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jeudi, 25 avril 2019

Le GRISCY ou l'amorce d'un OTAN méditerranéen

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Le GRISCY ou l'amorce d'un OTAN méditerranéen

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il était illusoire de penser que les Etats-Unis ne chercheraient pas à étendre l'actuel OTAN. On avait envisagé qu'ils s'orienteraient vers l'Afrique. Mais c'est dans l'Est-Méditerranée qu'ils viennent de décider de le faire.

Aussi Washington n'a pas perdu de temps pour mettre en place un « axe stratégique » dorénavant dit GRISCY pour Grèce, Israël et Chypre. Le fait qu'Israël est le point fort de cet axe montre que l'initiative n'est pas seulement américaine mais israélienne. Tel Aviv veut ainsi renforcer son influence dans cette partie de la Méditerranée, très importante pour sa sécurité.

Le projet vient d'être validé par le Sénat américain qui a proposé le terme de « Eastern Mediterranean Security and Energy Partnership Act” . La traduction ne s'impose pas. L'Act ou Bill prend les décisions suivantes :

  • lever l'interdiction de ventes d'armes américaines à la République de Chypre.

  • autoriser la création d'un United States-Eastern Mediterranean Energy Center afin de faciliter la coopération en matière énergétique entre les Etats-Unis, Israël, la Grèce et Chypre.

  • autoriser le financement par l'Amérique de 3 millions de dollars d'aide militaire à la Grèce, complété de 2 millions d'aide à la Grèce et à Chypre en matière de formation et d'entraînement militaire.

  • refuser de vendre à la Turquie comme initialement prévu des avions de combat F-35 du fait que la Turquie continue à envisager l'acquisition de missiles anti-missiles russes S-400. Sur ce point, remarquons-le, Ankara qui s'y attendait ne s'en inquiétera pas.

  • demander à la Maison Blanche de soumettre au Congrès un projet de coopération renforcé entre les Etats-Unis, Israël, la Grèce et Chypre en matière de sécurité et de coopération énergétique, ainsi que pour le renseignement militaire.

Le GRISCY réunit sous la direction américaine trois Etats hostiles à la Turquie aux frontières occidentales de celle-ci. L'objectif immédiat est de réaliser un projet de gazoduc dit Est-Med sous la mer les reliant au gaz de l'Amou Daria au Turkménistan leur permettant de ne pas dépendre du futur gazoduc dit TANAP ou Gazoduc Transanatolien passant par la Turquie.

Parallèlement, la fourniture d'armements américains à la moitié de Chypre en conflit pour l'autre moitié occupée par la Turquie depuis la fin de la 2e guerre mondiale sera ressentie par cette dernière comme une intervention directe américaine dans le conflit, au profit de Chypre.

Il va de soi que l'intervention américaine est aussi dirigée en arrière plan contre la Russie et son accord avec Israël afin de la couper de la route commerciale dite route du Levant entre la Crimée, la Syrie, le Sinaï et l'Érythrée.

Référence

http://www.ekathimerini.com/239415/article/ekathimerini/n...
Ekathimerini est un organe grec d'information très populaire. Il publie en grec et en anglais


 

mercredi, 24 avril 2019

Modi-Poutine: alliance stratégique ?

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Modi-Poutine: alliance stratégique ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'on avait déjà noté que l'Inde et la Russie s'étaient mises d'accord sur une certaine convergence stratégique, associant d'ailleurs la Chine, au sein du BRICS. Il en résulte que l'Inde ne partage pas vraiment les objectifs américains au Moyen-Orient.
Ceci n'a d'ailleurs pas empêché l'Inde, sous la présidence de Narendra Modi, d'accepter les pressions américaines au plan international et dans le même temps de faire un large appel aux importations d'armes venant du complexe militaro-industriel des Etats-Unis.

Il reste que l'on a été surpris de voir l'Inde accepter un décret de Vladimir Poutine conférant à Modi la plus haute distinction honorifique russe. Il s'agit de la promotion dans l'Ordre de St André l'Apôtre dit en anglais Order of St Andrew the Apostle the First-Called. Cette distinction avait été abolie sous le régime soviétique et rétablie en 1998. Modi est le premier chef d'Etat occidental à recevoir cette distinction. Les observateurs considèrent que cette distinction, loin d'affaiblir l'audience politique de Modi en Inde, contribuera grandement à augmenter ses chances dans les futures « élections présidentielles.

Le décret russe indique que Modi a été décoré pour les services exceptionnels qu'il a apporté au partenariat stratégique entre l'Inde et la Russie, ainsi que pour le développement des relations amicales entre les deux peuples. Modi en retour a remercié Poutine avec une effusion remarquée. « Je suis très honoré de recevoir cette distinction prestigieuse. « J'en remercie le président Poutine et le peuple russe. Les racines de l'amitié entre la Russie et l'Inde sont anciennes et profondes. L'avenir de notre partenariat est brillant. Celui-ci avait déjà apporté à nos citoyens respectifs de nombreuses retombées positives.

Les observateurs extérieurs, notamment à Washington, ont été surpris de voir les témoignages de reconnaissance de Narendra Modià l'égard du président russe. Ils ont été plus encore surpris de voir Vladimir Poutine interférer, certes indirectement, mais d'une façon pouvant être lourde de conséquences, dans le processus électoral intéressant un chef d'Etat extérieur. Il avait toujours tenu a éviter de telles interventions officielles.

Rappelons cependant que Modi avait pris certains risques en acceptant l'acquisition de missiles russes de défense S-400 pour un montant de 6 milliards de dollars. Il négocie actuellement par ailleurs la mise en place d'une devise autre que le dollar pour les transactions avec la Russie.

Image Narendra Modi et Vladimir Poutine en 2018
 

jeudi, 11 avril 2019

Friedrich Ratzel: The State as a Physical Organism

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Friedrich Ratzel: The State as a Physical Organism

Ex: http://www.geopolitica.ru

Foundations of geopolitics

1.1 Background: The German “Organic School”

Friedrich Ratzel (1844-1904) can be considered “the father” of geopolitics, 

although he did not use this term in his own writings. He wrote on “political geography.” His principal work, published in 1897, was titled “Politische Geographie.” 

Ratzel graduated from Karlsruhe Polytechnic University where he attended courses in geology, paleontology, and zoology. He completed his education at Heidelberg, where he became an acolyte of Professor Ernest Haeckel (who was the first to use the term “ecology’). Ratzel’s ideology was grounded in evolution and Darwinism and colored by his pronounced interest in Biology. 

Ratzel participated in the Franco-Prussian War, where he served as a volunteer and received the Iron Cross for bravery. In politics, he gradually became a committed nationalist and in 1890 he joined the “Pan-German League” of Karl Peters. His lengthy travels in America and Europe added to his own scientific interest in Ethnological research. He became a lecture of geography at the Munich Technical Institute and in 1886 he moved to a similar position in Leipzig. 

In 1876 Ratzel defended his dissertation “The Chinese Immigration,” and in Stuttgart, he came out with his fundamental work in 1882, “Anthro-Geography” (“Anthropogeographie”) in which he formulates his basic idea: That there is a connection between the evolution of peoples and demographics with physical geographic data; the influence that physical terrain has on a people’s culture, political development, and so on. 

But his most fundamental book was “Political Geography.”

1.2 The State as a Living Organism 

Ratzel showed in his work that land is a fundamental, fixed constant around which the interests of a people rotate. The movement of history is predetermined by earth and territories. Further followed by an evolutionary inference that the “state constitutes a living organism,” but one that is “rooted in the ground.” The state develops based on its territorial topography, size and its comprehension by the people. Thus, the state reflects the objective geographic principle and subjective national comprehension of this principle, and this is expressed politically. Ratzel considered a “normal” state, one which most organically combined geography, demographics, and ethnological national parameters.
He writes: 

The state in all stages in its development as an organism contends with the necessity of preserving its connection with the terrain and therefore they should be studied from a geographical point of view. As shown in ethnology and history, a state develops on a spatial basis--conjugating and merging more and more--and extracting from it more and more energy. Thus, a state turns out to consist spatially, maintained and animated by this space, and should be managed, described, and measured through geography. A state is described in a series of phenomena, with the expansionary principle being the most prominent. (Political Geography 1) 

ratzelmeer.jpgIt is clearly visible that from such an organic approach, Ratzel understood territorial expansion to be a natural, living process, similar to the growth of living organisms. 

Ratzel’s “organic” approach is in relation to its space (Raum). This “space” brings over a cardinal material category in a new quality, becoming the “Living Sphere,” “Living Space” (Lebensraum), in a “Geobioylogical Environment.” From this concept arises two different, important terms of Ratzel’s: “Sense of Space” (Raumsinn) and “Living Energy (Lebensenergie). These terms are closely related to each other and denote some special quality, inherent in geographical systems and predetermining political figuration in the history of the people and state. 

All these theses comprise the fundamental principles of geopolitics, in that form, which would be developed somewhat later by followers of Ratzel. Furthermore, the relationship to the state is similar to a “living, physical organism, rooted in the soil;” this is the chief principle and axis of geopolitical methodologies. That approach is oriented in synthetic analysis of the entire complex of phenomena, regardless of whether they belong to the human sphere or non-human sphere. The land is a concrete expression of nature, the surrounding environment, and is not regarded as a continuous living body of the ethnos--it is the land being inhabited. The material structure itself dictates the proportions of the final cultural products. In this idea Ratzel is the founder of the entire German School of “organic” sociology, of which Ferdinand Tönnies is the most notable representative.

1.3 Raum - Political Organization of the Land 

Ratzel’s observation was that there is a correlation between ethnos and space--as seen in the following excerpt from “Political Geography:” 

The state develops like an organism, tethered to certain parts of the earth’s surface, and its characteristics developing from the characteristics of the people and land. The most important characteristics are its size, location, and borders. Followed by types of soil, along with vegetation levels, irrigation, and finally, correlates in relation to the rest of the conglomerations of the earth’s surface, and in the first place, with neighboring seas and uninhabited lands, which, at first glance, does not represent especial political interest. The aggregate of these characteristics constitutes the Land (das Land). But adding to this, when speaking about ‘our country,’ is that created by man--memories connected to the earth. So, an initially pure understanding of geography transformed into the spiritual and emotional bonds of the inhabitants of a land and their history. 

A nation is an organism not only because it articulates the lives of the people in fixed soil, but due to its intertwining bond, becoming something unified--unthinkable without one of two components. Desolate land, incapable of nurturing government, are barren fields in history. On the contrary, habitable land promotes state development--particularly if the state is surrounded by natural boundaries. People may feel themselves to be natural in their territory, but they are actually constantly mimicking one and the same characteristics, which proceeding forth from the terrain, will be inscribed in it. (2) 

1.4 The Law of Expansion


The relationship of the state to a living organism implies the refusal of the concept of “borderlessness.” The state is born, grows, and dies like a living being. Consequently, a state’s spatial expansion and contraction are natural processes connected to an intrinsic life cycle. Ratzel, in his book “On the Law of Spatial 

Growth of the State” (1901), laid out the seven laws of expansion: 139 

1.     The state expands in relation to the development of its culture 

2.    The physical growth of the state is accompanied by other manifestations of its 

development: in the spheres of ideology, production, commercial activities, and 

a mighty, attractive proselytizing power. 

3.    The state expands by consuming and absorbing units of lesser political 

significance.

4.    The border is an organ located on the state’s periphery (understood as in an 

organism). 

5.    Carrying out its territorial expansion, the state strives to cover important 

regions for its development: coastlines, river basins, valleys, and in general, the 

richest territories. 

6.    The initial impulse for expansions comes from outside—that is in its expansion 

the state provokes states (or territories) with clearly inferior civilizations. 

7.    The general tendencies of assimilation or absorption the weakest nations are 

reinforced by an even greater increase in self-perpetuating momentum. 

Unsurprisingly, many critics have rebuked Ratzel for his writings because they have been a “catechism for imperialists.” While he himself by no means pressed for the favorite methods for justifying German imperialism, still he did not disguise that he had nationalist convictions. For him, it was important to establish a conceptual instrument for advocating awareness of the history of the state and nation and their relationship to the land. In practice, he sought the awakening of 

“Raumsinn” (“the spirit of the land), among the leaders of Germany, whom regarded geopolitics as a dry academic discipline merely representing abstraction. 1.5 Weltmacht and the Sea 

Ratzel was greatly influenced by his experiences in North America, which he studied thoroughly and published two books on: “Maps of the Cities and Civilizations of the American South” (1874), and “the Southern United States of America,” (1878 1880). He noted, having his considerable experience of political geography in European history, the far greater degree that the “spirit of the land” had in American expansion because Americans first had the task of mastering the “empty” expanses. Accordingly, the American people sensibly put into practice what the Old World had come to intuitively and gradually. So, in Ratzel’s work we come across the first formulation of another important geopolitical concept— “world power” (weltmacht). Ratzel observed that large countries have a tendency in their development to maximize geographical expansion, gradually moving to the global level. 

Therefore, some time or another, geographical growth should arrive at its continental phase. 

Applying this principle—inferred and deduced from the American political experiment and strategical unification of the continent’s space—to Germany, Ratzel predicted its destiny to be a continental power. 

He also anticipated another important geopolitical topic—the importance of the seas for civilizational development. In his book “The Seas: The Source of 141 

Nations’ Power” (1900) (4), he pointed out the particular necessity of each mighty power to develop its naval forces, especially because full-fledged global expansion requires it. That some nations and states brought this about spontaneously (England, Spain, Holland, etc.), land powers (Ratzel, naturally, had Germany in mind) should do this sensibly: develop a fleet that is necessary under the conditions for approximating the status of a “world power.” 

The sea and “world power” were already connected for Ratzel, although only later geopoliticians (Mahan, Mackinder, Haushofer, and especially Schmitt) gave this topic completeness and centrality. The works of Ratzel are the essential for all geopolitical research. In a compressed form, his works contain practically every basic thesis, which would form the basis of this science. Kjellen, a Swede, and Haushofer, a German, based their concepts on Ratzel’s works. His ideas were also taken into account by Frenchman Vidal de la Blache, the Englishman Mackinder, Mahan, an American, and the Russian Eurasianists (P. Savitsky, L. Gumilev, etc.).

It should be noted that Ratzel’s political sympathies were not accidental. Practically all geopolitics has been brightly marked by nationalist sentiment, regardless of whether it wears the cloak of “democratic” geopolitics (Anglo-Saxon geopolitics of Mackinder and Mahan) or “ideological” forms (Haushofer, Schmitt, and the Eurasianists). 

mardi, 09 avril 2019

Rudolf Kjellen and Friedrich Naumann “Middle Europe”

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Rudolf Kjellen and Friedrich Naumann “Middle Europe”

Ex: http://www.geopolitica.ru
 
Foundations of geopolitics

2.1 Defining a New Science

A Swede, Rudolf Kjellen, was the first to use the term “Geopolitics.”

Kjellen was a professor of history and political science at the University of Uppsalla and Goteborg University. However, he was an active participant in politics, he held a seat in parliament, and his politics were distinguished by an underlying Germanophilic orientation. Kjellen was not a professional geographer, but he developed the basics of geopolitics as part of political science. His work originated from Ratzel’s (he considered him to be his mentor).

Kjellen’s geopolitics can be identified in the following passage: “This—the science of governments (states) as geographical organisms—is incarnate in the land.”

Apart from “Geopolitics,” Kjellen proposed four more neologisms, which in his view should be the basis for the partition of political science into separate sections.

  1. Ecopolitics: “The study of dynamics impulses, transferred from the people to the state.”

  2. Demopolitics: “The study of dynamic impulses transferred from the people to the state,” an analogue is Ratzel’s “Anthrogeography.”

  3. Sociopolitical: “The study of the social aspect of the state.”

  4. Kratospolitics: “The study of the forms of governments and powers in relation to the problems of rights and socioeconomic factors.”

Rudolf-Kjellén+Die-Großmächte-der-Gegenwart-Übers-8-Aufl-Leipzig-usw-1915.jpgBut all of these disciplines, which Kjellen cultivated in parallel with geopolitics, did not receive more widespread recognition aside from the term “Geopolitics,” which steadily became established in quite varied circles.


2.2 The State as a Life Form and Interests in Germany

In his foundational work “The State as a Life Form” (1916), Kjellen developed postulations that had been hypothesized by Ratzel in his works. Kjellen, similar to Ratzel, considered himself a believer in German “Organicism,” rejecting the mechanistic state and society approach. The rejection of the strict bleaching of study in terms of “inanimate objects” (background), and “human subjects” (personalities), is a distinctive feature of geopolitics. In this sense, the very meaning of geopolitics is displayed in Kjellen’s work.

Kjellen developed Ratzel’s geopolitical principles and applied them to specific historical situations in his contemporary Europe.

He followed Ratzel’s idea of “a continental state” to its logical conclusion and applied it to Germany. He showed that in the European context Germany constitutes that space, which possesses the pivotal dynamism and is intended to structure itself to become encircled by the remaining European powers. Kjellen interpreted World War I to be a natural conflict arising between a dynamic, expanding Germany (Axis nations) opposed by the peripheral European (and non-European) states (the Entente). Differences in the dynamics of geopolitical growth—downwards for England and France and upwards for Germany— predetermined the basic alignment of forces. Wherein, from his point of view, this is the natural and inevitable geopolitical position for Germany, despite the temporary defeat in World War I.

Kjellen consolidated Ratzel’s geopolitical maxims that were in the interests of Germany (= the interests of Europe), in opposition to the interests of the Western European powers (especially England and France). But Germany, a “young” state, and the Germans, a “young people” (this idea—of “young peoples,” which is what Russians and Germans were considered to be—dates back to Fyodor Dostoevsky, who was quoted more than once by Kjellen).

The “young” Germans, motivated by the “Central European Space,” should move to the level of a continental state on the global scale at the territorial expense of the “older peoples”—the French and English. Yet, the ideological aspect of geopolitical confrontations was considered by Kjellen to be secondary to the spatial aspect.

2.3 Towards the Concept of Middle Europe

Although Swedish himself, Kjellen pressed for political rapprochement between Germany and Sweden. His own geopolitical representation on the importance of the unification of German space matches exactly the theory of “Middle Europe” (Mitteleuropa), developed by Friedrich Naumann.

fnaumann.jpgIn his book “Mitteleuropa” (1915), Naumann gave a geopolitical diagnosis that matches exactly with the concepts of Rudolf Kjellen. From Naumann’s point of view, to withstand competition from such organized geopolitical formations like England (and its colonies), the USA, and Russia, the peoples inhabiting Central Europe should unify and organize in new integrative, political-economic ways in this space. The axis of this space, would of course, naturally, be Germany.

Mitteleuropa differed from pure “Pan-Germanic” projects, since it was not based on nationalism, but strict geopolitical understanding, which the basic meaning was not given to ethnic unity, but commonalities in geographical fates. Naumann’s project involved the integration of Germany, Austria, the Lower Danube states, and in the wider view—France.

The geopolitical project was also supported by cultural parallels. Germany itself was the organic formation identified with spiritual notion of “mitellage,” the middle position. This was more deeply formulated in 1818 by Ernst Arndt: “God has situated us in the center of Europe: We (the Germans) are the heart of our part of the world.”

Ratzel’s ideas gradually acquired tangible traits through Kjellen and Naumann’s “Continental” theory.

vendredi, 05 avril 2019

Jean-Philippe Duranthon : « Le contre monde est en marche » : faudra-t-il une nouvelle Longue Marche en Chine… ou en Europe ?

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Jean-Philippe Duranthon : « Le contre monde est en marche » : faudra-t-il une nouvelle Longue Marche en Chine… ou en Europe ?

Billet d’Humeur du 28 mars 2019, par Jean-Philippe Duranthon*

Ex: https://geopragma.fr

Caroline Galactéros a publié le 25 mars un « billet du lundi » consacré, dans la perspective de la visite en France du président de la République populaire de Chine, aux relations entre la France et ce pays. J’adhère pour ma part totalement aux analyses contenues dans ce billet mais aimerais prolonger certaines d’entre elles avec un prisme économico-financier.

1/ Sur le plan international, la Chine joue un triple rôle :

– c’est une puissance politique, qui s’affirme sans cesse davantage à l’échelle régionale mais aussi mondiale au point que certains voient aujourd’hui l’émergence d’un nouveau duopole, cette fois sino-américain ;

– c’est une puissance économique, un acteur fondamental de la répartition internationale de l’activité économique : en faisant appel à elle les entreprises peuvent, d’un côté abaisser leurs coûts de production, de l’autre vendre leurs produits sur un marché énorme et dont le potentiel de croissance doit être mesuré à l’aune des perspectives de développement du pays ;

– c’est une puissance financière car, en achetant leurs emprunts d’Etat, en particulier les bons du Trésor américain, elle permet aux pays occidentaux de financer leurs déficits des paiements mais aussi acquiert de ce fait une capacité d’investissement considérable.

Dans une sorte de cercle vertueux ces trois puissances se renforcent mutuellement. À titre d’exemple, l’énorme capacité financière de la Chine lui permet à la fois – de développer ses propres entreprises à vocation mondiale, ce qui complète son modèle économique tout en lui donnant des atouts supplémentaires dans le dialogue planétaire, – d’aider à financer les projets des « pays émergents », ce qui facilite sa prise de contrôle des matières premières nécessaires à sa propre croissance, – d’investir dans les entreprises occidentales, ce qui lui permet d’acquérir plus rapidement les technologies de pointe, et – de formaliser son emprise régionale en créant une « Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures » (AIIB) dont la vocation est clairement d’offrir une alternative à la Banque Mondiale.

peyrefitte.jpg2/ Faut-il, dès lors que la Chine s’est ainsi clairement « réveillée », « trembler », ainsi que Napoléon, s’il faut en croire Alain Peyrefitte, nous l’a conseillé ?

Comme le dit Caroline Galactéros, la France a, sur le plan géostratégique, beaucoup à gagner de l’émergence politique d’un grand acteur à vocation mondiale, capable de contrebalancer l’influence des Etats-Unis dont la personnalité de l’actuel président révèle à ceux qui en doutaient le poids et les objectifs.

Il n’en serait autrement que si l’on pouvait craindre une tentation hégémonique à dimension planétaire.

Peut-on la craindre d’un pays dont la langue principale est d’une complexité telle qu’elle exige de nombreuses années d’études, ne pourra donc jamais être parlée par les populations étrangères et n’a en conséquence aucune chance de s’imposer face au globish ? Faut-il la craindre d’un pays dont la culture est marquée par le confucianisme et le bouddhisme, c’est-à-dire par des philosophies dans lesquelles, contrairement à bien d’autres en Europe et au Moyen-Orient, le salut est une question personnelle et doit être recherché quel que soit l’environnement social, indépendamment de toute évolution de la société qu’il ne s’agit pas de transformer avant de la répandre sur la terre entière ? Faut-il la craindre d’un pays où l’on joue au go, c’est-à-dire à un jeu où, contrairement aux échecs dont l’objectif est de détruire l’ennemi en s’emparant de son chef, le but est « seulement » d’être plus fort que l’adversaire, sans pour autant l’anéantir ?

N’oublions pas, en outre, que le modèle économique chinois commence à montrer ses faiblesses : la croissance ralentit et le développement économique du pays fait que, désormais, la différence des coûts de production n’est plus aussi importante que dans le passé et est parfois moindre que dans d’autres pays (voir l’Ethiopie par exemple). C’est pourquoi la Chine cherche à se « banaliser » en développant des entreprises capables d’être des acteurs de poids sur le marché mondial et à maîtriser les technologies d’avenir (énergies propres, numérique…). Reste à savoir si cette nouvelle orientation, qui favorise les technologies les plus sophistiquées, permettra, comme la précédente, plus basique, de diffuser les bienfaits de la croissance économique à la majeure partie de la population.

Pensons aussi au fait que, plus qu’un pays, l’« empire du Milieu » est un empire et que peu d’empires ont été durables. Pékin parviendra-t-il à maintenir l’hégémonie des Han dans tous les territoires où ils sont implantés, mieux que, du temps de l’URSS, Moscou a voulu le faire avec les Slaves ? L’Occident ne s’intéresse qu’au Tibet (pour lequel on voit les défenseurs de la laïcité et de la démocratie réclamer avec insistance l’instauration d’une théocratie), mais c’est dans les territoires occidentaux de la Chine que se dérouleront certainement, et que se déroulent d’ores et déjà, des évènements porteurs de difficultés ultérieures.

Constatons enfin que l’histoire de la Chine est celle d’une recherche constante et d’une concentration des pouvoirs. Cette concentration des pouvoirs est absolue dans le domaine politique (pas de « balance des pouvoirs » à la mode de l’Anglais Fortescue, pas d’ « équilibre des pouvoirs » à la mode du Français Montesquieu), ce qui explique l’autoritarisme dont ont fait ou font preuve en interne les fils du Ciel successifs (quels que soient les avatars de ce Ciel) ; mais son extension spatiale n’a jamais été au centre des ambitions, dès lors que l’étranger (le barbare, auraient dit les Grecs) ne menace pas le détenteur du pouvoir.

3/ Restent les questions économiques.

Parce que le niveau de vie de sa population était faible, que son potentiel industriel était alors très limité et que tout était à faire, la Chine a obtenu de la part des pays développés de pouvoir commercer avec eux avec des dérogations considérables, de droit ou de fait, aux règles de l’OMC ou des conventions bilatérales régissant le commerce international : une forme de contrepartie aux nombreux accords imposés à la Chine, au XIXème, par les pays occidentaux et que Sun Yat Sen a, au début du XXème, qualifiés de « traités inégaux ». Bien sûr cette nouvelle inégalité de sens opposé n’était pas, pour les pays développés, inspirée uniquement par des considérations humanitaires, elle avait aussi et peut-être surtout pour but de favoriser l’émergence d’un nouveau marché, de taille considérable, dont leurs entreprises pourraient profiter.

Vingt ans après, puisque la Chine a réussi, et au-delà, son décollage économique, le même monde occidental lui demande de respecter désormais les règles qui régissent les relations économiques mondiales entre pays de niveau de développement comparable, jugées indispensables pour que les échanges favorisent le bien-être de tous. Il souhaite en particulier que les entreprises occidentales puissent investir et agir en Chine dans les mêmes conditions que les entreprises chinoises peuvent aujourd’hui investir et agir chez eux. Est-ce déraisonnable ?

Or la Chine refuse et veut continuer à profiter des exceptions qu’on lui a consenties dans un autre contexte. Elle veut continuer à pouvoir prendre le contrôle d’entreprises occidentales, ou en devenir l’actionnaire de référence, et désormais intervenir en partenariat avec les fonds d’investissements occidentaux, sans permettre aux entreprises occidentales d’en faire de même chez elle, où l’ampleur des participations étrangères est limitée et où les règles de gouvernance des entreprises sont différentes. Est-ce raisonnable ? Doit-on et peut-on l’accepter ?

Certes, la Chine a élaboré de manière accélérée une nouvelle loi sur les investissements étrangers. Mais celle-ci, dont certaines dispositions sont très vagues, donc sujettes à interprétations incertaines, ne répond pas à l’ensemble des demandes présentées pour rétablir l’équilibre des relations. Son but est plutôt de permettre au président des Etats-Unis, en mal d’accord international après les rebuffades du leader de la Corée du Nord, d’avoir un argument pour signer un accord commercial avec la Chine. Et, dans le même temps, celle-ci continue de bloquer la convention qu’elle négocie avec l’Union européenne en refusant de bouger sur des sujets aussi fondamentaux que la réciprocité d’accès aux marchés, les secteurs stratégiques, les marchés publics, les subventions ou la propriété intellectuelle.

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Comme l’écrit Caroline Galactéros, il faut donc travailler avec la Chine, il faut dialoguer avec elle, il faut chercher une solution qui satisfasse l’équilibre et l’équité. Le problème est que ce dialogue doit se faire dans un contexte que les Chinois veulent maintenir déséquilibré sur le plan économique, ce qui n’est pas acceptable.

4/ Comment faire ?

La première condition est de ne pas mélanger ce qui relève des rapports entre Etats et ce qui concerne les choix nationaux : les premiers sujets font naturellement l’objet du dialogue international, pour lequel notre pays doit être aussi rigoureux et volontaire que la Chine l’est elle-même, les seconds relèvent du droit de chaque pays à s’organiser comme il le souhaite et aucun pays n’est légitime pour chercher à imposer à des tiers ses propres choix et donner des leçons aux autres.

La deuxième condition est que notre pays, dans un cadre européen mais aussi seul (le siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU est un atout et confère des responsabilités que d’autres n’ont pas), s’insère dans le dialogue existant entre la Chine et les Etats-Unis. Et, dans ce contexte, la Russie pourrait être un allié de poids car elle a tout à craindre d’une Chine beaucoup plus peuplée que la partie asiatique de son propre territoire, quasiment vide et donc potentiellement attractive.

Mais, à l’échelle planétaire, l’Europe devrait avoir davantage de poids qu’un seul pays. C’est pourquoi l’initiative prise par le président de la République de recevoir le président de la République populaire de Chine avec la chancelière d’Allemagne et le président de la Commission européenne est éminemment logique. Mais, vu de Chine, quel poids ont aujourd’hui une chancelière sur le départ, dont le successeur se démarque chaque jour et exprime publiquement des revendications à l’égard de la France, et le président d’une Commission dont l’autorité sera amoindrie dans quelques mois lorsque le nouveau parlement aura été élu et disposera d’une légitimité plus grande que la sienne ? En outre, pourquoi ne pas avoir convié également le Royaume Uni qui, s’il préfère aujourd’hui se délecter dans ses jeux d’alcôves politiciens, sera toujours un acteur européen d’importance, et l’Italie, dont le PIB est le troisième de l’Union européenne à 27 ? Il est vrai que celle-ci avait choisi de faire cavalier seul en signant avec la Chine un accord-cadre relatif aux routes de la soie, sans grand contenu concret toutefois, semble-t-il, mais ne s’agissait-il pas avant tout pour elle de manifester aux Européens sa lassitude d’être toujours traitée en paria ? L’Europe ne doit-elle pas accepter que ses membres ne soient pas toujours d’accord et ne serait-elle pas plus forte si elle dialoguait avec ses membres critiques au lieu de les ostraciser ?

L’Europe doit aussi prendre conscience que les modes de régulation économique qu’elle a choisis ne sont plus nécessairement adaptés à une époque où les marchés ont acquis une dimension mondiale, ainsi que l’affaire Alstom/Siemens l’a clairement illustré.

Ainsi, les relations avec la Chine montrent les limites actuelles de la construction européenne et l’incapacité de son organisation à gérer avec efficacité les enjeux du moment.

5/ Comment apprécier, dans ce contexte, les « routes de la soie » (« Belt and Road Initiative » ou BRI) ?

S’agit-il de contribuer à la croissance mondiale en utilisant pour le bien-être de tous les énormes moyens financiers accumulés par la Chine ? D’œuvrer au bénéfice de l’entente entre les pays et entre les peuples ? De mettre en place des instruments de domination permettant au pouvoir chinois d’acquérir un droit de regard, en fait de codécision, dans toutes les zones concernées ? De promouvoir les entreprises chinoises en leur ouvrant des marchés ?… Sans doute de tout cela à la fois. Mais quelle est la véritable hiérarchie des priorités ?

Les Chinois n’aident guère leurs interlocuteurs à se positionner car, depuis l’annonce du projet par le président XI Jinping en septembre 2013 à l’université Nazarbayev du Kazakhstan, les objectifs et les modalités demeurent assez flous. Les montants concernés varient mais les ordres de grandeur sont tels (on parle de 1700 Md$ par an pour la seule Asie) qu’ils en deviennent déconnectés de toute perception concrète. Les modes de financement demeurent incertains. Certaines études montrent que 95 % des projets déjà réalisés ont été confiés à des entreprises chinoises, ce qui fait craindre une mainmise du processus par les seuls intérêts chinois ; mais ces projets ont, pour l’essentiel, été réalisés dans des zones dans lesquelles le potentiel local, c’est-à-dire la concurrence, était faible. Sans doute les possibilités sont-elles diverses et les modes de définition, de financement et de pilotage des projets peuvent varier d’un cas à l’autre : l’imagination doit avoir une place dans le processus, mais il ne faut pas oublier que la Chine dispose de moyens financiers que la France n’a pas, ce qui place inévitablement cette dernière en position de faiblesse.

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La prudence est donc de mise. Il serait autant absurde de refuser de participer au processus que d’accepter d’y jouer un rôle sans savoir à quoi l’on s’engage. C’est, semble-t-il, la ligne que les Européens ont exprimée au président chinois, et l’on ne peut que s’en réjouir.

6/ Le développement des relations entre la France et la Chine est éminemment souhaitable.

Mais son succès suppose, d’une part qu’au nom du réalisme la Chine accepte de perdre ses privilèges économiques qui ne se justifient plus, d’autre part que la France œuvre à ce qu’au nom du même réalisme l’Europe fonctionne de manière plus efficace. Il n’est pas certain que le challenge le plus difficile soit en Asie.

*Jean-Philippe Duranthon, membre fondateur de Geopragma 

jeudi, 04 avril 2019

How Brzezinski's Chessboard Degenerated Into Brennan's Russophobia

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How Brzezinski's Chessboard Degenerated Into Brennan's Russophobia
 
 

“Russia is an inalienable and organic part of Greater Europe and European civilization. Our citizens think of themselves as European. That’s why Russia proposes moving towards the creation of a common economic space from the Atlantic to the Pacific Ocean, a community referred to by Russian experts as ‘the Union of Europe’ which will strengthen Russia’s potential in its economic pivot toward the ‘New Asia.’” Vladimir Putin, President of the Russian Federation, February 2012

The allegations of ‘Russian meddling’ only make sense if they’re put into a broader geopolitical context. Once we realize that Washington is implementing an aggressive “containment” strategy to militarily encircle Russia and China in order to spread its tentacles across Central Asian, then we begin to understand that Russia is not the perpetrator of the hostilities and propaganda, but the victim. The Russia hacking allegations are part of a larger asymmetrical-information war that has been joined by the entire Washington political establishment. The objective is to methodically weaken an emerging rival while reinforcing US global hegemony.

Try to imagine for a minute, that the hacking claims were not part of a sinister plan by Vladimir Putin “to sow discord and division” in the United States, but were conjured up to create an external threat that would justify an aggressive response from Washington. That’s what Russiagate is really all about.

US policymakers and their allies in the military and Intelligence agencies, know that relations with Russia are bound to get increasingly confrontational, mainly because Washington is determined to pursue its ambitious “pivot” to Asia plan. This new regional strategy focuses on “strengthening bilateral security alliances, expanding trade and investment, and forging a broad-based military presence.” In short, the US is determined to maintain its global supremacy by establishing military outposts across Eurasia, continuing to tighten the noose around Russia and China, and reinforcing its position as the dominant player in the most populous and prosperous region in the world. The plan was first presented in its skeletal form by the architect of Washington’s plan to rule the world, Zbigniew Brzezinski. Here’s how Jimmy Carter’s former national security advisor summed it up in his 1997 magnum opus, The Grand Chessboard: American Primacy And Its Geostrategic Imperatives:

“For America, the chief geopolitical prize is Eurasia… (p.30)….. Eurasia is the globe’s largest continent and is geopolitically axial. A power that dominates Eurasia would control two of the world’s three most advanced and economically productive regions. …. About 75 per cent of the world’s people live in Eurasia, and most of the world’s physical wealth is there as well, both in its enterprises and underneath its soil. Eurasia accounts for 60 per cent of the world’s GNP and about three-fourths of the world’s known energy resources.” (“The Grand Chessboard:American Primacy And Its Geostrategic Imperatives”, Zbigniew Brzezinski, Basic Books, page 31, 1997)

14 years after those words were written, former Secretary of State Hillary Clinton took up the banner of imperial expansion and demanded a dramatic shift in US foreign policy that would focus primarily on increasing America’s military footprint in Asia. It was Clinton who first coined the term “pivot” in a speech she delivered in 2010 titled “America’s Pacific Century”. Here’s an excerpt from the speech:

“As the war in Iraq winds down and America begins to withdraw its forces from Afghanistan, the United States stands at a pivot point. Over the last 10 years, we have allocated immense resources to those two theaters. In the next 10 years, we need to be smart and systematic about where we invest time and energy, so that we put ourselves in the best position to sustain our leadership, secure our interests, and advance our values. One of the most important tasks of American statecraft over the next decade will therefore be to lock in a substantially increased investment — diplomatic, economic, strategic, and otherwise — in the Asia-Pacific region…

Open markets in Asia provide the United States with unprecedented opportunities for investment, trade, and access to cutting-edge technology…..American firms (need) to tap into the vast and growing consumer base of Asia…The region already generates more than half of global output and nearly half of global trade. As we strive to meet President Obama’s goal of doubling exports by 2015, we are looking for opportunities to do even more business in Asia…and our investment opportunities in Asia’s dynamic markets.”

(“America’s Pacific Century”, Secretary of State Hillary Clinton”, Foreign Policy Magazine, 2011)

The pivot strategy is not some trifling rehash of the 19th century “Great Game” promoted by think-tank fantasists and conspiracy theorists. It is Washington’s premier foreign policy doctrine, a ‘rebalancing’ theory that focuses on increasing US military and diplomatic presence across the Asian landmass. Naturally, NATO’s ominous troop movements on Russia’s western flank and Washington’s provocative naval operations in the South China Sea have sent up red flags in Moscow and Beijing. Former Chinese President Hu Jintao summed it up like this:

“The United States has strengthened its military deployments in the Asia-Pacific region, strengthened the US-Japan military alliance, strengthened strategic cooperation with India, improved relations with Vietnam, inveigled Pakistan, established a pro-American government in Afghanistan, increased arms sales to Taiwan, and so on. They have extended outposts and placed pressure points on us from the east, south, and west.”

Russian President Vladimir Putin has been equally critical of Washington’s erratic behavior. NATO’s eastward expansion has convinced Putin that the US will continue to be a disruptive force on the continent for the foreseeable future. Both leaders worry that Washington’s relentless provocations will lead to an unexpected clash that will end in war.

Even so, the political class has fully embraced the pivot strategy as a last-gasp attempt to roll back the clock to the post war era when the world’s industrial centers were in ruins and America was the only game in town. Now the center of gravity has shifted from west to east, leaving Washington with just two options: Allow the emerging giants in Asia to connect their high-speed rail and gas pipelines to Europe creating the world’s biggest free trade zone, or try to overturn the applecart by bullying allies and threatening rivals, by implementing sanctions that slow growth and send currencies plunging, and by arming jihadist proxies to fuel ethnic hatred and foment political unrest. Clearly, the choice has already been made. Uncle Sam has decided to fight til the bitter end.

Washington has many ways of dealing with its enemies, but none of these strategies have dampened the growth of its competitors in the east. China is poised to overtake the US as the world’s biggest economy sometime in the next 2 decades while Russia’s intervention in Syria has rolled back Washington’s plan to topple Bashar al Assad and consolidate its grip on the resource-rich Middle East. That plan has now collapsed forcing US policymakers to scrap the War on Terror altogether and switch to a “great power competition” which acknowledges that the US can no longer unilaterally impose its will wherever it goes. Challenges to America’s dominance are emerging everywhere particularly in the region where the US hopes to reign supreme, Asia.

This is why the entire national security state now stands foursquare behind the improbable pivot plan. It’s a desperate “Hail Mary” attempt to preserve the decaying unipolar world order.

What does that mean in practical terms?

It means that the White House (the National Security Strategy) the Pentagon (National Defense Strategy) and the Intelligence Community (The Worldwide Threat Assessment) have all drawn up their own respective analyses of the biggest threats the US currently faces. Naturally, Russia is at the very top of those lists. Russia has derailed Washington’s proxy war in Syria, frustrated US attempts to establish itself across Central Asia, and strengthened ties with the EU hoping to “create a harmonious community of economies from Lisbon to Vladivostok.” (Putin)

Keep in mind, the US does not feel threatened by the possibility of a Russian attack, but by Russia’s ability to thwart Washington’s grandiose imperial ambitions in Asia.

As we noted, the National Security Strategy (NSS) is a statutorily mandated document produced by the White House that explains how the President intends to implement his national security vision. Not surprisingly, the document’s main focus is Russia and China. Here’s an excerpt:

“China and Russia challenge American power, influence, and interests, attempting to erode American security and prosperity. They are determined to make economies less free and less fair, to grow their militaries, and to control information and data to repress their societies and expand their influence.” (Neither Russia nor China are attempting to erode American security and prosperity.” They are merely growing their economies and expanding their markets. If US corporations reinvested their capital into factories, employee training and R and D instead of stock buybacks and executive compensation, then they would be better able to complete globally.)

Here’s more: “Through modernized forms of subversive tactics, Russia interferes in the domestic political affairs of countries around the world.” (This is a case of the ‘pot calling the kettle black.’)

“Today, actors such as Russia are using information tools in an attempt to undermine the legitimacy of democracies. Adversaries target media, political processes, financial networks, and personal data.” (The western media behemoth is the biggest disinformation bullhorn the world has ever seen. RT and Sputnik don’t hold a candle to the ginormous MSM ‘Wurlitzer’ that controls the cable news stations, the newspapers and most of the print media. The Mueller Report proves beyond a doubt that the politically-motivated nonsense one reads in the media is neither reliably sourced nor trustworthy.)

The Worldwide Threat Assessment of the US Intelligence Community is even more explicit in its attacks on Russia. Check it out:

“Threats to US national security will expand and diversify in the coming year, driven in part by China and Russia as they respectively compete more intensely with the United States and its traditional allies and partners…. We assess that Moscow will continue pursuing a range of objectives to expand its reach, including undermining the US-led liberal international order, dividing Western political and security institutions, demonstrating Russia’s ability to shape global issues, and bolstering Putin’s domestic legitimacy.

We assess that Moscow has heightened confidence, based on its success in helping restore the Asad regime’s territorial control in Syria,… Russia seeks to boost its military presence and political influence in the Mediterranean and Red Seas… mediate conflicts, including engaging in the Middle East Peace Process and Afghanistan reconciliation….

Russia will continue pressing Central Asia’s leaders to support Russian-led economic and security initiatives and reduce engagement with Washington. …Russia and China are likely to intensify efforts to build influence in Europe at the expense of US interests…” (“The Worldwide Threat Assessment of the US Intelligence Community”, USG)

Notice how the Intelligence Community summary does not suggest that Russia poses an imminent military threat to the US, only that Russia has restored order in Syria, strengthened ties with China, emerged as an “honest broker” among countries in the Middle East, and used the free market system to improve relations with its trading partners and grow its economy. The IC appears to find fault with Russia because it is using the system the US created to better advantage than the US. This is entirely understandable given Putin’s determination to draw Europe and Asia closer together through a region-wide economic integration plan. Here’s Putin:

“We must consider more extensive cooperation in the energy sphere, up to and including the formation of a common European energy complex. The Nord Stream gas pipeline under the Baltic Sea and the South Stream pipeline under the Black Sea are important steps in that direction. These projects have the support of many governments and involve major European energy companies. Once the pipelines start operating at full capacity, Europe will have a reliable and flexible gas-supply system that does not depend on the political whims of any nation. This will strengthen the continent’s energy security not only in form but in substance. This is particularly relevant in the light of the decision of some European states to reduce or renounce nuclear energy.”

The gas pipelines and high-speed rail are the arteries that will bind the continents together and strengthen the new EU-Asia superstate. This is Washington’s greatest nightmare, a massive, thriving free trade zone beyond its reach and not subject to its rules. In 2012, Hillary Clinton acknowledged this new threat and promised to do everything in her power to destroy it. Check out this excerpt:

“U.S. Secretary of State Hillary Clinton described efforts to promote greater economic integration in Eurasia as “a move to re-Sovietize the region.”…. “We know what the goal is and we are trying to figure out effective ways to slow down or prevent it,” she said at an international conference in Dublin on December 6, 2012, Radio Free Europe.”

“Slow down or prevent it”?

Why? Because EU-Asia growth and prosperity will put pressure on US debt markets, US corporate interests, US (ballooning) national debt, and the US Dollar? Is that why Hillary is so committed to sabotaging Putin’s economic integration plan?

Indeed, it is. Washington wants to block progress and prosperity in the east in order to extend the lifespan of a doddering and thoroughly-bankrupt state that is presently $22 trillion in the red but continues to write checks on an overdrawn account.

But Russia shouldn’t be blamed for Washington’s profligate behavior, that’s not Putin’s fault. Moscow is merely using the free market system more effectively that the US.

Now consider the Pentagon’s 2018 National Defense Strategy (NDS) which reiterates many of the same themes as the other two documents.

“Today, we are emerging from a period of strategic atrophy, aware that our competitive military advantage has been eroding. We are facing increased global disorder, characterized by decline in the long-standing rules-based international order—creating a security environment more complex and volatile than any we have experienced in recent memory. Inter-state strategic competition, not terrorism, is now the primary concern in U.S. national security.”

(Naturally, the “security environment” is going to be more challenging when ‘regime change’ is the cornerstone of one’s foreign policy. Of course, the NDS glosses over that sad fact. Here’s more:)

“Russia has violated the borders of nearby nations and pursues veto power over the economic, diplomatic, and security decisions of its neighbors…..(Baloney. Russia has been a force for stability in Syria and Ukraine. If Obama had his way, Syria would have wound up like Iraq, a hellish wastelands occupied by foreign mercenaries. Is that how the Pentagon measures success?) Here’s more:

“China and Russia want to shape a world consistent with their authoritarian model…

“China and Russia are now undermining the international order from within the system…….

“China and Russia are the principal priorities for the Department… because of the magnitude of the threats they pose to U.S. security.” (National Defense Strategy of the United States of America)

Get the picture? China and Russia, China and Russia, China and Russia. Bad, bad, bad.

Why? Because they are successfully implementing their own development model which is NOT programed to favor US financial institutions and corporations. That’s the whole thing in a nutshell. The only reason Russia and China are a threat to the “rules-based system”, is because Washington insists on being the only one who makes the rules. That’s why foreign leaders are no longer falling in line, because it’s not a fair system.

These assessments represent the prevailing opinion of senior-level policymakers across the spectrum. (The White House, the Pentagon and the Intelligence Community) The USG is unanimous in its judgement that a harsher more combative approach is needed to deal with Russia and China. Foreign policy elites want to put the nation on the path to more confrontation, more conflict and more war. At the same time, none of these three documents suggest that Russia has any intention of launching an attack on the United States. The greatest concern is the effect that emerging competitors will have on Washington’s provocative plan for military and economic expansion, the threat that Russia and China pose to America’s tenuous grip on global power. It is that fear that drives US foreign policy.

And this is broader context into which we must fit the Russia investigation. The reason the Russia hacking furor has been allowed to flourish and spread despite the obvious lack of any supporting evidence, is because the vilifying of Russia segues perfectly with the geopolitical interests of elites in the government. The USG now works collaboratively with the media to influence public attitudes on issues that are important to the powerful foreign policy establishment. The ostensible goal of these psychological operations (PSYOP) is to selectively use information on “audiences to influence their emotions, motives, objective reasoning, and ultimately the behavior of… organizations, groups, and individuals.”

The USG now sees the minds of ordinary Americans as a legitimate target for their influence campaigns. They regard attitudes and perceptions as “the cognitive domain of the battlespace” which they must exploit in order to build public support for their vastly unpopular wars and interventions. The relentless Russiagate narrative (which was first referred to the FBI by the chief architect of the Syrian War, former-CIA Director John Brennan) represents the disinformation component of the broader campaign against Russia. Foreign policy elites are determined to persuade the American people that Russia constitutes a material threat to their security that must be countered by tighter sanctions, more sabre-rattling, and eventually war.

mercredi, 03 avril 2019

De la guerre des devises à la guerre militaire

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De la guerre des devises à la guerre militaire

par Eberhard Hamer, professeur ès sciences économiques

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le système financier mondial est dominé par un syndicat: le Conseil de stabilité financière (CSF) réunit, sous la supervision de la Banque fédérale de réserve (FED), les grandes banques atlantiques,1 elles-mêmes contrôlées par sept familles.2 «Les géants pétroliers Exxon Mobil, Royal Dutch Shell, BP et Chevron y sont également étroitement liés. Les sept familles disposent des majorités actionnaires dans pratiquement la totalité des 500 premières entreprises.»3


«La méthodologie de la domination financière mondiale est en fait assez simple: l’Amérique importe beaucoup plus de biens qu’elle n’exporte, de sorte que les dollars (fraîchement imprimés) sortent des Etats-Unis pour atterrir dans les banques centrales des autres pays. Les Etats-Unis refusant de payer leurs dettes en or, les banques centrales sont obligées d’investir des dollars en obligations et autres instruments financiers. Il en résulte un système d’endettement mondial, dominé par les Etats-Unis, qui fait prospérer l’économie américaine au détriment des autres».4


Suite à la prolifération effrénée du dollar et à la bulle d’endettement grandissante qui en résulte (32 billions de dollars), le dollar représente un risque financier toujours plus accentué. La bulle éclaterait si le monde refusait d’accepter le dollar. C’est en effet la régence du dollar qui permet au syndicat financier mondial de dépenser de l’argent à mauvais escient. Cette hégémonie du dollar est maintenue par la présence mondiale des armées américaines. Ainsi, la quasi-totalité des pays du monde se retrouvent assujettis par endettement envers le Syndicat financier américain, la plupart d’eux sont contraints à tolérer sur leur territoire, des troupes d’occupation ou des bases américaines qui assurent leur servitude pour dettes (Ramstein en Allemagne, Camp Bondsteel au Kosovo et autres).
Cependant, à maintes reprises, des pays individuels ont tenté de sortir de l’assujettissement par endettement imposé par l’empire du dollar afin d’engager leurs ressources en faveur du bien-être national plutôt que pour le syndicat financier mondial. Pour contrecarrer de tels efforts, l’empire mène en permanence des guerres économiques et financières sous diverses formes:

  • Les agences de notation du syndicat financier monopolisent l’évaluation de la solvabilité des Etats. Un pays mal noté doit payer des taux d’intérêt plus élevés sur les prêts.
  • Les blocus financiers, par exemple contre le Venezuela ou l’Iran, empêchent toute transaction financière avec les pays concernés, les excluant ainsi pratiquement du système monétaire mondial afin de le rendre insolvable.
  • Les sanctions économiques bloquent les importations ou exportations du pays visé.
  • Les accords sur les prix (dépression artificielle des prix à l’importation) réduisent la solvabilité des Etats rétifs jusqu’à ce qu’ils abandonnent.
  • Les actions judiciaires contre les concurrents des banques ou entreprises anglo-saxonnes visent à réduire leur compétitivité (actions américaines en justice contre VW (23 milliards de dollars) ou la Deutsche Bank (12 milliards de dollars).
  • En même temps, un système d’espionnage américain opérant à l’échelle mondiale garantit que tous les systèmes numériques dans le monde soient contrôlés, évalués, écrémés au profit des Etats-Unis et soumis au régiment numérique américain.
  • Une idéologie de la globalisation lutte pour les «quatre libertés» (libre circulation du capital, des produits, des services et des travailleurs) afin de briser les structures nationales, les systèmes sociaux et les démocraties, tout cela en faveur de l’empire du dollar.

La domination mondiale du dollar est assurée militairement. «Le cartel bancaire envoie l’armée américaine, qui dévore plus de la moitié de l’ensemble des budgets militaires du monde entier, partout où elle voit ses intérêts menacés.»5 Partout où l’hégémonie du dollar américain est remise en cause, les moyens de guerre financière ou économique mentionnés ci-dessus s’emploient dans le but de rétablir la soumission. Mais si les pays ou les gouvernements se montrent têtus, s’ils ne veulent plus vendre leurs matières premières pour des dollars ou même ne plus accepter le dollar lui-même, le syndicat financier exige l’intervention de l’armée américaine:

  • En novembre 2000, Saddam Hussein refusa d’accepter le dollar en échange du pétrole irakien; il accepta néanmoins l’euro, ce qui fit dévaluer le dollar.
  • En 2003, l’Irak fut attaqué parce qu’il rejetait la dictature du dollar. Ainsi la menace pour le dollar fut éliminée.
  • De même, le dirigeant libyen Kadhafi tenta de ne plus utiliser le dollar dans son commerce pétrolier. Aussitôt son régime fut exposé à des soulèvements et à une intervention militaire contre lui. Après l’assassinat de Kadhafi et la destruction de son système, la Libye fut réintégrée dans l’empire du dollar.
  • La Russie, elle non plus, n’était plus dispose à accepter l’avantage du dollar américain par rapport aux autres devises. Elle a mis en place son propre système de paiement (PRO100) qui se trouvait en dehors de la portée du cartel bancaire international. Poutine a, en outre, privé le cartel pétrolier de se servir des réserves russes de pétrole et de gaz. Depuis lors, Poutine et la Russie se trouvent être les principaux ennemis de l’empire du dollar. Ils se font donc encercler militairement et sont combattus par tous les moyens dans une guerre financière et commerciale.
  • Depuis plus de cinq ans, l’Iran est la cible des attaques monétaires, commerciales et juridiques du syndicat américain, car le pays se montrait décidé à vendre son pétrole non seulement en échange de dollars, mais également de toutes les autres devises. Des sanctions brutales à l’encontre de tous les potentiels acheteurs et partenaires commerciaux ont abouti à son exclusion totale du système financier mondial ainsi que de l’économie mondiale. Comme cet Etat ne fléchit toujours pas, la menace d’une action militaire est de plus en plus imminente.
  • La Chine se démarque aussi du dollar en se dotant d’un système monétaire concurrent (Banque asiatique de développement) qui ne tolère plus la domination du dollar et évolue donc, de plus en plus, en Etat ennemi du Syndicat financier atlantique.

Lors de la campagne électorale, Hillary Clinton avait promis «de commencer la guerre contre la Russie en Ukraine et en Syrie d’ici le mois de mars», mais elle s’est ensuite corrigée, en disant qu’on n’y parviendrait pas avant mai 2018. Par bonheur, elle n’a pas été élue.

Le dos contre le mur, l’Amérique est pourtant toujours sous double pression:

  • L’effet de la pression effrénée sur le dollar a conduit à une quantité de dettes uniques dans l’histoire des Etats-Unis (32 billions de dollars) qui peuvent s’effondrer à tout moment si d’autres pays importants n’acceptent plus le dollar, si les banques du système financier tombent en faillites ou si les pays surendettés deviennent insolvables. L’empire du dollar a jusqu’à présent tenté de corriger ces dangers avec des prêts à intérêt zéro, ce qui devient de plus en plus difficile à maintenir. La dévaluation d’une monnaie de référence (dollar) en hausse incontrôlée est finalement certaine. La confiance diminue. Le syndicat financier prépare donc déjà l’interdiction des espèces et le remplacement de l’argent-monnaie par de l’argent numérique.
  • L’empire du dollar ne peut être soutenu qu’avec un boom constant. Cela présuppose une exploitation élevée de la capacité de l’économie. Cependant, l’économie américaine produit pour 70% des armes, de sorte que l’économie américaine n’est florissante que lorsque l’industrie de l’armement est en plein essor. Celle-ci ne peut se développer que si elle peut vendre ses produits, c’est-à-dire s’il y a suffisamment de guerres dans le monde. La production américaine d’équipements militaires dépasse les 600 milliards d’euros, soit dix fois plus que celle de la Russie et plus de la moitié de la production mondiale d’équipements militaires. Le président américain exige des pays satellites d’acheter davantage d’armement (en provenance des USA), et il vend sans vergogne des armements à des dictatures (Arabie saoudite).
  • Après le réarmement de l’OTAN et de l’Ukraine et après la fin de la guerre en Syrie, l’industrie américaine de la défense a besoin d’un nouveau coup de pouce pour relancer l’économie aux Etats-Unis au moyen d’une nouvelle guerre.

La politique américaine prétend toujours que la Russie, la Chine, l’Iran ou d’autres pays sont belliqueux et dangereux. Comme le montrent les dépenses militaires et les actes d’agression (sanctions, châtiments, etc.) des Etats-Unis dans le monde entier, ce sont avant tout les USA qui sont belliqueux et prêts à la guerre. A plusieurs reprises, ils ont mis en avant le Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et des hommes politiques des pays satellites (Heiko Maas, Ursula von der Leyen) pour diaboliser la Russie et exprimer des menaces de guerre.
Comme avant la Première Guerre mondiale, nous sommes donc dans une situation, où un petit événement pourrait déclencher un nouvel incendie mondial. Les dictatures et les empires ont toujours utilisé la guerre comme dernier recours quand ils ne savaient plus que faire. Si l’économie américaine s’effondre en raison d’un manque de demande d’armes ou de l’éclatement de la bulle d’endettement de l’empire du dollar, l’hégémonie du syndicat financier mondial et de la puissance mondiale des Etats-Unis devraient disparaître. Ainsi on arriverait à un point, où les politiciens ne savent plus quoi faire et ils pourraient éventuellement avoir recours au dernier ressort.
Aux Etats-Unis, des voix s’élèvent déjà pour dire que la guerre contre l’Iran doit commencer cet été. Les préparatifs sont terminés.
Il n’est donc guère compréhensible que le monde ne prenne pas conscience du danger de guerre, que les marches pour la paix n’exigent pas la paix dans tous les pays comme par le passé et que les médias dirigés par le syndicat financier (par exemple la presse Springer) puissent s’attaquer à la Russie et à l’Iran, sans aucune opposition, au lieu d’exiger la paix. Nous avons besoin d’une «révolte de tous les amoureux de la paix» pour faire prendre conscience du danger de la guerre et de l’exigence de paix pour tous les peuples. Si nous restons inactifs et que nous ne la dénonçons pas à temps, la politique irresponsable des Etats-Unis et de l’OTAN pourrait nous replonger dans l’impasse de la guerre contre notre volonté.
Non seulement il est grand temps de mettre en garde contre cela, mais nous devons le faire à voix haute.    •

(Traduction Horizons et débats)

1     JP Morgen Chase, City Group, Wells Fargo, Deutsche Bank, BNP, Barclays
2     Goldman Sachs, Rockefeller, Lehmann, Rothschild, Warburg, Lazard et Seifs
3     Orzechowski, Peter. Durch globales Chaos in die Neue Weltordnung, Rottenburg 2016
4     ibid, p. 61
5     ibid, p. 62

mardi, 02 avril 2019

Washington cherche l’escalade : y aura-t-il de nouvelles sanctions contre la Russie à cause du soutien de Moscou à Maduro ?

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Washington cherche l’escalade : y aura-t-il de nouvelles sanctions contre la Russie à cause du soutien de Moscou à Maduro ?

Washington / Caracas : Le gouvernement américain entend infliger de nouvelles sanctions à la Russie, cette fois à cause du soutien que celle-ci apporte au régime de Maduro au Vénézuela. John Bolton, conseiller ès-sécurité du Président Trump, a condamné ce soutien et a averti d’autres Etats de n’envoyer ni forces militaires ni équipements. « Nous considérerons de tels actes provocateurs comme une menace directe contre la paix internationale et contre la sécurité dans la région » a lancé Bolton.

Elliott Abrams, plénipotentiaire américain pour le Venezuela, a déclaré que les Etats-Unis disposaient de toute une série d’options pour s’opposer à l’engagement russe au pays de Maduro. Quand on lui a posé la question de savoir ce que le gouvernement américain entendait faire pour barrer la route aux projets russes en Amérique latine, Abrams a répondu : « Nous avons une liste d’options ». Il y aurait ainsi des possibilités au niveau diplomatique mais aussi au niveau économique, c’est-à-dire des sanctions. Il n’a pas été plus explicite. Mais il a toutefois souligné : « Ce serait une erreur, pour les Russes, de croire qu’ils ont les mains libres en cette région. Ils ne les ont pas ! ». Et il a ajouté que le nombre de soldats russes au Venezuela n’est pas très grand mais leur influence potentielle est néanmoins considérable. Leur présence ne va pas dans l’intérêt de la population du pays.

Les Russes ont toutefois contesté les accusations des Américains, ces derniers jours, et leur ont reproché d’organiser un coup d’Etat pour favoriser un changement de régime au Venezuela, ce qui revient à s’immiscer de manière inacceptable dans les affaires intérieures de l’Etat sud-américain. Moscou se réfère à un accord existant de coopération militaire et technique avec le Venezuela. Vendredi dernier, la Russie a demandé une nouvelle fois que les Etats-Unis ne se mêlent pas des affaires intérieures du Venezuela. Washington n’a pas le droit, ajoutent-ils, de dicter à d’autres Etats avec quels pays ils peuvent collaborer, pensent les principaux acteurs de la politique étrangères à Moscou.

(article paru sur http://www.zuerst.de – 01 avril 2019).

Nouvelle alliance stratégique Turquie-Iran-Etats arabes

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Nouvelle alliance stratégique Turquie-Iran-Etats arabes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Au Moyen-Orient, l'alliance stratégique qui a fait la loi depuis des années est celle de l'Arabie saoudite, de divers Etats sunnites et des Etats-Unis. Aujourd'hui, du fait des catastrophiques erreurs stratégiques américaines dans la région, une nouvelle alliance ou Entente est en train de se former.

Celle-ci unira la Turquie, l'Iran, le Qatar, avec le soutien de l'Iran, de la Syrie, du Liban et de la Jordanie, Inutile de préciser que Moscou s'intéresse à ce projet et l'appuiera de différentes façons.

C'est en été 2017 et à Doha au Qatar que les bases de cette alliance ont été jetées. On se souvient que Riyad avait décrété une offensive militaire puis un siège du Qatar, présenté à l'époque et à la grande surprise de beaucoup comme un ennemi de l'Arabie saoudite. Ceci visait à éliminer le Qatar en tant que rival de celle-ci. Malheureusement pour les Saoudiens, l'offensive qui devait aboutir en quelques jours s'est enlisée face à la résistance des Qataris. Ceci avait laissé le temps à Doha, Téhéran et Ankara d s'entendre pour la mise en place de ce qui avait été nommé un bloc stratégique cohérent. Il s'agissait de contrer le poids de l'Arabie saoudite et des Américains, ses alliés.

Initialement le bloc avait pour but de mettre en place des accords économiques, concernant non seulement le pétrole mais d'autres domaine importants, comme les transports.

Très vite cependant le bloc a compris que pour survivre face à une Arabie surarmée et bénéficiant en permanence du soutien américain, il devait se transformer en alliance militaire, Il s'est alors progressivement tourné vers la Russie, disposant déjà de deux petites bases militaires en Syrie. Vladimir Poutine a initialement manifesté une prudente réserve face à un appui militaire russe éventuel. Néanmoins, face aux offensives arabo-américaines contre son allié Bashar al Assad, il a laissé entendre qu'en tant que de besoin il appuierait l'alliance. Les combats victorieux récents, appuyés par la Russie, contre l'Etat Islamique au nord de la Syrie ont considérablement favorisé le rapprochement militaire de la Turquie avec la nouvelle alliance stratégique.

Dans le même temps, l'Irak, le Liban et la Jordanie, bien qu'encore très soumises politiquement aux Etats-Unis, ont vite compris que leur intérêt était de rejoindre la nouvelle alliance stratégique. Le 18 mars 2019, les commandants militaires de l'Iran, de la Syrie et de l'Iraq ont posé les bases d'une coopération de long terme, non seulement contre le terrorisme, mais pour mener des projets économiques communs. Le gouvernement turc n'a pas hésité depuis le début à s'associer à ces projets. Une des raisons qu'il y voient est de contrer l'influence des séparatistes kurdes qui jusqu'à présent bénéficiaient d'un appui important des Américains. Au plan économique, l'alliance devrait permettre à ses membres de coopérer à la reconstruction des villes syriennes détruite par la guerre. Un autre objectif sera évidemment de remettre en état l'exploitation des gisement pétroliers et gaziers de Deir Ezzor, dans l'est de la Syrie.

Mais comme les Américains ont depuis longtemps visé à prendre le contrôle de ces derniers, aujourd'hui notamment par l'intermédiaire de leurs alliés kurdes, il est prévisible qu'ils ne se laisseront pas sans combattre empêchés de le faire par la nouvelle alliance stratégique Turquie, Iran, Qatar.

Référence

Voir entre autres https://oilprice.com/Geopolitics/Middle-East/New-Middle-E...

Note

Il faut rappeler qu'Erdogan continuera à encourager le transit  de caravanes de migrants vers l'Europe, si l'on en croit l'article ci-dessous
https://ripostelaique.com/erdogan-va-lacher-des-dizaines-...

lundi, 01 avril 2019

La Géorgie deviendra-t-elle une base militaire américaine permanente?

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La Géorgie deviendra-t-elle une base militaire américaine permanente? 

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Chaque semaine ou presque, les Etats-Unis, qui dominent l'Otan depuis sa création, montrent qu'ils persistent à faire de cette organisation un outil destiné à porter la guerre sur le territoire russe. Certains membres de l'Otan voudraient calmer le jeu, mais d'autres, tels que la Pologne, soutiennent en permanence les visées du Pentagone à cet égard.

C'est totalement irresponsable de leur part car en cas de guerre, fut-elle seulement conventionnelle, avec la Russie, ils seraient détruits les premiers. Les Américains, à l'abri de l'autre côté de l'Atlantique, ne risquent évidemment rien.

L'attention se porte aujourd'hui sur la Géorgie ancienne république socialiste soviétique et devenue un adversaire résolu de Moscou, bien que celui-ci ait depuis longtemps renoncé à y exercer une influence autre que marginale, linguistique et culturelle. C'est ainsi que le 25 mars 2019, le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, norvégien tout dévoué aux américains qui l'ont fait nommer à ce poste, a réaffirmé la volonté de l'Otan de donner satisfaction aux demandes de la Géorgie visant à devenir un membre permanent de l'Organisation.

Il se trouvait dans la capitale géorgienne Tbilisi, en compagnie du premier ministre Mamuka Bakhtadze. pour assister à des manœuvre militaires conjointes de 12 jours Otan-Géorgie. Inutile de dire que celles-ci représentent déjà une provocation pour la Russie. Il y a déclaré que l'Otan n'accepte pas que la Russie, ou tout autre Etat extérieur, puisse décider qui doit être ou non membre. Les manouvres se tenaient à la base militaire conjointe Otan-Géorgie de Krtsanisi. Elles impliquaient un contingent de 350 hommes fournis par les membres de l'Otan, avec une participation de l'Azerbaidjan, de la Finlande et de la Suède.

Il faut rappeler que les tensions entre la Russie et une Géorgie décidée à rejoindre le bloc occidental avait abouti à une guerre courte mais sanglante entre les deux pays. Moscou avait appuyé la volonté séparatiste des deux provinces de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhasie. En 15 jours les militaires russes avait mis en déroute l'armée de la Géorgie, puis reconnu l'indépendance de ces deux provinces.

En 2018, le premier ministre russe Dmitri Medvedev avait prévenu que l'entrée éventuelle de la Géorgie dans l'Otan « pourrait provoquer un terrible conflit ». Est-ce que cherche Washington aujourd'hui ?

vendredi, 29 mars 2019

Europe: la Chine attaque l'Amérique!

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Europe: la Chine attaque l'Amérique!

 
 

Parallèlement à la Russie qui accueille en ce moment même le président libanais, quitte à inquiéter très sérieusement Américains et Israéliens qui ont peur de voir de riches réserves gazières quitter la côte israélienne de la Méditerranée pour se diriger vers la côte libanaise, la Chine a lancé cette semaine une terrifiante offensive contre les États-Unis en plein cœur de l’Europe « américanisée ».

Cette Europe qui s’accroche toujours au modèle américain, à l’OTAN ne voyant plus que le géant aux pieds d’argile qu’est l’Amérique, s’effondre comme un château de cartes.

En Italie, le président Xi Jinping a réussi un coup de maître. Faisant miroiter d’énormes intérêts que l’Italie, parent pauvre de l’Europe de l’Ouest a à gagner, il a mis la main sur les ports et les aéroports italiens et a fini par convaincre les Italiens d’adhérer à la route de la soie. Ce concept qui terrorise les Américains, ne devait pas trop plaire à Emmanuel Macron, représentant pur et dur de l’atlantisme moribond. Et pourtant, arrivé à Nice, en fin stratège militaire qu’il est, Jinping a su trouver les mots et les « sommes » pour séduire Jupiter qu’accompagnait l’Allemande Merkel et l’européiste, Junker.

Bien que la Macronie ait apposé une fin de non-recevoir catégorique au méga-projet « l’Initiative route et ceinture (BRI) », son président avait convié à Paris la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, rien que pour avoir un sommet tripartite avec Xi. Cette rencontre a réuni les trois plus puissants personnages de l’Union Européenne face au numéro un chinois.

Des sources proches des pourparlers, citées par Sputnik, affirment que la partie chinoise a tenté de dissuader l’Europe de recourir à des sanctions et que la dynamique sanctionnelle déclenchée par Washington vise avant tout les intérêts européens. Le président chinois a aussi encouragé la France à emboîter le pas à l’Italie dans le cadre de la BRI. Et cet encouragement est passé par d’alléchants contrats auxquels même la Macronie n’a pas pu dire non.

«La Chine et la France ont signé un contrat de 30 milliards d’euros pour la livraison à Pékin de 300 avions Airbus. C’est sans doute le résultat le plus tangible de la visite de Xi Jinping à Paris. Il témoigne de la confiance de la Chine envers Airbus, ce qui est particulièrement important sur fond de problèmes avec les appareils de Boeing et alors que les États-Unis multiplient leurs offensives contre l’industrie aéronautique française en imposant aux pays européens leurs F-14, leurs F-16 ou encore leurs F-35 …

 » Qu’a-t-elle la France à s’obstiner à refuser la perspective particulièrement prometteuse que lui offre la BRI ? La semaine dernière, le président US a porté un nouveau coup dur à l’OTAN en ouvrant grand ses portes au Brésil, un pays qui ne fait pas partie de l’axe transatlantique. La décision a été prise sans consultation avec les membres de l’Alliance dont la France qui s’est toutefois soumise aux exigences militaires des États-Unis. Dans presque tous les dossiers militairo-sécuritaires, de la Syrie au Yémen en passant par l’Irak voire l’Iran, la France de Macron s’est totalement alignée sur Washington pour n’avoir in fine que le mépris et l’irrespect de l’administration US, se demande Hanif Ghafari, interrogé par Press TV.

« Une chose est néanmoins sûre : le départ du Brésil de BRICS se fera rudement ressentir par les puissances qui en font partie. La Chine prépare sa revanche : elle vise le cœur même de l’alliance atlantiste et anticipe la perspective d’un BRICS sans le Brésil. Pékin travaille à remplacer l’Union Européenne par une Union eurasiatique et la France finira, elle aussi par comprendre que ses intérêts résident en Asie et non pas à l’autre côté de l’Atlantique ».


- Source : Pars Today (Iran)

jeudi, 28 mars 2019

Die Notwendigkeit der Geopolitik

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Die Notwendigkeit der Geopolitik

Politik ist ein Spiel von Macht und Herrschaft. Sie dreht sich in ihrem Kern um Interessen – um Interessen und ihre Durchsetzung. Die Frage, die sich hier unweigerlich stellt, ist die danach, welche Interessen Deutschland hat und was es zu unternehmen bereit ist, diese Interessen durchzusetzen.

GB-geo.jpgDabei richtet sich die Frage nicht danach, was die Bundesregierung oder präziser die Administration des Auswärtigen Amtes oder des Verteidigungsministeriums für deutsche Interessen hält, sondern welche Interessen sich mit Blick auf die Zukunft Deutschlands ergeben.

Die wichtigsten Interessen sind dabei diejenigen, die in direktem Zusammenhang mit der Selbsterhaltung Deutschlands stehen. Deutschland ist zwar Exportweltmeister, aber damit überhaupt irgendein Endprodukt oder ein Zwischenprodukt Deutschland verläßt, sind Rohstoffe ein entscheidendes Importprodukt. Neben Rohöl und Erdgas als Primärenergieträger, sind das vor allem Metalle und seltene Erden. Sie sind für die deutsche Wirtschaft überlebenswichtig.

Die Gewährleistung der Versorgung mit diesen Rohstoffen wird als Versorgungssicherheit bezeichnet. Sie ist das erste und wahrscheinlich bedeutendste Interesse, wenn es um die Selbsterhaltung Deutschlands geht.

Das zweite Interesse in diesem Zusammenhang ist die Sicherheit. Sie hat zwei Dimensionen: die innere und die äußere Sicherheit. Beide überschneiden sich gelegentlich. Zur inneren Sicherheit gehören Dinge wie die Vermeidung von Kriminalität, der Schutz des Eigentums oder der körperlichen Unversehrtheit. In den Bereich der äußeren Sicherheit fallen Dinge wie die Abwehr von direkten Angriffen, der Schutz vor den Gefahren der Migration oder die Bekämpfung des Terrorismus.

Erst als drittes Interesse im Hinblick auf die Selbsterhaltung Deutschlands ist die Versorgung mit Nahrungsmitteln zu nennen. Deutschland ist nur im Hinblick auf solche Nahrungsmittel auf den Import angewiesen, die hier nicht produziert werden können. Nahrungsmittel der Grundversorgung gehören hier nicht dazu. Das bedeutet, daß die Versorgung mit Nahrungsmitteln primär gegen Bedrohungen von innen geschützt werden müssen.

Ein mögliches Krisenszenario wäre etwa die Verseuchung des Trinkwassers einer Millionenstadt wie Köln oder München mit Chemikalien durch Terroristen. Versorgungssicherheit, die Abwehr krimineller, terroristischer und kriegerischer Aktivitäten sowie die Versorgung mit Nahrungsmitteln – diese drei wesentlichen Interessen der deutschen Selbsterhaltung müssen mit allen Mitteln geschützt werden. Dazu gehört letztlich auch der Einsatz der Bundeswehr, im Inneren genauso wie gegen eine äußere Bedrohung.

Gereon Breuer: Geopolitik. Das Spiel nationaler Interessen zwischen Krieg und Frieden. BN-Anstoß VI. Chemnitz 2015. Sonderangebot: 5 Euro statt 8,50 Euro. Hier bestellen!

mercredi, 27 mars 2019

La défaite américaine et le le retour de l’empire des steppes

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La défaite américaine et le le retour de l’empire des steppes

 
Ex: https://www.geopolitica.ru

Ecrabouillement américain face aux soviets et aux chinois : le poing par Philippe Grasset (dans une mer de sarcasmes et par la Rand Corporation en personne). Problème : ils n’ont pas de solutions…A compléter avec les propos de Bayan-Orson Welles (la rose noire, 1950) ; les flèches (les missiles) valent mieux que les armures (les porte-avions). Pour comprendre l’empire des steppes, lire Grousset sur classiques.uqac.ca.

L’USS Pentagone et sa Mer des Sargasses

12 mars 2019 – La communauté des experts, aussi bien férue de l’objet de leur expertise que des relations publiques, commence à  s’alarmer des progrès russes et chinois en matière d’armement ; mais  piano pianissimo, cette alarme, au rythme postmoderne, bien que les termes et les trouvailles qui la justifient effraient les experts eux-mêmes.

Il s’agit essentiellement, pour notre propos de ce jour, d’un rapport suivant une simulation particulièrement sophistiquée de la  RAND Corporation. C’est un événement important, qui devrait faire autorité à Washington : la RAND est le  think tanks  US le plus prestigieux et le plus influent pour les questions techniques de la communauté de sécurité nationale ; basée en Californie et dominant le domaine de l’expertise technique depuis 1948 (date de sa création), directement connectée à l’USAF et à l’industrie d’armement (officiellement, c’est la firme Douglas, agissant comme faux-masque de l’USAF, qui créa la RAND). Ses analyses reflètent et inspirent à la fois les conceptions des milieux experts des forces armées : une étude de la RAND ainsi présentée publiquement fait autorité et indique selon les normes de la communication ce que le Pentagone et la communauté de sécurité nationale pensent et doivent penser à la fois.

En effet, RAND est venue à Washington présenter un rapport très technique sur des simulations d’une Troisième Guerre mondiale au CNAS (Center for a New American Security), autre  think tank  mais plus doué en relations publiques et établi en 2007 pour présenter une vision “bipartisane” de la  politiqueSystème suivie par les USA ; c’est-à-dire, un institut recyclant la politique-neocon  habillé d’une parure de consensus washingtonien dans le sens évidemment belliqueux qu’on imagine. La séance d’information a été rapportée par divers médias, et nous citons aussi bien ZeroHedge.com que SouthFront.org.

Le rapport, présenté  le 7 mars, envisage divers scénarios des engagements au plus haut niveau des USA contre la Russie ou contre la Chine. Le verdict est peu encourageant : “Nous nous ferons péter le cul !” : « “Dans nos simulations, lorsque nous affrontons la Russie et la Chine, les Bleus  [les USA]  se font péter le cul”, a déclaré jeudi l’analyste de RAND David Ochmanek. “Nous perdons beaucoup de gens, nous perdons beaucoup d’équipements. Nous n’atteignons généralement pas notre objectif d’empêcher l’agression de la part de l’adversaire”, a-t-il averti. »

Et pour suivre, sur l’état général des conclusions du rapport : « Alors que la Russie et la Chine développent des chasseurs de cinquième génération et des missiles hypersoniques, “nos éléments reposant sur des infrastructures de base sophistiquées, telles que des pistes et des réservoirs de carburant, vont connaître de graves difficultés”, a déclaré Ochmanek. “Les unités navales de surface vont également connaître de graves difficultés”

» “C’est pourquoi le budget 2020 présenté la semaine prochaine prévoit notamment de retirer du service actif le porte-avions USS Truman plusieurs décennies à l’avance, et d’annuler une commande de deux navires amphibies de débarquement, comme nous l’avons signalé. C’est aussi pourquoi le Corps des Marines achète la version à décollage vertical du F-35, qui peut décoller et atterrir sur des pistes aménagées très petites et très rustiques, mais la question de savoir comment entretenir en état de fonctionnement un avion de très haute technologie dans un environnement de très basse technologie reste une question sans réponse”, selon le site Breaking Defence… »

Certains points spécifiques des équipements par rapport aux simulations de la RAND font l’objet de précisions et d’observations, – en général très critiques, parce que personne ne semble satisfait de l’état des forces et de leurs capacités en cas de conflit. On en signale ici l’une et l’autre, par ailleurs sur des sujets déjà connus, et avec des conclusions qui n’étonneront personne, dans tous les cas parmi les lecteurs de dedefensa.org.

  • Le F-35, l’inépuisable JSF. On a lu plus haut cette remarque selon laquelle le F-35B des Marines à décollage vertical (ADAC/ADAV) trouvait sa justification dans les conditions dévastées pour les USA d’un conflit à venir, mais qu’on doutait grandement qu’il puisse jouer un grand rôle opérationnel à cause de l’extrême complexité de l’entretien opérationnel de l’avion dans un tel environnement. Un autre intervenant ajoute cette remarque, où l’on pourrait voir une ironie désabusée :

« “Dans tous les scénarios auxquels j’ai eu accès”, a déclaré Robert Work, ancien secrétaire adjoint à la Défense ayant une grande expérience des exercices opérationnels, “le F-35 est le maître du ciel quand il parvient à s’y trouver mais il est détruit au sol en grand nombre”. » Cette remarque, d’ailleurs bien trop follement optimiste sinon utopiste (ou ironique ?) pour les capacités du F-35 lorsqu’il parvient à se mettre en position de combat aérien, marque surtout la prise en compte de la fin de l’ Air Dominance pour l’USAF et les forces aériennes US en général, du fait de la puissance nouvelle acquise notamment par les Russes, suivis par les Chinois en pleine expansion militaire.

  • La décision de retrait et de mise en réserve (“mise en cocon”) du porte-avions USS Truman, annoncée au début du mois, a  d’abord été présentéecomme une manœuvre de l’US Navy pour obtenir un budget supplémentaire pour garder cette unité en service actif et poursuivre en même temps la construction des deux premiers classes USS  Gerald R. Ford, toujours  aussi catastrophiques et empilant délais sur augmentation de coût. (On cite le précédent d’une manœuvre similaire lorsque la Navy avait prévu de faire subir le même sort au USS  George-Washington  en 2012, la Maison-Blanche allouant avec le soutien du Congrès les fonds nécessaires pour éviter cette réduction de la flotte des onze porte-avions de la Navy.) La Navy économiserait jusqu’à $30 milliards en écartant le  Truman  qui va bientôt entrer en refonte de mi-vie s’il reste en service (un travail très complexe, coûteux et long : 2024-2028).

Mais on voit que la RAND suscite une explication qu’elle renforce d’autres constats, qui impliquerait que la Navy estime le danger des nouvelles armes hypersoniques trop grand pour continuer à mettre toute sa puissance stratégique sur les porte-avions. Venant de la RAND, avec tout son crédit, la chose doit être considérée sérieusement, pour marquer combien les USA commenceraient à prendre conscience de la puissance de leurs adversaires stratégiques du fait de la percée majeure constituée par les missiles hypersoniques.

  • Un autre exemple des insuffisances considérables débusquées par la RAND concerne la couverture anti-aérienne des forces terrestres. Les experts du think tank ont fait leur compte, ce qui est illustré par cette remarque :

« … Si l’on se base sur une situation purement hypothétique [selon les moyens actuels], “si nous partions en guerre en Europe, il y aurait une unité de [missiles sol-air de défense aérienne] Patriot qui serait disponible pour y être envoyée, pour être déployée à la base de Ramstein. Et c’est tout”, dit Work avec amertume. L’US Army compte 58 brigades de combat mais ne dispose d’aucune capacité de défense anti-aérienne et antimissile pour les protéger contre des attaques de missiles venues de la Russie. »

Cette situation US est en complet contraste avec celle des Russes, qui intègrent dans leurs forces terrestres des unités de défense anti-aérienne chargées de la protection des forces en campagne. C’est d’ailleurs autant une question de moyens qu’une question structurelle et même psychologique. Les forces armées US ont toujours fonctionné depuis 1945 selon le principe qu’elles disposaient d’une totale domination aérienne qui jouaient un rôle d’interdiction quasi-impénétrable. Cette situation est très largement mise en cause aujourd’hui, notamment avec les progrès russes en matière d’A2/AD («  [Z]ones dite A2/AD, ou Anti-Access/Area-Denial ; c’est-à-dire des sortes de No-Fly-Zone pour l’aviation ennemie, du fait des moyens russes parfaitement intégrés de détection, de brouillage et de contrôle électroniques, et de destruction, qui transforment toute incursion aérienne ennemie dans ces zones en un risque inacceptable »).

Non seulement les forces US sont affaiblies, non seulement l’apparition des missiles hypersoniques donne aux Russes une puissance de feu d’une catégorie nouvelle et révolutionnaire, mais en plus la structure des forces US est fondée sur le postulat psychologique quasi-inconscient (“inculpabilité-indéfectibilité”) de la supériorité US (notamment aérienne) qui dispense ces forces d’avoir une défense organique puissante.

mardi, 26 mars 2019

The Great Delusion: Liberal Dreams and International Realities

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The Great Delusion: Liberal Dreams and International Realities

An excerpt from John Mearsheimer's latest book.
by John J. Mearsheimer

Ex: https://nationalinterest.org

Editor’s Note: This is an excerpt from the new book The Great Delusion : Liberal Dreams and International Realities by John Mearsheimer.

Liberal hegemony is an ambitious strategy in which a state aims to turn as many countries as possible into liberal democracies like itself while also promoting an open international economy and building international institutions. In essence, the liberal state seeks to spread its own values far and wide. My goal in this book is to describe what happens when a power­ful state pursues this strategy at the expense of balance­-of­-power politics.

Many in the West, especially among foreign policy elites, consider liberal hegemony a wise policy that states should axiomatically adopt. Spreading liberal democracy around the world is said to make eminently good sense from both a moral and a strategic perspective. For starters, it is thought to be an excellent way to protect human rights, which are sometimes seri­ously violated by authoritarian states. And because the policy holds that liberal democracies do not want to go to war with each other, it ultimately provides a formula for transcending realism and fostering international peace. Finally, proponents claim it helps protect liberalism at home by eliminating authoritarian states that otherwise might aid the illiberal forces that are constantly present inside the liberal state.

This conventional wisdom is wrong. Great powers are rarely in a position to pursue a full­-scale liberal foreign policy. As long as two or more of them exist on the planet, they have little choice but to pay close attention to their position in the global balance of power and act according to the dictates of realism. Great powers of all persuasions care deeply about their survival, and there is always the danger in a bipolar or multipolar system that they will be attacked by another great power. In these circumstances, liberal great powers regularly dress up their hard­-nosed behavior with liberal rhe­toric. They talk like liberals and act like realists. Should they adopt liberal policies that are at odds with realist logic, they invariably come to regret it. But occasionally a liberal democracy encounters such a favorable balance of power that it is able to embrace liberal hegemony. That situation is most likely to arise in a unipolar world, where the single great power does not have to worry about being attacked by another great power since there is none. Then the liberal sole pole will almost always abandon realism and adopt a liberal foreign policy. Liberal states have a crusader mentality hard­-wired into them that is hard to restrain.

Because liberalism prizes the concept of inalienable or natural rights, committed liberals are deeply concerned about the rights of virtually every individual on the planet. This universalist logic creates a powerful incen­tive for liberal states to get involved in the affairs of countries that seriously violate their citizens’ rights. To take this a step further, the best way to ensure that the rights of foreigners are not trampled is for them to live in a liberal democracy. This logic leads straight to an active policy of regime change, where the goal is to topple autocrats and put liberal democracies in their place. Liberals do not shy from this task, mainly because they often have great faith in their state’s ability to do social engineering both at home and abroad. Creating a world populated by liberal democracies is also thought to be a formula for international peace, which would not just eliminate war but greatly reduce, if not eliminate, the twin scourges of nuclear prolifera­tion and terrorism. And lastly, it is an ideal way of protecting liberalism at home.

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This enthusiasm notwithstanding, liberal hegemony will not achieve its goals, and its failure will inevitably come with huge costs. The liberal state is likely to end up fi endless wars, which will increase rather than reduce the level of conflict in international politics and thus aggravate the problems of proliferation and terrorism. Moreover, the state’s militaristic behavior is almost certain to end up threatening its own liberal values. Liber­alism abroad leads to illiberalism at home. Finally, even if the liberal state were to achieve its aims—spreading democracy near and far, fostering eco­nomic intercourse, and creating international institutions—they would not produce peace.

The key to understanding liberalism’s limits is to recognize its relation­ship with nationalism and realism. This book is ultimately all about these three isms and how they interact to affect international politics.

Nationalism is an enormously powerful political ideology. It revolves around the division of the world into a wide variety of nations, which are formidable social units, each with a distinct culture. Virtually every nation would prefer to have its own state, although not all can. Still, we live in a world populated almost exclusively by nation­-states, which means that liberalism must coexist with nationalism. Liberal states are also nation­states. There is no question that liberalism and nationalism can coexist, but when they clash, nationalism almost always wins.

The influence of nationalism often undercuts a liberal foreign policy. For example, nationalism places great emphasis on self­-determination, which means that most countries will resist a liberal great power’s efforts to inter­fere in their domestic politics—which, of course, is what liberal hegemony is all about. These two isms also clash over individual rights. Liberals be­lieve everyone has the same rights, regardless of which country they call home. Nationalism is a particularist ideology from top to bottom, which means it does not treat rights as inalienable. In practice, the vast majority of people around the globe do not care greatly about the rights of individu­als in other countries. They are much more concerned about their fellow citizens’ rights, and even that commitment has limits. Liberalism oversells the importance of individual rights.

mears-tragedy.jpgLiberalism is also no match for realism. At its core, liberalism assumes that the individuals who make up any society sometimes have profound differences about what constitutes the good life, and these differences might lead them to try to kill each other. Thus a state is needed to keep the peace. But there is no world state to keep countries at bay when they have profound disagreements. The structure of the international system is anar­chic, not hierarchic, which means that liberalism applied to international politics cannot work. Countries thus have little choice but to act according to balance-­of-­power logic if they hope to survive. There are special cases, however, where a country is so secure that it can take a break from realpolitik and pursue truly liberal policies. The results are almost always bad, largely because nationalism thwarts the liberal crusader.

My argument, stated briefly, is that nationalism and realism almost always trump liberalism. Our world has been shaped in good part by those two powerful isms, not by liberalism. Consider that five hundred years ago the political universe was remarkably heterogeneous; it included city­-states, duchies, empires, principalities, and assorted other political forms. That world has given way to a globe populated almost exclusively by nation­ states. Although many factors caused this great transformation, two of the main driving forces behind the modern state system were nationalism and balance-­of-­power politics.

The American Embrace of Liberal Hegemony

This book is also motivated by a desire to understand recent American foreign policy. The United States is a deeply liberal country that emerged from the Cold War as by far the most powerful state in the international system. 1 The collapse of the Soviet Union in 1991 left it in an ideal position to pursue liberal hegemony. 2 The American foreign policy establishment em­ braced that ambitious policy with little hesitation, and with abundant opti­mism about the future of the United States and the world. At least at first, the broader public shared this enthusiasm.

The zeitgeist was captured in Francis Fukuyama’s famous article, “The End of History?,” published just as the Cold War was coming to a close. 3 Liberalism, he argued, defeated fascism in the first half of the twentieth century and communism in the second half, and now there was no viable alternative left standing. The world would eventually be entirely populated by liberal democracies. According to Fukuyama, these nations would have virtually no meaningful disputes, and wars between great powers would cease. The biggest problem confronting people in this new world, he suggested, might be boredom.

It was also widely believed at the time that the spread of liberalism would ultimately bring an end to balance-­of-­power politics. The harsh security competition that has long characterized great-­power relations would dis­appear, and realism, long the dominant intellectual paradigm in inter­national relations, would land on the scrap heap of history. “In a world where freedom, not tyranny, is on the march,” Bill Clinton proclaimed while campaigning for the White House in 1992, “the cynical calculus of pure power politics simply does not compute. It is ill­-suited to a new era in which ideas and information are broadcast around the globe before ambas­sadors can read their cables.”

Probably no recent president embraced the mission of spreading liberal­ism more enthusiastically than George W. Bush, who said in a speech in March 2003, two weeks before the invasion of Iraq: “The current Iraqi re­gime has shown the power of tyranny to spread discord and violence in the Middle East. A liberated Iraq can show the power of freedom to transform that vital region, by bringing hope and progress into the lives of millions. America’s interests in security, and America’s belief in liberty, both lead in the same direction: to a free and peaceful Iraq.” Later that year, on September 6, he proclaimed: “The advance of freedom is the calling of our time; it is the calling of our country. From the Fourteen Points to the Four Freedoms, to the Speech at Westminster, America has put our power at the service of principle. We believe that liberty is the design of nature; we be­lieve that liberty is the direction of history. We believe that human fulfill­ment and excellence come in the responsible exercise of liberty. And we believe that freedom—the freedom we prize—is not for us alone, it is the right and the capacity of all mankind.”

Something went badly wrong. Most people’s view of U.S. foreign policy today, in 2018, is starkly different from what it was in 2003, much less the early 1990s. Pessimism, not optimism, dominates most assessments of America’s accomplishments during its holiday from realism. Under Presi­dents Bush and Barack Obama, Washington has played a key role in sow­ing death and destruction across the greater Middle East, and there is little evidence the mayhem will end anytime soon. American policy toward Ukraine, motivated by liberal logic, is principally responsible for the ongo­ing crisis between Russia and the West. The United States has been at war for two out of every three years since 1989, fighting seven different wars. We should not be surprised by this. Contrary to the prevailing wisdom in the West, a liberal foreign policy is not a formula for cooperation and peace but for instability and conflict.

In this book I focus on the period between 1993 and 2017, when the Clinton, Bush, and Obama administrations, each in control of American foreign policy for eight years, were fully committed to pursuing liberal hegemony. Although President Obama had some reservations about that policy, they mattered little for how his administration actually acted abroad. I do not consider the Trump administration for two reasons. First, as I was finishing this book it was difficult to determine what President Trump’s foreign policy would look like, although it is clear from his rhetoric during the 2016 campaign that he recognizes that liberal hegemony has been an abject failure and would like to abandon key elements of that strategy. Second, there is good reason to think that with the rise of China and the res­urrection of Russian power having put great power politics back on the table, Trump eventually will have no choice but to move toward a grand strategy based on realism, even if doing so meets with considerable resistance at home.

John J. Mearsheimer is the R. Wendell Harrison Distinguished Service Professor of Political Science at the University of Chicago. His many books include The Tragedy of Great Power Politics and Conventional Deterrence .

dimanche, 24 mars 2019

Conflit métallurgique mondial

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Conflit métallurgique mondial

par Georges FELTIN-TRACOL

Cérium, lanthane, europium, néodyme, terbium, yittrium, ruthénium, rhodium, vanadium, gallium, hafnium, non, il ne s’agit pas du nom de quelques maladies honteuses, ni des boîtes de nuit à la mode, mais la dénomination courante de métaux qui sont en train de bouleverser les rapports de forces géopolitiques, économiques et énergétiques planétaires selon Guillaume Pitron, auteur d’un très bon ouvrage qui ne sera pas le livre de chevet de Nicolas Hulot, du ministre fictif François de Rugy ou d’Emmanuel Macron, tous tenants d’un « développement durable » qui n’est concrètement que de la poudre de perlimpinpin médiatique et politicienne.

Avec La guerre des métaux rares, Guillaume Pitron, journaliste au Monde Diplomatique, au magazine Géo et à la revue National Geographic, jette un énorme pavé dans la mare en racontant « la face cachée de la transition énergétique et numérique ». Il estime en effet que « la prétendue marche heureuse vers l’âge de la dématérialisation n’est […] qu’une vaste tromperie, puisqu’elle génère, en réalité, un impact physique toujours plus considérable (p. 68) ». Il adresse un sévère réquisitoire contre l’hypocrisie bien occidentale d’un monde censément devenir plus « vert ».

La quête des métaux rares

Au terme d’une longue enquête sur tous les continents, Guillaume Pitron explique que les lampes LED à basse consommation d’énergie, les panneaux solaires, les pots catalytiques des véhicules, les voitures et batteries électriques, les éoliennes, les centrales nucléaires et les centrales thermiques au gaz ont besoin de métaux rares. Pourquoi ? « Une infime dose de ces métaux, une fois industrialisée, émet un champ magnétique qui permettra de produire davantage d’énergie que la même quantité de charbon ou de pétrole (p. 17). » Il précise que ces « métaux rares sont des concentrés parés de fantastiques propriétés (p. 16) ». De là un incroyable paradoxe. « Certaines technologies vertes lesquelles se fonde notre idéal de sobriété énergétique nécessitent en réalité, pour leur fabrication, davantage de matières premières que des technologies plus anciennes (p. 83) ». Ainsi souligne-t-il que « “ la seule fabrication d’une puce de deux grammes implique le rejet de deux kilogrammes de matériaux environ ”, soit un ratio de 1 à 1 000 entre la matière produite et les rejets générés (p. 66) ».

metauxrares.pngSon constat est édifiant : « L’extraction et le raffinage des terres rares sont très polluants (p. 94). » Pis, « la production de métaux indispensables à un monde plus propre est un processus polluant (p. 43) ». Cela n’empêche pas les États et les grandes entreprises multinationales de prospecter partout, y compris dans l’espace avec l’exploitation future des astéroïdes. Les États-Unis de Barack Obama ont déjà légiféré sur ce sujet particulier. Et ce n’est pas tout ! « La bataille des terres rares (et de la transition énergétique et numérique) est bel et bien en train de gagner le fond des mers (p. 242). » Deuxième domaine maritime mondial, la France détient des atouts stratégiques et économiques non négligeables avec son outre-mer océanien, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie (avec Clipperton) et Wallis-et-Futuna riches en terres rares sous-marines. L’auteur découvre la spécificité de cet archipel méconnu où règnent trois rois et où s’applique comme en Nouvelle-Calédonie « voisine » le droit coutumier dérogatoire des codes hexagonaux. Il garde sur ce point un regrad parisien et centralisateur obsolète.

La guerre des métaux rares montre la logique insidieuse des incantations officielles vertes en Occident autour des « deux domaines qui sont des piliers essentiels de la transition énergétique : les technologies que nous avons baptisées “ vertes ” et le numérique (p. 17) ». Or, les énergies dites « propres » ou « renouvelables » « se fondent sur l’exploitation de matières premières qui, elles, ne sont pas renouvelables (p. 81) ». Il est patent qu’« au XXIe siècle, nous ne savons même pas qu’un monde plus durable dépend en très grande partie de substances rocheuses nommées métaux rares (p. 15) ». « Pour dissocier les terres rares des autres métaux, les industriels doivent recourir à des techniques longues et coûteuses, employant force produits chimiques et énergie (p. 76). » Guillaume Pitron soulève un second paradoxe. « Les technologies dont de nombreux milieux écologistes vantent la capacité à nous sortir du nucléaire reposent sur des matériaux (les terres rares et le tantale) dont l’exploitation génère de la radioactivité (pp. 81 – 82). » Par conséquent, « notre quête d’un modèle de croissance plus écologique a plutôt conduit à l’exploitation intensifiée de l’écorce terrestre pour en extraire le principe actif, à savoir les métaux rares, avec des impacts environnementaux encore plus importants que ceux générés par l’extraction pétrolière (pp. 24 – 25) ».

L’impasse numérique

Cet ouvrage ébranle profondément bien des convictions écologistes, surtout quand on sait dorénavant que « si les technologies que nous utilisons au quotidien peuvent bien évoluer, le besoin primaire de ressources énergétiques, lui, demeure (p. 15) ». On veut « décarboner » au maximum l’économie et les transports, favoriser l’électrification de tous les vecteurs de mobilité, mais il leur faut une source d’énergie : l’électricité n’existe pas à l’état naturel. Quelle(s) source(s) alors ? Les hydrocarbures : ils polluent par le dioxyde de carbone ! Le nucléaire : il fabrique des déchets difficilement dégradables à l’échelle d’une vie humaine et dépend d’un minerai rare, l’uranium. Le Soleil et le vent ? La composition des appareils photovoltaïques et des éoliennes repose sur de nombreux métaux rares. « Le numérique est supposé atténuer l’impact carbone des activités humaines (p. 63). » Est-ce vraiment le cas ? La dématérialisation généralisée – la pièce jointe remplaçant la feuille de papier – ne serait-elle pas un facteur de « réchauffement climatique » ? Guillaume Pitron n’avance pas cette hypothèse osée. Et pourtant ! L’augmentation incessante des ondes dues à l’essor du numérique pourrait agir sur l’atmosphère comme un four à micro-ondes, ce qui expliquerait la fonte des glaciers et de la calotte glaciaire. Si cette hypothèse se vérifie dans les prochaines années, c’est-à-dire trop tard, la survie de l’écosphère passera sûrement par une décroissance radicale et draconienne et par l’abandon résolu des téléphones intelligents, des tablettes informatiques et autres réseaux sociaux virtuels. L’auteur profite aussi pour polémiquer avec l’économiste étatsunien Jeremy Rifkin lui aussi édité par Les Liens qui libèrent. Ambiance…

Entre aussi en jeu l’avenir des déchets. « Les autorités européennes estiment que jusqu’à 1,3 million de tonnes de déchets électroniques seraient exportées chaque année de notre continent vers l’Afrique et l’Asie (pp. 79 – 80). » « La mondialisation […] a rendu les pays occidentaux tellement prospères que nous sommes même devenus riches de nos déchets, qu’ils soient alimentaires, de maison, industriels, nucléaires ou électroniques (p. 71). » Faute d’investissements matériels, financiers et humains massifs, le recyclage n’arrivera jamais à suivre la croissance élevée de l’ensemble de ces déchets.

Guillaume Pitron entrevoit un monde nouveau. « Dans ce monde d’après, les grandes puissances minières ne seront pas les États qui concentreront les plus fabuleux gisements de minerais, mais ceux qui disposeront des poubelles les plus prestigieuses (p. 74). » Il se contredit toutefois puisqu’il pense ailleurs que « la géopolitique des métaux rares pourrait faire émerger de nouveaux acteurs prépondérants, souvent issus du monde de développement : le Chili, le Pérou et la Bolivie, grâce à leurs fabuleuses réserves de lithium et de cuivre; l’Inde, riche de son titane, de son acier et de son fer; la Guinée et l’Afrique australe, dont les sous-sols regorgent de bauxite, de chrome, de manganèse et de platine; le Brésil, où le bauxite et le fer abondent; la Nouvelle-Calédonie, grâce à ses prodigieux gisements de nickel (pp. 226 – 227) ». Ces données ne sont que de simples aperçus : la République démocratique du Congo produit 64 % du cobalt, l’Afrique du Sud contrôle 83 % du platine, de l’indinium et du ruthénium, le Brésil monopolise presque 90 % du niobium, les États-Unis 90 % du béryllium, la Russie dispose de 46 % des approvisionnements en palladium, la Turquie fournit 38 % du borate.

Ces métaux rares ne sont guère abordés, hormis en 2017 sous une forme romanesque avec le « successeur » de Gérard de Villiers, Alex de Brienne, auteur de la série publiée par Le Livre de Poche KO, initiales des prénoms respectifs des enfants Grant, Kali la baroudeuse et son frère jumeau, Odys, l’informaticien génial. En arrière-plan de l’intrigue du troisième tome de la série, Griffe du diable à Etosha, qui se déroule en Namibie, se profilent les Chinois… « La Chine […] s’arroge jusqu’à 99 % de la production mondiale de terres rares, le plus convoité des métaux rares ! (p. 122). » Guillaume Pitron s’en inquiète parce qu’il sait que « celui qui contrôle les minerais contrôle dorénavant l’industrie (p. 158) ». Circonstance aggravante pour les puissances occidentales, « nous avons confié à de potentiels rivaux un précieux monopole (p. 116) ».

L’essor chinois

À la fin de la Guerre froide au début des années 1990, pendant que l’Occident bradait ses stocks stratégiques de terres rares aux plus offrants, « Pékin poursuivait alors une stratégie inverse de constitution de réserves, et racheta une bonne partie de ces achalandages… (p. 107) » Il devient évident qu’« un État est en train d’asseoir sa domination sur l’exportation et la consommation des métaux rares. Cet État, c’est la Chine (p. 24) ». Anecdotique ? Non quand on découvre que « l’Empire du Milieu est aujourd’hui le premier producteur de 28 ressources minérales indispensables à nos économies avec souvent une part supérieure à 50 % de la production mondiale (p. 50) ».

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La Chine n’a pas adopté « la chimère selon laquelle les industries s’effaceraient derrière une économie largement dominée par les services (p. 149) ». Détenant un monopole de fait, Pékin décréta en septembre 2010 le premier embargo de terres rares en pleine transition énergétique et numérique à l’encontre du Japon à propos de l’archipel revendiqué à la fois par Tokyo et la Chine des Senkaku – Diaoyu en mer de Chine orientale. Parce que « technologies du numérique, économie de la connaissance, filière des énergies vertes, secteur de l’acheminement et du stockage de l’électricité, et dorénavant industries spatiales et de défense : nos besoins en métaux rares se diversifient et s’accroissent de façon exponentielle (p. 211) », « la Chine […] a compris : sa stratégie industrielle de métaux rares lui permet de miser fortement sur l’essor scientifique, d’encourager l’esprit créatif de son peuple – et de stimuler une offre civilisationnelle alternative aux références dictées par l’Occident (p. 167) ».

Non seulement « en 2015, la Chine est le pays qui a déposé le plus de brevets au monde, avec plus de 1,1 million de dépôts (pp. 174 – 175) », mais aussi elle « met sur pied une filière entièrement souveraine et intégrée, qui englobe aussi bien les mines nauséabondes arpentées par les gueules noires que les usines ultra-modernes peuplées d’ingénieurs surdiplômés (p. 155) ». Outre le recours à l’« “ innovation indigène ”, c’est-à-dire l’absorption, l’intériorisation des technologies étrangères (p. 169) », Pékin s’inspire ouvertement de la politique industrielle d’indépendance nationale de la France gaullienne. Résultat : la République populaire est première dans la production d’énergies vertes, éolienne et hydro-électrique, dans la fabrication d’équipements photovoltaïques ainsi que dans la réalisation de véhicules à énergie nouvelle. Le gouvernement a enfin favorisé l’émergence d’une centaine d’« écocités ». Dans le même temps, il dispose d’un avion de combat furtif plus perfectionné que son équivalent nippon, a mis sur orbite un satellite de communication quantique inviolable, souhaite que des « Fils du Ciel » foulent le sol lunaire, voire martien, et a conçu un super-ordinateur capable de résoudre en une seconde 93 millions de milliards d’opérations ! Dans ce nouveau contexte international, « un ordre industriel […] s’est naturellement imposé entre, pour simplifier, la Chine et l’Occident (p. 100) ». D’où de vives tensions commerciales entre Pékin et Washington. Bénéficiant du soutien des milieux d’affaires de la vieille industrie, Donald Trump a compris le jeu chinois et « préfère perpétuer un modèle énergétique pétrolier qui a consacré la toute-puissance des États-Unis au cours du XXe siècle plutôt que de s’engager dans la voie du tout-électrique dont il sait qu’elle pourrait être très douloureuse pour l’industrie américaine (pp. 181 – 182) » en termes d’emplois et de niveau de vie.

À l’heure du « Russiagate » et des accusations complotistes d’une ingérence russe fantasmée dans les élections présidentielles de 2016, Guillaume Pitron revient sur le « Chinagate » qui entacha, telle une quelconque robe de stagiaire, la réélection en 1996 de Bill Clinton. Frappés d’amnésie, les démocrates ne s’indignèrent pas des interférences chinoises dans le processus électoral en leur faveur. Sans développer, l’auteur offre en outre une brève explication au soudain rapprochement – réchauffement entre Washington et Pyongyang. « La Corée du Nord posséderait même certaines des plus grandes réserves de terres rares du monde (pp. 224 – 225). » Le président du Comité des affaires de l’État nord-coréen, Kim Jong Un, le sait et mise probablement sur cet avantage géologique pour briser le régime absurde les stupides sanctions internationales. L’entretien relève qu’avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, « les mesures protectionnistes se veulent donc une affirmation de puissance dans un monde qui se “ désoccidentalise ” (p. 136) ». Le temps est maintenant au nationalisme minier. Et la France ?

« Un géant minier en sommeil » ?

L’auteur semble s’inscrire dans une ligne politique plutôt productiviste, industrialiste et montebourgienne, en référence à Arnaud Montebourg, ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique (2012 – 2014), qui tenta sans grand succès du fait de l’atlantisme européiste dominant à l’Élysée et à Matignon de maintenir (et de relancer ?) un solide appareil industriel à haute portée stratégique. Pourtant, pour Guillaume Pitron, la France du fait de sa richesse géologique tant en métropole qu’en outre-mer, est « un géant minier en sommeil (p. 232) ». Ne faudrait-il pas relancer un plan général de prospection minière et préparer l’opinion à ouvrir (ou rouvrir) des mines ? Les associations de défense de l’environnement s’y opposeraient immédiatement. Or « les ONG écologistes font la preuve d’une certaine incohérence, puisqu’elles dénoncent les effets du nouveau monde plus durable qu’elles ont elles-mêmes appelé de leurs vœux (pp. 234 – 235) ». « N’y a-t-il pas une ironie tragique, dénonce Guillaume Pitron, à ce que la pollution qui n’est plus émise dans les agglomérations grâce aux voitures électriques soit simplement déplacée dans les zones minières où l’on extrait les ressources indispensables à la fabrication de ces dernières ? En ce sens, la transition énergétique et numérique est une transition pour les classes les plus aisées : elle dépollue les centres-villes, plus huppés, pour mieux lester de ses impacts réels les zones plus miséreuses et éloignés des regards (p. 81). » Vraie à l’échelle du monde, l’analyse se vérifie aussi dans l’espace français d’autant qu’elle recoupe les observations du géographe Christophe Guilluy.

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Les aires métropolitaines, niches à bobo et d’autres hipsters métrosexuels entrent en collision frontale avec la « France périphérique » péri-urbaine et rurale incapable de s’acheter de nouveaux produits aux normes écologiques sans s’endetter pour des dizaines d’années. Susciter l’endettement des populations fragiles (ou déclassées) constitue en terme d’élaboration sociale une mesure efficace de contrôle collectif. Guillaume Pitron ne pouvait pas imaginer le mouvement profond des « Gilets jaunes » quand il se montre très (trop ?) optimiste sur l’abnégation écologique des ménages français. « Peut-être abandonnerions-nous […] le sacro-saint dogme du pouvoir d’achat et accepterions-nous de dépenser quelques dizaines d’euros supplémentaires pour des téléphones un peu plus propres… (p. 237) » Cette intention louable ne peut ne pas être comprise par une population « périphérique » en souffrance, victime des politiques d’austérité financière mondialiste. Bien sûr, en relocalisant en France les systèmes industriels de recyclage et en renouant avec l’activité minière, les habitants prendraient « immédiatement conscience, effarés, de ce qu’il en coûte réellement de nous proclamer modernes, connectés et écolos (p. 236) ». Le redynamisme de certains territoires et la diminution réelle du chômage seraient indéniables au prix, il est vrai, d’un désastre paysager et écosystémique élevé.

En attendant des méthodes d’extraction et d’exploitation de minerais plus propres qui n’existent pas actuellement, force est de remarquer qu’aucune des solutions proposées n’est satisfaisante : toutes ont un coût écologique, économique, stratégique et sanitaire non négligeable. Quant à changer de modèle productif en promouvant la décroissance et la fin du développement chère à l’économiste hétérodoxe François Partant, cela reviendrait à renoncer à toute politique de puissance pour la France et l’Europe et à sortir de l’histoire. Sauf si le paradigme décroissant intègre finalement une dimension communautaire, autochtone et identitaire comme l’assure depuis bien des années le prophète finlandais de l’« écologie armée » Pentti Linkola.

Georges Feltin-Tracol

• Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, préface d’Hubert Védrine, Éditions Les liens qui libèrent, 2018, 295 p., 20 €.

18:43 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, terres rares, géopolitique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

jeudi, 21 mars 2019

Etats de droit

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Etats de droit

par Michel Raimbaud

Ex: http://www.zejournal.mobi  

Ce vendredi 15 mars 2019 marquait le huitième anniversaire d’un conflit universel. Déjà plus long que les deux guerres mondiales, il a passé « l’âge de raison » qui signifiait pour les parents et grands-parents de jadis la fin de l’innocence de leur progéniture. Les intellectuels de toutes les rives auraient intérêt à lire l’article publié à cette occasion par Kamal Khalaf, écrivain, journaliste et analyste politique palestinien bien connu, qui rappelle une réalité escamotée : " s’il y a une guerre qui n’est pas innocente, c’est bien celle de Syrie ". Près de 400 000 morts, des millions de réfugiés, déplacés, exilés, sinistrés, et une multitude de blessés, d’estropiés, de handicapés à vie. Des orphelins, des veuves, des familles brisées ou dispersées. Sans parler d’un pays en partie détruit, à dessein. Ayant déjà beaucoup dit et écrit à ce propos, je n’allongerai pas l’inventaire des supplices infligés à tout un peuple, victime par surcroît d’un flagrant déni de vérité et de justice sans précédent.

Les dévots, prédicateurs ou imprécateurs qui croient représenter le « monde civilisé » le savent sûrement, si cette tragédie aux innombrables victimes n’a pas la puissance d’évocation d’un 11 septembre, c’est qu’on l’a ensevelie sous une forêt de « faux pavillons », que son récit a été étouffé sous une chape d’omerta ou de mensonge. La manipulation a permis aux faussaires de justifier la poursuite de ce crime collectif au nom de la légalité internationale, pourtant violée par eux sans vergogne et sans pudeur. Que l’on invoque pour prétexte la démocratisation, la défense des droits de l’homme, la responsabilité de protéger, ou bien qu’on la drape dans les oripeaux de la morale humanitaire ou de l’Etat de Droit, l’entreprise alliant dans son lit les « croisés » euro-atlantiques sous leurs enseignes variées et les « djihadistes » sous leurs franchises diverses aura été une entreprise perverse, illégale et criminelle. Et c’est par le biais d’une escroquerie médiatique et intellectuelle sans précédent qu’ils ont pu la faire passer pour une guerre noble, voire une guerre sainte.

Si l’Etat syrien a pu compter sur des alliés fidèles, son peuple a hérité d’un « groupe d’amis » que l’on ne peut souhaiter qu’à des ennemis héréditaires : à Marrakech en décembre 2012, on dénombre (excusez du peu) 114 Etats, les protagonistes de l’agression. Dans ces pays, incluant la France, les politiques, les intellectuels et les médias n’ont jamais dit « Nous sommes tous des Syriens », ou « tous des Arabes », alors que le « peuple si bon » avait bénéficié de nos effusions à nous, qui étions « tous des Américains » à l’insu de notre plein gré.

Ce deux-poids, deux-mesures est lié à la conviction que l’Occident est la seule humanité qui vaille, que seules ses valeurs, ses langues, ses modèles, ses conceptions, ses combats ont une portée universelle. Cette certitude est si incrustée que les hommes et femmes de la rue comme les « élites » ne voient pas malice à ce que leurs gouvernants s’arrogent « le droit de dire le droit » et puissent intervenir militairement pour changer le « régime » de tout pays résistant que le maître américain aura daigné qualifier de « voyou ». Que les abonnés des plateaux de la télévision remplacent l’invocation à « nos grandes démocraties » vaguement surfaite par des incantations sur « nos Etats de droit » ne change pas les fondamentaux : l’Occident se considère comme l’incarnation du Droit. Une fois de plus, il constitue le modèle, évidemment inimitable, en la matière. Le résultat est croquignolesque, ainsi qu’en témoignent les réunions du Conseil de Sécurité, où chaque prestation occidentale est un morceau de bravoure, un chef-d’œuvre d’hypocrisie, un grand moment de n’importe quoi. On dira : et la France alors, et Descartes et le cartésianisme, Voltaire et les philosophes, et les Lumières, la raison et la logique, dont on se pique dans nos « Etats de droit » en général, et chez nous en particulier ?

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Parlons franc, le satané et infernal Etat de droit impose au ci-devant « homme blanc » un fardeau tel qu’il serait injuste de ne pas trouver de circonstances atténuantes à ces personnages si élégants et bien coiffés qu’ils ne peuvent être malhonnêtes. A défaut d’entendre leur sanglot, il suffit de voir leur visage accablé par la misère du monde, leur indignation devant l’iniquité des Etats faillis que le monde civilisé est obligé de bombarder et de punir, devant l’insolence des émergents para-communistes, ou face aux provocations de tous ces « axes de la résistance ». Que de stoïcisme il faut pour mettre de côté son attachement aux principes des Nations-Unies afin d’imposer justice et démocratie chez les Barbares. Le vrai Etat de Droit n’est-il pas l’Etat de tous les droits : de définir des règles, des normes, de nommer, de juger, de menacer, de condamner, de sanctionner, de punir, d’intervenir, de changer les régimes inadaptés, d’occuper, de changer la géographie, etc. C’est une grande souffrance morale et une tache prenante, qui implique des devoirs et des droits, pile et face de la même médaille.

Dans ces conditions, les Etats de Droit ne sauraient déchoir en s’embarrassant de scrupules indignes de leur rang, en respectant dans des pays barbares, des Etats « qui n’existent pas » aux dires de nos intelligences complexes, les principes et les règles d’un Droit qu’ils malmènent chez eux, à contre-coeur, n’en doutons pas. Le Droit est affaire de gens ou de pays civilisés. Les « Etats voyous » sont faits pour être sanctionnés, bombardés, punis, mis sous embargo ou sous blocus.

A ce stade, un souci aura peut-être désespéré les adeptes du droit, ceux qui croient en la diplomatie et vénèrent la légalité onusienne… Pour qui juge naturelle l’hégémonie exercée depuis si longtemps sur le monde, il est logique de chercher à imposer des noms et des normes. C’est ainsi que l’Etat « hors-la-loi » a été défini par les idéologues inspirés par le messianisme néoconservateur. Selon Avraham Shlaïm, juriste israélien et professeur à Oxford, un « Etat voyou » détient des armes de destruction massive (ADM), soutient ou pratique le terrorisme et viole régulièrement le Droit international. Or, ces critères peuvent inspirer de mauvaises pensées : le cambrioleur crie au vol, l’agresseur hurle au viol.

C’est ainsi qu’en Syrie, les trois Occidentaux et leurs alliés, puissances nucléaires détentrices d’ADM, ont enseveli un peuple sous des tonnes de sanctions sadiques, armes de destruction massive par excellence ; ils ont soutenu, armé, financé et protégé les centaines de groupes terroristes (y compris Da’esh et Al Qaida) qui ont martyrisé le peuple syrien. Ils bombardent, lancent des frappes punitives contre les « méchants ». Ils violent le droit international par leur seule présence militaire sans aval du gouvernement légal, enfreignant la charte des Nations-Unies par leur occupation illégale. Certains comme Erdogan ont même des revendications territoriales ou des velléités de recolonisation, sans s’attirer les foudres des "Gardiens du Droit", membres permanents du Conseil de Sécurité, alliés d’Ankara par la grâce de l’OTAN.

Les réalités s’accommodent mal d’affirmations sommaires : il en va ainsi de celle, largement admise, qui réduirait le conflit de Syrie à une guerre contre le terrorisme, assimilée à la lutte contre Da’esh. Or, vue de Damas, cette guerre ne serait pas finie avec la seule disparition de l’Etat Islamique. A Idlib, sur la rive est de l’Euphrate ou du côté de la base US d’Al Tanaf, on trouve encore des milliers de terroristes présentés comme des opposants « modérés » ou des « rebelles armés » alors qu’ils n’ont que changé de badge afin d’échapper aux résolutions de l’ONU. Quand bien même ces « terroristes modérés » seraient-ils éradiqués ou évaporés, la guerre ne serait pas achevée. Resterait à obtenir le départ des « forces spéciales » occidentales et le retrait des janissaires du néo-calife traînant illégalement sur le territoire. Tant que le gouvernement n’a pas atteint ses objectifs légitimes, la Syrie sera en état de guerre.

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Il semble d’ailleurs que les partenaires atlantiques (l’Amérique, l’Europe et Israël) n’aient pas l’intention de déguerpir facilement. La Syrie, qui devait être « lentement saignée à mort », a été endommagée, mais elle résiste vaillamment, aidée par de puissants alliés. A défaut d’avoir gagné la guerre, pourquoi ne pas empêcher son retour à la vie en l’étouffant avec les armes que le maître fouettard aime tant : les sanctions, blocus et embargos. L’Amérique, chef spirituel de tous les criminels dévots, en battle-dress ou en trois pièces cravate, fait preuve d’une imagination débordante qui illustre son leadership moral et culturel, tandis que l’Union Européenne lui emboîte le pas avec une servilité inépuisable et un manque de fantaisie à faire dormir debout. Néanmoins, le dispositif est efficace, tant est puissante l’étreinte de l’Amérique et tellement est pervers son dispositif de normes unilatérales et extraterritoriales. Au point qu’un vague attaché commercial de l’ambassade US à Amman peut terroriser le gouvernement jordanien en interdisait tout commerce avec la Syrie, sa voisine. Les entreprises françaises, guère plus hardies, filent doux devant les menaces de sanctions financières ou commerciales. Le gouvernement de la « grande nation », comme on disait fièrement naguère, n’a plus que deux options : se soumettre bon gré mal gré ou se soumettre mal gré bon gré.

Dans tous les domaines, la Syrie est déjà gavée de sanctions, y compris les plus farfelues. Depuis huit ans, les « trains » de mesures punitives se succèdent à un rythme effréné. La dernière fournée : la loi César, votée par le Congrès, qui généralise les sanctions, les étendant à tous les secteurs, et touchant non seulement les sociétés ou les banques, mais désormais les Etats et les individus. Il s’agit d’assécher les circuits financiers syriens pour interdire toute reconstruction, autrement dit d’étrangler le peuple syrien. Par ailleurs, les pays voisins ayant accueilli des réfugiés sont soumis à des pressions violentes visant à empêcher le retour de ces exilés vers la Syrie, « la situation n’étant pas mûre » (disent les occidentaux). L’Union Européenne s’est empressée d’imiter son grand timonier. Ses Etats, qui ne sont plus leurs propres législateurs, ne peuvent que se rallier à la majorité, laquelle ne jure que par la voix de son maître.

Les discussions sur la question syrienne sont étouffées par une omerta et une censure impitoyables. Le lavage de cerveau est parvenu à pervertir le débat. Celui-ci ne porte jamais sur la légalité ou l’illégalité de l’envoi de troupes contre la volonté du gouvernement syrien. Aucun doute n’est émis sur la légitimité de leur présence et de leur maintien, prétendument pour combattre Da’esh, soutenir les « démocrates kurdes », vérifier le niveau de l’eau dans l’Euphrate, ou bombarder pour tuer le temps. Par contre, on distrait la galerie lorsque la tactique est critiquée sur le plan technique par tel ou tel officier. Comme si l’aventure militaire lancée par un « Etat de Droit » ne pouvait qu’être légale et légitime. De même, le débat national s’enflamme lorsqu’il concerne le retour et le jugement des terroristes français partis faire le djihad. Mais la discussion envisage le problème du seul point de vue de la sécurité de la France : quel danger représenteront ces individus à leur retour. Aucune condamnation de l’action passée en Syrie. A qui les remettre, aux Turcs, aux Kurdes… ? Pas un mot sur leur éventuelle remise aux seules autorités légitimes, celles de Damas. A en croire nos chefs de guerre, il n’y aurait plus d’Etat, pas de justice en Syrie. Dans ces conditions, comment la France peut-elle espérer remettre un pied dans ce pays qu’elle a contribué à détruire et dont elle nie l’existence, un Etat pourtant considéré comme le vainqueur potentiel ?

Aux dires des experts la guerre est terminée, mais tant de mensonges ont été répandus qu’il sera difficile de normaliser. Loin de faire machine arrière, l’Occident, qui porte une responsabilité écrasante dans la tragédie, semble parti pour une fuite en avant où tous les coups seront permis, dans un mépris total de la légalité. L’approche tordue de « nos Etats de Droit » ne présage rien de bon. En ce huitième anniversaire, les dirigeants français sont enferrés dans un désir de vengeance irrationnel, prétendant plus que jamais décider de l’avenir de la Syrie, sur lequel ils n’ont guère de prise. On accordait jadis à la France une vocation de médiatrice ou de conciliatrice. Il est navrant que les dirigeants d’aujourd’hui se contentent d’une capacité de nuisance. Reviendront-t-ils à la raison ?

L'auteur, Michel Raimbaud, est ancien ambassadeur de France


- Source : Comité Valmy

mercredi, 20 mars 2019

Coronel Pedro Baños: “Los movimientos migratorios, en muchos casos musulmanes, están rompiendo Europa”

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Una entrevista de Nuño Rodríguez:

Coronel Pedro Baños: “Los movimientos migratorios, en muchos casos musulmanes, están rompiendo Europa”

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Pedro Baños Bajo, coronel del Ejército de Tierra y Diplomado de Estado Mayor, es uno de los mayores especialistas en Geopolítica, Estrategia, Defensa, Seguridad, Terrorismo, Inteligencia y Relaciones Internacionales a nivel mundial; su situación militar de reserva es uno de esos lujos que España no debería permitirse. Ha sido jefe de Contrainteligencia y Seguridad del Cuerpo de Ejército Europeo, en Estrasburgo y profesor de Estrategia y Relaciones Internacionales en la Escuela Superior de las Fuerzas Armadas, perteneciente al Centro Superior de Estudios de la Defensa Nacional, en Madrid. Durante la presidencia española de la Unión Europea fue miembro del equipo de la Dirección General de Política de Defensa, del Ministerio de Defensa. Estuvo al frente de la División de Asuntos Estratégicos y Seguridad, de la Secretaría General de Política de Defensa, como Jefe del Área de Análisis Geopolítico. Fue asesor militar en el Parlamento Europeo. Ha cursado estudios en España, Alemania, Francia, Estados Unidos, Bélgica, Turquía, Reino Unido, Israel y China, y en la actualidad colabora con medios de comunicación e imparte conferencias en universidades y fundaciones -tanto en España como en el extranjero- sobre Estrategia, Geopolítica, Inteligencia, Terrorismo, Relaciones Internacionales, Defensa y Seguridad.

Recientemente ha publicado Así se domina el mundo. Desvelando las claves del poder mundial, que pronto verá en las librerías su sexta edición.

Ha escrito usted un libro interesantísimo; analiza usted desde los Estados y las organizaciones supranacionales hasta la mente del individuo. Es un mundo complejo. ¿Qué actores son los más importantes dentro de esta complejidad?

Yo sigo pensando que los Estados. Por encima de todo, los Estados. Se habla de los agentes no estatales, el terrorismo no estatal… pero los principales agentes son los Estados. Estamos hablando de que hay estados poderosísimos que, sin lugar a dudas,  tienen una capacidad para ejercer su influencia de modo omnímodo, no sólo porque el Estado detente el monopolio de la violencia, sino porque estos Estados tienen una fuerza gigantesca.

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Comenta en el libro que el Estado es un ser vivo. Por lo menos algunos de ellos… ¿Qué variables podemos tener para medir la vida real de un Estado?

Hay una serie de parámetros que miden, por ejemplo, el desarrollo social y el desarrollo industrial de un país. Como, por ejemplo, el consumo de ciertas materias primas, de ciertas sustancias, minerales... Por supuesto, hay otros parámetros para medir el desarrollo social, que pueden ser hasta cuantos teléfonos móviles tiene un país. Hay muchos parámetros que lo pueden medir. Y es verdad que son Estados vivos porque necesitan básicamente dos cosas; alimentarse y crecer. Que es, por un lado, mantener a la población, proveer todos los recursos para la supervivencia humana, y por otro lado, seguir manteniendo su desarrollo industrial, por lo tanto necesita consumir permanentemente, necesita alimentar su sangre, su industria, su sabia.

Y eso lo tienen que hacer todos los Estados.

España, se puede entrever dentro de su libro, que es un estado mariachi….

Sí, hay que pensar que aquí hay los típicos matoncillos de patio del colegio. Pero los líderes del patio del colegio son muy pocos, todos los demás hacemos la ola. Somos los seguidores, los adláteres de estos poderosos. Cada uno se ha alineado o se ha afiliado con un poderoso del patio y a nosotros nos ha tocado el bando de EE.UU. Pero también hay algunos países -como pasa con los niños del patio del colegio- que no quieren pertenecer a ningún grupo. Pero es muy peligroso, porque al final suelen ser los perjudicados.

Ciertamente, coronel; estamos hablando que hay estados independientes, pero son muy pocos y siempre están presionados para juntarse con uno u otro bando.

Así es.

¿Si España es un Estado mariachi, un Estado que va en coalición con su banda de malos, al tener la soberanía enajenada en muchos aspectos, ¿podríamos hablar de estados zombis?

Principalmente, son Estados que no pueden sustraerse al influjo de los poderosos. Más que zombis, yo los llamaría títeres. Porque muchas veces no actúan en su propio beneficio sino en beneficio del jefe. Es verdad que podríamos acusar a los gobiernos europeos de seguir, algunas veces en exceso, las directrices de EE.UU. Pero también es muy difícil, como comento, sustraerse al gran poder que tiene EE.UU. en todos los órganos.

También comenta en su último libro una cita de Maquiavelo que decía que “siempre son estos Estados los que suelen hacer el trabajo sucio de los grandes para mejorar su imagen frente a ellos…” Estamos también con otros actores, como son las organizaciones supranacionales, como la UE, o incluso la OTAN se podría contar como tal ¿Están estas organizaciones tomando forma de Estado independiente, o son claras herramientas de los Estados fuertes, de los matones del colegio?

Son herramientas. Primero hay unas organizaciones internacionales donde no se pierde soberanía, otras supranacionales como es la UE donde, teóricamente, se pierde soberanía, pero vemos que hay parte de la soberanía que se retiene a toda costa por parte de los estados, como es el caso de las fuerzas armadas. Se puede decir que la pérdida de soberanía es parcial, incluso dentro de la UE hay países que se niegan a seguir algunas de las directrices marcadas por Bruselas. Pero es verdad que, en el caso de la OTAN, es un instrumento geopolítico en manos de EEUU, que es el que más aporta en todos los órdenes. No sólo en términos económicos sino también de material.

Coronel Baños, estamos viendo como todos los países miembros de la OTAN están apoyando, con dinero o con tropas, en un trabajo que parece diseñado nada más para acorralar Rusia. Tenemos ahora una fuerza en Europa, la PESCO, que también está obligando a poner el 2% del PIB de los países europeos para financiarla ¿Qué razón tendría estar dentro de la OTAN una vez que se haya creado esta fuerza, si llegara a ser operativa?

Como estamos hablando la OTAN es básicamente EE.UU. por su capacidad de aportar medios estratégicos. Europa está empezando a tener aviones de transporte estratégico, pero también hablamos, por ejemplo, de sistemas de comunicaciones. A día de hoy, el sistema Galileo no tiene ni punto de comparación con el sistema de posicionamiento global GPS, el sistema americano. Estamos hablando de una disparidad de medios entre organizaciones, enorme. En armamento nuclear estamos hablando de unas pocas cabezas que tengan Francia o Reino Unido, comparado con las miles de cabezas nucleares que tiene Estados Unidos, estamos hablando de barómetros completamente diferentes. Para hacernos una idea; la armada de EE.UU. es más poderosa que todo el resto de las armadas del mundo juntas, no de las europeas juntas, sino de todas las armadas del mundo juntas. Con lo cual estamos hablando de jugar en ligas completamente diferentes. El presupuesto americano de defensa es casi 100 veces el de España, para calcular la diferencia (risa).

En estas iniciativas como la que usted señala, PESCO, llevaron tanto tiempo hablar de ellas, que creo poco. La primera iniciativa para crear una comunidad europea de la defensa es de los años cincuenta, y fracasó también. Aquí surgen muchísimos problemas, acabas que comentar el tema del presupuesto, del aporte con respecto al PIB; hay países que aportan más del 2% -muy pocos- pero hay otros que no llegan al 0,5% del PIB.  La media en Europa está ahora en el 1,4% del PIB ¿De verdad hay gente que piensa que países, como España,  pueden pasar del 0,9% al 2%, aunque sea en pocos años? Desde luego tendría que evolucionar muchísimo la economía para que la población permitiera (habiendo recortes en educación, en sanidad, o en unas pensiones que prácticamente ya no se pueden sostener) que se duplicase el presupuesto de defensa. Más aun si no explicamos a la población cuáles van a ser los objetivos de esa duplicación del presupuesto. Eso hay que unirlo a varios aspectos más; lo primero es que no solamente el porcentaje frente al PIB son las fuerzas que tú puedas aportar, evidentemente no es lo mismo un país que pueda tener dos mil soldados -pensemos en el caso de Malta o Luxemburgo- que países como Alemania, Francia, Italia o España. El problema que se plantea es ver si pasaría como en la OTAN, que al final las misiones son decididas básicamente por Estados Unidos y, obviamente, no van a ser en su perjuicio sino en su beneficio. Aquí podría pasar exactamente igual. Hay muchas circunstancias que a mí me hacen desconfiar. A lo mejor, una idea podía ser una Europa de defensa de dos velocidades, pero tampoco sería una solución.

dominio.jpgEntonces, ¿no ve factible que la UE, con sus organismos, llegue a alcanzar el nivel de desarrollo que tiene ahora mismo EEUU?

No, por supuesto que no; porque si hablamos de la OTAN estamos hablando de un liderazgo fuerte, que es el que dirige la organización. ¿Aquí, quién la dirigiría? ¿Permitiría Francia que fuera Alemania? ¿Alemania dejaría este papel protagonista a Francia? Ya tenemos el problema servido. Después, como comento, aunque nos juntásemos y subiésemos el presupuesto al 4%, no llegaríamos ni de lejos a hacerle sombra a EE.UU. Además, crear la PESCO no es, según nos han trasmitido nuestros políticos, abandonar la OTAN. Simplemente sería reforzar el pilar europeo dentro de la OTAN, que por otro lado ya es algo que reclama EE.UU, que dice que ya está bien de soportar nuestra defensa a costa de su erario público.

Es cierto que hemos enajenado nuestra defensa a los Estados Unidos, después si los EEUU quieren disponer de ella como quieran, ya es cosa suya. ¿Qué trabas podrían llegar a poner los EE.UU. pare frenar estos avances en la autodefensa de Europa, en el Galileo, en las misiones externas exclusivamente europeas? 

Hoy por hoy, no le preocupa por lo que estamos hablando; nuestros avances son muy tímidos, no vamos a engañarnos. Hasta que el sistema Galileo pudiera llegar a hacer sombra al GPS, todavía quedaría muchísimo por desarrollar. En todo lo demás, básicamente ocurre lo mismo. Mientras este núcleo fortalecido de la defensa europea siguiera estando dentro de la OTAN, y mientras EE.UU. siguiera manejando este instrumento, tampoco sería algo que perjudicara a los Estados Unidos. Más al contrario; aportaría menos dinero, que igual le serviría para reforzar sus servicios sociales o asuntos internos, y por otro lado seguiría manejando la organización. Otra cosa sería si, hipotéticamente, nos convirtiéramos en un rival geopolítico, esos sería otra cuestión.

La principal preocupación de EE.UU. es evitar la unión de Rusia con la Unión Europea. ¿Se está intentando evitar la unión de Rusia con la UE?

Esa es la principal preocupación de EE.UU. Y esa es la realidad. Para cualquiera que entienda de geopolítica, es algo obvio. Como han intentado a lo largo de la historia todos los países omnímodos o imperialistas; el que surja una unión que les perjudicara a ellos. Es evidente.

Brzezinski también estaba diciendo, en su antiguo libro del tablero mundial, que el campo de juegos iba a ser Eurasia, que intentar balcanizar Eurasia siempre iba a ser un objetivo de los EE.UU.

Por supuesto.

Afirma usted que España es un estado mariachi -incluso dentro de la UE-. Pero España era un país que estaba industrializado, que tenía sus parámetros bien organizados, su empleo, su industria, su PIB… Para entrar en la UE, nos obligaron a desindustrializarnos ¿Se puede decir que nos quitaron una escalera que era nuestra y que ahora no nos dejan subir?

Buena pregunta, porque hoy en día hay una sensación rara. Siendo verdad que hemos ganado muchas cosas -como infraestructuras y demás-, por otro lado la vida se ha encarecido mucho desde la entrada del euro. Porque los sueldos prácticamente no han subido, pero sí ha subido todo lo demás. Solo hay que ver lo que en el año 2000 costaba cualquier cosa, en comparación con los sueldos que había en aquel momento, y lo que cuesta hoy en día. Simplemente, hay que ver los alquileres en Madrid, en comparación con los sueldos.  Hay mucha gente que empieza a verlo con mucho recelo. Son esos recelos, esas desilusiones, las que fomentan el auge de extremismos políticos, enmarcando también, dentro de ellos, el nacionalismo.

Vemos, coronel Baños, que hay gente que ha subido con su escalera, que tienen países industrializados y que están abogando claramente por el libre comercio. Nosotros nos hemos quedado como un país de servicios que no tiene nada con lo que es competir dentro de lo que es el libre comercio ¿Tiene futuro esta Europa de las dos velocidades?

El que haya una Europa de dos velocidades va en contra de los principios de la propia UE, como el principio de igualdad soberana. Con todo el esfuerzo que se ha hecho para incorporar países en la UE, las dos velocidades es ir en contra del esfuerzo. Ahora estamos viendo que igual no todos los países podían haber ingresado en la UE. ¿Qué significan las dos velocidades?, ¿dejar una serie de países al margen?, ¿qué países van a quedar al margen? Porque cuando se habló de dejar al margen a Polonia, inmediatamente Polonia alzó la voz “Yo para eso no he ingresado en la UE”, además es un país importante, por población y por territorio, no es un país pequeño. Igual hay que hacerlo para sobrevivir como UE, que por supuesto la UE debe reinventarse a toda costa, pero marginar países miembros no creo que sea la mejor de las soluciones.

El Lawfare, que como explica en su libro es el uso de las leyes contra la soberanía de otros países, ¿qué incidencia está teniendo en España dentro de la UE? Porque ya tenemos muchos aspectos en los que no somos soberanos, ni en la economía, ni en la moneda, ni en la defensa…

No hay un objetivo claro de perjudicar a España, ni mucho menos. Pero es verdad que las leyes internacionales, que el derecho internacional, es una herramienta más en manos de los poderosos, que son los que lo pueden ejercer. En el libro expongo muchos casos de ello, por ejemplo; hay muchos países que están saliendo de la Corte Penal Internacional (CPI) porque consideran que sólo perjudica a los débiles, a los que no tienen esa capacidad de defensa.

¿A África…?

Como África. Es una realidad, lo estamos viendo. ¿Por qué ahora mismo no se está interviniendo en la República Democrática del Congo cuando hay un desastre humanitario gigantesco? O, lo mismo, en Yemen. En Yemen, como quien está atacando es Arabia Saudí y evidentemente es aliado de los poderosos, no hay interés casi ni de que aparezca en las noticias, en los telediarios... En cambio, en otros conflictos en los que hay interés, nos machacan sistemáticamente con ese tipo de noticias.

Ahora que menciona Yemen, comenta usted en su libro que todos los países que están siendo díscolos con el sistema internacional, dentro de Oriente Medio, eran los que tenían una buena relación directa con la URSS y en los que todavía se supone que Rusia tiene una influencia más directa ¿Están los poderosos luchando  contra los vestigios de la URSS?

Sí, en cierto modo la guerra fría no ha terminado. Hay escenarios clarísimos donde sigue vigente. Como es el escenario de Corea del Norte; en este país perdura la guerra fría pura y dura. Además de intereses económicos, como reflejo en mi libro, hay intereses ideológicos clarísimos. No cabe duda que la guerra fría sigue en cierto modo vigente. Sobre todo ante una Rusia, que no es que quiera recuperar el esplendor absoluto que tuvo en su momento la URSS, pero sí es cierto que quiere tener parte de la influencia que llegó a tener la URSS; pero como EE.UU., intenta influir en toda América, en Europa o allí donde puede. Cuando nos dicen que parece que Rusia quiere conquistar el mundo, que quiere invadir a toda Europa, hay que ver que EE.UU. tiene cerca de 800 bases repartidas por todo el mundo. Vamos a ver el mapa, vamos a ser honestos y vamos a ver quién rodea a quién.

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La influencia se suele ejercer más con el soft power, como comenta usted en el libro, que con el hard power

Sobre todo ese soft power que era lo que pretendía, y así lo explicaba el presidente Obama en su Estrategia de Seguridad Nacional del 2015. Ahora parece que le quieren dar la vuelta a la tortilla. Pero el objetivo es el mismo; ser el gran dominador del mundo. Dominarlo tanto con las armas como con las mentiras. La falacia es un arma de guerra, es un arma de guerra muy poderosa.

Todos los poderes políticos necesitan de la credibilidad de la población. En un mundo mediatizado, donde la política es una estructura narrativa basada en informaciones bastante inconcretas, ¿tiene esto una solución racional o incluso puede ser mejor que las poblaciones no tengan nada que ver con las decisiones de los gobiernos?

Desde que existe información existe desinformación, manipulación de la información. Desde el origen de los tiempos y a partir de la aparición de la imprenta, de una manera mucho más palpable. Hoy en día, con la tecnología actual, desde los medios de comunicación se permite hacerlo de una manera diferente. Pero el procedimiento, la base, es exactamente la misma. El otro día veía que iba a haber una comisión europea contra las fake news… pero vamos a ver, cualquiera que entienda un poco de qué va este mundo sabe que la primera fake news es la política y, la política institucional. Tanto estatal como comunitaria. Todos los días nos están bombardeando con noticias que no son ciertas. Nos dan una imagen que no corresponde con la realidad de los países. Ni sobre la realidad de Europa; eso son también fake news. Lo que pasa ahora, que parece que todos nuestros males tienen que provenir de Rusia, que parece quiere causarnos el mayor de los perjuicios, pues parece que únicamente Rusia elabora fake news. Y sin embargo, es algo clásico, tradicional.

También el mundo parece estar dividido tanto en Estados poderosos, con sus gigantescas estructuras militares, como en sistemas mediáticos, como es el sistema mediático occidental, que tiene el enemigo creado con la satanización de Rusia ¿Qué otros enemigos creados podemos encontrar por el mundo?

Tenemos, claramente, a Corea del Norte, y tenemos a Irán. Además ese Irán basado en la hipocresía internacional, donde se crean y destruyen países por antojo. Recordemos que desde el año 79 era el gran Satán. Pero cuando llegó Obama y alcanzó un acuerdo nuclear y les dijo que les iba a desbloquear trescientos mil millones de dólares que tenían en cuentas congeladas, de repente nos decían -y podemos ir a la hemeroteca- que Irán iba a ser la solución de Oriente Medio. Irán iba a ser quien iba a solucionar todos los problemas, en parte porque iba a acabar con el Estado Islámico. Y, de repente, llega Trump y dice de nuevo que Irán es el malo malísimo, la peor de las dictaduras, un régimen brutal… ¿A quién creemos? ¿Hace dos años a Obama o ahora a Trump? Para que veas cómo nos manejan, nos condicionan y ¡además nos lo creemos! El problema es que cuando intentas mirarlo de manera objetiva, independiente e imparcial, y tratas de transmitirlo a la población, la gente está ya tan condicionada por lo que le han bombardeado que dicen “no, no, no, este hombre está equivocado, la verdad es lo que nos acaban de decir”.

La información con más carga emocional ¿es al final la que más hondo cala?

Por supuesto, y curiosamente es más fácil jugar con las emociones y los sentimientos de lo que la gente se cree. Pongo ejemplos en el libro de cómo consiguen en 48 horas hacernos cambiar el modo de ver el mundo, es facilísimo.

Si, al final, se basa todo en la comunicación persuasiva y en las narrativas de corte emocional. En un sistema mediático es más barato y efectivo convencer a la gente que imponerle políticas por la fuerza. ¿Va a suponer este hecho un cambio en el campo marcial, lo ha supuesto ya?

Claro, hoy en día se basa sobre todo de hacer la guerra en la mente de las personas. Para que nos hagamos una idea un poco gráfica; la guerra siempre ha sido para doblegar voluntades. Doblegar las voluntades de los líderes, es decir, que el líder al final firmase la rendición. ¿Qué ponían los líderes en medio? A los ejércitos. Hoy en día se trata de sortear al ejército, atacando directamente a las poblaciones y a los líderes, y por supuesto a la mente de las poblaciones y la mente de los líderes. Si tú convences a las poblaciones para que fuercen a sus líderes a tomar decisiones que beneficien al adversario, estás ganando la guerra.

Afirma en el libro que todo de lo que estamos hablando, los Estados, los poderes militares, el poder mediático… al final, todo responde nada más que a razones económicas, a razones comerciales.

Todos los conflictos, todas las guerras tienen un componente económico. En algunos casos es el prioritario, en otros casos, no lo es. Pero el económico es un componente que todos los conflictos tienen. Si hablamos ahora mismo del conflicto de Siria, del absoluto drama humanitario que hay allí, hay que ver cuestiones de trazados de gaseoductos y oleoductos. Porque no es lo mismo que haya un gobierno chií y que también lo haya en Irán, por lo tanto el gas y el petróleo provengan de Irán, y salga al Mediterráneo para que venga a Europa para que lo consumamos los europeos, a que allí haya un gobierno favorable al mundo suní, y que ese petróleo venga de los países suníes del Golfo Pérsico. Se ve que siempre detrás de los conflictos hay un componente económico. En el libro lo explico. La guerra, cómo se hace; con dinero, con dinero y con más dinero. Y el dinero que has gastado lo tienes que rentabilizar, y eso lo haces obteniendo beneficios económicos del conflicto en el que has entrado.

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Coronel Baños, en su libro habla de beneficios económicos, de comercio, de las grandes masas de dinero, del sistema bancario, de la familia Rothschild -que precisamente se hizo lo grande que es gracias a la falacia que divulgó sobre la batalla de Waterloo- ¿Cómo está configurado a día de hoy el mundo, dentro y sobre los Estados, en familias económicas?

El poder económico es muy importante, condiciona incluso a los propios Estados. Sobre todo porque en algunos ambientes, sabes que nosotros, en el mundo católico, el tener dinero o el ser pudiente, está mal visto; lo que se dice de que es más fácil que entre un camello por el ojo de una aguja que un rico en el reino de los cielos. En cambio, si vas a mundo protestante, en general, está bien visto. El calvinista -como Rockefeller- piensa que cuanto más rico eres más aportas a la sociedad, por lo tanto ser rico es algo socialmente beneficioso. En muchos países, la unión entre la política y la economía es muy íntima. Aquí nos cuesta todavía apoyar como Estado a nuestras industrias, porque pensamos que se van a enriquecer por ello, pero no pensamos que si esa industria se enriquece va, por ejemplo, a pagar impuestos a los funcionarios. En el libro pongo ejemplos de cómo EE.UU. ha llevado a cabo golpes de Estado para favorecer a sus empresas, para favorecer a sus industrias, principalmente las de energía. Evidentemente, existe una fuerte relación entre el poder económico y el poder político. Hoy en día, en EE.UU. las donaciones a los grandes partidos son secretas,  y se aportan grandes cantidades, y antes o después los receptores tendrán que devolver el favor. Hay que pensar que el poder, quien lo tiene, no aparece en ningún sitio. La familia Rothschild se supone que se compone de unos doscientos miembros que nadie sabe ni quiénes son, ni dónde están, ni se sabe nada sobre ellos. Se dice que el poder lo tiene el Club Bilderbeg, pero el Club Bilderberg no es nadie, porque hay alguien detrás que lo maneja. Como en la Cumbre de Davos. De lo que podamos ver y nos puedan transmitir no es lo importante, lo importante son las reuniones en paralelo que se realizan. Hay gente que paga fortunas por poder participar en esas reuniones en “petit comité” que es donde realmente se manejan los hilos del mundo.

Cuando hace diez años hablabas del Club Bilderberg te llamaban conspiranoico. A día de hoy salen sus reuniones anunciadas en los noticieros de la televisión y se ve que el poder va cambiando de escenario.

¡Se anuncian las reuniones y las listas de asistentes! Es información totalmente transparente, dónde y quién asiste, como Albert Rivera de Ciudadanos. Se les llama para ver qué opinan, qué piensan… pero hay gente por encima manejando todo eso.

Al final, lo que somos los ciudadanos nos limitamos a producir y a consumir. Somos una especie de hámster dentro de una rueda.

Y muchas veces, lo hacemos felices. Aunque sepamos que somos el hámster dentro de la rueda, estamos encantados de no tener que preocuparnos de buscar la comida fuera. Sabemos lo complejo que es el mundo, sabemos cómo nos manejan, cómo nos manipulan… pero es muy fácil decir que los problemas los solucionen otros. Yo tengo mis problemas personales, mis problemas laborales en mi pequeño mundo, pero lo demás ¿Qué me abusan? Pues que me abusen. Muchas veces es inconcebible cómo soportamos tales abusos, tanto de la política nacional como internacional. Además, lo aceptamos con una pasividad absoluta. La gente dice ¿Cómo se pueden permitir estos casos de corrupción, estos escándalos? ¡Y en todos los niveles! Esto es para que hubiese habido una revolución clarísima. En cambio, nos tienen tan adormecidos, tan anestesiados… Como explico en mi libro, hay muchos Estados corruptos donde los poderes para poder ser muy corruptos tienen que permitir, a los de abajo, participar de pequeñas corruptelas, así parece que están todos en el mismo barco. Y no estamos todos en el mismo barco.

Es una de las formas que expone en el libro de compartir el poder. También habla de que no hemos salido a las calles a protestar, pese a las informaciones que han salido, porque la narrativa en el sistema mediático consigue redirigirse de tal manera, que la atención se centra más en quién ha dicho la información, en desprestigiar a la fuente, que en la información misma.

wiki.jpgEs un efecto interesante, porque aquí el asunto de Wikilieaks, por ejemplo, se sabe que la gente no se va a poner a leer miles de cables diplomáticos oficiales ¡Que todo lo que dice Wikileaks son cables diplomáticos oficiales, entre diplomáticos o servicios de inteligencia de un país! Aquí ahora nos preocupamos de que “es que ha sido Rusia quien lo ha desvelado” -que puede ser un problema- pero lo verdaderamente interesante es lo que dicen los cables. Del asunto de Wikileaks es que son cables propios, no son cables que hayan sido copiados o imitados.

Es uno de los problemas de la democracia, y de la división sectorial del trabajo, una persona trabajadora normal, en una democracia, está obligada a una jornada laboral en su puesto de trabajo, pero después se supone que tiene que tener otra jornada para informarse de todas estas cosas.

La gente llega a su casa cansada. Tiene sus problemas y su pequeño mundo. Nos ponemos frente al televisor y nos anestesian, nos bombardean con informaciones sobre lo que está pasando, pero no nos explican el porqué ni el para qué. Y cuando nos explican el porqué y el para qué son razones viciadas completamente. La gente, que no tiene por qué saber de estos temas, como yo no sé de cirugía del cerebro -por ejemplo- (a mí me pueden contar cualquier cosa de neurocirugía y me lo voy a creer), con estos temas que nos afectan a todos por igual, directa y permanentemente, la gente que no tiene por qué saber, y cuando intenta saber esta tan condicionado por  la información viciada que tampoco se va a enterar.

Al final es un sistema de valores que hay que creérselo. Tienes que comulgar con ello. Coronel, como apunta en su libro, el ser humano necesita de creencias metafísicas. Hay en el libro una cita de Freud que es determinante; retirar el cristianismo de Europa no se va a poder hacer, a no ser que se sustituya por un sistema de creencias exactamente igual, pero diferente ¿Estamos haciendo un tránsito las sociedades occidentales antes sociedades cristianas, hacia unas sociedades con otras creencias?

Sí, de hecho hay que pensar cómo se ha transformado el mundo en muy poco tiempo. El mundo que yo conocí, hace 40 años, no tiene nada que ver con el actual. El modelo social que había en España es completamente diferente. Que nadie piense que estos cambios surgen por generación espontánea. Hay agentes que lo van condicionando, que lo van transformando. No digo ni para mejor ni para peor, pero es una realidad. Además, como expongo en el libro, hay una pérdida de valores donde todo se cuestiona, todo se banaliza, todo es posible, todo es… y ¿por qué no?, llegará un momento en que habrá una sociedad completamente diferente. No digo ni mejor ni peor, no sé si nos hará más felices o más desgraciados, pero que vamos a ser una sociedad con ese tipo de valores diferentes sin lugar a dudas.

En su libro comenta que las sociedades multiétnicas tienden a conflictos étnicos. Habla también en el libro de George Soros como percusor y mecenas de todas estas políticas de mentes y puertas abiertas ¿Cree que todas estas políticas pueden estar encaminadas a crear esta clase de conflictos étnicos dentro de los estados occidentales para ser más manejables?

Yo no lo descartaría. Lo que sí que es cierto es que la diversidad, que debería enriquecernos, muchas veces es utilizada para dividirnos. No es tampoco una fábula, lo cierto es que ahora mismo estos movimientos migratorios, en muchos casos de musulmanes, están rompiendo Europa. Se muestra con datos objetivos lo que está pasando. En estos países del grupo de Visegrado, principalmente en Polonia y en Hungría, donde las declaraciones de sus líderes políticos principales, como es el caso de Viktor Orban (el primer ministro de Hungría) que ha dicho que no quiere un solo refugiado por el mero hecho de ser musulmanes. Están volviendo a levantar fronteras, están construyéndose muros; ahora mismo, hay doce muros fronterizos construyéndose en Europa. Estamos viendo que se rompe Europa porque ya no se cumplen las directrices de Bruselas. Estamos hablando de que se produce un desorden social una vez que se produce ese multiculturalismo. A lo mejor, nosotros en España lo aceptamos muchos mejor porque nosotros siempre hemos sido un cruce de culturas, de religiones, hasta de razas ¿Qué sucede? Que nosotros lo aceptamos mucho mejor que otros países donde se consideran, o consideraban, más étnicamente puros en todos los conceptos sociales. Nosotros cuando estamos en el extranjero nos relacionamos más, aceptamos cualquier relación. Además caemos bien y se nos quiere por eso precisamente.

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Sabemos entonces cómo el sistema nos está manejando. Sabemos cómo están atacando nuestras sociedades desde sitios abstractos, indescriptibles, pero con políticas bastante concretas. La palabra de moda de este año, la más buscada en Google dicen, la más consultada, ha sido Aporafobia. Se supone que significa odio a los pobres. Como con otras fobias surgidas de la nada se empezara a legislar para blindarlas jurídica y socialmente. En su libro, coronel Baños, habla de cómo a los pobres se les puede utilizar, se les puede radicalizar con unos fines concretos. No hay que ser muy listo para saber que si desde el sistema mediático nos han dicho que esa ha sido la palabra de moda es porque el sistema económico-político se prepara para generar millones de pobres ¿Qué religiones o ideologías nos pueden vender para radicalizar a la gente y provocar que se revolucione?

Pues surgirán por todos los lados porque mira; yo cuando hablo de pobre lo enmarco en un concepto mucho más amplio.  Amplio desde el concepto de la persona desilusionada, desmotivada, frustrada…

¿Como el vendedor de fruta que se inmoló en Túnez del que habla en su libro?

Claro. Ese vendedor de fruta de Túnez lo tenemos aquí en España, lo tenemos en Europa, y cada vez hay más casos. A me gustaría que nuestros políticos aprendieran la lección de lo que ha pasado no hace mucho en Irán, hace poco en Túnez: las aspiraciones legítimas, sobre todo de los jóvenes, para pedir mejoras socio-económicas. Aquí lo entendemos como movilizaciones en búsqueda de una democracia occidental, y no es eso. Buscan mejoras socio-económicas. Hablamos de una juventud, en el caso de Túnez, que el 60% de los licenciados están en paro. Y sin ninguna perspectiva de trabajar en lo que han estudiado. En España no estamos de una manera muy diferente. Aquí tenemos una juventud que la tenemos adormecida, anestesiada, drogada, con el fin de que no surja esa revolución. Pero hay que ver lo que va a pasar a muy corto plazo. Tenemos una generación que en muchos casos no tiene capacidad para vivir por sí misma. Aunque esté trabajando, requiere de ayuda, o ayuda familiar o ayuda estatal. Eso significa, aunque estén mantenidos artificialmente, muchos no están cotizando a la Seguridad Social ni el sistema de pensiones. Si nosotros los mayores vamos a tener difícil tener una pensión, ellos directamente no lo van a  tener. Pensemos el monstruo que estamos creando. Estamos abocados a una revolución, y todavía no estamos aprendiendo la lección de lo que está sucediendo.

Estamos teniendo ya todos los elementos de frustración en la sociedad española como para crear una yihad, acorde a su libro. ¿Nos falta el mecenas y la voluntad de los líderes políticos de arriba?

Claro. Al final alguien utilizara esta situación de modo torticero. Será una ideología política, será una religión, pero alguien lo utilizará, que no quepa ninguna duda. Cuando hay desesperanza la gente intenta agarrarse a algo que le ofrece una esperanza, incluso sabiendo que puede llegar a fracasar, ¡pero cuando la persona está ya fracasada…! Tiene que tener al menos esa ilusión. Porque no hay nada más desesperante en la vida que pensar que no se tiene futuro para uno mismo o para sus hijos.  Eso es lo más desesperante del mundo. Y la desesperación genera tensiones y las tensiones revoluciones.

He visto doctoras en nanotecnología trabajando de dependientas en una tienda…

El otro día me contaban que dos camareros de una cafetería de universidad, eran los dos licenciados, ingenieros. Muchas veces nos hablan de los logros en los últimos cuarenta años. Si lo analizamos con tranquilidad, nos preguntamos ¿Dónde están los logros? En el año 77, los intereses hipotecarios estaban al 22%, hora están negativos. En aquel año, una familia, trabajando un solo miembro de la familia, aportaba entre el 20-30% de su sueldo para pagar esa hipoteca y la pagaba entre cinco y diez años. Hoy en día, trabajando los dos padres, y aportando el 50% de los dos sueldos, esa misma hipoteca la pagan entre 30 y 50 años. Que me explique alguien en que hemos progresado; nos han hecho mucho más esclavos.       

Y encima han roto la estructura familiar, nos han hecho más esclavos y más débiles…

Antes había movilidad social, que era uno de los pilares de la democracia. Una persona saliendo de las clases más humildes, trabajando, con honradez, con seriedad, echándole horas, pues esa persona podía pasar a clase media. Hoy en día, es al revés; es la clase media la que está pasando a clase baja, y cada vez más. Hoy en día, un joven, lo más seguro, a pesar de toda la formación que tenga, puede que no salga en toda su vida de clase baja. No va a poder llegar a la clase media en la que vivían sus padres y sus abuelos. En el año 77, una persona que había terminado una carrera, una ingeniería, arquitectura, abogacía, era un señor de por vida, tenía la vida resuelta de por vida; podía tener cuántos hijos quisiera, varias casas, lugares de recreo… hoy en día, muchísimos arquitectos están trabajando de falsos autónomos, encima ganando una miseria.  Me contaban un caso de una persona que tenía dos hijos con carreras técnicas que le decían “nos habéis engañado, hemos estudiado y no tenemos ni para vivir” y eran estudiantes de Matrículas de Honor. Ese es el monstruo que estamos creando. Y después salen las fake news diciendo que todo va bien, que todo está mejorando, que todo es maravilloso y fantástico. En el año 77, el 3% de la población era licenciado superior, ahora más del 30% ¿Qué sucede? Que la gente con acceso a buenos puestos de trabajo, bien remunerados, sigue siendo el 3%. Que son los hijos de la gente pudiente, que ha podido estudiar en el extranjero, que hablan varios idiomas, han ido a universidades prestigiosas, esos evidentemente encuentran trabajo… Todos estos monstruos que han creado que son las universidades de pueblo ¿Cuánta gente que estudia en esas universidades va a encontrar trabajo? Además muchas de esas carreras que se sabe desde el origen que no van a tener salidas laborales, que no van a ejercer nunca ¿De qué sirven? Sólo sirven para generar frustraciones.  Porque estamos haciendo dos enseñanzas diferentes. Porque no es lo mismo el que está estudiando en un colegio público de un barrio periférico de Madrid que el que está estudiando en un colegio exclusivo que cuesta de 500 a 1500 euros al mes. No es lo mismo ni por el círculo de relaciones, ni por enseñanza, ni por los idiomas que aprenden… estamos marcando una diferencia desde el principio.  Eso lo tienes que unir luego con la enseñanza posterior. Podemos mirar los hijos de nuestros políticos y ver cuántos están estudiando en una universidad de una pequeña provincia, o cuantos están estudiando en las mejores universidades en el extranjero.

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Volvemos otra vez al tema de la desindustrialización de España. Esto es algo que se tenía que saber ¿Cómo se pueden hacer tantas universidades generando gente preparada académicamente para un sistema laboral que no los va a poder absorber?

Porque aquí no se hacen planteamientos a largo plazo, se hacen planteamientos políticos a corto plazo. Aquí hay intereses políticos, además intereses políticos muy localistas. En toda Europa. Una de las debilidades, también de las ventajas, de la democracia es la alternancia en el poder. Mientras China hace planes estratégicos a 50 años vista, o Rusia, que no tiene que dar cuenta a ningún parlamento ni a ninguna oposición, nuestros políticos aquí están preocupados principalmente de ganar las siguientes elecciones, además de dar el codazo a su compañero de al lado para que no le vaya a quitar el puesto. Muchas veces es más fácil estar haciendo políticas que te garanticen un voto temporal para mantenerte o llegar al poder que estar haciendo políticas de Estado, que igual te perjudican pero benefician al país a largo plazo. Para la ciudadanía, lo más sencillo es “si en mi pueblo que tiene quinientos habitantes, me ponen un hospital y un helicóptero medicalizado, y me ponen cuatro UVIs móvil, pues ¡qué bueno es el alcalde! Pero no piensan que después puede ser un lastre económico. La gente piensa que el dinero crece de los árboles, después no piensan que el alcalde tendrá que poner el suelo para construir cuatro veces más caro porque alguien tendrá que pagar el hospital, el helicóptero y las UVIs móvil, y lo van a pagar los hijos o los nietos de los que lo están disfrutando. Pero el político se ha mantenido en el poder unos cuantos años y ha triunfado personalmente. Pero no ha hecho un beneficio para el pueblo.

Al final son otras potencias vecinas las que se acaban beneficiando de esto. Porque si hay otros países que se dicen amigos y aliados que absorben nuestros médicos generados a mucho más bajo coste que en sus propios países, y se los están llevando allí a pagarles unos sueldos irrisorios en relación a su preparación. Después estamos viendo como desde países pudientes sí que llegan inversores y compran los terrenos del pueblo de ese alcalde porque ellos sí que pueden comprar una casita con esos precios de construcción a primera línea de mar ¿Están empobreciendo España artificialmente?

Sí, porque además nosotros nos estamos quedando principalmente para el sector servicios. Sí que es cierto que tenemos multinacionales fuertes, bancos fuertes. Pero es el sector servicios una parte muy sustancial, muy importante del PIB ¿Pero y si mañana cambia la situación? ¿Y si mañana, Dios no lo quiera, sufrimos varios atentados que hacen huir el turismo? ¿Y si se abren otras zonas de turismo, como los Balcanes, de qué vamos a vivir nosotros? Como bien dices, ¿para qué quieres tres mil ingenieros si no hay fábricas donde trabajar? ¿Para qué miles de arquitectos si no hay edificios que construir? Eso es lo que tenemos que pensar. Además, la alta tecnología que tenemos, que como aquí no sabemos fomentar, potenciar y retener a nuestros mejores científicos, pues las “start u”p españolas las está comprando China a precio de saldo.

Estamos generando capital humano de gran calidad para otros a bajo coste. Para terminar; España, como ente socio político ha tenido que mutar sobre sí misma por lo menos tres veces en la historia para poder sobrevivir ¿Sobrevivirá España a los cambios a los que está expuesta?

Sobrevivirá ¿Sabes por qué? Por el pueblo español. Somos un pueblo, que aparte de ser generoso, tolerante, que aceptamos la diversidad, somos un pueblo muy especial, que tenemos mucha imaginación. Somos un pueblo trabajador, que no nos achantamos por nada. Y lo demostramos cuando salimos a cualquier sitio. Somos un pueblo capaz de con cuatro alambres hacer un coche. Eso somos nosotros, los españoles. Y lo demostramos constantemente, incluso con nuestros jóvenes obligados a salir al extranjero que llaman la atención por su capacidad de hacer las cosas, y sobre todo con esa imaginación, con esa iniciativa.  El pueblo español sabrá salir adelante. No con nuestros dirigentes, digo con el pueblo español. Cuando hemos tenido que salir fuera hemos salido, y hemos hecho dinero pero sin hacer enemigos. Somos diferentes, yo he dado muchas vueltas por el mundo, la capacidad creativa, de iniciativa de imaginación que tiene el pueblo español lo tienen muy pocos pueblos en el mundo. Sigo teniendo mucha esperanza y mucha fe en el pueblo español que es el mejor valor que tenemos en España.

Después de todos los bombardeos mediáticos para olvidarnos de nosotros mismos ¿Sigue habiendo una idiosincrasia española dentro del sistema de naciones?

Yo creo que sí, a pesar de estos movimientos centrífugos, sí que creo que tenemos una idiosincrasia especial, y va a ser muy difícil acabar con ella. Eso es lo que nos une en cierto modo a todos. Todos los pueblos que han pasado con esas diversidades nos han formado de una manera muy especial, porque sabemos que esa diversidad nos ha enriquecido, sabemos que cuando una raza se mantiene demasiado pura acaba debilitándose. Esa diversidad, aquí ha sido favorable, porque nos ha fortalecido.

mardi, 19 mars 2019

USA: Guerre économique ou « guerre absolue » ?

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USA: Guerre économique ou « guerre absolue » ?

par Jean-Claude Paye

Ex: http://www.wikistrike.com

S’appuyant sur la Stratégie de sécurité nationale de Donald Trump, Jean-Claude Paye revient sur l’articulation des politiques économique et militaire de la Maison-Blanche. Il analyse l’opposition entre deux paradigmes économiques, l’un promouvant la mondialisation du capital (soutenu par le parti Démocrate) et l’autre l’industrialisation US (soutenu par Trump et une partie des Républicains). Si le premier conduisait à éliminer tout obstacle par la guerre, le second utilise la menace de la guerre pour rééquilibrer les échanges d’un point de vue national.

Dans le texte précédent « Impérialisme contre super-impérialisme » [1], nous avons soutenu que, en désindustrialisant le pays, le super-impérialisme états-unien avait affaibli la puissance des USA en tant que nation. Le projet initial de l’administration Trump était de procéder à une reconstruction économique sur une base protectionniste. Deux camps s’affrontent, celui porteur d’un renouveau économique des USA et celui en faveur d’une conflictualité militaire de plus en plus ouverte, option qui semble être principalement portée par le Parti démocrate. La lutte, entre les Démocrates et la majorité des Républicains, peut ainsi être lue comme un conflit entre deux tendances du capitalisme états-unien, entre celle porteuse de la mondialisation du capital et celle prônant une relance du développement industriel d’un pays économiquement déclinant.

Ainsi, pour la présidence Trump, le rétablissement de la compétitivité de l’économie US est prioritaire. La volonté de son administration d’installer un nouveau protectionnisme doit être lue comme un acte politique, une rupture dans le processus de mondialisation du capital, c’est à dire comme une décision d’exception, dans le sens développé par Carl Schmitt : « est souverain celui qui décide de la situation exceptionnelle » [2]. Ici, la décision apparaît comme une tentative de rupture d’avec la norme de la trans-nationalisation du capital, comme un acte de rétablissement de la souveraineté nationale US face à la structure impériale organisée autour des États-Unis.

Le retour du politique

La tentative de l’administration Trump se pose comme une exception face à la mondialisation du capitalisme. Elle se montre comme une tentative de rétablir la primauté du politique, suite à la constatation que les USA ne sont plus la super-puissance économique et militaire, dont les intérêts se confondent avec l’internationalisation du capital.

Le retour du politique se traduit d’abord par la volonté de mettre en œuvre une politique économique nationale, de renforcer l’activité sur le territoire US, grâce à une réforme fiscale destinée à rétablir les termes de l’échange entre les États-Unis et ses concurrents. Actuellement, ces termes se sont nettement dégradés en défaveur des USA. Ainsi, le déficit commercial global des États-Unis s’est encore creusé de 12,1 % en 2017 et se monte à 566 milliards de dollars. En soustrayant l’excédent que le pays dégage dans les services, pour se concentrer sur les échanges de biens uniquement, le solde négatif atteint même 796,1 milliards de dollars. C’est évidemment avec la Chine que le déficit est le plus massif : il a atteint, en 2017, le niveau record de 375,2 milliards de dollars pour les seuls biens [3].

La lutte contre le déficit du commerce extérieur reste centrale dans la politique économique de l’administration US. Privée par les Chambres états-uniennes de sa réforme économique fondamentale, le Border Adjusment Tax [4] destiné à promouvoir une relance économique grâce une politique protectionniste, l’administration Trump tente de rééquilibrer les échanges au cas par cas, par des actions bilatérales, en exerçant des pressions sur ses différents partenaires économiques, principalement sur la Chine, afin qu’ils réduisent leurs exportations vers les USA et qu’ils augmentent leurs importations de marchandises états-uniennes. Pour ce faire, d’importantes négociations viennent d’avoir lieu. Le 20 mai, Washington et Pékin ont annoncé un accord destiné à réduire de manière significative le déficit commercial US vis-à-vis de la Chine [5]. L’administration Trump réclamait une réduction de 200 milliards de dollars de l’excédent commercial chinois, ainsi que des droits de douane en forte baisse. Trump avait menacé d’imposer des droits de douane de 150 milliards de dollars sur les importations de produits chinois, et, comme mesure de rétorsion, la Chine se proposait de riposter en visant les exportations US, notamment le soja et l’aéronautique.

Opposition stratégique entre Démocrates et Républicains

Globalement, l’opposition entre la majorité du Parti républicain et les Démocrates repose sur l’antagonisme de deux visions stratégiques, tant au niveau économique que militaire. Ces deux aspects sont intimement liés.

 

Pour l’administration Trump le redressement économique est central. La question militaire se pose en terme de soutien d’une politique économique protectionniste, comme moment tactique d’une stratégie de développement économique. Cette tactique consiste à développer des conflits locaux, destinés à freiner le développement des nations concurrentes, et à saborder des projets globaux opposés à la structure impériale US, tel, par exemple, celui de la nouvelle Route de la soie, une série de « corridors » ferroviaires et maritimes devant relier la Chine à l’Europe en y associant la Russie. Les niveaux, économique et militaire, sont étroitement liés, mais, contrairement à la position des Démocrates, restent distincts. La finalité économique n’est pas confondue avec les moyens militaires mis en œuvre. Ici, le redéploiement économique de la nation états-unienne est la condition permettant d’éviter ou, du moins, de postposer un conflit global. La possibilité de déclencher une guerre totale devient un moyen de pression destiné à imposer les nouvelles conditions états-uniennes des termes de l’échange avec les partenaires économiques. L’alternative qui s’offre aux concurrents est de permettre aux USA de reconstituer leurs capacités offensives au niveau des forces productives ou d’être engagé rapidement dans une guerre totale.

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La distinction, entre objectifs et moyens, présent et futur, n’apparaît plus dans la démarche des Démocrates. Ici, les moments stratégique et tactique sont confondus. L’écrasement de ces deux aspects est caractéristique du schéma de la « guerre absolue », d’une guerre débarrassée de tout contrôle politique et qui n’obéit plus qu’à ses propres lois, celles de la « montée aux extrêmes ».

Vers une guerre « absolue » ?

La conséquence de la capacité du Parti démocrate à bloquer une relance interne aux USA est que si les USA renoncent à se développer, le seul objectif reste d’empêcher, par tous les moyens, dont la guerre, les concurrents et adversaires de le faire. Cependant, le scénario n’est plus celui des guerres limitées de l’ère Bush ou Obama, d’une agression contre des puissances moyennes déjà affaiblies, tel l’Irak, mais bien celui de la « guerre totale », telle qu’elle a été pensée par le théoricien allemand Carl Schmitt, c’est à dire d’un conflit qui entraîne une mobilisation complète des ressources économiques et sociales du pays, tels ceux de 14-18 et de 40-45.

Cependant, la guerre totale, de par l’existence de l’arme nucléaire, peut acquérir une nouvelle dimension, celle de la notion, développée par Clausewitz, de « guerre absolue ».

Chez Clausewitz, la « guerre absolue » est la guerre conforme à son concept. Elle est la volonté abstraite de détruire l’ennemi, tandis que la « guerre réelle » [6] est la lutte dans sa réalisation concrète et son utilisation limitée de la violence. Clausewitz opposait ces deux notions, car la « montée aux extrêmes », caractéristique de la guerre absolue, ne pouvait être qu’une idée abstraite, servant de référence pour évaluer les guerres concrètes. Dans le cadre d’un conflit nucléaire, la guerre réelle devient conforme à son concept. La « guerre absolue » quitte son statut d’abstraction normative pour se transformer en un réel concret.

Ainsi, comme catégorie d’une société capitaliste développée, l’abstraction de la guerre absolue fonctionne concrètement, elle se transforme en une « abstraction réelle » [7], c’est à dire une abstraction qui ne relève plus seulement du processus de pensée, mais qui résulte également du procès réel de la société capitaliste [8].

La « guerre absolue » comme « abstraction réelle »

Comme l’exprime le phénoménologue marxiste italien Enzo Paci, « la caractéristique fondamentale du capitalisme... réside dans sa tendance à faire exister des catégories abstraites comme catégories concrètes » [9]. Ainsi, en 1857, dans les Grundrisse(Fondamentaux), Marx écrivait déjà que « les abstractions les plus générales ne prennent au total naissance qu’avec le développement concret le plus riche… ».

Ce processus d’abstraction du réel n’existe pas seulement à travers les catégories de la « critique de l’économie politique », telles qu’elles ont été développées par Marx, comme celle de « travail abstrait », mais porte sur l’ensemble de l’évolution de la société capitaliste. Ainsi, la notion de « guerre absolue » quitte, à travers les rapports politiques et sociaux contemporains, le terrain de la seule abstraction de pensée pour devenir également une catégorie acquérant une existence réelle. Elle ne trouve plus sa seule fonction comme horizon théorique, comme « concret de pensée », mais devient un réel concret. La guerre absolue cesse alors d’être un simple horizon théorique, une limite conceptuelle, pour devenir un mode d’existence, une forme possible, effective, de l’hostilité entre les nations.

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Déjà, dans un article de 1937 « Ennemi total, guerre totale et État total » [10], Carl Schmitt suggère que les évolutions techniques et politiques contemporaines réalisent une identité entre la réalité de la guerre et l’idée même de l’hostilité. Cette identification conduit à une montée des antagonismes et culmine dans la « poussée à l’extrême » de la violence. C’est dire implicitement que la « guerre réelle » devient conforme à son concept, que la « guerre absolue » quitte son statut d’abstraction normative pour se réaliser en « guerre totale ».

Alors, le rapport guerre-politique se renverse, la guerre n’est plus, tel que le développait Clausewitz, pour caractériser son époque historique, la forme la plus haute de la politique et son achèvement momentané. La guerre totale, en devenant guerre absolue, échappe au calcul politique et au contrôle étatique. Elle ne se soumet plus qu’à sa propre logique, elle « n’obéit qu’à sa propre grammaire », celle de la montée aux extrêmes [11]. Ainsi, une fois déclenchée, la guerre nucléaire échappe au cran d’arrêt de la décision politique, de la même manière que la mondialisation du capital échappe au contrôle de l’État national, des organisations supra-nationales et plus généralement à toute forme de régulation.

Pour Donald Trump, les armées US ne sont plus là pour anéantir les États ne participant pas à la mondialisation du capital, par choix ou par nécessité, mais pour menacer toute puissance qui freinerait la réindustrialisation des États-
Unis.
De la « guerre contre le terrorisme » à la « guerre absolue » ?

Le 19 janvier 2018, parlant à l’Université Johns Hopkins dans le Maryland, le Secrétaire à la Défense du gouvernement Trump, James Mattis, a dévoilé une nouvelle stratégie de défense nationale reposant sur la possibilité d’un affrontement militaire direct entre les États-Unis, la Russie et la Chine [12]. Il a précisé qu’il s’agissait là d’un changement historique par rapport à la stratégie en vigueur depuis près de deux décennies, celle de la guerre contre le terrorisme. Ainsi, il a précisé : « C’est la concurrence entre les grandes puissances – et non le terrorisme – qui est maintenant le principal objectif de la sécurité nationale américaine ».

Un document déclassifié de 11 pages, décrivant la Stratégie de défense nationale en termes généraux [13], a été remis à la presse. Une version confidentielle plus longue, qui inclut les propositions détaillées du Pentagone pour une augmentation massive des dépenses militaires, a été, quant à elle, soumise au Congrès [14]. La Maison-Blanche demande une augmentation de 54 milliards de dollars du budget militaire, en la justifiant par le fait qu’« aujourd’hui, nous sortons d’une période d’atrophie stratégique, conscients du fait que notre avantage militaire compétitif s’est érodé » [15]. Le document poursuit : « La puissance nucléaire — la modernisation de la force de frappe nucléaire implique le développement d’options capables de contrer les stratégies coercitives des concurrents, fondées sur la menace de recourir à des attaques stratégiques nucléaires ou non-nucléaires ».

Pour l’administration Trump, l’après-Guerre froide est terminée. La période pendant laquelle les États-Unis pouvaient déployer leurs forces quand ils le veulent, intervenir à leur guise, n’est plus d’actualité. « Aujourd’hui, tous les domaines sont contestés : les airs, la terre, la mer, l’espace et le cyberespace » [16].

« Guerre absolue » ou guerre économique

La possibilité d’une guerre des USA contre la Russie et la Chine, c’est-à-dire le déclenchement d’une guerre absolue, fait partie des hypothèses stratégiques, tant de l’administration états-unienne que des analystes russes et chinois. Cette faculté apparaît comme la matrice qui sous-tend et rend lisible la politique étrangère et les opérations militaires de ces pays, par exemple l’extrême prudence de la Russie, une retenue qui peut faire penser à de l’indécision ou à un renoncement, par rapport aux provocations états-uniennes sur le territoire syrien. La difficulté de la position russe ne provient pas tant de ses propres divisions internes, du rapport de forces entre les tendances mondialiste et nationaliste au sein de ce pays, que des divisions inter-états-uniennes balançant entre guerre économique et guerre nucléaire. L’articulation entre menaces militaires et nouvelles négociations économiques sont bien deux aspects de la nouvelle « politique de défense » US.

Cependant, Elbrige Colby, assistant du Secrétaire à la Défense a cependant affirmé que malgré le fait que le discours de Mattis mette clairement l’accent sur la rivalité avec la Chine et la Russie, l’administration Trump veut « continuer de rechercher des zones de coopération avec ces nations ». Ainsi, Colby disait, « il ne s’agit pas d’une confrontation. C’est une démarche stratégique de reconnaître la réalité de de la compétition et l’importance du fait que "les bonnes clôtures font les bons voisins" » [17].

Cette politique prônant le rétablissement de frontières contrarie frontalement la vision impériale US. Bien résumée par le Washington Post, cette dernière pose une alternative : la persistance d’un Empire états-unien « garant de la paix mondiale » ou bien la guerre totale. Cette vision s’oppose au rétablissement d’hégémonies régionales, c’est à dire d’un monde multipolaire dont, selon cet organe de presse, « le résultat serait la future guerre mondiale » [18].

[1] « USA : Impérialisme contre ultra-impérialisme », par Jean-Claude Paye, Réseau Voltaire, 26 février 2018.

[2] Carl Schmitt, Théologie politique I, trad J.-L. Schiegel, Paris, Gallimard, 1988, p. 16.

[3] Marie de Vergès, « Les Etats-Unis de Donald Trump enregistrent leur plus gros déficit commercial depuis 2008 », Le Monde économie, le 7 février 2018.

[4] Jean-Claude Paye, « USA : Impérialisme contre ultra-impérialisme », Op. Cit.

[5] « Washington et Pékin écartent pour l’heure une guerre commerciale », La Libre et AFP, le 20 mai 2018.

[6] Voir C. von Clausewitz, De la guerre, ouvr. cit., p. 66-67 et p. 671 et ss., et C. Schmitt, Totaler Feind, totaler Krieg, totaler Staat, ouvr. cit, p. 268 : « Il y a toujours eu des guerres totales ; cependant il n’existe de pensée de la guerre totale que depuis Clausewitz, qui parle de « guerre abstraite » ou de « guerre absolue » ».

[7] Lire : Emmanuel Tuschscherer, « Le décisionisme de Carl Schmitt : théorie et rhétorique de la guerre », Mots. Les langages du politique, mis en ligne le 9 octobre 2008.

[8] Alberto Toscano, « Le fantasme de l’abstraction réelle », Revue période, février 2008.

[9] Enzo Paci, Il filosofo e la citta, Platone, Whitebread, Marx, editions Veca, Milano, Il Saggitario, 1979, pp. 160-161.

[10] C. Schmitt, « Totaler Feind, totaler Krieg, totaler Staat », in Positionen und Begriffe, Berlin, Duncker und Humblot, p. 268-273, voir note 1 in Emmanuel Tuschscherer, « Le décisionisme de Carl Schmitt : théorie et rhétorique de la guerre », op.cit., p. 15.

[11] Bernard Pénisson, Clausewitz un stratège pour le XXIe siècle ?, conférence à à l’Institut Jacques Cartier, le 17 novembre 2008.

[12] “Remarks by James Mattis on the National Defense Strategy”, by James Mattis, Voltaire Network, 19 January 2018.

[13Summary of the National Defense Strategy of The United State of America.

[14National Defense Strategy of The United State of America, The President of The United State of America, December 18, 2017. Notre analyse : « La Stratégie militaire de Donald Trump », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 26 décembre 2017.

[15] Mara Karlin, « How to read the 2018 National Defense Strategy », Brookings, le 21 janvier 2018.

[16] Fyodor Lukyanov, « Trump’s defense strategy is perfect for Russia »,The Washington Post, January 23, 2018.

[17] Dan Lamothe, « Mattis unveils new strategy focused on Russia and China, takes Congress to task for budget impasse », The Washington Post, January 19, 2018.

[18] « The next war. The growing danger of great-power conflict », The Economist, January 25, 2018.

 

Jean-Claude Paye

Jean-Claude PayeSociologue. Dernier ouvrage publié en français : De Guantanamo à Tarnac . L’emprise de l’image(Éd. Yves Michel, 2011). Dernier ouvrage publié en anglais : Global War on Liberty (Telos Press, 2007).

Italy Courting China is a Masterstroke of Chaos

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Italy Courting China is a Masterstroke of Chaos

Next week’s visit to Italy by Chinese Premier Xi Jinping has nearly everyone jittery. The recent announcement by Five Star Movement Leader Luigi Di Maio that his country is prepared to sign a Memorandum of Understanding with China to be a part of China’s ambitious Belt and Road Initiative has set off a firestorm of response from Donald Trump to Angela Merkel to Di Maio’s own coalition partner, Lega leader Matteo Salvini.

But, don’t let the wrapper fool you on this. Di Maio’s announcement I don’t think it ‘blindsided’ Salvini as this Reuters article suggests, as much as Merkel and Trump.

Even though Geraci is a member of the League, the group appeared blindsided when news of an imminent deal emerged last week, with party chief Matteo Salvini warning against the “colonialization” of Italy by China.
“We are reviewing it,” Salvini, who serves as joint deputy prime minister with Di Maio, said on Thursday. “Before allowing someone to invest in the ports of Trieste or Genoa, I would think about it not once but a hundred times.”

If anything, this announcement is a smart move by Di Maio. It puts Salvini a bit on the defensive who has been setting the tempo for the coalition recently. Salvini needs Trump on his good side to assist him in taking on Merkel and the European Union.

Merkel is trying to play hardball with Trump over energy issues, as I discussed in a recent article, by defending the Nordstream 2 pipeline from U.S. aggression as change the board state of geopolitics.

It’s clear that to me now that Merkel’s priorities for what is left of her term in office are as follows:
1. Carve out an independent path for EU foreign policy from the U.S. through the creation of an EU army, obviating the need for NATO and…
2. End U.S. occupation of Germany.
3. Secure Germany’s energy future, which also secures its political future as the leader of the European Union, by stitching together the continent with Russian energy arteries — Nordstream 2, Turkstream.
4. Manage the shift away from NATO as a controlling force in Europe’s relationship with Russia which doesn’t serve Europe’s long term purposes.

This while Trump and Xi are deep in the weeds on a trade deal that the entire world is watching the outcome of with bated breath. Hint: Trump will fold.

The EU just put off talks with the U.S. over the same issue, failing to deliver an opinion on whether to re-open trade talks with the U.S.

In a confusing vote, the European Parliament passed by a narrow majority a series of amendments against beginning talks, but then voted down its own resolution on the topic, meaning in effect it took no view.
The resolution would not have been binding, but parliament will have to approve any deal agreed and EU governments said they wanted to hear the view of lawmakers before deciding.

Because everything with the EU is so crystal clear on a normal day, right?

Now, Di Maio comes in and takes a major meeting with Xi looking for billions in Chinese investment to jump start Italian economic prospects.

Trump is already apoplectic over Nordstream 2 and is threatening to sanction some of the biggest companies in the world for being a part of the project. But, that ship has mostly sailed. The pipeline is over 70% complete.

About all the U.S. can do now is get the EU parliament to stop the pipeline delivering gas, wasting €11 billion building the thing. Like with Brexit or Crimea, there comes a point where those in opposition to something in the world they don’t like has to be accepted as de facto.

Unfortunately, the insane people who think they run the world won’t give up as long as there are lawyers to be deployed to complicate things.

This is why I love Di Maio’s move here. Trump is engaged in a trade war with China while complaining bitterly about Europe doing business with Russia. He’s even threatening them with a bill for housing our troops that we don’t want to remove.

Di Maio says Italy would be a great fit for China’s Belt and Road Project, which the U.S. is actively undermining all across Asia and the Middle East.

While at the same time he is thumbing his nose at Merkel who doesn’t want Italy to feel empowered on any level as they enter the European Parliamentary election season. Euroskeptics could take as much as a third of the seats, even without a hostage U.K. contingent.

Moreover, Merkel is still trying to talk out of both sides of her mouth with the U.S.:

Stand firm on Nordstream 2, try to save the JCPOA, on the one hand, but support the U.S.’s idiotic regime change operation in Venezuela to appease Trump.

This is a strong statement of independence by Italy as they join Hungary, Poland, Greece and Portugal, who all have MOU’s with China. And it’s not like Hungary and Poland are high on Merkel’s Christmas card list. Both are dealing with Article 7 proceedings to strip them of their EU voting rights.

From every angle it throws a wrench in the works internationally while being good politics domestically. If Xi leaves Rome without a deal it doesn’t necessarily mean Italy caved to outside pressure from Trump or Merkel, as much as it could signal that Xi simply asked for more than Italy was willing to give at this point.

And both sides realized that they were being used by the other as leverage with the people not in the room. Regardless, Xi coming to Rome and meeting with these European outsiders is a great statement on his part that China knows the imperial game Merkel and the Gang in Brussels is playing in the long run.


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Chine-Amérique : les trois fronts de la guerre économique voulue par Trump

La guerre économique qui vient de commencer entre les États-Unis et la Chine sur le front commercial, est déjà en cours sur le front industriel où elle pourrait s’aggraver. Il est peu probable qu’elle déborde au front financier. Mais Si la situation s’envemine, cette guerre économique pourrait avoir un impact analogue à celui de la crise de 2008. Il pourrait coûter 4 points de PIB aux deux principaux protagonistes, un peu plus pour l’Union européenne et sans doute pour le reste de l’Asie où ce conflit saperait le fonctionnement des chaînes globales de valeur.
 
Dans un rapport paru en décembre 2017, la National Security Strategy définissait la Chine comme un « rival stratégique » des États-Unis au même titre que la Russie. C’était le début de le début de l’offensive américaine. Six mois plus tard, la mise en ligne sur le site de la Maison Blanche d’un document dénonçant les pratiques chinoises pour obtenir les technologies marquait la victoire des Faucons, dont Peter Navarro, ex-professeur de l’université de Californie et auteur de Death by China et d’un film éponyme.

Front commercial

Les échanges sino-américains de marchandises ont atteint 620 milliards de dollars en 2017. Quant au déficit des États-Unis (384 milliards), il est loin d’être compensé par leur excédent dans les échanges de services (38 milliards), qui serait plus élevé si les pratiques d’optimisation fiscale des entreprises américaines ne privaient l’Amérique d’une partie des revenus de propriété intellectuelle.
 
Les relations commerciales ne se réduisent plus aux flux qui traversent les frontières mais incluent l’activité des filiales. Les ventes des succursales américaines en Chine (272 milliards de dollars) sont près de deux fois supérieures au montant des exportations de l’Amérique vers l’Empire du milieu. Inversement, celles des filiales chinoises aux États-Unis sont faibles (10 milliards). Prenant en compte ces ventes, la Deutsche Bank montre que le déficit « des échanges agrégés » sino-américains a diminué de 111 milliards en 2008 à 30 milliards de dollars en 2016, alors que selon les douanes, le déficit commercial s’est creusé de 271 milliards de dollars en 2008 à 384 milliards de dollars en 2017.
 
Le rééquilibrage est en cours mais cette évolution, de même que les promesses faites par la Chine après l’imbroglio ZTE, n’a pas calmé l’ardeur du président et de ses conseillers. C’est que la Maison Blanche poursuit d’autres objectifs.
 
Premier objectif : à quelques mois des élections de mi-mandat, Donald Trump montre qu’il tient ses promesses électorales. Renouant avec la tradition, de Reagan à Obama en passant par Georges W. Bush, il a élevé les droits de douane sur les importations d’acier. La différence est que la Chine est un fournisseur marginal des États-Unis et que Trump a invoqué la sécurité nationale pour éviter un vote du Congrès. Cette hausse, comme les précédentes, a été critiquée par l’industrie automobile et le milliardaire a réagi en prenant, également au nom de la sécurité nationale, des mesures contre les importations de voitures allemandes dont il dénonçait déjà la présence dans les années 1980.
 
Second objectif : ses conseillers qui veulent enrayer la montée en puissance de l’industrie chinoise ont élaboré des frappes « chirurgicales » avec des hausses tarifaires sur des produits ciblés par le plan « Manufacturing China 2025 ». Une première liste de 818 produits, 34 milliards de dollars d’importations, est frappée d’un tarif additionnel de 25 % depuis ce vendredi 6 juillet et une seconde liste élaborée après l’enquête menée dans le cadre de l’article 301 comprend 284 produits pour lesquels le niveau des hausses n’a pas encore été décidé. Aucun bien de consommation n’est concerné.
 
Aller plus loin, comme le souhaite Donald Trump dans ses tweets, n’est pas sans risque. Du fait de l’imbrication des économies, une hausse des droits de douane sur des produits made in China rendra plus onéreux des produits fabriqués aux États-Unis avec des conséquences sur le pouvoir d’achat des ménages américains et la compétitivité des exportations américaines.

Front industriel

Sur le front industriel l’objectif des faucons de la Maison Blanche va beaucoup plus loin qu’une mesure punitive. Il s’agit de freiner les avancées chinoises en faisant obstacle aux transferts de technologie qui s’opèrent via les investissements directs étrangers (IDE), vers la Chine ou de la Chine vers les États-Unis. Ce choix conduit à un changement radical vis-à-vis de la mondialisation.
 
Rappelons que la Chine est l’un des premiers pays hôtes des IDE et que ces derniers représentent un apport considérable de technologies pour son industrie. Le marché chinois a toujours fait rêver et Pékin monnaie son accès contre l’acquisition de technologies. Les investissements étrangers en Chine ont longtemps dégagé suffisamment de bénéfices pour que les entreprises acceptent de céder leurs technologies. C’est moins le cas depuis quelques années et les entreprises étrangères hésitent davantage à s’implanter. L’un des objectifs de la baisse des impôts sur les sociétés est de freiner les investissements américains en Chine où selon les résultats de l’enquête de la Chambre de commerce américaine (décembre 2016), six entreprises sur dix envisageraient de se retirer.
 

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Quant aux entreprises chinoises, si elles investissent à l’étranger, c’est pour acquérir des ressources et des technologies. Entre 2014 et 2016, elles ont plus investi aux États-Unis que les entreprises américaines n’ont investi en Chine. Après une embellie en 2016, les investissements en Amérique ont chuté en 2017 du fait des restrictions imposées par le gouvernement de Pékin, inquiets des sorties de capitaux. Ils se sont effondrés au premier semestre 2018, avec une baisse de 92 % en valeur et une division par deux en nombre, selon Rhodium. La détérioration des relations bilatérales et le renforcement du Committee on Foreign Investment in the United States expliquent cette dégringolade. Parmi les décisions marquantes, Washington a posé son veto au rachat de Qualcomm par une entreprise sino-malaisienne en mars ainsi qu’à un projet d’implantation de China Mobile en juillet.
 
En 2017, General Motors a vendu plus de voitures en Chine qu’aux États-Unis, respectivement 4 et 3 millions. Pour plusieurs grandes entreprises américaines, l’évolution du marché chinois est un enjeu plus important que celle du marché américain. Les sept cents filiales américaines peuvent devenir des otages d’une guerre économique si Pekin leur rend la vie plus difficile. Plusieurs anecdotes signalent qu’elles rencontrent davantage de difficultés. Ouvrir ce front, qui affecterait plus l’économie américaine que les hausses tarifaires, serait une arme à double tranchant. Il provoquerait une baisse plus forte des entrées d’IDE, tout en affectant l’économie chinoise qui connaît une phase de ralentissement.

Front financier

Dans un conflit avec les États-Unis, la Chine a deux autres armes à sa disposition : la parité du yuan et ses créances sur le Trésor américain. À partir de 2005, le gouvernement chinois a engagé une appréciation de sa monnaie pour inciter les entreprises à monter en gamme. Interrompu par la crise mondiale, ce mouvement a repris jusqu’en 2013 et après plusieurs mois de baisse, il s’est à nouveau apprécié. Au cours des deux derniers mois, le rythme de la baisse du yuan a été le plus fort. La Chine va-t-elle le déprécier pour compenser une hausse des tarifs douaniers sur ces exportations ? Elle s’en défend, et la Banque Centrale a pris des mesures pour freiner cette baisse qui pourrait être la conséquence d’une fuite de capitaux. Utiliser l’arme du change serait une option dangereuse du fait de ses répercussions sur l’inflation en Chine, un casus belli aux États-Unis.
 
La Chine reste le premier créancier étranger de l’État américain, avec un peu plus de 1 000 milliards de dollars en mai 2018. Peut-elle utiliser cette arme contre Washington ? Dans ses souvenirs de sa visite à Pékin comme Secrétaire d’État, Hilary Clinton confie qu’il lui était difficile de se montrer ferme avec son banquier. Ses propos ne doivent pas faire illusion. L’accumulation par la Chine de bons du Trésor ne lui donne pas d’influence sur la gestion économique américaine. En effet, Pékin ne détient que 5 % de la dette publique américaine (21 000 milliards de dollars), qui est portée à plus de 70 % par les institutions fédérales des États-Unis, dont la Sécurité sociale, mais aussi par ses banques, ses entreprises et ses ménages.
Faute d’alternative, le marché des bons du Trésor américain est le plus liquide au monde. En vendant leur portefeuille, les autorités chinoises provoquerait une baisse de valeur qui ne les épargneraient pas, sans que ce geste ne mette vraiment en difficulté l’économie américaine.

Les conséquences d’une stratégie perdant-perdant

La guerre économique qui démarre poursuit plusieurs objectifs aux échéances variées : le mois de novembre pour les élections, début 2019 pour le déficit bilatéral. Si ce dernier est surtout le fruit de l’organisation des chaînes de valeur entre les deux superpuissances, il est aussi sensible aux arbitrages de la Chine pour ses achats de matières premières. Quant au déficit courant américain que le président Trump veut résorber, il n’est pas une conséquence des politiques commerciales chinoises ou allemandes, mais il sanctionne le fait que les Américains vivent au-dessus de leurs moyens.
 
Les « bruits de botte » de ces derniers mois ont créé un climat d’incertitude. Avant même que la première salve n’ait été tirée, les conséquences étaient d’ores et déjà perceptibles sur l’évolution du Dow Jones et du Hang Seng, comme sur l’économie réelle. La baisse d’un quart des cours du soja depuis avril affecte 300 000 producteurs américains et des lettres de commande aux exportateurs chinois. Elle porte sur 10 % des importations américaines de Chine et provoquerait, selon le Cepii, une baisse d’environ 25 milliards de dollars des exportations chinoises. L’impact sera modeste et affectera plus l’économie chinoise qui ralentit que l’économie américaine dopée par les réductions budgétaires.
 

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« Aucun pays ne répondra aux mesures américaines », n’a pas hésité à fanfaronner Peter Navarro. Las ! En dépit de ces affirmations, la Chine – qui a par ailleurs déclaré qu’elle ne respecterait pas l’embargo sur l’Iran – répond par des hausses tarifaires sur 50 milliards de dollars d’importations venant de circonscriptions américaines ayant voté pour Donald Trump. Cette réponse amènera-t-elle le président à déclencher la seconde phase de son offensive en demandant au département du Commerce d’imposer une hausse de 10 % ? Ira-t-il jusqu’à 500 milliards, comme il l’a annoncé ? Le conflit porterait sur l’équivalent de 4 points de PIB américain auxquels s’ajouterait l’impact des mesures prises par le Canada et éventuellement par l’UE. Selon une estimation du Conseil d’Analyse économique, l’impact global (cumulé) d’une guerre économique approcherait celui de la crise de 2008 et serait de 4 points de PIB pour les deux principaux protagonistes, un peu plus pour l’UE et sans doute pour le reste de l’Asie car ce conflit saperait le fonctionnement des chaînes globales de valeur.
 
Cette offensive américaine devrait accélérer plutôt que freiner la mise en œuvre du plan « Manufacturing China 2025 ». Un plan qui est dans la ligne de mire du gouvernement américain et auquel les médias chinois ne font plus allusion depuis quelques semaines pour ne pas l’irriter. Au mois de mars, l’affaire ZTE avait révélé la dépendance technologique de la Chine pour les semi-conducteurs. Elle avait aussi renforcé la détermination chinoise de consolider cette industrie. Jack Ma, le PDG d’Alibaba, a annoncé la création d’une division R&D consacrée aux puces utilisées dans l’intelligence artificielle. Dans ce domaine crucial, la taille de la population connectée et la faible protection des données personnelles donne un avantage à la Chine.
En engageant une guerre économique au nom du « Make America great again », le président déconstruit l’architecture de l’ordre mondial que les États-Unis ont bâti à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il lui substitue un nouvel ordre dans lequel, l’Amérique, comme le Royaume-Uni du XIXème sicèle, n’aura ni allié éternel ni adversaire perpétuel, mais seulement des intérêts. C’était envisageable au temps de la Pax Britannica. Mais pas dans un monde multipolaire.
A propos de l'auteur
Jean-Raphaël Chaponnière est membre du groupe Asie21 (Futuribles) et chercheur associé à Asia Centre. Il a été économiste à l’Agence Française de Développement, conseiller économique auprès de l’ambassade de France en Corée et en Turquie, et ingénieur de recherche au CNRS pendant 25 ans. Il a publié avec Marc Lautier : "Economie de l'Asie du Sud-Est, au carrefour de la mondialisation" (Bréal, 2018) et "Les économies émergentes d’Asie, entre Etat et marché" (Armand Colin, 270 pages, 2014).

Ali Laidi et son livre sur le Droit, la nouvelle arme de la guerre économique

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Ali Laidi et son livre sur le Droit, la nouvelle arme de la guerre économique

 
Depuis une dizaine d’années, les États-Unis mobilisent une arme économique dont les élites européennes sont en train d’évaluer les dégâts et que l’opinion publique ne soupçonne pas : leur droit, leurs lois, qu’ils appliquent au-delà de leurs frontières et qui leur permettent de s’ingérer dans la politique étrangère et commerciale de leurs ennemis comme de leurs alliés. Cibles prioritaires : les entreprises européennes en général, et françaises en particulier.
 

samedi, 16 mars 2019

Colloque de RESISTANCE HELVETIQUE Discours de Robert Steuckers

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Genève, 9 mars 2019 – Colloque de RESISTANCE HELVETIQUE

Discours de Robert Steuckers

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, chers amis et camarades,

L’Europe, le réveil ou la mort, tel est l’intitulé du colloque d’aujourd’hui. L’Europe est, politiquement parlant, en dormition. Et en dormition profonde, alors que de multiples dangers et menaces se développent et s’amplifient, dangers et menaces qui sont autant de défis.

Il y a le danger démographique, avec une chute vertigineuse des natalités et un remplacement de population à une échelle inouïe. Sur ce sujet, je ne vous apprends rien. Ce danger démographique est assorti d’un basculement dans la multiculturalité qui fait de toutes les sociétés ouest-européennes des sociétés composites donc fragiles et déstabilisées en permanence, ruinant le principe antique, et toujours valable, de la politique selon Aristote : une Cité est d’autant plus harmonieuse et efficace qu’elle est homogène, qu’elle est gérée comme une famille biologique, comme un vaste réseau ethnique, tissé par d’innombrables liens de cousinage. Voilà pour l’idéal aristotélicien. Dans la pratique, en revanche, nous assistons à l’installation de réseaux mafieux diasporiques, favorisés par les regroupements familiaux et par la dissémination subséquente de communautés bien soudées dans quelques grands pôles urbains répartis dans plusieurs pays européens : le monde politique belge est tombé des nues, au cours de ces dernières semaines, en découvrant les ramifications complexes d’un clan araméen-chaldéen de double nationalité, turque au départ, belge à l’arrivée. Ces ramifications partaient du trafic de cocaïne à la constitution d’agences immobilières et de l’implantation de réseaux de bistrots à la vente de passeports, à la location d’automobiles de luxe et à la corruption concussionnaire au sein de la politique politicienne, le tout avec la bénédiction du prêtre de la communauté qui, dans son presbytère, faisait dans le recel de marchandises illicites ou de papiers compromettants.

Ce n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres et, paradoxe de plus sur la place de Bruxelles, c’est la maison d’édition du parti néo-communiste qui dresse, dans un ouvrage copieux, le bilan historique complet des communautés qui se sont installées dans la capitale belge et européenne ; l’auteur clôture chaque chapitre en décrivant les types de criminalité qu’elles pratiquent chacune. Ce ne sont donc pas les populistes qui le disent mais ceux qui se proclament « antifa ». Nous sommes bel et bien face à l’imposture du vivre-ensemble car tout vivre-ensemble conduit inexorablement à juxtaposer, en une même agglomération urbaine de bonnes dimensions, des réseaux diasporiques d’économies parallèles, des formes nouvelles de criminalité, des trafics illicites et non pas à rassembler, toutes ethnies confondues, les amoureux de Victor Hugo dans les villes françaises ou de Goethe dans les villes allemandes.

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Il y a ensuite le danger du « figement politique », tant sur le plan théorique que sur le plan pratique. Sur le plan théorique, on nous prie, depuis plusieurs décennies, de vénérer un « patriotisme constitutionnel » qui fait fi de toutes les appartenances concrètes dont relevaient, dans les sociétés encore normales, les ressortissants d’un peuple, quel qu’il soit. Tout doit être gommé, effacé des mémoires, chez les autochtones comme chez les allochtones : les traditions, la culture, l’inné ethnique, l’acquis historique, les institutions nées des combats politiques pour ne laisser que des normes abstraites, posées comme immuables, et que l’on ne pourra enfreindre sans risquer les foudres des nouvelles inquisitions. En Allemagne, le politologue Hans Herbert von Arnim vient d’établir un bilan précis de la partitocratie allemande, soit le système qui a éloigné la sphère politicienne (car on ne peut plus parler de sphère politique !) des citoyens, créant une bulle parasitaire qui échappe à toutes les responsabilités réelles, combat tout challengeur potentiel, ruinant ainsi la mobilité démocratique inscrite dans les principes mêmes de toute bonne gouvernance, selon leur propre vulgate, s’entend. Le remède proposé par von Arnim est celui du référendum, que vous connaissez en Suisse pour le pratiquer à intervalles réguliers, et que réclament les Gilets Jaunes en France aujourd’hui. Nous voyons là se dessiner une convergence entre contestataires des désordres établis.

Le référendum a pour vertu politique principale de briser les routines que perpétuent les majorités ou les grandes coalitions qui, généralement, ne résolvent rien et laissent pourrir les problèmes. Le référendum permet de sauter au-delà des clivages gauche/droite ou majorité/opposition, au-delà des projets de lois concoctés par les tenants de diverses idéologies politiciennes, projets généralement loufoques et indécis que la « vox populi » peut alors jeter aux orties en toute légalité. Le résultat d’un référendum équivaut à une décision, à trancher sans tergiversations aucunes. Et, ainsi, à faire avancer la Cité dans un sens bien précis, dépourvu de toute ambigüité.

La partitocratie sans référendum conduit à l’absence de décisions claires en tous domaines. Les régimes qui s’y complaisent ne sont pas politiques mais impolitiques. Leur présence persistante dans la durée indique que la souveraineté n’est pas entre leurs mains mais entre celles d’un hegemon extérieur qui cherche, par ses propres décisions, à leur confisquer tout pouvoir réel sur la marche du monde ou à les plonger durablement dans le marasme.

Jurgen_Habermas.jpgLe danger du « patriotisme constitutionnel », théorisé par le grand gourou du système en Allemagne, Jürgen Habermas, est celui d’un état d’esprit qui vénère la norme, et rien que la norme, et évacue la force, et même et surtout la simple force des choses, écrit le politologue français d’origine libanaise Zaki Laïdi. En évacuant toute force et toute simple force des choses, le patriotisme constitutionnel, cher à Habermas et défendu avec jactance par Daniel Cohn-Bendit et Guy Verhofstadt, est un pur déni du réel, qui place l’Europe dans un état de faiblesse très inquiétant, tout en interdisant les remèdes, d’avance condamnés comme étant les expressions morbides du populisme, nouveau croquemitaine des intellocrates et des médiacrates, au service de la superclasse.

Il y a ensuite le danger américain, danger principal, qui est très divers dans ses manifestations mais dont je ne retiendrai que deux aspects particulièrement pernicieux aujourd’hui : 1) l’espionnage par satellites, patronné par la NSA, dénoncé naguère par Edward Snowden, et 2) l’usage offensif du droit pour torpiller l’élan de firmes étrangères, principalement européennes, à coups d’amendes pharamineuses et de sanctions vexatoires.

A la fin des années 1990, les révélations d’un journaliste écossais, Duncan Campbell, sur le système d’écoute ECHELON ont suscité quelques remous bien vite oubliés, alors que le rapport rédigé par les autorités de l’UE précisait bien que plusieurs entreprises de haute technologie en Europe, principalement en France et en Allemagne, avaient littéralement été pompées et que tout le fruit de leur R&D avait été exploité aux Etats-Unis puis largement commercialisé à un coût très bas puisqu’il n’y avait pas eu d’investissement. En 2013, les révélations du hacker Snowden, tout comme les fuites de Wikileaks diffusées par Assange, ont fait le buzz pendant quelques semaines avant que la pause estivale ne vienne recouvrir d’un pudique silence les rares voix qui s’étaient insurgées contre ces pratiques indignes d’un allié. D’un allié ? Non ! Les Etats-Unis n’ont plus d’alliés depuis la doctrine Clinton, élaborée pendant l’un des mandats de ce président démocrate. Face aux Etats-Unis, selon cette doctrine, il n’y a plus que des « alien audiences » pour lesquelles on ne doit pas entretenir trop de scrupules. Dont acte. L’UE et sa clique dirigeante n’ont pas bougé, n’ont pas élaboré une politique de défense des entreprises européennes. J’espère que l’histoire retiendra cette inactivité préjudiciable comme une haute trahison.

alilaidi-droit.jpgAprès le pompage des données sensibles de nos entreprises les plus performantes, qui se poursuit allègrement, sans rencontrer ni critiques ni résistances, une nouvelle arme a été sortie de la panoplie américaine : le droit. Depuis une dizaine d’années, depuis la crise de 2008, de grandes entreprises européennes subissent les foudres des procureurs du département de la Justice américaine et l’assaut des agences de régulations financières. Elles sont accusées de violer les embargos imposés à Cuba, à la Corée du Nord et surtout à l’Iran. Les amendes qu’on leur inflige montent à des millions voire des milliards de dollars. Tour à tour, Siemens, la banque ABN Amro, Technip, la BNP, Alstom, la Société Générale, etc. ont été dans le collimateur ; ces multinationales européennes figurent au top dix des plus lourdes sanctions imposées par Washington, en attendant d’être rejointes demain par Airbus ou de passer sous pavillon américain, écrit Ali Laïdi, chercheur auprès de l’IRIS et spécialiste des guerres économiques. Cette attaque systématique et continue contre nos entreprises est le résultat de la doctrine Clinton, car, depuis qu’elle a été énoncée, les Etats-Unis n’ont plus d’alliés mais se trouvent face à des « cibles étrangères » qu’il convient de viser et de frapper quand elles risquent de dépasser en ampleur leurs équivalentes américaines ou de développer des technologies supérieures à celles créées par leurs concurrentes d’Outre-Atlantique. Les attentats du 11 septembre 2001 contre les tours jumelles à New York ont servi de prétexte, sous Bush II, pour planétariser des lois qui ne s’adressaient, jusqu’alors, qu’aux entreprises et aux citoyens américains. Les terroristes wahhabites ont bon dos : l’action terroriste spectaculaire qu’on leur attribue a permis de lancer une attaque systématique contre le véritable ennemi européen, dont il faut, par la coercition juridique, vassaliser les meilleures entreprises, surtout en Allemagne et en France.

La véritable guerre est là. L’ennemi numéro un de Washington, c’est l’Europe. Une Europe qui est tétanisée. En effet, au sein de l’UE, aucune majorité ne se dessine pour contrecarrer la législation extraterritoriale américaine. Les listes noires, établies à Washington, menacent les entreprises et leurs dirigeants de geler leurs avoirs aux Etats-Unis et de leur interdire toutes activités commerciales. L’Europe ne peut toutefois se passer du client iranien, le désordre établi dans ce pays depuis la fin des années 1970, par les agissements d’officines étrangères, ayant eu pour objectif stratégique de briser tous les tandems économico-industriels que le Shah d’Iran avait promu comme la coopération nucléaire avec la France et l’Allemagne, les importations d’acier wallon en Iran, etc. La création délibérée de l’Iran khomeyniste a servi à diaboliser le pays jusqu’à nos jours : l’objectif réel n’est donc pas de lutter contre un fondamentalisme islamique et chiite, que l’on a créé et soutenu dans un premier temps, mais de ruiner toute coopération irano-européenne ; d’ailleurs, comment ne pas s’apercevoir de la supercherie de cet anti-islamisme déployé contre Téhéran quand, par ailleurs, les mêmes services ont utilisé les fondamentalistes wahhabites pour lancer leurs guerres de basse intensité en Afghanistan, en Tchétchénie, au Daghestan, en Syrie et au Yémen ?

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Les fausses élites eurocratiques savent parfaitement que la politique anti-iranienne de Washington est en réalité une politique anti-européenne. Face à la virulence de l’offensive juridique, en cours depuis une bonne dizaine d’années, l’eurocratie vient timidement de contre-attaquer. En effet, le 25 septembre 2018, Federica Mogherini, cheffe de la diplomatie européenne, annonce, en pleine assemblée générale des Nations Unies, que l’Europe a trouvé une parade pour maintenir ses relations économiques avec l’Iran (Ali Laïdi, p. 309), en pratiquant une politique de transactions par troc ! Cette solution évite d’utiliser des devises donc le dollar, permettant ainsi d’échapper aux sanctions américaines. L’Iran échange son pétrole ou son gaz contre des produits finis, selon un modèle préconisé par la « diplomatie Goering » dans les années 1930, quand l’Allemagne achetait de la viande, des céréales et des légumes frais aux pays d’Europe centrale et orientale, en les troquant contre des machines ou des locomotives. Devant ce fait quasiment accompli, Mike Pompeo a promis de se venger. Et il le fera, à coup sûr, au risque de ruiner encore la réputation des Etats-Unis car, désormais, le rôle mondial du dollar est bel et bien sapé : tous s’en éloignent. Ali Laïdi rappelle quelques paroles étonnantes de Jean-Claude Juncker, tirées de son « Discours sur l’état de l’Union » de 2018 : « Il est aberrant que l’Europe règle 80% de sa facture d’importation d’énergie en dollars américains alors que 2% seulement de nos importations d’énergie nous proviennent des Etats-Unis. Il est aberrant que les compagnies européennes achètent des avions européens en dollars et non pas en euros ». Ces timides changements d’attitude et ces paroles qui sonnent enfin vrai ne sont que l’amorce d’un combat qui est loin d’être terminé. Un combat que Juncker et les siens ne mèneront évidemment pas et que nous devons, nous, préparer dès maintenant.

Examinons toutefois les contextes dans lesquels ce combat va se dérouler : celui de la dette abyssale des Etats-Unis et celui de l’abandon progressif du dollar par des puissances comme la Russie ou la Chine. Pour y voir clair, rien de tel que les analyses de la dissidence américaine, plus lucide et clairvoyante que les dissidences européennes, dont la nôtre, dans les domaines de la politique et de l’économie internationales. Barbara Boland, sur l’excellent site « The American Conservative », constate que le Congrès américain admet que la différence négative entre la dette et le PIB américain est aujourd’hui de 22.000 milliards de dollars. En 2000, cela faisait une différence de 33% ; en 2019, ils en sont à 78% ; en 2029, ce sera vraisemblablement 93%. Le déficit du budget fédéral américain est de 900 milliards de dollars/an aujourd’hui ; à partir de 2022, il sera de 1000 milliards de dollars par an. Ce qui est alarmant, comme partout dans la sphère occidentale, à laquelle nous ne nous identifions pas, c’est qu’aucun débat sérieux sur les dettes et leurs effets pernicieux n’anime plus les hémicycles parlementaires, y compris aux Etats-Unis où l’on discute du « Medicare » pour tous (soit !), du Mur de Trump et de sa justification morale ou, cerise sur le gâteau, du « Green New Deal » d’Alexandra Ocasio-Cortez ! Or, le déficit américain est essentiellement dû à l’hypertrophie impérialiste, aux immixtions incessantes commises dans des pays étrangers, hors de l’espace continental américain, où les budgets suivants ont été alloués l’an passé : 5,3 milliards pour Israël, l’Ukraine et la Jordanie ; 3,4 milliards pour les réfugiés fuyant les zones de combat (une augmentation de 74 millions par rapport à 2017) ; 4,4 milliards pour les catastrophes au niveau international ; 8,83 milliards pour les « Global Health Programs » ; 9 milliards pour la « Security Assistance ».

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Barbara Boland note que ce ne sont pas les démocrates qui sont responsables de l’explosion de cette dette pharamineuse. Sous Bush, la dette avait atteint 10.000 milliards de dollars ; avec Obama, elle culminait à 20.000 milliards. La spirale avait été amorcée par des Républicains, notamment par Reagan.

Cette dette énorme est le talon d’Achille des Etats-Unis qui ne font rien pour la juguler sous Trump. Chris Hedges, autre dissident américain, estime, quant à lui, que l’accroissement de la dette sous Trump fait perdre toute confiance en l’Amérique et induit les autres grandes puissances à abandonner le dollar, ce qui aura pour corollaire de démanteler graduellement et tacitement les alliances, tout comme les harcèlements judiciaires américains ont fait fléchir, en septembre dernier,  Juncker et Mogherini, auparavant féaux sujets de l’hegemon, incapables d’imaginer un monde où celui-ci aurait été autre qu’hégémonique. La dette a des effets désastreux sur la politique intérieure américaine, ajoute Chris Hedges, car elle entraîne une inflation difficilement maîtrisable qui ne permet plus de financer les forces armées, dont le budget est colossal, comme on le faisait auparavant. Chris Hedges annonce ainsi la fin d’une impérialité de triple facture, athénienne, romaine et britannique, athénienne parce qu’elle tablait sur des alliés fiables et fidélisés, romaine parce qu’elle dispersait ses légions à bon escient aux endroits les plus stratégiques, britannique parce qu’elle visait un « système omni-englobant » reposant sur la culture, le commerce et les alliances.

Pour Hedges, la fracture est née en 2003 quand Bush a refusé d’écouter ses « alliés » européens. Elle sera confortée plus tard quand les Etats-Unis rejetteront justement les accords avec l’Iran, en menaçant leurs « alliés » de rétorsions s’ils persistaient à respecter ces accords ou à passer outre les injonctions américaines. La Turquie, depuis lors, a partiellement abandonné le dollar, l’Europe refuse de céder sur le gaz russe amené par le gazoduc Nord Stream 2, la Russie a échangé un stock de 100 milliards de dollars pour des yuan chinois, des yens japonais et des euro, l’Allemagne a demandé le retrait de son or de la « Federal Reserve » (300 tonnes), suivi par les Pays-Bas (100 tonnes). La dette, la défiance générale par rapport au dollar, sonne le glas du bellicisme néo-conservateur, incarné aujourd’hui par une nouvelle génération de faucons comme Mike Pompeo, John Bolton et Elliott Abrams.

Hedges base son analyse sur les travaux d’un historien anglais, Ronald Robinson, qui a étudié les mécanismes qui ont entraîné la disparition progressive de l’impérialité britannique. Celle-ci s’est effilochée quand elle n’a plus trouvé de collaborateurs indigènes et que ceux-ci, notamment sous l’impulsion de Gandhi, se sont mis à poursuivre des programmes autonomes. Pour ce qui concerne l’actuelle impérialité américaine, la perte de confiance due à la dette entraîne la perte de confiance dans les bons du trésor américain, même auprès du gouverneur de la Banque d’Angleterre Mark Carney qui a déclaré : « Nous avons désormais des devises de réserve autres que le dollar ». Cette perte de confiance s’observe très nettement depuis 2004 déjà, où les banques se sont appliquées à conserver moins de dollars dans leurs réserves. La tendance s’est accentuée jusqu’en 2015 où moins de paiements en dollars ont été effectués dans les transactions commerciales internationales. D’où la cote des Etats-Unis sur le total du commerce mondial n’est plus que de 10%, alors qu’elle dépassait les 50% dans l’immédiat après-guerre et au moment de la Guerre de Corée.

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Si rien ne change, le période de 2020 à 2030 sera catastrophique pour l’hegemon : l’augmentation des prix aux Etats-Unis ruinera encore davantage la pauvre classe moyenne, ou ce qu’il en reste, car les salaires stagneront. Pour Hedges, le dollar cessera définitivement d’être une monnaie de réserve mondiale vers 2030, obligeant le Pentagone à retirer ses troupes de partout ; le tourisme américain ne sera plus possible ni finançable pour les particuliers ; le recul de la puissance sur terre entraînera un recul dans l’espace et dans le « cyberspace », ce dont je doute et j’y reviens, provoquant sur le territoire américain lui-même des conflits internes que Hedges ne définit pas mais que les tenants de la fameuse « alt-right » qualifieront de « raciaux », ce qui est l’hypothèse effectivement la plus plausible.

Pourquoi ai-je émis un doute quant au recul des Etats-Unis dans le domaine du « cyberspace » ? Pour énoncer cette objection, je prends appui sur un document rédigé par Jean-Claude Empereur, vice-président de la « Convention pour l’Indépendance de l’Europe », un document qui a été préalablement publié dans la « Revue Politique et Parlementaire », dans son numéro d’avril-septembre 2018. Pour Empereur, nous sommes aujourd’hui, à l’échelle planétaire, face au « piège de Thucydide ». L’historien grec antique Thucydide, auteur de « La guerre du Péloponnèse », avait émis un axiome de la pensée politique qui disait que les grandes guerres se déclenchaient quand une puissance dominante était défiée par une puissance émergente et que la puissance dominante ne sortait pas nécessairement victorieuse du conflit ou en sortait en perdant des plumes.

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Aujourd’hui, le « piège de Thucydide » s’observe dans la confrontation Chine/Etats-Unis, où la Chine est une puissance tellurique et les Etats-Unis, facteur nouveau dans l’histoire, une puissance numérique. La Chine est qualifiable de puissance tellurique parce qu’elle vise à organiser territorialement le continent en créant de nouvelles voies terrestres ou des voies maritimes littorales en Eurasie, qui rappellent les antiques « routes de la soie ». Elle veut dont multiplier les infrastructures physiques sur une vaste masse continentale. Tandis que les Etats-Unis, par leur savoir-faire de pointe, veulent parfaire une puissance basée sur le virtuel, sur le « Big Data ». Le défi chinois, face à l’hégémonie réelle et actuelle des Etats-Unis, se matérialise surtout dans la tentative de se tailler un créneau dans la sphère du numérique en tablant sur la 5G. Car tel est bien le défi majeur. Je laisse aux spécialistes le soin d’expliquer en quoi consiste matériellement ce bond en avant du numérique. Je me contenterai d’en évoquer les retombées politiques. L’affaire Huawei, qui secoue aujourd’hui les relations sino-américaines, est la première manche dans cette cyber-guerre que mènent les deux protagonistes. La 5G, pour les Chinois, doit permettre de créer la ville du futur, testée en Chine à Xiongan qui recevra ses premiers habitants en 2020. La gestion numérique de cette ville, de cette smart city, devra servir de modèle aux acheteurs potentiels du système ailleurs dans le monde ; Xiongan est située à quelque 100 km de Beijing et est reliée à la capitale par un train à lévitation magnétique se déplaçant à 200 km/h. Les Chinois avaient déjà mis beaucoup de choses remarquables en œuvre pour la gestion des villes du futur et des aéroports tentaculaires des prochaines décennies. Xiongan doit être le couronnement de ces recherches, ponctuées désormais par la maîtrise de la 5G. L’exportation de ce modèle de ville, à des coûts concurrentiels, pourrait rapporter à la Chine autant que la maîtrise du numérique a rapporté aux Etats-Unis. Godfree Roberts écrit à ce propos : « Les Etats-Unis considèrent Huawei comme étant ‘dangereuse pour la sécurité’ parce que Huawei protège la confidentialité des communications des usagers », installant ainsi un barrage assez efficace contre toute intrusion des réseaux d’espionnage. La NSA a pourtant réussi à pénétrer les serveurs de la société Huawei et ne doit guère craindre ce bouclier vanté par les Chinois pour séduire les acheteurs de leurs produits, déjà très nombreux en Europe. On le voit, la guerre est ouverte et ce que craint Trump, par-dessus tout, c’est que les Etats-Unis accusent prochainement un retard de dix ans sur la Chine, sur la 5G et les technologies associées. Pire : ils se rendent compte que les Allemands, moteurs de l’Europe, ne peuvent renoncer à Huawei sans risquer le suicide économique. Un tandem sino-européen pointe à l’horizon, dont la Russie ne serait pas exclue. Une dynamique eurasienne se dessine, cauchemar des thalassocraties anglaise hier et américaine aujourd’hui.

piege-americain_0_400_642.jpgLe sort des cadres chinois de Huawei, poursuivis par la « justice » américaine, laisse préfigurer le pire aux Européens qui transgresseraient les interdits formulés par le Deep State américain. Le récit que vient de nous livrer Frédéric Pierucci dans son livre intitulé « Le piège américain » est affolant : ce cadre d’Alstom a été emprisonné pendant de longs mois aux Etats-Unis pour faire chanter les dirigeants de l’entreprise française qui ont fini par la céder à un consortium américain, avec toute la complaisance de Macron.

L’Europe, elle, est marginalisée par rapport à cet enjeu planétaire car elle n’a parié ni sur les infrastructures terrestres ni sur des voies maritimes littorales ni sur le numérique. Elle s’est voulue une « puissance de la norme » sans la force, obsédée par l’institutionnel et le normatif, qui, pour tout lecteur de Carl Schmitt, sont du vent, de la logorrhée, des vœux pieux, du « wishful thinking ». Le normativisme est une idéologie qui privilégie exclusivement les formes figées n’autorisant pas l’affrontement aux événements neufs, comme la révolution numérique en cours ou, sur le plan des relations internationales, le passage de la bipolarité de Yalta à l’unipolarité américano-centrée des années 1990, et de celle-ci à la multipolarité des BRICS. Il est proprement impossible de développer une stratégie, dans quelque domaine que ce soit, quand on adopte le normativisme car celui-ci fige tout une fois pour toutes et considère que toute action ou toute décision qui sortirait du cadre de la norme serait ipso facto une dangereuse transgression, assimilable au mal absolu et historique qui aurait secoué l’Europe il y a quatre-vingt ou septante ans. L’Europe de la norme sans force (Zaki Laïdi) donc du politiquement correct s’interdit toute audace innovante au risque de plonger toute sa population dans une régression calamiteuse. Inutile de vous préciser qu’il est minuit moins cinq !

La puissance numérique américaine repose donc sur une maîtrise ancienne des technologies informatiques et numériques, sachant que, selon la loi de Moore, la puissance des ordinateurs double tous les dix-huit à vingt-quatre mois. Les Etats-Unis ont donc bénéficié du développement exponentiel de leurs acquis en ce domaine, permettant de vastes avancées dans l’automation ou, par exemple, dans la nanotechnologie sans oublier les drones qui donnent de considérables avantages aux armées sur le terrain. Le déploiement des atouts numériques en sciences et en médecine est évidemment un acquis indispensable à tous les peuples du monde mais c’est aussi, dans le domaine de l’information et des médias, la possibilité de démultiplier l’impact du « soft power » américain, dont on connait déjà la redoutable efficacité. Le numérique, ainsi, permet des manipulations médiatiques à l’échelle planétaire comme l’atteste, par exemple, la mobilisation tous azimuts pour le climat qui jette aujourd’hui nos enfants dans les rues chaque jeudi pour des happenings saugrenus qui permettent surtout de détourner l’attention des problèmes réels. Jean-Claude Empereur écrit : « La puissance algorithmique d’un Etat devient ainsi un élément majeur de son influence géopolitique », puissance algorithmique que les Etats-Unis utilisent pour obtenir leur « full spectrum dominance ». Le colbertisme américain fait que l’armée, la défense, soutient toutes les initiatives de la Silicon Valley et des autres géants américains du numérique. Les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Youtube, etc.) réinvestissent leurs profits colossaux HORS du numérique : dans les projets spatiaux, le transport, le nucléaire, si bien qu’au soft power, décrit jadis par Joseph Nye, s’ajoute désormais un « digital power », aux potentialités quasi infinies. C’est là qu’il ne faut pas partager à 100% le pronostic de Hedges qui voit un recul des Etats-Unis dans le cyberspace.

Le dôme numérique américain surplombe donc le monde aujourd’hui, aplatissant la Terre, effaçant, au besoin par la force, toutes les différences inscrites dans le sol de la Terre au bénéfice de tout ce qui est « hors sol », dans le « cloud » comme la thalassocratie de Roosevelt avait arasé les résistances des adversaires des Etats-Unis. Cet arasement, vendu hier comme une « libération », est vendu aujourd’hui comme l’avènement sans heurts « d’un vivre-ensemble mondialisé, ignorant les rapports de force et les conflits territoriaux », soit une « géopolitique numérique du tendre » (« soft/smooth numerical geopolitics »). L’Amérique, qui avait exprimé son messianisme conquérant par un langage agressif du temps de Teddy Roosevelt, par un langage presbytérien et hypocrite avec Wilson, vient d’inventer le « messianisme bienveillant », et numérisé, un messianisme thérapeutique, mais cette bienveillance, vous en conviendrez, n’est qu’un masque. Que les cerveaux hardis de notre Europe en dormition ont pour mission d’arracher.

cloudnum.jpgFace à cette puissance numérique du tout-virtuel, du Big Data, du « hors sol » et du « cloud », la Chine –et je le dis avec amertume parce que j’aurais voulu que ce fut notre Europe qui le fasse-  formule le projet intéressant des « routes de la soie », propose ainsi une organisation continentale, celle des géomètres romains, aurait dit Carl Schmitt, renoue avec la pensée du développement chez Friedrich List, entend vertébrer le monde plutôt que le fluidifier et le sublimer dans le « cloud ». Elle parie pour le temps long. Face à cette tâche qu’elle aurait dû suggérer et entreprendre elle-même, l’Europe, dit Empereur, « a souscrit béatement au grand récit de la mondialisation heureuse et de la fin de l’histoire », annoncée au début des années 1990 par Francis Fukuyama. En souscrivant à ces fables sans consistance, elle a évité ainsi la pensée du long terme, que Chinois, sur le plan tellurique, et Américains, sur le plan numérique, ont pourtant toujours eu en tête. Le présentisme obtus des Européens est une erreur fatale. Ce « présent idéal », mais figé, correspondait peut-être à des temps désormais révolus, ceux de la coexistence pacifique qui édulcorait la guerre froide, ceux des Trente Glorieuses qui se sont muées en Trente Piteuses, ou encore ceux de la perestroïka de Gorbatchev. Or le monde est redevenu « normal », c’est-à-dire multipolaire et conflictuel, précise Empereur. Voilà pourquoi un projet de refondation est impératif pour l’UE, aujourd’hui, alors que les peuples renâclent : les Européens, en effet, ont le sentiment diffus que leurs institutions bruxelloises ne sont qu’un fatras technocratique oppressant qui s’auto-justifie par une idéologie vertuiste, tissée de repentance et de culpabilité. Les Européens, ajoute Empereur, « ne disposent ni de la puissance numérique actuellement dominée par les Américains et sans doute demain par les Chinois et sont coupés de toute profondeur stratégique non seulement par leur situation géographique de petit cap de l’Asie mais aussi par l’interdiction absolue qui leur est faite, par leurs alliés anglo-saxons, de s’entendre avec la Russie dans une perspective eurasiatique. (…). Cette stratégie d’interdiction géopolitique est totalement contraire aux intérêts européens ». Pire : ces dernières semaines, à l’occasion de la soixante-troisième conférence sur la sécurité à Munich, Mike Pence, porte-paroles du gouvernement américain, a tenté de forcer Merkel à refuser et à saborder le projet de gazoduc Nord Stream 2 et a déconseillé aux Européens de commercer avec l’Iran. Macron prendra le relais en répétant les admonestations de Pence, ruinant ainsi le binôme franco-allemand, reposant sur une volonté d’émancipation européenne. Sans le gaz russe, l’Europe germanique et bénéluxienne ne peut tout simplement pas survivre ; sans l’apport du commerce iranien, l’Europe est condamnée à la stagnation et à ne disposer que de fonds réduits pour ses « recherches et développements », alors que ceux-ci sont urgentissimes pour rattraper ses retards dans le numérique et dans d’autres domaines de pointe.

Pour échapper à l’étau que Pence, à Munich, a menacé de faire fonctionner, Empereur nous demande d’appuyer un projet de Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin qui est une extension du projet suggéré en 2003 par Henri de Grossouvre, c’est-dire non plus un Axe Paris-Berlin-Moscou mais un Axe Paris-Berlin-Moscou-Beijing qu’ils définissent tous deux comme « conforme aux exigences de la géographie ». Et Empereur conclut par ces paroles que je vous demande de méditer quand vous sortirez de cette salle : « Puisse la réflexion sur les grands espaces l’emporter sur celles de la gouvernance par les chiffres et les obsessions comptables d’une technocratie sans vision ».

Cette parole, qui conclut un article purement factuel sur l’affrontement sino-américain, a une portée philosophique profonde que j’ai retrouvée dans un long entretien que le philosophe Marcel Gauchet a accordé récemment au site français « Les Crises ». Pour Marcel Gauchet,   -qui, dans cet entretien, esquisse un bilan succinct, très didactique, visant l’essentiel-   la souveraineté, qui turlupine tant quelques nationalistes français qui imaginent échapper aux désastres qui s’annoncent en quittant l’UE, la souveraineté donc, dit Gauchet, est en baisse à tous les niveaux en Europe, tant à celui des Etats nationaux qu’à celui de l’UE. L’Europe, et chacun des Etats qui la compose, est anesthésiée : elle est devenue, pour Gauchet, une entité a-politique et a-stratégique. Le politique, au sens noble du terme, est évacué. La stratégie est absente. Or sans « politique politique », disait Julien Freund, il n’y a pas de souveraineté : rien que de la politicaille qui laisse tout aller, les héritages comme les traditions, tel un chien crevé au fil de l’eau.

RH-MG.jpgLes dépenses militaires américaines, surtout après l’aventure vietnamienne et après le projet de « guerre des étoiles » cher à Reagan, ont servi à lancer une industrie numérique qui assure la domination américaine sur la planète entière. Les Européens n’ont jamais eu le réflexe de coordonner leurs actions pour être à l’avant-garde des innovations scientifiques et technologiques.

Face à ce désastre, dont les effets se sont accumulés au fil des décennies, la riposte « néo-nationaliste », dit Gauchet, est seulement « affective ». En effet, on oppose à des faits évidents des affects incapacitants qui dédoublent le danger, dans la mesure où ils n’entament en rien la force de l’adversaire et où leurs actions risquent d’avoir un effet retardateur, justement celui qu’escompte faire advenir l’ennemi pour freiner nos élans. On ne répond pas à l’ennemi par des déclamations émotionnelles ou des affects sans pertinence. De même, on ne réplique pas, dit Gauchet, par des arguments relevant de la religion car le religieux, lui, est bel et bien mobilisé par et pour la majorité morale aux Etats-Unis, par les télé-évangélistes ou par les chrétiens sionistes. Pour Gauchet, nous sommes face à une eschatologie politique, face à une théologie politique américaine qui permet une forte mobilisation des électorats, puissance dont nous ne disposons plus en Europe. Mais, j’ajouterai à l’argument pertinent de Gauchet un élément qu’il ne cite pas : face à ce pandémonium théologico-messianique américain, l’Europe ne se pose pas non plus comme le katechon qui va arrêter le déclin, freiner la déliquescence et rétablir l’ordre traditionnel. Elle ne se donne aucun rôle valorisant sur l’échiquier global. On peut poser la question : Poutine, orthodoxe russe, est-il ce katechon ? Je laisse la question ouverte car c’est là un autre débat, celui de la théologie politique, thème extrêmement complexe.

Gauchet constate aussi la « déstabilisation identitaire » qui frappe principalement les pays d’Europe occidentale, Allemagne comprise. Les pays d’Europe centrale et orientale, notamment la Pologne et la Hongrie, en sont nettement moins affectés : les mésaventures très récentes d’Orban avec la direction du PPE l’attestent à l’évidence. Cette « déstabilisation identitaire », au cours de ces trois ou quatre dernières années, provient essentiellement du flot d’arrivants venus de tous les horizons possibles et imaginables, flot qui induit un processus de submersion démographique alarmant auquel l’UE n’apporte aucune réponse car elle est un ensemble, dit Gauchet, qui n’a aucun contrôle ni sur sa frontière sud ni sur son front intérieur, les émeutes qui ont ravagé Grenoble, tout près d’ici, tout près de Genève, au cours de la semaine écoulée en sont un exemple patent.

Cette « déstabilisation identitaire » et ces turbulences inquiétantes sur le front intérieur sont le fruit d’une absence totale de conscience politique, que constate également Gauchet. Il nous dit : « L’UE ne sait pratiquer qu’une POLITIQUE de la REGLE, alors que ce qui lui est demandé est une POLITIQUE de l’EVENEMENT ». Toute politique de l’événement postule de déployer méticuleusement une stratégie car une stratégie, explique Gauchet, « permet d’anticiper les événements et de parer à toute éventualité ». On retrouve là, en un langage plus serein et plus subtil, les visions de Carl Schmitt et de Clausewitz. Pour Schmitt, le fétichisme de la règle, ou de la norme, est un poison ankylosant qui ruine les Cités comme le venin du cobra coagule le sang de ses proies. Pour Clausewitz, la stratégie consiste à ne jamais rater une étape dans le développement des techniques civiles et militaires qui procurent la puissance économique ou guerrière.

Ce fétichisme de la règle, qui doit, selon les tenants du normativisme, s’imposer envers et contre le réel, qui est par définition fluctuant, entraîne aussi la haine de soi, l’oikophobie disent les identitaires néerlandais, qui se traduit par une critique acerbe et injustifiée des acquis de l’histoire européenne, répétée ad nauseam par les intellocrates mercenaires des médias et des officines téléguidées par la NSA. L’idéal des normativistes étant défini une fois pour toutes, tout recours à un passé différent ou tout projet de refondation, populiste ou autre, sont tabou, doivent être effacés des mémoires et des volontés, afin que l’on n’ait plus qu’une humanité de zombis amnésiques et apathiques. Gauchet critique le « refus des intellectuels de tout eurocentrisme » et ajoute : « les legs de notre histoire sont tout-à-fait avouables ». Il y a donc urgente nécessité à « nouer un rapport critique intelligent avec le passé ».

Gauchet dénonce là le dernier danger que je voulais évoquer avec vous aujourd’hui : le danger de l’amnésie, de l’amnésie volontaire dans laquelle les normativistes nous plongent parce qu’ils estiment avoir raison au-dessus du réel et parce qu’ils ne veulent pas que des exemples du passé ressurgissent dans les mémoires, ou s’y lovent, parce qu’ils seraient des reproches actifs et virulents face à leurs manigances. Ma position personnelle est de ne pas arrêter la marche de notre histoire, de ne pas étouffer le réel historique qui est notre socle irremplaçable et doit nous servir de table d’orientation en permanence (la « logique tacitiste ») ; en ce sens je suis peut-être plus continuitaire qu’identitaire. Mais c’est là une coquetterie de vocabulaire.

Il me reste à remercier les jeunes organisateurs de ce colloque genevois, qui, au nom de la mobilisation totale, ont mobilisé les sexagénaires en ce jour pour leur demander des recettes pour affronter ce que ce cher Guillaume Faye, qui vient, hélas, de nous quitter définitivement, appelait la « convergence des catastrophes ». L’impéritie des normativistes impolitiques a imposé aux Européens la négligence de leur passé mais a aussi anesthésié leurs volontés d’aller de l’avant, de chercher des alternatives à l’impasse où ils ont été enfermés. Les tâches ardues qui attendent la nouvelle génération de combattants politiques, en Suisse et, plus encore, ailleurs en Europe, seront immenses car il s’agira de restaurer une souveraineté contre les agissements de forces colossales, avec, à côté d’eux, un matériel humain, certes de notre souche, mais profondément abîmé, zombifié par la permissivité et le festivisme qui ont régné en Europe depuis un demi-siècle, où l’on a brisé sans pitié tous les instruments traditionnels de la transmission.

Malgré cela, je souhaite à tous de conserver un vibrant courage et je vous dis : « A bientôt ! ».

Robert Steuckers.

Sources:

- Hans Herbert von ARNIM, Die Hebel der Macht und wer sie bedient - Parteienherrschaft statt Volkssouveränität, Heyne, München, 2017.

- Barbara BOLAND, "Ignoring America's Abyss of Debt", https://www.theamaricanconservative.com , 15 février 2019.

- Jean-Claude EMPEREUR, "Washington, Pékin: hégémonie numérique contre hégémonie tellurique", http://euro-synergies.hautetfort.com , 9 février 2019.

- Uriel GADESSAUD & Pierre RAMOND, "Nous avons rencontré Marcel Gauchet", https://www.les-crises.fr , 11 février 2019.

- Jean-Louis GERGORIN & Léo ISAAC-DOGNIN, Cyber - la guerre permanente, Cerf, Paris, 2018.

- Chris HEDGES, "Goodbye al dollaro", https://www.ariannaeditrice.it , 11 février 2019.

- Ali LAÏDI, Le droit, nouvelle arme de guerre économique - Comment les Etats-Unis déstabilisent les entreprises européennes, Actes Sud, Paris, 2019.

- Zaki LAÏDI, La norme sans la force - l'énigme de la puissance européenne, Sciences Po, Paris, 2005.

- Godfree ROBERTS, "Huawei, la 5G et la quatrième révolution industrielle", http://lesakerfrancophone.fr , 29 janvier 2019.

- Leslie VARENNE, "Le piège américain", http://www.zejournal.mobi , 15 février 2019.

Articles anonymes:

"US-Vizepräsident aus der Münchner SiKo: Washington läuft weiter Sturm gegen 'Nord Stream 2'", http://zuerst.de , 18 février 2019.

 

jeudi, 14 mars 2019

City of Xi’an and Why the New Chinese Silk Road Terrifies the West?

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City of Xi’an and Why the New Chinese Silk Road Terrifies the West?

by Andre Vltchek

Ex: https://journal-neo.org

Snow is falling on the wide sidewalks of the historic city of Xi’an, but people don’t seem to be troubled by the bitter cold.

One of the oldest cities in China, Xi’an, is now vibrant, optimistic and stunningly beautiful. Sidewalks are paved with expensive stones and have more than enough space for pedestrians, electric bicycles, plants, trees and bus shelters.

Attempts by the Communist Party to turn China into an ‘Ecological Civilization’ are visible at every step: trees are revered and protected, comfortable walking is encouraged, while heavy duty, efficient and super modern public transportation is extremely cheap and ecological: the metro, and electric buses. All scooters are also electric, and so are the tricycles that are intended to transport passengers between the metro stations.

Compared to most Asian cities, but even to those in the United States and Europe, Chinese metropolises, including Xi’an, look like sort of urban areas of the future. But they are not ‘impersonal’, nor atomized. They are built for the people, not against them.

Xi’an is where the old Silk Road used to begin, connecting China to India, Central Asia and the Middle East.

It has a special significance and deep symbolism in Chinese history, and it is essential for China’s present and future.

Xi’an is the oldest of the four ancient capitals, and home to the Terracotta Army of Emperor Qin Shi Huang. This tremendous world heritage site is a titanic symbol of loyalty, endurance and optimism. According to the legend, the entire tremendous army followed its commander to the other life, ready to defend him, to fight for him and if necessary, to offer the ultimate sacrifice. What does it all really mean? Is it just an emperor that these brave warriors are ready to sacrifice their lives for, with smiles on their faces? Or is it the nation, or perhaps even the entire humanity they are determined to defend?

Whatever it is, it is enormous, and seeing the sheer size of the monument sends shivers all over my body.

*

Some fifty kilometers away, at the North Station of Xi’an City, an army of the fastest trains on earth is lined up at countless platforms. These beautiful bullet trains connect Xi’an with Beijing, Shanghai and soon, Hong Kong. Some of them are already speeding towards the city of Zhangye, which is the first step on the new rail Silk Road that will soon continue all the way towards the north-western tip of China, at Kashgar. And Kashgar is only 100 kilometers from the border with Kyrgyzstan, and 150 kilometers from Tajikistan.

If someone thinks that China is simply a north Asian country, far away from the rest of the world, they should think twice. In the center of Xi’an, there is a bustling neighborhood, similar to those found in any bustling city of the Middle East. There is a Grand Mosque, a bazaar, and endless lanes of colorful stalls, jewelry workshops, restaurants and halal eateries. Many women here wear colorful clothes and headscarves, while men cover their heads with skullcaps.

The western part of China is a vibrant mix of cultures from the north, as well as Central Asia. And the ancient capital of China – Xi’an – is well known and admired for its multi-cultural identity. Like the former Soviet Union, Communist China is an enormous and diverse country.

*

And the West doesn’t like what it sees.

It hates those super high-speed trains, which, at tremendous speed, as well as cheaply and comfortably, cover distances of thousands of kilometers. It hates where they are going: towards the former Soviet Central Asian republics, and soon, hopefully, towards Afghanistan, Pakistan, Iran, Russia, and one day, maybe even India.

It hates the optimistic spirit of the people of Xi’an, as well as the wise and at the same time, avant-garde environmental policies of China.

It hates that in cities like Xi’an, there are no slums, no homeless people, and almost no beggars: that instead of advertisements, there are beautiful paintings with messages highlighting socialist virtues, including equality, patriotism, respect for each other, democracy and freedom. It hates that most of the people here look determined, healthy, in good spirits, and optimistic.

The West passionately hates the fact that China is essentially Communist, with a centrally planned economy and tremendously successful social policies (by 2020, China will eliminate the last pockets of extreme poverty), even strive for the ecological civilization.

China defies Western propaganda, which hammers into the brains of the people that any socialist society has to be drab, uniform and infinitely boring. Compared to such a city as Xi’an, even the European capitals look dull, depressing, dirty and backward.

Yet China is not rich, not yet. At least on paper, (read: using statistics produced and controlled predominantly by the countries and by the organizations controlled by Washington, London and Paris), its HDI (Human Development Index, compiled by UNDP), is the same as Thailand’s. While the contrast between two countries is striking. Thailand, a feudal society glorified by the West, because of its staunch support during the Vietnam War and because of its anti-Communist drive, is suffering from collapsed infrastructure (no public transportation outside Bangkok, awful airports and train system), monstrous, almost ‘Indonesian-style’ city planning (or lack of it), urban slums, endless traffic jams and basically no control of the government over business. In Thailand, frustration is everywhere, and the murder rate is consequently even higher than in the United States (per capita, according to INTERPOL data), while in China it is one of the lowest on earth.

But above all, the West hates China’s growing influence on the world, particularly among the countries that have been for centuries brutalized and plundered by European and North American corporations and governments. And it is scared that they will, eventually, fully understand that China is determined to stop all forms of imperialism, and to eradicate poverty in all corners of the world.

*

Xi’an is where the old and new Silk Roads have their starting points. The new one is called the Belt Road Initiative (BRI), and very soon it will account for tens of thousands of kilometers of railroads and roads connecting and crisscrossing Asia, Africa and Europe, pulling out of misery billions of men, women and children. Once completed, everybody will benefit.

But that is not how the West likes it. ‘Everyone benefiting’ is a totally foreign, even hostile concept, at least in the Western capitals. Only the West, plus those few ‘chosen’ and highly obedient countries (including Japan, South Korea and Singapore) have been, until now, allowed to prosper, forming a strictly ‘by appointment only’ club of nations.

China wants everyone to be rich, or at least not poor.

Most Asians love the idea. Africans love it even more. The new elegant train station in Nairobi, Kenya, is a new symbol, a promise of a better future. Tram lines in Addis Ababa, the construction of a high-speed train line that will go through Laos, all these are marvels unimaginable only a few years ago.

The world is changing, mainly thanks to the determined efforts of China and Russia to finally destroy Western colonialism (the ‘project’ that began so well right after WWII, but, except on paper, was never fully completed).

*

Xi’an is rising. In the West, they used to say that life in China is improving, but only for Beijing, Shanghai and Guangdong.

Later they said, for the Pacific coast, OK, life is better, but go further West… Xi’an, Chengdu, Kunming and other cities followed.

Then, the propagandists regrouped: ‘Chinese cities are doing well, but the countryside is suffering’. Then came President Xi’s brainchild – ‘Ecological civilization’, and decisive reforms aimed at improving the standards of living and quality of life all over the most populous country on earth. In 2018, for the first time in modern history, there was a reverse migration from Chinese cities, to the rural areas.

One has to repeat again and again, until it sinks into people’s brains: After 2020, there will be no extreme misery in China.

In our upcoming book “China and Ecological Civilization”, a dialogue between me and leading philosopher John Cobb Jr, John who has been working very closely with the Chinese government on issues of environment and education, explained:

“As I compare China’s success in giving serious attention to the well-being of its natural environment and needy citizens with that of European countries, my reason for betting on China is that I have some confidence that it will maintain governmental control of finance and of corporations generally.  If it does this, it can also control the media.  Thus, it has a chance of making financial and industrial corporations serve the national good as perceived by people not in their service.  Less centralized governments are less able to control the financial and other corporations whose short-term interests may conflict with the common good.”

That may be the main reason why the West is horrified, and trying to antagonize China by all means: If China succeeds, colonialism will collapse, but also corporatism, which, like a fairy-tale monster devours everything in its sight.

*

Facing thousands of determined Terracotta soldiers, I felt the enormity of China.

I imagined hundreds of millions of men and women building the nation; millions of construction sites, not only in China itself, but also abroad. I recalled my neighbors in Nairobi, when I used to live in Africa – optimistic, well-natured but tough Chinese engineers, who used to power-walk, together, every night. I liked, I admired their spirit.

To me, they were like present-day Terracotta soldiers: brave, determined and loyal. Loyal not to the emperor, but to humanity. Not military men, but people who are constructing, building a much better world in all corners of the globe, often with their own hands. Despite the vitriolic spite and nihilism unleased against them by the West.

In Xi’an, I stood in front of the old gate, where everything began, many centuries ago; the old Silk Road. Now, everything was returning here, in a grand circle. The new beginning.

It was cold. It was beginning to snow. But I was immensely happy to be here, and I felt alive and full of optimism for the future of humanity.

I made a few symbolic steps. Millions did before me. Millions will, again, soon.

Andre Vltchek is philosopher, novelist, filmmaker and investigative journalist. He’s a creator of Vltchek’s World in Word and Images, and a writer that penned a number of books, including China and Ecological Civilization. He writes especially for the online magazine “New Eastern Outlook.”
https://journal-neo.org/2019/02/20/city-of-xi-an-and-why-...

mercredi, 13 mars 2019

Les 10 fonctions de l’USAID, la méga agence « humanitaire » de la CIA

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Les 10 fonctions de l’USAID, la méga agence « humanitaire » de la CIA

Auteur : Nazanín Armanian
Ex: http://www.zejournal.mobi

Les camions de charité de l’USAID destinés au Venezuela restent stationnés à la frontière avec la Colombie, tandis que Donald Trump, l’homme qui incarne la solidarité, menace le pays sud-américain d’une attaque militaire : il veut que des milliers de Vénézuéliens qui vont mourir des conséquences des bombes et des balles le fassent avec leur ventre plein de biscuits qu’il ne pourrait pas vendre sur les marchés des pays développés, peut-être parce qu’on a utilisé des graines modifiées pour les faire, ou parce qu’ils allaient expirer.

L’Agence des États-Unis pour le Développement International (USAID) a été créée en 1961 dans le but d’étendre le « Plan Marshal » aux pays stratégiques du monde, en canalisant ses politiques pour

1) empêcher les forces communistes, renforcées par la défaite du fascisme pendant la Deuxième Guerre Mondiale, de prendre le pouvoir et

2) ouvrir de nouveaux marchés aux entreprises étatsuniennes.

Le lien entre l’USAID et le Bureau de Sécurité Publique, alors dirigé par l’agent de la CIA Byron Engle, a été renouvelé année après année : en 2015, Barack Obama a nommé Gayle Smith, directrice du Conseil de Sécurité Nationale de la Maison Blanche, à la tête de l’agence.

Selon WikiLeaks, entre 2004 et 2006, l’USAID a mené plusieurs actions au Venezuela et fait un don de 15 millions de dollars à des dizaines d’organisations civiles, afin de faire avancer la stratégie de l’ancien ambassadeur de Washington William Brownfield, basée sur la provocation d’une fracture du Chavisme et l’organisation des secteurs mécontents des réformes du Parti Socialiste Uni du Venezuela.

Les fonctions de l’USAID

1- Choisir le bon pays pour le projet préparé par le Secrétaire d’État, et évidemment ce n’est pas toujours le pays le plus utile. Ensuite, l’agence doit décider dans quel secteur elle sera impliquée, bien que ses secteurs préférés soient l’énergie, l’éducation, la santé, la sécurité et l’agriculture. Dans ce secteur, la production de cultures vivrières est généralement remplacée par des cultures commerciales. Elle place ensuite ses troupes dans des positions clés pour subvertir les économies locales. Les fois où elle embauche des gens de valeur solidaires indigènes, c’est pour réduire ceux qui devraient militer dans les partis politiques pour un changement fondamental dans la gestion de la charité.

En Irak colonisé, l’USAID injecte l’économie néolibérale, impose des privatisations massives, y compris une partie de l’industrie pétrolière, et force la théocratie fantoche installée à comparer les grains transgéniques de Monsanto.

Au Pérou, l’agence a donné 35 millions de dollars dans les années 1990 à la campagne de Alberto Fujimori, dont les mesures économiques ont plongé le pays dans la misère. La solution du protégé de l’USAID n’était pas de réduire la pauvreté mais de réduire les pauvres : Fujimori a stérilisé de force 300 000 femmes autochtones.

2- Affaiblir et même éliminer les institutions du pays d’accueil, en créant des réseaux et des entités parallèles, en favorisant la dénationalisation des secteurs fondamentaux en faveur « d’entrepreneurs ». Évidemment, l’intérêt de la bourgeoisie étatsunienne n’est pas dans l’autosuffisance des autres pays, bien au contraire.

3- Faciliter à la CIA le « placement de ses hommes dans la police de pays stratégiques à travers le monde« , explique AJ Langguth, ancienne correspondante du New York Times. En fait, le budget de l’USAID est en partie le financement caché des agences de renseignement américaines.

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4- Renforcer la domination des États-Unis sur la finance mondiale. En Inde, pays d’accueil de la Chine pour Washington, l’USAID, en coordination avec le gouvernement d’extrême droite de Narendra Modi, a mis en œuvre la « numérisation de l’économie », forçant des dizaines de millions de personnes des classes les plus pauvres du pays à abandonner le paiement en espèces en faveur du numérique, leur donnant seulement un mois – novembre 2016 – pour livrer leurs grosses coupures à la banque, lorsque la plupart ne détenaient aucun compte bancaire. Et qu’a obtenu l’USAID ?

a) Servir les intérêts des Technologies de l’Information (TI), des fournisseurs de services de paiement et des sociétés émettrices de cartes de crédit MasterCard, Visa et la Fondation Gates qui a promis en échange de donner un généreux chèque à l’ONU.

b) Appauvrir les Indiens en détruisant les économies de nombreux petits commerçants et producteurs, qui n’arrivaient pas à déposer leur argent.

c) Obtenir les données des utilisateurs.

d) En réduisant l’utilisation des liquidités à l’échelle mondiale, elle permet aux États-Unis de renforcer le dollar par la domination de leurs entreprises sur les finances internationales.

e) Surveiller le commerce mondial : Washington peut ainsi sanctionner, par exemple, les entreprises qui travaillent avec l’Iran, comme Huawei en Chine.

5- Former les forces de répression d’un État, en les préparant à démanteler la résistance de la population. Dan Mitrione, un homme de l’USAID en Uruguay, a donné des cours dans les années 1970 sur « l’art complexe de l’interrogatoire » et la manière dont les détenus devraient être torturés, en utilisant des hommes et des femmes « vivants » sans abri comme cobayes humains. L’USAID, avec les Bérets verts et la CIA, est impliqué dans la torture, le meurtre et la disparition de milliers d’hommes et de femmes guatémaltèques progressistes après avoir formé près de 30 000 policiers et des groupes paramilitaires pour cette mission.

Au Brésil, le Bureau des Initiatives de Transition (OTI), un contractant de l’USAID chargé de déstabiliser les gouvernements non alliés, a agi de la même manière. L’une de ses victimes était Dilma Rousseff, arrêtée et torturée pour être une étudiante marxiste.

6- Créer des milliers d’emplois pour les ONG étatsuniennes et leur fournir d’énormes fonds publics et privés pour servir les intérêts de donateurs tels que Rockefeller, Soros, Gates, Ford et Omidyar, tout en ouvrant les marchés aux sociétés des États-Unis. L’USAID elle-même prétend retourner dans son pays près de 80% de l’argent investi dans cette organisation.

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Une fois que Bush et ses alliés ont transformé l’Irak en décombres avec des mensonges en 2003, un des contractants de l’USAID, Creative Associates International Inc. (CAII) a remporté un contrat de 157 millions de dollars pour l’achat de tableaux noirs et de craie pour des écoles qui avaient été détruites par des missiles étatsuniens. Un autre, International Relief and Development (IRD), a reçu 2,4 milliards de dollars pour les mêmes fins, et Halliburton et Bechtel ont reçu la même somme.

En Afghanistan, principal bénéficiaire de l’aide américaine, où des centaines « d’experts en genre » occidentaux ont débarqué pour « sauver les femmes », l’USAID a alloué 216 millions de dollars en 2018 pour autonomiser 75 000 femmes : selon l’Inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan, seulement 50 environ ont été employées et l’argent des contribuables a disparu. 89,7 millions de dollars de plus ont disparu. Arnold Fields, son directeur, a été forcé de démissionner par le Congrès.

La « Démocratisation de l’Afghanistan » menée par Bush-Cheney et 300 000 soldats de l’OTAN et des dizaines de milliers de sous-traitants « djihadistes » du Pentagone, en plus de tuer presque un million d’Afghans et de pousser des millions de familles à quitter leur foyer, a eu pour effet de faire oublier la mémoire historique du pays des manuels scolaires : peu se souviennent que la République démocratique d’Afghanistan (1978-1992), dirigée par les communistes, a éliminé l’usure, la culture de l’opium, légalisé les syndicats, établi une loi sur le salaire minimum, a établi la négociation collective, l’égalité entre hommes et femmes, qui a permis que pour la première fois 40% des médecins soient des femmes ainsi que 60% des professeurs de l’université de Kaboul. L’éducation a été déclarée gratuite et universelle, de même que les soins de santé, et les lits d’hôpitaux ont été doublés.

Selon la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), le nombre de civils tués ou blessés lors d’attaques de l’OTAN en 2017 a augmenté de 50 % par rapport à 2016, les deux tiers du total étant des femmes et des enfants. Aujourd’hui, les écoles de l’USAID n’enseignent pas les valeurs de la collectivité, mais l’individualisme le plus pervers du « chacun pour soi ».

7- Déstabiliser la résistance à l’impérialisme et aux dictatures alliées, dans les pays en tension, en soulageant la faim de manière ponctuelle et dans des moments concrets par des aumônes, empêchant la population de s’organiser pour exiger la justice sociale. En Égypte, à la fois sous le régime Moubarak et aujourd’hui sous le despotisme du général al Sisi, Washington oblige le Caire à acheter des armes alors que des milliers de personnes vivent dans des cimetières, puis envoie l’USAID pour distribuer du pain dans les quartiers qui se sont levés pendant le « printemps » de 2011, déstabilisant ainsi la résistance.

Il a fait la même chose en Haïti : dans les quartiers où les ouvriers avaient organisé des « pots publics » pour demander justice, il distribue de misérables sacs de nourriture, cherchant une loyauté : « Tout le monde embrasserait les mains qui leur donne de la nourriture« , ont-ils pensé.

8– Provoquer des protestations populaires contre les gouvernements qu’elle répudie sous la bannière de la « Promotion de la démocratie ». L’USAID a été expulsée de Russie, des pays de l’ALBA (Bolivie, Cuba, Équateur, Dominique, Nicaragua et Venezuela) et du Burkina Faso. Ici, le président Thomas Sankara, le Che Guevara du Burkina Faso, a été renversé par un coup d’État parrainé par la France et assassiné en 1987 en punition de ses grandes mesures visant l’autosuffisance de la nation. La Libye, l’un des pays les plus développés d’Afrique, est aujourd’hui le meilleur exemple de ce type de « libération ».

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9- Créer ses propres médias apparemment dépolitisés (sports, comédies musicales, etc.) envoyant des messages subliminaux au profit de l’économie de marché, de la consommation, du manque de solidarité, etc. L’USAID, par le biais de l’OTI, a introduit à Cuba en 2010 un système de messagerie similaire à Twitter appelé ZunZuneo. Tout en recueillant les données personnelles de centaines de milliers d’utilisateurs par le biais de leur téléphone portable, il a tenté d’organiser des dissidences dans le réseau et aussi dans les rues. Creative Associates International Inc. (CAII), un autre contractant de l’USAID, a parrainé des rappeurs pour capter les jeunes.

10- Recevoir plus de subventions par plus de destruction à cause de la guerre : en mars 2017, les États-Unis ont « par erreur » bombardé un bâtiment à Mossoul tuant 105 civils irakiens : deux jours plus tôt l’USAID avait déposé sa demande de nouveau budget pour la reconstruction de l’Irak : marchés « guerre-construction » ? Pompiers pyromanes ? Toute ressemblance avec la scène du film « Child » où Charlot propose à son fils de casser les fenêtres du quartier afin de gagner de l’argent en installant du nouveau verre n’est que pure coïncidence !

Si la guerre et la pauvreté n’étaient pas aussi rentables, elles seraient interdites par la loi.

Traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International


- Source : Publico (Espagne)

L'Europe, usine à gaz...

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L'Europe, usine à gaz...

par Caroline Galactéros

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur son blog Bouger les lignes et consacré à l'absence de politique énergétique de l'Europe. Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et intervient régulièrement dans les médias. Elle vient de créer, avec Hervé Juvin, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

L'Europe, usine à gaz

La toute récente révision, permise par le revirement français, de la « Directive gaz » de 2009 étendant l’applicabilité des normes communautaires à l’extérieur du territoire de l’Union européenne (UE) est un nouveau coup (auto)porté par le Conseil européen à l’indépendance énergétique de l’UE. Les motifs invoqués sont, comme toujours, au cœur des « valeurs » européennes : concurrence loyale et accès équitable au marché européen. C’est beau comme l’Antique ! Exactement le corpus idéologique idéal qui a motivé, quelques jours auparavant, l’avis négatif de la Commission sur la fusion Siemens-Alstom… Sur deux chantiers d’importance stratégique évidente, Bruxelles s’est donc une fois encore trompée de cible, d’ennemi, d’enjeu et d’alliés…

L’Europe est décidément hors sol, et surtout, se croit seule au monde ! Nous agissons comme si notre marché était strictement européen, comme si nous avions la vie devant nous et nul besoin de nous mettre en ordre de bataille pour projeter notre puissance de frappe commerciale collective vers le reste de la planète, afin de ne pas nous faire dévorer tout crus par Pékin et Washington. Bref, on a tout faux, mais on fonce dans le mur avec l’assurance d’un taureau au front court se précipitant sur une muleta rouge pour finir lardé de banderilles meurtrières. Aucune vision stratégique, plutôt une myopie suicidaire angoissante de la technocratie communautaire, paralysée par ses propres règlementations anachroniques. L’Europe, une nouvelle fois, consent à son effacement de la carte des grands ensembles.

Cette révision vise évidemment le projet North Stream 2, affligé, aux yeux de Washington, donc de Paris, d’une tare insupportable : il permet à Moscou de contourner l’Ukraine…qui vient d’inscrire dans sa Constitution, cinq ans après « la révolution-coup d’État » de Maïdan, son intégration dans l’UE et l’OTAN comme objectifs prioritaires de sa politique étrangère…. La « guerre froide » n’a jamais été aussi brûlante et stupide.

La volte-face française est un « coup de pied de l’âne » de Paris à Berlin, sous prétexte de « ne pas accroître la dépendance vis-à-vis de la Russie et nuire ainsi aux intérêts de pays de l’Union européenne tels que la Pologne et la Slovaquie ». Comme si Paris était en charge de la défense des intérêts de ces deux pays… Pour l’Allemagne, cette révision est dramatique. Avec North Stream 2, Berlin doublait la quantité de gaz déjà acheminée. Gerhard Schröder, à la tête du projet, témoigne de l’importance stratégique pour l’Allemagne de la construction d’une seconde ligne de pipelines. Le ministre allemand de l’Économie, Peter Altmeier, a d’ailleurs rapidement réagi en rappelant que « chaque pays de l’Union européenne a le droit de maintenir les relations économiques et commerciales qu’il estime de son intérêt. »

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Ainsi, pourquoi cette agression française ? Alors que le couple franco-allemand est déjà au bord du divorce, Paris cherche-t-elle à nuire à son ancienne dulcinée, quelques jours seulement après la signature laborieuse du Traité d’Aix-la-Chapelle, dont l’article 1 stipule que « Les deux États approfondissent leur coopération en matière de politique européenne » ?

Sur le plan diplomatique, soutenir les Allemands dans un projet qui leur tient à cœur revenait à accompagner d’actes concrets nos grandes envolées lyriques sur « le couple franco-allemand » et nous permettait également d’entretenir des relations, certes vigilantes mais des relations tout de même, avec la Russie. Même sur les plans strictement énergétique et économique, cette renégociation de dernière minute n’est pas dans notre intérêt. North Stream 2 nous sert objectivement. Nous en attendons une baisse du prix du gaz, nous anticipons l’épuisement des réserves norvégiennes dans deux décennies (la Norvège est notre premier fournisseur de gaz naturel, à hauteur de 40 %), nous nous positionnons pour bénéficier de la production du deuxième exploitant de gaz au monde, la Russie, et de pouvoir pallier une éventuelle coupure des exportations de gaz algérien.

Qu’a-t-on cru pouvoir gagner, à Paris, en tombant dans le piège grossier de Washington, qui nourrit la division européenne pour asseoir son influence et empêcher tout rapprochement de l’UE avec Moscou ? Quid de nos motivations ? Un besoin de nous faire « pardonner » notre refus de participer au récent sommet de Varsovie, voulu par Washington pour réunir une coalition ouvertement anti-iranienne, prélude à une agression de la République islamique dont le projet gagne du terrain dans les esprits et les États-majors ? Un entêtement suicidaire dans une politique étrangère frappée d’inconséquence chronique ? Une tentative maladroite de prise d’ascendant dans le cœur de Washington- (évidemment vouée à l’échec) ? Un peu de tout cela sans doute. Mais il semblerait que ce changement radical de position soit surtout le fruit de la peur. D’une part, celle de l’augmentation de la dépendance par rapport à la Russie, entretenue par la diabolisation lancinante et interminable de ce pays ; d’autre part, la peur des pressions américaines considérables qui se manifestent depuis le début du projet.

Tout récemment encore, Richard Grenell, ambassadeur des États-Unis à Berlin, mettait en garde les entreprises allemandes contre toute participation au financement du North Stream 2. Elles prenaient le « risque de sanctions importantes », avertissait-il. L’extraterritorialité dans toute sa splendeur ! Puis il déclarait que le Parlement européen, la Commission et seize pays d’Europe « partageaient le point de vue des États-Unis ». Enfin, le 7 février, les ambassadeurs américains auprès du Danemark, de l’Union européenne et de l’Allemagne s’exprimaient dans la Deutsche Welle en ces termes : « Nord Stream 2 augmentera la sensibilité de l’Europe aux tactiques de chantage énergétique de la Russie. » Nouveau rappel à l’ordre pour une Allemagne jugée décidément un peu trop « autonome ». Paris crut-il déceler là une chance à saisir de plaire au « maitre » ? On voit ici combien l’Europe est l’outil direct (et la victime) de la manœuvre américaine contre Moscou, et combien la desservir sert la convergence objective des intérêts américains et chinois. Rappelons que les États-Unis sont les premiers producteurs de gaz au monde, les troisièmes exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL), mais que ce produit n’est pas encore suffisamment compétitif sur les marchés européen et asiatique pour rivaliser avec le gaz russe. Les États-Unis cherchent donc à se positionner pour s’insérer prochainement sur le marché européen…et chinois.

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Tout en portant le fer dans la plaie, les diplomates français ont cherché à s’entendre avec leurs homologues allemands sur une directive qui réunirait leurs deux votes. Le cœur du compromis finalement adopté par le Conseil européen est le suivant : « l’application des règles européennes pour les gazoducs avec des pays tiers comme la Russie incombe aux pays de l’Union européenne où ils sont reliés pour la première fois au réseau européen ». En d’autres termes, l’Allemagne peut, par exception, décider de ne pas appliquer la directive révisée au projet North Stream 2 sans que la Commission soit en mesure de s’y opposer. Si ces pourparlers ultimes n’avaient pas abouti, il aurait fallu revoir la distribution du contrôle sur les pipelines avec les Russes, ce qui aurait entraîné un retard important dans la réalisation du projet, des coûts et une renégociation ardue des termes du contrat pour toutes les parties. Ces risques ne seront pas écartés tant que la directive ne sera pas entérinée par le Parlement européen. Certains acteurs intéressés pourraient en profiter pour jouer la montre et utiliser ce répit pour mieux se positionner sur le marché européen.

On en comprend moins encore l’attitude de la France. Pourquoi avoir pris un tel risque vis-à-vis de l’Allemagne en cherchant à empêcher ou limiter l’expansion du North Stream 2, lorsque, in fine, on signe un accord en demi-teinte et que l’on n’atteint pas la moitié de son objectif initial tout en en recueillant l’opprobre ?

L’Allemagne, en effet, garde la main sur le projet et les Russes ne semblent pas traumatisés par cette péripétie, comme en témoignent les déclarations du porte-parole de la présidence russe, Dimitri Peskov : « Nous sommes catégoriquement en désaccord avec l’affirmation selon laquelle cela entraînerait une augmentation de la dépendance de l’Europe vis-à-vis du gaz russe, car de tels projets n’engendreraient pas la dépendance (…) mais assureraient principalement une interdépendance. Les Européens dépendent du gaz russe, et la Russie, en tant que fournisseur, dépend de la demande européenne ». Et Igor Chatrov, directeur adjoint de l’Institut national pour le développement de l’idéologie moderne, de dire : « En fait, le tout début de la mise en œuvre du projet Nord Stream 2 a montré à lui seul que l’Allemagne définissait elle-même sa politique énergétique. Et, plus encore, que cela ne dépendrait pas des États-Unis. » Sublime coïncidence ‒ et ultime affront pour Paris ‒, le 12 février, Peter Altmaier recevait à Berlin le Secrétaire américain adjoint à l’Énergie, Dan Brouillette. Les deux intéressés juraient n’avoir conclu aucun deal quant à une prochaine exportation de GNL en Allemagne, mais Peter Altmaier insistait sur la nécessité pour l’Europe de « se protéger, d’être moins vulnérable et, par conséquent, de se diversifier », citant, outre les États-Unis, l’Égypte, le Qatar et Israël.

L’Allemagne se sort donc de ce traquenard par une belle pirouette concernant ses relations diplomatiques avec les États-Unis, tandis que nous pâtissons d’avoir joué le proxy américain pour ne recueillir, in fine, que le mépris de notre Grand Allié et la défiance de notre indispensable comparse européen. La France s’est démarquée… mais à son détriment. Elle a fait affront à l’Allemagne mais n’a plus un atout en main. Après cet impair, il lui faudra tabler sur la seule patience du grand frère allemand. Qui est à bout.

Caroline Galactéros (Bouger les lignes).