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lundi, 11 janvier 2021

L'œil  du cyclone - Julius Evola, Ernst Jünger

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Luc-Olivier d'Algange:

L'œil  du cyclone

Julius Evola, Ernst Jünger

                                   « Comme Jack London, et divers autres, y compris Ernst Jünger à

                                   ses débuts, des individualités isolées se vouèrent à l'aventure, à

                                   la recherche de nouveaux horizons, sur des terres et des mers

                                   lointaines, alors que, pour le reste des hommes, tout semblait

                                   être en ordre, sûr et solide et que sous le règne de la science

                                   on célébrait la marche triomphale du progrès, à peine troublée

                                   par le fracas des bombes anarchistes. »

                                                                                                                       Julius Evola

                                    « Ta répugnance envers les querelles de nos pères avec nos grands

                                   pères, et envers toutes les manières possibles de leur trouver une

                                   solution, trahit déjà que tu n'as pas besoin de réponses mais d'un

                                   questionnement plus aigu, non de drapeaux, mais de guerriers, non

                                   d'ordre mais de révolte, non de systèmes, mais d'hommes. »

                                                                                                                         Ernst Jünger

On peut gloser à l'infini sur ce qui distingue ou oppose Ernst Jünger et Julius Evola. Lorsque celui-là avance par intuitions, visions, formes brèves inspirées des moralistes français non moins que de Novalis et de Nietzsche, celui-ci s'efforce à un exposé de plus en plus systématique, voire doctrinal. Alors que Jünger abandonne très tôt l'activité politique, même indirecte, la jugeant « inconvenante » à la fois du point de vue du style et de celui de l'éthique, Evola ne cessera point tout au long de son œuvre de revenir sur une définition possible de ce que pourrait être une « droite intégrale » selon son intelligence et son cœur. Lorsque Jünger interroge avec persistance et audace le monde des songes et de la nuit, Evola témoigne d'une préférence invariable pour les hauteurs ouraniennes et le resplendissement solaire du Logos-Roi. Ernst Jünger demeure dans une large mesure un disciple de Novalis et de sa spiritualité romane, alors que Julius Evola se veut un continuateur de l'Empereur Julien, un fidèle aux dieux antérieurs, de lignée platonicienne et visionnaire.

l-operaio-nel-pensiero-di-ernst-j-nger.jpgCes différences favorisent des lectures non point opposées, ni exclusives l'une de l'autre, mais complémentaires. A l'exception du Travailleur, livre qui définit de façon presque didactique l'émergence d'un Type, Jünger demeure fidèle à ce cheminement que l'on peut définir, avec une grande prudence, comme « romantique » et dont la caractéristique dominante n'est certes point l'effusion sentimentale mais la nature déambulatoire, le goût des sentes forestières, ces « chemins qui ne mènent nulle part » qu'affectionnait Heidegger, à la suite d'Heinrich von Ofterdingen et du « voyageur » de Gènes, de Venise et d'Engadine, toujours accompagné d'une « ombre » qui n'est point celle du désespoir, ni du doute, mais sans doute l'ombre de la Mesure qui suit la marche de ces hommes qui vont vers le soleil sans craindre la démesure.

         L'interrogation fondamentale, ou pour mieux dire originelle, des oeuvres de Jünger et d'Evola concerne essentiellement le dépassement du nihilisme. Le nihilisme tel que le monde moderne en précise les pouvoirs au moment où Jünger et Evola se lancent héroïquement dans l'existence, avec l'espoir d'échapper à la médiocrité, est à la fois ce qui doit être éprouvé et ce qui doit être vaincu et dépassé. Pour le Jünger du Cœur aventureux comme pour le Julius Evola des premières tentatives dadaïstes, rien n'est pire que de feindre de croire encore en un monde immobile, impartial, sûr. Ce qui menace de disparaître, la tentation est grande pour nos auteurs, adeptes d'un « réalisme héroïque », d'en précipiter la chute. Le nihilisme est, pour Jünger, comme pour Evola, une expérience à laquelle ni l'un ni l'autre ne se dérobent. Cependant, dans les « orages d'acier »,  ils ne croient point que l'immanence est le seul horizon de l'expérience humaine. L'épreuve, pour ténébreuse et confuse qu'elle paraisse, ne se suffit point à elle-même. Ernst Jünger et Julius Evola pressentent que le tumulte n'est que l'arcane d'une sérénité conquise. De ce cyclone qui emporte leurs vies et la haute culture européenne, ils cherchent le cœur intangible.  Il s'agit là, écrit Julius Evola de la recherche « d'une vie portée à une intensité particulière qui débouche, se renverse et se libère en un "plus que vie", grâce à une rupture ontologique de niveau. » Dans l'œuvre de Jünger, comme dans celle d'Evola, l'influence de Nietzsche, on le voit, est décisive. Nietzsche, pour le dire au plus vite, peut être considéré comme l'inventeur du « nihilisme actif », c'est-à-dire d'un nihilisme qui périt dans son triomphe, en toute conscience, ou devrait-on dire selon la terminologie abellienne, dans un « paroxysme de conscience ». Nietzsche se définissait comme « le premier nihiliste complet Europe, qui a cependant déjà dépassé le nihilisme pour l'avoir vécu dans son âme, pour l'avoir derrière soi, sous soi, hors de soi. »

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Cette épreuve terrible, nul esprit loyal n'y échappe. Le bourgeois, celui qui croit ou feint de croire aux « valeurs » n'est qu'un nihiliste passif: il est l'esprit de pesanteur qui entraîne le monde vers le règne de la quantité. « Mieux vaut être un criminel qu'un bourgeois », écrivit Jünger, non sans une certaine provocation juvénile, en ignorant peut-être aussi la nature profondément criminelle que peut revêtir, le cas échéant, la pensée calculante propre à la bourgeoisie. Peu importe : la bourgeoisie d'alors paraissait inerte, elle ne s'était pas encore emparée de la puissance du contrôle génétique et cybernétique pour soumettre le monde à sa mesquinerie. Dans la perspective nietzschéenne qui s'ouvre alors devant eux, Jünger et Evola se confrontent à la doctrine du Kirillov de Dostoïevski: « L'homme n'a inventé Dieu qu'afin de pouvoir vivre sans se tuer ». Or, ce nihilisme est encore partiel, susceptible d'être dépassé, car, pour les âmes généreuses, il n'existe des raisons de se tuer que parce qu'il existe des raisons de vivre.  Ce qui importe, c'est de réinventer une métaphysique contre le monde utilitaire et de dépasser l'opposition de la vie et de la mort.

Jünger et Evola sont aussi, mais d’une manière différente, à la recherche de ce qu'André Breton nomme dans son Manifeste « Le point suprême ». Julius Evola écrit: « L'homme qui, sûr de soi parce que c'est l'être, et non la vie, qui est le centre essentiel de sa personne peut tout approcher, s'abandonner à tout et s'ouvrir à tout sans se perdre: accepter, de ce fait, n'importe quelle expérience, non plus, maintenant pour s'éprouver et se connaître mais pour développer toutes ses possibilités en vue des transformations qui peuvent se produire en lui, en vue des nouveaux contenus qui peuvent, par cette voie, s'offrir et se révéler. » Quant à Jünger, dans Le Cœur Aventureux, version 1928, il exhorte ainsi son lecteur: « Considère  la vie comme un rêve entre mille rêves, et chaque rêve comme une ouverture particulière de la réalité. » Cet ordre établi, cet univers de fausse sécurité, où règne l'individu massifié, Jünger et Evola n'en veulent pas. Le réalisme héroïque dont ils se réclament n'est point froideur mais embrasement de l'être, éveil des puissances recouvertes par les écorces de cendre des habitudes, des exotérismes dominateurs, des dogmes, des sciences, des idéologies. Un mouvement identique les porte de la périphérie vers le centre, vers le secret de la souveraineté.  Jünger: « La science n'est féconde que grâce à l'exigence qui en constitue le fondement. En cela réside la haute, l'exceptionnelle valeur des natures de la trempe de Saint-Augustin et de Pascal: l'union très rare d'une âme de feu et d'une intelligence pénétrante, l'accès à ce soleil invisible de Swedenborg qui est aussi lumineux qu'ardent. »

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Tel est exactement le dépassement du nihilisme: révéler dans le feu qui détruit la lumière qui éclaire, pour ensuite pouvoir se recueillir dans la « clairière de l'être ». Pour celui qui a véritablement dépassé le nihilisme, il n'y a plus de partis, de classes, de tribus, il n'y a plus que l'être et le néant. A cette étape, le cyclone offre son cœur  à « une sorte de contemplation qui superpose la région du rêve à celle de la réalité comme deux lentilles transparentes braquées sur le foyer spirituel. » Dans l'un de ses ultimes entretiens, Jünger interrogé sur la notion de résistance spirituelle précise: « la résistance spirituelle ne suffit pas. Il faut contre-attaquer. »

Il serait trop simple d'opposer comme le font certains l'activiste Evola avec le contemplatif Jünger, comme si Jünger avait trahi sa jeunesse fougueuse pour adopter la pose goethéenne du sage revenu de tout. A celui qui veut à tout prix discerner des périodes dans les œuvres  de Jünger et d'Evola, ce sont les circonstances historiques qui donnent raison bien davantage que le sens des œuvres. Les œuvres se déploient;  les premiers livres d'Evola et de Jünger contiennent déjà les teintes et les vertus de ceux, nombreux, qui suivront. Tout se tient à l'orée d'une forte résolution, d'une exigence de surpassement, quand bien-même il s'avère que le Haut, n'est une métaphore du Centre et que l'apogée de l'aristocratie rêvée n'est autre que l'égalité d'âme du Tao, « l'agir sans agir ». Evola cite cette phrase de Nietzsche qui dut également frapper Jünger: « L'esprit, c'est la vie qui incise elle-même la vie ». A ces grandes âmes, la vie ne suffit point. C'est en ce sens que Jünger et Evola refusent avec la même rigueur le naturalisme et le règne de la technique, qui ne sont que l'avers et l'envers d'un même renoncement de l'homme à se dépasser lui-même. Le caractère odieux des totalitarismes réside précisément dans ce renoncement.

La quête de Jünger et d'Evola fond dans un même métal l'éthique et l'esthétique au feu d'une métaphysique qui refuse de se soumettre au règne de la nature. Toute l'œuvre de Jünger affirme, par sa théorie du sceau et de l'empreinte, que la nature est à l'image de la Surnature, que le visible n'est qu'un miroir de l'Invisible. De même, pour Evola, en cela fort platonicien, c'est à la Forme d'ordonner la matière. Telle est l'essence de la virilité spirituelle. Si Jünger, comme Evola, et comme bien d'autres, fut dédaigné, voire incriminé, sous le terme d'esthète par les puritains et les moralisateurs, c'est aussi par sa tentative de dépasser ce que l'on nomme la « morale autonome », c'est-à-dire laïque et rationnelle, sans pour autant retomber dans un « vitalisme » primaire. C'est qu'il existe, pour Jünger, comme pour Evola qui se réfère explicitement à une vision du monde hiérarchique, un au-delà et un en deçà de la morale, comme il existe un au-delà et un en deçà de l'individu.

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Lorsque la morale échappe au jugement du plus grand nombre, à l'utilitarisme de la classe dominante, elle paraît s'abolir dans une esthétique. Or, le Beau, pour Jünger, ce que la terminologie évolienne, et platonicienne, nomme la Forme (idéa) contient et réalise les plus hautes possibilités du Bien moral. Le Beau contient dans son exactitude, la justesse du Bien. L'esthétique ne contredit point la morale, elle en précise le contour, mieux, elle fait de la résistance au Mal qui est le propre de toute morale, une contre-attaque. Le Beau est un Bien en action, un Bien qui arrache la vie aux griffes du Léviathan et au règne des Titans. Jünger sur ce point ne varie pas . Dans son entretien séculaire, il dit à Franco Volpi: « Je dirai qu'éthique et esthétique se rencontrent et se touchent au moins sur un point: ce qui est vraiment beau est obligatoirement éthique, et ce qui est réellement éthique est obligatoirement beau. »

A ceux qui veulent opposer Jünger et Evola, il demeure d'autres arguments. Ainsi, il paraît fondé de voir en l'œuvre de Jünger, après Le Travailleur, une méditation constante sur la rébellion et la possibilité offerte à l'homme de se rendre hors d'atteinte de ce « plus froid des monstres froids », ainsi que Nietzsche nomme l'Etat. Au contraire, l'œuvre d'Evola poursuit avec non moins de constance l'approfondissement d'une philosophie politique destinée à fonder les normes et les possibilités de réalisation de « l'Etat vrai ». Cependant, ce serait là encore faire preuve d'un schématisme fallacieux que de se contenter de classer simplement Jünger parmi les « libertaires » fussent-ils « de droite » et Evola auprès des « étatistes ».

Si quelque vertu agissante, et au sens vrai, poétique, subsiste dans les oeuvres de Jünger et d'Evola les plus étroitement liées à des circonstances disparues ou en voie de disparition, c'est précisément car elles suivent des voies qui ne cessent de contredire les classifications, de poser d'autres questions au terme de réponses en apparence souveraines et sans appel. Un véritable auteur se reconnaît à la force avec laquelle il noue ensemble ses contradictions. C'est alors seulement que son œuvre échappe à la subjectivité et devient, dans le monde, une œuvre à la ressemblance du monde. L'œuvre  poursuit son destin envers et contre les Abstracteurs qui, en nous posant de fausses alternatives visent en réalité à nous priver de la moitié de nous-mêmes. Les véritables choix ne sont pas entre la droite et la gauche, entre l'individu et l'Etat, entre la raison et l'irrationnel, c'est à dire d'ordre horizontal ou « latéral ». Les choix auxquels nous convient Jünger et Evola, qui sont bien des écrivains engagés, sont d'ordre vertical. Leurs œuvres nous font comprendre que, dans une large mesure, les choix horizontaux sont des leurres destinés à nous faire oublier les choix verticaux.

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La question si controversée de l'individualisme peut servir ici d'exemple. Pour Jünger comme pour Evola, le triomphe du nihilisme, contre lequel il importe d'armer l'intelligence de la nouvelle chevalerie intellectuelle, est sans conteste l'individualisme libéral. Sous cette appellation se retrouvent à la fois l'utilitarisme bourgeois, honni par tous les grandes figures de la littérature du dix-neuvième siècle (Stendhal, Flaubert, Balzac, Villiers de L'Isle-Adam, Léon Bloy, Barbey d'Aurevilly, Théophile Gautier, Baudelaire, d'Annunzio, Carlyle etc...) mais aussi le pressentiment d'un totalitarisme dont les despotismes de naguère ne furent que de pâles préfigurations. L'individualisme du monde moderne est un « individualisme de masse », pour reprendre la formule de Jünger, un individualisme qui réduit l'individu à l'état d'unité interchangeable avec une rigueur à laquelle les totalitarismes disciplinaires, spartiates ou soviétiques, ne parvinrent jamais.

Loin d'opposer l'individualisme et le collectivisme,  loin de croire que le collectivisme puisse redimer de quelque façon le néant de l'individualisme libéral, selon une analyse purement horizontale qui demeure hélas le seul horizon de nos sociologues, Jünger tente d'introduire dans la réflexion politique un en-decà et un au-delà de l'individu. Si l'individu « libéral » est voué, par la pesanteur même de son matérialisme à s'anéantir dans un en-deçà de l'individu, c'est-à-dire dans un collectivisme marchand et cybernétique aux dimensions de la planète, l'individu qui échappe au matérialisme, c'est-à-dire l'individu qui garde en lui la nostalgie d'une Forme possède, lui, la chance magnifique de se hausser à cet au-delà de l'individu, que Julius Evola nomme la Personne. Au delà de l'individu est la Forme ou, en terminologie jüngérienne, la Figure, qui permet à l'individu de devenir une Personne.       

9782844453501_1_75.jpgQu'est-ce que la Figure ? La Figure, nous dit Jünger, est le tout qui englobe plus que la somme des parties. C'est en ce sens que la Figure échappe au déterminisme, qu'il soit économique ou biologique. L'individu du matérialisme libéral demeure soumis au déterminisme, et de ce fait, il appartient encore au monde animal, au « biologique ». Tout ce qui s'explique en terme de logique linéaire, déterministe, appartient encore à la nature, à l'en-deçà des possibilités surhumaines qui sont le propre de l'humanitas. « L'ordre hiérarchique dans le domaine de la Figure ne résulte pas de la loi de cause et d'effet, écrit Jünger mais d'une loi tout autre, celle du sceau et de l'empreinte. » Par ce renversement herméneutique décisif, la pensée de Jünger s'avère beaucoup plus proche de celle d'Evola que l'on ne pourrait le croire de prime abord. Dans le monde hiérarchique, que décrit Jünger où le monde obéit à la loi du sceau et de l'empreinte, les logiques évolutionnistes ou progressistes, qui s'obstinent (comme le nazisme ou le libéralisme darwinien) dans une vision zoologique du genre humain, perdent toute signification. Telle est exactement la Tradition, à laquelle se réfère toute l'œuvre de Julius Evola: « Pour comprendre aussi bien l'esprit traditionnel que la civilisation moderne, en tant que négation de cet esprit, écrit Julius Evola, il faut partir de cette base fondamentale qu'est l'enseignement relatif aux deux natures. Il y a un ordre physique et il y a un ordre métaphysique. Il y a une nature mortelle et il y a la nature des immortels. Il y a la région supérieure de l'être et il y a la région inférieure du devenir. D'une manière plus générale, il y a un visible et un tangible, et avant et au delà de celui-ci, il y a un invisible et un intangible, qui constituent le supra-monde, le principe et la véritable vie. Partout, dans le monde de la Tradition, en Orient et en Occident, sous une forme ou sous une autre, cette connaissance a toujours été présente comme un axe inébranlable autour duquel tout le reste était hiérarchiquement organisé. »

Affirmer, comme le fait Jünger, la caducité de la logique de cause et d'effet, c'est, dans l'ordre d'une philosophie politique rénovée, suspendre la logique déterministe et tout ce qui en elle plaide en faveur de l'asservissement de l'individu. « On donnera le titre de Figure, écrit Jünger, au genre de grandeur qui s'offrent à un regard capable de concevoir que le monde peut être appréhendé dans son ensemble selon une loi plus décisive que celle de la cause et de l'effet. » Du rapport entre le sceau invisible et l'empreinte visible dépend tout ce qui dans la réalité relève de la qualité. Ce qui n'a point d'empreinte, c'est la quantité pure, la matière livrée à elle-même. Le sceau est ce qui confère à l'individu, à la fois la dignité et la qualité. En ce sens, Jünger, comme Evola, pense qu'une certaine forme d'égalitarisme revient à nier la dignité de l'individu, à lui ôter par avance toute chance d'atteindre à la dignité et à la qualité d'une Forme. « On ne contestera pas, écrit Julius Evola, que les êtres humains, sous certains aspects, soient à peu près égaux; mais ces aspects, dans toute conception normale et traditionnelle, ne représentent pas le "plus" mais le "moins", correspondent au niveau le plus pauvre de la réalité, à ce qu'il y a de moins intéressant en nous. Il s'agit d'un ordre qui n'est pas encore celui de la forme, de la personnalité au sens propre. Accorder de la valeur à ces aspects, les mettre en relief comme si on devait leur donner la priorité, équivaudrait à tenir pour essentiel que ces statues soient en bronze et non que chacune soit l'expression d'une idée distincte dont le bronze ( ici la qualité générique humaine) n'est que le support matériel. »

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Ce platonisme que l'on pourrait dire héroïque apparaît comme un défi à la doxa moderne. Lorsque le moderne ne vante la « liberté » que pour en anéantir toute possibilité effective dans la soumission de l'homme à l'évolution, au déterminisme, à l'histoire, au progrès, l'homme de la Tradition, selon Evola, demeure fidèle à une vision supra-historique. De même, contrairement à ce que feignent de croire des exégètes peu informés, le « réalisme héroïque » des premières œuvres de Jünger loin de se complaire dans un immanentisme de la force et de la volonté, est un hommage direct à l'ontologie de la Forme, à l'idée de la préexistence. « La Figure, écrit Jünger, dans Le Travailleur, est, et aucune  évolution ne l'accroît ni ne la diminue. De même que la Figure de l'homme précédait sa naissance et survivra à sa mort, une Figure historique est, au plus profond d'elle-même, indépendante du temps et des circonstances dont elle semble naître. Les moyens dont elle dispose sont supérieurs, sa fécondité est immédiate. L'histoire n'engendre pas de figures, elle se transforme au contraire avec la Figure. »

Sans doute le jugement d'Evola, qui tout en reconnaissant la pertinence métapolitique de la Figure du Travailleur n'en critique pas moins l'ouvrage de Jünger comme dépourvu d'une véritable perspective métaphysique, peut ainsi être nuancée. Jünger pose bien, selon une hiérarchie métaphysique, la distinction entre l'individu susceptible d'être massifié (qu'il nomme dans Le Travailleur « individuum ») et l'individu susceptible de recevoir l'empreinte d'une Forme supérieure (et qu'il nomme « Einzelne »). Cette différenciation terminologique verticale est incontestablement l'ébauche d'une métaphysique, quand bien même, mais tel n'est pas non plus le propos du Travailleur, il n'y est pas question de cet au-delà de la personne auquel invitent les métaphysiques traditionnelles, à travers les œuvres de Maître Eckhart ou du Védantâ. De même qu'il existe un au-delà et un en-deçà de l'individu, il existe dans un ordre plus proche de l'intangible un au-delà et un en-deçà de la personne. Le « dépassement » de l'individu, selon qu'il s'agit d'un dépassement par le bas ou par le haut peut aboutir aussi bien, selon son orientation, à la masse indistincte qu'à la formation de la Personne. Le dépassement de la personne, c'est-à-dire l'impersonnalité, peut, selon Evola, se concevoir de deux façons opposées: « l'une se situe au-dessous, l'autre au niveau de la personne; l'une aboutit à l'individu, sous l'aspect informe d'une unité numérique et indifférente qui, en se multipliant, produit la masse anonyme; l'autre est l'apogée typique d'un être souverain, c'est la personne absolue. »

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Loin d'abonder dans le sens d'une critique sommaire et purement matérialiste de l'individualisme auquel n'importe quelle forme d'étatisme ou de communautarisme devrait être préféré aveuglément, le gibelin Julius Evola, comme l'Anarque jüngérien se rejoignent dans la méditation d'un ordre qui favoriserait « l'apogée typique d'un être souverain ».  Il est exact de dire, précise Evola, « que l'état et le droit représentent quelque chose de secondaire par rapport à la qualité des hommes qui en sont les créateurs, et que cet Etat, ce droit ne sont bons que dans le mesure où ils restent des formes fidèles aux exigences originelles et des instruments capables  de consolider et de confirmer les forces mêmes qui leur ont donné naissance. » La critique évolienne de l'individualisme, loin d'abonder dans le sens d'une mystique de l'élan commun en détruit les fondements mêmes. Rien, et Julius Evola y revient à maintes reprises, ne lui est aussi odieux que l'esprit grégaire: « Assez du besoin qui lie ensemble les hommes mendiant au lien commun et à la dépendance réciproque la consistance qui fait défaut à chacun d'eux ! »

Pour qu'il y eût un Etat digne de ce nom, pour que l'individu puisse être dépassé, mais par le haut, c'est-à-dire par une fidélité métaphysique, il faut commencer par s'être délivré de ce besoin funeste de dépendance. Ajoutées les unes aux autres les dépendances engendrent l'odieux  Léviathan, que Simone Weil nommait « le gros animal », ce despotisme du Médiocre dont le vingtième siècle n'a offert que trop d'exemples. Point d'Etat légitime, et point d'individu se dépassant lui-même dans une généreuse impersonnalité active, sans une véritable Sapience, au sens médiéval, c'est-à-dire une métaphysique de l'éternelle souveraineté. « La part inaliénable de l'individu (Einzelne)  écrit Jünger, c'est qu'il relève de l'éternité, et dans ses moments suprêmes et sans ambiguïté, il en est pleinement conscient. Sa tâche est d'exprimer cela dans le temps. En ce sens, sa vie devient une parabole de la Figure. » Evola reconnaît ainsi « en certains cas la priorité de la personne même en face de l'Etat », lorsque la personne porte en elle, mieux que l'ensemble, le sens et les possibilités créatrices de la Sapience.

Quelles que soient nos orientations, nos présupposés philosophiques ou littéraires, aussitôt sommes-nous requis par quelque appel du Grand Large qui nous incline à laisser derrière nous, comme des écorces mortes, le « trop humain » et les réalités confinées de la subjectivité, c'est à la Sapience que se dédient nos pensées. Du précepte delphique « Connais-toi toi-même et tu connaîtras le monde et les dieux », les œuvres de Jünger et d'Evola éveillent les pouvoirs en redonnant au mot de « réalité » un sens que lui avaient ôté ces dernières générations de sinistres et soi-disant « réalistes »:  « ll est tellement évident que le caractère de "réalité" a été abusivement monopolisé par ce qui, même dans la vie actuelle, n'est qu'une partie de la réalité totale, que cela ne vaut pas la peine d'y insister davantage» écrit Julius Evola. La connaissance de soi-même ne vaut qu'en tant que connaissance réelle du monde. Se connaître soi-même, c'est connaître le monde et les dieux car dans cette forme supérieure de réalisme que préconisent Jünger et Evola: « le réel est perçu dans un état où il n'y a pas de sujet de l'expérience ni d'objet expérimenté, un état caractérisé par une sorte de présence absolue où l'immanent se fait transcendant et le transcendant immanent. » Et sans doute est-ce bien en préfiguration de cette expérience-limite que Jünger écrit: « Et si nous voulons percevoir le tremblement du cœur jusque dans ses plus subtiles fibrilles, nous exigeons en même temps qu'il soit trois fois cuirassé. »

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Foi et chevalerie sont les conditions préalables et nécessaires de la Sapience, et c'est précisément en quoi la Sapience se distingue de ce savoir banal et parfois funeste dont les outrecuidants accablent les simples. La Sapience advient, elle ne s'accumule, ni ne se décrète. Elle couronne naturellement des types humains dont les actes et les pensées sont orientés vers le Vrai, le Beau et le Bien, c'est-à-dire qu'elle vibre et claque au vent de l'Esprit. La Sapience n'est pas cette petite satisfaction du clerc qui croit se suffire à lui-même. La Sapience ne vaut qu'en tant que défi au monde, et il vaut mieux périr de ce défi que de tirer son existence à la ligne comme un mauvais feuilletoniste. Les stances du Dhammapada, attribué au Bouddha lui-même ne disent pas autre chose: "« Plutôt vivre un jour en considérant l'apparition et la disparition que cent ans sans les voir."

Le silence et la contemplation de la Sapience sont vertige et éblouissement et non point cette ignoble recherche de confort et de méthodes thérapeutiques dont les adeptes du « new-age » parachèvent  leur arrogance technocratique. « L'Occident ne connaît plus la Sapience, écrit Evola: il ne connaît plus le silence majestueux des dominateurs d'eux-mêmes, le calme illuminé des Voyants, la superbe réalité de ceux chez qui l'idée s'est faite sang, vie, puissance... A la Sapience ont succédé la contamination sentimentale, religieuse, humanitaire, et la race de ceux qui s'agitent en caquetant et courent, ivres, exaltant le devenir et la pratique, parce que le silence et la contemplation leur font peur. »

Le moderne, qui réclame sans cesse de nouveaux droits, mais se dérobe à tous les devoirs, hait la Sapience car, analogique et ascendante, elle élargit le champ de sa responsabilité. L'irresponsable moderne qui déteste la liberté avec plus de hargne que son pire ennemi ( si tant est qu'il eût encore assez de cœur pour avoir un ennemi) ne peut voir en la théorie des correspondances qu'une menace à peine voilée adressée à sa paresse et à son abandon au courant d'un « progrès » qui entraîne, selon la formule de Léon Bloy, « comme un chien mort au fil de l'eau ». Rien n'est plus facile que ce nihilisme qui permet de se plaindre de tout, de revendiquer contre tout sans jamais se rebeller contre rien. L'insignifiance est l'horizon que se donne le moderne, où il enferme son cœur et son âme jusqu'à l'a asphyxie et l'étiolement. « L'homme qui attribue de la valeur à ses expériences, écrit Jünger, quelles qu'elles soient, et qui, en tant que parties de lui-même ne veut pas les abandonner au royaume de l'obscurité, élargit le cercle de sa responsabilité. » C'est en ce sens précis que le moderne, tout en nous accablant d'un titanisme affreux, ne vénère dans l'ordre de l'esprit que la petitesse, et que toute recherche de grandeur spirituelle lui apparaît vaine ou coupable.

417cSOhYCdL._SX346_BO1,204,203,200_.jpgNous retrouvons dans les grands paysages intérieurs que décrit Jünger dans Héliopolis, ce goût du vaste, de l'ampleur musicale et chromatique où l'invisible et le visible correspondent. Pour ce type d'homme précise Evola: « il n'y aura pas de paysages plus beaux, mais des paysages plus lointains, plus immenses, plus calmes, plus froids, plus durs, plus primordiaux que d'autres: Le langage des choses du monde ne nous parvient pas parmi les arbres, les ruisseaux, les beaux jardins, devant les couchers de soleil chromos ou de romantiques clairs de lune mais plutôt dans les déserts, les rocs, les steppes, les glaces, les noirs fjords nordiques, sous les soleils implacables des tropiques- précisément dans tout ce qui est primordial et inaccessible. » La Sapience alors est l'éclat fulgurant qui transfigure le cœur qui s'est ouvert à la Foi et à la Chevalerie quand bien même, écrit Evola: «  le cercle se resserre de plus en plus chaque jour autour des rares êtres qui sont encore capables du grand dégoût et de la grande révolte. » Sapience de poètes et de guerriers et non de docteurs, Sapience qui lève devant elle les hautes images de feu et de gloire qui annoncent les nouveaux règnes !

« Nos images, écrit Jünger, résident dans ces lointains plus écartés et plus lumineux où les sceaux étrangers ont perdu leur validité, et le chemin qui mène à nos fraternités les plus secrètes passe par d'autres souffrances. Et notre croix a une solide poignée, et une âme forgée dans un acier à double tranchant. » La Sapience surgit sur les chemins non de la liberté octroyée, mais de la liberté conquise.  « C'est plutôt le héros lui-même, écrit Jünger, qui par l'acte de dominer et de se dominer, aide tous les autres en permettant à l'idée de liberté de triompher... »

gondenholm.jpgDans l'œil du cyclone, dans la sérénité retrouvée, telle qu'elle déploie son imagerie solaire à la fin de La Visite à Godenholm, une fois que sont vaincus, dans le corps et dans l'âme, les cris des oiseaux de mauvais augure du nihilisme, L'Anarque jüngérien, à l'instar de l'homme de la Tradition évolien, peut juger l'humanisme libéral et le monde moderne, non pour ce qu'ils se donnent, dans une propagande titanesque, mais pour ce qu'ils sont: des idéologies de la haine de toute forme de liberté accomplie. Que faut-il comprendre par liberté accomplie ? Disons une liberté qui non seulement se réalise dans les actes et dans les œuvres mais qui trouve sa raison d'être dans l'ordre du monde. « Libre ? Pour quoi faire ? » s'interrogeait Nietzsche. A l'évidence, une liberté qui ne culmine point en un acte poétique, une liberté sans « faire » n'est qu'une façon complaisante d'accepter l'esclavage. L'Anarque et l'homme de la Tradition récusent l'individualisme libéral car celui-ci leur paraît être, en réalité, la négation à la fois de l'Individu et de la liberté. Lorsque Julius Evola rejoint, non sans y apporter ses nuances gibelines et impériales, la doctrine traditionnelle formulée magistralement par René Guénon, il ne renonce pas à l'exigence qui préside à sa Théorie de l'Individu absolu, il en trouve au contraire, à travers les ascèses bouddhistes, alchimiques ou tantriques, les modes de réalisation et cette sorte de pragmatique métaphysique qui tant fait défaut au discours philosophique occidental depuis Kant. « C'est que la liberté n'admet pas de compromis: ou bien on l'affirme, ou bien on ne l'affirme pas. Mais si on l'affirme, il faut l'affirmer sans peur, jusqu'au bout, - il faut l'affirmer, par conséquent, comme liberté inconditionnée. » Seul importe au regard métaphysique ce qui est sans condition. Mais un malentendu doit être aussitôt dissipé. Ce qui est inconditionné n'est pas à proprement parler détaché ou distinct du monde. Le « sans condition » est au cœur. Mais lorsque selon les terminologies platoniciennes ou théologiques on le dit « au ciel » ou « du ciel », il faut bien comprendre que ce ciel est au coeur.

L'inconditionné n'est pas hors de la périphérie, mais au centre. C'est au plus près de soi et du monde qu'il se révèle. D'où l'importance de ce que Jünger nomme les « approches ». Plus nous sommes près du monde dans son frémissement sensible, moins nous sommes soumis aux généralités et aux abstractions idéologiques, et plus nous sommes près des Symboles. Car le symbole se tient entre deux mondes. Ce monde de la nature qui flambe d'une splendeur surnaturelle que Jünger aperçoit dans la fleur ou dans l'insecte, n'est pas le monde d'un panthéiste, mais le monde exactement révélé par l'auguste science des symboles. « La science des symboles, rappelle Luc Benoist, est fondée sur la correspondance qui existe entre les divers ordres de réalité, naturelle et surnaturelle, la naturelle n'étant alors considérée que comme l'extériorisation du surnaturel. » La nature telle que la perçoivent Jünger et Evola (celui-ci suivant une voie beaucoup plus « sèche ») est bien la baudelairienne et swedenborgienne « forêt de symboles ». Elle nous écarte de l'abstraction en même temps qu'elle nous rapproche de la métaphysique.  « La perspective métaphysique, qui vise à dépasser l'abstraction conceptuelle, trouve dans le caractère intuitif et synthétique du symbole en général et du Mythe en particulier un instrument d'expression particulièrement apte à véhiculer l'intuition intellectuelle. »écrit George Vallin. Les grandes imageries des Falaises de Marbre, d'Héliopolis, les récits de rêves, des journaux et du Cœur aventureux prennent tout leur sens si on les confronte à l'aiguisement de l'intuition intellectuelle. Jünger entre en contemplation pour atteindre cette liberté absolue qui est au cœur des mondes, ce moyeu immobile de la roue, qui ne cessera jamais de tourner vertigineusement.  Dans ce que George Vallin nomme l'intuition intellectuelle, l'extrême vitesse et l'extrême immobilité se confondent. Le secret de la Sapience, selon Evola: « cette virtu qui ne parle pas, qui naît dans le silence hermétique et pythagoricien, qui fleurit sur la maîtrise des sens et de l'âme » est au cœur des mondes comme le signe de la « toute-possibilité » . Tout ceci, bien sûr, ne s'adressant qu'au lecteur aimé de Jünger: « ce lecteur dont je suppose toujours qu'il est de la trempe de Don Quichotte et que, pour ainsi dire, il tranche les airs en lisant à grands coups d'épée. »

Luc-Olivier d'Algange.

lundi, 04 janvier 2021

La correspondance entre Julius Evola et Gottfried Benn

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La correspondance entre Julius Evola et Gottfried Benn

Par Gianfranco de Turris

Ex : http://www.centrostudilaruna.it

L'accusation la plus cinglante que l'intelligentsia officielle lance contre Julius Evola est d'être un "nazi", plutôt que d'avoir été (comme d'innombrables autres hommes de culture italienne) un "fasciste". Une accusation évidente et prévisible, mais superficielle, qui se fonde sur certaines apparences : son bagage culturel qui s'inspire d'une certaine philosophie allemande (à commencer par Nietzsche) ; son caractère plus "allemand" qu'"italien" ; son intérêt entre les deux guerres pour faire connaître une certaine culture germanophone dans notre pays (de Bachofen à Spengler et Meyrink) ; ses contacts avec l'Allemagne du IIIe Reich ; le souvenir de sa rencontre avec Himmler, de sa visite aux châteaux de l'Ordre, des conférences dans des milieux aussi divers que le Herrenklub d'une part et les SS d'autre part ; le fait d'avoir écrit des articles sur la politique étrangère, intérieure, culturelle et économique de l'Allemagne nationale-socialiste et sur les SS eux-mêmes (articles dont on se souvient de l'appréciation éventuelle mais pas de ses innombrables réserves critiques) ; etc. De tout ce contexte, les auditeurs tirent l'étiquette de "nazi" : ils vont rarement aux sources et ne les lisent jamais dans leur ensemble, à partir au moins de 1930, avec des articles et des essais dans "Vita Nova" et "Nuova Antologia", jusqu'aux interventions dans "Il Regime Fascista", "Lo Stato" et "La Vita Italiana" en mai-juillet 1943.

Une vision aristocratique

41rXlKPaWmL._SY344_BO1,204,203,200_.jpgJulius Evola n'était ni "fasciste" ni "antifasciste" (comme il l'écrivait de façon polémique dans sa revue bimensuelle "La Torre" au début de 1930), et par conséquent il n'était ni "nazi" ni "anti-nazi" : était-il alors un incertain, un attentiste, un hypocrite, un - comme on le dit en Italie - "un poisson dans un tonneau" ? Non: il a accepté les idées, les thèses, les positions, les attitudes et les choix pratiques du fascisme, et donc du nazisme, qui étaient en accord avec ceux d'une droite traditionnelle et, plus tard, de ce que l'on a appelé la révolution conservatrice allemande. Une vision qui était à l'époque gibeline, impériale, aristocratique, qui - même si elle est "utopique" - l'éloignait certes de la Weltanschauung populiste "démocratique" et "plébéienne" du fascisme mais surtout du nazisme, dont le matérialisme biologique lui était totalement insupportable. Il ne s'agit pas de justifications a posteriori, comme quelqu'un l'a malicieusement pensé en lisant les pages de Il cammino del cinabro (1963), car Evola n'est pas ce qu'on appelle aujourd'hui un "repenti" : il n'a jamais rien répudié ni rejeté de son passé ; même s'il a rectifié et pris ses distances par rapport à certaines de ses positions de jeunesse (tout le monde oublie ce qu'il a écrit sur l'impérialisme païen en 1928 : "Dans le livre, dans la mesure où il suivait - je dois le reconnaître - l'impulsion d'une pensée radicaliste faisant usage d'un style violent, il était typique d’une absence juvénile de mesure et de sens politique et à une utopique inconscience de l'état des choses" : non pas "le repentir" mais la maturation logique d'un homme de pensée). Le fait que ce ne sont pas des justifications est démontré par les documents qui, au fil des ans, après sa mort en 1974, sont lentement apparus dans les archives publiques et privées italiennes et allemandes. D'eux émerge un Julius Evola qui était tout sauf "organique au régime" comme on l'a écrit, mais même pas aussi marginal qu'on le croyait : un essayiste, journaliste, polémiste, conférencier, qui a connu des hauts et des bas et qui, après la crise de 1930 avec l’interdiction de "La Torre" et sa marginalisation, a accepté de se rapprocher de personnalités comme Giovanni Preziosi, Roberto Farinacci, Italo Balbo, c'est-à-dire, on pourrait dire, les fascistes les plus "révolutionnaires" et les plus "intransigeants", afin d'exprimer ses idées critiques à l'abri de ces niches, agissant comme une sorte de "cinquième colonne" traditionaliste pour tenter l'entreprise utopique de "rectifier" le Régime dans ce sens : Il commence donc à écrire à partir de mars 1931 dans "La Vita Italiana", à partir de janvier 1933 dans "Il Corriere Padano" et "Il Regine Fascista", puis - sortant du "ghetto" des disgraciés - à partir d'avril 1933 dans "La Rassegna Italiana", à partir de février 1934 dans la revue d’inspiration autoritaire "Lo Stato" et dans "Roma", à partir de mars 1934 dans "Bibliografia Fascista".

Surveillance spéciale

Malgré cela, Evola était constamment surveillé par la police politique, tant en Italie qu'à l'étranger : sa correspondance était lue, ses amis identifiés (même ses petites amies), ses déclarations étaient confidentielles, son passeport lui a été retiré à plusieurs reprises en raison des propos très peu orthodoxes qu'il a tenus sur le fascisme et le nazisme lors de ses conférences en Allemagne et en Autriche. Comme il ressort clairement des documents désormais publiés des ministères des affaires étrangères et de l'intérieur du Reich et de ceux provenant de l'Ahnenerbe, il était à peine toléré : il n'était pas un véritable ennemi, mais ses idées n'étaient pas appréciées par la direction nationale-socialiste, étant donné qu'il était considéré comme un "Romain réactionnaire" qui aspirait à "élever l'aristocratie" et n'acceptait pas beaucoup la référence allemande au "sang et au sol".

220px-Julius-Evola_Heidnischer-Imperialismus.jpgUne adhésion très critique, donc, celle de Julius Evola, de manière à ne pas pouvoir le définir de manière simpliste ni comme un "fasciste", ni comme un "nazi" de droit. Son point de référence était plutôt la Révolution conservatrice et ses représentants de l'époque. Écoutons ses propres mots extraits de Le Chemin du Cinabre : "Déjà l'édition allemande de mon Impérialisme païen, où les idées de base avaient été détachées des références italiennes, avait fait connaître mon nom en Allemagne dans les cercles maintenant connus. En 1934, j'ai fait mon premier voyage dans le nord, pour donner une conférence dans une université de Berlin, une deuxième conférence à Brême dans le cadre d'une conférence internationale sur les études nordiques (le deuxième Nordisches Thing, parrainée par Roselius), et, surtout, un discours pour un petit groupe du Herrenklub de Berlin, le cercle de la noblesse allemande conservatrice dont on connaît la part importante dans la politique allemande plus récente. C'est ici que j'ai trouvé mon environnement naturel. Dès lors, une amitié cordiale et fructueuse s'est établie entre moi et le président du cercle, le baron Heinrich von Gleichen. Les idées que j'ai défendues ont trouvé un terrain propice à la compréhension et à l'évaluation des problèmes de l’époque. Et c'est également sur cette base qu'une de mes activités a été menée en Allemagne, suite à une convergence d'intérêts et d'objectifs".

D'autres contacts et connexions dans ce domaine conservateur ont été établis avec le philosophe autrichien Othmar Spann et le prince Karl Anton Rohan, dans la Europäische Revue où Evola avait fait ses débuts en 1932 et où il avait continué à publier jusqu'en 1943. Considérez l'année. L'année 1934 est importante : à partir du 2 février sort le quotidien de Crémone "Il Regime fascista" avec une page bimensuelle intitulée dans le style typiquement évolien Diorama filosofico. Les problèmes de l'esprit dans l'éthique fasciste", publié avec une périodicité et des interruptions variables jusqu'au 18 juillet 1943.

rivolta-contro-mondo-moderno-nuova-edizione-riveduta-dad4e4b8-0e08-49da-ac8e-f3bc12ce3e3b.jpgIl manque encore des études complètes sur une initiative qui était unique dans la période fasciste en termes d'intentions et de complexité : un véritable projet culturel avec lequel Julius Evola entendait exposer de manière constructive et critique le point de vue de la droite traditionnelle et conservatrice par rapport au fascisme. De nombreux représentants officiels de la culture européenne de cette tendance ont écrit sur cette page : des Italiens, mais aussi des Allemands, des Autrichiens, des Français et des Anglais. Parmi les Allemands, il y avait aussi le médecin et poète Gottfried Benn, avec lequel Evola correspondait depuis 1930.

Dans la première moitié de 1934, le principal ouvrage que Julius Evola avait écrit - incroyablement, pour son âge et pour l'activité qu'il exerçait à ce moment-là - entre 1930 et 1932 : Rivolta contro il mondo moderno (Révolte contre le monde moderne) a été publié par Hoepli ; et il fitce voyage en Allemagne, mentionné dans son autobiographie. Lors de l'étape berlinoise, il y a eu la première rencontre directe avec Benn : il y avait beaucoup de points communs entre le médecin-écrivain, qui avait dix ans de plus qu'Evola (il est né en 1886 et est mort en 1956), et ce dernier. On a déjà tendance à souligner l'aspect nihiliste, athée et abstrait des aspects les plus horribles de la réalité humaine de Benn, et on a tendance à oublier sa contribution à la révolution conservatrice allemande. Il est un fait que le contact entre Evola et Benn, sur base d’une certaine communauté d'idées, a conduit à un célèbre essai-recension de la traduction allemande de Revolte qui a paru dans le numéro de mars 1935 de la revue Die Literatur de Stuttgart. C'est une sorte de "chant du cygne" dans lequel Benn expose ses idées et s'accorde avec la "vision du monde" d'Evola : en fait, c'est "son dernier texte en prose publié sous le Troisième Reich", car Rosenberg et Goebbels lui ont ensuite interdit d'écrire quoi que ce soit. Une revue d'analyse profonde dont Evola lui-même a reconnu l'importance et qu'il a voulu placer en annexe à sa collection d'essais L'arco e la clava (Scheiwiller, 1968), alors qu'elle sera désormais placée en annexe à la nouvelle édition de Rivolta qui sera publiée plus tard, en 1998. Il aimait lui-même se souvenir d'une phrase en particulier : "Une œuvre dont l'importance exceptionnelle se manifestera dans les années à venir. Celui qui le lira se sentira transformé et portera un regard nouveau sur l'Europe".

"Révolte" en Allemagne

Maintenant, pour confirmer et préciser la relation Evola-Benn, il y a trois lettres du premier au second, qui ont été trouvées par Francesco Tedeschi, un érudit qui s’occupe surtout d'Evola en tant qu'artiste, dans le Schiller-Nationalmuseum Deutsches Literaturarchiv (Handschriften Abteilung) à Marbach, et qui sont publiées ici en Italie grâce à sa collaboration active et à son consentement : deux lettres manuscrites qui sont datées du 30 juillet et du 9 août 1934, une lettre dactylographiée du 13 septembre 1955 dont la traduction complète est due à Quirino Principe. Des deux premiers écrits ressortent des faits connus mais aussi un autre fait absolument nouveau : les faits connus sont que Benn et Evola se connaissaient déjà au moins par lettre ("Ella ha ripetutamente mostrato un cordiale interesse per le mie fatiche" : 20 juillet), qu'ils se sont effectivement rencontrés lors du voyage d'Evola en Allemagne ("Le sarebbe molto obbligato se ella mi offre le possibilità di punti di vista e di una più lunga conversazione tra noi due" : 9 août), qu'il y avait une appréciation mutuelle de la même Weltanschauung "conservatrice" ou "traditionnelle" ("la compétence absolue que vous possédez à mon avis sur ces sujets et votre très grande connaissance et intelligence des traditions auxquelles je me rapporte" : 20 juillet), que tous deux ne se reconnaissaient pas dans le nazisme qui venait d'arriver au pouvoir ("Je suis de plus en plus convaincu qu'à ceux qui veulent défendre et réaliser, sans compromis avec le destin, une tradition spirituelle et aristocratique, il reste malheureusement, aujourd'hui et dans le monde moderne, aucune marge de manœuvre ; à moins de ne penser qu'au travail élitiste" : 9 août).

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Le fait nouveau et extrêmement intéressant est la demande faite par Evola le 20 juillet, et acceptée par Benn dans sa réponse (que nous ne possédons pas) du 27 juillet, de "soumettre à révision le manuscrit de la traduction allemande" de Révolte faite par Friedrich Bauer. Le détail était totalement inconnu et Evola n'en a jamais parlé même si ce fait - la révision linguistique par un poète aussi connu et apprécié que Gottfried Benn - aurait pu donner encore davantage d'éclat à son livre majeur. Il ne semble pas y avoir de doute qu'une telle révision aurait bien été faite, non pas tant en raison des remerciements adressés pour la "plus aimable des intentions" (9 août), qu'en raison du fait que des références précises sont données au manuscrit de la traduction elle-même chez l'éditeur allemand et, on peut le déduire, en raison du grand intérêt manifesté par Benn dans sa critique de Die Literatur (le livre avait ainsi vu le jour en mars 1935) : non seulement, donc, nous avons l'adhésion à la "vision du monde" exposée dans l'ouvrage, mais aussi la haute considération de Benn-pour un texte dont - pour en avoir revu la traduction – il se sentait particulièrement proche. Une nouvelle pièce est ajoutée au tableau (encore incomplet) des relations entre Julius Evola et la culture conservatrice allemande entre les deux guerres. On peut donc imaginer que la correspondance avec le médecin-poète s'est poursuivie, mais, pour l'instant, nous n’en avons pas d'autres traces.

Avançons maintenant de vingt ans dans le temps, jusqu'en l’année 1955. La lettre du 13 septembre s'inscrit dans la tentative du philosophe de reprendre contact avec les représentants d’un non-conformisme profond qu'il avait connus dans les années trente et quarante : on sait qu'en 1947, il avait écrit à Guénon, en 1951 à Eliade et à Schmitt, en 1953 à Jünger, pour renouer avec un discours intellectuel interrompu par la guerre, mais aussi pour proposer des traductions de leurs livres en italien, étant donné qu'ils pourraient être utiles pour un nouveau Kulturkampf. Souvent, ses attentes n'ont pas été satisfaites : tout le monde n'était pas demeuré ferme sur certaines idées, ou plutôt ne considérait pas le moment opportun pour s'en souvenir, en raison de l'ombre négative qui pesait encore sur eux après 1945. Et c'est précisément en raison de ses "récents succès littéraires" que Benn n'a peut-être pas eu l'intention de répondre à celui qui n'était qu'une connaissance italienne, puisqu'il n'y a pas d'autres lettres d'Evola au Musée national : il faut donc penser que les "anciennes relations" n'ont pas été reprises. Il est certain qu'Evola n'a pas caché qu'il était resté le même ("je suis toujours resté sur mes anciennes positions, en ce qui concerne mon orientation intellectuelle et mes intérêts dominants") et il n'est pas certain que ces précisions n'aient pas été contre-productives...

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Ce qui est au contraire un peu singulier, c'est l'incapacité à se rappeler correctement le type de relations qui avaient eu lieu vingt ans plus tôt : non seulement la rencontre de Berlin, mais la connaissance mutuelle des travaux et les questions soulevées par Rivolta. L'absence de toute mention quant à la révision de la traduction, mais aussi de l'essai de Benn paru dans Die Literatur (publié treize ans plus tard en annexe de L'Arc et la Massue, comme déjà mentionné) est due à un échec mnémonique, ou peut-être à un sentiment d'opportunisme, pour ne pas embarrasser le médecin-poète ? Il est également vrai que Benn est mort seulement dix mois plus tard, le 7 juillet 1956, à l'âge de soixante-dix ans, et donc toute déduction peut être valable. Toutes les hypothèses restent également ouvertes quant aux raisons pour lesquelles Julius Evola, tant dans ses lettres privées que dans son autobiographie publique, a oublié de nombreux épisodes et personnages très importants dans les événements de sa vie : et certainement pas dans un sens positif, tel qu'accroître l'importance de son œuvre globale. Peut-être des trous de mémoire normaux comme cela peut arriver à n'importe qui, mais peut-être aussi cette tendance "impersonnelle" à minimiser un certain travail, en donnant si peu d'importance - au point de ne pas penser que certains détails méritent d'être mentionnés - à certains moments de sa vie. Il n'en reste pas moins que ces lettres à Gottfried Benn comblent de manière significative l'une des nombreuses lacunes qui subsistent afin de reconstruire pleinement la vie intense de Julius Evola.

Notes :

(1) Il cammino del cinabro, Scheiwiller, Milano, 1972, p.79.

(2) Heidnischer Imperialismus, Armanen Verlag, Lipsia, 1933.


(3) C’est-à-dire, d’une part, les exposants de la « tradition prussienne » et, d’autre part, le courant représenté par certains écrivains comme Moeller van den Bruck, Blüher, Jünger, von Salomon, etc., que l’on a classés dans le concept de « révolution conservatrice ».


(4) Il cammino del cinabro cit., p.137.


(5) Alain de Benoist, Presenza di Gottfried Benn, in Trasgressioni n.19, 1990, p.84.


(6) A propos de Rivolta, Evola écrivit à Giuseppe Laterza une lettre depuis Karthaus dans le Haut-Adige, en date du 16septembre 1931 : « Je suis sur le point de le terminer mais je ne sais encore rien de sa longueur ». (cfr. La Biblioteca ermetica, a cura di Alessandro Barbera, Fondazione J. Evola, Roma, 1997, pp.57-58).


(7) Lionel Richard, Nazismo e cultura, Garzanti, Milano, 1982, p.280.


(8) Cité in Il cammino del cinabro cit., p.138.

* * *

Texte tiré de  Percorsi di politica, cultura, economia (6/1998).

 

dimanche, 03 janvier 2021

Essai sur l'importance du mythe

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Essai sur l'importance du mythe

Askr Svarte

http://www.polemos.ru/index/2017/09/30/as-myth/

Tout ce qu'on appelle aujourd'hui magie, mysticisme et ésotérisme, dans un sens large, sont des souvenirs et des dérivés, avec différents degrés de déformation, de la pensée mythologique et du mythe comme réalité de perception et comme forme descriptive. Malgré des siècles d’éradication systématique du mythe hors de la conscience sociale - un "désenchantement du monde", selon les termes de Max Weber - les structures de la pensée mythologique et de la perception de la réalité, qui lui est propre, continuent à vivre jusqu'à aujourd'hui, parfois même en subjuguant les méthodes scientifiques.

gia500.jpgEn grec ancien, le mot μῦθος signifie "tradition", "mythe". Un mythe est une chose qui se raconte oralement et se transmet de génération en génération. Si le mythe se raconte de lui-même, alors la mythologie (μῦθος + λόγος) est déjà une narration et une réflexion sur le mythe lui-même et son contenu ; la mythologie est une image rationalisée et généralisée, dont les intrigues dans le mythe lui-même sont données séparément et poétiquement.

Dans la société traditionnelle, le mythe occupait une place centrale ; il déterminait tous les aspects de la vie et de la vision du monde d'une personne. La fonction du mythe est d'expliquer l'origine du monde, l'origine de l'homme et de la société, pourquoi il est ainsi disposé, quelles sont les lois divines qui règnent dans le monde et le gouvernent, d'où viennent ces choses et ces fonctions, comment se comporter correctement avec les autres personnes, avec les animaux et la nature en général, et plus encore. De là découle la propriété de toute mythologie : le holisme, la "totalité" en langue grecque ; le mythe est un tout et englobe intégralement tous les niveaux de l'être : les mythes, y compris les contes de fées, les croyances, les traditions et les légendes, expliquent tout en général.

La pensée ordinaire actuelle se réfère au mythe et à la mythologie comme on se réfèrerait à un endroit, qui existait il y a longtemps, dans un passé lointain, que l'humanité a surmonté comme une étape de l'enfance, comme on abandonne une croyance naïve en quelque chose de mythique. Mais si nous considérons le temps, selon le généralement accepté dans nos sociétés modernes, et le percevons comme une flèche lancée vers l'avenir, nous constatons que l'ère de la vision traditionnelle du monde remonte à la préhistoire, puis passe par les civilisations que nous connaissons sous le qualificatif de « pré-chrétiennes » : Égypte, Mésopotamie, Grèce, Rome et autres; des millénaires de traditions païennes sont remplacés par le christianisme du Moyen-Orient, qui affirme son mythe historique et dogmatique spécifique, et est finalement interrompu à la fin du 16ème siècle, lors du passage de la Renaissance à l'aube des Lumières. La Renaissance commence l'ère moderne : la période de destruction de l'antiquité religieuse,[1]... La modernité se termine au début du 20ème siècle après les révolutions et la chute des derniers empires continentaux pendant la Première Guerre mondiale. Nous vivons maintenant dans l'histoire postmoderne depuis un siècle. Si l'on compare les périodes historiques au cours desquelles la société et l'homme ont vécu dans la conscience mythique et religieuse, il s'avère que le mythe couvre une bonne partie des millénaires de l'histoire humaine, alors que la modernité ne dure qu’un peu plus de cinq cents ans. Ainsi, nous voyons que l'humanité - et maintenant nous parlons principalement des peuples européens et voisins - a abandonné la conscience mythologique et la pensée "d'hier", mais s'en est détachée très rapidement et radicalement. Dans d'autres régions du monde, dans d'autres civilisations, le pouvoir du mythe et de la vision traditionnelle du monde est encore plus ou moins préservé, il n'a pas encore été expulsé et il a survécu. Et si nous examinons de plus près encore les données de l'ethnographie et du folklorisme, nous verrons que les sociétés les plus modernes et les plus a-mythologiques se trouvent dans les villes, tandis que dans les villages, avec un mode de vie paysan et rural, on trouve encore d'immenses strates de pensée relevant des mythologies et des superstitions qui persistent. Donc, d'un point de vue historique, le mythe était la partie la plus importante, c'était le langage utilisé pour décrire le monde jusqu'à "hier".

61lEsRc9HML.jpgL'un des plus éminents penseurs allemands du 20ème siècle, Friedrich Georg Jünger, frère d'Ernst Jünger, analysant le contenu de la mythologie grecque au milieu du 20ème siècle, [2] conclut que les trames mythologiques sont intemporelles. Le mythe est une méta-histoire, ce qui se situe au-dessus des réalités historiques comme toile de fond du cours des événements ; en d'autres termes, malgré les changements de la société humaine, de la religion, de l'idéologie, des valeurs et des points de vue, l'humanité au plus haut niveau, sous une forme ou une autre, incarne, joue avec les trames des mythes paradigmatiques. Voici une question ouverte : les gens, dans leur destin, incarnent-ils cycliquement différents mythes, ou toute l'histoire humaine n'incarne-t-elle qu'un seul mythe de base ? Pour l'Europe, les mythologies grecque et romaine sont devenues une source inépuisable d'images, de métaphores, de modèles et de personnages, qui sont encore sans cesse reproduits dans la culture, l'art verbal et visuel. Ils sont présents dans le discours quotidien sous forme de phrases établies ou de noms communs, servent de sources à la terminologie scientifique et de modèles pour l'interprétation de la culture, c'est-à-dire pour la réflexion. Comme l'a dit Losev, le passé grec est devenu un passé commun pour toute l'Europe et pour les jeunes qui commencent tout juste à entrer dans la période de maturité.

Souvenons-nous de Sigmund Freud et Carl G. Jung, les fondateurs de deux écoles de psychanalyse, qui ont chacune eu recours aux thèmes des mythes grecs. Freud s'intéressait particulièrement au mythe tragique d'Œdipe, qu'il considérait comme un événement archaïque possible et un mythe fondamental pour la culture et la psyché européennes (avec des variations sur l'esprit du mythe d'Electre). Encore plus axé sur la mythologie et la religion, son étudiant et rival Carl G. Jung a consacré beaucoup de ses travaux à expliquer la psyché humaine en relation avec le symbolisme religieux et sa propre doctrine des archétypes, qui sous-tendent également la mythologie des peuples du monde.

À partir du milieu du 20ème siècle, un changement d'approche dans l'étude des religions et des visions mythologiques des peuples anciens et modernes est advenu. La science refuse de considérer le mythe et la religion comme des reliquats de superstition, comme la simple "enfance" de l'humanité. Une approche phénoménologique et structuraliste de l'étude et de l'interprétation des différentes traditions s’établit en milieux scientifiques. La première approche est associée au classique roumano-américain des études religieuses, Mircea Eliade, qui a partagé la thèse sur l'éternité du mythe et défendu la méthode d'étude des mythes, laissant derrière lui toute une école d'études religieuses [3]... Il est à noter que Mircea Eliade et Carl G. Jung, outre qu'ils étaient d'éminents chercheurs en mythologie, culture, sociologie et philosophie du 20ème siècle, faisaient partie du cercle intellectuel d'Eranos (1933-2006), qui s'est donné pour tâche de comprendre et de développer une nouvelle approche de l'étude des cultures et des sociétés.

pagan-traditionalism-and-identity.jpgLa deuxième approche est associée à l'école française du structuralisme et à la figure de l'éminent linguiste et mythologue Georges Dumézil. Dans ses écrits [4], il a montré et démontré que la grande majorité des mythes indo-européens sont basés sur une même structure, qu'il a appelée tripartite ou trifonctionnelle. En se basant sur l'analyse d'une grande variété de légendes et de mythologies européennes, indiennes, caucasiennes (surtout ossètes) et orientales, il montre que la structure de la société indo-européenne, héritée par des peuples et des traditions ultérieurs distincts, est composée de trois fonctions principales, au sein desquelles presque tous les individus sont répartis. Prêtres, guerriers et agriculteurs ou artisans. Cette division de l'ensemble de la société en une pyramide à trois parties (les exclus, les esclaves, les criminels, etc. en sortent) peut être retracée à travers l'histoire ancienne avec des changements mineurs. Par exemple, en matière de pouvoir séculier et politique, le sommet de la pyramide est généralement occupé par des soldats, et en matière de pouvoir et de culte sacré, il est dominé par les prêtres. Cette division de la société a été clairement préservée jusqu'à la fin du Moyen Âge et n'a pas complètement disparu jusqu'à présent, surtout dans les régions les plus conservatrices. Le lien de cette structure avec les mythologies réside dans le fait que la structure de la société est un dérivé de la mythologie du peuple, dans laquelle J. Dumézil montre la présence des trois fonctions issues des figures divines : les dieux suprêmes donnent naissance à la classe des prêtres et à leur place et rôle social ; les dieux de la guerre et de la justice donnent naissance au pouvoir militaire des rois et au pouvoir politique ; les dieux de la fertilité, des récoltes et de la terre donnent naissance au mode de vie et aux valeurs incarnées dans le tiers état : agriculteurs, artisans, pêcheurs, etc. En d'autres termes, le mythe sacré est le prototype (l’icône) de l'ordre social qui s'incarne dans le monde réel. Là où dans la mythologie il y a des dieux de la fertilité, dans la société il y a une caste d'agriculteurs et leurs propres cultes et traditions. Il en va de même pour les guerriers, les dirigeants, les chamans et les prêtres. Dans une société mythologique, le pouvoir vient des dieux, de haut en bas, du mythe au social. Ainsi, Dumézil aborde l'étude du mythe par un autre côté, mais confirme indirectement la thèse sur "l'éternité du mythe" et le rôle de ses formes (structures) dans la vie des peuples, structures qui ne sont pas effacées de l'histoire.

9785888754207.jpgLa question du pouvoir, du mythe politique et culturel est au centre de l'attention des spécialistes de la culture, des anthropologues, des sociologues et des philosophes du 20ème siècle, surtout dans la période de l'après-guerre. Selon la sémiotique de Roland Barthes, la société moderne, comme dans l'Antiquité, se développe dans un environnement et croit en divers mythes. Ce n'est qu'aujourd'hui que l’on ne cherche plus des exemples d'excellence chez les Grecs ou chez les Allemands, mais dans la mythologie de la culture pop, des médias et de la propagande politique, ce qui apparaît clairement dans l'histoire des régimes totalitaires. Dans la pensée quotidienne, nous rencontrons ces mythes sous forme de stéréotypes, de préjugés, de fascination pour des idoles pop ou des personnalités politiques que nous ne connaissons pas, mais nous voyons constamment leur image artificielle sur les émissions de télévision ou sur YouTube. Ainsi, il a été démontré que, malgré le passage de la pensée traditionnelle à la pensée scientifique, la grande majorité de la société continuait à vivre dans un environnement d'images irrationnelles et fantomatiques, ne changeant que le langage : on ne se réfère plus à la mythologie grecque classique, par exemple, mais à un journal, un parti politique ou une chaîne de télévision. En même temps, la croyance mythique dans l'importance d'une pop star ou d'un chef de parti lui redonne une certaine autorité, fait de lui un modèle moral et un berger de ses fans. Mais maintenant que cette mythologie se construit de bas en haut, le pouvoir de l'idole dépend du caractère de masse de son fan club. Les mécanismes par lesquels la mythologie de la société capitaliste moderne et  celle des médias façonnent le pouvoir et influencent la société et la personne en particulier sont examinés en détail et de façon critique dans les travaux de M. Foucault, R. Barthes, J. Baudrillard et d'autres. Les opposants à la société mythologique - par exemple, R. Bultmann et P. Riker - ont insisté sur la nécessité d'une purification et d'une rationalisation strictes de la culture et même de la religion, afin de séparer les significations de la nébuleuse de l'irrationnel. Il convient de rappeler ici la critique de la méthodologie scientifique, qui est traditionnellement opposée à toute forme de mythologie, en tant que système strict, logique et rationnel de preuves objectives. Dans ses écrits, le philosophe Paul Fayerabend a clairement montré que la science et les scientifiques violent constamment, et même n'ont jamais observé, les méthodes d'investigation scientifique ou les propres résultats expérimentaux établis par eux. Outre la critique de la société de masse moderne du côté de la philosophie française, il a également pris en compte la critique de la modernité du point de vue de Julius. Evola et Ernst Jünger - partisans du mythe, il est possible de lire toute la perception scientifique moderne du monde comme une forme spéciale et originellement arrangée de la même mythologie, où les docteurs en sciences prennent la place des prêtres, et les ingénieurs et les mécaniciens celle des agriculteurs. Aujourd'hui, un nouveau monde "magique" est également présent, celui de la réalité virtuelle et de sa mythologie (ce que nous appelons New-Age, Wicca, néo-paganisme, parapsychologie, etc.)

Vidéo: Moot with Askr Svarte and Stead Steadman - Pagan Traditionalism and "Polemos" book

Par ailleurs, les tendances croissantes de la virtualisation et de la mondialisation poussent de plus en plus les sociétés et les peuples à chercher leurs racines et leur identité dans les religions et les traditions anciennes. La recherche de la stabilité dans un monde en constante évolution conduit une fois de plus les gens vers une source d'ordre, de structure et de sens, ontologiquement supérieure aux conventions ou décisions momentanées. De nombreux événements religieux, conflits, phénomènes et problèmes culturels ont leurs racines ici. La "personne" n'est plus ce qu'elle était et la mythologie est en déclin. Mais en cette ère de changement, une nouvelle fenêtre d'opportunité s'ouvre pour que le mythe illumine le monde et mette de l'ordre dans les sociétés. Cela peut ou non se produire. Aujourd'hui, beaucoup dépend des gens eux-mêmes. Sur leur dévotion (fidelis) à leur Chemin, au Sacré, aux Dieux et aux idéaux les plus élevés qui s'élèvent dans le monde des ruines (Julius Evola).

Notes :

[1] A. F. Losev «Estética del Renacimiento», «Pensamiento», 1982.
[2] F.G. Junger «Mitos griegos».
[3] M. Eliade «Lo sagrado y lo mundano»
[4] J. Dumezil «Los dioses supremos de los indoeuropeos».

Traducido por Alejandro Linconao
Tomado de: http://www.polemos.ru/index/2017/09/30/as-myth/

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jeudi, 31 décembre 2020

Mishima, la mort comme antidote & Mishima et la recherche de l'empereur caché

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Mishima, la mort comme antidote

Alejandro Linconao

Ex: https://grupominerva.com.ar

La mort comme antidote. L'acier

Mishima interprète l'existence à partir des coordonnées d'un de ses livres de chevet, le Hagakure. Dans L'éthique des samouraïs dans le Japon moderne (Publishing Alliance, 2013), notre auteur fait une analyse de ce classique de l'art martial japonais, visant à donner des réponses à son époque, qui est largement la nôtre. Selon son interprétation du texte classique, nos sociétés sont déséquilibrées. La vie a régné sur l'existence humaine, mais c’est une vie, apathique, superficielle. Une vie de frimeur, une vie opposée à la vertu cachée. Une vie qui a perdu de son intensité parce qu'elle a banni la limite de la mort. Sans cette limite, l'existence est incontrôlable, sans horizons ni objectifs qui méritent d'être nommés ainsi.

le_japon_moderne_et_l_ethique_samourai_165.jpgMishima, dans la lignée de la tradition japonaise, a conçu l'existence comme un équilibre entre des hypothèses opposées, la liberté et la répression, la vie et la mort. La vie est mieux contemplée dans l'ombre de la mort ; sous la teinte mortelle, le vital est lumineux, rayonnant. Embrasser l'existence implique d'embrasser à la fois la vie et la mort, et de cette fusion découlera la vitalité. La vie doit nécessairement être équilibrée avec la mort, sinon la vie sera informe, grotesque, désordonnée.

Là encore, la pensée japonaise partage des coordonnées avec la pensée occidentale classique. Chez les Grecs, les pères de la philosophie occidentale, l'indésirable est la disproportion, l'illimité, ce qu'ils appelaient l'hybris. Les excès dans tous les domaines, tant dans l'humilité que dans le faste, dans le plaisir et dans la guerre, étaient des déséquilibres répréhensibles. Des déséquilibres qui attirent la colère des dieux et pour lesquels les divinités elles-mêmes peuvent être punies.

L'Occident, déjà perdu dans la pensée de ses origines, détourne son regard de cette condamnation de l'excès et sombre dans l'absurdité de la modernité. La modernité libérale avec sa culture de surproduction, d'hédonisme illimité et de consommation vorace ne donne pas lieu à l'équilibre, à la modération. Tout doit être tiré dans les profondeurs. Pour cette vision d'une jouissance sans douleur, la mort volontaire de Mishima devient un acte de folie. Aveugles au symbole, ils confondent le sacrifice avec le mépris de la vie. Ils ne discernent pas l'acte sacré, le rite qui cherche à rétablir un ordre, à rétablir un équilibre perdu.

Extrait de Mishima et la mort comme antidote dans Mishima Inmortal, Grupo Minerva Ediciones, 2020.

Mishima et la recherche de l'empereur caché

Andrea Scarabelli           

Il est évident que la dimension politique est présente dans l’oeuvre de Mishima. Cette oeuvre n'est jamais une chronique, elle ne s'aplatit pas dans la simple réalité, elle s'efforce toujours d'aller au-delà, en passant par des sites métapolitiques inattendus. La Ligue des vents divins fonctionne certes sur le plan politique mais essentiellement sur la base de points de référence spirituels. Il suffit de considérer la division en trois chapitres : le premier consacré à la consultation des dieux, le second à l'action et le troisième à l'épilogue sanglant, au seppuku comme ouverture à la transcendance, à l'anticipation du geste de Mishima et au portrait d'un petit groupe d'hommes jetés au-delà du présent, au-delà de et contre l'histoire, décidés à lutter au nom de toute une civilisation, opprimée par la barbarie. "Ces flammes qui dansaient, partout, à travers l'air dirigé vers le ciel, témoignaient de la fureur avec laquelle les camarades attaquaient. Avec imagination, chacun a vu les courageux personnages de leurs frères d'armes, fidèles jusqu’à la mort, traverser le feu vertigineux, alors qu'ils attaquaient l'ennemi avec des épées brillantes. L'heure tant attendue était arrivée et pour l'atteindre, ils durent retenir longtemps leur colère féroce, tout en aiguisant leurs lames en silence. La poitrine d'Otaguro était enflammée par un vent de joie incontrôlable. "Tous les hommes se battent", murmura-t-il. "Chaque homme".

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Ennemi des valeurs modernes et amoureux du Japon traditionnel, Mishima a décidé de faire de sa propre vie le témoignage d'une autre façon d'être au présent : "Je ne fais que répéter les vieux idéaux comme un perroquet, idéaux qui sont maintenant perdus. C'est, si l'on veut, le manifeste de ceux qui se retrouvent nés dans le monde moderne malgré leur appartenance interne à une réalité très différente, thèmes qui relient ce "type humain" à "l'homme différencié" décrit par Julius Evola dans Cavalccare la tigre, 1961. Dans le cas de Mishima, cette "double citoyenneté" est similaire à la "doctrine des deux États" de Sénèque : chacun de nous est simultanément membre de deux communautés, l'une céleste et l'autre terrestre. Bien que nous connaissions tous le monde terrestre, l'autre monde est défini par Evola : « C'est une patrie qui ne peut jamais être envahie, à laquelle on appartient par une naissance différente de la naissance physique, par une dignité différente de toutes celles du monde mondain et qui unit en une chaîne incassable les hommes qui peuvent paraître dispersés dans le monde, dans l'espace et le temps, dans les nations ».

Lorsque la seconde patrie, la patrie céleste, nous oblige à nier les (faux) principes de la première, la mondaine, la désobéissance ne se traduit pas par un anarchisme confus, mais constitue la seule façon de rester fidèle à son propre être. Mais chaque communauté a un empereur, la terrestre a un empereur terrestre, la céleste un empereur céleste. Lorsque l'empereur terrestre laisse tomber son sceptre, ou le donne aux envahisseurs, c'est à l'empereur céleste qu'il faut être fidèle. Une révolution traditionnelle à tous égards, en somme, qui lui fera écrire, en parlant des membres de la Ligue du Vent Divin : "Plus les dieux adoraient, plus ils étaient inquiets de la situation politique du pays. Et au fil du temps, leur ressentiment contre les autorités s'est accru, car ils avaient la preuve qu'ils s'éloignaient de l'idéal de Maître Oen, si bien qu'il fallait vénérer les dieux comme dans les temps anciens. Il est possible que toute la vie de Mishima ait été une recherche ininterrompue de cet empereur occulte.

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Japon: monument à Maître Oen.

 

vendredi, 25 décembre 2020

Face au mondialisme, la Table Ronde de la Mémoire

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Face au mondialisme, la Table Ronde de la Mémoire

par Paul-Georges Sansonetti

Chers amis, 

Voici le texte de la conférence que Paul-Georges devait donner cet été le dimanche matin dans le cadre de la réunion annuelle d'Hyperborée à Roquefavour qui n'a pu se tenir ; texte évidemment capital, mais il y manquera le talent oratoire et les saillies pertinentes et pleines d'humour de notre ami. Ce texte a été envoyé aux habituels participants des journées Hyperborée et à quelques autres amis  ; il n'est pas destiné au grand public. Bonne lecture.

Joyeuses fêtes (quand même) à tous.

PEB

Chers Amis,

Cette année sous l’emprise du virus nous plaça dans la pénible obligation de renoncer à notre dimanche matin annuel. Les difficultés se sont multipliées pour nombre d’habitués fidèles à nos partages. L’équipe organisatrice ne pouvait que le déplorer tant ces retrouvailles ne manquent pas d’offrir, avec l’apport amical de chacun, des échanges passionnants à partir de concepts essentiels. Nous ressentons tous que rien ne remplace les rencontres roboratives entre personnes fortement motivées en ce lieu hautement signifiant que constitue la Domus. Peut-être à cause de ce manque et résolument déterminés à s’offrir une revanche, Pierre-Émile Blairon, plusieurs de nos Camarades et votre serviteur se sont décidés à se manifester. À leur demande, J’ai mis par écrit des données - parfois évoquées les autres années - et dont les prolongements et surtout les fondements les plus radicaux devaient être explicités et ramenés à des notions irréductibles car garantes de l’existence d’une société et même d’une civilisation. 

En cette période de Solstice d’hiver, l’équipe de Hyperborée Magazine vous adresse des vœux de réussite, de pleine santé et de cette joie que confère la certitude du destin supérieur de l’Europe.

L’ÉCHEC D’UNE FRANCE OPEN FIELD

            Ce que nous vivons actuellement apparaît véritablement effarant dès lors que l’on est encore conscient et non partiellement, sinon totalement, décérébré par la «bien-pensance » mondialiste. Des individus de souche étrangère à l’Europe, la plupart incultes, s’érigent en censeur de notre Histoire multimillénaire. Je m’en voudrais de porter un jugement péjoratif sur les communautés bédouine, érythréenne, tamoul ou turkmène. Mais, en inverse, il m’insupporte d’entendre vilipender le génie européen auquel une bonne partie des peuples dit « de couleur » doit l’amélioration des conditions existentielles et, conséquemment, sa survie dont résulte une fécondité des plus proliférative ; nous en subissons – hélas ! – les « débordements ».

actualité, table ronde, tradition, traditionalisme, paul-georges sansonetti, Plusieurs évènements me semblent éminemment symptomatiques de l’effondrement frappant la France et de proches nations européennes. D’abord la fresque peinte à Stains en mémoire de deux figures de la cause « black ». Montrant les visages  surdimensionnés de ces personnages, on découvre que le grapheur s’est efforcé  d’accentuer ce qui relève de l’appartenance ethnique en épaississant fortement – et même en alourdissant - les morphologies faciales de façon, dirait-on, à les distinguer sans discussion possible d’avec la typologie européenne. Point n’est besoin de les comparer à un visage grec antique ou tiré d’une cathédrale gothique ou encore d’une peinture de la Renaissance pour comprendre que ces deux facies – qu’accompagnait, lors de sa création, une imprécation contre la Police – contribuent à ce qu’une Afrique sub-saharienne impose massivement sa prépondérance en regard d’un autre génotype qualifié, dans le vocabulaire « jeune de banlieue », de « face de craie », de « Gaulois », de « fromage » (sous-entendu « fromage blanc »). « Gaulois » ne m’offusque pas et le rapport à la couleur blanche non plus. Car, à travers ces désignations qui se veulent péjoratives, tout comme par l’apologie de deux représentants du continent noir et quelle que soit la nationalité – américaine et française – qui était la leur, ce qui importe impérativement c’est de proclamer de façon tonitruante que l’on appartient à l’un des quatre (voire cinq) grands groupes raciaux répartis sur notre globe. Victime d’une  « sensibilité » inhérente à  l’air du temps, le mot « race » ne devrait plus être prononcé. Du reste, on ne cesse de nous assurer d’une façon obsessionnellement réitérée que les races n’existent pas. Il n’y a que l’Humanité avec, admet-on cependant, des apparences différentes. Or, ce sont précisément ces différences qui offrent le plus grand intérêt au niveau civilisationnel. Mais toujours est-il que, selon le message de cette fresque et le slogan Black live matter, renforcé en France par l’affaire Traoré[1], c’est surtout le fait de se reconnaître dans une communauté en fonction de sa couleur de peau qui a favorisé l’émergence d’un mouvement désormais international. Première conséquence, l’idéal d’une société du « vivre ensemble », l’une des facettes de la « mondialisation heureuse » (chère à un célèbre ancien élu bordelais), se voit brutalement remise en cause.

Les tenants forcenés de cette mondialisation péroraient que l’avenir du genre humain serait forcément métissé. J’ai le souvenir d’un certain Nicolas Sarkozy qui, dans un discours en 2008, souhaitait ardemment que la France  réussisse « le défi du métissage ». Et, a-t-il ajouté, si cela n’était pas adopté de plein gré par les citoyens, il serait question d’un recours à, je cite, « des méthodes plus contraignantes encore » (grands dieux, lesquelles ?). Toute une intelligentsia n’avait que le mot « métissage » à la bouche et, d’une façon sournoise, durant ces deux dernières années, un nombre conséquent de spots publicitaires, mirent en scène des couples mixtes ou alors une charmante personne issue d’un melting pot afro-caraïbe. La nécessité de prendre en compte l’actuelle modification de population ? Plus que probable, mais aussi, n’en doutons pas, une façon d’habituer le « français de souche » (formule insupportable à des oreilles dûment formatées, de même que le mot « frontière », on va voir pourquoi) à considérer que sa patrie, convertie en un open field, prenait place dans le grand projet planétaire élaboré par le sinistre ploutocrate Georges Soros. Je vais revenir sur open. Auparavant, il nous faut parler d’une série de tragédies à la fois consternantes et significatives.

Le 5 juillet, à Bayonne, un chauffeur de bus se voyait agressé par quatre individus : deux Mohamed, un Moussa et un Selim, tous déjà fort connus, parait-il, des services de Police. Ils se sont acharnés sur leur victime laissée en état de mort cérébrale. La veille, le 4, dans le Lot-et-Garonne, c’est la jeune Mélanie, gendarme de profession, qui était tuée sur le coup par un chauffard, délinquant multirécidiviste, prénommé Yacine quelque chose. Les parents de cette malheureuse jeune femme devaient déclarer, je cite : « Nous portons des valeurs de vivre ensemble et la haine et les messages de haine n’ont pas leur place dans le vivre ensemble ». Tragique ! Et l’on est tenté d’en conclure : laissons-nous assassiner, l’important consiste à ne pas perturber ce fameux et sacro-saint « vivrensemble », instrument prioritaire de l’éradication progressive de notre peuple. Cependant, malgré les prêches lénifiants de la « bien-pensance », ces deux horribles « faits divers » suscitèrent une immense émotion. On pourrait citer des dizaines d’agressions, viols (ou tentatives) mais aussi coups de couteaux dont pâtissent quotidiennement de braves gens qui ont l’infortune de croiser des « chances pour la France ». Le summum de l’horreur fut atteint avec la jeune lyonnaise percutée par une voiture et trainée sur huit-cent mètres. Ajoutons, hélas, une autre jeune femme, assassinée à Nantes dans des conditions effroyables (elle aurait été défigurée). Et puis, au sortir des « vacances » - surtout mentales tant aucune idée force n’habite plus les citoyens - deux nouvelles monstruosités firent l’actualité : décapitation d’un enseignant à Conflans-Ste Honorine. Tragédie suivie d’une seconde décapitation dans la basilique de Nice et un attentat au fusil d’assaut dans la capitale de l’Autriche. Rêvée par de belles consciences allergiques au mot « frontière », l’idéale Humanité, brassant des dizaines d’ethnies non-européennes, sombre chaque jour plus vite dans la violence et le sang. Des mots commencent à sortir des lèvres de politiciens jusque-là idéologiquement frileux : « barbarie », « ensauvagement de la France », « la République en péril ». D’abord simples propos de circonstance destinés à garroter l’hémorragie de leur électorat lorgnant vers les partisans d’un sursaut national, ces mots semblent faibles en regard du terrifiant défi lancé à nos nations européenne : sa soumission par la terreur à un courant religieux, excluant toute concession, qui lui est foncièrement étranger. À l’évidence, nos dirigeants gouvernementaux et les faiseurs d’opinions médiatiques prennent peur. Et pourtant, ils se refusent encore à réagir avec vigueur devant tous ces drames car, pour eux, le seul avenir admissible ne s’inscrit que dans un mélange universel des peuples et des cultures. Alors, posons la question à laquelle ils ne répondront jamais. Pourquoi?

LA NOTION DE FORME ET LA FASCINATION DE L’INFORME.

Depuis des temps fort anciens et sans doute guère possible à dater faute de matériaux narratifs et archéologiques, deux tendances dominantes agissent en sens contraires dans le domaine civilisationnel. La première polarise tout ce qu’exprime l’ordre fait de rigueur et d’harmonie présent dans l’univers. Cet ordre confère à chaque chose une « forme » (une apparence résultant d’une constitution) qui lui correspond ; depuis le plus modeste végétal, sinon minéral, jusqu’à un astre prenant sa place parmi des milliards d’étoiles au sein de la galaxie. Ici, la notion d’ordre est inhérente à celle de « forme » et s’impose comme le contraire de ce que l’on entend en utilisant le terme anglo-saxon open. Il faut redire que la « forme » révèle une identité, autrement dit la capacité d’appartenance à une espèce bien définie. Cette notion est exprimée dans l’Inde arya par le mot Dharma désignant l’ « ordre universel », synonyme de « loi éternelle », et auquel on associe les mots « devoir », « droiture », « vertu ». Le Dharma est emblématisé par une roue comportant généralement huit rayons. Nous sommes là en présence de l’un des symboles fondamentaux. Symbole d’une priorité si l’on veut sortir de l’odieuse parodie de société que nous subissons de nos jours.

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La roue du Dharma, sculpture du temple de Hindu Surya à Konârak, XIIIème siècle. Notez les huit rayons qui manifestent les huit directions cardinales (les quatre principales et les quatre intermédiaires). Plus minces et parfaitement droits, huit autres rayons s’ajoutent à l’ensemble.

Aux personnes qui n’auraient pas dans leur bibliothèque l’indispensable étude intitulée La Roue et le Sablier, de notre ami Pierre-Émile Blairon, nous en conseillons vivement la lecture. Cette roue est une image de référence qui permet de mémoriser le fait qu’entre la périphérie figurant le perpétuel changement – qui marque notre monde – et l’immuabilité du moyeu positionné au centre, il y a les « rayons » énonçant le fait qu’ « éclairement » (de la conscience) et « rectitude » (comportementale) sont indissociables. Le « moyeu » figure ce qui rassemble en un même concept l’origine et l’ultime. Certains parleraient de l’Alpha et de l’Oméga. C’est l’ « invariable milieu » sans lequel tout ce qui existe n’est qu’insignifiance. Expliquons-nous.

Puisqu’il faut aller à l’essentiel, disons que l’une des choses les plus caractéristiques du vécu contemporain c’est l’invraissemblable marécage dans lequel s’enfonce la société. Là, nous abordons la polarité inverse de celle que nous venons d’énoncer. Le mot « marécage » s’impose puisque le socle sur lequel devrait reposer l’état et ses citoyens est devenue meuble, instable, quasiment liquide. De fait, tout ce qui semblait solide se ramollit, se disloque et se décompose. Ainsi en est-il des institutions et des cerveaux qui s’embourbent. Des phrases prononcées par un personnages gouvernemental (remplacé depuis) le prouvent amplement : « manifestation interdite mais autorisée », « l’émotion prime le droit » et surtout « soupçons avérés », impérissable formule car oxymoronique à souhait. Tout cela révèle une dissolution de l’autorité et, par conséquent, le renoncement à maintenir ce qui, depuis longtemps, apparaît comme une République invertébrée au bord de l’écroulement. Face à ce festival de paroles et de réactions, tout à la fois pathétique et burlesque, la symbolisation du Dharma présente un message direct. Et, revenant à la roue, cette figure est de beaucoup plus efficace que la langue de bois (fortement vermoulu) des politiciens et diverses logorrhées ministérielles sinon présidentielles. Dirigeants dépassés et populations désemparées sont emportés par le mouvement de la roue qui, à la fin de notre cycle, s’accélère et semble s’emballer. L’existence du centre – le moyeu - où demeure immuablement ce qui a pouvoir de péréniser un ensemble sociétal est ignoré d’un monde dans lequel les valeurs éthiques ont été remplacées par des concepts aberrants légitimant les faiblesses, les carances, voire les dépravations d’individus désormais sans repères. Et ce, précisément, parce que tout ce qui pouvait reconduire au centre a été effacé ou brisé : les rayons évocateurs de « clarté », de « rectitude », de « droiture » et, en conséquence, de « rigueur » se sont évanouis ; leur existence même est devenue illégitime. Une attitude inflexible, tant sur le plan individuel que collectif, une fermeté au niveau étatique, une exigence face à des propos ou des comportements ineptes sont maintenant impensables dès lors que jugés contraires à je ne sais quel supposé « humanisme » fabriqué afin de dissimuler une veulerie généralisée et, n’hésitons pas à le dire, institutionalisée… Ou peut-être pire encore, témoignant de l’intention non avouée d’altérer les capacités réactives d’un peuple afin, progressivement, de le débiliser. Conditionné au point de n’avoir plus d’instinct de survie, ce peuple est mûr pour son remplacement par une grande armée d’envahisseurs venue d’autres continents.

LA TABLE RONDE COMME EXEMPLE

Repassé récemment sur Arte, un film des années cinquante, signé Richard Thorpe[2],  Les Chevaliers de la Table Ronde, montrait une image qui, chez certaines personnes de ma génération, s’imprima emblématiquement : on voyait la fameuse assemblée circulaire des preux arthuriens et leurs épées toutes posées sur la grande table de pierre, pointes vers le centre. Visuellement un soleil de fer ! Moralement une puissance décisionnaire prête à intervenir à tout instant. Les rayons de la « roue  dharmique » se sont mués en lames redoutables. Ce rassemblement des épées induit immédiatement l’idée d’unité d’une nation. Unité s’affirmant par le pouvoir de ces aciers lorsque c’est nécessaire. Nos responsables politiques devraient afficher dans leur bureau la photo d’une pareille circularité évacuant toutes les dérisoires « tables rondes » supposées conciliatrices à force de parlottes. Avec le thème d’une élite chevaleresque disposée ainsi, c’est une société  « prenant forme » à partir d’un « centre » que manifeste Arthur, personnage dont le nom, de par son origine celtique (art signifiant « ours »), reconduit aux deux constellations marquant le Nord (la Grande Ourse) et le Pôle (la Petite Ourse), autrement dit le double rappel d’un foyer civilisationnel à l’origine de l’Europe.

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Une image du film de Richard Thorpe. Sur la photo, chaque chevalier s’apprête à poser son épée sur la célèbre Table, pointe vers le centre. En blanc, Merlin lève sa dextre pour consacrer l’assemblée. Image reprise des décennies plus tard dans un second film intitulé Lancelot, premier chevalier, dans lequel Richard Gere incarnait Lancelot et Sean Connery campait un impressionnant roi Arthur. Opus de Jerry Zucker, 1994. Ci-dessous une image de cette production : la Table Ronde rassemblant les épées. Au centre du cercle un feu rituel est allumé. Comme on le voit, une épée manque. C’est celle du chevalier félon, Méléagant.

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On notera que le centre de la Table reproduit le hiéroglyphe du Soi  (un cercle avec un point au milieu) symbolisant le « soleil intérieur »,  , la partie immortelle d’un être. Ce signe se retrouve sur les gravures rupestres de la Vallée des Merveilles ainsi qu’à Bohuslan en Scandinavie.

Le malheur, aujourd’hui, c’est qu’une telle image n’a plus le pouvoir d’interpeller la mémoire de nos dirigeants et autres postulants aux responsabilités étatiques. Et ne nous leurrons pas, comment parlerait-elle à une partie (conséquente, hélas !) de notre jeunesse française que l’on sait étourdie par un climat sociétal exaltant un hédonisme débridé à base de « shit », d’alcool et d’un vacarmisme musical. Reste, comme toujours, une minorité qui, à rebours d’une indifférence mortifère, se veut farouchement déterminée à ne pas sombrer. Bien que restreint, ce nombre saura voir dans le cercle des épées, évocateur du rougeoiment des forges et d’une brillance héroïque, l’équivalent européen de la roue du Dharma.

 En allant à l’essentiel, au point le plus radical du présent imbroglio politico-idéologique, nous dirons que toute l’Histoire de l’Humanité se ramène à l’irréductible antagonisme entre ce qui valorise la (notion de) « forme » et ce qui s’y oppose. Pour la première fois peut-être depuis des temps oubliés, on dirait qu’un courant doctrinaire, disposant de prosélytes dans nombre de nations, a décidé d’éradiquer ce qui, chez divers peuples, se reliait encore, même de façon ténue, à un ordre « principiel ». D’où l’enragement actuel consistant à s’attaquer à l’identité – impliquant, au premier chef, l’épiderme – de ce qu’il est désormais convenu de nommer, dans notre mouvance, « Albo-Européens ». Cette dernière formule, bien que n’étant nullement agressive, voire provocatrice, envers d’autres éthnies sera, n’en doutons pas, considérée de façon malveillante par tout les individus endémiquement déterminés à dénoncer les actes de dissidence d’avec le brassage perçu comme obligatoire des peuples et des cultures.

LE GRAAL AU RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE

Plusieurs enluminures médiévales montrent la table ronde sous l’aspect d’un disque dont la partie centrale, découpée, présente un vide. Et c’est sur ce circulaire espace que se tient le Graal porté par deux silhouettes immatérielles ailées.

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Nimbé d’arc-en-ciel, l’objet surnaturel a l’apparence d’un ciboire d’or et non d’un calice. L’artiste privilégie un réceptacle entièrement clos, sans doute pour occulter ce qu’il contient. Mais, si cette sorte de ciboire émet un rayonnement c’est que, d’une façon évidente, son contenu n’appartient pas au monde humain. On sait qu’il s’agit du sang christique recueilli, dit-on, au moment où le centurion Longinus porta le coup de lance au flanc droit du Galiléen. Or, ce dernier avait, sur le mont Thabor, révélé sa surnature - à Pierre, Jacques et Jean - par la luminosité de ce qu’il est convenu de nommer le « corps glorieux ». Sur l’enluminure, le « sang-lumière » irradie à travers le métal du ciboire. Dans divers articles, il m’a été donné de montrer que ce thème du corps glorieux, fondamental dans l’ésotérisme chrétien, est en fait la transcription de ce qu’incarne Apollon dans le paganisme grec et BaldR dans celui des Germano-Scandinaves ; état que le professeur Régis Dutheil dénomme l’Homme superlumineux. Il s’agit de la cime de l’accomplissement de l’être. Un tel corps de lumière est synonyme d’immortalité et prend place dans l’éternité. Mais le plus important c’est que le sang se révèle porteur de cette lumière. Le sommet de notre identité spirituelle dépend donc d’un sang méritant d’être qualifié de supérieur. Compte tenu que le thème apollinien est indissociable du royaume hyperboréen, allusif à l’origine du génotype « albo-européen », et qu’à leur façon les rédacteurs des récits du Graal exprimèrent une idée semblable, on pourrait dire que l’image du sang-lumière est la transcription d’un apanage  suprahumain. Ajoutons à cela que, comportant les fameux quatre Âges, la doctrine du cycle étant commune à tous les peuples indo-européens on comprendra aisément que le retour annoncé de l’ « état » (à la fois sociétal et individuel) premier et, donc, de la toute-puissance que cela suppose, ne peut qu’apparaître intolérable à tous les individus viscéralement (disons psycho-somatiquement) aux antipodes de ce qu’un tel « état » signifie. J’ai montré dans un autre ouvrage en quoi, dans le Perceval  de Chrétien de Troyes,  la symbolique du Graal et plus particulièrement de son cortège, dans le Perceval, renvoyait à une spécificité génotypique inhérente à l’Europe[3].

Il est possible d’affirmer que le thème du Graal a été conçu, par le biais d’une interrogation sur ce que représente cet objet surnaturel, de façon à raviver la conscience des origines fondatrices de notre nature d’ « Albo-Européens ». C’est comme si le (en fait, je serais tenté d’écrire les) créateur(s) de ce légendaire si prégnant avai(en)t compris que la fin du cycle annonçait un risque majeur de disparition de nos peuples causée par une substitution de population. À l’encontre d’un tel effarant programme, combien révélateur de l’achèvement de ce cycle, les intelligences veillant au devenir de l’Europe (et, principalement, de notre nation, la France) conçurent le thème du Graal. Le lumineux calice d’or fut imaginé afin de remettre en mémoire l’origine civilisationnelle (à l’intention de qui saurait en décrypter la signification véritable) et de livrer une fascinante image porteuse du message suivant : le sang est consubstantiel à l’excellence. En l’occurrence un sang tellement pur qu’il se change en lumière ; et ce, afin, sans doute, d’illuminer l’avenir espéré. Ne dirait-on pas qu’à travers le péril principal qui menace nos peuples, à savoir, redisons-le, un remplacement de population, c’est bien d’un sursaut voué à sauvegarder l’homogénéité ethnique auquel on assiste actuellement dans l’irruption partout de mouvements identitaires confluant avec le bouillonnement des populismes ?

LES U. S. A. AU BORD D’UNE TEMPÊTE POLITIQUE

Quelques mots concernant les U. S. A. Au moment où nous terminions ce texte, les élections présidentielles américaines, aux dires d’informations multiples ne venant pas seulement du camp « trumpiste », ont été accompagnées par un festival de fraudes sans précédent. Si cela devait s’avérer vrai et que les partisans de Trump (je précise bien Trump et non républicain tant un certain nombre d’élus sous cette étiquette se révèlent aussi acquis à l’idéologie mondialiste que leurs adversaires démocrates) parviennent à révéler la forfaiture dans toute son ampleur, alors, indéniablement, nous aurions la preuve qu’un Deep State dirige l’Amérique. Et surtout qu’une énorme entreprise de subversion a été mise en œuvre, selon les vœux des Soros,  Clinton et Obama pour mondialiser cette nation en ouvrant les vannes d’une immigration massive. La n° 2 du parti Démocrate, Kamala Harris, incarnant, par ses origines (jamaïcaine et indienne), ce melting pot tant espéré par les sans-frontiéristes enragés, est emblématique d’une société à laquelle travaillent depuis des décennies les concepteurs d’un monde à l’opposé de ce que représente la notion de « forme » évoquée plus haut.

La façon dont, de part et d’autre de l’Atlantique, les médias main stream se sont empressés d’annoncer la victoire de Biden marque de leur part l’irrépressible nécessité de se rassurer : ouf ! Le monde de l’intelligentsia peut respirer, Trump – qui n’a jamais été considéré comme un humaniste à leur sauce – est éliminé du jeu politique. Sauf que d’innombrables fraudes ont été commises par les démocrates et que le camp républicain accumule chaque jour une pléthore de preuves. Si Trump gagne juridiquement, ce sera bien plus qu’un coup de tonnerre dans le ciel de la « bien-pensance ». Ses partisans parlent d’une « tempête » qui se lève sur l’Amérique. Ne nous y trompons pas, nous sommes peut-être à la veille d’un évènement sans précédent qui marquerait la première grande défaite des mondialistes et de leur chef de file, Georges Soros.

Nous ne tarderons pas à savoir ce qu’il en est. En attendant de nous retrouver, excellente continuation à toutes et  tous.

Publications de l’équipe d’Hyperborée Magazine :

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Pierre-Émile Blairon : Chroniques d’une Fin de Cycle. Les enfers parodisiaques. Éditions Les Diffusions du Lore.

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Paul-Georges Sansonetti : Les Runes et la Tradition primordiale, réédition d’un ouvrage épuisé. Éditions Les Amis de la Culture européenne.

Présence de la Tradition primordiale (E. A. Poe, G. Meyrink, H. P. Lovecraft, J. R. R. Tolkien, Stanley Kubrick et d’autres…). Éditions de L’œil du Sphinx.

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Arcanes Polaires, Éditions Arqa.

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Le Graal d’Apollon, Éditions Terre et Peuple.

Notes:

[1] Comme on vient de l’apprendre, sa sœur, Assa, est consacrée personnalité de l’année par le magazine Time. Après cela, de beaux esprits oseront encore prétendre qu’il n’existe pas un « centre de commandement » transmettant des directives destinées à influencer les esprits.

[2] Robert Taylor tenait le rôle de Lancelot, Ava Gardner celui de Guenièvre et Mel Ferrer du  roi Arthur.

[3] Dans Le Graal d’Apollon, Éditions Terre et Peuple, Forcalquier, 2020, chapitre V.

mercredi, 23 décembre 2020

Evola et l'espace germanophone

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Evola et l'espace germanophone

Alberto Lombardo

Ex : http://www.centrostudilaruna.it/

L'Allemagne et, en général, le monde de la culture allemande ont eu une importance centrale pour Evola. Dès son plus jeune âge, il apprend l'allemand afin d'aborder les œuvres de la philosophie idéaliste ; sa doctrine philosophique doit beaucoup à l'idéalisme, mais plus encore à Nietzsche, Weininger et Spengler. En 1933, il fait son premier voyage en Autriche ; tout au long des années 1930 et 1940, il continue à se tenir au courant des productions littéraires et philosophiques allemandes en lisant des essais scientifiques sur les différents sujets qu'il traite lui-même : de la Rome antique (Altheim) à la préhistoire (Wirth, Günther), de l'alchimie (Böhme) à la raciologie (Clauß, Günther encore), de la théorie politique (Spann, Heinrich) à l'économie (Sombart), etc. En général, compte tenu de l'appareil de notes, des références culturelles, et dans un équilibre qui tient compte de toutes les contributions, je ne pense pas du tout exagérer en affirmant que le poids des études publiées en allemand est au moins égal à celui des études italiennes dans l'ensemble de l'œuvre d'Evola.

41Dk9HPOYoL._SY445_QL70_ML2_.jpgTout cela est très révélateur de l'influence de la culture allemande sur l'œuvre d'Evola. Mais il faut ajouter d'autres données : en rappelant ici ce qui a été mentionné dans la biographie d’Evola, au premier chapitre, je me souviens de l’évocation des longs séjours d'Evola en Autriche et en Allemagne, des nombreuses conférences qui s'y sont tenues, de ses relations avec les représentants de la tradition aristocratique et conservatrice d'Europe centrale et de la révolution conservatrice, etc. En outre, dans les pays germanophones, Evola jouissait, au moins jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, d'une notoriété différente de celle qu'il avait en Italie, car il y fut reçu comme l'exposant d'un courant particulier de la pensée italienne, et cela depuis 1933, année de la publication de Heidnischer Imperialismus. Voici l'opinion d'Adriano Romualdi sur le sujet : "L'action d'Evola en Allemagne n'était pas politique, même si elle a contribué à dissiper de nombreux malentendus et à préparer une entente entre le fascisme et le national-socialisme. Elle a investi le sens de ces traditions qui, en Italie et en Allemagne, ont été évoquées par les régimes, comme le symbole romain et le mythe nordique, le sens du classicisme et du romantisme, ou des oppositions artificielles, comme celle entre la romanité et le germanisme".

À partir de 1934, Evola tient des conférences en Allemagne : dans une université de Berlin, à la deuxième Nordisches Thing de Brême, et au Herrenklub de Heinrich von Gleichen, représentant de l'aristocratie allemande (il était baron) avec lequel il noue une "amitié cordiale et fructueuse". Evola a rappelé cette expérience importante en 1970 : « Chaque semaine, une personnalité allemande ou internationale était invitée à ce club de Junkers. Je dois dire, cependant, que si nous nous étions attendus à voir des géants blonds aux yeux bleus, la déception aurait été grande, car pour la plupart, ils étaient petits et ventrus. Après le dîner et le rituel des toasts, l'invité devait donner une conférence. Pendant que ces messieurs fumaient leurs cigares et sirotaient leurs verres de bière, j'ai parlé. C'est alors qu'Himmler a entendu parler de moi ».

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Il est en effet très probable que l'attention des milieux officiels pour Evola soit née après ses premières conférences en Allemagne. Ses relations avec le national-socialisme étaient ceux d’une collaboration externe, et surtout avec divers secteurs de la SS, dont l'Ahnenerbe ; Evola a exprimé des paroles très positives à l'égard de "l'ordre" dirigé par Himmler, même dans l'après-guerre, ce qui lui a valu, d'une part, la critique prévisible de ses détracteurs et, d'autre part a conduit à une réinterprétation - dans l'historiographie et le même "sentiment mondial" de la droite radicale d'après-guerre - du national-socialisme en tant que mouvement populaire dirigé par une élite guerrière-ascétique. Des nombreuses données d'archives publiées aujourd'hui, il ressort une image d'Evola qui a été prise en considération mais toujours soigneusement observée par les milieux officiels allemands.

Après la guerre mondiale, la renommée d'Evola dans les pays germanophones a diminué; son immobilité physique semble l'avoir empêché, entre autres, de poursuivre ses voyages à l'étranger. Ce n'est qu’au cours de ces dernières décennies qu'Evola a fait l'objet d'une sorte de redécouverte, grâce surtout à Hans Thomas Hansen, qui a traduit (et retraduit) une bonne partie de ses œuvres, avec le consentement d'Evola lorsqu'il était encore en vie, et qui est considéré à juste titre comme l'un des plus grands connaisseurs de la pensée et de la vie d'Evola. Outre la revue fondée et animée par Evola, Gnostika (qui, comme son titre l'indique, a des intérêts essentiellement ésotériques), ces dernières années, diverses activités sont nées qui s'inspirent de diverses manières de l'œuvre d'Evola, parmi lesquelles méritent d'être mentionnées les revues allemandes Elemente et Renovatio Imperii et surtout la revue autrichienne Kshatriya, dirigée par Martin Schwarz (auteur de la bibliographie la plus complète d'Evola à ce jour), avec une empreinte "d’orthodoxie évolienne" plus marquée. En outre, des conférences sur le penseur et des traductions de ses autres œuvres commencent s’organiser.

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En outre, le centenaire de la naissance d'Evola, en 1998, a été l'occasion pour diverses publications allemandes de se souvenir de lui avec de nombreux articles, parmi lesquels ceux qui ont été publiés dans la revue Nation & Europa (qui a été publié pendant un demi-siècle, et auquel Evola lui-même a collaboré au début des années 50), Criticon et la prestigieuse Zeitschrift für Ganzheitforschung, autre revue à laquelle Evola a contribué (au début des années 60) et qui a été fondée et dirigée pendant longtemps par Walter Heinrich (jusqu'à sa mort en 1984), qui était un grand ami d'Evola. Par curiosité, nous tenons à signaler que pour l'occasion, de nombreux groupes et ensembles musicaux allemands et autrichiens ont consacré un disque à l'écrivain traditionaliste, intitulé Riding the Tiger.

* * *

Bien que certains éléments politiques de l'histoire de l'Italie et de l'Allemagne semblent similaires (le processus d'unification nationale dans la seconde moitié du XIXe siècle, la participation commune à la Triple Alliance, l'Axe Rome-Berlin), Evola identifie dans la "tradition germanique" des traits qui différencient clairement - dans un sens positif - les pays germanophones de l'Italie. Ainsi, tout d'abord, "on peut dire qu'en Allemagne, le nationalisme démocratique de masse de type moderne n'a fait qu'une apparition fugace. […]. Le nationalisme en ce sens, sur fond démocratique, n'a pas dépassé le phénomène éphémère du parlement de Francfort de 1848, en liaison avec les soulèvements révolutionnaires qui, à cette époque, faisaient rage dans toute l'Europe (il est significatif que le roi de Prusse Frédéric Guillaume IV ait refusé l'offre, qui lui avait été faite par ce parlement, de devenir le chef de toute l'Allemagne car en l'acceptant, il aurait également accepté le principe démocratique - le pouvoir conféré par une représentation populaire – l’obligeant à renoncer à son droit légitime, même s'il était limité à la seule Prusse). Et Bismarck, en créant le second Reich, ne lui a pas du tout donné une base "nationale", voyant dans l'idéologie correspondante le principe de désordres dangereux pour l'ordre européen, tandis que les conservateurs du Kreuzzeitung accusaient le nationalisme d'être un phénomène "naturaliste" et régressif, étranger à une tradition et à une conception supérieures de l'État". En marge de cette forme "naturaliste" de nationalisme, les pays germanophones ont cultivé un esprit différent, celui du Volk, qui a animé l'esprit pangermanique. Le courant Völkisch, qui a également joué un rôle considérable dans la genèse du national-socialisme, trouve ses racines dans les discours de Fichte à la nation allemande, dans Arndt, Jahn et Lange et surtout dans le Deutschbund et la Deutsche Bewegung . C'est dans cette diversité d'origines que nous avons le premier écart entre l'Italie et l'Allemagne.

unnamedjessd.jpgMais les différences, du point de vue de l’environnement, sont beaucoup plus marquées. Dans son essai sur le Troisième Reich, qui décrit les courants culturels complexes et souvent irréductibles qui ont coopéré à sa genèse, Evola écrit : "Après la Première Guerre mondiale, la situation en Allemagne était nettement différente de celle de l'Italie. [...] Mussolini a dû créer presque tout à partir de rien, en ce sens qu'au moment de combattre la subversion rouge et de remettre l'État sur pied, il ne pouvait pas se référer à une tradition au sens le plus élevé du terme. Tout bien considéré, ce qui était menacé n'était que l'extension de l'Italie démocratique du XIXe siècle, avec un héritage du Risorgimento influencé par les idéologies de la Révolution française, avec une monarchie qui régnait mais ne gouvernait pas et n’avait pas d’articulations sociales solides. En Allemagne, les choses étaient différentes. Même après l'effondrement militaire et la révolution de 1918, et malgré le marasme social, il y avait encore des vestiges profondément enracinés dans ce monde hiérarchique, parfois encore féodal, centré sur les valeurs de l'État et de son autorité, faisant partie de la tradition précédente, en particulier du prussianisme. […]. En fait, en Europe centrale, les idées de la Révolution française n'ont jamais pris autant d'ampleur que dans les autres pays européens" .

A une occasion bien précise, Evola mentionne la théorie juridique du droit international de Carl Schmitt. Le philosophe politique allemand avait exprimé l'idée de l'effondrement du droit international coutumier européen (ius publicum europaeum), qui s'est produit, approximativement, après 1890, et l'affirmation conséquente d'un droit international plus ou moins formalisé. Ici, cependant, nous ne sommes pas entièrement de l'avis de Schmitt", écrit Evola, expliquant que "contrairement à l'opinion de beaucoup, en ce qui concerne l'action menée par Bismarck, tant en Allemagne qu'en Europe, tout n'est pas "en ordre". […]. Plus que Bismarck, il nous semble que Metternich a été le dernier "Européen", c'est-à-dire le dernier homme politique qui ait su ressentir le besoin d'une solidarité entre toutes les nations européennes qui ne soit pas abstraite, ou dictée uniquement par des raisons de politique "réaliste" et d'intérêts matériels, mais qui fasse également référence aux idées et à la volonté de maintenir le meilleur héritage traditionnel de l'Europe". Contrairement à Baillet, Evola était donc plutôt critique à l'égard de Bismarck, qui n'avait pas, selon la vision traditionnelle des évoliens, le courage de s'opposer de manière systématique et rigoureuse au monde moderne et à la subversion (sous sa forme économico-capitaliste), mais devait dans certains cas s'y résoudre.

411o7TsazkL.jpgLa même Allemagne de Frédéric II puis de Guillaume II, tout en conservant les structures et l'ordre d'un État traditionnel (Obrigkeitsstaat), dans lequel la même bureaucratie et le même appareil d'État apparaissaient presque comme les organes d'un ordre, contenait les germes de la dissolution, due aux idées des Lumières qui avaient commencé à filtrer - de façon plus subtile qu'ailleurs - dans les différentes instances. Si le jugement d'Evola sur le code de Frédéric, préservant l'ordre divisé en Stände est positif, c'est parce que, pour l'époque où il a été créé, ce code a mieux préservé que tout autre les structures féodales et hiérarchiques précédentes. Celles-ci, à travers la tradition prussienne, s'enracinent dans l'Ordre des Chevaliers Teutoniques et leur reconquête des terres baltes : un ordre ascético-chevaleresque formé par la discipline et une organisation hiérarchique stricte. Ainsi, dès son plus jeune âge, Evola pressent l'absurdité de la "guerre civile européenne" qu'il va devoir néanmoins mener, en tant que très jeune officier, à la frontière austro-italienne, celle du Karst : l'Italie prend parti contre ce qui reste de la meilleure tradition européenne. "En 1914, les Empires centraux représentaient encore un vestige de l'Europe féodale et aristocratique dans le monde occidental, malgré des aspects indéniables d'hégémonie militariste et quelques alliances suspectes avec le capitalisme présent surtout dans l'Allemagne wilhelminienne. La coalition contre eux était ouvertement une coalition du Troisième pouvoir contre les forces résiduelles du Deuxième pouvoir [...]. Comme peu d'autres dans l'histoire, la guerre de 1914-1918 présente toutes les caractéristiques d'un conflit non pas entre États et nations, mais entre les idéologies de différentes castes. Les résultats directs et attendus ont été la destruction de l'Allemagne monarchique et de l'Autriche catholique, les résultats indirects l'effondrement de l'empire du tsar, la révolution communiste et la création, en Europe, d'une situation politico-sociale si chaotique et contradictoire qu'elle contenait toutes les prémisses d'un nouvel embrasement. Et ce fut la Seconde Guerre mondiale" .

Comme mentionné ci-dessus, Evola a exprimé une opinion nettement positive sur la tradition autrichienne. La ligne dynastique continue des Habsbourg a joué un rôle important dans cette évaluation (Evola s'était exprimé en termes très positifs envers Maximilien Ier) ; dans la période où il vivait à Vienne, Evola a respiré ce qui restait de l'ancienne atmosphère de la Felix Austria (de « l’Autriche heureuse », et il est entré en contact avec ce climat culturel et spirituel et surtout avec des hommes chez qui, pour reprendre les mots d'Ernst Jünger, "la catastrophe avait certes quitté ses ombres [...], mais elle s'était limitée à en effacer la sérénité innée sans la détruire. On pouvait parfois voir [...] une patine de cette souffrance que l'on pourrait appeler autrichienne et qui est commune à tant de vieux sujets de la dernière vraie monarchie. Avec elle, on a détruit une forme de plaisir de vivre qui était inimaginable dans d'autres pays européens depuis des générations, et les traces de cette destruction se font encore sentir chez les individus. […]. Ici, dans le Reich, si l'on ne tient pas compte de l'épuisement général des forces, on commence tout au plus à constater la disparité des couches sociales ; ici, en revanche, les différences entre les différentes ethnies s'ouvrent comme des gouffres".

fotografia(6)95.jpgDans cet humus historique des années de l'entre-deux-guerres, dans lequel les liens sentimentaux et éthiques de beaucoup avec la tradition impériale précédente étaient encore forts - la monarchie des Habsbourg d'Autriche avait au moins formellement conservé, jusqu'au Congrès de Vienne, la propriété du Saint Empire romain - Evola a également eu l'occasion de percevoir directement l'attachement populaire généralisé à la monarchie, et de l'expliquer en ces termes : "Sans exhumer des formes anachroniques, au lieu d'une propagande qui "humanise" le souverain pour captiver les masses, presque sur le modèle de la propagande américaine pour les élections présidentielles, il faut voir dans quelle mesure les traits d'une figure caractérisée par une certaine supériorité et dignité innées peuvent avoir une action profonde, dans un cadre approprié. Une sorte d'ascétisme et de liturgie du pouvoir pourrait jouer un rôle ici. Précisément ces traits, s'ils renforceront le prestige de celui qui incarne un symbole, devraient pouvoir exercer sur l'homme grossier une force d'attraction, voire une fierté à l'égard du sujet. En outre, même à une époque assez récente, nous avons eu l'exemple de l'empereur François-Joseph qui, tout en plaçant entre lui et ses sujets le vieux cérémonial sévère, sans pour autant imiter du tout les rois "démocratiques" des petits États du Nord, jouissait d'une popularité particulière, non vulgaire". Dans la même veine, en 1935, écrivant sur la possibilité d'une restauration impériale en Autriche, Evola rapporte ce que les représentants de la pensée conservatrice et monarchique dans ce pays préconisaient : "Le postulat, quant à lui, est celui auquel tout esprit non encombré de préjugés peut également adhérer, à savoir que le régime monarchique, en général, est celui qui peut le mieux garantir un ordre, un équilibre et une pacification intérieure, sans avoir à recourir au remède extrême de la dictature et de l'État centralisé, à condition qu'il subsiste chez les individus la sensibilité spirituelle requise par tout loyalisme. Cette condition, selon ces personnalités, serait présente dans la majeure partie de la population autrichienne, ne serait-ce que pour la force d'une tradition et d'un mode de vie pluriséculaire".

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Le problème de l'Anschluss, de l'annexion de l'Autriche à l'Allemagne nationale-socialiste, a été, dans les années qui l'ont précédé, au centre d'un vaste débat international. Les juristes et les hommes politiques l'ont abordée sous des angles différents ; Evola n'était pas d'accord sur ce point avec son ami Othmar Spann, qui, écrit Evola, n'était apprécié ni en Autriche ni en Allemagne pour la courageuse cohérence de ses idées. En parlant du sociologue viennois, Evola a déclaré : "Les Autrichiens ne lui pardonnent pas ses sympathies pour l'Allemagne, tandis que les Allemands ne lui pardonnent pas les critiques qu'il a formulées à l'encontre du matérialisme raciste". Elargissant son regard à l'école organiciste viennoise et au monde culturel autrichien, Evola a exposé ses vues en ces termes : "On ne peut pas se résigner à abaisser une nation, qui a la tradition que l'Autriche a eue, au niveau d'un petit Etat balkanique. Ce n'est pas une simple question d'autonomie politique, c'est essentiellement une question de culture et de tradition. Historiquement, la civilisation autrichienne est inséparable de la civilisation germanique. Il n'est pas possible aujourd'hui pour l'Autriche de s'émanciper à cet égard et de commencer à suivre sa propre voie. C'est précisément parce qu'elle est paralysée, réduite à l'ombre de son ancien moi, qu'elle est obligée de se lier le plus étroitement possible à l'Allemagne, de s'appuyer sur elle, d'en tirer les éléments qui peuvent garantir l'intégrité de son patrimoine allemand". Evola a poursuivi en affirmant que, du côté positif, l'Autriche aurait à son tour beaucoup à transmettre à l'Allemagne en termes de tradition culturelle. Mais au-delà du niveau purement intellectuel, "Dans le domaine des traditions politiques, l'antithèse est encore plus visible. Il faut demander à ces intellectuels germanophiles ce qu'ils entendent par tradition germano-autrichienne. La tradition autrichienne était une tradition impériale. Héritier du Saint-Empire romain, le Reich autrichien, du moins formellement, ne pouvait pas se dire allemand. En droit, elle était supranationale, et en fait elle négligeait un groupe de peuples dont la race, les coutumes et les traditions étaient très différentes, un groupe dont l'élément allemand ne constituait qu'une partie. Il n'est pas non plus nécessaire de dire que la direction de l'Empire autrichien avait néanmoins un caractère allemand et était dirigée par une dynastie germanique. Du point de vue des principes, cela compte aussi peu que le fait que les représentants du principe supranational de l'Église romaine étaient en grande partie italiens. Si l'on doit parler d'une tradition autrichienne, conclut Evola, c'est à une tradition impériale qu'il faut se référer. Maintenant, qu'est-ce qu'une telle tradition peut avoir à faire avec l'Allemagne, si l'Allemagne signifie aujourd'hui le national-socialisme" . Francesco Germinario a écrit à ce propos que pour Evola "une Autriche liée à ses racines catholiques, et dans laquelle, surtout, la mémoire des Habsbourg est restée vivante, était beaucoup plus proche des valeurs de la Tradition qu'une Allemagne submergée par la nouvelle vague de modernisation promue par le nazisme".

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Les positions critiques d'Evola à l'égard du nazisme s'exprimaient déjà en ces termes en 1935, dont le philosophe traditionaliste accusait les excès populistes, sociaux et gauchistes. Le ton est particulièrement critique dans ce cas, car la comparaison est avec l'Autriche, en laquelle Evola a vu précisément l'héritière spirituelle de la plus haute tradition européenne. D'autre part, c'est une ligne d'interprétation et d'historiographie appréciable, et qu'Evola a maintenue même dans l'après-guerre, tendant à séparer les différents éléments et les divers courants qui opéraient dans le national-socialisme pour les juger séparément. Il a conclu sa lecture politique de la situation internationale en déclarant : "Si l'on ne veut pas se résigner à la perte de l'ancienne tradition supranationale d'Europe centrale, l'Autriche devrait tourner son regard non pas tant vers l'Allemagne que vers les États qui lui succéderont, en ce sens qu'elle devrait voir dans quelle mesure il est possible de reconstruire une conscience commune d'Europe centrale comme base non seulement pour la solution de problèmes économiques et commerciaux très importants mais éventuellement [...] aussi pour la formulation d'un nouveau principe politique unitaire de type traditionnel".

En ce qui concerne la Seconde Guerre mondiale, dont l'issue est sans doute considérée par Evola comme la dernière phase de l'effondrement de la civilisation européenne, l'écrivain traditionaliste dénonce les fautes morales des puissances occidentales : "Himmler a été responsable d'une tentative de sauvetage in extremis (considérée par Hitler comme une trahison). Par l'intermédiaire du comte Bernadotte, il a transmis une proposition de paix séparée aux Alliés occidentaux afin de pouvoir poursuivre la guerre uniquement contre l'Union soviétique et le communisme. On sait que cette proposition, qui, si elle avait été acceptée, aurait peut-être pu assurer un destin différent à l'Europe, en évitant la "guerre froide" qui a suivi et la communisation de l'Europe au-delà du "rideau de fer", a été clairement rejetée sur la base d'un radicalisme idéologique aveugle, tout comme l'offre de paix faite par Hitler, de sa propre initiative, à l'Angleterre en des termes raisonnables dans un célèbre discours de l'été 1940, lorsque les Allemands étaient le camp vainqueur.

71g63lXeJ6L.__BG0,0,0,0_FMpng_AC_UL320_SR218,320_.pngMême après la Seconde Guerre mondiale, Evola a gardé un œil sur les pays germanophones. Sa vision était celle d'une admiration pour la nouvelle résurrection économique opérée par les Allemands après être sortie du champs de ruines qu’elle était dans la seconde période de l'après-guerre ("cette nation a pu se relever complètement d'une destruction sans nom. Même sous l'occupation, elle a surpassé les nations victorieuses elles-mêmes sur le plan industriel et économique et a repris sa place de grande puissance productrice"). et pour le courage avec lequel la République fédérale avait banni le danger communiste de sa politique ("Les Allemands font toujours les choses avec cohérence. Donc aussi dans le jeu de la conformité démocratique. Ils ont mis en place une démocratie modèle comme un système "neutre" - nous dirions presque administratif, plutôt que politique - à la fois équilibré et énergique. Contrairement à l'Italie, l'Allemagne, précisément du point de vue d'une démocratie cohérente, a proscrit le communisme. La Cour constitutionnelle allemande a statué ce qui correspond à l'évidence même des choses, à savoir qu'un parti qui, comme le parti communiste, ne suit les règles démocratiques que dans une fonction purement tactique et de couverture, ayant pour objectif final déclaré la suppression de tout courant politique opposé et l’avènement de la dictature absolue du prolétariat, ne peut être toléré par un État démocratique qui ne veut pas creuser sa propre tombe") . Mais, malgré cela, la guerre avait alors produit un vide, un vide spirituel qui n'était plus comblé : "Contre tout cela, il est surprenant, en République fédérale, l'absence de toute idée, de tout "mythe", de toute vision supérieure du monde, de toute continuité avec l'Allemagne précédente". Toujours dans le domaine de la culture, Evola constate un glissement général, une sorte d'"échec" général aux positions courageuses et avant-gardistes des intellectuels allemands dans les années - selon Evola, très prospères et rentables sous le profil culturel - du Reich national-socialiste. Dans son jugement négatif, Evola prend comme exemple de cet effondrement Gottfried Benn et Ernst Jünger (tombant avec cela dans des erreurs de vue assez grossières).

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Extrait de Via della Tradizione 125 (2002), pp. 37-50.

Cet article a été republié sans les notes de bas de page.

lundi, 21 décembre 2020

Boris Nad : préface à son livre The Reawakening of Myth

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Boris Nad : préface à son livre The Reawakening of Myth

(Éditions PRAV, 2020)

https://pravpublishing.com/the-reawakening-of-myth/

indexbnreaw.jpgLe livre qui vous est présenté, The Reawakening of Myth, est la suite de deux ouvrages : The Return of Myth et The Awakening of Myth. Le premier, The Return of Myth, a été publié en Serbie en 2010. Le livre initialement intitulé The Awakening of Myth a été, pour diverses raisons, intitulé par l'éditeur Towards the Post-History of the World et publié à Belgrade en 2013. The Return of Myth était un ouvrage assez volumineux, comptant plus de trois cents pages, composé de plusieurs livres de différents genres littéraires, comprenant aussi un recueil de poésie. Le deuxième livre était une sélection d'essais explorant et abordant divers topoi mythiques. Au risque de se donner un satisfecit, on pourrait dire que, dans ces derniers livres, l'auteur a exploré des domaines très divers : de la géographie et de l'histoire sacrée à l'histoire de l'art, de la géopolitique à la mythologie, de la "théorie hyperboréenne" à la technocratie, de "l'idée du centre" et de la notion que ce centre représente réellement quelque chose qui est maintenant perdu, à l'opposition moderne entre l'Orient et l'Occident. Towards the Post-History of the World se termine par un survol de l'Apocalypse chrétienne.

L'idée fondamentale Boris Nad à travers ces travaux, c’est qu'aujourd'hui (contrairement à la préhistoire ou à la post-histoire) nous vivons dans un monde historique, un monde dont les forces mythiques se sont retirées - mais jamais entièrement. D'une manière mystérieuse, le mythe se répète dans l'histoire, que nous en soyons conscients ou non. Max Weber a discerné que nous vivons dans un "monde désenchanté" et que nous sommes condamnés à vivre dans une "cage de fer". Ce "mode de vie", qui est un signe d'éloignement du sacré et de négation de l'existence même du sacré, dont le mythe lui-même est une expression, est ce qui constitue le fondement même de l'ère moderne. Pourtant, ce constat n'est que partiellement vrai : les forces mythiques se retirent et se sont effectivement retirées, mais elles reviennent aussi et reviennent dans le monde historique, et toujours de manière inattendue. La "démythologisation" et la "re-mythologisation" sont des processus qui se produisent constamment, parfois en même temps : certains mythes disparaissent pour être remplacés par de "nouveaux" (parfois sous la forme des "anti-mythes" de l'ère moderne). Ceux-ci peuvent être "nouveaux" dans leur forme mais pas dans leur contenu, qui appartient toujours au monde des archétypes profondément enracinés. Un exemple en est le début de l'ère chrétienne, lorsque les anciens mythes ont été remplacés par de "nouveaux" mythes sur le Sauveur, dans lesquels les théologiens et les Pères de l'Église ne voyaient pas le mythe mais l'histoire littérale et véritable et, en fait, l'événement central de l'histoire (tel qu'il est enregistré et décrit dans les Evangiles).

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Une nouvelle vague de démythologisation a commencé avec le siècle des Lumières, mais ce "nouvel âge de la raison", dans lequel l'homme, pour le moins, revendique et semble avoir assumé pour lui-même l'autorité et le statut divins, n'était lui-même "qu'un mythe" - le mythe de "l'homme éclairé", peut-être celui de Prométhée, "celui qui pense vite", ou plus sinistrement, le mythe des Titans qui assaillent l'Olympe (le Ciel), le monde des dieux, et même le "père des dieux et des hommes" (Zeus).

Dans tous les cas de figure, parler de "retour du mythe" à l'époque moderne peut sembler anachronique. En effet, à l'"âge de la raison", le mythe est relégué à une place très modeste : il peut être l'objet d'études (marginales), un objet de ridicule, de mépris ou de moquerie comme s’il relevait de la "superstition" des "sauvages", comme s’il était une tentative simpliste d'"explication du monde", ou simplement une histoire amusante des temps passés qui, bien que non dépourvue d'imagination et de poésie, n'est au fond que du "délire de primitifs". La raison est censée éclairer le mythe de sa lumière froide. L'essence du mythe, cependant, échappe à la raison. Le mythe n'est ni l'histoire ni une superstition, mais une réalité intemporelle, une réalité qui n'est peut-être "jamais arrivée du tout ou nulle part", mais qui se répète constamment dans l'histoire et, de plus, est une réalité qui détermine et définit l'histoire. Un mythe n'a pas besoin d'avoir eu lieu de la manière dont il est décrit, et il n'a en fait jamais eu lieu de cette manière, mais il aurait pu avoir lieu et il a eu lieu dans une certaine mesure. Comme l'a fait remarquer Novalis dans son oeuvre : "Seul ce qui n'est jamais arrivé nulle part est vrai."

55613299._SY475_.jpgLe XXe siècle n'a pas manqué d'érudits lucides et pénétrants du mythe. Il suffit de mentionner ici deux d'entre eux : le penseur et écrivain roumain Mircea Eliade, qui a surmonté le faux dualisme du sacré opposé au profane, car "il n'y a pas d'existence profane", et l'écrivain allemand Ernst Jünger, qui réfléchissait constamment au rapport entre les mondes mythique et historique. Rappelons quelques points de référence importants d’Eliade. Selon Eliade, les images, les symboles et les mythes qui ont été oubliés ou supprimés en Occident depuis le XIXe siècle nous révèlent les modalités les plus cachées de l'être humain. Le rôle spirituel des œuvres littéraires à l'époque moderne ? Elles ont préservé et transmis de nombreux mythes, bien que parfois sous une forme dégradée. Eliade a également souligné le fait que le regain d'intérêt pour le symbolisme et le mythe en Europe occidentale a coïncidé temporellement avec l'entrée des peuples asiatiques sur la scène historique, à commencer par la révolution de Sun Yat-sen. Par ailleurs, nous devons également au XXe siècle la découverte que toute connaissance "objective", "scientifique" n'est, en réalité, pour citer Alexandre Douguine, qu'"une variation particulière de la mythologie", et que "le développement et le progrès ont un caractère cyclique". En d'autres termes, le progrès - cette invention des modernes - n'est qu'illusoire. L'humanité, malgré tous les changements qu'elle a subis, reste essentiellement "telle qu'elle a toujours été". L'ère du positivisme et du matérialisme optimistes est terminée pour l’essentiel : "À sa place est venue une nouvelle compréhension des constructions mythologiques" et "la réhabilitation de ces diverses disciplines et sciences qui ont été trop hâtivement classées comme dépassées et primitives". Cette prise de conscience fait également s'effondrer le sentiment de suprématie ou de scepticisme à l'égard del’antique héritage de l'humanité et des civilisations du passé lointain (la soi-disant préhistoire). Notre époque n'est pas privilégiée par rapport aux autres époques de l'histoire humaine qui l'ont précédée. Ce serait plutôt l'inverse : nous sommes en présence d'une involution et d'un déclin spirituel patent.

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Après tout, nous ne connaissons pas le passé ancien de l'humanité, ou nous ne le connaissons pas suffisamment, car "l'histoire officielle", comme l'a noté René Guénon, ne va nulle part au-delà des six mille dernières années, une période qui est négligeable par rapport à la durée totale de l'existence de l'homme sur Terre. Une obscurité dense s'abat sur tout le reste. Devant toutes nos tentatives de connaître le passé lointain, un mur mystérieux et impénétrable émerge. Il n'est pas accessible à la "raison" (à la connaissance scientifique), car la portée de la "raison" (les connaissance et recherche rationnelles) est tout à fait modeste ; la raison a ses limites évidentes. Cela ne signifie pas pour autant que la "raison" doive être bannie, tout comme l'ère positiviste a tenté de se débarrasser de toutes ces forces qu'elle qualifiait d'"irrationnelles" et de "choses relevant du passé mort". L'écrivain allemand Jünger a proposé une approche différente et probablement beaucoup plus difficile et exigeante : l'utilisation simultanée des deux optiques, de deux angles d'observation, des méthodes de connaissance "rationnelles" et "irrationnelles". La lune, par exemple, est à la fois un corps physique et cosmique qui fait l'objet d'observations et de mesures scientifiques, ainsi qu'un fait mythologique ou même une entité métaphysique ; la lune n'est pas simplement un objet mort pour la connaissance scientifique, "objective", qu'un scientifique peut aborder "froidement" et sans préjugés.

Boris Nad n'est pas un scientifique ou un érudit, mais seulement un écrivain. Cela lui donne une plus grande liberté, une plus grande accessibilité, tout en le libérant de l'obligation de suivre la méticulosité scientifique. Le mythe, cependant, est un topos auquel, en tant qu'écrivain, il est souvent revenu. Sa première œuvre littéraire, publiée dans son pays natal, a été un court roman "épique-fantastique" intitulé The Feast of the Victor (2005). En gros, cette histoire mythique se déroule à un moment où différentes perspectives temporelles et spatiales se croisent. En fait, cette histoire, bien que suscitée par des événements immédiats (la guerre dans le pays qui s’appelait la Yougoslavie), se déroule dans un lieu intemporel ou "uchronie". Cette approche présente des similitudes avec celle employée par Jünger dans sa nouvelle Sur les falaises de marbre (1939). Cette comparaison ne concerne bien sûr que l'approche, et non la valeur de l'œuvre littéraire. Son livre The Silent Gods (2008), qui est un recueil de nouvelles, de notes et de prose, et le recueil de récits fantastiques intitulé The Invisible Kingdom (2016) étaient centrés sur des thèmes mythiques et sur mes propres variations d'intrigues mythiques bien connues.

51q4qC48j5L._SX342_BO1,204,203,200_.jpgLe livre qui s’offre maintenant aux lecteurs est une sorte de sélection d'écrits par le biais de laquelle Boris Nad se présente au public anglophone de manière plus complète que jamais. En fait, ce livre se compose de trois ouvrages, dont le premier est l'édition anglaise abrégée de The Return of Myth, publié à l'origine en 2016 à Melbourne, en Australie, par Manticore Press. Ce texte a été réédité et partiellement retraduit pour l'occasion et annexé à un texte non traduit auparavant, The Golden Fleece. La deuxième partie est un court roman, A Tale of Agartha, c'est-à-dire un récit du royaume souterrain qui a, pendant des milliers d'années, influencé de manière invisible et mystérieuse les événements à la surface de la Terre, l'histoire et le monde des nations. C'est l'un des grands mythes de l'Orient que l'auteur aborde de la  manière caractéristique d'un écrivain : sous la forme d'un conte fantastique. La troisième partie de ce livre, Sacred History and the End of the World, complète les deux premières, comprenant des textes qui ont été laissés de côté dans l'édition anglaise précédente de Return of Myth ainsi que d'autres textes, non traduits et non publiés auparavant, dans lesquels il aborde des sujets connexes d'une manière extrêmement libre, à la façon d’un essayiste. Ces sujets comprennent, entre autres, la notion d'histoire sacrée, l'apparition de l'Antéchrist et la seconde venue du Christ (qui est d'une importance particulière pour le christianisme oriental), et les relations entre l'Orient et l'Occident. Cette dernière partie ne concerne pas seulement la crise de l'Occident, mais aussi la crise dans laquelle les sociétés (et civilisations) orientales sont de plus en plus impliquée dans une phase descendante - des crises qui, sans aucun doute, ont essentiellement la même racine spirituelle. Aujourd'hui plus que jamais, il est nécessaire que l'Est et l'Ouest se rapprochent plutôt que, comme cela a été le cas au cours de l'ère moderne (contrairement à certaines périodes historiques antérieures), de s'éloigner davantage l'un de l'autre et de se diviser. La première et nécessaire condition pour cela est que l'Est et l'Ouest se connaissent mieux et engagent enfin le dialogue (sinon, ils ne cesseront d’être en guerre).

Pourtant, ici, dans les pages de ce livre, ce n'est pas l'Est et l'Ouest qui se rencontrent, mais surtout le lecteur et l'écrivain. L'ambition de l'écrivain n'est pas d'expliquer ou d'interpréter quoi que ce soit ; il ne cherche pas à persuader, mais plutôt à poser des questions, à parler simplement de ce qui est important pour lui avec sa propre voix et en suivant le flux de ses propres pensées. Il n'est pas nécessaire que le lecteur et l'écrivain soient toujours d'accord sur tout, mais il est nécessaire qu'il y ait une certaine affinité entre eux. Ce sont les désaccords et les disputes qui rendent le dialogue souhaitable et possible. Le rôle du lecteur n'est pas moins exigeant que celui de l'écrivain, car c'est au lecteur de faire revivre l'œuvre de l'écrivain. Si ce livre facilite cela, ne serait-ce qu'au niveau symbolique, alors il aura atteint son but. Après tout, tout ce qui est important se passe d'abord au niveau des symboles, dans le domaine où l'esprit règne souverainement, et ne provoque qu'ensuite des conséquences dans le monde que nous appelons si maladroitement "matériel".

Boris Nad,

Serbie, août 2020.

00:29 Publié dans Livre, Livre, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : boris nad, tradition, traditionalisme, mythe, livre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 12 décembre 2020

Distanciation sociale et fraternité spirituelle

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Distanciation sociale et fraternité spirituelle

Un message du Groupe "Heliodromos" (Italie)

A méditer pendant le confinement et l'obligation à la distanciation sociale

Ex: https://www.azionetradizionale.com

Ce qui s'assemble aujourd'hui, artificiellement, jour après jour, sous nos yeux, prend de plus en plus le caractère sans équivoque d'une civilisation mécanique et anti-humaine, fondée sur une forme de barbarie sociale et politique dans laquelle, s'inspirant d'Ortega y Gasset, l'homme d’excellence ("celui qui exige beaucoup de lui-même"), est supplanté par l'homme vulgaire ("celui qui n'exige rien, mais se contente de ce qu'il est, et reste admiré de lui-même"), prêt à sacrifier toute liberté, dont il ne sait que faire, pour prolonger d'un jour seulement sa propre misérable et inutile survie terrestre. Le remplacement radical du paradigme sur lequel reposait l'existence de tout un chacun, il y a seulement quelques mois, est le signe d'un véritable tournant d'époque, qui laisse entrevoir une étape supplémentaire et définitive de l'action anti-traditionnelle, dont René Guénon nous a magistralement fait prendre conscience.

unnamedhdcouv.pngPour rester dans l'ère moderne, il s'est passé quelque chose de semblable, et tout aussi extrême et définitif, avec l'Humanisme, introduit suite à la Peste noire qui a clos le Moyen-Âge, entraînant la dissolution politique qui a vaincu l'Empire en le remplaçant par les Nations ; la dissolution religieuse et spirituelle marquée par la Réforme protestante ; la dissolution anthropologique, artistique et culturelle représentée par la Renaissance : après cette période, rien n'était plus vraiment comme avant. Jusqu'à ce que, par le truchement des Lumières, la Révolution française achève le travail de sape des siècles précédents et forme la matrice de toutes les tendances subversives et anti-humaines ultérieures.

La qualification négative croissante (qu'il serait plus correct d'appeler "disqualification") des agents humains est désormais bien visible : ces agents sont devenus les instruments et les porteurs de germes dissolvants, et ont obtenu l'accès au sommet des organes de l'État et des institutions publiques, lesquels sont de plus en plus "défectueux", voués aux vices, à la dépravation et à des perversions plus ou moins cachées. Ce processus involutif avait encore naguère pour vecteurs-accélérateurs l'inadéquation et le manque de qualité croissants de ceux qui étaient censés contrer ces processus, les réduisant à la seule vague concrétisation et à l'organisation de simples actes réactifs. On a donc recours à une attitude passive et perdante, car ceux qui réagissent partent d'une position de faiblesse, ayant déjà pris "gifles et coups", et se retrouvent à se battre sur le terrain choisi par l'adversaire.

Le fait est que les civilisations fondées sur des principes traditionnels, comme l'ont été les civilisations romaine et médiévale dans nos régions du monde, dans lesquelles l'homme a encore joué un rôle actif, devenant en même temps à la fois le récepteur et l’émetteur des influences spirituelles que ces réalités animaient, ont été suivies d'expressions de plus en plus partielles et incomplètes telles que, pour en rester aux étapes subversives mentionnées ci-dessus, la Contre-Réforme de l'Église catholique, le Légitimisme contre-révolutionnaire du XIXe siècle, jusqu'aux Fascismes européens du siècle dernier : les derniers émetteurs du témoin et le flambeau d'un feu toujours moins pur et moins vivant.

En arrivant à l'époque contemporaine et en regardant la farce sanitaire actuelle, tous ceux qui tentent, avec mérite, d'échapper   (- avec des nuances et des points de vue différents, pas toujours conciliables les uns avec les autres -)   au chœur bêlant du troupeau terrifié par le virus, ne font finalement que "répondre" et "réagir" à la narration officielle du pouvoir pharmaceutique et de ses infâmes serviteurs, en acceptant leurs arguments et leur champ de bataille, à commencer par la bataille de l'information. Peut-être quelqu'un se sentira-t-il encore libre et en pleine possession de ses facultés intellectuelles, simplement parce que le Pouvoir lui permet (pour peu de temps encore, vous verrez !) de se livrer au sarcasme et à l'ironie - comme toujours amplifiés dans les moments de crise et de difficulté - en se moquant des éléments marginaux et périphériques de toute l'orchestration. Se réduisant ainsi à utiliser les mêmes thèmes avec lesquels cette énorme fiction a été construite, en essayant seulement d'en inverser le sens, et d'en expliquer les données et le contenu d'un point de vue partiel ; manquant la vue d'ensemble, qui ne peut venir que de la connaissance des lois cycliques traditionnelles. Avec la circonstance aggravante de tomber dans le syndrome démocratique, qui prétend communiquer la vérité à quiconque, en raison du besoin sentimental de partage unanime et collectif. Alors qu'il devrait être établi depuis longtemps qu'il ne vaut la peine de se dire des choses que parmi ceux qui parlent la même langue.

heliodromos-20_21.jpgLe désir de sauver tout le monde (même ceux qui n'ont aucun désir d'être sauvés ! ) et le prosélytisme qui en découle, naissent, après tout, du fait que l'on se sent lié à tout le monde, sans distinction ; ignorant par culpabilité - du moins ceux qui ont une formation traditionnelle et anti-moderne - ce qu'Evola affirmait en son temps, dont l'enseignement est très précieux et décisif dans des moments comme le présent qui voit la prévalence de la confusion et de la désorientation, dans une de ses phrases les plus citées : "A partir d'un point donné, plus de sang, plus d'affection, plus de pays, plus de destin humain, on ne peut encore se sentir uni à quelqu'un. Unis, vous ne pouvez vous sentir unis qu'avec ceux qui sont sur le même chemin que vous".

Comme les données traditionnelles nous le montrent, à la fin du cycle actuel de l'humanité, le renversement parodique de tout principe et de toute institution, politique ou religieuse, devra nécessairement se produire, à partir des mêmes castes, sous réserve d'une inévitable "régression" dans leur rôle et leur signification d'origine, qui les conduira à un renversement total, au point qu'ils se retrouveront aux plus hautes fonctions, non seulement ceux qui étaient autrefois les Çûdra, mais aussi les parias et les intouchables, avec lesquels tout contact était interdit dans la civilisation hindoue. Et quel meilleur signe qu'une telle interdiction, que l'introduction parodique et ridicule de la distanciation sanitaire comme nouvelle condition de toute future coexistence humaine et sociale ?

Revenir donc à la phrase d'Evola qui vient d'être mentionnée : "partir d'un point donné" était déjà quelque chose qui, historiquement, avait sa validité objective par rapport aux tournants d'époque qui se sont produits au cours des siècles passés, mais qui prend une actualité définitive avec les événements que nous vivons aujourd'hui. D'autant plus si ce changement s'opère au sein des consciences, où les événements extérieurs ne représentent qu'un reflet de révolutions bien plus profondes que la misérable chronique quotidienne. Parmi les effets involontairement favorables de la mise en place des soins de santé, il faut cependant noter la clarification de la discrimination entre esclaves et opposants, entre les adeptes non critiques et obtus du récit officiel et ceux qui ont une ouverture d'esprit éclairée par la réflexion de la raison, toujours capables de poser des questions. Avec ceux qui portent le masque partout, convaincus qu'ils sauvent leur peau, avec ceux qui se saluent de la façon la plus étrange, en évitant soigneusement les étreintes et les poignées de main (gestes qui sont devenus, qui l'aurait cru, révolutionnaires !), avec ceux qui aseptisent même les pensées, nous ne pouvons rien avoir à partager. Et cela vaut en particulier pour les soi-disant partis, mouvements, cercles et initiatives de la "droite", non moins alignés que d'autres : par commodité, par peur et par manque évident de foi et de cohérence avec ce qui est dit en paroles. Au moins, ils auraient le courage de se saluer romantiquement, plutôt que de se barrer comme des ivrognes !  

Ainsi, "plus que par le sang" on peut se sentir uni (face aux décrets ministériels !), compte tenu de la désintégration et des attaques subies contre les liens familiaux et contre tous les descendants généalogiques, privant la société de son unité de base et de l'une de ses plus grandes forces et de sa stabilité. Il en résulte que des liens plus forts avec des personnes extérieures à la famille qu'avec les frères et sœurs naturels eux-mêmes peuvent être établis, lorsqu'une union horizontale et naturaliste est remplacée par une union verticale et spirituelle, en vue de projets communs et d'intérêts supérieurs qui transcendent le profit économique et héréditaire. Et, surtout, "plus que par les affects", étant donné la vacuité actuelle des liens sentimentaux, où l'intérêt personnel et l'égoïsme prévalent, au détriment du dévouement amoureux et de l'altruisme désintéressé, parce que l'amour authentique n'est pas quelque chose de froid, d'abstrait, d'indifférencié, de calculé et visant un rendement matériel. Il est vivant, chaleureux, intense et fortifiant. Par conséquent, pas même "plus que par la patrie", dégradée au rang de « comité de la nation et des entreprises », puisque le rôle du Père, dont elle a tiré son nom et sa signification, avec l'imposition de ses limites (au consumérisme en général et aux "droits" également marqués par les idéologèmes consuméristes) et de ses règles, a disparu, n'est plus fonctionnelle dans la société capitaliste, avec une prédisposition naturelle à l'audace, au risque et au danger, à la virilité et à la valeur, considérée comme un gaspillage inutile par la société dans laquelle les trois Mères (Suspiriorum, Tenebrarum et Lacrimarum) dominent ; ainsi que "plus que par un destin humain", surtout si cela a réduit la grande majorité des individus à des poulets d'élevage grossiers et gênants.

heliodromos-solstizio-20131.jpg"Unis, vous ne pouvez vous sentir qu'avec ceux qui sont sur le même chemin que vous", alors vous devenez la bannière et la devise qui doivent distinguer le militant du Front de la Tradition, à qui est confiée la tâche de témoigner avec courage et loyauté à l'Esprit (en tant que Réalité suprême, transcendante, absolue et illimitée), et de rester fidèle aux devoirs et responsabilités qui en découlent, de manière impersonnelle et sans en regarder les fruits. Pour quitter le troupeau destiné à l'abattoir inévitable et devenir un Groupe actif, conscient, formé et préparé, sans tergiversations ni références croisées, avant que "le temps n'arrive", prêt à faire sa part et à prendre la place de chacun, il est indispensable de prendre et de parcourir le Chemin amer ("pour la longueur du voyage et la fatigue de la route", selon l'ésotérisme islamique) qui conduit individuellement à la reconstruction intérieure, et en accord avec l'application d'une stratégie communautaire visant à la constitution, également physique, d'une forteresse et d'une république d'amis du sacré et d'hommes de bonne volonté, construite sous la bannière de la paix, de la sérénité et de la justice, dans la tempête déchainée du choc final.

Pour ce faire et pour donner une perspective large et globale à l'action à entreprendre, il faut examiner attentivement les possibilités concrètes d'intervention dans le monde extérieur, en supprimant tout romantisme et toute physiologie du beau geste (vieilles maladies de notre mouvance !), en visant exclusivement ce qui peut réellement servir, surtout "pour plus tard". Cela signifie que nous devons continuer à faire avec cohérence ce qui a été fait jusqu'à présent, en partant d'une analyse de la réalité effectuée, en son temps, à la lumière de la doctrine traditionnelle ; en silence, avec le détachement nécessaire et le renoncement indispensable pour ne pas être ébloui par les miroirs aux alouettes que le monde moderne nous présente, avec ses superstitions technologiques et informatiques, fantasmagoriques et déviées.

Au début de notre activité extérieure en tant que groupe Heliodromos, en imprimant les premiers numéros du magazine avec la ronéo, après un engagement minutieux et méticuleux avec la machine à écrire, il est venu à l'esprit des plus jeunes et des plus "novateurs" d'entre nous d'acheter une machine à écrire électrique, pour faciliter et accélérer le travail de composition ; nous nous sommes heurtés à une résistance inexplicable de la part de Gaetano, qui n'était pas du tout satisfait de toute cette dépendance technologique. Ce refus s'est ensuite traduit par l'utilisation immodérée des téléphones portables, qui commençaient discrètement à s'imposer, et des premières possibilités offertes par l'internet. La méfiance de Gaetano est née, d'une part, de raisons spirituelles bien fondées (les conforts ne sont pas toujours conciliables avec le travail intérieur et l'ascèse, bien au contraire !), et d'autre part, d'un souci prescient de devenir les victimes d'un contrôle de plus en plus intrusif, dont nous ne pouvons comprendre l'ampleur qu'aujourd'hui (avec nos échanges continus de messages sur les médias sociaux et nos rencontres très confortables sur le zoom !) Et la découverte que les mafiosi fugitifs évitaient soigneusement l'utilisation du téléphone, recourant à des "pizzini" apparemment anachroniques, a considérablement renforcé sa position.

indirizzi-per-l-azione-tradizionale.jpgAujourd'hui, que le dégoût pour les virologistes, les journalistes et les dirigeants qui pontifient quotidiennement en direct à la télévision (répugnants serviteurs, à qui l'on confie le sale boulot pour l'instauration de la dictature de la santé), vous donne envie de leur taper dessus et de rentrer chez vous un par un - en infligeant une "saine punition" à ceux qui contribuent à violer les lois divines et naturelles -, les paroles d'Evola, adressées en son temps à l'anarchiste de droite, reviennent plus utiles que jamais : "Bien sûr, si l'on pouvait aujourd'hui organiser une sorte de Sainte Vehme opérationnelle, de manière à maintenir les principaux auteurs de la subversion contemporaine dans un état constant d'insécurité physique, ce serait une très bonne chose. Mais ce n'est pas quelque chose qu'un jeune (et dans le monde d'aujourd'hui, pas même un État, ndlr) peut organiser, et d'autre part le système de défense de la société actuelle est trop bien construit pour que de telles initiatives ne soient pas étouffées dans l'œuf et ne soient pas payées trop cher". Il s'agirait, en fait, d'une explosion sentimentale infantile et stérile (passivement réactive, comme expliqué ci-dessus) qui, comme nous l'a appris l’ère du terrorisme intérieur du siècle dernier et du terrorisme international d'aujourd'hui, ne ferait que renforcer le pouvoir de l'adversaire, lui fournissant l'alibi pour de nouvelles restrictions répressives. Même si la constitution d'une unité opérationnelle "Barbalbero", qui se consacrerait à abattre, par exemple, dix antennes 5G pour chaque arbre déraciné, ne serait pas une mauvaise idée !

Mais cela ne fera pas obstacle au nouvel ordre mondial. Si le système actuel s'effondre, comme il est juste et naturel de l’imaginer, c'est plutôt en raison de son extrême fragilité et de son interdépendance informatique. Probablement, au moment où l'extension de son pouvoir de contrôle et de domination sera sur le point de devenir absolue et étendue à l'échelle planétaire, un petit échec ou une incursion souhaitable des pirates du web héroïques suffira à bloquer l'engrenage et à précipiter ce semblant de domination. Un peu comme ce qui arrive à Sauron dans la finale du Seigneur des Anneaux, qui est sur le point de prendre le dessus et qui est vu comme annulant à tout moment son "réseau" de contrôle et de domination, avec la simple destruction d'un objet insignifiant comme peut être un anneau. Un grain de sable qui bloque tout le mécanisme, ou, si vous préférez, le triomphe des fabricants de "couvercles" contre l'Illusion éternelle, des fabricants de "pots".

Heliodromos, n. 25-26, Equinoxe d'automne - Solstice d'hiver 2014

(pour plus d'informations : libreria@raido.it)

vendredi, 11 décembre 2020

Julius Evola | The Sufi Of Rome

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Julius Evola | The Sufi Of Rome

Julius Evola: The Sufi of Rome
 
 

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jeudi, 10 décembre 2020

La fin d'un monde : quand Evola a anticipé Orwell et Huxley

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La fin d'un monde : quand Evola a anticipé Orwell et Huxley

Andrea Scarabelli

Ex : https://blog.ilgiornale.it/scarabelli

La-Torre_1-213x300.jpegLa nouvelle édition de La Torre, la revue mythique dirigée par Julius Evola en 1930, vient d'être publiée par la maison d’édition Mediterranee ; c’est une version critique, remise à jour, comprenant des notes, des bibliographies et des analyses approfondies. En plus d'être un document historique comme il y en a peu d'autres, cette réédition témoigne d'une approche "métapolitique" et "spirituelle", qui a tenté d'orienter la politique de l'époque dans un sens différent de celui pris dans les années ultérieures. À l'occasion de cette nouvelle édition, nous rapportons, avec l'aimable autorisation de l'éditeur, une note signée par Evola dans le quatrième numéro de la revue, le 16 mars 1930, dans la rubrique qu'il a dirigée, la rubrique L'Arco e la Clava. Ici, le philosophe répond clairement à tous ces périodiques (La Volontà d'Italia, Roma Fascista, L'Italia Letteraria, L'Ora, etc.) qui l'accusent de "catastrophisme", car, comme on le sait, il s’était penché sur le thème de la fin des civilisations. Dans cette réponse, Evola anticipe non seulement des analyses plus connues aujourd’hui de par le monde, contenues par exemple dans des textes tels que Le meilleur des mondes de Huxley (1932), La dialectique des Lumières d’Adorno de Horkheimer (1947), le 1984 d’Orwell (1949) et L'homme unidimensionnel de Marcuse (1964).De surcroît, iloffre un portrait impitoyable, une analyse quasi chirurgicale, de notre monde. Dans cette singulière variation sur le thème de la "fin du monde" (dont le spectre erre encore dans le débat public actuel), Evola imagine néanmoins une calamité bien différente de celles, littéraires et dystopiques, auxquelles nous nous sommes habitués, pour finir par décrire en fait... notre contemporanéité, avec ses tics et ses tabous, avec tous ses masques et ses acteurs que le lecteur - nous en sommes sûrs - n'aura pas de mal à reconnaître. C'est aussi parce qu'il n'y a souvent pas besoin de catastrophes naturelles - ou de pandémies, pourrait-on ajouter, pour basculer dans la dystopie. Une civilisation peut aussi mourir d'une mort naturelle. C'est peut-être le cas de la nôtre.

Andrea Scarabelli.

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Texte de Julius Evola

Le monde occidental se dirige vers sa "fin". Mais c'est précisément ce que signifie "fin" qui doit être compris ! Nos points de référence ne sont pas du tout ceux qui ont cours actuellement. Nous ne prophétisons pas, nous démontrons - par l'observation de personnages et de processus précis de l'histoire et de la culture - le déclin d'une civilisation, et ce même fait, aux yeux de la plupart des gens, pourrait prendre un aspect très différent et pas du tout alarmant.

Expliquons cela à l'aide d'un exemple. Nous ne pensons pas du tout que la fin du monde occidental devrait nécessairement avoir cet aspect chorégraphique et catastrophique auquel la plupart des gens pensent immédiatement. Il ne s'agira pas nécessairement de cataclysmes, ni même de ces nouvelles guerres mondiales, sur les horreurs desquelles on a déjà maintes fois disserté et sur les résultats d’une éventuelle extermination de la race humaine ; non, plus simplement, de nombreuses personnes bien vivantes nous montrent déjà ce déclin, de manière lugubre. Au contraire, une guerre... un autre bon mais radical écrasement définitif - que peuvent espérer de plus ceux qui espèrent encore?

On voit encore plus noir. Voici, par exemple, l'une des formes sous lesquelles, entre autres, nous pourrions aussi dépeindre la "fin du monde".

Plus de guerres. La fraternité universelle. Nivellement total. Le seul mot d'ordre : obéir - incapacité, de devenir « organique » vu la contre-éducation des générations successives, alors qu’il faudrait faire tout sauf obéir. Pas de dirigeants. La toute-puissance de la "société". Les hommes, des moyens d'action sur les choses. L'organisation, l'industrialisation, le mécanisme, le pouvoir et le bien-être physique et matériel atteindront des sommets inconcevables et vertigineux. Soigneusement libérés scientifiquement de l'ego et de l'esprit, les hommes deviendront très sains, sportifs, travailleurs. Parties impersonnelles de l'immense agglomération sociale, rien, après tout, ne les distinguera les uns des autres. Leur pensée, leur façon de ressentir et de juger seront absolument collectives.

Avec les autres, même la différence morale entre les sexes disparaîtra, et il se peut aussi que le végétarisme fasse partie des habitudes rationnellement acquises de ce monde, se justifiant sur la similitude évidente des nouvelles générations avec les animaux domestiques (les animaux sauvages n'étant alors plus autorisés à exister que dans quelques jardins zoologiques). Les dernières prisons enfermeront dans l'isolement le plus terrifiant les derniers agresseurs de l'humanité : les penseurs, les témoins de la spiritualité, les dangereux maniaques de l'héroïsme et de l'orgueil guerrier. Les derniers ascètes vont s'éteindre un à un sur les sommets ou au milieu des déserts. Et la messe se célébrera par la bouche de poètes officiels et autorisés, qui parleront des valeurs civiles et chanteront la religion du service social. À ce moment-là, une grande aube se lèvera. L'humanité sera véritablement régénérée, et elle ne conservera même plus le souvenir des temps passés jugés désormais « barbares ».

Maintenant : qui vous permettrait d'appeler "fin" cette fin ? Pour voir, avec nous, l'effondrement total, la chute finale ? Seriez-vous capable de concevoir un mythe plus splendide, un avenir plus radieux pour l'"évolution" ?

mardi, 08 décembre 2020

The Reawakening of Myth - Selected Works by Boris Nad

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The Reawakening of Myth

Selected Works by Boris Nad

COMING SOON – 10 DECEMBER 2020

Translated and Edited by Jafe Arnold and Zinka Brkić

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In the common parlance of the modern world, “myth” is often taken to refer to something false, a foolish misconception, or the superstitions of primitive societies and archaic worldviews that have been discredited and overcome by secular, empirical reason. In The Reawakening of Myth, Boris Nad contends that nothing could be further from the truth. Sacred Myth, Nad sketches, is concerned with timeless realities which express fundamental principles, and the world’s mythologies are rich repositories of wisdom and experience touching the existential nerves of the human condition. Mythical forces, beings, and realities can and might very well have “withdrawn” from our line of sight, but they have not disappeared. Myth continues to express itself in history, whether we are conscious of it or not, and just as myths might seem to “withdraw”, so can they “return.”

The Reawakening of Myth gathers an unprecedented selection of Boris Nad’s meditations on Myth in different genres – from essays and commentaries to short stories, novels, and accounts of visionary experiences. Nad not only retells, investigates, and compares ancient myths across North, South, East and West, but goes further to envision how the conflicts and crises of the present might be deciphered in mythical terms. From the epics of ancient Greece and India to Christian visions of the End Times, from the mysterious lands of Hyperborea, Atlantis, and Agartha to modern geopolitics, from visions of prehistoric paradises to Postmodern dystopias, Boris Nad’s The Reawakening of Myth is an immersion into how Myth and the processes of “de-mythologization” and “re-mythologization” constantly affect our world, our history, and ourselves.

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Table of Contents

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Excerpt I – The Return of Myth

Excerpt II – The Crisis of the West

Excerpt III – Traveling to Agartha

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Boris Nad (b. 1966) is a Serbian Traditionalist philosopher and the author of more than a dozen books of diverse genres. Born in Vinkovci, Slavonia and graduated from the University of Belgrade, since 1994 Nad has authored extensively on matters spiritual and geopolitical. Nad hosts the blog Arktogeja and writes regularly for the Serbian publications Pečat and Novi Standard as well as various international media. In addition, Nad is a member of the Eurasian Artists Association and a contributor to the conceptual-music project T.S.I.D.M.Z. He lives outside of Belgrade, Serbia.

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jeudi, 03 décembre 2020

Le Symbolisme du Langage des Oiseaux

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Le Symbolisme du Langage des Oiseaux

par Tibet Dikmen

Le symbolisme a toujours été un attribut inséparable de l’être humain. Qu’ils soient conscients ou inconscients, explicites ou implicites, les symboles ont toujours pris leur place dans les différentes castes sociales des sociétés traditionnelles. Le mode de vie profane et post-moderne a fortement diminué notre capacité à appréhender les différents symboles qui persistent autour de nous, ils sont devenus presque complètement inintelligibles. Seulement la partie qualitative et exotérique persiste or la coquille ne signifie rien sans l’essence du noyau. Manifestement, le symbole le plus significatif qui persiste aujourd'hui est le langage lui-même, car le langage est l'un des symbolismes les plus complexes et les plus répandus, que ce soit le langage profane ou le langage ‘sacré’.

Cependant, même si, à première vue, les arts et les sciences traditionnelles sont devenus profanes et ont été dépouillés de toute signification d’ordre supérieur, différents penseurs traditionalistes et métaphysiciens ont oeuvré pour reconstituer, ne fusse que d’une manière générale, certains liens ésotériques que l’on pourrait considérer comme universels. Le plus frappant d’entre eux serait le symbolisme omniprésent dans différentes traditions dites du ‘Langage des Oiseaux’.

L’allusion à ce symbole peut être observée à la fois dans les traditions occidentales et orientales.

Dans la mythologie européenne, cette qualité de ‘parler la langue des oiseaux’ est souvent attribuée aux héros mythiques, vainqueurs du dragon. Notamment dans la légende nordique de Siegfried, où le héros comprend aussitôt le langage des oiseaux. En partant de ce point, nous pouvons facilement déduire que ce langage est un attribut des initiés menant le combat contre le dragon, qui est également le symbole de la contre-initiation, de l’antéchrist, de forces du bas-monde, et bien d’autres caractéristiques d’ordre négatif. Cette victoire signifie également la conquête de l’immortalité, c’est-à-dire le retour à l’état principiel de l’homme, en relation directe avec le supérieur. Cette image que nous venons de dessiner s’applique également de manière parfaite à l’Archange Saint-Michel qui combat le dragon, symboles et sculptures duquel nous pouvons fréquemment observer en Europe occidentale. Un phénomène identique peut être observé dans la tradition hindoue dans l’épopée du combat de Garuda contre le Nâga. Garuda étant symbolisé par l’aigle (et ailleurs remplacé par l’ibis, la cigogne ou le héron) et le Nâga prenant la forme d’un reptile (dragon ou serpent).

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Le combat de Garuda contre Naga.

Cependant, le fort rapprochement de cette symbolique, entre l’Orient et l’Occident, se manifeste de manière évidente dans les traditions abrahamiques. Nous pouvons citer la parabole évangélique décrivant des « oiseaux du ciel » venant se poser sur les branches de l’arbre représentant l’axe passant par le centre de chaque état d’être et les reliant tous entre eux. Ceci s’est notamment manifesté sous la forme du symbole médiéval du Peridexion. Une image analogue existe dans la tradition islamique, plus précisément dans l’œuvre du grand-maître soufi Ibn’ Arabi dont la pensée et les œuvres ont été répandues dans la sphère intellectuelle européenne grâce aux efforts de Titus Burckhardt et autres penseurs traditionalistes. Dans son œuvre intitulé ‘L’arbre essentiel et les quatre oiseaux’, par l’allégorie de l'arbre universel, représentant l'être humain complet, et des quatre oiseaux posées sur celui-ci, représentant les quatre aspects essentiels de l'existence, Ibn 'Arabi explique son enseignement sur la nature et la signification de l'union avec Dieu. Ce qui laisse déduire que la compréhension concrète des aspects essentiels de l’existence serait possible si une communication avec ces oiseaux s’effectue avec succès, qualifiant le ‘langage des oiseaux’ en tant que clé pour la compréhension des vérités métaphysiques.

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Illustration du Peridexion (Bodleian Library, MS. Bodley 764 )                

Le symbolisme de ce langage se manifeste semblablement chez l’un des contemporains d’Ibn Arabi en Perse. En faisant allusion au verset coranique attribuant au Roi Salomon d’Israël la capacité de communiquer avec les oiseaux, le maître soufi Farid’uddin Attar de Neyshabur (qui exerça une grande influence sur Rumi) écrit un recueil de poèmes médiévaux d’environ 4500 distiques, intitulé ‘La Conférence des Oiseaux’. Dans ce poème colossal, Attar lie la quête pour le fabuleux oiseau Simorgh de la mythologie perse pré-islamique avec l’enseignement initiatique et mystique du Soufisme.

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Illustration Safavide du « Conférence des Oiseaux » d’Attar

En conclusion, nous pouvons dire que si, avec un peu d’effort, nous parvenions à contourner l’acte délibéré et continu de profanation de nos arts et des sciences traditionnelles, un trésor caché s’ouvrira à nous. Comme René Guénon a insisté maintes fois : Vincit Omnia Veritas.

51Ot+ag29iL._SX210_.jpgSources :

- Symboles de la Science sacrée, René Guénon (Gallimard, 1962)

- Le Langage des Oiseaux, Farid-ud’Din Attar (trad. Garcin de Tassy, Albin Michel, 1996)

- La Sagesse des Prophètes, Ibn’ Arabi (trad. Titus Burckhardt, Albin Michel, 2008)

-The Symbolism of Letters and Language in the Work of Ibn ‘Arabī, Pierre Lory (The Ibn’ Arabi Society Vol. XXIII, 1998)

 

 

jeudi, 26 novembre 2020

Guénon, les virus et la civilisation hallucinatoire

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Guénon, les virus et la civilisation hallucinatoire

par Nicolas Bonnal

Le caractère hallucinatoire du virus est une évidence. Une modeste épidémie surexploitée médiatiquement sert à happer nos libertés restantes, nos vies et nos ressources. Mais il ne faut pas s’en étonner, dans un monde où le populo passe dix heures par jour le nez dans le smartphone ou le tronc planté devant la télé. L’opération virus est le couronnement de la crasse stupidité  des occidentaux et du caractère hallucinatoire de leur civilisation. Je dirais d’ailleurs comme un ami guénonien (Jean Robin) qu’il ne faut pas trop s’inquiéter de la situation actuelle : elle gonfle comme Oz.

Il est évident que nous vivons sous hypnose : abrutissement médiatique/pédagogique, journaux, actus en bandeaux, « tout m’afflige et me nuit, et conspire à me nuire. » Mais cette hypnose est ancienne et explique aussi bien l’ère d’un Cromwell que celle d’un Robespierre ou d’un Luther-Calvin. L’occident est malade depuis plus longtemps que la télé…O Gutenberg…

41C75SSJ77L._SX295_BO1,204,203,200_.jpgJe redécouvre des pages extraordinaires de Guénon en relisant Orient et Occident. Il y dénonce le caractère fictif de la notion de civilisation ; puis son caractère hallucinatoire à notre civilisation ; enfin son racisme et son intolérance permanentes (sus aux jaunes ou aux musulmans, dont les pays – voyez le classement des pays par meurtre sur Wikipédia – sont les moins violents au monde). Problème : cette anti-civilisation dont les conservateurs se repaissent, est la fois destructrice et suicidaire. Exemple : on détruit des dizaines de pays ou des styles de vie pour se faire plus vite remplacer physiquement (puisque métaphysiquement nous sommes déjà zombis)…

Voyons Guénon :

« La vie des mots n’est pas indépendante de la vie des idées. Le mot de civilisation, dont nos ancêtres se passaient fort bien, peut-être parce qu’ils avaient la chose, s’est répandu au XIXe siècle sous l’influence d’idées nouvelles…Ainsi, ces deux idées de « civilisation » et de « progrès », qui sont fort étroitement associées, ne datent l’une et l’autre que de la seconde moitié du XVIIIe siècle, c’est-à-dire de l’époque qui, entre autres choses, vit naître aussi le matérialisme; et elles furent surtout propagées et popularisées par les rêveurs socialistes du début du XIXe siècle.»

Guénon pense comme le Valéry de Regards (1) que l’histoire est une science truquée servant des agendas :

« L’histoire vraie peut être dangereuse pour certains intérêts politiques ; et on est en droit de se demander si ce n’est pas pour cette raison que certaines méthodes, en ce domaine, sont imposées officiellement à l’exclusion de toutes les autres : consciemment ou non, on écarte a priori tout ce qui permettrait de voir clair en bien des choses, et c’est ainsi que se forme l’« opinion publique ».

Puis il  fait le procès de nos grands mots (comme disait Céline : le latin, le latinisant en particulier est conifié par les mots), les mots à majuscule du monde moderne :

« …si l’on veut prendre les mêmes mots dans un sens absolu, ils ne correspondent plus à aucune réalité, et c’est justement alors qu’ils représentent ces idées nouvelles qui n’ont cours que moins de deux siècles, et dans le seul Occident. Certes, « le Progrès » et « la Civilisation », avec des majuscules, cela peut faire un excellent effet dans certaines phrases aussi creuses que déclamatoires, très propres à impressionner la foule pour qui la parole sert moins à exprimer la pensée qu’à suppléer à son absence ; à ce titre, cela joue un rôle des plus importants dans l’arsenal de formules dont les « dirigeants » contemporains se servent pour accomplir la singulière œuvre de suggestion collective sans laquelle la mentalité spécifiquement moderne ne saurait subsister bien longtemps. »

Il a évoqué la suggestion comme Gustave Le Bon. Il va même parler d’hypnose, René Guénon :

«  À cet égard, nous ne croyons pas qu’on ait jamais remarqué suffisamment l’analogie, pourtant frappante, que l’action de l’orateur, notamment, présente avec celle de l’hypnotiseur (et celle du dompteur est également du même ordre) ; nous signalons en passant ce sujet d’études à l’attention des psychologues. Sans doute, le pouvoir des mots s’est déjà exercé plus ou moins en d’autres temps que le nôtre ; mais ce dont on n’a pas d’exemple, c’est cette gigantesque hallucination collective par laquelle toute une partie de l’humanité en est arrivée à prendre les plus vaines chimères pour d’incontestables réalités ; et, parmi ces idoles de l’esprit moderne, celles que nous dénonçons présentement sont peut-être les plus pernicieuses de toutes. »

413GK247A7L.jpgLa science ne nous sauve en rien, bien au contraire. Autre nom à majuscule, elle sert aussi notre mise en hypnose :

« La civilisation occidentale moderne a, entre autres prétentions, celle d’être éminemment « scientifique » ; il serait bon de préciser un peu comment on entend ce mot, mais c’est ce qu’on ne fait pas d’ordinaire, car il est du nombre de ceux auxquels nos contemporains semblent attacher une sorte de pouvoir mystérieux, indépendamment de leur sens. La « Science », avec une majuscule, comme le « Progrès » et la « Civilisation », comme le « Droit », la « Justice » et la « Liberté », est encore une de ces entités qu’il faut mieux ne pas chercher à définir, et qui risquent de perdre tout leur prestige dès qu’on les examine d’un peu trop près. »

Le mot est une suggestion :

« Toutes les soi-disant « conquêtes » dont le monde moderne est si fier se réduisent ainsi à de grands mots derrière lesquels il n’y a rien ou pas grand-chose : suggestion collective, avons-nous dit, illusion qui, pour être partagée par tant d’individus et pour se maintenir comme elle le fait, ne saurait être spontanée ; peut-être essaierons-nous quelque jour d’éclaircir un peu ce côté de la question. »

Et le vocable reste imprécis, s’il est idolâtré :

« …nous constatons seulement que l’Occident actuel croit aux idées que nous venons de dire, si tant est que l’on puisse appeler cela des idées, de quelque façon que cette croyance lui soit venue. Ce ne sont pas vraiment des idées, car beaucoup de ceux qui prononcent ces mots avec le plus de conviction n’ont dans la pensée rien de bien net qui y corresponde ; au fond, il n’y a là, dans la plupart des cas, que l’expression, on pourrait même dire la personnification, d’aspirations sentimentales plus ou moins vagues. Ce sont de véritables idoles, les divinités d’une sorte de « religion laïque » qui n’est pas nettement définie, sans doute, et qui ne peut pas l’être, mais qui n’en a pas moins une existence très réelle : ce n’est pas de la religion au sens propre du mot, mais c’est ce qui prétend s’y substituer, et qui mériterait mieux d’être appelé « contre-religion ».

51cTNdoKygL._SX343_BO1,204,203,200_.jpgL’hystérie occidentale, européenne ou américaine, est violente et permanente (en ce moment russophobie, Afghanistan, Syrie, Irak, Venezuela, Libye, etc.). Elle repose sur le sentimentalisme ou sur l’humanitarisme :

« De toutes les superstitions prêchées par ceux-là mêmes qui font profession de déclamer à tout propos contre la « superstition », celle de la « science » et de la « raison » est la seule qui ne semble pas, à première vue, reposer sur une base sentimentale ; mais il y a parfois un rationalisme qui n’est que du sentimentalisme déguisé, comme ne le prouve que trop la passion qu’y apportent ses partisans, la haine dont ils témoignent contre tout ce qui contrarie leurs tendances ou dépasse leur compréhension. »

 Le mot haine est important ici, qui reflète cette instabilité ontologique, et qui au nom de l’humanisme justifie toutes les sanctions et toutes les violences guerrières.  Guénon ajoute sur l’islamophobie :

« …ceux qui sont incapables de distinguer entre les différent domaines croiraient faussement à une concurrence sur le terrain religieux ; et il y a certainement, dans la masse occidentale (où nous comprenons la plupart des pseudo-intellectuels), beaucoup plus de haine à l’égard de tout ce qui est islamique qu’en ce qui concerne le reste de l’Orient. »

Et déjà sur la haine antichinoise :

« Ceux mêmes d’entre les Orientaux qui passent pour être le plus fermés à tout ce qui est étranger, les Chinois, par exemple, verraient sans répugnance des Européens venir individuellement s’établir chez eux pour y faire du commerce, s’ils ne savaient trop bien, pour en avoir fait la triste expérience, à quoi ils s’exposent en les laissant faire, et quels empiétements sont bientôt la conséquence de ce qui, au début, semblait le plus inoffensif. Les Chinois sont le peuple le plus profondément pacifique qui existe… »

Sur le péril jaune alors mis à la mode par Guillaume II :

« …rien ne saurait être plus ridicule que la chimérique terreur du « péril jaune », inventé jadis par Guillaume II, qui le symbolisa même dans un de ces tableaux à prétentions mystiques qu’il se plaisait à peindre pour occuper ses loisirs ; il faut toute l’ignorance de la plupart des Occidentaux, et leur incapacité à concevoir combien les autres hommes sont différents d’eux, pour en arriver à s’imaginer le peuple chinois se levant en armes pour marcher à la conquête de l’Europe… »

Guénon annonce même dans la deuxième partie de son livre le « grand remplacement » de la population occidentale ignoré par les hypnotisés et plastronné par les terrorisés :

« …les peuples européens, sans doute parce qu’ils sont formés d’éléments hétérogènes et ne constituent pas une race à proprement parler, sont ceux dont les caractères ethniques sont les moins stables et disparaissent le plus rapidement en se mêlant à d’autres races ; partout où il se produit de tels mélanges, c’est toujours l’Occidental qui est absorbé, bien loin de pouvoir absorber les autres. »

Concluons : notre bel et increvable occident est toujours aussi belliqueux, destructeur et autoritaire ; mais il est en même temps humanitaire, pleurnichard, écolo, mal dans sa peau, torturé, suicidaire, niant histoire, racines, polarité sexuelle… De ce point de vue on est bien dans une répugnante continuité de puissance hallucinée fonctionnant sous hypnose (relisez dans ce sens la Galaxie Gutenberg qui explique comment l’imprimerie nous aura altérés), et Guénon l’aura rappelé avec une sévère maîtrise…

Note 

(1) Valéry : « L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines… L’Histoire justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout. »

Sources 

René Guénon, Orient et occident, classiques.uqac.ca, pp.20-35

Paul Valéry : Regards sur le monde actuel

Nicolas Bonnal : Si quelques résistants…Coronavirus et servitude volontaire (Amazon.fr)

vendredi, 20 novembre 2020

Ce Printemps d’Aquitaine

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Luc-Olivier d’Algange:

Ce Printemps d’Aquitaine

L’œuvre de Henry Montaigu est une œuvre de combat,- sitôt l’on ôte au mot combat ses connotations idéologiques, au sens moderne, ou « engagées », au sens aphasique. Mais s’il s’agit de combattre pour sauver la pure joie de l’être, de lutter, jusqu’au bout, pour sauvegarder la légende de l’âme et le pressentiment d’un monde délivré du ressentiment, s’il faut croiser le fer avec l’ineptie et la goujaterie collective, avec la témérité de Don Quichotte et la générosité de Falstaff tel qu’Orson Welles en sut révéler la véritable figure dans Les Carillons de Minuit, s’il faut œuvrer avec héroïsme pour l’Idée Royale (qui est tout autre chose, et nous y reviendrons, que la royauté idéalisée), s’il faut combattre l’oubli, et l’oubli de l’oubli qui ne laisse plus même dans l’âme humaine le souvenir d’une déhiscence, l’œuvre de Henry Montaigu est présente, d’une présence réelle.

indexhmcf.jpgL’esprit humain, lorsqu’il ne se vénère pas à l’excès lui-même possède certaines dispositions heureuses à recueillir en lui les éclats d’un autre monde, voire à prolonger la création divine. La superstition moderne nous veut séparés du monde, reclus dans nos subjectivités outrées, vengeresses ou désespérées alors que le moindre silence, dans le calme revenu, suffit à nous révéler ce qui demeure, notre âme éprise de l’âme du monde, notre pensée adoubée par le Verbe : «  Miser sur l’éternité. La part d’Eternité qui en toutes choses demeure. Plutôt que la grande Rupture au-delà des temps corrompus, ce printemps d’Aquitaine, ces collines fleuries, comme un premier matin. »

Il y a dans l’œuvre de Henry Montaigu, ce qui la distingue des travaux cuistres, grincheux ou fanatiques, un élan qui dénoue, une inclination vers la légèreté, une rapidité heureuse, printanière, qui l’apparente à Joseph Joubert. Sa pensée n’est pas « contre-révolutionnaire », ni même « contre-utopique » mais un assentiment à ce qui demeure ; plus mozartienne que wagnérienne, dépourvue de pathos et d’hystérie, virile, accordée à des temps plus affinés mais moins corrompus, moins barbares que les nôtres, sa musique déploie en corolle des pays qui n’ont jamais cessés d’exister que dans nos entendements obscurcis, des pays qui attendent à l’orée du temps, non dans un lointain fantastique mais dans une proximité extrême : «  Quand le visible devient irréel, tout recomposer de l’intérieur – par où toute action commence ».

71eD8U8NLsL.jpgIl y a donc, pour commencer, le Pays, celui du Cavalier bleu, ici et maintenant, qui n’est hors de portée de nos mains, de nos souffles, que par un sortilège obscur. Ce Pays n’est pas seulement un Etat, ou une Nation, il n’est pas seulement les hommes rassemblés en une communauté de destin, il est une invitation moins soustraite à la totalité du visible et de l’invisible que ne la conçoit d’emblée ce que l’on nomme, sans savoir trop ce que l’on nomme, la « démocratie ». La réalité d’un Pays est plus vaste que toute loi ou jurisprudence ; elle enclôt les hommes, dans leurs diversités et leurs ressemblances, l’histoire et la géographie, dans leurs palimpsestes et leurs arcanes, les faunes et les flores naturelles et imaginaires, et cette sorte de clarté transversale qui frappe à la vitre, au matin ou au soir, et qui semble accordée à une salutation angélique. (Le Roi est alors Roi de cet ensemble, de ce Cosmos miroitant ; et c’est bien pourquoi il convient de le nommer, selon la tradition, Roi de France, et non point, comme par adultération bourgeoise, « Roi des Français ». )

Le Pays, qui n’appartient que pour une part moindre à ce que l’on nomme de nos jours la politique est une réalité poétique et métaphysique, c’est-à-dire une espérance d’universalité. Les abstracteurs modernes veulent nous précipiter dans l’Universel à partir de rien. Cette universalité déclarative leur paraît si parfaite qu’ils s’en prévalent pour renier tout héritage et conspuer toute fidélité. Mais de cet universalisme du vide versé dans le vide, nous voyons surtout les conséquences : clans et tribus fabriquées dans l’urgence, selon une logique publicitaire, et à chaque seconde sur le point de s’étriper. Ce ne sont plus des hommes qui parlent, mais d’absurdes « communautés », figées dans la représentation, dans le spectacle, et défendant leurs fonds de commerce en jouant de l’accusation et du remord. Toutefois, la belle idée d’universalité ne mérite point cette déchéance, dès que le Pays, en un poème ingénu et savant, redonne vie à cette puissance ramifiée, arborescente, qui est le propre de toute pensée vivante, de toute pensée inscrite dans la réalité. Du Pays d’Aquitaine, du pays nervalien, de la Provence ou de la Bretagne comment ne pas voir, que l’Orient vient à nous, en chevaleries amoureuses, mais aussi l’Allemagne romantique ; et suivre le pas du Cavalier bleu, c’est aussi suivre, selon la logique de Yi-King, la voie du Tao, et entrer dans la Chine profonde.

51bi9jIrEML._SX366_BO1,204,203,200_.jpgLe plus lointain s’irise dans la proximité extrême. L’universalité métaphysique se conquiert de proche en proche autant qu’elle s’hérite. «  Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres » disait Nerval. Et les pierres parlent, quelquefois, à la faveur de l’air. A cet entretien de la pierre et de l’air, qui n’est autre que le secret limpide de l’architecture sacrée, Henry Montaigu consacra quelques ouvrages décisifs : Reims, Paray-le Monial, Rocamadour, sans oublier Les Châteaux de la Loire,- qui laissent entrer dans l’entretien le miroitement du cours de l’eau. Le propre de la pensée traditionnelle, ce qui la distingue de la modernité, avant même de parler de métaphysique, est cette présence qu’elle accorde au cosmos, ce site qu’elle éclaire, celui de notre conscience, de notre entendement, entre l’air, l’eau, la terre et le feu. Il n’est point d’édifice traditionnel qui ne soit orienté, qui ne reconnaisse l’ordre de ce qui l’environne, où il doit prendre place, la sienne précisément, en toute beauté, en gloire même, mais sans outrecuider. Il en va de même de la pensée et du chant, orientés toujours, tendus vers l’aurora consurgens, autrement dit vers le Sens, vers l’or du temps, vers cette sagesse matutinale où tout recommence.

L’œuvre est orientation, elle est ce mouvement vers le Matin dont le secret fastueux est contenu dans le couchant : «  Terre d’empire, espace extrême, terre étrange, royaume d’Hélicon au centre du débat, quand je veille au couchant de la ville immobile dont le temple doré décalque l’autre temps. » L’œuvre se distingue radicalement du travail ; et que font-ils d’autre, ces écrivains, ces artistes contemporains lorsqu’ils refusent l’œuvre et parlent de leur « travail », que de se dévouer corps et âme aux « jargons démagogiques », au plus vil utilitarisme ? L’œuvre est cheminement, pérégrination vers le Soi. Ce mouvement qui l’anime, cette émotion, la délivre des systèmes qui prétendent à l’administration de la vérité. Ambassadrice, médiatrice, diplomatique, chemin vers l’intérieur qui est, selon le mot de Novalis, le véritable « extérieur » (de même que l’herméneutique sauve la lettre en la restituant à la luminosité première), l’œuvre est recouvrance du monde vrai que le mensonge obnubile. «  Tout a été disposé en images et en nombres, en symboles et en figures : le royaume de l’extérieur est la figure du royaume de l’Intérieur. Le centre visible n’est pas né des dogmes et des lois mais de l’architecture première, de l’universelle disposition. Il est la maison du Soi, la Demeure, le Chemin, l’Echéance. Il est le Jardin et la Ville : le commencement et la fin. »

9782855651538-fr.jpgL’œuvre d’Henry Montaigu n’est pas un amas de textes, mais la relation d’un voyage, la réponse à un appel, une vocation. D’où son étrangeté dans ces temps sinistres, d’où son exil, à la fois réel et métaphorique. Tels sont les temps que nous vivons que notre plus profonde appartenance est la condition de notre exil. « Etrangers en notre pays lui-même », comme l’écrivait Aragon, mais retrouvant dans cet exil, le sens de la beauté d’être là où nous sommes, dans le paradoxe d’une fidélité qui nous arrache aux faux-semblants. «  J’ai entendu l’appel de l’image visible, signe manifeste de la présence de Dieu. Et j’ai suivi l’interminable voyage à travers les dispositions du Maître d’œuvre, roi de rigueur, messager d’amour primordial ». Ce voyage qui débute avant la phrase écrite, et s’achève après elle, ce voyage irrigué de prières donne accès à une Sapience à la fois sensible et intelligible (et échappant ainsi doublement au jargons démagogique) : «  Pourtant, je n’ignore rien de la nef silencieuse ni de la sainte solitude de la bénédiction du Retour, ni le voyage inouï dans le centre des choses où l’avenir se joue, ni la magie supérieure de l’ordre donné, ni aucune des tendres perfections du recommencement. »

Nous partons d’où, par erreur, nous ne croyons pas être, pour revenir là où nous sommes en vérité, nous partons de l’illusion, de la démesure, pour retrouver l’humilité intransigeante d’une terre ordonnée au ciel… Du Pays que nous aimons, car c’est dans sa lumière propre que nous pensons, que nos phrases à ses paysages s’accordent, qu’enfin nous nous promenons, battant le pavé, ou nous égarant aux orées, disant bonjour aux arbres de notre connaissance, (et quelles écritures sur ces écorces, quelles philosophies dans ces nuages qui apparaissent entre les feuillages !), c’est bien à force de le parcourir, ce Pays, d’y songer, de s’en approprier l’essence, non par le travail ou l’action, mais par l’œuvre et la contemplation, que peu à peu nous nous rapprochons de son centre, de son cœur, qui est véritablement le cœur des mondes, la véritable universalité, dont nous espérons être les hôtes, au double sens du mot, recevoir et être reçu, en mesurant la fragilité de tout cela, sa délicatesse extrême, sa nuance qui échappent aux doctrinaires. «  Car tout centre est une espérance ».

91ZpylAsB9L.jpgEt ce Pays hélas, est paradoxalement loin. Cet « ici-même » est séparé de nous par mille épreuves, à commencer par celle qui doit rétablir en nous le juste sens de la hiérarchie, - celle des « états de l’être », et celle des importances. L’espérance n’exclut pas la lucidité, et « quêteur de la Graal » autant que « chercheur de noises », Henry Montaigu ne s’est pas privé de voir la France contemporaine devenue «  cette hagarde gaupe lectrice du littéral exclusif, avorteuse tout ce qui dépasse le degré primaire et ne peut être traduit en jargon démagogique ». Triste constat que viennent confirmer ces légions de textes écrits, non plus en français mais en traduidu, au point que quiconque s’aventure à écrire en toute liberté, en suivant le mouvement de sa pensée et le génie de sa langue apparaît « suspect ». Plus grave encore, ce refus de tout herméneutique, de tout art de l’interprétation, ce littéralisme qui détruit la lettre qu’il prétend servir. Quant à la démagogie, elle s’est tant et si bien répandue, elle est si bien devenue la norme que tout ce qui lui échappe est inaudible, comme recueilli dans le silence, dans l’éternité même. Et c’est bien par ce recueillement que le triste constat que fait Henry Montaigu ne contredit pas l’espérance. Dans le vacarme silencieux comme la mort, sauve est la voix juste, la voix vivante. «  Tout désespoir traversé engendre une vie nouvelle. Une liberté inaliénable. Aussi, ce règne obscur se défend-il de l’harmonie par le chaos, du chant par la surdité, de la connaissance par l’angoisse. » Mais sauve de l’angoisse est la parole recueillie, la parole saluée de l’autre rive, reçue comme « une rémanence du Royaume », dans ce Songe qui est le maître des songes. «  Pour travailler à la victoire du Maître d’œuvre, je ne puis rien faire mieux que de parler de l’autre rive, depuis cet espace inouï qui est l’Enfance du monde, le royaume médian d’Hélicon. »

Le propre de la Tradition primordiale est de transcender le temps et de pouvoir être toute perdue ou toute retrouvée par la grâce, à chaque instant : « Déployée à l’écart dans sa royauté médiane, mon pays d’Auberhaudes n’est pas un espace imaginaire, c’est une Aquitaine préservée du saccage temporel qui la défigure. » Nulle lamentation, ni même d’excessifs regrets à celui qui combat la tristesse, n’est de mise ; son cœur se brise, mais l’éclat de la brisure éclaire le monde, le reconquiert :  « Le plus souvent passer outre. Le monde serait-il pire qu’il n’est, les contradictions plus flagrantes, l’incohérence plus achevées, le mal plus redoutable – en toi et en dehors – l’Absolu n’en serait pas moins l’Absolu, et l’Absolu est ta demeure. » 

51HhFhFVhqL._SX314_BO1,204,203,200_.jpgLe sinistre labeur du temps est sans pouvoir à qui ne reconnaît pas le pouvoir du temps. Etre catholique et français comme le fut Henry Montaigu, c’est à dire, être, et non pas parler « en tant que » à la manière des idéologues, c’est comprendre qu’il y a beaucoup moins d’incompatibilités en ce monde qu’il n’y paraît (ou que le Diable, le diviseur, ne voudrait nous le laisser croire). Pour sauvegarder le Pays d’Auberhaudes, il faut encore savoir réconcilier les contraires, «  les rétablir par rapport à ce Milieu dont ils sont les expressions complémentaires. Ne les isoler que provisoirement. Ne pas les opposer ». C’est d’opposer ce qui naturellement et surnaturellement œuvre de concert que nous perdons ou défigurons tout. Le poète est celui qui réconcilie l’inspir et l’expir, l’âme et la peau, l’apollinien et le dionysiaque ; et comme un exemple vaut mieux qu’une abstraction, il me souvient que Philippe Barthelet me faisait observer à quel point la France classique était encore vive des chasses sauvages, de ces merveilleux entrelacs de mystères, qui survivront jusqu’aux œuvres poétiques et cinématographiques de Jean Cocteau.

Voici donc tombée une autre opposition scolaire, entre le merveilleux et la raison, entre l’autre monde peuplé d’Anges ou de licornes et ce monde où nous sommes, et que nous demeurons libres de laisser fleurir. Il n’y a point à sacrifier le mystère à l’entendement ni le grand et beau retentissement du cosmos, prenant figure dans les légendes et les épopées, à quelque raison jugée plus « civilisée ». La France classique n’exige point de nous cette répartition supplétive, ce renoncement, ce désenchantement. Le discord entre l’exactitude des formes et les grandes puissances déferlantes de l’image n’est qu’une sophistique maligne. Toute idéologie procustéenne, autrement dit moderne, s’évertue à nous priver de la moitié de nous-même,  de notre part d’ombre et de feu : «  Malheur à la ville qui laisse inemployée cette forge des songes où habite l’extrême lucidité. » L’illusion est de choisir. En toutes circonstances nous gagnons ou nous perdons tout, la raison et le merveilleux, la lucidité et l’ivresse, le pouvoir et le droit, la liberté et l’autorité, le sensible et l’intelligible, la nature et la surnature, l’Eternité et l’instant. Henry Montaigu évoque ainsi «  la condition du Poète, là au milieu ». Etre au milieu, c’est d’abord ne pas déserter. Le poète, que les gens rassis réputent divagant, perdu dans ses nuées « est cet œil ouvert sur la conscience la plus intérieure, centre des choses et du monde ». Le monde moderne quant à lui est périphérique, cantonné dans les marges, les surfaces, les écorces mortes, il est ce monde de déserteurs ontologiques, qui quittent l’être et s’empressent de juger le monde inférieur à l’idée qu’ils s’en font. 

« Déserteurs : ceux qui feignent de tout comprendre pour n’avoir rien à faire – et ceux qui feignent d’avoir tant à faire pour ne rien comprendre ». Or, la poésie, poïein, est à la fois le comprendre et le faire, la gnosis et l’action. Elle est pensée, juste pesée analogique, et elle est chant, musique éolienne, charme orphique renouvelant le pacte immémorial qui nous unit à la création du monde, et laisse en nous, antérieur à l’ontogenèse, le scintillement de la lumière une, de la lumière nue. A cet égard, l’espace de la poésie est en même temps l’espace de la politique, du cosmos, et non point, comme feignent de le croire nos individualistes massifiés, l’expression de quelque chose de privé, ou de subjectif. La poésie ordonne le monde, elle adoube la création, elle fait de la réalité le récipiendaire d’un ordre, d’une harmonie qui nous outrepasse, elle nous initie à la solennité légère du tradere et de la voix du cœur : «  La poésie est de si haute essence qu’elle survit aux dieux, aux formes, aux images ». Heidegger nommait le langage « demeure de l’être », mais encore faut-il que l’être ne soit pas rigoureusement « absenté ».

md30628200939.jpgLes modernes, réduits au travail et à la consommation, radicalement expropriés de tout ce qui importe, sans cesse reconduits à la frontière de l’être, chassés de la relation fondatrice avec le Bien, le Beau et le Vrai, livrés à un relativisme moral qui conduit directement aux camps de concentration, ne seront sauvés que par la nostalgie et le Songe. «  Nostalgie : à travers ce qui demeure – afin de saisir ce qui Est. Songe : une réalité en survivance ». La poésie, ni subjective, ni privée, mais ressource de l’être, splendeur du cosmos, bien commun, exige à la fois d’être récitée et prédite. Toute nostalgie est pressentiment, toute récitation, dès lors que l’on sait par le cœur, est prophétie : «  L’avenir est à une chevalerie inconnue. Attendre tout bonnement le retour du Roi Arthur. Etoiles ensevelie, quel vent vous délivrera ? » Voir, sans se laisser illusionner par le « fanal noir du progrès » dont parlait Baudelaire, la terrible défaite de l’espèce humaine, ce retour à l’animalité, à travers les dérisoires féeries technologiques, reconnaître l’immonde, ce n’est point s’en remettre à demain («  Remettre à demain, c’est s’en remettre aux forces obscures du monde. Plus tard, signifie Jamais »), mais disposer le monde à l’immédiateté prophétique, à ce « tout de suite » qui est le vibrato de la poésie réelle, de l’alliance retrouvée : «  Faire claquer au vent, sur l’étendard, l’immobile signe d’alliance ».

Ainsi, se délivrer du travail, pour reconquérir l’œuvre, s’affranchir du divertissement, pour retrouver la liberté de la contemplation, c’est aussi « réconcilier, comme dans les romans de la Table Ronde, l’Aventure avec le Silence. » Oeuvre décisive, providentielle, dans un monde planifié, réglementé à l’extrême, contrôlé, et soumis à une incessante pollution sonore. Lorsque le monde redevient Aventure et Silence, tout est possible, tout est vrai, à commencer par ce qui échappe au temps profane :  « Le chant des femmes à la fontaine témoigne de cet insaisissable bonheur  dont l’Histoire ne tient nul compte, et qui fait qu’elle n’est qu’une duperie. ». L’Aventure et le Silence sont au creux de l’être, dans l’orbe du jour, dans le sans-fond de la saison qui délivre en pluies, en clartés, en feuilles et en fleurs, un aspect de la beauté qui tournoie dans son immobilité centrale.  Loin de vouloir retourner à quelques moments antérieurs de notre déclin, comme le veulent les réactionnaires, la poésie, telle que l’exerce Henry Montaigu est annonciation de ce qui jamais ne cessa d’être, sinon dans ce monde spectral dont on devrait s’impatienter de voir la fin : «  A présent, nous avons hâte de finir, le devoir une fois fait, car comment penser que la statue de sel peut survivre au déluge… N’est-il pas temps de chanter les splendeur de la mort, l’ouverture des portes et l’essentielle voie du grand Retour ». Mais alors, il ne s’agit plus de la mort de la vie, mais bien, au sens le plus strictement initiatique, de la mort de la mort, autrement dit de la renaissance immortalisante. La crainte n’est plus à l’ordre du jour, la fin de ce monde est déjà derrière nous, ce mal qui n’est que l’absence du Bien, n’a plus d’autre empire que celui du rien qu’il confine à disparaître : «  Les trônes pourris s’effondrent, et les fallacieux pouvoirs de la conjuration nocturne sont voués à la dissolution. L’Empire du Matin se prépare dans la lumière inaperçue, et les nouveaux rois sont déjà parmi nous. »

imageshmroc.jpgTout se joue à partir de la lumière inaperçue. La lumière est présente, elle est dans l’être-là, elle est l’existence pure, l’acte d’être de toute chose, ce n’est que l’absence qui nous en tient éloignée, ce n’est que notre regard qui défaille. Rien ne manque, tout est magnifiquement présent, chaque seconde est d’une beauté stellaire, chaque regard échangé nous reconduit à l’amitié divine, tout est déjà sauvé, il nous suffit de la reconnaître, d’opérer à la silencieuse révolution de la reconnaissance. Mais quelle force alors est exigée de nous ? Quelle force étrange, sans égards pour les volontés qui nous étouffent, pour les convenances, les attributions sociales, les mœurs grégaires ? Quelle force légère pour nous libérer du « Gros animal », des fausses responsabilités et des fausses hiérarchies ? «  C’est que la littérature certifiée a fait son temps. Il faut sauver la poésie d’un naufrage culturel sans exemple. Que l’ambition du poète soit démesurée – et sa désobéissance absolue. Nous sommes tous responsables de ce que le système survit au désenchantement général. Nous répétons inlassablement les lourds mots d’ordre de l’héritage bourgeois dont la substance est depuis longtemps dilapidée. Refuser ce faux service. Refuser l’embarquement. Substituer à la révolution du bruit, la révolution du silence. »

La gnose, non le gnosticisme des sectes qui vitupèrent contre le monde, qui haïssent le sensible, mais la gnose nervalienne, qui se dit dans le pur idiome français, et non en jargons puritains, la gnose qui n’est pas volonté de pouvoirs, mais puissance du silence, la gnose qui approfondit la croyance et diffracte la croyance, s’y accorde, comme la voûte romane s’accorde au chœur, la gnose profonde comme l’attente, profonde et haute, à la fois crypte et flèche lancée vers le ciel, surgit alors d’une immédiateté retrouvée, d’un acte d’être, que rien ne peut nous arracher, sinon l’inadvertance, l’oubli ou le dédain. Mais ne méconnaissons pas, dans l’esprit moderne, cette persistance du dédain. Ces faramineux démocrates, si soucieux d’égalité, si constant dans l’exécration de toute « supériorité » héroïque ou sacerdotale, vivent dans l’aura d’un prodigieux dédain, celui de leurs semblables, certes (et ces dédains réciproques nous font une société torve et méchante) mais aussi dans celui du monde, de la nature même. Plus encore qu’accusateur, effondré, dépressif ou hargneux, plus encore que vain, futile ou fondamentaliste, le moderne est dédaigneux. Que lui font les œuvres de la nature ou de l’homme ? Que lui vaut ce qu’il ne peut acheter ? Quelle importance pour lui ces cathédrales, ces poèmes, ces forêts, ces mers qui ne lui parlent pas de lui-même ? Son dédain des physiques et métaphysiques anciennes est à la mesure de son enthousiasme pour les « thérapies » qui flattent sa subjectivité. Ce dédain est la condition même de ce que Hannah Arendt nommait la « banalité du bal ». Ne rien savoir, ne rien voir, vivre sans nostalgies ni fidélités, se persuader que « rien n’ est vrai » puisque « tout est relatif », c’est bien à cette forme d’agnosticisme que s’oppose la gnose du Prince d’Aquitaine, la gnose poétique, qui loin de détenir le Vrai et le Beau s’achemine vers eux, faisant de son cheminement un chemin de beauté et de vérité. «  El Desdichado, le prince d’Aquitaine : les quatorze vers du sonnet de Nerval font le centre d’une littérature où domine la perspective gnostique. De Chrestien de Troyes à Maurice Scève, de Rabelais à Béroalde de Verville, de Ronsard, à Cyrano de Bergerac. »

imageshmport.jpgLe poète est là « au milieu », au centre de tous les espaces-temps pour en sauvegarder la respiration, et le poète est aussi au milieu de nous qui ne le voyons pas. Le poète est au milieu de la France, alors que, dans la société (mais la société n’est le Pays, loin s’en faut !) les affairistes en tout genre occupent la première place, en marge de l’être. Là au milieu est la pure existence, la simple extase d’être, de recevoir. Ce « déjà là », cette éminente sagesse innocente d’être Soi, cette immédiateté, cet « éclair dans l’éclair » dont parlait Angélus Silésius, n’est autre que « la foudre iconographique de l’Intellect divin » qui nous prescrit d’écrire l’éclair et non la durée.

Par un paradoxe admirable, le propre de la condition humaine, sa déchéance essentielle, est de devoir infiniment aller à la recherche de ce qui est. Ce qui est, non seulement le plus proche, mais le plus intime est au plus loin : ce sont pérégrinations et tribulations infinies pour y atteindre. L’ésotérisme bien compris ne dit rien d’autre ; la sagesse ultime, celle qui advient au terme de l’initiation , après maintes épreuves, voyages, bouleversements de la conscience et de l’âme, la sagesse qui récompense l’ odyssée est à l’intérieur, non seulement ici-même, d’où nous partons pour le retrouver, mais au cœur le plus secret de l’ici-même, en son abîme lumineux, torrentueux, d’où s’élèvent les figures, les archétypes, les Symboles, oiseaux de vent et d’écume, volant à contre-force des cascades !

 L’œuvre de Henry Montaigu est un graduel. Mais qu’est-ce qu’un « graduel » ? François Cheng nous le dit en parlant des paysages chinois, de la montagne vide, de l’apesanteur de la neige et de la flamme, de la Foudre et du Vent : la nature est le graduel de la surnature, l’intelligible est la fine pointe du sensible.  Telles sont les métaphores du passage de la doxa à la gnosis, de l’exotérique à l’ésotérique. Nous retrouvons ce graduel « taoïste » dans le poème du Roi Dormant d’Henry Montaigu. La Royauté n’est pas une idéologie, une représentation, ni une administration du réel, elle périclite dès lors qu’elle s’extériorise, sitôt que l’Autorité dont elle témoigne s’absorbe et s’étiole dans le pouvoir qui la manifeste. L’auctoritas, telle que la conçoit Henry Montaigu est bien, comme le rappelle Philippe Barthelet, la vertu qui accroît, autrement du l’art du jardinier. Le déclin de l’Autorité juste, de l’Autorité légitime coïncide avec ce que Jean Tourniac nommait l’exotérisme dominateur, le triomphe de la lettre morte, fondamentaliste, qui n’est rien d’autre qu’une forme vindicative de la superficialité, un ressentiment moderne. Ce déclin, ce durcissement, cette « solidification », selon la terminologie guénonienne, n’est pas d’aujourd’hui. On pourrait dire qu’elle est une tentation permanente, une superstition immémoriale. Lao-Tzeu, déjà en décrivait le processus : « Après la perte du Tao, vint la vertu. Après la perte de la vertu vinrent les bons sentiments. Après la perte des bons sentiments vint la justice. Après la perte de la justice restèrent les rites. »

A rebours de ce déclin, le Cavalier bleu va à la rencontre d’un autre monde qui est identique à notre monde, sauf la pesanteur. C’est le cœur léger, de voltes en révoltes heureuses, qu’il faut  recevoir l’œuvre de Henry Montaigu, mais avec une révérence particulière pour celui qui tint plus haute que sa vie la vérité vivante, - c’est ainsi qu’il faut lire ces « fragments d’une longue marche, pages arrachées aux tumultes d’une épopée intérieure, aux batailles avec les fantômes et les témoins, les ombres et les lumières. Course précipitée avec très peu de temps de halte, dans une vie qui ne tient qu’à un fil et dont le harassement est la tentation. »

Luc-Olivier d’Algange

jeudi, 19 novembre 2020

Quelques réflexions sur le Ragnarök

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Robert Steuckers :

Quelques réflexions sur le Ragnarök

Le Ragnarök est un récit récurrent de la mythologie scandinave dont les sources se trouvent dans la Völuspa (littéralement, la « prophétie de la voyante ») et dans l’Edda de Snorri Sturluson (1179-1241). Le Ragnarök évoque une fin du monde catastrophique que l’on retrouve certes dans l’Apocalypse de la Bible mais aussi dans bon nombre de traditions indo-européennes, zoroastriennes et bouddhistes. La Völuspa a été rédigée vers l’an 1000 de l’ère chrétienne, à l’époque où l’humanité européenne s’attendait à une fin de monde. On a parlé de la « terreur de l’an 1000 », où l’on pensait que le monde allait s’effondrer en 1033, soit mille ans après la crucifixion du Christ. Cette vision eschatologique a été exprimée par Raoul le Glabre, moine né en Bourgogne vers 985. Georges Duby utilisera ses écrits pour prouver qu’il existait, vers l’an 1000, une crainte généralisée de voir disparaître le monde dans un scénario proche de l’Apocalypse. Comme dans la Völuspa, Raoul le Glabre imaginait que cet effondrement serait précédé d’un bouleversement calamiteux de l’ordre des saisons. L’interprétation de Duby est remise en cause aujourd’hui : nos ancêtres, en l’an 1000, n’auraient pas été aussi tourmentés par l’idée d’une fin du monde.

indexeddda.jpgSnorri Sturluson, poète et homme politique islandais, né à la fin du 12ème siècle, a étudié le latin, la théologie, la géographie et le droit islandais. Son Edda est un livre destiné à la formation des scaldes et des poètes, véritable institution dans l’Islande de son époque qui exportait des chansons de geste et des poésies à la gloire de hauts seigneurs, principalement norvégiens et anglais.

Avant la rédaction de la Völuspa, qui fait directement référence au panthéon scandinave préchrétien, le monde littéraire germanique a produit le Muspilli, fragment de 103 vers, dont le manuscrit a été retrouvé en Bavière et date de la seconde moitié du 9ème siècle, copié vraisemblablement d’une version originale venue des Iles Britanniques. Elle est une christianisation des thèmes eschatologiques païens voire mithraïques, où l’Ange et le Démon s’affrontent pour le salut des âmes des hommes, lors d’un Jugement dernier. Finalement, une armée arrive depuis les étoiles du ciel pour en affronter une autre, issue du feu de l’enfer. Jusqu’ici l’inspiration est biblique-mithraïque voire zoroastrienne. Elias (Odin) affronte l’Antéchrist (Fenrir). Mais, dans la suite du récit, les thématiques cosmiques du paganisme se révèlent clairement : quand le sang d’Elie (Odin) coule sur le sol de la Terre, « les montagnes se mettent à trembler, plus aucun arbre ne demeure debout sur la Terre, les eaux s’assèchent, les marais s’engloutissent eux-mêmes, le ciel se consume dans les flammes et la lune tombe, l’espace de la Terre brûle ». Les 103 vers du Muspilli, et l’antériorité du manuscrit par rapport à la Völuspa et à l’Edda de Snorri Sturluson, attestent d’une pérennité de thématiques eschatologiques que le christianisme n’a pas pu éradiquer.

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La caractéristique de ces récits est d’exagérer considérablement les catastrophes qui surviennent, à intervalles réguliers, dans l’histoire de l’humanité : bouleversements climatiques, éruptions volcaniques, déluges, etc. Dans l’histoire européenne qui a immédiatement précédé l’apparition du Muspilli et de la Völupsa (l’Edda de Snorri est plus récente, de même que le Chant des Nibelungen), des catastrophes ont marqué les esprits. Ainsi, la crainte de voir s’installer un hiver interminable a-t-elle été renforcée par les événements de l’année 536, où, inexplicablement pour les contemporains en nos régions du Nord-Ouest de l’Europe, le soleil se brouille, le ciel s’obscurcit, les étoiles ne sont plus visibles la nuit et les choses n’ont plus d’ombre. L’astre apollinien n’est plus un disque rayonnant mais une tache informe et jaunâtre qui marque vaguement le ciel. Les quartiers de lune ne sont plus visibles et les hommes ne peuvent donc plus mesurer le temps. L’archéologue anglais David Keys a pu démontrer qu’un volcan avait fait irruption quelque part en Indonésie, probablement le Krakatoa, en cette année 536, lâchant dans l’atmosphère d’épais nuages de cendres et de cristaux de glace sulfureux, provoquant une catastrophe climatique sans précédent et sans suite, à part les éruptions du Tambora en 1815 (expliquant le climat exécrable lors de la bataille de Waterloo et l’année sans hiver de 1816, où il a neigé en juin sur la côte Est des Etats-Unis) et du Krakatoa en 1883. L’éruption de 536 aurait été bien plus considérable et conséquente que les deux autres, observées au 19ème siècle. L’angoisse générée par cet « hiver » permanent aurait incité Médard, évêque franc-mérovingien de Tournai, à envoyer une expédition vers l’Est pour « aller chercher le soleil  absent », expédition qui aurait également entraîné la soumission au pouvoir franc des tribus installées entre Rhin et Thuringe. Les années sans soleil de 535-536 marquent donc les esprits au point de s’ancrer immanquablement dans l’imaginaire mythologique.

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De même, l’idée d’une grande bataille finale, certes présente dans de nombreux récits mythologiques indo-européens, a dû apparaître plausible en Europe centrale et occidentale suite à l’invasion hunnique. Le fameux manuscrit frison « Oera-Linda », souvent jugé faux mais décrypté par le professeur Frans J. Los, évoquerait des faits historiques des 4ème et 5ème siècles. Des invasions hunniques et finno-ougriennes ravagent l’Europe orientale, l’Est de l’Allemagne actuelle, le territoire aujourd’hui polonais mais aussi la Scandinavie, plus exactement la Scanie (le Sud de la Suède actuelle). La « mère du peuple », la « Volksmutter » des Frisons, dont le système était matrilinéaire, est tuée. Un combat oppose les Danois et les Huns sur mer. La Frise est menacée car les Huns et les Finno-Ougriens s’installent à l’est de la Weser. L’anarchie règne. Aucune nouvelle Volksmutter ne peut être nommée. Les raids ennemis se succèdent, où les familles des Volksmütter sont décimées. Finalement, en 450-451, le pays frison est inondé par un raz-de-marée. Seul demeure intact, le fortin de l’île de Texel. La mer détruit les forêts (dans le Muspilli et la Völuspa : plus aucun arbre ne reste debout sur la Terre). Le souvenir de ce raz-de-marée dans un pays assiégé par des ennemis assimilés à des démons (parce que foncièrement étrangers) et la destruction des forêts servent à renforcer concrètement les images déjà véhiculées par les récits mythologiques.

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Les trois récits évoquent aussi une destruction du monde par le feu. Dans l’espace grec-égéen, on a le souvenir de l’éruption antique du Santorin. Pour les spécialistes de la mythologie scandinave Hilda Ellis Davidson et Bertha Phillpotts, l’idée d’une destruction par le feu est tributaire d’une observation par les Islandais, récemment arrivés sur leur île de l’Atlantique Nord, des activités sismiques et volcaniques qui y ont cours en permanence. La figure de Surtr, dirigeant des colonnes infernales qui prennent l’Asgard d’assaut, est celui qui, à la fin du récit mythologique de la Völuspa, détruit le monde par le feu. Pour Bertha Phillpotts, Surtr est un démon volcanique car la scène qui le décrit en train de bouter le feu au monde évoque des fumées et des flammes qui atteignent les étoiles. En 1783, un volcan islandais entre en éruption, le Skaptar Yökul. La description qu’en firent les contemporains correspond aux images léguées par la Völuspa : d’abord des secousses sismiques qui ébranlent les montagnes puis l’obscursissement du soleil par les nuages de cendres, puis les flammes qui jaillissent, la fonte des glaces et un raz-de-marée.

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La fin du monde est donc une convergence de catastrophes naturelles et sociales car, rappelle Klaus Bemmann, en décrivant les linéaments de la vision de la fin du monde chez les Germains : « D’inquiétants signes avant-coureurs laissaient deviner le mal. Durant trois longs hivers successifs, de grandes batailles furent livrées dans le monde entier. Les hommes s’ensauvageaient, les mœurs entraient en déliquescence, les liens dans les clans n’étaient plus respectés. Les frères s’entretuaient, les fils levaient leurs épées sur leurs pères et les pères assassinaient leurs fils. Personne ne craignaient plus l’adultère et le vice ».

Nous avons donc un mixage entre des éléments mythologiques locaux, scandinaves et germaniques, des éléments mythologiques indo-européens très anciens (comme nous allons le voir) et des éléments de l’Apocalypse et de l’eschatologie chrétienne, surtout dans le Muspilli, rédigé forcément par des clercs. Au 13ème siècle, Snorri Sturluson lui-même est un clerc : il a donc été formaté par la religion du pouvoir à son époque. Il n’empêche que les traditions populaires prennent malgré tout le dessus : Hilda Ellis Davidson rappelle qu’Axel Olrik (1864-1917), spécialiste des traditions populaires danoises, pionnier dans l’étude des sources orales, a signalé, dans ses recherches, que les narrations populaires au Danemark contenaient des récits similaires à ceux de la Völuspa et de l’Edda : un monstre qui dévore le soleil, la Terre qui finit par sombrer dans la mer, un géant entravé qui se libère pour déchainer le chaos. Ce qu’Olrik découvre dans les campagnes du Jutland ou de la Scanie suédoise au 19ème siècle devait encore être plus prégnant dans les siècles où le christianisme venait à peine de s’imposer. L’héritage mythologique est inamovible sauf peut-être à notre époque où il n’est pas défié par une religion concurrente mais par un consumérisme omnidévorant, dont les effets pervers correspondent à la description de Bemmann.

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Ces thèmes mythologiques ne sont pas le propre des peuples scandinaves : on les retrouve dans d’autres traditions indo-européennes. Pour Mircea Eliade ou Rudolf Simek, le récit de la Völuspa et de l’Edda relève du temps cyclique. Dans le récit du Ragnarök, les figures régénérantes qui président au renouveau cosmique après l’effondrement total du monde et son incendie sont Lîf et Lîfthrasir, soit la vie et le principe vital. Nous avons là ce que les mythologues appellent une « anthropogénie dupliquée », la genèse du monde et des hommes se répète une seconde fois et le cycle recommence. Lîf et Lîfthrasir émergent de troncs d’arbre : là encore, le folklore populaire rappelle que ce mythe d’une (re)naissance post-catastrophique est indestructible. En effet, une légende bavaroise évoque un berger qui vit dans un tronc d’arbre et dont les descendants repeuplent la Terre après une peste dévastatrice.

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L’idée d’un hiver cosmique interminable ou de trois hivers consécutifs aux effets calamiteux, telle celle du Fimbulwinter scandinave se retrouve dans la mythologie iranienne. Les récits du Bundahishn et de Yima en attestent, y compris dans leurs transpositions zoroastriennes où les forces bénéfiques d’Ahura Mazda affrontent celles d’Angra Mainyu, qui se soumet et sombre dans l’inertie pendant trois mille ans. Ahura Mazda profite de l’inertie d’Angra Mainyu pour créer Ewagdad, la vache primordiale, et Gayomard, l’homme primordial, et pour organiser le monde selon les critères de l’Ard, de la Vérité, laquelle doit faire barrage contre les manigances d’Angra Mainyu qui cherche à détruire le monde. Le mythe de Yima, quatrième roi de la dynastie perse des Pishdadian, nous campe un roi lumineux qui, selon Henry Corbin, crée le château, le Var, où se rassemblent les élus parmi tous les êtres, les plus nobles et les plus gracieux, pour qu'ils soient préservés de l’hiver mortel que provoquent les puissances démoniaques qui ravageront la Terre. Après l’oeuvre de destruction de ces forces maléfiques, les vertueux du Var repeupleront la Terre et transfigureront le monde. Persépolis, dans l’empire perse, devait être à l’image du Var de la mythologie.

Dans le bouddhisme, l’ère du « bon savoir », du dharma, va prendre fin cinq mille ans après la mort du Bouddha. Une ère nouvelle commencera après, avec un nouveau Bouddha, le Bouddha Maitreya, dont le règne adviendra après une période de dégénérescence complète de l’humanité, marquée par la violence, l’impiété, la dépravation sexuelle, l’effondrement social.

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Cette vision bouddhique doit nous faire réfléchir, aujourd’hui, où notre monde part totalement en quenouille. Les manifestations du déclin, bien visibles, surtout depuis deux décennies, où elles ont pris des proportions démesurées par rapport à ce que nous connaissions déjà comme affres du déclin, sont justement les manifestations évoquées par nos mythologies, correspondent à la convergence des catastrophes dont elles craignaient la survenance. Au bout de cet effondrement dramatique, nous périrons tous mais Lîf et Lîfthrasir reviendront. Et l’herbe reverdira, percera la cendre des feux volcanique déchaînés par Surtr.

Bibliographie :

  • Klaus BEMMANN, Der Glaube der Ahnen – Die Religion der Deutschen bevor sie Christen wurden, Phaidon, Essen, 1990.
  • R. Ellis DAVIDSON, Gods and Myths of Northern Europe, Penguin, Harmondsworth, 1963-1971.
  • Hans Jürgen KOCH, Die deutsche Literatur in Text und Darstellung – Mittelalter I, Reclam, Stuttgart, 1976 (pour le texte du Muspilli).
  • Frans J. LOS, Die Ura Linda Handschriften als Geschichtsquelle, J. Pieters, Oostburg (NL), s. d.
  • Reinhard SCHMOECKEL, Deutschlands unbekannte Jahrhunderte – Geheimnisse aus dem Frühmittelalter, Lindenbaum Verlag, Schnellbach, 2013.
  • Rudolf SIMEK /Hermann PALSSON, Lexikon der Altnordischen Literatur,Kröner, Stuttgart, 1987.

samedi, 14 novembre 2020

Parution de la revue Sparta, dirigée par Philippe Baillet

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Parution de la revue Sparta, dirigée par Philippe Baillet
 
Sparta, nom de l’épouse d’un fils de Zeus qui renvoie bien sûr à la célèbre cité grecque, est le titre d’une publication sans périodicité fixe des éditions Aidôs. Sparta n’a aucun équivalent dans l’espace francophone et n’a eu que très peu de devancières dans la culture européenne depuis 1945: la revue romaine Ordine Nuovo, essentiellement évolienne; Nouvelle École (dans une certaine mesure); et Mars Ultor, dirigée en Allemagne par Pierre Krebs. Sparta est une publication ouvertement païenne, racialiste et identitaire, qui naît sous le triple parrainage augural du Rig-Veda, de Nietzsche et de Savitri Devi. Sparta, dès son premier volume, fait le pari de la qualité, tant sur le plan graphique, sobre et soigné, que sur celui du contenu. Grâce à Sparta, vos idées sont enfin défendues et affirmées avec rigueur et érudition ; vous y trouverez une écriture élégante, des références dûment vérifiées et complètes, des traductions (de l’allemand, de l’anglais, de l’italien) vraiment fiables. Sparta reflète le professionnalisme et la compétence de collaborateurs qualifiés, qui ont fait leurs preuves depuis longtemps : Jean Haudry, Philippe Baillet, Pierre Krebs, Jean Plantin, David Rouiller, auxquels viendront bientôt s’ajouter d’autres noms.
 

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Au sommaire du volume 1:
 
Un article de J. Haudry sur la notion d’aidôs, « respect, révérence », qualités indispensables aux membres d’une même sodalité.
 
Deux longues études de Ph. Baillet: l’une sur la « généalogie » et l’origine des valeurs dans la philosophie de Nietzsche; l’autre sur « le mythologue du romantisme », le Suisse Johann J. Bachofen, sa réception considérable dans la culture germanique, l’opposition-complémentarité Apollon-Dionysos, avec des aperçus relatifs à Alfred Rosenberg et à des penseurs völkisch comme Alfred Baeumler et Ludwig Klages.
 
Des textes d’Evola sur Bachofen, par qui il fut fortement influencé. Un inédit du théoricien italien : « Soldats, société, État ».
 
Trois textes d’un sociologue des arts visuels, Raimondo Strassoldo, sur l’entrée dans l’art moderne et contemporain non moins que sur la subversion organisée des canons esthétiques européens.
 
Un article de P. Krebs sur le mouvement Der Dritte Weg, véritable « communauté militante identitaire ».
 
Et un index pour vous repérer facilement dans cette matière.
 
Sparta entend remplir une fonction décisive d’approfondissement doctrinal et de transmission de notre héritage ancestral indo-européen. Mais Sparta ne vivra et ne grandira qu’avec le généreux concours financier de ses lecteurs.
 
Alors, soutenez Sparta !
 
Pour toutes commandes: https://www.akribeia.fr/paganisme/2107-sparta-vol-1.html?fbclid=IwAR0Cak5sA5YmqdBiSoII3MpHWDXGHTKCbp8LWplL97-xMrCFqLYKnWGTGy4
 
264 p.

dimanche, 01 novembre 2020

EL REY PERDIDO, UN MITO EUROPEO

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EL REY PERDIDO, UN MITO EUROPEO

Ernesto Mila

Ex: https://info-krisis.blogspot.com

Todos los países de Europa sin excepción, tienen un tema común relacionado con sus monarquías: el mito del Rey Perdido. Un rey justo, legítimo y amado por sus súbditos, desaparece misteriosamente; todos se niegan a creer que haya muerto, se ha retirado a un lugar oculto y volverá cuando la hora sea propicia para ponerse al frente de la legión de los elegidos en la batalla final contra las fuerzas del mal.

ORIGEN DE LA FUNCION REAL

La etimología de la palabra “rey” es importante a la hora de determinar el concepto que el mundo antiguo se hacía de la función y del símbolo real. Se admite unánimemente que se trata de un término indo–europeo cuya huella se encuentra desde el área extrema de expansión celta (Europa Occidental) hasta la india védica.

Tatius.jpgEn ese ámbito geo-étnico siempre se encuentra la raíz reg– que da lugar a las variaciones rex (latino), el raj (hindú) y el rix (galo), presentes en palabras y nombres como dirigere, Mahararajh, o Vercingetorix. En general, la raíz reg– indica a “aquel que traza el camino”, es decir, define la jefatura y el mando.

De esta misma raíz deriva la palabra y el concepto de derecho (trazar el camino implica, en definitiva, enunciar un derecho, promulgar una ley): right (en inglés), recht (irlandés antiguo), recht (alemán), y encontramos la misma simetría en la lengua latina entre rex y lex.

Al establecer que la función real era “trazar el camino”, los pueblos indo–europeos hacían algo más que calificar al jefe político–militar. De hecho, la historia nos enseña que no fue sino en un período tardío cuando los monarcas asumieron la conducción militar de su pueblo, mientras que la política estaba delegada a la nobleza. El “dux” –palabra próxima a rex– indicaba a los caudillos militares que asumían el mando en momentos de crisis y en los que el rex delegaba la función guerrera. Luego, cuando se superaba la crisis, desaparecía el cargo de “dux bellorum”, caudillo de las batallas, literalmente. “Trazar el camino”, guiar a su pueblo por las seis rutas del espacio definidas por la cruz tridimensional que marca las direcciones del espacio. El rex tenía el poder de guiar a su pueblo en todas estas direcciones.

La función real primitiva se justificaba en que reyes y dioses no eran sino una misma persona. En el Apocalipsis de Juan se encuentra un eco de este orden de ideas: “Aquel que se sienta sobre el trono” declara “Yo soy el Alfa y el Omega, el Principio y el Fin”.

El rey era concebido como un punto de irradiación, no humano, encarnación directa de poderes trascendentes y, en tanto que tal, digno de ser obedecido; el mando, no era obtenido ni mediante elección, ni por aclamación, sino que procedía de un contacto tangible con entidades superiores, condición imprescindible para que los súbditos aceptaran la sumisión a su voluntad.

LA IDEA DE ORDEN

La prosperidad del reino, la victoria en las batallas y la justeza de sus decisiones, es decir, el Orden, eran muestra del origen divino y legítimo del poder. Si se producía un descalabro militar, una mala cosecha, si la injusticia se enseñoreaba, todo ello mostraba el debilitamiento del vínculo que unía al rey con el supramundo y con los poderes trascendentes. Entonces, sus súbditos podían destronarlo.

La vieja leyenda itálica del Rey de los Bosques de Nemi, cuenta que el rey de aquellos dominios está siempre en guardia bajo un árbol sagrado, y seguirá siendo rey hasta que un esclavo fugitivo consiga sorprenderlo y arrancar una rama del árbol que custodia. Por “esclavo fugitivo” hay que entender un hombre emancipado de los lazos de la materia y que ha logrado establecer un vínculo con la trascendencia.

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El mismo símbolo del árbol es reiterativo, indica la fuente de un poder y se relaciona habitualmente en el universo simbólico indo–europeo con la montaña, el centro, la isla, el jardín bienaventurado, etc. Todos estos símbolos suponen lugares inaccesibles, en los que reina el Orden, mientras que, a su alrededor, todo fluye, es caos y dinamismo contingente. Residir o tener acceso a uno de estos símbolos supone conquistar la función real. La montaña del Grial, el castillo de Camelot, la isla de Avalon, el Roble del Destino, el Jardín de las Rosas, el Omphalos de Delfos, etc. pueden ser relacionados fácilmente con lo que decimos y constituyen el centro de un período dorado para la humanidad.

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Ahora bien, el hecho de que todo en el mundo tradicional indo–europeo esté sometido a ciclos –ciclo de las estaciones, ciclos lunares, rotación sideral, vida humana– hace que la Edad Dorada no se prolongue hasta el infinito. El tiempo la va desgastando hasta que se produce una caída de nivel que registran todas las tradiciones. Sin embargo, el centro, la montaña, el jardín, o la misma función real no desaparecen, sino que entran en un estado de latencia; se vuelven inalcanzables para los hombres comunes y dejan de influir en los destinos contingentes del mundo. El Jardín del Edén, no desaparece tras la caída de Adán, simplemente se hace inaccesible; otro tanto ocurre con el castillo del Grial, solo visible para las almas puras; en el caso del Jardín de las Rosas del Rey Laurin –que todavía puede visitarse en Bolzano– un hilo de seda lo convierte en impenetrable. La idea es siempre la misma: algo visible, pasa a otra dimensión, no muere, sin embargo, se oculta temporalmente, “hasta que los tiempos estén prestos”, es decir, hasta que una nueva renovación del cosmos, haga posible la manifestación del centro supremo. Y lo mismo ocurre con los monarcas.

EL REY PERDIDO, NO–MUERTO, AGUARDA SU HORA

En este contexto los pueblos indo–europeos han tenido siempre muy arraigado en su estructura mental, el mito del Rey Perdido: un rey querido por todos, justo, amado por su pueblo, deseado, en un momento dado, desaparece; su pueblo se niega a creer en su muerte; no es posible que los dioses hayan abandonado a un ser tan noble y justo, se dicen, “no ha muerto, está vivo en algún lugar, y un día regresará para ponerse al frente de sus fieles”. Esta estructura se repite una y otra vez en las viejas tradiciones de las distintas ramas del tronco común indo–europeo.

Podemos establecer que los últimos reflejos en estado puro de tal mito terminan con Federico I Barbarroja y, ya en una dimensión esotérica, con la marcha de los Rosacruces de Europa al inicio de la Guerra de los Treinta Años. Pero el mito, ha reaparecido insistentemente en la edad moderna e incluso contemporánea, mostrando la fuerza de su arraigo en la mentalidad indo–europea.

EL "GRAN MONARCA" Y "EL REY DEL MUNDO"

Dos autores de singular personalidad han recuperado tradiciones relativas a este mito. De una parte, Nostradamus en sus célebres “centurias” alude al “gran monarca”, mientras que René Guénon, consagra uno de sus ensayos más esmerados al tema del “rey del mundo”.

indexgrandmo.jpgNostradamus en una cuarteta de sus famosas Centurias se hace eco de tradiciones más antiguas sobre el “gran monarca” y las incorpora a sus profecías. Su advenimiento se producirá después de una guerra de 27 años, que empezará en 1999, único año que se menciona con todos sus números y de forma explícita en las profecías de Nostradamus.

Esta leyenda tiene su origen en las décadas inmediatamente anteriores al año 1000, se trata pues, de un mito milenarista, una promesa de renovación. Los primeros rastros de tal tema se encuentran en los escritos del abad Adson de Montier–en–Der (muerto en el 992). Pero Adson bebe de fuentes anteriores, una de ellas el testimonio de San Isidoro de Sevilla (siglo VII) y otra, incluso anterior, de Cesario de Arles (siglo VI).

Es evidente que profecías de este tipo ganan fuerza justo en momentos de crisis y devastación. En el período posterior a las invasiones bárbaras, cuando los movimientos migratorios remiten, cobra fuerza la añoranza y el recuerdo del Imperio Romano, incluso entre los mismos pueblos germánicos invasores, la idea de que Roma representaba el Orden gana fuerza y se produce un sincretismo entre los mitos nórdico–germánicos, con fuerza en esas razas, y los temas propios de la romanidad.

Esa añoranza de la grandeza de Roma se traduce en la aspiración a renovar el Imperio. Cuando Clovis (Clodoveo) es entronizado rey de los francos en el 496, recibe del Emperador de Oriente, la dignidad de Patricio y de César y, por este acto se considera renovado y regenerado el antiguo Imperio Romano. En siglos siguientes, a partir de Carlomagno y de los Hohenstaufen, la fórmula de consagración será calcada de la entronización de los Césares de Roma.

Pero la baja edad media supone una sucesión trepidante de convulsiones que crean en las poblaciones la sensación de que un ciclo está a punto de terminar. Los grandes príncipes son pocos y sus reinados breves, su recuerdo histórico se va diluyendo y entran vertiginosamente en el campo de la leyenda. En esa situación se suceden las profecías, todas interpretando el mismo deseo subconsciente: un gran príncipe –el gran monarca– reunirá a todos los pueblos de Occidente para librar la última batalla contra las fuerzas del anticristo. Aquí podemos ver cristianizado el tema de la “horda salvaje” de Odín y de sus guerreros que esperan en el Walhalla la hora de la batalla contra las fuerzas del mal.

Ahora bien, en el tema del “gran monarca” existe un ápice de nacionalismo galo. El “gran monarca” nace en Francia, en Blois concretamente, y queda ligado indisolublemente a la corona de ese país; contrariamente, el tema del “rey del mundo” tiene un carácter más universal.

LA UNIVERSALIDAD DEL MITO

En los siglos XIX y XX dos relatos traen a Occidente el recuerdo aún vivo del “rey del mundo”. Saint Yves d'Alveydre en su Misión de la India y Ferdinand Osendowsky en Bestias, Hombres y Dioses hablan, respectivamente de un reino subterráneo, Agartha o Agarthi, al que se refieren tradiciones vivas de Mongolia y la India, transmitidas por monjes budistas, en el que moraría el “rey del mundo”, el “chakravarti”.

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En la tradición budista el “chakravarti” es el “señor de la rueda”, o si se quiere “el que hace girar la rueda”. Guénon nos dice al respecto: “es quien, instalado en el centro de todas las cosas, dirige su movimiento sin él mismo participar, o sea quien es –según la expresión de Aristóteles– el ‘motor inmóvil’”. Esa rueda está habitualmente representada con la forma de una svástica, símbolo que, ante todo, indica movimiento en torno a un centro inmóvil.

El “rey del mundo” no es un tema exclusivamente budista. La Biblia registra la misteriosa figura de Melkisedec, rey y sacerdote de Salem, señor de Paz y Justicia. Salem, es equivalente al Agartha y Melkisedec el “chakravarti” judeo–cristiano.

2a19ff28896591071510b37becd52144.jpgEl lugar de acceso a ese centro del mundo aparece en distintas tradiciones: son muchas las leyendas de cavernas que dan acceso al centro del mundo, también montañas que tienen la misma función, islas, lugares marcados con monumentos megalíticos (menhires frecuentemente), lugares “Omphalos” (ombligos del mundo como el santuario de Delfos), todos estos puntos tienen como denominador común el constituir “centros espirituales”, es decir, lugares en los que se favorece el tránsito entre el mundo físico y el metafísico, entre lo contingente y lo trascendente. Todos estos símbolos facilitan la entrada a otro nivel de la realidad, aquel que se ha hecho invisible para los hombres dada su impiedad o simplemente a causa de la involución cíclica del mundo. Entrado éste en la Edad Oscura (Kali Yuga, Edad del Hierro o Edad del Lobo), lo que antes era visible y accesible se convierte en secreto y oculto. No puede llegarse hasta él sino a través de pruebas iniciáticas y de una ascesis interior: tal es la temática de la conquista del Grial, de las grandes rutas de peregrinación, de temas masónicos como el de la “búsqueda de la palabra perdida”, etc.

En esos lugares mora un rey supremo, indiscutible, acaparador del poder espiritual y del temporal, oculto e inaccesible, señor de paz y justicia: el rey del mundo, el rey perdido.

LA RENOVACION DEL MUNDO A TRAVES DEL REY PERDIDO

Existe una interferencia entre los temas del Rey del Mundo y el Gran Monarca de un lado y los del Rey Perdido de otro. Este último, es un gran monarca que ha desaparecido misteriosamente y cuyos súbditos se niegan a creer que haya muerto. Las tradiciones indo–europeas, hablan de reyes que se ocultan en cavernas, o simplemente que desaparecen pero que no han muerto. Pues bien, este es el punto de interferencia entre una y otra tradición.

El tema del “rey perdido” alude a reyes históricos que la crónica ha revestido de contenidos míticos; por el contrario, el tema del “rey del mundo” pertenece exclusivamente al universo mítico. Cuando un rey histórico no muere, sino que desaparece, oculto en una cueva, en una montaña o en una isla, es que ha pasado al dominio del Rey del Mundo, ha establecido contacto con él y ha tenido acceso a ese reino latente que está oculto por culpa de la degeneración del mundo. En todas las tradiciones el “rey perdido”, al desaparecer y entrar en contacto con el “rey del mundo”, legitima su poder y alcanza un rango divino.

Ahora bien, esa situación no durará siempre. Finalizado el ciclo, la espada vengadora del “rey perdido” se manifestará de nuevo y, gracias al poder de su brazo, el mundo quedará renovado, habitualmente tras una gran batalla.

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En el Tíbet solo los monjes budistas que han alcanzado un más alto grado de perfección, tienen acceso al reino oculto de Shambala, del cual el Dalai Lama es su delegado y embajador. Allí reside Gesar de Ling, rey histórico que vivió aproximadamente en el siglo XI y gobernó el Tíbet. Las leyendas locales afirman que Gesar no ha muerto, sino que retornará de Shambala al mando de un ejército, para someter a las fuerzas del mal y renovar el mundo agotado y caduco.

ARTURO Y FEDERICO BARBARROJA EN LAS LEYENDAS MEDIEVALES

En la Edad Media europea, mientras tanto, aparece una leyenda que fue considerada como verdad histórica, la del Preste Juan, el Rey Pescador. En Oriente, en un lugar impreciso entre Abisinia e India, existía un reino inmenso gobernado por un avatar de Malkisedec, el Rey Pescador. En su castillo se alojó Perceval en el curso de su conquista del Grial y fue allí donde vio la preciada copa y donde le fueron formuladas las preguntas fatídicas que Perceval en ese momento no supo contestar. Robert de Boron llega a calificar a Perceval de sobrino del Rey Pescador.

En el terreno de la historia se sabe que el Emperador Federico I recibió tres regalos del Preste Juan, (un abrigo de piel de salamandra, que le permitía atravesar las llamas, un anillo de oro y un frasco de agua viva) que suponían un reconocimiento de la dignidad imperial de Federico I por parte del “Rey del Mundo”. Así pues, el Rey del Mundo es aquel rey superior a los demás reyes y que los legitima para su misión.

En diversas ocasiones, monarcas europeos organizaron expediciones para establecer el contacto con el mítico reino del Preste Juan, que invariablemente se perdieron y jamás regresaron. Pero el tema subsistió en las leyendas del Grial.

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Arturo, después de la batalla contra las fuerzas del mal representadas por Mordred, se retira a la isla de Avalon. De Carlomagno se dirá lo mismo: que no está muerto, sino que, aguarda el tiempo en que sus súbditos vuelvan a necesitarlo. Federico I y su hijo Federico II, alcanzarán el mismo rasgo legendario, morando en el interior de montañas como el Odenberg o el Kyffhäuser, volverán cuando se produzca la irrupción de los pueblos de Gog y Magog, aquellos que Alejandro Magno –otro rey perdido– encerró con una muralla de hierro.

Es también en el período medieval en el que se establece la festividad de los Reyes Magos, personajes misteriosos que siguen a la estrella que marca el lugar de nacimiento de Cristo. Su triple imagen es un desdoblamiento de la figura de Melquisedec. Si en el rey de Salem está concentrado la triple función de “Señor de Justicia”, “Sacerdote de justicia” y “Rey de Justicia”, en los Reyes Magos, esta función está separada e individualizada en cada uno de ellos.

EL MITO DEL REY PERDIDO EN LA PENINSULA IBERICA

Sobre el suelo de la península ibérica florecieron también leyendas del mismo estilo. Jamás se encontró el cadáver de Roderic o Don Rodrigo, último rey godo; su recuerdo y el de la monarquía legítima animó a su portaespadas, Don Pelayo a iniciar la reconquista en su nombre.

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Más tarde, floreció el mito de Otger Khatalon, héroe epónimo de Cataluña; oriundo de Baviera, empuñaba como el Hércules mítico una pesada maza; liberó el valle de Arán y el valle de Aneu del dominio musulmán; una vez cumplida su obra desapareció, no está muerto, solo oculto, y solo volverá cuando se produzca una nueva crisis desintegradora.

Alfonso el Batallador y Don Sebastián de Portugal, desaparecido tras la batalla de Alcazarquivir, dejaron tras de sí un halito de misterio; años después todavía se creía que seguían vivos e incluso algunos impostores pretendieron usurpar su personalidad.

LAS ULTIMAS MANIFESTACIONES DEL MITO

A mediados del siglo XIX aun debía manifestarse el tema del rey perdido en Francia. La historiografía oficial no ha logrado desenmarañar el destino del Delfín de Francia, Luis XVII, desaparecido en la Torre del Temple de París tras el asesinato de sus padres por los revolucionarios. Algunos todavía hoy sostienen que el relojero holandés Naundorff, que llegó un día a París demostrando conocer con una precisión absoluta la infancia del Delfín, era el hijo de Luis XVI.

Setenta años después, algunos rusos blancos exiliados tras la Revolución Rusa, quisieron creer que la Gran Duquesa Anastasia jamás había muerto, sobrevivió a la masacre de Ekhaterinemburgo y daría continuidad a los Romanov.

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Finalmente hubo muchos que se negaron a creer en la muerte de Hitler y durante años estuvo extendida la idea que había logrado sobrevivir al cerco ruso de Berlín y huir al Polo en donde prepararía el retorno y la venganza.

La fuerza de la leyenda tuvo aun un postrero coletazo en el “affaire” de Rennes le Chateau, cuyo tema central era la supervivencia de la dinastía merovingia y el hallazgo del “rey perdido” en la figura de un astrólogo y documentalista que decía ser gran maestre de un “Priorato de Sión”. Se trata de un eco postrero en el que la credulidad de las masas arraiga en un sustrato de la psicología profunda de los europeos. Y es que, en el fondo, el “rey perdido” no es sino el arquetipo simbólico de una calidad espiritual próxima a la trascendencia, latente en todos los hombres, olvidada, más no perdida.

A MODO DE CONCLUSION

Caudillo derrotado en ocasiones (Dagoberto, Arturo), en otras muerto, pero cuyo cadáver jamás se encuentra (Barbarroja, Rodrigo), o simplemente líder victorioso de un período áureo (Guesar de Ling), consciente de que los ciclos históricos han decaído y que decide pasar a un estado de latencia hasta que se produzca la renovación del tiempo (de la que él mismo será vehículo), este mito es transversal en el espacio y en el tiempo, reiterándose en todo el ciclo indo–ario.

Siempre la morada de este rey perdido es un símbolo polar: una montaña inaccesible (Barbarroja), una isla dorada (el Avalon de Arturo), el “centro” de la tierra (Cheng Rezing, el “rey del mundo” extremo–oriental), un castillo dorado (Otger Khatalon). El presentimiento de su existencia anima a otros a emprender gestas y hazañas imposibles (la reconquista de Don Pelayo en relación a Rodrigo, los atentados del “Wehrwolf” en relación a Adolfo Hitler, la conquista del Grial por los caballeros del Arturo muerto en Avalon) o estar a la espera de la llamada del monarca para acudir a la última batalla (el tema del Räkna–rok y de la morada del Walhalla, el tema del último avatar de Buda y de Shambala).

Lo que se pretende en otros casos es tomar el mito del rey perdido de una forma utilitarista: sería él y sus presuntos descendientes los que garantizarían la legitimidad dinástica (los descendientes de Dagoberto II en el affaire de Rennes le Chateau, los partidarios de Naundorf en la cuestión del Delfín, los de Juan Orth en la dinastía austro–húngara, incluso los de la gran duquesa Anastasia en el caso de la herencia de los Romanov, etc.).

El mito del Rey del Mundo, las leyendas de los reyes perdidos y de los monarcas que aguardan la batalla final rodeados de sus fieles guerreros, pertenece a nuestro pasado ancestral. Es una parte de nosotros mismos, algo que debemos conocer y encuadrar en un universo simbólico y mítico, hoy perdido, pero del cual no podemos prescindir si queremos conocer nuestro origen y nuestro destino.

 

mercredi, 28 octobre 2020

Frithjof Schuon: The Contradiction Of Relativism

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Frithjof Schuon: The Contradiction Of Relativism

 
'The Contradiction Of Relativism' from Logic And Transcendence by Frithjof Schuon
 
To listen to: https://www.youtube.com/watch?v=3v5zNMtMtiM
 

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vendredi, 16 octobre 2020

EL HOMBRE DE LA TRADICIÓN - Eduard Alcántara

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EL HOMBRE DE LA TRADICIÓN - Eduard Alcántara

 
 
En un mundo que ha llegado a las más altas cotas de disolución imaginables se hace imprescindible que el hombre que quiera sobrevivir en medio de tantas ruinas sepa qué actitudes existenciales debería seguir por tal de intentar no sucumbir en medio del marasmo envilecedor, desarraigante y desgarrador al que la modernidad y la postmodenidad lo quieren arrastrar. Sin duda son las actitudes propias del Hombre de la Tradición las que suponen el antídoto idóneo ante las dinámicas disolventes de los tiempos presentes.
 

samedi, 10 octobre 2020

Tradition primordiale et préhistoire

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Thierry Mudry

Tradition primordiale et préhistoire

Ex: https://www.blog-glif.fr

René Guénon, Frithjof Schuon et Julius Evola situaient dans la Tradition primordiale l’origine (supra-humaine) de tous les courants ésotériques, tant « occidentaux » qu’« orientaux ». La conscience de l’existence de cette Tradition s’était fait jour en Europe dès avant la Renaissance, en particulier chez Nicolas de Cuse comme le relèvent par exemple Antoine Faivre (L’ésotérisme, PUF-Que Sais-je ?, Paris, 1992) et Wilhelm Schmidt-Biggemann (Philosophia Perennis. Historical Outlines of Western Spirituality in Ancient, Medieval and Early Modern Thought, Springer, Dordrecht, 2004).

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Mais c’est Saint-Augustin dans ses Retractationes (première partie, chapitre XIII, 3) qui souligna que le christianisme est lui-même l’héritier de cette Tradition : « Ce qui se nomme aujourd’hui religion chrétienne, existait dans l’antiquité et dès l’origine du genre humain jusqu’à ce que le Christ s’incarnât, et c’est de lui que la vraie religion qui existait déjà, commença à s’appeler chrétienne. En effet lorsque, après sa résurrection et son ascension, les Apôtres se mirent à le prêcher et que beaucoup croyaient déjà, ses disciples commencèrent à être appelés chrétiens à Antioche d’abord, comme il est écrit. C’est pourquoi j’ai dit : « C’est de notre temps la religion chrétienne, » non pas qu’elle n’ait point existé dans les temps antérieurs, mais parce qu’elle a reçu ce nom dans les temps postérieurs. »

indexmedf.jpgLe préhistorien Max Escalon de Fonton (1920-2013), dans son article sur « Le cheminement chrono-géographique du concept trinitaire », publié par Connaissance des religions (nouvelle série, volume VIII, n°1, 1992, pages 21 à 35), avançait que « la Tradition primordiale n’est primordiale que si elle commence avec les premiers hommes, c’est-à-dire aux temps préhistoriques. L’Homme, au sens où nous l’entendons, ou Homme anthropologique, apparaît vers le trente huitième millénaire, faisant suite à l’Homme paléontologique, qui, lui, nous est totalement étranger ». C’est donc, selon Max Escalon de Fonton, dans la préhistoire, plus précisément dans le paléolithique supérieur, que la Tradition primordiale a pris forme ou qu’elle a été reçue par les hommes.

Avant d’explorer plus avant les écrits de Max Escalon de Fonton, il n’est pas inutile de rappeler que l’intéressé, directeur de recherches au C.N.R.S., directeur des Antiquités préhistoriques de Languedoc-Roussillon puis de Provence-Côte d’Azur, a contribué de manière décisive à renouveler la connaissance de la préhistoire du Midi, en identifiant notamment, au cours de ses recherches et de ses fouilles, plusieurs faciès culturels locaux comme le Castelnovien ou le Couronnien en Provence, le Salpêtrien ou le Valorguien en Languedoc.

Escalon de Fonton s’attachait à reconstituer au cours de ses fouilles et des comptes-rendus qu’il en faisait, la culture matérielle des hommes de la préhistoire à travers l’étude de leurs artefacts, outils, objets de décoration quand il en retrouvait (la plupart étaient en effet en os et en bois, et donc résistaient rarement aux outrages du temps), vestiges alimentaires et autres. Il replaçait les éléments recueillis dans leur contexte environnemental et chronologique pour connaître les conditions de vie des populations concernées et les distinguer d’autres populations, souvent mais pas toujours apparentées, qui avaient peuplé le site à d’autres époques.

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Mais Escalon de Fonton s’intéressait tout autant à la culture symbolique des hommes de la préhistoire. Même si cet intérêt transparaissait dans ses publications scientifiques, c’est essentiellement dans des revues comme Etudes traditionnelles et Connaissance des religions qu’il livrait plus spécialement ses observations et ses réflexions dans ce domaine.

A cet égard, Escalon de Fonton partageait l’analyse de son collègue l’ethnologue et préhistorien André Leroi-Gourhan sur l’art paléolithique, en particulier sur celui de la grotte ornée de Lascaux. Leroi-Gourhan, après avoir soigneusement étudié l’association et la répartition des espèces animales figurées dans la grotte, ainsi que celles des autres signes gravés, en avait déduit que l’ensemble de ces signes devaient être interprétés comme des symboles masculins ou féminins. Pour lui, et ses successeurs, il fallait désormais « considérer comme un acquis notable la preuve de l’existence, au paléolithique supérieur, non pas d’une magie de chasse mais d’une métaphysique véritable ».

Il appartenait à Escalon de Fonton d’exposer de manière explicite le contenu de cette métaphysique des hommes de la préhistoire européenne. Dans l’article cité plus haut qui résume sa pensée, il écrivait : « Les grottes ornées du paléolithique supérieur d’Europe (environ 30.000 à 10.000 av. J.C.) sont des sanctuaires initiatiques (art sacré). Les idéogrammes (gravures, peintures, sculptures) expriment une métaphysique véritable dont la base est l’union des complémentaires. Dans cette démarche, il faut d’abord passer de la dualité des oppositions à l’unité du complémentarisme (retour au centre), puis, gravissant un degré dans l’ascension spirituelle, se hausser au niveau de la synthèse : la synthèse supérieure et les deux complémentaires expriment la dynamique trinitaire, laquelle symbolise la dynamique divine du Créateur ». On voit, précisait-il, au sein des grottes ornées constituées d’une suite de cavités, cette métaphysique se développer avec « une succession de panneaux, au cours d’un cheminement initiatique où croît la complexité, dans une dynamique de relation exprimée par la synthèse des deux complémentaires ».

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La grotte de Lascaux, avec sa succession de cavités figurant les divers degrés de l'initiation des hommes du paléolithique supérieur

La fin de l’ère glaciaire provoqua la disparition des animaux familiers aux hommes du paléolithique supérieur. D’autres symboles apparurent qui véhiculaient cependant toujours la même métaphysique (à travers l’opposition de la lune et du soleil par exemple, puis, au néolithique, à travers la symbolique du dépassement du cycle des quatre saisons et des quatre éléments).

Escalon de Fonton rapportait ainsi l’existence d’une Tradition primordiale formée dès le paléolithique supérieur et véhiculée sans interruption jusqu’à l’époque moderne sous des formes nécessairement changeantes.

Marseillais de naissance, il a su en discerner l’expression locale à travers un culte aux très anciennes racines, préceltiques et celtiques, le culte de la Vierge Noire , encore célébré chaque année à La Chandeleur (bien que son sens se soit progressivement perdu en même temps que le catholicisme oubliait ses aspects ésotériques) et à travers l’archi-confrérie réunissant les représentants des différents métiers et « ordres » de la ville qui participaient il y a quelques décennies encore à la procession solennelle de la Vierge Noire.

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« Cette archi-confrérie enseignait de façon simple, et pouvant être compris par tous, le symbolisme ainsi résumé : « Les personnes, les âmes, que nous sommes, avons un même principe – Dieu Créateur, l’Être. Or, Dieu, dans son absoluité, n’est contraint par aucune limite, aucune détermination. Il ne possède pas uniquement les possibilités d’Être ; il possède aussi toutes les possibilités de Non-Être. Manifestation et non-manifestation. Essence et Suressence. Cependant, ce qui pour l’humanité limitée à l’Être, semble une dualité, est, pour Dieu-Absolu, une Unité. Pour nous : cette unité est symbolisée par la Possibilité universelle qui comprend à la fois, et en synthèse, toutes les possibilités de manifestation et toutes celles de non-manifestation. La Possibilité Universelle est l’aspect passif de Dieu-Absolu ; son aspect actif n’étant conçu par nous que dans le silence internel.

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« On a donc : aspect passif = féminin. Au-delà de tout dualisme et de toute bipolarisation, donc de toute souillure = Vierge. Principe de tous les possibles, et, pour nous, du Principe créateur qui donne la vie = Mère. Principe de l’Incarnation du Verbe divin = Mère de Dieu. Principe célestiel, par conséquent, en amont du symbolisme des couleurs, mais devant rayonner comme la Nuit Mystique à son aboutissement, passage cyclique ascendant. La Nuit Supérieure, Le Noir de la non-distinction du Principe » » (« La Tradition des Vierges Noires », in Connaissance des religions, volume IV, n°1-2, 1988, pages 97 à 102).

Comme on peut le constater, à la lecture des articles d’Escalon de Fonton, la continuité entre ce culte, et d’autres similaires, et la démarche métaphysique des hommes du paléolithique supérieur est attestée à la fois par l’identité de leur contenu et par leur dimension initiatique.

Dans une telle continuité, la Franc-Maçonnerie vient bien évidemment prendre place pour peu qu’elle n’ait pas elle-même perdu le sens de l’Essentiel et, surtout, comme le rappelait Escalon de Fonton, celui du Suressentiel…

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Notre-Dame de la Consolation, Vierge Noire de Marseille, dans la crypte de l'Abbaye de saint Victor

(En haut: un cheval et un aurochs dessinés dans la grotte de Lascaux, symbolisant l'union des complémentaires)

jeudi, 08 octobre 2020

Denazifying Savitri Devi

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Denazifying Savitri Devi

The very idea sounds absurd. Militant supporter of National Socialism, foundational figure of Esoteric Hilterism, the iron maiden known to academia — insofar as she is known at all — as “Hitler’s Priestess [1]”: dissociating Savitri Devi from her fanatical loyalty to Hitler’s Germany seems as futile as denazifying The Führer himself.

Beyond its futility, what purpose would it serve? There is no hope of rehabilitating Savitri Devi for general academic use. Any scholar who quotes her approvingly and without the perfunctory “danger warning” will certainly be ostracized by respectable peers. Even among the hard Right who take no offense at her National Socialism, pan-Aryanism, anti-Semitism, valorization of the S.S., and other taboo subjects, Savitri Devi is often regarded as a mystical fanatic. She is seen as something of a crank, whose bizarre depiction of Hitler as an avatar of Vishnu is typically amalgamated with Miguel Serrano’s [2] (far more mystifying) theories concerning Hitler’s survival, Ultima Thule, Nazi UFOs in Antarctica, and other occult arcana. Savitri Devi’s writings and activism are seemingly inseparable from the strange milieu of Esoteric Hitlerism, putting her beyond the pale not merely of respectable political discourse but even that of the most open-minded elements of the Right.

However, I believe it is possible and worthwhile to distinguish the timeless content of Savitri Devi’s thought from her particular devotion to National Socialism. My motivation for this endeavor is twofold. For one, on a selfish note, Savitri Devi had a profound effect upon my own thinking. Though I am not particularly attached to National Socialism or Esoteric Hitlerism, it is my belief that one can appreciate her ideas — without compromising them in some milquetoast liberal fashion — and still acknowledge the flaws in that particular political movement. Moreover, Savitri Devi was a lucid and powerful writer whose writings contain unique insights that remain significant to the application of True Right principles to the problems of the present.

savitrichild-233x300.pngSavitri Devi is particularly insightful in understanding the relationship between man and nature, which she views through the lens of her aristocratic ideal. It is this essential notion of biological and spiritual aristocracy that determines her views on the natural world, human types, and politics. While in her metaphysics she counted herself alongside Julius Evola and Rene Guénon as a proponent of “the Tradition,” she was unique in her concrete political preoccupations and attempts to actualize this ideal in a contemporary political state. This led to her vigorous and unflagging support for National Socialism, which she regarded as the only regime that could serve as a bulwark (even temporarily) against universal decay and preserve the spiritual and biological aristocrats of the earth.

I have some points of disagreement with Savitri Devi’s thought: her uncritical attachment to Adolf Hitler and National Socialism and her rejection of certain religious traditions, for instance. However, while these will be briefly addressed at the end of this essay, such quibbles are not the point. My aim is to distill from Savitri Devi’s oeuvre the essence of her thought, in order to demonstrate its lucidity, its highly original application of traditional principles to the present, and the fundamental truth it contains. While it is too much to expect the contemporary academy to treat such controversial figures fairly, it does behoove those on the Right — who are not burdened by such prejudices — to confront their thought and take it seriously.

The Religion of the Strong

Savitri Devi’s thought is fundamentally religious. Born Maximiani Julia Portas in 1905, from an early age she felt an affinity for nature, for Greek culture, and for the traditional folk religions of Europe. While she came to reject most exoteric religious traditions — particularly Christianity — for their apparent otherworldliness, veneration of weakness, and adulation of a nebulous “mankind,” she made it clear that a feeling of “true piety” was the essential ground to her thought. This she defined as “feeling and adoring ‘God’ — the Principle of all being or non-being, the Essence and the light as well as the Shadow — through the splendor of the visible and tangible world; through the Order and the Rhythm, and the immutable Law that is its expression; the Law that melts the opposites into the same unity, reflection of the unity in oneself.” [1] [3] Rather than maintaining a division between mankind and the rest of the world, or between the sacred and the profane, this religiosity is one in which “the sacred penetrate[s] life, all of life, as in traditional societies.”

Lest we perceive this as just another twentieth-century “spiritual but not religious” nature mysticism, Savitri Devi takes pains to associate it with authentic traditional thought. She portrays this outlook — variously called the “philosophy of the Swastika,” the “religion of the strong,” and the “religion of life and light” — as a return to the primordial Tradition, purified and shorn of its humanistic and foreign accretions. She approvingly quotes one scholar who describes Guénon’s thought as “Hitlerism minus the armored divisions” [2 [4]] [5] and describes the primordial tradition itself as follows: “This is not the philosophy of any man. It is, in the clear consciousness of the really great Ones who are capable of feeling it — from the oldest Aryan lawgivers of Vedic and post-Vedic India, down to Adolf Hitler today — the wisdom of the Cosmos, the philosophy of the Sun, Father-and-Mother of the earth.” [3] [6] Of the historical societies and religions that most perfectly embodied this creed, she included the European folk religions, Pythagoreanism, Hinduism, Buddhism, and her particular object of fascination, the solar cult of Akhnaton [7].

450155.jpgAnd what are the specific qualities of this religiosity, which she believed undergirds not only the authentic noble traditions of the ancient Indo-Aryan world but also the ideology of National Socialism? It is founded upon the belief in an everlasting cosmic law that binds all living beings. Cosmic energy is the fount of life and is particularly worthy of veneration, being symbolized for terrestrial mankind by the Sun. Man, being a “solar product,” cannot disregard these laws, particularly the laws that “regulate the art of breeding and the evolution of races,” as this will lead to physical and moral degeneracy — the ultimate “sin against the will of the Creator.” [4] [8] Indeed, the moralism and obsession with “original sin” she attributes to Christianity have no place here, “the only ‘sin’ being (along with all forms of cowardice and faithlessness) the sin of shameful breeding — the deadly sin against the race.” [5] [9] Thus, rather than the otherworldly emphasis of more dualistic religions, this religion of the strong stresses the physical aspect of life, the duty of mankind to preserve the health and vigor of both the individual and the race, as well as that of the earth as a whole. This is a religious and aesthetic duty.

While the cosmic law is universal in scope, it will express itself differently in different folk groups. Therefore, in opposition to the universalism she associated with Christianity, Islam, and modern liberalism, Savitri Devi upheld the importance of the folk-soul, folk religion, and ancestor worship.

The religion of the reborn Aryans must naturally have much in common with that of the pre-Christian European North, and with that, of similar origin and spirit, kept alive to this day, in India, in the tradition of the Vedas. It must be, before all, the religion of a healthy, proud, and self-reliant people, accustomed to fight, ready to die, but, in the meantime, happy to live, and sure to live forever, in their undying race; a religion centered around the worship of Life and Light — around the cult of heroes, the cult of ancestors, and the cult of the Sun, source of all joy and power on earth. Indeed, it must be a religion of joy and of power — and of love also; not of that morbid love for sickly and sinful “mankind” at the expense of far more admirable Nature, but of love for all living beauty: for the woods and for the beasts; for healthy children; for one’s faithful comrades in every field of activity; for one’s leaders and one’s gods; above all, for the supreme God, the Life force personified in the Sun. . . . [6] [10]

Though she would probably dislike the comparison, Savitri Devi’s metaphysical and religious outlook, her “religion of the strong” and “religion of life and light,” might be understood as a kind of idiosyncratic Neoplatonism. While some will doubtless accuse me of understanding neither Savitri Devi nor Neoplatonism, the parallels are clear: life is the unfolding of a divine order throughout the cosmos; creatures approach perfection in life the more they embody and understand the divine will in themselves; one’s place in the hierarchy of being is dependent upon one’s alignment with the divine order. While Savitri Devi’s understanding departs from classical Neoplatonism in explicitly stating the nonhuman participation in the divine order, this was always implicit (if underemphasized) in the classical formulation anyways. Neoplatonism has often been associated with a life-denying and ascetic outlook. However, while reserving their highest praise for the One from whom all things emanate, Neoplatonism nevertheless regards existence as an outflowing of the divine and venerates it as such. The philosopher Plotinus wrote an invective against the life-denying Gnostics [11] on just that subject.

Neoplatonism, as I’ve argued in a previous article [12], is a Western expression of monistic panentheism, which is the basic metaphysical outlook of the primordial tradition. Thus it is no surprise that Savitri Devi espoused a version of it, as she stated her alignment with “the Tradition” and sought to demonstrate how National Socialist ideology — as she understood it — was a weaponized expression of that tradition. This distinguishes her from the more purely biological and Darwinian elements among the Right (though her thinking is not without its flaws, as I discuss in the conclusion). It is to her understanding of the relationship between man and nature that we now turn.

Man and Nature

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You can buy Savitri Devi’s Gold in the Furnace here. [13]

Savitri Devi’s love for the natural world is one of the most noteworthy features of her writing. She seemed to hold particular admiration for big cats and ancient trees, the “aristocrats” of the natural world, but had a great compassion for animals and living beings of all types. She scorned humans who would destroy such beauty and innocence in the name of comfort, longevity, or fruitless curiosity. It is therefore unsurprising that, aside from her rather outré ideas concerning Adolf Hitler and the end of the world, Savitri Devi is most well known as a forerunner of “deep ecology” and a major Rightist proponent of animal welfare. However, it is necessary to dissociate her ideas on this subject from the more contemporary (and invariably Leftist) expressions of these positions. For it is in Savitri Devi’s articulation of a Rightist theory of nature and man — one that takes into account contemporary scientific knowledge while rejecting both egalitarianism and narrow humanism — that her greatest strength as a thinker lies.

The academic philosophy of deep ecology [14], as it has been developed by its major theorists such as Arne Naess, George Sessions, and Bill Devall, is premised upon the idea of “biospheric egalitarianism,” that there is no fundamental ontological divide between humans and nature. It also maintains that the wellbeing and flourishing of both human and nonhuman life on Earth have value in themselves, variously described as “intrinsic value” or “inherent worth,” and that humans consequently have no right to reduce the richness and diversity of life except to satisfy vital needs. Animal rights theories also typically begin with a notion of fundamental equality, and decry “speciesism” as an injustice in the same way they would condemn “racism” or “sexism” or the other sins of the modern age.

612710.jpgSavitri Devi, as a Rightist and proponent of Tradition, disdains such insipid and indiscriminate egalitarianism. Her nature is a world of order and hierarchy, blood and death, struggle and harsh beauty. She is outside the main current of Western thought in her refusal to place a nebulous “humanity” at the pinnacle of the Chain of Being. In her metaphysics (which is, again, akin to a version of militant Neoplatonism) there is a natural law of strength and beauty, and beings approach perfection insofar as they adhere more closely to that divine idea. Any being which expresses its nature most perfectly — be it a tiger or an oak tree, a butterfly or a man — approaches the pinnacle of the hierarchy for its particular species. Clear hierarchies exist, but rather than a single pyramid with the entire human race at the top (including the most diseased and depraved), we have several pyramids, of which humanity only constitutes one. Indeed, “in the eyes of the believers in quality. . . any Bengal tiger, nay, any healthy cat — any healthy tree; any perfect sample of manifested Life — is worth far more than an ugly,  degenerate human bastard. Alone man in his perfection — superior man ‘like unto the Gods,’ not the patched-up weakling that this conceited Age exalts — is to be looked upon as ‘the highest creature,’ ‘God’s image,’ etc. . .” [7] [15]

There is a sense, then, in which mankind’s pyramid does rise above the others, and might justify our species’ claim to be the pinnacle of creation. It is only the human ability to transcend its animal nature, concerned solely with self-preservation, that gives man any claim to a superior station in the Chain of Being: “The actual master races surely cannot allow themselves to think and feel as it would seem natural to man of a mean type. And the real master species, if any, is the one that puts its consistent nobility above any advantage.” [8] [16] Of what does this nobility consist? Something far more than the pursuit of happiness, or even universal human welfare:

But those who have the Word, father of thought, and among them the Strong especially, have something better to do than pursue “happiness.” Their supreme task consists in finding this harmony, this accord with the eternal, of which the Word seems initially to have deprived them; to hold their place in the universal dance of life with all the enrichment, all the knowledge, that the Word can bring to them or help them to acquire; to live, like those who do not speak, according to the holy laws that govern the existence of the races, but, this time, knowing it and wanting it. The pleasure or the displeasure, the happiness or the discontent of the individual does not count. Well-being — beyond the minimum that is necessary for each to fulfill his task — does not count. Only the task counts: the quest for the essential, the eternal, through life and through thought. [9] [17]

It is humanity’s misuse of its remarkable gifts — its consciousness and reason, its super-natural desires and unnaturally efficient means of attaining them — that poses such a threat the rest of life on earth. To have these gifts, and to use them for such low ends as obtaining mere comfort for the greatest number, strikes Savitri Devi as profoundly ignoble.

He who has the Word, father of thought, and who, far from putting it in service of the essential, wastes it in the search for personal satisfactions; he who has technology, fruit of thought, and who makes use of it especially to increase his well-being and that of other men, taking that for the main task, is unworthy of his privileges. He is not worthy of the beings of beauty and silence, the animal, the tree — he who himself follows their path. He who uses the powers that the Word and thought give him to inflict death and especially suffering on the beautiful beings that do not speak, in view of his own well-being or that of other men, he who uses the privileges of man against living nature sins against the universal Mother — against Life — and the Order that desires noblesse oblige. He is not Strong; he is not an aristocrat in the deep sense of the word, but petty, an egoist and a coward, an object of disgust in the eyes of the natural élite. [10] [18]

photo-drawings3.jpgSavitri Devi points to overpopulation as one particularly egregious example of the base triumphing over the noble. Her concern is not only with the ecological effects of overpopulation, nor with its effects on human survival. She observed that the growth in human population was enabled by industrialism and the development of medical technology, both of which permitted the survival of “more and more people who might as well never have been born.” [11] [19] This worked against natural selection and would lead to the crowding out of noble humans and animals “by human types that are qualitatively inferior to them but dangerously prolific and whose demographics escapes any control.”

Indeed, is not the prospect of a world destroyed by human overpopulation that truly disturbs Savitri Devi. Indeed, she appears to welcome the apocalypse. [12] [20] It is, rather, the triumph of a technological and communistic society, in which humanity has wholly mechanized the earth and driven the noble men and animals to extinction: “It would mean the intensified, and more and more systematic exploitation of living nature by man, on an ever-broadening scale. . . . [Man] would make the world a safe place for his own species, never mind at the cost of what ruthless exploitation of the rest of the living, both animals and plants . . . There would be one king of the earth: mankind; one slave: subdued living nature. Most hateful prospects!” [13] [21] Relatedly, her loathing of vivisection is based on indignation that innocent and noble animals should have to suffer in order to develop medical treatments that “alleviate the suffering of diseased humanity” or to satisfy the “criminal curiosity” of scientific researchers. [14] [22] However, Savitri Devi should not be classified among the anti-natalists and primitivists, insofar as she promotes higher birthrates for superior racial stocks, and a technology that genuinely enriches human life (more on this below).

It is important to note that Savitri Devi does not advocate “animal rights.” She does not believe in metaphysical rights of any kind, which are a liberal construct. Rather she teaches, for one, that respect is due to nonhuman creatures because we are all emanations of the same divine energy — but that it is our foremost duty to preserve the noblest specimens of mankind and nature. She also teaches that the higher man is characterized by the noble virtue of compassion: “Not merely to be ‘harmless’; not merely not to exploit, for human ends, any beast, and even the vegetable world as far as possible, but to extend our active love to all that lives; to do our utmost, even at our own cost, so that every individual creature, bird or beast, might continue to enjoy the sight of the sun, in health and beauty — these are our ethics.” [15] [23] We shall now examine how Savitri Devi envisioned the noble human type, and the kind of society that is most suited to encouraging its development.

The Higher Man

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Since there are vast differences between individuals in terms of their adherence to the cosmic law, there is a natural inequality of persons as well as races: “Man’s value — as every creature’s value, ultimately — lies not in the mere intellect but in the spirit: in the capacity to reflect that which, for lack of a more precise word, we choose to call ‘the divine,’ i.e. that which is true and beautiful beyond all manifestation, that which remains timeless (and therefore unchangeable) within all changes.” [16] [25] For Savitri Devi, the Aryan race (which, adhering to the classical definition, includes the Aryans of ancient India and Iran as well as certain European groups) is the highest manifestation of mankind, the one most attuned to the cosmic soul. As she writes of its Nordic branch, which she believed to be the purest Aryan remnant in the modern world:

That this Nordic race is a natural aristocracy, there is no doubt. First a physical aristocracy. To make sure of that, one need only look at its representatives, especially the purest Germanic types among the Germans and the Swedes, outwardly, perhaps, the finest men on earth. An aristocracy of character also, as a whole. One only has to live with Scandinavians, Germans, or real English people, after spending years amidst less pure Aryans, or totally different races, in order to find that out. An aristocracy of kindness, too — its most attractive sign of superiority. And this is a fact. The best proof of it is to be seen in the spontaneous sympathy which most pure-blooded Nordic children show towards animals, even before being taught to do so.” [17] [26]

Savitri Devi believed that National Socialism was a contemporary adaptation of the primordial tradition — the religion of the strong — uniquely suited for the Northern Aryan soul: “Hitlerism considered in its essence . . . is the religion of the Strong of the Aryan race, as opposed to a world in decline; a world of ethnic chaos, contempt of living Nature, the silly exaltation of ‘man’ in all that is weak, morbid, eccentrically ‘individual,’ different from other beings; a world of human selfishness (individual and collective), of ugliness and cowardice. It is the reaction of the Strong of this race, originally noble, to such a world.” [18] [27] Only among Aryan mankind, she believed, would the National Socialist ideology find any support. This is because it appeals to the finest elements of their character: selflessness, courage, fortitude, intelligence, the hunger for sacrifice, and the love of truth and beauty.

While she acknowledges that the majority of Germans would join the NSDAP for more mundane reasons, Savitri Devi was confident that the inner circles — particularly the notorious SS — would have constituted the core of a new Aryan-European nobility:

But these soldiers of the first hour would, little by little — along with the youths rigorously selected and hardened, in the “Burgs” of the Order of the SS, in the asceticism of the body, the will, and knowledge — form an aristocracy, hereditary from hence forth, strongly rooted — owners of vast family domains in conquered spaces — and itself hierarchized. They would, these members of the élite corps par excellence, among whom stood side by side the most handsome, the most valorous sons of the peasantry, the most brilliant academics of good race, and many youths representing the ancient and enduring German nobility, gradually meld themselves into a true caste, an inexhaustible reservoir of candidates for super-humanity.” [19] [28]

b7e719157ed6700c875135ef67c50214.jpgAll of this talk of Aryans, Hitler, and the S.S. is obviously inextricable from Savitri Devi’s passionate support for National Socialism. However, it is important to note that the recognition of an Indo-Aryan race, while frowned upon nowadays, has a long pedigree and is not invariably associated with Nazism. Moreover, while Savitri Devi did uphold the Aryan race as the highest human group, she was emphatic that other races (and indeed other species) possess the capacity for a perfect expression of their God-given folk-soul: thus it is necessary to “respect the man of noble races other than your own, who carries out, in a different place, a combat parallel to yours — to ours. He is your ally. He is our ally, be he at the other end of the world.” [20] [29] She envisions an alliance among the noblest individuals of each noble race in order to oppose to the deracinated and ignoble men who strive to destroy all that is holy and beautiful.

In short, Savitri Devi’s aristocratic ideal, while strongly associated with Aryan blood descent, entails many of the essential virtues of the traditional world: courage, truthfulness, noblesse oblige, and detached violence against the forces of evil. This ethos has parallels, of course, to the karma yoga of the Bhagavad Gita, by which Savitri Devi was clearly influenced; one also finds it in the Taoist wu-wei, or injunction to “act without acting,” and Meister Eckhart’s conception of detachment or Abgeschiedenheit. This ideal of noble behavior has ancient roots. And like the ancients, Savitri Devi taught that the cultivation of a higher human type can only occur within a favorable sociopolitical framework, an organic state wholly unlike the liberal societies of today.

On the State 

While liberal political theory maintains that the state’s role is solely to provide for the defense of life, liberty, and property, the classical conception of politics is far more expansive. The state is an expression of a folk-soul, and its purpose is to cultivate virtue, excellence, and a particular way of life. It is, moreover, an earthly mirror of the celestial hierarchy, and should therefore be organized in such a way that the higher values of spirit and honor reign over and direct more material concerns. Savitri Devi believed that this model of the state had been revived by National Socialism, whose leaders and soldiers had constructed a fortress of order and human excellence amidst the barren wastes of modernity. Though she believed the principles of National Socialism are those of the primordial tradition and therefore eternal, the movement itself is unique in being “the sole systematic attempt to build a state — nay, to organize a continent — upon the frank acknowledgment of the everlasting laws that rule the growth of races and the creation of culture; the one rational effort to put a stop to the decay of a superior race and to the subsequent confusion. It is the movement ‘against Time’ par excellence.[21] [30] While its ethos and goals are those of the ancient world, National Socialism adapted the struggle to the modern setting.

Though spiritual proponents of nature preservation are commonly denigrated as primitivists and Luddites, Savitri Devi strongly supports technology that is tailored to have a positive effect on the human spirit and minimal impact upon that natural world: “The society we call ‘ideal’ would be a very highly mechanized one, and electrified one, in which man himself would have to work only as little as possible.” [22] [31] A high level of technology was in fact essential in order to liberate a regenerate Aryan mankind from drudgery and provide a high quality of civilization; to defend the state against conquest by less scrupulous powers; to provide for the well-being of the Volk; and to enable mankind to gain greater knowledge of the natural world. This should, to her mind, be the true purpose of science, technology, and scholarship, not merely to prolong the existence of the unfit.

And we are far, far more grateful to the scholars whose discoveries in astronomy and higher physics, in philology and archaeology, etc., have enabled a few of the better men to live more richly, more intensely, more harmoniously, by opening to them new and more astounding sources of inspiration, than we ever will be to those so-called “benefactors of mankind” whose main work has resulted merely in keeping alive thousands of human beings neither good or bad, nor even physically beautiful, who could as well have died and made place for others at the best of times, as the rest of the living do.” [23] [32]

51YYO8aN2UL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgHer enthusiasm for certain forms of high technology coupled with a decisive rejection of liberal modernity places Savitri Devi within the current of “reactionary modernism [33],” alongside other thinkers associated with Fascism, National Socialism, and the German Conservative Revolutionaries. Unlike nowadays — where runaway technological growth has led to the diminishment of man and the tyranny of petty bureaucrats and corporate overlords — in Savitri Devi’s National Socialist state, technology would be in the service of higher values. In this respect, her thinking can be described as a kind of archeofuturism [34], in the manner of Guillaume Faye, in which the “foundational values” of hierarchy, justice, duty, spirituality, and folk traditions are revived in a highly technological society.

Aside from providing for the material welfare of the Volk and defending it against its enemies, the chief purpose of the classical state — as well as the state envisioned by Savitri Devi and the National Socialists — is to cultivate excellence, nobility, the full flowering of the race. It does this, in part, by promoting eugenics. Again, such a form of selective breeding was practiced in many societies of the ancient world, namely Sparta. But in the contemporary world, it is not sufficient simply to encourage more births for exceptional individuals. Due to the destructive effects of overpopulation on other animals as well as noble humans, births must be controlled.

The immediate step to take, therefore, all over the world, in order to raise the standard of human life everywhere . . . would be, logically, to stop the indiscriminate production of babies — to cease bribing people to have young ones, in the countries of moderate birthrate, unless, of course, these be of exceptionally fine racial stock, to encourage them to have none, or extremely few, in countries already burdened by overpopulation, especially if these be also of inferior racial stock. Less people would mean “more living space” for all men. And racial selection would mean a more beautiful and nobler mankind.” [24] [35]

This naturally entails a great degree of government intrusion into the reproductive lives of its subjects, particularly those deemed to be of inferior quality: “Indeed if the number of men is not to increase indefinitely, very strict regulations are to keep down the numbers of the inferior races lest the Aryan — the ruling race — be forced to have larger and larger families, merely in order to survive.” [25] [36] The negative side of this eugenics program, in advocating for which Savitri Devi is probably even more ruthlessly consistent than historical most Nazi ideologues, would include a broad campaign of sterilization and euthanasia to minimize these undesirable births.

On a more positive note, the state would take a strong interest in the education of the young, in order to cultivate nobility and excellence. Under National Socialism, this was the role of the Hitler Youth, which Savitri Devi wholeheartedly endorsed. The Hitler Youth provided the physical training and intellectual and moral formation to cultivate a new generation of dedicated elites:

All great movements put stress upon the training of youth. “Catch them young,” say the Jesuits. National Socialism has not merely “caught them young,” but has striven to create them; to prepare them, not only from childhood, or from birth, but from the very moment of conception, to be the embodiment of the highest idea of all-round manly perfection — of physical health and beauty; of moral health and beauty; of character; of sound and clear intelligence, firmly linked up with the whole of life; the human élite, from every point of view. [26] [37]

TipusTomb2.jpgTaken together, Savitri Devi describes her ideal state — her dream of National Socialism — as follows:

Modern civilization at its best, modern industry in all its efficiency, in all its power, in all its grandeur; modern life with all its comforts and, along with that, the eternal Heathendom of the Aryans; the religion of living — physical and supra-physical — perfection, of “God residing in pure blood” to repeat the words of Himmler; the religion of the Swastika which is the religion of the Sun; efficiency and inspiration; iron discipline coupled with enthusiasm; work, a parade; life, a manly hymn; military schools and up-to-date dwellings in the midst of trees; blast furnaces and Sun temples. That is the super-civilization according to my heart. That is, that always was my conception of true National Socialism applied in practice.” [27] [38]

This archeofuturist vision weds the modernist emphasis on high technology to an archaic state based on hierarchy, communal religion, and good breeding. While the National Socialist state was one of the more successful attempts to create such a society in the 20th century, thus earning Savitri Devi’s veneration, this cultivation of nobility and concern with eugenics is not confined to the Nazis. It is a feature of classical politics, notably in the Greek world, where it found expression in the ancient Spartan regime and the political theory of Plato. Among the ancients, it was likewise understood that confusion in breeding — the “regression of castes” — led to myriad social ills, ultimately resulting in the downfall of the state. Like the ancients, Savitri Devi was under no illusions about the permanency of any political solutions, at least not in the world as we know it. All things are swept away by the current of time, in order that others might be born.

The Kali Yuga and the Men Against Time

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One of Savitri Devi’s more unique contributions is how she situated the National Socialist enterprise in universal history. She subscribed to the cyclical theory of existence, and accepted that mankind presently found itself at the nadir of the cycle, known to the Hindus as the Kali Yuga.

In her opus The Lightning and the Sun [40], she posited the existence of three types of world-historical figures: “Men In Time,” who are unwitting agents of divine destruction to bring about the end of a cycle (Genghis Kahn, for instance); “Men Above Time,” whose advanced spiritual state places them outside the cosmic cycle altogether (Akhnaton, Buddha, Christ); and “Men Against Time,” who combine the transcendence of the Men Above Time with the ferocity of the Men In Time, and battle with detached violence to resist the decline. She placed Adolf Hitler in this last category. Following Germany’s defeat in the war, Savitri Devi rationalized that this defeat was inevitable as the forces of decline had become too great. It was a “heroic but practically vain attempt at ‘rectification’ . . . Despite all the power and all the prestige at his disposal, Adolf Hitler could not create — recreate — the conditions that were and remain essential to the blossoming of a Golden Age.” [28] [41] National Socialism’s defeat was simply the final push for a world already in ruins, eagerly awaiting its destroyer and liberator. Hence, Savitri Devi would (infamously) describe Hitler as an avatar of Vishnu, but not the ultimate avatar. This task is reserved to Kalki, who would come to bring an end to this dying world so that another might arise from its ruins.

It is difficult to say whether this is intended symbolically or if Savitri Devi actually worshipped Hitler as a demigod. Needless to say, her apparent deification of Hitler creates some obvious difficulties for anyone seeking to detach her philosophy from National Socialism. Moreover, her acceptance that we are at the end of a cosmic cycle, and that nothing can be done save to pray for the coming of Kalki the Destroyer, seemingly lends itself to nihilism and despair. It is at any rate not conducive to the great efforts now needed in the political and cultural spheres.

Regarding the potential for nihilism, it is important to remember that most traditional religious doctrines, and indeed even modern science, posit an inevitable end to life as we know it. How one reacts to this knowledge is dependent upon one’s personal equation. For some, it may lead to hedonism, selfishness, or destructive despair. For the noble, for the true Man Against Time, the likelihood or certainty of defeat on the temporal plane does not lessen his resolve. His action flows from the essence of being, the cosmic role he is meant to play, rather than any certainty of success. He therefore fights dispassionately against the forces of disintegration and chaos.

9780692371947_p0_v1_s1200x630.jpgAnd what are these forces? Savitri Devi names several malefactors throughout her writings: democratic demagogues, Marxist revolutionaries, vivisectionists, “the so-called ‘benefactors of mankind,’” modern artists, Christians, and the “Jewish world-community.” Savitri Devi viewed these corrupting figures as more-or-less unwitting servants of the darkness, and describes their mission thus:

It is an unholy purpose, the fulfillment of which would imply the dissolution of all races and of all genuine nationalities; of all natural communities, i.e., of all those that have a solid racial background . . . and the ever-tightening grip of a soulless money power — the power of the raceless, gifted with destructive intelligence — over increasingly bastardized and numberless masses of Menschenmaterial, possessing neither thought nor will of their own, nor the innocence and nobility of real animals. It is the purpose of the Forces of darkness, whose influence grows, whose free play becomes more and more free and shameless, and whose rule asserts itself as a more and more obvious reality, as history run; its fated downward course. It is the purpose of Time itself, as Destroyer of all creation; as Leveller and Denier.” [29] [42]

This battle is thus understood as a contest between higher powers, using humans as their material and pawns, a kind of “occult war [43].” Despite the high stakes, this perspective has the odd effect of depersonalizing the struggle. Savitri Devi, following the teaching of the Bhagavad Gita, states of the enemy that “it is not necessary to hate him. He follows his nature and achieves his destiny while being opposed to the eternal values. . . .  But — and precisely for this reason — [fight him] with detachment and all your power: the strong preserve a serene balance even in the most exultant fanaticism.” [30] [44] Given the heavily decayed state of the world, Savitri Devi insisted that great violence and brutality would be necessary to fight back the forces of darkness, and that any violence done for that purpose would therefore be sacred and justified.

Savitri Devi strongly admired the SS in part because she perceived it as the agent of divine retribution upon these forces of decadence. The men who comprised the SS were “the physical and moral elite of awakening Aryandom, the living, conscious kernel out of which and round which the yet unborn race of gods on earth — regenerate Aryandom — was to take shape and soul.” [31] [45] Their standards of racial purity, physical beauty, vigor, cleanliness, martial valor, and high character alone were sufficient to justify this high praise; the fact that their ideological underpinnings were those of a monastic warrior brotherhood fighting dispassionately against decadence was even more so. In fact, in Savitri Devi’s eyes, the S.S. takes on the form of a kind of weaponized Tradition, akin to the League of Shadows [46].

Savitri Devi summarizes her attitude towards the Kali Yuga and detached warfare, and their relationship to the primordial tradition expressed in National Socialism, as follows:

It is, I repeat, a Golden Age philosophy in the midst of our age of gloom; the philosophy of those who stand heroically against the downward current of history — against Time — knowing that history, that moves in circles, will one day forward their lofty dreams; the philosophy of those few who . . . prefer to fight an impossible battle and to fall, if necessary, but to feel, when the new dawn comes, that they have called it, in a way, through the magic virtue of action for the beauty of action; who, if the dawn is not to shine in their lifetime, will still act against the growing tide of mediocrity and vulgarity, for the sole joy of fulfilling the inner law of an heroic nature.” [32] [47]

Despite her praise for the warrior, Savitri Devi’s pessimism concerning the post-WWII world gives her little hope of successfully resisting the decay. She writes that there are few activities in modern life which are not wholly futile, beyond growing food, [33] [48] working to preserve the “elite minorities” of all races and species from extinction, showing kindness towards the innocent among the animal and human world, and “curs[ing] in one’s heart, day and night, today’s humanity (apart from very rare exceptions), and to work with all one’s efforts for its destruction.” [34] [49] One cannot help but notice that this overwhelming pessimism grows far more prominent in Savitri Devi’s postwar writings, after witnessing the destruction and humiliation of the last bastion of Aryandom on earth.

The Education of Maximiani Portas

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With respect to the purpose of this essay, I am forced to admit that it is impossible to imagine a Savitri Devi who is not a Nazi. The circumstances of her life, particularly her love for ancient Indo-Aryan culture, its perceived embodiment in Hitler’s state, and that state’s crushing defeat and humiliation, solidified her fanatical devotion as well as her hatred for the post-war order. But perhaps we can imagine how Savitri Devi’s outlook might have differed if this enthusiasm for National Socialism had not fully taken hold of her mind; if she had remained Maximiani Portas and not become Savitri Devi, the iron maiden, the eulogist and apologist of Nazi Germany, “Hitler’s Priestess.”

If we set aside the veneration of Nazism, I believe we could still preserve everything that makes Savitri Devi particularly valuable as a thinker, even to those who disagree with her devotion to Hitler:

  1. Her understanding of the primordial Indo-Aryan religion;
  2. Her conception of aristocracy within and among species, and insistence that humans have no claim to superiority unless they rise above their merely natural selves;
  3. Her injunction to preserve the noble elite of all species, and to treat the Earth and its myriad creatures with the kindness befitting the noble man;
  4. The need for a state based on classical principles that cultivates true physical and spiritual aristocracy, while utilizing modern technology to advance the goals and improve the lot of its people; and
  5. The recognition of universal forces of decay and the need to combat them with the detached violence of the Aryan warrior.

These are the ways in which Savitri Devi’s thought embodies the themes of an authentic traditional society and adapts them to the present. These are important and original observations that should be taken seriously by any Rightist.

And what of the rest? While I do not intend to offer a critique of National Socialism or Esoteric Hitlerism here, and while I have no particular quarrel with those who embrace these ideologies, I would argue that these are the weaker points in Savitri Devi’s thought. Her idealization of Hitler and the “actually existing” National Socialist state, while a bracing corrective to the propaganda barrage of the post-WWII era, have an element of the outrageous to them. I will not dwell on this point, as the critique of National Socialism from the Right [51] has been done by far greater minds than my own. I will simply say that upholding Hitler’s Germany as the purest expression of the primordial religion since the dawn of the age is hyperbolic, and ignores the many ways in which the regime compromised with modernity. This is not to deny it a certain grandeur, or indeed to deny that life under this regime would almost certainly be preferable to our current situation. Whether it deserves religious veneration is another matter.

JF_cover.jpgOn the subject of religion, Savitri Devi’s loathing of most traditional religions, particularly Christianity, appears to have been partly instinctive and partly informed by Nietzsche and later Nazi pronouncements on the subject. However, though she counted herself among the proponents of the Integral Tradition along with Evola and Guénon, her disdain for these world religions — the very vessels of the primordial religion — separates her from that milieu. Her countless criticisms of Christianity, in particular, are a somewhat tedious and clichéd amalgam of Nietzscheanism, biological racism, and neo-pagan hubris: Christianity “alienates its faithful from nature,” “teaches them the contempt of the body,” and betrays the “stench of the miserable and servile common man.” [35] [52] Moreover, she agreed with Hitler in regarding Christianity as “nothing but a foreign religion imposed on the Germanic peoples and fundamentally opposed to their genius.” Savitri Devi therefore longs for a return to pre-Christian Indo-Aryan paganism.

I’ve sought to address these misconceptions of Western Christianity elsewhere [53], arguing that it is neither foreign to the European soul nor simply a precursor of modern democratic liberalism. I have also argued [12], with Guénon and even Evola, that Western Christianity was a legitimate vehicle of the Traditional idea. Specifically addressing its supposed anti-natural bent, Savitri Devi (and many modern environmentalists [54]) accuse Christianity of human-centeredness and domineering attitudes towards the natural world. However, Christianity is theocentric, not anthropocentric. Its true focus is not on maximizing human numbers or comfort, but in living in accordance with the will of God. Indeed, as men have rejected the divine and natural order and cannot even master themselves, they hardly deserve to be masters of the world. A consequence of their fall from the primordial state is their profound lack of mastery, their physical and intellectual weakness, their susceptibility to natural disaster, sickness, death, and time. Ecological degradation is not an outcome of belief in Christ, but rather a consequence of the timeless and universal attitude of dull pragmatism, the plebeian outlook of the man whose chief concern is wealth and comfort at the expense of the sacred. It is not a feature of any genuine religion.

Ironically, by jettisoning most traditional religions in the name of returning to a primordial “religion of life and light,” Savitri Devi removes some of these traditional restraints on human behavior. Though the metaphysics are vaguely Neoplatonic due to her apparent opposition to transcendent divinity, her religion devolves into a kind of purely immanentistic pantheism, in which gods are simply the spirits of one’s ancestors and one’s folk-soul, and God and nature are synonymous. This mystical Darwinism and reverence for the strong, however, need not lend itself to a reverence for the noble Aryan and lion. It could just as easily involve the worship of the migrant waves in Europe, or the cancerous growth of the modern city, or indeed swarms of locusts, as they are also a part of “nature” and have proven their strength over the old ways and old masters of that land. There is not an objective standard from which to judge human behavior, since (as we know from history) people can judge purely “natural law” to mean all kinds of different things. In short, while Savitri Devi expresses many essentially correct metaphysical ideas, she errs in rejecting the transcendent traditional faiths in favor of what is basically 19th-century racialist pantheism.

page_1sdky.jpgFinally, there is a shocking inhumanity in Savitri Devi’s thought. In some ways, this can be quite refreshing to a modern reader indoctrinated in maudlin liberal humanitarian platitudes. She questions the value of modern medicine, which keeps countless people alive who are too sick and weak to contribute to their race or live purposeful lives. She straightforwardly endorses eugenics programs to maximize the wellbeing and numbers of healthy Aryans, and reduce those of more prolific but less noble bloodlines. The human and material costs of warfare in defense and expansion of Hitler’s Germany are fully justified due to its role as the vehicle of Aryan regeneration. Traitors should be executed without mercy. Though Savitri Devi sometimes questions the Holocaust numbers and narratives, more often than not she simply defends the execution of countless political enemies — among which she includes Jews — as not only necessary but laudable.

Savitri Devi prided herself on her ruthless consistency, her “appalling logic,” and there is no reason to doubt her sincerity. [36] [55] Admittedly, it does seem strange for a woman who spoke so warmly of nonhuman animals — who urged readers to “give an armful of grass to the horse or the weary donkey, a bucket of water to the buffalo dying of thirst. . . a friendly caress to the beast of burden” — to so utterly set such compassion aside when dealing with human beings. [37] [56] And it is not merely towards the enemy that her ruthlessness is directed. She seems to have believed that the sick and weak of her own people must be sacrificed in order to secure the dream of deified Aryandom.

This may be the price one has to pay. But it also entails an abrogation of the traditionally noble ideals, of European chivalry, which demands protection of the weak and defenseless, widows and orphans, children and the innocent. It ignores that members of a community have a responsibility to care for their own people, even the sick, old, fallen, and imperfect. Perhaps not to the insane lengths people go to today, but the obligation still remains. These are the spiritual values, the kindness and compassion of the Aryan race which Savitri Devi prizes so highly, without which its bloodline will cease to be associated with genuine nobility.

In her fury at the destruction and humiliation of Hitler’s Germany, in the fanaticism with which she took up its banner, in the sheer horror of the postwar years, Savitri Devi appears to have lost that element of humanity. She seems to have taken some pride in this fact. Nevertheless, she would also write that “the real superman, if any, is the man in whom boundless kindness to all creatures goes side by side with the utmost intelligence and power.” [38] [57] Perhaps if she had remained Maximiani Portas — the young European girl who loved ancient Greece, who loved the beasts of the forests and fields, who longed to see a rebirth of ancient Indo-Aryan civilization in all of its ancient glory — she might not have forgotten this sentiment.

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Notes

[1] [60] Savitri Devi, Memories and Reflections of an Aryan Woman. New Delhi: Savitri Devi Mukherji, 1976, ch. 8 [61].

[2] [62] Reflections, ch. 10 [63].

[3] [64] Savitri Devi, Gold in the Furnace: Experiences in Post-War Germany [65], ed. R. G. Fowler. Atlanta: Savitri Devi Archive, 2006, ch. 1.

[4] [66] Ibid.

[5] [67] Ibid.

[6] [68] Ibid.

[7] [69] Savitri Devi, The Lightning and the Sun [40]. Buffalo, New York: Samisdat Publishers, Ltd., 1979, p. 265.

[8] [70] Savitri Devi, Impeachment of Man [71]. Costa Mesa, California: The Noontide Press, 1991, p. 82.

[9] [72] Reflections, ch. 1 [73].

[10] [74] Ibid.

[11] [75] Impeachment, p. 113.

[12] [76] Reflections, ch. 12 [77], passim.

[13] [78] Impeachment, p. 147.

[14] [79] Lightning, p. 395.

[15] [80] Impeachment, p. 134.

[16] [81] Lightning, p. 5

[17] [82] Gold, ch. 1.

[18] [83] Reflections, ch. 1.

[19] [84] Reflections, ch. 9 [85].

[20] [86] Reflections, ch. 1.

[21] [87] Gold, ch. 1.

[22] [88] Impeachment, 150.

[23] [89] Ibid., 105.

[24] [90] Ibid., 145.

[25] [91] Ibid., 150.

[26] [92] Gold, ch. 9.

[27] [93] Gold, ch. 12.

[28] [94] Reflections, ch. 11 [95].

[29] [96] Lightning, 248.

[30] [97] Reflections, ch. 1.

[31] [98] Lightning, 374.

[32] [99] Gold, ch. 14.

[33] [100] Lightning, p. 4.

[34] [101] Reflections, ch. 11.

[35] [102] Reflections, ch. 8.

[36] [103] Savitri Devi, Defiance: The Prison Memoirs of Savitri Devi [104], ed. R. G. Fowler. Atlanta: The Savitri Devi Archive, 2008, 77.

[37] [105] Reflections, ch. 1.

[38] [106] Impeachment, 104.

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[1] Hitler’s Priestess: https://nyupress.org/9780814731116/hitlers-priestess/

[2] Miguel Serrano’s: https://religion.wikia.org/wiki/Miguel_Serrano

[3] [1]: #_ftnref1

[4] [2: #_ftnref2

[5] ]: http://k

[6] [3]: #_ftnref3

[7] Akhnaton: https://www.savitridevi.org/son-contents.html

[8] [4]: #_ftnref4

[9] [5]: #_ftnref5

[10] [6]: #_ftnref6

[11] life-denying Gnostics: https://plotinusarchive.wordpress.com/2-9-against-the-gnostics/

[12] a previous article: https://counter-currents.com/2020/09/integral-ecology/

[13] here.: https://counter-currents.com/2019/11/gold-in-the-furnaceexperiences-in-post-war-germany/

[14] deep ecology: https://openairphilosophy.org/wp-content/uploads/2019/02/OAP_Naess_Deep_Ecology_Movement.pdf

[15] [7]: #_ftnref7

[16] [8]: #_ftnref8

[17] [9]: #_ftnref9

[18] [10]: #_ftnref10

[19] [11]: #_ftnref11

[20] [12]: #_ftnref12

[21] [13]: #_ftnref13

[22] [14]: #_ftnref14

[23] [15]: #_ftnref15

[24] here.: https://counter-currents.com/2019/11/defiance-the-prison-memoirs-of-savitri-devi/

[25] [16]: #_ftnref16

[26] [17]: #_ftnref17

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[29] [20]: #_ftnref20

[30] [21]: #_ftnref21

[31] [22]: #_ftnref22

[32] [23]: #_ftnref23

[33] reactionary modernism: https://www.cambridge.org/us/academic/subjects/history/twentieth-century-european-history/reactionary-modernism-technology-culture-and-politics-weimar-and-third-reich?format=PB&isbn=9780521338332

[34] archeofuturism: https://arktos.com/product/archeofuturism/

[35] [24]: #_ftnref24

[36] [25]: #_ftnref25

[37] [26]: #_ftnref26

[38] [27]: #_ftnref27

[39] here: https://counter-currents.com/the-lightning-and-the-sun-order/

[40] The Lightning and the Sun: http://www.savitridevi.org/PDF/lightning.pdf

[41] [28]: #_ftnref28

[42] [29]: #_ftnref29

[43] occult war: https://www.gornahoor.net/?p=3675

[44] [30]: #_ftnref30

[45] [31]: #_ftnref31

[46] League of Shadows: https://counter-currents.com/2012/07/christopher-nolans-batman-movies-weaponizing-traditionalism-transvaluing-values/

[47] [32]: #_ftnref32

[48] [33]: #_ftnref33

[49] [34]: #_ftnref34

[50] here.: https://counter-currents.com/and-time-rolls-on-order/

[51] from the Right: https://pdfs.semanticscholar.org/a697/746226cff370819e943d6708faa2b66beb2d.pdf

[52] [35]: #_ftnref35

[53] elsewhere: https://counter-currents.com/2020/09/michaelmas/

[54] environmentalists: http://www.cmu.ca/faculty/gmatties/lynnwhiterootsofcrisis.pdf

[55] [36]: #_ftnref36

[56] [37]: #_ftnref37

[57] [38]: #_ftnref38

[58] our Entropy page: https://entropystream.live/countercurrents

[59] sign up: https://counter-currents.com/2020/05/sign-up-for-our-new-newsletter/

[60] [1]: #_ftn1

[61] ch. 8: https://www.savitridevi.org/M&R_chapter_8.html

[62] [2]: #_ftn2

[63] ch. 10: https://www.savitridevi.org/M&R_chapter_10.html

[64] [3]: #_ftn3

[65] Gold in the Furnace: Experiences in Post-War Germany: https://pvsheridan.com/Gold-in-the-Furnace.pdf

[66] [4]: #_ftn4

[67] [5]: #_ftn5

[68] [6]: #_ftn6

[69] [7]: #_ftn7

[70] [8]: #_ftn8

[71] Impeachment of Man: http://www.savitridevi.org/PDF/impeachment.pdf

[72] [9]: #_ftn9

[73] ch. 1: https://www.savitridevi.org/M&R_chapter_1.html

[74] [10]: #_ftn10

[75] [11]: #_ftn11

[76] [12]: #_ftn12

[77] ch. 12: https://www.savitridevi.org/M&R_chapter_12.html

[78] [13]: #_ftn13

[79] [14]: #_ftn14

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[84] [19]: #_ftn19

[85] ch. 9: https://www.savitridevi.org/M&R_chapter_9.html

[86] [20]: #_ftn20

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[93] [27]: #_ftn27

[94] [28]: #_ftn28

[95] ch. 11: https://www.savitridevi.org/M&R_chapter_11.html

[96] [29]: #_ftn29

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[103] [36]: #_ftn36

[104] Defiance: The Prison Memoirs of Savitri Devi: https://www.savitridevi.org/PDF/defiance.pdf

[105] [37]: #_ftn37

[106] [38]: #_ftn38

 

mercredi, 07 octobre 2020

Michaelmas: Of Harvest Festivals & Holy Warriors

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Michaelmas:
Of Harvest Festivals & Holy Warriors

Come out, ’tis now September, the hunters’ moon’s begun,
And through the wheaten stubble we hear the frequent gun;
The leaves are turning yellow, and fading into red,
While the ripe and bearded barley is hanging down its head.

— “All Among the Barley,” British folk song

September the 29th is the Feast of St. Michael the Archangel, traditionally known as Michaelmas. Though not as widely observed nowadays, in medieval and early modern Europe this feast — falling as it does around the autumn equinox — was important both as a holy day and as a harvest festival, the last day of summer and the growing season. Like other “quarter days” and seasonal observances, its traditional customs are a synthesis of Christian devotion and European folk traditions.

The word “harvest” comes from the Old English word hærfest [1], meaning “autumn.” In England, the harvest season traditionally began with Lammas (old English for “loaf-mass”) on August 1, which marked the end of the hay season. Lammas was a religious as well as an agricultural festival, the day when the first loaf of bread made from the flour of the new harvest would be brought to church to be blessed. The Gaelic festival of Lughnasadh commemorates the sacrifice of Taltiu, the mother of the sun-god Lugh, who died of exhaustion after clearing the fields of Ireland for planting. The Harvest Home [2] festival in old England, also known as “Ingathering,” occurred around the date of the autumn equinox. Neopagans and Wiccans celebrate the equinox under various names, “Mabon” being the most common (though the name itself is a neologism). And the American Thanksgiving [3], of course, is our version of a harvest festival, though coming significantly later in the year.

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In old England, Michaelmas marked the end of the harvest. It was the largest festival of the season, associated with country fairs and bonfires. It was a time for the settling of accounts and hiring new labor for the coming season, retaining strong association with hiring fairs even into the 20th century. It was customary at this time of year to feast on the “Michaelmas goose,” called the “green goose” or “stubble goose” because it fed on spring grass and was therefore leaner than its Christmas counterpart. In Scotland, celebrants made St. Michael’s Bannock from the cereals grown on the family land and cooked it on a lambskin, representing the fruits of the fields and the flocks. Blackberry desserts, such as pies and Michaelmas dumplings, were also traditionally prepared on this day. British folklore [4] relates that when St. Michael expelled Satan from heaven, the devil fell into a thorny blackberry bush and cursed its fruit. It is therefore considered unlucky to eat blackberries after Michaelmas, which commemorates the date of that precipitous fall.

The primary focus of this day in the Christian calendar, of course, is the commemoration of St. Michael, the warrior archangel who defeated the rebellious angels and cast Satan into the pit. He is venerated as the patron saint of soldiers, policemen, paramedics, and those in peril on the sea, and represents a figure in Christian history that is largely forgotten today: the holy warrior.

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Michaelmas therefore seems an opportune time to revisit the themes in Christian history and doctrine that pertain to the warrior caste of old Europe. I am well aware that many on the New Right have a negative perception of Christianity, and given the state of the contemporary Church this is unsurprising. Nor do I believe that Christianity is the panacea for the West, a return to which will put all to rights and “save us.” [5] However, while I do not hope to win any converts, I hope that this essay will at least serve as a corrective to some of the current misunderstandings of the Christian religion, the faith which has been at the heart of the European soul for over fifteen hundred years. In the conclusion, I will discuss the place St. Michael as an archetypal holy warrior, and his particular relation to the harvest time.

Christianity Critiqued from the Right

The Rightist criticisms of Christianity will be well known to readers. It is reputed to be a life-denying creed, promoting an ascetic “slave morality” that subverted traditional European societies, precipitated the downfall of Rome, and led inexorably to the universalist, humanitarian insanity of the contemporary Left. It is rooted in Judaism and Oriental mysticism and thus fundamentally alien to the European spirit. Its emphasis on the uniqueness and importance of the individual soul promotes destructive tolerance, pathological altruism, pacifism, and egalitarianism and therefore discourages adherents from fighting for their own interests and those of their people. And so on. Christianity, seen in this light, is the poison in the veins of the modern West. Its teachings may be appropriate for ascetic, world-weary priests and resentful lumpenproles, but it is totally alien to the heroic worldview of the warrior caste and the mighty men who built Western civilization.

This critique of the religion, most powerfully articulated by Nietzsche, is a compelling rebuke of the humanitarian pseudo-Christianity that developed in the nineteenth century, and which currently prevails in almost every major denomination in the West. However, it fails to account for the traditional form that Christianity took in the West for over a thousand years.

I would like to address some of the above criticisms, in an admittedly abbreviated fashion, in order to lay the groundwork for a specific discussion of the warrior caste. It is important to emphasize that the common feature of these critiques is that they regard Christianity as monolithic, and therefore alien to Europe, despite its long presence in the West and undeniable importance to Western development. This is born of a rationalist, Enlightenment tendency, buttressed by Protestant literalism and exclusive emphasis on the Bible (sola scriptura), to ignore the important fact that Christianity in the West developed into a distinct religion in its own right, and should therefore be distinguished from the version that arose in Palestine, or for that matter the versions that developed in Eastern Europe, Latin America, Africa, etc. Thus, this article particularly addresses Western Christianity, the faith of Christendom, historically identified with Catholicism but not necessarily exclusive to it. And Protestant criticisms aside, one does not have to agree with every decision or action by the papal Curia, or deny the existence of bad priests and decidedly unimpressive practitioners, in order to acknowledge the validity of the ancient doctrine and ritual. As it stands, however deeply flawed it may be, the Church is the last bastion of unbroken tradition and spiritual values in the Western world. It should become clear that there was once a fully functional and organic society that fully embraced the Christian religion, which permeated not just the lower and priestly classes but the warrior caste as well.

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The slavish ideas of the contemporary Left — radical egalitarianism, distributive justice, hedonism, democracy — play no part in historical Christian doctrine. To argue that traditional Christianity preaches this insanity is plainly wrong. To argue that it has become infected by such ideas is merely to admit that the Christian community is susceptible to subversion. But what faith community is not? Hinduism today is a shadow of its former self, with the traditional caste system all but abolished. It was itself subverted by Buddhism, which — however noble [7] its origins — is now regarded by Western adherents as nothing more than a mélange of meditation, self-fulfillment, and social justice activism. Neopaganism is infested by Leftists continually wringing their hands over potential racists in their midst, and the virile warriors of ancestral Europe would be disgusted by the limp-wristed Wiccans of today. While much of Christian practice throughout the West has indeed been corrupted into sentimental humanitarianism, this is due to a rejection of fundamental points of doctrine, not an inevitable consequence of them. The prevalent Left-wing perversion of Christianity essentially places its highest value upon mankind and strives to achieve an egalitarian utopia on earth: to “immanentize the eschaton [8],” as Eric Voegelin put it. The same applies to communism, socialism, and other Leftist ideologies that critics such as Nietzsche trace to Christianity.

Rightists who criticize Christianity’s “slave morality” believe (again with Nietzsche) that this is attributable to its Jewish roots. They argue that these ignominious origins render Christianity unsuitable for Europeans, and sometimes regard the whole religion merely as a Trojan Horse of Jewish subversion, an ancient prototype of the Frankfurt School. This is despite the fact that Christ himself criticized orthodox Jewry of his day for their dry legalism and rank hypocrisy; despite the fact that he was murdered by these same hierarchs; despite the fact that many of the earliest expositors of Christianity aimed their message at Gentiles, and taught that adherence to the Old Law was unnecessary and in some cases harmful; and despite the fact that until the 20th century and the promotion of “Judeo-Christianity” and evangelical fawning over Israel, Jews have been regarded as outsiders and viewed with suspicion throughout the West.

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Certainly, Christ emerged from a Jewish milieu (though his teaching was in opposition to the orthodoxy). And it is true that the Church has incorporated the Old Testament into its holy canon, and believes it to contain prophecies and prefigurations of Christ. However, Judaism is not the only religion to prophesize a future figure of divine justice and restoration, nor are such prophecies absent from Indo-Aryan religions: medieval Christians believed that the coming of Christ was also foretold by the Sibyl of Cumae and in Virgil’s Fourth Eclogue [9], and one can also point to the Hindu Kalki [10], the Buddhist Maitreya [11], and the Zoroastrian Saoshyant [12] as other manifestations of this universal idea. Much of the anthropological and metaphysical framework of the Hebrew Bible, the omniscient God locked in battle with a principle of evil, the fall of man due to manipulation by that power — is present in the Indo-Aryan Zoroastrian religion. In addition, Christian doctrine incorporated the truths of Greek and Roman philosophy (particularly Neoplatonism and Stoicism), and in practice and form Christianity has often taken on a regional character, owing much to European folk religion. Thus, Christianity can be seen as a synthesis of what is best in religion, adapted to the soul of Western man, and not merely as a heretical outgrowth of Judaism — whose influence is obviously significant, but should not be overemphasized. As it developed in the West, I would be so bold as to assert that Christianity is far more Greek and Frankish than Jewish in character.

Traditional Christianity did not deny differences among humans, individually or culturally. The equality of souls before God is the only respect in which people are the same. Otherwise, humans are clearly different in terms of gifts, virtues, and bloodlines. All men might be endowed with a soul, but what they choose to do with that divine spark determines their place in the chain of being. Those whose lives and actions are most aligned with the will of God are considered saints. This category does not just consist of monks, priests, and hermits, but also kings and warriors: Joan of Arc, Martin of Tours, Louis the Pious [13]. While no one has a right to the unbridled exploitation of another (which I hope most people will agree on), hierarchy exists for a reason and historical Western Christianity is quite comfortable with this notion. In addition to affirming the existence of earthly hierarchies, Western Christian tradition affirms and acknowledges the existence of valid ethnic, cultural, and racial distinctions [14]. These are not simply regarded as obstacles to be overcome, prejudices of a primitive and pagan age, but considered a divine gift in their own right. And as rulers have an obligation to protect their own people, traditional Christianity does not counsel or condone the sacrifice of one’s own subjects or citizens to a nebulous “humanity.”

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Finally, the notion that Christianity rejects all virility and places supreme emphasis on human comfort and welfare is patently false. Unlike modern Catholic Social Teaching, which is unfortunately infected by Liberation Theology, traditional Western Christianity prioritizes many things above the mere preservation of human life: the salvation of souls, the maintenance of social order, the administration of justice, the defense of the community against its enemies. In contrast to most contemporary Christian organizations, which have indeed succumbed to the Enemy and preach universalism, egalitarianism, and a degree of tolerance bordering on nihilism, traditional Christianity was characterized by a far more demanding and warlike mentality. The remainder of this essay will examine the historical manifestations of this warrior faith, beginning with Christ himself.

Christus Victor and the Church Militant

Critics of Christianity, as well as many of its contemporary adherents, depict Christ exclusively as a teacher of love, nonviolence, and resignation, who counseled his disciples to abjure the sinful world and patiently await the life to come. This characterization misses many significant aspects of Christ’s teaching expressed in the Gospels. Those who emphasize his nonviolence ignore his exhortation that he came not “to bring peace, but a sword [15];” his instruction to his disciples that “he who has no sword, let him sell his garment and buy one [16];” his praise for the faith of the centurion [17], and his violent expulsion of the moneychangers [18] from the Temple. Those who emphasize Christ’s love and doctrine of nonjudgment ignore his constant condemnations of the hypocritical Pharisees [19] as well as comments about separating the wheat from the chaff [20], the sheep from the goats [21]. Far from resignation, he counseled stoicism and endurance of hardship [22] to his apostles in furtherance of their mission: the total defeat of the Enemy.

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Indeed, the traditional understanding of Christ’s death was not simply an act of meek resignation, but a conscious and powerful rebuke to the forces of darkness. This known as the Christus Victor [23] view of atonement, which is arguably the oldest understanding of Christ’s death. While most Christians nowadays believe that Jesus died in order to slake God’s wrath against a sinful mankind (“for your sins”), the prevalent Christus Victor understanding is that Christ’s death and Resurrection liberated man from the powers of death, evil, Satan, and legalistic religion. Since mankind was severed from its connection with the divine (“the Fall”) in the material realm, God’s incarnation and death had to occur in this realm as well, in order to decisively defeat the powers that bind mankind and restore their potential for transcendence. The Resurrection thus represents the light’s triumph over darkness, the sanctification of the material world, and the restoration and elevation of the human soul and person. This is the idea of the triumphant Christ, Christ the King, which animated the early Christians and the faithful of old Europe. This is not a god of guilt and suffering and weakness, but of strength and self-overcoming. Christians are not simply to rely on Christ for salvation, but to follow their King’s example and transcend the merely human within themselves, to ascend to their natural role as viceroys and contemplators of Creation.

Thus, in contrast to the feminized understanding of Christ prevalent today, Western Christianity is a warlike creed, exhorting its followers to ceaseless combat [24] against “against principalities, against powers, against the rulers of the darkness of this world, against spiritual wickedness in high places.” C.S. Lewis encouraged Christians to regard the world as “occupied territory [25]” and themselves as secret agents: “Christianity is the story of how the rightful king has landed, you might say landed in disguise, and is calling us to take part in a great campaign of sabotage.” Hence the term “church militant.”

There is, I believe, no better modern depiction of this warlike, vigorous conception of Christ than the beautiful poem of Ezra Pound, “Ballad of the Goodly Fere [26]” (“fere” meaning “mate” or “companion”), which is worth reading in its entirety:

Ha’ we lost the goodliest fere o’ all
For the priests and the gallows tree?
Aye lover he was of brawny men,
O’ ships and the open sea. [. . .]

Oh we drank his “Hale” in the good red wine
When we last made company,
No capon priest was the Goodly Fere
But a man o’ men was he. [. . .]

I ha’ seen him drive a hundred men
Wi’ a bundle o’ cords swung free,
That they took the high and holy house
For their pawn and treasury. [. . .]

He cried no cry when they drave the nails
And the blood gushed hot and free,
The hounds of the crimson sky gave tongue
But never a cry cried he. [. . .]

A master of men was the Goodly Fere,
A mate of the wind and sea,
If they think they ha’ slain our Goodly Fere
They are fools eternally.

This ballad, of course, is derived from Northern European poetic forms, and excellently captures how Christianity was understood and adopted by ancient Europeans. This is the subject of the next section.

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Germanized Christianity and the Emergency of Chivalry 

Christianity spread throughout the Empire and became the state religion of Rome during the reign of Constantine, who issued the Edict of Milan [27] in 313 AD. The Nietzschean interpretation is that Christianity caused the fall of Rome by embracing ascetic and life-denying values, but it seems more plausible that its widespread adoption was a response to the collapse of Roman society and religion that had already begun. Attempts by Julian the Apostate to restore the ancestral tradition were unsuccessful because it had lost its vitality and was no longer widely accepted. Christianity remained the unifying force in the Mediterranean world even after the collapse of Rome, and was soon adopted by the invading Germanic tribes, some willingly and some by force. This naturally changed the form of Christianity in significant ways and gave birth to the Western Christianity of the Catholic Middle Ages.

It would be incorrect to say that this “Germanized Christianity” completely changed the character of the original creed, transforming a life-denying and pacifistic faith into a tool for social cohesion. As explained above, original Christianity is rife with martial imagery and exhortations, and never condemned war or government (“turn the other cheek” [28] is understood by almost all traditional expositors as a prohibition against destructive individual vengeance, rather than nonresistance to evil). Indeed, one of Christianity’s vehicles of transmission was the Roman soldiery [29], whose faith evidently did not prevent them from carrying out their duties. Constantine’s conversion reputedly occurred on the battlefield.

Nevertheless, the focus and external forms of Christianity did change radically once it was adopted by the Europeans. These changes are convincingly detailed in James Russell’s The Germanization of Early Medieval Christianity [30]. He argues that Eastern Christianity developed in a largely alienated and anomic urban milieu, and was influenced by the otherworldly ethos of the mystery religions prevalent in that area. In Northern Europe, it encountered a civilization that was heroic, magico-religious, patriarchal, pastoral-agricultural, and warlike. Missionaries to the Anglo-Saxons and Franks emphasized the role of Christ as a warrior God, akin to Wotan, allowing for the sanctification of warfare in the name of God. The cult of saints, relics, and holy places, as well as the proliferation of holy days and festivals, served to redirect the same devotion and festivals of the pre-Christian religions.

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Anglo-Saxon poetry provides a particularly stirring example of this warlike, syncretic Western Christianity, in such poems as The Dream of the Rood [31] and Beowulf [32]. The following quotation is from the Heliand [33], a ninth-century paraphrase of the gospels written in the style of an Anglo-Saxon epic. Here is Christ speaking to his apostles:

He promised them Heaven’s Kingdom and spoke to the heroes:
“I might also tell you, O My companions,
With true words, that you shall henceforth be
The light of this world, fair among warriors,
Over many folk, beautiful and sweet,
For the children of people. Your great works may not
Become hidden because of the heart with which you make them known.” (1389-94)

The highest social expression of Western Christianity is the code of chivalry, which tempered the ferocity of the Viking-Germanic warrior class and directed knightly endeavors to the service of the King, the Church, and the people, particularly the innocent and defenseless. The chivalric ideal is a synthesis of the warrior code of the classical and Northern world with the Christian ethic. Hence the “Nine Worthies [34],” the paragons of chivalry in the Middle Ages, features three representatives from the classical world, three from the Old Testament, and three from the medieval age (Charlemagne, King Arthur, and Godfrey de Boullion). This ideal of noblesse oblige, loyalty to Church and King, and martial valor in service of God formed the ideal foundation for the feudal system.

Since the Renaissance, it has been commonplace to criticize the medieval era as a period of darkness and fanaticism. And even those critics of Christianity who admire the Catholic Middle Ages, such as Evola, believe that it was great in spite of Christianity, rather than because of it. But even Evola acknowledged that Christianity had a “galvanizing effect” on the peoples of Western Europe:

In spite of everything, Christianity revived the generic sense of a supernatural transcendence. The Roman symbol offered the idea of a universal regnum, of an aeternitas carried by an imperial power. All this integrated the Nordic substance and provided superior reference points to its warrior ethos, so much as to gradually usher in one of those cycles of restoration that I have labeled Christianity is a part of the European soul, but refigured from its Asiatic and life-denying origins; Germanized, transformed into the motivating creed behind chivalry, Rhineland mysticism, Gothic statuary, French stained glass, King Arthur, etc. (Mystery of the Grail [35], p. 120)

However, again, it is necessary to emphasize that every element of the Christian religion that made the Middle Ages great was present from the foundation, and was simply amplified and developed by its contact with Germanic Europe. The life-denying resignation attributed to Christianity by Nietzschean critics did indeed arise in Europe in the form of Catharism, but this sect was denounced as heretical and ultimately destroyed [36] (quite unjustly). Feudalism, chivalry, mysticism, Gothic architecture, and holy warfare are all expressions of the Germanic spirit under the influence of Christianity, and to those who are not blinded by the secularism and humanism of the Enlightenment, these represent some of the highest achievements of Western civilization. This is nowhere more apparent than in the military monastic orders of the Crusades.

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The Holy War: Templars and Teutonic Knights

The culmination of Western chivalry is to be found in the campaigns of the Crusades. Aside from true atrocities such as the siege of Zara [37] and the sack of Constantinople [38], the Crusades represent one of the few genuine moments of pan-European unity and military effort in the name of a shared European ideal. It gave Europe many of its tales of chivalry, heroism, and martial valor. This is particularly true of the monastic military orders such as the Knights Templar. These holy warriors, drawn from several European peoples, wedded the ferocity of the Frankish and Teutonic warriors with the chivalry and devotion of the Christian ethic, and therefore represented the pinnacle of Western knighthood. As Bernard of Clairvaux, the mystic and founder of the Benedictine Order who supplied the Rule for the new order, wrote in De Laude Novae Militiae [39] (In Praise of the New Knighthood):

This is, I say, a new kind of knighthood and one unknown to the ages gone by. It ceaselessly wages a twofold war both against flesh and blood and against a spiritual army of evil in the heavens. When someone strongly resists a foe in the flesh, relying solely on the strength of the flesh, I would hardly remark it, since this is common enough. And when war is waged by spiritual strength against vices or demons, this, too, is nothing remarkable, praiseworthy as it is, for the world is full of monks. But when the one sees a man powerfully girding himself with both swords and nobly marking his belt, who would not consider it worthy of all wonder, the more so since it has been hitherto unknown? He is truly a fearless knight and secure on every side, for his soul is protected by the armor of faith just as his body is protected by armor of steel. He is thus doubly armed and need fear neither demons nor men.

The Templars were the ultimate warrior monks. Their lives were highly regimented, with the inner cadre of knights committing to celibacy, an austere diet with frequent fast days, and rigorous physical training and prayer. They fought with extreme conviction to liberate the Holy Land and defend the pilgrims and Crusader states established there. The knights who formed the core of the order were drawn from the nobility, but individuals of other ranks and marital status could join in auxiliary roles. Its strength and wealth became so great as to pose a threat to the King of France, leading to its annihilation on fabricated charges of heresy. The Teutonic Order [40] was also renowned for its combination of religious devotion and martial valor, and would form a central component of Prussian and German identity into the twentieth century.

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Evola, though critical of Christianity, held these orders in high regard. He seems to have regarded them as the last true bastions of tradition and initiation in the West, with their emphasis on the ascesis of action, military discipline, and self-transcendence through both the greater and the lesser (internal and external) Holy War. Based upon statements made during their trials, it appears that the Templars initiated their highest class of knights into an esoteric form of Christianity:

During the Middle Ages, the realization of the human personality was believed to consist either in the path of action or in the path of contemplation; the two paths usually referred to the Empire and to the Church, respectively. As is well known, this was Dante’s view. In its deeper aspect, Ghibellinism more or less claimed that through the view of earthly life as discipline, militia, and service, the individual can be led beyond himself and reach the supernatural culmination of human personality through action and under the aegis of the Empire. This was related to the character of a nonnaturalistic but “providential” institution acknowledged in the Empire; knighthood and the great knightly Orders stood in relation to the Empire in the same way in which the clergy and the ascetic Orders stood in relation to the Church. These Orders were based on an idea that was less political than ethical-spiritual, and partially even ascetic, according to an asceticism that was not cloistered and contemplative, but rather of a warrior type. In this last regard, the most typical example was constituted by the Order of Knights Templar, and in part by the Order of the Teutonic Knights. (Men Among the Ruins [41], p. 207)

These military monastic orders are similar in nature to King Arthur’s legendary court, particularly in the quest for the Holy Grail. The Grail legend is one of the most significant myths in the Western psyche, an amalgam of Celtic, Germanic, and Catholic themes, representing a striving for wholeness in the psychological, political, and spiritual realm. Sir Galahad, one of only three knights to achieve the Holy Grail and the most renowned for his purity and gallantry, was likely inspired by Bernard de Clairveaux’s conception of the holy warrior. He was, significantly, equipped with a white shield emblazoned with a vermillion cross — the very emblem of the Knights Templar.

Muscular Christianity

The last manifestation of this warlike spirituality is the nearest to us in time: the “muscular Christianity [42]” of the Victorian era and early twentieth century. Developed in response to the perceived effeminacy of the mainstream churches, muscular Christianity emphasized physical strength and moral courage as necessary to doing God’s will on earth. As Thomas Hughes [43] wrote in 1861, its adherents promoted “the old and chivalrous Christian belief, that a man’s body is given him to be trained and brought into subjection, and then used for the protection of the weak, the advancement of all righteous causes, and the subduing of the earth which God has given to the children of men.”

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In this rebirth of the Christian warrior ideal, which was largely developed in Anglo-American Protestant churches but also had its Roman Catholic manifestations (for instance, the Knights of Columbus [44]), emphasis was placed upon physical strength. Churches organized boxing clubs and scouting organizations to teach young men the rigors of combat and woodcraft. Rather than the plaintive, melancholy, or sentimental hymns sung in churches, these muscular Christians would sing [45], in the worlds of Charles Richards (1915), “songs of character, of service, of brotherhood, of Christian patriotism, of aggressive missionary spirit, of the practical Christian life.” It promoted active involvement in the din and strife of the real world, and was a driving force behind the Social Gospel Movement. Muscular Christianity essentially sought to operationalize the Lord’s Prayer, affirming “Thy will be done on Earth as it is in heaven.”

The essence of muscular Christianity was summarized by Theodore Roosevelt [46]:

If we read the Bible aright, we read a book which teaches us to go forth and do the work of the Lord; to do the work of the Lord in the world as we find it; to try to make things better in this world, even if only a little better, because we have lived in it. That kind of work can be done only by the man who is neither a weakling nor a coward; by the man who in the fullest sense of the word is a true Christian. . . We plead for a closer and wider and deeper study of the Bible, so that our people may be in fact as well as in theory “doers of the word and not hearers only.”

This muscular, activist model of Christianity that emerged in the Victorian era was far from perfect. In its engagement with politics, it could lend itself to abolitionism (think “Battle Hymn of the Republic”) just as well as to the chivalric ethos of the Second Ku Klux Klan. Its strong association with Progressive Era reforms likely hastened the decline of the mainstream churches into spiritually lukewarm appendages of the Left. The whole movement was indelibly tainted by the fact that it arose in a democratic and Protestant society and therefore lacked the elements of hierarchy and willing obedience that must characterize any true religious-military order. However, it was nevertheless a major motivating ethos behind the last generation of WASP elites who sought to maintain America as a traditional, hierarchical nation of European settlers. It also stands as the last movement to fully embrace the virile, warlike dimensions of Christianity in the contemporary West.

St. Michael: Archetype of the Holy Warrior

And there was war in heaven: Michael and his angels fought against the dragon; and the dragon fought and his angels, and prevailed not; neither was their place found any more in heaven. And the great dragon was cast out, that old serpent, called the Devil, and Satan, which deceiveth the whole world: he was cast out into the earth, and his angels were cast out with him.

— Revelation 12:7-9

This brings us back to the figure of St. Michael. In Christian tradition, he is an archangel — prince and “Archistrategos” of the heavenly armies, first defender of the Kingship of Christ, the invincible warrior who conquered the Dragon and all his minions and cast them into Hell. St. Michael is the archetypal holy warrior, perfectly aligned with his Lord’s will, fighting with detachment and iron determination against the Enemy, upholding Order against Chaos. He is also an archetypal dragonslayer in the Indo-Aryan tradition, akin to Thor, Saint George, and Beowulf. As one writer insightfully notes [47],

As a healer, warrior and peace-maker, St. Michael is the Archangel honored as the guardian and guide of the individual in his/her battle for the self. In historic Germanic tradition, Michaelmas was the time of strength, of exercising one’s will, pitted against those things that challenge and threaten to overwhelm the spirit. This retains at some cultural level the virtue of Wotan (Odhin) whose own resilience fought and conquered all, leading him to self-victory and triumph. In that historic culture, such challenge was manifest in the “worm” and in the most aged of depictions, the dragon beneath the spear of St Michael is more akin to a writhing worm than any dragon or later demonic “devil.” This spear inherited according to theology as that very same attributed to Wotan as the harbinger of destiny, and is thus the arrow of truth and the dispeller of all falsehoods, including self-deceit.

But that is not all. In addition to his martial association as patron of soldiers and policemen, St. Michael is also regarded as a healer, protector of the innocent, and guide at the hour of death. He therefore represents the constructive obverse of the warrior’s fury, that which makes the difference between a mere barbarian and a true knight: the ability to restore that which is broken. He is envisioned as the particular guardian of God’s people, specifically in Christendom. He was accordingly the most important saint in the Middle Ages, with monasteries in his name — such as Mont Saint Michel in Normandy — believed to ward off demons from the borders. He was also a patron of many of the Catholic nationalist organizations that arose in the twentieth century, most notably the Romanian Iron Guard, formally known as the Legion of St. Michael the Archangel [48].

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St. Michael embodies a primordial Indo-European archetype of the holy warrior, the knight and defender. This is well-understood. What of his association with the harvest, and the special seasonal significance of this festival of Michaelmas?

St. Michael’s association with the harvest began in the fourth century, when he was viewed as a guarantor of rain and consequently a patron of agriculture. One reason for St. Michael’s association with autumn, which marks the end of the growing season and the beginning of nature’s dormancy and symbolic death, is due to his role as a defender and guide. He is the divine light guiding man through the uncertainty of the winter months, steeling man for the battle against darkness, hunger, and cold that lie ahead.

I believe that an additional explanation for this association may be warranted. The harvest is a celebration of nature’s bounty, a feast of thanksgiving, a time of year when the fruits of the fields and forest are gathered and stored. But this requires effort, a separation of the wheat from the chaff, a winnowing out of what is unnecessary and harmful. This is also the role played by St. Michael as a guide to souls after death, and an essential quality of the holy warrior: to struggle against the baser impulses and make oneself a fitting servant of one’s people and one’s God. Moreover, the harvest requires effort not just in cultivation but also in defense. The world is a place of beauty and bounty, but it requires warriors to defend it against the wickedness and snares of the Enemy. The association of the holy knight St. Michael and the harvest feast reminds us that all that is good, pure, and holy on this Earth must be defended — by gods, angels, and above all by men, with all the strength that is in us.

At this time of year the aster blooms, known as the Michaelmas Daisy, one of the last flowers to appear before the onset of winter. Just as St. Michael is a protector against darkness and evil, just as the holy warrior defends his land, his people, and his gods against those who would destroy them, this simple daisy stands amidst the dying weeds and grasses, a burst of life in the approaching gloom. This is what all of us, we Knights of Old Europe, should aspire to be: symbols of light and beauty in the darkness, heralds and guardians of the coming spring.

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[1] hærfest: https://www.etymonline.com/word/harvest

[2] Harvest Home: https://www.countryfile.com/how-to/food-recipes/british-harvest-how-long-does-the-season-last-when-is-harvest-day-plus-history-and-traditions/

[3] Thanksgiving: https://counter-currents.com/2011/11/thanksgiving-day-as-a-harvest-festival/

[4] British folklore: https://picnicinakeldama.wordpress.com/2016/10/04/taking-stock-with-st-michael-bannock-blackberries-and-more/

[5] “save us.”: https://counter-currents.com/2013/07/why-christianity-cant-save-us/

[6] here: https://counter-currents.com/2020/09/graduate-school-with-heidegger-2/

[7] noble: https://counter-currents.com/2013/06/spiritual-virility-in-buddhism/

[8] immanentize the eschaton: https://en.wikipedia.org/wiki/Immanentize_the_eschaton

[9] Virgil’s Fourth Eclogue: https://en.wikipedia.org/wiki/Christian_interpretations_of_Virgil%27s_Eclogue_4

[10] Kalki: https://en.wikipedia.org/wiki/Kalki

[11] Maitreya: https://en.wikipedia.org/wiki/Maitreya

[12] Saoshyant: https://en.wikipedia.org/wiki/Saoshyant

[13] Joan of Arc, Martin of Tours, Louis the Pious: https://en.wikipedia.org/wiki/Military_saint

[14] ethnic, cultural, and racial distinctions: http://faithandheritage.com/2011/01/a-biblical-defense-of-ethno-nationalism/

[15] to bring peace, but a sword: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthew+10%3A34-42&version=NRSV

[16] he who has no sword, let him sell his garment and buy one: https://www.biblehub.com/luke/22-36.htm

[17] faith of the centurion: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthew+8&version=NIV

[18] violent expulsion of the moneychangers: https://en.wikipedia.org/wiki/Cleansing_of_the_Temple

[19] constant condemnations of the hypocritical Pharisees: https://www.biblegateway.com/passage/?search=matthew%2023&version=NIV

[20] the wheat from the chaff: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthew+3&version=NIV

[21] sheep from the goats: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Matthew+25%3A31-46&version=NIV

[22] stoicism and endurance of hardship: https://biblehub.com/matthew/10-22.htm

[23] Christus Victor: https://reknew.org/2018/11/the-christus-victor-view-of-the-atonement/

[24] ceaseless combat: https://www.biblegateway.com/passage/?search=Ephesians+6:12&version=KJV

[25] occupied territory: https://merecslewis.blogspot.com/2010/11/invasion-of-enemy-occupied-territory.html

[26] “Ballad of the Goodly Fere: https://poets.org/poem/ballad-goodly-fere

[27] Edict of Milan: https://www.britannica.com/topic/Edict-of-Milan

[28] “turn the other cheek”: https://aleteia.org/2017/02/22/jesus-didnt-turn-the-other-cheek-neither-should-you/

[29] Roman soldiery: https://gatesofnineveh.wordpress.com/2012/04/20/christians-in-the-roman-army-countering-the-pacifist-narrative/

[30] The Germanization of Early Medieval Christianity: https://global.oup.com/academic/product/the-germanization-of-early-medieval-christianity-9780195104660?cc=us&lang=en&

[31] The Dream of the Rood: https://oldenglishpoetry.camden.rutgers.edu/dream-of-the-rood/

[32] Beowulf: http://csis.pace.edu/grendel/projs1d/CHRIST.html

[33] Heliand: https://www.ancient-origins.net/artifacts-ancient-writings/heliand-germanic-portrait-jesus-0011498

[34] Nine Worthies: https://www.gornahoor.net/?p=331

[35] Mystery of the Grail: http://cakravartin.com/wordpress/wp-content/uploads/2006/08/Julius-Evola-The-Mystery-of-the-Grail.pdf

[36] destroyed: https://www.ancient.eu/Albigensian_Crusade/

[37] siege of Zara: https://en.wikipedia.org/wiki/Siege_of_Zara

[38] sack of Constantinople: https://www.ancient.eu/article/1188/1204-the-sack-of-constantinople/

[39] De Laude Novae Militiae: https://history.hanover.edu/courses/excerpts/344bern2.html

[40] Teutonic Order: https://www.newworldencyclopedia.org/entry/Teutonic_Knights#:~:text=The%20Teutonic%20Knights%20have%20been%20known%20as%20Zakon,state%20of%20the%20Teutonic%20Knights%2C%20now%20Malbork%2C%20Poland.

[41] Men Among the Ruins: https://juliusevola.files.wordpress.com/2016/01/2-juliusevolamenamongtheruins.pdf

[42] muscular Christianity: https://www.artofmanliness.com/articles/when-christianity-was-muscular/

[43] Thomas Hughes: https://www.gutenberg.org/files/26851/26851-h/26851-h.htm

[44] Knights of Columbus: https://en.wikipedia.org/wiki/History_of_the_Knights_of_Columbus

[45] sing: https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=inu.32000013003910&view=1up&seq=3

[46] Theodore Roosevelt: http://www.oldandsold.com/articles24/speaking-oak-45.shtml

[47] notes: https://clantubalcain.com/2014/09/25/michaelmas-3/

[48] Legion of St. Michael the Archangel: https://counter-currents.com/2011/04/codreanu-and-the-iron-guard/

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vendredi, 02 octobre 2020

La Troisième Rome - Conférence de Laurent James

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La Troisième Rome

Conférence de Laurent James

 
 
De Joseph d'Arimathie à Dostoïevski. Association France-Russie-Convergences, Montpellier (28 juin 2020). Remerciements à J-B Colonel (E&R Hérault) pour la réalisation de cette vidéo.
 
 

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jeudi, 01 octobre 2020

Titus Burckhardt: Compte rendu : « CAVALCARE LA TIGRE » (Chevaucher le Tigre)

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Ex: https://dinul-qayyim.over-blog.com

Compte rendu paru dans Etudes Traditionnelles juillet-octobre 1962

Par son récent livre intitulé Cavalcare la Tigre, Julius Evola veut montrer comment l'homme « naturellement traditionnel », c'est-à-dire conscient d'une réalité intérieure dépassant le plan des expériences individuelles, puisse non seulement survivre dans l'ambiance traditionnelle du monde moderne, mais encore l'employer à son propre but spirituel, selon la métaphore chinoise bien connue de l'homme qui chevauche le tigre : s'il ne s'en laisse pas désarçonner, il finira par en avoir raison.

51kteUI0tYL._SY291_BO1,204,203,200_QL40_ML2_.jpgLe tigre, au sens qu'envisage Evola, c'est la force dissolvante et destructive qui entre en jeu vers la fin de tout cycle cosmique. En face d'elle, dit l'auteur, il serait vain de maintenir les formes et la structure d'une civilisation désormais révolue ; la seule chose qu'on peut faire, c'est de porter la négation au-delà de son point mort et de la faire aboutir, par une transposition consciente, non pas au néant mais à « un nouvel espace libre, qui sera peut-être la prémisse d'une nouvelle action formatrice ».

Le monde qui doit être nié parce qu'il est voué à la destruction, c'est avant tout la « civilisation matérialiste et bourgeoise » qui représente déjà en elle-même la négation d'un monde antérieur et supérieur. - Sur ce point, nous sommes d'accord avec l'auteur, mais nous constatons immédiatement qu'il ne distingue pas entre les formes propres à cette civilisation « bourgeoise » et l'héritage sacré qui survit en elle et malgré elle. De même, il semble englober dans le destin de cette civilisation tout ce qui subsiste des civilisations orientales, et cela également sans faire une distinction entre les structures sociales et leurs noyaux spirituels.
 
Nous reviendrons sur cette question. Relevons d'abord un autre aspect de ce livre : il s'agit de la critique souvent magistrale, des différents courants de la pensée moderne. Evola ne se place pas lui-même sur le terrain des discussions philosophiques, car cette philosophie moderne n'est plus une « science du vrai » ; – elle n'a même plus la prétention de l'être ; – il la considère comme un symptôme, comme un reflet mental d'une situation vitale et existentielle, essentiellement dominée par le désespoir : depuis qu'on a nié la dimension de la transcendance, il ne peut y avoir que des impasses ; il n'y a plus de sortie hors du cercle infernal du mental livré à lui-même ; tout ce qui reste, c'est la description de la propre défaite. Comme point de départ de cette analyse, l'auteur choisit la « philosophie » de Nietzsche, chez lequel il découvre un pressentiment des réalités transcendantes et comme une tentative de dépasser l'ordre purement mental, tentative vouée à l'échec par le manque d'une directive spirituelle.
 
Avec la même acuité, l'auteur analyse les fondements de la science moderne. De ce chapitre, nous citerons le passage suivant qui répond avec pertinence aux illusions spiritualistes de certains milieux scientifiques : « … De ce dernier point de vue, la science la plus récente n'a aucun avantage sur la science matérialiste d'hier. À l'aide des atomes et de la conception mécanique de l'univers, on pouvait encore s'imaginer quelque chose (bien que d'une manière très primitive) ; les entités de la dernière science physico-mathématique, par contre, sont absolument inimaginables ; elles ne constituent plus que les simples mailles d'un filet fabriqué et perfectionné non pas pour connaître au sens concret, intuitif et vivant du terme – c'est-à-dire selon le seul mode qui avait de la valeur pour une humanité non abâtardie –, mais uniquement pour avoir une prise pratique toujours plus grande, mais toujours extérieure, sur la nature qui, dans son fond, reste fermée à l'homme et mystérieuse plus qu'auparavant. Ses mystères ont seulement été « recouverts » ; le regard en a été distrait par les réalisations spectaculaires de la technique et de l'industrie, sur un plan où il ne s'agit plus de connaître le monde mais seulement de le transformer pour les buts d'une humanité devenue exclusivement terrestre... »
 

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« Répétons que c'est une mystification que de parler de la valeur spirituelle de la science récente parce qu'en elle, au lieu de matière, on parle d'énergie, parce qu'elle porte à voir dans la masse des irradiations coagulées, et quasi de la ''lumière congelée'' ou parce qu'elle envisage des espaces à plus de trois dimensions... Ce sont là des notions qui, une fois substituées à celles de la physique précédente, ne changent absolument rien à l'expérience que l'homme d'aujourd'hui peut avoir du monde... Quand on nous dit qu'il n'existe pas de matière mais seulement de l'énergie, que nous ne vivons pas dans un espace euclidien à trois dimensions, mais un espace ''courbé'' à quatre ou plus de dimensions, et ainsi de suite, les choses restent comme auparavant, mon expérience réelle n'est changée en rien, le sens dernier de ce que je vois – lumière, soleil, feu, mer, ciel, des plantes qui fleurissent, des êtres qui meurent –, le sens dernier de tout processus et phénomène n'est nullement devenu plus transparent pour moi. Il n'y a pas lieu de parler d'une connaissance qui transcende les apparences, qui connaisse en profondeur, au sens spirituel et vraiment intellectuel du terme... »

Non moins pertinentes sont les remarques de l'auteur sur les structures sociales et les arts dans le monde contemporain. Il nous faut cependant faire une réserve pour ce qui est de sa thèse de l'« asservissement de la force négative », appliqué à certains aspects de la vie moderne. Citons un exemple typique : « Les possibilités positives (du règne de la machine) ne peuvent concerner qu'une minorité exiguë, à savoir les êtres dans lesquels préexiste la dimension de la transcendance ou chez lesquels elle peut être réveillée... Eux seuls peuvent donner une toute autre valeur au ''monde sans âme'' des machines, de la technique et des métropoles modernes, en somme de tout ce qui est pure réalité et objectivité, qui apparaît froid, inhumain, menaçant, privé d'intimité, dépersonnalisant, ''barbare''. C'est précisément en acceptant entièrement cette réalité et ces processus que l'homme différencié pourra réaliser son essence et se former lui-même selon une équation personnelle valable... ».

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« Sous ce rapport, la machine même et tout ce qui, dans certains secteurs du monde moderne, a été formé selon les termes d'une pure fonctionnalité (notamment dans l'architecture) peut devenir symbole. En tant que symbole, la machine représente une forme née d'une équation exacte et objective des moyens à une fin, excluant tout ce qui est superflu, arbitraire, dispersant et subjectif ; c'est une forme qui réalise avec précision une idée (celle de la fin à laquelle elle est destinée). Sur son plan, elle reflète donc d'une certaine manière la valeur même que possédait, dans le monde classique, la pure forme géométrique, le nombre comme essence, de même que le principe dorique du rien de trop... ». Ici, l'auteur oublie que le symbole n'est pas une forme « objectivement adéquate » à n'importe quelle fin, mais une forme adéquate à une fin spirituelle ou à une essence intellectuelle ; s'il y a coïncidence, dans certains arts traditionnels, entre la conformité à un but pratique et la conformité au but spirituel, c'est que dans ce cas le premier ne contredit pas le second, ce qu'on ne saurait affirmer de la machine qui, elle, n'est pas concevable hors du contexte d'un monde désacralisé. En fait, la forme de la machine exprime exactement ce qu'elle est, à savoir une sorte de défi lancé à l'ordre cosmique et divin ; elle a beau être composée d'éléments géométriques « objectifs » tels que des cercles et des carrés, dans son ensemble et par son rapport – ou son non-rapport – avec l'ambiance cosmique, elle ne traduit pas une « idée platonique » mais bien une « coagulation mentale », voir une agitation ou une ruse. Il y a certes des cas-limites, comme celui d'une machine encore proche d'un simple outil, ou celui d'un navire moderne dont la forme épouse à un certain degré le mouvement de l'eau et du vent, mais ceci n'est qu'une conformité fragmentaire et ne contredit pas ce que nous venons de dire. Quant à l'architecture « fonctionnelle », y compris l'urbanisme moderne, elle ne peut être appelé « objective » que si l'on admet que sa fin même est objective, ce qui n'est évidemment pas le cas : toute architecture est coordonné à une certaine conception de la vie et de l'homme ; or Evola lui-même condamne le programme social sous-jacent à l'architecture moderne. En réalité, l' « objectivité » apparente de celle-ci n'est qu'une mystique à rebours, une sentimentalité congelée et déguisée en objectivité mathématique ; l'on a d'ailleurs vu combien vite cette attitude se convertit, chez ses protagonistes, en un subjectivisme des plus arbitraires et des plus flottants.
 
Certes, il n'existe pas de forme totalement retranchée de son archétype éternel ; mais cette loi trop générale ne saurait être invoquée ici, et cela pour la raison suivante : pour qu'une forme soit un symbole, il faut qu'elle se situe dans un certain ordre hiérarchique par rapport à l'homme. Distinguons, pour être précis, trois aspects du symbolisme inhérent aux choses : le premier se réduit à l'existence même d'une forme, et en ce sens, toute chose manifeste son origine céleste ; le second aspect est le sens d'une forme, sa portée intellectuelle, soit à l'intérieur d'un système donné, soit encore en elle-même par son caractère plus ou moins essentiel et prototypique ; enfin, il y a l'efficacité spirituelle du symbole qui présuppose chez l'homme qui l'utilise, une conformité à la fois psychique et rituelle à une certaine tradition.

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Nous avons insisté sur ce point, parce que Julius Evola méconnaît l'importance cruciale d'un rattachement traditionnel, tout en admettant la possibilité d'un développement spirituel spontané ou irrégulier, guidé par une sorte d'instinct inné et éventuellement actualisé par l'acceptation de la crise du monde actuel comme une catharsis délivrante. C'est là presque l'unique perspective qui resterait ouverte à l' « homme différencié » de nos temps, car l'appartenance à une religion se réduit, pour Evola, à l'intégration dans un milieu collectif plus ou moins décadent, tandis que la possibilité d'une initiation régulière serait à écarter : « ...Retenons que de nos jours, elle (cette possibilité) doit être pratiquement exclue ou presque, par suite de l'inexistence quasi complète des organisations respectives. Si les organisations de ce genre ont toujours eu, en Occident, un caractère plus ou moins souterrain à cause du caractère de la religion qui parvint à y prédominer et de ses initiatives de répression et de persécution, elles ont entièrement disparu dans les derniers temps. En ce qui concerne d'autres régions, l'Orient surtout, ces organisations y sont devenues toujours plus rares et inaccessibles, à moins que les forces dont elles étaient les véhicules n'aient été retirées d'elles, parallèlement au processus général de dégénérescence et de modernisation qui a fini par envahir même ces régions. De nos jours, même l'Orient n'est plus capable de donner autre chose que des dérivés ou un ''régime de résidus'' ; on est forcé de l'admettre rien qu'en considérant le niveau spirituel des Asiatiques qui ont commencé à exporter et à divulguer chez nous la sagesse orientale... »
 
Ce dernier jugement n'est absolument pas concluant : si les Asiatiques en question étaient les vrais représentants des traditions orientales, les divulgueraient-ils ? Mais supposons qu'Evola ait raison avec son jugement des organisations traditionnelles en tant que groupements humains : sa façon de voir n'en comporte pas moins une grave erreur d'optique, car aussi longtemps qu'une tradition conserve intactes ses formes essentielles, elle ne cesse d'être le garant d'une influence spirituelle – ou d'une grâce divine – dont l'action, si elle n'est pas toujours apparente, dépasse incommensurablement tout ce qui est dans le pouvoir de l'homme. Nous savons bien qu'il existe des méthodes ou des voies, comme le Zen, qui se fondent sur le ''pouvoir de soi-même'' et qui se distinguent en cela d'autres voies se fondant sur le ''pouvoir de l'autre'', c'est-à-dire en dehors du cadre formel d'une tradition donnée. Le Zen notamment, qui offre peut-être, l'exemple le plus saillant d'une spiritualité non formelle, est parfaitement, et même particulièrement, conscient de la valeur des formes sacrées. On dépasse les formes, non en les rejetant d'avance, mais en les intégrant dans leurs essences supra-formelles.  

D'ailleurs, Evola défnit lui-même la fonction médiatrice de la forme quand il parle du rôle du « type » spirituel, qu'il oppose à l'individu ou à la « personnalité » au sens profane et moderne du terme : « Le type (la tipicità) représente le point de contact entre l'individuel et le supraindividuel, la limite entre les deux correspondant à une forme parfaite. Le type désindividualise, en ce sens que la personne incarne alors essentiellement une idée, une loi, une fonction... ». L'auteur précise bien que le type spirituel se situe normalement dans le cadre d'une tradition, mais il ne conclut pas, apparemment, à la nature typique, c'est-à-dire implicitement supraindividuelle, de toute forme sacrée, sans doute parce qu'il n'envisage pas ce que les religions monothéistes appellent révélation. Or, il est inconséquent d'admettre la « dimension transcendante » de l'être – autrement dit la participation effective de l'intellect humain à l'intellect universel – sans admettre également la révélation, c'est-à-dire la manifestation de cet Intellect ou Esprit en formes objectives. Il y a un rapport rigoureux entre la nature supraformelle, libre et indéterminée de l'Esprit et son expression spontanée – donc « donnée par le Ciel » – en des formes nécessairement déterminée et immuables. Par leur origine, qui est illimitée et inexhaustible, les formes sacrées, bien que limitées et « arrêtées », sont les véhicules d'influences spirituelles, donc de virtualités d'infini, et à cet égard il est tout à fait impropre de parler d'une tradition dont il n'existerait plus que la forme, l'esprit s'étant retiré d'elle comme l'âme a quitté un cadavre : la mort d'une tradition commence toujours par la corruption de ses formes essentielles.

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Selon toutes les prophéties, le dépôt sacré de la Tradition intégrale subsistera jusqu'à la fin du cycle ; cela signifie qu'il y aura toujours quelque part une porte ouverte. Pour les hommes capables de dépasser le plan des écorces et animés d'une volonté singulière, ni la décadence du monde environnant, ni l'appartenance à tel peuple ou tel milieu, ne constituent des obstacles absolus.  

Quaerite et invenietis.

Revenons un instant au titre du livre d'Evola : l'adage qu'il faut « chevaucher le tigre » si l'on ne veut pas être déchiré par lui, comporte évidemment un sens tantrique ; le tigre est alors l'image de la force passionnelle qu'il faut dompter. On peut se demander si cette métaphore convient réellement à l'attitude de l'homme spirituel à l'égard des tendances destructives du monde moderne : remarquons d'abord que n'importe quoi n'est pas un « tigre » ; derrières les tendances et les formes que Julius Evola envisage, nous ne trouverons aucune force naturelle et organique, aucune shakti dispensatrice de puissance et de beauté ; or, l'homme spirituel peut utiliser rajas, mais il doit rejeter tamas ; enfin il y a des formes et des attitudes qui sont incompatibles avec la nature intime de l'homme spirituel et avec les rythmes de toute spiritualité. En réalité, ce ne sont pas les caractères particuliers, artificiels et hybrides du monde moderne qui peuvent nous servir de support spirituel, mais bien ce qui, dans ce monde, est de tous les temps.

Titus Burckhardt

jeudi, 17 septembre 2020

Immobile Warriors: Evola’s Post-War Career from the Perspective of Neville’s New Thought

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Immobile Warriors:
Evola’s Post-War Career from the Perspective of Neville’s New Thought

What has got to be gotten over is the false idea that a hallucination is a private matter.

— P. K. Dick [1] [1]

There is no fiction. What is fiction today will be a fact tomorrow. A book written as a fictional story today comes out of the imagination of the one who wrote it, and will become a fact in the tomorrows.

— Neville [2] [2]

4127dlLdp6L._SX331_BO1,204,203,200_.jpgGianfranco de Turris’ newly translated book on Julius Evola’s war years [3] [3] is a veritable secret archive of obscure and obscured information on Evola’s activities in the last two years of the Second World War and the immediate aftermath, all of which is used by the author to throw light on many occurrences that have remained poorly documented and, inevitably, subject to more or less informed speculation, if not outright gossip.

One of these is the injury Evola received in Vienna, which left him an invalid for the remainder of his life. Collin Cleary, in his review [4], gives a nice summary:

On January 21, 1945, Evola decided to take a walk through the streets of Vienna during an aerial bombardment by the Americans (and not the Soviets, as has been erroneously claimed). While he was in the vicinity of Schwarzenbergplatz, a bomb fell nearby, throwing Evola several feet and knocking him unconscious. He was found and taken to a military hospital. When the philosopher awoke hours later, the first thing he did was to ask what had become of his monocle. Once the doctors had finished looking him over, the news was not good. Evola was found to have a contusion of the spinal cord which left him with complete paralysis from the waist down. As Mircea Eliade notoriously said, the injury was roughly at the level of “the third chakra.” It resulted in Evola being categorized as a “100-percent war invalid,” which afforded him the small pension he received for the rest of his life.

An all-too-common tragedy of wartime. Yet with Evola, nothing is so simple. Speculation and rumor have swirled around this incident. If this is how Evola was injured, why was he engaged in such an apparently suicidal act (and indeed, “taking a walk . . . during an aerial bombardment” was actually a habit with him)? And if it wasn’t the cause, what was? As in the title of de Turris’ book, Evola is known as not only a philosopher but a magician: surely something spookier was involved? And indeed, since Evola was apparently in Vienna to examine Masonic documents, including rituals, the latter of which he intended to “rectify” and purify of anti-traditional elements, the idea of his being injured by an esoteric ritual gone wrong becomes possible (if one takes such things seriously).

De Turris deals with all these issues magisterially and has surely produced a definitive account (unless more documents turn up; he is a scrupulous scholar who admits when something is still unclear, and corrects his own earlier accounts when new information has appeared).

One amazing bit of information de Turris provides concerns novelizations of Evola’s situation, which inevitably take the Dan Brown path of giving magical accounts; no less than three, and two of them by Mircea Eliade! Both Il segerto del Graal by Paolo Virio (1955) and Diciannove rose by Eliade (1978) appeared after the incident (and in Eliade’s case after Evola’s death). The third novel, the first of Eliade’s two, is the most interesting; here is de Turris’ description:

It is also necessary to make reference to another novel by the Romanian author that is a most bewildering coincidence if not a real prophecy. Upon his return from his stay in India in 1931, Mircea Eliade would write some novels and short stories within that setting with its appropriate allusions; among this literary output is Il Segreto del Dottor Honigberger, published in 1940. The protagonist was a Saxon physician in the 1800s who had really existed. It first appeared in two parts in a magazine and a few months later, slightly but significantly expanded, in the form of a book accompanied by Notti a Serampore. The author makes reference to an inexperienced disciple who has remained paralyzed for having not known to thoroughly master the knowledge of his own discoveries on the spiritual plane when seeking to perfect a “yoga initiation.” The stupefying fact is that the name of this tragic character is J. E.! The young Mircea Eliade had known Julius Evola in Rome during his travels to Italy in the years 1927 to 1928, which was at the time of the Ur Group, and maintained a correspondence with him when he was in India. Is it perhaps possible that he just might have named the unfortunate spiritual researcher with the abbreviation J. E., since he was impressed by his personality and by his “occult” interests? Whatever it might be, the paralysis is described five years before the bombardment of Vienna, and the antecedents ascribed to it are the very rumors that surrounded Evola once he returned to Italy in 1951. Eliade probably had only learned of it on the occasion of another journey to the Italian Peninsula, where in 1952 he had another encounter with Evola. Or perhaps even after having only read Il cammino del cinabro [Evola gifted him a copy of the first edition in 1963]. Hence he consciously and deliberately made use of this for Diciannove rose. But to write of it before it had ever occurred in 1940. . . . [Author’s ellipsis, for spooky effect?]

So the stunning aspect in these novels is that both the authors, Paolo Virio and Mircea Eliade, knew what they were talking about. Both could boast of having sufficient experiences with initiatic methodologies, and both had long-lasting personal friendships with Julius Evola. . . . Had they deemed as insufficient the explanation of the bombing, considering it to be too prosaic, too banal for someone like him? And so they dreamed up in an equally effective and powerful evocation to describe the protagonist in their works.

EldritchEvola-KindleCoverB-200x300.jpgYou can buy James O’Meara’s book The Eldritch Evola here. [5]

Perhaps, but we should note again that this novel was published in 1940, “five years before the bombardment of Vienna, and the antecedents ascribed to [his injury] are the very rumors that surrounded Evola once he returned to Italy in 1951.” Surely a coincidence, says the man of common sense. Yet of course, Evola himself was not such a dreary man of sense, and as we’ll see he was certainly open to such esoteric interpretations.

Consider this [6]: Futility is a novella written by Morgan Robertson and published as Futility in 1898, and revised as The Wreck of the Titan in 1912.

It features a fictional British ocean liner Titan that sinks in the North Atlantic after striking an iceberg. Titan and its sinking are famous for similarities to the passenger ship RMS Titanic and its sinking fourteen years later. After the sinking of Titanic, the novel was reissued with some changes, particularly in the ship’s gross tonnage.

Although the novel was written before RMS Titanic was even conceptualized, there are some uncanny similarities between the fictional and real-life versions. Like Titanic, the fictional ship sank in April in the North Atlantic, and there were not enough lifeboats for all the passengers. There are also similarities in size (800 ft [244 m] long for Titan versus 882 ft 9 in [269 m] long for the Titanic), speed, and life-saving equipment. After the Titanic’s sinking, some people credited Robertson with precognition and clairvoyance, which he denied. Scholars attribute the similarities to Robertson’s extensive knowledge of shipbuilding and maritime trends.

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As it happens, I was alerted to this historical oddity a while ago as a result of reading one of Neville’s lectures, “Seedtime and Harvest,” which articulates the principle that “there is no fiction [7].”

14 years before the actual harvest or that frightful event of the sinking of the Titanic a man in England wrote a book. He conceived this fabulous Atlantic liner and there he built her just like the Titanic, (only the Titanic was not built for 14 years) but he, in his imagination, conceived the liner of 800-ft. She was triple screw, she carried 3000 passengers, she carried few lifeboats because she was unsinkable; she could make 24 knots; and then one night he filled her to the brim with rich and complacent people, and on a cold winter night he sunk her on an iceberg in the Atlantic. 14 years later the White Star Line builds a ship. She is 800 ft., she is a triple screw, she can make 24 knots, she can carry 3000 passengers, she has not enough lifeboats for passengers but she, too, is labeled unsinkable. She is filled to capacity with the rich, if not complacent, but the rich, because her passenger list was worth in that day, when the dollar was one hundred cents, two hundred and fifty million dollars was the worth of the passenger list. Today [1956] it would be a billion dollars. All the wealth of Europe and the wealth of this country was sailing on that maiden voyage out of Southampton. Five nights at sea in this wonderful glorious ship and she went down on a cold April night on an iceberg.

Now that man wrote a book either to get something off his chest because he disliked the rich and the complacent, or he thought it might sell or he thought this is the means of bringing him a dollar as a writer. But, whatever was the motive behind his book which, by the way, he called Futility to show the utter futility of accumulated wealth, but the identical ship was built 14 years later and carried the same kind of a passenger list and went down in the same manner as the fictional ship.

Is there any fiction? There is no fiction! Tomorrow’s world is today’s fiction. Today’s world was yesteryear’s fiction — the dreams of men of yesteryear. Wouldn’t it be wonderful if I could talk with someone across space and just use a wire? And I couldn’t see that one: it would be a mile away beyond the range of my voice — then maybe five miles and maybe a thousand miles — fantastic dreams — then they came true. When they came true, suppose I could do it without the means of a wire. And it came true; suppose now I could do it not just in an audio sense but in a video sense. Suppose I could be seen? And that came true, but when they were conceived, they were all fictional, all unreal.

And how can this be [8]?

Now, am I responsible for others in my world? I certainly am! When I take my little mind, my little imagination and think because it’s mine — my Father gave it to me, that I can simply misuse it, it isn’t going to hurt another. I tell you you do have to use more control for the simple reason I am rooted in you and you are rooted in everyone and all of us are rooted in God. There is no separate individual detached being in my Father’s Kingdom. We are one. I am completely responsible for the use or misuse of my imagination.

Now, I’m sure all this just sticks in the craw of those self-styled “rationalists” or “materialists” out there (including many who idolize the political Evola and wish everyone would forget about all that magical stuff). I won’t try to gainsay that here, but as I said above, Evola certainly agreed with this basic idea (without going the full “we are all one” New Age route politically), [4] [9] and I think it’s worthwhile to put our rationalism “in parentheses,” as the phenomenologists would say [10], and explore some of the ramifications.

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What Neville’s talking about is an extension of the notion of magical combat into the realm of the involuntary or accidental — as if you gave a monkey a machine gun. [5] [11] Guénon believed he himself had been paralyzed for six months due to such a magical attack in 1939, recovering only when an “evil influence” was deported from Egypt. On this basis, he suggested Evola “reflect upon it” and “see if something similar could not have been around you.” [6] [12] As Evola later recalled,

I told Guénon that a similar attack would be an unlikely cause in my case, not least because an extraordinarily powerful spell would have been necessary to cause such damage; for the spell would have had to determine a whole series of objective events, including the occurrence of the bombing raid, and the time and place in which the bombs were dropped. [7] [13]

Evola’s reasoning here is interesting, because Neville addresses exactly this point, and denies it; in fact, rejecting it is a key part of his “method for changing the future.” [8] [14] One is to imagine the end, being in the state of the desire satisfied; not the means. To dwell on the means is unnecessary and even counterproductive, as thereby one remains in the state of lack; [9] [15] instead, when the future state is imagined so clearly as to feel real, the larger world itself will arrange things in ways you could never have imagined. A “bridge of incidents” will be constructed for you to cross; your materialist friends will point to this sequence of “objective” events and call it “coincidence,” and claim it would have happened anyway. Indeed, since most of us have little control over our thoughts, we may have no recollection of the idle thought in the past that led to a current situation. [10] [16]

The more careful one is with what thoughts we allow ourselves to entertain, and the more outlandish the apparent means used to bring about a desired outcome, the more likely one is to make the leap from mere coincidence to meaningful coincidence — i.e. synchronicity.

Thus, Neville’s stories tend to involve improbable means; in his most famous story, “How Abdullah Taught Neville the Law [17],” Neville’s hoped-for escape from a New York City winter occurs when his brother “decides” to have to whole family together for Christmas, and sends him a ticket and expenses for a voyage back to Barbados. [11] [18] The family business — today’s massive Caribbean conglomerate, Goddard Enterprises [19] — is founded when, after his brother spends two years of lunch hours gazing at a business rival’s building, imagining his family name on the side, a stranger, “looking for a better return on his savings,” walks up with an offer to buy him the building [20]. His two brothers visit New York and want to see a sold-out production of Aida; Neville goes to the Met box office, foils a con man (because Neville’s tall enough to look over the man’s shoulder and recognize the short change scam he’s “attempting”), and is rewarded with VIP tickets [21].

I’ve used scare quotes because in each case a third party — brother, stranger, con man — thinks he is just going about his business, exercising his free will, when actually they are essential parts in the bridge of incidents invoked by Neville himself.

On the other hand, the lack of specific means — “a way you could never imagine” — leaves open the possibility of foul play. Neville consoles a follower who had wished to be rid of neighbor — who (consequently?) dies. [12] [22] Another listener asks point-blank if one can wish for someone’s death, and Neville sort of side steps in his answer: no one really wants someone to die, just to go away, which could involve a change of jobs or retirement to Florida. [13] [23] In general, one should only wish for the best, not only for oneself but for others — who, after all, are us as well. [14] [24]

In any event, there is no need to try to determine if someone, perhaps Eliade, launched a magical attack on Evola, perhaps inadvertently; Evola himself attributed a different, though related, supervening cause. Perhaps the best way to shift gears here is to again aver to our skeptical readers, who have no doubt already asked themselves: well, if Evola was such a great magician, why didn’t he just heal himself?

Remarkably, De Turris presents evidence that Evola simply didn’t want to. [15] [25] He quotes the recollections of a distinguished Orientalist:

“One day, probably in 1952, Colazza, Scaligero, and I had been to see Evola in his apartment in Corso Vittorio. I had noticed that Evola could move his legs, despite the paralysis that we knew he had. After visiting, we left Evola’s house. As we went down the stairs, I heard Scaligero saying to Colazza: ‘But Evola could not. . . .’ As he was talking about certain practices, a certain subtle operation, a kind of exercise to which Colazza answered suddenly, in an almost clipped tone: ‘Of course he could! But he doesn’t! He does not want to do it.’”

The professor was convinced that Evola could have resolved his partial invalidity, if he were willing to practice some exercises on the etheric or subtle body that were most definitely known by Colazza, Scaligero, and Evola himself. The reason why Evola did not want to operate in this direction remains a mystery and, for Professor Filippani, even this fact goes back to Evola’s “peculiar bad character.”

The abrupt but anguished response from the anthroposophist, Dr. Colazza, who the philosopher had asked for advice and explanations about his disability, makes it clear Evola possessed psychospiritual resources and an immeasurable inner being on the subtle plane to the point that he could “self-heal.” But he did not want to do it. One must ask why?

edb21aa27bdc8120f66092847c81f7ec--fantasy-weapons-vampire-armor.jpgIndeed, we must; surely the only thing stranger than someone walking around during an aerial bombardment is that same person refusing to “self-heal.” What the professor calls Evola’s “bad character” was his stubborn refusal to take an interest in anything, however important, that, in fact, did not currently interest him; a character flaw he no doubt considered part of his prerogative as either an aristocrat or a genius. In particular, the three Anthroposophists who visited him may have tried to have him accept their assistance through what Evola’s UR group would have called a “magical chain,” [16] [26] exactly the sort of outside cause we have seen Neville discuss. [17] [27]

De Turris, however, suggests a more developed reason, which also brings us back to Neville. In a letter from 1947, Evola writes:

What is not clear to me is the purpose of the whole thing: I had in fact the idea — the belief if you want to call it, naive — that [when testing fate] one either dies or reawakens. The meaning of what has happened to me is one of confusion: neither one nor the other motive.

Evola will expand on this in The Path of Cinnabar:

What happened to me constitutes an answer that however wasn’t at all easy to interpret. Nothing changed, everything was reduced to a purely physical impediment that, aside from the practical annoying concerns and certain limitations of profane life, it neither affected nor effected me at all, my spiritual and intellectual activity not being in any way whatever altered or undermined. The traditional doctrine that in my writings I have often had the opportunity to expound — the one according to which there is no significant event in existence that was not wanted by us before birth — is also that of which I am intimately convinced, and such a doctrine I cannot but apply it also to the contingency now referred to. In reminding myself why I had wanted it is to however grasp its deepest meaning for the whole of my existence: this would have been, therefore, the only important thing, much more important than my recovery, to which I haven’t given any special weight. . . . But in this regard the fog has not yet lifted. Meanwhile, I have calmly adjusted myself to the situation, thinking humorously sometimes that perhaps this has to do with gods who have made the weight of their hands felt a little too heavy for my having joked around with them. [18] [28]

For some reason de Turris elides the following passage after “weight,” which seems to state the whole issue in a nutshell:

Besides, as I saw it, had I been capable of grasping the “memory” of such a wish by the light of knowledge, I would no doubt also have been capable of removing the physical handicap itself — if I had wished to.

The idea of our making a choice before birth – which Evola contrasts to mere amor fati, a la Nietzsche – can be found at least as far back as Plato’s Myth of Er [29]. [19] [30] And here again we can find a parallel with Neville’s teachings.

Unlike most New Thought teachers, who either rely on an accepted Christian terminology, or else posit a vague sort of Original Substance, Formless Substance, Formless Stuff, Thinking Substance, or Thinking Stuff, [20] [31] Neville offered something of an explanation, principally in the previously cited Out of This World: Thinking Fourth-Dimensionally [32]:

At every moment of our lives we have before us the choice of which of several futures we will choose. [21] [33]

How on Earth is that supposed to happen? Well, speaking of “Earth,” Neville posits a four-dimensional universe. [22] [34] The fourth dimension of course is time, and each of us — like everything in this three-dimensional world — is a sort of cross-section of a higher, fourth-dimensional being. Through the faculty of imagination — by a kind of controlled dreaming — one can rise to a level at which the whole time-line is laid out before us; we can both see the already determined future, and, by concentrated thought, enter it, and alter it.

918YDe-tmfL.jpgRemember when we were talking about not worrying about the means? It’s the fourth-dimensional self that takes care of them, having means available we know not of.

The method works, because it is, in fact, “the mechanism used in the production of the visible world.” Mitch Horowitz uses quantum physics to explain this:

Neville likewise taught that the mind creates multiple and coexistent realities. Everything already exists in potential, he said, and through our thoughts and feelings we select which outcome we ultimately experience. Indeed, Neville saw man as some quantum theorists see the observer taking measurements in the particle lab, effectively determining where a subatomic particle will actually appear as a localized object. Moreover, Neville wrote that everything and everyone that we experience is rooted in us, as we are ultimately rooted in God. Man exists in an infinite cosmic interweaving of endless dreams of reality — until the ultimate realization of one’s identity as Christ.

In an almost prophetic observation in 1948, he told listeners: “Scientists will one day explain why there is a serial universe. But in practice, how you use this serial universe to change the future is more important.” More than any other spiritual teacher, Neville created a mystical correlate to quantum physics. [23] [35]

Neville has taken Evola’s “naïve idea” and projected it beyond a single, prenatal moment and onto every moment of our subsequent life. [24] [36] Evola believed “this truth should be sufficient to render all events that appear tragic and obscure less dramatic; for — as the Eastern saying goes — ‘life on Earth is but a journey in the hours of the night’: as such life is merely one episode set in a far broader framework that extends before and beyond life.” [25] [37] And for Neville, “This world, which we think so solidly real, is a shadow out of which and beyond which we may at any time pass.” [26] [38]

What, then, was the meaning of Evola’s injury, what he calls “the purpose of the whole thing”? De Turris admits this “has always remained a personal, private mystery, clearly and definitely one that is internal,” but tries to essay an “external response” based on “what happened after the end of the war.”

This man, immobilized in bed, wrote letters and articles with a copying pencil on a lectern placed leaning in front of him or at the typewriter seated at the desk in front of the window. After having been an “active” personality in every sense of the word, culturally and worldly, a mountaineer and traveler about the whole of Europe, he now engaged his intellectual and spiritual forces for those who, starting in the late forties, thought of reconstructing something. He used his symbolic vision, present since his first letters to friends back in 1946, “among the ruins” in Europe and Italy. He used a political movement of the right that kept in mind not only the negative but also the positive lessons of Fascism and National Socialism, in the way Evola and others had envisioned it to be after July 25 and September 8. An “immobile warrior,” as he was defined by his French biographer in an effective and suggestive image, and which — not without equivocations and misunderstandings — was an example for everyone. [27] [39]

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In short, Evola turned from direct engagement with the world to an attempt to influence and, moreover, inspire the next generation of European youth, the “men among the ruins,” still standing; or Spengler’s Roman soldier buried under the ashes of Pompeii because he was never ordered to leave.

Indeed, such was his influence that “he was tried by the Italian democracy for ‘defending Fascism,’ ‘attempting to reconstitute the dissolved Fascist Party’ and being the ‘“master’ and ‘inspirer’ of young Neo-Fascists. Like Socrates, he was accused of not worshipping the gods of the democracy and corrupting youth.” [28] [41] As John Morgan says, he became “something of a guru to the various Right-wing and neo-fascist groups which emerged in Italy in the first three decades after the war.” [29] [42]

In a previous essay, I briefly compared Evola’s last years to the dénouement of Hesse’s novel The Glass Bead Game. [30] [43] Joseph Knecht, the Game Master, disillusioned with an institution he finds to be intellectually sterile and doomed by its political naivety, resigns to become a tutor to the son of an old friend, Designori, who had already left for the “real” world, hoping to thereby provide some influence on the next generation. On their first morning stroll together, however, Knecht — unwilling to seem shy or cowardly — dives into a nearby lake and, overcome by cold and fatigue, drowns.

It seems anticlimactic as a novel, and futile and senseless as an act; as senseless, perhaps, as “questioning fate” by taking a walk during an aerial bombardment. The fact that Knecht dies in this effort, however, does not constitute failure. Hesse makes it clear from his portrait of Designori’s highly physical, yet still malleable and spiritually pure son Tito, that the incomplete work of Knecht and Designori might come to full fruition in him. A child of the world, Tito yet seems to sense the spiritual duty laid upon him by Knecht’s sacrifice, and the text suggests he will rise to meet it:

And since in spite of all rational objections he felt responsible for the Master’s death, there came over him, with a premonitory shudder of awe, a sense that this guilt would utterly change him and his life, and would demand much greater things of him than he had ever before demanded of himself. [31] [44]

91kbe+gMmxL.jpgNeville, of course, was no kshatriya. In fact, I have described him as a member of the haute bourgeoise — and that’s a good thing! The merchant is a legitimate class, very populous, especially today. [32] [45] Neville is an excellent model for the average man in today’s world; [33] [46] really the perfect mid-century American life, exactly what Mad Men’s Don Draper would have had if Matthew Weiner didn’t have an axe to grind. [34] [47]

His early first marriage, with a son, and second, lifelong marriage with a daughter [48], are a social idea, and compares favorably with many “alt-right” figures. He traveled between furnished, upscale residential hotels in New York City (Washington Square) and Los Angles (Beverly Hills), as he alludes to in his lectures, and the “success stories” he tells come from the same upper-middle-class milieus of nice houses, restaurants, and vacations. [35] [49] He was from a family of merchants, and mostly lived on various stipends from his family, as well as the high dividends paid out by the family-held corporation, even during the Depression. [36] [50] This enabled him to lecture with minimal admission costs to cover the rental of the hall, self-publish about ten small books, and allow — and encourage — his lectures to be taped without charge. [37] [51]

So much not a kshatriya that another of his most famous stories is how he imagined himself out of the Army! Despite being a middle-aged father of two and a non-citizen, Neville — perhaps due to the ex-dancer’s superb physical condition — was drafted in November 1942; effectively shanghaied into the fight against the forces Evola was willingly supporting as a noncombatant. [38] [52] How he extricated himself is one of his most interesting stories:

In 1942 in the month of December, this direction came down from Washington DC, any man over 38 is eligible for discharge, providing his superior officer allows it; if his superior officer, meaning his battalion commander disallows, there is no appeal beyond his battalion commander. You could not take it to say to the divisional commander, it stops with the battalion commander. This came down in 1942 in the month of December. They gave a deadline on it. This will come to an end on March 1st of 1943 so anyone 38 years, before the first of March, 1943 was eligible. All right. That is Caesar’s law. I got my paper, made it out. They had my record, my date. I was born in 1905 on the 19th of February, so I was 38 years old before the 1st of March of 1943 so I was eligible.

My battalion commander was Colonel Theodore Bilbo. His father was a senator from Mississippi. I turned [in my application for discharge], in four hours it came back “disapproved” and signed the colonel’s name. That night I went to sleep in the assumption that I am sleeping in my apartment house in New York City. I didn’t go through the door. I didn’t go through the window. I put myself on the bed. So I slept in that assumption. At 4:00/4:15 in the morning here came before my inner eye a piece of paper not unlike the one that I had signed that day. On the bottom of it was “disapproved.” Then came a hand from here down holding a pen and then the voice said to me “That which I have done I have done. Do nothing.” It scratched out disapproved and wrote in a big bold script “Approved”. And then I woke. I did nothing.

Nine days later that same colonel called me in. He said, “Close the door, Goddard.” “Yes, sir.” He said “Do you still want to get out of the army?” I said “Yes, sir.” He said “You’re the best-dressed man in this country, who wears the uniform of America,” I said, “Yes, sir.” “You still want to get out of the Army?” “Yes, sir.” Yessed him to death as I sat before him. He said, “All right, make out another application and you’ll be out of the Army today.”

I went back to my captain, told him what the colonel had said, made out another application and he signed it and that day I was out of the Army, honorably discharged. That’s all that I did. I went right into my home as a discharged soldier of our army and I’m a civilian. I slept that night in my home in New York City though physically my body was in Camp Polk, Louisiana. That’s how it works!

The colonel, when I went through the door that evening, he came forward and he said “Well, good luck Goddard. I will see you in New York City after we have won this war.” I said “Yes, sir.” And that was it. I share this with you to tell you how it works. This is not good and that is wrong. We are living in a world of infinite possibilities.” [39] [53]

Did this happen? Mitch Horowitz has established the external facts: that the Army discharged Neville in March, 1943 so as to “accept employment in an essential wartime industry”: delivering metaphysical lectures in Greenwich Village. [40] [54]

Remember, Neville was 38 years old, a non-citizen, had a wife and a young daughter; moreover, he fails to add, in the version above, that his son from his previous marriage was already drafted and serving at Guadalcanal. Apparently all that was being ignored now in the name of more cannon fodder for Churchill’s war. [41] [55] The military draft itself is a perfect example of the modern “reign of quantity,” in which all are regarded as interchangeable “individuals,” and I can see no reason why Neville, a true member of the merchant caste, should not have availed himself of a perfectly legal avenue of escape (“Caesar’s law”).

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It’s also interesting to note that his commanding officer was a Col. Theodore Bilbo, son of Sen. Bilbo. [42] [56] One wonders if he shared his father’s interest in the resettlement of America’s negroes, [43] [57] and if Neville revealed to him that his guru, Abdullah, was involved with Marcus Garvey and Ethiopianism, [44] [58] leading him to look with favor on Neville’s application; could Neville have used not Abdullah’s teaching, but his connection with Ethiopianism, to smooth his eventual premature, but honorable, discharge from the Army?

But from our perspective here, the most interesting features of this story are, first, that Neville’s “essential wartime activity” was delivering metaphysical lectures — that is, instructions in his “method of changing the future” — which is not entirely unlike Evola’s wartime activities among the archives of secret societies that had been confiscated by the Germans; has there been any modern war in which magicians — Evola, Neville, Crowley — have played so great a role?

And secondly, this:

I had my 13 weeks’ basic training, and then when I came out, they gave me my citizenship papers. Back in 1922 I could have been an American, but I just didn’t have the time or the urge to get around to become a citizen; so I drifted on and drifted on and drifted on until after this little episode. That’s why I went into the Army, or I would still be drifting through, being a citizen of Britain. But now I’m an American by adoption. And they gave it to me because I did fulfill a 13-week training course in the American Army. So, I tell you, I know from experience how true this statement in [The Epistle of] James is. [45] [59]

Have we found here the key to the whole puzzling incident: the government’s dogged determination to press-gang [60] Neville like Billy Budd, only to then dangle a tantalizing offer of a get out of jail card, complete with citizenship? Once again, we see, perhaps, the unintended consequences of imagination; was the whole draft incident, seemingly absurd, the “bridge of incidents” leading to Neville’s desired naturalization as an American?

And in any event, Neville’s teaching evolved in a way very congruent to Evola’s aristocratic reserve and dedication to doing what has to be done.

51hQWvEIk2L.jpgAfter a mystical experience of being reborn from his own skull (Golgotha) in 1959, Neville’s teaching bifurcated: in addition to The Law (which became Oprah’s “Law of Attraction”), he also began to teach The Promise. The Law was given to enable you to live in the material world; the Promise was that you could then work to obtain union with God; a path suitable to the Dark Age:

One day you will be so saturated with wealth, so saturated with power in the world of Caesar, you will turn your back on it all and go in search of the word of God . . . I do believe that one must completely saturate himself with the things of Caesar before he is hungry for the word of God. [46] [61]

In short, Riding the Tiger. Interestingly, then as now, Neville’s listeners were more interested in The Law than in The Promise; they wanted him to return to stories about how people had obtained new cars and bigger houses. As Horowitz recounts [62] it:

Many listeners, the mystic lamented, “are not at all interested in its framework of faith, a faith leading to the fulfillment of God’s promise,” as experienced in his vision of rebirth. Audiences drifted away. Urged by his speaking agent to abandon this theme, “or you’ll have no audience at all,” a student recalled Neville replying, “Then I’ll tell it to the bare walls.” [47] [63]

Warrior or not, the picture of Neville standing on stage, lecturing to bare walls, recalls again Spengler’s Roman soldier, buried at Pompei because no order to stand down was given. From the start of his career:

He stood very still for an appreciable time, looking straight before him. Then he said, “Let us now go into the silence.” He squared himself on his feet, shut his eyes, flung his head sharply back, and became immobile. [48] [64]

And a few years from the end:

I know my time is short. I have finished the work I have been sent to do and I am now eager to depart. I know I will not appear in this three-dimensional world again for The Promise has been fulfilled in me. [49] [65] As for where I go, I will know you there as I have known you here, for we are all brothers, infinitely in love with each other. [50] [66]

It’s an attitude fully in keeping with New Thought, despite its reputation as encouraging an airy-fairy dreamworld attitude to life. Evola’s own attitude is actually not far from what the apostle of Positive Thinking, Norman Vincent Peale, would counsel:

The tough-minded optimist takes a positive attitude toward a fact. He sees it realistically, just as it is, but he sees something more. He views it as a challenge to his intelligence, to his ingenuity and faith. He seeks insight and guidance in dealing with the hard fact. He keeps on thinking. He knows there is an answer and finally he finds it. Perhaps he changes the fact, maybe he just bypasses it, or perhaps he learns to live with it. But in any case his attitude toward the fact has proved more important than the fact itself. [51] [67]

Or Biblical scholar — and Lovecraft authority — Robert M. Price:

We will never really finish. Our quests will be rudely suspended when the Grim Reaper taps us on the shoulder. “What the hell?” you say. Then why bother in the first place? Because it’s the chase. It’s the hunt. It’s acting without the fruits of action. You needn’t be bitter about it, like the fellow who wrote Ecclesiastes 2:21, “sometimes a man who has toiled with wisdom and knowledge and skill must leave all to be enjoyed by a man who did not toil for it. This also is vanity and a great evil.” No, it isn’t! Better that someone pick up where you left off! Pass the torch! Doing your part is all you can do, and that should be satisfaction enough. It is for me. [52] [68]

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Speaking of the Bhagavad Gita — “acting without the fruits of action” — a somewhat similar attitude is demanded of us who would listen to Evola or Neville (just as Knecht’s sacrifice lays a burden on the pupil Tito); as John Morgan said in his speech on Evola:

The fact that we may lose the battle doesn’t mean that we are absolved of the responsibility of fighting it and standing for what is true. The best illustration of this that I know of comes from the Bhagavad Gita. . . .

And that’s how I see those of us here tonight. In spite of the million other things you could have been doing in this enormous and hyperactive city tonight, you decided to come here and meet with a group of some of the most hated people in America to listen to a lecture on Julius Evola. That clearly indicates that there’s something in you that has decided that there are more important things than just doing what everyone else expects you to do. So really, we’re already creating the “order” that Evola called for in order to preserve Tradition in the face of degeneracy. So let’s not despair about the latest headlines, but keep our heads up in the knowledge that, whatever happens, we are the ones who stand for what is timeless, and our day of victory will come, whether it is tomorrow or a thousand years from now. [53] [69]

Arguably, we have an easier time of it today; Neville allowed his lectures to be freely taped and transcribed, and they now live on through the intertubes; the books of both he and Evola are available in electronic formats you can read on the subway without fear of discovery. So ride that technological tiger! And as you do so, spare a thought for those who make them available, such as Counter-Currents, and consider what you can do to keep them standing [70].

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Notes

[1] [73] Exegesis, 15:87 (The Exegesis of Philip K. Dick; edited by Pamela Jackson and Jonathan Letham; Erik Davis, annotations editor (Houghton Mifflin, 2011).

[2] [74]Believe It In [75],” Neville Goddard, 10/06/1969.

[3] [76] Gianfranco de Turris, Julius Evola: The Philosopher and Magician in War: 1943–1945 (Rochester, VT: Inner Traditions, 2020), reviewed by Collin Cleary here [4].

[4] [77] See my Mysticism After Modernism: Crowley, Evola, Neville, Watts, Colin Wilson & Other Populist Gurus [78] (Melbourne, Australia: Manticore Press, 2020), especially the title essay, “Magick for Housewives: The Not So New and Really Quite Traditional Thought of Neville Goddard.”

[5] [79] Evola mocks materialists who think they have acquired “power” because they’ve devised a missile they can launch by pressing a button, while still being psychologically as underdeveloped as a monkey; see “The Nature of Initiatic Knowledge,” reprinted in Introduction to Magic: Rituals and Practical Techniques for the Magus (Rochester, VT: Inner Traditions, 2001); compare: Dr. Ian Malcolm: “If I may. . . Um, I’ll tell you the problem with the scientific power that you’re using here, it didn’t require any discipline to attain it. You read what others had done and you took the next step. You didn’t earn the knowledge for yourselves, so you don’t take any responsibility for it. You stood on the shoulders of geniuses to accomplish something as fast as you could, and before you even knew what you had, you patented it, and packaged it, and slapped it on a plastic lunchbox, and now [bangs on the table] you’re selling it, you wanna sell it.” — Jurassic Park (Spielberg, 1993). Evola brought the original Ur and Krur articles with him to Vienna and was reworking them into the three volumes that would appear in 1955 as Introduction to Magic (and apparently bankrupted his publisher: de Turris, p. 145).

[6] [80] Letter to Evola; see de Turris, p. 148.

[7] [81] De Turris, loc. cit., quoting The Path of Cinnabar (London: Arktos, 2012), p. 184. I have substituted the latter translation by Sergio Knipe, as the one in de Turris seems garbled: “I explained to Guénon that nothing of the sort could be of value for my case and that, on the other hand, he would have had to come up with a most potent spell to cast because it would have had to determine a whole set of objective circumstances: the air strike, the moment, and the point of the bomb release, and so on.”

[8] [82] “The first step in changing the future is desire — that is: define your objective — know definitely what you want. Secondly: construct an event which you believe you would encounter following the fulfillment of your desire — an event which implies fulfillment of your desire — something that will have the action of self predominant. Thirdly: immobilize the physical body and induce a condition akin to sleep — lie on a bed or relax in a chair and imagine that you are sleepy; then, with eyelids closed and your attention focused on the action you intend to experience — in imagination — mentally feel yourself right into the proposed action — imagining all the while that you are actually performing the action here and now. You must always participate in the imaginary action, not merely stand back and look on, but you must feel that you are actually performing the action so that the imaginary sensation is real to you. It is important always to remember that the proposed action must be one which follows the fulfillment of your desire; and, also, you must feel yourself into the action until it has all the vividness and distinctness of reality.” Out of this World: Thinking Fourth-Dimensionally (1949); Chapter 1, “Thinking Fourth Dimensionally”; online here [83].

[9] [84] “The end of your journey is where your journey begins. When you tell me what you want, do not try to tell me the means necessary to get it, because neither you nor I know them. Just tell me what you want that I may hear you tell me that you have it. If you try to tell me how your desire is going to be fulfilled, I must first rub that thought out before I can replace it with what you want to be. Man insists on talking about his problems. He seems to enjoy recounting them and cannot believe that all he needs to do is state his desire clearly. If you believe that imagination creates reality, you will never allow yourself to dwell on your problems, for you will realize that as you do you perpetuate them all the more.” 10/6/1969, “Believe It In [75].”

[10] [85] “All cause is spiritual! Although a natural cause seems to be, it is a delusion of the vanishing vegetable memory. Unable to remember the moment a state was imagined, when it takes form and is seen by the outer eye its harvest is not recognized, and therefore denied.” Neville, “The Spiritual Cause [86],” May 3, 1968.

[11] [87] You can hear him narrate it here [88].

[12] [89] “If Any Two Agree. . . [90]” March 22, 1971. Rather like the classic tale “The Monkey’s Paw,” a woman’s wish to be rid of a disturbing neighbor seemingly results in his death, leaving three orphans. In this context, one might imagine someone fervently wishing “to be rid of this meddlesome Evola” or some such thing; a neighbor, an academic rival, perhaps a landlady?

[13] [91] “Will no one rid me of this turbulent priest [92]?”

[14] [93] On another occasion, Neville’s idle wish to get out New York after a disappointing lecture seems to have sped up his mother’s not entirely unexpected death:

The war in Europe was on. England was at war. No ships were plying the Atlantic. They were going down faster than they could build them, and we were almost at war, and then came the month of August, and I received a cable from my family saying: “We didn’t tell you, because we knew you couldn’t come to Barbados. There aren’t any ships,” (and certainly in those days there were no planes) and they said: “Mother is dying. She’s been dying for two years, but now, this is it, and if you want to see her in this world once more, you’ve got to come now,” I mean, now. I received that cable in the morning, and my wife and I sailed the very next night. But it taught me a lesson: not to use this law idly, not to use it to escape, but to use it deliberately because you cannot escape from it. A series of events will mold themselves, across which you will walk, leading up to the fulfillment of that state. And so here I put myself, just to escape from the cold and the disappointment of the evening, in Barbados of all places. Then something happens, and I am compelled to make the journey, the last place in the world we intended to go. And we sailed at midnight, and got there four and a half days later on this “Argentine” ship. (It was an American ship, but it was called the Argentine.) Mother dies, as they all said she would, and I returned to the States with the knowledge of what I had done and began to teach it.

Faith [94],” 7/22/1968.

[15] [95] “The first step in changing the future is desire — that is: define your objective — know definitely what you want.” Neville, Out of This World, loc. cit.

[16] [96] See Magic, op. cit., especially “Opus Magicum: Chains” by “Luce.”

[17] [97] Evola’s relations with Anthroposophy are a puzzle to me; the UR and KRUR group included disciples of Steiner, and Evola maintained friendly relations with them, as with these three; see Magic, op. cit., “Preface: Julius Evola and the UR Group” by Renato del Ponte. His Sintesi di dottrina della razza even presents two photos of Steiner to illustrate the Aryan “solar” type. Yet officially, as a “traditionalist,” Evola had to treat Anthroposophy as yet another grave “deviation” and “counter-tradition” worthy of extermination, even by the National Socialists. Was he ambivalent to Steiner because of the similarity of their intellectual development — from German Idealism to esotericism? (Both essentially claimed to have completed the system of German Idealism [98]). Was he afraid of being accused of hypocrisy; or of having to admit, if the treatment had succeeded, that Steiner was a legitimate psychic researcher?

[18] [99] De Turris, p. 166; this translation of a passage from Cinnabar would correspond to p. 183 of the abovementioned English translation. Again, this seems garbled; “neither affected nor effected me” is nonsense, but Knipe renders it as simply as “remained unaffected.”

[19] [100]

The end of the Republic is somewhat disconcerting. It ends with a strange myth about the afterlife. In this myth, people have the potential to choose the kind of life that they would like lead in their next incarnation. The dialogue concludes on this oddly apolitical note. But I want to argue that actually the whole purpose of the Republic is to lead up to this issue of choosing one’s life, of what kind of life is most choiceworthy.

The theme of choosing your life appears throughout the Republic. It appears in Book I, Book II, Book VII, Book IX, and Book X. There are different ways of formulating the choice of lives. It’s the choice between the private life and the public life, the philosophical and the political life, the life of justice versus the life of injustice, the contemplation of reality versus the manipulation of appearances.

Greg Johnson, “Introduction to Plato’s Republic [101],” reprinted in his From Plato to Postmodernism [102] (San Francisco: Counter-Currents, 2019).

[20] [103] All terms used at various times by Wallace D. Wattles [104], author of The Science of Getting Rich and various similar books.

[21] [105] Out of This World, op. cit., Chapter One, “Thinking Fourth-Dimensionally.”

[22] [106] This, we’ll see, is the “serial universe” of quantum physics, or the “block-universe” of Michael Hoffman, who posits that the ancient Mystery Religions used psychoactive or “entheogenic” drugs to induce a vision of this state of total determinism and loss of agency, then proposed a liberating Savior, such as Mithras or Christ; see, generally, the research collected at egodeath.com [107]. Neville finds freedom rather than determinism here. If Neville were more than fitfully in a philosophical mood, he might admit that our preference in futures is “determined” as well, but might insist that the only meaningful notion of “freedom” is “free to do what we in fact want, unhindered” rather than “free to choose, include what to want,” the so-called liberum arbitrium. As he says in Feeling is the Secret: “Free will is only freedom of choice.”

[23] [108] “In essence, more than eighty years of laboratory experiments show that atomic-scale particles appear in a given place only when a measurement is made. Quantum theory holds that no measurement means no precise and localized object, at least on the atomic scale. In a challenge to our deepest conceptions of reality, quantum data shows that a subatomic particle literally occupies an infinite number of places (a state called “superposition”) until observation manifests it in one place. In quantum mechanics, an observer’s conscious decision to look or not look actually determines what will be there.” All quotes from Horowitz, “A Cosmic Philosopher,” in At Your Command: The First Classic Work by the Visionary Mystic Neville (New York: Snellgrove Publications, 1939; Tarcher Cornerstone Editions, 2016), reviewed here [109] (and reprinted in Mysticism After Modernism).

[24] [110] Ironically, Neville also insists that “Creation is finished,” meaning that all possibilities are already there, four-dimensionally, and need only be chosen in order to be actualized; no “work” is needed to “bring them about.” See “Faith [111],” where Neville compares his doctrine to Richard Feynman [111], who had recently received the Nobel Prize: “I didn’t know it as a scientist. I knew it as a mystic.” Feynman states in a paper from 1949 that “We must now conclude that the entire concept that man held of the universe is false. We always believed that the future developed slowly out of the past. Now, with this concept which we have seen and photographed, we must now conclude that the entire space-time history of the world is laid out, and we only become aware of increasing portions of it successively.”

[25] [112] Path of Cinnabar, p. 230.

[26] [113] Out of This World, loc. cit. Cf. Blake, as frequently quoted by Neville: “All that you behold, though it appears without, it is within, in your imagination of which this world of mortality is but a shadow.” If all this seems opaque, maybe you should see Nolan’s new film, Tenet; a commenter on Trevor Lynch’s review [114] says “Tenet is about belief. The main character is not conscious in what he does, yet his deeper self is looking out for him. Time doesn’t exist to his deeper self, only the present. There’s no point in trying to rationalise or moralise it all, what happens is what happens and that is that; much like life. Be in touch with your spirit, act in accordance with it, possess plentitude and be the true protagonist of your own world. You are complete, a part of existence and exactly where you need to be. Such is freedom. Surrender.”

[27] [115] De Turris, 167-68; he also refers the reader to his Elogio e difesa di Julius Evola: Il barone e it terrroristi (Rome: Edizioni Mediterrranee, 1997).

[28] [116] E. Christian Kopff, “Julius Evola, An Introduction” in Julius Evola, A Traditionalist Confronts Fascism: Selected Essays(London: Arktos, 2015).

[29] [117] See “What Would Evola Do? [118]”, the text of the talk delivered to The New York Forum.

[30] [119] See “Two Orders, Same Man: Evola, Hesse [120],” reprinted in Mysticism After Modernism, op. cit.

[31] [121] Hermann Hesse, The Glass Bead Game, translated from the German Das Glasperlenspiel by Richard and Clara Winston, with a Foreword by Theodore Ziolkowski (New York: Bantam, 1970), p. 425.

[32] [122] Culturally, at least; in the current economy, of course, Neville’s lifestyle seems more out of reach.

[33] [123] There’s no “sin” in being a merchant. Sure, some picturesque versions of Hinduism would claim (re)birth in a lower caste is some kind of punishment, but that’s just what you’d expect a “high” caste person to claim, isn’t it? Evola rejected such “moralistic” accounts of karma — remember, every significant event in one’s life is chosen before birth; he even disparaged Heidegger’s claim that “authentic” “Dasein” must feel “guilty” over its “thrownness” as mere disguised Christianity (see his Ride the Tiger, chapter 15). As Nicholas Jeelvy says [124] about Boomer who “just want to grill”:

Do understand that I’m not knocking these people. They were born with average or below-average IQ and a weaker will than others. This is something they have zero control over. Low IQ and low thumos aren’t crimes. These people very prudently do not want to be involved in politics — they’ve neither the ability nor the inclination. Indeed, they are forced into politics by the republican-democratic system and the concordant liberal culture of “the good citizen” who is engaged with grand ideas. Really, the best these people can muster is local politics, which is why they expect small institutions to scale up. To them, the American federal government is a massive homeowner’s association and the FBI is their local sheriff’s department writ large. Small minds (which are small through no fault of their own) cannot comprehend the nature of macroentities. If they knew what we know about globohomo’s various institutions and agendas, they would be so thoroughly demoralized that they’d either be too depressed to leave their homes or the human submission instinct would kick in and they’d immediately convert to globohomo.

[34] [125] For more on Don Draper, see my End of an Era: Mad Men and the Ordeal of Civility (San Francisco: Counter-Currents, 2015) as well as more recent essays here on Counter-Currents.

[35] [126] After the war, Evola was given lifetime use of an apartment in Rome by a princely admirer.

[36] [127] He left Barbados for New York City at seventeen, eventually became a successful professional dancer on Broadway [128], but also working such jobs as an elevator operator. “I made thousands in a year, and spent it in a month.” Evola boasted of never receiving a paycheck, but this is difficult to reconcile with the evidence de Turris presents of his desperate letters to various officials to try to continue his “stipend” from the Fascist government as the latter collapsed, as well as his journalistic activities; a “paycheck” may suggest subservience to an employer, but Evola’s “stipend” was hardly passive income; if he was a “Baron,” it was more in the style of “Baron” Corvo’s: fiercely independent, but often hand-to-mouth.

[37] [129] “With Neville there’s nothing to join, nothing to buy.” — Mitch Horowitz.

[38 [130]] [130] Evola, though a veteran, was unable to rejoin the Italian military forces because, feeling himself to be “more fascist than the fascists,” he had never joined the party, which was now required for service; see de Turris, p. 69.

[39] [131] “The Secret of the Sperm,” 1965. Hear Neville tell it at 17:50 here [132].

[40] [133] “A Cosmic Philosopher,” pp. 83-84. The lectures are covered in a typically snarky article in The New Yorker (from September 11, 1943!), “A Thin Blue Flame on the Forehead,” scanned here [134].

[41] [135] Even the frickin’ Chinese emperor in Mulan only drafts her elderly father because he has no military age boys.

[42] [136] See Beau Albrecht’s discussion of Sen. Bilbo’s book Take Your Choice, “Part One: Strange Times Ahead [137]” and “Part Two: Stop the Hate [138]!”

[43] [139] See Kerry Bolton, “Ethiopia Pacific Movement: Black Separatists, Seditionists, & How “White Supremacists” Stymied Back-to-Africa,” Part I [140] and Part II [141].

[44] [142] Horowitz’s speculations on the identity of the mysterious Abdullah are in “A Cosmic Philosopher.”

[45] [143] “The Perfect Law of Liberty [144],” 4/2/71. The Epistle of James reads: “Be doers of the word, and not hearers only, deceiving yourself. For he who is a hearer of the word, and not a doer, he is like one who looks into the mirror and sees his natural face; and then he goes away and at once forgets what he looks like. But he who is a doer, he looks into the perfect law, the Law of Liberty, and perseveres. And when he does that, he is blessed in his doing.” (Chapter One).

[46] [145] Mitch Horowitz notes “This passage sounds a note that resonates through various esoteric traditions: One cannot renounce what one has not attained. To move beyond the material world, or its wealth, one must know that wealth. But to Neville — and this became the cornerstone of his philosophy — material attainment was merely a step toward the realization of a much greater and ultimate truth.” See “A Cosmic Philosopher.”

[47] [146] Op. cit.

[48] [147] “A Thin Blue Flame,” p. 64.

[49] [148] “Criswell departed this dimension in 1982” — Ed Wood (Tim Burton, 1992), final credit sequence. Criswell, a very Neville-like figure, also appears in Ed Wood’s last “legit” film, Night of the Ghouls [149] (1957, released 1984), in which a phony psychic (not Criswell!) gets his comeuppance when it turns out he really can raise the dead; again, be careful what you wish for.

[50] [150] “No Other God [151],” 5/10/1968.

[51] [152] Have a Great Day: Daily Affirmations for Positive Living by Norman Vincent Peale (Ballantine, 1985); September 2.

[52] [153] Holy Fable Volume 2: The Gospels and Acts Undistorted by Faith by Robert M. Price (Mindvendor, 2017).

[53] [154]What would Evola Do [155]?”

Article printed from Counter-Currents: https://counter-currents.com

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[1] [1]: #_ftn1

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[3] [3]: #_ftn3

[4] his review: https://www.counter-currents.com/2020/08/julius-evola-the-philosopher-and-magician-in-war-1943-1945/#more-121292

[5] here.: https://counter-currents.com/2014/08/now-available-in-hardcover-paperbackthe-eldritch-evola-others/

[6] this: https://en.wikipedia.org/wiki/The_Wreck_of_the_Titan:_Or,_Futility

[7] there is no fiction: http://realneville.com/txt/there_is_no_fiction.htm

[8] And how can this be: https://youtu.be/O1cEjBxjmm0

[9] [4]: #_ftn4

[10] as the phenomenologists would say: https://en.wikipedia.org/wiki/Epoch%C3%A9#Phenomenology

[11] [5]: #_ftn5

[12] [6]: #_ftn6

[13] [7]: #_ftn7

[14] [8]: #_ftn8

[15] [9]: #_ftn9

[16] [10]: #_ftn10

[17] How Abdullah Taught Neville the Law: https://maxshenkwrites.com/2017/03/24/how-abdullah-taught-neville-the-law-he-turned-his-back-on-me-and-slammed-the-door/

[18] [11]: #_ftn11

[19] Goddard Enterprises: https://www.goddardenterprisesltd.com/history

[20] an offer to buy him the building: https://counter-currents.com/2019/07/artist-autist-crowley-in-the-light-of-neville-part-2/

[21] rewarded with VIP tickets: https://counter-currents.com/2019/05/a-word-from-the-wise-guy-part-ii/

[22] [12]: #_ftn12

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[27] [17]: #_ftn17

[28] [18]: #_ftn18

[29] Myth of Er: https://en.wikipedia.org/wiki/Myth_of_Er

[30] [19]: #_ftn19

[31] [20]: #_ftn20

[32] Out of This World: Thinking Fourth-Dimensionally: https://coolwisdombooks.com/wp-content/uploads/2020/07/WB8A942.jpg

[33] [21]: #_ftn21

[34] [22]: #_ftn22

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[40] here.: https://counter-currents.com/2015/12/green-nazis-in-space-2/

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[46] [33]: #_ftn33

[47] [34]: #_ftn34

[48] marriage with a daughter: https://coolwisdombooks.com/wp-content/uploads/2020/07/S75Wrlm.jpg

[49] [35]: #_ftn35

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[58] [44]: #_ftn44

[59] [45]: #_ftn45

[60] press-gang: https://en.wikipedia.org/wiki/Impressment

[61] [46]: #_ftn46

[62] recounts: https://www.harvbishop.com/neville-goddard-a-cosmic-philospher/

[63] [47]: #_ftn47

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[69] [53]: #_ftn53

[70] what you can do to keep them standing: https://counter-currents.com/2020/09/the-counter-currents-newsletter-august-2020-year-of-decision/

[71] our Entropy page: https://entropystream.live/countercurrents

[72] sign up: https://counter-currents.com/2020/05/sign-up-for-our-new-newsletter/

[73] [1]: #_ftnref1

[74] [2]: #_ftnref2

[75] Believe It In: http://realneville.com/txt/believe_it_in.htm

[76] [3]: #_ftnref3

[77] [4]: #_ftnref4

[78] Mysticism After Modernism: Crowley, Evola, Neville, Watts, Colin Wilson & Other Populist Gurus: https://manticore.press/product/mysticism-after-modernism/

[79] [5]: #_ftnref5

[80] [6]: #_ftnref6

[81] [7]: #_ftnref7

[82] [8]: #_ftnref8

[83] here: http://www.navigatingtheaether.com/2013/10/03/out-of-this-world-by-neville-goddard/

[84] [9]: #_ftnref9

[85] [10]: #_ftnref10

[86] The Spiritual Cause: https://freeneville.com/the-spiritual-cause-may-3-1968-free-neville-goddard-pdf/

[87] [11]: #_ftnref11

[88] here: https://youtu.be/6t6jGfUp5Ps

[89] [12]: #_ftnref12

[90] If Any Two Agree. . .: http://realneville.com/txt/if_any_two_agree.html

[91] [13]: #_ftnref13

[92] Will no one rid me of this turbulent priest: https://en.wikipedia.org/wiki/Will_no_one_rid_me_of_this_turbulent_priest%3F

[93] [14]: #_ftnref14

[94] Faith: http://realneville.com/txt/faith.htm

[95] [15]: #_ftnref15

[96] [16]: #_ftnref16

[97] [17]: #_ftnref17

[98] completed the system of German Idealism: https://counter-currents.com/2017/03/trump-will-complete-the-system-of-german-idealism/

[99] [18]: #_ftnref18

[100] [19]: #_ftnref19

[101] Introduction to Plato’s Republic: https://www.counter-currents.com/2014/05/introduction-to-platos-republic-part-1/

[102] From Plato to Postmodernism: https://www.counter-currents.com/from-plato-to-postmodernism-order/

[103] [20]: #_ftnref20

[104] used at various times by Wallace D. Wattles: https://www.constructivescience.com/2012/11/a-readers-question-about-original-substance-and-other-terms.html

[105] [21]: #_ftnref21

[106] [22]: #_ftnref22

[107] egodeath.com: https://d.docs.live.net/d97440f64d6c8811/Documents/egodeath.com

[108] [23]: #_ftnref23

[109] here: https://www.counter-currents.com/2016/12/lord-kek-commands-a-look-at-the-origins-of-meme-magic/

[110] [24]: #_ftnref24

[111] Faith: https://coolwisdombooks.com/neville-goddard-feynman-time-creation-is-finished/

[112] [25]: #_ftnref25

[113] [26]: #_ftnref26

[114] a commenter on Trevor Lynch’s review: https://www.unz.com/tlynch/review-tenet/#comments

[115] [27]: #_ftnref27

[116] [28]: #_ftnref28

[117] [29]: #_ftnref29

[118] What Would Evola Do?: https://web.archive.org/web/20191228161320/https:/www.counter-currents.com/2017/05/what-would-evola-do/

[119] [30]: #_ftnref30

[120] Two Orders, Same Man: Evola, Hesse: https://web.archive.org/web/20191228161320/https:/www.counter-currents.com/2017/06/two-orders-same-man-2/

[121] [31]: #_ftnref31

[122] [32]: #_ftnref32

[123] [33]: #_ftnref33

[124] says: https://counter-currents.com/2020/09/blackboxing-q/

[125] [34]: #_ftnref34

[126] [35]: #_ftnref35

[127] [36]: #_ftnref36

[128] a successful professional dancer on Broadway: https://coolwisdombooks.com/wp-content/uploads/2020/06/Screenshot_2020-06-09-Clipping-from-The-Tribune-Newspapers-com-1.png

[129] [37]: #_ftnref37

[130] [38: #_ftnref38

[131] [39]: #_ftnref39

[132] here: https://youtu.be/o3dtnDsy52U

[133] [40]: #_ftnref40

[134] here: https://coolwisdombooks.com/neville/neville-goddard-1943-new-yorker-article-a-blue-flame-on-the-forehead/

[135] [41]: #_ftnref41

[136] [42]: #_ftnref42

[137] Part One: Strange Times Ahead: https://counter-currents.com/2020/08/take-your-choice-part-i-strange-times-ahead/

[138] Part Two: Stop the Hate: https://counter-currents.com/2020/08/take-your-choice-part-ii-stop-the-hate/

[139] [43]: #_ftnref43

[140] Part I: https://counter-currents.com/2020/09/ethiopia-pacific-movement-part-one/

[141] Part II: https://counter-currents.com/2020/09/ethiopia-pacific-movement-part-ii/

[142] [44]: #_ftnref44

[143] [45]: #_ftnref45

[144] The Perfect Law of Liberty: https://nevillegoddardbooks.com/neville-goddard-text-lectures/the-perfect-law-of-liberty/

[145] [46]: #_ftnref46

[146] [47]: #_ftnref47

[147] [48]: #_ftnref48

[148] [49]: #_ftnref49

[149] Night of the Ghouls: https://en.wikipedia.org/wiki/Night_of_the_Ghouls

[150] [50]: #_ftnref50

[151] No Other God: http://realneville.com/txt/no_other_god.htm

[152] [51]: #_ftnref51

[153] [52]: #_ftnref52

[154] [53]: #_ftnref53

[155] What would Evola Do: https://counter-currents.com/2017/05/what-would-evola-do/