Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

jeudi, 22 décembre 2011

Après le « Printemps arabe », l’hiver du chaos, de la charia et de la dictature

printemps-arab.jpg

Après le « Printemps arabe », l’hiver du chaos, de la charia et de la dictature

par Marc ROUSSET

 

Les lendemains de la victoire indigne contre Mouammar Kadhafi menacent de déchanter. Seule l’Afrique du sud aura sauvé l’honneur jusqu’au bout, le vrai coupable étant le clan réformiste de Dmitri Medvedev qui, en s’éloignant de la « Realpolitik » de  Vladimir Poutine, en s’abstenant lors de la résolution 1973 qui autorisait le recours à la force pour protéger les populations civiles, aura laissé s’engouffrer dans la brèche l’impérialisme et l’hypocrisie droit-de-l’hommiste. Dmitri Medvedev ne l’aura donc pas « volé « s’il se retrouve  prochainement simple président de la Cour constitutionnelle de la Russie à Saint-Pétersbourg. Moscou a été floué. Paris et Londres ont outrepassé le mandat accordé par les Nations unies et trahi Medvedev en renversant Kadhafi, sous couvert de « responsabilité de protéger » les civils. Nicolas Sarkozy et David Cameron ont tout simplement pris parti  dans une guerre civile, comme Hitler et Mussolini pendant la guerre d’Espagne. L’intervention cynique de l’O.T.A.N. aura eu non seulement pour seul effet d’augmenter le nombre de morts libyens par rapport aux morts virtuels de Benghazi, mais en plus elle aura eu pour effet, en détruisant l’État libyen, de conduire la Libye vers l’abîme.


La réalité tribale en Libye

 

 

Le Conseil national de transition (C.N.T.) n’est pas représentatif de la Libye ! Le C.N.T. devra accorder aux rebelles de l’Ouest (la grande tribu arabe des Zintan  du djebel Nefoussa) une place conforme à leur rôle militaire. Les habitants de Misrata, descendants des Turcs, ont pris les armes contre le régime immédiatement après ceux de la Cyrénaïque car la moitié de la population de Benghazi descend d’immigrés originaires de Misrata. Le sentiment d’appartenance tribale et non les bobards démagogiques de Monsieur Bernard-Henri Levy au sujet de la  démocratie, des droits de l’homme et de la liberté individuelle, est la donnée fondamentale de compréhension des réalités libyennes. Il va s’agir de répartir la rente pétrolière en veillant à respecter les équilibres entre tribus et régions, d’où comme en Irak et surtout en Somalie le risque de conflits sans fin entre tribus menaçant l’unité et la paix du pays. L’échiquier libyen est complexe : la région de Bani Walid est le fief des Ouarfalla; Tarhoufa est le fief de l’importante confédération tribale des Tarhouna; Syrte, d’où est originaire Mouammar Kadhafi est le fief des Kadhafa; le Fezzan est le fief des populations kadhafa, magariha, hassouana et touarègues rétribuées et recrutées par le régime; les habitants de Taourgha manifestent une méfiance ancienne à l’encontre des habitants de Misrata; la population jaramna de Ghadamès, à la frontière algérienne, est toujours demeurée fidèle au pouvoir. On prend encore mieux conscience du puzzle tribal lorsqu’on apprend que Mizda, fief des Malachiya et des Aoulad Bou Saif, ainsi que les oasis d’Aoujila, Waddan, Houn, Soukna et Zliten, fief des Aoulad Shaik, se méfient de ceux de Misrata (1) !

 

Il faut savoir enfin qu’en Cyrénaïque, l’État libyen est très marqué par l’existence sous-jacente de mouvements islamistes et de la puissante secte sénoussie qui avait donné naissance à la première monarchie de 1947. Les tribus en Tripolitaine considèrent les gens de la Cyrénaïque comme des péquenauds prenant le pouvoir et imposant leur nouveau drapeau (le drapeau de la Cyrénaïque, soit un rectangle noir avec un croissant d’islam blanc, avec seulement deux bandes supplémentaires, une rouge pour le Fezzan et une verte pour la Tripolitaine). Bref, l’O.T.A.N. avec ses bombardements unilatéraux, ses porte-avions et ses hélicoptères a fait pencher la balance des armes du côté du C.N.T., sans tenir compte de l’équilibre des forces  sociologiques propres à la Libye. Les médias du politiquement correct se sont bien gardés de dire que tous les Noirs en Libye, soupçonnés d’être des mercenaires, font l’objet d’exactions de la part des fiers combattants du C.N.T. car cela ne correspondait pas aux contes de fées droit-de-l’hommistes du nouveau paysage libyen.

 

Les  risques de chaos et de  tentation islamiste en Libye

 

Dmitri Rogozine, ambassadeur de la Russie à l’O.T.A.N., a admirablement bien résumé la situation en Libye et du « Printemps arabe » : « Nous ne nous sommes pas fait d’illusion sur Kadhafi, mais nous ne partageons pas votre vision du monde arabe. Vous pensez que c’est le rendez-vous de l’islam et de la démocratie. Nous croyons que c’est un choix entre un tyran et Al-Qaïda (2) ». De son côté, le C.I.R.E.T. (Centre international de recherche et d’étude sur le terrorisme) s’est inquiété, en revenant de Libye, de l’existence d’une tentation islamiste parmi les insurgés. Son rapport dénonçait le projet d’instaurer une charia islamique dans la Libye d’après Kadhafi. Il n’est un secret pour personne que des islamistes radicaux se sont battus dans les rangs rebelles. Abdelhakim Belhadj est devenu le gouverneur militaire de Tripoli, non reconnu par les tribus de l’Ouest qui ne veulent pas se faire voler leur « victoire ». Capturé par la C.I.A. en 2003, nommé « émir » du Groupe islamique combattant libyen (G.I.C.L.), adoubé par Ben Laden en 2007, il est connu pour avoir été proche de Zarqaoui, le chef d’Al-Qaïda en Irak. Il n’est pas le seul ancien du C.I.C.L. à avoir été  propulsé à un poste militaire de premier plan en Libye. Les objectifs démocratiques des pays occidentaux sont du pain bénit pour les islamistes radicaux, comme cela a failli être le cas en Ouzbékistan si la Russie n’était pas intervenue en 2005 pour mettre en place un dictateur à poigne, Islam Karimov, seul capable d’écarter le danger islamique. La lutte en Libye va, d’ici peu, devenir féroce entre les laïcs et les islamistes. Il est également clair que si le C.N.T. ne parvient pas à démilitariser les milices, ce qui est plus que probable, ni à instituer les conditions de la stabilité et de la sécurité, des conflits lancinants entre tribus apparaîtront, tout comme en Somalie ! Voilà où nous conduit la pantomime démocratique de Nicolas Sarkozy qui, une fois encore, veut nous faire prendre les vessies libyennes pour des lanternes !

 

Tout cela n’est pas sans nous rappeler la Somalie, où après la défaite du groupe islamiste Al-Shebab, les luttes chaotiques et violentes ont commencé entre les clans pour savoir qui, après vingt années de conflit, prendra le contrôle du pays. La situation actuelle est la pagaille la plus complète et l’instabilité la plus totale avec la création de vingt mini-États surarmés non viables qui se disputent le pouvoir dans une ambiance de guerres régionales. On ne peut pas également ne pas penser à l’Irak avec la suppression des institutions solides de Saddam Hussein et l’absence totale de cohésion entre sunnites et chiites, Arabes et Kurdes. Les Irakiens reprochent aujourd’hui aux États-Unis comme demain les Libyens à la France et à la Grande-Bretagne d’avoir mis en pièces leur société et d’envisager de se retirer sans réparer les dégâts, avec en prime  pour enjoliver le tableau la disparition programmée des chrétiens !

 

L’après-« Printemps arabe » en Égypte, Libye et Tunisie

 

Je reviens personnellement d’un voyage en Égypte cet été. Les Égyptiens se fichent comme de l’an 40 de la démocratie ! Ce qu’ils veulent, c’est croûter, comme nous le répétait notre guide copte et comme me l’a montré le cocher d’une calèche à Louxor en attirant mon attention sur son estomac et la maigreur de son cheval ! Or le problème fondamental, même  si l’on tord le cou à tous les Moubarak et les oligarques égyptiens de la terre, c’est que l’Égypte, avec sa population de quatre-vingt millions d’habitants sur 4 % du territoire utile autour du Nil, entouré de toutes parts du désert, n’est pas un pays viable ! Et cerise sur le gâteau, suite à l’éviction de Hosni  Moubarak, le premier ministre égyptien Essam Charaf a jugé que le traité de paix signé en 1979 avec Israël, premier ratifié entre l’État hébreu et un pays arabe, n’était pas sacré ! La mise à sac des archives de l’ambassade d’Israël au Caire, avec destruction d’un mur d’enceinte,  est venue couronner les prémisses du désastre, de la catastrophe monumentale qui s’annonce ! Tout cela se terminera donc par une nouvelle dictature militaire ou la chape  de fer de la charia islamique pour ramener l’ordre dans les chaumières, sans remplir les estomacs pour autant !

 

Même chose en Libye, mais pays riche par rapport à sa population, contrairement à l’Égypte. Les Libyens veulent avant tout du travail, une bonne éducation pour leurs enfants, de bons hôpitaux, vivre normalement. C’est ce qu’ils avaient avec Mouammar Kadhafi qui de plus, avait amélioré la condition féminine. Les Libyens, suite aux chimères et rêveries de liberté démocratique, risquent bien de tout perdre sans jamais avoir de liberté individuelle. Pour autant les  réalités holistes de la tribu s’imposant à tous, ils risquent de tout perdre pour leur qualité de vie, avec en prime des guerres intestines incessantes et des violences sans fin. Il est fort probable que d’ici peu de temps, les Libyens vont commencer à regretter Kadhafi, nonobstant les haines tribales des gens de Benghazi et de Misrata qui, au mieux feront place aux haines nouvelles  des tribus pro-Kadhafi, soit un prêté pour un rendu .

 

Quant à la Tunisie, l’impression de gâchis de la « Révolution de jasmin » est chaque jour plus forte. En 2011, l’insécurité a nettement augmenté; les troubles, les grèves augmentent et la fréquentation touristique a baissé de 40 % tandis que les recettes baissaient de 50 %. La guerre civile avec les islamistes qui tentent de miner les institutions laïques est maintenant possible. De 1990 à 2010, la Tunisie avait augmenté de 3,4 % par an sa valeur ajoutée manufacturière par habitant, alors qu’au mieux, elle sera proche de 0 % en 2011. L’éviction de Ben Ali est donc une catastrophe pour la Tunisie, même si lui et sa famille s’en mettaient plein les poches ! En Tunisie, on ne peut pas ne pas penser aux grenouilles qui demandent un roi. La Tunisie connaîtra demain soit une dictature militaire soit la prise de pouvoir par les islamistes.

 

Quel avenir ?

 

Il est probable que les barbus tunisiens d’Ennadha et leurs compères égyptiens des Frères musulmans, tout comme leurs compères libyens, attendent le moment propice pour récolter ce qu’une main invisible a semé durant le «  Printemps arabe ». En Libye, le C.N.T. rase dores et déjà gratis ! Le C.N.T. se donne huit mois pour rédiger une constitution s’appuyant sur la charia et non pas sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ce qui était le prétexte de l’intervention occidentale ! Et avec beaucoup de chance, des élections auront lieu après environ vingt mois ! D’ici là, de l’eau aura coulé sous les  ponts dans le désert libyen ! Il semble que, dans le contexte de la « Pensée unique », Nicolas Sarkozy et les charlatans du « Politiquement correct », du droit-de-l’hommisme, de la démocratie universelle in abstracto, de l’Irrealpolitik, n’aient pas tenu compte des réalités politiques, historiques, sociologiques et économiques des pays arabes. Il leur suffisait cependant de retenir les leçons du renversement du Shah d’Iran par l’Ayatollah Khomeiny ainsi que du très difficile  rétablissement de l’ordre et de la paix par la Russie dans le Caucase, en Ouzbékistan et en Asie centrale !

 

Marc Rousset

 

Notes
 
1 : cf. « Libye, les conditions de l’unité nationale », dans Le Monde diplomatique, septembre 2011, p.16.
 
2 : dans Le Figaro, samedi 18 septembre 2010.

 

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=2206

Eléments pour une contre-culture identitaire

Philippe-Vardon-conferences.jpg

« Eléments pour une contre-culture identitaire » de Philippe Vardon

Ex: http://www.polemia.com

La guerre culturelle fait rage. L’oligarchie dominante mène une offensive tous azimuts contre la culture française et les humanités. Après les écoles de journalistes et les concours administratifs, Sciences-Po élimine progressivement la culture générale de son cursus d’entrée. Dans la même logique le non-art contemporain s’attaque au patrimoine historique et religieux français : occupation des hauts lieux (Versailles, Le Louvre), tombereaux d’injures sur le sacré chrétien (Piss Christ, Sur le concept du visage du Christ, Golgota Picnic).

En face la résistance s’organise : l’inacceptable n’est plus toujours accepté sans protestations. La dissidence aussi se développe dans une partie de la population française qui transmet à ses enfants la culture traditionnelle en marge de l’Education nationale : à travers des écoles libres ou indépendantes, des manuels alternatifs, des rites anciens, des fêtes enracinées, le scoutisme traditionnel ou la fréquentation des hauts lieux.

Un abécédaire subjectif

C’est dans ce même esprit qu’il faut lire le livre de Philippe Vardon : Eléments pour une contre-culture identitaire. Les Identitaires sont connus pour leurs actions spectaculaires, notamment contre l’islamisation de la France. Mais la démarche identitaire ne se réduit pas à combattre une colonisation étrangère, elle s’attache aussi à la définition d’une identité positive, d’une « contre-culture qui doit s’incarner, s’authentifier dans la vie, dans l’action », selon Philippe Vardon qui évoque « [non pas] un musée de la rébellion, mais bien le ferment d’une contre-société, apte à constituer une alternative solide et à replacer le système malade et suicidaire dans lequel nous tentons de survivre. Notre contre-culture doit être le roc sur lequel bâtir nos îlots de liberté et d’identité (nos « isolats », écrirait Jean Raspail, l’un des grands guides de cet abécédaire à côté d’autres figures incontournables comme Dominique Venner), nos bastions au milieu des ruines. (…) En prenant bien soin de ne jamais se retrouver dans le dernier carré mais d’être toujours à l’avant-garde ».

La forme choisie pour le livre est plaisante : c’est celle d’un abécédaire, évidemment subjectif.

Un abécédaire où on trouve :

  • - Des recettes d’agitprop : l’apéro-saucisson-pinard, ou l’hacktivisme des cochons sauvages, la piraterie politique… et les recettes du pochoir, Ti-Breizh, maison communautaire bretonne, et la CasaPound des alternatifs italiens ; mais aussi Fdesouche et Radio Courtoisie, « exemple de projet alternatif (…) dont la grille s’est rajeunie » ; sans oublier les AMAP, Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, où cohabitent écolos, bobos et identitaires. Et l’attitude recommandée en « GAV » (la garde à vue) : la discrétion…

Héros solaires, hauts lieux et écrivains de race

  • - Un certain imaginaire cinématographique : Au nom du père, Bloody Sunday ou Braveheart mais aussi Fight Club, Audiard, Clint Eastwood et Sean Connery.
  • - Des héros solaires : Hector de Troie et Jean de Brem, Léonidas et Mishima, Catherine Ségurane et Antoine de Saint-Exupéry, Ulysse et le monde merveilleux de Tolkien.
  • - Des écrivains de race : Ernst Junger et Dominique Venner, Jean Raspail et Henri Vincenot, Roger Nimier et Antoine Blondin, Bernanos et Vladimir Volkoff. Kipling aussi dont le « Tu seras un homme, mon fils » continue, de génération en génération, à construire la force d’âme.
  • - Des hauts lieux : Covadonga où commença la Reconquista et la rivière Ibar où résistent les Serbes du Kossovo, Sparte et les Thermopyles, Lépante et Brocéliande.
  • - Des armes d’analyse et de combat intellectuel : l’archéofuturisme, le droit des peuples à demeurer eux-mêmes, la démocratie directe, la démondialisation, dissident 2.0, xénophile (collabo), et même catholique solaire.
  • - Le rock alternatif et la BD : Hôtel Stella, Laïbach et Corto Maltese.
  • - Les fringues : le barbour, le vêtement qui dure, le béret signe d’affirmation identitaire française et les Ray-Ban parce qu’il faut bien frimer un peu.

Bien sûr l’expression d’une vision du monde à travers un abécédaire rencontre ses limites : mettre sur le même plan de l’éternel et de l’éphémère, faire la part belle aux courants contemporains et à leurs travers, allant de l’usage abusif de l’anglais au… tatouage.

Homère et… capitaine Albator

Les pessimistes, ou les esprits grincheux, déploreront qu’Homère se retrouve sur le même plan que Capitaine Albator, le pirate de Manga japonais. Les optimistes, ou les esprits béats, se réjouiront que la longue mémoire européenne se transmette à travers de grands textes mais aussi des images et des chansons d’aujourd’hui.

Philippe Vardon convient volontiers des limites de son exercice et confie : « C’est bien d’ailleurs ma grande honte que de pouvoir écrire plusieurs pages sur les « Ultras » (groupes violents de supporters de foot) ou le corsaire Albator et seulement quelques lignes sur l’illustre Homère. » Né en 1980, Philippe Vardon est évidemment une victime de l’Education nationale, on ne lui en fera pas le reproche. Mais on le remerciera de cette présentation agréable et positive de la culture alternative identitaire, une culture qui véhicule à sa manière la longue mémoire française et européenne. On sera aussi reconnaissant à Philippe Vardon d’avoir choisi la forme traditionnelle du livre pour s’y exprimer et d’avoir ainsi ramené vers la lecture de jeunes hommes et de jeunes femmes qui s’en sont souvent éloignés.

Jean-Yves Le Gallou

Philippe Vardon-Raybaud, Eléments pour une contre-culture identitaire, Nice, IDées, 2011, 304 p., 20 € ; pour se le procurer, cf. le site http://www.contre-culture.com/

Voir aussi :

Un abécédaire contre-culturel par Georges Feltin-Tracol

Correspondance Polémia – 22/12/2011

België betaalt hoge prijs voor creëren paradijs voor criminele immigranten

 

belgique,immigration,europe,affaires européennes

Ex: http://xandernieuws.punt.nl/?r=1&id=648025

België betaalt hoge prijs voor creëren paradijs voor criminele immigranten

Beschrijving: http://xandernieuws.punt.nl/assets/trans.gifNordine Amrani (foto), drugsdealer en zedendelinquent, had volgens de Belgische wetgeving al láng in een Marokkaanse gevangenis moeten zitten. Desondanks liet de politie hem jaren ongehinderd zijn gang gaan. (Foto: vermoedelijk het lichaam van Amrani, die of per ongeluk, of door zelfmoord om het   leven kwam).

De 32 jarige Marokkaanse immigrant Nordine Amrani, die gisteren bij de kerstmarkt in Luik een bloedbad aanrichtte (huidige stand: 5 doden en 125 gewonden), werd hier feitelijk toe in staat gesteld door de Belgische politiek, die de afgelopen jaren een waar paradijs voor criminele immigranten heeft geschapen. Volgens de Financial Times worden moslim immigranten in België alleen in zeer ernstige gevallen gerechtelijk vervolgd en gaan ze bij straffen die lager uitvallen dan één jaar deels of geheel vrijuit. Ondertussen is de aantrekkingskracht van België zó groot geworden dat onze zuiderburen de toestroom al lang niet meer aankunnen, waardoor inmiddels zo'n 5000 immigranten op straat moeten slapen.

 Als islamitische veelplegers in België onverhoopt tóch worden gearresteerd, dan lopen ze ondanks de bestaande wetgeving geen enkel risico het land te worden uitgezet. Het ergste wat een criminele immigrant in België kan overkomen is in een door de staat gefinancierde woning permanent en kosteloos verzorgd te 'moeten' worden door sociale werkers en psychotherapeuten. Het behoeft geen uitleg dat zo'n aanlokkelijke 'straf' veel buitenlandse criminelen aanspreekt. De Washington Post schreef dan ook dat moslimcriminelen als een magneet worden aangetrokken tot met name België en Frankrijk.

Seks, drugs en wapens, maar geen straf

Net als in Nederland zijn het in België vooral Marokkanen die iedere keer weer de krantenkoppen weten te halen, zoals bijvoorbeeld met de regelmatige en soms spectaculaire uitbraken uit de Belgische gevangenissen. Nordine Amrani -die gisteren onder andere een 17 maanden oude baby vermoordde- was één van de 800 Marokkaanse veelplegers van zware misdrijven die volgens de wet al lang het land uit hadden moet worden gezet, maar ondanks hun talloze misdaden gewoon hun gang kunnen blijven gaan.

De politie trof bij Amrani, een bekende drugshandelaar, vele tientallen geweren en handgranaten en zo'n 10.000 onderdelen voor vuurwapens aan. De Marokkaan -tevens een geregistreerde zedendelinquent, maar dat is in België zoals bekend al helemáál geen probleem- werd ooit tot 58 maanden gevangenisstraf veroordeeld, maar heeft daar geen dag voor hoeven 'zitten'.

België heeft in 2007 een verdrag met Marokko gesloten waarin overeengekomen werd dat veroordeelde Marokkaanse misdadigers in hun thuisland hun straf moeten uitzitten. Probleem is dat de Belgische belastingbetaler óók ambtenaren financiert die er op toezien of in de Marokkaanse gevangenissen de mensenrechten wel worden nageleefd, en die in protest kunnen gaan als dit niet het geval zou zijn. Het gevolg: de meeste Marokkaanse criminelen -waaronder Nordine Amrani- kunnen gewoon op vrije voeten blijven en doorgaan met hun subversieve activiteiten.

Bizarre reactie Belgische politiek en media

Ronduit bizar is de non-reactie van Belgische politici en politiek correcte journalisten, die het niet nodig vinden een speciale herdenking voor de slachtoffers te houden aangezien het hier slechts om een 'enkele dader' gaat. De Belgische pro-islam media, die altijd moord en brand schreeuwen als moslims zelfs maar bekritiseerd dreigen te worden, hullen zich in diep stilzwijgen over de achtergronden van deze vreselijke daad en kijken de andere kant op. Niemand komt op het idee om de nabestaanden van de slachtoffers 10.000 euro schadevergoeding te geven, zoals onlangs in Duitsland gebeurde toen rechts-extremisten enkele Turken om het leven hadden gebracht.

Maar ja, in België zijn de slachtoffers slechts blanken en is de dader een 'arme, verwarde' moslim, die ongetwijfeld verkeerd begrepen werd en zich het slachtoffer van discriminatie en racisme moet hebben gevoeld. Net zoals Marokkaanse meisjes in België onlangs ongestraft een jong joods meisje in elkaar konden trappen, zonder dat de media hier één verkeerd woord aan vuil maakten. Want daar moeten wij tenslotte maar begrip voor hebben, toch? Zo gaat dat nu eenmaal in de Europese immigratie nachtmerrie. (1)

Xander

(1) KOPP

Krantenkoppen - December 2011 (1)

Krantenkoppen

December 2011 (1)

VOEDSELHULP NIET MEER WEG TE DENKEN IN AMERIKAANSE STEDEN:
"De burgemeesters van de grote Amerikaanse steden (...) slaan alarm over de toenemende armoede in het rijkste land ter wereld. (...) Een onderzoek in 29 steden, waaronder Washington en Los Angeles, (...) toont aan dat de armoede overal toeneemt, met steeds meer daklozen en mensen afhankelijk van voedselbedeling tot gevolg":
http://www.demorgen.be/dm/nl/990/Buitenland/article/detail/1363619/2011/12/15/Voedselhulp-niet-meer-weg-te-denken-in-Amerikaanse-steden.dhtml
 
 
WAT PRIVE-SCHULD BETREFT, SCOREN WE SLECHTER DAN DE GRIEKEN:
"Huishoudens in Nederland hebben in verhouding tot hun inkomen de hoogste schulden van de hele eurozone. In 2010 hadden we 2,5 keer meer schuld dan we met elkaar verdienden. Nederland scoorde in dat opzicht nog slechter dan 'probleemlanden' als Griekenland en Italië":
http://www.volkskrant.nl/vk/nl/3184/opinie/article/detail/3076841/2011/12/15/Wat-priveschuld-betreft-scoren-we-slechter-dan-de-Grieken.dhtml#.TunJul4xdIo.facebook
 
 
NEDERLANDSE HUISHOUDENS DIEP IN DE SCHULDEN:
‎"Na de IMF, de OESO, DNB en de AFM waarschuwt nu ook de Wall Street Journal dat Nederlandse huishoudens teveel schulden hebben: ‘The title of most indebted goes to households in the Netherlands, and the main reason is the enormous mortgages that the Dutch (...) take out'. (...) Woningprijzen stegen harder dan in notoire bubbellanden als de VS en Spanje en de hypotheekschuld is hoger dan waar ook in de westerse wereld":
http://www.ftm.nl/copypaste/nederlandse-huishoudens-diep-in-de-schulden.aspx
 
 
NEDERLANDSE GEZINNEN TORSEN HOOGSTE SCHULDENLAST VAN DE GANSE EUROZONE:
"De Nederlanders hebben meer geleend dan hun collega’s in eender welk ander land van de eurozone. (...) In 2010 bedroeg de gemiddelde schuld van een Nederlands gezin zo’n 250% van het beschikbare inkomen, blijkt uit cijfers van Eurostat. In 1999 was dat amper 140%. (...)
Vooral het feit dat de huizenmarkt sinds augustus 2008 tot stilstand is gekomen, baart Nederlandse gezinnen zorgen. Velen hebben vandaag dan ook een grotere hypotheekschuld aan de bank dan hun huis op de markt waard is":
http://www.express.be/business/nl/economy/nederlandse-gezinnen-torsen-hoogste-schuldenlast-van-de-ganse-eurozone/157525.htm
 
 
HUIDIGE CRISIS DOET COMPLEMENTAIRE MUNT OPBLOEIEN:
"In Griekenland, nu het hardst getroffen door de crisis en besparingsmaatregelen, nemen mensen hun toevlucht tot complementaire munten. De alternatieve munt ‘TEM’ wordt nu gebruikt in de havenstad Volos en vele andere systemen zien het licht":
http://muntuit.eu/huidige-crisis-doet-complementaire-munt-opbloeien/
 
 
8 ZAKEN DIE U NIET WIST OVER DE FINANCIELE HOOFDSTAD VAN EUROPA: DE LONDENSE CITY:

‎1. De City of London, het financiële centrum van de Engelse hoofdstad, tolereert geen democratie.
2. De City wordt bestuurd door de Corporation of the City of London. Dit bestuur hoeft aan niets en niemand verantwoording af te leggen.
3. De Corporation hoeft zich weinig aan te trekken van de wetten en democratische structuur die in de rest van het Verenigd Koninkrijk gelden. Ook het Britse parlement heeft geen zeggenschap over de City.
4. De Corporation stuurt een lobbyist naar het Lagerhuis, genaamd `the remembrancer`. Die zorgt ervoor dat de rechten en privileges van de City worden beschermd.
5. De Londense City kan worden beschouwd als een offshore staat.
6. Ook de burgemeester van Londen krijgt geen vat op het financiele centrum. Binnen de jurisdictie van de City kunnen oligarchen, kleptocraten, gangsters en drugshandelaren vrijelijk hun gang gaan en geld witwassen.
7. De autonomie van de City maakt het ook onmogelijk om een effectieve regulering van globale financiële markten af te dwingen.
8. Alle regeringen die hebben getracht de City te democratiseren hebben gefaald.

 
 
OLIVER STONE: 'BANKIERS WERDEN STEEDS GROTERE VARKENS':
"Ik ben tegen een systeem waarbij niets gecreëerd wordt, waarbij aandelen per computer continu verhandeld worden om een paar dollar extra te verdienen. Miljarden gaan van hand tot hand, in een technisch spel achter de komma dat de wereldec...onomie geen stap vooruithelpt, alleen het persoonlijke fortuin van enkele duizenden ingewijden.
Dat zouden ze via de belastingen kunnen aanpakken. Wie gekochte aandelen na minder dan een jaar weer verkoopt, hoort daar veel zwaarder op belast te worden. Dat is logisch en ook nodig, als je ziet dat die kerels in staat zijn landen als Griekenland, Italië of Frankrijk aan het wankelen te brengen. Wat zulke speculanten doen, is een even holle activiteit als gokken in een casino. Ik walg van casino’s, of ze nu in Wall Street staan of in Las Vegas.
 (...) Ik weet niet hoe het hier zit, maar de VS zijn allang geen democratie meer, maar een milde vorm van dictatuur, waar het grootkapitaal regeert. Om de 4 jaar wordt een veiling georganiseerd, waarbij hij die het meest geld kan verzamelen, het recht koopt om 4 jaar lang de machtigste man ter wereld te zijn.
En wie dat ook is, altijd is het iemand die de Amerikaanse bevolking voorhoudt dat de VS in staat van oorlog zijn en dat we fortuinen moeten uitgeven aan onze beveiliging en ons leger. In plaats van als eerste en enige prioriteit te hebben een economie besturen die draait ten behoeve van iedereen."
 
 
US & FRANCE OPERATE DRONE MISSIONS FROM SECRET BASE IN LIBYA:
"Washington and Paris have set up an underground drone base in southern Libya and conduct covert missions (...) in Niger, Mali and Mauritania":
http://www.middle-east-confidential.com/2439-u-s-france-operate-drone-missions-from-secret-base-in-libya.html
 
 
IJSLAND ERKENT PALESTINA ALS STAAT:
"Het IJslandse parlement had de regering gevraagd Palestina te erkennen als onafhankelijke en soevereine staat binnen de grenzen van voor de Zesdaagse Oorlog van 1967":
http://www.standaard.be/artikel/detail.aspx?artikelid=DMF20111215_114
 
 
IRAN BEREIDT SLUITING STRAAT VAN HORMUZ VOOR:
"De Straat van Hormuz vormt een belangrijke passage bij de uitvoer van petroleum uit de Golflanden. (...) Elke dag passeren daar 15,5 miljoen vaten ruwe olie, wat neerkomt op 33% van de wereldwijde olietransporten. (...) Experts voorzien dat een blokkade van de passage gedurende 30 dagen zal leiden tot olieprijzen van 300 tot 500 dollar per vat":
http://www.express.be/joker/nl/brainflame/iran-bereidt-sluiting-straat-van-hormuz-voor/158126.htm
 
 
IRAN SHOWS INTERCEPTED CIA DRONE UNSCATHED:
"The technology of such an advanced craft in the hands of the perceived enemy — and its allies — could be detrimental to any military action the US intends on carrying out in the future":
http://rt.com/usa/news/iran-drone-plane-craft-385/
 
 
RUSLAND STUURT VOLGEND JAAR OORLOGSSCHEPEN NAAR SYRIE:
"De oorlogsbodems worden geleid door het enige Russische vliegdekschip, de Admiraal Koeznetsov, en meren in de lente van 2012 aan in de haven van Tartoes, waar een Russische marinebasis gelegen is."
 
 
ALEXANDER DUGIN: TRADITION AND ISLAM:
"In today’s world, Islam is the world religion most actively resisting globalism’s force. It makes the Islamic factor extremely important for the front of traditionalism":
http://openrevolt.info/2011/11/15/alexander-dugin-tradition-and-islam/
 
 
PRES LE 7.000 LE 11 DEC. A PARIS POUR DEFENDRE L'HONNEUR DE NOTRE SEIGNEUR:
"Les catholiques ne veulent plus se laisser impunément insulter en France!"
http://www.laportelatine.org/communication/presse/2011/manifestationcivitas111211/paris111211.php
 
 
MARCH ON FIUME:
"A group of young army officers begged the war hero D’Annunzio to seize Fiume for Italy. On September 12 [1920] he marched from Rome at the head of a 1000 black shirted legionaries; the Allied troops withdrew and D’Annunzio, who announced ...his intention of remaining in the city until it was annexed by Italy, assumed control of the port city as the ‘Commandante’.
Within a few weeks some 7000 legionaries and 400 sailors had joined him. They saw in D’Annunzio a heroic alternative to the sedentary parliamentarians they despised. For them the Commandante’s Fiume became 'the symbol of a moral, political and social rejection of the entire established order'. The legionaries called for the freedom of all oppressed people and viewed with interest the Soviet experiment in Russia. They were open to an alliance with the syndicalists, anarchists and socialists. D’Annunzio established contacts with Sean O’Kelly, the future President of Ireland, who then represented Sinn Fein in Paris; with the Egyptian nationalists; and with the Soviet government. (...) 
While it lasted, the short lived Free State of Fiume, under the direction of Commandante D’Annunzio, stood as a heroic, passionate revolt against mediocrity."
 
 
A U.S.-MADE CATASTROPHE: MOST OF THE BLAME FOR THE CRISIS IN SOMALIA GOES TO THE US:
"Somalia faces the worst food crisis in the world, but the U.S. response to this catastrophe it has created in Somalia is to cut its economic aid to that country by 88%, increase drone attacks, and encourage its vassal Kenya to launch another invasion. Since 1991 the U.S. “has kept Somalia destabilized and in a perpetual state of civil war, resulting in 1 million deaths":
http://www.blackagendareport.com/content/us-made-catastrophe-most-blame-crisis-somalia-goes-us
 
 
VENEZUELA RECEIVES FIRST GOLD SHIPMENT FROM EUROPE:
"Chavez announced in August that his government would retrieve more than 211 tons of gold held in U.S. and European banks. (...) With the gold in Venezuela, it's a guarantee for the country. If there's some problem in the international markets, here it's going to be safe":
http://news.yahoo.com/venezuela-receives-first-gold-shipment-europe-232355805.html
 
 
INTEGRATIE VAN LATIJNS-AMERIKA IS STREEP DOOR DE REKENING VAN DE VS:
"Het State Departement spoedde zich om te verkondigen dat de OAS de enige relevante organisatie is om Amerikaanse kwesties te behandelen. CELAC is voor hen een potentieel gevaar. Het gaat om een alliantie van 540 miljoen mensen, wonend op 20 miljoen vierkante meter. Het gaat over een regionale unie die heel wat natuurlijke rijkdommen bezit en een BBP heeft van meer dan 4.000 miljard dollar.
Ongev...eer 1/5 van alle winsten van Noord-Amerikaanse bedrijven in het buitenland is afkomstig van filialen in Latijns-Amerika. (...) In de Verklaring van Caracas wordt duidelijk dat het de bedoeling is om komaf te maken met de semi-onafhankelijkheid van Latijns-Amerika en te streven naar ware integratie en onafhankelijkheid":
http://www.dewereldmorgen.be/artikels/2011/12/08/integratie-van-latijns-amerika-streep-door-de-rekening-van-de-vs
 
 
LATIN AMERICA UNITES IN NEW BLOC, U.S. NOT INVITED:
"Analysts view CELAC as an alternative to the Washington-based Organization of American States (OAS) and as an attempt by Latin American countries to reduce US influence in the region. (...) 'It's the death sentence for the Monroe Doctrine', said Nicaragua's President Daniel Ortega":
https://rt.com/news/latin-america-celac-bloc-975/
 
 
VS WAST GELD WIT OM TE INFILTREREN IN MEXICAANSE DRUGKARTELS:
"Er is onder meer sprake van agenten die illegaal de grens tussen de VS en Mexico overstaken met honderdduizenden dollars die bestemd waren voor rekeningen van drugshandelaars":
 
 
AMERIKAANS WETSVOORSTEL HERLEIDT DE VS TOT EEN GROOT SLAGVELD:
"De Amerikaanse senaat stemt deze week over een wetsvoorstel (the Department of Defense Authorization Act) dat het ganse grondgebied van de VS tot een slagveld herleidt en dat het Amerikaanse leger de toelating geeft om eender welke staatsburger - Amerikaan of niet - te arresteren, waar ook in de wereld, tot in zijn eigen achtertuin toe en dat zonder enige vorm van aanklacht of proces":
http://www.express.be/joker/nl/brainflame/amerikaans-wetsvoorstel-herleidt-de-vs-tot-een-groot-slagveld/157020.htm
 
 
3 REDENEN DIE AANGEVEN DAT DSK MOGELIJK HET SLACHTOFFER WERD VAN EEN COMPLOT:
"Journalist Edward Jay Epstein publiceerde het voorbije weekeinde in de New York Review of Books een nieuw relaas van wat er zich op die meidag in Manahattan afspeelde. (...) Hoewel Epstein het niet met zoveel woorden zegt, zou de voormalige Franse presidentskandidaat het slachtoffer kunnen zijn geweest van een valstrik":
http://www.express.be/joker/nl/brainflame/3-redenen-die-aangeven-dat-dominique-strauss-kahn-mogelijk-het-slachtoffer-werd-van-een-complot/156939.htm
 
 

vendredi, 16 décembre 2011

Le mystère des Anneaux


Le mystère des Anneaux

mercredi, 14 décembre 2011

Survivre à l'effondrement économique


Survivre à l'effondrement économique

00:13 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Kriegstreiberei führt USA in den Staatsbankrott

 

Attack__Buy_War_Bonds.jpg

Kriegstreiberei führt USA in den Staatsbankrott

von Jürgen W. Gansel 

Ex: http://www.deutsche-stimme.de/

Pulverfaß: Die schwindelerregend hohe Staatsverschuldung der USA geht auf das Konto ihrer Kriegspolitik

 

Aufgrund ihres billionenschweren Schuldenberges sind die USA de facto pleite und damit „griechischer als die Griechen“, wie der „Spiegel“ spöttisch feststellte. US-Politiker üben sich nur noch in der Kunst der Insolvenzverschleppung. Der Anspruch als ständig kriegsbereite Imperialmacht hat die USA in die tödliche Schuldenfalle geführt.

 

Seit ihrem Eintritt in den Zweiten Weltkrieg führen die USA fast ohne Unterbrechung Krieg. Davon profitieren Hochfinanz und Rüstungsindustrie, aber die Staatsfinanzen zerrütten vollends. Aus aktuellem Anlaß soll an die Kriegstreiber-Tradition erinnert werden, die dieser multiethnischen Kunst-Nation nun zum finanziellen Verhängnis wird.
Der erste Krieg, den die USA außerhalb des nord- und mittelamerikanischen Festlandes anzettelten, war der spanisch-amerikanische Krieg des Jahres 1898. Bereits seit 1845 kam es zu massiven politischen und wirtschaftlichen Einflußnahmen von US-Kreisen auf Kuba, das spanische Kolonie war. Im Ostend-Manifesto (1854) wurde ein amerikanisches Okkupationsrecht gegenüber Kuba behauptet, und als sich 1895 die Kubaner gegen Spanien erhoben, finanzierten bestimmte US-Kapitalisten den Umsturzversuch.
Während die Eliten in Kuba den Schlüssel zur Beherrschung der Karibik sahen, herrschte in der US-Bevölkerung Kriegsunwilligkeit. Dies änderte sich schlagartig, als auf bis heute ungeklärte Weise das amerikanische Kriegsschiff »Maine«, das im Hafen von Havanna lag, explodierte. Der Tod von 260 Seeleuten gab dem US-Präsidenten McKinley den Vorwand für die Kriegserklärung an Spanien im April 1898. Durch die vorherige Hochrüstung ihrer Seestreitkräfte konnten die USA Spanien schnell in die Knie zwingen und endlich die Karibik als Ausbeutungszone gewinnen. Im Dezember 1898 kam es zum Friedensvertrag, der den USA das Protektorat über Kuba einbrachte und die Annektierung von Puerto Rico, Hawaii, den Philippinen und Guam ermöglichte.

 

Dollar-diktierter Imperialismus

 

Der Startschuß zum Dollar-diktierten Imperialismus war gefallen und wurde von Theodore Roosevelt, der 1901 das Präsidentenamt antrat, mit großer Skrupellosigkeit vorangetrieben. Von ihm stammt eine denkwürdige Losung, die noch die heutige Verkleidung von amerikanischer Macht- und Geldgier inspiriert: »Sprecht sanft und tragt immer einen großen Knüppel bei euch, und ihr werdet es weit bringen.«
Roosevelt griff ältere Pläne zur Schaffung einer Kanalverbindung zwischen Atlantik und Pazifik auf und schürte bewußt den Panama-Konflikt. Als Kolumbien dem von den USA betriebenen Abfall seiner Provinz entgegentrat, schickte der Präsident Kriegsschiffe nach Panama und verwandelte das Land um den Panama-Kanal de facto in ein US-Protektorat (1903). Mittels finanzieller Durchdringung wurde noch die Dominikanische Republik in US-Abhängigkeit gebracht. »Teddy« Roosevelt erhielt für seinen mittelamerikanischen und karibischen Raubzug im Jahre 1906 den Friedensnobelpreis.
Ein weiterer Präsident von »God‘s own country«, der für seine eigentümliche Moralvorstellung mit dem Friedensnobelpreis (1920) ausgezeichnet wurde, war Woodrow Wilson. Als »Friedensengel« erklärte er im April 1917 dem kaiserlichen Deutschland den Krieg, um US-Kapital in Europa zu retten und seinen Fuß in die europäische Tür  zu bekommen.

 

Die »Lusitania«-Provokation

 

Unmittelbar vor Ausbruch des Ersten Weltkrieges steckten die USA in einer wirtschaftlichen Rezession, die nach massiver Ankurbelung der Konjunktur schrie. Der Krieg der europäischen Völker kam dem Big Business wie gerufen: Durch massive Rüstungsexporte und großzügige Vergabe von Kriegskrediten an die Entente-Mächte strich das US-Großkapital immense Gewinne ein.
Da Deutschland keinerlei Anlaß für eine amerikanische Kriegserklärung bot und in der US-Bevölkerung keine Kriegsstimmung herrschte, ließ man von New York aus den britischen Passagierdampfer »Lusitania« mit großen Waffen- und Munitionsmengen auslaufen. Geheimdienstlich »verriet« man der deutschen Seite den Waffentransport, und infolgedessen torpedierte ein deutsches U-Boot im Mai 1915 das Schiff. 139 US-Bürger wurden Opfer dieses »heimtückischen« Überfalls.
Für den Kriegseintritt der USA sorgte letztlich aber die Gefährdung der hohen Kriegskredite, die vor allem das jüdische Bankhaus Kuhn, Loeb & Co. in den Sieg der Entente gesteckt hatte. Im Verlauf des Jahres 1917 waren nämlich die Mittelmächte unter größten Opfern dabei, ihre Gegner niederzuringen. Ohne die US-Intervention hätte die Entente nach Lage der Dinge die Niederlage davongetragen, wodurch die US-Finanziers Milliardenbeträge verloren hätten. Der Weltöffentlichkeit gegenüber aber sprach Wilson nicht von den Profitinteressen einer Banker-Clique, sondern gab für seine Kriegstreiberpolitik edelste Motive an: »to make the world save for democracy.«
Auch das Versailler Diktat trug mit seinen Reparationsbestimmungen deutlich die Handschrift des US-Finanzkapitals: Deutschland sollte über Jahrzehnte hinaus finanziell ausgepreßt werden, damit die Entente-Staaten ihre Kriegskredite an die USA würden zurückzahlen können.

 

Krieg zur Konjunkturbelebung

 

Die Weltwirtschaftskrise, ausgelöst durch den Zusammenbruch der New Yorker Börse im Oktober 1929, bescherte den USA bis zum Frühjahr 1933 eine Zahl von nahezu 15 Millionen Arbeitslosen. Nachdem auch das Wirtschaftsprogramm des »New Deal« unter dem Präsidenten Franklin D. Roosevelt (1933-1945) nicht fruchtete und 1937 eine scharfe Rezession eintrat – in Deutschland herrschte zu dieser Zeit Vollbeschäftigung! –, erschien dem US-Establishment wieder einmal Krieg als probates Mittel der Wirtschaftserholung.
Krieg oder Wirtschaftskrise: Roosevelt entschied sich für Krieg, kurbelte die Rüstungsindustrie an und schwor die Westmächte auf eine antideutsche Linie ein. Von Kriegsbeginn an unterstützten die USA insbesondere Großbritannien ideell wie materiell gegen ein Deutschland, das sich erfolgreich von der Wall-Street-Weltordnung abzukoppeln begonnen hatte. Im März 1941 wurde offiziell das Leih- und Pachtgesetz beschlossen, mit dem den Briten in großem Umfang Kriegsmaterial und Lebensmittel zur Verfügung gestellt wurden – bei angeblicher Neutralität der USA. Mit der Atlantik-Charta vom August 1941 beschloß Roosevelt ein Programm zur Niederwerfung Deutschlands.
Die US-Bevölkerung wollte sich aber nicht auf dem europäischen Kriegsschauplatz verheizen lassen, und Deutschland unterließ alles, um die Kapitalmacht der Welt zu provozieren. Der kriegsbesessene Roosevelt wählte indes eine Hintertür zum Kriegseintritt durch unerträgliche Druckmaßnahmen auf den deutschen Verbündeten Japan. Da auch der wirtschaftliche Einfluß Japans in China den US-Geldmächten mißfiel, war bereits im September 1940 ein Stahl-Embargo über Japan verhängt worden. Im Juli 1941 wurden alle japanischen Vermögenswerte in den USA eingefroren und zudem ein Öl-Embargo durchgesetzt.
Weiteren Erpressungsversuchen traten die Japaner mit ihrem Angriff auf die US-Pazifikflotte in Pearl Harbor entgegen. Der US-Präsident wollte unbedingt den Krieg und hatte Japan in die Rolle des »bösen« Angreifers gezwungen. Roosevelt war durch die Entzifferung des japanischen Codes über den geplanten Angriff auf Hawaii genau unterrichtet, opferte aber über 2.300 US-Soldaten, um seine Bevölkerung auf blinden Kriegskurs einstimmen zu können.

 

Verknechtung Europas

 

Mit dem siegreichen Zweiten Weltkrieg hatten die USA ihr Ziel erreicht, große Teile Europas – keinesfalls nur Deutschland – auf einen Vasallen-Status herabzudrücken, und das eigene Wirtschafts- und Politikmodell einem beträchtlichen Teil Europas aufzuzwingen. Noch im August 1945 warfen die USA in einem bislang einmaligen Akt der Barbarei zwei Atombomben über den japanischen Städten Hiroshima und Nagasaki ab.
Im Jahr 1950 mischten sich die USA, unterstützt von einem hörigen UN-Sicherheitsrat, in die inneren Angelegenheiten Nord- und Süd-Koreas ein. Dabei eroberten sie nicht bloß Süd-Korea von den nördlichen Truppen zurück, sondern marschierten trotz aller Warnungen Pekings bis zur chinesischen Grenze. Als chinesische Truppen zum Gegenangriff übergingen, drohte die Ausweitung zu einem großen Ostasien-Krieg. 1953 kam es jedoch zu einem Waffenstillstand und zur endgültigen Teilung Koreas.
Kuba schüttelte 1959 nach der siegreichen Beendigung des Guerillakrieges durch Fidel Castro die Abhängigkeit von den USA ab. Diese reagierten im Frühjahr 1961 mit der Unterstützung von Exil-Kubanern, die einen Invasionsversuch in der Schweinebucht unternahmen. Nachdem die militärische Intervention gescheitert war, verhängten die USA im Februar 1962 ein totales Handelsembargo gegen Kuba. Die Sowjetunion begann daraufhin mit der Installierung von Raketenstellungen auf der Zuckerrohr-Insel. Im Oktober 1962 führte eine amerikanische Seeblockade gegen Kuba die Welt an den Rande eines Nuklearkrieges.
Nach Abschluß des französischen Indochina-Krieges (1954) verschärften sich die Spannungen zwischen den Machthabern im Norden und Süden Vietnams. 1960 entsandte US-Präsident John F. Kennedy 2.000 Militärberater nach Süd-Vietnam. Ab Februar 1965 wurden die Bombardements auf Nord-Vietnam systematisiert und als Terrorinstrument auch gegen die Zivilbevölkerung eingesetzt. Nach Offensiven der Nord-Vietnamesen stellten die USA ihren Bombenterror im März 1968 ein, wenngleich es erst 1973 zum Waffenstillstandsabkommen kam.
Anfang der achtziger Jahre griffen die USA wiederholt in das Selbstbestimmungsrecht mittelamerikanischer Staaten ein und bedienten sich dabei zahlreicher völkerrechtswidriger Maßnahmen gegen Nicaragua und El Salvador.
Ein weiteres widerwärtiges Kapitel amerikanischer Kriegstreiberei ist der Zweite Golfkrieg (1990-1991), der gegen den Irak geführt wurde. Selbstverständlich folgte auch hier die Bombardierung der Zivilbevölkerung den Geboten von »Freiheit, Demokratie und Menschenrechten« und nicht etwa Öl- und Kapitalinteressen.
Eine Woche vor dem Einrücken des Iraks in seine historische Provinz Kuwait versicherte die US-Botschafterin in Bagdad Saddam Hussein, daß die USA dieses Vorgehen dulden würden. Auf den am 1. August 1990 beginnenden Einmarsch irakischer Truppen reagierten die USA jedoch mit der Mobilisierung der Vereinten Nationen und der Einschaltung einer PR-Agentur, die den Irakis angelastete Greuelmärchen erfand und die US-Amerikaner in Kriegshysterie versetzte. Am Ende stand die gezielte Zerstörung jeder irakischen Infrastruktur, die Verhängung eines Handelsembargos und die Rückkehr des US-hörigen Emirs nach Kuwait.
Ende der 90er Jahre bombten die USA mit ihren NATO-Vasallen Rest-Jugoslawien zusammen, um eine gute geopolitische Ausgangsposition für die Durchsetzung ihrer Pipeline-Interessen gegenüber der Erdöl-Region um das Kaspische Meer zu haben und den balkanischen Völkerkonflikt am Kochen zu halten. Es folgten bekanntermaßen der neuerliche Einmarsch in den Irak und die Tötung Saddam Husseins, die Besetzung Afghanistans und die Bombardierung Lybiens bis vor wenigen Wochen.
Die USA waren nie eine Opfer-Nation, sondern eine von kapitalistischen Cliquen beherrschte Täter-Nation. Der französische Ministerpräsident Georges Clemenceau formulierte richtig: »Amerika? Das ist der direkte Weg von der Barbarei zur Dekadenz ohne den Umweg über die Kultur.«

00:05 Publié dans Géopolitique, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, géopolitique, bellicisme, etats-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 13 décembre 2011

USA: Nation ohne Kultur oder Vorbild für Europa? Eine andere Betrachtung

USA: Nation ohne Kultur oder Vorbild für Europa?

Eine andere Betrachtung

     

 

Robin CLASSEN

Ex: http://www.blauenarzisse.de/

 

Als 2008 Barack Obamas Chancen auf das Präsidentenamt der Vereinigten Staaten von Amerika immer größer wurden, hätte man fast glauben können, der tief verwurzelte Antiamerikanismus der Deutschen stünde für kurze Zeit still. Eine Ironie der Geschichte, dass der Hass auf Amerika, der seinen Ursprung im Ersten Weltkrieg hat und sich seitdem über alle politischen Systeme erstreckt hat, gerade durch einen Kandidaten zum Erliegen gebracht werden sollte, der selbst eine durch und durch europäische Agenda vertrat und nach seiner Wahl so unamerikanisch regieren sollte, wie kaum einer seiner Vorgänger.

Der europäische Stil Obamas

Heute ist die Obama-Begeisterung nicht nur in den USA, wo er sogar die historisch schlechten Beliebtheitswerte von Jimmy Carter unterbietet, sondern auch in Europa der Ernüchterung gewichen. Gerade auf dem Kontinent, wo man ihm gar nicht schnell genug den Friedensnobelpreis verleihen konnte, ist die Enttäuschung über seinen unmotivierten und kaum konturierten Regierungsstil groß.

In den USA ringt man hingegen darum, sein eigenes Gesicht in Zeiten von Unternehmensverstaatlichung, Zwangsgesundheitsversicherung und Massenarbeitslosigkeit nicht zu verlieren. Was ist europäisch und vor allem: Was ist amerikanisch? Der Konflikt über die eigene Identität ist der eigentliche Hintergrund der lediglich oberflächlichen Erscheinungen einer entwurzelt-linkseuropäischen „Occupy-Wall-Street“-Bewegung auf der einen, und einer überzeichneten erzchristlichen Tea-Party-Bewegung auf der anderen Seite.

Kann ein klassisches Einwanderungsland eine genuine Kultur hervorbringen?

In Europa vertritt man auch in Zeiten der Euro-Krise seit Jahrzehnten konsequent den Standpunkt, Amerikaner hätten gar keine Kultur, die es zu verlieren gebe. Als kulturloses, konsumsüchtiges, dumpf-patriotisches und kaum gebildetes Volk sieht der linksgrüne Herrenmensch von Oslo bis Gibraltar nach Übersee, rümpft die Nase über die „Völkermordzentrale“ oder empört sich über das Kriegsgefangenenlager Guantanamo.

Was ist dran an der Legende von der kulturlosen Nation? Kann eine Kultur auch in einer der klassischen Einwanderungsnationen entstehen, oder ist das von vornherein ein Widerspruch? Besonders übel stößt dem Durchschnittseuropäer in der Regel die politische Kultur in Amerika auf, die angeblich eine Manifestation der Bildungsschwäche der Yankees sei.

Doch sind die im kontinuierlichen Abschwung befindlichen europäischen Medien wirklich geistig von höherem Wert? Wo in Deutschland eine in grundlegenden Dingen gleichgeschaltete Medienlandschaft wartet, bieten die USA eine Fülle an politisch neutralen oder politisch klar definierten Informationskanälen an. Der konservative Amerikaner schaut Fox News, für den Liberalen gibt’s MSNBC oder CNN – in Deutschland herrscht Einheitsberichterstattung, kleine Wochenzeitungen wie die Junge Freiheit oder Internetmagazine à la BlaueNarzisse.de bieten für Personen rechts der Mitte die einzig lesbare Alternative.

Eine ganz andere Meinungs- und Politikkultur

Besonders positiv fällt in den USA auf, dass nicht nur über, sondern vor allem mit den Betroffenen gesprochen wird. Während der iranische Präsident Mahmud Ahmadinedschad sich zur besten Sendezeit einen Schlagabtausch mit Larry King liefert, langweilt sich der deutsche Fernsehkonsument bei Maischberger und Co. mit den immergleichen fünf bis sechs mehr oder minder linken Studiogästen herum, die selbstherrlich darüber debattieren, ob man nun die NPD verbieten sollte oder nicht. Auch ist in den US-Talkshows die Manipulation durch Kameraführung kaum gegeben, da entweder alle Diskutanten parallel geschaltet werden, oder aber lediglich ein oder zwei Kameras im Einsatz sind.

Diese Linie der unbeschränkten Meinungsfreiheit zieht sich wie ein roter Faden durch die amerikanische Gesellschaft. Kein Wunder, dass Deutschland im US-Menschenrechtsreport immer wieder Rüffel für die Verfolgung politisch Andersdenkender bis hin zum direkten Verweis auf Paragraph 130 StGB erfährt, wohingegen eine offene Diskussion über Geschichte und Politik in den USA eine Selbstverständlichkeit ist.

Durch und durch eigenverantwortlich

Bei den politischen Kandidaten haben die Amerikaner mehr zu sagen, als wir. Was die SPD ängstlich wieder aus ihren Konzeptpapieren strich, ist in den USA gang und gäbe: In sogenannten „Primaries“ und Vorwählen bestimmt der Wähler und nicht der Parteifunktionär die künftigen Präsidentschaftskandidaten. Die Lehre von der Eigenverantwortlichkeit, die auch im Sozialsystem konsequent durchgehalten wird, die das soziale Engagement der Besserverdienenden moralisch, nicht rechtlich eingefordert (was angesichts von „MediAid“ und „MediCare“ zur kostenlosen Gesundheitsversorgung nichtversicherter Mitbürger entgegen der einseitigen Darstellung in europäischen Medien glänzend funktionieren kann), ergänzt den Glauben an die echte Freiheit des Individuums und damit der Gesellschaft.

Im Bereich der demokratischen und politischen Kultur sind die Amerikaner den Europäern weit voraus und lassen die Verhältnisse in Deutschland regelrecht archaisch wirken. Doch auch das Kulturverständnis im eigentlichen Sinne lässt nicht die eklatanten Defizite erkennen, die europäische Meinungsmacher mantraartig heraufbeschwören.

Europa hat den Wettstreit in der Popkultur längst aufgegeben

Ob Rock, Pop, Techno, Jazz oder House: Nahezu alle europäischen Musikformen haben den offenen Wettstreit mit der amerikanischen Musikwelt verloren – der Widerstand ist längst gebrochen. Kaum eine Nation hat so viele verschiedene Formen der Musik entwickelt und verfeinert, wie die amerikanische, kaum eine hat damit so große internationale Erfolge gefeiert. Das Argument, hierbei gäbe es auch viel Schund, zieht nicht: Das war und ist in Europa nicht anders.

Auch das Filmwesen hat Amerika revolutioniert – von Donald Duck bis Avatar, immer marschieren die Amerikaner an der Spitze des Fortschritts, europäische Produktionen füllen nur noch Nischen. Selbst kulinarisch hat Amerika weitaus mehr zu bieten, als McDonalds und Budweiser. Die amerikanische Küche von West- bis Ostküste zu entdecken, ist ein Erlebnis für sich. Ebenso die vielen kleinen Brauereien, die teilweise längst vergessene Brautraditionen hochhalten und in manchen Regionen in ihrer Anzahl und Qualität fast bayerische Qualität erreichen, sind neben den „Großen“ wie Budweiser und Miller, die jeder gute Europäer für schlecht hält, aber noch nie vorurteilsfrei getrunken hat, sehr empfehlenswert.

USA mit Japan und Deutschland die höchste Patentrate

Bekanntlich haben die Amerikaner zudem im Bereich Wissenschaft und Technik etwas zu bieten. Legendäre Autos wie der Ford Mustang oder die noch heute auf Kuba zu bewundernden Technikwunder der 50er und 60er Jahre widerlegen die gängige Vorstellung, amerikanische Autos seien einfach und unzuverlässig. Der Umstand, dass die USA neben Japan und Deutschland die höchste Pro-Kopf-Rate bei den Patenten vorweisen kann, wird gerne mal vergessen. Eine Wissenschaft ohne jegliche Einschränkung oder Bevormundung macht es möglich.

Fakt ist, dass sich nicht die USA, sondern vor allem Europa um seine Kultur sorgen muss. Während in den klassischen Kulturnationen durch Masseneinwanderung und Kulturrelativismus angestammte Bräuche und Traditionen missachtet und aufgegeben werden, bewahrt der amerikanische Patriotismus die amerikanischen Grundfesten sicher.

In Amerika wird man auch in 50 Jahren noch Coca Cola trinken und Elvis hören

Vereinfacht gesagt: In den USA wird man auch in 50 Jahren noch Coca Cola trinken, Mustang fahren, Elvis hören und in die Kirche gehen. In Deutschland warten dann womöglich nur noch Döner, Kopftuch und Muezzin auf die autochthone Bevölkerung. Während in den USA heute schon – bei einem verschwindend geringen Anteil von Muslimen – Kampagnen anlaufen, um ein verfassungsrechtlich verankertes Sharia-Verbot zu erreichen, interessiert es in Deutschland niemanden, dass dieses Rechtssystem in Gebieten mit weit über 50 Prozent Ausländeranteil schon längst angewandt wird.

Schuld am Niedergang der ehemaligen Kulturnationen in Europa tragen also nicht die USA und noch nicht mal unbedingt die Masseneinwanderung, sondern vor allem die konsequente Verweigerung, seinen eigenen kulturellen Standpunkt zu betonen und zu verteidigen. Dahingehend können wir uns ruhig eine Scheibe vom „großen Bruder“ abschneiden.

Lumière de Herder

Lumière de Herder

En cette période de montée des nationalismes – voire des « ethnicismes » – en Europe comme ailleurs, les ethnologues, qui redoutaient naguère d’être considérés comme des suppôts du colonialisme, éprouvent souvent aujourd’hui, à l’inverse, l’angoisse d’être, malgré eux, de par la nature et l’objet même de leur discipline, des apôtres du tribalisme, des défenseurs inconscients d’un romantisme contre-révolutionnaire exaltant les valeurs particularistes contre l’universalisme des Droits de l’homme et du citoyen.

En penseur, qu’on a pris récemment, un peu rapidement, pour l’emblème même de ce tribalisme (1), semble, au contraire, être un de ceux dont l’œuvre peut aider à lever cette angoisse, en ouvrant le chemin à un rationalisme rénové, apte à comprendre le lien qui, à l’est de l’Europe en particulier, mais à l’ouest parfois aussi, unit nationalisme et recherche de la démocratie. Ce penseur, c’est Johann Gottfried Herder.

 

Herder et l’Aufklärung

 

Herder, honni par Joseph de Maistre (2) et vénéré, au contraire, par Edgar Quinet, Thomas Mazaryk et d’autres grandes figures de la démocratie européenne et américaine, est un héritier éclatant de la pensée des Lumières, de l’Aufklärung du XVIIe siècle, même s’il la critique parfois. En fait cette critique est une critique « de gauche », dirait-on aujourd’hui, et non « de droite », comme celle de Maistre ou Bonald. Comme l’a écrit Ernst Cassirer, en Herder, la philosophie des Lumières se dépasse elle-même et atteint son « sommet spirituel » (Cassirer 1970 : 237).

 

Effectivement, il n’est guère de thèmes fondamentaux de sa pensée, du relativisme à la philosophie de l’histoire, du naturalisme au déisme, etc., dont on ne retrouve les antécédents, au XVIIe et au XVIIIe siècle, chez les meilleurs représentants de la philosophie des Lumières, qu’il s’agisse de Saint-Evremont ou de Voltaire, de l’abbé Du Bos ou de David Hume, d’Adam Fergusson ou de D. Diderot. Y compris le thème du Nationalgeist. Y compris celui du relativisme (je préférerais dire « perspectivisme »).

 

Ce n’est pas Herder, mais Hume qui, dans ses Essais de morale, écrit : « Vous n’avez point eu assez d’égard aux mœurs et aux usages de différents siècles. Voudriez-vous juger un Grec ou un Romain d’après les lois d’Angleterre ? Écoutez-les se défendre par leurs propres maximes, vous vous prononcerez ensuite. Il n’y a pas de mœurs, quelque innocentes et quelque raisonnables qu’elles soient, que l’on ne puisse rendre odieuses ou ridicules lorsqu’on les jugera d’après un modèle inconnu aux auteurs » (Hume 1947 : 192). Il est vrai que ce souci d’équité ethnologique ne signifie pas, pour Hume, qu’il ne faut pas souhaiter l’effacement de différences nationales. Mais, dans l’idéal, Herder le souhaite pareillement. S’il lui arrive de faire l’éloge des « préjugés », c’est-à-dire des présupposés culturels attachés à telle ou telle nation ou civilisation, c’est uniquement dans la mesure où cela peut donner aux pensées la force et l’effectivité qui risquent de leur manquer lorsqu’elles s’efforcent d’atteindre l’humain et l’universel seulement par un refus abstrait du particulier. L’idée est d’ailleurs dans Rousseau. Elle n’empêche pas de poser que « l’amour de l’humanité est véritablement plus que l’amour de la patrie et de la cité » (Herder 1964 : 327).

 

Quant au Nationalgeist, Montesquieu le nomme « esprit du peuple », « caractère de la nation ». Même chez Voltaire on trouve les notions de « génie d’une langue » et de « génie national » (3). Il est vrai que, chez eux, ce ne sont sans doute pas des principes originels, mais qu’ils dépendent d’autres facteurs historiques. Cependant, il n’en est pas autrement chez Herder. En fait, Herder voit dans le peuple ou la nation un effet statistique, produit par un ensemble de particularités individuelles, modelées par un même milieu, un même climat, des circonstances historiques communes, des emprunts similaires à d’autres peuples et la tradition qui en résulte. La nation n’apparaît comme une entité substantielle qu’à un regard éloigné, qu’à une vue d’ensemble. Herder est, au fond, sur le plan de la théorie sociale, comme il l’est d’ailleurs sur le plan éthique, un individualiste (4). La primauté de la société ne signifie rien d’autre, chez Herder, que l’idée que l’histoire ne peut être que celle des peuples, celle du peuple, et non celle des rois et de leurs ministres ; elle ne peut être que celle de la civilisation. Et, de ce point de vue, Herder est un voltairien qui ne s’ignore pas…

 

Une anthropologie de la diversité

 

Il y a cependant deux sources majeures de la pensée de Herder, sans lesquelles il n’est pas facile de la comprendre, et toutes deux ont eu une énorme influence sur l’Aufklärung allemande : ce sont l’œuvre de Leibniz et celle de Rousseau.

 

Sans Rousseau, il n’est pas possible de comprendre la logique qui unit le rationalisme de Herder à son anthropologie de la diversité. C’est Rousseau qui, le premier sans doute, nous a fait comprendre que la raison et la liberté étaient une seule et même chose. Herder lui emboîte le pas. Précurseur de Bolk et de Géza Roheim (5), théoricien de l’immaturité essentielle de l’homme ou, tout au moins, de son indétermination, qui fait sa liberté, mais qui est également la raison même de sa raison, Herder montre clairement que la diversité des cultures est la conséquence directe de l’existence de cette raison, qui n’est pas une faculté distincte, mais, en quelque sorte, l’être même de l’homme. La différence entre l’homme et l’animal n’est pas une différence de facultés, mais, comme il le dit dans le Traité sur l’origine de la langue, une différence totale de direction et de développement de toutes ses facultés (1977 : 71).

 

Mais si la raison n’est pas une faculté séparée et isolée, elle est présente dès l’enfance, dès l’origine, dans le moindre effort de langage. La raison herderienne est une raison du sens, non une raison du calcul, une raison vichienne, non une raison cartésienne, mais c’est une raison tout de même. Et fort importante, puisque la seconde ne va pas sans la première ; et puis parce que la raison cartésienne ne fonde ni morale ni droit.

 

Herder, comme Vico, a pressenti à quoi conduisait un certain cartésianisme. S’il n’existe pas un trésor de sens, où chacun puisse puiser ce qui le fait cet être unique et, en même temps, de part en part dicible (donc, par là même, en qui subsiste toujours du non-dit), qu’est un être humain, alors on parvient rapidement à l’humpty-dumptisme, qui est la pire des tyrannies. Chacun va décréter le sens des mots dans la mesure du pouvoir dont il dispose. Il n’y aura plus aucun contrat possible, aucune entente, sinon par le pouvoir despotique de quelque Léviathan. La politique de Descartes, ce ne pourrait être, effectivement, dans ces conditions, que le monstre froid que décrit Hobbes et où c’est, effectivement, le souverain qui décide du sens des mots. C’est bien ce monstre que les grands hommes d’Etat du XVIIe siècle cherchent à réaliser, à commencer par le cardinal de Richelieu. Cela aboutit finalement à la fameuse « langue de bois », même si cela ne commence que par d’apparemment innocentes académies.

 

Un eudémonisme relativiste

 

L’idée de l’essentielle variabilité humaine conduit à une éthique d’une grande souplesse, puisque, pour Herder, la raison est d’abord inhérente à la sensibilité ; et donnant pour fin à l’homme le bonheur, elle en modèle la figure idéale en fonction de la diversité des besoins et des sentiments. L’infinie variété des circonstances produit aussi une infinie variété des aspirations et le bonheur, qui est le but de notre existence, ne peut être atteint partout de la même façon : « Même l’image de la félicité change avec chaque état de choses et chaque climat – car qu’est-elle, sinon la somme de satisfactions de désirs, réalisations de buts et de doux triomphes des besoins qui tous se modèlent d’après le pays, l’époque, le lieu ? » C’est que « la nature humaine… n’est pas un vaisseau capable de contenir une félicité absolue…, elle n’en absorbe pas moins partout autant de félicité qu’elle le peut : argile ductile, prenant selon les situations, les besoins et les oppressions les plus diverses, des formes également diverses » (Herder 1964 : 183).

 

Il y a donc chez Herder une sorte d’eudémonisme relativiste que Kant ne pourra supporter, et qui signifie que, pour Herder, l’individu n’est pas fait pour l’État ni, d’ailleurs, pour l’espèce. Les générations antérieures ne sont pas faites pour les dernières venues, ni les dernières venues pour les futures. Ainsi le sens de la vie humaine n’est pas dans le progrès de l’espèce, mais dans la possibilité pour chacun, à toute époque, de réaliser son humanité, quelle que soit la société dans laquelle il vit et la culture propre à cette société. Il y a là un humanisme qui s’oppose à celui de Kant, pour qui nous devons accepter que les générations antérieures sacrifient leur bonheur aux générations ultérieures ; celles-ci, seules, pourront en jouir. Herder, au contraire, pense que chaque époque a son bonheur propre ; chaque époque, chaque peuple et même chaque individu. Car chaque période, mais aussi chaque individu forme, pour ainsi dire, un tout qui a sa fin en soi. C’est pourquoi Herder en vient même à récuser tout finalisme dans l’explication historique, de peur d’avoir à subordonner le destin des individus au cours de l’histoire globale. Dieu n’agit dans l’histoire que par des lois générales naturelles, non téléologiques, et par l’effet de notre propre liberté.

 

Des monades dans l’histoire

 

Mais Herder est aussi un leibnizien. C’est dire que son individualisme n’est pas atomistique, mais monadique ; ce qui signifie qu’il a un caractère dynamique et que l’individu y intègre l’universel qui est dans la totalité organique de l’histoire.

 

Ce que dit Ernst Cassirer de la conception leibnizienne de l’individuel éclaire la conception herderienne :

 

« Chaque substance individuelle, au sein du système leibnizien, est, non pas seulement une partie, un fragment, un morceau de l’univers, mais cet univers même, vu d’un certain lieu et dans une perspective particulière… toute substance, tout en conservant sa propre permanence et en développant ses représentations selon sa propre loi, se rapporte cependant, dans le cours même de cette création individuelle, à la totalité des autres et s’accorde en quelque façon avec elle » (Cassirer 1970 : 65).

 

Pourtant, il y a, dans Une autre philosophie de l’histoire (Auch eine Philosophie der Geschichte), un passage où Herder semble nous dénier la possibilité d’être, comme il dit, « la quintessence de tous les temps et de tous les peuples ». En fait, il admet que nous avons en nous toutes les dispositions, toutes les aptitudes, toutes les potentialités qui se sont manifestées comme réalités achevées dans les diverses civilisations du passé. De ce point de vue, il y a, en chacun de nous une égale quantité de forces et un même dosage de ces forces. Mais un leibnizien ne sépare pas l’individualité des circonstances qui modèlent son développement. L’individualité est dans la continuité d’un développement qui intègre les circonstances qui permettent à cette individualité de se manifester.

 

Or chaque civilisation, chaque culture réalise un des possibles de l’humain et en occulte d’autres (6). Au cours de l’histoire, il se peut donc que l’ensemble des virtualités de la nature humaine se trouvent réalisées, mais tour à tour, non simultanément. Chaque moment, cependant, fruit d’une égale nécessité, possède un égal mérite. Cela ne contredit pas l’idée d’un progrès d’ensemble, mais va contre un évolutionnisme pour lequel l’humain ne se réalise pleinement qu’au terme de l’histoire (ou de la préhistoire, pour parler le langage d’un certain marxisme).

 

Herder utilise, au fond, le principe auquel Haeckel donnera son nom en le formulant en termes biologiques, mais qui est aussi la maxime d’une vieille métaphore : la phylogénèse se retrouve dans l’ontogénèse ; et on comprend à partir de là comment il peut concilier progression – Fortgang – et égalité de valeur. L’enfance vaut par elle-même, elle a ses propres valeurs, son propre bonheur ; l’adolescence, de même. Mais c’est quand même l’adulte qui est l’homme achevé, l’homme dans sa maturité.

 

Mais, mieux encore, l’égalité herderienne des cultures et des époques trouve sa justification dans ce que Michel Serres (1968 : 265) appelle, chez Leibniz, « la notion d’altérité qualitative dans une stabilité des degrés » : « En passant du plaisir de la musique à celui de la peinture, dit Leibniz, le degré des plaisirs pourra être le même, sans que le dernier ait pour lui d’autre avantage que celui de la nouveauté… Ainsi le meilleur peut être changé en un autre qui ne lui cède point, et qui ne le surpasse point. » Il n’en reste pas moins qu’« il y aura toujours entre eux un ordre, et le meilleur ordre qui soit possible ». S’il est vrai qu’« une partie de la suite peut être égalée par une autre partie de la même suite », néanmoins « prenant toute la suite des choses, le meilleur n’a point d’égal (7) ». Mais on peut aller beaucoup plus loin, et dire que, de même qu’il y a équipotence entre, non seulement la suite des nombres pairs et la suite des carrés, mais la suite des carrés, par exemple, et la suite des entiers, le meilleur a même puissance dans une partie de la suite et dans l’ordre du tout.

 

Chez Herder, il se peut donc que chaque phase ou chaque époque soit la meilleure, que chaque culture soit la meilleure, mais qu’il y ait, en plus, un meilleur dans l’ordre de succession, c’est-à-dire un ordre progressif, où le meilleur n’est atteint que dans le progrès même, en tant que succession bien ordonnée. Au-delà, on peut dire aussi que l’universel – un universel dynamique, celui de l’histoire comme totalité non fermée – est présent dans la singularité des cultures et des individus.

 

Inversement, d’ailleurs, l’universel n’existe qu’incarné dans des singularités historiques. C’est le cas, par exemple, du christianisme, religion universelle par excellence, mais qui n’existe que sous telle ou telle forme, particulière à telle ou telle époque, à telle ou telle civilisation : « Il était radicalement impossible que cette odeur délicate pût exister, être appliquée, sans se mêler à des matières plus terrestres dont elle a besoin pour lui servir en quelque sorte de véhicule. Tels furent naturellement la tournure d’esprit de chaque peuple, ses mœurs et ses lois, ses penchants et ses facultés… plus le parfum est subtil, plus il tendrait par lui-même à se volatiliser, plus aussi il faut le mélanger pour l’utiliser » (Herder 1964 : 209-211).

 

Un patriotisme cosmopolite

 

La présence de l’universel dans le singulier et le fait que le singulier et l’universel ne puissent être séparés rend compte de la possibilité, pour Herder, d’être à la fois cosmopolite et patriote, comme le furent ultérieurement quelques-uns de ses grands disciples. Le cosmopolite selon Herder n’est donc pas l’adepte d’un cosmopolitisme abstrait qui s’étonne de ne pas retrouver en chacun l’homme universel qu’il prétend lui-même incarner. Le cosmopolitisme de Herder est un cosmopolitisme de la compréhension entre les peuples et entre les cultures, c’est un cosmopolitisme « dialogique ».

 

De 1765 (année où il prononce à Riga son discours, Avons-nous encore un public et une patrie commune comme les Anciens ?) jusqu’à la fin de sa vie, Herder gardera cette position humaniste, hostile au particularisme aveugle, favorable seulement à un patriotisme qui ouvre sur l’universel. Herder récuse le patriotisme exclusif des anciens, qui regarde l’étranger comme un ennemi. Il veut, quant à lui, voir et aimer tous les peuples en l’humanité, dont il dit qu’elle est notre seule vraie patrie.

 

Il est vrai que cette vertu d’humanité, il pensera finalement que le peuple allemand sera, dans la période de l’histoire qui vient, celui qui l’incarnera probablement le mieux et que son aptitude à la philosophie en fait un excellent porteur d’universalité ; ce qui n’est pas si mal vu, si l’on pense à l’éclatante lignée de penseurs que l’Allemagne produira, de Kant à Marx et au-delà. De Lessing, Herder et Kant, avec Schiller et Goethe, Herzen (1843) dira que leur but commun fut de « développer les caractères nationaux pour leur donner un sens universel ».

 

On pourrait en dire autant de la génération suivante, celle des romantiques, pour laquelle on affiche quelquefois en France un bien curieux mépris. De Tieck, Novalis, Achim von Arnim, Clemens Brentano, Lucien Lévy-Bruhl (1890 : 336) écrivait : « Ce n’est pas un sentiment de patriotisme qui poussait ces écrivains à exhumer les trésors de l’Allemagne du Moyen Age. Le contraire est plutôt vrai : ce fut l’Allemagne du Moyen Age, retrouvée et passionnément aimée, qui réveilla en eux le patriotisme. Encore n’arrivèrent-ils à l’Allemagne que par un long et capricieux circuit, en faisant le tour du monde. Ils se seraient reproché, sans nul doute, de s’enfermer dans l’étude des antiquités germaniques. Elle eût offert à elle seule un champ de travail assez vaste ; mais les Romantiques ne s’y attardèrent point. Ils le parcoururent un peu, comme on l’a dit, en chevaliers errants. Leur humeur vagabonde, d’accord avec leur cosmopolitisme, les emportait bientôt ailleurs. »

 

Herder est préromantique dans la mesure où il y a, dans le romantisme, une sorte d’universalisme du populaire, où l’universalisme se concilie fort bien avec le pluralisme. En fait, ce qu’on retrouve dans le pluralisme littéraire de Goethe, de Herder et des romantiques d’Allemagne et d’ailleurs, c’est la volonté de réhabiliter le sensible et de fonder une esthétique, au sens large et au sens étroit. Peut-être même faut-il dire que le romantisme est là d’abord, et, de ce point de vue, il est déjà chez le Kant de la Critique du jugement, voire même chez Leibniz.

 

Mais cette réhabilitation du sensible est, en même temps et du même coup, une réhabilitation du sens, c’est-à-dire de la langue. Tout part de là chez Herder et tout y aboutit ; chez Herder comme aussi, par exemple chez Schlegel. Il s’agit d’édifier une science où l’on puisse vivre. Mais cette science est déjà présente dans la culture populaire, dans les cultures populaires. Cette réhabilitation du sensible s’intéresse donc au « populaire » en général, à l’« ethnique » si l’on veut, mais aussi à autrui, à l’autre en tant que tel, car autrui, c’est d’abord du sensible et il n’y a pas de monde sensible sans autrui. Autrui n’est accessible que comme sensible, et ce sensible ne peut être réduit. Feuerbach, de ce point de vue, est dans la postérité du romantisme, et le romantisme est peut-être ce qui a rendu possible l’ethnologie.

 

Herder « gauchiste »

 

Herder, cependant, reste un Aufklärer, mais, nous l’avons dit, un Aufklärer de gauche ; de gauche, et même d’extrême gauche. Et c’est la raison pour laquelle certains croient voir en lui un adversaire des Lumières, voire même un contre-révolutionnaire, ce qui constitue un assez joli contresens.

 

Il y a une autre raison de cette méprise, chez les auteurs français tout au moins : c’est que Herder se réclame du christianisme. C’est même un homme d’Église, un pasteur ; à l’époque (1784) où il écrit les Ideen (Herder 1962), il est évêque de Weimar. Or les Français pensent généralement que les Lumières sont nécessairement antichrétiennes, ce qui est une grave erreur historique, surtout en ce qui concerne l’Allemagne. Herder, en fait, est dans la tradition allemande de la Guerre des paysans, au temps de la Réforme, guerre dont l’idéologie fut celle d’un protestantisme populaire, millénariste et extrêmement avancé sur le plan social. C’est de Herder que Goethe tire l’idée de Goetz von Berlichingen. Mais on retrouve la même attitude chez le Herder tardif des Ideen, lorsqu’il fait l’éloge des hussites, de anabaptistes, des mennonites, etc., après avoir fait celui des bogomiles et des cathares pour les mêmes raisons. On le voit bien, dans ce chapitre des Ideen, où il se situe (Herder 1962 : 483-489). Cette position « gauchiste » de Herder aboutit effectivement à une critique de la philosophie des Lumières sur un certain nombre de points : théorie mystificatrice du contrat social, goût du despotisme « éclairé », tolérance envers l’esclavagisme et l’exploitation coloniale, avec sa brutalité destructrice, racisme, etc. Il s’agit bien d’une critique « de gauche », dont nous avons déjà vu une manifestation dans le refus de soumettre les individus aux « fins de l’histoire ».

 

En ce qui concerne la doctrine du contrat social, il ne faut pas oublier qu’elle a pris diverses formes et que chez certains de ses plus illustres défenseurs, elle aboutit à une légitimation de l’absolutisme. C’est le cas non seulement de la doctrine de Hobbes, mais de celles de Grotius et de Pufendorf. On oublie généralement le côté par où la théorie du contrat prétend engendrer la cité en engendrant le gouvernement de la cité. Hormis Rousseau, c’est le cas de nombre de ses adeptes. Et, dans ces conditions, ils admettront souvent que le gouvernement de la cité, quelles que soient sa nature et son origine de fait (y compris la conquête), existe par contrat tacite, ce qui n’est en fait, la plupart du temps, qu’une légitimation a posteriori de la force. C’est ce côté de la doctrine du contrat qu’attaque Herder, le côté par où, par une série de confusions, entre gouvernement et État, puis entre État et société, elle risque d’aboutir à l’absolutisme.

 

Herder est, avant tout, un adversaire du « despotisme éclairé », à la manière de Frédéric II et de quelques autres. Son soutien à ce que nous appellerions peut-être aujourd’hui des « ethnies » a principalement ce fondement. A tort ou à raison, il pense que la diversité ethnique, comme la multiplicité des corps intermédiaires (communautés diverses, villes-cités, etc.) est un puissant contrepoids à la force niveleuse du despotisme.

 

L’envers de cette haine du despotisme sous toutes ses formes, y compris le prétendu despotisme éclairé, c’est l’esprit démocratique. En dénonçant le nationalisme de Herder, on oublie que son nationalisme est lié à cet esprit démocratique. Les sujets d’un monarque n’ont pas de patrie. Le despotisme a aussi pour effet de freiner le développement des sciences et des arts. La culture, qui est créativité et non réception passive d’une tradition, est démocratique et nationale, tout à la fois et indissolublement.

 

Un nationalisme anarchiste

 

A vrai dire, Herder est non seulement antiabsolutiste, mais antiétatiste, contre l’État, anarchiste en ce sens-là. Contrairement à beaucoup de penseurs des Lumières, il soutient que l’État est, en lui-même, plutôt contraire au bonheur de l’individu que l’agent principal de ce bonheur. C’est un point important parce qu’il est à rattaché à cette méprise qui fait dire à Herder, par des citations isolées de leur contexte, qu’il est contre le mélange des nations et des cultures. Il n’est pas contre le mélange (8), il est contre l’État conquérant et impérialiste, qui groupe sous sa domination une foule de peuples divers dont il étouffe la diversité. C’est ce mélange-là que Herder repousse.

 

Herder est pour les peuples parce qu’il est pour le peuple, et il est pour le peuple parce qu’il est contre l’État, contre toute forme étatique, contre l’absurdité de la monarchie héréditaire (et la tradition, pour lui, sur le plan politique en tout cas, ne légitime rien du tout), contre la tyrannie des aristocraties, contre le Léviathan démocratique, dans la mesure où la démocratie reste un État, dans la mesure où elle est toujours cratie, même si elle est démo. Herder est aussi contre les classes sociales, qui vont contre la nature parce qu’elles ne sont établies que par la tradition, encore une fois – ce qui montre que Herder n’a rien d’un traditionaliste !

 

Pour Herder, tous les gouvernements éduquent les hommes pour les laisser dans l’état de minorité, dans une détresse infantile qui permet de mieux les dominer. Et, de ce point de vue, Herder retourne l’Aufklärung kantienne contre elle-même. Car c’est à Kant qu’il faut attribuer le principe cité par Herder dans les Ideen : « L’homme est un animal qui a besoin d’un maître et attend de ce maître ou d’un groupe de maîtres le bonheur de sa destination finale. » C’est un résumé de la position kantienne telle qu’elle est exprimée dans l’Idée d’une histoire universelle du point de vue cosmopolitique (Kant 1947 : 67 et sq.). Herder réplique : « L’homme qui a besoin d’un maître est une bête ; dès qu’il devient homme, il n’a plus besoin d’un maître à proprement parler… La notion d’être humain n’inclut pas celle d’un despote qui lui soit nécessaire et qui serait lui aussi un homme » (Herder 1962 : 157). Kant le prendra assez mal, mais c’est bien lui qui, dans sa philosophie de l’histoire prend position contre l’autonomie, et c’est Herder qui la défend.

 

L’antiétatisme de Herder est à relier à son antiartificialisme, à son antimécanicisme, et à cet organicisme dont on ne voit pas que, loin de subordonner l’individu aux finalités du tout, comme une pièce de la machine au fonctionnement de la mécanique entière, lui confère, au contraire, l’activité d’un organe sans lequel le tout ne pourrait s’animer. Il y a du Herder chez Stein, le ministre libéral de Frédéric-Guillaume IV, lorsqu’il soutient que l’Etat doit être non une machine, mais un organisme. Cette idée, précisément, est au fondement du libéralisme de Stein. Elle signifie que les sujets ne doivent pas être des instruments passifs aux mains de l’État, mais des organes actifs, capables d’initiatives.

 

L’antimilitarisme de Herder, sa polémique contre le principe de l’équilibre européen, invoqué par les princes pour mener leurs sujets au combat, sont à rattacher au même état d’esprit. La guerre est un instrument du totalitarisme de l’Etat monarchique, où personne « n’a plus le droit de savoir… ce que c’est que la dignité personnelle et la libre disposition de soi » (ibid. : 277), où le grain de sable qu’est l’individu ne pèse rien dans la machine (ibid. : 279).

 

Anticolonialisme

 

Mais Herder va plus loin dans le refus de certaines conséquences de la philosophie des Lumières, philosophie qui prône les vertus du commerce et de l’économie marchande. Dans une des pages les plus saisissantes de Une autre philosophie de l’histoire, il dénonce, avec une ironie voltairienne, les dévastations que fait subir à l’humanité la prédominance de cette économie marchande. C’est là une des clés de la pensée de Herder, qui a fort bien vu le lien étroit qu’il y a entre la colonisation « extérieure » et la colonisation « intérieure ».

 

Encore une fois, le point de vue de Herder est celui de la révolution paysanne. Herder est issu d’une famille de paysans pauvres et il a vécu à Riga, qui fut touchée par la révolte des anabaptistes au XVIe siècle. On peut peut-être rendre compte de son attitude à partir de là.

 

Il écrit donc : « Où ne parviennent pas, et où ne parviendront pas à s’établir des colonies européennes ! Partout les sauvages, plus ils prennent goût à notre eau-de-vie et à notre opulence, deviennent mûrs pour nos efforts de conversion ! Se rapprochent partout, surtout à l’aide de l’eau-de-vie et de l’opulence, de notre civilisation – seront bientôt, avec l’aide de Dieu, tous des hommes comme nous ! Des hommes bons, forts, heureux.

 

« Commerce et papauté, combien avez-vous déjà contribué à cette grande entreprise ! » Plus loin, il poursuit : « Si cela marche dans les autres continents, pourquoi pas en Europe ? C’est une honte pour l’Angleterre que l’Irlande soit si longtemps restée sauvage et barbare : elle est policée et heureuse. ».

 

Herder fait ensuite allusion au sort de l’Écosse. Mais il n’y en a pas que pour l’Angleterre ; la France n’est pas oubliée : « Quel royaume en notre siècle n’est devenu grand et heureux par la culture ! Il n’y en avait qu’un qui s’étalait au beau milieu, à la honte de l’humanité, sans académies ni sociétés d’agriculture, portant des moustaches et nourrissant par suite des régicides. Et vois tout ce que la France généreuse, à elle seule, a déjà fait de la Corse sauvage ! Ce fut l’œuvre de trois… moustaches : en faire des hommes comme nous ! des hommes bons, forts, heureux ! »

 

« L’unique ressort de nos États : la crainte et l’argent ; sans avoir aucunement besoin de la religion (ce ressort enfantin !), de l’honneur et de la liberté d’âme et de la félicité humaine. Comme nous savons bien saisir par surprise, comme un second Protée, le dieu unique de tous les dieux : Mammon ! et le métamorphoser ! et obtenir de lui par force tout ce que nous voulons ! Suprême et bienheureuse politique ! » (Herder 1964 : 271-273).

 

Plus loin encore, il récidivera, mettant cette fois en cause ce qu’il appelle le « système du commerce », et qui embrasse, semble-t-il, à la fois l’idéologie sous-jacente à la science économique et le capitalisme commercial, industriel et agraire : « Notre système commercial ! Peut-on rien imaginer qui surpasse le raffinement de cette science qui embrasse tout ? … En Europe, l’esclavage est aboli parce qu’on a calculé combien ces esclaves coûteraient davantage et rapporteraient moins que des hommes libres ; il n’y a qu’une chose que nous nous soyons permise : utiliser comme esclaves trois continents, en trafiquer, les exiler dans les mines d’argent et les sucreries – mais ce ne sont pas des Européens, pas des chrétiens, et en retour nous avons de l’argent et des pierres précieuses, des épices, du sucre, et… des maladies intimes ! Cela à cause du commerce, et pour une aide fraternelle réciproque et la communauté des nations ! « Système du commerce. » Ce qu’il y a de grand et d’unique dans cette organisation est manifeste : trois continents dévastés et policés par nous, et nous, par eux, dépeuplés, émasculés, plongés dans l’opulence, l’exploitation honteuse de l’humanité et la mort : voilà qui est s’enrichir et trouver son bonheur dans le commerce » (ibid. : 279-281).

 

On a rarement dénoncé avec autant de véhémence les ravages qui ont rendu possible l’édification de notre « économie-monde ». Herder a fort bien vu que l’entreprise, malgré « l’humanisme » de ses hérauts et thuriféraires, prenait volontiers appui sur un racisme ordinaire ou extraordinaire.

 

Antiracisme

 

Herder a fort bien vu aussi ce que la notion même de race, appliquée au genre humain, comporte de racisme implicite, dans la mesure où elle suppose, en fait, un polygénisme. Ceux qui, comme Buffon ou Kant se veulent monogénistes, mais parlent néanmoins de races humaines, sont donc, au moins, inconséquents. Herder est, lui, résolument monogéniste, contrairement à Voltaire, par exemple, qui pensait que « les Blancs et les Nègres, et les Rouges, et les Lapons et les Samoyèdes et les Albinos ne viennent certainement pas du même sol. La différence entre toutes ces espèces est aussi marquée qu’entre les chevaux et les chameaux »… Le monogénisme chrétien est donc à rejeter : « Il n’y a… qu’un brahmane mal instruit et entêté qui puisse prétendre que tous les hommes descendent de l’Indien Damo et de sa femme (9). »

 

Herder croit à la profonde unité de l’espèce humaine parce qu’il croit à la profonde unité des traditions. L’apparente diversité de ce qu’on appelle les races humaines n’est qu’un effet de la diversité des climats qui ne peut, tout au plus, produire que des variétés, mais qui ne pourrait, en aucun cas, engendrer des espèces. Cette diversité n’est donc pas un fait d’histoire naturelle, mais plutôt, pourrait-on dire, de géographie historique ou d’histoire géographique ; histoire qui témoigne, en tout cas, de la souplesse d’organisation de l’espèce humaine, c’est-à-dire de sa raison. Chez Herder, l’universalité de la raison prend appui non seulement sur la diversité des cultures, mais même sur la diversité d’apparence physique, de race, si l’on veut.

 

Selon lui, on perd le fil de l’histoire quand on a une prédilection pour une race quelconque et qu’on méprise tout ce qui n’est pas elle. L’historien de l’humanité doit être impartial et sans passion, comme le naturaliste, qui donne une valeur égale à la rose et au chardon, au ver de terre et à l’éléphant. La nature fait lever tous les genres possibles selon le lieu, le temps, la force. Conformément à l’inspiration leibnizienne de la pensée de Herder, « les nations se modifient selon le lieu, le temps et leur caractère interne », mais « chacune porte en elle l’harmonie de sa perfection, non comparable à d’autres » (Herder 1962 : 275). On retrouve ici ce que nous avons développé plus haut.

 

Herder est donc opposé également au racisme d’un Buffon, chez qui le racisme ou, comme dit Todorov, le « racialisme », entraîne la justification de l’esclavage et, bien entendu et a fortiori, de la colonisation et de la conquête (10). Mais il est probable qu’il ne pouvait non plus approuver Kant, pour qui, certes, même chez les Lapons, les Groenlandais, les Samoyèdes, même les « indigènes des mers du Sud » dont il est question dans les Fondements de la métaphysique des mœurs (1957 : 141) ont droit à notre respect, mais qui n’en sont pas moins à considérer comme moralement condamnables : en premier lieu parce qu’ils n’ont pas su constituer d’État. Or l’État est la condition pour que nous ayons quelque chance d’atteindre à la moralité. En second lieu, et surtout, parce qu’ils ne s’appliquent pas à développer leurs aptitudes par le travail, bref, parce qu’ils n’ont pas notre culture. Plaçant le droit, le droit « rationnel » moderne au-dessus du bonheur et, avec le droit, le travail, l’activité productive qui éveille en l’homme l’idée de la supériorité de la raison sur les sens, Kant aboutit en fait à un naïf européocentrisme, peu en accord avec la philosophie de Herder.

 

Un nouveau Vico

 

En Europe même, la prétention à se faire l’éducateur du genre humain risque d’aboutir à une dictature platonicienne des « spécialistes de l’universel ». L’anthropologie herderienne nous propose une conception de la culture qui relativise par avance l’opposition : culture (au singulier) / cultures (au pluriel) ou, plus clairement, l’opposition pensée / culture (au sens de l’anthropologie). Que les cultures, au pluriel, ne contiennent aucune pensée active, aucune créativité, n’est vrai que dans la mesure où « les cultures » ont été écrasées, tronçonnées, émiettées, ôtées à leurs courants d’échange « naturels », mais cela se révèle faux partout où on les laisse s’épanouir normalement.

 

Herder est un nouveau Vico, qui a compris qu’une éducation purement cartésienne, une éducation de la « table rase », laisse l’homme désemparé, privé de tout repère moral et politique, arraché aux dimensions sociales de son être. L’éducation de la pure pensée doit se compléter d’une éducation des sens et des sentiments, d’une éducation « humaniste » qui fasse place aux certitudes morales, c’est-à-dire au plus probable. Les arts du langage y doivent tenir leur rang, trop souvent méconnu : l’art du discours et des lettres, l’art de la traduction également, nécessaire à la connaissance morale d’autrui, et sans lequel on conçoit mal que puisse se constituer une raison « dialogique ».

 

Cette raison a besoin aussi de connaissances ethnologiques et historiques, elle a besoin de ce décentrement de la pensée qu’elles procurent, et sans lequel il n’y a point de reconnaissance d’autrui. L’histoire anthropologique, à la manière de Vico ou de Herder réunit ces deux types de connaissances. Elle préfigure l’histoire telle qu’elle a été pratiquée de nos jours, depuis Fustel de Coulanges jusqu’à Michel Foucault, en passant par l’école des Annales. Conformément à l’esprit herderien, cette histoire est, non plus histoire des gouvernants et des hommes de guerre, mais histoire des peuples, histoire des gens, histoire de tous. L’histoire continuiste, dont certains ont la nostalgie, c’est la mythologie du pouvoir, de ce pouvoir qui est, d’ailleurs, souvent responsable précisément des coupures, des cassures dans l’histoire des simples gens et de leurs mentalités, comme il est responsable de l’enfermement des ethnies en elles-mêmes, de leur emprisonnement dans des frontières fermées, bloquant les échanges spontanés entre cultures.

 

Ce que dit Giuseppe Cocchiara (1981 : 21) de Gian Battista Vico, à savoir qu’avec lui, les traditions populaires entrent, de manière décisive, dans l’histoire, qu’avec lui aussi, les peuples dits « primitifs » sont appelés à faire partie de l’histoire de l’humanité et qu’à ce titre, il est un précurseur des méthodes de l’ethnologie, on pourrait le redire de Herder. Il n’y a pas de peuple qui ne soit dans l’histoire. L’égalité des peuples, c’est aussi cela, c’est l’égale vocation à entrer dans l’histoire et c’est l’égale sympathie que doit leur vouer l’historien. Les insuffisances de l’Aufklärung sur ce point ont persisté souvent jusqu’à nos jours.

 

Conclusions

 

Si nous ne perdons pas de vue que la culture allemande des XVIIIe et XIXe siècles a apporté beaucoup à celle de l’Est européen, en Russie même et chez les nations qui connaissent aujourd’hui un réveil démocratique, l’importance de Herder, qui y fut souvent lu et apprécié, n’échappera à personne.

 

Bien loin d’être un danger pour la démocratie, l’esprit herderien peut être un facteur qui permette d’exorciser les fantômes d’un nationalisme rétrograde et agressif, et d’intégrer les valeurs ethniques et nationales à un esprit démocratique rénové, où l’individualisme ne fasse pas obstacle au sens de la communauté et la recherche du bien-être à la créativité culturelle.

 

Mais pour que cela soit possible, il ne faut pas caricaturer la pensée de Herder et dévaloriser systématiquement l’une des conquêtes les plus précieuses de l’esprit scientifique, à savoir le perspectivisme, dans la mesure même où il nous permet de rendre justice à toutes les formes d’humanité.

 

En fait, il est paradoxal que l’on trouve aujourd’hui, du côté des philosophes et des spécialistes des sciences humaines, une remise en cause du perspectivisme et du particularisme linguistique et culturel, à un moment précisément où, à l’inverse, les spécialistes des sciences « dures » et des techniques haut de gamme en viennent au perspectivisme eux aussi – consciemment, car ils l’ont toujours pratiqué en fait – et, dans le travail même de la recherche et de l’invention technique et scientifique, vantent les mérites de la tradition culturelle et son potentiel de créativité.

 

L’utilisation de l’ordinateur va elle-même dans le sens du perspectivisme. Presque toujours l’ordinateur calcule faux, et il faut trouver son chemin dans le brouillard des erreurs. Or il y a plusieurs chemins possibles…

 

Dans la physique moderne, l’absence d’ambiguïté et le caractère prédictible des phénomènes a disparu, du fait, en particulier, de l’absence de simplicité du point de départ de la ligne d’événements à prévoir. Comme l’écrit l’épistémologue italien Tito Arecchi (1989), « l’existence d’un point de vue privilégié pour effectuer la mesure, sur laquelle tous les physiciens étaient d’accord, est tombée en disgrâce ». C’est du sein même de la théorie et de la pratique expérimentale physiciennes que surgit le perspectivisme.

 

Mais il y a un point sur lequel des physiciens et des techniciens se retrouvent pour rapprocher la science moderne des savoirs anciens : dans la recherche de la créativité, l’étude de la dynamique de l’invention scientifique et technique fait ressortir l’importance de l’oral, de l’expression parlée, dans la science et, par conséquent, l’importance de la langue et de l’enracinement de cette langue dans un terreau culturel particulier. Ce sont les physiciens et les technologues, aujourd’hui, qui deviennent herderiens. Je cite Jean-Marc Lévy-Leblond (1990 : 25-26), physicien théoricien : « On peut… tranquillement affirmer que la science, en France, est faite de beaucoup plus de mots français (parlés) qu’anglais (écrits). Qu’il soit nécessaire de rappeler cette évidence montre à quel point le débat est faussé par une grave erreur de conception sur la nature de la recherche scientifique, identifiée à son produit final (les publications), plutôt qu’à son activité réelle. Or cette vitalité de la langue naturelle dans la science est utile et féconde. La science se fait comme elle se parle. A s’énoncer, donc à se penser, dans une langue autre que la langue ambiante, elle perdrait son enracinement dans le terreau culturel commun et serait ipso facto privée d’une source essentielle, même si elle est souvent invisible, de sa dynamique. Les mots ne sont pas des habits neutres pour les idées : c’est souvent par leur jeu libre et inattendu que se fait l’émergence des idées neuves… Et cela est encore plus vrai si l’on considère l’autre versant de la recherche scientifique, celui non de la création novatrice, mais de la réflexion critique. »

 

Et André-Yves Portnoff, directeur délégué de Science et technologie, va dans le même sens. Avec David Landes, il regrette que beaucoup de responsables du tiers monde « cultivent l’illusion de moderniser leur pays en faisant table rase de leur héritage historique », alors qu’« aujourd’hui, la créativité technologique et industrielle, comme la créativité artistique, fait appel à l’imaginaire », et que, de ce point de vue, « chaque langue, dans toute son épaisseur historique, avec toutes ses strates de mémoire collective, constitue un instrument d’une richesse indispensable » (1990 : 26).

 

A entendre de tels propos, l’ombre de Herder frémirait d’aise dans l’au-delà. Mais à propos de Herder faut-il parler d’ombre ? Ou de lumière ? Nous optons pour la lumière.

 

Max Caisson,

« Lumière de Herder », Terrain, numero-17 – En Europe, les nations (octobre 1991)

 

———————————
Bibliographie :
Arecchi T., 1989. « Chaos et complexité », Le Monde/Liber, n° 1, oct.
Cassirer E., 1970. La philosophie des Lumières, Paris, Fayard (Die Philosophie der Aufklärung, Tübingen, 1932).
Cocchiara G., 1981. Storia del folklore in Italia, Palerme, Sellerio.
Finkielkraut A., 1987. La défaite de la pensée, Paris, Gallimard.
Herder J. G., 1977. Traité sur l’origine de la langue, Paris, Aubier (Abhändlung über den Ursprung der Sprache, 1770).
1964. Une autre philosophie de l’histoire, Paris, Aubier (Auch eine Philosophie der Geschichte, 1774).
1962. Idées pour la philosophie de l’histoire de l’humanité, Paris, Aubier (Ideen zur Philosophie der Geschichte der Menschheit, 1784).
Herzen A. I., 1843. « Le dilettantisme dans la science », Annales de la patrie.
Hume D., 1947 (1751). Essai de morale, in Enquête sur les principes de la morale, trad. de A. Leroy, Paris, Aubier.
Kant E., 1947. Philosophie de l’Histoire (Opuscules), trad. de St. Piobetta, Paris, Aubier.
1957 (1797). Fondements de la métaphysique des mœurs, trad. de V. Delbos, Paris, Delagrave.
Lévi-Bruhl L., 1890. L’Allemagne depuis Leibniz, Paris, Hachette.
Lévy-Leblond J.-M., 1990. « Une recherche qui se fait comme elle se parle… », Le Monde diplomatique, janv.
Portnoff A.-Y., 1990. « La créativité victime des jargons », Le monde diplomatique, janv.
Roheim G., 1972. Origine et fonction de la culture, Paris, Gallimard.
Serres M., 1968. Le système de Leibniz et ses modèles mathématiques, I, Paris, PUF.
Todorov T., 1989. Nous et les autres, Paris, Le Seuil.

 

———————–
Notes :
1 – Cf. Finkielkraut (1987).
2 – J. de Maistre appelle Herder « l’honnête comédien qui enseignait l’Evangile en chaire et le panthéisme dans ses écrits ». C’est dire la sympathie qu’il éprouvait pour lui…
3 – Cf. l’article « Français » dans l’Encyclopédie.
4 – En ce qui concerne l’éthique herderienne, voir, dans le présent article, le paragraphe intitulé « Un eudémonisme relativiste. ».
5 – Voir notamment Roheim 1972.
6 – On pourrait, sur ce point, comparer la pensée de Herder avec certaines thèses de Cl. Lévi-Strauss.
7 – Leibniz, 1710. Essais de Théodicée : paragraphe 202.
8 – La preuve est que, pour lui, la prééminence actuelle de l’Europe est due, pour une part, à l’extraordinaire mélange de populations et de cultures qui la caractérise : « En aucun continent les peuples ne se sont autant mélangés qu’en Europe ; en aucun autre ils n’ont si radicalement et si souvent changé de résidences, et avec celles-ci de mode de vie et de mœurs… fusion sans laquelle l’esprit général européen aurait difficilement pu s’éveiller » (Herder 1962 : 309).
9 – Voltaire, Essai sur l’histoire générale et l’esprit des nations depuis Charlemagne jusqu’à nos jours, ch. III.
10 – Voir particulièrement le chapitre intitulé « Les voies du racialisme » dans l’ouvrage de Todorov (1989 : 179 et sq.).

 

lundi, 12 décembre 2011

Souverän ist, wer Kalender liest. Biograph Holger Hof über den Notizbuchführer Gottfried Benn

Souverän ist, wer Kalender liest. Biograph Holger Hof über den Notizbuchführer Gottfried Benn      
Geschrieben von: Till Röcke   
Ex: http://www.blauenarzisse.de/

Holger Hof ist unbestritten ein Doyen der Gottfried-Benn-Forschung. Der Mitherausgeber der Sämtlichen Werke promovierte mit Grundlegendem über die Montagetechnik Benns. Schließlich gab er den ultimativen Bildband über das Leben des Berliner Worte-Behauers heraus. Man erinnert sich, der Dichter in Schale im Grünen, der Dichter beleibt ganz honorig. Die Münze ist damit geprägt, der letzte deutsche Lyriker von Rang für lange Zeit im Umlauf.

Der Biograph in guter Gesellschaft

Überblickt man das Feld der populären Benn-Deuter und halluzinierten Privatsekretäre, so ergibt sich folgende kleine Werkschau: Fritz J. Raddatz ästhetisch anspruchsvoll, Gunnar Decker feuilletonistisch solide, Joachim Dyck hagiographisch beeindruckend, Helmut Lethen intellektuell souverän, Christian Schärf weitblickend luzide und eben Holger Hof nüchtern detailliert. Dem Benn-Interessierten ist alles bereitet. Er muss nur noch zugreifen.

Fällt seine Wahl auf Hof, so bietet sich ihm die ganze Akkuratesse des Experten. Anhand der Tageskalender, sporadisch genutzter Gedächtnisstützen, zeichnet der Autor die Existenz Gottfried Benns nach. Dabei verlegt er sich auf den puren Lebensvollzug und erfüllt so das Ideal einer Biographie – Weltanschauung und Poetik geraten zwangsläufig zur informativen Flankierung. Das ist aus biographischer Sicht nur konsequent.

Als die Geschichte sprach

Man sollte nachträglich nicht am Sprengstoff verlassener Schlachtfelder rühren, vielleicht aber ein bisschen. Der allgemeinen Erhellung wegen. Der Bürger und Dichter Benn – das ist nun wirklich Allgemeingut – begrüßte den politischen Wechsel 1933 als revolutionäre Stunde. Die Trockenlegung des liberalen Sumpfes, das ewige Wogen auf und nieder abrupt zu beenden, war dem ästhetischen Aristokraten eine Herzensangelegenheit. Die NSDAP kam da gerade recht. Das ganze hatte freilich ein Vorspiel, eine Sozialisation der dritten Art.

Holger Hof beschreibt das schön, indem er den 1886 geborenen Benn als Kronzeugen seiner Generation ausweist. Aber mehr noch: Nach dem Zusammenbruch der wilhelminischen Gesellschaft – „der große Ast, auf dem er seit seinem Studium gesessen hatte“(Hof) – begann die Neuausrichtung. Vielmehr der Versuch einer solchen. Denn Benn hasste die bürgerliche Dekadenz ebenso wie deren politische Ausformung, die längst ausgehöhlte und albern gewordene Monarchie. Gleichzeitig war er Kind dieser Epoche, deren Mentalität hatte ihn schließlich geformt. Sein Medizin-Studium war ihm bis zum Tode heilig, was ihn nicht daran hinderte, Evolution wie Schöpfungsgeschichte gleichermaßen zu verhöhnen. Seine Suche galt dem dritten Weg. Er wurde Künstler. Er wurde Expressionist. Und dann ging alles ganz schnell.

Leier und Schwert

Von da an agierte Benn „so dicht wie möglich mit dem Rücken an der Wand“ (Hof). Das war der Dritte Weg 1933. Sein privater, wohlgemerkt. Und kein Vorhaben für Optimisten. Der Biograph operiert auch hier von der Plattform der lebensnahen Details. Sorgsam zitiert er Briefe und Kalendereinträge. Und wenn es arg brenzlig wurde, so befand sich Benn eben als Solitär in einer Lage, die schlicht „unangenehm“ (Hof) war. In der Tat widerte Benn die Öffentlichkeit an. Ein nicht zu kittender Riss zwischen Künstler und Bürger war ihm selbstverständlich. Das hieß aber nicht, dass beide Sphären nicht in permanentem Austausch stünden.

Dabei blieb seine Lyrik ohne Ausnahme von „fanatischer Reinheit“ (Benn) geprägt. Seine Prosa und vor allem die Essays aber bargen einen schwergewichtigen weltanschaulichen Gehalt. Und das über die deutschen Zwölf hinaus, bis zu seinem Verstummen im Sommer 1956. Man übersieht das gerne. Denn bequem lässt sich aus dem Überzeugungstäter ein Oppositioneller gestalten. Einer, der entsetzt ob der Entwicklung die Innere Emigration antrat. Holger Hof folgt diesem Narrativ, auch hier ist das nur konsequent. Denn in Benns Austausch mit befreundeten Dichtern, Agnes Miegel etwa oder Oskar Loerke, fand der sukzessiv wachsende Ekel vor dem Paradigmenwechsel seinen Niederschlag. Folgt man dem Bürger Benn also durch diese Jahre, wandelt man an der Seite des Biographen.

Etatismus für Ästheten

Aus Gottfried Benn lässt sich allerdings nachträglich kein Widerstandskämpfer machen. Hof versucht das auch nicht wirklich. Verdienstvoll ist der Abdruck eines mehrseitigen Briefs, mit dem Benn in lupenreinem Opportunismus den staatlichen Stellen seine Loyalität versicherte. Dies ist das Dilemma jener Jahre: So sehr Benn im Privaten klug und schonungslos das Dumpfe und Niedrige in der Bewegung erkannte, so sehr hielt er nach Außen auf Klasse. Er war bei einigen linientreuen Dichtern verfemt, nicht aber von existentiellen Gängelungen betroffen. Der Preußischen Akademie leistete er auch dann noch Dienste, als der von ihm initiierte Gleichschaltungsversuch längst fehlgeschlagen war. Und in der „Union Nationaler Schriftsteller“ bekleidete er fortan den Posten des Vizepräsidenten – die schneidige Tischrede im „faschistischen Stil“ (Mohler) zu Ehren des Futuristen Marinetti fällt in diesen Zeitraum.

Zwar verachtete Benn schon bald die politische Dimension des Dritten Reichs, aber keineswegs die schlagkräftigen Institutionen eines totalitären Staates. Von einer Hierarchie nach geistiger Reife hat Benn nie gelassen. Der Dichter als elitäres Subjekt, Kunst als dessen Ordnungskategorie: Das wird noch der Tenor sein lange nach den Trümmern der tausendjährigen Klitsche. Seine Essays, nicht nur um ´33 herum, lassen keinen Zweifel an seinem totalitären Faible. Dass Eugenik zwecks Auslese schon zu Moses Zeiten von Erfolg gekrönt war, darauf hat er allerdings später nicht mehr hingewiesen. Dennoch: Benn publizierte auch weiterhin seine Lyrik in Zeitschriften und zu seinem 50. Geburtstag 1936 erschienen die Gesammelten Gedichte.

Posse und Phänotyp

Der als antifaschistischer Beleg gerne angebrachte Ausschluss aus der Reichsschrifttumskammer 1938 war in Wahrheit eine Posse und Benn bloß das Bauernopfer. Seinem Kompagnon Hanns Johst, Schlageter-Autor und „Barde der SS“ (Rolf Düsterberg), galt die Maßnahme eigentlich. Um den Protegé Benns vor Anwürfen zu schützen, musste Benn eben gehen. Initiator der Kampagne war ein gewisser Maler Willrich, ein Rosenberg-Affiner. Von oben interessierte sich ein Jahr vor Kriegsausbruch niemand für den Doktor aus Berlin, weder weltanschaulich noch ästhetisch. Der „Neue Staat“ übersah Benn einfach, überließ ihn höchstens noch dem Kulturkampf-Feuilleton. Bis auch diese Episode zu Ende ging.

Das konnte Benn niemals verzeihen. In den Kriegsjahren sollte sein altes Kunstprogramm eine geharnischte Fortsetzung finden. Mit dem stieg er dann als authentische Figur eines Dritten Wegs, der Emigranten und Mitläufer jeweils links und rechts liegen ließ, im Aufbaudeutschland noch einmal in den Ring. Sein Erfolg war enorm, sein Credo auch nach dem Untergang des Abendlandes das alte: Die „Moderne tiefer legen“ (Thomas Wegmann). Durch das Süffige der späten Gedichte, den unversöhnlichen Spott der späten Prosa. Getragen von der Feststellung, dass sich im Pluralismus alles organisieren, aber nichts formen lässt.

Holger Hof: Gottfried Benn – Der Mann ohne Gedächtnis. Eine Biographie. Klett-Cotta-Verlag Stuttgart. 539 Seiten, gebunden mit Schutzumschlag, 32 Seiten Tafelteil. 26,95 Euro.

L'entreprise autogérée

 

L'entreprise autogérée

Ex: http://physis.lautre.net/

Préambule : ce texte est la suite d’un précédent intitulé : « Démocratie politique, démocratie économique, démocratie globale » [1]; il se veut une approche de l’entreprise autogérée en tant qu’application des pratiques démocratiques à l’entreprise et plus généralement à l’économie. Malgré ses défauts structurels, l’entreprise capitaliste moderne est l’outil de production le plus évolué ayant jamais existé, il ne s’agit pas ici de voir l’entreprise autogérée en tant que « contraire » à son homologue capitaliste, mais comme un dépassement de celle-ci. Le point de départ permettant l’appréhension de l’entreprise autogérée ne peut donc ici être que l’entreprise capitaliste moderne, et non pas les différentes tentatives plus ou moins autogestionnaires ayant eu lieu dans d’autres contextes.

 

L’objectif de cet essai n’est pas de présenter un impossible modèle d’entreprise autogérée parfait et fini, mais d’apporter quelques éléments de réponse simples et concrets aux citoyens, de plus en plus nombreux, qui s’interrogent sur une alternative crédible à l’entreprise capitaliste.

 

L’idée d’autogestion

 

Si l’idée d’autogestion connut une certaine vogue en France dans les années 1970 son origine est plus ancienne ; même si le mot apparaît beaucoup plus tard, l’idée elle-même existe déjà dès le dix-neuvième siècle dans le courant de pensée socialiste, elle est inséparable des idées de « démocratie économique », de « socialisme libéral », et de « crédit social » que développe P.J. Proudhon, d’ailleurs souvent nommé « le père de l’autogestion ».

 

L’autogestion dans son application à l’entreprise correspond à une forme de gestion démocratique de celle-ci par ses travailleurs, mais l’idée peut être élargie au fonctionnement global du système socio-économique : l’autogestion généralisée (socialisme autogéré) permettant alors d’aboutir vers la démocratie globale. On ne détaillera pas ici le pourquoi de l’entreprise autogérée qui a déjà été argumenté : d’un point de vue socio-économique global [2], et du point de vue de la démocratie[3]. L’autogestion est le mode d’organisation de l’entreprise qui peut à la fois permettre de s’affranchir des incohérences sociales, économiques, et écologiques, qu’entraînent les mécanismes d’accumulation du capital et la loi du profit privé, et permettre l’instauration de véritables pratiques démocratiques dans l’entreprise.

 

Qu’est-ce qu’une entreprise autogérée ?

 

Une entreprise autogérée est avant tout une entreprise gérée par ses travailleurs, cette forme de gestion d’entreprise existe déjà dans le cadre des « coopératives ouvrières ». L’exemple le plus connu est celui de Mondragon (Mondragon Corporation Cooperativa), cette entreprise créée en 1943 par un prêtre du pays basque est aujourd’hui une société internationale qui emploie plus de 30 000 personnes. En France les 1500 « scops » existantes sont beaucoup plus petites puisqu’elles réunissent environ 30 000 salariés, soit ensemble un nombre équivalent à celui de Mondragon. Tout salarié-associé participe à la gestion démocratique de l’entreprise, mais l’entreprise peut employer de simples salariés qui ne bénéficient pas forcément des mêmes droits que les salariés-associés. Si l’entreprise coopérative présente une avancée certaine par rapport à l’entreprise capitaliste, elle ne règle pas pour autant le problème de l’inégalité du droit de propriété, car pour devenir associé il faut apporter sa part de capital qui dans le cas de Mondragon s’élève à un an de salaire. La scop peut elle-même faire appel à des actionnaires extérieurs, ce qui ne règle nullement le problème de l’inégalité économique créée par le privilège des revenus de l’argent. Il apparaît donc que les avancées permises par les coopératives sont très relatives, et que leur statut n’est pas encore suffisant pour correspondre aux critères essentiels de la démocratie économique.

 

Comme on l’a déjà vu [4], les deux obstacles essentiels à la démocratie économique sont le droit de propriété privée de l’entreprise, et les revenus privés de l’argent qui sert à son financement. La remise en question de ces deux éléments implique de définir un nouveau statut pour l’entreprise, ainsi qu’un nouveau mode de financement.

 

Le statut de l’entreprise autogéré

 

Le premier point concerne bien évidemment celui de la propriété de l’entreprise, si elle se libère de ses actionnaires, à qui sa propriété peut-elle bien revenir ?

 

- Aux travailleurs associés comme dans le cas des scops ? Il y aurait alors juste transfert du droit de propriété, le privilège du droit de propriété de l’entreprise passerait de l’actionnaire-rentier à l’actionnaire-travailleur, celui-ci devrait acheter son droit à participer à l’entreprise et l’inégalité économique inhérente à ce droit ne disparaîtrait pas.

 

- A l’État, comme dans le système socialiste soviétique ? L’histoire a montré, à ceux qui en doutaient, que concentrer entre les mains de l’État le pouvoir politique et le pouvoir économique était très néfaste pour la démocratie en général [5], et peu efficace d’un point de vue économique.

 

Si on veut vraiment que l’entreprise appartienne à quelqu’un, on risque d’avoir des difficultés à trouver d’autres possibilités, posons alors le problème différemment. Si on veut limiter le droit de propriété de l’entreprise de telle sorte qu’elle ne puisse être ni vendue ni achetée, ni que quiconque puisse tirer des bénéfices de ce seul droit, il ne reste guère que le droit d’y travailler, peut-on alors encore parler de droit de propriété ? Ne peut-on pas alors donner à l’entreprise un statut juridique la reconnaissant en dehors de tout droit de propriété, comme le sont de nombreuses associations ? D’ailleurs si la nature de l’entreprise autogérée n’est plus d’être l’objet de profit de ses actionnaires/propriétaires, ne devient-elle pas justement une association de travailleurs qui peuvent maintenant gérer eux-mêmes l’entreprise à laquelle ils participent ? Il existe en France de nombreuses « associations loi 1901″ qui emploient du personnel, produisent des biens et des services, et qui pourtant n’appartiennent à personne et ne peuvent être vendues. Il en est de même pour des administrations, pour des collectivités locales : une commune fonctionne comme une grosse entreprise, gère un budget important, assure une production de services et mêmes de certains biens, et pourtant ne peut être vendue ni achetée. Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’entreprise ?

 

Puisque c’est justement ce droit de propriété de l’entreprise qui est ici le premier point de blocage de la démocratie économique, l’adoption d’un nouveau statut juridique de l’entreprise doit permettre de la soustraire à cette contrainte. Comme toute association, elle pourra alors être démocratiquement gérée par ses membres, sans que ceux-ci en tirent un quelconque privilège inégalitaire. Seul leur travail dans l’entreprise sera la source de leur revenu, et aucun propriétaire ne pourra les en spolier d’une partie, ni décider à leur place la manière de gérer leur « association de travailleurs », ce qui correspond tout à fait aux valeurs de liberté et d’égalité associées aux pratiques démocratiques.

 

Le financement de l’entreprise autogérée

 

Dans l’entreprise capitaliste ou étatique, c’est d’une part le ou les propriétaires qui apportent à l’entreprise les fonds nécessaires à ses investissements, mais d’autre part elle se finance aussi soit à partir de ses profits, soit surtout à partir du crédit. L’entreprise autogérée n’ayant pas de propriétaire, et son objectif n’étant pas de dégager du profit et d’accumuler du capital mais de redistribuer à ses membres le fruit de leur travail, ne pourra logiquement être financée que par du crédit.

 

Dans l’entreprise capitaliste actuelle, le crédit provient de l’épargne et est fourni directement par des « ménages capitalistes » ou par l’intermédiaire d’établissements financiers privés, on peut facilement imaginer qu’ils ne vont pas être partants pour favoriser ce nouveau genre d’entreprise. En effet, ces agents financiers fonctionnent généralement suivant la logique du profit maximum et leurs intérêts vont dans le sens de l’entreprise capitaliste, l’entreprise autogérée entrera en concurrence avec celle-ci et risquera donc d’avoir du mal à trouver de cette manière les moyens de son nécessaire financement. De toute façon, ce type de financement fait appel au capital financier privé dont les revenus sont sources d’inégalités économiques [6], et ne peut guère s’accorder avec l’entreprise autogérée dont l’objectif est justement de pouvoir accéder à la démocratie économique la plus large possible.

 

Toutefois, l’entreprise autogérée a besoin d’accéder au crédit, et ceci dans des conditions égales pour chacun. Pour pouvoir le financer il y a au moins deux solutions techniques possibles :

 

- Un fond d’investissement financé par l’impôt, c’est à dire par une « épargne forcée ».

 

- Une libre sollicitation à l’épargne des ménages comme dans le système capitaliste. Bien sûr il ne s’agit pas ici de solliciter « l’épargne capitaliste » qui permet aux plus riches de s’enrichir sans limite, mais heureusement les ménages n’épargnent pas que pour s’enrichir. Malgré sa faible rémunération, une énorme majorité de français possèdent un livret de Caisse d’Épargne, beaucoup d’entre eux pourraient placer cet argent sous forme de placements de type capitaliste beaucoup plus avantageux, et pourtant ils ne le font pas. Les Caisses d’Épargne collectent ainsi une épargne populaire qui est normalement destinée à être prêtée pour des investissement à caractère social, cette épargne est à l’origine d’un « crédit social » que l’on peut nettement différencier du « crédit capitaliste ». Non seulement les intérêts versés aux déposants sont faibles, mais le montant des dépôts est plafonné ; même si le revenu de l’argent existe toujours, son aspect inégalitaire est ici considérablement diminué, il devient alors impossible aux plus riches d’assurer leurs revenus grâce à leur seule fortune. Vu le succès que rencontrent les livrets de Caisse d’épargne, on pourrait aisément collecter de la même manière de l’épargne destinée à assurer le financement des entreprises autogérées.

 

Dans le cadre de l’entreprise capitaliste, l’argent est attribué aux entreprises par des investisseurs privés qui agissent essentiellement suivant la seule règle de leur profit maximum. Cette règle fait dépendre l’investissement, et l’économie en général, de considérations et d’intérêts personnels qui le soumettent au bon vouloir des plus riches et n’ont absolument rien de démocratiques. Dans ce système l’accès au l’argent n’est pas égalitaire, une petite entreprise locale aura plus de mal à trouver l’argent nécessaire pour financer son développement qu’une société multinationale délocalisant sa production.

 

Dans le cadre de l’entreprise autogérée financée par du crédit social, les contraintes ne sont plus les mêmes, l’entreprise doit seulement rembourser des intérêts à taux fixes. Le financement de l’entreprise n’est plus soumis à la loi du profit maximum, mais à la seule contrainte de rembourser normalement ses emprunts. La « Caisse » chargée d’attribuer les crédits peut enfin examiner les dossiers de demande en fonctions de critères démocratiquement déterminés, la décision d’accorder ou non le prêt ne relèvera plus du seul privilège du plus riche, mais des conclusions d’une commission qui pourra être démocratiquement nommée.

 

La gestion de l’entreprise autogérée

 

Si les problèmes du statut et du financement de l’entreprise autogérée relèvent de questions d’ordre technique et peuvent trouver des réponses simples, il en est tout autrement de la gestion de l’entreprise. On touche ici un domaine qui est celui du comportement humain, l’autogestion n’est pas conçue comme un système où l’humain doit s’adapter aux besoins de l’entreprise (ce qui est le cas de l’entreprise capitaliste), mais au contraire où l’entreprise doit être le fruit de pratiques humaines librement choisies, et inévitablement différenciées et évolutives. On peut évidemment concevoir que cette gestion se fera en accord avec les valeurs et les pratiques démocratiques déjà connues, que l’entreprise sera sans doute gérée par un conseil d’administration élu par les travailleurs de l’entreprise, mais il ne faut pas oublier que la démocratie c’est aussi la diversité et le choix, c’est aux travailleurs eux-mêmes de décider comment organiser le fonctionnement de leur association. Ceci est vrai aussi bien pour l’organisation du travail que pour celui de la gestion de l’entreprise. D’un point de vue plus général, vouloir imposer aux membres de l’entreprise, « par le haut », un système prédéterminé, n’est pas conforme au principe de liberté de choix attaché à la démocratie, et est donc contradictoire avec l’idée même d’autogestion. On peut parfaitement imaginer que des entreprises autogérées fonctionnent suivant des pratiques productives différentes (postes fixes, rotation des tâches), suivant des hiérarchies de revenus différentes, suivant des modes de gestion différents ; ces méthodes de fonctionnement interne variant suivant des facteurs tels que la taille de l’entreprise, son type de production, ou les particularités culturelles locales.

 

Avantages de l’entreprise autogérée

 

Nul doute que ceux qui s’enrichissent en tirant profit de l’absence de démocratie dans l’entreprise trouveront des désavantages à l’entreprise autogérée, en attendant on voit mal quels pourraient être les effets négatifs d’une telle avancée sociale alors que ses avantages sont évidents :

 

- Dans l’entreprise capitaliste, l’intérêt des propriétaires, donc de l’entreprise, était contradictoire avec celui des salariés [7] ; dans l’entreprise autogérée, les intérêts de l’entreprise et des salariés deviennent communs. Les travailleurs sont directement responsables du bon fonctionnement de l’entreprise autogérée qui reste soumise à la concurrence et au risque de faillite ; c’est à eux de la gérer soit directement, soit en confiant cette charge à des gestionnaires compétents, qui ne leur seront pas imposés, mais qu’ils auront démocratiquement choisis pour défendre les intérêts de l’entreprise commune.

 

- L’investisseur capitaliste, qui peut facilement déplacer ses capitaux et qui vise le profit maximum, privilégie souvent la recherche du profit à court terme ; les membres de l’entreprise autogérée qui veulent sauvegarder leur outil de travail ont au contraire tout intérêt à gérer rationnellement leur outil de travail sur le long terme, il ne peut plus être ici question de négliger l’investissement ni de délocaliser la production.

 

- Contrairement à l’entreprise capitaliste, soit-disant libre mais en fait soumise au seul intérêt de ses propriétaires et à la seule loi du profit, l’entreprise autogérée est réellement libre. Elle est débarrassée du diktat de ses actionnaires qui la soumettaient au seul intérêt de leurs profits particuliers, elle n’est plus soumise à la contrainte de la rentabilité maximum, mais seulement à celle de son équilibre financier.

 

- La recherche des gains de productivité, qui ne profiteront plus aux profits du capital mais aux seuls travailleurs, jouera toujours le même rôle de stimulant à l’innovation technique. Les travailleurs devront eux-mêmes décider comment affecter ces gains : choisir entre plus de revenu ou plus de loisir ; bien sûr le rôle du législateur sera d’éviter les abus et de prendre les mesures utiles pour tendre vers un partage optimum du travail et des revenus.

 

- L’attribution du crédit selon des critères démocratiquement déterminés, et non plus selon celui du profit maximum, rendra son accès plus facile aux petites et moyennes entreprises souvent peu rentables.

 

- Le créateur d’entreprise, qui bien souvent aujourd’hui se trouve à la merci d’investisseurs capitalistes n’hésitant pas à lui « confisquer » sa création si elle s’avère rentable, pourra non seulement bénéficier plus facilement de fonds, mais ne pourra pas se faire exproprier d’un bien non négociable. Le créateur d’entreprise est un acteur économique très utile à la communauté, qui ne pourra qu’être encouragé et bénéficier d’un statut particulier dans la gestion de l’entreprise dont il est à l’origine.

 

Faisabilité de l’entreprise autogérée

 

Les paragraphes précédents montrent qu’aucun problème technique rédhibitoire ne se pose, aussi bien du point de vue du statut que de celui du financement ou de la gestion. L’entreprise autogérée n’a rien d’utopique et est parfaitement viable, elle présente même de nombreux et importants avantages par rapport à l’entreprise capitaliste. Elle est en elle-même révolutionnaire car fondée sur une approche socio-économique radicalement différente de l’approche capitaliste, mais son instauration n’implique pas nécessairement pour autant des changements profonds dans le système capitaliste lui-même. Elle peut parfaitement se greffer sur le système socio-économique capitaliste actuel sans pour autant nier totalement le droit de propriété d’entreprise qui peut toujours s’exercer au niveau des entreprises capitalistes. L’entreprise autogérée n’appartient à personne, donc à fortiori pas à l’État, elle n’est pas financée par des fonds gouvernementaux mais par une libre épargne ; il serait mal venu pour les idéologues capitalistes libéraux de la critiquer au nom de la libre concurrence et de la libre entreprise car, contrairement à l’entreprise capitaliste soumise à la loi du profit, elle est réellement libre et démocratique.

 

Contrairement à d’autres projets socialistes impliquant un changement radical et immédiat de la base économique capitaliste, l’entreprise autogérée peut parfaitement coexister avec l’entreprise capitaliste y compris sur une base concurrentielle ; elle offre donc l’avantage de se présenter en tant qu’alternative immédiate, dépendant d’une seule volonté politique. C’est un projet parfaitement adapté à un mouvement social avide de démocratie, et on ne voit pas bien quels arguments convaincants un gouvernement pourrait-il trouver pour rejeter une telle avancée économique ; il serait au contraire très intéressant pour tout le monde de tester ce genre d’entreprise, de pouvoir comparer en situation de concurrence l’entreprise capitaliste soumise à la loi du profit, et l’entreprise autogérée fonctionnant selon des pratiques démocratiques.

 

Le problème de la faisabilité de l’entreprise autogérée n’est pas d’ordre technique mais apparaît d’ordre politique et conjoncturel. On vit dans un système socio-économique capitaliste soumis à la nécessité d’accumulation et de croissance du capital privé, ce type d’entreprise est étranger à ce système, il lui serait même concurrent. Dans nos pays « développés », cette revendication est politiquement difficilement compatible avec une phase de croissance du capitalisme comme par exemple celle des trente glorieuses, car la conjoncture positive pour les salaires et l’emploi y rend difficilement acceptable l’idée d’un changement dont la masse des travailleurs ne peut que difficilement voir l’intérêt profond. En situation de « crise molle » telle que nous la connaissons depuis la fin des trente glorieuses, pour tenter d’éviter l’aggravation de la détérioration économique et sociale une des priorités essentielles des gouvernements est d’assurer les profits et la croissance du capital privé ; il apparaît alors difficilement imaginable que les dirigeants acceptent le principe d’une nouvelle forme d’entreprise qui pourrait prendre des parts de marchés si importantes pour la croissance du système capitaliste [8], d’autant plus que dans ce type de période les organisations ouvrières semblent se limiter essentiellement à des revendications défensives et ne s’intéresser guère à la recherche de solutions réellement alternatives. En fait cette revendication pourrait surtout vraiment montrer sa pertinence dans une phase d’aggravation de la crise, elle pourrait dans ce cas parfaitement devenir un mot d’ordre syndical, citoyen, et même politicien, porteur de réelle alternative. Si la crise s’aggravait fortement et se doublait de grosses difficultés du système financier, voire même de son effondrement, on pourrait alors concevoir que face à l’avalanche des faillites d’entreprises, et bien sûr sous la pression sociale habituelle à ce genre de situation, un gouvernement soucieux de relancer l’économie pourrait trouver tout avantage à accepter leur transformation en entreprises autogérées, tout comme il pourrait aussi avoir tout avantage à remplacer le crédit capitaliste, alors défaillant, par le crédit social.

 

L’entreprise autogérée, premier pas vers l’autogestion généralisée

 

Si l’entreprise autogérée est une avancée démocratique importante, et si on peut parfaitement concevoir son existence dans le cadre du système socio-économique capitaliste, elle peut aussi être conçue comme élément majeur d’un système socio-économique nouveau. Sa généralisation permettrait de libérer l’économie de la contrainte de la loi du profit et des conséquences négatives qu’elle induit dans le système socio-économique, elle aboutirait à l’abandon de l’entreprise capitaliste et à l’abolition du privilège des revenus de l’argent. On pourrait alors enfin connaître un système socio-économique :

 

- où la spéculation financière serait devenu impossible
- où le privilège de la richesse, permettant l’enrichissement grâce aux revenus de son argent, serait aboli,
- où l’exploitation systématique de l’homme, par l’argent et celui qui le possède, ne deviendrait plus qu’un souvenir,
- où l’économie ne serait plus au service du capital, mais à celui de l’humain,
- où le développement économique ne serait plus soumis à une absurde logique de croissance absolue, mais pourrait enfin devenir durable,
- où les gouvernants ne seraient plus soumis aux pressions et contraintes des lobbies de l’argent et du marché capitaliste, et pourraient enfin gérer le pays dans le sens de plus d’égalité économique et de respect de l’écosystème, dans le sens de plus de bien-être équitablement partagé.

 

Michel Lasserre (01/2002)

 

——————————————————
[1] http://m-lasserre.com/textes/democratie.htm
[2] Cf « Vers le socialisme autogéré … » : http://www.m-lasserre.com/vlsa/vlsa.htm
[3] Id. (1) .
[4] Id. (1) .
[5] Le programme du Parti Social-Démocrate allemand de 1891, corrigé par Engels, soulevait déjà ce point. « Le parti social-démocrate n’a rien de commun avec ce qu’on appelle le socialisme d’état, avec le système des exploitations par l’état dans un but fiscal, système qui substitue l’état à l’entrepreneur particulier et qui, par là, réunit en une seule main la puissance de l’exploitation économique et de l’oppression politique ». (Critique des programmes de Gotha et d’Erfurt, Marx Engels, éd.sociales).
[6] Id. (1) .
[7] Id. (1) .
[8] Ce qui ne serait d’ailleurs pas si évident à démontrer : d’une part l’entreprise autogérée drainerait une partie de l’épargne qui ne s’investirait plus dans la finance capitaliste, ce qui diminuerait d’autant la croissance de la masse globale du capital financier donc ses exigences de croissance du marché capitaliste; d’autre part, pour sa production, l’entreprise autogérée pourrait utiliser les services d’entreprises capitalistes, et créer ainsi une extension de leur marché.

dimanche, 11 décembre 2011

Brüsseler Tauziehen im Nebel: CIA unterwandert den Spiegel

Brüsseler Tauziehen im Nebel: CIA unterwandert den Spiegel

John Lanta

Europa ist gespalten. Hauptsächlich Großbritannien und Ungarn wollten nicht mitziehen, als es gestern Abend darum ging, minimale Stabilitätsklauseln in die EU-Verträge einzufügen. Schweden und die Tschechische Republik müssen ihre Parlamente befragen. Die 17 Euro-Länder und sechs weitere EU-Staaten wollen nun einen gesonderten Vertrag schließen, eine juristische Gratwanderung. Noch zwei wichtige Ergebnisse: Die ESM-Machtergreifung kommt mit einer Übergangsphase schon ab Juli – und die so genannten »privaten Gläubiger«, also unsere Bankster, müssen keine Schuldenschnitte mehr befürchten. Das Presseecho ist geteilt, grundsätzlich eher positiv – das war zu erwarten.

Es kam, wie es in diesen Krisenzeiten immer kommt in Brüssel oder wo immer die Regierungsspitzen zusammensitzen: Erst grummelt es unter der Decke – dann, wenn alle beisammen sitzen, kocht der Ärger richtig hoch. Gestern früh sorgte Luxemburgs altes EU-Schlachtross und Regierungschef Juncker für den Eklat. Neben Eurobonds und ultraweichen Bedingungen für Zahlungen aus dem ESFS-Topf (»European System for Financial Supervision« – umgangssprachlich: Euro-Rettungsschirm) an notleidende weil unseriöse Schuldner ging es auch um eine Bankenfunktion des vorverlegten ESM[i]. Der »Europäische Stabilitätsmechanismus« könnte dann direkt bei der EZB Geld leihen und an Banken und/oder Staaten weiterreichen. Dies alles waren Punkte, die Bundeskanzlerin Merkel und Frankreichs Präsident Sarkozy ausdrücklich nicht wollten, die Bankenfunktion des ESM ist inzwischen vom Tisch. Stattdessen wird der IWF stärker herangezogen – allerdings mit Geld aus der Eurozone, die Rede ist von 150 Milliarden, dazu weitere 50 Milliarden aus den zehn Ländern der Rest-EU, einzuzahlen in bilateralen Verträgen durch die jeweiligen Notenbanken.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/deutschland/john-lanta/bruesseler-tauziehen-im-nebel-cia-unterwandert-den-spiegel.html

 

Au secours, la germanophobie est de retour

Jacques_Cordonnier_Alsace_d_Abord.jpg

Au secours, la germanophobie est de retour

par Jacques Cordonnier, président du mouvement Alsace d’Abord


STRASBOURG (NOVOpress) – Ex: http://mbm.hautetfort.com/

Les socialistes Hamon et Le Guen, imités par un Montebourg que l’on a connu mieux inspiré parlent d’un nouveau « Munich », et du retour de l’esprit prussien et guerrier d’un Bismarck. Et selon Marine Le Pen, Berlin voudrait nous mener à la schlague. Rien de moins ! De telles outrances disqualifient leurs calamiteux auteurs.

L’Union européenne et l’euro connaissent d’indéniables difficultés ; chaque pays est par conséquent tenté, pour des raisons de politique intérieure ou d’idéologie, par les solutions simplistes et démagogiques de retour en arrière souvent qualifiées à tort de « souverainistes ».

Mais que serait donc cette souveraineté d’opérette sans ses véritables attributs, la puissance et l’autonomie ? Que pourrait donner le repliement sur des États-nations étriqués à l’heure des grandes puissances continentales ? (Chine, Inde, les deux Amériques…)

Il est certes possible de se questionner sur les conditions de fonctionnement d’une monnaie bâtie sans véritable contour politique. Il est possible de condamner les dérives tentaculaires et centralisatrices d’institutions européennes qui manquent autant d’un fondement démocratique que d’une perspective historique. Il est loisible de discuter de diverses conceptions d’un devenir européen, plus ou moins fédéraliste, préservant ou dépassant les nations existantes.

Comme tous les régionalistes identitaires du mouvement Alsace d’Abord, j’ai mon point de vue sur ces questions, et il ne surprendra personne que notre désir aille vers un véritable fédéralisme européen, source d’équilibre, d’indépendance et de puissance. Sur nos conceptions, le débat est ouvert : nous le sollicitons même.

Le gouvernement allemand souhaite que des pays de la zone euro mettent de l’ordre dans leurs affaires avant de garantir leurs dettes ; le gouvernement français désire aller plus vite pour parer au plus pressé. Ce sont deux positions différentes, qui peuvent être analysées, acceptées ou combattues.

Mais que cette divergence serve de prétexte à ranimer les caricatures qui ont fait tant de mal aux enfants de l’empire carolingien, je ne puis l’accepter. Et pourquoi pas après la caricature, l’injure, et après l’injure la menace, et après la menace le conflit ? A cet égard, l’Alsace a été aux premières loges, à trois reprises ! Plus jamais cela !

Comme le rappelait l’historien Dominique Venner, lorsque la France et l’Allemagne sont ensemble, l’Europe est grande. Lorsque nos pays s’affrontent, alors le lointain étranger l’emporte, et notre civilisation cède le pas.

Messieurs les socialistes, Madame la candidate, pour obtenir quelques attentions des médias, tout ne vous est pas permis. Pas la relance des démons germanophobes en tout cas. Nous aurons une longue mémoire de vos indignes propos.

Le capitalisme en crise a besoin d’un conflit militaire majeur

Le capitalisme en crise a besoin d’un conflit militaire majeur

 

Pourquoi la CriseEx: http://mbm.hautetfort.com/

Pour Jean-Loup Izambert, journaliste indépendant et écrivain, qui publie son septième ouvrage (1) sous le titre de Pourquoi la crise ? aux éditions Amalthée, la crise du capitalisme est devenue totale. Contrairement aux déclarations de certains économistes et politiciens, il affirme qu’il n’y aura pas de sortie de crise. Pour l’auteur de la seule investigation journalistique sur les origines de la crise(2), le système capitaliste ne peut survivre que par la guerre. Quelle alternative pour les peuples ? Entretien.

Geostrategie : Vous démontrez dans votre livre Pourquoi la crise ? que le capitalisme ne peut plus supporter la démocratie parlementaire avec laquelle il s’est développé. Sommes-nous à un point de rupture avec ce système et les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité ?

Jean-Loup Izambert : C’est évident. Pourquoi et quelles données changent par rapport aux dernières décennies ? Dans ce système les grands propriétaires privés de l’économie contrôlent l’économie et tentent de l’imposer par tous les moyens comme régime aux peuples de la planète, y compris par la guerre. C’est ce qu’ils ont toujours fait avec la seule préoccupation de s’enrichir et de faire main basse sur les richesses des peuples au seul profit des sociétés transnationales qu’ils dirigent. Mais parvenu au stade de l’impérialisme, période actuelle du développement du capitalisme, les grands possédants ont besoin d’un pouvoir politique qui leur soit totalement dévoué pour protéger et accroître encore la concentration des richesses qu’ils cumulent. Il faut bien comprendre qu’il s’agit pour eux d’une question de survie, de rester maîtres du pouvoir et bien sûr de leur privilèges. L’une des contradictions qu’ils doivent gérer vient justement du fait que l’accumulation du Capital et la concentration des richesses qu’ils sont contraints de perpétuer sous peine de perdre pouvoir et privilèges implique aujourd’hui des centres de décisions de plus en plus fermés, dans l’entreprise comme dans la société. Or, cette tendance à la centralisation va à l’inverse de mouvement des sociétés qui pousse vers plus d’ouverture, de démocratie, de participation, de culture notamment avec le développement des sciences et des techniques.

Geostrategie : Quels faits caractérisent aujourd’hui cette concentration des richesses ?

J-L.I. : Aujourd’hui 200 sociétés transnationales contrôlent plus de 23% du commerce mondial et 1% des plus riches détient plus de 57% des richesses produites. L’augmentation des richesses conduit-elle à l’enrichissement des peuples ? Non. Au niveau mondial 103 200 personnes, pour la plupart propriétaires privés de l’économie, détiennent un patrimoine financier de plus de 30 millions de dollars, hors résidence principale et biens de consommation. Mais, si l’on se réfère aux statistiques de l’Organisation des Nations Unies, plus de 80 pays ont aujourd’hui un revenu par habitant plus bas qu’il y a dix ans. D’une part les peuples prennent de plus en plus conscience qu’ils ne profitent pas de l’augmentation des richesses produites, que plus les richesses se concentrent entre quelques mains plus la misère s’accroît dans les sociétés mais également que ce phénomène touche aujourd’hui le cœur même de l’Occident capitaliste qui s’en croyait à l’abri. Selon les chiffres du fisc étasunien, à la veille de l’aggravation de la crise 60 millions de personnes « vivaient » aux Etats-Unis avec moins de sept dollars par jour. Bien que dissimulée par les médias qui appartiennent aux milliardaires, la situation est analogue dans la petite Europe de Maastricht de 20 millions de chômeurs où 80 millions de citoyens – soit quand même 16% de ses 495 millions d’habitants – courent un risque de pauvreté, 17 millions sont répertoriées comme « très pauvres » et 70 millions d’autres n’ont pas accès à un logement décent selon les propres statistiques publiées par la Commission européenne et d’autres organismes « européens ». Dans ce contexte, les grands possédants de l’économie ont besoin de faire courber la tête aux peuples pour maintenir leur système d’exploitation.

Les dirigeants bourgeois organisent le déficit des nations

Geostrategie : Comment le pouvoir politique favorise-t-il ces grands propriétaires privés de l’économie ?

J-L.I.: De différentes manières. Cela va du vote de lois en faveur de la grande bourgeoisie, à une complicité évidente avec le système d’évitement fiscal qui appauvrit la collectivité jusqu’au vote de crédit pour des guerres régionales dans lesquelles vous voyez apparaître et se développer des Sociétés Militaires Privées (SMP) liées aux armées et services occidentaux et financées par les Etats et leurs transnationales. Les provocations répétées à coups de campagnes médiatiques contre la Fédération de Russie, la République Populaire de Chine, la République Islamique d’Iran ou d’autres mais aussi le soutien à des dictatures comme en Irak après avoir ravagé le pays par la guerre, dans plusieurs pays d’Afrique ou l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan sont des illustrations de la tentation totalitaire du capitalisme. L’actuelle présidence française, son Premier ministre et son gouvernement sont au diapason de ce qui se passe dans tous les pays capitalistes sans exception : atteintes répétées aux libertés, vote de lois en faveur des grands possédants, réduction du rôle des assemblées élues – par exemple, avec la volonté de tenter de supprimer les communes ou les départements en France ou en réduisant le rôle du Parlement -, « dépénalisation du droit des affaires » qui a pour conséquence de laisser faire le pillage de la nation par les grands propriétaires privés de l’économie, retrait du rôle de l’Etat dans ses fonctions essentielles de la santé, de l’éducation, du logement, du développement économique et de l’emploi, engagement dans des guerres et occupations de pays contre l’intérêt des peuples.

Geostrategie : La dégradation de la situation économique ne dépend donc pas seulement de la crise comme les médias de masse tentent d’en accréditer l’idée ?

J-L.I. : Comme je l’ai dit, la crise est liée à la nature même du capitalisme. Elle prend une ampleur que n’a jamais connue le système alors que le pouvoir politique n’a cessé de border son lit. Par exemple l’actuel président français s’était engagé lors de sa campagne électorale à mettre en oeuvre une politique de plein emploi. Mais l’explosion du chômage et de la misère que nous connaissons aujourd’hui n’est pas le fait de la seule crise. Bien avant que celle-ci ne se manifeste brutalement, le gouvernement français UMP, à peine installé, procédait déjà à la suppression de dizaines de milliers d’emplois dans la fonction publique sur plusieurs années tandis que les dirigeants de grandes sociétés privées en programmaient la liquidation de centaines de milliers d’autres dans tous les secteurs d’activité. Cette politique au service de la concentration du Capital n’est que la continuité des précédentes politiques menées par les gouvernements de droite comme de gauche. En fait le rôle de l’Etat bourgeois se borne à protéger les intérêts des grands possédants contre l’intérêt général avec pour conséquence l’aggravation du déficit budgétaire, l’endettement de l’Etat et une misère grandissante pour le plus grand nombre. Un exemple : les sociétés transnationales qui auraient dû payer plus de 33 milliards d’euros d’impôts pour la seule année 2006 en ont réglé 6,1 milliards avec la bénédiction de l’Etat ! Dans le même temps, ces entreprises qui ne créent pratiquement pas d’emplois, organisent des plans de licenciements, exportent une partie de leurs bénéfices pour échapper à l’impôt ont reçu de l’Etat 65 milliards d’euros d’aides de toutes sortes et bénéficié de milliards d’euros d’exonérations fiscales. Pour vous donner une idée, sur deux années, cela représente environ 130 milliards d’euros soit pratiquement l’équivalent du budget annuel européen pour la période 2007-2013 ou le montant du déficit record du budget de la France fin 2009 contre 56,3 milliards en 2008. La dette publique de la France atteint aujourd’hui des sommets en se situant, selon l’INSEE, à 1413,6 milliards d’euros pour le premier trimestre 2009 soit 72,9% du Produit Intérieur Brut (montant des richesses créées dans un pays sur une année entière). De même, l’Etat et les dirigeants des grandes sociétés privées doivent des milliards d’euros à la Sécurité Sociale qui ont déjà été payés par les salariés aux entreprises et les consommateurs mais ne sont toujours pas reversés à l’organisation de solidarité nationale par le grand patronat. Voilà comment le gouvernement organise les déficits. Quand le Président de la République et les ministres de l’Intérieur qui se succèdent affirment « qu’il n’y a pas de zone de non droit » en ciblant la jeunesse amputée d’avenir qui se révolte, ils se moquent ouvertement du monde. Les premières zones de non droit se situent au sein même de structures de l’Etat et elles sont le fait de leur politique qui conduit le pays à la ruine ! Ce n’est qu’un aspect qui explique aussi la violence du système vis-à-vis de toutes les résistances qu’il rencontre et de celles qui en découlent de manière plus générale dans les rapports sociaux.

Geopolitique : La violence est donc liée à la fin du système ?

J-L.I. : Oui, un peu comme les derniers sursauts d’une bête blessée à mort. Elle se manifeste par le rejet brutal de millions d’hommes et de femmes du système de production, leur mise à l’écart de la vie sociale, du logement, de la santé, de la culture. Elle se manifeste également par la destruction de pans entiers de l’économie, de régions et de pays comme en Yougoslavie, en Irak, en Palestine, en Amérique centrale ou en Afrique où les derniers « rois-nègres » ne doivent leur trône qu’à la corruption débridée de transnationales et, parmi d’autres, au pouvoir élyséen. Le capitalisme est un système criminel qui a fait la prospérité d’une caste de milliardaires sur la mort de centaines de millions d’êtres humains, sur les souffrances les plus atroces des peuples sur tous les continents par la famine, la surexploitation, le colonialisme, la guerre. Et cela continue. Au moment où nous parlons, selon les chiffres de l’Organisation des Nations Unies, une personne meurt de faim – « seulement » de faim, épidémies et guerres non comprises – toutes les quatre secondes. Dans le même temps les dirigeants occidentaux en sont à faire payer les paysans par les contribuables à coups de primes pour mettre leurs terres en friches, à détruire des pêches entières par des règlements imbéciles décidés par les bureaucrates de Bruxelles. Et au moment où nous parlons ce sont plus de 350 millions d’enfants de 6 à 17 ans qui sont surexploités par les transnationales capitalistes sur tous les continents dans presque tous les types d’industrie, de l’Asie aux Etats-Unis(3). Si ce n’est de la violence et de l’égoïsme, qu’est-ce donc le capitalisme ?!

Une exigence de destruction

Geostrategie : Dans votre livre vous rapportez le témoignage de plusieurs intervenants de différents milieux et pays dont certains évoquent une crise totale contrairement aux précédentes. Quels changements avec les crises précédentes ?

J-L.I. : Effectivement la crise est presque mondiale par le fait qu’elle touche tout le système capitaliste. Des pays comme la Fédération de Russie, la République Populaire de Chine, Cuba, le Venezuela révolutionnaire du président Hugo Chavez, le Brésil, la République démocratique du Vietnam ou d’autres comme la République Islamique d’Iran sont moins touchés car ils sont, pour des raisons diverses – historiques, politiques, culturelles, économiques – moins imbriqués dans le système capitaliste, ses réseaux commerciaux, bancaires et financiers. Jusqu’à présent nous devions faire face à des crises conjoncturelles du capitalisme, des périodes où la concentration du Capital s’accélérait brusquement en mettant en difficulté momentanée des monnaies, des économies, des pays. Face à cette situation inédite il était important que je donne la parole à des intervenants de différents milieux tous concernés par la banque, la finance, l’organisation d’entreprise et de la société. Quelques français comme le Président du groupe Crédit Agricole Société Anonyme, un commissaire aux comptes ou un important cabinet d’avocats d’affaires parisien ont refusé de débattre de la situation et de répondre à des questions portant sur l’évolution de l’activité de leur secteur professionnel dans le contexte actuel. La plupart ont joué le jeu et apportent, comme vous avez pu le lire, une contribution importante à mon travail par leur vécu mais également par leur propre réflexion et leurs travaux. C’est le cas du président Etienne Pflimlin du groupe bancaire mutualiste Crédit Mutuel-CIC, de Pierre-Henry Leroy, fondateur et dirigeant de Proxinvest, l’une des plus importantes sociétés de conseil aux actionnaires, du président Alban d’Amours du Mouvement des Caisses Desjardins, l’un des plus importants instituts financiers du Canada de forme coopérative, d’Hervé Sérieyx, haut fonctionnaire, dirigeant de société, chercheur et conseil en organisation d’entreprise, de Mark Schacter au Canada qui est conseil international en organisation d’entreprise, de l’Institut Canadien des Comptables Agréés faute de trouver un européen qui daigne répondre à de simples questions de droit sur la transparence de gestion et la validité des comptes des transnationales, du réseau SWIFT spécialisé dans les transactions internationales, d’un syndicaliste de la CGT fin connaisseur du monde bancaire ou encore de magistrats comme Jean de Maillard, spécialisé dans les nouvelles formes de criminalité financière, des avocats d’affaires et bien entendu des responsables du mouvement Coopératif international. La rencontre de tous ces acteurs de l’entreprise, de la finance, de la banque, du droit au sein d’un même lieu – un livre -, la transmission aux lecteurs de leur expérience comme de leurs idées et de leurs propres travaux permet de dresser un tableau aussi précis que possible de la situation actuelle pour mieux comprendre les origines et mettre en exergue les responsables de la crise. De même cette démarche permet de mon point de vue de tenter d’esquisser les possibles d’un nouveau mode d’organisation et de gestion économique et social. Ainsi que l’explique Sherron Watkins, l’ancienne vice-présidente de la société étasunienne Enron, transnationale de l’énergie faillie en décembre 2001, la crise du capitalisme est désormais totale. Elle touche tout le système : économie, finance, groupes de surveillance du monde des affaires et institutions internationales, politique, morale et idéologie. La continuité de ce système s’accompagne aujourd’hui d’une exigence de destruction de tout ce qui entrave la concentration des richesses par les grands possédants. Ils appellent cela « déréglementation », « privatisation », « libéralisation » ou « mondialisation » et couvrent la répression, l’esclavage, le colonialisme et la dépendance des mots de « sécurité », « liberté », « droits de l’Homme » n’ayant plus que le mensonge, la tromperie et la falsification pour camoufler la fin de leur système.

Geostrategie : Mais ces pouvoirs sont l’émanation du suffrage universel, du vote des peuples. Si l’on pousse le raisonnement à son terme doit-on en conclure que les peuples occidentaux souhaitent le capitalisme ?

J-L.I. : Effectivement, les peuples occidentaux se sont prononcés jusqu’à aujourd’hui en faveur de représentants du capitalisme, pratiquement sans rien connaître du reste de la nature de celui-ci ni même envisager où ce système les conduit à l’heure actuelle. Prenons l’exemple de la France. En 1981, lors des élections présidentielles puis des élections législatives qui ont suivi, le peuple français a eu l’occasion de choisir entre la continuité du système symbolisée par les partis conservateurs et la rupture que proposait à l’époque le Parti Communiste Français avec le Programme commun de gouvernement des forces de gauche auquel était associé le Parti Socialiste et les radicaux de gauche. Ce Programme commun de gouvernement était lui-même l’aboutissement d’années d’engagement des communistes français pour ouvrir une voie nouvelle dans la construction d’une démocratie avancée. Ce programme venait en effet après plusieurs grandes campagnes nationales du PCF et l’élaboration et la diffusion du propre programme du PCF à des millions d’exemplaires sous le titre de « Changer de cap », programme pour un gouvernement démocratique d’union populaire. Pour la préparation de celui-ci les militants communistes ont mené à l’époque de grandes campagnes d’information, de débats, collecté sur plusieurs mois avec « les cahiers de la misère » le vécu et les espoirs du peuple dans les campagnes, les quartiers, les usines, les universités. Tout cela a permis d’aider les gens dans leurs problèmes quotidiens – par exemple en s’opposant aux licenciements dans des entreprises qui réalisaient des profits ou à empêcher des saisies-expulsions – tout en débattant avec eux des changements à mettre en œuvre pour une nouvelle politique nationale. Au moment du vote, lors des élections présidentielles et des législatives qui ont suivi, une majorité de votants a cédé aux campagnes médiatiques anticommunistes et s’est réfugiée dans le giron du Parti Socialiste. Une fois au pouvoir, celui-ci s’est empressé d’abandonner ses engagements sous la pression de la bourgeoisie et du gouvernement étasunien qui s’opposait à la présence de ministres communistes dans le gouvernement français. Toutes les transformations radicales contenues dans le programme commun de gouvernement, tout particulièrement les nationalisations des secteurs clés de l’économie, le développement de la démocratie et toute mesure qui permettait de rompre avec le système ont ainsi été abandonnées par la « génération Mitterrand ». Démonstration a été faite une nouvelle fois que sans parti révolutionnaire, sans mobilisation et soutien à des propositions de rupture avec le système, il ne peut y avoir de réel changement. Si les mesures préconisées par le PCF avaient reçu à l’époque un large soutien populaire, le cours des choses aurait été bien différent, y compris la question européenne. Du reste, si vous relisez aujourd’hui « Changer de cap », le programme du PCF, ou même le Programme commun de gouvernement de 1972, vous constaterez avec le recul du temps et en regard de la situation actuelle le bien fondé des propositions de l’époque dont certaines ne demandent qu’à être actualisées. Chacun doit donc assumer ses responsabilités face à l’Histoire. Le passage à la construction d’une société socialiste ne peut se faire que sur la base d’un rapport des forces sociales et politiques favorables au peuple et ne peut être que le résultat de sa volonté et de sa lutte. Une trentaine d’années plus tard le peuple français, sans tirer les leçons de ses expériences, continue de voter tantôt à gauche, tantôt à droite sans avoir encore conscience qu’il confie en réalité son pouvoir aux mêmes maîtres de la finance et de l’économie. La politique qu’il vit au quotidien reste par conséquent la même et rien ne change dans l’entreprise, dans la vie économique à laquelle il consacre l’essentiel de son existence. Bien entendu, la situation s’est aggravée au fil des trois décennies qui se sont écoulées depuis 1981 et il commence à payer chèrement sa marche « droite-gauche-droite-gauche » à coups de chômage, d’impôts, de taxes, d’exclusions, de restrictions, de lois liberticides et de guerres. Mais il ne peut s’en prendre qu’à lui-même car c’est en dernier ressort lui qui décide, par ses luttes et ses votes. Souvenons-nous toutefois que l’Histoire a montré que les révolutions ne sont pas prévues dans les calendriers électoraux de la bourgeoisie.

La priorité est à l’action sur des propositions révolutionnaires

Geostrategie : La responsabilité serait-elle uniquement le fait d’un peuple ignorant de la chose politique et de sa propre histoire ou plus préoccupé par ses « petits problèmes » que du devenir de la société et de la planète ?

J-L.I. : Non, bien évidemment. La crise n’incite pas à la réflexion et à l’action. Les médias qui sont la propriété privée des milliardaires par banques et sociétés de communication interposées jouent un rôle important dans la désinformation et l’abrutissement des masses. Le fait qu’un navet comme le film « Bienvenue chez les Chtis » soit élevé au rang de succès cinématographique ou que des foules honorent comme un dieu la mort d’un pantin médiatique comme Michael Jackson qui, en dehors du fait qu’il n’a rien apporté d’essentiel à la musique, se droguait, couchait avec des petits enfants et s’était fait tirer et blanchir la peau pour ne plus être noir en dit assez long sur le niveau culturel d’une frange des sociétés occidentales. Nous sommes bien loin des grands musiciens et chanteurs comme King Oliver, Sindey Bechet, Count Basie, Louis Armstrong, Ray Charles, Otis Redding ou d’autres dont les musiques populaires traversent les générations ! Ce n’est qu’un aspect des conséquences des batailles que se livrent les transnationales étasuniennes, européennes et japonaises pour le contrôle des grands moyens de communication, des groupes de presse aux satellites en passant par les majors du cinéma. Sans doute le peuple sortira-t-il de son hibernation politique lorsque nous passerons de « Qui veut gagner des millions ? » à « Qui va partir à la guerre ? »… Depuis les années quatre-vingt, les dirigeants du PCF ont commis de lourdes erreurs stratégiques. Comme s’ils n’avaient pas compris les leçons du passé, ils continuent de rechercher des alliances électorales avec d’autres partis réformistes au lieu de privilégier des propositions pour éveiller les consciences, organiser de grands débats nationaux sur les questions essentielles et rassembler dans l’action avec audace. Lorsqu’un parti ou un mouvement posera des questions comme « Comment contrôler le système bancaire et financier ? », « Quelle organisation bancaire et financière pour l’économie ? », « Quelles mesures pour la gestion démocratique des entreprises ? » ou « Comment rendre à l’assemblée du peuple sa représentation nationale ? », questions dont les réponses sont essentielles pour s’engager dans une rupture avec le système, alors la société commencera à s’éveiller. Et dans l’immédiat, il ne faut pas compter sur les états-majors syndicaux qui sont surtout préoccupés de canaliser le mécontentement afin d’éviter les grandes colères qui commencent à gronder. Il est particulièrement lamentable de voir des représentants syndicaux négocier la diminution du nombre de licenciés dans des entreprises en pleine santé financière quand ceux-ci devraient non seulement appeler à la lutte pour le maintien et le développement de l’emploi, exiger des licencieurs l’ouverture des comptes de l’entreprise et se battre pour des droits nouveaux afin de participer à leur gestion. Dites-moi un peu à quoi servent les comités d’entreprises quand des salariés découvrent du jour au lendemain des plans de licenciements prévus de longue date ?! Avez-vous remarqué comment le mouvement radical de séquestration de responsables de ces plans de licenciements né à la base a été enrayé ? Ce type d’action très intéressant a pratiquement disparu des journaux télévisés et autres du jour au le demain. Dans l’immédiat, entre des partis dits progressistes sans propositions révolutionnaires et des syndicats au minimum compatissants, le pouvoir des « compteurs de petits pois », pour reprendre la formule d’Hervé Sérieyx, ne pouvait pas mieux espérer.

Geostrategie : Est-ce à dire que la situation est politiquement bloquée et qu’il sera difficile de sortir de la crise ?

J-L.I. : L’idée selon laquelle il pourrait y avoir sortie de crise sans sortie du système qui l’engendre est une hérésie. Autant vouloir soigner une grippe sans tuer son virus. Cette chimère ne vise, une nouvelle fois, qu’à berner le peuple en lui faisant croire que l’avenir sera meilleur s’il accepte de nouvelles mesures antisociales comme par exemple le report de l’âge de la retraite à 65 ans. Ce n’est que la suite logique du « travailler plus pour gagner plus » développé par l’UMP. Il n’y aura pas de sortie de crise pour la simple raison que le capitalisme ne peut plus être aménagé. Vous avez pu remarquer combien les médias des puissances financières se font silencieux tant sur l’origine de la crise, ses conséquences générales et son extension dans d’autres pays. Il faut surtout éviter que les masses prennent conscience de l’ampleur des dégâts comme des responsables de la situation pour mieux les enfermer dans la fatalité et le renoncement à la lutte.

Nous ne sommes plus en démocratie

Geostrategie : Cela signifie-t-il que l’appauvrissement continu de la société va se poursuivre de manière plus brutale au détriment de l’intérêt général et au seul profit des grands propriétaires privés de l’économie ?

J-L.I. : Oui. Nous entrons dans une nouvelle période où le chômage s’accroît de manière considérable et où des millions de citoyens supplémentaires sont écartés du droit de vivre dignement de leur travail, où la collectivité humaine déjà menacée va encore s’appauvrir tandis que le clan des grands propriétaires privés de l’économie va continuer de s’enrichir. Selon le World Wealth Report publié par la banque d’affaires étasunienne Merrill Lynch et Cap Gemini « la croissance de la richesse des grands fortunes financières privées devrait être de 7,7% par an pour atteindre 59100 milliards de dollars à l’horizon 2012 ». Voilà des gens qui sont, eux, dispensés de l’allongement de la durée du travail comme de l’effort national que les gouvernements occidentaux tentent d’imposer aux peuples pour leur faire payer une crise dont ils ne sont pas responsables. Deux options se présentent : la continuité du système et la guerre ou la révolution. La première hypothèse va se traduire par un renforcement du caractère autoritaire du pouvoir politique, dernier stade de l’impérialisme avant la dictature et la guerre, la guerre économique conduisant toujours à la guerre totale. C’est ce à quoi nous assistons en France comme dans la plupart des pays capitalistes. Le pouvoir politique devient plus autoritaire, toutes les libertés sont graduellement réduites sous prétexte de prévention, de sécurité et d’ordre, les assemblées élues sont amoindries dans leur pouvoir de décision et d’intervention, qu’il s’agisse des collectivités, des comités d’entreprise et autres. A ce stade, la bourgeoisie dispose encore des moyens de diviser le peuple en favorisant des « faux-nez » d’opposition comme le Parti Socialiste en France et en introduisant dans la vie politique des courants rétrogrades dont elle sait qu’ils contribueront à jeter le trouble dans la bataille d’idées. C’est le cas du mouvement Vert ou prétendument écologiste qui a germé sur une conséquence du capitalisme – la détérioration de l’environnement humain par les transnationales – et grandit sur son fumier sans remettre en cause le système, les causes profondes de cette détérioration.

Geostrategie : Pourtant le mouvement écologiste dénonce la destruction de l’environnement ?

J-L.I. : Bien sûr et le Parti Socialiste dit vouloir s’opposer à la politique du Premier ministre de Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa. Mais vous pouvez dénoncer tout ce que vous voulez, cela ne gêne nullement la bourgeoisie du moment que vous ne vous en prenez pas à l’essentiel, à la cause, à l’origine de cette destruction : son pouvoir politique et celui des puissances financières, son système et son mode de gestion des entreprises et des sociétés humaines. Le discours de ces écologistes opposés, par exemple, à la maîtrise et au développement de l’énergie nucléaire rappelle ces mentalités arriérées qui accusaient dans les années 1830 les premiers trains à vapeur de répandre la tuberculose dans les campagnes. Quant à la LCR-NPA, quelle que soit ses changements de nom, cette organisation a toujours contribué à diviser et affaiblir le mouvement populaire avec une phraséologie pseudo-révolutionnaire et elle doit être combattue comme telle. Elle est du reste complètement absente des mobilisations ouvrières contre la crise.

La question du Front National

Geostrategie : Et le Front National ?

J-L.I. : Il en va un peu de même pour le Front National qui dénonce les puissances financières mais dont le programme politique n’envisage aucune mesure économique radicale pour mettre un terme à leur domination et contraindre les maîtres de l’économie à rendre gorge. Contrairement aux campagnes de ce parti, ce ne sont pas les immigrés qui sont responsables du chômage. Je parle bien entendu de l’immigration qui vient travailler en France avec une qualification, s’y former dans le cadre de contrats avec des entreprises ou des universités ou y est présente depuis plusieurs génération et non de l’immigration clandestine issue de l’aggravation de la misère qui déserte son combat national pour changer l’ordre des choses. Cette dernière, la plupart du temps inculte, sans formation, analphabète, parfois trafiquante au-lieu d’être parquée dans des camps de rétention aux frais des contribuables devrait être reconduite aux frontières sans atermoiements. Essayez donc comme français de vous rendre clandestinement, « sans papiers », dans un pays d’Afrique ou même en Albanie pour juger de l’hospitalité qui vous sera réservée…Ce qui coûte cher à la France c’est le grand patronat qui attire et utilise cette main d’ouvre bon marché et inculte pour briser le tissu social et les avancées démocratiques qui sont autant d’obstacles à son enrichissement. Et quand cela lui est insuffisant, il délocalise les entreprises, comme le groupe Michelin, pour faire du chômage en France et produire à moindre coût et bien souvent à qualité inférieure dans des pays à la main d’œuvre corvéable à merci. Je le rappelle : 350 millions d’enfants sont actuellement surexploités par les transnationales à travers le monde ! Je rappelle également, puisque personne n’en parle, que le grand patronat français a reçu près de 65 milliards d’euros de subventions de l’Etat tout en bénéficiant de 8,5 milliards d’euros d’exonérations fiscales, de 25 milliards d’euros au titre d’une ribambelle de prêts bonifiés et de la baisse du coût du travail, etc. (4) Dans le même temps l’Etat ne budgétisait que 6 milliards d’euros pour le logement et 5 pour une justice qui se situe déjà parmi les derniers pays d’Europe par son budget !… Ce qui coûte cher à la France, c’est le grand patronat, le chômage qu’il fabrique et son organisation corrompue, le Medef. Le Front National ne reconnaît pas la lutte des classes, condition essentielle du combat pour l’émancipation humaine, raison pour laquelle il ne pourra pas mener jusqu’au bout le combat qu’il prétend mener, ce qui ne veut pas dire qu’il n’aurait pas un rôle à jouer. Mais pour prétendre être « front » et « national » sans doute faudrait-il qu’il se réfère plus à l’avenir qu’au passé dans son discours et ses propositions et que ses militants n’hésitent pas à se trouver aux côtés des travailleurs en lutte pour la défense de leur avenir au lieu de pratiquer un discours antisyndical d’un autre âge. Quand le Front National désignera pour cible le clan des milliardaires qui pille la France au lieu des immigrés qui contribuent à l’enrichir par leur travail, quand ce parti proposera et appellera à la lutte pour nationaliser la haute finance, rendre à la nation ce qui lui appartient, développer la démocratie directe, alors celui-ci commencera à être crédible comme « front national ». Cette logique s’inscrirait d’ailleurs dans la lignée de ses propositions pour une «Europe des peuples » par opposition à « l’Europe des banques ». Pour l’heure il reste enfermé dans un discours anticommuniste, antisyndical, anti-fonctionnaire et s’accroche aux oripeaux du système comme l’église catholique – je parle bien entendu de l’institution et non de la croyance, même si je suis athée – et s’oppose ainsi à tout grand rassemblement national sur des propositions de rupture. Imaginez la force que représenteraient le rassemblement et la mobilisation des organisations – partis politiques, syndicats, associations, etc. – agissant de concert sur des objectifs communs de rupture, chacun conservant, bien évidemment, son identité. Un Front National ouvert, démocratique, aux propositions novatrices, en prise avec la société en lutte pourrait jouer ce rôle de rassembleur. Après chacun prendra ses responsabilités de l’accompagner ou non sur les objectifs en question mais la clarté serait faite dans la société sur qui défend réellement l’intérêt général des français. Pourquoi le Front National ne soutient-il pas les travailleurs qui séquestrent les licencieurs dans des entreprises en bonne santé pour exiger des droits nouveaux dans les entreprises ? Visiblement, les propositions de changement font défaut et se limitent plutôt aux périodes électorales qu’au vécu quotidien des français. Bien entendu le rejet du Front National par la classe politique est injustifiable. Mais pour une part, il porte la responsabilité de cette situation en ne désignant pas les vrais responsables de la crise et en restant enfermé dans un carcan droitier et populiste qui l’empêche, pour partie, de prétendre à devenir national et populaire. Des dirigeants trop souvent issus de partis bourgeois ou à « l’idéologie de reclus » s’identifient par leur propos et leur image plus aux forces du passé qu’à une force porteuse d’avenir et de changement radical. Même si aucune perspective de changement réelle n’existe à l’heure actuelle, la grande bourgeoisie est très préoccupée par la réduction de son assise populaire. Plusieurs faits en attestent comme ses tentatives répétées de faire voter plusieurs fois les peuples ou de remplacer un vote populaire sur des questions qui engagent toute la nation par celui du Parlement lorsque leurs votes ne lui conviennent pas, la tentative de se fabriquer des circonscriptions sur mesure, etc. Nous ne sommes plus en démocratie…

Les forces vives de la nation absentes du Parlement

Geostrategie : …Parlement dont les membres sont pourtant élus par le peuple ?

J-L.I. : Oui, mais les Parlements ne représentent plus vraiment les peuples dans les pays occidentaux et leurs élus nationaux sont de plus en plus coupés des citoyens. Je n’évoque même pas le cas du Sénat français qui est une assemblée inutile et coûteuse qui devra être supprimée afin de renforcer les moyens et l’efficacité de l’assemblée des représentants de la nation. Si vous vous intéressez à la composition de l’Assemblée Nationale française, vous constaterez que sur les 577 députés, ne figure qu’un seul député issu de la classe ouvrière, le député communiste Maxime Gremetz, et un seul salarié agricole, le député des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle qui est technicien agricole. Quant aux artisans, la « première entreprise de France », selon leur slogan, ne compte que deux élus ! Par contre vous trouvez vingt-deux « sans profession déclarée » parmi lesquels dix-neuf UMP, la plupart fils et filles de petits bourgeois, quinze permanents politiques, tous de l’UMP et du PS, qui faute de faire métier ont fait carrière dans la fonction d’élu et n’ont jamais participé aux forces vives de la nation, trente-huit avocats et, toutes catégories confondues, 184 fonctionnaires dont l’essentiel n’est pas représentatif de la fonction publique, exception faite des enseignants qui forme le gros de cette troupe avec les hauts fonctionnaires. Dans les faits, ce Parlement français n’est pas représentatif de la société française dans sa composition socioprofessionnelle. Les forces vives, classe ouvrière en tête, celles qui font le pays et connaissent les problèmes du quotidien, les drames de la vie sont quasiment absentes du lieu où se décident les lois ! Où sont les ouvriers, les marins-pêcheurs, les paysans, les ingénieurs, cadres et techniciens ? Ceux qui font vivre la France dans ce qu’elle a d’essentiel, de généreux, de génie créateur délèguent en masse leur voix et leur pouvoir à de petits bourgeois et à des politiciens carriéristes qui, une fois élus, ont tôt fait de les oublier ! De plus, le mode de scrutin ne permet pas une véritable représentation du peuple. L’Assemblée Nationale française est bien moins démocratique dans sa composition et son fonctionnement que la Douma en Fédération de Russie dans laquelle tous les partis ayant obtenus un minimum de suffrages sont représentés. En France, lors du premier tour des élections législatives de juin 2007, l’UMP s’est attribué 98 députés avec 10,28 millions de suffrages alors qu’il en a fallu 6,43 millions au Parti Socialiste pour en obtenir un seul ! Quant au PCF et au Front National ils n’en obtenaient aucun avec un peu plus de 1,11 millions chacun ! Le propos n’est pas de savoir si l’on est d’accord ou pas avec la politique proposée par ces partis mais de constater que le mode de scrutin ne permet pas une représentation équitable des courants de pensée de notre société. Le second tour de scrutin avec ses alliances opportunistes et politiciennes ne fait qu’aggraver la situation en excluant des millions d’électeurs de leurs choix et de la représentation nationale. Faute de proportionnelle intégrale, un français sur trois n’est pas représenté au Parlement.

Geostrategie : S’il n’y a pas grand-chose à attendre des partis politiques et des assemblées élues, comment les citoyens peuvent-ils modifier le cours des choses ?

J-L.I. : La démocratie est d’abord ce que les citoyens en font. Ils peuvent intervenir auprès des maires des communes, généralement plus accessibles pour changer la donne sur des problèmes locaux mais également auprès des députés pour des questions qui relèvent de la politique nationale. Les citoyens peuvent très bien se grouper et agir sur des objectifs de rupture avec le système – par exemple, refuser tout licenciement dans les entreprises qui font des profits, s’opposer aux délocalisations, exiger la construction de nouveaux logements, l’embauche de professeurs pour les écoles, de personnels pour les hôpitaux, les services postaux, etc. – et obliger leurs élus à s’engager sur leurs revendications, à leur rendre des comptes sur leurs votes dans les assemblées, ce qui ne sa fait pratiquement plus. Mais les questions fondamentales du passage à une démocratie politique avancée et du contrôle des grands moyens de production, de financement et d’échange reste toujours à conquérir. D’une manière générale, de mon point de vue, les luttes sociales demeurent encore bien en retrait dans leur contenu et leur combativité pour faire front aux attaques dont le monde du travail est l’objet. Mais l’entreprise reste le cœur des batailles à venir : c’est là que les salariés doivent agir pour obtenir de nouveaux droits leur permettant de participer à la gestion et de bénéficier des bons résultats auxquels ils contribuent. Dans les faits comme l’explique Hervé Sérieyx dans mon livre, « il s’agit de passer du « personnel-instrument » au service de l’organisation à « l’organisation-instrument » au service des personnes. » Il s’agit de cheminer d’une organisation d’entreprise destinée à gérer la docilité à une organisation qui suscite chez chacun de ses membres le désir d’y devenir un acteur engagé. La route est difficile mais les partis politiques classés habituellement comme « progressistes » ont failli à leur tâche. Il ne suffit pas que le monde capitaliste s’écroule pour qu’une nouvelle société prenne le relais. L’émancipation du peuple sera l’œuvre du peuple lui-même et à ce jour l’absence d’un courant révolutionnaire important fait défaut pour éclairer les citoyens sur des propositions de rupture avec le système finissant. C’est l’outil qui manque pour favoriser cette transformation politique et sociale. Le peuple est égaré, ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas en attente ou demandeur de solutions pour changer la vie.

Des premières mesures d’un gouvernement révolutionnaire

Geostrategie : Quelle seraient les premières mesures que devrait prendre un gouvernement révolutionnaire ?

J-L.I. : Le pouvoir devra immédiatement stopper toutes transactions financières internationales le temps de procéder immédiatement à la nationalisation de la Banque de France et du secteur bancaire et financier, exception faite des sociétés coopératives de banque qui présentent dans leurs principes de critères de gestion démocratiques. L’un des premiers objectifs du nouveau pouvoir devrait également consister à donner de nouveaux droits aux sociétés coopératives, tout particulièrement afin que leurs sociétaires disposent des moyens réels de faire respecter les principes de gestion par les dirigeants quand ce n’est pas le cas. La banque et la finance sont le cœur de l’activité économique et c’est d’abord là que des mesures nationales et radicales doivent être prises avant d’envisager par la suite une action de proposition plus importante au niveau européen et international, à l’ONU par exemple ou par d’autres organisations internationales. De même, il devra formuler dans un second temps des propositions pour changer ces vieux outils du capitalisme (Fonds Monétaire International, Banque Mondiale, Organisation Mondiale du Commerce, etc.) Sur ces points, le gouvernement de Vladimir Poutine de la Fédération de Russie peut permettre d’avancer rapidement puisqu’il est déjà prêt à agir, à proposer et à soumettre au débat des solutions. Il ne faut pas perdre de vue que les mesures qui permettraient d’envisager un avenir meilleur sont également valables pour tous les peuples. Parler de la « réglementation de la vie économique » ou de « réguler les marchés financiers » comme le président français et ses homologues occidentaux en passant sous silence la nationalisation du secteur bancaire et financier ou la gestion démocratique des entreprises, en ne s’attaquant pas aux puissances financières c’est tromper les gens en discourant sur des promesses que l’on est décidé à l’avance à ne pas tenir. Comment peut-on prétendre contrôler et réglementer l’économie sans contrôler et réglementer les banques, le cœur de la vie économique, sans unifier la « comptabilité financière » de l’Etat ?!

Geostrategie : Mais la nationalisation démocratique des banques est une opération difficile qui prendra du temps ?

J-L.I. : C’est l’idée que distillent dans l’opinion les milliardaires avec leurs médias qui ont pardessus tout peur de perdre ainsi la maîtrise de l’économie et leurs privilèges. Dans les faits cette opération qui ne présente pas de grande difficulté sur le plan technique peut aller très vite. L’individu qui aura 1500 euros sur son livret d’épargne comme celui qui possédera 15 millions d’euros sous forme d’actions, d’obligations ou autre garderont chacun ce qu’ils possèdent après la nationalisation. Ceux qui propagent l’idée inverse sont uniquement motivés par le fait d’entretenir la confusion entre nationalisation et confiscation des biens privés pour protéger leurs privilèges. Dans un premier temps, le nouveau pouvoir devra surtout voter des lois favorisant la démocratie dans les entreprises par de nouveaux droits pour la gestion et l’élection des dirigeants sur la base de leur formation, de leur compétence et de leur expérience. Les sociétés coopératives seront des outils précieux pour insuffler la démocratie dans l’économie. Comme vous avez pu le lire, je mets en valeur dans mon livre la contribution importante des sociétés coopératives au mouvement pour la gestion démocratique des entreprises en comparant leurs principes de gestion et leur vécu avec les critères des sociétés classiques ou capitalistes si vous préférez. C’est un chantier immense, ardu et passionnant.

Geostrategie : Qu’est-ce qui changerait si une telle mesure était mise en œuvre ?

J-L.I. : Disons que nous ouvririons la porte de la rupture avec le capitalisme en donnant aux acteurs de l’économie, et en premier lieu à la classe ouvrière et à ses alliés qui font fructifier le Capital par leur travail, des ouvriers des chantiers aux analystes financiers, les moyens de définir et contrôler la marche des entreprises auxquelles ils sont associés, la possibilité de s’intéresser à leur organisation, d’intervenir pour participer à leur transformation. Ce serait le début d’un long mouvement d’émancipation, d’appel aux intelligences, d’appropriation de l’économie par tous ses acteurs au profit de l’intérêt général. Par exemple, concernant les banques, comme j’en fais la démonstration dans mon livre avec l’intervention de spécialistes de la comptabilité des grandes entreprises, aucun contrôle effectif de ces établissement n’est actuellement réellement possible tant les capitalistes jouent sur des procédés extrêmement complexes et subtils pour en établir les bilans, les faire « contrôler », fonder des structures dans des places off shore, éviter l’impôt, spéculer à hauts risques avec des produits financiers ultrasophistiqués. Pourquoi avoir tant de banques qui offrent les mêmes produits financiers quand leur réunion en une seule – exception faite des banques coopératives où se trouvent en germe les principes d’une gestion authentiquement démocratique -, laissant à chacun ce qu’il possède, permettrait le contrôle réel du mouvement des capitaux au profit de l’intérêt général ? Cette nationalisation démocratique accompagnée de la démocratisation des coopératives permettrait à l’Etat de savoir où et comment circulent les capitaux, au profit de qui et de les faire revenir à l’économie réelle sous contrôle populaire. Ce serait un véritable poumon d’oxygène pour la société toute entière quand on sait qu’un niveau mondial les pertes annuelles de recettes fiscales par les gouvernements du monde provenant du seul évitement fiscal – fraude et blanchiment non compris – sont estimées à plus de 255 milliards de dollars.

Geostrategie : Les banques ont déjà été nationalisées ainsi que des sociétés transnationales. Pourtant rien n’a vraiment beaucoup changé à l’époque ?

J-L.I. : C’est exact et c’est la raison pour laquelle j’insiste sur l’aspect démocratique que devront avoir les nationalisations. Il ne s’agit pas de remplacer des dirigeants de droite par des dirigeants de gauche à la tête de ces entreprises pour que ceux-ci les gèrent de manière identique, comme des « compteurs de petits pois », sur la base de seuls critères financiers de profit maximum immédiat avec des hiérarchies bardées de pré carré, des atteintes répétées aux libertés démocratiques, une opacité de gestion et de trucage des comptes incompatibles avec la démocratie. Les dirigeants auront à mettre en œuvre immédiatement les décrets et lois du pouvoir révolutionnaire donnant de nouveaux droits aux salariés pour qu’ils puissent intervenir complètement dans la gestion, mettre un terme au détournement d’une partie des bénéfices par les dirigeants actuels des entreprises des secteurs clés de l’économie, démocratiser toutes les fonctions jusqu’à changer l’entreprise, faire que l’entreprise soit un outil au service de ses acteurs et de son environnement et non l’inverse comme aujourd’hui. C’est une étape décisive qui implique une élévation quantitative et qualitative de la conscience de ses acteurs mais également de l’environnement des professionnels qui l’accompagnent dans sa création et son développement : commissaires aux comptes, auditeurs, experts comptables, etc. Sans cela les nationalisations resteront lettre morte et deviendront, comme nous l’avons connu, des « étatisations ». C’est la raison pour laquelle ces grandes orientations du pouvoir pour aller vers une démocratie avancée doivent s’accompagner de ce que Pierrre-Henry Leroy, fondateur et dirigeant de Proxinvest, la principale société de conseil aux actionnaires, appelle « les petits pas ». Ainsi qu’il l’explique, il faudra initier des réformes plus modestes et locales qui vont dans le bon sens.

Geostrategie : Par exemple ?

J-L.I. : Par exemple d’abord décourager le grégaire et encourager la diversité d’opinion dans les marchés en mettant fin aux conflits d’intérêts des établissements financiers des groupes lors des opérations de marché. Comme le souligne Pierre-Henry Leroy, « ceci impose de recourir à des experts vraiment indépendants et non pas, comme aujourd’hui, payés et nommés par les intéressés. Une définition précise des conflits d’intérêts, des interdictions et des sanctions s’imposent. » Ou encore abolir les règlements qui alourdissent l’épanouissement de l’économie au profit de l’intérêt général, ce qui est d’autant plus facilement envisageable à partir du moment où ses acteurs disposent des moyens légaux et culturels favorisant leur intervention.

La seule issue pacifique à la crise : une révolution nationale et radicale

Geostrategie : Mais les économies étant aujourd’hui très liées d’un pays à l’autre avec la mondialisation capitaliste, pensez-vous qu’il soit possible de tenir tête aux dispositions européennes, aux règlements internationaux et aux pressions qui ne manqueraient pas de s’exercer sur une seule nation qui s’engagerait dans cette voie de rupture ?

J-L.I. : Votre question porte sur un point essentiel : le soutien du peuple à des réformes radicales. Un changement social de cette ampleur ne peut être le fait d’une seule avant-garde, aussi éclairée soit-elle. Si celle-ci est nécessaire pour formuler des propositions, porter le niveau de conscience à la hauteur des mesures indispensables, ouvrir le débat sur les questions essentielles, seul un grand soutien populaire à celles-ci peut permettre de rompre avec la situation actuelle, quelle que soit la voie de transition choisie par le peuple, électorale ou non. Le passage de la République du Venezuela d’un Etat sous domination étasunienne à un Etat démocratique, indépendant et progressiste est l’un des exemples les plus intéressants à étudier de notre époque. Toutes les attaques menées contre le gouvernement révolutionnaire du Venezuela, de l’intérieur par le grand patronat et les éléments conservateurs de l’église catholique et de l’extérieur par les Etats-Unis et d’autres pays avec certaines associations plus ou moins liées aux services étasuniens n’ont pu empêcher le processus de rupture de suivre son cours. Aujourd’hui le pays s’engage sur la construction d’une société socialiste en faisant l’apprentissage d’une authentique démocratie directe. Les secteurs clés de l’économie ont été nationalisés, les capitaux qui s’exportaient dans la poche de gros actionnaires étasuniens sont aujourd’hui injectés dans la modernisation des entreprises et des régions, des dizaines de milliers de coopératives se sont créées dans tous les domaines de l’activité économique et le pays se modernise au profit de ses citoyens. Ce qui paraissait impensable à une grande majorité du peuple se réalise aujourd’hui avec son soutien actif. Pourquoi cela a-t-il été possible malgré les accords régionaux, les règlements internationaux et les pressions de toutes sortes, jusqu’à des tentatives de coup d’Etat orchestrées par les Etats-Unis ? Parce que le peuple a su se constituer une avant-garde révolutionnaire exemplaire en bien des domaines, se rassembler, se mobiliser et le rester sur ses objectifs principaux de transformation politique et sociale radicale. Vos comprenez face à ces succès pourquoi le Venezuela révolutionnaire n’existe pratiquement pas dans les médias occidentaux. Le gouvernement français devrait se souvenir qu’il a plus besoin du Venezuela que le Venezuela n’a besoin de la France.

Geostrategie : Est-il possible de faire une telle révolution nationale et radicale en France ?

J-L.I. : Bien évidemment et c’est même la seule issue pacifique pour sortir de la crise et rompre avec le système actuel. Il est envisageable d’organiser en France le contrôle de toute la vie économique, d’opérer sa « réglementation » en la « débureaucratisant », de faire retourner à l’économie les capitaux que les capitalistes évitent de l’impôt et du développement des entreprises sans qu’il leur soit possible de dissimuler des biens et des revenus. Il n’y a nul besoin d’un appareil spécial de l’Etat puisque les salariés et les directeurs pourraient réaliser eux-mêmes la fusion immédiate de toutes les banques capitalistes en quelques semaines, par exemple sous l’autorité du ministère des Finances avec des congrès de travail réunissant les professionnels, cadres-dirigeants, représentants des propriétaires du Capital, salariés, syndicats, associations de consommateurs, etc. par banque, par région et nationalement. Il est évident que ceux qui s’y opposeraient ou feraient traîner les choses en longueur pour se livrer à des opérations malhonnêtes de dernière minute et entraver le processus de rupture en seraient exclus. Les avantages de la nationalisation du secteur bancaire seraient décisifs pour les PME, les collectivités et le peuple entier qui pourrait ainsi s’approprier les richesses qu’il crée et lui échappent. Un gouvernement qui arriverait au pouvoir avec la volonté de rompre avec le capitalisme ne peut être que nationaliste et radical. Etre nationaliste, cela veut dire donner la priorité à l’intérêt général de la communauté de territoire, de langue et de culture à laquelle on appartient. Concernant les accords régionaux ou internationaux que vous évoquiez, la petite Europe de Maastricht n’est pas un problème puisque pour ceux qui en doutaient l’expérience montre, à moins d’être complètement aveugle, qu’elle n’est qu’une organisation au service des grandes banques et des gros propriétaires privés de l’économie. Elle ne pouvait par conséquent résoudre aucun problème, quel qu’il soit, dans les sociétés qui la composent, qu’il s’agisse d’économie, de social, de culture, de liberté, de démocratie ou de droits de l’Homme. Vous remarquerez du reste que les promesses faite sur cette construction européenne par les dirigeants bourgeois et socialistes sur la fin du chômage, l’ouverture des marchés, le développement des entreprises, la solidarité entre les peuples, les libertés n’ont jamais vu le jour et que c’est même le contraire qui s’est produit. Je dresse dans mon livre un descriptif de la situation de cette petite Europe en m’appuyant sur des documents de synthèse de ses propres organismes peu connus du public. Il apparaît que celle-ci, dont les dirigeants sont si prompts à donner des leçons à d’autres peuples, est en recul sur tous les fronts. Il faut se préparer dès maintenant à construire l’Europe des peuples de Dublin à Vladivostock qui donnera la priorité aux qualités et à l’identité de chaque peuple par la recherche de coopérations mutuellement avantageuses, mettra un terme à la bureaucratie de Bruxelles engendrée par les puissances financières. Cela veut dire rompre avec l’actuelle « construction européenne », avec le traité de Maastricht et ceux qui ont suivi. Etre radical c’est avoir conscience que la classe dominante – la grande bourgeoisie – s’accrochera au pouvoir et à ses privilèges par tous les moyens et que seules des mesures radicales bénéficiant d’un fort soutien populaire permettront de la contraindre à respecter les lois nouvelles, de la renvoyer dans ses foyers et de rompre avec son système.

Le capitalisme a besoin de la guerre pour survivre

Geostrategie : La démocratie est-elle possible dans l’entreprise et tout particulièrement dans des sociétés transnationales à l’organisation complexe ?

J-L.I. : Je montre dans mon livre comment la gestion des sociétés coopératives se distingue – du moins dans celles dont les principes de gestion sont respectés – des entreprises classiques. Les entreprises coopératives sont des exemples de gestion à partir du moment où ses acteurs font respecter leurs critères de gestion par les dirigeants qu’ils élisent. Cela fonctionne dans de grandes banques comme le Crédit Mutuel en France ou le Mouvement des caisses Desjardins au Canada et peut donc très bien se mettre en place dans des PME. Chacun doit avoir conscience de la gravité de la situation car le système a aujourd’hui besoin de la guerre pour subsister. Le général russe Leonid Ivashov a mis en garde à plusieurs reprises contre la volonté des Etats-Unis de déclencher un conflit militaire majeur…

Geostrategie : …Vous voulez dire une troisième guerre mondiale ?

J-L.I. : Je dis « conflit militaire majeur » c’est-à-dire pouvant entraîner rapidement plusieurs pays dans des conflits bien plus graves que la guerre contre l’Irak ou contre la République fédérative de Yougoslavie. C’est du reste ce qu’ont tenté les Etats-Unis en foulant le droit international et en tentant de constituer une alliance de guerre contre l’Irak en passant outre l’ONU. Les Etats-Unis sont en pleine faillite, leur dette financière n’est plus remboursable et ne peut plus qu’être remise. Comme le rappelle le général Ivashov dans mon livre, tout se qui se trouve aux Etats-Unis – industries, immeubles, technologies de pointe, etc. – a été hypothéqué plus de dix fois partout dans le monde et nous sommes au bord d’un krach du système financier international sur le dollar étasunien. Le général Ivashov, qui est vice-président de l’Académie russe des problèmes géopolitiques, estime que « les banquiers mondiaux » en faillite ont besoin d’un événement de force majeure de proportions mondiales pour s’en sortir ». Selon son analyse, « l’importance des événements à venir est réellement épique. (…) Les conflits régionaux comme ceux déclenchés contre la Yougoslavie, l’Irak et l’Afghanistan ne donnent que des effets à court terme. Ils ont besoin de quelque chose de beaucoup plus important et ce besoin est urgent ». Les Etats-Unis et leurs sujets anglo-saxons n’ont pas réussi à entraîner les pays occidentaux dans leur croisade contre l’Irak. Ils tentent aujourd’hui de renouveler leur opération contre l’Afghanistan et la République Islamique d’Iran avec l’OTAN et vont de provocation en provocation pour tenter de renverser le régime légitime du peuple Iranien.

Au nom de quoi l’Occident serait-il à l’abri des guerres qu’il provoque ?

Geostrategie : Est-ce à dire que les conflits régionaux actuels peuvent gagner en ampleur ?

J-L.I. : Malheureusement l’heure est à la guerre et les dirigeants occidentaux en portent la responsabilité. Ils font régulièrement la démonstration de leur recherche d’un conflit majeur, pour sauver leur système en faillite. Ils multiplient les provocations médiatiques, économiques et armées de manière répétée contre plusieurs Etats depuis quelques années. Par exemple, les dirigeants Français mènent des opérations militaires hors frontières contre des peuples (Comores, Afrique, Albanie, Kosovo, Bosnie, Afghanistan, etc.) avec une structure militaire, le Commandement des Opérations Spéciales dont le siège est basé à Villacoublay (Yvelines) en région parisienne, la plupart du temps sans consultation du Parlement. L’armée n’est plus au service de la défense du pays tous azimuts mais des besoins des sociétés transnationales et des guerres étasuniennes. Il semble que le président Sarközy de Nagy-Bocsa n’ait pas compris que le retour en puissance sur la scène internationale de la Fédération de Russie, de la République Populaire de Chine, de l’Inde et de l’Amérique latine et centrale mette un terme aux schémas idéologiques et aux alliances des années soixante-dix. Les français peuvent du reste interpeller leurs députés sur ces opérations militaires en se servant de mon livre puisque celles-ci vont leur coûter en 2009 plus d’un milliard d’euros avec l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan. Aujourd’hui, le mot d’ordre des militants nationalistes et révolutionnaires doit être « Troupes françaises hors d’Afrique ! », « Troupes françaises hors d’Afghanistan ! » L’action doit se développer afin d’entraver par tous les moyens le fonctionnement des troupes d’invasion et les centres nerveux des Etats qui participent à ces opérations militaires meurtrières dans lesquelles périssent de nombreux civils. Le temps de la guerre qui se déroule à plusieurs heures d’avion des capitales occidentales sans répercussions pour l’agresseur est révolu.

Geostrategie : Selon vous ces conflits sont donc susceptibles aujourd’hui d’avoir des répercussions en Occident même ?

J-L.I. : Les occidentaux doivent comprendre que les bombes qu’ils lâchent sur les autres peuples, que l’uranium appauvri que les armées étasuniennes, françaises et anglaises n’ont pas hésité à utiliser en 1991 lors de la guerre du Golfe, puis en Bosnie en 1995, puis encore contre la Serbie en 1999, puis à nouveau contre l’Irak en 2003 avec les conséquences dramatiques pour les êtres humains et l’environnement peut aussi se répandre au cœur de leurs propres villes, de leurs repaires économiques, financiers et militaires. Comme le rapporte le contre-amiral Claude Gaucherand, à l’hôpital pour enfants de Bassorah, en Irak, l’une des plus modernes maternité du monde arabo-musulman avant la guerre, où naissaient 12000 enfants par an, les femmes qui accouchent ne disent plus « fille ou garçon » mais « monstre ou être humain ? » Les cas de leucémie ont été multipliés par 13 et les cancers par 6 en douze ans et ces chiffres ne font qu’augmenter. Il faut également savoir que le plus moderne institut de production de vaccins du Proche-Orient qui fût créé dans les années 1980 par une coopération de l’Irak avec les établissements Mérieux a été détruit par l’ONU et ses envoyés de l’UNISCOM avec des conséquences dramatiques pour les populations et les animaux bien au-delà de l’Irak et de sa région. L’utilisation de telles armes comme le déclenchement des guerres sans consultation du Parlement fait des dirigeants de l’époque des criminels de guerre. Donnez-moi une seule raison qui justifierait que les populations occidentales soient à l’abri des guerres offensives qu’elles laissent financer avec leurs deniers par leurs dirigeants et leurs représentants sans sourciller ? Les bombes ne seraient-elles bonnes que pour les enfants Serbes, Palestiniens, Irakiens, Africains ou Afghans ? Ce temps là est bien fini.

Les fraudeurs ne sont pas à Téhéran mais à l’UMP

Geostrategie : Les politiciens et médias occidentaux parlent de « dictature » et de « révolution manquée » contre le régime de Téhéran, menaçant d’intervenir pour la protection des droits de l’Homme. Quel est votre avis sur l’évolution de la situation en Iran ?

J-L.I. : Premièrement, le peuple Iranien a réélu le président Ahmadinedjad avec une écrasante majorité, bien plus large que celle que le peuple français a donnée au président français lors de l’élection présidentielle de 2006. Permettez-moi de souligner au passage que l’élection du président français ne respecte même pas la loi qui prévoit qu’aucun citoyen ne peut porter de nom autre que celui exprimé dans son acte de naissance, à savoir pour ce fils d’émigrés juifs hongrois, Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa. Visiblement, « de Nagy-Bocsa » est resté de l’autre côté de la frontière du bulletin de vote. Ensuite, je ne pense pas que le président français et son parti, l’UMP, dont une ribambelle d’élus ont vu leur élection annulée dans différents scrutins parce qu’ils avaient triché – Serge Dassault le « jeune » sénateur-maire UMP de 84 ans de Corbeil-Essonne, fabricant d’armes, a été déclaré inéligible pour un an par le Conseil d’Etat et accusé d’avoir acheté des voix ! – soient en mesure de donner des leçons de démocratie électorale à l’Iran. Ils le sont d’autant moins que d’autres élus de l’UMP ont été également déboutés de leur tentative de remettre en cause plusieurs résultats de scrutin au prétexte que ceux-ci ne leur étaient pas favorables. Le parti des fraudeurs n’est pas à Téhéran mais bien en France. L’UMP est d’ailleurs coutumier de «putsch » contre le peuple et la démocratie.

Geostrategie : « Putsch » contre la démocratie, c’est-à-dire ?

J-L.I. : Je rappelle que le 23 mars 1999, les représentants des dix-neuf pays de l’OTAN ont déclenché les frappes aériennes contre la République Fédérative de Yougoslavie sans consultation des parlements. Puis, ils ont violé une nouvelle fois la Constitution française en 2001 quand le Premier ministre « socialiste » Lionel Jospin a, d’un commun accord avec le président UMP Jacques Chirac, décidé de participer à l’invasion et à l’occupation de l’Afghanistan. Depuis les choses n’ont fait que s’aggraver et les opérations militaires extérieures pèsent de plus en plus lourdement dans le budget de l’Etat. J’ajoute que la France participe au soutien de dictatures sur le continent Africain où elle n’a rien à faire et dont elle ne conteste du reste pas les élections de dirigeants, réellement truquées celles-ci. Et voilà qu’aujourd’hui, avec leurs homologues de la petite Europe de Maastricht, ils s’entendent pour faire revoter les Irlandais qui se sont prononcés majoritairement contre le traité de Lisbonne et dont le vote ne leur convient pas ! Et ce sont ces dirigeants français qui ont la prétention de donner des leçons de démocratie à l’Iran ? Ce n’est pas sérieux. Cette réalité n’est que celle d’une classe sociale, la grande bourgeoisie, qui s’accroche au pouvoir par tous les moyens, jusqu’à la guerre, pour sauvegarder ses privilèges

Un fait dont personne ne parle

Geostrategie : Les reproches formulés au gouvernement iranien par les dirigeants occidentaux procèdent-ils de la volonté de chercher un conflit majeur ? S’agit-il d’une opération concertée ?

J-L.I. : Oui. Plusieurs éléments prouvent que nous assistons à une tentative de déstabilisation du gouvernement Iranien réparée de longue date par les services étasuniens avec la collaboration de membres de services occidentaux et sionistes. La stratégie est la même que celle employée pour la prétendue « révolution orange » en Ukraine ou dans d’autres pays comme la Géorgie avec d’autres couleurs et d’autres valets. Vous retrouvez derrière ces « candidats de la liberté » les mêmes associations financées par des annexes des services étasuniens, les mêmes bailleurs de fonds, les mêmes campagnes médiatiques spontanées avec manifestations, pancartes, mots d’ordre en anglais, provocations, etc. Malheureusement les occidentaux, tous particulièrement les étasuniens, les anglais et les français, devront se faire à l’idée que le président Ahmadinejad jouit d’un fort soutien populaire et de la confiance des forces révolutionnaires d’Iran. J’attire du reste votre attention sur un fait dont personne ne parle : ces conservateurs petits bourgeois qui se présentent comme des défenseurs de la « liberté », de la « démocratie » et des « droits de l’Homme » ont tous le même programme politique : « libérer » l’économie. Cela signifie privatiser avec les conséquences qui s’en suivraient pour le peuple, tout particulièrement dans le domaine de l’énergie puisque l’Iran est un grand pays producteur de pétrole. Avez-vous remarqué le silence entretenu par les médias occidentaux sur le programme politique de cette opposition ? Je ferai le reproche aux dirigeants iraniens de ne pas suffisamment mettre en avant les acquis de la Révolution islamique qui a libéré le pays du joug de l’étranger et a permis de consacrer au développement économique et social des capitaux qui partaient auparavant dans la poche des gros actionnaires des sociétés occidentales. La République Islamique d’Iran se modernise, y compris par la maîtrise de l’énergie nucléaire, et contrôle son activité économique au profit de toute la société : voilà ce que ne supportent pas les occidentaux, français compris, dont les milliardaires dirigeants des sociétés transnationales convoitent les richesses et la place stratégique. Il est évident qu’un Hossein Moussavi comme tout autre dirigeant soutenu par les occidentaux permettrait à Israël de poursuivre tranquillement le génocide du peuple Palestinien sans que cette entité ait à répondre régionalement et internationalement de ses crimes. La politique de paix développée par l’Iran s’accompagne forcément d’une dénonciation de la réalité de la politique raciste et belliciste de l’entité sioniste, que cela plaise ou non. Il ne peut y avoir d’aboutissement à plus de soixante années de conflit sans que la réalité des faits soit posée sur la table.

Il est temps d’en finir avec « l’Etat » raciste israélien

Geostrategie : La communauté internationale peut-elle encore jouer un rôle dans le règlement de la question juive au Proche Orient ?

J-L.I. : La communauté internationale n’existe plus depuis longtemps Pour qu’elle existe encore faudrait-il qu’il y ait une volonté politique commune de régler les conflits dans l’intérêt des peuples, ce qui n’est plus le cas, tout particulièrement avec ce que l’on appelle « l’Etat » d’Israël. Le président Ahmadinejad a souligné avec raison, lors de son intervention à la tribune des Nations Unies à Genève le 11 avril dernier qu’ « après la deuxième guerre mondiale, sous prétexte « des souffrances des juifs », un groupe de pays puissants a eu recours à l’agression militaire pour faire d’une nation entière une population sans abri. Ces pays ont envoyé des migrants d’Europe, des Etats-Unis et d’ailleurs pour établir un gouvernement totalement raciste en Palestine occupée. Il est tout à fait regrettable qu’un certain nombre de gouvernements occidentaux ainsi que les Etats-Unis aient entrepris de défendre ces racistes auteurs de génocide. Ils ont toujours soutenu les actes odieux du régime sioniste ou sont resté silencieux face à ces actes ». Tout cela n’est que la triste vérité et nous sommes aujourd’hui confrontés à une peste sioniste qui se répand comme un poison de manière analogue à celles des nazis : pureté de la « race » qui place le juif , « peuple élu », au-dessus de tout autre être humain – et je vous renvoie sur ce point à La question juive écrit par le juif allemand Karl Marx -, implantation de colonies qui répond au besoin d’espace vital à l’image de l’ancien Reich allemand, populations chassées à coups d’interventions militaires, villages rasés, terres spoliées, torture, etc. L’ouvrage de Serge Thion, Le terrorisme sioniste,(5) est sur ce point révélateur de la terreur qui accompagne l’occupation de la Palestine par l’entité sioniste depuis 1947. Israël n’est pas un Etat mais une entité raciste sans frontières définies et sans constitution. C’est l’amie assassine du président Sarközy de Nagy-Bocsa dont l’historien Paul-Eric Blanrue décrit fort bien l’introduction dans l’appareil d’Etat français dans son ouvrage Sarkozy, Israël et les juifs.(6)

Geostrategie : Vous êtes l’un des rares journalistes français à soutenir l’intervention du président Ahmadinejad. Selon vous, le président Iranien n’a fait que rapporter la réalité des faits à la tribune de l’ONU ?

J-L.I. : L’un des rares à le soutenir ? Je ne pense pas. Sans doute dans les salons dorés des capitales occidentales et de l’ONU à Genève – et encore car il y fût applaudi par la grande majorité des participants à la déception des représentants occidentaux. Je renvoie ceux qui doutent de la triste réalité de la Palestine occupée et du racisme de l’entité sioniste à se rendre dans les pays arabes. Je ne parle pas de descendre dans les hôtels cinq étoiles pour l’interview d’une personnalité et de partager le reste de son temps entre le bar et la piscine de l’hôtel comme le font certains journalistes occidentaux. Je parle de vivre avec le peuple, d’aller à sa rencontre, de l’écouter, d’essayer de le comprendre. Ils verront alors que le président iranien jouit d’une grande popularité dans le monde arabo-musulman. Par ailleurs, un rapport de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme qui fait suite à une importante mission d’enquête en Israël rapporte, je cite, « les nombreuses discriminations raciales (…) tant légalisées qu’empiriques, sans aucun fondement de quelque nature que ce soit » qui constituent « une violation à la Déclaration universelle des droits de l’homme, au Pacte international relatif aux droits civiques et politiques, au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et à la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ». Il est évident que si les occidentaux continuent de soutenir une telle entité raciste, ils devront finir par assumer également la responsabilité du génocide du peuple Palestinien et de la guerre qui se prépare. Depuis 62 ans cette entité viole toutes les lois internationales, procède à une véritable épuration ethnique de la Palestine, refuse d’appliquer les résolutions de l’ONU et poursuit sa guerre d’occupation et d’expansion à l’abri du discours trompeur de ses dirigeants. Vous seriez enfant Palestinien et vous auriez vu votre famille décimée sous les bombes sionistes ou chassée de sa terre, pensez-vous que vous continueriez d’applaudir aux rencontres diplomatiques sans lendemain avec un occupant qui piétine la diplomatie et les pactes internationaux jusqu’au sein de l’ONU ? Quant aux dirigeants des pays arabes au pouvoir qui ne sont, exception faite de la Syrie, que des modérés corrompus agenouillés devant les occidentaux, ils portent une lourde responsabilité dans l’extermination du peuple Palestinien et la présence coloniale dans cette région du monde.

Geopolitique : Dans de telles conditions, pensez-vous qu’après tant d’années une solution diplomatique puisse encore être trouvée ?

J-L.I. : En refusant toute véritable négociation pour que la Palestine retrouve l’intégralité de sa terre et ses droits, l’entité sioniste empoisonne la vie politique internationale et diplomatique depuis plus d’un demi-siècle. Ce racisme religieux que les occidentaux et l’ONU refusent de combattre oblige à considérer que la seule alternative qui reste désormais pour en finir avec Israël est la guerre. Que voulez-vous qu’il reste quand des dirigeants refusent de voir la réalité des choses, d’entendre la voie de la diplomatie et donc de la sagesse ? Ainsi que je le rapporte dans mon livre, une mission d’enquête de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme conclut que « le projet politique fondateur de l’Etat d’Israël, l’instauration d’un « Etat juif » est porteur d’une discrimination à l’égard de la population non juive ». Si « l’Etat d’Israël est « l’Etat des juifs » comme le stipule l’article 7 de la loi fondamentale sur la Knesset, alors tout juif qui se trouve en dehors de cet Etat doit être considéré comme immigré. Une liste noire des Etats et sociétés qui commercent avec Israël, fournissent à cette entité du gaz, du pétrole – comme la Fédération de Russie, la Turquie, la Géorgie et quelques autres -, des armes et autres bien de consommation doit être dressée afin de dénoncer publiquement leur participation au massacre du peuple Palestinien et d’organiser un boycott progressif et massif de leur commerce. Il faut ainsi s’opposer comme le font une centaine d’organisations, de partis politiques, d’associations, y compris juives, à l’implantation de la société israélienne Agrexco à Sète et ailleurs en France. Ce n’est qu’un aspect du combat qu’il faut aujourd’hui mener contre cette entité raciste jusqu’à la contraindre à la raison car chaque jour elle vole la vie et la terre des Palestiniens.

Renforcer l’action commune des peuples contre l’impérialisme

Geostrategie : Revenons à l’Iran. Pensez-vous que la République Islamique d’Iran puisse affronter la crise provoquée par les occidentaux ?

J-L.I. : Crise est un bien grand mot. Je parlerai plutôt de nouvelle provocation occidentale et d’ingérence dans les affaires du peuple iranien. Non seulement elle le peut mais elle en sortira renforcée. Il faut savoir qu’ au-delà d’un appareil d’Etat en pleine modernisation, la République Islamique d’Iran dispose de militants révolutionnaires aguerris à la lutte contre les provocations occidentales, d’une jeunesse formée dans les écoles et Universités ouvertes à toutes les couches de la population qui soutient majoritairement le régime contrairement à ce que diffusent les médias occidentaux, de penseurs et d’intellectuels riches de la culture perse, d’une religion avec laquelle la corruption et l’enrichissement personnel contre l’intérêt général ne sont pas compatibles. Il ne faut pas oublier qu’en août 1953 les occidentaux ont eux-mêmes préparé le coup d’Etat pour renverser le régime démocratique de Mohammad Mossadegh afin d’installer au pouvoir la dictature des Pahlavi qui a plongé l’Iran dans un bain de sang. Quelques mois après son installation au pouvoir par les occidentaux, en 1954, un consortium composé de compagnies étasuniennes, anglaises, françaises et hollandaises se mettait en place pour gérer l’exploitation pétrolière de l’Iran au profit des actionnaires des grandes compagnies occidentales. Un véritable pillage de l’Iran s’est ainsi opéré pendant près de vingt-six années de dictature jusqu’à la Révolution islamique en 1978 et 1979. Il est évident que les dirigeants occidentaux entendent aujourd’hui dicter de nouveau à l’Iran sa politique économique tantôt en lui interdisant d’utiliser l’énergie nucléaire, tantôt en le menaçant, tantôt en exerçant des pressions économiques ou en essayant de déstabiliser son régime démocratiquement élu pour imposer une marionnette à leur solde afin de s’approprier ses richesses.

Geostrategie : Mais vous êtes vous-même athée et vous soutenez le pouvoir religieux de Téhéran ?

J-L.I. : Où est le problème ? Notre foi n’est pas la même mais je constate que le régime de Téhéran défend l’indépendance économique du pays, les nationalisations – même si celles-ci doivent aujourd’hui passer à un niveau qualitatif supérieur – et donc la possibilité pour le peuple Iranien d’améliorer ses conditions d’existence en participant plus fortement à la vie économique. On ne peut en dire de même du Vatican ou de l’entité sioniste qui sont deux des principales destinations du blanchiment de l’argent du crime organisé et du commerce des armes, ni des Etats-Unis avec leurs 60 millions de pauvres où la misère, contrairement à la République Islamique d’Iran, est en pleine expansion ! Quant à l’Union Européenne, donneuse de leçon de droits de l’Homme elle devrait commencer par s’occuper de ses 20 millions de chômeurs, de ses 70 millions de citoyens mal logés, de ses 80 millions d’autres qui courent un risque de pauvreté dont « la moitié d’entre eux est dans une situation de pauvreté durable » si j’en crois le Rapport conjoint 2008 sur la protection sociale et l’inclusion sociale de la Commission européenne ! Où sont les droits de l’homme pour ces habitants de la petite Europe ? Par ailleurs, la France a fait le choix de servir de refuge à une organisation armée logée à Auvers-sur-Oise, en région parisienne, qui était, voici peu de temps, classé sur la liste noire des mouvements terroristes du Département d’Etat étasunien et de l’Union Européenne. Elle vient d’en être retirée car les dirigeants anglo-saxons ont réalisé qu’ils avaient besoin de l’instrumentaliser pour développer une grande campagne contre la République Islamique d’Iran. Tout ce qui peut leur servir contre l’Iran révolutionnaire est bon. Il serait du reste intéressant de savoir de qui cette organisation reçoit des fonds et des armes en quantité impressionnante… Le gouvernement français devrait prendre garde. Que n’entendrait-on si l’Iran abritait sur son sol une organisation dont le but avoué serait de renverser le gouvernement français ?! Sans intervenir dans les affaires intérieures iraniennes, je pense que les dirigeants iraniens devraient revoir les conditions des échanges avec les pays de l’Union Européenne, tout particulièrement la France, et choisir des partenaires commerciaux plus fiables et respectueux de l’indépendance des peuples. Cela vaut pour l’Iran comme pour tous les peuples qui se lèvent sur tous les continents et qui doivent, au-delà de leurs croyances différentes, se rapprocher pour agir en commun contre l’impérialisme.

Geostrategie : Le conflit majeur dont vous parlez pourrait prendre des formes nouvelles ?

J-L.I. : Je le pense car les occidentaux semblent oublier qu’il ne peut y avoir de second Hiroshima puisque cela signifierait la fin de l’Humanité. Le président étasunien Obama qui a pris un ton aux relents de guerre froide vis-à-vis de la Fédération de Russie devrait bien réfléchir à changer d’attitude contre le cœur de l’Eurasie. De même, son implication et celle de son administration – CIA, Institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération(7) et Commandement Sud des Etats-Unis (Southcom) – dans le coup d’Etat en juin dernier contre Manuel Zelaya, président démocratiquement élu du Honduras, ne fait que confirmer la poursuite de la politique belliciste et agressive de ses prédécesseurs. Vous constaterez au passage la disproportion du traitement dans les médias français entre le coup d’Etat étasunien au Honduras avec des centaines de morts et des milliers d’arrestations qui n’ont eu droit qu’à quelques toutes petites minutes d’antenne et le coup d’Etat manqué des occidentaux en Iran qui a fait chaque jour l’objet de commentaires aussi faux qu’abondants. Les Etats-Unis ne sont plus en état de dicter leur volonté au monde et leur président va devoir faire front sur le plan intérieur aux déceptions qui vont naître des promesses qu’il a faites pour être élu et qu’il ne pourra tenir. Sur le plan extérieur les guerres qu’il entretient et les nouvelles qu’il cherche à provoquer vont accroître l’endettement et contribuer au processus d’affaiblissement majeur des Etats-Unis et du capitalisme en faillite. Imaginez ce qu’il adviendrait de la société étasunienne dans un tel contexte politique, économique et social si son président noir était victime d’un odieux attentat raciste perpétré par un groupe sioniste ou des miliciens extrémistes blancs ?!… Imaginez ce qu’il adviendrait demain si les images captées par satellite et caméras sur le prétendu attentat contre le Pentagone en septembre 2001 étaient publiées ? Certains responsables du Federal Bureau of Investigation en ont une idée pour avoir fait saisir aux Etats-Unis certaines de ces bandes vidéos…Il est étrange, ne trouvez-vous pas, que cette manipulation et mise en scène hollywoodienne ait échappé aux « yeux du ciel » pour l’un des bâtiments les plus surveillés de la planète ? Sans doute faut-il encore laisser du temps au temps. Les occidentaux ne sont plus les seuls à maîtriser les nouvelles technologies et les peuples à qui ils ont pris leurs familles, leurs terres, leurs richesses, leur espoir, leur avenir n’ont plus rien à perdre. Ces « terroristes » là seront les libérateurs d’aujourd’hui comme l’étaient hier communistes et sans partis dans la Résistance contre le nazisme. A mains nues ou en costume cravate nous devons être à leurs côtés car pour eux comme pour nous, l’avenir c’est aujourd’hui la révolution ou la guerre.

Notes :

(1) Diplômé de l’Ecole des Hautes Sociales, de l’Ecole des Hautes Etudes Internationales et de l’ESJ, Jean-Loup Izambert est un journaliste indépendant qui a également exercé comme conseil en communication politique et communication de crise. Spécialisé depuis les années quatre-vingt cinq dans l’investigation économique, politique et financière, il est notamment l’auteur de plusieurs ouvrages : Le krach des 40 banques (Ed. du Félin, 1998), Le Crédit Agricole hors la loi ? (Ed. Carnot, 2001), Crédit Lyonnais, la mascarade (Ed. Carnot, 2003), ONU, violations humaines (Ed. Carnot, 2003), Faut-il brûler l’ONU ? (Ed. du Rocher, 2004), Les Démons du Crédit Agricole (Ed. L’Arganier, 2005), Pourquoi la crise ? (Ed. Amalthée, 2009)

(2) Lire Résistance, n°56, juin 2009 et le site Internet voxnr.com

(3) Source : Organisation Internationale du Travail.

(4) Source : Rapport sur les aides publiques aux entreprises, Inspection générale des Finances, des Affaires sociales et de l’Administration, janvier 2007.

(5) Le terrorisme sioniste, par Serge Thion, Ed. Akribeia, Paris (disponible ici).

(6) Sarkozy, Israël et les juifs, par Paul-Eric Blanrue, Ed. Oser dire (disponible ici).

(7) L’institut de l’hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération, aussi appelé « Ecole américaine » est un centre d’entraînement et de formation étasunien destiné à former des militaires et commandos pour contrer les forces progressistes et révolutionnaires du continent d’Amérique centrale et latine. Plusieurs chef militaires des dernières dictatures de ce continent soutenues par Washington en sont issus.

 

samedi, 10 décembre 2011

La Russie contre l’Ordre hollywoodien

La Russie contre l’Ordre hollywoodien

Claude BOURRINET

Comme un mauvais scenario de série B, le script diplomatique du camp atlantiste enchaîne les poncifs, les déclarations-types, les formules figées et usées à seule fin de déstabiliser l’Etat russe. Nous avons connu exactement la même rhétorique quand l’Iran a organisé des élections en 2009. On met d’abord en doute l’ « équité » de la campagne. Puis on jette la suspicion sur le modus operandi de l’élection, accusé de secréter une fraude massive. Des « observateurs » sont bien sûr invoqués pour valider ce réquisitoire, même s’ils ne sont pas sur place, et qu’ils sont enrégimentés dans les rangs des adversaires du régime. Bien entendu, tous les chiffres sont, soit fictifs, soit largement gonflés. Qu’importe, puisque les médias occidentaux les reprennent tels quels, sans autre forme de procès. En général, on cite, pour ce faire, des sources qui sonnent bien, où les expressions « droits de l’homme », ou des termes comme « liberté », « démocratie », « résistance » octroient une onction bienpensante. Ces « canaux » sont des entités plus ou moins fantomatiques, siégeant à l’extérieur, dans certains pays leur accordant une hospitalité généreuse, ou bien, sont des blogs parfaitement artificiels, manipulant l’opinion par des informations inventées ou déformées. Le cas est avéré aussi bien en Libye qu’en Syrie. D’un point de vue logistique, il est déterminent que des images de violence, de répression, que des victimes frappent les consciences. On manie alors la synecdoque, cette figure de style qui fait prendre la partie pour le tout. On trouvera toujours quelques excités pour se faire trouer la peau, surtout chez certains islamistes fanatisés, mais il est plus simple de gonfler les chiffres, de filmer en plan resserré des manifestations minoritaires pour faire croire à des protestations de masse, si possible en utilisant le téléphone portable, dont l’effet connote le danger, la clandestinité et un certain héroïsme, bref, le frisson. Ajoutez à cette salade les tremolos, le ton indigné, déclamatoire des journalistes, les injonctions et ultimatums des organismes liés à l’ONU, à l’OSCE, dont on a toutes les raisons de douter de l’impartialité, et beaucoup de dollars versés dans les poches de quelques consciences fraternitaires, et vous avez un bel et bon plan de subversion.

La Russie n’a donc pas échappé à ce machiavélisme, à vrai dire un peu réchauffé. Après avoir injurié, dévalorisé, dénoncé, calomnié, traîné dans la boue un Vladimir Poutine, qui n’a eu que le tort de redresser un pays bien mal en point, et de ne pas recommencer l’ « expérience » Eltsine, qui a vu la quasi disparition de l’Etat et la dilapidation des richesses russes, après avoir montré la paille dans l’œil du voisin quand le camp de Guantanamo, un mode de scrutin ubuesque, la loi du fric roi, la torture délocalisée, des procès expéditifs, un patriot act antidémocratique, et une agressivité permanente désignent la poutre du donneur de leçon américain, sans parler de ses larbins européens, on passe à la pratique. Les élections législatives du mois de décembre ont permis aux trafiquants d’opinions et aux petits comploteurs indigènes de briller dans leurs œuvres. Les ONG, comme Golos, se sont dites harcelées par le pouvoir, des sites internet auraient été bloqués. Puis, on a crié à la fraude, au bourrage d’urnes, sans en apporter la preuve. La seule confirmation de ces accusations est une série de déclarations des libéraux et des national bolchéviques, qui sont des ennemis jurés du régime, et qui se sont alliés dans un combat plus que douteux. Il est au demeurant plaisant de constater combien l’antisémite Limonov est maintenant devenu une star dans les milieux bobos parisiens ; mais il est vrai qu’aux dernières nouvelles, il aurait abandonné sa haine du Juif… Paris vaut bien un pourboire… Bref, pour un journaliste occidental, tel communiqué vaut preuve. Ensuite, on a organisé une petite manifestation, dont on a doublé le chiffre, et cette provocation a bien sûr, comme il est normal quand on a affaire à une agitation illégale, occasionné des arrestations. Des martyrs dans la musette, donc. Enfin, last but not least, quelques personnalités internationales ont réclamé une révision de l’élection, ou, mieux, comme Gorbatchev, dont le seul son du nom provoque en Russie un crachat de mépris, en ont ordonné l’annulation.

Logiquement, on devrait armer quelques terroristes, semer la pagaïe dans la rue, discrédité l’autorité russe. En fait, ce processus destructeur a déjà commencé, puisque plusieurs attentats sanglants ont eu lieu ces dernières années, dont celui de l'aéroport international Domodedovo de Moscou, le 24 janvier 2011, qui a fait plusieurs dizaines de morts.

La guerre est, de fait, commencée. Celle que livrent les services secrets et de propagande atlantistes sur le sol même de la Russie double l’offensive belliqueuse que mène de façon plus ouverte l’empire oligarchique et marchand, sur d’autres théâtres d’opération, comme la Libye, la Syrie, le Liban, l’Iran, la Géorgie… Que la Russie, redressée et restaurée par Poutine, et avec l’assentiment de la Chine, fasse mine de résister, en déplaçant la flotte russe en Méditerranée, ou en activant des missiles nucléaires à Kaliningrad, cela montre que la partie n’est pas encore gagnée pour les champions du gouvernement mondial.

Claude Bourrinet

ex: http://www.voxnr.com/

Notes sur le vol Iran-Air RQ-170

Une intéressante et impertinente analyse (avec toutes les sources de la polémique) sur un événement qui ouvre un abîme de perspective et doit occasionner quelques cauchemars aux techno-stratèges de Washington et de Tel Aviv.

Notes sur le vol Iran-Air RQ-170

L’expression est bien connue  : “the fog of war” (le brouillard de la guerre), signifiant le caractère incontrôlable, insaisissable des évènements dès qu’un conflit commence, dès qu’une bataille est engagée. Toute la planification, les ordres de marche, les plans d’attaque, semblent soudain plongés dans la confusion des forces qui bousculent et basculent l’ordre et le rangement de ce qu’on espérait établi à l’avance.

Aujourd’hui, le “brouillard” n’a pas besoin de “guerre” au sens classique du terme pour se lever, drôlement épais, obscurcir la vérité des choses. La double action du système du technologisme à son extrême de surpuissance et du système de la communication à son extrême de déloyauté possible derrière sa loyauté officielle par rapport au Système (son côté Janus) en sont la cause.

Ainsi en est-il de l’aventure du drone (UAV pour Unmanned Air Vehicle) de reconnaissance US, un RQ-170 Sentinel tombé dans des mains impies (c’est-à-dire iraniennes) ; UAV de “deuxième génération”, en service depuis 2009, utilisé par l’USAF et la CIA, équipés de choses extrêmement avancées (on vous en laisse penser là-dessus) ; tombé dans “les mains impies” dans des conditions indéterminées mais qui pourraient bien être les pires possibles (les Iraniens réussissant à interférer et à en prendre en charge le contrôle de l’UAV pour le faire se poser chez eux avec un minimum de dommages, presque en bon état de marche).

Communication autour de l’histoire d’un RQ-170 perdu

Les officiels US ont beaucoup changé leurs versions de l’événement dès lors que les Iraniens ont annoncé la chose, le 4 décembre. Ils ont varié du simple déni jusqu’à la reconnaissance de l’incident selon des versions elles-mêmes variables. Danger Room, le 4 décembre 2011, exposait à la fois l’incrédulité des spécialistes et des officiels, ainsi que l’habituelle piètre considération pour les capacités des “mains impies”.

 

«For the second time this year, the Iranian government is claiming it forced down a stealthy U.S. Air Force spy drone. Only this time, Iran says it bagged the RQ-170 “with little damage” by jamming its control signal — a potentially worrying development for American forces heavily reliant on remote-controlled aircraft. There are good reasons to question Iran’s story — or at least parts of it. For starters, the earlier claim of a drone shoot-down proved false. Why would this announcement be any more credible? Also, for most U.S. unmanned aircraft, merely jamming the control signal won’t bring them down. Some don’t have control signals at all.»

Depuis le 4 décembre, les évènements se sont précipités, et la confirmation de l’aventure du RQ-170 s’est, si l’on ose écrire, largement confirmée. Le 6 décembre 2011, Russia Today, rapporte la chose, les circonstances supposées, les variations et ainsi de suite.

«Officials in the US are now scrambling over the intel that could fall into the hands of Iran and its allies after a surveillance aircraft originally reported downed over Iran is being revealed as a top-secret stealth drone.

»Though American officials quickly denied that an aircraft crashed at all last week, reports from overseas revealed that an US plane had indeed been flying over Iran. Now officials within the US government are admitting that the craft was actually an unmanned, robotic spy drone equipped with some of the country’s finest technologies and kept under wraps for years.w

»Furthermore, the craft was flying in an intelligence-gathering operation for the CIA, and if its cutting edge technology is examined by enemy forces, some of America’s top secrets could be exposed.»

Experts en damage control

Les 5 et 6 décembre, nombre d’articles ont publié des avis de divers experts US, en général toujours les mêmes, avec Loren B. Thompson en tête (employé par Lockheed Martin, Loren B., alors que Lockheed Martin construit le RQ-170). Rien de grave, dit Loren B., continuez à dormir, braves gens, sur les lauriers de l’inexpugnable génie du technologisme américaniste.

Autre expert optimiste (pour les trésors technologiques du bloc BAO), John Pike, cité dans le Daily Telegraph le 6 décembre 2012 et dans le Los Angeles Times le même 6 décembre 2011. (Cela pour les citations que nous donnons. En fait, ces avis ont été repris et dupliqués à l’infini, toujours les mêmes mots, toujours le même sens.)

«John Pike of the Globalsecurity.org think tank said the Iranians already have all the data on the drone's external shape, “and there is nothing particularly unique about this configuration.” He said the key to America's success with the stealthy aircraft is the fuel efficient engines, which give it the ability to stay aloft for days rather than hours.

»“Are we going to stop flying them? No. Was it a secret we were flying them? No,” said Pike. “Did Iran shoot it down? Probably not. Because Iranian air defences are not very good, and it is a good stealth vehicle. And did Iranian hackers hack into it and bring it down? No. It's just too hard to do.”»

En d’autres termes, rien à craindre… «The cat's already out of the bag with stealth technology. The materials have already been widely disseminated. One little drone isn't going to make a difference either way.»

Il est également précisé de-ci de-là que les experts d’Aviation Week & Space Technology, David Fulghum et Bill Sweetman ne sont pas inquiets, pour de pures raisons techniques. Selon eux, le niveau technologique du RQ-170 est d’ores et déjà dépassé et cela minimise d’autant la perte.

Experts en mode perplexe, ou pire

Il y a une autre chanson, toujours dans le chef des “experts”, identifiés ou anonymes, comme il est de coutume dans le système de la communication. Il y a d’abord l’expert perplexe, celui qui n’ose pas trop s’avancer et qui montre une réelle inquiétude. C’est le cas du très fameux Anthony Cordesman, selon les avis qu’il donne au Christian Science Monitor le 5 décembre 2011.

«The US military keeps a close hold on the technological feats and intelligence-gathering capacities of these drones, but what is clear is that “any stealth technology is remarkably sophisticated in design,” notes Anthony Cordesman, a national security analyst at the Center for Strategic and International Studies in Washington, D.C.

»The question, he adds, is how readily the drone might be reverse engineered. That answer “depends on something we just don’t know: how good the Iranians are at this, and how likely they are to bring in the Chinese, the North Koreans, or others” to deconstruct the UAV and mine it for secrets, Dr. Cordesman says. “Can they activate enough of the sensor data in ways you can actually read to know the limits of the vehicle?” Cordesman asks. “If you have it, how much can you exploit it? Are they going to bring in a third party? Iran is not unsophisticated, but it’s not at the level of technology as China.”

»Just studying the futuristic wedge shape of the RQ-170 – which is designed to more easily penetrate air defenses in a way that the Predators and Reapers can not – could prove helpful for those trying to exploit US military technology. “The shape of any drone device represents an incredible amount of design and engineering,” Cordesman says. So, too, does the coating on the exterior of the aircraft, which increases its stealth capabilities.»

Dans l’article déjà cité du Los Angeles Times, un autre expert, anonyme celui-là, et venant des sphères officielles, et beaucoup plus catégorique : une catastrophe, rien de moins…

«Another U.S. official with access to intelligence said that losing the Sentinel is a major security breach. The official, who was not authorized to publicly speak about the information, wouldn't say how the drone fell into Iranian hands, but confirmed that the downed drone was largely intact. “It's bad — they'll have everything” in terms of the secret technology in the aircraft, the official said. “And the Chinese or the Russians will have it too.”»

La “réponse du berger à la bergère” ?

Le plus intéressant, – pour l’instant, soyons prudent, puisque d’autres nouvelles peuvent venir, – nous vient certainement de ce que nous nommerions “la réponse du berger à la bergère”. Dans Flight Global, le 5 décembre 2011, Stephen Trimble sort un lapin de son chapeau, nommé : Avtobaza, – drôle de nom pour un lapin, pourquoi pas “réponse du berger à la bergère” ?)

Il s’agit d’un système russe de brouillage et de contre-mesure électroniques, tout nouveau tout beau, excellent en performances d’interférences dans les systèmes offensifs du bloc BAO, notamment les UAV… Or, nous dit Trimble, les Russes viennent de livrer un système Avtobaza aux Iraniens ; voit-on la connexion et commence-t-on ainsi à reconnaître le lapin sorti du chapeau, sous son nom de “réponse du berger à la bergère” (par exemple, de la part des Russes, par rapport aux projets anti-missiles US qu’ils dénoncent avec tant de véhémence ?

«The original reports that Iran “shot down” a Lockheed Martin RQ-170 Sentinel appear to be misleading. Iranian news agency reports credited the army's electronic warfare unit with bringing down the UAV, but apparently in a way that limited the amount of damage on landing or impact.

»Only six weeks ago, Russia announced delivering the Avtobaza ground-based electronic intelligence and jamming system to Iran. Most Russian weapons exports to Iran are blocked, including the proposed transfer of the S-300 surface to air missile system. But there is a key difference between a SAM battery and a jamming system. The S-300 can vastly complicate a strike on an Iranian nuclear site at Natanz or Qoms. A jamming system, such as the Avtobaza, is unlikely to be used to defend such a site because it could interfere with the radar of the S-300 or the Tor-M1 SAM battery.

»The Avtobaza, moreover, is designed to jam side-looking and fire control radars on aircraft and manipulate the guidance and control systems of incoming enemy missiles. It would be the perfect tool to target and perhaps infiltrate the communications link that allows a UAV to be controlled from a remote location.»

Cette affaire-là (Avtobaza versus RQ-170) est la plus sérieuse dans les commentaires divers, parce qu’elle ouvre un nouveau champ d’interrogation. Il s’agit des capacités iraniennes de défense antiaérienne en général, dans tous les cas dans le champ électronique qui est le domaine favori du bloc BAO, tout cela en cas d’attaque de l’Iran par le susdit bloc.

La version sophistiquée

…D’où une dernière version, la plus sophistiquée et la plus alarmiste. Elle vient de DEBKAFiles, le 6 décembre 2011. Le site si proche des services de sécurité israélien n’y va pas de main morte. Il interprète la prise du RQ-170 comme une “capture” électronique par les Iraniens, pour aimablement convoyer le RQ-170 des cieux d’Afghanistan où il se trouvait en mission, vers ceux de l’Iran, jusqu’à un atterrissage fait avec précaution…. Là-dessus, DEBKAFiles enchaîne sur les capacités iraniennes en cas d’attaque, en rappelant une référence cuisante pour Israël, – un coup du Hezbollah, lors de la “guerre du Liban“ de l’été 2006.

«An American military source confirmed that Iran had the RQ-170, but added there was “absolutely no indication the drone was shot down.” This leads to the conclusion that the Iranians were able to control the drone from a distance (over Afghanistan) and guide it across the border to land to Iran, say DEBKAfile's military sources. The slight damage would then apply to the wings and may have been caused when it was brought in to land by an Iranian crew unused to handling an electronic warfare craft.

»Our sources add that possession of the drone is more than just a major intelligence coup for Tehran; it has acquired an important military edge before any overt military operation has been launched. Western and Israeli war planners now have cause to fear that Iran has penetrated the heart of their most secret intelligence and electronic technological hardware for striking its nuclear infrastructure. If Tehran is capable of reaching out and guiding an American stealth drone into landing from a distance, it may also be able to control the systems of other aircraft, manned or unmanned.

»This feat recalls Hizballah's surprise attack on an Israeli missile boat in the 2006 Lebanon war when its Chinese-made shore-to-ship C-802 missile was enabled by Iranian-manned coastal radar interference to override the ship's advanced electronic defense systems and so put the Israeli Navy out of action within range of the Lebanese coast.»

Considérations sur le rangement des choses

On voit que cela fait beaucoup de versions, d’interprétations, etc. On voit également que le “brouillard“ dont nous parlions plus haut est déjà présent dans ce qu’on pressent comme explications différentes à l’intérieur même du système de sécurité nationale US, entre services, agences, département, etc., voire à l’intérieur de ces divers centres de pouvoir, à la fois sur le fonctionnement des UAV et sur les diverses connexions et coordinations entre services, agences, département, etc.. Faut-il vraiment s’en étonner ?

On peut, on doit rappeler qu’il n’y a pas si longtemps (en octobre), on a appris, 1) qu’un virus interférait dans le guidage des UAV et UCAV (Unmanned Combat Air Vehicle) des forces armées US, et 2) que la présence de ce virus et la recherche de son élimination s’étaient heurtées à des déconnexions gravissimes d’information et de communication à l’intérieur des centres de pouvoir US, et à l’intérieur même de l’USAF qui était la première victime de ce virus. Au reste, qui n’irait pas désormais imaginer que ce virus d'octobre dernier est d’origine iranienne, comme une autre version du thème “réponse du berger à la bergère“, par exemple à l'affaire Stuxnet… (Sur le virus des UAV/UCAV de l'USAF et le reste, voir notre texte, le 14 octobre 2011.)

D’où les flottements divers dans les réactions officielles, jusqu’à des contradictions formelles, sinon à la limite d’être agressives entre centres de pouvoir, comme si chacun (chaque service, chaque agence, chaque département, etc.) cherchait à se couvrir et à éventuellement charger ses concurrents. On a une illustration de cette hypothèse dans cette remarque de Trimble, dans le texte déjà référencé (Flight Global, le 5 décembre 2011), où Trimble signale que le commandement des forces du bloc BAO en Afghanistan (l’ISAF) n’a nullement cherché à dissimuler la perte d’un RQ-170, bien au contraire… Quand l’on sait que le RQ-170 serait un UAV de la CIA et que la CIA ne dépend pas du commandement ISAF, on comprend que l’attitude de l’ISAF en l’occurrence laisse à penser quelques tonnes d’arrière-pensées.

«Interestingly, the International Security Assistance Force has made no effort to deny Iran's claims. Instead, the NATO headquarters in Kabul issued a statement acknowledging the loss of one of their UAVs over western Afghanistan last week. The statement also suggested the Iranians may have simply found the misplaced UAV for them. It may be important that NATO officials did not deny Iran's claims that the UAV was the RQ-170, which is known to operate from Kandahar where it was originally spotted.»

Considérations sur l’état de “guerre”

Un deuxième point, plus politique, est à signaler. Il s’agit de l’affirmation iranienne que le bloc BAO mène une guerre secrète contre lui, et des dénégations constantes, officielles, du bloc BAO, – auxquelles personne ne croit par simple inattention un peu lasse mais qu’on fait parfois semblant de croire par sens du devoir sacré de la civilisation. DEBKAFiles (même texte du 6 décembre 2011) nous signale cette charmante occurrence :

«Saturday, Dec. 3, Israel's defense minister Ehud Barak, when asked about a covert war against Iran, denied it was taking place. Twenty-hours later, this clandestine war peaked in a major coup for Iran, its capture of the sophisticated US RQ-170 Sentinel stealth reconnaissance drone. Tehran reported that, apart from slight damage, the aircraft was shot down complete with all its top-secret electronic systems in working condition.»

Ce cas est d’ailleurs réjouissant dans les contradictions internes qu’il implique, du point de vue du bloc BAO… Dans le genre  : vaut-il mieux laisser croire ceci, ou laisser croire cela ? Voici le raisonnement…

• Soit l’on veut clouer le bec aux “mains impies” de ces barbares d’Iraniens, qui en sont à la lampe à huile et à la marine à voile. L’on dénie absolument qu’ils aient pu piquer le contrôle d’un RQ-170 au-dessus de l’Afghanistan pour l’amener en Iran, et l’on implique que la merveille se trouvait en vol au-dessus de l’Iran, – et l’on accrédite absolument la narrative épouvantablement fausse, comme chacun ne manque pas de penser, que le bloc BAO pratique une “guerre” secrète contre l’Iran en se baladant dans les vastes cieux de ce pays pour faire de la surveillance, de la reconnaissance, du brouillage, de l’interférence, voire de l’assassinat téléguidé et tutti quanti

• Soit l’on sauve cette narrative de l’innocence du bloc BAO en affirmant, comme l’a fait l’ISAF, que le RQ-170 se trouvait au-dessus de l’Afghanistan, et que les cieux iraniens sont vierges de toute interférence du bloc BAO. L’on alimente, sinon accrédite dans ce cas la version DEBKAFiles, selon laquelle les “mains impies” ont de sacrés capacités techniques et électroniques, puisqu’allant chercher le RQ-170 au-dessus de l’Afghanistan et ainsi de suite…

• Solution de désespoir… On s’en remet au hasard. Tout cela s’est fait au hasard des choses et du temps. Le RQ-170 est passé d’Afghanistan, tout près de la frontière iranienne, en Iran, parce qu’il lui plaisait d’ainsi aller se balader. (Au moins, il a l’instinct de savoir où se trouve le vrai ennemi…) Puis le RQ-170 a eu une faiblesse et il s’est posé délicatement dans les “mains impies” en question… Autre explication hasardeuse  : il se croyait encore en Afghanistan, pourquoi pas ?

Bref, on ne pavoise pas, et les Iraniens rient dans leurs barbes qu’ils ont fournies.

Considérations sur le “fog” postmoderniste

Tout cela nous conduit à des considérations hypothétiques plus larges, qui ont toutes à voir avec le “brouillard de la guerre”, qui, décidément, se lève épais avant que la guerre n’ait lieu ; ou bien, vous rétorquent des experts qui en savent un saladier, c’est que la “guerre”, aujourd’hui, a pris des formes postmodernistes étranges, subreptices et insaisissables… D’accord, sauf qu’il semblerait qu’on puisse faire l'hypothèse qu'on peut se saisir d’un RQ-170 en plein vol. Cela va conduire à du chambardement.

• L’alarme sur les capacités des Iraniens… En général, les “experts” d’abord cités se conforment surtout aux consignes du système de la communication, dans ses aspects favorables au Système, et tendent à minimiser l’événement. On a vu également que des bémols se glissent déjà qui, au contraire, dramatisent l’aventure. Ils sont les signes avant-coureurs des réactions de la bureaucratie qui va réagir à ces bruits de la communication en se conformant au système du technologisme qui les inspirent, dans le sens de la surpuissance en tous sens, y compris celui de l'évaluation des menaces. C’est-à-dire que les hypothèses les plus défavorables vont être prises en compte, pour ne laisser rien au hasard, ne courir aucun risque, etc. Ainsi va-t-on commencer à considérer l’Iran comme une puissance aux capacités électroniques dissimulées mais extrêmement déstabilisantes, et avec une aide non moins dissimulée mais diablement efficace des Russes.

• Le résultat va donc être double  : 1) d’une part, il va devenir plus impératif que jamais de détruire la puissance iranienne qui, insensiblement, va passer de l’exception nucléaire à la panoplie imposante, sinon complète de la puissance (nucléaire, électronique, etc.). 2) D’autre part, il va devenir plus dangereux que jamais de lancer une attaque contre l’Iran, ainsi chargé de redoutables capacités.

• Ainsi la crise iranienne va-t-elle se renforcer, encore plus grave, encore plus menaçante, encore plus risquée, encore plus insoluble…

• Quant à l’aventure du RQ-170, il est évident que nous ne saurons jamais la véritable explication puisque tout est brouillé dans le “brouillard de la guerre” entre services et systèmes divers… Mais cette vérité-là, au fond, ne nous importe guère, puisque nous pratiquons la vertu du voeu de l'inconnaissance. Ce qui importe, en conclusion, c'est ce qui suit en guise de conclusion.

• …Ainsi, grâce au RQ-170 dans ce cas, le bloc BAO, notre contre-civilisation et tout le tremblement, continuent leur longue mais très, très rapide marche en suivant le fil inexorable du processus de leur autodestruction.

vendredi, 09 décembre 2011

„Wir können die Herausforderungen der Zukunft nur zusammen mit Russland meistern“

„Wir können die Herausforderungen der Zukunft nur zusammen mit Russland meistern“
Ex: http://www.eurasischesmagazin.de/
 
Alexander Rahr, Leiter des Berthold-Beitz-Zentrums in der Deutschen Gesellschaft für Auswärtige Politik, über die Rolle Russlands in Europa, die Modernisierung des Landes und die „westliche Arroganz“.

Eurasisches Magazin: Sie haben ein neues Buch über Russland geschrieben. Eine „Insider-Analyse“, heißt es auf dem Umschlag, die untersucht, „warum wir Russland brauchen“.  Wer ist mit „wir“ gemeint?

Alexander Rahr: Gemeint sind wir Europäer, vor allem Deutsche. Die Hauptthese des Buches lautet: Westeuropa scheint tatsächlich zu glauben, dass es seine Zukunft alleine auf die Schicksalsgemeinschaft mit den USA ausrichten und Länder wie Russland und Ukraine ignorieren kann. EU-Europa hat heute keinen Osten. Europa ist nicht fertiggebaut nach dem Kalten Krieg. Zwischen uns und Russland liegt eine neue „Mauer“ – die Visumsbarriere. Manche im Westen sehen Russland nicht als Partner, sondern als potenziellen Feind. Dabei können wir die Herausforderungen der Zukunft nur zusammen mit Russland meistern. Das Buch liefert dafür die notwendigen Argumente. 
  
EM: Inwiefern sind Sie Insider – Sie leben in Deutschland, arbeiten in der „Deutschen Gesellschaft für Auswärtige Politik“ und beraten deutsche Politiker und Wirtschaftsbosse?

„Meine Aufgabe ist es nicht nur den Deutschen Russland zu erklären, sondern auch den Russen den europäischen Gedanken zu vermitteln“

Rahr: Ich leite seit Jahren das Berthold-Beitz-Zentrum im Think Tank Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik. Wer die Biographie des Industriellen Berthold Beitz liest, erkennt in ihm einen weit vorausschauenden Ostpolitiker. Er war ständig im Osten. Ich fühlte mich seinem Erbe verbunden und verheimliche dies auch nicht in meinem Buch. Ich berate gleichzeitig deutsche, russische und ukrainische Politiker und Unternehmer. Ich wandere und lebe zwischen zwei Welten. Meine Aufgabe ist es, nicht nur den Deutschen Russland zu erklären, sondern auch den Russen den europäischen Gedanken zu vermitteln. Ich bin eine wichtige europäische Stimme in der osteuropäischen Medienlandschaft, ein wichtiger Meinungsmacher in den Ländern des postsowjetischen Raums. Wer das nicht glaubt, kann mich entsprechend googeln. Ich hoffe, ich trage mit meinem Engagement zum besseren Dialog zwischen Russland und der EU bei. Wichtig ist, dass ich sowohl hier als auch dort akzeptiert bin. 

EM: Der Titel Ihres Buches lautet: „Der kalte Freund“. Inwiefern Freund?

Rahr: Bundeskanzlerin Angela Merkel sagte vor ihrem Amtsantritt 2005: Deutschland verbindet eine Freundschaft mit den USA, ob Russland irgendwann einmal unser Freund wird, muss sich zeigen. Der Kalte Krieg ist vorbei, aber wir sind noch keine echten Partner und Verbündeten geworden. Wir leben in der Zeit des kalten Friedens, oder – in einer (noch) kalten Freundschaft. Ich glaube, das ist eine passende Beschreibung des Zustands unserer Beziehungen zu Russland. 

„Die Deutschen sind das Lieblingsvolk der Russen“
 

EM: Sie gehen darauf ein, dass Deutsche zu Russland eine „besondere Beziehung“ hätten. Trifft das auch umgekehrt zu? Und wie kann man diese Beziehung von Deutschen und Russen zueinander charakterisieren?

Rahr: Die Russen mögen die Deutschen mehr als umgekehrt. Die Deutschen sind das Lieblingsvolk der Russen. Russland will eine Modernisierungs-Partnerschaft mit Deutschland. Sie wollen deutsches Know-how. Die Ware Made in Germany ist in Russland höchst attraktiv.  Im 20. Jahrhundert haben sich Deutsche und Russen auseinandergelebt und den schrecklichsten Krieg aller Zeiten geführt. Doch die Russen haben die deutsche Wiedervereinigung stärker unterstützt, als viele NATO-Verbündete Westdeutschlands. Deutschland hat 2008 die dritte NATO-Osterweiterung vor Russlands Toren aufgehalten, das vergisst Moskau Deutschland nicht.

EM: Nach dem deutschen Angriff auf die Sowjetunion im Zweiten Weltkrieg sind Millionen Russen gefallen. Zivilisten sind verhungert, wurden verschleppt und umgebracht. Dennoch gibt es kaum Hass von Russen gegenüber Deutschen. In anderen Ländern, die unter der Wehrmacht zu leiden hatten, ist solcher Hass durchaus lebendig. Können Sie das erklären?

Rahr: Die Russen haben das Gefühl, dass sie Deutschland vernichtend geschlagen und für den Hitler-Angriff bestraft haben. Ostdeutschland wurde von der UdSSR für 45 Jahre besetzt. Die tiefe Feindschaft und der Hass sind übergegangen in eine echte Versöhnung. Heute erinnert man sich in Russland wieder an die positiven Seiten der deutsch-russischen Beziehungen, an den Eisernen Kanzler Bismarck, an Willy Brandt. Gerhard Schröder wird als engster Freund Russlands gesehen. Bundespräsident Christian Wulff und Bundesaußenminister Guido Westerwelle haben im vergangenen Jahr Russland eine neue Zusammenarbeit in Rechtsfragen vorgeschlagen. Die Initiative ist in Russland, vor allem bei Präsident Dmitri Medwedew, auf großes Interesse gestoßen.

Deutschland als wichtigster Rechtspartner

EM: Worum geht es beim deutsch-russischen Rechtsdialog? 

Rahr: Ziel ist die Unterfütterung der anvisierten Modernisierungspartnerschaft mit konkreten Inhalten. Russland hat Interesse an einer Integration in den gesamteuropäischen Rechtsraum gezeigt, Deutschland kann mit seiner Erfahrung des Aufbaus eines Rechtsstaates in Ostdeutschland nach der Wende Moskau wertvolle Ideen vermitteln. Der Rechtsdialog ist keine Sackgasse, Deutschland spielt sich hier nicht als „Lehrmeister“ gegenüber dem vermeintlichen „Schüler“ Russland auf. Die zu diskutierenden Themen werden von beiden Ländern entsprechend ihren nationalen Bedürfnissen ausgesucht. Die Rechtsinitiative zielt keineswegs nur auf die Juristen beider Länder, sondern auf Wirtschaftskreise und die Zivilgesellschaft allgemein. Russland begrüßt den Rechtsdialog, denn er hilft bestehende Missverständnisse aus dem Weg zu räumen und zusätzliches Vertrauen zu gewinnen. In Deutschland benötigt vor allem der Mittelstand den Dialog, um in Russland besser Fuß zu fassen. Nach Meinung der offiziellen russischen Seite hätte der Rechtsdialog schon viel früher beginnen müssen, Russland sei in der Zarenzeit immer von der deutschen Rechtskultur beeinflusst gewesen. In den neunziger Jahren hätte Russland zunächst Rechtsnachhilfe von den USA bekommen, heute wünsche es sich Deutschland als wichtigsten Rechtspartner.

„Wenn die Türkei in die EU hinein geholt werden muss, dann Russland erst recht“

EM: Ist das heutige Russland wichtig für die Welt, für den Westen, für Europa, für Deutschland, oder könnte man es auch locker links liegen lassen?

Rahr: Mein Buch „Der kalte Freund“ ist als Appell an den Westen zu verstehen, das Bauwerk Europa mit der Integration Russlands – dem größten europäischen Land – abzurunden. Wir werden die sibirischen Rohstoffe brauchen wie noch nie. Auch sind die Russen vom Geist her Europäer. Wenn die Türkei in die EU hinein geholt werden muss, dann Russland erst recht. Russland wird bei fast allen künftigen Konfliktlösungen auf globaler Ebene benötigt. Wenn wir die letzten Wikileaks-Veröffentlichungen über die russische Außenpolitik betrachten, stellen wir fest, dass die russische Diplomatie in grundsätzlichen Fragen an der Seite der USA und des Westens steht. Das muss sich künftig institutionell für alle Seiten auszahlen. Viele kluge Leute plädieren für eine gemeinsame Raketenabwehr Russland – USA – EU. Sie schweißt uns gegen die kommenden Gefahren zusammen.

EM: Welche „kommenden Gefahren“ meinen Sie?

Rahr: Wir leben doch heute schon in einem Nord-Süd-Konflikt. Die NATO hat drei Kriege in der islamischen Welt geführt. Iran gilt als Hauptfeind des Westens. Europa muss theoretisch damit rechnen, dass in einigen Jahren moderne Raketensysteme aus dem arabischen Teil der Welt gegen den Westen gerichtet werden. Niemand kann voraussagen, wer in 10-20 Jahren den Atomstaat Pakistan wirklich regieren und wie sich Islamabad gegenüber dem Westen positionieren wird. Eine zweite reale Herausforderung ist die Sicherung der künftigen Rohstoff- und Handelsrouten nach Westen. Kommt es zu Konflikten am Persischen Golf, können Transporte zwischen EU und Asien über Russland abgewickelt werden.   

„Die grassierende Korruption ist Russlands größtes Übel“

EM: Warum funktioniert nichts in Russland, wie Wladimir Putin gesagt hat, als das Atom-U-Boot „Kursk“ im Inferno unterging und in Moskau der Fernsehturm brannte. Derzeit ist Russland das Land mit den schrecklichsten Flugzeugunfällen. Gibt es einen speziellen russischen Schlendrian oder hat der Kommunismus das Land so sehr verrotten lassen, dass es noch immer davon kaputt ist?

Rahr: Die industrielle Infrastruktur Russlands stammt noch aus der Zeit der Sowjetunion. Flugzeuge, Schiffe, Lastwagen – sie sind 30-40 Jahre alt. Russlands Modernisierungsbedarf ist riesig. Leider werden die für die Modernisierung bereitgestellten Gelder oft zweckentfremdet.  Die grassierende Korruption ist Russlands größtes Übel. In meinem Buch wird diese Tatsache nicht verschwiegen, im Gegenteil. Der Leser erkennt, vor welchen Herausforderungen Russlands Modernisierer stehen. Die Modernisierung kann durchaus scheitern. Die Frage ist dann, was wir mit einem schwachen Russland machen.    

„Auf Russland wird eingeprügelt, wo es nur geht“

EM: Geschieht dem „kalten Freund“ Unrecht, wird Russland vom Westen schlechter behandelt als andere Länder?

Rahr: Ich erkenne in der westlichen Wertedebatte eine große Arroganz und Doppelzüngigkeit. Auf Russland wird eingeprügelt, wo es nur geht. Stereotypen aus dem Kalten Krieg prägen leider noch immer unser Russlandbild. Manchmal scheint es, als ob manche im Westen ein Vergnügen entwickeln, dem stolpernden Erzfeind Russland vor das Schienbein zu treten. Wir dürfen nicht vergessen, dass Deutschland 25 Jahre nach der Stunde Null auch noch keine funktionierende Zivilgesellschaft hatte. Unser demokratisches Wertesystem hat sich mühsam entwickelt, wir müssen den Russen mehr Zeit geben Demokratie einzuführen. 

EM: Wer hat Russland im Westen eigentlich noch wirklich auf der Rechnung, außer vielleicht dem ehemaligen Bundeskanzler Gerd Schröder?

Rahr: Ich denke, nach der Lektüre des „Kalten Freundes“ werden sich auch bei den kritischsten Russland-Beobachtern positive Eindrücke in Bezug auf eine strategische Partnerschaft mit Russland festsetzen. Amerika schwächelt, wir müssen damit rechnen, dass Washington sich selbst isolieren wird. Die EU muss lernen auf eigenen Beinen zu stehen. Die Welt hat sich verändert. Wir brauchen eigenständige Beziehungen zu den neuen Machtpolen der Weltordnung, zu China, Indien, Russland.

„Möglicherweise wird Russland einmal zu einem zweiten Schutzpatron des Westens“

EM: Was hat Russland zu bieten, außer Gas und Öl?

Rahr: Einen riesigen wachsenden Markt, hochgebildete Menschen, die Brücke nach Asien, Kooperation in der Hochtechnologie, im Weltraum. Möglicherweise wird Russland einmal zu einem zweiten Schutzpatron des Westens neben den USA. Ich habe in meinem Buch den Weg zu einem solchen Bündnis aufgezeigt.

EM: Und was ist mit Gas und Öl?

Rahr: Der Ölpreis wird nicht sinken. Darauf müssen sich Europa und der Westen kurz-, mittel- und langfristig einstellen. Die Schlussfolgerung hieraus kann nur lauten, die strategische Partnerschaft zu Russland weiter zu vertiefen. Russland ist Europas natürlicher Partner, der sich trotz der häufig negativen Wahrnehmung über Jahrzehnte bewährt hat. Wir haben keine Alternativen, als unsere Beziehungen zu intensivieren.  Die Vorteile liegen für beide Seiten auf der Hand: Wir erhalten Zugang zu auf dem Weltmarkt immer teurer und knapper werdenden Ressourcen – Öl, Gas, aber auch anderen wichtigen Rohstoffen, etwa Seltenen Erden – und Russland profitiert vom größten Trumpf, den Deutschland vorzuweisen hat, der Technologie.

EM: Was hat Russland von unserer Technologie?

Rahr: Das Know-how unserer Unternehmen, die Technologieführerschaft Deutschlands wird helfen, das Potenzial der russischen Wirtschaft besser zu entfalten. So können perspektivisch vor Ort geförderte Rohstoffe beispielsweise auch direkt vor Ort veredelt werden. Bedenkt man die vorhandenen und geschätzten Reserven, wird diese Partnerschaft zur Rohstoffsicherheit Europas beitragen und auch die wirtschaftliche Entwicklung in Russland positiv beeinflussen. Man darf sich allerdings nicht täuschen, dass all dies so einfach zu haben und der Rohstoffbezug dann plötzlich für lange Zeit gesichert sein wird. Von beiden Seiten wird hart verhandelt werden müssen. Und auch hier muss sich Deutschland darüber im Klaren sein, dass es in Konkurrenz zu Ländern wie China steht. Der Erfolgsdruck ist auf beiden Seiten sehr hoch. Aber ich wiederhole: Bewähren wird sich diese Partnerschaft für beide Seiten.

„Russland hat keine Feinde, aber auch keine Verbündeten“

EM: Die kommunistische Sowjetunion hatte einst viele erklärte Feinde weltweit. Wie ist es mit dem heutigen Russland – wer sind seine Feinde?

Rahr: Russland hat keine Feinde, aber auch keine Verbündeten. Medwedew und Putin sind Europäer, die sehen, dass ein Bündnis mit China sie für lange Zeit von Europa abschneiden wird. Hinter den heute noch 148 Millionen Russen leben auf der gemeinsamen Festlandsmasse über 1,3 Milliarden Chinesen. Mit der 7.000 Kilometer langen, schwer kontrollierbaren Grenze dazwischen. Ohne den Chinesen Böses zu unterstellen: Russland sucht die Europa-Bande sogar sicherheitspolitisch wegen des gemeinsamen Interesses am europäischen Gleichgewicht. Wenn der Westen Russland als strategischen Interessenspartner stärker integriert hätte, wäre Putin niemals diesen heutigen taktischen Bund mit China eingegangen. Aber gegenwärtig lockt China Russland immer weiter nach Asien. Beijing möchte natürlich nicht, dass Russland der NATO beitritt und sich das Militärbündnis Chinas Grenze nähert.

EM: Eine der vielen plakativ formulierten Kapitelüberschriften Ihres neuen Buches lautet: „Was kann Russland wirklich?“ Das ist die Frage. Können Sie in der knappen Form des Interviews die Antwort geben?

Rahr: Wenn Russland die Gespenster des Kommunismus abwirft, die Korruption besiegt und versteht, dass der Erfolg und die Stabilität des Landes in der Demokratie und im Rechtsstaat liegen, wird es zu einem normalen europäischen Land.  Vor allem Präsident Dmitri Medwedjew stieß mit seinem Artikel „Vorwärts Russland“ eine strategische Debatte über die Modernisierung in Russland an.

„Die Abhängigkeit Russlands vom Rohstoffhandel ist demütigend“

EM: Welche Rolle spielt Wladimir Putin, der Verfechter des starken Staates und der gelenkten Demokratie im Modernisierungskonzept Russlands?

Rahr: Unter dem Eindruck der schweren Auswirkungen der Wirtschaftskrise auf Russland verstärkt sich der Eindruck, dass auch Putin selbst eingesehen hat, dass sein Konzept der engen Verflechtung von Staat und Wirtschaft in eine Sackgasse geführt hat. In Russland ist das Modernisierungskonzept derzeit alternativlos. Putin unterstützt dies durch den Plan, über 5000 Unternehmen zu privatisieren. Russland braucht nach der Krise Gelder aus dem Ausland. Die Staatsholdings haben ihre Chance nicht genutzt, deshalb scheinen die Voraussetzungen für einen nun beschleunigten marktwirtschaftlichen Reformprozess in Russland günstig, obwohl das Problem der staatliche Verwaltungsapparat bleibt.

Russland hat die Modernisierung und technologische Aufrüstung der russischen Wirtschaft zur höchsten Priorität erklärt. Dies sei eine Frage des „Überlebens“. Russland ist durch die Krise härter getroffen worden als die meisten anderen Staaten, dafür sind die Gründe im Inland zu suchen. Anstelle einer auf Rohstoffen basierten Ökonomie gehe es um den Aufbau einer „intelligenten“ und „grünen“ Ökonomie. Von dieser Prämisse ausgehend wird eine tiefgreifende Umgestaltung der russischen Gesellschaft gefordert. Die Abhängigkeit Russlands vom Rohstoffhandel ist „demütigend“, die Wirtschaftsstruktur „primitiv“ und die Wettbewerbsfähigkeit „beschämend niedrig“. Um diese Rückständigkeit aufzubrechen, müssen der staatliche Einfluss auf die Wirtschaft reduziert, Forschung und Entwicklung massiv gefördert, die endemische Korruption bekämpft, die Infrastruktur modernisiert, der Rechtsstaat ausgebaut und das Bildungssystem umfassend reformiert werden.

EM: Ist davon schon etwas zu sehen? Welche Wege wird Russland auf sein Ziel hin beschreiten?

Rahr: Russland will sich in Forschung und Entwicklung wieder an die Spitze bringen. Es spricht sich für vereinfachte Visaverfahren für Spitzenforscher, großzügige Stipendien und die finanzielle Unterstützung innovativer Unternehmen aus. Insbesondere will es das Programm zur Gründung eines prominenten Forschungs- und Entwicklungszentrums nach Vorbild des Silicon Valley zu einem erfolgreichen Ende bringen. Die Investitionsbedingungen in Russland sollen so gut sein wie bei den Wettbewerbern. Die Bürokratie, insbesondere Zertifizierungsprozesse, sollen keine Hürden für Investoren sein und stattdessen neue Abläufe zur Genehmigung von Investitionsprojekten in Russland erarbeiten. Doch Chancen der erfolgreichen Modernisierung sind nur in Kooperation mit dem Westen möglich. Der Druck auf Russland, sich für westliche Investoren nachhaltig zu öffnen, ist groß. Ohne radikale Veränderungen der eigenen Unternehmenskultur kann Russland die Korruption aber nicht besiegen.

EM: Eine abschließende Frage noch: Sie sind nicht nur Autor, sondern auch Politikberater. Welche Politiker suchen Ihren Rat? Gehört Angela Merkel auch dazu?

Rahr: Die DGAP gilt als Think Tank des Auswärtigen Amtes. Meine Kollegen und ich sprechen täglich mit Abgeordneten aller Parteien, Spitzenbeamten der Regierung, Diplomaten und Journalisten. Manche hören auf unseren Rat und kooperieren mit uns beim Aufbau wichtiger außenpolitischer Netzwerke. Die Bundeskanzlerin hat die DGAP einmal besucht und uns Experten aufgefordert, politische Fragen „einfach“ und nicht „zu wissenschaftlich“ zu erklären. Ich hoffe, Frau Merkel wird einen Blick in mein neues Russlandbuch hineinwerfen, denn das Werk entspricht ihren Anforderungen.   

*

Siehe auch: „Gelesen“ – Rezension zu „Der kalte Freund – Warum wir Russland brauchen: Die Insider-Analyse“ von Alexander Rahr.

 

Das Interview führte Hans Wagner

Afghanistan-Krieg: US-Militär gibt zu, lukrativen Opiumhandel in Afghanistan zu schützen

Afghanistan-Krieg: US-Militär gibt zu, lukrativen Opiumhandel in Afghanistan zu schützen

Ethan A. Huff

Mit einem Marktanteil von 92 Prozent am globalen Opiumhandel ist Afghanistan das mit Abstand größte Anbau- und Exportland für Opium. Viele sind wahrscheinlich schockiert darüber, dass das US-Militär ausdrücklich beauftragt war, die afghanischen Mohnfelder, von denen das Opium stammt, zu bewachen, um die milliardenschwere Drogenindustrie zu schützen, an dem die Wall Street, die CIA, der MI6 und viele andere Gruppen in großem Stil verdienen.

Vor den tragischen Ereignissen vom 11. September 2001 gehörte Afghanistan nicht zu den Global Playern im Anbau von Mohn, dem Ausgangsstoff sowohl von illegalem Heroin als auch von Morphium für pharmazeutische Zwecke. In dem Bemühen, die Pflanze im Land auszurotten, hatten die Taliban sogar aktiv Mohnfelder zerstört, wie die Pittsburgh-Post-Gazette am 16. Februar 2001 in einem Artikel mit dem Titel »Opiumproduktion des Landes praktisch ausgerottet« berichtete.

Doch nach dem 11. September betrieb der militärisch-industrielle Komplex der USA die Invasion in Afghanistan und unterstützte umgehend den Wiederaufbau der Mohnindustrie im Lande. Nach Angaben des Drogenbekämpfungsprogramms der Vereinten Nationen (UNDCP) stieg der Opiumanbau in Afghanistan 2002, nach der Invasion amerikanischer Truppen unter Führung des damaligen US-Präsidenten George W. Bush, um 657 Prozent.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/ethan-a-huff/krieg-gegen-das-rauschgift-als-schwindel-entlarvt-us-militaer-gibt-zu-den-lukrativen-opiumhandel-.html

La Russie envoie 284 tonnes d'aide humanitaire aux Serbes du Kosovo

La Russie envoie 284 tonnes d'aide humanitaire aux Serbes du Kosovo

Ex: http://fr.novopress.info/

MOSCOU (NOVOpress) – Un porte-parole du ministère russe des Situations d’urgence a annoncé qu’un convoi contenant 284 tonnes d’aide humanitaire était parti mercredi matin de Noguinsk (région de Moscou) à destination du Kosovo. Des groupes électrogènes, des couvertures, des vivres, de la vaisselle et des meubles composent le convoi, qui devrait arriver le 12 décembre prochain. D’autre part, 36 tonnes de vivres, réchauds et vaisselle ont été envoyés par avion, en novembre dernier, a rappelé le porte-parole.

Cette aide humanitaire est envoyée sur fond de tensions extrêmes au Kosovo, entre Serbes et musulmans albanais. Les Serbes du Kosovo, abandonnés voire combattus par la K-For et l’Otan, cherchent à bénéficier de la protection de la Russie, dans la grande tradition de la solidarité orthodoxe.

jeudi, 08 décembre 2011

Splitsing euro kan België doen barsten

Splitsing euro kan België doen barsten

 

Ex: http://www.politiek.net/

 

Het eventuele einde van de euro zal niet zonder slag of stoot verlopen, meent Derk Jan Eppink. 'Geruzie en monetaire conflicten zijn waarschijnlijk.' Tussen Duitsland en Frankrijk bijvoorbeeld, maar ook, eens te meer, tussen Vlamingen en Franstaligen in dit land.

Op de gezichten van Europese leiders tekent zich radeloosheid af. Elke keer als Commissievoor-zitter Barroso en Europees President Van Rompuy naar het Europees Parlement komen zien ze er moedelozer uit. Ze grossieren in bezweringsformules over de eurozone, maar beseffen intellectueel dat de munt zijn beste tijd heeft gehad. Het Europese bedrijfsleven, iets minder sentimenteel, bereidt zich voor op het leven na de euro.

Het grootste deel van de Europese politici leeft in de staat van ontkenning. Ze willen niet spreken over een omvorming, laat staan opdeling, van de muntunie. "De euro is een politiek project om een federale unie te bereiken en de economie moet volgen", zei het Ecolo-Europarlementslid Philippe Lamberts. Maar wat als de economie niet volgt? Is het niet beter een plan-B te maken zodra het droomplan in duigen valt? Europese bedrijven proberen zich een voorstelling te maken hoe hun markten er uitzien zonder euro. Welke afzetmarkten gaan behoren tot welke valutazone? Wat is de impact van devaluaties? Investeerders proberen intussen hun posities in euro te reduceren. Zwitserland geldt als veilige vluchthaven. Door de vlucht uit de eurozone besloten gisteren de centrale banken van de VS, de eurozone, Groot-Brittannië en Japan de globale valutamarkten liquide te houden met goedkope omruiloperaties.

Gewapende conflicten

Het onheilspellende van een splitsingsscenario is de ongewisheid. Economisch lijkt het niet zo moeilijk. Als men van zeventien munten één kan maken, kan met ook van één munt twee versies maken. Maar politiek is het een wespennest. Indien men de eurozone opdeelt in een zone met een harde valuta rondom Duitsland en een zone met een zachtere valuta rondom de EU-lidstaten aan de Middellandse Zee, waar staat Frankrijk dan? Frankrijk zal zich monetair willen vastklinken aan Duitsland, maar de Franse economie kan niet volgen. Het Franse begrotingstekort is ruim 7 procent. De gecombineerde schuld van de vier grootste Franse banken is 250 procent van het Franse BNP. Er hoeft weinig te gebeuren en Frankrijk verliest zijn 'triple A'-status. Een deling van de eurozone kan leiden tot een clash tussen Duitsland en Frankrijk. Alain Jupé, de Franse minister van Buitenlandse Zaken, voorspelt 'gewapende conflicten' als de eurozone breekt. Dit is bangmakerij en een voorschot op het intimideren van Duitsland, maar geruzie en monetaire conflicten zijn waarschijnlijk.

Hans-Olaf Henkel, de voormalige voorzitter van het Bundesverband der Deutschen Industrie (BDI), pleit al ruim een jaar voor een opdeling van de eurozone in een noordelijke zone met een 'neuro' en een zuidelijke zone met een 'zeuro'. Hij publiceerde vorig jaar zijn boek Rettet unser Geld. Henkel werd weggehoond door de Duitse politieke elite. In de jaren negentig verdedigde hij de invoering van de euro. Maar in de loop van de jaren besefte hij dat de gemeenschappelijke munt een vergissing was.

Volgens hem heeft de euro twee structurele defecten. Ten eerste werd de begrotingsdiscipline niet effectief afgedwongen en komen de huidige pogingen tien jaar te laat. Ten tweede probeert de muntunie een culturele kloof tussen Noord- en Zuid-Europese landen te overbruggen. Zuid-Europese landen als Griekenland en Italië waren altijd gewend te spenderen en te devalueren, terwijl het Noorden spaarde en investeerde. De euro probeert van Grieken Duitsers te maken, maar dat is tot mislukken gedoemd. Landen als Griekenland en Italië hebben in de eurozone hun concurrentiekracht verloren en zijn veroordeeld tot recessie en depressie zonder uitzicht.

Henkel ziet meer in een splitsingsscenario dan in een uitzettingsprocedure. Het verwijderen van landen uit de eurozone, bijvoorbeeld Griekenland, leidt tot een run op de Griekse banken en het instorten van het financieel systeem. Met een opdeling en een 'zeuro' houden Zuid-Europese landen een munt, die echter sterk zal devalueren. Daarmee kunnen ze hun concurrentiepositie herstellen. In de landen van de 'neuro' gebeurt het spiegelbeeld: de munt stijgt in waarde en de export wordt duurder. Volgens Henkel wordt dit opgevangen omdat bijvoorbeeld de Duitse industrie voor 45 procent half-fabrikaten en energie invoert. De lagere kostprijs van de import compenseert de duurdere export. Duitsland heeft met de sterke D Mark ook altijd goed geëxporteerd, zoals Nederland met de gulden.

En België? Europa's monetair-culturele scheidslijn loopt dwars door België, zij valt in feite samen met de communautaire grens. Vlaanderen is concurrerend en kan perfect functioneren in een harde valutazone, maar Wallonië niet. Die kloof wordt nu gedicht door de Belgische transfereconomie, met een subsidiestroom van noord naar zuid. Als de eurozone wordt gesplitst, staat België voor het blok met de keuze van de muntzone.

Financiële markten hebben net de vorming van een federale regering afgedwongen met verlaging van de Belgische kredietwaardigheid en nu zou een scheiding van de muntunie België wederom voor een existentiële crisis plaatsen. Vlaanderen in de neuro en Wallonië in de zeuro, met Brussel, hoofdstad van Europa, in beide muntzones? Het mislukken van de euro confronteert België met zichzelf. Juist daarom verkiezen Belgische politici voorlopig de oogkleppen.

Soyons honnêtes, l’espace d’une seconde

Soyons honnêtes, l’espace d’une seconde

par Jacques GEORGES

 

Pour moi, la Droite, c’est quelques valeurs, réflexes et attitudes, pas si nombreux, qu’on a en soi et qui, par-delà les tribulations de la vie concrète et la comédie du quotidien, prévalent aux heures graves: l’honnêteté intellectuelle, le refus des faux semblants et échappatoires, le goût de l’esthétique et du beau geste gratuit, la capacité de décider contre son intérêt, l’attachement à sa famille et à ses communautés naturelles, la volonté de faire toujours prévaloir le long terme, le sens de l’honneur et de la fidélité, et quelques autres thèmes qui ne sont pas que des grands mots. Tout ceci ne forme pas un système et contient même pas mal de contradictions internes, avec lesquelles il faut vivre. Mais quand bon nombre de ces valeurs sont bafouées en même temps, parce qu’on est idéologue, parce qu’on se veut malin ou cynique, parce qu’on veut passer à la télé ou gagner une élection, etc., est-on encore à droite ? Peut-on encore se regarder dans la glace ?

 

Ce prologue s’applique assez bien à ce que je lis ces temps derniers du côté de la Droite intellectuelle (ce qu’on appelle la « Nouvelle Droite ») et de la Droite politique, à savoir le Front national, s’agissant du problème qui va nous occuper tous dans les trente prochaines années, à savoir la crise.

 

Que lit-on, qu’entend-on ? Que les « Marchés » ont pris le pouvoir au détriment des peuples, que les agences de notation anglo-saxonnes sont des machines de guerre contre l’Europe, que le capitalisme est le mal, que le libéralisme est à l’origine de tous les maux, qu’il faut casser la machine bruxelloise à broyer les peuples, revenir au franc et monétiser la dette. Je ne prétends pas que tout ceci soit mal fondé, loin de là. Je ne dis pas qu’il faille renoncer à réfléchir sur le fond, sur les causes intellectuelles et morales qui ont conduit au désastre qui s’annonce.

 

 

Mais je dis qu’il y a un temps pour tout, et que nous sommes dans l’urgence et face à un croisement de l’Histoire. Je dis qu’il faut en toutes circonstances rester sérieux, honnête et responsable. Je dis qu’il ne faut pas penser et agir en idéologue, ni utiliser, comme Saint-Just, Robespierre, ou Lénine, de grands concepts mal maîtrisés sans précaution et sans souci des conséquences. Je dis que casser la baraque par légèreté ou aveuglement idéologique, sans traiter ni même comprendre le problème au fond, est criminel.

 

Aux révolutionnaires de papier, je rappelle ces quelques vérités de base :

 

—Les Marchés, c’est nous tous, les petits, moyens et grands épargnants, titulaires d’un compte d’épargne, d’une assurance-vie ou d’une pension de retraite. Les marchés, c’est aussi et souvent le rappel au bon sens des braves gens.

 

— Les agences de notation ne sont que des « guides gastronomiques » d’ailleurs bienveillants, ou des thermomètres, qui servent en tout cas à dire que le roi est nu et que ça ne peut pas continuer comme ça. Merci à elles d’exister, même si elles doivent s’améliorer.

 

— Les banquiers de marché ne sont pas d’ignobles pervers, mais des petits malins qui jouent un jeu en boucle que nous avons eu collectivement la folie de laisser se développer sans règles.

 

— L’endettement n’est pas le problème principal, mais la conséquence de deux problèmes qu’il faut résoudre en amont : ne pas dépenser plus qu’on ne gagne, et ne pas importer plus qu’on n’exporte. Retrouver notre sens de la responsabilité et remédier à notre perte collective de compétitivité. Braillards et indignés sont attendus sur ce programme d’héroïsme au quotidien !

 

— Des dettes, cela se paie de toute façon. L’inflation via la planche à billets, solution des souverainistes, est un moyen cynique et lâche de faire payer le petit peuple.

 

— L’Europe, même de Bruxelles, n’est pas le mal, mais le remède, si nous avons encore la volonté de vivre haut et fort, et le souci du Destin européen !

 

Jacques Georges

 


 

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

 

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=2305

18:31 Publié dans Réflexions personnelles | Lien permanent | Commentaires (1) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 07 décembre 2011

„Rußland braucht eine andere Entwicklung“

„Rußland braucht eine andere Entwicklung“

Johannes Hübner im ZZ-Gespräch über das „System Putin“, die Probleme Rußlands und Moskaus geopolitische Ambitionen

Ex: http://www.zurzeit.at/

1249876823.jpgAm Sonntag haben die Delegierten der Partei „Geeintes Rußland“ einstimmig Wladimir Putin als Kandidaten für die Präsidentenwahl im März 2012 vorgeschlagen. Kommt es zur Perpetuierung des „Systems Putin“, sofern es ein solches überhaupt gibt?

Johannes Hübner: Ein System Putin gibt es zweifellos, und eine „Perpetuierung“ dieses Systems wird es auch geben. Allerdings wird es auch Änderungen im System geben, weil Putin sicherlich die Fehler im wirtschaftlichen System verstanden hat. Denn in Rußland ist wieder eine Art Ära der Stagnation eingekehrt, und nach dem Ende des Immobilien- und Ölbooms 2008/2009 ist die russische Wirtschaft nicht mehr wirklich in Schwung gekommen. Die vorhandenen Probleme, vor allem der riesige technologische Rückstand, das Fehlen einer starken industriellen Basis, die erneuten Schwächen in der Finanzwirtschaft, all das macht sich jetzt in der weltweiten Weltwirtschaftsabflachung bemerkbar.

Westliche Kritiker werfen dem Kreml vor, eine gelenkte Demokratie zu betreiben. Braucht Rußland aufgrund seiner geschichtlichen Erfahrungen – 70 Jahre Kommunismus – vielleicht einen Sonderweg und eine andere Entwicklung?

Hübner: Es braucht jedenfalls eine andere Entwicklung als Westeuropa. Hier wurden über 70 Jahre alle politischen Strukturen nicht zur zerstört, sondern regelrecht vernichtet. Abweichende Meinungen wurden ja nicht nur mit dem Ausschalten aus dem politischen Leben, sondern mit der Liquidierung oder in der Endphase mit der Psychiatrisierung bestraft. Aber Rußland hat einen Weg genommen, der im Kern doch ein demokratischer ist, hat aber diejenigen, die die Demokratie mißbraucht und zur Ausplünderung des russischen Volkes verwendet haben...

... also die neoliberalen Reformer der Jelzin-Ära?

Hübner: Ja, diese wurden im „System Putin“ – wenn man diesen Begriff verwenden will – zurückgedrängt bis ausgeschaltet, wodurch für uns der Eindruck ensteht, als ob Rußland keine mit uns vergleichbare Demokratie wäre.

Vor 20 Jahren ist die Sowjetunion von der Landkarte verschwunden. Wie groß sind denn im heutigen Rußland die postimperialen Phantomschmerzen?

Hübner: Die sind sicher vorhanden. Wenn man mit Russen spricht, merkt man immer wieder die Sehnsucht nach vergangener Größe. Schließlich ist es in der russischen Seele über Jahrhunderte verankert gewesen, daß man Teil eines großen Imperiums ist. Zwar ist Rußland immer noch der größte Flächenstaat der Welt, hat aber durch die Amputationen 1991 ungefähr ein Drittel seiner Wirtschaftskraft und seiner Bevölkerung verloren und es hat vor allem in den Jahren unmittelbar vor und nach dem Ende der Sowjetunion einen Großteil seine militärischen Bedeutung eingebüßt, weil durch den wirtschaftlichen und technologischen Niedergang eine mit den USA und heute auch mit China gleichwertige Rüstung nicht mehr finanzierbar war.

Im Oktober kündigte Präsident Medwedew die Gründung einer Eurasischen Union an, der neben Rußland die zentralasiatischen Staaten angehören sollen. Sehen Sie darin den Versuch der Restauration vergangener Größe oder wendet sich Rußland von der EU ab und dem Osten zu?

Hübner: Beides. Die Staaten, die für diese Union vorgesehen sind, sind ehemalige Sowjetstaaten, die stark von der russischen Kultur geprägt sind und deren Verlust bis heute schmerzt. Auf der anderen Seite müssen die Russen realistischerweise sehen, daß sie in der EU, vor allem in der veröffentlichten Meinung, wo der Staat als Diktatur und Neoimperium dargestellt wird, nicht willkommen sind. Deshalb gibt es die Hinwendung nach Osten, die aber nicht neu ist: In der Schanghai-Gruppe reicht die Zusammenarbeit mit China und den asiatischen Ex-Sowjetrepubliken ja schon zehn Jahre zurück. Auch sind sich viele Kreise in Rußland darüber im Klaren, daß die Brücke nach Europa schwer zu schlagen ist, weil es nicht nur die Atlantiker gibt, die Rußland prinzipiell als Feinde der amerikanischen Vormacht ablehnen, sondern auch die ehemaligen Satellitenstaaten, wo es aufgrund der furchtbaren geschichtlichen Erfahrungen sehr starke antirussische Reflexe gibt. Hier sind es vor allem die Polen und die Balten, die sehr stark auf der Bremse stehen.

Kann Moskau aufgrund des rasanten Aufstieg Chinas und wegen des eigenen Bevölkerungsschwunds überhaupt eine gleichwertige Partnerschaft mit Peking bilden?

Hübner: Eine ganz gleichberechtigte nicht mehr, aber eine weitgehend gleichberechtigte, weil China nicht allzuviel Wahl hat. Ein chinesisch-amerikanisches Bündnis ist aufgrund des amerikanischen Selbstverständnisses nicht vorstellbar, und die anderen potentiellen Partner in Südostasien sind entweder zu klein oder aufgrund historischer Ressentiments oder Ängste nur bedingt paktfähig wie etwa Südkorea oder Japan.

Daher kommt nur Rußland als größtmöglicher Partner in Betracht, das alleine aufgrund seiner Weltraumtechnologie und seines Nukleararsenals immer noch eine Macht ist. Zudem hat Rußland Militärtechnologie, die die Chinesen zwar zu entwickeln versuchen, aber wo sie noch sehr weit hinten sind. Das betrifft die Raketentechnologie, aber auch die Flugzeugtechnologie. Hier sind die Chinesen in ihrem Aufholprozeß erstaunlich langsam.

Bei verschiedenen Gipfeltreffen zwischen der Europäischen Union und Rußland werden in blumigen Worten Absichtserklärungen beschlossen, während in der Politik keine konkreten Taten folgen. Besteht seitens der Europäischen Union überhaupt der politische Wille, die Beziehungen zu Moskau zu verändern, bzw. wird die EU, obwohl dieser Wille besteht, von den USA daran gehindert?

Hübner: Die EU ist sehr gespalten: Es gibt Staaten wie Deutschland, wo sich Teile der Politik sehr bemühen, das Verhältnis zu Rußland dauerhaft zu entspannen bzw. zu einer wirtschaftlichen Allianz zu kommen, während Länder wie Großbritannien, die sehr stark im amerikanischen Fahrwasser segeln, das nicht wollen. Frankreich schwankt zwischen starker Annäherung wie unter Chirac und neuer Vorsicht der transatlantisch orientierten Regierung Sarkozy. Auch die Italiener sind schwankend, wobei in der Ära Berlusconi viel Rücksicht auf amerikanische und israelische Wünsche genommen wurde und diese Wünsche gehen nicht in Richtung einer Annäherung an das Putin-Rußland.

Das Gespräch führte Bernhard Tomaschitz.

 

EU-Priorität Baltisch-Adriatische Achse

géopolitique, politique internationale, Baltique, Adriatique, Europe, affaires européennes, Autriche, Europe centrale, Mitteleuropa, Axe Baltique-Adriatique,

EU-Priorität Baltisch-Adriatische Achse

Koralmbahn als Zukunftspotenzial für Österreich 

Ex: http://www.andreas-moelzer.at/

Ein strategischer Korridor

Um die Verlagerung des Gütertransports auf die Bahn anzukurbeln, muss die Politik (etwa auch im Rahmen der EU-Regionalpolitik) danach trachten, Industrieproduktion nahe logistischer Knoten zu halten. Eine konkurrenzfähige Schienenverbindung von der Ostsee bis zu den Adriahäfen und Norditalien kann aufstrebende Wirtschaftsregionen mit etablierten Wirtschaftsräumen vernetzen. 

Die Baltisch-Adriatische Verkehrsachse (BAA) gilt als strategischer Korridor für Europa. Sie verläuft zwischen den Regionen Danzig und Gdingen, Warschau, Lodsch, Olmütz, Brünn, Wien und Umgebung (Stadt Wien und Niederösterreich), Pressburg (Bratislava), Südösterreich (Obersteiermark, Graz und Mittelkärnten), Oberschlesien und Nordmähren (Kattowitz und Ostrau), sowie durch die italienischen Regionen Friaul-Julisch-Venetien (Triest und Udine), Veneto (Venedig, Padua) und Emilia Romagna (Bologna/Ravenna).

Kapazitätsengpässe auf Europas Straßen

Die Funktionsfähigkeit des europäischen Binnenmarktes bleibt langfristig wohl nur erhalten, wenn Schiene und Wasserwege einen großen Teil des erwarteten künftigen Güterverkehrs-wachstums übernehmen können, da mit dem kontinuierlich steigenden Individual- und Straßengüterverkehr Kapazitätsengpässe auf der Straße quasi vorprogrammiert sind. Zudem leistet die Güterverlagerung auf die Schiene einen wichtigen Beitrag zur Erreichung der international festgelegten Klimaziele und reduziert die Erdöl-Abhängigkeit. 


Tor zu boomenden Märkten und Tourismus-Magnet

Als eine der wichtigsten Nord-Süd-Transversalen Europas verbindet die BAA nicht nur die aufstrebenden Wirtschaftsregionen neuer EU-Mitgliedsländer (Polen, Slowakei, Tschechien) mit etablierten Wirtschaftsräumen, sondern verknüpft überdies andere prioritäre Achsen des Transeuropäischen Verkehrsnetzes (TEN-V). Durch die bessere Anbindung der nordadriatischen Häfen und damit an internationale Warenströme können sich diese über den Suez-Kanal zum Tor zu aufstrebenden asiatischen Märkten entwickeln. Das enorme Potential im Personenverkehr wiederum stellt eine Chance für den Tourismus der angeschlossenen Regionen dar, womit sich – nach Vorbildern der spanischen AVE-Med-Lineas oder dem französischen TGV-Méditerranée – die Baltisch-Adriatische-Verkehrsachse auch als attraktiver Urlaubsverkehr-Magnet entpuppen könnte.
 

Vorteile der Baltisch-Adriatischen Achse

  • Impulse für das Wirtschaftswachstum in den Regionen entlang der Achse,
     
    bessere Anbindung an europäische und asiatische Häfen und Bedeutungssteigerung der nord-adriatischen Häfen für den innereuropäischen und interkontinentalen Warenverkehr,
  • Erschließung neuer Märkte innerhalb der EU
  • Ankurbelung der Verlagerung des Güterverkehrs von der Straße auf die Schiene, damit umweltfreundlicher Transport durch CO2-Einsparung sowie massive Reduktion von transportverursachten Lärm sowie der Feinstaubbelastung und Entlastung des sensiblen alpinen Raums
  • Ausräumung von infrastrukturellen Verkehrsengpässen, Entlastung der Straße, weniger Unfälle
  • Verkürzung von Fahrtzeiten und somit Chance für den Tourismus

Die neue Achse in Zahlen

Diese Nord-Süd-Achse mit 1.820km Gesamtlänge verbindet fast 50 Mio. Menschen in 10 EU-Staaten. Sie umfasst 85 Ballungsräume und Wirtschaftszentren, 138 See- und Binnenhäfen sowie 28 Grenzübergänge zu Drittländern und zählt mit rund 24 Mio. Tonnen Güteraufkommen pro Jahr zu den wichtigsten Alpenquerungen. Ein Schiff benötigt 6-7 Tage für die Fahrt um Europa herum nach Rotterdam oder Hamburg. Auf der Schiene wäre dies wesentlich schneller möglich. 


Transeuropäische Asymmetrie im Güterverkehr beseitigen

Eine Schienen-Güterstromprognose macht eine transeuropäische Asymmetrie sichtbar: Ein Teil des Massengüterverkehrssegmentes spielt sich in Großbritannien, Frankreich, Spanien und Italien im „Short-Shipping- Küstenverkehr und auf Binnenkanälen ab, da dort auf den Hochgeschwindigkeitsstrecken die Güterverkehre nicht zugelassen sind. In Osteuropa bis Mitteleuropa boomt hingegen der Güterverkehr, der sich von Russland kommend ganz stark zum Baltisch- Adriatischen-Korridor hin ausrichtet, aber auch zu den Häfen des Schwarzen Meeres.

Die Baltisch-Adriatische Achse als neuer europäischer Verkehrskorridor ist umso wichtiger, weil sich die Häfen Venedig, Triest, Koper und Ravenna zur NAPA (North Adriatic Port Association) zusammenschlossen und Entwicklungsprojekte im Wert von 3,4 Milliarden Euro starteten. Mit dieser Kooperation wollen die nordadriatischen Häfen im Warenverkehr mit Asien den nordeuropäischen Häfen Rotterdam und Antwerpen durch kürzere Transportwege zum ost- und südosteuropäischen Markt Konkurrenz machen. 

Güterverkehrsdrehscheiben Wien, Kärnten und Steiermark

Der Aufstieg Wiens zu einer der wenigen 2-Millionen-Weltstädte am Ende des 19. Jh. steht hängt stark mit seiner Verkehrslage im Kreuzungspunkt der Ostsee-Adria- und der Donau-Achse zusammen. Wien ist ein Knoten von fünf „Vorrangigen transeuropäischen Verkehrsachsen“, davon 3 Eisenbahnachsen (PP17, PP22, PP23), die Autobahn Danzig–Wien (PP25) und die Donau-Binnenschiffsstraße (PP18). Zuletzt wurde ja die Schienenachse von den Ostseehäfen im Baltikum nach Wien und Pressburg von der EU bereits als vorrangiges Projekt eingestuft. Mit der Baltisch-Adriatischen Achse und dem Bau des neuen Hauptbahnhofs wird die Bedeutung Wiens als Verkehrsknotenpunkt weiter ausgebaut. 

Auch für die Wirtschaftsdynamik im Süden Österreichs bietet die bessere Anbindung durch die Baltisch-Adriatische Achse zeit- und kostengünstigere Transportmöglichkeiten und neue Absatzchancen in neuen Märkten. Überhaupt könnten die Terminals in Kärnten und der Steiermark sich zu Güterverkehrsdrehscheiben in den Südosten Europas entwickeln. Nimmt man Einwohnerzahl und Wirtschaftsleistung heran, erschließt diese Verbindung in Südösterreich (Niederösterreich, Obersteiermark, Graz, Klagenfurt, Villach) einen ähnlich großen Raum wie die Westbahn. 

Mit der Fertigstellung der Koralmbahn samt Koralmtunnel und des Semmering-Basistunnels wird die Steiermark über eine wesentlich bessere Erreichbarkeit verfügen was dem Wirtschafts- und Beschäftigungsstandort sowie dem 
Tourismusstandort Steiermark in den nächsten Jahrzehnten eine hohe zusätzliche Wertschöpfung bringen. Dazu kommt, dass die dafür notwendigen Baumaßnahmen arbeitsmarktpolitisch beachtliche Impulse für die Region bedeuten.

Durch die Integration von Regionalschnellbahnen und Regio-Busnetzen und die tief inneralpin hineingreifende Position des Achsenabschnittes in Österreich wird ein demographisches Abwanderungsgebiet mit eingebunden. Gelingt es Pendler zur Nichtaufgabe ihrer Wohnstandorte in strukturschwachen Gebieten zu bewegen, stellt dies einen wesentlichen Beitrag zur inneren Integration Österreichs dar.


Korridor-Wettlauf

Das Ziel einer gesamteuropäischen Kohäsion führte im sog. TENTINA- Prozess zu einer Wettlauf-Situation der Staaten der Europäischen Union nach förderbaren EU-Korridor-Einstufungen, die diese an sich rissen, auch wenn sie im innerstaatlichen Budget die dafür nötigen Infrastrukturausgaben nicht unterbringen konnten. Selbst wenn das TINA-Projekt gelungen wäre und unter Einsatz von Zügen in Neigetechnik wäre die Konkurrenzachse PP6 (Tina Korridor V) für den Personenfernverkehr nicht annähernd konkurrenzfähig gewesen. Slowenien hätte auf Jahrzehnte nicht jene Trassenqualität erreichen können, wie im nun festgelegten Verlauf der Baltisch-Adriatischen Achse gegeben ist. 

 

Koralmtunnel wird mit Baltisch-Adriatischer Achse zur Lebensader

Die Schienenachse von den Ostseehäfen im Baltikum nach Wien und Pressburg wurde von der EU bereits als vorrangiges Projekt eingestuft. Wird die Verlängerung in Richtung Süden zu den Nordadriahäfen als EU-Priorität endgültig aufgenommen, stehen damit auch EU-Kofinanzierungsmittel etwa für den Semmering-Basistunnel und die Koralmbahn zur Verfügung.

Mitte Oktober 2011 hatte die EU-Kommission sowohl den Koralm- als auch den Semmering-Basistunnel auf die Liste der in den nächsten Jahren zu fördernden Großprojekte gesetzt. Die Südbahn in Österreich ist Teil des Baltisch-Adriatischen Korridors über Wien, den Semmering-Tunnel, Graz und den Koralm-Tunnel bis Klagenfurt und Villach. Der Koralmtunnel stellt das Kernstück der neu zu errichtenden Koralmbahn zwischen Graz und Klagenfurt dar, und damit einen wesentlichen Teil der genannten Achse des TEN-Korridors 23 zwischen Danzig, Warschau, Wien und Bologna. Die Koralmbahn und die Baltisch-Adriatische-Achse stellen eine internationale und wirtschaftliche Lebensader dar, um der infrastrukturellen Entwicklung der Verkehrsströme, die sich in den nächsten Jahrzehnten von der Straße auf die Schiene verlagern werden, gerecht zu werden und zwischen Nordosteuropa und dem adriatischen Raum neue Potentiale zu ermöglichen.

Die Nord-Süd-Verbindung von Salzburg nach Kärnten wird hingegen nicht als prioritär eingestuft. Wegen der starken Steigungen wurde die Strecke seitens der EU-Verkehrsexperten als für den schweren Gütertransport ungeeignet eingestuft und daher nicht ins Kernnetz aufgenommen. Weiters enthalten sind im Kernnetz im Wesentlichen die Nord-Süd-Verbindung durch Tirol und den Brenner-Tunnel nach Italien sowie die Westbahn.


Intervention für vorrangige Schienenachse

Zwischen Danzig und Wien/Pressburg wurde die Baltisch-Adriatische Achse bereits 2004 als vorrangige Schienenachse (TEN-Projekt 23) festgelegt. Im Oktober 2006 unterzeichneten die Anrainerstaaten Polen, Tschechien, Slowakei, Österreich und Italien einen "Letter of Intent" zur Verlängerung dieses Projekts über Südösterreich nach Italien. Nun, in der Ratspräsidentschaft des am Projekt sehr interessierten Polen gelang es, die Kommission dafür zu gewinnen, dass die Eisenbahnstrecke Danzig-Wien über Kärnten (Koralmbahn mit Koralmtunnel) bis Bologna verlängert wird und Teil des EU-Core-Networks.


Gemeinsamer Kampf für Koralmtunnel

Die Entscheidung, ob die Baltisch-Adriatische Achse über Semmering- und Koralmtunnel mit bis zu 30 Prozent europäischer Kofinanzierung – 20 Prozent für den Bau sowie 50 Prozent für Studien und Vorarbeiten – rechnen kann, hängt aber davon ab, ob der Kommissionsvorschlag eine Mehrheit im Europäischen Parlament und im Ministerrat der EU findet. 

Nun, nachdem die Karten auf dem Tisch liegen und die einzelnen Projekte bereits im Rahmen von Großveranstaltungen vorgestellt wurden, gilt es weiterhin Schlüsselpersonen und Entscheidungsträger, vor allem im EU-Parlament, von der Notwendigkeit der baltisch-adriatischen Achse zu überzeugen. Wird die Koralmbahn als Teil der Baltisch-Adriatischen-Achse in das prioritäre Verkehrsnetzwerk TEN aufgenommen, fließen allein dort hunderte Millionen Euro an Förderung in das Jahrhundertprojekt.

In der Konzentration auf den grenzüberschreitenden Personen- und kombinierten Verkehr darf keineswegs auf die regionalen Anschlüsse vergessen werden. Schließlich gab es gerade hier im letzten Jahrzehnt massive Einsparungen. Wenn eine regionale Anbindung an den internationalen und EU-Grenzen überschreitenden Schienenverkehr nicht gegeben ist, werden potentielle Kunden ausgesperrt. Zudem gilt es die Gefahr, dass eine Liberalisierung des Bahnverkehrs mit Konzentration auf attraktive Hauptrouten ländliche Regionen aushungert, abzuwenden. 

 

mardi, 06 décembre 2011

Unruheherd Kosovo

610x.jpg

Unruheherd Kosovo

Brüssel darf die Lage der Serben nicht länger gleichgültig sein

Ex: http://www.andreas-moelzer.at/

Der Kosovo ist und bleibt ein Unruheherd am Balkan. Vor allem im Norden des Landes kommt es wiederholt zu Zusammenstößen zwischen Serben und der internationalen KFOR-Schutztruppe, und jüngst sprach der serbische Innenminister Dacic sogar von Krieg. Denn bei einem eventuellen Angriff der Albaner auf die Kosovo-Serben würde Belgrad eingreifen, ließ Dacic wissen.

Somit wird immer deutlicher, daß der Kosovo weiter denn je davon entfernt ist, ein „multi-ethnischer Staat“ zu werden, wie man es sich in westlichen Staatskanzleien ausgedacht hatte. Daß die Europäische Union nun vor dem Scherbenhaufen ihrer Kosovo-Politik steht, ist jedoch nicht weiter verwunderlich. Denn es war ein Kardinalfehler, daß Brüssel der einseitigen und völkerrechtswidrigen Unabhängigkeitserklärung der Kosovaren nicht nur tatenlos zugesehen, sondern sie dazu geradezu ermutigt hat. Und nicht minder schwer wiegt die einseitige Haltung der Europäischen Union zugunsten der Kosovo-Albaner, während die berechtigten Interessen der Serben keinerlei Berücksichtigung finden.

Wenn die Europäische Union eine Eskalation verhindern will, dann wird sie gut beraten sein, sich endlich um einen wirksamen Schutz der verbliebenen Serben zu kümmern, anstatt im Zuge des Beitrittsprozesses Druck auf Belgrad zur Anerkennung der Unabhängigkeit des Kosovo auszuüben. Insbesondere wäre in einem ersten, aber wichtigen Schritt dafür zu sorgen, daß den Serben eine möglichst weitreichende Unabhängigkeit gewährt wird, damit sie ihre Angelegenheit so selbständig wie nur möglich regeln können. Zusätzlich muß endlich der Schutz der über den Kosovo verstreuten historischen serbischen Kulturgüter sichergestellt werden. Schließlich sind die wiederkehrenden Angriffe auf serbische Kirchen und Klöster nichts anderes als ein Akt von Kulturbarbarei und müssen abgestellt werden. Auch wenn es sich noch nicht bis nach Brüssel herumgesprochen hat: Die serbische Kultur gehört seit Jahrhunderten zu Europa.

 
 

Pierres de notre longue mémoire: les blocs erratiques

Pierres de notre longue mémoire: les blocs erratiques

par Erik Vuylsteke

Ex: http://terretpeuple.com/

Grands blocs erratiques, couverts ou non de sculptures symboliques, s’élevant au milieu des forêts et des prairies, ou émergeant des eaux, sources divines, chênes majestueux auxquels l’on suspendait les offrandes, bosquets entourés d’une enceinte sacrée : ce furent là les principaux temples des indigènes avant la conquête romaine (1).

Les mégalithes sont bien connus et nous avons tous à l’esprit les menhirs, les dolmens et les cromlechs qui sont des pierres érigées ou façonnées  par l’homme.


Les pierres qui dans l’ordre du développement humain furent les premières à jouer un rôle funéraire, social et/ou religieux au sens large sont les blocs erratiques qui se distinguent des mégalithes au sens strict car leur origine est au départ naturelle sans intervention humaine.

Mon propos concernera donc les blocs erratiques.

Il y a des milliers  d’années l’arc alpin et la plus grande partie de l’Europe étaient recouverts d’immenses glaciers et seuls les reliefs les plus élevés en émergeaient.

Ainsi le glacier du Rhône occupait une grande partie de la Suisse.

Lors des phases de réchauffement climatique, le glacier fondait et reculait emportant avec lui des fragments de roche qui étaient déplacés sur de longues distances.

Le glacier transportait en quelque sorte ces fragments rocheux « sur son dos ».

Ces fragments de roche ont été dénommés « blocs erratiques » car ils n’appartiennent pas aux terrains sur lesquels ils reposent : ils semblent perdus, tels des intrus dans un environnement qui n’est pas le leur.

J’aurais aimé imaginer que des  fées les auraient ainsi déposés au hasard de leur humeur, mais aujourd’hui aucun doute n’est permis quant à l’origine des blocs erratiques (2).

A partir de 5000 ans environ avant l’ère chrétienne, les blocs erratiques commencent à jouer un rôle social et religieux dans nos contrées.

Les premiers menhirs (blocs dressés) et les premières pierres  à cupules semblent dater de 4.500 à 4.000 années avant l’ère chrétienne.

Ce ne sont pas les Celtes qui en sont à l’origine puisque l’on considère généralement que ces derniers sont apparus en Europe longtemps après la construction des mégalithes.

Toutefois les Celtes se sont appropriés les constructions mégalithiques existantes de telle sorte que menhirs, pierres à cupules, etc… se sont « celtisés » au même titre que les bois et les rivières des pays que les Celtes ont occupés.

Le bloc erratique se différencie du menhir : ce dernier est une pierre dressée, plantée verticalement, ce qui implique l’intervention humaine alors que le bloc erratique en tant que tel procède d’une intervention uniquement naturelle.

Les blocs erratiques (ou du moins certains d’entre eux) ont constitué un objet de vénération pour nos ancêtres dès le cinquième millénaire avant l’ère chrétienne.

Il semble admis que leur fonction originelle était d’ordre funéraire et social dans la mesure où l’on peut imaginer que le culte des ancêtres jouait un rôle important à cette période et que la pierre se rattache indiscutablement à la notion d’éternité. L’on peut dès lors parler de pierre de  mémoire  (3).

Les blocs erratiques (ou du moins certains d’entre eux) ont pu à cette époque constituer un tombeau destiné aux reliques d’ancêtres et/ou de centre de cérémonie.
En tout cas, leur fonction sociale et religieuse ne fait aucun doute, même si l’on ne peut être plus précis (4).

Certains blocs erratiques montrent des dessins ou des gravures (voir par exemple la pierre des Gottettes), parfois également des cavités creusées dénommées cupules.
Une pierre à cupules est donc un bloc erratique dont la surface présente des orifices taillés par la main humaine par  bouchardage (5) .
L’on trouve de nombreuses pierres à cupules dans l’arc alpin (6) .

L’une de ces pierres à cupules, dénommée « La pierre aux écuelles » révèle 25 cupules creusées dans le roc, dont la plus grande a 25cm de diamètre et 12cm de profondeur.

La raison de ces orifices creusés (cupules) demeure énigmatique et controversée : configuration astronomique (carte des étoiles), cultes et rites des religions préchrétiennes : par exemple culte de la fécondité ou vénération de la foudre ou encore culte de l’eau.

D’aucuns affirment que ces pierres une fois « celtisées » ont servi d’autels aux druides pour des sacrifices d’animaux ou d’  humains  (7).

Les cupules ont également pu avoir d’autres fonctions et leur rôle a certainement varié au fil des millénaires et des siècles de telle sorte que l’on ne peut considérer une fonction unique invariable sur le plan temporel  (8) .

Les blocs erratiques ayant été déposés sans intervention humaine, ils n’ont pu avoir de fonction astronomique proprement dite, mais les cupules qui  les recouvrent pourraient avoir eu cette fonction sous forme d’une cartographie de certaines constellations  (9) .

C’est ainsi que l’on peut lire sur le petit panneau indiquant l’emplacement d’une pierre à cupules située non loin d’Apples (Bois de Duin) :

« …La disposition des dix cupules représente assez fidèlement les étoiles de la constellation des Pléiades.
Le sculpteur avait remarqué ce groupe d’étoiles très brillantes et très proches les unes des autres et l’avait fixé sur cette pierre.

Au néolithique, les prêtres et les chamanes accordaient beaucoup d’importance à cette constellation qui, comme la lune, influençait l’agriculture.

De nombreuses cultures et religions  font référence aux Pléiades »  (10).

Les blocs erratiques se trouvent aujourd’hui presque tous dans les forêts ce qui s’explique par la circonstance évidente que ceux qui s’étaient retrouvés au milieu des plaines rapidement  transformées  en champs, se virent utilisés comme carrières à ciel ouvert et se firent débiter pour construire des menhirs, des habitations et autres constructions.

Ceux qui subsistent aujourd’hui se trouvent perdus dans les forêts ce qui donne un charme tout particulier à leur découverte.

Nombre de  légendes s’attachent à certains de ces blocs : par exemple la pierre pendue (située au pied du Jura) pivoterait de 360° tous les ans à minuit le soir de Noël  (11). 

D’autres pierres auraient la faculté de favoriser la fertilité féminine et l’on retrouve là sans doute tout un mythe originel.

Ainsi la pierre pouilleuse serait une pierre à papouilles qui favorise la fertilité des femmes qui s’y frottent, tout comme les pierres à glissades  (12).

Certains de ces blocs erratiques sont réputés par des géobiologues se trouver dans des lieux à haute énergie, comme d’ailleurs beaucoup de menhirs  (13).

Cette observation ne concerne que certains blocs erratiques.

Si de tous temps, les lieux de culte au sens large (notamment des religions préchrétiennes) ont été effectivement érigés dans des endroits propices sur le plan énergétique, l’origine des blocs erratiques (transportés par les glaciers sur leur dos, c'est-à-dire sans intervention humaine) donne à penser que c’est le fruit du hasard qui fait que certains d’entre eux se trouveraient dans des lieux énergétiques propices, sauf à imaginer – pourquoi pas – que les pratiques et rituels de nos ancêtres ont interagi avec le lieu et l’ont en quelque sorte spiritualisé.

Selon une autre hypothèse, certains blocs ont été déplacés vers des lieux énergétiques propices (14).


On trouvera ci-après un certain nombre de photos représentant quelques blocs erratiques dont certains sont des pierres à cupules. La pierre revêtue d’une gravure est la pierre des  Gottettes (qui se trouve non loin de Romainmotier), les autres photos représentent divers bloc erratiques revêtus ou non  de cupules. L’un d’entre eux dénommé « La pierre de Saubraz » est présenté comme étant un ancien « sanctuaire païen ».

Les diverses photos qui suivent ont été prises entre Léman et Jura.

Si aujourd’hui la plupart des blocs erratiques se trouvent tapis aux fonds des bois, certains demeurent facilement observables : par exemple les pierres de Niton qui émergent du lac Léman dans la rade de Genève face au quai Gustave Ador ou la pierre Féline au bord de l’autoroute Lausanne-Genève.

 Eric Vuylsteke.

 blocs erratiques eric01

 

 

 

blocs erratiques eric03

 

 

 

blocs erratiques eric04

 

 

 

blocs erratiques eric08

 

 

 

blocs erratiques eric10

 

 

 

blocs erratiques eric11

 

 

 

blocs erratiques eric15

 

 

 

blocs erratiques eric17

 

 

 

blocs erratiques eric20

 

 

 

blocs erratiques eric21

 

 

 

blocs erratiques eric25

 

 

 

blocs erratiques eric26

 

 

 

blocs erratiques eric27

 

 

 

 

 

blocs erratiques eric28

 

 

 

blocs erratiques eric29

 

 

 

blocs erratiques eric30

 

 

 

blocs erratiques eric38

 

 

 

blocs erratiques eric41

 

 

 

blocs erratiques eric42

 

 

 

blocs erratiques eric43

 

 

 

 

 

[1] Ce paragraphe est textuellement repris de la page 446 du Bulletin de l’Institut genevois de 1917, Tome XLII dans lequel l’archéologue Waldemar DEONNA a consacré une substantielle étude sur les Croyances religieuses et superstitieuses de la Genève antérieure au christianisme.

 

 

 

2 La théorie glacière de l’origine des blocs erratiques fut mise en lumière dès 1821 et développée par divers scientifiques de telle sorte qu’il y a plus de 150 ans au moins que l’origine glacière des blocs erratiques est unanimement admise dans les milieux scientifiques.

 

 

 

3 C’est d’ailleurs le titre d’un ouvrage publié  chez découvertes Gallimard « Les mégalithes Pierres de mémoire » par Jean-Pierre Mohen ; c’est aussi le titre d’une exposition en cours au musée d’Yverdon : « Pierres de mémoire, pierres de pouvoirs ».

 

4 Voir à cet égard concernant les statues-menhirs d’Yverdon « Hommes et Dieux du néolithiques », article de Jean-Louis Voruz publié dans l’Annuaire de la Société suisse de préhistoire et d’archéologie de 1992, p.37 et suivantes, voir particulièrement p.38 et la conclusion p.60 et 61.

 

 

 

5 Ces cupules  de forme circulaire ou ovale (voir photos qui suivent)  ont un diamètre variant de 1 à 30 cm et sont parfois reliées entre elles par des rigoles.

 

 

 

6 Mais également dans d’autres régions du monde.

 

 

 

7 Mais aucun élément ne vient corroborer pareille hypothèse.

 

 

 

8 Sur les pierres à cupules on peut renvoyer au site www.racines.traditions.free.fr

 

 

 

9 Tout ceci n’est bien sûr qu’hypothèse.

 

 

 

10 Il est à noter que l’on donne volontiers une signification astronomique aux menhirs : Voir Catherine Louboutin, « Au néolithique les premiers paysans du monde, Découvertes Gallimard, p.84 ;

 

Il est vrai toutefois que de nombreuses fonctions ont été proposées aux menhirs, tant  dans des écrits parascientifiques que dans des descriptions archéologiques et je reprends ici un passage de l’article précité de Jean-Louis Voruz, p.38, 2ème col. : « Gardiens de la sépulture rattachée à la terre mère, indicateurs signalant un sépulcre, poteaux indicateurs sur des routes ou des carrefours, repaires  de visée d’un observatoire astronomique, représentation de la carte des étoiles, électrodes bio-géologiques liées aux zones à forte activité tellurique, symboles axiaux de l’acte du monde, piliers mâles du monde, symboles phalliques de la puissance mâle, marqueurs de lieux de rassemblements et de cérémonies, monument du culte des eaux près des eaux sacrées, marqueurs sociaux d’identité ou de prestige de la communauté, marqueurs d’un prestige individuel ou familial, représentation à but religieux de héros déifiés ou de dieux, idoles vénérées, etc… ».

 

 

 

11 Il est à noter que la plupart des pierres qui se trouvent en équilibre instable se voient affublées d’une légende similaire ou semblable.

 

 

 

12 Pour éviter la censure, j’ai pris la photo sans les femmes qui se frottent à la pierre.

 

 

 

13 Voir Joëlle Chautemps, Guide des hauts lieux vibratoires de Suisse romande, Ed. Favre ; Voir aussi Lieux sacrés de Suisse romande : www.geniedulieu.ch

 

 

 

14 Voir Joëlle Chautemps précitée, p.17. Cette hypothèse présente un certain nombre d’interrogations sur le plan technique et apparaît donc délicate.