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mercredi, 27 novembre 2019

Quelle interprétation de l’eurasisme ?

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Quelle interprétation de l’eurasisme ?

 

par Yohann Sparfell

Ex: https://www.in-limine.eu

Chez de nombreux nationalistes et dissidents des nations occidentales, qui comprennent toutefois l’importance de prolonger leur idéal en direction du redressement spirituel et politique de la civilisation européenne, le néo-eurasisme est perçu de plus en plus, nous semble-t-il, comme une doctrine politique, géopolitique, et même métapolitique, intéressant exclusivement la Russie. Nous pensons que cette aperception des choses est issue d’une interprétation de cette nouvelle théorie politique qui émane principalement de deux éléments, historique et conjoncturel : d’une part le fait que l’eurasisme soit à son origine, c’est-à-dire au début du XXième siècle, l’aboutissement du travail intellectuel de penseurs russes, certains émigrés en Europe de l’Ouest (Mendeleev, Troubetskoï, Florovsky, Alexeïev, etc.) et, d’autre part, que la majorité des militants européens actuels ne saisissent pas toujours clairement la nécessité, simultanément à leur combat (consistant à stimuler et à affirmer la singularité d’une civilisation, la civilisation européenne, à partir de ce qui subsiste de ses fondements culturels et spirituels), de participer à l’élaboration d’une nouvelle théorie politique universelle propre à proposer de façon adéquatement différenciée à chaque civilisation un devenir qui s’ « abreuve » de la Tradition et qui s’oriente par rapport à la Centralité atemporelle de Celle-ci (cet enjeu hautain se situe donc au niveau supérieur de la doctrine, et au-delà, au niveau d’une vision spirituelle universelle du monde, avant même de pouvoir se situer au niveau inférieur, quoique essentiel, de son adaptation à une civilisation en particulier afin de lui restituer un Centre immatériel inspiré par cette vision supérieur du monde, bref, d’instaurer un Imperium européen).

Le premier élément, historique, ci-dessus mentionné, pourrait sembler surmonté par l’effet du temps, mais en apparence seulement, surtout chez certains nationalistes de l’Europe de l’Est principalement, puisqu’il joue encore, du fait de son origine russe, un rôle répulsif tant il est vrai que l’eurasisme représente pour eux un idéal oriental, asiatique, donc strictement étranger à la culture européenne originelle, et qui plus est, amalgamé au passé bolchévique. Il est exact que l’eurasisme initial s’appuyait grandement sur un « fusionisme » slavo-turco-musulman en phase avec la vision d’une destinée impériale singulière multi-ethnique et multi-nationale de la Russie intégrant ses aspects européen et turco-mongol. Il était effectivement l’aboutissement doctrinal d’une volonté, dans l’esprit de ces penseurs russes exilés, consistant à redonner des perspectives véritablement impériales à la Russie, c’est-à-dire d’en faire le siège du Centre politique et spirituel d’une civilisation prétendument singulière, suite aux enseignements qu’ils ont pu tirer de la révolution bolchevique. Mais le but ici n’est pas d’analyser, même brièvement, cet eurasisme originel car nous pensons pour notre part que le néo-eurasisme, que nous participerons ici à faire mieux appréhender sous le vocable d’« eurasisme », tout simplement, a su dépasser, grâce aux travaux et aux relations internationales soutenus par Alexandre Douguine et bien d’autres, l’espace auquel il s’était donné pour tâche sacrée à l’époque de redonner une Vie spirituellement ordonnée. Il nous faut aujourd’hui « européaniser » cette pensée féconde, car elle est, en réalité, issue de l’Europe même, de l’expérience historique de cet Europe slavo-caucasienne étendue aux nations touraniennes limitrophes.

Le second point, que nous avons qualifiés de conjoncturel, pourrait être lié au fait que la Russie s’affirme de plus en plus comme un acteur majeur du jeu géopolitique mondial actuel. Partant, ce qui est perçu de façon croissante comme une Nation qui non seulement voudrait affirmer sa singularité telle une civilisation en propre mais qui, dans le même temps, est victime d’un ostracisme de la part du cartel des pays occidentaux (sous la pression américaine), se voit bénéficier, et ce d’un point de vue qui peine à comprendre la nécessité actuelle d’une nouvelle démarche spirituel et politique vers l’universel, d’une théorie politique « appropriée » qui serait donc prétendument adaptée à son paradigme culturel, géographique et historique, voire ethnique (ce qui en soit est un non sens puisque la Russie est ethniquement et majoritairement indo-européenne), : l’eurasisme. Dans l’esprit de ces contempteurs de l’univers russe, ainsi d’ailleurs que de beaucoup d’eurasistes russes eux-mêmes, l’eurasisme serait par conséquent le prolongement doctrinal d’une césure civilisationnelle séparant la Russie du reste de l’Europe, position affirmée par Douguine lui-même (qui estime que la Russie est une civilisation orientale fortement influencée par la culture touranienne. Mais nous pourrions répondre que l’Europe, plus à l’ouest et au sud, a aussi été influencée par les cultures touranienne sans pour autant qu’elle n’en reste européenne). Il est tout à fait exact de dire que cette doctrine prend directement en compte les situations géographique et géopolitique russes au sein du Grand Continent Eurasien et la réalité socio-culturelle des peuples divers qui composent la Fédération de Russie aujourd’hui en phase d’affirmation empreinte d’incertitudes et d’hésitations à l’égard du reste de l’Europe. Cette nouvelle théorie politique, et spirituelle (ce qu’elle se doit d’être en tout premier lieu – mais nous y reviendrons), est centrée (et ce terme est d’importance à cet égard) sur une réalité des rapports internationaux actuels et une certaine aspiration qui en découle logiquement (sentiment d’exclusion de la sphère originelle européenne – sanctions, présence de l’OTAN aux frontières occidentales de la Russie, etc.). Il est bien entendu que cette aspiration motivée par la réalité actuelle d’un Occident en perte d’hégémonie ne saurait qu’être mis en parallèle avec l’absence de réelle aspiration autonome d’une Union Européenne engluée dans son atlantisme et son néo-libéralisme destructeur.

La démarche russe vers une vision civilisationnelle auto-centrée est fondée d’après la position centrale de cette immense Nation, position tout autant historique que géographique issue de la rencontre des peuples indo-européens et de peuples touraniens dans leur marche eschatologique respective, les premiers cherchant le levant et les immensités continentales du sud-est, les seconds le couchant et l’ouverture vers les mers occidentales du sud-ouest. Il ne saurait être question de nier l’Histoire, ni d’ailleurs la réalité de la mission historique d’une Nation indo-européenne qui devait pousser vers l’Est et les Grands Espaces eurasiens pour l’affirmation du pouvoir européen en Eurasie. L’eurasisme se fonde sur la reconnaissance des implications de cette aventure humaine guerrière et créatrice ayant finalement abouti à une Fédération de peuples multi-ethniques (mais avec l’ethnos slavo-caucasien au centre de cette dynamique nationale) dont la particularité est d’assumer aujourd’hui à elle seule un rôle de pivot et d’ouverture entre l’Orient et l’Occident. La Russie actuelle, avec les nations indépendantes qui lui sont historiquement, culturellement et économiquement liées, ainsi que spirituellement (soit l’Arménie, la Géorgie, la Biélorussie, l’Ossétie, etc.), participent bien à leur manière d’une civilisation qui s’est étendue historiquement au cœur de l’Eurasie, soit l’Europe, d’où elles jouent en réalité le rôle de lien entre cette dernière et l’Orient (Chine, nations turciques centre-eurasiennes et nations principalement d’origine indo-européennes du Sud eurasien : Iran, Inde). Son héritage européen primordiale, et toujours actif dans la pensée eurasiste même, ne saurait édulcorer une réalité rendue bien plus complexe et diverse par sa rencontre avec l’Orient, d’autant plus assumée de par son extension au sein du continent eurasiatique jusqu’au Pacifique (les Cosaques atteignent le Pacifique en 1640) et le Caucase (annexion de diverses nations caucasiennes au début du XIXième siècle : Arménie, Daghestan, Azerbaïdjan), ce qui a renforcé d’une certaine façon sa singularité par rapport au reste de la Mère Patrie européenne. Mais d’une certaine façon seulement car les liens, pour être distendus, n’en sont pas moins présents vers l’Europe dans une vision partagée de l’homme que l’on pourrait à juste titre relier à un « humanisme » européen originel hérité des traditions pré-chrétiennes aujourd’hui en grande partie dévoyées dans le catholicisme réformé, mais mieux conservés dans l’orthodoxie russe. La Russie est et restera européenne, si l’Europe, et elle-même, le veulent !

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L’eurasisme est donc issu d’une prise de conscience de la généalogie d’une Nation singulière au sein de laquelle ce courant d’idée apparu, avec tout ce qu’une telle connaissance peut être à même d’engendrer au crépuscule d’un monde qui s’efforce de nier la réalité profonde et sacrée de l’affirmation de la personnalité (à l’antithèse de l’individu). L’eurasisme est donc une approche civilisationnelle, impliquant profondément une démarche spirituelle, et géopolitique, pour laquelle importe avant toutes choses que les hommes, ainsi par conséquent que leurs communautés, puissent s’assimiler la force supra-humaine qui les fit naître singulièrement au sein du monde créé, et s’affirmer au travers elle. De Vladivostok à Lisbonne, cette affirmation est européenne. L’eurasisme est d’essence européenne, même si sa portée spirituelle se doit être universelle.

L’eurasisme est donc né d’une prise de conscience de la constitution originelle, spirituelle et singulière d’une Nation eurasienne (dans le mot « Eurasie », il y a Europe autant que Asie !) de la part de penseurs politiques et de philosophes russes qui avaient touché du doigt l’essence sacrée et axiale de sa « présence au monde ». Nous avons vu que cette théorie politique, malgré qu’elle ait pu être inspirée par la singularité de l’Histoire russe et qu’elle soit néanmoins profondément européenne (mais non occidentale), peut avoir pour destinée d’intéresser (dans une volonté mondiale d’instaurer une affirmation et, dans le meilleurs des cas, une harmonie des civilisations) l’ensemble des civilisations humaines, mais surtout d’être un mode de pensée au travers duquel celles-ci sauront à même de pouvoir dominer leur devenir. Il faut bien comprendre que l’eurasisme se veut être une nouvelle théorie dite « politique » qui, pour autant, est d’abord et plus profondément d’essence spirituelle. Elle nous invite en tout premier lieu à nous réorienter par rapport à un Centre qu’il nous sera nécessaire de découvrir au cœur de chaque civilisation comme de chaque communauté et personne la composant. Ce Centre n’est pas fondamentalement différent d’un point à un autre (d’une entité humaine à l’autre), mais il est d’une même Nature spirituelle partout, de formes diverses dans ses manifestations singulières, mais pourtant Un en chaque émanation de l’Être. C’est en cela que l’eurasisme peut représenter le moteur spirituel de l’élévation des esprits vers une nouvelle interprétation de l’universel, un universel qui ne saurait être confondu avec l’uniformité (ou, ce qui revient pratiquement au même, à l’universalisme), à moins de vouloir corrompre ce qui constitue les fondements de cette nouvelle théorie. En d’autres termes, l’eurasisme est une volonté opportune d’orientation vers la Tradition et son Centre céleste que notre civilisation européenne, Russie incluse, situa en Hyperborée, où nous aurons bien le besoin, il va sans dire, de nous ressourcer.

Cette nouvelle théorie, dont on a vu qu’elle est d’essence européenne et d’esprit universel (sans pour autant en faire un nouvel universalisme), est en outre politique et géopolitique, et donc pleinement apte à s’intégrer à l’espace planétaire de la pensée humaine du XXIième siècle qui prend peu à peu conscience de l’inconséquence aporétique dans lequel l’enferme la théorie néo-libérale, seule rescapée et en même temps héritière des fourvoiements idéologiques du XXième siècle. Cette théorie est donc amenée à participer au renouvellement radical (dans le sens réel du terme, c’est-à-dire qui revient à la racine, à l’essence des « choses ») d’une pensée politique qui s’est effectivement articulée jusque présent autours des trois théories politiques que sont le communisme, le nationalisme et le libéralisme, y compris dans toutes leurs variantes, jusque récemment, donc incluant la forme postmoderne du libéralisme : le post-libéralisme impolitique qui s’est de manière insidieuse immiscée en chacune des civilisations de façon à leur ôter toute réelle vocation et leur empêcher de participer à une nouvelle harmonie internationale nommée multipolarité ou encore mieux, polycentricité. Parce que l’eurasisme est aussi, et en second lieu après son approche affirmée d’une réorientation spirituelle du monde, la théorie de la multipolarité civilisationnelle qui, à son tour, intéresse l’ensemble des civilisations ainsi que des communautés humaines en cours de réaffirmation et de ré-identification à leurs fondements originels.

Mais si l’eurasisme est une théorie géopolitique, centrée sur l’essence spirituelle des civilisations et sur les rapports singuliers qu’elles entretiennent à leur propre espace (espace ayant participé à leur fondation charnelle), elle est donc aussi une théorie politique, la Quatrième Théorie Politique, dont la particularité est justement de vouloir redonner au terme même de « politique » une légitimité au regard du devenir des communautés humaines. Le politique doit justement redevenir un Art au travers duquel les personnes pourrons, et même devrons, se réorienter elles-mêmes vers le centre ordonnateur et harmonisateur de chaque communauté dont elles sont membres, vers leur propre manière d’ « habiter le monde ». La décision, qui se doit de se nourrir de la multiplicité des points de vues exprimés librement, retrouvera en dernier lieu une centralité qui la soustraira de toute obscurité liée aux instabilités de la matière (c’est-à-dire des vicissitudes liées au monde inférieur de la nécessité). La centralité et la multiplicité ne devront plus être antinomiques mais devront au contraire pouvoir se réaffirmer conjointement au travers du politique et du compromis qui lui est lié, tout comme du spirituel, qui s’incarneront dans le Bien commun. L’eurasisme est une théorie politique qui porte en elle ce principe hautain visant à élever le politique au-dessus des conflits d’intérêts (notamment économiques) et de le soumettre à la supériorité du spirituel (par le biais du Bien commun tel que nous le comprenons et tel qu’il doit être compris dans l’optique de la Quatrième Théorie Politique), au travers d’une reconnaissance toute singulièrement européenne et de l’inéluctabilité des jeux de pouvoir et de la nécessité de les circonscrire au sein d’une juste hiérarchie.

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Au vue de ce qui précède, nous considérons qu’il serait tout à fait inopportun d’estimer que l’eurasisme puisse intéresser exclusivement l’univers russe, ou adapté spécifiquement à cet univers « oriental » (par rapport au reste de l’Europe), malgré que cette théorie ait été marquée par cette spécificité depuis son origine pour s’ouvrir inévitablement vers l’universel par la suite. Les militants européens auraient donc toute légitimité à s’en réclamer à l’égard d’une nouvelle affirmation de l’Europe qui paraît encore, somme toute, hypothétique au vue du manque cruel de volonté de ses dirigeants actuels (manque de volonté de se dégager de l’hégémonisme unipolaire américain hérité des deux grandes guerres du XXième siècle, comme du totalitarisme rampant du post-libéralisme « libéré » du politique et des enracinements). Et si la civilisation européenne pouvait avoir une chance de se ré-élever (et redevenir Kultur !) en nous efforçant d’étudier et d’adapter les idées de l’eurasisme (et donc la doctrine d’une Quatrième Théorie Politique européenne), ce ne serait justement pas pour dévier de ce qui fait la singularité du langage et de l’Idée originelle de notre civilisation (puisque l’eurasisme, comme nous l’avons déjà dit, est d’essence européenne selon nous), mais au contraire, pour pouvoir l’affirmer au regard d’une théorie politique et géopolitique qui fait des civilisations et de leur singularité les axes autours desquels devront s’articuler de nouvelles théories et de nouvelles pratiques distinctives au sujet de l’homme et de ses relations à l’Autre et son environnement.

L’eurasisme n’est donc pas étranger à l’Europe car il s’agit là en réalité du nom donné à une nouvelle théorie politique, avec un volet géopolitique crucial, que chaque civilisation devra aborder et s’approprier à sa façon et selon sa propre vision originelle du monde et de l’homme. L’enjeu n’est pas, effectivement, de s’efforcer de regarder le monde par le petit bout de la lorgnette russe, mais bel et bien d’asseoir et d’affirmer notre propre vision du monde originelle européenne (que nous avons en partage avec les nations ethniquement européennes à l’est du Dniepr) tout en nous efforçant de dépasser les chimères qui, jusqu’à aujourd’hui encore, nous servent de guides intellectuels dans nos errements inconséquents.

Nous pouvons d’ailleurs émettre aujourd’hui un autre argument en faveur de l’eurasisme qui puisse en faire un instrument conceptuel, mais aussi réaliste, visant à faire ré-émerger l’Idée européenne (un humanisme originel ayant une vision réaliste de l’homme) des limbes dans lesquelles l’ont plongés les idéologues néo-libéraux. La Russie et les nations qui gravitent historiquement autours, comme précédemment mentionnées, sont primordialement de culture européenne, comme nous avons déjà pu l’exprimer ici. Mais, la réalité géopolitique du monde actuel, incitant à ce que la multipolarité s’affirme dans les rapports internationaux, tendra en outre à faire que les entités nationales de l’ex-URSS et les autres nations européennes se rapprochent de plus en plus de façon à intensifier leurs coopérations et leur intégration face aux tentatives ou potentialités hégémoniques émanant d’autres pôles plus puissants comme l’Amérique du Nord ou la Chine. Elles le devront aussi du fait des menaces qui, déjà, frappent à leur porte, notamment celles concernant l’immigration de masse et le terrorisme islamiste. C’est sans doute, et ce en vertu de la réalité des tendances des relations internationales actuelles, l’ensemble civilisationnel regroupant les nations russo-eurasiennes et européennes (de l’actuel UE), grâce à une coopération étroite et suivie, qui sera le Grand Espace au sein duquel l’eurasisme, dans toute l’Europe, devra s’affirmer une fois dépassés les vieilles rancœurs qui, encore, alimentent les discours officiels de dirigeants et de médias qui restent désespérément accrochés à leurs lubies idéologiques et leurs dépendances (sous)-culturelles. Cela doit être un argument de plus en faveur du fait que l’eurasisme, et la Quatrième Théorie Politique, non seulement ne sont pas exclusivement liés à la Nation russo-eurasienne (la Fédération de Russie et ses nations « satellites »), mais en outre qu’elle peut être à même de permettre de refonder un Grand Espace géopolitique (et spirituel) euro-asiatique (ou eurasien) qui pourra être à même de s’affirmer dans le chaos mondial actuel résultant de la dilution d’un ordre des rapports internationaux qui ne peut résister aux problèmes et contradictions qu’il a lui-même engendré dans le cours hégémonique du néo-libéralisme triomphant (la « Grande Europe » de Rejkjavik à Vladivostok).

L’eurasisme est une arme conceptuelle (tout en étant plus fondamentalement la clef doctrinaire de la réémergence possible du logos originel européen devant ouvrir à une nouvelle conscience spirituelle et communautaire civilisationnelle) qui intéresse primordialement l’Europe et la Russie en tant que Nation européenne, ensembles, unies par une volonté nouvelle d’inspirer un monde capable de dépasser (mais non d’annihiler) l’antagonisme entre l’universel et l’individuel. Ce que nous pourrons fonder de façon préliminaire de par nos relations entre les nations européenne et russo-eurasienne, et de par les relations alors plus assurées entre l’Europe et les autres civilisations mondiales, seront à la base d’un nouvel ordre de rapports internationaux qui devra émaner d’un respect du à chaque singularité et de relations non basées sur l’hégémonie et l’unilatéralisme.

Nous pouvons par conséquent nous réclamer avec force et conviction de l’eurasisme tout en ayant une foi profonde et enracinée à l’égard du devenir de l’Europe, en tant qu’européistes (malgré tous les à priori qu’inspirent ce terme à un certain nombre de néo-souverainistes) . Nous ajoutons même, que l’un engage fortement l’autre puisque l’eurasisme est un engagement en faveur de la renaissance et de la Puissance de notre civilisation européenne dont nous pouvons alors prendre conscience de ses potentialités en tant que pôles géopolitiques prenant une part considérable, si ce n’est fondamentale, au renouvellement radical des relations internationales (d’où l’importance aujourd’hui à ce qu’un Imperium européen post-UE s’associe étroitement aux initiatives russes de redéfinition des rapports internationaux et inter-civilisationnels). L’eurasisme n’est, en effet, pas séparable du projet de construction d’un ordre mondial organisé autour du principe de la multipolarité. Il n’est pas séparable, non plus, d’une vision organique des communautés humaines qui inclus les régions, les nations, les ethnies et les peuples dans un respect de la diversité culturelle, politique et spirituelle qui devra structurer le monde multipolaire à venir. L’eurasisme, si l’on peut dire, est un globalisme de la « périphérie » qui se doit de s’élever contre le globalisme du « centre » imposé, entre autres, par l’arme déstructurant des « droits de l’homme » et par le Marché. Nous pouvons d’ailleurs constater que, de ce point de vue, le mouvement des Gilets Jaunes, d’une certaine façon et de façon relative, s’engage inconsciemment dans cette voie, et est donc partie prenante de ce combat eurasiste.

L’eurasisme n’a aucune « vérité révélée » à imposer d’une façon ou d’une autre aux peuples et aux civilisations car il englobe une prise de conscience de la nécessité de respecter les diverses visions du monde qui construisent les humanités. Sa structure théorique s’appuie sur une appréciation spatiale (non principalement selon le sens anglo-saxon du terme, soit une ambition tournée vers la conquête, horizontale, mais selon une vision « cosmique » qui donne priorité à l’ordre et à l’harmonie, verticale) des civilisations dont l’enjeu primordial est pour chacune d’entre elles de pouvoir bâtir leur devenir à la lumière de leur tradition, tout en participant activement à l’élaboration d’un nouveau type de relations internationales au cœur desquelles s’imposeront une pleine conscience des réalités géographiques (économiques, énergétiques, etc.) ainsi que des différences d’approches culturelles, voire spirituelles et religieuses, plus ou moins reliées à ces réalités.

L’eurasisme est donc un appel à une nouvelle tentative d’harmonisation du monde, dont il est su au préalable qu’elle sera toujours en chantier, et non pas un quelconque espoir en faveur d’un nouvel idéalisme, de nouvelles croyances, soit une nouvelle idéologie abstraite. C’est une nouvelle théorie politique et géopolitique qui est une conscience de ce que le monde ne saurait se plier à la contrainte d’idéologies abstraites sans se sacrifier sur l’autel du vice et du faux (les abstractions sont des constructions inséparables de la pensée qui ne doivent pas pour autant s’imposer dans les esprits comme buts. Comme l’écrivait Heidegger, le mot allemand bauen veut dire bâtir, mais aussi habiter, signifiant en cela que nous ne saurions échafauder sans y trouver profondément un sens dans la réalité en fonction de la singularité de nos être-là, de notre façon d’être-dans-le-monde). C’est en cela que l’eurasisme est un dépassement, une Nouvelle Théorie, qui se positionne entre les fondamentaux de l’homme et ses responsabilités quant à son accomplissement par et pour son monde. L’eurasisme nous offre à ce titre une perspective qu’il appartient à chaque civilisation de mettre en œuvre selon sa propre weltanschauung.

L’eurasisme européen (de Lisbonne à Vladivostok et de Hammerfest à Erevan) peut donc devenir une réalité dans nos cœurs, dans nos pensées et nos actes pour peu que nous sachions bien comprendre ce qui en fait sa force et toute sa potentialité rénovatrice et créatrice. C’est pour cela, en tout cas, que nous-mêmes nous nous reconnaissons en tant qu’eurasiste et que nous désirons contrer la tendance actuelle en Europe à vouloir refouler cette Idée dans les strictes limites d’une « civilisation » russo-eurasienne qui est plutôt, en réalité, une part inespérée et un tant soit peu préservée de l’ancienne Kultur européenne. Puissions-nous en réalité nous inspirer aujourd’hui de cette Sainte Sagesse qui y a été relativement épargnée des affres de la Modernité par une Histoire à mille lieux des chemins perfides de la démocratie libérale.

Il devient indispensable de tourner le dos à une certaine vision de la géopolitique qui en fait toujours l’instrument scientifique au service de l’extension d’une puissance malsaine et illusoire, bref, de l’impérialisme. La géopolitique doit devenir pour nous, et dans le respect des différences culturelles et spirituelles, un outils au service d’une nouvelle harmonie entre les nations et les civilisations. L’Europe et ses nations doivent pouvoir y puiser la force de réorienter leur devenir en accord avec les grands projets mondiaux qui, au fils des ans, changeront radicalement l’ordre du monde (nous pensons ici entre autres au projet de Nouvelle Route de la Soie – Belt and Road Initiative – mené par la Chine) ; mais à la condition que nous ayons acquis au préalable les conditions, tant économiques, politiques que culturelles, de les accueillir favorablement et équitablement.

L’eurasisme est une Idée que les peuples et les civilisations devront s’approprier en fonction de leur propre vision du monde. Elle est donc l’alpha d’un mouvement créateur singulier et propre à chacun dont l’aboutissement, l’omega, devra être le dépassement de limites qu’aujourd’hui nous subissons de par l’hybris mondialiste. Elle est une force, nous le rappelons, qui nous fera élever l’Idée européenne, et qui, en outre, nous fera réinterpréter à la lumière de notre humanisme originel la présence de la France en Europe et dans le monde.

L’eurasisme repose essentiellement sur cette réorientation, et c’est bien la raison pour laquelle il serait injuste de prétendre qu’il ne saurait intéresser que la Nation russe (sinon nous ne parlerions que du sens vulgaire et galvaudé de l’ « intérêt », du sens individualiste). Il sera bien plutôt au centre de l’intérêt (inter-esse, être ensemble) des peuples européens, russe inclus, donc au centre de la Nation européenne sous la forme de l’européisme. Il n’existe pas essentiellement de civilisation russo-eurasienne selon nous, n’en déplaise à notre ami Alexandre Douguine, il existe par contre des cultures, des façon d’ « habiter » le monde, russe, arménienne, française, allemande italienne, islandaise, etc. qu’il s’agit alors d’unir de nouveau sous les Principes intemporelles et « originelles » de la civilisation européenne.

 

Yohann Sparfell

mardi, 26 novembre 2019

Is Macron Right? Is NATO, 70, Brain Dead?

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Is Macron Right? Is NATO, 70, Brain Dead?
 

A week from now, the 29 member states of “the most successful alliance in history” will meet to celebrate its 70th anniversary. Yet all is not well within NATO.

Instead of a “summit,” the gathering, on the outskirts of London, has been cut to two days. Why the shortened agenda?

Among the reasons, apprehension that President Donald Trump might use the occasion to disrupt alliance comity by again berating the Europeans for freeloading on the U.S. defense budget.

French President Emanuel Macron, on the 100th anniversary of the World War I Armistice, described NATO as having suffered “brain death.” Macron now openly questions the U.S. commitment to fight for Europe and is talking about a “true European Army” with France’s nuclear deterrent able to “defend Europe alone.”

German Chancellor Angela Merkel, whose nation spends 1.4% of GDP on defense and has relied on the U.S. and NATO to keep Russia at bay since the Cold War began, is said to be enraged at the “disruptive politics” of the French president.
Also, early in December, Britain holds national elections. While the Labour Party remains committed to NATO, its leader, Jeremy Corbyn, is no Clement Attlee, who took Britain into NATO at its birth in 1949.

Corbyn has questioned NATO’s continued relevance in the post-Cold War era. A potential backer of a new Labour government, Nicola Sturgeon of the Scottish National Party, is demanding the closing of Britain’s Trident submarine base in Scotland as a precondition of her party’s support for Labour in Parliament.

Also present in London will be NATO ally Turkey’s President Recep Erdogan.

Following the 2016 coup attempt, Erdogan has purged scores of thousands from his army and regime, jailed more journalists than any other authoritarian, purchased Vladimir Putin’s S-400 missile system as Turkey’s air defense, and ordered the U.S. forces out of his way as he invaded northern Syria, killing Kurdish fighters who did the bleeding and dying in the U.S.-led campaign to crush the ISIS caliphate.

During the Cold War, NATO enjoyed the widespread support of Americans and Europeans, and understandably so. The USSR had 20 divisions in Germany, surrounded West Berlin, and occupied the east bank of the Elbe, within striking distance of the Rhine.

But that Cold War is long over. Berlin is the united free capital of Germany. The Warsaw Pact has been dissolved. Its member states have all joined NATO. The Soviet Union split apart into 15 nations. Communist Yugoslavia splintered into seven nations.

As a fighting faith, communism is dead in Europe. Why then are we Americans still over there?

Since the Cold War, we have doubled the size of NATO. We have brought in the Baltic republics of Estonia, Latvia and Lithuania but not Finland or Sweden. We have committed ourselves to fight for Slovenia, Croatia, Albania and Montenegro but not Serbia, Bosnia or North Macedonia.

Romania and Bulgaria are NATO allies but not Moldova or Belarus.

George W. Bush kept us out of the 2008 Russia-Georgia clash over South Ossetia and Abkhazia. And Barack Obama refused to send lethal aid to help Ukraine retrieve Crimea, Luhansk or Donetsk, though Sen. John McCain wanted the United States to jump into both fights.

In the House Intel Committee’s impeachment hearings, foreign service officers spoke of “Russian aggression” against our Ukrainian “ally” and our “national security” being in peril in this fight.

But when did Ukraine become an ally of the United States whose territorial wars we must sustain with military aid if not military intervention?

When did Kyiv’s control of Crimea and the Donbass become critical to the national security of the United States, when Russia has controlled Ukraine almost without interruption from Catherine the Great in the 18th century to Mikhail Gorbachev in the late 20th century?

Among the reasons Trump is president is that he raised provocative questions about NATO and Russia left unaddressed for three decades, as U.S. policy has been on cruise control since the Cold War.

And these unanswered questions are deadly serious ones.

Do we truly believe that if Russia marched into Estonia, the U.S. would start attacking the ships, planes and troops of a nation armed with thousands of tactical and strategic nuclear weapons?

Would NATO allies Spain, Portugal and Italy declare war on Russia?

In 1914 and 1939, in solidarity with the mother country, Britain, Canada declared war on Germany. Would Justin Trudeau’s Canada invoke NATO and declare war on Putin’s Russia — for Estonia or Latvia?

Under NATO, we are now committed to go to war for 28 nations. And the interventionists who took us into Iraq, Syria, Libya and Yemen want U.S. war guarantees extended to other nations even closer to Russia.

One day, one of these war guarantees is going to be called upon, and we may find that the American people were unaware of that commitment, and are unwilling to honor it, especially if the consequence is a major war with a nuclear power.

Patrick J. Buchanan is the author of “Nixon’s White House Wars: The Battles That Made and Broke a President and Divided America Forever.”

Copyright 2019 Creators.com.

A propos de la mort cérébrale de l'Otan

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A propos de la mort cérébrale de l'Otan

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

On sait que le président français Emmanuel Macron avait accordé un entretien à The Economist au début du mois. Il y avait déclaré que l'Otan était en état de “mort cérébrale”.

Il a également appelé à des relations européennes plus étroites avec la Russie et à une politique militaire plus indépendante de l'Amérique. Il a critiqué la politique américaine à l'égard de la Russie comme une “hystérie gouvernementale, politique et historique”.

Voir à ce sujet The Economist ainsi que les commentaires de BBC.News

On notera qu'Angela Merkel s'était immédiatement insurgée contre cette déclaration, qui fut au contraire comme on le devine approuvée par  Maria Zakharova , porte-parole du ministre russe des affaires étrangères. Il en est résulté une aggravation des désormais mauvaises relations entre la France et l'Allemagne. Mais que veut exactement Emmanuel Macron ?

La question sera nécessairement posée lors du sommet des chefs d'État de l'Otan des 3 et 4 décembre à Londres et les grandes manœuvres de l'opération «Defender 2020» prévue l'année prochaine. Outre les manœuvres navales en mer de Chine méridionale, cette opération représentera les plus grands exercices terrestres de l'Otan en Europe depuis 25 ans. 37.000 hommes sont prévus, dont 20.000 soldats américains transportés jusqu'en Europe.

Les responsables de l'Otan, hormis la France, ont souligné à maintes reprises leur accord pour une politique agressive qui viserait la Russie et ce nouveau danger que représente selon eux la Chine. Ils demandent aux Etats-Unis d'y conserver son rôle directeur et veulent que les gouvernements européens augmentent leurs contributions à l'Otan, notamment en termes budgétaires. Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a indiqué que le sujet fera l'objet d'une importante réunion des pays membres avant le sommet de décembre.

Mais que souhaitait indiquer Emmanuel Macron au delà des termes explicites de cette déclaration à The Economist. En vue de conserver un domaine de négociation avec l'Allemagne, il ne l'a pas encore clairement expliqué. L'hypothèse la plus répandue à ce jour est qu'il voudrait que la France, si possible avec l'Allemagne mais au besoin sans elle, remplace les Etats-Unis à la tête de l'Otan. Ainsi la France, qui n'est pas exactement encore une grande puissance mondiale, pourrait le devenir.

Elle pourrait ainsi devenir un partenaire incontournable de la Russie, voire de la Chine, dans la définition de ce l'on nomme un nouvel ordre mondial. Il pourrait en résulter des perspectives de croissance économique considérables, ainsi évidemment qu'un recours plus grand aux solutions offertes par l'industrie militaire française, qui se bat actuellement contre la concurrence de l'industrie américaine, stimulée par un budget de 800 milliards de dollars annuels.

Rappelons que par ailleurs en France les responsables de la politique spatiale s'inquiètent de voir les Etats-Unis décidés à militariser l'espace par la création d'un Space Command aux compétences élargies. Celui-ci, à terme, pourrait dominer non seulement l'espace proche mais l'espace lointain, notamment bientôt la Lune. Il ne devrait pas y avoir ce risque avec la Russie qui a toujours montré sa volonté de négocier avec la France des politiques spatiales communes.

Il y a tout lieu de penser que les autres Etats européens, membres de l'Otan, à commencer par l'Allemagne, montreront très vite leur servilité à l'égard du Pentagone, et refuseront que la France y prenne un rôle directeur. Il ne restera plus à celle-ci qu'a quitter l'Otan, après avoir fait l'erreur, trahissant la politique gaullienne, de demander à y être admise. Mais Emmanuel Macron aura-t-il jusqu'au bout la carrure d'un Charles de Gaulle? 


 

lundi, 25 novembre 2019

Alexander Markovics: "Zukunft der Europäischen Zivilisation"

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Alexander Markovics: "Zukunft der Europäischen Zivilisation"

 
Rede von Alexander Markovics auf der Veranstaltung "Zukunft der Europäischen Zivilisation"
(Wien. 25.1.2018)
www.bachheimer.com
www.suworow.at
 

Quand la Chine bouscule l’ordre capitaliste et géopolitique mondial

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Quand la Chine bouscule l’ordre capitaliste et géopolitique mondial

Ex: https://lautjournal.info

La Chine connaît une progression économique et technologique fulgurante, perçue par les États-Unis comme une menace à leur hégémonie mondiale.

Des chiffres : en parité de pouvoir d’achat, le PIB de la Chine s’élevait, en 2017, à 21 219 milliards de dollars; celui des USA : 17 762.  Entre 1980 et 2015, le PIB chinois par habitant est passé de 194 $ à 9 174$ (en dollars constants de 2015).

Plus encore, cette montée en puissance de la Chine et de son modèle de développement capitaliste à forte teneur nationaliste ébranlent les certitudes libre-échangistes néolibérales et obligent tout le monde à repenser l’ordre géopolitique international instauré par les États-Unis à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale.

De leur côté, les États-Unis de Trump versent également dans le nationalisme économique. Donald Trump critique durement ses prédécesseurs, les accusant d’avoir «mené une politique agressive de globalisation [qui] a déplacé nos emplois, notre richesse et nos usines à l’étranger». Il dénonce «une classe dirigeante qui vénère le globalisme plutôt que l’américanisme». Il propose l’américanisme : America First! Comment y parvenir? Trump croit que c’est en réduisant le déficit commercial des États-Unis, ce qui aurait pour effet de ravigoter la production nationale.

La guerre des tarifs pour forcer l’ouverture de la Chine aux produits made in USA

Trump s’attaque donc principalement à la Chine, le pays avec lequel la balance commerciale des États-Unis s’avère la plus déficitaire : plus de 380 milliards de dollars annuellement.

Il accuse la Chine d’enfreindre les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Et il blâme l’OMC de ne point contraindre la Chine à ouvrir davantage son marché aux produits et services états-uniens.

En janvier 2018, un an après son installation à la Maison Blanche, Trump engage le combat qui pourrait se révéler comme le grand affrontement du XXIe siècle. Il impose des tarifs douaniers d’abord sur les panneaux solaires et des appareils ménagers que les États-Unis importent par centaines de millions. Puis en mars, il signe un décret instaurant des tarifs de 25% sur l’aluminium et 10% sur l’acier. La Chine riposte en imposant à son tour des tarifs là où ça fait mal : les produits agricoles. S’ensuit une escalade préjudiciable pour les deux parties qui décident de négocier. À ce jour, les négociations n’aboutissent pas, car Trump veut faire plier la Chine, pour finalement l’affaiblir et la replonger dans le sous-développement. Mais le dragon ne reculera pas.

Dans cette guerre des tarifs, le peuple chinois s’est massivement rangé derrière ses dirigeants, malgré les inconvénients qu’il en subit et le régime dictatorial qui lui est imposé. Pourquoi ? Parce que cette guerre commerciale apparaît aux Chinois comme une réplique de l’odieuse Guerre de l’opium. Si les Occidentaux ont aujourd’hui oublié ou minimisé ce conflit qui a mis la Chine à genoux, les Chinois, eux, se souviennent.

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La Guerre de l’opium pour forcer l’ouverture de la Chine aux produits made in Britain

Elle se voyait comme le cœur du monde. La Chine, le fier et autosuffisant Empire du Milieu, qui avait inventé la soie, la porcelaine, l’imprimerie, la boussole… et le thé. Pour se procurer ces produits de luxe, l’Europe d’alors, technologiquement arriérée, avait ouvert un long corridor terrestre : la Route de la soie.

Au début du XVIIIe siècle, la Grande-Bretagne importe une quantité toujours croissante de thé, de soie et de porcelaine - significativement appelé china en anglais. Elle paie en lingots d’or et d’argent. La Chine n’accepte pas d’autres paiements. Quand les Anglais voulurent lui vendre certaines marchandises pour équilibrer leur balance commerciale, les Chinois s’excusèrent : «Nous n’avons besoin de rien».

Qu’à cela ne tienne! Les commerçants britanniques, impatients de pénétrer ce prodigieux marché de 400 millions d’habitants, décident d’y aller par la bande. Un vaste réseau de contrebandiers s’organise. Le produit phare de ce commerce illégal provient de l’Inde, la colonie britannique voisine : le pavot, d’où l’on extrait l’opium.

Dans les années 1830, il entre en Chine une quantité fabuleuse d’opium : 1 400 000 tonnes annuellement. Les fumeries se multiplient. Au point que les effets dépravants de l’opium se font sentir sur les travailleurs. L’économie devient moins productive.

En 1839, l’empereur décide d’intervenir. Cette fois, il prend les grands moyens : interdiction absolue d’importer et de consommer de l’opium, accompagnée de sanctions sévères, pouvant aller jusqu’à la peine de mort. Il ordonne la destruction des fumeries et fait brûler ou jeter à la mer les tonnes d’opium trouvées dans le pays.

À Londres, les membres du Parlement de mèche avec les marchands contrebandiers s’en offusquent : casus belli!. Il faut déclarer la guerre à «ce pays obstructionniste qui refuse les bénédictions du libre-échange».

Bientôt, les canonnières britanniques se pointent et bombardent les ports chinois. L’empereur ne dispose pas d’une marine capable de les repousser. En 1841, un détachement anglais prend possession de l’île de Hong Kong.

Obligé de négocier, l’empereur se soumet. Il signe, en 1842, le Traité de Nankin, qui cède Hong Kong aux Britanniques, ouvre cinq ports au libre-échange et à la libre entrée de l’opium qui va inonder encore davantage le pays. Les États-Unis, la France et une douzaine de pays prédateurs profiteront de cette brèche ouverte par l’Angleterre pour s’y engouffrer et prélever leur part du gâteau.

Le traité de Nankin, le premier des traités inégaux imposés à la Chine, entame pour celle-ci un siècle d’humiliations. Elle restera dominée par les puissances occidentales jusqu’en 1949.

En 1911, la Chine impériale, millénaire, inventive, s’effondre. Elle s’ouvre à la rapacité de l’Occident et entre bon gré mal gré dans l’ère industrielle.

Aujourd’hui encore, les Chinois appellent cette période coloniale, qui a duré de 1839 à 1949, «le siècle de l’humiliation». En Chine, nombre de livres d’histoire divisent l’histoire du pays en deux grandes époques; non pas celles d’avant et d’après Mao, comme on pourrait s’y attendre, mais celles d’avant et d’après les Guerres de l’opium.   

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Que veut la Chine d’aujourd’hui?

Aujourd’hui, que cherche la Chine de Xi Jinping[1]? Lui et les dirigeants chinois poursuivent trois objectifs majeurs :

  • La Chine veut abord s’affranchir définitivement de la dépendance envers les puissances étrangères et de leur domination. Comment? En maîtrisant les filières technologiques les plus avancées dans tous les domaines. Le fer de lance, emblème de cette politique, c’est Huawei. Une compagnie privée devenue le premier fournisseur mondial d’équipements pour les entreprises de téléphonie et d’internet. Elle détient une avance notable dans le développement de la téléphonie mobile, ultra rapide, de cinquième génération : le 5G. De quoi affoler les élites états-uniennes qui considèrent la haute technologie numérique comme la ligne de front dans la guerre pour l’hégémonie mondiale. C’est la raison pour laquelle Trump a demandé au gouvernement canadien de procéder à l’arrestation de madame Meng Wanzhou, directrice financière de Huawei, qui faisait une escale à Vancouver.  Justin Trudeau, en fidèle tâcheron de l’Oncle Sam, a obtempéré. Mal lui en prit, car la Chine ne lui pardonne pas cette intrusion et punit le Canada.
  • Deuxièmement, la Chine veut reprendre sa place au centre des affaires du monde. Derrière la guerre commerciale en cours se profile une guerre de pouvoir[2]. Contrairement à l’URSS qui, au temps de la guerre froide, visait à renverser les États-Unis et le système capitaliste, la Chine ne vise pas le renversement des États-Unis, ni la destruction du capitalisme. Alors que L’URSS boudait les organisations internationales, la Chine y adhère de plain-pied… à sa manière. Elle s’inscrit dans la globalisation capitaliste, tout en maintenant jalousement son indépendance.
  • Troisièmement, la Chine vise à consolider son hégémonie régionale sur toute l’Asie du Sud-Est : du Japon à l’Australie en passant par l’Indonésie.  Pour ce faire, elle parraine deux imposantes organisations : 1) Le Partenariat économique régional global (PERG) lancé en 2012, qui regroupe 15 pays; un accord de libre-échange qui laisse plus d’autonomie aux gouvernements nationaux, contrairement au néolibre-échange occidental qui fait primer le marché sur le politique. 2) L’Organisation de Coopération de Shanghai, créé en 1996, qui regroupe six pays : La Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghzistan, le Tadjikistan et Ouzbékistan. Il s’agit d’une alliance politique, économique et militaire eurasienne. En outre, elle lance des initiatives pharaoniques, comme la nouvelle Route de la soie, dont le but est de relier la Chine à l’Europe, en passant par l’Afrique.

Le retour des nations

Devenue une actrice majeure de la mondialisation économique, la Chine s’est mise en frais de refonder les règles du capitalisme. C’est ainsi que nous voyons se redessiner sous nos yeux une nouvelle articulation entre l’économique et le politique. Alors que la classe politique occidentale embrasse sans réserve la doctrine néolibérale qui prône la primauté du marché sur le politique, les dirigeants chinois ont une autre vision, très claire : l’économie au service de la grandeur de la Chine et du recouvrement de sa position de grande puissance au cœur des affaires du monde. Pour cela, elle fait intervenir la main visible de l’État, plutôt que de laisser faire la main invisible du marché.

Partout dans le monde, du Chili au Liban en passant par l’Algérie, les peuples se soulèvent pour recouvrer la maîtrise de leur destin. Serait-ce le retour de la souveraineté des nations trop longtemps sacrifiée sur l’autel du néolibéralisme et du néolibre-échange?  

jacquesbgelinas.com


[1] Voir à ce sujet l’article de Odd Arne Westad, «The Sources of Chinese Conduct», dans la revue  Foreign Affairs, septembre-octobre 2019.

[2] Voir Philip S. Golub, «Entre les États-Unis et la Chine, une guerre moins commerciale que géopolitique», Le Monde diplomatique, octobre 2019.

mercredi, 20 novembre 2019

La démondialisation, l'irruption du politique et l'ère des ruptures

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La démondialisation, l'irruption du politique et l'ère des ruptures

Peuple, société et Etat en Europe

par Irnerio SEMINATORE
Ex: http://www.ieri.be

La démondialisation. Concept économique ou concept politique?

Face aux grands retournements du monde et aux évidences les plus affirmées, il est toujours utile de se poser des questions de fond. Dans le cas de la démondialisation, comme source et effet de répercussions innombrables, faut il la tenir pour un concept économique, ainsi qu'il il semblerait à une première lecture du phénomène ou bien comme un concept politique? Plus loin, ne s'agit il pas d'un nouveau paradigme, désignant un retour des vieux cycles historiques et donc d'une fausse découverte? Au premier abord la démondialisation est présentée comme un modèle alternatif à l'économie néolibérale, fondée sur l'interdépendance des sociétés et donc sur une critique du libre-échange, née d'un courant de pensée hostile au libéralisme et à ses corollaires. Il serait question, par ce terme d'une nouvelle organisation de la société planétaire, soustraite à l'emprise de la finance et caractérisée par un repli autarcique, articulant le cadre local et la dimension internationale. Ses partisans préconisent, au travers de son adoption, une reterritorialisation du développement, plus équitable et plus écologique, privilégiant le marché intérieur au marché mondial, sous le primat d'un protectionnisme national et européen (J.Sapir). L'instauration d'une régulation de la finance mondiale, dans le but d'un développement euro-centré et sur des régions à base civilisationnelles communes, aurait une portée réformatrice incontestable, selon ce point de vue. Or, il n' en est pas ainsi dans une lecture de la démondialisation comme concept politique. Dans ce cadre, la séparation classique entre l’État et la société reprend son importance comme ligne de régulation des inégalités nouvelles et comme remise en cause des interdépendances asymétriques.

Les menaces et la diplomatie globale

La diplomatie globale, pratiquée par Kissinger pour négocier les accords SALT 1 et SALT 2, en fut une application remarquée, puisqu’elle associa les aspects économiques aux aspects stratégiques, en vue de la stabilité à atteindre, en matière nucléaire, entre les Étas-Unis et la Fédération de Russie. De même et de nos jours, la différente régulation des échanges en termes de barrières tarifaires et de prélèvements fiscaux par l'Administration Trump, s'est faite sentir par la prise de conscience de la dangerosité, structurelle et sociale, de la désindustrialisation. Dès lors, a commencé une surenchère de menaces de la part des États-Unis, sans distinction de pays ou d'aires économiques, au nom de l'instinct protecteur du peuple américain. Or la mondialisation, qui avait fait disparaître les oppositions et les séparations traditionnelles entre l’État et la société et avait mis en exergue la contradiction entre la démocratie et l'Etat impérial, a rabaissée le rôle politique de l’État à une fonction technique, de gestionnaire du développement capitaliste. Cette même mondialisation, dont l' apogée date de la première décennie du XXIème siècle, s'inverse progressivement en son contraire, la démondialisation et la réémergence du politique. C'est le moment culminant du monde unipolaire.

La démondialisation, l'irruption du politique et l'ère des ruptures

La démondialisation est l'irruption de la politique dans un monde dépolitisé, l'éveil des oppositions anti-système au cœur de cadres politiques exsangues, neutralisées par la bifurcation d'économie et d'éthique, sous laquelle se cache toujours une pluralité de projets de domination, d'exclusion et de puissance .

En effet, si la mondialisation fut, à l'Est, la conséquence libératrice de la fin du monde bipolaire et des régimes totalitaires (chute du mur de Berlin et fin de la division de l'Europe), elle fut aussi la mère anesthésiante, à l'Ouest, d'une grande illusion, celle d'un monde post-historique, post-national et post-identitaire, un monde dépossédé des passions humaines, culturellement aliéné et embrigadé par l'Amérique.

Ainsi, la démondialisation apparaît aujourd'hui, au plan de la connaissance, comme un retour de l'histoire, de l'existence tragique du monde, de la "jealous emulation", de l’État national et de la souveraineté décisionnelle. Elle est aussi le retour, en Europe, de la différenciation, civilisationnelle et raciale, par opposition à un univers indifférencié, homogène, d'apparence universelle et dissimulateur des ennemis, déclarés et visibles.

La mondialisation a désarmé les nations européennes par son utopie de reconstruction du monde sans effusion de sang et par la négation du sens de la violence armée et des conflits militaires; négation irénique, portée par les fils des fleurs dans la célébration mythique de la culture hippie de Woodstock à la fin de la guerre du Vietnam, par les sitt-in des campus américains et par la vocation déstructurante de Mai 68.

Et enfin la mondialisation a étreint l'Europe, spirituellement amorphe, entre l'Amérique impériale et l'immense Eurasie des tsars, de l'Empire du milieu et du Soleil Levant.

Peuple, populisme et nouveau "compromis historique"

Au sein des vieux cadres institutionnels, l'irruption du politique a sonné, en Europe, l'éveil des peuples, sous la bannière inattendue du populisme, suggérant l'exigence d'un nouveau compromis historique entre le demos et les élites.

C'est au plan spirituel et historique que la démondialisation représente au fond l'achèvement de l'ère des neutralisations et des dépolitisations, débutée il y a deux siècles et le retour aux antithèses de la démocratie et de l’État constitutionnel libéral, faisant de l'évolution de la forme d’État, un piler de référence et de protection, qui, parti de l’État absolu du XVIIIème, a abouti d'abord à l’État neutre ou non interventionniste du XIXème, puis à l’État total du XXème et enfin à l’État gestionnaire d'aujourd'hui.

Ce type d’État a égaré sa raison d'être profonde, la sécurité des citoyens et l'identification de l'ennemi et recouvre désormais la représentation d'un demos hostile et islamisé, conjuguant,en sa forme fusionnelle, l'irrationalisme éthique des religions et le fanatisme fondamentaliste des idéologies.

Par ailleurs, la société civile est devenue la proie de cet ennemi intérieur, un conglomérat étranger, invasif, déraciné et violent, politiquement enhardi contre les intérêts et les besoins, mais aussi les convictions, les valeurs et les formes culturelles de vie, appartenant aux traditions européennes, détournées de la civilisation occidentale.

Le peuple, menacé de désagrégation par une immigration massive, a-t-il voté pour sa mise à mort démographique?

De figure secondaire et apparemment inessentielle à la mondialisation, l’État souverain est devenu à nouveau incontournable et le "peuple" resurgit contre la démocratie, convertie en utopie diversitaire et en régime mis sous tutelle par les juges et par leurs sanctions liberticides.

Le "peuple", cette figure exaltée et honnie de l'histoire, fera-t-il table rase de la "révolution" multiculturelle, en sujet vengeur de son aliénation forcée et en réaction à sa mise à mort identitaire ? Une mort qui commence par la dissolution de son histoire et de son passé, promue par le gauchisme intellectuel et par le recours à une "histoire métissée" (P. Boucheron).

Sera-t-il cagoulé et corseté, dans la chemisole de force d'une souveraineté des élites, affranchie de tout contrôle référendaire et échappant à la colère du "souverainisme" populaire?

Une insurrection d'ampleur mondiale (Ivan.Krastev) apparaît de moins en moins comme une hallucination intellectuelle, car la réponse à l'irruption du politique à l'âge de la démondialisation se résume à la question : "l'Ouest doit-il adopter ou refuser  la démocratie illibérale théorisée à l'Est?"

La démocratie illibérale et l’État souverain, entre compétition économique et compétition politique

Or, si la fonction du politique se transforme dans les démocraties avancées, la démondialisation fait du peuple un acteur incontournable des contre-pouvoirs, un sujet de changement qui arrive au pouvoir, pour restaurer la démocratie trahie par les élites cosmopolites.

En termes politiques, la mondialisation a représenté la dissolution et le déclin de l’État classique européen, celui du "Jus publicum Europaeum", comme cadre des relations inter-étatiques, qui s'est fragmenté et polarisé depuis. Ce cadre, dominé par les appétits de puissance, demeure celui de toujours, le champ d'une compétition belliqueuse, où l'état d'hostilité et de guerre peut reprendre à tout instant, puisque, dans le monde des Léviathans, "Pugna cessat, bellum manet" (le combat cesse, mais la guerre demeure).

Ainsi, en guise de synthèse, si la mondialisation a été emblématisée par la chute de la bipolarité et la financiarisation de l'économie mondiale, russe et chinoise, la démondialisation représente la crise politique et morale de ce système et ouvre sur  une série de conflits qui se succèdent et s'installent dans la durée, de nature ethnique, sociale et  géopolitique: en Europe, le Brexit, l’Ukraine, l'invasion migratoire et, à proximité immédiate, la Syrie, l'Irak, l"État Islamique, la Turquie, reconfigurant les alliances et secouant leurs fondements et leurs principes (l'Otan en état de mort cérébrale - E.Macron).

Dans le système international, le déplacement du centre de gravité du monde de l'Ouest vers l'Est et, en ce qui concerne l'Occident, la rupture de légitimité entre les peuples et leurs élites et la crise de l’État démocratique, ajoute à ces critères, un épuisement des formes dominantes de pensée, qui quittent le terrain de la morale humanitaire et des droits de l'homme, pour s'orienter, dans les relations inter-étatiques, vers le réalisme et, dans les relations internes, vers le conservatorisme et le populisme.

A ce sujet,une nouvelle séparation prend forme en Europe entre les États libéral-démocratiques de l'Ouest et les États illibéraux de l'Est.

La fin du "statu quo " et la critique de la modernité

En effet, la crise du mondialisme et l'inversion de son son procès, la démondialisation, marquent la fin de la légitimité du "statu quo" et celle de l'institution qui l'emblématise, l'Union Européenne, puissance antithétique aux mouvements de l'histoire.

Or, dans l'impossibilité de faire revivre le passé, se pose l'éternelle question de toute impuissance politique: "Que faire face à l'avenir?"

La restauration du passé est donc une restauration du mouvement de l'histoire , le refus du primat de la société civile sur l’État et le retour des passions politiques, populaires et nationales. C'est aussi le retour du religieux qui structure le rapport au monde du sujet collectif et qui appelle à la critique de la modernité radicale et à l'esprit de déconstruction qui l'accompagne

Comme inversion du pouvoir globalisé, la démondialisation met en crise les tyrannies modernes, déconnectées du réel, dispersées en oligarchies solidaires et dressées contre les intérêts des "peuples".

La "gnosis globalisante", la vengeance de l'histoire et le temps des orages

Aux grandes portes de l'avenir, l'optimisme le plus débridé s'attend à un nouveau krash mondial, signalé par la névrose d' un ralentissement économique synchronisé et par une démondialisation étendue.

Celle-ci comporte l'enchaînement disruptif de trois arcs de crise, du Sud-Est asiatique, du Proche et Moyen Orient et de l'Europe de l'Est, secoués par une confrontation des modèles économiques, sociétaux et culturels, que le choc de civilisations, opposant Orient, Occident et Islam, aggravera avec force incendiaire.

Ainsi le siècle que nous vivons verra la coexistence d'une nouvelle guerre froide, d'une confrontation globale permanente et d'une lutte de classe des peuples et des nations, à l'échelle continentale.

L'âge des révolutions et des guerres civiles n'est pas terminée, car une immigration massive et incontrôlée fera de la démographie, de la religion et de la culture le terrain privilégié d'un affrontement, armé et violent, où se décidera du sort de l'Occident.

Portant atteinte à l'être des nations, la "gnosis globalisante", ouvrira un horizon de vide intellectuel sur la fin d'un monde, travaillé confusément par la déconstruction du passé et par la recherche d'une espérance, qui était assurée autrefois par les grandes métaphysiques et promise, puis trahie, par les trois concepts-clé de la modernité et de la révolution des Lumières, "liberté, égalité, fraternité".

Pendant ce temps, à l'âme corrompue et malade, le monde européen, abandonné par sa civilisation, connaîtra la déshérence existentielle, avant le moment des orages et la vengeance de l'histoire.

 

Bruxelles, le 9 novembre 2019

Alexandre DOUGUINE: Principles for Comprehending Chinese Civilization

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Principles for Comprehending Chinese Civilization

Ex: https://www.geopolitica.ru

China is recognized to be an independent and unique civilization by virtually everyone, and therefore there is no need to prove this. Rather, we are faced with attempting to reveal the structure of this civilization’s Logos and to determine as much as is possible its geosophical map both within the borders of China and beyond, as well as in its dialogue with neighboring civilizations.

Chinese culture has exercised an enormous and at times decisive influence on neighboring peoples, first and foremost on Korea, Vietnam, and Japan, all of which during certain eras held themselves to be part of Great China – not in the sense of political unity, but as indelible and organic parts of Chinese civilization and the Chinese horizon. This horizon also substantially impacted the peoples of Tibet as well as the nomads of Turan bordering China from the North. Moreover, we can encounter definite influences of the Chinese element among the peoples of Indochina and South-East Asia, such as in Cambodia, Laos, Myanmar, Thailand, Malaysia, as well as, although to a lesser extent, Indonesia and the Philippines.

On the other hand, China itself has in some cases re-translated tendencies and influences originating in other civilizations. China was heavily influenced by the peoples of Turan, who often came to form the core of the ruling elites (such as among the Xianbei, the Mongols, the Manchurians, etc).[1] In the most ancient periods of Chinese history, the Indo-European factor was significant, as the Indo-Europeans remained the main force of the Eurasian Steppe up to the first few centuries AD.[2] It is from the Indo-Europeans that the ancient Chinese borrowed the horse, the chariot, and a number of cultural forms, above all the art of war, which the Indo-Europeans of Turan had developed with priority. 

Also Indo-European in semantics and origins was Buddhism, which became widespread in China from the first to third centuries AD and came to constitute an important component of the Chinese tradition. Buddhism spread to China directly from India [3], as well as from Central Asia and the Tarim Basin, which were inhabited by Indo-European peoples. A certain role in this process was played by Tibet which, on the one hand, itself experienced Chinese influence while, on the other hand, represented a civilization in which the Indo-European vector was decisive.[4]

In studying China, we can apply our traditionally employed methodologies of civilizational analysis which have helped us to attain the level of ultimate generalizations which we have in the topography of noology.[5] If we succeed in hinting at the priorities in the noological structure of Chinese civilization, if we can approach the revelation of the main characteristics (existentials) of the Chinese Dasein, and if we can reveal just which Logos or Logoi of the three main ones is dominant in China, then we will consider our task to be fulfilled. 

The Significance of the Works of Marcel Granet: “We, Chinese” 

In unraveling the intricacies of the deeply original, unparalleled, unique Chinese culture, we will be guided by the works of an author who, from our point of view, while himself a European, nevertheless maximally profoundly delved into this culture’s structures and provided a most reliable description of it. We have in mind the French sociologist Marcel Granet (1884-1940), who devoted all of his scholarly life to studying China. Granet built his methodology along the following principles: 

  1. Western European authors studying China have all, without exception, proceeded in their interpretations from the Eurocentric positions and paradigms of Modernity, reinterpreting social relations, political ideas, philosophical terms, religious practices, and so on in their own key, and thereby constructing an artificial Chinese historial seen from the position of either a detached observer nevertheless claiming universalism and truth in the final instance, or from direct (even if unconscious) colonial attitudes. Thus, any European interpretations will certainly remain within the paradigmatic treatment of China as a “society of barbarians”, that category into which all developed (“non-savage”) civilizations qualitatively differing in their structures from the European societies of Modernity automatically fall. Thus, Eurocentric Orientalism is one-sided, biased, and unreliable.
  2. Chinese historians themselves, in reflecting on the essence and structures of their civilizations, have erected an historial founded on one or another dynastic, philosophical, ideological, or at times religious preference, which also thereby presents a one-sided and ideologized version that cannot be taken as the final truth, and which must be constantly verified and corrected. 
  3. We are left with pursuing a third way, that of immersion into Chinese civilization, its language, history, philosophy, customs, rites, art, politics, and society as a whole, attempting to identify its immanently inherent patterns on the basis of sociological and anthropological methodologies, and trying to adhere as close as possible to how the Chinese understand themselves without losing sight of the distance necessary for correcting social self-consciousness (the collective consciousness a la Durkheim) with regards to the general process of its historical changes and dynastic, religious, and geographical versions and alternatives. 

Marcel Granet’s method applied towards China is in many respects similar to that of Henry Corbin (1903-1978) in his deep study of Iranian and Irano-Islamic civilization, a methodology which Corbin himself called the “phenomenology of religion.”[6] It is impossible to correctly describe a society’s self-consciousness if it is deliberately held that everything in which they themselves believe is “ignorant prejudice” or “empty chimeras.” Yet China can be understood only upon taking the position of the Chinese, agreeing to consciously trust how they see the world and just which world they constitute with their view. Just as Corbin said in his study of Iranian Shiism “We, Shiites”, Marcel Granet could well say of himself “We, Chinese” without any intention of irreversible altering his identity from being European to Chinese. In studying Chinese identity, European (or in our case Russian) identity ought, temporarily and in accordance with quite specific anthropological and sociological methodologies, be forgotten, so as to later (insofar as one desires) return to such, being enriched with radically new and previously inconceivable civilizational and even existential experience. 

In his approach, Marcel Granet combined the holistic sociology of the Durkheim school and the methodologies of the “annals school”, which resulted in the conceptualization of society as a whole phenomenon and the treatment of the changes in society’s structure over the course of long historical periods not as differing, strictly discontinuous periods, with which conventional historical chronicles usually operate, but as processes of continuous and gradual mutations. The foundations of this methodology were substantiated in detail by Fernand Braudel with his famous concept of the “long durée.”[7] Granet devoted a number of fundamental works to China, namely: The Ancient Festivals and Songs of ChinaThe Religion of the ChineseThe Dances and Legends of Ancient ChinaSociological Studies on China, and his two generalizing and most important works, Chinese Civilization and Chinese Thought.[8-13]

Georges-Albert de Pourvourville and the Traditionalists 

In addition to Granet, a substantial contribution to the comprehension of Chinese civilization has been supplied by Georges-Albert Puyou de Pourvourville (1862-1939), who wrote under the name Matgioi and studied Chinese civilization from within, spending many years in China. Pourvourville-Matgioi was initiated into the Taoist tradition by a Chinese teacher and passed on his acquired knowledge in his works on Chinese metaphysics, The Rational Way and The Metaphysical Way, in his books The Middle Empire and The China of the Learned, and in his translations of Lao Tzu’s Tao Te Ching and Quangdzu’s The Spirit of the Yellow Race.[14-19] Another outstanding Traditionalist, Julius Evola (1898-1974), subsequently translated the Tao Te Ching into Italian.[20]

Pourvourville formulated his aim in the following words:

“I shall try to reveal to the Western twentieth century this treasure, hidden for five thousand years and unknown even to some of its keepers. But first I wish to establish the main features of this tradition, by virtue of which it is the first and, as follows, the true Tradition, and to mainly determine, by way of the tangible evidence accessible to man which this tradition’s authors have left us, how the relics of this tradition date back to the era when in the forests covering Europe and even the West of Asia wolves and bears were nearly no different from people who, clothed like them in skins, devoured coarse flesh.”[21]

Matgioi thus emphasized that he believed the Chinese tradition to be the most ancient and primordial (similar to how other Traditionalists, such as Guénon and Coomaraswamy, saw the Primordial Tradition in Hinduism). At the same time, Pourvourville-Matgioi did not simply try to prove that the Chinese tradition is comparable to the European but, as can be seen in the preceding passage, he was convinced that in all of its completeness, depth, and antiquity, it was superior to European culture as a whole, not to mention the European culture of Modernity, which Traditionalists univocally regard as degenerate and in decline. 

Pourvourville was close to René Guénon (1886-1951), the founder of European Traditionalism, and was one of Guenon’s main sources of acquaintance with the Chinese tradition. Guénon himself devoted a fundamental work, The Great Triad, to Chinese metaphysics, and therein largely relied on the ideas of Matgioi.[22] Matgioi and Guénon’s works are important in that they approach Chinese metaphysics from within, accepting the religious point of view of the Taoist tradition to the extent that such is accessible to people of European culture. Further important accounts of the Chinese spiritual tradition are contained in the works of the historian of religions and author close to Traditionalism, Mircea Eliade (1907-1986), particularly his work Asian Alchemy,  a considerable portion of which is devoted to the Chinese tradition.[23]

The Han Horizon: The People of the Milky Way

As is the case with any people, in examining the Chinese it is difficult to definitively determine just which layer of identity, which is necessarily multilayered and dialectically changing in its proportions over time, ought to be taken as our point of reference. Without a doubt, we are dealing with a civilization, and this means with a formalized and reflexive Logos embodied in philosophy, tradition, culture, politics, and art. In antiquity Chinese civilization achieved full disclosure, that is to say the Ausdruck stage in Leo Frobenius’ terminology. We can study this Logos, analyze and comment on it by studying and systematizing its elements and layers. In and of itself, this is already an extremely complex task, as Chinese civilization has gone through multiple principal phases entailing qualitative semantic shifts and, as follows, substantial adjustments have been ingrained into the fundamental paradigm of the Chinese Logos. 

As we have shown in the volume of Noomakhia dedicated to Geosophy, the Logos of Civilization represents the highest layer of civilizational formation, from the “sowing” of the principal vertical Logoi (of Apollo, Dionysus, and Cybele) to its yields and crops in the form of culture. The Logos is the final stage when the yields of culture are harvested over the final stage of the agrarian cycle. At the base of civilization lies a cultural or existential horizon, or Dasein (in this case the Chinese Dasein). The latter precedes the formation of civilization, but is at the same time its semantic foundation. Dasein, as an existentially understood people, as an existing people (whose existing presupposes history, i.e., time) also presupposes Logological structures on which it is founded. [24-25] Therefore, we must study Chinese civilization by constantly taking into account the existential foundations on which it has been erected. 

Yet in order to correctly examine and interpret the Chinese historial, i.e., the forms of the historical being of this people, it is necessary to discern the main horizon to act as the semantic axis taken as the point of reference. This always requires a choice, insofar as every horizon is complex, composite and is co-participated in simultaneously by multiple sub-horizons or layers with often differing noological orientations and trajectories. Thus, from the very outset, we must make a choice and recognize as the main existential core one Dasein which will be the “subject” of this historial. In the case of the Chinese horizon, the Han should be considered this axis as the people embodying the Chinese Logos that built this civilization, this Empire, and its special Chinese world. 

The Han people emerged as a self-designation only with the Han Dynasty from 206-220 BC, which replaced the short-lived Qin Dynasty, when the unification of Chinese territories was accomplished. The name “Han” (Chinese: ) literally means “Milky Way”, which points towards the symbolic connection between Han identity, the sky, and cyclical movement.[26] In the Qin and Han eras, different tribes inhabiting the territory China and belonging predominantly to the Sino-Tibetan language group began to recognize their unity – culturally, historically, religiously, and so on. It is also evident that a certain unity of tradition was necessarily characteristic of even earlier forms of tribal associations, such as in the Zhou and more ancient periods, memory of which was imprinted in myths and legends. In any case, it is the Han people that ought to be taken, in a broad sense, as the foundational pole of the Chinese historial. We can define the earlier stages of the Han historial as proto-Han, after which Han identity later began to spread to neighboring horizons both within China and beyond, thereby including in the composition of its Dasein other ethnic and cultural groups. Yet at all of these stages, we are dealing with a semantic whole that is predominant and dominant in the space of Chinese history and Chinese geography. The Han Chinese are the subject of Chinese civilization, and they can be regarded as the main bearers of the resulting Logos, whose noological nature we are tasked with discerning over the course of our study. 

Therefore, the phenomenological formula by which we shall be guided should be clarified: moving from “We, Chinese” to “We, Han” reflects our intention to be in solidarity with the Han Dasein in the reconstruction of the Chinese historial and to look through its eyes at the history, mythology, politics, and religion of China.

Footnotes:

[1] Alexander Dugin, Noomakhia: The Horizons and Civilizations of Eurasia – The Indo-European Legacy and the Traces of the Great Mother (Moscow: Academic Project, 2017)

[2] Alexander Dugin, Noomakhia: The Logos of Turan – The Indo-European Ideology of the Verticle (Moscow: Academic Project, 2017)

[3] Alexander Dugin, Noomakhia: Great India – Civilization of the Absolute (Moscow: Academic Project, 2017)

[4] Dugin, Noomakhia: The Horizons and Civilizations of Eurasia

[5] Alexander Dugin, Noomakhia: Geosophy – Horizons and Civilizations (Moscow: Academic Project, 2017).

[6] Ibid. See also: Alexander Dugin, Noomakhia – Wars of the Mind: The Iranian Logos: The War of Light and the Culture of Awaiting  (Moscow: Academic Project, 2016)

[7] Braudel F. Écrits sur l’histoire. Paris: Arthaud, 1990. See also: Alexander Dugin, Noomakhia: Geosophy

[8] Granet М. Fêtes et chansons anciennes de la Chine. Paris: Albin Michel, 1982.

[9] Granet M. La Religion des Chinois. Paris: Albin Michel, 2010.

[10] Granet M. Danses et légendes de la Chine ancienne. Paris: Les Presses universitaires de France, 2010.

[11]Granet M. Études sociologiques sur la Chine. Paris Les Presses universitaires de France, 1953.

[12] Granet M. Китайская цивилизация. Moscow: Algoritm, 2008.

[13] Granet M. Китайская мысль от Конфуция до Лао-цзы. Moscow: Algoritm, 2008.

[14] Matgioi. La Voie Rationnelle. Paris: Les Éditions Traditionnelles, 2003.

[15] Matgioi. La Voie Métaphysique. Paris: Les Éditions Traditionnelles, 1991

[16] Matgioi. L’Empire du Milieu. Paris: Schlercher frère, 1900.

[17] Matgioi. La Chine des Lettrés. Paris: Librairie Hermétique, 1910.

[18] Le Tao de Laotseu, traduit du chinois par Matgioi. Milano: Arché, 2004.

[19] L’esprit des races jaunes. Le Traité des Influences errantes de Quangdzu, traduit du chinois par Matgioi. Paris: Bibliothèque de la Haute Science, 1896.

[20] Evola J. Tao te Ching di Lao-tze. Roma: Edizioni Mediterranee, 1997. Другие тексты Эволы о даосизме собраны в небольшой брошюре «Даосизм»; Evola J. Taoism. Roma: Fondazione Julius Evola, 1988.

[21] MatgioiМетафизический путь, p. 41 —42.

[22] Guénon R. La Grande Triade. Paris: Gallimard, 1957.

[23] Eliade М. Азиатская алхимия. М.: Янус-К, 1998.

[24] Dugin, Noomakhia: Geosophy – Horizons and Civilizations 

[25] Dugin А.G. Мартин Хайдеггер. Последний Бог [Martin Heidegger: The Last God]. Мoscow: Academic Project, 2015.

[26] It is also possible that the name of the Han Dynasty was derived from the river Hanshui or Han River which runs through Central China. 

Translator: Jafe Arnold

Chapter 1 of Noomakhia – The Yellow Dragon: The Civilizations of the Far East (Moscow: Academic Project, 2018)

mardi, 19 novembre 2019

Les États-Unis préparent une autre Révolution de Couleur en Géorgie pour l’année prochaine

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Les États-Unis préparent une autre Révolution de Couleur en Géorgie pour l’année prochaine

Ex: https://www.mondialisation.ca
 

L’ex-République Soviétique de Géorgie risque d’être victime d’une autre Révolution de Couleur soutenue par les États-Unis si le nouveau parti politique du banquier Mamuka Khazaradze parvient, d’ici les élections législatives de l’année prochaine, à obtenir un soutien suffisant pour renverser le parti au pouvoir, le Rêve Géorgien, devenu selon Washington beaucoup trop pragmatique envers Moscou. Un évènement qui pourrait avoir des implications énormes non seulement pour la Russie, mais également pour ses partenaires chinois et turcs.

Le port de la discorde

Le banquier géorgien Mamuka Khazaradze, co-fondateur de la plus grande banque universelle du pays et à l’origine du projet du port d’Anaklia, s’est récemment disputé avec le gouvernement après avoir été accusé de blanchiment d’argent et a donc décidé de former son propre parti politique appelé « Lelo » dans le but de renverser ses opposants lors des prochaines élections parlementaires. Ce ne serait pas en soi un événement digne d’une attention internationale s’il n’y avait le fait que l’ambassade des États-Unis en Géorgie lui a manifesté son soutien après que les accusations aient été portées et a réitéré qu’elle continuerait également de soutenir son projet du port d’Anaklia. À propos de cet investissement, il est prévu comme le plus important de l’histoire du pays et prévoit la création d’un port en eau profonde pour faciliter le commerce sino-européen. C’est une idée intéressante en principe qui était auparavant appuyée par le gouvernement, mais les autorités ont rechigné à répondre aux demandes de créanciers internationaux potentiels qui leur demandaient de garantir les centaines de millions de dollars de prêts qui seraient nécessaires à sa réalisation.

L’argument contre Anaklia

C’est une position suffisamment raisonnable pour que l’État l’adopte, compte tenu des risques que comporte le projet du port d’Anaklia. D’un côté, on peut faire valoir qu’il y a certainement une demande de transport maritime à travers la Mer Noire le long des nombreuses Nouvelles Routes de la Soie de la Chine, mais de l’autre, on peut aussi avancer que les coûts dépassent de loin les recettes prévues si l’on considère que la République Populaire prévoit également d’utiliser la route maritime de la Route de la Soie Arctique, le pont terrestre eurasien, le Corridor Central et les routes maritimes traditionnelles des Océans Pacifique-Afro-Asiatique (« Indien ») et de la Mer Méditerranée, car il est peu probable qu’elle en vienne à dépendre suffisamment d’Anaklia pour justifier ce projet massif. Il est vrai que sa Banque Asiatique d’Investissement dans l’Infrastructure (AIIB) est l’un des bailleurs de fonds, mais c’est plus par intérêt financier que pour des raisons trop stratégiques. Le modus operandi de la Chine est de toujours avoir accès à autant de corridors commerciaux que possible afin d’éviter de dépendre d’un corridor donné, il n’est donc pas surprenant qu’elle ait le capital disponible pour financer un autre corridor.

Le problème, cependant, est que les États-Unis s’intéressent également au port d’Anaklia et ont l’intention d’en faire une alternative potentielle au pont terrestre eurasien et au Corridor Central, le premier passant par le Kazakhstan, la Russie et la Biélorussie, le deuxième par l’Asie Centrale et le Caucase, par la Mer Caspienne puis la Turquie pour rejoindre l’UE. Du point de vue logistique, il s’agit déjà d’un noeud d’étranglement possible pour le chargement et le déchargement des marchandises dans les ports de la Mer Caspienne, il n’est donc pas très efficace de répéter ce processus à Anaklia lorsque les marchandises transitant par l’Azerbaïdjan peuvent simplement continuer sur la nouvelle ligne ferroviaire Bakou-Tbilissi-Kars sur la route de l’UE. Il en va de même pour ce qu’il s’agit du pont terrestre eurasien unimodal relativement plus économique en termes de coûts et de temps que la Russie facilite grâce à ses travaux en cours sur la Meridian Highway qui réduira le temps de déplacement dans le pays. En tant que tel, il est tout à fait compréhensible que l’État ne veuille pas soutenir ce projet risqué, même si c’est ce désaccord entre le parti au pouvoir et Khazaradze que les États-Unis exploitent.

Les récits US d’Infowar

L’insinuation d’influence US dont nous parlons réside ici : le fondateur du parti au pouvoir, le Rêve Géorgien, et l’actuel leader de facto du pays, Bidzina Ivanishvili, est beaucoup trop pragmatique envers Moscou. Le refus du gouvernement de souscrire aux prêts internationaux du projet du port d’Anaklia est considéré comme une prétendue « preuve » qu’il « fait le jeu de la Russie » en « sabotant » un projet qui pourrait concurrencer son port voisin de Novorossiysk et la couper de la connexion transcontinentale de la Route de la Soie en Chine. Ces récits de guerre de l’information naissants sont tout à fait trompeurs car ils détournent l’attention du fait que le port d’Anaklia est au mieux d’une viabilité économique douteuse et n’est probablement qu’un moyen « patriotique » pour Khazaradze de s’enrichir encore plus en un clin d’œil et un signe de tête de ses partenaires US au détriment du reste de la population. Si le gouvernement lui donnait ce qu’il voulait, les contribuables auraient probablement à payer pour le projet s’il ne se déroulait pas comme prévu.

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Du port « stratégique » au piège à dettes de la Révolution de Couleur

Ce scénario nécessiterait en fin de compte une réduction des dépenses sociales pour compenser ses engagements financiers internationaux et peut-être même demander des prêts à la Banque Mondiale et à d’autres institutions soutenues par les États-Unis si elle n’en avait pas les moyens, aggravant encore la crise économique imminente que les États-Unis pourraient plus tard exploiter avec facilité par une révolution de couleur pour changer de régime. Il n’y a pas de scénario réaliste selon lequel le port d’Anaklia remplacerait le pont terrestre eurasiatique russe ou le Corridor Central, et encore moins un scénario dans lequel ce projet serait suffisamment rentable pour que le peuple géorgien justifie que son gouvernement garantisse les prêts que Khazardze recherche, mais Washington veut que Tbilissi s’y engage à cause de son optique prétendument anti-russe et turque, ainsi que de l’intention des États-Unis de voir la Géorgie piégée dans la dette et faciliter le prochain scénario de changement de régime par des moyens « électoraux » ou par une révolution de couleur en plan de secours. Pour en revenir au présent, on peut donc conclure que le projet du port d’Anaklia est un différend économique interne qui a depuis été exploité à l’étranger par les États-Unis à des fins politiques et stratégiques.

Le nouveau parti politique de Khazardze entre en jeu parce qu’il pourrait fonctionner à la fois comme la faction la plus radicale de l’opposition hyper-nationaliste (qui pourrait mener des émeutes anti-russes à l’avenir comme celles qui ont éclaté cet été) et comme le coin qui divise les deux principales forces politiques du pays et crée ainsi une opportunité pour devenir le faiseur de roi post-électoral dont le parti dirigeant pourrait être forcé de dépendre et faire ainsi des concessions si les élections parlementaires de l’année prochaine ne remportent pas une majorité convaincante. Les États-Unis sont fermement contre Ivanishvili parce qu’ils le considèrent comme « trop amical » avec la Russie, ce qui incite les néoconservateurs de « l’État Profond » US qui ont une haine pathologique découlant de leur rivalité de l’Ancienne Guerre froide et sont convaincus de la théorie du complot russe selon laquelle le Président Poutine contrôle Trump à ce jour. Il est intéressant de noter que les élections législatives doivent avoir lieu d’ici octobre 2020, mais quelle que soit le moment où elles aient lieu, elles se tiendront quand même au cours d’une année électorale décisive pour les États-Unis et pourraient ainsi créer une crise internationale fabriquée par un « État Profond » pour pousser Trump à adopter une ligne plus dure envers la Russie.

Réflexions finales

La Géorgie est un pays peu réfléchi qui a une importance stratégique démesurée pour la Russie, la Chine, la Turquie et les États-Unis. La Russie a intérêt de maintenir des relations pragmatiques avec l’État contre lequel il a mené une guerre défensive en 2008, après que ses dirigeants de l’époque aient tué des soldats de la paix et des civils russes dans une attaque nocturne non provoquée contre ses deux régions autonomes à l’époque, tandis que la Chine et la Turquie considèrent le Caucase comme une région de transit crucial pour faciliter leur commerce sur la Route de la Soie. Les États-Unis, cependant, se rendent compte qu’ils pourraient jeter la Géorgie dans le chaos relativement facilement afin de nuire aux intérêts de ses trois rivaux susmentionnés en compromettant la sécurité physique de la Russie par une crise à sa frontière sud et l’émergence possible d’un gouvernement hyper-nationaliste, sur le modèle de l’Ukraine post-Maidan, tout en jetant un obstacle au beau milieu du Corridor Central de la Chine en interrompant potentiellement le commerce dans le Caucase. Dans l’ensemble, cela signifie que le résultat de la crise politique latente en Géorgie provoquée par les États-Unis pourrait avoir un impact disproportionné sur la stabilité eurasienne, et c’est pourquoi les observateurs devraient continuer de suivre de près l’évolution de la situation dans ce pays au cours de l’année à venir en vue des prochaines élections.

Andrew Korybko

Article original en anglais :

Georgia: Is the US Preparing Another Color Revolution?

Traduit par Réseau International

samedi, 16 novembre 2019

Geopolítica del hispanismo

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Geopolítica del hispanismo

José Alsina Calvés

Sobre el papel de España y la Hispanidad en el mundo globalizado

Ex: http://nodulo.org

Introduccion

La historia de la geopolítica se remonta al geógrafo alemán Friedrich Ratzel (1844-1904) y sus intentos de crear un puente entre las ciencias naturales con las políticas y sociales. Influido por el darwinismo, publicó en 1879 el libro Geografía Política donde interpretaba los datos de la geografía y la antropología a la luz de la selección natural y la evolución.

Discípulo de Ratzel fue el sueco Rudolf Kjellen (1864-1922) que utilizó por primera vez el término “geopolítica”. Profesor de la Universidad de Upsala, publicó en 1916 El Estado como forma de vida en el cual describía al Estado como un organismo partiendo de una biología social y no de una simple mecánica{1}.

Para ambos autores, el Estado, concebido como un organismo, tiene todas las características biológicas. Si un organismo es algo más que una suma de órganos o una suma de células, el Estado es más que “la suma de los ciudadanos”. Analogías parecidas encontramos en Jacob von Uexküll{2}.

Otra figura destacable de la geopolítica es el inglés Halford J. McKinder (1861-1947), creador del concepto de Heartland (corazón de la Tierra), muy utilizado por Dugin. Sin embargo la figura clave en el desarrollo de la geopolítica fue el alemán Karl Haushofer (1869- 1946).

Karl Haushofer

Nació el 27 de agosto de 1869 en Múnich y eligió la carrera militar{3}. En 1890 es ya oficial de artillería en la armada bávara, y se casa con Martha Mayer-Doss, mujer de origen judío, lo que más tarde le va a dar problemas políticos con el régimen nacional-socialista.

En 1904 es ya profesor de la Academia de guerra, y en 1908 es enviado al Japón para organizar allí la armada imperial. De su experiencia japonesa publicará su primer libro en 1913, Dai Nihon (el Gran Japon). Estudia geografía en la universidad de Múnich, donde presentará su tesis doctoral sobre los mares internos del Japón en 1919.

Karl_Haushofer,_circa_1920.jpgGran amigo de Rudolf Hess, colaborará con el NSDAP y con el régimen nacional-socialista, pero pronto surgirán diferencias. En 1944 es detenido e internado en Dachau. Su hijo Albretch, que había ocupado cargos importantes en la diplomacia alemana, es asesinado por los nazis. A pesar de todo ello, concluida la II Guerra Mundial, las autoridades de ocupación americanas la retiran su título de profesor honorario y su derecho a una pensión. Junto con su esposa se suicidó el 10 de marzo de 1946.

Haushofer abogó por la superación de los pequeños nacionalismos y por la construcción de grandes espacios continentales. Trabajó por la colaboración de europeos, rusos y japoneses en la formación de una gran alianza euroasiática, cerrada a la influencia inglesa y americana.

Realizó un importante trabajo teórico sobre las fronteras. Para Haushofer las fronteras son fenómenos biogeográficos, que deben ser pensadas, concebidas y trazadas con un enfoque pluridisciplinar y no meramente jurídico.

Haushofer abogó no solamente con la alianza alemana con Japón, sino por el apoyo activo a los pueblos sometidos al Imperio Británico ( árabes, hindúes) en una alianza contraria al Imperio Talasocrático{4} representado por Inglaterra y, después, por Estados Unidos. Los prejuicios racistas de Hitler y otros dirigentes del NSDAP no vieron con buenos ojos estas propuestas. Hitler estaba obsesionado por conseguir una alianza con Inglaterra, pues consideraba “arios” a los ingleses, mientras que despreciaba a los asiáticos e incluso a los eslavos, a los que consideraba “razas inferiores”.

El Heartland o “Corazón de la Tierra”

El concepto geopolítico de Heartland fue introducido por Mackinder{5}, y ligado a la existencia geográfica de cuencas endorreicas, es decir, grandes cuencas fluviales que desembocan en mares cerrados (Mar Caspio, Mar Negro). Heartland procede del inglés heart (corazón) y land (tierra), siendo quizás "tierra nuclear" o "región cardial" las traducciones castellanas más aproximadas. El Heartland es la suma de una serie de cuencas fluviales contiguas cuyas aguas van a dar a cuerpos acuáticos inaccesibles para la navegación oceánica. Se trata de las cuencas endorreicas de Eurasia Central más la parte de la cuenca del Océano Ártico congelada en la Ruta del Norte con una capa de hielo de entre 1,2 y 2 metros, y por tanto impracticable buena parte del año ―salvo para rompehielos de propulsión atómica (que sólo la Federación Rusa posee) y similares embarcaciones

La regla de oro de Mackinder podría traducirse como "Quien una a Europa con el corazón de la tierra, dominará el corazón de la tierra y por tanto la Tierra". El Heartland carece de un centro neurálgico claro y puede definirse como un gigantesco y robusto cuerpo en busca de un cerebro. Dado que entre el Heartland y Europa no hay barreras geográficas naturales (cadenas montañosas, desiertos, mares, &c.), la cabeza más viable para el Heartland es claramente Europa, seguida a mucha distancia por China, Irán e India.

La marcha de la humanidad europea hacia el corazón de Asia culminó cuando la cultura griega se introdujo en la mismísima Mongolia: hoy el idioma mongol se escribe con caracteres cirílicos, de herencia greco-bizantina, significando que la caída de Constantinopla en realidad proyectó la influencia bizantina mucho más al Este de lo que los emperadores ortodoxos jamás hubieran podido imaginar. Sin embargo, la tarea de Europa no termina aquí, ya que sólo Europa puede acometer la empresa que convierta al Heartland en el potente espacio cerrado profetizado por Mackinder.

Para poder profundizar en el tema, es necesario familiarizarnos con la cosmogonía mackinderiana, que dividía el planeta en varios dominios geopolíticos claramente definidos.

• La Isla Mundial es la unión de Europa, Asia y África, y lo más parecido que hay en las tierras emergidas a Panthalasa u Océano Universal. Dentro de la Isla Mundial se encuentra Eurasia, la suma de Europa y Asia, que es una realidad tanto más separada de África desde la apertura del canal de Suez en 1869, que permitió que el poder marítimo envolviese a ambos continentes.

• El Heartland no precisa ya de introducción. La teoría mackinderiana parte de la base de que el Heartland es una realidad geográfica en el seno de la Isla Mundial, del mismo modo que la Isla Mundial es una realidad geográfica en el seno del Océano Mundial.

• El Rimland, también llamado Creciente Interior o Marginal, es una enorme franja terrestre que rodea al Heartland y que consta de las cuencas oceánicas anexas al mismo. Pentalasia, los Balcanes, Escandinavia, Alemania, Francia, España y la mayor parte de China e India, se encuentran en el Rimland.

• La Creciente Exterior o Insular es un conjunto de dominios ultramarinos periféricos, separados de la Creciente Interior por desiertos, mares y espacios helados. África subsahariana, las Islas Británicas, las Américas, Japón, Taiwán, Indonesia y Australia se encuentran en la Creciente Exterior.

• El Océano Mediterráneo (Midland Ocean) es el Hearlandt del poder marítimo. Mackinder definía el Océano Mediterráneo como la mitad norte del Atlántico más todos los espacios marítimos tributarios (Báltico, Bahía de Hudson, Mediterráneo, Caribe y Golfo de Méjico). Recordemos que las mayores cuencas fluviales del mundo son las que desembocan en el Atlántico —después vienen las del Ártico y sólo en tercer lugar vienen las cuencas del Pacífico.

Obsérvese que estas ideas geopolíticas han servido de guía en la estrategia y política exterior Inglesa. Tanto en Primera como en la Segunda Guerra Mundial la diplomacia británica consiguió impedir una alianza Alemania- Rusia que habría unido Europa con el Heartland. Algunos intelectuales y políticos alemanes, como Ernst Niekisch, dirigente del partido Nacional-Bolchevique trabajaron a favor de esta alianza, y el pacto Molotov-Ribentropp fue un paso en este sentido. Sin embargo los prejuicios racistas de Hitler contra el mundo eslavo actuaron en sentido contrario y le llevaron a la guerra con Rusia, con las consecuencias que todos conocemos.

Civilizaciones de la Tierra y del Mar

La idea de la existencia de civilizaciones Telúricas (o de la Tierra) y Talasocráticas (o del Mar) es muy importante en las ideas geopolíticas de Dugin{6} pero no es original suya. Ya la encontramos en Haushofer y, sobretodo, en Carl Schmitt{7}.

Para Dugin las llamadas civilizaciones de la Tierra se caracterizan por una serie de ítems ideológicos y sociológicos: Conservadurismo, Holismo{8}, Antropología Colectiva y culto a los valores del ascetismo, el honor y la lealtad. Son civilizaciones enraizadas a la tierra y los valores de la tradición y la continuidad. En contraste, en las civilizaciones del Mar predominan los valores individualistas, universalistas y comerciales. El Océano no tiene fronteras y el navegante pierde con facilidad sus raíces. En la antigüedad, la oposición Roma (la Tierra) frente a Cartago (el Mar) es un buen ejemplo de esta dualidad. En la modernidad Inglaterra es un ejemplo prístino de civilización Talasocrática, así como EEUU a partir de un cierto momento de su historia.

Para Dugin{9} Rusia ha sido siempre una civilización de la Tierra. Desde el Rus de Kiev, el Zarato Moscovita, la URSS o la actual Federación Rusa, por encima (o por debajo) de las diferencias políticas, hay un conjunto de rasgos comunes en el transcurso de la historia política rusa. Todo ello ha llevado a Rusia a un enfrentamiento continuo, tanto a nivel ideológico como geopolítico, con las civilizaciones “del Mar”. La Guerra Fria y el actual enfrentamiento de la Rusia de Putin con EEUU y sus aliados son buenas muestras de este enfrentamiento, aunque con motivaciones políticas y propagandísticas distintas.

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El Imperio Hispánico como Civilización de la Tierra

Desde que Hispania se configura con los Reyes Católicos como unidad imperial hasta el Imperio Europeo de Carlos V, en el que España es pieza principal, el Imperio Hispánico pertenece sin duda alguna a las civilizaciones de la Tierra. Toda la empresa hispanoamericana se concibe como la construcción de una Nueva España, como una aplicación del Catolicismo Político en clave constructora. Hay una evidente coincidencia entre la idea de Carl Schmitt y Dugin de Civilización de la Tierra y la idea de Gustavo Bueno de Imperio constructor.

La empresa española en América no se concibe nunca como una simple operación de saqueo para obtener un botín, sino en la creación de nuevas sociedades políticas, en las que son integrados los indígenas. El hecho material de las construcciones en piedra (Catedrales, Universidades, Hospitales) demuestra que los españoles fueron a Hispanoamérica a quedarse. Nadie construye en piedra si a lo que va es a saquear y obtener un botín.

El reinado de Carlos V reúne en su persona al Imperio Hispánico y al Imperio Austriaco, heredero del Sacro Imperio. La simbiosis entre ambos imperios es una auténtica Civilización de la Tierra en clave de la realización política del Catolicismo.

Frente a este Imperio Constructor o Civilización de la Tierra se yerguen dos formidables adversarios, dos Civilizaciones del Mar, dos Imperios Depredadores: el británico y el holandés. La derrota de la Armada Invencible es la primera señal del declive. Muchos años más tarde, cuando el poder del Mar se ha trasladado a Estados Unidos, la derrota de la escuadra española, mandada por Cervera, frente a la estadounidense en Santiago de Cuba remata la derrota hispánica.

Geopolítica del mundo multipolar

La posibilidad de construcción de un mundo multipolar ha sido magníficamente expuesta por Dugin en su libro del mismo nombre{10}. La geopolítica se concibe como un instrumento de análisis fundamental, más importante incluso que las propias ideologías. Pero Dugin distingue entre una geopolítica “del Mar” y una geopolítica “de la Tierra”{11}. La primera estaría al servicio de la globalización y del mundialismo, que no es más que una extensión mundial del Imperio atlantista anglo-americano como civilización del Mar. El mundialismo, el neoliberalismo, la ideología de género y los “Derechos Humanos” serían los instrumentos ideológicos, mientras que la OTAN seria el brazo militar de este “poder del Mar”, presto a intervenir allí donde alguien osara discutir su hegemonía (Kosovo, Iraq, Siria).

Frente a este poder ningún estado nacional es bastante fuerte para oponerse. La alternativa geopolítica que Dugin propone es la construcción de diversos polos de poder, asociados a civilizaciones, que sean capaces, por un lado de mantener la diversidad cultural en el mundo, y por otro a oponerse a la hegemonía mundialista/estadounidense con el potencial tecnológico, económico y militar suficiente.

El hundimiento de la Unión Soviética pone fin a la división bipolar de la Tierra. Esta división había nacido en Yalta, después de la II Guerra Mundial, cuando la URSS y Estados Unidos se repartieron el mundo. Usando la expresión de Carl Schmitt la bipolaridad fue el tercer nomos de la Tierra, que puso fin en la práctica al segundo nomos, que fue el pactado en Westfalía con el reconocimiento de la soberanía de los Estados. En el mundo bipolar los estados seguían, en teoría, siendo soberanos, pero en la práctica estaban determinados por la adscripción a uno de los bloques, mientras que los intentos de crear un tercer polo de países “no alineados” fracasaron de forma estrepitosa.

El hundimiento del mundo bipolar marca la transición de la Modernidad a la Posmodernidad y la consolidación de Estados Unidos como una hiperpotencia, dispuesta a imponer sus valores, su civilización y su forma de vida en todo el planeta. Su instrumento es la globalización (con todo su arsenal ideológico) y cuenta con la complicidad de las oligárquicas económicas, académicas y culturales desperdigadas por el planeta, que han renegado de sus raíces y están encandiladas con el cosmopolitismo.

Sin embargo, en el seno de la hiperpotencia estadounidense se perfilan dos estrategias distintas para el domino mundial. En una se afirma, de manera indiscutible, el liderazgo mundial de Estados Unidos, basada sobre todo en su potencial económico y militar. Los Busch (padre e hijo) serían un ejemplo de esta estrategia dura. La estrategia blanda insiste en conceptos como “comunidad internacional”, intentando disimular el papel rector de los Estados Unidos y dando más protagonismo a los “aliados y amigos” (Europa, Japón). Insiste más en factores ideológicos y en “valores compartidos”. La presidencia de Obama sería un ejemplo de esta estrategia, en la cual hay una enorme hipocresía, pues recurre, al igual que la otra, a las intervenciones militares para “defender los Derechos Humanos” e “imponer la democracia”: intervención militar en Libia, en Siria, creación y financiación del Estado Islámico para combatir a Assad, &c.

Sin embargo parece que diversos acontecimientos políticos en el mundo parecen ir contra esta tendencia. En primer lugar la subida al poder de Vladimir Putin en Rusia, que pone fin a la era liberal de Boris Yelsit, en la cual se fomentó la desmembración del gigante euroasiático y su rendición frente a Estados Unidos. Con Putin Rusia vuelve a tener vocación de gran potencia y se opone activamente al poder mundial liderado por Estados Unidos. Así, por ejemplo, su intervención en Siria ha sido fundamental para derrotar al Estado Islámico y salvar al régimen de Assad, imprescindible para evitar que la región se convierta en un nuevo caos, como Iraq o Libia.

La victoria de Trump en Estados Unidos es otro factor a tener en cuenta. Por encima de su confusión y su histrionismo, la política de Trump significa una vuelta a la concepción de Estados Unidos como Estado-Nación, y la renuncia a liderar un proyecto mundialista en ninguna de las dos versiones.

Finalmente, la aparición en Europa de movimientos identitarios, que rechazan el mundialismo de la UE, es otro factor a tener en cuenta. Aunque estos movimientos son muy diversos, y, en ocasiones, parece a que tienden a restablecer el Estado-Nación, pueden ser el germen de la construcción de otra Europa distinta a los planes de Bruselas. Allí donde han alcanzado el poder (Italia de Salvini, Hungría de Orban) ya no se inclinan por la retirada de la UE (como el Brexit) sino por una transformación radical de las políticas europeas: proteccionismo, oposición a la inmigración y vuelta a las raíces culturales de Europa.

La multipolaridad no consiste simplemente en un renacimiento de Rusia (que nos devolvería a la bipolaridad), sino en la aparición de diversos polos de poder en la Tierra (mundo árabe, China, India, &c.). Los polos de poder corresponden a las grandes civilizaciones, por lo que la multipolaridad no consiste solamente en un equilibrio de poder, sino en la idea de que ninguna civilización es “superior” a otra, y que todas tienen derecho a desarrollarse según sus dinámicas internas. Es este marco donde debemos definir la geopolítica del Hispanismo.

Polos y Grandes Espacios

Para Dugin{12} un polo debe representar una poderosa formación militar, económica, demográfica, política, geográfica y civilizacional, capaz de oponerse al mundialismo y a la globalización. A su vez el polo puede contener uno a varios Grandes Espacios, asociados a una estructura continental.

Partiendo de esta idea, nosotros proponemos la inclusión del Hispanismo en el polo Hispanoamericano-Europeo-Euroasiático, formado por tres grandes espacios continentales: el Hispanoamericano, el Europeo y el Euroasiático (Ruso). El Hispanismo puede jugar un papel fundamental para la cohesión del espacio Hispanoamericano y Europeo.

La situación actual en estos tres posibles grandes espacios es muy diversa. Vamos a analizar cada una de ellas, y ver el papel que el Hispanismo podría jugar en el futuro.

Rusia y el espacio Eurasiático

No cabe duda que en el momento actual es Rusia la que está más cerca de constituir el Gran Espacio Eurasiático. Las sucesivas victorias políticas de Vladimir Putin son una muestra evidente de la voluntad del pueblo ruso de volver a ser una gran potencia, de intervenir en la política internacional de forma decisiva (como lo ha hecho en Siria), de oponerse al despliegue de la OTAN, de abandonar el comunismo pero sin auto culpabilizarse, asumiéndolo como parte de su historia y de volver a sus raíces culturales. Sin embrago, tal como señala Dugin{13}, no todo está claro y definido en la Rusia actual, y dentro del propio bloque gubernamental hay importantes tendencias liberales y occidentalizantes.

Para Dugin el gran debate es entre los que consideran a Rusia un Estado-Nación (en clave occidentalizante) y los que consideran a Rusia una civilización. La civilización sería el aspecto cultural de lo que políticamente es un Imperio, que se convierte así en el eje organizador del espacio Eurasiático. Rusia, como “Corazón de la Tierra”, es imprescindible para construir el polo Hispanoamericano-Europeo-Eurasiático, y por tanto, la alianza con Rusia es imprescindible para todas aquellas fuerzas políticas que trabajen en este sentido.

Es innegable que la Rusia de Putin ha realizado diversas operaciones geopolíticas que la acreditan ya como una gran potencia, capaz de oponerse con éxito al mundialismo patrocinado por Estados Unidos. La anexión de Crimea, la intervención en Osetia del Sur, y, sobretodo, la intervención en Siria, decisiva para el mantenimiento del Assad y la derrota de Estado Islámico, así lo manifiestan. Otras intervenciones han sido más timoratas, como el apoyo a los rebeldes pro-rusos en Ucrania.

Para Dugin{14} Putin se aproximó a una visión geopolítica clara y sin contradicciones a finales de su periodo presidencial en 2007, en el famoso discurso pronunciado en Munich sobre política de seguridad. En este discurso Putin sometió a crítica el sistema unipolar y describió su visión del papel de Rusia en el mundo contemporáneo. Rechazó la ampliación de la OTAN y su papel de “gendarme”. Además condenó la estrategia económica de los países occidentales en el tercer mundo, que, con la ayuda del Banco Mundial y del Fondo Monetario Internacional, arruinan a las naciones bajo la apariencia de una ayuda económica{15}.

Por otra parte desde la Rusia de Putin se han puesto en marcha diversas iniciativas de integración geopolítica del espacio post-soviético. En el terreno económico hay que citar la Comunidad Económica Euroasiática (Rusia, Kazajstán, Bielorrusia, Tayikistán, Kirguistán), el Espacio Económico Común (Rusia, Kazajstán, Bielorrusia, con invitación a Ucrania) y la Unión Aduanera (Rusia, Kazajstán, Bielorrusia). En el aspecto militar y estratégico hay que citar el Contrato Social sobre Seguridad Colectiva, firmado por Rusia, Kazajstán, Bielorrusia, Tayikistán. Kirguistán y Armenia{16}.

Si en Rusia están ya en camino de construcción del espacio Euroasiático, en Europa y en Hispanoamérica las cosas no están, ni mucho menos, tan avanzadas.

El Espacio Europeo

Aunque pueda parecer paradójico, el principal obstáculo para la construcción de un Gran Espacio Europeo es, precisamente, la Unión Europea. Construida en torno de los ejes ideológicos del neoliberalismo, de la ideología de los Derechos Humanos y del librecambio comercial, la UE pretende extenderse e integrar a estados diversos, algunos absolutamente ajenos a Europa, tanto desde el punto de vista cultural como geográfico. Carente en absoluto de proyecto político, incapaz de plantear una política de defensa propia fuera de la OTAN, auto inculpándose continuamente de las guerras (civiles) que en el pasado asolaron Europa y habiendo renegado absolutamente de las raíces culturales y religiosas de Europa, la UE atraviesa una crisis profunda.

Para muchos europeos la UE es vista como una burocracia sin alma, con unos gestores que nadie ha elegido, que no hace más que decretar normativas restrictivas y políticas de austeridad (que son de miseria) con fidelidad perruna a las directrices del Banco Mundial y del Fondo Monetario Internacional. Erosiona continuamente la soberanía de los estados, sin ser capaz de ofrecer a cambio una auténtica soberanía europea. Además, propicia una suicida política migratoria que, unida a la caída demográfica de los pueblos europeos, puede llevar a una auténtica sustitución de la población.

Todo ello ha provocado la aparición, en muchas naciones europeas, de movimientos populares de repulsa a la UE y a sus políticas migratorias y librecambistas. Estos movimientos, calificados desde el poder de “populistas” y “ultraderechistas”, son muy variados y carecen aún de una estrategia común. En un principio algunos de ellos (como el FN francés) propiciaban la vuelta al Estado-nación, pero poco a poco se va abriendo paso la idea de que tal posición no es viable, pues ningún Estado-nación en solitario puede resistir a la globalización. La llegada al poder de alguno de estos movimientos (Salvini en Italia, Orban en Hungría), la constitución del llamado Grupo de Visegrado (Hungría, Polonia, Chequia y Eslovaquia) que, juntamente con Austria, se han negado a aceptar las cuotas de “refugiados” que la UE les quería imponer o el avance de Alternativa por Alemania está encaminando el proceso hacia la construcción de una “altereuropeidad”.

La posición altereuropea tendría como base una ideología i-liberal: democracia comunitaria pero rechazo al individualismo liberal, rechazo al mundialismo y a la globalización ya afirmación de la identidad común de los pueblos de Europa y de cada una de las patrias que la integran.

El problema es que estamos hablando de estados relativamente periféricos en Europa (el único con peso decisivo es Italia), mientras que los dos estados “centrales” de Europa, Francia y Alemania, siguen en manos de gobiernos neoliberales y mundialistas. Es evidente que para la construcción del Gran Espacio Europeo es imprescindible el eje Paris-Berlín.

El Hispanismo debe considerar a estos movimientos populares como aliados naturales, pero antes hay que aclarar las relaciones de la Hispanidad con Europa.

La Hispanidad y Europa. Las dos almas de Europa

Tradicionalmente se ha considerado que los valores propios de la Hispanidad y eran opuestos a Europa. Si consideramos la Europa de Westfalia, de la Revolución Francesa y del protestantismo esta afirmación es cierta, puesta esta Europa surge de la derrota del Imperio Hispánico. El desenlace de la II Guerra Mundial, con la derrota de las potencias del Eje, de las cuales España era aliada a pesar de su neutralidad, refuerza esta posición. Los aliados vencedores señalan a España como amigo de los vencidos, y le imponen un duro bloqueo comercial. El patriotismo español se afirma siempre como enemigo de esta Europa que nos odia.

Sin embrago existe la posibilidad de otra Europa. Para ello hay que volver la vista hacia la historia. Después de la caída del Imperio Romano y tras unos siglos de confusión, se produce la primera manifestación política Europea, mucho antes del nacimiento de los Estados –nación: el Imperio Carolingio, el Sacro Romano Imperio{17}. Carlomagno reivindica la herencia de Roma (La Traslatio Imperii) fusionada con la herencia cristiana.

Mientras esto ocurría, en la Península Ibérica los incipientes reinos hispano-cristianos luchaban contra los musulmanes. A pesar de la relativa alianza con los francos, los reyes de Asturias, León y Castilla reivindican también la dignidad imperial, pues consideran que sus reinos son el Katechon (el dique, la muralla), que impide a los sarracenos el asalto de Europa.

La dignidad imperial volverá a ser reivindicada por los emperadores germanos, que fundaran el Sacro Imperio Romano-Germánico. La dignidad imperial acabara en la corona del Emperador de Austria. Carlos V fusionará en su corona a los dos Imperios, el Hispánico (ya extendido por Hispanoamérica) y el Austriaco y librará una lucha sin precedentes contra las fuerzas que pretenden disgregar Europa: el protestantismo que rompe la unidad religiosa y los incipientes nacionalismos de los estados-nación auspiciados por las monarquías absolutistas (como la francesa), con el apoyo del Imperio Depredador Británico.

Los sucesores de Carlos V (Felipe II, Felipe III, Felipe IV), aun cuando ya no ostentan la corona imperial austriaca, seguirán esta lucha, que acabará en derrota. La paz de Westafalia marcará el nacimiento de los estados-nación soberanos y por lo tanto en fin de la unidad espiritual y política de Europa.

España, el Imperio Hispánico, no lucharon contra Europa, sino contra un modelo determinado de Europa, que fue el que se impuso y dio lugar a la Modernidad. Ahora, en la posmodernidad, otra Europa es posible, y el Hispanismo debe apostar por ella.

Tal como ha señalado Dugin{18} en Europa existen dos almas: la talasocrática o atlantista, que es liberal y mundialista, representada por la UE y por la OTAN, y que controla actualmente los dos estados centrales de Europa: Francia y Alemania. Pero hay otra alma de Europa, la telúrica e Imperial, la que reivindica su identidad y sus tradiciones, la que se manifiesta en Italia y en el grupo de Visegrado, la que quiere una alianza con Eurasia. El Hispanismo debe apostar por esta otra Europa, pues con ello estará siendo fiel a su pasado y a su historia.

Hispanoamérica

La situación en Hispanoamérica es aún más confusa que en Europa. Desde la proclamación de la “doctrina Monroe”: América para los americanos (del Norte), los Estados Unidos siempre han considerado a las naciones hispanoamericanas como su feudo particular y su colonia. Su intervencionismo en la política interior de los estados hispanoamericanos ha sido continua, a veces de forma ostensible y violenta (golpe de Estado en Chile, en Argentina, intervención militar en Panamá), y otras de forma menos visible pero no menos efectiva (penetración de las sectas evangélicas, decisiva para la victoria de Bolsonaro en Brasil).

La otra cara de la moneda son las corrientes indigenistas, auspiciadas por ciertos sectores de la izquierda, con una visión idealizada de las civilizaciones precolombinas, que rechazan la herencia cultural hispánica y se alimentan de la Leyenda Negra y del mito del genocidio. Ambas posiciones, “derechista” e “izquierdista” tienen en común el rechazo a lo Hispánico.

Hay sin embargo corrientes políticas e ideológicas en Hispanoamérica en que el Hispanismo debe apoyarse: el neoperonismo argentino, representado por el filósofo Alberto Buela{19}, y el crisolismo peruano, representado por el politólogo y activista Israel Lira{20}. Ambas comparten una aceptación entusiasta de la herencia hispana en Hispanoamérica, y una visión continental de la política hispanoamericana.

El neoperonismo rechaza las desviaciones neoliberales de Carlos Menem y socialdemócratas de los Kirchner, y reivindica la herencia justicialista y continentalista del general Perón, lo que hace que sus ideas sean consonantes con el continentalismo europeo y el eurasianismo ruso.

Es misión urgente del Hispanismo volver a tejer lazos con el mundo Hispanoamericano, muy deteriorados por el régimen de 1978, cuya política exterior está marcada por el servilismo hacia la UE y hacia Estados Unidos. En el pasado estos lazos fueron muy estrechos. Recordemos la alianza de la España de Franco con la Argentina de Perón, y, sobretodo, su apoyo a Cuba frente al bloqueo estadounidense. A pesar de ser España aliada de Estados Unidos, y a pesar del abismo ideológico que la separaba de la Cuba de Fidel Castro, sostenido por la URSS, la solidaridad Hispanoamericana estuvo por encima de las diferencias ideológicas, mostrando un ejemplo nítido de lo que es el razonamiento geopolítico por encima de las ideologías.

——

{1} De Benoist, A. (2012) “La Geopolítica” Nihil Obstat. Revista de historia, metapolítica y filosofía, n. 18-19, pp.57-74

{2} Von Uexküll, J. (1945) Ideas para una concepción biológica del mundo (prólogo de José Ortega y Gasset) Buenos Aires- México, Editorial Espasa Calpe Argentina.

{3} Steuckers, R. (2012) “Karl Haushoffer (1869- 1946)“ Nihil Obstat. Revista de historia, metapolítica y filosofía, n. 18-19, pp. 83-90.

{4} Talasocracia significa domino de los mares

{5} En su obra The Geographical Pivot of History publicada en 1904

{6} Dugin, A.G. (2015) La geopolítica de Rusia. De la revolución rusa a Putin. Hipérbola Janus, pp. 7-9.

{7} Schmitt, C. (2001) “Tierra y Mar. Consideraciones sobre la historia universal”, en Orestes Aguilar, H. Carl Schmitt, teólogo de la política. México, Fondo de Cultura Económica.

{8} El todo, el conjunto, es algo más que la suma de las partes.

{9} Obra citada, p. 11.

{10} Dugin, A. (2016) Geopolítica del mundo multipolar. Tarragona, Ediciones Fides.

{11} Dugin, A. (2018) Geopolítica existencial. Conferencias en Argentina. Tarragona, Ediciones Fides.

{12} Obra citada 2016, p. 66.

{13} Dugin, A. (2018) El auge de la Cuarta Teoría Política. La Cuarta Teoría Política, vol. II. Tarragona, Ediciones Fides, pp. 103-107.

{14} Dugin, A. (2015) La geopolítica de Rusia. De la revolución rusa a Putin. Hiperbola Janus, pp. 129-133.

{15} Putin, V.V. (2007) Statement and Discussion at the Munich Conference on Security Policy. http: //archive.kremlin.ru (recurso electrónico)

{16} Dugin, 2015, obra citada, p. 124.

{17} AA. VV. (2018) La Europa Neocarolingia y el eje Eurorruso. Tarragona, Ediciones Fides

{18} Dugin, 2017, obra citada, p. 67.

{19} Dugin, 2018, obra citada

{20} Lira, I. (2016) “Crisolismo y Cuarta Teoría Política. Estudios propedeúticos sobre las bases metapolíticas y epistemológicas para una nueva teoría política peruana” Nihil Obstat. Revista de Historia, Metapolítica y Filosofía. Nº 30, pp. 53- 86.

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jeudi, 14 novembre 2019

Un nouveau partage du monde est en train de se structurer...

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n nouveau partage du monde est en train de se structurer...
 
Entretien avec Caroline Galacteros
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Caroline Galactéros à Figaro Vox, dans lequel elle commente les récentes déclaration d'Emmanuel Macron à l'hebdomadaire The Economist sur la situation de l'Europe. Docteur en science politique, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et de Vers un nouveau Yalta (Sigest, 2019) et intervient régulièrement dans les médias. Elle a créé récemment, avec Hervé Juvin entre autres, Geopragma qui veut être un pôle français de géopolitique réaliste.

Caroline Galactéros:

«Un nouveau partage du monde est en train de se structurer»

FIGAROVOX.- Le magazine The Economist consacre son dernier numéro et sa couverture à une interview d’Emmanuel Macron dans laquelle il affirme que le monde est au bord du précipice. La situation internationale est-elle aussi apocalyptique que celle que décrit le chef de l’État?

Caroline GALACTEROS.- Il me semblait que le Président, dans son interview, avait appliqué cet oracle à l’Europe et non du monde. Le monde n’est pas du tout au bord du précipice. Il se rééquilibre autour de puissances qui assument leur souveraineté, définissent leurs ambitions et se donnent les moyens de les mettre en œuvre. Ce sont nos utopies qui sont en déroute et c’est bien l’Europe qui tombe dans l’insignifiance stratégique (une forme de mort cérébrale) subitement privée de la béquille mentale que lui fournissaient le lien transatlantique et son alignement servile sur les injonctions américaines. Quant à la France, elle danse sur un volcan et pas seulement au plan extérieur. Si la présente lucidité présidentielle se consolide par des actes et des dynamiques durables, alors nous éviterons le pire et peut-être même renverserons-nous enfin la vapeur à notre avantage. Ce serait là, sur le plan stratégique, une vraie et salutaire «disruption». Après Biarritz, Moscou, la Conférence des Ambassadeurs et désormais cette interview, la grande question est désormais la suivante: Jusqu’à quel point sommes-nous déterminés à désobéir et à assumer les critiques ou la résistance active de certains de nos partenaires européens?

Le rôle de pionnier, de défricheur d’une voie nouvelle est périlleux et demandera beaucoup de ténacité. Jusqu’au moment où certains de nos partenaires, entrevoyant la liberté, voleront au secours de la victoire et nous emboîteront le pas, notamment en Europe du sud mais pas seulement. Notre vieux continent est en pleine dépression post-traumatique non traitée. Le choc? Notre abandon sans états d’âme par la figure paternelle américaine. Sur le fond, rien de bien nouveau mais le verbe trumpien nous a brutalement ouvert les yeux sur le profond mépris et l’indifférence en lesquels Washington nous tient. La servilité ne paie jamais vraiment. Emmanuel Macron a bien raison de douter de l’applicabilité de l’article 5 du Traité de l’Alliance atlantique. Le problème n’est pas de savoir si les États-Unis voleraient au secours d’un État européen attaqué par la Russie ou Chine. La Russie a vraiment d’autres chats à fouetter et la Chine «attaque» déjà l’Europe tous azimuts économiquement. Non, le problème est bien celui d’un fatal entraînement de la France ou d’un autre membre de l’Otan si jamais la Turquie venait à être prise à partie militairement par la Syrie en réponse à sa violation caractérisée de la souveraineté syrienne. Scénario peu probable à vrai dire, car Moscou ne laissera sans doute pas un tel engrenage ruiner ses patients efforts pour en finir avec la déstabilisation de son allié moyen oriental. Même chose si l’Iran venait à réagir à une provocation savante téléguidée par Washington. Moscou, Téhéran et Ankara ont partie liée pour régler le sort de la Syrie au mieux de leurs intérêts respectifs et Washington comme Damas n’y peuvent plus rien. Ce qui est certain, néanmoins, c’est que la Turquie n’agit à sa guise en Syrie qu’avec l’aval américain. Washington laisse faire ce membre du flanc sud de l’Alliance qui lui sert en Syrie de nouvel agent de sa politique pro islamiste qui vise à empêcher Moscou de faire totalement la pluie et le beau temps dans le pays et la région. Ankara gêne aussi l’Iran. Bref, ce que fait Erdogan est tout bénéfice pour Washington. Et les Kurdes ne font pas le poids dans ce «Grand jeu»? En conséquence, c’est bien l’Amérique qui dirige toujours et complètement l’Otan. S’il est bien tard pour s’en indigner ou faire mine de le découvrir, il n’est pas trop tard pour se saisir de cette évidence et initier enfin une salutaire prise de distance de l’Europe par rapport à une Alliance qui ne traite nullement ses besoins de sécurité propres.

Nous restons extrêmement naïfs. Nous n’avons jamais eu voix au chapitre au sein de l’Alliance pas plus d’ailleurs depuis que nous avons rejoint le commandement intégré pour nous faire pardonner notre ultime geste d’autonomie mentale de 2003 lorsque nous eûmes l’audace de ne pas rejoindre la triste curée irakienne. Il faut que nous ayons aujourd’hui le courage d’en sortir et de dire que l’OTAN ne correspond pas à la défense des intérêts sécuritaires de l’Europe et d’ailleurs que l’épouvantail de la prétendue menace russe est une construction artificielle destinée à paralyser le discernement des Européens, à les conserver sous tutelle, à justifier des budgets, des postures, des soutiens résiduels au lieu de construire enfin une véritable stratégie propre à l’Europe en tant qu’acteur et cible spécifique stratégique. Je rejoins là notre président. Mais je ne crois pas du tout que L’OTAN soit en état de mort cérébrale. Il devient juste clair que ce qui pouvait, aux yeux de bien des atlantistes, justifier notre alignement silencieux et quasi inconditionnel a vécu. Trump veut faire payer les Européens pour qu’ils achètent des armes…américaines et obéissent aux décisions d’intervention américaines qui ne les concernent pas. Il est temps de ne plus supporter ce chantage et de sortir de l’enfance stratégique. Nous en avons les moyens. Il ne manquait que la volonté.

De son côté l’UE peine à définir une politique étrangère commune, croyez-vous la diplomatie européenne encore?

Je n’y ai jamais cru! Je ne vous rappellerai pas le cruel sarcasme de Kissinger «l’Europe? Quel numéro de téléphone?» Ce qui est possible, c’est de faire sauter un tabou ancien qui veut que l’affirmation de la souveraineté des nations européennes soit antinomique de la puissance collective et un autre, qui veut que l’élargissement de l’UE ait été destiné à la rendre puissante et influente. C’est précisément tout l’inverse. Mais il est trop tard pour regretter cet élargissement brouillon et non conditionnel stratégiquement. Il faut partir du réel et le réel, c’est qu’il existe une très grande divergence entre les intérêts stratégiques américains et ceux des Européens qui doivent se désinhiber. La France peut prendre la tête de cette libération et favoriser une conscience collective lucide et pragmatique des enjeux communs sécuritaires et stratégiques.

Il faut commencer par une véritable coopération industrielle à quelques-uns en matière de défense, sans attendre une unanimité introuvable. Il faut créer des synergies, faire certaines concessions et en exiger d’autres, et ne plus tolérer la moindre critique de Washington sur les contributions à une Alliance enlisée dans d’interminables et inefficaces opérations.

Alors qu’Emmanuel Macron rentre d’un voyage officiel en Chine, vous écrivez, «La Chine a émergé tel un iceberg gigantesque». La Chine est en train de tisser son empire autour du globe, est-elle en train d’imposer son propre contre modèle à l’Occident?

Pékin agit très exactement comme Washington et joue l’Europe en ordre dispersé. Oui le «contre monde» comme je l’appelle est en marche. La Chine profite du tirage entre Washington et les Européens au fur et à mesure que les pays européens prennent conscience qu’ils ne comptent plus pour l’Amérique, mis à part pour justifier un dispositif otanien contre Moscou et empêcher le rapprochement stratégique avec la Russie qui seule pourrait donner à l’Europe une nouvelle valeur ajoutée dans le duo-pôle et triumvirat Washington -Moscou-Pékin. C’est Sacha Guitry je crois qui disait que les chaînes du mariage sont si lourdes qu’il faut être trois pour les porter. L’adage est valable pour l’Europe à mais aussi pour Moscou qui sait combien «le baiser de la mort» chinois peut à terme lui être fatal. L’Europe n’a donc pas encore tout à fait perdu de son intérêt aux yeux de Moscou même si, en ce qui concerne la France, la charge affective et historique du lien a été très abîmée. Il me semble donc que l’initiative française d’une relance d’un «agenda de confiance et de sécurité» est un pas important dans cette direction qu’il faut jalonner à bon rythme de réalisations concrètes.

La guerre commerciale semble être la forme conflictuelle privilégiée par l’administration de Donald Trump. Les sanctions américaines pleuvent sur les entreprises chinoises, en Iran, en Russie. La guerre commerciale devient-elle un des éléments structurant d’un monde Yalta 2.0?

La fin de l’utopie d’une mondialisation heureuse a permis la résurgence d’un politique de puissance et d’influence décomplexée. Or le commerce est l’instrument privilégié de ces relations. Il n’y a qu’en France que l’on croit encore aux pures amitiés et aux affections qui guideraient les rapprochements entre États. Attention! Je ne veux pas dire que les relations personnelles, l’empathie ou l’animosité ne comptent pas, bien au contraire. Mais ce qui compte dans l’établissement du rapport de force et dans la consolidation des rapprochements, ce sont les complémentarités économiques mais aussi culturelles et même civilisationnelles et surtout la fiabilité de la parole donnée et la crédibilité interne des dirigeants.

Votre livre donne un aperçu global de l’état des relations diplomatiques depuis les cinq dernières années. Le monde depuis 1989, puis 2001 est en constante restructuration. Le jeu des puissances est mouvant. Quelle place la France peut-elle occuper dans un monde géopolitique si instable et imprévisible? Comment peut-on participer à construire une «coexistence optimale»?

La France doit se voir en grand car elle a de sérieux atouts de puissance et d’influence mais elle n’en use pas à bon escient. Elle se complaît dans la repentance et l’alignement. Notre place dépendra en premier lieu de notre capacité à structurer une vision et un chemin puis dans notre ténacité à défendre nos intérêts et à affirmer nos principes.

Il nous faut effectuer un tournant pragmatique en politique étrangère et en finir avec l’idéologie néoconservatrice. Celle-ci a dramatiquement vérolé toute une partie de notre administration et de nos élites qui ne savent plus ce qu’est l’intérêt national. La France est toujours une puissance globale. Plus que nombre d’autres. Simplement elle doit retrouver une économie florissante, restructurer son industrie, remettre son peuple au travail autour d’un projet de prospérité lié à l’effort et non à l’incantation. Un État puissant est un État sûr, qui sait d’où il vient, n’a pas honte de son passé et embrasse l’avenir avec confiance.

La Russie de Vladimir Poutine s’est imposée aux puissances occidentales comme un acteur majeur des relations géopolitiques. Son attitude sur la crise syrienne incarne ce positionnement dans l’échiquier mondial. La Russie peut-elle être un allié «fréquentable» des puissances européennes? La distance entre les Européens et les Russes en termes de politique internationale est-elle encore légitime?

La Russie est tout à fait fréquentable. La diabolisation infantile à force d’être outrancière, dont elle fait l’objet chez nous, nous ridiculise et surtout la conforte dans une attitude de plus en plus circonspecte envers ces Européens qui ne savent plus penser ni décider par eux-mêmes.

En 30 ans, la Russie a vécu le pire durant les années 90 puis a entamé sans violence une remarquable reconstruction nationale. Tout n’y est pas parfait, mais pouvons-nous réellement donner des leçons et nous imaginer être encore pris au sérieux après les sommets de cynisme démontrés dans nos propres ingérences étrangères, avec les résultats que l’on sait? C’est là une posture qui sert essentiellement à se défausser, à ne pas aller de l’avant notamment sur les dossiers où nous pourrions et aurions tout intérêt à tendre la main à la Russie: sanctions, Ukraine Syrie, Libye, Union économique eurasiatique (UEE), etc… Sur ce dernier point, il faut nous montrer un peu plus lucides et anticipateurs que sur les Nouvelles Routes de la Soie sur lesquelles nos diplomates ironisaient il y a encore quelques années. L’UE doit se projeter vers l’Union Économique Eurasiatique (UEE) et nouer avec elle de très solides partenariats. Je souhaite de tout cœur que la récente inflexion imprimée par notre président à la relation franco-russe après une sombre et triste période, passe rapidement dans les faits et que nous soyons le maillon fort d’une nouvelle ère collaborative, intelligente et humaine entre la Russie l’Europe.

La solution diplomatique peut-elle encore jouer un rôle dans le dossier syrien?

Une solution diplomatique ne peut exister que si l’on a atteint un équilibre militaire acceptable. La Syrie doit d’abord recouvrer son intégrité territoriale. Après les Syriens décideront de ce qu’ils souhaitent politiquement pour leur pays.

Notre implication a été si humainement et politiquement désastreuse qu’il est possible de prétendre encore pouvoir décider du sort de ce pays à la place de son peuple. Évidemment, la guerre n’est pas finie. Il y a encore des dizaines de milliers de djihadistes fondus dans la population civile d’Idlib. Il y a la Turquie, la Russie et l’Iran qui consolident dans un vaste marchandage leurs influences respectives. Et il y a tous les autres acteurs régionaux et globaux qui cherchent à tirer leur épingle du jeu et à faire oublier leurs méfaits. Nous avons eu tout faux sur le dossier syrien. Je l’ai assez expliqué, démontré et je n’épiloguerai pas. J’en parle abondamment dans mon recueil. Il est trop tard pour pleurer mais sans doute pas pour faire amende honorable, intégrer le processus d’Astana et son actuel dérivé - le Comité constitutionnel en cours de formation à Genève. Cela aussi, nous le devons à l’approche diplomatique inclusive et non idéologique de Moscou, ne nous en déplaise. Essayons, pour une fois, d’être intelligents et d’avancer pour que le peuple syrien sorte au plus tôt de son interminable martyr.

Caroline Galactéros (Figaro Vox, 9 novembre 2019)

US-Sabotage von Nord Stream 2: Deutschland drohen Treibstoff-Engpässe

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US-Sabotage von Nord Stream 2: Deutschland drohen Treibstoff-Engpässe

 
Ex: https://katehon.com

Erst kürzlich hat Dänemark die letzte notwendige Genehmigung für ein Teilstück der russisch-deutschen Erdgas-Pipeline Nord Stream 2 erteilt und damit das letzte große Hindernis für den Abschluß des Projekts beseitigt. Allerdings stellen sich nach wie vor die USA vehement quer, die womöglich auch nicht vor einer massiven Sabotage zurückschrecken. Immer wieder hat Washington in den letzten Monaten auf verschiedenen Kanälen gegen Nord Stream 2 Stimmung zu machen versucht und dabei unverhohlen mit Sanktionen gegen die beteiligten Unternehmen gedroht.

Einem aktuellen „Spiegel“-Bericht zufolge können mögliche US-Sanktionen die deutsche Treibstoffversorgung gefährden. Demnach könnten die angedrohten Sanktionen in Deutschland Engpässe bei der Versorgung mit Autobenzin und Flugzeugtreibstoff nach sich ziehen.

So habe eine der größten deutschen Erdölraffinerien, die in Schwedt ansässige PCK, gewarnt, daß sie im Fall von US-Sanktionen gegen Nord Stream 2 womöglich gezwungen sein könnte, den Betrieb zu drosseln oder sogar ganz einzustellen. PCK gehört mehrheitlich dem russischen Energiemulti Rosneft, gegen den sich mögliche Sanktionen richten würden.

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In diesem Fall wären besonders Mitteldeutschland und Berlin mit seinen Flughäfen betroffen und müßten mit Lieferengpässen rechnen.

„Ein namhaftes US-Unternehmen, das die Leitzentrale des Werks mitgeplant und gebaut hat und die Anlagen wartet, hat Rosneft mitgeteilt, es werde die Leistungen einstellen, sollten die US-Sanktionen in den kommenden Wochen tatsächlich in Kraft treten“, heißt es auf „Spiegel Online“ weiter. In diesem Fall wäre die Raffinerie, die jeden Tag genügend Treibstoff herstellt, um 250.000 Autos, 60.000 Laster oder 50 Flugzeuge zu betanken, „nicht mehr zu steuern“.

Das Projekt Nord Stream 2, das zur Hälfte vom russischen Konzern Gazprom und zur anderen Hälfte von fünf europäischen Energieunternehmen finanziert wird, sollte eigentlich bis Ende des Jahres fertiggestellt werden. Die USA versuchen aus geopolitischen und Konkurrenzgründen seit langem massiv, das Projekt zu Fall zu bringen.

mercredi, 13 novembre 2019

Les USA se vengent de leur cuisant échec au Venezuela

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Les USA se vengent de leur cuisant échec au Venezuela

 
Ex: https://katehon.com

Après avoir lamentablement échoué au Venezuela, les États-Unis se défoulent en Bolivie : Dans la nuit de dimanche à lundi, le commandant en chef de l’armée bolivienne, le Général Williams Kaliman, a exigé du Président Evo Morales qu’il démissionne « pour le bien de la Bolivie », une Bolivie qui quelques jours plus tôt avait réélu Morales avec 47.07% des voix contre 36.51% allant à son adversaire centriste, soit 10 points d’écart.

 « Après avoir analysé la situation conflictuelle interne, nous demandons au président de renoncer à son mandat présidentiel afin de permettre la pacification et le maintien de la stabilité, pour le bien de notre Bolivie », a déclaré le général que cite ce matin et largement la presse mainstream. Dans un tweet le Président Morales que certaines sources affirment être en route pour demander l’asile en Argentine ou au Mexique dit : « La police avait l’intention de m’arrêter illégalement. Les groupes de pression se sont attaqués à mon domicile. C’est un coup d’État qui foule au pied la loi« . Ce matin, les fauteurs de trouble se trouvaient toujours dans les rues de La Paz et les sources bien informées évoquent des arrestations de masse des pro-Morales.

Qu’est ce qui s’est passé réellement ? Largement battu en brèche par les résultats des dernières législatives en Amérique Latine où les partis anti-impérialistes ont presque dans la quasi totalité des cas haut la main, les Etats-Unis d’Amérique largement déçus au Venezuela tentent d’inverser la tendance ; En fait le putsch qui a renversé Morales est une déclaration de guerre des États-Unis aux peuples latino-américains, estiment les observateurs. Dans la foulée, le Venezuela et Cuba ont condamné le coup de force contre le président bolivien. Cuba a appelé la communauté internationale à soutenir Morales en tant que président. Le président vénézuélien Nicolas Maduro a également condamné fermement les évolutions qui ont conduit à la démission de Morales en Bolivie. Quant à l’Argentine qui vient d’élire Alberto Fernandez à la tête de l’État, il qualifie le putsch d’inacceptable et appelle à la tenue dans les moindres délais d’élections libres.

Unis peuvent se targuer d’avoir réussi un coup qu’ils ont lamentablement raté au Venezuela. Morales a été réélu le 20 octobre avec 47% des voix contre 36,5% pour son rival centriste, Carlos Mesa, qu’on qualifie de Guaido de Bolivie. Cet écart de 10 points aurait dû suffire à apaiser les manipulations du camp atlantiste mais les temps ont changé, les États-Unis de Trump ayant affiché un total mépris des lois et du droit international. Pour le reste, le Président bolivien est un ennemi coriace : en 2016 il avait annoncé, qu’il allait expulser du pays la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI). La Bolivie avait interdit, dès 2006 déjà, la mainmise de groupes étrangers sur les ressources du sous-sol du pays. En 2008, elle expulsait du pays l’ambassadeur des États-Unis, devenu persona non grataet n’a cessé depuis de donner l’exemple qu’il est possible de s’extraire des griffes des stratèges internationaux de la finance. Il fallait que cela s’arrête.

En mai Evo Morales s’est rendu à Moscou à titre de premier dirigeant bolivien à s’être déplacé en Russie. Il a salué le « retour de la Russie en Amérique Latine » disant apprécier son rôle dans l’établissement d’un monde multipolaire. Les deux pays ont signé des accords de coopération militaire et sur la lutte contre le trafic de drogue, ainsi qu’une déclaration commune qui prévoit un renforcement de la coopération énergétique.

« La Russie contribuera à la construction de gazoducs et à l’exploration de gisements en Bolivie« , avait alors déclaré au président Morales, le Premier ministre russe, Medvedev qui affirmait aussi que Gazprom pourrait investir trois milliards de dollars dans l’exploration de nouveaux gisements d’hydrocarbures en Bolivie. Gazprom est présent en Bolivie qui possède les deuxièmes plus grandes réserves de gaz d’Amérique latine, derrière le Venezuela et tout renforcement de la présence russe aurait risqué de devenir incontrôlable. Mais ce n’est pas tout : La Bolivie de Morales menait aussi des discussions avec l’Iran, un autre pays alliés en juillet pour se procurer des drones iraniens. A la suite de la rencontre du 23 juillet entre de hautes délégations iranienne et bolivienne à La Paz, la Bolivie a affiché sa volonté d’acheter des drones iraniens.

Une chose est sûre : le camp atlantiste qui travaille en ce moment même à reproduire le scénario raté au Venezuela à la fois en Irak et au Liban, vient de marquer un point en Bolivie. Mais les dés sont loin d’être jetés, Morales ayant annoncé qu’il ne renoncerait pas à la lutte anti-impérialiste.

Source : Press Tv

 

La Roumanie, entre intégration mondialiste et partenariat multipolaire

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La Roumanie, entre intégration mondialiste et partenariat multipolaire

Ex: https://www.geopolitica.ru

La Roumanie est un ancien pays communiste qui fait partie depuis environ une quinzaine d’années de l’intégration euro-atlantiste. Afin de mieux décrypter la situation actuelle de ce pays, je voudrais d’abord comparer brièvement l’état présent des faits avec celui qui a précédé la prétendue « révolution », qui nous a amené libéralisation, privatisation, progressisme et a imprimé une orientation générale vers la mondialisation. En substance, je pense que l’on peut dire qu’au cours de ces 30 dernières années, nous sommes passés du stade de l’oppression communiste – mais au moins nous étions toujours propriétaires des ressources et de l’économie du pays – à un triste statut de colonie dans laquelle nous n’avons presque aucune souveraineté, ni industrie, ni propriété des ressources, ni culture nationale.

Entrons maintenant dans les détails. En ce qui concerne la situation économique de la Roumanie avant 1989, on nous dit aujourd’hui qu’il n’y a pas de données officielles parce que tout, dans le communisme, était mensonger, si bien que les données fournies par le gouvernement de Nicolae Ceaușescu étaient exagérées et politisées. Ces données visaient à dépeindre la « grandeur » du communisme et du « souverain bien-aimé », mais en réalité le système économique était défectueux et inefficace. Il est vrai que la propagande mégalomaniaque était absolument réelle, mais l’idée qu’il n’y a pas de données et que le système était dysfonctionnel semble relever d’une nouvelle forme de manipulation du peuple.

En effet, n’oublions pas que la Roumanie a été l’un des très rares pays dans le monde entier à avoir réussi, au printemps 1989, à rembourser intégralement sa dette envers le FMI (21 milliards de dollars). Ensuite, tous ceux qui ont vécu à cette époque savent, par exemple, que dans chaque ville, même dans les plus petites, il y avait au moins une grande entreprise, avec des centaines ou des milliers de salariés. Au total, il y avait dans le pays environ 1200 grandes usines et entreprises qui avaient une production massive dans de nombreux domaines : machines, grands et petits véhicules, industrie extractive, habillement, industrie alimentaire… et une grande partie de la production était destinée à l’exportation. Selon les déclarations publiées par les médias centraux d’un ancien secrétaire d’État et ensuite directeur de l’Institut d’économie de l’Académie roumaine, Constantin Ciutacu, la Roumanie était dans les années 1980 parmi les 10 premiers pays d’Europe comme puissance industrielle, avec la plus forte croissance économique.

Aujourd’hui, les sociétés transnationales sont parvenues à contrôler plus de 90% du capital utilisé dans l’économie du pays et, conformément à un récent rapport rendu public par un sénateur, plus de la moitié des sociétés multinationales qui exploitent nos ressources depuis 20 ans n’ont rien payé avec les redevances qu’elles sont censées payer, selon les contrats.

La Roumanie est aujourd’hui le deuxième pays le plus pauvre de l’Union européenne, avec le taux d’inflation annuel le plus élevé de l’UE.

En conséquence, au cours des dix dernières années, plus de quatre millions de citoyens de la population active ont émigré, issus des milieux les mieux formés et les plus instruits, ce qui représente plus de 20% de la population du pays. Cela nous place au 5e rang des populations émigrantes dans le monde, bien plus que dans les pays voisins.

Les relations Roumanie-Moldavie

Nous voyons donc quels sont les soi-disant « avantages » de notre intégration dans les structures euro-atlantistes. Aussi, peu importe à quel point le nouvel ordre politique a critiqué le régime communiste (dont je ne suis pas partisan), il semble que la situation actuelle soit bien pire. Dans ce contexte, je tiens à souligner l’orientation des négociations en cours, en vue de parvenir à une approche « européenne » entre la Roumanie et la République de Moldavie. Je considère que ces deux pays sont frères, du même genre, nous avons le même sang (à l’origine) et nous parlons la même langue, et nous sommes essentiellement unis au niveau de l’âme et de la conscience. Seuls les vicissitudes et les intérêts historiques des grandes puissances ont dessiné en 1940 une ligne de démarcation artificielle entre nous. Mais aujourd’hui, étant donné que la Roumanie est déjà occupée par l’empire mondialiste, il est tout à fait logique que l’alliance euro-atlantiste soutienne ce rapprochement entre nous comme un moyen de pénétrer plus profondément vers la Russie, qui est sa véritable cible.

Ce que la Russie représente aujourd’hui

La Russie dérange l’empire mondialiste en s’opposant efficacement à ses plans. Avec la Chine, la Fédération de Russie constitue un pôle de pouvoir fort différent de l’ordre unipolaire hégémonique que veulent les États-Unis et ceux qui gouvernent réellement l’Amérique. Et les mondialistes n’essaient même pas de cacher que c’est exactement ce qu’ils veulent. La Russie est actuellement le principal pôle du christianisme dans le monde, le pôle des conservateurs des traditions morales et spirituelles chrétiennes qui ont jadis constitué la base de toute la culture européenne. Pourtant, ces valeurs chrétiennes ont été presque complètement déracinées en Occident par l’assaut de normes dites « progressistes » et « politiquement correctes ».

D’un point de vue militaire, il est important de noter que la Fédération de Russie a bloqué l’expansion impérialiste américaine qui a commencé après 2001. Le renversement du régime en Syrie, stoppé en 2017-2018, prenait la même voie que les changements de régime antérieurs, imposés en Irak, en Libye et dans d’autres pays du Moyen-Orient qui figuraient depuis longtemps sur la liste des pays à contrôler que les États-Unis avaient établie. Dans tous ces pays, l’OTAN, sous la direction des États-Unis, a attaqué sous prétexte « d’interventions humanitaires » et n’a apporté que des catastrophes à tous les niveaux, comme prix de la domination américaine. L’intervention décisive de la Russie, soutenue par la Chine, a également permis de bloquer le coup d’État vénézuélien au début de cette année. Le coup d’État poursuivait l’imposition totalement illégale d’un soi-disant nouveau « président », en fait une marionnette de la CIA. La Fédération de Russie continue d’être un facteur fondamental pour le maintien de la paix au Moyen-Orient, et je fais spécifiquement référence au fait que la coalition atlantiste dirigée par les États-Unis vise avec insistance à attaquer l’Iran.

La position délicate des pays de la zone tampon entre la Russie et la zone euro-atlantique

Compte tenu de ce contexte international tendu, il me semble nécessaire de souligner que la Roumanie et la Moldavie, comme tous les pays de la ceinture qui relient la mer Noire à la mer Baltique, devraient choisir soigneusement avec qui elles s’allient. La décision est d’autant plus importante que les théories géopolitiques soulignent que ces États sont essentiels pour le contrôle de l’Eurasie, la principale terre continentale du monde (Heartland). Les pays respectifs occupent une position clé dans cette zone de confrontation entre les deux grandes alliances (atlantiste et continentale) et c’est pourquoi il est difficile de croire que les pays de cette zone puissent s’engager avec succès sur une voie de neutralité et d’indépendance.

Une autre chose importante à souligner est qu’à mon avis, la Russie d’aujourd’hui n’est plus l’URSS d’hier. En ce sens, il est révélateur d’examiner les faits et non la propagande. Ceux qui cherchent à discréditer la Russie cherchent aujourd’hui à superposer son comportement aux anciennes pratiques de l’URSS, mais la différence est évidente pour tout analyste objectif d’un point de vue militaire, politique, idéologique ou économique. Dans le même temps, les États-Unis, qui dirigent l’alliance euro-atlantiste, sont présentés par leurs partisans comme un garant de la démocratie et de la liberté dans le monde. Pour clarifier les choses, il suffit d’examiner les actions de la Fédération de Russie, des États-Unis et de l’OTAN au cours des 20 dernières années. L’alliance OTAN/États-Unis a attaqué un nombre croissant de pays, même après la guerre froide, qui a fait des centaines de milliers de morts et provoqué le chaos dans ces régions.

Comment fonctionne le mondialisme

Sur la base des observations faites au fil du temps, on peut décrire brièvement comment le mondialisme agit pour s’emparer du pouvoir et dominer les pays du monde. En ce qui concerne la ligne économique, la création du système pétrodollar favorise progressivement le dollar américain comme monnaie de réserve mondiale. Le système des banques nationales est centralisé, sous le contrôle d’un cartel transnational occidental. Les États sont encouragés à emprunter et à devenir débiteurs, mais les dettes augmentent ensuite de façon exponentielle. L’augmentation de la dette s’accompagne d’une perte de souveraineté et de ressources naturelles. Les États qui ont tendance à sortir du système sont soumis à des sanctions économiques qui les affectent très durement, précisément parce que les leviers fondamentaux du système sont contrôlés par l’élite mondialiste. Récemment, il n’y a pas eu beaucoup d’alternative. Mais la situation a changé depuis que de plus en plus d’États ont commencé à comprendre que la seule façon de sortir de la domination du monopole mondialiste est l’alliance avec d’autres États afin d’atteindre un ordre multiple. À cet égard, on peut noter qu’un processus ferme de « dédollarisation » a déjà commencé.

Au niveau militaire et paramilitaire, nous avons vu comment fonctionne l’empire mondialiste dans le cas des soi-disant « États voyous » : en soutenant, finançant et même en organisant des « protestations de l’opposition », déclenchant plus ou moins des « révolutions de couleur », qui aboutissent à des changements de régime. Et si ces méthodes ne suffisent pas, la nécessité d’une « intervention humanitaire » est invoquée et l’action américaine dirigée par l’OTAN entre en jeu.

Sur le plan social et idéologique, les structures de soutien de la société, des hiérarchies et des classes sociales ont été affaiblies : la classe des intellectuels libres et du clergé, puis la classe des petits commerçants indépendants et en général toute la classe moyenne. La mondialisation divise la société en une « élite » de très rares super-riches qui ont le pouvoir, et de l’autre côté, une grande masse de personnes tenues dans l’ignorance, la pauvreté et manipulées pour voter comme le suggèrent habilement les médias, qui sont presque entièrement détenus par l’Élite. La démocratie est devenue un instrument de nivellement et de déstructuration (atomisation) de la société sous l’angle de l’égalité et des droits de l’homme. Un exemple : dans les pays émancipés, on ne permet plus de manifester en public les éléments religieux chrétiens pour ne pas offenser les autres, plus exactement les immigrés, et c’est pourquoi la religion chrétienne doit – de l’avis des législateurs mondialistes – être isolée, marginalisée, pratiquée uniquement en privé. Les progressistes veulent aussi que la famille traditionnelle ne soit plus un modèle fondamental, ils soutiennent que les mariages LGBT peuvent être tout aussi bons. Ou que les droits de l’individu sont plus importants que les droits de la communauté. Et que l’idée même de l’existence de « nations » serait dépassée.

En ce qui concerne le concept de nation, je rappelle que, par exemple, le philosophe allemand Hegel voyait la « nation » comme l’expression d’un ordre divin manifesté sur Terre : « [L’unité de la volonté universelle et subjective se trouve, d’un point de vue archétypal] dans l’État, dans ses lois, dans ses arrangements universels et rationnels ». Dans le même ordre d’idées, l’un des plus grands historiens et hommes politiques roumains, Nicolae Iorga, a déclaré que ce qui définit une nation est une communion de conscience et d’âme entre les membres de cette nation : « Nous ne sommes pas ensemble parce qu’il y a pour tous le même régime douanier, la même administration, les mêmes circonstances quotidiennes, mais parce que la même âme nous anime tous ».

Pourtant, nous voyons que le progressisme et la « pensée politique correcte » de la société euro-atlantiste contemporaine tendent à uniformiser et à désagréger ces ressorts profonds de la conscience et de l’âme nationale. Il en résulte un conglomérat plat et amorphe, qui a perdu sa dimension verticale : l’enracinement dans les traditions et l’aspiration collective selon un modèle transcendant.

Se connecter à la Source (Dieu) est la meilleure voie

Une dernière idée que je tiens à souligner est qu’une véritable alternative au système mondialiste ne peut fonctionner que si une mutation se produit au niveau de la population générale. Quelles que soient les bonnes idées que nous avons, si elles ne sont pas assimilées puis soutenues par la population, le système reste vulnérable aux coups d’État, à la corruption et à la manipulation. Et la mutation la plus importante est la reconnaissance de la dimension verticale dont je parlais tout à l’heure. Et surtout la reconnexion à la Source Divine. Dieu est l’allié invincible. C’est justement pourquoi certains essaient de faire en sorte que l’on ne s’en rende pas compte, ou qu’on l’oublie.

Source - FLUX

L'Otan en état de mort cérébrale. Faudrait-il le regretter?

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L'Otan en état de mort cérébrale. Faudrait-il le regretter?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

On parle beaucoup depuis quelques jours de l'entretien du 7 novembre d'Emmanuel Macron avec The Economist, où le Président français indique indiquant que l'Otan est devenue Brain Dead, autrement dit a perdu toute raison d'être.

Selon lui, l'Europe se trouve au bord du précipice. Elle a besoin de se considérer stratégiquement comme un pouvoir géopolitique, sinon elle perdra tout contrôle de son destin. Mais pour lui cela tient désormais à la volonté de l'Amérique, et de Donald Trump en particulier, de cesser de s'impliquer dans le financement de l'Otan.

Or Emmanuel Macron ne veut pas reconnaître pas que l'Otan, sous la direction américaine, vise à préparer une guerre avec la Russie puis désormais, comme nous l'avons précédemment montré, avec la Chine. Il ne veut pas voir que Donald Trump ne remet pas cet objectif mortifère en cause, même si de telles guerres, devenant vite nucléaires, signifierait la fin non seulement des Européens, mais des Américains eux-mêmes. Il refuse d'admettre que Donald Trump veut seulement que les Européens consacrent des sommes plus importantes au financement de l'Otan, prenant ainsi le relais du Pentagone.

Tout laisse penser qu'Emmanuel Macron voudrait que la France, avec l'aide financière de l'encore riche Allemagne, incite l'Europe à se doter d'une force de défense proprement européenne. Celle-ci prendrait le relais de l'Otan pour défendre l'Europe d'une agression militaire russo-chinoise. Or rien ne permet de croire que Moscou ou Pékin puisse raisonnablement envisager une telle agression où ils auraient beaucoup de choses à perdre sans aucun résultat.

Si Emmanuel Macron voulait que la France, conjointement avec l'Allemagne, se donne des objectifs à la hauteur des enjeux du monde de demain, elle devrait affecter plus de moyens financiers, non à se défendre contre la Russie ou la Chine, mais à prendre des positions substantielles dans le domaine des politiques spatiales, y compris en vue de la mise en place d'une station permanente sur la Lune. L'Europe est en train, malgré les efforts du CNES français (Centre national d'études spatiales), d'y prendre des retards qui risquent de n'être jamais récupérables.

Voir The Economist https://www.economist.com/europe/2019/11/07/emmanuel-macr...

mardi, 12 novembre 2019

L’art américain de « déclencher les crises » arabes et bloquer leur résolution

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L’art américain de « déclencher les crises » arabes et bloquer leur résolution

 
 
Auteur : Dr Wafik Ibrahim
Ex: http://www.zejournal.mobi

C’est une accusation explicite qui appelle à demander aux autorités arabes pourquoi permettent-elles de telles interventions, tout en se démarquant de la théorie du complot, car elles sont évidentes, prouvées et même exposées par les médias. Est-il normal que l’Etat américain exige de l’armée libanaise de protéger les manifestants et de ne pas les réprimer dans un pays où le mouvement populaire a bloqué la plupart des routes vitales et où seuls quatre blessés n’ayant que des contusions mineures, les chasseurs en forêt risquent plus, ont été enregistrés durant les 20 jours consécutifs des protestations ?

Pour l’Irak, les Américains s’efforcent de restreindre les manifestations dans les zones chiites du sud et de la capitale Bagdad et de concentrer l’affrontement entre le gouvernement dominé politiquement par les chiites et les zones à prédominance démographique chiite, essayant d’annihiler l’influence politique et démographique sunnites sur les événements en Irak, et isolant complètement le Kurdistan des Irakiens arabes qu’ils soient sunnites ou chiites.

Quant au Yémen, il semble que le projet pour éliminer les Ansarullah de l’État yéménite de Sanaa a lamentablement échoué, ce qui a nécessité un retour rapide vers l’unification du sud yéménite réparti entre influences saoudienne et émiratie, et sa séparation du nord en le démembrant en zones sous contrôle saoudien et émirati et patronage américain.

Quelqu’un s’oppose-t-il à ce nouveau siège américain ? Au Liban, des partis locaux liés à la politique américaine ont parasité la véritable insurrection populaire. Peut-on nier l’étendue du contrôle américain sur les Forces libanaises, les Phalanges libanaises, le Parti socialiste progressiste, de nombreuses associations et l’ensemble des politiques hariristes ? Ce sont des forces internes qui agissent selon les motivations des antennes américaines qui ont réussi à brider les forces militaires et de sécurité.

Cependant, les critiques acerbes adressées au Chef d’état-major de l’armée et à son chef des services de renseignement les ont obligés à ouvrir une route principale reliant Beyrouth au nord qui a été coupée par les Forces de Geagea. Le plus drôle, c’est que l’armée l’a rouverte en quelques minutes, révélant ainsi la faiblesse de ceux qui la barraient.

Vint alors « l’ordre américain » aux militaires, sous forme de conseils fraternels, de protéger les manifestants, sans un mot sur la nécessité d’un dialogue entre les manifestants pour la réalisation de leurs revendications, ce qui démontre combien les Américains étaient désireux de « faire durer la crise  » via leurs comparses comme mécanisme pour épuiser tout le Liban et attaquer le Hezbollah régional.

Qu’en est-il de l’Irak ? Les Américains saignent l’économie et l’unité de l’Irak depuis les années 1990, comme en témoigne la poursuite de leur projet de diviser l’Irak en trois états kurde, sunnite et chiite, qu’ils essaient d’exécuter de deux manières depuis leur occupation en 2003 à ce jour : affaiblir l’Etat central et ouvrir la voie aux interventions de l’Arabie Saoudite et de la Turquie islamistes.

Le Hachd Chaabi, qui a triomphé du terrorisme et remporté une victoire revigorante pour son pays avec toutes ses composantes, s’est trouvé éparpillé entre ses partis luttant pour le pouvoir, dont En Marche (Saïroun), Fatah et Al-Hikma. Leurs relations avec l’Iran les réunissaient des fois, comme Ils étaient divisés par les politiques saoudo-américaines d’autres fois, jusqu’à ce que cet Irak, riche et distingué par son Histoire, s’avère être l’un des pays les plus corrompus au monde.

L’Irak a été pillé par ses politiciens qui faisaient plier les gens par le nationalisme et la religiosité, renforçant les disparités sectaires et ethniques d’une part et le combat entre la corruption politique et les chiites du sud et de Bagdad d’autre part.

Ceux-ci ont constaté qu’ils n’avaient ni travail, ni infrastructure, ni eau potable, et qu’ils avaient faim. Ils avaient lancé un mouvement massif qui dure depuis des mois, sans relâche, et même les centaines de morts et les milliers de blessés tombés sous le feu de leur armée et certains intrus n’ont pas été en mesure d’étouffer leur insurrection. C’est le diktat de la faim.

Là, des informations nous parviennent disant que les Américains empêchent le gouvernement irakien de parachever son quorum politique sunnite, chiite et kurde, de sorte qu’il ne peut assurer des solutions pour répondre aux demandes populaires, et empêchent également le premier ministre de démissionner, sous divers prétextes qui dissimulent les tentatives américaines d’attiser le mouvement populaire.

On voit ici à quel point les Américains sont désireux de déclencher la crise, de l’alimenter et d’empêcher que des solutions n’y soient apportées. Loin de la théorie du complot, les Américains veulent l’aggravation permanente du mouvement irakien, dans une escalade qui n’entraîne pas la destruction de l’Etat, qui a des proportions kurdes et sunnites, mais affecte la relation des gens du Sud et de Bagdad avec la partie politique qui les représente au pouvoir, tendant vers l’établissement de mauvaises relations avec les Hachd Chaabi et percevant les limites du rejet de la relation avec l’Iran sous prétexte qu’il est le soutien principal du Hachd et de ses extensions au sein du gouvernement irakien. Ce qui est donc requis est le durcissement du siège de l’Iran du côté de l’Irak avec lequel il a la frontière la plus longue et les relations politiques les plus importantes qui lui permettent de s’infiltrer économiquement et de briser l’embargo américain.

Ce faisant, les Américains atteignent d’un coup plusieurs objectifs, dont le premier est de poursuivre la fragmentation sectaire et ethnique de l’Irak et d’empêcher sa consolidation en tant qu’État fort susceptible de coordonner avec la Syrie et d’assiéger le golfe, en plus du parachèvement du processus de strangulation de l’Iran à travers sa plus grande ouverture avec l’Irak et donc la Syrie, bloquant ainsi les routes Iran-Syrie-Iraq et, en même temps, entravant l’expansion russe et chinoise dans la région.

Les Américains utilisent les mêmes tactiques en Syrie, mais leur problème avec l’État syrien est qu’il a réussi à rallier l’armée et le peuple à l’État, en monopolisant la représentation du peuple syrien dans toutes ses diversités ethniques et régionales, à tel point que tout ennemi est exclu du consensus national, avec l’assentiment international et l’adhésion des amis et des ennemis.

Ce sont donc des méthodes américaines renouvelées qui ont remplacé celles qui ont échoué sur les terrains syrien et irakien. L’Irak, le Yémen et le Liban survivront-ils à ces nouvelles approches ?

Au Liban, le Hezbollah est le premier à avoir réussi à adopter une démarche patriotique élégante avec le mouvement libanais et à contenir ses aspects néfastes, tandis que le Yémen du Nord s’apprête à soutenir le Sud. Les cœurs se serrent de crainte pour l’Irak ciblé de toutes parts. Ses forces nationales pourront-elles inventer des solutions de nature à éliminer les poisons américain, saoudien et turc ?

Les capacités de ses forces nationales sont énormes, la première étant la promulgation d’un projet dans lequel les Irakiens sont égaux politiquement, économiquement, sociologiquement et tous unis contre la corruption politique. Ce n’est pas difficile en Mésopotamie.


- Source : Al Binaa (Liban)

lundi, 11 novembre 2019

L'Eurasie remplacera bientôt les Etats-Unis dans le statut de super-super puissance mondiale

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L'Eurasie remplacera bientôt les Etats-Unis dans le statut de super-super puissance mondiale

par Jean-Paul Baquiasr

Ex: http://www.europesolidaire.eu

L'Union Européenne, bien que regroupant des Etats dont le poids économique n'est pas négligeable, ne deviendra jamais une super-puissance mondiale. Il faudra que pour cela elle s'affranchisse de la domination politique, économique et culturelle que les Etats-Unis continuent à exercer sur elle depuis l'origine.

Il ne faut jamais oublier que Washington a présidé à sa mise en place des les années 1960 pour en faire une plate-forme leur permettant de préparer une guerre contre la Russie, guerre proprement dite mais aussi diplomatique. Cet objectif demeure toujours d'actualité, l'Otan étant une autre version de l'Europe au plan militaire.

Depuis plusieurs années désormais se sont constitués des unions d'Etats auxquelles l'Union européenne, sur les injonctions répétées des Etats-Unis, refuse toujours de s'associer. Il s'agit essentiellement d'unions économiques, dans lesquelles la Chine joue un rôle essentiel. Mais Washington les considère aussi, non sans raisons d'ailleurs, comme visant à concurrencer la domination américaine. La Chine, en passe de devenir la première puissance économique mondiale, cherche à y étendre son influence. Mais pour beaucoup des Etats moins importants participant à ces unions, il s'agir surtout de regrouper des forces leur permettant de faire face à la domination américaine. Même si la situation économique aux Etats-Unis semble entrée en récession, ceux-ci ont moins que jamais renoncé à étendre leur domination sur le reste du monde.

On pourra d'abord mentionner l'Union Economique Eurasiatique comprenant (nous ne traduisons pas) les Etats suivants : Armenia, Belarus, Kazakhstan, Kyrgyz Republic, Russia Tajikistan et bientôt Moldova. L'objectif en est surtout d'encourager le libre-échange et la coopération économique entre les membres.

Viennent ensuite :

- La très importante Shanghai Cooperative Organization, SCO. (Russia, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Tajikistan, Uzbekistan, India, China et Pakistan; avec en observateurs Afghanistan, Iran, Mongolia, Belarus et partenaires de dialogue Armenia, Azerbaijan, Cambodia, Nepal, Sri Lanka et Turquie. Elle compte 4 puissances nucléaires et se donne pour but de renforcer la sécurité et la cas échéant la coopération militaire entre ses membres. Ceux-ci ont signé un accord dit Déclaration de Bishkek visant à faire de l'Asie Centrale une zone excluant l'emploi d'armes nucléaires entre les signataires. Par ailleurs la SCO encourage le renforcement des liaisons ferroviaires et aériennes en son sein.

- L'ASEAN ou Association of Southeast Asia qui date de 1967, (Brunei Darussalam, Cambodia, Indonesia, Laos, Malaysia, Myanmar, Philippines, Singapore, Thailand et Vietnam). Initialement très tournée vers les Etats-Unis, elle le reste, mais négocie aussi aujourd'hui des accords présentés comme stratégiques avec Pékin et Moscou.

Le Regional Comprehensive Economic Partnership (Brunei, Cambodia, Indonesia, Laos, Malaysia, Myanmar, the Philippines, Singapore, Thailand, Vietnam, China, Japan, South Korea, Australia et New Zealand, avec sans doute prochainement l'Inde. Il encourage en priorité les investisseurs étrangers et permet à ceux-ci d'attaquer les gouvernements qui les refuseraient au profit d'investissements publics exclusifs.

- La Belt and Road Initiative. Prévue pour être inaugurée en juin 2021, elle rassemblera 4 milliards de personnes au sein de 130 pays en Eurasie, Afrique, Amérique Latine et Pacifique Sud. Elle veillera à la coordination des politiques économiques, la connectivité des infrastructures, les échanges entre personnes. Elle construit déjà des centrales électriques au Pakistan, des lignes ferroviaires en Hongrie et de nombreux ports maritimes de l'Afrique à la Grèce. L'Iran, stigmatisée par les Etats-Unis, en fait partie.

On comprendrait mal que les principaux pays européens, notamment l'Allemagne, la France et l'Italie, persistent à ignorer tout ceci

Pour en savoir plus

https://russia-insider.com/en/politics/how-russia-and-china-are-building-eurasia-geopolitical-powerhouse/ri27839

dimanche, 10 novembre 2019

Blue Dot, réplique américaine à la BRI chinoise

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Blue Dot, réplique américaine à la BRI chinoise

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La BRI ou Belt and Road Initiative est un grand programme d'origine chinoise, lancé il y a 6 ans, visant à connecter par des techniques modernes tous les Etats le souhaitant dans la région asiatique, au Moyen Orient et bientôt en Europe.

C'est devenu la hantise des Etats-Unis qui y voient la volonté de Pékin d'imposer son influence économique et politique dans cette partie du monde, en éliminant de ce fait l'influence américaine.

Nous avons souvent ici présenté la BRI. Voir notamment un article concernant la participation de l'Italie. Il est inutile d'y revenir. Il était évident que Washington était obligé de répliquer. Ceci vient d'être fait avec le lancement du Blue Dot Network. Celui-ci est présenté, officiellement, comme destiné à promouvoir des infrastructures de développement dans la région indo-pacifique et au-delà. Celles-ci devraient être « sustainables » c'est à dire aussi peu coûteuses et aussi peu agressives à l'égard de l'environnement que possible.

Il s'agit d'un projet commun réunissant la US Overseas Private Investment Corporation dont le nom indique bien les objectifs, le ministère australien des Affaires Etrangères et du Commerce, ainsi que la Banque Japonaise pour la Coopération internationale.

XI Jinping vient d'annoncer à Shanghai, lors de la China International Import Expo que la Chine avait à ce jour signé 197 accords concernant la coopération pour le développement de la Bri, avec 137 pays et 30 organisations internationales. Même si ces chiffres paraissent un peu exagérés, ils sont pas comparables avec l'intérêt que pourra rencontrer Blue Dot, où beaucoup voient une tentative de Wall Street pour conserver son emprise dans la région.

L'Inde, en ce qui la concerne, dont le rôle sera essentiel, semble partagée par le désir de participer à la BRI et d'être présente dans Blue Dot, tout au moins si celle-ci tient ses promesses. Beaucoup d'entreprises indiennes conservent de nombreux liens commerciaux avec les Etats-Unis et voudraient manifestement jouer sur les deux tableaux.

Pour le moment, Blue Dot a plutôt suscité de la méfiance en Asie. Ceci tient au fait que derrière des investissements privés, il est facile d'y voir un processus permettant, non seulement au grand capital américain, mais au Pentagone, de reprendre un peu de poids dans une partie du monde où l'influence de la Chine est devenue considérable.


 

jeudi, 07 novembre 2019

Relations internationales et antagonismes idéologiques...

 

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Relations internationales et antagonismes idéologiques...

par Pierre de Lauzun
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Pierre de Lauzun, cueilli sur Geopragma et consacré à l'impact des antagonismes idéologiques dans le champ des relations internationales.

Relations internationales et antagonismes idéologiques

A côté du schéma des relations internationales classique depuis les traités de Westphalie, fondé sur des rapports entre entités plus ou moins souveraines, d’autres facteurs sont régulièrement venus colorer ces relations. On peut citer ici les conflits de civilisations chers à S. Huntington, bien qu’historiquement on trouve peu d’exemples où un conflit significatif oppose ce qu’on peut décrire comme deux aires de civilisation (voir un billet précédent). Même si des différences culturelles profondes ont souvent contribué à renforcer les antagonismes et à les radicaliser : les conflits étaient et sont en général d’abord des conflits entre puissances. Ce n’est que dans le cas de l’Islam que ce terme pouvait acquérir plus de vraisemblance, dans son opposition avec le monde chrétien d’un côté, le monde hindou de l’autre. Mais justement l’Islam est spécifique par l’association étroite qu’il fait entre religion et politique, et donc sa proximité potentielle avec une idéologie politique.

Cela nous conduit à mettre en lumière une autre type d’opposition, plus caractéristique de l’époque moderne au sens large, qui sont les conflits idéologiques. La guerre froide vient immédiatement ici à l’esprit, mais la seconde guerre mondiale dans une très large mesure aussi ; voire la première, du moins si on prend au pied de la lettre la propagande de l’époque. Comme si, à l’époque démocratique tout particulièrement, il fallait justifier les conflits par autre chose que les simples oppositions de puissance : par des oppositions entre un bien et un mal, moyennant bien sûr simplification éventuellement caricaturale de la réalité. Cette opposition idéologique n’oblitère évidemment pas la dimension de conflit de puissance, évidente dans tous ces cas, mais elle lui donne une caractère et une intensité toutes particulières ; elle peut en outre orienter les décisions prises, du fait de sa logique propre. C’est cette époque qu’on a pu croire un bref instant terminée en 1991 avec la fin de l’URSS.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Apparemment la domination de ce qu’on peut appeler l’idéologie occidentale, est considérable sinon massive : elle donne sa substance au discours international de tout côté, depuis les débats de l’ONU jusqu’aux argumentaires donnés par les faucons américains, en Iraq et ailleurs. Idéologie utilisée abondamment pour justifier des politiques, et notamment des interventions ici ou là, militaires ou non. Mais sans qu’il y ait désormais un adversaire idéologique clair.

Les tentatives pour dresser une protestation, ou un début d’alternative, sincère ou pas, contre cette idéologie dominante sont timides et locales. C’est même vrai dans le cas de l’islamisme, sous ses différentes formes. Certes il représente un phénomène majeur. Soit comme prétexte à intervention, soit comme boutefeu, il peut jouer un rôle important dans les évènements. Mais il ne se situe pas à ce stade au niveau des grands rapports de force entre puissances, car il faudrait pour cela qu’une vraie puissance l’incarne. Sur la scène internationale il s’exprime en fait surtout sous la forme spécifique du terrorisme, dont la connexion avec de vraies puissances reste limitée. Certes un certain islamisme militant est revendiqué sous des formes diverses et souvent antagonistes par l’Arabie saoudite, l’Iran, et d’autres comme de plus en plus la Turquie. La première répand sa version rigide et extrême de l’Islam, à coups de dizaines de milliards, depuis plus de 50 ans (avec ses amis ou rivaux du Golfe), mais sans fédérer un véritable camp structuré comme tel. L’éventail de ses amis est pour le moins éclectique. Le second a su rassembler et mobiliser les communautés chiites dans un arc traversant tout le Moyen Orient, qui a actuellement le vent en poupe, mais sans sortir de ce cousinage par nature limité. Le chiisme reste fort peu missionnaire. La Turquie, importante comme puissance régionale, est peu suivie comme leader et reste à dominante nationaliste. Dans les faits donc, même si l’idéologie conditionne ces antagonismes et d’autres, le conflit de puissances reste prépondérant au niveau des relations de pouvoir. Reste que la résurgence indéniable de l’islamisme est un fait géopolitique majeur, qui peut l’être plus encore à l’avenir, si elle conduit à une modification suffisante des équilibres internes, et par là des priorités des pays concernés. C’est donc dans la patte humaine des pays musulmans qu’est l’enjeu, avant les relations internationales entre puissances.

Une autre source majeure d’alternative idéologique, potentiellement plus massive et plus significative, est l’évolution possible de la Chine. Au stade actuel, l’ancien antagonisme entre marxistes et occidentaux ne joue plus de rôle significatif au niveau mondial. Mais la Chine reste fondée sur des principes indéniablement différents et antagonistes de ceux qui constituent la doxa internationale, notamment américaine. A ce stade, cela ne prend pas chez elle la forme d’un programme idéologique conquérant. On peut même avancer que sa situation idéologique interne n’est elle-même pas stabilisée : il est clair que le régime cherche une justification à ce niveau, mais pour réussir il faudrait que cela prenne une forme différente et surtout plus élaborée. Elle pourrait tourner autour de l’idée actuellement latente d’un régime « éclairé », possédant une vision à long terme, qui est dégagée et mise en œuvre par des élites intellectuelles et sociales elles-mêmes sélectionnées à partir du peuple par le tamis du parti : on mêlerait ainsi une certain héritage léniniste plus ou moins maoïste (cher au président chinois actuel) avec des éléments de confucianisme récupéré (l’idée ancienne d’une élite supposée vertueuse au service du peuple, mue par le culte de la moralité publique). Mais la formalisation théorique de cela reste à ce stade limitée et déficiente, et non exportable.

A ce stade donc la Chine n’est pas mûre pour jouer un rôle international significatif à ce niveau, même si dans son mode d’intervention on voit l’impact de la différence avec les pays occidentaux, notamment dans son indifférence affichée à toute « démocratisation » dans les pays qu’elle aide. Ajoutons que la tradition chinoise séculaire était plus introvertie que messianique ; même si la Chine ancienne avait progressivement assimilé des zones vastes, grâce à son modèle culturel et politique attractif pour ses voisins ou les pays dominés. Mais outre qu’elle n’a plus cette puissance d’attraction à ce stade, sous cette forme cela ne donnerait de réponse que pour les pays de son environnement immédiat, culturellement proches (Japon, Corée, Vietnam) – et ce n’est en rien le cas actuellement. En bref la Chine actuelle commence à faire sentir sa puissance, mais elle rayonne bien plus par son pragmatisme que par son modèle ou ses idées. Elle n’a en outre aucune expérience historique des relations de puissance. Mais le temps travaille pour elle. Et à terme, on ne peut pas exclure qu’elle construise un modèle alternatif plus puissant, idéologiquement rival du modèle américain ou occidental. On peut par ailleurs trouver dans la tradition chinoise ancienne, si elle est quelque peu revisitée, un modèle politique fort, et même des motifs à interventionnisme, y compris sur base moralisante ; ainsi chez Mencius, successeur principal de Confucius, qui justifiait la guerre s’il s’agit d’éliminer des « tyrans » opprimant leur peuple. La situation reste donc mouvante et pourrait nous surprendre.

D’autres sources encore peuvent émerger à terme long : pensons à une civilisation ancienne comme celle de l’Inde, désormais en voie d’affirmation politique elle aussi.

Mais il n’est pas inintéressant de considérer un autre cas beaucoup plus d’actualité, quoique bien moins dramatique que les exemples cités : celui des populismes. Bien entendu les mouvements ou personnages classés comme tels sont censés faire partie du monde des démocraties à l’occidentale. En outre, ils sont hétérogènes, et ne constituent ni un front ni même une alliance. Rien ne dessine à ce stade un antagonisme d’ensemble entre eux et les autres régimes se disant démocratiques. Néanmoins la manière dont ils sont perçus, tant par les médias que par la diplomatie de ces autres pays, présente des traits caractéristiques, où la dimension idéologique (en l’espèce de réprobation) est manifestement prégnante : PIS polonais, Orban, Lega de Salvini, Brexiters à la Boris Johnson, personnages comme Trump ou Bolsonaro sont fondamentalement ressentis dans le discours dominant comme des anomalies moralement condamnables, dans leur discours même. On les rapproche parfois même d’un autre réprouvé comme V. Poutine, malgré les différences évidentes – mais justement ce rapprochement est symptomatique. Certes, le phénomène n’en est qu’à ses débuts, et peut faire long feu. Le succès ou l’échec du Brexit, l’avenir politique de D. Trump, l’évolution de l’Est de l’Europe ou de l’Italie seront ici des tournants importants, parmi d’autres. Certes, même si le phénomène subsiste, la possibilité d’un front de tout ou partie de ces dirigeants paraît plutôt improbable à ce stade. Mais on ne pourrait pas exclure qu’une fracture durable s’installe dans la belle unanimité antérieure, colorant alors les relations internationales de façon appréciable, vu l’importance des pays concernés. Le consensus idéologique occidental pourrait se trouver alors fortement altéré.

Pierre de Lauzun (Geopragma, 4 novembre 2019)

mercredi, 06 novembre 2019

Robert Strausz-Hupé – Le nouvel ordre mondial et l’empire américain

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Robert Strausz-Hupé – Le nouvel ordre mondial et l’empire américain

L’ordre mondial qui se profile sera-t-il celui de l’empire universel américain ? Il doit en être ainsi, dans la mesure où il portera le sceau de l’esprit américain. L’ordre à venir marquera la dernière phase d’une transition historique et en finira avec la période révolutionnaire de ce siècle.

La mission du peuple américain consiste à enterrer les États-nations, guider leurs peuples endeuillés vers des unions plus larges, et intimider par sa puissance les velléités de sabotage du nouvel ordre mondial qui n’ont rien d’autre à offrir à l’humanité que de l’idéologie putréfiée et de la force brute…

Pour la cinquantaine d’années à venir le futur appartient à l’Amérique. L’empire américain et l’humanité ne seront pas opposés, mais simplement deux noms pour un même ordre universel sous le signe de la paix et du bonheur. Novus orbis terranum (Nouvel ordre mondial).

« The Balance of Tomorrow » – Robert Strausz-Hupé, Orbis, 1957

Robert Strausz-Hupé was a former U.S. ambassador to Turkey, NATO, Belgium, Sweden, and Sri Lanka, a professor of political science at the University of Pennsylvania, and the founder of the Foreign Policy Research Institute and its journal Orbis. – FPRI

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mardi, 05 novembre 2019

Pourra-t-on encore longtemps parler de trêve en Syrie ?

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Pourra-t-on encore longtemps parler de trêve en Syrie?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La Turquie a déclenché le 9 octobre une offensive dans le nord-est de la Syrie contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), un groupe qu'elle qualifie de  terroriste  mais qui est soutenu par les pays occidentaux en raison de sa lutte active contre les combattants de l'organisation État islamique présents en Syrie.

La raison alléguée par Ankara en était sa volonté d'empêcher des milices kurdes extérieures à la Turquie de rejoindre des Kurdes ayant toujours vécu dans l'Est de la Turquie afin de constituer l'amorce d'un Etat Kurde qui priverait en ce cas la Turquie de toute souveraineté sur un bon quart de son territoire.

Pour Recep Tayyip Erdogan, cette perspective était inacceptable et devait être combattue en engageant toutes les forces militaires du pays. Même si celles-ci ne sont pas aussi efficaces qu'elles en ont la réputation au sein de l'Otan, elles sont néanmoins parfaitement capables de conquérir et occuper une large bande ou zône de sécurité tout au long de la frontière syro-turque et sans doute un peu au delà, tant du moins que les Américains alliés de la Turquie au sein de l'Otan laisseront faire.

Recep Tayyip Erdogan avait sans doute considéré que le retrait du contingent américain annoncé à grand bruit par Donald Trump lui laisserait les mains libres pour mener une offensive militaire de grande ampleur contre les Kurdes, voire pour occuper durablement une bande frontalière  de sécurité. Quant à la Russie, elle était restée à ce jour dans l'expectative, d'autant plus qu'elle ne dispose pas sur place de moyens militaires suffisants pour freiner l'offensive turque.

Or il avait semblé que Washington ne laisserait pas se poursuivre l'offensive turque contre les Kurdes des YPG. Le 17 octobre, lors d'une visite à Ankara, le vice-président américain Mike Pence avait obtenu la suspension pour 120 heures de l'offensive turque lancée le 9 octobre, afin de permettre aux forces kurdes d'abandonner leurs positions actuelles dans le projet turc de « zone de sécurité ». Ceci il est vrai ne signifie pas avant l'arrêt définitif de cette offensive et moins encore ultérieurement le retrait des Turcs dans leurs positions antérieures.

Le 21 octobre Recep Tayyip Erdogan a prévenu qu' une grande partie des 120 heures était désormais écoulée  et que l'offensive reprendrait si les YPG ne respectaient pas l'accord.

Le commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, a, de son côté, accusé la Turquie de saboter l'accord de cessez-le-feu en empêchant le retrait des combattants FDS de la ville assiégée de Ras al-Aïn. Selon lui, l'accord contient un point essentiel précisant l'ouverture d'un couloir d'évacuation sous le parrainage des États-Unis. Or les  Turcs empêcheraient le retrait kurde du secteur de Ras al-Aïn. ils empêcheraient notamment la sortie des blessés et des civils. Ils continueraient d'attaquer les Kurdes.

On notera que les Kurdes, confrontés à l'absence américaine, ont demandé le soutien de Bashar al Assad, président de la Syrie et allié de la Russie. La Syrie a répondu indirectement en mettant en place des troupes dans des secteurs proches de la frontière turque, notamment de Kobané et Minbej. Ceci se ferait avec l'assentiment des Russes.

On pourrait penser au soir du 21 octobre que Moscou ne souhaiterait pas la mise en place définitive au nord de la Syrie d'une bande de sécurité dominée par les Turcs. Reste à savoir si Erdogan se laissera arrêter, car il semble pour le moment tenir toutes les cartes en mains.

Notes

1) La carte n'est pas à jour concernant les différentes zones d'occupation. Nous la publions pour donner une image générale de la région

2) Le lecteur pourra relire l'analyse du général Delawarde en date du 14 octobre 2019 analysant  l'offensive turque en Syrie et publiée sur ce site. Pour l'essentiel, elle demeure d'actualité.
http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=3915...

3) On consultera sur ce sujet un article détaillé de E. J. Magnier qui vient de nous parvenir
https://ejmagnier.com/2019/10/21/rencontre-poutine-erdoga...

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A la date du 22/10 à 22h, on peut lire dans la presse du soir

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait état, mardi 22 octobre, d'un « accord historique » sur la Syrie conclu lors d'une réunion avec son homologue russe Vladimir Poutine à Sotchi, en Russie.
 « Aujourd'hui, avec M. Poutine, nous avons conclu un accord historique pour la lutte contre le terrorisme, l'intégrité territoriale et l'unité politique de la Syrie ainsi que pour le retour des réfugiés », a déclaré Recep Tayyip Erdogan lors d'une conférence de presse.
Selon Recep Tayyip Erdogan, l'accord conclu avec Vlaidmir Poutine, allié du régime de Damas, porte surtout sur les secteurs du nord-est de la Syrie dans lesquels les forces kurdes du YPG sont présentes mais où l'offensive turque n'avait pas été étendue avant sa suspension.

Nous y reviendrons sans doute

lundi, 04 novembre 2019

Comment la Chine efface les Américains

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Comment la Chine efface les Américains

Les Carnets de Nicolas Bonnal

L’Amérique ? C’est devenu depuis les années soixante un mixte d’impérialisme facho-nihiliste, d’oligarchie tiers-mondiste et de fascisme antiraciste-féministe. Mais cela ne mène plus très loin. America, gratte again…

La Chine s’est éveillée et, pauvre Napoléon, le monde ne tremble pas. Le monde sortira des guerres impériales/humanitaires (les idées chrétiennes devenues folles de Chesterton) et autre croisades occidentales/accidentelles. Mais voyons des analyses US plus précises…

J’ai demandé à Hervé de traduire un texte Unz.org de l’universitaire Roberts Godfree sur la déculottée US dans tous les domaines (ce n’est pas que l’Europe vaille mieux, on est tous d’accord). Aucune schadenfreude : ce qui m’affole c’est que notre occident anesthésié ne se rend compte de rien ou s’en sort par des boniments paternalistes ou des clichés racistes.

Et cela donne : 

« En 2003, j’ai publié un livre sur le déclin des trente-six indicateurs sociaux et économiques de l’Amérique. J’en ai envoyé des copies par la poste à l’Administration, au Congrès et aux chefs de département et j’ai reçu une réponse du Directeur général de la Central Intelligence Agency, qui m’a dit que l’Agence fournissait des informations presque identiques au gouvernement depuis plusieurs décennies. Pendant ce temps, notre déclin et la montée en puissance de la Chine se sont accélérés et cet élan nous a menés si loin, si rapidement, que toute compétition est devenue irréaliste. »

Roberts remet alors des pendules à l’heure :

« Si la Chine ressemblait à la caricature que nos médias nous présentent depuis ces sept dernières décennies, alors oui, nous devrions contrebalancer son autoritarisme excessif, répressif et autoritaire et investir notre trésor dans les technologies de pointe pour faire en sorte que nous fassions l’envie du monde….Mais que faire si la Chine n’est ni répressive, ni autoritaire ? Et s’il ne nous reste plus de trésor à investir ? Et si les dirigeants chinois étaient plus populaires, respectés et compétents que les nôtres ? Que se passerait-il si son économie était déjà 30 % plus forte que la nôtre, connaissait une croissance trois fois plus rapide, avec deux tiers de fardeau de la dette en moins ? Et si elle était déjà en avance sur nous sur le plan scientifique et technologique, imprenable sur le plan militaire, et si elle possédait des alliés plus nombreux et plus puissants que les nôtres ? »

On rappelle que les chinois/confucéens sont contents :

« Gouvernement : Confucius, le politologue suprême disait : « Si les gens n’ont pas confiance en leurs dirigeants, l’État ne peut pas exister. » La confiance en notre gouvernement est à son plus bas niveau de l’histoire. Gallup affirme  que la plupart d’entre nous considèrent le gouvernement comme notre problème le plus urgent et que seuls 54 % d’entre nous « exprimons constamment une position pro-démocratique ». Le système de gouvernement professionnel et non confessionnel de la Chine l’a ramené à son rôle d’Empire du milieu. Comparé au nôtre, le gouvernement chinois est tourné vers l’avenir, décentralisé, efficace et économe. L’Examen d’admission au gouvernement sélectionne chaque année les 2 % des meilleurs diplômés et la réussite est la seule voie vers le pouvoir et la responsabilité. Les 200 membres du Conseil d’État – tous promus pour leur capacité à travailler en coopération – ont gouverné collectivement des milliards de personnes pendant 5 000 ans et leurs données publiques sont stupéfiantes. La plupart ont un doctorat et un QI supérieur à 140. Tous ont commencé leur carrière dans les villages les plus pauvres du pays et n’en sont partis qu’après avoir augmenté les revenus du village de 50%. Ils ont répété cette performance à tous les niveaux, y compris à la présidence, comme le fait Xi. »

Roberts rappelle que le vaurien Donald a parfois raison décidément dans sa discordance cognitive :

« Nous choisissons les dirigeants par acclamation – une coutume gréco-romaine qui favorise les vauriens qui savent parler – et c’est exactement ce que nous avons alors que, comme l’a  fait remarquer  le président Trump, « les dirigeants chinois sont beaucoup plus intelligents que nous. C’est comme prendre les New England Patriots et Tom Brady et les faire jouer contre ton équipe de football du lycée. »

Et Roberts d’ajouter :

« Aujourd’hui, la Chine génère 20 % du PIB mondial par rapport à nos 15 %, ses importations et ses exportations sont équilibrées, ses relations commerciales sont excellentes, sa monnaie est assez valorisée, son économie est 30 % plus importante et croît trois fois plus vite, ses salaires dans le secteur manufacturier sont à égalité avec les nôtres et ses plans pour 2025 sont à couper le souffle. Toujours de nouvelles autoroutes, voies ferrées, métros et ports et, l’année prochaine, l’Internet le plus rapide et le plus avancé avec des villes entières construites autour de la 5G. »

Soutien du monde émergent, la Chine n’est même pas impopulaire et elle manage sans menace une bonne partie du monde :

« En 2018, le taux d’approbation mondial de 34 % de la Chine battait celui de l’Amérique, qui était de 31 %... Nous avons cédé le contrôle de la Crimée et de la mer Noire à la Russie et, de plus en plus, du Moyen-Orient. Avec la Nouvelle route de la soie, la Chine et la Russie fusionnent l’Union économique eurasienne (Arménie, Bélarus, Kazakhstan, Kazakhstan, République kirghize et Russie avec le Tadjikistan, l’Ouzbékistan et la Moldavie en considération) ; l’Organisation coopérative de Shanghai, OCS (Russie, Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Inde, Chine, Pakistan ; avec l’Afghanistan, l’Iran, la Mongolie et la Biélorussie comme observateurs et l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Cambodge, le Népal, le Népal, Sri Lanka et la Turquie comme partenaires de dialogue) ; et le Partenariat économique régional global, (Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam, Chine, Japon, Inde, Corée du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande). Une fois que les gazoducs Nord Stream II et South Stream seront achevés en décembre, comment l’UE pourra-t-elle résister à s’y brancher ? »

Voyons la Science et le QI chinois :

« Leurs cinq points de QI supplémentaires par rapport à nous signifient qu’ils ont 300 000 personnes avec un QI de 160, comparativement à 30 000 en Occident. La Chine a dépassé les États-Unis pour devenir le premier producteur mondial d’articles scientifiques, représentant près d’un cinquième de la production mondiale totale, selon un  nouveau rapport. La Chine  domine le classement mondial  des articles de recherche les plus cités publiés dans les 30 domaines technologiques les plus en vogue. Bien que les États-Unis aient produit 3,9 millions d’articles sur la recherche en tous domaines, comparativement à 2,9 millions en provenance de la Chine, cette dernière a produit la plus grande part dans 23 des 30 domaines qui ont suscité le plus d’intérêt, tandis que l’Amérique a obtenu la tête pour les sept autres.

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Puis la Technologie : « Les deux tiers des ordinateurs les plus rapides au monde sont chinois, mais rien ne révèle plus le vide de notre armoire technologique que la domination chinoise du haut débit mobile amélioré. Nous prendrons deux fois plus de temps et dépenserons deux fois plus pour intégrer un système moins abordable, fonctionnel, compatible et évolutif. Pourtant, nos impitoyables médias ont tourné en dérision le président Trump lorsqu’il a appelé l’Amérique à dominer la 6G, malgré le fait publiquement connu que Huawei a 600 mathématiciens, physiciens et ingénieurs travaillant sur le 6G depuis plus d’un an. La Chine est en tête du classement mondial dans la plupart des dix principaux domaines « prometteurs » comme la recherche sur les piles et représente plus de 70 % de tous les articles sur les photocatalyseurs et le traitement du cancer ciblé par l’acide nucléique, qui se classent respectivement en 12e et 14e position. Les États-Unis sont en tête dans trois domaines de la biotechnologie, dont l’édition du génome en 7eme position, et l’immunothérapie en 10eme. La Chine est le chef de file mondial de  la recherche fondamentale  et de la plupart des technologies, en particulier celles concernant les  régions chaudes. »

L’Aérospatiale ? 

« La Chine a lancé plus de missions spatiales en 2018 que la Russie ou l’Amérique et son premier avion de ligne local décollera cette année, bien que la FAA ait trainé les pieds. C’est le premier fournisseur mondial de drones et le plus grand fabricant et exportateur d’avions de combat légers. Maintenant que son avion de combat, le WS-15, est en production, son J-20 va dépasser les nôtres. »

Ironiquement, l’auteur ajoute sur cette guerre commerciale aux dimensions modestes :

« Comme le dit Parag Khanna, Pékin doit se demander pourquoi le numéro 3 lancerait une guerre commerciale contre le numéro 1. Bien que nous soyons autosuffisants à bien des égards, nous sommes peut-être moins indispensables que nous ne l’imaginons. «L’Amérique d’abord» sonne bien, sauf quand cela signifie en fait « l’Amérique seule ».

Indicateurs sociaux ?

« Le GINI chinois, qui n’avait jamais atteint nos niveaux, est en train de chuter comme une pierre et l’extrême pauvreté disparaîtra l’année prochaine, lorsque tous les Chinois auront une maison, un emploi, beaucoup de nourriture, une éducation, des rues sûres, des soins de santé et de vieillesse (il y aura alors plus de toxicomanes, de suicides et d’exécutions, plus de personnes sans abri, pauvres, affamées et prisonnières en Amérique qu’en Chine). 500 000 000 de Chinois vivant en milieu urbain auront une valeur nette et un revenu disponible supérieurs à ceux des Américains moyens, leurs mères et leurs nourrissons seront moins susceptibles de mourir en couches, leurs enfants obtiendront leur diplôme d’études secondaires trois ans plus tôt que nos enfants ; et survivront. 98 % des Chinois listés comme « pauvres » sont déjà propriétaires de leur maison et Xi a programmé de ramener le coefficient GINI au-dessous de celui de la Finlande, d’ici 2021-2035. »

L’éducation est incomparable reflétant celle des quatre dragons qui nous impressionnaient tant au cours des lointaines années 80 : 

« Aucun pays n’a autant d’ingénieurs intelligents, bien formés et dévoués. Un quart des travailleurs en Science, Technologie et Mathématiques dans le monde sont des Chinois, une main-d’œuvre intellectuelle huit fois plus nombreuse, qui croît six fois plus vite et qui obtient son diplôme d’études secondaires trois ans plus tôt que chez nous. D’ici 2025, la Chine comptera plus de travailleurs qualifiés sur le plan technologique que l’ensemble des pays de l’OCDE – États-Unis, UE, Canada, Mexique, Australie, Israël, Japon, Corée, Nouvelle-Zélande et Turquie – réunis. »

Pierre d’achoppement, la sécurité, la fierté nationale :

« Faible criminalité, pas d’absurdités religieuses ou de violence islamique. Les entreprises peuvent investir en toute sécurité sans crainte de troubles religieux, de violence ou de vol qualifié.

La foi en l’avenir, le nationalisme, la croyance en une Chine meilleure. Les Chinois croient fermement en l’avenir et sacrifient volontiers temps et efforts pour la prochaine génération. Les Chinois ont le même sentiment que celui que nous avions dans les années 60, sauf que leurs salaires et leur richesse ont doublé chaque décennie depuis soixante-dix ans. »

A l’heure où l’occident bascule dans le techno-bolchévisme, la dystopie écologiste, le transgenre et le fascisme humanitaire, la Chine est démocrate…

« La Chine est la première  démocratie  au monde. Bien que cette affirmation mette en colère de nombreux Occidentaux, quel que soit le système de mesure utilisé, la Chine est une démocratie prospère et l’Amérique ne l’est pas, que ce soit sur le plan électoral, populaire, procédural, opérationnel, financier ou technologique. »

Roberts ajoute qu’elle saura même se défendre :

« L’armée chinoise  dispose de certains des  systèmes d’armes  les plus modernes au monde pour la moitié du coût de la défense américaine. Ses missiles les plus modernes surpassent les nôtres dans toutes les catégories grâce au couplage étroit entre leurs chimistes de pointe et les fabricants de propergols pour fusées. Les systèmes d’armes russes comblent toutes leurs lacunes. »

Cerise sur le gâteau : « 95 % des chinois soutiennent les politiques de leur gouvernement et la plupart sont prêts à se battre pour leur pays. »

L’indianiste Daniélou écrivit que les aryens occidentaux étaient de simples prédateurs. Le chaos des siècles passés l’aura montré. On verra la suite avec nos chinois…

 

vendredi, 01 novembre 2019

Realpolitik después de ‘el fin de la Historia’

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Realpolitik después de ‘el fin de la Historia’

Francisco Albanese

Ex: https://derecha-alternativa.com

Según señala Robert Steuckers en su “Historical Reflections on the Notion of World War” (y que traduje para el libro Sinergias Identitarias, publicado por Editorial EAS de España), una gran Guerra Mundial que aún no termina se inició en 1756 durante la Guerra de los Siete Años.

Esta guerra por el dominio de la Talasocracia –al más puro estilo de los fenicios y cartagineses– ha marcado la gran mayoría de los conflictos bélicos posteriores, por lo que se tratarían de subguerras formando parte de una guerra a mayor escala por el control del poder marítimo. En esta gran guerra mundial, el control de los mares goza de una importancia fundamental, ya que los mares proporcionan rutas de acceso y transporte para los recursos, efectivos militares, y brindan la posibilidad de “ahogar” países de carácter telurocrático, es decir, aquéllos cuyo poder se basa en lo terrestre, y que deben luchar constantemente para no ser asfixiados por las potencias marítimas.

En la primera contienda por el dominio de la Talasocracia, Inglaterra y Francia comenzaron a marcar el camino de los siglos posteriores: un ambicioso Luis XVI –luego calumniado por la Historia como un rey inepto que vivía en fiestas– quiso lanzarse en una carrera tecnológica para la modernización de su flota, de manera de superar las humillantes condiciones del Tratado de París de 1763 y anular el crecimiento del poder marítimo británico. Ambas potencias ayudaron en procesos que truncaron temporalmente las ansias del otro, y delinearon la forma del Mundo Moderno: Francia apoyó la Independencia de los EEUU, lo que dejó al Imperio Británico con una profunda herida, mientras que Inglaterra hizo lo suyo apoyando a la Revolución Francesa, que terminó decapitando –literalmente– a la Monarquía Francesa, y al mundo como era conocido hasta ese entonces.

De esta manera, el conflicto por el dominio de las rutas marítimas y las tierras aledañas que sirven para el transporte de recursos ha marcado la mayor parte de los conflictos bélicos de los últimos tres siglos, y las ideologías, sueños independentistas y credos han sido utilizados como herramientas en el ordenamiento del tablero de ajedrez mundial. A esta forma realista y pragmática de ver el mundo y sus conflictos bélicos, el estadista alemán Otto von Bismarck le dio el nombre de realpolitik, es decir, “política de la realidad”, ya que se basa en una manera concreta y práctica –casi insípida– de entender la causa que mueve a los engranajes del mundo: no hay mayor filosofía que la de una potencia moviéndose de acuerdo a sus intereses.

No ver al mundo desde la realpolitik puede provocar que el individuo sufra confusiones ante, por ejemplo, el apoyo de potencias occidentales lideradas por Estados Unidos a grupos radicales wahabitas, cuyos valores y formas de vida son absolutamente contrarios a los que Occidente profesa, además de ser profundamente antidemocráticos, intolerantes y muchas veces inhumanos. Por razones estratégicas, pragmáticas y sin más ideología que la conveniencia, Occidente ha entregado financiamiento, entrenamiento y armas a grupos como Al-Qaeda, Estado Islámico, Emirato Islámico de Afganistán, etc., los que después se han vuelto contra sus antiguos aliados profanos y alejados de la bendición de Dios.

Es algo inocente, entonces, creer que la caída de misiles americanos en suelo sirio obedece a algún tipo de compasiva intención del gobierno de Donald Trump de liberar al pueblo de Siria de (presuntos) ataques químicos, o que la condena rusa a la agresión americana sea una genuina preocupación del Kremlin por el régimen de Bashar al-Assad. Los bombardeos sobre Siria no tienen nada que ver con derrocar a un dictador, ni armas químicas, ni ataques sobre la población, ni reestablecer la democracia, ni la seguridad, ni nada, sino que están relacionados con la posición estratégica de Siria para un gasoducto dentro de Pentalasia –es decir, la zona terrestre ubicada entre el litoral oriental del Mar Mediterráneo (el Levante), el Mar Rojo, el Golfo Pérsico, el Mar Caspio y el Mar Negro–. Es tiempo de dejar de creer que esto es un asunto humanitario o ideológico[1], y asumir la política de la realidad. Después del fin de la Historia quedaba historia aún por contar, y ésta está escrita con la tinta de la realpolitik y de una guerra por el dominio de los mares que aún no termina.

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Fuente: E.S.

Notas.

[1] http://www.latercera.com/mundo/noticia/macron-defiende-bo...

lundi, 28 octobre 2019

Rétablir les liens avec la Russie n’est pas infondé

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Rétablir les liens avec la Russie n’est pas infondé

par Michel GRIMARD

Ex: http://www.europemaxima.com

Renouer des liens avec la Russie n’avait rien d’outrancier, comme voulaient le faire croire tous ceux qui, sans relâche, nous déconsidéraient sans nous permettre de nous exprimer. Il semble que nos appels à cesser de refuser le dialogue et à faire preuve d’un plus grand réalisme aient été entendus.

Notre conférence-débat du 20 mars dernier « Comment relancer les relations avec la Russie » a reçu un écho favorable. Elle a aidé à faire prendre conscience de l’absurdité des nocives relations franco-russes et du nécessaire rétablissement de liens raisonnables.

Comme l’a déclaré le Président Emmanuel Macron : « Il faut effacer les frictions passées, ce qui n’efface pas forcément des points de tension sur l’actualité. »

Nous nous réjouissons des propos chaleureux qu’il a tenus sur la Russie, « grande puissance profondément européenne ».

« Cette Europe qui va de Lisbonne à Vladivostok ».

Des positions constamment affirmées par le ROUE et qui figurent dans sa charte. De la même façon que la France a défendu la réintégration de la Russie au Conseil de l’Europe, elle doit œuvrer pour qu’elle retrouve sa place dans le G7, dont elle a été exclue en 2014 lors de l’annexion de la Crimée.

La crédibilité de ce groupe en dépend. Les membres du G7 sont-ils exempts de tous reproches ? Non, certains ont annexé ou maintiennent sous leur tutelle des régions ou des pays qui leur sont parfois plus étrangers que la Crimée à l’égard de la Russie.

Pour ne citer qu’eux, c’est le cas de l’Angleterre avec l’Irlande du Nord et Gibraltar, de la Chine avec le Tibet [Note de la rédaction d’Europe Maxima : la Chine n’appartient pas au G7…].

Puissance importante, incontournable sur la scène internationale, la Russie ne peut être absente du G7. L’Europe doit certes se soustraire aux antagonismes Washington – Moscou qui l’impactent, mais la Russie demeure le partenaire qui s’impose naturellement et logiquement à l’Europe. Seule la conjoncture dicte actuellement le rapprochement avec la Chine, dont les intérêts sur l’extrême Sibérie sont sources d’affrontements futurs avec la Russie.

L’Union européenne doit tenir compte de cette contradiction et agir avec maîtrise et subtilité à l’égard de la Russie, sans laquelle une Europe, même unie, serait orpheline d’un atout essentiel. Maintenir le lien transatlantique, certainement, mais en finir avec l’OTAN, instrument de vassalité de l’Europe au service des États-Unis, est un impératif.

Concevoir avec la Russie une nouvelle architecture de sécurité pour l’Europe, comme le souhaite le Président Emmanuel Macron, mérite intérêt, même si l’idée a été évoquée plusieurs fois dans le passé.

La réactivation la plus récente a eu lieu en 2010 sous la présidence de Dimitri Medvedev. En octobre 2011, le ROUE a d’ailleurs organisé un diner-débat sur le thème « L’Europe ne peut éviter une refonte de son architecture de sécurité ».

Monsieur Dimitri Rogozine, à l’époque ambassadeur de la Fédération de Russie auprès de l’OTAN, y participait. Il fut, dans les semaines qui suivirent, nommé vice-Premier Ministre, chargé de la défense et de l’industrie spatiale. Il est aujourd’hui Directeur général de la Corporation d’État de ROSCOSMOS.

Au moment où le Président Donald Trump montre sa versatilité concernant la défense de l’Europe et sa stratégie unilatérale de mise en cause des traités, FNI et à terme START III, le renouvellement de l’architecture de sécurité de notre continent devient une urgence.

Si la naïveté n’est pas de mise en diplomatie, il ne convient pas, pour autant, de bloquer toute initiative, comme le font la Pologne et les Pays baltes qui refusent systématiquement les discussions et recherches de paix, dès qu’il s’agit de la Russie.

Leur atlantisme viscéral les rend totalement tributaires de l’OTAN et ambivalents sur la défense européenne, car proches dans les déclarations, mais éloignés dans les actes. Ils agissent à l’opposé de la Finlande qui prône le dialogue avec la Russie, dont elle a eu également à pâtir.

Pour certains, le projet d’une nouvelle architecture de sécurité européenne serait un piège tendu par la Russie, au prétexte qu’elle serait mue par un unique but – détruire l’Europe –, alors que celle-ci n’aurait jamais manifesté la moindre agressivité.

C’est oublier sa volonté d’introduire l’OTAN en Ukraine et en Géorgie, pour compléter l’encerclement de la Russie. Au lieu de dresser des barrières sources de suspicions et par là même de conflits, recherchons des structures communes, privilégiant la paix.

Dans cet esprit et face au rejet des différents traités sur le contrôle des armements qui favorisent, de nouveau, leur libre prolifération, la France doit être présente lors des éventuelles discussions sur ce sujet.

La relance du Comité consultatif de coopération, gelé en 2014, participe à cette volonté de rapprochement voulue par le Président Emmanuel Macron. La réunion du 2+2 à laquelle participait d’ailleurs Dimitri Rogozine, ne peut que les prémunir mutuellement en facilitant la compréhension entre les deux pays.

Après avoir remercié la France pour ses efforts en faveur de la réinsertion de la Russie au sein du Conseil de l’Europe, le Président Vladimir Poutine a démontré sa volonté d’apaisement. Comme convenu, les échanges de prisonniers entre Kiev et Moscou ont eu lieu et se sont bien déroulés; d’autres doivent suivre.

Un début de processus de paix dans le Donbass, alliant élections et promulgation d’une nouvelle loi accordant un statut spécial pour cette région, a été salué comme une avancée majeure par la Russie. À Kiev d’agir.

Michel Grimard, président du ROUE

• D’abord mis en ligne sur EuroLibertés, le 16 octobre 2019.

samedi, 26 octobre 2019

Moyen-Orient. Que contient le mémorandum d'accord Erdogan-Poutine ?

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Moyen-Orient. Que contient le mémorandum d'accord Erdogan-Poutine ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Ce mémorandum a été signé par les deux présidents lors de leur rencontre à Sotchi le 21 octobre. Son contenu vient d'être rendu public.

La rencontre a duré 7 heures, ce qui est considérable compte tenu du temps disponible pour les chefs d'Etat. A la fin de la rencontre ils ont signé un mémorandum conjoint dont le contenu est désormais connu. Dans ce document Recep Erdogan et Vladimir Poutine confirment leur plein accord à la nécessité de conserver l'unité politique et l'intégrité du territoire de la Syrie sous la présidence de Bashar al Assad, ainsi que leur volonté de conserver la sécurité au sein de la République turque.

Sur ce dernier point, ils ont confirmé leur détermination à combattre le terrorisme islamique et à ne pas accepter les prétentions de séparatistes visant à démembrer le territoire turc. Par le terme de séparatiste, ils désignent en particulier les mouvements kurdes visant à reconstituer un grand Kurdistan qui engloberait notamment le Kurdistan turc. 

Ils ont également assuré que le contrôle désormais assuré par la Turquie après son offensive militaire des derniers jours sur un couloir dit de sécurité long de 120 km et large de 32 située sur le territoire syrien ne sera pas remis en question. Il inclut les agglomérations de Tel Abyad et Ras Al Ayn. Ceci signifie concrètement que l'armée turque n'opérera plus désormais en dehors de cette zone. En revanche, la police militaire russe et les gardes-frontières syriens veilleront à ce que les unités militaires kurdes dites People's Protection Units (YPG) s'éloignent d'au moins 30 km de la bordure sud du couloir de sécurité. C

Ceci fait, fin octobre prochain, la zone sera contrôlée conjointement par des unités militaires russes et turques. Cependant, l'armée syrienne pour sa part conservera le contrôle des villes de Qamishly, Manbij et Tal Rifat.

Le mémorandum fait aussi des préconisations concernant la facilitation du retour des réfugiés ayant fui cette zone et la détection des terroristes pouvant s'y infiltrer, ainsi que ceux se trouvant dans des prisons kurdes au nord-est de la Syrie qui retrouveront la liberté. Selon certaines sources, ces terroristes mêlés de divers criminels pourraient être plus de 15.000. La plupart sont détenus dans les prisons kurdes de Shaddali, Hasakah et Allya. Ils se sont livrés à de nombreux crimes tels que décapiter les femmes kurdes et éventrer leurs enfants. Les Kurdes voudraient qu'ils soient jugés et punis en conséquence. Or le retrait précipité des YPG ne facilitera pas cette tâche, que les Russes n'auront certainement pas pour le moment les moyens de reprendre à leur compte. Le ministre de la défense russe Sergey Shoigu vient cependant de souligner l'importance de ce problème, ceci d'autant plus que ces terroristes proviennent de Russie et de divers pays européens et ne manqueront pas d'y retourner si leurs gardiens kurdes sont obligés d'abandonner leurs postes. rien n'est fait pour les en empêcher.

Lors de leur rencontre à Sotchi, ni Recep Erdogan ni Vladimir Poutine n'ont examiné ces questions essentielles à la sécurité de la région. Ils n'ont pas non plus abordé la question des 12.000 réfugiés vivant actuellement dans des camps dans les provinces de Al-Hasakah and Deir Ez-Zor. Certains de ces camps sont de très grande taille. Des dizaines de milliers de femmes, enfants et vieillards y vivent dans des conditions très précaires, manquant d'eau, de nourriture et de médicaments. Les maladies infectieuses s'y multiplient, notamment l'hépatite, les troubles intestinaux et la tuberculose. Nul parmi les ONG occidentales si promptes à dénoncer les atteintes aux droits de l'homme de Bashar al Assad n'évoque ces questions.

Un autre point n'a pas été abordé, malgré son importance. Il concerne le fait que les Américains, en dépit de leur retrait progressif de la région, conservent des contingents militaires importants pour protéger les gisements de pétrole appartenant aux compagnies pétrolières américaines ou convoités par elles. La récente rencontre du vice-président américain Mike Pence et de Recep Tayyip Erdogan à Ankara n'avait pas, comme l'on pouvait s'en douter, abordé cette question. La plupart des observateurs neutres constatent que les Américains ne sont pas venus au moyen orient en Iran pour combattre les djihadistes. Ils les auraient au contraire le plus souvent approvisionnés en armes et vivres. Ils sont venus pour y défendre leurs intérêts pétroliers. On imagine mal aujourd'hui qu'ils puissent cesser de le faire.

On notera que la Turquie, bien que membre de l'Otan et à cet égard alliée des Etats-Unis, confirme son statut d'allié de fait de la Russie. Washington laisse faire, compte tenu sans doute de l'importance géopolitique de ce pays;

Note au 26/10

On nous écrit: En France, un certain nombre de mouvements musulmans dits salafistes, c'est-à-dire encorageant le terrorisme, sont soutenus par le gouvernement turc. Beaucoup de mosquées sont directement fiancées par le Qatar, l'Arabie Saoudite, l'Algérie ou le Maroc. Nous sommes la proie d'un certain nombre de puissances étrangères qui veulent s'emparer de la France.

lundi, 21 octobre 2019

Chisinau Forum III: Gilles-Emmanuel Jacquet – Discours (VIDEO)

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Chisinau Forum III:

Gilles-Emmanuel Jacquet – Discours (VIDEO)

 

Gilles-Emmanuel Jacquet, politologue, diplomate, journaliste, Suisse

En 1997 Zbigniew Brzezinski exposa dans son ouvrage «The Grand Chessboard » (« Le Grand Échiquier ») cette vision stratégique qui correspond à la politique étrangère des États-Unis d’Amérique : afin d’établir une hégémonie globale les USA doivent contrôler l’Eurasie, en particulier sa périphérie (le « rimland » de Nicholas J. Spykman) et contenir les puissances continentales du « heartland » telles que la France, l’Allemagne et la Russie mais aussi plus récemment la Chine et l’Inde.

Après la dissolution de l’URSS et la fin du système bipolaire de la Guerre Froide, les USA cherchèrent à établir à l’échelle globale un système unipolaire dont ils seraient les garants et dont les valeurs occidentales libérales apporteraient aux peuples du monde la paix, la démocratie, les droits de l’Homme et la prospérité. Les attentats du 11 septembre 2001 contredirent ces espoirs mais le gouvernement de G.W. Bush et les penseurs néo-conservateurs américains ne remirent pas en question leur vision du monde. Le multilatéralisme, le droit international et l’ONU furent ignorés et en 2003 les USA attaquèrent l’Irak qui n’avait développé aucune arme de destruction massive à ce moment-là et n’avait aucun lien avec les attentats du 11 septembre ou Al-Qaïda. L’Irak fut dévasté par un conflit qui n’est pas terminé et la situation au Moyen Orient s’aggrava. La recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien ainsi qu’au statut du Golan syrien occupé par Israël fut peu à peu abandonnée. Le Printemps Arabe de 2011 fut l’occasion pour les États-Unis, ses alliés du Golfe (Qatar, Arabie Saoudite ou Émirats Arabes Unis), la Turquie et Israël de déstabiliser certains pays comme la Syrie ou la Libye dont les régimes hérités du nationalisme représentaient des obstacles à leurs projets régionaux. La politique étrangère menée par les USA et ses alliés au Moyen Orient ou en Afghanistan durant la Guerre Froide puis lors du Printemps Arabe ainsi que le soutien à des partis ou des groupes armés islamistes ont également joué un rôle dans le développement du terrorisme islamiste à l’échelle régionale et mondiale. 

 

Alors que l’Iran avait cherché à de nombreuses reprises au cours des années 2000 à nouer de nouvelles relations diplomatiques et commerciales avec l’Europe et même les USA, ces derniers ont décidé de retourner à une logique de confrontation avec Téhéran. Malgré ce qu’avait déclaré le Président Donald Trump lors de son voyage en Arabie Saoudite, l’Iran ne représente aucune menace pour les pays occidentaux ou l’Europe du point de vue du terrorisme. L’Iran a été également victime du terrorisme islamiste sunnite, en particulier d’ISIS, et coopère avec de nombreux pays dans la lutte anti-terroriste. Dans la crise iranienne, les USA ne suivent pas leur intérêt national qui leur commanderait plutôt de poursuivre le dialogue et l’ouverture mais les préoccupations de l’Arabie Saoudite ou d’Israël qui ne souhaitent pas voir Téhéran jouer un rôle de puissance régionale. 

En Europe, l’expansion de l’OTAN et des USA au cours des années 1990 et 2000, a ravivé et aggravé d’anciens conflits dans les Balkans ou dans le Caucase comme ce fut le cas avec le conflit de 2008 en Géorgie et en Ossétie du Sud. Le conflit qui touche l’Ukraine orientale depuis 2014 est un des symptômes de la faiblesse politique et géopolitique de l’Union Européenne ainsi que de sa dépendance stratégique envers les USA à travers l’OTAN. Un peu moins de vingt ans après le conflit en ex-Yougoslavie et une quinzaine d’années après celui du Kosovo, l’Union Européenne échoua à empêcher un nouveau conflit d’éclater sur le continent européen et permit aux USA et à l’OTAN de renforcer leur influence aux frontières de la Russie. 

Cette politique visant à établir un système international unipolaire sous hégémonie des USA a mené à de nombreux conflits au cours des trente dernières années et a porté atteinte au droit international ainsi qu’au fonctionnement et à la crédibilité de nombreuses organisations internationales comme l’ONU. Washington et l’OTAN ont également recréé une nouvelle Guerre Froide en Europe en utilisant d’anciennes rivalités nationales ou problématiques ethnolinguistiques (Ukraine) et en instrumentalisant la mémoire des crimes du communisme (Ukraine, Pologne) afin de créer un fossé toujours plus grand entre la Russie d’un côté et ses voisins ainsi que l’Europe occidentale, de l’autre. 

 

Avec la renaissance de la puissance chinoise et la mise en place de la nouvelle Route de la Soie, l’axe du monde s’est déplacé vers l’Asie et la région de l’Océan Pacifique. En restant dans l’OTAN et en ne développant pas de partenariat privilégié avec la Russie, les pays de l’UE risquent dans le long terme de ne pas être assez puissants afin de contrebalancer la puissance chinoise en Eurasie. Alors que les penseurs néo-conservateurs américains et les atlantistes en Europe continuent de défendre la vision d’un système mondial unipolaire placé sous la domination prétendument bienveillante des États-Unis, l’émergence des BRICS est le signe que le monde est devenu réellement multipolaire et qu’il est temps pour certaines puissances occidentales de respecter des principes fondamentaux du droit international qu’elles avaient subverti par le biais de l’instrumentalisation des droits de l’Homme. 

Le respect du droit international, de la souveraineté des États et de la Charte des Nations Unies va de pair avec la vision d’un monde multipolaire, d’un système international reconnaissant la pluralité et la liberté des nations, dans lequel chaque État jouit réellement des mêmes droits tout en restant maître de son destin. L’ONU fournit un forum adéquat mais certaines puissances, en particulier occidentales, ont subverti certains de ses principes et son fonctionnement. Afin de refléter réellement et équitablement l’évolution du monde vers un système multipolaire le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit être réformé mais aucun consensus n’est apparu à cause de contentieux historiques et politiques entre certains pays (comme la Chine et le Japon ou l’Inde et le Pakistan). Enfin, le respect du chapitre VII de la Charte des Nations Unies et l’application des articles 46 et 47 sur la mise en place d’un Comité d’état-major devant assister le Conseil de Sécurité pourrait empêcher l’OTAN de violer le droit international et la Charte des Nations Unies ou d’outrepasser ses instructions, comme cela s’était produit lors des conflits au Kosovo et en Libye.