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dimanche, 15 mai 2016

Un responsable américain attise les tensions à la frontière entre l’Inde et la Chine

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Un responsable américain attise les tensions à la frontière entre l’Inde et la Chine

Auteur : Kumara Ira
Ex: http://zejournal.mobi

Le consul général des États-Unis à Calcutta, Craig L. Hall, a approuvé de façon provocante des revendications territoriales indiennes visant la Chine au cours d’une réunion le 28 avril avec le ministre- président de l’État d’Arunachal Pradesh, dans le nord-est de l’Inde, Kalikho Pul.

Se référant à des revendications chinoises sur une partie de l’Arunachal Pradesh, Hall a déclaré que le gouvernement américain considérait l’Arunachal Pradesh comme partie intégrante de l’Inde. L’Arunachal Pradesh — situé stratégiquement entre le Bhoutan à l’ouest, la Birmanie à l’est, et la Chine au nord — comprend plusieurs zones également revendiquées par la Chine, telles que Tawang, le site du célèbre monastère de Tawang.

Hall a appelé au développement des infrastructures dans cette région éloignée et stratégique, où la construction de routes et d’infrastructures de transport est vitale pour le déploiement de la puissance militaire. Il a également appelé à des coentreprises et partenariats entre les USA et l’Inde dans le commerce et les échanges, pouvant être organisés par le consulat de Calcutta (Kolkata). « Le consulat, » a déclaré Hall, « sait que des sociétés américaines sont intéressées par des contrats de travaux pour le développement des infrastructures en Inde et dans le Nord-Est en particulier, avec un accent particulier sur l’Arunachal Pradesh ».

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Les commentaires de Hall étaient une tentative calculée pour attiser le conflit frontalier entre l’Inde et la Chine et ont été faits quelques jours seulement après que le conseiller de la sécurité nationale de l’Inde, Ajit Doval, a visité Beijing (Pékin) pour des discussions sur la résolution de la question frontalière.

En 1962, l’Inde et la Chine ont mené une guerre d’un mois sur la frontière himalayenne contestée, qui a fait plus de 4000 victimes. La guerre avait éclaté après une série d’incidents frontaliers violents à la suite du soulèvement tibétain de 1959, soutenu par la CIA, contre le régime chinois. Après la défaite de l’insurrection, l’Inde avait accordé l’asile au chef du bouddhisme tibétain, le Dalaï-Lama, et à ce jour le siège du gouvernement tibétain en exil est à Dharamsala dans le nord-ouest de l’Inde.

L’Inde et la Chine partagent une longue frontière qui traverse plusieurs régions contestées, dont une grande partie de l’Arunachal Pradesh et de l’Aksai Chin. Ce dernier est situé entre les régions autonomes chinoises du Xinjiang et du Tibet et est revendiqué par l’Inde comme faisant partie de la région du Ladakh dans le Jammu-et-Cachemire. Au cours de la Guerre sino-indienne de 1962, les forces chinoises ont envahi l’Arunachal Pradesh dont elles se sont retirées plus tard, mais elles ont étendu leur contrôle sur l’Aksai Chin.

Les commentaires de Hall reviennent à jeter de l’huile sur le feu du conflit frontalier sino-indien. Ils montrent que dans le cadre de son « pivot vers l’Asie », qui vise à isoler la Chine et à préparer la guerre contre elle, Washington est prêt à soutenir les revendications territoriales de l’Inde, considérées par Beijing comme des menaces à l’intégrité territoriale de la Chine.

Les remarques de Hall viennent au moment où l’Inde, s’alignant de plus en plus sur l’offensive stratégique des États-Unis contre la Chine, cherche à tirer parti de ses relations avec Washington pour atteindre au statut de puissance mondiale. L’Inde développe rapidement son armée et exige que les États d’Asie du Sud la reconnaissent comme l’hégémon régional.

Les États-Unis font pression pour que l’Inde devienne un État de première ligne dans son « pivot » anti-Chine. En avril, ils ont obtenu l’accord « de principe » de New Delhi pour un Protocole d’entente bilatéral d’échange logistique (Lemoa) qui donnera aux Etats-Unis l’accès à des bases militaires indiennes pour le réapprovisionnement, la réparation et le repos.

La Chine s’est fermement opposée aux commentaires de Hall. Mercredi, Beijing a déclaré que toute intervention « irresponsable » d’un tiers dans le différend frontalier sino-indien, « compliquerait » la question.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré: « La question de la frontière entre la Chine et l’Inde porte sur la souveraineté territoriale de la Chine et les sentiments du peuple chinois. Toute tierce partie doit respecter l’histoire et la réalité concernant la question frontalière, respecter les efforts déployés par la Chine et l’Inde pour résoudre les différends territoriaux par la négociation, éviter de s’impliquer dans les conflits ou de prendre parti sur les questions relatives à la propriété du territoire contesté ».

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Il a ajouté: « Des négociations saines entre la Chine et l’Inde sur la question de la frontière ainsi que la paix et la tranquillité des zones frontalières ces dernières années ont créé des conditions favorables à la croissance des relations bilatérales et à leur développement respectifs ».

Les remarques de Hall constituent une provocation délibérée de plus contre la Chine par l’impérialisme américain à l’heure où il attise les tensions dans toute la région.

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Dans le cadre de son « pivot » anti-chine « vers l’Asie », les États-Unis sont en train de fomenter le séparatisme en Chine, en particulier au Tibet et au Xinjiang. Des responsables américains ont récemment assisté à une conférence des organisations séparatistes chinoises financées par les États-Unis à Dharamsala, en Inde. Washington cherche à exploiter des conflits sociaux et ethniques acerbes — ayant leurs racines dans la politique réactionnaire du régime chinois, qui a de plus en plus fomenté le nationalisme chinois « Han » depuis la restauration du capitalisme en Chine dans les années 1980 — pour menacer la Chine d’une fragmentation selon des lignes ethniques.

Comme dans la région chinoise proche, où les minorités ethniques souffrent de la pauvreté et de la répression de Beijing, le nord-est de l’Inde est la région la plus pauvre et la moins développée du pays et est en proie aux tensions ethniques et aux insurrections.

« C’est l’endroit le plus complexe d’Asie », dit Sanjoy Hazarika, le président et directeur du Centre d’études du Nord-Est et de la recherche politique de New Delhi. « Vous avez 220 groupes ethniques pressées dans un territoire en forme de triangle, lié à l’Inde juste par un minuscule couloir ».

Comme dans le Jammu-et-Cachemire, New Delhi a depuis des décennies donné, dans l’Arunachal Pradesh et six autres États du Nord, de vastes et draconiens pouvoirs à l’armée en vertu de la notoire Loi sur les pouvoirs spéciaux des forces armées, pour y supprimer de nombreux mouvements sécessionnistes armés ethno-nationaux et anti-gouvernementaux. En raison de la pauvreté et de l’insécurité générale, des centaines de milliers de personnes de cette région défavorisée ont émigré vers les grandes villes indiennes pour y chercher un emploi, où ils sont souvent confrontés à la discrimination.

Washington craint que la Chine puisse exploiter les insurrections dans le nord de l’Inde, encourageant le séparatisme en Inde pour riposter à la promotion du séparatisme en Chine par Washington et il répond en s’ingérant de façon irresponsable dans les différends entre New Delhi et Beijing.

En même temps que Washington œuvre agressivement pour intégrer l’Inde dans son offensive stratégique contre Beijing, la longue rivalité entre l’Inde et la Chine et leurs conflits frontaliers, deviennent de plus en plus étroitement liés à la rivalité stratégique encore plus explosive entre les États-Unis et la Chine, poussant ainsi l’Asie, sinon le monde entier, vers une nouvelle conflagration.


- Source : WSWS

vendredi, 29 avril 2016

Pakistan and India «Trade Off» Allies, KSA and China Start a Cold War

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Pakistan and India «Trade Off» Allies, KSA and China Start a Cold War

Ex: http://en.riss.ru

Pakistan and India appear willing to «trade off» allies with one another, «exchanging» their privileged partnerships with the Saudis and Russians

Andrew Korybko

In an unfolding geopolitical shift that would have been unthinkable just a few years ago, Pakistan and India appear willing to «trade off» allies with one another, «exchanging» their privileged partnerships with the Saudis and Russians respectively as a means of enhancing their relative position vis-à-vis their leaderships’ attitude towards China. While Russia and India are still close historic and strategic partners, the former ties of fraternity have, despite rhetorical statements and symbolic actions by their each of their governments, gradually frayed amidst the post-Cold War geopolitical situation and the developing one that’s playing out in the New Cold War. More importantly, however, is that India’s obvious efforts to cozy up with Saudi Arabia are aimed not only against Pakistan, but also tacitly against China in a demonstration of one of the most unusual and nontraditional geopolitical arrangements of the New Cold War.

Preface

The research at hand aims not to present an extensive academic review of the history of relations between the examined countries, the nitty-gritty nuances of their present and developing ties, nor an absolute collection of facts about each and every one of their most recent newsworthy events as it relates to one another, but to broadly raise awareness about the unmistakable geopolitical patterns that are emerging in the larger context of the New Cold War. The spoken-about relationships are not irreversible and many things may still change in this unprecedented period of global uncertainty and systemic transition, although they do convincingly appear to be entering a stage where this will become increasingly difficult as new strategic mentalities set in and become customary thinking among their deep state (military, intelligence, and diplomatic) representatives.

The purpose is not to heap scorn onto India or its countrymen, and the invocation of that country’s name as well as that of its capital should not be interpreted as referring to Indian people in general. When mentioned in this text, they relate only to the present Indian political establishment, and the same general rule holds true for each of the countries that are being studied. Nevertheless, the work is unapologetically critical of India for, as the author sees it, unnecessarily flirting too closely with the unipolar world out of a reactionary knee-jerk response to the presumed imperatives of «containing China» and «pressuring Pakistan», which may ultimately result in New Delhi wittingly or unwittingly becoming a key American strategic ally in the New Cold War with time.

The «Trade-Off»

Pakistan:

To summarize one of the most admittedly unexpected geopolitical trends of the modern day, Pakistan is moving away from Saudi Arabia and closer to Russia at the same moment that India is doing the reverse. For example, Islamabad refused to join Riyadh’s «anti-terrorist» coalition, although this has led to a split between Pakistan’s political and military classes. Saudi Arabia hasn’t given up trying to woo Pakistan, however, since the latest talk is that the commander of Pakistan’s armed forces could possibly lead the Saudis’ «anti-terrorist» bloc. This «tug-of-war» between the pro-Saudi military and the ruling pro-Chinese politicians will likely define Pakistan’s strategic situation for the near future, and it’s very possible that Riyadh and its Washington ally may try to once more stir the pot of separatism and terrorism in Baluchistan as a means of pressuring Islamabad to redirect its trajectory back towards its traditional unipolar allies. That being said, like the author wrote for the Russian Institute of Strategic Studies back in September 2015, Pakistan is the «zipper» of pan-Eurasian integration and this geopolitical obviousness has led to an intensification of ties between Islamabad and Moscow, predicated on the shared anticipated benefit that both of them will receive through the Central Asia-South Asia multipolar transnational connective infrastructure nexus being constructed by China in accordance with its One Belt One Road vision.

India:

India is proceeding in the opposite direction of Pakistan, which can be seen both by its steady replacement of Russia with the US as its chief arms supplier and Modi’s recent visit to the land of King Salman. To expand on New Delhi’s wealth of new strategic relations with Washington, the two sides are on the verge of agreeing to a «Logistical Support Agreement» that «would allow the two militaries to use each other’s land, air and naval bases for resupplies, repair and rest». In practice, this means that the US can employ «plausibly deniable’ pretexts to move its land, air, and sea forces on a de-facto rotational basis, whether indefinite or temporary (likely decided on a case-by-case basis depending on the military facility in question and the current geopolitical context) all the way up to China’s Tibetan and Yunan borders. Though it’s a promising and pragmatic sign that India opted not to participate in the US’ proposal that they jointly patrol the South China Sea, it’s still very disturbing that Modi previously spoke about so-called «freedom of navigation» in the region, which is commonly uttered as a euphemism for «containing China».

Swinging the focus over to Saudi Arabia, the US’ premier unipolar ally in the Arab region, the national general secretary of the BJP and unnamed government officials are quoted by Reuters as openly boasting that the Prime Minister’s trip is meant to «deal with Pakistan» by «[using] economics, strategy and emotional ties to win the hearts of Islamabad’s friends», which amounts to «an effort to ‘de-hyphenate’ India from Pakistan». India’s advances towards Saudi Arabia are not just premised on a simple desire to «pressure Pakistan», but are instead part of what the New Delhi establishment likely sees as a shrewd and preemptive way to deflect the potentially forthcoming danger of Saudi-supported terrorism inside the country against the majority «Hindu infidels» (as they’re derogatorily seen by Islamic extremists). Al Qaeda, which has always been linked to prominent Saudi individuals, businessmen, and «charities», announced in September 2014 that it would be moving into the Indian subcontinent, and given the rising pro-Daesh sympathies and Islamic fundamentalist tendencies that have taken root in Bangladesh since then, India could be trying to ingratiate itself with one of the world’s chief sponsors of international terrorism in order to acquire a guarantee that Riyadh will do its utmost to prevent these Saudi-tied organizations from targeting it.

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The Choice:

Russia and China do not force any conditions onto their partners or let their sovereign decisions to engage in diversified geopolitical relations detract from their bilateral ties, though the same cannot  be said for the US and Saudi Arabia. While it’s entirely possible for India and Pakistan to pragmatically and simultaneously engage with a multitude of international actors, the US and Saudi Arabia, just as they’ve historically done with others before (most notably in the recent instances of Ukraine and Yemen), will force these two South Asian states into a false «either-or» choice that results in zero-sum consequences for the rejected set of partners. India will likely be able to straddle the New Cold War divide in such a way that the relationship that its civil society and business actors have with Russia would remain intact, but New Delhi’s high-level state-to-state geopolitical coordination with Moscow would undoubtedly suffer.

Furthermore, if India even succeeds in pulling off the aforementioned optimistic scenario of retaining positive non-governmental ties with Russia amidst heavy American pressure, this would be purely due to the historical affinity between both sides and is not replicable as it relates to full-spectrum Indian-Chinese relations. Concerning these, they would obviously be adversely affected and the current in-process Cold War between New Delhi and Beijing in the Greater Indian Ocean-South Asia Region can be expected to accelerate and reach possibly hostile levels, especially in the event that the «Logistical Support Agreement» leads to some sort of American military presence (however temporary) close to China’s mainland borders.

Concerning Saudi Arabia, it’s not in a position to force India into making a choice, but it already is trying to do this with Pakistan, which has been a decades-long ally and in which it has entrenched institutional and soft power influence that it cultivated over time. Just like the US will try to force India to choose between itself and Russia, Saudi Arabia will seek to do something similar in forcing Pakistan to choose between itself and China. Both pressuring actors hold certain foundational assumptions about their given targets, namely the Americans believe that the Indians will unabatedly proceed along their defined anti-Chinese geopolitical trajectory while the Saudis think that the Pakistani-Russian ties are dependent on their shared convergence through China’s One Belt One Road Central Asia-South Asia infrastructure. Accordingly, the US sees no need to explicitly address India’s grand strategy towards China because it already largely aligns with Washington’s interests, while Saudi Arabia correspondingly knows that Pakistan’s choice concerning Riyadh or Beijing will determine its ultimate course of action towards Moscow.

The Saudi-Chinese Cold War

South Asia:

Tangential to the topic of Saudi Arabia’s changing relations towards India and Pakistan, it should be overtly emphasized that both branches of the Saudis’ South Asian ties are based off of Riyadh’s calculations towards China. Extrapolating a bit, a grand strategic review of South Asia and the Horn of Africa indicates that a Cold War between Saudi Arabia and China is indeed occurring at the moment and looks likely to develop into a serious geopolitical factor in the future. To clarify what is meant by this, it’s easier to begin with the region that’s presently under focus. Saudi Arabia and China are competing for influence in Pakistan and the loyalty of its most influential elite classes, the military and political establishments, which has already been described previously.

Moving over to Bangladesh, China worked hard to make itself one of the country’s premier strategic partners over the past couple of decades, but the current political unrest centered on the pro-Saudi Bangladesh Nationalist Party could reverse all of that if the opposition manages to exploit the ongoing events and ends up seizing power. The last zone of competition between the two countries lays in the Maldives, which just emerged from a very tense period of Hybrid War drama that the author analyzed at the time, and is now tilting closer to Saudi Arabia than it is to China. For example, although occupying a crucial position along China’s One Belt One Road Sea Lines of Communication, the Maldives are now part of the Saudis’ «anti-terrorist» coalition and the two sides have agreed to boost «religious ties», which is typically an expression that denotes the Saudis’ institutionalized proselytization of violent Wahhabism.

Horn of Africa:

As it regards the Horn of Africa, China is very closely partnered with Ethiopia, which is the world’s fastest-growing economy and is expected to soon emerge as a continental leader. Central to the One Belt One Road vision is that belief that China must acquire access to new markets and outbound investment destinations in order to sustain domestic growth and internal stability. Ethiopia occupies a major role in this strategy and it’s essential that China tap into its awakening potential, which explains why it’s constructing the Ethiopia-Djibouti Railway that’s set to open very soon. Complementary to this geo-economic imperative, China is also opening its first-ever overseas military base in Djibouti, which will allow it to exert dual influence on the maritime reaches of the Bab-el-Mandeb and the Horn of Africa’s Ethiopian heartland.

In parallel with this happening, the Saudis and the GCC military bloc that they oversee have also been moving into this region ostensibly under the guise of gaining logistical support facilities for their War on Yemen. An October 2015 UN report documented how «Eritrea forged a new strategic military relationship with Saudi Arabia and the United Arab Emirates that involved allowing the Arab coalition to use Eritrean land, airspace and territorial waters in its anti-Houthi military campaign in Yemen” and that «Eritrean soldiers are embedded with the United Arab Emirates contingent of the forces fighting on Yemeni soil». The author thoroughly analyzed what this development means for disrupting the hitherto equitable military balance between Eritrea and its Ethiopian rival, and the conclusion was that the GCC might use its new ally’s territory as a launching pad for exerting asymmetrical influence onto Ethiopia. Furthermore, Qatar already has troops in both Eritrea and Djibouti as part of a UN-agreed conflict mediation mechanism, while Saudi Arabia is about to open up a base in the latter coincidentally at the same time as China is supposed to. Another key development to consider is that the UAE is allegedly interested in opening up a military facility in the Gulf of Aden-abutting Somalian region of Somaliland.

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Altogether, it’s plain to see that a recognizable pattern is emerging – the GCC is steadily encircling China’s Ethiopian ally, and whether it had intended for this to happen or not, it’s very possible that a security dilemma between the two sides will erupt as they jostle for influence along the Red Sea and the Horn of Africa hinterland. Ethiopia is integral to China’s global vision and has an irreplaceable role as a geographically convenient middleman for African-based Chinese businesses, using its advantageous conduit position to facilitate their interaction with European and Asian markets via the maritime access that they’ll acquire from the Ethiopian-Djibouti Railway. Contrarily, the US recognizes this unparalleled importance and is likely to call upon its GCC allies in exerting pressure against Chinese interests there as a means of subverting Beijing’s geo-economic benefits. This could take the form of Qatar and Eritrea, both of which have been linked to the terrorist group Al Shabaab, utilizing the militant organization as a proxy lever of destabilizing influence against Ethiopia, particularly in targeting the northwestern part of the latter’s Somali Region through which the Ethiopia-Djibouti Railway is expected to pass. Moreover, even if the GCC only provides strategic support to its new Red Sea ally (or illegally circumvents UNSC sanctions in shipping it weaponry), then this could launch a proxy arms race with China, which would be compelled to boost the capabilities of Ethiopia in order to compensate for the unexpected offsetting of the military equilibrium that its ally has with Eritrea.

It’s relevant to bear in mind that Ethiopia is truly envisioned to play a major role in the One Belt One Road global connective infrastructure network, and that China’s opening of its first-ever overseas military base in Djibouti is partially founded on strategically securing its partner’s rise and supervising the terminal point of the Ethiopia-Djibouti Railway. Likewise, this only gives the US an even greater motivation to try to offset its rival’s plans, which is where the role of the Saudi-led GCC and its Horn of Africa military deployments comes into focus. Relatedly, it’s not a coincidence that both Djibouti and Somalia joined the Saudis’ «anti-terrorist» coalition, and while it’s doubtful that Djibouti would do anything to destroy the enormous win-win benefit that it’s expected to reap from its cooperation with China, the same can’t be said for Mogadishu’s calculations in siding with the bloc. Somalia might not object to its territory being used to asymmetrically destabilize Ethiopia, especially considering that the GCC-allied and fellow extremist-propagating state of Turkey is also opening up a base in the national capital.

India And Pakistan In The New Cold War’s Shifting Geopolitics

The research has argued up until this point that the South Asian states of India and Pakistan are moving in opposite geopolitical directions, with New Delhi and Islamabad «trading off’ their traditional Russian and Saudi allies respectively between one another out of their divergent calculations in posturing towards China. Pakistan is favorable to China and is thus intensifying its relations with Russia in accordance with the same multipolar motivations that guide its relations towards Beijing, while India is opposed to China and is doing the same with Saudi Arabia out of animosity towards both Islamabad and Beijing. It’s this latter angle of how India’s emerging partnership with Saudi Arabia is aimed against China that has yet to be elaborated on, so the forthcoming section will describe the geopolitical principles that are guiding this move and conversely catapulting Pakistan’s global multipolar significance to even greater heights than it ever was before.

Enter India:

As it stands, India is poised to play a decisive role in the emerging Saudi-Chinese Cold War and Modi’s visit to the Arabian Kingdom has to be seen in this context. Recalling all that was analyzed above about the Red Sea-to-Bay of Bengal rivalry between Riyadh and Beijing, it’s self-evident how India’s insertion into this tense geopolitical equation could come as a game-changer for the unipolar world. In fact, as India becomes more assertive in projecting its maritime interests, its strategic anti-Chinese complementarity with Saudi Arabia (especially as it overlaps in the Maldives) can eventually jeopardize the freedom of navigation that China will depend on in making the maritime portion of its One Belt One Road project a feasible reality.

While it’s not expected that the Saudi-Indian «coalition» will ever shut down these routes entirely, from the Chinese perspective, this strategic partnership could certainly present a formidable joint opponent as it relates to the proverbial «line of fire» battleground states of Bangladesh and the Maldives. Should the Saudis and Indians succeed in wrestling these two countries out of China’s pragmatic orbit to the point that that the One Belt One Road’s pertinent infrastructure projects are adversely impacted, then this would complicate China’s efforts to establish reliable Sea Lines of Communication and thus weaken the sustainable reliability of its maritime economic access to Europe and East Africa. The structural ramification of this development is that China would become inversely dependent on the mainland portion of its New Silk Road strategy, which could thus be disproportionately offset if the US and its allies manage to spark a series of Hybrid War scenarios in Central Asia.

The Rimland Alliance:

To put India’s prospective strategic alliances with the US and/or Saudi Arabia into a global perspective, New Delhi would essentially be sealing most of the Eurasian Rimland together as an integral part of Washington’s nascent supercontinental alliance against Russia and China. At this very moment, the US is striving to construct an «Intermarum» coalition of anti-Russian states in Eastern Europe which would then link up with Erdogan’s Turkey and be in a close strategic working proximity with the Saudi-led GCC. On the other side of Eurasia, the US aims to bring Japan and South Korea together under an ostensibly «North Korean»-directed military coordination mechanism that would obviously have an unstated dual anti-Chinese function. Expanding on Japan’s role, the island state is expected to be the US’ main «Lead From Behind» partner in bringing together the Northeast Asian and Southeast Asian theaters into a grand anti-Chinese ‘containment’ front, building upon ASEAN’s TPP-member states and the Philippines in order to expand the US-led strategic coalition into the entire economic bloc. In between these Western, Middle, and Eastern Eurasian blocs lays India, which could arguably play the key role in bridging the geographic divide between the US’ GCC and Japan-ASEAN allies. All told, India is integral to the long-term endurance of the Rimland Alliance, which is why it’s being so aggressively courted by US.

The Pakistani Pivot:

The possibility that India could strategically join forces with the unipolar world by siding with the US and/or Saudi Arabia (either of which would attain the same structural ends vis-à-vis the Rimland Alliance) is not lost on Russia and China, which correspondingly have reacted by deepening their ties with Pakistan out of pure geopolitical necessity. Iran is also important to both of these multipolar Eurasian anchors, but unlike Pakistan, the former Persia is strategically hemmed in by the Saudis and their sectarian «anti-terrorist» coalition, which could predictably be used against it to varying nonconventional extents in a «containment»-esque sort of way. Although there still exists a multitude of beneficial multipolar opportunities in Iran that Russia and China can realistically tap into, the inconvenient geostrategic fact remains that the country is strictly a continental power and that most of its maritime potential (except for the Indian-affiliated Chabahar port) is dependent on the Strait of Hormuz and consequently subject to potential GCC and US obstruction in a similar (albeit less intense) manner as the Strait of Malacca is. So as not to be mistaken, the author isn’t dismissing the importance of Iran in the emerging multipolar world order – the country has a very strategic significance – but this needs to be tempered with a realistic assessment of its geographical limitations.

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Pakistan, on the other hand, is the ultimate Eurasian pivot state in China’s One Belt One Road vision, since only it alone has the capability of «zipping» together the diverse economic blocs surrounding its near vicinity and directly connecting the interests of Russia and China. It’s true that Moscow and Beijing’s mainland economic interests also intersect through Tehran, but those of the East Asian state must first transit all the way through Central Asia in order to get there. Accounting for the very real possibility that the US will attempt to stage some sort of Hybrid War disruption there in the coming future, perhaps triggered by the inevitable passing of Islam Karimov, the «Uzbek Gaddafi» who miraculously managed to unify all of his country’s disparate clans, it can be projected that Central Asian destabilization might hinder China’s plans for directly connecting its economy to Iran. On the other hand, Pakistan, while a target itself, is considerably better accustomed to dealing with such threats owing to its battle-hardened experience in the post-9/11 era, and furthermore, Russian-Chinese-Pakistani infrastructure projects would only have to traverse through the relatively stable and much-less-threatened country of Kazakhstan.

The Containment Breakout Plan:

The combined military-strategic axes of Russia-Kazakhstan and China-Pakistan fuse together at the Dzungarian Gate and are strong enough to forge a reliable development corridor for all of Eurasia that boldly breaks through the Rimland Alliance via its pivotal Pakistani portion. Pakistan is absolutely essential to Russia and China in providing both of them with a non-unipolar-influenced access route to the Indian Ocean, which becomes all the more important as the US progressively tightens the «containment» noose around their respective West Eurasian and East Eurasian peripheries. India’s potential incorporation into the Rimland Alliance through its cooperation with the US-Saudi strategic axis only heightens the importance of the Pakistani Pivot to Moscow and Beijing’s long-term planning, and New Delhi’s strong flirtations with this unipolar bloc are unwittingly hastening the fulfilment of the very same development corridor that it ideally wishes was scrapped. It can thence be observed that India’s touchy reaction to the China-Pakistan Economic Corridor and its subsequent outreaches to the US-Saudi strategic axis have the very real potential of setting off a massive security dilemma if they haven’t done so already, and that with Brazil and South Africa already under «constitutional coup» pressure by the US, then India’s «defection» to the unipolar forces would assuredly spell the end of BRICS and strip it down to its original Russian-Chinese core.

Concluding Thoughts

The New Cold War, although still in its infancy, has already been filled with exciting twists and turns, be it the reunification of Crimea with Russia or Russia’s anti-terrorist intervention in Syria. On the negative front, however, it’s led to the US asserting a heavy degree of unprecedented influence over most of Ukraine in turning it against Russia, as well as making strong strides in «poaching» strategic states into the restrictive TPP arrangement and away from China’s sway. With the global proxy war in full gear between the unipolar and multipolar worlds, the two sides are struggling to undermine the other at the same time as they’re competing amongst themselves for the loyalty of on-the-fence «neutral’ states.

It’s this latter dynamic in which India could play a game-changing role, since while it engages in institutional (BRICS) and economic multipolarity, it has yet to fully commit itself to embracing the geopolitical aspects of this responsibility. Attempting to sit on the fence for as long as possible but still making highly publicized geopolitical outreaches to the unipolar world, India is giving its fellow Eurasian allies an uncomfortable feeling that it isn’t fully sincere in its stated multipolar commitments and that it might «flip» towards the US in the same paradigm-changing fashion as China did in the 1970s.

By moving closer to the US-Saudi strategic axis at the precise time that its two main members are waging proxy competitions against Russia and China in the context of the New Cold War, India’s activity inspires justified suspicion from what it claims are its multipolar partners and fully legitimizes their new era of strategic relations with Pakistan. As regretful as it is for the author to forecast, if New Delhi’s current geopolitical trajectory continues to proceed apace, then India might enact the game-changing decision to turn its back on the multipolar world by siding with the US and Saudi Arabia out of narrow-minded spite for Pakistan and China, which could tragically collapse its decades-established relations with Russia in the process.

The author’s viewpoint may not coincide with the opinion of RISS.

lundi, 25 avril 2016

Route de la soie, route des épices

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Route de la soie, route des épices

Ex: http://www.huyghe.fr

Un secret est toujours loin : enfoui sous les apparences, ou hors de portée. Y compris géographiquement. Le cheminement vers sa découverte se confond alors avec le chemin concret par où transitent des hommes, des marchandises ou des informations. Tel est le cas de la soie et des épices qui ont donné leur nom à des routes : leurs secrets consistent en histoires de voyages. D'Est en Ouest, circulaient des produits rares et inconnus, de l'Occident vers l'Orient, des marchands et prédicateurs en attendant des colonisateurs.

Soie et épices sont intimement liées parce qu'ils évoquent des lieux ou tout est différent, plus chaud, plus parfumé, plus raffiné, plus luxueux, plus sensuel. Elles servent à la glorification des dieux et des puissants et à l'ornement de la beauté ; leur origine exotique stimule l'imaginaire. C'est l'idée qui ressort déjà des premières mentions de ces produits dans la littérature latine. Ne dit on pas que c'est le roi des Sères, tout à l'Orient du monde qui produit le fil merveilleux qui permet aux Romaines de laisser transparaître la peau laiteuse de leurs seins ? Ne croit-on pas que la cannelle si parfumée et qui l'hiver rend le vin meilleur, est cachée comme le sont les diamants dans une vallée protégée par des aigles immenses ? Et les moralistes se plaignent de ce que les romains se ruinent pour acquérir ces produits de luxe venus de pays inconnus. L'idée même d'exotisme, ou l'attirance pour l'Orient leur doit beaucoup ; les progrès de la connaissance, de la géographie, de la navigation, bref la découverte réelle du monde, leur doit davantage encore.

Dans les deux cas, secret d'un savoir et secret d'une origine se mêlent. Pour obtenir deux produits dont l'Occident raffole depuis Rome, le tissu et les graines qui servent autant à la médecine qu'à la cuisine, il a fallu d'abord identifier les pays d'où ils venaient, la Chine, les Indes et les îles aux épices. Il a fallu les atteindre, et pour cela lancer des expéditions. Mais il a fallu aussi s'emparer des supports du secret, des cocons de vers à soie dans un cas, de quelques graines dans l'autre.

La soie a plus souvent traversé les montagnes et les steppes à dos de chameau, les épices ont plutôt voyagé dans les cales des bateaux. Parfois leurs routes se croisaient ou fusionnaient au hasard, d'une guerre ou d'un traité pour que les marchandise parviennent à Rome, à Byzance. Il y a donc des périodes où les expressions de route de la soie et route des épices désignent les mêmes itinéraires marchands ; rouleaux de tissus et sacs odorants se mêlaient dans les mêmes caravanes et dans les mêmes soutes. Certes les deux routes n'ont pas fonctionné de même manière. Sur la route de la soie, c'est le secret, disons l'art de la sériciculture, qui a voyagé d'Orient en Occident jusqu'à ce que l'on sache produire de la soie en France. Sur la route des épices, au contraire ce sont les marchands puis les soldats qui ont progressé tant que les Européens n'ont pas atteint les terres où poussaient les épices, et que les grandes compagnies dites des Indes ne s'en sont pas assuré le monopole. Tracée par une logique de la transmission ou par une logique de la conquête, la route s'est toujours assimilée à une lente révélation.

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Un secret de quatre mille ans

Une des plus célèbres légendes chinoise raconte que la princesse Xi Ling Shi fit tomber par hasard un cocon accroché à un mûrier des jardins impériaux dans une tasse de thé bouillant. Elle déroula un fil interminable qui lui parut si beau qu'elle le fit tisser, puis fabriqua une étoffe douce et fine. Elle obtint de l'Empereur d'élever les vers qui rongeaient les feuilles de mûrier. Ce souverain serait Houang Ti à qui la légende prête également l'invention de l'écriture. Dès l'origine, la soie est liée à l'empereur. Le tissu de soie ne servait pas seulement à tisser des vêtements somptueux, mais aussi à tracer des idéogrammes. Les premiers exemples d'écriture chinoise sur soie datent de 750 avant notre ère. Et la Chine elle-même est connue pendant toute l'Antiquité comme le pays des Sères, c'est-à-dire de la soie, sera.

La sériciculture remonte au néolithique chinois et, trois mille ans avant Jésus Christ, les techniques de tissage étaient déjà sophistiquées ; elles permettaient d'obtenir de la soie unie comme de la soie brodée qui accompagnaient dans l'au-delà les puissants. C'est dans une tombe princière que se retrouve la première preuve du voyage de la soie vers l'autre extrémité de l'Eurasie, au VIe siècle avant notre ère dans une sépulture du Bade Wurtemberg. Lorsque l'on découvrit dans le tombeau de Philippe de Macédoine, le père d'Alexandre le Grand, des bandelettes de soie s'est tout de suite posée la question de leur origine : était-elle chinoise ? Quelles routes ont emprunté ces premiers échantillons, qui les a offerts aux Princes, qui les a jugés assez précieux pour qu'ils les accompagnent dans leur voyage funèbre ? L'exportation de soie avait-elle un caractère exceptionnel ? Difficile d'établir une chronologie précise d'un des plus longs secrets de l'histoire, ou plutôt d'un secret double celui de l'origine du tissu et celui de sa fabrication, la sériciculture.

Son exceptionnelle durée tient à la volonté délibérée des empereurs chinois, toutes dynasties confondues. Ces empereurs qui exercent un monopole sévère, contrôlent la production comme les marchés, décident de qui pourra porter quelle qualité. Ils édictent des arrêts de mort contre quiconque oserait faire franchir les frontières à un seul oeuf ou cocon de vers à soie. Le secret sera ainsi maintenu jusqu'au cinquième siècle de notre ère environ. Pour parvenir à ce résultat, il fallut sans doute un système de surveillance sans faille car la sériciculture occupait des milliers de gens et les plantations de mûriers couvraient des provinces entières. L'enjeu était énorme, cette industrie est un secret d'État: la soie étant tout bonnement une unité monétaire. Rare, inimitable, issue d'une source que pouvaient contrôler les autorités, de qualité relativement constante, facile à stocker, à diviser et à mesurer, la soie présente toutes les qualités d'une unité d'échange commode. A certaines époques, en Chine, les impôts se paient en rouleaux de soie, comme le salaire des fonctionnaires; la somptuosité des cadeaux impériaux, se mesure à la même aune, comme la dot des princesses ou des aristocrates. Sous les Tcheou une dizaine de siècles avant notre ère un écheveau de soie s'échange contre cinq esclaves et un cheval. Pour la Chine, laisser fuir une chose (un grain de vers à soie) et une information (toute la technique d'élevage) équivaut à une catastrophe. Cela reviendrait, pour un État moderne à perdre sa planche à billets et à laisser divulguer la formule chimique de son papier-monnaie. Soie et souveraineté chinoise étaient intimement liées.

C'est du reste pour une raison géopolitique grave que la soie franchit vraiment la Grande Muraille. Au second siècle avant notre ère, les empereurs Han assiégés par des barbares nomades ancêtres des Huns ont besoin d'alliés et de chevaux. Pour acheter les deux, la Chine doit donner ce qu'elle a de plus précieux, ce qui ne s'exportait que par infimes quantités ; la soie devient un produit d'échange. Cette décision a des conséquences incalculables : la Chine s'ouvre au commerce et au monde extérieur. Ainsi naît la fameuse Route de la soie. Par le relais des caravanes traversant l'Asie centrale ou des navires contournant le sous-continent indien, la soie et bien d'autres marchandises circulent d'une extrémité à l'autre de l'Eurasie. Vers le début de notre ère, un commerçant indien sait évaluer la valeur d'un ballot de soie en sesterces romains, et, à Rome même, l'empereur s'inquiète de la perte que provoque l'importation de soie : à certaines époques, elle s'échange exactement contre son poids en or et le Trésor du plus puissant Empire tout à l'Ouest s'épuise.

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Des élevages de mûriers à sa destination finale, la soie suit un si long chemin, passe par tant d'intermédiaires et de frontières, est si protégée et entourée de tant de légendes et de périls que, sur les bords de la Méditerranée, nul ne sait que le fil est produit par le cocon des papillons. On ignore à plus forte raison comment le traiter : les mieux informés disent que la soie "pousse sur les arbres". Les romains sont fous de cette étoffe qu'ils découvrirent, dit la légende, au cours d'une bataille contre les Parthes. Leurs étendards brillants et bruissants étaient faits de ce tissu inconnu. Il ne fallut pas longtemps pour que les patriciennes n'aient plus qu'une envie : se vêtir de robes si fines qu'elles peuvent passer à travers un anneau. Mais le tissu parvient par les pistes d'Asie Centrale, et est contrôlé par des intermédiaires, dont justement les Parthes. Aucun voyageur latin n'a franchi leur territoire, tout au plus a-t-on appris que la soie provenait du pays dit des Sères. L'Europe ignore même qui ils sont cet à quoi ils ressemblent.: "Les premiers hommes que l'on connaisse (en ce pays) sont les Sères célèbres par la laine de leurs forêts. Ils détachent le duvet blanc des feuilles en l'arrosant d'eau ; puis les femmes exécutent le double travail de dévider les fils et de les tisser. C'est avec un travail si compliqué, c'est dans des contrées si lointaines qu'on obtient ce qui permettra à une matrone de se montrer en public avec un étoffe transparente. Les Sères sont civilisés ; mais semblables eux-mêmes aux animaux sauvages, ils fuient la société des autres hommes et attendent que le commerce viennent les trouver." Ce que Pline écrit dans son Histoire naturelle est le premier texte occidental qui propose une explication de l'origine et de la fabrication la soie.

sparte10.jpgLe géographe Pausanias au second siècle de notre ère se rapproche un peu plus de la vérité quand il dit : "Quant aux fils dont les Sères font leurs vêtements, ils ne proviennent pas d'une écorce, mais ils ont une origine différente que voici. Il existe dans leur pays un petit animal, que les Grecs appellent ser, mais auquel les Sères eux-mêmes donnent un autre nom ; la grandeur de cet animal est double de celle du grand scarabée ; pour le reste, il ressemble aux araignées qui font leurs toiles sur les arbres, et il a huit pattes comme les araignées. Les Sères élèvent ces animaux en leur construisant des cages appropriées à la température de l'hiver et de l'été ; et le travail de ces animaux est une fine trame qui se trouve autour de leurs pattes". Nous sommes loin encore du secret révélé. Pour pouvoir produire de la soie, il faut pouvoir maîtriser toute une série de techniques dont les bases : sélectionner et cultiver le mûrier blanc, reconnaître le Bombyx mori, savoir l'élever et pour cela disposer de lieux humides à température constante entre 20 et 25°, protéger le vers pendant qu'il file son cocon, conserver un certains nombre de ceux ci pour la reproduction, étouffer la chrysalide avant qu'elle n'ait percé le cocon (sinon ceux-ci peuvent être cardés et donner l'équivalent de la soie sauvage), et, bien sur, dévider sans le rompre le fil qui peu mesurer entre 900 et 1200 mètres.

Il faut des mois, des années pour qu'un ballot franchisse le continent passant de mains en mains ; c'est assez pour que la vérité se perde en chemin. Y a-t-il eu des tentatives de contact ? La chronique chinoise parle d’une mission impériale envoyé en Inde en 58 ap. J.C. On sait aussi comment, aux alentours de la fin du premier siècle de notre ère, période où l’empire parthe contrôle les relations commerciales avec l’Occident, la Chine cherche à se passer de ce coûteux intermédiaire. En 97, un envoyé chinois vers l'Occident est parvenu à la frontière de la Perse mais les capitaines des navires lui racontent tant d'horreurs sur les difficultés qui l'attendent qu'il préfère renoncer. Des missions d'explorations occidentales ne donnent pas de meilleurs résultats. Vers la même période, il court sur les zones désertiques du Taklamakan des histoires de villes englouties, de mirages, d’esprits qui appellent les voyageurs pour les égarer, tout à fait semblables à celles que rapporteront onze siècles plus tard les voyageurs médiévaux. Aux facteurs multiples qui pourraient expliquer la pauvreté des renseignements conservés il faudrait ajouter que pendant l'Antiquité au moins, en un point capital du trajet, véritable borne frontière de l’Empire des Sères, le commerce se pratique “à la muette” : vendeurs et acheteurs déposent en un lieu convenu, qui la marchandise, qui le prix proposé et lorsque l’on est parvenu à un accord (parfois sans se voir) chacun remporte sa part de l’échange, toujours sans un mot. Peu importe que ces marchands muets aient eu peu de chances d’être de véritables Chinois, ce procédé d’évitement réduisant le commerce au seul échange des valeurs (et pratiqué en d’autres lieux et à d’autres époques) suffirait à expliquer bien des ignorances.

Transporter, transformer

La Route de la soie offre l'exemple d'un paradoxe. D’une part y circulent les richesses les plus rares et avec elles nombre de connaissances et d’influences culturelles. D’autre part, les hommes s’ignorent, et s’inventent sans se connaître. A Rome on dit les Chinois de très grande taille, aux yeux bleus et aux cheveux rouges. Les Chinois au contraire se plaisent à imaginer les Romains tout à fait comparables aux habitants de l’Empire du Milieu. Pareilles fables se perpétuent des siècles. Les Chinois appellent Rome le Da Qin (la grande Chine), tandis que, de leur côté les Romains rêvent du Pays des Sères, le peuple qui fabrique la soie. En dépit des relations commerciales qui s’intensifient, il faudra attendre le XIIIe siècle, avec le temps des Mongols, et quelques voyageurs médiévaux dont Marco Polo n'est que le plus illustre, pour que les mondes européen et chinois commencent à se connaître. Et ce n’est qu’au temps des missions jésuites en Chine, au XVIe siècle que les Européens acquerront des connaissances géographiques et historiques acceptables sur la Chine tandis qu’en retour celle-ci commencera vraiment à soupçonner à quoi ressemble le monde occidental. La route de la soie a donc bien fonctionné comme un lien entre les peuples de l'Eurasie, comme la grande voie des relations commerciales, religieuses et culturelles. C'est un fonctionnement à plusieurs temps : la chose (la soie marchandise), la connaissance de la chose (au sens des techniques et moyens de la sériciculture), les hommes (des marchands de l'Antiquité aux voyageurs et missionnaires médiévaux) et la connaissance des hommes (telle qu'on peut la mesurer par la diffusion de manuscrits ou de récits) ont toujours été comme décalées.

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Pourtant la soie finit par échapper à l'Empire du Milieu. Plusieurs récits proposent une description de l'évasion des graines. Comme celui rapporté par Hiuan-Tsang, un des pèlerins chinois partis à la recherche des Soutras bouddhiques en Inde. Tout au long de son voyage au milieu du VIIe siècle, il tient son journal et note ce qu'il voit et ce qu'il entend sur les pays qu'il traverse. Parmi ces histoires il raconte comment un des premiers rois du Khotan parvint à fabriquer de la soie. Au début du V° siècle la soie tissée circule entre la Chine et les pays d'Asie centrale ; elle fait même l'objet d'un trafic qui enrichit nombre d'intermédiaires, certaines tribus turques, l'Empire perse, etc., mais personne ne sait la produire. Celui qui y parviendra s'enrichira considérablement. Pour cela il faut se procurer mûriers et vers à soie. "Le roi (du Khotan), ayant appris que le royaume de l'Est (la Chine) en possédait y envoya un ambassadeur pour en obtenir. A cette époque, le prince du royaume de l'Est les gardait en secret et n'en donnait à personne, et il avait défendu sévèrement aux gardes des frontières de laisser sortir de la graine de mûriers et de vers à soie. Le roi de Khotan, dans un langage soumis et respectueux, demanda en mariage une princesse chinoise. Le prince du royaume de l'Est qui avait des sentiments de bienveillance pour les peuples lointains, accéda sur le champ à sa demande. Le roi de Khotan ordonna à un ambassadeur d'aller au devant de son épouse, et lui donna les instructions suivantes : "Parlez ainsi à la princesse du royaume de l'est : "Notre royaume n'a jamais possédé de soie : il faut que vous apportiez des graines de mûriers et de vers à soie ; vous pourrez vous même vous faire des vêtements précieux."

La princesse n'hésita pas à enfreindre les édits impériaux qui punissaient de mort quiconque exportait graines de vers et de mûriers. Pleine d'astuce elle en cacha dans la ouate de son bonnet "Quand elle fut arrivée aux barrières, le chef des gardiens fouilla partout, à l'exception du bonnet de la princesse qu'il n'osa visiter." La princesse organisa la première production de soie ordonnant par un décret gravé sur une pierre :"Il est défendu de tuer les vers à soie. Quand tous les papillons des vers à soie se seront envolés, on pourra travailler les cocons. Quiconque enfreindra cet ordre sera privé du secours des dieux". C'est pourquoi poursuit le pèlerin chinois, "ce royaume possède des vers à soie et personne n'oserait en tuer un seul."

Les premiers principes de la sériciculture venaient de quitter le pays des Sères, la princesse avait exporté l'élevage du vers à soie et l'indispensable secret du mûrier.
Monopoles

Les princes d'Asie centrale n'étaient pas les seuls à vouloir s'emparer du secret. Byzance n'en pouvait plus de payer des sommes énormes à ses ennemis perses pour importer la soie brute que ses ouvriers savaient travailler mais dont on ignorait la source. L'Empire va mener une guerre de l'ombre et multiplier les sources d'information et d'approvisionnement. Procope de Césarée, décrit comment pour éviter de passer par les Perses Justinien, vers 531, envoya des ambassadeurs chez les rois chrétiens de l'Éthiopie et d'Himyar (le sud du Yémen). Ces missions furent vaines : "Les Éthiopiens, ne pouvaient acheter de la soie aux Indiens, car les marchands perses s'installaient toujours aux ports où accostaient les navires indiens (ils vivent dans un pays voisin) et ils avaient coutume d'acheter leurs cargaisons entières. Quant aux Himyarites, il leur semblait difficile de traverser un pays qui était un désert et si grand que sa traversée était un long voyage, comme de s'opposer à un peuple bien plus guerrier qu'eux mêmes".

cb0d64b55311d9cee84edda021bfe19d_large.jpgPour conserver leur monopole les Perses étaient disposés à payer le prix fort et à acheter tout ce qui était à vendre dans tous les lieux qu'ils pouvaient atteindre. La seconde partie se joue avec le représentant d'un peuple nouvellement venu sur la scène internationale : les Sogdiens. C'est un peuple de marchands qui se répandront de la mer de Chine à Byzance en de nombreux comptoirs ou même simples communautés commerçantes installées dans des cités du bout du monde. Comme le dit la chronique officielle des Tang : "Les gens du pays de Sogdiane sont tous d'habiles commerçants ; partout où l'on peut faire du profit ils sont allés". Ils se sont fixés à l'Est de l'Oxus la mythique ville de Samarcande est leur capitale. A l'époque c'est un centre important où se croisent des commerçants et voyageurs venus du monde entiers. La fresque des ambassadeurs qui est exposé au Musée d'Afrasyab-Samarcande montre des Chinois, des Persans, des Coréens, etc.. et il ne faut pas beaucoup d'imagination pour deviner que parmi eux se glissaient des espions et des aventuriers de toutes sortes. Ils ont d'abord essayé de vendre la soie du Khotan aux Perses qui pour montrer leur mépris la brûlent. Dépités, ils sont allés voir les Byzantins. On a même conservé le nom de l'ambassadeur marchand qui est arrivé à la cour de Justinien (482-465), un certain Maniakh qui réussit au bout de son entreprise à ouvrir une route de la soie en évitant l'Empire sassanide.

Justinien utilisa aussi des agents secrets très spéciaux. C'est encore à Procope de Césarée que nous devons l'histoire. Un jour des moines arrivèrent à Byzance, ils se firent introduire auprès de l'empereur et lui offrirent le vrai secret de la soie. Ils lui expliquèrent : "Nous avons résidé longtemps dans une région où il y plusieurs cités indiennes bouddhistes et qui se nomment Serinda. L'élevage du ver à soie y est pratiqué ; si vous le voulez nous vous en rapporterons le secret." Les moines précisèrent alors que la soie était produite par "certains vers à qui la nature avait enseigné cet art et rendu aisée leur tâche". Ils ajoutèrent : "Il est impossible à cause de la distance de rapporter des chenilles vivantes, mais nous aurons recours à une ruse. Les graines de ces vers sont constituées par une multitude d'oeufs. Longtemps après la ponte, les autochtones les recouvrent de fumier en les chauffant ainsi pendant un temps suffisant pour que les animaux naissent. Ils nous sera facile de cacher ces oeufs une fois que les chenilles auront pondu". Justinien leur promis ce qu'ils voulurent. Les moines peut-être s'agissait-il de ces moines bouddhistes qui parcouraient les chemins en s'appuyant sur leur long bâton , dérobèrent les graines, les rapportèrent nous dit la légende dans leurs bâtons creux, et les livrèrent à l'Empereur. Cette fois, Byzance pouvait produire de la soie.

La nouvelle industrie fut protégée d'éventuels espions par les peines les plus lourdes. A nouveau la soie devenait synonyme de secret d'État. Les Empereurs ne prenaient pas moins au sérieux sa symbolique : peine de mort pour qui osait fabriquer certaines variétés de pourpre réservées à la cour, châtiments terribles pour qui aurait tenté de débaucher ou faire fuir les ouvriers des ateliers impériaux, stricts contrôles douaniers... Du reste la soie n'était-elle pas cotée à un prix équivalent en esclaves et sa circulation strictement contrôlée ? La soie impériale surveillée par la terrible bureaucratie servait à payer les serviteurs de l'État, à remplir ses caisses, mais aussi à doter les monastères, à glorifier Dieu et l'Empire grâce au plus désirable des ornements. Lorsque les Arabes propageant l'islam eurent conquis les terres de l'Asie centrale à l'Atlantique la sériciculture se répandit avec eux.

Après avoir conquis la Perse, ils développèrent l'élevage de la soie autour de la Méditerranée. Seuls les Européens, les Francs, étaient exclus du secret. Il leur faudra quelques siècles pour maîtriser toutes les étapes qui, depuis l'élevage de chenilles de bombyx mori aboutit aux brocarts mêlés de fils d'or et d'argent que revêtaient les princes de l'Église et du monde.

220px-Roger_II_Sicily.jpgAu XIIe siècle seulement le roi normand Roger II établit en Sicile une industrie de sériciculture ; un siècle plus tard, les tisserands s'installeront en Italie et en Espagne, en attendant la France et l'Angleterre : l'Europe est enfin en mesure de fabriquer le tissu dont elle rêve depuis longtemps. Le plus long secret de l'histoire a été gardé quatre millénaires.

Quant aux routes terrestres, leur cycle historique s’achève au XVe siècle, après la mort de Tamerlan. Il se voulait le successeur de Gengis Khan. De Samarcande, sa capitale, il avait étendu son pouvoir jusqu’à Bagdad, Hispahan et l’Indus, s’apprêtait à conquérir la Chine. Après son règne, il n’y a aura plus de grand empire des steppes au coeur des routes de la soie. Vers la même époque, la nouvelle dynastie chinoise de Ming décide de fermer l’Empire aux relations extérieures : la construction de bateaux hauturiers est punie de mort et les caravanes se font plus rares.

Routes et obstacles

Peu après d’autres acteurs entrent en scène dans le commerce entre Est et Ouest. Les Portugais lancent les grandes explorations. A la fin du XVe siècle, ils ouvrent la voie des Indes par le cap de Bonne de Espérance. Désormais les nouveaux découvreurs vont “faire des chrétiens et chercher des épices”; ils ouvrent le chemin de l’Extrême Orient aux missionnaires dont les fameux jésuites, en attendant compagnies européennes des Indes. Le négoce de la soie subsiste mais bien d’autres produits la supplantent; tout l’Ancien Monde est maintenant accessible et connu; le mythe des routes de la soie vient de mourir. La route des épices, vient, elle de connaître un renouveau décisif.

Elle n'est pourtant pas nouvelle. Dès l'expédition d'Alexandre les aromates de l'Océan Indien sont connus en Europe. Les botanistes grecs mentionnent la cannelle, la cardamome et le poivre. Avant la soie les Romains connaissent le poivre, la cannelle, le safran et toutes sortes de produits culinaires et médicaux. Pline l'Ancien cite particulièrement la cannelle "si rare et si appréciée qu'elle est vouée aux honneurs par les grands du jour. L'empereur Vespasien est le premier qui ait dédié dans le temple du Capitole et dans celui de la Paix des couronnes faites de cinnamomum (cannelle) incrustée dans de l'or ciselé." Le poivre est importé en si grandes quantités qu'il provoque une hémorragie d'or et d'argent. Quand le roi wisigoth Alaric s'emparera de Rome en 410 il réclamera une rançon payée en poivre : 5000 livres ; de même, peu après, quand Attila menace Théodose II empereur de Constantinople, il se fait payer en poivre pour épargner la ville.

Notre mot épices vient du latin species, qui signifie marchandises rares. Rares, mais pas inconnues : le monde romain sait parfaitement que les épices proviennent des Indes avec lesquelles il a établi des liens commerciaux, de l'île de Ceylan, voire de Malaisie. Depuis que le Grec Hippale a inventé l’art de naviguer en fonction de la mousson au I° siècle, les navires marchands savent se rendre aux pays des épices.

Cela annonce une course qui va durer des siècles, saigner l’Europe de ses métaux précieux. mais aussi lui faire découvrir le monde puis le conquérir. Même si la Bible et Hérodote parlent des caravanes d’épices, la partie se joue surtout sur mer. Qui circule dans l’océan Indien, y a ses escales et ses comptoirs est maître des épices. Après la chute de l'Empire romain, il y aura toujours une puissance intermédiaire qui s'interpose entre le monde occidental et les pays des épices. Il y a coupure entre l'Océan Indien et l'Europe. personne n'imagine contourner l'Afrique.

Les navires perses puis byzantins se risquent jusqu’à Ceylan et la côte de Malabar. Les triomphes de l’Islam séparent le monde méditerranéen de tout accès aux pays des plantes parfumées. Mer Rouge et golfe Persique sont interdits aux navires chrétiens. Le marin arabe, lui, est partout chez lui sur la route de la mer Rouge à la mer de Chine. Les marchands indiens ou malais avec qui il traite sont souvent des coreligionnaires et il a ses mosquées et ses entrepôts jusqu’à Canton.

Les croisades réapprendront les épices aux Occidentaux. Ils fréquenteront les marchés du Levant et seront plus avides encore d'épices, symbole de luxe par excellence. On en raffole dans la cuisine et on leur attribue mille pouvoirs curatifs. Mais ils sont achetés à Beyrouth ou au Caire, et il faut passer par l’intermédiaire vénitien qui fonde sur ce commerce une grande partie de sa puissance.

Au XVe siècle, au début des grandes découvertes européennes, les épices arrivent par deux voies. La route maritime commence par le trajet des jonques chinoises et bateaux malais. Ils amènent les épices orientales, y compris les rarissimes muscade et girofle qui ne poussent qu'aux Moluques jusqu'à Ceylan et la côte de Malabar. Là, interviennent les Perses et Egyptiens qui, par la mer Rouge, mènent les épices jusqu'aux échelles du Levant, où les Vénitiens viennent s'approvisionner. Le tout donne lieu à la multiplication du prix d'étape en étape et à la perception de lourdes taxes par les puissances intermédiaires. Par terre, les caravanes contournent le désert du Turkestan jusqu'à Bassorah et à la Perse ou encore passent par la vallée de l'Indus via l'Afghanistan : c'est le même trajet que la route de la soie. Deux épices ont un statut à part : le clou de girofle et la noix de muscade dont on dit qu'ils proviennent d'îles au delà du détroit de Malaca. Les Arabes les achètent à des intermédiaires généralement malais. Les savants de l'Islam, s'ils donnent une place à ces épices dans leurs traités de pharmacopée, se contentent très vaguement d'en situer l'origine vers Java.

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Mais, par terre ou par mer, les Européens sont incapables de s'approvisionner directement. Débarquer aux Indes, emplir ses cales de poudres odorantes, poivre de Malabar, cannelle de Ceylan s’en retourner, et les vendre vingt fois leur prix tel est longtemps le rêve des aventuriers, marchands et princes d’Europe. L'un d'eux, Henri de Portugal, dit le Navigateur lance systématiquement des expéditions le long de la côte africaine, accumule les informations géographiques ou pratiques sur la route des Indes. À ce stade, il n'y a pas de secret ou de mystère des épices à proprement parler. Chacun sait que ce sont des plantes qui poussent aux Indes, à Ceylan, dans des îles plus orientales. Certes, il court des légendes sur les Indes fabuleuses. Certes l'Europe se fait une représentation géographique erronée de l'Océan Indien que la plupart s'imaginent, sur la foi des auteurs antiques, comme une mer close. Certes, l'erreur de Christophe Colomb parti chercher les épices des Indes par la voie occidentale et prenant Cuba pour la Chine témoigne spectaculairement des aléas de la géographie de l'époque. Certes, techniques de navigation, rapports de pilotes et surtout cartes sont considérées comme de vrais secrets militaires et les histoires d'espionnage ne manquent pas. Mais les épices ne sont pas protégées par des mystères ou par la dissimulation. Il est simplement impossible d'atteindre les sources d'approvisionnement. Des voyageurs sont parvenus sur place mais pas avec une caravelle dont on puisse remplir les cales plus quelques canons pour inciter les souverains locaux à ne pas s'opposer au remplissage des dites cales.

Ce sera bientôt chose faite. En 1498, Vasco de Gama passe le cap de Bonne Espérance et parvient à Calicut après avoir contourné l'Afrique. Suivent quelques guerres, et l’arrivée des Portugais en Chine et au Japon, et leur installation au delà du détroit de Malaca. En 1557, ils installent même une enclave sur la côte chinoise, à Macao.Magellan, parti en 1519 pour son tour du monde fait escale aux Moluques, ne manque pas de faire provision de muscade et de girofle . Il incite les Espagnols à s'emparer de ces îles. Pour peu de temps : en 1529, le pape partageant l'Orient par le traité de Saragosse donne les îles aux épices aux Portugais.

Grandes compagnies et grands secrets

Le XVIIe siècle est celui des Hollandais. Tandis que les compagnies des Indes fleurissent dans toute l'Europe, en quelques décennies, les Hollandais arrachent aux Lusitaniens leurs comptoirs d’outre mer. Les Hollandais, ou plutôt la V.O.C., Compagnie Unifiée de Indes Orientales, plus puissante qu’un État, et qui s’approprie des territoires. Il n’est plus question d’exclusivité sur la cannelle qui se trouve en Inde, à Ceylan et en Indonésie, ni sur le poivre en Inde et dans tout l’Extrême Orient voire à Madagascar. Subsistent deux monopoles absolus : ceux de la muscade et surtout du clou de girofle cultivés exclusivement aux Îles aux Épices, les Moluques. Elles appartiennent à la V.O.C., dont les tribunaux et les gibets protègent le privilège. "Il n'a y a point disait un Français en 1697 d'amants si jaloux de leurs maîtresses que les Hollandais ne le sont du commerce de leurs épices"

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La V.O.C. est la première grande compagnie capitaliste, dotée de prérogatives étatiques : battre monnaie, avoir une armée, signer des traités, administrer la justice, y compris la peine de mort dont elle n'est pas avare. Les dirigeants de la compagnie, les très puissants membres du Comité des XVII, s'adressent aux États généraux de Hollande sur un pied d'égalité Ils leur écrivent qu'il considèrent leurs possessions des Indes orientales comme des propriétés privées, ne relevant que de leurs actionnaires. De ce fait, ils ont, proclament-ils, le droit de céder ces biens à qui ils veulent fut-ce au roi d'Espagne ou à tout autre ennemi de leur pays. Libérée de toute contrainte politique, les Portugais éliminés, les Européens éloignés, les populations locales sous le joug, la V.O.C. n'a à se soucier que de deux choses : protéger son monopole et maintenir le prix des épices.

Elle contrôle flux et stocks. Pour soutenir le cours des clous de girofle et noix de muscade, les Hollandais en détruisent périodiquement les réserves. La cérémonie a lieu à Batavia, l'actuelle Djakarta; elle est connue comme la "fête de l'incendie des Épices". Parfois aussi, ce sont les stocks accumulées à Amsterdam qui sont détruits. En 1760, un Français assiste ainsi à la crémation d'années d'épices accumulées dans les greniers afin d'en garantir la rareté et d'en soutenir le cours. Deux jours de suite, un brasier public consomme l'équivalent de millions d'argent de France en girofle et muscade. Les spectateurs de cette invraisemblable cérémonie de destruction ont les pieds plongés dans plusieurs centimètres de l'huile parfumée et probablement les narines pleines d'une des odeurs les plus capiteuses qui soit.

La V.O.C. a une autre obsession : le secret des plants. Elle entend interdire qu'une seule racine puisse être cultivée ailleurs que sur les terres qu'elle contrôle : une multitude d'îles difficiles à surveiller où contrebande et piraterie sont des traditions séculaires, où les roitelets locaux ne sont pas sûrs et où les agents des autres grandes compagnies, anglaises, françaises, suédoises ou autres ne demandent qu'à s'infiltrer. Il n'y a que deux solutions : restreindre les surfaces cultivées aux zones les plus faciles à contrôler, puis les truffer de gardes et soldats. Il s'agit de faire régner la terreur pour guérir contrebandiers et espions de la tentation d'exporter une racine, ou d'acheter une simple carte.

La V.O.C. instaure la monoculture chaque fois qu'elle le peut pour restreindre les zones à surveiller à quelques champs gardés comme des forteresses. Ailleurs on détruit. Parfois contre le gré des chefs locaux, parfois en les achetant pour obtenir le droit d'arracher des plants. Parfois aussi, la Compagnie s'empare par la force d'îles sans intérêt stratégique immédiat, mais où des concurrents pourraient songer à cultiver les mêmes épices ou des contrebandiers à s'installer : c'est le cas à Macassar dans les Célèbes. Par la violence, l'obstination et la discipline, la V.O.C. obtient ce qu'elle veut : la monoculture et le monopole Autre avantage : les territoires ainsi spécialisés seront plus dépendant économiquement de la Compagnie et de ses importations.

Louis-Antoine_de_Bougainville.jpgBougainville au cours de son tour du monde, est déporté par la mousson entre les Malouines et l'Inde. La mer le contraint à chercher refuge aux Moluques. Il résume le système de spécialisation des îles." Par ce moyen, tandis que la cannelle ne se récolte que sur Ceylan, les îles Banda ont été seules consacrées à la culture de la muscade ; Amboine et Uleaster qui y touche à la culture du gérofle sans qu'il soit permis d'avoir du gérofle à Banda ni de la muscade à Amboine. Ces dépôts en fournissent au-delà de la consommation du monde entier. Les autres postes des Hollandais dans les Moluques ont pour objet d'empêcher les autres nations de s'y établir, de faire des recherches continuelles pour découvrir et brûler les arbres d'épicerie et de fournir à la subsistance des seules îles où on les cultive."

Les indigènes sont parfois déportés, comme aux îles de Banda et vendus comme esclaves à Java. Opérations policières contre les trafiquants et répression militaire des révoltes alternent. Les Hollandais eux-mêmes sont épiés et contrôlés. Les marins et les employés qui travaillent sur place sont tenus, lorsqu'ils repartent, de rendre toutes les cartes et documents qu'ils posséderaient. Un malheureux Batave qui avait conservé un bout de plan et s'était fait prendre à le montrer à un Anglais est fouetté, marqué au fer, et déporté dans une île déserte. Dans d'autres cas, c'est le gibet. La Compagnie multiplie les garnissons ; elle expulse les étrangers et ne laisse débarquer les marins ou voyageurs que sous bonne garde. Bougainville lui-même, lors de son escale forcée aux Moluques est accueilli par des soldats menaçants. Le résident de l'île exige de savoir le motif de cette escale, fait remplir une déclaration écrite à Bougainville et lui interdit de mouiller dans les eaux territoriales de la Compagnie, malgré les prières que lui fait le Français au nom de la simple humanité de le laisser prendre des vivres et des secours.

Dans la course aux épices, notre pays paraît plutôt en retrait. Sous Colbert, est née une compagnie des Indes qui aura des comptoirs comme Surate, Chandernagor, Masulipatam et Pondichéry. A la suite d’une révolte à Madagascar en 1674, les Français commencent à peupler les Mascareignes où ils créent une escale pour leurs navires sur la route des Indes. Cela ne fait pas de la compagnie française une très redoutable rivale de la V.O.C. Pourtant c'est un Français qui violera le secret des épices hollandaises.

Voleur d'épices

Voler des plants et les acclimater dans nos possessions, tel est le projet d'un jeune homme téméraire, en 1748. Lyonnais et nullement marin de vocation, ancien séminariste, missionnaire indocile, auquel un boulet anglais, rencontré en mer de Chine, a enlevé le bras et la vocation ecclésiastique (on ne peut bénir sans main droite !), se pique de littérature et de science. Ce personnage imaginatif au nom prédestiné : Pierre Poivre, sera le plus grand voleur d’épices de l’histoire : mais cela lui prendra un quart de siècle.

Envoyé par la Compagnie avec une frégate pour le “commerce de la Chine” et afin de “découvrir des épiceries fines” et de les transplanter sur nos terres, Poivre rapporte d’une première expédition en Cochinchine des plants de riz et des vers à soie, mais de girofle point. Aux Philippines, il s’informe des îles aux épices et finit même en 1752, peut-être grâce à quelque trafiquant de Manille, par se procurer une poignée de noix de muscade. Il les introduit en île de France cousues dans son habit pour en tirer cinq malheureux plants qui périssent, peut-être assassinés par un botaniste jaloux. Seconde tentative en 1755 : Poivre trouve d’autres plants à Timor : nouvel échec, sans doute nouveau sabotage. Du coup, il rentre en France et s’y marie.

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Le jeune couple retourne aux Mascareignes en 1768, Pierre étant nommé intendant des îles de France et de Bourbon que la Compagnie découragée a rétrocédées au roi. Pendant ce séjour, les Poivre reçoivent des visiteurs illustres : Bernardin de Saint-Pierre qui tombe amoureux de la belle mais fidèle Françoise et Bougainville achevant son tour du monde. Poivre l’intendant n’oublie pas les rêves de Poivre l’aventurier et envoie des frégates vers les Moluques. Ses envoyés trompent la surveillance des Hollandais, et, avec la complicité d’indigènes heureux de se venger de l’occupant, finissent par réussir. En 1770 deux frégates conduites par Poivre font le voyage aux Moluques sans se faire prendre par les sbires de la V.O.C. ni par les pirates. Elles ramènent en île de France 454 pieds de muscadiers et 70 girofliers. Poivre les cultive dans le jardin des Pamplemousses à Port-Louis, capitale de l'île de France. Le jardin est devenu un centre botanique expérimental sans égal. Et pour son couronnement le roi Louis XVI recevra un cadeau dont la royauté rêvait depuis longtemps : une noix de muscade produite en Terre de France. Des plants sont envoyés à l'île Bourbon et en Guyane française. Les larcins de Poivre seront les ancêtres des cultures de Zanzibar, de Madagascar, des Antilles, des Comores et des Seychelles. À ce moment le blocus hollandais est devenu sans efficacité et leur monopole est perdu.

Giroflier et muscade ont disparu des Mascareignes ; de l’épopée des voleurs d’épices ne subsiste guère qu’une curiosité touristique : le château de Mon Plaisir construit sous la Bourdonnais et son jardin royal du quartier des Pamplemousses au nord ouest de Maurice. C’est là que l’obstiné Poivre se livrait à ses tentatives de transplantation, et, arrachant le secret des îles secrètes et odorantes, condamnait la route aux épices.

lundi, 18 avril 2016

Power Hovers over Asia Once Again

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Power Hovers over Asia Once Again

Ex: http://www.katehon.com

When Portugal and Castile set out to sail the Atlantic to skirt the Islamic fence, the main political and economic forces of the world were not European. The most important power of the era, as much for its territory (10 millions square kilometers) as for its population (around one-hundred million inhabitants), as well as for its development in manufacturing and craftsman production, was the Chinese Empire.

The Ming Dynasty in 1368, with the expulsion of the Mongols, was able to achieve political unification and the centralization of power. China was the main military force in the world. Its war marina was made up of one-thousand five-hundred ships, and its army added up to a little over one million men. It also bragged the technological vanguard of the era. From this technological development came incredible important inventions, like that compass, gunpowder, paper, the printing press, just to mention the most relevant and well-known ones. Likewise, in matters of infrastructure –roads and canals- China was possibly the most developed region in the world. It also underwent intense commercial traffic – of very considerable dimensions - with the Indonesia, Philippines and Japan of the time.

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Asia held in its bosom – together with China - other important political and economic powers: the Moghul Empire, the Maratha Confederacy – in what is now the territory of India -, the Persian Empire and the Ottoman Empire. India, though it covered a surface area of 3.5 million square kilometers, had a population of eighty million inhabitants and with an industrial development not inferior to China, it found itself disincorporated between the Moghul Empire, the Maratha Confederacy and a hodgepodge group of independent princedoms. The Maratha Confederacy dominated the center of modern-day India. To the south, a multitude of independent princes controlled the Malabar and the Coromandel coasts. Political disintegration made India, despite its enormous economic weight, not is a geostrategic player of any importance.

Persia was the second Islamic power, with close to ten million inhabitants. In 1502, under the Safavid Dynasty – of Shiite creed -, it recorded an extremely important rebirth as much of its political power as in trade, industry, art and architecture. Its strategic position caused it to become a power with possibilities of influencing world events. The Turkish Ottoman Empire – then, the main strategic “threat” of the European Peninsula- was the major Islamic power. With fourteen million inhabitants, it dominated the Balkan Islands, the Black Sea, the eastern Mediterranean, Asia Minor, the Mesopotamian, Northern Africa and the Red Sea. [1]

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The center of world power was, unarguably, in Asia, Nevertheless, with the ocean voyages of discovery that western European sailors carried out five centuries ago, the transformation of the geopolitical map of the world began. Thus the center of world power gave a sudden leap. It jumped, from the heart of the Chinese Empire, to the Iberian Peninsula and later to flutter over Seville and Lisbon, and then for a time over to Isabel’s England to finally skip over the Atlantic and plant itself in North America, where the elite leadership, descendants of the “founding fathers”, built the first continental industrial State-nation in history, raising, as had England in its time, once again, the threshold of power.

From the beginning of the first period of globalization – starring the great Portuguese, Italian and Spanish sailors -, power abandoned Asia.

Nowadays, however, as Arnold Toynbee warned early on:

We are going into a new age, in which the physical means of human traffic will no longer be the steppe nor the ocean but rather the air, and in an aerial age humanity can reach, by flapping its wings, the liberation of its juvenile bonds to the capricious configuration of the surface –solid and liquid- of the globe. In an aerial age, the central position of gravity of human affairs can be determined by human geography and not the physical one; not by the disposition of the oceans and sea, steppes and deserts, rivers and mountain ranges, passes and narrow passages, but rather by the distribution of mass, energy, ability, knowledge and human character. And, amongst these human factors, the gravitation of mass may eventually become great than its influence in the past. (Toynbee, 1967: 73)

Thus, it is possible to state that power hovers, once again, over Asia though it still has not “alighted” on any specific nation.

China, a New Actor that Aspires to Stardom

The intervention of the United States in the Second World War –though done belatedly so that the setback would allow the definite strategic weakening of the British Empire- was decisive to defeat the attempt of the most anti-human and sinister world domination of modern times. Humanity owes the United States – and Russia - for the defeat of the Nazi barbarity.

Nevertheless, the victory of the United States over the powers of the Axis did not lead it, in and of itself, to become the only hegemonic world power, as the American ruling elite had planned, and believed, as far back as the times of war against Spain.[2]

And it is true that, for forty years, the “soviet counter power” hindered the hegemonic configuration but, from the implosion of the Soviet Union on, the United States recuperated “global primacy” and it was once again left open to North American power the possibility of unilaterally organizing the international system in its different aspects, in such a way that its own interests, in any order, would be assured and would be maintained in time. However, this possibility today depends on – according to Brzezinski’s perspective - not only on the power that the United States has accumulated but also on how it “plays” on the Euro-Asian game board.

According to Brzezinski, since Eurasia is and has been the center of world power –since the time the continents have been able to interact in the terrain of politics, for around five-hundred years, to hinder the emergence of a Eurasian power, dominant and antagonistic, for the United States it is a “fundamental objective” in terms of its capacity to exercise global primacy: “The foreign policy of the United States should continue to dealing with the geopolitical dimension and employ its influence in Eurasia to create a stable continental balance in which the United States would exercise the function of political referee. Eurasia is, well, the game board in which the struggle for global primacy continues being played, and that struggle involves geo-strategy: strategic arrangement of political interests” (Brezinski, 1998: 12). Because of that, he concludes, “it is essential that there not be an emergence of any aspirant to Eurasian power capable of dominating Eurasia and, furthermore, also capable of challenging the United States” (12).

In the analysis made by the majority of the American ruling elite, that “aspirant State” and which, according to Brzezinski’s logic, would have to be neutralized before it finished completely developing its national power- is the People’s Republic of China. In Brzezinski’s thesis, the global primacy of the United States “depends directly on how long, and how effectively, they can maintain their preponderance in the Eurasian continent” (Brzezninski, 1998: 39).

Nationalism & Globalization in China

The extraordinary consistent growth of Chinese domestic gross product, the opening of its economy to foreign investments, the spectacular modernization of its productive apparatus and the impacting outbreak of its industrial production into the world markets clouds the fact that China dives into globalization in outright nationalistic effervescence. This is the politically central fact that should be kept in mind for any serious analysis of the future of this country. Chinese leadership has a historical imperial vocation and has lived through the last five-hundred years of Western predominance as a “deep humiliation”. [3]

In order to comprehend Chinese nationalism and the “feeling of humiliation” –that feeds it to a large extent- it is not enough to retract to the Opium War but rather it is better to remember that five-hundred years ago, when continents began to interact, the Chinese Empire – despite possessing all the required material conditions - was not the main player of the first stage of globalization due solely to an irreversible strategic error made by the Ming dynasty.

As we have already affirmed, globalization starts when the Latino-Germanic world, venturing out into the immense Atlantic Ocean, overcomes the enclosure to which it had been submitted by the Islamic-Ottoman world in the so called “Middle Ages”, from the 7th century on. Until that historic moment, all the small Christian kingdoms of the European peninsula were much farther behind the Chinese Empire and they possessed, before it, an outright scientific and cultural deficit:

The European culture, less developed (in comparison with the Islamic, Hindustani, and especially the Chinese culture), separated by the Ottoman-Islamic “wall” of the central regions of the Asian-AfroMediterranean continent was, then, until the end of the 15th century, peripheral. (Dussel, 2004: 19)

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Seventy years before Columbus landed on America, the Chinese Imperial fleet had already carried out numerous trans-oceanic trips with one of the possibly reaching as far as the American continent. Admiral Zheng He, a Muslim Eunuch, installed a large school of oceanic navigation and built the biggest naval squadron in history for the Chinese Emperor.

Zheng_He.jpgZheng made, at least, seven incredible voyages, between 1405 and 1423, around the southern Pacific, the Indian Ocean, the Persian Gulf and the coasts of Africa. With his expeditions he opened the doors of the empire to other cultural realities and also to other commercial possibilities. On March 5th of 1421 he set sail from the Nanking port to make his seventh trip with a fleet composed of six-hundred junks and thirty-thousand crew members. These expeditions were commercial and scientific, and the squads mapped Africa and Asia, being it highly probable that they circumnavigated, for the first time, the entire globe and, thus, discovered America. On the return trip from that seventh voyage, an erroneous geo-political Chinese decision made that new knowledge never turn into a conquest. In 1424, the Emperor – convinced by the members of the court that the Admiral’s trips took away more than they brought back to the imperial coffers - decided to suspend the naval expeditions.

The kingdoms of Portugal and Castile –to which the maps created by the Chinese squadron possibly might have reached -, far less developed than the Chinese Empire, threw themselves into the Atlantic and undertook the great voyages of discovery, thus usufructing the “strategic mistake” made by Chinese power.

mingmap.jpgThe Ming Emperor, in 1424, decided to abandon the naval expeditions, and thus, the indisputable dominion of all the oceans, the discovery and the conquest of new lands. The Chinese decision of abandoning the naval expeditions left, in a sense, an emptiness of power that was filled by Europe.

To our understanding, this is the motive for which – according to the very same “reading of history” - China believes it was destined to create a universal empire and that that vocation was snatched away from it by the “barbaric” peoples of the tiny European peninsula.

Brzezinski:

The intense current nationalism of the Chinese people is new only as far as its social penetration, seeing as how in it intervene self-identification and the emotions of an unprecedented number of Chinese. Chinese nationalism is done being a phenomenon primarily confined to students that, in the early years of this century, were the precursors of the Kuomintang and of the Chinese Nationalist Party. Chinese nationalism is, currently, a phenomenon of the masses that defines the mentality of the most populated State in the world. That mentality has deep historical roots. History has predisposed the Chinese elite to think that China is the natural center of the world. In fact, the word “China” in Chinese – Zhong-guo, or “middle kingdom”- transmits the idea of the centrality of China in world matters and, at the same time, it reaffirms the importance of national unity. (Brzezinski, 1998: 163)

As a consequence, if China is able to neutralize the terrible exogenous forces –that desire its internal fragmentation- maintain its social stability and its accelerated rate of development during the next three decades, it will then reach the conditions that Helio Jaguaribe denominates “equipollence” with the United States. The success of Chinese development –plus the possible partial recuperation of Russian power, that would begin with Vladimir Putin, and to the adoption of a foreign policy and a policy of self-defense on behalf of the hard nucleus (Germany and France) of the European Union- could cause a “multi-polar world order” to prevail mi-century, a circumstance that would increase the international margin of labor and national autonomy of South American countries.

The Challenges that Come from the Far East

And now, independently from the fact that China could become a high technology and knowledge producing power – a condition sine qua non for it to reach a relationship of “equipollence” with American power- there are few doubts as to whether or not it is a real possibility that around 2030 the Asian country would be in a position to become a great industrial power, with real capacities for providing, with their manufactured products, for the entire world.

Once China transforms into the “world’s big factory”, it will also become – as already happens, in a certain way, presently -, a “giant vacuum of raw materials”, consequently provoking a substantial elevation of their international prices. This fact, that already favors the primary South American economies, will tend to become more and more obvious. A new golden wave will then come about for the exportation of primary products, an era into which, maybe, we have already entered.

The adding into the realm of universal commerce of a new and voracious demander of raw materials (to which we must add the growing demand of India) – whose presence can already clearly be “palpated” at present, through the simple statistical survey of the amazing increases in value of commodities in recent years- it will generate a new pressure, added to those already in existence, that could paradoxically influence in a highly negative way in the possibilities of autonomous development of the South American region.

It is that, encouraged by the growing values of their extractive products, the temptation to go back to pre-industrial diagrams – especially in Argentina and, though in less measure, also in Brazil - could become more and more intense. Furthermore, it would encourage – and even worse, “it would justify” - the position of those local elite that consider plans for autonomous industrial development “unnecessary” and even “forced”. This goes without mentioning those South American countries whose economies continue depending on pre-industrial plans, in which, directly, the future would make it unpractical to make any attempt to industrialize or technologize autonomously. To the mental pressure for,  and consequent temptation of, deindustrializing we must add, as a compliment or natural corollary, the disproportionate global “offer” of manufactured goods – from low, midrange and high technology- that with the irruption of a “salesmen” China (and probably also of India) they will end up lowering the prices of these manufactured goods to probably despicable levels.

The existence of a new “buyer” of raw materials has, as a logical counterpart, the apparition of a new ”seller” of manufactured goods, and the competition and overabundance of the latter will end up exponentially multiplying international pressure to maintain the totality of South America as a “natural market” and, thus, obtain “unrestricted openness” of the economies of South American nations. Such an overabundance of manufacture good in the global market – of which the scale of production that China can reach will be in large part be responsible- will tend to make the price of any manufactured industrial product made far away from our region infinitely inferior to the cost of any manufactured industrial product in South America.

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We will have to add the destructive effect of possible surpluses of global industrial production to the disproportionate supply. Given the enormous scale of production that China’s economy is capable of reaching –and India’s as well- between 2020 and 2050, it is highly probable that these economies generate enormous surpluses of production to such point that, indiscriminately dumped into the international market, they would be sold at despicable prices, even under that of their costs, for it will be more valuable to these new economies to poorly sell their produced goods before halting their growth. The commercial dispute with other already industrialized nations for specific markets will be capable of making South America one of the main “ducks at the wedding” of this global dispute for consumption markets.

This situation would clearly be capable of annihilating local production and, due to not being neatly and completely foreseen and neutralized by an intelligently protective policy, consented to, common and univocal, it would condemn all of South America to an excluding specialization and it would return the nations of the region to the condition of mere providers of raw material and non-manufactured agricultural products.

Footnotes:

1. The numbers on the population, surface area, industrial production and effectives of the armies used here are taken from the brilliant work of Aldo Ferrer (2001b: 19-28).

2. From the beginning of the First World War, the American ruling elite came up with the idea that the United States should support English power to eliminate to only real competitor that was German industrial power, to become in that way the main hegemonic power in the world. One of the men of the elite who most clearly expressed the North American hegemonic project from the time of the war with Spain was Theodor Roosevelt. But the American ruling elite knew that the execution of that geopolitical plan would not be bearable to the people, imbued with deep democratic ideals. Thus, Woodrow Wilson will translate, into a more easily assimilated way –by wrapping it in an idealistic format- for the American people, the hegemonic geopolitical project that had been expressed brutally by Roosevelt. As the American historian Immanuel Wallerstein states (quoted by MetholFerre, 2001: 30), the fundamental fact of the first half of the 20th century is the Anglo-Saxon alliance, that destroys German industrial power, which was the heart of Europe. That act settled the question of the century that later became the competition of two State continents, the Soviet Union on one hand and the United States on the other. And that new competition just barely went to sleep in 1989.

3. All of China’s story has predisposed its ruling elite to think that their nation is the natural center of the world: “That perspective also implies the existence of a hierarchic system of radially ordered influence that goes from the center to the periphery, and thus China, as the center, expects to be treated with difference by others. […] From that lens, the loss of China’s grandiose –the last one-hundred and fifty years of humiliation is an aberration, a profanation of the special Chinese condition and a personal insult to each Chinese- should be erased and its perpetrators deserve to be punished” (Brzezinski, 1998: 163-164).

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jeudi, 14 avril 2016

Aspects pratiques des convergences eurasiennes actuelles

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Aspects pratiques des convergences eurasiennes actuelles

Conférence prononcée par Robert Steuckers pour les « Deuxièmes journées eurasistes » de Bordeaux, 5 septembre 2015

Bonjour à tous et désolé de ne pouvoir être physiquement présent parmi vous, de ne pouvoir vous parler qu’au travers de « Skype ».

 Je vais essentiellement vous présenter un travail succinct, une ébauche, car je n’ai que trois quarts d’heure à ma disposition pour brosser une fresque gigantesque, un survol rapide des mutations en cours sur la grande masse continentale eurasiatique aujourd’hui. Je ne vous apporterai ce jour qu’un squelette mais vous promets simultanément un texte bien plus étoffé, comme ce fut d’ailleurs le cas après les « journées eurasistes » d’octobre 2014 à Bruxelles. 

L’incontournable ouvrage du Professeur Beckwith

Lors de ces premières rencontres eurasistes de Bruxelles, tenues dans les locaux du vicariat à deux pas de la fameuse Place Flagey, je me suis concentré sur les grandes lignes à retenir de l’histoire des convergences eurasiatiques, en tablant principalement sur l’ouvrage incontournable, fouillé, du Professeur Christopher I. Beckwith de l’Université de Princeton. Pour le Prof. Beckwith, la marque originelle de toute pensée impériale eurasienne vient de la figure du Prince indo-européen, ou plutôt indo-iranien, qui émerge à la proto-histoire, un Prince qui a tout le charisme et l’exemplarité nécessaires, toutes les vertus voulues, pour entraîner derrière lui une « suite » de fidèles, un « comitatus », comme l’attestent d’ailleurs la figure mythologique du Rama védique et celle de Zarathoustra, fondant ainsi une période axiale, selon la terminologie philosophique forgée par Karl Jaspers et reprise par Karen Armstrong. Le Prince charismatique et son « comitatus » injectent les principes fondamentaux de toute organisation tribale (essentiellement, au départ, de peuples cavaliers) et, par suite, de tout organisation territoriale et impériale, ainsi que le montre le premier empire de facture indo-européenne sur le Grand Continent eurasiatique, l’Empire perse. Ce modèle est ensuite repris par les peuples turco-mongols. Cette translatio au profit des peuples turco-mongols ne doit pas nous faire oublier, ici en Europe, le « droit d’aînesse » des peuples proto-iraniens. 

J’espère pouvoir aborder la dimension religieuse des convergences eurasiatiques lors de futures rencontres eurasistes, en tablant sur des œuvres fondamentales mais largement ignorées dans nos contextes de « grand oubli », de « grand effacement », car nous savons, depuis les travaux de feue Elisabeth Noelle-Neumann que le système dominant procède par omission de thématiques dérangeantes pour n’imposer que du prêt-à-penser, pour ancrer l’oubli dans les masses déboussolées. Parmi ces œuvres à ré-explorer, il y a celle de l’explorateur et anthropologue italien Giuseppe Tucci, dont Payot avait jadis publié l’immense travail sur les religiosités d’Asie centrale, sur les syncrétismes du cœur de l’Asie. Ceux-ci ont émergé sur un socle shamaniste, dont toutes les variantes du bouddhisme, surtout au Tibet, en Mongolie, dans les confins bouriates, ont gardé des éléments clefs. Le « Baron fou », Fiodor von Ungern-Sternberg, commandeur de la division de cavalerie asiatique du dernier Tsar Nicolas II, était justement fasciné par cette synthèse, étudiée à fond par Tucci. Ensuite, comme le préconise Claudio Mutti, le directeur de la revue de géopolitique italienne Eurasia, une relecture des travaux de Henry Corbin s’avère impérative : elle porte sur les traditions avestiques, sur le culte iranien de la Lumière, sur la transposition de ce culte dans le chiisme duodécimain, sur l’œuvre du mystique perse Sohrawardî, etc. Mutti voit en Corbin le théoricien d’une sagesse eurasiatique qui émergera après l’effacement des religions et confessions actuelles, en phase de ressac et de déliquescence. Le culte de la Lumière, et de la Lumière intérieure, du Xvarnah, de l’auréole charismatique, également évoquée par Beckwith, est appelé à prendre la place de religiosités qui ont lamentablement basculé dans une méchante hystérie ou dans une moraline rédhibitoire. L’avenir ne peut appartenir qu’à un retour triomphal d’une religiosité archangélique et michaëlienne, au service de la transparence lumineuse et du Bien commun en tous points de la planète. 

Aujourd’hui, cependant, je me montrerai plus prosaïque, davantage géopolitologue, en n’abordant que les innombrables aspects pratiques que prennent aujourd’hui les convergences eurasiatiques. Les initiatives sont nombreuses, en effet. Il y a la diplomatie nouvelle induite par la Russie et son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov ; il y a ensuite les initiatives chinoises, également diplomatiques avec la volonté d’injecter dans les relations internationales une manière d’agir qui ne soit pas interventionniste et respecte les institutions et les traditions des peuples autochtones, mais surtout la volonté de créer de multiples synergies en communications ferroviaires et maritimes pour relier l’Europe à la Chine. Ensuite, l’Inde, sans doute dans une moindre mesure, participe à ces synergies asiatiques. Le groupe des BRICS suggère un système bancaire international alternatif. L’ASEAN vise à annuler les inconvénients de la balkanisation de l’Asie du Sud-est, en cherchant des modes de relations acceptables et variés avec la Chine et, parfois, avec l’Inde ou la Russie. 

D’Alexandre II à Poutine

alexander22006.jpgPour le dire en quelques mots simples, la Russie actuelle cherche à retrouver la cohérence du règne d’Alexandre II, qui avait tiré les conclusions de la Guerre de Crimée lorsqu’il avait accédé au trône à 37 ans, en 1855, alors que cette guerre n’était pas encore terminée. La Russie de Poutine et de Lavrov rejette en fait les facteurs, toujours présents, toujours activables, des fragilités russes du temps de Nicolas II et de la présidence d’Eltsine, période de la fin du XXe siècle que les Russes assimilent à une nouvelle « Smuta », soit à une époque de déliquescence au début du XVIIe siècle. L’idée de « smuta », de déchéance politique totale, est une hantise des Russes et des Chinois (leur XIXe siècle, après les guerres de l’opium) : pour les Européens de l’Ouest, la « smuta » première, c’est l’époque des « rois fainéants », des mérovingiens tardifs et les historiens, dans un avenir proche, considèreront sans nul doute l’Europe des Hollande, Merkel, Juncker, etc., comme une Europe affligée d’une « smuta » dont les générations futures auront profondément honte. 

Aujourd’hui, les risques auxquels la Russie est confrontée restent les mêmes que du temps de la guerre de Crimée ou du règne de Nicolas II. Elle est en effet tenue en échec en Mer Noire malgré le retour de la Crimée à la mère-patrie : l’OTAN peut toujours faire jouer le verrou turc. Elle est menacée dans le Caucase, où elle avait soumis les peuples montagnards après des campagnes extrêmement dures, très coûteuses en hommes et en matériels. Sous Alexandre II, elle franchit la ligne Caspienne-Aral pour s’avancer en direction de l’Afghanistan : cette marche en avant vers l’Océan Indien s’avère pénible et Alexandre II prend parfaitement conscience des facteurs temps et espace qui freinent l’élan de ses troupes vers le Sud. Le temps des campagnes doit être réduit, les espaces doivent être franchis plus vite. La solution réside dans la construction de chemins de fer, d’infrastructures modernes. 

Des ONG qui jouent sur tous les registres de la russophobie

La réalisation de ces projets de grande ampleur postule une modernisation pratique et non idéologique de la société russe, avec, à la clef, une émancipation des larges strates populaires. Le nombre réduit de la classe noble ne permettant pas le recrutement optimal de cadres pour de tels projets. Dès 1873, dès l’avancée réelle des forces du Tsar vers l’Afghanistan donc potentiellement vers le sous-continent indien, clef de voûte de l’Empire britannique dans l’Océan Indien, dit l’« Océan du Milieu », commence le « Grand Jeu », soit la confrontation entre la thalassocratie britannique et la puissance continentale russe. De 1877 à 1879, la Russie prend indirectement pied dans les Balkans, en tablant sur les petites puissances orthodoxes qui viennent de s’émanciper du joug ottoman. Entre 1879 et 1881, la Russie d’Alexandre II est secouée par une vague d’attentats perpétrés par les sociaux-révolutionnaires qui finiront par assassiner le monarque. La Russie faisait face à des révolutionnaires fanatiques, sans nul doute téléguidés par la thalassocratie adverse, tout comme, aujourd’hui, la Russie de Poutine, parce qu’elle renoue en quelque sorte avec la pratique des grands projets infrastructurels inaugurée par Alexandre II, doit faire face à des ONG mal intentionnées ou à des terroristes tchétchènes ou daghestanais manipulés de l’extérieur. Alexandre III et Nicolas II prennent le relais du Tsar assassiné. Nicolas II sera également fustigé par les propagandes extérieures, campé comme un Tsar sanguinaire, modèle d’une « barbarie asiatique ». Cette propagande exploite toutes les ressources de la russophobie que l’essayiste suisse Guy Mettan vient de très bien mettre en exergue dans Russie-Occident – Une guerre de mille ans. Curieusement, la Russie de Nicolas II est décrite comme une « puissance asiatique », comme l’expression féroce et inacceptable d’une gigantomanie territoriale mongole et gengiskhanide, alors que toute la littérature russe de l’époque dépréciait toutes les formes d’asiatisme, se moquait des engouements pour le bouddhisme et posait la Chine et son mandarinat figé comme un modèle à ne pas imiter. L’eurasisme, ultérieur, postérieur à la révolution bolchevique de 1917, est partiellement une réaction à cette propagande occidentale qui tenait absolument à « asiatiser » la Russie : puisque vous nous décrivez comme des « Asiates », se sont dit quelques penseurs politiques russes, nous reprenons ce reproche à notre compte, nous le faisons nôtre, et nous élaborons une synthèse entre impérialité romano-byzantine et khanat gengiskhanide, que nous actualiserons, fusionnerons avec le système léniniste et stalinien, etc. 

Pour affaiblir l’empire de Nicolas II, en dépit de l’appui français qu’il reçoit depuis la visite d’Alexandre III à Paris dans les années 1890, l’Angleterre cherche un allié de revers et table sur une puissance émergente d’Extrême-Orient, le Japon, qui, lui, tentait alors de contrôler les côtes du continent asiatique qui lui font immédiatement face : déjà maître de Taiwan et de la Corée après avoir vaincu la Chine déclinante en 1895, le Japon devient le puissant voisin tout proche de la portion pacifique de la Sibérie désormais russe. Londres attisera le conflit qui se terminera par la défaite russe de 1904, face à un Japon qui, suite à l’ère Meiji, avait réussi son passage à la modernité industrielle. Les navires russes en partance pour le Pacifique n’avaient pas pu s’approvisionner en charbon dans les relais britanniques, au nom d’une neutralité affichée, en toute hypocrisie, mais qui ne l’était évidemment pas... 

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Le Transsibérien bouleverse la donne géostratégique

Les troupes russes au sol, elles, s’étaient déplacées beaucoup plus rapidement qu’auparavant grâce aux premiers tronçons du Transsibérien. L’état-major britannique est alarmé et se rappelle du coup de bélier des armées tsaristes contre la Chine, lorsqu’il s’était agi de dégager le quartier des légations à Pékin, lors du siège de 55 jours imposé aux étrangers, suite à la révolte des Boxers entre juin et août 1900. Le géographe Sir Halford John Mackinder énonce aussitôt les fameuses théories géopolitiques de la dialectique Terre/Mer et de la « Terre du Milieu », du « Heartland », inaccessible à la puissance de feu et à la capacité de contrôle des rimlands dont disposait à l’époque la puissance maritime anglaise. Le Transsibérien permettait à la Russie de Nicolas II de sortir des limites spatio-temporelles imposées par le gigantisme territorial, qui avait, au temps des guerres napoléoniennes, empêché Paul I de joindre ses forces à celles de Napoléon pour marcher vers les Indes. Henri Troyat explique avec grande clarté à ses lecteurs français tous ces projets dans la monographie qu’il consacre à Paul I. De même, la Russie avait perdu la Guerre de Crimée notamment parce que sa logistique lente, à cause des trop longues distances terrestres à franchir pour fantassins et cavaliers, ne lui avait pas permis d’acheminer rapidement des troupes vers le front, tandis que les navires de transport anglais et français pouvaient débarquer sans entraves des troupes venues de la métropole anglaise, de Marseille ou d’Algérie. L’élément thalassocratique avait été déterminant dans la victoire anglo-française en Crimée. 

La Russie de Nicolas II, bien présente en Asie centrale, va dès lors, dans un premier temps, payer la note que les Britanniques avaient déjà voulu faire payer à Alexandre II, le conquérant de l’Asie centrale, assassiné en 1881 par une bande de révolutionnaires radicaux, appartenant à Narodnaïa Voljia. La Russie d’Alexandre II pacifie le Caucase, le soustrayant définitivement à toute influence ottomane ou perse, donc à toute tentative anglaise d’utiliser les empires ottoman et perse pour contribuer à l’endiguement de cette Russie tsariste, conquiert l’Asie centrale et affirme sa présence en Extrême-Orient, notamment dans l’île de Sakhaline. Au même moment, les marines passent entièrement des voiles et de la vapeur (et donc du charbon) au pétrole. La Russie détient celui de Bakou en Azerbaïdjan. La possession de cette aire sud-caucasienne, la proximité entre les troupes russes et les zones pétrolifères iraniennes fait de la Russie l’ennemi potentiel le plus redoutable de l’Angleterre qui, pour conserver l’atout militaire majeur qu’est sa flotte, doit garder la mainmise absolue sur ces ressources énergétiques, en contrôler une quantité maximale sur la planète. 

L’assassinat de Stolypine

StolypinCrop.JPGComme le danger allemand devient aux yeux des Britannique plus préoccupant que le danger russe,  ­ -parce que la nouvelle puissance industrielle germanique risque de débouler dans l’Egée et en Egypte grâce à son alliance avec l’Empire ottoman moribond-  l’Empire de Nicolas II est attiré dans l’alliance franco-anglaise, dans l’Entente, à partir de 1904. Stolypine, partisan et artisan d’une modernisation de la société russe pour faire face aux nouveaux défis planétaires, aurait sans doute déconstruit progressivement et habilement le corset qu’impliquait cette alliance, au nom d’un pacifisme de bon aloi, mais il est assassiné par un fanatique social-révolutionnaire en 1911 (les spéculations sont ouvertes : qui a armé le bras de ce tueur fou ?). Stolypine, qui aurait pu, comme Jaurès, être un frein aux multiples bellicismes qui animaient la scène européenne avant la Grande Guerre, disparaît du monde politique sans avoir pu parachever son œuvre de redressement et de modernisation. La voie est libre pour les bellicistes russes qui joindront leurs efforts à ceux de France et d’Angleterre. Ce qui fait dire à quelques observateurs actuels que Poutine est en somme un Stolypine qui a réussi. 

Dès que la Russie s’ancre plus solidement dans l’Entente, la propagande hostile à Nicolas II, orchestrée depuis Londres, fait volte-face : le Tsar cesse d’un coup d’être un abominable monarque sanguinaire et devient, comme par miracle, un empereur bon, paternel, qui aime ses sujets. Staline connaîtra un destin similaire : horrible boucher sanguinaire pour ses purges des années 1930, « bon petit père des peuples » pendant la seconde guerre mondiale, tyran antidémocratique dès que s’amorce la guerre froide. Avant Orwell, Lord Ponsonby décortiquera les mécanismes de cette propagande bien huilée, capable de changer de cap, de désigner comme ennemi l’ami d’hier et vice-versa, exactement comme dans l’Oceania de Big Brother. La Russie entre dans la Grande Guerre aux côtés des autres puissances de l’Entente : ce sera sa perte. Dmitri Merejkovski l’avait prévu. Les analyses de Soljénitsyne abondent également dans ce sens. L’affaire désastreuse des Dardanelles, voulue par Churchill en 1915, avait pour objectif inavoué d’arriver à Constantinople avant les Russes et de verrouiller les détroits turcs comme en 1877-78 : la duplicité londonienne ne s’était pas effacée au nom de la fraternité d’armes de 1914. 

Au temps des deux « géants rouges »

La Russie actuelle, celle de Poutine, entend conserver la cohérence territoriale de l’Union Soviétique défunte mais sans la rigidité idéologique communiste. Le communisme était une « idéologie froide » (Papaioannou) et un « système réductionniste » (Koestler), dont les retombées pratiques s’avéraient désastreuses, notamment sur le plan de la nécessaire autarcie agricole que devrait détenir toute grande puissance de dimensions continentales. Toute puissance de cet ordre de grandeur a pour obligation pratique de maintenir une « cohérence territoriale », de colmater toutes les brèches qui pourraient survenir au fil du temps, que celles-ci soient le fait de dissidences intérieures ou d’une subversion organisée par l’ennemi. Sous d’autres oripeaux que ceux du communisme, Poutine cherche à rétablir les atouts dont disposait l’Union soviétique entre 1949 et 1972, quand elle formait, avec la Chine, un bloc communiste de très grande profondeur territoriale. La Chine maoïste et l’URSS, de Staline à Brejnev, étaient certes des puissances continentales dont l’idéologie officielle était posée comme « progressiste ». Elles ont toutefois été marquées par une régression industrielle et technologique permanente par rapport aux Etats-Unis, au Japon ou à l’Europe occidentale, corroborant la théorie américaine du technological gap. Les développements internes à l’ère communiste ont certes balayé quelques archaïsmes, il faut le reconnaître, mais à quel prix ? Aujourd’hui, la situation est différente. La Chine est à la pointe de nombreuses innovations techniques. Elle est capable de développer des réseaux de chemins de fer performants, de construire des infrastructures aéroportuaires ultra-modernes, de gérer les flux de trafic urbain par d’audacieuses innovations technologiques, de fabriquer des porte-avions à double piste, etc. 

Même si on ne peut pas dire que la Russie et la Chine n’ont plus aucun contentieux, le binôme sino-russe tient parce qu’à Moscou comme à Beijing les diplomates savent que le déclin de l’URSS a commencé en 1972 quand Nixon et Kissinger déploient une intense activité diplomatique en direction de la Chine et transforment celle-ci en un allié de revers contre Moscou. 1972, il faut s’en souvenir, a été une année charnière : l’URSS était encerclée, coincée entre l’OTAN et la Chine, son déclin s’est automatiquement amorcé, tandis que la Chine, attelée à cette alliance de facto avec les Etats-Unis, était contrainte d’opter pour un développement continental, soit de tourner le dos au Pacifique, de ne plus y contrarier les intérêts stratégiques américains. Kissinger faisait ainsi d’une pierre deux coups : il affaiblissait la Russie et détournait la Chine maoïste des eaux du Pacifique (ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, comme l’attestent les incidents récurrents en Mer de Chine du Sud). 

De l’alliance sino-américaine au déclin de l’Union Soviétique

mao_wideweb__470x282,0.jpgWashington consolidait ainsi son hégémonisme planétaire et unipolaire : De Gaulle était mort, l’Allemagne et l’Europe toujours divisées, les stratégistes américains planifiaient déjà la chute du Shah, coupable d’avoir soutenu les revendications des pays producteurs de pétrole et de développer une puissance régionale sérieuse, appuyée par des forces aériennes et navales efficaces, dans une zone hautement stratégique. Pour le monde musulman, 1979, année de la prise du pouvoir par Khomeiny, appuyé par les services américains, britanniques et israéliens dans un premier temps, sera l’année-charnière car, dès ce moment, il sera travaillé par des forces hostiles à l’ordre du monde de type « westphalien », ce qui nous conduira au chaos non maîtrisable que nous connaissons aujourd’hui. Avec ce désordre anti-westphalien sur son flanc sud, Poutine cherche tout simplement un pôle de stabilité alternative, permettant un développement normal de la Fédération de Russie dans un cadre impérial cohérent, combinant in fine les acquis d’Alexandre II ­ -qui avait déclenché le « Grand Jeu »-  et la sécurité stratégique obtenue par l’URSS après la seconde guerre mondiale et surtout à l’époque entre 1949 et 1972, quand la Chine ne dépendait en aucune façon des Etats-Unis et de leurs alliances sur les rimlands d’Eurasie. Cette sécurité, offrant la stabilité, doit aussi se refléter sur les plans religieux et idéologique : la pluralité des confessions ou des approches idéologiques ou, encore, des politiques économiques, ne doit pas nécessairement provoquer des dynamiques centrifuges. Au-delà de tous les clivages établis par l’histoire sur la masse continentale centre-asiatique, la politique générale doit être convergente et ne plus admettre les divergences qui conduisent inexorablement à une « smuta ». Cette volonté de convergence devrait valoir aussi pour l’Europe, au sens le plus strict du terme : cette idée était déjà présente chez le Tsar Alexandre I qui, après les troubles de l’ère révolutionnaire et napoléonienne, avait envisagé une convergence religieuse en Europe, une fusion de l’orthodoxie, du catholicisme et du protestantisme, pour consolider la première ébauche d’union eurasienne qu’était la Sainte-Alliance. 

Ukraine et « Corridor 5 »

Suite à la petite « smuta » de l’ère eltsinienne, la Russie n’a même pas pu conserver le projet d’une union entre les trois républiques slaves de l’ex-URSS, rêvée par Alexandre Soljénitsyne dès son exil américain. Les forces hostiles à toute union (formelle ou informelle) de l’Eurasie, à toute résurrection de la Sainte-Alliance, aux convergences générées par des communications optimales ont visé l’Ukraine, appelée à se détacher de la symbiose voulue par Soljénitsyne. Deux raisonnements historico-stratégiques ont conduit à cette politique : 

1)     l’Ukraine redessinée par Khrouchtchev dans les années 1950 contenait la Crimée, presqu’île dans l’espace maritime pontique sans laquelle la Russie n’a plus aucune projection vers la Méditerranée et ne peut plus être une grande puissance qui compte ;

2)     ensuite, l’Ukraine, dans la partie occidentale de la masse continentale eurasiatique, est un espace de transit, que les géopolitologues appellent, en anglais, a gateway region. Pour infliger une paralysie à l’adversaire, il convient en effet de bloquer tout transit en de telles régions, a fortiori si l’on veut bloquer les communications entre les puissances situées de part et d’autre de cet espace de transit. De Cadix à Kiev, l’Europe est traversée par ce qu’il est convenu d’appeler le « Corridor 5 ». A partir de Kiev, ce « corridor », poursuivi, mène en Inde, en Chine et sur les côtes du Pacifique : ce sont les tronçons de l’antique « route de la soie », empruntés par Marco Polo. 

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Pour toute puissance hégémonique hostile à la fois à la Russie et à l’Europe (centrée autour du pôle industriel allemand), le « Corridor  5 » doit être bloqué en tout lieu où l’on peut réanimer un conflit ancien moyennant les stratégies habituelles de subversion. La subversion de l’Ukraine -au nom de conflits anciens et au bénéfice apparent de forces idéologiques autochtones, ultranationalistes, dont on combat pourtant les homologues partout ailleurs dans le monde-  est par conséquent, un modèle d’école. On a délibérément choisit l’Ukraine parce qu’elle est une zone de transit des gazoducs russes en direction de l’Europe. En transformant l’Ukraine en une zone de turbulences, on oblige Russes et Européens à investir inutilement dans des projets alternatifs, pour contourner un pays désormais hostile, non pas parce qu’il entend défendre ses propres intérêts légitimes, mais, au contraire, parce qu’il veut, en dépit du bon sens, faire triompher les intérêts d’une puissance hégémonique, étrangère aux espaces russe et européen. Le nouveau gouvernement ukrainien se détache de la sorte de l’espace civilisationnel européen dont il fait partie. 

Par ailleurs, la subversion, inspirée par certains préceptes de Sun Tzu, vise aussi à anéantir les ressorts traditionnels d’une puissance ennemie : à l’heure des grands médias, cette forme de subversion déploie des spectacles ou des provocations déliquescentes, à l’instar des « pussy riots » ou des « femens ». Ce type d’actions subversives sape les fondements éthiques d’une société, en tablant sur les bas instincts et les carences en discernement du grand nombre, et, partant, détruit la cohésion de la politie, en ruine les structures sociales, les assises religieuses. La Russie de Poutine a veillé à annuler les capacités de nuisance de ces entreprises, fautrices de déliquescence irrémédiable, au grand dam des officines, généralement américaines, qui les avaient activées dans la ferme intention de saper les assises de la société russe et d’ébranler l’édifice étatique de la Fédération de Russie. 

Le mythe occidental des « sociétés ouvertes »

La Russie de Poutine, comme toute autre Russie qui chercherait à se consolider sur le long terme, doit donc retrouver une stabilité territoriale et géopolitique englobant les atouts de la Russie d’Alexandre II et ceux de l’URSS entre 1949 et 1972, quand la longue frontière centre-asiatique avec la Chine était sécurisée : face à la Chine post-communiste, Poutine ne répétera pas l’hostilité sourde et sournoise de Staline et de ses successeurs à l’égard de la Chine maoïste, en dépit d’une unité idéologique de façade qui faisait parler des deux « géants rouges ». La cohérence qu’il vise, à la fois tsariste et communiste, doit se compléter par une ouverture à d’autres zones de grande importance géostratégique dans le monde, afin de pallier les désavantages énormes que les fermetures communistes avaient entrainés. Dans la dialectique Sociétés ouvertes / Sociétés fermées, imaginée par Karl Popper, les sociétés russe et chinoise d’aujourd’hui optent pour un équilibre entre ouverture et fermeture : elles refusent l’ouverture tous azimuts, préconisée par les tenants du globalisme néolibéral (Soros, etc.) ; elles refusent tout autant les fermetures rigides pratiquées par les communismes stalinien, brejnevien, albanais et maoïste. Ce double refus passe par un retour en Chine à la pensée pragmatique de Confucius (condamné par les nervis maoïstes de la « révolution culturelle » des années 1960) et en Russie à des étatistes pragmatiques et bâtisseurs tels qu’en a connus l’histoire russe de la fin du XIXe siècle à 1914. Cette synthèse nouvelle entre ouverture et fermeture, pour reprendre la terminologie inaugurée par Popper, postule un rejet de l’extrémisme néolibéral, un planisme souple de gaullienne mémoire, une volonté de provoquer la « dé-dollarisation » de l’économie planétaire et de créer une alternative solide au système anglo-saxon, manchestérien et néolibéral. Cette synthèse, que l’on vise mais qui n’a pas encore été réalisée, loin s’en faut, permet déjà de forger des économies hétérodoxes, chaque fois adaptées aux contextes historiques et sociaux dans lesquelles elles sont censées s’appliquer. Disparaît alors la volonté enragée et monomaniaque de vouloir imposer à toutes les économies du monde un seul et même modèle. 

Le monde est un « pluriversum »

Russes et Chinois espèrent trouver dans le BRICS des cohérences nouvelles dans une diversité bien équilibrée, dans un « pluriversum » apte à respecter la diversité du monde contre toutes les tentatives de l’homogénéiser. Le groupe BRICS constitue une alternative plurielle au système dominant et américano-centré, le monde des Etats n’étant pas un « univers » mais bien un « plurivers » comme le disait le philosophe allemand du politique Bernhard Willms, décédé en 1991, et comme l’affirme aujourd’hui l’analyste géopolitique russe Leonid Savin. La recherche d’une économie hétérodoxe, souple et contextualisée (selon le vocabulaire du MAUSS, « Mouvement Anti-Utilitariste dans les Sciences Sociales »), correspond aussi à la volonté chinoise de déployer, à l’échelle planétaire, une diplomatie souple, hostile à toute pratique hystérique de l’immixtion, comme celles que préconisent les néo-conservateurs américains, les nouveaux philosophes regroupés peu ou prou derrière le pompon de Bernard-Henri Lévy ou les extrémistes salafistes stipendiés par l’Arabie Saoudite. 

La Chine préconise ainsi une diplomatie de la non-intervention dans les affaires intérieures des Etats tiers. La généralisation de ce principe, plus doux et plus pacifique que les modes de fonctionnement occidentaux actuels, devrait conduire à terme à supprimer ces facteurs d’ingérence et de conflits inutiles que sont bon nombre d’ONG américaines : en Chine, elles ne fonctionnent guère, sauf quand elles font appel à des fondamentalistes salafistes du Turkestan chinois, soutenus par les Turcs et les Saoudiens, ou à des sectes pseudo-religieuses farfelues ou quand elles instrumentalisent le Dalaï Lama. La Russie a commencé ce travail de neutralisation des organismes fauteurs de troubles et de guerres en jugulant le travail subversif des ONG d’Outre-Atlantique, considérées à juste titre comme des facteurs de « smuta », et en amorçant le contrôle des médias, de Google, etc. 

Le but premier d’un mouvement eurasien serait dès lors de participer à ces nouvelles forces à l’œuvre sur la planète, à favoriser les innovations qu’elles apportent pour nous sortir d’impasses mortifères. 

Empêcher le basculement de l’Europe vers la Russie, l’Eurasie, la Chine et l’Iran

Mais cette vaste panoplie d’innovations, qui cherchent à s’imposer partout dans le monde, va, bien entendu, provoquer une riposte de l’hegemon. Les conflits d’Ukraine et de Syrie ont été activés par des stratégistes mal intentionnés pour entraver la marche en avant de cet ensemble alternatif, englobant l’Europe. En effet, l’objectif premier des stratégistes de l’hegemon est d’empêcher à tout prix le glissement de l’Europe vers les puissances eurasiennes du groupe BRICS et vers l’Iran. C’est donc en premier lieu vers les zones possibles de connexion entre notre sous-continent et le reste de l’Eurasie que l’hegemon doit agir pour bloquer cette synergie grande-continentale. L’Ukraine avec, notamment, les ports de Crimée, était en quelque sorte l’interface entre la civilisation grecque, puis byzantine, et les voies terrestres vers le centre de l’Asie, l’Inde et la Chine ; elle a gardé cette fonction aux temps médiévaux des entreprises génoises qui demeuraient branchées sur les « routes de la soie » du nord, en dépit des tentatives de blocage perpétrées au Sud et au niveau du Bosphore par les Seldjouks puis par les Ottomans. La façade maritime méditerranéenne du Levant, soit du Liban et de la Syrie actuels, donnait accès aux routes de la soie menant, par la Mésopotamie et l’espace perse, aux Indes et à la Chine. Aujourd’hui, la Chine a développé les capacités de créer des réseaux ferroviaires trans-eurasiens, où les territoires de la Fédération de Russie, du Kazakhstan et de quelques autres anciennes républiques majoritairement musulmanes de l’ex-URSS, servent de jonction entre les deux espaces, l’européen et le chinois, que Leibniz jugeait déjà les « plus élevés en civilisation ». 

Les stratégistes mal intentionnés prévoient d’autres blocages dans la zone de connexion entre notre Europe et le reste de l’Eurasie. D’abord il y a la possibilité de créer une zone de turbulences durables, un abcès de fixation, en Transnistrie et en Moldavie, en bloquant tout transit entre l’Ukraine et l’Europe, tandis que le territoire du Donbass empêche déjà toute communication fluide entre l’Ukraine et la Russie du Don, de la Volga et de la Caspienne. Au sud, un général américain, Ben Hodges, commandant de l’OTAN jusqu’en 2014, envisage de soulever le Caucase du Nord en réactivant les conflits russo-tchétchène et russo-ingouche, de façon à troubler l’acheminement des hydrocarbures de la Caspienne et de créer une zone de turbulences sur le long terme entre les territoires russe et iranien. De même, ces stratégistes envisagent de réanimer le conflit russo-géorgien, placé au frigidaire depuis août 2008. Ou de déclencher un nouveau conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour la région du Nagorny-Karabach, ce qui aurait pour effet de bloquer toute liaison territoriale entre la Russie et l’Iran, surtout après le faux dégel entre l’Occident et Téhéran que l’on observe depuis les dernières semaines de l’année 2015. Plus à l’est, les mêmes stratégistes envisagent un projet de « chaotisation complète » de l’Asie centrale post-soviétique. Au départ de l’Afghanistan, ils envisagent de faire pénétrer au Turkménistan, au Tadjikistan, au Kirghizistan voire en Ouzbékistan des éléments fondamentalistes (talibans, partisans d’Al Qaeda, avatars de l’Etat islamique, etc., les golems ne manqueront pas…) qui feront subir à ces pays, s’ils se montrent récalcitrants, le sort de l’Irak ou de la Syrie. Le Turkménistan, riverain de la Caspienne et voisin de l’Afghanistan, pourrait être transformé en une zone de turbulences s’il ne cède pas aux pressions de l’OTAN qui lui fait miroiter une aide économique. Des terroristes afghans, que l’on posera comme « incontrôlables » en dépit de la présence américaine là-bas, passeront la frontière pour semer le chaos dans ce pays qui est un producteur d’hydrocarbures et un riverain de la Caspienne. 

Un chaos créé artificiellement

Ce chaos créé artificiellement est une application agressive de la stratégie ancienne de l’«endiguement». Non seulement il freinera l’acheminement de matières premières et d’hydrocarbures vers l’Europe mais troublera durablement les voies de communication entre la Russie, l’Inde et la Chine, où un pari possible sur des fondamentalistes pakistanais permettrait aussi de bloquer à nouveau les régions du Cachemire-Jammu et de l’Aksai Chin, ruinant toutes les tentatives d’apaisement entre Beijing et New Delhi, lesquelles avaient toujours été laborieuses. 

L’objectif impératif que doivent se fixer les cercles eurasistes, c’est d’œuvrer et de militer pour ne pas que nos contemporains s’embarquent dans de telles manœuvres bellicistes, pour qu’ils soient toujours rétifs aux sirènes des propagandes.  

Cependant, saper la cohésion européenne, œuvrer à disloquer les sociétés européennes et à affaiblir ses économies nationales et régionales ne passe pas seulement par l’organisation de conflits à ses frontières (Libye, Donbass, Syrie, Caucase) mais aussi, comme certains faits des années 1990 et 2000 semblent l’attester, de provoquer de mystérieux accidents dans le tunnel du Mont Blanc pour bloquer le « Corridor 5 » (toujours lui !), d’organiser des grèves sauvages pour paralyser les communications dans l’Hexagone et autour de lui, comme en 1995 pour mettre Chirac sous pression afin qu’il abandonne son programme nucléaire  –Jean Parvulesco se plaisait à le signaler et à rappeler les liens anciens entre certains syndicats socialistes français et l’OSS ou la CIA. Aujourd’hui, les clandestins bloquent parfois le tunnel sous la Manche à Calais, avec l’appui d’associations bizarres, se réclamant d’une xénophilie délirante ou d’une forme d’antifascisme fantasmagorique, dont l’objectif ne peut nullement être qualifié de « rationnel ». Est-ce pour rompre les liens entre la Grande-Bretagne et l’Europe ?

Cet ensemble de pressions constantes, s’exerçant sur les communications entre l’Europe et le reste de la masse continentale eurasiatique, a pour but essentiel d’empêcher la constitution d’un réseau efficace, la réalisation du vœu de Leibniz : faire de la « Moscovie » le pont entre l’Europe et la Chine. Les actuels projets ferroviaires chinois sont en effet très impressionnants. Le nouveau poids de la Chine, certes relatif, pourrait, estiment les stratégistes américains, provoquer un basculement de l’Europe vers l’Asie. Une telle éventualité a été un jour explicitée par Dominique de Villepin : celui-ci estimait que la concrétisation finale des projets ferroviaires et des routes maritimes envisagées par la Chine offrait potentiellement à la France et aux autres pays européens d’innombrables occasions de forger des accords lucratifs avec la Russie, les pays d’Asie centrale et la Chine dans les domaines des transports et des services urbains. Dans un article des Echos, de Villepin écrivait : « C’est là une tâche qui devrait non seulement mobiliser l’Union Européenne et ses Etats membres mais aussi les autorités locales, les chambres de commerce et les hommes d’affaires pour ne même pas mentionner les universités et les boîtes-à-penser ». Grande sagesse. Et clairement exprimée ! En termes très diplomatiques, de Villepin poursuit : le projet de route de la soie « est une vision politique qui induit les pays européens à renouveler le dialogue avec des partenaires du continent asiatique, permettant de forger, par exemple, des projets souples avec la Russie, notamment pour trouver les fonds nécessaires pour re-stabiliser l’Ukraine. Le lien entre l’Est et l’Ouest doit se maintenir ». Mieux : « Nous avons là une vision économique qui adapte la planification chinoise à la coopération économique internationale. Dans un monde financièrement volatile et instable, il s’avère nécessaire d’opter pour la bonne approche dans les projets à long terme, utilisant des outils nouveaux, de type multilatéral ». 

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Le grand projet OBOR des Chinois

La Chine envisage l’émergence de six corridors économiques, à replacer dans un projet plus vaste, baptisé OBOR (« One Belt, One Road » - soit « Une ceinture (maritime), Une route »). Cet OBOR entend consolider une route maritime de la Chine à l’Iran voire à la Mer Rouge et créer de solides liaisons ferroviaires entre l’Europe et la Chine. Il vise surtout à relier la Chine à soixante pays. Les six corridors majeurs sont : le CMREC ou Corridor économique Chine / Mongolie / Russie ; le NELB ou « Nouveau Pont Terrestre eurasien » (« New Eurasian Land Bridge ») ; le CCWAEC ou Corridor économique Chine / Asie centrale et occidentale ; le CICPEC ou Corridor économique Chine / Péninsule indochinoise ; le CPEC ou Corridor économique Chine / Pakistan ; et, enfin, le BCIMEC ou Corridor économique Bengladesh / Chine / Inde / Myanmar. A ces projets chinois, tous nécessaires d’un point de vue asiatique, s’ajoute celui du « Canal Eurasia », élaboré par les Russes et les Kazakhs. Ce canal doit relier la Caspienne à la Mer d’Azov (face à la Crimée !), permettant notamment d’acheminer du brut vers la Mer Noire donc vers les confins orientaux de l’Europe. L’enjeu ukrainien/criméen prend ici toute son ampleur. 

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De Marx à List

Ces projets, dont on pourrait dresser une longue liste, démontrent que les puissances du BRICS, du moins la Chine et la Russie, ne sont plus guère affectées, comme jadis, par l’idéologie prêtée à Marx et à Engels mais tentent d’appliquer ou de ré-appliquer les principes pragmatiques de l’économiste Friedrich List (1789-1846). Ce dernier était considéré comme un « libéral » mais, à coup sûr, un libéral « hétérodoxe », soucieux de tenir compte des contextes historiques dans lesquels se déployait l’économie. List était un idéologue du développement. Pour qu’une économie puisse se développer à un rythme correct, l’Etat ne doit nullement jouer un rôle de « veilleur de nuit », à l’instar de ce que souhaitent les théoriciens libéraux anglo-saxons. Au contraire, List pose l’Etat comme une instance constructrice, investisseuse. L’Etat est là pour construire des lignes de chemin de fer et des canaux. C’est List qui planifiera le premier réseau ferroviaire allemand, au sein du Zollverein, de l’Union douanière, dont il fut aussi un père fondateur. En Belgique et aux Etats-Unis, il préconisera le creusement de canaux. En France, il inspirera les praticiens de la « colonisation intérieure ». L’idée du Transsibérien en Russie, les suggestions pratiques des économistes et ingénieurs du Kuo Min Tang chinois s’inspirent toutes d’idées dérivées de List, après sa mort. La politique des grands projets gaulliens est « listienne », de même que le sont les pratiques chinoises, après la parenthèse maoïste et le ressac dû à la tristement célèbre « révolution culturelle » des années 1960. A partir de Deng Xiaoping, la Chine redevient « listienne » et « confucéenne » : c’est à cette double mutation de référence qu’elle doit son succès actuel. Ce serait à un retour à Aristote et à List que l’Europe pourrait devoir son hypothétique renaissance, du moins si l’avenir permettra l’élimination impitoyable des pseudo-élites déchues et abjectes qui nous gouvernent actuellement, exactement comme la Chine maoïste a éliminé sa « bande des quatre », pour ne pas sombrer dans les délires manichéens et idéologiques, dans un remake de la calamiteuse « éthique de conviction » de la « révolution culturelle » et de ses avatars malsains. 

Le clivage dans le monde ne passe plus par la dichotomie capitalisme / communisme ni par la piètre distinction entre sociétés ouvertes et sociétés fermées mais par une dichotomie entre « listiens » et néolibéraux qui recoupe aussi la distinction qu’opérait Max Weber entre « éthique de la conviction » et « éthique de la responsabilité ». Les néolibéraux, et le cortège à la Jérôme Bosch que constituent leurs alliés festivistes, gauchistes ou féministes, adhèrent à des éthiques farfelues de la conviction. Leurs adversaires les plus sérieux à une éthique « listienne » de la responsabilité. 

L’Allemagne dans ce grand jeu eurasien

Les projets chinois séduisent les Allemands. Ce n’est ni nouveau ni étonnant. Le moteur économique de l’Europe participe aux synergies suggérées par Beijing, en tire de substantiels bénéfices que la délirante « juridification » de la sphère économique tente de réduire par l’artifice de procès farfelus comme celui intenté contre Volkswagen en 2015. Est-ce la raison pour laquelle on tente de faire basculer l’Allemagne de Merkel dans le chaos, en lui imposant des flots d’hères inassimilables, flanqués d’activistes formés au terrorisme et à d’autres formes de guerres de la « quatrième génération », qui n’y produisent que du désordre et de la violence ? 

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Jusqu’ici, l’Allemagne avait réussi à desserrer la cangue américaine en se branchant sur les gazoducs russes, dont la gestion a été placée sous le patronage et l’impulsion des anciens chanceliers Helmut Schmidt et Gerhard Schröder. Leur socialisme, pragmatique et non idéologique, « listien » et wébérien, conjuguait ses efforts pour parfaire une diplomatie de l’apaisement, une Ostpolitik fructueuse. Ces efforts avaient abouti aux accords permettant, à terme, de construire le tracé des gazoducs « North Stream 1 & 2 », accentuant certes la dépendance allemande par rapport au gaz russe mais déconstruisant simultanément son extrême dépendance politique face au système atlantiste, tandis que le « South Stream » alimente l’Italie, l’Autriche et la Hongrie (où Orban refuse les sanctions contre la Russie, sur fond d’un revival marginal de l’idéologie eurasiste en pays magyar). 

Hans Kundnani, dans un article magistral de la revue américaine Foreign Affairs (janvier-février 2015), évoque une « Allemagne post-occidentale », c’est-à-dire une Allemagne qui se serait détachée de ses liens avec l’Occident anglo-saxon, de sa Westbindung, pour se mouvoir vers un espace essentiellement industriel, commercial et énergétique dont les pôles majeurs seraient la Russie et la Chine voire l’Inde. Pour la première fois dans l’histoire de la République Fédérale, une minorité de 45% seulement est encore en faveur du statu quo pro-occidental, impliquant l’adhésion à l’OTAN et/ou à l’UE comme seules possibilités diplomatiques. 49% des Allemands contemporains sont désormais en faveur d’une « position médiatrice », où l’Allemagne équilibrerait le jeu de ses relations entre l’Europe occidentale et la Russie. C’est le résultat tangible d’un anti-américanisme qui s’est sans cesse amplifié depuis la guerre du Golfe, déclenchée par Bush junior en 2003 et depuis les révélations d’Edward Snowden sur l’espionnage systématique pratiqué par la NSA. Les liens commerciaux avec la Russie et la Chine se sont considérablement accrus, accroissement qui permettait, jusqu’il y a peu de temps, le maintien de l’opulence allemande, assorti de l’espoir de voir celle-ci se consolider et se perpétuer. Ce lent glissement de l’Allemagne, cœur industriel et territorial du sous-continent européen, vers un Est eurasien très vaste, explique sans nul doute les attaques qu’elle subit depuis le printemps 2015. Par ailleurs, des stratégistes de l’ombre veillent à créer un espace pro-occidental, agité ou non de turbulences, entre l’Allemagne et la Russie que l’on baptisera pompeusement « Intermarium ». Cet « Intermarium », cet entre-deux-mers entre la Baltique et la Mer Noire, est la ré-activation d’un projet concocté à Londres pendant la seconde guerre mondiale par les gouvernements polonais et tchèque en exil, avec la bénédiction de Churchill, que l’alliance avec Staline avait rendu nul et non avenu : on a sacrifié, à Londres, les velléités d’indépendance polonaises et tchèques pour pouvoir exploiter à fond la chair à canon soviétique. Moscou ne voulait pas de ce bloc polono-tchèque, même à un moment où la guerre contre l’Allemagne hitlérienne atteignait un paroxysme inégalé. 

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Du « Cordon sanitaire » de Lord Curzon à l’Intermarium

Même si l’on peut considérer que ce projet d’un Intermarium n’est pas, a priori, une mauvaise idée en soi, qu’il est une application actuelle de projets géopolitiques très anciens, visant toujours à relier les mers du nord à celles du sud parce l’Europe, petite presqu’île à l’ouest de la très grande Eurasie, est géographiquement constituée de trois axes nord/sud : celui qui va de la Mer du Nord au bassin occidental de la Méditerranée (l’espace lotharingien du partage de Verdun en 843), celui envisagé mais non réalisé au moyen-âge par le roi de Bohème Ottokar II Premysl qui va de la Baltique à l’Adriatique (de Stettin à Venise ou Trieste, cités aujourd’hui reliées par une voie de chemin de fer directe et rapide) et, enfin, l’axe dit « gothique », reliant depuis les Goths, bousculés par les Huns, la Baltique à la Mer Noire et à l’Egée, au bassin oriental de la Méditerranée. Aujourd’hui, les stratégistes ennemis de toute vigueur européenne et de toute synergie euro-russe, veulent constituer un Intermarium, sur l’ancien axe gothique, qui serait une résurrection du « cordon sanitaire » de Lord Curzon, destiné à empêcher toute influence de l’Allemagne et de ses dynamismes sur la Russie, posée depuis le géopolitologue Halford John Mackinder comme le « cœur du monde » mais un « cœur de monde » qui ne peut être optimalement activé que par une forte injection d’énergie allemande. Toute alliance germano-russe étant, dans cette optique, considérée comme irrémédiablement invincible, invincibilité qu’il faut toujours combattre et réduire à néant, avant même qu’elle n’émerge sur la scène internationale. 

La submersion démographique que subit l’Allemagne depuis les derniers mois de l’année 2015, qui provoquera des troubles civils et ruinera le système social exemplaire de la République Fédérale, qui compte déjà plus de 12 millions de pauvres, a été plus que probablement téléguidée depuis certaines officines de subversion : plusieurs observateurs ont ainsi constaté que les nouvelles alarmantes sur la présence de migrants délinquants en Allemagne viennent de serveurs basés aux Etats-Unis ou en Angleterre, de même que les tweets ou autres messages sur Facebook incitant les migrants à commettre des déprédations ou des viols ou, inversement, incitant les Allemands à manifester contre la submersion démographique ou contre la Chancelière Merkel. Le conflit civil semble être fabriqué de toutes pièces, avec, au milieu du flot des réfugiés, l’armée de réserve du système, composée de djihadistes qui combattent le régime baathiste syrien ou le pouvoir chiite irakien ou l’armée russe en Tchétchénie mais se recyclent en Europe pour déborder les polices des Etats de l’UE en menant la guerre planétaire selon d’autres méthodes.

Spykman, les « rimlands » et l’endiguement

spykmanlivre.pngSi la submersion de l’Allemagne a pour but essentiel de briser les potentialités immenses d’un tandem germano-russe, elle vise aussi, bien sûr, à ruiner les bonnes relations économiques entre l’Allemagne et la Chine, d’autant plus que les chemins de fer allemands, la Deutsche Bundesbahn, sont partie prenante dans la construction des voies de trains à grande vitesse entre Hambourg et Shanghai. L’Allemagne et, partant, les pays du Benelux, sont fortement dépendants du commerce avec la Chine. Le but de l’hegemon est donc de briser à tout prix ces synergies et ces convergences. Affirmer cela n’est pas l’expression d’un complotisme découlant d’une mentalité obsidionale mais bel et bien un constat, tiré d’une analyse de l’histoire contemporaine : la réalisation du Transsibérien russe sous l’impulsion du ministre Witte a entraîné la théorisation et la mise en pratique de la stratégie de l’endiguement par Halford John Mackinder d’abord, par son disciple hollando-américain Nicholas Spykman ensuite. Sans Mackinder et Spykman, les Etats-Unis n’auraient sans doute jamais élaboré leur géostratégie planétaire visant à rassembler des alliances hétéroclites, parfois composées d’ennemis héréditaires, sur les franges du grand continent eurasien, avec l’OTAN de l’Islande à la frontière perse, le CENTO du Bosphore à l’Indus et l’OTASE en Asie du Sud-Est. 

Finalement, ces stratégies de l’endiguement sont une application de la fameuse « Doctrine de Monroe », dite de « l’Amérique aux Américains ». Derrière cette apparente revendication d’indépendance se camouflait une volonté de soumettre totalement l’Amérique ibérique au bon vouloir des Etats-Unis. Mais elle s’opposait aussi à la terrible menace qu’aurait pu faire peser sur le continent américain une Sainte-Alliance européenne inébranlable qui s’étendait de l’Atlantique Nord au Pacifique, puisque l’empire du Tsar Alexandre Ier en faisait partie. Cette Sainte-Alliance aurait parfaitement pu défendre les intérêts espagnols dans les Amériques ou les européaniser. A l’époque, la Russie avait une frontière commune avec l’Espagne en… Californie, à hauteur du poste russe de Fort Ross, abandonné seulement en 1842. Le Vieux Monde européen était uni –mais cette union n’allait durer qu’une petite quinzaine d’années- tandis que le Nouveau Monde américain était fragmenté. La Sainte-Alliance, pour le Nouveau Monde et pour les Etats-Unis, encore en gestation mais sûrs de pouvoir mener à terme une mission civilisatrice déduite de leur idéologie religieuse puritaine, constituait par voie de conséquence un double danger : celui de perpétuer le morcellement politique du Nouveau Monde au bénéfice de l’Euro-Russie et celui de se maintenir comme une unité indissoluble et de contrôler le monde pour le très long terme. 

« Doctrine de Monroe » et pratique de la table rase

monroeODA0OTcxNzI2OTY0MjM3.jpgLa « Doctrine de Monroe » est donc un rejet de l’Europe et des vieilles civilisations qu’elle représentait, de même qu’un rejet malsain et pervers de toute civilisation ancienne, quelle qu’elle soit, et, surtout, de toute grande profondeur temporelle : là, les délires puritains des sectes protestantes farfelues hostiles à la culture classique gréco-latine de l’Europe catholique ou même anglicane-élisabéthaine, rejoignait les folies de certains avatars incontrôlés de l’idéologie des Lumières. La conjonction de ces deux formes de folie et de nuisance idéologique, qui sévit toujours aujourd’hui, génère un fantasme criminel de destruction systématique d’acquis positifs et de legs historiques. 

La « Doctrine de Monroe », bien davantage que les socialismes messianiques qui pointaient à l’horizon avec la maturation des idées de Karl Marx, est donc une pratique perverse et sournoise de la table rase que tente de parachever de nos jours le néolibéralisme, né aux Etats-Unis à partir de la fin des années 1960 : toute démarche eurasiste constitue donc une révolte contre ce projet d’arasement total, représente une défense des vieilles civilisations, des traditions primordiales, et une revendication du primat de toute profondeur temporelle par rapport à des innovations-élucubrations inventées par des iconoclastes avides de pouvoir absolu, un pouvoir total qui ne peut s’exercer que sur des masses amorphes et amnésiques. 

Face aux avatars actualisés de la « Doctrine de Monroe », qui est passée d’une défense affichée de l’autonomie des Etats américains et des Etats créoles de l’Amérique ibérique à la volonté de contrôler les rives atlantiques et pacifiques qui font face à la bi-océanité étatsunienne, l’eurasisme bien compris vise, au contraire, à éradiquer les blocages et fermetures que génèrent les pratiques géopolitiques et la pactomanie américaines sur le continent eurasien, d’abord en Europe et en Asie. Ce rejet des verrouillages incapacitants induit tout naturellement la promotion volontaire d’une politique grande-continentale d’ouvertures rationnelles aux flux qui vivifient et ont jadis vivifié les territoires eurasiatiques. 

Ce volontarisme eurasiste réduit à néant le discours stratégique né de la distinction opérée par Karl Popper entre sociétés ouvertes et sociétés fermées, où les Etats-Unis se posent comme les promoteurs et les garants des « sociétés ouvertes », tout en pratiquant des fermetures calamiteuses dues à la pactomanie qu’ils pratiquent sur les rimlands eurasiens de l’Europe à l’Indochine. A l’Eurasie des fermetures, produit de la Guerre Froide, doit succéder une Eurasie des communications sans entraves entre l’Europe et la Chine : le monde réellement fermé est donc celui qu’ont établi les tenants de la « société ouverte » (de Popper et de Soros), tandis que l’Eurasie des communications ouvertes est le fait en gestation de ceux qui sont accusés, dans les médias dominants, d’être les adeptes des « sociétés fermées », d’hégélienne ou de marxienne mémoires. Sur cette contradiction flagrante, mais ignorée délibérément dans les discours médiatiques occidentaux, reposent toutes les ambigüités de la propagande, tout le flou incapacitant dans lequel marinent nos décideurs et nos concitoyens. 

Trois ouvertures historiques

Trois ouvertures historiques en Eurasie doivent nous servir de modèles : l’Empire de Kubilaï Khan, visité par Marco Polo, qui ne s’opposait pas à la libre circulation des biens, des caravanes et des idées, contrairement aux verrouillages seldjouk et ottoman ; les rapports espérés entre la Chine et l’Europe quand le jésuite Ferdinand Verbist exerçait son haut mandarinat en Chine au XVIIe siècle ; l’alliance informelle sous Louis XVI entre la France, l’Autriche et la Russie, où la première veillait à contrôler l’Atlantique Nord, les seconde et troisième à faire sauter le verrou ottoman. A ces trois modèles, il convient d’ajouter la notion de syncrétisme religieux, porté par une volonté de ne rien éradiquer, d’opérer des fusions fécondes et de générer de l’harmonie : c’était la préoccupation principale d’Alexandre Ier après les tumultes révolutionnaires et napoléoniens ; c’est la notion de « djadidisme » qui prévaut aujourd’hui dans l’islam de la Fédération de Russie, notamment au Tatarstan où se situe le grand centre spirituel de Kazan ; le djadidisme s’interdit de chercher querelle avec les autres confessions, contrairement aux formes diverses et pernicieuses qu’un certain islam a prises ailleurs dans le monde, soit le salafisme, le wahhabisme ou le mouvement des Frères musulmans, formes virulentes aujourd’hui en Occident et génératrices à court terme de graves conflits civils ; ces formes inacceptables ont cherché à s’implanter en Russie, à partir de la période de « smuta » que fut le premier gouvernement d’Eltsine : elles ont échoué ; ce n’est qu’à Kazan et au Tatarstan qu’un véritable « euro-islam » s’est constitué ; il n’y en a pas d’autres possibles et les constructions boiteuses d’un Tarik Ramadan, dont les prédécesseurs et collatéraux ont été financés et soutenus par les services américains, ne sont que des déguisements maladroits pour gruger les Occidentaux écervelés. Outre la volonté de convergence religieuse du Tsar Alexandre Ier, outre le syncrétisme centre-asiatique promu en Asie centrale au temps de la domination mongole, outre le djadidisme actuel de la Fédération de Russie, nous ne voyons guère d’autres filons religieux traditionnels qui tiennent vraiment compte de la profondeur temporelle voire immémoriale, nécessaire à l’établissement de véritables ferveurs structurantes, indispensables pour contrer les déliquescences du monde moderne. L’ouverture des communications, le rejet des véritables sociétés fermées par les intransigeances occidentales ou wahhabites/salafistes implique l’émergence d’un syncrétisme harmonisateur qui ne raisonne pas par exclusion (« ou bien… ou bien… ») mais par inclusion (« et… et… »). 

Quelques mots sur l’Inde

Cachemire-aujourd-hui-carte-simplifiee.gifMa démonstration, ici, que j’annonçais d’emblée « succincte » et incomplète, ne peut donc prétendre à l’exhaustivité. Mais elle ne saurait omettre d’évoquer l’Inde dans ce survol des convergences eurasiatiques. Depuis son indépendance en 1947, l’Inde est traditionnellement alliée à la Russie, hostile à la Chine, contre laquelle elle a mené une guerre sur les hauteurs de l’Himalaya. La volonté de convergence eurasiatique s’occupe de gommer ce conflit. Les régions himalayennes contestées permettraient, une fois pacifiées, un passage entre l’Inde et les territoires anciennement soviétiques et entre l’Inde et la Chine. L’affaire se corse parce que la Chine, du temps de son conflit avec l’Inde, avait soutenu le Pakistan pour obtenir un port sur l’Océan Indien et des voies de communications entre ces installations portuaires avec la région chinoise de Kachgar, via le tracé en montagne dit de « Karakoroum », partant d’Islamabad pour rejoindre le poste-frontière d’Aliabad au Cachemire. Le gros problème est que l’Inde revendique cette partie du Cachemire pour avoir un lien avec le Tadjikistan ex-soviétique. Par ailleurs, comme le soulignent deux historiens insignes des faits indiens, le Britannique Ian Morris et l’Indien Pankaj Mishra, l’Inde souhaite consolider la cohésion du commerce entre le Golfe et la Mer Rouge d’une part, le Golfe du Bengale et les eaux de l’Asie du Sud-Est, d’autre part. L’objectif géopolitique de l’Inde est d’affirmer sa présence dans l’Océan Indien, surtout dans l’archipel d’Andaman et dans les Iles Nicobar, face aux côtes thaïlandaises. Cette volonté entend créer un chapelet de relais entre la Mer Rouge et l’Insulinde, le même que celui voulu par la Chine, qui le prolongerait jusqu’à ses propres ports du Pacifique, ce qui explique le conflit actuel pour les îles et îlots, naturels ou artificiels, dans la Mer de Chine du Sud.  La consolidation de ce chapelet de relais maritimes, sans possibilité de le couper ou de le fragmenter, rendrait à l’ensemble des Etats d’Eurasie une autonomie commerciale et navale sur son flanc sud, tandis que la Russie rétablirait les communications par l’Arctique, de Hambourg au Japon. Une Egypte militaire, débarrassée du danger que représentent les Frères musulmans et les autres adversaires des syncrétismes féconds, ouvrirait, par Suez, l’espace méditerranéen au commerce eurasien, réalisant du même coup le vœu des Génois et des Vénitiens de notre moyen-âge, tout en isolant la Turquie, du moins si cette dernière entend encore jouer le rôle d’un verrou et non pas d’un pont, comme le souhaitent les Chinois qui leur proposent la construction, entre l’Iran et l’Egée, d’un chemin de fer les liant tout à la fois à l’Asie et à l’Europe. Erdogan se trouve devant un choix : abandonner les « otâneries » et les sottises fondamentalistes ou renouer avec un laïcisme et un syncrétisme turcs qui n’apporteraient que des bienfaits. 

La Chine, le chapelet de relais et l’Océan Pacifique

La consolidation du chapelet de relais maritimes de Cadix à Shanghai permettrait à l’Europe, à son centre germanique et à la Russie de se projeter vers le Pacifique, impératif géopolitique qu’avaient compris des hommes aussi différents que Louis XVI, La Pérouse, Lord Kitchener et Karl Haushofer. Kitchener prévoyait, dans une conversation avec Haushofer, que les puissances européennes (Royaume-Uni compris !) qui n’auraient pas de bases solides dans le Pacifique, seraient irrémédiablement condamnées au déclin. Haushofer avait tiré la conclusion suivante : l’Allemagne, présente dans les Mariannes, suite au retrait espagnol, avait des chances ce consolider ses positions mais, dans la foulée, rencontrait automatiquement l’hostilité des Etats-Unis qui cherchaient  -depuis 1848, date à laquelle ils acquièrent l’atout géostratégique majeur de la bi-océanité-  à dominer le marché chinois, quantitativement le plus important à l’époque, comme de nos jours. Le destin a décidé qu’après la rétrocession des Mariannes à Tokyo par l’Allemagne au Traité de Versailles de 1919, la lutte pour le Pacifique se déroulerait entre un Japon, agrandi de cette immense Micronésie, et les Etats-Unis, maîtres des Philippines depuis leur victoire sur l’Espagne en 1898. La seconde guerre mondiale donnera aux Etats-Unis la maîtrise absolue du Pacifique, atout qui scelle leur hégémonisme planétaire. Aujourd’hui, le télescopage géopolitique ne s’effectue pas entre une puissance européenne présente au centre du Pacifique (comme le furent successivement l’Espagne puis l’Allemagne de Guillaume II) ou le Japon shintoïste et les Etats-Unis, mais entre les Etats-Unis et la Chine, où cette dernière est endiguée par une chaîne de petites puissances (Japon vaincu en 1945 compris) entièrement contrôlées par le système des alliances américaines. Cette chaîne vise à empêcher la Chine de s’élancer vers le large et à doter les Etats-Unis des bases insulaires nécessaires pour harceler, le cas échéant, les convois et l’acheminement d’hydrocarbures vers les ports du littoral pacifique chinois, pour rendre précaire cette ligne vitale de communications maritimes. 

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Chine : double stratégie maritime et continentale

L’application de cette stratégie de harcèlement en Mer de Chine du Sud pourra soit étouffer la Chine soit épuiser les Etats-Unis (où le taux de pauvreté augmente dangereusement). La Chine avait jadis deux stratégies possibles : une stratégie continentale, d’expansion vers le Tibet et le Turkestan/Sinkiang, qui ne dérangeait pas les Américains puisqu’elle inquiétait les Soviétiques. Ou une stratégie maritime, à laquelle le maoïsme avait renoncé, permettant, à partir de 1972, de nouer une alliance informelle avec les Etats-Unis. Aujourd’hui, la Chine cherche à échapper à son endiguement par une double stratégie : à la fois continentale, vers le Kazakhstan et au-delà, par le truchement de chemins de fer trans-asiatiques, et maritime, par la consolidation d’un chapelet de relais dans le Pacifique et l’Océan Indien, dans la mesure du possible en harmonie avec son concurrent potentiel, l’Inde. L’Europe, centrée sur l’Allemagne, et, partant, le tandem euro-russe ont donc intérêt à assurer des projections sans obstacles vers l’Inde et la Chine, tout en évitant qu’une puissance comme le Japon continue à faire partie de la barrière maritime américaine. Or le Japon se débat de nos jours, coincé qu’il est dans le dilemme suivant : éviter l’absorption par la Chine, ce qui serait humiliant, eu égard aux conflits sino-japonais depuis 1895 et éviter l’inféodation perpétuelle à une puissance étrangère à l’espace asiatique comme les Etats-Unis. Attiser les contentieux sino-japonais va dans le sens des intérêts de l’hegemon. Harmoniser les rapports futurs entre le Céleste Empire et l’Empire du Soleil Levant est une tâche des cénacles eurasistes partout dans le monde.

La pacification des rapports entre toutes les composantes de la masse continentale eurasiste (flanquée du Japon) permettra l’avènement de ce que Jean Parvulesco appelait l’ « Empire eurasiatique de la Fin », dans toute son acception eschatologique. Cela signifie-t-il une « fin de l’histoire », un peu comme celle qu’avait envisagée Francis Fukuyama au moment de l’effondrement du système soviétique et de la plongée de la Russie dans la « smuta » eltsinienne ? Non, Fukuyama a déjà été réfuté par les faits : l’histoire ne s’est pas arrêtée, bien au contraire, elle s’est accélérée. Cet « Empire eurasiatique de la Fin » signifierait essentiellement la fin des divisions rédhibitoires, des interventions belligènes potentielles, inutiles et néfastes que déploraient Carl Schmitt ou Otto Hoetzsch. Ce serait le retour définitif de l’alliance informelle du XVIIIe siècle ou, enfin, un retour de la Sainte-Alliance, de l’Atlantique au Pacifique. 

Douze pistes pour une « pax eurasiatica »

J’emprunte ma conclusion au géopolitologue italien Alfonso Piscitelli qui suggère une douzaine de pistes pour aboutir à cette pax eurasiatica :

  1. Ne jamais renoncer à la coopération énergétique, ce qui signifie poursuivre envers et contre tout la politique des gazoducs North et South Stream, selon les modalités fixées par l’ancien Chancelier allemand Gerhard Schröder.
  1. Re-nationaliser les sources énergétiques pour les soustraire aux fluctuations erratiques d’un libéralisme mal conçu.
  1. Parier sur les BRICS et s’acheminer progressivement vers un « Euro-BRICS ».
  1. Viser des continuités politiques sur un plus long terme en généralisant les régimes présidentiels, façon gaullienne, avec élection directe du Président comme en France et en Russie, assorti d’un re-dimensionnement des pouvoirs non élus (des potestates indirectae, des pouvoirs indirects, dont la nuisance a été soulignée par Carl Schmitt). Le but final est un retour à une sorte de « monarchie populaire ».
  1. Proposer un islam modéré, calqué sur le djadidisme soviétique, russe et tatar, compatible, dans le monde arabe, avec des régimes militaires et civils détachés des extrémismes religieux, comme ce fut le cas dans l’Egypte nassérienne, dans l’Iran du Shah, dans la Libye de Khadafi et dans les régimes baathistes de Syrie et d’Irak. Toute pensée politique exprimée par les musulmans des diasporas doit s’inspirer de ces formes de panarabisme, de personnalisme baathiste, de kémalisme ou de valorisation de la chose militaire et non plus de délires salafistes ou wahhabites qui n’ont apporté que le chaos et la misère dans le monde arabo-musulman. 
  1. Favoriser l’intégration militaire de l’Europe, puis de l’Europe et de la Russie et, enfin de l’Euro-Russie et des BRICS, le tout évidemment hors de cette structure vermoulue qu’est l’OTAN qui ne peut conduire qu’au ressac européen, comme on l’observe très nettement aujourd’hui. 
  1. Plaider pour un monde multipolaire contre l’unipolarité voulue par Washington, selon les axes conceptuels mis au point par les équipes eurasistes russe autour d’Alexandre Douguine, Natella Speranskaya et Leonid Savin. 
  1. Travailler à une réglementation positive des migrations, comme l’ont préconisé le Président Poutine dans son discours à la Douma, le 4 février 2013, et Philippe Migault, quand il a plaidé pour une entente euro-russe en Méditerranée, sur fond du triple enjeu grec, syrien et cypriote.
  1. Favoriser une politique familiale traditionnelle comme en Russie pour pallier le ressac démographique européen.
  1. Entamer un dialogue culturel inter-européen qui inclut les linéaments de la pensée organique russe, comme l’avaient souhaité des figures allemandes comme l’éditeur Eugen Diederichs dès la fin du XIXe siècle ou le Prof. Otto Hoetzsch, grand artisan d’un réel dialogue germano-russe ou euro-russe de l’ère wilhelminienne à Weimar et de Weimar à l’ère nationale-socialiste, malgré l’hostilité du régime en place.
  1. Entamer un dialogue entre civilisations et grandes traditions religieuses, comme le voulait le Tsar Alexandre Ier et selon certains axes préconisés par les leaders religieux iraniens, comme le Président Rohani.
  1. Revenir à l’idée universelle romaine. L’eurasisme est un projet impérial, pan-impérial, qui est une actualisation des pouvoirs impériaux romain (et donc byzantin, allemand et russe), perse et chinois. 

J’ajouterai à cette douzaine de pistes une treizième, celle qui doit déboucher sur une dé-dollarisation définitive de l’économie mondiale. Quelques initiatives, surtout au départ des BRICS, ont déjà marqué des points dans ce sens.

Pour réaliser ce programme suggéré par Alfonso Piscitelli, il convient évidemment d’éviter deux écueils :

  1. Présenter ces pistes sous la forme d’un discours d’excité, truffé de rêveries ridicules, risquant de faire interpréter toute démarche eurasiste comme un irréalisme extrémiste, lequel serait automatiquement discrédité dans les médias.
  1. Eviter les polémiques gratuites contre les autres sujets de l’histoire européenne : pas de russophobie ou de germanophobie anachroniques, pas de sinophobie rappelant les discours sur le « péril jaune », etc. Et pas davantage de discours anti-grecs, sous prétexte que la Grèce aurait mal gérée ses finances, ou de discours hispanophobes, prenant le relais des « légendes noires » colportées contre l’Espagne impériale par les protestants dès la XVIe siècle.

Vous constaterez qu’il y a un immense chantier devant nous. Au travail !

Robert Steuckers,

Forest-Flotzenberg, septembre 2015, février 2016.

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-          Bernhard TOMASCHITZ, Der Drache wehrt sich – Uncle Sams Griff nach Asien, Aula-Verlag, Graz, 2014.

-          XINHUA, Maritime Silk Road may help Indonesia reboot marine economy, http://www.wantchinatimes.com , 16 avril 2015.

-          Marco ZENONI, Le elezioni tedesche e la politica estera, http://www.eurasia-rivista.org, repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com , 10 octobre 2013.

-          Runyu ZHENG, « Some reflections on Sino-Russian relations after the visit of President Xi Jinping to Russia », Journal of Eurasian Affairs, vol. 1, Number 1, 2013.

Articles anonymes:

-          La nouvelle route de la soie, une arme de destruction massive de l’étau géopolitique anglo-américain, https://zoidberginfo.wordpress.com, 26 août 2013.

-          Nazarbaev rieletto Presidente del Kazakhstan : significato e reinterpretazioni, http://www.geopolitica-rivista.org , repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com, 10 mai 2015.

-          La Russie étend son influence au sud, http://zejournal.mobi , repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com, 28 mai 2015.

-          Chinese pledge S600m to Khorgos Free Economic Zone, http://www.eurasianbusinessbriefing.com , 4 septembre 2015.

-          Essarcompany hopes Russia will become India’s prime oil, gas supplier, http://www.therussophile.org , 4 septembre 2015.

-          Le grand échiquier, http://www.chroniquesdugrandjeu.com , 11 octobre 2015.

-          Mackinder, bouche tes oreilles ! , http://www.chroniquesdugrandjeu.com , 4 novembre 2015.

-          Les seigneurs de l’anneau, http://www.chroniquesdugrandjeu.com , repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com, le 12 novembre 2015.

-          Moscou ou la technique du rhinocéros, http://leblancetlenoir.com , repris sur http://euro-synergies.hautetfort.com, 12 novembre 2015.

vendredi, 12 février 2016

Les Cinq Grands, la sécurité eurasienne et autres projets

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Leonid SAVIN :
Les Cinq Grands, la sécurité eurasienne et autres projets


Effectuons un bref retour au passé, revenons en 2001 : l’un des principaux analystes du groupe bancaire américain Goldman Sachs Group Inc., Jim O’Neill, utilisait l’acronyme BRIC pour désigner les économies en croissance. Il utilisait certes cet acronyme dans le cadre du néolibéralisme globalisateur mais cela n’a pas empêché les Russes de « coopter » le terme, en proposant dans la foulée au Brésil, à l’Inde et à la Chine de mettre en œuvre un organisme de coopération multilatéral. En un temps relativement bref, un grand nombre d’initiatives ont été lancées pour développer des mécanismes d’interaction entre ces puissances et économies émergentes. Plus tard, l’Afrique du Sud a rejoint ce premier groupe de quatre pays, donnant simultanément naissance à un acronyme élargi, celui de BRICS.


Ces cinq pays couvrent 26% de la surface du globe, représentent 42% de la population mondiale et génèrent 27% du PIB mondial. On les considère généralement aujourd’hui comme le nouvel acteur collectif d’un monde tendant à redevenir multipolaire, en se basant sur un principe de décentralisation et sur la capacité à répondre aux défis du 21ème siècle. Lors de son « briefing » suite au sommet des BRICS à Oufa le 9 juillet 2015, Sergueï Riabkov, représentant le ministre russe des affaires étrangères, déclarait : « Les pratiques des BRICS n’ont aucun précurseur sur la scène de la politique internationale » ; ce groupe d’Etats, a-t-il ajouté, est devenu « un facteur important dans les relations internationales ». Les BRICS deviendront bientôt les « 8 Grands » mais assoiront leurs relations sur des bases nouvelles, celles de l’égalité, de la transparence et du consensus entre tous les membres.


Le dernier sommet d’Oufa a démontré que ce ton informel, sur lequel reposait la coopération entre les participants, n’a pas empêché de créer une association internationale à part entière, bien plus démocratique en son fonctionnement que toutes les autres alliances du siècle écoulé. A Oufa, les participants ont approuvé un plan pour de futures actions : on peut le considérer comme une sorte de résumé des « opérations matricielles » que mèneront les BRICS dans un futur proche. Le document comprend une déclaration générale quant aux finalités et à la stratégie sous-tendant le partenariat économique ; il annonce également l’ouverture d’un département virtuel, c’est-à-dire une page web officielle des BRICS qui publiera tous les documents officiels et offrira des textes pertinents pour comprendre le fonctionnement de cette association informelle. A Oufa, on a également mis sur pied la Banque des BRICS ainsi qu’un fond commun de réserves pour les échanges avec l’extérieur. Le capital combiné s’élève à 200 milliards de dollars. Les premiers projets cofinancés démarreront au printemps de 2016 et ne se limiteront pas aux cinq pays participants : ils viseront une perspective internationale. Pour l’essentiel, il s’agit là d’une alternative financière au FMI des Rotschild qui investira dans les secteurs où cela s’avèrera nécessaire et dans l’économie réelle des pays, ce qui signifie que cette alternative ne se livrera pas à des transactions d’ordre spéculatif en fournissant des prêts aux taux d’intérêt prohibitifs comme le font les banques étrangères, les bourses ou autres fonds de financement.


Entre les pays du groupe des BRICS, on cherchera en permanence à consolider la coopération en tous domaines financiers et économiques. En particulier, le directeur des « affaires européennes et centre-asiatiques », Gui Congyou rappelle que la Russie constitue une priorité pour les investissements chinois, non seulement sur le plan des infrastructures mais aussi dans l’immobilier bon marché et dans la haute technologie.


Cette année, la présidence russe des BRICS s’est montrée particulièrement dynamique. Comme l’a dit le Président Vladimir Poutine le 9 juillet 2015, « l’année de la présidence russe nous a permis d’organiser les premiers fora des BRICS sur les matières civiles et parlementaires ainsi que le forum « jeunesse ». La création du réseau universitaire des BRICS est en voie d’achèvement, de même que la mise sur pied d’un Conseil des Régions de l’organisation.


Il faut ajouter que la coopération se développe désormais non seulement dans les domaines financier et économique : il y a eu des réunions interministérielles dans les domaines de la santé, de l’enseignement, de l’agriculture, de la fiscalité, de la science et des technologies, de la sécurité sociale, des communications, du travail et de l’emploi et de la culture. La coordination accrue entre les pays ont eu un impact indirect mais réel sur toutes les questions internationales brûlantes, telles les conflits régionaux, les menaces dues au narcotrafic, le domaine spatial et la piraterie maritime. Pour faire face à ces problèmes, les participants ont délibérément évité de faire usage de techniques rendant les relations multilatérales trop bureaucratiques. Tous les dirigeants des pays BRICS ont été d’accord pour dire que le modèle actuel de négociations non bureaucratiques devait être maintenu dans l’avenir.

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Ce refus de tout bureaucratisme indique aussi que les BRICS ont des objectifs essentiellement civils. Cette thématique, abordée lors du sommet d’Oufa, a ensuite été remise sur le tapis à la veille du forum tenu à Moscou, avec la participation d’experts. Notamment grâce au « BRICS Business Council », bon nombre d’accords ont été scellés, avec les recommandations de dirigeants syndicaux adressées aux chefs d’Etat. Le Président de la Fédération des Syndicats indépendants de Russie, Mikhael Chmakov, a signalé, lors d’une entrevue avec le Président Poutine, la nécessité impérieuse qu’il y a à éviter les méthodes néolibérales, responsables de toutes les crises qui sévissent aujourd’hui dans le monde. Cette déclaration est importante car elle montre que les pays du BRICS agissent sur base d’un consensus au niveau idéologique et politique, consensus qui guidera la politique général de ces Etats.


On peut aussi considérer que les BRICS constituent un club dont les membres suivent le principe de réciprocité. Le Premier Ministre indien, Narendra Modi a indiqué, lors d’une très importante réunion des dirigeants des pays BRICS, qu’il était important de mener à bien une réforme au sein des Nations Unies et du Conseil de Sécurité. Selon Modi, une telle réforme contribuerait à résoudre plus efficacement les requêtes. Le constat du dirigeant indien est significatif quand on aborde le problème des sanctions : seules les sanctions décrétées par les Nations Unies devraient être suivies d’effets ; toute autres initiative relevant d’une tentative de certains pays d’imposer leur point de vue. C’est inacceptable. Dilma Rousseff, la Président du Brésil, a également évoqué la thématique d’une réforme des Nations Unies et a affirmé la disponibilité de son pays à participer à divers projets comme l’harmonisation des flux migratoires ou le contrôle des changements climatiques.


Il nous paraît important de souligner que d’autres pays montrent un intérêt croissant dans les BRICS. Par exemple, lors du forum financier des BRICS et du Groupe de Shanghai, qui eut lieu le 8 juin, le vice-président de la Banque de Développement Industriel turque, Cigdem Içel était présent. Qui plus est, la participation formelle des chefs des Etats du Groupe de Shanghai, qui avaient tous été invités, a puissamment contribué à rehausser le statut de l’événement. Toutefois, en dehors de l’ordre du jour officiel, les dirigeants ont pu communiquer lors d’une session informelle et discuter d’un bon nombre de sujets, tous également important pour bâtir un partenariat reposant sur la confiance mutuelle.


L’Occident s’est comporté à sa manière habituelle, en usant de deux poids deux mesures et en menant une guerre indirecte sur le plan de l’information. Exemple : la publication de Bloomberg était totalement manipulée, comme si les économies conjuguées de BRICS avaient pratiquement dépassé l’économie américaine. Ce n’est pas vrai : le FMI avait déjà déclaré depuis longtemps que la Chine seule avait dépassé les Etats-Unis en 2014. En revanche, le « Council on Foreign Relations » a tenu un langage plus réaliste, en soulignant que les BRICS visaient tout simplement à réduire l’influence de l’Occident. Le centre d’études stratégiques Stratfor, pour sa part, ajoutait que les BRICS et le Groupe de Shanghai s’étaient transformé en une sorte de plateforme pour résister aux pressions américaines. A l’évidence, les analystes américains n’ont pas entendu, ou n’ont pas voulu entendre, les discours répétés des dirigeants et ministres des BRICS, qui ont plus d’une fois déclaré que leurs efforts n’étaient dirigés contre aucun Etat ou puissance tout simplement parce leurs ordres du jour étaient clairement énoncés. De même, le Groupe de Shanghai a été créé pour résoudre des problèmes de sécurité régionale dans l’espace eurasiatique, pour réguler la production d’énergie et pour établir des corridors de communications.


Mais il est tout aussi évident que ces deux structures apporteront, le cas échéant, une réponse appropriée à toutes les tentatives de miner les assises de la souveraineté de leurs Etats et d’immixtion dans leurs affaires intérieures. Lors de ces sommets, les Russes et les Chinois ont pris le temps de se consacrer à un sujet important, celui de préserver la justice historique et de répondre immédiatement à toutes les tentatives de réécrire l’histoire et de justifier des phénomènes comme le fascisme ou le nazisme.

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Le sommet du Groupe de Shanghai a eu lieu immédiatement après les réunions des BRICS à Oufa et a été marqué par la prise de décisions importantes. Pour la première fois depuis l’existence de ce Groupe, les participants ont reçu de nouveaux membres, l’Inde et le Pakistan. En plus, les participants se sont mis d’accord pour élever au statut de pays observateur la République de Belarus. Sont désormais partenaires dans le dialogue entre membres : l’Azerbaïdjan, l’Arménie, le Cambodge et le Népal. Lors d’une conférence de presse à Oufa, un journaliste occidental a soulevé une question cruciale : celle des problèmes graves subsistant entre l’Inde et le Pakistan ; et comment ces deux Etats envisagent-ils leur future coopération, si différends et conflictualités potentielles demeuraient inchangés ? Ce qu’il faut comprendre, c’est que le Groupe de Shanghai travaille d’une manière complètement différente de l’Occident qui adhère aux thèses de l’école dite « réaliste » avec son équilibre de la terreur, sa pratique de la confrontation, sa propension à créer des conflits d’intérêts, etc. Le Groupe de Shanghai, lui, cherche à promouvoir une méthode entièrement différente et nouvelle en matière de sécurité collective ; il vise à respecter les intérêts et les souverainetés existantes de tous les Etats membres de l’organisation. Cette attitude intellectuelle et morale, hissée aux dimensions « polycontinentales » des BRICS, permettra de normaliser les conflits les plus ancrés dans les réalités régionales, comme par exemple celui qui oppose l’Arménie à l’Azerbaïdjan.


Encore plus important : l’adhésion de l’Inde et du Pakistan transforme le Groupe de Shanghai une alliance informelle de quatre puissances disposant de l’arme atomique. Le Président de l’Ouzbékistan, Islam Karimov, a précisé que cette nouvelle donne pourrait modifier l’équilibre des forces dans le monde. Autre thématique de toute première importance : l’adhésion future de la République Islamique d’Iran. Téhéran subit les sanctions des Nations Unies : il est donc impossible de faire adhérer la RII dans ces conditions. Mais comme l’a dit le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, l’Iran a marqué des points dans les négociations avec six pays et l’on peut espérer, suite à ces progrès, que les problèmes seront résolus à court terme, à condition, bien sûr, que l’Occident ne tente pas de revoir le cadre des accords acquis, comme il l’a fait maintes fois auparavant.


Lors du sommet du Groupe de Shanghai, les participants se sont mis d’accord pour coopérer au sein d’un programme de lutte contre les terrorismes et les séparatismes pour la période 2016-2018. Il vaut la peine de noter que la Russie assumera la direction du Comité Exécutif du Groupe de Shanghai pendant cette période. La convention du Groupe de Shanghai, visant à lutter contre les terrorismes, a commencé à être activée, de même que le « Centre de riposte contre les menaces et les défis à la sécurité », sur base des décisions prises antérieurement au sein du RATS (= « Regional Anti-Terrorist Structure »). L’organisation terroriste qui se nomme « Etat islamiste » y a été considérée comme une menace sérieuse et tous les membres du Groupe de Shanghai ont réitéré leur intention de la combattre, ainsi que d’autres groupements extrémistes internationaux.


La stratégie de développement du Groupe de Shanghai, planifiée jusqu’en 2025, a été acceptée sous la dénomination de « Déclaration d’Oufa ». Cette stratégie prévoit que le Groupe de Shanghai travaillera à établir « un système de relations internationales polycentrique et démocratique », faisant référence aux assises d’un espace sécurisé indivisible. Il sera important, dans cette optique, de respecter l’identité et les principes structurants des Etats membres du Groupe et de leurs peuples, dans le cadre historique qui est le leur.


Dans son discours consacré aux résultats obtenus lors des deux sommets, le Président Vladimir Poutine a montré que les efforts fournis tendaient « à faire émerger une banque de développement du Groupe de Shanghai, doublé d’un Fonds de Développement. Cette idée de créer des institutions sur base de l’association interbancaire du « Centre International du Projet de Financement » du Groupe de Shanghai, est prometteuse. Le dirigeant russe a lancé un appel pour utiliser de manière plus dynamique les possibilités offertes par le Groupe de Shanghai aux Etats BRICS.


Mis à part le tandem BRICS/Groupe de Shanghai, nous verrons de nombreux projets régionaux se joindre tout naturellement aux projets. Les dirigeants russes et chinois ont déclaré qu’ils étaient prêts à œuvrer en étroite collaboration pour mettre définitivement en place deux grands projets d’intégration, l’Union Economique Eurasiatique et le Projet Economique de la Route de la Soie. Il faut ajouter à tout cela la relation triangulaire qui s’est créée entre la Russie, la Chine et la Mongolie. Dans les coulisses du sommet des BRICS, les dirigeants de ces trois pays ont trouvé un accord pour intensifier leurs coopérations à plusieurs niveaux : création de projets infrastructurels, activités culturelles communes, échanges d’informations. Le Président du gouvernement chinois, Xi Jinping, a eu une formule heureuse : « Il est nécessaire de former une communauté liée par un destin mutuel et de promouvoir la multipolarité ».


Les BRICS coordonneront la défense de leurs positions au sein du G20. Cette dernière plateforme, ils l’utiliseront pour parfaire divers projets propres à leurs Etats. Le sommet du G20 aura lieu en novembre 2015 en Turquie. Ils poursuivront leurs pourparlers afin de préparer la banque commune et les autres objectifs décidés dans la Déclaration d’Oufa.


Tout cela signifie automatiquement que toute tentative de manipulation extérieure, même sous des prétextes apparemment plausibles seront voués à l’échec (par exemple, les Etats-Unis tentent de faire triompher leur propre projet de « Route de la Soie »). Le monde, avec l’aide des BRICS et du Groupe de Shanghai sera plus sûr et plus harmonieux.


Leonid Savin.
(article paru sur http://www.katehon.com – repris en versions anglaises et espagnole sur http://euro-synergies.hautetfort.com , le 5 septembre 2015.

samedi, 06 février 2016

Indiens Botschafter bestätigt: Krieg in Syrien wurde von aussen angezettelt

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Indiens Botschafter bestätigt: Krieg in Syrien wurde von aussen angezettelt

Interview mit dem ehemaligen indischen Botschafter in Syrien, V. P. Haran

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Ein aufschlussreicher Bericht des früheren Botschafters Indiens in Damaskus macht klar: Die Darstellung des Westens, der syrische Präsident Assad sollte durch einen Volksaufstand gestürzt werden, ist nicht haltbar. Der Krieg wurde von aussen angezettelt, unter anderem von den Golf-Staaten und der al-Kaida. Mit ihr arbeiteten die USA über den al-Nusra-Flügel zusammen. Assad hat die Gefahr unterschätzt – weil er wusste, dass sein Volk hinter ihm steht.


V.  P. Haran diente von 2009 bis 2012 als Indiens Botschafter in Syrien. Er hat mit dem mehrfach preisgekrönten indischen Magazin Fountain Ink darüber gesprochen, wie Teile der Medien den Aufstand aufgebauscht haben, und darüber, dass es schon in den ersten Tagen des Konfliktes Anzeichen gab, dass al-Kaida mit im Spiel war. Die Einschätzung des Botschafters bestätigt die Erkenntnisse des US-Journalisten Seymor Hersh, dass Assad im eigenen Volk keine militante Opposition zu fürchten hatte.

Deutsche Wirtschafts-Nachrichten: Wie war Syrien, als Sie im Januar 2009 dort ankamen?

V. P. Haran: Syrien war ein friedvolles Land, und es bestanden keine unterschwelligen Spannungen. Der syrischen Wirtschaft ging es gut, und die durchschnittliche Wachstumsrate lag bei mehr als 5 Prozent. Die Arbeitslosigkeit lag bei etwa 8 Prozent, doch arbeitslose Syrer konnten Arbeit in den Golf-Staaten finden. Es gab jedoch eine hohe Quote an gebildeten Arbeitslosen. Auch Syriens Auslandsschulden lagen bei komfortablen 12,5 Prozent des BIP. Ein Grossteil davon wurde Russland geschuldet, welches aber viele der Schulden abschrieb. Das echte Problem war die Dürre im Nordosten, die zu einer massiven Umsiedlung in den Süden und den Südwesten geführt hatte.

Wie war das Leben in Damaskus?

Als Diplomat neigt man dazu, ein zurückgezogenes Leben zu führen, doch manchmal fuhr ich in die Innenstadt, manchmal mit dem Taxi, trank einen Tee im Café und sprach mit den Menschen. Das waren wundervolle Momente und wundervolle Tage. Die öffentliche Ordnung war nie ein Problem. Meine weiblichen Kollegen erzählten mir, sie könnten Schmuck tragen, morgens um zwei Uhr alleine nach Hause gehen und sich dabei sicher fühlen. In einigen Stadtteilen hatten Restaurants bis um fünf Uhr morgens geöffnet. Man hatte nie das Gefühl, dass es Ärger auf den Strassen geben würde. Manche sagen, das sei wegen des Muchabarat (des Militärgeheimdienstes), doch ich spürte, dass die Menschen sich für ihre kollektive Sicherheit verantwortlich fühlten.


Als ich Damaskus erreichte, wurde mir gesagt, jeder Zweite gehöre zum Muchabarat. Das ist massiv zu hoch eingeschätzt. Es gibt eine Geheimdienstabteilung, die intern sehr effizient funktioniert, aber ich hatte nie eine direkte Begegnung. In meinen vier Dienstjahren folgte man mir einmal in der Idlib-Provinz. Ein Jeep hat sich an uns angehängt, aber sie verhielten sich nicht einschüchternd.

Haben Sie den «arabischen Frühling» in Syrien vorhergesehen?

Als sich die Situation in Tunesien und Ägypten anspannte, trat Präsident Bashar al-Assad im Fernsehen auf und erklärte, dass die ­politischen und wirtschaftlichen Bedingungen in Syrien anders seien. Er sagte, er sei zuversichtlich, dass Syrien nicht den gleichen Weg einschlagen werde. Das war auch die generelle Einschätzung der diplomatischen Gemeinschaft.


Bashar al-Assad war ein beliebter Staatschef, und das ist auch mit ein Grund, dass er noch immer an der Macht ist. Es gibt keine hinreichende interne Opposition, und viele der Probleme in Syrien sind ausländischer Herkunft, aus Quellen, die versuchen, sich eines unbequemen Regimes zu entledigen. 67 Prozent der gesamten arabischen Welt hatten ihn in einer Umfrage 2009 zur beliebtesten arabischen Person gewählt. Sogar die diplomatische Gemeinschaft war sich darüber einig, dass er die Unterstützung von etwa 80 Prozent der Einwohner Syriens hatte. Auch westliche Diplomaten bestätigten das. Er hatte im Jahr 2000 Reformen begonnen, die er aber wegen der Opposition durch die Baath-Partei nicht zu Ende führte.


Auch ist das nicht einfach ein Kampf zwischen Sunniten und Schiiten. Schauen Sie sich die Zahlen an. Es sind mehr als 50 Prozent sunnitische Muslime in Syrien. Die übrigen sind Kurden, Drusen, Maroniten, Assyrer, Alawiten und andere. Bashar al-Assad hat die volle Unterstützung dieser Minderheiten und sogar ein grosser Anteil der sunnitischen Muslime unterstützt ihn. Doch bis zu dem Zeitpunkt, als ich das Land 2012 verliess, hatte sich Syrien sehr verändert. Während die ersten paar Jahre wie im Himmel waren, begannen sich die Dinge Anfang 2011 zu verschlechtern.

Können Sie sich an die ersten Proteste 2011 erinnern?

Ab Februar, als Bahrain Proteste erlebte, versuchten einige NGOs, Proteste in Damaskus zu organisieren. Zwei wurden über zwei Wochenenden organisiert, doch kaum 20 oder 30 Leute nahmen teil. Die Zahl der Journalisten und Mitglieder der diplomatischen Gemeinschaft war weitaus grösser als die der Demonstranten. Dann kamen die Ereignisse des 18. März 2011, als Kinder an die Wände der Schule schrieben und es dann einen grossen Protest gab. In der darauffolgenden Woche kam es zu einem weiteren Protest in Latakia, und so etwas geschah dann an jedem weiteren Freitag.


Schon bald war es in Teilen von Latakia, Homs und Hama chaotisch, doch Aleppo blieb ruhig, was die Opposition sehr störte. Die Opposition konnte die Menschen von Aleppo nicht dazu bringen, gegen das Regime aufzustehen, also sandten sie Busladungen voller Leute nach Aleppo. Diese Leute verbrannten dann etwas auf den Strassen und gingen wieder. Journalisten berichteten dann davon und sagten, Aleppo habe sich aufgelehnt.
Dazu müssen ein paar Dinge gesagt werden: Ein Teil der Medien hat mit seinen negativen Darstellungen Syriens übertrieben. Manchmal wurde über Dinge berichtet, die nicht passiert sind. Beispielsweise sprach ich mit einem prominenten Scheich, als meine Kollegen mich völlig gestresst anriefen und sagten, der Scheich würde eine Rolle in den für den Nachmittag geplanten Protesten spielen. Aber das passierte überhaupt nicht. Denn tatsächlich sass ich in dem Moment ja mit ihm beim Mittagessen. Es gab eine Menge Übertreibungen durch die Medien.


Es gibt einen Vorgang, der heraussticht. In Idlib gab es zum harten Kern gehörende Sunniten, die nach Aleppo gegangen waren und Leute überredet hatten, der Opposition beizutreten. Menschen in Aleppo fingen an, sie zu schlagen und schickten sie fort. Die Masse war renitent geworden, und die Polizei musste kommen und sie unter Kontrolle bringen. Die Sunniten aus Idlib wurden von der ­Polizei in ein Haus gebracht und erhielten ihre Uniformen, damit sie entkommen konnten, ohne gelyncht zu werden.

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Veränderte sich Damaskus sehr in dieser Zeit?

Ich kann mich an einen Vorfall am 14. April 2011 entsinnen, als ich meinen täglichen Spaziergang zum Stadion unternahm, das etwa zwei Kilometer entfernt lag. Auf dem Weg kam ich an der Bäckerei vorbei, an der ich immer vorbeikam, doch es gab eine lange Schlange vor der sonst wenig frequentierten Bäckerei. Auf dem Weg zurück war die Schlange noch immer da, und ich fragte nach. Die Leute deckten sich mit Brot ein, da sie gehört hatten, dass etwas passieren würde. Am nächsten Tag passierte nichts, obwohl es ein Freitag war.


Als die Situation sich in der zweiten Hälfte 2012 verschlimmerte, ersetzte ich meinen Spaziergang zum Stadion durch einen anderen rund um den Park im Mezzeh-Bezirk. Eines Tages kam ein Motorradfahrer mit hoher Geschwindigkeit und bog an einer Ecke ab, wo er den Motor auf Touren brachte. Kurze Zeit später folgte ein Jeep mit Sicherheitsleuten, doch er verpasste die Abzweigung, die das Motorrad genommen hatte. Nachdem sie das Motorrad nicht finden konnten, kamen sie in den Park und fragten die Menschen, ob sie gesehen hätten, was passiert war. Dann wurde uns gesagt, dass die Leute auf dem Motorrad Angriffe planen würden.


In Mezzeh, unweit des Bezirks, in dem die Diplomaten leben, gibt es ein Kaktusfeld, und Rebellen waren durch einen Tunnel hineingelangt. Sie hatten dort ein Lager aufgebaut, von dem aus sie Brandraketen auf das Büro des Premierministers schossen. Danach kamen die Sicherheitskräfte herein und zerstörten das Lager. Das war eine gezielte Operation. Ich sprach mit jemandem, der eine Wohnung mit freier Sicht hatte, und er sagte mir, dass sie ein Gebäude ins Visier genommen und komplett zerstört hatten. Ein riesiges Geheimlager mit Waffen und Munition wurde aus dem Gebäude geborgen.

Doch Teile des Landes blieben ruhig?

Die externen Hintermänner der Opposition konnten das nicht verdauen. Sie schickten eine Gruppe Leute an die syrisch-jordanische Grenze, wo sie zwei Sicherheitsposten überrannten. Sie brachten alle Leute dort um. Manche von ihnen wurden auf grausamste al-Kaida-Weise getötet. Die Regierung meldete das nicht unverzüglich, doch ein Mitglied der diplomatischen Gemeinschaft bestätigte, dass es al-Kaida aus dem Irak gewesen war. Es war offenkundig, dass al-Kaida aus dem Irak seit April 2011 in Syrien war.


Al-Kaida war dort von der ersten Woche an, und wenn nicht seit der ersten Woche, dann seit Ende 2011, als al-Kaida-Fahnen auftauchten. Es waren diese Gruppen, die die Opposition über die Grenzen weg unterstützten. In Raqqa kamen die Kämpfer aus dem Norden, und es war klar, dass es al-Kaida war.

Assad sagte, dass es von Anfang an Terroristen waren. Warum hat ihm keiner geglaubt?

Die Köpfe der Menschen waren nicht offen. Was für ein Interesse sollte al-Kaida im Irak daran haben, Chaos in Syrien zu schaffen? Vieles davon wurde von aussen gelenkt, nämlich den Golf-Staaten. Al-Jazira spielte auch eine Rolle. Im April hatte ich einen Gast zum Amphitheater in Bosra geführt und danach nach Sweida, wozu ich die Autobahn zur jordanischen Grenze nehmen musste. Wir waren von 9.30–10.30 Uhr unterwegs. An diesem Tag wurde ein al-Jazira-Korrespondent gebeten, Syrien zu verlassen, und er reiste auf derselben Strasse. Der Korrespondent berichtete alle paar Sekunden von Checkpoints. Meine Botschaft rief mich in Panik an, weil sie dies im Fernsehen gesehen hatten. Ich sagte ihnen, ich hätte nur einen Checkpoint angetroffen.

Warum präsentierte die syrische Regierung keine besseren Beweise für die Anwesenheit von Terroristen?

Wir fragten sie, warum sie nicht aktiver in den Medien Stellung nahmen, und sie sagten, keiner glaube ihnen. Ihre PR und ihr Einsatz der Medien waren sehr schlecht. Andererseits gab es auch Ausschreitungen durch die Regierung. Syrien hat sehr ungenügende Polizeikräfte. Als nun die Probleme begannen, war die Regierung gezwungen, Sicherheitskräfte einzustellen, um mit den Problemen fertig zu werden, die sonst von der Polizei bewältigt werden. Einige aus der Armee begingen auch Übergriffe, und die Regierung stellte einige von ihnen unter Hausarrest oder sperrte sie ins Gefängnis, doch sie machten das nicht publik.


Bashar al-Assad war nicht nur langsam darin, Reformen zu erlassen, sondern auch langsam darin, Veränderungen, die gemacht wurden, bekanntzugeben. Als er zum Beispiel die Reform erliess, die die Vorrangstellung der Baath-Partei einschränkte, erfuhr man davon erst nach drei Monaten. Ihre PR war nicht weise. Sie haben die Krise nicht gut bewältigt.    •

Quelle: Deutsche Wirtschafts-Nachrichten vom 16.1.2016

(Übersetzung Deutsche Wirtschafts-Nachrichten und Zeit-Fragen)

jeudi, 28 janvier 2016

¿Combatir o no combatir?

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¿Combatir o no combatir?

Beatriz Calvo Villoria

Ex: http://blog.ecocentro.es

En estos días se debate en los foros, en los muros de las redes sociales, en la prensa, en el alma de muchos sobre las distintas actitudes ante la guerra, ¿combatir o no combatir?, ¿la violencia se aplaca con violencia? ¿El amor es la respuesta, la compasión de liberar de la ignorancia? Este es un tema realmente complejo, donde se entremezclan muchos niveles, que pueden fácilmente confundirse y no sé ni como me atrevo a abordarlo, sabiendo que mi ignorancia dejará fuera miles de matices, que muchos lectores añadirán internamente a su lectura, para completar si pudiéramos escribir un texto a varias voces esta aproximación sobre la guerra nuestra de cada día.

Como siempre busco refugio intelectual en las Doctrinas Tradicionales donde uno encuentra posiciones para todos los carismas humanos que pueblan este planeta, como si la luz de la Verdad, pura e incolora por su inafección se convirtiera en un arcoiris al tocar la joya de la madre tierra  -que pende como símbolo cósmico privilegiado de la manifestación- y los colores más diversos que surgen de la refracción se hubieran adaptado a distintas geografías, épocas y tipologías de hombres, reflectando la misma luz, pero adaptada, por esa misericordia que tiene la luz de iluminar a todos los seres adecuándose a su forma.

Doctrinas tradicionales cercanas como la del Judaísmo, el Cristianismo y el Islam han contemplado la posibilidad de la guerra en aras de restituir la justicia perdida, la balanza del justo equilibrio, guerras que se regían por reglas estrictas de caballerosidad espiritual, y donde el enemigo era respetado y se luchaba cuerpo a cuerpo, buscando ser honorable y valeroso en la batalla.

La guerra exterior como un simulacro de la guerra interior que todo héroe ha de librar en su corazón por la constante tensión entre lo que aparentamos ser y lo que realmente somos, por la necesidad de superarnos a nosotros mismos venciendo los miedos, los fantasmas, las heridas que nos impiden avanzar y tomar mejor posición ante la vida con el fin de “llegar a ser lo que somos”. 

Pronto esa posibilidad degeneró e inundó el mundo de sangre usando el Nombre de Dios en vano, cuando era en nombre de sus intereses mundanos por lo que forzaban la interpretación de Su mensaje. Las doctrinas Abrahámicas son ya propias de un final de un tiempo, de un ciclo en el que el hombre transita desde hace miles de años, tan alejado de las verdades espirituales que vive en una falta total de equilibrio y de paz.

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Pero si estas doctrinas son propias de una edad de hierro en que el desequilibrio acentúa la ciclidad vertiginosa entre la paz y la guerra rastreemos en las doctrinas más cercanas a edades más doradas del hombre, donde éste todavía recordaba su filiación con el Origen de todo lo creado -el que da la medida exacta de lo que un ser humano es-, cómo se trataba el tema de la guerra.

Según el Mahābhārata la era de Kali (la era de la riña y la hipocresía) comenzó en la medianoche del duodécimo día de la guerra de Kurukshetra, la noche en que los dos ejércitos se negaron a detenerse al atardecer para orar y siguieron matándose en la oscuridad, hasta el amanecer.

En el Baghavadd Guîtâ, se relata con belleza descomunal el dilema del guerrero Arjuna cuando en el campo de batalla ve al ejercito enemigo formado por sus seres más queridos, muchos de los cuales se han alejado del equilibrio que da el desapego, la renuncia a los infinitos deseos; la templanza; el contento con la sencillez, hija de la Unidad; la generosidad con Dios y por lo tanto con el prójimo, que ha sido creado para gestar comunidad y amor; el discernimiento, y todas las virtudes que permiten vivir la danza de los opuestos sin quemarse, pues el fuego tiene su correspondiente agua para danzar sin incendiar el mundo.

Esos seres alejados de los principios conmueven a Arjuna y en medio del campo de batalla le entra la flaqueza, pues no quiere matar a quienes ama y clama: “¡Oh, Krishna! viendo a mis familiares preparados para la batalla, mis párpados desfallecen y se cierran; y mi boca se seca y queda amarga, temblores recorren mi cuerpo y mi cabello se eriza con horror. La desgracia recaería sobre nosotros, si matamos a estos hombres; aunque sean malos. ¿Qué gozo encontraríamos en su muerte, oh Krishna, liberador de las almas?Como tu discípulo, vengo a Ti en súplica, en Ti busco refugio; por favor, sé la luz que aparte la oscuridad de mi confusión.”

El Señor Krishna, que en este texto inspirado, además de una encarnación divina es también Brahman, la Realidad última, le instruye sobre la guerra, nos instruye sobre la realidad y la ilusión en la que vivimos los hombres dormidos:

“Tanto el que piensa que el alma mata, como el que cree que puede ser muerta, ambos son ignorantes. Ni puede matar ni puede ser muerta.El Espíritu nunca nace y nunca muere: es eterno. Nunca ha nacido, está más allá del tiempo; del que ha pasado y el que ha de venir. No muere cuando el cuerpo muere.

El Espíritu inmortal mora en todos los seres y la muerte no puede afectarlo. Reponte, pues, de tu tristeza.  Por esto, piensa en tu deber y no dudes. No hay mayor honor para un guerrero que participar en una lucha por el restablecimiento de la virtud. Y no luchar por la justicia es traicionar tu deber y tu honor; es despreciar la virtud.”

Quizá es esta una de las claves principales para abordar esa pregunta que anda en el corazón de muchos ¿debemos de combatir a esas bestias asesinas que surgen de la ignorancia de lo que somos, pontífices entre la Tierra y el Cielo?, ¿combatir ese terrorismo tanto de estado como de facciones de personas profundamente desequilibradas que vehiculan el mal con mayúsculas?

Krishna dice que no luchar por la justicia es traicionar nuestro deber, y quizá ese idealismo de que el conflicto en ciernes que occidente ha ayudado a cocinar en los fogones de este tramo de historia, se resolverá con oraciones, cuando además sólo una parte muy reducida de la población está capacitada para orar ofreciendo al mismo tiempo el sacrificio del ego que la oración demanda, para irrumpir ésta con su sobrenaturaleza en la naturaleza tiene que dejar paso a una posición más ponderada, la de nuestra realidad de almas tibias y adocenadas por la confortabilidad incapaces de convocar el milagro que necesitamos.

Y quizá esto nos obligue a reconocer que no somos Brahmanes, sacerdotes con capacidad de intermediar entre el cielo y la tierra y que quizá, si algo queda, es nuestra capacidad de acción y, quizá, de lucha recordando las enseñanzas del Señor Krishna de que ni quien mata ni es matado son reales, sino una representación relativamente real de un drama cósmico que se nos escapa y que no puede no acontecer. Y que ya está aconteciendo.

arj33783582.jakarat494.JPGPues el hombre separado, sin unidad activa la dualidad, el árbol del bien y el mal y la alternancia entre la paz y la guerra se convierte en el reflejo extremo de la danza en la que el universo manifestado reescribe en cada instante su equilibrio.

La economía de lo divino se nos escapa, una no deja de sorprenderse cuando lee las visiones insólitas de Sor Consolata en la que Jesús le dice que la Segunda Guerra Mundial no la han creado los gobiernos sino que es una posibilidad divina que permite la salvación por la heroicidad que inspira la guerra ante la constatación de que la muerte puede acontecer en el siguiente segundo; y que esa guerra salvó para el “Tiempo Real”, que es el de la eternidad, a millones de jóvenes que inoculados del veneno de la tibieza por la decadencia de sus sociedades, culturas y religiones despreciaban la preciosa y frágil vida, acumulando en un gesto de heroísmo y de grandeza todos los méritos necesarios para salirse incluso del samsara, al dar la vida por los amigos, que es el máximo acto de amor que un ser humano puede hacer sobre la tierra.

La paz es inconcebible sin la guerra, y lo contrario también es cierto. La guerra siempre seguirá siendo una posibilidad, porque nunca se podrá eliminar aquello que la provoca, a saber, la diversidad virtualmente antagonista de las aspiraciones y valores, intereses y proyectos de hombres no realizados en la Unidad, en la hermandad, por tanto, con todos los humanos y por ende con todos los seres que habitan la tierra, todos los reinos a los que también estamos diezmando por esa ignorancia.

Es como si la textura del propio universo se tejiese a golpe de ying y yan y a medida que avanza el tiempo los ciclos traen, como en nuestra propia vida, procesos de nacimiento, madurez, enfermedades, que nos obligan a combatir el mal, el envejecer y finalmente el morir. Este ciclo viejo está llegando a su muerte, de nosotros depende como combatimos su achaques, sus dolencias, sus enfermedades y sus pestilencias.

Ojalá que el amor incendiase los corazones de la gente de esta época y diésemos a parir un nuevo ciclo de posibilidad, de renacimiento, de la mano de menos sufrimiento; que pudiésemos anular nuestros egos fusionándonos en la Unidad Principial en vez de esta inversión en la que la disolución está siendo en el Caos.

Pero no podemos dejar de observar que el horror que estamos viendo ha salido de las cloacas de almas, que como diría de nuevo Krishna pertenecen al hombre de naturaleza demoníaca, “que careciendo de principios, ignora qué es lo que se debe hacer y qué es lo que no se debe hacer; su corazón está empocilgado con todo tipo de impurezas, su conducta es irreverente y miente sin reparo./ Acuciados por cientos de deseos y vanas esperanzas, se esfuerzan denodadamente por acumular riquezas y bienes.

Viven con el único propósito de satisfacer sus deseos egoístas, siendo el odio y la lujuria su único refugio./ Violentos, iracundos, lascivos y sumidos ya en la más insolente arrogancia, estos hombres malvados llegan a odiarme: Me odian en ellos mismos y en otros igualmente. / Estos seres malvados, crueles y llenos de odio, son los hombres en el estado más bajo. En el inacabable ciclo de las reencarnaciones, inexorablemente Yo condeno a estos hombres a la destrucción./

El problema principal que esta naturaleza demoníaca no solo lo representan los grupos terroristas que occidente pretende combatir, sino que son las oligarquías financieras que manejan los gobiernos de occidente las que son demoníacas en sí mismas, por lo que el el campo de batalla no está alienado como en las guerras del Baghavadd Guîtâ. El Bien en un lado, el mal en el otro. El mal está en todos los frentes.

Todo es demasiado confuso, pero si a alguno nos tocase finalmente combatir en un escenario de guerra externa, en la interna es contínuo el combate, quizá todo esto debería de matizarse con un recuerdo sobre cuál es la actitud de un guerrero del espíritu en un campo de batalla, sea interior, sea exterior: “Permanece en paz, tanto en el placer como en el dolor; en la victoria, tanto como en la derrota; tanto si ganas como si pierdes. Prepárate para la guerra con tu alma tranquila; si estás en paz, no hay pecado. Más allá del poder del fuego, de la espada, del agua y del viento, el Espíritu es eterno, inmutable, omnipresente, inamovible, y siempre uno.” Krishna.

Y quizá un último abordaje de ese recuerdo de como se lucha en las batallas de la vida podríamos hacerlo desde el concepto coránico de yihad tan mal entendido. El yihad vehicula principalmente la idea de esfuerzo y expansión en el camino de Dios.

Según los sufíes, que expresan la dimensión más espiritual del Islam, se traduce como aquel esfuerzo que se realiza en el alma de cada hombre contra la ilusión de un yo separado de lo único real, que en su individuación, en su vestirse este cuerpo nuestro de cada día va construyendo a medida que surge la idea de un yo, sistemas defensivos y/o agresivos por la indefensión que siente ante la rotundidad de la existencia, que juega con miles de escenas y escenarios cambiantes que se suceden en un aparente falta de coherencia interna, falta de sentido abrumador.

Toda esa maya, ese galimatías experiencial fortalece la idea de un yo separado y abrumado que va encerrando en la caverna del olvido al único órgano que puede iluminarle su ceguera: el corazón, primer escalón de la escalera de Jacob que sube hasta el cielo de la Pureza, de la Verdad del Padre, del Amor de la Madre, si se me permite expresarlo así.

En ese olvido que le atemoriza el hombre intenta llenar su vacío con el cumplimiento de una infinidad de deseos que le llevaran a entrar en guerra con el otro yo que también desea, a veces lo mismo, la misma esposa, el mismo reino…. Y se pierde finalmente en el laberinto de la multiciplicad sin centro, careciendo de la firme determinación necesaria para hacerse uno con el Uno.

kshadb56b069.jpgLa polisemia de la palabra yihad, comprende otros dos tipos de esfuerzo menores, además del interno que es el Esfuerzo Mayor -el único que es santo- (el esfuerzo por mejorar la calidad de vida en la sociedad, esfuerzo en el campo de batalla en defensa propia, o luchar en contra de la tiranía y la opresión). El Islam fundamentalista, que por lo tanto no es Islam, pues no es equilibrado, ha ido desposeyendo y distorsionando este sentido interior y se ha quedado con una interpretación sesgada del esfuerzo menor para justificar religiosamente sus afanes políticos y dinerarios, de nuevo el pecado (error de tiro) de usar en Nombre de Dios en vano.

Esa guerra Santa es el arquetipo, el molde del que toda guerra menor debiera de beber, de emerger cuando en la historia las circunstancia de injusticia y violencia son tan atroces que se justifica este esfuerzo menor, pero siempre con las mismas virtudes que en la Gran Guerra Santa atemporal. Y con la comprensión que nadie mata, nada muere, solo Dios es Real y Él sabe más.

Así que humildemente comparto ese alto y dificultoso ideal a cumplir en el tiempo y espacio de una guerra en el mundo, en el mundo del alma, en el mundo del mundo: no es el ego  el que debe luchar sino la conciencia continua de una justicia que desde el Cielo de los principios nos induce a actuar.

Como el ejemplo de uno de lo compañeros del Profeta del Islam, que cuando a punto de asestarle un golpe fatal al enemigo que yacía en el suelo, éste le escupió a la cara, el semblante del compañero mudó y entonces dejó la espada y liberó de su golpe al enemigo, esté preguntó conmovido porque le perdonaba la vida y él le contestó porque la santa cólera había sido sustituida por la cólera de su ego ofendido, y no había de ser ése quien ejecutase la justicia sino el Único hacedor, para lo cual el ego no puede estar en medio reaccionando a sus propios intereses.

Si seguimos viajando por las Doctrinas que alumbran el camino como mapas que debemos reactualizar a cada instante nos encontramos a un Maestro del Amor como Jesús hablando también de la guerra: «No penséis que he venido a traer paz a la tierra. No he venido a traer paz, sino espada». (San Mateo 10, 34).

Y como dice Ángel Pascual Rodrigo: “De nuevo encontramos la misma paradoja expresada en los evangelios donde “el sufrimientos por las guerras y penalidades son como “upaya” para lograr la catarsis y la paz; para lograr la victoria en las batallas espirituales: la paz del espíritu. En tiempos de paz, el orgullo y la avidez, las afrentas mutuas y las pasiones desbordadas fraguan la guerra. En tiempos de guerra, la catarsis y la lucha por el ansiado bien fraguan la paz.”

Mientras estemos en la dualidad del bien y del mal la paz seguirá a la guerra y ésta a la paz, el ying contendrá un punto blanco del yan y el yan un punto negro del ying y rodarán entretejidos creando los mil universos, sólo quien trasciende los pares de opuestos bueno-malo, positivo-negativo, placer-dolor se libera.

«Las lámparas son diferentes pero la Luz es la misma; viene del Más Allá. Si te quedas mirando a la lámpara estás perdido, pues entonces surge la diversidad y la dualidad. Fija tu vista en la Luz y te sacará de la dualidad.» Jalal al-Din Rumi.

Si no queremos combatir en la siguiente guerra, quizá la más loca de todas por las que ha transitado la humanidad sólo nos queda redoblar el yihad interior, el hombre espiritual muere a esta vida para dejar de soñar y despertar a esa Realidad que es el origen de todas las realidades, para contemplar esa Belleza de la cual toda la belleza terrenal es sólo un pálido reflejo, para lograr esa Paz que todos los hombres buscan más allá de la inevitable guerra entre los pares de opuestos…. Esa pura ilusión que se desvanece ante el rostro del Amado, el único lugar donde no hay guerra.

Beatriz Calvo Villoria

jeudi, 12 novembre 2015

Les seigneurs de l'anneau

Les seigneurs de l'anneau

Ex: http://www.chroniquesdugrandjeu.com 

Les seigneurs de l'anneau

En attendant l'Inde, qui mettra encore quelques années pour participer pleinement aux dynamiques du continent-monde (ce qui fera d'ailleurs l'objet d'un prochain article), un spectaculaire triangle eurasien se met en place, qui donne vertiges et sueurs froides aux stratèges américains. Les amoureux de la géométrie insisteront certes sur la forme circulaire du nouveau colosse qui émerge et ils n'auront pas tout à fait tort (nous y reviendrons en fin d'article).

Nous avons déjà montré à plusieurs reprises à quel point le rapprochement entre Moscou, Pékin et Téhéran s'est accéléré ces dernières années. Nous écrivions le 20 octobre :

"Tout ceci n'est cependant rien en comparaison de ce qui se prépare avec l'Iran, grande puissance régionale si l'en est, case cruciale de l'échiquier eurasiatique. Si Obama pensait amadouer les ayatollahs avec l'accord sur le nucléaire, il s'est planté en 3D. La marche de Téhéran vers l'alliance sino-russe est inarrêtable. Coopération militaire renforcée avec Pékin, navires iraniens invités en Russie, et bien sûr une position commune sur les grands dossiers internationaux dont la Syrie. L'entrée de l'Iran dans l'OCS n'est qu'une question de temps.

Les liens énergétiques entre Téhéran et Pékin sont déjà anciens mais se consolident chaque jour. Ceci en attendant l'oléoduc irano-pakistanais qui verra prochainement le jour, reliant la base chinoise de Gwadar avant, un jour, de remonter tout le Pakistan et rejoindre la Karakoram Highway dans les somptueux décors himalayens."

Et le 25 octobre :

"Quant à l'Iran, qui ne sert désormais plus de prétexte fallacieux au bouclier anti-missile, sa lune de miel avec Moscou est à la hauteur de la désillusion de l'administration Obama qui espérait sans doute, avec l'accord sur le nucléaire, intégrer Téhéran dans son giron et l'écarter du grand mouvement de rapprochement eurasien. Et bah c'est raté, et drôlement raté...

En l'espace de quelques jours : accords sur des projets d'infrastructure (dont une ligne ferroviaire. Eurasie, Eurasie) d'une valeur de 40 milliards, établissement d'une banque commune pour favoriser les échanges (qui se feront évidemment en monnaies locales. Dédollarisation, dédollarisation). Cerise sur le gâteau, l'Iran va participer la banque des BRICS.

Leur future victoire en Syrie rapprochera encore Moscou et Téhéran, qui entrera bientôt, sous les auspices chinoises, dans l'Organisation de Coopération de Shanghai."

En ce moment, ô temps géopolitiquement excitants, pas une semaine ne passe sans qu'un jalon supplémentaire ne soit posé. Il y a quatre jours, l'Iran a proposé à la Chine d'organiser des exercices militaires communs. Pékin devrait évidemment accepter. Avant-hier, le fameux contrat pour la livraison des S-300 russes à Téhéran a enfin été signé, qui mettra à peu près définitivement l'Iran à l'abri de toute intervention aérienne étrangère.

Résumons :

  • dans le domaine militaire : manoeuvres/coopération sino-russes + sino-iraniennes + russo-iraniennes.
  • sur le plan énergétique : contrats gaziers du siècle sino-russes en 2014 + achats massifs de pétrole iranien par Pékin + entente russo-iranienne vis-à-vis de l'Europe (blocage des pipelines qataris et saoudiens en Syrie, accord sur le statut de la Caspienne...)
  • dans le domaine politique, géopolitique et géo-économique : entente totale des trois sur le dossier syrien, opposition commune aux tentatives unilatérales américaines, marche à la dédollarisation. Future entrée de l'Iran dans l'OCS sino-russe et participation à la banque des BRICS.

Il paraît que Brzezinski en a renversé son bol de café...

En 2013 paraissait un intéressant essai géopolitique intitulé Chine, Iran, Russie : un nouvel empire mongol ? La présentation de l'éditeur mérite qu'on s'y attarde :

"Le 20 mars 2013, le Homeland Security Policy Institute désignait des hackers chinois, russes et iraniens comme auteurs des attaques déstabilisant les systèmes de sécurité américains. Non contents de multiplier les cyber-intrusions, la Chine, la Russie et l'Iran collaborent aujourd'hui de façon croissante dans le domaine des nouvelles technologies. Dans un contexte marqué par l'effacement des frontières, ces trois pays sont-ils en train de fonder un nouvel empire mongol ou à l'inverse tentent-ils désespérément de préserver leurs influences régionales respectives ? Contrairement à la construction politique de Gengis Khan, ayant unifié l'Eurasie à partir d'un centre turco mongol, ces alliés encerclent une aire de civilisation turque dont ils se sont détournés. Cette alliance pragmatique, fondée sur l'axe sino-iranien, se matérialise par des appuis géopolitiques réciproques, une coopération étroite avec l'arrière-pays énergétique russe et la diffusion d'une vision du monde allant à rebours de nos propres stéréotypes. Étrangers à la chimère du dépassement des cultures par l'abolition des frontières, la Chine, la Russie et l'Iran peuvent puiser dans leurs histoires respectives des raisons d'exister sous une autre forme que celle d'une citadelle continentale résistant à la mondialisation océanique. Au delà de ses carences maritimes, le nouvel empire souffre toutefois de nombreuses fragilités telles que son affaiblissement démographique ou les intérêts parfois divergents des pays qui le composent. Aussi pourrait-il bouleverser soudainement nos repères géopolitiques avant de connaître une recomposition."

Si certaines bases de la coopération Moscou-Pékin-Téhéran étaient déjà là, que de chemin parcouru en deux petites années... Les "intérêts parfois divergents" ont presque totalement disparu, balayés par la dangereuse hystérie états-unienne en Ukraine et en Syrie. C'est désormais un triangle, pardon, un anneau extrêmement solide qui émerge, uni par des liens énergétiques, militaires et géopolitiques irréversibles.

A noter l'intéressante référence historique au coeur turco-mongol, centre de l'empire de Gengis Khan mais naine blanche de la nébuleuse annulaire russo-sino-iranienne, tournée vers les extrémités de l'échiquier eurasien. Les pays turcophones d'Asie centrale, qui appartiennent déjà à l'OCS et/ou à l'Union eurasienne, ne feront que suivre le mouvement, se coupant sans doute encore un peu plus d'une Turquie d'ailleurs elle-même embarquée dans un voyage bien turbulent...

Les seigneurs de l'anneau

LOUIS DUMONT, O QUANDO L’INDUISMO INCONTRA L’OCCIDENTE (E VINCE)

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LOUIS DUMONT, O QUANDO L’INDUISMO INCONTRA L’OCCIDENTE (E VINCE)

Quando un indù aggredisce un unno, non vale perché è indù contro unno

Nel pantheon degli autori di riferimento del panorama comunitarista, spicca certamente il sociologo ed antropologo Louis Dumont (1911-1998): studioso al confine tra l’interesse per le scienze sociali e gli studi legati alla Tradizione, in particolare nel contesto induista ed in parte buddhista.

Perché Il Talebano ha deciso di interessarsi a questo intellettuale? Anzitutto perché il pensiero di Dumont mette in discussione l’intero impianto culturale della postmodernità, attaccando in particolare la visione progressista che vorrebbe interpretare la storia come un lungo cammino di affinamento delle possibilità umane: al contrario, la contemporaneità viene vista come solo una fra le diverse possibilità della società e, anzi, per molti versi rappresenta un’eccezione assoluta rispetto alle civiltà tradizionali. In secondo luogo la conoscenza approfondita dello spirito indiano da parte di Dumont ci consente di dare uno sguardo lontano dagli stereotipi occidentali sulla società indù, una realtà ricca di contraddizioni che però rappresenta ancora oggi uno dei pochi esempi rimasti di civiltà in cui ancora vivono le vestigia della tradizione indoeuropea.

Louis-Dumont_7567.jpegDumont, nato a Salonicco nel 1911, si trasfersce successivamente in Francia, dove negli anni giovanili militerà nel Partito Comunista Francese, occupandosi delle varie sollecitazioni innovatrici della vivace realtà politica parigina. Presto si interessa di etnologia al punto di frequentare i corsi di Marcel Mauss al College de France, contro la volontà dei suoi genitori che lo avrebbero voluto ingegnere. Arruolato nell’esercito francese durante il secondo conflitto mondiale e finito prigioniero in un campo di detenzione tedesco, Dumont nel dopoguerra continua ad approfondire i suoi studi. Nel 1949 fa il suo primo viaggio in India, dove tornerà periodicamente per tutto il corso della sua vita. A partire dal confronto con l’India, comincia a sviluppare la dicotomia fondamentale tra l’Homo Aequalis, tipico dell’Occidente moderno, e l’Homo Hierarchicus. Proprio attorno a questa tematica, Dumont struttura alcuni dei suoi saggi più importanti e riconosciuti (si segnalano in particolare “La civiltà indiana e noi” del 1964 e “Homo Hierarchicus, saggio sul sistema delle caste” del 1966). Svincolando la sua analisi dal pregiudizio secondo il quale la società individualistica rappresenterebbe l’apice di un progresso (da leggere in contrapposizione alla barbarie di un sistema arcaico come quello delle caste), Dumont concentra la sua attenzione su uno dei testi più importanti della tradizione induista: il Sanathana Dharma.

Sarebbe veramente impossibile descrivere in un articolo la potenza del concetto di Dharma, ma approssimando in poche righe per darne un’idea al profano, qui basti sapere che con Dharma si intende l’equilibrio cosmico ispirato alle verità contenute nei Veda, un ordine trascendente che, se rispettato, è garante del Bene. La civiltà indiana ha alimentato per secoli la sua spiritualità di questa sacra legge universale, stratificando attorno ad essa una comunità organica fatta di ruoli e responsabilità, dal cui rispetto è sempre dipeso l’equilibrio della società. In questa totalità ognuno trova un posto correlato alla sua natura: il vertice della gerarchia è rappresentato dai Brahamini, una tipologia umana che vuole dedicare la sua esistenza alla ricerca del vero e del divino, viene poi la casta dei guerrieri (a cui apparteneva lo stesso Gautama Buddha) ovvero i guardiani della comunità, infine troviamo i commercianti. All’interno di questa piramide sociale che a noi occidentali ricorda così da vicino – non casualmente – la Repubblica platonica, è importante sottolineare come ad ogni ruolo corrisponda un determinato carico di responsabilità/doveri: se è vero che il brahamino riveste una posizione di grande prestigio e rispetto da parte delle altre caste, è anche vero che egli sottopone la sua intera esistenza al rispetto di una disciplina rigidissima che governa con codici di comportamento ogni aspetto della sua vita. Al contrario alla base della piramide incontriamo ruoli sicuramente più umili, ma – al di là del rispetto dello spirito comunitario – maggiore libertà di azione individuale.

A questo Homo Hierarchicus Dumont contrappone l’Homo Aequalis, punto di arrivo di un percorso le cui radici affondano forse nella rottura del cristianesimo col mondo antico; uno strappo che si rinsaldò almeno parzialmente col medioevo, ma da cui successivamente si sviluppò l’eresia protestante e tutto ciò che ne è derivato. Facendo riferimento agli studi di Karl Polany, Dumont analizza il percorso di progressivo svincolamento della sfera economica da quella comunitaria, fino alla trasformazione in realtà autoreferenziale ed autonoma tipica della modernità. In questo senso il pensiero espresso da Adam Smith nel suo saggio sulla “Ricerca sulla natura e cause della ricchezza delle nazioni” è forse l’esempio più sintetico della visione propria alla nascente scienza economica: questa nuova scienza si traduce nell’esaltazione del comportamento egoistico dell’individuo, un agire cieco nei riguardi del prossimo e senza riguardi per le ripercussioni sociali, ma che – nel sistema di Smith – è garante di un equilibrio provvidenziale in cui i vizi privati diventano sostanzialmente benefici pubblici.

homo70286492FS.gifSi comprende bene come un tale individualismo si ponga agli antipodi con la concezione olistica/tradizionale: questo non vuol banalmente significare che in passato la totalità delle persone fosse altruista, ma che la comunità viveva coesa attorno a dei valori universalmente riconosciuti. Nell’induismo, per esempio, non esiste l’idea che per essere felici bisogna gratificare il proprio ego, ma vige, piuttosto, il pensiero per cui ognuno debba scoprire il ruolo assegnatogli dal destino e vivere in armonia con esso e ciò che si ha intorno: ciò che gratifica veramente l’esistenza della persona è insomma trovare il proprio posto all’interno della comunità, non emanciparsi da essa. L’individuo induista si concepisce infatti come parte del cosmo e non come un atomo portatore di valori naturali, privo di interdipendenza. Lo stesso asceta che si allontana dalla società non lo fa in nome di un ripiegamento individualista: si tratta piuttosto dell’aspirazione ad una realizzazione metafisico-cosmica superiore a quella basata su una vita comunitaria, ma in cui trionfa sempre lo stesso spirito olistico (non si mette in discussione il valore della comunità in quanto tale), distinto sia dall’individualismo extramondano sia da quello mondano.

Louis Dumont è stato un grande studioso, capace di mostrare come l’Occidente contemporaneo non sia il culmine dell’evoluzione umana, quanto, invece, un’anomalia rispetto alle altre società. Per quanto esso voglia porsi come civiltà universale, in realtà, il suo sapere è “provinciale” ed incapace di comprendere altri orizzonti. Nel rapporto con l’India vediamo, per esempio, due tipi di reazione: da un lato c’è chi è vittima di un complesso di superiorità e non perde occasione di far notare quanta strada la barbara società indiana debba ancora fare sulla grande scala del progresso, di cui noi naturalmente rappresentiamo l’apice; dall’altro osserviamo improbabili fascinazioni new age in cui la grande sapienza indiana si svilisce in una serie di letture maldigerite e pallide imitazioni rituali. La tradizione indù invece, seppur sbiadita, rappresenta di fatto ancora oggi un sistema alternativo in cui si possono udire gli echi di un passato che infondo appartiene a tutte le civiltà indoeuropee, compresa la nostra.

Daniele Frisio

samedi, 03 octobre 2015

Revue "Conflits": Inde/Chine

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Inde-Chine, un même horizon ?...

Le septième numéro de la revue Conflits, dirigée par Pascal Gauchon, et dont le dossier est consacré aux relations entre l'Inde et la Chine, vient de sortir en kiosque.

Au sommaire de ce numéro :

ÉCHOS

ÉDITORIAL

Ils ne voient pas, ils n'entendent pas, ils ne parlent pas Par Pascal Gauchon

ACTUALITÉ

ENTRETIEN

François Godement, le regard froid d'un homme chaleureux Propos recueillis par Pascal Gauchon

PORTRAIT

Henry Kissinger. Le "révolutionnaire blanc" Par Charles Zorgbibe

ENJEUX

Un paradis fiscal. Une construction géopolitique Par Vincent Piolet

ENTRETIEN

Général François Lecointre. L'armée française face au terrorisme

ENJEUX

Sport et influence Par Jean-Baptiste Noé

ENJEUX

Fuir l'Erythrée Par Catherine Augagneur-Delaye et Alain Michalec

IDÉES REÇUES

La réécriture géopolitique de l'histoire de la Chine Par Jean-Marc Huissoud

IDÉES

Grégoire Chamayou. L'anti-drone Par Florian Louis

GRANDE STRATÉGIE

L'empire aztèque. Intimidation, persuasion, information Par Carmen Bernand

BATAILLE

Marignan 1515. Beaucoup de bruit pour rien Par Pierre Royer

POLÉMIQUE

Le Quai d'Orsay, plus atlantiste que la Maison-Blanche? Par Hadrien Desuin

BOULE DE CRISTAL DE MARC DE CAFÉ

Le "miracle brésilien" passé en revue (de presse)

BIBLIOTHÈQUE GÉOPOLITIQUE

Le djihadisme, le comprendre pour mieux le combattre Par Gérard Chaliand

CHRONIQUES

LIVRES/REVUES/INTERNET /CINÉMA

GÉOPo- TOURISME

Genève, suisse ou internationale ? Par Thierry Buron

DOSSIER : Inde-Chine, un même horizon ?

Une montagne, une guerre et un quadrilatère Par Pascal Gauchon

Inde-Chine. Le rapport de force

GRANDE CARTE : La rivalité Inde-Chine en Asie

Les relations économique entre la Chine et l'Inde Par Michel Nazet

Les relations militaires entre l'Inde et la Chine Par Hadrien Desuin

Entre Inde et Chine, l'Asie du sud-est Par Michel Nazet

Inde, Chine, Pakistan? L'Inde prise à reversPar Sébastien Sénépart

Océan indien. L'Inde de retour chez elle ? Par Pierre Royer

Le "collier de perles", menace ou fantasme ? Par John Mackenzie

Adversaire ou partenaire ? Chine et Inde en Afrique Par François Lafargue

Face à la Chine : Japon-Inde, des partenaires naturels ? Par Jean-Marc Bouissou

Les USA entre Inde et Chine. Un triangle à haut risque Par Thomas Snégaroff

Chine-Inde-Russie. Vers un "triangle anti-hégémonique" Par Pascal Marchand

L'homme du Gujarat et l'Empereur de Chine? Par Claude Chancel

dimanche, 14 juin 2015

Inde, comprendre le système des castes

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INDE, COMPRENDRE LA CULTURE DES CASTES
 
La cohésion sociale dans le respect des valeurs

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr
 
Sandrine Prévot, anthropologue, spécialiste des sociétés du sous-continent indien et directrice d’études, est l’auteure d’une remarquable synthèse sur la société indienne contemporaine, abordée du point de vue des castes : Inde, comprendre la culture des castes
 
Le terme « caste », hérité du colonisateur portugais (« casta ») reflète imparfaitement la réalité des groupes sociaux indiens et leurs substructures hétérogènes se retrouvant au sein d’une même caste. Le jati est le groupe social d’un individu dont l’appartenance est, dans la culture brahmanique, conditionnée par la naissance. La « caste » est une notion socio-religieuse traditionnelle : les jatis sont des « espèces » sociales, héritées d’un ordre naturel, immuable et cosmique.  Leur nombre est incalculable et sujet à des variables régionales ; bien que les jatis régissent et conditionnent les rapports entre les individus, ceux-ci ne déterminent ni leur destin ni leur statut économique.
 
indesp.jpgInscrite dans le sacré, l’organisation sociale indienne se fonde sur une stricte idéologie de l’inégalité des hommes, reflet d’une réalité naturelle. Le statut des êtres à leur naissance est le reflet de leurs actions pendant leurs vies antérieures et de leur karma. La société indienne est quadripartite :  les brahmanes (prêtres) occupent le haut de la société, suivis par les kshatriyas (guerriers) puis les vaishyas (force productrice) et enfin au bas de l’échelle sociale les sudras, les dalits ou les tribus (plus connus sous l’appellation d’intouchables). Ces derniers sont estimés être particulièrement impurs, parce qu’exerçant des métiers dégradants, souvent en relation avec la mort et le sang (métiers du cuir, bouchers, chasseurs, pêcheurs, etc.). Les jatis sont des compartimentations quasi-étanches, les mariages sont endogamiques : l’infraction à cette règle est motif à des violences physiques et d’exclusion : une quasi-mort sociale dans une société où le poids de la famille, source de protection affective et de soutien et d’entraide matériels, est prépondérant.
 
Si la reproduction sociale reste forte en Inde, il n’existe plus comme jadis d’adéquation radicale entre le métier et le jati. Toutefois, l’inégalité est source de tensions, d’humiliations et de violences : une forte compétition oppose les castes entre-elles : l’Inde est, comme le définit Jackie Assayag (directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à l'École des Hautes études en sciences sociales de Paris), un « immense chantier de lutte de classements, de déclassements, de reclassements. » Le colonisateur britannique inaugura une politique de discrimination positive en faveur des basses castes en instaurant des quotas de postes réservés dans les écoles et dans les administration : ce geste contribua à l’éveil des castes défavorisées de prendre conscience de leur force politique.
 
Même si la discrimination fondée sur l’appartenance à une caste est inconstitutionnelle depuis 1950, violences symboliques et agressions physiques perdurent. La justice amnistie les auteurs de viols perpétrés par des hommes des hautes castes sur des femmes des castes inférieures au motif qu’un homme de haut rang « ne peut violer une femme de basse caste en raison de l’impureté statutaire et de sa crainte d’être souillé » (p. 28). Pour échapper à leur sort, des dalits se radicalisèrent  au sein d’un mouvement inspiré de la doctrine des Blacks Panthers (les Dalits Panthers) ou embrassèrent l’islam, le christianisme ou le bouddhisme. D’autres préfèrent adopter l’idéologie brahmanique avec un espoir d’élévation sociale en adoptant les pratiques, des coutumes et des valeurs des hautes castes, acculturation qui passe notamment par l’éducation et l’apprentissage du sanskrit. Les rejetons des hautes castes apprennent aussi et surtout l’anglais : les English Brahmin affichent un attachement à la modernité, au progrès par son adhésion aux valeurs de marché et de libéralisme, mais restent hermétiques à l’idée de réformer une société qui remettrait en question leur supériorité... Les médias, et en particulier le marketing et la publicité, ne cessent de valoriser les principes brahamiques et le monde de vie occidentalisé des élites.  Comme quoi Mickey et Brahma peuvent faire bon ménage !
  
Si la société indienne est tolérante et non-violente, la violence contenue fait surface régulièrement pour contre-balancer les cruautés de la vie quotidienne. En Inde, celle-ci est légitimée par la nécessité de préserver l’ordre social et cosmique : une personne identifiée comme « sorcière » peut être battue à mort, une intouchable violée, etc.  Cette violence affecte la vie politique et attise les tensions religieuses. Si les tensions entre Musulmans et Hindous sont consubstantielle de la naissance de la nation indienne, Sandrine Prévot attire également l’attention du lecteur sur les actions commises par les extrémistes hindous contre les Chrétiens :  « Les violences envers les missionnaires, les destructions d’églises ou les profanations de tombes sont en hausse depuis 1997. Les actions de prosélytisme des missionnaires chrétiens auprès des tribaux et des basses castes sont mal perçus par les fondamentalistes. Même s’il s’agit d’améliorer leur dignité et d’offrir un meilleur accès à l’éducation et aux soins, les nationalistes hindous, considèrent que les chrétiens profitent de cette population vulnérable et démunie pour porter atteinte à l’hindouisme, à l’intégrité de la nation » (p. 90). 

En somme, la modernisation de l’Inde et le maintien de sa cohésion sociale se font dans le respect des valeurs indiennes, centrées sur la caste, la famille et la religion. L’uniformisation culturelle à l’américaine n’a pas de prise dans ce pays. Toutefois, c’est la persistance des inégalités, amplifiée par les méfaits de la globalisation économique, qui est source de conflits, de revendications identitaires de caste et de rejet des élites indiennes, dont nous avons relevé ci-dessus les flagrantes contradictions. 

Sandrine Prévot, Inde, comprendre la culture des castes. éditions de l’Aube.

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vendredi, 22 mai 2015

A Vedic Examination of Abrahamism

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A Vedic Examination of Abrahamism

The following article is from chapter 3 of the groundbreaking new work The Dharma Manifesto“, by Sri Dharma Pravartaka Acharya.

By Sri Dharma Pravartaka Acharya

The Abrahamic worldview is today represented by five closely aligned ideological tendencies: 1) Judaism, 2) Pauline Christianity, 3) Islam, 4) Marxism, and to a less significant extent 5) the Baha’i movement. Of these Abrahamic tendencies, Marxism is the only self-stated atheistic one, the others being religious in nature. The greatest real-world challenge and exact philosophical juxtaposition to the entire Dharmic worldview has historically been, and continues to this day to be, the Abrahamic mentality and worldview.

While some very important theological and ritual distinctions can be seen between them all, nonetheless the specifically religious-oriented aspects of Abrahamism – Judaism, Christianity and Islam – share a common worldview, psychological make-up, and guiding ethos. Judaism, Christianity and Islam are historically referred to as the “Abrahamic” religions because all three religions trace their origins to the prophet Abraham, and can thus be seen to be quite similar in many aspects of their respective outlooks. The following are only a few of the similarities that they all share.

1. All three religions have a shared acceptance of the teachings of the Old Testament prophets (Christianity, in addition to the accepting the Old Testament prophets, also accepts Jesus. Islam, in addition to the Old Testament prophets and Jesus, also accepts Muhammad).

2. Anthropomorphic monotheism. The supreme god of Abrahamism is seen in very human terms, including in his exhibition of such very human emotions as anger, jealousy, prejudice and vengeance.

3. A profound sense of religious exclusivity, creating two strictly delineated camps of “believers” in opposition to everyone else.

4. The belief that there is only the sole true faith, and that any other form of religious expression external to the “one true faith” is necessarily wrong.

5. The acceptance of terrorism, violence, mob action, looting and aggressive missionary tactics to spread their religion.

6. A common sense of being at a war to the death with the Dharmic (“Pagan”) world that preceded Abrahamic ascendency.

7. The centrality of unidirectional prayer to commune with their god, with systematic meditation practice playing either little or no part in the practice of their respective religions.

8. A belief in the existence of angels, the devil, demonic spirits, etc.

9. All three teach the bodily resurrection, the Final Judgment, the creation of the soul at the time of conception or birth (as opposed to the soul’s pre-existence, which all Dharmic spiritual traditions teach), the binding effects of sin, etc.

10. The importance of a specific holy day of the week set aside for prayer and rest: For Jews – Saturday. For most Christians – Sunday. For Muslims – Friday.

These are only a few of the elements of the Abrahamic worldview, of which mainstream Christianity is an integral part.

Up until 2000 years ago, the Dharmic worldview was by far the predominant worldview for most of humanity – from Ireland in the West to the Philippines in the East. Though there were thousands of diverse individual cultures, languages, foods, customs and traditions among the ancient Indo-European peoples, most of these ethnically varied cultures were united in their deep respect for, and attempted adherence to, the Natural Way (Dharma).

This ancient uniformity in adherence to Dharma was the case for tens of thousands of years until the radically anti-human and anti-nature Abrahamic ideology suddenly burst upon the world scene 4000 years ago with an evangelical fury, religiously-inspired violence, and zealous civilization-destroying vengeance the likes of which the civilized world had never seen previously. Never before had the multiple ancient and noble pre-Christian cultures of the world ever experienced such massive destruction, death, persecution, forced conversion, and cultural annihilation performed in the name of an artificially expansive religion as it witnessed at the hands of the new Abrahamic ideology that had arrived, seemingly out of nowhere, onto the world stage. It was in the wake of this never before experienced juggernaut of Biblically inspired destruction that the light of Dharma began to swiftly wane, and that Reality as it was known up till then was turned literally on its head.

Religiously inspired imperialism began with the more localized expansion of the Israelites in the Levant region two thousand years before the birth of Christianity.[1] However, it was soon after the appropriation of the original teachings and spiritual movement of Jesus, and the massive expanse of this later, corrupt form of post-Constantine Christianity, that the expansion of the Abrahamic ideology began to take on truly global proportions. As the French thinker Alain de Benoist explains this catastrophe in the context of European history,

“. . . the conversion of Europe to Christianity and the more or less complete integration of the European mind into the Christian mentality, was one of the most catastrophic events in world history – a catastrophe in the proper sense of the word…”[2]

With the ascent of the Abrahamic onslaught came the counter-proportional descent of the Indo-European world’s traditional Dharmic civilizations.

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Christianity, in retrospect, was but one of several artificially constructed, new movements that all fall under the general term “Abrahamic”, named after the infamous founder of fanatical religious exclusivity, Abraham (1812 BC – 1637 BC).  These four anti-nature ideologies are 1) Judaism, 2) Christianity, 3) Islam, and 4) Marxism.  Whether we speak of Judeo-Christian “holy wars” and Inquisitions, or the bloody and unending Islamic jihads against “infidels”, or the genocide of over 100 million people in the name of Marxist revolution, all four of these Abrahamic movements have been responsible for more destruction, loss of life, and social mayhem than all other ideas, religions, and ideologies in world history combined.

The Abrahamic onslaught has been an unparalleled juggernaut of death. More, while all four ideologies have remained seemingly divided by dogmatic, sectarian concerns, all Abrahamic movements have been fanatically united in both their common origin, and in their shared aim of annihilating their perceived enemy of Dharma from the earth, and seeking sole domination of world power for themselves alone. While Judaism, Christianity and Islam have been at war with each other for millennia, they are all united in their insistence that Dharma is their principal hated enemy. The essential driving principle of Abrahamism is to bring about the immediate death of Dharma.

Dharma and Abrahamism are exact opposites in every way.  Dharma and Abrahamism stand for two radically opposed visions for humanity’s future. Dharma stands for nature, peace, diversity, and reason. Abrahamism stands for artificiality, war, uniformity, and fanaticism. They are the only two real ideological poles of any true significance in the last two-thousand years. There has been an ongoing Two-Thousand Year War between these two opposing worldviews that has shaped the course of much of human history since this conflict’s start. Every philosophical construct, religious denomination, political ideology and general worldview of the past two millennia falls squarely into one camp or the other. Every human being living today falls squarely into one camp or the other. Dharma and Abrahamism are the only two meaningful ideological choices for humanity today. And for all too much of the duration of this Two-Thousand Year War, Dharma has been on the losing end as Abrahamism has continuously succeeded in its unrivalled ascendancy.

The destructive ascendancy of Abrahamism is, however, about to come to an end. We are now about to witness a period of Dharmodaya – of Dharma ascending – in this very generation. As is explained in thorough detail in the two books “The Dharma Manifesto” and “Sanatana Dharma: The Eternal Natural Way”, we are about to experience the rebirth of Dharmic and Vedic civilization throughout the totality of our world.

The Dharma world-view represents a positive moral and philosophical alternative to the many ills and cultural distortions of Abrahamic modernity. Vedic culture is human culture, because Vedic culture is the model of spiritual civilization. Our world is not without meaning. Our future is not without hope. Though the darkness of the Kali Yuga (our current “Age of Conflict”) and a civilizational crisis has now descended upon us, the Sun of Dharma will soon be seen again. No cloud can obscure our vision of the Sun forever. We will live to see Dharma triumphant again, and to see a Golden Age of compassion, true culture, and the Natural Way be firmly established.



[1] One of the prime example of such Abrahamist expansion was the conquest of Canaan (circa 1400-1350 BC), described in the Book of Joshua and the first chapter of Judges.

[2] Alain de Benoist, On Being a Pagan, ed. Greg Johnson, trans. Jon Graham (Atlanta: Ultra, 2004), p. 5.

_______________________

This article is from chapter 3 of the groundbreaking new political work “The Dharma Manifesto“, by Sri Dharma Pravartaka Acharya.

The Dharma Manifesto serves as the first ever systematic revolutionary blueprint for the nascent global Vedic movement that will, in the very near future, arise to change the course of world history for the betterment of all living beings. The Dharma Manifesto signals the beginning of a wholly new era in humanity’s eternal yearning for meaningful freedom and happiness.

About the Author

Sri Dharma Pravartaka Acharya has been acknowledged by many Hindu leaders throughout the world to be one of the most revolutionary and visionary Vedic spiritual masters on the Earth today.

With a forty year history of intensely practicing the spiritual disciplines of Yoga, and with a Ph.D. in Religious Studies, Sri Acharyaji is one of the most eminently qualified authorities on Vedic philosophy, culture and spirituality. He is the Director of the Center for the Study of Dharma and Civilization.

His most historically groundbreaking politico-philosophical work, “The Dharma Manifesto“, is now offered to the world at a time when its people are most desperately crying out for fundamental change.

vendredi, 08 mai 2015

Peut-on éradiquer un terrorisme?...

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Peut-on éradiquer un terrorisme?...

par Xavier Raufer

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Xavier Raufer, cueilli sur le site du nouvel Économiste et consacré à la lutte contre le terrorisme.

Criminologue, enseignant à l'université de Paris II, Xavier Raufer a récemment publié Les nouveaux dangers planétaires - Chaos mondial, décèlement précoce (Editions du CNRS, 2009) et Géopolitique de la mondialisation criminelle - La face obscure de la mondialisation (PUF, 2013).

Anéantir pour l’essentiel un terrorisme, cela se peut. Récemment, l’Algérie, l’Inde, Ceylan en sont la preuve

Qui peut abattre une innocente jeune femme pour lui voler sa voiture en préparant le massacre des fidèles d’une église, n’est qu’un chien enragé.

Qui peut tirer à bout portant dans la tête d’enfants devant une école, après avoir tué en jubilant des militaires désarmés, n’est qu’un chien enragé.

Qui peut tuer les clients d’une épicerie venus faire leurs courses, en préparant le massacre des autres, n’est qu’un chien enragé.

Des fanatiques prétendant “venger le prophète” et massacrant des journalistes n’ayant fait que des dessins (drôles ou pas, est une autre question) ne sont que des chiens enragés.

Toujours, des innocents désarmés, des enfants : oui, des chiens enragés et fort lâches. Face à eux, alors, que faire ?

Quand le désarroi officiel devient palpable ; quand sa foi en un renseignement intérieur défaillant sonne chaque jour plus faux ; quand les appels à l’union nationale sentent désormais leur juin 1940, il faut d’abord affirmer ceci :

- L’État-nation n’a pas été créé pour fixer la date des soldes, ni le salaire des infirmières, mais pour assurer la sécurité du pays. C’est sa raison d’être et l’aune à laquelle il faut le juger.

- Assurer la sécurité intérieure n’est pas se lamenter dans des cortèges, ni arpenter le pays, ou la planète, pour gémir sur des cercueils. À tout prix, cela consiste à briser l’emprise terroriste sur la France et à éliminer ces chiens enragés.

Cela ne se fait pas par l’apaisement, ni la communication. Voilà un siècle, Charles Péguy avertissait : “Une capitulation est essentiellement une opération par laquelle on se met à expliquer au lieu d’agir, et les lâches sont des gens qui regorgent d’explications”.

Mais la terreur n’est ni nouvelle, ni bornée à l’Europe. Observons ainsi deux pays victimes du terrorisme, leurs décisions et ce qui en a résulté.

Le Pakistan. Aujourd’hui, 20 % de ce pays de 800 000 kilomètres carrés est sous la coupe d’une centaine de hordes islamistes armées, talibans, etc. Opérant ouvertement, elles ont tué, depuis septembre 2001, 30 000 civils et 15 000 militaires pakistanais. Parmi elles, le Lashkar e-Tayyaba, coupable prouvé du carnage de Bombay en novembre 2008 (170 morts), fonctionne à ce jour comme un parti politique légal. Voué à massacrer des chrétiens et des chiites pakistanais, le Lashkar e-Jhangvi y sévit sans encombre.

Or la puissante armée pakistanaise (650  000 hommes) pourrait sans tarder liquider ces islamistes. Violents ou pas, soulignons-le, ceux-ci sont fort minoritaires dans ce pays à 95 % musulman, et n’ont jamais dépassé 5 % des sièges au parlement d’Islamabad. Seul motif du sanglant chaos : l’indécision de dirigeants incapables d’éliminer ces islamistes pour de bon.

Ceylan - d’abord, ceci : l’auteur a souvent parcouru le pays tamoul. En Inde comme à Ceylan, difficile de trouver un peuple plus pacifique et accueillant que les Tamouls. Or, de persécutions en discriminations, les Ceylanais bouddhistes ont enragé certains Tamouls de l’île, au point qu’ils créent en 1976 les “Tigres de l’Elam tamoul”, sanguinaire groupe terroriste comme le monde en a peu connu.

D’où, de 1983 à 2009, une guerre civile provoquant 100 000 morts ; trains et autocars attaqués à l’explosif, passagers massacrés ; camions et voitures piégés, victimes par centaines ; des présidents et ministres assassinés lors d’attentats suicides, dont Rajiv Gandhi, en 1991.

En 2005, le nouveau président ceylanais décide d’anéantir les Tigres. Début 2009, ceux-ci sont encerclés au nord de l’île, parmi 100 000 Tamouls. En mai 1989, c’est l’assaut final :

Bombardements… fusillades… Tous les dirigeants des Tigres sont éliminés, avec sans doute 40 000 civils. Parmi les atrocités, des exécutions sommaires de prisonniers ; le fils de Velupillai Prabhakaran (chef des Tigres) est abattu à 12 ans. 300 000 Tamouls croupissent alors dans des “camps de prisonniers”. Aujourd’hui encore, Ceylan compte, après l’Irak, le plus grand nombre de “disparus” au monde.

Oui mais, en janvier 2015, un président bouddhiste modéré est élu à Ceylan ; une timide réconciliation nationale s’y amorce. Et depuis désormais six ans, le terrorisme a disparu de l’île.
Anéantir pour l’essentiel un terrorisme, cela se peut. Récemment, l’Algérie, l’Inde, Ceylan en sont la preuve. Des cas très divers certes, mais un point commun : une volonté sans failles, une poigne de fer.

Xavier Raufer (Le Nouvel économiste, 1er mai 2015)

mercredi, 29 avril 2015

Chine, Pakistan ...et Inde

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Chine, Pakistan ...et Inde

par Jean Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il n'est pas impossible que la Chine et l'Inde qui jusqu'ici semblaient s'accorder pour coopérer à l'intérieur du groupe Brics, commencent à devoir élargir leurs perspectives.

Certes, Chine et Inde partagent de nombreux domaines où la coopération n'ira pas de soi vu la concurrence inévitable entre ces deux grands pays. Mais on peut penser qu'un autre sujet pourrait rapidement susciter des méfiances, tout au moins en Inde. Il s'agirait des projets de coopération qu'entretiennent la Chine et le Pakistan. Le Pakistan est un pays musulman, de plus en plus d'ailleurs pénétré de mouvements islamistes, voire éventuellement djihadistes. L'Inde est hindouiste. Dès leur indépendance, les deux pays se sont affrontés sur de nombreux points, y compris en termes de puissance militaire.

On se souvient qu'il y a quelques mois, une visite en Inde de Barack Obama, qui devait inaugurer une grandiose coopération américano-indienne, n'a pas eu tous les résultats espérés par les Américains, notamment en termes industriels. Narendra Modi, déjà au pouvoir à l'époque, avait (à juste titre) suspecté Barack Obama de vouloir mettre les technologies américaines au service, non seulement de l'Inde, mais du Pakistan.

Aujourd'hui un grand programme chinois vise à développer un "corridor" sur le territoire pakistanais, dans une des versions de la grandiose route de la soie permettant à la Chine de s'étendre vers l'ouest. Il s'agit d'un programme discuté parmi plus d'une cinquantaine d'autres d'un montant total de 28 milliards de dollars, les 20 et 21 avril, au cours de la visite officielle du président chinois Xi Jinping au Pakistan. Cette visite a été reçue par les autorités pakistanaises comme un événement majeur

Dans ce programme de corridor, le Pakistan deviendra un maillon essentiel de la relation que la Chine veut établir vers la mer d'Oman et le Moyen-Orient. Le port de Gwadar, à l'extrémité sud-ouest du Pakistan, à 100 km de l'Iran, devrait être relié avec Kashgar, ville importante de l'ouest du Xinjiang chinois, non loin de la frontière pakistanaise. La liaison devrait comporter des routes, des lignes de chemins de fer et des pipelines.Deux routes seront possibles, l'une au sud, plus longue mais plus sûre, l'autre au nord (voir la carte ci dessus, proposée sur le site du journal Le Monde).

La visite s'est conclue sur une déclaration du premier ministre pakistanais Nawaz Sharif : « Ce corridor permettra de transformer le Pakistan en carrefour régional, notre amitié avec la Chine est la pierre angulaire de notre politique étrangère » a-t-il affirmé. On peut penser que cet enthousiasme ne sera pas entièrement partagé par les autorités indiennes.

Addendum

Pour l'ancien diplomate indien et grand chroniqueur MK Bhadrakumar, que nous citons souvent, la visite de Xi au Pakistan et l'accueil qu'il a reçu pourraient significativement changer l'ensemble des perspectives diplomatiques en Asie. Il a noté sur son blog 10 points dont chacun, à l'en croire, pourrait être à lui seul une petite révolution : http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/author/bhadrakumaranrediffmailcom/

  1. Les relations entre la Chine et le Pakistan se transforment. Les investissements chinois massifs profiteront, non seulement à la Chine, mais au Pakistan. Il s'agira d'une relation gagnant-gagnant. Le « corridor » prévu permettra à la Chine, non seulement d'accéder aux marchés mondiaux mais d'investir massivement au Pakistan. Elle devient ainsi garante de la stabilité et la sécurité du Pakistan, qui voit son statut international conforté.

  2. La Chine fait confiance au Pakistan, dans le présent comme dans le futur. Celui-ci pourra donc se débarrasser de son image d'Etat failli servant de repaire à des groupes terroristes. Xi a d'ailleurs félicité le Pakistan pour ses actions anti-terroristes.

  1. La Chine remplace les Etats-Unis dans le rôle de premier allié du Pakistan. Il va s'établir une alliance de peuple à peuple entre la Chine et le Pakistan, au contraire des relations avec l'Amérique qui est à la fois crainte et détestée par la population.

  2. Grâce à l'alliance chinoise, les différences de puissance entre l'Inde et le Pakistan diminueront, que ce soit au plan économique ou militaire. Le Pakistan pourra ainsi devenir attractif pour les investisseurs étrangers. Le label « made in Pakistan » concurrencera le « made in India ». Ceci d'autant plus que les indicateurs économiques et budgétaires pakistanais sont meilleurs que ceux de l'Inde. La Chine pourra ainsi favoriser l'entrée du Pakistan dans le groupe des Brics.

  1. Il en résultera d'importantes réorientations stratégiques au Pakistan. Les élites jusqu'ici traditionnellement portées vers l'Occident, malgré l'hostilité de la population, se tourneront vers d'autres horizons, notamment vers les membres du Brics, en premier lieu, sans compter la Chine, vers la Russie, puis à terme l'Iran, les Etats d'Asie centrale et même l'Inde.

  2. Le renforcement de l'influence chinoise au Pakistan contribuera à la stabilisation de la situation politique en Afghanistan, ce que les Etats-Unis n'ont jamais réussi à faire. La Chine permettra également aux membres du Brics de stabiliser leurs relations avec l'Afghanistan.

  3. La marine chinoise (navires de surface et sous-marins) pourra utiliser le port pakistanais de Gwadar, ce qui renforcera la présence chinoise dans le golfe d'Oman et l'océan indien.

  4. Les capitales du sud-est asiatique observeront attentivement comment évoluera la relation sino-pakistanaise, afin de ne pas en être exclues, tant au plan économique que politique. .

  5. La stratégie américaine, anti-russe et anti-chinoise, visant notamment à isoler la Chine, considérée comme un ennemi potentiel, devra être revue. La Russie, de son côté, jusqu'ici préoccupée par les mouvements islamistes radicaux au Pakistan, pourra devenir moins méfiante. La Chine et la Russie renforceront leurs liens avec l'Iran simultanément de ceux avec le Pakistan. Il en résultera que l'Iran et le Pakistan seront encouragés à devenir membres de l'organisation de Coopération de Shanghai.

  6. L'Inde devra elle aussi modifier profondément sa stratégie internationale. Elle est confrontée à un dilemme « existentiel ». Elle ne pourra pas poursuive une politique de méfiance à l'égard de la Chine. Au contraire, elle devra se joindre aux projets de coopération et d'investissements proposés par cette dernière. La visite de Xi au Pakistan obligera Narandra Modi, jusqu'ici très méfiant à l'égard de la Chine, à se faire plus coopératif. Ceci devrait changer le sens du déplacement de Modi à Pékin prévue dans trois semaines. D'une façon générale, l'Inde devra modifier en profondeur ses relations avec la Chine, afin de profiter de ses capacités d'investissement. En contrepartie, elle devra perdre de son intérêt pour ses relations avec l'occident, qui ne lui ont jamais rien rapporté. Modi pour ce qui le concerne doit faire confiance à la Chine de la même façon que celle-ci fait confiance au Pakistan, malgré le poids qu'y ont encore les éléments islamistes radicaux.


Notre commentaire

Manifestement, MK Bhadrakumar n'aime guère Narendra Modi. Ceci le conduit à voir avec sans doute un peu trop d'optimiste les relations de l'Inde avec la Chine et et celles de la Chine avec le Pakistan. Il n'est pas certain que l'Inde dans ses profondeurs puisse rapidement abandonner son hostilité profonde vis-à-vis du Pakistan. MK Bhadrakumar est peut-être aussi un peu trop optimiste concernant les changements radicaux de paradigmes politiques qu'apporteraient en Asie et même dans le reste du monde le rapprochement Chine-Pakistan. Néanmoins, pour l'essentiel, ses analyses paraissent pertinentes.

Comme lui, par ailleurs, on peut penser que le rapprochement Chine-Pakistan marque un nouveau revers pour la politique militariste d'Obama contre la Chine, résultant du « pivot vers l'Asie » que celui-ci avait entrepris. Nous ne nous en plaindrons pas.

 

Jean Paul Baquiast

vendredi, 06 mars 2015

The BRICS Plus Germany

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What Are They Really Up To?

The BRICS Plus Germany

by PEPE ESCOBAR
Ex: http://www.counterpunch.org

Winston Churchill once said, “I feel lonely without a war.” He also badly missed the loss of empire. Churchill’s successor – the ‘Empire of Chaos’ – now faces the same quandary. Some wars – as in Ukraine, by proxy – are not going so well.

And the loss of empire increasingly manifests itself in myriad moves by selected players aiming towards a multipolar world.

So no wonder US ‘Think Tankland’ is going bonkers, releasing wacky CIA-tinted “forecasts” where Russia is bound to disintegrate, and China is turning into a communist dictatorship. So much (imperial) wishful thinking, so little time to prolong hegemony.

The acronym that all these “forecasts” dare not reveal is BRICS (Brazil, Russia, India, China, and South Africa). BRICS is worse than the plague as far as the ‘Masters of the Universe’ that really control the current – rigged – world system are concerned. True, the BRICS are facing multiple problems. Brazil at the moment is totally paralyzed; a long, complex, self-defeating process, now coupled with intimations of regime change by local ‘Empire of Chaos’ minions. It will take time, but Brazil will rebound.

That leaves the “RIC” – Russia, India and China – in BRICS as the key drivers of change. For all their interlocking discrepancies, they all agree they don’t need to challenge the hegemon directly while aiming for a new multipolar order.

The BRICS New Development Bank (NDB) – a key alternative to the IMF enabling developing nations to get rid of the US dollar as a reserve currency – will be operative by the end of this year. The NDB will finance infrastructure and sustainable development projects not only in the BRICS nations but other developing nations. Forget about the Western-controlled World Bank, whose capital and lending capacity are never increased by the so-called Western “powers.” The NDB will be an open institution. BRICS nations will keep 55 percent of the voting power, and outside their domain no country will be allowed more than 7 percent of votes. But crucially, developing nations may also become partners and receive loans.

Damn those communists

A tripartite entente cordiale is also in the making. Indian Prime Minister Narendra Modi will be in China next May – and ‘Chindia’ will certainly engage in a breakthrough concerning their bitter territorial disputes. As much as Delhi has a lot to benefit from China’s massive capital investment and exports, Beijing wants to profit from India’s vast market and technology savvy. In parallel, Beijing has already volunteered economic help to Russia – if Moscow asks for it – on top of their evolving strategic partnership.

The US “pivoting to Asia” – launched at the Pentagon – is all dressed up with no place to go. Bullying Southeast Asia, South Asia and, for that matter, East Asia as a whole into becoming mere ‘Empire of Chaos’ vassals – and on top of it confronting China – was always a non-starter. Not to mention believing in the fairy tale of a remilitarized Japan able to “contain” China.

Isolating the “communist dictatorship” won’t fly. Just watch, for instance, the imminent high-speed rail link between Kunming, in Yunnan province, and Singapore, traversing a key chunk of a Southeast Asia which for Washington would never qualify to be more than a bunch of client states. The emerging 21st century Asia is all about interconnection; and the inexorable sun in this galaxy is China.

As China has embarked in an extremely complex tweaking of its economic development model, as I outlined here, China’s monopoly of low-end manufacturing – its previous industrial base – is migrating across the developing world, especially around the Indian Ocean basin. Good news for the Global South – and that includes everyone from African nations such as Kenya and Tanzania to parts of Southeast Asia and Latin America.

Of course the ‘Empire of Chaos’, business-wise, won’t be thrown out of Asia. But its days as an Asian hegemon, or a geopolitical Mob offering “protection”, are over.

The Chinese remix of Go West, Young Man – in fact go everywhere – started as early as 1999. Of the top 10 biggest container ports in the world, no less than 7 are in China (the others are Singapore, Rotterdam, and Pusan in South Korea). As far as the 12th Chinese 5-year plan – whose last year is 2015 – is concerned, most of the goals of the seven technology areas China wanted to be in the leading positions have been achieved, and in some cases even superseded.

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The Bank of China will increasingly let the yuan move more freely against the US dollar. It will be dumping a lot of US dollars every once in a while. The 20-year old US dollar peg will gradually fade. The biggest trading nation on the planet, and the second largest economy simply cannot be anchored to a single currency. And Beijing knows very well how a dollar peg magnifies any external shocks to the Chinese economy.

Sykes-Picot is us

A parallel process in Southwest Asia will also be developing; the dismantling of the nation-state in the Middle East – as in remixing the Sykes-Picot agreement of a hundred years ago. What a stark contrast to the return of the nation-state in Europe.

There have been rumblings that the remixed Sykes is Obama and the remixed Picot is Putin. Not really. It’s the ‘Empire of Chaos’ that is actually acting as the new Sykes-Picot, directly and indirectly reconfiguring the “Greater Middle East.” Former NATO capo Gen. Wesley Clark has recently “revealed” what everyone already knew; the ISIS/ISIL/Daesh fake Caliphate is financed by “close allies of the United States,” as in Saudi Arabia, Qatar, Turkey and Israel. Compare that with Israeli Defense Minister Moshe Yaalon admitting that ISIS “does not represent a threat to Israeli interests.” Daesh does the unraveling of Sykes-Picot for the US.

The ‘Empire of Chaos’ actively sought the disintegration of Iraq, Syria and especially Libya. And now, leading the House of Saud, “our” bastard in charge King Salman is none other than the former, choice jihad recruiter for Abdul Rasul Sayyaf, the Afghan Salafist who was the brains behind both Osama bin Laden and alleged 9/11 mastermind Khalid Sheikh Mohammad.

This is classic ‘Empire of Chaos’ in motion (exceptionalists don’t do nation building, just nation splintering). And there will be plenty of nasty, nation-shattering sequels, from the Central Asian stans to Xinjiang in China, not to mention festering, Ukraine, a.k.a Nulandistan.

Parts of Af-Pak could well turn into a branch of ISIS/ISIL/Daesh right on the borders of Russia, India, China, and Iran. From an ‘Empire of Chaos’ perspective, this potential bloodbath in the “Eurasian Balkans” – to quote eminent Russophobe Dr. Zbig “Grand Chessboard” Brzezinski – is the famous “offer you can’t refuse.”

Russia and China, meanwhile, will keep betting on Eurasian integration; strengthening the Shanghai Cooperation Organization (SCO) and their own internal coordination inside the BRICS; and using plenty of intel resources to go after The Caliph’s goons.

And as much as the Obama administration may be desperate for a final nuclear deal with Iran, Russia and China got to Tehran first. China’s Foreign Minister Wang Yi was in Tehran two weeks ago; stressing Iran is one of China’s “foreign policy priorities” and of great “strategic importance.” Sooner rather than later Iran will be a member of the SCO. China already does plenty of roaring trade with Iran, and so does Russia, selling weapons and building nuclear plants.

Berlin-Moscow-Beijing?

And then there’s the German question.

Germany now exports 50 percent of its GDP. It used to be only 24 percent in 1990. For the past 10 years, half of German growth depended on exports. Translation: this is a giant economy that badly needs global markets to keep expanding. An ailing EU, by definition, does not fit the bill.

German exports are changing their recipient address. Only 40 percent – and going down – now goes to the EU; the real growth is in Asia. So Germany, in practice, is moving away from the eurozone. That does not entail Germany breaking up the euro; that would be interpreted as a nasty betrayal of the much-lauded “European project.”

What the trade picture unveils is the reason for Germany’s hardball with Greece: either you surrender, completely, or you leave the euro. What Germany wants is to keep a partnership with France and dominate Eastern Europe as an economic satellite, relying on Poland. So expect Greece, Spain, Portugal and Italy to face a German wall of intransigence. So much for European “integration,” it works as long as Germany dictates all the rules.

The spanner in the works is that the double fiasco Greece + Ukraine has been exposing. Berlin as an extremely flawed European hegemon – and that’s quite an understatement. Berlin suddenly woke up to the real, nightmarish possibility of a full blown, American-instigated war in Europe’s eastern borderlands against Russia. No wonder Angela Merkel had to fly to Moscow in a hurry.

Moscow – diplomatically – was the winner. And Russia won again when Turkey – fed up with trying to join the EU and being constantly blocked by, who else, Germany and France – decided to pivot to Eurasia for good, ignoring NATO and amplifying relations with both Russia and China.

That happened in the framework of a major ‘Pipelineistan’ game-changer. After Moscow cleverly negotiated the realignment of South Stream towards Turk Stream, right up to the Greek border, Putin and Greek Prime Minister Tsipras also agreed to a pipeline extension from the Turkish border across Greece to southern Europe. So Gazprom will be firmly implanted not only in Turkey but also Greece, which in itself will become mightily strategic in European ‘Pipelineistan’.

So Germany, sooner or later, must answer a categorical imperative – how to keep running massive trade surpluses while dumping their euro trade partners. The only possible answer is more trade with Russia, China and East Asia. It will take quite a while, and there will be many bumps on the road, but a Berlin-Moscow-Beijing trade/commercial axis – or the “RC” in BRICS meet Germany – is all but inevitable.

And no, you won’t read that in any wacky US ‘Think Tankland’ “forecast.”

Pepe Escobar is the author of Globalistan: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War (Nimble Books, 2007), Red Zone Blues: a snapshot of Baghdad during the surge and Obama does Globalistan (Nimble Books, 2009).  His latest book is Empire of ChaosHe may be reached at pepeasia@yahoo.com. This piece first appeared in RT.

mardi, 24 février 2015

India le da la espalda a Francia: no comprarán los 126 cazabombarderos Rafale

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India le da la espalda a Francia: no comprarán los 126 cazabombarderos Rafale Ex: http://www.elespiadigital.com

El Ministerio de Defensa de la India no comprará como tenía previsto 126 cazabombarderos multifuncionales Rafale de fabricación francesa, revela el diario 'Business Standard'. Para compensar el déficit, Nueva Delhi ampliará su colaboración con Rusia, pronostica el rotativo.

La transacción entre la compañía productora Dassault Aviation y el Ministerio de Defensa de la India está "efectivamente muerta", comunica Business Standard haciendo referencia a fuentes propias anónimas en el Ministerio indio de Defensa. Al conocerse finalmente los detalles de la propuesta que en su momento había ganado una licitación estatal, la cifra resultó mucho más elevada de lo considerado inicialmente.

"Oficiales del Ministerio de Defensa sin experiencia apropiada, teniendo a su disposición solo datos incompletos y superficiales proporcionadas por Dassault, habían considerado incorrectamente que los Rafale eran los más baratos. Ahora, después de tres años de negociaciones, cuando se ha logrado obtener cifras claras de los franceses, resulta que la India tendría que pagar mucho más de lo que se había calculado inicialmente", revela un miembro del Comité de Negociaciones del Contrato en declaraciones recogidas por Business Standard.

El propio Ministerio de Defensa de la India se niega a realizar comentarios oficiales al respecto. Dassault, por su parte, evita emitir señales de alarma: asegura que está avanzando con el contrato. Sin embargo, el rotativo insiste en el distanciamiento de Nueva Deli respecto a los Rafale y pone como evidencia un reciente comunicado ministerial de prensa. El documento que el periódico califica de "inusual" fue emitido el sábado para desmentir la posibilidad de que el primer ministro Narendra Modi volase a bordo de un Rafale durante la exposición Aero India 2015 que tiene lugar esta semana en Bangalore.

El fracaso de Dassault supondrá más contratos con Rusia, pronostica 'Business Standard'. Para aumentar el número de sus escuadrones desde los actuales 35 a los 45 programados (con 18 cazas en cada uno), la Fuerza Aérea India no solo puede ampliar su flota de Sukhoi-30MKI que está construyendo a partir de una licencia rusa, sino también intensificar el desarrollo del FGFA, el proyecto conjunto de cazas de quinta generación derivado del original ruso T-50 (PAK FA).

mercredi, 11 février 2015

Arctic Resources to Boost Russia’s Pivot to Asia

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Arctic Resources to Boost Russia’s Pivot to Asia

 
The West is not the only global player to have its eyes on Asia. Russia is looking to become a key energy supplier for the Chinese and Indian markets and will use its Arctic gas to do so.
 
Global energy markets in deep transition
 
Russia is looking at diversifying its oil and gas exports which have so far mostly targeted the European market. Additionally, the recent tensions with the West, followed by economic sanctions, and the slow-down of Europe’s economy have made it necessary for the Kremlin to find new recipients for its oil and gas exports.
 
According to recent estimates, by 2050, emerging markets will account for 70 percent of the world trade. The Pacific pivot of the world’s main economies is quietly taking shape, and the Kremlin is jumping on the bandwagon.
 
Russia and India together in the Arctic
 
Last month, Gazprom Marketing & Trading Singapore (GM&T) and Yamal Trade entered a long-term contract for liquefied natural gas (LNG) supply. And most of the gas will be delivered to India. According to Gazprom’s website, the contract will be effective for over 20 years and provide an annual supply of 2.9 million tons of LNG. Although the price of the contract has not been announced yet, it will be determined using the formula with oil indexation, the news report says.
 
What is interesting in this deal is that Russia will be using its Arctic resources to supply a client for over 20 years. Beyond being another solid evidence of the «Indo-Pacific» pivot, this move teaches us two important things. First, that discussions about dropping Arctic oil and gas projects are somewhat moot and second, that long-term economic development of the Arctic is underway.

Analysis

First, some context. Let’s look at the actors involved in Russia’s energetic pivot to Asia. GM&T is a wholly owned subsidiary of the Gazprom group. It has five offices around the world, including one in Singapore established in 2010, focusing mainly on trading LNG.
 
Yamal Trade, a subsidiary of Yamal LNG founded in 2006 and headquartered in Moscow, offers LNG exploration and production services, such as the engineering and designing of the Sabetta onshore LNG facility. The construction of the Sabetta port in the Yamal peninsula started in 2012, and it comes as no surprise that the port is designed to facilitate shipments of LNG to the Asia-Pacific region.
 
The contract signed last month did not happen overnight. The deal is the result of lengthy talks and it took years for the Russian-Indian partnership to develop and mature.
 
In October 2013, Indian state-owned oil company Oil and Natural Gas Corporation (ONGC) expressed its interest in partnering with Russia to explore for oil and gas in Russia’s Arctic waters. Officials from the two countries met and discussed the possibilities for exporting Russian gas to India via pipeline.
 
A few months later, in January 2014, Russia’s Energy Ministry unveiled a draft plan to at least double its oil and gas flows to Asia over the next 20 years. In 2013, only 16% of the total Russian oil and gas exports was sent to Asia. But by 2035, the Kremlin’s goal is to raise gas exports to Asia from 6% to 31%.
 
Then, in May 2014, it became public that GM&T and Yamal Trade signed an agreement to supply up to 3 million tons of LNG, and already, India was to be the main recipient. The press release stressed that LNG would be delivered under «FOB» terms. FOB stands for «free on board», meaning that «the individual or organization buying the goods is responsible for freight costs/liability». The LNG would transit from Western Europe to Asia.
 
By the end of 2014, during the 20th Offshore South East Asia Conference and Exhibition (OSEA) in Singapore in December, Moscow’s top oil and gas officials announced that Russia would take Asia-Pacific countries as main partners in the oil and gas sector and highlighted the benefits of mutual cooperation. OSEA is «Asia’s leading business technology event for the oil and gas industry», explains the official website.
 
Russia’s economic policy statement represents a landmark in its energy policy history and will have consequences that stretch far beyond the simple business relationship established between the two countries.
 
A few days later the same month, during Putin’s visit to India, Putin declared he was ready to export LNG to India with the involvement of the ONGC in Arctic projects. According to the company’s website, ONGC is ranked as the top energy company in India, fifth in Asia and has a market value of 46.4 billion US dollars – against 99.9 billion US dollars for Gazprom in 2013.
 
Putin also specified that using a cross-country pipeline to export natural gas would be much more expensive than relying on shipping to sell it in its liquid form, LNG. In the end, it comes down to a “question of commercial feasibility”, Putin said.
 
With a booming economy and population, India was the fourth-largest energy consumer in the world in 2011, the EIA notes. And although coal is still its main source of energy, New Delhi is actively trying to reform its energy sector.
 
India is expected to start receiving LNG shipments as early as in 2017, Putin indicated during his state visit.
 
Years of negotiations between Moscow and New Delhi paved the way for the contract signed on January 23rd by GM&T and Yamal Trade. According to the terms of the contract, an annual supply of 2.9 million tons of LNG will be shipped to Asia, most of which will end up fuelling India’s fast-growing energy needs.
 
Implications for the future
 
Although some pushed for a halt in Arctic drilling, Russian Natural Resources Minister Sergey Donskoy’s statement this week is not shocking in any way. « No one has suggested that the oil production forecast [in the Arctic] should be reduced », the minister said.
 
The « Russindian » deal evidently illustrates the major ongoing transformations that are happening in the energy sector: the exploitation of resources in new areas, and the need for the world’s main energy suppliers to broaden their horizons in amending their export policies. To draw a parallel, one could argue that, to some extent, Russia is in a situation similar to the one of Canada. A situation where the traditional recipients for energy exports (the U.S and the E.U) no longer reflect stability and predictability, but rather waning economic partners.

SOURCE: The Arctic Monitor

samedi, 07 février 2015

Der vergessene Gigant

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Der vergessene Gigant

von Robin Classen

Ex: http://www.blauenarzisse.de

Gerne setzen Patrioten auf Russland oder China als Alternative zur nationalen und internationalen US-​Dominanz. Dabei gibt es einen weitaus besseren außenpolitischen Partner, meint Robin Classen.

In diesen Tagen blickt die Welt angespannt auf die Ukraine: Dort nimmt der Stellvertreterkonflikt zwischen Russland und den USA langsam wieder an blutiger Fahrt auf. Auch der IS steht weiter im Fokus des öffentlichen Interesses.

Die größte Demokratie der Erde

Etwas in den Hintergrund geriet jedoch der Besuch von US-​Präsident Barack Obamas in Indien Ende Januar. Es handelt sich um ein Land, dem geopolitisch auch in Deutschland viel zu wenig Aufmerksamkeit geschenkt wird. Dabei ist Indien nicht nur eines der größten Länder der Welt, sondern beherbergt auch unvorstellbare 1,2 Milliarden Menschen. Es ist damit die größte Demokratie der Erde.

Im IT– und Pharmazie-​Sektor hat das Land längst internationale Spitzenqualität erreicht. Und auch anderweitig geht es seit dem langsamen Ausstieg aus dem Sozialismus bergauf: Indien gehört längst zu den zehn größten Volkswirtschaften der Erde. Kein Wunder also, dass Obama den Kreis seiner asiatischen Partnerländer – neben Südkorea und Japan – um das Riesenreich erweitern will. Bei den jetzigen Verhandlungen geht es vornehmlich darum, dass die USA gerne die veraltete russische Atomtechnik im Land ersetzen würden. Milliardenaufträge für US-​Unternehmen stehen im Raum.

Die USA und China werben um Indien

Auch im Anti-​Terror-​Kampf und vor allem bei der Verteidigung soll stärker kooperiert werden. Die Ausgaben für letztere wurden von der indischen Regierung gerade erst um 15 Prozent erhöht. Laut der Welt besitzt Indien zugleich die international größte Artillerie-​Streitmacht.

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Indien verspricht sich seinerseits von den USA Unterstützung bei dem Streben nach einem ständigen Sitz im UN-​Sicherheitsrat. Das würde eine enorme weltpolitische Aufwertung bedeuten. Doch China will ein Bündnis zwischen den USA und Indien unbedingt verhindern. Ihm allerdings Konflikte mit letzteren in Sri Lanka, Bangladesch und Nepal im Weg. China unterstützt beispielsweise die Regierung Sri Lankas im Kampf gegen die Tamilen. Es darf dafür einen weiteren Hafen in seine „Perlenkette“ aus geopolitisch und wirtschaftlich wichtigen Häfen einreihen – auch in Bangladesch steht mittlerweile einer.

Indien ist schon ähnlich eingekreist wie Russland von Seiten der NATO. Kein Wunder, dass sich die Sympathien zueinander in Grenzen halten. Zumal auch noch um eine indische Provinz gestritten wird, die China als Süd-​Nepal ansieht. Doch China will Indien nicht an die USA verlieren – und bot daher im September 2014 Investitionen im Umfang von 20 Milliarden Dollar an.

Nicht jeder Gegner der USA ist unser Freund

Angesichts dieser Ouvertüren von allen Seiten lehnt sich das seit 2014 unter dem Premierminister und Hindu-​Nationalisten Narendra Modi neu erstarkte Indien zurück und genießt. Für eine geopolitische Seite entscheiden wird sich das Land nicht so schnell. Das muss es auch gar nicht, solange die globalen Konfliktlinien nicht direkt vor der Haustür verlaufen. Indien hat zudem noch regional mit der islamischen, terrorgeplagten Atommacht Pakistan einen regionalen Gegner.

Von Deutschland aus halten sich die Offerten sowohl von der etablierten als auch von der alternativen Politik eher in Grenzen. Die Etablierten betreiben sowieso keine Geopolitik, sondern halten sich sklavisch an die von den USA vorgegebene Richtung. Andere – links wie rechts – sind der absurden Vorstellung verhaftet, die Auswüchse der US-​Außenpolitik seien nicht etwa die logische Konsequenz des Großmachtdaseins. Stattdessen meinen sie das Ergebnis einer von dunklen Kreisen herbeigeführten, besonderen Boshaftigkeit der USA zu erkennen. Jeder ihrer Gegner soll aus dieser abstrusen Perspektive automatisch unser Freund sein. Auf Grund dieser Denkweise blieb das eher neutrale Indien meist außen vor. Oder es wurde im holzschnittartigen Weltbild dieser Personen als chinesisches Anhängsel betrachtet.

Deutschland: In Indien sehr geschätzt

Für Anhänger eines neutralen, souveränen und ungebundenen Deutschlands als mitteleuropäischer Friedensmacht, wie ich es bin, ist das ebenfalls ungebundene Indien hingegen ein idealer Partner im asiatischen Raum. Gerade der Nationalist und Islamkritiker Modi ist ein Garant für eine positive Entwicklung des Riesenreichs und eine erfrischende, charismatische Gestalt auf der internationalen Bühne.

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Indien genießt zudem mit seinen Gurus, seiner reizvollen Kultur und deren Derivaten wie dem westlichen Entspannungs-​Yoga einen guten Ruf in Deutschland. Umgekehrt wird Deutschland auf Grund des gemeinsamen indogermanischen Erbes als Brudernation gesehen und für seine wirtschaftliche Potenz verehrt. Deutschkurse an zahlreichen Schulen erfreuten sich – bis zu ihrer Abschaffung zugunsten der Klerikersprache Sanskrit – größter Beliebtheit.

Die Voraussetzungen für eine vertiefte Zusammenarbeit wären also vorhanden. Wenn Deutschland sich aus den Fängen der USA befreien und dann nicht gleich wieder in die Russlands oder Chinas springen würde, sollten Berlin und Neu-​Delhi mal telefonieren. Dringend.

vendredi, 06 février 2015

RIC ou BRICS

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RIC ou BRICS

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Les deux ne sont pas incompatibles. Nous avons assez souvent présenté le BRICS ici pour ne pas revenir sur celui-ci, ni sur ses grands projets de dédollarisation, mise en place d'un Fonds monétaire et d'une Banque internationale BRICS.

Néanmoins dans l'immédiat, même si Dilma Rousseff, pour le Brésil, ne se retire en rien du BRICS, c'est le rapprochement Moscou, Pékin et New Dehli qui se précise. Nous pouvons donc parler de RIC. Or les éventuelles difficultés de coopération pouvant naitre d'une compétition entre la Russie, la Chine et l'Inde, semblent en voie de se résoudre. Une réunion entre les trois ministres des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, Wang Yi et Sushma Swaraj (la ministre indienne) tenue le 2 février paraît en témoigner.

Sur le plan politique, on retiendra que la Chine et l'Inde ont confirmé leur attitude de neutralité au sujet de l'Ukraine. Ceci peut paraître un peu décevant pour Moscou, mais au contraire a été perçu comme positif, le reste de la « communauté internationale » incarnée par les Etats-Unis et les pays de l'Otan souhaitant une condamnation de la Russie de la part des Chinois et des Indiens. La récente visite de Obama à New Dehli visait en partie à provoquer une telle condamnation.

Par ailleurs, l'Inde et la Chine ont soutenu l'initiative de la Russie de faire adopter à l'Onu une résolution sur le caractère inadmissible d'une ingérence dans les affaires intérieures des États, ainsi que sur le refus de reconnaître un coup d'État comme un moyen de changement de pouvoir. En outre, New Dehli et Pékin ont rejoint la position de Moscou concernant le caractère inadmissible de sanctions unilatérales.

Concernant le fond de la coopération au sein du RIC, Sergueï Lavrov et Wang Yi ont annoncé soutenir la volonté de l'Inde d'adhérer à l'APEC (Coopération économique en Asie-Pacifique) et l'OCS (Organisation de coopération de Shanghai). Mais le point le plus important est que le ministre chinois aurait convaincu les représentants de la Russie et de l'Inde du fait qu'au sein du RIC, la Chine n'entendait pas affirmer une suprématie qui aurait à terme conduit l'accord entre les trois parties à l'échec.

Wang Yi a entrepris de démontrer à ses homologues que le projet commercial et économique ambitieux de la Chine, dit de la Ceinture ou Nouvelle Route de la Soie, serait bénéfique pour la Russie et l'Inde. Jusque là, Moscou et New Dehli restaient méfiants à l'égard de ce programme, craignant que les tentatives de relier la Chine à l'Europe par une "ceinture économique" via l'Asie centrale et orientale puissent détériorer les positions de la Russie et de l'Inde dans la région.

Le BRICS et la Grèce

Bien sûr, tout cela sera à concrétiser, mais débattre ouvertement de ces questions et s'engager à les résoudre ne pourra que donner une plus grande autorité aux projet du BRICS résumés en introduction. Rappelons que pour les Etats-Unis, la concrétisation de ces projets sera considérée comme une menace majeure à l'égard de leurs intérêts au sein de la zone dollar. Il n'est pas exclu que pour les contrer, Washington recoure à des moyens militaires.

Pour l'Europe, ces projets représenteraient également une menace si cédant aux pressions américaines, elle persistait à se tenir à l'écart du BRICS. Il s'agirait au contraire d'une opportunité considérable si elle s'engageait dans un rapprochement euroBRICS que de plus en plus d'Européens avertis demandent.

Dans l'immédiat si le gouvernement grec Tsipras désirait renforcer sa position par une coopération même limitée avec la Russie, élargir cette coopération à l'échelle du BRICS constituerait un atout considérable. La Grèce est un nain économique au regard des pays du BRICS, mais elle pourrait devenir un géant diplomatique si elle se rapprochait résolument des géants du BRICS.

Jean Paul Baquiast

mardi, 27 janvier 2015

La puissante organisation dont personne ne parle: l'OSC

 

 

 

La puissante organisation dont personne ne parle: l'OSC

Auteur : The Wealth Watchman
Ex: http://zejournal.mobi

Le réel pouvoir fondateur derrière les BRICS.

Les BRICS, comme nous l’avons déjà traité par ailleurs, ont été formés en réponse à la fraude financière et aux malversations occidentales. Son plus grand objectif est de donner à l’Orient une véritable impulsion dans des domaines comme le commerce, les mesures de sécurité et la coopération économique, le tout au sein d’un cercle qu’eux seuls, et non Washington, peuvent contrôler.

Ils ont parcouru un long chemin en un court laps de temps, c’est vrai, mais ils sont encore « les petits nouveaux du quartier ». En fait, ils ne se sont même pas conceptualisés en tant qu’idée sérieuse avant Septembre 2006 ! Leur première rencontre officielle, sans l’Afrique du Sud, n’a été tenue qu’en 2009.

Cependant, il y a une autre organisation qui est apparue avant les BRICS et qui est encore plus influente qu’eux en quelque sorte! Une organisation dont les fondateurs ont fait naître en premier l’idée ouvertement pro-marchés émergents, tout comme les BRICS.

Cette organisation dont presque personne ne parle, est appelée l’ « Organisation de Coopération de Shanghai » (OCS).

Je vous avais dit que presque personne n’en parle! Laissez-moi vous présenter l’organisation la plus puissante aujourd’hui dont presque personne n’a entendu parler. Mais c’est pour bientôt!

L’histoire derrière sa fondation

Tout d’abord, l’OCS s’ést établi avant les BRICS, en fait, leurs fondations ont été posées une décennie plus tôt, en 1996. Le but de l’OCS est un peu différent de celui des BRICS, toutefois ils ont de nombreux objectifs parallèles. Tout d’abord, la création de l’OCS est l’idée d’une alliance partielle entre deux pays, la Russie et la Chine.

Pourquoi alors ont-ils été créés ?

C’est la vraie question. Afin de bien mettre nos têtes au clair sur ce sujet, faisons un rapide récapitulatif de l’histoire.

Au tout début des années 1990, lorsque l’Union Soviétique avait pratiquement perdu la guerre froide, de nombreuses garanties et traités ont été acceptés et signés, entre Gorbatchev et les États-Unis. L’un des principes directeurs était que la Russie accepte, afin de faire disparaitre pacifiquement l’Union Soviétique, que la nouvelle Allemagne Ouest et Est réunis, adhère à l’OTAN. Cependant, tout aussi important, en retour, la garantie avait été donnée au Ministre des Affaires Étrangères soviétique, Edouard Chevardnadze, que l’OTAN (une force militaire de dissuasion créée comme un contrepoids pour surveiller les forces soviétiques en Europe), n’utilise, en aucun cas, l’Allemagne pour faire un « saute mouton » et étendre sa composition plus à l’Est.

C’était un accord des plus raisonnable, et il constituait la base d’une grande paix … une paix qui aurait pu durer indéfiniment sans l’orgueil et l’arrogance de l’Ouest et des « banksters » mondialistes qui se sont hissés à sa tête. En fait, tout bêtement, le Dragon de la Banque a immédiatement commencé à revenir sur cette promesse fondamentale faite à la Russie, et a commencé à bâtir des plans pour étendre son alliance militaire de l’OTAN vers l’Est, vers le territoire russe.

La toute première admission publique faite par les mondialistes, montrant qu’ils visaient à rompre leurs promesses sur l’expansion de l’OTAN vers la Russie, fût faite par le président Clinton, en faisant un demi-tour complet en 1996. Par ailleurs, si vous vous souvenez, 1996 fût exactement l’année durant laquelle le groupe, qui deviendra l’OCS, a été formé (ce n’est pas une coïncidence).

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« Wile E. Brzezinski », Kissinger, et tous les magouilleurs de l’OTAN, ont immédiatement commencé à mettre leurs promesses dans la corbeille à papier! Dans tous les sens, et aussi vers l’Est, ils ont distribué des cartes d’adhérents à l’OTAN, à tout le monde et même à leurs animaux de compagnie!

La Hongrie, la République tchèque, la Pologne et même d’anciens satellites soviétiques, comme les pays baltes, ont été admis. Plutôt que de tenir leur promesse de ne pas étendre l’OTAN, ils ont carrément doublé le nombre d’adhérents, passant de 12 à 24 États! A l’heure actuelle, ils sont 28 membres. Ils sont même allés jusqu’à mettre quelques bases navales en Asie centrale.

Le principe élémentaire des ces traités a été violé, et Washington DC s’est mit en mouvement pour encercler militairement la Russie, pour mettre des « systèmes de défense antimissile » en place autour de leurs frontières. Tout cela a été accompli au cours d’une planification de pivot vers l’Asie, et même d’un déplacement vers les républiques d’Asie centrale. Le pouvoir vacant que l’Empire Soviétique en ruine avait laissé, allait bientôt être comblé par Brzezinski et les mondialistes occidentaux.

Quelque chose devait être fait pour contenir les agressions des États-Unis et de l’OTAN, et rapidement.

L’Orient Répond

La Russie et la Chine savaient ce que signifiait l’annonce du président Clinton sur les nouvelles adhésions à l’OTAN, et se sont immédiatement mis au travail. Dans la même année, ils ont mit en place une organisation, dans la ville de Shanghai, connue sous le nom de « Shanghai Five », car il avait cinq États membres à ses débuts. Plus tard, en 2001, avec l’admission de l’Ouzbékistan, il a été rebaptisé l’Organisation de Coopération de Shanghai.

Jetons un coup d’œil à la brève description que Wikipédia lui donne dans leur introduction: L’OCS est une organisation politique, économique et militaire eurasienne qui a été fondée à Shanghai par les dirigeants de la Chine, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de la Russie et du Tadjikistan.

Arrêtons nous là un moment. Rappelez-vous les pays que nous avons examinés et que « Wile E. Brzezinski » avait désigné dans « Le Grand Échiquier » comme clés pour contrôler l’Eurasie? Oui, il s’agissait de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Turkménistan, etc. Il semble que la Russie et la Chine avaient un accord avec M. Brzezinski, sur la question de leur importance stratégique, parce que, dès l’instant où ils ont su que les promesses de l’OTAN étaient nulles et non avenues, ils ont commencé à bouger pour fermer l’Ouest par ce couloir particulier de façon définitive.

Ses six États membres couvrent 60% de la masse continentale de l’Eurasie, sans oublier de mentionner qu’ils représentent l’énorme quart de la population mondiale!

Cependant, si vous incluez les États «observateurs», qui sont en lice pour une adhésion officielle, alors tous ceux qui sont affiliés à cette organisation comprendraient pas moins de 50% de la population mondiale!

Eh bien, bénissez-moi, si tout ceci n’avait pas été préparé de longue date! Les seules parties ignorées sont l’Asie du Sud, le Caucase, le monde arabe et l’Europe! Presque tout le monde en Asie centrale et méridionale est soit un membre, soit un «observateur» en l’état actuel des choses!

Parlons des «observateurs» …

L’adhésion à l’OCS

Une nation ne peut pas simplement décider de rejoindre l’OCS. Ce n’est pas comme cela que ça fonctionne. L’OCS soumet un candidat à un processus de «filtrage» avant de l’accepter comme nouveau membre.

La première étape pour devenir un membre, traditionnellement, est de demander le « statut d’observateur ». Ensuite les membres tiennent une série de réunions de dialogue avec le demandeur, afin de déterminer si l’application de la nation serait un ajout positif au groupe. Le test décisif pour l’adhésion semble consister à savoir si l’application de la nation répondrait à quelque chose appelé « L’esprit de Shanghai ».

Dans leurs propres mots, pour satisfaire à « L’esprit de Shanghai », une nation candidate doit remplir ces caractéristiques : la confiance mutuelle, les avantages réciproques, l’égalité, la consultation, le respect de la diversité culturelle et la poursuite du développement commun.

Si un candidat ne peut pas répondre à la plupart ou la totalité de ces choses, il ne fait pas l’affaire. Afin d’être approuvé au « statut d’observateur », chacun des six pays membres doit vous donner le feu vert. Si le Tadjikistan pense que vous seriez un préjudice pour le groupe, alors ce que pensent la Chine et la Russie n’a pas d’importance: vous ne faites pas l’affaire! Il doit y avoir un accord unanime pour qu’un nouveau membre rejoigne les rangs.

La stratégie la plus évidente pour les États-Unis et l’OTAN ne serait-elle pas tout simplement de détruire cette nouvelle organisation de l’intérieur? Pourquoi ne rejoignent-ils pas tout simplement l’OCS, afin de contrecarrer toutes ses voix?

Les États-Unis ont déjà demandé le « statut d’observateur » à l’OCS! En fait, ils ont demandé il y a près d’une décennie, en 2006, et on leur a répondu « merci, mais non merci ».

Cela devrait cimenter, dans l’esprit de chacun, à quel point ils sont retranchés contre Washington et les élites occidentales.

Une organisation militaire

Toutefois, au cas où vous seriez tentés de penser que l’OCS est juste un groupe de gars « sympathiques », qui chantent « Kumbaya », et applique de la cire sur des propos de solidarité, de coopération et de commerce, détrompez-vous! Ne l’oublions pas, l’OCS n’est pas un « tigre de papier ». D’ailleurs, l’OCS a toujours été prévu pour des questions militaires depuis le début. Après tout, il a été construit pour offrir la sécurité aux frontières de ses États membres, à la fois contre le terrorisme et contre toute tentative de placer des systèmes de missiles autour de leur périphérie. C’était une réponse directe à l’empiètement de l’OTAN vers les frontières de la Russie.

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En fait, durant leur dernière réunion en Septembre, ils ont réaffirmé leur position catégorique à propos de tels comportements : « le renforcement unilatéral et illimité du système de défense antimissile par un quelconque État ou groupe d’états nuirait à la sécurité internationale et à la stabilité stratégique ».

Ils disent clairement à la fois à Washington et à l’OTAN, que de tenter de rajouter des systèmes de défense antimissile, serait considéré comme une menace directe à leur stabilité et à leur sécurité.

Mais, ils ne se sont pas contentés de simplement dire aux banquiers occidentaux de faire marche arrière, ils ont commencé à organiser certains exercices de guerre assez impressionnants. En fait, l’an dernier, ils ont tenu conjointement un exercice anti-terroriste qui a impliqué plus de 7000 soldats.

Comme vous pouvez le voir, ils ont clairement évolués du stade de « renforcement de la confiance » des premiers jours, vers une alliance militaire assurée et hautement synchronisée. Laquelle est capable de répondre rapidement aux menaces internes ou externes.

Le dernier recours des « banksters »

Cela a eu pour effet de terrifier les banksters. Après tout, leur truc habituel, depuis des siècles, a toujours été de «diviser pour régner». Ils ont été maîtres en la matière pour retourner les peuples et les nations les uns contre les autres, de sorte qu’ils puissent les manipuler et les contrôler, mais cette tactique « d’empêcher les barbares de se rassembler », à l’évidence ne fonctionne plus.

Puisque le pouvoir militaro/bancaire anglo-américain ne va sûrement pas s’en aller gentiment, ils se trouvent concrètement face à une seule option: essayer d’attirer l’un d’eux dans une guerre, avant que les concurrents arrivistes (OCS, BRICS, Eurasian Economic Alliance) ne puissent complètement se fondre ensemble. Si vous regardez tout autour, c’est exactement ce que vous verrez.

En essayant de lancer inutilement une guerre contre l’Iran (qui a le «statut d’observateur» à l’OCS), de renverser le gouvernement de l’Ukraine, et de tenter d’attirer la Russie dans une guerre dans la région du Dombass séparatiste, les États-Unis et Londres ont tenté d’entraver tout nouveau progrès de cette alliance résolument anti-dollar, anti-OTAN et anti-FMI.

Par ailleurs, en 2014, l’OCS a décidé de ne pas ajouter de nouveaux membres pour l’instant, bien qu’elle devait le faire. La raison est que l’OCS pensait que le fait que les banksters tentent d’attirer la Russie dans la guerre en Ukraine était si grave, que la majeure partie de la réunion de Septembre 2014 a porté sur l’élaboration d’un accord de paix sur cette situation.

En vérité, si vous voulez connaître les forces réelles derrière l’accord de Minsk, ne cherchez pas plus loin qu’un effort conjoint du Kremlin et l’OCS.

La tentative de mettre l’Ukraine toute entière hors des sentiers du commerce eurasien, n’a été que partiellement réussie. Après tout, l’Occident a perdu la Crimée, et à ce jour, a perdu le Dombass également. Cet échec à prendre la base navale russe de la mer noire, et à attirer la Russie dans un engagement, a fait grincer les dents de Wile E. Brzezinski et de ses marionnettistes mondialistes. Si vous ne me croyez pas, il suffit d’écouter cette interview avec le « coyote » lui-même (https://www.youtube.com/watch?v=IrRPZ6CBvPw). Il est plus bouleversé que je ne l’ai jamais vu, et il a pourtant donné beaucoup d’interviews au cours des 6 derniers mois.

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Conclusion

« Wile E. Brzezinski » et les puissants « banksters » occidentaux sont désespérés et paniqués , en regardant, impuissants, leur plus grande crainte se dérouler devant eux. Une alliance eurasienne viable est en train de devenir réalité.

Dans cette nouvelle réalité, leurs anciens mécanismes de contrôle (le prêt à intérêt et l’esclavage par la dette du FMI et de la Banque Mondiale, ainsi que les incursions de « sécurité » des États-Unis et de l’OTAN) seront à la fois importuns et sans pertinence.

Le monde ne veut plus de leurs « services » voyous. Après tout, ils peuvent subvenir à leur propre sécurité!

Le monde n’a jamais eu besoin de cette drogue dette/monnaie des banksters, et grâce à la Banque des BRICS et d’autres mécanismes, ils vont bientôt avoir tout le capital dont ils ont besoin pour s’attaquer à leurs défis, libéré du contrôle de la Banque Dragon.

Les BRICS ont un énorme pouvoir, mais ils ont toujours été l’extension économique d’une précédente alliance militaro/sécuritaire, l’OCS. Jusqu’à ce point, l’OCS a préféré que les BRICS soient le visage public de l’alternative à la domination occidentale, mais l’OCS cherche à commencer à monter sur le devant de la scène, aux côtés des BRICS.

Tout cela conduit à des conjectures concernant une information récente qui a fait l’effet d’une bombe.

Est-ce que quelqu’un d’autre se souvient de l’annulation du South Stream, le gazoduc qui devait s’écouler à travers la Bulgarie et en Europe?

Qui est désormais le principal bénéficiaire de ce pipeline de gaz naturel à la place de l’Europe ?

La Turquie, un «observateur» de l’OCS, et (dans mon esprit) le joueur asiatique clé, pas encore totalement admis à bord. L’Eurasie ne peut pas bien fonctionner sans ce pays « passerelle » qu’est la Turquie.

L’abandon du South Stream à travers l’Europe est une énorme affaire, et cela m’amène à me demander: est-ce le prix à payer pour convaincre la Turquie (également membre-clé asiatique de l’OTAN) de changer de camp d’Ouest en Est? Seront-ils bientôt l’État surprise, qui passera de pays «observateur» de l’OCS, à membre à part entière au vote en 2015?

En outre, s’il devait rejoindre pleinement l’OCS, deviendrait-il le premier grand membre de l’OTAN … à quitter l’OTAN?

Cependant, qu’il soit inclus parmi les membres en 2015 ou non, une chose est certaine, ces nouvelles organisations de l’Eurasie sont en train de changer l’histoire si vite, que cela dépasse l’entendement. Le 21ème siècle ne ressemblera en rien à ses prédécesseurs. L’Asie (et progressivement l’Europe) semble être désireux de créer un monde nouveau, libéré des banksters « US/UK » et de leur contrôle militaire.

A quoi ressemblera la terre, une fois que tout le monde se sera rendu compte que la «nation indispensable» a toujours été complètement dispensable?

Enfin, qu’arrivera-t-il au dollar américain, et à ceux dont la richesse repose sur lui, une fois que cette nouvelle puissance mondiale sera prête à l’abandonner entièrement (comme ils le feront très certainement)?

Depuis plus d’un siècle, les banques occidentales ont volé la richesse et le destin des plus anciens, des dynasties de l’Est, et maintenant les peuples et les pouvoirs qui y sont situés, ont formé un partenariat aux dents solides pour une coopération sur leurs intérêts communs.

Désolé « Wile E. Brzezinski » et les amis mondialistes mais votre rêve de garder l’Eurasie divisée et sous votre pouce est bouleversé !


- Source : The Wealth Watchman

lundi, 29 décembre 2014

Le yuan et la roupie soutiendront le rouble

Le yuan et la roupie soutiendront le rouble

Auteur : Konstantin Garibov
Ex: http://zejournal.mobi

Le gouvernement indien élabore un scénario du renoncement à l'utilisation du dollar et de l'euro dans les régements avec la Russie. Il est prévu d'utiliser très prochainement les roubles et les roupies dans les échanges commerciaux entre la Russie et l'Inde.

Les exportateurs indiens insistent sur cette solution. « Nous n'avons pas de temps pour une longue attente : la chute du rouble nuit aux exportations indiennes car les règlements se font en dollars ». C'est ce qu'a déclaré Adjai Sakhaï, directeur général de la Fédération des exportateurs indiens (FIEO). « Tous les règlements commerciaux peuvent être effectués en roupies », - affirme Adjai Sakhaï.

Les businessmen chinois proposent la même chose – de passer aux règlements en yuans. Andrei Ostrovski, expert de l'Institut de l'Extrême-Orient, croit que l'essentiel, ce n'est pas le rouble, mais la Russie.

« Les deux pays ont intérêt à développer les liens économiques et commerciaux avec elle. Il est de plus en plus difficile de le faire avec le dollar. Le cours du rouble a chuté. Alors, pour la Chine et pour l'Inde, les exportations deviennent problématiques. La Russie a intérêt à exporter, non à importer. Alors, l'Inde et la Chine ont du mal à poursuivre les exportations en Russie. Lorsque le cours du rouble baisse, il vaut mieux travailler avec la roupie et le yuan, puisque dans le cas des règlements en une autre monnaie, les exportateurs des produits en Russie subissent de grosses pertes. Cela amène à la majoration des prix de 10-15. »

Les propositions de renoncer aux dollars et euros dans les règlements avec la Russie ont été faites bien avant la chute du rouble. Les exportateurs indiens avaient des problèmes à cause de la baisse de demande de leurs produits aux Etats-Unis, de la récession industrielle au Japon et de la crise en Europe. Les exportateurs chinois connaissent, eux aussi, une baisse de demande sur les marchés étrangers. Alors, l'Inde et la Chine sont prêtes à soutenir le rouble, mais non sans intérêt pour elles-mêmes, croit Alexandre Salitski, l'expert de l'Institut IMEMO de l'Académie des Sciences de Russie.

« Ici, tout est assez simple. Les deux pays orientaux ont un intérêt à ce que leurs monnaies aient un statut international, régional. Les accords avec la Russie, y compris dans le cadre du BRICS, visent l'utilisation des monnaies nationales des trois pays dans les règlements entre les partenaires. A mesure que dans ces pays, certains secteurs de l'économie deviennent compétitifs à l'échelle globale, il est logique de passer à ce niveau dans les règlements. Seulement, ce n'est pas si simple et cela demande du temps. »

Le chef du Centre des études orientales de l'Académie diplomatique du MAE de Russie Andrei Volodine est certain que le renoncement au dollar dans les règlements est une tendance qui gagne du terrain.

Dans ce cas, le mécanisme est simple. Si les échanges commerciaux entre les économies émergeantes deviennent plus importants qu'avec les pays industrialisés, le dollar n'est plus nécessaire dans les règlements. Ce processus est lancé, il va croissant car plusieurs économies émergeantes souffrent à cause de l'utilisation de la monnaie américaine dans les règlements. Les accords de swap, c'est le premier moyen de passer aux règlements en monnaies nationales. L'Inde, la Chine, le Brésil commencent à les pratiquer.

Il y a un point important : malgré la chute du rouble, la Chine n'a pas demandé de corriger l'accod avec la Russie sur le swap yuan-rouble.

mardi, 25 novembre 2014

Eurasian consolidation and India's policy

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Eurasian consolidation and India's policy

By Zorawar Daulet Singh

Ex: http://www;atimes.com

Speaking Freely is an Asia Times Online feature that allows guest writers to have their say. Please click here if you are interested in contributing.

Since English geographer and geopolitician Halford Mackinder's published a Russia containment strategy disguised as a grand theory in 1904, the Eurasian heartland has been perceived by the Anglo-American world as a threat to its global position.

Ironically, as Mackinder was writing his paper, the heartland power, czarist Russia, was in its death throes - Japan's 1904-1905 naval victories in the Pacific had removed all illusions about Russia's status as a first-rate power.

Yet, within three decades, a revolutionary and industrializing.

Russia was emerging as a potential superpower. Stalin's crushing, albeit costly, annihilation of Hitler's Third Reich established the Soviet Union as the second global pole. China's own revolution, inspired and financed by Stalin's Russia, produced the first major consolidation of the Eurasian heartland.

Led by America, the West initiated a sustained grand strategy of countering this new force in world politics. Nicholas Spykman offered a theoretical precursor to this strategy in his 1942 book, America's Strategy in World Politics, which argued for America to project its strategic influence on the "Rimland" regions around the Soviet periphery.

Middle powers like India located on the Eurasian Rimland, however, reacted differently and consciously chose an approach that sought to maintain friendly and constructive ties with both these formidable blocs.

Despite some material costs, the overall developmental and security advantages of such an independent approach has never been credibly challenged. Indeed, this notion of sustaining a balance between the Atlantic and Eurasian worlds became an ingrained feature of Indian thinking and foreign policy practice.

During the interlude between 1991 and the resurgence of the Eurasian powers in the last decade, any notion of a balance between the two worlds became irrelevant. But the dramatic revival of the Eurasian world, and, its ongoing second phase of consolidation since the 1940s and 1950s, has revived the logic of balance in global geopolitics.

How should India view the contemporary alignment of Russia and China?

First, US policies have played an important part in driving Russia away from the West. But China's new post-Dengist identity as a great power seeking to improve its own bargaining equation with the US is also a factor in Beijing's outreach to Moscow.

As Gilbert Rozman of Princeton University perceptively notes, "Moscow and Beijing have disagreements about the future order they envision for their regions. But they agree that the geopolitical order of the East should be in opposition to that of the West."

Unlike the US, India has absolutely no problem with a stronger Russia, and, a Moscow buttressing its Asian identity. A Moscow-Beijing alignment, however, poses some challenges - although not nearly as serious as this development is for America's global position.

What are the implications of this global triangular development for India?

A modicum of a balance of power is a positive development for the overall international system. The short history of unipolarity leaves no doubt about the adverse impact of an unrestrained superpower on the lesser powers. As Russian President Vladimir Putin recently remarked, "The very notion of 'national sovereignty' has become a relative value for most countries."

While India shares some values with the West, such as a commitment to democracy and a liberal vision of a rule-based system, it finds that many Western norms on global governance and managing international security often contradict that liberal vision.

A challenge to Western predominance, and, certainly against its most unilateralist impulses, is not unwelcomed by the Indian strategic elite.

At the regional level, the rise of China is producing a variety of challenges: some evident, others still in flux. For example, China's evolving role beyond its core focus on East Asia is bringing new forms of Sino-Indian strategic interactions, especially in states that overlap the peripheries of India and China. Just as India is discovering the logic of multipolarity, smaller states in Southeast and South Asia are also recognizing the virtues of multiple options to advance their developmental and security interests.

The foreign policies of Vietnam and Sri Lanka exemplify this. Both these states have lived under Chinese and Indian power for most of their existence and are seeking opportunities to make new friends.

In the Sri Lankan case, it is primarily Indian apathy and lack of statecraft that has enabled Colombo to acquire more than the usual maneuvering space. In Vietnam's case, it is the sheer consequence of China's growing power that is impelling Vietnam to pursue multiple strategic partnerships. Ironically, it is Moscow that has assumed the leading role in modernizing Vietnam's military capabilities. For both India and China, the challenge is to ensure that their smaller neighbors remain at the very least non-aligned and sensitive to their respective concerns. India needs to re-discover a rich tradition of statecraft that had got subsumed in domestic instability and parochialism in recent decades.

Globally, India is facing an interdependent world but with the Atlantic and Eurasian great powers intensifying their competition over many issues and regions. Dmitry Trenin argues that the "US-Russian crisis" will spill over into a struggle waged "in the realms of geoeconomics, information, culture, and cyberspace".

The US and China are also competing for the future of an East Asian order but the high economic interdependence between China and its neighbors, and, China and the US (two-way trade in 2013 was US$562 billion) has made the game assume a more complex shape. But with Moscow and Beijing coordinating and backing up each other's core interests, the US ability to divide the Eurasian world has become severely constrained.

While the instinct for a balanced posture comes naturally to Indian policymakers, the pursuit of India's own interests has invariably been a more challenging endeavor. Indeed, this was always the most powerful critique of non-alignment: India got the meta-vision right but struggled with the micromanagement of its own interests and role. Yet, rather than focus on defining Indian interests clearly and sensibly, the contemporary discourse around Indian foreign policy typically revolves around challenging the meta-vision - by posing absurd questions such as 'will India will swing west or east?' This is the wrong analytical level to advance a debate on India's foreign policy.

Only once Indian interests are defined can India pursue and defend these. On core frontier issues, India has recognized it needs to manage its disputes by itself. No great power can solve these questions for India. Fortunately, nuclear conditions have obviated several scenarios of conflict escalation on India's frontiers. As a territorial status quo power, India's future challenge is managing its stalemates with China and Pakistan, and, exercising political will if opportunities for genuine border settlements arise.

But on several other fronts, the opportunity for constructing issue-based partnerships, often with different great powers, is becoming logical. For example, on climate change, Suresh Prabhu, a newly inducted minister in the government of Prime Minister Narendra Modi, has expressed a new realistic position where India cannot secure its interests by riding Chinese coat-tails, because the latter's capacity to assume responsibilities outpaces India's.

Prabhu remarked, "India and China must cooperate. But we must remember that India's interests are not the same as China's. …There is no way India could be asked to take the same kind of climate actions as China."

On developing a framework for cyber governance, India does not agree with the US position. In the July BRICS summit at Fortaleza, Modi noted, "BRICS countries, should take the lead in preserving cyberspace, as a global common good." On terrorism, beneath the veneer of a global consensus, India has found its partners have fleeting attention when it comes to operationalizing a shared revulsion for cross-border terrorism. On global finance, the gradual trend line towards a multiple reserve currency system with an internationalizing yuan offers benefits in terms of a less imbalanced and thus stable system, and, access to diverse forms of international capital.

On the maritime commons, India has common interests with big trading nations such as US and China, who all seek security of shipping lanes, even as India simultaneously seeks to shape the geopolitics on its own maritime frontiers, which are in proximity to international sea lines of communication.

On energy security, India seeks to leverage Western technological advantages when it comes to tapping non-conventional hydrocarbons but also has more durable interests with the energy rich powers such as Russia, Iran and Saudi Arabia. On pursuing new lines of communication to Eurasia, India has a long-term common interest with Iran and Russia, the two leading powers with the keys to access that space.

Although the accompanying rhetoric is still measured by Cold War standards, world politics is at an inflexion point where the fierce competition between the Atlantic and Eurasian worlds could fuel more global instability. The competition is a manifestation of a post-unipolar power transition with the great powers disagreeing on both the path towards a new equilibrium or what should be the normative design of a future world order. As Putin remarked at the Valdai Forum in October, "The goal of reaching global equilibrium is turning into a fairly difficult puzzle, an equation with many unknowns."

India needs a more sophisticated outlook and domestic conversation on global and regional affairs, and, the skill and poise to work constructively with a variety of great powers who appear unlikely to get along with each other for the foreseeable future.

Speaking Freely is an Asia Times Online feature that allows guest writers to have their say. Please click here if you are interested in contributing. Articles submitted for this section allow our readers to express their opinions and do not necessarily meet the same editorial standards of Asia Times Online's regular contributors.

Zorawar Daulet Singh is a research scholar at King's College London.

(Copyright 2014 Zorawar Daulet Singh)

vendredi, 24 octobre 2014

Alain Daniélou’s Virtue, Success, Pleasure, & Liberation

Alain Daniélou’s Virtue, Success, Pleasure, & Liberation

By Collin Cleary 

Ex: http://www.counter-currents.com

Alain Daniélou
Virtue, Success, Pleasure, and Liberation: The Four Aims of Life in the Tradition of Ancient India [2]
Rochester, Vermont: Inner Traditions, 1993.

danndex.jpgOne hears a great deal today about “multiculturalism,” and the multicultural society. We (i.e., we Americans) are told that ours is a multicultural society. But, curiously, multiculturalism is also spoken of as a goal. What this reveals is that multiculturalism is not simply the recognition and affirmation of the fact that the U.S.A. is made up of different people from different cultural backgrounds. Instead, multiculturalism is an ideology which is predicated on cultural relativism. Its proponents want to convince people that (a) all cultures are equally good, rich, interesting, and wholesome, and that (b) a multicultural society can exist in which no one culture is dominant. The first idea is absurd, the second is impossible.

The apostles of multiculturalism are moved less by a genuine desire to “celebrate diversity” than by a hatred for Northern European culture, which is the semi-official, dominant culture of America. Indeed, multiculturalists generally nurture the most naive and simplistic ideas of what a culture is. Their conception of “culture” is fixated at the perceptual level: culture is costume,music, dance, decoration, food. What is essential to culture, however, is a certain Weltanschauung: a view of the world, and of human nature. It is in their response to these world views that multiculturalists reveal their true colors, for they tolerate and permit only those elements of a culture’s world view that do not conflict with liberal ideology.

Out of one side of their mouths, the multiculturalists tell us that one cannot judge a culture, that morality is culturally relative, that cultures are not better or worse, just “different,” and that we must revel in these differences. Thus, the English do not drive on the “wrong” side of the road, merely the left side. But when it’s not a matter of traffic laws, but a matter of severed clitorises, then the other, louder side of the multiculturalists’ mouths open, and they tell us that this sort of thing isn’t just different, it’s evil. In addition to this, one also sees that multiculturalism involves a relentless trivialization of important cultural differences. Thus, college students are encouraged to see religion almost as a matter of “local color.” Isn’t it wonderful that the Indians cook such spicy food, and worship such colorful gods! Isn’t it all terribly charming? They are further encouraged to view religion as a thoroughly irrational affair. Rather than encouraging an appreciation for different faiths, what this produces is a condescending attitude, and resistance to taking the claims of religion seriously when they conflict with the “rational” agenda of modern liberalism.

Indeed, multiculturalism is so anti-cultural that one is tempted to see behind it an even deeper, more sinister agenda. Perhaps the whole idea is to deliberately gut the world’s cultures, reducing their differences to matters of dress and cuisine, and to replace those earthborn guts with a plastic, Naugahyde culture of secularism, scientism, and egalitarianism. Why? Because real, significant cultural differences make it very hard for our corporations to do business overseas and to sell their wares. Solution: homogenization masquerading as “celebration of diversity.” The multiculturalists are right when they declare that de facto, the United States is a multicultural society. But there has never been a multicultural society in the history of the world in which there was not one dominant culture which provided a framework allowing the others to co-exist. To the multiculturalist, the unacknowledged framework is modern liberalism. I will assume that I do not have to rehearse for my readers the many arguments for why modern liberalism is untenable as a long-term societal framework.Where should we look, then, for a framework for a multicultural society? Why not look to the Indian caste system? It was the caste system that allowed Aryan and non-Aryan to co-exist peacefully in India for centuries.

The liberals will immediately object that the caste system is oppressive and unjust. In Virtue, Success, Pleasure and Liberation, however, Alain Daniélou argues that the caste system is actually a supremely just and peaceful arrangement. It is just because it is built on a recognition of real human difference; a “celebration of diversity,” if you will. Aristotle held that justice is treating equals equally, and unequals unequally. If people are not the same, then it is a mistake to treat them as if they are. The caste system is built on the idea that some human beings are born to work, others to fight and lead, and others to pray. The caste system gives to each human being a place, a community, a code of ethics, and a sense of identity and pride. Daniélou points out that although the system involves hierarchy, each level of the hierarchy is regarded as intrinsically valuable and as essential. Each plays a role that is regarded as important and indispensable. Thus, it is the caste system which truly affirms that different groups are merely different, not better or worse.

Is Daniélou whitewashing the caste system? Consider the words he quotes from the Mahabharata: “There is no superior caste. The Universe is the work of the Immense Being. The beings created by him were only divided into castes according to their aptitude.” But what of individuals born to the wrong caste? For example, what of a child born to the merchant class who shows aptitude to be a priest or scholar? Such things happen. Daniélou tells us that exceptional individuals are allowed to live “outside” the caste system, and are accepted as valuable members of the society as a whole. Modern society is structured on the premise that everyone is exceptional and can make up his mind what he wants to do. Given that sort of freedom, most people get lost — as witness the modern phenomenon of the “slacker,” or the flotsam and jetsam going in and out of psychiatrists’ offices every day.

Despite what I have said, this book is not a treatise on the caste system, but on the four things that all human lives must possess or achieve in order to be complete. In discussing virtue, success, pleasure, and liberation, Daniélou quotes extensively from ancient Indian texts, offering us an abundance of excellent advice about how to understand life and to live well. Indeed, this is really a book about how to lead a truly human life. Daniélou places the four aims in a cosmic context, showing how the same fourfold division is present in all levels of reality. It is present, of course, in the four castes (worker/artisan, producer/merchant, warrior/aristocrat, priest/scholar), and in the four stages of biological development (childhood, youth, maturity, old age), the four seasons, the four elements, the four races of humanity (black, yellow, red, white), the cycle of ages (yugas), the four bodily functions (digestion, assimilation, circulation, excretion), and the four points of the compass (in this order, significantly: south, east, west, north).

This is an excellent companion volume to Daniélou’s The Myths and Gods of India [3].

Source: Tyr, vol.. 1 (Atlanta: Ultra, 2002).

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/10/virtue-success-pleasure-liberation/

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/10/Virtue.jpg

[2] Virtue, Success, Pleasure, and Liberation: The Four Aims of Life in the Tradition of Ancient India: http://www.amazon.com/gp/product/B005IQ6AVY/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=B005IQ6AVY&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=2SMLM6Q3BGWZDR7W

[3] The Myths and Gods of India: http://www.amazon.com/gp/product/B005PQUZ3G/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=B005PQUZ3G&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=7R45BK5EQM4HKVC3

Alain Daniélou’s The Myths & Gods of India

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Alain Daniélou’s The Myths & Gods of India

By Collin Cleary

Ex: http://www.counter-currents.com

Alain Daniélou
The Myths and Gods of India [2]
Rochester, Vermont: Inner Traditions, 1991.
(Originally published as Hindu Polytheism by Bollingen Foundation, New York, 1964.)

Typically, those who profess an interest in what might be called “Indo-European spirituality” gravitate toward either the Celtic or Germanic traditions. The Indian tradition tends to be ignored. In part, this is because present-day Indians seem so different from us. We think of their culture and philosophy as “Eastern,” as alien. Physically, the Indians look very different from those of European descent (though higher caste Indians tend to look very European, right down to lighter skin and hair, and sometimes blue eyes). But if we wish to rediscover the religion and traditions of our ancestors, what better place is there to begin than with India? The oldest Indo-European texts are the Vedas, after all. To be sure, it is hard to separate what comes from the ancient Aryans in Indian religion, myth, and mysticism, and what was contributed by the indigenous peoples conquered by the Aryans. But the same problem exists with respect to the Celtic and Germanic traditions. In addition, we know far more about the culture and religion of the ancient Aryans who invaded India, than we do about the culture and religion of the Celts and the Vikings. For one thing, more ancient texts survive in India. Therefore, anyone wishing to re-construct the “old ways” must become deeply immersed in all things Indian.

It is a cliche to state this in a review, but I write the following with total sincerity: if you read only one book on Hinduism, it must be Daniélou’s Myths and Gods of India. Indeed, it is hard to imagine why one would need to read any other. Danielou’s account of Hinduism is exhaustive, profound, and detailed. The book contains, first of all, cogent arguments on behalf of polytheism.

It details the Indian cosmogony and cosmology; the nature of Space, Time, and Thought; the nature of Brahman and Maya. Daniélou gives a complete description of every major Hindu divinity in terms of his or her function, myths, and symbolism. He details the minor gods and genii. He discusses the theory behind Mantras and Yantras. There is even extensive coverage of ritual, and the manner in which the gods must be worshiped. Alain Daniélou was born in 1907 in Paris. He was a true Renaissance man, trained in music, painting, and dance. He gave recitals and exhibited his paintings. Daniélou was also an avid sportsman: a canoeing champion, and an expert race-car driver.

He was also homosexual. Daniélou and his gay lover ventured to India, traveling around in a deluxe, Silverstream camper imported from southern California, photographing erotic sculpture. They later settled down in a Maharajah’s estate on the banks of the Ganges and devoted themselves to Sanskrit, Hinduism, music, and entertaining. Daniélou gradually “went native” and stayed in India many years. In time, he became known throughout the world as an authority on Indian music and culture. He published works dealing with Hindu religion, society, music, sculpture, architecture, and other topics. It was Daniélou, more than anyone else, who was responsible for popularizing Indian music in the West (among other things, he was the “discoverer” of Ravi Shankar). Daniélou died in 1994.

The Myths and Gods of India is a delight to read, but it can also be treated as a reference work for those needing a clear and accurate account of various gods or Hindu religious concepts. For the student of Inda-European culture, the book is a treasure trove. Indeed, those who are familiar with the Inda-European comparativist school of Georges Dumézil, Jaan Puhvel, and others, will get the most out of this book. I will offer a few brief examples here.

Daniélou writes on page 27 that “Human beings, according to their nature and stage of development, are inclined toward . . . different aspects of the Cosmic Being. Those in whom consciousness is predominant worship the gods (deva); those in whom action or existence predominates worship genii (yaksha) and antigods (asura); and those in whom enjoyment or sensation predominates worship ghosts and spirits (bhuta and preta).” This suggests, of course, the Inda-European tripartition identified by Dumézil. On page 66 we learn that Soma was “brought to earth by a large hawk,” just as Odin, in the form of an eagle, brought mead to the JEsir. On page 87 we are told that “The earth is also represented as a goddess, or as a cow that feeds everyone with her milk. She is the mother of life, the substance of all things.” What can this remind us of, except the Norse Audumla?

There also seem to be parallels between Agni (the god of fire) and Loki. Like Loki, Agni is an outcast among the gods. Daniélou tells us further that, “The fire of destruction, Agni’s most fearful form, was born of the primeval waters and remains hidden under the sea, ever ready to destroy the world” (p. 89). This is reminiscent of the Midgard Serpent, the progeny of Loki. Page 151:
“When Vishnu sleeps, the universe dissolves into its formless state, represented as the causal ocean. The remnants of manifestation are represented as the serpent Remainder (Sesa) coiled upon itself and floating upon the abysmal waters.”

Daniélou tells us (p. 92) that “the sun . . . is envisaged [by the Hindus] under two aspects. As one of the spheres, one of the Vasus, the physical sun is the celestial form of fire, of agni. As the source of light, of warmth, of life, of knowledge, the solar energy is the source of all life, represented in the twelve sons-of-the-Primordial-Vastness (Adityas), the twelve sovereign principles.” In Futhark (pp. 51-52), Edred Thorsson tells us that “The sun was known by two special names in the North . . . Sol represents the phenomenon, while sunna is the noumenon, the spiritual power residing in the concept.” Also, the “twelve sons-of-the-Primordial-Vastness” immanent within the solar energy must remind us of the twelve sig-runes that make up the Wewelsburg “sun-wheel” of Karl Maria Wiligut.

Page 99: “When the gods were receiving the ambrosia of immortality, the Moon [Soma; equivalent to Mead] detected the anti-god Rahu disguised as a god. Because of the Moon Rahu had to die, but although his head was severed from his body, he could not truly die, for he had tasted the ambrosia. His head remained alive.” Mimir?

Page 103: “Rudra, the lord of tears, is said to have sprung from the forehead of the Immense-Being (Brahma) and, at the command of that god, to have divided himself into a male form and a female form . . . “Athena?

Page 103: “The Maruts (immortals) are a restless, warlike troupe of flashy young men, transposition in space of the hordes of young warriors called the marya (mortals). . . . They are the embodiment of moral and heroic deeds and of the exuberance of youth.” Maruts = Einherjar; Marya = Indo-European Männerbünde. Page 104: “The Maruts are the friends of Indra, the wielder of the thunderbolt . . .” Thor? Page 110: Indra’s thunderbolt is “shaped like a mace … ”

Page 111: “Indra had been the deity worshiped among the pastoral people of Vraja.” Again, just as Thor was.

Page 118: Varuna “is the ruler of the ‘other side,’ of the invisible world.” He is “said to be an antigod, a magician.” Odin? Page 119: “He catches the evildoers and binds them with his noose.” Criminals sacrificed to Odin were hung. Varuna also “knows the track of birds in the sky,” just as Odin knows the track of Huginn and Muninn.

Page 132: The god of death is named Yama, which means “Twin” (Ymir). “Yama’s brother is the lawgiver, Manu, who shares with him the title of progenitor of mankind.” Yama “owns two four-eyed dogs with wide nostrils . . . They watch the path of the dead.” What can this remind us of except the Greek hellhound, Cerberus?

Page 138: “In contrast to the gods, the antigods [asura] are the inclinations of the senses which, by their nature, belong to the obscuring tendency, and which delight in life, that is, in the activities of the life energies in all the fields of sensation.” This is an accurate description of the Norse Vanir. Asura is cognate with Aesir, so, oddly enough, the term shifts meaning either in the Norse or the Indian tradition.

Page 159: The four ages (yugas) are represented as white (the golden age), red, yellow, and black (the dark age). The stages of the alchemical process (as represented in the West) are black, white, yellow, and red.

Pages 243-45 detail the Upanishadic account of creation out of the primal man Purusha: “He desired a second. He became as large as a woman and man in close embrace. He divided himself into two. From him arose a husband and a wife. Hence it is that everyone is but half a being. The vacant space is filled by a wife.” This is extraordinarily similar to the account of the creation of
men and woman given by Aristophanes in Plato’s Symposium. The world is then created out of Purusha’s body-just as the world is created out of Ymir’s body in Norse myth. “The virile member was separated; from this virile member came forth semen and from semen the earthly waters.” This is identical to the account of the creation of the ocean in the Greek myth of the sacrifice of Ouranos by Kronos.

The account of the hero Kumara/Skana (pp. 297-300) is strikingly like the saga of Sigurd, and also similar in some respects to the Parzival of Wolfram von Eschenbach. The “essences” (apsaras; pp. 304-305) are “water nymphs, eternally young women who are the courtesans and dancers of heaven.” Rhine Maidens? “They are depicted as uncommonly beautiful, with lotus eyes, slender waists, and large hips. By their languid postures and sweet words they rob those who see them of their wisdom and their intellect.” Sirens? “One can master them by stealing their clothes while they bathe. They choose lovers among the dead fallen on the battlefield.” Valkyries?

The above merely scratches the surface of this immensely rich text, which demands careful study and multiple readings.

 


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