea. This transcendence determines a vertical direction that opposes all modern forms of horizontality. In the final analysis, this [verticality] constitutes the ideal core of all [authentic T]raditions.] (p. 156-7)

The practical combination of collective and individual identities is realised in the political application of the Traditionalist principle of subsidiarity, a late trace of which can still be detected in the Dutch anti-revolutionary principle of ‘sphere sovereignty’[24]). ...[L]e principe de ‘subsidiarité’, tant évoqué dans l’Europe actuelle mais si peu mis en pratique, renoue avec un respect impérial des entités locales, des spécificités multiples que recèle le monde vaste et diversifié. [...The principle of ‘subsidiarity’, often claimed by seldom practised in contemporary Europe, can provide [a new] imperial[ly legitimate] respect for the [many] local communities [and] specific identities that are found in the real world of great [authentically-rooted] diversity.] (p. 139)

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In relation to the Imperial Idea, ‘identity politics’, ‘multiculturality’ and ‘diversity’ are effectively reduced to ‘non-issues’: they are organically resolved by - and dissolved in - a sublimation into the higher functionality of the Empire. L’empire est donc fait de multiplicités, de différences, qui n’ont rien de commun avec la fausse multiculturalité vantée par les médias d’aujourd’hui. Cette multiculturalité, escroquerie idéologique, relève justement de cette horizontalité qui vise à vider tous les hommes, autochtones et allochtones, de leur substance ontologique. Cette multiculturalité tue l’essentiel qui vit en l’homme. Toute politique qui cherche à la promouvoir est une politique criminelle, exterministe... [Thus, an Empire is based on [necessarily complex] pluralities [and] diversities that have nothing in common with the counterfeit ‘multiculturality’ currently promoted by the [main stream] media. This [fake] multiculturality represents an ideological deception that is based on [modernist] horizontality [and] that is meant to deprive all people - indigenous as well as non-indigenous - of their ontological substance. [That perverse kind of] multiculturality kills the essence that animates humanity. [Any form of] politics that aids and abet [this counterfeit multiculturality] constitutes criminal - and ethnocidal - politics....] (p.158) It is ironic that the Traditionalist concepts of the Imperial Idea and the Imperial Community provide much more tolerance and much more freedom than any kind of modernist ‘diversity’ and ‘democracy’ ever could.

5.

Sacrum Imperium

(neo-imperial therapy)

Hier die Ma[h]nen hehrer Krieger
Seien euch ein Musterbild
Führen e
uch vom Kampf als Sieger

[May the memory of the fearsome warriors

who fought before you, here inspire you

and lead you to glorious victory in battle]

- Joseph Hartmann Stuntz[25]

Western civilization is based on a vulnerable balance of complementary authentic identities that obtain synergetic ‘added value’ in a variety of historical interactions. This ‘added value’ can be expressed in the ‘hyper-boreal’ archetypes of Techne (technological liberation), Nomos (judicial liberation) and Evangelion (spiritual liberation).[26] But this ‘added value’, and the ethnicities on which it is based, require constant protection and guarding - this is the basis of the Traditionalist European Imperial Idea. En Europe, les structures de type impérial sont... une nécessité, afin de maintenir la cohérence de l’aire civilisationnelle européenne, dont la culture a jailli du sol européen, afin que tous les peuples au sein de cette aire civilisationnelle, organisée selon les principes impériaux, puissent avoir un avenir. [In Europe, structures of the imperial type... are indispensable for the cohesion of the European civilization sphere, which is grounded in the European soil - and for the future of the peoples that are indigenous to that sphere. [The maintenance of that cohesion requires] the organization of that sphere on imperial principles.] (p.214) A simultaneously idealistic and realistic - Archaeo-Futurist - reconsideration of the European Imperial Idea is essential for the protection of the European peoples and their common civilization. The extension of the European Imperial Idea to include the overseas peoples of European descent is a logical next step: this step has already been Archaeo-Futuristically explored in the concept of a ‘Boreal Alliance’. At a global level, such an alliance would find natural allies in the other two Indo-European Imperial Ideas: Persia and India - an Archaeo-Futurist exploration of this theme can be found in Jason Jorjani’s concept of the ‘World State of Emergency’. The alternative geopolitics that is required to do justice to these Archaeo-Futurist visions is already the object of concrete study in the anti-globalist Neo-Eurasianist movement.[27]

Traditionalism is tasked with the defence of the collective ‘Higher Vocation’ of the European peoples whenever it faces a serious threat.[28] Steuckers acts on this obligation by restating the Traditionalist vision of Europe: L’Europe, c’est une perception de la nature comme épiphanie du divin... L’Europe, c’est également une mystique du devenir et de l’action... L’Europe, c’est une vision du cosmos où l’on constate l’inégalité factuelle de ce qui est égal en dignité ainsi qu’une pluralité de centres... [C’est] une nouvelle vision de l’homme, impliquant la responsabilité pour l’autre, pour l’écosystème, parce que, ... sur [s]es bases philosophiques, ...l’homme... est un collaborateur de Dieu et un miles imperii, un soldat de l’empire. Le travail n’est plus malédiction ou aliénation mais bénédiction et octroi d’un surplus de sens au monde. La technique est service à l’homme, à autrui... La construction de l’Europe... nécessite de revitaliser une ‘citoyenneté d’action’, où l’on retrouve la notion de l’homme coauteur de la création divine et l’idée de responsabilité. [‘Europe’, [as a Traditionalist concept,] is a vision in which the natural world is treated as Divine Epiphany... [Such a] Europe is a mystery of becoming and enacting... [Such a] Europe is a cosmic vision that recognizes the factual inequality of all things as well as their equality in dignity - and [that validates cultural-historical and geo-political] multipolarity... [This] new vision of humanity implies a responsibility for [all that] is different [and] for the entire [natural and human] ecosystem because... at its philosophical [this vision establishes]... every man as a collaborator of God - [as] a miles imperii, a soldier of the [divinely instituted] Empire. Thus, work no longer represents a curse or alienation,[29] but a blessing as a duty regarding a [higher sense of] responsibility for [all of creation]. Technology serves man in his work - [also] for the benefit of the other...[30] The construction of Europe... demands a new ‘activist citizenship’ that is based upon the idea of man as a co-worker in the Divine Creation - and upon the idea of a [cosmic] responsibility that is rooted in authentic identity and vocation.] (p.138-9). It is clear that the Higher Vocation of the European peoples does not stop at the geographical borders of the European subcontinent: it is retained by the European peoples that have moved across these boundaries to dominate the boreal and austral regions overseas.

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Inwardly, this Higher Vocation requires individual self-discipline, individual work ethic and individual acceptance of hierarchical order - and therefore a radical reversion of the narcissist, hedonist and collectivist existential modality that is fostered and maintained by the liberal-normativism that dominates the postmodern West. This requires a transition to a new (or re-newed) existential condition, dominated by authentic norms and values - and by a legitimate Authority. In the European Tradition, which is based on a Roman archetype, this Authority bears the title ‘Caesar’ - Emperor.[31] Dans la conception [traditionaliste] hiérarchique des êtres et des fins terrestres... l’empire constituait le sommet, l’exemple impassable pour tous les autres ordres inférieurs de la nature. De même, l’empereur, également au sommet de cette hiérarchie par la vertu de sa titulaire, doit être un exemple pour tours les princes du monde, non pas en vertu de son hérédité, mais de supériorité intellectuelle, de son connaissance ou des ses connaissances. Les vertus impériales sont justice, vérité, miséricorde et constance... [In the [Traditionalist] vision of the hierarchy of creatures and purposes... the Empire represents the highest aim, the unrivalled example for all lower natural orders. This means that the emperor, who stands at the apex of this hierarchy on the basis of his title, provides an example for all [other] worldly princes - not on the grounds of his [earthly] descent but [on the grounds] of his intellectual superiority and of his abilities and insights. [In him,] the imperial ‘[political] virtues’ of justice, truth, mercy and stability [are realized]...]. (p. 136) Obviously, a recognizably legitimate Authority is difficult to imagine in the present European context, but still, the archetype of this Authority is indispensable as a fixed point of reference. To a certain extent, the same applies to the Imperial Idea as such: within the present-day discourse of political philosophy, the concept is primarily meant as a thought experiment that allows the patriotic-identitarian movement to chart a new course towards a new destination. In the same way that the ‘Kingdom of Heaven’ embodies the Higher Vocation of Christianity, thus the Imperial Idea embodies the Higher Vocation of European civilization - even if the ideal has not yet been tangibly realized in the here and now. Thus, the old Traditionalist Imperial Idea can serve as a reference point for a new Archaeo-Futurist Imperial Idea. Here too, the hierarchical political philosophy of Neo-Eurasianism can serve as a bridge.

Outwardly, any Traditionalist Imperial Idea requires collective self-identification, collective pride and collective dedication - to the point of supreme self-sacrifice. In this regard, it is important to emphasize that the Imperial Idea, as it is defended by the highest command authority, has a positive relation to the various authentic identities that are protected by the Empire through subsidiary guarantees: it literally has ‘added value’. Thus, a Traditionalist definition of a European - or even Western - Empire does not diminish specific linguistic, religious, cultural and ethnic identities that it contains: it merely adds an extra identity, viz. a European - or even Western - identity. This identity is not dominant in an inward sense (i.e. in citizens’ self- representation on the individual level), but it is dominant in an outward sense: to the outside world it represents a collective will. This implies that, to the outside world, the Empire represents an absolute standard that must be expressed in physical boundaries. Thus, the liberal-normative delusion of globalist ‘universal values’ and ‘open borders’ are entirely incompatible with effective maintenance of the classical norms of civilization that are incarnated in the Traditionalist Imperial Idea. L’empire se conçoit comme un ordre, entouré d’un chaos menaçant, niant par là même que les autres puissent posséder eux-mêmes leur ordre ou qu’il ait quelque valeur. Chaque empire s’affirme plus ou moins comme le monde essentiel, entouré de mondes périphériques réduits à des quantités négligeables. L’hégémonie universelle concerne seulement “l’univers qui vaut quelque chose”. Rejeté dans les ténèbres extérieures, le reste est une menace dont il faut se protéger. [The Empire conceives of itself as an order that is surrounded by threatening chaos [and in doing so] it must effectively deny that other [civilizations] may have their own order of [equal] intrinsic value. To a certain extent, every Empire views itself as a ‘world on its own’, surrounded by ‘peripheral worlds’: these ‘other worlds’ are reduced to negligible entities.[32] Universal hegemony exclusively applies to the ‘valuable universe’ [that is one’s own]. The rest [of reality] is intellectually and psychologically rejected [and thrust] into the Outer Dark: it is reduced to a threat that should be defended against.[33]] (p. 129)

6.

Ex oriente lux

(psycho-historical therapy)

 

Hail to our Prince!

We have searched the northwest winds for you

To you we offer our mortality

You are our Oath!

- freely inspired by Hereditary

The effectiveness of any Archaeo-Futurist therapy for the psycho-historical self-mutilation of Western civilization depends on the re-discovery and the re-activation of its archetypes.[34] From a meta-historical perspective, the political experiment of the narrowly nationalist and hyper-biodeterminist ‘Third Reich’ represents a rather improvised attempt at re-activating of these archetypes. The (actually rather tenuous) association of the Traditionalist Imperial Idea with the ‘Third Reich’ and the European Götterdämmerung of 1945 effectively removed these archetypes from Western public discourse. Thus, the idealistic, knightly and ascetic existential models that are linked to these archetypes, as incarnated in the ancient vocations of Academy, Nobility and Church, lost their raison d’être -  the utter decay of the West’s academic, military and ecclesiastical institutions proves this point beyond a reasonable doubt. This psycho-historic Untergang has recently reached the point that anything that even vaguely refers to ‘aristocratic’, ‘aryan’ or ‘masculine’ quality is automatically considered ‘subject’ in the public sphere. Deep conditioning in matriarchal oikophobia and resentful feminization has destroyed the old Western institutions of Academy, Army and Church.

Even so, this process is far from irreversible - it may even be considered as an indispensable part of a purifying ‘dialectic process’.[35] In such a process, an extreme negative polarity is a necessary precondition for any extreme discharge of positive energy. Thus, the ‘deconstruction’ of the improvised and superficial ‘hyper-nationalist’ and ‘hyper-biodeterminist’ ideology of the ‘Third Reich’ may, in fact, turn out to be a necessary precondition for a re-discovery and re-activation of the deepest archetypes of the Indo-European Tradition. The Archaeo-Futurist exploration of these deepest archetypes has started only recently, but the direction in which the new Golden Dawn of the West must be sought is already clear: - ex oriente lux. Jason Jorjani, the philosophical pioneer of the Archaeo-Futurist Revolution in the New World has already crossed the ‘event horizon’ of Western Modernity and he has already reported back on the civilizational outlines that are becoming visible in the first rays of what may be termed its coming ‘Golden Dawn’. It is cannot be a coincidence that Robert Steuckers, the foreman of Traditionalism in the Low Countries, is pointing in the same direction. Both are pointing to the oldest Indo-European archetypes that have been preserved in the Persian Tradition - and both point to their imminent return to the West.

phk.jpgLa catégorie d’hommes capables d’incarner un ‘Reich’ est née de la tradition persane, laquelle a été longtemps un ‘Orient’ (in modèle sur lequel on s’‘orientait’)... Dans la tradition persane, il est question d’un ‘hiver éternel’, allusion plus que probable au début d’une ère glaciaire particulièrement rude, qui a surpris les premiers peuples européens dans leur habitat premier. Au moment où survient cet ‘hiver éternel’, un roi-héros, Rama, rassemble les tribus et les clans et se dirige, à leur tête, vers le sud, vers le Caucase, la Bactriane et la Perse (les hauts plateaux iraniens). Ce roi-héros fonde les castes, ou, plus exactement, les fonctions que George Dumézil étudiera ultérieurement. Après avoir mené son peuple à bonne destination, pour échapper aux rigueurs de cet ‘hiver éternel’, Rama se retire dans les montagnes. Cette figure héroïque et royale se retrouve dans les traditions avestique et védique où il s’appelle Yama ou Yima. Pour mener cette expédition et cette migration, Rama-Yama-Yima s’est servi de chevaux et de chars et a jeté ainsi les premiers principes d’organisation d’une cavalerie... Plus tard, Zarathoustra codifie les règles qui doit suivre chaque cavalier... La troupe de Zarathoustra, qui doit faire respecter son enseignement pratique, est armée de massues (la ‘Clave’ dans l’œuvre de Julius Evola). Au départ de la troupe des adeptes de Zarathoustra se forme la caste des guerriers, les Kshatriyas de la tradition indienne, une caste opérative ancrée dans le réel politique et géographique, qui domine la caste de prêtres, contemplative et moins encline à exercer sur elle-même une discipline rigoureuse. ...La figure iranienne de Sraosha, qui donnera le Saint-Michel de la tradition médiévale, évolue entre le ciel et la terre, c’est-à-dire entre l’idéal de la tradition et la réalité, va-et-vient qui postule une formation rigoureuse, à l’instar des disciples de Zarathoustra. Ceux-ci, au fur et à mesure que se consolide la tradition iranienne, sont formés à rendre claire leur pensée, à purifier leurs sentiments, à prendre conscience de leur devoir. Armés de ces trois principes cardinaux d’orientation, le disciple de Zarathoustra lutte contre Ahriman, incarnation du mal, c’est-à-dire de la déliquescence des sentiments, qui rend inapte à œuvrer constructivement et durablement dans le réel. Seul les chevaliers capables d’incarner cet idéal simple mais rigoureux se donneront un charisme, un rayonnement, une lumière, la kwarnah. Ils sont liés entre eux par un serment. (p. 159-60) [The category of people that is able to personify an Empire originates in the Persian [T]radition: this Oriental reference point has been a constant existential orientation point [for the West] throughout the ages. The Persian [T]radition speaks of an ‘eternal winter’, a concept that probably dates back to the beginnings of a particularly harsh Ice Age that struck the ancient European peoples in their original habitat. When the ‘eternal winter’ began, a heroic king [named] Rama assembled the[se] peoples and tribes and he led them southward, towards the Caucasus, Bactria and Persia (the Iranian Highlands). This heroic kind was the founder of [their] castes, or, to be more precise: the [social-hierarchic] functionalities that were eventually reconstructed by Georges Dumézil.[36] After having saved his people from the hardships of the ‘eternal winter’, Rama retired into the mountains. This heroic and royal personality subsequently recurs in the Avestan and Vedic [T]raditions, in which he is called Yama or Yima.[37] To achieve this mission and migration, Rama-Yama-Yima organized horses and wagons, providing the foundations of a cavalry organization... Later the rules that had to be followed by every mounted warrior, [or ‘knight’], were codified by Zoroaster... The host of Zoroaster that obeyed his practical injunctions was armed with the mace (Julius Evola’s clava).[38] [Subsequently,] Zoroaster’s ‘school’ gave rise to the caste of the warriors - the Kshatriyas of Indian Tradition - that established itself in political [institutions] and geographical [holdings] and that came to predominate over a caste of the priests that was inclined to contemplation and rejection of over-rigorous discipline. ...The Iranian figure of Sraosha,[39] who re-appears in the Medieval [Western] Tradition as Saint Michael, is [constantly] realized [through re-birth and re-discover] between Heaven and Earth, i.e. between the Traditional ideal and [worldly] reality: [for aspiring knights] this ‘re-cycling’ requires [a constantly maintained] rigorous schooling, as it was for the students of Zoroaster. [These are the people] who realize [and re-live] the Iranian Tradition in themselves by learning to cleanse their thought[s] and feelings and by becoming aware of their vocation. Armed with these three main principles of orientation, the student of Zoroaster engages in combat with Ahriman,[40] the personification of evil, which is primarily [defined as] the kind of emotional weakness that makes it impossible to act on reality in a constructive and durable manner. Only ‘knights’ who are able to realize this simple but rigorous ideal [in themselves], can achieve the charisma, the shining halo, the crown of light - the khvarenah.[41]] (p. 159-60)

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The Indo-European archetype that is able to realize the new Empire is above all the ‘knight’. As stated earlier, the oldest expression of this archetype is preserved in the Persian Tradition: ...le modèle de la chevalerie perse... constitue... pour l’Europe un mode opératif sans égal, de type ‘kshatriyaque’... [que] ne peut être pensé en dehors du projet de ‘nouvelle chancellerie impériale européenne’, énoncé par Carl Schmitt. Celui-ci a évoqué la nécessité de former une instance de ce type, après les catastrophes qui ont frappé l’Europe dans la première moitié du XXe siècle et pour préparer la renaissance qui suivra l’assujettissement de notre sous-continent. ...[for Europe... the model of Persian knighthood... represents... an unequalled modality of the ‘kshatriyan’ type... without which one cannot imagine the project proposed by Carl Schmitt: the ‘new European imperial chancellery’. [Schmitt] pointed to the necessity of such an institution in the wake of the catastrophes that had struck Europe during the first half of the 20th Century: is in indispensable for the preparation of the rebirth that will follow the subjugation of our subcontinent.[42]] (p.163) The chronicle of the Persian Tradition provides hope to the peoples of Europe: it shows how the oldest Indo-European archetypes can survive even the catastrophic immersion of alien subjugation, ethnic replacement and cultural regression. ...[Le] philosophe perse islamisé Sohrawardi, ...dépositaire de la sagesse iranienne originelle, s’insurge, avant la destruction de son pays par les Mongols, contre la bigoterie, le rationalisme étrique qui est son corollaire, et réclame le retour à une attitude noble, lumineuse, archangélique et michaëlienne, qui n’est rien de autre que la tradition perse/avestique des origines les plus lointaines. Sohrawardi réclame une révolte contre la caste des prêtres étriques, et, partant, contre toutes pensées et démarches impliquant des limitations stérilisantes. Cette attitude a toujours paru suspecte aux vastes de prêtres ou d’intellectuels, soucieux d’imposer des corpus figés aux populations qui leur étaient soumises, en Occident comme en Orient. Arthur de Gobineau... a été le premier... à attirer l’attention des Européens... sur le passé lumineux de la Perse antique, modèle plus fécond, à ses yeux, que la Grèce, trop intellectuelle et trop spéculative. Le modèle chevaleresque, dont les traces premières remontent à Rama et à Zarathoustra, induit une pratique de le maîtrise de soi, supérieure, pour Gobineau, à la spéculation intellectuelle des Athéniens. Et, de fait, quand la Perse a été laminée par les Mongols, l’islam tout entier a commencé à sombrer dans le déclin. Le fondamentalisme wahhabite est l’expression de cette décadence, dans la mesure où il est une réaction outrée, caricaturale, au déclin de l’islam, désormais privé de la grande Lumière de la Perse. Les pauvres simagrées wahhabites ne pouvant bien entendu jamais servir d’‘Orient’. [...Even before the Mongol devastation of his country,[43] ...[the] ‘islamicized’ Persian philosopher Sohrawardi,[44] ...made a stance against the religious bigotry and superficial rationalism... - he demanded a return to the aristocratic, enlightened, angelic and michaelean [existential] attitude that is a characteristic of the original Persian [T]radition, which may be traced back to its oldest historical [sources in the] Avesta.[45] Thus, Sohrawardi represents a revolt against the [intellectually and spiritually] superficial priestly caste and against all ideologies and activisms that submit to sterilizing self-censorship. Everywhere and always, in the East as well as the West, such a stance is ‘suspect’ to the [time-serving] priestly and intellectual establishment that base themselves on a dogmatic[ally imposed] consensus. Arthur de Gobineau[46]...was one of the first [thinkers] who... drew the attention of Europe... to the luminous past of Ancient Persia: [he thought it] represented a much more fertile model than [Ancient] Greece, which to his mind was too much [focussed on] intellectual and speculative [endeavour]. The knightly model that can be traced back to Rama and Zoroaster was based on a self-disciplinary praxis that De Gobineau considered superior to the speculative intellectualism of Athens. In fact, it is true that the entire Islam[ic world] sunk into [cultural] decay after Persia had been reduced to ashes [and rubble] by the Mongols. Wahhabist fundamentalism represents the [final] expression of this decadence: it represents a grotesque caricature of Islam after its greatest Persian light had been extinguished. The shallow arrogance of the Wahhabites can offer n[either East nor West] an existential ‘orientation’. (p. 162)

Throughout the ages, the Indo-European archetypes that are at the core of the Persian Tradition have been transmitted to the West through various channels: through the [Hellenic] Empire of Alexander the Great, through the Crusaders, through Oriental Studies - and through the philosophy of the Traditional School (Steuckers, p.161ff). Their power resides in their essence - an essence that can be destroyed neither by pseudo-islamic cultural levelling, nor by pseudo-christian psychological regression, nor by cultural-nihilist intellectual deconstruction. Nietzsche overcame modern European nihilism in an authentic re-activation of the Indo-European archetype that is embodied in the Persian prophet Zoroaster. Nietzsche not only sought physical health in the High Alps, but he also sought spiritual health on this most rarefied top of the Indo-European Tradition - there he found the cure for nihilism.

...wirf den Helden in deiner Seele nicht weg! Halte heilig deine höchste Hoffnung!

[...do not reject the hero in your soul! Preserve the sanctity of your highest hope!]

- Also Sprach Zarathustra

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7.

Edelweiss-heit[47]

(Archaeo-Futurist medication)

 

                                                       Save a spot for me

Among the Edelweiss

- Danielle White

Every quest for the highest good must start with transforming the lowest defect. Thus, the foundation of the Western Imperial Idea depends on the proper tending of the Western soil. The building of the larger Western Empire depends on the proper construction of the smallest Western houses.

‘A better Netherlands starts in Small Houses!’ - these were the words of His Majesty King Willem Alexander of the Netherlands in his Christmas speech of 2018. These simple words express a profound truth: the King refers to the fact that all greatness starts small - even the greatest journey begins with one small step. For the Dutch people, a New West and a New Europe must start with a New Netherlands. It must start even tinier: it must start in a new city, a new village, a new street - and a new self. A New West starts with the basic qualities that define Western-ness: self-discipline, labour ethics, natural hierarchy and future planning. With basic ethics that include family dedication and marital faithfulness, modest wage demands and conscientious work, appropriate respect for high birth and natural abilities, social space for artistic talent and scientific achievement, solidarity with less fortunate fellow-countrymen and ecological responsibility. Thus, the characteristic features of the contemporary West and its liberal-normative postmodernity - collective narcissism, consumer hedonism and artificial class struggle - are entirely incompatible with Western-ness. But Western-ness is also incompatible with undignified reaction to these phenomena: a New West can never be achieved by ‘angry white men’. It can only be achieved - and maintained - by happy white people. It can only be achieved if it is built upon the positive energy of the indigenous European peoples - an ethnic collective that can only be historically defined as phenotypically ‘white’. This positive charge can only develop through self-esteem: in this regard, the slogan ‘it’s ok to be white’ is no more than a point of departure. This implies that not only European men but also European women should be able to positively experience their specific human identities as Europeans and as women - and to reject the artificially oikophobic and feminist ‘class warfare’ against European civilization and European men. It should be said that this New West - which must define itself as a universal standard of civilization - needs to reserve some space for a (limited number of) hard-working, well-behaved and well-intentioned (ex-colonial, inter-married, assimilated) non-Westerners, to the extent that they are able and willing to conform to the Western Leitkultur. This is an intrinsic feature of the Archaeo-Futurist Imperial Idea: it recognizes that the ‘magnetic’ effect of the authentic Western Tradition may result in an existentially regulating. i.e. inwardly transformative, attraction for gifted and talented individuals from other cultural circles. This effect, however, can never be assumed to automatically apply to entire ethnic collectives from other cultural circles: it requires an absolutely dominant Leitkultur that guarantees the high polar tension that is required for that inner transformation. The failure to impose that dominance is among the most reasons for the catastrophe of liberal-normative ‘multiculturalism’.

Steuckers points to the need for ‘micro-re-territorializations’ throughout the entire Western habitat, i.e. for a Reconquista of the West by means of a systematically planned and minutely exercised reclamation of the heritage of the West. Thus, for Steuckers too, the re-building of the larger Western Empire starts with the proper re-construction of the smallest Western houses: a New West starts with by re-living local traditions, regional cohesions and national identities. In the overseas Anglosphere, this requires a bottom-to-top reaffirmation of state rights and ethnostatist power devolution. In Europe, this requires the top-to-bottom rejection of hyper-nationalist Einzelgang, i.e. of nationalist projects such as Napoleon’s and Hitler’s. In Europe, a people - or a few peoples - may very well be the ‘chosen’ carrier(s) of the Imperial Idea, but this implies responsibility rather than superiority. Accordingly, the construction of an Archaeo-Futurist New European Empire will have to recognize the natural central role of the German people (which was also the ‘carrier nation’ of the ancient Holy Roman Empire), as well as the need for a pragmatic anti-globalist alliance on the Franco-German-Russian axis. Given the fact that the globalist hostile elite prioritizes the ‘pyro-political’ destruction of the Franco-German space - as currently realized in the Macron-Merkel strategy of Umvolkung à l’outrance - the Reconquista of Europe will have to start from its natural geopolitical citadel, which is Russia. The anti-globalist liberation of Russia, initiated by President Putin, provides a natural ‘fall back’ position for a meta-political counteroffensive that ‘rolls back’ globalism from east to west. The confederative and multipolar vision of Eurasianism, as formulated by Aleksandr Dugin, provides a good starting point. Once again the ancient adage holds true: ex oriente lux.[48]

To conclude this essay, it seems proper to support Steuckers’ plea for micro-re-territorialization by elaborating the strategy he suggests in the European context. Such elaboration will be required if the globalist ‘EU projects’ implodes within the foreseeable future - a scenario that is increasingly conceivable. Such implosion will require the smaller states of Europe to immediately re-position themselves in a post-globalist New Europe: they will have to re-invent and re-orient themselves. Even states of modest size and most weight, such as the three states currently occupying the Low Countries, may then gain a new lease of life. A New Europe will offer opportunities to regain lost state sovereignties, lost ethnic identities, lost national currencies and lost social welfare models. The collapse of the globalist ‘EU project’ and the disintegration of globalist control mechanisms will provide the smaller states of Europe with the freedom to develop themselves according to their particularities and unique characteristics.

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At the micro-level this potential is illustrated by the smallest European states: in many regards, the microstates of San Marino, Andorra, Monaco and Liechtenstein have swum through the mazes of the globalist net. They have been able to optimally develop themselves in their own small biotopes without abandoning their identities. They have been far better able to defend the rights of their indigenous peoples than the smaller EU member states: their peoples still maintain many of the judicial privileges, economic safeguards, social dominance and cultural hegemony that have been lost under the direct globalist rule of the EU.[49] There, citizenship and residency are not handed out to every ‘labour migrant’. There, welfare payments and housing facilities are not made available to every ‘asylum seeker’. There, the indigenous people are not expected to bend to every whim of cultural-marxist ‘diversity’ spin doctors. There, modern technology and economic prosperity have been proven to be entirely compatible with ethnic dominance and cultural hegemony. Without denying the specific circumstances and without ignoring the specific problems of the microstates, it is still possible to discern in them the first features of an Archaeo-Futurist Revolution. In this regard, a place of honour is reserved for the Principality of Liechtenstein, which has been benefitted from the direct and personal rule of hereditary Prince Hans-Adam II since the democratically approved constitutional reform of 2003. The Liechtenstein Archaeo-Futurist experiment proves that semi-decisionist governance and protected ethnic identity can very well be combined with a free market mechanism, great prosperity and a high level of social-economic development. Perhaps it is no coincidence that Liechtenstein, which actually constitutes the last legitimately ruled remnant of the Holy Roman Empire, has given rise to a first indication of how an Archaeo-Futurist Europe may look like. This ‘Edelweiss Model’, hidden high between the Alpine peaks, may inspire the smaller and medium-sized member states of the EU to reject the ‘Calimero argument’, i.e. the globalist argument that they are ‘too small’ to be able to stand on their own legs.

From a global (not: globalist) perspective, the situation of the European microstates is effectively not all that different from that of the smaller EU member states. Even at a larger scale, the ‘Edelweiss Model’ offers a viable alternative to globalism: the social-economic and ethnic models of smaller and medium-size of the prosperous Pacific Rim - Malaysia, Singapore, Brunei, Taiwan, South Korea - offer ample illustrations of viable non-globalist policies.[50] The fact that the ‘backward’ institution of the Monarch has been preserved in some of the smaller EU member states - in Scandinavia and the Low Countries - may very well provide them with a distinct advantage: the Monarchy can function as a ‘reserve sovereignty’ on which, in due time, a decisionist counter-offensive against liberal-normative globalism can base itself. Thus, for the Small House of the Netherlands, a New Europe may start with an ‘Edelweiss Model’ re-positioning. Decades of neo-liberal ‘disaster capitalism’ and cultural-marxist ‘deconstruction’ have caused social implosion and ethnic replacement on an unprecedented scale: the ruins of fifty years ‘purple’[51] prove that the Small House known as ‘The Netherlands’ is slated for demolition under globalist EU rule. The Low Countries - Belgium, the Netherlands and Luxembourg - would be well advised to start thinking about a viable alternative: subsidiary-based sovereignty and ethnicity-based identity within a New Europe - a Europe that may be inspired by the Archaeo-Futurist Imperial Idea and the Eurasianist confederate idea. This is what the Low Countries - and all the nations of the West - deserve: a place between the Edelweiss.

Mon Dieu, ayez pitié de nos pauvres peuples[52]

 

Glossary

 

banlieusard

French: ‘suburban dweller’; referring specifically to the HLM social housing estates around Paris, largely inhabited by ethnic minorities;

decisionisme

doctrine of directly-concrete and physically-embodied command authority, opposite of indirectly-abstract and psychologically-manipulative Normativism (Rex vs. Lex);

éditocratie

or : ‘mediacracy’, ‘intellocracy’; rule of the mainstream media plus the politically-correct academic establishment;

éristique

Greek: εριστικός: ‘combative’, ‘battle ready’;

mobocratie

or: ‘ochlocracy’; mob rule, totalitarian hyper-collectivism;

partitocratie

political ‘hostage-taking’ of parliamentary institutions by party-political interests and party-cartels, politically-correct ‘1984’;

pyropolitiek

geopolitical ‘scorched earth’ strategy of the globalist hostile elite to ‘burn away’ all multipolar resistance to its New World Order;

soixante-huitard

French: ‘68 person’; reference to the Paris ‘cultural revolution’ of May 1968 and the ‘hippie-to-yuppie’ baby boomer generation that incarnates globalism through a combination of cultural-marxist theory and neo-liberal practice, currently being replaced by a successor generation of feminist-minority power elites;

 

Notes

 

[1] https://ec.europa.eu/digital-single-market/en/news/counte...

[2] https://ec.europa.eu/digital-single-market/en/fake-news-d...

[3] https://ec.europa.eu/digital-single-market/en/modernisati... - note the intriguingly explicit link that is here made between the proposed measures and the recent ‘Marrakesh Pact’ that aims at speeding up the ethnic replacement of the European peoples.

[4] https://www.geopolitica.ru/en/article/le-rouge-et-le-noir... and https://www.geopolitica.ru/en/article/arsenal-hephaestus

[5] A (double entendre) reference to the title of the post-modern – and ‘pre-apocalyptic’ - art documentary Sophie Fiennes (2010).

[6] For a summary Traditionalist interpretation of the science fiction genre – as hierophany and cryptomnesia – cf. Alexander Wolfheze, The Sunset of Tradition and the Origins of the Great War (Newcastle upon Tyne: Cambridge Scholars, 2018 - https://www.cambridgescholars.com/the-sunset-of-tradition... ) 240ff. For a psycho-historical ‘update’ on this theme cf. Alexander Wolfheze, Alba Rosa. Ten Traditionalist Essays about the Crisis in the Modern West (London: Arktos, 2019 - https://arktos.com/product/alba-rosa/ ) 35ff.

[7] Cf. the masterful illustrations that are added to Jeff Wayne’s Wells-based musical version: http://www.thewaroftheworlds.com/

[8] In pre-postmodern scientific sources Truganini is mentioned as the last full-blood Tasmanian and the last mother-tongue speaker of the Tasmanian language. She was born around 1812 as a daughter of the chief of the indigenous people of Bruny Island, located just off the southern coast of Tasmania. She survived the massacres, rapes and relocations of British colonial Umvolkung of her motherland and died in exile in 1876 – after her death, her skeleton was exhibited as a ‘scientific curiosity’. Cf. Wolfheze, Sunset, 318ff.

[9] For a ‘techno-philosophical’ forward projection of this ‘evolutionary’ development cf. Jason Jorjani, World State of Emergency (London: Arktos, 2017) 69ff.

[10] https://www.geopolitica.ru/en/article/what-white-genocide

[11] A term used by the anti-multicultural French political philosopher Charles Maurras (1868-1952), known as a proponent of ‘national integralism’ and chief ideologue of the monarchist and anti-revolutionary movement Action française.

[12] Wolfheze, Alba Rosa, 147ff.

[13] For a summary of the philosophical and cultural-historical context of Cultural Nihilism cf. https://www.geopolitica.ru/en/article/identitarian-revolu...

[14] The motto of Edgar Allen Poe’s The Pit and the Pendulum: ‘Quatrain composed for the gates of a market to be erected upon the site of the Jacobin Club House at Paris’. Comments and translation from http://blogicaster.blogspot.com/2010/10/epigraph-to-poes-...

[15] ‘Shielded property’; a charity institution serving the public good as defined by Islamic Law (e.g. a mosque, a school, a bathhouse).

[16] During the French Revolution, the Jacobin Club was based in the Jacobin monastery in the Paris Parijse Rue Saint-Honoré – it was an extreme-left party-political organization founded by radical freemasons led by Maximilien Robespierre. It attempted to enforce its vision of secular republicanism and social revolution through judicial murder and state-sponsored terrorism. During the Russian Revolution, Lenin’s political methodology was directly inspired by the Jacobin experiment.

[17] References to, respectively, the pan-Hispanic-American, anti-imperialist and semi-socialist ideology that is named after the 19th Century South American freedom fighter Simón Bolívar first formulated by Venezuelan President Hugo Chávez (1954-2013), and the ‘Pink Tide’ of (semi-)anti-globalist en progressivist political reform movement that dominated large parts of Latin America during the years between the election of Venezuelan President Hugo Chávez (1999) and the impeachment of Brazilian President Dilma Roussef (2016).

[18] The European Commission consists (after ‘Brexit’) of 27 unelected ‘Commissioners’ (mark the nomenclature similarity with the old Soviet ‘Commissars’) that are nominated by the member state governments and that have an absolute executive power, aside from their monopoly on legislation initiative and a strong control over the European judiciary. Thus, the European Commission, headed by former Luxembourgian PM Jean-Claude Juncker since 2014, effectively has dictatorial powers, even if it chooses to use this power in an almost exclusively negative sense through its institutional deference to laissez-faire neo-liberalism and ‘open borders’ cultural-marxism. In theory, the European Parliament has the power to veto Commission nominees and to fire sitting Commissioners, but in practice, these prerogatives are dead letter shams: appointments are exercises in consensus politics and dismissals are blocked by parliamentary sabotage. A further ‘democratic deficit’ is found in the fact that the turn-out for the elections of the supposedly ‘controlling’ European Parliament is structurally lower than 50%.

[19] Wahhabism, named after Sunni Islamic religious leader and reformer Mohammed al-Wahhad (1703-92), is a fundamentalist and iconoclastic doctrinal movement within the Hanbali School. The use of the term ‘Wahhabi’ as a reference to a follower of this movement is mostly restricted to its opponents: its supporters prefer to use terms such as muwahhīd (‘monotheist’) or Salafist. Wahhabism is characterized by a militant and even aggressive purism that is realized in regressive social practices within its community and institutional intolerance to the outside world. In contemporary geopolitics, the historically pragmatic alliance between the Wahhabite clergy and the Saudi Royal House results in phenomena such an ‘Al-Qaida’ and the ‘Islamic State’.

[20] Salafism (salaf, ‘predecessors, forefathers’, concrete: the first three generations of religious authorities in Islam) is a Sunni-Islamic religious reform movement that was inspired by 18th Century Wahhabism, originating in the 19th Century Egypt resistance movement against the social effects of Western imperialism. Although the whole Salafist movement opposes Western-style secularism and democracy, only a small minority of its followers (the so-called ‘Jihadists’) supports an armed ‘holy war’ to achieve the Salafist aims of social reform. The Hanbali maḏab (‘ethical code’, concrete: doctrinal ‘school’), which was founded by Ahmad ibn-Hanbal (780-855), is the smallest of the four legal traditions of Sunni Islam – its dominance as a religious and social code is limited to the Arabic Peninsula (where it has been incorporated in public law in Saudi-Arabia and Qatar). The Hanbali School is characterized by an effective rejection of ijmā‘ (‘specialist consensus’) and ijtihād (‘mental effort’) and a very restrictive application of qiyās (‘deductive analogy’) in Islamic legal practice. The social conservatism and financial power of the Gulf States have made the Hanbali School an attractive ideological base line for islamist extremists.

[21] The ‘Pilgrim Fathers’ were the English (mostly radical-Calvinist) religious dissidents who went into exile in the Dutch Republic in 1609 before emigrating to North America, where they founded Plymouth Colony (which was later absorbed into the Massachusetts Bay Colony). They are regarded as the founding fathers of the American nation (here ‘classically’ defined as ‘White Anglo-Saxon Protestant’) and as the instigators of the American Thanksgiving Day tradition (which may have been shaped by their memory of the Leyden October Festival celebrating the lifting of the Leyden Siege in 1584).

[22] The concept of the ‘noble savage’, supposedly still ‘uncorrupted’ by the globalist-imperialist expansion of ‘unnatural’ Western civilization, was an integral part of 18th Century Enlightenment thought. The term is widely but wrongly attributed to the French philosopher Jean-Jacques Rousseau (1712-78). Rousseau’s work did provide a prominently ‘proto-oikophobic’ twist to the older notion of ‘romantic primitivism’, which is, in fact, archetypal (cf. the ‘Enkidu’ character in the Gilgamesh Epic). For an Archaeo-Futurist re-interpretation of the Enlightenment motive of the ‘noble savage’, cf. Wolfheze, Sunset, 318ff.

[23] A reference to the semi-genocidal pacification campaign of early 1794 that was ordered by the Jacobin Republican regime in the aftermath of the War in the Vendée - it combined the strategies of scorched earth and ethnic cleansing and claimed the lives of up to 40.000 civilians.

[24] The concept of soevereiniteit in eigen kring, or ‘sphere sovereignty’, stipulates differentiated authority and responsibility and is a core element of Neo-Calvinist political theory - it was important in the policies of Dutch statesman Abraham Kuyper.

[25] Text written for the occasion of the ceremonial opening of the Bavarian Walhalla Memorial (1842) - translation Alexander Wolfheze.

[26] Cf. Alba Rosa, 112ff.

[27] For an introduction to Eurasianism cf. https://www.geopolitica.ru/en/article/le-rouge-et-le-noir...

[28] Cf. Wolfheze, Alba Rosa, 200ff.

[29] References to, respectively, the Biblical Fall (cf. Gen. 3:17) and Karl Marx’ theory of Entfremdung.

[30] Cf. Wolfheze, Alba Rosa, 55.

[31] In the European Tradition the Imperator, representing the highest command authority of the Empire, carries the honorary title ‘Caesar’ in tribute to the cognomen of Roman dictator Gaius Julius (100-44 v. Chr.). One of the historical etymologies of this cognomen assumes a link to a North African word for ‘elephant’ (much of Caesar’s coinage depicts an elephant).

[32] This ‘horizon’ principle a key component of the Dasein hermeneutics of German philosopher Martin Heidegger (1889-1976) – it has recently been reactivated for Archaeo-Futurism by the American-Persian philosopher Jason Jorjani (born 1981) – cf. Wolfheze, Alba Rosa, 228ff.

[33] A reference to the metaphysical dimension of the Traditionalist concept of the ‘Guardian of the Threshold’ that has been recently reactivated by Russian philosopher Aleksandr Dugin – cf. https://www.geopolitica.ru/en/article/broken-arrow

[34] Cf. Alba Rosa, 209ff.

[35] A reference to the modern dialectic method (‘thesis-antithesis-synthesis’), developed by German philosopher Friedrich Hegel (1770-1831) and ‘operationalized’ by German-Jewish political philosopher Karl Marx (1818-83).

[36] A reference to French comparative linguist Georges Dumézil (1898-1986) who did pioneering research into archaic Indo-European myths and social structures, known for his ‘Tri-functional Hypothesis’ regarding the original Indo-European caste system.

[37] In later Persian language forms and in the Shahnameh (the national epics of Iran entitled ‘The Book of Kings’ and written by the poet Ferdowsi at the end of the 10th Century AD) this king is named Jamshid (which means ‘Shining Yama’), a mythical priest-king who is said to possess supernatural abilities and who has the charismatic character associated with the highest Katechon.

[38] Later, the Indo-European mace became a ceremonial staff (often covered with gold foil) as a power symbol for high office in all Traditions of the Ancient Near East and the Classical World. The symbolic meaning of the mace can be related (through cultural-anthropological analyses of structural oppositions) to that of the sceptre (political power), the magic wand (spiritual power) and the baton (military power).

[39] The Avestan name for one of the Zoroastrian Yazata’s (deified principles ‘worthy of worship’ – the term is etymologically related to the Greek word ἅγιος ‘holy’): this is the principle of ‘Observance’ which functions as an ‘Archangel’ and is symbolically associated with the mace of worldly power – in later Persian language forms it is known as Sorush.

[40] The Middle Persian name Ahriman finds its older equivalent in Avestan Angra Mainyu, ‘Evil Spirit’, the cosmic archenemy of the highest creator divinity Ahura Mazda. As God (Light, Truth, Order) and the devil (darkness, deceit, chaos) oppose each other in Christianity, thus Ahura Mazda and Angra Mainyu oppose each other in Zoroastrianism.

[41] In the Christian Tradition, this charisma is symbolically expressed by means of an aureola, the halo effect that is associated with angels and saints. Modern science describes this phenomenon in neurological terms (as in relation to liminal phenomena such as epilepsy, synaesthesia and hallucination). For the historical context of the concept of the khvarenah cf. Jason Jorjani, World State of Emergency (Londen: Arktos, 2017) 153-92.

[42] For an introduction to Steuckers’ view of Europe as a subcontinental part of the larger Eurasian space cf. https://www.geopolitica.ru/en/article/le-rouge-et-le-noir...

[43] A reference to the Mongol conquest of the Khwarazmian Empire (approximately equivalent with ‘Persia’ at that time) by Genghis Khan that started in 1219.

[44] Shihab ad-Din Yahya Sohrawardi (1154-91), one of Persia’s Medieval ‘Masters of Enlightenment’, based his Illuminationism on the notion of prisca theologia – he was thus able to integrate pre-Islamic (philosophical concepts and) knowledge into his work. Esoteric symbolism and intellectual intuition pervade Sohrawardi’s work, which came to have a substantial influence on Western Traditionalism through the translations and interpretations of Henri Corbin (1903-78) and Seyyed Hussayn Nasr (born 1933).

[45] In the context of the Persian Tradition, this spiritual modality can be unreservedly characterized as ‘Aryan’ in the most precise sense of the word – it is this Aryan existential condition which is explored in Jason Jorjani’s books Prometheus and Atlas and The World State of Emergency.

[46] Joseph Count de Gobineau (1816-82) was a palaeo-conservative French thinker who is often mentioned as the founder of late 19th and early 20th Century ‘scientific racism’. During his diplomatic service in Persia, De Gobineau developed a life-long fascination with the philosophy, history and mysteries of the Persian Tradition.

[47] A contraction of the German words Edelweiss, for, and Weisheit, ‘wisdom’.

[48] https://www.geopolitica.ru/en/article/problems-european-s...

[49] In the wake of ‘Brexit’, even the mainstream media have picked up on the non-globalist ‘immigration model’ of Europe’s microstates, e.g. https://www.theguardian.com/politics/2016/oct/09/liechten...

[50] Models worth exploring are the ethnicity-based ‘Community Funds’ of Singapore and ‘Bumiputra’ privileges of Malaysia.

[51] A reference to De puinhopen van acht jaar paars, ‘The Ruins of Eight Years Purple’, the last book of assassinated patriotic leader Pim Fortuyn,. The term ‘purple’ here refers to the grand political coalition of ‘red’ social democrats and ‘blue’ neoliberals that ruled the Netherlands from 1994 to 2002.

[52] Freely inspired by the last words of William the Silent, Prince of Orange, leader of the Dutch Revolt and Dutch Father of the Fatherland (1533-84), spoken when he was assassinated after being declared an outlaw and a heretic by Philip II of Spain.

dimanche, 03 mars 2019

La Chine devient un arbitre mondial incontournable

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La Chine devient un arbitre mondial incontournable

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

A la fin du 20e siècle, c'était l'Amérique qui s'était imposée dans ce rôle. Des aujourd'hui et dans les prochaines décennies ce sera la Chine. De plus si l'Amérique avait pu acquérir ce rôle, c'était essentiellement grâce à sa puissance militaire. Aujourd'hui la Chine le devient grâce à son habilité diplomatique.

L'incapacité manifestée le 31 janvier par Donald Trump pour faire céder le leader nord-coréen Kim Jong Un dans l'affaire du désarmement nucléaire vient d'en donner un exemple éclatant. Cet épisode a certes mis en valeur le manque de réalisme et l'immense maladresse de Trump lui-même. Mais elle a surtout montré qu'une Amérique considérée encore comme la première puissance mondiale n'avait plus désormais, sauf à déclencher une guerre nucléaire, la capacité de faire céder un petit Etat asiatique.

Dans cette affaire, la Chine est intervenue discrètement, autant que l'on sache, pour rappeler à Kim que si elle le soutenait politiquement, il ne devait pas abuser de ce soutien et qu'il devait en particulier tenir le plus grand compte des intérêts de la Corée du Sud et des autres Etats de la région. Comme la Chine est voisine de la Corée du Nord et que celle-ci avait toujours bénéficié de son aide, PyongYang n'est pas en mesure de refuser son arbitrage.

Sur de nombreux autres théâtres de confrontation entre les Etats-Unis et la Russie, le président chinois Xi Jinping, sans s'opposer directement au positions de son allié Vladimir Poutine, joue là aussi un rôle d'apaisement permettant de calmer l'hystérie anti-russe que Washington s'efforce de propager dans l'ensemble du monde occidental. Au Venezuela, la Chine et la Russie se sont opposées jusqu'ici avec succès aux efforts de Donald Trump pour renverser Nicolas Maduro. Plus généralement, la Chine qui a de plus en plus d'investissements en Amérique Latine, fera tout son possible pour éviter des tensions entre les pays de ce continent. Il en sera de même en Afrique.

Dans le début de guerre entre Inde et Pakistan, la Chine alliée de ce dernier pays, s'efforce actuellement d'éviter qu'une guerre de grande ampleur n'éclate entre Delhi et Islamabad. Ses intérêts, notamment dans le cadre de l'Obor, en seraient directement affectés. Mais elle veut également maintenir de bonnes relations avec l'Inde avec qui elle cohabite dans le cadre du Brics. On peut espérer que son intermédiation ramènera à la raison les deux adversaires.

Au Moyen-Orient, il semble bien que la diplomatie chinoise intervienne pour détendre les relations entre l'Iran, l'Irak et la Syrie.

La Chine dispose d'atouts importants pour se faire prendre au sérieux par les autres grandes puissances. Le milliard de chinois sont désormais réputés pour jouer la carte d'un développement mondial pacifique. On ne peut en dire autant du milliard d'hindous qui restent pénétrés d'un hindouisme religieux militant qui les pousse à s'opposer au reste du monde. Sur le plan des industries numériques et de la recherche scientifique avancée, la Chine est en voie de rattraper le retard qu'elle avait pris sur les Etats-Unis. Elle dispose par ailleurs d'un élément essentiel pour ce faire, les très nombreux chercheurs chinois qui travaillent dans les laboratoires américains et pourraient si consigne leur en était donnée, rejoindre rapidement leur pays d'origine. Concernant les industries spatiales et l'exploration de l'espace, si elle reste encore inférieure aux Etats-Unis, cette infériorité ne durera pas, car les crédits publics ne manquent pas. Ce qui n'est plus le cas désormais dans le spatial américain non militaire.

Inutile d'ajouter que l'Europe, et plus particulièrement la France, qui auraient pu également jouer ce rôle d'arbitre, en accord avec la Chine, ne le feront pas car elles sont et demeureront des american puppets.

Note. Sur la Chine, voir cet article se voulant rassurant de Bruno Guiguez https://francais.rt.com/opinions/59011-chine-sans-oeiller...

 

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vendredi, 01 mars 2019

La Géopolitique, c’est la Vie !...

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La Géopolitique, c’est la Vie !...

par Ghislain de Castelbajac

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Vous pouvez découvrir ci-dessous un point de vue de Ghislain de Castelbajac cueilli sur Geopragma et consacré à la géopolitique comme enjeu dans la vie des citoyens. Après avoir débuté sa carrière au SGDN, Ghislain de Castelbajac est désormais conseil en stratégie.

La Géopolitique, c’est la Vie !

Le président d’une grande puissance serre frénétiquement la main d’un dictateur en col Mao à 10 000 kilomètres de Paris. Des banquiers centraux se réunissent en secret au fin fond des Etats-Unis, et des personnalités politiques en vue se mêlent dans une station de montagne surprotégée (voir #BDL du 4 février 2019). Un puissant décide d’un conflit, d’un changement de frontières. D’autres le punissent par un boycott, dont des agriculteurs et éleveurs en Bretagne et en Picardie subissent les conséquences.

La géopolitique n’est-elle qu’un théâtre d’ombres, un billard feutré à bandes multiples joué par une poignée d’hommes de pouvoir cyniques et manipulateurs ? Les colloques d’universitaires décortiquant cette science pour d’autres universitaires préconditionnés ou des diplomates en roue libre sont-ils la seule voie possible de la géopolitique vers l’agora ?

Bien sûr, de grands reporters font un travail remarquable en zone de conflit, mais les audiences de ces médias sont si faibles que beaucoup jettent l’éponge. Les peuples seraient-ils trop bêtes pour s’intéresser à autre chose qu’à des ragots de caniveau où à la vitesse de leur diesel ?

Jean-Baptiste Duroselle nous a montré le contraire en théorisant, à la Braudel ou Renouvin, un modèle quasi sériel de la géopolitique dans son magistral ouvrage « Tout Empire périra, théorie des relations internationales » publié en 1981. Duroselle y dénonce déjà la tendance des penseurs et intellectuels à enfermer la géopolitique dans une discipline déconnectée de la vie des hommes.

Pour Duroselle, la politique étrangère doit englober tant les « relations internationales » (l’Etat comme acteur dans le Système), que « la vie internationale » (l’individu comme acteur dans le Système). Le liant entre ces acteurs est constitué par ce qu’il appelle les « groupes réels » qui assurent le relai entre les aspirations des individus et les politiques d’Etat.

Mais si la géopolitique est perçue comme un jeu d’illusion, renforcé par un certain angle médiatique enclin à ne traiter qu’en surface un enjeu stratégique, un sommet ou une rencontre bilatérale, elle est en fait un rapport de force, non entre puissants, mais entre ce que Duroselle appelle les forces profondes et les forces organisées, c’est-à-dire entre les « groupes réels » et les Etats.

Cette analyse permet de mettre en perspective les rapports de forces géopolitiques sur un angle de l’événement, du slogan, de l’action et donc de « l’acceptable qui devient inacceptable ».

Le développement actuel des nouveaux médias, réseaux sociaux et divers groupes d’influence donne bien entendu raison à Jean-Baptiste Duroselle, et les « groupes réels » possèdent aujourd‘hui une force décuplée, qui risque parfois de mettre en péril cet équilibre des forces, non entre les Etats, ni même entre les Etats et les peuples, mais bien entre les Etats et ces groupes que l’on pourrait aujourd’hui définir comme des « influenceurs », groupes de pression, groupes d’intérêts ou communautés.

Théorie des systèmes et centres de gravité

Bien entendu nos Etats, fondés eux aussi sur un contrat social ou une communauté de destin, déploient des contre-pouvoirs et des défenses, mais le concept d’Empire est aujourd’hui à prendre au sens d’organisation étatique ou inter-étatique, et celui de « groupes réels » comme agents d’influence ou d’action de plus en plus puissants. Le tout constituant le destin national.

Si l’on calque sur cette vision historique celle de l’analyse systémique, ou théorie des systèmes de Morton Kaplan, l’on obtient un rapport de forces générateur d’événements accumulateurs ou destructeurs, basés sur des « centres de gravité ».

Le colonel américain John Warden III théorisa avec « The Enemy as a system » l’analyse systémique appliquée aux conflits pour une nouvelle forme de rapport de forces. L’influence, ou la guerre psychologique étant l’un des effets de leviers les plus efficaces pour agir sur les centres de gravités de l’ennemi.

Si l’approche historique nous enseigne de manière empirique les évolutions et les régularités des événements et des conflits internationaux, l’approche systémique nous en donne les moteurs et leviers d’actions autres que purement militaires.

Le sédiment nourricier de l’action géopolitique est défini par la géographie. Elle est en quelque sorte la mère de la géopolitique, elle définit le « théâtre », le champ des intérêts et des projections.

Mais la prédictivité du conflit ou de l’événement international est peut-être à prendre du côté des sociologues et démographes. Des points de rupture dans la société, tels qu’une transition démographique achevée, une pyramide des âges vieillissante, une transhumance de fond (gentrification des villes, migrations de masse…), une structure familiale particulière (patrilocale, nucléaire, communautaire…), tous ces éléments liés à la structure de la société et à leur évolution permettent de poser le champ de projection, d’action, voire de manipulation si le système analysé est adversaire, des « forces profondes » constituant les groupes d’individus.

Une révolution dans un pays donné à un instant donné ne prendra donc corps que si les éléments démographiques et sociologiques y permettent son développement, même si ladite révolution est téléguidée de l’extérieur.

C’est alors que la géopolitique prend tout son sens social, dans la mesure où l’événement générant le fait géopolitique ne peut plus être uniquement Clausewitzien, mais bien basé sur des tendances lourdes liées à l’évolution des sociétés et à leurs capacités à se mobiliser sur des sujets ou des thèmes dont les enjeux portent les conséquences concrètes sur les populations.

Aujourd’hui dans nos sociétés occidentales et particulièrement en France, différents groupes de pression, plus ou moins spontanés, plus ou moins téléguidés, occupent le nouveau champ médiatique sur des sujets internationaux et offrent une grille de lecture de plus en plus concrète en termes d’effet de levier entre l’action, au sens d’activisme, et le résultat attendu.

Des référendums ?

Les récents événements en France ayant abouti à la mise en place d’un « Grand débat national » par le gouvernement permettent aux Français de s’exprimer sur divers sujets, dont l’organisation des institutions. La pression de la rue et plusieurs partis politiques d’opposition, font valoir la revendication de la mise en place d’un Referendum d’Initiative Citoyenne (« RIC ») sur le modèle helvétique.

La réticence du pouvoir et de certains intellectuels à mettre en place un tel mécanisme en France est mû par l’inadaptation de certains thèmes, des questions graves et stratégiques, à une question simple, voire simpliste et binaire.

Verrait-on un jour un référendum en France dont la question serait « souhaitez-vous que la France participe à une coalition armée pour changer le pouvoir en place en Syrie par la force ? », ceci juste après la manipulation, maintenant avérée, de l’attaque chimique en Ghouta ? Il est vrai que dans ce cas précis, le peuple français aurait sans doute été bien plus sage que les dirigeants de l’époque si la question leur avait été posée ainsi…

Pourtant, la géopolitique comme la définition de la politique étrangère de la France et de sa stratégie méritent certainement un traitement bien plus direct entre les forces profondes et les forces organisées, dans le cas de la France contemporaine, entre l’Etat et son peuple.

Un nouveau pacte d’action et de projection de la France à l’étranger pourrait, être mis en place dans le cadre du Grand débat. Notre cohésion nationale, la crédibilité politique et le niveau d’adhésion démocratique aux choix de nos gouvernants en sortiraient renforcées.

Si le gouvernement et les institutions décidaient de le mettre en place, la perspective d’un RIC n’aurait de sens que si les questions posées l’étaient dans un débat dénué d’influence extérieure et d’immédiateté, et si les Français avaient toutes les cartes en main pour un éclairage de leurs choix et de leurs convictions.

Un référendum aurait par exemple dû se tenir en France sur le rôle de notre pays dans l’OTAN lorsque qu’il fut décidé d’en réintégrer le commandement militaire sans consultation démocratique préalable.

De la même façon, il serait éclairant de connaitre le résultat d’une question posée sur l’intérêt de maintenir des sanctions économiques contre la Russie après 5 ans d’un entêtement qui n’a abouti qu’à développer l’agriculture russe et a fortement handicapé les agriculteurs et éleveurs français. Sans même parler de l’intérêt géopolitique, quel intérêt économique la France y trouve-t-elle ? Nul doute que ces questions concrètes préoccupent en Picardie ou en Bretagne et ont fait l’objet de débats au sein du mouvement des gilets jaunes, mais pas seulement.

Geopragma peut, par les travaux et débats organisés en son sein, être l’un des facilitateurs de cette mise en lien des enjeux géopolitiques avec ceux – économiques, culturels et sociétaux – qui touchent nos concitoyens au quotidien.  En permettant de dégager du manichéisme ambiant une grille de lecture à froid, loin de la doxa officielle comme des influences extérieures, Geopragma aspire à incarner ce lien entre « les relations internationales » et « la vie internationale » qui ne serait plus seulement subie par les Français, mais éclairée lucidement et pragmatiquement par la présentation du champ des possibles et des dangers d’influence et de manipulation.

Plus que jamais, le champ géopolitique fait partie de la vie des citoyens. Il est donc temps d’apporter aux forces profondes et aux forces organisées de notre pays les outils d’analyse qui leurs permettront d’éclairer leurs choix.

Ghislain de Castelbajac (Geopragma, 18 février 2019)

jeudi, 28 février 2019

L’Allemagne remet Macron au pas

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L’Allemagne remet Macron au pas

par Finian Cunningham
Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

Cela a été présenté poliment comme un « compromis » franco-allemand lorsque l’UE a hésité à adopter une directive sur le gaz qui aurait sapé le projet Nord Stream 2 avec la Russie. 

Néanmoins, rhétorique diplomatique mise à part, le blocage par Berlin la semaine dernière de la tentative du président français Emmanuel Macron d’imposer une réglementation plus sévère sur le projet gazier Nord Stream 2 était sans aucun doute une rebuffade ferme à Paris. 

Macron voulait donner à l’administration européenne à Bruxelles un contrôle accru sur le nouveau pipeline reliant la Russie à l’Allemagne. Mais finalement, le prétendu « compromis » était un rejet de la proposition de Macron, réaffirmant l’Allemagne dans le rôle principal de mise en œuvre du Nord Stream 2, aux côtés de la Russie. 

L’oléoduc de 11 milliards de dollars, d’une longueur de 1 200 kilomètres, devrait être opérationnel à la fin de cette année. Venant de Russie, sous la mer Baltique, il doublera l’approvisionnement de l’Allemagne en gaz naturel russe. Le gouvernement berlinois et l’industrie allemande considèrent ce projet comme vital pour l’économie toujours vigoureuse du pays. L’approvisionnement en gaz sera également distribué, depuis l’Allemagne, vers d’autres États européens. Les consommateurs, particuliers et entreprises, ont tout à gagner d’une baisse du prix du gaz. 

Ainsi, l’ingérence bizarre et tardive de Macron a été repoussée par Berlin. La pression accrue exercée par Washington pour que le projet Nord Stream 2 soit annulé a également été critiquée. La semaine dernière, l’ambassadeur américain en Allemagne, Richard Grenell, et deux autres émissaires américains ont écrit un éditorial pour Deutsche Welle dans lequel ils accusaient la Russie d’essayer d’utiliser le « chantage de l’énergie » dans la géopolitique européenne. 

Pourquoi la France de Macron, a-t-elle tenté, à la dernière minute, de saper le projet en imposant des règles plus strictes ? C’est une question curieuse. Ces réglementations supplémentaires, si elles avaient été imposées, auraient potentiellement rendu l’approvisionnement en gaz russe plus cher. En fin de compte, le projet sera exécuté sans restrictions sévères. 

En bref, Macron et les tactiques néfastes de Washington, ainsi que des États de l’Union européenne hostiles à la Russie, la Pologne et les pays baltes, ont été remis à leur place par l’Allemagne, et l’affirmation de ses intérêts nationaux, afin de garantir un approvisionnement gazier économique et abondant en provenance de Russie. Les autres États membres de l’UE ayant soutenu Berlin sur Nord Stream 2 étaient l’Autriche, la Belgique, Chypre, la Grèce et les Pays-Bas. 

Les affirmations de Washington, selon lesquelles Nord Stream 2 donnerait à la Russie un levier sur la sécurité de l’Europe, ont été reprises par la Pologne et les États baltes. La Pologne et l’Ukraine, non membre de l’UE, risquent de perdre des milliards de dollars en frais de transit. Une telle décision est toutefois la prérogative de l’Allemagne et de la Russie pour trouver un mode de livraison plus économique. En outre, de quel droit l’Ukraine peut-elle revendiquer quoi que ce soit sur une question bilatérale qui ne la concerne pas ? La mauvaise foi antérieure de Kiev, qui refusait de régler ses factures d’énergie à la Russie, discrédite le bien fondé de ses objections. 

Un autre facteur est la russophobie inhérente aux politiciens polonais et baltes, qui voient tout ce qui concerne la Russie à travers un prisme paranoïaque. 

Pour les Américains, il s’agit bien évidemment de chercher à vendre leur propre gaz naturel, beaucoup plus coûteux, au marché géant de l’énergie en Europe, au lieu du gaz russe. Sur la base de chiffres objectifs fournis par le marché, la Russie est le fournisseur le plus compétitif de l’Europe. Les Américains tentent donc de s’emparer d’une affaire stratégique par tous les moyens de propagande et de pression politique. Ironiquement, l’ambassadeur des États-Unis, Richard Grenell, et les autres émissaires américains ont écrit récemment : « L’Europe doit garder le contrôle de sa sécurité énergétique ». 

Le mois dernier, Grenell a menacé les entreprises allemandes et européennes impliquées dans la construction de Nord Stream 2 d’encourir des sanctions punitives américaines dans l’avenir. À l’évidence, c’est la partie américaine qui utilise le « chantage » pour contraindre les autres à se soumettre, pas la Russie. 

Retour à Macron. Que faisait-il dans ses tactiques dilatoires tardives sur le Nord Stream 2 et en particulier les problèmes qui se poseraient à l’Allemagne si la réglementation supplémentaire avait été imposée ? 

Il semble invraisemblable que Macron s’inquiète soudainement de la paranoïa de la Pologne et des États baltes au sujet d’une prétendue invasion russe. 

Macron essayait-il d’obtenir des faveurs de l’administration Trump ? Depuis le début de la présidence de Macron en 2017, ses rapports obséquieux avec Trump se sont estompés. Après avoir tenté de saper le projet Nord Stream 2 à Washington, Macron tentait-il d’entrer à nouveau dans les bonnes grâces de Trump ? 

Les contradictions concernant Macron sont légion. Il est censé être un champion des « causes écologiques ». Le souhait de l’Allemagne de réaliser le projet Nord Stream 2 est en grande partie motivé par le fait que l’augmentation de l’approvisionnement en gaz réduira la dépendance des centrales électriques européennes vis-à-vis des combustibles polluants comme le charbon, le pétrole et le nucléaire. En mettant en place des barrières réglementaires, Macron complique la tâche de l’Allemagne et de l’Europe pour passer à des sources d’énergie plus propres telles que le gaz naturel russe. 

En outre, si Macron avait réussi à imposer une réglementation plus stricte au projet Nord Stream 2, il aurait inévitablement augmenté les coûts supportés par les consommateurs pour leurs factures de gaz. Ceci à un moment où son gouvernement est assailli par les manifestations d’ampleur nationale des gilets jaunes contre la flambée du coût de la vie, en particulier la hausse du prix de l’essence. 

L’un des facteurs pouvant expliquer la tentative de sabotage de Macron, dans le cadre du projet allemand Nord Stream 2, était son dépit face au rejet par Berlin de son programme de réformes tant vanté pour le bloc de l’Eurozone au sein de l’UE. Malgré l’affichage très public de son amitié avec la chancelière Angela Merkel, Berlin a constamment repoussé les ambitions de réforme du dirigeant français. 

Il est difficile de discerner le véritable objectif des réformes Macron. Mais elles semblent constituer une « Charte du banquier ». De nombreux économistes allemands éminents ont éreinté ses projets, qui, selon eux, pousseraient davantage au renflouement, financé par les contribuables, des banques insolvables. Ils disent que Macron tente d’éloigner encore davantage l’Union européenne de l’économie sociale de marché qu’elle ne l’a déjà fait. 

Ce que Macron, un ancien banquier de Rothschild, semble viser est une réplique de la politique pro-riche et anti-travailleurs qu’il impose à la France et son extension à l’ensemble de la zone euro. Berlin n’en veut pas, sachant que de telles politiques vont éroder davantage le tissu social. Cela pourrait être la raison principale pour laquelle Macron a tenté d’utiliser le projet Nord Stream 2 comme levier pour faire plier Berlin. 

À la fin, Macron et Washington – bien que travaillant pour des objectifs différents – ont échoué dans leurs tentatives de saboter le commerce énergétique naissant entre l’Allemagne, l’Europe et la Russie. Nord Stream 2, comme Turkish Stream au sud de l’Europe, semble inévitable par la force même du partenariat naturel. 

À ce sujet, les commentaires du gouvernement hongrois cette semaine étaient bien adaptés. Budapest a accusé certains dirigeants européens et américains de « grande hypocrisie » en décriant toute association avec la Russie à propos du commerce de l’énergie. Macron a déjà participé au forum économique de Saint-Pétersbourg, et pourtant il a récemment tenté de « faire chanter » et de perturber l’Allemagne au sujet de ses projets commerciaux avec la Russie. 

Quant aux Américains, leur arrogante hypocrisie dépasse les bornes de la décence. En plus d’essayer de sermonner l’Europe sur les « principes du marché » et la « sécurité énergétique », on a appris cette semaine que Washington demandait de la même manière à l’Irak de mettre fin à ses importations de gaz naturel en provenance de l’Iran voisin. 

L’Irak souffre de pénuries d’électricité, et d’énergie, en raison de la guerre criminelle que les États-Unis ont menée contre ce pays de 2003 à 2011 et qui a détruit une grande partie de ses infrastructures. L’Irak a absolument besoin de l’approvisionnement en gaz iranien pour faire fonctionner l’éclairage et les ventilateurs. Pourtant, les États-Unis exigent maintenant de l’Irak qu’il mettre fin à son importation essentielle de carburant iranien afin de se conformer aux sanctions imposées par le gouvernement Trump contre Téhéran. L’Irak est furieux de la dernière ingérence de Washington dans ses affaires souveraines. 

L’hypocrisie de Washington et des politiciens élitistes tels que Emmanuel Macron est devenue trop difficile à supporter. Peut-être que l’Allemagne et les autres réalisent enfin qui sont les charlatans. 

Finian Cunningham 

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone

mardi, 26 février 2019

La volonté populaire a évité à la Syrie l’holocauste prémédité par ses ennemis

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La volonté populaire a évité à la Syrie l’holocauste prémédité par ses ennemis

par Bachar el-Assad, président de la République Arabe de Syrie

Discours devant les chefs des Conseils locaux des gouvernorats syriens

Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de vous rencontrer dans le cadre de votre première grande réunion suite à des élections dont la simple tenue constituait l’un des principaux paris de l’État, vu qu’elles sont venues couronner une étape importante du processus de défaite du terrorisme et du rétablissement de la sécurité, confirmer la force du peuple et de l’État, prouver l’échec du pari des ennemis consistant à transformer l’État syrien en un État défaillant incapable d’assumer ses obligations constitutionnelles.

De l’administration locale prévue par la Loi 107 à la décentralisation globale voulue par les États ennemis

L’administration locale fut une expérience importante dans la mesure où elle visait à renforcer le rôle des citoyens dans la gestion de leurs affaires et à les faire participer aux prises de décisions concernant l’avenir de leur région. Comme toute expérience elle révéla des avantages et des inconvénients, mais avec le temps il est apparu que son concept avait besoin d’être développé et que sa loi avait besoin d’être amendée. D’où la publication de la Loi 107 de 2011 : un pas important destiné à en améliorer l’efficacité par davantage d’autonomie accordée aux municipalités et plus de décentralisation administrative dans la gestion des affaires sociales.

Il avait été prévu que la mise en application de la totalité des dispositions de la Loi 107 se ferait sur cinq ans. Son adoption ayant coïncidé avec le début de la guerre a totalement retardé son application et les élections. C’était là une conséquence normale du fait que nombre de régions avaient échappé au contrôle de l’État. Mais maintenant que ces élections ont eu lieu et que la situation sur le terrain s’est améliorée, nous avons une sérieuse opportunité de progression dans le cadre de l’administration locale ; progression qui se répercutera de manière positive sur tous les aspects de la vie en Syrie, à condition de bien saisir les objectifs de cette Loi.

Son objectif principal est d’atteindre l’équilibre de développement entre les régions en conférant aux « unités locales » les prérogatives nécessaires au développement de l’économie, de l’urbanisme, de la culture et des services dans leur région, avec tout ce que cela implique de contributions à l’amélioration du niveau de vie des citoyens par la création de projets et d’emplois, en plus de services destinés à les soulager localement, notamment dans les régions reculées du pays.

Il n’est plus possible de continuer à gérer les affaires de la société et de l’État, ou de réaliser un développement équilibré, par les méthodes appliquées depuis des décennies et toujours en vigueur aujourd’hui. Ainsi, en 1971, année de l’adoption de la précédente loi relative à l’administration locale, la population syrienne était d’environ sept millions d’habitants, alors qu’en 2011, année de l’adoption de la Loi 107, le nombre de syriens résidents inscrits s’élevait à 22 millions ; d’où plus que le triplement de la population en l’espace de quatre décennies. Plus important encore, la multiplication des compétences du fait de la diffusion de l’enseignement à tous les niveaux ; ce qui signifie que les unités locales que vous représentez sont désormais plus aptes à s’acquitter de leurs missions sans s’appuyer entièrement sur les autorités centrales.

Cependant, nous devons prendre en compte la disparité des compétences scientifiques et professionnelles entre les gouvernorats comme, par exemple, entre les gouvernorats de Damas ou d’Alep et les autres, ou entre les campagnes et les villes. Une disparité qui fait que l’application de cette loi devra être progressive afin d’éviter la création d’un hiatus de développement entre les régions, ce qui est contraire à l’esprit de la Loi 107.

Lorsque vous gérez les détails du quotidien dans votre région, les institutions centrales peuvent assumer leur rôle de surveillance et se consacrer davantage aux politiques et stratégies globales plutôt que de se noyer dans les détails, comme c’est actuellement le cas. Par ailleurs, le lancement de projets de développement au niveau local pourra s’intégrer aux projets de développement stratégiques de l’État. D’où un investissement optimal des ressources financières et humaines avec une réduction des délais nécessaires au processus de développement national.

Et alors que nous connaissons tous le problème de l’imprécision des chiffres en Syrie, un point important probablement négligé par certains est que les unités locales réparties sur tout le territoire sont la meilleure source de statistiques indispensables aux autorités centrales pour une planification réaliste et mieux adaptée aux besoins des citoyens et de la nation.

D’un autre côté, la participation de la communauté locale qui identifie ses besoins et gère ses ressources, ainsi que la participation du citoyen qui surveille ses performances et éventuellement rectifie tout déséquilibre affectant son travail, renforcent le partenariat des citoyens avec les institutions étatiques, améliorent leur perception des problèmes que ces institutions peuvent rencontrer et leur confèrent la capacité de proposer des solutions pratiques au lieu de se limiter à attendre ce que le responsable leur propose.

Nous demandons toujours une solution venue du haut du sommet vers la base. Dans ce cas, la solution est censée venir du haut et de la base, laquelle pourrait parfois se révéler plus apte à proposer des solutions tactiques, les solutions stratégiques étant l’affaire de l’État. C’est ce partenariat entre le sommet et la base qui règlerait la plupart de nos problèmes, notamment dans les circonstances actuelles : celles de la guerre. Ainsi, le citoyen ne se contente plus de critiquer, mais participe et assume sa part de responsabilité nationale, ce qui développe son lien avec sa terre et sa patrie tout en développant le dialogue et l’entraide entre les différentes catégories de la société face aux défis auxquels elle est confrontée.

Nous parlons donc d’un « partenariat entre tous » aux niveaux de l’État et de la société, véritable expression de l’un des aspects les plus importants de la pratique démocratique et, en même temps, l’outil du progrès de la pensée démocratique qui ne peut se construire que sur le dialogue général et permanent en lien avec les institutions ; lesquelles transforment les paroles en actes et font de la démocratie un outil constructif, non un outil destructif comme le voudraient nos ennemis.

Ainsi, si vous reveniez aux études publiées tout au long de la guerre sur la Syrie par divers centres de pays soutenant le terrorisme et aux déclarations de nombre de leurs responsables, vous remarqueriez que leur politique syrienne s’appuie sur deux supports : premièrement, le support temporaire du soutien au terrorisme dans le but de contrôler le plus grand espace possible de la géographie syrienne ; deuxièmement, le support durable de la décentralisation globale, qui n’a rien à voir avec la Loi 107 dont nous parlons, puisqu’elle marginalise l’État, sape son autorité, le réduit à un rôle de représentation avec, pour conséquences, la réduction de la souveraineté et l’affaiblissement des concepts nationaux, le tout menant au recul de la cohésion nationale, puis à la division de la société, puis à la partition géographique de la patrie.

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De l’échec de la partition géographique planifiée par les ennemis à la frustration des traitres à la patrie

Une partition dont le schéma, comme nous le savons tous, a été planifié depuis des décennies et qui ne s’arrête pas à la frontière syrienne, mais inclut la plupart des États de cette région. Objectif qui ne peut être atteint qu’à la faveur d’une véritable division sociale, ce qui n’est pas le cas en Syrie. Si tel avait été le cas, la partition aurait pu se concrétiser au cours des premières années ou, et c’est mon avis, dès les premiers mois de la guerre. Mais il semble que nos ennemis aient l’esprit borné et ne tirent toujours pas les leçons de leurs erreurs passées, ce qui pourrait se révéler bon pour nous.

S’il est vrai que les réalités sur le terrain syrien ainsi que les réalités politiques locales et internationales n’ont cessé de changer au cours de cette guerre, deux faits sont restés inchangés : le premier est le plan hégémoniste des États occidentaux menés par les États-Unis, non seulement sur la Syrie, mais sur le monde entier; le deuxième est la ferme volonté de résistance de notre peuple.

Et maintenant que le terrorisme recule et que la sécurité revient pour des millions de Syriens libérés dans nombre de villes et villages, chaque pouce de terre libérée frustre un ennemi, chaque pouce de terre purifiée désespère un traitre, un collaborateur ou un mercenaire. Pourquoi se plaignent-ils ? À les lire ou à les écouter, ils se plaignent de l’abandon de leurs parrains !

Vous les collaborateurs, je suis surpris de vous voir déçus par l’abandon de vos parrains qui n’ont fait qu’appliquer les règles du jeu avec beaucoup de précision. Dès le début vous vous êtes mis, vous-mêmes et la patrie, en vente. Je n’ai pas dit que vous aviez vendu vos principes, vous n’en avez fondamentalement pas. Vous vous êtes proposés et vous avez proposé la patrie à la vente à un moment où il y avait une forte demande sur ce genre de marchandise. Vous avez donc été achetés et vous avez touché vos récompenses mirobolantes. Mais en dépit de toutes les améliorations, rectifications et opérations cosmétiques dont vous avez bénéficié, vous n’avez pas réussi à remplir les missions dictées par vos nouveaux propriétaires. Ils ont alors décidé de vous vendre en période de soldes, vu qu’entretemps la demande sur le marché international des esclaves avait baissé. Ils ne trouveront probablement personne pour vous acheter même gratuitement, voire avec une grosse liasse de billets en prime. Personne ne voudra de vous.

Mais si vous avez été achetés, la patrie n’a pas été vendue. Car la patrie a de véritables propriétaires, non des voleurs. La patrie possède un peuple qui la considère comme son âme, si elle meurt, il meurt avec ; tandis que les courtiers tels que vous la considèrent comme une marchandise, si elle disparait, ils la remplacent après en avoir touché le prix. « La patrie est telle l’âme » est une expression que vous ne pouvez pas comprendre. « La patrie est sacrée » est une expression dont le sens vous échappe, car vous n’êtes que des courtiers bon marché qui ne goûtent que l’humiliation et le déshonneur et ne méritent que le dégoût et le mépris.

Au bout de toutes ces années, ces collaborateurs avec l’étranger n’ont toujours pas saisi la règle évidente qui veut que rien n’est plus valorisant que l’appartenance au vrai peuple. Ils n’ont toujours pas compris que le peuple virtuel issu de leur imagination malade et qu’ils prétendent représenter n’existe pas. Tout comme ils n’ont pas compris que la voie qui mène vers le peuple ne passe pas par les services du renseignement de pays étrangers car elle est directe, fondée sur l’honnêteté et la clarté, non sur la trahison et l’hypocrisie.

Si je répète aujourd’hui ce que j’ai dit depuis le début de la guerre quant à l’impasse dans laquelle ils ont choisi de s’engouffrer, je réaffirme aussi que le seul moyen d’inverser leur erreur est qu’ils rejoignent la voie des réconciliations, déposent leurs armes et cessent de se mettre à la disposition des ennemis si tel est le cas. C’est parce que le peuple est grand en son cœur qu’il est capable de leur pardonner s’ils reviennent vers lui en toute sincérité. En effet, autant notre peuple est enraciné dans son Histoire, autant il regarde vers l’avenir au lieu de se tourner vers le passé, aussi amer et douloureux soit-il. La mémoire est l’affaire des évènements du passé et la source de leçons à retenir, non de haines à accumuler.

Et les leçons et les expériences sont les deux éléments qui bâtissent les nations et les patries et leur donnent force et immunité. C’est parce que la Syrie est forte qu’elle a résisté. Et c’est parce qu’elle a courageusement fait face à la guerre qu’elle en sortira plus forte encore et plus solide. La meilleure preuve de cette force est venue de nos Forces armées ; lesquelles ont réussi, avec le concours des forces supplétives et le soutien des alliés, des amis et des frères, à vaincre les terroristes dans la plupart des régions du pays. Et nous savons tous que ce qui a été réalisé n’aura été possible que grâce au large soutien populaire, fondé sur la profonde conscience de notre peuple et l’unité nationale des différentes composantes de notre société.

Certains pourraient penser que les termes « soutien populaire » ne concerneraient que la majorité des citoyens présents dans les zones contrôlées par l’État, alors qu’en vérité ils concernent tout autant les citoyens retenus contre leur gré dans des zones tombées sous le contrôle des groupes armés. S’ils tentaient d’en sortir, ils risquaient de se faire tuer, ce qui n’a pas empêché certains d’entre eux de rester en contact avec nombre d’organisations gouvernementales, de transmettre des informations, de souffler des idées et d’insister constamment sur la nécessité du retour de l’Armée et des Institutions, quitte à en payer le prix.

Dans ce contexte, ce que je veux souligner est qu’il n’a été possible de protéger la patrie et d’éviter qu’elle tombe dans l’holocauste qui lui avait été préparé, sans la « volonté populaire » unifiée de toutes les franges et composantes de la société syrienne. Une vérité qui réfute le récit des ennemis toujours acharnés à démontrer que ce qui se passe en Syrie est une guerre civile, un conflit entre groupes religieux, confessionnels ou ethniques.

Par conséquent, nous Syriens, nous savons avec certitude que la guerre a eu exclusivement lieu entre nous et le terrorisme ; que nous sommes en train de gagner ensemble, non les uns contre les autres ; que n’importe laquelle de nos victoires a été exclusivement remportée contre le terrorisme, abstraction faite de sa nationalité ; que le fait qu’un certain nombre de Syriens se soient plongés dans le terrorisme et la trahison ne signifie en aucun cas qu’ils représentent une frange de notre société, mais plutôt le côté obscur pouvant affecter n’importe quelle société, mener à la disparition des valeurs et de la morale, aux crimes, à l’extrémisme et à la corruption avec, pour résultat, la perte de l’appartenance à la patrie ; laquelle perte se trouve être le meilleur carburant utilisé par les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur pour démanteler la patrie.

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De la préparation anticipée du « dossier des réfugiés » par les ennemis à l’obstruction de leur retour vers leur patrie

Les Syriens ont terriblement souffert de cette guerre. Nous n’oublions pas qu’une bonne part de cette souffrance résulte de l’exode vers l’étranger imposé par le terrorisme à des millions de citoyens, avec tout ce que cette situation comporte de difficultés, d’humiliations, de traitements inhumains des réfugiés, en plus de leur exploitation aux niveaux politique, financier et humain.

Autant l’État, ainsi que ses institutions militaires et civiles, ont tenté d’atténuer les souffrances des personnes déplacées à l’intérieur du pays et ont travaillé à les ramener dans leur ville ou village après leur libération ; autant ils ont simultanément travaillé au retour des réfugiés de l’étranger vers leur patrie, seul moyen de mettre fin à leurs souffrances. Le principal facteur ayant ralenti ce retour est, en vérité, le fait des pays concernés par « le dossier des réfugiés ».

Ce n’est plus un secret pour vous que l’un des principaux piliers du plan de guerre sur la Syrie est justement la question des réfugiés et nous savons tous que la préparation de ce dossier a commencé environ un an avant le début de la guerre, via l’installation de camps pour réfugiés dans des pays limitrophes, dans le but de préparer une situation de souffrances humaines et d’en imputer la responsabilité à l’État syrien. Évidemment, plus le nombre de réfugiés est grand, plus la condamnation de l’opinion publique internationale se renforce, plus les possibilités de sanctions sévères contre le peuple augmentent, étant donné que l’État syrien est prétendument le seul responsable de toutes ses souffrances, que ces sanctions soient compatibles ou non avec le droit international.

Ce à quoi il faut ajouter que le grand nombre de réfugiés de ces dernières années a été une source majeure de corruption exploitée au maximum par des responsables de pays souteneurs du terrorisme et d’organisations supposées acheminer l’aide humanitaire ; laquelle aide, comme nombre d’entre nous ne l’ignore plus, a fini par être livrée aux terroristes ou à certains responsables de pays d’accueil des réfugiés syriens.

Tout ce qui précède signifie que la solution de la question des réfugiés va priver ces responsables de leur argumentation politique et de leurs avantages matériels. C’est pourquoi ils restent accrochés bec et ongles au dossier des réfugiés, car la résolution de cette question plus la défaite des terroristes sur le terrain signifient l’effondrement des piliers du plan ourdi contre la Syrie. Ce qui explique que vous entendez encore, de temps à autre, les déclarations extrêmement odieuses de responsables américains, européens ou d’autres États souteneurs du terrorisme s’opposant ouvertement au retour des réfugiés sous des prétextes absurdes et peu convaincants, subordonnés à « la solution politique » ou à des garanties politiques.

À ajouter également la propagande incessante destinée à persuader des réfugiés et des expatriés syriens, établis depuis de nombreuses années à l’étranger, qu’en cas de retour ils seront arrêtés dès leur arrivée. Nombre d’entre eux ont cru à ces rumeurs et n’ont pas osé rentrer en Syrie depuis des années, d’autres ont tenté l’aventure et n’en reviennent pas de ne pas avoir été incarcérés.

Ces mensonges ont commencé à s’estomper, tandis que nous n’avons pas cédé à la réalité qu’ils ont tenté d’imposer. En effet, l’année dernière nous avons réussi à rapatrier des dizaines de milliers de réfugiés après avoir sécurisé leurs régions. Naturellement, nous ne pouvons pas permettre aux sponsors du terrorisme de transformer leurs souffrances en une carte politique exploitée pour leur propre bénéfice. Si les réfugiés syriens sont pour eux de simples chiffres, ils sont à nos yeux une famille retrouvée et une dignité restaurée dans une histoire humaine. Par conséquent, le succès de vos missions consistant à garantir une infrastructure qui permettrait la reprise de leur vie encouragera nombre d’entre eux à revenir en Syrie.

Une fois de plus, j’appelle tous ceux qui ont quitté le pays à cause du terrorisme à rentrer pour remplir leurs devoirs nationaux et contribuer à la construction de leur pays. La patrie appartient à tous ses enfants tant qu’ils lui témoignent leur sincère attachement en leur âme, leur esprit et leur cœur, non seulement par leur identité et leur passeport. Elle appartient à celui qui y travaille dans la fidélité, non à celui qui trahit son peuple ; à celui qui la défend contre l’agression, non à celui qui conspire contre elle et la détruit.

La patrie a aujourd’hui besoin de tous ses enfants, car les défis à venir sont grands, à commencer par les soins des âmes malades qu’il faudra délivrer de la haine, de l’ignorance, du défaitisme et nourrir de valeurs, de morale et de concepts patriotes. Tout cela nécessite un dialogue national mature et à grande échelle. Il est vrai que notre conscience nationale a neutralisé la plupart des idées empoisonnées distillées par nos ennemis au cours des différentes phases de la guerre, mais le plan ennemi est toujours actif avec, à chacune de ses étapes, son poison et ses méthodes.

De l’importance du dialogue fédérateur à la nécessité d’une critique objective

Malgré toutes les réalisations militaires et politiques, certains d’entre nous continuent à tomber dans les pièges tendus par l’ennemi afin de diviser la société et nous mener vers une rapide défaite. Ceux-là ne sont pas toujours animés de mauvaises intentions, certaines de leurs idées sont a priori patriotes et d’inspiration locale, tandis que d’autres idées leur sont soufflées via les médias sociaux de l’étranger. C’est pourquoi, j’affirme que le dialogue est nécessaire à condition de distinguer entre les propositions fédératrices et celles menant à des divisions à un moment où nous avons le plus besoin d’unité pour aborder des questions essentielles.

Nous devons nous concentrer sur les points communs fédérateurs au sein de la grande diversité syrienne. Nous devons généraliser la culture de la diversité, synonyme de richesse, plutôt que la culture du rejet de l’autre propagée et exploitée par nos ennemis. Et puisque nous parlons de dialogue, j’aimerais revenir sur les discussions ayant envahi la société à différentes étapes de la crise suffocante vécue ces dernières semaines à cause des pénuries en gaz et plusieurs autres matières premières. Un sujet qui, à mon avis, exige de commencer par discuter des évidences, lesquelles peuvent servir de base à un accord sur la méthodologie du dialogue. Dans le cas de la crise en question :

  • La première de ces évidences est que les plaintes des Syriens sont justifiées par une vraie souffrance endurée par la plupart, dont probablement vous-mêmes. Une souffrance réelle, ni simulée, ni exagérée et dont les effets sont toujours perceptibles.
  • La deuxième évidence est que les critiques entendues sont nécessaires en cas de défaillance ou de négligence, à condition qu’elles soient objectives.
  • La troisième évidence est que le dialogue est ce qu’il y a de plus utile et de plus indispensable à toute société, à condition qu’il soit fondé sur des faits et mène à des solutions.

Dire que le dialogue doit se fonder sur les faits, non sur les émotions, ne signifie évidemment pas que nous devrions empêcher une personne qui souffre d’exprimer ses émotions. Je parle des émotions simulées par des opportunistes qui cherchent à être applaudis, admirés ou « likés » par le plus grand nombre sur les sites de réseaux sociaux. Le dialogue qui repose sur les faits permet justement de trier ceux qui simulent de ceux qui endurent de véritables souffrances. Ce n’est qu’alors que nous ferons la distinction entre le problème interne dont nous souffrons en tant que grande famille syrienne et le problème qui nous est importé de l’étranger.

Je ne suis pas ici pour attaquer les opportunistes et justifier ce qui se passe, l’opportunisme est présent dans toutes les sociétés et les opportunistes flottent à la surface dans toutes les crises et plus la crise s’aggrave, plus ils se manifestent. C’est une évidence. Je ne suis pas ici pour attaquer les ennemis dont le rôle est une autre évidence. Je ne suis pas ici pour attaquer les réseaux sociaux non plus. S’ils créent un chaos, ils ne sont que des outils dont nous déterminons, en tant qu’être humains, l’utilité ou la nuisance. Je ne suis pas ici pour nier la négligence, la corruption, le blocus ou tout autre problème dont nous souffrons effectivement. Je pense que nous sommes tous d’accord sur l’ensemble de ces sujets, mais alors : où est le problème ?

Le problème est qu’il nous arrive de mettre tous ces sujets dans le même panier et de chercher à les traiter en un seul bloc. D’où notre impossibilité à résoudre les effets de causes différentes par des solutions spécifiques. Par ailleurs, nous discutons de nos propres problèmes, mais le dialogue n’est pas nôtre. C’est le dialogue de gens de l’extérieur entrés sur la ligne. Ce qui ne veut pas dire qu’ils nous inventent des problèmes qui n’existent pas. Mais, parfois ils procèdent en dramatisant un petit problème et en minimisant un grand problème pour qu’il demeure non résolu ; d’autrefois, ils nous inventent des problèmes marginaux pour disperser notre attention. Plus grave encore est le cas où ils abordent, avec nous, les vrais problèmes en commençant par en transformer les causes.

C’est ainsi que le problème lié à la corruption devient le résultat de la négligence, tandis que le problème lié à la négligence devient le résultat du blocus, lequel serait le résultat de bien d’autres causes, tandis que le corrompu devient victime. Et c’est ainsi que nous ne voyons plus clair et que nous nous battons contre les moulins à vent. D’où plus de tensions, plus de frustrations qui perdurent et facilitent la circulation de n’importe laquelle de leurs élucubrations parmi nous.

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De la guerre qui n’est toujours pas terminée à ses conséquences

Nous ne devons pas croire que la guerre est terminée comme ce fut le cas l’année dernière. Je le dis aux citoyens ainsi qu’à certains responsables. Par nature, nous aimons parfois fanfaronner en nous comportant comme si nous n’avions pas de problèmes, que la guerre est derrière nous, quand nous ne poussons pas la romance jusqu’à dire que nous sommes victorieux. Or, la guerre n’est pas terminée et nous sommes toujours engagés dans quatre types de guerre :

  • la guerre militaire dont nous constatons les résultats sur le terrain grâce à l’héroïsme de nos forces armées et de tous ceux qui les soutiennent ;
  • la guerre du blocus de plus en plus sévère et dont nous réussissons souvent à dépasser les obstacles ;
  • la guerre de l’Internet et des sites sociaux, un domaine où nos adversaires l’emportent haut la main, le plus souvent à cause de notre imprudence dans le traitement des informations qui nous parviennent ;
  • la guerre des corrompus qui dépend aussi de l’Internet.

Dire cela ne signifie pas que je justifie la négligence. Mais en parler implique de préciser, pour chacun des problèmes évoqués, à quel niveau elle se situe. Ainsi, dans le cas de la récente crise de pénurie du gaz domestique, je dis que la plus grave des négligences est venue du manque de transparence des institutions concernées, d’où l’impossibilité pour les citoyens de formuler des critiques objectives faute d’informations exactes. C’est là une négligence qui a été discutée au Parlement et dont le gouvernement a été saisi. Il n’empêche que le manque de transparence ne justifie pas de croire n’importe quelle information vicieuse, selon le principe : « Si un pervers vous apporte une nouvelle, faites en sorte de ne pas nuire à des gens par inadvertance ».

Et ce, d’autant plus que nous sommes aujourd’hui confrontés à ce qui est qualifié de Guerre de Quatrième Génération ou « Guerre de l’Information » impliquant des populations entières. D’où sur les réseaux sociaux, l’apparition de pages appartenant à de prétendus patriotes supposés tout près de vous, alors qu’elles sont publiées sur des sites localisés à l’étranger. Une fois que ces faussaires ont gagné votre confiance, ils commencent à distiller toutes sortes de rumeurs et d’informations d’ordre sécuritaire. D’ailleurs, nous vivons actuellement dans une période de « rumeurs sécuritaires » : rumeurs d’enlèvements ou d’agressions alors que personne ne porte plainte, rumeurs sur les taux de change ébranlant la confiance du citoyen en son gouvernement, etc. Des rumeurs prises en compte sans vérification aucune même lorsqu’elles concernent la santé de celui qui leur accorde un crédit injustifié.

D’où, à ce stade, une situation qui exige une extrême prudence, car du fait de leur échec via le terrorisme, puis via leurs agents syriens, ils passeront à un troisième plan consistant à créer le chaos au sein de la société syrienne. Un chaos dans lequel plongeront certains pour exhiber leur rhétorique, leur éloquence et leurs critiques au lieu de chercher des solutions. Pour ces gens là, celui qui souffre ne compte pas, alors qu’il ne peut pas s’offrir le luxe de les d’écouter, a besoin de soins et crie pour qu’on l’entende, tout comme le patient rendu chez un médecin n’attend ni sympathie, ni condamnation de sa maladie, mais attend un traitement.

Pour ne pas rester dans la théorie, intéressons-nous aux questions d’ordre pratique :   à quoi sommes-nous effectivement confrontés ? Réponse : il nous faut faire face à la pénurie en certains produits, aux monopoles et aux prix. Ces trois éléments fondamentaux sont liés directement ou indirectement, le principal défi étant d’assurer la fourniture des produits manquants, laquelle pose problèmes à trois niveaux.

En effet, la fourniture des produits importés dépend au premier niveau du blocus, d’où des difficultés d’approvisionnement supérieures à l’acheminement des produits locaux, difficultés que nous arrivons à surmonter dans les deux cas, car rien n’est impossible… En revanche, la bataille du blocus est une bataille en soi, comparable aux batailles militaires. D’ailleurs au cours de ce blocus qui s’est durci ces cinq dernières années, voire plus, nous gagnons souvent et perdons parfois comme dans le cas des batailles militaires, parce que les États ennemis modifient leurs méthodes et que le tout dépend du produit importé et du contexte politique. En tout cas, c’est là une responsabilité qui incombe aux autorités centrales, lesquelles s’acquittent de leur devoir autant que faire se peut en ces circonstances.

Le deuxième niveau concerne la distribution des produits, certains gouvernorats restant complètement ou partiellement démunis. Traditionnellement, les produits locaux ou importés sont directement remis aux différents secteurs d’activité sans poser de problèmes. Mais dans les circonstances actuelles, je pense qu’il faut organiser les distributions en fonction de la consommation, laquelle est fonction du nombre d’habitants, du type d’entreprises industrielles, agricoles ou artisanales, etc. Ce mécanisme évitera les distributions arbitraires et les réclamations injustifiées. Un mécanisme que le ministère du Pétrole a déclaré vouloir adopter il y a quelques jours. Nous espérons qu’il résoudra une partie du problème.

Le troisième niveau concerne le gouvernorat en tant que tel. C’est à ce niveau que fusent toutes sortes de problèmes en rapport avec les affaires, la corruption, les atteintes aux droits d’autrui, les fraudes, etc. Là-dessus, mon opinion s’est forgée bien avant la guerre et elle pourrait vous intéresser en tant qu’administrateurs locaux. En bref, lorsque le nombre de citoyens augmente par millions, il devient impossible de se contenter d’une administration centralisée aussi honnêtes, intègres et géniaux seraient les responsables. C’est à l’administration locale de jouer pleinement son rôle en définissant les normes et les mécanismes, en s’associant avec les acteurs locaux pour régler les problèmes précités ; lesquels problèmes, mis à part les pénuries, ont toujours existé.

Lorsque nous aurons construit un tel système au cœur même de cette société, il sera plus difficile de tricher et de nuire les uns aux autres. Par conséquent, je pense qu’il est du devoir de votre institution de travailler au plus vite à vos propositions, de les transmettre aux différents gouvernorats, puis au ministère de l’Administration locale. Elles seront discutées en Conseil des ministres et vous reviendront sous forme de décrets et, éventuellement, sous forme de lois. C’est de cette façon que nous trouverons de vraies solutions à notre problème actuel qui se résume en termes d’injustice de distribution et de corruption, lesquelles reviennent au même dans ce cas précis.

Abstraction faite des circonstances actuelles de la guerre, tous les problèmes dont nous souffrons viennent du fait que nous disposons de bonnes lois mais manquons de normes et de mécanismes efficaces. Si nous ne réglons pas cette faille, soyez sûrs que les meilleures lois et les meilleurs responsables ne résoudront pas nos problèmes. Nous devons en discuter dans un esprit mature et pratique, afin que nul ne puisse dire que ce peuple héroïque qui a sacrifié ses fils, a combattu sur tous les fronts et a survécu à l’océan de mensonges et de complots, a fini par être noyé sous un peu d’eau.

De ce qui relève de la guerre à ce qui relève de notre responsabilité

Certes, c’est la souffrance qui nous pousse à rechercher des solutions, mais nous ne devons pas trahir la vérité, auquel cas nous trahirions la patrie. Et la vérité est qu’il y a d’une part une guerre, un terrorisme et un blocus ; d’autre part, de mauvais comportements, de l’égoïsme et de la corruption. Par conséquent, nous ne sommes pas responsables d’une partie de ces vérités, mais nous sommes tous responsables partiellement ou totalement de l’autre partie. C’est pourquoi la reconstruction des esprits et la réparation des âmes est le plus grand défi.

Quant à la reconstruction physique, nous l’avons très vite démarrée dans toutes les régions libérées. Chaque fois que l’Armée est entrée dans une de ces régions, elle a été suivie par les institutions étatiques qui se sont chargées de rétablir l’eau, l’électricité, les transports, les infrastructures, répondant du mieux possible aux besoins essentiels des citoyens. Les plans de construction des zones détruites ou irrégulières ont été revus et leur mise a exécution a commencé dans les gouvernorats de Damas, d’Alep et de Homs. À Damas, une partie de l’infrastructure a été mise en œuvre par le secteur public, une autre partie a été prise en charge par le secteur privé.

Mais la vérité est qu’avant la guerre, nos ennemis savaient fort bien qu’ils nous laisseraient une infrastructure détruite, tout comme ils savent aujourd’hui que nous sommes capables de la reconstruire. Le plus difficile pour nous est de reconstruire les structures mentales détruites, un problème qu’il nous faudra saisir avec beaucoup de raison, de sérieux, de sagesse et de créativité. Si nous échouons, ce sera l’occasion pour nos ennemis de revenir attaquer la Syrie à un moment donné et une génération donnée.

Il n’empêche que quand nous avancerons dans le processus de reconstruction et de reconsolidation de nous-mêmes, les événements politiques tourneront en notre faveur même s’ils sont pleins de haine et de complots, car une société solide et un État fort nous permettront de faire respecter nos principes nationaux :

  • l’avenir de la Syrie est exclusivement l’affaire des Syriens ;
  • les conseils et l’aide de ses amis sont les bienvenus ainsi que l’Organisation des Nations Unies tant qu’elle s’appuie sur sa Charte fondée sur la souveraineté des États ;
  • la souveraineté nationale est sacrée et le fait qu’elle ait été violée par des terroristes et des agents de l’étranger à l’intérieur et par une agression étrangère de l’extérieur, ne signifie pas qu’il faille renoncer à son essence fondamentale qui implique une décision indépendante ;
  • ce qui est soulevé au cours des discussions portant sur la Constitution dans le cadre du comité issu du Sommet de Sotchi est de la même veine ; la Constitution est le destin du pays et ne peut faire l’objet de concessions ou de complaisances, la moindre faiblesse dans ce sens pouvant coûter encore plus cher que la guerre.

Une guerre menée par le peuple syrien pour justement défendre son indépendance. Il serait donc absolument illogique qu’une quelconque solution politique passe par l’abandon de cette indépendance. Ce qui implique que nous ne devons pas permettre aux États hostiles d’atteindre, par le biais de leurs agents de nationalité syrienne, n’importe lequel de leurs objectifs en interférant dans la composition ou les mécanismes de travail du Comité constitutionnel, de telle sorte qu’ils leur facilitent l’obtention de ce qu’ils n’ont pu obtenir par la guerre.

Mesdames et Messieurs,

Bien que ledit « processus politique » lancé en 2012, suite à la Conférence de Genève, n’a abouti à rien parce que les États agresseurs persistent dans leur agression et bloquent tout processus sérieux, notamment ceux de Sotchi et d’Astana, il a quand même eu un résultat positif en faisant tomber tous les masques des États souteneurs du terrorisme, qu’ils soient arabes, régionaux ou occidentaux et particulièrement les masques des agents de l’étranger de nationalité syrienne. Désormais le jeu se déroule en pleine lumière, l’exemple le plus évident et le plus odieux est probablement le débat sur la formation du « Comité constitutionnel ».

Un débat qui dure depuis l’Accord de Sotchi [17 septembre 2018 ; NdT] et un comité constitutionnel au sein duquel existe une part partageant le point de vue de l’État syrien sans le représenter. En effet, nous n’avons pas envoyé de représentants, mais nous supposons que le point de vue de l’État représente actuellement le point de vue de la plupart des Syriens ; alors que, comme vous le savez, une autre part de ce comité ne partage pas le point de vue de l’État syrien, mais partage ouvertement celui de l’État turc. Par conséquent, ses membres ne représentent ni la Syrie ni même eux-mêmes et la question est de savoir si les discussions portent sur la Constitution turque ou sur la Constitution syrienne dont les seconds ne connaissent probablement pas grand-chose. L’important est que les choses sont devenues claires et que plus personne ne nie que ce dialogue a lieu entre d’une part, des patriotes ; d’autre part, des agents de l’étranger.

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Du valet de l’Amérique au valet turc et inversement

Car suite à leur échec lors des deux précédentes étapes fondées sur les terroristes et les agents de l’étranger, les ennemis qui continuent à conspirer contre la Syrie sont passés à l’activation de l’agent turc. Comme vous le savez, cela s’est passé en 2018 lorsqu’ils l’ont poussé à diriger ses forces vers le nord et l’est de la Syrie après les événements de la ville d’Afrin. Et maintenant, les menaces concernent le reste des zones nord et est du pays. Il n’empêche qu’en dépit de ses mises en scène, le Frérot Erdogan, qui cherche à se faire passer pour un faiseur d’événements, se fâche, tempête et dernièrement prévient que sa patience s’épuise, n’est en réalité qu’un petit valet chez l’Américain. Je n’ai pas pour habitude de dire des grossièretés. Nous parlons de faits.

D’ailleurs, la « zone de sécurité » sur laquelle travaille actuellement le Turc est la même zone qu’il réclamait depuis le début de la guerre. Bientôt huit ans qu’il réclame ou, plus exactement, supplie l’Américain de l’autoriser à entrer dans la région nord et la région est en Syrie. Mais l’Américain lui répondait quelque chose comme : reste à l’écart, ton tour n’est pas encore arrivé. Pourquoi ? Parce qu’à l’époque, les terroristes s’acquittant convenablement des tâches prévues par les planificateurs, le rôle de la Turquie n’était pas nécessaire. Mais, après la libération d’Alep, les choses ont commencé à changer. Puis, après la libération de Deir ez-Zor et la levée du blocus, les choses sont devenues mauvaises. Et, après la libération de la Ghouta et de la campagne de Damas, de la campagne de Homs, d’une partie de la campagne de Hama, de la région sud en direction de Daraa, la situation est devenue franchement dangereuse. Il ne leur restait plus qu’Idleb et quelques régions où des groupes se battaient en faveur de l’Américain. C’est alors que le rôle du Turc est devenu nécessaire et essentiel pour rebattre les cartes.

En ce qui nous concerne, tous leurs plans n’empêcheront pas que chaque pouce de terre syrienne sera libéré et que tout occupant sera traité tel un ennemi. Ce n’est pas une opinion politique. C’est une évidence nationale qui ne souffre aucun débat. C’est une question réglée.

Notre problème ne réside pas dans leurs plans successifs, mais dans les Syriens qui ont collaboré avec les étrangers, les Occidentaux, les Américains, les Turcs. Notre problème est dans ceux qui ont offert aux Turcs les prétextes de leur ingérence précoce en Syrie.

Si nous remontions les événements, nous nous souviendrions de ces groupes d’individus apparus sous des slogans de liberté, de dignité et de démocratie, lesquels se sont transformés en groupes armés au sein de ladite « armée libre » -l’armée libre terroriste- avant d’allonger leurs barbes et de virer de bord lorsque le Front al-Nosra est né, puis de les allonger encore lorsque Daech est arrivé, pour finir par rejoindre les nouveaux groupes opérant sous les ordres de l’Américain quand il a décidé de prétendre qu’il combattait le terrorisme et que le rôle de Daech devait prendre fin.

Qu’est devenue cette liberté qu’ils n’ont cessé d’évoquer ? Il semble qu’elle ne se loge que dans le giron de l’Américain ou de l’occupant et qu’ils ne se sentent dignes que lorsque leur dignité est piétinée. Il semble aussi que leur démocratie réside dans la libre circulation des forces étrangères sur leur terre, au point que la question devient : comment se fait-il que vous vous comportez comme des lions contre les vôtres et comme de petits chats contre l’occupant étranger ? Nous, nous n’avons pas la réponse. Mais nous savons parfaitement que la majorité des Syriens présents dans les régions occupées sont pour l’État et la patrie, sont des patriotes sous le joug des groupes d’agents de l’étranger.

À ces groupes qui parient sur l’Américain, nous disons qu’il ne vous protégera pas, ni ne vous gardera dans son giron ou en son cœur. Il vous gardera dans sa poche comme monnaie d’échange en dollars, un échange déjà commencé. Si vous ne vous préparez pas à résister et à défendre votre pays, vous ne serez que des esclaves de l’Ottoman. Seul votre pays vous protégera lorsque vous rejoindrez les rangs de l’Armée arabe syrienne et que vous combattrez sous son drapeau. Lorsque nous nous tenons dans un même camp face à un même ennemi et que nous visons dans une même direction au lieu de nous viser les uns les autres, nous n’avons rien à craindre quelle que soit l’importance des menaces. Aujourd’hui, il vous appartient de déterminer ce que l’Histoire impitoyable retiendra de vous en comparaison avec vos frères syriens ; lesquels, dès les premiers jours de la guerre, ont opté pour leur pays, l’ont défendu au prix d’énormes sacrifices, ont sauvegardé sa souveraineté et ont repoussé les terroristes. Aujourd’hui, il vous appartient d’être maître sur votre terre et dans votre pays ou esclave de l’occupant.

Comme vous l’avez sans doute remarqué je n’ai pas nommé ces groupes. Mais, comme d’habitude, dans quelques heures ou quelques jours viendront les déclarations attaquant ce discours, vous saurez alors qui ils sont, vu qu’ils se trahiront eux-mêmes.

De l’hommage aux actes dus aux Défenseurs de la patrie

Mes frères et sœurs,

Les horreurs de la guerre que nous avons vécue, chacun de nous défendant la patrie là où il se trouvait, ont profondément marqué nos âmes et nos cœurs. Seules les victoires de l’Armée sur les champs de bataille pourront en alléger les souffrances. Derrière chaque évènement joyeux que nous vivons se tient une famille qui a perdu un être cher, pour que vivent d’autres familles, ou un blessé qui a perdu une partie de son corps, pour le salut des autres. Envers tous ceux-là, l’État et le peuple ont désormais une obligation morale et nationale de soutien par des actions et non seulement par des paroles. Plusieurs décisions ont été prises afin de leur accorder la priorité dans divers secteurs, tels que l’emploi, le logement, l’enseignement supérieur et les bourses. Des études sont en cours pour d’autres décisions en faveur d’autres priorités dans d’autres secteurs.

Partant du principe de justice qui distingue ceux qui ont rejoint l’armée de ceux qui ont fui leur devoir de défense de la patrie, il nous est impossible de les mettre sur un pied d’égalité, même dans les cas où celui qui ne s’est pas engagé bénéficie d’une dispense légale. Par conséquent, les jeunes qui ont perdu les années les plus importantes de leur vie et ont renoncé à construire leur propre avenir pour répondre à l’appel du devoir seront également prioritaires dans certains secteurs. Là aussi une série de décisions sont déjà en cours d’application.

Nous n’oublions pas nos kidnappés. Nous en avons libérés des centaines en sachant que la joie de la libération des uns ne suffit pas à soulager les familles dont les proches sont encore entre les mains des ravisseurs. Nous ne cesserons de travailler pour les libérer ou connaître leur sort. Nous n’avons jamais négligé ni ne négligerons la moindre occasion de les ramener. Nous ne manquerons pas d’exploiter toutes les occasions et tous les moyens possibles dans ce but.

Mesdames et Messieurs,

Les principales missions confiées à l’administration locale sont prometteuses, mais les défis à venir sont considérables. En effet, si les élections réussies sont l’un des indicateurs du rétablissement, le redressement et la stabilité ne seront atteints qu’après l’élimination du dernier terroriste du dernier pouce de notre territoire libéré. Certes, le terrorisme a détruit nombre de nos infrastructures nationales, mais il n’a pas détruit notre volonté. Et c’est en vous appuyant sur cette volonté populaire, source de soutien pour tout travail institutionnel, que vous réussirez. Obtenir ce soutien et réussir dans votre mission de représentants du citoyen impliquent d’une part, que vous gagniez sa confiance par votre assiduité et votre dévouement ; d’autre part, que vous le convainquiez de l’efficacité de votre institution par votre respect de la Loi, votre lutte contre la corruption et le favoritisme, votre performance dans l’exploitation optimum des ressources humaines et financières dans vos régions afin qu’elle se répercute sur son quotidien, par votre écoute attentive et votre relation amicale.

Une nation forte ne peut se satisfaire d’avoir tenu face à la guerre et de restaurer ce qui a été détruit. Elle se bat, restaure et se développe car ses enfants n’aspirent pas à revenir vers ce qu’elle fut avant la guerre, mais à ce qui la rendrait meilleure que par le passé. Telle est la conséquence naturelle de ce qu’elle a payé de plus cher par le sang de ses blessés et la vie de ses martyrs.

Mesdames et Messieurs,

Je vous souhaite le plein succès de vos considérables missions. J’aurais aimé vous saluer un par un. Je vous prie de transmettre mes salutations à toutes les filles et fils des régions, villes et villages que vous représentez.

Que la paix et la miséricorde de Dieu vous accompagnent.

Dr Bachar al-Assad

Président de la République arabe syrienne

Transcription et traduction par Mouna Alno-Nakhal

dimanche, 24 février 2019

Le paradigme civilisationnel et ethnologique dans la géopolitique

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Le paradigme civilisationnel et ethnologique dans la géopolitique

Geopolitics

Euro Continentalism

Source: http://www.katehon.com

Les sources du paradigme civilisationnel incluent deux groupes d’auteurs. Conventionnellement, ils peuvent être appelés philosophes sociaux et géopoliticiens.

Le premier groupe inclut les travaux de N.Y. Danilevsky, O. Spengler, et A. Toynbee. C’est surtout la compréhension sociale et philosophique du phénomène de la civilisation représente qui est l’objet de leur travail.

Le second groupe est formé de K. Haushofer et C. Schmitt. L’auteur S. Huntington peut aussi être ajouté à ce groupe. Ces auteurs ont davantage considéré la situation sous l’angle  géopolitique.

Pour décrire la civilisation comme l’un des acteurs de la politique mondiale, les auteurs se réfèrent aux catégories suivantes : géo-civilisation, civilisation-Etat, et Etat-civilisation.

Par civilisation nous désignons un complexe d’organisations socioculturelles à plusieurs niveaux, fondé sur la base de certaines valeurs et occupant un territoire géographique particulier. Par civilisation-Etat nous désignons le phénomène par lequel les frontières politiques et socioculturelles coïncident. L’Inde et la Chine sont des exemples de tels civilisations-Etats. La géo-civilisation est un sujet de la politique mondiale. L’Etat-civilisation  est une entité cherchant à devenir, sous forme d’un Empire, une alternative à l’Etat-nation moderne. Ici nous préférons utiliser la catégorie d’« Etat-civilisation » plutôt que celle de « géo-civilisation ». Cette catégorie est plus générale et se focalise sur l’embryon d’un nouvel Etat, différent de l’Etat-nation.

La disponibilité de la civilisation en tant que telle est l’une des conditions préalables les plus importantes pour la formation de l’Etat-civilisation.

Si nous regardons parmi les chercheurs russes, nous avons quatre approches principales dans l’analyse de la civilisation dans la géopolitique.

Alexander-Dugindedddd.png- L’approche évaluative (A. Dugin, S. Kiselyov, L. Ivashov). Ses représentants adoptent la base du système évaluatif. Cette approche est la plus commune. Cette position est typique d’A. Dugin. Pour lui, la civilisation est une vaste et stable région géographique et culturelle, unie par des valeurs spirituelles, des attitudes stylistiques et psychologiques et une expérience historique communes. La plupart de ces régions coïncident avec les frontières de la diffusion des grandes religions mondiales. La structure de la civilisation peut inclure plusieurs Etats, mais il y a des cas où les frontières des civilisations traversent des Etats particuliers, les divisant en plusieurs parties [1].

- L’approche « ethnologique » (V. Tsymbursky). Pour V. Tsymbursky, une civilisation est un  groupe de nations contrôlées par l’Etat avec une région géographique suffisamment soulignée dans le scénario mondial. Au sommet de cela, elles fondent leur géopolitique sur la verticalité, religion ou idéologie [2]. La géopolitique civilisationnelle de V. Tsymbursky considère en premier lieu la relation entre le noyau et les peuples de la périphérie.

- L’approche « culturelle-géographique » (S. Khatuntsev). La formation des civilisations survient généralement sur un critère territorial. D’après S.V. Khatuntsev, les religions viennent et passent, alors que les espaces demeurent. Il considère la civilisation comme une communauté géoculturelle, qui émerge et opère parmi plusieurs « individus géographiques » existant sur notre planète – des « espaces de développement ». Avec cette théorie, S. Khatuntsev et V. Tsymbursky ne sont pas opposés au rôle de la religion dans la vie de la  civilisation. Cette théorie critique simplement la thèse de son rôle définissant [3].

- L’approche « universaliste » (A. S. Panarin). Le représentant le plus important de cette approche est A.S. Panarin. Dans ses derniers travaux il tenta d’apporter une compréhension différente de la civilisation. Ce ne serait pas un type culturel-historique séparé, opposé aux autres mondes, mais quelque chose de mondial [4]. Malheureusement, A.S. Panarin n’étudie pas en détail le traitement de la civilisation, puisqu’il n’eut pas le temps de développer cette théorie. La vraie civilisation, selon cette logique, doit avoir un caractère non pas local mais mondial, offrant un concept universel pour une autre civilisation.

Gumiliev est souvent considéré comme le représentant le plus important de l’approche civilisationnelle. Son importante contribution au développement de ce paradigme est bien connue, ainsi que son rôle dans le développement de la stratégie civilisationnelle russe. Son nom figure même dans les livres de géopolitique.

En effet, il y a des éléments communs entre les idées de L. Gumilev et le paradigme civilisationnel.

Les groupes ethniques, selon L. Gumilev, diffèrent par leur auto-identification collective. Leur fonctionnement est associé à un paysage particulier, au-delà duquel ils ne tentent pas d’aller. Gumilev créa le concept de « super-ethnos ». Il le définit comme l’union de plusieurs nations, basée sur une conscience commune et une parenté spirituelle. Ce concept ressemble à une civilisation.

Les structures de l’ethnos et de la civilisation sont assez similaires. Nous pouvons distinguer sub-ethnos, ethnicité et super-ethnos. Ensuite, la civilisation et ses sub-civilisations constituantes. Plusieurs civilisations constituent la plus grande unité de civilisation : la méga-civilisation, caractérisée par une même origine.

Les groupes ethniques, comme les civilisations, passent par certains stades de développement, vivant à peu près le même temps de vie (mais pas toujours), environ 1.500 ans. La description par L. Gumilev de la dynamique ethnique coïncide avec les observations des représentants du paradigme civilisationnel en géopolitique et en philosophie sociale.

Mais en tous cas, L. Gumilev était le représentant de l’approche ethnologique, et voyait l’histoire à travers le prisme de l’ethnos, et non de l’interaction entre les civilisations. Je dois dire qu’il critiqua aussi l’idée des représentants de l’approche civilisationnelle, représentée par O. Spengler et A. Toynbee.

gumilevdddd.jpgGumilev comprend l’ethnicité comme un groupe humain stable, naturellement formé, s’opposant à tous les autres groupes similaires, qui est déterminé par un sens de la complémentarité, et un genre différent de comportement stéréotypé, qui change régulièrement dans le temps historique [5].

Donc, nous parlons d’un groupe, d’une communauté, plutôt que d’une organisation socioculturelle complexe, qui caractérise une civilisation. Analysant les processus globaux, L. Gumilev préfère utiliser la catégorie de « groupe ethnique » plutôt que de « civilisation ». L’ethnicité vit dans l’obéissance, en règle générale, aux rythmes biologiques, et la civilisation vit en obéissant à des lois spirituelles. L’ethnicité est le résultat de l’impulsion passionnée associée à l’impact du cosmos. Elle s’affaiblit ensuite à cause du vieillissement biologique.

Les facteurs de formation civilisationnelle sont divers. Ils peuvent être divisés en facteurs externes et internes. La mort d’une civilisation survient aussi pour des raisons différentes :

  • - pression extérieure, désastres naturels,
    ·- crise spirituelle,
    ·- troubles internes,
    ·- « burn-out ».

La mort d’une civilisation est souvent une conséquence d’un éloignement vis-à-vis de ses valeurs spirituelles. Bien sûr, dans la description de L. Gumilev, même l’ethnos peut s’éloigner de ses propres idéaux, ou les remplacer par des choses plus matérielles. Cependant, ceci est le résultat du vieillissement biologique.

La civilisation peut être identifiée à la société, mais en ce qui concerne l’ethnicité, L. Gumilev distingue le concept d’« ethnicité » et de « société ». Nous avons déjà parlé des communautés sociales. Nous pouvons ajouter que les sociologues contemporains traitent de deux types principaux de communautés sociales : ethniques et territoriales. Les dernières peuvent être attribuées à une civilisation, bien que se référant en général à une communauté territoriale : ville, village, région, macro-région. Mais même si une civilisation est identifiée comme un type, elle demeure cependant un système différent de l’ethnos. Les groupes ethniques en tant que tels sont maintenant les acteurs des relations internationales en tant que sujets indépendants, en même temps que des civilisations différentes, étant même mieux reconnus que ces dernières.

Concernant les civilisations, des discussions sont en cours dans le domaine de la recherche scientifique. Il existe une position selon laquelle le phénomène de la civilisation est plus évaluatif que réel. A notre époque, il y a souvent des discours sur la « civilisation humaine ». Sous ce critère on désigne en réalité la civilisation occidentale, qui tend à imposer aux autres cultures son propre système de valeurs. Le « reste » doit s’adapter à la zone euro-atlantique, empruntant tout ce qui est nécessaire au « progrès ». Un des auteurs abordant le sujet est A. Janov. Il écrit que même dans un cauchemar, Aristote n’aurait pas pu considérer la Perse barbare comme une civilisation et la mettre à égalité avec la démocratique Athènes, et même lui accorder une certaine supériorité sur la Grèce [6]. Il ne considère comme civilisés que les « peuples libres » (c’est-à-dire l’Occident).

Il faudrait ajouter que des groupes ethniques peuvent se remplacer l’un l’autre, mais que la civilisation survivra quand même. Un exemple frappant est la Chine. Sa culture existe depuis des siècles et des millénaires, alors que sa composition ethnique a changé. On pourrait dire la même chose de la civilisation indienne. La disparition de certains groupes ethniques peut conduire à la désintégration d’un super-ethnos, mais pas à la disparition d’une civilisation. Plusieurs peuples peuvent se transformer en une civilisation, la rendant diverse. Des groupes ethniques agissent aussi comme agents de civilisation, mais pas ceux qui demeurent isolés.

En résumé, notons quelques points. Il est clair que L. Gumilev a largement contribué aux études géopolitiques. Il a eu un impact important sur les principaux représentants de notre paradigme civilisationnel. Ses conclusions, des observations de la vie des groupes ethniques, coïncident souvent avec les estimations des partisans de l’approche civilisationnelle habituelle.

Les représentants de l’approche civilisationnelle peuvent s’appuyer sur ses idées d’interactions entre les civilisations. Rappelons la fameuse thèse de L. Gumilev. Il faut rechercher des amis – c’est la principale valeur dans la vie –, et non rechercher des ennemis, que nous avons déjà trouvés. Cette approche est acceptable pour un paradigme civilisationnel, ainsi que pour les partisans de l’idée de dialogue entre civilisations. Un important avertissement fut émis par L. Gumilev concernant l’approche civilisationnelle et l’adoption d’une culture étrangère. Le scientifique, ainsi que les représentants de l’approche civilisationnelle, ont mis en garde contre le danger de se séparer de ses racines culturelles. Dans ce cas, un peuple perdra son identité, sans en gagner une autre. En relation avec ce dernier cas, Gumilev parle de la dégradation spirituelle de la société, formant une couche de consommateurs, et il les appelle des « sub-passionnarités ».

Les concepts forgés par Gumilev présentent un grand intérêt, comme l’« antisystème », la « chimère » (une combinaison de choses incompatibles), les « super-ethnos » et d’autres. L’approche ethnique aide à expliquer certains des facteurs de formation et de déclin des civilisations. De même, avec l’aide de ce paradigme nous pouvons mieux assimiler la structure d’une civilisation.

Cependant, si L. Gumilev est un représentant du paradigme ethnologique en géopolitique, son approche est plus proche de l’approche civilisationnelle, mais néanmoins complètement différente et utilisant sa propre technique d’analyse.

D’une manière générale, les idées de L. Gumilev, ainsi que celles des représentants de l’approche civilisationnelle, aident à mieux comprendre l’essence des processus géopolitiques.

Références :

  1. 1. Dugin A.G. The theory of a multipolar world. M., 2012. P. 464-465.
    2. Tsymbursky V.L. Conjuncture of the Earth and Time. Geopolitical and chronopolitic intellectual inquiry. M., 2011.P. 56.
    3. Khatuntsev S.V. On the question of Huntington. URL: http://www.apn-nn.ru/539683.html (the date of circulation: 28. 05.2015).
    4. Panarin A.S. Orthodox civilization in a global world. M., 2003. S. 210.
    5. Gumilev L.N. Ethnosphere: history of people and the history of nature, M., 1993. URL: http://gumilevica.kulichki.net/MVA/mva09.htm (the date of circulation: 28.05.2015).
    6. Yanov A.L. How on earth civilizations? // Russia in Global Affairs. 2006. № 5. URL: http://globalaffairs.ru/number/n_7415 (the date of circulation: 13.08.2013).

jeudi, 21 février 2019

The Man Who Warned of America Against the World

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The Man Who Warned of America Against the World

What if the U.S. and UK were opposed by much of Eurasia?

Halford MacKinder foresaw it and we may be heading toward it

 

Here’s a headline that deserves some attention: “Russia to China: Together we can rule the world.” It appeared at Politico EU on February 17, and the author was Bruno Maçães, a former Europe minister for Portugal. Maçães wrote, “In the halls of the Kremlin these days, it’s all about China—and whether or not Moscow can convince Beijing to form an alliance against the West.” (Maçães also wrote a book called The Dawn of Eurasia: On the Trail of the New World Order.)

If Maçães is correct in his reporting, then we’re back to the gloomy world of geopolitician Halford MacKinder—although some would say that we never left it.

Back in 1904, Mackinder, a reader in geography at Oxford, published a paper, “The Geographical Pivot of History.” In it, he warned Britain that the strategic value of its key military asset was waning.

mackinderbook1.jpgThat key asset was the British Navy. For centuries, Britain had mostly relied on naval strength to win wars and maintain the balance of power in continental Europe. During the Seven Years’ War (1756-1763), for instance, the British were undistinguished in ground combat, and yet they won big at sea, using their ships to snap up valuable French possessions in North America, Africa, and India.

Yet in the 20th century, MacKinder argued, new trends were diminishing the power of fleets. As he wrote, “Trans-continental railways are now transmuting the conditions of land power, and now they can have such an effect on the closed heart-land of Euro-Asia.” Mackinder’s point was that the railroad enabled land powers to send armies quickly to far frontiers:

The Russian railways have a clear run of 6,000 miles from Wirballen [Virbalis in present-day Lithuania] in the west to Vladivostok in the east. The Russian army in Manchuria is as significant evidence of mobile land-power as the British army in South Africa was of sea-power.

This recent extension of armies on land was ushering in the possibility of an all-powerful “pivot state,” which, according to Mackinder, could lead to “the oversetting of the balance of power in favour of the pivot state, resulting in its expansion over the marginal lands of Euro-Asia.”

This new kind of geopolitical muscle on the Eurasian landmass, he continued, “would permit the use of vast continental resources for fleet-building, and the empire of the world would be in sight” (emphasis added). In other words, a powerful pivot state in Eurasia would threaten Britain’s navy, and thus Britain itself.

Specifically, Mackinder suggested that Germany and Russia might unite—most likely by conquest—at least part of the Eurasian “world-island.” Or perhaps Japan and China might similarly be joined. Either scenario, Mackinder warned, would be a “peril to the world’s freedom.”

We might add that so far as Mackinder was concerned, a peril to Britain was also a peril to the United States. In Mackinder’s geopolitical reckoning, the two nations were part of the planet’s “outer crescent,” and as such were both less powerful than a united Eurasia—were that ever to happen.

Interestingly enough, at about the same time as Mackinder’s bleak assessment, Sergei Witte, a top minister to Russia’s Czar Nicholas II, was trying to make exactly that scenario come true.

As Witte recorded in his 1915 memoir, he proposed a Eurasian alliance to Germany’s Kaiser Wilhelm II. As he said to the Kaiser, “Your majesty, picture a Europe that does not waste most of its blood and treasure on competition between individual countries.” That is, the Kaiser might envision a land mass “which is…one body politic, one large empire.” He added:

To achieve this ideal we must seek to create a solid union of Russia, Germany, and France. Once these countries are firmly united, all the States of the European continent will, no doubt, join the central alliance and thus form an all-embracing continental confederation.

Witte records that the Kaiser liked the idea, especially since it specifically excluded Britain. Of course, nothing ever came of the suggestion, and in fact, just a decade later, Germany was at war with Russia, France, and Britain.

Yet the dream of a large alliance endured. In the 1920s, an Austrian, Richard von Coudenhove-Kalergi, published a book entitled Pan-Europa, which snowballed into a social movement aimed at uniting the continent. Obviously this effort didn’t get very far, although in subsequent decades, others, too, sought to unify Europe, by means of both war and peace.

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So what are we to make of Mackinder’s vision today? In the century since his paper, many power variables have changed. For instance, railroads are not as critically important as they once were.

To Mackinder in 1904, a Eurasian land power would have had the advantage of being able to move its forces around by rail, benefiting from interior lines of communication. By contrast, a sea power would need to transport its forces offshore, along the coast of the world-island, a far slower process. That was a good argument at the time, yet post-Mackinder innovations such as the airplane have changed the nature of both combat and transport. And long-range missiles moot distance altogether.

However, there’s still the basic reality that Russia is a great power. And nowadays, of course, China is a far greater power. So if those two countries were ever to form an alliance, they would pose a huge threat to the West—which is exactly the point that Maçães is making.

Of course, it’s far from obvious that Russia and China are destined to be allies. After all, the normal pattern of geopolitics is that adjacent countries are foes, not friends, and Russia and China have been feuding over Siberia, Mongolia, and Central Asia, on and off, for centuries. Yes, it’s true that during Mao’s early years in power, China and Russia were seemingly joined together, but that red fraternalism didn’t last long. The two states fought a series of border skirmishes for six months in 1969.

That’s why Richard Nixon’s opening to China in 1972 was so important: it turned the Sino-Soviet split into a tacit Sino-American alliance. Indeed, it’s easy to argue that Nixon’s diplomacy was the turning point in the Cold War, dooming the Russians to defeat.

So we can see, the U.S., being what Mackinder would call an outer-crescent state, benefits when Eurasia is divided.

Unfortunately, subsequent American presidents have not been so wise about keeping the Eurasians at odds with each other. In the ’90s, after the Soviet Union collapsed, Bill Clinton, proto-neocon that he was, chose to expand the NATO alliance so it reached all the way to the Russian border. In so doing, the U.S. won the affection of Estonia—and the enmity of Russia. In Mackinderian terms, that wasn’t such a smart swap.

Then, over the next decade, George W. Bush went full neocon. He turned a justifiable invasion of Afghanistan—what should have been a quick punitive mission and nothing more—into a long-term commitment to “nation-building.” And then came the invasion of Iraq, which was neither just nor smart.

As we know, our gains among Afghans and Arabs have been evanescent, if not negative. Yet in the meantime, both Russia and China had been given good reason to believe that Uncle Sam had long-term designs in Asia—Afghanistan borders both China and the former USSR—and that such designs threatened them both.

As a result, a once-modest Chinese initiative, the Shanghai Cooperation Organization (SCO), gained both members and real momentum, as Beijing and Moscow worked jointly together to counter American power in their backyard. The SCO is exactly the sort of Eurasian alliance of Mackinder’s nightmare.

As for the European part of Eurasia, the news from the just-ended Munich Security Conference is a bit ominous. The headline from Bloomberg News reads: “China, Russia Join for Push to Split U.S. From Allies.” Of course, the split may already have occurred: The New York Times quotes one “senior German official” saying, “No one any longer believes that Trump cares about the views or interests of the allies. It’s broken.”

Underscoring that anonymous official’s point, Johann-Dietrich Worner, head of the European Space Agency, went on the record to say that his agency ought to be cooperating more with China.

To be sure, it’s hard to believe that the European Union, Russia, and China could all end up on the same side—and so maybe we should choose to believe that it’s simply not possible. Moreover, another important Eurasian country, India, has yet to make plain its strategic choices. And let’s not forget one of those outer-crescent countries, Japan.

Yet one can’t look at a globe—a globe reminding us of the size of Eurasia, home to two thirds of the world’s population—and not think of Mackinder’s grim geopolitical prognosis.

Nobody ever said that Mackinder was an optimist. And come to think of it, in our time, Maçães doesn’t seem to be one either.

James P. Pinkerton is an author and contributing editor at The American Conservative.  He served as a White House policy aide to both Presidents Ronald Reagan and George H.W. Bush.

The Empire: Now or Never

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The Empire: Now or Never
 
by  

Many people I talk to seem to think American foreign policy has something to do with democracy, human rights, national security, or maybe terrorism or freedom, or niceness, or something. It is a curious belief, Washington being interested in all of them. Other people are simply puzzled, seeing no pattern in America’s international behavior. Really, the explanation is simple.

The reason of course is empire, the desire for which is an ancient and innate part of mankind’s cerebral package. Parthian, Roman, Aztec, Hapsburg, British. It never stops.

When the Soviet Empire collapsed, America appeared poised to establish the first truly world empire. The developed countries were American vassals in effect if not in name, many of them occupied by American troops: Among others, Europe, Canada, Japan, South Korea, Latin America, Saudi Arabia, and Australia. The US had by far the dominant economy and the biggest military, controlled the IMF, NATO, the dollar, SWIFT, and enjoyed technological superiority.. Russia was in chaos, China a distant smudge on the horizon.

Powerful groups in Washington, such as PNAC, began angling towed aggrandizement, but the real lunge came with the attack on Iraq. Current foreign policy openly focuses on dominating the planet. The astonishing thing is that some people don’t notice.

The world runs on oil. Controlling the supply conveys almost absolute power over those countries that do not have their own. (For example, the Japanese would soon be eating each other if their oil were cut off.) Saudi Arabia is an American protectorate,and, having seen what happened to Iraq, knows that it can be conquered in short order if it gets out of line. The U. S. Navy could easily block tanker traffic from Hormuz to any or all countries.

A major purpose of the destruction of Iraq was to get control of its oil and put American forces on the border of Iran, another oil power. The current attempt to starve the Iranians aims at installing a American puppet government. The ongoing coup in Venezuela seeks control of another vast oil reserve. It will also serve to intimidate the rest of Latin America by showing what can happen to any country that defies Washington. Why are American troops in Nigeria? Guess what Nigeria has.

Note that Iraq and Iran, in addition to their oil, are geostrategically vital to a world empire. Further, the immensely powerful Jewish presence in the US supports the Mid-East wars for its own purposes. So, of course, does the arms industry. All God’s chillun love the Empire.

For the Greater Empire to prevail, Russia and China, the latter a surprise contender, must be neutralized. Thus the campaign to crush Russia by economic sanctions. At the same time Washington pushes NATO, its sepoy militia, ever eastward, wants to station US forces in Poland, plans a Space Command whose only purpose is to intimidate or bankrupt Russia, drops out of the INF Treaty for the same reasons, and seeks to prevent commercial relations between Russia and the European vassals (e.g., Nordstream II).

China of course is the key obstacle to expanding the Empire. Ergo the trade war. America has to stop China’s economic and technological progress, and stop it now, as it will not get another chance.

The present moment is an Imperial crunch point. America cannot compete with China commercially or, increasingly, in technology. Washington knows it. Beijing’s advantages are too great: A huge and growing domestic market, a far larger population of very bright people, a for-profit economy that allows heavy investment both internally and abroad, a stable government that can plan well into the future.

America? It’s power is more fragile than it may seem. The United States once dominated economically by making better products at better prices, ran a large trade surplus, and barely had competitors. Today it has deindustrialized, runs a trade deficit with almost everybody, carries an astronomical and uncontrolled national debt, and makes few things that the world can’t get elsewhere, often at lower cost.

Increasingly America’s commercial power is as a consumer, not a producer. Washington tells other countries, “If you don’t do as we say, we won’t buy your stuff.” The indispensable country is an indispensable market. With few and diminishing (though important) exceptions, if it stopped selling things to China, China would barely notice, but if it stopped buying, the Chinese economy would wither. Tariffs, note, are just a way of not buying China’s stuff.

Since the profligate American market is vital to other countries, they often do as ordered. But Asian markets grow. So do Asian industries.

As America’s competitiveness declines, Washington resorts to strong-arm tactics. It has no choice. A prime example is the 5G internet, a Very Big Deal, in which Huawei holds the lead. Unable to provide a better product at a better price, Washington forbids the vassals to deal with Huawei–on pain of not buying their stuff. In what appears to be desperation, the Exceptional Nation has actually made a servile Canada arrest the daughter of Huawei’s founder.

The tide runs against the Empire. A couple of decades ago, the idea that China could compete technologically with America would have seemed preposterous. Today China advances at startling speed. It is neck and neck with the US in supercomputers, launches moonlanders, leads in 5G internet, does leading work in genetics, designs world-class chipsets (e.g., the Kirin 980 and 920) and smartphones. Another decade or two of this and America will be at the trailing edge.

The American decline is largely self-inflicted. The US chooses its government by popularity contests among provincial lawyers rather than by competence. American education deteriorates under assault by social-justice faddists. Washington spends on the military instead of infrastructure and the economy. It is politically chaotic, its policies changing with every new administration.

The first rule of empire is, “Don’t let your enemies unite.” Instead, Washington has pushed Russia, China, and Iran into a coalition against the Empire. It might have been brighter to have integrated Iran tightly into the Euro-American econosphere, but Israel would not have let America do this. The same approach would have worked with Russia, racially closer to Europe than China and acutely aware of having vast empty Siberia bordering an overpopulated China. By imposing sanctions of adversaries and allies alike, Washington promotes dedollarization and recognition that America is not an ally but a master.

It is now or never. If America’s great but declining power does not subjugate the rest of the world quickly, the rising powers of Asia will swamp it. Even India grows. Either sanctions subdue the world, or Washington starts a world war. Or America becomes just another country.

To paraphrase a great political thinker, “It’s the Empire, Stupid.”

(Republished from Fred on Everything by permission of author or representative)

mardi, 19 février 2019

D'une conférence à l'autre, la guerre américaine en Europe

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D'une conférence à l'autre, la guerre américaine en Europe

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Lors de la récente conférence de Varsovie organisée par Washington avec les bons services de la Pologne,  les Américains avaient tenté de former un front uni pour « Promouvoir la Paix et la sécurité au Moyen Orient ».

En fait il s'agissait de définir les modalités d'une véritable guerre contre l'Iran, que Donald Trump s'est promis de détruire. La conférence fut un échec. A part Israël et les monarchies arabes du pétro-dollar, aucun des Etats Européens ne s'y firent représenter, sauf par des fonctionnaires sans pouvoir, non plus que Federica Mogherini qui dirige le service diplomatique de l'UE.

L'objectif en était de démontrer que l'Iran veut mettre en place un « corridor d'influence » entre l'Irak, la Syrie et le Liban, que le vice-président américain Mike Pence a décrit comme un « corridor de soutien au terrorisme ». Il s'agissait dans un premier temps d'exiger des Européens qu'ils se retirent de l'accord de 2015 avec l'Iran entérinant le fait que celle-ci avait renoncé à l'arme nucléaire, ce qu'ils refusent de faire. Mais il s'agissait aussi d'obliger les Européens à imposer à Téhéran un blocus complet, ce qui aurait été un véritable acte de guerre.

Les Européens s'y refusent, malgré les « sanctions » américaines visant leurs entreprises opérant en Iran. On notera qu'en fait de terrorisme, c'est l'Iran qui en est pour le moment la victime, puisqu'un attentat non revendiqué à la bombe avait fait pendant la conférence de Varsovie 27 morts parmi des militaires iraniens appartenant à la Garde Révolutionnaire iranienne.

55e Conférence de Munich sur la Sécurité

Mais Washington malgré cet échec diplomatique ne renonce pas. Lors de la 55e Conférence de Munich sur la Sécurité, qui a toujours été conçue par les Etats-Unis comme une préparation à la guerre contre Moscou et qui s'est ouverte le 15 février, le Munich Security Report 2019, désormais disponible, largement inspiré par le Pentagone, n'a rien de rassurant. Il présente comme inévitable une guerre entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine, qui nécessairement dégénérait en conflit nucléaire. Il n'aborde en rien la question de savoir comment éviter cette guerre, mais comment s'y préparer et les mesures à prendre pour en limiter les dégâts.

Le président allemand de la conférence, Wolfgang Ischinger, est un diplomate, ancien ambassadeur d'Allemagne à Washington. Il a toujours été très proche des Etats-Unis. Il vient de déclarer en introduction qu'un nouvelle ère de compétition entre Grandes Puissances, Etats-Unis, Chine et Russie s'était désormais ouverte . Elle était accompagnée d'un vide dans le leadership mondial au niveau de ce qui a été nommé l'ordre libéral international. La suite de ses propos recommande une augmentation de la puissance destinée à intimider les Etats menaçants. Chacun a compris qu'il s'agissait de la puissance militaire.

L'Allemagne, la Grande Bretagne et la France ont décidé récemment d'augmenter leur puissance militaire. Elles n'ont pas précisé la menace contre laquelle elles veulent réagir. Depuis longtemps, Washington souhaite que ces armes prennent le relais des siennes en Europe. Il n'est pas certain que les populations européennes soient prêtes à accepter les destructions et les morts qui résulteraient d'un conflit sur le Continent avec la Russie et la Chine, fut-il non-nucléaire. Manifestement la nouvelle Conférence de Munich sur la Sécurité vise à préparer les esprits européens à l'acceptation d'un tel conflit.

PS. Concernant l'<Allemagne et l'Otan, voir
http://www.spacewar.com/reports/Germany_to_let_NATO_use_i...

vendredi, 15 février 2019

WHAT TO EXPECT FROM THE TALKS BETWEEN PUTIN, ERDOGAN AND ROUHANI?

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WHAT TO EXPECT FROM THE TALKS BETWEEN PUTIN, ERDOGAN AND ROUHANI?

 
 
Ex: http://www.katehon.com

Vladimir Putin, Hassan Rouhani and Recep Erdogan рфмк ф ьууештп in Sochi today. The main issues on the agenda are the withdrawal of US troops from Syria, the situation in Idlib and in the east of the Euphrates. Each of the three players - Russia, Turkey and Iran - has controversial issues. Are the participants of the "Astana trio" ready for a compromise?

Three powers are returning from where they started last fall. The last meeting of Vladimir Putin, Hassan Rouhani and Recep Erdogan, held on September 7 in Tehran, not only did not lead to the result, but resulted in a skirmish. Rouhani’s desire to launch a military operation against the last stronghold of the Syrian opposition in the province of Idlib, which Putin supported, angered Erdogan. By mistake, the host of the summit of the Iranian side, this part of the broadcast was in free access, and the differences between Iran and Russia with Turkey appeared in full glory.

New Variables

Since then, some variables have changed. Ten days later, Putin separately with Erdogan, without Rouhani, in Sochi agreed to create a demilitarization zone in Idlib 20 km wide. In fact, Putin decided to restrain the “hawkish” ambitions of Iran, which intends to force Bashar Assad to return the entire territory of Syria, and take a pause so as not to ruin the alliance with Turkey. According to the Sochi deal, Ankara needed to take care of the withdrawal of all heavy weapons and terrorists from the demilitarization zone. However, Turkey has not yet managed its task. Moreover, the terrorists from Hayat Tahrir al-Sham intensified in the provinces and killed the pro-Turkish groups of the National Liberation Front and Hurras ad-Din. Terrorists control, according to various sources, from 65 to 80 percent of the territory of Idlib. This state of affairs is increasingly convincing Moscow that it is necessary to deal with the terrorists themselves, without Turkey - what the Iranians are proposing.

The second event that makes adjustments to tomorrow's meeting is the fact that the United States has announced its departure from Syria. The forces of the Kurdish National Self-Defense Forces (YPG) located behind the Euphrates fear that after the withdrawal of the US troops, Turkey will go on the offensive. Erdogan almost daily repeats that today, not so, tomorrow Turkish special forces will enter Manbij. In addition, Ankara plans to create a “security zone” beyond the euphrates 30 km wide. Concerned about the growing risk of a Turkish offensive, the Kurds began negotiations with Damascus. In December, they agreed to transfer control over Manbidge to the Syrian army. In the west of the city is already located the Russian police. In parallel, Damascus through Moscow is trying to establish contact with Arab tribes in Rakka and Manbij. Just as in Idlib, outside the Euphrates, the positions of Iran and Russia coincide and consist in the transfer of these regions to Assad. Turkey intends to independently deal with the YPG in north-eastern Syria, and then, under its strict supervision, transfer this territory to the Arab opposition. Moscow and Tehran see this as an attempt to occupy the Syrian land by Ankara.

Differences between Russia and Iran

Despite the coincidence of the positions of the “hawk” of Iran and “moderate” Russia, there are even problems between them. After the latest rocket attacks on Israel in Syria, under which pro-Iranian militia were killed, Iran began to accuse Russia of having C-400 and C-300 in the region, allowing Israel to bomb the Iranians and allegedly give the IDF their coordinates. Tehran is also annoyed by Moscow’s attempts to bring Arab countries into the Syrian settlement - Saudi Arabia, the UAE, Bahrain, Qatar and Egypt. The latter have already begun to recognize Bashar al-Assad as the legal representative of Syria and may participate in the restoration of the state destroyed by the war.

Contrary to Russia's dissatisfaction with the “mess” in Idlib, which Turkey is not able to cope with, and the desire of Ankara to expand its influence in Syria, the alliance with Erdogan at this stage also has its advantages. It allows Moscow to balance the strengthening of Iranian influence in Syria, which in the future could be dangerous for Russia itself. Secondly, playing the "Turkish card" is useful in order to work together to speed up the withdrawal of the United States. Despite statements by pressure from militarists from the Pentagon John Bolton, Israel and France, Trump slowed down the evacuation of troops. The existence of disagreements between the United States and Turkey and joint Russian-Turkish projects (Akkuyu NPP, sales of C-400, Turkish Stream) still justify imitating Putin-Erdogan allied relations.

"Weak link" and a possible compromise

Turkey will not give up trying to take Manbij. Erdogan still believes that Assad should withdraw from this area, and Iran and Russia should not oppose this. The Turks will try in every way to convince Iran to give up Assad’s control over Manbij. There are contradictions between Russia and Iran over Israel. Iranians continue to insist that they should be close to Damascus, the Golan Heights and the territories bordering Israel. Russia does not agree with this, because it has its own agreements with Israel.

The biggest problem in the tripartite contradictions lies in the position of the United States and the West, which do not abandon attempts to split the “Astana format”.

Apparently, for tomorrow's meeting, Putin, Erdogan and Rouhani will come with rather big baggage of contradictions. Russia has always played the role of mediator in this trio. Probably, Putin will be able to find a “middle ground” for Erdogan and Rouhani. How exactly it will look, we learn after tomorrow’s talks. Perhaps Russia will give Turkey one more, but the last postponement in creating a demilitarization zone. This “respite” will not only turn away from Idlib a military operation that threatens Turkey with a refugee crisis, but will give the Kurds time to swear allegiance to Assad, until Erdogan turned to decisive action.

mardi, 12 février 2019

The Costs of Misunderstanding Iranian Foreign Policy

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The Costs of Misunderstanding Iranian Foreign Policy

This is because, contrary to what many believe, Iran’s foreign policy today is largely shaped by its threat perceptions and interests—not ideology.

Because the contours of Iran’s foreign policy appear to be drawn primarily by security considerations, including deterrence and power projection, the United States isn’t likely to fundamentally change the country’s behavior.

American policymakers have several blind spots when it comes to understanding the behavior of other governments, especially when they consider them to be adversaries. The worst of these is the tendency to ascribe profound ideological motives to a regime’s leadership when they are usually concerned much more with self-preservation and protecting their national interests as they understand them. During the Cold War, many anticommunists imagined that the Soviets were much more bent on pursuing a revolutionary foreign policy than they actually were. Those who understood that Soviet foreign policy had a great deal of continuity with the policy of pre-revolutionary Russia were more likely to make sense of what the Soviets were likely to do and why they were doing it. Interpretations of other states’ behavior that reduce everything to the official ideology of that state are always going to miss the mark because the real reasons for their conduct are to be found elsewhere.

Prior to the negotiation of the nuclear deal, Americans were regularly treated to nonsensical “analysis” that portrayed Iran as a fanatical government prepared to commit national suicide in pursuit of its goals abroad. This “martyr-state” myth has thankfully been thoroughly debunked and discredited by events, but the fact that it flourished at all shows how determined many American policymakers and pundits are to perceive their adversaries as irrational, inflexible maniacs that cannot be deterred or reasoned with.

Iran hawks in the Trump administration still insist on describing Iran’s policies in terms of exporting revolution. Pompeo said as much in his widely-panned article for Foreign Affairs from last year:

The regime’s revolutionary mindset has motivated its actions ever since—in fact, soon after its founding, the IRGC created the Quds Force, its elite special forces unit, and tasked it with exporting the revolution abroad. Ever since, regime officials have subordinated all other domestic and international responsibilities, including their obligations to the Iranian people, to fulfilling the revolution.

As Tabatabai explains, this is a dated interpretation that ignores the changes in Iran and its government over the last four decades:

But a closer assessment of the regime’s foreign policy unveils a much more pragmatic Iran, one whose policies are nonetheless shaped by its historical experiences and culture.

The Trump administration can’t or won’t acknowledge the existence of this “much more pragmatic Iran,” because that would be an admission that their own uncompromising hard-line approach is unnecessary and harmful. They need to portray Iran as a destabilizing revolutionary state to make their obsessive hostility to Iran seem more defensible, but it is all based on a faulty understanding of the country and its government. That in turn has led to the administration’s preposterous demands that Iran radically alter its foreign policy, but that won’t ever happen because Iran considers its current policies to be important for their national security and for the survival of the regime. Far from being the self-destructive revolutionaries that Iran hawks want them to be, Iran’s leaders are interested in self-preservation above all else. The U.S. needs to have an Iran policy that takes that into account, or else we will continue to have a failing and bankrupt Iran policy that achieves nothing besides deepening the enmity between our governments.

lundi, 11 février 2019

Moscou-Rome, germe d'un “désordre nouveau”

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Moscou-Rome, germe d'un “désordre nouveau”

Textes PhG

Le président russe Poutine a accepté de se rendre en Italie, durant le premier semestre de l’année, – « avec un vif plaisir », a-t-il dit. On trouve les précisiins nécessaires dans le texte ci-dessous, de Spoutnik-français bien entendu et sur recommandation des officines de bienpensance de l’équipe du suivi orwellien de la communication de la phalange qui nous dirige, ici en France. L’intérêt tout factuel de ce texte est qu’il rend compte de l’intensité considérable des relations officielles, et échanges de visites de responsables politiques, – surtout dans le sens Italie vers la Russie, – ces derniers mois. Mais la visite de Poutine a une réelle importance à cause du contexte de la situation au sein de l’UE, des divisions sur deux fronts souvent curieusement contradictoires entre États-Membres, 1) essentiellement entre deux “modèles” qui s’affrontent (en gros, “modèle globaliste“ contre “modèle populiste”), et 2) accessoirement sur la question des relations avec la Russie.

L’Italie tient un rôle considérable dans cette situation de tensions de désordre et d’affrontement, notamment et surtout dans le fait de sa querelle avec la France. La France, dans le seul ensemble de la direction et des macronistes qui affrontent les GJ, est d’une part l’archétype grossier du “modèle globaliste” ; d’autre part, et pour encore accentuer l’antagonisme, elle est singulièrement dans une période antirussiste à cause des croyances grotesques du président-FakeNews qui effectue un gros travail de causerie-Café du Commerce, et de la nomenklatura d’auto-désinformation qui l’entoure. L’affrontement avec l’Italie est donc particulièrement fécond, et même brutal, les deux Vice-Premiers italiens Salvini-DiMaio maniant la communication sans prendre de gants, mais aussi non sans efficacité (leur brutaité fait partie de leur tactique de communication).

Voici le texte de Spoutnik-français, du 9 février : « Vladimir Poutine a accepté l'invitation à se rendre en Italie et les dates concrètes de cette visite seront fixées d'un commun accord plus tard, a déclaré dans une interview à Sputnik l'ambassadeur de Russie à Rome, Sergueï Razov. “En ce qui concerne la visite du Président russe en Italie, l'invitation a été reçue et acceptée avec plaisir. Les dates précises seront déterminées par canaux diplomatiques et annoncées dans les règles établies”, a-t-il souligné.

» Le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, avait précédemment exprimé l'espoir de pouvoir bientôt recevoir le Président russe dans la capitale italienne. L'ambassadeur d'Italie à Moscou, Pasquale Terracciano, a précisé pour sa part que Vladimir Poutine était attendu à Rome durant la première moitié de cette année. “Je ne voudrais rien anticiper, mais il est évident qu'une telle visite sera un élément clé de nos relations bilatérales”, a fait remarquer Sergueï Razov.

» L'ambassadeur russe en Italie a indiqué que Moscou et Rome maintenaient  un dialogue politique  actif. Ainsi, Giuseppe Conte s'était rendu en visite officielle en Russie en octobre dernier et avait été reçu par Vladimir Poutine et le Premier ministre, Dmitri Medvedev. Plusieurs ministres russes, dont le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, ont également visité l'Italie dernièrement. En novembre, Dmitri Medvedev a assisté à la Conférence sur la Libye à Palerme, la Russie participant de manière constructive à la solution de ce problème international “prioritaire pour nos collègues italiens”, a poursuivi Sergueï Razov.

» ll a rappelé dans ce contexte la récente visite à Moscou de la présidente du Sénat italien, Maria Elisabetta Alberti Casellati, qui a eu des négociations intenses avec son homologue russe, Valentina Matvienko, et le président de la Douma, la chambre basse du parlement russe, Viatcheslav Volodine. “La présidente du Sénat italien s'est vu accorder la possibilité – ce qui n'arrive pas souvent – de prendre la parole à une réunion de la chambre haute du parlement russe.” Une visite du président de la Chambre des députés italienne, Roberto Fico, est prévue pour mars prochain à l'invitation de la direction de la Douma, notamment pour prendre part à une réunion de la ‘Grande commission interparlementaire’, a encore noté Sergueï Razov. “De tels contacts et visites au sommet ne sont pas seulement importants en soi-même, mais aussi parce qu'ils donnent une impulsion appropriée au renforcement des relations sur différents axes et secteurs de la coopération”, a-t-il ajouté pour conclure. »

Cette visite de Poutine en Italie semble s’inscrire dans une longue suite de rencontres, à commencer par la visite du Premier ministre Conte à Moscou à l’automne 2018 comme premier acte de l’Italie du nouveau gouvernement vers la Russie. Mais ce n’est là que l’apparence chronologique. En vérité, la visite de Poutine a une importance considérable, qui tranche sur toutes les rencontres précédentes (même si celles-ci ont évidemment préparé le terrain), essentiellement pour deux raisons :

1) parce que c’est Poutine et qu’il vient en Italie, au cœur de l’Europe, au moment où l’Europe traverse une phase délicate pour sa sécurité avec la sortie des USA du traité FNI dans une atmosphère absolument échevelée d’antirussisme ; et

 2) parce que cette visite s’effectue à un moment crucial de tension et d’affrontement au sein de l’UE et du bloc-BAO entre deux modèles, – le “modèle globaliste” (la France du gang Macron & Cie) et le “modèle populiste” (l’Italie populiste qui n’arrête pas de cogner sur Macron via les GJ, symboliquement si l'on veut).

L’aspect le plus intéressant de cette situation se situe par rapport à deux facteurs contradictoires qui ne devraient faire qu’un en bonne logique politique, –  mais qu’est-ce donc qu’une “bonne logique politique” aujourd’hui ? Ces deux facteurs sont : 1) la politique étrangère absolument antirussiste de Washington D.C. lorsqu’elle est “D.C.-la-folle”, particulièrement dans le contexte de la situation européenne et de l’OTAN ; et 2) les sentiments et la position de Trump par rapport à la politique populiste, notamment dans ses interférences par rapport aux vagues migratoires, point d’autant plus important à mesure que l’on se rapproche des élections présidentielles de 2020.

• L’attaque contre la Russie est le cœur brûlant de la politique d’agression du Système telle qu’elle est activée depuis “D.C.-la-folle”, avec ses neocons, son Russiagate, l’establishment des deux ailes (démocrate et républicaine) du “parti unique” qui est la courroie de transmission des forces de sécurité nationale (CMI dont le Pentagone, services de renseignement, presseSystème, etc.). On sait que c’est un domaine où la position de Trump est confuse, difficile à définir, insaisissable, faite de non-dits et de voltefaces, etc. Certains jugeraient que les Italiens prennent un très grand risque d’isolement, d’autant qu’ils trouveront assez peu de soutien, si pas du tout, à l’OTAN où l’alignement est de rigueur, y compris et chez les plus grands et courageux pays comme la France, dont le président entretient une haine coriace contre l’Italie comparée à une “léproserie nationaliste”.

• D’autre part et au contraire, les Italiens populistes, qui ont surtout bâti leur succès sur une politique rigoureuse face à l’immigration, rencontrent complètement dans ce domaine le sentiment de Trump et son “Mur” mitoyen et mexicain. L’éminent éditorialiste et vénérable tête pensante des paléoconservateurs populistes Patrick Buchanan vient de consacrer un texte à la position politique de Trump, où il dit que ce président (que Buchanan soutient) a trouvé la seule voie pour se faire réélire, qui est une politique anti-migratoire qui a énormément d’échos dans son électorat. L’Italie populiste est le pays européen favori d’un Bannon, qui reste proche de Trump sur ces questions des flux migratoires, et la position anti-UE de Salvini-Di Maio ne peut que plaire à Trump. Dans ce cas, l’Italie n’est pas du tout isolée, y compris dans le champ transatlantique...

• Un cas typique de cette incertitude est celui de la Pologne par rapport à l’Italie. La Pologne ne peut que s’opposer de toutes ses forces et de toute sa haine antirussiste au rapprochement de l’Italie et de la Russie, et dans ce cas le jugement de l’isolement italien est renforcé. Mais retournons le verre à moitié plein et observons le verre à moitié vide : on sait aussi que la Pologne, à cause de sa politique migratoire et son souverainisme, est attaquée au sein de l’UE, qu’elle y est isolée, et qu’elle n’a pas de meilleure alliée que l’Italie, que l’Italie est sa meilleure garante contre un isolement au sein de l’UE...

Encore n’avons-nous évoqué que les cas les plus flagrants des pays les plus importants, dans cette sorte de “désordre nouveau”. Toutes les relations intra-européennes et transatlantiques sont faites de ces contradictions qu’on dissimule depuis des années. La démarche italienne vers la Russie les expose en pleine lumière... Cela laisse à voir, si l’on veut, que “le roi est nu”, ou, dans tous les cas, habillé de bric et de broc jusqu’à faire se demander de quel royaume ce roi est-il le souverain. La Russie et l’Italie détiennent la recette d’un désordre de type nouveau. S’ils sont habiles, les deux pays en useront pour semer la discorde chez l’ennemi, – c'était la stratégie favorite de De Gaulle.

Pourquoi les États-Unis voudraient-ils du pétrole du Venezuela ?

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Pourquoi les États-Unis voudraient-ils du pétrole du Venezuela ?

par Andrew Korybko

Article original de Andrew Korybko, publié le 26 janvier 2019 sur le site Eurasia Future 
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr 

alors qu’ils achètent déjà 41 % de ses exportations totales …

Le discours dominant des médias alternatifs selon lequel Washington veut imposer un régime fantoche pro-américain au Venezuela pour contrôler tout le pétrole du pays n’a pas beaucoup de sens si l’on considère qu’elle achète déjà 41% des exportations totales de la République bolivarienne, ce qui signifie qu’une autre explication plus nuancée doit être donnée pour expliquer ce double raisonnement.

La communauté des médias alternatifs est pleine de commentaires sur la façon dont les États-Unis veulent imposer un régime fantoche au Venezuela afin de contrôler le pétrole du pays, mais cela n’a pas beaucoup de sens car ils achètent  déjà 41% des exportations totales de la République bolivarienne, comme en témoigne le résumé de la réunion de l’Agence de l’information énergétique sur le commerce énergétique entre les deux au 7 janvier 2019. Selon le rapport, les États-Unis sont le premier client du Venezuela, tandis que le Venezuela est le troisième plus gros fournisseur d’importations de pétrole brut des États-Unis, de sorte que Washington obtient déjà tout ce dont il a besoin de Caracas en l’état. Compte tenu de cette dynamique ironique entre les deux adversaires géopolitiques et idéologiques, on pourrait s’attendre à ce que les États-Unis obtiennent un jour l’accès aux ressources des plus grandes réserves pétrolières du monde dans la ceinture de l’Orénoque, ce qui contredit une fois de plus le discours simpliste selon lequel Washington ne mène cette guerre hybride que pour le pétrole.

Néanmoins, la vérité est que le contrôle du pétrole vénézuélien est effectivement l’une des motivations de ce conflit, mais pas de la manière dont il est décrit. En plus d’assurer un contrôle géopolitique total sur le bassin des Caraïbes et d’affronter idéologiquement le socialisme, les États-Unis veulent obtenir une influence prédominante sur le Venezuela afin de l’intégrer dans une structure parallèle de type OPEP pour contester l’arrangement conjoint OPEP+ russo-saoudien selon les prévisions de l’auteur fin 2016 concernant la formation du cartel North American-South American Petroleum Exporting Countries (NASAPEC). Cette entité fonctionnerait comme la composante énergétique de la « forteresse américaine » et pourrait exercer une forte pression à long terme sur le marché pétrolier international aux dépens de la Russie et de l’Arabie saoudite. Si l’on ajoute à cela les plans d’investissement conjoints des États-Unis et du Qatar dans le GNL, il est clair que les États-Unis sont en train de faire un jeu de puissance mondial pour le contrôle de l’industrie mondiale de l’énergie, ce qui pourrait avoir des conséquences très négatives pour la Russie.

La grande puissance multipolaire eurasienne compte sur ses exportations d’énergie pour faire avancer ses intérêts financiers et géopolitiques, mais cela pourrait être plus difficile à faire – malgré ses partenariats pétroliers et gaziers avec l’Arabie saoudite et l’Iran respectivement (qui font partie de la stratégie d’« équilibrage » du pays) – au cas où le NASAPEC et son alliance GNL avec le Qatar dans l’hémisphère occidental devienne une forte concurrence dans tous ces domaines. Le risque potentiel est que la Russie perde beaucoup de revenus à long terme si les États-Unis parviennent à maintenir les prix du pétrole et du gaz à un bas niveau, ce qui pourrait se combiner avec les coûts accrus associés à la nouvelle course aux armements provoquée par le retrait de Washington du Traité INF pour exercer une pression immense sur Moscou afin de « compromettre » son principal rival géopolitique dans un stratagème que j’ai décrit dans l’article « Les véritables aspirations américaines concernant la Russie », en avril 2018.

L’héritage ultime du président Poutine repose sur sa capacité à tenir les nombreuses promesses socio-économiques qu’il a faites à ses compatriotes au cours de sa campagne de réélection l’année dernière, même si toutes reposaient sur l’hypothèse que les futurs marchés du pétrole et du GNL resteraient stables et largement sous le contrôle de la Russie, ainsi que sur le fait que les progrès des missiles hypersoniques du pays pourraient empêcher le déclenchement d’une nouvelle et coûteuse course aux armes. Les mesures énergétiques et militaires américaines susmentionnées ont brisé ces présomptions et pourraient mettre en péril les plans soigneusement élaborés par le dirigeant russe pour améliorer les moyens d’existence de tous ses compatriotes (en particulier la majorité de la population qui vit en dehors de ses villes les plus développées que sont Moscou et Saint-Pétersbourg), même si, pour l’instant, le pire scénario est encore loin d’être certain, en attendant le résultat de la crise au Venezuela, ce qui explique pourquoi la Russie souhaite tant « faire office d’intermédiaire » entre son gouvernement et « son opposition ».

Andrew Korybko est un analyste politique américain basé à Moscou qui se spécialise dans les relations entre la stratégie américaine en Afro-Eurasie, la vision mondiale de la nouvelle connectivité de la route de la soie en Chine et la guerre hybride.

samedi, 09 février 2019

WASHINGTON, PEKIN : HEGEMONIE NUMERIQUE CONTRE HEGEMONIE TELLURIQUE

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WASHINGTON, PEKIN : HEGEMONIE NUMERIQUE CONTRE HEGEMONIE TELLURIQUE

par Jean-Claude Empereur
Ex: http://www.europesolidaire.eu 
 
Nous republions ici, avec son accord, un article de Jean-Claude Empereur, membre du Comité de Rédaction de Europe Solidaire. Nous le remercions. Cet article est particulièrement d'actualité le jour où la Commission, avec la décision Alstom-Siemens, trahit une fois de plus les Européens

LES NOUVEAUX ASPECTS DU « PIÈGE DE THUCYDIDE »

Auteur: 
Jean-Claude Empereur
Date de publication: 21/7/2018

Note Introductive

L'Institut Européen des Relations Internationales témoigne de sa reconnaissance au Vice-Président de la "Convention pour l'Indépendance de l'Europe", Mr Jean-Claude Empereur, pour l'autorisation à reprendre la publication de son essai, au titre "Washington, Pékin : Hégémonie Numérique contre Hégémonie Tellurique. Les nouveaux aspects du « Piège de Thucydide »", paru sur la "Revue Politique et Parlementaire", d'avril-septembre 2018. Il s'agit d'une réflexion originale et précieuse pour tous les lecteurs, professionnels et/ou engagés, qui participent à la vie civile et politique, avec le souci d'en dégager les options internationales et la perspective historique. (N.d.R)

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Le XXI ème siècle sera dominé par l'affrontement entre la Chine et les États-Unis. Dans un récent ouvrage le géopolitologue Graham Allison nous invite à relire Thucydide.

Dans « Destined for war. Can America and China escape the Thucydides's trap?, à la suite d'une analyse historique très serrée, l'auteur nous rappelle, en se référant à la guerre du Péloponnèse, que lorsqu'une puissance régnante est défiée par une puissance émergente, un risque de conflit apparaît. Il recense, au cours de l'histoire, seize occurrences de ce type dont, selon lui, douze d'entre elles ont débouché sur un conflit majeur. Le plus souvent la puissance qui se sent menacée dans sa prééminence, prend l'initiative de l'affrontement mais doit finalement s'incliner.

L'affrontement qui se précise, chaque jour un peu plus, entre la Chine et les États-Unis s'apparente-t-il à celui qui, cinq cents ans, avant notre ère opposa Sparte et Athènes ? Ses conséquences pour l'équilibre du monde et le destin de la civilisation occidentale seront-elles les mêmes ? C'est toute la question. 

Ce conflit entre Sparte et Athènes est interprété par la pensée géopolitique traditionnelle comme celui opposant une puissance terrestre à une puissance maritime.

Il est tentant d'appliquer ce schéma de pensée à l'affrontement Chine, puissance terrestre, États-Unis, puissance maritime. Sans être totalement infondée cette grille d'analyse reflète très imparfaitement la réalité. En effet elle ne prend en compte ni l'évolution des technologies ni les différences fondamentales de conception de l'hégémonie chez chacun des protagonistes.

En réalité ce sont deux formes inédites d'hégémonie qui se dressent l'une contre l'autre : l'une, américaine, est numérique, l'autre, chinoise, est tellurique, la première s'inscrit dans le virtualisme et le big data, la seconde dans le continentalisme et les infrastructures physiques.

Les protagonistes de la première pratiquent le jeu d'échec, où il s'agit d'éliminer progressivement l'adversaire, puis de s'en saisir brutalement, ceux de la seconde, le jeu de go, où pour vaincre l'adversaire, on envahit patiemment l'échiquier par infiltration et contournement.

Confrontée à cette situation l'Europe est démunie, elle ne maîtrise plus le numérique depuis près de cinquante ans.Petit cap de l'Asie elle est dépourvue de grands espaces et de profondeur stratégique. Pour desserrer cet étau géopolitique il lui faut se réinventer en se dégageant de son obsession institutionnelle et normative. En a-t-elle encore la possibilité voire même la volonté ?

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Les États-Unis ou l'hégémonie numérique 

Même si la Chine développe, de nos jours, une puissante industrie du numérique, les États-Unis sont aujourd'hui dans ce domaine, et sans doute pour longtemps encore, les maîtres du monde. Petit à petit le numérique devient le cœur de leur puissance économique et militaire ainsi que de leur influence politique et culturelle.

Pour bien comprendre l'importance de cet aspect des choses il faut avoir à l'esprit quelques principes simples :

  • La puissance des ordinateurs double tous les deux ans. Cette loi empirique, baptisée « loi de Moore » du nom de son inventeur, ne cesse de se vérifier depuis un demi-siècle. Parfois contestée de nos jours, elle continuera, dans le futur, à se vérifier, voire à s'amplifier en raison des progrès technologiques d'ores et déjà en gestation. Elle est devenue une loi de l'histoire.

  • Ses conséquences : tout ou presque tout devient progressivement numérisable et automatisable. « L'automatisation généralisée va dominer le monde » prédit Bernard Stiegler dans « Disruption ». Ce phénomène renforcé par le développement de la robotisation, de l'intelligence artificielle et de la convergence des sciences cognitives avec les nano, bio et info technologies envahit l'ensemble des activités humaines, celles de la paix comme celles de la guerre.

  • Ce foisonnement technologique et numérique, en accélération constante, produit, à partir de l'activité de chacun d'entre nous, des « projections algorithmiques ». Celles-ci constituent le socle du « big data », c'est à dire de cet ensemble de données que génèrent, en continu, les hommes et leurs institutions.Ce « big data » devient, à son tour, une matière première dont l'exploitation massive constitue, peu à peu, la base de l'économie mondiale, mais aussi la source de toute les manipulations médiatiques et politique imaginables. La puissance algorithmique d'un Etat devient ainsi un élément majeur de de son influence géopolitique.

La puissance algorithmique américaine repose sur le contrôle d'un appareil technologique hard et soft qui maîtrise l'intégralité, de la chaîne de traitement de cette ressource inépuisable. Cette maîtrise assure ce qui est la base de la stratégie planétaire des États-Unis, la « Full spectrum dominance ».

Cette hégémonie numérique n'est pas négociable, elle s'exprime par différents canaux :

  • Le contrôle exclusif d'une chaîne scientifique, technologique et industrielle dédiée au numérique (composants, ordinateurs, télécommunications, logiciels, services etc...) appuyée sur tout un réseau de centres de recherche, d'universités ? souvent sanctuarisés en des lieux tels que la Silicon Valley et abondamment soutenue par des fonds publics en provenance du secteur de la défense.

  • Une communauté du renseignement dotée d'une diversité et d'une ubiquité jusqu'à présent inégalée : seize agences couronnées par la National Security Agency (NSA) à l'écoute permanente du monde.

Cette double maîtrise inspire une double stratégie :

Une politique de colonisation numérique exercée à partir d'une interaction constante entre le « big data » et les GAFA dont l'utilisation permanente d'applications les plus diverses en croissance exponentielle, par des milliards d'individus de par le monde, tend à devenir un élément majeur du PIB américain de sa croissance. Un phénomène très particulier de l'économie numérique américaine est rarement souligné .Il est pourtant essentiel car il va prendre de plus en plus d'importance. La plupart des sociétés du numérique Google, Amazon, Facebook etc. investissent une énorme part de leurs profits, hors du numérique, dans les industries nouvelles : espace, transport, nucléaire... où elles apportent leur formidable capacité d'innovation, rendant ainsi ce phénomène de colonisation exponentiel et de plus en plus dominateur.

Une politique d'influence, sorte de « digital power » venant diversifier et amplifier le traditionnel « soft power » où, la mise en réseau, l'instantanéité, la mise hors sol, dans le « nuage » de nos activités  apporte, avec elle, cette « siliconisation du monde » dont nous parle Eric Sadin dans son livre éponyme.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : Facebook compte 2,2 milliards d'usagers mensuels, WhatsApp est utilisé quotidiennement par 1 milliard d'utilisateurs, et YouTube également par plus de 1 milliard d'entre eux. Parallèlement à ces services Google, Twitter, LinkedIn, Instagram pour ne citer que les principaux se sont répandus sur la totalité de la planète en utilisant tous les supports possibles : câbles, satellites, ballons, construisant ainsi une sorte de dôme numérique surplombant le monde.

Comme le prévoyait Thomas L. Friedman, la terre devient plate, lisse et sans aspérités. Notre destin commun, sous l'influence de cette siliconisation américaine n'est autre que la transposition numérique de la « Manifest destiny » réaffirmée naguère par Madeleine Albright sous le vocable de « Nation indispensable ». Il suffit de lire les cartes du monde, diffusées par Facebook ou ses épigones, pour s'en rendre compte, l'une des dernières éditions s'ingéniant à cartographier, à l'échelle mondiale, les relations tissées par des « amis » qui ne cessent de « liker » entre eux. Traduction géopolitique d'une sorte de vivre ensemble mondialisé ignorant rapports de forces et conflits territoriaux effaçant États et nations. Une « géopolitique numérique du tendre » en quelque sorte, figure nouvelle du messianisme bienveillant.

Tout se passe comme si les États-Unis sentant leur leadership battu en brèche s'enfonçaient dans une conception virtualiste du monde de plus en plus déconnectée des réalités géopolitiques actuelles. Karl Rove, le conseiller de George W. Bush l'avait exprimé naguère dans une formule saisissante et péremptoire : « Nous sommes un empire désormais, et lorsque nous agissons, nous créons notre propre réalité. Nous sommes les acteurs de l'histoire... et vous, vous tous, vous resterez cantonnés dans l'étude de ce que nous faisons »

Ce virtualisme géopolitique avait commencé avec le projet hollywoodien de Guerre des étoiles de Ronald Reagan qui ne fut pas sans résultat géopolitique, Donald Trump lorsqu'il accéda au pouvoir avait déjà derrière lui dix ans de téléréalité. Barack et Michelle Obama viennent de signer avec Netflix le géant du streaming numérique (1000 productions originales pour la seule année 2018...). un contrat portant sur plusieurs années pour la réalisation de séries « pour découvrir et mettre en lumière des histoires de personnes qui font la différence dans leurs communautés et veulent rendre le monde meilleur». Cette extension constante du numérique augmente parallèlement la puissance de l'Amérique et réciproquement. Les mathématiciens parleraient d'une relation biunivoque. Rien ne semble pouvoir arrêter ce mouvement.

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La Chine ou l'hégémonie tellurique

La puissance chinoise ré-émergente ne partage pas cette interprétation du monde. A ce virtualisme géopolitique elle oppose, en effet, un réalisme continentaliste prenant la forme d'une hégémonie tellurique c'est à dire inscrite dans les grands espaces les territoires, le sol, construite à partir d'infrastructures stratégiques, ferroviaires, routières, énergétiques, aériennes et maritimes, centrées sur l'ensemble eurasiatique et donnant corps au projet des :  Nouvelles routes de la soie : la «  Belt and road initiative » (BRI)  lancé par Xi Jinping en 2013.

Sans exclure, bien entendu, la part de propagande, jamais absente des stratégies élaborées par les régimes autoritaires, il serait imprudent de ne pas prendre en compte l'ambition géopolitique particulièrement originale de cette stratégie. Il s'agit d'une politique planétaire d'aménagement du territoire au sens que l'on donnait à cette politique, en France, à l'époque de la reconstruction et des trente glorieuses.

Construire un territoire à partir d'un réseau de villes et d'infrastructures destiné à permettre un développement harmonieux et coordonné. La différence d'approche avec la politique française des années soixante est toutefois de taille : la conception chinoise est délibérément géopolitique et s'applique à la terre entière, non seulement à l'ensemble eurasiatique mais aussi à l'Afrique et à l'Amérique latine.

Tout d'abord l'Eurasie. A cent ans de distance la BRI donne consistance, en élargissant encore son amplitude géographique à l'ensemble de l'Eurasie, à l'intuition et surtout à la mise en garde de Halford John Mackinder sur l'importance, pour le contrôle de la planète, de « l'ile du monde », « pivot géographique de l'histoire ». (Conférence à la Royal Geographical Society de Londres, février 1904). Ce qui n'était, à l'origine, qu'une vision prémonitoire devient avec la BRI une réalité concrète.

La cible de la BRI n'est autre que la totalité de l'espace eurasiatique de Pékin aux extrémités de l'Europe, au Moyen Orient, ainsi qu'aux rivages de l'Océan indien avec comme point de départ un programme de 1200 milliards de dollars, ferroviaire (fret et grande vitesse), routier, énergétique et maritime. Ce programme est déjà en cours de réalisation il comprend six grands corridors géographiques structurant comme les doigts de la main la totalité de l'espace eurasiatique.

D'ici le milieu du siècle le projet des Nouvelles routes de la soie devrait concerner une centaine de pays, impliquer 7000 projets d'infrastructures pour un montant de 8000 milliards de dollars d'investissement.

Le programme ne s'arrête pas là.En s'appuyant sur la ceinture maritime de la route de la soie, il se déploie en Afrique, se prolonge par des infrastructures ferroviaires,la mise en place d'un point d'appui stratégique à Djibouti et se poursuit vers la Méditerranée via le Pirée, l'utilisation de nombreuses facilités maritimes au Maghreb, ou la prise de participation dans le capital de l'aéroport de Toulouse mais aussi dans le financement de la centrale nucléaire d'Hinkley Point.

Enfin l'Amérique latine complète cette politique d'aménagement planétaire par la participation à la construction d'une voie terrestre routière et ferroviaire entre le Brésil et le Pérou, l'utilisation massive du canal de panama et la conception d'un projet de nouveau canal à plus grande capacité au Nicaragua. Ce n'est qu'en consultant les cartes, celle du globe en particulier, que l'on peut prendre conscience de la dimension tentaculaire de la BRI, programme géostratégique dont il n'existe aucun précédent dans l'histoire.

Par ailleurs, cette « vertébration » du monde pour reprendre une expression d'Ortega Y Gasset s'appuie sur un ensemble institutionnel et financier considérable.

  • L'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), organisme original qui regroupe des États au moyen d'une structure très décentralisée sans porter atteinte à leur souveraineté, s'étend sur plus de 60 % du territoire de l'Eurasie et regroupe près de 45 % de la population de la planète, Les membres de l'OCS possèdent 20 % des ressources mondiales de pétrole, 38 % du gaz naturel, 40 % du charbon et 30 % de l' uranium, 95% des terres rares D'après les données de la Banque mondiale, le PIB global de l'OCS représente déjà plus de 20% de celui de l'économie mondiale.

  • La Banque asiatique pour les infrastructures. AIIB. (200 milliards de dollars) au capital duquel participent, à l'exception de États-Unis et du Japon, la plus grande partie des membres de la communauté internationale à laquelle il faut ajouter le Silk Fund (80 Mds de dollars).

  • La banque des BRICS (200 milliards de dollars) vient compléter ce système pour financer des interventions en dehors du périmètre Eurasiatique.

Par ailleurs, le livre blanc 2017/2022 sur la politique de l'espace prévoit l'exploitation des météorites et de la Lune notamment pour extraire de notre satellite l'hélium 3 nécessaire à la fusion nucléaire civile ainsi que le programme « Made in China 2025 » annonce le développement des dix technologies d'avant-garde à maîtriser d'ici là. Cette double ambition complète cette stratégie du « Marathon de cent ans » affichée par les responsables du Parti communiste chinois, dans une optique de revanche, dès le lendemain de la rencontre de Nixon avec Mao Tse Toung (1972), pour rattraper puis dépasser les Etats-Unis. Ce qui frappe dans cette démarche qui n'est toutefois pas sans risques politiques, écologiques, économiques et financiers, la Chine étant très endettée et ses initiatives parfois mal reçues chez ses voisins, c'est la combinaison qu'elle organise entre planification séculaire et constante accélération.

Enfin, sur le plan politique, la récente décision consistant à ne plus limiter le nombre des mandats du Président confirme cette volonté de maîtrise du temps et de l'espace.

Préférence pour le temps long, prise en compte des grands espaces, financements à long terme, souplesse d'organisations multilatérales politiques économiques et militaires , liaisons permanentes entre politiques d'aménagement et politiques industrielles, recherche de la coopération régionale par la connectivité telles sont les formes d'une hégémonie ascendante qui prend appui sur le sol, les territoires, les continents et préserve les États.

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L'Union Européenne ou l'hégémonie inversée

Les Européens, après l'effondrement de l'Union Soviétique, ont souscrit béatement au grand récit de la mondialisation heureuse et de la fin de l'histoire. Ils ont banni de leurs discours les notions de conflit et de puissance. Ils se sont aveuglés en privilégiant la servitude volontaire sur la prise de conscience des réalités. La caractéristique la plus évidente de l'Europe au cours de ce dernier quart de siècle est son manque de perspective à long terme sur l'histoire mondiale et son refus de toute vision géopolitique.

Or après soixante-dix ans de relative stabilité, le monde est redevenu « normal », c'est-à-dire multipolaire et potentiellement conflictuel. Les Européens abordent cette nouvelle période de l'histoire du monde sans vision d'ensemble et dans un grand désarroi. Épuisés par deux guerres mondiales

Ce désarroi est d'autant plus profond qu'ayant misé, épuisés par deux guerres mondiales, pour fonder leur projet d'intégration , sur les normes et les valeurs, c'est-à-dire sur la raison et les bons sentiments, ils se trouvent plongés, à nouveau, dans une situation de montée des périls, voire même de montée aux extrêmes, perspective que leur inconscient collectif avait refoulé jusqu'alors.

Enfin ce réveil douloureux les surprend en un temps de bouleversements démographiques, technologiques, économiques, culturels et géopolitiques dont l'imprévisibilité, l'ampleur et l'accélération continue tétanisent et sidèrent leurs opinions publiques.

Cette situation devrait inciter les Européens, à placer la préoccupation d'indépendance au cœur de leur réflexion et surtout au centre d'un projet de refondation plus que jamais nécessaire. De cette volonté d'indépendance tout le reste, en effet, découlera : définition des intérêts vitaux, formes de puissance, règles de solidarité, transformation institutionnelle, vision géopolitique et en fin de compte souveraineté.

Par rapport à cet affrontement entre hégémonie numérique américaine et hégémonie tellurique chinoise, l'espoir qu'ils ont mis, par irénisme juridique, dans l'avènement d'une forme inédite de puissance, cette illusoire « puissance par la norme », vacille sous nos yeux.

L'inversion du principe de subsidiarité s'est traduite par un foisonnement réglementaire et jurisprudentiel qui, loin de protéger les États européens, se retourne contre eux, situation encore aggravée du fait de l'utilisation, chaque jour plus invasive, du droit américain à l'ensemble de la planète.

Sans vouloir occulter un certain nombre de réussites, sur le plan économique, force est de constater que l'opinion publique perçoit de plus en plus l'Union comme un monstre technocratique dont le comportement hégémonique plutôt que de se tourner vers le reste du monde afin de participer à ce gigantesque affrontement de souverainetés qui caractérise le monde en ce début de XXI ème siècle les prend pour cible .Loin de libérer leurs énergies elle leur inflige une gouvernance qui, sous couvert de technicité rationnelle et vertueuse, leur impose une vision repentante et culpabilisatrice de leur destin collectif.

Incapable de concevoir une souveraineté qui lui soit propre l'Union européenne se comporte comme un système annihilateur de souverainetés nationales prenant la forme insolite d'une hégémonie technocratique inversée.

Le phénomène de décomposition auquel se trouve confrontée l'Union résulte de la triple convergence, contre cette hégémonie, d'une révolte des peuples, des États et des nations.

La situation se complique d'autant plus que par rapport à l'affrontement entre la Chine et les États-Unis les Européens se trouvent démunis. Ils sont pris dans un véritable étau géopolitique qu'ils ne semblent pas en mesure de desserrer.

Ils ne disposent, en effet, ni de la puissance numérique actuellement entièrement dominée par les Américains et sans doute demain par les Chinois, et sont coupés de toute profondeur stratégique, non seulement par leur situation géographique de petit cap de l'Asie mais aussi par l'interdiction absolue qui leur est faite, par leurs alliés anglo-saxons, de s'entendre avec la Russie dans une perspective eurasiatique.

Ils se sont condamnés eux-mêmes à être à la fois les prisonniers et les gardiens d'une stratégie d'endiguement engagée pendant la guerre froide, tournée vers l'URSS. Justifiée à l'époque mais maintenue depuis, sans raison, sous la pression américaine et dont l'OTAN, en extension constante, est le bras séculier elle est dorénavant étendue à la Chine et donc à l'ensemble de l'Eurasie.

Cette stratégie d'interdiction géopolitique est totalement contraire aux intérêts européens.

A quelques jours d'intervalle deux anciens Premiers ministres français, Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin viennent de se prononcer pour la création d'un axe Paris, Berlin, Moscou, Pékin. C'est une initiative importante elle marque en effet la prise en compte d'une vision géopolitique eurasiatique auquel le discours européen traditionnel et très incantatoire, centré depuis des décennies, sur la réconciliation franco-allemande ne nous avait pas habitués.

Les exigences de la géographie et de la géopolitique reprennent enfin leur droit. Puisse la réflexion sur les grands espaces l'emporter sur celles de la gouvernance par les chiffres et les obsessions comptables d'une technocratie sans vision.

Ce n'est peut-être pas tout à fait un hasard si face à l'affrontement de ces deux hégémonies numériques et telluriques qui vont façonner le monde pour les décennies à venir il revient à la France ce finisterre de l'Eurasie, initiateur des grandes idées européennes d'annoncer un changement de cap.

Ce changement d'angle de vue et de perspective est d'autant plus nécessaire que sous la pression démographique qui s'affirme et les ruptures d'équilibre entre les deux rives de la Méditerranée qui se font jour, la montée d'une autre forme d'hégémonie s'annonce, celle anarchique, des masses en mouvement, que seule une politique de codéveloppement entre l'Europe et l'Afrique peut enrayer.

Jean-Claude Empereur

Haut fonctionnaire honoraire
Vice –Président de la Convention pour l'Indépendance de l'Europe

La stratégie perdante du Président Trump: Contrôler le Brésil et affronter la Chine

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La stratégie perdante du Président Trump: Contrôler le Brésil et affronter la Chine

par James Petras

Article original de James Petras, publié le 8 janvier 2019 sur le site Unz Review
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr  


Les États-Unis adoptent un régime voué à l’échec et menacent l’économie la plus dynamique du monde. Le président Trump a fait l’éloge du président brésilien nouvellement élu, Jair Bolsonaro, et promet de promouvoir des liens économiques, politiques, sociaux et culturels étroits avec lui. En revanche, le régime Trump s’est engagé à démanteler le modèle de croissance de la Chine, à imposer des sanctions sévères et généralisées et à promouvoir la division et la fragmentation de la Chine élargie.
 

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Le choix des alliés et des ennemis de Washington repose sur une conception étroite et à court terme des avantages et des pertes stratégiques.

Dans cet article, nous discuterons des raisons pour lesquelles les relations américano-brésiliennes s’inscrivent dans la poursuite de la domination mondiale de Washington et pourquoi Washington craint la croissance dynamique et le défi d’une Chine indépendante et compétitive.

Le Brésil à la recherche d’un Patron

Le président du Brésil, Jair Bolsonaro, a annoncé, dès le premier jour, un programme visant à inverser près d’un siècle de croissance économique dirigée par l’État. Il a annoncé la privatisation de l’ensemble du secteur public, y compris les activités stratégiques quelles soient financières ; bancaires ; minières : d’infrastructure ; de transport ; énergétiques ou manufacturières. De plus, cette vente en masse va donner la priorité aux sociétés multinationales étrangères. Les régimes civils et militaires autoritaires précédents protégeaient les entreprises nationalisées dans le cadre d’alliances tripartites comprenant des entreprises privées étrangères, étatiques et nationales.

Contrairement aux précédents régimes civils élus qui s’efforçaient – pas toujours avec succès – d’augmenter les pensions, les salaires et le niveau de vie et de faire reconnaître la législation du travail, le Président Bolsonaro a promis de licencier des milliers d’employés du secteur public, de réduire les pensions et de relever l’âge de la retraite tout en abaissant les traitements et salaires afin de faire baisser les coûts et augmenter les profits pour les détenteurs de capitaux.

Le Président Bolsonaro promet d’inverser la réforme agraire, d’expulser, d’arrêter et d’agresser les familles paysannes afin de renforcer les propriétaires terriens et d’encourager les investisseurs étrangers à les remplacer. La déforestation de l’Amazonie et son transfert aux barons du bétail et aux spéculateurs fonciers entraîneront la saisie de millions d’hectares de terres indigènes.
 

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En matière de politique étrangère, le nouveau régime brésilien s’engage à suivre la politique américaine sur chaque question stratégique : Le Brésil soutient les attaques économiques de Trump contre la Chine, soutient l’accaparement des terres d’Israël au Moyen-Orient (y compris le transfert de sa capitale à Jérusalem), soutient les complots américains de boycott et les politiques visant à renverser les gouvernements de Cuba, du Venezuela et du Nicaragua. Pour la première fois, le Brésil a offert des bases militaires au Pentagone et des forces militaires pour toute invasion ou guerre à venir.

La célébration de la remise gratuite des ressources et des richesses par le président Bolsonaro et de l’abandon de souveraineté est célébrée dans les pages du Financial Times, du Washington Post et du New York Times qui prédisent une période de croissance, d’investissement et de reprise – si le régime a le « courage » d’imposer sa trahison.

Comme cela s’est produit lors de nombreuses expériences récentes de changement de régime néolibéral de droite en Argentine, au Mexique, en Colombie et en Équateur, les journalistes et experts des pages financières ont laissé leur dogme idéologique les aveugler face à d’éventuels pièges et crises.

Les politiques économiques du régime Bolsonaro ignorent le fait qu’elles dépendent des exportations agro-minérales vers la Chine et qu’elles sont en concurrence avec les exportations américaines… Les élites agro-industrielles brésiliennes vont s’indigner du changement de partenaires commerciaux… Elles s’opposeront, vaincront et mineront la campagne anti-Chinoise de Bolsonaro s’il ose persister.
Les investisseurs étrangers prendront le contrôle d’entreprises publiques, mais il est peu probable qu’ils puisse accroitre la production en raison de la forte réduction de l’emploi, des salaires et des traitements, à mesure que le marché de la consommation va chuter.

Les banques peuvent accorder des prêts, mais exigent des taux d’intérêt élevés pour des « risques » élevés, d’autant plus que le gouvernement sera confronté à une opposition sociale accrue de la part des syndicats et des mouvements sociaux, et à une violence accrue par la militarisation du contrôle de la société.

Bolsonaro n’a pas de majorité au Congrès, qui dépend du soutien électoral de millions de fonctionnaires, de salariés, de retraités et de minorités raciales et de genre. L’alliance du Congrès sera difficile sans corruption et sans compromis… Le cabinet de Bolsonaro comprend plusieurs ministres clés qui font l’objet d’une enquête pour fraude et blanchiment d’argent. Sa rhétorique anti-corruption s’évanouira face aux enquêtes judiciaires et aux révélations.
 

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Il est peu probable que le Brésil fournisse des forces militaires significatives pour les aventures militaires régionales ou internationales des États-Unis. Les accords militaires avec les États-Unis n’auront que peu de poids face à la profonde agitation intérieure.

Les politiques néolibérales de Bolsanaro vont creuser les inégalités, en particulier parmi les cinquante millions de personnes qui sont récemment sorties de la pauvreté. La prise de contrôle du Brésil par les États-Unis enrichira Wall Street qui prendra l’argent et s’enfuira, laissant les États-Unis faire face à la colère et au rejet d’un allié dépouillé.

Les États-Unis face à la Chine

Contrairement au Brésil, la Chine n’est pas prête à se soumettre au pillage économique et à renoncer à sa souveraineté. La Chine suit sa propre stratégie à long terme qui se concentre sur le développement des secteurs les plus avancés de l’économie – y compris l’électronique de pointe et les technologies de communication.

Les chercheurs chinois produisent déjà plus de brevets et d’articles scientifiques référencés que les États-Unis. Ils diplôment plus d’ingénieurs, de chercheurs de pointe et de scientifiques innovateurs que les États-Unis, grâce à des niveaux élevés de financement de l’État. La Chine, avec un taux d’investissement de plus de 44 % en 2017, surpasse de loin les États-Unis. La Chine a progressé, passant d’exportations à faible valeur ajoutée à des exportations à forte valeur ajoutée, y compris des voitures électriques à des prix compétitifs. Par exemple, les i-phones chinois font concurrence à Apple en termes de prix et de qualité.

La Chine a ouvert son économie aux multinationales américaines en échange de l’accès à une technologie de pointe, ce que Washington appelle des saisies « forcées ».

La Chine a encouragé la conclusion d’accords multilatéraux sur le commerce et l’investissement y compris avec plus de 60 pays dans le cadre d’accords à grande échelle et à long terme sur les infrastructures en Asie et en Afrique.

Au lieu de suivre l’exemple économique de la Chine, Washington se plaint du commerce déloyal, du vol technologique, des restrictions du marché et des contraintes étatiques sur les investissements privés.

La Chine offre à Washington des possibilités à long terme d’améliorer sa performance économique et sociale – si Washington reconnaît que la concurrence chinoise est une incitation positive. Au lieu d’investir massivement dans la modernisation et la promotion du secteur des exportations, Washington s’est tournée vers des menaces militaires, des sanctions économiques et des droits de douane qui protègent les secteurs industriels américains obsolètes. Au lieu de négocier pour des marchés avec une Chine indépendante, Washington prend le contrôle de régimes vassaux comme celui du Brésil sous le gouvernement du président nouvellement élu Jair Bolsonaro, qui compte lui sur le contrôle économique et les prises de contrôle américains.

Les États-Unis peuvent facilement dominer le Brésil pour des gains à court terme – profits, marchés et ressources, mais le modèle brésilien n’est ni viable ni durable. En revanche, les États-Unis doivent négocier, discuter et accepter des accords concurrentiels réciproques avec la Chine… Le résultat final de la coopération avec la Chine permettrait aux États-Unis d’apprendre et de se développer d’une manière durable.

Conclusion

Pourquoi les États-Unis ont-ils choisi la voie de contrôler un Brésil rétrograde et de négliger le rôle d’une future nation leader ?

Fondamentalement, les États-Unis sont structurellement ancrés dans un système politique fortement militarisé qui est guidé par la quête de la domination mondiale – « l’impérialisme ». Les États-Unis ne veulent pas concurrencer une Chine innovante, ils cherchent à contraindre la Chine à démanteler les institutions, les politiques et les priorités qui font sa grandeur.

Washington exige que la Chine renonce à l’autonomie relative de l’État, augmente la pénétration de ses secteurs stratégiques par les États-Unis et s’appuie sur des banquiers et des universitaires adeptes du marché libre. La politique économique américaine est façonnée par des banquiers, des spéculateurs corrompus et des lobbyistes qui défendent des intérêts régionaux particuliers, y compris des régimes comme Israël. La politique économique de la Chine est façonnée par des intérêts industriels, guidés par les objectifs stratégiques de l’autorité d’un État centralisé, capable et désireux d’arrêter des centaines de hauts fonctionnaires à la volée.

Les États-Unis ne peuvent pas contenir la trajectoire ascendante de la Chine avec un encerclement militaire – parce que la stratégie économique de Pékin neutralise les bases militaires américaines et défait les contraintes douanières par la diversification de nouveaux accords commerciaux majeurs. Par exemple, la Chine négocie avec l’Inde pour augmenter considérablement les importations de produits agricoles, y compris le riz, le sucre, le lait, la farine de soja et le coton. L’Inde a actuellement un déficit commercial important avec la Chine, en particulier les machines et les produits industriels et est désireuse de remplacer les exportateurs américains. La Chine a conclu d’importants accords commerciaux et d’investissement en Asie du Sud-Est, Corée du Sud, Japon, Pakistan, Russie et Australie ainsi que dans les pays africains et d’Amérique latine (Brésil et Argentine) et au Moyen-Orient (Iran, Irak et Israël).

Les États-Unis n’ont que peu d’influence pour « contenir » la Chine, même dans les secteurs de haute technologie, car la Chine est moins dépendante du savoir-faire américain. Washington a conclu des accords avec la Chine, augmentant les exportations de voitures et de divertissements ; la Chine peut facilement accepter d’appliquer des mesures de lutte contre le « vol de propriété intellectuelle », d’autant plus que ce n’est plus un facteur important puisque la plupart des innovations chinoises sont créées au niveau national. De plus, les grandes entreprises et Wall Street exigent que le régime Trump parvienne à un accord d’ouverture des marchés avec la Chine et ignore ses ennemis autarciques.
Compte tenu de la vigueur soutenue de l’économie chinoise (6,5 % du PIB en 2018), de l’importance accrue accordée à l’expansion des services sociaux, du marché de la consommation et de l’assouplissement du crédit, les politiques douanières coercitives de Trump sont condamnées et les menaces militaires ne feront qu’encourager la Chine à étendre et à améliorer ses programmes militaires de défense et spatiaux.

Quels que soient les accords commerciaux temporaires et limités qui découleront des négociations entre les États-Unis et la Chine, le régime Trump poursuivra son programme impérial unipolaire de contrôle de régimes vassaux, comme le Brésil, et de lutte contre la Chine.

L’avenir appartient à une Chine indépendante, innovante et compétitive, et non à des régimes vassalisés, militarisés et soumis comme le Brésil.

James Petras

samedi, 02 février 2019

Geopolítica, de la bipolaridad a la multilateralidad

Salvador González Briceño

Ex: http://www.elespiadigital.com 

La crisis de los poderes mundiales de la posguerra fría, como base de la geopolítica crítica: SGB

La geopolítica mutó, para bien, porque perdió su carácter imperialista cuando que se le terminó el piso de la bipolaridad en la posguerra fría. Como método para entender el mundo desde las potencias, la geopolítica se abrió paso proponiendo conocer de la importancia de la geografía, física y humana, de la política y los estados en las relaciones internacionales. Es decir, en las relaciones de poder.

La geopolítica surgió en 1900 cuando el primer pensador, Rudolf Kjellén, la propuso en su libro Introducción a la geografía sueca. Pronto sería puesta a prueba durante las guerras mundiales del siglo XX, cuando las potencias se dieron a la guerra. Vendrían otros estrategas, como Mackinder y Haushofer entre otros, a complementar lo que luego se conocería como la geopolítica tradicional o clásica.

Luego entonces, la geopolítica fue adoptada desde los centros de poder mundial, para atender sus necesidades como países involucrados en la confrontación violenta, poniendo a prueba sus armamentos, su potencial, su estatus con respecto a lo demás, en aras del dominio del resto del mundo.

La geopolítica la utilizaron tanto la Alemania nazi de Hitler, como la Bretaña imperial de Churchill, la Francia de De Gaulle, los Estados Unidos de Roosevelt o la URSS de Stalin, con sus maquinarias de guerra más feroces de su tiempo, además que aceleraron sus industrias militares o la industria en su rama militar.

En los tiempos de la guerra entre las potencias desarrolladas —I Guerra Mundial y II Guerra Mundial—, se daba el tránsito del capitalismo al imperialismo, con ansias expansionistas de reparto territorial en amplias zonas de control probable, tanto de países enteros como de recursos naturales.

Adoptada y probada, la geopolítica salió bien librada. Mostró su utilidad a las potencias: primero a los países del frente de guerra —en sus modalidades como geopolítica anglosajona, renana y nipona—, luego durante la llamada guerra fría al término de la IIGM con la rendición de Japón tras el lanzamiento de las bombas nucleares sobre Hiroshima y Nagasaki.

Luego vendría el derrumbe del Muro de Berlín y la caída de la URSS que significó la pérdida de rumbo del llamado “socialismo real”, que dio pie a la llamada posguerra fría. Aquello desde el punto de vista de las relaciones internacionales y los equilibrios que logró la bipolaridad.

Pero este esquema fue puesto en jaque frente a la aparente unipolaridad de Estados Unidos, toda vez que apareció como el vencedor universal. La vigencia de la geopolítica clásica comenzó a perder influencia y sentido, en tanto sus bases fueron removidas.

En lo que se dio el reacomodo de las propias potencias a nivel mundial bajo este nuevo paradigma, los geopolíticos tradicionales intentaron seguir con sus preceptos en tanto las mutaciones no terminaron de definirse.

Pero la influencia de la globalización con sus políticas neoliberales, terminó poniendo en duda su plena vigencia. Las relaciones internacionales cambiaron con el trastocamiento del orden anterior, y hacia fines del siglo XX con el cambio de procedimientos y las alteraciones que impactaron el orden internacional, como las afectaciones al Estado nacional y al derecho internacional.

Todo lo anterior derivó serias críticas para la geopolítica clásica. Los analistas cuestionaron el método de la geopolítica, y contribuyeron a crear un cambio de visión. De ahí, de los nuevos escenarios de la posguerra, surgió la geopolítica crítica.

Se trataba ya de la geopolítica como alternativa, en el contexto de un mundo que dejó de ser bipolar y se convertía a pasos agigantados al multipolar. Es decir, que ahora la geopolítica sirve también para colocar en el escaparate a los poderosos.

Sí, y para cuidarse de sus ambiciones, de sus intentos golpistas, de sus guerras híbridas, de sus estrategias futuristas de la moderna (que no posmodernidad o posmodernismo, cual postura ideológica para la perdición analítica, entre otras razones) ciberguerra, sus fake news, los golpes suaves, etcétera.

De ahí la necesaria visión multilateral y multidisciplinaria de la geopolítica crítica, como alternativa, ahora también para el resto del mundo. La geopolítica se volvió generalizada, para el estudio y puesta en práctica de políticas, por todos los países que no se quieran quedar atrás con respecto al resto.

Es por ello que los países, antes víctimas de la disputa entre potencias por sus riquezas naturales, hoy aprenden a cuidarse, a buscar alianzas estratégicas. Los países con recursos ahora saben —o por lo menos es su obligación y de alta prioridad saber—, que la geopolítica crítica es una alternativa que posee como característica principal cuidar de su potencial en general; por su ubicación geográfica y recursos, como sus mares, minería etcétera, en la vecindad con otros estados y para unas relaciones internacionales de equilibrio y respeto.

En otras palabras, desde la posguerra fría la geopolítica dejó de ser un instrumento solo al servicio de las grandes potencias, como los Estados Unidos, Gran Bretaña, la Unión Europea, incluso de Rusia, China o la India. Hoy es útil para todos, en su modalidad como geopolítica crítica. Sin perder las bases del pasado, pero con un nuevo enfoque.

Fue en los años 90 en donde las relaciones internacionales fueron trastocadas, a partir de ahí otros países se abrieron a la disputa por un rol distinto, ajeno al sometimiento de la posguerra y lejos del dominio tradicional de las potencias, imperiales y violentas. Puesto que la globalización jaqueó el poder mismo de los otrora países poderosos.

Por eso, hoy no se habla solo de países, aislados, como de grupos de países que operan para contrapeso de los países hegemónicos. Las confrontaciones pasaron de la bipolaridad —EU vs Rusia—, a los contrapesos de la multipolaridad, con países emergentes como China, India o Irán, Irak o Corea del Norte.

Por eso la importancia de la geopolítica como herramienta hoy. Porque el análisis del poder mundial pasa ahora por la multilateralidad. Les guste o no aquellos pensadores de países siempre ganadores en el pasado, acostumbrados atropellar al resto.

Claro que subsisten todos los peligros de las guerras, incluso nucleares porque nadie ha renunciado a ellas —todo lo contrario—, se crean amenazas incluso mediante las noticias falsas, de campañas propagandísticas contra gobiernos no afines acusados de “terroristas”.

Bienvenida la Geopolítica Crítica —autores en la “periferia” sobran; muy importantes, por cierto—, herramienta útil para todos. El reto está en colocarla a la altura del análisis, en países como Latinoamérica y México. Más acá, con EUA, generador de invasiones y guerras en el mundo, como vecino.

vendredi, 01 février 2019

Le président autrichien accuse les USA de traiter l’UE comme des colonies

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Le président autrichien accuse les USA de traiter l’UE comme des colonies

par Charles Sannat

La grosse colère autrichienne est liée à la double affaire Nord Stream 2, qui est un gazoduc censé alimenter l’Europe en gaz russe, et les sanctions avec l’Iran qui empêchent les pays européens de commercer avec Téhéran.

Pour le président autrichien, les USA traitent l’UE « comme des colonies ». Cela semble pour lui une découverte alors que nous, nous le savions depuis bien longtemps.
 
L’Union européenne, au lieu de tenter de se créer et de rêver sa puissance en éradiquant ses propres peuples et ses propres nations, ferait mieux de se penser par rapport aux grands acteurs que sont la Russie, la Chine et les États-Unis.
 
C’est en construisant une unité de nos différences et de nos identités aussi précieuses les unes que les autres pour affronter un monde extérieur fort peu sympathique que nous construirons une grande Europe fédérale utile et aimée.
 
Charles SANNAT
 
Le président fédéral autrichien Alexander Van der Bellen s’en est pris aux États-Unis pour leur attitude envers les pays membres de l’UE, rapporte Die Standard. Selon le média, c’est les différends sur le Nord Stream 2 et l’accord nucléaire avec l’Iran qui ont suscité une telle réaction du chef d’État.
 
Washington traite les pays membres de l’UE « comme des colonies », estime le président fédéral autrichien Alexander Van der Bellen cité par le quotidien Die Standard.
 
Selon le média, ces déclarations sont liées à la pression exercée par les États-Unis sur l’UE au sujet de la construction du gazoduc Nord Stream 2 et de l’accord sur le programme nucléaire iranien.

Il a fait remarquer que l’UE, qui est la troisième économie mondiale, doit être plus « sûre d’elle » sur la scène internationale.
 
Le projet Nord Stream 2 est réalisé par la société russe Gazprom, en coopération avec les entreprises européennes Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall. Le gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique devrait être mis en service d’ici fin 2019. Les États-Unis s’opposent énergiquement à ce projet.
 
La Russie a déclaré plusieurs fois qu’il s’agissait d’un gazoduc absolument commercial et compétitif. Par ailleurs, Vladimir Poutine a souligné que l’élaboration du Nord Stream 2 ne signifiait pas pour autant l’arrêt du transit de gaz russe via l’Ukraine.
 
Source Agence russe Sputnik.com ici

jeudi, 24 janvier 2019

Towards Continental Unity

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Towards Continental Unity

Iure Rosca
Ex: http://flux.md
 

My approach to the European issue is not an original one. Europe was divided into two occupation areas after the Second World War by the two winning superpowers, the USSR and the US.The Soviet empire collapsed. The US defeated the Cold War, and the winner imposed its conditions for the capitulation to the countries of the former communist camp.In an apparently strange way, for the first time in history, the defeated countries gladly accepted the conditions of surrender as a charity, as a liberation.The primary cause of this naive jubilation lies in the loss of the cognitive, cultural, civilization war of the Soviet camp long before the collapse of communism.Western mass culture, the consumer society’s magnetism, the fascination exercised by the capitalist model as a whole has conquered the collective mentality in the East. That is, the communist regimes have not been prepared to resist a non-military war that has taken place for decades.It followed the soft occupation of countries of the former Soviet zone of influence.

Therefore, in order for the economic, political and military occupation to succeed (for the countries absorbed in the NATO bloc), in the initial phase it was necessary to perform a psychological, intellectual, civilization occupation.The process of expanding the globalized West to Eastern Europe has been called democratization, transition to the market economy, and other components of social engineering that shaped the political and economic model of our countries.Therefore, our countries have become societies that have imitated, parodied, copied the western model. And being aware of the position of imitators, the new political elites in the ex-communist space took over completely, without any discernment, all the directives given by the power centers of the global oligarchy: the US, the IMF, the World Bank, the European Union, the WTO, etc.

But after almost three decades of transition from the communist to the liberal model, the economic and social situation in our societies has catastrophically degraded.These failures have been explained for a long time by the incompetence and corruption of governments that have succeeded over the past decades, which have been unable to implement all the reforms dictated by Washington and Brussels. This was the message sent by the emissaries of the Western financial and political organizations, which were repeated by the local politicians and the media.

But time passed, elections brought other political actors to the top of state hierarchies, but the social-economic situation continued to worsen. And then, slowly, some of us began to recover from the state of intellectual and volitional trance. Intellectuals with deeply patriotic feelings insisted on deepening the knowledge of the essence of our problems. Thus, naturally, many of the former anticommunists, including myself, have become the new dissidents who unleash the new type of imperialism, an imperialism usually associated with the US and with the European bureaucracy in Brussels, but which is in fact an extraterritorial one, even though most members of the global elite are based in America.

The discovery of the truth that the US is actually a captured state, where the power is usurped by the banksters and the military-industrial complex, of the corporatocracy as a non-state actor, more powerful than states, and subordinated them for their own financial interests: this was like a real shock for us. Today the idea that just as the Russian people were the first victim of communism, so the American people is the first victim of globalism has already become a common one. Yet, in order to regain national sovereignty, European countries naturally tend to emerge from the American protectorate. And the rise of populist political parties on our continent is the most eloquent proof of this movement of national emancipation. In this regard, I would like to emphasize an extremely sensitive difference of approach between intellectuals and political parties in the West and East of our continent. While the avant-garde of Western European dissidents advocates strongly the end of the US military occupation and the liquidation of NATO, and this message is increasingly verbalized by some anti-system political parties, eastern European countries are more reluctant.

I find it particularly important for all those who really want to restore the unity of our continent to seriously treat the difference of perception over Russia in the West and East of our continent. While Western nationalists are habitually showing a special sympathy for Russia, eastern nationalists regard their great neighbor with more caution, and often with animosity. The historical causes for these attitudes, ranging from hatred and hostility to restraint and circumspection, are well known. They are especially related to the tragic experience of our peoples in the twentieth century, when Communism was imposed by Soviet Russia (or the USSR, which is the same thing). The former Soviet republics and Warsaw Pact countries have inherited profound psychological traumas as a result of the dictatorship and repression of the communist regime. People in these countries usually say, “The Russians have occupied us, the Russians have terrorized us, the Russians deported us.”

This tragic historical confusion between the communist regime and the Russian people is the main subject of manipulation, used by the Atlanticist networks of influence. In such a favorable psychological climate, the exploitation of the subject of “Russian danger” and the nourish of Russophobia became a very easy task for professionals of social engineering. The concept launched by American neoconservatives (see the memorable speech of Donald Rumsfeld in 2003) about Old Europe and New Europe  is part of the same strategy. If Western European partners of American strategists are not so motivating to manifest sufficient level of anti-Russian attitude, Eastern Europeans are always ready to play the game which is ordered from Washington. This issue is more or less familiar for many people.

But I would like to elaborate further on this idea. I have repeatedly affirmed that the common geopolitical opponents of all European peoples, who are based in the US, will be successful in instigating and exacerbating such a type of reactions by using a classical trick named phishing or management of perceptions and behavioruntil Russia itself will defuse this ideological bomb.If we start from the premise that the principle ”Know your enemy” is one familiar to us, and our geopolitical adversary is unequivocally identified, now we should look at our Russian friends and allies without whom the idea of continental unity would be an illusion. Once again, as the Russian philosopher Ivan Ilyn said, “The Soviet Union is not Russia.” This should be the core element of speech that the peoples of Eastern Europe expect from the current leadership in Moscow. In other words, as long as Russia’s current leadership will keep an ambiguous attitude toward Soviet past and will not want to categorically distance themselves from the USSR crimes committed against all the peoples who were under its domination, the technique of our artificial division will work impeccably. We need historical reconciliation between the Russian people and the other peoples in the ex-communist area. And the initiative could be emanating from Moscow. My call to our Russian friends is to use the principle “Disarm your enemy!” Take from them their perverse argumentation which empoisons our relations.

In recent years, financial, speculative, virtual, non-productive capitalism has been largely criticized. All these criticisms are perfectly valid and I fully adhere to them. As I enthusiastically adhere to the resurrection of the European peoples under the flag of populism. I am also the advocate of economic protectionism, the restoration of the national sovereignty of the European peoples, which implies at least the disappearance of NATO and the EU. But I am equally close to those intellectuals who believe that liberalism is moving towards its historic end. The triumphal march of the so-called French Revolution ends in a lamentable manner. And if we agree that the era of all political theories that have accompanied Modernity, communism, fascism, (nazism) and even liberalism are overcome, then there is no more pressing task than developing the future model of organizing our societies. The first fundamental principle for our efforts could be based on following idea: Any society in which there is at least one value which is higher than money is better than capitalism.

I personally advocate for a post-liberal, post-capitalist, post-American Europe that builds its future based on Tradition, Christianity, Family, the millennial civilization of our continent under the conditions of post-modernity. I am convinced that our economic, political and military power, even if it would grow tenfold, and even if we succeed in overcoming the dividing lines that separate us today, will be extremely fragile without our spiritual rebirth.Europe does not exist or at least is a monstrous caricature without Christ in the center of the world, in the heart of our continent, in the soul of every European. The motto ”Nihil sine Deo” (”Nothing without God”) is a nobility blazon of our civilization.

 

Iurie Roșca is a politician, journalist, author, editor and translator.He is now the president of People’s University, which is a school of political leadership, an international think-tank and printing house.

Source: https://www.vision-gt.eu

samedi, 19 janvier 2019

Bientôt une nouvelle zone de conflit: le Pentagone veut contrer la Russie dans l’Arctique

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Bientôt une nouvelle zone de conflit: le Pentagone veut contrer la Russie dans l’Arctique

Washington: le Pentagone s’apprête à découvrir une nouvelle zone de conflit ou à en créer une de toutes pièces, s’il le faut. Le Wall Street Journal vient d’évoquer les plans de la marine américaine, qui entend accroître ses activités dans la zone arctique pour aller y affaiblir l’influence de la Russie.

L’indice premier de ce programme fut un entretien dans lequel le ministre de la marine Spencer reconnaissait récemment qu’un navire de guerre américain patrouillerait l’été prochain dans les eaux de l’Arctique dans le cadre d’un programme baptisé FONOP (« Opération pour garantir la liberté du trafic maritime »). D’après un porte-paroles de la marine, ce serait la première fois que la marine américaine lancerait une opération FONOP dans l’Océan Glacial Arctique.

En plus, les Etats-Unis projetteraient de réinstaller des troupes sur l’île d’Adak, dans l’Etat de l’Alaska. Elles seraient équipées de navires a effet de surface, d’avions patrouilleurs et d’appareils de reconnaissance du type P-8 Poseidon.

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L’île d’Adak avait abrité une base militaire américaine entre 1942 et 1991. La base fut abandonnée en 1991. Mais comme l’île se trouve à proximité du territoire russe, elle constituera, si la base est réinstallée, un indice clair et net, pour le Pentagone, soucieux de montrer aux Russes quelles sont leurs limites dans la région.

Le Wall Street Journal démontre que le réchauffement climatique global permettra d’ouvrir de nouvelles voies maritimes transarctiques. Ce nouvel état de choses entraînera l’émergence de nouvelles tensions dans le domaine du commerce international et de la défense. Les Etats-Unis et leurs alliés, ajoute le journal, s’engagent à défendre le droit de tous à mener des opérations sur les voies maritimes, où des conflits territoriaux pourraient surgir. Raison pour laquelle, toutes « prétentions exagérées » de pays tiers devront être contrées.

Il n’y a pas que la Russie qui est visée : la Chine également est perçue comme un futur adversaire dans l’Arctique. L’an dernier, la Chine a esquissé les plans d’une vaste politique arctique, comprenant l’organisation d’une « route de la soie polaire » afin d’obtenir le droit à la libre circulation dans la région. La Russie, de son côté et grâce à sa très longue frontière septentrionale dans l’Arctique, a tout de suite perçu quelles opportunités commerciales cela offrait et avait, depuis assez longtemps déjà, consolidé son influence dans la zone.

Pendant l’été 2018, le ministre russe de la défense Sergueï Choigu s’est montré préoccupé de voir émerger un conflit latent dans la zone arctique. Les activités qu’y projettent les Etats-Unis lui donne raison.

(article affiché sur le site de « Zuerst », http://www.zuerst.de , 17 janvier 2019).

mardi, 08 janvier 2019

La guerre commerciale aura bien lieu

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La guerre commerciale aura bien lieu

Guillaume Berlat 

Ex: http://www.zejournal.mobi

Hormis les bruits de bottes qui résonnent aux quatre coins de la planète, une guerre réelle et meurtrière à maints égards fait rage dans la plus grande indifférence. Cette guerre, c’est la guerre commerciale que mène, telle une croisade païenne, le 45ème président des États-Unis. Il fut élu, à la surprise générale des diplomates, experts, journalistes, prévisionnistes de tout poil, sur un slogan simple, pour ne pas dire simpliste, l’Amérique, d’abord et avant tout (« America First »). Les mêmes feignaient d’ignorer que Donald Trump n’était pas issu du sérail politique des bords du Potomac. Et qu’il avait un grave défaut pour un politicien traditionnel, il fait ce qu’il dit, y compris pour mener à bien ses idées les plus baroques. Le président américain n’a que faire du droit, des conventions internationales. Il veut imposer un sérieux aggiornamento des règles du commerce mondial et se lance dans un durable bras de fer avec la Chine. Pour ce qui est de la désunion européenne, il s’agit d’une simple promenade de santé tant le courage n’est pas la vertu cardinale de ce colosse aux pieds d’argile.

UN AGGIORNAMENTO DES RÈGLES DU COMMERCE MONDIAL

Donald Trump est avant tout un homme d’affaires qui sait ce que compter veut dire. Il ne s’embarrasse pas de théories fumeuses. Il est un praticien dur en négociation. Pour lui, tout échange doit être équilibré, gagnant/gagnant. Fini le temps des concessions octroyées par ses prédécesseurs aux Chinois qui inondent le marché américain de produits « made in China » tout en lui pillant ses technologies de pointe, aux Européens (plus spécialement les Allemands) qui exportent aciers, automobiles… Pour l’ancien magnat de l’immobilier new-yorkais, il était grand de temps de mettre un point final à cette symphonie d’une Amérique bienveillante, aux contrats qu’il juge léonins, à cette pétaudière multilatérale. Désormais, c’est la loi du talion qui doit gouverner les relations internationales. Au diable, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui fait le jeu des Chinois alors que ces derniers ne respectent pas les règles du jeu. Au feu, les G7 et autres G20 et leurs communiqués à l’eau de rose qui servent les délinquants du commerce international. Le mot d’ordre est clair, réciprocité. Le signal est rapide, le Tweet ravageur qui règle en 140 signes un problème complexe. Le procédé est simple, sanction et extraterritorialité du droit américain. Au passage, on se débarrasse des concurrents encombrants que sont les actionnaires d’Airbus que l’on met à genou pour favoriser Boeing, sous de fallacieux prétextes(1). La méthode est brutale. Téhéran ne veut pas répondre au Diktat américain, on lui inflige des trains de sanctions dont l’Iran aura le plus grand mal à se remettre. Il n’y a plus d’alliés dans cette guerre mondiale. Il n’y a que des concurrents ennemis potentiels de l’Amérique impériale. Gare à celui à qui il viendrait l’idée saugrenue de se mettre en travers du bulldozer américain. Il lui en coûtera. Le cadre général du débat est posé. Pour ceux qui n’auraient pas compris le message de l’homme à la mèche blonde tel qu’il ressort de ses déclarations et de ses saillies, on demande au secrétaire d’État américain (l’équivalent de notre ministre des Affaires étrangères), Mike Pompeo (ex-directeur de la CIA) de faire la leçon aux Européens dans leur capitale d’opérette en carton-pâte qui a pour nom Bruxelles(2). Une sorte de village Potemkine à la sauce libérale.

UN BRAS DE FER DURABLE AVEC LA CHINE

Donald Trump considère qu’il n’est plus possible de tolérer un tel déficit commercial avec une Chine impériale et « impérieuse »(3), pas qu’un pillage systématique des technologies américaines. Il faut y donner un sérieux coup d’arrêt. Le différend prend deux dimensions.

Une dimension commerciale, tout d’abord. Washington lance ses premières fatwas qui ne sont pas suivies d’effet du côté chinois. Et comme Pékin semble ne pas comprendre la méthode douce, on passe aussitôt (mars 2018) à la méthode force : coercition et sanction pour démontrer sa détermination à ne pas laisser les choses traîner. On allume alors le deuxième étage de la fusée en imposant des droits de douane dissuasifs sur une impressionnante de produits chinois. Et ce qui devait se produire se produit. Dès le mois d’avril, la Chine réplique par l’imposition de taxes sur 123 produits américains. Et le jeu des sanctions et des contre-sanctions se prolonge. Il faudra attendre le G20 de Buenos Aires (censé traité de la réforme des règles du commerce mondial et de l’OMC) pour qu’en marge de cette réunion Donald Trump et Xi Jinping décide d’une trêve. Mais pour combien de temps encore ? Une réunion entre experts des deux pays a lieu à Pékin le 7 janvier 2018. C’est le remake de la célèbre politique du bâton et de la carotte.

Mais, le problème prend une dimension diplomatique, ensuite. Quand les États-Unis mènent une guerre commerciale, ils ne lésinent pas sur les moyens. Ils exigent et obtiennent du Canada l’arrestation à Vancouver de Meng Wanzhou, directrice financière du géant chinois des telécoms Huawei, qui est à Pékin ce qu’Apple est à Washington. Que lui reproche-ton ? Rien d’autre que d’avoir violé l’embargo américain contre l’Iran, et de tomber sous le coup d’une législation que les Américains entendent imposer au monde entier. Les Chinois réagissent en arrêtant deux Canadiens sur leur territoire. La réponse du berger à la bergère. Les États-Unis et le Canada demandent, le 21 décembre 2018, la « libération immédiate » de deux Canadiens emprisonnés en Chine et au centre d’une crise diplomatique entre Ottawa et Pékin après l’arrestation au Canada d’une dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei. Affaire à suivre… Derrière l’affaire qui touche les géants des télécoms se joue la rivalité stratégique entre la Chine et les États-Unis(4).

« Quelle que soit l’issue de ce bras de fer, les Européens seraient bien inspirés de ne pas rester l’arme commerciale au pied, en jouant les idiots du village global »(5). Or, nous n’en sommes pas encore là !

UNE PROMENADE DE SANTÉ AVEC L’UNION EUROPÉNNE

Les Diktats commerciaux américains (menaces d’imposition de droits de douanes exorbitants sur l’acier et l’aluminium, en mars 2018, en violation des règles de l’OMC accompagnées de l’application extraterritoriale du droit américain) s’accumulent régulièrement sur l’Union européenne (ainsi que sur ses États membres, en particulier l’Allemagne). Et sans que cela ne suscite, jusqu’à présent du moins, de réactions dignes de ce nom, hormis quelques borborygmes inaudibles (Tweets du genre : « Donald Trump est du mauvais côté de l’histoire ») de la commissaire européenne au commerce, Anna Cecilia Malmström (suédoise au nom prédestiné) ou de menaces de porter l’affaire devant l’Organisation mondiale du commerce dont le fonctionnement est paralysé par l’Amérique du nord. L’Union européenne, qui exerce une compétence entière sur ces matières, a-t-elle définie une stratégie claire, un plan d’action, un dialogue stratégique ou tout autre gadget du genre dont elle a le secret ? Pas du tout. Elle préfère s’occuper à des questions techniques ou juridiques qui n’ont pas le moindre intérêt pour les citoyens européens. Laissant ainsi le soin à chacun des Vingt-Sept États membres de réagir à sa manière. Berlin va négocier directement à Washington pour faire exempter de droits de douanes ses exportations d’automobiles vers les États-Unis. Paris, par la voix de son inefficace ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, multiplie les déclarations lyriques et viriles qui ne changent rien à l’affaire. Il est vrai que l’addition de vingt-sept lâchetés n’a jamais conduit à une politique commerciale européenne courageuse et crédible face à la détermination de Donald Trump et à ses Oukases. Le fameux diviser pour mieux régner fonctionne à la perfection. Lors du sommet UE/Chine du 16 juillet 2018 à Pékin, le tandem Juncker/Tusk ne saisit pas l’occasion du différend américano-chinois pour poser le problème du commerce entre la Chine et l’Europe en termes de réciprocité et mettre des propositions concrètes sur la table. On préfère s’en tenir aux toasts diplomatiques célébrant la vigueur de l’amitié entre l’Empire du milieu et l’empire du néant.

Au-delà de sa dimension purement commerciale qui n’est pas négligeable, cette crise est avant tout une crise de la mondialisation. Crise qui n’est traitée jusqu’à présent que par des gesticulations, des provocations verbales, de coups de communication. Ces faux remèdes ne font qu’aggraver le mal. Les institutions internationales compétentes sont neutralisées. Les chefs d’État s’exposent dans une surcommunication à outrance, pratiquant le narcissisme stérile et l’irresponsabilité totale. Résultat, les crises s’ajoutent aux crises : celles de la mondialisation, de la régulation internationale, du multilatéralisme, de l’Europe, de l’autorité…, en vérité une crise géopolitique (« l’ère des cauchemars », Nicolas Tenzer). Cependant, tout cela n’aura aucun sens si l’on croit s’en tirer grâce à un remède miracle. Il faudra bien répondre un jour à la question de l’avenir de la gouvernance mondiale au XXIe siècle. Le veut-on ? Le peut-on ? Si le diplomate-écrivain, Jean Giraudoux écrivait en 1935 « La guerre de Troie n’aura pas lieu », nous pouvons dire, sans grand risque d’erreur en cette fin d’année 2018 et en ce début d’année 2018, que la guerre commerciale avec les États-Unis aura bien lieu.

Notes:

(1) Chloé Aeberhadt/Marie-Béatrice Baudet/Vincent Nouvet/Stéphanie Pierre, La justice américaine enquête sur Airbus, Le Monde, Économie & Entreprise, 21décembre 2018, pp. 1-2-3.

(2) Guillaume Berlat, Mike Pompeo : Requiem pour le multilatéralisme, www.prochetmoyen-orient.ch , 17 décembre 2018.

(3) Éditorial, La Chine, puissance impérieuse, Le Monde, 22 décembre 2018, p. 19.

(4) Alain Frachon, Huawei dans la bataille, Le Monde, 21 décembre 2010, p. 22.

(5) Jack Dion, Le symbole Huawei, Marianne, 14-19 septembre 2018, p. 30.

Gli Stati Uniti fra Terra e Mare

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Gli Stati Uniti fra Terra e Mare

Ex: https://www.eurasia-rivista.com

Gli studiosi di geopolitica hanno approfondito la natura messianica dell’ideologia politica americana, collegandone l’universalismo escatologico di matrice protestante non solo alle prassi politiche filosioniste ed imperialiste, ma anche al pensiero dei moderni teorici americani – da Fukuyama a Huntington. L’ideologia dell’eccezionalismo americano non si esaurisce nel neoconservatorismo, ma, sotto diversa forma, si esprime anche nel pensiero degli “idealisti” progressisti. Gli “idealisti” sono corrente trasversale a democratici e repubblicani, così come i “realisti” – da Kissinger a Brzezinski fino a Mearsheimer – non mettono in discussione l’assunto per cui o l’America è potenza globale o non è. Pur trovando compimento nella dottrina Monroe (enunciata nel discorso al Congresso del 1823), l’origine del virulento imperialismo americano può essere ricercata anche nella prassi politica di Theodore Roosevelt (1858 – 1919, presidenza dal 1901 al 1909). È ormai diffusa anche la comprensione del livello geoeconomico del predominio del dollaro e del controllo sul Medio Oriente, nonché del contrasto all’Eurasia.

È interessante inserire nell’analisi della geopolitica americana e dei suoi riflessi un ulteriore fattore: la comprensione della sua geopolitica “interna”.

Gli Stati Uniti sono un paese animato da una marcata dialettica interna, fatta di contrasti anche aspri tra le sue componenti religiose (per quanto il cattolicesimo americano sia ormai completamente “protestantizzato” e normalizzato, opera che prosegue nell’America Latina di Bolsonaro grazie all’insipienza dei Sacri Palazzi romani) ma soprattutto razziali e, prima ancora, geopolitiche. La società americana è un coacervo di contraddizioni che vengono toccate con mano se la si vive dall’interno: è importante coglierle per comprendere le debolezze presenti e future dell’iperpotenza a Stelle e Strisce.

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Seguendo un percorso ideale squisitamente geopolitico, di dialettica tra dimensione talassocratica e tellurica, possiamo dividere la storia americana in fasi marittime e terrestri. Le Tredici Colonie Britanniche, popolate da normali coloni in cerca di terra e fortuna nonché da esuli religiosi di sette protestanti, nascono dal mare e sul mare si affacciano, dovendo sì all’agricoltura ma soprattutto al commercio marittimo il proprio sostentamento e la propria incipiente fortuna. La dichiarazione di indipendenza arriva nel 1776 e sorge dall’indisponibilità delle colonie a sottostare all’oppressione fiscale e al monopolio commerciale della madrepatria britannica.

A questa primissima fase marittima succede una fase di terraferma e di espansione continua verso l’Ovest: un’immigrazione giunta da tutto il mondo in cerca di terra ed opportunità nella “Land of the Free” segna l’animo americano con quella fusione di senso dell’avventura e di autosufficienza e individualismo noto come “spirito della frontiera”. Vengono inglobate culture europee provenienti dal Vecchio Continente ma anche già presenti in quello nuovo: la Gran Bretagna (con la quale i rapporti rimarranno tesi per tutto il XIX secolo, fino a quando questa non rivolgerà le proprie attenzioni di nuovo al Vecchio Continente e all’emergente potere tedesco) verrà sconfitta in una nuova guerra nel 1812 senza guadagni territoriali, guadagni che arriveranno dalle sconfitte della Spagna (1898) e del Messico (1846-48), dall’acquisto delle colonie francesi o spagnole e dei territori russi, dall’annessione di Stati sovrani (la Repubblica del Vermont nel 1701 o quella del Texas nel 1845).

La visione degli Stati Uniti si concentra sulla conquista di terra contro le potenze coloniali europee, contro le tribù native (vittime di un vero e proprio genocidio) e contro il vicino messicano. È in questa fase storica che vanno ricercate le basi dell’isolazionismo americano del XIX secolo – isolazionismo rispetto agli affari europei. Per sopravvivere gli Stati Uniti devono concentrarsi sull’esclusione degli avversari dal proprio territorio e dal continente americano, senza intromettersi in vicende diplomatiche ad esso esterne. Una certa “mentalità dell’assedio” si salda con lo “spirito della frontiera”, temprando il carattere di un popolo bellicoso, ostinato e determinato. Popolo composto da popoli: la maggior parte degli americani bianchi discende da tedeschi ed irlandesi, seguiti da inglesi, italiani e polacchi (in ordine di incidenza). Né si può ignorare la presenza di una vasta popolazione di schiavi importati dal continente africano nei secoli trascorsi. Spartiacque della costruzione dell’identità e della fase geopolitica terrestre con la seconda fase marittima è appunto la Guerra Civile tra gli stati del Nord e del Sud. Due modelli politici e geopolitici, economici e sociali. Il Nord è industriale e tendenzialmente protezionista nonché tecnologicamente avanzato, mentre il Sud, assai meno popolato, è mercantile e liberoscambista, con un’economia agricola e cotoniera la cui prosperità dipende dal lavoro degli schiavi, dal libero commercio dell’oro bianco e dal controllo del Mississippi. Il Nord si proietta nella realizzazione della Dottrina Monroe di dominio sul continente: il Sud, filobritannico, continua a guardare al mare e al resto del mondo. Si tratta di due visioni della politica americana confliggenti anche sul piano istituzionale: un’Unione forte e centralista si contrappone ad una Confederazione di Stati gelosi della propria autonomia.

La prima grande linea di frattura della geopolitica americana, quella tra Nord e Sud, si risolve con la sconfitta del secondo, ma si riassume in una faglia tuttora irrisolta: la frattura razziale tra bianchi e neri e tra bianchi ricchi e progressisti del nord e bianchi poveri e conservatori del sud (paradossalmente, in origine repubblicani i primi e democratici i secondi).

Completata la conquista della terra col processo di autocostruzione di una nazione, la strategia americana torna volgersi al mare: gli Stati Uniti riunificati si affacciano saldamente su due oceani e, sconfitta la Spagna sul finire del secolo XIX, guadagneranno Cuba, Porto Rico e le Filippine. La disponibilità di terra e di risorse, lo spirito di intraprendenza degli immigrati europei, la saldezza dei diritti di proprietà e l’assenza di contrasti di classe nel senso europeo – l’operaio oppresso può semplicemente scegliere di cambiare vita spostandosi ad ovest – favoriscono un formidabile accumulo di capitale che proietta gli Stati Uniti ad essere la prima potenza economica globale già nei primi decenni del XX secolo. Se il consolidamento come primo potere militare e politico giunge con la vittoria nelle due guerre civili europee del ‘14-‘18 e del ’39-’45 che hanno come risultato l’autodistruzione del Vecchio Continente, la primazia geopolitica era in realtà già conseguita: gli Stati Uniti si possono volgere al mare e all’intervento nelle altre aree del mondo perché non hanno più rivali sul continente americano.

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La terza fase marittima – meglio: talassocratica – è quella che dura tutt’oggi. La geopolitica interna degli Stati Uniti che permette questo volgersi al mare è in realtà una geopolitica di tutto il continente americano, “giardino di casa” degli USA, che vi dominano con trattati commerciali, tramite l’installazione di governi vassalli o saldamente alleati (i regimi castrensi dell’Operazione Condor) o tramite l’intervento diretto (a Grenada o Panama).

Possiamo identificarvi i seguenti tre cerchi concentrici.

  1. Gli Stati Uniti propriamente detti. Se il grande contrasto tra Nord industriale (diviso tra Midwest e costa orientale) e Sud cotoniero (il Mississippi e i porti del Sud e dell’Est, piegati dal blocco marittimo dall’Unione) si è risolto, non si risolve quello tra le due coste, centro cosmopolita dell’economia globalizzata, della finanza (predominio del Dollaro) e dell’innovazione (predominio tecnologico) e quindi due vere punte di lancia del potere americano globale, e gli Stati centrali agricoli e industriali, dominati da settori dell’economia più tradizionale che vede ormai minori tassi di investimento, accumulazione e crescita delle produzione e dei redditi e dove ha avuto luogo la rivolta della classe media e povera bianca (e non solo). Per la prima volta il Nord industriale e il Sud agricolo, con l’elezione di Trump, si sono saldati contro le coste, nella seconda grande frattura geopolitica e geoeconomica americana.
  2. Il primo anello marittimo: sostanzialmente il Mediterraneo del Golfo del Messico, dallo Yucatan alla Florida, con la salda base del Portorico ma con la spina nel fianco cubana (il cui tasso di effettiva pericolosità si è estremamente ridotto nei decenni). La piaga strategica che infesta quest’area (ma che costituisce anche il pretesto per il continuo intervento statunitense nell’area) è quella di un narcotraffico che ha trasformato interi paesi (come ad esempio l’Honduras) in Stati falliti.
  3. Il terzo anello marittimo e terrestre: l’America del Sud, con il cruciale canale di Panama e i paesi dell’America Latina, che dopo la stagione dei governi progressisti sono stati normalizzati dal riflusso dei governi liberisti di destra neocon (dal Cile al Brasile di Bolsonaro), con la Bolivia ed il Venezuela isolati e minacciati. L’America di Trump, per mezzo del suo grande tessitore Steve Bannon, ha riaffermato che la sua sicurezza e la sua esistenza come potenza hanno nel controllo del Continente un piedistallo non negoziabile. La politica interna dei paesi dell’America Latina è politica interna agli USA: si pensi alla passata diffusione dell’ideologia marxista e dei movimenti anticapitalisti (dalle guerriglie sino alla stagione del movimenti pacifici di Porto Alegre) o al rischio presente, rappresentato dal narcotraffico in Stati travolti da una violenza senza limiti come Brasile, Colombia e soprattutto Messico, con i conseguenti devastanti effetti sociali sul traffico di oppioidi e di cocaina. Geopoliticamente l’America Latina si concentra sulle proprie coste sin dall’epoca dei porti coloniali (molto più che non in entroterra di foreste impenetrabili, aridi deserti o gelidi e inospitali altipiani). È troppo poco per dire che alla potenza marittima basta assicurarsi il controllo dei porti: le risorse dell’America Latina, dalle acque dei fiumi, al petrolio, al rame, agli spazi agricoli, sono nel suo interno.

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Questo sintetico excursus mira a porre il tema della complessità interna agli Stati Uniti d’America e alle loro radici geopolitiche. Visti – a ragione – come una potenza prevalentemente finanziaria, tecnologica e marittima (in una parola: talassocratica), gli Stati Uniti (non esenti in passato da contrasti giunti fino al sanguinoso conflitto civile) sono attraversati da almeno due fratture interne, una di natura sociale e una, per l’appunto, di natura geopolitica.

  1. L’irrisolto contrasto razziale tra bianchi e neri. I primi tendenzialmente più ricchi ed istruiti, i secondi tendenzialmente più poveri ed esposti a forme varie di emarginazione sociale. Si aggiunge il contrasto tra bianchi “wasp” (“white, anglo-saxon, protestant”), i bianchi portatori del nucleo culturale attorno al quale è stata edificata la costruzione statunitense dal 1776 ad oggi, e i nuovi migranti, composti sì da poveri latino-americani, ma anche da una borghesia cosmopolita di indiani, cinesi ed europei.
  2. La faglia geoeconomica che vede da un lato le due coste fulcro dell’economia globalizzata tecnologica e finanziaria, e dall’altro la fascia centrale delle tradizionali economie agricole ed industriali. Qui la vecchia classe media americana, artefice dello sviluppo votato ai consumi dei decenni passati (e spesso, ma non sempre, definibile come “wasp”) ha visto i propri redditi ristagnare nel contesto dell’economia globalizzata della quale è rimasta se non esclusa comunque ai margini. Qui si concentrano sia la classe operaia bianca e nera delle aree industriali (un tempo sicuro serbatoio elettorale democratico). Qui si trovano anche i bianchi poveri del Sud, spregiativamente definiti “redneck” (colli rossi bruciati dal sole durante i lavori agricoli) o addirittura “white trash”, “immondizia bianca”. Questa frattura riproduce lo scontro tra città e campagna, un tempo economie interdipendenti ed oggi scisse, nonché tra i centri dell’economia globalizzata (votati a finanza e tecnologia) e le periferie dell’economia tradizionale industriale ed agricola, nelle quali sopravvivono solo poche eccellenze manifatturiere, e le aree storicamente depresse. Si tratta del medesimo fenomeno in corso in Europa, per quanto su scala geograficamente assai più ridotta e con in più strumenti di coesione sociale e di welfare che agli USA sono ignoti (come del resto è ignoto all’Europa il patriottismo nazionalista americano, unico ma sin qui efficace collante sociale del paese).

Abbiamo proposto una visione in cui l’intera geopolitica del continente americano (Nord e Sud) è vista come geopolitica interna degli USA. Gli USA non possono perdere le Americhe, pena la perdita dell’inviolabilità terrestre. Se il Pacifico resta inattraversabile da forze ostili e l’Atlantico resta un “lago americano”, urge comunque porsi le seguenti domande.

  1. Sino a che punto i popoli dell’America Latina desiderano appartenere ad un proconsolato americano? La recente vittoria elettorale di governi filostatunitensi sembra indicare un forte riflusso dalla stagione delle lotte antimperialiste, ma il successo di questi governi si misurerà nel successo economico di economie deboli, a scarsa tecnologia e dominate dall’esportazione di materie prime, nonché ormai alla fine del proprio “dividendo demografico” o fortemente integrate, quando industriali, nell’economia statunitense (si pensi al Messico).
  2. Sino a che punto il confine settentrionale può restare silente e privo di minacce? Non pensiamo sicuramente al Canada – pur culturalmente molto diverso e segnato da uno stile di vita maggiormente “europeo” – integrato con l’economia americana, ricco di materie prime e spazio ma gelido e poco popolato, quanto all’eventualità che, con lo scioglimento dei ghiacci, l’Artico (e quindi l’Alaska) diventi oggetto di contesa (è già oggetto di attenzioni militari) con Russia e Cina.

Tendiamo a definire le sfide all’egemonia americana nel XXI secolo come completamente esterne all’area geopolitica statunitense, immaginando la prima potenza mondiale come un blocco geopolitico e sociale omogeneo: esse sono sempre considerate di natura economica o finanziaria (sfida al Dollaro, sfida al controllo delle materie prime delle quali pure l’America è immensa riserva), di natura militare (sfida cinese), oppure di natura sì geopolitica, ma prettamente esterna all’area americana (sfida dell’Eurasia unita, sfida dell’Africa cinese). Apprezzarne le contraddizioni sociali e persino le faglie geopolitiche interne ci porta meglio a comprendere come le istanze che gli Stati Uniti d’America dovranno e già devono affrontare siano di natura estremamente più sfaccettata. La domanda che gli osservatori dovrebbero porsi è la seguente: quanto è in primis resiliente ed in secundis flessibile la società americana per assorbire e superare queste contraddizioni in un contesto globale in cui l’America non è più una solitaria potenza egemone?

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Finché gli Stati Uniti garantiranno a larghe fette della propria popolazione livelli enormi di benessere materiale e ai nuovi arrivati opportunità di accostarvisi, tutte le contraddizioni passeranno sotto traccia. È a questo benessere che si deve anche il primato culturale e ideologico americano (il cosiddetto “soft power”) e non certo alle astrazioni “libertà”, “democrazia”, “libera circolazione delle idee”, privilegi riservati alla ristretta cerchia degli appartenenti alle classi ricche o al massimo alle sempre più ristrette classi medie. La domanda che ci poniamo non interessa alle classi politiche ed intellettuali europee, che sembrano conquistate fino a deporre qualsiasi spirito critico. Nessuno, in nessuna corrente politica con diritto di tribuna in Europa, mette in discussione il modello americano, i valori americani, nemmeno l’imperialismo americano. Il mondo “progressista”, un tempo critico, ha applaudito l’intervento in Libia, ha invocato quello in Siria, ha taciuto su quelli degli alleati degli americani in Palestina e in Yemen. Il mondo “conservatore”, che un tempo contrapponeva valori “spirituali” al materialismo (liberale o comunista che fosse), oggi ne è completamente dimentico.

Il benessere deriva dal dominio economico del pianeta, il quale deriva dal dominio tecnologico e finanziario, che a sua volta deriva da quello militare e strategico – il quale, in un circolo virtuoso, è garantito dai due precedenti. Qualora il dominio tecnologico e finanziario dovessero infrangersi o anche solo ridursi o dovesse venir meno quello militare e strategico, l’economia americana non potrebbe più garantire livelli di benessere e consumi a tutta la popolazione né opportunità ai nuovi arrivati, cosicché le faglie sociali interne potrebbero allargarsi pericolosamente. Un paese che ai propri cittadini non concede nulla gratuitamente, né assistenza sanitaria né istruzione di qualità, dovrebbe per esempio iniziare a rendere loro conto di tutto questo, una volta esauritesi le opportunità di arricchirsi e di acquistare il meglio della sanità e il meglio dell’istruzione sul mercato privato. Il dollaro è moneta globale solo finché la potenza militare americana non conoscerà sfide reali; e la potenza militare americana non conoscerà sfide reali finché il dollaro sarà moneta globale.

Non ci è dato sapere se e quando tutto ciò verrà meno, ma quello che è certo è che l’equilibrio interno della società americana dipende dalla sua potenza esterna, dalla sua capacità di espansione nel mondo; e la sua potenza nel mondo dipende viceversa da una coesione sociale interna data dal benessere. Da questo benessere sono escluse ampie fette della popolazione americana (buona parte della popolazione nera ed ispanica nonché i bianchi poveri e della ex-classe media).

In Europa, area del mondo teoricamente democratica e caratterizzata da diritti individuali affermati, il patto socialdemocratico che scambiava pace sociale con benessere si è infranto miseramente con le crisi petrolifere degli anni ’70 e con la globalizzazione; ciò ha generato società pessimiste sino alla sterilità, diseguali, patologicamente incapaci di integrare gli immigrati, nelle quali le classi medie ristagnano e quelle povere regrediscono al livello di “lumpenproletariat”, mentre la Repubblica Popolare Cinese – paese estraneo al sistema liberaldemocratico – vanta continui successi economici e tecnologici. La partecipazione del cinese medio, dell’americano medio e dell’europeo medio al “processo democratico” è del tutto simile e passiva, nonostante la diversità dei tre sistemi: a comprare il consenso sociale sembra che sia il benessere materiale. Con questo non diciamo che vivere nelle tre aree del mondo sia indifferente e che i tre stili di vita siano intercambiabili, data la diversità di ritmi, culture e tradizioni.

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È un dato di fatto che la natura multipolare del pianeta tende altresì a consolidarsi: da un lato il blocco eonomico-politico del continente americano – che sembra riesca a tenere in subordine l’inesistente Europa – dall’altro un blocco cinese asiatico e pacifico in formazione non senza difficoltà, con alcune potenze più (Russia) o meno (India) in fase di collocamento autonomo. In mezzo al guado, una Germania tristemente incapace di assumere la guida dell’Europa e di fare scelte finalmente autonome dall’area atlantica per insipienza della propria classe politica.

Indicatore chiarissimo di questa tendenza è il mercato dell’auto, settore trainante rispetto alla manifattura globale, tra i primi per consumo di acciaio, che muove, su programmazioni pluriquinquennali (se non pluridecennali), investimenti, strategie e forze produttive e tecnologiche immani. È notizia di questi giorni (inizi di Dicembre 2018) che la General Motors desidera chiudere stabilimenti nel Nord America licenziando un totale di 14.000 lavoratori circa per focalizzarsi sul mercato asiatico. È quanto decide di fare anche la Nissan, rompendo forse l’alleanza storica con i francesi della Renault. Questa rottura garantirebbe alle controparti giapponesi la mano libera sul mercato asiatico, mentre il gruppo italoamericano FCA sarebbe in procinto di essere venduto “a pezzi”, nel solco di una profonda rifocalizzazione produttiva e di vendite fuori dall’Europa e verso le Americhe.

Nel mondo multipolare, l’egemonia unica degli USA è già in discussione.

L’Amérique latine en quête d’indépendance

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L’Amérique latine en quête d’indépendance

par Oscar Fortin

Ex: http://www.zejournal.mobi

L’histoire de l’Amérique latine nous apprend que cette dernière a été et continue d’être considérée comme « la cour arrière des États-Unis ». La doctrine Monroe en consacre la légitimité et donne à Washington tous les pouvoirs sur le Continent.

1) Les États-Unis ont reconnu, l’année précédente, l’indépendance des nouvelles républiques latino-américaines ; en conséquence de quoi, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud ne sont  plus ouvertes à la colonisation européenne.

2) Les États-Unis regardent désormais toute intervention de leur part dans les affaires du continent américain comme une menace pour leur sécurité et pour la paix.

3) En contrepartie, les États-Unis n’interviendront jamais dans les affaires européennes.

La doctrine de Monroe se résume en définitive comme suit : « l’Amérique aux Américains ».

De fait, la reconnaissance de l’indépendance des nouvelles républiques latino-américaines de la part de Washington permettait à ce dernier de se défaire de la présence des pays colonisateurs européens tout en ouvrant toute grande la porte pour qu’il puisse y régner en maître. L’indépendance de ces pays serait respectée dans la mesure où ces derniers harmoniseraient leurs politiques avec ses propres intérêts. De là l’expression bien connue qui qualifie l’Amérique latine comme étant la « cour arrière des États-Unis ».

On ne saurait comprendre ce qui se passe, présentement, en Amérique latine sans faire référence à cette Doctrine Monroe qui ne répond qu’aux intérêts de Washington. L’histoire des conflits du siècle dernier et ceux d’aujourd’hui illustrent de manière claire et sans équivoque le veto unilatéral de Washington sur l’indépendance et la souveraineté des pays du Continent latino-américain.

La révolution du Peuple cubain (1958-1959), sous la direction de Fidel Castro, visant la destitution du dictateur Batista, en était une qui reposait sur l’indépendance et la souveraineté de ce peuple. De toute évidence, Batista était l’homme de main de Washington lui permettant d’agir à sa guise à Cuba. Nous connaissons de plus en plus l’histoire de cette révolution qui fut et est toujours victime de l’interventionnisme de Washington. Le seul « blocus économique » qui dure depuis plus de 59 ans et que condamnent, année après année, les membres de l’Assemblée générale des Nations Unies représente un véritable crime contre l’humanité.

La révolution du Peuple chilien (1973) reproduit les mêmes comportements de Washington à l’endroit de l’indépendance et de la souveraineté de ce Peuple. À la différence de Cuba où régnait un dictateur, Salvador Allende prit le pouvoir en respectant le cadre démocratique prévu à la constitution chilienne.  Ses politiques se sont concentrées sur la récupération des richesses du pays, dont le cuivre occupe une place importante, pour en faire bénéficier le peuple. Il a agi avec les pouvoirs d’un État indépendant et souverain, dans le respect du droit international. C’était déjà trop. Washington avait déjà préparé tout son arsenal politique, économique et militaire, pour en finir avec le gouvernement de Salvador Allende. Nous connaissons l’histoire des bombardements de la Moneda (édifice du parlement chilien), de la trahison du général Augusto Pinochet ainsi que tous les crimes qui en ont suivi.

La révolution du peuple vénézuélien (1998), sous la direction d’Hugo Chavez s’impose par une élection libre et démocratique qu’il remporte avec grande majorité. Donnant suite à ses promesses électorales, il procède dès les premiers instants à la rédaction d’une nouvelle constitution, écrite et voulue par le peuple. Soumise à un référendum, l’année suivante, elle fut acceptée avec une très grande majorité. Il s’agit d’une révolution qui consacre la démocratie participative, donnant ainsi au peuple un droit de regard et d’intervention dans l’exercice des pouvoirs de l’État. Il s’agit également d’une révolution de format socialiste, humaniste, chrétien et anti-impérialiste. Encore là, Washington et les oligarchies locales ne l’entendirent pas de la même manière. Au diable, la démocratie, en avril 2002, le gouvernement est victime d’un Coup d’État et son président, Hugo Chavez, est enlevé de force et détenu en un endroit secret. En un rien de temps, le peuple et l’armée restée fidèle sont descendus dans les rues et ont repris le contrôle de la résidence du Président et arrêter les auteurs de ce coup d’État. Depuis lors, les tentatives d’intervention pour éliminer ce gouvernement n’ont cessé. Le 11 janvier prochain, on annonce une intervention musclée pour empêcher l’assermentation du  président Nicolas Maduro, élu avec grande majorité, en mai dernier, pour le mandat allant de 2019 à 2025.

Je pourrais ajouter à ces révolutions celles de la Bolivie, avec Evo Morales, du Brésil, avec Lula et Dilma Rousseff, de l’Équateur, avec Rafael Correa, du Nicaragua, avec Daniel Ortega, d’Argentine avec Hector y Cristina Kirchner. Le format d’intervention est toujours le même : guerre économique, désinformation sous toutes ses formes , mise à contribution des épiscopats catholiques qui s’apparentent bien souvent aux forces de l’opposition politique.

C’est dans ce contexte que se présente la grande alliance du Vatican et de Washington. Pendant que ce dernier veut récupérer ses pleins pouvoirs sur les gouvernements de l’Amérique latine, le Vatican veut se défaire de tout ce qui raisonne communisme, socialisme, anti-impérialisme, etc. À toute fin pratique, les deux s’entendent sur les mêmes ennemis sans pour autant partager les mêmes objectifs.

En 1982, à la bibliothèque du Vatican, un premier Pacte a été signé entre le pape Jean-Paul II et Ronald Reagan.  Ils en étaient à leur premier contact. Il s’agissait, à cette époque, de la Pologne et des mouvements socialistes en A.L, dont la théologie de libération qui en  faisait partie.

En 2014, un second Pacte est signé, cette fois entre le pape François et Obama. Ce dernier n’arrive toujours pas à se libérer de Maduro au Venezuela, de Lula et Dilma Rousseff au Brésil, de Daniel Ortega au Nicaragua, etc. L’aide du Vatican et des épiscopats nationaux de ces pays s’impose.

Dans certains de ces pays, les épiscopats utilisent à plein régime la « religion » avec tous ses symboles pour discréditer les gouvernements au pouvoir et soulever le peuple contre ces derniers. Ils assument, pratiquement en totalité, les fonctions d’une opposition qui a perdu toute crédibilité. Ils en arrivent eux-mêmes à perdre la leur. Ça sent beaucoup la « religion opium du peuple ».

Liens:

https://www.mondialisation.ca/nouveau-pacte-entre-le-vati...

http://www.elcorreo.eu.org/Nouveau-pacte-entre-le-Vatican...

https://www.courrierinternational.com/article/2005/04/07/...

http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/lamerique-latine...


- Source : Humanisme Blogspot

lundi, 31 décembre 2018

Un nouvel ordre mondial vu de Russie

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Un nouvel ordre mondial vu de Russie

A new world order: A view from Russia

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://europesolidaire.eu

RGAff.jpgCet article, référencé ci-dessous, écrit par deux spécialistes russes de science politique internationales, Sergey Karagonov et Dmitry Suslov, est à lire d'urgence. Il présente, loin de la façon dont en France, sous l'influence des « think tanks » américains, l'on se représente la diplomatie russe, un point de vue très balancé de ce que pourrait être le rôle de la Russie dans la construction de ce que l'on commence à nommer une grande puissance eurasiatique.
Celle-ci pourrait constituer, face à un ensemble dit euro-atlantique dominé par les intérêts politiques et économiques américains, un contrepoids essentiel permettant d'éviter une guerre mondiale. Une puissance eurasiatique comprendrait, comme le nom l'indique, la Russie et certains grands pays européens ouverts au monde, comme devrait être la France. Il permettrait aussi d'associer à la Russie et à l'Europe la puissance chinoise en voie de devenir un facteur autour duquel se construira le monde de cette fin de siècle.
Mais la lecture de cet article s'impose aussi parce que celui-ci pourra faire connaître en France une revue russe de politique internationale, Russia in Global Affairs, dont on peut penser que s'inspirent Vladimir Poutine et Sergei Lavrov dans leur effort pour jouer un rôle modérateur au sein des actuels conflits militaires au Moyen-Orient.

Bref résumé de la première partie de l'article.
Nos commentaires en caractères italiques 

1. Un nouvel ordre du monde

L'ordre du monde international qui s'était imposé depuis plus d'un siècle s'est trouvé remis en cause depuis 2017-2018. une cause en a été l'élection de Donald Trump et la volonté américaine d'éliminer la Russie et la Chine des institutions en charge de le définir et le protéger. Mais plus en profondeur cet ordre du monde s'est heurté aux conflits grandissants entre puissance qui jusqu'ici s'était accordés sur la nécessité d'un tel ordre du monde. Tout laisse penser que l'ordre du monde ancien est en cours d'effondrement et qu'un nouvel ordre pourrait s'imposer. La Russie a de bonnes chances de pouvoir être un des principaux moteurs de cette transformation. Sous son influence, le nouvel ordre du monde pourrait plus équitable, stable et pacifique.

Les auteurs de l'article sont russes. On pourra objecter qu'ils défendent une thèse favorable à la Russie. Mais dans la suite de l'article ils apportent des arguments très sérieux en faveur de leur point de vue. Nous pensons que la plupart de ceux-ci mériteraient d'être pris en considération.

Malheureusement, ce nouvel ordre du monde demandera beaucoup de temps pour s'imposer. En attendant, l'état actuel des relations entre les Etats-Unis et la Russie ne contribue pas à prévenir le risque d'une 3e Guerre Mondiale qui verrait la disparition de ces deux puissance, comme sans doute de toutes les autres.

Dans ce domaine, la Russie s'efforce d'agir comme un facteur de sécurité à travers ses politiques internationales et de défense. Les réalisations actuelles de la Russie dans le domaine de nouvelles armes, exposées par Vladimir Poutine dans son discours de 2018, devraient jouer un rôle essentiel. Il s'agira d'une force de dissuasion visant à décourager les politiques d'agression des Etats-Unis.

Ceci paraîtra peu crédible au lecteur mal informé, car de nouvelles armes, aussi efficaces soient-elles en termes dissuasif, peuvent également être mises au service de politiques d'agression. Mais nous avons nous-même à l'époque indiqué que cela ne devrait pas être le cas. Un simple missile hypersonique du type de celui mis au point par la Russie, qui pourrait à lui seul détruire un porte-avions, ne pourrait jamais, à moins d'être doté d'une charge nucléaire – ce que Moscou refuse - soutenir une politique d'agression, au contraire de la flotte de porte-avions dont s'est dotée l'Amérique . Ceci étant la Russie dispose en Europe de forces terrestres largement supérieures à celles de l'Otan. Là encore il sera essentiel que la Russie continue, comme elle l'a fait jusqu'à présent, à maintenir une politique de non-agression, essentielle pour un éventuel dialogue constructif avec Washington.

Le « pivot » vers l'Asie de la Russie, se traduisant par un rapprochement avec la Chine, contribuera à créer une « Grande Eurasie ». Vu l'étendue des territoires et l'importance des forces concernées, cet ensemble pourra être un élément essentiel pour le futur ordre du monde, contrairement à ce que serait une Chine livrée à ses propres forces pour se faire respecter. De plus, la Russie s'efforcera de développer un partenariat étendu avec l'Inde et une coopération avec des alliés de l'Amérique, notamment le Japon, la Corée du sud et si possible les Etats européens. Ces différents pays cherchent à atténuer les confrontations entre l'occident et la Russie, comme entre les Etats-Unis et la Russie. Aucun n'a à y gagner.

Ceci dit, notamment pour des raisons de politique intérieure, aucun des Etats occidentaux ne paraît prêt dans les 10 prochaines années à accepter un nouvel ordre international incluant la Russie. Lorsque les élites actuellement au pouvoir auront été remplacées dans les 10 ou 20 ans prochains par d'autres plus ouvertes, c'est-à-dire vers 2030-2040, le nouvel ordre devrait devenir possible.

2) Pourquoi l'ordre du monde international actuel est-il en voie d'effondrement ?
3) La situation de l'Occident
4) Une Russie victorieuse, mais non sans problèmes
5) Les enjeux de sécurité
6) Le rôle de la Russie pour créer autour de l'Eurasie de futures politiques internationales plus ouvertes


Notes et sources

 

Référence de l'article
 https://eng.globalaffairs.ru/pubcol/A-new-world-order-A-v...

mardi, 18 décembre 2018

Le Royaume-Uni et le dernier Empire - Sur la souveraineté, l'intérêt nation et l'ordre libéral des nations

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Le Royaume-Uni et le dernier Empire
 
Sur la souveraineté, l'intérêt nation et l'ordre libéral des nations
 
par Irnerio Seminatore
Le Royaume Uni et le dernier Empire 

Le 25 Novembre 2018, après 18 mois d'âpres négociations, un projet d'accord a été signé par les Chefs d’États et de Gouvernement des 27 Pays-membres de l'Union Européenne et par la Première Ministre du Royaume-Uni, M.me Theresa May, pour mettre fin à la membership de la Grande Bretagne aux institutions européennes, après 45 ans d'adhésion(1973).

S'ensuivit une courte allocution, puis le retour amer de la Première Ministre à Londres, afin de  soumettre le texte (de 585 pages) et une déclaration politique d'accompagnement (de 26 pages), au débat et à la ratification parlementaires de Westminster.

La journée, historique et peu jubilatoire, a marqué un échec du projet européen et un tournant grave de son évolution, que certains (Macron) préconisent de "refondation".

En effet, les dangers internes du consensus de masse, exprimés par référendum et libérés des freins et des contrepoids traditionnels, ont pris le poids sur la définition de l'avenir.

Voulu par un choix populaire, ce retour à l'exercice intégrale de la "souveraineté nationale" de la part de la deuxième puissance économique du continent s'est fait dans l'amertume et dans l'incertitude.

Trois arguments ont pesés sur le vote populaire: l'immigration, la zone euro et le fossé culturel et politique entre l'Est et l'Ouest.

Confronté à un compromis insatisfaisant et au dilemme de se soumettre ou de sortir sans accord (no deal), certains ministres du gouvernement de Theresa May ont réconforté le débat,en indiquant au pays, comme objectif ambitieux, un nouveau destin planétaire, le seul à la hauteur de son passé.

Enfin, l'U.E et la Grande Bretagne sont revenues, chacune, à leurs traditions et pratiques. Les continentaux à l'utopie bureaucratique des institutions européennes avec, en corrélat, l'opposition pré-moderne du "peuple" et des"élites" (France) et le Royaume-Uni à ses fondamentaux, de liberté et de démocratie politiques, avec, en corrélat, le droit de dissidence, de sécession et de résistance à la contrainte  normative de l'Union.

Contre ce tyran (l'empire oppressif de l'U.E) on a pu invoquer ainsi le droit moyenâgeux de sédition et de mort, le tyrannicide.

La volonté de quitter l'hydre européenne  a été la première exigence à satisfaire, en parfaite conformité avec le référendum et avec les demandes des "brexiters" (les tories) de mener une politique d'austérité et, des remainers, de souhaiter une plus grande présence de l’État dans la vie économique.

Le vote en faveur du Brexit a représenté pour tous, continentaux et britanniques, une victoire du populisme, du nationalisme et du souverainisme, comme "longue usurpation du pouvoir", ou, en d'autres termes, comme fondement d'une légitimité ancienne.

Face au dernier empire (l'U.E) et à l'extrémisme normatif de la "raison", tous les avatars de l'anti-souverainisme n'ont pu éviter une crise de confiance envers les institutions et contre les "élites globalistes" de la mondialisation.

En France et en Italie, l'impuissance de l'ordo-libéralisme et des traités de l'U.E, à proposer une offre politique par le biais d'un dépassement des partis politiques,de la représentation bi-partisane (justifiant l'appel "ni droite, ni gauche"), et de l'usure des corps intermédiaires , a mis en lumière, grâce au référendum britannique, le clivage qui existe désormais entre deux visions de la société, nationale et international, à l'ère d'internet.

Il a poussé à une radicalisation des termes de l'accord, arraché par Theresa May, qui a dramatisé à l'excès le choix final, "Ou moi,ou le chaos (identifié à un "no deal", ou à une négation de l'intérêt national).

Le Royaume Uni, l'intérêt national et la "Balance of Power"

En effet et par le passé, c'est au nom de "l'intérêt national" que le Royaume Uni a toujours défini ses choix, en politique interne, prônant pour l'unité du royaume et en politique européenne et mondiale, penchant  pour l'adoption  du vieux principe de "divide et impera!"

A titre d'impact psychologique, la crise de la Grande Bretagne avec l'Union européenne, a été comparée, par les médias et par une partie de la classe gouvernementale britannique à la "crise de Suez" de 1956, qui tourna politiquement au fiasco, malgré la victoire militaire.

Cette comparaison a rappelé à l'opinion la première prise de conscience, encore circonscrite, du déclin de l'Empire.

Son déclassement géopolitique et historique confina depuis et pour l'essentiel, les deux puissances coloniales de l'époque, la France et la Grande Bretagne, à peser sur le seul continent européen.

La "limite", qu'imposait désormais au Royaume -Uni  la "surextention impériale"(P. Kennedy), n'était rien d'autre que l'adaptation de l'intérêt national à la politique de "l'équilibre de puissance" de David Hume, comportant  une surveillance permanente sur les intentions et les manœuvres des acteurs continentaux concurrents, afin que "ne soit pas tenue en une seule main une force supérieure à toutes les autres coalisées"!

Une image efficace pour définir l'opposition résolue de l'Angleterre aux ambitions continentales et montantes de toute puissance hégémonique, dont témoignèrent la première et la deuxième guerre mondiales.

Cependant, la conscience du déclin de l'Empire fut ressentie pour la première fois et de manière plus aiguë par Churchill, vis à vis de l'Amérique et de l'Union Soviétique, à la "Conférence de Téhéran, des trois Grands, Roosevelt, Staline et Churchill", en 1943, organisée pour définir la coordination militaire et politique de la dernière phase du conflit, par l'ouverture d'un deuxième front et le débarquement en Normandie, ainsi que pour redessiner la carte de la Pologne et de l'Allemagne dans l'organisation de l'ordre mondial et dans la recherche de la sécurité collective sur le théâtre européen.

Rien de comparable avec l'amertume de Theresa May, de retour à Westminster, après la conférence extraordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement des Pays-membres de l'Union. Ni l'enjeu, ni la taille des protagonistes semble justifier une telle comparaison.

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Perspectives et équilibres planétaires

Toutefois, sur la toile de fond de l'histoire européenne la réappropriation du passé acquière désormais une valeur symbolique différente pour les diverses classes d'acteurs et mobilise différemment les deux camps, face à l'avenir et aux projets de"reforme" des institutions qui avaient été jusqu'ici communes.

Si les deux impératifs de l'intérêt national et de l'équilibre de puissance ont été les deux fils conducteurs du Royaume Uni depuis le traité de Utrecht (en 1713, reconfirmé par le Congrès de Vienne en 1805), se résumant à l'unité des îles britanniques autour de la couronne et à la division des joueurs sur le continent, rien de tel pour les 27 pays membres, irréductibles à un principe d'action commun.

Vers quelle direction tournera-t-il le vent de l'histoire du XXIème siècle et qui en saisira la force et les opportunités?

Il semble désormais acquis que l'entrée de la Grande Bretagne dans la Communauté européenne en 1973 n'a été rien d'autre que l'adaptation du principe directeur de la politique britannique traditionnelle, visant à empêcher de l'intérieur toute transformation de l'Union en puissance politique susceptible de devenir une menace et à privilégier l'élargissement, au détriment de l'approfondissement institutionnel, lors de la demande d'adhésion des pays de l'Est, en faisant accepter son pouvoir de regard et de veto, qui lui permirent de bloquer toute avancée significative du bloc concurrent et de rester libre d'agir, sans les contraintes économiques de la zone euro.

Or, l'identification claire de son intérêt de sécurité et de sa survie et l' insertion de cet intérêt vital dans les nouveaux équilibres planétaires, portera-t-elle la Grande-Bretagne à oublier son encrage insulaire entre l'Europe et l'Amérique?

Par ailleurs le Royaume-Uni vise-t-il désormais l'Océan Pacifique et l'Océan Indien, dont le contrôle représente l'enjeu majeur du XXIème siècle, comme nouveau centre de gravité du monde, où pulsera le cœur du capitalisme universel de la finance et de la grande manufacture.

A-t-il oublié que l'enjeu d'une accession à cette zone pivot est un défi et un pari disputés, impliquant simultanément le visage bifront de la paix et de la guerre, au marges extérieures d'une Asie, multiple et conflictuelle?

En est-il de même des préoccupations et des clés de lecture du système international de la part de l'Union Européenne?

Grande Bretagne, France et Allemagne face au renouveau diplomatique de l'Europe

Dans la foulée d'un renouveau diplomatique, consécutif au Brexit, concernant les relations de puissance à l'échelle mondiale et  face à une France qui demande à l'Allemagne de surmonter ses tabous économiques pour faire avancer l'Union, le Ministre des Finances et Vice-Chancelier allemand Olaf Scholz (SPD), a invité la France à consentir de transformer son siège au Conseil de Sécurité  des Nations Unies, pour permettre à l'Europe de parler d'une seule voix.

En effet le "droit de veto" au sein du Conseil de Sécurité, consent aux membres permanents de disposer d'un instrument diplomatique, permettant de traiter d'égal à égal avec les Grands de la planète.

Ainsi le retour au premier plan de la scène internationale et le risque de démantèlement de l'Union Européenne dans la lutte ouverte entre les différents principes de légitimité, visant à débarrasser le débat des vieux carcans idéologiques, impose une polarisation des idées et des positions, soit en ce qui concerne  la rétrospective historique que pour la définition de l'avenir.

Quant aux pronostics d'avenir sur la réussite du Brexit ou  sur son éventuel rejet par la Chambre des Communes, deux analystes du divorce anglo-unioniste, Kevin  O' Rourke et Marc Roche, ont formulé deux idées opposées.

Selon le premier, après le rejet quasi certain de l'accord convenu entre les négociateurs des deux parties, s'ouvrirait une crise politique majeure au Royaume Uni.  Un vrai purgatoire pour M.me Theresa May, prise dans un conflit sans fin, opposant une coalition de contraires (composée de brexiters et de remainers), pour qui l'échec du Leadership, ferait du Royaume Uni, "un pays hors d'Europe, mais encore dirigé par l'Europe et tenu de respecter des règles, qu'il n'aurait pas écrites" (Financial Times).

D'après le deuxième, non seulement Westminter votera l'accord, mais la ferveur de cette option sera telle que le Royaume Uni, deviendra plus dur, plus inégalitaire, mais beaucoup fort économiquement, de telle sorte qu'un nouveaux  destin planétaire s'ouvrira au Royaume, délibérément projeté vers le contrôle de l'Océan Indien et du Pacifique, pivots maritimes de l'Asie.

Un "Partenariat ambitieux"entre le Royaume Uni et l'U.E?

Face à une Union Européenne, à qui a fait défaut une capacité de conception et d'action géopolitique et stratégique globales et une impuissance singulière en matière monétaire, de politique étrangère et de sécurité, mais aussi de frontières et d'immigration, et encore de R&D, de technologies avancées et d'environnement, l'attractivité de jadis s'est commuée en une délégitimation, en une prise de distance et en diffractions internes multiples, qui rendent douteuses ses propositions de "partenariat ambitieux après le Brexit"(Michel Barnier/ Le Figaro du 2 août 2018).

En effet M.Barnier, se penchant sur les modalités de retrait du Royaume Uni, membre du G7 et du Conseil de sécurité des Nations Unies, après avoir passé en revue les points litigieux et les résultats positifs de la difficile négociation, précise que les fondations économiques sur lesquelles s'est construite l'U.E, ne peuvent être affaiblies.

Puis et en conclusion, il met en exergue l'essentiel de la dispute, son caractère politique, axé sur le concept de souveraineté et il précise "le Royaume Uni souhaite reprendre la souveraineté et le contrôle de sa propre législation...mais il ne peut pas demander à l'U.E de perdre le contrôle de ses frontières et de ses lois."

S'opposent, dans ce passage et dans les aspects sous-jacents de ces formulations, deux interprétations du concept de souveraineté et de sa "summa potestas".

Du côté britannique, une conception unitaire  et cohérente du pouvoir et de la légitimité, ancienne et absolue en son principe, en son étendue et en sa liberté de manifestations historiques, qui s'exprime sous forme de "balance".

Du côté de l'Union une définition relative et partagée du pouvoir souverain, inessentielle du point de vue historique, artificielle du point de vue institutionnel et circonstancielle du point de vue décisionnel, sécuritaire et stratégique.

Or, quelles histoires sont en train d'écrire aujourd'hui, ces deux acteurs de la vie contemporaine, le Royaume Uni et l'Union Européenne?

Une histoire de capitulation et de vassalisation du Royaume Uni à l'entreprise déclinante du projet européen, ou, en revanche, une nouvelle histoire de la liberté des peuples et du retour des nations?

Assistons nous, dans une période de turbulences internationales aiguës, à une recrudescence de revendications ingérables et, simultanément, à un appel à la souveraineté incontestée?

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Jo Johnson et Mike Pompeo

La souveraineté, le multilatéralisme et l'ordre libéral des États-Nations

A l'échelle européenne, la fronde de Jo Johnson, ex secrétaire d’État pro-européen aux transports, menée contre l'accord obtenu par Mme May lors des longues négociations avec l'U.E, porte sur la limitation de la souveraineté britannique, non compensée par la liberté promise, de mener une politique commerciale autonome.

Il prône ainsi pour un nouveau référendum, en donnant au peuple le dernier mot.

A l'échelle mondiale, le secrétaire d’État, MIke Pompeo, a décrété au même moment,  à Bruxelles, au German Marshall Fund, la fin du multilatéralisme, au nom de la priorité de la souveraineté américaine sur la logique du système international.

Après avoir rappelé que le vieux système de la coopération internationale ne fonctionne plus et qu'il profite à des acteurs de l'ombre (la Chine), lui permettant d'avancer ses pions, au sein des institutions supra-nationales ou de creuser un clivage entre les intérêts d'une bureaucratie non élue et leurs peuples et pays (U.E), il a rappelé que les intérêts  de l'Europe et des États Unis précèdent ceux des institutions supra-nationales (ONU, UE, FMI, BM, OMC etc), puisque seuls les États-Nations peuvent garantir les libertés démocratiques et ont pour assise le peuple libre.

En effet, seuls les États-Nations sont l'expression de la souveraineté, à l'instar des organisations multilatérales, porteuses de compétences dépourvues de contraintes et de sanctions.

Le multilatéralisme, défendu par les européens, n'est pas seulement une méthode, ou mieux, un choix de régime politique (démocratie ou autocratie), mais une question de stratégie et d'intérêt à long terme, bref de polarisation des forces et des cultures.

L'effacement des vieilles administrations américaines (Obama, Clinton, etc), et l'alignement de certains gouvernements européens (A.Merkel, F.Hollande/ E.Macron, Gentiloni, etc..), ont conduit l'Occident à la paralysie ou à l'impuissance. Or, conclut-t-il les États-Unis, qui revendiquent un rôle central dans le nouvel ordre libéral, mènent le monde vers le recouvrement des souverainetés nationales, comme le font les britanniques avec le Brexit.

Un monde libre est un monde d’États-Nations et ne peut être un univers de bureaucraties supra-nationales.

Ce nouvel ordre libéral ne peut jaillir que d'une profonde reforme des esprits et des institutions et ne peut aspirer à la stabilité que par l'affirmation d'un principe de cohérence, fondé sur le soubassement de trois notions, le Leadership, pourvu du sentiment instinctif de l'histoire, la capacité de décision et d'action et l'ordre contraignant du monde, bannissant l'inaction, les compromis sans fin et les déclarations illusoires.

Il ne s'agit pas de rééquilibrer mais de refonder!

Pas d'inclure l'ennemi ou la menace, mais de les combattre!

Lorsque la liberté et la démocratie se dissocient et la foi dans la raison disparaît ou s'affaiblit, la "guerre civile"mondiale est proche!

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La souveraineté et le "Pacte mondial pour les migrations"

Les bases normatives d'un droit futur aux migrations élaborées par les Nations Unies dans un "Pacte mondial", signé à Marrakech les 11 décembre 2018, vident les souverainetés nationales de leur substance et prétendent apporter une réponse globale à un phénomène d'ordre planétaire.

Elles poursuivent le long chemin de la proclamation des droits de l'homme et du citoyen, débuté avec les révolutions américaine et française et poursuivi après la IIème G.M, sans enfreindre la tutelle juridictionnelle des États.

L'humanité multiculturelle qui se dessine à Marrakech est destinée, dans sa rhétorique, à mettre fin à toutes les discriminations accumulées au fil des siècles.

Les États y sont réduits à des outils de gestion des flux forcés de populations, dénaturant leur fonction essentielle, mais circonscrite dans l'espace terrestre, de protection et de sécurité.

Il en découle que la marche vers le communautarisme, par l'acceptation de la part des États signataires, de la diversité, ethnique et religieuse, n'est rien d'autre que la rupture de toute cohésion et de toute solidarité nationale et, de ce fait, la dissolution des États-Nations, nés de l'idée de "raison", de liberté et d'ordre.

Par ailleurs la recommandation du "Pacte", adressée aux États de "priver de subventions...tous les médias qui promeuvent des formes de discriminations à l'égard des migrants", est un encouragement totalitaire pour tous les dictateurs de la planète, réels ou virtuels, à censurer la presse et à instaurer la"pensée unique".

En perspective la signature d'un tel "Pacte", marque l'alliance des gauches tiers-mondistes et des lobbies post-colonialistes  de la répentence et cache le coût annuel des migrants qui est évalué pour la seule France, à 12,2 milliards d'euros, sans coûts annexes.

Cette signature, au sein de l'Union européenne, n'est que le prélude à d'autres Bréxit et à d'autres litiges entre États Membres, concernant le fardeau des flux migratoires et ne peut être interprétée que comme un recul du concept de souveraineté, d’intérêt national et de frontières, bref comme un recul du cadre juridique au sein duquel la progression des droits s'accompagnait jadis,de la progression des mœurs et des sociétés.

Or, ce cadre a été celui de la civilisation occidentale moderne!

Par ailleurs, du point de vue idéologique, ce pacte, s'il consacre comme acteur culturel naissant la société civile trans-nationale, constitue néanmoins un  danger  de submersion démographique pour les sociétés européennes  et pour leur rempart identitaire, la chrétienneté.

En subordre, et dans le concret du phénomène migratoire, il demeure difficile dans le marasme des arrivées de masse, d'opérer un tri de légalité, entre émigrants économiques et émigrants politiques et d'ignorer ,dans l'accueil, le malaise profond des musulmans de vivre dans des "sociétés ouvertes", sauf à oublier, dans un univers de conflits, le rôle de la "ruse" historique  du "cheval de Troie".

La souveraineté et la géopolitique globale

Or, si "la souveraineté" est la "summa potestas" ou  l'auctoritas, superiorem non recognoscens", qui décide du cas d'exception, le Brexit est né d'un conflit entre deux principes de souveraineté et de légitimité ,millénaire pour l'empire britannique et circonstanciel pour l'empire des normes. 

En son pur concept, la souveraineté reste le nœud incontournable du maintien ou de la  déconstruction de tout ordre social, interne ou international et  permet  d'inscrire un pouvoir  dans la  géopolitique des grandes espaces, constitués, au XXIème siècle, par le Pacifique et l'Océan indien, comme pivots maritimes de l'Eurasie.

Dans le contexte d'aujourd'hui,le retrait américain du pacte de libre-échange trans-pacifique rend aléatoires les garanties de sécurité de l'immense zone maritime jadis recouverte par l'empire britannique, l'Australie et la Nouvelle Zélande, mais aussi la Malaisie et l'Indochine, où l'exacerbation de l'affrontement, pour l'heure commercial, entre la Chine et les États-Unis, conduit à la constitution d'un front commun entre le Japon et la Chine.

Ainsi, il est à parier que l'après Brexit sera marqué, moins par l'accroissement de la rivalité entre le Royaume Uni et l'Union Européenne, que par la recherche d'un nouveau destin, planétaire et multipolaire, pour les deux ensembles

De la vieille architecture euro-continentale de la sécurité, le Royaume-Uni héritera l'objectif historique d'une opposition permanente à la Russie et à toute organisation eurasienne à caractère militaire, dans le but d’empêcher un rapprochement euro-russe et, encore davantage germano-russe, qui en ferait un ensemble dominant et menaçant.

Au delà de l'espace européen, il partagera avec les États-Unis ou l'Inde, l'objectif d'une compétition sans merci, dans les domaines clés de l'espace, des big-data,de la  cyber-war et de l'intelligence artificielle. La réappropriation de la souveraineté et d'un réalisme retrouvé lui permettront  une alliance sans états d'âme avec des États autoritaires, à capitalisme publique, débarrassée du chantage encombrante du modèle démocratique et des droits de l'homme.

A l'image de son passé, il pourra actualiser à l'échelle du monde,  les principes unifiants de la cohérence stratégique, qui ont fait grande à toute époque la notion d'empire.

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La souveraineté européenne et son impasse stratégique

Le dossier nucléaire et celui des deux traités INF (interdiction des armes nucléaires à portée intermédiaire - de 500 à  5500 km, de 1987, susceptible de péremption), et START (sur le plafonnement des missiles nucléaires intercontinentaux ou sol-sol), constituent les domaines, sur lequel l'Europe montre la plus grande atonie et manque de suggestions et d'idées.

Sauver l'INF et prévoir le renouvellement de START, implique, pour les Européens, de favoriser le dialogue stratégique entre les États-Unis et la Russie et proposer l'inclusion de la Chine dans ces pourparlers et dans leurs issues, dans le but de la contraindre aux mêmes règles.

L'espace diplomatique pour de telles propositions existe, mais l'Europe, pourtant déclassée de rang et menacée en sa force vive par des systèmes d'armes placés (Pologne) ou pointés contre elle (Volgograd), n'y exprime ni des projets ni des avis.

L'Europe voudra-t-elle rester une Europe des normes et des règles budgétaires, plutôt qu'une Europe de la sécurité ou une Europe identitaire et de civilisation?

Pour l'heure elle semble préférer les disciplines de l'euthanasie et l'abandon à l'irréparable destin du "Fatum", soudé autour du nœud menaçant d'"Islam-migrations-terrorisme-démographie", plutôt que secouer la paresse intellectuelle de ses élites et s'éveiller politiquement.

La souveraineté et l'ordre libéral du monde

Le Brexit, comme beaucoup d'autres moments des relations euro-britanniques a été une victime du consensus de masse des démocraties et des tentations des classes dirigeantes, divisées, de satisfaire simultanément aux revendications populaires et aux objectifs à long terme de leurs pays.

C'est pourquoi il apparaît si difficile à Mme May de définir un nouveau rapport entre les retournements presque quotidiens des députés de Westminster et les arrangements obtenus avec les négociateurs des trois institutions de l'Union européenne.

En effet le défi est de taille et concerne l'art de gouverner, bref la capacité de conjuguer les impératifs immédiats des passions populaires et les objectifs à long terme de l'avenir.

Il ne s'agit pas d'agir pour toute l'humanité, mais  de se frayer un chemin dans la voie ardue de la complexité, autrement dit d'accorder les objectifs émotionnels de la nouvelle diplomatie avec les calculs à long termes de la diplomatie du passé.

Un difficile équilibre, consistant à ne pas se plier à la loi du nombre du consensus de masse, sans que l'ordre transcendant d'une mission publique puisse prévaloir sur la liberté et celle-ci se plier aux humeurs variables des foules, négligeant la définition de la perspective et celle de la grande stratégie.

Ainsi le Brexit marque la fin du sentiment d'appartenir à une même communauté humaine de peuples et de nations, distincte de toutes les autres, la communauté européenne, qui avait réussi à modérer par la raison et à atténuer par le calcul et par l'équilibre des forces, les rivalités de position et de principe entre ambitions concurrentes.

Ce qu'on a appelé le même système de valeurs (ou même parenté spirituelle), n'était rien d'autre que l'adaptation aux temps modernes du vieux système de Westphalie, d'apparente neutralité idéologique ou de non intervention dans les affaires intérieures d' autres pays.

Or ce sentiment, autrefois fortifiant, s'affaiblit ou disparaît, face à la submersion démographique des migrants extra-européens et à la différente perméabilité de leur acceptation dans les pays d’accueil, ce qui prouve la difficulté de traduire des cultures différentes en un système unique de civilisation.

Par ailleurs la différente appréciation de l'ordre mondial, implique une réévaluation de la notion d'équilibre des forces, à l'intérieur des différents régions et dans leurs relations d'interdépendance.

Ceci impose un réexamen philosophique du concept de "limite" dans le rapprochement de ce qui est distinct, au sein d' un système socio-politique régional ou global.

Pour conclure, le Brexit pousse à une reconsidération sur la transcendance de l’État et de la souveraineté étatique, reposant, dans la conception post-moderne du projet européen, sur le soft power, dépourvu de l'expérience millénaire du conflit, de la tragédie et de la volonté de puissance.

Ou, pour le rappeler avec David Hume, dénoué du principe-clé de l'art britannique de gouverner, le principe de "l'équilibre des forces" qui, au dessous de apparences, suppose "l'unité équilibrée des contraires" (Héraclyte).
 
Bruxelles le 12 décembre 2018
 
Information
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