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samedi, 05 avril 2025

Malgré les sanctions: les Européens ne peuvent se passer des engrais russes

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Malgré les sanctions: les Européens ne peuvent se passer des engrais russes

Moscou/Bruxelles. Depuis 2014, et plus encore depuis 2022, l'année du début de la guerre en Ukraine, la Russie subit de strictes sanctions occidentales. Depuis au moins 2022, l'Occident essaie de se rendre indépendant des biens et des matières premières russes afin de mettre l'économie russe en difficulté.

Cependant, les résultats sont maigres. D'une part, parce que la Russie a pu compenser ses anciens clients occidentaux par de nouveaux acheteurs en Chine et dans d'autres pays de la vaste Eurasie. D'autre part, parce que les Européens n'ont toujours pas trouvé de fournisseurs alternatifs dans certains domaines essentiels.

Ainsi, la Russie continue de fournir des composants chimiques importants pour la production d'explosifs. Les principales entreprises impliquées sont les fabricants d'engrais EuroChem et UralChem. Selon le service économique américain “Bloomberg”, les deux entreprises peuvent contourner en partie les sanctions occidentales, car leurs produits, y compris les engrais azotés, sont indispensables à l'agriculture et à l'approvisionnement alimentaire mondial. Ces deux entreprises, dirigées par le milliardaire Andrej Melnitschenko (EuroChem) et l'oligarque Dmitri Masepin (UralChem), insistent sur le fait qu'elles se concentrent sur la production d'engrais et non sur le soutien à la machine de guerre russe.

Depuis le début de la guerre en 2022, les importations d'engrais russes en Europe ont même augmenté et couvrent actuellement encore environ un quart du marché européen. Mais comme les Européens restent dépendants et qu'aucun fournisseur alternatif n'est en vue, il est peu probable que cela change à l'avenir (mü).

Source: Zu erst, Avril 2025.

 

vendredi, 04 avril 2025

Panique parmi les diplomates: Baerbock à la tête de l'Assemblée générale de l'ONU ?

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Panique parmi les diplomates: Baerbock à la tête de l'Assemblée générale de l'ONU ?

Berlin/New York. Le parcours flamboyant de l'actuelle ministre des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock (Verts) pourrait bientôt être enrichi d'un nouveau chapitre burlesque. En effet, tant Baerbock elle-même, l'experte allemande de premier plan en "droit international", que le gouvernement allemand maintiennent la candidature de la ministre des Affaires étrangères au poste de nouvelle présidente de l'Assemblée générale de l'ONU.

Initialement, c'est la diplomate allemande de haut niveau Helga Schmidt qui était déjà prévue pour ce poste, elle qui - contrairement à Baerbock - possède une expérience approfondie dans le domaine de la politique internationale et s'est également bien préparée pour sa nouvelle tâche; Helga Schmidt a été, entre autres, de 2021 à 2024, secrétaire générale de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et avant cela, secrétaire générale du Service européen pour l'action extérieure. En théorie, c'était un excellent choix. Cependant, Baerbock, ancienne diplômée du programme "Young Global Leader", cornaqué par le très controversé Forum économique mondial, semble encore avoir de meilleures relations grâce au cercle influent de Klaus Schwab. Les chances sont donc bonnes pour que Baerbock occupe bientôt un poste important et prestigieux aux Nations Unies.

Mais: même parmi des cercles et des médias politiquement proches d'elle - comme le journal de gauche Süddeutsche Zeitung - des critiques se font entendre concernant la candidature de Baerbock. Ses légendaires bourdes au cours des années du gouvernement "Feu tricolore" n'ont pas été les seules choses que le monde entier ait remarqué, mais il y a surtout eu les maladresses politiques dont elle, en tant que ministre verte des Affaires étrangères, a presque toujours fait preuve. Il est inoubliable de l'avoir vue anéantir les relations diplomatiques avec la Russie et la Chine, en qualifiant le chef d'État et de parti chinois Xi Jinping de "dictateur" et en allant jusqu'à faire une quasi-déclaration de guerre à propos de la Russie: "Nous menons une guerre contre la Russie et non les uns contre les autres".

Il n'est donc pas surprenant qu'il y ait une franche inquiétude parmi les diplomates face à la candidature de Baerbock à l'ONU. Maintenant, deux diplomates allemands de haut niveau à l'ONU, Hans Christoph von Sponeck et Michael von der Schulenburg, ont pris la parole dans une déclaration où ils mettent en garde, spécifiquement contre Baerbock. Ils soulignent que la ministre des Affaires étrangères encore en fonction a une grande part de responsabilité dans le fait que l'Allemagne a perdu de son prestige à l'étranger.

Les deux diplomates écrivent mot pour mot dans la Berliner Zeitung: "Pour Baerbock, "la paix par la force" signifie la sécurité militaire et non la sécurité humaine, comme cela est constamment exigé par les Nations Unies, en particulier par l'UNICEF, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Programme alimentaire mondial (PAM) et bien sûr par le secrétaire général de l'ONU, António Guterres (…). Elle ne veut pas soutenir la désescalade des tensions ou les négociations de paix en affichant clairement une volonté de compromis. Elle est tout sauf une bâtisseuse de ponts. Mme Baerbock a montré à plusieurs reprises qu'elle ne comprend ni le droit international ni l'esprit et l'éthique de la Charte des Nations Unies. Elle a prouvé cela avec des déclarations comme: il faut porter des coups à la Russie de telle manière que "le pays ne se relève plus économiquement pendant des années", et à propos de l'Ukraine : "Nous sommes avec vous tant que vous avez besoin de nous, peu importe ce que mes électeurs allemands pensent"".

Par conséquent, les deux diplomates recommandent vivement au nouveau gouvernement allemand de reconsidérer le choix de mettre Annalena Baerbock à la présidence de l'ONU. Il est impératif d'éviter que le prestige de l'Allemagne dans le monde ne subisse de nouveaux dommages (rk).

Source: Zu erst, Avril 2025.

Chaos bosniaque

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Chaos bosniaque

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/caos-bosniaco/

Dans le silence assourdissant de nos médias, la Bosnie plonge rapidement vers la guerre. Une guerre civile entre les trois groupes - Serbes orthodoxes, Croates catholiques et Bosniaques, soit des musulmans serbes - qui la composent. Ou plutôt, qui composent la fédération la plus improbable et la plus préoccupante pour son instabilité, de l'histoire récente.

Les Bosniaques et les Croates bénéficient du soutien de l'OTAN. Et, de fait, ils répondent aux ordres du Haut Commissaire européen, Christian Schmidt. Un chrétien-démocrate allemand, connu pour sa profonde aversion envers la Russie. Et, surtout, pour sa haine, jamais cachée (aucune autre expression ne me vient à l'esprit), pour les Serbes bosniaques.

Ainsi, avec l'approbation de ce Commissaire "impartial", la Cour de Sarajevo a émis un mandat d'arrêt contre le Premier ministre de la République Srpska, Dodik. Ce qui, d'ailleurs, n'a en rien affecté les activités de ce dernier. Non seulement il s'est rendu en visite officielle en Serbie, mais il se déplace avec une liberté extrême. Au point qu'il est maintenant en visite, toujours officielle, en Israël.

Cependant, l'ordre d'arrêt émis par Sarajevo est en train de déclencher des manifestations dans la République serbe de Bosnie. Les habitants demandent, à grand bruit, la rupture des liens – en vérité toujours assez fragiles – avec le gouvernement bosniaque, contrôlé par des musulmans et des Croates, et dirigé par l'UE et l'OTAN.

Car la crise bosniaque, qui émerge, n'est rien d'autre que l'ouverture d'un nouveau chapitre dans le conflit latent entre, osons le dire, l'Occident et la Russie. En fait, même les plus obtus des commissaires et des politiciens de l'UE ont compris que, désormais, la partie en Ukraine est perdue. Moscou a gagné sur le terrain, et Trump, comme nous l'avons expliqué précédemment, cherche à minimiser les dégâts.

Bien que Londres et Bruxelles continuent de soutenir Zelensky. Et favorisent un comportement terroriste qui pourrait facilement inciter le Kremlin à une offensive massive et définitive. Celle que, pour le moment, la Maison Blanche tente d'éviter.

Cependant, ayant désormais perdu la partie en Ukraine, l'OTAN se prépare à ouvrir un nouveau front de conflit avec Moscou. C’est en précisément Bosnie. Cela a également l'avantage (discutable) de représenter un front dans lequel la Russie ne serait pas directement impliquée. Bien que même un individu total décérébré comprendrait qu'attaquer la République serbe bosniaque signifie impliquer immédiatement Belgrade.

Et Belgrade représente le plus solide allié du Kremlin en Europe. Donc... tirez vous-mêmes les conclusions; elles sont évidentes.

Une dernière observation. Regardez une carte géographique de l'Europe. Observez la Bosnie. Sa position. Et vous pourrez noter que, pour l'Italie, c'est, en substance, un pays voisin. La guerre, cette étrange guerre mondiale asymétrique, est désormais à notre porte.

La Russie renforce ses liens avec l'Inde et prépare un nouveau gazoduc vers la Chine

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La Russie renforce ses liens avec l'Inde et prépare un nouveau gazoduc vers la Chine

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/la-russia-rafforza-i-legami-con-lindia-e-prepara-il-nuovo-gasdotto-verso-la-cina/

Poutine se rendra bientôt en Inde pour renforcer les liens entre les deux pays. La date de la visite n’a pas encore été indiquée, mais le voyage a été confirmé par Lavrov. De plus, New Delhi a toujours ignoré les sanctions occidentales contre la Russie et a continué d'acheter du gaz et du pétrole, obtenant des réductions qui ont augmenté la compétitivité indienne et remplaçant sur le marché russe les produits que les Occidentaux ne vendaient plus.

Si, par ailleurs, Trump devait lever les sanctions contre Moscou, cela profiterait aux États-Unis, à la Russie et à la Chine, avec un marché global de plus en plus vaste et riche. Pendant ce temps, les fous de Bruxelles et les Erinyes continuent de réaffirmer que l'Europe doit maintenir les sanctions et continuer de payer des prix absurdes pour obtenir du gaz et du pétrole. Quand ils ont distribué l'Intelligence, Macron était en train de jouer avec sa prof tandis que Starmer, Ursula et Kallas étaient aux toilettes à se passer les devoirs.

Cependant, Poutine élargit son champ d'action. Il négocie avec Trump sur la guerre et les sanctions, organise son voyage en Inde chez l'ami Narendra Modi et obtient presque par surprise le feu vert de la Mongolie pour la construction d’un nouveau gazoduc afin de transporter le méthane jusqu'en Chine.

Car peut-être que Poutine et Trump réussiront à trouver un accord sur le partage de l'Ukraine ; peut-être que les sanctions américaines seront alors levées ; peut-être qu'un accord global sera également atteint sur l'Iran et le Yémen. Mais il est préférable de se préparer à d'autres scénarios. Et pour cela, il faut de nouveaux amis, beaucoup d'amis. Les BRICS peuvent être le véhicule adéquat, malgré des intérêts parfois contradictoires et parfois si opposés qu'ils risquent de provoquer des conflits armés.

Cependant, il est important de se créer des alternatives. Cela vaut pour la Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil et tous leurs alliés, de plus en plus nombreux. Cela ne vaut pas pour les euro-mabouls, convaincus d’être autosuffisants. Car les conséquences des erreurs d'Ursula, de Kaja, d'Emmanuel sont payées par les peuples, pas par les oligarques.

L'éducation en Europe et en Amérique du Nord: des niveaux d'incompétence ahurissants

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L'éducation en Europe et en Amérique du Nord: des niveaux d'incompétence ahurissants

Troy Southgate

L'éducation en Europe et en Amérique du Nord a atteint des niveaux d'incompétence ahurissants et de nos jours, il est probable que vous découvriez plus de sagesse pratique, culturelle et traditionnelle parmi les habitants d'une soi-disant tribu « primitive » en Afrique ou en Asie, que chez quelqu'un errant dans les rues de Londres, Paris ou New York.

Une des raisons du déclin constant de l'éducation est la domination des méthodes utilitaires sur celles de la philosophie. Bien que ces dernières offrent à l'individu des connaissances précieuses sur la médecine, l'informatique, l'ingénierie ou un certain nombre d'autres tâches considérées comme essentielles au maintien de la civilisation moderne, peu d'opportunités existent pour le type d'approche philosophique qui pourrait nous amener à demander pourquoi nous sommes vivants en premier lieu ou comment nous pourrions vivre d'une manière plus chargée de sens.

Seule la philosophie a le potentiel de compléter les connaissances existantes en contribuant à la culture d'une dimension éducative qui peut nous permettre de regarder de plus près le monde qui nous entoure. Beaucoup supposent que la restauration rapide, les voitures rapides et le sexe rapide sont des signes que nous avons créé une civilisation plus libérée, mais l'éducation utilitaire ne répond pas à l'urgence de nous examiner avec un œil plus critique.

Inutile de dire que cet arrangement convient très bien à la classe dirigeante, car plutôt que d'accepter le fait qu'il y a plus dans la vie que la production, la consommation et le divertissement, elle préférerait que nous restions de simples rouages dans une vaste machine économique. Comme le dit le philosophe néerlandais, Bernardo Kastrup, à propos de notre existence qui est désormais complètement non naturelle :

« Une civilisation de drones abrutis vaquant aveuglément à leurs tâches pratiques flirte constamment avec l'effondrement. Mais les structures de pouvoir peuvent penser qu'il est possible de gérer cela grâce à la bonne combinaison d'alcool, de tabac, de télévision, de pornographie, de culture d'achat commoditisé et, dans les cas plus graves, de thérapies cognitivo-comportementales et de médicaments psychiatriques créant une dépendance. La métaphysique matérialiste dominante permet cela en rendant culturellement légitime la notion scandaleuse selon laquelle les gens malheureux ne sont que des robots biologiques dysfonctionnels. »

Une éducation philosophique, par conséquent, est capable de réveiller les gens de leur sommeil et de les reconnecter à leur humanité fondamentale. À ceux qui suggèrent que la philosophie est tout simplement impossible dans une société de masse qui doit inévitablement pourvoir à ses besoins les plus pressants, tels que la nourriture et le logement, il suffit de jeter un œil à la façon dont la philosophie fonctionne parmi ceux des cultures aborigènes. Kastrup suggère que bien que la philosophie puisse opérer sous un autre nom, c'est-à-dire celui de la mythologie, dans les sociétés moins civilisées, elle n'est pas moins efficace lorsqu'il s'agit d'offrir une alternative saine aux innombrables maux du monde moderne. Nous avons, nous aussi, nos tribus et nos mythologies, et c'est là que le renouveau philosophique doit commencer.

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Annexe:

Bernardo Kastrup: critique du matérialisme et apports de Schopenhauer et Jung

Bernardo Kastrup est un philosophe et auteur néerlandais, connu pour ses travaux sur la philosophie de l'esprit, la métaphysique et la critique du matérialisme. Il s'inscrit dans une tradition de pensée qui remet en question les paradigmes dominants de la science et de la philosophie modernes. Voici un aperçu des grandes étapes de sa vie et des principaux éléments de sa pensée, en particulier sa critique du matérialisme, ainsi que l'influence de Schopenhauer et de Jung.

Grandes étapes de la vie de Bernardo Kastrup

  1. 1. Formation académique et carrière scientifique :

    • Bernardo Kastrup est né aux Pays-Bas, mais il a grandi en grande partie en Afrique. Il a étudié la philosophie et l'informatique à l'université, avec une spécialisation en intelligence artificielle.

    • Avant de se consacrer à la philosophie, il a travaillé dans le domaine des technologies de l'information, où il a notamment travaillé sur des projets liés à l'intelligence artificielle et à la computation.

  2. 2. Transition vers la philosophie de l'esprit :

    • Son intérêt pour la philosophie s'est approfondi au fil du temps, en particulier sur des questions liées à la nature de la conscience, de la réalité et de l'esprit humain.

    • Kastrup a eu une série de révélations personnelles et intellectuelles qui l'ont conduit à s'opposer aux concepts dominants dans la science contemporaine, tels que le matérialisme scientifique, qui, selon lui, ne rend pas compte de la nature de la conscience.

  3. 3. Publications majeures :

    • Il a écrit plusieurs livres qui explorent les limites du matérialisme et défendent une approche idéalisme transcendant, où l'esprit est vu comme la substance fondamentale de l'univers.

    • Parmi ses ouvrages notables, on trouve "Why Materialism Is Baloney" (2014; en français: Pourquoi le matérialisme est absurde), "The Idea of the World" (2018) et "More Than Allegory" (2020), dans lesquels il critique la vision matérialiste et propose une perspective alternative.

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Principaux aspects de sa pensée

  1. 1. Critique du matérialisme :

    • Kastrup est un critique virulent du matérialisme scientifique, qu'il considère comme une explication insuffisante de la conscience et de la réalité.

    • Selon lui, le matérialisme, qui suppose que l'esprit est une émanation de la matière (en particulier du cerveau), ne parvient pas à expliquer les phénomènes subjectifs de la conscience, comme les expériences qualia (la « sensation » de la couleur, de la douleur, etc.).

    • Kastrup soutient que la science matérialiste se heurte à une série de paradoxes, dont le plus important est le problème difficile de la conscience : comment des processus physiques dans le cerveau peuvent-ils engendrer des expériences subjectives et conscientes ?

    • Pour résoudre ce problème, il propose une philosophie idéaliste, où l'esprit est vu comme l'entité primordiale de l'univers, et où la matière est simplement une manifestation ou un effet de l'esprit.

  2. 2. Influence de Schopenhauer :

    • Kastrup est profondément influencé par la philosophie de Schopenhauer, notamment sa conception de la « Volonté » comme étant la force fondamentale qui sous-tend toute réalité.

    • Pour Schopenhauer, la Volonté est une force irrationnelle et aveugle qui se manifeste dans le monde sous diverses formes, y compris dans la nature et dans l'humanité. Cette Volonté est à la fois la cause et la substance de tout ce qui existe.

    • Kastrup reprend cette idée en affirmant que la réalité est une sorte de manifestation ou d'expression de la conscience, et que tout ce qui existe dans l'univers découle de cet esprit fondamental, une sorte de « Volonté » universelle.

    • Cependant, contrairement à Schopenhauer qui voyait cette Volonté comme une force irrationnelle, Kastrup pense que cette conscience primordiale est en quelque sorte ordonnée et structurée, et que ce qui semble être du chaos ou de la matière est en réalité une sorte d’apparence consciente.

  3. 3. Apports de Jung :

    • L'influence de Carl Gustav Jung sur la pensée de Kastrup est également importante, en particulier l'idée de l'inconscient collectif et de l'archétype.

    • Kastrup s'inspire de Jung pour concevoir l'esprit humain comme étant une sorte de fenêtre ou de point de vue sur une conscience universelle et collective.

    • Selon lui, l'inconscient collectif, un concept central de la psychologie analytique de Jung, pourrait être une manifestation de cette conscience primordiale dont il parle. Les archétypes jungiens (des structures universelles de l'inconscient) seraient des formes ou des images symboliques qui traduisent cette réalité plus profonde.

    • En d'autres termes, Kastrup voit la conscience humaine non pas comme une entité isolée, mais comme un aspect d'une conscience universelle, un point de vue particulier sur un vaste esprit collectif.

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Synthèse de la pensée de Kastrup

Kastrup soutient donc une vision de l'univers comme étant fondamentalement mental ou spirituel. Selon lui, la matière n'existe pas indépendamment de l'esprit, mais est une construction ou une représentation de l'esprit. Il défend un idéalisme ontologique, où l'esprit est la substance primaire, et la matière une émergence de l'esprit ou une illusion qui émerge d'une conscience globale.

Ainsi, à travers ses critiques du matérialisme et l'influence de Schopenhauer et Jung, Kastrup propose une vision du monde où la conscience est fondamentale, et où la réalité que nous percevons comme « matérielle » n'est que la surface d'une réalité beaucoup plus profonde et interconnectée.

jeudi, 03 avril 2025

À quoi mèneront les guerres commerciales des États-Unis avec le Canada, le Mexique et l'Europe ?

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À quoi mèneront les guerres commerciales des États-Unis avec le Canada, le Mexique et l'Europe ?

Lorenzo Maria Pacini

Source: https://telegra.ph/A-cosa-porteranno-le-guerre-commercial...

Les récentes guerres commerciales menées par les États-Unis à l'encontre du Canada, du Mexique et de l'Europe représentent un phénomène d'un impact considérable sur le système économique international. Ces conflits pourraient-ils favoriser un rapprochement économique entre les États-Unis et la Russie ?

Les récentes guerres commerciales des États-Unis contre le Canada, le Mexique et l'Europe sont caractérisées par des choix protectionnistes, tels que l'imposition de droits de douane significatifs sur une large gamme de produits importés. Cela a suscité des inquiétudes quant aux conséquences possibles sur les dynamiques du commerce mondial et sur les relations économiques entre les grandes puissances mondiales. En particulier, se pose la question de savoir si ces tensions pourraient favoriser une plus grande coopération commerciale, économique et d'investissement entre les États-Unis et la Russie. Les principales questions qui se posent sont : quelles seront les conséquences de ces guerres commerciales sur le commerce mondial et sur les économies concernées ? Ces conflits pourraient-ils favoriser un rapprochement économique entre les États-Unis et la Russie ?

Le contexte des conflits commerciaux en cours

Les tensions commerciales entre les États-Unis et ses principaux partenaires économiques ne sont pas un phénomène nouveau, mais se sont intensifiées au cours de la dernière décennie avec un retour aux politiques protectionnistes.

En ce qui concerne le Canada et le Mexique, les États-Unis ont imposé des droits de douane de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium en provenance du Canada et du Mexique, suscitant de vives réactions de la part des deux pays. Les relations commerciales nord-américaines, traditionnellement basées sur un accord de libre-échange (USMCA, anciennement NAFTA), ont été gravement endommagées par ces mesures.

En revanche, sur le Vieux Continent, l'UE a été frappée par des tarifs sur les importations de voitures et d'autres biens de luxe, en réponse aux droits de douane européens sur les produits agroalimentaires américains. Les tensions entre les États-Unis et l'Europe ont entraîné un durcissement des relations transatlantiques, compromettant la stabilité économique des deux parties.

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Les guerres commerciales entraînent inévitablement une augmentation des coûts de production, ce qui se traduit par une hausse de l'inflation et une réduction de la compétitivité des entreprises. L'imposition de droits de douane rend les biens importés plus coûteux, avec des répercussions sur divers secteurs économiques : les industries qui dépendent de composants importés, comme l'automobile et la technologie, souffrent particulièrement de l'augmentation des prix ; les producteurs américains de soja, de viande et de produits laitiers ont subi des pertes significatives à cause des représailles commerciales du Canada, du Mexique et de l'UE ; le tourisme et les transports transatlantiques ont été impactés par des tensions économiques, réduisant la croissance du secteur.

L'interruption des chaînes d'approvisionnement mondiales est l'une des conséquences les plus graves des guerres commerciales (et il convient de se rappeler que cela impacte également de nombreux autres pays qui, apparemment, ne semblent pas directement impliqués, mais qui dépendent en réalité de l'état de ce marché). L'industrie moderne repose sur un réseau complexe de fournisseurs internationaux, et les droits de douane augmentent les coûts de production, rendant le commerce mondial moins efficace.

Des alliances occidentales affaiblies

Les guerres commerciales ne sont pas seulement une question économique, mais ont de profondes implications géopolitiques. Il est désormais bien connu que les politiques de sanctions ont été un outil d'affaiblissement programmé pour l'Europe.

Les données montrent que l'UE a un surplus commercial significatif avec les États-Unis dans le secteur des biens, s'élevant à 157 milliards d'euros en 2023. Cependant, dans le domaine des services, l'UE enregistre un déficit de 109 milliards. Les liens économiques entre les deux zones ne sont donc pas aussi déséquilibrés que l'on pourrait souvent le prétendre. Les entreprises européennes exportent de nombreux biens vers les États-Unis, mais d'autre part, l'Europe achète de nombreux services, en particulier numériques, aux États-Unis. Les droits de douane américains sur les biens européens pourraient nuire aux secteurs les plus dépendants du marché américain, avec des impacts différents selon les pays et les types de biens concernés (comme les automobiles). Il est possible qu'il y ait l'intention d'exploiter cette disparité pour diviser les États membres de l'UE et les inciter à négocier séparément, alors que la politique commerciale devrait rester de la compétence exclusive de l'Union. Déjà, certains avancent l'idée de négocier des conditions favorables au détriment des autres, mais il est clair que l'UE devrait maintenir une approche unifiée pour exercer une plus grande influence lors des négociations. Le marché unique européen est le plus grand du monde, avec environ 450 millions de personnes représentant 20% du PIB mondial.

Il est clair que l'Europe devra adopter une stratégie combinant à la fois pressions et incitations pour pouvoir rester dans le jeu international.

Voyons cela selon le dicton traditionnel de la carotte et du bâton. Le "bâton" pourrait être l'expansion vers d'autres marchés en dehors des États-Unis, accompagnée de la possibilité d'imposer des contre-droits. La Commission européenne a déjà préparé un plan de tarif pour les produits et services provenant d'outre-Atlantique. Cependant, une guerre commerciale ne serait avantageuse pour aucune des deux parties.

La "carotte" pourrait consister à augmenter les importations d'énergie, en particulier de gaz naturel liquéfié, en provenance des États-Unis, une manœuvre qui, bien qu'impliquant quelques compromis sur la transition écologique, permettrait également un véritable désengagement vis-à-vis de la Russie. L'achat d'armements serait, bien sûr, bien accueilli à Washington, où les intérêts commerciaux se chevauchent avec ceux d'autonomie défensive et de préférence pour l'industrie européenne du secteur.

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Un point essentiel à souligner est que les droits de douane ne constituent pas un outil efficace ou suffisant pour rééquilibrer un déficit commercial, qui dépend de nombreuses variables macroéconomiques. Le déficit des États-Unis, en particulier, provient de l'exportation vers les États-Unis de la capacité de production de l'Europe, de la Chine et d'autres régions du Sud mondial, qui n'est pas absorbée par la consommation de ces zones. De plus, les droits de douane tendent à nuire à la fois à ceux qui les imposent et à ceux qui les subissent, agissant comme une taxe qui finit par peser sur les consommateurs. Bien que les droits de douane puissent accroître la demande pour les producteurs locaux, cet effet est difficilement sélectif, surtout dans des contextes de production complexes où un produit unique est composé de nombreux composants venant du monde entier. En effet, les droits de douane tendent à générer une inflation généralisée. Il est toutefois difficile de reconnaître dans ces décisions une base solide de théorie économique ; par conséquent, l'Europe et le reste du monde devront s'adapter aux changements de comportement des États-Unis.

C'est exactement ce que nous commençons à voir. Récemment, la Présidente de la Commission européenne et l'ensemble du Collège des Commissaires se sont rendus en Inde, où il a été annoncé qu'un accord de libre-échange serait conclu avec le Premier ministre Narendra Modi d'ici la fin de l'année, un accord qui était en discussion depuis des années. Si l'accord devait être signé, ce serait le plus grand traité de libre-échange au monde, un signal clair des changements en cours dans l'économie mondiale. Les droits de douane et d'autres considérations géopolitiques pourraient inciter plusieurs pays à renforcer leurs relations avec l'UE, tandis que l'Union pourrait également envisager de nouvelles alliances avec d'autres régions du monde, en réévaluant ses relations avec la Chine, qui pourraient diverger des lignes directrices de dé-risquage de la première Commission von der Leyen.

Un risque majeur associé au retour des droits de douane est l'incertitude qui en découlerait pour les marchés mondiaux. Dans une économie interconnectée, les chaînes d'approvisionnement pourraient être perturbées par des changements soudains, augmentant les risques de pénurie ou d'augmentation des coûts pour certains produits. Les incertitudes liées aux droits de douane pourraient influencer les décisions d'entreprise, incitant les entreprises à retarder les investissements ou à geler les stratégies de développement.

Les États-Unis et la Russie reviendront-ils à des échanges équilibrés ?

Il n'est pas facile de prévoir, pour le moment, un retour à des relations commerciales stables et avantageuses pour les deux parties. Les États-Unis doivent encore digérer la chute désormais inéluctable du dollar en tant que monnaie prédominante dans la finance internationale. La Russie et la Chine rendent en quelque sorte un grand service aux États-Unis, car elles continuent à utiliser des dollars dans de nombreuses transactions, presque toutes, sans effacer la présence de la monnaie américaine de leurs portefeuilles.

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Cela peut sembler un détail secondaire, mais en réalité, c'est un soutien significatif, qui représente diplomatiquement un soft power très convaincant, car c'est comme s'ils disaient "nous ne voulons pas que toi seul décides des règles du marché, nous sommes aussi là, chaque pays doit pouvoir se manifester en présentant ses propres règles, mais nous ne voulons pas que tu crèves de faim, nous ne voulons pas reproduire la même logique impérialiste." Un véritable tour de passe-passe stylistique, dont nous prendrons conscience.

Si les États-Unis continuent à poursuivre une politique protectionniste, les tensions avec le Canada, le Mexique et l'Europe pourraient s'aggraver davantage. Ce scénario impliquerait une plus grande fragmentation du commerce international, accompagné du renforcement de blocs économiques alternatifs, tels que les BRICS et l'Initiative Belt and Road dirigée par la Chine, mais aussi une accélération de la dé-dollarisation à un rythme différent de celui maintenu jusqu'à présent, avec certains pays cherchant des alternatives au dollar américain pour le commerce international.

Un autre résultat possible serait une inversion de tendance vers le multilatéralisme et un retour à la négociation commerciale avec les alliés historiques. Dans ce cas, les États-Unis pourraient réévaluer leur stratégie économique pour restaurer les relations avec l'Europe et l'Amérique du Nord, et la Russie resterait dans une position privilégiée mais pas exclusive, c'est évident, dans les relations commerciales américaines, avec un accroissement de la coopération économique probablement très modérée.

Dans un scénario plus extrême, Washington se retrouverait à ne pas avoir d'autre choix que d'accepter les conditions des pays qui dirigent la transition multipolaire.

En conclusion, ce que nous pouvons déjà dire, c'est que les États-Unis se retrouvent déjà à devoir traiter avec la nouvelle majorité mondiale pour décider de leur avenir. Un bel retournement de paradigme. En paraphrasant dans le style américain, nous pourrions dire qu'il s'agit de "Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité".

Article original de Strategic Culture Foundation.

mercredi, 02 avril 2025

La fin du wokisme signifie la fin de l’hégémonie occidentale sur l’industrie culturelle

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La fin du wokisme signifie la fin de l’hégémonie occidentale sur l’industrie culturelle

par Riccardo Paccosi

Source : Riccardo Paccosi & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-fine-del-woke-...

Avec le désastre au box-office du remake en live action de Blanche-Neige, la saison « woke » de Hollywood se termine probablement de manière définitive.

Mais aucune saison « trumpiste » ne lui succédera : c'est simplement parce que l’hégémonie des libéraux sur l’industrie hollywoodienne s'est construite et développée au cours de plusieurs décennies, et donc cette hégémonie demeure encore aujourd'hui pervasive.

Quoi qu'il en soit, la phase « woke » n’a été que l’aspect le plus grotesque – et de fait, souvent amusant en raison de sa maladresse propagandiste – d’une crise de l’industrie culturelle occidentale qui est, avant tout, une crise existentielle et de sens.

Tout d'abord, avec la numérisation et la diffusion gratuite par les géants du web de presque toute la culture humaine, le système capitaliste a érodé les fondements économiques de la production artistique et de l'entertainment.

Ensuite, une crise de sens s’est également matérialisée: aujourd’hui, en effet, le récit libéral-globaliste dessine un horizon d’événements uniquement composé d'état d'urgence, de misère, d'effondrement de la cohésion sociale et de guerre ; cependant, penser qu'il est possible d'anéantir toute vision d'avenir tout en imposant de manière obsessive le projet trans/LGBT à l'ensemble de la société a représenté le point culminant et irréversible de la folie auto-valorisante.

Nous pourrons parler d'une nouvelle saison des arts et de la culture, donc, non pas en vertu d'une éventuelle nouvelle phase hollywoodienne, mais uniquement lorsque la force de pénétration de la production artistique et culturelle des pays non occidentaux prendra une dimension globale et de masse, ainsi qu'une stabilité qu'elle ne possède pas encore pour le moment.

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L'affaire Marine Le Pen: la réaction de Laurent Ozon

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L'affaire Marine Le Pen: la réaction de Laurent Ozon
 
Le RN croyait arriver au pouvoir par un processus glissant et dépassionné. Ce parti faisait le jeu de la détente en s'interdisant tout excès et toute manifestation publique de terrain pour ne pas prêter le flanc aux accusations d'extrémisme politique de ses adversaires. La démobilisation était sa marque de fabrique, hormis durant les processions vers les urnes.
 
On tolérait bien quelques larmes mais le populo était prié par Marine Le Pen de rester poli ou sinon de fermer sa gueule en toutes circonstances. Depuis 15 ans, elle l'a incité à se taire quand on l'enfermait, le spoliait, le brutalisait, se rangeant souvent du côté du manche, de l'ordre et des bonnes manières.
 

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Marine Le Pen a voulu canaliser cette colère vers un seul et unique exutoire : les élections. Cette stratégie a fait du RN le réceptacle de la colère respectabilisée par les urnes mais aussi, l'acteur central du dressage de la population par les forces qui nous détruisent depuis des décennies.
 
Maintenant qu'elle est mise hors-jeu, Marine Le Pen ne peut même plus compter sur la peur que le peuple inspire aux pouvoirs qui la mettent au rancart comme une vieille bagnole. Tel maître, tel valet ! Les Français encore capables de réactions sont aussi ceux qui ont appris à se défendre, se mobiliser ou se révolter malgré Marine Le Pen et son parti depuis des années. Ils seraient bien bons de se porter à son secours aujourd'hui.
 
Laurent Ozon.
 

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L’idée d’Europe

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L’idée d’Europe

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/lidea-di-europa/

Europe… Un terme, géographique, dont on use et on abuse. Surtout aujourd'hui, quand il semble avoir perdu tout sens.

Tout le monde l’utilise. Les partisans de la Commission de Bruxelles, tout comme ceux qui, au moins en paroles, s’y opposent. En paroles, car dans les faits, les choses se passent bien différemment. Malheureusement.

Europe… Cela sonne beau, c'est indéniable… mais, malheureusement, c’est un son vide. Du moins aujourd'hui. Parce qu'il ne correspond à aucune réalité. Ni géographique, ni, a fortiori, politique. Resterait la réalité culturelle, mais même celle-ci nous apparaît de plus en plus comme un résidu. Un résidu diaphane, ou plutôt, réduit à un vague souvenir du passé. Un petit résidu, un trop petit résidu.

Et c'est probablement là la blessure la plus grave. Parce que l'Europe, sans une dimension culturelle spécifique et bien profilée, n'existe tout simplement pas. Ni du point de vue géographique ni du point de vue politique.

Et ce ne sont certainement pas les discours de bas étage d'un Benigni, en Italie, qui pourront compenser un tel vide.

L'Europe présente avant tout une dimension culturelle. Que les véritables Grecs ont commencé à définir lors de leurs guerres contre les Perses. Pour marquer une frontière entre les immensités de l'Asie et de l'Afrique et le petit coin de monde qui en constituait, seulement, l'extrémité la plus occidentale. Et c'était pourtant un territoire en marge, de dimensions réduites, mais peuplé de peuples durs, belliqueux. Fiers. Celtes, Germains, Ibériques, Italiques… et Latins, surtout. Qui ont créé l'Empire romain.

Ensuite, il y a eu les dites invasions barbares, l'arrivée des peuples germaniques qui, en quelques générations, ont conduit l'Europe à une ère nouvelle, celle ou a émergé l’Empire carolingien. Qui, de fait, a fini par représenter une première idée d’Europe. Plus par défaut que par un projet clair, puisque les Arabes avaient déjà conquis la rive sud de la Méditerranée. Et, à l'est, l'immensité eurasiatique des Russies commençait à se révéler. Elles sont devenues l'Europe aussi. Mais avec plus de temps. Et elle était une Europe… différente. Tendue vers les vastes espaces, physiques et surtout culturels, de l'Asie.

Ceci, cependant, est, en somme, de l'histoire. Que je lance là au hasard, juste pour évoquer de significatifs fragments de mémoire.

Nous pouvons dire qu'aujourd'hui, de cette première Europe, il ne reste pas grande chose. Juste quelques notions inexactes et fragmentaires dans les livres d’histoire pour les écoliers. Peu et mal lues.

Ainsi qu'il ne reste qu'un souvenir vague de cet impérialisme espagnol, portugais, français et aussi, bien que différent et nettement maritime, anglais qui a caractérisé les derniers siècles. Et qui, cependant, ne nous a jamais donné une Europe politique. Jamais elle ne l’a même conçue.

Pourtant, dans ces contextes sont nés Shakespeare et Cervantes, ainsi que Goethe. Et à l'origine, notre Dante, à nous, Italiens.

Une dimension essentiellement culturelle donc. Ou, si vous voulez, une façon originale de concevoir l'homme et son destin.

Une façon qui, certes, s'est nourrie de grandes influences arabes. Et, à travers les Arabes, d'un Orient (perse et indien, avestique et védique) plus lointain.

Y apposant, de toute façon, un tournant. Radical et profond. Pour le meilleur et… pour le pire.

De tout cela, cependant, il ne reste aujourd'hui qu'une mémoire extrêmement fugace, émiettée.

Qui ne peut même pas servir à concevoir une idée d'Europe.

Il y donc un vide, en fait. Qui est comblé par une soi-disant "Union". Un organe bureaucratique asservi à des intérêts économiques internationaux, qui n’ont rien à voir avec une idée réelle d'Europe. Au contraire, elle la nie et la contredit en profondeur.

Puis, bien sûr, il y a les proclamations rhétoriques, les guignols grassement payés et d'autres bricoles dépourvues de toute substance.

Appelez-moi ce fatras "Europe", si cela vous chante.

Pour moi, l'Europe n'existe tout simplement plus. Point.

Escalade et tutelle américaine sur le Liban

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Escalade et tutelle américaine sur le Liban

Sondoss Al Asaad

La tutelle américaine est flagrante sur toutes les affaires de l'État libanais et encore plus évidente depuis les élections présidentielles, la nomination du premier ministre et la formation du cabinet, ainsi qu'à travers les nominations administratives et de sécurité en cours.

Profitant des répercussions de la récente agression israélienne sur le Liban menée par les États-Unis et de la décision libanaise qualifiable de "non souveraine", les États-Unis semblent enthousiastes à l'idée de lancer une soi-disant voie de « paix » incluant le Liban et la Syrie.

L'agence Reuters a récemment fait état d'une nouvelle ingérence dans la sélection du gouverneur de la Banque centrale libanaise en interrogeant certains candidats potentiels - à Washington et dans le repaire des espions américains (l'ambassade) à Beyrouth - sur leur volonté d'affronter le Hezbollah.

Cette tutelle américaine s'est manifestée de la manière la plus éhontée lors de la visite de Morgan Ortagus, l'envoyée spéciale adjointe du président pour l'Asie occidentale, qui a affirmé - après avoir loué l'agression israélienne contre le Liban - l'intention de son pays d'isoler et de désarmer le Hezbollah.

Des sources diplomatiques ont également révélé que le message transmis par l'administration Trump à Beyrouth comprenait des menaces selon lesquelles le Liban serait confronté à un plus grand isolement et à une dévastation économique s'il ne s'engageait pas à réduire l'influence du Hezbollah.

Lors de la récente agression contre le Liban, l'ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, a demandé aux forces politiques anti-résistance de « se préparer à l'ère post-Hezbollah ».

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Washington prévoit de construire un système politique libanais souple pour l'amener progressivement sous l'égide des accords d'Abraham, c'est-à-dire la normalisation avec Israël, et ce par le biais d'une pression économique systématique.

Washington est conscient qu'il ne peut imposer son hégémonie qu'en renforçant les sanctions économiques contre les individus et les entreprises liés au Hezbollah ; il s'agit d'une approche américaine de longue date, mais dont l'intensité s'est considérablement accrue depuis l'éclatement de la crise financière, en 2019.

Ces sanctions américaines, presque entièrement coordonnées avec l'Union européenne, ont un impact direct sur des secteurs économiques vitaux au Liban, tels que les secteurs bancaire et commercial, exacerbant les souffrances des citoyens libanais, en particulier dans des régions telles que le Sud, la Bekaa et la banlieue sud de Beyrouth.

Ces sanctions américaines visent à isoler économiquement le Hezbollah, l'empêchant de reconstruire ses capacités militaires après la récente agression israélienne.

Il ne fait aucun doute que le contrôle des groupes extrémistes et de la ligne dure sur le pouvoir à Damas a privé le Hezbollah de l'accès aux armes à travers la frontière libano-syrienne, ce qui est conforme au plan américano-israélien.

En outre, les frappes aériennes et les assassinats israéliens répétés dans le Sud, dans la Bekaa et dans d'autres régions reflètent un effort incessant pour restreindre les capacités logistiques du Hezbollah.

Washington fait également pression pour ce qu'il appelle des « réformes juridiques » que le gouvernement libanais doit mettre en œuvre, ce qui limiterait les capacités d'Al-Qard al-Hassan, l'institution financière liée au Hezbollah.

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Washington continue d'exploiter son influence au sein du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale pour empêcher toute aide financière de parvenir au Liban si ces prétendues réformes ne sont pas mises en œuvre d'une manière qui serve ses intérêts. Washington fait notamment pression sur le gouvernement libanais pour qu'il privatise des secteurs vitaux, ouvrant ainsi la voie au contrôle des leviers de l'économie libanaise par des entreprises occidentales et israéliennes.

Ces efforts coïncident avec l'ordre clairement donné par les États-Unis au Liban d'empêcher tout avion iranien d'atterrir à l'aéroport de Beyrouth afin de limiter la possibilité de transférer des fonds de l'Iran au Hezbollah.

Depuis des années, les États-Unis s'efforcent d'assurer leur contrôle sur l'armée libanaise et de nommer un commandant aligné sur leurs politiques.

Washington cherche maintenant à positionner l'armée contre la résistance, qu'il s'agisse du Hezbollah ou des factions palestiniennes, afin d'assurer la sécurité des colonies israéliennes dans le nord de la Palestine occupée et, par conséquent, la sécurité de l'ensemble de l'entité occupante.

L'aspect le plus dangereux du contrôle de l'armée est la volonté américaine de la pousser à désarmer la résistance, ce qui conduira inévitablement à la division et à la fragmentation de l'armée, une répétition de l'expérience des années 1980.

Ce qui vaut pour l'armée vaut également pour toutes les autres agences de sécurité, dont les nominations doivent être conformes aux normes américaines.

L'imposition par Washington de la sélection des membres du gouvernement s'applique inévitablement à la nomination des chefs de la sécurité, de sorte qu'ils sont soumis au système que les Américains jugent nécessaire pour imposer leur tutelle sur le Liban.

Washington estime que le Liban se trouve face à une opportunité historique qu'il faut exploiter pour l'obliger à normaliser ses relations avec Israël.

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Morgan Ortagus (photo), l'envoyé spécial adjoint des États-Unis pour l'Asie occidentale, a laissé entendre que les développements actuels ouvrent la voie à l'ouverture de négociations israélo-libanaises visant à signer un accord de « paix » entre les deux parties.

Par ailleurs, la Brookings Institution a révélé que Washington a fait des progrès significatifs pour convaincre de nombreuses élites politiques et économiques au Liban qu'une solution à la crise financière peut être trouvée en promouvant des projets économiques communs, tels que l'exportation de gaz libanais à travers l'entité d'occupation israélienne et le développement des ports libanais avec des fonds américains et du Golfe, à condition que la normalisation soit effective.

Ce que Washington tente d'imposer, c'est que ce qui a été détruit par son agression de septembre-novembre contre le Liban ne sera reconstruit que par le biais d'une normalisation avec Israël.

Les rapports du Fonds monétaire international indiquent que l'aide financière internationale est conditionnée à la mise en œuvre de réformes financières qui limitent la capacité des forces locales à financer des activités de soutien à la résistance.

Dans ce contexte, Greg Steube, membre républicain du Congrès américain, a présenté la loi PAGER, qui vise à imposer des sanctions économiques et financières au Hezbollah et à ses alliés, en plus de faire pression sur le gouvernement libanais pour qu'il s'engage à mettre en œuvre les politiques américaines dans la région.

Cette provocation vise à isoler le Hezbollah et à tarir ses sources de financement, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, ce qui complique encore la crise économique libanaise et oblige le gouvernement à faire des choix politiques et économiques spécifiques qui s'alignent sur les intérêts américains.

Le gouvernement israélien a déclaré avoir conclu un accord pour entamer des négociations avec le Liban afin d'aborder des questions telles que les cinq zones contrôlées par Israël au Sud-Liban.

Malgré tout, les Israéliens s'inquiètent de la capacité du gouvernement libanais à résister aux pressions internes, d'autant plus que les Américains et les Israéliens se rendent compte que le soutien populaire à la résistance est très important et difficile à affaiblir rapidement et facilement.

Le Liban se trouve aujourd'hui à un carrefour critique où Washington cherche à imposer sa vision, comme l'a récemment indiqué Steve Witkoff, l'envoyé de Trump en Asie occidentale, qui a exprimé son optimisme quant à la possibilité que l'Arabie saoudite rejoigne les accords d'Abraham.

Dans un contexte de fortes divisions internes et d'accélération des défis régionaux, l'avenir reste ouvert à plusieurs possibilités, d'autant plus que le pouvoir libanais est impuissant.

Le Liban maintiendra sa résistance ou se soumettra à l'hégémonie américano-israélienne.  Seuls les jours à venir permettront de savoir dans quelle mesure ce plan atteindra ses objectifs ou échouera face à la volonté de la résistance.

mardi, 01 avril 2025

Rupture au sein des BRICS?

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Rupture au sein des BRICS?

Kerry Bolton

Le conflit sino-indien révélé par l'accord de libre-échange entre l'Inde et la Nouvelle-Zélande

Il n'est plus communément admis qu'il existe un abîme historique intense entre l'Inde et la Chine. Ce conflit entre deux vastes blocs de civilisation mondiale a été occulté depuis la création du groupe BRIC, comme il a été initialement appelé, lors d'un sommet intergouvernemental entre le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine en 2009. L'Afrique du Sud a rejoint le groupe en 2010. L'organisation s'est élargie pour inclure le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud, l'Égypte, l'Éthiopie, l'Indonésie, l'Iran et les Émirats arabes unis, et est parfois appelée BRICS+.

Les BRICS ont créé divers organes subsidiaires, tels que la Nouvelle banque de développement (NDB), dont le siège se trouve à Shanghai et qui semble être avant tout un accord entre divers intérêts financiers chinois. Certains y voient une offensive contre la mondialisation. Cependant, la NDB travaille au sein du système bancaire international. Par conséquent, en 2022, conformément aux « principes bancaires sains » de la Banque, les transactions ont été suspendues avec la Russie, en raison des sanctions imposées à la Russie en réaction au conflit avec l'Ukraine. Voilà pour l'alliance des BRICS.

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C'est ici que nous pourrions commencer à apprécier le caractère de l'alliance: au cours du 19ème siècle, avant d'être réduite à la vassalité par une combinaison de puissances essentiellement blanches (suite à la rébellion des Boxers), la Chine s'est présentée comme le royaume céleste devant l'empereur duquel tous les souverains étaient censés se prosterner. La Chine agit à nouveau sur la scène mondiale comme le centre de l'univers. Les alliances ou la collaboration avec la Chine ne sont pas fondées sur une réciprocité égale, mais sur l'ancienne perception qu'a la Chine de sa suprématie mondiale.

L'accord de libre-échange entre la Nouvelle-Zélande et la Chine date de 2008. La Nouvelle-Zélande a entamé un processus de démantèlement de son industrie manufacturière dans les années 1980, en prélude à son intégration dans un bloc économique asiatique. Il en est résulté une subordination au développement économique de la Chine, qui a permis à la Chine de faire preuve d'ingérence en Nouvelle-Zélande en toute matière d'affaires étrangères et de relations commerciales. Nous l'avons constaté chaque fois que la Nouvelle-Zélande a traité avec Taïwan ou le Tibet, et maintenant avec l'Inde, l' « allié » de la Chine au sein des BRICS.

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Le développement rapide d'un accord de libre-échange entre la Nouvelle-Zélande et l'Inde pourrait nous permettre de discerner le véritable caractère de la dynamique géopolitique dans la région indo-pacifique. Lorsque le premier ministre Luxon s'est rendu en Inde et que le gouvernement Modi l'a fêté en déclarant qu'un accord de libre-échange serait conclu dans les 90 jours, voire dans les 60 jours, le visage souriant de la diplomatie chinoise a disparu et le dragon hargneux a lancé un « avertissement » : c'est soit la Chine, soit l'Inde. Il ne peut y avoir de ménage à trois entre la Nouvelle-Zélande, la Chine et l'Inde.

Sentiments indophobes de la Chine

Compte tenu des BRICS, on pourrait supposer que la Chine jubile à l'idée que la Nouvelle-Zélande se rapproche de son partenaire des BRICS. C'est toutefois mal comprendre l'inimitié historique entre les deux pays.

L'ambassadeur de Chine en Nouvelle-Zélande, Wang Xiaolong, a fait une déclaration publique sur son compte « X » qui devrait dissiper les hypothèses fondées sur l'absence de contexte historique :

"Dans les relations internationales, comme peut-être dans toutes les relations, la myopie et la vision étroite signifient souvent qu'au lieu de rester en tête, ou du moins de suivre la courbe, vous vous retrouverez dépassé par les événements et les tendances à long terme. Le plus souvent, il n'est guère dans votre intérêt d'essayer de promouvoir une relation importante en nuisant à une autre".

Le commentaire de M. Wang est d'une grande importance, mais il n'est pas surprenant qu'il ait reçu peu d'attention de la part des médias.

Wang fait allusion à des facteurs qui ne sont pas évidents, même pour les fonctionnaires du gouvernement, qui sont peu susceptibles de connaître les réalités plus profondes qui se cachent derrière les apparences superficielles. Ces facteurs occultés sont les tensions bouillonnantes qui façonnent les relations réelles entre la Chine et l'Inde, derrière la façade des BRICS. Les « tendances à long terme » évoquées par Wang font allusion au conflit permanent entre l'Inde et la Chine, voire entre la Chine et d'autres États de la région, ce qui rend la stabilité des BRICS problématique, tout comme la position de la Russie, dont les relations hostiles avec la Chine sont historiquement de plus longue durée et de plus grande intensité.

L'Inde, un rempart

L'Asie est un bourbier de conflits, d'instabilité économique et environnementale, derrière un vernis de croissance. Le contrôle par la Chine des sources du plateau tibétain, qui alimentent la plupart des grands fleuves d'Asie, est une préoccupation cruciale pour de nombreux États asiatiques, en particulier l'Inde. La Chine pourrait fermer les robinets à volonté. Loin d'être un mastodonte économique, la Chine est criblée de problèmes, et son embarquement sur un tapis roulant de croissance incontrôlée aboutira à l'épuisement. Face à l'effondrement, la Chine pourrait chercher à se confronter à des ennemis, y compris des ennemis latents, dont la Russie fait partie, tandis que les confrontations physiques entre soldats indiens et chinois sur des territoires frontaliers contestés, malgré les BRICS, n'ont jamais cessé.

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En ce qui concerne les nouvelles relations de la Nouvelle-Zélande avec l'Inde, comme avec la Russie, l'Inde est un rempart contre l'expansionnisme chinois, qui reste une préoccupation majeure pour l'Indo-Pacifique. En outre, l'Inde ne fait pas partie de l'« Asie » mongole. Son héritage s'inscrit dans le contexte « indo-européen », comme le terme lui-même devrait l'indiquer, mais qui est néanmoins oublié ou ignoré par ceux qui ne voient que le spectre des « visages sombres ». En particulier, les strates dirigeantes restent plus proches des Européens que des « Asiatiques ».

La Chine n'est pas plus un véritable allié durable de la Russie que de l'Inde. La Chine voit toutes les cartes se déployer en sa faveur dans toute alliance, et son « amitié » avec la Russie n'a pas fait exception, cette « amitié » permettant à la Chine de repousser la Russie de ses sphères traditionnelles, telles que la Mongolie. Elle a été à sens unique, car la Chine se perçoit toujours comme le centre de l'univers. Nous devrions cultiver des alliances avec la Russie et l'Inde, dans ce que j'ai appelé en 2013 une « alliance ANZAC-Russie-Inde », en réponse à la multiplicité des problèmes qui surgiront bientôt dans la région. Il faut espérer que l'accord de libre-échange avec l'Inde constitue un pas vers cette nouvelle orientation.

De la guerre par procuration à la crise systémique: l'Occident et sa scission intérieure

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De la guerre par procuration à la crise systémique: l'Occident et sa scission intérieure

Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/vom-stellvertreterkrieg-z...

Washington a, rapporte le New York Times, non seulement livré des armes à l'Ukraine, mais a également assuré une planification militaire, fourni des coordonnées de cibles et assumé des responsabilités opérationnelles.

Un rapport du New York Times révèle ce qui a longtemps été considéré comme de la propagande russe : les États-Unis n'ont pas seulement soutenu la guerre en Ukraine, mais l'ont également façonnée opérationnellement. Cependant, cette reconnaissance des faits n'intervient pas par hasard et maintenant – elle fait partie d'une lutte de pouvoir géopolitique qui s'étend bien au-delà de Kiev.

Le grand rapport du New York Times sur le rôle des États-Unis dans la guerre en Ukraine a largement attiré l'attention. Non pas parce qu'il fournit de nouveaux faits – mais parce qu'il confirme la véracité de récits qui avaient été jusqu'ici rejetés comme relevant de la désinformation russe. Washington aurait, selon l'article, non seulement livré des armes, mais aurait également planifié militairement les opérations, fourni les coordonnées de cibles et pris des responsabilités opérationnelles – depuis l'offensive de Kharkiv en 2022 jusqu'aux attaques contre le pont de Crimée. Même l'artillerie d'origine occidentale était dépendante des informations fournies par le ciblage américain. Le président ukrainien Zelensky interférerait quant à lui régulièrement dans les processus militaires – avec des effets dévastateurs. Ces déclarations sont explosives – non pas parce qu'elles seraient nouvelles, mais parce que leur publication provient maintenant du plus haut appareil de pouvoir des États-Unis.

Projections géopolitiques de Washington

L'article offre des aperçus profonds de la pensée stratégique des décideurs américains. Du point de vue de nombreux responsables au Pentagone, l'Ukraine n'était pas au premier chef un État souverain, mais un champ de bataille symbolique – une scène où l'on espérait effacer d'anciennes défaites comme au Vietnam, en Irak et en Syrie. L'invasion russe a fourni l'occasion bienvenue d'une démonstration force. La signification historique et existentielle de l'Ukraine pour la Russie est de première importance mais elle est restée sous-estimée dans les calculs de Washington. La guerre a été menée comme une classique confrontation par procuration – un vestige de la guerre froide. Le fait que la Russie ait vu cela différemment a été ignoré de manière systématique.

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Un détail particulièrement révélateur apparait dans l'article: à l'automne 2022, le général Surovikin aurait menacé d'utiliser des armes nucléaires tactiques si l'Ukraine traversait le Dniepr. L'authenticité de cette conversation reste floue – mais au sein de l'administration Biden de l'époque, la menace a apparemment été prise très au sérieux. On a reconnu qu'une victoire conventionnelle sur la Russie pourrait déboucher sur un désastre nucléaire.

Ainsi, le monde a vécu – presque inaperçu – son moment le plus dangereux depuis la crise de Cuba en 1962. L'Occident s'est retiré. Non par compréhension, mais par peur.

Depuis lors, la stratégie des États-Unis a clairement vacillé. L'offensive d'été 2023 – préparée de longue date à Washington – a bien été menée, mais elle était évaluée en interne comme vouée à l'échec. Pourtant, elle a été mise en œuvre – par inertie, par peur, par calcul politique. Une guerre sans but, sans espoir de victoire – mais avec de gros risques.

Une publication ciblée – et une lutte de pouvoir interne à l'Occident

Le moment de la publication n'est pas un hasard. Le New York Times a lancé cet article précisément au moment où l'ordre géopolitique de l'espace transatlantique a vacillé – sous la présidence de Donald Trump, qui se montre ouvert à un réajustement stratégique vis-à-vis de la Russie. La divulgation de détails sensibles sur l'implication militaire des États-Unis en Ukraine sert manifestement à saboter politiquement un rapprochement avec Moscou et à le tabouiser dans la politique étrangère.

Et la situation devient ainsi évidente : ce que nous vivons n'est pas un "Occident" agissant de manière unifiée, mais une structure géopolitique profondément divisée. D'un côté se trouve l'administration Trump, qui priorise les intérêts nationaux, mise sur la retenue militaire et a introduit l'option d'assouplir les sanctions contre la Russie.

De l'autre, un bloc de pouvoir pro-atlantiste se forme – soutenu par le Parti démocrate, des réseaux influents à Londres et une technocratie bruxelloise de plus en plus idéologique. Ce camp vise à établir un bloc globaliste autonome : économiquement, militairement et normativement indépendant de la Maison Blanche – mais en confrontation délibérée avec la Russie.

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L'UE s'accroche désespérément au régime des sanctions

C'est précisément pour cette raison de calcul de pouvoir que se comprend aussi la position rigide de l'UE sur la question des sanctions. Alors que Washington sous Trump est prêt à réévaluer les intérêts économiques et stratégiques, Bruxelles s'accroche désespérément au régime des sanctions. Non par évaluation rationnelle, mais parce que ces sanctions sont devenues la base idéologique de la nouvelle conscience missionnaire européenne. La guerre économique contre la Russie ne sert plus de moyen à un but, mais de récit formateur d'identité pour le projet de l'UE, qui se découple de plus en plus de la souveraineté démocratique.

La publication dans le New York Times est donc bien plus qu'un scoop journalistique. C'est un instrument politique – au service de ces forces qui veulent empêcher un réajustement multipolaire et, en revanche, maintenir une crise globaliste durable. L'Ukraine n'est dans ce jeu qu'un proxy géopolitique – elle est abusée et sert de scène pour une lutte de pouvoir qui est interne à l'Occident au détriment de l'ordre mondial de demain.

Constat géopolitique

Les États-Unis se sont, sous l'administration précédente, engouffrés dans un conflit dont ils ont sous-estimé le potentiel d'escalade et méconnu l'importance stratégique. L'article du New York Times se lit comme un aveu tardif de cet échec – et en même temps comme une intervention médiatique contre le rétablissement de la raison en politique étrangère.

Pour l'Europe, cela révèle une vérité inconfortable : elle n'est plus dirigée, mais instrumentalisée – comme levier d'un projet géopolitique échappant au contrôle démocratique. La véritable ligne de front ne se situe pas entre l'Est et l'Ouest, mais à travers le centre du pouvoir occidental lui-même. Et c'est là que réside réellement la dynamique des années à venir.

Condamnation de Marine Le Pen: l’extrême-droite la plus bête du monde!

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Condamnation de Marine Le Pen: l’extrême-droite la plus bête du monde!

Pierre-Emile Blairon

Au moment où je termine ces quelques lignes sur ce bien curieux voyage des deux jeunes espoirs de « l’extrême-droite française », j’apprends que Marine Le Pen, reconnue coupable de détournement de fonds publics dans l’affaire des assistants européens du FN, est condamnée à deux ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate ; vous l’avez souvent lu sous ma plume ou dans ces colonnes : il est inutile de se renier et de trahir ses électeurs pour espérer amadouer des gens qui vous méprisent et qui ne changeront jamais d’avis à votre égard ; la seule attitude payante et digne vis-à vis de soi-même et de ceux qui croient en vous est de continuer à énoncer ses vérités et le programme pour lequel on a été élu, ou pour lequel on se bat, sans compromission ni faiblesse, en faisant ce qui doit être fait, sans en attendre quelque récompense ; c’est un bien noble projet pour les politiciens de notre fin de cycle incapables de s’intéresser à autre chose qu’à leur petite personne.

On ne pourra pas me reprocher de bondir sur cette désolante annonce pour critiquer, après coup des prises de position qui ne pouvaient logiquement qu’amener à ce triste résultat (comme le font ceux qui n’ont jamais rien vu venir mais qui veulent rattraper le train en marche).

Il y a des dizaines d’années que j’applique ce principe : « ne jamais renier ses idées pour un bénéfice à court terme » et que j’ai exposé, dans ces mêmes colonnes, dans plusieurs articles, lorsque Marine Le Pen a commencé à vouloir « dédiaboliser » son parti.

Je veux ici m’insérer dans le contexte d’une lutte primordiale entre, d’une part, les tenants d’un monde traditionnel, le monde de nos ancêtres, monde dont nous exposons, avec les autres intervenants, les valeurs intangibles à chacun de nos articles sur ce même site, et, d’autre part, le monde uniformisateur, décadent et globaliste que nos ennemis veulent nous imposer et que nous rejetons avec nos dernières forces.

C’est le sens même du combat que j’ai commencé en 1966 et qui ne s’achèvera probablement qu’avec cette vie.

Cette condamnation de Marine Le Pen, tout aussi injuste et ignoble qu’elle puisse être, porte gravement atteinte à l’ensemble de ce combat et à l’ensemble de ceux qui ont, pendant de longues années, espérer le voir aboutir. On n’entraîne pas 11 millions de Français à sa suite sans avoir préalablement préparé le terrain et défini les conditions du combat et de la victoire qui aurait pu s’ensuivre.

On le fait encore moins si l’on a eu pour toute ambition que de pauvres et indignes intérêts personnels.

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Le voyage d’allégeance de l’extrême-droite française au gouvernement de Netanyahou

On n’aura retenu de Guy Mollet que sa phrase devenue célèbre « la droite française est la plus bête du monde ». Pour le reste, ce personnage tristounet fut quand même à l’époque, en 1956, Président du Conseil, l’équivalent du Premier ministre actuel, sous la présidence de René Coty. Il ne fut pas seulement insignifiant, il fut aussi toxique, à l’image d’un François Hollande, socialiste comme lui. Guy Mollet fut un cheval de Troie des Américains à la suite de Jean Monnet dont on connaît maintenant son appartenance à la CIA et donc, collaborant aux basses œuvres de cette dernière pour asservir les pays européens par le biais de l’U.E.

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Guy Mollet (photo) fut également célèbre pour sa « journée des tomates », épisode peu glorieux qui le vit, le 6 février 1956, accueilli par une pluie de tomates mûres par les Européens d’Algérie qui protestaient contre ses positions qu’ils jugeaient défavorables au maintien de l’Algérie dans le giron français.

Pour en revenir à sa fameuse petite phrase, nous devons cependant reconnaître à l’homme une certaine perspicacité.

Les partis et les individus se réclament (bien timidement) d’une position à cette place à droite dans l’hémicycle depuis le RPR de Chirac sous la figure tutélaire de De Gaulle alors que ce dernier a été maintes fois trahi depuis sa disparition par ces politiciens de métier qui n’ont aucune conviction dans leur grande majorité et ne sont motivés que par leurs ronds de serviette et le choix du fauteuil qui accueillera leur séant rebondi.

Reste « l’extrême-droite » qui n’a plus rien « d’extrême » ni même de « droite », cochant au contraire toutes les cases du politiquement correct actuel : pro-mondialiste, donc pro U.E., pro-Otan, donc pro-Ukraine et pro-guerre, elle a été pendant la crise sanitaire pro-vaccins, pro-masques, pro-OMS, pro-répression contre le personnel médical.

L’extrême-droite actuelle, et particulièrement sa représentation législative RN, est pro-tout ce que propose le gouvernement du moment qu’elle reste bercée par une douce brise qui ne fait pas de vagues qui pourraient déstabiliser le fragile esquif sur lequel elle s’est embarquée, fragile parce que son naufrage ne dépend que de la bonne volonté de Macron auquel elle s’est entièrement soumise, comptant sur lui pour faire le silence sur de possibles turpitudes dont elle se serait rendue coupable, à preuve les débats lors des deux présidentielles, fortement entachés de soupçons d’arrangements, non avoués évidemment, à preuve aussi l’obstination qu’elle met à ne pas risquer la destitution de Macron en ne votant pas les motions de censure ( qu’elle ne propose jamais quand elles ont une chance de ne pas être rejetées) ou en s’abstenant afin de favoriser l’élection du Président du Conseil constitutionnel.

On voit donc, aujourd’hui même et à l’heure présente où j’écris, avec la condamnation de Marine Le Pen, que tous ces renoncements et reniements n’auront strictement servi à rien.

Ah non, je me trompe, cette extrême-droite n’est pas seulement pro- quelque chose, elle est aussi anti-, et doublement, car elle est anti-antisémite, ce qui est tout à son honneur mais, et c’est là qu’elle méritera son qualificatif « d’extrême-droite la plus bête du monde », en envoyant deux émissaires en Israël, Marion Maréchal et Jordan Bardella, pour soutenir le gouvernement de Netanyahou et louer son action avec force chevrotements dans la voix.

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Ces émissaires se sont singulièrement ridiculisés aux yeux de l’opinion internationale car ils se sont rangés aux côtés du gouvernement israélien au moment même où les rues de Tel-Aviv et des grandes villes israéliennes sont pleines de dizaines de milliers de manifestants qui réclament le départ de Netanyahou [1].

Quel intérêt y a-t-il à soutenir un gouvernement discrédité dont deux des principaux représentants sont poursuivis par la Cour pénale internationale de Justice pour crime de guerre et crimes contre l’humanité commis dans la bande de Gaza occupée [2] ?

La seule explication à cette étrange attitude est celle que j’ai énoncée avec d’autres mots dans mon article du 27 janvier 2025, L’extrême droite en Europe : tout va changer pour que rien ne change :

A savoir que ces gens ont un besoin maladif de reconnaissance à tout prix, et ils continueront à vouloir occuper l’espace médiatique qui leur a tant fait défaut en d’autres temps, pour tenir la vedette, au prix même de paraître grotesques.

Pierre-Emile Blairon

Notes:

[1] https://www.youtube.com/watch?v=D621P7IkA6c

[2] « Les mandats d’arrêt émis mercredi 21 novembre 2024 par la Cour pénale internationale (CPI) contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ex-ministre de la défense, Yoav Gallant, marquent un tournant historique. Pour la première fois depuis la création de la cour, en 1998, des responsables politiques sont inculpés contre la volonté de leurs alliés occidentaux. »Le Monde du 22 novembre 2024.

dimanche, 30 mars 2025

Nord Stream, Trump et l'auto-tromperie européenne

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Nord Stream, Trump et l'aveuglement européen

Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/nord-stream-trump-und-der...

Washington négocie, Moscou parle - et l'Europe s'indigne en s'imaginant être une "coalition des volontaires" au sommet sur l'Ukraine à Paris, tel un végétalien offusqué lors d'un barbecue.

Imaginez : la Russie et les États-Unis négocient sur Nord Stream - sans les Européens. Et à Bruxelles, c'est le choc collectif. Comment osent-ils ? Après tout, nous sommes censés être des "partenaires".

Mais la réalité est que l'Europe ne joue plus aucun rôle. Et ce n'est pas parce que de méchants puissants se seraient ligués contre nous, mais parce que nous nous sommes délibérément mis hors jeu. Pendant que Washington et Moscou pratiquent la Realpolitik, l'UE se livre à des discours idéologiques sur les budgets CO2, l'égalité des genres dans le réchauffement climatique et sur le climat du globe en 2100.

Le nouvel impérialisme énergétique: ressources, pouvoir et dépendance

Les États-Unis ne pensent plus en termes de partenariats - ils pensent en termes d'axes de pouvoir. Le Canada fournit des ressources, les États-Unis le capital, et l'Europe… éructe de l'indignation. Pas étonnant donc que Donald Trump souligne à nouveau au printemps 2025 que le Canada est "de facto déjà le 51ème État" - une phrase qu'il a lâchée avec un sourire suffisant lors d'une apparition de campagne en Ohio. Derrière cette prétendue plaisanterie se cache un sérieux d'ordre géopolitique : les États-Unis ont un intérêt vital à devenir complètement indépendants sur le plan énergétique - et le Canada, avec ses gigantesques réserves de pétrole, de gaz et d'uranium, est le réservoir de matières premières naturel de l'empire américain.

La cupidité visant à s'emparer de l'énergie enfouie dans le sol canadien n'est pas un réflexe colonial, mais un calcul stratégique. Pendant que l'Europe discute d'éoliennes, les États-Unis s'assurent l'accès aux fondementaux de la domination technologique et militaire - avec un sourire aimable et un calcul géostratégique. Le Canada fournit, l'Amérique dirige - et l'Europe paie la note. Indignation. Pendant que Trump et son équipe disent ouvertement de quoi il s'agit - ressources, énergie, autonomie stratégique - Bruxelles reste abasourdie. On ne parle pas ainsi dans une "communauté de valeurs" (libérales-atlantistes) !

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Marco Rubio résume la situation: sans énergie bon marché, pas de leadership technologique. Pas de prospérité. Pas de souveraineté. Point. Particulièrement dans le domaine de l'intelligence artificielle, selon Rubio, il se révélera qui possède la base énergétique pour le pouvoir futur. L'IA sera si énergivore que seul l'accès à une électricité bon marché déterminera la domination ou l'insignifiance.

L'intelligence artificielle consomme de l'énergie - l'idéologie verte consomme des opportunités

Quiconque croit que l'Allemagne peut se positionner comme un leader numérique sans assurer un approvisionnement énergétique stable et bon marché vit dans une illusion techno-romantique. Un seul cluster de calcul pour l'IA générative consomme aujourd'hui plus d'électricité que certaines petites villes. Ainsi, celui qui dispose d'électricité bon marché gouverne l'avenir. Celui qui n'en a pas sera au mieux un spectateur.

Cependant, l'Allemagne a décidé de ne pas se lancer dans cette course - ou pire encore: de la mener avec le frein à main tiré. Le dogmatisme vert, jadis camouflé en protection climatique, est aujourd'hui un programme d'entrave à la croissance. Il détruit la création de valeur industrielle, empêche la souveraineté technologique et transforme un site industriel autrefois leader en musée climatiquement neutre.

L'Allemagne se démantèle - la Chine construit

Pendant que l'Allemagne démolit des centrales électriques, la Chine en construit de nouvelles - chaque semaine. Il n'est pas surprenant que Pékin raffine aujourd'hui plus de pétrole que toute autre nation. Ils parlent d'un avenir vert, mais ils agissent dans le présent. Ils font les deux. Énergie éolienne pour l'image, charbon pour la croissance. En Chine, le contraste entre l'ambition verte et la réalité des énergies fossiles n'est pas un dilemme, mais une stratégie.

En revanche, en Allemagne, la politique énergétique a été menée avec un mélange d'hubris, d'hystérie et d'impuissance. La sortie complète du charbon, du pétrole et du gaz, accompagnée d'une exaltation morale et d'une ignorance technique, s'apparente à un suicide industriel volontaire. Même si Robert Habeck a depuis quitté ses fonctions, ses décisions politiques résonnent comme un avertissement économique.

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Dépendance au gaz russe ? Une illusion orchestrée

Tout cela repose sur un mythe qui a été traité dans les médias et les parlements allemands comme un credo : la prétendue dépendance dangereuse au gaz russe. Mais ceux qui argumentent ainsi confondent partenariat stratégique et vulnérabilité à l'extorsion. La Russie a été un fournisseur d'énergie fiable pendant des décennies - même pendant la guerre froide. Il n'y a pas eu d'arrêts de livraison motivés politiquement, mais des contrats à long terme, des prix équitables et une prévisibilité mutuelle. La véritable dépendance commence là où l'on se prive volontairement d'accès aux ressources - pas là où l'on achète par prudence économique.

Aujourd'hui, l'Allemagne n'est pas davantage souveraine, mais est devenue encore plus dépendante - du gaz de schiste américain, du GNL volatil du marché mondial, des importations d'électricité en provenance d'autres pays. Pourtant, ces dépendances sont considérées comme idéologiquement correctes, car elles correspondent au narratif atlantiste.

Ce que nous vivons, ce n'est pas le prix de la liberté, mais la facture de la folie politique. Et elle ne se paie pas en euros, mais en compétitivité perdue, en dépendance technologique - et dans un avenir où d'autres décident de qui ouvre le robinet et de qui reste dans l'obscurité.

La politique énergétique est une politique de sécurité

La leçon est simple : la politique énergétique n'est pas une question de morale, mais de sécurité nationale. Qui se sépare volontairement des combustibles fossiles sans garantir des alternatives s'auto-démantèle - économiquement, géopolitiquement et technologiquement. Qui pense qu'il peut marquer des points avec une indignation morale dans un monde d'intérêts durs n'a ni compris Clausewitz ni le présent.

Pendant que l'on mène à Berlin des débats sur les pompes à chaleur, l'égalité des genres dans l'approvisionnement énergétique et des élucubrations de l'ex-gouvernement "feu tricolore" sur le CO2 dans les cantines scolaires, d'autres pays programment des réseaux neuronaux, modernisent leurs réseaux électriques - et s'assurent l'accès à ce qui propulse l'avenir numérique : une énergie bon marché, disponible à tout moment.

Le vide géopolitique

L'Europe n'est pas mise à l'écart. Elle s'est auto-démolie. Cela se manifeste notamment dans la manière dont les États-Unis et la Russie négocient sur des projets d'infrastructure européens centraux comme Nord Stream - en excluant l'Europe. Comme le rapportait Politico tout récemment, des diplomates de l'UE s'expriment avec incrédulité sur le fait que Washington et Moscou ont déjà depuis longtemps mené leurs entretiens sur l'avenir des pipelines de manière bilatérale. Un des interlocuteurs cités parle même de "folie" qui laisse l'Europe sur le côté.

Mais cette "folie" n'est que la conséquence logique du vide géopolitique que l'Europe a créé elle-même.

Lorsqu'on déclare que chaque politique visant la défense des intérêts propres est une dangereuse hérésie et que l'on pose chaque partenariat stratégique avec la Russie comme une trahison, il ne faut pas s'étonner si d'autres décident de nos destinées. Pendant que la Russie préserve ses leviers géopolitiques et que les États-Unis en tirent une nouvelle pression sur l'Europe, le continent reste pur spectateur. On s'est éloigné de la réalité - et on s'étonne maintenant que personne ne demande plus ce à quoi l'Europe aspire réellement. Maintenant que Washington négocie avec la Russie à propos de Nord Stream, on se frotte les yeux avec étonnement. Pourtant, l'exclusion était prévisible. On a cru qu'avec une supériorité morale (auto-proclamée), on pourrait remplacer le réel incontournable de la géopolitique. Mais au final, ce n'est pas le "vertueux" qui gagne - mais celui qui contrôle le robinet de gaz.

En conclusion

Qui ne prend pas place à la table figure comme plat suggéré par le menu. L'Europe a volontairement cédé sa chaise - et essai maintenant de se vendre comme un beau bibelot, aux allures éthiquement correctes, trônant sur la cheminée du bureau principal de l'institution mondiale de la géopolitique.

La comédie du kit de survie

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La comédie du kit de survie

Jordi Garriga

J’ai récemment regardé une vidéo mettant en scène une femme nommée Hadja Lahbib. J’ai fait quelques recherches et j’ai appris qu’elle est l’actuelle commissaire européenne chargée de la préparation aux crises, de la gestion des crises et de l’égalité. J'ai dû relire le titre : gestion de crise et égalité. Je me demande encore ce que cela veut bien pouvoir dire. Cela m'a rappelé une blague des années 1980, lorsqu'une émission humoristique à la télévision catalane parlait du « département de l'optique et de l'élevage » d'une ville. Le 21ème siècle dépasse l’humour absurde du 20ème siècle.

Cette femme, née en Belgique, que 99% des Européens n'ont jamais entendu parler ni pour laquelle ils ont voté, apparaît dans une vidéo et dit sur un ton humoristique, dans une performance conçue pour les personnes à capacité cérébrale limitée, que nous devrions préparer un kit d'urgence en cas de guerre ou de quelque chose de similaire. J'étais abasourdi.

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C'est la même femme qui, en tant que ministre belge des Affaires étrangères, a déclaré en 2023 : « La meilleure façon de protéger la Belgique est d'envoyer des F-16 en Ukraine ». Dit et fait, puisqu'en mai 2024 elle a annoncé que la Belgique enverrait 30 avions de combat F-16 d'ici 2028. Et maintenant il semble que cela ne suffira pas à « protéger » la Belgique (ni l'Europe) et elle nous exhorte à nous préparer à une éventuelle guerre sur le territoire belge, puis européen.

J’ai le sentiment que nous ne sommes pas traités comme des enfants immatures pour qui il faut édulcorer les choses, mais comme des animaux de ferme. Selon eux, il suffit de rester immobile dans un coin, de faire des provisions de nourriture pour trois jours et d'attendre les instructions. Aucun besoin spirituel, force mentale ou quoi que ce soit, n'est évoqué. Ni aucune doctrine civique. Au moins dans les temps jadis, il y avait un service militaire où l'on apprenait à utiliser correctement une arme et à se coordonner avec les autres. Il n'existe pas non plus de kit familial (couvrant les besoins des enfants et des bébés, des personnes âgées, des handicapés) puisque les esclaves n'ont pas de famille... C'est un kit pour un adulte individuel et fonctionnel qui fait confiance à son gouvernement: à ce même gouvernement qui nous a mis dans cette situation.

En Espagne, nous avons récemment vécu la tragédie des inondations à Valence. C’était très semblable à une guerre et nous avons tous vu ce qui s’est passé et ce qui se passe encore en ce moment. Dès la première minute, des groupes organisés ont commencé à voler et à piller, alors imaginez ce que cela serait dans une situation de guerre avec des individus armés. Un individu isolé ne pourra rien faire si un groupe de pillards rôde dans son quartier, donc la seule chose qui sera efficace (comme cela a toujours été le cas), c'est la protection communautaire entre voisins, avec des chefs de famille organisés et hiérarchisés pour contrôler la zone et s'assurer que les fournitures et la nourriture parviennent à toutes les familles. Le kit individuel est une mauvaise blague commise par un groupe de politiciens qui vivent dans une réalité parallèle à celle du peuple.

La meilleure preuve en est toutes les blagues, les gags et les mèmes qui lui sont dédiés et le rire qu'il apporte à tout le monde. Personne n’est allé au supermarché en désespoir de cause pour faire des provisions. Tout n’est donc pas perdu.

La réalité dans laquelle vit le peuple est une réalité où vivent des gens misérablement connectés à des machines pour survivre, qui dépendent de médicaments, des gens à qui on n'a jamais pardonné de ne pas payer d'impôts, de ne pas payer de loyer, où beaucoup d'entre eux n'osent même pas allumer le chauffage parce qu'ils n'en ont pas les moyens et doivent allumer la machine à laver certains jours à certaines heures. L'histoire du kit, c'est quelque chose qui les fait rire: il y a quand même de l'humour dans cette colossale bêtise officielle.

On nous propose donc un kit qui comprend des choses comme :

- Une radio alimentée par batterie pour écouter les annonces et les avertissements du gouvernement. Espérons que ni le gouvernement valencien ni l'Agence météorologique espagnole ne s'en chargent.

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- Des espèces. Je pense que c'est parfait que l'on découvre maintenant la valeur de l'argent liquide, qui, soit dit en passant, est pratiquement inexistant dans les foyers et les poches de la plupart des Espagnols. De plus, personne ne se souvient que dans une vraie guerre, le papier-monnaie ne vaut rien, puisque le règne du troc est alors rétabli (des choses réelles en échange de choses réelles).

- Tout le monde a généralement le reste du contenu du kit à la maison. Les politiciens et les riches sont les seuls à devoir se souvenir des choses essentielles parmi la montagne d’objets qu’ils possèdent et qui leur confèrent un statut.

En bref : le kit de survie est une autre excuse pour vendre de la peur, pour rester au pouvoir et pour se préparer à une guerre improbable à l’Est contre la Russie pendant que l’Afrique et l’Amérique s’établissent en Europe par le Sud, détruisant véritablement toute identité digne d’être défendue. Peut-être que la Belge Hadja Lahbib, le cas échéant, sortira pour la défendre.

Gouvernement mondial des juges

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Gouvernement mondial des juges

par Georges Feltin-Tracol

Le 11 mars dernier, alors qu’il revenait d’un court séjour à Hong Kong, l’ancien président des Philippines de 2016 à 2022, Rodrigo Duterte, est arrêté, mis dans un avion privé sans aucune décision judiciaire et déporté à La Haye aux Pays-Bas. Les autorités philippines justifient cette forfaiture en se référant à un mandat d’arrêt international émis en secret, le 7 mars dernier, par la Cour pénale internationale (CPI). Une fois encore, cette instance se fait tristement remarquer.

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Cet enlèvement confirme l’installation progressive d’un gouvernement de juges à l’échelle planétaire. L’incroyable arrestation de l’ancien président s’interprète selon deux grilles de lecture non exclusives. La première concerne le contexte politique à Manille. Ferdinand Marcos dit « Bongbong », fils de Ferdinand Marcos, chef d’État anti-communiste de 1965 à 1986, succède en 2022 à Rodrigo Duterte avec son appui officiel. Élue au suffrage universel direct lors d’un autre scrutin le même jour que la présidentielle, la vice-présidente de Marcos s’appelle Sara Duterte, l’une de ses filles. Or, très vite, les familles Marcos et Duterte entrent en conflit. Par ailleurs, si Rodrigo Duterte incline plutôt vers la Chine populaire, « Bongbong » se tourne vers les États-Unis. Les tensions entre le président et sa vice-présidente atteignent une telle violence que la Chambre des représentants vote la destitution de Sara Duterte, le 5 février 2025. Cette décision doit maintenant être entérinée par le Sénat à la majorité des deux tiers.

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En ordonnant l’arrestation de son prédécesseur, toujours populaire auprès des Philippins, « Bongbong » abat une carte majeure dans la perspective des échéances législatives à venir. Pas sûr que l’actuel chef d’État philippin réussisse son pari, car la scandaleuse détention de l’ancien président électrise une grande partie de l’opinion philippine en sa faveur. Le contentieux politico-judiciaire entre les familles Marcos et Duterte arrive à son paroxysme.

Le seconde lecture de cette arrestation soi-disant légale se rapporte au rôle néfaste qu’exerce la CPI dans les relations internationales. Fondée par le sordide Statut de Rome de 1998, cette institution supranationale entreprend des enquêtes, avec l’assistance d’ONG complices souvent subventionnées, organise des procès selon le droit anglo-saxon et prononce des condamnations. Elle a engagé des poursuites contre Rodrigo Duterte pour meurtres, tortures et viols considérés comme « crimes contre l’humanité ». La CPI possède un tableau de chasse fourni avec, pour victimes expiatoires, l’ex-président islamiste soudanais Omar el-Béchir ou l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo finalement acquitté en 2021 après huit longues années en prison ! L’extrême gauche habituellement si rétive à toutes formes d’incarcération ne proteste guère contre ces atteintes répétées au droit des peuples.

Ces derniers temps, la CPI a lancé d’autres mandats d’arrêt internationaux, fort médiatiques, contre le président russe Vladimir Poutine (mars 2023) et le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou (novembre 2024) alors que la Russie et Israël ne la reconnaissent pas. Les États-Unis méprisent aussi ce machin aberrant.

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La CPI viole ouvertement la souveraineté des États et se moque de l’immunité de droit accordée aux chefs d’État et de gouvernement. Elle s’attaque à tout responsable qui refuse en fait le nouvel ordre mondial des cosmopolites. En revanche, ce tribunal supranational ne s’occupe guère du complotiste d’extrême-centre de l’Élysée qui manipule les peurs collectives (pandémies, insécurité, guerre) et qui a maltraité son propre peuple au moment des Gilets jaunes, de la fumisterie dramatique du co vid et des manifestations massives contre la réforme débile des retraites.

Les magistrats hors-sol de la CPI accusent Rodrigo Duterte d’avoir commandé, soutenu et couvert des exactions pendant son mandat contre les usagers de la drogue. Le président des Philippines avait déclenché une guerre impitoyable contre les trafiquants de drogue et les consommateurs. Alors maire de Davao, il se félicitait que des unités spéciales nettoyassent quartiers et rues de toutes formes de racaille. Devenu président, il généralisa ces pratiques musclées. La CPI lui reproche donc le recours massif à des condamnations à mort extra-judiciaires. Le fléau des drogues ravage pourtant l’archipel. Rodrigo Duterte a agi en véritable « président-flingueur » et montré à ses concitoyens qu’il tenait ses promesses, quoi qu’il en coûte. À l’heure où les narco-trafics se répandent en Europe, le président Duterte devrait être remercié, célébré et salué au lieu d’être traité tel un paria. La CPI pratique l’inversion des valeurs. L’honnête homme devient un prévenu et la racaille une pauvre victime ! Honteux !

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On a ici une mise en œuvre d’un nouveau délire, la toxicophobie, promu par les inévitables crasseux gauchistes. Critiquer les drogués, contester l’ouverture des salles de shoot, refuser la légalisation de la toxicomanie constitueraient des discriminations bientôt punies par la loi. Face à un fumeur de crack zombifié, il faudrait se taire, accepter et se soumettre. Et si la fameuse loi sur la fin de vie et l’assistance à mourir portait en priorité sur les drogués ? L’avortement post-natal devrait devenir un droit.

Pour revenir au président Dutertre, il est intéressant de savoir que la délivrance de son mandat d’arrêt relève d’un triumvirat de magistrates (où est donc la fameuse parité ?) d’origine ivoirienne, mexicaine et roumaine. Ce précédent devrait inquiéter les autorités belges et néerlandaises qui luttent avec difficulté contre les réseaux de narco-trafiquants qui gangrènent leurs pays. Il devrait aussi provoquer l’inquiétude chez les ministres français Retailleau et Darmanin en pointe médiatique contre ces mêmes milieux criminels. Enfin, le président salvadorien Nayib Bukele pourrait être la prochaine cible, lui qui a restauré l’ordre et la sécurité dans son pays par des moyens énergiques non conformes au dogme badintérien de l’excuse permanente accordée aux auteurs de crimes et de délits. On peut d’ailleurs s’interroger si la CPI ne serait pas sous l’influence des barons de la drogue…

La CPI croit défendre un supposé « droit international » ainsi que les mirifiques et fallacieux « droits de l’homme, de la femme, du non-binaire et d’autres genres ». Héritière des sinistres tribunaux de Nuremberg et de Tokyo si bien dénoncés en leur temps par Maurice Bardèche le visionnaire ainsi que des tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et le Ruanda, cet aréopage de magistrats se pose en instance supérieure capable de surveiller les États. Les citoyens qui détiennent en théorie la souveraineté politique ont-ils été sollicité pour accepter ce surplomb politico-judiciaire ? On ne le pense pas…

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Des rétorsion tombent enfin sur la CPI. La Russie a pour sa part émis des mandats d’arrêt internationaux contre ses différents responsables dont son procureur en chef Karim Khan (photo). L’administration Trump a signé contre elle un décret de sanction. Il gèle ses avoirs détenus aux États-Unis; il interdit l’entrée sur leur sol de ses dirigeants, employés et agents ainsi que de leurs proches membres de famille. Certes, la CPI pourrait répliquer par des condamnations par contumace à cinq ans de prison pour quiconque limiterait son action. Or, face à Moscou, Washington et Tel-Aviv, on lui souhaite bien du plaisir d’autant qu’il est maintenant possible que des troupes étatsuniennes puissent intervenir manu militari à La Haye afin de libérer tout éventuel accusé emprisonné (citoyen étatsunien ou d’un État allié).

Des politiciens français dits de « droite nationale » critiquent régulièrement dans l’ordre intérieur le gouvernement des juges à travers l’omnipotence du Conseil constitutionnel, du Conseil d’État et de la Cour de cassation. Les plus téméraires d’entre eux dénoncent aussi la Cour européenne des droits de l’homme et la Cour de justice de l’Union européenne. Tous oublient l’action délétère de la CPI qui nie la volonté souveraine des communautés politiques, des peuples et des États. L’avènement d’un nouvel ordre multipolaire réellement pluriversel ne se réalisera pleinement que sur les ruines, fumantes ou non, de la Cour pénale internationale.  

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 149, mise en ligne le 25 mars 2025 sur Radio Méridien Zéro.

15:43 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, cpi, gouvernement des juges | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 29 mars 2025

L'Allemagne doit-elle se débarrasser des chaînes du Traité 2 + 4?

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L'Allemagne doit-elle se débarrasser des chaînes du Traité 2 + 4?

Wolfgang Hübner

Source: https://www.pi-news.net/2025/03/deutschland-soll-die-zwei...

Le traité "Deux-plus-quatre" limite les possibilités de l'Allemagne si elle doit se défendre contre la Russie, a récemment écrit Reinhard Müller sur la première page de la FAZ (Frankfurter Allgemeine Zeitung).

L'éditorial récent paru dans l'un des principaux journaux allemands, en l'occurrence la FAZ, qui demeure la tribune du complexe au pouvoir en Allemagne, sera lu à Moscou, mais aussi à Washington, avec un intérêt particulier. Car il est écrit noir sur blanc : « La capacité de défense allemande exige une sortie du traité "Deux-plus-quatre" » ! Donc, du traité qui a permis la réunification en 1990 avec l'accord des quatre puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale, soit les États-Unis, l'Union soviétique (aujourd'hui la Russie), le Royaume-Uni et la France.

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Résumé du "Traité 2 +4": à partir de 1994, l'Allemagne doit réduire ses forces armées à 370.000 hommes; ensuite, ces forces armées, même si elles sont inféodées à l'OTAN, peuvent s'installer sur le territoire de l'ex-RDA, mais aucune troupe appartenant à un autre Etat membre de l'OTAN ne peuvent y stationner. Ces clauses d'un Traité toujours en vigueur sont en contradiction avec le bellicisme affiché par le gouvernement dit "feu tricolore" et par les projets du nouveau chancelier Merz. 

Aucun droit de résiliation n'était prévu. Les modifications ne peuvent en principe être apportées que par tous les États contractants. Il est exclu que la Russie soit disposée, dans les circonstances actuelles, à libérer l'Allemagne d'un traité qui, par exemple, interdit la possession d'armes nucléaires allemandes. Et il est tout à fait douteux que les États-Unis, mais aussi nos « amis » européens, la France et le petit Royaume-Uni, soient prêts à cela. En ce qui concerne la Russie, l'article déclare en référence à la guerre en Ukraine : « Il y a de bonnes raisons de parler ici d'une suppression de la base du traité "Deux-plus-quatre" ».

Ceux qui n'ont pas jusque-là pris au sérieux les inquiétudes de la Russie concernant une nouvelle militarisation et une capacité de guerre de l'Allemagne seront éclairés par le commentaire à la une dans la FAZ: les ennemis pro-atlantistes de la Russie, déçus par Donald Trump, parmi les puissants en Allemagne aujourd'hui, souhaitent se débarrasser de toutes les chaînes pour devenir la puissance dirigeante lors de la prochaine croisade contre les Moscovites. Et quel chancelier conviendrait mieux à cela que Friedrich Merz, futur commandant suprême de la Bundeswehr en cas de conflit défensif ou de guerre offensive ?

Il devient maintenant plus clair pourquoi Merz est prêt à avaler toutes les couleuvres social-démocrates et vertes : l'homme a une mission ! Cependant, il doit également être clair: une sortie unilatérale du traité par l'Allemagne contre la volonté de la Russie mènera inévitablement à la guerre. Le simple fait que l'article de la FAZ soit paru, et derrière lequel apparaissent des considérations et des intentions concrètes émanant de la fraction militante dans le complexe de pouvoir allemand, fera retentir les sonnettes d'alarme au Kremlin.

Argentine : le retour du néolibéralisme des années 1990

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Argentine : le retour du néolibéralisme des années 1990

Leonid Savin

À la fin du siècle dernier, l'Amérique latine a été confrontée à de graves problèmes, causés par les politiques économiques issues du néolibéralisme, qui ont conduit à la dictature de facto des sociétés transnationales et de la Banque mondiale dans un certain nombre de pays. Les conséquences ont été désastreuses, allant des empoisonnements de masse dus à la privatisation de l'approvisionnement en eau et à l'effondrement d'entreprises stratégiques (qui ont ensuite été rachetées, pour presque rien, par des acteurs extérieurs), ensuite à des pics de chômage et à des émeutes.

Bien que certains États, en particulier ceux qui disposent de ressources énergétiques, aient réussi à échapper à ce piège après un certain temps grâce à la hausse des prix des hydrocarbures et au changement de gouvernement en faveur de formations politiques à orientation sociale (de gauche), il existe aujourd'hui des signes évidents du retour du contrôle extérieur sur un certain nombre de pays. L'Argentine en est un excellent exemple : l'inflation y est galopante et Javier Milei, ancien banquier et anarchiste autoproclamé, prend des mesures pour aliéner la richesse nationale et accroître le contrôle des capitaux étrangers.

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Au cours des treize derniers mois, par exemple, la dette nationale a augmenté de 97,114 milliards de dollars. Il s'agit d'un chiffre record : aucun gouvernement, ni celui de Mauricio Macri en 2018, n'a eu une dette exorbitante envers le FMI qui ait augmenté d'un tel montant sur une telle période. En comparaison, la dette des gouvernements de Mauricio Macri et d'Alberto Fernandez a augmenté de 147,971 milliards de dollars. À la fin du gouvernement de Cristina Fernández de Kirchner, la dette publique nationale s'élevait à 222,703 milliards de dollars (dont 60% de dette du secteur public détenue par le Fonds de garantie de durabilité de l'ANSeS, les banques officielles, divers fonds fiduciaires argentins, etc.), et en décembre 2023, elle atteindra 370,674 milliards de dollars (le FMI et le capital financier basé à Manhattan étant les principaux créanciers). Comme la dette est directement liée aux obligations, cela suggère que quelqu'un a reçu de beaux dividendes.

Le gouvernement qui génère cette dette a, quant à lui, dépensé au moins 22 milliards de dollars en février 2025 pour consolider son bilan. L'année dernière, il a dépensé près de 16 milliards de dollars pour ce que l'on appelle le « mélange de dollars » dans le cadre du système que le FMI a mis en place pour le financer et qu'il continue d'utiliser aujourd'hui.

L'excédent commercial en 2024 est de 18,889 milliards de dollars, mais les réserves nettes de la banque centrale sont négatives d'au moins 6 milliards de dollars.

Désireux d'augmenter les exportations, le gouvernement a même autorisé la vente de bétail à l'étranger et, pour faire entrer des dollars dans la banque centrale, les banques ont été autorisées à accorder des prêts en dollars à n'importe quel client (les dollars sont échangés contre des pesos au taux de change officiel de la banque centrale), qu'il s'agisse d'entreprises ou de particuliers.

Et Milei poursuit activement et délibérément cette stratégie. Le 10 mars, la version finale du décret par lequel le gouvernement de Javier Milei a signé un nouvel accord avec le Fonds monétaire international a été diffusée parmi les fonctionnaires du gouvernement. Selon ce texte de cinq articles, le président émet un décret approuvant les « opérations de prêt public contenues dans le programme de prestations élargies » entre l'État et le FMI, et indique qu'elles auront une « maturité » de dix ans. Le décret stipule également que le président doit utiliser ses « pouvoirs » pour faire appliquer l'accord, qu'il peut éventuellement déléguer au ministère de l'économie.

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L'état critique dans lequel se trouve la Banque centrale est également souligné, et il est présenté comme une sorte d'argument que le président invoque pour justifier que ce mécanisme ne « suit pas la procédure normale des lois ». En d'autres termes, il s'agit d'une dictature de fait.

De son côté, la Banque centrale intervient de plus en plus directement en vendant des dollars provenant des réserves internationales et du Trésor, et à partir de février 2025, le Fonds de garantie de la viabilité de l'ANSeS. Le Fonds de garantie de durabilité de l'ANSeS, suite à la nomination de son directeur Fernando Bearzi, lié à la structure offshore de Noctua dans les îles Caïmans, vend des titres en dollars.

Selon les analystes, cela n'est pas dû à la stupidité de Milei, mais à ses liens avec les structures financières internationales dont il est issu. Tout comme George Soros a nourri l'élite politique dans un certain nombre de pays (l'actuelle présidente moldave Maia Sandu et le premier ministre arménien Nikol Pashinyan en sont des exemples frappants dans l'ex-Union soviétique), le capital bancaire international déplace également ses protégés (un autre exemple est le président français Emmanuel Macron, qui a travaillé pour la structure Rothschild).

Par conséquent, les secteurs qui en ont bénéficié peuvent être regroupés en un certain nombre de groupes d'intérêts interdépendants.

Il s'agit principalement :

1) des capitaux étrangers, menés par de grands fonds financiers (BlackRock, Vanguard, PIMCO, Franklin Templeton, Fidelity, Greylock, etc.), qui sont réunis par la Chambre de commerce argentino-américaine (AmCham) et dont dépend l'équipe économique dirigée par Caputo et Bausili ;

2) de l'Association des entreprises argentines (AEA), dirigée par Jaime Campos, liée à l'ambassade des États-Unis. Les principaux dirigeants et vice-présidents de l'AEA sont Paolo Rocca (Techint), Hector Magnetto (Clarín) et Luis Pagani (Arcor), ainsi que Cristiano Ratazzi (FIAT), Alfredo Coto (Supermarché Coto), Sebastian Bago (Laboratoires Bago), Luis Perez Companc (Agro Mills), Eduardo Elstein (Alfredo Coto, Alejandro Bulgeroni (PAE), entre autres.

3) Le Conseil agraire argentin (CAA), formé en juillet 2020 avec plus de 40 chambres et organisations telles que CONINAGRO (Confédération des coopératives agricoles), les confédérations rurales argentines (CRA) et la Fédération agraire argentine (FAA), et qui couvre presque tous les acteurs des réseaux de producteurs de viande agricole, céréalière et avicole, vaccinale et porcine de valeur ; les industries et les entreprises liées au soja, au maïs, au blé, au riz, aux arachides, au coton, au bois et à la pêche, entre autres ; et les entreprises exportatrices établies dans le Centre des exportateurs de céréales (CEC), auquel participent Deheza General Oiler, COFCO, Cargill, Viterra, Louis Dreyfus, Mills Agro, etc. À cela s'ajoutent les bourses aux grains et les assembleurs dans tout le pays, qui réunissent les producteurs, les assembleurs, les négociants, les industriels, les producteurs de biocarburants et les exportateurs.

Tous les secteurs (qui sont interconnectés) ont bénéficié et bénéficient de la fuite des capitaux du pays et du transfert du fardeau de la dette au peuple argentin.

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Cristina Kirchner (photo), commentant la situation, a déclaré sans ambages : « Arrête de mentir au peuple, Milei. Personne ne te croit. En fait, tu as tellement besoin de dollars que tu vas finir par faire une sale affaire pour l'intérêt du pays en échangeant une dette bon marché et contrôlée contre une autre dette plus chère qui, en plus, expose l'Argentine à des extorsions constantes... »

Cependant, personne ne se pose la question de savoir comment remédier à cette situation. La prochaine élection présidentielle n'est pas encore imminente et le pays continue de glisser vers l'abîme.

vendredi, 28 mars 2025

Guerre économique ? L’Europe n’a aucune chance si elle vole 800 milliards à ses citoyens pour produire ou acheter des armes

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Guerre économique ?

L’Europe n’a aucune chance si elle vole 800 milliards à ses citoyens pour produire ou acheter des armes

Ala de Granha

Source: https://electomagazine.it/guerra-economica-leuropa-non-ha...

Il est vrai que l'histoire se répète, d'abord comme tragédie puis comme farce. Mais apprendre quelque chose de l'histoire ne ferait pourtant pas de mal. L'Axe a perdu la Seconde Guerre mondiale lorsqu'il a commencé à lutter sur deux fronts, se heurtant à la fois à l'Union soviétique et aux Occidentaux. Et maintenant, les eurodingues, dirigés par Ursula von der Leyen, veulent voler 800 milliards aux peuples européens pour une course solitaire et suicidaire aux armements, tandis que François Bayrou, Premier ministre français, invite l'Europe à se préparer à une guerre commerciale contre les États-Unis.

Il est évident que Bayrou est doté de ces quelques neurones qui manquent à Macron et qui n'ont pas été programmés chez Ursula. D'autant plus que Trump a déjà déclaré la guerre commerciale contre l'Europe, il suffit donc de le reconnaître.

Cependant, le Vieux Continent n’est pas en mesure de faire face, en même temps, à ces deux adversaires: celui réel, Trump, qui combat par l'économie; et celui, imaginaire, Poutine, qui n’a aucune envie d'envahir l'Europe parce qu'il sait très bien qu'il n’en a pas la capacité. Ni maintenant, ni jamais.

Mais voler de l'argent aux familles pour acheter des armes, inutiles, est plus facile que l'alternative qui impliquerait la nécessité d'investir dans des secteurs économiquement stratégiques, dans la qualité, dans la formation, dans l'augmentation du pouvoir d'achat des familles et, par conséquent, dans le renforcement du marché intérieur.

Dans le premier cas, il suffit de rendre heureux les marchands de mort, où qu'ils se trouvent. Dans le second, en plus de miser sur l'intelligence intérieure, il serait essentiel de créer un réseau de relations internationales avec les pays qui peuvent fournir les matières premières indispensables dont l'Europe est dépourvue ou insuffisamment dotée.

Il est dommage que la politique étrangère européenne et celle des États membres soient confiées à des politiciens qui représentent le pire du pire. Incompétents, incapables, totalement inadaptés et contre-productifs.

Ainsi, l'appel de Bayrou risque d'être totalement ignoré. Et les 800 milliards volés aux Européens serviront à creuser la fosse pour y inhumer le Vieux Continent.

Erdoğan est désormais seul

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Erdoğan est désormais seul

Alexander Douguine

Suite à l'arrestation du maire d'Istanbul, Ekrem İmamoğlu, de graves troubles ont éclaté et continuent de s'intensifier en Turquie. La crise s'aggrave. Mais pour analyser correctement la situation, plusieurs facteurs doivent être pris en compte.

Tout d'abord, le maire d'Istanbul, tout comme le maire d'Ankara, appartient à l'opposition libérale à Erdoğan. Il s'agit du Parti républicain du peuple (CHP), qui représente une alternative de gauche-libérale, laïque et généralement pro-européenne au parti d'Erdoğan, le Parti AK (Parti de la justice et du développement). Cette opposition est, en principe, orientée vers l'Occident et opposée à l'orientation islamique des politiques d'Erdoğan. En même temps, elle adopte une position assez hostile envers la Russie.

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Deuxièmement, Erdoğan lui-même a récemment commis plusieurs erreurs politiques très graves. La plus significative d'entre elles est son soutien à la prise de pouvoir à Damas par les militants d'al-Jolani. C'est une erreur fatale parce qu'en agissant ainsi, Erdoğan a infligé un coup sérieux — peut-être irréparable — aux relations turco-russes et turco-iraniennes. Maintenant, ni la Russie ni l'Iran ne viendront en aide à Erdoğan. La situation s'est déjà retournée contre lui, et la crise pourrait s'intensifier davantage.

Je ne crois pas que l'Iran ou la Russie soient impliqués de quelque manière que ce soit dans les troubles en Turquie. Plus probablement, c'est l'Occident qui essaie de renverser Erdoğan. Néanmoins, son erreur syrienne est significative. Beaucoup en Turquie n'ont pas seulement échoué à la comprendre, mais ont également condamné cette politique d'Erdoğan qui, comme nous le voyons maintenant, a conduit au génocide des Alaouites et d'autres minorités ethno-religieuses, y compris les chrétiens. En effet, seul un politicien extrêmement myope pourrait remettre le pouvoir en Syrie à al-Qaïda. Et bien qu'Erdoğan ait généralement été considéré comme un homme d'État prévoyant, cette erreur, à mon avis, le hantera longtemps.

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Un autre aspect est sa politique économique. La dévaluation de la lire, l'inflation galopante — tout cela sape une économie turque déjà fragile. Et bien sûr, ces échecs — tant en Syrie que dans l'économie — ainsi que le rapprochement d'Erdoğan avec l'Union européenne, avec les forces mondialistes, et son contact avec le chef du MI6, Richard Moore, poussent tous Erdoğan dans un piège. En conséquence, l'opposition libérale mais kemaliste (et donc nationaliste) en Turquie a saisi l'occasion de capitaliser sur ses échecs. Leur argument est : « Nous vous avions prévenus que ce qui s'était passé en Syrie serait une victoire pyrrhique, l'économie s'effondre, et nous avons une orientation plus forte vers l'Ouest qu'Erdoğan, sous lequel la Turquie ne sera jamais acceptée en Europe. »

Et puisque la Turquie a une démocratie fonctionnelle, Erdoğan n’a pas pu empêcher les populations d’Istanbul et d’Ankara de voter pour des leaders de l'opposition lors des élections municipales. En fin de compte, Erdoğan a décidé d'emprisonner le maire d'Istanbul. La question de savoir si c'était justifié ou non est presque sans importance — dans tout régime politique moderne, il est toujours possible de trouver des motifs pour emprisonner n'importe quel fonctionnaire (en politique moderne, il n'y a pas de personnes innocentes). La Turquie ne fait pas exception. Par conséquent, la question est uniquement celle de l'opportunité politique.

Erdoğan a décidé que les choses allaient mal pour lui et qu'il devait emprisonner son opposant le plus actif — Ekrem İmamoğlu. Pourtant, İmamoğlu est une figure affiliée à Soros, soutenue par des réseaux mondialistes, et Erdoğan n'aurait pu être soutenu dans cette démarche que s'il avait lui-même pris une position ferme contre cette faction liée à Soros. Cependant, comme l'avons déjà mentionné, Erdoğan avait précédemment poignardé dans le dos ses alliés — l'Iran et la Russie. Par conséquent, nous, Russes, ne pouvons pas le soutenir dans la situation actuelle. Et les Iraniens non plus.

C'est une situation très mauvaise pour Erdoğan. Tous ses opposants, profitant de ses erreurs accumulées au fil du temps, se sont soulevés en une même révolte — laquelle est une véritable révolution de couleur. Et ces kemalistes conservateurs, même alignés dans les forces armées, avec une orientation eurasienne — des militaires kémalistes qu'Erdoğan avait un jour accusés dans l'affaire toute fabriquée que fut "Ergenekon", et qui, en fait, l'avaient sauvé plus d'une fois (surtout lors de la tentative de coup d'État de 2016) — ne viendront plus à son secours.

En essence, Erdoğan se retrouve sans amis, ayant trahi tout le monde à plusieurs reprises. Je crois que sa situation est peu enviable. En même temps, nous devons garder une très grande prudence face aux manifestations en cours, car de la même manière que dans la plupart des révolutions de couleur, les mêmes organisateurs se tiennent derrière elles, y compris celle qui se déroule actuellement en Serbie. Au même temps, les mondialistes impliqués dans les manifestations sont une minorité — la majorité sont des gens ordinaires réellement mécontents de divers excès politiques au sein de la direction. Par conséquent, il y a aussi des raisons objectives à ce qui se passe — il semble qu'Erdoğan ait simplement épuisé sa marge d'erreur. Pourtant, il continue à faire des erreurs.

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Il est difficile de dire ce qui pourrait rectifier la situation. Peut-être qu'une certaine forme de gouvernement d'unité nationale kemaliste impliquant des islamistes modérés (comme des membres du propre parti d'Erdoğan) pourrait émerger. Dans ce contexte, la question se pose : que se passe-t-il avec Devlet Bahçeli, le leader du Parti du mouvement nationaliste turc et le principal allié d'Erdoğan ? Il y a même des rumeurs selon lesquelles il serait mort, ce que les autorités auraient soi-disant dissimulé. Je pense que ce ne sont que des théories du complot — mais cette figure de la politique turque a vraiment vieilli et s'est affaiblie. Erdoğan ne peut plus compter sur lui ou sur ses "Loups gris", autrefois puissants, de redoutables nationalistes radicaux turcs.

Donc, encore une fois, je répète : l'avenir d'Erdoğan et de son régime semble sombre. Cependant, bien sûr, nous préférerions avoir une Turquie souveraine avec une politique étrangère indépendante comme voisine — de préférence amicale, bien que nous soyons préparés même si elle nous devient hostile. La Russie est prête à toute éventualité.

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L'Amérique latine et la nouvelle politique américaine

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L'Amérique latine et la nouvelle politique américaine

Leonid Savin

Pendant plus de deux siècles, depuis la doctrine de Monroe, les États-Unis ont considéré l'Amérique latine comme leur arrière-cour, sont intervenus dans les affaires de la région et ont mené des interventions militaires sous divers prétextes. Ces effets se font encore sentir aujourd'hui, qu'il s'agisse des actions des gouvernements fantoches centrés sur Washington ou de la présence d'entités néocoloniales telles que le territoire associé de Porto Rico.

L'administration de Donald Trump ayant déjà émis un certain nombre de menaces et de déclarations très médiatisées à l'encontre des pays d'Amérique latine, il est nécessaire d'analyser quelles actions réelles les États-Unis peuvent mettre en œuvre et contre qui des mesures sévères peuvent être prises. Même si, bien sûr, il faut tenir compte du fait que Trump, tout en appliquant la rhétorique de la diplomatie préventive, peut aussi bluffer.

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Le Mexique et le Panama ont été les premiers à subir la pression de la Maison Blanche. Non seulement ce que l'on appelle l'impérialisme linguistique (en référence au décret de Donald Trump renommant le golfe du Mexique en golfe américain) a été appliqué au Mexique, mais aussi un avertissement d'utiliser la force militaire en cas d'invasion de migrants illégaux ou d'activités des cartels de la drogue. Plusieurs milliers de soldats supplémentaires ont été envoyés à la frontière. Le Mexique a été contraint d'accepter les propositions américaines et a déjà officiellement accepté, depuis février, l'envoi de forces spéciales pour aider l'armée mexicaine à lutter contre le crime organisé. Le 18 mars, un porte-missiles américain est entré dans les eaux du Golfe.

Le Panama, malgré l'indignation de ses dirigeants face à la possible annexion du canal, a également répondu aux demandes américaines de réduction de la présence chinoise en entamant le processus d'achat par un consortium BlackRock des actifs de la société hongkongaise CK Hutchison, qui possède plusieurs ports au Panama même, mais aussi en Europe.

Le reste de l'Amérique centrale et du Sud peut être divisé en trois groupes conventionnels. Le premier représente les opposants et les critiques de l'hégémonie américaine. Le deuxième est composé d'États qui adhèrent à l'équilibre. Le troisième est composé de pays qui coopèrent activement avec les États-Unis et qui n'ont donc pas à s'inquiéter. Au contraire, ils peuvent encore récolter quelques dividendes, comme le Salvador, où Nayib Bukele accepte déjà des prisonniers en provenance des États-Unis pour les héberger dans des prisons contre rémunération (officiellement des membres du groupe vénézuélien Tren de Aragua, et le Salvador a également demandé officiellement l'extradition des chefs du gang local MS-13).

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La première comprend sans aucun doute les pays du bloc ALBA, qui sont des partenaires stratégiques de la Russie - Cuba, le Nicaragua, le Venezuela et la Bolivie. En ce qui concerne les deux premiers, il est probable que les États-Unis poursuivent leur politique de sanctions. Dans le même temps, la Maison Blanche a proféré de nouvelles menaces contre toute coopération avec Cuba dans le domaine de la médecine, ce qui est un non-sens : ce domaine d'activité n'a jamais fait l'objet de sanctions pour des raisons humanitaires. Cela a provoqué la colère d'un certain nombre de pays de la région.

Le Venezuela représente un cas particulier car, en plus des sanctions, il existe une réelle menace de recours à la force. Bien entendu, le retrait des producteurs de pétrole américains (Trump a interdit à Chevron de travailler au Venezuela) nuira davantage à l'économie vénézuélienne. Et les nouvelles règles migratoires aux États-Unis, qui criminalisent effectivement les détenteurs de passeports vénézuéliens, aggraveront encore les relations entre les pays. Mais ce n'est pas une raison pour intervenir militairement.

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Le différend territorial avec la République coopérative de Guyane, dont un tiers du territoire appartient au Venezuela selon le référendum de 2023, pourrait être un prétexte à une intervention militaire américaine. La direction de l'US Southern Command s'est déjà exprimée sur l'assistance militaire à la Guyane, et étant donné les intérêts directs d'Exxon-Mobil dans le pays, le lobbying pourrait être impliqué à différents niveaux.

Précédemment, Juan Sarate, membre du National Endowment for Democracy des États-Unis, a mené une politique de déstabilisation à l'égard du Venezuela. Il est connu pour être lié à l'actuel secrétaire d'État Marco Rubio, qui s'oppose également au gouvernement chaviste de Nicolas Maduro. Étant donné que certaines parties de la Guyane sont devenues une zone grise de facto, toutes sortes de provocations pourraient y être menées.

La Colombie accueille déjà des bases américaines et Washington a déjà utilisé le pays pour effectuer des sorties de sabotage à perpétrer dans le Venezuela voisin. Mais sous la présidence de Gustavo Petro, les relations avec le gouvernement Maduro se sont normalisées. En outre, la Colombie a refusé d'accorder aux États-Unis l'espace aérien pour leurs avions militaires. Et Trump a imposé des droits de douane de 25 % sur tous les produits colombiens. Compte tenu de la situation complexe dans plusieurs régions du pays en raison des groupes paramilitaires, les États-Unis ont une raison formelle d'intervenir (encore une fois, la lutte contre le trafic de drogue), mais il n'y a pas encore de signaux clairs pour justifier une telle opération.

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L'Équateur a jusqu'à présent suivi l'exemple des États-Unis. Mais des élections présidentielles sont prévues le 13 avril, où le magnat de la banane Daniel Noboa (photo, ci-dessus) tentera de l'emporter. Le président et candidat Daniel Noboa a pris l'avantage au premier tour dans les hautes terres, où se trouve notamment la capitale Quito, tandis que la chef de file de l'opposition Luisa Gonzalez l'a emporté dans les provinces côtières, où l'insécurité est un problème central. Les voix étant à peu près également réparties, le second tour sera une bataille pour les électeurs de Leonidas Isa, qui arrive en troisième position.

Suite à l'ouverture l'année dernière du port en eau profonde de Chancay au Pérou, qui a été lié aux investissements chinois, Washington considère le Pérou comme un allié de son adversaire. Cette nouvelle porte d'entrée, reliant l'Asie du Sud et l'Amérique du Sud, sape le contrôle des États-Unis sur les communications maritimes.

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Au Pérou, le gouvernement de Dina Boluarte (photo, ci-dessus) a imposé un état d'urgence de 30 jours à Lima et Callao depuis le 18 mars. L'armée et la police ont commencé à patrouiller conjointement dans les rues. Dans ce cas, le gouvernement a pris cette décision après l'assassinat du chanteur Paul Flores du groupe Harmony 10, tué lorsque plusieurs personnes ont ouvert le feu sur le bus du groupe Cumbiambera qui circulait sur l'avenue de l'Indépendance à San Juan de Lurigancho.

Le problème est interne, mais comme souvent dans l'histoire, les États-Unis peuvent l'utiliser à leur avantage.

La Bolivie entretient des relations froides avec les États-Unis, mais pourrait à nouveau susciter l'intérêt de Washington en raison de ses gisements de lithium, de gaz naturel et d'autres minéraux. Des élections devant avoir lieu cette année, le département d'État tentera probablement de gérer le processus électoral. Une intervention militaire ouverte dans ce pays est techniquement difficile, car elle impliquerait le territoire de certains de ses voisins.

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Quant au Chili, le président Gabriel Borich a récemment qualifié d'« inacceptables » les propos de Trump concernant Zelensky (dictateur sans élections), se plaçant en défenseur de la junte de Kiev. Cela peut sembler étrange, car Borich s'est auparavant aligné sur la politique de Washington. Cependant, son comportement devient compréhensible si l'on considère le contexte de la confrontation entre les mondialistes libéraux dirigés par George Soros, les Rothschild et d'autres personnages de ce type et les conservateurs tels que Donald Trump lui-même. Borich est sans aucun doute en phase avec les politiques de Soros ; il est un pion du projet libéral mondialiste.

Par ailleurs, la ministre de l'intérieur du Chili de 2022 à 2025, Carolina Toa, qui a démissionné pour se présenter à la présidence en novembre, représente également des intérêts mondialistes et est liée aux structures de Soros et à la BlackRock Corporation.

Par conséquent, Trump pourrait avoir des questions désagréables à poser aux autorités chiliennes actuelles.

Les dirigeants brésiliens ne sont pas en bonne position. Non seulement le pays a cédé le rôle de leader du Sud à l'Inde au niveau mondial, mais la politique de Lula da Silva n'a pas été cohérente ces derniers temps (on se souvient du récent blocage de l'entrée du Venezuela dans le groupe des BRICS). En outre, l'ancien président Jair Bolsonaro a donné le coup d'envoi de sa campagne électorale en organisant un rassemblement à Rio de Janeiro le week-end dernier, qui a attiré environ un demi-million de personnes. Bolsonaro est connu pour être un conservateur et un bon ami de Donald Trump, dont il obtiendra certainement le soutien politique. Mais on ne peut pas dire que la situation soit critique, car Lula coopère lui aussi avec les États-Unis sur divers fronts, notamment en matière de défense et de sécurité.

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Le président argentin Javier Milei a une position plutôt pro-américaine et pro-Trump, il continuera donc à mener des politiques favorables à Washington.

Dans le contexte de l'évolution de la politique étrangère américaine, il convient également de noter que les critères d'évaluation se transforment eux aussi. Si au début du 20ème siècle, l'influence américaine dans la région était évaluée à travers le prisme des intérêts économiques (la United Fruit Company), dans la seconde moitié du 20ème siècle, l'idéologie a pris la première place et des projets tels que le plan Condor ont été réalisés en raison de la crainte de la propagation du communisme et de l'émergence de systèmes politiques alternatifs (en particulier après la révolution cubaine de 1959). Ces craintes se sont aujourd'hui estompées et Trump semble se préoccuper davantage des questions économiques, ce qui est plus proche de la stratégie du début du siècle dernier. Par conséquent, sa politique dans ce pays s'intéressera avant tout à la présence de la Chine et à la menace directe que représente la frontière mexicaine.

Les décès dus au fentanyl aux États-Unis et les tensions avec le Mexique et la Chine

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Les décès dus au fentanyl aux États-Unis et les tensions avec le Mexique et la Chine

Peter W. Logghe

Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94

Il est évident pour tout observateur que les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, sont progressivement entrés en conflit ouvert avec la Chine et le Mexique. Il est clair que cela a beaucoup à voir avec le flot de migration illégale passant par le Mexique pour se diriger vers les États-Unis, et que les tensions géopolitiques et économiques avec la Chine expliquent également beaucoup de choses. Mais cela a également un rapport avec le fentanyl, une drogue synthétique aux conséquences dévastatrices, surtout aux États-Unis (mais aussi chez nous).

Selon un document du Central Washington Fentanyl Task Force Report, plus de 110.000 Américains auraient perdu la vie en 2023 à la suite d'une overdose, dont 75.000 seraient directement liés à l'utilisation de fentanyl. Bien que les chiffres pour 2024 montrent déjà une légère baisse du nombre de décès dus à des overdoses, le fentanyl reste la principale cause de décès chez les 18 à 44 ans aux États-Unis.

La Chine et le Mexique jouent un rôle important dans la question du fentanyl – Trump intensifie la lutte

Un rapport du Congrès américain, publié en 2024, a révélé que la Chine est le principal producteur de composants chimiques pour le fentanyl. 97% de ces composants chimiques proviennent d'entreprises chinoises. Les États-Unis parlent de "guerre chimique" de la part de la Chine, car le régime communiste chinois subventionne la production de ces composants et ne fait rien pour arrêter la production de fentanyl.

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Mais il y a aussi le Mexique, bien sûr. Ce pays d'Amérique centrale est devenu le hub du fentanyl. Les produits sont expédiés de la Chine vers le Mexique, où les cartels de Sinaloa et de Jalisco les composent pour en faire du fentanyl pur et veillent à ce qu'ils entrent aux États-Unis par la frontière mexicaine. En 2023, les autorités américaines auraient intercepté 101.493 livres de fentanyl pur, suffisantes pour tuer plusieurs fois tous les citoyens des États-Unis. Les produits chimiques utilisés pour fabriquer le fentanyl ont également été massivement interceptés par les États-Unis.

Le président Donald Trump a récemment décidé de considérer les cartels mexicains de la drogue comme des organisations terroristes. Une décision aux conséquences considérables: cette décision donne aux agences américaines, telles que la CIA et l'armée, le pouvoir d'attaquer ces cartels immédiatement et partout. Apparemment, des drones MQ-9 de la CIA survolent déjà certaines zones du Mexique pour repérer des laboratoires illégaux.

12:45 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : drogues, narco-trafics, mexique, chine, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Le gouvernement japonais réfléchit à la migration de travail: l'Allemagne comme exemple négatif

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Le gouvernement japonais réfléchit à la migration de travail: l'Allemagne comme exemple négatif

Tokyo. Il n'y a pas que le vice-président américain J.D. Vance qui considère la politique d'immigration allemande comme suicidaire. Le gouvernement japonais voit également l'Allemagne comme un exemple négatif en matière d'immigration.

Cela a été clairement exprimé ces jours-ci lors des discussions sur l'accueil et l'intégration des travailleurs étrangers au Japon, qui ont eu lieu lors de la 21ème session du cabinet japonais. Le gouvernement à Tokyo souhaite promouvoir la migration de travail vers le Japon avec des programmes spéciaux – tout en évitant à tout prix les erreurs de l'Allemagne. Une grande importance est accordée, par exemple, aux compétences linguistiques des postulants. Des plafonds doivent également être fixés pour le nombre d'étrangers admis.

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Cependant, même cette politique d'immigration relativement prudente n'est pas sans controverse au sein du gouvernement. Minoru Kiuchi (photo), responsable, au sein du cabinet du Premier ministre Ishiba, de la sécurité économique notamment, a exprimé, après la réunion ministérielle, sur X, ses inquiétudes quant aux conséquences de la migration – en faisant surtout référence à l'Allemagne comme un exemple dissuasif. En Allemagne, qui mène une "politique active d'accueil des étrangers", on constate une augmentation de la criminalité et des problèmes sociaux ainsi qu'une fracture au sein de la société, a-t-il écrit.

Kiuchi a appelé à "analyser en profondeur et avec soin les problèmes de ces pays" avant que le Japon ne prenne ses propres décisions en matière de politique migratoire. Il est nécessaire d'évaluer l'efficacité de la politique de ces pays et ensuite de "gagner le consensus du public" (mü).

Source: Zu erst, mars 2025.

jeudi, 27 mars 2025

L'essor de l'Asie: une restauration de l'ordre naturel du monde

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L'essor de l'Asie: une restauration de l'ordre naturel du monde

Brecht Jonkers

Source: https://brechtjonkers.substack.com/p/the-rise-of-asia-a-r...

L'essor de l'Asie n'est pas un phénomène nouveau. C'est la restauration de l'ordre naturel du monde.

Le graphique ci-dessous est encore imparfait et ce, d'une manière qui profite encore fortement à l'Occident, car il s'étend jusqu'à l'année 1700 et ne montre donc pas à quel point la période de domination économique mondiale de la Chine et de l'Inde a été incroyablement longue.

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Mais il met en avant quelques aspects cruciaux. La Chine a été la puissance économique mondiale dominante pendant la majeure partie de l'histoire humaine enregistrée, jusqu'à bien loin dans le 19ème siècle. Le seul concurrent qu'elle ait jamais eu était l'Inde, par exemple sous les règnes des Moghols. Aucune autre nation n'a jamais été même proche de la Chine et de l'Inde à leur apogée jusqu'à il y a moins de 150 ans.

La seule façon pour l'Occident de soumettre ces deux puissances orientales a été par des injections excessives de violence. Comme l'a dit Samuel Huntington, la « supériorité occidentale dans l'application de la violence organisée » était ce qui leur a permis de conquérir le monde au 19ème siècle.

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Les guerres de l'opium ont été le point crucial et pivot de l'histoire récente de la Chine, démarrant le Siècle de l'Humiliation et causant l'effondrement de la Chine au profit de l'Europe et, plus tard, de l'Amérique. Alors que les Européens se souviennent à peine que ces deux conflits ont eu lieu, étant conditionnés à oublier tout ce que notre société a fait de mal (à part l'Holocauste); pour la Chine, les guerres de l'opium ont été un moment charnière qui détermine pratiquement tout ce qui s'est passé depuis 1839: du vol de Hong Kong et de Macao à la période d'occupation japonaise, jusqu'à la sécession en cours de la province satellite américaine de Taïwan.

C'est une force motrice interne qui se trouve dans l'esprit de chaque homme d'État chinois, du programme d'industrialisation rapide de Mao Zedong, aux réformes économiques de Deng Xiaoping, jusqu'à l'expansion des capacités de défense chinoises par Xi Jinping. C'est le « Plus jamais ça » qui forme un pilier de la conscience nationale chinoise, que les Occidentaux échouent continuellement à comprendre.

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L'Inde a subi un sort encore pire. L'économiste renommée Utsa Patnaik (photo) a calculé qu'en raison de l'occupation coloniale britannique directe, l'Inde a été dépouillée de 45 trillions de dollars de richesse entre 1765 et 1938. Les estimations conservatrices, comme celle du journal World Development, évaluent l'excès de mortalité à 50 millions de victimes causées directement par la politique coloniale britannique entre 1891 et 1920 seulement. Une période qui n'a duré que 40 ans. Des dommages de proportions apocalyptiques, dont l'Inde ne s'est même pas entièrement remise jusqu'à ce jour.

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Dans les deux cas, la Grande-Bretagne était le principal coupable et la force motrice derrière la destruction de l'Inde et de la Chine. Et même alors, comme le montrent les statistiques, l'Empire britannique n'a jamais atteint la puissance économique dont l'un ou l'autre de ces deux espaces civilisationnels asiatiques jouissait à son apogée. Britannia peut prétendre avoir régné sur les mers, mais elle n'a certainement jamais réussi à dominer les tableaux de score historiques.

Seuls les États-Unis ont jamais réussi à être un challenger, et un vainqueur temporaire, dans la compétition avec la Chine pour le titre d'hégémon économique. Mais ce temps est déjà passé, et la Chine est de nouveau au sommet. Comme l'histoire humaine nous l'a montré, c'est ainsi que les choses devraient être.

mercredi, 26 mars 2025

Georgescu non et Imamoglu oui ? Erdogan se fiche des subtilités électorales et ne pense qu'à la Grande Turquie

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Georgescu non et Imamoglu oui ? Erdogan se fiche des subtilités électorales et ne pense qu'à la Grande Turquie

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/georgescu-no-e-imamoglu-si-erdo...

Un gouvernement inéluctablement démocratique fait arrêter le candidat de l’opposition ayant le plus de chances de gagner les élections. Et l’empêche de se porter candidat. Pendant ce temps, il bloque aussi le parti qui soutient le candidat. Et que font les eurodingues de Bruxelles ? Cela dépend. Dans un cas, celui de Georgescu en Roumanie, ils soutiennent l’arrestation et l’annulation de la candidature, au nom de la démocratie, ça va sans dire. Dans l’autre cas, celui d’Imamoglu en Turquie, on s’indigne du comportement antidémocratique d’Erdogan.

Et les médias suivent les directives des eurodingues. On minimise les manifestations de protestation en Roumanie et on met bien en exergue celles qui se déroulent en Turquie. Où, évidemment, Erdogan s’en fiche, malgré les répercussions sur la bourse et le change, pour bien clarifier que les spéculateurs internationaux sont toujours prêts à faire comprendre de quel côté ils se trouvent.

Imamoglu, maire d'Istanbul, avait sans aucun doute de bonnes chances de s'imposer aux élections prévues en 2028, même si, dans trois ans, il peut se passer n'importe quoi. Mais Erdogan a une vision du monde, et de la Turquie, qui ne dépend pas de la conjoncture électorale. Il veut reconstituer l'empire ottoman et ne peut pas se contenter de méditer les subtilités des règles électorales.

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Il est d’ailleurs en bonne compagnie. Peu d'États de l'Union européenne ont reçu un mandat des électeurs pour faire la guerre contre la Russie et pour voler les économies des familles européennes. Mais à Bruxelles, ils se fichent des électeurs et agissent uniquement pour rendre heureux les marchands de mort.

Erdogan, pour sa part, s'engage à renforcer le rôle de la Turquie. Et il réussit. Parfois en utilisant l'Azerbaïdjan comme bras armé ou comme instrument pour des accords économiques – des confrontations avec l'Arménie aux accords avec l'Europe pour le gaz – parfois en utilisant les jihadistes comme en Syrie, parfois en intervenant directement comme en Libye.

Une politique à large spectre, qui implique les pays turcophones d’Asie centrale et qui prévoit la plus totale ambiguïté dans les relations avec Moscou et Pékin, et même avec Tel Aviv : de grandes menaces publiques contre le boucher israélien, puis des accords économiques en sous-main.

Tout est bon pour rendre à nouveau grande la Turquie. Un slogan déjà utilisé? Oui, mais peu importe à Erdogan. Qui veut être le maître de la Méditerranée. D’ailleurs, si ses adversaires sont Tajani et Ursula von der Leyen, le match se gagne facilement.