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lundi, 15 mai 2017

VS: sancties als EU Londen hard aanpakt na brexit

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VS: sancties als EU Londen hard aanpakt na brexit

De Verenigde Staten willen dat Londen het financiële centrum van Europa blijft, ook na de brexit. De Amerikanen dreigen met sancties als Brussel financiële instellingen in Londen dwingt belangrijke activiteiten naar het Europese vasteland te verplaatsen.

Jeroen Van Wensen 
Bron: De Volkskrant

De voorzitter van de Amerikaanse toezichthouder CFTC, Chris Giancarlo zei woensdag dat de Verenigde Staten "tegenmaatregelen" zullen nemen als de EU in de brexitonderhandelingen eist dat de zogenoemde 'clearing' van financiële transacties die in euro's worden afgerekend, voortaan in het eurogebied moeten plaatsvinden.

Londen dankt zijn positie als financieel centrum mede aan het feit dat 's werelds grootste clearinghuizen daar gevestigd zijn. Een gedwongen verhuizing naar het eurogebied kan de City 83.000 banen kosten, becijferde consultancyclub EY in 2016. Amsterdam, Parijs en Frankfurt strijden om de financiële instellingen die als gevolg van de brexit Londen verlaten.

"Balkanisering"

Driekwart van de rentederivaten gedenomineerd in euro's wordt nu afgehandeld door clearinghuizen in Londen. Dagelijks gaat daar een bedrag van 850 miljard euro in om. Als een clearinghuis in de problemen komt, kunnen de gevolgen groot zijn. De Europese Centrale Bank wil daarom dat clearinghuizen die handelen in eurocontracten in het eigen toezichtsgebied zijn gevestigd. Dat betekent dus verhuizen, als Londen straks niet meer in de EU ligt.

Maar de VS zijn bang voor een "balkanisering" cq. versnippering van de financiële markten, wanneer elk land of muntunie zijn eigen clearing gaat regelen. Dat leidt tot hogere kosten voor financiële instellingen bij het handelen in effecten of derivaten. Bovendien denken de Amerikanen dat het toezicht op de clearinghuizen door die versnippering minder effectief wordt.

Strijd

Jaap Koelewijn, hoogleraar Corporate Finance aan de Nederlandse Nyenrode Business Universiteit, kan wel meevoelen met de Amerikanen. "Ik verdenk de EU ervan hiermee politiek te bedrijven", zegt hij. "Waarom zouden de Europeanen beter toezicht kunnen houden dan de Britten? Het lijkt een beetje plagerij van de EU in het kader van de brexit."

Er woedt al jaren strijd tussen de eurolanden en de Britten over de clearingactiviteiten die plaatsvinden in euro's. In 2015 haalden de Britten hun gelijk bij het Hof van Justitie van de Europese Unie. Dat oordeelde toen dat clearinghuizen vanuit Londen transacties in euro's mochten blijven afhandelen. Nu de Britten waarschijnlijk in 2019 de EU verlaten, zet Brussel de kwestie opnieuw op de agenda.

Clearinghuizen

Clearinghuizen zijn de oliemannetjes van de financiële markten. Ze zorgen ervoor dat kopers en verkopers van effecten (aandelen, obligaties) en derivaten (opties, futures, warrants) erop kunnen vertrouwen dat de tegenpartij in de transactie zijn verplichtingen nakomt. Als koper en verkoper elkaar in de ogen kunnen kijken, hoeft dat niet. Wie een bloemkool koopt van een groenteman op de markt, geeft met de ene hand geld en pakt met de andere hand meteen de bloemkool. Dat 'gelijk oversteken' bij een transactie is niet mogelijk als de koper en verkoper zich op grote afstand van elkaar bevinden.

Een belegger in Amsterdam die een pakket aandelen koopt van iemand in New York moet geld overmaken en dan maar hopen dat de ander de gekochte aandelen levert. Clearinghuizen garanderen dit door als tussenpersoon op te treden. Zij ontvangen zowel het geld van de koper als de aandelen van de verkoper en laten de transactie pas doorgaan als beide partijen hebben geleverd.

Voor die dienstverlening vraagt het een flinke commissie. Clearing is één van de meest winstgevende activiteiten in de financiële wereld.


Bron:  http://www.demorgen.be/economie/vs-sancties-als-eu-londen... 
 

samedi, 13 mai 2017

Les conceptions atlantiques et européennes de Charles de Gaulle et de Ludwig Erhard, 1963-1966

charles de gaulle, ludwig ehrard, france, allemagne, union européenne, marché commun, europe, affaires européennes, histoire, économie, années 60,

Grandeur ou Grand Marché?

Les conceptions atlantiques et européennes
de Charles de Gaulle et de Ludwig Erhard,

1963-1966

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Frederik Dhondt 

Mémoire de Recherche 

Academiejaar: 2008-2009

Institut d'Études Politiques de Paris
ÉCOLE DOCTORALE DE SCIENCES PO
Master 2 recherche : Relations Internationales (Histoire)  

Soutenu le 24 septembre 2009

Mémoire sous direction du Prof. Maurice VAÏSSE

Jury : M. Maurice VAÏSSE (Professeur des Universités à l’IEP de Paris)
M. Christian WENKEL (Docteur en Histoire, Institut Historique Allemand/IEP de Paris)

jeudi, 20 avril 2017

Euro : révolver sur la tempe de Marine Le Pen

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Euro : révolver sur la tempe de Marine Le Pen

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com 

Et c’est elle qui a armé le barillet : son projet de sortie de l’euro,    risque de lui interdire une victoire possible au second tour, en détournant une partie déterminante de son électorat potentiel. Pourtant, déjouant les pronostics, après le lamentable épisode Fillon, qui aurait pu fissurer le ”plafond de verre” empêchant Marine Le Pen de l’emporter au second tour, une promesse de victoire n’était pas impossible. Mais voilà… la gaffe de la sortie de l’euro fait peur.

Le fragile atout de Marine : TSM, ” tout sauf Macron ! ”

Face à Fillon au second tour, Marine Le Pen perd. Contrairement à la propagande des médias (pro–Macron à 80%), opposée à Macron, elle peut vaincre. Car en cas de duel au second tour Fillon – MLP, cette dernière serait éliminée à coup sûr, tous les électeurs de Macron et des autres candidats de gauche se reportant sur Fillon, selon la discipline du ”front républicain”. En revanche, un second tour Macron–MLP pourrait voir Marine Le Pen l’emporter : parce qu’une partie de l’électorat Fillon  ne voterait pas Macron, l’héritier de Hollande, mais MLP, par hostilité à cet intrigant, perçu comme un imposteur. Défenseur d’idées laxistes pro–immigration, cosmopolites et francophobes snobs, partisan de la ”discrimination positive”, euphémisme pour racisme institutionnel anti–Français de souche, accusant son propre pays de ”crimes contre l’humanité”, silencieux sur le génocide des chrétiens d’Orient, affirmant l’inexistence d’une ”culture française”, le candidat Macron peut ne pas bénéficier d’un report de voix de la droite filloniste face à MLP. Donc, contrairement aux sondages peu crédibles, Marine Le Pen, récoltant une partie de l’électorat Fillon (”tout sauf Macron !”) pourrait  faire un score légèrement supérieur au faux nez de Hollande et …être élue à l’Élysée.

À ce propos, on notera qu’au cours de ses meetings, Fillon fait très aisément siffler Macron mais échoue lamentablement à faire siffler Marine Le Pen. 

Mais cette chance historique de la présidente du FN d’accéder à l’Élysée est plombée par son programme fébrile de sortie de l’euro, qui s’ajoute à son projet économique ultra–conservateur de gauche, dans le prolongement de la léthargie socialo–étatiste des Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande, voire flirtant avec les momies marxistes Mélenchon et Hamon. Son électorat ne comprend pas : la sortie de l’euro n’est vraiment pas pour lui la priorité…    

Mais avant de critiquer Marine Le Pen, critiquons l’euro

L’euro était une fausse bonne idée. Associer dans une monnaie commune des économies très divergentes, n’était pas une décision économique rationnelle, mais purement politique. L’euro est un projet allemand de domination économique cynique. La France (le naïf Giscard) a suivi le projet par romantisme européiste. L’euro n’était – et n’est toujours– ni plus ni moins que le mark, camouflé sous un faux nez. D’ailleurs, la parité a été fixée à l’époque à 1€ = 2 DM et le siège de la BCE qui gère l’euro est à Francfort. Quelle coïncidence… 

Un des effets pervers de l’euro a été qu’il a permis de faire baisser les taux d’intérêts des emprunts internationaux – grâce à la politique de la BCE de Francfort–  et donc d’encourager à s’endetter de manière irresponsable, notamment les États français et grec, les plus pusillanimes et gauchisés d’Europe. Il ne fallait pas créer l’euro, mais, c’est trop tard : il serait dévastateur de sortir brutalement de cette énorme machine, de ce monstre monétaire. On doit malheureusement faire avec. Et le réformer progressivement. Modifier l’euro de l’intérieur (comme l’UE) serait plus pertinent que revenir à un ”nouveau franc” folklorique : ce remède enfantin serait pire que le mal. 

MLP a parfaitement raison de critiquer la catastrophique Europe de Bruxelles. Elle pose de bonnes questions, mais apporte de mauvaises réponses. Son projet mal ficelé de sortie  inquiète son électorat ; ce qui risque de lui retirer quelques points  fatidiques qui lui permettraient de franchir la barre des 50% au second tour. N’oublions pas que, selon les sondages – qui ne se trompent que de quelques  points dans le pire des cas – 72% des Français ne veulent surtout pas sortir de l’euro. Le pari de Marine Le Pen de renverser cette tendance lourde est impossible à gagner.  

Très graves inconvénients d’une sortie de l’euro

La sortie de la France de l’euro, même négociée –forcément mal–, serait très aventureuse. Elle provoquerait tout d’abord dans les six mois une dévaluation d’au moins 25% du ”nouveau franc”. Tous les détenteurs d’avoirs, particuliers ou entreprises modestes, perdraient une grande partie de leur épargne ou capital. 

D’autre part, cette dévalorisation du ”nouveau franc” générerait une puissante inflation par la hausse de prix des produits importés et même des produits fabriqués en France puisque ces derniers incorporent de nombreux composants importés. D’où une baisse du pouvoir d’achat. La fuite des capitaux, des cerveaux et des compétences s’accroîtrait. Le contrôle des changes serait rétabli. Les détenteurs d’assurance–vie subiraient une limitation de retirer leur épargne, ajoutée à sa dévalorisation fiduciaire.  

« Un projet de sortie de l’euro indissociable d’un défaut sur la dette française […] implique une explosion du chômage et de l’inflation ainsi qu’une chute d’au moins 20 % du pouvoir d’achat des Français », affirme Nicolas Baverez (Le Figaro, 17/ 04/ 2017). Certes, à son habitude, ce catastrophiste patenté exagère peut-être, mais les conseillers économiques du Front national sont–ils vraiment compétents ? 

Quitter l’euro et le remplacer par ”un nouveau franc”, préviennent les deux agences de notation Moody’s et Standard & Poor’s – qu’on peut ne pas aimer mais dont les prévisions ont très rarement été mises en défaut – reviendrait à mettre la France en cessation de paiement à l’image de la Grèce ou jadis de l’Argentine. Cela impliquerait non seulement de ne plus pouvoir rembourser les intérêts de la dette, mais ne plus pouvoir emprunter. Donc être obligé de cesser de payer à 100% les 6 millions de fonctionnaires et agents publics et autres millions de retraités de ce secteur. Sans parler de la Sécu, endettée jusqu’au cou, qui cesserait de fonctionner, faute de liquidités.

Le pays pourrait être acculé à la faillite. En effet, c’est tout bête : si vous ne pouvez plus rembourser vos créanciers, vous ne pouvez plus continuer à leur emprunter. Et aucun État ne peut forcer les ”marchés”  à lui prêter !  

En cas de sortie effective de l’euro et de son remplacement par une ”nouveau franc”, les premières victimes seraient – non pas les très riches ou les multinationales  – mais les classes moyennes modestes et les petites entreprises, qui verraient s’effondrer la valeur de leurs avoirs, transcrits dans une monnaie dévalorisée. 

Le sophisme de retrouver la ”souveraineté monétaire”

Les arguments en faveur du retour au franc s’appuient sur les exemples du franc suisse, de la couronne suédoise ou de la livre sterling, monnaies de pays prospères qui n’ont jamais adopté l’euro ni inconsidérément changé de monnaie ! Le problème, c’est la mutation monétaire de l’euro, grande monnaie (mal) mutualisée, vers une nouvelle monnaie ressuscitée – le franc – qui ne bénéficierait plus d’aucune confiance ou crédibilité internationales. La réincarnation d’un ectoplasme.    

La candidate MLP, en rétablissant le franc, argumente qu’elle rendra à la France sa « souveraineté monétaire ». Rien de moins sûr avec les étranglements que provoquerait le retour au franc, notamment la mise sous tutelle du pays par le FMI et les autres créanciers, du fait d’une explosion de la dette (dévalorisation du franc et majoration des taux d’intérêt) et de l’impossibilité de la rembourser en euros, la monnaie où elle a été libellée.

Un retour forcé au franc, qui deviendrait une monnaie de singe, aurait exactement l’effet inverse : l’esclavage monétaire. Et l’humiliation de mendier des crédits à la BCE.  La raison (principe de réalité) est que la France est endettée jusqu’au cou auprès des créanciers étrangers  – et non pas nationaux comme le Japon, la Chine et les USA– et qu’un retour au franc signifierait une mise sous tutelle internationale, de notre pays  à l’économie objectivement socialiste.

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Brexit et Frexit : rien à voir

Marine Le Pen a beau expliquer quelle serait ”sage”, qu’elle négocierait avec Bruxelles, l’Allemagne et nos autres partenaires une sortie en douceur de la France de l’euro et une sorte de ”Frexit”, bien peu croient à ce scénario Blanche–Neige. Elle fustige les mauvais prophètes qui prédisaient une catastrophe en cas de vote pour le Brexit. Elle compare un Brexit qui, pour l’instant, ne se passe pas trop mal à un Frexit (France exit, sortie de la France de l’UE). Mais ça n’a rien à voir ! Comparaison n’est pas raison. La Grande Bretagne n’a jamais été réellement membre de l’UE. Elle ne participe ni à l’euro, ni à Schengen et bénéficie d’un régime financier dérogatoire depuis Mme Thatcher.     

Si Marine Le Pen est élue, elle a peu de chance de parvenir à un abandon de l’euro par la France. (D’autant qu’elle risque de ne pas avoir de majorité parlementaire ni de majorité populaire en cas de référendum sur la sortie de l’euro) et de l’UE). Mais  cette éventualité peut créer un vent de panique sur les marchés, provoquant une fuite des capitaux et un recul des investissements en France, causes supplémentaires de destructions d’emplois.

Sortie de l’euro : préoccupation marginale dans l’électorat FN

Alors que Marine Le Pen et le Front national avaient un boulevard devant eux en se présentant comme le seul espoir crédible face à l’invasion migratoire incontrôlée, à l’islamisation massive, à la destruction de l’identité nationale, à l’explosion de la criminalité et de l’insécurité, à l’effondrement de l’école publique, à la marginalisation de la ”France périphérique”, voilà qu’ils se focalisent sur des sujets mal travaillés comme la sortie de l’euro. Ces positions inquiètent les classes populaires, qui craignent un aventurisme d’amateurs et redoutent que le FN, dans son obsession anti–euro, ait oublié leurs préoccupations centrales.  

Une majorité de Français, y compris parmi les nostalgiques du franc et de la souveraineté monétaire française, redoute une sortie de la France de l’euro, par réalisme. Et surtout pour leurs propres économies ! L’assurance–vie est plus importante que l’idéologie…

Le vote FN est motivé par l’immigration, pas par l’euro !  

La motivation du vote FN chez les classes populaires, mais pas seulement, est d’abord la révolte silencieuse contre l’immigration invasive et l’islamisation avec ses conséquences innombrables qui pourrissent la vie de millions de nos concitoyens modestes. La sortie de l’euro avancée comme priorité par MLP leur apparaît donc comme un projet très secondaire, voire utopique et dangereux pour leurs modestes économies. Ce n’est pas qu’ils soient attachés à l’euro ou à l’UE actuelle, très loin s’en faut, mais ils pensent que l’acharnement de MLP contre l’euro et l’UE est une obsession qui ne correspond pas à leurs  préoccupations centrales. Elle risque donc de perdre des milliers (euphémisme) de voix qui lui était acquises. 

Surtout avec ce scénario de référendum : une telle consultation sur la sortie de l’euro et de l’UE, proposée par MLP de manière inconséquente, serait suicidaire pour elle si elle était élue présidente  de la République. Car un ”non” serait probable et la carboniserait, la forçant à démissionner, avec un bonnet d’âne sur la tête et la mort du Front national.  

La confusion des priorités dessert gravement le FN

Les classes populaires françaises se méfient des mesures ”sociales” collectivistes et utopiques qui abondent dans le programme du FN ; elles exigent d’abord, parce qu’elles sont en première ligne, une protection contre l’immigration invasive, l’insécurité endémique qu’elle provoque et les transferts financiers à leur détriment et au bénéfice des aliens.

Marine Le Pen fait de la sortie de l’euro ce qu’elle croit être un  point fort alors que c’est un point faible. Elle s’est enferrée dans un scénario ingérable de référendum et de démission de sa part si elle le perd, ce qui est l’hypothèse la plus probable. Personne n’y comprend plus rien.  

Plutôt que la sortie de l’euro, il fallait un plan astucieux, ”gaullien”, de désobéissance aux institutions de l’UE (Commission, Cour de Justice, Conseil, etc.) selon le principe machiavélien du fait accompli. Mais surtout pas un chantage enfantin qui, finalement, rassure ses ennemis.     

Dans l’urgence, il faut que Marine Le Pen amende son discours sur la sortie de l’euro (pas sur sa critique de l’UE, bien au contraire) en rassurant une partie indispensable de ses électeurs. Elle devrait aussi abandonner cette psychorigidité perdante qu’elle a exprimée dans une interview au Figaro  du 18 avril : la rédaction lui demande si elle ”partirait” (démissionnerait de sa présidence) en cas d’échec de son référendum sur la sortie de l’UE et de l’euro. Elle répond de manière affligeante : « je ne considère pas la politique comme du rodéo, où il faut à tout pris rester sur son cheval ».

Ce qui signifie : je me laisserai tomber de mon cheval si je suis désarçonnée, je démissionnerai sans me battre si je perds mon référendum. Tout ou rien. Ce n’est pas très enthousiasmant. Je voterai tout de même pour elle, mais sans illusions.   

vendredi, 17 mars 2017

Heilige Krieger am Bosporus

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Heilige Krieger am Bosporus

von Michael Paulwitz

Ex: http://www.jungefreiheit.de 

Hoppla, ist es schon wieder soweit? War doch erst 1526 und 1683, daß türkische Armeen vor Wien standen. Und jetzt droht der türkische Außenminister Mevlüt Çavuşoğlu Europa schon wieder mit „heiligen Kriegen“?

Çavuşoğlu ist die Stimme seines Herrn: Staatspräsident Recep Tayyip Erdoğan warf dem Europäischen Gerichtshof in einer im Fernsehen übertragenen Rede vor, er habe mit seinem Kopftuch-Urteil „einen Kreuzzug gegen den Halbmond“ gestartet. Seine begeisterten Anhänger werden’s schon richtig verstanden haben: Wir schlagen zurück.

„Wo ist die Glaubensfreiheit? Wo ist die Religionsfreiheit?“ schimpfte Erdoğan. Heißt das, Europa soll sich ein Beispiel an der „Religionsfreiheit“ in der Türkei nehmen, wo Christen in bester osmanischer Tradition wie „Schutzbefohlene“ und Untertanen zweiter Klasse mit bürokratischer Verfolgung überzogen werden und die Behörden achselzuckend wegschauen, wenn mal wieder einer massakriert wird?

„Die Türkei befiehlt“

Natürlich nicht. Çavuşoğlu spricht ja Klartext: „Die Türkei befiehlt“, sie steht für die „Umma“, die weltweite Gemeinschaft von „zwei Milliarden“ Muslimen. Wer was will, soll gefälligst demütig bitten.

Man kann das in dieser Häufung nicht einfach nur als überzogenes Wahlkampfgetöse eines hochnervösen Autokraten und seiner Paladine abtun. Der Propagandafeldzug verschärft die Tonlage, da wird schon mal offen ausgesprochen, was man sich sonst nur bei sich denkt, solange man diplomatisch schöntut. So gesehen muß man Erdoğan und seiner Truppe geradezu dankbar sein, daß sie mal aus ihrem Herzen keine Mördergrube machen.

Denn der „Krieg“ hat längst begonnen. Er wird nur nicht mit Krummsäbel, Pauken und Janitscharenmusik geführt wie zu Zeiten Süleymans des Prächtigen. Sein Epigone Erdoğan setzt lieber auf die Migrationswaffe, mit der er mal mehr, mal weniger offen droht. In letzter Zeit eher aggressiv und unverblümt.

Grenzen selbst schützen

Erdoğan ist, wie man schon lange weiß, ein in der Wolle gefärbter Islamist. Er fühlt sich in der Nachfolge der osmanischen Sultane als Schutzherr des Islam, der die Grenzen der muslimischen Welt weiter ausdehnt. Jeder illegale Einwanderer, den er als „Flüchtling“ nach Europa weiterreichen kann, ist ein Beitrag zu diesem Werk.

Das bedeutet nicht, daß Europas Staatenlenker jetzt die großspurige martialische Rhetorik des Möchtegern-Sultans kopieren und mit gleicher Münze zurückgeben sollten. Wohl aber sollten sie die entlarvenden Tourette-Anfälle der Erdoğan-Crew zum Anlaß nehmen, die Lage nüchtern zu überdenken und daraus die richtigen Konsequenzen zu ziehen.

Heißt: Nicht auch noch kollaborieren, wenn die hier lebenden Türken zur „Fünften Kolonne“ aufgestachelt werden. Wer türkische Innenpolitik treiben will, kann das gern in der Türkei tun. Keine törichten Abkommen schließen, die die muslimische Masseneinwanderung auch noch institutionalisieren. Und vor allem: Die Grenzen selbst schützen, statt noch länger den Bock zum Gärtner zu machen.

Bei der Gelegenheit kann man ja daran erinnern, daß auch frühere „Heilige Kriege“ gegen das Abendland am Ende doch immer gescheitert sind – obwohl Europa da noch viel zerstrittener war als heute.

mardi, 14 mars 2017

Qui commande en France: Paris ou Ankara?

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Qui commande en France: Paris ou Ankara?

Communique de presse de Jacques Myard

Ex: http://www.lesobservateurs.ch 

12 mars 2017

Le 9 mars dernier je marquais mon étonnement dans un communiqué reproduit ce dessous, du silence des Etats européens qui restaient sans voix alors que le sieur Erdogan traitait l’Allemagne de Nazie, certaines communes allemandes ayant interdit des réunions politiques présidées par des ministres turcs.

L’affaire se reproduit quelques jours plus tard cette fois-ci avec les Pays-bas qui refuse d’accueillir le ministre turc des affaires étrangères, ce qui suscite les mêmes accusations de nazisme de Recep Erdogan.

Mais l’affaire ne s’arrête pas à cette nouvelle salve d’insultes parfaitement inadmissibles et scandaleuses, les Français apprennent avec stupéfaction que le-dit ministre turc refusé d’accès aux Pays-Bas s’est posé à Metz où il a tenu sa réunion : incroyable mais vrai !

Paris en autorisant cette réunion commet une triple faute :

1) Le gouvernement foule au pied la plus élémentaire solidarité à l’égard de l’un de nos alliés et partenaires européens alors même que le tandem Hollande-Cazeneuve nous rabâche leur sempiternel pathos pro-européen : belle hypocrisie !

2) La réunion politique turque est une violation directe de la souveraineté de la France en ce qu’elle est un acte d’une puissance publique étrangère effectué sur le territoire national. Si le droit international public autorise des étrangers à voter pour des élections nationales la France encadre ce droit rigoureusement afin d’éviter les dérives politiques et débordements: en réponse à ma question écrite que je lui ai posée, le ministre de l’intérieur m’indique au JORF le 7 Octobre 2014 notamment:

« Tout État étranger qui souhaite organiser en France une élection nationale se voit rappeler de façon systématique l’interdiction : d’afficher en dehors des locaux diplomatiques et consulaires ; de réunion dans des lieux publics ouverts ; de distribution de tracts, profession de foi… »

La réponse souligne aussi l’exigence de réciprocité… À ce titre on peut se montrer un peu curieux….

Dans ces conditions la liberté d’expression évoquée par le secrétaire général de la Préfecture, sans doute sur ordre, est un argument hors de propos car ce qui est en jeux c’est le respect de notre souveraineté qui doit conduire un Etat étranger à la retenue !

3) Mais le gouvernement en s’écartant des principes réaffirmés en 2014 et en lâchant la bride à un homme qui n’en restera pas là – ce dernier a parfaitement compris la lâcheté d’un gouvernement à bout de course – a commis une faute diplomatique qu’il sera très difficile de corriger sauf au prix d’une crise majeure .

La diplomatie demande du courage et surtout de la lucidité !

Le 9 mars 2017

La Turquie n’est plus la Sublime Porte ! 

Les péripéties de notre élection présidentielle nous font parfois oublier les enjeux réels du monde dont les conséquences peuvent être beaucoup plus dramatiques sur notre destin que nos querelles internes.

La radicalisation islamique de la Turquie est, à l’évidence, une tendance structurelle, de fond, qui est en passe d’éradiquer toutes les forces laïques.

Plus graves encore sont les prétentions arrogantes du régime de diffuser sa propagande en Europe auprès de ses expatriés en violation de la souveraineté des États où ils se trouvent.

En application de la souveraineté de chaque État, le droit international public interdit à un Etat étranger de conduire des actions politiques auprès de ses nationaux expatriés.

Erdogan viole ce principe et, en accusant l’Allemagne de nazisme, il insulte notre voisin alors que des communes décident de refuser que des Ministres turcs viennent faire campagne pour la gloire du régime turc.

 Il n’est pas admissible qu’il n’y ait eu aucune protestation des États européens au motif qu’il ne faut pas « froisser » Ankara en raison de son rôle dans la question des migrants.

C’est là une lâcheté sans pareille, que nous allons payer cher, car Erdogan a bien l’intention de pousser son avantage et d’utiliser les diasporas turques à des fins politiques pour peser sur les choix des Européens dans tous les domaines, internes et externes.

Il sera alors trop tard, mais nous aurons été prévenus !

Site de Jacques Myard : www.jacques-myard.org

Jacques Myard, Député-Maire de Maisons-Laffitte, Président du Cercle Nation et République, Membre de la commission des affaires étrangères et européenne.

Jacques Myard, Député-Maire de Maisons-Laffitte, Président du Cercle Nation et République, Membre de la commission des affaires étrangères et européenne.

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Philippe Randa,
Directeur d’EuroLibertés.

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Is Turkey Lost to the West?

Ex: http://lewrockwell.com

Not long ago, a democratizing Turkey, with the second-largest army in NATO, appeared on track to join the European Union.

That’s not likely now, or perhaps ever.

Last week, President Recep Tayyip Erdogan compared Angela Merkel’s Germany to Hitler’s, said the Netherlands was full of “Nazi remnants” and “fascists,” and suggested the Dutch ambassador go home.

What precipitated Erdogan’s outbursts?

City officials in Germany refused to let him campaign in Turkish immigrant communities on behalf of an April 16 referendum proposal to augment his powers.

When the Netherlands denied Turkish Foreign Minister Mevlut Cavusoglu landing rights, he exploded, saying: “The Netherlands … are reminiscent of the Europe of World War II. The same racism, Islamophobia, xenophobia, anti-Semitism.”

When Turkey’s family and social policies minister, Betul Sayan Kaya, drove from Germany to Rotterdam to the campaign, Dutch police blocked her from entering the Turkish consulate and escorted her back to Germany.

Liberal Europeans see Erdogan’s referendum as a power grab by an unpredictable and volatile ruler who has fired 100,000 civil servants and jailed 40,000 Turks after last summer’s attempted coup and is converting his country into a dictatorship.

This crisis was tailor-made for Geert Wilders, the anti-EU, anti-Muslim Dutch nationalist who is on the ballot in Wednesday’s Dutch general election.

Claiming credit for the tough stance of conservative Prime Minister Mark Rutte, Wilders tweeted: “I am telling all Turks in the Netherlands that agree with Erdogan: GO to Turkey and NEVER come back!”

“Wilders is a racist, fascist Nazi,” replied Cavusoglu.

Wilders had been fading from his front-runner position, but this episode may have brought him back. While no major Dutch party would join a government led by Wilders, if he runs first in the election March 15, the shock to Europe would be tremendous.

Rutte, however, who dominated the media through the weekend confrontation with the Turks, could be the beneficiary, as a resurgent nationalism pulls all parties toward the right.

All Europe now seems to be piling on the Turks. Danes, Swedes, and Swiss are taking Europe’s side against Erdogan.

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Marine Le Pen, the leader of the populist National Front in France, called on the socialist regime to deny Turkish leaders permission to campaign in Turkish communities. She was echoed by conservative party candidate Francois Fillon, whose once-bright hopes for the presidency all but collapsed after it was learned his wife and children had held do-nothing jobs on the government payroll.

On April 23 comes the first round of the French elections. And one outcome appears predictable. Neither of the major parties — the socialists of President Francois Hollande or the Republicans of ex-President Nicolas Sarkozy — may make it into the May 7 finals.

Le Pen, the anti-EU populist who would lift sanctions on Putin’s Russia, is running even with 39-year-old Emmanuel Macron, a socialist running as the independent leader of a new movement.

Should Le Pen run first in April, the shock to Europe would be far greater than when her father, Jean-Marie Le Pen, made the finals in 2002.

At the end of 2017, neither Wilders nor Le Pen is likely to be in power, but the forces driving their candidacies are growing stronger.

Foremost among these is the gnawing ethnonational fear across Europe that the migration from the South — Maghreb, the Middle East, and the sub-Sahara — is unstoppable and will eventually swamp the countries, cultures, and civilization of Europe and the West.

The ugly and brutal diplomatic confrontation with Turkey may make things worse, as the Turks, after generous payments from Germany, have kept Syrian civil war refugees from crossing its borders into Europe. Should Ankara open the gates, a new immigration crisis could engulf Europe this spring and summer.

Other ethnonational crises are brewing in a familiar place, the Balkans, among the successor states born of the 1990s breakup of Yugoslavia.

In Bosnia, secessionists seek to pull the Serb Republic away from Sarajevo toward Belgrade. The Albanian minority in Macedonia is denouncing political discrimination. The Serbs left behind after Kosovo broke loose in 1999, thanks to 78 days of U.S. bombing of Serbia, have never been reconciled to their fate.

Montenegro has charged Russia with backing an attempted coup late last year to prevent the tiny nation from joining NATO.

The Financial Times sees Vladimir Putin’s hand in what is going on in the Western Balkans, where World War I was ignited with the June 1914 assassination of the Austrian archduke in Sarajevo.

The upshot of all this:

Turkey, a powerful and reliable ally of the U.S. through the Cold War, appears to becoming unmoored from Europe and the West and is becoming increasingly sectarian, autocratic and nationalistic.

While anti-immigrant and anti-EU parties across Europe may not take power anywhere in 2017, theirs is now a permanent and growing presence, leeching away support from centrist parties left and right.

With Russia’s deepening ties to populist and nationalist parties across Europe, from Paris to Istanbul, Vlad is back in the game.

jeudi, 16 février 2017

L’Union Européenne, un bouc émissaire un peu trop facile

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L’Union Européenne, un bouc émissaire un peu trop facile

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

A chaque fois qu’une politique européenne réussit, chaque gouvernement national s’attribue tout le mérite. En revanche dès qu’une politique nationale se révèle un échec, ou rencontre de très grandes difficultés alors l’Union Européenne est la seule responsable et bien sûr coupable. Que cela soit l’attitude des gouvernements nationaux au pouvoir est parfaitement logique. Ils fuient leurs responsabilités à chaque fois que c’est possible. Que les partis d’opposition, et notamment ceux de droite nationale, qui font désormais du souverainisme le cœur de leur message, agissent de la même façon, est étrange.

Au lieu en effet d’accuser les dirigeants nationaux de mettre en œuvre des politiques nocives pour les peuples, ils les exonèrent d’une certaine manière en accusant la « toute puissante Union Européenne » de leur dicter des politiques auxquelles sinon ils s’opposeraient. Ces souverainistes fétichisent ainsi l’Etat national qui par définition à leurs yeux ne peut pas faire d’erreur. Avec eux, l’Union Européenne, qui a certes souvent tort ces dernières années, est toujours en faute, quoi qu’elle fasse ou ne fasse pas d’ailleurs. Elle est accusée de tout et son contraire. On lui reproche son ultra-libéralisme et sa soumission aux dogmes du libre-échange mais elle serait la nouvelle URSS. On l’accuse d’être permissive face aux flux migratoires, mais dans le même temps d’être raciste, en voulant distinguer les Européens et ceux qui ne le sont pas.

Prenons l’exemple de l’immigration, thème qui est à la base du vote populaire croissant dont les partis de droite nationale bénéficient puisque le reste de la classe politique nationale et « européenne » leur laisse ce thème en monopole. Est-ce que l’Union Européenne en est responsable par le biais de l’espace Schengen, dont le Royaume-Uni n’a jamais fait partie, ce que les défenseurs du « brexit » oublient généralement de dire ?

Schengen définit l’absence de frontières à l’intérieur de son espace mais laisse aux Etats limitrophes de l’espace extérieur à l’UE (Grèce, Espagne, Italie notamment) la responsabilité de leur protection. Or il est un fait que ces pays sont dirigés par des gouvernements très permissifs en ce domaine et qui souhaitent simplement que le migrant ne fasse que transiter par leur territoire jusqu’à arriver dans des pays plus laxistes en matière d’accès aux aides sociales, comme la France ou la Belgique, et plus récemment l’Allemagne.

L’Union Européenne est-elle donc responsable d’un appel d’air migratoire ? Notons d’abord que c’est Angela Merkel qui, de son propre chef et sans en informer ses partenaires ou les dirigeants de l’UE, a décidé d’ouvrir ses frontières aux migrants prétendument venus de Syrie, bien que beaucoup viennent de partout sauf de Syrie. C’est donc une dirigeante nationale qui, de manière souveraine, a décidé de cette politique d’un nombre croissant d’Allemands lui reproche. Mais il en a toujours été ainsi.

C’est en effet dans le pays le plus europhobe d’Europe, le Royaume-Uni, dont le vote en faveur d’un « brexit », prôné depuis des années par tous les grands quotidiens britanniques, qui n’ont cessé d’accuser l’UE de tous les maux, illustre le peu de popularité dont jouit l’Union Européenne, à tort ou à raison, dans ce pays, que l’immigration post-coloniale a commencé, de par la volonté de la gauche travailliste, le Labour. Déjà dans les années 50, des émeutes « ethniques » ont commencé à éclater et ceux qui s’en sont émus, à l’instar du conservateur Enoch Powell, ont très vite été diabolisés.

En France, dès la Libération, le patronat, dans une alliance surprenante avec les communistes, a commencé à prôner une immigration post-coloniale pour « reconstruire la pays ». De Gaulle, avant sa démission en 1946, prônait au contraire une immigration strictement européenne.  De même, c’est en 1963 que le gouvernement allemand a signé un accord avec la Turquie pour faire venir des centaines de milliers de travailleurs turcs en Allemagne, à une époque où régnait à Berlin le principe du « droit du sang » jusqu’à ce que Schröder en 2000 y ajoute un droit du sol.

Ce sont donc bien les Etats « nationaux » qui sont responsables de cette politique migratoire, ayant amorcé le processus et créé les pompes aspirantes qui n’ont désormais jamais cessé de fonctionner. Notons aussi que les pays d’Europe non membres de l’UE sont confrontés au même phénomène, et le cas de la Norvège est emblématique, ce qui démontre bien que l’UE n’en est pas spécialement responsable, même si elle ne fait rien, et structurellement ne peut rien faire, contre.

L’Union Européenne est une « Europe des Etats » (cf. Jean-Paul Jacqué) donc elle est à l’image des Etats qui la composent et qui sont liés entre eux par des traités. Elle n’est donc aucunement une entité politique et n’est représentée en tant que telle ni à l’ONU ni à l’OTAN. Même si le traité prétendument « constitutionnel » de 2005 avait été voté, elle serait restée la même organisation.

Qui dirige l’Union Européenne ? Trois structures principales peuvent être évoquées. Il y a le Conseil Européen, composé des chefs d’état et de gouvernement des 28. Il y a ensuite le Conseil de l’Union Européenne qui réunit tous les ministres des 28 en chargé d’un domaine précis, par exemple l’agriculture. Ces deux organisations sont donc supranationales certes, mais surtout composées des élus des nations. Il y a enfin la Commission Européenne, dont le président est choisi par consensus par les chefs d’état et de gouvernement, qui choisissent aussi les commissaires, chaque commissaire représentant un état membre. C’est ainsi que François Hollande a imposé Pierre Moscovici à Bruxelles.

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Certes le parlement européen dispose désormais de la possibilité de rejeter le président de la commission européenne proposé par les Etats et de refuser également les commissaires. Il n’a jamais vraiment utilisé ce droit de veto sauf pour barrer la route à un commissaire italien potentiel qui avait tenu des propos audacieux sur un fait de société auquel il était opposé, Franco Frattini de mémoire. Si c’était un vrai parlement, c’est-à-dire composé de députés courageux, et non de recalés des élections nationales, dédommagés par leur parti en les envoyant à Strasbourg toucher des émoluments intéressants, ou des députés anti-européens incapables d’être élus aux élections législatives en raison d’un mode de scrutin défavorable, il rejetterait par principe le candidat des Etats. Il ne l’est pas mais pourrait le devenir.

Espérer de l’Union Européenne qu’elle mette en place la politique que les gouvernements nationaux exigent est en l’état illusoire. Elle n’est qu’une courroie de transmission. Contrairement à ce que prétendent les souverainistes, l’UE ne commande à personne. Elle obéit au contraire aux injonctions des gouvernements. C’est dans le rapport de force entre Etats que tout se joue. Il est sûr qu’Angela Merkel a aujourd’hui du poids mais celui-ci s’exprime en dehors de l’UE.

Or si les Etats sont les principaux responsables des politiques que les citoyens refusent, à quoi servirait donc de quitter l’Union Européenne ? A quoi cela servirait-il de suivre la ligne d’un Royaume-Uni qui ne résoudra aucun de ses problèmes de fond par son « brexit » ? En quoi l’euro est-il responsable du déficit français qui est essentiellement lié à l’effondrement de son modèle social, grevé par le coût immense d’une immigration post-coloniale qui pèse de plus en plus sur son économie, sur sa politique de sécurité, et génère structurellement un chômage de masse ?

Si la France et l’Allemagne sont dans la situation actuelle, ce n’est pas de la faute de l’Union Européenne, qui n’en est pas coupable même si elle n’est en aucune manière salvatrice non plus, c’est d’abord de la responsabilité de leur gouvernement respectif. Or peut-on « sortir de son Etat national » ? Car selon cette logique, c’est ce qu’il faudrait donc faire. Si le pouvoir réel était à Bruxelles, les media ne donneraient pas autant d’importance aux élections présidentielles en France ou législatives en Allemagne en 2017. Or les dirigeants des partis nationaux n’aspirent pas à devenir président de l’Union Européenne ou président de la commission, mais chancelier allemand ou président français. C’est donc que pour eux le véritable pouvoir est bel et bien resté au niveau national.

Et si l’Union Européenne demain pouvait au contraire servir de point de bascule pour renverser les politiques des gouvernements « nationaux » ? Et si elle était le bélier qui permettait de renverser le système dont elle est elle-même le fruit ? Cela voudrait dire qu’il faudrait s’emparer de l’Union Européenne, grâce aux élections européennes qui sont la seule porte d’entrée existante, de jouer ainsi Strasbourg contre Bruxelles, et en réalité contre Paris et contre Berlin. Au lieu de sortir de l’Union Européenne, ce qui ne résoudra aucun problème, en prendre le contrôle et la retourner contre ceux qui en furent les promoteurs serait beaucoup plus sage. Car les périls dont tous les Européens souffrent nécessitent une grande politique qui ne sera vraiment efficace qu’au niveau européen, du fait qu’une Europe unie sera capable de tenir tête aux USA et au monde entier, surtout si elle cultive en outre une forte amitié avec la Russie.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

lundi, 23 janvier 2017

Trump et les prochaines élections européennes

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Trump et les prochaines élections européennes

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu 

Cette année, d'importantes élections auront lieu en Hollande, en Allemagne et en France. En France, il s'agira de choisir le prochain président de la République. Les élections dans ces Etats seront attentivement observées par d'autres Etats importants, l'Italie et l'Espagne notamment. La place de l'Europe dans le monde, très diminuée aujourd'hui, en dépendra.
Or les campagnes électorales relatives à ces élections se dérouleront dans des conjonctures internationales inimaginables jusqu'à ce jour. Si tout se passe comme actuellement prévisibles, l'on verra le nouveau Président américain, Donald Trump, faire triompher une politique de l'America first qui ne tiendra aucun compte des politiques adoptées par les actuels gouvernements européens et par l'Union européenne. Or celles-ci ont été jusqu'à ce jour marquées par une docilité sans pareil aux injonctions de l'ancien pouvoir américain, symbolisé par Barack Obama. Celles-ci imposaient au plan diplomatique la quasi-préparation d'une guerre avec la Russie, et l'abandon de toute volonté d'indépendance et d'investissement au plan intérieur, ceci pour ne pas concurrencer la domination des intérêts financiers américains.

Trump, dès son discours d'investiture, a confirmé qu'il rechercherait une détente avec Moscou. La perspective de celle-ci obligera les gouvernements européens à faire un choix crucial: suivre à nouveau l'exemple de Washington et se rapprocher de Moscou, alors que la diabolisation de la Russie, et plus récemment de Vladimir Poutine était le fondement même de leur action internationale - ou poursuivre seuls, avec des moyens de défense quasi inexistants, une opposition à la Russie qui pourrait déboucher sur des conflits militaires locaux, notamment à la frontière euro-russe.

Dans le domaine économique, il en sera de même. Les Européens ne pourront plus compter sur l'aide des dollars américains et des multinationales basées à Wall Street, pour satisfaire à leur place et à crédit les besoins des populations. Ils devront reprendre une politique d'investissement en propre, qu'ils devront nécessairement financer par d'importants sacrifices, notamment au plan fiscal. Dans le cadre de l'America First, toutes les possibilités industrielles et financières américaines seront consacrées au développement de l'Amérique.

Mais l'opinion publique et les partis politiques européens seront-ils capables en quelques mois d'effectuer ce changement de cap radical?  Manifestement, l'exemple français n'est pas encourageant. La grande majorité des candidats dits de gouvernement n'ont rien compris à ce qui se passe. Les débats au sein des primaires socialistes ont été particulièrement scandaleux. Tous n'avaient qu'à la bouche le respect des consignes de Bruxelles en ce qui concerte la limitation de la dette et de la fiscalité. Tous par ailleurs mentionnaient la nécessité de durcir militairement le ton à l'égard de Poutine.

Dans la droite de gouvernement, il en a été à peu près de même, le candidat Fillon ayant à peine osé parler d'un rapprochement avec Poutine. En ce qui concerne l'extrême-droite du Front National, Marine Le Pen n'a toujours pas précisé de quelle façon elle tiendrait compte de la nouvelle politique américaine. On peut craindre que la peur d'être accusée de « populisme » l'empêche de prendre clairement position.

Il en sera très probablement de même en Hollande et en Allemagne. Ainsi l'Europe, face au tourbillon Trump, se prépare-t-elle plus que jamais au rôle peu glorieux de feuille morte emportée par le vent.

jeudi, 15 décembre 2016

LES CONSÉQUENCES GÉOPOLITIQUES DE LA CHUTE IMMINENTE D’ALEP ET DE LA VENTE DE 19,5% D’ ACTIONS DE ROSNEFT AU QATAR

par le Général Jean-Bernard PINATEL

Ex: http://www.geopolitique-geostrategie.fr 

La Bataille d’Alep marque un tournant décisif dans le conflit syrien. Le maintien au pouvoir de Bachar el-Assad n’est plus un préalable à la fin du conflit. Les Russes ont désormais toutes les cartes en main pour imposer leur solution. Cette victoire des forces syriennes appuyées par la Russie contre les islamistes radicaux va avoir des conséquences géopolitiques considérables pour le Moyen-Orient et pour l’Europe. Le premier effet concret s’est traduit hier, 10 décembre 2016, par la vente de 19,5% des actions de Rosneft au Qatar.

La Turquie avait anticipé cette victoire. Erdogan, dès le 9 août, était allé à Canossa, pardon à Saint-Pétersbourg, après avoir exprimé ses « regrets » à Vladimir Poutine fin de juin concernant le sukkoi 24 abattu par son aviation. Poutine lui a rendu la politesse le 10 octobre en se rendant à Istanbul où les deux chefs d’Etat ont réaffirmé leur engagement à mener à bien le projet de gazoduc russo-turc TurkStream, qui doit acheminer le gaz russe vers l’Europe en passant par la mer Noire, ainsi qu’à la construction par la Russie de la première centrale nucléaire turque.


De leur côté, confrontés à l’efficacité de l’intervention militaire russe de septembre 2015 qui contrastait avec les atermoiements d’Obama en Syrie et le peu d’efficacité de son action de soutien militaire à l’Irak, les dirigeants qataris comprenaient que leur stratégie de soutien aux Frères musulmans et aux wahhabites en Syrie allait les conduire à leur perte. Et que dorénavant, pour vendre leur gaz à l’Europe, il faudrait trouver un accord avec la Russie car c’est elle qui a les cartes en main pour autoriser ou interdire la construction d’un gazoduc terrestre pour acheminer son gaz vers les pays de l’Union européenne. [1]
Après une première visite de l’émir Tamim bin Hamad Al Thani à Moscou en janvier 2016, ce rapprochement s’est traduit, le 6 septembre, par la signature d’un accord militaire entre les deux pays, au cours d’une visite du ministre qatari de la Défense, Khalid bin Mohammad Al Attiyah, à l’occasion du Forum international militaire et technique « ARMÉE-2016″, à Moscou. « Nous avons signé un accord de coopération militaire avec la Russie, mais il ne comprend pas l’achat d’armes », a ainsi indiqué Saoud Bin Abdallah al-Mahmoud, l’ambassadeur du Qatar à Moscou. Toutefois, s’agissant d’éventuels contrats d’armement, rien n’est fermé du côté de Doha, le diplomate ayant assuré que son gouvernement examinerait cette « possibilité » [2].

Mais l’acte majeur de ce rapprochement à la portée géopolitique considérable s’est traduit hier, samedi 10 décembre 2016, par la conclusion d’un accord de vente de 19,5% des actions de Rosneft à la « Qatar Investment Authority (QIA) » Cette vente s’est faite au prix de 11,37 milliards de dollars qui rentrent dans les caisses de l’Etat Russe qui en avait bien besoin. Le Qatar est désormais le second actionnaire de Rosneft après l’État russe.
Pour comprendre la signification géopolitique exceptionnelle de cet accord, un rappel historique et économique s’impose.


Trois pays – la Russie, l’Iran et le Qatar – possèdent 50% des réserves mondiales de gaz naturel [3]. Les trois sont désormais alliés économiquement et stratégiquement, ce qui marque l’échec de la stratégie de l’Union européenne de diversification de ses sources d’approvisionnement de gaz naturel inspirée et voulue par les Etats-Unis et l’OTAN. En effet, la Russie est déjà le premier fournisseur de l’Union européenne avec 40 % des importations, qui représentent 20 % de la consommation totale de gaz de l’Union européenne. Compte tenu de la hausse de la consommation dans l’Union européenne et de l’épuisement du gisement gazier en Mer du Nord, cette dépendance énergétique de l’UE vis-à-vis de la Russie devrait fortement s’accroître dans les prochaines années. La Commission européenne estimait en effet que, d’ici 2040, 70 % des besoins énergétiques de l’UE devraient être assurés par les importations, contre 50 % aujourd’hui. Cette dépendance était inacceptable pour les stratèges américains pour lesquels la création d’une Eurasie annoncerait la fin de leur suprématie mondiale et l’arrivée d’un troisième grand acteur sur la scène mondiale qui perturberait leur tête à tête d’adversaire-partenaire avec la Chine.


Pour les stratèges américains et les atlantistes européens, le Qatar avec 24300 milliards de m3 de réserves prouvées qui lui assurent 154 ans de production au rythme actuel, était la solution. A condition toutefois de construire un gazoduc, car la liquéfaction et le transport en bateau via le détroit d’Ormuz et le canal de Suez rendaient le gaz qatari non concurrentiel avec le gaz russe. Selon des informations du journal libanais Al-Akhbar publiées en 2012, les Qataris avaient établi un plan, approuvé par l’administration Obama et l’UE visant à construire un gazoduc vers l’Europe via la Syrie. Ce gazoduc terrestre aurait traversé l’Arabie Saoudite, puis la Jordanie, en évitant l’Irak pour arriver à Homs en Syrie, d’où il aurait bifurqué dans trois directions : Lattaquié sur la côte syrienne, Tripoli au nord du Liban, et une troisième branche via la Turquie vers l’Europe. Mais Bachar El Assad refusait d’autoriser ce transit.

Désormais, les cartes sont redistribuées et rien ne s’oppose plus à ce que le gaz qataris rejoigne en Turquie le gazoduc TurkStream et vienne alimenter les besoins énergétiques de l’Union européenne. Dans un proche avenir parions que les européens vont lever leurs sanctions économiques contre la Russie.


Il aura fallu une guerre de 5 ans, des centaines de milliers de morts en Syrie, des attentats terroristes en Europe pour que s’impose par la force ce qui aurait dû se décider par la raison. Car tant dans la lutte contre l’Islam radical que sur le plan économique l’alliance russe est vitale pour que la voix de l’Europe existe à nouveau sur la scène internationale.

Général (2S) Jean-Bernard PINATEL

[1] Pour certains auteurs ce projet de gazoduc et le refus d’Assad de le laisser traverser la Syrie aurait été un des facteurs déterminants de la guerre en Syrie traversant l’Arabie Saoudite, puis la Jordanie, en évitant l’Irak pour arriver à Homs en Syrie, d’où il aurait bifurqué dans trois directions : Lattaquié sur la côte syrienne, Tripoli au nord du Liban, et une troisième branche via la Turquie vers l’Europe.

[2] En savoir plus sur : Zone Militaire.

par Jean-Bernard PINATEL, le 12 Déc 2016, dans Analyses, Syrie

jeudi, 27 octobre 2016

L’Europe à construire : vers la voie impériale ?

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L’Europe à construire : vers la voie impériale ?

Michel Lhomme,

philosophe, politologue

Ex: http://metamag.fr

Le temps est venu : ou l’Europe implosera et n’aura été qu’un rêve, ou les Européens prendront en mains leur propre avenir.

Des question se posent. Avons-nous réellement mesuré les conséquences du Brexit et de la crise des réfugiés, celles d’une rupture entre les citoyens et leurs institutions, entre le peuple et les élites technocratiques de l’intégration européenne.

Que s’était-il passé pendant tant d’années ? Les élites politiques nationales avaient trouvé tout simplement en l’Union européenne un moyen de s’affranchir, dans leur prise de décisions, des contraintes de la délibération parlementaire. La recherche de consensus entre États-membres, principe de fonctionnement interne de l’Union, favorisait en effet la prise de décision « behind closed dors », dans les couloirs, entre lobbys. Ainsi, seuls 3 % des textes législatifs communautaires ont fait l’objet d’un débat parlementaire en assemblée plénière entre 2009 et 2013.

Dans le même temps, les élites nationales – au premier rang desquelles les membres des gouvernements, des cabinets ministériels et de la haute administration – ont acquis par leur participation aux négociations communautaires une légitimité qui leur a permis de concurrencer la légitimité démocratique. Cette légitimité nouvelle et surprenante ne provenait pas d’un vote du parlement mais de la recherche ardue de consensus entre les gouvernants européens. La démocratie de la délibération populaire se fondait dans celle du consensus bureaucratique

Or au départ, la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) ainsi que la Communauté économiques européenne (CEE) ont été pensées comme un moyen de renforcer et non de supplanter l’État-nation. Par la suite, les processus d’approfondissement et d’élargissement sont apparus comme relevant des stratégies des gouvernants nationaux pour faire face à certaines de leurs difficultés – économiques notamment, mais aussi politiques. Les gouvernants des États-membres ont alors fait le choix de se soumettre, dans le domaine économique au néo-libéralisme le plus cru proposant et initiant alors un ensemble de règles communautaires qui démantelaient en fait l’agriculture et les industries nationales au profit d’une financiarisation dirigée en grande partie et paradoxalement par la City de Londres.

Un néo-constitutionnalisme des Juges

Nos gouvernants ont été obligés de faire primer les règles du droit sur la délibération et la décision politiques. Ils ont alors instauré un néo-constitutionnalisme des Juges. De même, l’adoubement démocratique par l’Europe des anciens pays de l’Est a clos le débat politique des années 60 et 70 : la transition vers une économie de marché ne pouvait être discutée puisqu’elle était nécessaire à l’adhésion.

La confiance envers les élites politiques nationales s’est perdue. Dès les années 1950-1960, certains se sont opposés au projet européen, l’intégration européenne étant notamment perçue surtout par les partis communistes français et italiens comme renforçant l’influence américaine sur l’Europe de l’Ouest. À la fin des années 1980, les critiques les plus virulentes de l’UE sont venues de l’extrême-droite, le communisme européen se perdant dans le no-border d’un socialisme mondialiste et non-identitaire.  A cela s’est ajouté la faible influence de l’UE sur la scène internationale incapable de défendre et de définir ses frontières (l’illimitation de l’élargissement), de proposer la dissolution de l’Otan et de créer une vraie défense européenne. Il y avait bien un hymne européen, un drapeau européen mais personne ne demanda aux écoliers le lundi matin de le saluer ou de le chanter. De plus dans une telle Europe abstraite où la Nation était dissolue et reniée, le devoir de se battre et de risquer sa vie pour son pays ne constitue plus le socle du contrat social. Le service militaire national a été abrogé. Il n’y a pas d’armée européenne. Dès lors, comment penser développer collectivement une politique étrangère fondée sur la puissance ?

Les attentes de la puissance

Depuis le Brexit, on entend dire partout qu’il faut plus d’Europe sociale. Ce n’est pas si sûr.  Souhaite-t-on soviétiser l’Europe et la transformer en machines à taxes ? L’attente des Européens n’est en fait pas là. Les attentes citoyennes à l’égard de la politique européenne sont les attentes de la puissance. Plutôt que d’insister sur l’incapacité de l’UE à gérer l’économie (laissons cela à l’initiative privée), posons d’une seule voix et avec force la nécessité d’une indépendance européenne sur la scène internationale. Il est plus utile de considérer la politique étrangère de l’Union comme la contribution essentielle au développement d’une identité européenne que de vouloir la socialiser encore plus.

Contrairement à ce qu’on entend un peu partout, l’UE n’est pas la cause de la rupture entre les citoyens et leurs élites mais elle constitue en fait le paravent derrière lequel les gouvernants nationaux se cachent pour éluder le fait qu’ils en sont responsables et qu’ils sont irresponsables. Il ne s’agit surtout pas de « démanteler » l’UE qui pourtant risque fortement de l’être. Démanteler l’UE ne suffira pas à revigorer la vie démocratique nationale.

Les problèmes de la démocratie en Europe ne proviennent pas de l’UE mais d’une classe politique qui s’est défaussée certes par paresse et arrivisme matériel mais qui aussi parce que totalement américanisée, elle sert délibérément et sciemment d’autres intérêts. Il ne faudrait donc surtout pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il ne s’agit surtout pas d’abandonner l’idée d’Europe, ni même l’UE comme institution. Il s’agit de refondre l’Europe en un nouveau projet.

En quoi donc le démantèlement de l’UE pourra-t-il permettre de redynamiser la vie démocratique des États qui la composent  ? Le débat est peu développé en France alors qu’il a opposé ces dernières années Jürgen Habermas, pour qui l’intégration de l’Europe doit être poussée plus avant afin que s’établisse une véritable démocratie supranationale avec des dirigeants élus au niveau européen, à Wolfgang Streeck, qui prône la fin de la zone Euro pour revigorer le lien démocratique au niveau national et établir une primauté du politique sur l’économie. Habermas propose une fuite en avant mondialiste sur fond d’éthique communicationnelle, une dépolitisation en réalité du citoyen par l’idéologie de la communication et l’archéo cosmopolitisme du gouvernement mondial. Streeck propose de renationaliser ce qui a été dissous et digéré. Engageons-nous plutôt dans la dynamique en gestation de l’Intermarium (axe Baltique-Mer noire-Mer Adriatique) et avançons dans une recomposition de l’Europe.

Voyons plus loin, continuons l’Union européenne et proposons la voie impériale, une voie impériale du XXIème siècle qui ne sera ni napoléonienne, ni celle des Habsbourg.

lundi, 24 octobre 2016

Le rôle USA et Otan dans le rapport de l’UE avec la Chine

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Le rôle USA et Otan dans le rapport de l’UE avec la Chine

Auteur : Manlio Dinucci
Ex: http://zejournal.mobi

Je vais tout de suite au noeud de la question. Je pense qu’on ne peut pas parler de relations entre Union Européenne et Chine indépendamment de l’influence que les Etats-Unis exercent sur l’Union Européenne, directement et par l’intermédiaire de l’Otan.

Aujourd’hui 22 des 28 pays de l’UE (21 sur 27 après la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE), avec plus de 90% de la population de l’Union, font partie de l’Otan, reconnue par l’UE comme « fondement de la défense collective ». Et l’Otan est sous commandement USA : le Commandant suprême allié en Europe est toujours nommé par le Président des Etats-Unis d’Amérique et tous les autres commandements clé sont aux mains des USA. La politique étrangère et militaire de l’Union Européenne est ainsi fondamentalement subordonnée à la stratégie étasunienne, sur laquelle convergent les plus grandes puissances européennes.

Cette stratégie, clairement énoncée dans les documents officiels, est tracée au moment historique où la situation mondiale change à la suite de la désagrégation de l’URSS. En 1991 la Maison Blanche déclare dans la National Security Strategy of the United States : « Les Etats-Unis demeurent le seul Etat avec une force, une portée et une influence en toute dimension – politique, économique et militaire-  réellement globales. Il n’existe aucun substitut au leadership américain ». En 1992, dans la Defense Planning Guidance, le Pentagone souligne : « Notre premier objectif est d’empêcher qu’une quelconque puissance domine une région dont les ressources seraient suffisantes pour engendrer une puissance mondiale. Ces régions comprennent l’Europe occidentale, l’Asie orientale, le territoire de l’ex Union Soviétique et l’Asie sud-occidentale ». En 2001, dans le rapport Quadrennial Defense Review, – publié une semaine avant la guerre USA/Otan en Afghanistan, aire de première importance géostratégique à l’égard de Russie et Chine- le Pentagone annonce : « La possibilité existe qu’émerge dans la région un rival militaire avec une formidable base de ressources. Nos forces armées doivent conserver la capacité d’imposer la volonté des États-Unis à n’importe quel adversaire, y compris États et entités non-étatiques, de façon à changer le régime d’un État adverse ou occuper un territoire étranger jusqu’à ce que les objectifs stratégiques états-uniens soient réalisés ».

Sur la base de cette stratégie, l’Otan sous commandement USA a lancé son offensive sur le front oriental : après avoir démoli par la guerre la Fédération Yougoslave, de 1999 à aujourd’hui elle a englobé tous les pays de l’ex Pacte de Varsovie, trois de l’ex Yougoslavie, trois de l’ex URSS, et sous peu elle en englobera d’autres (à commencer par la Géorgie et l’Ukraine, cette dernière de fait déjà dans l’Otan), en déplaçant bases et forces, y compris nucléaires, toujours plus près de la Russie. En même temps, sur le front méridional étroitement relié à celui oriental, l’Otan sous commandement USA a démoli par la guerre l’Etat libyen et a essayé d’en faire autant avec celui de la Syrie.

USA et Otan ont fait exploser la crise ukrainienne et, accusant la Russie de « déstabiliser la sécurité européenne », ils ont entraîné l’Europe dans une nouvelle guerre froide, voulue surtout par Washington (aux dépens des économies européennes à qui les sanctions et contre-sanctions ont porté préjudice) pour casser les rapports économiques et politiques Russie-UE néfastes aux intérêts étasuniens. C’est dans la même stratégie qu’entre le déplacement croissant de forces militaires étasuniennes dans la région Asie/Pacifique dans une fonction anti-chinoise. La U.S. Navy a annoncé qu’en 2020 elle concentrera dans cette région 60% de ses forces navales et aériennes.

La stratégie étasunienne est focalisée sur la Mer de Chine Méridionale, dont l’amiral Harris, chef du Commandement USA pour le Pacifique, souligne l’importance : c’est là que passe un commerce maritime d’une valeur annuelle de plus de 5 mille milliards de dollars, dont 25% de l’export mondial de pétrole et 50% de celui du gaz naturel. Les USA veulent contrôler cette voie maritime au nom de celle que l’amiral Harris définit comme «liberté de naviguer fondamentale pour notre système de vie ici aux Etats-Unis », en accusant la Chine d’«actions agressives en Mer Chinoise Méridionale, analogues à celles de la Russie en Crimée ». Pour cela la U.S Navy « patrouille » la Mer de Chine Méridionale. Dans le sillage des Etats-Unis arrivent les plus grandes puissances européennes : en juillet dernier la France a sollicité l’Union Européenne pour « coordonner la patrouille navale de la Mer Chinoise Méridionale afin d’assurer une présence régulière et visible dans ces eaux illégalement réclamées par la Chine ». Et tandis que les Etats-Unis installent en Corée du Sud des systèmes « anti-missiles » mais en mesure de lancer aussi des missiles nucléaires, analogues à ceux installés contre la Russie en Roumanie et bientôt en Pologne, en plus de ceux qui sont embarqués sur des navires de guerre en Méditerranée, le secrétaire général de l’Otan Stoltenberg reçoit le 6 octobre à Bruxelles le ministre des affaires étrangères sud-coréen, pour « renforcer le partenariat de l’Otan avec Séoul ».

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Ces faits et d’autres encore démontrent qu’en Europe et en Asie la même stratégie est à l’oeuvre. C’est la tentative extrême des Etats-Unis et des autres puissances occidentales de maintenir la suprématie économique, politique et militaire, dans un monde en forte transformation, dans lequel émergent de nouveaux sujets étatiques et sociaux. L’Organisation de Shanghaï pour la coopération, née de l’accord stratégique cino-russe, dispose de ressources et de capacités de travail capables d’en faire la plus grande aire économique intégrée du monde. L’Organisation de Shanghaï et les BRICS sont en mesure, avec leurs organismes financiers, de supplanter en grande partie la Banque mondiale et le Fonds monétaire international qui, pendant plus de 70 ans, ont permis aux USA et aux plus grandes puissances occidentales de dominer l’économie mondiale à travers les prêts usuraires aux pays endettés et d’autres instruments financiers. Les nouveaux organismes peuvent en même temps réaliser la dédollarisation des échanges commerciaux, en ôtant aux Etats-Unis la capacité de décharger leur dette sur d’autres pays par l’impression de papier monnaie utilisé comme devise internationale dominante.

Pour maintenir leur suprématie, toujours plus vacillante, les Etats-Unis utilisent non seulement la force des armes, mais d’autres armes souvent plus efficaces que celles proprement dites.

Première arme : les dits « accords de libre-échange », comme le « Partenariat transatlantique sur le commerce et les investissements » (TTIP) entre USA et UE et le « Partenariat Trans-Pacifique » (TPP) dont le but n’est pas seulement économique mais géopolitique et géostratégique. C’est pour cela que Hillary Clinton qualifie le partenariat USA-UE de « plus grand objectif stratégique de notre alliance transatlantique », en projetant une « Otan économique » qui intègre celle politique et militaire. Le projet est clair : former un bloc politique, économique et militaire USA-UE, toujours sous commandement étasunien, qui s’oppose à l’aire eurasiatique en ascension, basée sur la coopération entre Chine et Russie ; qui s’oppose aux BRICS, à l’Iran et à tout autre pays qui se soustraie à la domination de l’Occident. Comme les négociations sur le TTIP ont du mal à avancer à cause de divergences d’intérêt et d’une vaste opposition en Europe, l’obstacle est pour le moment contourné avec l’ « Accord économique et commercial global» (CETA) entre Canada et UE : un TTIP camouflé étant donné que le Canada fait partie du NAFTA avec les USA. Le CETA sera probablement signé par l’UE le 27 octobre prochain, pendant la visite du premier ministre canadien Trudeau à Bruxelles.

Seconde arme : la pénétration dans les pays cibles pour les désagréger de l’intérieur. En s’appuyant sur les points faibles qu’a tout pays en mesure diverse : la corruption, l’avidité d’argent, l’arrivisme politique, le sécessionnisme fomenté par des groupes de pouvoir locaux, le fanatisme religieux, la vulnérabilité de vastes masses à la démagogie politique. En s’appuyant aussi, dans certains cas, sur un mécontentement populaire justifié quant à la conduite de leur gouvernement. Instruments de la pénétration : les soi-disant « organisations non gouvernementales » qui sont en réalité la main longue du Département d’état et de la CIA. Celles qui, dotées d’énormes moyens financiers, ont organisé les « révolutions colorées » dans l’Est européen, et ont tenté la même opération avec la soi-disant « Umbrella Revolution » à Hong Kong : qui visait à fomenter des mouvements analogues dans d’autres zones de la Chine habitées par des minorités nationales. Les mêmes organisations qui opèrent en Amérique Latine, avec l’objectif premier de subvertir les institutions démocratiques du Brésil, en minant ainsi les BRICS de l’intérieur. Instruments de la même stratégie : les groupes terroristes, type ceux armés et infiltrés en Libye et en Syrie pour semer le chaos, en contribuant à la démolition d’Etats entiers attaqués en même temps de l’extérieur.

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Troisième arme : les « Psyops » (Opérations psychologiques), lancées à travers les chaînes médiatiques mondiales, qui sont définies ainsi par le Pentagone : « Opérations planifiées pour influencer à travers des informations déterminées les émotions et motivations et donc le comportement de l’opinion publique, d’organisations et de gouvernements étrangers, afin d’induire ou renforcer des attitudes favorables aux objectifs préfixés ». Avec ces opérations, qui préparent l’opinion publique à l’escalade guerrière, on fait apparaître la Russie comme responsable des tensions en Europe et la Chine comme responsable des tensions en Asie, en les accusant en même temps de « violation des droits humains ».

Une dernière considération : ayant travaillé à Pékin avec ma femme dans les années Soixante, contribuant l’un et l’autre à la publication de la première revue chinoise en langue italienne, j’ai vécu une expérience formatrice fondamentale au moment où la Chine – libérée depuis à peine quinze ans de la condition coloniale, semi-coloniale et semi-féodale- était complètement isolée et non reconnue par l’Occident ni par les Nations Unies comme Etat souverain. De cette période restent  imprimées en moi la capacité de résistance et la conscience de ce peuple, à l’époque 600 millions de personnes, engagé sous la conduite du Parti communiste à construire une société sur des bases économiques et culturelles complètement nouvelles. Je pense que cette capacité est également nécessaire aujourd’hui pour que la Chine contemporaine, qui est en train de développer ses énormes potentialités, puisse résister aux nouveaux plans de domination impériale, en contribuant à la lutte décisive pour l’avenir de l’humanité : la lutte pour un monde sans plus de guerres dans lequel triomphe la paix indissolublement liée à la justice sociale.

Intervention de Manlio Dinucci à l’Académie de marxisme près l’Académie chinoise de sciences sociales, Association politico-culturelle Marx XXI,  Forum Européen 2016 / La « Voie Chinoise » et le contexte international, Rome

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Pour l’Europe, mais contre l’Union européenne: nouvelles tendances dans l’Ancien Monde

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Pour l’Europe, mais contre l’Union européenne: nouvelles tendances dans l’Ancien Monde

par Stanislav BYSHOK

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Aucun peuple ne pourrait vivre sans évaluer les valeurs ; mais s'il veut se conserver, il ne doit pas évaluer comme évalue son voisin.

Friedrich NIETZSCHE « Ainsi parlait Zarathoustra »1

L'Europe a cessé d'être un endroit confortable. L'Union européenne moderne rappelle douloureusement en quelque sorte l’URSS tardive. D'une part, la majorité se rend compte que « le navire » navigue dans le mauvais sens avec un besoin urgent de changer de cap ou, a contrario, le flux de migrants en provenance des pays musulmans et le terrorisme islamique submergeront l'Europe. D'autre part, il demeure une confiance due au fait que « le navire » a été initialement correctement conçu et naviguait généralement dans le bon cap libéral, avec une monnaie commune et des frontières ouvertes. On pouvait alors observer quelque chose de semblable dans les dernières années de l'existence de l’Union soviétique. Des gens soutenaient la restructuration (« pérestroïka ») et voulaient changer le système. Mais en même temps, ils tenaient à la mythologie du marxisme-léninisme et de la Révolution d'Octobre, en la considérant généralement comme un fondement historique positif de leur État.

L'Union européenne a été créée comme une union économique parallèle à l'OTAN qui contribuerait à un développement plus efficace des pays non communistes du continent et au dépassement d’une peur et d’une méfiance mutuelle accumulées chez les Européens, en particulier au XXe siècle.

La méfiance n’a pu toutefois être surmontée immédiatement : la France, sous la direction du Général de GAULLE, ayant bloqué l'adhésion de la Grande-Bretagne à l'UE, en craignant que Londres soit le fer de lance de l’UE, mais aussi apporte au projet européen l'influence américaine contre laquelle était catégoriquement Paris2.

Après le départ du Général de GAULLE, le Royaume-Uni s'est néanmoins rallié à l'Union européenne en 1973, mais les Britanniques sont toutefois demeurés la nation européenne avec un sentiment le plus négatif envers de l'UE3. Quand vers la fin des années 1980 Bruxelles a commencé à essayer de rendre le projet européen plus centralisé et à stimuler l'unification du continent non seulement économiquement, mais aussi politiquement4, c’est Margaret Thatcher, le Premier ministre britannique, qui a déclaré : « Il serait hautement préjudiciable de tenter de supprimer la nationalité et de concentrer le pouvoir au centre d’un conglomérat européen ; en outre cela compromettrait les objectifs que nous poursuivons. L’Europe sera plus forte si elle compte précisément en son sein la France en tant que France, l’Espagne en tant qu’Espagne, la Grande-Bretagne en tant que Grande-Bretagne, chacune avec ses coutumes, traditions et particularités. Ce serait de la folie que d’essayer de les faire entrer dans une sorte de portrait-robot européen »5.

Malgré cela, l'UE a poursuivi son expansion au détriment des anciens pays de l'Est. Cette intégration européenne, comme le craignait Thatcher, a vraiment commencé à revêtir un caractère de plus en plus politique et pas seulement économique6. Cela a engendré que de plus en plus des pouvoirs se sont éloignés de la compétence des autorités nationales et sont passés dans la gestion des organes supranationaux situés dans les institutions de Bruxelles. Les États nationaux d'Europe ont ainsi perdu progressivement leur souveraineté. Cette tendance a eu pour cause de provoquer une réaction des forces politiques, principalement situées à droite sur l’échiquier politique et souvent qualifiées du terme générique « d’eurosceptiques ».

europabreker.jpgTant que l'Union européenne se développait d’une manière relativement réussie, les eurosceptiques étaient plutôt une force politique marginale, sans être un concurrent pour les grands partis politiques soutenant l'intégration européenne. Début 2008, la crise économique, dont la cause est le fruit d’une série de facteurs internes et externes interdépendants, se répand dans le monde. Le principal facteur interne était la crise de la zone euro associée à divers indicateurs économiques du « noyau » européen représenté par l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et la Scandinavie, et la « périphérie »7. « Le noyau » européen a alors été contraint de maintenir à flot les pays « périphériques » situés dans l'arc « Atlantique-Méditerranée », de l'Irlande à la Grèce.

Le second facteur est externe. Ainsi, la déstabilisation de la situation, dans la région de la Méditerranée du Sud et de l’Est, a conduit à l'afflux en Europe de migrants économiques et de réfugiés musulmans. A cela l'Europe n’était pas prête. Il ne s’agissait pas seulement d’un problème de garde-frontières mais plus encore d’un problème de gestion des arrivées massives.  

Comment le problème de l'intégration des migrants a été géré durant les décennies précédentes dans l'Occident ?8 Jusqu'à la fin des années 1980 ou au début des années 1990 en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et d'autres pays d'Europe occidentale, la politique d'intégration des nouveaux potentiels citoyens arrivants a été relativement réussie. À cette époque, tout d'abord, la pression migratoire était relativement faible. Et d'autre part, le système d'État, en particulier le système de l'éducation et du travail, a été mis en place sur l'intégration des migrants dans la société européenne. Pour devenir un citoyen à part entière, les migrants ont dû faire les efforts d’intégration, d’apprentissage de la langue du pays d’accueil notamment. Et les pays européens les ont aidé dans ce domaine.

Pourquoi le système d'intégration des migrants a-t-il alors commencé à faiblir à partir de la fin des années 1980 ? Tout d'abord, il est lié à l'augmentation des flux migratoires qui est un point fondamental, et d'autre part, à la notion même d'intégration qui a changé et dont les tendances politiques en vigueur ont changé. À cette époque, ce sont les néo-trotskystes et les internationalistes radicaux, de la « génération 68 »9, qui ont participé à des manifestations d'étudiants à Paris et d'autres capitales occidentales sous le slogan « Il est interdit d’interdire ! », ont pris les positions de leader dans l’establishment de leur pays10. Ils sont tous vieillis et ont pour beaucoup obtenus des grades scientifiques, des postes de cadre et pour certains des responsabilités politiques. Leur radicalisme s’est calmé, mais ils ont néanmoins changé une tendance idéologique à l'Ouest, comme MARX pourrait dire, d'une manière capitale. Au lieu de l'intégration, à savoir l'intégration des nouveaux arrivants dans le domaine culturel européen, sont venus les concepts du multiculturalisme, de la tolérance et de la « discrimination positive » des minorités nationales. Les gauches ont progressivement abandonné le concept de lutte des classes, en déclarant au lieu de celle-ci la lutte pour les droits des minorités ethniques, religieuses, de genre et d'autres minorités qui, du point de vue de la « nouvelle gauche », ont toujours été opprimés par l'exploitation impérialiste et capitaliste du monde de l'Occident. Donc, comme l'objet de préoccupation de la part de la « nouvelle gauche », étaient toujours non-blancs et non-chrétiens (et, après une passion par des problèmes du conflit israélo-arabe, encore non-Juifs)11.

Selon la doctrine de la « génération 68 », les cultures ne peuvent pas être distinguées en celles « nôtres» et « étrangères », et partout dans le monde, des différentes cultures en tout état peuvent et doivent exister et coexister. Selon ce concept, la notion de « notre » culture ou la culture nationale « dominante » est un vestige du passé colonial et raciste de l'Europe. « La discrimination positive » des minorités nationales en Europe occidentale a atteint un tel succès que, dans la banlieue de Berlin, Paris, Bruxelles ou Stockholm, ils sont devenus une majorité nationale, et en fait, il n’est pas recommandé d’y pointer son nez pour les Européens, y compris pour la police, sans renforcement adéquat12.

La politique de « discrimination positive », de multiculturalisme et de tolérance signifie que même le système d'éducation publique a cessé d'exercer l'une de ses fonctions de base – l’éducation des citoyens loyaux. Dans les écoles françaises ou allemandes, par exemple, s'il y a un pourcentage important d'élèves parlant arabes ou turcs, ils sont unis dans des classes séparées où on embauche des enseignants avec une connaissance des langues correspondantes. Après les leçons les élèves retournent dans les quartiers où vivent principalement leurs compatriotes, regardent la télévision dans leur propre langue, socialisent dans les restaurants qui sont gardés par les mêmes migrants.

De quel type d'intégration peut-on parler à cet égard ? Quelles incitations peuvent être dans les pays ayant le système de soutien social bien développé pour tous ? Comment la société radicalement laïque et séculaire, qui a renoncée la chrétienté en faveur du multiculturalisme érigé en l'état de la doctrine de la religion, peut résister à l'islamisation ? Ces sujets sont considérés par tels auteurs comme Thilo SARRAZIN en Allemagne13, Mélanie PHILLIPS au Royaume-Uni14 et Patrick BUCHANAN aux États-Unis15 dans leurs travaux.

canstockphoto22425305.jpgÀ la fin de 2010 les leaders européens tels que Angela MERKEL, la chancelière allemande, et David CAMERON, désormais l’ancien Premier ministre britannique, ont reconnu que les tentatives pour construire une société multiculturelle dans le continent ont échoué. Cependant, des moyens pratiques pour sortir de cette situation n'ont pas été proposés. Monsieur CAMERON a déclaré la nécessité de recourir au « libéralisme musclé »16 ce qui signifie en fait une continuation de l'ancienne politique non justifiée, mais par des méthodes encore plus forcées. Madame MERKEL a déploré le fait que les migrants ne soient pas particulièrement désireux d'intégrer la société allemande et d'apprendre l'allemand17. Malgré cela, à l’été de 2016, juste après les nouvelles attaques terroristes des islamistes en Europe, la chancelière allemande a confirmé qu'elle continuerait une politique de portes ouvertes aux migrants des pays musulmans18.

Au début des années 90, Samuel, politologue américain, a proposé le concept de « choc des civilisations »19 comme un principe explicatif de l'écoulement de l'histoire après la fin de la Guerre froide. Selon HUNTINGTON, l'effondrement du bloc soviétique et, surtout de l'Union soviétique elle-même, n'a pas rendu le monde plus sécuritaire et plus démocratique. 

Le politologue américain n’a pas donné le rôle de premier plan dans le processus global aux idéologies, comme son élève et contradicteur Francis FUKUYAMA20, mais aux civilisations. Aux différents stades de développement, les civilisations peuvent absorber certaines idéologies, les modifier ou les abandonner. Cependant, les civilisations sont beaucoup plus stables dans l'histoire mondiale que les idéologies, qui ont une nature temporaire. Des contradictions de civilisation depuis la fin de la Guerre froide sont non seulement tombées, mais se sont a contrario encore plus aggravées.

HUNTINGTON considère la civilisation islamique comme la plus susceptible d'agression et d'expansion, y compris démographique. Malgré le fait que l'islam n’est pas la religion dominante, des guerres et des conflits armés impliquant des acteurs islamiques prévalent visiblement dans les dépêches de la presse internationale. C’est un paradoxe évidant, étant donné que les médias et les intellectuels dominants ont tendance à désigner les musulmans de l'ex-Yougoslavie ou du Moyen-Orient comme victimes des agressions de leurs voisins.

Avant les années 2000 pour la plupart des Européens, des problèmes du monde islamique étaient étrangers, mais maintenant beaucoup de gens dans l’Occident comprennent une différence entre une burqa et un hijab, ce qui est le salafisme et quelles sont des spécificités de l'abattage halal. Ils le connaissent non pas à cause d'un intérêt particulier pour le sujet musulman, mais en raison de ce qu'ils voient dans les rues de leurs propres villes. Dans ces rues marchent les gauche et antifascistes avec les appels « Les réfugiés, soyez les bienvenues ! » et avec les malédictions contre leurs compatriotes « racistes » inhospitalières. 

Selon les manifestants, il n'y a pas de lien entre l'afflux de migrants en provenance d'autres cultures et une augmentation du nombre de crimes violents dans les domaines de leur habitat. Mais dans la radicalisation des musulmans vivant en Europe, ils accusent les Européens, les chrétiens qui ne montrent pas suffisamment de soin aux hôtes pendant le recrutement. Quel scandale, ils préfèrent des gens de leur propre culture et religion21. Cependant, ici il n'y a rien de nouveau. Même dans les années 1960, lorsque aux États-Unis les émeutes de noirs ont fait rage, provoquant des incendies criminels, des pogromes et des assassins de blancs, de nombreux de gauches et libérales intellectuels ont su dénoncer que le « racisme blanc »22.

« Assez ! Trop pour tout supporter ! » – les eurosceptiques ont déclaré. Les eurosceptiques ont vu dans l'Union européenne avec sa capitale à Bruxelles non seulement une structure supranationale rejetant la souveraineté des États nationaux, mais aussi un guide principal de la politique du multiculturalisme et des portes ouvertes qui détruise les fondements chrétiens des pays européens et qui met en péril l'existence de l'Europe comme un conglomérat unique ethnique et culturelle. En fait, les eurosceptiques ne sont pas contre l'Europe, mais au contraire, ils sont partisans de l'Europe, ancienne et traditionnelle. Ils ne voient pas leur idéal dans les États-Unis d'Europe, mais dans une Europe de patries. La bureaucratie bruxelloise est pour eux un symbole de l'anti-Europe et de la concentration de toutes les tendances sociales, politiques et morales les plus destructrices.

Dans les années de 2010, en particulier du fait d’un très grand succès pour les adversaires de Bruxelles aux élections au Parlement européen (2014), et du référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'UE (2016), le phénomène de l'euroscepticisme est sûrement devenu de quasi marginal à la « nouvelle norme » de l'Europe23. Le Général de GAULLE, que de nombreux eurosceptiques considèrent comme la personnification du meilleur européen, a déclaré24 en intervenant à Strasbourg en 1959 : « Oui, c’est l’Europe, depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural, c’est l’Europe, c’est toute l’Europe, qui décidera du destin du monde ! »

S.B.

Références :

1Ницше Ф. Так говорил Заратустра. Книга для всех и ни для кого // Ницше Ф. Полное собрание сочинений: В 13 т. М.: Культурная Революция, 2005-2007. Т. IV. 2007. С. 60.

2Hoffmann, S. The European Community and 1992 (Fall 1989) // Foreign Affairs, July 2016.

3Grant, Ch. What if the British vote no? (May/June 2005) // Foreign Affairs, July 2016.

4Garton Ash, T. Europe’s endangered liberal order (March/April 1998) // Foreign Affairs, July 2016.

5Thatcher, M. Speech to the College of Europe ("The Bruges Speech") // The Margaret Thatcher Foundation. URL: http://www.margaretthatcher.org/document/107332

6Pecastaing, C. Please Leave. Why Brexit would benefit Europe // Foreign Affairs, July 2016

7Kelemen, R.D. Saving the euro, dividing the union. Could Europe’s deeper integration push the United Kingdom out? (January 21, 2013) // Foreign Affairs, July 2016

8Бышок С. Национальная политика между позитивной дискриминацией и интеграцией // CIS-EMO. URL: http://www.cis-emo.net/ru/news/byshok-nacionalnaya-politi...

9Kurlansky, M. 1968: The year that rocked the world. New York: Ballantine, 2004

10Ремизов М. Русские и государство. Национальная идея до и после "крымской весны". – М.: Эксмо, 2016. - 340 с.

11Gottfried, P.E. The strange death of Marxism: The European Left in the new millennium. Columbia, Mo.: University of Missouri Press, 2005

12EUROPE'S NO-GO ZONES: List of 900 EU areas where police have 'LOST CONTROL' to migrants // Express. URL: http://www.express.co.uk/news/world/657520/Europe-no-go-9...

13Саррацин Т. Германия. Самоликвидация. - М.: Рид групп, 2012. - 400 с.

14Phillips, M. Londonistan: How Britain is creating a terror state within. London: Encounter Books, 2007

15Buchanan, P.J. Suicide of a superpower: Will America survive to 2025? New York: Thomas Dunne Books, 2011

16Lenta.ru: Британский премьер осудил политику мультикультурализма. URL: https://lenta.ru/news/2011/02/05/multicult/

17А.Меркель: Попытки построить мультикультурное общество в Германии полностью провалились // РБК. URL: http://www.rbc.ru/rbcfreenews/20101017070445.shtml

18The Guardian: Merkel refuses to abandon refugee policy despite election setbacks. URL: https://www.theguardian.com/world/2016/mar/14/angela-merk...

19Huntington, S. The clash of civilizations and the remaking of world order. New York: Simon & Schuster, 1996

20Fukuyama, F. The end of history? // The National Interest, Summer 1989

21Adida, C.L., Laitin, D.D., Valfort, M.A. // Foreign Affairs: Don't fear Muslim immigrants. They aren't the real problem. URL: https://www.foreignaffairs.com/articles/united-states/201...

22Buchanan, P.J. The greatest comeback: How Richard Nixon rose from defeat to create the new majority. New York: Crown Forum, 2014. P. 238

23Harding, G. // EUobserver: Euroscepticism: The EU's new normal. URL: https://euobserver.com/opinion/133747

24Quotations by Charles de Gaulle // The Foundation Charles de Gaulle. URL: http://www.charles-de-gaulle.com/l-homme-du-verbe/quotati...

Source :

http://sf.donntu.org/sf091611.html

EU gaat Waals verzet ‘breken’ en schadelijk CETA verdrag ratificeren

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EU gaat Waals verzet ‘breken’ en schadelijk CETA verdrag ratificeren
 

CDU Europarlementariër noemt België een ‘failed state’

Fascistisch en bizar: Details van het verdrag worden pas ná ondertekening bekend gemaakt

Nationale parlementen hebben al sinds 2009 geen echte macht meer

Wallonië blijkt het laatste bastion dat zich met hand en tand verzet tegen het CETA vrijhandelsverdrag tussen de EU en Canada. De sociaaldemocratische kanselier van Oostenrijk, Christian Kern, was één van de weinige publieke figuren die de waarheid over dit verdrag durfde te zeggen: ‘Onder dekmantel van vrijheid is dit in werkelijkheid een massale machtsverschuiving ten gunste van de wereldwijd opererende concerns, en ten nadele van de democratische medezeggenschap en democratische politiek. Dat is een fundamentele constructiefout.’ (4) Maar niet in de ogen van de meeste politici, die in tegenstelling tot de gewone Europeaan wèl zullen profiteren van deze zoveelste fascistische* stap naar een Europese Superstaat.

Ondanks het ‘nee’ van Wallonië houden zowel de EU als Canada eraan vast het verdrag komende week te ondertekenen. De Duitse president van het Europese Parlement Martin Schulz zei dat alleen de Europese Commissie de uitdrukkelijke macht heeft om te onderhandelen over CETA, en niet het parlement. Dat mag traditioneel enkel jaknikken op wat de Commissie besluit.

CETA, opmaat naar TTIP, maakt einde aan welvaart

De Duitse Europarlementariër Elmar Brok (CDU), beschouwd als spreekbuis van kanselier Angela Merkel, noemde België dan ook een ‘failed state’, en verweet de Waalse premier Magnette aan een ‘egotrip’ bezig te zijn. ‘Hij houdt Europa op, en dat is onverantwoordelijk.’ (5)

Magnette eist garanties voor het beschermen van de eigen landbouw, en vindt dat de multinationals teveel macht krijgen (1) – precies hetgeen waar de Oostenrijkse bondskanselier voor waarschuwde. Mogelijk speelt ook mee dat het Amerikaanse Caterpillar in september besloot zijn fabriek bij Charleroi te sluiten, waardoor 2000 mensen op straat komen te staan (3).

CETA geldt weliswaar enkel Canada, maar wordt algemeen gezien als de opmaat naar ondertekening van het vergelijkbare en nog meer omstreden TTIP met de Verenigde Staten, wat volgens onafhankelijke analyses Europa miljoenen banen en op den duur ons huidige welvaartsniveau zal kosten.

CETA & TTIP: Dreigende Amerikaanse plundertocht

Grootste bezwaren tegen de ‘vrijhandels’akkoorden CETA & TTIP zijn volgens tal van critici dat de nationale wetten van een land, en daarmee dus het parlement en het volk, bij handelsconflicten buitenspel kunnen worden gezet, en private ‘scheidsrechters’ het laatste woord zullen krijgen. Hierdoor kan een concern in theorie een land aanklagen dat weigert om akkoord te gaan met lonen die (ver) onder het minimum liggen. (6)

Het behoeft geen uitleg dat de arbeidsvoorwaarden voor Europese werknemers, die beter worden beschermd dan hun Canadese en Amerikaanse collega’s, hierdoor fors dreigen te verslechteren, en ook de sociale zekerheid zal worden ondermijnd. De veel geprezen ‘vrijhandel’ zal dan al snel kunnen eindigen in een Amerikaanse (en Canadese) economische plundertocht van Europa, wat volgens sommigen altijd al de achterliggende bedoeling van Washington is geweest.

Het is juist om deze redenen dat de details van het CETA vrijhandelsakkoord pas ná ondertekening bekend worden gemaakt. Het is alsof een bedrijf u vraagt een blanco cheque te ondertekenen als u iets wilt kopen, en dat pas ná aankoop zelf het bedrag dat ú moet betalen, invult.

Parlementen hebben al sinds 2009 geen echte macht meer

‘Onze’ politici beweren weliswaar dat de parlementen nog enige zeggenschap hebben, maar in werkelijkheid is die instemming al sinds 2009 niet meer noodzakelijk. In het in 2005 gesloten Verdrag van Lissabon –een andere naam voor de door Nederland en Frankrijk afgewezen Europese Grondwet- werd de Europese Commissie namelijk de macht gegeven om desnoods zonder parlementaire instemming handelsverdragen af te sluiten (2).

De vraag rijst dan waarom nu zo ‘moeilijk’ wordt gedaan over het verzet van Wallonië. De reden is dat indien de Commissie het verdrag ondanks dit duidelijke Waalse ‘nee’ toch ratificeert, de anti-democratische regeringsvorm van Brussel voor (te) veel Europeanen zichtbaar zal worden, wat extra voer zal zijn voor de door de eurocraten zo gehate vrijheidspartijen. Daarom wordt nu uit alle macht geprobeerd de Walen ‘om’ te krijgen, zodat de burgers de illusie kan worden geboden dat de nationale parlementen nog iets te zeggen hebben over hun eigen landen en landsdelen.

We kunnen er daarom vanuit gaan dat de Walen op het laatste moment toch zullen instemmen, zeker omdat premier Magnette inderdaad bekend staat als een politieke egotripper en rassocialist, die enkel zijn Vlaams sprekende collega’s wil dwarszitten. Zijn ‘ja’ zal als een overwinning voor Europa en de Europese democratie worden neergezet, terwijl het in realiteit exact het tegendeel betekent. Overigens zal de volgende stap, het TTIP met de VS, de Europeanen pas écht veel –en permanent- pijn gaan doen.

Xander

* Beslist niet overdreven. ‘Fascisme’ volgens de ‘Dikke van Dale’: ‘Politiek systeem berustend op ultranationalistische (in dit geval ultra-eurocratische), corporatistische, autoritaire (alle macht naar de EC) en onverdraagzame (volken en landen die weigeren voor Brussel te buigen worden nu al bedreigd en tegengewerkt) beginselen.


(1) Deutsche Wirtschafts Nachrichten
(2) Staatsstreich
(3) Zeit
(4) Geolitico
(5) MM News
(6) Reuters


Zie ook o.a.:

13-05: TTIP op mislukken? VS eist einde sociale zekerheid in Europa (/ Amerikaanse economisch imperialisme: ‘Met TTIP pakt VS de rechtsorde en rechtspraak van soevereine landen af’ – Vrijhandelsverdrag gaat minimaal 1 tot 2 miljoen banen kosten)
26-04: London School of Economics velt vernietigend oordeel over TTIP (/ Vrijhandelsverdrag met Amerika gaat Europese belastingbetalers miljarden kosten )
25-04: Britse reactie op Obama’s pleidooi voor EU en TTIP: Waarom luisteren naar president die wereld in chaos stortte?

dimanche, 09 octobre 2016

Les Turcs bazardent les USA et l’UE

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Les Turcs bazardent les USA et l’UE

par Hakan Karakurt

Ex: http://www.reseauinternational.com

Deux mois et demi se sont écoulés depuis l’échec de la tentative de coup d’État soutenue par les Étasuniens en Turquie. L’objectif était de renverser le Président turc, Recep Tayyip Erdoğan, à cause de sa tendance à mettre en pratique une politique étrangère indépendante de celle de l’OTAN et de l’UE. Sa vision de la politique étrangère est plutôt d’associer économiquement la Turquie à ses voisins et de former des alliances politiques régionales bénéficiant à tous les membres, tout en souhaitant par ailleurs un partenariat sur pied d’égalité avec les USA et l’UE. Refusant que les politiques soient imposées par les USA et l’UE, Erdoğan veut plutôt que les pouvoirs soient partagés afin de créer un monde plus juste et équilibré. Le refus de la Turquie de s’associer à l’embargo économique imposé à la Russie et à l’Iran, a particulièrement irrité les USA et l’UE.

Après que la Turquie a rejoint l’OTAN, en 1952, les USA ont perçu la Turquie comme un poste de police à leur service. Les priorités sécuritaires US n’ont jamais pris en considération les intérêts de la Turquie. Pour les USA, il était en général préférable que la plus faible Turquie accepte leurs exigences, même s’ils étaient contraires à ses intérêts jusqu’en 2002. Mais la détérioration des relations entre les USA et la Turquie a été finalisée quand, avec le consentement de la Russie, l’armée turque a lancé dans le nord de la Syrie l’opération militaire visant à faire complètement disparaître ISIS de la frontière turque. Ironiquement, la Turquie a entamé cette opération le 24 août, le jour de la visite en Turquie du vice-président US, Joe Biden. Il ne fait aucun doute que l’accord sur le conflit syrien, dont le but est de préserver l’unité territoriale et de régler l’avenir de la Syrie en comptant uniquement sur les forces autochtones, a été conclu entre la Russie et la Turquie lors de la visite d’Erdoğan en Russie, le 9 août.

Le but premier des USA, morceler la Syrie, une stratégie US très classique visant à attiser l’instabilité au Moyen-Orient en soutenant des groupes ethniques (YPG) et sectaires (Al-Nusra), est sur le point d’être anéanti par l’alliance retrouvée entre un membre de l’OTAN, la Turquie, et le principal rival des USA, la Russie !

L’arrogance US et l’endurance et la prescience russes, ont créé une alliance non déclarée entre la Russie et la Turquie. Cette alliance n’a pas seulement modifié l’équilibre des forces en Syrie, mais aussi la grande stratégie pour à la fois les USA et les puissances eurasiennes.

L’UE considère la Turquie comme un grand marché pour ses produits (38% des importations turques) et comme un tampon entre elle et les pays du Moyen-Orient. Tout comme la russophobie vide de sens, la turcophobie est encore très banale chez les Européens. Après le coup d’État manqué, au lieu de soutenir le gouvernement légitime démocratiquement élu, l’UE a gardé le silence et les médias dominants européens ont grossièrement accusé le Président turc d’avoir conçu la mise en scène d’un coup d’État pour consolider son pouvoir autoritaire. En outre, ne tenant aucun compte de la guerre asymétrique en cours en Turquie orientale contre les terroristes séparatistes, l’UE a tenté de forcer le gouvernement turc à assouplir sa loi antiterroriste et a retardé la règle d’abolition des visas pour les Turcs [visitant l’UE]. Pendant ce temps-là, l’UE ouvre grand ses portes aux Ukrainiens dirigés en ce moment par un « gouvernement pro-européen ». C’est pourquoi, lors de la cérémonie d’ouverture du Parlement turc, le 1er octobre, Erdoğan a déclaré que les trente années de négociations sur l’adhésion à l’UE étaient juste une diversion et que la comédie avec l’UE touchait presque à sa fin.

Comprenant que l’avenir du pays se trouve dans les politiques eurasiennes, le Président et le gouvernement turcs prennent des mesures pour réassigner les engagements du pays. Néanmoins, après la fondation de la Turquie moderne en 1923, les élites dirigeantes et une partie importante de la nation turque, ont considéré, en tant que descendants d’un grand empire ayant régné pendant plus de six siècles, que s’occidentaliser était le principal objectif pour le rétablissement de la puissance de l’État. Les institutions gouvernementales, les structures économiques, et les formations militaires ont donc été copiées sur celles des USA et de l’UE. Le peuple turc considérait les USA et l’UE comme des alliés et des exemples, et espéraient et croyaient qu’un jour futur, leur pays intégrerait l’axe occidental.

Le coup d’État militaire raté du 15 juillet a marqué la fin des rêves d’intégration à l’Occident en Turquie. Le soutien des USA et de l’UE aux auteurs du coup d’État a réveillé le peuple turc qui en est venu à considérer que cette manœuvre était une attaque étrangère directe.

Les opinions opposées aux USA et à UE ont monté en flèche. Le mois dernier, deux sondages d’opinion sur les USA et l’UE ont été publiés par une société de recherche indépendante et une fondation. L’enquête d’opinion faite par MAK Consulting s’est axée sur l’opinion de la population turque concernant les relations entre les USA et la Turquie. Les résultats sont choquants. Quatre-vingt dix pour cent des sondés considèrent que l’on ne peu pas compter sur les USA, bien que la Turquie soit membre de l’OTAN. Seulement 50% des Turcs avaient cette opinion avant la tentative de coup d’État. Selon le PDG de la société de sondage, le peuple turc pense pouvoir vaincre les USA et, si la loi martiale n’était pas décrétée, il se pourrait que l’ambassade US soit attaquée par des citoyens en colère.

Une autre enquête d’opinion très intéressante a été faite par TAVAK (fondation pour l’éducation et la recherche scientifique en Turquie et dans l’UE) sur les relations entre la Turquie et l’UE. Seulement 22% des participants estiment que la Turquie deviendra membre à part entière de l’UE. Près de la moitié des sondés ont suggéré que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) sont une voie novatrice pour la Turquie, à la place de l’UE. Malheureusement, 60% des sondés révèlent que l’islamophobie est la première raison du refus de l’UE d’intégrer la Turquie en tant que membre à part entière.

Il est très intéressant de noter que les Turcs, qui sont des musulmans, envisagent leur destin au sein d’alliances avec d’autres pays non-musulmans (OCS & BRICS).

Après la faillite du monde bipolaire, nous avons tous été témoins d’un nouvel épisode de l’impérialisme US déguisé sous les mots magiques, mais vides : mondialisation, libéralisme, humanitarisme, démocratie et autodétermination, qui ne visaient qu’à déployer dans le monde l’hégémonie US qui s’oppose aux intérêts de toutes les autres nations. Les objectifs irresponsables et vaniteux des USA seront sans doute déjoués par la collaboration des grandes nations eurasiennes. La fin de l’histoire viendra, comme le dit l’idéologie protestante US, mais les USA ne seront pas les vainqueurs ! L’intervention militaire russe en Syrie et l’alliance secrète entre Russie et Turquie visant à préserver l’unité territoriale de la Syrie, ont stoppé les plans US au Moyen-Orient. En intensifiant la collaboration entre les nations eurasiennes, nous verrons de nouvelles défaites US dans d’autres régions du monde.

Katehon, Hakan Karakurt

Original : katehon.com/article/turks-say-no-us-and-eu
Traduction Petrus Lombard

dimanche, 25 septembre 2016

Machtkampf zwischen USA und EU

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Machtkampf zwischen USA und EU

Streit um Besteuerung von US-Unternehmen in Europa geht aufs Ganze

Norman Hanert
Ex: http://www.preussische-allegemeine.de

Im Schatten der schwierigen Verhandlungen zum TTIP-Abkommen hat sich zwischen Brüssel und Washington ein Konflikt  über die Besteuerung von US-Konzernen entzündet. Viele Großunternehmen aus Übersee haben mit Steuersparmodellen in Ländern wie Irland hohe Gewinnrück­lagen angehäuft, die nun Begehrlichkeiten wecken.


Gekämpft wird in dem Streit mit harten Bandagen. Nach den Ermittlungen der EU-Kommission wegen der Besteuerung für das Unternehmen Apple in Irland hat die US-Regierung eine Warnung an die EU-Kommission geschickt, die im Ton ungewöhnlich scharf ausgefallen ist. Washington wirft der EU-Wettbewerbsaufsicht vor, sie agiere wie eine übernationale Steuerbehörde und habe ganz speziell US-Firmen im Visier.


Die USA kündigen zudem an, man „prüfe weiterhin eventuelle Antworten, wenn die Kommission an ihrem aktuellen Kurs festhält“. Aus Sicht einiger linker Kritiker stellt die Reaktion aus Washington einen Beleg dafür dar, wie weit die US-Administration mittlerweile durch die Interessen amerikanischer Konzerne bestimmt sei.


Der Wahrheit näher kommen dürfte allerdings eine andere Deutung: Eine Reihe von US-Firmen wie eben Apple, aber auch Amazon, Google, Microsoft oder Facebook, haben in den vergangenen Jahren hohe Gewinnrücklagen gebildet, die nun ins Visier der Politik gerückt sind. Laut einer Untersuchung, die der US-Kongress bereits vor einigen Jahren vorgelegt hat,  haben  US-Firmen Reserven von insgesamt zwei Billionen Dollar angehäuft. Dabei hätten sie unter anderem die entgegenkommende Steuerpraxis in verschiedenen EU-Ländern genutzt.


Allein die Geldreserven von Apple schätzen Experten derzeit auf über 230 Milliarden Dollar. Aus Sicht der US-Regierung ärgerlich ist, dass Apple über 90 Prozent der Summe bislang außerhalb des Heimatlandes belässt. Der iPhone-Hersteller ist damit nicht allein. Auch andere Konzerne  haben die Steuergesetze verschiedener EU-Länder genutzt, um ihre Gewinne kleinzurechnen und den hohen Steuersätzen in den USA zu entkommen.


Üblicherweise will der US-Fis­kus 35 Prozent auf jene Gewinne,  die vom Ausland  in die USA transferiert werden – so zumindest die bisherige Regelung. Inzwischen hat nämlich in Washington eine Diskussion über eine Sonderregelung, einen sogenannten „tax holiday“, begonnen. Wie bereits im Jahr 2004 sollen Unternehmen von einer Sonderregelung profitieren, wenn sie Geld in die Vereinigten Staaten transferieren. Bei der Steueramnestie vor zwölf Jahren mussten sie lediglich 5,25 Prozent Steuern auf  Auslandsgewinne zahlen, wenn sie in die USA überwiesen wurden. Als Folge holten US-Firmen damals über 300 Milliarden Dollar in ihr Heimatland.


Ob sich ein derartiger Erfolg wiederholen lässt, hängt nicht zuletzt vom Agieren der EU ab. Werden die US-Firmen bereits von Brüssel zur Kasse gebeten, dann schmälert dies die zu erwartenden Einnahmen für die Steuerkasse der Vereinigten Staaten.


Dass sich Brüssel in der Angelegenheit überhaupt mit der US-Regierung anlegt, ist dem Zusammentreffen mehrerer Umstände geschuldet: Eine wichtige  Rolle spielt die personelle Besetzung der EU-Kommission.  So hat die dänische EU-Wettbewerbskommissarin Margrethe Vestager bereits mehrfach bewiesen, dass sie einen Konflikt mit großen Konzernen wie etwa Google nicht scheut. Dabei kann die Sozialliberale aus einer starken Position handeln: Vestagers Heimatland Dänemark gilt in Sachen Steuerdumping als unverdächtig.


Noch wichtiger aber: EU-Kommissionspräsident Jean-Claude Juncker ist gut beraten, Vestager speziell in der Angelegenheit  Konzernbesteuerung völlig freie Hand zu lassen und ihr nicht in die Quere zu kommen. Der Luxemburger gilt unter anderem deshalb bereits als politisch schwer angeschlagen, weil auch sein Heimatland Unternehmen mit „kreativen“ Steuerlösungen angelockt hat. Juncker war jahrelang Finanzminister, später Premierminister von Luxemburg.


Als geschwächt gilt auch die Position der  EU-Handelskommissarin Cecilia Malmström. Bereits in der Vergangenheit war ihr – unter anderem aus Frankreich – ganz offen vorgeworfen worden, sie setze  sich in Brüssel für die Interessen der US-Regierung ein.


Auch ihr bisheriges Vorgehen bei den Verhandlungen zum Freihandels- und Investitionsschutzabkommen (TTIP) mit den USA hat starke Kritik hervorgerufen. Mittlerweile erscheint sogar ein Scheitern des Abkommens und damit ein massiver Misserfolg Malmströms möglich: Nach dem, was nach außen dringt, sind die Verhandlungen der EU mit den Amerikanern festgefahren, während US-Präsident Obama  nur noch kurze Zeit im Amt ist.  Sollte in wenigen Wochen Donald Trump als  nächster US-Präsident ins Weiße Haus einziehen, kann TTIP in seiner bisherigen Form vermutlich als erledigt angesehen werden.      

Norman Hanert

TTIP – la forme juridique de l’arbitrage

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TTIP – la forme juridique de l’arbitrage

par Dario Rivolta*

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Dans les accords entre des particuliers, on introduit souvent une clause indiquant la possibilité d’un arbitrage en cas de controverses entre les parties adverses portant sur l’interprétation ou le non-respect de l’accord par une des parties contractantes. Dans la plupart des cas, on remettra le jugement à un tiers, telle la Chambre de commerce du pays, où l’accord a été signé, ou celle de Genève ou de Stockholm ou une autre. Dans tous les cas, on indique explicitement que tout ce qui a été signé ou ce qui n’est pas prévu expressément par l’accord doit être conforme aux lois de l’Etat dans lequel le travail ou la livraison ont été effectués.


Dans le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI ou TTIP en anglais) négocié depuis 4 ans entre les délégués des Etats-Unis et les fonctionnaires de la Commission européenne, (si nécessaire à la demande du Conseil européen), on mentionne également la possibilité d’un arbitrage pour résoudre d’éventuels conflits entre diverses entreprises ou bien entre celles-ci et des Etats signataires. En aucun cas pourtant, on mentionne des lois existantes ou futures. En d’autres termes, cet aspect sera la raison pour l’engagement des tribunaux d’arbitrages et leurs sentences car l’objectif de ces accords est la protection des investissements. Un pourvoi en appel n’est pas prévu selon la proposition américaine et un tel tribunal sera doté de trois arbitres: un pour chaque partie et un troisième, élu par accord commun. Jusqu’à présent, la contre-proposition européenne se limite à la seule revendication que soit garanti le fait que les arbitres n’aient pas de conflits d’intérêts (Les donneurs d’ordre ne devront-ils pas les payer?) et qu’il y ait la possibilité de faire un recours.


De telles conditions ne sont pas nouvelles: déjà dans les années 1960, divers gouvernements allemands avaient conclu des accords similaires avec 130 autres Etats, afin de protéger les investissements privés (allemands!). Bien que tous n’étaient pas égaux, ils prévoyaient la possibilité, en cas de violation des intérêts d’une partie, de faire recours auprès d’un tribunal d’arbitrage et de soumettre le fauteur à des sanctions avec indemnisation des «victimes». Le sens et le but étaient de contrer l’insécurité du droit et le manque de fiabilité de quelques systèmes juridiques pour garantir les intérêts de ceux ayant investi des millions, voire des milliards, dans ce pays.


Dans les négociations actuellement en cours, il est clairement précisé qu’il sera possible d’intervenir contre des expropriations «directes ou indirectes» des investissements.
Là, il ne faut pas penser uniquement à des conflits entre des particuliers ou à des nationalisations explicites. Tout acte gouvernemental représentant un risque ou diminuant les gains prévus des investisseurs est traité comme une expropriation «indirecte».


Pour illustrer cela, voici quelques exemples:

  • En 2009, l’entreprise suédoise Vattenfall, demanda 1,4 milliards d’euros au gouvernement allemand pour des présumés dommages subis suite à des mesures exigées en faveur de l’environnement lors de la construction d’une centrale à charbon. La plainte fut abandonnée suite à l’adaptation des mesures prévues en faveur de l’environnement.
  • En 2011, Philip Morris accusa le gouvernement australien et demanda des dédommagements. La cause était une nouvelle loi votée par le Parlement, demandant à tous les producteurs des normes plus sévères pour l’emballage des cigarettes avec l’objectif de diminuer ainsi la consommation de tabac. Cela limiterait les gains de l’entreprise multinationale. En 2015, l’Australie gagna le litige uniquement grâce à une subtilité formelle, suite à quoi la plaignante annonça un recours aussitôt que le Partenariat transatlantique (TTIP) serait en vigueur.
  • En 2012, l’Equateur fut condamné à payer 1,7 milliards de dollars à l’Occidental Petroleum Corp. parce que le pays lui avait retiré la concession d’exploitation d’un champ de pétrole, après que la société américaine ait remis ses propres droits à une société canadienne, sans y être autorisée.
  • En 2012, Vattenfall demanda à nouveau à l’Allemagne 4 milliards d’euros de dédommagements parce que le gouvernement avait décidé la sortie du nucléaire.
  • En 2014, le groupe d’énergie allemand RWE recourut à l’arbitrage contre le gouvernement espagnol parce que celui-ci avait limité les subventions en faveur des énergies renouvelables.
  • L’accord panaméricain Nafta (un précurseur de ce que pourrait être TTIP) contient la même clause d’arbitrage (la clause dite ISDS). Sur la base de celle-ci, l’entreprise américaine Lone Pine Ressources demanda en 2013 250 millions de dollars au Canada parce que le Québec avait pris des précautions et interdit la fracturation hydraulique afin de protéger les eaux du fleuve Saint Laurent. En outre, le Canada perdit le procès contre Exxon Mobil et Murphy Oil. L’Etat canadien avait osé d’imposer que 16% des profits des extractions concessionnelles devaient être utilisées pour la recherche de nouveaux gisements. Toujours dans le contexte du traité Nafta, le Canada dut payer 13 milliards de dollars à l’entreprise américaine Ethil. L’Etat canadien avait interdit l’utilisation du MMT, un additif pour l’essence, produit par le géant chimique Ethil parce qu’il nuit à la santé humaine.

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Voilà quelques exemples pour prouver la facilité avec laquelle les grandes multinationales peuvent accuser les gouvernements en ayant recours à «la protection des investissements» ancrée dans les divers accords. Avant tout, il est évident que les intérêts commerciaux prévalent aux lois démocratiques et légitimes des gouvernements et des Parlements.


La clause de l’arbitrage en discussion (ISDS) existe, dans une première version, depuis 1959 mais jusqu’en 1995, elle ne fut appliquée qu’exceptionnellement. Depuis ce moment et notamment dès 2000, le recours à de tels arbitrages a augmenté de façon exponentielle. Cela revient pour le législateur à du chantage éveillant la méfiance envers les décisions ou les lois pouvant mettre à risque les intérêts des grandes multinationales. Seuls très peu de pays, dont le Brésil, ont refusé d’utiliser le modèle ISDS lors d’accords commerciaux et l’Afrique du Sud a même fait savoir qu’elle allait se retirer de tous les accords commerciaux prévoyant l’application de cette clause, y compris des accords déjà signés.


Dans la discussion sur le TTIP, la question des arbitrages n’est pas encore clarifiée. A Bruxelles, on pense encore pouvoir changer les clauses d’une manière ou d’autre. Malgré la pratique du secret gardé dans les négociations, il semble que les Américains insistent avec persévérance sur leur position de la NAFTA.


Il est évident que l’affaire des arbitrages est essentielle. Même les évêques américains, avec leurs collègues européens ont diffusé leur propre «recommandation» constatant que les méthodes proposées jusqu’à présent «pourraient apporter des avantages injustifiés pour les intérêts commerciaux utilisant les règles des tribunaux d’arbitrage ou des systèmes juridiques pour affaiblir d’importantes normes en matière d’environnement, du droit de travail et des droits de l’homme … Une attention disproportionnée pour l’harmonisation ou la simplification de la régulation ne doit pas constituer la base pour mettre en danger des normes appropriées de la sécurité, du travail, de la santé et de l’environnement appliquées localement par des organismes étatiques, fédéraux ou régionaux …».


Nous ne savons pas comment cette confrontation se terminera et quel pourrait être un éventuel compromis, s’il y en a. Ce qui est certain, c’est que l’obsession d’éviter les tribunaux publics et l’ignorance de lois locales ou étatiques, restreint objectivement la liberté de tout Etat de droit. De plus en plus souvent, la volonté citoyenne est contournée et les législations nationales sont soumises aux intérêts et décisions commerciaux.    •
(Traduction Horizons et débats)

*    Dario Rivolta est chroniqueur pour les informations politiques internationales et conseiller en commerce extérieur. Il est spécialiste des sciences politiques, spécialisé dans le domaine de la psychologie sociale. De 2001 à 2008, il a été député au Parlement italien et vice-président de la Commission des Affaires étrangères. Il a représenté le Parlement italien au Conseil de l’Europe et à l’Assemblée de l’Union de l’Europe occidentale. Puis, il était également responsable des relations internationales de son parti.

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Lorsque le «libre-échange» prime sur le droit étatique…

Un tribunal international a ordonné au gouvernement canadien de payer 17 millions de dollars de dédommagements à deux entreprises pétrolières, suite à une violation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA, NAFTA en anglais).
Une porte-parole de «Natural Resources Canada» a précisé dans un courriel que la décision juridique du 20 février 2015 avait octroyé à Exxon Mobil 13,9 millions de dollars avec intérêts en sus, et à Murphy Oil 3,4 millions avec intérêts en sus.
Michelle Aron a déclaré qu’Ottawa analyserait cette décision et les possibles réactions après en avoir délibéré avec les gouvernements de la Terre-Neuve et du Labrador.
Le comité de la NAFTA avait statué que les obligations concernant les dépenses de recherches imposées par le gouvernement aux deux entreprises pétrolières, violaient l’art. 1106 de l’accord de libre-échange.
Cet article défend aux gouvernements d’exiger des prestations spécifiques comme conditions préalables à des investissements.
Exxon Mobil n’a pas voulu se prononcer et Murphy Oil n’a pas pu être atteint.

Source: The Canadian Press du 6/3/15

Critiques croissantes envers TTIP

Les désaccords proviennent-ils aussi de la sphère du politique?

km. A l‘intérieur de l‘UE, l’acceptation du prétendu Traité du libre-échange transatlantique (TTIP) diminue constamment. Si l‘on analyse les résultats du dernier sondage de l‘Eurobaromètre du printemps 2016, le soutien au sein de l‘UE a continué à baisser et se trouve en moyenne à 51% des personnes interrogées. Dans huit pays, il est inférieur à 50%: en France, en Italie, en Croatie, en Slovaquie, en Slovénie, au Luxembourg, en Allemagne et en Autriche. Les deux derniers pays ont les taux d‘approbation les plus bas: 25% pour l‘Allemagne et 20% pour l‘Autriche.
Peut-être est-ce aussi en raison des élections à venir que des hommes politiques renommés des Etats de l‘UE critiquent TTIP en haut lieu. Le secrétaire d‘Etat français Matthias Fekl, responsable du commerce, a annoncé le 30 août qu‘il voulait proposer la rupture des négociations concernant TTIP à la réunion des ministres du commerce de l‘UE le 23 septembre à Bratislava. Le président français François Hollande avait déclaré quelques jours auparavant que les négociations avec les Etats-Unis étaient sclérosées et déséquilibrées. Le ministre allemand de l‘économie Sigmar Gabriel a déclaré, lui aussi, que TTIP avait «en fait échoué». Le 31 août, le chancelier autrichien Christian Kern a critiqué et remis en question non seulement TTIP, mais également l’Accord économique et commercial global (AECG, CETA en anglais), signé en 2014 entre le Canada et l’UE.
Le chancelier autrichien a demandé un sondage sur Internet parmi les membres de son parti qui durera jusqu‘au 18 septembre, et auquel des citoyens non-membres du parti peuvent également participer.
Les questions montrent clairement que les critiques avancées concernant ce traité sont également intégrées:

  • «L‘Autriche doit-elle accepter l‘application provisoire de CETA au niveau de l‘UE?
  • CETA doit-il être mis en vigueur s’il contient la possibilité de procédures d‘arbitrage contre des Etats?
  • CETA doit-il être mis en vigueur s‘il permet d‘abaisser les normes qualitatives européennes?
  • Les traités de libre-échange futurs devront-ils être construits de manière à ce que les normes qualitatives européennes (p.ex. pour la sécurité des produits, la protection des données, des consommateurs, de la santé, de l‘environnement et des animaux) puissent être maintenues?
  •  Les négociations futures sur TTIP ou d‘autres traités du libre-échange doivent-ils être liées à l’obligation de garantir la plus grande transparence possible?» Et le chancelier d’ajouter: «Nous nous sentirons naturellement obligés de respecter les résultats de ce sondage.»

Il faudra attendre pour voir. Dans ce contexte, il est intéressant de voir que les participants du Sommet du G20 à Hangzhou en Chine, semblent être «nerveux». La «Neue Zürcher Zeitung» se permet d‘écrire dans son éditorial du 6 septembre que les chefs d‘Etat et de gouvernement étaient inquiets suite au fait que les «perdants» de la mondialisation «expriment de plus en plus souvent leur mauvaise humeur lors des élections». Et le journal d‘ajouter: «La couche des dirigeants politiques est en soucis, car suite à ce développement, ils se sentent remis en question.»
Les chefs d‘Etat et de gouvernement du G20 devraient cependant comprendre – tout comme les politiciens de l‘UE s‘exprimant actuellement – que les critiques face à la mondialisation et ses projets, tels TTIP et CETA, ne sont pas primairement basées sur des mobiles utilitaristes, donc avancées par les «perdants» du système. De très nombreuses personnalités du monde entier se font de réels soucis au sujet de l’actuel système mondial financier et économique, ses méthodes et ses effets secondaires – par exemple les injustices criantes et les guerres dévastatrices – qui pourraient précipiter toute l’humanité dans un gouffre sans fond.

lundi, 12 septembre 2016

Sur l' «amende» imposée à Apple

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Sur l' «amende» imposée à Apple

L'Europe se donne des verges pour se faire battre
 
par Jean-Paul Baquiast
 
Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le ministère des finances américain (US Treasury) se dit "très préoccupé" par la décision de la Commission européenne « CE » imposant à Apple une amende fiscale de plusieurs milliards pour dissimulation de revenus. Elle ouvre, dit-il, un dangereux précédent à partir duquel d'autres multinationales ( ndlr: principalement américaines) seraient elles-aussi « redressées ».

"L'Union européenne exerce une autorité supranationale qui bafoue les décisions fiscales prises dans chacun des Etats membres" reproche-t-il à la CE dans un courrier adressé à Bruxelles. "Le Trésor américain envisage des réponses dans le cas où la Commission européenne persévérait dans cette voie" ajoute-t-il. Autrement dit il appelle à des mesures de rétorsion permettant de ne pas appliquer la décision de la CE et de punir en contrepartie les rares entreprises européennes qui se risquent à travailler aux Etats-Unis...
Barack Obama est allé plus loin, sortant sans hésiter de ce qui devrait être une réserve diplomatique. Ainsi, a-t-il fait adresser à la CE un « Livre blanc » de 26 pages transmis à Bruxelles par l'intermédiaire de Jack Lew, secrétaire au Trésor américain, et reprenant les termes cités ci-dessus.

Pour Barack Obama, les choses sont simples. L'UE ne peut pas s'en prendre à Apple tout simplement parce qu'elle ne peut pas bafouer les lois de ses pays membres. Ces propos ne sont pas sans rappeler ceux tenus par le Président des Etats-Unis lorsqu'il s'agissait de défendre Google et Facebook il y a quelques temps.

Il déclarait alors :

"Pour défendre Google et Facebook, la réponse européenne est parfois dictée davantage par des intérêts commerciaux qu'autre chose. [...] Leurs entreprises – les fournisseurs de services qui, vous savez, ne peuvent pas rivaliser avec les nôtres – essaient essentiellement d'empêcher nos entreprises de fonctionner efficacement . Nous avons possédé Internet. Nos entreprises l'ont créé, développé et amélioré de telle manière que l'Europe ne puisse pas lutter. Et fréquemment, ce qui est décrit comme des prises de positions nobles est en fait juste une manière de placer leurs intérêts commerciaux."

Peut-on espérer une réponse globale de l'Union européenne?

Il ne faudrait pas se limiter à rappeler le droit fiscal appliqué en Europe. Il faudrait rappeler à l'Amérique qu'elle s'est donné un monopole quasi absolu sur la société de l'information, ses acteurs et ses usagers. Il ne faudrait pas citer seulement les GAFA, mais les industries de l'informatique et des communications, civiles et militaires. Partout, les entreprises américaines ont éliminé toute concurrence par des manoeuvres relevant d'une véritable guerre économique et politique. On est loin de la simple application des principes libéraux auxquels Obama se réfère.

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Mais les Européens ne sont-ils pas en premier lieu responsables de ce qui leur arrive? Ayant dès l'origine cédé à la pression américaine, ils se sont refusé à tout investissements susceptibles de développer des alternatives à l'offre américaine. Pourtant les ressources purement européennes ne manqueraient pas.

Encore plus grave a été le refus des Etats européens, toujours sous la pression américaine, de s'organiser en véritable Etat fédéral, reposant en priorité sur une harmonisations des lois fiscales et douanières. Accepter que coexistent en Europe des Etats « normaux », comme la France et l'Allemagne, et des Etats « voyous » comme l'Irlande, ne peut qu'inciter les brigands économiques américains à en profiter. Si on laissait toutes les portes de son appartement ouvertes, faudrait-il s'étonner que des voleurs en profite?

Peut-on espérer refondre entièrement l'Union européenne dans le sens d'un véritable Etat fédéral fort? Faut-il au contraire accepter d'en sortir pour se protéger par des politiques industrielles nationales, au sein de frontières adéquates? Pour nous, la réponse ne fait pas de doute

Pour en savoir plus
http://europa.eu/rapid/press-release_IP-16-2923_en.htm

 

lundi, 29 août 2016

Réponse à l’europhobe Juncker

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De l’importance des frontières pour l’Europe

Réponse à l’europhobe Juncker

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Aux yeux de Jean-Claude Juncker, président de la commission dite « européenne », « les frontières sont la pire invention politique. » Un tel propos traduit, outre une inconscience politique totale à un moment où les Européens s’inquiètent d’un flux migratoire aux frontières du continent, une idéologie de nature mondialiste. Dans sa vision du monde, la seule frontière c’est celle qui sépare le globe de l’espace.

Cette phobie des frontières, cette « horophobie », n’est pas l’apanage du seul Juncker. C’est la pensée de tous ceux qui prônent l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne, de tous ceux soutiennent une immigration aneuropéenne sans limites, une Europe passoire où tout migrant qui franchit ses « frontières » devient automatiquement citoyen. Elle accompagne naturellement le rejet du « droit du sang » donc de la notion de droit de propriété sur un territoire donné. « Le monde appartient à tous » et autres niaiseries gauchistes, qui nous démunissent face au mal, dominent leur (non-)pensée.

A contrario, les souverainistes fétichisent la notion de « frontière nationale » sans saisir le fait qu’avec la mondialisation la frontière est surtout à l’intérieur même de la nation, entre ceux qui y ont leur place légitime et ceux dont des gouvernements laxistes ont choisi d’imposer la présence aux dits légitimes.

La question de Schengen est très significative. Le choix de supprimer les frontières internes à l’Union Européenne n’est pas scandaleux. La frontière a pour but de séparer deux entités et non de diviser une seule entité. Si on estime que les Européens ont entre eux une parenté commune et un devenir commun, alors il est même normal qu’ils aient une frontière commune.

Le problème de Schengen, c’est néanmoins celui du vase à moitié rempli, comme dans tout ce que fait l’actuelle Union Européenne qui ne va jamais au bout des choses. La suppression des frontières intérieures implique le renforcement des frontières extérieures et non leur fragilisation. En laissant aux Etats le soin de protéger leurs frontières avec l’espace hors Schengen, donc en mettant en première ligne des pays comme la Grèce, l’Espagne ou l’Italie, des pays sous-dimensionnés en moyens financiers, pour certains à peine sortis de dictatures et donc plus enclin au laxisme de type gauchiste, ou chrétien, que les autres, l’Union Européenne a commis une faute majeure.

Puisque Schengen est incapable de faire respecter les frontières communes, alors que se passe-t-il ? Chacun fait comme il peut. La Grèce construit un mur à sa frontière avec la Turquie en Thrace. La Hongrie construit un mur tout autour pour empêcher les migrants d’y pénétrer. Le Royaume-Uni vote en faveur d’un brexit, même s’il n’est pourtant pas membre de l’espace Schengen, tant l’incapacité de l’UE à maîtriser les flux migratoires est patente.

Faire l’Europe, c’est en définir précisément les frontières, les pays qui ont vocation à en faire partie et sur quelle base. Le problème n’est pas de ne pas avoir de frontières intérieures, à partir du moment où les frontières extérieures sont bien gardées, ce qui n’est malheureusement pas le cas.

Créer un corps européen de garde-frontières doté des moyens d’agir ne suffirait pas. Déterminer une politique européenne à adopter face aux migrants, et ce dans le sens de la fermeté et de la reconduite systématique aux frontières, est nécessaire. Cela veut dire harmoniser les lois en Europe, couper l’appel d’air que certains pays comme la France envoient stupidement par idéologie mondialiste ou comme l’Italie avec les déclarations inopportunes du Vatican dans le sens du laxisme.

Cela veut aussi dire verrouiller les frontières de l’Union Européenne avec la Turquie et de contrôler activement la Mer Egée afin de ne plus être les otages d’Erdogan. Il est d’ailleurs plus que temps de mettre fin au processus d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Défendons nos frontières.

Mais qui dit diplomatie européenne, politique européenne de gestion des flux migratoires, corps européen de garde-frontières, et donc implicitement armée européenne et police européenne, donc en somme qui dit frontières européennes, dit « Etat européen ». On retrouve là le concept propre au Parti des Européens, à savoir que sans Etat européen unitaire, et identitaire, nous sommes démunis. A ce moment là, les souverainistes ont raison. Sans frontières européennes, les frontières nationales s’imposent automatiquement.

Donc oui aux frontières, mais à de vraies frontières européennes, solidement gardées même si ouvertes aux Serbes, Albanais, Arméniens, Ukrainiens ou Russes par exemple, qui sont des Européens, mais fermées aux autres. Refusons de supprimer les visas pour les Turcs mais réfléchissons vraiment à les supprimer pour les Russes, un souhait de Poutine qui irait dans l’intérêt de toute l’Europe, à partir du moment où la Russie respecte des normes précises, et communes, permettant d’éviter toute falsification par des migrants. Certains dénoncent une Forteresse Europe imaginaire, alors que le laxisme règne. Au contraire, bâtissons-la.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

dimanche, 10 juillet 2016

L’Europe de Barroso : de Mao à Goldman Sachs

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L’Europe de Barroso : de Mao à Goldman Sachs

Ex: http://www.dedefensa.org

Dans l’émission L’Histoire immédiate (chaîne Histoire) du 6 juillet, Régis Debray observe que les évènements de mai 68 qu’il n’a pas vécus puisqu’il était en prison en Bolivie (de 1967 à 1971), marquent l’accélération décisive de l’américanisation de la France et de sa plongée dans le consumérisme. L’américanisation de la France grâce à Mao (les gauchistes maoïstes étaient en pointe dans le mouvement) : « Amusant... Ou bien non, pas amusant du tout », commente Debray avec une ironie un peu lasse. Trois jours plus tard, cette analyse aujourd’hui unanimement acceptée par les esprits hors-Système/antiSystème, trouve une confirmation opérationnelle en étendant la vertu de l’américanisation de 1968 à l’Europe.

Il est sans la moindre vergogne, mot inconnu chez lui puisqu’il a dirigé la Commission européenne pendant dix ans, ni la moindre conscience de sa condition de gredin, l’exceptionnellement insignifiant Barroso, Portugais gaucho-maoïste en 1968. En toute impudence parce que “pour le mérite”, il a donc reçu le 8 juillet son bâton de maréchal pour un travail si bien fait : une nomination à la direction internationale de Goldman-Sachs comme directeur honoraire et conseiller. Le montant du salaire annuel n’est pas communiqué : sans doute approche-t-on les sept chiffres, comme le bâton de maréchal que recevait (le passé est de rigueur) un général vainqueur d’une guerre compte en France sept étoiles. (Sept étoiles sur les champs de bataille d’antan : beaucoup moins que l’Europe d’aujourd’hui, et alors comment peut-on dire que le progrès est une idée dépassée ? L’UE de Goldman Sachs bien plus qu’un maréchal, et alors comment peut-on avancer que l’héroïsme n’existe plus ?)

... Brève présentation de l’événement par Thomas P. Carney, du Washington Examiner, le 8 juillet (même aux USA, on s’aperçoit de la chose qui nous garantit la pureté des adversaires du Brexit) : « Jose Manuel Barroso was president of the European Commission (the central governing apparatus of the European Union) for a decade. His central mission was expansion and centralization of the EU. “More integration is simply indispensable for our economy,” Barroso said. He doubled the membership size. Barroso saw Britain's exit from the EU, the “Brexit,” as a horrible idea. “It will not be wise for Britain to now make a jump in the dark,” Barroso said. “It is quite obvious from my point of view that we are stronger if we are together.”

» Today Goldman Sachs, the New York-based global investment bank, announced: “the appointment of José Manuel Barroso as non-executive chairman of Goldman Sachs International (GSI). He will also be an advisor to Goldman Sachs.” It's not a mystery, is it, why the fishermen of Hastings or Wales may not have believed that Barroso's interests were aligned with theirs? »

samedi, 02 juillet 2016

Le Brexit et les quatre de Visegrád

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Le Brexit et les quatre de Visegrád

Ferenc Almássy

Ex: http://metamag.fr

Brexit, groupe de Visegrád, Union européenne – l’Europe change. L’Histoire s’écrit en ce moment même

Le Brexit a été un choc pour certains, surtout dans un Occident ramolli et capricieux. Mais en Europe centrale, vivre des événements historiques de l’intérieur est presque devenu quelque chose de courant. Tous les actuels dirigeants d’Europe centrale se souviennent, voire ont même pris part au changement de régime qui a eu lieu il y a un peu plus d’un quart de siècle. Ces hommes et ces femmes ont vécu sous le communisme et ont participé à sa mise à mort. Et cette expérience est mise à profit en ce moment même où l’Europe vit un tournant majeur.

S’il est bel et bien appliqué – ce ne serait pas la première fois dans l’Histoire de l’Union européenne qu’un référendum qui déplaît à ses élites ne serait pas appliqué -, le Brexit aura des conséquences aussi en et pour l’Europe centrale.

Une fracture amorcée non par le Brexit, mais par Berlin et Paris.

Les 6 membres fondateurs de l’Union – le Benelux et les petits géants européens : Italie, France et Allemagne – se sont réunis en urgence à Berlin lundi 27 juin, pour parler de l’avenir de l’Union européenne… selon eux ; excluant les « états secondaires », et donc, le groupe de Visegrád.

Selon le média polonais TVP, les Allemands et les Français travailleraient sur un projet de « super-État », autrement dit une augmentation considérable de l’intégration européenne. Le média polonais a publié une copie du document de 9 pages : il s’agit d’en finir avec les derniers éléments de souveraineté nationale.

Le groupe des quatre de Visegrád (V4) a saisi l’importance de l’événement et n’est pas resté les bras croisés. Le ministre des affaires étrangères polonais a convié ses homologues du V4 ainsi que d’autres pays exclus de la réunion de crise berlinoise. La dissidence étatique est née et est officialisée au sein d’une Union que d’aucuns estiment déjà moribonde.

Il est trop courant à l’Ouest de penser que l’Europe centrale a bénéficié de l’aide financière bienveillante, désintéressée, offerte par pur humanisme, de la part d’une Union européenne ouest-continentale. Mais évidemment, si l’Europe centrale a bénéficié de subsides européennes, elle n’a pas signé pour en être une colonie – en fait, si, diront certains ; les pays baltes, le V4 et les autres nouveaux pays de l’Union Européenne sont des membres à part entière, participant eux aussi financièrement à l’effort commun, ayant troqué une part de leur souveraineté pour jouer le jeu, et enfin, ayant ouvert des marchés énormes, faciles d’accès – tant géographiquement que légalement ou financièrement – et devenant des viviers de main-d’oeuvre bon marché, qualifiée et jeune.

Le V4 ne voulait pas le départ du Royaume-Uni de l’UE : élément important de l’Union, il était un allié important pour les souverainistes, n’ayant pas la monnaie commune, étant plus que réservé sur l’abandon de souveraineté, étant opposé aux quotas berlinois, et étant un partenaire économique majeur pour chacun des pays du V4. Enfin, c’est aussi le principal lieu d’implantation des jeunes émigrés du V4. Un million de Polonais, 350.000 Hongrois, 45.000 Tchèques, 9.000 Slovaques, tels sont les chiffres de la diaspora du Visegrád au Royaume-Uni. Pour toutes ces raisons, le V4 était opposé au Brexit, Orbán allant même jusqu’à publier une annonce anti-Brexit dans la presse britannique.

Mais voilà, le Brexit est voté. Démocrates sincères, les quatre de Visegrád sont passés sans attendre au plan B. Il faut renouveler l’Europe, mais certainement pas en allant vers plus d’intégration. L’intégration européenne (autrement dit, la fédéralisation) est justement selon le V4 ce qui mène l’UE vers l’effondrement.

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Les réactions du V4 : Front commun pour une autre Europe

En Pologne, le ministre des affaires étrangères Waszczykowski s’inquiète de la domination de la zone euro désormais, impliquant une UE plus que jamais à deux vitesses. « La zone euro pourrait créer des institutions séparées, un budget séparé et ensuite l’Union européenne dans son ensemble ne serait plus qu’une façade et la zone euro dominerait ». « Nous devons créer une Union européenne d’Etats souverains, » a dit le porte-parole du gouvernement polonais, ajoutant que l’exemple du Royaume-Uni montre que c’est exactement ce que veut l’Europe, et que tous les États membres devraient être traités comme des partenaires car aucun pays ne peut décider du destin des autres.

Si le président du PiS souhaite un deuxième référendum, l’influent homme politique a également déclaré que « nous avons une crise dans l’Union européenne et la bonne réponse n’est pas de continuer à faire ce que nous faisions, parce que ça conduirait à une catastrophe. » Le ministre des affaires étrangères a rajouté que les officiels à Bruxelles sont déconnectés des gens ordinaires et qu’ils devraient « se battre la poitrine » de remord. « Les Européens sont mécontents de la voie choisie pour gérer la crise migratoire, ils sont mécontents du fait des problèmes de sécurité, mais aussi du fait de la faible croissance économique due à l’euro, car en réalité l’eurozone stagne et n’a pas de croissance, » a-t-il ajouté.

Beata Szydło, premier ministre de Pologne, a déclaré que « pour le gouvernement polonais, le problème prioritaire est la situation des citoyens polonais vivant au Royaume-Uni. Nous allons essayer de négocier pour qu’ils préservent les avantages qu’ils ont eu à leur arrivée.»

Enfin, les nouvelles élites polonaises profitent de l’occasion pour tirer à boulet rouge sur l’ancien premier ministre libéral Donald Tusk, actuellement président du Conseil européen. « En tant que négociateur, Donald Tusk porte une responsabilité directe pour le Brexit et devrait disparaître de la politique européenne, mais cela vaut aussi pour toute la Commission telle que composée aujourd’hui. » a conclu Kaczynski.

En Tchéquie, on s’attaque à d’autres élites. Juncker est désigné comme responsable par le ministre des affaires étrangères tchèque Zaoralek, dont il demande la démission. « L’Union européenne doit changer rapidement, » a dit le premier ministre tchèque Sobotka sur sa page Facebook. « Pas parce que le Royaume-Uni est parti, mais parce que le projet européen a besoin d’un bien plus grand soutien de la part de ses citoyens. L’Europe doit être mieux à même d’agir, elle doit être plus flexible, moins bureaucratique et beaucoup plus sensible à la diversité que représente ses 27 Etats membres. »

La Slovaquie, qui va prendre la tête du Conseil de l’Union européenne le 1er juillet, a également insisté sur la nécessité de changements à apporter. « Ce n’est pas une tragédie, c’est une réalité et les 27 Etats membres restants doivent agir vite, » a dit le premier ministre Robert Fico. « Ce serait une grande erreur que la réaction des 27 pays soit de continuer la même politique au niveau de l’UE que celle menée jusqu’à maintenant. » Le premier ministre slovaque désire également organiser une rencontre informelle en septembre à Bratislava, incluant les dirigeants français et allemand, ainsi que le président du Conseil européen. Mais il veut également que le V4 soit le leader de cette discussion.

Enfin, en Hongrie, alors qu’Orbán plaidait pour le Remain, il semble sortir grand gagnant du Brexit : si le Brexit a eu lieu, c’est principalement à cause de la politique migratoire de l’UE, a-t-il fait savoir. « Une situation où nous avons une élite européenne sociale-libérale qui est pour l’immigration alors que la majorité des Européens est contre ne peut simplement pas fonctionner, » a déclaré le chef du groupe Fidesz au parlement national. « Malheureusement nous devons admettre que l’assertion selon laquelle l’Europe a perdu 64 millions d’Européens et sa deuxième économie au profit de quelques millions de migrants est vraie, » a-t-il ajouté.

Le ministre de l’économie, Mihály Varga, estime que la Hongrie ne peut que bénéficier du Brexit. Le gouvernement hongrois est en train de travailler à rendre le pays plus attractif pour les compagnies cherchant à quitter le Royaume-Uni. Quant au ministre des affaires étrangères hongrois Szijjártó, il a estimé qu’il était totalement incorrect que l’on tente d’imposer plus longtemps des mesures politiques ayant mené aux échecs actuels. « Des têtes doivent tomber ».

« Peut-être que l’heure des pays de l’Est est arrivée. »

C’est en ces mots que Die Welt, grand journal allemand, commente les réactions des dirigeants européens. Le Brexit marque d’une pierre blanche l’Histoire européenne contemporaine à laquelle l’Europe centrale en plein essor compte bien apporter de nouveau, enfin, sa participation. Fini le temps des « pays de l’Est » méprisables et méprisés, fini le XXe siècle, fini la soumission.

Le V4 a d’ores et déjà annoncé vouloir traiter avec le Royaume-Uni en tant que bloc, et face à l’axe libéral-libertaire et fédéralisateur Berlin-Paris, les quatre de Visegrád n’ont pas perdu de temps pour fédérer autour d’eux les laissés pour compte de l’UE tenant encore à leur souveraineté.

Par leur fermeture d’esprit et leurs rêves aveugles, les dirigeants occidentaux sont en train de tuer l’Union européenne. Une Union voulue par les anciens pays du bloc de l’Est. Mais, jouant le jeu démocratique, écoutant leurs peuples et rejetant les absurdités babeliennes de Bruxelles, on a fait passer le V4 pour des « eurosceptiques », voire des opposants à l’Union européenne. C’est une grave erreur, hélas volontaire de la part de certains : le V4 est pour l’Europe, mais une autre Europe. Pas une Union fédérale libérale-libertaire, mais une grande entente de pays libres et souverains.

Quoiqu’il en soit, l’onde de choc du Brexit a rapidement frappé le continent, et Berlin a catalysé la création d’une faille qui suit presque l’ancien tracé du rideau de fer.

L’avenir nous dira ce que va devenir l’Union, l’Europe et de quel côté de cette fracture naissante se trouvera la liberté, la prospérité et l’espoir.

Source

Brexit – The Only Certainty is Uncertainty

While many are celebrating the victory of the Leave campaign, the consequences remain to be seen. Scottish politicians are already calling for a new independence referendum, the leadership of the Conservative Party is undergoing a shakeup, and the economic implications are far-reaching. Regardless of what happens, however, shock-waves are being transmitted around the world.

At 7.20 UK time, the Electoral Commission declared the result of the referendum on UK membership of the European Union. There were cheers as our nation and the world was told that the Leave campaign had won with 17,410,742 votes (51.9%) and the Remain campaign had lost with 16,141,241 votes (48.1%). Within hours David Cameron announced his intention to resign as Prime Minister.

In this article I want to concentrate on the effect on my country, Britain, although the vote will send shockwaves around the world.

Britain was already a divided nation before the referendum. The campaign stoked coal on the fires of that division. The campaign was a dirty one. The Conservatives were bitterly divided on the issue and blue on blue attacks (some very personal) were commonplace.  The resignation of David Cameron will not be the only fall-out. The position of the Chancellor, George Osborne, now also looks untenable. Tories on the Leave side were very angry when he said he would introduce an emergency budget with £30 billion of tax rises and spending cuts that he insisted would be needed if Britain left the European Union. It was soon dubbed the “punishment” budget. There will also be a new leader of the Conservative Party before the October Tory conference. Conservative MPs will vote first to decide two candidates to put before the wider membership. Although Boris Johnson is disliked and distrusted by many Conservative MPs, it is difficult to see how they can avoid putting him on the ballot paper given his popularity among the membership and his prominence in the Leave campaign. The two names most likely to be on the ballot are Boris Johnson and Theresa May. An outside possibility is Michael Gove, though he has previously said he would not stand (but then politicians don’t always keep their word!).

The Labour Party Leader, Jeremy Corbyn, who campaigned for a Remain vote, has said he is ‘absolutely’ staying in position and has rejected suggestions from the Right of his party that he should go. He has pointed out that although some big Labour strongholds such as the North East and North West voted Leave, others, like London and Bristol, voted Remain.  As the majority of trade unions (who have bloc votes within Labour and give it large sums) favoured Remain, he is likely to get his way.

The Scottish National Party is calling for a second referendum on independence. They have a strong argument. Scotland voted 62 per cent to 38 per cent in favour of remaining in the EU. All 32 local council areas in Scotland voted to Remain in the EU. Scotland was the only nation in the UK to have a clean sweep of all local authorities.

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Scottish First Minister Nicola Sturgeon said the results in Scotland make clear ‘that the people of Scotland see their future as part of the European Union’.

Her predecessor, Alex Salmond, suggested that the vote to leave in England and Wales (Northern Ireland also voted Remain) should trigger a second referendum on Scottish independence. Speaking of the British exit, he told ITV news: “So whatever that period is – two years, two-and-a-half years, that would have to be the timescale of the next referendum because what you would want to do is remain in the European Union while the rest of the UK moved out.”

Mr Salmond also pointed out that the SNP’s manifesto said if Scotland was ‘dragged out’ of Europe against the will of the Scottish people, then the Scottish parliament should have the right to hold another independence referendum.

The result of the first Scottish referendum was 55.3 per cent to stay in the UK to 44.7 to leave. A big question will be how many who voted to stay in the UK would now switch to vote for a Scotland in the EU.

The constitutional implications for the UK are not likely to become clear for some time. The two-year period Mr Salmond mentions is specified under Article 50. It kicks in when the Prime Minister of the country leaving formally asks to do so. David Cameron has already said that this should be a decision for his successor. Leave campaigners have already indicated that they want nine months to a year for planning.

Added to this is the uncertainty that a new Tory leader introduces. It is not impossible that they will want to call a General Election to secure a mandate. A majority in Parliament is needed for them to do this and that is by no means certain. In addition, a new General Election could see Labour saying they would over-ride the referendum result if given a new mandate to do so by the electorate. If the economy was looking bad, they might get it.

What of the long-term future for Nigel Farage and UKIP? Whatever UKIP say, they are seen as a single-issue party. What happens to them when their raison d’etre is gone? Not to mention the generous funding they receive from the European Parliament!

The two big issues of the campaign have been identity and the economy. The Leave campaigners generally concentrated on identity issues like migration and border security (dubbed ‘Project Hate’ by Remain) and Remain stressed the negative effects on the economy of leaving (dubbed ‘Project Fear’ Leave). It seems like the identity issue had more resonance with the British people. Many of my own friends told me that whatever the economic consequences, they would vote for an independent Britain able to effectively control who came into our country. They were steadfast in that whatever the Bank of England, the IMF, and the Chancellor said.  The hope of ‘Project Fear’ was that enough of those undecided could be scared into a Remain vote. It didn’t work.

As Dr Paul Craig Roberts neatly summed up: ‘It is a propaganda choice to call these concerns racism rather than cultural defence, and the UK political establishment has made that propaganda choice.  Little wonder so many British citizens no longer believe that the British Establishment represents Britain.’

Jo-Cox-Labour-MP.jpgIn the last stages of the campaign we had the tragic assassination of Jo Cox MP. The Remain camp cynically seized on this to boost their campaign. Anyone who voted Leave was a ‘hater’ and the language they had used to criticise immigration and the political class had led to a ‘climate of fear’ which in turn led to her death. Her two children were taken to Parliament to hear MPs pay tributes, and also to a big rally in London’s Trafalgar Square. This attempt to manipulate our emotions also failed. In fact many I know were disgusted by the shameful attempts to use the tragedy to boost a Remain vote. They were also angry at the way that their views were being falsely categorised and denigrated. If anything it made them more likely to vote Leave. I even had some friends who had voted Remain by post earlier, saying that they would have switched to Leave because of the disrespect tht had been shown, had they been given the chance! The ‘love versus hate’ theme has caused a lot of bitterness, anger, and division within our nation. Many Remain supporters are dismayed because it seems as if ‘hate’ has won. That’s one consequence of making the argument seem like a battle between good and evil – something the smug, condescending Left likes to do.

The Remain side also seemed to express social superiority. One YouGov poll showed voters in the highest social class, ABC1, split 53 to 38 per cent for Remain, while those in the lower C2D2 class split 52 to 29 per cent for Leave. The working class supporters of Leave have a big wants list, and they don’t want to wait for delivery. As Times journalist Daniel Finkelstein said: ‘The expectation of these ­voters, certainly their hope, is that leaving the EU can restore to this country control over its own destiny. They are hoping for greater protection from the social and economic change brought by globalisation. They seek more work, better-funded public services, less power to corporations and the elite and, above all, less of the ­immigration that they believe puts pressure on their wages and ­communities.’

They are likely to be disappointed. Corporate Britain doesn’t want to leave the single market. It’s difficult to see how we can stay in and not have free movement of labour. Nor are migrant workers suddenly going to disappear, if at all. Many work in key services and sectors which certainly wouldn’t want to lose them.

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Leave voters are likely to end up feeling more and more alienated and betrayed as they find their expectations of change disappointed. Just this very morning, the spokesman for the Leave campaign was back-tracking and qualifying their poster pledge to spend money saved from the EU contributions on our National Health Service. It was always a very stupid tactic. UKIP Leader Nigel Farage said it was a ‘mistake’ to promise that in the first place. For a start, the figure was wrong. In 2015, the UK paid the EU an estimated £13 billion, or £250 million a week. Of course some of that money came back in EU payments funnelled through the government, so the government’s ‘net contribution’ was around £8.5 billion, or £160 million a week. A lot to be sure, but not what was stated. Nor is any government going to spend savings made from not contributing to the EU on one area. Leave never had a mandate to promise that – it’s up to the government of the day. So no surprise that the Leave spokesman was squirming and trying to avoid questions on our TVs this morning!

That’s on day one! I fear that’s just the start of the backtracking, qualification, and excuses.

The economic consequences are already kicking in with the pound and stocks crashing. The market will adjust somewhat as it was taken by surprise by the result (as were the pollsters and bookies), yet UK growth may well fall with effects on living standards, at least in the short-term. Negotiations with the 53 nations with whom we currently trade under EU rules are also unpredictable. Many EU politicians may give Britain a hard time because they fear the rise of opposition politicians in their own countries. Already Marine Le Pen has called for a French referendum. The Eurocrats will want to discourage that.

The British people have spoken, deciding to roll the dice in the hope that we can protect our identity and achieve independence and prosperity. Let’s hope we win our gamble!

Contributor

Pat Harrington is an Edinburgh based writer and activist. He is the Director of the Third Way think-tank and General Secretary of the Solidarity Trade Union.

jeudi, 30 juin 2016

Rappel du rôle des USA et de la CIA dans la construction de l’Union européenne

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Rappel du rôle des USA et de la CIA dans la construction de l’Union européenne

par Youssef Hindi

Ex: http://www.medias-presse.info

Ces réflexions de Youssef Hindi, historien et écrivain, à propos du Brexit, méritent l’attention de nos lecteurs.

Brexit, opportunité historique ou piège de l’oligarchie ? 

Au lendemain du Brexit, les européistes comme les eurosceptiques se questionnent sur l’avenir de l’Union européenne et du Continent. La sortie de la Grande-Bretagne de l’Union va-t-elle entraîner un effet domino ? Si tel est le cas, l’Euro, en tant que monnaie dite unique (elle est en réalité une monnaie commune convertie dans les anciennes monnaies nationales), disparaîtra mécaniquement.

L’oligarchie financière qui à l’air de paniquer – George Soros avait déclaré (pour ne pas dire menacé) que les Britanniques seraient appauvris en cas de Brexit[i] (il faut rappeler que ce financier judéo-américain s’était considérablement enrichi en spéculant contre la monnaie britannique en 1992) ; d’ailleurs dès l’annonce du résultat du vote la bourse de Londres à chuté –, a-t-elle prévu un plan B en cas de décomposition de l’Union européenne ?

L’ouverture qui se profile permettra-t-elle aux peuples d’Europe de se libérer de cette dictature oligarchique qui pilote le Continent via le Politburo de Bruxelles ?

Les origines et les finalités de la construction européenne

Le 19 septembre 2000, le grand reporter du journal britannique Daily Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard, rapportait dans un article[ii] des éléments tirés d’un document déclassifié du gouvernement américain révélant que c’est la CIA qui a, dans les années cinquante et soixante, fondé et dirigé le mouvement fédéraliste européen. Il expliquait que

« l’Amérique travaille avec acharnement à pousser la Grande-Bretagne à s’intégrer à un Etat européen. Un mémorandum daté du 26 juillet 1950, donne des instructions pour une campagne visant à promouvoir un véritable parlement européen. Il est signé du Général William J. Donovan, chef du bureau américain des services stratégiques en temps de guerre (OSS), l’ancêtre de la CIA. Le principal levier de Washington sur l’ordre du jour européen était le Comité Américain pour une Europe Unie (ACUE : American Committee on United Europe) créé en 1948. Donovan, qui se présentait alors comme un avocat en droit privé, en était le président.

Le vice-président, Allen Dulles, était le directeur de la CIA pendant les années 1950. Le comité comptait parmi ses membres Walter Bedell Smith, le premier directeur de la CIA, ainsi que d’anciennes personnalités et des responsables de l’OSS qui travaillait par intermittence pour la CIA. Les documents montre que l’ACUE a financé le Mouvement européen, l’organisation fédéraliste la plus importante d’après-guerre. En 1958, par exemple, l’ACUE a assuré 53,5% du financement du mouvement. ».

Il poursuivait avec des informations particulièrement intéressantes à propos du financement d’hommes politiques européens plus ou moins connus et présentés au grand public comme les architectes de l’Union européenne :

« L’European Youth Campaign, une branche du Mouvement européen, était entièrement financée et contrôlée par Washington. Son directeur belge, le Baron Boel, recevait des versements mensuels sur un compte spécial. Lorsqu’il était à la tête du Mouvement européen, Joseph Retinger, d’origine polonaise, avait essayé de mettre un frein à une telle mainmise et de lever des fonds en Europe ; il fut rapidement réprimandé.

Les dirigeants du Mouvement européen – Retinger, le visionnaire Robert Schuman et l’ancien premier ministre belge, Paul-Henri Spaak – étaient tous traités comme des employés par leurs parrains américains. Le rôle des Etats-Unis fut tenu secret. L’argent de l’ACUE provenait des fondations Ford et Rockefeller, ainsi que de milieux d’affaire ayant des liens étroits avec le gouvernement américain. ».

ciaeu88429670_o.jpgLes Américains n’ont pas seulement fondé et financé ce qui deviendra l’Union européenne mais sont aussi à l’origine de la création de l’Euro ; ainsi Ambrose Evans-Pritchard rapporte qu’une note émanant de la Direction Europe, datée du 11 juin 1965, conseille au vice-président de la Communauté Economique Européenne, Robert Marjolin, de poursuivre de façon subreptice l’objectif d’une union monétaire. Elle recommande d’empêcher tout débat jusqu’au moment où « l’adoption de telles propositions serait devenue pratiquement inévitable ».

La finalité de ce projet de construction européenne est de neutraliser politiquement le Continent, d’empêcher toute politique indépendante, tant sur le plan intérieur que dans celui de la politique extérieure, et ainsi placer l’Europe sous la tutelle américaine. D’ailleurs, l’OTAN qui est le pendant militaire et géopolitique de l’Union européenne, a pour utilité de faire mener aux pays d’Europe et à leurs frais, les guerres impériales étasuniennes et notamment d’appliquer la politique de containment à l’encontre de la Russie. Une politique extrêmement dangereuse qui aura pour conséquence de faire du territoire européen un champ de bataille dans une guerre opposant l’OTAN et l’Armée russe.

De même, la création de l’Euro avait pour but et effet d’affaiblir, voire de détruire économiquement l’Europe, en favorisant l’économie allemande –augmentation spectaculaire des exportations allemandes dès l’instauration de l’Euro en 2002, du fait que l’Euro soit une monnaie à la taille de l’économie allemande et de la zone euro; de fait, un marché libre à concurrence déloyale où l’industrie allemande, surajoutée au système de libre-échange global, a accéléré la destruction des industries européennes, en particulier celles de la France et de l’Italie – au détriment de celle de ses voisins (la courbe des exportations françaises chute vertigineusement à partir de 2002)[iii].

Les preuves et les éléments mettant en évidence l’application de cette vaste stratégie américaine de domination de l’Europe ne manquent pas. En 1997, dans son livre Le grand échiquier – où il traçait avec précision les lignes de la stratégie de domination américaine –, le très influent géopolitologue américain Zbigniew Brzezinski, écrivait :

« Le problème central pour l’Amérique est de bâtir une Europe fondée sur les relations franco-allemandes, viable, liée aux Etats-Unis et qui élargisse le système international de coopération démocratique dont dépend l’exercice de l’hégémonie globale de l’Amérique. On le voit, la question ne saurait se résumer à choisir la France et l’Allemagne. Sans l’un ou l’autre de ces deux acteurs, l’Europe n’existera pas.

Trois grandes conclusions émergent de ce qui précède.

  • Le soutien américain au projet européen est nécessaire (ce qui explique le déplacement de Barak Obama en Grande-Bretagne durant la campagne sur le Brexit. A cette occasion le président des Etats-Unis a menacé le Royaume-Uni de représailles commerciales en cas de sortie de l’Union européenne, remettant en question le partenariat du Royaume-Uni dans le système de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne dans le cadre du traité transatlantique[iv]).
  • A court terme, il est justifié de s’opposer tactiquement aux positions françaises et de soutenir le « leadership » allemand.
  • Indépendamment l’une de l’autre, la France et l’Allemagne ne sont pas assez fortes pour construire l’Europe selon leurs vues propres, et pour lever les ambiguïtés inhérentes à la définition des limites de l’Europe, cause de tensions avec la Russie. Cela exige une implication énergique et déterminée de l’Amérique pour aider à la définition de ces limites, en particulier avec les Allemands, et pour régler des problèmes sensibles, surtout pour la Russie, tels que le statut souhaitable dans le système européen des républiques baltes et de l’Ukraine »[v]

La position agressive des dirigeants Européens contre la Russie dans l’affaire ukrainienne est révélatrice de la stratégie géopolitique américaine et de l’instrumentation de l’Union européenne et de l’OTAN pour étendre son hégémonie ; ce que Brzezinski ne cachait pas lorsqu’il préconisait de sortir l’Ukraine de la sphère d’influence géopolitique russe afin de l’affaiblir :

« L’indépendance de l’Ukraine modifie la nature même de l’Etat Russe. De ce seul fait, cette nouvelle case importante sur l’échiquier eurasien devient un pivot géopolitique. Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie. »[vi]

La fin de l’Union européenne est-elle pilotée ?

En soi, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne n’a pas de conséquences directes car elle n’y avait qu’un pied ; en effet, elle n’a adhéré ni à l’Euro ni à l’espace Schengen.

Comme l’a écrit Pierre Hillard « le Royaume-Uni, qui bénéficiait déjà d’une forme de Brexit déguisé avec des droits particuliers au sein de l’Union européenne, officialise sa rupture. »[vii]

La crainte affichée des oligarques et des européistes aux ordres vient de ce que peut inspirer le Brexit aux autres peuples d’Europe ; un effet domino s’étendant à toute l’Europe est à prévoir. La sortie de l’Union et de l’Euro – par des pays importants comme la France ou l’Italie – aurait pour effet la décomposition de l’une et l’autre.

Mais si l’on suit le raisonnement de Pierre Hillard, qui est un spécialiste des questions de régionalisme européen, cette décomposition de la construction européenne possiblement amorcée par le Brexit pourrait conduire, par une voie alternative au mondialisme, à « l’établissement d’une monnaie universelle, le « Phénix », prévue théoriquement pour 2018, selon The Economist, et la fragmentation en sept méga-région des Etats-Unis[viii], comme le révèle le New York Times »[ix].

farage.jpgPar ailleurs, le principal financier du parti Ukip de Nigel Farage, qui milite depuis plusieurs années en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, n’est autre que le millionnaire anglais juif Richard Desmond, détenteur, entre autres, du journal Daily Express, de OK magazine et de chaines de télévision pornographiques. Précisons qu’il a apporté son soutien financier au parti Travailliste puis au parti Conservateur avant de se tourner vers le parti de Nigel Farage. Richard Desmond a, de manière ambiguë, déclaré l’an dernier qu’il était favorable au référendum mais qu’il ne savait pas s’il voterait pour ou contre[x].

Dès le lendemain du Brexit, l’on a entendu des responsables politiques nous dire, à l’instar de Manuel Valls, que « c’est le moment d’être digne des pères fondateurs, de refonder une nouvelle Europe »[xi].

Selon les plus optimistes, l’effondrement de l’Union européenne et de l’Euro ouvrirait une porte salutaire, une occasion historique pour les pays d’Europe de sortir de la domination des marchés financiers, de s’affranchir du dictât des lobbies (en particulier le lobby bancaire) qui tiennent le Politburo de Bruxelles. Effectivement, il y a là une opportunité historique qui se présente, encore faut-il que les partisans d’un retour des nations et des monnaies nationales eussent été solidement organisés et prêts à saisir l’opportunité qui s’offre à eux.

Si cette crise a été provoquée par une branche de l’oligarchie occidentale pour passer à une étape supérieure – il s’agit ici du fameux concept de Karl Marx, le « saut qualitatif » menant à un « changement qualitatif », une redéfinition matérialiste d’une conception historique qu’il a emprunté, consciemment ou non, au messianisme juif –, elle a, pour ce faire, abaissé sa garde. C’est donc le moment de frapper ; mais au regard de la vacuité idéologique et programmatique, de la division et du noyautage des mouvements souverainistes en Europe (qui existent à droite mais aussi qu’à gauche), il est à parier qu’ils se laisseront dépasser par les évènements.

Youssef Hindi | 26 juin 2016

[i] Valeurs Actuelles, Brexit : Georges Soros prédit l’appauvrissement « de la plupart des électeurs », 21/06/2016.

[ii] The Telegraph, Euro-federalists financed by US spy chiefs, 19/09/2000, traduit en français par l’Union Populaire Républicaine le 18 novembre 2011.

[iii] Voir les courbes statistiques des balances commerciales française et allemande sur le site de Perspective Monde : http://perspective.usherbrooke.ca/

[iv] Le Hunfington Post, Barak Obama menace le Royaume-Uni de conséquences commerciales en cas de Brexit, 23/04/2016.

[v] Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier, L’Amérique et le reste du monde, 1997, Bayard Editions, pp. 103-104.

[vi] Zbigniew Brzezinski, op. cit., p. 74.

[vii] Pierre Hillard, Le Brexit victorieux. Et maintenant ?, Boulevard Voltaire, 24/06/2016.

[viii] Voir la nouvelle carte pour l’Amérique sur le site du New York Times : A New Map for America, New York Times, 15/04/2016.

[ix] Pierre Hillard, op. cit.

[x] Henry Mance, Ukip donor Richard Desmond unsure over EU exit, FT.com, 12/06/2016.

[xi] Europe 1, Brexit : « révélateur d’un malaise trop longtemps ignoré au sein de l’UE », pour Manuel Valls.


En savoir plus sur http://www.medias-presse.info/rappel-du-role-des-usa-et-de-la-cia-dans-la-construction-de-lunion-europeenne-youssef-hindi/57101#RBaRQfABOMSIeF8b.99

mercredi, 29 juin 2016

Après le Brexit, l’Europe peut revenir

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Après le Brexit, l’Europe peut revenir

Ex: http://metamag.fr

Bernard Asso,

Professeur des universités

Invoquer De Gaulle est devenu une sorte de rituel mais je ne me priverai pas de la gourmandise de le faire dans cette phase de Brexit.

Il est bon de rappeler qu’il a toujours été hostile à l’entrée de la Grande Bretagne dans l’Europe que construisaient les pays fondateurs de l’époque : France – Allemagne – Italie – Benelux.

Avec le sens de ses phrases lapidaires, il rappelait que l’Angleterre était une île ouverte vers le large, dominée par un prisme essentiellement commercial et porte-avion avancé des États-Unis.

Sa vision de l’Europe était marquée par l’intérêt des nations mais également par la nécessité d’une réconciliation avec l’Allemagne, ce qu’il fit par le Traité de l’Elysée en 1963 et il n’a eu de cesse, alors que l’Union soviétique exerçait son imperium, d’évoquer une Europe allant de l’Atlantique à l’Oural lorsque la Russie renaîtrait.

Plus de 50 après, on y est .

Le départ des Britanniques peut s’expliquer pour de multiples raisons

Certes ils ne supportaient plus le néo jacobinisme de Bruxelles, pas plus que les entraves à la liberté du commerce, préférant un esprit de libre échange plutôt que l’édification de normes pour un marché unifié mais surtout le 23 juin, il faut le dire, la majorité des électeurs qui ont voté pour le Brexit se sont déterminés sur la question de l’immigration.

Certes la moitié de la classe politique tant conservatrice que travailliste, lorsqu’elle a joué le Brexit l’a fait pour les conservateurs en écoutant ses électeurs, notamment les classes moyennes déclassées, et les travaillistes ont écoutés les cols bleus inquiets d’être concurrencés par des non britanniques dans les offres d’emploi.

Au fond, les britanniques ont souhaité reconquérir leur souveraineté pour maîtriser eux-mêmes les flux migratoires même s’ils auraient pu le faire déjà, mais cela impliquait, et impliquera, de ne plus tenir compte de la jurisprudence de la Cour de Strasbourg qui privilégie les individus nomades sur les peuples.

Toutefois, les britanniques n’ont jamais eu le désir d’une Europe puissance tant ils sont traditionnellement et historiquement hostiles, à un continent unifié ayant un destin politique autonome du monde anglo-saxon et de nos jours avec un désir de relation pacifiée avec la Russie.

Aujourd’hui les choses doivent être clarifiées

Il convient que les Britanniques puissent se séparer rapidement de l’Union Européenne car ils sont porteurs des intérêts géopolitiques américains.

Ils auront à définir leur propre stratégie, mais du côté de l’Union Européenne c’est une chance historique pour réorienter l’Europe vers une Europe des nations, rappelant le principe de subsidiarité selon lequel les services mutualisés européens ne seront compétents que lorsque les institutions nationales ne peuvent pas traiter elles-mêmes le problème.

Il serait inconvenant de ne pas tenir compte de la volonté grandissante des peuples d’Europe à ne plus vouloir accepter, au nom de la liberté de circulation des personnes, que cette dernière soit dédiée à tous et non pas exclusivement aux Européens.

Il reste que, pour revenir à cette notion d’Europe puissance continentale, il va falloir que les parlements nationaux aient un débat sur quelle Europe des nations veulent-ils ?

On entendra certainement des débats socio économiques sur l’harmonisation fiscale, sur l’harmonisation du code du travail, sur les travailleurs détachés, sur la couverture sociale, débats certes importants mais domestiques.

Les vraies questions seront celles des mécanismes de gouvernement, de l’Europe de la défense, des techniques de prises de décision mais également de ce qui fait une identité européenne en partage en parlant enfin des origines communes.

On ne peut pas bâtir l’Europe sur le seul engagement à respecter la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme qui a trop servi de socle à l’impérium idéologique de la Cour de Strasbourg.

Il faut avoir le courage, le cas échéant, de suspendre la portée de cette jurisprudence lorsque sont en cause les intérêts nationaux en matière de politique migratoire.

Il convient également d’organiser la zone euro et de déterminer les conditions de l’harmonisation en matière de politique économique.
Mais tout cela ne sont que des outils techniques.

La vraie question est celle de s’interroger sur le « nous » et les « autres ».

En quoi sommes-nous des européens enracinés dans nos patries charnelles et différents des « autres » et pourquoi voulons nous être différents des « autres » ?

Ce ne sont pas des débats théoriques sur les institutions, sur le droit constitutionnel, sur le fédéralisme, sur le confédéralisme, sur le juge européen, sur les tarifs extérieurs qui règleront la question centrale  qui est celle de savoir qu’est ce qu’être européen aujourd’hui et jusqu’à quel prix on est prêt à s’engager pour le demeurer ?

C’est une interrogation philosophique, historique, politique, voire spirituelle.

Ne pas atteindre ce niveau de débat pour en rester à des débats techniques, c’est fragmenter rapidement l’Union Européenne et ne pas être sûr que l’Europe se reconstruise à temps dans cette période où les joueurs géopolitiques sont à la fois les espaces/Etats/continentaux et les religions.

Aurons-nous les hommes et les femmes pour ce faire ?

Pour l’instant j’en doute car le monde politique actuel a le nez sur les questions domestiques.

Beaucoup sont issus d’une pensée néo marxiste ou sociale démocrate qui met l’économie au centre de tout, même si les britanniques viennent de nous démontrer qu’ils avaient fait le choix de leur identité.

Avons-nous les ressorts intellectuels pour apprendre à conjuguer Nations et Europe ?

Il y a trop de faveur soit pour le nomadisme mondialisé, soit pour l’individualisme narcissique pour que puisse se lever enfin le sentiment que la vie de chacun ne peut pas se réduire simplement à la vie de soi.

Nous sommes des héritiers et nous avons un devoir de pérennité pour assumer notre destin collectif. La Nation, pour ce faire, semble plus rassurer les personnes. L’espace européen, s’il n’est qu’un espace ne nous rassurera pas s’il ne devient pas un mythe inscrit dans les origines et la durée.

Alors devenu ce symbole commun, il pourra ajouter, aux espaces nationaux, une envie de puissance pour que les européens puissent être à nouveau des vrais acteurs dans l’histoire.

Pour l'Europe! (suite)

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Pour l'Europe !

Suite

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Les résultats du referendum britannique suscitent moult analyses ainsi que des appels à re-voter. Peter Sutherland, ancien Commissaire européen à la concurrence, ancien directeur général de l’OMC, actuel président de l’European Policy Center et actuel président de Goldman Sachs International a diffusé le tweet suivant suite à la victoire du Brexit au référendum britannique :

« La jeune génération au Royaume-Uni a été sacrifiée, tout ça à cause d’une déformation des faits et des conséquences. D’une façon ou d’une autre, ce résultat doit être annulé. »

http://www.bbc.com/news/uk-politics-18519395

Cela ne surprendra que les moins informés. Dans la même veine, voici ce que dit Jacques Attali sur son blog (Extraits de Sanctuariser le progrès).

" Il est donc important, de réfléchir, à froid, avant qu’il ne soit trop tard, aux sujets qu’un seul vote majoritaire du peuple ne pourrait suffire à trancher. On devrait d’abord et ce serait passionnant, faire la liste de tels sujets, qui seraient sanctuarisés, en les inscrivant dans la constitution. En particulier, une génération devrait y réfléchir à deux fois avant de modifier une situation ayant un impact sur les générations suivantes. Il faudrait ensuite modifier la procédure de réforme constitutionnelle, pour s’assurer qu’un vote de circonstances ne puisse avoir des conséquences de long terme non désirées. Toute décision ayant un impact lourd sur le sort des générations suivantes, ne devrait pas pouvoir être prise par une majorité de moins de 60 % des votants, réaffirmée à trois reprises à au moins un an d’écart."

Chacun se rendra compte de l'étrange conception de la démocratie de ce monsieur et plus généralement de la classe politique. (Au passage, pourquoi ne pas appliquer cette théorie au referendum relatif à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?) :

En arrivera-t-on à un nouveau vote ? Ce ne sera sans doute pas nécessaire car ainsi que le note très justement T. Ferrier au nom d'un Parti des Européens (que nous découvrons pour la circonstance) :

" Contrairement à ce que disent media et responsables politiques nationaux et européens, l’UE reste pour le moment à 28. Elle ne sera 27 que dans plusieurs années et ce sous réserve que le brexit ait réellement lieu. Car il ne suffit pas de voter en sa faveur à un référendum pour que le dit processus aboutisse."

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2016/06/26/u...

Gérard Dussouy, avec qui nous sommes d'accord sur bien des points (mais pas sur tous), quoique partisan du maintien du RU dans l'UE, développe une analyse intéressante dans Du Brexit à la re-construction européenne :

Le Brexit n’est pas une bonne solution pour le peuple britannique, mais il peut rendre service aux Européens

(...)

En attendant, pour les Européens, en tout cas pour les plus convaincus, le départ du Royaume-Uni peut être une chance de renouveau, parce qu’il entraîne un affaiblissement du « bloc libéral » dans l’UE, et qu’il fait sauter un obstacle dirimant à l’Europe politique.

Ainsi allégée, l’UE peut changer d’orientation. L’Europe doit se re-construire en revenant à ses fondamentaux, en se recentrant sur les intérêts communs de ses peuples. (...)

La question qui reste entière est de savoir comment conduire la re-construction européenne en l’absence de leaders charismatiques et de véritables hommes d’État dans le vieux continent ? À partir de quelles nations aussi, parce qu’il apparaît stratégiquement inconcevable de ne pas s’appuyer sur un noyau dur pour recommencer ? La question vaut, en particulier, pour les Français. Car, chacun le sait, l’Histoire est plus une affaire d’hommes que d’institutions.

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2016/06/27/d...

On n'est pas obligé de partager l'optimisme de Gérard Dussouy au sujet de l'affaiblissement du "bloc libéral" dans l'UE mais y croit-il réellement ? Les divers gouvernants (de droite ou de gauche) tant en France qu'en Allemagne ou Italie se sont prêté, sans difficulté, à l'évolution ultralibérale du monde contemporain n'étant ni plus ni moins que les zélés serviteurs des lobbies mondialistes.

Nous ne croyons pas non plus à une re-construction européenne qui, in fine, ne se recentrera pas sur les "sur les intérêts communs de ses peuples" pour la bonne raison que cette Europe là en est restée au stade économique. Mais les opposants à cette Europe là ne proposent pas, à notre connaissance, de projet mobilisateur alternatif à la société marchande américaine. A supposer que l'Europe de leurs voeux se réalise, quel sera son contenu ? Quel type de société ? Aucune réponse. T. Ferrier, déjà cité, écrit : "Détruire l'UE actuelle, c'est donner raison aux nationalistes europhobes qui empêcheront toute nouvelle tentative, même identitaire. C'est un bien trop grand risque. Il faut assumer désormais une stratégie de subversion révolutionnaire de l'UE. Ne pas hériter de l'UE mais s'en emparer. Ce qui est très différent. Combat pour Bruxelles." Pour hériter d'un champ de ruines ! A quoi bon ? Les plus anciens feraient bien de réfléchir aux raisons des insuccès passés qui ne résultaient pas seulement d'un manque de moyens. Nous croyons au contraire, en tant qu'Européens convaincus, à la nécessité de donner un contenu qui soit une raison de vivre et lutter voire de mourir. Les peuples européens ont besoin d'un mythe mobilisateur en lieu et place de la sinistre société marchande actuelle.

Europe Oui, mais pas seulement !

Leblancetlenoir

lundi, 27 juin 2016

Un « brexit » qui fait mal

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Un « brexit » qui fait mal

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Avec 51.9% des voix, les électeurs britanniques ont finalement choisi de soutenir le brexit, c'est-à-dire d’ouvrir un processus prévu pour durer entre deux et quatre ans et devant aboutir à la sortie du Royaume-Uni de l’actuelle Union Européenne. Contrairement à ce que disent media et responsables politiques nationaux et européens, l’UE reste pour le moment à 28. Elle ne sera 27 que dans plusieurs années et ce sous réserve que le brexit ait réellement lieu. Car il ne suffit pas de voter en sa faveur à un référendum pour que le dit processus aboutisse.

Les causes du succès du brexit.

Elles sont multiples et j’ose même affirmer que tous les électeurs qui ont voté en faveur du brexit ne cherchaient pas nécessairement à ce que leur pays quitte réellement l’Union Européenne. L’électorat est versatile et surtout rarement cohérent. Il peut parfois soutenir en même temps des positions contradictoires.

La principale raison du vote « pro-brexit » est de s’opposer à l’immigration. Le paradoxe est que, en rejetant l’UE, les électeurs envoient un mauvais signal à l’égard des travailleurs européens installés dans leur pays, alors qu’en fait les électeurs visaient les populations aneuropéennes de l’ancien empire colonial installées au Royaume-Uni et contre lesquelles un conservateur comme Enoch Powell s’opposait dans les années 60. Non seulement le « brexit » ne changera rien à la situation migratoire du Royaume-Uni mais il risque même d’aggraver les flux issus du Commonwealth.

Le dernier débat de campagne opposait le maire de Londres, d’origine pakistanaise et de confession musulmane, Sadiq Khan, avec l’ancien maire, anglais de souche, Boris Johnson. Or Khan prônait le maintien dans l’UE alors que Johnson prônait le départ. Il est bien évident que le fait que les partisans les plus acharnés du multiculturalisme et de l’islamotropisme, notamment le Labour, aient soutenu le « remain » a beaucoup fait dans le succès du « brexit ».

Par ailleurs, les actuels dirigeants de l’Union Européenne sont extrêmement impopulaires. La technostructure de Bruxelles insupporte jusqu’aux partisans les plus déterminés d’une Europe politique. Elle n’a aucune légitimité démocratique et ne sert que de bouc émissaire que les dirigeants des Etats utilisent pour s’exonérer de leurs propres responsabilités en période d’élections. Les politiciens comme Juncker, battus dans leur pays ou mis en examen, sont recasés à Bruxelles par leurs équivalents au pouvoir de Paris ou de Berlin. L’Union Européenne ne gagne quasiment jamais les referenda qui la concernent. Songeons au « double non » de la France et des Pays-Bas en 2005, ou du non irlandais au traité de Lisbonne. C’est bien la preuve d’une perte considérable de crédit et d’un rejet croissant qui est plus que légitime objectivement.

Enfin, dernière raison du succès du brexit, le désaveu de David Cameron. Ce dernier, annonçant son départ dans les trois mois, s’est vanté de son bilan, résumé au mariage pour tous, version britannique, et à l’anti-racisme. On notera d’ailleurs sa médiocrité dans la défense du « remain ». Politicien médiocre au final, qui a mis lui-même les clous sur son cercueil politique, il ne sera pas vraiment regretté.

De même, les menaces d’Obama, Soros et autres n’ont pu qu’agacer la fierté britannique et à juste titre. La peur économique, efficace chez les bourgeois, n’a eu aucun effet au sein du prolétariat britannique de souche, qui n’espérant rien, et n’ayant rien à perdre, a osé s’en affranchir. Il s’est au contraire massivement exprimé pour le brexit.

Les conséquences du brexit ?

En premier lieu, la première conséquence est une nouvelle crise de l’Union Européenne. On s’étonnera de l’empressement du président français à vouloir accélérer le brexit réel. Après tout, les dirigeants de l’UE ont l’habitude de faire revoter le peuple quand celui-ci s’exprime contre leurs intérêts. Il s’agit pour Hollande et Merkel d’empêcher la contamination qui risque de toucher surtout la Suède et le Danemark. Car il n’est pas sûr en effet qu’un « swexit » ou qu’un « danxit » ne puissent avoir lieu, vu l’état de l’opinion dans ces pays.

Mais il y a ensuite les conséquences plus concrètes pour le Royaume-Uni lui-même et il n’est pas sûr que son choix politique ait été le plus avisé. L’Ecosse va probablement appliquer au Royaume-Uni ce que ce dernier s’apprête à appliquer à l’Union Européenne. Un nouveau référendum sur l’indépendance se profile et cette fois il pourrait bien aboutir. 62% des Ecossais ont ainsi dit non au brexit. De même, le Sinn Fein a très finement réagi en annonçant sa volonté de rattacher l’Irlande du nord à l’Irlande indépendante pour rester dans l’Union Européenne. Là encore le brexit était minoritaire en Ulster. Cette provocation va certainement relancer le conflit nord-irlandais qui était endormi au sein de l’Union Européenne.

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Enfin, que dire des conséquences économiques. Elles sont difficiles à prévoir. Le Royaume-Uni n’ayant pas l’euro, la crise devrait être limitée mais les agences internationales de notation, Moody comme Standard & Poor, laissent entendre qu’elles vont dégrader la note du Royaume-Uni en lui retirant son triple A. Le taux d’intérêt de la dette britannique va alors augmenter et surtout la capacité du pays d’emprunter à un taux intéressant va diminuer.

Enfin ceux qui ont mis leurs espoirs dans le brexit vont vite déchanter. Les Britanniques, dont leur pays n’était pas membre de l’espace Schengen, vont se rendre compte que l’immigration va continuer. Ce qui est logique puisqu’elle n’a jamais été liée à des décisions de l’Union Européenne mais aux gouvernements de gauche et de droite du Royaume-Uni depuis un demi-siècle. Le Royaume-Uni est peu impacté par la crise actuelle des migrants. Mais cela va peut-être changer. La France annonce en effet qu’elle ne retiendra plus les clandestins qui s’entassent dans Calais. Le « brexit » non seulement n’arrêtera pas l’immigration mais l’augmentera donc. Mais les Polonais ne viendront plus prendre le travail des Pakistanais.

Evoquons enfin les conséquences politiques. Cameron partira en octobre. Il a été douloureusement désavoué par les électeurs. A la tête d’une majorité fragile, les conservateurs conserveront-ils le pouvoir ? Les élections seront-elles anticipées ? Et UKIP ? Artisan parmi d’autres du brexit, mais marginalisé dans la campagne par Johnson et l’aide droitière des Conservateurs, et n’ayant comme but principal que la sortie de l’UE, comment va-t-il évoluer ? Il est probable que non seulement il n’en sortira pas renforcé mais qu’il va sérieusement reculer. Son rôle s’arrête une fois le brexit sur les rails. Farage va donc connaître une probable victoire à la Pyrrhus.

Le brexit aura-t-il réellement lieu ?

Le processus de « brexit » est officiellement lancé du fait même du résultat de ce référendum, mais il n’est pas pour autant accompli. Cela va prendre plusieurs années et cela va être complexe, car c’est inédit. Même si le Royaume-Uni est hors zone euro et hors Schengen, ses liens avec l’Union Européenne sont forts. Que vont devenir les fonctionnaires britanniques de l’UE ? Les députés ? Les accords de libre-échange ? Les relations diplomatiques ? Qu’est-ce que cela implique pour Euro-tunnel. Les questions sont nombreuses.

Il est tout à fait possible que les pourparlers de « brexit » n’avancent pas plus que les pourparlers d’adhésion de la Turquie à l’UE. Le pourrissement est une stratégie classique. Supposons ainsi que le Labour Party gagne les prochaines élections britanniques, face à un parti conservateur implosant entre anti-UE renforcés par ce résultat et pro-UE. 69% des électeurs du Labour ont voté contre le brexit. Même si le Labour n’annoncera pas l’abandon du processus, il peut être amené à le ralentir considérablement.

En outre, si les conséquences du brexit sont trop douloureuses, l’opinion britannique peut se retourner. On a vu le cas en Islande où l’adhésion à l’UE et même à l’euro était très haute lors de la crise mais a ensuite diminué considérablement lorsque la situation s’est améliorée, au point où le processus d’adhésion a même été arrêté et la demande d’adhésion retirée. Qui peut dire dans deux ans si l’opinion publique britannique sera toujours en faveur du départ ? L’idée qu’un nouveau référendum ait lieu dans un ou deux ans pour arrêter le processus de « brexit » n’est pas absurde. Mais il faudra alors que l’UE se fasse discrète et surtout cesse toutes ses propositions  migratoires délirantes.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)