vendredi, 19 décembre 2025
Sur la victoire électorale de Kast au Chili

Sur la victoire électorale de Kast au Chili
Qui est José Antonio Kast, l’ultra-droitiste qui, lors de sa troisième tentative, accède à la présidence du Chili?
René Fuschloscher
Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2025/12/sobre-la-vict...
La victoire du conservateur José Antonio Kast au second tour de l’élection présidentielle chilienne constitue sans aucun doute un tournant politique: avec plus de 58 % des voix face à la candidate communiste Jeannette Jara, l’électorat a opté pour une gouvernance de droite associée à l’ordre, à la sécurité et au contrôle, fermant la voie à un projet de gauche largement perçu comme épuisé. Il s’agit de la victoire la plus large depuis la transition démocratique et elle exprime un rejet net de la narration progressiste dominante des dernières années, ainsi qu’une exigence citoyenne de rectifier la trajectoire dans des domaines tels que la criminalité, l’immigration irrégulière et la dégradation de l’espace public.
Cependant, réduire ce résultat à une simple «victoire contre le communisme» serait une lecture incomplète — et en quelque sorte complaisante — de ce qui est réellement en jeu. Le gouvernement annoncé ne semble pas orienté vers une récupération substantielle de la souveraineté politique ou économique du pays, mais plutôt vers une reconfiguration du pouvoir dans les marges du même ordre mondial. Loin d’un conservatisme national ou d’une droite enracinée dans des intérêts productifs internes, le projet de Kast montre des signes clairs d’alignement avec les réseaux transnationaux du grand capital financier et corporatif.
Dans cette optique, ses voyages à Washington et à New York, ainsi que ses rencontres avec des banques d’investissement, des fonds et des organisations comme le Council of the Americas, fondé par David Rockefeller et traditionnellement plateforme d’articulation entre les élites économiques américaines et l’Amérique Latine, doivent être compris. Ces espaces ne fonctionnent pas comme des forums neutres d’échange académique, mais comme des lieux d’influence idéologique et programmatiques, visant à garantir des cadres réglementaires favorables, une ouverture des marchés sans restriction et la subordination des politiques nationales aux exigences de l’investissement international.
Ce modèle correspond à ce qu’on désigne habituellement par une orientation mondialiste: non un internationalisme solidaire ni une coopération entre nations souveraines, mais l’intégration disciplinée des États dans les circuits financiers mondiaux, où les décisions stratégiques sont prises en dehors du cadre démocratique et loin du contrôle citoyen.
De ce point de vue, le nouveau gouvernement s’approche davantage de la tradition néoconservatrice américaine que d’une droite nationale: conservatisme en matière d’ordre public et de valeurs, combiné à une adhésion presque automatique à l’idéologie globale. Dans ce contexte, l’anticommunisme fonctionne plus comme une ressource rhétorique mobilisatrice que comme une doctrine réelle de confrontation idéologique, surtout dans un pays qui a laissé derrière lui, il y a plusieurs décennies, tout un scénario comparable à la Guerre froide.
Ainsi, la victoire de Kast ne peut pas être uniquement interprétée comme une défaite de la gauche radicale, mais elle doit l'être aussi comme la consolidation d’une droite fonctionnelle à l’ordre économique mondial, qui modifie le discours, durcit le ton sur la sécurité et l’immigration, mais maintient intacte la structure de pouvoir qui limite l’autonomie politique de l’État. Le véritable défi pour ce gouvernement ne sera pas seulement de gouverner avec ordre, mais de prouver qu’il est capable — ou même disposé — à mettre des limites réelles à l’influence du grand capital et aux agendas extérieurs, ou si son mandat se résumera, une fois de plus, à une administration locale de décisions prises ailleurs.
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Comment s’est formé le Système globaliste et comment fonctionne-t-il ?

Comment s’est formé le Système globaliste et comment fonctionne-t-il ?
Pierre-Emile Blairon
Nous traversons une période fort troublée de la vie politique française et internationale ; il me paraît judicieux de faire apparaître, ou de rappeler, quelques repères auxquels nos concitoyens désemparés pourront se référer dans une société où la violence (violence de rue et violence d’Etat), le mensonge, la manipulation et la trahison règnent en maîtres à tous les niveaux.
Le Système globaliste
Le Système globaliste s’est appuyé sur les fondations structurelles des sociétés traditionnelles multimillénaires pour constituer son propre squelette; il a méthodiquement et lentement inverti, perverti et corrompu (comme on dit qu’un métal comme le fer, sous l’effet du temps et des intempéries, se corrompt, rouille et finit par disparaître) toutes les bases et l’organisation établies pour qu’une société humaine puisse vivre et prospérer, afin de lui substituer ses propres critères; il s’agit bien d’un «grand remplacement» mais qui va beaucoup plus loin que l’homogénéité d’une population.
Les bases et l’organisation des sociétés traditionnelles étaient constituées de règles fonctionnelles et morales qui formaient l’armature de la société; c’est donc cette armature qui va être remplacée ou, plus exactement, dissoute, afin de lui substituer un ordre qui ne sera basé sur aucun des critères précédents. Les sociétés traditionnelles étaient fondées sur le principe que les élites aristocratiques (aristocratie: gouvernement des meilleurs) avaient pour mission de gérer une population humaine et une nature qui était notre alliée; dans le nouveau paradigme qui nous est imposé, ni l’humain ni la nature ne sont pris en compte. Quant à «l’élite», elle n’existe plus, il ne s’agit plus que de prédateurs du monde vivant.
J’ai pris comme exemple de l’organisation de ces anciennes structures la société française dont les règles étaient constituées par les systèmes politiques de gestion de cette société (1) en ne remontant pas plus loin que la période qui nous est contemporaine et qui, donc, est parfaitement déliquescente.
Cet exemple est valable pour tout type de société organisée de l’aire (et de l’ère) occidentale (2).

La scène politique française
La scène politique française contemporaine est une saga où on retrouve toujours les mêmes personnages, comme dans un feuilleton américain qui n’en finit pas; certains sont là depuis près de 50 ans, comme Fabius, Juppé ou Bayrou.
Traînant quantités de casseroles qui font un boucan de tous les diables mais que les oreilles chastes de nos concitoyens ne veulent pas entendre (3), ils se sont réparti les postes dans les diverses institutions françaises qui sont autant de sinécures (Conseil d’Etat, Conseil constitutionnel, Cour des comptes, Conseil économique et social…) ou bien ont été nommés, pour les «récompenser» de leur docilité, à des postes d’administrateur de grandes sociétés.
Cette «promotion» ne demande pas de compétences particulières, qui seraient de toutes façons inutiles puisqu’il s’agit juste de rémunérer leur assiduité par des jetons de présence, ce qui constitue déjà un progrès – et une (relative) contrainte - pour ceux d’entre eux qui sont d’anciens élus, députés ou sénateurs, où leur présence aux séances plénières ne sont pas obligatoires et où celle en commission est «excusée» sans problème et sans sanction.
S’il est un panneau dans lequel les Français tombent systématiquement depuis des décennies, c’est bien celui de l’appel des sirènes qui revêtent leurs plus beaux atours démocratiques à chaque élection en vue de les séduire et les pousser à se rendre aux urnes. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les Français persistent à voter pour les mêmes charlatans qui s’empresseront, une fois élus, d’oublier les vœux de leurs électeurs. C’est l’attitude habituelle des vieux routards de la politique et les Français se prêtent sans objection (mais sûrement pas en toute lucidité) à ce qui semble désormais constituer un «rituel» où chacun joue son personnage.
Du côté des «nantis», le blanc-bec ne sait pas encore qu’arriver à franchir les portes de l’Assemblée nationale ou du Sénat en tant que nouvel élu, qu’individu politique, en tant que politicien (croit-il), signifie qu’il a frappé à une porte où il ne fallait pas frapper sous peine de perdre sa virginité, que la porte lui a été ouverte sous condition, qu’il est accepté dans sa nouvelle famille mais qu’il devra se plier aux règles de la pièce de théâtre qu’il s’apprête à jouer en tenant un rôle bien précis qu’on lui aura expressément indiqué et auquel il sera tenu de se cantonner.

A vrai dire, il ne s’agit pas d’une pièce de théâtre; il s’agit d’une secte qui contraint tous ses membres ; pire, plus que d’une secte, il s’agit d’une mafia très exigeante qui n’admet aucune trahison car cette mafia EST la trahison (4), ne vit que pour, et que de, la trahison, et elle n’accepte aucune concurrence et aucune dérogation à ses règles.
Cette réception dans la secte est entérinée par le représentant du groupe politique auquel appartiennent ses députés, qui les engage à suivre ses directives et ceux de la secte sous peine d’exclusion.
Le nouvel élu fait désormais partie du Système et il lui sera demandé inévitablement de trahir ses électeurs, dont les souhaits généralement fort pragmatiques ne correspondent en rien aux objectifs de cette caste, ce qui fera qu’il passera la majeure partie de son temps à mentir et à se justifier, la main sur le cœur, à tromper ses électeurs et à leur promettre monts et merveilles, promesses qu’il n’a aucune intention, ni même aucune possibilité (5), de tenir sous peine de se voir exclu de son groupe, l’exclusion étant un moindre mal, si l’on tient compte des récents «suicides» qui ont alerté les Français les plus éveillés sur les agissements du monde politique français presque entièrement soumis à ce véritable «syndicat du crime» (6).
Mais, au-delà de cette école de la trahison, de la perversion et du mensonge qui formate les futurs psychopathes qui vont diriger notre pays, nombre de ces derniers auront également subi divers examens de passage, une initiation qui les formera aux pratiques les plus abjectes qui ont cours dans les cénacles plus hermétiques des maîtres de ce monde qui ne fixent aucune limite, morale ou sociétale, à leurs dépravations et exigent de leurs affidés la même attitude.
De la sorte, une grande partie du personnel politique sera vulnérable au chantage qu’aura exercé la Secte mondialiste sur ses adeptes, puisque beaucoup d’entre eux, peut-être plus ambitieux que les autres, et surtout plus dépourvus de scrupules, auront été contraints de passer sous les fourches caudines de ces débordements pervers de tous ordres, débordements dûment filmés.
Le Système globaliste a fait en sorte de dépasser très largement le strict domaine politique pour investir tous les pans de la société ; l’affaire Epstein et ses ramifications en France avec son correspondant Brunel (l’un et l’autre «suicidés») et dans le monde nous rappelle que les champs de l’art (architecture, sculpture et peinture contemporaines), du sport (Jeux olympiques), de la jet-set (famille royale d’Angleterre), ou du spectacle (chanteurs promouvant les spectacles satanistes, pègre hollywoodienne) ont été largement contaminés.
Si vous adaptez cette grille de lecture aux événements douloureux qui se produisent actuellement, notamment avec l’affaire des abattages de bétail, vous serez à même de mieux comprendre les positions de chacun et les enjeux en cours mais, surtout, vous aurez définitivement rompu avec la naïveté de ceux – la très grande majorité des Français – qui avalent tout crues (dans les deux sens du terme) les informations des médias de propagande subventionnée appartenant tous à seulement dix oligarques français, ce qui induit la monopolisation, l’uniformité, la partialité de l’information et, surtout, son imposture.
Pierre-Emile Blairon
Notes:
- (1) La « politique » définit ce qui appartient au domaine de l'organisation d'un État et à l'exercice du pouvoir dans une société organisée.
- (2) Voir la définition de l’Occident, par exemple, dans cet article : Trump veut-il vraiment en finir avec la guerre en Ukraine?
- (3) « L’Occident comprend les Américains de l’Etat occulte, dit « profond », la CIA, l’Otan, et leurs satellites : l’Union européenne, l’Israël sioniste, le Mossad. » L’exemple le plus flagrant et le plus navrant est celui de l’enthousiasme suscité par la parution du livre de Nicolas Sarkozy décrivant les « épreuves » que ce répugnant personnage passible plusieurs fois de haute trahison, a traversées pendant… 20 jours en prison; voir l’article du 15 décembre 2015 de Georges Gourdin sur Nice Provence Info à ce sujet : Mais qui sont ces gens qui poireautent pour un autographe de Sarkozy ?
- (4) Mafia : groupe occulte de personnes qui se soutiennent dans leurs intérêts par toutes sortes de moyens (Larousse).
- (5) 90% des promesses de ces élus français ne seront pas tenues – et ils le savent !- puisque tous les groupes présents à l’Assemblée nationale et au Sénat sont partisans de l’Union européenne qui fixe ses propres lois en fonction de ses propres intérêts, qui sont des intérêts globalistes qui vont à l’encontre des intérêts nationaux et les impose aux Etats membres.
- (6) On peut revoir avec profit le film d’Henri Verneuil, I comme Icare.
16:39 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, système globaliste, france |
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jeudi, 18 décembre 2025
Autonomie stratégique de l'Europe – une analyse sobre et de sérieux signaux d'alarme

Autonomie stratégique de l'Europe – une analyse sobre et de sérieux signaux d'alarme
Elena Fritz
Source: https://t.me/global_affairs_byelena
La demande d’«autonomie stratégique» européenne a atteint une nouvelle dimension. Elle n’est plus un simple slogan politique, mais se formule de plus en plus comme un projet concret de restructuration en matière de sécurité, d’industrie et de politique financière. Dans The National Interest, Emilian Kavalski et Maximilian Mayer plaident ouvertement en faveur du développement d’une économie de guerre européenne (cf. https://nationalinterest.org/feature/why-europe-needs-a-war-economy). Leur analyse est en partie juste – mais leurs conclusions sont stratégiquement risquées.
Tout d’abord, le constat indiscutable: la capacité d’action militaire de l’Europe est structurellement dépendante des États-Unis dans des domaines clés. La base opérationnelle des forces modernes – renseignement, communication satellitaire, données en temps réel – n’est pas sous contrôle européen. Les systèmes d’armes avancés dépendent des logiciels américains, des pièces détachées américaines et des chaînes de maintenance américaines. Et la dissuasion nucléaire de l’Europe reste – à l’exception connue de la France – de fait sous l’autorité américaine en cas d’escalade. La décision en cas de crise extrême n’est pas prise en Europe.
Ce qui est moins nouveau, c’est la conséquence que l’on en tire. La sécurité n’est plus uniquement comprise comme une question politique, mais comme une relation de production économique et infrastructurelle. Les systèmes financiers, les chaînes de paiement, les services cloud et les centres de données sont explicitement définis comme des instruments de pouvoir. En réalité, une partie importante de l’architecture financière et numérique européenne est soumise au droit et au contrôle américains. En crise, cela devient un levier stratégique d’une grande portée.
C’est là que commence le point critique.
Le passage d’une capacité de défense légitime à une économie militaire, financière et industrielle constamment mobilisée modifie fondamentalement le caractère de la politique européenne. Un tel ordre nécessite des scénarios de menace permanents, une forte et constante mobilisation des ressources, ainsi qu’une légitimation politique durable. La sécurité n’est plus un moyen pour atteindre un but, mais un principe structurant.
La question énergétique est particulièrement problématique, car elle reste remarquablement sous-exploitée dans ces concepts. Une économie de guerre et une industrie européennes autonomes sont impossibles sans une énergie fiable et peu coûteuse. En réalité, ces conditions ne sont réalistes qu’avec des ressources russes. Si cette dépendance n’est pas résolue politiquement, la logique de l’autonomie stratégique ne laisse place qu’à la contrainte.
Cela déplace le cœur du problème:
- L’autonomie stratégique n’est pas stabilisante, mais appelle l'escalade.
- Le conflit avec la Russie n’est pas un accident de fonctionnement dans ce modèle, mais une condition nécessaire pour la mobilisation intérieure, le remplissage industriel et la cohésion politique.
D’un point de vue stratégique sobre, il en découle ce qui suit:
- L’Europe risque de se développer d’un acteur en matière de sécurité vers un espace militarisé permanent – avec une capacité de contrôle politique limitée, une charge économique élevée et un risque accru d’escalade.
- Plus d’autonomie ne signifie pas plus de sécurité – mais plus de confrontation.
#géopolitique@affaires_mondiales_byelena
20:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, défense |
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Comment Blackrock intervient dans la guerre en Ukraine

Comment Blackrock intervient dans la guerre en Ukraine
Meinrad Müller
Source: https://pi-news.net/2025/12/wie-blackrock-im-ukrainekrieg...
Pourquoi Larry Fink, le PDG de Blackrock, se retrouve soudainement à la table des négociations de paix ? La réponse simple : le gros argent gouverne le monde.
La revue économique allemande WirtschaftsWoche titrait jeudi en grosses lettres: «Pourquoi le PDG de Blackrock est soudainement à la table des négociations en Ukraine». Habituellement, seuls les participants au conflit siègent à la table. BlackRock était-il donc un participant à la guerre? Car si même un journal économique sérieux devient aussi explicite, cela signifie que l’ordre des choses a été profondément bouleversé.
Larry Fink gère avec BlackRock un patrimoine de plus de dix mille milliards de dollars. C’est du pouvoir. Du pouvoir pur. L’argent a toujours été l’arme la plus efficace, à toutes les époques, dans toutes les guerres. Si Fink déplace ne serait-ce qu’une petite pièce d’échecs, cela provoque un séisme, plus qu’un vote dans une assemblée parlementaire.

Un joueur de poker avec des as dans la manche
Fink est là comme un joueur de poker avec un paquet d’as dans la manche. Il pose ses atouts sur la table, et tout le monde voit ce que cela signifie: la carte supérieure l’emporte. Depuis 2022, Fink téléphone régulièrement à Zelensky. Alors que l'on comptait les morts à la guerre sur le front, en coulisses, des discussions sur la reconstruction étaient déjà en cours.
Le 10 novembre 2022, l’Ukraine et BlackRock ont signé une déclaration d’intention à Washington. BlackRock devait aider à élaborer un grand fonds de reconstruction, avec de l’argent public et privé, soigneusement organisé en paniers d’investissements.
Fink a obtenu des informations d’initié en première main
C’est ce dont un gestionnaire de fonds a besoin. Combien de temps la guerre va durer, quelles infrastructures ont été détruites et le seront encore. Où se trouvent l’énergie et les matières premières. Sur le marché boursier, on dit qu’il faut acheter quand les canons tonnent, vendre quand les violons jouent des airs de paix. C’est exactement comme cela que ça se passe. Le rouble circule dans la guerre, et il circule encore plus tard dans la paix. Blackrock maîtrise les deux. Et il méprise la morale dans la recherche de rendement.
Mais cette déclaration d’intention a été le coup d’envoi d’un modèle économique qui rapporte deux fois. D’abord via l’industrie de l’armement, qui affiche des chiffres record. Ensuite via la reconstruction, lorsque le pays détruit est organisé en paquets d’investissements. Énergie, routes, usines d’eau, terres agricoles, peut-être plus tard des mines et des terres rares. Selon la Banque mondiale, le coût de la reconstruction est estimé à au moins 500 milliards de dollars. Ce n’est pas un programme d’aide de la Croix-Rouge, c’est un marché du siècle.

Corruption à l’échelle XXL
Voici à quoi ressemble la corruption quand elle ne se cache pas dans de petites enveloppes, mais dans un format bien plus vaste, qui se chiffre en milliards. On appelle cela de bonnes affaires. Les contrats sont en ordre, les cabinets d’avocats en tirent profit, tout est formellement correct. Mais le schéma reste le même. Fink a vu les ruines, les morts, les villes en flammes. Et il sait qu’il encaissera dans les deux phases. D’abord quand la guerre fait rage, puis lors des contrats qui s'ensuivront.
Il est assis à la table et il calcule. Combien de centrales électriques doivent être remplacées. Combien de ponts, combien de routes, combien d’années de péages et de taxes. Les gens voient des décombres. Fink voit des flux de trésorerie.
Qui est Meinrad Müller?
Auteur pour le site PI-NEWS, Meinrad Müller (71 ans), entrepreneur à la retraite, commente divers thèmes liés à la politique intérieure, économique et étrangère pour divers blogs en Allemagne. Originaire de Bavière, il aborde principalement des sujets rarement mentionnés dans la presse mainstream. Ses livres humoristiques et satiriques sont disponibles sur Amazon. Vous pouvez retrouver ses contributions précédentes sur le site PI-NEWS ici: https://pi-news.net/tag/meinrad-mueller/ et son blog privé ici: https://www.info333.de/p/ .
19:49 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, europe, blackrock, ukraine |
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Sans production de masse à faible coût, les armées ne gagneront aucune bataille

Sans production de masse à faible coût, les armées ne gagneront aucune bataille
Source: https://mpr21.info/sin-una-produccion-en-masa-de-bajo-cos...
Les grandes puissances occidentales mènent le monde vers un état de guerre permanente, pour cela il faut réduire considérablement les coûts, surtout ceux des arsenaux. C’est pourquoi les économistes sont de plus en plus présents dans les ministères de la Défense.
Les arsenaux ne sont guère plus que des tas de ferraille qui, en plus de rouiller par inactivité, deviennent rapidement obsolètes. Les armées ne peuvent pas garantir que leur équipement fonctionnera lorsqu’elles en auront besoin.
Les médias spécialisés en économie s’occupent de plus en plus ouvertement du réarmement européen, et l’ancien adage prodigué en facultés d’économie, « canons ou beurre », est dépassé. Comme nous l’avons vu dans le cas de l’Allemagne, la question est de savoir quel type de canons il faut fabriquer.

Il en va de même en France, qui en 2022 a placé un homme d’affaires, Emmanuel Chiva (photo), à la tête de la Direction Générale de l’Armement pour fusionner l’armée avec le capital privé et accélérer l’introduction de technologies de pointe. Dans la guerre à faible coût, la France et les Européens « sont très en retard par rapport à la Russie », reconnaissent les médias (*).
En 2018, Chiva a créé l’Agence d’Innovation pour la Défense, qui s’est attaquée à l’intelligence artificielle et aux satellites militaires. L’objectif n’est pas de préparer l’armée à la guerre, mais y préparer l’économie. La Direction Générale de l’Armement impose aux entreprises de constituer des réserves de minéraux stratégiques et de préparer la conversion militaire de lignes de production civiles.
Par exemple, ils ont obligé les usines Renault à produire des drones et d’autres équipements militaires.
Jusqu’à présent, l’équipement militaire français reposait sur des technologies très avancées mais extrêmement coûteuses et produites en très faibles quantités. La nouvelle politique de réarmement souhaite changer cela pour passer à des armes à faible coût, notamment des drones.
Il ne sera pas possible de gagner une bataille future sans une ligne de production capable de fabriquer des armes légères en grande quantité. La Russie fabrique chaque jour des milliers de drones FPV bon marché, ce qui lui permet d’atteindre des objectifs sur le champ de bataille avec une précision très élevée, contrairement aux missiles d’artillerie non guidés, qui sont beaucoup plus chers et ne disposent pas de la précision nécessaire.
Bien que l’artillerie et les chars restent utiles dans certaines situations, la présence omniprésente de drones en Ukraine, qui causent plus de la moitié des attaques mortelles, redéfinit les besoins opérationnels, au détriment des armes lourdes traditionnelles.
Note:
(*) https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/drones-motos-...
19:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, économie de guerre, défense, actualité, europe, affaires européennes, drones |
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Euro-suicide: le crépuscule spenglerien de l’Europe

Euro-suicide: le crépuscule spenglerien de l’Europe
par Giuseppe Masala
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31854-gius...
Recension: Gabriele Guzzi, Eurosuicidio, Fazi Éditeur (2025)
Ces jours-ci paraît une œuvre d’envergure culturelle importante, écrite par le jeune économiste Gabriele Guzzi. Il s’agit du livre Eurosuicidio, qui tente de faire la lumière sur l’intégration européenne, vue d’un regard non consolateur, non rhétorique, mais bien un regard fondé sur la réalité des faits.
L’intégration européenne, la naissance de la monnaie unique, a été le tournant historique le plus important du continent au cours des cinquante dernières années, et elle a entraîné l’effondrement total — presque une dissolution selon l’auteur — des pays européens, de leurs démocraties, de leurs économies et de leurs sociétés. Exactement, pour le dire avec les mots de Guzzi lui-même: il s’agissait d’un véritable suicide, plus précisément d’un euro-suicide, comme cela est emblématiquement évoqué et fait presque écho (peut-être inconsciemment) à Oswald Spengler.
La thèse centrale de l’ouvrage est que la crise actuelle de l’Union européenne n’est pas le fruit d’un accident de l’histoire, mais qu’elle est due à des causes structurelles — intrinsèques au projet lui-même, né sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale.
Je ne saurais vraiment pas en vouloir à l’auteur. L’Europe n’est qu’un traité (comme le soutient autoritairement la Cour constitutionnelle allemande), et donc elle n’a pas de constitution, ce qui la prive d’être une réelle démocratie. Mais en même temps, elle veut se poser en phare mondial des démocraties.
Quelqu’un aurait-il peut-être oublié de faire le parallèle entre l’UE et un «jardin fleuri», tel qu'imaginé par l’ancien Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell? Un véritable court-circuit logique, mais ce n'est pas le seul dans ce projet. L’Union européenne est un projet fou qui veut unir des peuples qui parlent pas moins de 24 langues officielles reconnues par l’UE, utilisent trois alphabets, ont des politiques sociales, industrielles et économiques différentes, ainsi que des cultures et des traditions diverses. Et tout cela, en dehors d’une constitution qui graverait de façon indélébile les droits des citoyens de cette Babel actuelle.

Selon l’auteur, l’Union monétaire a été la dernière étape menant à la dislocation et à l’autodestruction du projet européen, qui doit néanmoins être déconstruit de façon rationnelle pour envisager — dans le futur — de nouvelles formes de coopération entre les pays européens. Tout cela pour éviter une implosion incontrôlable dont l’issue et les dégâts restent imprévisibles. À mon avis, une proposition à considérer comme sage, même si elle peut paraître radicale. Mais une proposition — comme le laisse entendre le même auteur — qui nécessite l’abandon de cette «foi presque religieuse» que beaucoup ont encore dans le projet européen, qui s’est avéré être un échec.
Je me permets un petit commentaire sur une œuvre importante, car elle nous explique bien que cette crise n’est pas due à un hasard: la solution proposée par Gabriele Guzzi est peut-être utopique, trop d’intérêts sont en jeu et le niveau d’interaction entre systèmes économiques est trop complexe pour espérer déconstruire rationnellement un projet comme celui de l’Europe. Peut-être faut-il accepter — comme dirait Spengler — que toutes les civilisations meurent tôt ou tard, et que, peut-être, le projet européen a été le chant du cygne d’une certaine zone géographique — la nôtre — qui a désormais rempli sa tâche dans l’Histoire. D’ailleurs, l’euro-suicide est la troisième tentative de suicide de l’Europe au cours du siècle dernier, après les deux guerres mondiales. Peut-être que cet évènement est celui qui marque la fin fatale d’une zone politiquement, technologiquement, militairement et spirituellement en crise.
18:29 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, livre, suicide européen |
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mercredi, 17 décembre 2025
Actifs russes: décision à Bruxelles, responsabilité à Berlin

Actifs russes: décision à Bruxelles, responsabilité à Berlin
Elena Fritz
Source: https://t.me/global_affairs_byelena
Le débat sur les actifs russes gelés est moins complexe juridiquement qu’il n’y paraît. La chaîne de responsabilité (liability) est claire — mais est délibérément dissimulée par le monde politique.
En réalité, les décideurs européens savent (https://europeanconservative.com/articles/commentary/de-w...) qu’une expropriation ouverte des actifs russes — en particulier des fonds détenus chez Euroclear en Belgique — serait contraire au droit international. Le principe de l’immunité des États (par in parem non habet imperium) reste en vigueur, car aucun État membre de l’UE n’est formellement en état de guerre avec la Russie. C’est pourquoi la Commission européenne, sous Ursula von der Leyen, opte pour une échappatoire: les actifs ne seront pas saisis, mais utilisés comme garanties pour des prêts de l’UE à l’Ukraine.
Juridiquement, cette astuce ne change pas grand-chose. Les recours de la Russie seraient prévisibles — et auraient de bonnes chances de succès. La question cruciale est de savoir qui sera alors responsable: non pas la Commission, non pas les responsables politiques, mais les États membres.
L’Allemagne serait particulièrement touchée.
En tant que plus grand contributeur net et garant du budget de l’UE, la République fédérale devrait supporter de manière disproportionnée les remboursements, intérêts et éventuelles demandes de dédommagement. La décision politique se prend à Bruxelles — Berlin en assume la responsabilité fiscale.
Il y a aussi le cas particulier belge : puisque l’argent est chez Euroclear, la Belgique serait formellement le principal destinataire des recours, mais ne pourrait jamais payer seule la somme à rembourser. La responsabilité serait européanisée — et répartie entre tous les contribuables.
Le calcul politique est évident: acheter du temps pour continuer la guerre en Ukraine, tout en reportant les conséquences juridiques et financières à l’avenir — à un moment où les responsables actuels ne détiendront plus aucune responsabilité.
L’analogie dans l’original est révélatrice: l’UE tolère depuis des décennies l’occupation illégale du Nord de Chypre par la Turquie, sans confisquer les actifs turcs. Cela démontre clairement qu'il ne s’agit pas de justice ou de droit, mais de pouvoir et de pragmatisme.
Conclusion :
- L’utilisation des actifs russes est un transfert délibéré de responsabilité.
- Décision : Commission européenne.
- Approbation : États membres au Conseil.
- Responsabilité : budgets nationaux.
- Principal contributeur : le contribuable allemand.
#géopolitique@affaires_mondiales_byelena
19:52 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, euroclear, actifs russes |
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Retour aux idées du mouvement MAGA, contre l’UE - La nouvelle « stratégie nationale » de la Révolution conservatrice américaine

Retour aux idées du mouvement MAGA, contre l’UE
La nouvelle « stratégie nationale » de la Révolution conservatrice américaine
Alexandre Douguine
Dans l’émission Escalation de Radio Sputnik, Alexandre Douguine accueille la nouvelle Stratégie de Sécurité Nationale des États-Unis comme un retour à MAGA et à un « ordre des grandes puissances », promettant un retrait de l’interventionnisme mondialiste et déclenchant un tsunami destiné à faire s’effondrer la dernière tentative de croisade libérale de l’UE.
Animateur de Radio Sputnik, Escalation: Commençons par le document qui fait actuellement l’objet d’un débat enflammé en Russie, en Europe, et même en Chine. Je parle de la nouvelle Stratégie de Sécurité Nationale des États-Unis. En particulier, les médias suisses déclarent carrément que ce texte fait en grande partie écho au discours de Munich de notre président Vladimir Vladimirovitch Poutine. Alexandre Gelyevitch, selon vous, est-ce vraiment le cas ?
Alexandre Douguine: Vous savez, avec la publication de cette Stratégie de Sécurité Nationale américaine, nous assistons une fois de plus à l’oscillation emblématique de Trump entre le camp MAGA et les néoconservateurs — oscillation dont nous parlons constamment dans nos programmes et que nous suivons de près. Et on peut dire sans détour : la doctrine actuelle a été rédigée spécifiquement au nom de MAGA. C’est la véritable doctrine « Make America Great Again », la voix des opposants résolus au mondialisme et des critiques sévères des thèses néoconservatrices, le noyau même qui a permis à Trump de remporter l’élection.
En substance, cette stratégie est très proche de ce que j’appelais dans mon livre l’«ordre des grandes puissances».
De nos jours, ce terme se fait de plus en plus entendre dans l’espace public — l'«ordre des grandes puissances». Cela signifie que l’Occident ne se considère plus comme le garant de la démocratie, ne s’engage pas dans la diffusion des valeurs libérales, ne se sent pas responsable de toute l’humanité, et ne se voit pas comme faisant partie d’un espace unique avec l’Europe. L’Amérique est désormais seule. Elle aspire toujours à la grandeur, au développement et à la domination, mais elle définit clairement le territoire de cette domination — principalement l’hémisphère occidental, les deux Amériques. C’est de là que vient l’expression «corollaire à la doctrine Monroe». Un corollaire est une addition, un développement d’un certain projet géopolitique, et ce corollaire de Trump est, en essence, l’ordre des grandes puissances.
Que disent Trump et ses soutiens dans ce document ? L’Amérique se préoccupe principalement de deux continents: l’Amérique du Nord (y compris, si vous voulez, le Groenland comme une extension naturelle de l’Alaska) et toute l’Amérique du Sud. C’est leur zone, et ils se la réservent sans condition. Quant au reste du monde, la principale thèse mondialiste selon laquelle la Russie et la Chine sont les principaux adversaires stratégiques a disparu. De telles formulations n’existent plus. La Russie est évoquée de manière plutôt neutre, voire amicale — comme un partenaire potentiel. La Chine est considérée comme une concurrente économique sérieuse et une menace relative, mais plus comme un ennemi au sens traditionnel. L’intervention dans les affaires du Moyen-Orient et dans d’autres zones eurasiennes sera quasiment nulle. L’Afrique a été déclarée zone indifférente, et l’Inde n’est pas du tout mentionnée — c’est-à-dire qu’elle n’est plus considérée comme un partenaire stratégique.
Le résultat est un monde véritablement multipolaire. Trump déclare ouvertement: oui, nous restons la plus grande puissance, nous maintiendrons et affirmerons notre hégémonie, mais nous allons la réduire considérablement. Le rejet de l’agenda mondialiste ouvre objectivement la voie à d’autres pôles — la Russie, la Chine, l’Inde — pour s’affirmer pleinement. Quant au reste, Trump dit simplement : je m’en fiche, créez vos propres pôles ou pas, comme vous le souhaitez. Bien sûr, l’hégémonie américaine reste extrêmement méfiante envers les BRICS et envers toute consolidation d’autres civilisations. Ce corollaire de la doctrine Monroe constitue un défi direct à toute l’Amérique latine, qui sera contrainte de chercher une stratégie commune pour éviter la domination totale des Etats-Unis sur son continent. La même logique s’applique à l’Afrique.
En réalité, il s’agit d’une stratégie profondément anti-européenne. La solidarité atlantique n’est évoquée qu’avec sarcasme et mépris. Elle propose de «partager le fardeau» des dépenses militaires de l’OTAN: l’Amérique renonce à sa responsabilité première en Europe, en laissant seulement quelques positions clés. C’est, en essence, la fin de l’atlantisme en tant que tel. L’Europe doit désormais penser par elle-même et créer son propre pôle civilisateur.
Cette doctrine reflète l’approche même du mouvement MAGA grâce à laquelle Trump est arrivé au pouvoir. Ensuite, il s’en est très fort éloigné: il ne s’est pas vraiment impliqué dans le conflit ukrainien, l’a couvert d’un faux-fuyant plutôt que de proposer une solution réelle, a bombardé l’Iran, a soutenu de façon radicale Netanyahu — il s’est considérablement éloigné de son programme initial. Et dans cette stratégie nouvelle, il revient à ses racines : un retour aux principes du mouvement MAGA.
Il n’est pas surprenant que le document ait provoqué une véritable panique chez les mondialistes — aussi bien en Europe qu’aux États-Unis eux-mêmes. Ils hurlent sur un ton hystérique: qui a écrit ça ? Si la première doctrine de Trump a été rédigée par des néoconservateurs et des mondialistes — Pompeo, Bolton, Pence — maintenant, elle est en train d’être écrite par de véritables supporters de MAGA: Hicks, Vance, Miller. Le paradigme a complètement changé. C’est un réalisme émergent — agressif, hégémonique, mais néanmoins réaliste. L’idée de promouvoir les valeurs libérales a été rejetée une fois pour toutes.
L’Amérique devient une puissance militaire et politique concrète, clairement délimitée, avec des intérêts évidents qu’elle défendra bec et ongles dans son hémisphère. Quiconque se retrouve à mettre des bâtons dans les roues aura des ennuis. Mais il n’est plus question de libéralisme, de démocratie ou de droits de l’homme. America First — point final. Objectivement, le monde multipolaire dont notre président parlait dans son discours de Munich, rejetant les prétentions occidentales à l’universalité et au mondialisme, est désormais en grande partie déclaré par Trump lui-même. Reste à savoir si le successeur de Trump, par exemple Vance, pourra maintenir cette ligne après Trump qui aura alors plus de 80 ans. Ou si, après tout, les néoconservateurs reviendront à l'avant-poste. Pour l’instant, c’est une déclaration de guerre — pas contre nous, mais contre l’élite libérale-globale mondiale.
Animateur: En parlant de l’Ukraine, on entend actuellement dire que Trump n’est pas content du fait que Zelensky ne semble pas accepter son plan de paix. Le fils de Trump suggère même qu’au milieu de toutes ces histoires de corruption, l’Amérique pourrait cesser complètement son implication dans le conflit ukrainien dans les mois à venir. Quelle est la crédibilité de cette hypothèse?
Alexandre Douguine : Le plan que Trump promeut actuellement est précisément celui qui nous convient. Nous lui avons expliqué très clairement: ce qui est acceptable pour nous et avec quoi nous ne pouvons en aucun cas avoir de rapport. Cependant, ce que nous lui avons expliqué et qu’il a apparemment accepté ne sera pas une victoire totale pour nous. Malheureusement, c’est encore un compromis. Ce n’est pas une défaite — en aucun cas — mais ce n’est pas non plus une victoire dans le sens profond du terme. On peut l’appeler une certaine réussite, on peut l’appeler une humiliation de l’Occident idéologique, et c’est indubitablement une défaite personnelle et finale pour Zelensky — mais ce n’est en aucun cas la fin de l’Ukraine en tant que projet, ni la fin de l’Occident en tant que force civilisatrice.
Trump a parfaitement compris cela. Il a compris l’essentiel: s’il veut vraiment sauver l’Ukraine — c’est-à-dire sauver la tête-de-pont de l’anti-Russie, la tête-de-pont russophobe qui s’est construite contre nous depuis tant d’années — il doit immédiatement accepter nos propositions. Pour les mondialistes, pour les Européens, et bien sûr pour Zelensky lui-même, cela représentera une défaite sérieuse et douloureuse. Mais pour l’Ukraine elle-même, cela ne sera pas le cas. L’Ukraine sera sauvée. Et elle sera sauvée dans la but même pour lequel elle a été créée: en tant qu’anti-Russie. Et c’est Trump qui la sauve, en sacrifiant Zelensky et toute une cohorte d’idiots européens qui ne peuvent toujours pas croire à ce qui se passe.
Si Trump, ayant fait tout ce qui était en son pouvoir, se retire simplement du conflit et le laisse à l’Europe et à l’Ukraine — ce qu’il a d’ailleurs laissé entendre à plusieurs reprises, voire dit très ouvertement — ce serait la véritable option idéale pour nous. Oui, nous devrions encore lutter — peut-être longtemps et avec beaucoup de difficulté — mais alors, nous aurions la vraie perspective d’une victoire authentique, complète et irréversible. Toute trêve que nous pourrions conclure maintenant n’est qu’un répit provisoire, et très court. Ni l’Ukraine, ni l’Union européenne, ni même les États-Unis ne continueront à respecter cette trêve une fois qu’ils sentiront qu’ils ont même la moindre possibilité de la violer à nouveau.

Animateur: Si Trump décide de s’attaquer au Venezuela, et que nous développons une alliance avec le Venezuela, comment la Russie doit-elle réagir?
Alexandre Douguine: C’est une question difficile. D’un côté, nous avons une alliance avec le Venezuela, et si nous étions plus forts, nous devrions nous engager pleinement dans ce conflit du côté de Maduro contre l’agression américaine. Mais, malheureusement, nous ne sommes pas dans cette position : toutes nos forces sont complètement mobilisées dans la guerre en Ukraine — comme en Syrie et en Iran. Après la victoire, nous nous engagerons sûrement. Mais pour l’instant, hélas, nous sommes entravés.
Animateur: Commençons cette partie du programme par une déclaration du représentant spécial du président russe, Kirill Dmitriev. Il a dit que les meilleurs diplomates de l’Union européenne sont maintenant en panique. C’était son commentaire sur un rapport de la Pologne selon lequel Dmitriev lui-même et l’homme d’affaires américain Elon Musk auraient décidé de diviser l’Europe. Quelle est la raison de ce genre de discussions sur la division de l’Europe ? Pourquoi Musk est-il redevenu plus actif ? Il a pratiquement disparu de la scène publique pendant un certain temps, et maintenant il a repris sa polémique avec l’Union européenne au sujet de la liberté d’expression et des lois européennes. À quoi cela mène-t-il?
Alexandre Douguine : En réalité, ici, comme dans l’adoption de la nouvelle doctrine de sécurité nationale et dans les négociations sur l’Ukraine, nous voyons la même tendance générale — un puissant mouvement vers un retour au projet original du mouvement MAGA. Parce que lorsque Trump est arrivé au pouvoir, il a essentiellement proclamé une refonte complète de toute l’architecture mondiale, et les projets MAGA ont effectivement été lancés. Puis il s’en est éloigné de façon sérieuse et significative. Pendant presque un an — huit, neuf mois — il s’est consacré à des choses complètement différentes: dissimuler les listes d’Epstein, se dérober à la pression énorme exercée par le lobby israélien sur la politique américaine, trahir ses fidèles camarades. En un sens, il a cessé d’être MAGA. Il s’est éloigné de MAGA, à une distance critique. Mais tout cela a commencé exactement comme cela commence maintenant. Et maintenant, il revient — Trump revient, et, par conséquent, Musk revient aussi.

Parce que Musk a clairement reçu le feu vert pour commencer à démanteler l’Union européenne. Les « meilleurs diplomates » dont nous parlons, qui détiennent le pouvoir dans l’Union, sont des ultra-globalistes, des ennemis absolus et irréconciliables de Trump, les adversaires les plus acharnés de sa ligne, de ses idées, de sa vision du monde et de la société. L’hiver dernier, en janvier de l’année dernière, il y a presque un an, Musk a lancé ces campagnes contre Starmer, en soutien à l’AfD, contre Macron. Et en réalité, Twitter — son réseau, interdit en Fédération de Russie — est devenu une plateforme qui a consolidé l’opposition populiste dans chaque pays européen, la portant de la même manière que Soros a jadis soutenu les mondialistes, mais en miroir, dans la direction opposée. Maintenant, Musk a simplement repris les mêmes tactiques, mais à l’envers. Et il a commencé à faire cela il y a un an: en soutenant l’AfD, en soutenant les opposants à Starmer en Grande-Bretagne, Marine Le Pen, Meloni — tous ceux qui s’opposent à l’Union européenne, à l’establishment européen, et soutiennent le populisme européen, si vous voulez.
Et puis, Musk lui-même a été écarté de son poste chez DOGE, l’agence pour l’efficacité gouvernementale. En résumé, il a rompu avec Trump, et en même temps, Trump lui-même s’est lancé dans des stratégies complètement différentes, que Musk a seulement critiquées. Mais Musk s’est retenu. D’abord, il a commencé à critiquer Trump, puis il a fait une pause. Et il a attendu que les fluctuations du trumpisme entrent à nouveau dans la phase MAGA. C’est-à-dire qu’on revient à MAGA. Nous avons commencé cette émission avec cela: en Amérique, on voit que Trump revient à son plan initial, au Plan A, au plan MAGA. Et, bien sûr, Musk s’est immédiatement impliqué activement dans ce processus et continue de s’attaquer à l’Union européenne.
Cette fois, c’est beaucoup plus sérieux. Je pense que la deuxième tentative de MAGA pour démanteler l’Union européenne sera bien plus décisive et cohérente. Cela est confirmé par la nouvelle stratégie de sécurité nationale et par le comportement de l’Union dans la crise ukrainienne, qui contrecarrent constamment les plans de Trump pour sauver l’Ukraine. En ce moment, toutes les conditions sont réunies pour simplement détruire l’Union européenne. Plus personne ne cache rien. Musk dit ouvertement: plus d’UE, détruisons l’Union européenne. Il a toutes les raisons de le faire: il soutient un projet conservateur-populiste high-tech, que les libéraux au pouvoir veulent empêcher simplement de vivre et de respirer.
Je pense que l’Amérique elle-même, Trump, et son équipe de trumpistes, où MAGA commence à sortir de son coma et à jouer un rôle de plus en plus important, ont effectivement commencé à démanteler l’Union européenne. Il ne faut que l’applaudir et, si possible, pousser ce qui tombe déjà. Si nous avions le pouvoir et l’influence pour agir sur l’Union européenne, je suis sûr que nous pourrions envoyer ces «meilleurs diplomates européens» dans l’oubli, des deux côtés. Parce qu’il est impossible d’imaginer quelque chose de plus répugnant, détestable, agressif, cynique, trompeur, toxique, pourri de l’intérieur et répandant cette pourriture au reste de l’humanité, que l’actuelle Union européenne.
Animateur: Et cette amende que la société X a reçue en vertu de la nouvelle législation européenne n’était qu’un prétexte pour Musk pour relancer sa campagne contre l’Europe. Tout cela s’est en réalité produit à la demande de Trump, puisque cela coïncidait avec la publication de la nouvelle stratégie.
Alexandre Douguine : C’est juste un prétexte, mais cela s’inscrit parfaitement dans la fluctuation générale du cap de navigation choisi par l'actuel pouvoir américain — du MAGA aux néoconservateurs et retour au MAGA. Il y a un an, lorsque notre programme Escalation s’est fixé pour objectif de suivre de près ces fluctuations de la politique américaine, nous avons décrit avec précision la logique de formation du nouveau régime trumpiste, comme il s’avère maintenant: il oscillera constamment entre MAGA, en s'approchant du projet MAGA — c'est-à-dire en préconisant l’ordre des grandes puissances — et en s’en éloignant. Évidemment, je ne m’attendais pas à ce qu’il aille si loin, si honteusement et si longtemps, en repoussant tous ses soutiens les plus proches. Mais Trump est une personnalité vraiment imprévisible. Avec la même facilité qu’il les a repoussés, il les a rassemblés à nouveau. Tout comme il a naguère chassé tout le monde, maintenant il a autorisé tout le monde à revenir. L’amplitude de ces fluctuations s’est révélée complètement différente de ce que nous avions prévu lorsque nous avons formulé nos hypothèses, mais l’essence du processus est exactement celle-ci.

Et maintenant, je suis convaincu que Musk a simplement utilisé cette amende comme excuse pour se remettre au travail. Trump lui a donné sa bénédiction silencieuse, et leur relation est progressivement en train de se rétablir. Il a été condamné à plus d’une centaine de millions de dollars, mais dans les premières heures qui ont suivi, X — son réseau, interdit en Fédération de Russie — est devenu la plateforme la plus téléchargée dans tous les pays de l’Union européenne. En d’autres termes, il a déjà gagné. Il a réussi à mettre en exergue la véritable attitude des braves Européens envers leurs détestables gouvernements — c’est, en fait, un vote tacite pour ou contre l’Union européenne. Personne ne défend l’Union européenne aujourd’hui sauf les Eurocrates eux-mêmes, sauf cette clique euro-bruxelloise — un ramassis international de maniaques mondialistes et Starmer, qui les a rejoints, qui est également un maniaque absolu. Ces maniaques tentent maintenant fébrilement de supprimer toute dissidence en Europe. Il circule en ce moment un meme : une photo de Starmer avec la légende « Nous avons une liberté d’expression totale. Quiconque remet cela en question sera immédiatement arrêté». C’est à peu près l’état général des Européens aujourd’hui. Et puisque X n’est pas censuré par lui-même, ils essaient de supprimer ce domaine de liberté. Mais derrière Musk et son réseau se trouve le pouvoir des États-Unis d’Amérique, et Trump a maintenant ouvertement soutenu Musk. Hicks l’a soutenu, Vance aussi. Ils ont dit que censurer la liberté d’expression est sans précédent. En fait, c’est un casus belli, une raison de guerre, un conflit diplomatique et politique direct entre les États-Unis et l’Union européenne. Je pense que cette fois, c’est vraiment très sérieux. Bien sûr, on ne peut pas exclure que Trump se retire encore une fois de sa stratégie MAGA.
Pourtant, pour l’instant du moins, nous assistons à une nouvelle et puissante vague de retour à MAGA. Tout se déroule strictement selon le plan. L’Union européenne et les États-Unis — en particulier les États-Unis dans leur ensemble — avancent dans cette direction. Bien sûr, les démocrates, les libéraux et les mondialistes ont un point de vue totalement différent. Ils sont en état de panique, ressentent une véritable terreur. J’ai lu les commentaires de McFaul (photo), l’un des mondialistes et architectes de la politique sur la Russie et l’Ukraine: ce sont simplement des appels terroristes, extrémistes, pour renverser le gouvernement en Russie, pour un changement de régime, etc. Il est un ancien ambassadeur, démocrate, mondialiste — et il est tout simplement devenu hystérique: «ce qui se passe, au lieu de combattre la Russie et la Chine, nous sommes en guerre contre nos principaux alliés en Europe!». Il y a une panique totale — en Europe et chez les mondialistes américains.
C’est sur cette vague que nous surfons actuellement. Et nous pourrions nous réjouir de tout ce qui se passe, sans regard en arrière, s'il n'y avait pas un moment extrêmement problématique pour nous — le plan de paix pour l’Ukraine que Trump promeut. Il ne le fait pas par malveillance; il a simplement son propre agenda, sa propre vision du monde. Il a effectivement exclu la Russie de la liste des principaux ennemis et cibles des campagnes de haine. Nous ne sommes pas fondamentalement importants pour lui; il a d’autres priorités. Et c’est là une différence fondamentale avec l’Union européenne, qui, au contraire, se prépare ouvertement à la guerre contre nous. Il y a eu une vraie scission dans le camp de nos adversaires — et, disons, chez nos ennemis. Si nous avions les outils et la force suffisants pour participer activement à ce processus, je suis convaincu que l’effondrement de l’Union européenne, et la contribution à celui-ci, devraient devenir notre principale tâche étrangère en Europe. Parce que l’humiliation que nous avons subie de la part de l’Union européenne — pas du peuple européen, mais de cette construction euro-bruxelloise — est impossible à pardonner. Ils sont en guerre contre nous; ils financent, arment, soutiennent moralement et politiquement nos ennemis. Ils sont tout simplement l’ennemi. Nous devons appeler un chat un chat: l’Union européenne est un ennemi. A ce titre, elle doit être détruite.

Et nous voyons que les États-Unis aujourd’hui — en particulier la mouvance MAGA de Trump — ont effectivement commencé à la démanteler. Tout le monde s’est aussitôt écrié: regardez, ils sont avec Poutine ! Je pense qu’ils ont une meilleure opinion de nous que ce que nous sommes réellement. Si nous avions de telles opportunités — des représentants officieux dans toutes les capitales européennes, distribuant des biscuits, soutenant tous ceux qui sont prêts à détruire cette structure — nous pourrions établir d’excellentes relations avec une nouvelle Europe : une Europe des nations, une Europe des traditions, une véritable démocratie européenne, avec sa culture et ses intérêts. Il n’est pas certain qu’elle devienne immédiatement notre alliée automatique — j’en doute beaucoup — mais il faut détruire la pathologie que véhicule l’actuelle Union européenne. L’Union européenne, dans son état actuel, doit être détruite.
17:43 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre douguine, entretien, actualité, politique internationale, europe, russie, affaires européennes, mouvement maga, maga, états-unis, donald trump |
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mardi, 16 décembre 2025
Face à la crise, une autre Europe

Face à la crise, une autre Europe
Pierre Le Vigan
La crise est en Europe, l’Europe est en crise. Nous l’analysions en 2012. Si les choses se sont aggravées, les origines de la crise économique restent les mêmes : la crise des économies et des sociétés européennes est avant tout une crise de la domination d’une certaine économie, financiarisée. Au détriment des producteurs européens.
Le présent texte est un issu d’un entretien. Il date du 18 octobre 2012 et a été publié dans le livre collectif Face à la crise, une autre Europe, édité par Synthèse nationale éditions en 2012, sous la direction de Roland Hélie. Nous avons actualisé cet entretien en 2021. Les 10 dernières années n’ont pas infirmé nos analyses, mais ont accru nos raisons d’être inquiets face au cours actuel des choses. Mais aussi nos raisons de lutter, et notre envie de ne pas laisser le pays aux mains de ses fossoyeurs : les agents des puissances d’argent et d’un pacte mondial de corruption dont le Great Reset est un élément majeur.
1 - La crise remonte, dit-on, à 2008. Estimez-vous que ses causes sont beaucoup plus anciennes ?
Depuis 2007 se sont succédé une crise financière (les ’’subprimes’’, des crédits à taux élevés amenant à une flambée des prix de l’immobilier) puis une crise bancaire, avec la faillite de certains établissements de crédit en 2008. Cela a généré une crise des Etats eux-mêmes, prenant en charges les déficits des banques, les renflouant et les sauvant. Ceci s’est manifesté par un déficit accru de leurs budgets, notamment sociaux, mais aussi par une réduction de leurs dépenses, même dans les domaines régaliens (défense, police, justice). Ce sont ensuite les banques, sauvées par les Etats, qui ont prêtés aux Etats, incapables de boucler leurs budgets sans déficits.
Compte tenu de la globalisation des systèmes financiers, la crise venue des Etats-Unis s’est diffusée partout. La seule crise des ‘‘subprimes’’ a abouti à la perte de quelques 2000 milliards de dollars, soit environ le PIB de la France d’alors (2008). Puis est intervenu le plan de sauvetage des banques américaines. Il a été de l’ordre de 700 milliards de dollars. Les Etats ont ensuite mis sur pied des plans de relance de l’économie : ce furent des plans nationaux. Ils ont eu un effet très modeste. En 2012, dans les plupart des pays d’Europe, la non-croissance s’est confirmée, quand ce n’est pas la récession pure et simple. Le chômage s’aggrave, les plans de réduction des déficits sont à l’évidence intenables, et pas seulement en Grèce.
C’est dans la mesure où aucun problème économique n’a été réglé début 2020 que le Covid a été un prétexte pour engager une dévalorisation massive de l’argent (du Capital) par la mutualisation partielle des dettes d’Etat, et par un plan de relance (subventions et emprunts de 750 milliards d’euros). C’est l’hélicoptère à Covid qui a déversé ces sommes, créées par la planche à billets, sur l’Europe. Ces sommes ne correspondent à aucune valeur dans l’économie réelle. Tout ceci était prévu auparavant au nom de l’ « urgence » écologique. Mais il a été plus facile de faire passer ces mesures au nom du Covid 19, à partir d’une savante orchestration de la peur d’une maladie fort peu létale. Le Covid (c’est le virus du covid et non la maladie du covid) a ainsi été l’occasion de faire sauter des verrous qui étaient de moins en moins tenables et de moins en moins tenus : les 3 % de déficit des budgets publics, le taux de 60 % d’endettement. Sur ces 2 critères, la France est à 9 % de déficit, et 120 % de dette. Autant dire que le Covid a été le moyen, qui ne doit pas grand-chose au hasard, d’opérer une transformation du management du Capital. C’est ce que l’on appelle la Grande Réinitialisation (Great Reset), à la suite de Klaus Schwab qui en a défendu le projet dans un livre.
Philippe de Villiers, qui publie Le Jour d’après (Albin Michel, 2021) écrit : « Avec la création de l’OMC en 1995, les grands acteurs de la globalisation avaient voulu un monde sans frontières, les uns par intérêt, pour ouvrir un marché planétaire de masse ; les autres par idéologie, pour remplacer les murs par des ponts et favoriser la fraternité cosmique. Ils connaissaient le risque inhérent à ce monde sans cloisons: une planète hautement pathogène et contagieuse. Ils le savaient et s’y préparaient. Ils attendaient la ‘’fenêtre d’opportunité’’ pour changer la société, pour changer de société. L’affaire a plutôt réussi. » Il poursuit : « La Big Tech s’est enrichie, et le biopouvoir s’est installé durablement avec l’hygiénisme d’État. (…) La biopolitique a tué la politique. Knock a euthanasié Aristote : l’animal social est devenu un asymptomatique désocialisé. » (Figarovox, 14 mai 2021) La surveillance marchande fusionne avec la surveillance numérique. L’enfermement numérique devient obligatoire. Les communautés, les liens, les nations sont sommées de laisser la place aux solitudes grégaires et consuméristes.
Ayant acté la totale désindustrialisation de notre pays, nos gouvernants n’ont gardé qu’un objectif : le contrôle de la population et les profits des gros actionnaires. Déjà, Jospin, de 1997 à 2002, avait largement privatisé. De 2012 à 2017, le gouvernement Hollande s’est lancé dans une politique de soumission accrue à la finance. « Dans 5 ans, Hollande sera un géant ou un nain », affirmait Emmanuel Todd (Marianne, 5 octobre 2012). On a vu le résultat. La politique de Macron depuis 2017 a consisté à la fois à essayer de comprimer les dépenses publiques – mais sans réduire aucunement l’immigration, tout au contraire – notamment à comprimer les indispensables dépenses régaliennes, et à brader à l’étranger ce qu’il restait de nos fleurons industriels. Seuls les profits de la finance intéressent Macron (c’est son cœur de métier) et seuls ces profits sont la préoccupation de ceux qui l’ont porté au pouvoir comme délégué du Capital. Ces gens sont bien entendu les ennemis de notre pays.
* * *
Il faut toutefois remonter avant 2008 pour comprendre la crise. Ses racines sont plus anciennes. Elles remontent à la fin de la convertibilité du dollar en or (1971), à la suraccumulation du capital, dont la genèse est analysée dans Le Capital de Marx (livre III, chapitre 15), à sa perte consécutive de profitabilité, aux différentes formes de dévalorisation de ce capital par obsolescence accélérée, au surenchérissement des matières premières du à leur caractère limité, au coût croissant de leur extraction.
Plus profondément, la crise économique est liée à l’épuisement du modèle fordiste, fondé sur un compromis entre, d’une part, le développement capitaliste et la recherche du profit et, d’autre part, l’extension d’un grand marché rentable de producteurs-consommateurs au pouvoir d’achat en progression. Ce modèle fordiste privilégiait le manager sur l’actionnaire. C’était l’ère des organisateurs analysée par James Burnham, ou encore le « Nouvel Etat Industriel » de John K. Galbraith. C’était les politiques économiques menées en France sous de Gaulle, et aux Etats-Unis sous John F. Kennedy et Lyndon B. Johnson. C’était le fordisme, c’était les trente Glorieuses, et c’était la réalité d’un certain progrès matériel et d’un relatif ascenseur social. C’était donc aussi une certaine forme de circulation des élites. Ce sont les années dont Eric Zemmour a la nostalgie, non sans raisons (même si c’était aussi l’époque, dans les usines, des cadences infernales).
Depuis la fin du fordisme, nous n’avons pas de modèle viable. La richesse se concentre à un pôle de la société, et la pauvreté partout ailleurs. C’est la « société en sablier » (Alain Lipietz, 1998). 50 % des Américains se partagent un peu plus de 1 % de la richesse du pays. 50 % de la population mondiale se partagent 2 % de la richesse mondiale. Il n’est pas besoin d’être un égalitariste forcené pour constater que cet écart est excessif, malsain et même suicidaire. Quand, il y a un siècle, un patron gagnait quelque 30 fois le salaire de son ouvrier le moins bien payé, l’écart est passé à 400 ou 500 fois. Le travail devient rare, les machines ont remplacé les hommes et, plus encore, les hommes les moins bien payés remplacent sans fin ceux qui sont encore un peu mieux payés. Les Cambodgiens remplacent les ouvriers Chinois, en attendant d’être remplacés eux-mêmes par des Africains quand ceux-ci seront pleinement intégrés au marché mondial.
Sismondi (portrait, ci-contre) demandait au XIXe siècle que l’investissement dans les machines donne lieu à une rente servie aux travailleurs devenus en surnombre. Ce peut être le salaire indirect, tel le droit à la formation, l’accès aux soins, etc. Ce peut être aussi les assurances chômage, ou un revenu minimum. Or, sur tous les postes sociaux, y compris ceux qui concernent la santé (avec les centaines de milliers de suppression de lits d’hôpitaux), une formidable régression sociale se manifeste. « Le pouvoir de l’argent permet de neutraliser toutes les tentatives de régulation de la finance », note à juste titre Paul Jorion. Il y a à cela une raison, et elle explique que l’on ne puisse revenir aux Trente Glorieuses même si les gouvernants ne cessent depuis 35 ans de promettre une sortie de crise, après de nouveaux « ajustements », c’est-à-dire de nouveaux démantèlements des protections sociales. En effet, dans la logique du productivisme, l’ « Etat stratège », l’Etat keynésien visant le plein emploi, ne pouvait être qu’une étape. C’est ce qu’il a été. Il eut fallu sortir de la domination du politique par l’économique, en réformant profondément l’Etat, en en faisant un « Etat du peuple tout entier ». Si l’économie est vraiment le destin, la dérégulation est forcément ce vers quoi nous tendons. Or la dérégulation est un tout, comme l’est la mondialisation. La dérégulation concerne le marché du travail, les salaires, les flux migratoires, la finance, et même les moeurs. « La crise impose de supprimer la référence à la durée légale du travail », expliquait François Fillon (10 octobre 2012). C’est le programme qu’a appliqué Macron. Pour les mondialistes, il faut toujours plus de déréglementation. Les premières victimes en sont les peuples. Ceux-ci ont ensuite la solution de subir ou bien de changer radicalement les règles du jeu, comme l’a fait l’Islande.
« L’universel, c’est le local moins les murs », dit Miguel Torga. Il est temps de réhabiliter le local car l’universel qui prétendrait se passer du local tuerait la vie elle-même dans sa chair. Ce n’est pas un hasard si c’est un « petit » peuple comme les Islandais, héritier d’une longue tradition démocratique, qui a donné le signal de l’indépendance retrouvée. De même que c’est dans la « petite » Suisse qu’il y a encore quelques éléments d’une vraie démocratie. « Small is beautiful ». Small peut en tout cas être plus efficace que le gigantisme.
2 - Au-delà d’une simple crise économique, pensez-vous que nous avons affaire à une crise beaucoup plus profonde ?
Nous avons affaire à ce que Pier Paolo Pasolini (photo) appelait un « cataclysme anthropologique ». C’est-à-dire que les cadres mêmes de la vie, les cadres des représentations éclatent. La crise de la transmission, et donc de l’éducation, qui en est un sous-produit, est la conséquence de cette crise.
La crise économique est d’abord une crise de la domination de la vie par l’économique. « L’économisme est bien la grande idéologie actuelle », écrit Peter Ulrich. « Antérieurement, pas une seule forme d’argumentation idéologique n’a exercé d’influence comparable dans le monde. La critique de l’économisme ou la critique de la ratio économique exempt de toute limitation consiste, dans la perspective des sciences humaines, à rattraper un peu ce que le siècle des Lumières a réalisé. » C’est effectivement le paradoxe : les Lumières ont prétendu porter un projet d’émancipation, mais ont abouti à une nouvelle crédulité, à un nouvel obscurantisme : la croyance en la toute-puissance autorégulatrice de l’économie. C’est la traduction philosophique d’une réalité sociologique et politique, et celle-ci a été justement dénoncée sous le nom de dictature de l’argent.
« L'argent, le gros argent n'est, n'a été ni à Droite ni à Gauche. Pour sauver ses avantages les plus abusifs, il n'a cessé de jouer alternativement de la Gauche et de la Droite, le plus souvent même de la Gauche, en exploitant un certain nombre d'idéologies », écrivait Emmanuel Beau de Loménie (La Parisienne, N° « La droite », octobre 1956). (il est vrai qu’Emmanuel Beau de Loménie en tirait des conclusions insuffisamment rigoureuses en mettant en cause, presque seule, une caste issue du 18 Brumaire, les « Jacobins nantis », ou « le syndic de défense des régicides » dont parle Louis Madelin). La crise économique est en fait une crise de la domination de l’économie. Plus profondément, le problème de notre temps est que la domination de l’argent fait que tous les biens sont ramenés à des marchandises. Tout est calculable en argent et tout est calculé en argent. Donc, tous les biens deviennent aliénables. En ce sens, l’homme n’est plus propriétaire de rien, ni de son métier, ni d’une maison de famille, ni d’un patrimoine spirituel, ni du droit de décider du sens de sa vie. « L'argent est la marchandise qui a pour caractère l'aliénation absolue, parce qu'il est le produit de l'aliénation universelle de toutes les autres marchandises. Il lit tous les prix à rebours et se mire ainsi dans les corps de tous les produits, comme dans la matière qui se donne à lui pour qu'il devienne valeur d'usage lui-même », écrit Marx (Le Capital, 1867). Ce que nous vivons est donc, en toute rigueur, une crise non de l’économie, activité qui devrait être limitée à satisfaire les besoins du peuple (la conduite des « affaires de la maison »), mais une crise de la chrématistique, c’est-à-dire une crise de l’accumulation des biens et plus encore de l’accumulation de l’argent.
Avec l’Habeas Corpus de 1679, nous sommes passés de l’idée d’une société bonne à celle de justice dans les rapports sociaux, ce qui n’est pas la même chose. L’équité dans les rapports entre individus est nécessaire, mais elle n’a de sens que dans le cadre d’une pensée du bien commun. Nous sommes ensuite passés avec le triomphe de l’individualisme au XVIIIe siècle à la référence à l’idée d’intérêt comme seul facteur de légitimation : donner libre cours à la recherche de son intérêt serait la meilleure façon d’accroitre la richesse sociale globale, identifiée à ce qui reste du bien commun. Ce qui est bon pour moi serait automatiquement bon pour tous. C’est la Fable des abeilles (1714-1729) de Bernard Mandeville. C’est une habile façon de moraliser la recherche de son intérêt individuel. On n’est pas obligé d’être convaincu.
Si le bien commun n’est que ce qui est mesurable, alors, en effet, comment trouver quelque chose de plus rigoureusement mesurable que la richesse monétaire ? C’est pourquoi une solution purement économique à une crise qui n’est pas qu’économique n’a pas de sens. « Le refus d’envisager d’autres approches de la crise par les partis au pouvoir un peu partout en Europe, leur incapacité à penser hors du tout économique (entendez libéral) ne relève ni d’un complot, ni d’un manque d’imagination. Elle reflète à la fois les rapports de force actuels entre les acteurs et illustre combien le référentiel des hommes politiques est déphasé par rapport à la crise actuelle », écrit Michel Leis. Une civilisation meurt quand ses élites ne comprennent pas la nature d’un processus en cours, ou quand elles en sont complices – ce qui est le cas. Les « élites », ou plutôt les classes dirigeantes sont le moteur du productivisme effréné, de la mondialisation capitaliste, de la consommation et consumation de la planète par l’homme
La crise actuelle est d’une nature très différente des crises précédentes, comme par exemple celle qui a succédé à la défaite de 1870. Alors que l’éducation se répandait dans les années 1870-1880, nous sommes confrontés à une décivilisation, comme l’écrit Renaud Camus. L’homme se re-primitivise. C’est l’obsolescence de l’homme, et pas seulement celle des objets, qui menace. La technophilie devenue technofolie asservit l’homme. Appareillé, des écouteurs aux oreilles, tenu en laisse par ses propres instruments, devenu un appendice de ses propres prothèses, un périphérique de ses propres appareils, l’homme est devenu l’objet de ses objets.
Le culte de la technique amène à penser que tout ce qui est possible doit être réalisé. D’où une nouvelle barbarie sophistiquée, peut-être la pire de toute. Günther Anders affirmait en 1977 que « la tâche morale la plus importante aujourd’hui consiste à faire comprendre aux hommes qu’ils doivent s’inquiéter et qu’ils doivent ouvertement proclamer leur peur légitime » (Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse?, Paris, Allia, 2001). On ne saurait mieux dire.
3 – Peut-on imaginer un instant que les politiciens français et européens actuels soient capables de résoudre cette crise ?
Il n’y a pas de nouveau de Gaulle, capable de prendre des décisions historiques tranchantes, fussent-elles douloureuses. Non que les hommes politiques français et européens soient tous médiocres. Jean-Pierre Chevènement, Arnaud Montebourg, quelques autres parfois n’ont pas formulé des analyses sans intérêt. Le problème est que la plupart des hommes politiques ont du mal à s’élever au-dessus des préoccupations économiques à court terme. Tout est fait au demeurant pour cela, toute la logique du système consiste à faire des élus des relais du système. La dévalorisation et même l’oubli de la culture générale, des humanités, de la culture historique contribuent aussi à leur enlever le recul qui serait nécessaire pour dépasser les préoccupations gestionnaires à court terme.
Dans le même temps, tout est mis en place pour limiter, voire interdire l’expression du peuple sur les sujets essentiels. Or, ce ne peut être que du peuple qu’un sursaut pourrait venir, en liaison bien entendu avec des activités militantes. « Il se trouve des époques violentes où l’Etat renaît pour ainsi dire de ses cendres et reprend la vigueur de la jeunesse … mais ces évènements sont rares », écrit Rousseau (Contrat social, livre II, chapitre VIII).
Il faut un événement déclencheur. Les couvercles les mieux arrimés finissent par sauter sous la pression. Demain est entre les mains du peuple. « Le peuple, qui a l'avenir et qui n'a pas le présent ; le peuple, orphelin, pauvre, intelligent et fort ; placé très bas, et aspirant très haut ; ayant sur le dos les marques de la servitude et dans le cœur les préméditations du génie » (Victor Hugo, préface de Ruy Blas).
4 – Face à cette crise, une autre Europe est-elle concevable ? Si oui, laquelle?
Je souhaite que les nations d’Europe pèsent dans le même sens: indépendance vis-à-vis des Etats-Unis, rapprochement sans asservissement avec la Russie. Je sais que les nations d’Europe pèseront plus ensemble que séparées. A condition que certaines ne soient pas le cheval de Troie de puissances non européennes. Je suis européen de cœur et je veux une Europe-puissance, mais pas seulement une Europe-puissance, je veux aussi une Europe comme modèle de civilisation. Une Europe-équilibre face aux excès de la modernité.

Nous refusons « la fourmilière américaine tout comme soviétique », disaient les non conformistes des années trente. Aujourd’hui, il s’agit de refuser tout aussi bien la financiarisation/désindustrialisation des économies américaines et européennes que le contrôle social de la Chine « Populaire » et son modèle de développement (à quel prix humain et écologique ?). Une dictature capitalo-communiste, dans le cadre d’une société de surveillance et d’une citoyenneté « à points » ? Non merci. Il faut aussi refuser la désindustrialisation chez nous et le développementisme à tout prix ailleurs pour une autre raison : l’un est la condition de l’autre, l’un est l’autre face de l’autre. C’est parce qu’il n’y a plus d’industrie en Europe – et surtout en France – qu’elle est en Asie.
Il faut assurément que l’Europe retrouve une économie industrielle, que seule l’Allemagne garde (relativement d’ailleurs, car elle est largement sous-traitée en Europe de l’est). Mais ce retour à l’industrie doit se faire de manière ordonnée et responsable par rapport à l’environnement. (il est à noter que notre agriculture productiviste est infiniment plus dévastatrice par rapport à l’environnement que ne le seraient nombre d’industries disparues du paysage de notre pays).
Concernant la méthode, l’objectif d’une Europe confédérale, ce que j’appelle l’Empire européen (un Empire non impérialiste, qui serait l’organisation de la diversité des peuples européens), me parait souhaitable, mais il est évident qu’une Europe confédérée n’a de sens que si elle est aux mains des peuples. Or, la « construction » européenne actuelle en est très éloignée. Dés lors, il faut savoir faire un pas en arrière quand on va dans une mauvaise direction. C’est pourquoi ceux qui prédisent la sortie de l’euro et pensent que nous devons l’anticiper, ou ceux qui pensent que l’euro devrait devenir une simple monnaie commune (si cela est possible), et non pas unique, ne me paraissent pas forcément de « mauvais Européens ».
La condition impérative pour une autre Europe, c’est que les peuples se ressaisissent de leur destin. Le souverainisme national ne me parait pas tenable à long terme, mais il peut être une étape avant de construire une Europe autocentrée, avant un protectionnisme européen, une maitrise européenne des frontières, un souverainisme européen. Une économie autocentrée (André Grjebine, 1980). Actuellement, les peuples ont le sentiment d’être dépossédés d’eux-mêmes, ils considèrent que l’Europe telle qu’elle est, l’UE, contribue à cette dépossession. De fait, l’Europe actuelle est profondément antidémocratique. Il faut remettre la démocratie au coeur de l’action politique, il faut la faire vivre localement, car le local est un fragment du global. Disons-le simplement : les peuples doivent décider. Ils doivent décider de tout et partout. La démocratie n’est pas le « pouvoir de la populace », rappelait Rousseau. Le mondialisme – et la pseudo-gouvernance mondiale qui se profile – se fait au nom d’un cosmopolitisme que Rousseau appelait déjà une « vertu de papier ». La dimension mondiale de nombreux problèmes ne veut aucunement dire que les peuples doivent disparaitre et se fondre dans un moule unique : le producteur-consommateur du grand marché mondial uniformisé. A problèmes mondiaux, solutions locales. Ce sont les diversités de peuples, de culture, de civilisations qui sont la chance du monde.
PLV
Pierre Le Vigan a publié :
L’effacement du politique, La barque d’or
Le grand empêchement. Comment le libéralisme entrave les peuples, Perspectives libres-Cercle Aristote
Eparpillé façon puzzle. Macron contre le peuple et les libertés, Perspectives libres-Cercle Aristote
Le Coma français, Perspectives libres-Cercle Aristote
17:32 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, affaires européennes, crise, crise de 2008, libéralisme, économie |
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Police ou milice?

Police ou milice?
Pierre-Emile Blairon
Blindés de la gendarmerie (Centaures), hélicoptères chargés de gazer les manifestants, CRS en tenue de combat… tout un dispositif jamais vu en France (si ce n’est lors des manifestations des Gilets jaunes) pour abattre… 207 vaches parfaitement saines avec la complicité de certains services vétérinaires soumis à leur Ordre, collaborateur du pouvoir globaliste, tout comme leurs collègues de l’Ordre des médecins avaient persécuté les médecins refusant les faux vaccins lors de la fausse pandémie.
Cet épisode qui a scandalisé la France entière ce 12 décembre 2025 est la suite logique d’une politique voulue par le gouvernement qui gère actuellement la France et qui privilégie et même anticipe l’application des accords passés par la Commission européenne avec certains Etats d’Amérique du Sud (Mercosur) au détriment de la paysannerie française. Nous avions déjà alerté il y a 6 mois les populations des projets radicaux de notre gouvernement qui, non seulement suit aveuglément les directives européennes mais les dépasse avec un zèle inattendu et une violence inédite dans les modalités de leur application. Voir notre article du 30 juillet 2025 : Mercosur en vue : éradication du cheptel français… et de nos paysans avec !
Quand les forces de sécurité retournent leurs armes contre le peuple qu’elles ont pour mission de protéger, quand elles obéissent aveuglément et passivement à des ordres iniques, provenant d’autorités qui dilapident nos ressources et vendent nos entreprises à l’encan, ne deviennent-elles pas une milice au service d'intérêts étrangers ou qui ne sont pas ceux de la Nation ?
Sept membres de ces forces de l’ordre ont sauvé, ce jour-là, l’honneur de leur profession et celui de leurs collègues présents sur place, en refusant de réprimer les paysans présents pour soutenir l’agriculteur obligé de voir l’extermination de son troupeau. Un ancien gendarme, Marc-Jean Clairval, a pris la parole pour rappeler les devoirs et les engagements des forces de l’ordre au service de la patrie [1] et non pas d’un gouvernement, éphémère comme tous les gouvernements.
Les Français ne mourront pas pour BlackRock qui travaille à confisquer nos terres, ni pour Bill Gates qui veut nous faire manger des insectes et de la viande artificielle, ni pour l’Ukraine mafieuse, ni pour l’Otan qui ne rêve que de soumettre la Russie et voler ses ressources, ni pour les institutions européennes corrompues à la solde des globalistes qui nous imposent une immigration débridée, ni pour le Mercosur qui va nous submerger de produits contaminés, ni pour les traîtres qui siègent à l’Assemblée nationale et au Sénat, accrochés à leurs fauteuils bien rembourrés, ceux qui font mine de s’intéresser au sort des citoyens qui les ont élus mais qui, en vérité, s’en balancent éperdument.
Les Français ne mourront pour personne d’autre que leurs familles et leurs amis, et pour rien d’autre que leur terroir, leurs villages, leur qualité de vie, leur patrimoine et leurs coutumes millénaires.
Pierre-Emile Blairon
Note:
[1] https://www.facebook.com/reel/2988191398033538
13:35 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, actualité, europe, affaires européennes, révolte paysanne |
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États-Unis, Russie et Chine redessinent leurs zones d’influence. L’Europe est ignorée

États-Unis, Russie et Chine redessinent leurs zones d’influence. L’Europe est ignorée
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/usa-russia-e-cina-ridisegnano-l...
L’Europe, à juste titre, s’est préoccupée des pages consacrées au Vieux Continent dans le nouveau document de sécurité américain. Leur sécurité, non la nôtre. Et le mépris envers la classe dirigeante européenne y est apparu évident. Mais les obtus du Bruxelles des eurocrates et les laquais des différents gouvernements étaient trop occupés à se contempler le nombril, tout en pleurnichant, pour se rendre compte que le document de Trump traite aussi d’autres choses.
Ce qui devrait intéresser l’Italie, si elle avait encore une réelle politique étrangère.
Car, en fait, Trump a annoncé qu’il renonçait à un rôle stratégique en Afrique où, de toute façon, les États-Unis resteront pour garantir des affaires pour les entreprises américaines. Question d’argent, mais sans déclencher des guerres.
En même temps, de Moscou, arrivaient des signaux d’abandon du Moyen-Orient. Un choix obligé pour l'essentiel. Trop de chaos y règne, trop de protagonistes sont en lice, trop de favoritisme en faveur d’Israël. Qu’Erdogan se débrouille, qu’il gère la situation. Et avec lui, il y aura aussi des Chinois, des Indiens, des Saoudiens, des Émiratis.
Il vaut mieux s’occuper de l’Afrique, toujours en collaboration ou en concurrence avec les Chinois, les Turcs, les Indiens, les Saoudiens, les Émiratis. Sans Israël, il est même possible de conclure un accord.
Et qui manque? L’Europe, bien sûr. Parce que seuls les proches de notre Giorgia (Meloni) nationale croient encore à la mascarade du plan Mattei. Certes, les Africains prennent de l’argent qui, pour les contribuables italiens, représente beaucoup, mais par rapport aux investissements chinois et indiens, c’est une misère, et ils concèdent quelques affaires économiques. Mais la non pertinence des Européens est totale.
La non pertinence de l’Europe, la non pertinence de l’Italie. Tant dans les pays d’Afrique subsaharienne qu'en Afrique du Nord.
Non pertinents d’un point de vue économique, ce qui est compréhensible. Non pertinents aussi d’un point de vue culturel et, pour l’Italie, c’est encore plus grave.
11:51 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, états-unis, russie, chine, afrique, actualité, politique internationale |
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La République tchèque se désengage de la guerre en Ukraine

La République tchèque se désengage de la guerre en Ukraine
Source: https://mpr21.info/la-republica-checa-se-desentiende-de-l...
Le soutien financier à l’Ukraine continue de diviser les pays membres de l’Union européenne. C’est une partie de poker. Alors que Bruxelles étudie de nouvelles astuces pour «aider» Kiev, la position annoncée à Prague par le futur chef du gouvernement contraste avec la politique d’Ursula von der Leyen et de ses alliés.
Le futur Premier ministre tchèque, Andrej Babiš, a déclaré que la République tchèque ne participerait pas aux garanties que la Commission européenne envisage pour soutenir le financement de l’Ukraine. «Nous n’accepterons aucune garantie pour quoi que ce soit et nous ne contribuerons pas financièrement», a-t-il déclaré.
Cette déclaration intervient à un moment où les dirigeants de l’Union européenne s’apprêtent à débattre d’un plan de prêts, fondé sur la confiscation des actifs russes gelés, tout en intégrant des garanties nationales.
Babiš a renvoyé la question à la Commission européenne, lui indiquant qu’elle devrait explorer d’autres voies pour obtenir du soutien. La position tchèque ajoute une contrainte politique supplémentaire à un moment où plusieurs États cherchent à mettre en place un mécanisme pour prolonger autant que possible la souffrance de l’Ukraine.
Depuis le début de la guerre, les pays européens ont soutenu Kiev par divers moyens: aide budgétaire, prêts, assistance humanitaire, relogement des réfugiés, livraison d’équipements militaires via des initiatives nationales et des mécanismes européens, formation des troupes ukrainiennes, communications satellitaires, entre autres.
L’Union européenne a également mis en place des instruments financiers pour contribuer au fonctionnement de l’État ukrainien, en parallèle des efforts bilatéraux engagés par plusieurs capitales du continent.
Depuis janvier, les États-Unis se sont désengagés de l’Ukraine, estimant que la guerre est perdue. Cette situation a accru la pression sur l’Europe pour qu’elle établisse des solutions de financement plus régulières et moins dépendantes des tiers, ce qui explique l’intérêt croissant pour des accords reposant sur le vol des actifs russes et des garanties publiques.
Le refus annoncé par Prague ne met pas fin aux négociations, mais complique la recherche d’un accord solide sur un mécanisme où les États membres seraient obligés de partager une partie du risque. L’Union européenne devra désormais gérer des positions nationales tout en tentant de maintenir l’aide sans dépenser l’argent qu’elle ne possède pas.
11:36 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, europe, république tchèque, ukraine |
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lundi, 15 décembre 2025
Un détritus du passé: la vieillerie OTAN

Un détritus du passé: la vieillerie OTAN
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/detriti-del-passato-la-vecchia-...
Notre monde, celui de la politique internationale, est envahi de débris. Des restes du passé, laissés sur la plage après un naufrage.
Et ces débris, de vieilles babioles désormais inutiles, encombrent le rivage. Rendant, en substance, difficile la compréhension de la réalité.
L'OTAN, c’est un tel déchet. Ce qui reste d’un naufrage. Et pourtant, très peu semblent en prendre conscience. Au moins ici, dans “l’Occident”. Dans cette Europe encore prisonnière des représentations du passé.
Trump, et plus généralement les Américains, ont été extrêmement clairs. L'OTAN, telle qu’elle est, est un vieux bidule. Et, à certains égards, une simple charge inutile que l'on paie encore. En fait, elle est nuisible.
Il ne faut pas croire que cette position provienne uniquement du magnat Trump et de son entourage. Qui, en tout cas, représentent en ce moment le ventre profond de l’Amérique. La majorité avec laquelle il faut compter, malgré la bonne volonté de nos savants de pacotille.
En réalité, cette insatisfaction américaine remonte à longtemps. Et concerne des personnages qui n’ont rien à voir avec Trump et son univers.
Je me souviens que déjà Dick Cheney, l’ombre omniprésente qui se profilait derrière Bush Jr., parlait avec mépris de la “vieille OTAN”. Vieille et inutile, voire un fardeau pour Washington.
Et la guerre en Irak a été menée par une “coalition de volontaires”. Une “coalition de volontaires” qui, selon l’intention de l’administration Bush, devait prendre la place de la vieille OTAN désormais obsolète.
Remplacée par un nouveau système d’alliances “variables”. Plus dynamique, et mieux adapté à la réalité des choses.
En fait, l’Alliance atlantique est un vieil instrument, devenu inutile avec le temps et l’évolution des scénarios internationaux. Un reliquat de la longue période que fut jadis la Guerre froide.
En substance, un vieux jouet à laisser dans le grenier, dans le meilleur des cas.
Et le comportement de Washington devrait nous en faire prendre conscience clairement.
Les accès de psychose fébrile des représentants de l'OTAN, comme cette incroyable caricature de secrétaire général qu'est Mark Rutte, sont à peine tolérés par la Maison Blanche. Qui, désormais, dialogue directement avec les puissances réelles. Moscou, Pékin. Des adversaires, certes, mais avec qui il faut traiter, et, en gros, partager le monde. Chercher de nouveaux équilibres.
Dans ce monde, beaucoup plus compliqué que celui de la Guerre froide, l'OTAN n’a plus aucune raison d’être. Et ce n’est qu’un encombrant et inutile carrosse maintenu en vie par ceux qui en tirent des avantages personnels. Rôle à jouer et argent à palper, pour être clair.
Un résidu d’une guerre (froide) désormais lointaine.
Un déchet inutile de l’histoire.
21:02 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, otan, atlantisme, europe, affaires européennes |
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Ontologie et eschatologie de l’ordre mondial

Ontologie et eschatologie de l’ordre mondial
Evgueni Vertlib
À une époque où la victoire de la vision du monde libérale semblait définitive et où l’on proclamait la « fin de l’histoire » comme un fait irréversible, le monde s’est retrouvé au bord d’une nouvelle réalité post-atomique, où les conflits idéologiques et civilisateurs ne disparaissaient pas, mais se transformaient en formes plus complexes et ontologiquement inconciliables. L’ordre mondial ne peut plus reposer sur l’illusion d’une homogénéité ou sur la stratégie de détruire l’adversaire, car les enjeux ont atteint une limite existentielle: la victoire, définie comme la maximisation des dégâts, entraîne aujourd’hui inévitablement une catastrophe globale. Ainsi, la seule issue réaliste du face-à-face n’est pas la capitulation de l’une ou l’autre partie, mais la reconnaissance ontologique et la fixation d’une nouvelle limite stratégique, dans la logique de laquelle la capacité à prévenir la guerre devient la valeur politique suprême. En conséquence, le monde n’atteindra pas l’utopie de l’homogénéité, mais trouvera la stabilité grâce à la « multiplicité florissante » (K. Leontiev), passant à un état de tension contrôlée et de coexistence structurale dans tous les hémisphères.

Les années de Mathusalem apportent une confrontation ontologique profonde entre deux principes civilisateurs : l’universalisme atlantique (Léviathan), qui aspire à l’unification du monde et à l’élimination de toutes les formes de différence, et le principe tellurique (Katechon), qui défend le droit des peuples à la souveraineté, à l’enracinement et à la multiplicité du sacré. L’essence de cette confrontation consiste en la lutte pour la structure même de l’être, pour l’essence humaine et la trajectoire du développement historique. Le principe atlantique (Léviathan) s’oppose au principe tellurique (Katechon) : le mobile (maritime, abstraction) contre le sédentaire (terre, ordre). Historiquement, chaque avancée de l’universalisme, depuis les réformes de Pierre Ier jusqu’aux théories révolutionnaires du début du XXe siècle, a été accompagnée d’une tentative de démanteler les systèmes qui maintiennent les différences nationales et culturelles. Le mondialisme contemporain n’a pas rejeté cette impulsion, mais l’a reconfigurée selon une clé technocratique. La chimère de la révolution permanente a été remplacée par le modèle d’intégration du Nouvel Ordre Mondial à travers la bureaucratie, la standardisation numérique et la gestion unifiée, où la supervision et la régulation remplacent fonctionnellement l’extrémisme antérieur. La dimension eschatologique du choix stratégique s’exprime dans un dilemme : soit l’universalisme technocratique, où le contrôle se dissimule derrière une unité symbolique, soit le rétablissement de la multipolarité tellurique, qui affirme le droit à la différence comme principe fondamental de l’ordre mondial.
Le bloc tellurique des États, dont le noyau est constitué par les centres de pouvoir de l’Eurasie — Russie, Chine et Iran —, applique une stratégie d'endiguement et de limitation de l’hégémonisme universaliste. La mission du Katechon, comprise comme la tâche de retenir le temps historique et d’entraver la triomphale victoire du mal eschatologique, vise à créer un ordre mondial autonome, basé sur une architecture duale, où coexistent deux systèmes qui se limitent mutuellement. Le maintien de l’autonomie stratégique exige une approche globale dans laquelle l’autosuffisance économique, technologique, militaire et culturelle s’intègre dans un système unique de durabilité.
La clé pour les États telluriques est d’assurer la continuité des chaînes de production et de technologie, le contrôle des ressources et des flux énergétiques, ainsi que la capacité de réponse autonome en matière de défense. La durabilité stratégique est assurée non seulement par la présence de forces armées, mais aussi par la structure organisationnelle de la société, le niveau de préparation technologique et la flexibilité de la mobilisation. L’interaction avec d’éventuels alliés du Sud global joue un rôle stratégique, renforçant les alliances macro-régionales et créant des plateformes pour un développement conjoint.

La dissuasion financière se réalise par le biais de systèmes monétaires et de paiement alternatifs, garantissant la liberté financière stratégique. La dissuasion économique repose sur le principe de la limitation stratégique des vulnérabilités, où les corridors logistiques deviennent un instrument de contrôle stratégique. L’autonomie technologique se construit par la création de plateformes numériques et informatiques indépendantes: l’infrastructure numérique est construite selon le principe d’une gestion segmentée mais intégrée, où les systèmes critiques sont protégés contre l’ingérence extérieure, permettant d’atteindre la souveraineté économique et technologique par la création de complexes macro-régionaux autonomes. La dissuasion militaire intègre l’autonomie des forces armées nationales avec la coordination macro-régionale, en utilisant le concept d’«attaque impossible». La dimension informationnelle et culturelle du Katechon constitue la base stratégique de la souveraineté: le contrôle des discours et des codes culturels permet de préserver l’intégrité de la société face à la pression universaliste.
Dans sa configuration ultime, le monde entre dans une ère où le changement anthropologique devient décisif: la formation d’un nouveau type de personne, séparée du territoire et de la tradition. Les futurologues ont prévu l’émergence du nomade global, un consommateur mobile, sans racines et vivant dans une culture de consommation jetable et dévaluée. Cette figure incarne le sujet idéal de l’Hyper-Empire technocratique: un être humain ayant perdu contact avec la terre et incapable de résister politiquement à tout ce qui vient de l’extérieur. La lutte pour la souveraineté se déplace dans l’espace intérieur de l’être humain: sa mémoire culturelle, ses fondements psychologiques et sa capacité à maintenir une identité stable. Une guerre des mentalités est menée pour la préservation du noyau humain. Les États doivent défendre leur propre code anthropologique pour éviter qu’il ne se dissolve dans le panier d’achat de la société hyper-modernisée. Ce projet de gestion technocratique est clairement annoncé par ses architectes. Klaus Schwab insiste sur le «Grand Reset» et son conseiller, Yuval Noah Harari, indique directement: «Nous n’avons simplement pas besoin de la majorité d’entre vous… Nous aurons l’opportunité de pirater les gens». Cette position, confirmée par des idéologues comme Jacques Attali, donne à la conception du nouveau camp de concentration numérique une objectif concret, dans lequel la supervision et la régulation remplacent fonctionnellement l’extrémisme antérieur.

La dimension financière de la confrontation est devenue le domaine où le projet atlantique a atteint sa plus grande maturité. La transition du contrôle territorial au contrôle informationnel et financier a permis de déplacer le centre du pouvoir vers le domaine de la surveillance algorithmique et de la dépendance monétaire. Ainsi apparaît l’eschatologie financière, un concept dans lequel l’argent se transforme d’instrument d’échange en mécanisme de contrôle total. L’unification de l’espace monétaire mondial par le biais des monnaies numériques ouvre la voie à la création d’un cadre financier supranational capable d’imposer des règles uniques. La formule historique «celui qui contrôle la masse monétaire d’un pays contrôle le pays» acquiert une dimension globale. Pour les forces telluriques, cela crée un impératif stratégique: la souveraineté monétaire devient un élément clé de l’indépendance politique, ce qui fait de la crypto-politique le front principal du XXIe siècle. À l’ère du capitalisme numérique, le principe atlantique obtient un avantage absolu dans la gestion de l’information. Le pouvoir algorithmique remplace le pouvoir des flottes, formant l’impérialisme des données, une forme de domination basée sur le contrôle de l’environnement numérique. La dimension eschatologique de ce projet se manifeste dans le désir de créer un état de paix où toute alternative serait techniquement impossible, transformant la fin de l’histoire en une eschatologie algorithmique.

La fracture entre les différents fronts du monde se déplace définitivement vers la sphère du contrôle de la signification. Un nouveau régime cognitif apparaît, dans lequel le contrôle s’exerce par la distribution de l’attention et la reconfiguration de la réalité, et où les algorithmes façonnent la perception de l’être humain. En réponse, le principe tellurique tente de rendre à la culture sa profondeur et sa sacralité. Le code culturel est une forme d’enracinement existentiel qui relie l’être humain à l’histoire et à l’espace. La confrontation entre dans le domaine de l’eschatologie culturelle: un projet cherche à créer un sujet universel pour l’économie en réseau (en utilisant la hyper-tolérance et la déconstruction postmoderne pour l’individualisation), tandis qu’un autre cherche à restaurer le sujet comme porteur de la tradition, dont l’existence transcende les prédictions et le contrôle des algorithmes.

La couche la plus profonde du conflit réside dans la question du corps et des limites. La civilisation atlantique propose l’idée de dissoudre la nature matérielle de l’être humain par le biais du posthumanisme, tandis que la logique tellurique insiste sur l’enracinement insurmontable de l’être humain dans la géographie charnelle de l’être. La terre implique le corps, et le corps implique des limites. Le projet atlantique construit un monde où les limites doivent disparaître, tandis que le projet tellurique construit un monde où les limites sont la base de l’ordre, et l’ordre la base de la liberté. Cela fait de la restauration des frontières une stratégie ontologique.
La structure du face-à-face mondial prend sa forme définitive lorsque l’on analyse le temps. Le projet atlantique cherche à priver l’humanité de sa profondeur historique, en réduisant le passé à des symboles déconstruits et l’avenir à une projection technocratique unique et rationnelle, ce qui constitue une confrontation entre deux théologies de l’histoire: la technocratique et la traditionnelle. Le système supra-humain que la civilisation atlantique souhaite créer est une technocratie sans technocrates, un pouvoir réparti entre machines et protocoles. Le projet tellurique, quant à lui, cherche à intégrer la technologie dans la structure du sens, plutôt que de remplacer le sens par la technologie, en générant l’idée de la souveraineté du sens.

Il est en jeu la propre possibilité d’existence des civilisations humaines en tant que formes de vie autosuffisantes, où la souveraineté commence par la liberté intérieure et le sens collectif. Le conflit entre les projets atlantique et tellurique n’est pas simplement une dispute sur la gouvernance du monde, mais une lutte sur ce qu’il faut considérer comme le monde. À ce niveau, le choix stratégique acquiert une profondeur eschatologique: accepter la dissolution dans un conglomérat nomade universel, ou construire un monde contre-eschatologique basé sur la sacralité de l’espace, la tradition et le droit à la différence, qui devient une nouvelle valeur politique suprême. La jonction de tous ces éléments forme un bloc macro-régional capable de maintenir l’équilibre stratégique avec le Léviathan. Le capital démographique devient alors un instrument de profondeur stratégique et une garantie de reproduction de la souveraineté nationale et culturelle, constituant un aspect fondamental dans cette lutte et, par conséquent, le pari final du conflit mondial.
Ainsi, nous avons exploré l’ontologie et l’eschatologie de l’ordre mondial, établissant que le conflit mondial a dépassé les limites de la géopolitique classique, devenant une confrontation antagoniste entre deux principes métaphysiques. Dans ce contexte, la victoire russe sur le théâtre des opérations ukrainien n’est pas seulement un succès militaire et politique, mais un acte existentiel de réalisation du potentiel des forces du Katechon pour contenir la victoire totale des intrigues antichristiques de l’euro-atlantisme. Étant donné l’inacceptabilité d’un affrontement militaire direct entre les pôles dans un contexte de dissuasion nucléaire entre des parties à potentiel de destruction mutuelle égal, la confrontation passe au plan de la stratégie d’épuisement: guerres de sanctions, blocus maritimes et technologiques, où la victoire ne se gagne pas tant par la destruction physique de l’ennemi que par la destruction de sa volonté de continuer la lutte. «Une façon efficace d’affaiblir un rival grand et armé d'un potentiel nucléaire est de le faire saigner de loin, ce qui constitue une version moderne et relativement sûre de la stratégie de l'anaconda. L’objectif de cette lutte n’est pas la défaite immédiate, mais l’épuisement prolongé et inexorable de ses ressources et de sa détermination politique», affirme le stratège américain de renom Stephen M. Walt (photo), professeur de Relations internationales à Harvard.



C’est précisément cette conscience d’un épuisement total, mais à distance, qui rend impossible la victoire totale du Léviathan et mène inévitablement à la nécessité d’établir une nouvelle limite de la sagesse stratégique. Cette limite conduit à la composition d’un compromis dual, que l’analyste Evgueni Vertlib a nommé l'«architecture de la survie» («La logique des compromis stratégiques», 2014 ; «Katechon et Léviathan. Duel global», 2025). L’auteur a formalisé la dichotomie Léviathan vs. Katechon non plus comme une confrontation entre États, mais comme une nécessité dans laquelle Léviathan et Katechon s’avèrent être des contrepoids indispensables dans l’unité dialectique des opposés, dictée par les limites de la destruction mutuelle. Le Katechon (l'Ours Russe), après avoir supporté la stratégie d’épuisement, oblige Léviathan à reconnaître les limites de son universalité: les limites du maintien de l’apparence de la victoire, la légitimation de la non-défaite comme victoire. La conclusion de cette confrontation ne sera pas la capitulation, mais la reconnaissance ontologique et la fixation d’une nouvelle limite stratégique. Selon cette logique, la victoire ne consiste pas à maximiser les dégâts, mais à maximiser la capacité à prévenir la guerre. En conséquence, le monde n’atteindra pas l’utopie de l’homogénéité, mais trouvera la stabilité dans sa multiplicité, ce qui est la seule issue réaliste à l’ère post-nucléaire et la garantie de la préservation de l’espace même de l’action historique, où la «multiplicité florissante» (K. Leontiev) devient la nouvelle valeur politique suprême.
Le monde entre dans une période de tension contrôlée et de coexistence structurée de deux hémisphères, ce qui, en essence, constitue une réincarnation pragmatique du principe de «coexistence pacifique», concept fondamental de la politique étrangère soviétique qui, malgré tout son arrière-plan idéologique, visait à prévenir un affrontement militaire direct et à fixer la compétition à long terme comme un processus contrôlé et non catastrophique. En ce sens, notre modèle de «coexistence structurée de deux hémisphères» occupe une position unique, démontrant un avantage significatif sur les deux autres paradigmes mondiaux majeurs.

Premièrement, il diffère de manière critique de la formule chinoise «Un pays, deux systèmes», un modèle développé par Deng Xiaoping pour préserver les enclaves capitalistes sous la souveraineté de l’État socialiste. Alors que cette formule atteint la paix par la subordination ontologique d’un système à la souveraineté étatique unifiée (comme le démontre l’interprétation officielle: «Un pays» est la prémisse et la base, les «deux systèmes» sont subordonnés à «un pays» et tous se basent dessus»), notre vision exclut la subordination hiérarchique. La «coexistence structurée de deux hémisphères» affirme l’équilibre, non la subordination, fixant la limite stratégique comme une frontière horizontale de reconnaissance mutuelle, où la « multiplicité florissante » se présente comme une valeur politique autosuffisante et une garantie de paix, et non comme une concession temporaire pour préserver l’unité de l’État.

Deuxièmement, notre conception se caractérise également par une plus grande rigidité politique et un réalisme accru par rapport à l’idée du «Dialogue des civilisations», promue notamment par le président iranien Mohammad Khatami, en réponse à la thèse du «Choc des civilisations». Alors que le «Dialogue des civilisations» vise à dépasser le conflit par un rapprochement éthique, culturel et de valeurs basé sur le respect mutuel et l’échange actif (en affirmant notamment qu’«il n’y a pas de choc des civilisations, mais un choc d’intérêts et d’ignorance»), il ne comporte pas de mécanismes pour contenir l’agression systémique. Notre conception, au contraire, est ontologiquement réaliste, puisqu’elle reconnaît et intègre la «tension contrôlée» comme partie intégrante du système, en fixant la limite stratégique précisément par la maximisation de la capacité à prévenir la guerre. De cette façon, elle ne se fonde pas uniquement sur la surmontée volontaire de l’«ignorance», mais utilise la force de dissuasion comme base de la stabilité structurelle. Par conséquent, la « coexistence de deux hémisphères » n’est pas seulement une question pragmatique pour éviter la guerre, mais aussi un mécanisme politique de premier ordre qui affirme l’égalité structurelle et fonde la paix sur une limite stratégique contrôlable.
Cette approche exige de renoncer aux prétentions universalistes, caractéristiques à la fois de l’idéologie de la Guerre froide et de l’hégémonisme post-bipolaire, où la victoire était conçue comme l’absorption totale ou la reformulation de l’adversaire. À la place, la nouvelle limite de l’action stratégique dicte la nécessité de développer des protocoles d’interaction complexes et multi-strates, capables d’intégrer l’antagonisme dans le tissu d’un ordre mondial durable. Dans ce système, la «tension contrôlée» devient un état permanent dans lequel les acteurs clés calibrent constamment leurs actions par rapport à la nouvelle limite stratégique, sans dépasser la ligne critique qui mène à la catastrophe. De cette manière, la différence ontologique des systèmes, en étant reconnue et institutionnalisée, cesse d’être une source de conflit incontrôlable et se transforme en une source d’équilibre dynamique, dans laquelle la stabilité est assurée, paradoxalement, précisément, par la coexistence compétitive.
Pour le Katechon, qui lutte seul contre la légion de l’Antéchrist, le rôle de la Russie en tant que Reteneur serait rempli. Cette mission, enracinée dans la Deuxième Épître de l’apôtre Paul aux Thessaloniciens (« Car le mystère de l’iniquité est déjà en action; il ne sera déployé que lorsque celui qui le retient sera enlevé… puis l’impie sera révélé»), se projette dans la tâche ontologique de stabiliser la limite stratégique globale.
Le calcul stratégique de la victoire russe dépasse la simple réussite des objectifs opérationnels et tactiques classiques et repose sur l’obligation d’amener l’ennemi à s’auto-limiter et à accepter l’irréductible multiplicité de l’architecture mondiale. La Russie n’aspire pas à la domination totale, mais à créer des faits irréversibles d’équilibre stratégique qui rendent toute escalade militaire ultérieure défavorable à l’existence même de l’ennemi. L’impératif clé est de maximiser sa propre stabilité et de minimiser l’espace opératoire pour l’expansionnisme mondialiste, ce qui se réalise par une formule triple: provoquer des dégâts inacceptables en cas de confrontation directe pour renforcer la limite stratégique; démontrer l’autonomie et l’autosuffisance de la civilisation, qui montre l’inutilité de la stratégie de «suffocation»; et former de nouveaux pôles d’attraction: coalitions d’États souverains pour lesquels le modèle dominant de «pluralité florissante» deviendra une alternative sûre à l’hégémonie centrée sur les États-Unis. Ainsi, la victoire russe n’est pas la capitulation de l’ennemi, mais la victoire du bon sens et de la nécessité historique, qui conduit à la reconnaissance ontologique par les deux hémisphères d’une nouvelle norme durable de l’ordre mondial: à l’humanité dans son ensemble, il est donné la possibilité d’exister «légalement» dans sa pluralité. L’objectif est de re-codifier la stratégie globale, passant de la logique du «celui qui gagne prend tout» à la raison pratique: «tous ceux qui reconnaissent la limite survivent». Telle est la fonction du Reteneur : non pas empêcher la fin du monde, mais la retarder autant que possible en établissant l’ordre et le droit au développement souverain dans des conditions de tension permanente contrôlée.



Cet impératif stratégique devient encore plus incontournable dans le contexte de la compréhension que l’histoire mondiale n’a pas seulement continué, comme l’a postulé Francis Fukuyama dans sa conception de « La fin de l’histoire » après la victoire de la démocratie libérale, mais qu’elle est revenue sous la forme d’un conflit entre des paradigmes ontologiques inconciliables, réfutant définitivement l’illusion de l’unification. Plus encore, cette nouvelle ère coïncide avec la formation de la «société du risque global» selon Ulrich Beck (1986), dans laquelle les menaces systémiques, invisibles et transfrontalières (du climat à l’atome) créent une nouvelle solidarité universelle face à une catastrophe commune provoquée par l’homme. «Les risques, comme les richesses, se distribuent selon un schéma de classes, sauf qu’ils le font en ordre inversé», affirmait Beck, soulignant que les menaces modernes dépassent toutes les frontières nationales, rendant toute tentative de victoire totale ontologiquement dénuée de sens. Ainsi, la Russie, agissant comme Reteneur, assume la fonction de stabilisateur mondial, dont la victoire ne consiste pas à imposer son ordre, mais à fixer une limite métaphysique infranchissable garantissant à toutes les civilisations leur propre existence par la «multiplicité florissante» et en annihilant toute prétention à une fin unique de l’histoire.
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samedi, 13 décembre 2025
Le C5, modèle MAGA de la multipolarité - Une alternative à la domination mondiale de l’ordre unipolaire

Le C5, modèle MAGA de la multipolarité
Une alternative à la domination mondiale de l’ordre unipolaire
Alexandre Douguine
Alexandre Douguine commente la tentative de l’Amérique de construire un ordre multipolaire de grandes puissances en marge du G7 et du mondialisme.
L’idée du C5, ou « Core Five » (le Noyau des 5), en tant qu’alternative au G7, est un projet qui découle directement de l’approche politique et géopolitique du mouvement MAGA dans la politique mondiale. C’est du réalisme politique; c’est un rejet de la mondialisation; c’est la construction d’une nouvelle architecture internationale basée sur les véritables centres de souveraineté dans le monde contemporain.
Lorsque, il y a un peu moins d’un an, j’ai publié mon livre La Révolution Trump (qui a déjà été traduit dans de nombreuses langues), je lui ai donné le sous-titre suivant: «Un nouvel ordre de grandes puissances». Mais qu’est-ce que «l’Ordre des Grandes Puissances»? C’est précisément la construction d’un système international dans lequel la souveraineté authentique n’appartiendra qu’aux civilisations-États qui possèdent leur propre idéologie, leur propre économie et leur propre géopolitique—des entités véritablement souveraines qui ont déjà prouvé leur viabilité.
C’est, si vous voulez, la version MAGA d’un monde multipolaire. C’est exactement ce dont parlait autrefois le secrétaire d’État américain Marco Rubio. Cela faisait partie des plans énoncés par plusieurs idéologues du mouvement MAGA comme, par exemple, Steve Bannon. C’était soutenu et étayé—de façon assez critique à l’égard de Trump lui-même—par John Mearsheimer, un excellent représentant du réalisme politique américain. Il s’agit d’une approche froide et dure du concept de souveraineté. La souveraineté ne devrait appartenir qu’aux grandes puissances: «Un nouvel ordre des grandes puissances». En d’autres termes, c’est la version américaine, trumpiste, d’un monde multipolaire, qui diffère assez nettement du modèle BRICS.
Première différence: le groupe BRICS n’inclut pas les États-Unis ni l’Occident; il est construit comme une alternative à eux. Cela est tout à fait logique, car jusqu’à Trump, l’Amérique fonctionnait comme le bastion de l’ordre mondialiste unipolaire. J’ai déjà dit qu’une place pour l’Amérique au sein de BRICS reste ouverte—en fait, en quelque sorte réservée—mais seulement pour une Amérique qui rompe avec la mondialisation.
Deuxième différence: Le groupe BRICS accepte des civilisations qui ne sont pas encore complètement formées. Le monde islamique, qui n’a pas encore atteint l’unité dans le développement d’une stratégie civilisationnelle commune; l’Amérique latine, qui stagne également sur le chemin de l’intégration; et le continent africain. Toutes ces civilisations sont représentées dans le groupe BRICS. En d’autres termes, le groupe BRICS est une multipolarité bienveillante « avec de la place pour croître ». Il inclut à la fois des civilisations-États déjà formées et celles qui doivent encore s’unir. C’est, pour ainsi dire, un «projet d’avenir».
Par conséquent, la différence entre «l’Ordre des Grandes Puissances» et le projet BRICS est que seules les civilisations-États existantes sont reconnues comme souveraines: les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Inde. Le Japon y est aussi inclus—je pense que c'est pour équilibrer l'ensemble face à la Chine. Le Japon est en effet un pays puissant. S’il pouvait obtenir son indépendance vis-à-vis de l’Amérique, il pourrait très bien devenir un pôle souverain à part entière. Le C5 représente la version américaine de la multipolarité. Dans la dernière version publiée de la Stratégie de sécurité nationale des États-Unis, cette idée est clairement et directement exposée.
L’idée de créer le C5, le « Core Five » (le Noyau des 5), selon la vision des stratèges américains du mouvement MAGA (je souligne: il ne s'agit pas des néoconservateurs, pas des globalistes), signifie donner à cet «Ordre des Grandes Puissances» une sorte de statut de club. Pas encore les bases du droit international, mais un club—cette fois construit de manière totalement différente du G7, qui était rempli de divers nains occidentaux qui ne représentaient rien, comme le Canada.
Tant le G7 que le G20 étaient des clubs mondialistes dominés par l’agenda mondialiste. C’est pourquoi ils sont aujourd’hui complètement insignifiants. Et c’est précisément pour cela que la création d’un club multipolaire véritablement pertinent—le C5—est désormais à l’étude.
Mais comment la stratégie du mouvement MAGA l’envisage-t-elle? Très probablement, les États-Unis voient la création du C5 comme une alternative au groupe BRICS. Cependant, cela peut également être considéré comme un complément au groupe BRICS. Car qu’est-ce qui est fondamentalement important ici? L’absence de l’Europe, de la Grande-Bretagne, du Canada et de l’Australie.
C’est-à-dire l’absence de ces régimes qui, dans leurs derniers spasmes, s’attachent désespérément au projet mondialiste. C’est une géopolitique MAGA authentique, qui—à sa manière—reconnaît la multipolarité.
C’est pourquoi le C5 est une proposition très sérieuse. Bien sûr, elle peut être critiquée; on peut dire que le projet BRICS est meilleur. C’est ce que je pense aussi: le projet BRICS est meilleur à tous égards, sauf un: les États-Unis n’y sont pas. Et tant que les États-Unis et l’Occident n’y seront pas, personne à l’intérieur du groupe BRICS n’ose vraiment défier l'hégémonie mondiale de front. Mais ici, Trump et le mouvement MAGA font un pas en avant qui est intéressant: «Au lieu de se consolider contre nous, rejoignez-nous pour construire ensemble la multipolarité». C’est une question de grande importance et qui exige la plus haute attention. Voyons ce qui peut en sortir.
Nous vivons maintenant à un moment où Trump commence à revenir à sa stratégie MAGA d’origine, dont il s’était éloigné ces derniers mois, à une distance sidérale. Mais le moment du retour est venu. Il n’est pas fortuit qu’à ce moment précis, une proposition ait émergé pour envisager la création du club C5 (Core Five)—un développement extrêmement important, révélateur et extraordinairement intéressant.
L’essentiel est que cette proposition n'englobe pas l’Union européenne, les globalistes, ces Messieurs Soros et Schwab, le forum de Davos, l'inénarrable Macron… Ils sont tous jetés à la poubelle, avec Zelensky et le nazisme ukrainien. C’est vraiment un moment fascinant, où l’Amérique est contrainte de reconnaître la multipolarité, même si elle propose sa propre version de celle-ci.
20:03 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, c5, core five, multipolarité, alexandre douguine |
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Point sur la crise de la Dermatose dans les Pyrénées

Point sur la crise de la Dermatose dans les Pyrénées
Laurent Ozon
Source: @LaurentOzon (X)
La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) est une maladie virale des bovins à très faible mortalité (1 à 5 %, rarement plus). La morbidité est très variable selon les souches et les conditions environnementales.
Le premier foyer déclaré en France date du 29 juin 2025 en Savoie. Les premiers cas dans les Pyrénées-Orientales datent du 15 octobre, suivis d'une progression rapide vers l’Ariège (9/12), les Hautes-Pyrénées (10/12) et les Pyrénées-Atlantiques (zone réglementée depuis le 11/12).
Le mode de propagation dominant est vectoriel, via des insectes piqueurs (mouches des étables, moucherons piqueurs ou taons), et non par les mouvements d’animaux.Ce point est essentiel. Le virus circule largement dans l'environnement et peut progresser de plusieurs dizaines de kilomètres par semaine, en dehors des couloirs de transport des animaux.

Le vaccin homologué en France, Lumpyvax, réduirait fortement les formes cliniques graves et préserverait la productivité (lait, croissance), mais il n’est pas stérilisant. En clair, les animaux vaccinés peuvent être infectés, devenir porteurs asymptomatiques et continuer à transmettre le virus aux insectes vecteurs. C'est un vaccin productif plus que sanitaire. Il sauvegarde la santé du troupeau mais ne bloque pas la circulation du virus.
Du fait du mode de contamination et de l'efficacité limitée du vaccin, la stratégie officielle d’abattage total suscite une opposition large chez les petits éleveurs. Selon la réglementation européenne (catégorie A, Règlement UE 2016/429), tout foyer confirmé entraîne l’abattage et la destruction de l’intégralité de l’élevage, même si une seule bête est atteinte.
La justification officielle est que cette méthode coupe la source virale locale en éliminant les porteurs cachés. Pourtant, si la circulation du virus est vectorielle, cette stratégie de dépopulation totale semble largement inadaptée. Selon la réglementation, ce serait pourtant la seule façon de maintenir le statut « indemne » nécessaire aux exportations de bovins vivants, de viande etc. – bien que des suspensions d'exportations soient déjà en vigueur hors UE en raison des zones réglementées actuelles (109 foyers au 9 décembre).
Lorsque la transmission est essentiellement vectorielle et généralisée (comme actuellement dans le sud-ouest), l’abattage total, prônée par une technocratie quasi-militarisée, suscite la colère. De nouveaux foyers apparaissent régulièrement sous le vent, indépendamment des élevages abattus. Le modèle belge de 2021 (abattage ultra-rapide ayant stoppé net une introduction unique par camion transportant des animaux) n’est pas transposable. Le virus circule et circulera dans l'environnement. Par ailleurs, la question de l'exportation sera bientôt réglée puisque, quoi que fasse la technocratie, les restrictions liées aux zones réglementées (rayon de 50 km autour des foyer) limiteront drastiquement les exportations dans les mois à venir.
On voit donc apparaître une divergence d'intérêts entre les éleveurs orientés vers le marché intérieur (petites exploitations, circuits courts, production laitière locale), qui subissent des pertes lourdes et les filières export (grands groupes intégrés dont la FNSEA est l'émanation), qui cherchent à maintenir le statut indemne pour conserver leurs marchés (Maghreb, Moyen-Orient, Asie).
Plus fondamentalement, la charge symbolique, en situation de tension sociale, économique et identitaire, de petits éleveurs contraints par une mobilisation de moyens exceptionnels de la force publique, de faire tuer leur troupeau pour satisfaire à des normes technocratiques européennes inadaptées, peut mettre le feu aux poudres. D'autant plus que s'est installé dans une partie de l'opinion l'idée que cette crise n'était qu'une partie d'une guerre plus large menée par les technocraties managériales mondialisées contre l'autonomie alimentaire et la typicité de production des peuples.
19:43 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, épidémies, bovins, france, europe, affaires européennes, dermatose, élevage |
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L’ordre mondial, instauré en 1945, touche à sa fin

L’ordre mondial, instauré en 1945, touche à sa fin
Carlos X. Blanco
Source: https://socialismomultipolaridad.blogspot.com/2025/12/el-...
Ce bref essai, résumé de ce que j’ai exposé dans plusieurs ouvrages, vise à présenter une critique exhaustive et radicale de l’ordre international dirigé par les États-Unis depuis 1945. Il argue que cet ordre est en train de vivre un processus terminal d’agonie, comparable à celui d’un malade en fin de vie, causant misère et désastre autour de lui. Il s’articule autour de plusieurs axes d’analyse :
1. L’ordre d’après-guerre et le rôle de l’URSS :
Après la défaite du IIIème Reich en 1945, les États-Unis imposèrent leur Pax Americana, mais de façon incomplète en raison du contrepoids soviétique. Le rôle crucial de l’Union soviétique dans la défaite du nazi-fascisme en Europe et dans l’évitement d’une Troisième Guerre mondiale immédiate contre les puissances anglo-américaines, y est souligné et a eu un coût humain énorme. L’URSS a créé un «Deuxième ordre mondial» qui a regroupé des pays en processus de décolonisation, en opposition aux prétentions universelles américaines.

2. L’idéologie comme instrument et le concept de « totalitarisme » :
Dans mes textes, je démonte la primauté de l’idéologie dans l’analyse géopolitique, la présentant comme un facteur mobile et utile. Je signale que le capitalisme impérialiste anglo-saxon a initialement financé des régimes comme ceux d’Hitler et de Staline, puis les a diabolisés comme «totalitaires» dès que le conflit a éclaté. Le concept de «totalitarisme», élaboré par des intellectuels comme Hannah Arendt, y est analysé comme une arme conceptuelle de l’Occident libéral. Sa véritable fonction n’est pas de décrire des similitudes structurelles entre le nazisme et le bolchevisme (des régimes différents, séparés par des abîmes), mais de stigmatiser comme «totalitaire» tout régime non libéral et non soumis à l’hégémonie américaine. Cela est habile, et cette synonymie est essentielle pour comprendre la Guerre froide et sa poursuite.
3. L’évolution après la chute de l’URSS :
Avec la disparition de l’URSS (1989–1991), l'«Hégémon» libéral (première théorie politique, selon Alexandre Douguine) a perdu son contrepoids socialiste (deuxième théorie politique). L’arsenal philosophico-politique accumulé a été réorienté pour présenter le fascisme (troisième théorie politique) comme la seule alternative au monde «libre», simplifiant le discours jusqu'à poser l'alternative suivante: «libéralisme ou barbarie (fasciste)». Tout pays qui ne s’aligne pas sur les États-Unis peut être qualifié de «totalitaire» ou d'«autocratique», comme c’est le cas aujourd’hui, selon le contexte, avec la démocratie multipartite russe ou le système politique chinois.

4. La décadence et le caractère prédateur de l’Occident :
Le capitalisme occidental, notamment dans sa version tardive et financière, est décrit comme étant en phase d’épuisement. C’est un système improductif, basé sur la dette et parasitaire, dont la crise de 2008 a révélé la nature «génocidaire et inviable». Les États-Unis, en tant que débiteur maximal, soumettent d’autres pays par ce système. La mondialisation n’a pas été la création d’un creuset mondial, mais l’imposition du mode de vie américain, un processus qui, conjointement avec la «religion holocaustique» (la sacralisation de l’Holocauste juif transformé cyniquement en religion civile universelle, conférant simultanément une impunité morale au sionisme), a servi à l’endoctrinement et à la domination.
Le mythe de la supériorité morale, technologique et militaire de l’Occident s’effrite. Sur le plan moral, les États-Unis violent le droit international; sur le plan technologique, ils prennent du retard face à l’Asie, en particulier la Chine ; militairement, ils manquent de capacités de combat terrestre et de résilience comme la Russie, qui possède une expérience de guerres défensives pour sa survie, contrairement aux campagnes impérialistes ratées des États-Unis (Vietnam, Afghanistan).
5. L’OTAN comme instrument agressif et dangereux pour l’Europe :
Créée en 1949 comme alliance « défensive », l’OTAN est devenue une organisation agressive et expansionniste, compromettant la souveraineté et la sécurité des peuples européens. Le bombardement de la République fédérale de Yougoslavie en 1999, avec des milliers de civils morts et l’utilisation d’uranium appauvri, a marqué un tournant, montrant que l’OTAN attaque des États souverains européens. La guerre en Ukraine (commencée en 2014 avec Euromaidan) en est une autre manifestation. Être dans l’OTAN ne garantit pas la sécurité, mais éveille la peur, car cela oblige les États membres à se militariser à nouveau et à s’enliser dans des conflits (comme en Ukraine) qui servent les intérêts de Washington, pas ceux de l’Europe. L’OTAN et l’UE ont perdu toute légitimité morale pour donner des leçons sur les droits de l’homme.
6. Le nouveau modèle de domination: les États artificiels-terroristes (les «porte-avions statiques») :
Face à leur déclin et leur incapacité à mener des guerres conventionnelles victorieuses, l’Empire occidental adopte un modèle de «guerre hybride» qui ressemble au terrorisme d’État. Le modèle est Israël: un État artificiel, fortement militarisé et agressif, qui fonctionne comme un «porte-avions statique» incrusté dans une région stratégique. Ce modèle se reproduit avec des entités comme le Kosovo, l’Ukraine post-Euromaidan ou le «Grand Maroc». Ce sont des «États-poubelle» ou «États faillis», créés ou instrumentalisés pour semer le chaos, affronter des ennemis (Russie, Chine, Iran) et servir de plateformes d’agression. Le Maroc, avec le soutien des États-Unis, de la France et d’Israël, se présente comme la partie d'une tenaille qui se complète avec Israël, pour étrangler la Méditerranée, ce qui constitue une grave menace pour l’Espagne et le sud de l’Europe.

7. La destruction culturelle et sociale auto-destructive de l’Europe occidentale :
L’Europe occidentale a été victime d’un changement culturel massif orchestré par les États-Unis: l’«americanisation» ou la « mondialisation ». Cela a mené à:
- a) L’arrêt de l’activité productive : délocalisations industrielles, domination de la financiarisation (fonds comme BlackRock) et une économie basée sur la dette et le tourisme cancérigène (exemple : Espagne).
- b) L’arrêt de l’activité reproductrice : hiver démographique, remplacement de la population par une migration massive (parfois utilisée comme arme contre l’Espagne, par exemple par le Maroc), trafic d’êtres humains et perte de l’identité culturelle.
- c) La défaillance de la capacité défensive : dépendance militaire à l’OTAN, forces armées nationales affaiblies et engagées dans des missions étrangères, tandis que les frontières réelles (Ceuta, Melilla, côtes méditerranéennes face à l’Afrique) restent non protégées.
L’« âme » de l’Europe est morte, car le triptyque fondamental: produire, avoir des enfants et manier des armes pour la défense nationale légitime, a été brisé.
8. Conclusion et perspectives :
L’ordre mondial unipolaire touche à sa fin. Face à la décadence occidentale, émergent des modèles alternatifs (comme le capitalisme planifié ou le socialisme de marché de la Chine) et un bloc potentiel comme les BRICS. L’Europe doit se réveiller, rejeter la soumission aux États-Unis et à l’OTAN, et retrouver sa souveraineté, sa capacité productive, son identité culturelle et restaurer sa défense nationale. Elle doit cesser d’être «Occident» et se redécouvrir comme une civilisation parmi d’autres, avec le droit à son histoire et à ses traditions. La voie actuelle mène à la guerre, à la destruction et à la colonisation intérieure. Mes textes publiés se terminent souvent par une mise en garde contre la création de futurs «États-artificiels» (comme une Catalogne indépendante), qui pourraient servir de nouveaux «porte-avions» pour soumettre des populations appauvries et aliénées. L’avenir dépendra de la capacité de l’Europe à refuser la guerre, le génocide et l’exploitation, et à reprendre le contrôle de son destin.
14:09 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, europe, déclin européen |
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La peur de Washington

La peur de Washington
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/la-paura-di-washington/
Les États-Unis sont inquiets. Très inquiets. Pour l'avenir de l'Europe.
Cela peut nous sembler étrange, étant donné que Washington est désormais dirigé par une administration qui semble très éloignée de l'Europe. Tant dans son style que dans son contenu.
Une administration bien représentée par Donald Trump. Non pas un cow-boy excentrique, comme continue de le définir une certaine partie de notre cirque médiatique. Mais plutôt l'homme qui incarne et donne une voix à l'Amérique profonde. Loin, très loin de la « sensibilité européenne » proclamée et autoréférentielle (et presque onaniste).
Et pourtant, c'est précisément cette Amérique qui est préoccupée. Parce qu'elle voit avec une lucidité détachée la dérive européenne. Et elle est consciente de ce que cela pourrait entraîner dans un avenir immédiat. Même, et surtout, pour les États-Unis.
C'est ce que nous disent les analystes russes. De plus en plus attentifs à ce qui se passe dans le camp occidental. Dans le camp, disons-le clairement, de «l'ennemi».
C'est une nouvelle qui a eu très peu d'importance dans nos médias, trop occupés à étudier ou à contempler des choses vraiment intéressantes. Comme les disputes télévisées entre Meloni et Schlein sur des questions fondamentales telle le genre. Ou les logorrhées de certains représentants de la majorité sur les chats errants de Cosenza. Ou celles de Picierno et de ses compagnons sur l'antisémitisme rampant et les crèches non inclusives. Des choses de cet acabit. Des choses sérieuses. Il n'y a pas de temps d'antenne ou de place dans les colonnes des quotidiens pour des futilités comme le déclin de l'Europe selon Washington.
À tel point que j'ai trouvé cette information, fournie par un analyste russe, sur Internet, grâce à mon ami Corrado Caldarella. Un autre vieux schnock, comme moi, qui perd son temps avec ce genre de préoccupations.
Quoi qu'il en soit, comme je le disais, Washington est très inquiet. Car, si cela continue ainsi, l'Europe va complètement se dénaturer. Ou, plus simplement, disparaître.


La vague montante d'immigrants en provenance du sud du monde. La chute vertigineuse de la natalité. L'augmentation de l'âge moyen des citoyens... qui, soit dit en passant, a atteint 50 ans en Italie. Et puis, il y a ce génie de Crosetto qui voudrait réintroduire le service militaire obligatoire...
Des futilités, comme je le disais. Mais qui inquiètent Trump et son entourage. Car ils doivent commencer à raisonner comme si l'Europe n'existait plus.
Des millénaires d'histoire effacés en peu de temps, par la folie de la Commission et des gouvernements subordonnés aux intérêts financiers et spéculatifs.
La perspective d'un vide, qui sera comblé par les Asiatiques, les Africains... comme c'est déjà le cas en Grande-Bretagne.
Les États-Unis commencent à se sentir de plus en plus seuls.
Isolés dans leur périphérie, certes vaste, du monde.
Seuls. Face à la marée montante de l'Eurasie russe. De peuples encore jeunes, peut-être sauvages. Mais qui représentent l'avenir.
Comme les barbares de Kavafis.
Mais ne vous inquiétez pas. Ce qui compte vraiment, ce sont les droits des homosexuels unijambistes, des remboursements médicaux pour les candidats transgenre et autres absurdités de ce genre.
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La logique cynique de la stratégie de sécurité des États-Unis – L'Europe paie la facture
La logique cynique de la stratégie de sécurité des États-Unis – L'Europe paie la facture
Markku Siira
Source: https://geopolarium.com/2025/12/09/yhdysvaltojen-turvalli...
La nouvelle stratégie nationale de sécurité des États-Unis (National Security Strategy, novembre 2025) ne modifie pas les grandes lignes de la politique étrangère et de sécurité, mais elle abandonne leur déguisement idéalisé et exprime les choses de manière exceptionnellement directe. La rhétorique précédente, qui prônait la diffusion mondiale de la démocratie et les interventions, a été remplacée par une politique réaliste froide, qui place la souveraineté, la puissance économique et les intérêts américains au centre.
Le message principal est simple: sous Trump, les États-Unis se concentrent principalement sur le renforcement de leur puissance, de leur économie et consolident leur contrôle sur les régions voisines, révélant ainsi une version moderne de la doctrine Monroe. L’ordre mondial ne sert Washington que dans la mesure où il soutient ces priorités internes. La stratégie décrit le monde comme un jeu de somme zéro, quoique compétitif, dans lequel les alliés ne sont utiles que s’ils prennent leur part — de préférence celle que les États-Unis eux-mêmes ont fixée.
La menace principale, et en même temps le défi, se trouve dans la région indo-pacifique. La Chine est clairement désignée comme le principal adversaire, dont la montée économique et militaire menace la position de leader mondial de l’Amérique. Selon la stratégie, la réponse n’est pas une confrontation militaire directe, mais une dissuasion systématique: strangulation technologique, restrictions à l’exportation, renforcement du réseau d’alliés et rapatriement des chaînes de valeur critiques.
Par ailleurs, la stratégie met en garde contre la propagation de l’influence chinoise en Amérique du Nord, en Afrique, et justifie un contrôle plus strict de l’Amérique sur son propre continent. La sécurité aux frontières, les cartels de drogue et l’ingérence étrangère sont considérés comme des questions fondamentales relevant de la sécurité nationale. Tout cela signifie un déplacement clair des ressources vers le Pacifique et vers l'arrière-cour des États-Unis, hors d’Europe et du Moyen-Orient.

L’Europe est traitée de manière ferme mais calculée. Le continent est décrit comme souffrant d’une démographie déclinante, d’une immigration incontrôlable, de divisions internes et de dépenses de défense chroniquement faibles. Le document insiste sur le fait que l’Europe doit désormais assumer la principale responsabilité de sa propre sécurité. Cela implique la réalisation de l’objectif de dépenses militaires de 5% du PIB d’ici 2035, ainsi que la prise en charge principale du financement et des garanties de sécurité pour la guerre en Ukraine.
Voici le cœur cynique de la stratégie: les États-Unis créent délibérément une atmosphère d’incertitude pour amener l’Europe à accepter ce fardeau économique historique. La menace de réduire le soutien de l’OTAN et de souligner la faiblesse européenne obligent les Européens à réduire leurs services publics pour financer un conflit qui sert la grande stratégie des États-Unis. Une contradiction flagrante renforce cette manipulation: les actions américaines, telles que le rapatriement des chaînes de valeur et la compétition énergétique, sape en même temps l’économie européenne, qui doit supporter ces énormes dépenses militaires.
Les États-Unis proposent donc à l’Europe une position encore plus subordonnée qu'auparavant dans le système d’alliances. L’objectif est de geler le conflit ukrainien et de clouer la Russie à la frontière, faisant de l’Europe une zone tampon géostratégique. Parallèlement, les Etats-Unis concentreront leurs ressources militaires et économiques principalement sur la Chine, laissant aux alliés une simple protection nucléaire formelle. Les coûts réels de la gestion du conflit et de la défense européenne sont transférés entièrement à Bruxelles, Berlin et Paris.
Le plus grand point faible de cette nouvelle stratégie est sa myopie et ses contradictions. L’Amérique de Trump veut se retirer du rôle de policier mondial, tout en conservant le droit de fixer les règles. Cette attitude de leadership sans responsabilité, cette vision transactionnelle des alliés et cette mentalité de somme zéro affaiblissent à long terme les réseaux d’alliances sur lesquels repose l’influence américaine. Si la coopération se réduit à un accord de partage des coûts, la loyauté s’évanouit. Une realpolitik trop froide peut se retourner contre elle: elle engendre rancune et éloignement stratégique, affaiblissant ainsi la position des États-Unis.
Les dirigeants et citoyens européens peuvent-ils voir au-delà de la rhétorique superficielle de l’administration Trump? Le but est que l’Europe supporte les coûts de cette mise en scène géopolitique contre la Russie, alors que Washington se concentre principalement sur son principal adversaire, la Chine. Si cela n’est pas compris et si cela n’est pas abordé politiquement, l’Europe pourrait se réveiller dans les années 2030 dans une situation où elle aurait sacrifié son économie, son avenir et ses réserves énergétiques à un conflit qui n’a jamais été dans ses intérêts. À ce moment-là, ceux qui paieront la facture constateront que le mantra « America First » signifiait en réalité « Europe Last ».
12:14 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, états-unis, otan, atlantisme |
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vendredi, 12 décembre 2025
Russie et Inde: partenariat stratégique malgré la pression de l’Occident

Russie et Inde: partenariat stratégique malgré la pression de l’Occident
Milana Gumba
Du 4 au 5 décembre, le président russe Vladimir Poutine s’est rendu en Inde pour une visite officielle. La dernière visite d’un chef d’État en Inde remonte à une période précédant le début de l’opération spéciale, ce qui donne à cette visite actuelle une dimension historique. Des diplomates des pays de l’OTAN ont accusé la Russie de violation du droit international et ont formulé de nombreuses critiques à l’encontre du Kremlin. La visite du président russe Vladimir Poutine en Inde a secoué certains pays occidentaux — cela leur a envoyé un signal sur la fin de l’ère du monde unipolaire. L’éminent homme politique indien Ram Madhav a, quant à lui, décrit Vladimir Poutine par la phrase suivante: «on peut l’aimer ou le détester, mais on ne peut l’ignorer». Il l’a également qualifié de «chef d’État inébranlable».
Les relations russo-indiennes sont traditionnellement caractérisées comme un partenariat stratégique privilégié, et les visites de haut niveau, notamment celle du président russe en Inde, revêtent toujours une grande importance pour les deux pays.

Aperçu des axes de coopération et des projets prospectifs:
Coopération militaire:
L’Inde demeure le plus grand acheteur d’armements et de matériel militaire russes. La coopération inclut la livraison, la production conjointe (par exemple, les missiles Brahmos - photo), le transfert de technologies, ainsi que la formation des militaires indiens. De nouveaux contrats pour la fourniture et la production sous licence sont en discussion.
L’approfondissement de la localisation de la production en Inde dans le cadre du programme « Made in India », le développement de nouveaux systèmes d’armement, et l’expansion de la coopération militaro-technique dans la maintenance et la modernisation du matériel existant.

Énergie :
La Russie est l’un des plus importants fournisseurs de pétrole et de produits pétroliers pour l’Inde. Le secteur nucléaire connaît un développement actif — la technologie russe et la participation à la construction de la centrale de Kudankulam (photo) en sont un exemple marquant.
Perspectives : augmentation des volumes d’exportation de pétrole et de gaz, développement de la coopération dans le domaine de l’énergie nucléaire civile (construction de nouvelles unités), développement de projets dans les énergies renouvelables, ainsi qu’un approfondissement de la collaboration dans l’exploration d’hydrocarbures.

Commerce et économie :
Le volume des échanges bilatéraux ne cesse de croître, bien qu’un déséquilibre persiste. On travaille activement à la transition vers des monnaies nationales (roupie et rouble) dans les règlements pour réduire la dépendance au dollar.
Diversification de la gamme des produits, augmentation des investissements mutuels, création d’entreprises communes dans des secteurs clés, développement du commerce électronique, simplification des procédures douanières.
Transport et logistique :
Promotion active du corridor de transport international « Nord-Sud » (ICT Nord-Sud), qui réduira considérablement le temps et le coût de livraison des marchandises entre la Russie, l’Inde, l’Iran et d’autres pays de la région.
Achèvement et modernisation des infrastructures du corridor, développement de lignes maritimes directes, optimisation des chaînes logistiques.
Coopération dans les formats multilatéraux :
La Russie et l’Inde collaborent activement dans des organisations telles que BRICS, SCO, G20, ce qui favorise la coordination de leurs positions sur les questions internationales actuelles.
Perspectives : renforcer le rôle de ces organisations, coopérer pour façonner un ordre mondial multipolaire, collaborer sur la sécurité et la stabilité régionales.
Comme l’a conclu Madhav, le voyage de Poutine à New Delhi restera dans les mémoires comme un message puissant au monde sur la fin de l’ère mono-hégémonique. Une telle démarche du président russe montre que l’ère de la multipolarité authentique commence. De plus, cette visite en Inde a été un signe de l’intolérance de Poutine et de la Russie envers les doubles standards dans les relations internationales.
Les visites du leader russe en Inde visent toujours à renforcer davantage le partenariat stratégique, à diversifier la coopération et à parvenir à des accords concrets. Malgré les défis mondiaux, les deux pays montrent leur engagement à approfondir leurs liens, ce qui se traduit par une stabilité dans les contacts au plus haut niveau et par le développement dynamique de projets dans de nombreux secteurs clés. Les perspectives de coopération restent vastes, et ses résultats contribuent au développement des économies des deux pays ainsi qu’au renforcement de leur position sur la scène internationale.
Contexte général de la critique occidentale:
La coopération russo-indienne se déroule dans un contexte de critique accrue de la part des pays occidentaux, en particulier les États-Unis et l’UE, surtout depuis le début du conflit en Ukraine.
Position de l’Occident:
Accusations de soutien à la Russie: les pays occidentaux considèrent la poursuite de la coopération économique et militaro-technique de l’Inde avec la Russie comme un soutien indirect à l’économie russe, et par conséquent à ses actions militaires.
Régime de sanctions: on invite l’Inde à rejoindre les sanctions occidentales contre la Russie et à réduire ses échanges commerciaux, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la défense. On mentionne le risque de «sanctions secondaires» pour les entreprises travaillant avec des structures russes sous sanctions.
Arguments éthiques et de valeurs: l’Occident fait aussi appel aux «valeurs démocratiques» et au droit international, en exhortant l’Inde à adopter une position plus ferme envers la Russie.

Position de l’Inde:
L’Inde maintient une politique de non-alignement et d’autonomie stratégique. Sa politique étrangère repose sur la défense des intérêts nationaux.
Pour l’Inde, en tant que grande économie en développement, assurer la sécurité énergétique est une priorité. Le pétrole russe est proposé à des prix compétitifs, ce qui est crucial pour les consommateurs et l’industrie indiens.
L’Inde a d’importants besoins en défense, notamment face à la tension avec le Pakistan et la Chine. La Russie est un fournisseur éprouvé et fiable d’armements, ainsi qu’un partenaire dans le développement de nouveaux systèmes, ce qui est essentiel pour la sécurité indienne. Passer à de nouveaux fournisseurs serait extrêmement difficile, coûteux et long.
L’Inde partage avec la Russie la vision d’un ordre mondial multipolaire, sans domination d’une ou plusieurs puissances.
L’Inde cherche à maintenir le dialogue avec toutes les parties, y compris l’Occident. Elle participe à des initiatives occidentales telles que le Quad (dialogue quadripartite sur la sécurité), tout en approfondissant ses liens avec la Russie.
Position de la Russie:
«Le pivot vers l’Est»: dans un contexte de sanctions occidentales et de confrontation, la Russie réoriente activement sa politique extérieure et ses relations économiques vers les pays asiatiques, en premier lieu la Chine et l’Inde.
L’Inde est considérée comme un partenaire clé dans la construction d’un nouvel ordre mondial plus multipolaire, moins soumis à la dictature de l’Occident.
En somme, malgré la pression occidentale, la Russie et l’Inde continuent de renforcer leurs liens, en se fondant sur leurs intérêts stratégiques mutuels et la perspective à long terme de la création d’un nouvel ordre mondial. L’Inde jongle habilement entre ses liens traditionnels avec la Russie et ses relations en développement avec l’Occident.
20:43 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, inde, actualité, politique internationale, asie, affaires asiatiques |
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Une “Nouvelle” Doctrine de Sécurité Nationale des États-Unis

Une “Nouvelle” Doctrine de Sécurité Nationale des États-Unis
Raphael Machado
Source: https://www.facebook.com/profile.php?id=100069794930562
Début décembre 2025, la Maison Blanche a publié une nouvelle « Stratégie de Sécurité Nationale », un document dans lequel le gouvernement américain présente ses orientations concernant la sécurité nationale. Dans d’autres contextes, nous avons déjà souligné que la conception américaine de la « sécurité nationale » est unique au monde, étant la seule à englober des événements et des situations qui se déroulent à des milliers de kilomètres de distance.
En général, les conceptions de la sécurité nationale concernent essentiellement les potentiels internes et les risques représentés par l’environnement de chaque pays, incluant au maximum l’accès aux ressources importées considérées comme vitales pour l’économie et la défense.
Traditionnellement, ce n’est pas ainsi que la « sécurité nationale » des États-Unis se définit. Celle-ci est vue comme ayant une portée planétaire, de sorte que des événements dans les recoins de l’Afrique, de l’Asie du Sud-Est ou de l’Asie centrale ont toujours pu être réinterprétés comme affectant la « sécurité nationale » des États-Unis – du moins depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à récemment.
Cette nouvelle doctrine de sécurité nationale apporte une différence significative: l’ampleur de la sécurité nationale des États-Unis est «réduite» à l'«hémisphère occidental», en particulier aux Amériques — même si certains intérêts sont maintenus dans des régions du monde où il y a des ressources stratégiques.

Bonne nouvelle pour la majorité du reste du monde, mauvaise nouvelle pour les pays ibéro-américains.
Ici, on pourrait dire que le document fait une allusion indirecte ou métaphorique à la Doctrine Monroe. Non. Le document a la vertu d’annoncer honnêtement et ouvertement la reprise de la Doctrine Monroe, avec l’ajout d’un corollaire de Trump. Si la version originale de la Doctrine Monroe était principalement dirigée contre la présence espagnole dans les Amériques, et dans une moindre mesure contre la présence d’autres pays européens, sa mise à jour est clairement orientée contre les alliances et investissements russo-chinois dans la région.
Le document admet l’impossibilité de forcer la rupture de toutes ces connexions, en particulier dans le cas de pays qui ont déjà établi des relations profondes et sont hostiles aux États-Unis, mais Washington pense qu’il est possible de convaincre tous les autres pays des Amériques que les accords avec ces partenaires, même s’ils sont moins coûteux, impliqueraient des «coûts cachés» tels que l’espionnage, la dette, etc.
Le problème avec ce genre de narration est que beaucoup de pays de la région sont conscients que les «coûts cachés», lors de relations avec les États-Unis, sont, au mieux, les mêmes. Les scandales d’«écoutes» dirigées contre des cabinets présidentiels ibéro-américains restent encore frais dans la mémoire régionale, tout comme l’historique d’endettement des pays de la région avec le FMI, majoritairement dominé et influencé par les États-Unis.
Il est maintenant clair que les États-Unis utiliseront un ensemble de narrations à la légitimité douteuse pour faire pression en faveur d’une «contribution» à la «lutte contre le narcoterrorisme», par exemple, mais leur véritable objectif sera de garantir l’alignement géopolitique et la reconnaissance de l’hégémonie hémisphérique des États-Unis.
Tout cela n’est pas une nouveauté, puisque dans de nombreux autres articles précédents, j’ai déjà abordé ce sujet.
Dans un article de novembre 2024, où je commente l’initiative Belt & Road en Amérique du Sud, je notais ce qui suit:
« La Doctrine Monroe, qui a fêté ses 200 ans en 2023, était cette directive idéologique qui poussait les États-Unis à éloigner l’Europe de l’Amérique ibérique, afin d’être la seule grande puissance à monopoliser et exercer une influence sur la région. Mais aujourd’hui, la “menace” ressentie par Washington ne provient pas forcément de Paris, Berlin ou Madrid, ou même de Londres, mais de Moscou et Pékin.
C’est autant en raison du renforcement des relations russo-chinoises sur le continent qu’en raison de l’affaiblissement de l’hégémonie unipolaire des États-Unis — plus ressentie en Eurasie, au Moyen-Orient et en Afrique — que les États-Unis entendent se déployer dans une nouvelle impulsion à la Monroe en Amérique centrale et du Sud. Il s’agit d’essayer d’expulser l’«influence» russo-chinoise tout en s’assurant que la seule puissance américaine sera les États-Unis eux-mêmes — pas de puissances extraterritoriales, ni l’ascension d’un quelconque pays américain en tant que puissance. »
En réalité, cela était déjà évident avant le début du nouveau mandat de Donald Trump. Celui-ci, notamment à travers ce document de la Stratégie de Sécurité Nationale, se contente d’expliciter ce qui était implicite depuis 10 ans, puisque depuis le mandat de Barack Obama, on peut identifier une reprise d’un intérêt plus attentif de Washington à l’égard de l’Amérique ibérique. C’est à partir du gouvernement Obama que se multiplient rapidement les cas d’ingérence des États-Unis dans la région (alors que, en contrepartie, le gouvernement Bush se caractérisait par sa focalisation sur le Moyen-Orient et l’expansion rapide de l’OTAN).



Maintenant, j’ai mentionné plus tôt dans ce texte que tout cela était une «bonne nouvelle pour le reste du monde», même si ce ne l’était pas pour les pays ibéro-américains. «Bonne nouvelle», car le texte de la Maison Blanche indique une reconnaissance de l’inévitabilité de la multipolarité. La nouvelle doctrine américaine critique le caractère géographiquement illimité et indéterminé des intérêts extérieurs dits «stratégiques» des États-Unis. Elle met en évidence un gaspillage de ressources et un manque de concentration, qui ne feraient que nuire à l’atteinte d’objectifs réalistes pour Washington.
En ce sens, implicitement, même si les États-Unis insistent sur une prétention à «aider l’Europe», à «garantir l’accès au pétrole au Moyen-Orient» et à stabiliser la «question taïwanaise», ils reconnaissent, au moins de façon liminaire, l’existence de « zones d’influence » d’autres puissances — mais pas dans les Amériques.
Une répartition du monde selon des lignes multipolaires — un nouveau Yalta — dirigée par les États-Unis ne représenterait qu’une multipolarité incomplète — plus une «tripolarité» sino-russe-américaine qu’autre chose. Le texte est explicite en situant les Amériques dans leur globalité comme subordonnées aux États-Unis, l’Europe comme un «partenaire junior» de fiabilité douteuse, le Moyen-Orient décentralisé au maximum pour le bénéfice d’Israël, et l’Afrique subsaharienne comme un espace de compétition pour les investissements.
Il ne s’agit pas seulement de la Chine et de la Russie en Amérique ibérique, mais aussi d’une interdiction de l’émergence d’une puissance rivale des États-Unis «au sud du Río Grande». D’où aussi l’insistance à garantir l’alignement du Brésil, principal candidat ibéro-américain à devenir un pôle géopolitique autonome.
19:41 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, états-unis, doctrine de monroe, hémisphère occidental |
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L'élite transatlantique et l'Europe sous influence américaine: Nature du pouvoir et mécanismes de l'assujettissement

L'élite transatlantique et l'Europe sous influence américaine: Nature du pouvoir et mécanismes de l'assujettissement
Markku Siira
Source: https://geopolarium.com/2025/12/10/transatlanttinen-eliit...
Selon la théorie classique de l’élite, aucune société n’a jamais changé de classe dirigeante par l’initiative des masses. Vilfredo Pareto, Gaetano Mosca et Robert Michels ont démontré, il y a plus d’un siècle, que le pouvoir reste toujours entre les mains d’une minorité organisée, et que le renouvellement de l’élite se produit soit par déclin et corruption, soit par la montée au pouvoir d’une élite concurrente — jamais par un mouvement populaire spontané.
Ce fait brut est particulièrement révélateur lorsqu’on considère la position géopolitique actuelle de l’Union européenne: le continent est pratiquement un vassal des États-Unis, avec une élite politique, économique et militaire presque entièrement orientée vers le "transatlantisme".
L’élite politique européenne — commissaires, présidents, premiers ministres, ministres des Affaires étrangères et de la Défense — est formée et mise en réseau dans un environnement transatlantique (atlantiste). La majorité d’entre eux ont étudié dans des universités de premier plan aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, ont participé à des événements de l'Atlantic Council, de Chatham House, du German Marshall Fund ou de l’Aspen Institute, et ont reçu un impulsion décisive pour leur carrière par le biais de fondations et think tanks américains et britanniques. Londres sert de nœud européen dans ce réseau, avec Washington comme cœur stratégique.

L’élite économique — dirigeants des grandes banques, PDG de multinationales et fonds d’investissement — est encore plus étroitement liée à Wall Street: les entreprises européennes recherchent des cotations à New York, les fonds de pension investissent dans les actions et obligations américaines, et les banques centrales détiennent des réserves en dollars. Les véritables maîtres du jeu — grands investisseurs comme BlackRock, Vanguard et State Street — détiennent des parts cruciales dans les sociétés cotées en Europe et aux États-Unis, ce qui lie étroitement le destin économique des deux continents.
Cette soumission se manifeste de façon encore plus évidente dans le domaine de la sécurité. Les budgets de défense des principales nations européennes dépendent des plans de l’OTAN, dont la chaîne de commandement passe par Washington. Depuis 2022, l’Europe a pratiquement abandonné sa capacité de décision stratégique concernant la guerre en Ukraine au profit de l’axe formé par les États-Unis et la Grande-Bretagne.
Le Royaume-Uni, qui n’est plus membre de l’UE, a conservé et renforcé son influence sur le continent européen via le lien transatlantique: la City de Londres est la sentinelle financière européenne du système de financement occidental, et les services de renseignement et militaires britanniques opèrent en parfaite synergie avec la CIA et le Pentagone. Lorsqu’il s’agit de la Pologne, des pays baltes ou de la Scandinavie qui réclament la victoire et une livraison d’armes sans fin plutôt que la paix, ce ne sont pas Varsovie ou Tallinn qui dictent le ton, mais Londres et Washington — et les dirigeants européens répètent docilement ce qu’ils entendent.
Ce dispositif n’est pas le fruit du hasard. L’élite transatlantique a réussi à éliminer ou marginaliser toutes les autres options. La tradition gaullienne française est morte avec Macron (et, avant lui, avec Sarközy, ndt), l’Ostpolitik allemande s’est effondrée après les explosions qui ont détruit les gazoducs Nord Stream, et la politique méditerranéenne italienne s’est soumise à la domination du bloc sud de l’OTAN. Même la Hongrie et la Slovaquie, qui tentent de suivre une ligne plus indépendante, restent isolées, faute d’élite économique et militaire nationale capable de concurrencer le bloc européen dominant.
Depuis 2014, Washington et Londres construisent systématiquement un récit pour les élites européennes selon lequel la Russie représente une menace existentielle pour tout l’ordre occidental. Ce récit est efficace car il est directement lié à la survie même de l’élite: une victoire ou un succès russe détruirait la légitimité de l’ordre transatlantique, la légitimité de l’existence de l’OTAN, et la position de leadership des États-Unis en Europe.
C’est pourquoi la posture anti-russe a été acceptée à l’unanimité, même avant l’opération militaire de 2022: c’était une manière moins coûteuse d’afficher sa loyauté envers Washington que de renforcer sa propre défense. Par ailleurs, l’élite économique a bénéficié de la substitution du gaz russe par du GNL américain et de nouveaux contrats d’armement.
La Russie n’a pas réussi à inverser cette tendance par la guerre de l’information ou la guerre hybride, car elle ne peut offrir aux élites européennes aucune alternative stratégique ou financière. Elle peut financer certains partis ou médias, mais n’a pas accès à Wall Street, à la chaîne de commandement de l’OTAN ou aux marchés financiers mondiaux.
Lorsque montent au pouvoir des partis populistes nationalistes, leurs dirigeants découvrent rapidement que le véritable pouvoir ne réside pas dans les parlements nationaux, mais à Bruxelles, dans la BCE, au siège de l’OTAN ou dans la City de Londres — et on ne peut y accéder qu’en acceptant les règles du jeu transatlantique.
Giorgia Meloni, Viktor Orbán et le PiS polonais ont tous fini par céder à cette logique : le nationalisme peut s’exprimer dans la rhétorique intérieure, mais en matière de politique étrangère et de sécurité, l’atlantisme est incontournable. Malgré leurs victoires électorales, ni l’AfD, ni le RN, ni Vox, ni Fratelli d’Italia, ni le Perussuomalaiset finlandais ne menacent l’ordre transatlantique, car ils manquent d’idéologie propre, de base économique, de réseau diplomatique ou de pouvoir institutionnel.
Selon la théorie de l’élite, le changement pourrait se produire de deux façons. La première serait par le déclin progressif de l’élite transatlantique actuelle: si la puissance économique et militaire des États-Unis s’affaiblit considérablement, les acteurs européens perdraient confiance en Washington et chercheraient de nouveaux alliés — peut-être la Chine, l’Inde ou même la Russie.
La seconde voie serait la montée d’une élite concurrente. Ce groupe pourrait émerger, par exemple, de la classe moyenne possédant des industries dans les pays industrialisés (le Mittelstand allemand, les PME françaises et italiennes), qui souffre le plus de la transition écologique et de la désindustrialisation, ou de nouveaux réseaux de sécurité qui se forment entre Paris, Berlin et Rome, sans médiation anglo-américaine. Pour l’instant, une telle élite n’est pas visible.
L’Europe constitue donc un exemple parfait de la théorie classique de l’élite: le continent est fermé au cercle d’influence américain car son élite locale est totalement intégrée à l’élite hégémonique. Le changement ne surviendra que lorsque la capacité des États-Unis à maintenir leur ordre mondial s’effondrera ou qu’une nouvelle élite européenne pourra prendre sa place sans l’approbation de Washington. D’ici là, l’Europe restera un vassal transatlantique — non pas par volonté populaire, mais selon les intérêts des groupes au pouvoir. Et les élites changent uniquement entre elles.
12:57 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, élite atlantiste, atlantisme, europe, affaires européennes |
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La guerre hybride permanente

La guerre hybride permanente
par Andrea Zhok
Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31833-andr...
Aujourd’hui, la nouvelle de la prise de Pokrovsk par l’armée russe a été officialisée, parallèlement à la conquête de Volkhansk.
Au cours du dernier mois, l’armée russe a conquis 505 km² de territoire, ce qui pour un pays aussi grand que l’Ukraine reste encore peu, mais indique une progression claire par rapport à la période précédente.
L’omniprésence des drones rend impossibles les avancées rapides avec des chars et des véhicules blindés, mais cela renforce aussi la résistance des conquêtes face à d’éventuelles contre-offensives.
Les signes d’un déclin des capacités opérationnelles des forces ukrainiennes au front sont évidents, et cependant, les indices d’une fin rapide du conflit restent controversés.
Depuis le front, certains commandants ukrainiens ont envoyé à Zelenski un message indiquant qu’ils n’obéiront pas en cas de signature d’un accord impliquant le retrait du Donbass.
Bien sûr, dans une guerre moderne, cela relève davantage d’un geste que d’une véritable perspective de résistance inconditionnelle: si, par décision centrale, l’approvisionnement venait à être coupé, le front s’effondrerait en quelques semaines.
De même, il s’effondrerait si les États-Unis, comme ils l’ont menacé à plusieurs reprises, suspendaient le renseignement satellitaire et l’intelligence.
En somme, à l’exception des éléments nationalistes les plus radicaux présents dans les forces armées ukrainiennes, la décision de continuer la guerre ou d’accepter une défaite encore honorable reste entièrement entre les mains des décideurs politiques.
Tout indique que le conflit russo-ukrainien est à ses dernières étapes; probablement, entre le printemps et l’été, nous assisterons à sa conclusion officielle.
Mais cette conclusion, et c’est le grand problème que nous devrons affronter, ne sera pas vraiment un arrêt total des combats.
Ce qui se profile, c’est l’alliance structurelle à long terme entre le reliquat des forces armées ukrainiennes radicalisées et le bellicisme européen.

En Ukraine, les éléments nationalistes radicalisés percevront tout traité de paix comme leur propre version de la légende du "coup de poignard dans le dos" (Dolchstosslegende) qui a animé les soldats allemands après la Première Guerre mondiale. La narration selon laquelle la guerre n’a pas été perdue sur le champ de bataille, mais par la trahison de la politique à l'arrière du front, a été à l’origine de ces mouvements paramilitaires en Allemagne dans les années vingt, qui ont abouti aux Sturmabteilungen et alimenté la montée du parti nazi.

Par ailleurs, les dirigeants européens, d’un côté, savent qu’ils ne sont pas en mesure concrète d’affronter directement Moscou, mais ne peuvent pas, pour autant, envisager la paix comme une bonne option. La devise selon von der Leyen et Kallas est "Tant qu’il y a la guerre, il y a de l’espoir", comme le titrait un célèbre film d’Alberto Sordi. Tant que la narration absurde subsiste, qui dit: "il y a un agresseur et un agressé, nous n’avions pas le choix", toute la conduite catastrophique des élites européennes peut aboutir à une confrontation ultime.
C’est pourquoi la perspective qui nous attend est celle d’une guerre hybride permanente, où les paramilitaires ukrainiens fourniront une partie de la main-d’œuvre, et l’Europe fournira les moyens technologiques et économiques. Donc nous assisterons à des sabotages, à des actes terroristes, à une guerre informatique, etc. — autant d'actes soumis à la "négation plausible", souvent indiscernables, avec l'apparence de dysfonctionnements accidentels, qui nous entraîneront dans une période de guerre sans bombardements, mais de longue durée. Évidemment, j’espère que personne ne se leurre en pensant que ce sera seulement l’Europe qui lacèrera la Russie par le truchement de l’Ukraine, tout en restant en sécurité sans recevoir de réponse.
Ce sera, à mon avis, le point de chute naturel de la situation actuelle, avec une poussée supplémentaire vers la confiscation des ressources publiques pour financer les industries parasitaires des amis des amis, et une nouvelle compression de toutes les libertés d'expression restantes, de liberté de penser et de parole sur le sol européen.
La menace russe deviendra un refrain permanent, et au nom des instances suprêmes de la défense, le rêve humide du néolibéralisme se réalisera dans sa pureté: une société d’esclaves, militarisés dans la tête et dans le portefeuille, au profit des nouveaux féodaux de la finance.
L’histoire n’est jamais écrite, mais elle possède des tendances inertielles.
Si nous ne résistons pas frontalement, ces tendances nous seront fatales dans un avenir proche.
12:28 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, polémologie, guerre hybride |
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jeudi, 11 décembre 2025
La Maison Blanche a publié ce que Bruxelles a passé une décennie à censurer

La Maison Blanche a publié ce que Bruxelles a passé une décennie à censurer
Christian Raven
Source: https://www.facebook.com/profile.php?id=61572237515718
La Maison Blanche a publié ce que Bruxelles a passé une décennie à censurer: l'Europe est passée de 25% du PIB mondial à 14%, elle dérive vers une «effacement civilisationnel», et dans sa trajectoire actuelle «sera méconnaissable dans 20 ans».
Ce ne sont pas les renseignements russes.
Ce ne sont pas des analystes dissidents. Washington, dans sa propre stratégie nationale, marque l'heure de la mort.
La tragédie de l'Europe n'est pas d'avoir été vaincue par une force extérieure. Sa tragédie est qu'elle s'est volontairement engagée dans l'effondrement, confondant vanité morale et stratégie, auto-dommage et principe, applaudissements néoconservateurs et souveraineté.

19 séries de sanctions destinées à paralyser la Russie ont plutôt explosé dans la propre cage thoracique de l'Europe ; industries en fuite, énergie vidée, frontières déracinées, agriculteurs en révolte, salaires en érosion, dissidence criminalisée sous des « valeurs » élaborées par des technocrates qui n'ont jamais exercé un vrai métier, avec un mépris total pour les Européens.
Et pendant que l'Europe récitait des slogans, la Russie construisait du concret, bâtissait un mastodonte économique.
La « station-service avec des armes nucléaires » qu'ils raillaient est désormais la 4ème plus grande économie de la Terre en parité de pouvoir d'achat, croissant plus vite que l'ensemble de l'Union européenne depuis le début de l'opération militaire spéciale, réindustrialisant, réorientant, reconfigurant l'Eurasie.
La cible de la croisade européenne s'est renforcée, les croisés se sont appauvris.
Ce n'était pas de l'ironie.
C'était une fatalité.
Voici maintenant la ligne la plus brutale de la stratégie américaine: l'avertissement que certains États européens «pourraient bientôt ne plus être assez forts pour rester des alliés fiables».
C'est Washington qui recule d'une maison en flammes avec le calme d'un incendiaire rédigeant le rapport d'incident. Le même protecteur qui a poussé l'Europe à la confrontation, bien avant Trump, rédige maintenant son alibi, présentant l'effondrement de l'Europe comme un accident malheureux plutôt que la conséquence prévisible de politiques encouragées par son État profond et appliquées avec zèle missionnaire par Bruxelles.
L'UE ne reconnaîtra pas le transfert de l'humiliation, car elle est arrivée déguisée en loyauté, et parce que le scénario utilisé pour abandonner le continent est le même que celui que l'Europe insiste encore à jouer.
Un continent qui a autrefois donné naissance à la civilisation occidentale poursuit maintenant ses citoyens pour leurs paroles, écrase ses propres agriculteurs sous des boucliers anti-émeute, brûle son industrie au nom d'une doctrine écologique, et vend tout ce spectacle comme un éclaircissement.
Il a abandonné son énergie à l'idéologie, son industrie aux hallucinations de Davos, sa sécurité aux caprices de l'Amérique, et son avenir aux intérêts composés. Une civilisation ne peut pas vivre d'abstractions, mais ses élites le peuvent, car elles ont conçu un système où les coûts retombent sur le peuple et les profits remontent à ceux qui ne subissent jamais les conséquences.
Le NSS n'est pas une stratégie. C'est une confession à ciel ouvert; la Russie a absorbé le choc, recalibré, et s'est relevée; l'Europe s'est dissoute dans les illusions qu'elle prenait pour de la force, tandis que Washington, déjà en train de préparer le chapitre suivant, se lave discrètement les mains des conséquences.
L'Europe continentale détenait autrefois 25% du PIB mondial. Aujourd'hui, elle s'accroche à 14%, près de la moitié de son poids mondial effacé en une seule génération.
Pas par invasion.
Pas par Poutine.
Par des décisions que ses propres élites ont prises librement.
L'Europe n'était pas prisonnière.
Elle n'a pas été entraînée dans cela.
Elle a choisi l'idéologie plutôt que la sécurité énergétique, la fantaisie plutôt que l'industrie, l'obéissance plutôt que la souveraineté.
Elle avait le pouvoir d'agir en civilisation, et a agi comme une vassale capricieuse et arrogante.
La nouvelle donne.
18:26 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : actualité, europe, affaires européennes |
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Macron, le Don Quichotte du commerce mondial
Macron, le Don Quichotte du commerce mondial
Par @BPartisans
Emmanuel Macron repart en croisade. Après avoir sauvé — selon lui — l’Europe, l’Ukraine, le climat, la démocratie, la culture, la planète, les dauphins et la dignité humaine, voilà qu’il prétend désormais sauver… le commerce mondial. Comment ? En menaçant la Chine de droits de douane « dans les tout prochains mois ». Une réplique miniature des sanctions américaines, mais servie avec le panache fané de la diplomatie macronienne.
La mise en scène est parfaite : visage grave, ton solennel, posture de chef d’État debout contre les éléments. Mais derrière, c’est le vide. Un vide qu’il faut combler par des annonces tonitruantes. Macron parle non pour agir, mais pour exister. Encore. Toujours.
Le président jure qu’il veut « corriger les déséquilibres massifs » du commerce mondial. Pourtant, il y a quelques mois encore, il qualifiait les droits de douane imposés par les États-Unis de « méthode de chantage des plus forts » qui détruit le libre-échange. (Déclaration officielle, juin 2025.) On appréciera la cohérence : hier, c’était du chantage ; aujourd’hui, c’est du courage.
Même refrain lorsqu’il implore Pékin de « rééquilibrer les échanges et investir durablement » — formulation reprise par plusieurs sources diplomatiques — comme si le simple fait d’appuyer sur la table pouvait redessiner l’économie chinoise. La Chine, rappelons-le, détient plus de 55 % du déficit commercial français hors énergie. Depuis dix ans, la France ne cesse d’importer, tandis que son industrie se délite. Les menaces douanières ressemblent donc moins à une stratégie qu’à une incantation.
Le Financial Times, dans une analyse récente, souligne qu’aucune des démarches européennes n’a fait fléchir Pékin sur sa politique industrielle, massive et assumée. Autrement dit: l’Europe parle, la Chine produit. L’Europe se plaint, la Chine exporte. L’Europe promet des taxes, la Chine hausse un sourcil — et continue.
Mais Macron, lui, a besoin d’exister dans ce théâtre géopolitique où tout le monde l’a dépassé. Washington se concentre sur l’Asie, Londres joue les équilibristes, Berlin tente de sauver son économie… et Paris, faute de leviers réels, menace de sanctions qu’elle n’a même pas les moyens d’appliquer sans se tirer une balle dans le pied industriel.
Car c’est là que sonne le glas : la France dépend massivement des importations chinoises, notamment dans l’électronique, l’automobile électrique, les composants industriels. Chaque droit de douane se traduirait par une hausse des prix, une perte de compétitivité et un coup de massue pour les consommateurs. Derrière la posture martiale, ce sont les entreprises françaises qui paieraient l’addition.
Mais Macron ne calcule plus vraiment : il performe. Tout est devenu spectacle. Diplomatie Twitter, économie PowerPoint, souveraineté TikTok. Il brandit la menace comme un rideau de fumée, espérant masquer le fait que la France n’a plus les moyens de son ambition, ni économique, ni industrielle, ni diplomatique.
Et à force de vouloir exister par l’éclat, Macron pourrait bien provoquer l’inverse : rendre la France inaudible, isolée, et surtout… économiquement vulnérable. Le pire paradoxe d’un président qui confond toujours la scène internationale avec un plateau de théâtre.
Source : https://www.bfmtv.com/economie/international/prenant-l-ex...
@BPARTISANS
16:10 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, france, emmanuel macron, politique internationale |
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