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lundi, 10 juin 2013

LES HUIT PLAIES DE L'AFRIQUE

LES HUIT PLAIES DE L'AFRIQUE

Cinquante ans d'errance

par Chems Eddine Chitour
Ex: http://metamag.fr/

Nous  remercions Chems Eddine Chitour de contribuer de façon positive, par ses envois à METAMAG, aux débats engagés . Il contribue avec Roger Vétillard, autre collaborateur de METAMAG, à atténuer les divergences sur les problèmes des deux bords de la Méditerranée. Chems Eddine Chitour est Professeur de thermodynamique à l’Ecole Polytechnique d’Alger . Il est ingénieur en génie chimique de la même école, ingénieur de l’Institut Algérien et de l’Institut Français du pétrole...

«Après l'époque du désespoir, voici venir la pire époque du chagrin» 
Malek Haddad, écrivain algérien de talent parlant de l’indépendance de l’Algérie

L'Afrique a fêté cinquante ans d'indépendance et d'errance débutées avec l'assassinat de Patrice Lumumba et clôturée provisoirement avec le lynchage d'El Gueddafi. Colosse aux pieds d'argile, l'Afrique est le pays des paradoxes, c'est un continent démographiquement exubérant avec 1 milliard d'individus dont près de 600 millions n'ont pas accès à l'électricité. Souvenons-nous qu'un Somalien consomme en énergie en une année ce que consomme un Américain en une semaine. Pourtant, l'Afrique regorge de richesses, mais comme l'écrit Sarkozy, « son drame est qu'elle n'est pas encore rentrée dans l'histoire ». Pas plus Hegel que Victor Hugo n'ont donné crédit au passé de l'Afrique. Au contraire, ils ont donné un socle à l'idéologie des races supérieures et au devoir de civilisation cher à Jules Ferry. Mieux, à la conférence de Berlin en 1885, la curée de l'Afrique a autorisé le roi des Belges à avoir un territoire pour lui, l'actuel Congo, des deux côtés du fleuve, qui se déchire ; les belligérants aidés par des puissances externes fascinées par les richesses. Nous allons, dans ce qui suit, lister les huit plaies purulentes.

La famine et le sida

Il n'est pas possible de lister tous les maux de l'Afrique, sinon d'en évoquer d'abord, les deux plus importants. La famine et le sida. 

Pour la famine, qui est toujours là à l'état endémique, ce sont des dizaines de milliers qui meurent chaque année de faim et qui subissent la malnutrition. Souvenons-nous qu'un plein de 4x4 de biocarburant à base de maïs détourné peut nourrir un Sahélien pendant un an. "S'agissant du sida, pendant près de vingt ans écrit Claire Brisset, le sida a été considéré comme une maladie mortelle, sans échappatoire possible. (...) Mais ce panorama global masque des inégalités frappantes ; inégalités géographiques, puisqu'elles concernent plus particulièrement certains pays du continent noir, et générationnelles, puisqu'elles touchent plus lourdement les enfants de ces mêmes pays, malgré les progrès constatés ailleurs. C'est en Afrique francophone que la lutte contre le sida prend du retard. (...) Selon M.Sidibé, ce retard tient notamment à l'histoire de l'épidémie qui s'est répandue à la faveur des déplacements des travailleurs des mines d'Afrique australe. (..) La violence favorise également la diffusion du virus : troubles civils, guerres, violence envers les femmes... Il faut désormais, en effet, considérer la lutte contre le sida comme une composante des combats en faveur des droits humains, et non plus seulement comme un enjeu de santé publique. » 

Les richesses minières et l'accaparement des terres

Nous avons traité dans une précédente contribution du grabbing des terres. On connaît déjà le pillage des matières premières du sol et du sous-sol de l'Afrique, notamment l'énergie et les métaux rares comme le coltran que l'on utilise dans les technologie de la communication (ordinateur, téléphones mobiles...). Ce coltran est revendu cent fois son prix par des intermédiaires sans loi ni foi à des multinationales occidentales très discrètes sur cette nouvelle traite autrement plus abjecte que la traite historique de ces mêmes civilisateurs en terre de conquête et d'évangélisation de ces peuplades barbares qui devaient obligatoirement être touchés par l'Evangile au nom de la « règle des trois C ». Christianisation, Commerce, Colonisation. (...) L'accaparement des terres agricoles en Afrique par des Etats étrangers et des multinationales a été plusieurs fois dénoncé, notamment en février 2011, à Dakar, à l'occasion du Forum social mondial, par l'ONG Actionaid.

Cinquante ans après, l'Afrique tend toujours la main. C'est le continent de toutes les calamités, à la fois naturelles, mais surtout du fait de l'homme. Paradoxalement, on n'arrête pas d'annoncer la richesse de ce pays dans une conjoncture de plus en plus marquée par la raréfaction des matières premières de toute sorte. Mais pas seulement, c'est aussi l'énergie et les anciennes puissances coloniales (Grande-Bretagne, France, et à un degré moindre, le Portugal) ne veulent surtout pas lâcher leur proie. De nouveaux pays et non des moindres s'intéressent, citons naturellement les Etats-Unis, qui s'imposent notamment en mettant un commandement - l'Africom - pour gérer l'Afrique à partir de bases à demeure, mais aussi la Chine qui a une stratégie de softpower, l'Inde et le Japon dont l'aide au développement avoisine les 2 milliards de dollars. Ceci étant dit, le niveau de cette aide au développement fixé à 0,7% du PIB par les pays développés, n'a jamais été atteint. De plus, chaque pays conditionne cette aide à un achat exclusif dans ce pays tout en amalgamant différentes aumônes sous ce vocable.

On apprend dans ce cadre que le Japon sollicite « le bras armé » de la France pour ouvrir des marchés en Afrique : « (...) La France apportera dans ce domaine son expertise et ses moyens en matière de lutte contre le terrorisme. La récente prise d'otages d'In Amenas, dans laquelle ont péri des ressortissants japonais, est en effet, venue rappeler aux entreprises nippones les raisons de leurs réticences à s'implanter sur le continent. « La France et le Japon ont des intérêts communs en Afrique : que le continent soit stable et devienne un partenaire économique fiable, doté d'une bonne gouvernance, analyse (...). Les Français ont des connaissances de terrain et sont bien intégrés dans les sociétés africaines dans certains pays francophones. La France est une puissance dominante dans cette région, elle a des troupes sur place et des bases militaires. Le Japon, en revanche, a peu d'informations sur les groupes comme Aqmi [Al Qaîda au Maghreb islamique]. » 

Le refus de l'alternance et les régimes dynastiques

Avec sa lucidité particulière, Aimé Césaire a été l'un des premiers, sinon le premier à parler de l'Afrique postindépendance. Il écrivait notamment : « La lutte pour l'indépendance c'est l'épopée, l'indépendance acquise c'est la tragédie. » « Le grand succès des ennemis de l'Afrique, écrivait pour sa part, Frantz Fanon, c'est d'avoir corrompu les Africains eux-mêmes. » L'alternance se fait en Afrique, soit par l'émeute, soit par la maladie. Justement, l'un des grands malheurs de l'Afrique est dû aussi à des dirigeants qui perpétuent l'ordre colonial à leur profit, tout en prenant la sage précaution d'être adoubés par leurs anciens maîtres. La moyenne d'accaparement du pouvoir dépasse très souvent la dizaine d'années. Quand le potentat passe la main, c'est au profit de leur famille. C'est une nouvelle forme d'asservissement à distance où l'Africain travaille pour d'autres, mais est incapable de subvenir à ses besoins. Serait-ce une malédiction ?

Les ingérences occidentales continuelles

Qu'on se le dise ! Les pays occidentaux et même les nouveaux pays émergents n'ont aucun état d'âme à recoloniser, à distance, les anciens pays, ce qui compte est que le pillage soit permis et tous les slogans des droits de l'homme ne sont que de la poudre aux yeux. Hervé Amani sociologue, nous décrit les malheurs de l'Afrique du fait du néocolonialisme « Le grand dessein des intérêts impérialistes est de renforcer le colonialisme et le néocolonialisme et nous nous tromperons nous-mêmes de la façon la plus cruelle, si nous devons considérer que les actions des Occidentaux sont distinctes et sont sans rapport entre elles », avait prédit N'Krumah. (...) N'Krumah n'a pas été suivi par ses pairs. Pour le malheur des Africains, des chefs d'État dont l'idéologie était la longévité au pouvoir, ont prêché le nationalisme étriqué et ont suivi les démons de la division ». 

 « En 2013, soit cinquante ans après le discours de N'Krumah, l'Union africaine est encore en gestation. » Hervé Amani déroule ensuite le catalogue macabre des violences subies par l'Afrique : « Olympio au Togo, Yaméogo en Haute Volta, Ahomadégbé au Benin, Hamani Diori au Niger, Modibo Kéïta (photo) au Mali... ont subi des coups d'État ; Sankara a été assassiné... Leur crime, après N'Krumah, avoir défendu l'intérêt de leur pays, la dignité de l'Afrique. Le colonel Kadhafi a été l'artisan acharné de la mise en oeuvre de l'Union africaine. Il avait engagé le financement de grands projets tels que préconisés par N'Krumah. Le Guide a été assassiné par les puissances occidentales sur le mobile fallacieux de génocide du peuple. Parmi les dirigeants de l'époque qui se sont opposés à l'esprit d'Unité africaine de N'Krumah, il y a le président Houphouët- Boigny de la Côte d'Ivoire. C'est un fait. Sa longévité est certainement le fruit d'un asservissement aux puissances coloniales. (...) » 

 « Si nous nous réjouissons de ce qui est advenu de Kadhafi, de Gbagbo, de N'Krumah, nous nous trompons de façon cruelle. Le parachutage par la force militaire de valets ne sert que les intérêts de la puissance de tutelle et d'une ploutocratie. L'auteur conclut : « L'Afrique doit s'unir parce que notre évolution économique exige la fin de la domination colonialiste ; or chaque État sera impuissant face aux impérialistes. Répétons le : « ...Nous nous tromperons nous-mêmes de la façon la plus cruelle, si nous devons considérer que les actes des Occidentaux sont distincts et sont sans rapport entre elles », avait prédit N'Krumah ».

 Dans cet ordre, deux forces d'action rapides mises en place par les Occidentaux ont pour but d'asseoir le statu quo. Au plus fort de la France-Afrique, le président français François Hollande invité à la zerda, a prévenu que « ce sont les Africains qui, demain, devront assurer la sécurité de leur continent », même si « la France sera toujours à leurs côtés ».

La corruption : ce mal endémique érigé en science exacte

Toute société humaine connait la corruption. Cependant l'absence de justice et de sanction font que la corruption est, en Afrique, consubstantielle de la gestion de l'Etat, mais aussi à tous les échelons de l'autorité. Chacun essaie à son niveau de monnayer son pouvoir .

Entre 1980 et 2009, 1 350 milliards de dollars de flux financiers illicites en provenance d'Afrique ont étés transférés à l'étranger. Selon un rapport de la BAD, l'Afrique du Nord totalise 415,6 milliards de dollars de transferts illicites durant cette période, Ces sorties frauduleuses d'argent ont concerné, dans la région nord-africaine, en premier lieu l'Egypte, suivie en seconde position par l'Algérie et enfin la Libye. L'argent est le plus souvent transféré frauduleusement dans les paradis fiscaux, mais également dans de nombreux pays européens, aux Etats-Unis et dans d'autres régions du monde. « La fuite des ressources hors de l'Afrique au cours des trente dernières années, environ le PIB actuel de l'Afrique, freine le décollage du continent », selon Mthuli Ncube, économiste en chef et vice-président de la BAD. « L'idée reçue a toujours été que l'Occident injecte de l'argent en Afrique grâce à l'aide étrangère et aux autres flux de capitaux du secteur privé, sans recevoir grand-chose en retour. Notre rapport inverse le raisonnement : l'Afrique est en situation de créancier net par rapport au reste du monde depuis des décennies », déclare Raymond Baker, directeur du centre de recherche et de défense GFI, basé à Washington. ( ;..) (Zhor Hadjam Transfert illégal de capitaux en Afrique du Nord. L'Algérie talonne l'Egypte El Watan 30 05 2013.)

A titre d’exemple, la corruption en Algérie est devenue un science exacte. Plus on vole moins on risque. On l’aura compris les lampistes trinquent mais les gros poissons à l’instar des scandales dues aux « commissions » versées par les entreprises opérant en Algérie, achèvent de démoraliser les algériens pour qui la règle de deux poids deux mesures est plus que jamais d’actualité

Le manque de vision de l'avenir

Devant toutes ces avanies, que pense-t-on que l'Afrique fait ? Coordonne-t-elle en vue d'une sécurité alimentaire ? En vue d'une médecine de qualité ? Etudie-t-elle un développement endogène ? Demande-t-elle qu'on la laisse en paix en alimentant en armes des belligérants ou en soutenant des tyrans qui refusent l'alternance ? Rien de tout cela, elle décide de mettre en place une force d'action rapide !! avec les armes des occidentaux pour justement maintenir en place les tyrans adoubés et la phrase de Chirac prend toute sa signification quand il déclare : « Il faut soutenir les dictatures, sinon ils ne feraient pas d'élection » sous-entendu quel que soit le résultat, l'essentiel est qu'elles se tiennent.

Les rodomontades ont de beaux jours devant elles. L'Afrique « colosse avec un sabre nain » veut avoir sa force d'action rapide sur le modèle de la française. Souvenons-nous de la cacophonie des pays de l'Afrique de l'Ouest réunis au sein de la Cdao organisme docilisant pour le compte de la France les présidents d'opérette. « Les dirigeants africains réunis en sommet à Addis-Abeba ont décidé de créer une force de réaction rapide chargée d'intervenir dans les conflits sur le continent, déclare le président en exercice de l'Union africaine. » (Aniss Z. Sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba des pays veulent une force africaine de réaction rapide El Watan le 28.05.2013)

Le ridicule ne tue plus. Ce sont les damnés de la terre- conséquence d’une politique de fuite en avant, de l’obsession du pouvoir - qui meurent !

Les conflits à venir

C'est un fait durant ce cinquantenaire l'Afrique n'a jamais connu la paix du fait des interférences des anciennes puissances coloniales de la rareté des matières premières dont l'Afrique regorge et de l'apparition de nouveaux acteurs qui font à l'Afrique des propositions qu'elle ne peut pas refuser. Parmi ces conflits du futur, notamment dus à l’errance des changements climatiques pour lesquels l’Afrique n’a aucune parade et qui fait qu’après les réfugiés politiques conséquences des guerres perpétuelles, après les réfugiés économiques conséquence d’épidémies endémiques, nous aurons de plus en plus de réfugiés climatiques qui n’auront où aller sinon à continuer à mourir à petit feu.


Le Nil : prochaine guerre de l'eau

 De plus et comme conséquence aussi de la démographie, le tarissement des ressources hydriques dans certaines régions . La prochaine guerre de l'eau se profile à l’horizon comem le montre le conflit latent autour des eaux du Nil

 « L'Ethiopie, le Kenya, l'Ouganda, le Burundi, le Rwanda et la Tanzanie sont depuis 2010, signataires d'un nouveau traité du partage des eaux du Nil. Ce texte remet en cause un précédent traité qui datait de 1929, amendé en 1959 par l'Egypte et le Soudan. Ce premier traité de partage accordait la part du lion à l'Egypte et au Soudan, qui à eux seuls jouissaient d'environ 90% des eaux du Nil. (...) L'Ethiopie a lancé en avril 2011 le chantier de son Grand barrage du Millénaire. Il produirait plus de 5000 mégawatts, retiendrait près de 63 milliards de m3 d'eau et deviendrait le premier barrage d'Afrique. (...) » 

 Aux dernières nouvelles, le ministère des Affaires étrangères égyptien a convoqué l'ambassadeur éthiopien alors qu'aucun accord n'a encore été trouvé entre l'Egypte, l'Ethiopie et le Soudan concernant la gestion des eaux du Nil. Les travaux ont commencé mardi 28 mai. Le barrage coûtera 3,2 mds. Sa construction nécessite d'assécher et de dévier le lit naturel du Nil Bleu. A plusieurs reprises déjà, Egypte et Ethiopie ont frôlé l'affrontement direct à cause de cette question cruciale pour les deux pays. 

La CPI est-elle raciste ? Les potentats africains sont inquiets : Ils craignent de finir leurs jours à La Haye La Cour pénale internationale (CPI) mène une « sorte de chasse raciale » en ne poursuivant que des Africains, a affirmé, le président en exercice de l'Union africaine (UA), le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn. Ces mêmes pays qui ont pour la plupart ratifié le traité de Rome pensent qu’il y a du racisme et que ce n’est pas leur gestion calamiteuse qui est en cause. Il est vrai que cette institution mise en place par les pays occidentaux pour imposer un ordre, leur ordre est de punir ceux qui ne rentrent pas dans le moule au nom des droits de l’Homme, dont il faudra bien un jour que l’on nous donne la définition universelle… Pour rappel d’ailleurs, les Etats-Unis n'ont toujours pas signé le traité de Rome créant la CPI du fait que la Constitution américaine interdit que les Américains soient jugés par d'autres pays

Quant à l'Algérie, elle joue au mécène, elle vient d'annuler pour 900 millions pour assumer pleinement son engagement en faveur de la promotion économique et sociale du continent. On l'aura compris, c'est un tonneau des Danaïdes avec en prime une ingratitude de ces pays qui fait qu'il n'y aura aucun retour sur investissement ni politique ni économique. Avec 900 millions de dollars. C'est 10 universités que l'on peut amener au top niveau....


dimanche, 09 juin 2013

LA TURQUIE SANS LE RAKI ET LE HAMAM

LA TURQUIE SANS LE RAKI ET LE HAMAM

Ce n'est plus la Turquie !

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr/

Guillaume Perrier correspondant à Istanbul pour Le Point et journaliste au Monde n’avait cessé de nous avertir ces derniers mois : La Turquie d’Erdogan dérapait et dérivait dans un islamisme totalitaire. Dans le n° 2092 du Point, il évoquait la colline de Camlica qui surplombe le détroit du Bosphore et constitue un des derniers refuges naturels d’Istanbul. Erdogan avait décidé d’y construire une mosquée monumentale sur 15 000 mètres carrés, une mosquée qui devait être visible depuis chaque point de la ville et qui s’enorgueillirait plus tard d’avoir les plus hauts minarets du monde, des minarets plus élevés que les 105 mètres de la mosquée de Médine, en Arabie Saoudite ! 
 

Une société en changement
 
Au troisième jour de leur mouvement, les manifestants turcs ont maintenu, toute la journée de dimanche la pression sur le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan en occupant la place Taksim d'Istanbul, tandis que de nouveaux incidents violents ont éclaté dans la capitale Ankara. C’est l'aménagement d'un parc en centre commercial qui a été à l'origine de la contestation de nombreux habitants d'Istanbul parce qu’il fait suite  à une série de destruction d’espaces verts pour y construire à chaque fois des lieux de culte. Ici, les travaux de projet d'aménagement urbain visaient plus directement un centre commercial. Le projet porté par la municipalité tenue par le parti islamo-conservateur au pouvoir, prévoyait de déraciner 600 arbres du parc situé près de la célèbre Place Taksim pour permettre la reconstruction d'une ancienne caserne militaire de l'époque ottomane démolie en 1940 et établir sur ce nouveau lieu un centre commercial avec ces magasins, ces cafés et ces espaces culturels. Ce projet faisait partie des plans de la mosquée monumentale de la colline de Camlica de l’architecte Hadji Mehmet Güner, un projet surnommé là-bas « la Mecque en plastique ».
 
 
En juillet 2012, Erdogan avait déjà inauguré une mosquée monumentale, une réplique en béton de la mosquée de Soliman où il avait invité tout le gratin sunnite, qatari en tête. C’était la mosquée Mimar Sinan du nom du célèbre bâtisseur ottoman. Par ces constructions permanentes de lieux de culte spectaculaires, petit à petit le visage d’une Turquie laïque et tolérante s’obscurcissait. On allait jusqu’à prévoir l’ouverture de salles de prière dans les universités, les centres commerciaux et même les opéras et les théâtres. La Turquie que nous aimons, celle de ses grands lettrés et intellectuels (Orham Pamuk, Ylmaz Güney, Nazim Hikmet, le poète maudit, Yasar Kemal, Elif Safak, le fabuleux Ahmet Hamdi Tanpinar, romancier et essayiste du milieu du XXe siècle) le vivait très mal. Selon des dernières statistiques, alors qu’on compte un hôpital pour 60 000 personnes, il y a aujourd’hui en Turquie une mosquée pour 350 « fidèles » ! Le budget gouvernemental des affaires religieuses a été doublé d’une année sur l’autre. Le pire a été l’aménagement d’une mosquée au sein même de l’Assemblée nationale, à Ankara et l’autorisation du port du voile islamique dans les universités au grand dam de la Cour Constitutionnelle qui s’était pourtant mobilisée mais qui avait vite été rappelée à l’ordre. Erdogan était en train de devenir un nouveau sultan ottoman, un sultan pieux et totalitaire jusqu’au…jusqu’à…
 

Inhabituel : profanation de mosquée en Turquie
 
Cette contestation de la rue tombe au pire moment pour Recep Tayyip Erdogan après une stratégie déployée à la frontière syrienne très contestée et critiquée dans les rangs de l’armée. Cela a été non seulement un fiasco militaire mais une véritable humiliation pour les soldats turcs autrefois très susceptibles. L’armée ne semble pas avoir, loin s’en faut, digéré tout cela et elle ne supportera pas très longtemps le désordre dans la rue, même si, bastion traditionnel de la laïcité, elle semblait ces derniers mois avoir rabaissé sa vigilence sur les principes du nationalisme révolutionnaire.  
 
La méthode Erdogan est comme un creuset paradigmatique de la métapolitique islamique libérale-conservatrice. Cette métapolitique néo-conservatrice consiste à vouloir transformer la société par les idées religieuses, chambouler la base des croyances et des préjugés populaires pour justifier ensuite la charia et la discrimination des femmes, l’interdiction de l’alcool et l’obligation des prières, le tout ficelé par le vote et des réformes démocratiques. Chez les Turcs, cela marchait jusqu’alors plutôt bien. C’était un condensé anachronique de populisme religieux globalitaire et de fondamentalisme salafiste allégé. Aux dernières élections législatives de juin 2011, l’AKP, parti au pouvoir obtint près de 50 % des voix mais quelque chose, cet hiver s’est grippé avec cette idée gouvernementale de plus en plus affirmée de constituer une « jeunesse religieuse ». A Istanbul, carrefour européen, ville cosmopolite mais centre aussi des retours des immigrés turcs d’Allemagne, l’idée d’une « jeunesse religieuse » ardente et motivée passait mal. On a vu le radicalisme islamique, que ce soit au Mali ou aux Comores, combattre partout où il s’installait, une tolérance millénaire, la tolérance humaniste d’un islam soufie. La tradition soufie a aussi nourri celle des derviches tourneurs. Cet islam s’accommodait depuis longtemps de la liberté individuelle, de la consommation de la drogue et de l’alcool. Le renouveau ottoman d’Erdogan était plus importé qu’authentique. Il ne correspondait pas du tout à l’esprit libéral et humaniste des Turcs, narguilé au bec.
 

Projet de mosquée en 2015
 
Erdogan en plus de construire des mosquées avait aussi entrepris de réformer l’éducation nationale : cours religieux obligatoires, cours sur la vie du prophète Mahomet, travaux pratiques sur le Coran, séparation des filles et des garçons dès l’âge de 12 ans dans des écoles spéciales, les Iman Hatip qui devenaient en quelque sorte les laboratoires éducatifs officiels du nouveau régime. La plupart des ministres du gouvernement en sont d’ailleurs aujourd’hui issus. L’été dernier, certaines municipalités proches du régime commencèrent, comme on le voit en Tunisie ou en Egypte à s’attaquer aux touristes accusés d’importer au pays tous les vices « occidentaux ». L’université Bahçesehir dans une étude récente avait relevé qu’un quart des Turcs boivent régulièrement de l’alcool contre un tiers, il y a dix ans. Ce chiffre était très significatif et marque bien une rupture et une régression. Il n’est pas question de soutenir que l’alcool sauve le Musulman , mais dans la Turquie d’hier, le petit verre de raki à la fin du repas ou à l’apéritif était comme à Damas un rituel oriental. Le fondateur de l’Etat turc, Atatürk, était de fait un alcoolique notoire : il est mort prématurément d’une cirrhose du foie ! Dans la chaleur de l’été dernier, les jeunes turcs comme les plus vieux avaient très mal supportés les descentes de police dans le quartier festif de Beyoglu à Istanbul. Les fonctionnaires fanatiques religieux avaient confisqué tables et chaises en plein mois d’août et, à la fin de l’été, les terrasses le soir étaient devenues désertes. Plus d’alcool, plus de touristes, plus de parcs, demain plus de saunas, Istanbul ne serait plus alors Istanbul. 
 
Ce néo-islamisme puriste et chaste vient se greffer, du moins pour Istanbul et toutes les rives du Bosphore, sur une culture millénaire du vin et de l’alcool. Guillaume Perrier raconte que la presse turque s’était émue en août dernier d’une femme, d’une villageoise, qui s’était vue refuser l’accès à un ferry parce qu’elle transportait dans son panier, des bouteilles de vin ! Il y a eu, lundi dernier, l’arrivée des bulldozers dans le parc près de Taksin mais il y a en cours bien d’autres projets comme celui des bus roses réservés aux femmes pour lutter officiellement contre le harcèlement sexuel. Les jeunes turcs écoutent de la techno, surfent sur le net, ont pour idole le chanteur efféminé Tarkan et on leur demande de rythmer leur vie sur les appels à la prière, des appels qui retentissent maintenant aux sons de tambours imposteurs dans les ruelles y compris dans les quartiers alevis ou branchés ! Les jeunes turcs commencent à regretter le mode de vie d’autrefois : ils veulent boire et chanter ! 
 
En France, le Printemps français en appelle à Marie ou à Jeanne d’Arc et à veiller par des cantiques contre la décadence. L’Histoire n’est-elle alors que le balancier ordre-désordre de nos générations successives ? Chrétien démocrate ou musulman démocrate, ne sont-ils que les jouets d’un certain compromis vital avec le politique ? C’est que sans doute, comme le faisait remarquer ce paillard et ce grand buveur de Rabelais qui s’y connaissait en libertinage, « la plus grande rêverie du monde est de vouloir gouverner avec une cloche », que ce soit chez les Turcs ou chez les Gaulois.

Mesrine : L’instinct de mort

Chronique de film:

Mesrine : L’instinct de mort / L’ennemi public n°1, des films de Jean-François Richet (France, 2008)

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com/

 

mesrine1.jpgmesrine2.jpgLe « Grand Jacques »… Non, nous n’évoquerons pas ici Jacques Doriot mais un autre Jacques qui fut parfois nommé tel de par son singulier parcours criminel : Mesrine, l’homme qui fut, dans les années 1970, celui après qui couraient toutes les polices de France et fut alors désigné « ennemi public n°1 ». Il y a 5 ans, le cinéaste français Jean-François Richet consacra au légendaire bandit deux films de grande qualité dont nous allons parler maintenant. Ce n’est pas la première fois que Mesrine est honoré au cinéma (il l’a déjà été plusieurs fois) mais l’on constate que l’intérêt - la fascination ?-  est toujours vif envers certaines grandes figures du banditisme de ces années-là, pensons par exemple à Albert Spaggiari… Pourquoi ? Car dans notre époque morne et aseptisée, l’audace et les prises de risque qui furent réelles de la part de ces hommes qui détroussaient les riches et les banques font parfois que l’on a tendance à voir en eux de grands rebelles qui osaient décider de ce qu’était leur liberté et de s’opposer d’une certaine façon à la société de leur temps. Quoi qu’on pense de leur parcours, il laisse rarement indifférent.

 

L’Instinct de mort traite des débuts de Jacques Mesrine dans la criminalité tandis que L’ennemi public n°1 se base sur son parcours dans les années 1970. Du début des années 1960 à sa mort le 2 novembre 1979, ce sont donc la vingtaine d’années de carrière de Mesrine dans le banditisme qui sont ici évoquées en deux films durant, en tout, près de 4 heures. Malgré cette longueur, il est évident que tout ne pouvait être dit sur Mesrine mais les choix réalisés ont été heureux et les inévitables éléments de fiction accolés aux faits habilement choisis.

 

Jacques Mesrine, qui servit comme soldat durant la guerre d’Algérie, rentre en France en 1959. Originaire d’une famille bourgeoise de Clichy, il ne tarde pas à réaliser que la vie de monsieur-tout-le-monde n’est pas pour lui et intègre un groupe de truands plus ou moins affiliés à l’OAS avec qui il réalise ses premiers coups. Ceci n’est que le début d’une longue fresque criminelle où Mesrine va défrayer la chronique, tant en France qu’à l’étranger (au Canada notamment) et alterner avec différents complices, parfois hauts en couleurs eux aussi, attaques à main armée (sur des banques, maisons de haute couture, casinos…), kidnappings de riches personnages, périodes de prison et spectaculaires évasions d’établissements de haute sécurité (la Santé à Paris par exemple). Entretenant son image d’ « ennemi public n°1 », Mesrine écrit en prison mais surtout utilise la presse pour magnifier son personnage, faire différentes revendications et critiquer voire menacer le Système et son arsenal judicaire. Incapable de freiner ses ardeurs, il va même jusqu’à torturer et laisser pour mort un journaliste de Minute qui l’avait calomnié. Recherché, traqué par toutes les polices de France, il est froidement abattu le 2 novembre 1979 à Paris, porte de Clignancourt par les hommes du commissaire Broussard, qui lui courait après depuis des années.

 

Le scénario décrit plus haut suit donc Mesrine d’une manière chronologique en s’arrêtant évidemment sur les évènements les plus marquants de sa vie. Le personnage est quant à lui traité d’une manière assez objective à mon sens même si l’on sent bien une certaine sympathie pour lui de la part du réalisateur… Mesrine nous est montré comme un homme ne doutant jamais de lui-même ou de ses choix de vie : seule importe pour lui sa liberté d’action qu’il n’hésite jamais à défendre de la manière la plus violente possible. Extrêmement charismatique, il joue beaucoup de ce trait de personnalité envers les autres, en particulier les femmes, mais a des relations parfois difficiles avec ses associés effrayés par sa trop grande impulsivité. Assoiffé d’une liberté totale, il ne peut la conjuguer avec une vie dite normale, ce qui le pousse à des relations tendues avec ses proches, notamment ses parents ou la mère de ses enfants dont il ne s’occupa que très peu. Bon vivant, il aime les femmes, l’alcool, le jeu, la gastronomie mais surtout l’action. Cette action vaut pour elle-même et pour ce qu’elle rapporte tant sur le plan financier que médiatique. Comme il est dit plus haut, Mesrine soignait la mise en scène de son personnage et cherchait grandement la notoriété médiatique (elle ne se démentit pas pendant des années… et même encore aujourd’hui). 

 

 

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Ce personnage haut en couleurs est joué à la perfection par un Vincent Cassel qui semble réellement habiter son personnage : mimiques, attitude générale, tout y est. Il est accompagné par de très bons seconds rôles, en particulier Gérard Depardieu campant Guido, un vieux truand aux sympathies OAS, et la jolie Ludivine Sagnier qui prend le rôle de Sylvia Jeanjacquot, dernière compagne du criminel. Et quant à Jean-François Richet, réalisateur connu pour ses sympathies d’extrême-gauche mais surtout pour le tristement célèbre Ma 6T va crack-er ? On trouvera à différents moments du film des indices sur les opinions de celui-ci, notamment dans les propos qu’il met dans la bouche de Guido ou du journaliste de Minute étant donné que ces hommes n’ont forcément pas ses idées… Toutefois, force est de constater que les délires politiques assez flous qu’a pu avoir Mesrine dans ses derniers mois sont habilement présentés pour ce qu’ils sont : des élucubrations peu sérieuses d’un truand voulant se muer en révolutionnaire d’extrême-gauche… Bref, hormis le très fin soupçon de politiquement correct que l’on trouvera en cherchant bien, Richet a réalisé avec ses deux Mesrine des films policiers de tradition française comme on savait les faire avant. Des films qui certes contiennent de l’action mais se basent avant tout sur les personnages et l’ambiance d’une France qui a bien changé. Il rejoint en cela Olivier Marchal qui a, lui aussi, réalisé de très bons films ces dernières années. Si le cinéma français actuel est plus que déplorable, il reste tout de même certains réalisateurs qui sauvent l’honneur, notamment dans le genre policier. Richet fait désormais partie de ceux-là.

Rüdiger

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

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BHO choisit un antidépresseur massif pour sa dépression syrienne

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BHO choisit un antidépresseur massif pour sa dépression syrienne

Ex: http://www.dedefensa.org/

Nous avons constaté ces derniers temps l’humeur dépressive (voir le 11 mai 2013) des USA et du bloc BAO vis-à-vis de la Syrie, notamment avec les doléances sévères de John Kerry (voir le 5 juin 2013) concernant la politique syrienne des USA depuis qu’a éclaté la crise en Syrie. Nous ne pourrons alors que constater que la nomination de Susan Rice à la tête du National Security Council (avec le complément de la nomination de Samantha Power comme ambassadrice des USA à l’ONU) peut se comparer à la prise d’un antidépresseur massif et brutal pour soigner cette “dépression syrienne”. Comme chacun sait, l’antidépresseur est une chose à utiliser avec prudence, sous surveillance médicale, et comme on devrait le conclure, le choix d’Obama apparaît pour le moins imprudent et dangereux, – à moins qu’il se soit trompé, qu’il ait pris l’Ecstasy pour un antidépresseur ? A moins qu’il s’en foute, d’ailleurs...

Rice a été ambassadrice des USA à l’ONU jusqu’à la vilaine affaire de Benghazi, qui a entraîné sa démission. Elle a été, à l’ONU, avec une constance rare, une représentante des USA agressive, parfois insultante, en général hystérique et utilisatrice déterminée d’une affectivité maquillée de beaux diplômes universitaires, enfin parfaite clone d’Hillary Clinton au sein du Conseil de Sécurité. Elle s’est notamment illustrée par des attaques insultantes contre la Russie. Power, qui va à l’ONU, est très proche de Rice, notamment dans ses conceptions humanitaristes qui font d’elle, comme Hillary-Rice, une liberal hawk ou une humanitarian hawk, au choix. (Mark Landkler, du New York Times, le 6 juin 2013 : «Ms. Power, who has written extensively about genocide, is closely allied with Ms. Rice on human rights issues.») Si on ajoute à ce duo la présence de Victoria Noland au département d’État après une rapide éclipse, passant du poste de porte-parole à celui, plus efficace et plus important, de directrice des affaires européennes et eurasiatiques (voir le 28 mai 2013), on arrive à un étrange trio de harpies déchaînées qui rappelle celui des années précédentes (Hillary-Noland-Rice) ... Étrange, veut-on dire, par rapport à l’inflexion que John Kerry veut donner à la politique US, à sa critique quasi-inflexible de tout ce qui a précédé, qui fut enfanté effectivement par le même trio.

Eric Draitser, analyste géopolitique à New York, donne un commentaire à Russia Today, le 5 juin 2013. Il mentionne certaines raisons politiciennes et intérieures de la nomination de Rice, puis les conséquences extérieures évidentes...

«First and foremost, it allows the President to present himself as oppositional to Republicans, as a Democrat willing to stand his ground and defend one of his own against political and personal attacks. This point is not to be underestimated as President Obama continues to be accused by principled progressives of collusion and collaboration with Republicans on deficit reduction, cuts to vital social programs and other austerity-related policies. Essentially, Obama is able to use Rice as a shield, deflecting attention away from his destructive economic and political policies in favor of the much more manageable “controversy” about Susan Rice.

»Additionally, by keeping Rice within the top leadership of the administration, Obama also is able to create the false dichotomy between African-American woman Susan Rice, and the almost entirely white male Republican Party. In so doing, Obama insulates himself and his administration further by adding the socio-cultural element into the equation; Obama forces white male Republicans to attack Rice and consequently, left liberals to defend her. This kabuki theater politics has typified the clever tactics of the current administration: playing to its strengths by using the Republicans as a foil.

»Of course, what should not be lost on readers is the fact that not one of the “harshest” attacks on Susan Rice has ever questioned the fundamental thinking that underlies her entire world-view: that the United States must use military force, hegemony, and coercion to maintain and expand its imperial posture and protect the interests of Wall Street, London, and the multinational corporations. Obama’s appointment of Rice is far more than a “defiant gesture,” it is a validation and ringing endorsement of the “humanitarian war” and “Responsibility to Protect (R2P)” doctrine espoused by Rice since the Clinton administration. It is an unequivocal affirmation of the “righteousness” of US-NATO’s savage war on Libya and continued destabilization and subversion of Syria. It is the proclamation of a continued and sustained neo-colonial presence in Africa. It is here that we can clearly identify the true significance of this appointment. »

Draitzer cite ces mots de Landler, dans l’article du NYT déjà référencé, où il est rappelé que Rice ne devra pas passer devant le Sénart pour confirmation de sa nomination : «It is also a defiant gesture to Republicans who harshly criticized Ms. Rice for presenting an erroneous account of the deadly attacks on the American mission in Benghazi, Libya. The post of national security adviser, while powerful, does not require Senate confirmation.» Landler, lui, cite ces mots d’Obama, lors de sa présentation de la nomination de Rice, – qui marquent un étrange contrepoint des déclarations dépressives de Kerry (mais entendent également signifier aux républicains qu’ils n’ont aucune chance contre lui s’ils entendent le critiquer, comme ils l’ont fait ces derniers jours, pour sa prétendue “mollesse” en politique extérieure type-interventionnisme humanitaire) : «With her background as a scholar, Susan understands that there’s no substitute for American leadership. She is at once passionate and pragmatic. I think everybody understands Susan is a fierce champion for justice and human dignity, but she’s also mindful that we have to exercise our power wisely and deliberately.»

Le florilège de Rice comme ambassadrice des USA à l’ONU est connue et relève effectivement, lorsqu’il s’est agi du veto russo-chinois du 4 février 2012, d’une dialectique proche de l’insulte que les Russes n’ont certainement pas oubliée. Le 5 février 2012w, Rice faisait ces déclarations à la radio nationale NPR : «Russia and China blocked a U.N. Security Council resolution that would have condemned the Syrian government for attacks against civilians. U.S. Ambassador Susan Rice said the United States was “disgusted” by the double veto.

»“The international community must protect the Syrian people from this abhorrent brutality,” she said Saturday. “But a couple members of this council remain steadfast in their willingness to sell out the Syrian people and shield a craven tyrant.” “We'll have to see if Russia and China, when they feel the full weight of the outrage of response to their actions in the region and in Syria, change course,” she says. “And if they don't, we will certainly look at every means at our disposal to increase pressure on Assad. His days are numbered. There's no question that this regime cannot endure. The only question is how many people will die before it ends.”»

Quelques mois plus tard, elle se signalait encore, après un nouveau veto russo-chinois, par son affirmation que les USA devaient suivre une voie absolument illégale selon les lois internationales, pour accomplir leur grande politique humanitaire (sur Alternet.org, le 21 juillet 2012 : «In the wake of the Russian and Chinese veto, US Ambassador to the UN Susan Rice said Washington would “intensify” its efforts “outside the Security Council” to bring pressure to bear on Assad, and assist “those in need.”»

Au vu de ces divers éléments, on est en droit de s’interroger sur la substance et l’orientation réelles de la politique des USA, si effectivement il y a orientation et substance. La nomination de Rice-Powell signifie-t-elle un durcissement de la politique syrienne d’Obama, et un acte que les Russes jugeront peu encourageant, sinon inamical ? Certes, on pourrait le penser et l’on ne s’en privera pas, en relevant aussitôt que la chose se produit au moment où Kerry reconnaît qu’il n’y a d’autre voie que celle de la diplomatie, qu’il faut arriver à réunir la conférence Genève-II, ce qui requiert la pleine coopération des Russes ; au moment, encore, où la Maison-Blanche ne cesse d’accueillir les nouvelles concernant l’usage du chimique par des fins de non-recevoir en affirmant que les preuves sont insuffisantes, pour ne pas se laisser entraîner dans l’amorce d’un engagement dans un processus d’intervention ; au moment où l’allié turc, si nécessaire pour son rôle dans l’usine à gaz des “Amis de la Syrie”, se trouve dans la situation qu’on sait...

Cela observé avec une consternation sans trop de préoccupation, tant la décision d’Obama s’inscrit bien, après tout et pour juger de plus haut, dans l’inconsistance entropique de la politique du bloc BAO, il ne faut pas du tout négliger l’aspect intérieur mis en évidence par Landler et repris par Draitzer. Il est très possible qu’il y ait une fine manœuvre d’Obama dans la volonté d’affronter, éventuellement de lancer une contre-offensive en direction des républicains par un mélange de provocation (Rice considérée comme une des principales fautives-coupables dans l’affaire de Benghazi) et de surenchère (Rice-Power, super-humanitarian hawks). On jugerait alors que cela pourrait diviser ces mêmes républicains, – les super-humanitarian hawks du type McCain-Graham pouvant après tout préférer abandonner l’affaire de Benghazi que le parti républicain tente d’exploiter au maximum contre Obama, pour ne pas affaiblir l’administration Obama au moment où le couple Rice-Power pourrait être soutenue pour faire pression, pour une politique agressive en Syrie. On en déduirait également qu’Obama est prêt à faire beaucoup de choses pour éviter qu’on poursuivre la guérilla dans le cadre des divers éléments du Scandalgate...

“Cela observé avec...”, etc., on rappellera finalement que tous ces sapiens divers qui s’agitent ne peuvent pas grand’chose, et pas plus un discours pompeux d’Obama sur le «no substitute for American leadership», pour changer la vérité de la situation en Syrie et alentour (laquelle est reconnue par Kerry, et proclamée par les militaires US). Les USA ne sont pas plus puissants avec Rice-Power et les forces armées restent au niveau qu’on perçoit à l’ombre de la séquestration, les rebelles n’en sont pas moins en position de retraite, les Turcs plongés dans le désordre et ainsi de suite. Par contre, l’arrivée du duo Rice-Power devrait encore plus convaincre Assad et ses alliés divers, notamment du Hezbollah, qu’il importe plus que jamais de pousser leur avantage. C’est-à-dire que nous ne sommes plus à l’époque où l’on faisait la politique qu’on voulait, en y créant les événements à mesure, mais celle où l’on ne peut faire que la politique qui est permise par des événements que plus personne ne contrôle et qui prennent un tour de plus en plus inquiétant pour “les Amis de la Syrie”.

Un dernier point à observer avec la nomination de Rice, c’est de constater qu’elle recèle une réelle aggravation des relations USA-Russie. La personnalité et le curriculum vitae de Rice, avec les insultes onusiennes, en sont une des causes ; une autre, plus précisément, est sa nouvelle position à la tête du NSC. C’est par ce canal qu’il contrôlait bien, avec Tom Donilon, qu’Obama a tenté ces derniers mois de lancer une “diplomatie personnelle” d’entente et d’accommodement avec Poutine. Donilon servait de relais de cette politique du côté US, et les Russes n’y avaient rien à redire... Peut-on voir, et croire que Rice jouerait ce rôle à la complète satisfaction des Russes ? On ne serait pas étonné si les Russes, et Poutine-Lavrov précisément, voyaient la nomination de Rice, dans ce cadre en plus de celui de la Syrie, comme un développement incompréhensible et irrationnel pour eux, et de toutes les façons hostile, qui enterre par avance toute possibilité de cette sorte d’accord que recherche Obama.

Le résultat net de l’opération est donc un peu plus d’impuissance, un peu plus de paralysie, un peu plus de désordre et de politique extérieure réduite à l’état de bouillie de chats, un peu plus de probabilité d'aggravation de la situation de désordre en Syrie et alentour, un peu plus de possibilités de heurt avec les Russes, un peu plus de discrédit des USA... On y ajoutera la possibilité, également, de désaccords au sein du gouvernement US, où ni Kerry, ni les militaires n’apprécieront nécessairement l’arrivée de Rice. Par contre, le ministre français Fabius, une fois informé par une petite fiche ou l’autre d’un de ses experts, y verra confirmation de son audace et de sa sagesse.

Gatestone Instituut: VS helpt herstel Turks-Ottomaans Rijk

Gatestone Instituut: VS helpt herstel Turks-Ottomaans Rijk

Ook Duitsland promoot op achtergrond nieuw Turks-islamitisch imperium


Fethullah Gulen streeft openlijk naar een hersteld islamitisch Turks-Ottomaans Rijk (groen op het kaartje - in al deze gebieden hebben Amerikaanse militaire interventies plaatsgevonden).

Robert Kaplan, historicus en analist bij het onafhankelijke non-profit Gatestone Institute dat zich specialiseert in nieuws dat door de reguliere media wordt genegeerd en onderdrukt, schrijft dat de Verenigde Staten met zowel politieke als militaire middelen meewerken aan het herstel van het Turks-Ottomaanse Rijk. Bijna alle Amerikaanse operaties op de Balkan, in Noord Afrika en het Midden Oosten, inclusief het aanstichten van de Arabische Lente, waren en zijn bedoeld om de heroprichting van het islamitische Kalifaat mogelijk te maken.

Amerikaanse pro-moslim bombardementen

Sinds het midden van de jaren '90 heeft de VS in meerdere conflicten in Europa en het Midden Oosten militair ingegrepen. In 1995 bombardeerden de Amerikanen de Serviërs en Servië om daarmee het moslimregime van Izetbegovic in Bosnië te steunen. In 1999 bombardeerden ze opnieuw de Serviërs, deze keer om de opkomst van de KLA moslims in Kosovo te faciliteren. In 2010 werd de Libische president Gadaffi gebombardeerd zodat islamistische, aan al-Qaeda verbonden rebellen de macht konden overnemen.

Iedere interventie werd gerechtvaardigd vanwege zogenaamde 'humanitaire' redenen: eerst moesten de Bosnische moslims, en later de Kosovo moslims, worden beschermd tegen de 'genocidale' Serven, en daarna moesten de Libiërs ineens worden beschermd tegen hun 'wrede dictator' Muammar Gadaffi.

Delen Ottomaans Rijk 'bevrijd'

Andere redenen die in het Westen werden aangevoerd waren onder andere het verkrijgen van een strategische positie op de Balkan, het communisme in Joegoslavië verslaan, aan de moslims wereldwijd laten zien dat de VS niet anti-islam is, en om de rol van de NAVO na de Koude Oorlog te herdefiniëren.

Iedere Amerikaanse interventie vond plaats in een land of gebied dat vroeger deel uitmaakte van het Ottomaanse Rijk. En overal werd een seculier regime vervangen door islamisten die de Sharia willen invoeren en streven naar een wereldwijd islamitisch Kalifaat. De landen die sinds het begin van de Arabische Lente zonder Amerikaans militair ingrijpen door islamisten werden overgenomen, Tunesië en Egypte, behoorden eveneens tot het Ottomaanse Rijk.

VS volgt steeds hetzelfde recept

Met uitzondering van Irak volgde en volgt Washington overal hetzelfde recept: eerst ontstaat er een gewelddadig binnenlands conflict in het land waar de interventie moet gaan plaatsvinden. De 'goeden' zijn altijd de rebellen, de 'kwaden' zijn 'wrede antidemocratische onderdrukkers' die zich schuldig maken aan 'oorlogsmisdaden'. Internationale organisaties, mensenrechtenactivisten en gerespecteerde publieke figuren worden vervolgens ingezet om op te roepen tot ingrijpen.

De Amerikaanse president gaat dan over tot het verlenen van logistieke steun en het leveren van wapens aan de rebellen. De laatste stap is het uitvoeren van bombardementen vanuit de lucht en vanaf zee (met kruisraketten), allemaal onder auspiciën van de NAVO en telkens onder het mom van het 'beschermen van de burgerbevolking'. Steun van de VN-veiligheidsraad is mooi meegenomen, maar wordt niet noodzakelijk geacht. De door Amerika en de EU gewenste uitkomst is dat onafhankelijk opererende, voornamelijk seculiere regimes worden vervangen door Sharia-islamisten.

Ook Duitsers steunen herstel Turks imperium

Net zoals de Balkanconflicten in de jaren '90 en de 'Arabische Lente' sinds 2010 in historisch perspectief aangeven dat Turkije bezig lijkt te proberen zijn voormalige imperium te herstellen, blijkt uit historisch perspectief tevens dat ook Duitsland de Turken hierin steunen. Al vanaf het allereerste begin in 1870 beschouwden de Duitsers het Turkse imperium als een zeer waardevolle bondgenoot.

Duitse leiders vonden dat Turkije gecontroleerd kon worden door een combinatie van economische banden, het verhogen van het opleidingsniveau, het verstrekken van technische kennis en administratieve hulp en het omkopen van Turkse officials. Duitsland beschouwde invloed op Turkije als een middel om moslims wereldwijd voor zijn eigen belangen te beïnvloeden. Gedurende de Eerste Wereldoorlog steunden de Duitsers dan ook het Turkse Kalifaat en stimuleerden ze de jihad in gebieden waar de moslimbevolking werd geregeerd door de toenmalige vijanden Rusland, Frankrijk, Groot Brittannië en Servië.

Tijdens WO-1 hielpen de Duitsers dus de Ottomaanse Turken, en tijdens WO-2 sloot de opvolger van de Ottomanen, de Moslim Broederschap, een alliantie met Adolf Hitler.

VS beschermt gevaarlijkste islamist ter wereld

Sinds de regering Clinton lijkt het er sterk op dat de VS een vergelijkbaar patroon volgt door het steunen van de 'wedergeboorte' van het Turks-Ottomaanse Rijk. Clinton begon daarmee, Bush gaf vervolgens de Moslim Broederschap -ook in eigen land- vrij baan, en Obama heeft het hele programma vervolgens in de allerhoogste versnelling gezet.

Sterke aanwijzing is het feit dat de Turkse imam Fethullah Gulen, die door velen wordt beschouwd als de gevaarlijkste islamist ter wereld, al jaren veilig en beschermd in de VS woont. In 1998 vluchtte Gulen naar Amerika omdat hij door de toen nog seculiere Turkse regering werd beschuldigd van het aanstichten van een opstand. In 2000 werd hij hiervoor bij verstek veroordeeld. Nadat de islamistische AK Partij van premier Erdogan aan de macht kwam werd hij in 2008 weer vrijgesproken. In datzelfde jaar besloot Amerika dat Gulen gewoon in de VS mocht blijven en zwaaide oud-president Clinton hem zelfs alle lof toe.

Turkije recept voor Europa en Amerika

Gulen heeft over de hele wereld madrassahs (speciale islamitische scholen) opgericht waarin openlijk wordt geleerd dat de moslims geduldig moeten wachten totdat ze sterk genoeg zijn om in Amerika en Europa de macht over te nemen. De islamistische machtsovername in Turkije vormt hiervoor het succesvolle recept, ook al staat Gulens geestverwant Erdogan op dit moment onder druk door massale gewelddadige protesten.

De AKP staat totaal onder controle van Gulen. Hetzelfde geldt voor een groot deel van de Turkse media, financiële instituten, banken en zakenorganisaties. Zowel Erdogan als president Abdullah Gul behoren tot zijn volgelingen. De AKP heeft er binnen enkele jaren voor gezorgd dat Turkije het land met naar verhouding de meeste moskeeën (85.000) en imams (90.000) ter wereld werd. Omdat er een wereldwijde machtsgreep door de islam wordt gepromoot zijn Gulens scholen in Rusland en Oezbekistan verboden.

'Leugens geoorloofd om Westen over te nemen'

Gulen volgt het typerende islamitische recept: tegenover de niet-moslims tolerantie en dialoog verkondigen, en tegen het eigen publiek iets totaal anders: 'Om de ideale moslimmaatschappij te vestigen is iedere methode en ieder pad geoorloofd, inclusief het vertellen van leugens.' In een preek voor de Turkse TV zei hij dat de moslims zich 'onopgemerkt in de slagaders van het (Westerse) systeem moeten begeven, totdat jullie alle machtscentra hebben bereikt.... De tijd is nu nog niet rijp. Jullie moeten wachten totdat jullie de macht van de wetgevende instanties aan jullie kant hebben.'

Zowel in de VS als in Europa bevinden we ons in Gullens 'afwacht'fase - nog wel. Moslims in het Westen presenteren zich nog als 'vreedzaam' en krijgen ruim baan, waardoor moskeeën en islamitische scholen als paddenstoelen uit de grond kunnen schieten. In Amerika zijn met overheidssubsidie al meer dan 90 van Gullens radicaal-islamitische madrassahs geopend, waar jonge moslims worden voorbereid op het sluipend overnemen van de wetgevende- en regeringsinstellingen, iets dat vooral duidelijk zichtbaar is geworden in de regering Obama.

Gullen vergaarde al ruim $ 30 miljard dollar om zijn ultieme droom te kunnen waarmaken: de vernietiging van binnenuit van de Westerse democratieën en de oprichting van een groot islamitisch wereldrijk onder Turks bestuur. En daar krijgt hij al sinds de jaren '90 van uitgerekend de Verenigde Staten alle ruimte en medewerking voor, zelfs militair.

Xander 

(1) Walid Shoebat / Gatestone Institute

Zie ook o.a.:

23-03: Turkse minister BuZa: Wij zullen weer heersen van Sarajevo tot Damascus
21-03: Jordaanse koning waarschuwt het Westen voor Turkse premier Erdogan
12-03: Duitse geheime dienst: Turkije werkt al jaren aan kernwapens
01-03: Turkse premier Erdogan: Israël en kritiek op islam zijn misdaden tegen mensheid
02-02: Turkse minister BuZa roept Syrië op Israël aan te vallen

2012:

15-08: Manifest Saudisch koningshuis wijst stafchef Clinton aan als moslim infiltrant
28-07: Congresleden eisen onderzoek naar infiltratie Moslim Broederschap in regering Obama
04-07: Turkse rechter: ' ... Erdogan en president Gül jagen het Ottomaanse Rijk na'
18-06: Turkije wil terugkeer machtigste en gevaarlijkste islamist ter wereld
18-04: Turkse regering gaat miljoenen Turken in Europa mobiliseren (/ Turkse vicepremier gaat extreem islamistische Gülen beweging inzetten)

2011:

18-08: 'Obama heeft drie leden Moslim Broederschap in Witte Huis'
12-07: Turkije wil leger verdubbelen naar 1 miljoen man (/ Erdogan impliceert nieuw Ottomaans Rijk inclusief Sarajevo en Jeruzalem)
09-06: Turkse opperrechter: Erdogan is tiran en wil sultan van het Midden Oosten worden
09-05: Obama kiest Moslim Broederschap als nieuwe bondgenoot Midden Oosten

2010:

09-12: WikiLeaks (8): Turkije wil Europa islamiseren via lidmaatschap EU (/ 'Wraak op Europa vanwege nederlaag bij Wenen')
08-04: Gevaarlijkste islamist ter wereld is een Turk en leeft veilig in Amerika

2008:

03-11: Islamitische profetie wijst naar Obama als helper van de mahdi

Pour une critique populiste de la gauche

Pour une critique populiste de la gauche Entretien avec Pierre Le Vigan

19 juin: conférence à Marseille

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samedi, 08 juin 2013

L’Islam politico turco: ascesa e declino di uno Stato precursore

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L’Islam politico turco: ascesa e declino di uno Stato precursore

Dal primo giorno delle ad oggi le dimostrazioni hanno registrato tre morti, più di 2mila fermi e circa 2.500 feriti.

Sebastiano Caputo

Ex: http://www.rinascita.eu/

L’intera regione arabo-musulmana, dal Marocco al Pakistan, sta vivendo un clima incandescente nel quale le piazze non cedono alla violenza degli scontri. Recentemente la Turchia di Recep Tayyip Erdoğan è finita nel mirino dei dimostranti che da ormai sei giorni stanno continuando inesorabilmente una lotta contro un governo di maggioranza reputato eccessivamente autoritario. Dal primo giorno delle violenze, quando il 31 maggio la polizia aveva aggredito i manifestanti Verdi che protestavano pacificamente contro lo smantellamento del parco Gezi a Taksim, uno dei quartieri più importanti del centro della città di Istanbul, ad oggi le dimostrazioni si sono allargate a macchia d’olio su tutto il Paese facendo registrare ben tre morti, più di 2mila fermi e circa 2.500 feriti. Oltre alle immagini di estrema violenza che arrivano dal Paese turco, anche alcune altre notizie attestano le difficoltà del governo islamico nel placare la protesta. Infatti proprio ieri il quotidiano turco Hurriyet ha segnalato l’arresto, nella notte, a Smirne, di ventiquattro persone con l’accusa di aver fomentato i disordini e fatto propaganda su Twitter.
E a sei giorni dall’inizio degli scontri con le forze dell’ordine la situazione non sembra migliorare. Il premier Erdoğan, in visita in Marocco da qualche giorno, dovrebbe atterrare proprio oggi ad Ankara, nella speranza che le tensioni si attenuino e che il popolo in lotta si disperda. Diversi “capi-popolo” della rivolta hanno fatto sapere però di voler dimostrare il contrario al leader islamico, il quale recentemente aveva pensato di organizzare una contro-manifestazione proprio oggi, giorno del suo arrivo, con il rischio di provocare una guerra civile vera e propria. Dal Maghreb, Erdoğan ha attribuito le agitazioni al proselitismo di alcuni gruppi estremisti presenti sul territorio, tuttavia le sue affermazioni non corrispondono a quelle espresse dalla prima carica dello Stato, Abdullah Gül e dal vice premier Arinc, volto moderato del partito Giustizia e Sviluppo (Akp), il quale ha ammesso gli errori nella gestione della protesta iniziale contro la distruzione del Gezi Park a Istanbul. “Non sono riusciti a batterci attraverso le elezioni – aveva detto il premier – e ora ci riprovano utilizzando metodi anti-democratici”, dopo che il presidente Gül aveva affermato “se ci sono critiche e obiezioni, tolto il periodo elettorale, è normale che vengano espresse mediante proteste pacifiche”.
Le origini della rivolta popolare in Turchia appaiono estremamente difficili da inquadrare e risulta riduttivo limitarsi ad una sola motivazione tra i diversi dualismi - democrazia e autoritarismo, ecologia e capitalismo, laicità e islamismo, imperialismo e anti-imperialismo o ancora precarietà e crisi economica – attribuiti dai tanti gruppi associativi e partitici che stanno partecipando alle dimostrazioni. L’ondata di protesta che sta travolgendo il Paese sembrerebbe racchiudere al suo interno diverse correnti, la sensazione è comunque che stiano prevalendo le motivazioni politiche su quelle economiche. La Turchia è un Paese poco indebitato che ha evidenziato una crescita sostenuta e che sarà in costante accelerazione nei prossimi anni (nel 2015 il Pil turco sarà pari a 1,1 trilioni, 2,3 volte rispetto al 2005, divenendo la sesta potenza economica dietro alla Spagna). Tutto questo grazie all’azione combinata di tanti fattori che costituiscono tuttora i perni centrali dello sviluppo economico del Paese, tra questi la dimensione del mercato interno (74 milioni di abitanti di cui una maggioranza di giovani e una classe media che sta emergendo economicamente) e una posizione geografica strategica sia dal punto di vista economico (ponte di accesso a oltre 350 milioni di potenziali clienti in Russia, Asia Centrale, Nordafrica e Medio Oriente), sia da quello geopolitico, dato che la Turchia è imprescindibile per la Russia e per il fronte occidentale e atlantista.
Dinanzi allo stato attuale di crescita e sviluppo e nonostante le esistenti disparità sociali causate dall’ampio programma di privatizzazioni lanciato a seguito della crisi del 2001, molti analisti hanno ventilato erroneamente l’ipotesi di una “primavera turca” facendo riferimento alla “primavera araba” che ha travolto il Maghreb due anni fa. Ma è necessaria una distinzione, dato che in Nordafrica, a differenza dell’attuale rivolta turca, i sollevamenti popolari traevano le loro origini dalla situazione economica piuttosto che da quella politica. “Primavere arabe” che a seguito degli stravolgimenti dirigenziali hanno provocato una rivoluzione che è stata de facto solo culturale (islamizzazione della società) e politica (ascesa degli islamisti al potere in Egitto, Marocco, Tunisia, Libia), e che in qualche modo ha seguito la via della Turchia quale primo Paese musulmano in cui è salito al potere un partito che si rifà al moderno islam politico – o islamismo – ideato da Hasan al-Banna nel 1928, poi evoluto nella potente organizzazione dei Fratelli Musulmani (alle elezioni legislative del novembre 2002, Giustizia e Sviluppo (Akp), ottiene la maggioranza assoluta dei seggi in Parlamento e forma un governo monocolore).
Oggi il governo islamico di Recep Tayyip Erdoğan si trova a fare i conti con la protesta più violenta mai verificatasi in oltre dieci anni al potere (dal 2002). Contro la politica conservatrice del leader dell’Akp, propensa ad un islamizzazione silenziosa della società, ci sono gli studenti universitari, ad esempio della Bilgi University, insieme ai loro colleghi provenienti dalla prestigiosa Università del Bosforo, gli attivisti del Chp, fondato da Mustafa Kemal Ataturk, che incarna l’anima laica dell’opposizione all’attuale governo, i deputati del Bdp, il Partito curdo per la società democratica, impegnato con il premier in una delicata trattativa per mettere fine alla lotta armata dei separatisti del Partito dei lavoratori del Kurdistan (Pkk), il TGB (Unione dei Giovani Turchi), ma anche i sindacati, che si stanno mostrando decisi a svolgere un’azione politica di forte coesione con le altre componenti antagoniste, portando in piazza i loro iscritti e promettendo scioperi generali nei prossimi giorni. Nella mobilitazione generale ci sono anche i Verdi e il Partito Comunista di Turchia, forti oppositori alla sottomissione del premier alle logiche capitaliste, oltre che le associazioni che si oppongono visceralmente al collaborazionismo del governo nei confronti dell’aggressione alla Siria. Contro Erdoğan, insomma, c’è un intero popolo. Le “primavere arabe” si sono tramutate velocemente in inverni freddi a causa di un islamismo dilagante. L’Akp, fautore di un modello economico e sociale di stampo liberale e islamico-conservatore, da che era un partito precursore dell’Islam politico, rischia adesso di essere il primo governo della Confraternita a cadere, con il rischio di trascinare con sé tutti i governi della regione che hanno cavalcato la protesta in Nordafrica e che sono legati a doppio filo con i Fratelli Musulmani.
 


06 Giugno 2013 12:00:00 - http://www.rinascita.eu/index.php?action=news&id=21337

Neo-Ottomaans Turkije botst met modern Turkije

Neo-Ottomaans Turkije botst met modern Turkije

door Paul Vanden Bavière

Ex: http://www.uitpers.be/

turkije protestSedert de laatste week van mei neemt de beroering toe in Turkije. Wat begon als een protest tegen bouwplannen van premier Recep Tayyip Erdogan van de islamistische Partij voor Gerechtigheid en Ontwikkeling (AKP) op het laatste stukje groen bij het Taksim-plein in hartje Istanboel, is uitgedeind naar de hoofdstad Ankara en andere grote steden. Het protest heeft inmiddels veel nieuwe thema’s in de politieke arena gegooid.

 

 

 

Tien jaar nadat de AKP aan de macht kwam in Turkije zit er duidelijk sleet op de partij. En is er een tegenbeweging gegroeid rond een generatie, die geprofiteerd heeft van Erdogans economische successen, maar niets wil weten van zijn plannen Turkije om te vormen tot een verstikkend islamistisch land. Het protest is geen heropleving van het al lang gediscrediteerd republikeins Turkije, maar een zelfbevestiging van een opkomend modern Turkije, dat zich afzet tegen het streven naar een nieuwe of neo-ottomaanse maatschappij van de AKP.

 

Het Ottomaanse rijk, ontstaan in de 14de eeuw, en genoemd naar Osman I, kende een roemloos einde na de Eerste Wereldoorlog (1914-1918), waarin het de kant van de Duits-Oostenrijkse verliezers had gekozen. Daarom zou het ontmanteld worden. Het verloor zijn Arabische gebieden en de meeste nog resterende bezittingen op de Balkan. Generaal (pasha) Mustafa Kemal wist te voorkomen dat Grieken, Italianen, Fransen en Britten zich meester maakten van delen van Anatolië en dat in oosten Armeniërs en Koerden eigen staten zouden krijgen.

 

De generaal, later Atatürk (de vader van de Turken) genoemd. Ging resoluut de weg van de modernisering in westerse zin op. Hij zette de laatste Ottomaanse sultan af en schafte ook diens titel van kalief, opvolger van de profeet Mohammed, af. Turkije was niet langer de leider en de behoeder van de orthodoxie van de soennitische tak van de islam, veruit de belangrijkste tak. Dit tot grote spijt van vele Turken, die voor een groot deel vrome moslims waren en zijn – bij de laatste parlementsverkiezingen, die van 2011, behaalde de AKP bijna 50% van de stemmen.

 

 

Diepe staat

 

Meer nog Atatürk, ging de weg van scheiding van moskee en staat op: Turkije werd een seculiere staat – met dien verstande dat de Turkse regering wel de islam als staatsgodsdienst aannam maar tegelijkertijd de clerus onder een strikte controle hield. Imams worden opgeleid in staatsscholen, krijgen hun benoemingen van de staat, die ook instaat voor de bouw van moskeeën. Geen wildgroei van privé-initiatieven dus, die het staatsgezag uiteindelijk in gevaar zouden kunnen brengen.
De seculiere staat maakte het mogelijk dat de Turken die dat wensten, in tegenstelling tot in de meeste islamitische landen, zich konden onttrekken aan controle door de islamitische clerus en vrij hun mening over godsdienst konden uiten. Dat was een grote verdienste. Maar de Turkse Republiek was alles behalve een democratie. Pas in de jaren 1950 werd partijvorming toegelaten. Maar dan nog werd alles gecontroleerd door wat men de “diepe staat” noemt, een groep van generaals, die zich als behoeder van de erfenis van de in 1938 overleden Atatürk opwierp, van rechters, professoren, journalisten… De partijen moesten rekening houden met een aantal door de “diepe staat” uitgezette rode lijnen. Zo mocht het parlement niet debatteren over het budget van het leger en politie en zich niet moeien met het optreden van de militairen tegen van separatisme verdachte Koerden en tegen linkse groepen. Een optreden dat moorddadig was. De mensenrechten werden op alle manieren geschonden. Censuur en controle alom tegenwoordig. De democratie in Turkije was dus grotendeels fictie.

 

Hierin kwam geleidelijk verandering toen Turkije zijn kandidatuur stelde voor lidmaatschap van de Europese Unie, die een hele reeks voorwaarden stelde op gebied van economie, politiek en mensenrechten. Dat was het begin van het einde van het republikeinse establishment en van de “diepe staat”. Europa maakte het mogelijk dat de AKP in november 2002 de verkiezingen kon winnen zonder dat het leger een staatsgreep pleegde. Voor Erdogan begonnen jaren van manoeuvreren om uit de greep van de “diepe staat” te geraken. Daar slaagde hij in toen hij uiteindelijk de macht van de militairen wist te breken. Ook haalde hij bij elke opeenvolgende parlementsverkiezingen meer stemmen, waarin zijn economische successen een rol grote rol speelden. Erdogan bouwde de rol van de staat in de economie systematisch af en wist het investeringsklimaat te verbeteren door nieuwe wetten en reglementen. Turkije is nu de 15de grootste economie van de wereld en is grotendeels gespaard gebleven van de banken- en beurscrash van 2008.

 

 

Autoritair islamist

 

Maar Erdogan is en blijft een conservatieve islamist, die de Turkse maatschappij wil moraliseren. Hij heeft zich ook opgeworpen tot een autoritaire eerste minister, die geen tegenspraak duldt en ervoor gezorgd heeft dat duizenden politici, journalisten, linkse activisten, Koerden, militairen… in de gevangenis werden gestopt zonder veel bewijzen. Van persvrijheid houdt de eerste minister helemaal niet. Veel journalisten durven hun mening niet meer uiten uit vrees in de gevangenis te geraken en torenhoge boetes te krijgen. Krantenuitgevers die zich tegen de regeringspolitiek uitspreken kunnen op elk ogenblik enorme belastingsboetes krijgen.
Geleidelijk aan wordt de islamitische moraal aan de Turken opgedrongen. De hoofddoek, destijds door Atatürk gebannen uit publieke gebouwen, keert geleidelijk aan terug. In april begon Erdogan Ayran, yoghurt aangelengd met water, aan te prijzen als de Turkse nationale drank in de plaats van de gealcoholiseerde anijsdrank raki. Inmiddels werden al wetten ingediend om de verkoop van alcohol bij bepaalde plaatsen zoals scholen en moskeeën en op bepaalde uren te verbieden.

 

Enkele jaren geleden zorgde Erdogan tot bij de Europese Unie voor ophef toen hij een wet wou laten goedkeuren om overspel strafbaar te maken. Dat voorstel moest hij intrekken door de beroering die het internationaal verwekte. Nu laat Erdogan zich laatdunkend uit over homoseksualiteit – volgens hem een ziekte – en bestempelt hij abortus als moord.
Erdogan werpt zich de laatste paar jaren ook steeds meer op als de beschermer en behoeder van de soennitische islam, zoals de sultans-kaliefen dat vroeger deden. Daarom ook heeft hij zich aangesloten bij de soennitische as van Jordanië, Saoedi-Arabië en de andere monarchieën op  het Arabische schiereiland zoals Qatar en wil hij zijn voormalige vriend Bashar al-Assad, de president van Syrië, ten val brengen.

 

Dat moraliserend en conservatief beleid heeft hem een verlies aan populariteit opgeleverd bij de moderne Turken, die graag hun raki of hun Efes-pils willen blijven drinken. En de rol van soennitisch leider is niet goed gevallen bij de ongeveer 20 miljoen Turken die alevieten zijn, de Turkse tegenhanger van de Syrische alawieten, die beide zijn voortgekomen uit een dissidentie binnen het sjiisme. In Turkije steunen de alevieten de Syrische president Assad. Zij niet alleen, ook partijen als de Republikeinse Volkspartij (CHP), de partij die destijds door Atatürk werd opgericht, verwerpen de Syrië-politiek van Erdogan.

 

De vraag is nu of Erdogan onder de druk van de betogingen zal terugkrabbelen. Momenteel geeft hij de indruk van niet en verwerpt hij vergelijkingen van het huidige oproer in Turkije met de “Arabische lente”. Hij weet zich ook gesterkt door het feit dat bijna de helft van de Turken in de vorige verkiezingen voor hem hebben gestemd.

 

Finnish-Caucasian Emirate

Finnish-Caucasian Emirate

by Nikolai MALISHEVSKI

Ex: http://www.strategic-culture.org/
 

The facts revealing the «Finnish traсe» in the Boston marathon terrorist bombing have become a thing of general public knowledge. I offer just a cursory look at them to substantiate a warning: Europe is not immune from the events the Bostoners went through in April 2013.

Boston is home to a small community of ethnic Chechens in the United States. The office of Al Kifah is located on Beacon Street. In 1990 the organization sprang from the anti-Soviet jihad movement in Afghanistan. It was suspected of being implicated in the World Trade Center bombing that took place on February 26, 1993, as well as of connection to some terrorist activities on US soil. The bulk of the organization’s offices were closed down, but the Boston branch called Care International continued to function. It raised funds, provided all forms of logistical support, created brigades of suicide bombers and recruited fighters for jihadist causes in the United States. (1) Some of these mercenaries, like Aukai Collins, for instance, came back from Chechnya to collaborate with the Federal Bureau of Investigation (FBI) as informants. The United States special services let the Boston center of extremism in peace for about twenty years. The Tsarnaev brothers’ mother recalls, «Tamerlan was ‘really an extremist leader and that they were afraid of … He was controlled by the FBI for five years. They knew what my son was doing. They were following every step of his». (2)

As Finnish media reported on April 21, the Boston terrorist act perpetrators were influenced and directly controlled by the extremist website called Caucasus Center, which is located in Finland and has a reputation of being an information instrument of the Caucasus Emirate. The British Daily Mail published the article called Was Boston Bomber Inspired by Russia's Bin Laden? Mother Claims FBI Tracked Older Brother 'for FIVE YEARS' After Being Told by Moscow of Links to Chechen Terrorists (2) devoted to the links between the Tsarnaev brothers and Doku Umarov who heads the Center. Some American and Turkish journalists say Chechen Fatima Tlisova was a key connecting link between the Caucasus Emirate and the United States special services operating in the Caucasus (including Jamestown Foundation) (4) Islam Saidaev describes how these kind of people were recruited and used by Western and Georgian special services for support of Chechen separatists in his book called To Do Away With a Witness. The author is well acquainted with the details leading to the conclusion that, «The idea to create the Caucasus Emirate, which was spread around among Chechens, was a brainchild of Georgian special services and the Caucasus Center website».

Here are some facts from the biography of Doku Umarov which are not in the books as yet. He was born in 1965 in Achoy-Martan. In July 1992 his name was included into the federal wanted list for murder and rape. On his mother’s side he is a relative of terrorist Movsar Baraev, who took hostages in Nord-Ost Theater in the Moscow district. He is also a cousin of Arbi Baraev, who is well known for abducting people, including French national Vincent Koshtelya, three Britons: Peter Kennedy, Darren Hickey, Rudi Petschi and New Zealand-born Stan Shaw as well as many others. Umarov is a staunch believer in Wahhabism. He goes around by the names of Warrior-1, Abu Muslim and Aisa. By the end of 1990s he ran errands for Khattab, a CIA operative and a Canadian national, allegedly a native Jordanian reported to be deprived of his homeland’s citizenship for links to US special services. In the 2000s Doku Umarov was closely connected to and provided funds for another terrorist - Ruslan Gelaev. With Gelaev gone, he took his place as the leader of criminal gangs in Georgia. Umarov was the last «president» of self-proclaimed Ichkeria (2006-2007). In Russia he is on wanted list for instigating ethnic strife, looting, abductions, mass murders (he personally shot Russians and Chechens) and the complicity in terrorist activities. Not once he claimed responsibility for ordering such terrorist crimes as Nevsky express (2009), Moscow metro (2010) and Domodedovo airport (2011) bombings.

On October 7 2007 Doku Umarov proclaimed himself as emir of Caucasus Emirate - a purported Islamic state spanning several republics in the Russian North Caucasus - calling his followers to start a global jihad, «a holy duty for all the Muslims of the Caucasus». Back then he said, «Today our brothers fight in Afghanistan, Iraq, Somalia and Palestine. Whoever attacked Muslims, wherever they may be is our common enemy. It’s not Russia only, but also the United States, Great Britain, Israel, anyone who fights against Islam and Muslims». On June 2010 the United States put him on the list of international terrorists. On March 11 2011 the United Nations Security Council added him to the list of individuals allegedly associated with al-Qaeda. On March 26 2011 the U.S. Department of State authorized a reward of up to $5 million for information leading to the location of Doku Umarov. At that, the United States special services had done nothing to neutralize him till the Boston bombing.

According to Finnish internet media outlet Suomitanaan, the Caucasus Center is just a small part of widely spread extremists’ structure, located in Helsinki, Finland. (3) The organization is tasked with a priority mission of disseminating jihad throughout Europe and the United States. The Center is supported by prominent Finnish politicians and state officials who back the idea of «independent Ichkeria». For instance: Finnish Green party politician, current Minister of Intentional Development Heidi Hautala, former Member of the European Parliament, Tarja Kantola Special Adviser to the Minister for Foreign Affairs, Antero Leitzinger, a researcher at the Finnish Migration Service, being responsible for political asylum applications from the Caucasus. Finland is home to «Battalion of Chechen Martyrs», which added new members to its ranks after the Caucasus Center told would-be shahids (suicide bombers) that Tamerlan Tsarnaev died tortured by Americans. Some structures enjoying the support of Finnish state officials like Finnish-Russian Civic Forum, for instance, help the people who cannot wait «to set the fire of global jihad» to be transferred to other countries. The Boston tragedy brought into light the terrorists structures located in Finland. But the activities of the «Finnish-Caucasian Emirate» spread much further, far beyond the one state boundaries…

In 2011 it was reported that the younger son of former Chechen separatists’ leader Degi Dudaev, a citizen of Lithuania living in Vilnius, was detained by Lithuanian police. Back then Lietuvosrytas wrote that he was accused of being a member of a criminal gang involved in issuing faked Lithuanian passports, which went straight into the hands of Chechens, the same people as the Tsarnaev brothers, allowing them to move freely around the European Union.
1) More in detail: Berger J. Boston's Jihadist Past // Foreign Policy 22.04.2013 // foreignpolicy.com/articles/2013/04/22/bostons_jihadist_past; Berger J.M. Jihad Joe: Americans Who Go to War in the Name of Islam. Potomac Books, 2011. - 265 p..
2) Gallagher I., Stewart W. Was Boston bomber inspired by Russia's Bin Laden? // Daily Mail, 20.04.2013 // www.dailymail.co.uk/news/article-2312331/Was-Boston-bomber-inspired-Doku-Umarov-Mother-claims-FBI-tracked-older-brother7)-years-told-Moscow-links-Chechen-terrorists.html.
3) Boston terrorists were influenced and instructed by "Kavkaz Center", mouthpiece of terrorist Doku Umarov and his "Caucasus Emirate", operating in Helsinki, Finland // Suomitanaan, 21.04.2013 // suomitanaan.blogspot.ru/2013/04/boston-terrorists-were-influenced-and.html.
4) Madsen W. CIA Troublemaking in Caucasus // www.strategic-culture.org/news/2013/05/20/cia-troublemaking-in-caucasus.html

Euro-Atlantism must be replaced by Eurasianism

Euro-Atlantism must be replaced by Eurasianism

by Gabor VONA

Ex: http://www.geopolitica.ru/

 

- Mr. Vona, what is main idea of your political party and why is it important for Hungary to make revision of the relations with EU?

- Jobbik is a national conservative party which does not refrain from using radical means. So when they label us as radicals, they are wrong.  Radicalism is not a principle, it is a method. The reason why we are radicals is because the situation is radical as well. At the moment, we Hungarians are sick passengers on a sinking European ship that has lost its values. This is unbearable. First we must get off the ship, then cure our diseases. Hungary was not admitted to the EU so that we could develop. The goal was to colonize us, to exploit our cheap labour and acquire our markets. Western companies and banks now try to maintain their systems by using the profit they pump out of our country in the East. And this is just the economic side of the problem. The EU did not bring any good in terms of the spiritual, mental side, either. After the anti-value approach of Communism, we are now living in the valuelessness of capitalism. I personally follow traditionalist principles, in other words, I believe that Europe should get back to its own roots and rearrange its relationship with other traditional cultures that only exist in the East now.

- Jobbik has image of ultra right political party in Hungary and in Europe too. Do you agree with this label or have other outlook that can not be dealing with classical terms of "right", "left" and so on?

- If modernity, which stretches from the Renaissance through the Age of Enlightenment to global capitalism, is identified with the political left, then we definitely belong to the right. I and my party, however, cannot be located by using the left and right coordinates of current politology. The best way is to say that Jobbik is a national radical party, which is not chauvinistic, which defies global capitalism and three of its key representatives, the USA, the EU and Israel, from the platform of universal human values.

- Euroscepticism is very different in EU. Please can you to describe some particular issues ofHungary and neighbour countries related with this topic? What is role of euroatlanticism strategy in this process?

- The disapproval rate of the EU has just exceeded its approval rate in Hungary for the first time. There was an incredible brainwashing going on in the 1990s, so most people believed it was going to be good to join the EU, and that there was no other option. By now more and more people have realized that the whole thing was a setup. The Union needs markets, cheap labour and a garbage dump. How naive we were when we thought that the West was going to provide a historic compensation for the East to counterbalance  their exploiting and abandoning us quite a few times in history! The same applies to the neighbouring countries as well but Hungary is in the worst situation. The previous government signed every paper Brussels laid down in front of them, the current one is only interested in its own power, and antagonizes the whole EU for it. The common ground of the two governments is that neither has any concept whatsoever. So far I am the only politician in Hungary to declare that Euro-Atlantism must be replaced by Eurasianism.

- Did financial crisis had influence on protectionism moods or general aspects is civilizational and values factors? How much involved NGO's and external powers in desintegration of hole hungarian system (territory-language-culture-etc.)?

- The economic crisis indeed has a great influence on scepticism. The situation has revealed that the EU does not represent the interests of the whole community but the major Western member states - France, England, Germany. The influence of various external powers and organizations is becoming more and more obvious in people's eyes. I can go as far as to say that there is a revolution of consciousness going on in Hungary. This is of course painful, because people must give up many illusions, but it is inevitable because the future must be built on truth and reality. Consequently, what now seems to be a confusion in Hungarian society will clear  up, I hope, and give way to a society that is much more self-aware and has much clearer thinking.

 - If we'll look inside of Hungarian identity we'll find eurasian roots of this nation. How much this line presented in your politics?

- Completely.  The Hungarian nation has Turkic origin, and was formed by the Russian steppes into what it is now, then wandered to the West to establish a state in the Carpathian basin. Our Western integration has been going on for centuries, but we have never forgotten our Eastern origin and they could never uproot this concept from our minds. This duality has often had its drawbacks for us, but I believe it could be beneficial this time.

 - By the way what about connection with Russia in geopolitcal sense of nowadays?

- Jobbik is an anti-Communist party, yet we were the first in Hungary to seriously propose to settle our relations with the Russians. Not only in diplomatic speeches, but in reality as well. At the time of the Georgian conflict, when the whole Hungarian political elite was voicing their agreement with the American interests, we declared that this issue was about something completely different. When Viktor Orbán was sending sulky messages to Russia from opposition back in 2009, we already declared that he was making a huge mistake. Personally, I have good relations with several Russian diplomats in Budapest, and I am very happy that the Russian Embassy is always represented at our year-opening conferences. In my foreign policy plans, Russia - in addition to Germany and Turkey - is a key political and economic ally, partner for Hungary. 

- If we'll speak about global processes what is your position and prognosis for forthcoming events? How long U.S. will be superpower yet? What is E.U. future and how Eurasian integration will happens?

- Difficult question. The agony has definitely started and a new world order will have to be established. The alliance of the BRICS countries clearly shows that the time of the USA and EU has passed. The most fortunate turn of events would be if they themselves realized it, because that could prevent major conflicts and give way to a peaceful transformation. With regard to the framework of Eurasian cooperation, I don't see the actual opportunities yet, because first we must define the basic values and the consequent strategy that could attract the widest possible circles. This is the challenge now, and Jobbik is the only Hungarian political entity willing to meet it. The others are all Atlanticists, and they will remain so until history passes them.

- Thank you Mr. Vona for interview. Do you want to add something for our readers?

- Thank you for the opportunity.

By Leonid Savin

Syria Today, America Tomorrow

Syria Today, America Tomorrow

Image: MSNBC Media

John McCain took a brief respite from his long campaign to dispossess Americans to hang out with his new friends in Syria. McCain and his fellow travelers have transitioned from confident predictions that the reign of Bashar al-Assad is on its last legs to an angry insistence that America must supply the rebels with arms in over to overthrow him. Senator Rand Paul made the obvious point that America is war weary and the Syrian rebels are far more likely to assist al-Qaeda than the supposedly evil Assad. One suspects that McCain’s insistence on allying with terrorists and cannibals comes from his fanatical hatred of Putin than any supposed support for democracy.

Still, the situation in Syria has an importance that goes beyond the usual neoconservative stupidity and treason. It’s a model for the ethnopolitical future that the short sightedness of politicians like McCain is creating for what was once the United States.

The Syrian Civil War is less a battle for control of the state than an ethnic grudge match. Even years after the beginning of the conflict, a map of government and rebel controlled territory lines up almost exactly with the distribution of ethnic groups within the country. Almost a year ago, Tony Badran of The Weekly Standard pointed out that Assad’s strategy for survival is similar to that of the Crusaders—an interesting comparison considering that the Weekly Standard is apparently taking the side of Saladin. As Hezbollah has now declared its intention to openly back Assad (along with Iran), the conflict between Christians, Shiites, and Alawites against Israeli and American backed Sunnis is explicit.

Bashar al-Assad touched on a profound truth when he declared that unless he was victorious, it would be the end of Syria. Syria, as a meaningful entity, only exists because of Assad’s authoritarianism and Baathist ideology, an Arab nationalism deliberately intended to transcend sectarian differences. Absent this power and at least rhetorical ideological support, Syria will likely revert precisely into the divided regions it existed as during French rule.

The United States of America is backed by a similarly artificial foundation, the powerful civic creed of “Americanism” and the promise of eternal national prosperity. Colin Woodward created a model of the “Eleven Nations of North America,” as a guide to the cultural and economic components of the American Imperium and the similarly artificial Canadian entity. If anything, Woodward’s model underestimates the extent of North American divisions, as it neglects the critical importance of racial conflicts within these “nations,” from Blacks and Whites in Dixie to the tensions between Whites and American Indians in the Far West.

Colin Woodard's Nations of North America

Colin Woodard’s Nations of North America

Like tectonic plates, the fault lines of race, ethnicity, geography, and culture lie beneath the political issues of the day. To paraphrase Lord Palmerston, constituencies don’t have friends, they have interests, and rhetoric is simply an after-the-fact justification for those interests. “American exceptionalism” notwithstanding, if the federal system ever fails to deliver the goods, even for a brief moment, the American future could look a lot like the Syrian present.

Conférence de Pierre Le Vigan sur la pensée de Michéa

 

Conférence de Pierre Le Vigan

sur la pensée de Michéa

Nice

vendredi, 07 juin 2013

Venner's Bare Bodkin

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Venner's Bare Bodkin


Ex: http://www.alternativeright.com/

As a gesture, French ex-paratrooper, veteran right-wing activist, and all around macho badass Dominique Venner’s gunshot-through-the-head self-snuff in the cathedral of Notre Dame sends a powerful message, though I’m not entirely sure what that message is.

One reads Venner’s final words summarizing the rationale for his act, and he truly sounds like a man of sound mind, with a clear-headed notion of aesthetic intent regarding the ramifications of his messy, bloody, brain-splattering final exit at the altar of the historic Paris church. Still, it isn’t easy to discern just how news of an elderly comrade’s suicide is meant to rally the European New Right to fight mass immigration and demographic displacement with any greater determination or ferocity than before. News of a mentor’s auto-annihilation, after all, does not typically have the effect of firing up his pupils or inspiring them to risk their own lives for the cause. Suicide is not martyrdom; whatever we may think of self-slaughter, it cannot be conflated with self-sacrifice. One doesn’t give one’s life for a greater cause, at least not in any obvious way, by directly and deliberately ending it.     

EA.pngThen again, suicide is almost always a dramatic gesture, thick with a certain pungent and romantic resonance. (Think of Romeo and Juliet, who killed themselves for one another’s sake, and for the glories of eternal love.) Contrary to the tiresome bromides of certain scoldy after-school-special-esque moralists, suicide is most emphatically not a “cowardly” act. Venner’s fiercely uncompromising, literally mind-blowing self-directed strike was bold indeed; it serves as a fittingly emphatic exclamation mark at the end of a fiercely uncompromising life. Normally, self-extinguishment cannot help but translate as an expression of desperate despair, although in certain, culturally-circumscribed cases, it can carry a defiant, “death before dishonor” type of message. Venner, like Yukio Mishima before him, seems to have opted to end his life as a kind of protest against prevailing social trends. Like the famously iconic image of the self-immolating Buddhist monk in Vietnam, he chose to make his death a high profile event, the better to register his posthumous displeasure with the Zeitgeist.       

I admit to finding suicide to be a fascinating subject, even to the point of having written a book about it. The continued prevalence of the very phenomenon highlights, I believe, a central paradox of our age. The collapse of established religion in the West over the past few decades has led to a corresponding secularization of attitudes and beliefs, a rise in conspicuous hedonism and brazen worldliness. Restraint, particularly on carnal matters, has evaporated, to the point where people now commonly regard chastity, one of the seven heavenly virtues, as a joke. Even the irreligious weren’t so spectacularly callous about safeguarding innocence in prior times.

Yet in the maw of all of our freely chosen decadence, it seems we still aren’t happy. After all, one would expect that a culture which adopts a “eat, drink, fuck, and be merry” approach to life would want nothing whatsoever to do with death. One would think, in fact, that within such a culture, suicide rates would drop severely, since in a secularized age death cannot be conceived as anything but the fearful negation of life, and life in this world is all that our age can know or ever conceive of believing in, given our hopeless proclivity towards worldliness. Yet every day, for a whole host of individualized reasons yet with the undeniable underlying miseries, people opt to do without the world they know, and instead fly directly to Hamlet’s “undiscovered country, from whose bourn no traveler returns.” For them, unlike for Hamlet, it is better the ills they have are enough to drive them to “make (their) quietus with a bare bodkin.”

That a man like Venner would contrive to “pull a Mishima”—and in a Catholic cathedral, no less!—speaks volumes about the general suicide of the West, spiritually speaking. Even forty or fifty years ago, no European-nurtured activist would have thought to undertake such an act; the ramifications would have been too ghastly, the aura of the event too unseemly, in light of the Christian prohibition of self-harm. Such a prohibition still held currency in the West not too long ago, the widespread decline of faith notwithstanding; today, however, in a glaringly post-Christian age of roiling chaos and bitter upheaval, such niceties have long flown the coop.

Any demographic resurgence of Western man will require a spiritual rebirth of Europe’s traditional beliefs. Perhaps Venner’s blood, shed by his own hand in a forbidden manner on holy ground, can help in some manner to nurture the seeds which will eventually blossom into a new age of rejuvenated, steadfast faith. Who knows? Stranger things have happened in the past. “History,” as T.S. Eliot noted, “has many cunning passages and contrived corridors.”

Andy Nowicki, co-editor of Alternative Right, is a Catholic reactionary writer who loathes all modernist dogmas and superstitions. He is the author of five books, including Heart Killer and The Columbine Pilgrim. He occasionally updates his blog (www.andynowicki.blogspot.com ) when the spirit moves him to do so.

50 ans après… une critique positive toujours d’actualité ?

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50 ans après… une critique positive toujours d’actualité ?

Monika BERCHVOK

Rivarol N° 3096 du 31 mai 2013

 

A partir d’avril 1961, un prisonnier est amené à faire le bilan sans concession de l’échec de son combat politique et activiste pour une cause perdue. Dominique Venner n’est pas encore l’historien et fondateur de la Nouvelle Revue d’Histoire qu’il est devenu par la suite, il est un condamné politique à la prison de la Santé.

 

UN “QUE FAIRE ?” NATIONALISTE

 

Responsable d’un mouvement nationaliste interdit par le régime gaulliste, Jeune Nation, son engagement dans le combat de l’Algérie française l’a conduit à être arrêté et d’écoper de 18 mois de prison. Symbole de courage pour une génération de jeunes militants nationalistes de Jeune Nation mais surtout de l’importante Fédération des Etudiants Nationalistes (FEN), il est un observateur impuissant de la fin du combat des partisans de l’Algérie Française. Dans sa cellule, il rédige une courte brochure qui est un solde pour tout compte avec la ligne stratégique adoptée jusque-là. La rédaction du texte s’accompagne de longues discussions avec ses camarades détenus pour tirer les leçons de leur engagement, son analyse s’affine et devient un véritable plan de reconquête de l’influence perdue. George Bousquet, journaliste à RIVAROL, sortira le document lors de sa libération de la Santé. Pour une critique positive se diffuse alors rapidement dans les réseaux nationalistes en pleine recomposition. Le texte est anonyme, mais il est fait sien par la majorité des étudiants de la FEN. « Ecrit par un militant pour les militants », il touche directement sa cible. Dominique Venner exprimait clairement la volonté d’une jeunesse en quête d’un idéal révolutionnaire. Sévère et lucide, ce texte n’est nullement fait pour s’apitoyer sur une défaite. Il affirme que le combat ne fait que commencer, que le nationalisme est au début de sa longue marche. Pour une critique positive reste une référence pour tout un courant activiste, rarement un texte politique influence plusieurs générations de militants nationalistes. Cette brochure connut plusieurs éditions dans les années 1970, plus ou moins artisanales, et elle est maintenant diffusée gratuitement sur Internet par de nombreux sites de téléchargement. Comment expliquer cette longue postérité d’un texte écrit dans une situation d’urgence ? Tout simplement parce qu’il pose les problématiques de base que rencontrent les militants nationalistes authentiques et révolutionnaires depuis 50 ans. Dès les premières lignes, Pour une critique positive établit une distinction fondamentale et sans équivoque entre les “nationaux” et les “nationalistes”. L’attitude des premiers est dénoncée en des termes très durs. La « confusion idéologique » des nationaux est critiquée sans appel : « Les “nationaux” s’attaquent aux effets du mal, pas à ses racines. Ils sont anticommunistes mais oublient que le capitalisme et les régimes libéraux sont les principaux artisans de la propagation du communisme. Ils étaient hostiles à la politique algérienne du gouvernement, mais oublient que cette politique était le produit d’un régime, de son idéologie, de ses intérêts, de ses maîtres réels financiers et technocrates, comme de ses structures politiques et économiques. Ils voulaient sauver l’Algérie française contre le régime, mais ils reprennent à leur compte ses principes et ses mythes ». L’opportunisme et la mythomanie de ces milieux (« Un bridge avec un général en retraite, un parlementaire ou un sergent de réserve devient une sombre et puissante conjuration ») n’ont d’égal pour Venner que leur arrivisme électoraliste. Sur la question de l’action violente, le texte est clair sur l’importance de rompre avec les pratiques “terroristes” désorganisées des derniers feux de l’OAS : « Le terrorisme aveugle est le meilleur moyen pour se couper d’une population. C’est un acte désespéré ». Mais c’est surtout le manque de discipline et d’organisation qui reste une constante dans les rangs de la mouvance. Dès lors le jugement est sans appel. « Zéro plus zéro, cela fait toujours zéro. L’addition des mythomanes, des comploteurs, des nostalgiques, des arrivistes, ne donnera jamais une force cohérente. »


 

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POUR UNE NOUVELLE THÉORIE RÉVOLUTIONNAIRE

 

On l’aura compris, Pour une Critique positive était sans concession. Dominique Venner s’appuyait sur l’exemple de rigueur de Lénine et des Bolcheviks russes à la veille de la Révolution d’Octobre 1917. Lecteur du « Que faire ? » du fondateur de l’URSS, il établit une nouvelle théorie révolutionnaire créant un unité entre réflexion et action radicale. Ce rôle est donnée à la « conscience révolutionnaire », elle est le cœur de la méthode qu’il veut mettre en place : « Le révolutionnaire est entièrement conscient de la lutte engagée entre le Nationalisme, porteur des valeurs créatrices et spirituelles de l’Occident et le Matérialisme sous ses formes libérales ou marxistes. Il est libéré des préjugés, des contre-vérités et des réflexes conditionnés par lesquels le régime se défend. L’éducation politique qui permet de s’en affranchir s’acquiert par expérience personnelle, bien sûr, mais surtout à l’aide de l’enseignement que seule l’étude permet de dégager. Sans cette éducation, l’homme le plus courageux, le plus audacieux, n’est plus qu’une marionnette manipulée par le régime […] Par une propagande permanente à sens unique, à laquelle chacun est soumis dès l’enfance, le régime, sous ses multiples aspects, a progressivement intoxiqué les Français.

 

Toutes les nations à direction démocratique en sont là. Tout esprit critique, toute pensée personnelle sont détruits. Il suffit que soient prononcés les mots-clefs pour déclencher le réflexe conditionné prévu et supprimer tout raisonnement ». Si des notions comme l’Occident ou le Régime (à lire dans le contexte de l’époque) sont datées, le fond reste d’une actualité intéressante. L’enjeu est donc de donner une direction révolutionnaire à toutes les forces nationalistes, dans la perspective d’un changement de la société sur des bases nouvelles. « Maintenir le moral offensif de ses propres partisans, communiquer ses convictions aux hésitants sont deux conditions indispensables au développement du Nationalisme. La preuve est faite que dans l’action ou en prison, quand la démoralisation guette, quand l’adversaire semble triompher, les militants éduqués, dont la pensée cohérente soutient la foi, ont une force de résistance supérieure ». Voulant doter le nationalisme d’une organisation centralisée et“monolithique”. tirant les enseignements de la période de Jeune Nation, le texte rappelle une règle fondamentale du militantisme : « La preuve est faite que cinq militants valent mieux que cinquante farfelus. La qualité des combattants, est, de loin, préférable à leur quantité. C’est autour d’une équipe minoritaire et efficace que la masse se rassemble, pas l’inverse. Que les mouvements révolutionnaires soient des minorités agissantes ne signifie évidemment pas que tous les groupes minoritaires soient, pour autant, révolutionnaires. C’est une excuse trop facile pour la médiocrité de certains. Les minorités agissantes ne sont pas des sectes stériles, elles sont en prise directe sur le peuple. » La définition même que Dominique Venner donne au nationalisme fit couler beaucoup d’encre et devait provoquer de nombreuses ruptures avec d’anciens camarades : « Fondé sur une conception héroïque de l’existence, le Nationalisme, qui est un retour aux sources de communauté populaire, entend créer de nouveaux rapports sociaux sur une base communautaire et bâtir un ordre politique sur la hiérarchie du mérite et de la valeur. Dépouillé de l’enveloppe étroite imposée par une époque, le Nationalisme est devenu une nouvelle philosophie politique. Européen dans ses conceptions et ses perspectives, il apporte une solution universelle aux problèmes posés à l’homme par la révolution technique. » L’orientation européenne et quasiment nietzschéenne du texte n’échappe pas, et laisse entrevoir l’évolution vers les premières formes de la pensée de la « Nouvelle Droite ». L’éthique de l’honneur de « l’homme européen » et l’appel à la naissance d’une « Jeune Europe » font encore débat. Mais comment ne pas souscrire à l’affirmation que l’Europe doit avoir un autre destin que la mondialisation. « L’unité est indispensable à l’avenir des Nations européennes. Elles ont perdu la suprématie du nombre ; unies, elles retrouveraient celle de la civilisation, du génie créateur, du pouvoir d’organisation et de la puissance économique. Divisées, leurs territoires sont voués à l’invasion et leurs armées à la défaite ; unies, elles constitueraient une force invincible […] La jeunesse d’Europe aura de nouvelles cathédrales à construire et un nouvel empire à édifier. ».

Un été au bord de l'eau

Vers un monde tripolaire ?

Vers un monde tripolaire ?

Il y a a peu près un an, j’écrivais un texte intitulé Vers un monde sans Union Européennne ?, dans lequel je prédisais que l’Europe (au sens de l’Union Européenne) ne serait plausiblement jamais, sous sa forme actuelle, un acteur majeur et viable du monde de demain. L’absence d’authentiques structures politiques et donc de souveraineté ne devrait pas en effet lui permettre de s’opposer aux nouveaux géants que sont les BRICS ou les grand blocs émergents, dont les clefs de fonctionnement politiques et stratégiques sont au contraire fondés sur la toute puissance du politique et l’affirmationde la souveraineté.

La crise économique financière, qui a notamment mis en exergue la crise de fonctionnement de la monnaie unique (Euro) a sans doute définitivement enterré l’espoir que les fondateurs avaient en l’Europe. L’Europe, il est vrai, n’a pas su dépasser ses différences historiques, systémiques et culturelles, sans doute par manque d’un pouvoir politique centralisateur et fort. Il y a tout d’abord l’Europe du Sud, ces récentes dictatures (Grèce, Portugal, Espagne…) qui sont les grands malades de l’Europe dont elles sont financièrement totalement à charge. Il y a les nouveaux entrants qui se sont tournés vers l’Amérique plus que vers l’Europe de Bruxelles, confondant sans doute leur adhésion à l’UE avec celle de l’Otan. Enfin, il y a le noyau d’une vieille Europe qui est partagée entre une Allemagne ayant un besoin vital et économique de plus d’UE, et une France qui peine de plus en plus à obtenir une crédibilité européenne. Enfin, il y a le cas de l’Angleterre, que le Général De Gaulle avait bien défini comme étant le pion atlantiste en Europe et qui devrait vraisemblablement rapidement quitter une UE en pleine décomposition.

Ce n’est que relativement récemment que, paradoxalement, l’extension à l’Est de l’Europe a rendu plus visible la place de la Russie comme partenaire essentiel de l’Union Européenne et des nations européennes. L’illusion d’un accroissement de la coopération militaire et énergétique proposée par Moscou pour contrebalancer l’atlantisme totalitaire des élites européennes actuelles aura été de courte durée. Il semble de plus en plus évident aujourd’hui que l’Europe de Bruxelles et la Russie sont, malgré la coopération économique croissante, sur des évolutions historiques opposées, voire même contradictoires. La Russie renforce activement son partenariat avec la Chine en parallèle de son intégration eurasiatique, laissant clairement comprendre où elle situe stratégiquement son avenir pour les prochaines décennies. Bruxelles vient sans doute de son coté de céder le peu de souveraineté qui lui restait puisque les parlementaires européens ont voté le 23 mai dernier une résolution sur l’ouverture de négociations en vue de la constitution d’un accord de libre échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne.

Le but est clair et a été parfaitement expliqué par ladéputée européenne allemande Godelieve Quisthoudt-Rowohl: « le renforcement de l’espace commercial transatlantique renforcerait énormément la position occidentale et permettrait sans doute que l’Union européenne ou les Etats-Unis soient un jour en mesure de négocier avec la Chine ». On peut imaginer clairement que de la même façon, l’Europe, qui a servi de tête de pont pour attaquer l’Eurasie contre une hypothétique menace postsoviétique destinée en fait à favoriser le contentieux américain contre la Russie, semble destinée aujourd’hui à servir de nouveau de tête de pont, mais cette fois en vue d’une tension américaine contre la Chine.

Cette hyper intégration transatlantique devait provisoirement accentuer l’américanisation de l’Europe de Bruxelles et par conséquent la soumission totale et définitive de cette dernière aux flux de capitaux, de marchandises et d’information venus d’outre atlantique. Ce faisant, l’Europe de Bruxelles se verrait dans l’incapacité définitive de pouvoir souverainement choisir ce qu’elle prend et ce qu’elle ne prend pas du monde qui l’entoure, et notamment d’outre atlantique. Pour Hervé Juvin, cette négociation annonce « à bien des égards la perspective d’une Europe puissance, d’une Europe comme identité et même d’une Europe comme entité politique a part entière ».

Peut-on envisager le remplacement de l’Union Européenne par une Union Occidentale sous contrôle politique de Washington et militaire de l’Otan ? Se dirige-t-on doucement vers un monde tripolaire partagé entre l’Union transatlantique, l’Union Eurasiatique et la Chine?

jeudi, 06 juin 2013

R. Ménard: liberté d'expression

Ein heroischer Akt

Ein heroischer Akt

von Fabian Flecken

Ex: http://www.blauenarzisse.de/

 

Der Freitod Dominique Venners hat unter pragmatischen Konservativen Unverständnis hervorgerufen. Die Tat war kompromisslos: griechisch-​antik und damit ureuropäisch. Symbol der Haltung und der Hoffnung.

In den deutschen Medien hat der Selbstmord des rechten französischen Historikers in der mit Besuchern gefüllten Kathedrale Notre Dame ein äußerst unterschiedliches Echo hervorgerufen. Während in diversen Mainstream-​Publikationen die Meldung unter „ferner liefen“ rangierte und der Franzose zu einem extremistischen Wirrkopf abgestempelt wurde, entspannte sich im konservativen und rechten Spektrum ein reger und breiter Diskurs.

Der Opfergang Venners

Ohne die genannte Debatte in Gänze rekapitulieren zu wollen, sei dennoch gesagt, dass der benannte Begriff des Lackmustests durchaus angebracht erscheint. Die breite Spanne an unmittelbaren Reaktionen fiel ins Auge und scheint auf konträre innere Strukturen zu verweisen. Hier stellt sich jedem die primär vorrationale Frage, ob er ein Sensorium für den Opfergang Venners aufweißt, oder nicht.

Vereinfachend kann man sagen, dass, je liberaler, bürgerlich grundierter und christlicher der Hintergrund des jeweiligen Kommentators war, desto größer das Unverständnis für die Tat. Ganz anders sahen es die Kompromisslosen, Exzentriker und Lebenskünstler. Ob es nun in die Zeit sowie in bürgerliche Musterkarrieren passt, oder nicht: eine heroische Haltung fällt nicht in den Bereich der Pathologie, sondern gehört zu den edelsten Möglichkeiten des Menschen – insbesondere des Mannes. Der Kopfschuss von Notre Dame war ein heroischer Akt.

Die NS-​ferne Rechte in Europa sollte froh sein, ein gegenwärtiges Beispiel fremdartig-​souveräner Haltung dargebracht zu bekommen. Wer kann schon ernsthaft die Selbsttötung eines Überzeugten mit den sinnlosen Gewalttaten von Extremisten in einen Topf werden? In den vergangenen Jahren machten eher kriminelle Politchaoten mit Geheimdienstkontakten und perverse Massenmörder à la Breivik von sich reden und Unschuldige zu Opfern. Dominique Venner richtete seine Energie nicht gegen Unschuldige, sondern gab seinem Leben eine abschließende Form.

Ausdruck seiner Ethik der Ehre

Von Vorbild sprach er dabei nicht. Und darum geht es auch gar nicht. Es war sein Weg und eine Ausdrucksform seiner Ethik der Ehre, wie sein langjähriger Weggefährte Alain de Benoist betonte, der – das sei an dieser Stelle angemerkt – im Falle Venners sicherlich eine größere Autorität darstellt, als allzu besserwissende Ferndiagnostiker, denen jedes Gespür für das Absolute abgeht.

Ich will hier gar nicht auf diverse Belehrungen eingehen (was hätte er denn nicht noch alles produktiv mit seinem Leben machen können, welche Fleißkärtchen wären zu sammeln?), die bei einem alten Mann vom Format Venners unangebracht sind. Stattdessen ist Respekt für seinen Freitod einzufordern, den ich allein schon aufgrund des Stils der Tat auch politischen Gegnern ohne weiteres zugestehen würde.

Ein Fanal

Dennoch kann man natürlich fragen, ob diese Geste nicht sinnlos war und wo hier doch der Nutzen liege? Mal abgesehen vom bourgeoisen Unterton solcher Einwürfe, und dies angesichts einer sehr persönlichen Entscheidung, ist die Frage dennoch berechtigt.

Was hätte der 78-​jährige Historiker und frühere politische Aktivist stattdessen tun können, was es an Durchschlagskraft und Erschütterung mit seinem Fanal hätte aufnehmen können? Noch ein, zwei Bücher schreiben? Ein paar Interviews? Ein Sit-​in vor dem Élysée-​Palast? Sicher, alles ehrenwerte Dinge. Aber man muss gestehen, dass keine der Alternativen eine vergleichbare Wucht gehabt hätte.

Man spürt, wie alltäglich die möglichen Optionen im Vergleich zur erschreckenden Tat wirken. Das kann verstören. Es bedeutet keinesfalls, dass dies der Weg schlechthin sei. Die Wirkungskraft des „Opfers“ wird aber zum historischen Faktum, das nicht zu bestreiten ist. Klar ist, dass aus solchen Ereignissen ein schöpferisches Elixier gewonnen werden kann, um kommende Aufgaben überhaupt bewältigen zu können. Man wird sehen, was sich in unserem Nachbarland diesbezüglich entwickelt – oder auch nicht.

Hoffnung und Haltung

Generell wäre es schlichtweg absurd, die zahllosen historischen Beispiele der Verbindung von Opfer, Blut und Mythos aufzuzählen, da es sich um eine menschliche Konstante handelt. Sie schufen erst eine Identität, die unser heutiges Sein ermöglicht hatte und sind unverändert imstande, Ehrfurcht zu erwecken. In seinem veröffentlichten Abschiedsbrief nimmt Venner ausdrücklich Bezug auf die uralten Wurzeln unseres Kontinents. Es scheint, als wäre sein Opfer eine Mischung aus persönlichem Dienst und dem Wunsch nach Anknüpfung und Auffrischung jener Kräfte, die unsere Kulturen schufen.

Genug der Worte. Einige schüttelten den Kopf ob der letzten Geste des Jünger-​Anhängers. Egal, es bleibt so oder so eine persönliche Tragödie. Eben griechisch-​antik und damit ureuropäisch. Dominique Venners letzte Minuten sowie die Tat in der Kathedrale waren kein Symbol der Aufgabe. Sie machen Hoffnung und schaffen Haltung. Ehrt ihn!

Armes modernes de contrôle de foules

Armes modernes de contrôle de foules

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L'image antimoderne de la modernité

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L'image antimoderne de la modernité


par Jure Georges Vujic

(Tiré de son dernier livre, "La modernité  à l'épreuve de l'image-Essai sur l'obsession visuelle de l'Occident", éditions l'Harmattan)


anti.jpgL'antimodernisme, tel qu'il nous est légué par la tradition philosophique et intellectuelle représentée par J.Evola, L.Klages, T.S. Eliot, D.H. Lawrence, F.Nietzsche, M.Heidegger, R.Wagner, E.Junger, E.Pound, R.M. Rilke, Ortega et Gasset, bien qu'ancré dans une critique épistémologique du projet révolutionnaire progressiste et illuministe des Lumières, n'en demeure pas moins contaminé de l'intérieur par un sytéme de pensée et de valeurs qui appartient éminement á la modernité. Ainsi, même si l'antimodernisme se réclame de l'héritage intellectuel et spirituel romantique et d'un certain pessimisme tragique á l'égard d'une modernité mobilisatrice, ce courant d'idée, in fine, ne partage pas les affinités passéistes et pré-modernes du courant contre-révolutionnaire.


Même si le modèle épistémologique antimoderniste se fonde sur l'exaltation de l'irrationalité (en opposition á la raison des Lumières et au technicisme), sur les figures vitalistes, morpho-historiques et mythologiques, il n'en demeure pas moins que son „modus operandi“ dialectique, est par excellence moderne et hegelien, ce qui résulte d'une vision binaire (couple origine-modernité, décadence-âge d'or …) et sur la possibilité toujours sous-jacente d'une synthése-dépassement métapolitique salutaire et eschatologique, résultant du schéma nietzchéen : retour á l'origine-modernité-eschaton, qui corrobore le schéma hegelien thèse-antithèse-synthèse. Ainsi, il existe une modernité de l'anti-modernité, une sorte de modernité „á rebours“, qui s'exprime par l'influence du modèle conceptuel et dialectique qu'exerce la modernité sur le contenu du discours polémique et critique anti-moderne. De même, la modernité impose-t-elle et oriente-t-elle, en quelque sorte, les réactions et les discours critiques de l'antimodernisme, en créant les thèmes exploités par la critique conservatrice et anti-moderniste. La pensée antimoderniste reste ainsi dépendante des mouvements, des processus socio-politiques et des progrès scientifiques de la modernité. Toute légitimation idéologique de l'antimodernisme trouve paradoxalement sa source dans la critique épistémique de la modernité. Ainsi l'avènement du nationalisme et de l'idée de la Nation-État au XIXe siècle a-t-elle suscité les thèses alternatives antimodernistes, sur l'impératif du retour á l'État organique pré-moderne. La pensée moderne et les successives phases de modernisation interpellent et orientent le discours anti-moderniste sur le modéle binaire action-réaction. La construction de la „totalité“ épistémologique de la pensée antimoderniste qui s'articule en référence à des „contre-mondes“ originels et eschatologiques, est directement induite par la modernité, de même que la rhétorique organiciste et hiérarchisante d'un Guénon et d'un Evola ainsi que le discours vitaliste et mobilsateur de Junger, ne constituent que des contre-valeurs face á „l'anarchie-désordre moderne. “D'autre part, il convient de rappeler combien le vitalisme (d'un Klages ou d'un Jünger) et le biocentrisme antimodernistes supposent la connaissance et l'acceptation d'un certain héritage du progrés moderniste. Ainsi l'antimodernisme ne constitue-t-il qu'un conservatisme „hyperbolique“ dont les matrices modernistes sont toujours latentes et se manifestent au travers une rhétorique de négation radicale.


Intellectualisme anti-intellectuel


Ce qui parait d'autre part commun aux „visons du monde“ modernistes et anti-modernistes et plus particulièrement lorsqu'elles s'attachent à critiquer le nihilisme moderne ou postmoderne, c'est paradoxalement un certain „anti-intellectualisme intellectuel“. Ces „visions du monde“ qui en tant que contre-points métaphoriques restituent paraboliquement les fragments brisés et dispersés du passé, du présent et du futur proches, aussi bien dans le roman historique d'un Theodor Fontane, dans le journal intime d'un Junger ou d'un Gide, que dans le théâtre engagé de Brecht et le roman existentialiste de Sartre. On assiste ici à une nouvelle forme de synesthésie philosophique et littéraire qui au-delà de la structure conceptuelle et syntaxique projette des images-clés (Leitbilder) qui s'inscrivent dans la réalité empirique. Gerhard Nebel[1] parle à propos de cette „vision du monde“, de dislocation de l'ancienne structure conceptuelle ordonnée autour d'un centre, et de l'avènement de „particularisme“ pluriel.

 

Nihilisme et retournement

 

Pour Philippe Forrest, « le nihilisme est expérience du néant. Il se situe ainsi à l’horizon tragique de toute existence. Aucune pensée, aucune époque, aucune civilisation n’est en mesure ni d’en réclamer l’exclusive propriété ni de s’en déclarer miraculeusement préservée. On peut certes le relier en Occident à cette problématique de la « mort de Dieu » qu’annoncent Zarathoustra et le Gai savoir, et voir en lui l’essence même du moderne. Mais rien n’interdit de le confondre avec l’histoire tout entière de la métaphysique, de la technique, de l’oubli de l’être. La cohérence du concept souffre de cette infinie plasticité du sens qui accueille en elle les interprétations les plus contradictoires. Dans le dédale de son oeuvre inachevable, Nietzsche distingue au moins trois formes de nihilisme (passif, actif, extatique). Il arrive à Heidegger de risquer une formule plus synthétique et opératoire (c’est elle qu’on retiendra ici). Dans la célèbre Lettre sur l’humanisme, on lit du nihilisme qu’il est la non-pensée du néant. » ( article Philippe Forrest, « Le roman, le rien, A propos de Michel Houellebecq et du nihilisme »-http://lmsi.net/Le-roman-le-rien). Dans le nihilisme antimoderniste, tout commme dans le nihilisme posthumaniste, une place prépondérante est donnée à la destruction, qui loin d'être un phénomène négatif est au contraire considerée comme un phénomène salvateur. La destruction s'inverse en création-dans un processus de „retournement („Umschlag“).


Chez les nihilistes antimodernistes et modernistes, on ne peut maîtriser l'évolution foudroyante de l'époque moderne et de la technologie , en l'esquivant ou en la freinant, soit au contraire en l'accélérant, en la poussant à l'extrême , un extrême qui devrait provoquer le phénomène de „retournement“. Ce type de „nihilisme“ constructiviste et trans-épochale est vérifiable chez Jünger et son frère Friedrich Georg, chez lesquels l'exaltation de la technique et de la vitesse ont pour toile de fond une volonté de dépassement du nihilisme contemporain. D'autre part, l'attitude d'observateur et de commentateur, désabusé, sarcastique et cynique du monde contemporain que l'on retrouve dans les romans de Houellebecq ou Cioran s'inscrit dans une tradition „réaliste héroïque“ proche d'un Léon Bloy qui proclamait que „tout ce qui arrive est adorable“, et surtout d'un Jünger. « Ainsi dans Les Particules élémentaires, Houellebecq se livre á  une démonstration littéraire postnihilistique en avançant la possibilité d'une utopie post-sexuelle.


Ce roman mène ses protagonistes de la découverte puérile de la réalité traumatisante du désir (la haine de la sexualité maternelle, l’humiliation des dortoirs et des cours de récréation, les frustrations de l’adolescence, le vieillissement des corps et l’impuissance, etc.) jusqu’à la dissolution de cette même réalité dans l’idylle d’une humanité scientifiquement débarrassée du fardeau de sa condition (l’un des héros permet l’invention d’une forme de clonage délivrant l’espèce de la nécessité de se reproduire et lui assurant du même coup l’immortalité) »( ibid. article Michel Forrest). L’expérience de la misère sexuelle disparaît par la grâce de l’expérimentation scientifique, ce qui n'est pas sans rappeler les thèmes chers aux transhumanistes. Cette attitude ne serait ni moderne ni antimoderne, elle serait tout simplement a-moderne, se référant plutôt a une anthropologie esthétique plutôt qu'a une catégorie morale, et constituerait une acceptation stoïque et „joyeuse“ de la réalité et du présent immédiat comme leitmotiv de l'imperfection humaine. L'homme étant considéré comme ni bon ni mauvais mais comme faisant partie d'un „Tout“, d'un ensemble. Le nihilisme – quel que soit le qualificatif dont il s’affuble – se caractérise par la croyance en sa capacité à être surmonté. Les héros des Particules élémentaires, comme les figures de proue des transhumanistes, soupirent après une surhumanité que leur assurerait la science.


Néanmoins, il convient de dire que le nihilisme postmoderne contemporain, incapable de soutenir la pensée du néant, commande logiquement chez les individus un irrésistible désir de signification retrouvée qui prend les formes les plus diverses et les plus dangereuses : du repli suicidaire sur les vieilles valeurs religieuses (intégrisme, secte, New Age) jusqu’à l’appel combatif aux valeurs démiurgiques réinventées (toutes les variantes de ce qu’il faut bien nommer un néo-fascisme). Le projet d’un nihilisme héroïquement surmonté, le souhait d’une société lavée de la souillure sexuelle, toute cette mythologie de la pureté reconquise, de la corruption vaincue sont constitutifs de l’imaginaire même du fascisme antimoderniste ou futuriste comme du reste du totalitarisme scientiste transhumaniste. Il est extravagant d’avoir à dire encore comment le « déprimisme » de toutes les « générations perdues » dans la modernité comme dans l'antimodernité a été prompt à nourrir les plus illusoires engagements politiques. À ce titre, Philippe Forest[2] parle pour qualifier le mouvement littéraire et philosophique contemporain néo-nihiliste ou postnihiliste de „retour du refoulé du dix-neuvièmiste“, ce qui jette la lumière sur la filiation philosophique entre modernisme et antimodernisme: “C’est en vérité tout le refoulé barrésien de la culture française qui, sous le masque de la mode, déferle. Houellebecq a pris un peu d’avance sur ses camarades.


Avec les Particules élémentaires, sans le savoir, il a déjà signé sa version sexuelle des Déracinés. Comme celui de son aîné, son gros roman post-naturaliste dénonce le désastre d’une modernité qui arrache l’individu au cocon originel protecteur (de la famille, de la tradition, c’est-à-dire de la terre et du sang) pour le jeter prématurément dans un univers hostile. Son livre est nourri d’Auguste Comte plutôt que de Taine et de Renan, mais il repose sur les mêmes postulats scientistes, sur une même vision déterministe biologisante de l’homme. À son horizon brille la même lumière douteuse éclairant une société parfaite où la notion d’« individu » n’existerait plus qu’à la façon d’un préjugé voué à disparaître au sein d’une conception fusionnelle et mystique du corps social. Quant aux autres écrivains (ceux qui ont choisi Houellebecq pour maître), ils en sont encore à publier artisanalement des taches d’encre. Sous l’oeil des barbares, se délectant de la décadence de leur temps, ils cultivent extatiquement le goût aristocratique des lettres et s’émerveillent de la singularité incomparable de leur Moi. »


On parle de dix-neuviémisme pour déterminer un courant d’idée qui mêle le naturalisme, le populisme au nihilisme. « Dans un magistral essai (Le XIXe siècle à travers les âges) auquel on ne peut ici que renvoyer, Philippe Muray en avait révélé la nature. Socialisme et occultisme, souterrainement liés l’un à l’autre, constituaient cette idéologie de fond et, à l’horizon du temps historique, posaient l’hypothèse d’une humanité enfin réconciliée avec elle-même. La caractéristique essentielle du dix-neuviémisme consistait en un « vouloir-guérir » qui commanderait ultérieurement le glissement de notre propre siècle vers les différentes formes de l’utopie totalitaire. C’est ce même « vouloir-guérir » qui se manifeste aujourd’hui dans toutes les pseudo-entreprises de dépassement du nihilisme. Mais du mal comme du néant, l’homme n’a pas à guérir. Lorsqu’il croit en triompher, il en devient la dupe et la proie. La littérature renonce alors à l’incessant questionnement du négatif qui fait son essence, elle s’enchante des fausses certitudes dont l’histoire sera libre de faire l’usage le plus barbare. Sous une forme assez sentimentalement mièvre et idéologiquement récupérable pour être socialement acceptable, le nouveau nihilisme (c’est son mérite et sa limite) réintroduit dans le champ culturel la question du néant (qu’avec moins de succès médiatique et plus de réussite esthétique, les vraies œuvres littéraires ne cessent de poser) »( ibid, article Philippe Forrest).


La critique postmoderne se fonde á priori sur l'anticipation de la „fin de la modernité“ (Vattimo), alors que dans une perspective anti-moderne, notre époque correspondrait à l'exacerbation et à une phase finale de la modernité. Cependant, il serait simpliste d'établir une étroite corrélation entre la critique postmoderniste et antimoderniste, dans la mesure où la critique postmoderne de la modernité ne se fonde nullement sur les analyses de la critique antimoderne. En effet, la critique postmoderne se fonde sur les prémisses réformistes du „développement durable“, sur les théories écologistes revisitées à la lumière de la globalisation, sur la critique du pouvoir „sociétal“, ainsi que sur une volonté de réforme et „d'humanisation“ du système libéral et capitaliste dominant, avec l'affirmation d'un possibilisme politique alternatif, comme que le prône Giddens avec une nouvelle „troisième voie“ social-démocrate. Dans l'interprétation spenglerienne cyclique anti-moderniste de l'histoire, le commencement (l'origine) est étroitement lié á la chute inéluctable. J. Evola et G. Benn parlent de „mondes“, de „civilisations traditionnelles“ en tant qu'entités organiques et spirituelles, á la fois immanentes et transcendentales et trnashistoriques, alors que Nietzche dans la Naissance de la Tragédie parle de l'instinct originel appollono-dyonisiaque voué à la dégénerescence depuis l'avènement de „l'homme théorique“ socratique et l'optimisme Euridipien. Le schéma interprétatif eschatologique antimoderniste de l'antimodernité qui recouvre les paradigmes Evoliens et Guénoniens de „l'âge sombre“, Schuleriens de „ la vie fermée“ se parachêve par la dialectique Heidegerienne entre le „Dasein“ et le „Sein“, l'établissement d'une correspondance entre le „déclin de l'Occident“ Spenglerien et „l'oubli de l'être“ Heidegerien. Le monde des origines de “l'Age d'or“ serait caracterisé par la „découverte de l'être“, l'avènement de la modernité qui coinciderait avec „l'oubli de l'être“ et la possibilitée d'une résurrection eschatologique avec le „renaissance de l'être“. La même approche „décadentiste“ antimoderniste se retrouve chez des théoriciens et écrivains éminemment modernes.


C'est ainsi que l'on note chez Thomas Stearns Eliot dans la Terre vaine des proto-figures antithétiques et synecdoctiques qui rappellent les contre-mondes mytholigiques de l'anti-modernité. C'est ainsi qu'Eliot, au même titre que Spengler, Evola et Junger, parle dans son oeuvre, dans un language moderniste et à travers l'évocation de la „grande ville“, des épisodes érotiques dans le monde bureaucratique et commercial, des visions théologiques augustiniennes et sanskrites de la „déliquescence de la civilisation“, du „chaos de la réalité contemporaine“, dont les accents rappellent „l'or du rhin“ de Wagner ou les évocations mythologiques de Jessie, Pound (dans les Cantos), Weston, Verlaine ou James Frazer. L'intertextualitée d'un Eliot ou d'un D.H Lawrence établit une correspondance entre les contre-mondes non-mondernes et le monde „infernal et machiniste“ de la modernité. On verra que la nostalgie des origines se retrouve chez des écrivains modernes tels C. Castaneda ou bien D.H Lawrence , qui est à la recherche d'une „unité cosmique“ á travers l'astrologie chaldéenne, ou bien Thomas Mann qui atteint les sommets paysagistes pré-modernes à l'aide de contre-mondes artistiques non-modernes tels que les toiles de Arnold Bocklin. Ainsi, les correspondances thématiques, paraboliques et philosophiques qui existent entre la „doxa“ antimoderniste et la pensée moderne mettent à nue leur parenté epistémologique dialectal-antithétique qui se fonde sur un possibilisme totalisant et synthétisant.


En effet, la totalité anti-moderne comme solution finale des contradictions et déviations de la modernité décadente se fonde sur une conception gelstatienne de la totalité (le tout étant supérieur aux parties), une vision structuraliste et organiciste de la société (qui puise ses sources dans l'enseignement de Husserl, Felix Klein, dans la biologie théorique de Jakob von Uexkull), comme unique remède á l'illuminisme progressiste des Lumières, qui se fonde, lui, sur la raison instrumentale constructiviste et mécaniciste. Cependant, l'approche antimoderne gelstatienne totalisante et l'approche moderne constructiviste progressiste sont l'une comme l'autre soumises à la tentation „systémiste“ et structuraliste [3] qui ne prend pas en compte les modes d'être autonomes et transversaux, lesquels échappent aux carcans des systèmes d'idées orthodoxes. Au mieux, les deux modèles modernes et anti-modernes ne peuvent alors qu’aboutir à un "holisme collectiviste", pour reprendre une expression de V. Descombes. Ce type de holisme ne connaît de totalité ou d’ensemble que sous la forme d’une collection d’individus, c’est-à-dire d’une "réunion physique ou mentale d’éléments" simples, (sans autre principe de composition entre eux que celui d’une commune appartenance à l’ensemble sur la base d’une identité raciale, nationale, communautaire partagée dans le schéma anti-moderniste, soit sur la base de’une identiteé individuelle partagée dans le schéma moderne).


Une démarche résolument supra-moderne produirait et entretiendrait une chaîne réversible d'opérateurs, traversant la distance de la réalité à sa représentation. La justification – le référent – sera ici pluriel, intérieur et transversal, et non pas comme dans les modèles traditionnels moderne ou anti-moderne « à deux pôles », extérieur et latéral. Cette démarche a-moderne ou non-moderne (comme le suggère Latour) permettrait d’éviter l’écueil du systémisme et de la mise en synthèse des potentialités virtuelles. Cioran affirmait avec raison que : « la pire forme de despotisme est le système, en philosophie et en tout ». C’est en raison de ce « systémisme », que la tradition vivante s’est transformée en « traditionalisme » et que la « modernité » ayant elle-même générée une contre-modernité, s’est transformée en nouvelle « théologie séculaire ». Libérée du possibilisme structuraliste et synthétisant, cette pensée supra-moderne permettrait tout juste d’appréhender, de libérer et de potentialiser les divers devenirs collectifs et individuels tout comme les virtualités créatrices présentes et disparates, sans arrière pensée systémique.


 

[1] Gerhard N ebel, « Tyrannis und Freiheit », Dusseldorf 1947, dans Armin Mohler, La Revolution conservatrice en Allemagne 1918.-1932, Pardes, Paris 1993.

[2]Le roman, le rien, à propos de Michel Houellebecq et du nihilisme. de Philippe Forest. 1999, Par Leo Scheer, mercredi 24 octobre 2007.

[3] On distingue le structuralisme comme méthode et le structuralisme comme idéologie ou philosophie qui a été développée notamment par M. Marc-Lipiansky (1973) qui montre l’ambivalence de Lévi-Strauss sur ce point ainsi que par J. Parain-Vial (1969) qui n’hésite pas à ranger pêle-mêle L. Althusser, M. Foucault et J. Lacan dans la catégorie du structuralisme purement idéologique. Pour sa part, V. Descombes distingue entre le structuralisme classique de "la méthode de l’analyse".

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mercredi, 05 juin 2013

M. Ochsenreiter: Turkish Revolution

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Turkish revolution

An interview with Manuel Ochsenreiter

 

Natella Speranskaya:  The national revolution has started in Turkey. What are the forces behind it? Who is fighting who?

 

Manuel Ochsenreiter:  The demonstrations and riots in the Turkish cities show the deep gap within the Turkish society. But is it really a „national revolution“? Right now it seems that all the groups opposing Erdogan and also his AKP party are a quite colourful mix of ideologies and ideas. There are demonstrating Turkish nationalists as well as communists; we see flags of the labour unions and many other groups. But we shouldn´t forget that Erdogan and his party never had the support of those people who are uprising now.

 

One problem: We get all the information about the situation in Turkey right now via the western mainstream media stations. The western commentators and politicians are celebrating the so called „Turkish civil society“. In Germany for example almost all the established political parties gave statements that they support the demonstrators. In the mainstream media you will not find many nationalists or communists in interviews, but many westernized „activists“.

 

Natella Speranskaya:  How is the Turkish revolution related to the geopolitical opposition of Eurasianism (Russia, Iran, Syria) and atlantism (NATO, USA, EU)?

 

Manuel Ochsenreiter:  What we witness right now in Istanbul doesn´t seem to have a lot to do with geopolitical contents. There are of course groups and parties involved who are strongly against an atlantist agenda.

 

But we shouldn´t forget one important thing: The interest of the corporate media began a couple of days ago when the demonstrators in Istanbul clashed with the Turkish police. But in Turkey there are big demonstrations against Erdogan’s aggressive politics against Syria. Those protests have indeed a dominating geopolitical message. The protesters say: „We are on the wrong side of the conflict, we shouldn´t support the western-Islamistic joint venture to overthrow the Syrian government. We should support Syria against the aggressors.” They even criticised in a harsh way the NATO-membership of Turkey. But western mainstream media was not broadcasting those demonstrations, maybe because the message of the demonstrators doesn´t fit into the political guidelines.

 

Ironically, the west promoted the „Turkish model“- the AKP-government – as a role model for the so-called „Arab Spring“ countries. The elements are: moderate Islamism, friendship with Israel, strong ties with the western-transatlantic world. Western politicians always said: “Look to Turkey, there it functions so well!” Today we can say: Obviously it doesn´t.

 

Natella Speranskaya:  Your prognosis of the development of events in Turkey and how it will effect the situation in Syria?

 

Manuel Ochsenreiter:  This is hard to say. We know right now that there might be also an inner conflict within the AKP going on. The Turkish president Abdullah Gül critizised Prime Minister Erdogan in public. What does that mean for Erdogan’s authority and his political future? The guidelines for Turkish politics towards Syria are not written in Ankara, but by the NATO-“partners“. Erdogan turned Turkey within the last two years into a military base for terrorists, mercenaries, djihadists, and simple criminals, who went to Syria to fight against the regime. Turkey gives them support even when they are in Syria. Turkey supports organized theft of industrial compounds from Syria and the transport via the Turkish border. Erdogan tried a couple of times to provoke a conventional war against Syria. When we talk about all those acts of aggression against Syria we shouldn´t forget one important detail: Erdogan is not just supporting the violence against Syrian civilians but also against his own citizens. The bomb explosions in the Turkish city Reyhanli killed 51 people, and 140 more were injured. Erdogan blamed the Syrian secret service, but we know today from leaked documents of the Turkish intelligence that the Al-Qaida affiliated group „Nusra Front“  was responsible for that horrible attack, exactly those same extremists Erdogan provides support to and a safe haven.

 

So what might happen if Erdogan resigns? Will the Turkish politics all of a sudden change? Will it be an AKP inside change? Would a change in the Turkish government automatically mean that the state changes its geopolitical program? Would the west accept this? I deeply doubt.  

Mourir comme un stoïcien romain

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Mourir comme un stoïcien romain

par Bruno de Cessole

Le 21 mai  2013, Dominique Venner s’est  donné la mort, d’un coup de pistolet,  dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, après avoir déposé sur le maître-autel une lettre expliquant et justifiant son acte. Deux jours plus tard, je recevais une lettre de lui, datée  du jour même de son suicide, par laquelle,  m’annonçant sa décision de partir à son heure et d’une façon qui ait un sens à ses yeux, il me donnait rendez-vous au Walhalla pour des chasses éternelles. A sa lettre manuscrite il joignait une page  dactylographiée intitulée « Les raisons d’une mort volontaire », copie de la déclaration rendue publique le lendemain de sa mort. D’avance, connaissant l’esprit du temps,  Dominique Venner y réfutait les interprétations malveillantes, caricaturales ou tendancieuses que la plupart des commentateurs ne manqueraient pas de donner de son geste. Un  geste spectaculaire, mûri et prémédité depuis plusieurs mois sans doute, sans que nul de ses proches ne le pressente, et qui suscite, selon les cas,  trouble,  malaise, et interrogations. Comme il fallait s’y attendre c’est la malveillance, l’amalgame, la déformation, quand ce n’est pas l’injure et l’ignominie, qui ont prévalu dans les compte rendus des journaux et les réactions des réseaux sociaux, ce tout-à-l’égoût du ressentiment et de la médiocrité contemporains. Chateaubriand ne prévoyait pas que le nombre des nécessiteux serait aujourd’hui si grand quand il écrivait qu’il faut être économe de son mépris… La place me manque, hélas, pour rendre hommage à l’homme, au combattant, à l’écrivain et à l’intellectuel que fut Dominique Venner, qu’il est injurieux de réduire à une figure de soldat perdu et de militant politique, qu’il avait dépassée depuis longtemps. Mais c’est un devoir que de dissiper l’entreprise de désinformation de ces salisseurs de mémoire et de rétablir des vérités malmenées ou ignorées. Ce n’est pas parce qu’il était frappé par une maladie  incurable  que Dominique Venner, sain de corps et d’esprit, s’est donné la mort, mais en pleine possession de  ses moyens et en toute  lucidité.  Ce n’est pas sous l’aiguillon d’un subit dégoût de la vie, une vie qu’il aimait malgré les tribulations et les déceptions qu’elle comporte, mais, à rebours, parce qu’il voulait donner à son existence terrestre, lui qui ne croyait pas à la consolation des arrière-mondes, son sens ultime. Ce n’est pas par désespoir devant le déclin de son pays, mais pour montrer  qu’il n’est pas de fatalité historique, qu’il a témoigné de l’éthique de la volonté.  Ce n’est pas par désir de provocation et de profanation qu’il a choisi Notre-Dame de Paris,  haut-lieu spirituel que ce païen revendiqué  aimait et respectait, pour théâtre symbolique de son geste, mais en mémoire « de lieux de culte plus anciens », rappelant nos origines immémoriales ». Ce n’est pas  par goût de la posture et par égotisme que cet homme secret et discret, ennemi des faux-semblants et du tohu-bohu médiatique, a accompli son «  seppuku » rituel de samouraï d’Occident, mais  par oblation et esprit de sacrifice. « Je crois nécessaire, disait-il dans sa lettre-testament de me sacrifier pour rompre la léthargie qui nous accable. J’offre ce qui me reste de vie dans une intention de protestation et de fondation ». Contre  la fatalité et la destruction programmée de notre héritage  et de nos traditions, il a élu la mort volontaire « afin de réveiller les consciences assoupies ». En des temps de basses eaux comme les nôtres, où les valeurs d’héroïsme et de sacrifice sont tenues pour de vieilles idoles dévaluées, voilà qui est incompréhensible, et ne peut que provoquer chez le tout-venant que la stupéfaction, la dérision ou l’injure.  Comment faire admettre aux petits hommes anesthésiés ou lobotomisés de cette époque, qui ne croient plus en rien, qui n’osent plus rien, qui ne risquent plus rien, qui ne veulent plus rien que « leurs petits plaisirs du jour et leurs petites jouissances de la nuit «, derniers hommes, qui ne vivent pas leur pensée et ne pensent pas leur vie, qu’un intellectuel   choisisse de se tuer  pour prouver que la plus haute liberté consiste à ne pas être  esclave de la vie. Et inciter ses contemporains à renouer avec un destin historique digne du passé de la France. A l’heure qu’il a choisie,  Dominique Venner a rejoint Caton d’Utique, Montherlant  et Mishima, les héros de l’Iliade et  de Plutarque, des sagas scandinaves et des légendes germaniques, qu’il admirait et dont il s’est voulu l’héritier. Puisse sa mort volontaire n’être pas un service inutile mais le ferment d’une renaissance à quoi invite et son œuvre et son ultime geste.

Bruno de Cessole

Paris, Manif, 16 juin!

La dérive totalitaire de la démocratie

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La dérive totalitaire de la démocratie

Une dérive nationale et mondiale


Pierre Le Vigan
Ex: http://metamag.fr/
Tout semble opposer la démocratie et le totalitarisme. L’association des deux termes parait un oxymore. Il n’en est pourtant rien. Le visage actuel de la démocratie n’a plus beaucoup de rapport avec l’idéal des Grecs se voulant des hommes libres. La démocratie est le règne de la loi. Mais chez les Grecs il y avait quelque chose au-dessus de la loi. « Etre Grec disait Tyndare dans l’Oreste d’Euripide, c’est ne pas vouloir être au-dessus des lois. » La souveraineté des lois, chez les Grecs, cela voulait dire, explique Michel de Jaeghere, « la soumission de la volonté générale, de la majorité des citoyens, à des lois considérées comme d’origine divine parce qu’elles étaient le reflet même de la nature humaine, ou qu’elles avaient été transmises par la tradition, ou qu’elles étaient conformes à la raison. » 
 
Rien au dessus de la loi ? 

La démocratie moderne postule que rien n’est au-dessus de la loi. Le sénateur socialiste Jean-Pierre Michel résume ainsi cette position : « Ce qui est juste, c’est ce que dit la loi, c’est tout ! Et la loi, elle ne se réfère pas à un ordre naturel, elle se réfère à un rapport de force à un moment donné. » Cette conception, il la qualifie de marxiste, ce qui prouve son inculture. Il convient plutôt de la qualifier de vitaliste, darwiniste et ultra-libérale. Dans cette perspective, la loi est légitime parce qu’elle procède de la volonté générale, à condition toutefois que cette volonté générale s’exprime dans des formes procédurales précises, telles l’élection de représentants, excluant de consulter directement le peuple. A ce stade, ce qui est majoritaire sans passer par les procédures démocratiques est qualifié de « populiste », et est donc disqualifié, ce mot flou recouvrant une mise au ban du « cercle de la raison ».
 
Forcer les peuples à « être libre »

Comment en est-on arrivé là ? Au nom d’un contrat social forçant les peuples «  à être libre » (Rousseau) on a supprimé les « petites républiques » (Augustin Thierry) qu’étaient les corporations. Dans le même temps, l’art de l’économie qui consistait à « tenir sa maison » a été remplacé par la chrématistique, l’accumulation de l’argent pour l’argent. La démocratie moderne étant avant tout procédurale, celui qui maitrise la procédure a le pouvoir alors que l’on constate que « le suffrage universel est manipulé par des lois électorales plus ou moins scélérates selon les périodes » (Philippe Conrad). L’atomisation de la société voulue par le libéralisme fait le reste : elle achève de rendre la démocratie introuvable. Il ne reste qu’une « foule innombrable d’hommes semblables et égaux » (Tocqueville)  revendiquent leur plaisir et le soutien de l’Etat qui « comprime, énerve, éteint, hébète ». (encore Tocqueville).
 
La dérive de la démocratie n’est pas seulement nationale. Le président américain Woodrow Wilson développe une doctrine consistant à obliger les peuples à devenir « libres » c’est-à-dire à adopter les mœurs et la conception de la liberté de la démocratie américaine, et à s’inféoder à la politique internationale etatsunienne.
  
La liberté de la rivière non canalisée

Au plan intérieur, la démocratie devient ce que Maxence Hecquard appelle justement à propos des conceptions de Hobbes « la liberté de la rivière non canalisée ». Longtemps, l’Eglise s’est opposée à la démocratie. Elle s’y est finalement ralliée en défendant la notion de « droits de la personne ». – et non exactement de « droits de l’homme ».  Ce n’est que très récemment, avec Benoist XVI, qu’elle a reconnu la notion de souveraineté populaire, à l’encontre de la notion de royauté sociale (au sens de « sur la société ») de Jésus-Christ, et donc de la doctrine du Christ-Roi, élaborée par Pie XI en 1935 (encyclique Quas Primas).
 
L’Eglise continue toutefois d’affirmer que cette souveraineté populaire ne saurait s’exprimer sans limites, des limites qui sont les droits de la personne. Il reste que si le fondement des lois ne peut être que la Loi divine et non la volonté du peuple, il reste une forme d’incompatibilité entre catholicisme et ce qu’il faudrait appeler le démocratisme, c’est-à-dire l’idée d’une extension indéfinie des droits, en d’autres termes  l’hubris de la démocratie. Michel de Jaeghere ne dit pas autre chose quand il écrit que l’Eglise « reste ferme sur sa condamnation du principe fondamental de la démocratie moderne, à savoir que la loi est l’expression de la volonté générale, indépendamment de la loi de Dieu, de la loi naturelle, de l’ordre du monde et du vrai bien commun. » 
 
Le ralliement de l’Etat à l’idéologie individualiste

Dans les démocraties modernes, les droits de l’individu finissent par devenir le contraire des droits de la personne. A la suite des totalitarismes et de la Seconde Guerre mondiale, l’individualisme a fait l’objet d’une promotion le présentant comme le meilleur antidote aux totalitarismes. Cela se manifeste de plus en plus clairement au cours de période de « modernisation » des mœurs, accompagnant l’essor économique et la société de consommation, qui prend place dans les années soixante et se prolonge ensuite. C’est ce que  Henri Mendras a appelé la « seconde Révolution française. » Cela s’est traduit par le développement de la consommation, la généralisation de l’hédonisme et le délitement des liens communautaires : fin de la famille élargie ainsi réduite au couple avec un ou deux enfants, fin des attaches religieuses, corporatives, syndicales, etc. « Les années Giscard, note l’historien Martin Dauch, marquèrent le ralliement définitif de l’Etat à l’idéologie individualiste. » Jean-Pierre Le Goff, Jean-Claude Michéa, Michel Clouscard  ont analysé ce basculement du libéralisme vers un triomphe sociétal, et pas seulement économique, l’un étant le moyen de renforcer l’autre. 
 
Le libéralisme-libertaire réussit le paradoxe de n’être pas un régime autoritaire tout en se rapprochant d’un totalitarisme de type nouveau. Ceci mérite quelques explications. Le triomphe de l’individualisme consumériste  comme antidote au totalitarisme est l’effet du succès médiatique de la « pensée antitotalitaire » des « nouveaux philosophes » des années 70. Le paradoxe se dénoue à l’analyse : en effet, si les totalitarismes des années 20 et 30 ont exalté les rassemblements de masse, ils l’ont fait au nom de l’homme : l’homme de la société sans classe pour le communisme, l’homme allemand ou aryen pour le national-socialisme. L’universitaire catholique Anton Hilckman l’avait parfaitement vu dès les années trente. Dès lors, à la question, « Comment peut-il y avoir individualisme et nouveau totalitarisme ? » on doit répondre en essayant de comprendre les éléments de continuité. Ceux-ci sont  la dépersonnalisation, la société publicitaire, l’égocentrisme (nationaliste dans les années trente, individuel maintenant), la massification (militariste dans les années trente, consumériste maintenant).
 
Des totalitarismes durs aux totalitarismes liquides

Ainsi, après l’ère des totalitarismes durs est venu l’ère des totalitarismes plastiques, liquides (Zygmunt Bauman), qui s’introduit dans tous les interstices sociaux. Sans morale commune, il ne reste comme régulateurs sociaux que le Marché et le Droit. C’est pourquoi l’individualisme libéral – loin d’en être l’antidote – accomplit au contraire le totalitarisme (Augusto Del Noce). Il en est l’autre face. « On renverse ainsi la perspective : l’individualisme libéral n’est pas une ébauche de totalitarisme, il est le totalitarisme porté à sa perfection. Augusto Del Noce montre que l’époque de la sécularisation se décompose en une époque sacrée (c’est celle des religions séculières nazies et communistes) et une époque profane (la nôtre, qu’il fait débuter symboliquement à la mort de Staline). 
 
Selon Del Noce, la société opulente va beaucoup plus loin que la société nazie ou communiste dans le relativisme et  l’irréligion. Les totalitarismes gardaient une nostalgie de l’unité des hommes et s’attachaient à bâtir une autre réalité. Ils le faisaient d’une façon perverse, mais rejoignaient ainsi des aspirations profondes de l’âme humaine. La démocratie libérale fait « mieux » : elle conduit à l’extinction de ses aspirations et elle parvient ainsi à en finir de manière beaucoup plus radicale avec le sacré et la transcendance. L’on pourrait dire que le vice ne rend plus aucun hommage à la vertu. » explique Martin Dauch qui remarque que « les effets désastreux de l’individualisme sont présentés comme autant de motifs pour l’étendre davantage, pour en finir avec ce qui brime encore les individus. »
 
Rivaliser de singularité

L’affirmation de soi sans référent moral et collectif multiplie la tyrannie des désirs et la dissension sociale. Ce processus remonte à la fin du Moyen-Age. Le culte de l’enrichissement (Antoine de Montchretien, Calvin puis Adam Smith), l’idée que la nature est inépuisable (Jean-Baptiste Say, David Ricardo), le mimétisme social (Gabriel de Tarde, Joseph Schumpeter, Daniel Bell) sont les étapes qui ont amené l’homme à se croire le centre du monde et à vouloir rivaliser de singularité. Chacun exige alors de la société une reconnaissance de sa « petite différence », qu’elle concerne la religion, l’orientation sexuelle, un handicap, une origine, etc. Le mètre étalon de tout devient la conscience individuelle. « Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sans toi je ne sens rien en moi qui m’élève au-dessus des bêtes, que le triste privilège de m’égarer d’erreurs en erreurs à l’aide d’un entendement sans règle et d’une raison sans principe. » s’exclame Rousseau (Emile ou de l’éducation, livre IV). 
 
A partir de là, rien de collectif, de transmis, de venu d’en-haut ne donne plus sens. Valérie Pécresse, ancienne ministre de Sarkozy, disait : « L’identité nationale de la France est très simple : c’est l’adhésion aux valeurs des droits de l’homme. » Henry de Lesquen notait justement qu’à ce compte-là, Charles Maurras n’eut pas été français dans la mesure où il n’adhérait aucunement à ces valeurs. On peut ajouter : ni Georges Sorel et bien d’autres. De Lesquen pourrait toutefois aller plus loin. Pourquoi ne pas souligner l’extraordinaire outrecuidance de l’expression « La France patrie des droits de l’homme », alors que l’Allemagne n’est « que » la patrie des Allemands, l’Espagne la patrie des Espagnols, etc ? La définition « droitsdelhommiste » de la France est à la fois désincarnée et élitiste, universaliste et suprématiste. Elle est à la fois inepte et infiniment orgueilleuse, elle infériorise en fait tous les autres peuples dont l’accession à la qualité de Français est implicitement conçue comme un progrès, ce qui ne veut pas dire autre chose que rester Malien, ou Algérien, ou Pakistanais, quand on aurait la chance de pouvoir devenir Français, serait un signe d’arriération. C’est pourquoi il y a continuité entre l’universalisme colonisateur à l’égard des « races inférieures » (sur l’échelle du progrès, car il est juste de préciser qu’il ne s’agissait pas de racisme biologique) de Jules Ferry et Léon Blum et l’universalisme immigrationniste à tout crin et « sans-papieriste » actuel, consistant à vouloir régulariser tous les résidents illégaux.
 
On le voit : la démocratie devient totalitaire quand elle est toute entière investie par un pouvoir médiatico-idéologique selon lequel la logique des droits doit s’étendre à l’infini. Cette idéologie sommaire est assurément du niveau d’un discours publicitaire (François Brune). Elle n’en est pas moins devenue la référence obligatoire. Ce pouvoir vise à ne rendre possible qu’une « alternance unique », celle entre une pseudo-droite et une pseudo-gauche, qui cumulent les défauts des deux. Il s’agit donc bel et bien d’un système totalitaire de bouclage du contrôle exercé sur la société par un système de domination de l’hyperclasse de plus en plus déconnectée du peuple.
 
En savoir plus : Renaissance catholique, La démocratie peut-elle devenir totalitaire ? Actes de la XVIIè Université d’été, Contretemps, 2012, 370 pages, 22 €.