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dimanche, 19 juin 2016

Euro 2016 de football: analyse et souhait d’une défaite des ”Bleus”

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Euro 2016 de football: analyse et souhait d’une défaite des ”Bleus”

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

Nous sommes bassinés par l’Euro, cuvée 2016. Anciennement ”coupe d’Europe des nations”, dénomination abandonnée à cause de ce dernier terme, c’est la 3e manifestation sportive internationale (spectateurs et chiffre d’affaire) après les Jeux olympiques et le Mondial de football – ou Coupe du monde.

Avec ce tournoi, la France essaye d’oublier la réalité, de fuir ses problèmes, de faire l’autruche et de se divertir au spectacle d’un sport factice et gangrené par le lucre. Au rythme des grèves – le vrai sport national – et des menaces d’attentats islamiques. Le foot est devenu une drogue collective et le lieu d’arrangements bizarres : le Qatar, État monarchique dictatorial, pro–islamiste et esclavagiste, très soft d’apparence, possède le principal club français et bénéficie de passe–droits pour tous ses investissements en France, le prétentieux ”pays des droits de l’homme”…

Une équipe majoritairement africaine

Parmi les 23 joueurs sélectionnés (actifs et remplaçants) par Didier Deschamps (accusé de racisme par Éric Cantona et Jamel Debbouze pour avoir écarté de la sélection le voyou Karim Benzema) dans l’équipe de France, on dénombre : 10 Blancs, 11 Noirs dont trois nés en Afrique, 1 Arabe (”Beur”) né en France et 1 métis né à la Réunion. L’équipe de France comporte donc une minorité de Blancs. Le fait est encore plus accentué dans l’équipe réellement présente sur le terrain. Les téléspectateurs du monde entier, en voyant jouer l’équipe de France, se disent : ” La France n’est plus principalement d’origine européenne ”.

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Le message lancé par cette sélection est très clair : François Hollande a  répété que cette équipe de football représentait la Nation : « vous êtes la France ». De Gaulle, qui confiait à Alain Peyrefitte que la France était un pays de « race blanche » et devait le rester, doit se retourner dans sa tombe. L’équipe de France de football est donc majoritairement non française de souche et non européenne d’origine. Dans n’importe quel pays au monde, cette situation semblerait aberrante.

La France est le seul pays européen dans ce cas. On peut supposer soit que c’est volontaire afin de lancer un message idéologique ( ” l’équipe de France de football doit être emblématique de la nouvelle France ethnique, c’est–à–dire déblanchie”), ce qui serait une démarche raciste anti Blancs, soit qu’on ne trouve pas dans les milieux populaires de recrutement assez de jeunes Français de souche comme candidats footballeurs. Les deux explications peuvent s’entrecroiser. L’argument que les Noirs seraient meilleurs footballeurs que les autres (comme ils sont meilleurs sprinters) ne tient pas puisqu’aucun pays africain (équipes à 100% noires) ne performe au niveau international, bien au contraire.

La récupération du football par les politiciens et le pouvoir

association-pour-la-recherche-contre-le-cancer-en-2008_exact1024x768_p.jpgComme Chirac avant lui, Hollande s’investit à fond dans le football et se démène pour l’Euro 2016. Il espère en cas de succès français des retombées électorales pour la présidentielle de 2017. En 1998, la France avait gagné le Mondial de football face au Brésil. Incroyable victoire…C’était l’époque où l’équipe ”Black–Blanc–Beur” de Zidane devait l’emporter, pour des raisons idéologiques. De mauvaises langues avaient suggéré que le match avait été truqué – pratique courante dans le football– pour faire gagner l’équipe de France. Il n’est pas exclu que des trucages de matches soient en cours pour faire gagner l’équipe de France à cet Euro 2016. Bernard Tapie est un maître professeur dans cette discipline (1). En tout cas, si l’équipe de France l’emporte, alors qu’elle est d’un niveau très moyen, on pourra se poser des questions.

Dînant avec les ”Bleus” le 5 juin, M. Hollande leur a expliqué : «  Le pays peut être heureux avec vous alors que nous vivons des difficultés […] Nos compatriotes ont envie d’être heureux et fiers avec vous. Il faut leur donner ce qu’ils attendent de vous, un esprit collectif, une volonté de gagner ensemble ». On reconnaît dans ces propos, le dogme officiel du ”vivre ensemble”, grandiloquent et ridiculement inefficace.

Pour le match d’ouverture contre la Roumanie, le Président de la République y assistait, couvert d’une immense écharpe de supporter. Grotesque. Un vrai clown, insensible à son propre ridicule. Que ne ferait pas ce petit politicien pour tenter de grappiller des voix ?

Le foot comme liturgie creuse

La triste réalité, c’est que le milieu du football – international et français particulièrement– est gangréné par la corruption généralisée, le dopage, les pratiques mafieuses, la délinquance sexuelle, les trafics financiers, les enrichissements délirants, les matchs truqués. Les récentes affaires (Platini, Benzema, etc.) ne sont que la petite partie émergée de l’iceberg du sport le plus pourri de la planète. 

Il est catastrophique de présenter comme des exemples et des modèles pour la ”jeunesse” des footballeurs millionnaires, illettrés, frimeurs, souvent délinquants. On s’indigne des salaires des grands patrons, qui sont tout de même des entrepreneurs et des employeurs, mais pas du tout de ceux, souvent plus élevés, des footballeurs.

Les vedettes du foot, qui « se conduisent comme  des vauriens tout en suscitant l’extase de la foule » selon la formule de Chantal Delsol, sont des mercenaires, souvent analphabètes, parfois voyous, toujours mus par la cupidité financière. Les transformer, comme le fait M. Hollande, en représentants du patriotisme français, en symboles de la France, est lamentable.

hollande-fin-coupe-du-monde-2014.jpgAvec cette messe footballistique, l’insignifiance devient un sujet central. Le polémiste Anthony Palou (Le Figaro, 08/06/2016) reprenant l’idée classique mais juste du ” foot opium du peuple”, écrit : « Nous n’avons rien contre le foot, plutôt contre la bêtise qui s’en dégage […], nous en avons contre une société malade, une société qui ne vit que par le ballon, une société complètement infantile ». Prétexte à un chauvinisme bas de gamme, inverse même du patriotisme ou du nationalisme, le foot est aussi le royaume de «  cet argent un peu cracra » ainsi que de la démagogie politique : « ras–le–ballon de ces hommes politiques si ridicules, si peu professionnels qui n’ont de cesse que de passer leur temps devant leur télé ou au Stade de France ». Sans oublier évidemment le hooliganisme ultraviolent des supporters qui s’amplifie : dans aucun de ses aspects, décidemment, le football n’est sympathique. Chantal Delsol, à propos de la grand messe de l’Euro et du foot en général, utilise cette expression : « liturgie creuse ».

Le mensonge de la ”diversité heureuse” représentée par les ”Bleus”

L’équipe de France n’est pas la société française. Les ”Bleus” (d’un bleu très foncé…) sont devenus le symbole dérisoire d’une identité nationale simulée. On essaie depuis un certain temps – idéologie du ”Black–Blanc–Beur” – de présenter cette équipe multiraciale (de moins en moins d’ailleurs et de plus en plus africaine) comme un exemple réussi de pluralité et de coexistence pour une société mise dans l’obligation de se ”diversifier”, de se déblanchir.

La rhétorique officielle (raciste en creux comme tout ce qui est ”antiraciste”) dit : c’est cette diversité (ethnoraciale) qui donne son dynamisme à l’équipe de France et qui, donc, est aussi un avantage, une chance pour la nouvelle France. Or ces deux présupposés sont faux. L’équipe de France performait mieux dans les classements quand elle était homogène ethniquement, européenne ; dans le monde, les meilleures équipes (dans tous les sports) sont monoethniques. Yves de Kerdrel rappelle que dans les années 70 « le foot était un sport où s’affrontaient de vrais athlètes et non des garnements incultes gavés de millions d’euros et incapables de chanter La Marseillaise » (Valeurs actuelles, 9–17/06/2016). Les ”Bleus”, depuis plusieurs années, sont médiocres et ébranlés par des scandales à répétition. La société française, quant à elle, devenue multiraciale et multiculturelle, vit une crise profonde, le fameux ”vivre ensemble” ressemblant à une sinistre utopie, une farce tragique. Ce qui était prévisible, puisque toute société ethniquement hétérogène est invivable à terme.

C’est pour occulter ce terrible constat, cette lourde vérité, afin d’imposer le mensonge de la ”diversité heureuse”, que la propagande de l’État et des médias dominants orchestre un énorme battage autour de l’équipe de France de football et de l’Euro 2016. L’enjeu idéologique d’une victoire des ”Bleus” est donc énorme. Tout va donc être tenté pour qu’ils gagnent…   

Les Bleus, faux héros et modèles factices

Les autorités de l’État–et notamment le Président de la République– se dévalorisent en divinisant cette ”équipe de France”, un ramassis d’athlètes dopés, au QI de poule, payés comme des nababs. Présenter ”les Bleus” comme symboles suprêmes de la France est insultant et dégradant. On donne ces sous–doués en exemple, alors qu’on néglige les véritables élites françaises dont, malheureusement, une bonne partie s’exile : chercheurs, inventeurs, chefs d’entreprise, artistes talentueux, etc. souvent ignorés par les médias, beaucoup plus attirés par les footballeurs et les rappeurs 

horrfoot49737800.jpgAu moins, les gladiateurs et même les auriges des Jeux du Cirque dans l’Empire romain risquaient leur vie à chaque descente dans l’arène.

Le président Hollande, en visite à Clairefontaine, le centre d’entraînement de l’équipe, dans une grandiloquence ridicule, s’est exclamé : « vous êtes la France, toute la France ! » Cette volonté de comparer l’équipe de football nationale à la France elle–même et en faire son modèle est obsessionnel et misérable. M. Hollande sous entend évidemment que la France doit, à l’image de son équipe, se ”diversifier”, c’est-à-dire s’africaniser. Car, elle est là, l’obsession : en finir avec cette France de souche, monochrome.

Ivan Rioufol, qui traite le football actuel de « sport pourri par l’argent et la crétinerie », et déplore « la foule anesthésiée par ce nouvel opium », écrit : « en venir à admettre que le foot professionnel, corrompu jusqu’à l’os, est seul capable d’unir les citoyens dit tout des maux dont souffre la France éclatée […] Observer le gouvernement désemparé se jeter dans les bras d’un football frelaté élevé au rang de culte, rend la situation pathétique ». (Le Figaro, 10/06/2016)

L’aliénation devant le football atteint Le Monde,journal officiel de l’idéologie dominante et de l’oligarchie, qui a consacré deux pages ( !) d’entretien le 8 juin au joueur Zlatan Ibrahimovic, parfait abruti narcissique qui débite des âneries. Associer la force et la santé d’un pays à son équipe de football (une équipe de millionnaires incultes qui, en plus, ne reflète pas l’identité du pays) est profondément pervers. Car c’est une tentative pour siphoner le véritable patriotisme français au profit d’un chauvinisme dégénéré qui héroïse des mercenaires.

Souhaitons le mieux pour notre pays : que cette équipe de France de foot, ”les Bleus”, soit éliminée et qu’une véritable équipe nationale européenne l’emporte.   

  1. Truquer un match consiste à payer des athlètes pour mal jouer et laisser marquer des buts à l’adversaire, pratique courante dans le football. Les raisons son multiples, politiques ou liées aux paris. Les joueurs complices de la défaite de leur équipe sont fortement rémunérés. Cette pratique était fréquente dans l’Antiquité romaine pour les courses de char.

De opkomst van alt-rechts

De opkomst van alt-rechts

Ex: http://www.erkenbrand.nl

costume-romaine-f9.jpgHet oude rechts heeft de slag om de samenleving verloren. Het is zo volledig door links verdreven dat tegenwoordig bijna iedereen, bewust of onbewust, meegaat in het linkse dogma van de gelijkheid. En dan meer en meer de gelijkheid van uitkomsten. Ieder verschil in macht en middelen wordt door de bien pensants als een ondraaglijk gevolg van onderdrukking gezien. En de grote boeman, de rechtgeaarde blanke man, heeft de plicht zijn “privileges” te onderkennen en zijn thuisland te delen met de onuitputtelijke stroom zielige bruine mensen van over de hele wereld. Zo doet hij boete voor de zondes en successen van zijn voorvaderen tot hij opgaat in de grote smeltkroes.

Veel van dit “progressieve” denken wordt uitgewerkt op Amerikaanse universiteiten, in bloedserieuze richtingen als gender studies, en gefinancierd door het grote geld. Groepen klagende minderheden en paarsharige feministen uit welgestelde families schreeuwen als giftige sneeuwvlokjes ieder tegengeluid weg en eisen dat hun hele campus een safe space wordt waar ze niet ge-triggered kunnen worden. De overheid, media en grote bedrijven zijn op hun hand en houden zich koste wat kost aan het Narrative, het grote Verhaal van Onderdrukking en Ongelijkheid. De rest van het Westen neemt de hele retoriek letterlijk over – vandaar dat in Nederland bijvoorbeeld het woord blank steeds vaker door wit wordt vervangen.

Maar het zijn ook de Verenigde Staten waar de laatste jaren een nieuwe, onverschrokken vorm van rechts is verrezen: de alt-right, kort voor alternative right.
 
Dit alt-rechts, om het gelijk maar te vertalen, is een losse, maar doelgerichte vereniging van onder meer (blank) nationalisme, traditionalisme, (paleo)conservatisme en identitarisme onder één vlag. Een wezenlijk kenmerk is de volledige minachting en verwerping van de gevestigde orde, wiens globalistische progressivisme wordt begrepen als onversneden anti-blank. Zonder blikken of blozen streeft alt-rechts naar het vervangen van deze orde en behartigt het de eigen etnische belangen: het veiligstellen van een toekomst voor Westerse, blanke beschaving en volken in eigen, homogene landen. Hierover wordt niet onderhandeld. Ander speerpunten zijn rasrealisme en traditionele samenlevingsvormen, maar ook flinke kritiek op de sociaal-culturele activiteiten, overmatige invloed en vriendjespolitiek van joden in het Westen.

Hoewel alt-rechts al enkele jaren bestaat is het pas sinds vorig jaar (eind 2015) doorgebroken. Een belangrijke katalysator is de presidentiële kandidatuur van Donald Trump, die als een sloopbal onbekommerd linkse taboes doorbreekt en de zorgen van blanke Amerikanen bespreekbaar maakt. Trump is voor deze beweging echter niet een idool of verlosser, maar een middel: de man die slechts de deur opent naar het herstel van Westerse, blanke beschaving en volken.

De doorbraak van alt-rechts zal echter vooral komen doordat de werkelijkheid steeds moeilijker te ontkennen wordt. Door de rap opeenvolgende gebeurtenissen en ontwikkelingen in de wereld, zoals de groeiende multiculturele “verrijking” en de migranteninvasie in Europa, ontwaken mensen bij bosjes uit de “progressieve”, linkse droom. Ze hebben zoals dat heet de rode pil geslikt, een verwijzing naar de film The Matrix. “Welcome to the real world.”
 

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De kracht van alt-rechts ligt in zijn sarrende, grappende houding en handelwijze – niet zuur en pessimistisch, maar juist genietend van de strijd. In tegenstelling tot “fatsoenlijk” rechts weigert het te spelen volgens de spelregels van links en heeft het een immuniteit opgebouwd tegen diens holle retoriek. Het is vooral actief op internet, in het bijzonder op Twitter en Facebook, waar het ontwaakte mensen opvangt en iedereen die de missie in de weg staat genadeloos hoont en bevecht, onder meer met treffende, provocerende memes. Hierin is de groene kikker Pepe vaak de ster.

Het zijn niet alleen uitgesproken “progressieven” die het bij alt-rechtse acties moeten ontgelden. De eerste doelwitten waren en zijn juist de zelfverklaarde “conservatieven” die niets weten te conserveren en vandaag de dag nauwelijks meer van de “progressieven” te onderscheiden zijn. Overal worden ze door alt-rechts opgejaagd en belachelijk gemaakt, steevast met de spotnaam cuckservative. Het woord cuck is kort voor cuckold en verwijst naar een bedrogen echtgenoot die andermans kinderen opvoedt: koekoeksjongen. De vergelijking wordt zo gemaakt met de grote, zelfverslaande ontvankelijkheid die dergelijke “conservatieven” hebben voor niet-Westerse immigratie, “kleurenblindheid” en abstracte, universele waarden.

Een van de grondleggers en bekendste gezichten van de alt-rechtse beweging is Richard B. Spencer, een representatieve intellectueel van eind dertig. Hij is naast voorzitter van het National Policy Institute ook de oprichter en eindredacteur van Radix Journal. Andere vlaggenschepen zijn Counter-Currents van Greg Johnson en de schalkse website The Right Stuff. Maar de leukste manier om kennis te maken met alt-rechts zijn misschien wel de speelse en slimme videocommentaren van YouTuber RamZPaul.

Alt-rechts trekt zich zoals gezegd weinig aan van de retoriek en de hopeloos gekleurde journalistiek van de gevestigde orde. Het groeit razendsnel, in het hele Westen, en is meer en meer ook buiten het web actief aan het netwerken. Als er één beweging is die de kracht heeft om als tegencultuur de hegemonie van links te doorbreken en de belegerde Westerse, blanke beschaving en volken werkelijk te steunen, dan is het deze wel.

*   *   *
 

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Thema-avonden

Elke maand organiseert Erkenbrand een thema-avond waar schrijvers en lezers van Erkenbrand elkaar kunnen ontmoeten. We streven naar een discussie op niveau en naar gezelligheid. In het menu vind je het onderdeel "Thema-avonden", waar je  informatie kunt vinden over de komende bijeenkomst. Je kunt je aanmelden via het contactformulier in de rechter kolom, of door een berichtje naar onderstaand E-mailadres. De toegang is gratis.

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samedi, 18 juin 2016

Poutine vs l’Occident. Un conflit essentiellement idéologique ?

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Poutine vs l’Occident. Un conflit essentiellement idéologique ?

Ex: http://www.breizh-info.com

L’opposition actuelle entre l’Occident (USA/Union européenne) et la Russie de Vladimir Poutine est autant, sinon plus, de nature idéologique que politique et géopolitique. Telle est la thèse développée par Mathieu Slama dans son remarquable essai La guerre des mondes – réflexion sur la croisade idéologique de Poutine contre l’Occident (Ed. de Fallois). Mathieu Slama intervient de façon régulière dans les médias sur les questions de politique internationale. Un des premiers en France à avoir décrypté la propagande de l’État islamique, il a publié plusieurs articles sur la stratégie de Poutine vis-à-vis de l’Europe et de l’Occident.

Entre Poutine et l’Europe, affirme Slama, ce sont deux conceptions, deux grammaires du monde et de l’homme – antagonistes et irréconciliables – qui s’opposent. Cet antagonisme a remplacé celui qui opposait l’Est à l’Ouest, et de façon plus radicale que celui qui opposait le communisme et la démocratie libérale, « car ces deux modèles partageaient une même vision matérialiste de l’homme, congédiant dans un même mouvement Dieu et la tradition, l’un au nom de l’égalité, l’autre au nom de la liberté. »

Quels sont les fondements de cette opposition radicale ? C’est chez l’intellectuel russe Alexandre Douguine,  nous dit Slama, que se trouve une partie de la réponse quand il écrit que « l’eurasisme est une vision du  monde qui se base sur la multipolarité. Nous rejetons l’universalisme du modèle occidental, protestons contre le racisme culturel européen et affirmons la pluralité des civilisations et des cultures. Pour nous, les droits de l’homme, la démocratie libérale, le libéralisme économique et le capitalisme sont seulement des valeurs occidentales. »

Mais plus que de Douguine, la doxa développée par Poutine procède pour l’essentiel de l’oeuvre d’Alexandre Soljenitsyne. « Des millions de gens dans le monde lient le nom et les œuvres d’Alexandre Soljenitsyne au sort de la Russie elle-même. Comme il l’a dit lui-même : la Russie, c’est nous-mêmes. Nous sommes sa chair et son  sang, son peuple. », dira Poutine lors de la remise du prix d’État à l’écrivain en 2007. L’Occident oublieux de ses racines chrétiennes, l’Occident matérialiste qui sacralise l’individu : ces thèmes chers à l’auteur de L’Archipel du Goulag, Poutine les a en effet fait siens.

VLADIMIR_PUTIN_AND_FRIENDS_KGB-CAREER_BY_ACHILLE_ZIBI_MAIN_BNR_01.jpgC’est à partir de 2012, à l’occasion de son second mandat, que Poutine a exprimé de façon aboutie et cohérente son conservatisme. Tout en précisant que  « nul ne peut dire, à l’écoute de Vladimir Poutine, ce qui relève de la sincérité ou de l’hypocrisie – voire du mensonge et de la propagande. », Mathieu Slama  observe que  « le discours de Poutine correspond aussi à un état d’esprit majoritaire en Russie, voire dans l’ensemble du monde non-occidental. Autrement dit, fut-il insincère, ce discours révèle une vérité irréductible à l’honnêteté ou non de celui qui le prononce. »

A l’universalisme sans frontières, à l’individualisme exacerbé, au refus de l’identité qui fondent la doxa de l’Union européenne, Poutine défend un type de société traditionnelle, qui prend ses sources dans l’histoire de la Russie et dans sa culture. Slama rappelle que l’hôte du Kremlin refuse l’assujettissement de la souveraineté nationale à « des règles de droit universelles qui font de chaque individu le membre d’une même humanité » énoncées au nom des droits de l’homme. Contrairement à ce qu’a affirmé à Moscou François Hollande – « Nous avons en commun une vision du monde » – la vision de Poutine se situe bien à l’opposé de celle du président français.

Cela explique, au passage, la hargne avec laquelle les médias occidentaux traitent Vladimir Poutine. « Dictateur », « tyran », « tricheur », « assassin », « voleur » etc., les qualificatifs attribués au président russe ne manquent pas. Jamais les hôtes du Kremlin durant la période de l’URSS n’ont été traités avec autant d’hostilité.

Et pourtant, malgré cela, Poutine semble rencontrer une audience croissante auprès de plus en plus d’Européens. La raison ? Pour Slama, « l’homme européen, confronté à ce qu’Heidegger appelait la fuite des  dieux vit une citoyenneté libre et émancipée mais pauvre en monde. (…) Seuls comptent dans la société technologique, le présent et l’avenir. Mais quel avenir ? (…) Confrontées  à la machinerie sans âme de l’Union européenne et à la dislocation de leur souveraineté, menacées en leur sein de ruptures culturelles sans précédent, les nations européennes naviguent à vue, reléguées derrière la grande puissance américaine, la Russie et les grandes nations émergentes. »

Finalement ce n’est pas tant la réussite du modèle poutinien qui fascine de plus en plus d’Européens mais le délitement du modèle occidental qu’il met par contraste en lumière. « Nous intéresser à ce que dit Poutine, c’est aussi nous confronter à nos propres errance et renoncements », prévient l’auteur. Car, rappelle-t-il, «la nation, en Europe n’existe plus que dans son rapport à l’universel et au droit et, par conséquent, c’est la question même de sa survie qui est posée.». Tout est dit.

PLG

La guerre des mondes – réflexion sur la croisade idéologique de Poutine contre l’Occident, Mathieu Slama, Editions de Fallois, 125 pages, 16€

Bac pour tous, cultivés nulle part !

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Bac pour tous, cultivés nulle part !

La grande déculturation a fait son œuvre !

 
Docteur en droit, journaliste et essayiste
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr

Nos convictions morales sont-elles fondées sur l’expérience ? Le désir est-il par nature illimité ? Pourquoi avons-nous intérêt à étudier l’Histoire ? Faut-il démontrer pour savoir ? Machiavel, Descartes et Hannah Arendt, le libre arbitre, l’erreur volontaire sans intention de la commettre, l’histoire vécue et l’histoire narrée… Autant de sujets, de concepts, d’auteurs constituant le millésime 2016 du fameux « bac philo », lequel se réduit, depuis des lustres, à une matière parmi d’autres.

Nos têtes blondes et brunes sont sommées d’argumenter, d’étayer, de démontrer, sans sombrer dans l’écueil du hors-sujet, du psittacisme ou de la compilation de citations. Las. Car, in fine, que va-t-on évaluer ? L’aptitude réelle du candidat à la rhétorique ? Celle d’avancer une réflexion critique et analytique soutenue par une solide culture des « humanités » ? Nenni. Il n’est qu’à voir les néo-bacheliers, primo-rentrants des universités, pour se rendre à cette triste évidence : le fragile vernis des illusions de leur excellence encensée quelques mois plus tôt se craquelle, laissant entrevoir la terrible et angoissante réalité de leur médiocrité.

Le temps de dresser ce terrifiant constat, il est déjà trop tard. Et une course acharnée précipite étudiants et enseignants dans une lutte impossible contre le temps irrémédiablement perdu. La grande déculturation a fait son œuvre. Non pas que la culture ne serait plus enseignée. Au contraire l’est-elle par sa diffusion massive, exponentielle, égalitaire. Bref, estime à bon droit Renaud Camus, « plus la culture est diffusée, moins il y en a pour chacun et moins elle a de consistance ».

Parce que la culture ne peut être, par définition, ce bien le mieux partagé au monde, il en résulte une multitude de prétendants éminemment convaincus, du haut de leur ignorance infatuée, qu’ils sont titulaires d’un droit-créance naturel et sacré aux savoirs et aux diplômes. Le « culturel » s’est arrogé cet exorbitant privilège, corollaire du quantitativisme : l’égalitarisme. Nous réclamons une nouvelle nuit du 4 août !

Nous avons conscience de ce qu’une telle approche aristocratique, sinon élitiste (défendue par Renaud Camus, notamment), peut avoir d’inacceptable et de scandalisant dans nos sociétés hyper-démocratiques post-avancées. Son euphémisation n’atténuera pas pour autant la réalité. Elle ne l’en rendra que plus implacable. Car l’on ne peut rester plus longtemps insensible à la détresse dans laquelle, pareille à une nasse étouffante, nos étudiants se trouvent pris, sans espérer raisonnablement, sauf au prix d’efforts himalayens, s’en délivrer.

« Le système a produit ce qui lui était nécessaire : une main-d’œuvre bon marché, mise en concurrence avec un sous-prolétariat exotique […], formée à une tâche précise et, surtout, débarrassée de la culture globale qui lui permettait, jadis, d’analyser le système, de se représenter dans ce système – et, in fine, de le critiquer », écrivait Jean-Paul Brighelli dans La Fabrique du crétin (2005). Cette « culture globale », ce minimum intellectuel vital, est précisément ce qui fait défaut et dont la carence plonge nos enfants dans la désespérance. Naguère, le certificat d’études, sanctionnant les « humanités » classiques, avait bien plus de valeur que ce papier mâché improprement dénommé « baccalauréat », délivré après ânonnement du programme télé pseudo-culturel pondu par l’Éducation nationale.

Politique et Maternité - Orages d'acier

Politique et Maternité - Orages d'acier

Fréquence Orages d'acier #32 : Politique et Maternité

Emission avec Iseul Turan présentée par Monsieur K..

Présentation de l'émission,
L'acceuil de la vie, emploi et maternité, employeurs, employés et maternité,
Egalité salariale ou justice sociale?
le salaire maternel ?
Stereotypes ou Archétypes ?
Consomm-action et politique "indirecte"
protection du ménage contre les pollutions capitalistes,
Femmes et politiques,
Femmes, mères et militantes,
Actualité des Antigones,

etc...

Musique : Praise for the Mother - Vision - Hildegard von Bingen

Générique : Kreuzweg Ost - Für Kaiser, Gott und Vaterland

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vendredi, 17 juin 2016

« Effondrement & superpuissances » - Conférence de Dmitry Orlov

« Effondrement & superpuissances »

Conférence de Dmitry Orlov

Conférence de Dmitry Orlov sur l'effondrement des superpuissances (URSS, USA) - "The Long Now Foundation", 13 février 2009 (San Francisco, CA)

Dmitry Orlov est l'auteur de "Les cinq stades de l'effondrement" (Le Retour aux Sources, 2016) : http://bit.ly/1RtRFeY
Vous pouvez suivre son actualité et ses analyses sur son blog, Club Orlov: http://lecluborlov.blogspot.fr/

Le Retour aux Sources Éditeur :
Scriptoblog : http://www.scriptoblog.com/
Boutique en ligne : http://www.leretourauxsources.com/
Facebook : http://bit.ly/1SM1ZnZ
Twitter : https://twitter.com/Retour_Sources
Dailymotion : http://www.dailymotion.com/Scriptomaniak

Piero San Giorgio : Entretien avec Dmitry Orlov

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Donbass and Syrian Fronts: Two stages of a Single War

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Donbass and Syrian Fronts: Two stages of a Single War

Geographic realities are stable and permanent. They actually matter and all the idealistic disguises created to wage useless wars or delaying wars (Carl Schmitt) are only ponderous parasitic burdens to blind the naïve.

Robert Steuckers

Ex: http://deliandiver.org

I have always insisted on the fact that these both war stages were strategically linked. It would be silly to believe that the Syrian situation has nothing to do with the stalemate in East Ukraine. Historically both areas are so-called “gateway regions” on the rimlands around the Russian dominated heartland as the US geostrategist Saul B. Cohen could demonstrate in his works. As the globalist geopolitics of the United States aims at preventing any Pan-Eurasian synergies in the Old World (or on the World Island to take over MacKinder’s vocabulary) or any long term cooperation between Central Europe and Russia, it’s quite natural to let organize by dubious proxies skirmishes or long term wars on territories that could have an important linking function between major regions on the Eurasian continent. The present-day Ukrainian territory East of Crimea linked Europe (represented by the Genoese and Venetian commercial bases) to Asia at the time of Marco Polo, the great Mongol Khans or even later. The Syrian coast was the entrance gate to the long land roads to India and China. The vital necessity to control it, lead to the eight crusades Western Europe waged during our Middle Ages (Spengler explained why the notion of Middle Ages is only valid for Europe).

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Geographic realities are stable and permanent. They actually matter and all the idealistic disguises created to wage useless wars or delaying wars (Carl Schmitt) are only ponderous parasitic burdens to blind the naïve. That’s what MacKinder tried to explain in his too often forgotten book Democratic Ideals and Realities (several modified editions between 1919 and 1947). Today these two gateway regions, if they would be pacified, could secure the transit of goods and raw materials by roads, pipelines and railways between East Asia, Iran and Europe (in the case of Syria) and between China, Russia and Germany (in the case of Ukraine). What matters today are what I would call the post-Marxist and “Listist” projects China is coining thanks to its overflow of cash and in the framework of BRICS or Shanghai Group with the consent of Kazakhstan and Russia. I speak of a “Listist” perspective on continental organization as the main theorist of development in world history is indubitably Friedrich List. He helped to develop the railway communication system in 19th century Germany, accelerating the unification of the country and its industrialization. Without List, no one would have ever spoken of a German political or economic power. He also favoured the digging of canals both in the United States (he was made an American citizen) to link the Great Lakes area to the East coast harbours and in Germany to link all the river basins between the Vistula and the Meuse in the Prussian dominated Northern European plain. Without List’s genius, no one would have ever spoken of an early American global agricultural power as the wheat belt couldn’t have been properly exploited without a bulk transportation link to the Atlantic coast.

According to List, who thought in multipolar continental terms and favoured soft unification projects under the lead of technological development, the role of the State was to sponsor communication to help developing and creative private industrial and technological forces to thrive (Schumpeter). In this sense, List was a “constructive liberal”, a figurehead of a non conservative efficient praxis that could have annihilated the negative aspects of common liberal ideology.

The Chinese pioneers at the end of the moribund Chinese Empire in the late 1890s and at the beginning of the Republican challenge that lead to the nationalist Sun Ya Tsen revolution in 1911 were all mainly inspired by List who had quite a lot of Chinese disciples. After the paralysing troubles of civil war, of civil dissent caused by warlords, by the long Japanese occupation, communist rule and cultural revolution, China abandoned secretly all the Marxist humbug of the Maoist era (not too obviously in order not to stir too much worry among the masses and the party members). They indeed rediscover List and his ulterior followers and programmed plans akin to the ones he once drew for the United States and Germany.

These plans gave economical, industrial and agricultural powers to both countries. Present-day ideological divagations induce confusion and stir conflicts in order not to repeat positive plans to develop communication that were set up and achieved for the benefit of all the people on Earth. Therefore horrible and useless wars are waged in Syria and in the Donbass area and could be extended to the Caucasus (Chechnya, Dagestan, Ossetia), to East Turkey (Kurds against the Turkish government) blocking for long decades the possibility of expanding railways, pipelines and roads.

(Brussels and Forest-Flotzenberg, June 2016).

Euro-Rus Russia/Donbass Tour May 2016 Interview Igor Strelkov (FR-RUS)

Euro-Rus Russia/Donbass Tour

May 2016

Interview Igor Strelkov (FR-RUS)

Interview with Igor Strelkov by Euro-Rus analyst Jacob Issa
(French - Russian)

Xavier Moreau: "Les sanctions n'ont plus d'effet sur la Russie"

Xavier Moreau: "Les sanctions n'ont plus d'effet sur la Russie"

Xavier Moreau est conférencier et homme d’affaire français vivant en Russie. De passage à Paris il a tenu à faire un point sur l’actualité ukrainienne et russe pour TV Libertés. Il évoque la situation politique et économique de la région russophone du Donbass où il a séjourné plusieurs semaines au cours du mois de mai.


A la veille de sa participation au Forum Economique de Saint-Pétersbourg où se retrouveront notamment Nicolas Sarkozy et Vladimir Poutine, Xavier Moreau confirme que la Russie à pris toutes les dispositions économiques et financières pour contourner les sanctions européennes. L’invité de TV Libertés affirme que désormais ces sanctions n’ont plus d’effet sur la Russie.

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jeudi, 16 juin 2016

L’ère des disséminations - L’arme migratoire et la fin des nations

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L’ère des disséminations

L’arme migratoire et la fin des nations

Par Jure George Vujic

Ex: http://constitutiolibertatis.hautetfort.com

http://www.polemia.com/lere-des-disseminations-larme-migr...

Jure George Vujic est un écrivain franco-croate, avocat et géopoliticien, diplômé de la Haute école de guerre des forces armées croates.

Directeur de l’Institut de géopolitique et de recherches stratégiques de Zagreb, il contribue aux revues de l’Académie de géopolitique de Paris, à Krisis et à Polémia. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dans le domaine de la géopolitique et de la politologie.

La crise migratoire, le spectacle quotidien et tragique des noyades de masse des migrants, l’hypocrisie et l’incapacité des élites occidentales à prendre des mesures efficaces face à ce problème… Néanmoins, le caractère brutal et massif de ce phénomène migratoire chaotique, qui prend les dimensions d’un exode, devraient inciter à la réflexion et à la prudence sur les causes réelles de l’afflux massif de migrants sur les rives de la Méditerranée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les chiffres du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), ce sont près de 224.000 réfugiés et migrants qui sont arrivés en Europe via la Méditerranée entre janvier et juillet de cette année. Les Syriens constituent le groupe le plus important parmi ces arrivants (34%), suivis des Erythréens (12%), des Afghans (11%), des Nigérians (5%) et des Somaliens (4%). On estime qu’entre un demi-million et un million de migrants tenteront de rejoindre cette année les côtes européennes. Bien sûr, on ne peut que compatir avec les réfugiés syriens et libyens qui ont été chassés de leur foyer par l’intervention militaire des forces atlantistes en Libye et la volonté de renverser le régime de Bachar el-Assad en Syrie.

Néanmoins, face à cet exode, il convient de réfléchir sur le rȏle déstabilisateur et déstructurant de l’arme migratoire, qui pour la « Vieille Europe » pourrait signifier à long terme la transposition pure et simple sur son sol de la géopolitique étatsunienne de balkanisation et de fragmentation ethno-confessionnelle qui est en œuvre au Moyen-Orient, politique qui a généré une situation chaotique dans laquelle a vu le jour le pseudo-califat de l’Etat Islamique soutenu par les alliés occidentaux, l’Arabie Saoudite et le Qatar.

La bombe démographique avec un taux de natalité exponentiel que représenterait la quantité massive des flux migratoires d’immigrées de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb pourrait bien à long terme « libaniser » les Etats européens, lesquels seraient confrontrés à une communautarisation, voire une ghettoïsation accrue, des populations allogènes, créant les conditions favorables à l’éclatement de potentielles véritables guerres inter-ethniques. Une Europe-continent affaiblie de l’intérieur et en déstabilisation permanente se devrait de supprimer ses frontières et les derniers soubresauts de souveraineté économique et politique, ce qui faciliterait l’installation du nouveau TAFTA, grand marché transatlantique, alors que les grandes corporations puiseraient abondamment dans la main-d’œuvre immigrée à bon marché tout fraîchement installée sur le sol européen. La transposition sur le continent européen du scénario du choc de civilisations entre Islam et Occident servirait les intérêts des puissances de l’Argent.

Il va de soi que cette migration massive, quand bien même fût-elle contrôlée, changera indubitablement à long terme la structure ethnique et démographique de la Vieille Europe qui semble incapable de résoudre et d’assainir les problèmes déjà existants d’absorption et d’intégration culturelle et sociale des populations extra-européennes qui résultent des flux migratoires précédents des années 1980 et 1990.

Il ne faut pas oublier que la démographie est une donnée constante de même qu’une arme redoutable dans les conflits contemporains. En effet, même si ses conséquences se font, pour la plupart, à long terme, elle ne peut être négligée d’un point de vue méthodologique, dans la mesure où elle est désormais une nouvelle arme utilisée dans les tensions géopolitiques mondiales : « La structure démographique – densité de population, masse, composition par âge et par sexe, taux d’accroissement – est en effet considérée comme un des paramètres conditionnant la violence collective. » Le même argument est développé par Jean du Verdier dans son ouvrage Le Défi démographique. L’auteur évoque la célèbre déclaration de Boumedienne à l’ONU en 1974, il y a 40 ans : « Un jour, des millions d’hommes quitteront les parties méridionales et pauvres du monde pour faire irruption dans les espaces accessibles de l’hémisphère nord, à la recherche de leur propre survie ».

Bien sûr, l’immigration massive à laquelle on assiste a pour cause non pas seulement la pauvreté et la misère économique, mais la guerre qui avait pour but le démantèlement planifié de la Libye, de l’Irak et de la Syrie, qui s’inscrit donc dans une relation de cause à effet. Comme l’a si bien récemment déclaré Kader A. Abderrahim, chercheur associé à l’Iris, spécialiste du Maghreb et de l’islamisme : « La crise migratoire est en relation directe avec l’intervention franco-britannique de 2011. On ne peut pas provoquer la guerre et s’étonner ensuite du désordre » (http://francais.rt.com/opinions/5889-libye-crise-migratoire-expert). L’ampleur et la convergence des flux migratoires ainsi que les directions majeures qui s’étendent du sud au nord et d’ouest en est, les axes migratoires Libye/Maghreb-Afrique subsaharienne/Méditerranée méridionale/ Europe/Italie-Grande-Bretagne-France, Afghanistan-Irak-Somalie-Turquie/ Europe de l’Est-Roumanie-Bulgarie-Hongrie-Serbie-Allemagne ressemblent plus à un déplacement de populations qu’à des flux migratoires discontinus classiques.

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Il ne faut pas oublier que les instances internationales et les centres financiers et économiques de décision mondialistes réfléchissent uniquement en termes quantitatifs, en chiffres et en valeurs ajoutées ; la démographie, la structure des populations, de même que les identités et les différences culturelles ne sont pensées et traitées qu’en termes économiques et doivent servir les impératifs et la dynamique dé-régulatrice du marché mondial unifié. Ainsi il faut rappeler que l’ONU parle ouvertement de migrations de remplacement. C’est ainsi que la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales a publié un rapport intitulé Migration de remplacement : est-ce une solution pour les populations en déclin et vieillissantes ?. Le concept de migration de remplacement correspond à la migration internationale dont un pays aurait besoin pour éviter le déclin et le vieillissement de la population qui résultent des taux bas de fécondité et de mortalité. Dans chaque cas on considère différents scénarios pour la période 1995-2050, en mettant en relief l’impact que différents niveaux d’immigration auraient sur la taille et le vieillissement de la population.

Post-nationalité et « Dissémi-Nation » migratoire

Et pourtant, tout porte à croire – et en dépit de l’échec des politiques intégrationnistes, du modèle de la multiculturalité – que depuis des décennies on a conditionné les esprits et préparé l’opinion publique européenne à penser en termes de post-nationalité, de gestion migratoire et de catastrophe migratoire humanitaire, d’hybridation migratoire culturelle et identitaire. Ce discours post-national est aujourd’hui réactivé à des fins géopolitiques et d’ingénierie sociale, puisant ses sources dans le discours post-colonial classique cher à Frantz Fanon et à Edward Said, qui s’est s’attaqué dans les années 1960-1970 aux modes de perception et aux représentations dont les colonisés ont été l’objet. En effet, sous l’influence de la pensée post-structuraliste, néomarxiste et déconstructiviste, dont les chantres les plus connus sont Foucault, Derrida et Deleuze (la fameuse théorie française qui, sous l’appellation de French theory, influencera considérablement les élites universitaires américaines, par le biais des cultural studies et les subaltern studies), les élites atlantistes mondialistes en Europe ont participé en grande mesure à la légitimation du discours post-national et pro-migratoire.

La mode ambiante de la post-nationalité, l’apologie des vertus bénéfiques des brassages et des hybridations culturelles ont profondément modifié dans le mental occidental le rapport et la perception du rȏle de la frontière, dont la fonction de limite et de séparation a été systématiquement dénigrée, au profit de la conception « frontière contact », lieu d’hybridation et d’échanges et rencontres culturelles. Cet état d’esprit irénique explique les déclarations irresponsables des élites européennes face à la vague migratoire massive, qui puisent, dans le registre droit-de-l’hommien et humanitariste, sur l’impératif d’accueillir en Europe les flots d’immigrés qui traversent le tunnel de la Manche ou piétinent les barrières de protection frontalières. Cette posture, qui oublie trop souvent que la majorité des flux migratoires ont des causes et des motivations essentiellement économiques, sociales et pécuniaires, explique aussi la volonté dominante de discréditer, voire de diaboliser, les propositions de renforcement et de contrȏle aux frontières en fustigeant « l’Europe forteresse », les projets de construction de murs en Hongrie étant taxés de modèles ségrégationnistes.

Le discours globaliste et post-national corroboré par la pensée culpabilisatrice de le post-colonialisme estime que la nation, en tant que référence d’appartenance nationale et historique, serait une entité désuète, une catégorie territoriale inadaptée et historiquement consommée, qui devrait laisser la place à de nouvelles constructions transterritoriales, hybrides et fluides aux contours mal définis. La dissémination et la dispersion migratoires à l’échelle planétaire constitueraient le fer de lance de cette entreprise de liquidation de la nation, en tant qu’entité ethnique et linguistique enracinée, vecteur d’appartenance nationale et historique.

Souvenons nous de l’influence qu’exerça le concept de dissémination de J. Derrida en tant qu’outil de déconstruction sur la pensée postcoloniale de Homi Bhabha dans les années 1990, qui forgera le concept de « Dissémi-Nation », afin de proposer un nouveau lieu global sans frontières qui se cristalliserait et se formerait de manière quasi spontanée par le jeu de la dispersion migratoire. Ce jeu de mots de la « Dissémi-Nation » n’est pas aussi anodin et abstrait qu’on pourrait le croire, et l’on peut légitimement se poser cette question : l’Europe n’est-elle pas en voie de se transformer en « Dissémi-Nation », après qu’on a liquidé et décimé la Nation en tant que cadre de la chose publique et espace du vivre-ensemble citoyen ? La nouvelle Dissémi-Nation serait un condensé d’espaces intermédiaires, qui évoluerait sans frontières précises au gré des migrations de multitudes chaotiques, et qui permettrait une production de nouvelles « altérités », pensée qui influencera de nombreux théoriciens de la post-colonialisme, comme Gayatri Spivak, ainsi que la théorie de la subalternité.

Quand bien même ces extrapolations conceptuelles semblent parfois abstraites et farfelues, on est en droit de se demander si le concept de Dissémi-Nation n’est pas en train de voir le jour, par l’intermédiaire de la liquidation de la souveraineté politique et territoriale de l’Etat ? La prolifération, la dispersion et l’exportation des masses considérables de migrants extra-européens ressemblent bien à un processus de dissémination migratoire, qui à long terme pourrait bien déstructurer et déstabiliser ce qui reste encore des vieilles nations européennes, la dissémination migratoire faisant ainsi le jeu de la stratégie du « Grand Remplacement » évoquée par Renaud Camus. La dissémination migratoire massive serait alors une arme de décimation interne et massive de la nation.

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Déconstruction de l’idée de frontière

Il convient de se rappeler que cette conception subjectiviste et culturelle de la frontière-contact est l’héritière d’un courant de pensée marqué par la topophilie. On se souvient que les théoriciens post-marxistes Castoriadis et Harvey voyaient déjà dans le territoire et dans la cartographie symbolique un des champs privilégiés de bataille des identités sociales, culturelles qui devaient supplanter les certitudes traditionnelles sur la territorialité souveraine, marquée le limes romain, et de l’existence d’un esprit des lieux (genius loci propre à un peuple, un groupe ethnique ou national) – opinion longtemps partagée par les géographes ou par des penseurs conservateurs et nationalistes, la nation sublimant le corps mystique républicain cher à Péguy ou la transposition générationnelle de « la terre et les morts » chère à Barrès. Cette effervescence terminologique et conceptuelle se traduira par une prolifération de notions floues telles que : lieu, emplacement, paysage, milieu, région, topographie, limite, frontière ou confins, qui viendront brouiller davantage les notions classiques géographiques et géopolitiques du territoire et de la frontière. L’engouement pour les études culturelles contemporaines en Occident comme en outre-Atlantique (les cultural studies) a abouti à une idôlatrie de la notion de topophilie qui avait été lancée par Gaston Bachelard pour insister sur le vécu subjectif de l’espace et sur les rapports de l’individu aux lieux. Pour Bachelard, les individus établissent des relations signifiantes avec les lieux. (D’après lui, il peut s’agir de saisir les modalités selon lesquelles les êtres humains construisent leurs rapports aux lieux, que ceux-ci soient symboliques ou constitutifs de l’identité – Bachelard 1957). C’est dans la même direction que l’opinion publique en Europe a longtemps été abreuvée par ce même discours cosmopolite globaliste qui imposerait de penser l’Europe, non d’une façon charnelle et différenciée, mais de façon abstraite et constructiviste, en tant que construction intellectuelle : un territoire abstrait conçu, dont certaines régions cartographiques sont volontairement éliminées (comme le remarque bien Hobsbawm, 1997).

La même opération dé-constructiviste et dé-substantialiste a été opérée par les sociologues modernes qui insistent sur le fait que la frontière n’est pas un fait spatial aux conséquences sociologiques, mais, par contre, un fait sociétal qui prend forme dans l’espace, faisant crédit à la thèse de Georg Simmel, selon laquelle les frontières sont le résultat d’un processus psychique de délimitation ayant comme résultat des territoires, des « régions » ou des « pays » – des espaces culturels représentatifs pour un certain groupe social, qui ne se superposent pas nécessairement sur les limites politiques et territoriales acceptées. Bien sûr, tout comme Simmel l’a bien remarqué, il y a à la base un acte de volonté, un rôle moteur des communautés dans la formation des limites et des frontières. Il n’en demeure pas moins qu’à force d’élargir le champ sémantique de la notion de frontière à tout processus de délimitation, voire de dispersion, dans le cas des flux migratoires, on finit par évacuer ce qui est à la base de toute structure spatiale élémentaire, à savoir les frontières en tant que discontinuité géopolitique et de marquage, de repère, qui agissent, non seulement comme le soulignent Lévi-Strauss et Lassault sur le réel, mais aussi sur le symbolique et l’imaginaire d’une communauté nationale soudée par la même langue, le même sentiment d’appartenance et une certaine symbolique d’un esprit du territoire, que certains banalisent par le vocable le terroir : la patrie.

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Des anthropologues, tels que Lévi-Strauss et Georges Dumézil, ont souligné le rôle fondateur du symbolique, qui institue et structure en tant que vecteurs des identités collectives et individuelles, symbolique qui passe par la fonction de délimitation (l’appartenance à une communauté inscrite dans un territoire qui est le sien). L’histoire et les mythes fondateurs qui président à la formation de toute conscience collective et nationale rendent compte de l’importance symbolique de l’acte de « poser une frontière » qui implique toujours un regard collectif sur « L’autre » et sur « soi ». La frontière qui délimite, enferme ou exclut met en mouvement de puissantes marques d’identité qui déterminent des rapports culturels et de voisinage spécifiques avec l’étranger. On se souvient que l’école française des Annales insistait sur l’équation significative frontière/identité. De même que Lucien Febvre avait analysé l’évolution sémantique du mot frontière comme signe d’une mutation de la réalité historique avec la formation de l’Etat-nation (Febvre, 1962), alors que le couple frontière/identité est aussi présent dans les réflexions de Fernand Braudel sur L’Identité de la France. L’approche déconstructiviste et intellectualisante de la frontière, tout comme l’approche culturaliste et post-moderniste de cette notion ont abouti à une survalorisation des projections intellectuelles (idéologiques et symboliques) au détriment du mode identitaire de penser la frontière arbitrairement taxée de « mode discriminatoire » suspect. Or, la fétichisation contemporaine de prétendues nations périphériques, les identités frontalièrers et transfrontalières ont conditionné les mentalités, et surtout les pratiques de projection culturelle telles que la littérature et les arts et la politique, à absolutiser et à ontologiser l’effacement des frontières ; la pensée post-frontalière qui revendique le nomadisme et la nouvelle figure de proue symbolique du migrant rejoint la promotion de la post-nationalité, en tant que dissolution programmée de la nation au nom d’une unification du monde par le marché et la consommation.

Or, paradoxalement, les discours communautaristes (Chicanos, Afro-Américains, etc.), post-colonialistes, et la théorie de la subalternité (cette théorie a été initiée par le Groupe d’études subalternes – Subaltern Studies Group, SSG – ou Collectif d’études subalternes – Subaltern Studies Collective –, un groupe de chercheurs sud-asiatiques intéressés par l’étude des sociétés post-coloniales et post-impériales d’Asie du Sud en particulier et du Tiers-Monde en général), qui s’attaquaient à l’impérialisme des élites en renvoyant au contexte hégémonie culturelle au travail du marxiste Antonio Gramsci, sont devenus l’un des leviers du discours d’uniformisation marchande capitaliste qui, pour instaurer et libéraliser le marché mondial, se doit de déconstruire les dernières entraves que constituent les nations, les territoires souverains, les identités enracinées, ainsi que les dernières frontières protectionnistes. La nouvelle narration post-nationale à base de glorification de l’hybridation et de complexification identitaire prône une identité mondiale diasporique et migratoire, qui passe par la construction du sujet Foucaldien par assujettissement aux institutions de contrȏle, aujourd’hui à la mise en pratique de la thématique Deleuzienne de la dissémination des identités fluides et mouvantes, des sujets démultipliés le long des lignes de fuite nomadiques. Ainsi, la théorie de la déconstruction se proposait de promouvoir la désoccidentalisation des esprits et des grands concepts du changement du politique par la déconstruction des certitudes métaphysiques en arrachant tous les signifiants politiques régulatoires et structurants à leur champ de référence et de représentation. Seulement à force de déconstruire et d’arracher, la condition du dominé, du subalterne, devient peu à peu l’instrument de répression et la voie du dominant, le subalterne devenant l’angle mort du processus historique contemporain en tant qu’entreprise généralisée de déracinement.

Dissémination, contagion des idées et nouvelle anthropologie

La dissémination et la contagion des idées ont toujours précédé les grands bouleversements sociaux et politiques. Et c’est la raison pour laquelle la légitimisation des bienfaits de l’immigration massive et du brassage multiculturel s’est opérée par un changement des représentations mentales des populations autochtones et leur rapport vis-à-vis de leur identité et leur rapport avec l’autre, l’étranger. Comme le souligne l’anthropologue Dan Sperber, proche du courant néodarwinien, l’évolution culturelle dans le domaine des idées obéit à une logique de diffusion qui rappelle celle des épidémies. En effet, selon Sperber, les idées et les représentations se disséminent et se répandent par une sorte de contamination, par contagion (le titre de son livre est La Contagion des idées). Ce changement idéel des représentations mentales collectives, qui corrélativement contamine et modifie le champ sociétal, s’articule autour « d’attracteurs culturels » qui sont souvent les porte-parole, les relais de la nouvelle pensée dominante, les diffuseurs de nouveaux pseudo-paradigmes fantasmagoriques tout comme l’idéologie nomadiste. En effet, l’usage métaphorique des sociétés nomades ainsi que l’éloge du déracinement, de l’errance, en vogue dans le monde culturel et des arts, dans les grands médias, les sciences sociales et la philosophie dominante, qui vante les mérites du vagabondage, de l’exil, de l’esprit artiste, du flux, de la pensée ou de la raison nomade, constitue les trames idéologiques de la « nomadologie », fer de lance de cette véritable révolution anthropologique qui devait préparer, sur le terrain des idées et de l’esprit, l’acceptation indolore des grands bouleversements psychologiques, démographiques et ethno-culturels en Europe. Cette nomadologie, bien qu’elle puise ses sources dans l’orientalisme occidental du XIXe siècle, s’affirme depuis les années 1970-1990, c’est-à-dire dans le contexte intellectuel post-soixante-huitard, suite à l’avènement du post-modernisme, de la déconstruction de la raison et de la métaphysique (occidentale) et de l’universalisme-cosmopolitisme triomphant, la mode de l’écologie et la nouvelle philosophie. En effet, la nouvelle narration nomadiste qui devait se substituer à la fin des « grands récits » (les Lumières, les grandes idéologies de la modernité, marxisme, Hegelianisme) et qui devait fournir un modèle alternatif à la pensée dominante, grâce à l’apport d’une anthropologie nomadologique suspecte qui fera l’apologie et la promotion dans le contexte global des sociétés nomades en général, et plus particulièrement des sociétés de chasseurs-collecteurs, est ainsi présentée par Pierre Clastres comme un rempart contre l’Etat (La Société contre l’Etat, 1974) ou par Marshall Sahlins comme la première forme de la « société d’abondance » (M. Sahlins, Age de pierre, âge d’abondance“, 1976). La pensée libérale-libertaire deviendra un véritable laboratoire d’idées pour cette nouvelle révolution anthropologique par la diffusion de revues telles que Libre dirigée par Marcel Gauchet, des réflexions de Jean Duvignaud, Paul Virilio et Georges Pérec sur la « ville nomade » dans la revue Cause commune de 1972 ou du numéro emblématique de cette même publication consacré au thème des Nomades et Vagabonds (1975). Sans oublier évidemment le livre-phare de la « nomadologie », Mille Plateaux, de Gilles Deleuze et Félix Guattari, qui paraît en 1980.

noma886_3015637.jpgCette pensée « désirante » et « nomade » sera célébrée plus tard par Chatwin, avec Songs Lives (1986), Kenneth White, avec L’Esprit nomade (1987), Jean Borreil, naguère collaborateur de la revue Les Révoltes logiques dirigée par Jacques Rancière, avec La Raison nomade (1993), ou bien encore Jacques Attali, avec L’Homme nomade (2003), livre dans lequel cette figure est représentée par le marché, la démocratie et la foi. Le même éloge de l’errance se retrouve dans de nombreux mythes et récits bibliques dans lesquels est recyclé le grand mythe, cher au XIXe siècle, du juif errant, sans feu ni lieu (voir Du nomadisme : vagabondages initiatiques, 2006, de Michel Maffesoli, qui est ainsi articulé autour des thèmes du « juif errant », des « villes flottantes » et d’Hermès, tandis que, plus récemment, Le Siècle juif, 2009, de Yuri Slezkine, met en scène l’opposition entre « apolliniens » sédentaires et « mercuriens » nomades fonctionnels).

Il serait inutile de s’étendre sur le caractère fantasque et stéréotypé de cette pensée constructiviste, très souvent déconnectée du réel et des rapports avec les sociétés nomades « réelles », lesquelles n’existent jamais sous la forme de l’errance et de l’isolement. En fait, loin du caractère utopique et purement incantatoire de nomadisme, la diffusion de ces nouvelles formes de représentations sociétales devait servir de levier de déracinement (par les processus d’acculturation/déculturation) et d’uniformisation marchande par la promotion de l’individu comme élément central des sociétés contemporaines pour les besoins du capitalisme tardif en tant qu’acteurs de production totalement flexibles et disponibles, mobiles tout comme le sont les chasseurs-cueilleurs et nomades dans les sociétés primitives. En effet, l’idéologie néo-libérale et le nouveau capitalisme de séduction mis en exergue par Michel Clouscart instrumentalisera avec succès l’anthropologie libertaire des sociétés nomades en transposant sur l’individu et le monde du travail les caractéristiques de sociétés passées et/ou exotiques en y appliquant les nouvelles pratiques « new age » telles que les coach-chamanes, la sophrologie et le « développement personnel ».

La dissémination est le propre de la démarche post-moderne qui dans l’optique Derridienne serait destinée à interrompre et empêcher la totalisation, s’insurgeant contre l’idée de centre et de totalité, préférant le réseau et la dissémination, par l’effacement des repères normatifs et leur remplacement par une logique en apparence fluide mais opératoire. Sur le plan social et politique, la dissémination des processus dissolvants migratoires s’emploie à déconstruire de l’intérieur une société structurée par la verticalité de l’institution politique au profit de l’économique. La dissémination migratoire est le reflet de cette même post-modernité qui se fonde sur une réalité discontinue, fragmentée, archipélique, modulaire où la seule temporalité est celle de l’instant présent, où le sujet lui-même décentré découvre l’altérité à soi, où à l’identité-racine fait place l’identité-rhizome, le métissage, la créolisation, tout ce que Scarpetta désigne, dans le champ esthétique, par le concept d’ « impureté ». Les philosophes post-modernes (notamment Foucault et Agamben) qui ont souligné l’importance des relations de pouvoir dans la formation du discours d’une époque sont devenus, sans le savoir et sans vouloir le reconnaître, les allocataires et les propagateurs de cette nouvelle forme de discours dominant et, selon Alex Callinicos, ont « contribué à créer l’atmosphère intellectuelle dans laquelle celle-ci pouvait s’épanouir », voire post-humaine dans laquelle l’arme de la dispersion indifférenciée migratoire a pour but de liquider la réalité nationale, et d’instituer le règne du « sujet sans intériorité ».

Jure George Vujic

4/09/2015

Bibliographie

– G. Bachelard, 1957, La Poétique de l’espace, PUF, Paris.

– A. Callinicos, Against Postmodernism: a Marxist critique, Cambridge, Polity Press, 1991.

– Francois Cusset, French Theory, Foucault, Derrida, Deleuze et Cie, Les mutations de la vie intellectuelle aux Etats-Unis, La Découverte, 2003.

– Jean-Pierre Renard (dir.), Le Géographe et les frontières, Paris, L’Harmattan, 1997.

– François Géré, Pourquoi les guerres ? Un siècle de géopolitique, édition Larousse en collaboration avec Courrier International, Paris 2002.

– Jean du Verdier, Le Défi démographique, éditions Muller, note de Polémia : http://www.polemia.com/le-defi-demographique-du-general-jean-du-verdier/

– Eric Hobsbawm, 1997.

– Homi Bhabha, Nation and Narration et The Location of Culture, New York, Routledge, 1990, 1994.

– Georg Simmel, Über soziale Differenzierung : soziologische und psychologische Untersuchungen, Leipzig, Duncker und Humblot, 1910.

– Lucien Febvre, Pour une histoire à part entière, Sevpen, Paris 1962.

– Michel Foucher, Fronts et frontières. Un tour du monde géopolitique, Fayard, Paris 1986, 1991.

– « Après les frontières, avec la frontière : quelles territorialités transfrontalières ? », Colloque Institut de géographie alpine, Grenoble 2 et 3 juin 2004.

– Jacques Levy, « Frontière », Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, Paris 2003.

– Arbaret-Schulz Ch., « Les villes européennes, attracteurs étranges de formes frontalières nouvelles », in Reitel B. et alii, Villes et frontières, Anthropos-Economica, Collection Villes, 2002.

– Lévy J. et Lussault M. (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Belin, 2003.

– John R.-V. Prescott, Boundaries and frontiers, Allen and Unwin, London 1978.

– Claude Raffestin, Pour une géographie du pouvoir, Librairies techniques, Paris 1980.

– Etienne Balibar, Nous, citoyens d’Europe ? Les frontières, l’Etat, le peuple, La Découverte, Paris 2000.

– J. Gottmann, La Politique des Etats et leur géographie, A. Colin, Paris 1952.

– Eric Hobsbawm, Nations et nationalismes depuis 1780 : programmes, mythe et réalité, Gallimard, 1992.

Détruire la fabrique à illusions Entretien avec Lucien Cerise

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Détruire la fabrique à illusions

Entretien avec Lucien Cerise

Propos recueillis par Monika Berchvok

Source : Rivarol
Ex: http://zejournal.mobi

Venant de l’extrême gauche de l’échiquier politique, Lucien Cerise vote « Non » en 2005 au référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe, comme 55 % des votants. Quand il voit au cours des années 2006 et 2007 ce que le Pouvoir fait du scrutin, cela le décide à s’engager dans les mouvements anti-Union européenne et antimondialistes, donc nationalistes et localistes. Au fil du temps et des rencontres, il s’est rendu compte que le clivage politique Droite / Gauche est en fait complètement bidon et que la seule différence à considérer est entre la vie et la mort. Dans son dernier livre, il revient sur les concepts les plus importants de son travail : l’ingénierie sociale et les neuro-pirates. Les propos de Lucien Cerise sont parfois polémiques, mais doivent être pris comme une ouverture au débat.

Rivarol : En quoi consiste l’ingénierie sociale ?

Lucien Cerise : L’ingénierie sociale est la méthode scientifique de transformation des groupes sociaux. Toutes les échelles peuvent être visées : famille, tribu, communauté, religion, peuple, civilisation, association, entreprise, etc. Ce travail de transformation et de reformatage est généralement non déclaré, furtif, subliminal parce que les groupes ciblés le refuseraient, ou du moins l’amenderaient fortement s’ils étaient consultés. En outre, cette transformation est définitive, ce qui la distingue d’un acte de manipulation ponctuelle, qui reste réversible. L’idée d’une ingénierie sociale, ou social engineering, apparaît au XXe siècle sous la plume de chercheurs tels que l’épistémologue Karl Popper et est aussi synonyme de « planification sociale » et de « conduite du changement ». Plus récemment, le monde du piratage informatique l’a également adoptée en insistant sur la furtivité. Aujourd’hui, les deux concepts clés de l’ingénierie sociale sont 1) l’hameçonnage (phishing), c’est-à-dire l’accroche séduisante, la carotte, la récompense promise pour nous faire avancer dans le sens voulu par l’ingénieur social, et 2) le conflit triangulé, c’est-à-dire le conflit orchestré entre des groupes, ou entre les membres d’un groupe, pour les affaiblir, voire les détruire en usant d’une stratégie indirecte qui les fait s’affronter au bénéfice de celui qui organise le conflit sans y apparaître directement.

luccerton37820.jpgQui sont les « neuro-pirates » qui veulent faire de nous des « néo-esclaves » ?

Les neuro-pirates sont mieux connus sous le terme anglais de spin doctors, qui désigne les professionnels du « retournement » psychologique. Un conseiller de Barack Obama, l’universitaire Cass Sunstein, parle d’infiltration cognitive pour qualifier cette manière d’entrer dans l’esprit d’autrui pour le faire changer sans qu’il en soit totalement conscient. On en rencontre des praticiens essentiellement dans les milieux de la communication, du marketing, du management, de la sécurité des systèmes, du renseignement et de la politique. Quand le pouvoir veut fabriquer notre consentement à quelque chose d’intolérable, il est contraint d’avancer masqué sachant que notre « consentement éclairé » ne sera jamais accordé. Quand il s’agit de nous faire accepter de recevoir une puce électronique dans le corps comme si nous étions du bétail, il faut nécessairement ruser et présenter les choses sous un jour dédramatisé, inoffensif, et même ludique et attractif si possible. C’est le rôle du piratage des cerveaux, au sens où le neuro-pirate va pénétrer ni vu, ni connu dans l’esprit de quelqu’un pour modifier son logiciel mental et comportemental sans qu’il ne s’en rende compte. Nous baignons là-dedans en Occident, où le pouvoir essaye de transformer définitivement la nature des peuples dans le sens d’une artificialisation et d’une robotisation croissante, mais sans provoquer de réactions de refus trop violentes, ce qui le conduit à procéder sous couvert des droits de l’Homme ou de la lutte contre la « menace terroriste ».

Comment concrètement le système manipule les foules sur un sujet aussi important que le sionisme ?

Dans la phase préliminaire d’hameçonnage, autrement dit de séduction, l’ingénierie sociale repose sur l’usurpation d’identité et l’abus de confiance. L’usurpation d’identité fait un usage intensif du « triangle de Karpman », notion issue de l’Analyse transactionnelle. En résumé, trois places sont à occuper dans les relations humaines : le sauveur, le bourreau et la victime. Pour agir furtivement et discrètement, le bourreau peut produire les signes extérieurs de la victime, de sorte à occuper frauduleusement cette place dans notre perception, ce qui lui permettra d’inhiber toute méfiance et tout esprit critique envers lui et d’abuser de notre confiance. En usurpant l’identité de la victime, le bourreau détourne notre attention de ses agissements et il peut commencer à nous détruire presque à notre insu, voire même avec notre participation, dans la mesure où nous le percevons désormais non plus comme le bourreau, mais comme la victime, ou le sauveur. Nous tenons là l’explication de la promotion que le système fait de l’idéologie victimaire pour empêcher toute analyse sérieuse de la question du sionisme.

L’immigration de masse semble être une arme de déstabilisation des nations européennes ?

C’est plus qu’une déstabilisation, c’est une destruction définitive des nations européennes qui est en cours, un vrai génocide. Le projet d’en finir totalement avec l’Europe chrétienne apparaît dans le Talmud, livre du Sanhédrin, dans la parabole du « Messie aux portes de Rome ». Rome est la métonymie de l’Europe chrétienne, également nommée Edom dans cette tradition. Les commentaires de la parabole disent que le Messie des Juifs reviendra à mesure que l’Europe chrétienne disparaîtra. Dès lors, on comprend mieux les motivations de certaines personnes et organisations à accélérer et amplifier toujours davantage l’immigration de masse extra-européenne et musulmane en Europe. Les immigrés, de préférence non chrétiens, sont utilisés ici comme des munitions et à des fins balistiques pour détruire les nations européennes ; bien sûr, certains d’entre eux se frottent les mains d’avoir ainsi la permission d’envahir l’Europe, mais ils doivent comprendre qu’ils seront perdants eux aussi à la fin. En effet, après avoir utilisé les musulmans pour déchristianiser l’Europe, le pouvoir provoquera des conflits triangulés parmi les musulmans pour les pousser à s’entretuer, car eux-mêmes seront de trop à ce moment-là.

Le but final visé à travers toutes ces confrontations identitaires reste le Grand remplacement de l’ensemble des communautés humaines par le transhumanisme. Le défi des Européens est de faire comprendre aux immigrés extra-européens à quoi ils servent et ce qui les attend aussi, c’est-à-dire leur génocide après le nôtre. C’est ainsi que nous pourrons établir avec eux une communauté de « galère » et de destin, qui permettra de poser un modus vivendi pacifique, condition nécessaire pour commencer à inverser tranquillement la tendance, ce qui peut aboutir à la ré-émigration de certains d’entre eux, de sorte que chacun chez soi nous soyons plus forts pour lutter ensemble contre l’ennemi commun.

Vous évoquez les liens entre les oligarques mondialistes et la mouvance antifasciste. Pouvez-vous évoquer vos découvertes sur le financement des « antifas » ?

Quand on cherche un peu qui soutient, parraine et chapeaute l’extrême-gauche « antifasciste », anti-spéciste, LGBT, No Border, Black-Blocks, Occupy, les Indignés, etc., on trouve des organisations qui sont au sommet du capitalisme : Open Society de George Soros, Fondations Rockefeller et Rothschild, Commission européenne, diverses ONG et entreprises multinationales, et même certains ministères de l’Intérieur, autrement dit la police. On savait déjà que les libéraux et les libertaires convergeaient intellectuellement dans l’abolition des frontières, des nations et des identités, et plus largement dans la déconstruction de toute forme de limite.

On sait maintenant que ce n’est pas seulement théorique mais aussi pratique et économique. Une bonne partie de l’extrême-gauche, celle apparue autour de Mai 68 en France, relève de ce que les anglo-saxons appellent la New Left. Il s’agit en fait d’une gauche libertaire prônant l’ouverture sans limites, totalement inoffensive car elle a été créée par la droite libérale dans les années de chasse aux sorcières anti-communiste pour concurrencer et affaiblir la gauche non-libertaire, communiste et fermée, donc structurée et vraiment dangereuse pour le système américaniste et capitaliste.

Cette extrême-gauche du capital a été conçue pour critiquer les effets sans jamais remonter aux causes. Par exemple, les causes de la loi El-Khomri, ou loi Travail, sont à chercher à Bruxelles car c’est la transposition d’une directive européenne. Quand le mouvement Nuit Debout demandera la sortie de l’Union européenne, il deviendra vraiment dangereux et se fera dégager manu militari de la Place de la République. Pour l’instant, il est inoffensif et le Pouvoir en a même besoin pour détourner l’attention des vrais problèmes et de leurs vraies causes. En plein état d’urgence et plan Vigipirate « rouge écarlate », la préfecture de police et la mairie n’ont guère fait de difficultés pour autoriser l’occupation permanente d’une grande place de Paris – ce qui pose d’ailleurs la question de la réalité de la « menace terroriste ». Il semble que François Ruffin et son journal Fakir qui ont lancé le mouvement soient indépendants à l’origine, mais ils ont été rapidement piratés et récupérés, notamment par des professionnels de la communication tels que Noémie Toledano et Baki Youssoufou, dont les parcours les rattachent aux organisateurs de « révolutions colorées », donc aux réseaux d’influence capitalistes cités plus haut.

Vous démasquez les mensonges véhiculés sur la Russie de Poutine à l’occasion du conflit ukrainien. Quels sont les mécanismes et le but des manœuvres contre la Russie ?

Comme l’avait bien vu Halford Mackinder (1861-1947), l’un des pères fondateurs de la géopolitique, contrôler l’Eurasie permet de dominer le monde. Nicolaï Troubetzkoï (1890-1938), créateur de l’eurasisme, écrivait en 1922 que la guerre mondiale ne cesserait pas tant que les grands espaces russes ne seraient pas conquis. De fait, il existe un projet géopolitique de conquête de toute l’Eurasie, nourri par des intérêts capitalistes occidentaux, ceux-là mêmes qui contrôlent déjà l’Europe et l’Amérique du Nord, mais qui ne contrôlent ni la Russie, ni la Chine, ni l’Iran. Ce projet de domination mondiale est exposé clairement par Zbigniew Brzezinski dans diverses publications. Auparavant, un autre Polonais, l’homme d’État Josef Pilsudski (1867-1935), réfléchissait vers 1920 à la meilleure méthode pour prendre la Russie, étape obligée de cette conquête de l’Est, et avait élaboré une stratégie en deux temps :

1) l’Intermarium, soit l’unification des pays allant de la Baltique à la Mer noire pour couper géopolitiquement Moscou de l’Europe,

2) le Prométhéisme, soit le morcellement de la Russie en petits États faibles par le soutien apporté aux revendications identitaires locales.

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Les deux guerres mondiales, la guerre froide et la guerre hybride actuelle ont été lancées pour ça. La nature du régime en place en Russie et ce qu’il fait n’a aucune importance. Tsarisme avant 1917, communisme jusqu’en 1991, ultralibéralisme sous Eltsine, étatisme libéral sous Poutine, c’est indifférent : du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, ce pays reste la cible inchangée des attaques occidentales. Le conflit ukrainien et le conflit syrien ne sont que des étapes de ce « Drang nach Osten » qui vise également la Chine et l’Iran. Évidemment, dans les cercles dirigeants à Moscou, Téhéran et Pékin, tout le monde est parfaitement au courant de ce programme de domination mondiale nourri par l’axe du chaos Washington / Bruxelles / Tel-Aviv. Sur le théâtre européen, la conquête de Kiev par Washington et l’OTAN est une belle prise qui permet de consolider l’Intermarium et d’élaborer un front unifié pour attaquer la Russie directement sur ses frontières, ce qui devrait se faire aux alentours de 2021 et nous entraîner probablement dans un conflit nucléaire dont l’Europe sera la principale victime. Pourquoi 2021 ? Parce que le président ukrainien Porochenko a signé un document engageant l’Ukraine à assurer l’interopérabilité complète de ses forces armées avec celles de l’OTAN en 2020 – or on ne prend pas ce type de décision sans une idée derrière la tête – et Hillary Clinton devrait être dans la première année de son deuxième mandat, ce qui lui donnera les mains libres pour faire n’importe quoi. Pour couronner le tout, rappelons qu’en France, l’Assemblée nationale a voté le 7 avril 2016 la ré-adhésion au Protocole de Paris qui autorise le stationnement de troupes de l’OTAN sur le territoire national, autant dire l’implantation de bases militaires, comme en Allemagne ou en Italie.

Qu’est-ce que le Mind Control ?

Le Mind Control est une méthode de contrôle comportemental qui procède en infligeant des chocs et des traumatismes. Quand cela s’applique aux masses, on peut parler d’ingénierie sociale. Il s’agit de rendre l’esprit d’autrui totalement flexible et malléable après l’avoir disloqué, décomposé et morcelé. Le trait typique de cette méthode est de produire un psychisme compartimenté, ce qui retire toute cohérence logique et organique au fonctionnement intellectuel de l’individu, et le rend capable de tenir sans problème des raisonnements parfaitement illogiques, de dire une chose et son contraire dans la même phrase, ou encore de dire quelque chose et de faire exactement le contraire en même temps.

Pouvez-vous nous expliquer votre conception du « conflit triangulé généralisé » ?

L’ingénierie sociale consiste à prendre le contrôle des rapports de confiance et de méfiance dans un groupe donné. Le conflit triangulé résulte d’une augmentation méthodique du sentiment de méfiance au sein du groupe cible. L’ingénieur produit de la confiance à son égard, ou au moins de l’absence de méfiance, en occupant la place de la victime ou du sauveur, puis il fait monter la méfiance entre les parties du groupe cible en les décrivant comme des bourreaux mutuels, pour aller si possible jusqu’à la haine, entre les sexes, les générations, les religions, les races, etc. Un conflit triangulé est toujours orchestré entre deux acteurs par un troisième acteur inapparent à première vue, mais qui peut apparaître au bout d’un moment si l’on cherche un peu.

Derrière la guerre de tous contre tous qui définit la toile de fond de nos vies, on trouve les promoteurs de l’idéologie libérale de l’égoïsme concurrentiel ainsi que diverses techniques de gouvernance par le chaos telles que le conflit par procuration (proxy warfare). Un exemple tiré de la géopolitique : toutes les preuves ont été données que les terroristes qui agressent la Syrie depuis des années sont sous tutelle des services secrets occidentaux. Ces groupes paramilitaires islamistes sont les fameuses forces de procuration (Israeli proxy forces) du rapport A Clean Breakremis en 1996 à Benjamin Netanyahou. Il n’est donc pas étonnant que ce dernier vienne soutenir quelques vingt ans plus tard ses troupes de djihadistes blessés en Syrie et soignés dans des hôpitaux militaires israéliens, comme l’ont noté divers médias, ce qui lui a valu les remerciements de Mohammed Badie, le chef suprême des Frères musulmans, ainsi que de paramilitaires islamistes.

usdaeschMAEBFQh.jpgDes officiels israéliens ont dit également préférer l’État islamique (Daech) à l’Iran. Évidemment, le terrorisme islamiste supervisé par les services spéciaux israéliens, anglo-saxons, français, ne s’arrête pas aux frontières du Proche-Orient : le suivi des filières est assuré jusqu’en Europe et en Amérique, où ces services spéciaux sont carrément chez eux, dans une perspective de stratégie de la tension, en référence au réseau Gladio de l’OTAN. À la fin, pour des raisons d’efficacité, les attentats en Occident sont réalisés par les services occidentaux eux-mêmes, mais attribués dans la narration officielle médiatique aux individus qui ont effectivement fréquenté des groupes activistes et possèdent donc le bon parcours biographique, ce qui en fait des coupables idéaux. Un principe de l’attentat sous faux drapeau : pour écrire une « légende », c’est-à-dire un faux CV dans le jargon du renseignement, il faut un minimum de vraisemblance. Le terrorisme d’État est aujourd’hui le principal bras armé de ce conflit triangulé généralisé.

Dans un article pour la revue Rébellion, vous affirmez que sortir du capitalisme est la condition d’un enracinement identitaire authentique. Quelles formes pourraient prendre cette démarche national-révolutionnaire ?

Cette démarche nationale-révolutionnaire pourrait prendre la forme d’un protectionnisme conservateur, seul moyen d’assurer un enracinement identitaire authentique. Il faut surtout s’extraire du libéralisme conservateur, qui est contradictoire dans les termes, un véritable oxymore, et qui devient toujours à la fin un libéralisme libertaire, sans frontières et sans entraves, que ce soit du point de vue économique ou identitaire. L’économie et les mœurs ont besoin d’être régulées. Sans régulation, l’économie et la vie en société tombent dans le désordre, l’anarchie, le « gauchisme », ce qui fait toujours le lit du capitalisme, qui prospère dans le chaos, la violence et l’injustice, mais s’éloigne à mesure que l’ordre et l’équilibre reviennent dans le corps social.

C’est le capitalisme qui est à l’origine du « mariage homo » ainsi que des flux migratoires délirants auxquels nous sommes exposés depuis des années. Henry de Lesquen disait un jour sur Radio Courtoisie : « Je suis national libéral ; national car il faut mettre les immigrés dehors, et libéral car il faut brûler le code du travail ». Le problème, c’est que brûler le code du travail fera revenir les immigrés. La thèse libérale conservatrice est donc incohérente : elle déplore les effets dont elle chérit les causes.

Quiconque s’imagine que l’enracinement identitaire est possible au sein de l’Union européenne, par exemple, n’a rien compris et doit reprendre l’examen de la question depuis le début. La sortie de l’euro et le retour aux monnaies nationales est également indispensable, car la souveraineté économique conditionne la souveraineté politique. Le programme minimum de ce protectionnisme conservateur garantissant un enracinement authentique est donc simple : sortir de l’euro, de l’Union européenne, de Schengen et de l’OTAN, et ne pas entrer dans le Traité transatlantique. La vraie révolution nationale anticapitaliste est dans ce programme, qui n’est ni de droite, ni de gauche – nous ne sommes pas à l’auto-école – mais qui est simplement raisonnable, rationnel et orienté vers la vie. Que dis-je, la survie ! Or, pour soutenir ce programme survivaliste à l’échelle de la nation, je n’ai à ma disposition que le bulletin dans l’urne. Il faut donc placer à la tête de l’État un parti politique soutenant ce programme, ou s’en écartant le moins possible, et réunissant le potentiel électoral suffisant. La nouvelle direction du Front national depuis 2011 prend la bonne voie de ce grand rassemblement protectionniste et conservateur par-delà droite et gauche, ce qui explique sa progression électorale constante depuis plusieurs années. Évidemment, ça ne plaît pas à tout le monde, d’où une désinformation croissante sur ce parti, basée sur des attaques en dessous de la ceinture et des citations tronquées.

Vous évoquez une ingénierie sociale positive. Comment des forces nationalistes pourraient utiliser cette technique ?

Je préconise d’appuyer cette ingénierie sociale positive (IS+) sur la théorie du « prendre soin », le Care en anglais. Le fait de « prendre soin » du territoire où l’on vit doit devenir l’idée directrice de notre action politique. L’avantage de cette approche purement pragmatique est de focaliser l’attention sur l’avenir et l’action concrète de proximité. Cela simplifie les choses. Il est plus facile de fédérer les bonnes volontés ainsi, compte tenu de la complexité identitaire dans laquelle nous sommes immergés dès que l’on regarde vers le passé, l’histoire et les origines. Cette IS+ aurait l’allure d’un travail social humble et d’échelle locale, œuvrant à la résilience nationale et visant à réparer ce qui a été endommagé par l’ingénierie sociale négative du turbo-capitalisme mondialisé et cosmopolite.

Propos recueillis par Monika Berchvok

À lire : 

Neuro-pirates - Reflexion sur l’ingénierie sociale, de Lucien Cerise, éditions Kontre Kulture, 2016, 450 pages – 22 euros. 
Le numéro 66 de la revue Rébellion comporte un important dossier de Lucien Cerise sur l’ingénierie sociale (5 euros – Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 Toulouse cedex 02).


- Source : Rivarol

mercredi, 15 juin 2016

De la destruction du père – Conférence de Damien Viguier à Lille

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De la destruction du père

Conférence de Damien Viguier à Lille

L’équipe d’E&R Nord-Pas-de-Calais recevra maître Damien Viguier le samedi 25 juin 2016 à 15h à Lille pour une conférence intitulée « De la destruction du père ».

Notre libraire proposera à cette occasion la série des « Leçons de droit » de Damien Viguier, éditée aux éditions Kontre Kulture, que vous pourrez vous faire dédicacer après la conférence.

Entrée : 5 euros.

Réservations : reservation.erlille@outlook.fr

mardi, 14 juin 2016

Iran-Afghanistan-Inde ouvrira l’Asie centrale à l’Inde

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Iran-Afghanistan-Inde ouvrira l’Asie centrale à l’Inde

Par Karel Vereycken

Ex: http://www.agora-erasmus.be

Vendredi 10 juin 2016 - A l’occasion de leur visite officielle à Téhéran les 22 et 23 mai 2016, le Premier ministre indien Narendra Modi et le président afghan Achraf Ghani ont conclu, avec le président iranien Hassan Rohani, un important accord tripartite Iran-Afghanistan-Inde pour l’agrandissement du port de Chabahar, une ville de 85000 habitants dans le golfe d’Oman.

Le projet portuaire, dans lequel l’Iran investira au total 20 milliards de dollars, est destiné à devenir un pôle de transit entre ces trois pays, et plus généralement « un hub sur l’océan Indien ». Pour accélérer le projet, l’accord conclu prévoit que la banque indienne d’exportation-importation débloque une première ligne de crédit de 500 millions de dollars pour le développement et l’exploitation de la phase 1 du port, qui comprend le développement de 2 terminaux et de 5 postes à quais polyvalents.

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Le Premier ministre indien Narendra Modi (à gauche), le président iranien Hassan Rouhani (au centre) et le président afghan Ashraf Ghani (à droite) se réjouissent des accords de coopération signés le 23 mai 2016 à Téhéran.

 

Une portée économique, politique et régionale

Le port de Chabahar a une portée stratégique pour l’Inde. Il lui permettra d’accéder aux marchés centrasiatique et afghan en contournant le Pakistan qui pour l’instant bloque le transit des produits indiens.

Pour améliorer les échanges commerciaux, New Delhi prévoit également 100 millions de dollars pour la construction d’une route de 220 km dans la province de Nimroz au nord de l’Afghanistan, route qui pourrait être prolongée jusqu’à Chabahar. Prévus également, 100 millions de dollars pour la construction d’une ligne ferroviaire reliant l’Afghanistan au golfe d’Oman.

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A cela il faut ajouter que l’Inde, dont l’Iran était le deuxième fournisseur d’hydrocarbures jusqu’en 2012, pourrait, grâce à la levée des sanctions, envisager de doubler ses importations de pétrole iranien.

Pour le président iranien Hassan Rohani, l’accord constitue un levier de développement autant politique qu’économique « nous pouvons coopérer dans de nombreuses industries comme l’aluminium, l’acier et la pétrochimie. » Selon lui, « l’accord n’est pas seulement économique, il est politique et régional ».

Le Japon s’est montré également intéressé dans le projet. Une délégation de chefs d’entreprises japonaises, emmenée par l’ambassadeur japonais en Iran a visité les installations pétrochimiques et sidérurgiques l’année dernière. Et selon la presse japonaise, le Premier ministre japonais Abe Shinzo espère concrétiser un accord lors de sa visite à Téhéran cet automne.

Une complémentarité avec le port de Gwadar

Bien qu’en Occident on préfère y voir avant tout la réponse indienne à la décision chinoise d’investir 46 milliards de dollars dans le couloir économique Chine Pakistan (CPEC) qui comprend le port pakistanais de Gwadar, à une centaine de kilomètres à l’est de Chabahar, c’est justement la complémentarité des deux projets qui dépasse leur imagination.

Bien que, pour l’instant, les gouvernements pakistanais et chinois, bien que sollicités à cet effet par l’Iran, ont décliné toute participation au projet de Chabahar, l’économiste pakistanais Kaiser Bengali, un ancien conseiller du gouvernement de l’État du Baloutchistan, installé à Karachi, souligne la complémentarité des deux ports.

Car, dit-il, l’expansion du port de Chabahar en Iran ne va pas réduire mais augmenter l’activité de celui de Gwadar au Pakistan. Et ceci pour une raison toute simple : Gwadar est un port en eau profonde ce que Chabahar ne sera jamais. Les très gros navires déchargeront donc obligatoirement leurs marchandises à Gwadar. De là, elles repartiront vers l’Asie centrale via Chabahar.

Avis partagé par Ikram Sehgal, le rédacteur en chef de la revue Defense Journal of Pakistan qui affirme que l’expansion du port de Chabahar « va rapporter au Pakistan sans que ce dernier dépense le moindre centime ». Soulager le réseau du transport pakistanais, par où passe aujourd’hui tous les échanges avec l’Afghanistan serait plutôt une bonne chose : « A l’heure actuelle, tout le commerce afghan passe par le Pakistan, ce qui empiète sur nos priorités domestiques ». Pour lui, c’est Dubaï qui perdra un peu mais il ne croit pas que cela fera du tort à Gwadar. Et il incite son gouvernement à ne pas s’enfermer dans un partenariat exclusif avec la Chine.

Comme quoi construire la paix par le développement mutuel, dans le cadre de la Nouvelle route de la soie, reste un combat quotidien pour tous les hommes de bonne volonté !

États-Unis : les Présidents passent, les néoconservateurs restent

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États-Unis : les Présidents passent, les néoconservateurs restent

Par Karel Vereycken

Ex: http://www.agora-erasmus.be

Vendredi 3 juin 2016 - Wall Street et la City veillent depuis toujours sur la pensée stratégique américaine. Dans un monde où tout le système financier frôle la faillite, affirmer avec détermination et arrogance sa puissance militaire devient en définitive l’ultime caution permettant au système de « tenir ».

Certains se rappellent sans doute du Project for a New American Century (Projet pour le Nouveau Siècle Américain, PNAC) ce think-tank washingtonien d’où sont sortis les plus va-t-en guerre des néoconservateurs américains de l’administration Bush : Richard Perle, John Bolton, Donald Rumsfeld, Frank Gaffney, Paul Wolfowitz, William Kristol et Robert Kagan, un ancien de l’administration Reagan.

L’Amérique, disaient-ils, agissant sous les auspices de Mars, dieu de la guerre, se doit de faire « le sale boulot » contre les puissances émergentes que sont la Russie et la Chine, alors que la vieille Europe, endormie par Venus, la déesse de la paix, sombre dans un pacifisme hautement suspect et coupable.

Les guerres « contre le terrorisme », lancées après le 11 septembre, avec l’inévitable Tony Blair, pour imposer des changements de régime en Afghanistan, en Irak, et ailleurs, c’est eux. Les révolutions de couleur, c’est eux encore.

Si en novembre 2008, le peuple américain, en élisant comme président Barack Obama, avait espéré un moment pouvoir se débarrasser de cette folie guerrière, amère fut la déception.

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Robert Kagan, chef du clan des neoconservateurs, et son epouse, l’ancienne secretaire de Dick Cheney, Victoria Nuland, pressentie pour devenir la prochaine secretaire d’Etat americaine, en cas de victoire d’Hillary Clinton.

Une équipe néoconservatrice à la Maison Blanche

Obama n’a pas seulement nommé en 2013 Susan Rice (sans parenté avec Condoleeza Rice), une louve néoconservatrice « déguisée en mouton » partisane enthousiaste de la guerre contre l’Irak et favorable à ce que les États-Unis fassent un coup d’État au Honduras, comme sa conseillère nationale de Sécurité.

Avec Samantha Power, l’ambassadrice US aux Nations Unies intime de George Soros, et Hillary Clinton, la Secrétaire d’État, c’est Susan Rice qui a organisé la guerre contre la Libye en 2014 et a ordonné la mise à mort barbare de Kadhafi. Rappelons que c’est Mme Clinton, sur l’insistance de Madeleine Albright, qui a fait embaucher la secrétaire de Dick Cheney Victoria Nuland (l’épouse de Robert Kagan). Avec Rice, c’est Nuland qui a organisé le coup d’État en Ukraine pour intimider la Russie en s’appuyant sur les mouvances néo-nazies.

Ainsi, comme des cafards qui auraient pondu leurs œufs dans les murs plâtrés de la Maison Blanche, cette fine équipe est déjà à la manœuvre pour façonner la politique étrangère de la prochaine administration. Les Présidents changent, la politique de Wall Street demeure.

Si le PNAC fut dissout en 2006, dès 2009 le « clan Robert Kagan », sous l’étiquette « Center for a New American Security (Centre pour une nouvelle sécurité américaine – CNAS) », a mis sur pied un nouveau think-tank dont les objectifs diffèrent en rien avec ceux du PNAC. Parmi la trentaine de permanents du CNAS, un bon nombre cumule cette fonction avec un poste dans l’administration Obama.

Hillary Clinton pressentie par le clan Kagan

Pour sa part, Robert Kagan, un ancien de l’administration Ronald Reagan, vient de déclarer que Donald Trump et les Républicains lui donnent la nausée au point qu’il s’oriente désormais vers Mme Clinton dont la politique étrangère lui convient a merveille. Reconnaissante, cette dernière a fait savoir quelle n’exclut pas de nommer son épouse, Victoria Nuland, comme secrétaire d’État !

Le dernier rapport du CNAS, « Étendre la puissance américaine » « Des stratégies pour étendre l’engagement américain dans un ordre mondial compétitif » (mai 2016) vise à fixer le cadre pour cette perspective. Et le 21 mai, un éditorial signé par la rédaction du Washington Post intitulé « L’ordre international de liberté est sous attaque. Les États-Unis doivent le défendre », se réjouit du rapport du CNAS, en défense, comme lors de la guerre froide, du « monde libre ».

En voici quelques extraits :

« Pas un jour ne se passe sans que la démonstration soit faite que l’ordre international de liberté des sept dernières décennies est érodé. La Chine et la Russie tentent de façonner un monde à l’image de leur propre ordre sans liberté ; l’Angleterre se débat pour partir de l’UE ; le candidat en tête aux élections autrichiennes craint les migrants, le commerce et la globalisation et les parties d’extrême droite montent en Europe. Daech répand une violence sans merci sur son propre territoire en Irak et en Syrie et exporte le terrorisme ailleurs. Aux États-Unis, celui qui risque de devenir le candidat républicain Donald Trump a capté des millions de voix en faisant campagne contre quelques uns des fondements du leadership américain tels qu’une alliance défensive avec le Japon et la Corée du Sud, alors que le candidat démocrate Bernie Sanders a attiré des millions d’électeurs en leur promettant des mesures protectionnistes.

Cela mettra au défi le prochain président américain. Car peu importe celui qui occupera le bureau ovale, cela nécessitera du courage et des décisions difficiles pour sauver l’ordre de liberté international. Comme le précise le nouveau rapport du CNAS, cet ordre mérite d’être sauvé et cela vaut la peine de rappeler pourquoi : il a généré une prospérité globale sans précédent, il a sorti des millions de gens de la pauvreté et a permis à des gouvernements démocratiques, jadis rares, de s’installer dans plus de 100 pays et d’empêcher durant sept décennies des guerres cataclysmiques entre les grandes puissances. Ces réalisations impressionnantes nécessitent une nouvelle impulsion des États-Unis et de l’Europe, et pourtant, le débat public va dans l’autre direction. Comme le précisent les auteurs du rapport, beaucoup de gens s’inquiètent du repli sur soi des États-Unis et demandent qu’ils fassent plus et pas moins. Ils ne veulent pas succomber aux valeurs des présidents Vladimir Poutine de Russie et Xi Jinping de Chine, qui rejettent la démocratie, ne sont redevables à personne et rejettent la dignité humaine.


Comment réagir ?

En renforçant toutes les composantes de la puissance américaine : diplomatique, économique et militaire, une solution chère, mais faisable. En Asie, le partenariat transpacifique (TPP), c’est-à-dire l’accord de libre échange doit être ratifié. Les États-Unis doivent continuer à tenter d’intégrer la Chine dans les règles et les traditions de l’ordre international de liberté – un effort de huit administrations américaines – tout en déployant des forces pour affronter les confiscations unilatérales de territoires en mer de Chine méridionale. De la même façon, stabiliser l’Ukraine et la sauver économiquement feront d’elle un bastion contre la subversion violente russe. Plus doit être fait pour protéger les pays baltes… »

 

Tout ceci démontre que tout citoyen qui, au lieu de s’engager dans un combat de fond sur les idées, se satisfait à « voter utile » ou pour « le moindre mal », manque gravement de sérieux en ce qui concerne sa survie et de celle de sa progéniture.

Source : Solidarité & Progrès

Jean-Yves Le Gallou à Nice

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lundi, 13 juin 2016

L'Union Européenne déclare la guerre à la liberté d'expression sur Internet

  • Les opposants affirment que cette initiative est, en réalité, une offensive contre la liberté d'expression en Europe. La définition bruxelloise des expressions « discours de haine » et « incitation à la violence » est si vague qu'elle inclut virtuellement tout ce qui relève du politiquement incorrect aux yeux des responsables européens, y compris la critique de la politique migratoire, de l'islam ou de l'UE elle-même.

  • Certains membres du Parlement européen ont qualifié le code de bonne conduite en ligne de l'UE –les contenus « choquants » seront retirés de l'Internet dans les 24 heures - d'« Orwellien ».

  • « En décidant qu'un commentaire 'xénophobe' sur la crise des migrants peut être qualifié de 'raciste', Facebook considère que la majorité des peuples européens... à une perception « raciste » de la situation ; la majorité des Européens a donc être condamnée comme 'raciste' » — Douglas Murray.

  • En Janvier 2013, Facebook a suspend le compte de Khaled Abu Toameh après qu'il ait écrit sur la corruption au sein de l'Autorité Palestinienne. Le compte a été réouvert le jour suivant, mais sans les deux posts incriminés et sans explication.

L'Union européenne (UE), en partenariat avec Facebook, Twitter, YouTube et Microsoft, a rendu public, le 31 mai 2016, un « code de conduite » pour lutter « contre la diffusion en ligne de discours de haine illégaux en Europe ».

Les partisans de cette initiative ont fait valoir que les récents attentats terroristes à Paris et à Bruxelles, obligent à réprimer les « discours de haine » qui sont au cœur de la propagande djihadiste en ligne.

Les opposants affirment que cette initiative est, en réalité, une offensive contre la liberté d'expression en Europe. Les définitions bruxelloises du « discours de haine » et de l' « incitation à la violence » sont si vagues qu'elles incluent virtuellement à peu près tout ce qui relève du politiquement incorrect aux yeux des responsables européens, y compris la critique de la politique migratoire, l'islam ou l'UE elle-même.

Certains membres du Parlement européen ont qualifié d'« Orwellien » le nouveau code européen de bonne conduite en ligne de l'UE, lequel exige que les contenus « choquants » soient retirés de l'Internet dans les 24 heures pour être remplacés par un « contre discours».

Ce « code de conduite » a été rendu public le 31 mai par un communiqué de la commission européenne, l'exécutif non élu de l'Union européenne. Le « code de conduite » indique :

« Les entreprises des technologies de l'information signataires de ce code de conduite s'engagent à continuer la lutte contre les discours de haine illégaux en ligne. Elles poursuivront notamment la mise au point de procédures internes et assureront la formation du personnel pour que la majorité des signalements valides puissent être examinés en moins de 24 heures et, s'il y a lieu, pour retirer les contenus visés ou en bloquer l'accès ».

« Les entreprises concernées s'efforceront aussi de renforcer leurs partenariats actuels avec les organisations de la société civile, lesquelles contribueront à signaler les contenus favorisant les incitations à la violence et à la haine. Par ailleurs, les entreprises des technologies de l'information et la Commission européenne entendent poursuivre leurs travaux pour élaborer et promouvoir des contre-discours indépendants, ainsi que des idées et des initiatives nouvelles, et pour soutenir les programmes éducatifs qui encouragent l'esprit critique ».

Des extraits du « code de conduite » précisent :

« Les entreprises des technologies de l'information partagent également la volonté de la Commission européenne et des États membres de l'UE de lutter contre les discours haineux illégaux en ligne. Au sens de la décision-cadre 2008/913/JAI du Conseil du 28 novembre 2008 sur la lutte contre certaines formes et manifestations de racisme et de xénophobie au moyen du droit pénal et des lois nationales qui la transposent, on entend par discours haineux illégaux toute incitation publique à la violence ou à la haine visant un groupe de personnes ou un membre d'un tel groupe, défini par référence à la race, la couleur, la religion, l'ascendance, l'origine nationale ou ethnique...

« Les entreprises des technologies de l'information soutiennent les efforts déployés par la Commission européenne et les États membres de l'UE pour relever le défi consistant à garantir que les plateformes en ligne n'offrent pas de possibilités de propagation virale des discours haineux illégaux diffusés en ligne. La propagation des discours haineux illégaux en ligne a des répercussions négatives non seulement sur les groupes ou les personnes qu'ils visent, mais aussi sur ceux qui s'expriment en faveur de la liberté, de la tolérance et de la non-discrimination dans nos sociétés ouvertes, et nuit au discours démocratique sur les plateformes en ligne.

« Si l'application effective des dispositions qui criminalisent les discours haineux dépend de l'existence d'un système solide d'application de sanctions pénales aux auteurs de ce type de discours, elle doit être complétée par des actions visant à garantir que, dès réception d'un signalement valide, les intermédiaires en ligne et les plateformes de médias sociaux agissent rapidement, dans un délai approprié, pour contrer les discours haineux en ligne. Pour être considéré comme valide dans ce contexte, un signalement ne devrait pas être trop imprécis ou indûment justifié.

« Les entreprises des technologies de l'information, agissant en fer de lance contre la propagation des discours haineux illégaux en ligne, sont convenues avec la Commission européenne d'un code de conduite qui définit les engagements publics ci-après :

  • « Les entreprises des technologies de l'information mettent en place des procédures claires et efficaces d'examen des signalements de discours haineux illégaux diffusés via leurs services de manière à pouvoir retirer les contenus concernés ou à en bloquer l'accès. Elles établissent des règles ou des lignes directrices internes précisant qu'elles interdisent la promotion de l'incitation à la violence et aux comportements haineux.
  • « Les entreprises des technologies de l'information examinent la majorité des signalements valides en moins de 24 heures et, s'il y a lieu, retirent les contenus visés ou en bloquent l'accès.
  • « Les entreprises des technologies de l'information et la Commission européenne, conscientes de la valeur des voix indépendantes qui s'élèvent contre la rhétorique haineuse et les préjudices causés par celle-ci, entendent poursuivre leurs travaux pour élaborer et promouvoir des contre-discours indépendants, ainsi que des idées et des initiatives nouvelles, et pour soutenir les programmes éducatifs qui encouragent l'esprit critique ».

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L'accord prévoit également que les entreprises des technologies de l'information mettent en place, dans chacun des 28 Etats membres de l'Union européenne, un réseau de « rapporteurs de confiance » pour signaler des contenus en ligne qui font la promotion « de la violence et des comportements haineux ».

Vĕra Jourová, commissaire européenne pour la justice, les consommateurs et l'égalité des genres, a soutenu cette initiative :

« Les récentes attaques terroristes nous rappellent à quel point il est urgent de lutter contre les discours de haine en ligne. Les médias sociaux font malheureusement partie des moyens utilisés par les groupes terroristes pour radicaliser des jeunes, et par les racistes pour répandre la violence et la haine. L'accord conclu constitue une avancée importante pour qu'Internet reste un lieu d'expression libre et démocratique, dans lequel les valeurs et les législations européennes sont respectées. Je me félicite de l'engagement pris par les leaders mondiaux des technologies de l'information d'examiner la majorité des signalements valides en moins de 24 heures et, s'il y a lieu, de retirer les contenus visés ou d'en bloquer l'accès ».

Tous ne sont pas d'accord. En Grande Bretagne, l'Association laïque nationale (National Secular Society ; NSS) a averti que les projets de l'Union européenne « reposent sur une définition vague du 'discours de haine' et représentent une menace pour les débats en ligne qui critiquent la religion ». La NSS a ajouté :

Cet accord intervient au beau milieu d'accusations répétées de la part d'ex-musulmans qui se plaignent d'être constamment censurés par les réseaux sociaux. Le Conseil des ex-musulmans de Grande Bretagne a commencé la collecte des cas de personnes censurées sur Facebook pour des propos « athées, laïques ou relevant de leur position d'ex-musulmans » à la suite de notifications de masse organisées par des « cyber djihadistes ». Ils ont demandé à leurs adhérents de rapporter les détails et les preuves de tous les types de pages et groupes qui ont été « bannis ou suspendus de Facebook pour avoir critiqué l'islam et l'islamisme.

Le responsable de la communication de NSS, Benjamin Jones a déclaré :

Loin de lutter contre le cyber djihad, l'accord risque d'avoir exactement l'effet inverse et de piéger tout débat critique sur la religion avec une étiquette de « discours de haine ». Les équipes peu ou mal formées de Facebook et Twitter, elles-mêmes en butte à leurs propres a priori idéologiques, peuvent considérer une critique acerbe de l'islam comme un discours de haine, surtout si des cyber-islamistes agissant en bande organisée, ciblent certaines pages ou certains utilisateurs.

Dans un entretien accordé au média en ligne Breitbart London, le président de l'ONG Index on Censorship, Jodie Ginsburg, a déclaré :

« Dans la plupart des pays d'Europe, les lois qui prétendent lutter contre le discours de haine sont trop larges et ambiguës. L'accord ne propose pas de définition satisfaisante du "discours de haine" et ne garantit pas la protection de la liberté d'expression.

« Une fois de plus, le pouvoir de déterminer et de sanctionner ce qui relève du discours de haine est délégué à des entreprises non élues. On étouffe ainsi la liberté d'expression en croyant rendre le monde plus sûr, Mais le monde ne deviendra pas plus sûr. Les idées et les opinions inacceptables deviendront souterraines, là où il deviendra plus difficile de les réprimer - ou de les questionner.

« La suppression de points de vue jugés impopulaires ou offensants a eu des précédents. Mais l'accord qui vient d'être signé risque d'amplifier le nombre de controverses concernant des suppressions de contenus – certes légales –mais qui se produiront via un abus ou un mauvais usage du processus de notification»

Deux collectifs d'associations de défense de la liberté d'expression, European Digital Rights et Access Now, ont annoncé leur décision de ne plus participer aux discussions avec la Commission européenne en raison de leur manque « de confiance dans le code de conduite irréfléchi qui a été mis au point ». Un communiqué en forme d'avertissement a été rendu public :

« En résumé, le "code de conduite" fait de la loi une règlementation de seconde zone, et confère un "rôle moteur" aux entreprises privées qui se voient priées de mettre en œuvre arbitrairement leurs conditions de service. Cette procédure, établie en dehors de tout cadre démocratique, met en place des règles de responsabilité peu claires pour les entreprises du Net. Elle crée également des risques sérieux pour la liberté d'expression, dans la mesure ou des contenus légaux, mais controversés, courront le risque d'être supprimés en raison de ce mécanisme de désactivation volontaire et déresponsabilisé ».

« Cela signifie que cet "accord" entre une poignée d'entreprises et la Commission européenne est susceptible d'entrer en violation avec la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne (en vertu de laquelle toute restriction sur un droit fondamental doit être prévue par la loi), et jettera à bas, toute la jurisprudence construite par la Cour européenne des droits de l'homme sur la liberté de parole. »

Janice Atkinson, députée européenne indépendante de la région sud-est de l'Angleterre, a résumé les choses ainsi : « C'est Orwellien. Quiconque a lu 1984, voit la fiction devenir réalité ».

Avant même de signer le code de conduite de l'Union européenne, les grands réseaux sociaux ont allègrement réprimé la liberté d'expression, souvent à la demande des gouvernements étrangers.

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En Septembre 2015, la chancelière allemande Angela Merkel a été entendue - grâce à un micro laissé ouvert – demander en direct au PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, ce qu'il comptait faire pour bloquer les critiques de sa politique de porte ouverte à l'immigration.

En janvier 2016, Facebook a lancé une « Initiative de courage civique en ligne » (Online Civil Courage Initiative) pour inciter les usagers de Facebook en Allemagne « à combattre les discours de haine et l'extrémisme sur Internet ».

Sur le site de Gatestone Institute, le commentateur anglais Douglas Murray a remarqué que l'assaut lancé par Facebook contre « la parole raciste » semble « inclure la moindre critique de l'actuelle politique d'immigration catastrophiques de l'Union européenne ».

Il écrit :

« En décidant que des commentaires "xénophobes" , faits en réaction à la crise, sont également "racistes", Facebook fait de l'opinion de la majorité des Européens (qui, il faut le souligner, sont contre la politique de la Chancelière Merkel,) une opinion "raciste" et condamne donc la majorité des Européens considérés comme "racistes". C'est une politique qui va contribuer à pousser l'Europe vers un avenir désastreux ».

Facebook a également ciblé les contributeurs du Gatestone Institute. En Janvier 2013, Facebook a suspendu le compte de Khaled Abu Toameh après qu'il ait rendu compte de la corruption qui règne au sein de l'Autorité Palestinienne. Le compte a été réouvert le jour suivant, mais sans les deux posts incriminés et sans explication.

Abu Toameh écrit :

« C' est encore de censure dont il est question. Ils décident de ce qui est acceptable. Maintenant, nous devons faire attention à ce que nous postons et sur ce que nous partageons. Cela signifie-t-il que nous ne pouvons plus critiquer les gouvernements arabes ? »

En Juin 2016, Facebook a suspendu le compte d'Ingrid Carlqvist, expert suédois de Gatestone, après qu'elle ait posté une vidéo Gatestone intitulée « Migrants : une épidémie de viols en Suède ».

Dans un éditorial, Gatestone a écrit :

.. « L'énorme pression exercée par les lecteurs a attiré l'attention des médias suédois qui ont à leur tour critiqué la censure rigide exercée par Facebook. Le rapport de forces s'est alors inversé et Facebook est devenu plus conciliant. Ils ont rétabli le compte d'Ingrid, sans aucune explication, ni excuse. Ironie du sort, l'audience de la vidéo d'Ingrid en a été accrue.

« Facebook et l'UE ont reculé - pour le moment ! Mais leur projet de stopper la diffusion des idées qu'ils n'aiment pas est implacable. Ils reviendront. »

 

L'Union européenne (UE), en partenariat avec Facebook, Twitter, YouTube et Microsoft, a rendu public un « code de conduite » pour lutter « contre la diffusion en ligne de discours de haine illégaux en Europe. Le jour suivant, le compte Facebook d'Ingrid Carlqvist, l'expert suédois de Gatestone a été suspendu, après qu'elle ait posté une vidéo Gatestone intitulée : « Migrants : l'épidémie de viols s'étend en Suède ».

 

Soeren Kern est Senior Fellow au Gatestone Institute de New York. Il est aussi Senior Fellow dans le domaine des politiques européennes au Grupo de Estudios Estratégicos / Strategic Studies Group de Madrid. Suivez le sur Facebook et sur Twitter. Son premier livre, Global Fire, sera publié en 2016.

Les étudiants américains et leur lutte contre les «auteurs blancs décédés»

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Les étudiants américains et leur lutte contre les «auteurs blancs décédés» (suite et non fin)

Ex: http://www.pouruneecolelibre.com

Une pétition lancée par des élèves de la prestigieuse université américaine veut « décoloniser » le programme de littérature anglaise qui ne ferait étudier que des auteurs blancs, morts de surcroît.

Étudier Shakespeare serait-il une forme de discrimination ? C’est ce que suggère une pétition lancée par des étudiants de la très prestigieuse université américaine de Yale. Ils veulent « décoloniser » les programmes universitaires. En cause, le cours d’« introduction aux « grands poètes de la langue anglaise », obligatoire en première année de littérature anglaise, qui ne met au programme que des auteurs blancs. Au menu, on trouve en effet les plus grands noms du corpus canonique de la langue anglaise : Geoffrey Chaucer, Edmund Spenser, William Shakespeare, John Donne, John Milton, Alexander Pope, William Wordsworth, et T.S. Eliot.

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W. Shakespeare, son étude obligatoire sera préjudiciable
pour tous les étudiants en littérature anglaise de Yale

« Il est temps pour la licence de littérature anglaise de décoloniser — et non pas diversifier — ses cours. Il est inadmissible qu’un étudiant de Yale voulant étudier la littérature anglaise ne lise que des auteurs blancs » écrivent les pétitionnaires. [Note : ceci est faux. Il existe des cours optionnels où l’on étudie des auteurs de couleur, voir par exemple ENGL 306 (Afro-américains), ENGL 352 (Asiatico-américains), etc.] Les élèves demandent l’abolition de l’étude des principaux auteurs anglais, pour « inclure des littératures en rapport avec le genre, la race, le capacitisme [Note : discrimination liée au handicap] et l’ethnicité ». « Une année passée autour d’une table de séminaire où les contributions littéraires des femmes, des personnes de couleur, des queer sont absentes sont néfastes pour tous les étudiants, peu importe leur identité », arguent les pétitionnaires qui parlent un peu vite pour tous les étudiants. S’ils insistent sur le fait que ce programme créerait « une culture spécialement hostile aux personnes de couleur », ils déclarent bien que le programme est nocif, néfaste (harmful) envers tous les étudiants. On aimerait bien en savoir plus sur les étranges raisons qui permettent aux pétiionnaires d’affirmer cela.

La pétition, qui aurait recueilli 160 signatures (la liste est anonyme), n’est pas du goût de tout le monde. « Je suis trop las de commenter de telles sottises », soupire Harold Bloom, un prestigieux professeur d’Humanités de Yale dans le Daily Beast. Kim Holmes, auteur conservateur a, quant à lui déclaré, dans le Washington Times : « Ce n’est pas seulement une offense au savoir, mais à l’idée même d’une éducation libérale. » « Ces gens ne sont pas intéressés par la diversité, mais par la conformité », déplore-t-il. « C’est un mouvement idéologique qui a pour but de fermer les gens à la grande richesse de savoir et de sagesse de la civilisation occidentale. »

Ironie du sort, les étudiants qui réclament un Yale plus « inclusif » intellectuellement ne semblent avoir aucun problème avec le manque patent de diversité politique à l’université Yale. Selon un article écrit en 2012 dans le Yale Daily News, 97 pour cent des contributions politiques des employés de Yale sont allées au Parti démocrate.

Chasse aux « mâles blancs européens morts »

La chasse aux « mâles blancs européens décédés » ne date pas d’hier. C’est une polémique qui revient régulièrement sur le tapis aux États-Unis, en particulier sur les campus américains où le « politiquement correct » règne en maître. L’impératif de « décolonisation » des savoirs universitaires ou de la culture tire ses origines des études dites « postcoloniales ». Née aux États-Unis dans les années 80 sous l’influence notable d’Edward Saïd, cette branche de la sociologie prétend déconstruire l’héritage culturel laissé par la colonisation pour donner une part plus visible aux minorités. En 1992 déjà, le professeur de littérature Bernard Knox avait pris la défense des « Plus anciens mâles blancs européens décédés » dans un livre du même nom où il plaidait pour la préservation des grands classiques.

Yale est à la pointe de ce combat censément antiraciste qui s’apparente à la police de la pensée. En décembre 2015, une professeur avait dû démissionner après avoir envoyé un courriel critiquant la position de l’université sur les déguisements d’Halloweeen.

Les petits Robespierre de Yale

Comme c’est le cas depuis des années, le comité des affaires interculturelles de Yale avait auparavant envoyé un courriel appelant les étudiants à faire preuve de discernement pour les costumes d’Halloween. Il est désormais de mauvais ton aux États-Unis d’arborer un visage noirci au charbon pour incarner un loup-garou, car cela pourrait être interprété comme un dénigrement des Noirs ; ou il est peu recommandé pour les blondes de se déguiser en Mulan ou de porter une coiffe à plumes, car les étudiants indiens américains ou chinois pourraient percevoir ces choix comme « l’appropriation d’une autre culture ». C’est dans ce contexte miné qu’Ericka Christakis a appelé dans son mail les étudiants « à juste détourner la tête » si quelque chose ne leur plaît pas, ou à exprimer leur désaccord. « Les universités américaines… deviennent de plus en plus des lieux de censure… Sommes-nous d’accord ? » écrit-elle. Des mots qui vont déclencher la tempête.

« Sentiment d’invisibilité »

Du coup, son mari est venu à la rencontre des « indignés » de Yale. Mais l’entretien dégénère. « Vous devez vous excuser ! » lance une étudiante qui hurle de plus en plus fort. « Non, je ne suis pas d’accord », répond Christakis, qui écoute avec une patience infinie. Il répète qu’il comprend « la souffrance » des étudiants de couleur, mais qu’il ne s’excusera pas. « Alors, qu’est-ce que vous foutez à ce poste ? » continue l’étudiante afro-américaine, perdant son sang-froid. « Votre boulot ne consiste pas à créer un débat intellectuel… Comment faites-vous pour dormir la nuit ? Vous êtes répugnant », conclut-elle. Scène stupéfiante. Est-on vraiment à l’université de Yale, ce haut lieu de culture ? L’étudiante ne sera ni renvoyée ni réprimandée. Des manifestations vont au contraire démarrer, pour demander la démission… des Christakis.
 
 


Quand Le Figaro s’est rendu sur place quelques jours plus tard, un calme trompeur plane sur Yale. En face de la bibliothèque Sterling, véritable cathédrale d’architecture néogothique, les étudiants s’attardent sur les bancs. Mais la plupart restent silencieux sur la fronde qui couve. Les rares qui parlent ne donnent pas leur nom et s’empressent de souligner à quel point ils se sentent « en phase » avec les revendications des « insurgés ». Ce qui frappe, c’est que leur langage est idéologique et codé. Ils parlent « racisme institutionnel », « privilèges blancs », « sentiment d’invisibilité ». Mais ils restent vagues sur tout exemple concret de racisme. Seul incident évoqué, en dehors du courriel : le fait qu’une étudiante noire aurait été laissée à la porte d’une soirée organisée par la fraternité Sigma Alpha Epsilon. Le videur aurait déclaré que seules « les filles blanches » étaient acceptées. La Fraternité a nié catégoriquement l’incident et rappelé que nombre de ses membres sont noirs. Mais le doute, véhiculé par les réseaux sociaux, persiste. Les étudiants sont également nombreux à penser que les Christakis devraient quitter Silliman, parce qu’ils n’ont pas « protégé » les sensibilités des jeunes dont ils ont la charge. « Ils ont profité de leur position de pouvoir », répètent-ils.

Zachary Young, 20 ans, qui préside une association dédiée à la libre parole, a recueilli 800 signatures pour défendre le couple. Membre du collège Silliman, cet étudiant se dit indigné de la manière dont Nicholas Christakis, « un libéral, très à l’écoute », a été traité : « Les étudiants disent être déstabilisés de le croiser à la salle de gym ! C’est puéril ! » « S’ils veulent se battre pour la justice sociale, qu’ils aillent voir les discriminations qui persistent dans les ghettos noirs de New Haven, à quelques kilomètres. Ils parlent du “privilège blanc”, mais ne voient-ils pas qu’ils font aussi partie des privilégiés ? » renchérit une étudiante étrangère qui taira son nom de peur d’être « lynchée » par ses pairs…

« Règne du politiquement correct »

Ces deux jeunes conservateurs — une rareté sur les campus — disent aussi « ne pas être surpris par la révolte » vu « le règne du politiquement correct ». Zach Young mentionne la vague récente d’annulations d’invitations de conférenciers jugés « non conformes », comme la musulmane laïque Ayaan Hirsi Ali ou la directrice du FMI, Christine Lagarde, au nom « du droit à ne pas être offensé ». « Je ne suis pas d’accord avec l’idée qu’il existe ici une oppression raciale systémique vis-à-vis des minorités. Cette université est certainement l’une des plus inclusives du pays », dit-il, notant en riant que les conservateurs sont peut-être les plus discriminés. L’avocat Floyd Abrams, ancien de Yale et spécialiste du premier amendement, estime qu’« il faut répondre au malaise des étudiants de couleur ». Mais il met en garde « contre la tendance grandissante à exiger des limitations à la liberté de parole, notamment dans les salles de classe ». « Exiger de mettre au rancart des œuvres intellectuelles majeures sous prétexte qu’elles pourraient offenser certains, c’est très dangereux. Si les Christakis étaient poussés à partir, ce serait un signe terrible envoyé par l’université. »

Yale cède et embauche davantage de professeurs afro-américains

Après avoir pris son temps, Yale a finalement refusé l’ultimatum étudiant et conforté les Christakis à leur poste. Acceptant en revanche d’autres revendications, comme l’embauche de davantage de professeurs afro-américains, la mise en place d’un soutien psychologique plus actif et de formations des enseignants aux questions de discrimination.

Cette navigation prudente traduit l’inquiétude des autorités, alors que les protestations se sont répandues comme une traînée de poudre à travers d’autres universités du pays, touchant plus d’une centaine de campus. Le président de l’université du Missouri a dû par exemple démissionner sous la pression d’associations étudiantes noires et de l’équipe de football universitaire, pour ne pas avoir eu une politique d’inclusion des minorités suffisamment « active » après les émeutes de Ferguson. La grève de la faim d’un étudiant inspiré par ces événements a visiblement joué un rôle déclencheur. Mais ce qui frappe, comme à Yale, c’est qu’aucun fait précis de discrimination n’a motivé la « révolte », juste des sentiments diffus d’isolement et la découverte d’une croix gammée dessinée avec des excréments dans des toilettes…

« Déconstruction du modèle occidental »

Signe du vent révolutionnaire qui souffle, un professeur « coupable » de ne pas avoir annulé un examen pendant les manifestations a failli être forcé à la démission pour avoir manqué d’« empathie »…

Rapporter à a police tout « discours haineux »  

L’administration évoque désormais la création de règles enjoignant aux étudiants de rapporter à la police tout « discours de haine » qu’ils pourraient entendre en classe. « Une mesure très dangereuse », dit l’avocat Floyd Abrams. À Claremont McKenna College, en Californie, la doyenne a dû quitter son poste parce qu’elle avait proposé de faire plus pour intégrer « ceux qui ne sont pas dans le moule CMC », une formule jugée… raciste ! Au prestigieux collège Amherst, les étudiants exigent de débaptiser l’établissement — qui doit son nom à un général britannique de l’époque prérévolutionnaire — au motif qu’il avait suggéré de combattre les Indiens avec des couvertures infectées. Ils ont aussi réclamé des « excuses de la direction » pour « l’héritage institutionnel de la suprématie blanche » ainsi que pour « l’hétérosexisme, le cissexisme, la xénophobie » et autres discriminations. À Princeton, un débat féroce a surgi à propos d’un panneau mural mettant en scène l’ancien président Woodrow Wilson, soudain décrété infréquentable en raison de son passé esclavagiste…

Nombre de voix conservatrices comme libérales soulignent en revanche que les griefs des étudiants semblent largement nourris de la revanche identitaire véhiculée par le corps enseignant « progressiste » qui a fait main basse sur les humanités dans les facultés, faisant des études critiques et de la « déconstruction du modèle occidental » sa doxa.

Des universités de moins en moins blanches 
 
Ce mouvement s’étend en même temps que la clientèle des universités américaines devient de moins en moins blanche. Les blancs sont ainsi désormais minoritaires à Yale (voir ci-dessous) alors qu’ils formaient encore 77,4 % de la population américaine en 2014. Et pourtant Yale n’est classé que n° 124 au palmarès de la diversité ethnique des universités américaines.
 
Diversité ethnique de Yale (étudiants, 1er degré)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
« Les héritiers postmodernes des marxistes ont ressuscité le prisme dominant-dominé en remplaçant simplement les ouvriers par les minorités sexuelles ou raciales. Le but est resté le même : lire le monde comme une éternelle bataille entre l’homme blanc, colonialiste et machiste, et ceux qu’il aurait toujours et seulement opprimés », regrettait ce printemps le professeur de théorie politique de l’université de Georgetown Joshua Mitchell. En écho à sa préoccupation, d’autres intellectuels s’inquiètent d’une révolution « culturelle » si préoccupée de diversité qu’elle annihile tout espoir de créer un socle commun entre communautés. Ainsi le New York Times rapporte-t-il la contre-attaque des anciens d’Amherst, qui se sont vigoureusement opposés en interne au changement de nom de leur alma mater. « Nous stérilisons l’histoire en éliminant les anciennes mascottes, a noté William Scott, diplômé de 1979, sur un site internet des anciens étudiants. C’est comme de brûler les livres. »

Nous assistons à la révolte de « petits Robespierre », avertit le Wall Street Journal. Clairement, la révolution culturelle des plus jeunes et leur tendance à la victimisation systématique commence à inquiéter les aînés.

Voir aussi

Des universités politiquement correctes qui doivent « protéger » leurs étudiants


Canada — Liberté d’expression et d’opinion menacée dans les universités

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Onze signes pour reconnaitre une opération sous fausse bannière

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Onze signes pour reconnaitre une opération sous fausse bannière (false flag)
 
Ex: http://www.alterinfo.net
 
En savoir plus sur http://www.alterinfo.net/11-signes-pour-reconnaitre-une-operation-sous-fausse-banniere-false-flag_a97263.html#gwALpgDyQsBFrYLu.99
 
Tout au long de l'histoire, diverses versions d'attentats sous fausse bannière ("false flag" en anglais, terme que je garderai dans la traduction) ont été utilisées avec succès par les gouvernements pour diriger la force du peuple vers la finalité recherchée par la classe dirigeante. Selon les époques, la finalité peut être la guerre ou la restriction des libertés civiles privées et des droits humains basiques ou un agenda économique.

En fait, les false flags peuvent prendre toute une variété de formes – nationales ou en rapport avec la politique étrangère, à petite ou grande échelle, économiques ou politiques, et avec de nombreux autres buts qui peuvent souvent se fondre les uns dans les autres. Chacun peut servir un dessein spécifique et peut être ajusté et adapté en vue de ce dessein spécifique selon ce qu'exigent les conditions de la communauté.

Par exemple, l'attaque aux armes chimiques qui a eu lieu en août 2013 en Syrie peut servir d'exemple pour un false flag à l'étranger prévu pour stimuler la ferveur des américains vers la guerre, sur la base de laResponsability to Protect (ou R2P, le Devoir de Protection, établi en 2005 par les Nations-Unies, NdT) comme pour le golfe du Tonkin.

Au plan national, un false flag à grande échelle comme celui du 11 septembre peut servir à susciter un soutien massif du public pour la guerre et une volonté populaire d'abandonner des libertés civiles, une procédure constitutionnelle et les droits humains. Les false flags économiques peuvent prendre la forme de "paralysies du gouvernement" fabriquées ou de "défauts de paiement du gouvernement" conçues pour créer une demande d'austérité ou autres solutions en faveur de Wall Street. Enfin, les false flags nationaux à petite échelle comme Sandy Hook ou Aurora, impliquent souvent la mise en place de mesures de contrôle des armes ou un état policier plus important.

Il existe, bien sûr, de nombreuses versions différentes d'attentats par false flags et aucun ne correspondra exactement à un classement précis dans la rubrique "false flags". Comme exposé ci-dessus, certains false flags peuvent en fait contenir un élément de chacune des différentes versions listées précédemment, aussi bien en termes de méthodologie que de but.

Cela dit, il est également vrai, malgré une possibilité constante d'attentats par false flags massifs, qu'on en voit se produire à petite échelle sous l'apparence de "tireurs" (le plus souvent la variété des "tireurs isolés" ou "tireurs fous"), que la classe dirigeante et ses porte-paroles médiatiques ont utilisé avec beaucoup d'efficacité ces dernières années. Bien que l'échelle des attaques ait diminué, leur fréquence a rapidement augmenté.

Cependant, en raison d'une recrudescence de médias alternatifs et d'une communauté de recherche, au fur et à mesure du lancement des attaques, il se publie une volée de démolition des récits officiels. À côté de nombreuses critiques absolument non crédibles de la version officielle des événements, frisant la paranoïa et l'invraisemblance, on trouve des articles de chercheurs qui peuvent exposer le false flag pour ce qu'il est. D'ailleurs, c'est pour cette raison que les false flags ont dernièrement essuyé de sérieux revers en terme d'efficacité et que c'est toujours le cas.

Comme l'attaque est prévue pour instiller la peur, la panique et une réponse téléguidée de la part du public, il est important de déconstruire le récit de cette attaque tel qu'il est présenté. Nous ne pouvons cependant pas passer simplement notre temps à tenter d'exposer et déconstruire toutes les attaques par false flag. Nous ne pouvons ignorer les grands problèmes, les batailles où l'on sort vainqueurs et les revendications qui doivent être faites simplement pour exposer tous les false flags. Nous ne pouvons ignorer le feu de forêt en éteignant un feu de broussailles occasionnel. Le false flag, après tout, n'est qu'un symptôme de la maladie.

Il est important pour cette raison de permettre au public de reconnaître le false flag lui-même, pas uniquement les éléments contestables d'un false flag en particulier qui sera bientôt suivi d'un nouveau. Nous devons nous former et former le public à reconnaître les signes d'un false flag quand il se produit et ainsi rendre l'attentat neutre.

Ce qui suit est une liste des éléments les plus courants d'un attentat par false flag auxquels on devrait prêter immédiatement attention dans le cas d'un nouvel accident qui jouera sur la corde sensible et les émotions des gens.
 

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1. Envergure de l'événement : 

 
la première question à se poser sera "Est-ce un accident à haut profil ?" La réponse, bien sûr, est tout à fait évidente. Si l'attaque se passe au World Trade Center avec explosion et effondrement des bâtiments, ou à la Maison Blanche ou au Pentagone, c'est clairement un haut niveau. Donc le lieu peut être pris en considération. Dans d'autres circonstances, l'acte-même peut être un facteur majeur comme dans le cas de l'école primaire de Sandy Hook, endroit sans importance au plan national, mais acte horrible qui a fait néanmoins les gros titres nationaux. Le facteur le plus important est sans conteste l'attention des médias. Quel que soit le lieu ou l'acte, si les médias récupèrent l'histoire et la répandent en simultané sur toutes les grandes chaînes majeures, l'accident peut être vu comme un "événement à haut profil".

2. Récits qui changent : 

 
dans les cercles informés de recherche, il est bien connu que l'information qui sort peu après l'événement est en général la plus fiable. Il faut aussi tenir compte de la confusion qui règne à cause de l'affolement des témoins. Malgré tout, l'information primitive n'a pas été sujette à une révision complète des médias, ce qui se produira forcément quand l'histoire sera moulée pour s'adapter au récit mis en avant par les individus qui ont dirigé l'attaque aux plus hauts niveaux ou qui ont au moins des liens avec ceux qui peuvent contrôler le moyen de faire rapporter l'événement par les divers médias.

Par exemple, au moment des attentats, les rapports initiaux peuvent signaler 5 tireurs. Très peu de temps après, on peut n'en mentionner que deux. Rien que quelques heures après l'attentat, toute référence à plus d'un tireur a entièrement disparu, il ne reste plus dans l'affaire qu'un "tireur isolé". On ridiculise toute mention ultérieure d'autres tireurs comme une "théorie de la conspiration".

3. Manœuvres d'entraînement en simultané : 

 
une marque de fabrique d'une opération false flag est le déroulement de manœuvres d'entraînement peu de temps avant ou pendant l'attaque. Ces manœuvres impliqueront souvent une séquence d'événements qui se passent pendant l'attentat proprement dit. Ces manœuvres d'entraînement ont eu lieu pendant des false flags à grande échelle comme le 11 septembre ainsi que pendant des attaques à plus petite échelle comme la tuerie d'Aurora.

Par exemple, comme le documente Webster Tarpley dans son livre 9/11 Synthetic Terror : Made in USA(11 septembre, Terreur de synthèse, fabriqué aux USA), au moins 46 manœuvres étaient en cours dans les mois précédant le 11 septembre et le matin même de l'attaque. Ces 46 manœuvres avaient toutes un rapport d'une manière ou d'une autre avec les événements qui se sont passés le 11 septembre. De même pendant les attentats à la bombe du 7 juillet 2005 à Londres, des manœuvres étaient en cours avec exactement le même scénario que ce qui s'est produit exactement aux mêmes heures et aux mêmes endroits.

Bien qu'un prétexte puisse l'emporter sur l'autre selon la nature et le but de l'opération, les manœuvres d'entraînement sont utiles aux créateurs de false flag pour au moins deux raisons. La première est de provoquer une confusion intentionnelle quand les manœuvres se passent pendant l'attaque réelle. L'autre, d'un aspect plus rentable, est de se servir des manœuvres comme d'une couverture pour programmer l'attaque ou même donner le "feu vert" quand c'est le moment de lancer l'événement. Qui plus est, elles fournissent aux auteurs du programme un élément de couverture, surtout avec la structure compacte de la chaîne hiérarchique de commande de l'agence de renseignements/de l'armée et le besoin de rester informé. Si un officier de l'armée ou un agent des services secrets tombe par hasard sur le planning de l'attaque, on peut toujours dire que ces individus n'étaient que des témoins du programme de l'exercice d'entraînement. Cette réfutation se poursuit jusqu'au "feu vert" des manœuvres. Après achèvement de l'attentat false flag, l'hypothèse de la coïncidence servira à expliquer les tragiques résultats.

4. Cui bono ? 

 
La question la plus importante à se poser immédiatement après un accident à haut profil est "cui bono ?" ou "à qui bénéficie le crime ?" Si on peut voir un évident bénéfice du gouvernement, d'une société ou d'une banque, l'observateur devient alors capable d'y voir clair immédiatement. On peut répondre à nombre de ces questions en regardant de plus près le comportement de ces organisations avant l'attaque et peu de temps après.

Par exemple, la présence d'une loi qui n'aurait eu que peu de chance de passer avant l'attaque mais qui est vite passée (ou au moins lourdement suggérée) après, est un indice que l'attentat qui tombe à pic est en fait un false flag. La loi du type Patriot Act avait été en réalité rédigée avant le 11 septembre mais n'avait que peu de chance de passer au Congrès en raison du climat politique de l'époque aux US. Après le 11 septembre, le Patriot Act est rapidement passé sans virtuellement aucune discussion et avec la bénédiction du peuple américain.

En parlant du 11 septembre, c'est un fait qu'au moment de l'attentat, beaucoup d'individus au pouvoir au sein du gouvernement américain voulaient désespérément envahir plusieurs pays du Moyen-Orient. Après les attentats, une psychose guerrière s'est emparée de la classe dirigeante des US et le public américain a suivi sans tarder.

Après le "Underwear Bombing" (Le terroriste aux sous-vêtements piégés), nous avons vu l'inauguration des scanners corporels de la TSA (agence de sécurité des transports, NdT), technologie qui aurait été acceptée de mauvaise grâce avant l'incident et sa campagne de propagande. Les scanners avaient été pourtant achetés un an auparavant par une firme dont le propriétaire était l'ancien patron de la Homeland Security (département de la sécurité intérieure, NdT), Michael Chertoff.

Dans le même registre, parlant de la fusillade de LAX (à l'aéroport international de Los Angeles, le 1er novembre 2013, où un employé de la TSA a été tué, NdT), la TSA a acheté en août 2013 pour 3,5 millions de dollars de munitions. Pourtant en août, la TSA n'était pas une agence armée. Après la fusillade de Los Angeles, le discours s'est orienté vers un armement de l'agence, indiquant donc que quelqu'un de haut placé dans la structure du gouvernement avait eu une connaissance préalable de l'événement.

On peut dire bien sûr la même chose pour l'explosion de fusillades meurtrières par des tireurs fous qui se sont produites dans tous les US accompagnant la propagande qui poussait à des mesures accrues de contrôle des armes.

5. Questions sans réponse : 

 
une autre marque de fabrique d'une opération false flag est relativement évidente – la présence de questions sans réponse concernant les détails de l'attaque, les auteurs, le mobile etc. Bien que les récits des médias qui prennent forme peu après l'attaque veulent ignorer ces questions, elles subsisteront inévitablement si les observateurs peuvent réfléchir par eux-mêmes et se concentrer uniquement sur l'information. Un exemple de ces questions serait le bâtiment 7 pour le 11 septembre ou les questions des tireurs supplémentaires à Aurora et à Sandy Hook.

6. Le dossier est rapidement bouclé : 
 
une fois le choix fait par les médias d'un bouc-émissaire acceptable et d'un scénario de couverture, toute autre opinion ou question se voit refusée à l'antenne. Tout ce qui pourrait contredire légèrement l'histoire officielle est reconnu illégitime. Ceci fait, le bouc-émissaire, s'il est toujours en vie (dans de rares circonstances) est inculpé, poursuivi et reconnu coupable dans un vague procès à huis clos. Dans la plupart des cas, le suspect est tué dans l'affaire ou peu de temps après, ce qui réduit à néant toute contradiction de première main dans le récit officiel. Quoi qu'il en soit, le dossier est très rapidement bouclé après l'événement.

7. Lien des suspects avec la CIA, le FBI ou autre agence de renseignements :

 
un aspect-clé qui suggère un false flag à rechercher rapidement après l'attaque est une quelconque connexion du suspect ou du groupe de suspects avec des agences de renseignement. Un lien avec l'une de ces organisations et institutions peut rendre difficile une explication sur la manière dont l'attaque a été coordonnée, la motivation des participants, l'implication réelle (ou non) des suspects et l'auteur véritable de l'opération. Par exemple, le 11 septembre, les nombreux pirates de l'air supposés auraient eu de proches contacts avec le FBI, la CIA et autres agences de renseignement de haut niveau (autant intérieures qu'étrangères). De même, les frères Tsarnaev qui ont été accusés de l'organisation de l'attentat de Boston avaient des liens avec le FBI avant l'attaque.

Dans de nombreux exemples, les connexions à certaines agences et communautés de l'armée devraient autant servir de signal d'alarme que les liens aux agences de renseignement car ces institutions ont été largement mélangées.

8. Bouc-émissaire commode : 
 
un indice conduisant un observateur informé à suspecter un attentat false flag est l'existence d'un bouc-émissaire commode. Toute opération de false flag comportera un récit soigneusement ficelé réalisé par le groupe d'individus mis en place pour la diabolisation. L'attentat d'Oklahoma City (1995) avait McVeigh et donc des "extrémistes de droite" et la "milice". Pour le 11 septembre, le groupe était les musulmans. Dans de nombreuses fusillades à l'intérieur du pays, la diabolisation se faisait sur des propriétaires d'armes. Avec le récent attentat de Los Angeles, "l'auteur" était un "théoricien de la conspiration opposé au gouvernement." À l'occasion d'un false flag, un "pigeon" facilement identifié montrera tous les aspects du groupe ou du moins la plupart, ainsi que l'environnement démographique social à diaboliser.
 

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9. Les médias encouragent des récits en défaveur des groupes de bouc-émissaires, et/ou un agenda qui confisque les libertés :
 
un indice qui suggère un false flag est qu'immédiatement après l'attentat et après "identification" des auteurs par les "officiels" et les médias, la corporation médiatique commence non seulement à diaboliser le groupe démographique auquel appartient "l'auteur", mais commence aussi à promouvoir des "solutions" pour empêcher qu'une telle attaque ne se reproduise un jour. Ce récit comportera toujours l'érosion des libertés, une plus importante mise en œuvre d'un état policier, une politique économique spécifique ou une marche vers la guerre.

Dit simplement, les médias mettent en avant le PROBLÈME, autorisent et guident une RÉACTION et ensuite fournissent une SOLUTION déterminée à l'avance.

10. Le gouvernement commence à "passer à l'action" contre le bouc-émissaire ou s'oriente dans le sens du récit des médias :
 
après une saine dose de propagande des médias dominants qui repassent en boucle l'attentat pour entretenir la terreur, montrent l'auteur et présentent les solutions de l'état policier, le gouvernement commence alors à passer à l'action. Des discours politiques sont faits pour capitaliser la peur et l'angoisse ressenties par le public et pour renforcer l'idée que le gouvernement est là pour le protéger. On offre ensuite des solutions sous forme de lois, d'ordres d'exécution ou de mandats politiques, en vue soit d'une réduction du 4ème amendement, un contrôle des armes ou des frappes militaires dans un pays étranger.

11. Indices dans les médias populaires : 
 
les indices dans les médias populaires, qu'on peut définir plus précisément de programmation prédictive, sont plus facilement identifiés après coup. Cela implique souvent de mettre en scène un incident qui apparaîtra dans un film ou dans une émission de télévision. Dans d'autres cas, des détails fortuits de l'attaque sont insérés de manière visible ou même moins visible dans des films et à la télévision. Par exemple, le scénario d'un épisode de The Lone Gunman (en français "Au cœur du complot", NdT), une série dérivée de X-Files, montrait un avion piraté par contrôle à distance qu'on envoyait dans les tours du WTC. Dans The Dark Knight Rises (film de 2012, série Batman 3), il y avait une très curieuse référence à Sandy Hook avec une carte de Newtown, Connecticut, sur le mur.

Conclusion

Bien qu'il soit extrêmement important d'éduquer le public quant à la nature et au but des false flags, l'éducation ne peut être un but en soi. Le public a besoin non seulement de connaître la vérité autour des événements spécifiquement false flags lorsqu'ils apparaissent, mais il a besoin de comprendre la méthodologie pour les identifier par eux-mêmes et en temps réel.

Créer une culture où le public est capable de reconnaître une attaque false flag sans recourir à l'aide des sources médiatiques, des chercheurs ou des activistes, est la première étape pour rendre la tactique inutile et rassembler la force des gens vers une action réelle ou en dernier ressort, créer une culture dans laquelle cette force ne peut être rassemblée par la classe dirigeante.

Bien que devant aborder les attentats false flag, nous ne devons pas nous permettre d'être si facilement détournés d'une voie d'action politique, d'une mobilisation de masse et de formuler de vraies demandes réalisables.


Liens connexes:

Attentats de Boston: 18 incohérences majeurs

 
 

Londres: encore une mise en scène?

 


Source:
 Activist post.

Traduction:
En savoir plus sur http://www.alterinfo.net/11-signes-pour-reconnaitre-une-operation-sous-fausse-banniere-false-flag_a97263.html#gwALpgDyQsBFrYLu.99

dimanche, 12 juin 2016

Extension du domaine de la russophobie

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Extension du domaine de la russophobie

Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

La propagande anti-russe s’intensifie dans les médias. Le russian bashing se répand et suggère que la Russie dirigée par Vladimir Poutine vit sous un régime tyrannique. Présenter à l’opinion occidentale le régime de Moscou comme violant l’État de droit et la démocratie, persécutant ses opposants et s’orientant vers une dictature est devenue une habitude. D’où vient cette propagande russophobe qu’on ne réserve pas à d’autres nombreux pays, pourtant, eux, réellement dictatoriaux ?

La Russie accusée d’être un État policier

Dans Le Figaro, un article de propagande anti-russe très peu professionnel, signé d’Emmanuel Grynszpan (« L’opposition russe désormais réprimée par des nervis » 02/06/2016) essaie de démontrer que des ”défenseurs des droits de l’homme” et des ”opposants” sont attaqués par « des groupuscules pro-Poutine sous le regard complice de la police ». Il cite plusieurs exemples de bagarres et d’agressions où, paraît–il, les agresseurs sont des milices secrètes du Kremlin. Pas la moindre preuve n’est avancée, c’est du roman policier journalistique.

Le journaliste du Figaro et ses confrères des autres médias occidentaux n’apportent aucune vérification de ce qu’ils relatent, mais se contentent de citer des opposants à Vladimir Poutine qui décrivent une situation dramatique pour les contestataires. Le problème, c’est que ces derniers, vivant en Russie, s’expriment librement dans les colonnes du Figaro et des autres médias. S’ils étaient persécutés en Russie, comme ils le prétendent, ils ne pourraient pas se répandre dans les médias occidentaux !

Contradiction complète : Le Figaro publie régulièrement un supplément consacré à la Russie (intitulé en anglais pour faire snob Russia beyond the headlines) avec la traduction d’articles de la presse russe qui reflètent toutes les opinions, y compris celles contraires à M. Poutine. Comment Le Figaro peut-ils écrire que le Kremlin interdit l’opposition à M. Poutine alors qu’il publie lui-même des articles de la presse russe qui critiquent le gouvernement ? C’est complètement absurde.

Cela dit, il est parfaitement possible, comme dans n’importe quel pays du monde, que des individus ou des groupes privés s’en prennent avec violence pour des raisons politiques à des contestataires de la politique gouvernementale. Mais comment peut-on en déduire qu’ils sont télécommandés par le gouvernement russe et protégés par la police ? Aucune preuve n’est apportée. En novembre dernier, j’ai participé à une conférence au Press Club de Washington sur les questions de l’immigration contre la politique laxiste d’Obama. Nous avons été attaqués physiquement par des groupes gauchistes ultra-violents. Il ne serait venu à personne l’idée de dire que c’était la Maison Blanche et l’administration Obama qui étaient derrière ces agressions.

L’imposteur Alexeï Navalny

Cet agitateur, médiatisé par la presse occidentale et très probablement financé par les services de renseignements américains et – hélas– européens, est qualifié par les médias français et occidentaux de « principal opposant au Kremlin ». Mensonge total. L’immense majorité des électeurs de la Fédération de Russie n’a jamais eu l’intention de voter pour ce provocateur. Navalny a participé avec ses partisans à une bagarre à l’aéroport d’Anapa et s’est présenté en victime du Kremlin.

Il prétend que le procureur général de Russie, Iouri Tchaïka, est un bandit lié au monde des affaires illégales et du crime, qui voudrait se venger de lui, l’opposant à Poutine. Les médias occidentaux relaient, sans vérifications, ces affirmations diffamatoires. Navalny et son entourage comparent Poutine à Hitler et les médias français reproduisent ces imbécillités. Leonid Volkov, un de ses proches collaborateurs, a répété dans les médias occidentaux que la situation actuelle de la Russie , « c’est ce qu’on observe dans toutes les dictatures. C’était pareil en Allemagne dans les années 30 et en Espagne dans les années 60 ». Il est dommage que des intellectuels, par ailleurs intelligents, comme par exemple Nicolas Baverez, portent crédit à ces contre–vérités issues de désinformations. Les vraies dictatures, elles, comme la Chine, les monarchies du Golfe devant lesquelles s’incline la France, ne sont jamais accusées.

Les deux raisons de la propagande antirusse

Les médias et les dirigeants occidentaux répètent que la Russie a ”annexé ” la Crimée ukrainienne, ce qui justifie les sanctions – par ailleurs illégales. Si c’était vrai, la Crimée qui est russe et non pas ukrainienne et qui a rejoint la Russie par référendum, sans aucune violence russe, se révolterait, il y aurait des troubles. Or la Crimée redevenue russe, est parfaitement tranquille. Bizarre…D’autre part, la propagande nous expliquait que Poutine cherchait à envahir l’Est de l’Ukraine et qu’il ne respecterait pas les accords de cessez–le–feu signés à Minsk. Il les a parfaitement respectés. Les affrontements en Ukraine ont cessé, non ? Alors d’où vient cette désinformation hostile contre la présidence de Poutine ? Explications :

1) Ce qui dérange les dirigeants européens (politiques et médias confondus), c’est d’abord l’orientation idéologique du pouvoir russe, centrée sur les valeurs d’identité, d’enracinement et de patriotisme, l’inverse même des choix idéologiques occidentaux profonds. La nouvelle Russie représente donc un danger, en terme d’attraction mentale sur les peuples européens de souche, d’exemple à suivre ; elle est un repoussoir pour les oligarchies occidentales déracinées, un objet de haine pathologique. L’hostilité du pouvoir russe aux manifestations de la gay pride ou au mariage homosexuel, par exemple, le fait détester par toute l’intelligentsia proche du pouvoir et par la classe journalistique en France. Bref, le gouvernement russe est ”politiquement incorrect ”.

2) La deuxième raison de la campagne de propagande et de désinformation antirusse est le retour de la Russie comme grande puissance sur la scène internationale, notamment en Syrie, et par la restauration de son outil militaire. Cela gêne certains projets stratégiques de Washington et il est normal que le relai soit suivi par les médias occidentaux et les gouvernements européens vassaux des USA. Bref, la nouvelle Russie post-communiste fait paradoxalement plus peur aux dirigeants occidentaux et leur semble plus redoutable et haïssable que l’ancienne URSS.

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Construire l’image d’une dictature belliciste

La thèse officielle sur la Russie de Poutine, rabâchée par 90% des journalistes occidentaux qui suivent les désinformations des services spécialisés –par exemple celles de la Transatlantic Academy, (1) – est la suivante : le Kremlin manœuvrerait pour annexer le Donbass, en y ”gelant” un conflit, puis à faire de l’Ukraine un protectorat russe, et la même chose avec les trois pays baltes. Y compris par la force militaire. On cherche à présenter la Russie comme une dictature isolée ayant très peur de l’exemple d’une Ukraine démocratique, rejoignant l’UE et l’Otan. La Russie est décrite comme une menace pour l’Europe orientale et la paix du monde, afin de justifier la création d’incidents militaires (Est de l’Ukraine, Baltique…). Et de provoquer une confrontation armée, ” gérée”, si possible (mais pas sûr) en dessous du seuil nucléaire ; ce qui est l’objectif – non pas d’Obama, dépassé par les événements – mais de fauteurs de guerre très actifs au Pentagone, à la CIA, dans l’industrie d’armement et dans les médias US.

Le renforcement militaire de l’Otan en Europe orientale, sur ordre de Washington, atteste de cette stratégie mal pensée et à haut risque (voir récent article de ce blog sur Kaliningrad). Elle ne peut pas être freinée par une France qui n’a plus de politique étrangère indépendante sérieuse. Néanmoins, cette option belliciste antirusse peut être entravée par deux facteurs : une lassitude européenne envers une russophobie qui nuit à l’économie du fait des représailles russes aux sanctions, (cas de l’Italie, de la Hongrie, proposition de résolution parlementaire en France pour la levée des sanctions…) et la prochaine élection présidentielle américaine.

Si Hillary Clinton est élue, il n’y a rien à attendre de bon. En revanche, si Donald Trump parvient à la Maison Blanche, il pourrait renverser la table s’il joue la carte de l’isolationnisme et si, comme il l’a dit, il apprécie la Russie. À condition qu’on le laisse faire, car un Président américain doit avoir la force d’affronter les Trois Sœurs – CIA, Pentagone, et Complexe militaro-industriel. Un coup de feu est vite parti. La Russie, qui ne menace en rien la paix et la sécurité mondiale (contrairement à d’autres jamais incriminés) est donc présentée par les appareils de désinformation comme une dictature dangereuse, donc comme l’ennemie principale. Cette russophobie est totalement contraire aux intérêts des Français et des Européens.

(1) La ”Transatlantic Academy”, est un des exemples des centres de propagande métapolitique américains et européens atlantistes (financés par des fonds publics discrets et des fonds privés) qui ”informent” et en réalité influencent les journalistes du monde entier. Cette remarque n’implique aucun anti-américanisme, puisqu’aux USA d’autres think tanks et associations combattent ces lobbies, comme par exemple American Renaissance et le NPI.

http://www.gfaye.com/extension-du-domaine-de-la-russophob...

samedi, 11 juin 2016

Oskar Freysinger: «le personnel politique n’a pas envie de voir le peuple s’émanciper»

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Oskar Freysinger: «le personnel politique n’a pas envie de voir le peuple s’émanciper»

Oskar Freysinger
Conseiller national UDC, enseignant
Propos recueillis par Jordi Vives
 

Présent à Béziers à l'occasion du Rendez-Vous « Oz ta droite » organisé par Robert Ménard, Oskar Freysinger (UDC) a répondu aux questions de notre correspondant en France et compare la situation politique en France et en Suisse.

Les Observateurs : Que pensez-vous de l'initiative de Robert Ménard d'avoir organisé ce Rendez-Vous de Béziers ?

Oskar Freysinger : Je trouve ça excellent. Robert Ménard a du courage, le paysage politique actuellement n'est pas favorable au débat serein et constructif, il le fait. Il a montré en tant que maire de Béziers qu'il était capable de résister à quelques pressions et je trouve ça admirable de voir qu'il y a des gens qui ont des poils où je pense.

Les Observateurs : Quelle comparaison peut-on faire aujourd'hui entre la situation en France et la situation en Suisse ?

Oskar Freysinger : C'est difficilement comparable, nous n'avons pas en Suisse ce phénomène de blocage institutionnel, de contournement institutionnel et ensuite de réaction violente de la population parce que tout le système est construit autrement. Le système français est quasiment construit du haut vers le bas avec un très fort centralisme, très jacobin. En Suisse nous avons le fédéralisme avec un peuple souverain. Le peuple n'a pas besoin de faire grève parce qu'il a les instruments institutionnels pour s'opposer au pouvoir.

Les Observateurs : Quand on regarde le résultat des élections, on constate que l'UDC est le premier parti de Suisse mais pourtant il ne dirige pas le pays comme en France avec le Front National.

Oskar Freysinger : Ça c'est voulu, le système suisse n'est pas fait pour une alternance, pour donner le pouvoir à une seule coterie. C'est le partage du pouvoir. En France, le Front National n'a jamais pu avoir un ministre ni être représenté selon sa force réelle à l'Assemblée Nationale, ce qui est un scandale absolu. Un parti qui draine autant d'électeurs devrait avoir une représentation digne de ce nom au parlement. Si on avait le même système en Suisse, nous, l'UDC, on serait dans la même situation que le Front National or nous avons deux membres au gouvernement fédéral. On est largement représentés au parlement fédéral parce que nous sommes le parti le plus fort. La France et la Suisse ne sont pas comparables, nous avons un système fédéraliste, un système avec la démocratie directe avec la notion d'équilibre des énergies et du partage du pouvoir.

Les Observateurs : Est-ce que la France devrait s'inspirer de la Suisse ?

Oskar Freysinger : C'est difficile d'aller appliquer cela du jour au lendemain. Il faudrait peut-être arriver avec un premier élément de démocratie directe qui serait un référendum mais un référendum réel où le peuple s'exprime clairement et que le parlement ensuite applique. Ça ce serait un premier élément sans chambouler tout le système mais où le peuple aurait alors beaucoup moins la nécessité de tout bloquer, ce qui est dommageable pour le pays, pour les entreprises, pour tout le monde. Le peuple aurait alors au moins un instrument pour commencer à résister. Le problème c'est que le personnel politique n'a absolument pas envie de voir le peuple s'émanciper, prendre part à la gestion publique. Les énarques ne sont pas formés pour ça, ils sont formés pour représenter une élite qui dicte ce qui est bon pour le peuple. Comment voulez-vous arriver alors à quelque chose ? Pour que les choses changent il va falloir une crise et elle sera probablement plutôt européenne que française.

Les Observateurs : Qu'est-ce qui pourrait déclencher cette crise ?

Oskar Freysinger : Une crise financière. Le système financier actuel est construit sur du sable mouvant. Faire tourner la planche à billets et croire que ça créé de la richesse c'est une illusion. C'est juste une question de temps, ça peut encore tenir un certain moment.

Les Observateurs : Vous parlez d'une crise économique mais est-ce que ça ne pourrait pas être également une crise migratoire ?

Oskar Freysinger : La crise migratoire ça peut créer des conflits mais ça sera plutôt une sorte de guerre civile, une violence urbaine de plus en plus forte avec des groupes ethniques qui se battent mais je ne crois pas que la situation sera exacerbée s'il n'y a pas l'aspect financier qui aggrave la chose. Il faut cette paupérisation, ce désespoir de la population pour que vraiment quelque chose se passe. Là actuellement on n'y est pas vraiment, on gueule, on manifeste mais on n'y est pas encore. S'il y a vraiment une crise grave et avec 60 % à 70 % de la population des banlieues qui vit de l'assistance sociale, si l’État n'est plus capable de payer, ils vont prendre par la violence ce qu'ils estiment être leur dû.

Propos recueillis par Jordi Vives

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Iran as a Multipolar anchor

Un coup d’État des juges en Pologne, soutenu par l’Union européenne

Bras de fer invraisemblable auquel se livrent, en Pologne, le Tribunal constitutionnel et la majorité politique, issues des élections de juin et d’octobre 2015, incarnée, respectivement, par le président de la République, Andrzej Duda et Beata Szydlo, tous deux membres du parti populiste Droit et Justice (PiS).

À l’origine, la loi relative au Tribunal constitutionnel, adoptée le 25 juin 2015 par l’ancienne législature (dominée par Plateforme civique [PO]), instaurant une procédure spéciale et dérogatoire de nomination des juges constitutionnels. Officiellement, cette disposition « résultait de la nécessité d’assurer la continuité des travaux du Tribunal en période électorale (le mandat de la VIIe Diète [nom de la chambre basse polonaise, NDLR] devant s’éteindre, au plus tard, le 30 novembre 2015)… », selon le juriste Wojciech Zagorski qui ajoute : « On peut douter de la sincérité du motif officiel. En réalité, la majorité sortante venait de perdre le premier tour du scrutin présidentiel et pressentait la défaite aux élections parlementaires prévues pour l’automne. En modifiant le projet de loi relative au Tribunal, la VIIe Diète s’arrogeait donc la possibilité de nommer cinq nouveaux juges constitutionnels. »

Depuis lors, le pays vit suspendu à un échange politique et juridique des plus tendus entre partisans de l’ancienne majorité au pouvoir (le parti PO, qui a gouverné en coalition avec le parti « paysan » PSL), soutenant le président du Tribunal, le professeur de droit Andrzej Rzepliski et les actuels dirigeants dont Duda qui refuse, notamment, d’assermenter trois juges nommés in extrémis par l’ancienne Diète, le 8 octobre 2015. Pour ne pas alourdir le présent propos, nous nous permettrons de renvoyer le lecteur à notre excellent confrère du Visegràd Post qui narre par le menu ce psychodrame politico-constitutionnel insensé au cœur de l’Europe[1].

On pouvait espérer que les choses s’aplanissent avec le temps, le jeu des institutions comme la bonne volonté des acteurs pouvant conduire, sinon à un règlement définitif de ce conflit, du moins à un consensus politico-judiciaire assimilé à une pax romana, voire à un pacte de non-agression… En attendant les prochaines élections.

Mais c’était sans compter sur la Commission européenne qui, le 1er juin, s’est permis de rendre un avis négatif sur l’État de droit en Pologne, étape préalable, selon Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission, pour « orienter le dialogue en cours avec les autorités polonaises, en vue d’aboutir à une solution », ce, dans le cadre du « mécanisme de protection de l’État de droit mis en place par l’UE. »

En application de l’article 7 du traité sur l’Union européenne (TUE), cela signifie, de deux choses l’une : soit la mise en place d’un mécanisme de prévention « s’il existe un ‘‘risque clair de violation grave des valeurs [de l’Union]’’» (se traduisant par un avertissement), soit l’enclenchement d’un mécanisme de sanction « si l’on constate ‘‘l’existence d’une violation grave et persistante’’ des valeurs sur lesquelles se fonde l’Union, y compris l’État de droit » (par exemple, suspension du droit de vote au Conseil, sans que l’État ainsi puni ne puisse se dérober à ses obligations, notamment en se retirant de l’UE). Quoi qu’il advienne, ce serait une première dans l’Union européenne.

Un tel scénario illustre, jusqu’à la caricature, le coup d’État de droit auquel participe activement cet illégitime pouvoir sans représentation démocratique qu’est la Commission de Bruxelles. Rien que de très banal, en définitive, car, toute à sa démarche d’intégration forcée, l’UE (et, avant elle, la CEE), par le truchement de la Cour de justice, son bras armé, se livre à une interprétation « téléologique » des traités fondateurs en extrapolant délibérément le sens littéral de ces derniers, dans une finalité purement idéologique. À ce pronunciamiento normatif s’ajoute celui des juges (notamment ceux des cours suprêmes et constitutionnelles des États membres) se substituant sans mandat aux peuples « qui-votent-mal-et-n’entendent-rien-aux-affaires-européennes. »

Comme le souligne pertinemment Olivier Bault du Visegràd Post, « les fonctionnaires non élus de la Commission européenne, outre qu’ils s’ingèrent dans la politique intérieure d’un État membre en prenant clairement parti pour son opposition libérale et européiste, ont décidé de soutenir le pouvoir arbitraire et illimité de juges non élus.[2]»

En outre, au lieu d’épingler la VIIe Diète qui cherchait visiblement à verrouiller le Tribunal constitutionnel par des magistrats inamovibles pour 9 ans (article 194 de la Constitution polonaise) acquis à la future opposition, l’UE s’évertue à enrayer, a posteriori, le processus authentiquement démocratique qui a donné la victoire à un parti certes conservateur (notamment sur le plan des mœurs), mais pas farouchement eurosceptique et plutôt de tendance atlantiste.

Notes:

[1] http://visegradpost.com/fr/2016/04/23/comprendre-le-conflit-autour-du-tribunal-constitutionnel-polonais/

[2] http://visegradpost.com/fr/2016/06/07/commission-europeenne-contre-democratie-polonaise/

vendredi, 10 juin 2016

Interview: A history of russophobia – as seen by Hannes Hofbauer

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Interview: A history of russophobia – as seen by Hannes Hofbauer

Ex: https://gianalytics.org

Aleksandar Mitić

Austrian author Hannes Hofbauer specializes in deconstruction of Western „demonization“ narratives. Following his books on the Yugoslav wars, his focus has turned to the economic and geopolitical roots of today’s „Russia-bashing“ in the West.

The Western media and politicians, Hofbauer says, are addressing the Russians as an „anonymous mass, using insulting attributes that express distance distance, detestation, and hate.“ He questions the reasons behind decisions by Washington and Brussels to “deny entry permits for Russian diplomats, inflict sanctions, close accounts of Russian citizens, exclude Moscow from international organizations, boycott sports events and disrespect people who plead for understanding Russian positions and politics.”

Hofbauer-Feindbild-Russland-500.jpgHofbauer argues that the “enemy image paradigm dominates the reception of Russia, Russians, and Russian politics throughout the centuries, although short periods of a positive image existed in between”, but also that the current “demonisation of Russia by the West is a reaction to the Kremlin’s policy to consolidate the state and pursue a sovereign foreign policy”.

According to him, the “new enemy image developed along different occasions: the NATO-war on Yugoslavia (1999), the case of Mikhail Khodorkovsky as well as the US war on Iraq (2003), the Eastern enlargement of NATO and European Union (since 1999 - 2004), the wars in South Ossetia and Abkhasia (2008) and – most important and long-lasting – the struggle over Ukraine’s international orientation, beginning with the EU Association Agreement in November 2013”.

In an interview for GIA, Hofbauer outlines the current state and perspectives of Russophobia.

Why is Russia considered as a sort of “superpower pariah state” by the West?

This is a question of historical and political context. Let’s have a look at the recent history since the breakdown of the Soviet Union. Gorbachev and - even more so - Yeltsin were darlings of Western media and Western politicians. And so Russia’s image was drawn as a friendly state on its way to democracy. Nobody in the West cared about the fact that Yeltsin attacked the White House in Moscow with artillery in October 1993 to get rid of a Duma that rejected his policies. And when he introduced a strong presidential system, the West applauded. Now Putin is using this system and Western commentators speak of autocracy. There is a crucial difference in the Western reception of Russia during the 1990s and after the year 2000. During the 1990s the Kremlin under Yeltsin helped to unmake the state-structures, while after 2000 Putin rebuilt and strengthened these structures in administrative, territorial, and socio-economic respects. This is why the Kremlin and Russia are perceived as an enemy in the West.

What are the roots of Russophobia in the West?

In my book “Enemy Image Russia”, which came out some weeks ago in the German language, I trace the Western Russophobia back to the late 15th century. At this turning point of history, Ivan III consolidated the state against Tatar invasions and geopolitically tried to do what every Russian leader has been doing ever since: to obtain or defend access to the sea for a land-locked country. On his way to the Baltic Sea, he clashed with the Teutonic Order and the Lithuanian-Polish Union. It was not by accident that the German-Polish philosopher Johannes von Glogau from the University of Krakow was the first to taint Russians as “Asiatic, barbaric, non-believers, and dirty”. This image since then became a stereotype over the centuries.

If you like, Russophobia is rooted in the geopolitical fact that Russia wants to have access to the sea and the West always tries to counter this move. Already before the First World War the well-known geographer and founder of the London School of Economics, Halford Mackinder, based his Heartland-theory on this geopolitical conflict. His theory explains why it is necessary and how it is possible for Western powers to rule over or at least control the “heartland” (Russia). It led to justifying  aggressive German Nazi geopolitical visions which came later, such as the one of Alfons Paquet (in the 1940s), as well as to the politics of containment, invented by Nicholas Spykman and realized by Henry Truman (in the 1950s), which found a successor in the adviser of several US presidents, Zbigniew Brezinski (in the 1980s).

Was this Russophobia always a constant throughout history? Were there periods of relaxation?

No, it was not, although we have to say that most of the time, Russia-bashing was usual. In the mercantilist era, when Peter I followed Western concepts of economic and cultural modernization, we see a friendly climate towards Russia throughout the West. In the 19th century the image of Russia was split. While the nobility and the ruling class liked the Tsar, the revolutionaries of 1848 hated him, and this reflected how Russia was seen in different parts of – for instance – German society. Throughout the 20th century, Russia was perceived as an enemy, from the First World War to the end of the Soviet Union. Anti-Russian feelings turned anti-communist and vice-versa. Only with the breakdown of the Soviet Union, the Kremlin and Russia were seen positively in the West.

Is Russophobia exclusively Western, or is it present in other regions and civilizations? What is the difference?

The Pew Research Centre published an opinion poll in 2015, which was carried out worldwide. There it turned out that the image of Russia was very negative in Ukraine and Poland with 75-80% negative against 25-20% positive voices. In Germany, France, Italy and the USA, it was around 70% negative to 30% positive, whereas in China the image of Russia was only 37% negative and 51% positive and in India 17% negative to 43% positive. Beside the geopolitical reasons I already mentioned, the main difference in the perception of Russia is rooted in the economic field. Western powers represent the interests of their global economic players; and they want a weak Russia to trade or invest in with more profit. China and India are (for the moment) not in possession of such an aggressive capital.

How do you explain Russophobia in parts of the population in the European Union? Some European nations, like the Serbs, seem even to be largely pro-Russian.

Cultural ties between Russia and (German) Europe have always been close. Educated people know this - and experience it. Some people of the older generations also remember war times, when Germany invaded Russia in 1941 and know quite well that aggression throughout the 20th century always started in the West. Pro-Russian feelings of Serbs are rooted in a common culture that may be explained in religious or ethnical terms. Historically, in geopolitical conflicts Russia most of the time stood on Serbia’s side: from the hostility to the common enemy, the Ottoman Empire, to a favorable attitude towards Serbian statehood. We could see this even in 1999 when the weak Kremlin under Yeltsin did not favor NATO aggression against Serbia. We remember Prime Minister Primakov, who interrupted a planned visit to Washington on the 24th of March 1999 to protest against the NATO-aggression. People keep events like that in mind.

The EU has launched in 2015 a strategic communication program aimed at fighting "Russian disinformation" ("Stratcom East" working group). Does this mean that Russophobia is now institutionalized in the European Union?

More than that. With sanctions against Russian figures and the embargo against Russian industrial companies and banks implemented in March and April 2014, an economic war has started destroying the ties especially between the European Union and Russia. US-firms are not suffering much from this kind of trouble because their import/export-figures with Russia or Ukraine are negligible. In that sense, the embargo and counter-embargo also reflect a struggle, which is taking place between the USA and the European Union.

How dangerous is Russophobia for European and world security?

At the moment, there are two wars going on, where Russia and USA/NATO are in more or less direct confrontation: the one in the Ukraine and the Middle East/Syria. So we already have a very dangerous situation, which is not only about territory and influence, but also about how to solve the deep socio-economic crisis in the background. Ukrainian and Arabic youth have no future but to emigrate. This is a bomb far more dangerous than F16 bombers. Generations without future … what should they do? Where could they go? What will happen with destroyed regions? To what extent will this war touch the centers or come back into the core-countries, where most of the today’s wars have their starting point or – at least – from were they were unleashed and in whose interest they are being instrumentalized? With these very pessimistic prospects, every enemy image dynamizes the tragedy. The West at the moment operates with two enemy images: the Islamic and the Russian. In a way, this shows the weakness of Western hegemony, but in its weak position it has become increasingly aggressive. So we are undergoing a dangerous period of time.

Is there anything that Russia and Russians can do about Russophobia today and in the future?

Economically and socially speaking, the key word to overcome some of the mayor problems should be “import substitution”. To rely more on its own resources and industrial and innovative capacities could be a positive answer within Russia to Russophobia by the West. If Russia and the Russians in their daily life are dependent on Western investment, commodities, technology, culture etc., Western Russophobia has a crucial impact on this daily life. The Kremlin knows this and tries to act accordingly. But it is not an easy task. At the moment, Western politicians and media realize that Russia and the Russians do not depend so much on what is done, said, and invested in the West, the menace against Russia becomes more and more an empty threat. To keep looking in the direction of EU or the USA will not help.

Quelques extraits choisis de la revue de presse de Pierre Bérard

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Quelques extraits choisis de la revue de presse de Pierre Bérard

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Au sommaire :

• Julien Rochedy, regardant cette émission, en tire argument pour annoncer la fin de l'ère idéologique débutée avec la Révolution française et analyse ce que ce changement de paradigme implique quant à notre horizon de sens.
 
 
• Pour Michel Onfray ceux qui se présentent en France comme la "gauche" et la "droite" mènent la même politique tant sur le plan intérieur (libéralisme) que sur le plan extérieur (adhésion à la vision hégémonique des États-Unis). La gauche a changé "son" peuple "old school" en affichant ses préférences pour les marges foucaldiennes (voir les analyses de François Bousquet) et en privilégiant  la flexibilité pour le prolétariat au dépens de sa sécurité. Il plaide mezzo voce pour les dictatures laïques du proche orient, faute de mieux, et fustige à cet égard l'influence néfaste de Bernard-Henri Lévy et de tous les apôtres maximalistes du Bien. Il s'affirme partisan d'une négociation avec l'État islamique. Selon lui la France est dans un état d'insécurité absolue et Il y a peu de chances que ceux qui sont susceptibles d'être élus aux prochaines élections présidentielles viennent à réduire cet état tant ils sont dépourvus de la moindre intelligence politique. Onfray revendique hardiment la posture du tragique et voit poindre les germes de la guerre civile.
 
 
• François Bousquet présente brillamment son livre de déconstruction d'un penseur éminent et intouchable, Michel Foucault. Son ouvrage Putain de Saint Foucault : Archéologie d'un fétiche est paru aux éditions Pierre-Guillaume de Roux.
 
 
• Entretien de Jean-Pierre Le Goff avec Alexandre Devecchio paru dans le Figaro Magazine. L'auteur de Malaise dans la démocratie y développe l'idée selon laquelle nous assistons à la fin d'un cycle qui se termine dans le chaos.
 
• Francis Cousin examine brièvement le cas Trump du point de vue de son analyse radicale du fétichisme du spectacle marchand en notant que les médias du capital le désigne toujours comme le "candidat milliardaire", ce qu'il ne font jamais pour son opposante Hillary Clinton et comme il ne le firent pas non plus pour Dominique Strauss Kahn, par exemple, qu'ils auraient pu désigner à bon droit comme mari de la journaliste milliardaire Anne Sinclair ou pour Botul qui n'est jamais présenté comme "philosophe" milliardaire. Il se trouve que c'est pourtant Clinton qui porte le projet de colonisation du monde par le capital. Bien sûr la candidature Trump n'a aucun intérêt du point de vue de la subversion sociale mais son déclassement en a un du point de vue de la tyrannie médiatique chargée de répandre les tabous et les totem aliénatoires de la diversion, de la manipulation et de la domestication. Très bonne intervention malgré le jargon post-situ mis en oeuvre de façon répétitive. 
 
 
• Le philosophe réparateur de motos (comme Spinoza polissait des lentilles) Matthew B. Crawford dont Jean-Claude Michéa fait grand cas était l'invité sur France-culture de l'émission La grande table. Depuis le succès de son premier essai paru en 2010 Éloge du carburateur, en fait un éloge du travail manuel, il attire notre vigilance sur l'économie de l'attention, bien monétisable.  La publicité s'adresse à des individus passifs et ne fait pas appel à la compétence, les objets en revanche, si, et ils nous soumettent activement à la réalité. Le marketing publicitaire nous prive du monde en faisant jouer notre narcissisme, tandis que les objets nous y ramènent. 
 
 
• Élisabeth Lévy présente la livraison de juin de son mensuel Causeur consacrée à Alain Juppé,"Le pire d'entre nous ?". Dans cet entretien elle déclare que le terranovisme de droite, incarné par Juppé, candidat du parti des médias et des sondeurs, ne lui plait pas plus que le terranovisme de gauche. Elle ajoute qu'une grande partie de la population peut supporter le chômage et l'appauvrissement, pas la perspective de sa disparition comme peuple (on se reportera à cet égard aux analyses développées par Vincent Coussedière dans son dernier livre Le retour du peuple An I). À tort ou à raison une partie de la France des invisibles décrite par Guilluy se sent menacée dans son identité collective par l'immigration de masse et par la progression d'un islam séparatiste. Réflexions bigrement toniques.
 
 
• En explorant jusqu'à sa moelle l'inconscient politico-racial de Houria Bouteldja (Parti des Indigènes de la République) ce texte du Lys Noir en forme de roman d'anticipation en vient à dévoiler bien des ressorts de notre société, c'est pourquoi il plaide, contre la mégamachine, pour une extension horizontale du domaine de la lutte. L'Action Française deviendrait-elle, au fur et à mesure que s'estompe son Saint Graal (le retours de la monarchie) un refuge pour dandys à l'humour vache mais d'excellente facture ?
 
 
• Quand on aime on ne compte pas. Toujours à propos de Houria Boutldja mais aussi de Éric Cantonna, de Karim Benzema et de Jamel Debbouze le républicain Jean-Paul Brighelli s'emporte et pose une bonne question : qui sont les véritables "racistes" ?
 
 
• L'Association pour l'histoire organisait en Mai un colloque consacré aux "Relations franco-russes XVIII-XXI siècles". Ci-jointe la communication de Philippe Conrad sur l'alliance militaire franco-russe de 1893-1894. Philippe Conrad est directeur de la Nouvelle Revue d'Histoire.
 
 
• Depuis le mois de janvier se développe une campagne de presse européenne contre le nouveau gouvernement croate et plus précisément contre son ministre de la culture, Zlatko Hasanbegovic. Une pétition digne du meilleur l'Agitprop a notamment paru dans le quotidien Libération (23 mai) contre le jeune historien accusé d'un capharnaüm de pensées délictueuses : nostalgies oustachies, révisionnisme et sympathies génocidaires. Elle fut contre-signée par une ribambelle de grandes consciences telle l'inévitables Caroline Fourest, le toujours fringuant Toni Negri condamné à trente ans de prison pour meurtre, le dramaturge Dario Fo et Alain Finkielkraut dont on se demande ce qu'il fait dans cette galère. Néanmoins Ivan Zvonimir dissident durant l'ère Tito et président du Comité Helsinki pour les droits de l'homme a fait litière de toutes les diffamations qui visent Hasanbegovic suivi en cela par 150 historiens et personnalités de la culture croate. La gauche croate dont le monopole est menacée se rebiffent à coup de médisances et d'impostures et trouve nombre de soutiens internationaux. Ci dessous Jure Georges Vujic rétablit pour la fondation Polémia un peu de clarté sur cette sombre histoire.
 
 
• "Poutine a ressuscité la lutte des sociétés holistes contre les individualistes" telle est la leçon qu'Éric Zemmour retire de la lecture de La guerre des mondes, livre que vient de faire paraitre Mathieu Slama aux Édition de Fallois.
 
 
• Dans un entretien Gérard Dussouy  poursuit avec réalisme la réflexion entamée dans son livre : Fonder un État européen, préfacé par Dominique Venner. Pour lui le travail entrepris par l'Institut Iliade est essentiel afin que l'Europe ait un avenir autonome.
 
 
• Affirmer que le Grand Remplacement n'est qu'un fantasme relève d'un déni de réalité pour Jean-Yves Le Gallou.
 
• La réalité crue de l'immigration sauvage à Mayotte, devenue un département français par la volonté "progressiste" du président Sarkozy expliquée ici par Michel Lhomme. Il y ajoute des considérations à propos d'une loi votée en mars 2016 par droite et gauche réunie qu'il dénomme "loi de fratrie" et qui étend toujours plus le droit à l'immigration.
 
 
• Sur le site Idiocratie, une bonne analyse à propos du terrorisme islamique envisagé comme un conflit de basse intensité.
 
 
• Entretien avec l'analyste stratégique suisse Jacques Baud qui vient de publier un ouvrage intitulé Terrorisme, mensonges politiques et stratégies fatales de l'Occident. Il porte un regard critique sur l'ensemble de nos interventions au Proche-orient dans ce livre sans concession puisque selon lui les gouvernements occidentaux  auraient délibérément provoqué la violence islamiste sous nos latitudes pour couvrir leurs déboires en politique intérieure. De ce fait le danger principal ne vient pas toujours des cibles que le complexe médiatico-politique nous contraint d'interroger. Dialogue très instructif paru sur Breizh-info.com.
 
 
• Critique de l'ouvrage sus-mentioné de Jacques Baud paru sur le site de Theatrum Belli.
 
 
• Interview de Jean-Louis Harouel qui vient de publier Les droits de l'homme contre le peuple (éditions Desclée de Brouwer): "Sur le sol européen, l'islam a profité à plein des droits de l'homme". 
 
 
• Dans une interview diffusée le 31 mai sur I-Télé, Julian Assange multiple les analyses lucides sur la soumission et l'inféodation de la France vis à vis à la stratégie des États-Unis. Rappelons que notre pays qui admet sur son territoire chaque année des dizaines de milliers de demandeurs s'asile a refusé cette protection à Julian Assange comme à Edward Snowden qui n'a pu trouver son salut qu'auprès de Wladimir Poutine...
 
 
• "Il faudra faire des choix décisif" tel est le message que Yannick Jaffré s'efforce de transmettre dans l'interview qu'il donne à Breizh-info. Il y exprime de manière originale son sentiment sur l'affaire Black M, sur Aymeric Chauprade, sur le front national dont il regrette qu'il n'accorde à la question de l'identité qu'un attention lointaine faite d'abstraction et se mouvant dans un contractualisme aseptisé. Pour lui si d'aventure il accédait au pouvoir il ne parviendrait pas  à éviter ce qu'il appelle "le grand choc". 
 
 
• "Comment confier mon destin spirituel à un homme qui refuse de désigner l'ennemi pour ce qu'il est ? Notre solitude s'accroît. L'Église devient une partie de notre désert et son discours officiel dresse notre croix sur un ciel déjà tourmenté par la guerre, la déchéance morale, la catastrophe écologique, la ruine des nations". Ainsi parle le catholique Richard Millet à propos du pape François.
 
 
• Il y a dix ans Dominique Venner tirait le bilan de la bataille de Verdun dans son éditorial de la Nouvelle Revue d'Histoire.
 
 
• Enfin, on se pousse un  peu pour faire place à la dernière co-production cinéphilique franco-ukrainienne consacrée à ce qui est sans doute un simple trafiquant d'armes grimé en "terroriste d'extrême droite". Bref un Breivik français purement fictionnel destiné à enrichir le légendaire antiterroriste et à "équilibrer" la menace. Ici traitée par Aristide Leucate.
 
 
 
RENCONTRES DE BÉZIERS, LES AVIS EN FORME DE BILAN :
 
• Voir les interventions les plus marquantes des rencontres de Béziers sur les site de Boulevard Voltaire.
 
 
• Le bilan de ces rencontres tracé par Jean-Yves Le Gallou s'avère très positif. Il y voit une victoire de la sensibilité et de la revendication identitaire que le Front national s'efforce officiellement de gommer. Florian Philippot ayant déclaré que les rencontres de Béziers constituaient un "flop d'extrême droite", Le Gallou voit à raison dans cette qualification infamante un propos bien peu pertinent qui ne fait qu'alimenter la rhétorique de ceux qui abusent de ce qualificatif. Le "c'est pas moi, c'est l'autre" est une manière de dérobade qui se retourne le plus souvent contre son auteur.
 
 
• La déception attendue de Julien Rochedy qui dit sortir de ce week-end assez meurtri n'y ayant pas vu se concrétiser "la grande alliance de droite". Mais qu'est-ce que la "droite" d'aujourd'hui sinon le nom dont s'est emparé le révolutionnarisme libéral le plus abject ?
 
 
• Selon Gabriel Robin le peuple de droite n'existe pas plus que le peuple de gauche.
 
 
• Sur le blog du libéral Ivan Rioufol.
 

La fin du collège unique: un marronnier?

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La fin du collège unique: un marronnier?

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Proclamée comme une des mesures phares à l'issue de la réunion de Béziers intitulée « OZ ta droite ! », celle-ci m'a fait rire jaune. Le collège unique a été instauré dans les années 70 car l'Etat voulait créer une société de services et de diplômés... L'idée était bonne en elle-même mais s'est heurtée à certaines réalités dont l'une d'elle est l'immigration. Le collège unique n'est peut-être pas la racine du problème. Mis en place alors que notre tissu industriel commençait à diminuer, que le chômage augmentait et que l'immigration se faisait plus importante (regroupement familial), le collège unique est bien plus une victime du contexte que la cause du problème. Ainsi plutôt que de vilipender le « collège unique » il faudrait se questionner surtout sur ce qui a contribué à son échec, ce qui n'est jamais vraiment fait ni chez ses promoteurs, ni chez ses détracteurs.

Pour supprimer le collège unique il faudrait pouvoir proposer des filières professionnelles plus tôt : or nous n'avons plus que 2 à 3% des actifs dans l'agriculture et une grosse vingtaine dans l'industrie et le bâtiment, pas de quoi permettre de trouver des débouchés à la plupart des ados... Si on part du principe que le cursus scolaire sert essentiellement à former des agents économiques, alors il faut partir de l'objectif, le projet économique, et repartir vers la base, le cursus scolaire. Tout en prenant en considération qu'un cursus dure environ 20 ans, c'est pour un projet économique à l'horizon 2040 qu'on mettrait en place vers 2020 un nouveau système scolaire en cas de victoire de la « droite dure » ! On se rend donc bien compte qu'entre les paroles (la suppression du collège unique) et la réalité (mettre en place un système scolaire correspondant au projet économique souhaité), il y a un gouffre ! D'autant que nous peinons à croire qu'un mauvais élève fainéant et indiscipliné fera un bon ouvrier, un bon artisan ou un bon agriculteur capable d'effort, de sérieux et de rigueur...

Par ailleurs, le collège unique n'empêche absolument pas les écarts de niveau entre classes et entre établissements. Les classements publiés dans les sacs à pubs hexagonaux établissant les « meilleurs collèges » sur différents critères l'attestent. Ainsi le collège unique n'est pas un véritable problème puisque la carte scolaire d'un côté et le privé sous contrat ou hors contrat de l'autre permettent globalement à tout le monde de s'y retrouver. Sauf cas exceptionnel, les élèves d'un établissement ont un niveau très similaire. Et s'il y a bien un domaine dans lequel les parents sont généralement soucieux de leurs enfants, c'est bel et bien l'enseignement... Aujourd'hui les établissements privés des grandes métropoles se métamorphosent avec de plus en plus de familles issues de l'immigration qui y inscrivent leurs enfants pour leur « éviter » le collège de quartier. Ce sont parfois des familles extrêmement soucieuses de l'éducation reçues et des valeurs véhiculées.

En d'autres termes : le problème n'est donc pas que le collège soit unique ou non, puisque de toute façon les écarts de niveau existent entre établissements et tout le monde le sait très bien, le problème c'est plutôt de savoir ce qu'on a à proposer aux "jeunes" à l'issue de leur cursus scolaire...

Sur ce point, faisons un peu de sociologie, on pointera du doigt le fait que la génération post 2001 est née dans un monde particulièrement anxiogène (terrorisme, chômage, insécurité) et qui a toujours connu le numérique (ordinateurs, téléphones portables, tablettes, …). Les « jeunes » auxquels les enseignants doivent faire face n'ont donc plus rien à voir avec ceux par exemple des années 80 ou même 90, époque où rien n'allait déjà plus pour certains... Hyper-connectés mais victimes d'une pauvreté relationnelle avec l'entourage familial, les adolescents sont souvent confrontés à une absence de référentiels solides et de verticalité. La question du collège unique est donc secondaire, ce qui compte c'est que le collège soit un creuset de formation et d'éducation permettant d'introduire une certaine verticalité qui contraste avec l'horizontalité introduite par le numérique. Évidemment à cette nécessaire verticalité il faut ajouter la hiérarchie des valeurs. Bien loin d'une absence de valeurs, les adolescents sont confrontés à une profusion de valeurs*. En un clic ils peuvent avoir accès à tout, et aussi à n'importe quoi. Le rôle de l'éducateur et du pédagogue revient donc à les aider à hiérarchiser, à faire preuve de discernement et d'esprit critique. Et cette tâche est extrêmement ardue. Le problème n'est donc pas qu'on apprend plus rien à l'école, mais que les élèves considèrent le savoir scolaire comme une information parmi d'autres et les valeurs et référentiels de l'école comme des valeurs parmi d'autres. En somme, le numérique aura réussi là où le pédagogisme post-moderniste avait échoué.

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Avant l'an 2000, malgré les divorces ou les familles recomposées, la plupart des enfants vivaient dans des milieux de classes moyennes où subsistaient un tissu social et des grand-parents garants de certaines « valeurs ». Les ado actuels sont victimes de la double peine : d'un côté leur environnement familial n'est pas toujours porteur (parents post 68 et grand-parents 68ards) et de l'autre le numérique les coupe de leur environnement familial. Ils ne peuvent donc connaître rien d'autre que l'horizontalité et le relativisme car aussi bien leur famille que le numérique les maintiennent dans cet univers de pensée. Ainsi, une observation fine des collégiens actuels permet de se rendre compte que le collégien (et le lycéen) ne cherchent pas la distinction mais l'uniformisation. Alors que des années 50 aux années 90, toutes les générations ont connu leurs lots de rebelles (des teddy boys aux neo-metalleux en passant par les mods, les rappeurs, les punks, les skins, etc...) la plupart des ados aujourd'hui ne cherchent pas à appartenir à des tribus de ce type mais tout au contraire cherchent des référentiels qu'ils n'ont pas. Ainsi s'explique le succès de l'islam dit « radical » chez les jeunes issus de l'immigration dont les revendications ne passent plus par le rap contestataire et une culture gauchisante (de type I AM ou Zebda...) mais plutôt par le rap ultra-violent mêlé à l'islamisme. C'est donc sans grand étonnement qu'on constate la porosité entre le grand banditisme et le jihadisme, elle existe aussi chez les plus jeunes entre petite délinquance et revendication identitaire.

Ce que nous avons à proposer à nos jeunes, autant sur le plan professionnel que des valeurs, est donc bien plus important que la structure même du collège qui n'est qu'un outil pour atteindre un ou plusieurs objectifs.

Ici on se heurte alors à la conception de l'enseignement. Celui-ci a-t-il pour objet de former de futurs employés ou bien de permettre l'acquisition d'un socle culturel commun ? Sans opposer les deux, c'est un débat de fond que ne tranche pas le débat sur le collège unique si celui-ci est mal posé. Mais cela nous donne une piste. Jusqu'à preuve du contraire, les partisans de la suppression du collège unique perçoivent l'école essentiellement comme un lieu de formation. Mais ils font fausse route, car les systèmes éducatifs ont toujours peu ou prou pour mission de faire adhérer les enfants aux valeurs de la communauté. On en revient donc à cette question des valeurs. L'hystérisation autour des « valeurs républicaines » vient bel et bien de ce constat. Et si nous sommes attachés à la liberté éducative (cf. ici) nous ne sommes pas dupes : quelle société peut tolérer qu'au nom des « libertés » certains prônent des valeurs rigoureusement inverses ? Les libéraux naviguent eux aussi en plein relativisme en défendant la liberté éducative sans condition et la fin du collège unique pour des motifs économiques : cela ne peut conduire qu'à toujours plus d'atomisation sociale là où l’école républicaine s'essaye bon an mal an de maintenir ce qui peut encore subsister de « société ». Ils font une nouvelle fois fausse route : non seulement l'organisation de l'éducation d'un Etat / d'une société / d'une communauté doit être a minima déterminée par des objectifs économiques, mais elle doit également être réfléchie pour des objectifs de cohésion sociale reposant sur des valeurs et des principes partagés.

Si on ne peut pas résumer ce sujet à un marronnier en raison de son importance, il n'en demeure pas moins souvent traité de façon démagogique par des individus qui soit n'y connaissent rien, soit ne sont pas honnêtes quant à leurs objectifs.

Jean / C.N.C

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

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* Le rapport aux idées et valeurs

Pour ces deux auteurs, les termes employés ne sont aucunement péjoratifs.

Il s’agit du septième rapport en pleine mutation, qui transforme la nature des engagements de l’individu hypermoderne. À présent, les individus sont particulièrement critiques et réflexifs. Critiques, parce que leurs jugements de valeur reposent sur un raisonnement qui se réclame de la démonstration scientifique (de plus en plus de personnes ont le baccalauréat, font des mathématiques, des sciences dites « dures » ou humaines…). Ils réclament le droit de critique et de proposition à l’égard de toutes les normes en vigueur. Réflexifs, parce que les individus s’interrogent sans cesse et fonctionnent par tests, essais, erreurs. Ils se donnent les moyens d’une distance d’avec eux-mêmes. C’est la « prise de tête », comme disent les élèves et étudiants. Ils sont avant tout en quête de « sens », comme en témoigne la fortune du mot. Avant, ils recevaient le sens des religions et des idéologies ; aujourd’hui, ils les mettent à l’épreuve. L’encadrement communautaire laisse place au tâtonnement individuel qui prend deux formes principales : celle d’un « bricolage » au sens de Claude Lévi-Strauss et d’un « braconnage » au sens de Michel de Certeau.

C’est en effet le règne du « bricolage » des valeurs. Dans son œuvre La Pensée sauvage, l’anthropologue Claude Lévi-Strauss met en lumière la notion de « bricolage intellectuel » pour spécifier la façon dont, dans les « sociétés premières », on s’exprime par « un mouvement incident » « avec les moyens du bord », avec ce que l’on a « sous la main », c’est-à-dire « un ensemble à chaque instant fini d’outils ou de matériaux, hétéroclite ». Le résultat en est contingent et n’est pas définissable par un projet ; le bricolage se fait « avec les résidus de constructions et de destructions antérieures » (Lévi-Strauss, 1962, pp. 31-32). Cela s’applique à nos contemporains quand il s’agit de leur recherche de valeurs.

Il existe également un « braconnage » des valeurs. Pour Michel de Certeau, le « braconnage » est une pratique culturelle qui consiste à « voyager », « circuler sur les terres d’autrui » et « ravir les biens d’autrui » en toute impunité. C’est ne pas avoir de lieu, « ne pas être ici ou là, l’un ou l’autre, ni l’un ni l’autre, à fois dedans et dehors, perdant l’un et l’autre en les mêlant », associant des éléments épars dont on est « l’éveilleur et l’hôte » mais jamais « le propriétaire » (de Certeau, 1990, p. 251). Le braconnier « esquive la loi du milieu social » et déroute, « fugue », pille et invente au gré de son bon vouloir, « ruse » et « joue » avec différents éléments et contenus culturels (ibid., pp. 252-253). Les individus braconnent ainsi leurs valeurs. Dès lors, l’engagement n’est plus de l’ordre de l’évidence communautaire, il est vécu comme une mise à l’épreuve des idées et des valeurs de chacun.

Ce « braconnage » ou ce « bricolage » des valeurs est souvent interprété – lorsqu’il s’agit des plus jeunes générations – comme une perte de valeurs. Combien de fois entendons-nous que « les jeunes n’ont plus de valeurs », que « les jeunes n’ont plus de repères »… De fait, le diagnostic est très mal posé. En effet, il n’y a aucune perte des valeurs ou des repères. D’un point de vue sociologique, c’est exactement l’inverse qui se produit dans les sociétés occidentales. Jamais des générations n’ont eu accès à une telle palette des valeurs. Avec Internet, les groupes de pairs, la multiplication des réseaux et des connexions dans un monde globalisé… tout devient possible, car accessible. À l’heure de la remise en cause des religions institutionnalisées, des idéologies et des grands récits qui ont fait l’identité des générations antérieures, notre société connaît par contraste une effervescence axiologique, c’est-à-dire une prolifération des valeurs, une ébullition des références, celles-ci pouvant être contradictoires et déconcertantes. Dans le cadre de ce brouillage des balises de sens, l’enjeu pour les adolescents mais aussi pour les jeunes adultes est alors de hiérarchiser, de faire le tri dans le charivari des valeurs. Le problème majeur en effet n’est pas celui de la perte ou de la fin des valeurs, mais bien celui de leur profusion et de leur hiérarchisation. »

Source : Olivier Bobineau, La troisième modernité, ou « l'individualisme confinitaire », https://sociologies.revues.org