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jeudi, 06 juillet 2017

Apocalypse touristique en Islande

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Apocalypse touristique en Islande

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

L’Islande c’était l’île sauvage, magique et sous-peuplée. Un rêve pour Jules Verne et tous nos rayons verts.

L’Islande c’était aussi le pays du ragnarok, du grand crépuscule des dieux. Or on a ici le tsunami de l’invasion touristique. Deux millions de touristes, en attendant dix ou cent pour exciter les enthousiastes des réseaux sociaux, pour 340 000 habitants. Au boom spéculatif qui ruina cette pauvre île, succède le boom touristique qui la dévaste. Mais c’est comme ça. J’ai vu d’autres coins comme ça disparaître à la surface de la terre, et j’ai bien lu la thérapie de choc de Naomi Klein qui explique comme le tsunami précipita la vraie dévastation, celle touristique, de l’océan indien. Mais qui va interdire aux milliards de Tartarin de voyager ?

On a parlé ici de la catastrophe touristique. Elle n’est pas seulement grave pour le paysage, elle est grave pour l’humain qui pratique ce tourisme.

On a connu le romantique qui écrivait et qui gravait, le petit éduqué qui lisait le Guide bleu, maintenant on a le massifié abruti qui se fait un selfie et se fout de tout le reste. Il veut se prendre en photo devant une chute d’eau, descend du bus pour ça et puis c’est tout. On est tous cons, mais pas au point de voyager, disait Sam Beckett.

Lisons le Monde pour une fois :

« Ce sont eux qui font la renommée du bourg, dont la plage est souvent classée parmi les plus belles du monde. En se retournant, la vue porte sur le glacier Myrdalsjökull, qu’on pourrait presque toucher par temps clair. Bienvenue en Islande, à Vik, 572 âmes, 1,2 million de touristes attendus en 2017.

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A la sortie du village, le long de la route circulaire qui fait le tour de l’Etat insulaire sur 1 339 kilomètres, trois autocars déversent leurs passagers à doudounes, tout sourire, à la porte du magasin de souvenirs. Devant la station-service, c’est un ballet incessant de voitures : en mars, il en est passé près de 3 000 par jour en moyenne. Il y a encore cinq ans, le touriste était pourtant une espèce essentiellement estivale, comme la sterne.

A seulement 186 kilomètres de Reykjavik, Vik était l’étape idéale sur la route du Sud et ses merveilles naturelles : plages, ­ cascades, glaciers, icebergs. Mais d’octobre à juin, sous un ciel souvent maussade, le village hibernait.

C’est un temps révolu. A l’office du tourisme, Beata Rutkowska travaille à un nouveau plan du bourg. De nombreuses adresses sont à modifier : « Ici vont s’ouvrir deux chambres d’hôte. Là, nous allons mettre en service une tyrolienne. Le loueur de chevaux a changé de place, pour avoir des écuries plus grandes. »

On frétille en continuant, à 400 euros la nuit de base :

« La boutique, déjà vaste, va encore s’agrandir. Deux hôtels vont augmenter leur capacité. Un autre ouvrira en 2018. Vik et ses environs proches disposent à ce jour de 1 800 lits. Mais inutile de chercher une chambre pour le pic de l’été. Rien n’est disponible à moins de 50 kilomètres. A 400 euros la nuit minimum, pour une famille de quatre.

Le village fait face au cyclone touristique qui s’est emparé de toute l’Islande. L’île accueillait 400 000 visiteurs en 2006. Elle en a reçu 1,7 million en 2016. Les prévisions pour cette année font état de 2,3 millions. La moitié de ces voyageurs, au moins, transitent par la commune, qui compte plusieurs spots touristiques… »

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Chose importante : « Il est impossible de trouver une maison à louer à Vik. Dès qu’une se ­libère, les hôtels se jettent dessus pour loger leurs employés », explique l’édile.

J’ai déjà expliqué que comme on ne peut plus se loger sur terre, les employés écossais d’Amazon par exemple campent. On organise des tombolas pour les distraire. 200 000 parisiens dorment sous la tente, et peut-être dix millions d’Américains, pour rester dans les légendaires pays dits développés.

Car on n’arrête pas le progrès.

Après la journaliste du Monde est toute triste : « Effets sur l’environnement. »

Mot magique ! L’environnement !

Car si la population islandaise devant les billets oublie toute pudeur, la population touristique n’oublie pas de déféquer.

« Voici une retombée du tourisme de masse dont l’Islande se serait bien passée. Les sites d’information locaux ne parlent que de ça : la fâcheuse tendance qu’ont les visiteurs de faire leurs besoins n’importe où, dans la nature et même en zone urbaine. Une photo prise par un fermier de Fljotsdalur (sud) a récemment fait le tour des réseaux ­sociaux. On y voit un touriste, pantalon sur les chevilles, ­accroupi devant la boîte aux lettres de Thorkell Daniel ­Eiriksson, pourtant venu lui dire son mécontentement. » 

On continue sur les urinoirs :

« Les Islandais attribuent ce comportement au manque de lieux d’aisance, en rapport au nombre croissant de touristes. Et au fait que plein de cafés et restaurants réservent leurs toilettes à la clientèle – ou font payer les gens de passage. Cela ne suffit pas toujours à éviter les malentendus. Ainsi, des instructions placées dans les WC publics demandent ­expressément de ne pas poser les pieds sur la lunette – une habitude asiatique, selon les gérants. Des panneaux de signalisation ronds encore plus explicites sont parfois ­accolés à ceux qui interdisent le camping sauvage. Ils sont, pour l’heure, réservés aux ­propriétés privées. »

Pourquoi parler des chiottes ?

Lisez Léon Bloy pardi :

« Par nature le Bourgeois est haïsseur et destructeur de paradis. Quand il aperçoit un beau Domaine, son rêve est de couper les grands arbres, de tarir les sources, de tracer des rues, d'instaurer des boutiques et des urinoirs. Il appelle ça monter une affaire. »

Pour le reste, rappelez-vous Apocalypse now : le baba cool cite TS Eliot (The Hollow men, les hommes creux), et son monde qui ne crèvera pas dans un boom, mais dans un pleurnichement. La vraie apocalypse, c’est le triomphe de la médiocrité et de la massification que nous vivons !

Mais rassurez-vous : on fabriquera plus de chiottes trois étoiles Michelin, on mettra les piaules à 2000 euros la nuit pour les familles, et on balisera tous les sentiers GR. 10mn maximum selfies compris !!!

Sources

Nicolas Bonnal – Le voyageur éveillé

Bloy – Exégèse des lieux communs

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/m-perso/article/2017/06/02/en-islande-un-village-submerge-par-les  touristes_5137763_4497916.html#qhDt2veJT1fkx6Wk.99

mercredi, 05 juillet 2017

Pourquoi cette attitude hostile de la politique allemande envers la Russie?

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Pourquoi cette attitude hostile de la politique allemande envers la Russie?

par Karl Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le président de l’Allemagne fédérale Frank-Walter Steinmeier s’est exprimé sur la relation germano-russe dans une interview accordée à la «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 16 juin 2017. Ce fut une déception pour tous ceux ayant espéré entendre un signal de détente dans ces relations bilatérales. Le président fédéral s’est exprimé très exactement comme la grande majorité du monde politique allemand et des médias du pays. Steinmeier a placé la Russie, par insinuations, dans une vision négative et a exprimé ses attentes de voir les relations se détériorer. Mot pour mot, il a dit: «Si la Russie devait prendre une influence sur les élections au Bundestag, on assisterait forcément à un recul de ce qui reste de commun. Ce serait négatif pour les deux côtés.» Puis, il a ajouté: «Depuis une quinzaine d’années, nous sommes confrontés à une aliénation croissante entre l’Europe et la Russie.» Aujourd’hui, la Russie semble chercher son identité plus en se séparant de l’Europe et de l’Occident qu’en recherchant des points communs. Il s’est également exprimé sur l’«annexion» de la Crimée et sur les activités militaires russes en Ukraine orientale qui auraient tout aggravé.

Il reste nombre de questions sans réponses

Ces affirmations du président fédéral démontrent à nouveau une manière de penser voulant à tout prix ignorer les faits offrant un autre regard sur les évènements concrets. Ce n’est certes pas par hasard que Frank-Walter Steinmeier ne présente rien de substantiel, ne cite aucun fait et se contente de propagande. On peut donc se poser les questions suivantes:

  • Comment «Moscou» peut-elle prendre quelque influence sur les élections parlementaires? On ne peut guère reprocher au gouvernement russe d’avoir son opinion quant aux différents partis et à leurs candidats. Pas plus qu’on ne peut lui en vouloir d’avoir un regard critique sur les forces politiques qui incitent au conflit. Il va de soi que des médias russes de langue allemande, tels Sputnik et rt deutsch, ont le droit d’utiliser la liberté d’expression. L’idée que des électeurs seraient «manipulés par Moscou» relève davantage d’une certaine image de l’homme prévalant dans certains cercles en Allemagne (et dans d’autres pays), qui eux-mêmes ne se gênent pas de tenter d’influencer les électeurs allemands. L’idée que des pirates informatiques russes pourraient s’infiltrer dans les données les plus secrètes des partis et des candidats afin d’influencer les élections en les rendant publiques est remarquable. Est-ce possible qu’il existe des données et des informations politiques importantes sur les partis et les candidats ne devant pas être dévoilées? Voilà de quoi éveiller la curiosité des électeurs …

Le gouvernement russe doit-il, en plus, dire merci pour le cliché négatif qu’on présente de lui?

  • Vu la réelle aliénation actuelle, ne serait-il pas plus judicieux d’analyser quelle est notre propre part dans cette situation? Depuis le début du siècle, les présidents russes et leurs gouvernements ont régulièrement lancé des signaux aux autres Etats européens, et spécialement à l’Allemagne, proposant de renforcer des relations et d’opter pour davantage de coopération. Les réactions furent contradictoires. D’une part, le reste de l’Europe, notamment l’Allemagne, tentent de faire de bonnes affaires avec la Russie et on a créé des forums en vue d’échanges d’idées, tels que le «dialogue de Saint-Pétersbourg» ou le «Forum germano-russe». D’autre part, l’OTAN s’est rapprochée de la frontière russe et l’UE a tenté de lier à elle plus étroitement les voisins de la Russie – l’Ukraine n’en est qu’un exemple – et a en même temps tenté de saboter les bonnes relations des voisins occidentaux de la Russie. En ce qui concerne les forums, il faut préciser que du point de vue occidental, il n’y a jamais eu d’échanges sur un pied d’égalité; le but était d’«occidentaliser» la Russie. Le peuple russe a vécu ce scénario sous l’ère Eltsine et savait à quoi s’en tenir. Est-ce vraiment si surprenant que la politique russe ait cherché de plus en plus sa propre voie, sans dire merci pour l’entreprise de diabolisation effectuée à son égard?

Que s’est-il réellement passé en Crimée et en Ukraine?

  • Pourquoi occulte-t-on les faits lorsqu’on lance son regard sur la Crimée et l’Ukraine? Les pays de l’UE, et particulièrement l’Allemagne, ont une large responsabilité dans l’accentuation de la situation depuis l’automne 2013. Certes, le ministre des Affaires étrangères allemand de l’époque Frank-Walter Steinmeier fut très actif en février 2014 lors de la tentative de procéder à un transfert de façon constitutionnelle du pouvoir du pays en Ukraine, mais les accords obtenus furent rejetés le lendemain et remplacés par la chute anticonstitutionnelle du gouvernement. Le ministre allemand des Affaires étrangères, cosignataire de l’accord, n’entreprit rien dans ce domaine, alors même que le ministre russe des Affaires étrangères l’en pria instamment. À la suite de ce coup d’Etat en Ukraine et de l’attitude ouvertement hostile du nouveau gouvernement non seulement contre la Russie, mais aussi contre la partie de la population ukrainienne favorable à la Russie et souhaitant davantage d’indépendance de Kiev – et en Crimée, où la population largement russophone souhaitait un rattachement à la Fédération de Russie. La grande majorité des habitants de la Crimée n’ont nullement l’impression d’avoir été annexés par la Russie …, et les analyses au niveau du droit international des événements du printemps 2014 sont diverses.

Le président allemand a raison de constater qu’une nouvelle détérioration des relations germano-russes serait dommageable «pour les deux parties». On peut donc se demander pourquoi le monde politique allemand et tant de médias allemands s’efforcent d’envenimer ces relations. Cela ne correspond certainement pas aux vœux ou aux intérêts de la grande majorité de la population allemande. Alors pourquoi cette attitude hostile de la politique allemande envers la Russie?

En quoi la Russie dérange-t-elle?

Lorsqu’on s’en tient aux faits, il est évident que ceux-ci ne peuvent être considérés comme la véritable raison du dénigrement constant de la Russie. La politique allemande connaît aussi les faits. Le président allemand sait parfaitement que les affirmations avancées contre la Russie ne tiennent pas la route.
Serait-ce la dépendance allemande à certains cercles américains ayant déclaré – lors d’une importante conférence tenue à Bratislava en avril 2000 – vouloir scinder le continent européen et installer un nouveau «rideau de fer»? Puis, tout ce qui se trouverait à l’ouest de cette frontière serait sous la coupe des Etats-Unis.
Le sénat américain a promu à 97 voix contre 2 de nouvelles sanctions renforcées contre la Russie et a tenté d’interdire au nouveau président Donald Trump, la possibilité de les abroger. Aux Etats-Unis, la haine contre la Russie a pris des proportions démentielles – et il y a plusieurs raisons à cela: elles vont de la guerre interaméricaine, menée par l’«Etat profond» contre l’actuel président américain et ses idées politiques, jusqu’aux sérieux intérêts économiques, notamment pour les immenses ressources naturelles de la Russie.
Une autre raison repose sur le fait que la Russie est devenue pionnière dans la conception du droit de chaque pays de décider lui-même de son destin. En effet, il n’est pas de bon augure pour l’humanité qu’un seul pays tels les Etats-Unis, ou bien une sorte de «gouvernement mondial», puisse décider du destin du monde.

Veut-on préparer un affron­tement de l’Allemagne contre la Russie?

Par deux fois au cours du XXe siècle, l’Allemagne s’est laissée embarquer dans des guerres dévastatrices contre la Russie ou plutôt l’Union soviétique. Veut-on à nouveau préparer un affrontement de l’Allemagne contre la Russie – à nouveau contre la volonté des populations allemandes?
Y a-t-il en Allemagne même des forces voulant profiter de la dégradation des relations entre les deux pays? Partout dans le monde, y compris en Allemagne, il y a des forces profitant des conflits (et des guerres) – alors même qu’on pourrait aussi faire de bonnes affaires avec la Russie. Lorsqu’on parle du premier groupe aux Etats-Unis, on évoque le complexe militaro-industriel.
L’Allemagne est le pays en Europe, où les forces destructives de la culture profitent de la plus grande influence: allant de l’idéologie du genre jusqu’à l’abêtissement voulue et l’atomisation individuelle de nos enfants et adolescents. Ces forces sont les ennemis jurés de tous les Etats et les peuples voulant préserver, soigner et développer leur substance culturelle. On trouve la plus forte hargne envers la Russie dans les pages culturelles (Feuilleton) des grands journaux allemands.
Et ainsi de suite – il faudra patienter pour obtenir une réponse définitive.

La pensée individuelle est de première importance

En guise de conclusion: l’auteur de ces lignes est citoyen allemand et il est très préoccupé du sort de son pays. Il n’est pas porte-parole du gouvernement russe, ne reçoit aucun subside de Russie et n’est dirigé par personne. Il a simplement décidé de se fier entièrement à sa pensée individuelle. Il sait que le conflit avec la Russie ne peut que mener dans l’impasse et qu’il a déjà causé de nombreuses victimes. Il est convaincu que l’Allemagne peut s’entendre avec la Russie, si la politique allemande le veut bien. Il plaide pour le dialogue à la place de l’affrontement. Il honore les mots de l’ancien chancelier allemand Willy Brandt: «La paix, ce n’est pas tout, mais sans la paix, tout n’est rien.»    •

Comment les Etats-Unis ont réduit à néant les espoirs des Afghans

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Comment les Etats-Unis ont réduit à néant les espoirs des Afghans

A propos de l’histoire contemporaine du pays de l’Hindou Kouch

par Matin Baraki

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

hd. Il y a quelques semaines, un attentat faisant plus de 90 morts dans la capitale afghane de Kaboul a de nouveau épouvanté l’opinion mondiale. L’Afghanistan ne revient pas à une vie normale. Dans ce pays, la guerre continue et elle demeure quotidienne – à présent depuis déjà pratiquement 40 ans. Le texte ci-dessous de Matin Baraki, chercheur en sciences politiques et enseignant à l’Université de Marbourg, donne un aperçu des rapports historiques et politiques. Baraki, lui-même originaire d’Afghanistan, l’a quitté en 1974, rend compte des tentatives – depuis le début des années 1960 – de construction d’une démocratie dans le pays, de l’échec de ces tentatives et de la responsabilité des pouvoirs étrangers impliqués, notamment les Etats-Unis et leurs alliés.

Le 9 mars 1963, le roi Mohammad Saher annonça la démission de son Premier ministre, Mohammad Daud. Cela devait éviter au royaume d’Afghanistan une révolution venue de la rue. Il s’agissait d’une tentative de transformation partant d’une monarchie absolue pour aboutir à une monarchie constitutionnelle. La monarchie afghane s’était décidée, «à laisser au peuple l’entière liberté du choix de la forme sous laquelle il souhaitait voir s’exercer le gouvernement et l’administration». La population pouvait être sûre, «que nous irons jusqu’au bout dans le domaine des principes démocratiques et des réformes sociales. Nous voulons que notre peuple détermine son destin. Nous voulons que les partis politiques puissent y souscrire»1, soulignait-on du côté officiel.

Tentative de monarchie constitutionnelle (1964–1973)

Le 11 mars 1963, Mohammad Jossof, jusqu’alors ministre de l’Industrie minière et de l’Industrie, fut nommé nouveau ministre-président. Avec Jossof, des forces extérieures à la dynastie accédaient pour la première fois aux affaires gouvernementales tout en jouissant de la confiance du roi ainsi que de la classe dirigeante aristocratique. Dès sa première déclaration gouvernementale, le 28 mars 1963, Jossof annonça des réformes dans la politique du pays, dont l’élément essentiel devait être l’élaboration d’une nouvelle Constitution et d’une loi électorale. En septembre 1964, une Loyah Djergah (Grand Conseil) accepta le projet constitutionnel et le 1er octobre 1964, la nouvelle Constitution fut ratifiée par le roi.
Dans l’article 1 de la Constitution, il est dit: «L’Afghanistan est une monarchie constitutionnelle et un Etat unitaire indépendant et indivisible.» Soutenues par la Constitution, toutes les tendances politiques furent rendues publiques, ainsi que leurs programmes. Le 1er janvier 1965, les forces politiques d’orientation marxiste fondèrent en toute illégalité le Parti populaire démocratique d’Afghanistan (PPDA). Un an plus tard fut adoptée une loi sur les partis politiques. Le 30 avril 1963, Jossof, alors Premier ministre, avait déclaré que la seule solution valable pour l’Afghanistan était un système bipartite. Cela était dans l’intérêt d’un pouvoir exécutif stable et il fallait barrer la voie de la formation politique aux groupes minoritaires. Le parti au pouvoir devait être composé des partisans du roi et de ses proches pouvoirs, le second parti faisant fonction de «parti d’opposition», avec obligation de loyauté envers le roi.
Pour la première fois eurent lieu des élections législatives (du 10 au 25 septembre 1965) avec une forte participation populaire. Le 25 octobre 1965, lycéens et étudiants manifestèrent publiquement pendant le débat parlementaire sur la question de confiance au cabinet nouvellement formé et qui serait de nouveau sous la direction de Mohammad Jossof.
Leur protestation concernait la composition du cabinet Jossof au sein duquel on trouvait des personnalités réputées extrêmement corrompues telles Said Qasem Reschtia, le ministre des Finances. La police et l’armée réagirent par la force des armes envers les manifestants; selon les chiffres officiels, il y eut trois morts et plusieurs douzaines de blessés. Selon les informations diffusées par des observateurs indépendants, il y eut entre 20 et 30 morts parmi les lycéens et les étudiants.
Afin d’apaiser la situation, Jossof démissionna de ses fonctions de chef du gouvernement le 29 octobre 1965. Cela marque l’échec de la première tentative de démocratisation, connue comme la «révolution tranquille». Les neuf gouvernements qui se succédèrent jusqu’en avril 1978 ne parvinrent pas non plus à satisfaire mêmes les besoins élémentaires de la population.

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Le roi Saher («ombre d’Allah») est balayé (1973–1978)

Dans de nombreux domaines, l’Afghanistan se rangeait parmi les pays les moins développés et les plus pauvres du monde. C’était déjà à l’époque, selon les statistiques de l’ONU, le pays le plus sous-développé d’Asie.
Malgré l’aide au développement «néocolonialiste» accordée depuis des décennies par les nations occidentales – principalement les Etats-Unis et la RFA – la situation socio-économique s’était aggravée en Afghanistan d’année en année. A lui seul, l’endettement, résultant notamment de nombreux projets de développement partiellement aboutis ou carrément avortés,2 était en forte hausse au point que la situation générale devenait de plus en plus menaçante pour la monarchie.
La majorité de la population afghane vivait de toute façon déjà à la limite du minimum vital. La famine, dont furent victimes près de 1,5 millions de personnes suite à la période de sécheresse dévastatrice de 1971/1972, scella la fin du règne du roi Mohammad Saher. «Le temps approchait de prendre des décisions au sujet, soit de la révolution de ceux qui attendaient dans l’ombre […] soit des mesures radicales menant à une démocratie moderne. Il fallait que quelque chose se produise tôt ou tard venant de la monarchie, ou alors il y aurait quelque chose qui se passerait avec la monarchie.»3
Le 17 juillet 1973, les officiers appartenant au Parti populaire démocratique d’Afghanistan (PPDA) lancèrent un coup d’Etat contre la monarchie et portèrent au pouvoir Mohammad Daud (ministre-président de 1953 à 1963 et, en outre, beau-frère et cousin du roi). Cependant le gouvernement Daud ne mis en œuvre aucune des réformes qu’il avait promises dans son premier «discours à la nation». Sur le plan de la politique extérieure, il jeta par-dessus bord la politique traditionnelle de non-alignement de l’Afghanistan tout en intensifiant les relations avec le Shah d’Iran, le président égyptien Anwar Al Sadat, l’Arabie saoudite et le Pakistan.
En premier lieu, Daud exclut peu à peu toutes les forces de gauche de toutes les positions importantes et passa de plus au printemps 1978 à la répression ouverte contre la direction du PPDA. S’y ajoutèrent en outre le terrorisme politique islamiste et la terreur exercée par les services secrets dont étaient victimes des politiciens connus et des représentants du PPDA. Mir Akbar Chaibar, membre fondateur du parti et membre du bureau politique, fut assassiné en pleine rue le 18 avril 1978. En outre, Daud fit arrêter tous les membres de la direction du parti, à quelques exceptions près; ils devaient être liquidés.
Lorsqu’on annonça cette nouvelle aux actualités du soir à la télévision afghane, cela amena le 27 avril 1978 une révolte de l’armée contre le régime de Daud sous la conduite du parti PPDA et initia en conséquence un processus révolutionnaire (révolution d’avril).4 Les militaires libérèrent la direction de parti et lui transmirent le gouvernement de l’Etat: le secrétaire général Nur Mohammad Taraki fut nommé à la présidence du Conseil de révolution et ministre-président et Babrak Karmal son adjoint, ainsi qu’Hafisullah Amin ministre des Affaires étrangères. Ainsi échoua la deuxième tentative de démocratisation du pays de l’Hindou Kouch.

Afghanistan, un modèle à ne pas imiter (1978–1980)

Après la réussite de la révolte du 27 avril 1978, le gouvernement révolutionnaire entreprit des mesures de réforme comme la législation sur le mariage et le divorce (Décret no 7 du 17/10/78), la réforme agraire (Décret no 8 du 28/11/78) ainsi qu’un programme exhaustif d’alphabétisation, ceci afin de s’attaquer et casser les structures féodales et semi-féodales encore en place.5 Dès le début, le combat contre l’analphabétisme remporta un tel succès qu’en 6 mois près de 1,5 millions de personnes apprirent à lire et à écrire, ce pour quoi l’UNESCO décerna un prix à l’Afghanistan. Dans le pays tout entier, on organisa 27 000 cours de formation permanente auxquels participèrent en tout 600 000 personnes.6
De nombreuses erreurs furent commises dans le mouvement de réformes. Entre autres choses, on négligea de préparer la population aux mesures révolutionnaires, ce qui renforça la contre-révolution. Fin 1979, la situation du gouvernement était si désespérée qu’ils demandèrent l’aide militaire soviétique «afin d’empêcher l’Afghanistan de devenir un second Chili (putsch militaire contre le gouvernement Allende du 11/9/73).7 Le gouvernement afghan demanda au total 21 fois8 l’aide de l’Union soviétique, entre autres lors d’une conversation téléphonique le 18 mars 1979 entre N.M. Taraki et Alexej N. Kossygin, président du Conseil des ministres de l’URSS. 9
Avec l’engagement militaire soviétique à partir du 27/12/79, fondé sur le traité d’amitié soviéto-afghan du 5/12/78 et l’article 51 de la Charte de Nations-Unies, le conflit afghan s’internationalisa et fut attisé d’abord de façon occulte puis plus tard ouvertement par les plus grands pays occidentaux, y compris la RFA et ses alliés régionaux. A l’époque, le porte-parole du groupe parlementaire de la CDU/CSU au Bundestag, Jürgen Todenhöfer, plaida avec véhémence pour l’équipement et le réarmement des contre-révolutionnaires avec les armes les plus modernes et motiva sur place les fanatiques du combat et de la destruction de l’Afghanistan.
Les pays impérialistes se réjouirent tout haut d’avoir attiré l’Union soviétique dans un piège. Dans une interview pour le «Le Nouvel Observateur» Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller de sécurité du président américain Jimmy Carter (1977–1981), souligna: «Nous n’avons pas poussé les Russes à intervenir,10 cependant nous avons sciemment augmenté la probabilité qu’ils le fassent.»11
A partir de 1979, on lança contre l’Afghanistan «la plus grande opération secrète dans l’histoire de la CIA».12 Immédiatement après la révolution d’avril, sous la houlette des services secrets américains CIA et de son organisme-frère pakistanais, l’Inter Service Intelligence (ISI), on réorganisa environ 35 000 islamistes radicaux issus de 40 pays islamiques13 en puissantes organisations armées qui furent lâchées à l’attaque contre l’Afghanistan.14 Plus de 100 000 islamistes ont ainsi été directement influencés par la guerre contre l’Afghanistan.15 En 1985, la CIA a soutenu la contre-révolution afghane «avec un montant record de 250 millions de dollars».16 Cela constituait «plus de 80% du budget pour les opérations secrètes de la CIA».17 Selon le Spiegel, dans les dix premières années de la guerre civile en Afghanistan, les islamistes ont été officiellement armés pour «plus de deux milliards de dollars».18

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Il fallait absolument empêcher que l’Afghanistan devienne un modèle. Sinon les souverains de toute la région, depuis l’Iran – l’allié le plus proche des Etats-Unis – jusqu’aux potentats arabes despotiques, auraient été emportés par des tempêtes révolutionnaires. La révolution iranienne de février 1979 en fut un exemple patent: le Shah d’Iran, l’un des souverains les plus puissants de la région et, à côté de la Turquie – partenaire de l’OTAN – l’allié le plus important du monde occidental, fut chassé. Les Etats-Unis furent ensuite contraints de transférer leurs stations d’espionnage de la frontière soviéto-iranienne à la Turquie, de retirer près de 40 000 de leurs conseillers militaires et de fermer le siège de la centrale régionale de la CIA à Téhéran.19
Comme les efforts des autorités afghanes pour résoudre politiquement le conflit n’eurent aucun succès, elles décidèrent de capituler. La voie vers l’islamisation était ainsi aplanie et l’immense espoir de la population, détruit.

Début de l’islamisation (1992)

Le nouveau gouvernement formé autour du ministre des Affaires étrangères Abdul Wakil, Najmudin Kawiani, Farid Masdak (tous trois étaient membres du bureau politique) et l’ex-représentant et successeur de Najibullah, Abdul Rahim Hatef, avait décidé de transmettre le pouvoir aux contre-révolutionnaires le 27 avril 1992. Leur président en exil Sebghatullah Modjadedi devint ainsi le premier chef d’Etat de la République islamique d’Afghanistan.
Cependant les islamistes ne réussirent pas non plus à gouverner ensemble le pays, en raison d’intérêts politiques et économiques divergents. La paix, si ardemment souhaitée par le peuple, ne revint pas. Au contraire, la guerre continua avec une brutalité jusque là inégalée. L’opinion mondiale s’en apercevait à peine, mais «les dernières nouvelles de Kaboul, la capitale afghane faisaient en sorte que même la guerre civile en Bosnie-Herzégovine apparaissait presque comme un conflit inoffensif: 3000 à 4000 morts,20 200 000 réfugiés, une ville sans eau, ni électricité ou denrées alimentaires».21
Les grandes villes, au nombre desquelles Kaboul, furent réduites en ruines et en cendres. Des observateurs parlaient même de l’incinération de Kaboul.22 Cet échec historique des islamistes contredisait les intérêts stratégiques et politico-économiques de leurs commanditaires étrangers. Car de leur avis, un régime d’Afghanistan coopérant avec les Etats-Unis et le Pakistan devait réussir à créer des conditions de stabilité politique favorables à la conception du capital pakistanais et américain dans la région du Moyen-Orient – en particulier dans les républiques d’Asie centrale. C’est ainsi que cette situation donna naissance aux talibans dont les accoucheurs furent les Etats-Unis.

La talibanisation (1994)

Longtemps oublié de l’opinion mondiale et rétrogradé au stade d’«orphelin» de la politique mondiale23, l’Afghanistan redevint un sujet prépondérant pour les médias internationaux avec l’apparition des talibans en 1994, la prise de Kaboul le 27 septembre 1996, et leur politique fondamentaliste, extrêmement misogyne et hostile à toute forme de culture, laquelle culmina lors de la destruction des statues de Bouddha dans le Bamyan (Afghanistan central) début mars 2001.
La catastrophe du 11 septembre 2001 à Washington et New York aurait pu devenir un point d’inflexion pour l’Afghanistan, si la communauté internationale avait pris en considération non seulement les intérêts particuliers de certains pouvoirs déterminés, mais aussi ceux des Afghans. Bien que l’apparition publique des talibans ne date que de septembre 1994, ils étaient cependant déjà constitués en force militaire dans le nord-est de l’Afghanistan dès 1985/86, selon les informations recueillies auprès du général Aslam Beg, l’ancien chef d’état-major général du Pakistan. Ils étaient principalement passés par les «Madrasah», des écoles religieuses dispensant une formation fondamentaliste aussi bien militaire que religieuse. Olivier Roy, expert français de l’Afghanistan, avait, dès l’été 1984, pu observer l’action sur les fronts des talibans dans les régions du sud de l’Afghanistan, à Orusgan, Sabul et Kandahar.

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«Il s’agissait en principe de la transformation d’une Madrasah villageoise en un front militaire.»24 Ils recrutaient entre autres parmi les enfants issus des orphelinats en Afghanistan et dans les camps de réfugiés au Pakistan. Sous le commandement direct de l’armée pakistanaise et des services secrets de l’ISI, ils étaient utilisés selon les besoins dans divers groupes de moudjahidins. D’après le général Beg, les moudjahidins «ont été financés généreusement par les gouvernements du Pakistan et de l’Arabie saoudite et, éventuellement des Etats-Unis».25 Pour ce qui est de la décision d’utiliser les talibans en tant que formation militaire indépendante dans la guerre civile afghane, les motivations principales en étaient, selon ma propre estimation, les suivantes:

  1. Au printemps 1994, les chefs des groupes rivaux de moudjahidins en Afghanistan furent cités à comparaître devant la Commission des Affaires étrangères du Congrès américain lors d’un entretien à Washington. Les moudjahidins n’envoyèrent que leurs dirigeants secondaires ou ne répondirent simplement pas du tout à cette «invitation». On présenta aux chefs de moudjahidins présents un plan de réalisation d’un projet d’oléoduc qui aurait fait transiter par l’Afghanistan le pétrole et le gaz de l’Asie centrale – troisième réserve mondiale – jusqu’à l’océan Indien. C’est la raison pour laquelle les plus grands groupes pétroliers occidentaux avaient mené depuis 1990 une «lutte sans merci».26 Il fut donc demandé aux représentants des moudjahidins de conclure une entente dès que possible afin de ne pas retarder la réalisation du projet.27 Ils promirent alors à leurs interlocuteurs américains qu’ils désiraient résoudre le conflit afghan rapidement et pacifiquement – une promesse jamais tenue.
    Les talibans ne sont rien d’autre que le produit des intérêts économiques des Etats-Unis et de leurs alliés régionaux. L’échec historique des moudjahidins a vu la naissance des talibans en tant qu’unité tactique organisée et indépendante sur le théâtre des opérations d’Afghanistan.
    Sorties en apparence du néant, des unités militaires bien organisées, connues à présent sous le nom de talibans, attaquèrent en septembre 1994 la ville afghane de Kandahar à partir de leurs bases du Pakistan. C’était le début d’une nouvelle tentative de résolution militaire du conflit afghan, ayant la préférence des Etats-Unis et de leurs alliés régionaux. La mission historique des talibans telle qu’on la voyait alors, était d’occuper tout l’Afghanistan afin de créer les conditions favorables à la réalisation des projets économiques, politiques et idéologiques des Etats-Unis, du Pakistan et de l’Arabie saoudite. S’y rajoutait encore l’intérêt géostratégique spécifique du Pakistan envers le pays voisin. «Ce serait bien d’avoir un gouvernement fantoche à Kaboul qui contrôlerait le pays tout entier et serait favorablement disposé face au Pakistan»28 constata alors un stratège pakistanais.
  2. Gulbuddin Hekmatyar, le moudjahid favori des Etats-Unis et de leurs alliés dans le conflit afghan, était tombé en disgrâce à cause de ses discours anti-occidentaux et de son soutien au dictateur irakien Saddam Hussein pendant la deuxième guerre du Golfe, ainsi que son refus catégorique de retourner les missiles Stinger encore en sa possession et dont il avait reçu de grandes quantités des Etats-Unis. Il suscita même un affront direct envers les Etats-Unis en en vendant une partie à l’Iran.
  3. Le marché de l’Asie centrale était considéré comme le terrain privilégié des exportations pour les produits pakistanais. Cependant l’unique voie de transit pour y accéder passe par le territoire afghan. Après une rencontre avec des représentants des compagnies pétrolières saoudiennes et américaines, le ministre-président pakistanais Nawaz Sharif de l’époque invita impérativement les talibans à finaliser l’occupation totale de l’Afghanistan avant la fin de l’été 1997.29 Depuis longtemps, cela n’était plus un secret que des unités régulières de l’armée pakistanaise étaient associées aux opérations de combat amplifiant encore l’injonction de Nawaz Sharif, car «livrés à eux-mêmes, les talibans ne seraient pas capables de s’emparer d’un seul village».30
  4. Les Etats-Unis ainsi que l’Arabie saoudite voulaient endiguer l’influence idéologique de leur rival iranien en Afghanistan. Les groupes de moudjahidins s’étant ici aussi révélés incapables, ils devaient appuyer les talibans à leur place.

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La guerre des Etats-Unis dans l’Hindou Kouch (2001–jusqu’à?)

Le 5 décembre 2001, alors que la guerre américaine en Afghanistan était encore en cours, un gouvernement pour l’Afghanistan fut constitué, sous la responsabilité des Nations Unies, sur le Petersberg près de Bonn. Y étaient représentés des chefs de moudjahidins qui se connaissaient depuis plusieurs années de guerre civile. Les forces rassemblées étaient principalement celles qui avaient participé de façon décisive à la destruction de Kaboul durant laquelle plus de 50 000 civils avaient trouvé la mort. Le général ouzbek Abdul Raschid Dostum, le seul chef de milice séculaire d’Afghanistan n’avait pas été invité à cette conférence.
Parmi les observateurs internationaux, seuls étaient représentés les Etats-Unis avec 20 participants. Cette énorme présence laissait présager une influence déterminée du déroulement et du résultat des pourparlers. Les Etats-Unis s’imposèrent ainsi avec la nomination de Karsei au poste de ministre-président bien que ce dernier n’était pas présent au Petersberg, car il se trouvait sur un navire de guerre des Etats-Unis dans l’océan Indien.
La communauté internationale sous l’égide américaine parlait d’une «démocratisation» de l’Afghanistan, et pourtant elle portait au pouvoir des islamistes, des seigneurs de guerre et des criminels de guerre. C’était à présent la quatrième fois qu’étaient déçus les espoirs de paix durable et de démocratie de la population afghane meurtrie: 1) En 1989, après le départ des forces armées soviétiques, 2) suite à la prise de pouvoir des moudjahidins en 1992, 3) avec l’arrivée des talibans en 1994–1996, 4) avec l’expulsion des talibans en 2001. Ainsi la communauté internationale a non seulement gaspillé une autre chance d’aider l’Afghanistan sur la voie de la démocratisation, mais encore a dûment entériné l’échec d’une solution au conflit par la voie militaire.

Tentative d’intégration des talibans

Lors de la guerre d’Afghanistan, l’administration Bush avait présenté la destruction d’Al-Kaida sous la direction d’Oussama ben Laden et des talibans comme l’objectif direct de la guerre. Quand ils finirent par se rendre compte qu’on ne pouvait détruire les talibans aussi facilement qu’Al-Kaida et encore moins les éliminer d’Afghanistan, les stratèges occidentaux entreprirent alors de les différencier. Al-Kaida avait un agenda international, les talibans demeuraient à l’échelon national, c’était le nouveau mot d’ordre. C’est-à-dire que la lutte des talibans avait à présent un objectif national, de plus orienté uniquement contre les armées occidentales en Afghanistan. On devait donc tenter de les intégrer dans les structures politiques quasi-coloniales dans l’Hindou Kush. Pour mettre cette stratégie en pratique avec succès, il fallait avant tout renforcer la pression sur les talibans en les divisant et en éliminant physiquement certains des chefs locaux.
Les experts gouvernementaux auprès de la Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP) de Berlin plaidèrent pour un «‹coup fatal› à porter contre les instances dirigeantes des groupes de résistance afghans [Quetta-Shura, qui comprend les talibans, le réseau d’Haqqani et le Hezb-e Islami de Gulbuddin Hekmatyar] avec pour objectif d’affaiblir significativement l’opposition militante […]».31 Cela ressemblait à une incitation au meurtre, ce qui d’après le code pénal allemand (StGB § 26 Anstiftung) est interdit et condamnable: «L’instigateur est punissable de la même façon que l’auteur du crime, celui qui a intentionnellement incité un tiers à commettre un acte illégal avec préméditation.» En conséquence, l’instigateur devrait être condamné exactement comme l’auteur du délit lui-même.
Les exigences politiques et militaires des talibans devaient ultérieurement être présentées de telle manière qu’elles puissent être satisfaites.
Les stratèges occidentaux découvrirent alors les «talibans modérés» qui entrèrent en ligne de compte comme partenaires de négociations. En avril 2007, le chef du SPD de l’époque, Kurt Beck avait convoqué une conférence pour la paix pour l’Afghanistan, à laquelle tous les groupes importants de l’Hindou Kush, dont les talibans auraient dû participer. Cela ne mena nulle part. On continua néanmoins les négociations secrètes entre les diverses parties impliquées dans le conflit, avec plusieurs rencontres en Allemagne. C’est seulement six ans plus tard, le 18 juin 2013, que les talibans ouvrirent leur bureau de liaison à Doha, capitale du Qatar. C’est là que les islamistes, les Etats-Unis et le gouvernement afghan entreprendraient des pourparlers.
L’arrière-plan sous-tendant la volonté des Etats-Unis de conduire les négociations résidait dans le fait que pour ceux-ci la guerre était devenue trop chère. D’après les informations officielles, la guerre de l’Hindou Kouch, lorsqu’elle atteignit son paroxysme, coûtait 1,5 milliards de dollars par semaine. Pour cette raison, plus de 135 000 hommes appartenant aux troupes d’intervention des Etats-Unis et de l’OTAN devaient être retirées d’Afghanistan avant la fin 2014. Les occupants américains et leurs alliés avaient depuis longtemps fait leur deuil des paysages riants et autres augustes objectifs qui avaient été projetés pour l’Afghanistan en 2001 par l’Occident, comme par exemple la démocratie, les droits de l’homme, une bonne politique gouvernementale. «Aussi longtemps que les talibans renonceront à faire usage de leur souveraineté pour servir de base arrière aux terroristes internationaux, ils pourront y fonctionner et y agir à leur guise, firent savoir les Etats-Unis.»32 Les talibans suspendirent dans leur siège de Doha la bannière de l’«Emirat islamique d’Afghanistan» et cela, en tant que gouvernement parallèle, ce qui fut perçu comme un affront par l’administration de Kaboul. Jusque là les talibans avaient refusé toute discussion avec cette dernière, car ils considéraient Karsei comme une marionnette des Etats-Unis.

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A la fin des pourparlers, les talibans devaient être associés au gouvernement et ils auraient donc dû pour cette raison accepter la Constitution afghane de 2004. Les talibans se référèrent cependant à la Charia. C’est ainsi que l’échec des pourparlers de Doha fut rétrospectivement influencé par les exigences maxima des deux parties.
Au début de 2016, une nouvelle tentative fut entreprise pour ranimer en Afghanistan le processus de paix, qui était resté au point mort. Le 11 janvier, des représentants des gouvernements afghans, pakistanais, chinois et américains se rencontrèrent dans la capitale pakistanaise d’Islamabad afin d’élaborer un plan de paix pour le pays de l’Hindou Kouch. Suite à cela, Sartaj Aziz, conseiller en politique extérieure du gouvernement pakistanais, indiqua dans son discours d’ouverture qu’on devait proposer aux talibans des incitations pour qu’ils cessent d’utiliser la violence. «Nous ne devrions avoir aucune attente excessive» restreignait-il donc.33
Après des pourparlers secrets de plusieurs années, l’administration de Kaboul réussit à intégrer Gulbuddin Hekmatyar, criminel de guerre et chef du parti islamique afghan, dans les structures existantes de l’Afghanistan. Puisque son groupe n’a militairement joué plus aucun rôle au cours des dernières années, il ne s’agit donc que d’une opération à la signification psychologique et propagandiste.

La Chine et la Russie, nouveaux acteurs

Les tentatives de l’Occident d’intégrer également l’opposition armée regroupée sous la bannière des talibans ont échoué. «Les interventions de l’Occident ont été contreproductives», souligna, apparemment fâché, Khawaja Muhammad Asif, ministre pakistanais de la Défense34 en marge de la Conférence de sécurité de Munich de 2017. L’Occident est responsable des interventions militaires manquées en Afghanistan de même qu’en Irak, en Libye et en Syrie et de leurs conséquences, soulignait Asif, en ajoutant que dans l’Hindou Kouch, une coalition militaire internationale sous commandement américain avait «laissé derrière elle un réel chaos». Pour une résolution politique du conflit en Afghanistan et dans la région, une coopération régionale de pays tels que l’Afghanistan, le Pakistan, la Chine, l’Iran et l’Inde aurait des perspectives de succès.
Deux nouveaux acteurs, les gouvernements de la Chine et de la Fédération de Russie, essaient à présent en tant qu’intermédiaires neutres de trouver une solution politique. La Chine, étant considérée comme un partenaire stratégique du Pakistan, les talibans ont donné leur accord. La Russie participera également, étant acceptée comme intermédiaire neutre par toutes les parties. Fin décembre 2016, la Chine, la Russie et le Pakistan se sont mis d’accord pour retirer les représentants des talibans de la liste des sanctions établie par l’ONU. De cette façon, on peut encourager un dialogue apaisé entre l’administration de Kaboul et les talibans.
Alors que le gouvernement de Kaboul réagit avec réserve, les talibans saluèrent la proposition. Le porte-parole de l’OTAN à Kaboul, Charles Cleveland, déclara à Kaboul sur Tolo-TV que «l’engagement russe avec les talibans» lui causait des soucis.35 Cela donnait une légitimation aux talibans en tant qu’organisation. Cependant, souligna Cleveland, nous voulons renforcer le gouvernement de Kaboul.
Le gouvernement russe a cependant invité à nouveau à des pourparlers sur l’Afghanistan pour le 14 avril 2017 à Moscou, comme l’annonça le 18 mars 2017 Mohammad Hanif Atmar, expert pour la sécurité de la présidence de Kaboul à l’agence de presse Interfax. Pendant que l’administration de Kaboul envoyait un chef de service à Moscou, des représentants de la Chine, de l’Iran, de l’Inde et du Pakistan ainsi que de cinq ex-républiques soviétiques centrales-asiatiques étaient associés à la rencontre aux côtés d’experts de la Russie et de l’Afghanistan. Les Etats-Unis et les talibans y étaient invités eux aussi.36 Tous deux avaient refusé leur participation37, ce qui équivalait à un boycott. Les participants de la conférence appelèrent les talibans à des pourparlers de paix. Leurs dirigeants devaient s’écarter d’une résolution violente du conflit et entreprendre des pourparlers avec le gouvernement de Kaboul, disait-on le 14 avril 2017 au ministère russe des Affaires étrangères. De possibles pourparlers de paix pourraient avoir lieu à Moscou.
Au lieu de participer aux négociations de paix, l’armée américaine avait, à la veille de la Conférence de paix de Moscou, lancé une bombe à «16 millions de dollars»38 dans l’est de l’Afghanistan.39 «Cependant, lancer une bombe de 10 000 kg sur un groupe de terroristes légèrement équipés, c’est comme tirer au canon sur des moineaux.»40 Selon les premières estimations, 36 personnes désignées par l’armée américaine comme des combattants de l’Etat islamique avaient été tuées.41 D’après les informations du gouvernement régional, il y aurait eu au moins 94 morts, comme l’a relevé la Deutsche Welle.42 La population afghane considère ce bombardement massif comme un acte de vengeance de la part des Etats-Unis. En effet, quelques jours auparavant un soldat d’élite américain avait été tué durant les opérations dans cette même région.43

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L’Afghanistan pourrait avoir des perspectives d’avenir

Les facteurs extérieurs n’ont pas pu résoudre le conflit en Afghanistan. Au contraire, ils ont uniquement importés des intérêts étrangers en Afghanistan et ont ainsi détruit les solutions politiques.
Ce n’est qu’après 16 ans de guerre de l’OTAN, de destruction et de catastrophes humanitaires dans le Hindou Kouch que certains politiciens occidentaux, tel le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, réalisent que «les interventions militaires ont échoué et […] n’ont apporté aucune stabilisation».44 C’est la raison pour laquelle les populations quittent l’Afghanistan en grand nombre. Il est temps de laisser les Afghans de trouver une solution au conflit en Afghanistan et dans le sens des intérêts nationaux de l’Afghanistan.
La «Communauté internationale» mène depuis plus de 39 ans une guerre larvée et depuis quinze ans une guerre ouverte contre l’Afghanistan et a ainsi détruit en grande partie la structure sociale du pays: les infrastructures, les bases économiques, politiques et sociales sont désorganisées dans une telle mesure qu’il ne pourra y avoir dans l’avenir immédiat de société capable de fonctionner dans l’Hindou Kouch.
Sur la base de mes propres recherches sur le terrain et de nombreux entretiens avec la population issue des couches et des classes sociales les plus différentes en Afghanistan, je suis arrivé à la conviction qu’il est grand temps de réfléchir à des alternatives à la guerre de l’OTAN. 39 ans de guerre, c’est plus qu’assez. Nous devons sérieusement rechercher des voies nouvelles vers la paix. Les thèses suivantes pourraient servir de base de discussion:
1.    Armistice unilatéral et sans condition de la part d’OTAN, d’abord pour une durée d’au moins six mois.
2.    Remplacement des unités d’OTAN par une International Security Assistance Force (Isaf), comprenant des unités en provenance d’états musulmans et non alignés. Parmi les Casques bleus des Nations-Unies, 80% proviennent d’Etats non-alignés, pourquoi pas aussi en Afghanistan.
3.    Démantèlement de toutes les bases militaires de l’OTAN ainsi que les contrats conclus avec l’administration de Kaboul.
4.    Invitation à une politique de réconciliation nationale comprenant tous les groupements politiques, y compris ceux estampillés islamiques, tels les talibans, l’Hesbe Islami de Gulbudin Hekmatyar et le réseau d’Haqani.
5.    Formation d’une Commission de vérité d’après le modèle de l’Afrique du Sud.
6.    Démantèlement de toutes les troupes militaires et paramilitaires des seigneurs de guerre ainsi que des sociétés de sécurité privées, étrangères et afghanes.
7.    Préparation d’élections nationales dans les villages, les communes, les arrondissements etc. pour une Loya Djerga (Conseil national) sous le contrôle d’organisations internationales indépendantes, tels les mouvements pacifistes, féministes, les associations d’étudiants et les syndicats.
8.    Institution d’une Loya Djerga élue par le peuple, sans possibilité de désignation de ses députés par le président.
9.    Un gouvernement provisoire et des commissions pour l’élaboration d’un projet constitutionnel basé sur l’abolition du système présidentiel, d’une loi électorale, d’une loi sur les partis et d’une loi sur les syndicats doivent être élus par cette Loya Djerga.
10.    Conduite d’élections législatives générales, libres et contrôlées par des organisations indépendantes.
11.    Election d’un nouveau gouvernement directement par le Parlement, sans proposition préalable du ministre-président par intérim encore en fonction.
12.    Abolition de la politique de la porte ouverte et la mise en place d’une politique économique, financière, juridique et fiscale basée sur les intérêts nationaux.
13.    Mesures de reconstruction du pays détruit auxquelles serait affecté un quart du budget de guerre de l’OTAN. Ces fonds seraient déposés sur un compte de tutelle lui-même contrôlé de façon indépendante et uniquement dévolu à ce projet.
14.    Les voisins de l’Afghanistan devaient être des associés privilégiés dans les mesures de reconstruction. Cela encouragerait la coopération régionale et la stabilité.
15.    Il faudrait mettre en place dans la région périphérique de l’Afghanistan une Union d’Asie du centre et du Sud. Outre l’Afghanistan, y participeraient les cinq pays d’Asie centrale (Tadjikistan, Ouzbékistan, Turkménistan, Kirghizistan et Kazakhstan) ainsi que l’Iran, le Pakistan et l’Inde. Tous ces pays ont en effet beaucoup de points communs, tels les langues, les religions et l’histoire.
16.    Comme mesure de renforcement de la confiance, l’Afghanistan devrait commencer par être le premier pays à dissoudre son armée nationale, au bout d’environ cinq ans.
17.    Une Union d’Asie du centre et du Sud pourrait contribuer à résoudre définitivement le conflit du Cachemire entre l’Inde et le Pakistan et le conflit autour de la Ligne Durand entre l’Afghanistan et le Pakistan.
18.    Il serait alors temps de réduire et de supprimer les arsenaux d’armes nucléaires de l’Inde et du Pakistan. Ainsi l’une des régions les plus riches en conflits du continent asiatique pourrait devenir une zone de la paix, de stabilité et de prospérité.     •

(Traduction Horizons et débats)

1    Cité selon: Afghanistan nach dem Besuch Chruschtschews – Erklärungen des Fürsten Daud. In: «Neue Zürcher Zeitung» du 9/3/1960
2    Cf. Baraki, Matin. Die Beziehungen zwischen Afghanistan und der Bundesrepublik Deutschland 1945–1978. Frankfurt/M. 1996. p. 201–548
3    Ackermann, Klaus. Stille Revolution in Afghanistan. In: Aussenpolitik. H. 1, Jg. 16. Stuttgart 1965, p. 34
4    Cf. aussi: Baraki, Matin. Theorie und Praxis der nationaldemokratischen Revolution am Beispiel Afghanistans. In: Kraft, Dieter (Hrsg.). Aus Kirche und Welt: Festschrift zum 80. Geburtstag von Hanfried Müller. Berlin 2006, p. 284–310
5    Cf. Taraki, Nur Mohammad. Grundlinie der revolutionären Aufgaben der Regierung der Demokratischen Republik Afghanistan, 9. Mai 1978. In: Brönner, Wolfram. Afghanistan, Revolution und Konterrevolution. Frankfurt/M. 1980, p. 203
6    Cf. Karmal, Babrak. Rede auf dem neunten Plenum des Zentralkomitees der Demokratischen Volkspartei Afghanistans. Kabul. Asad 1361 [Juli/August 1982]. p. 18 in Dari (Archives de l’auteur)
7    «Ich sehe nicht ein, warum wir ein Land marxistisch werden lassen sollen, nur weil sein Volk verantwortungslos ist», verkündete US-Aussenminister Henry Kissinger am 27. Juni 1970 in vertrauter Washingtoner Runde im Hinblick auf seinen Beitrag beim Sturz der Regierung Salvador Allendes am 11.9.1973 in Chile. In: Dederichs, Mario R. Reagan legt die Lunte an. In: Stern, Nr. 32 vom 4.8.1983, S. 102. Schmid, Thomas. Der andere 11. September. In: Die Zeit. No 38 du 11/9/03, p. 90
8    Cf. Sapper, Manfred. Die Auswirkungen des Afghanistan-Krieges auf die Sowjetgesellschaft. Münster 1994, p. 68
9    Cf. Protokoll der Sitzung des Politbüros des ZK der KPdSU, 18. März 1979, nach Sapper, M. Die Auswirkungen des Afghanistan-Krieges auf die Sowjetgesellschaft. a.a.O., p 385 s.
10     L’armée soviétique s’est retirée de l’Afghanistan le 15 février 1989 après 10 ans d’engagement.
11    Les révélations de l’ancien conseiller de sécurité de Jimmy Carter, «Oui, la CIA est entrée en Afghanistan avant les Russes […]». In: Le Nouvel Observateur du 15 au21 janvier 1998, p. 76
12    Chossudovsky, Michel. Global brutal. Frankfurt/M. 2002, S. 359
13    Un de mes amis était professeur à l’Université de Riad en Arabie saoudite. Il m’a raconté que 5% des salaires des employés et des fonctionnaires étatiques saoudiens étaient déduits sans leur accord en faveur du djihad en Afghanistan. La situation était semblable dans d’autres Emirats arabes.
14    Cf. Baraki, A. Matin. Nacht über Afghanistan. In: Marxistische Blätter. Jg. 31. Essen 1993, Nr. 4, p. 17s.
15    Chossudovsky, Michel. Global brutal, a.a.O., p. 359
16    CIA-Hilfe für afghanischen Widerstand höher denn je. In: «Frankfurter Rundschau» du 14/1/85, p. 2
17    idem.
18    Absolut blind. In: Der Spiegel, Nr. 38, 1989, p. 194
19    Cf. Brönner, Wolfram. Afghanistan, a.a.O., p. 18
20    Après la destruction totale de Kaboul, on rescensa 50 000 morts.
21    Sichrovsky, Peter. Ein Land zerfleischt sich selbst. In: «Süddeutsche Zeitung» du 31/8/92, p. 4
22    Cf. Gatter, Peer. Hoffnung in Trümmern. In: Mahfel. Berlin 1995. Nr. 5, p. 7
23    Cf. Ghali, Butros Butros. Die Aufgabe des Sisyphus. In: Der Spiegel. Nr. 31/96 du 29/7/96, p. 116
24    Roy, Olivier. Die Taleban-Bewegung in Afghanistan. In: Afghanistan-Info. Neuchâtel. no 36, février 1995. Cité d’après: Mahfel, H. 2. Berlin 1995, p. 8
25    Jang, The News du 3/3/95, cite d’après: Taleban schon seit 1985/86? In: Ebenda, p. 5
26    Newsweek du 17/4/95 et Artico, A. Afghanistans ferngesteuerte Glaubenskrieger. In: Le Monde Diplomatique/Tageszeitung. novembre 1995, p. 15.
Il s’agissait là aussi d’Usbekistan, situé au nord de l’Afghanistan, ou se trouvent les plus riches mines d’or du monde avec une production annuelle d’environ 50 tonnes et des plus grandes reserves d’argent du monde ainsi que de l’uranium au Kirgistan.
27    Malgré la présence américaine massive au Hindou Kouch, le projet n’était toujours pas concrétisé 20 ans plus tard.
28    Haubold, Erhard: In Afghanistan spielen die UN noch eine untergeordnete Rolle, in: «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 26/10/96, p. 1
29    Krieg um Bodenschätze. In: Der Spiegel Nr. 22/1997 du 26/5/97
30    Haubold, Erhard. In Afghanistan spielen die UN noch eine untergeordnete Rolle, a.a.O., p. 2
31    Wörmer, Nils/Kaim, Markus. Afghanistan nach den gescheiterten Präsidentschaftswahlen im April 2014. S. 23. In: Perthes, Volker/Lippert, Barbara (Hrsg.). Ungeplant bleibt der Normalfall – Acht Situationen, die politische Aufmerksamkeit verdienen. Berlin, SWP-Studie du 16/9/13
32    Sydow, Christoph: Die Kapitulation des Westens in Afghanistan. Spiegel Online du 20/6/13
33    Bemühungen um Frieden für Afghanistan,
in: «Neue Zürcher Zeitung» du 12/1/16, p. 3
34    Matern, Tobias. Eine Sache von Jahrzehnten.
In: «Süddeutsche Zeitung» du 20/2/17, p. 2
35    Petersen, Britta. Die Rückkehr des «Grossen Spiels» um Afghanistan. In: «Neue Zürcher Zeitung» du 3/1/17, p. 4
36    Cf. Russland organisiert Afghanistan-Treffen. dpa du 19/3/17 et Deutschlandfunk du 14/4/17
37    Cf. Böge, Friederike/Schmidt, Friedrich. Kratzen an der Nato-Flanke. In «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 13/4/17, p. 5.
38    «Gazeta Wyborcza» du 15/4/17. Cf. Tagesschau.de du 14/4/17
39    Avec ce bombardement, les Etats-Unis ont détruit un système de tunnels qu’ils avaient eux-mêmes construit dans les années 1980 pour les moudchahidin terroristes.
40    «De Telegraaf» du 15/4/17
41    Cf. dpa du 14/4/17
42    Afghanistan-Konferenz ruft Taliban zu Frieden auf. Deutsche Welle Online du 14/4/17
43    Cf. Böge, Friederike. Bombe mit Signalwirkung. In: «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 15/4/17, p. 2
44    Gabriel sucht die Konfrontation in der Nato. In: «Frankfurter Allgemeine Zeitung» du 1/4/17, p. 2

mardi, 04 juillet 2017

Introducing the Fifth Political Theory

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Introducing the Fifth Political Theory

The De-Nationalization of the Global European Diaspora

When the Alt Right speaks about a rise in “white identity politics” or increasing racial tensions, they are observing phenomena which could lead to nationalist politics and the reorientation of Western society towards ethnocentrism and cultural preservation. Conversely, they may also be observing the dying gasps of an older model of existence for Western peoples. Outside of a few Eastern European countries, nationalism is largely civic, not ethnic or racial, for Europeans and Eurocolonials. Anyone can be or become an American. Anyone can be or become British. Anyone can be or become French. Anyone can be or become German. And so forth. Expressions of nationality are almost purely based on location and [sometimes] language rather than, say, a shared biological, cultural, historical, political, and geographic heritage. Most Americans agree that an American can be of any race, ethnicity, or religion. Increasing numbers of Europeans feel that way about Europeans as well. With that attitude, how can one speak of a European or Eurocolonial nation as anything other than an administrative unit of the Atlanticist social and economic order (which is founded upon anti-nationalism in the first place)?

Despite nationalist politics being mostly civic rather than ethnic or “identitarian”—those are more metapolitical and largely lacking in formal representation— nationalist parties and movements are treated as if they were ethnic or identitarian by their opponents. And that’s only when slightly exaggerating. When they really want to throw a punch, they label these parties, movements, and ideologies as fascist or nazi.

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It is hard to say which has done more to undo the national sentiments created in the nineteenth and twentieth centuries: globalization and the erosion of local identity, or deliberate social and political initiatives to suppress and morally deconstruct national sentiments. The poisoning of the nationalist “brand” is potent, but so too are the effects of global mass media in homogenizing and leveling the interests and tastes of their consumers across the Western world. Just as media was instrumental in creating a sense of national unity, it may have become instrumental in undermining it. Even civic nationalist outbursts like 2016’s Brexit or the election of Donald Trump as President of the United States are still taking place within a firmly integrated Atlanticist context (which is a form of liberal globalism). Britain will remain economically and ideologically tied to continental Europe, even if it has its own currency and trade regulations. The United States will remain the engine of NATO and heavily involved in the geopolitics of Europe.

Regardless of what has greater explanatory power in determining why nationalism is dying on the long arc of history, nationalism is evidently dying. If most members of the ethnic French nation or the ethnic (white) American nation saw themselves as members of ethnic nations, there would be ethnic nationalist politicians in power. Labeling them as “nazi” would fall flat. Most people would not view themselves as the political personification of evil for sharing views with ethnic nationalists, if most people were ethnic nationalists. The fascist/nazi accusation works precisely because an audience of people who are either civic nationalists or liberals are already primed to oppose nazism and fascism, as such ideologies are popularly conceived of as forms of evil.

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Narratives of these nations being oppressed by “globalists” fall flat when one realizes that most Westerners outside of Eastern Europe see themselves not as members of an ethnic nation, but as colorblind communities of people whose ethnic or racial similarities are politically irrelevant to them. The most agency rests in the ethnic nation itself in suppressing its ethnic nationalism. Otherwise there would simply be too large of a politically nationalist majority for it to be discarded.

What this means is that we should not be terribly surprised when Westerners have little or no reaction to the projection that they are going to become minorities in their historical geographic ranges of Europe, North America, and British Oceania due to mass migration and declining fertility. (The Southern Cone [2] as well may become less European over time due to migration from the rest of South America and intermarriage, though the racial and political contexts are different in Latin America).

These are powerful currents. We should not assume that the attempt to form a global order built upon the free movement of capital, goods, and people will fail any time soon. Capitalism generates lots of profits. Entertainment technologies give idle minds something to be engrossed in. And diversity and multiculturalism are popular enough to remain the elected state ideology of much of the Western world. These are all things that the masses permit, out of choice or inaction. As long as they can still go shopping, what does it matter? Also if you care about the ethnic composition of a country you are a bad person.

The reality is that Europeans and Eurocolonials in the aggregate do not believe their own nations matter enough to be perpetuated as demographic majorities inside what were once their nation-states. While an extremely grim picture for people who believe in celebrating and continuing our Western heritage and legacy for generations to come, the problem is ultimately one of attachment to a form of social organization, that of the nation-state. The notion that “we” will become minorities in “our own countries” is not appealing to us, but it is of no negative political consequence to everyone else. A minority of Westerners care about this (and of that minority, some actually celebrate becoming a minority as atonement for racism or colonialism, etc.). As the minority that cares about this from a self-interested perspective and not one of masochism, we need to ask ourselves different questions about how to continue our traditions, our cultures, and our lines. We need to think in the terms of the world we are living in, a de-nationalized world.

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Europeans and Eurocolonials are de-nationalized peoples. Most became political nations, centered around a shared biological, cultural, historical, political, and geographic heritage in the nineteenth and twentieth centuries, but they have since lost this feeling. The national sentiment, the concept of a folk-based unity and shared ethno-cultural identity, is clearly gone to anyone observing our politics from a mental state of non-hysteria, no matter what the paranoid style of political journalism churns out. America, Britain, France and the like have still refused to ban immigration knowing full well it will make Americans, the British, the French, and so forth, into minorities. For them, there is no fundamental distinction between current Americans and to-become Americans, current Britons and to-become Britons. They are separated by paperwork, perhaps an ocean or two.

Once a civilizational feeling of that magnitude is lost, it is very difficult to resurrect. It may remain in our memories like the Roman Empire has—who could ever forget the centuries of splendor of Britain, France, and the United States for that matter—but in the political lives of Westerners it will be a corpse.

You cannot bring a corpse back to life. That’s the premise of the Fifth Political Theory (5PT [3]) with regard to ethnic nationalism. The way forward is not to cling to the nation-state or to try to carve one out of a multi-ethnic imperial state. It is to reorient ourselves towards a diaspora model. The West is becoming de-nationalized. Years from now, all these national identities that existed are going to be gone and the people inside the former nation-states will look and behave quite differently. If we are to become a minority in what is becoming someone else’s country, and we want to continue our Western heritage, we will need to embrace the ur-identity, that of the tribe. Because we are a tribe inside a vast, multi-ethnic superstate that is increasingly foreign to us (and us foreign to it), we are also a diaspora.

The nation was, in many respects, just a large tribe. But with it came increasing social complexity and geographic dispersal that resulted in regionalism and political splintering. We who embrace our identity and heritage as sons and daughters of Europe are a minority among people who share “our” heritage in all its forms (cultural, genetic, ethnic, political, religious, etc.), and we can only convert so many people to our way of thinking in what is frankly a race against time at the national level. As our tribe scales down, it will fortunately become more cohesive and resilient. And if we reject the national model, we do not need to burden ourselves with pursuing fruitless objectives at that level. We can focus on the tribal level.

Ultimately, 5PT sees nationalist politics and building a mass movement to “take our country back” or “save our nation” as a futile waste of resources that we need to build our tribe. 5PT is about Westerners with a future, not Westerners with a death wish. You cannot save those who do not want to be saved. What you can do is find those who want to save themselves, and build them into the network. If those of us alive today fail to link together the remnants of our atomized people who still feel the vague stirrings of self-preservation and civilizational perpetuation, it will not happen. We will fold into the new kind of race and materialistic philosophy that is being created, and all that came before it will be obliterated to make room for more shopping malls and immigrant communities. We shall lose our noble virtues, our Promethean fire, and the legacy of thousands of years to the successors of managerial liberalism and their precious “end of history.”

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5PT says our choices are as such: We become that immigrant community living in a strange land, or we go to the mall and never come back. There are forces which cannot be fought, but only ridden. The Atlanticist order will not allow itself to be voted out of existence, and if we are to be pushed from the world stage as nations, we will simply have to find another abode as a people.

Source: https://fifthpolitical.wordpress.com/2017/05/05/the-de-na... [4]

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

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[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/06/Demuth-number-5-large.jpg

[2] The Southern Cone: https://www.amren.com/features/2017/04/argentina-a-mirror-of-your-future-buenos-aires-latin-america/

[3] 5PT: https://fifthpolitical.wordpress.com/2017/04/29/5pt-intro/

[4] https://fifthpolitical.wordpress.com/2017/05/05/the-de-nationalization-of-the-global-european-diaspora/: https://fifthpolitical.wordpress.com/2017/05/05/the-de-nationalization-of-the-global-european-diaspora/

Sub-National & Trans-National Identity as a Response to the Loss of Nation-Statehood

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Sub-National & Trans-National Identity as a Response to the Loss of Nation-Statehood

For the most part, Western nations are over. There will only be the diaspora, or there will be nothing at all. We are faced with the choice of being absorbed into a materialistic, multicultural mess, or becoming who we are, that is to say, exiles of a defunct world.

The Fifth Political Theory (5PT [2]) believes we should work towards becoming a diasporic tribe rather than focusing on state-level nationalism(s). In other words, we can only “save” European and Eurocolonial peoples who want to be saved by bringing them into a networked tribal community, not converting the de-nationalized masses to an increasingly occult worldview of ethnocentrism, race realism, gender norms, nativism, reactionary politics, etc. I say this not as an evil racist or fascist, but as someone who cares about the continuity of my people, who cannot exist if they are transformed from their roots into something completely foreign. While a certain amount of change and flexibility is endurable, and even in some cases desirable, total replacement is not. And because the national subdivisions of Western civilization are moribund and unable to assert their own existence, we must return to the primordial levels of human social organization if we are to keep the totality of our heritage alive while innovating for an interconnected future.

5PT means fully embracing de-nationalization [3] and working the terms of that situation to our advantage within the post-modern, globalized world. As always, we cannot reverse the flows but only ride them out. Western peoples are going to become a diaspora, even in the West itself. Our response must be to engineer a tribe to face the problem of anomic, atomized life in our society and the failure of political nationalist movements to preserve European and Eurocolonial heritage against the decline in all its forms. We achieve this not by standing athwart history yelling stop, but by grasping the flow of history and letting it pull us as we adjust to the changes of post-modernity.

Put less esoterically, the breakdown of national borders and of national sentiment among Western peoples is not the end of Western peoples but of the nation-state as the organizational unit where our affinities stop. This collapse, rather than leading to seamless superstate blocs as predicted, has created immense identity-driven angst and convulsion as every matter of local folk resists the sprawling explosion of the soulless, materially-driven cosmopolis. These identitarian outbursts are telling us something about the fringes of Western political life. People who care about more than material growth or achieving progressive utopia are speaking up louder than ever. Yet, they often do so out of a passionate bond to dilapidated, outdated, and doomed forms of modern social organization—most problematically they do so as a minority. The ethnos squirms but the demos, which has voted for de-nationalization, retains a firm grip around its neck.

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The demos are ultimately following the lead of the cosmopolis. Its paradigms demand that all “citizens of the world” are eligible to live there, whether there is work or not, whether they are assimilable or not. What matters is the ability to be an economic cog, not national integrity. So if anyone can politically belong to any “nation” and claim it as their identity simply by moving there and demanding accommodation, what is to stop the people who resist their grand remplacement [4]from being bound into one identity, which like the one opposing it crosses all borders and subverts all national sentiments? Just as we see a current of decline, we must also look for that counter-current.

Communication technologies and our ability to correspond with one another in real-time—about the social, political, cultural, economic, moral, and spiritual challenges we face as members of the European and Eurocolonial family—draw us closer together than ever before. This happens without regard for borders and makes the decline of the nation-state all the more salient. We become less American or Norwegian or German, and more composite, more Western. Our tribe is already being created from this diaspora of of like-minded Westerners, out of our pre-existing similarities and affinities which technology has seen fit to amplify, even as our nations are being dissolved.

In the long-term, 5PT seeks to make this identity formation more geographically concentrated and clustered, while maintaining its sense of global connectivity and fraternity. We want to reach a point where we can talk concretely about the size, dispersion, and economic niche of the Western diaspora in any given country. The diaspora model thus posits the adoption of sub-national and trans-national identity as a response to the death of national identity and as an extension of the identity formation processes granted to us by post-modern technology.

By sub-national we mean that the Western diaspora will exist in any state where we intentionally form generational communities and tribal networks. Thus there will be a Western diaspora in countries in North America, Europe, and British Oceania, and perhaps further in Latin America and South Africa. There will be American Westerners, French Westerners, Australian Westerners, and so forth. These will have their own local concerns and idiosyncrasies and practices, as they must. At the same time, they will not become those local traits. The Western diaspora of France is not synonymous with “French people.” French people vote for their extinction while the Western diaspora will elect to perpetuate itself.

By trans-national we mean that the Western diaspora will not be walled off into geopolitical cells. Our congregations will be in communion with one another, and our tribal networks will be borderless. Our concerns will be mutual. Since we are all living in foreign countries so to speak, we will naturally have more affinity for one another as members of the same tribe than we do with our out-group neighbors. To be trans-national is to belong to a community not limited by territory. So the Western diaspora will exist in multiple countries, but not be of those countries. I am a Westerner if I am in Chile or in Britain, though I may have come from the Western congregation in Chile to the one in Britain. Our shared culture and values will be deeper than that we have with other peoples living in Chile or Britain.

Members of a foreign minority form their own distinct people regardless of where they dwell, so long as their ties to their own kind remain stronger than their ties to those who are foreign to them. That is the power of the diasporic model, that congregations of Westerners can exist anywhere enough former European or Eurocolonial nation-states are found, and retain their sense of cohesion. They are in, but not of.

In many ways, it is a return to the ways of the Old World and its scatterings of people across pre-modern states both large and small, such as the Jews, Armenians, Greeks, and Germans of Europe and the Middle East. This rather differs from the modern, national impulse of gathering of all X into the state of X-land, or converging all people of X-land into the identity of X. And it of course challenges the contemporary impulse of denying that X exists in the first place while claiming that X-land belongs to the world. Rather, we observe that the borders and demographics have fallen where they are, and that X can be found irrespective of where X is “supposed to be” or originally from. We are interested in the ur-identity of the tribe, not in the ancestral urheimat. This detachment will become our strength.

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This is an entirely different way of thinking about ourselves and our place in the world than Westerners are accustomed to. Even the descriptive terms I have preferred to use in place of “white people” so preferred by nationalists—Europeans and Eurocolonials—reflect that older (but not primordially older) conception of geography-plus-nationality. What we are approaching now is the possibility of nationality-sans-geography. The European stock and its extra-continental stocks overseas are part of the same people. Even if all other ethnocentric and civilizational rationalizations for this could be deconstructed it would still be so that they are one people, if only because a coalition of Others have declared them so. Rome and her allies became Rome just as Carthage and her allies became Carthage.

The external pressures upon the Western diaspora will facilitate this, since those who are most ethnocentric and culturally traditionalist will react by doubling down and passing those memes and genes on, while those who are the least will leave the diaspora and fold into the identity of the state they live in and the people they dwell among. The sub-national, trans-national character of the Western diaspora will intensify as time progresses.

This is not necessarily a happy situation. But the worst that can be said about the diaspora model is that people do not want it to happen, not that it can’t work. Reaching back into history for the super-structure we called the nation-state and trying to drag it into the future is not viable. What is viable is the primordial sentiment, that most basic idea that kindred people are an extended tribe, regardless of their geographic dispersal and the composition of the polities they dwell in. If my brother lives in Britain, he is still my brother.

Source: https://fifthpolitical.wordpress.com/2017/05/10/sub-natio... [5]

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[2] 5PT: https://fifthpolitical.wordpress.com/2017/04/29/5pt-intro/

[3] de-nationalization: https://fifthpolitical.wordpress.com/2017/05/05/the-de-nationalization-of-the-global-european-diaspora/

[4] grand remplacement : https://translate.google.com/translate?hl=en&sl=fr&u=https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_remplacement&prev=search

[5] https://fifthpolitical.wordpress.com/2017/05/10/sub-national-and-trans-national-identity/: https://fifthpolitical.wordpress.com/2017/05/10/sub-national-and-trans-national-identity/

 

Machiavel et les armes de migration massive

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Machiavel et les armes de migration massive

La base d'un empire multiculturel - et un empire est toujours multiculturel - est de conquérir des territoires et de transférer des populations pour les amadouer et les contrôler (1). C'est maintenant ce que l'on fait en Europe. Il faut amener des colons, et remplacer les populations rétives qui sont dominées - ou se laissent mourir. Car comme le remarque Madison Grant dans son Passage d'une grande race, une immigration non désirée doit éteindre la natalité dans les pays nouvellement conquis ou occupés. C'est comme cela que le Wasp a commencé à disparaître en Amérique du Nord dans les années 1880. Kipling s'en plaint dans sa correspondance (il vivait alors à Boston), Lovecraft dans sa nouvelle La rue, Henry James dans son journal, O'Henry dans ses petits contes, Edward Ross dans son œuvre de sociologue, Scott Fitzgerald dans Gatsby (2).

On ne va pas pleurer le Wasp bien sûr, ni celui (comme dit Woody Allen, « la nature est un grand restaurant ») qui fut chassé de son île irlandaise par une politique froide de famine appliquée par Londres (qui a toujours su manipuler les famines dans un but politique). Le Wasp lui-même avait remplacé les Indiens peu avant. La tragédie des îles hawaïennes et autres fut identique. Des populations furent massacrées, empoisonnées et remplacées par d'autres plus soumises et plus travailleuses. Le Grand Remplacement est hélas une donnée éternelle, mais il importe de rappeler qu'il est rarement naturel ; il est presque toujours politique et il sert aussi à faire du fric. Le capitalisme joue ici avec le pouvoir et la militarisation. J'ai parlé de ces jeunes Écossais qui dorment sous la tente en Écosse alors qu'ils travaillent pour Amazon (entreprise qui me publie gentiment, ce n'est pas le problème). Simplement nous revenons à la plantation et au cannibalisme financier que la peur du gendarme soviétique avait calmé un temps.

La tactique est toujours la même. Car grand remplacement rime avec déplacement, mais aussi avec un ensemble de dépècements psychologiques, de brouillages de codes, ou de déprogrammation mentale (voyez l'école socialiste et son enseignement liquide en France et en Europe). On citera Tocqueville qui écrivait cette fois à propos des Indiens :
« En affaiblissant parmi les Indiens d'Amérique du Nord le sentiment de la patrie, en dispersant leurs familles, en obscurcissant leurs traditions, en interrompant la chaîne des souvenirs, en changeant toutes leurs habitudes, et en accroissant outre mesure leurs besoins, la tyrannie européenne les a rendus plus désordonnés et moins civilisés qu'ils n'étaient déjà. »
Les observations de Tocqueville sur le devenir des minorités US sont admirables.

Et j'en viens au cher Machiavel (3). Les Italiens (plus haut QI d'Europe) seront toujours nos maîtres et nos éclaireurs, pour la bonne et simple raison qu'ils ont déjà vu et tout commenté, et le plus souvent pour rien hélas ! La connaissance, comme dit Salomon, ne sert qu'à accroitre sa douleur (qui auget scientiam, et auget dolorem, dit ma Vulgate !). La Renaissance permit de connaître de nouvelles expériences passionnantes, et aussi de revivre l'Antiquité d'une certaine manière. Voyez La Boétie qui publie à la même époque le meilleur texte sur notre aliénation moderne.

J'ignore si Machiavel connaissait le procédé inca du mitmae (remplacement de population après la conquête de ce même « empire socialiste inca »), mais il savait décrire comment s'y prenaient les princes néo-grecs de la Renaissance :
« Pour conserver une conquête... Le meilleur moyen qui se présente ensuite est d'établir des colonies dans un ou deux endroits qui soient comme les clefs du pays : sans cela, on est obligé d'y entretenir un grand nombre de gens d'armes et d'infanterie. »
Oui, mieux vaut des « colons » que des gens d'armes pour assurer l'ordre. D'autant que l'on peut comme en Allemagne nommer ces réfugiés policiers : ils empêcheront les machos allemands de violer leurs compatriotes, m'a dit une étudiante espagnole vivant à Bamberg ! Cette ânesse passe son nez toute la journée dans son téléphone portable, et on peut dire que le système la tient bien en laisse, comme un ou deux milliards d'autres « jeunes » de son acabit, bien formatés et surtout distraits, tous sortis des pires cauchemars de Plutarque ou de La Boétie (de qui ?).
 

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Machiavel ajoute avec le cynisme toxique qui caractérise sa prose impeccable :
« L'établissement des colonies est peu dispendieux pour le prince ; il peut, sans frais ou du moins presque sans dépense, les envoyer et les entretenir ; il ne blesse que ceux auxquels il enlève leurs champs et leurs maisons pour les donner aux nouveaux habitants. »
Ce que vit l'Italie en ce moment est incroyable. On ruine le contribuable pour sauvegarder des banques insolvables, on remplace un peuple déjà vieillissant pour le plaisir de plaire à des élites humanitaires, on remet au pouvoir des gens qui ont été reniés par les urnes mais choisis par l'Otan, Bruxelles ou les banques...

Machiavel explique comment on divise la population.
« Or, les hommes ainsi offensés n'étant qu'une très faible partie de la population, et demeurant dispersés et pauvres, ne peuvent jamais devenir nuisibles ; tandis que tous ceux que sa rigueur n'a pas atteints demeurent tranquilles par cette seule raison ; ils n'osent d'ailleurs se mal conduire, dans la crainte qu'il ne leur arrive aussi d'être dépouillés. »
La lâcheté et le refus de s'informer font partie du complot. Comme disait MacLuhan, le héraut catholique-cathodique du village global, « les plus grands secrets sont gardés par l'incrédulité publique ».

On recommandera au lecteur la lecture de Kelly Greenhill sur ces armes de migration massive [Traduction à venir, NdSF]. Greenhill en bon agent impérial les impute à des tyrans putatifs et oublie les responsabilités impériales et capitalistes de nos chères élites occidentales !

C'est pourquoi je recommande les classiques. Il n'est pas de situation qu'ils n'expliquent mieux que leurs experts. Regardez Marx par exemple qui nous parle du dépeuplement nazi (féodal) des clans écossais au profit d'une certaine duchesse Sutherland :
« Mais à tout seigneur tout honneur. L'initiative la plus mongolique revient à la duchesse de Sutherland. Cette femme, dressée de bonne main, avait à peine pris les rênes de l'administration qu'elle résolut d'avoir recours aux grands moyens et de convertir en pâturage tout le comté, dont la population, grâce à des expériences analogues, mais faites sur une plus petite échelle, se trouvait déjà réduite au chiffre de quinze mille.

De 1814 à 1820, ces quinze mille individus, formant environ trois mille familles, furent systématiquement expulsés. Leurs villages furent détruits et brûlés, leurs champs convertis en pâturages. Des soldats anglais, commandés pour prêter main forte, en vinrent aux prises avec les indigènes. Une vieille femme qui refusait d'abandonner sa hutte périt dans les flammes. C'est ainsi que la noble dame accapara 794 000 acres de terres qui appartenaient au clan de temps immémorial (4). »
Et pourquoi changer une équipe - et une méthode - qui gagne ? La faiblesse de nos réactions favorise le retour du comportement barbare chez les élites. Elles n'ont plus peur de nous.

Nicolas Bonnal

Notes

(1) Kelly Greenhill - Weapons of Mass Migration : Forced Displacement as an Instrument of Coercion. Bientôt traduit par le Saker francophone
(2) Naomi Klein, La stratégie du choc, chapitre II
(3) Machiavel, Le Prince, chapitre III
(4) Marx, Le Capital, livre I, chapitre VIII, l'accumulation primitive

Libye, Syrie… À qui le tour ? Entretien avec Emmanuel Leroy

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Libye, Syrie… À qui le tour ?

Entretien avec Emmanuel Leroy

Ex: http://zejournal.mobi

Le Moyen-Orient devient une fois de plus l’arène de la confrontation entre les deux plus puissantes forces. Emmanuel Le Roy, célèbre politologue français, président du mouvement humanitaire « Save the Children of Donbass », nous a accordé une interview et nous a parlé de ce qui attise la guerre au Moyen-Orient et de ceux qui bénéficient des attentats terroristes contre les civils.

K.- La guerre en Syrie, ainsi que nombre d’attentats terroristes dans les villes contre les civils, se poursuit. Les USA ajoutent toujours de l’huile sur le feu. Cette fois, ils prétendent que le gouvernement syrien préparerait des attaques chimiques. Or, la Maison Blanche a, bien sûr, refusé d’en apporter la preuve. Que pensez-vous de l’efficacité de la lutte actuelle contre le terrorisme en France ?

E.L.- La situation avec le terrorisme est extrêmement compliquée. L’année dernière, j’ai été invité à Moscou pour assister à la conférence donnée par RISI (Institut russe des études stratégiques) sur les questions de terrorisme. L’article du New York Times daté du 23 avril 2016, a été abordé. L’auteur disait que le terrorisme prenait racine aux USA, que dans les années 1970, la CIA et l’Arabie Saoudite avaient monté un complot visant à soutenir les terroristes et Oussama ben Laden, à provoquer une division et des menées terroristes en Afghanistan, dans le but de chasser de là-bas les Soviétiques.

Rien n’a changé depuis cette époque. Les USA et l’Arabie Saoudite coopèrent toujours ensemble dans ce domaine. Le principal moteur du terrorisme mondial est l’armée anglo-saxonne.

Le terrorisme qui a touché la Russie et l’Occident est différent. Par exemple, ce qui s’est passé en Tchétchénie, au Daghestan, en Ingouchie, est l’œuvre de réseaux wahhabites aiguillonnés par les Anglo-saxons. Ils voulaient déstabiliser la Russie.

Et le terrorisme que nous avons combattu depuis le 11 septembre 2001 (la série de quatre attaques terroristes coordonnées aux USA, avec la destruction des tours jumelles), est le fruit de démarches visant à créer le chaos dans les sociétés occidentales. Le but est de les frapper jusqu’à ce qu’elles changent de forme institutionnelle et finissent par perdre leur liberté.

La deuxième option, qui est en cours aujourd’hui, consiste à provoquer un conflit en Europe occidentale, entre la population locale et les Musulmans (qui arrivent sans fin). Et cela, à son tour, mène aussi au chaos.

Ce sont d’ores et déjà les intérêts US. L’objectif est de créer une situation conflictuelle dans laquelle l’Europe perdra sa compétitivité et ne sera à même de former une alliance avec la Russie contre la thalassocratie.

L’État orwellien est déjà là

Ainsi, la première sorte de terrorisme a été créée artificiellement contre la Russie et ses intérêts. C’est le même plan qui se joue en Syrie : Mêmes gens, mêmes armes, mêmes fonds utilisés contre la Syrie de Bashar El-Assad. C’est le terrorisme de la dévastation, nécessaire pour saper la Russie.

Et la deuxième sorte de terrorisme est plus calme, moins extrême. Son but est de créer une situation de chaos maîtrisé. Cela signifie supprimer 10 personnes ici, puis 15 autres ailleurs. Il est utile pour maintenir la population en état de terreur et perpétuer la situation d’urgence. Et c’est ce qui se passe depuis plus d’un an en France.

La situation de contrôle est semblable à celle de l’État décrit par Orwell dans son roman « 1984 ». Aujourd’hui, nous voyons que l’Europe ressemble à un État totalitaire. Comparé à l’Europe actuelle, l’URSS de l’ère de Brezhnev était un paradis.

La confrontation des deux forces s’est intensifiée

K.- La Libye est détruite. Maintenant, comme nous le voyons, ils achèvent la Syrie. Que pouvons-nous attendre de la suite ?

E.L.- Ceux que je qualifie d’archéo-mondialistes protègent la suprématie du dollar et l’État profond. Ils ont provoqué la crise en Libye pour planifier de nouvelles destructions et remodeler le Moyen-Orient.

Mais il semble qu’il y ait eu des tentatives de lutte contre les archéo-mondialistes ces dernières années, surtout depuis le Brexit. Aujourd’hui, dans ce système mondialiste, Londres qui est aussi impliquée, essaie de jouer la carte chinoise… La stratégie est purement anglaise, et n’est pas dans l’intérêt des USA.

Je pense que le Brexit était une sorte de guerre entre la City de Londres et Wall Street, et que la compétition présidentielle entre Clinton et Trump était une suite de cette dure confrontation.

En France, les élections sont aussi devenues l’illustration de la confrontation entre les deux forces. Je suppose que les archéo-mondialistes, dont Clinton, pariaient sur Alain Juppé, candidat idéal pour eux qui pouvait devenir le pendant de Clinton. Mais les amis de Trump et les partisans du Brexit se prononçaient pour François Fillon, plus en faveur de relations russo-françaises. Mais ils se sont rendu compte à temps qu’il y avait un autre substitut, Macron…

L’Iran est le prochain, et puis se sera la Russie

Revenons à la question de la Libye et de la Syrie (qui ne sont qu’un même front). Il s’agit de tentatives de certains archéo-mondialistes qui cherchent à poursuivre les manœuvres de déstabilisation des États laïques du Moyen-Orient. Mais cette guerre ne vise pas seulement à réformer le monde musulman, elle prépare un objectif futur : L’Iran, une voie d’accès au Caucase.

Et le tour de la Russie viendra après l’Iran. Il s’agit d’une guerre géopolitique qui passe inaperçue.

Pour mieux comprendre la situation, rappelons l’exclusion du Qatar du Conseil de coopération des États arabes du golfe Persique. Bien qu’il y ait des intérêts de M. Rockefeller, le Qatar a toujours été sous protectorat britannique. Et M. Trump a négocié avec l’Arabie saoudite pour dire « stop » au Qatar, arrêtez de financer les « Frères musulmans », qui sont aussi subordonnés à la Grande-Bretagne (les « Frères musulmans » est une organisation terroriste interdite en Russie). Même si Clinton a introduit leurs représentants dans son entourage, ils sont toujours sous contrôle britannique.

La situation est donc complexe. Je pense qu’il y a de la concurrence au sein même du système mondialiste. La crise du Qatar, le Brexit ou les élections françaises, montrent que ce n’est pas une bataille pour la vie, mais une lutte à mort aux USA et en France.

Il s’agit d’une confrontation très obscure entre différents concepts. Je pense que la Grande-Bretagne rejoue son unique carte, comme à la veille de la Première Guerre mondiale. Pendant ce temps, le premier travail des USA est de préserver la suprématie du dollar. Sans le dollar, les USA ne peuvent rien faire…

Traduction Petrus Lombard


- Source : Katehon (Russie)

lundi, 03 juillet 2017

Finis Germania (JF-TV Im Fokus): Der Fall Rolf Peter Sieferle

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Finis Germania (JF-TV Im Fokus): Der Fall Rolf Peter Sieferle

19:01 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rolf peter sieferle, allemagne, hommage | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Presseschau - Juli 2017

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Presseschau
Juli 2017
 
Liebe Leser, wieder einmal eine Presseschau. Bei Interesse einfach anklicken...

AUßENPOLITISCHES

(Soros – oder die Mächtigen hinter der NS-Vergangenheitsbewältigung)

Klassenfahrt mit Soros

https://sezession.de/57277/klassenfahrt-mit-soros

Ernst Wolff erklärt den IWF in 5 Minuten.

https://www.youtube.com/watch?v=Zt7lONlgU-o

IWF verlangt steigende Verbraucherpreise in Deutschland

https://jungefreiheit.de/wirtschaft/2017/iwf-verlangt-ste...

(Verordneter Euro-Segen für Alle)

Brüssel

Der Euro für alle

Es soll der Siegeszug des Euro werden: Innerhalb der nächsten Jahre will die EU-Kommission die Gemeinschaftswährung in allen Mitgliedstaaten durchsetzen. Es ist der Auftakt zu einer großen Reform.

http://m.mainpost.de/ueberregional/wirtschaft/mainpostwir...

Bundeskanzlerin Merkel für gemeinsamen Euro-Finanzminister

https://jungefreiheit.de/wirtschaft/2017/bundeskanzlerin-...

(Dazu…)

Abschaffung der Nationalstaaten Europas

Die Katze ist aus dem Sack!

http://www.pi-news.net/die-katze-ist-aus-dem-sack/

Griechenland: bis zur Bundestagswahl Konkursverschleppung

https://think-beyondtheobvious.com/stelters-lektuere/grie...

AFD Fraktion Hamburg: Vortrag von Vaclav Klaus am 7.6.2017

"Die unverantwortlichen Träume der EU-Eliten", ein Vortrag von EU-insider Vaclav Klaus am 7.Juni 2017 im vollbesetzten Festsaal des Rathaus Hamburg.

https://www.youtube.com/watch?v=agWOGmcsN-Y

„Hunger-Bonds“

Goldman Sachs rettet Venezuelas Diktator vor der Pleite

https://www.welt.de/finanzen/article165136242/Goldman-Sac...

Anschlag in London Sieben Tote, zwei Tatorte - Polizei erschießt drei Angreifer

https://www.welt.de/politik/ausland/article165227140/Sieb...

Tote bei Anschlag in London

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/tote-bei-an...

Anschlag in London

Von Storch beschimpft Maas und Merkel nach Beileids-Tweets

https://www.welt.de/politik/deutschland/article165228419/...

Aufregung im Netz

London: CNN arrangierte muslimische Friedensdemo

http://www.krone.at/medien/london-cnn-arrangierte-muslimi...

https://www.youtube.com/watch?v=2ObbTX_nMGk&feature=y...

(Selbstrechtfertigung der tagesschau)

Fake-News-Vorwurf im Netz

Wirbel um CNN-Dreh in London

http://faktenfinder.tagesschau.de/ausland/london-389.html

Schweigeminute für Londoner Terroropfer

Unsensible Saudis

von Thorsten Brückner

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/unsensible-...

(Das Twitter-Posting der ARD-Journalistin Julie Kurz nach dem aktuellen Terroranschlag in London.)

http://archive.li/be0EI

(Auch bei den Trauermeldungen darf "Vielfalt"-Propaganda nicht fehlen)

Nach Anschlag

Londons Polizeichefin freut sich über Vielfalt von Terroropfern

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/londons-pol...

(Und was machen die Briten als Reaktion auf Islamisierung und Terror? Sie wählen Labour…)

Unterhauswahlen

Großbritannien: Konservative verlieren absolute Mehrheit

https://jungefreiheit.de/allgemein/2017/grossbritannien-k...

Anschlag auf Moschee in London

Polizei nennt Namen des Terrorverdächtigen

Nach dem Anschlag auf eine Moschee in London veröffentlichen die Behörden neue Details. Demnach war der Täter der Polizei bislang nicht bekannt, er handelte wohl allein. Und er hatte es ganz offensichtlich auf Muslime abgesehen.

http://www.spiegel.de/politik/ausland/london-anschlag-auf...

Brüssel

Belgische Soldaten erschießen Terroristen und vereiteln Anschlag

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/belgische-s...

(Zum Angriff in Paris)

EU ehrte Moslemterroristen mit Journalistenpreis

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/eu-ehrt-mos...

Frankreich

Alle Ergebnisse der Parlamentswahl im Überblick

https://www.welt.de/politik/ausland/article165652134/Alle...

Österreich

Van der Bellen kritisiert Burkaverbot

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/van-der-bel...

Tschechien verankert Recht auf Waffenbesitz in Verfassung

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/tschechien-...

Michigan

„Allahu Akbar“: Mann sticht Polizisten auf US-Flughafen nieder

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/allahu-akba...

Schüsse auf US-Republikaner

Linkes Haßverbrechen

von Thorsten Brückner

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/linkes-ha...

Referendum

Puerto Rico will US-Staat werden

https://www.tagesschau.de/ausland/puerto-rico-105.html

Erstmals seit über 20 Jahren

Trump streicht Ramadan-Feier

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/trump-strei...

ZL-juli2.JPG

INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

(Trotz angeblicher Hochkonjunktur…)

Rentenkasse mit 2,2 Milliarden Euro Minus

http://www.boerse-online.de/nachrichten/aktien/Presse-Ren...

Merkels Beliebtheit erreicht Zweijahreshoch

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/merkels...

Über die Monarchin

Schily: Abrechnung mit Merkel

Von Rainer Zitelmann

https://www.tichyseinblick.de/feuilleton/medien/schily-ab...

Soziale Netzwerke

Kauder will Maas-Gesetz möglichst schnell beschließen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/kauder-...

Die Maas-Regeln – Angriff auf die Meinungsfreiheit

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2017/die-maas-rege...

Auch Thomas de Maizière fordert Zugriff auf Whatsapp-Daten

http://t3n.de/news/whatsapp-daten-maziere-fordert-zugriff...

Staatstrojaner: Bundestag hat das krasseste Überwachungsgesetz der Legislaturperiode beschlossen (Updates)

https://netzpolitik.org/2017/staatstrojaner-bundestag-bes...

Neues Gesetz führt zur totalen Überwachung der Bürger

https://www.youtube.com/watch?v=j-tRjC76CGs

Kritik an NetzDG

„Die freie Meinungsäußerung bleibt auf der Strecke“

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/die-fre...

Gegen Haßpostings im Internet

Bundestag beschließt NetzDG

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/bundest...

Bundesweiter Aktionstag

Großrazzia gegen Hetze im Internet

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/grossra...

Steuergeld

Goldstaub für das Doppeleinhorn

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2017/goldstaub-fue...

Autobahnprivatisierung

Was sich jetzt für das Rückgrat der deutschen Infrastruktur ändert

http://www.focus.de/finanzen/praxistipps/autobahnprivatis...

Sahra Wagenknecht rastet aus über die Privatisierung der Autobahnen ! 01.06.2017

https://www.youtube.com/watch?v=t_9Oz1A5Zc0&feature=y...

Betreute Demokratie - das deutsche Missverständnis

http://www.achgut.com/artikel/demokratie_das_deutsche_mis...

Legal, illegal, scheißegal ist das unausgesprochene Motto der Groko

https://www.welt.de/debatte/kommentare/article166079900/L...

Eine AfD-Stellungnahme zur Klima-, Umwelt- und Energiepolitik

https://irisnieland.wordpress.com/2017/06/30/eine-afd-ste...

Bundeswehr

Das Schweigen der Männer

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/das-schwe...

Bundesregierung verbietet Erdoğan-Auftritt in Deutschland

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/erdogan...

Kölner Anti-Terror-Farce

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/koelner-a...

Anti-Terror-Demo

Özoguz: Nicht nur Moslems, sondern alle müssen sich vom Terror distanzieren

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/oezoguz...

Köln Nur ein paar Hundert Muslime demonstrieren gegen Terror

https://www.welt.de/politik/deutschland/article165642675/...

Der Staat wird zum Zuhälter

Das neue "Prostituiertenschutzgesetz" dient vor allem den Staatsfinanzen

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1189

Abgeordneter klagt

Von AfD-Fraktion zum Schweigen gebracht

Immer wieder ist Heinrich Fiechtner auf der politischen Bühne als Außenseiter aufgefallen. Nun zieht der baden-württembergische AfD-Landtagsabgeordnete vor Gericht – gegen die eigene Partei.

http://www.faz.net/aktuell/politik/inland/afd-politiker-f...

(AfD fordert Straßenbenennung nach Ronald Reagan)

30 Jahre Reagan-Rede

„Herr Gorbatschow, öffnen Sie dieses Tor“

von Christian Vollradt

https://jungefreiheit.de/wissen/geschichte/2017/herr-gorb...

Helmut Kohl ist tot

16 Jahre regierte er die Bundesrepublik - länger als jeder andere Bundeskanzler. Helmut Kohl wurde als "Kanzler der Einheit" verehrt, polarisierte aber auch. Er starb am Freitagmorgen im Alter von 87 Jahren in seinem Haus in Oggersheim.

http://www.spiegel.de/politik/deutschland/helmut-kohl-ist...

Wir Kinder Helmut Kohls

von Dieter Stein

https://jungefreiheit.de/debatte/streiflicht/2017/wir-kin...

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LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS / RECHTE

Die entfesselte Freiheit im Zeichen der Kulturrevolution – mit Folgen bei PayPal

https://sezession.de/57296/die-entfesselte-freiheit-im-ze...

Totalitäre Methoden

Plötzlich am Pranger

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/ploetzlic...

"Deutschland den Deutschen"

Empörung über WhatsApp-Chat der AfD

http://www.rp-online.de/politik/deutschland/afd-leaks-sch...

SPD-Parteitag

Schulz nennt AfD „NPD light“, die nicht zu Deutschland gehöre

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/schulz-...

AfD-Politiker Höcke gewinnt Prozess in Neubrandenburg

http://www.nordkurier.de/mecklenburg-vorpommern/afd-polit...

"Repolitisierung der Debatte" - Marc Jongen im Gespräch

Marc Jongen, einer der beiden Landessprecher der AfD in Baden-Württemberg, hat Alain de Benoist für die Zeitschrift "éléments" ein Interview gegeben. Hier die Übersetzung

https://sezession.de/57282/marc-jongen-%C2%BBgegen-techno...

Wegen Kritik an von der Leyen

Bundeswehr-Uni setzt AfD vor die Tür

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/bundesw...

(SPD unterstützt offen "Antifa"-Gruppierung)

„Preis der Vielfalt“

SPD zeichnet Anti-AfD-Bündnis aus

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/spd-zei...

(Studie von Wolfgang Schröder, Mitglied der Grundwertekommission der SPD…)

Die Arbeit der AfD in den Landtagen

http://www.juraforum.de/wissenschaft/die-arbeit-der-afd-i...

(Entscheidung für Abschaffung der demokratischen Chancengleichheit)

Grundgesetz wird geändert

Bundestag dreht NPD den Geldhahn zu

Die ohnehin klamme NPD soll in Zukunft noch weniger Geld bekommen: Der Bundestag beschließt, das Grundgesetz zu ändern und die rechtsextreme Partei so von der Parteienfinanzierung auszuschließen.

http://www.n-tv.de/politik/Bundestag-dreht-NPD-den-Geldha...

(Dazu…)

Parteienfinanzierung

Ein Verbot „light“

von Werner Patzelt

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/ein-verbo...

(Hauptsache "antirassistisch"…)

Auftritt einer linksradikalen Band

Alles scheiße in Bamberg?

von Thorsten Brückner

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/alles-scheisse-in-ba...

(Mal wieder die alte Leier der "Toten Hosen"…)

Tote Hosen

Campino beklagt mangelndes Anti-Rechts-Engagement von Helene Fischer

https://jungefreiheit.de/kultur/2017/campino-beklagt-mang...

Linke Gewalt in Berlin

„Wir werden gesetzlose Gebiete schaffen“

https://www.welt.de/politik/deutschland/article165230230/...

Piratenpolitiker Thomas Goede

Hass-Tweet gegen angeschossene Polizistin

http://www.berliner-kurier.de/news/politik---wirtschaft/p...

„Interventionistsiche Linke“

Beim Thema Linksextremismus fehlen Özdemir die Worte

von Lukas Steinwandter

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/beim-th...

Frankfurt

Dauerskandal: „Antifa“-Besetzung in Rödelheim

Stadt Frankfurt toleriert Jahrzehnte währenden Rechtsbruch

http://www.bff-im-roemer.de/index.php?id=44&no_cache=...

AfD-Stammtische

Wieder muß ein Gastwirt nach linksextremen Attacken schließen

von Lukas Steinwandter

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/wieder-...

Gewalt gegen AfD

Sieben Attacken auf Schweriner AfD-Büro binnen zwei Wochen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/sieben-...

Vor G20-Gipfel in Hamburg

AfD-Fraktion erhält Anthrax-Drohung

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/afd-fra...

Hamburg

Linkes Bündnis will AfD-Wahlkampf mit Aktionen stören

http://www.abendblatt.de/hamburg/kommunales/article210935...

Leipzig

Richterin ermuntert linke Gewalttäter zum Kampf gegen Rechts

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/richter...

Berlin: Antifa, Senat und Polizei blockieren Identitären-Demo

http://www.pi-news.net/berlin-antifa-senat-und-polizei-bl...

(Antifa-Provinzposse in Offenbach. Da die Jungs im Hauptort der bevorstehenden Umvolkung schon lange unterbeschäftigt sind, müssen in irgendwelche Aktivitäten verfallen. Dass es ihnen dabei nicht um Diskussionen geht, hat die Volkshochschul-Leiterin mit einigen Jahrzehnten Verspätung bemerkt...)

Antifa-Aktivisten attackieren Vhs-Referenten

https://www.op-online.de/offenbach/vermummte-stuermen-vor...

BDS-Kampagne

Linksextreme brüllen Knesset-Abgeordnete in Humboldt-Uni nieder

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/linksex...

Linksextreme Gewalt in Rigaer Straße nimmt laut Senat zu

https://jungefreiheit.de/allgemein/2017/linksextreme-gewa...

„Friedel 54“

Linksextreme behindern Räumung von Berliner Szenelokal

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/linksex...

(Angriffe auf Bahnlinien)

Koordinierte Aktion

Polizeigewerkschaft bezeichnet Brandanschläge als Terror

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/brandan...

Diskussion über Brandanschläge

Linke Feuerteufel mit reichlich Zündstoff

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/linke-f...

Hamburg

G20-Soko ermittelt

Unbekannte lockern Radmuttern von Polizistenautos

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/unbekan...

„Über die Bullen herfallen“

Linksextremisten drohen Polizei

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/linksex...

ZL-juli4.jpg

EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

Pro Asyl und Co.

Asyl-Lobby fordert unbegrenzte Flüchtlingsaufnahme

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/asyl-lo...

Grüne wollen syrische Dörfer in Osteuropa ansiedeln

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/gruene-woll...

Ska Keller will „Flüchtlinge“ in Osteuropa zwangsansiedeln

http://www.pi-news.net/ska-keller-will-fluechtlinge-in-os...

Franziska „Ska“ Keller - die Zweite

Eine Herrenmenschin aus Merkel-Deutschland

http://www.pi-news.net/eine-herrenmenschin-aus-merkel-deu...

NGOs als Menschenschleuser

Sie fluten Europa

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/sie-flute...

Sonntagsheld (18) – O Captain, my Captain!

https://sezession.de/57312/sonntagsheld-(18)-%E2%80%93-o-...!

Sachsen

Köpping bedauert Abwanderung von Einwanderern

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/koeppin...

Das Gespenst der Überalterung

Demografischer Wandel und Armutsmigration

https://www.tichyseinblick.de/meinungen/demografischer-wa...

Große Koalition beschließt Abschiebestopp nach Afghanistan

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/grosse-...

Kommentar zum Abschiebestopp

Verantwortungslos und unzurechnungsfähig

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/verantwor...

Libyen: Hilfsorganisationen bezahlen Schlepper für Einwanderer

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/libyen-hilf...

Calais

Tödlicher Unfall nach Straßen-Blockade durch Migranten

https://www.tag24.de/nachrichten/calais-toedlicher-unfall...

Behörden melden mehr Heimatreisen von Asylsuchenden

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/behoerd...

Flüchtlingsumverteilung

Juncker kritisiert Blockadehaltung Polens und Ungarns

https://jungefreiheit.de/politik/ausland/2017/juncker-kri...

Ernüchternde Bilanz von Handwerk und Industrie 

„Flüchtlinge als Arbeitskräfte bringen nichts“

Mercedes-Chef Dieter Zetsche glaubt an ein „neues Wirtschaftswunder“. Politik und Wirtschaft sehen offiziell „große Chancen“. Aber ist das die Realität? Kreishandwerksmeister Rudolf Waxenberger behauptet: „Flüchtlinge als Lehrlinge und Arbeitskräfte bringen nichts.“

https://www.merkur.de/lokales/erding/erding-ort28651/ernu...

Perfider Ramadan-Rummel

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/perfider-...

Meinung

Ramadan als Machtdemonstration

von Michael Paulwitz

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/ramadan-a...

Ramadan jetzt Frankfurter Volksfest?

Im Stadtteil Rödelheim wird es am Abend anatolisch laut

http://www.bff-frankfurt.de/artikel/index.php?id=1185

"Ich schweige nicht" - Unbekannter stört Schweigeminute für Flüchtlinge am Kirchentag

https://www.youtube.com/watch?v=yHbHsCb_q9Y

Geschmacklose Aktion gegen Flüchtlinge

Der Sarg-Skandal von Eppendorf

http://www.mopo.de/hamburg/geschmacklose-aktion-gegen-flu...

Asylkrise: Über eine Milliarde Euro vergeudet

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/asylkri...

Hattingen erläßt Haushaltssperre wegen Flüchtlingskosten

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/hatting...

Nur wenige Bewohner

Münchner Asylunterkunft verursacht Millionenkosten

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/muenchn...

Zahl der Flüchtlinge, die Hartz IV beziehen, nimmt rapide zu

https://www.waz.de/politik/zahl-der-fluechtlinge-die-hart...

Wolfsburg Familie kämpft für den IS – und erhält weiter Sozialleistungen

https://www.welt.de/politik/article165450291/Familie-kaem...

Bochum

Aufnahme von Flüchtlingskindern

Klassengemeinschaft der Integration geopfert

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/klassen...

(Fundis gegen Realo. Interner Streit unter Einwanderungslobbyisten…)

Schulpflicht für Asylbewerber

Erfurts SPD-Oberbürgermeister fliegt aus Flüchtlingsverein

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/erfurts...

(Die übliche Herzschmerz-Story zur Ablenkung von den Folgen… Petitionen unterschreiben kostet eben persönlich erst einmal noch nichts…)

„Weil er mein Freund ist“

Eine Schule kämpft gegen die Abschiebung des 16-jährigen Fadi

https://www.op-online.de/hessen/wiesbadener-schule-kaempf...

Nürnberg

Gewaltsame Proteste

Polizei verteidigt Abschiebeversuch: Afghane droht mit Anschlag

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/polizei...

Asylbetrug: Geschäft mit falschen Vätern boomt

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/asylbet...

Niedersachsen

Arbeitsvermittlungsstelle zahlt Flüchtling Taxi zur Arbeit

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/arbeits...

Musikfestival auf dem Nürburgring

„Rock am Ring“ wegen Terrorgefahr unterbrochen

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/rock-am...

Jetzt müssen wir uns zuhause gegen den “Hindukusch” verteidigen

http://www.achgut.com/artikel/auf_dem_weg_in_den_ausnahme...

Asylbewerber sorgen für Kriminalitätsanstieg

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/asylbew...

Ines Laufer: Die „Flüchtlings“-Kriminalität zwischen Fakten und Medienlügen

Die Polizeiliche Kriminalstatistik (PKS) für das Jahr 2016 birgt heftigen faktischen Sprengstoff in Bezug auf die Kriminalität der "Flüchtlinge". Gastautorin Ines Laufer ist in die Tiefen der Statistik abgetaucht, um die Fakten - für jeden verständlich und nachprüfbar - aufzubereiten.

http://www.epochtimes.de/politik/welt/ines-laufer-die-flu...

Niedersachsen

Syrer werden 176 Straftaten zur Last gelegt

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/syrer-w...

Dresden

Asylbewerber randalieren wegen Verletzung des Ramadan

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/asylbew...

Tatort Asylunterkunft

Arnschwang (Bayern): Afghane ersticht fünfjähriges Kind

http://www.pi-news.net/arnschwang-bayern-afghane-ersticht...

Oberpfalz

Mann ersticht Kind in Asylunterkunft - wohl wegen Ruhestörung

http://www.augsburger-allgemeine.de/bayern/Mann-ersticht-...

Saarland

Syrer ersticht Rotkreuz-Mitarbeiter

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/syrer-e...

(Angeblich "kein Mord")

Cottbus

19 Messerstiche, aus dem Fenster geworfen, Kehle durchgeschnitten

https://www.welt.de/vermischtes/article165382489/19-Messe...

„Gefährliche Körperverletzung“

Obdachlosen-Zündler: Nur Haupttäter bekommt Haftstrafe

https://jungefreiheit.de/politik/deutschland/2017/obdachl...

Bonn

Syrischer Sextäter springt auf Flucht vor Polizei in den Rhein

https://jungefreiheit.de/kultur/gesellschaft/2017/syrisch...

Frankfurt am Main

Fehde zwischen Familienclans löst Polizei-Großeinsatz aus

https://www.welt.de/vermischtes/article165921535/Fehde-zw...

Herzberg

Vorzeigeflüchtling schneidet Friseurchefin in den Hals

https://jungefreiheit.de/allgemein/2017/vorzeigefluechtli...

http://www.lr-online.de/regionen/elbe-elster/herzberg/Syr...

Ostkreuz

Nach Kinderwagen-Rempler: Mutter bespuckt und geschlagen

Das unbekannte Paar griff die 24-Jährige nach einem harmlosen Kinderwagen-Rempler heftig an. Nun sucht die Bundespolizei nach Zeugen.

https://www.morgenpost.de/berlin/polizeibericht/article21...

Jüterbog (Teltow-Fläming)

Drei junge Männer greifen Vater und Tochter an

Sie pöbeln Passanten an, belästigen eine 18-Jährige und greifen deren Vater an: Drei junge Männer haben am Montagabend am Bahnhof Jüterbog randaliert und sogar mit Steinen aus dem Gleisbett geschmissen. Ein Lokführer hatte den Vorfall beobachtet und die Polizei alarmiert.

http://www.maz-online.de/Lokales/Teltow-Flaeming/Drei-jun...

Frankfurt

Mit abgeschlagener Glasflasche

Angriff Millimeter an der Halsschlagader vorbei

https://www.op-online.de/region/frankfurt/angriff-millime...

(Tunesier in Linz)

Mann tötete aus Hass auf FPÖ Ehepaar – Kanzler Kern "tief bestürzt" –

http://derstandard.at/2000060637242/Verdaechtiger-toetete...

ZL-juli5.jpg

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

Der asoziale Wohnungsbau geht weiter

https://www.welt.de/debatte/kommentare/article165154871/D...

Fassadenbrände: Dämmokratie leben!

http://www.achgut.com/artikel/fassadenbrand_in_london_dae...

„Betonmuslime“

Katar verhüllt barbusige Figur an Botschaftsgebäude

https://www.welt.de/vermischtes/article165581334/Katar-ve...

IS sprengt offenbar Moschee in Mossul

"Das Eingeständnis der Niederlage"

http://www.spiegel.de/politik/ausland/is-sprengt-offenbar...

(Opfer eines religiösen Anschlags?)

Norwegen

"Trollpenis" abgehackt - viele Spenden für kaputten Felsen

http://www.spiegel.de/reise/europa/norwegen-trollpenis-ab...

(Homosexuelle Vielehe in Kolumbien)

Dreier-Ehe

Männer-Trio teilt sich Haus, Bett, alles

https://www.welt.de/vermischtes/article165517995/Maenner-...

(Lobpreisung des Mannes)

Montagsheld (17) – Check your privilege!

Irgendwann mußte es soweit kommen – der erste Archetyp betritt das Podium.

https://sezession.de/57306/montagsheld-(17)-%E2%80%93-che...!

Kommunikationsplattform Gab

„Wer Meinungen reguliert, will Gedanken kontrollieren“

https://jungefreiheit.de/debatte/interview/2017/wer-meinu...

(Läuterung oder Beruhigungspille?...)

DPA will Täterherkuft häufiger angeben

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2017/dpa-will-taet...

Ludwig-Börne-Preis

Merkel-Kritiker Safranski ausgezeichnet

http://hessenschau.de/kultur/merkel-kritiker-safranski-au...

Das neurechte Wäldchen

Von Martin Sellner

https://sezession.de/57278/?komplettansicht=1

Der Sonntagsheld (14) - Im Würgegriff der Unheimlichkeiten

https://sezession.de/57279/der-sonntagsheld-(14)---im-wue...

Hatune Dogans "Helfende Hände"

https://sezession.de/57287/hatune-dogans-%22helfende-haen...

Mein Schnellkurs in moralischem Höhenflug

Von Alain Pichard

http://www.achgut.com/artikel/mein_praktischer_schnellkur...

Mensch, Untermensch, Unmensch

https://sezession.de/57281/mensch,-untermensch,-unmensch

(Aufregung um Sieferle-Buch)

Buch-Empfehlung für NDR und SZ

Redakteur des "Spiegel" gab rechtsextreme Leseempfehlung

http://www.faz.net/aktuell/politik/inland/wer-setzte-rech...

Sachbücher des Monats Juni 2017

http://www.ndr.de/kultur/buch/Sachbuecher-des-Monats-Juni...

NDR Kultur setzt Zusammenarbeit aus

http://www.ndr.de/kultur/NDR-Kultur-setzt-Zusammenarbeit-...

Panikreaktionen - Sieferle auf Platz 1

https://sezession.de/57290/panikreaktionen---sieferle-auf...

Finis Germania

Ein Sieg für die dumme Linke

von Karlheinz Weißmann

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/ein-sieg-...

Finis Germania: Spiegel-Redakteur Johannes Saltzwedel tritt aus Sachbuch-Jury zurück

In eigener Sache: Der Fall "Finis Germania"

Die fragwürdige Nominierung eines rechtslastigen Buches für die "Sachbücher des Monats".

http://www.spiegel.de/kultur/literatur/finis-germania-spi...

Skandal um Sieferle-Buch

Der Speit-Effekt

von Felix Krautkrämer

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/der-speit...

(Zum "antifaschistischen" Autor Andreas Speit und der Aufregung um das Sieferlel-Buch)

Die Denunzianten und der Streisand-Effekt

https://sezession.de/57289/?komplettansicht=1

Annotationen zum Sieferle-Skandal

https://sezession.de/57291/annotationen-zum-sieferle-skan...

Offener Brief an Herfried Münkler

https://sezession.de/57298/offener-brief-an-herfried-muen...

Bemerkungen zur Verleumdung Rolf Peter Sieferles durch den "Spiegel"

von Frank Böckelmann

https://www.facebook.com/525624937616422/photos/a.5257563...

Finis Germania (JF-TV Im Fokus): Der Fall Rolf Peter Sieferle

https://www.youtube.com/watch?v=cYcT5ztFXtI

„Fall Sieferle“

Geheimes Einverständnis

von Karlheinz Weißmann

https://jungefreiheit.de/debatte/kommentar/2017/geheimes-...

Blick auf den Gegner (I): Ulrike Guérot

https://sezession.de/57299/blick-auf-den-gegner-(i):-ulri...

Mutige Aktion: Bild veröffentlicht die umstrittene Antisemitismus-Doku, die Arte und der WDR nicht zeigen wollen

http://meedia.de/2017/06/12/mutige-aktion-bild-veroeffent...

(dazu…)

Dokumentation

Judenhaß hat viele Gesichter

https://jungefreiheit.de/kultur/medien/2017/judenhass-hat...

Dialoge mit H.: Rahmenbedingungen

H. reichte mir von hinten zwei handgeschriebene Zettel auf den Schreibtisch, dies sei sein Beitrag zum Zusammenleben mit Rechten.

https://sezession.de/57304/?komplettansicht=1

(50. Todestag von Benno Ohnesorg)

Benno Ohnesorg

Der euphorische Funken

von Karlheinz Weißmann

https://jungefreiheit.de/wissen/geschichte/2017/der-eupho...

Karlheinz Weißmann und die Hippies

https://sezession.de/57309/karlheinz-weissmanns-missverst...

(Konsumgesellschaft)

Umfrage zum Einzelhandel

Mehrheit will sonntags einkaufen können

http://www.spiegel.de/wirtschaft/service/einzelhandel-meh...

(Das nächste Überwachungsgerät…)

Apple präsentiert HomePod

Das sind die inneren Werte des Siri-Lautsprechers

http://www.focus.de/digital/multimedia/technik-siri-lauts...

http://www.stern.de/digital/smartphones/apple-homepod--da...

Zu viele Missverständnisse um WTF - Taekwondo-Verband ändert seinen Namen

https://www.welt.de/newsticker/news1/article165951565/Zu-...

Generalmajor a. D. Schultze-Rhonhof: Der lange Weg zum 2. Weltkrieg

https://www.youtube.com/watch?v=cBOSuctccRM&feature=y...

Die deutschen Nationalsymbole

https://www.youtube.com/watch?v=msP7oJ7oUYc

Heinz Rudolf Kunze - Willkommen liebe Mörder

https://www.youtube.com/watch?v=MqngpOweOKI

(und Kunze distanzierte sich natürlich gleich von der "Umarmung seines Liedes durch fremdenfeindliche Strömungen". Das Spiel hat er also verloren…)

https://www.morgenpost.de/kultur/article207092267/Dieses-...

 

Texte aus dem Nachlass des deutschen Historikers Rolf Peter Sieferle

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Schriften wider alle Dogmen

Texte aus dem Nachlass des deutschen Historikers Rolf Peter Sieferle

Ex: http://www.preussische-allgemeine.de

Der Historiker Rolf Peter Sieferle hat im September 2016 den Freitod gewählt. Sein umfassendes Werk harrt noch immer einer angemessenen Rezeption. Unter mehreren posthum publizierten Schriften befindet sich ein Band, welcher 31 skizzenartige Darlegungen vereint. Um Deutschland geht es. Um Geschichte und Gegenwart, Bewertungen, Perspektiven, Politik, Anthropologisches und Philosophisches. Es sind, je nach Standpunkt, Provokationen oder wohltuende, sachlich-argumentativ unterfütterte Ansichten. Der Titel „Finis Germania“, welcher den Lateiner zunächst stutzen lässt, ist bewusst gewählt. Die vor Jahren verfassten, aber nichtsdestotrotz für die Gegenwart aktuellen Texte enthalten viele Thesen, geeignet als Ansatzpunkte für fundierte Ausarbeitungen. Liberale Demokratie und technische  Moderne sind, wenn auch durch Wissenschaft und Politik anders postuliert, für Sieferle nicht zwingend miteinander verbunden. Er weist darauf hin, dass es gerade in einer modernen Welt zum Holocaust gekommen ist – eine Tatsache, die dem Glauben an einen positiven Fortschritt per se oder gar an eine „irreversible Entwick-lung der Moral“ stark den Wind aus den Segeln nimmt.


sieferlebuch.jpgAuch der vielfach in der Geschichtsschreibung aufgenommene Terminus vom „deutschen Sonderweg“, der mit dieser Problematik eng verknüpft ist, lasse sich allein mit dem Hinweis darauf relativieren, dass er die Annahme eines „Normalweges“ voraussetze. Dieser wiederum sei abhängig vom Definierenden und damit ebenso hypothetisch wie an Zeit und persönlichen Standort gebunden.


Für Sieferle ist Verantwortung individuell zu betrachten. Schuldkategorien seien eine Frage des Strafrechts, nicht der Geschichte. Gegen Kulturlosigkeit der gegenwärtigen politischen Klasse zieht er zu Felde und konstatiert, historisch und parteiübergreifend, einen deutschen Hang zum „Sozialdemokratismus“. Der den Menschen verändernde Verlust der Kulturlandschaft, welche weit mehr als eine geografische Kategorie sei, wird angeprangert. Sieferle glaubt, dass der öffentliche Umgang mit dem durch den Terminus „Vergangenheitsbewältigung“ charakterisierten Komplex dem vorgegebenen Anliegen alles andere als dienlich sei. Konformitätsdruck, erkenntnislähmender Moralismus sowie der dogmatisch-doktrinäre und erstaunlich widersprüchliche „Antifaschismus“ stehen seiner Meinung nach einem wirklich freien Diskurs unverrück-bar im Wege.


Bezüglich der Zukunft der von ihm analysierten und geschätzten Werteordnung war Sieferle tief pessimistisch. In einem Jüngerschen „Waldgang“, einer inneren Emigration, sah er keine Lösung für sich. Dem weiteren ohnmächtigen Verfolgen der seiner Meinung nach verhängnisvollen  Wege der deutschen Gegenwart hat er das vorzeitige Ende seiner physischen Existenz vorgezogen.     

E. Lommatzsch


Rolf Peter Sieferle: „Finis Germania“, Verlag Antaios, Schnellroda 2017, gebunden, 104 Seiten, 8,50 Euro

dimanche, 02 juillet 2017

L’européisme (l’idée européenne) comme volonté de puissance

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L’européisme (l’idée européenne) comme volonté de puissance

par Gérard Dussouy*, Professeur émérite à l’Université de Bordeaux
Ex: http://metamag.fr

Tout le monde connaît l’aphorisme de Nietzsche « l’Europe se fera au bord du tombeau » !

He bien, elle n’en est plus très loin, de ce bord ! De tous les points de vue, mais plus particulièrement de ceux de la démographie (la dimension qui conditionne toutes les autres) et de la culture. C’est, probablement, une affaire de trente à cinquante ans, compte tenu de la concomitance de la dénatalité européenne et de l’amplification continue de l’immigration (Cf. les dernières données de l’INED), pour que la civilisation européenne, engloutie ou ravagée, perde toute son authenticité !

Or, rien ne dit que les Européens ne vont pas y aller sans réagir, dans le tombeau de l’Histoire, les uns après les autres, faute d’une prise de conscience rapide, et faute de s’être unis, car il n’existe aucune réponse nationale possible, sauf pour les Tartarins du souverainisme, aux défis du monde du XXI° siècle. Sans une volonté de puissance de leur part, leur destin, commun et funeste, est scellé.

La revitalisation de l’idée européenne, qui a perdu tout son sens, dénaturée et dévaluée qu’elle a été, toutes ces dernières années, par l’idéologie libérale et mondialiste, est le dernier espoir. Après avoir permis l’instauration de la paix entre les Européens, l’européisme est désormais la condition de leur survie. Conçu sous la forme d’une volonté de puissance qui permet d’articuler prise de conscience et praxis.

Nous entendons ici, par volonté de puissance, deux choses

D’abord, la volonté d’être et de durer, de rester soi-même dans l’Histoire d’un monde devenu connexe et synchrone, en se donnant pour cela les moyens politiques adaptés, ceux de la puissance continentale.

Ensuite, et cela va de pair, la volonté de déclencher, à l’échelle du continent, un processus de convergence. Celui par lequel des forces ou des configurations de forces donnent sens à une action, à une politique, en permettant de créer une autre configuration que celle que l’on subit. Pour tout dire, en rendant possible une métamorphose, celle  de l’Europe, bien entendu.

C’est, autrement dit, la volonté de rassembler les forces vives du continent pour re-construire l’Europe sauvegarde (comme entité politique souveraine, protectrice de ses nations et de leur civilisation singulière) et pour réinventer l’Europe des esprits libres (ceux qui sont débarrassés de toute anxiété métaphysique ou moraliste) qu’elle a été.

Ceci implique la réfutation du nationalisme, parce qu’il est source de repli et de dispersion et par conséquent d’affaiblissement, et qu’il ne permet pas de lutter contre le mondialisme, qu’il soit libéral et affairiste, tel qu’on le connaît aujourd’hui, dominant et arrogant, ou qu’il procède du vieil internationalisme marxiste qui aspire à une « autre mondialisation », mais qui reste un melting pot idéalisé. Car dans ces deux cas les intérêts et les identités des peuples européens sont sacrifiés au nom d’une vision millénariste du monde qui les invite à disparaître. Et puis, ce n’est pas l’heure de rouvrir des querelles entre Européens. Ce que pourraient être tentés de faire des partis populistes-nationalistes parvenus au pouvoir, dont les programmes économiques démagogiques auraient aggravé les problèmes qu’ils prétendaient résoudre.

L’européisme est donc la volonté de penser le monde tel qu’il est, sans illusion, et de permettre aux Européens d’affronter ses défis en créant pour cela de nouvelles formes politiques, en donnant à l’Europe l’instrument étatique indispensable à sa continuité. Et dans ce but, la volonté d’organiser la configuration de forces qui permettra de forger cet instrument.

Etre et durer en changeant l’Union européenne

L’Europe politique, ou l’État européen, fédéral, régional et multinational, est une nécessité historique.

La mondialité a sonné le glas des États-nations, tous aussi impuissants les uns que les autres. Leur cycle s’achève, et les peuples en ont bien conscience qui, au cours des dernières consultations électorales en Autriche, aux Pays-Bas et en France ont, finalement, refusé leurs suffrages aux partis séparatistes, à ceux qui préconisent la sécession, soit avec la zone euro, soit avec l’Union européenne.

Le cycle moderne des États-nation est en train d’être remplacé par le cycle postmoderne des hégémonies. Celui des puissances qui ne se limitent pas à  contrôler de vastes territoires, comme au temps pré-moderne des empires, mais qui détiennent des positions dominantes dans les sphères économique, financière, technologique, et idéelle. Celles qui ont accès au pouvoir mondial et qui fixent les normes.

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Comme parler de pouvoir, c’est parler de domination, les nations européennes sont désormais face à un dilemme :

– ou bien elles s’accrochent à leurs États nationaux respectifs, et alors, elles demeureront ou passeront sous l’influence de l’une des grandes hégémonies ;

- ou bien, elles se sauveront ensemble en abandonnant l’État national pour se retrouver dans un autre Etat , un Etat de taille continentale, à la mesure de ceux qui mènent déjà le monde. Dans cette perspective, répétons le, les derniers échecs électoraux des populistes n’impliquent pas une adhésion ferme des Européens à l’UE telle qu’elle existe, et surtout pas à sa politique, mais ils révèlent un sentiment, même implicite, de solidarité européenne face aux périls et aux expansionnismes.

Certes, l’hégémonie américaine qui a imposé le libre-échange et le règne de la finance sur toute la planète, semble sur le recul. Surtout que Donald Trump a promis à ses électeurs d’en finir avec les traités de libre-échange contractés par les États-Unis. Ce qui met un terme à la négociation du traité transatlantique, et ce qui est toujours cela de gagné. Mais, il faut rester méfiant, parce qu’il ne pourrait s’agir que de velléités du nouveau président qui, dans bien domaines, est déjà revenu sur ses positions électorales. Il faut s’attendre à d’autres volte-face de sa part. Et, de toutes les façons, un mandat de quatre ans, cela ne représente rien dans la longue durée, celle à laquelle appartient la politique interventionniste américaine, inchangée depuis Théodore Roosevelt.

Cependant, la mondialisation est maintenant de plus en plus chinoise

La montée en puissance de la Chine est irrésistible. Il faut avoir conscience que son niveau actuel correspond à la modernisation, d’à peine, oserait-on dire, 300 à 400 millions de Chinois. Et il en reste plus d’un milliard en réserve ! D’ailleurs le plan 2049 (en l’honneur du centenaire de la révolution) arrêté par Pékin ne cherche pas à dissimuler ses intentions de permettre à la Chine de prendre le leadership mondial. Les Européens n’ont pas encore compris que la réorganisation des affaires planétaires se fait à partir de l’Asie orientale.

Non seulement le monde a basculé, du mauvais côté pour les Européens, mais il est aussi le champ des expansionnismes démographiques et culturels, issus du monde musulman et d’Afrique, dont l’Europe commence, seulement, à ressentir les premiers effets. Il est probable que la conjonction des crises politiques, économiques, climatiques et alimentaires, inéluctables, va les renforcer, de manière quasiment mécanique.

Ni l’Union européenne, parce que ses dirigeants ne veulent pas connaître la nouvelle donne mondiale lourde d’adversités, ni les États-nation, parce qu’ils ne le peuvent pas, sont en mesure de faire face. Il faut dire qu’un grand nombre de ces derniers, parce qu’ils sont mal gérés depuis longtemps, et qu’ils se sont fortement endettés, sont passés sous le contrôle des oligopoles financiers et bancaires auprès desquels ils ont emprunté sans discernement. Les abus de l’État-providence (le laxisme social dans beaucoup de pays européens) ont abouti à l’épuisement et au démantèlement de la puissance publique.

Comment, dans ces conditions, peut-on, renouer avec la souveraineté qui, en termes concrets, réalistes, signifie la levée des contraintes extérieures les plus lourdes, et se traduit par la possibilité de s’auto-organiser en fonction de ses propres valeurs, de ses identités, de ses préférences éthiques, sociales, et de ses traditions ? Sinon qu’en envisageant la chose dans un cadre politique autonome parce que puissant, suffisamment vaste et riche en ressources pour conduire des politiques de restructuration et des stratégies impossibles à mener à l’échelle nationale. La seule option réaliste est la prise du pouvoir dans l’Union Européenne, avec comme but sa transformation en un Grand Régulateur.

La volonté de réunir la configuration de forces favorable au changement

La politique de la table rase, prônée par certains, comme le voie du repli, choisie par d’autres, sont des impasses. Il est toujours difficile de reconstruire sur des ruines, surtout quand la convergence des volontés est faible.

Malgré l’europessimisme écrasant, l’alternative reste « l’Europe ou la mort », comme le stipulait, dans un livre déjà ancien, Michel Poniatowski. En dépit de tout ce qui peut être dit et écrit, il n’en existe pas d’autres. C’est bien pourquoi, l’européisme se comprend comme la volonté d’organiser la configuration de forces capable d’obtenir le changement en Europe.

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Il ne faut pas détruire Bruxelles, mais s’en emparer. Et dans cet objectif, il convient de fédérer toutes les forces éclairées qui entendent sauvegarder les identités et les intérêts des peuples européens, à quel qu’échelon territorial que ce soit. La dispersion et la prétention à faire bande à part sont des faiblesses rédhibitoires. Au contraire, le regroupement des forces populaires dans un même faisceau et dans la même direction est la seule force qui, d’ores et déjà, ferait pâlir de peur la Commission européenne, et l’obligerait à revoir sa politique.

Pour inspirer confiance aux électeurs européens, ces forces identitaires doivent montrer qu’elles sont responsables, qu’elles sont en prise avec le réel, celui du monde globalisé, sans nostalgie. Et qu’elles sont capables d’innover, de créer des formes politiques adaptées au monde d’aujourd’hui. C’est par l’agrégation de leurs moyens, par l’agglutination de leurs déterminations que les partisans européens pourront se réapproprier l’Union.

Le mot d’ordre est à la convergence, au rassemblement

Face à un environnement mondial plein de risques et de menaces, l’État communautaire est le seul cadre de survie des nations européennes. Cela les mouvements protestataires ne l’ont pas encore compris. Et s’ils ne le comprennent pas, Ils sont condamnés à n’être que les témoins d’une désespérance à laquelle ils n’ont pas les moyens de répondre. La solution n’est pas dans le retour aux frontières intérieures de l’Europe, mais dans le renforcement de la frontière extérieure de l’Europe.

L’Histoire est une succession de contextes et tout reste possible

L’Histoire n’a aucun sens obligatoire. Elle est une succession de configurations dont chacune est héritière de la précédente, sans jamais être une réplique de ce qui a déjà existé. Et chaque configuration n’est pas autre chose que le résultat de l’interaction des hommes. Autrement dit, ceux d’entre eux qui le veulent et qui s’en donnent les moyens, peuvent toujours recontextualiser leur monde, le refaire. Rien n’est jamais acquis, mais rien n’est jamais perdu. Rien n’est prescrit, et il n’y a pas de complot.

Certes, la situation actuelle de l’Europe est déprimante, plus par la léthargie des Européens et par la résignation qui semble les avoir gagnés. La crise sociale qui frappe une partie des populations européennes épargne tous ceux que le système libéral mondialisé favorise et tous ceux qui vivent sur les acquis d’un système qui n’est plus finançable. Dès lors, les élites qui dirigent ce système fondent son maintien sur l’approfondissement du marché et la libération totale des flux humains, matériels et immatériels.

Mais cette politique engendre une endogamie sociale de plus en plus aiguë, entre les élites mondialisées et leurs peuples originaires, et communautaire, de moins en moins lisse, entre les populations autochtones et les différents groupes ethnoculturels allogènes.

Dans ces conditions, le contexte historique pourrait vite devenir un contexte de crises. A commencer par un nouvel accès de fièvre dans la crise migratoire non-stop, compte tenu des masses de migrants qui se pressent sur la rive sud de la Méditerranée. La France, plombée par ses déficits jumeaux(public et commerce extérieur), évitera-t-elle encore longtemps la faillite ? Et combien de temps le colosse économique allemand, où la précarisation sans fin de l’emploi pallie au drame du chômage, tiendra-t-il sur son pied d’argile démographique ? Selon les réponses apportées, ou pas, à ces questions cruciales et à bien d’autres encore résulteront, peut-être, des situations favorables au changement.

Dans cette perspective, deux types d’acteurs existent, qui sont compatibles et qui pourraient converger dans leurs actions : certains des États existant et des mouvements de partisans européens. En effet, parmi les Etats, quelques uns comptent des gouvernants qui ont pris acte de toutes les dérives de l’Union européenne, de toutes ses orientations politiques nocives pour les peuples européens, de l’insignifiance ou de l’indifférence à la cause européenne de ceux qui la dirigent, et qui tentent déjà de changer le cours des choses. On pense ici aux États du groupe dit de Višegrad.

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Au plan des mouvements de partisans, tout reste à faire. Peut-être que les échecs répétés des populistes-nationalistes ouvriront bien des yeux ? Il n’est pas impossible, en tout cas risquons l’analogie, que ce qui s’est passé dans la Chine subjuguée et en partie démembrée de la fin du 19ème siècle, où la révolte des Boxers a abouti à la révolution nationaliste de 1911, se répète dans une Europe en crise et ouverte à toutes les pénétrations étrangères. Le souci, par rapport à cette expérience historique victorieuse, est l’absence, dans le Vieux continent, de générations conséquentes de jeunes adultes, homogènes parce qu’ouvrières et paysannes, comme il en existait au siècle dernier. La résignation guette les peuples vieillissants.

Quoi qu’il en soit, le processus à engager est celui d’une agrégation  de tous les acteurs potentiels. Il faut inventer des organes politiques transnationaux dont l’objectif, à terme, est l’investissement coordonné du Parlement européen. Car le Parlement a les pouvoirs de changer l’Union européenne de l’intérieur, dès lors qu’existerait en son sein un bloc nettement majoritaire de députés solidaires dans leur vision d’une Europe émancipée de ses vieux tabous idéologiques, et conscients de la précarité de son avenir.

Le changement est toujours possible, à la condition qu’il soit voulu, quand le contexte lui devient favorable. Et c’est l’organisation de la lutte qui permet de garder l’espoir.

Der neue Pirinçci: Ellen Kositza bespricht »Der Übergang«

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Der neue Pirinçci: Ellen Kositza bespricht »Der Übergang«

samedi, 01 juillet 2017

Révolutions de couleur: une technologie perfide et les enjeux de l’avenir

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Révolutions de couleur: une technologie perfide et les enjeux de l’avenir

par Célestin Komov et Elena Bernard

Ex: http://zejournal.mobi

1. Révolutions de couleur

En cette année du centenaire de la Révolution d’Octobre, ses ennemis de longue date peuvent se targuer d’un bilan « formidable ». En plus de l’effondrement de l’URSS, ils ont su réaliser d’étonnants « progrès » en matière de révolutions lesquelles ont pris de belles couleurs et se comptent désormais par dizaines !

Il est vrai qu’il ne s’agit en réalité que de coups d’Etat. Mais les médias s’ingénient à les qualifier de révolutions. En Russie, des propos au sujet de futures perturbations, émanant de diverses personnalités, contiennent souvent un message plus ou moins latent qu’une nouvelle révolution pourrait être « aussi horrible » que la Révolution d’Octobre ! Certains libéraux, au contraire y appellent. Mais dans tous les cas, la réalité – historique et actuelle – se trouve totalement pervertie.

Voyons d’abord ce que représentent les révolutions de couleur. A leurs origines il y a des théoriciens. Les plus importants en sont Gene Sharp avec son concept d’« action non violente » et Joseph Nye, auteur de la théorie de « Soft power ».

Selon Joseph Nye, il faut que l’objet de votre domination soit poussé à vouloir ce que voulez vous-même. C’est-à-dire qu’il faut que les populations des pays dominés désirent du Coca-cola, des films de Hollywood, des objets prestigieux de consommation, etc. En même temps, ils doivent croire que tout cela ne peut être obtenu que par une économie de libre-échange, par la « démocratie », le pluralisme et autres « valeurs occidentales ». Il faut, naturellement, qu’ils croient que les Etats-Unis sont prêts à leur apporter le maximum d’aide pour y parvenir.

Un flux énorme de propagande a été déversé sur le monde pour bien enraciner ces idées : agences de presse, médias, cinéma, Internet, enfin les réseaux sociaux depuis 2008. Mais le pire arrive à l’étape suivante. C’est l’implantation dans différents pays de la « lutte politique non-violente » décrite par Gene Sharp dans plusieurs ouvrages dont « La politique de l’action non-violente » (1973).

Remarquez que ces démarches théoriques ne sont que du recyclage de mauvaise foi d’idées rebattues depuis bien des lustres (il suffit de penser à la « résistance non-violente » de Ghandi dont Sharp « s’inspire » ouvertement). Leur perversion intellectuelle, leur enfumage, leur novlangue ne sont comparables qu’aux farces pseudo-révolutionnaires qui en sont ressorties.

La théorie toute seule n’est cependant pas suffisante. Il fallait un appui des institutions. Pour appliquer les concepts de Sharp, on a mis en place un grand réseau d’organisations. Ce sont divers ONG, instituts, fondations, destinés à soutenir, à sponsoriser et à piloter les révolutions de couleur et autres changements de régime. Une partie importante d’elles est directement financée par les Etats-Unis (comme USAID ou NDI). D’autres sont privés, comme les Open Society Institutes de George Soros.

Depuis une vingtaine d’années, on compte à leur actif les révolutions en Yougoslavie (2000), Géorgie (2003), Ukraine (2004), Kirghizistan (2005), Liban (2005)… A partir de 2011 le rythme s’accélère : Tunisie, Egypte, Libye, Syrie, à nouveau Ukraine, Brésil… Sans compter quelques avant-coureurs, comme la « révolution de velours » de 1989 en Tchécoslovaquie. Parmi de rares échecs il y a les révolutions avortées en Biélorussie (« révolution bleue », 2006), en Arménie (2008), en Iran (« révolution verte », 2009), en Russie (2011).

Parmi les institutions, une place de choix appartient au « Center for applied Nonviolent Action and Strategies » (CANVAS), créé à Belgrade en 2003. Le centre forme des centaines d’activistes qui travaillent ensuite sur le terrain. Ces activistes sont présents dans plusieurs dizaines de pays. La Russie est un de leurs objets d’intérêts privilégiés.

Le site de CANVAS laisse l’impression d’une organisation respectable qui met en avant son caractère strictement non-violent. Mais les conséquences de ses agissements ont été destructrices, sanglantes, parfois très sanglantes. Aussi, on peut remarquer que son action est d’une envergure impressionnante pour une modeste ONG serbe.

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Ils ont crée une véritable chaîne industrielle d’encadrement et de canalisation du mécontentement de masses ou de groupes de population. Les emblèmes singeant des symboles et des gestes des mouvements révolutionnaires historiques sont repris d’un pays à l’autre :

Les slogans exploitent les émotions et accentuent le pathos moral : « Marche de colère et de dignité », « Le pays est au bout du rouleau », « La démocratie est tuée », « Non à la corruption », etc.

Lors de l’Euromaïdan à Kiev, les conseillers serbo-américains ne se gênaient pas de réutiliser des tracts, des formules et des visuels déjà éprouvés lors des évènements de 2000 à Belgrade, de 2011 au Caire, etc.

Dans nos précédentes interventions, nous avons déjà parlé de l’absence totale de scrupules dans le choix des forces agissant sur le terrain. Les libéraux, les classes moyennes adossées à la bourgeoisie compradore, les partis d’extrême droite et les fascistes déclarés y font un bon ménage.

Les quatre composantes du scénario classique de révolution de couleur se présentent ainsi :

1- Les masses populaires exprimant leur mécontentement sont encadrées et menées par des structures constituées (par exemple, fans de foot, nationalistes, néonazis, etc.). Le thème de protestation glisse dans le sens souhaité par les organisateurs sans que les gens comprennent ce qu’il se passe.

2- Le noyau des protestataires est représenté par la bourgeoisie compradore et leurs serviteurs (intellectuels, artistes, blogueurs), qui partagent les valeurs du consumérisme. Souvent ils font partie des réseaux d’ONG pro-américaines. Ce noyau applique les instructions reçues par des réseaux sociaux.

3- Les structures d’Etat (forces d’ordre, médias, communications, etc.) sont discréditées, déroutées et paralysées, notamment par une pression sur les responsables qui ont leurs biens et leurs comptes à l’Occident.

4- Trahison d’une partie des élites au pouvoir.

La révolution colorée est ainsi une technologie qui permet de gérer l’énergie de la protestation sociale (souvent juste) pour la diriger dans le sens voulu par une puissance impérialiste extérieure. Ce n’est donc qu’une version modernisée des coups d’Etat d’extrême droite qu’organisaient jadis les Etats-Unis et leurs alliés pour renverser les gouvernements indésirables, essentiellement pro-soviétiques (Pakistan, Brésil, Iran, Indonésie, Chili…).

2. Révolutions classiques : différence fondamentale

Faute de mieux, nous appellerons « classiques » les révolutions qui ont façonné notre histoire, et qui sont aux révolutions de couleur ce que la tragédie est à la farce. Le temps étant limité, allons droit à l’essentiel.

Les révolutions historiques sont une culmination de la lutte des classes. Elles sont précédées par un processus lent d’accumulation de contradictions au sein de la société, de contradictions entre les anciennes classes dominantes, attachées aux anciens rapports de production, et des classes qui ont un projet de l’avenir cherchant à établir des rapports de production nouveaux. Si le passage du pouvoir d’une classe à une autre n’est pas prévu, s’il ne s’agit que du changement de dirigeants soutenus par tel ou tel groupe d’influence (comme c’est le cas dans les révolutions de couleur), il ne peut être question d’une révolution mais d’un putsch, d’une révolution de palais, d’un « changement de régime », etc.

Mais le plus important en l’occurrence c’est qu’une vraie révolution vise toujours le progrès de l’Homme et de la société, le passage de la société à un stade supérieur du développement. Certes, dans les conditions historiques réelles, lors d’un remue-ménage révolutionnaire se croisent différentes forces et différents intérêts. Mais les forces humaines – en particulier, les forces intellectuelles –, actives dans les noyaux même de la révolution sont nécessairement porteuses d’un projet progressiste.

Qu’en est-il dans les révolutions de couleur ? Il n’est pas difficile de voir que leurs noyaux sont composés uniquement des forces régressives. Sans parler de la présence et du rôle décisif des curateurs extérieurs.

Les organisateurs des révolutions de couleur, ainsi que toutes les forces réactionnaires, rêvent pour qu’au sujet des révolutions (vraies et fausses) règne la plus grande confusion. Et ils y travaillent sérieusement. Notez qu’en français la révolution, l’adjectif « révolutionnaire » garde toujours une connotation positive. Eh bien, ce n’est plus du tout le cas en Russie. Bien sûr, la campagne de dénigrement de la révolution d’Octobre, menée depuis la perestroïka, y a joué un rôle important, mais les révolutions de couleur y ont également beaucoup contribué.

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3. La Russie : après une « révolution » déjouée, danger de nouvelles perturbations

Les présidentielles en Russie auront lieu en mars 2018. Elles seront très certainement une occasion pour des perturbations « colorées ». En 2012 cela déjà été le cas. La seule chose qui a permis alors de contrer le coup d’Etat a été la création d’une vaste coalition « anti-orange » qui a su sortir dans la rue, au meeting du Mont Poklonnaya, une quantité de gens de plusieurs fois supérieure aux meetings « colorés ». A la tête de cette coalition se trouvait le mouvement Essence du temps et son leader Sergueï Kurginyan. La « révolution » a été déjouée et les protestations se sont progressivement dégonflées.

Les émeutes à venir risquent d’être encore plus virulentes et plus élaborées dans leur organisation. Depuis plus d’un an, l’on observe en Russie une alliance des libéraux et des nationalistes fascisants locaux. Les organisations comme CANVAS ont une grande expérience de travail avec des binômes de ce type. Ainsi, en Ukraine ils collaboraient de près tant avec les protestataires gauchisants qu’avec les fascistes avoués du Pravy Sektor et consort. Les premiers assuraient la partie pacifique du scénario, alors que les seconds passaient à l’acte après des provocations sanglantes.

Les attaques contre le pouvoir se multiplient et viennent non seulement de l’opposition libérale très peu influente et détestée, mais de différents côtés, y compris de l’intérieur même de l’élite en place.

Nous devons être prêts à réagir de manière ferme et efficace.

4. Stratégie des élites occidentales : vers le changement de l’ordre mondial

La stratégie du chaos, dont on entend beaucoup parler, est loin de se réduire à l’idée simple de créer le désordre dans le camp ennemi. Elle fait partie d’un projet qui vise une réorganisation profonde de l’ordre mondial. Plusieurs facteurs ont poussé les élites occidentales à envisager cette réorganisation. Notamment c’est le développement rapide de nouveaux grands concurrents (surtout de la Chine) ; le manque de forces pour entretenir la Pax Americana, confirmé par les guerres en Iraq et en Afghanistan (du coup, l’option est de remplacer l’ordre par le désordre) ; le risque de la revalorisation de la mémoire de l’époque de l’URSS dans les pays de l’Europe de l’Est et ailleurs dans le monde, etc.

Le principe d’inhibition du développement des concurrents potentiels n’est évidemment pas nouveau pour les Etats-Unis. Dans son livre Les 100 Ans à venir : Un Scénario pour le XXIème siècle (2009), George Friedman, fondateur de l’agence de renseignements STRATFOR a écrit :

Atteignant systématiquement ses objectifs stratégiques, les Etats-Unis avaient comme ultime but la prévention de l’émergence de n’importe quelle grande puissance en Eurasie. Le paradoxe réside, toutefois, en ceci : le but de ces interventions n’a jamais été d’accomplir [de développer] quelque chose – quelle que fût la rhétorique politique – mais d’empêcher quelque chose. Les Etats-Unis veulent empêcher la stabilité dans les régions où une autre puissance peut émerger. Son objectif était non pas de stabiliser mais de déstabiliser. (Notre traduction)

Le fond est toujours le même. Ce qui est nouveau, c’est la façon de procéder, les groupes d’appui, le discours, ainsi que l’envergure industrielle de l’action.

En ce qui concerne les groupes d’appui, il s’agit notamment du rôle qui est dévolu aux classes moyennes. Ainsi dans le rapport du Ministère de la défense de la Grande-Bretagne intitulé « Inégalité globale » (2007) on lit :

L’écart entre les riches et les pauvres ira probablement croissant et l’extrême pauvreté demeurera un défi global. (…). L’extrême pauvreté et l’inégalité des chances vont exacerber le sentiment de l’injustice parmi ceux dont les espérances avaient été frustrées, ce qui augmentera les tensions et l’instabilité. (…) Elles peuvent également conduire à la résurgence non seulement d’idéologies anti-capitalistes – éventuellement liées aux mouvements religieux, anarchistes ou nihilistes – mais aussi au populisme et à la renaissance du marxisme.

(…)

Les classes moyennes pourraient devenir une classe révolutionnaire, assumant le rôle dont Marx chargeait le prolétariat. (…) les classes moyennes du monde devraient s’unir et façonner les processus transnationaux selon leurs propres intérêts de classe, en utilisant leurs compétences, leurs accès aux savoirs et aux ressources.

(Cité d’après : Marshall, Andrew G. « Are We Witnessing the Start of a Global Revolution? », Global Research, January 27, 2011. http://www.globalresearch.ca/are-we-witnessing-the-start-..., notre traduction).

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Nous vous laissons apprécier l’art de l’argumentation sinueuse. Ne manquons pas de noter que par-delà les élucubrations on comprend que les classes moyennes sont incitées à récupérer et à détourner dans leur propre intérêt l’énergie du mécontentement de masses à l’échelle planétaire.

Certes les classes moyennes ne sont bonnes que pour le déclenchement des protestations. Lorsque la situation commencera à s’envenimer, d’autres forces, beaucoup plus énergiques (djihadistes, néonazis…) prendront le relais. Et l’affaire est en boîte, comme ce fut le cas en Ukraine, en Syrie, en Lybie, en Iraq ou au Mali.

Le travail sérieux sur l’adaptation militaire et politique des théories scientifiques du chaos a commencé à l’Institut de Santa Fe, créé en 1984 et spécialisé dans l’étude des systèmes complexes. Steven Mann, diplomate de haut rang et analyste politique, qui a travaillé sur le concept de criticalité auto-organisée, développé dans cet institut, écrit :

Le fait qu’à présent nous décrivons le monde en termes de criticalité ne nous renseigne pas encore sur utilisation qui peut en être faite. La recommandation que toutefois je peux donner, est que nous avons besoin d’être ouvert aux voies d’accélération et d’exploitation de la criticalité si c’est nécessaire pour nos intérêts nationaux, par exemple en détruisant l’armée iraquienne et l’Etat de Saddam. La clé est l’intérêt national et non pas la stabilité internationale. En réalité, nous mettons déjà en œuvre des approches politiques qui accroissent le chaos, que nous en soyons conscients ou pas, lorsque nous promouvons la démocratie, stimulons des réformes du marché et développons, par le biais du secteur privé, la communication de masse.

(Mann, Steven R., The Reaction to Chaos, in : Complexity, global Politics, and National security, Ed. by D.S. Alberts, T.J. Czerwinski. Washington: National Defense University, 1997. http://www.dodccrp.org/files/Alberts_Complexity_Global.pdf, notre traduction).

Résumons. L’Occident, mené par les Etats-Unis, a donc besoin de zones de chaos et de régression, sans lesquelles il n’arrive pas à asseoir son hégémonie. Mais l’Occident lui-même, n’est-il pas également dans le processus de chaotisation et régression ? Confusion de notions, destruction de l’éducation, perte de la mémoire historique, sans parler du social… Seulement c’est un processus plus lent et plus paisible.

Dans le cadre théorique développé par le mouvement Essence du temps cette décomposition lente porte le nom de Post-modernité. La Post-modernité est une adaptation à la vie sur les décombres de la Modernité qu’elle a détruite. Certains pays émergeants, la Chine en premier chef, se trouvent toujours dans la dynamique progressiste de la Modernité et sont ainsi regardés comme des concurrents très dangereux.

Pour continuer à régner, la Post-modernité fomente le chaos dans de vastes régions périphériques en y laissant monter des forces de la Contre-modernité, c’est-à-dire des agents de la régression accélérée (notamment, les islamistes ou les néonazis). Aussi, l’Occident compte sûrement de les utiliser un jour contre la Modernité restante (Chine et autres). C’est pour ces raisons-là qu’en luttant en façade contre l’Etat Islamique, la coalition occidentale les soutient en arrière-boutique.

Ce pourrissement à deux vitesses ne peut être dépassé que par un projet de Supra-modernité pour lequel milite l’Essence du temps. Au cœur de ce projet se trouve une idée progressiste de l’Homme dont nous parlerons dans la partie suivante, ainsi que l’expérience historique de l’Union Soviétique. Celle-ci doit être mise à jour et libérée de certaines faiblesses et erreurs qui ont fini par la conduire à sa chute.

5. Voie du dépassement : la gauche et l’humanisme prométhéen

Le fonctionnement des révolutions de couleur implique, comme nous l’avons vu la récupération des slogans et de postures de la gauche, jadis progressiste et révolutionnaire. L’imposture a un double effet : d’une part elle permet de capter l’énergie de protestation et d’autre part, elle souille et raille ces postures et ces slogans en désactivant ainsi leur potentiel offensif et unificateur. Les anciens militants n’en garderont qu’une grimace amère de désillusion.

En France il n’y a pas eu de révolutions de couleur (inutile, tout est déjà coiffé). Mais on a eu droit à Attali se positionnant à « gauche », à BHL lançant de grands cris en défense de la liberté et de la démocratie, au quinquennat Hollande, au brave Mélenchon et autres combattants pour toutes les meilleures choses. D’ailleurs on a eu aussi mai 68, précurseur des révoltes colorées (« ridicules événements estudiantins », disait Desproges. Avait-il tort ?).

Comme l’a écrit récemment Claude Zylmans dans un message collectif, « le néolibéralisme a défait la démocratie par la gauche ». Les élites et les intellectuels de l’Occident ont implanté un ver idéologique dans le corps des mouvements de gauche. C’est le ver de « liberté » personnelle et sociétale, de permissivité, du plaisir à court terme, du « bien-être » individuel ; des droits et libertés de consommation, de jouissance, de subversion, et enfin, de régression (mais pas celle du développement humain, de l’éducation, de construction de l’avenir…). Une autre question est de savoir d’où vient ce ver exactement, mais pareille enquête nous entraînerait trop loin.

La gauche des pays d’Occident est gravement intoxiquée par ce parasite. Celui-ci est en grande partie responsable de l’absurdité et l’incohérence des campagnes politiques des dernières années. Le sinistre sens fondamental de cette maladie est à chercher dans la vision de l’Homme qui domine aujourd’hui dans la société et qui a été imposée par les élites dirigeantes et les intellectuels qui les servent.

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Cette vision de l’Homme est profondément régressive. l’Homme, d’après elle, est foncièrement méchant, incorrigible et incapable à évoluer. Il est entièrement déterminé par ses instincts primitifs, par ses pulsions, par des impératifs de l’adaptation… En cela, entre les néo-libéraux, les néo-conservateurs, les fascistes d’hier et d’aujourd’hui, les écologistes et d’autres euro-gauchistes, il n’y a aucune différence.

En 1932, Léo Strauss, un intellectuel juif allemand, émigré aux Etats-Unis, influent surtout parmi les néo-conservateurs, dans une lettre au juriste nazi Carl Schmitt, a écrit : « Le fondement ultime du droit est le principe du mal naturel de l’homme, [et] parce que l’homme est mauvais par nature il a besoin d’être dominé. On peut établir la domination, c’est-à-dire les hommes peuvent être unifiés, mais uniquement dans l’union contre d’autres hommes » (source : http://www.solidariteetprogres.org/actualites-001/barack-...). L’élite, d’après Strauss, doit gouverner en manipulant les masses bêtes par le biais de « mensonges nobles ». [Est-on loin des pratiques des organisateurs des révolutions colorées ?]

Cependant, la gauche a connu jadis une toute autre vision de l’Homme. « L’histoire humaine n’est qu’un effort incessant d’invention, et la perpétuelle évolution est une perpétuelle création ». « Qu’est-ce que l’idéal ? C’est l’épanouissement de l’âme humaine. Qu’est-ce que l’âme humaine ? C’est la plus haute fleur de la nature ». « Le courage, c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense ». On doit ces mots à Jean Jaurès. Et si l’on regarde du côté de Marx, on découvre que pour lui, « l’émancipation humaine » était la véritable finalité de la société. Cette émancipation (qui n’est pas identique à l’émancipation politique), n’est autre qu’émancipation des capacités créatrices de l’Homme. C’est cela, selon Marx, « le saut du royaume de la nécessité au royaume de la liberté ».

L’humanisme qui croit en les capacités créatrices infinies de l’Homme est tout le contraire de celui qui prend appui sur le « bien-être » ou le « bonheur », somme toute philistins. Il y a peu de notions qui ont été manipulées, tiraillées et défigurées autant que celle de l’humanisme. Au point que les personnalités comme Bertrand Russell, Abraham Maslow ou Burrhus Skinner – de vrais apôtres de l’inégalitarisme et, en fin de compte, de la haine pour l’Homme, sont présentés comme de notables humanistes du XXe siècle.

Le mouvement EOT rejette cet « humanisme » dévoyé, qui cherche à cantonner l’Homme dans ces petites préoccupations, dans sa réussite et ses sentiments personnels. Il prône l’humanisme prométhéen, pour lequel l’Homme est un être libre et créateur, qui doit évoluer et s’améliorer, tant individuellement que collectivement. Pour cet humanisme-là, le développement, le progrès humain (et non simplement technologique) doit être le but de la société.

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Les révolutions de couleur, qui instrumentalisent le mécontentement social et démolissent ensuite des pays entiers, fonctionnent comme de puissants outils de régression. En même temps, d’autres outils sont mis en place au sein même des pays de l’Occident, par exemple la destruction de l’éducation, l’abrutissement médiatique ou l’industrie de divertissements. Ces outils sont efficacement exportés vers un pays comme la Russie. A cela s’ajoutent d’autres éléments extrêmement corrosifs, comme l’instauration de la législation relative à la justice de mineurs (loi de la fessée et autres) qui détruit la famille, qui lui impose un contrôle extérieur sous peine de retrait des enfants, et provoque la rupture de la continuité culturelle entre les générations. Or pareille rupture est un super-accélérateur de la régression. Il faut remarquer par ailleurs, que la régression est une condition préalable pour l’instauration de l’inégalité fondamentale dans la société. Les forces qui s’appuient sur la vision négative et régressive de l’Homme travaillent forcément pour une perspective d’une future société de castes, où la majorité, sera réduite à l’état quasi-animal. Les masses abandonnées aux instincts élémentaires, y seront manipulées et gouvernées avec une haine et un despotisme inouïs.

Pour contrer le danger de futures tentatives d’émeutes colorées (en Russie, les prochaines sont à attendre vers 2018, à l’occasion des présidentielles), pour éviter les écueils des dérives sociétales de la gauche, pour faire barrage à la destruction rampante de la société, l’Essence du temps a lancé un appel à la création d’une alliance de gauche conservatrice. Il est vrai que le terme peut laisser l’impression d’un oxymore. Mais il est à l’image de la situation politique actuelle, qui est paradoxale et inédite. Cette démarche apparaît comme une réponse à l’expansion de l’impérialisme globaliste qui utilise une certaine gauche servile comme une machine à embrouiller, à dérouter et à avilir l’Homme. La valeur des concepts de ce type ne se vérifie que dans la praxis. Sur le champ de bataille politique russe, cette valeur se confirme pleinement. Cependant, l’appel s’adresse également aux autres peuples, notamment aux Français. La lutte du XXIème siècle sera surtout une lutte pour l’Homme et la gauche conservatrice peut en devenir un appui solide.

Conférence à l’espace Maymana, le 24 juin 2017


- Source : Essence du temps

vendredi, 23 juin 2017

Elections parlementaires britanniques : le demi-échec de Theresa May

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Elections parlementaires britanniques : le demi-échec de Theresa May

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Ce devait être le scrutin du renforcement pour les Conservateurs de Theresa May en route vers un « hard brexit ». Malgré le peu de charisme de ce premier ministre qui après avoir été opposé au brexit est devenu partisan d’un brexit radical, Theresa May espérait s’imposer largement et c’est ce qui était prévu selon les sondages de l’époque où elle a décidé d’organiser un scrutin anticipé.

Mal lui en a pris car le candidat du Labour Jeremy Corbyn, qui a lancé des attaques sur l’économie et sur la sécurité, sans évoquer le brexit contre lequel il s’était très timidement opposé, a bénéficié alors d’une dynamique favorable.

Avec 42,4% (+5,5 points), les Conservateurs l’emportent mais ils n’obtiennent que 318 sièges (contre 331 auparavant) et perdent ainsi la majorité absolue (326 sièges). Leur progression se fait surtout au détriment du parti UKIP. Ils devront s’allier pour gouverner avec probablement le parti DUP d’Irlande du Nord, les protestants d’Ulster, qui obtient 0,9% des voix (+0.3) et 10 sièges (+2). Mais même leur soutien éventuel n’offrirait qu’une majorité très faible. En outre, le DUP est assez dur et pourrait relancer la crise en Irlande du Nord.

Avec 40% des voix (+ 9,5) et 262 sièges (+30), le Labour de Jeremy Corbyn fait presque jeu égal avec les conservateurs même s’ils ont moins d’élus. Ils progressent notamment au détriment d’UKIP mais surtout des nationalistes écossais du SNP. Ceux-ci avec 3% des voix (-1,7) et 35 sièges (-21) sont ainsi fragilisés et la perspective d’obtenir un nouveau référendum sur l’indépendance semble pour le moment s’éloigner. Réunis, Labour et SNP ne sont pas en mesure de gouverner.

Les Libéraux Démocrates, seuls partisans de l’Union Européenne, n’obtiennent que 7,4% des voix (-0,5) et devront se contenter de 12 sièges (+4). Leur rôle sera modeste dans cette nouvelle assemblée.

UKIP s’effondre littéralement, tombant à 1,8% (-10,8) et perdant son seul siège. C’est une sévère déconvenue pour la formation souverainiste qui avec le Brexit perd sa seule raison d’être, après avoir tué la seule voix un peu identitaire, le BNP n’obtenant que 4000 voix et donc 0%. Le départ de Nigel Farage a également fait beaucoup. Présents avec 25 députés à Bruxelles, qu’ils perdront avec le brexit en 2019, ils seront absents du parlement national. L’impasse souverainiste, qu’on constate aussi dans le cas français, est ainsi démontrée.

Les nationalistes gallois obtiennent 0,5% (-0,1) et 4 sièges (+1), le Sinn Fein irlandais 0,7% (+0,2) et 7 sièges (+3). Les Verts avec 1,6% (-2,1) et un siège demeurent à un niveau très bas, en dehors de leur seule implantation locale.

Minoritaires ou avec une majorité fragile, Theresa May n’est donc pas du tout renforcée à l’issue de ce scrutin. Au contraire, dans le cadre des négociations avec le Brexit, elle aura du mal à se présenter en position de force. Le Brexit n’est d’ailleurs pas si certain que tous semblent le dire. Beaucoup d’eau coulera avant 2019.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Elections législatives françaises : une abstention record, une opposition affaiblie

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Elections législatives françaises : une abstention record, une opposition affaiblie

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Un 1er tour macroniste.

Au premier tour, le mouvement « La république en marche » du nouveau président Emmanuel Macron s’est imposé comme la première force politique du pays, avec 28,21% des voix, ce qui n’est pas néanmoins un score exceptionnel, d’autant plus que ce résultat a lieu dans un contexte d’abstention record, puisque 48,7% des électeurs seulement s’étaient déplacés pour ce scrutin. L’effet « président » a joué évidemment son rôle pour doter le nouveau gouvernement d’une légitimité parlementaire.

Le Front National connaît quant à lui une sévère déconvenue, n’obtenant que 13,2% des voix (contre 13,6% en 2012) et perdant 61% des électeurs qui avaient voté Marine Le Pen au 1er tour des présidentielles. Ce vote sanction a manifesté la déception de ces derniers quant au résultat du 2ème tour et quant à la prestation catastrophique de la candidate le 3 mai dernier lors du débat face à Emmanuel Macron. Marine Le Pen atteint 46% des voix à Hénin-Beaumont, ce qui pouvait laisser penser au fait qu’elle se retrouverait seule à l’assemblée pour représenter son parti.

Quant au mouvement de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), il est écrasé avec 1,17% des voix, seul son président réussissant à passer le cap du 1er tour mais en étant très menacé dans sa propre circonscription. Son alliance ratée avec le FN a considérablement affaibli sa formation politique.

Avec 11,03% des voix, La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon faisait également une contre-performance, mais à ce pourcentage il faudrait ajouter les 2,7% des voix obtenus par le PCF. Son recul était donc moindre que celui du FN, sans pour autant être un bon résultat.

Avec 7,44% des voix, malgré son implantation ancienne, le Parti Socialiste réalise un score très médiocre et perd ainsi dès le 1er tour un certain nombre de ténors et aussi son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis étant éliminé dès cette étape. C’est la fin qui se profile à l’horizon pour le parti mitterrandien qui a été séché par Macron à droite et par Mélenchon à gauche.

Le Modem, avec 4,1% des voix, fait un score en apparence modeste mais étant allié avec La République en Marche, il ne présentait pas des candidats partout sur le territoire. Il n’existe que dans le cadre de cette coalition, sinon il aurait été réduit à un résultat dérisoire.

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Les diverses formations écologistes totalisent quant à elles 4,3% des voix mais se retrouvent extrêmement fragilisées, et même dépouillées. L'extrême-gauche est réduite à 0,8% des voix et l'UPR, la formation ultra-souverainiste d'Asselineau, se situe aux alentours de 0,5% des voix et n'obtiendra en conséquence aucun financement.

Enfin, la droite républicaine, LR, UDI et divers droites, totalise 21,6% des voix (dont 15,8% pour LR), ce qui est un résultat modeste, lié notamment à la stratégie gagnante de Macron consistant à débaucher et/ou à séduire un certain nombre de figures de LR, comme son premier ministre Edouard Philippe par exemple. Le choix de Baroin pour mener la campagne, un candidat Macron-compatible, ne pouvait aboutir à autre chose qu’à un échec. PS et LR ont donc été les victimes d’un président centriste particulièrement habile pour semer le trouble chez ses adversaires et qui s’est révélé un politicien beaucoup plus redoutable que ce que pensaient ses adversaires d’un nouveau venu sans implantation électorale antérieure.

Un léger rééquilibre au 2ème tour.

Les sondages annonçant plus de 400 députés pour la majorité présidentielle, les électeurs ont voulu dans un certain nombre de cas rééquilibrer le jeu. Avec une abstention record de 58%, l’élection n’a pas passionné les Français, mais il est aussi probable que des électeurs de Macron du 1er tour n’ont pas voté, soit parce que les « bourgeois » de centre-gauche ont pensé que les jeux étaient faits, soit parce que le haut degré d’ensoleillement les a amenés à d’autres activités qu’électorales ce dimanche.

En conséquence de quoi, le FN et LFI (Mélenchon) ont connu une légère embellie, ainsi que les candidats de droite très implantés. Avec 8 députés dont Marine Le Pen elle-même, élue avec 58,6% des voix mais avec une participation de 44%, indiquant l’absence de mobilisation contre elle, et dont Emmanuelle Ménard à Béziers, Gilbert Collard (réélu) dans le Gard, le FN obtient son meilleur résultat au scrutin majoritaire. Mais on est loin des 45 à 80 députés que le FN ambitionnait d’obtenir. Les candidats philoppotistes, dont Florian Philippot lui-même, ont en revanche échoué nettement. Avec ses 8 députés, Marine Le Pen limite la casse et va sans doute tenter d’empêcher la remise en cause de son autorité en interne et d’éviter de pourtant nécessaires remises en question. Jacques Bompard (Ligue du Sud) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) sont également réélus, mais même leur éventuel soutien au FN ne permettrait pas la constitution d’un groupe parlementaire. Autres gagnants, ce sont les nationalistes corses qui font rentrer 3 députés à l’Assemblée nationale, un record.

LFI, Mélenchon étant lui-même élu à Marseille-nord, réussit à obtenir au moins 15 députés, ce qui leur permet d’avoir un groupe indépendant du PCF, ce dernier n’en disposant en revanche pas (10 députés à 23h30). Il est à cette heure difficile de savoir s’ils formeront un groupe uni.

La droite républicaine sauve également la tête d’un certain nombre de ses figures dont Eric Ciotti et Claude Goasguen. Néanmoins elle n’aurait obtenu que 130 députés environ, dont beaucoup lorgnent déjà vers La République en Marche, à l’instar de Thierry Solère qui a envoyé des clins d’œil appuyés aux gagnants de ce soir.

Le PS et ses alliés de gauche n’obtiennent qu’entre 44 et 46 sièges. Manuel Valls, qui avait rompu avec lui, gagne de justesse dans l’Essonne, même si sa victoire sera contestée par son adversaire du LFI. En revanche, des figures comme El Khomry, Touraine et Vallaud-Belkacem sont éliminées, malgré parfois le soutien de LREM de Macron. Les personnalités trop associées à l’ancien gouvernement ont ainsi été sanctionnées.

La République en Marche (LREM) et le Modem de François Bayrou obtiennent environ 360 sièges, leur donnant la majorité absolue (sur 577 sièges) mais avec moins de sièges qu’espérés. Les électeurs n’ont pas voulu donner un blanc-seing au nouveau président. Par ailleurs, il sera bien difficile à ce dernier de tenir un groupe parlementaire avec de nouveaux élus dont l’expérience politique est parfois très limitée et dont les positions politiques peuvent être parfaitement antagonistes dans les faits.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

lundi, 12 juin 2017

Réflexions sur la guerre civile

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Réflexions sur la guerre civile

 
Que la guerre civile ne soit plus seulement un sujet de politique-fiction mais se voit saisie par les philosophes nous dit beaucoup sur l’heure qu’il est. Le titre du vigoureux essai de Damien Le Guay, La Guerre civile qui vient est déjà là, ne pouvait être plus clair. Mais, avant de plonger dans cet ouvrage, précisons. Le Larousse définit la guerre civile comme la « lutte armée, au sein d’un même Etat, entre les partisans du pouvoir en place et une fraction importante de la population ». Nous n’y sommes pas. Le dictionnaire de l’université de Sherbrooke nous dit, pour sa part, que cette lutte armée « oppose, à l’intérieur d’un Etat, des groupes importants (classes sociales, ethnies ou groupes religieux) », voilà qui est mieux.

Disperser le brouillard

Damien Le Guay publie un essai courageux. Pour ceux qui savent peser leurs mots, celui-ci est important dans une époque de lynchage et de dictature morale du clergé bien-pensant. Pour Le Guay, il y a une guerre civile culturelle déjà à l’œuvre en France, prodrome d’une militarisation du conflit dont les territoires perdus et les attaques terroristes témoignent. Peut-on parler d’une guerre civile dans un pays désarmé ? Le Guay utilise la belle expression de « fatigues civilisationnelles » pour nommer la léthargie des peuples européens qui, pendant des siècles, avaient diffusé leur vitalité à travers le vaste monde. Il réalise un solide travail de diagnosticien. Pour susciter une réaction du malade ? Irresponsabilité de l’antiracisme officiel, qui a fourni aux racailles de glorieux motifs à leur haine de « l’oppresseur blanc », magouilles et trahisons d’une « élite endogamique » qui ne comprendra jamais l’infernal quotidien de Mme Michu dans son HLM de la France périphérique, mensonges d’un multiculturalisme qui portait en lui les germes d’une société multiconflictuelle, piège de la prétendue « islamophobie », mythe d’une Europe post-nationale qui brise les peuples et laisse les portes grandes ouvertes. Peu craintif du terrorisme intellectuel, Le Guay invite à considérer « le ressentiment des Français à l’égard des musulmans (…) plutôt que de s’en inquiéter ».

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Quand nos pseudo-élites avouent du bout des lèvres une sécession sociale, économique et culturelle, l’auteur prouve que le conflit est beaucoup plus profond : politique, anthropologique et religieux. Il ne tient pas à quelques points de PIB ou de pouvoir d’achat, mais aux raisons qui font que l’on accepte de vivre… et de mourir. Une telle fracture ne se résout pas grâce à une idéologie bisounours, et c’est un traitement de cheval qu’il faut imposer à ceux qui ont choisi de vivre en étrangers sur le territoire français. Damien Le Guay n’hésite pas sur ce point.

« La vérité, toute la vérité »

Alors, certes, la vision du philosophe est encore fortement teintée de républicanisme. L’intégration lui semble encore possible, au prix d’un violent coup de collier. « Une réunification des territoires, des cœurs et des Français » est espérée. Ce serait un euphémisme de dire que ce n’est pas l’issue qui nous semble la plus probable. En conservateur mesuré, Le Guay se montre défenseur du peuple demos plutôt que du peuple ethnos. Mais l’essayiste ne tombe jamais dans la moraline tarte à la crème. Si son cœur bat pour Fillon – sans passion délirante, d’ailleurs – il ne jette jamais la pierre aux sympathisants de Marine Le Pen, ne les rabaisse pas et explique avec beaucoup d’honnêteté que leurs inquiétudes sont à la fois généreuses et justifiées. Généreuses, car fondées sur la volonté de protéger les leurs (immigration et insécurité) avant même de penser à eux (motifs économiques). Justifiées, car ils ne font que dire la vérité difficile qu’ils voient – ce à quoi se refusent toutes nos pseudo-élites tarées – selon la belle formule de Péguy : « La vérité, toute la vérité, (…) la vérité bête, (…) la vérité ennuyeuse, la vérité triste. »

Le Guay n’est pas un philosophe en pantoufles, et il ose tendre l’oreille aux cris du populiste que marginalise la classe politico-médiatique. Avec beaucoup de hauteur, il participe à « bien nommer les choses », pour renverser la formule de Camus. Il nous livre un essai apte à ouvrir les yeux des « inclus », qui complète très bien Le Multiculturalisme comme religion politique publié il y a quelques mois par Mathieu Bock-Côté. Bock-Côté, Finkielkraut, Brague, Guilluy, Taguieff et leurs grands aînés : Arendt, Weil, Bernanos et le cher Péguy, voici les références qui nourrissent la réflexion de Damien Le Guay, auteurs nourrissants qui peuvent nous aider à comprendre le temps qui vient.

  • La Guerre civile qui vient est déjà là, par Damien Le Guay, éditions du Cerf.

Pierre Saint-Servant

Comment nos peuples sont devenus jetables

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Comment nos peuples sont devenus jetables

 
On en revient toujours à Alien : expendable crew.

C’est la phrase du siècle, équipages et peuples sont jetables.

Or les peuples sous le régime de la mondialisation sont tous devenus jetables, quoique à des degrés divers. On expédie rapidement les Musulmans quand ils ne conviennent pas aux maîtres ; on attend paisiblement l’extinction démographique des Japonais ou des Chinois, on accélère le remplacement des vieux peuples de l’Europe ou de l’Amérique. La lente application de ce méli-mélo flamboyant impérial est cependant vieille de deux siècles.

Le capitalisme impérial a toujours voulu remplacer les peuples. La plantation (territoire-prototype mondialisé et déjà hyper-capitaliste, avec esclaves, bourreaux et contremaîtres) ayant exterminé les Indiens, on alla chercher les Noirs d’Afrique. Pendant la révolution industrielle, on eut une seule fièvre : trouver de la main d’œuvre moins  chère. L’Irlandais, le Chinois, la femme et les enfants.

Car sinon le capital s’évanouit. Notre torture est son droit de l’homme.
Dans une lettre du 18 juin 1871 adressée à son ami Kugelmann, Marx écrit que…
Le citoyen Jung annonça que les menuisiers de Newcastle étaient en grève pour la journée de neuf heures et que les patrons avaient fait venir des ouvriers de Belgique et essayaient d’en recruter de nouveaux.
Il fut aussitôt décidé de se mettre en relation avec la Section belge en vue d’arrêter l’immigration d’ouvriers belges.
Ce texte m’avait été envoyé jadis par un lecteur communiste (ou ce qu’il en reste). Marx explique aussi qu’il faudra un beau jour remplacer le yankee par trois chinois.
Eh bien c’est fait. Et par des démocrates encore.
Trente ans plus tard le sociologue Edward Allsworth Ross souligne la dureté sociale des USA. On y revient. Le moyen pour le capital : accélérer le remplacement de la main d’œuvre par l’immigration est et sud-européenne.
Lisons-le dans un anglais simple :
« The Slavs and Magyars were introduced into Pennsylvania forty-odd years ago by mine-operators looking for more tractable miners. Agents were sent abroad to gather up labour, and frequently foreigners were brought in when a strike was on. Poles were introduced into South Cleveland in 1882 to replace strikers in the wire-mills. The meat-packing strike of 1904 in Chicago was broken with trainloads of Negroes, Italians and Greeks.”
 Toujours aussi gaiement Ross continue :
 “In 1887 a coal-dockers’ strike was broken with Magyars, and in 1904 striking boilermakers were replaced by Poles. The striking glass-workers in 1904 were beaten by the introduction of Slovaks, Italians, Poles and Magyars.”
Il conclut sur un travers qui n’a en rien changé : dans le monde du capital tout le monde se déteste.
« Barriers of speech, education, and religious faith split the people into unsympathetic, even hostile camps.”
Les immigrants étaient trompés dès l’Europe, comme les Joad plus tard (Steinbeck), par la propagande des ramasseurs et autres rabatteurs de pauvres (Daniel Boorstyn). La vie en Amérique a été déformée par les mauvais westerns et tout le reste. Lisons un peu Dostoïevski, qui remet les pendules à l’heure dans les Possédés :
« Eh bien, nous travaillâmes comme des nègres, nous souffrîmes le martyre ; à la fin, Kiriloff et moi n’y pûmes tenir, nous étions rendus, à bout de forces, malades. En nous réglant, l’entrepreneur nous retint une partie de notre salaire ; il nous devait trente dollars, je n’en reçus que huit et Kiriloff quinze ; on nous avait aussi battus plus d’une fois. Après cela, nous restâmes quatre mois sans travail dans une méchante petite ville ; Kiriloff et moi, nous couchions côte à côte, par terre, lui pensant à une chose et moi à une autre. »
La vie était chère en Amérique. Ce sont les fournisseurs qui ont fait fortune lors des Gold rush, pas le Charlot. Il vaut mieux escroquer le mineur que creuser soi-même. Dostoïevski poursuivait en ricanant :
« Que vous dirai-je ? Quand, pour un objet d’un kopek, on nous demandait un dollar, nous payions non seulement avec plaisir, mais même avec enthousiasme.
Nous admirions tout : le spiritisme, la loi de Lynch, les revolvers, les vagabonds…’
A partir de la Deuxième Guerre Mondiale, lors du triomphe mondial de l’américanisme, la situation se clarifie. Avant on mutilait ou on massacrait pour engranger, mais pas tout le monde. Aujourd’hui plus personne n’est hors d’atteinte du hachoir du capital et de sa technoscience. La présence de l’U.R.S.S. tempéra le processus (Stieglitz). Maintenant les chiens sont lâchés.

Je cite le peu recommandable Maurice Bardèche qui décrit le monde qui naît après 1945. Je déteste comme vous le fascisme, mais je trouve que ce normalien critique de Balzac décrivait bien les faits ici :
« La loi internationale s’installera d’autant mieux que la loi indigène n’aura plus de défenseurs… les Etats ne seront plus que les arrondissements administratifs d’un seul Empire. Et d’un bout à l’autre du monde, dans des villes parfaitement pareilles puisqu’elles auront été reconstruites après quelques bombardements, vivra sous des lois semblables une population bâtarde, race d’esclaves indéfinissable et morne, sans génie, sans instinct, sans voix. L’homme déshydraté régnera dans un monde hygiénique. D’immenses bazars résonnants de pick-up symboliseront cette race à prix unique. »

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La race à prix unique est une expression très juste. On ajuste, on liquéfie, on modélise, on homogénéise. Le chien de collection a droit à sa race, pas l’esclave du capital mondialisé.
Bardèche continue sur notre Metropolis :
« Des trottoirs roulants parcourront les rues. Ils transporteront chaque matin à leur travail d’esclave la longue file des hommes sans visage et ils les ramèneront le soir. Et ce sera la terre promise. Ils ne sauront plus, les usagers du trottoir roulant, qu’il y eut jadis une condition humaine. Ils ne sauront pas ce qu’étaient nos cités, quand elles étaient nos cités : pas plus que nous ne pouvons imaginer ce qu’étaient Gand ou Bruges au temps des échevins. »
On est loin de cette beauté pure et traditionnelle ; ou de l’Alhambra, ou du Taj Mahal. Ou de la cité interdite incendiée et pillée par les preux soldats français et anglais lors d’une deuxième guerre de l’opium destinée à enrichir Sassoon.
Le même capital qui martyrise ces peuples martyrisa nos peuples, les envoya à la guerre. Il ose incriminer le racisme européen après avec sa télé, pour accélérer notre disparition, et on n’y voit que du feu.
 
Bardèche décrit nos maîtres de Metropolis :
« Penchés sur des graphiques, ils canalisent les millions d’esclaves du trottoir roulant et ils fixent dans leur sagesse le nombre de chemises qu’il leur sera permis de s’acheter dans l’année et le chiffre des calories qui leur seront attribuées pour vivre. Et le travail des autres hommes circule et s’inscrit sur les murs de leur cabinet comme en ces panneaux aux tubulures transparentes sur lesquels courent sans arrêt diverses sèves colorées. Ils sont les machinistes de l’univers. »
Chateaubriand voyait la destruction des nations arriver à la fin de ses mémoires :
Quelle serait une société universelle qui n’aurait point de pays particulier, qui ne serait ni française, ni anglaise, ni allemande, ni espagnole, ni portugaise, ni italienne ? Ni russe, ni tartare, ni turque, ni persane, ni indienne, ni chinoise, ni américaine, ou plutôt qui serait à la fois toutes ces sociétés ? Qu’en résulterait-il pour ses mœurs, ses sciences, ses arts, sa poésie ? »
Il n’en résulterait pas grand-chose, et on le sait tous très bien. Pour parler comme notre Balzac, les peuples ne sont plus des œuvres, mais des produits.
Ne nous plaignons pas de vivre cette époque exaltante.
Nous sommes les premiers à assister à la liquidation en direct de toute l’humanité ; jamais une telle puissance d’anéantissement et d’abêtissement culturel n’a été ainsi mise en œuvre ; jamais les Néron n’auront été si puissants.
 
Bibliographie
  • Bardèche – Nuremberg, ou la terre promise
  • Balzac – Béatrix (ebooksgrauits.com)
  • Bonnal – Comment les Français sont morts ; chroniques sur la fin de l’histoire
  • Chateaubriand – Mémoire d’outre-tombe, conclusion
  • Dostoïevski – Les possédés, p. 160 (ebooksgratuits.com)
  • Karl Marx – Lettre à Kugelmann, 18 juin 1871 (marxists.org)
  • Edward Allsworth Ross – The old world in the new, chapter 9, pp.207-208, archive.org
Les livres de Nicolas Bonnal sont disponibles chez:
La bataille des champs patagoniques

dimanche, 11 juin 2017

Insultes, verrouillage, pression: la communication de l’Élysée sur le banc des accusés

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Insultes, verrouillage, pression: la communication de l’Élysée sur le banc des accusés

Ex: M6info

Depuis quelques jours, la polémique enfle : la communication sans faute d’Emmanuel Macron cacherait-elle un verrouillage qui menace la liberté de la presse ? Dernier éclat en date : le choix des journalistes autorisés à suivre le chef d’Etat en déplacement imposé par l’Élysée. Un choix démenti par la présidence.

L’Elysée assure ne pas avoir cherché à “imposer un journaliste plutôt qu’un autre” lors du déplacement du chef de l’État au Mali. C’est la réponse donnée par l’équipe du nouveau président aux sociétés de journalistes de plusieurs grands médias.

Plusieurs quotidiens français ont en effet publié jeudi une lettre ouverte, intitulée  “Monsieur le président, il n’appartient pas à l’Elysée de choisir les journalistes”, pour protester contre l’organisation de la communication du nouveau président de la République.

Ils pointaient du doigt notamment le fait que ce soit la présidence qui choisisse les journalistes autorisés à l’accompagner lors de son premier déplacement au Mali ce vendredi. “Aucun de vos prédécesseurs ne s’est prêté à ce genre de système, au nom du respect de la liberté de la presse”, écrivent-ils.

“L’Élysée n’entend pas faire le travail des rédactions”

Dans son courrier adressé ce vendredi à Reporters sans frontières (RSF), la présidence indique : “Il va de soi que nous avons ouvert l’option aux rédactions mais jamais imposé un journaliste plutôt qu’un autre (…). Les journalistes qui se sont inquiétés peuvent se rassurer : l’Élysée n’entend pas faire le travail des rédactions”.

Selon le courrier cité par RSF, l’Élysée affirme que sa démarche “est le contraire d’une démarche de fermeture : elle est une démarche d’ouverture”.

Il y est expliqué que le chef de l’État “est très attaché au traitement de fond des sujets et souhaite ouvrir l’Élysée aux journalistes sectoriels qui portent sur l’action présidentielle un autre regard. C’est dans cet esprit qu’il a été proposé aux rédactions d’élargir aux journalistes spécialisés Défense ou Diplomatie le voyage officiel auprès des forces armées”. Sous-entendu que ce ne soit pas seulement les journalistes politiques qui suivent le chef de l’État.

Il s’inspire d’Obama

Cette polémique pourrait retomber comme un soufflé s’il n’y avait pas d’autres signaux de verrouillage plus inquiétants. Alors la communication d’Emmanuel Macron va-t-elle trop loin ? C’est la question à laquelle tentent de répondre des journalistes dans une enquête publiée dans M le magazine Le Monde.

Ils décortiquent le système de communication autour du candidat, qui s’inspirerait grandement du précédent Obama, ce président cool et irréprochable sur papier glacé.

Mais comme pour le président américain, cette image parfaite a un revers : celui d’un verrouillage extrême de la communication avec un conseiller de l’Èlysée parfois prêt à décrocher son téléphone pour injurier les journalistes…

“Gros connard”

Deux exemples sont cités dans l’article. Le premier remonte au soir du premier tour et au traitement de l’affaire de la Rotonde, du nom de cette brasserie parisienne parfois comparée au Fouquet’s de Nicolas Sarkozy.

Le lendemain, selon le magazine M, le directeur de la communication d’Emmanuel Macron, appelle l’émission Quotidien, et “l’animateur de l’émission, se fait agonir par Sylvain Fort. ‘Gros connard.’ ‘Débile profond.’ (après lecture le 18 mai, l’intéressé dément le deuxième terme)”. Sylvain Fort confirme donc implicitement avoir usé du premier à l’endroit de Yann Barthès…

Michel Field également aurait fait les frais de la nervosité du même Sylvain Fort. Au soir du second tour, ce dernier aurait reproché à France 2 de ne pas consacrer toute sa soirée à la victoire d’Emmanuel Macron et de diffuser par exemple le discours de Jean-Luc Mélenchon en direct.

« Daech : L'arme de la communication dévoilée » de François-Bernard Huyghe

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Fiche de lecture:

« Daech : L'arme de la communication dévoilée » de François-Bernard Huyghe

par Nicolas Faure
Ex: http://www.europesolidaire.eu & https://www.polemia.com
 
François-Bernard Huyghe est docteur d'Etat en sciences politiques, habilité à diriger des recherche, directeur de recherche à l'Iris et enseignant, notamment au CELSA Paris IV Sorbonne. Spécialiste de l'influence stratégique, il décrypte dans cet ouvrage traitant de l'Etat islamique les différentes stratégies de communication utilisées par cet Etat islamique.
 
Nous rééditons ici cet article de Nicolas Faure publié par Polémia,  que nous remercions
https://www.polemia.com/daech-larme-de-la-communication-devoilee-de-francois-bernard-huyghe/?utm_source=La+Lettre+de+Pol%C3%A9mia&utm_campaign=a0270d0758-lettre_de_polemia&utm_medium=email&utm_term=0_e536e3990e-a0270d0758-60536937

L'auteur  dresse le portrait d'un ennemi implacable, bien moins déséquilibré que certains commentateurs semblent imaginer. Un livre à lire de toute urgence pour comprendre que la guerre contre les djihadistes n'est sans doute pas terminée...

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« Le nom que nous leur donnons en révèle plus sur nos fantasmes que sur les leurs »

« Difficile d'opérer une conversion plus absolue que celle des djihadistes, d'adopter un critère du vrai, du bien, du juste ou du souhaitable plus opposé au nôtre » écrit François-Bernard Huyghe en introduction de son livre.

Cette opposition évidente entre le monde moderne et ces combattants de l'Etat islamique conduit l'auteur à analyse en profondeur leurs motivations et celles de ceux qui les rejoignent.

Il s'attaque par exemple à la frilosité occidentale quant à la désignation de l'ennemi :

« La question de sa désignation devrait être réglée depuis longtemps. Or le nom de l'ennemi nous pose plutôt problème à nous, ses adversaires (...). Entre les stratégies d'évitement [ne pas stigmatiser, ne pas amalgamer, pas de vocables évoquant des principes généraux ou des « valeurs »] et les stratégies de l'affirmation [il faut avoir le courage de désigner l'ennemi islamiste violent], nos politiques révèlent leurs contradictions. »

Plus loin il adresse une nouvelle pique aux Occidentaux incapables de prendre la mesure des ressorts de l'Etat islamique :

« [Employer] des termes comme “nihilisme” [sonne] creux ; les djihadistes ne sont nullement animés par le refus de toutes valeurs ; ils sont dans l'obsession d'une seule valeur. (...) Nier cette positivité, l'inverser en haine absurde, c'est se donner bonne conscience à bon compte. (...) En niant qu'ils puissent agir au nom de valeurs religieuses, nous les considérons comme irrationnels, et refusons de comprendre leur logique de légitimité. Moraliser [ils veulent le mal] ou psychiatriser [ils sont fous] sont de bien pauvres consolations contre ce qui nous nie. Le nom que nous leur donnons en révèle plus sur nos fantasmes que sur les leurs. »

Dans cet ouvrage, François-Bernard Huyghe s'attache donc à analyser sans faux-semblant ce qui anime les soldats du califat islamique. Cette démarche saine et essentielle permet à ce livre d'être une mine d'or d'informations et d'analyses pertinentes.

La violence relayée par Internet comme arme à double tranchant

Pour François-Bernard Huyghe, l'Etat islamique est passé maître dans l'art de la communication. Il écrit même (p. 68) : « Daech, c'est une machine à tuer plus un appareil à communiquer. »

La plus visible des communications, c'est la mise en scène de sa violence.

« Au-delà du sang, il y a le sens » écrit François-Bernard Huyghe (p. 56). Selon lui, la violence des exécutions d'infidèles a une importance capitale dans la propagande de l'Etat islamique, à la fois pour ses partisans ou supporteurs, fascinés et attirés par la violence des actes, mais aussi pour l'adversaire qui, face à la brutalité des djihadistes, peut être démoralisé ou prendre peur.

L'Etat islamique se sert d'Internet comme d'une caisse de résonnance incroyable. Ce ne sont pas les premiers, nous rappelle François-Bernard Huyghe en citant notamment l'expertise d'al-Qaïda et de ben Laden.

Une communication professionnelle

« La propagande d'Etat du califat est centralisée » assure François-Bernard Huyghe. Un ministère, des agences et des contrôles de production sérieux aboutissent à des réalisations extrêmement professionnelles.

« Il faut que nous reconnaissions la sophistication de leurs moyens et leur professionnalisme » écrit même l'auteur. Dans ce livre, il n'hésite pas à pointer du doigt le véritable souci de l'esthétisme dans les vidéos produites par le califat.

De la part d'un professeur au CELSA, prestigieuse école de communication française, ce ne sont évidemment pas des paroles en l'air...

Outre les images de violence destinées à impressionner et effrayer, François-Bernard Huyghe relève que la propagande de Daech concerne également les bienfaits de l'administration islamique sur les territoires qu'elle contrôle. Des images de familles heureuses ou de marchés bien approvisionnés sont ainsi très nombreuses.

François-Bernard Huyghe s'attache aussi à étudier de près la publication de magazines professionnels comme Dabiq, réservé aux anglophones, paru pour la première fois en avril 2014, ou Dar al-Islam, dédié aux francophones. Des analyses poussées fascinantes qui permettent au lecteur de prendre la mesure du professionnalisme de certains membres de l'Etat islamique.

Djihad 2.0

Dans cet ouvrage très bien documenté de François-Bernard Huyghe, on apprend également que l'Etat islamique incite fortement ceux qui s'y intéressent à sécuriser leur connexion Internet. Tout d'abord en utilisant un ordinateur volé qui ne puisse pas être relié à soi, puis en se connectant à Internet uniquement via des réseaux publics (type McDonald's) et en installant des outils de cryptage des connexions.

Selon l'auteur, les suiveurs de l'Etat islamique sont également passés maîtres dans l'art de diffuser des messages de tout type (propagande, revendication, etc.) de manière virale grâce aux réseaux sociaux.

La contre-propagande de l'Occident est-elle efficace ?

Selon François-Bernard Huyghe, les pays occidentaux n'ont tout simplement pas pris la mesure de la solidité doctrinale des meneurs de l'Etat islamique. Outre les justifications islamiques apportées après chacun de leurs attentats, les tirades sur des actions n'ayant « rien à voir avec l'islam » ferait tout simplement rire les membres de l'Etat islamique et leurs suiveurs !

Pire : à la campagne anti-djihad du gouvernement français intitulée « Toujours le choix », l'Etat islamique a répondu ironiquement par une campagne « Pas le choix », rappelant à l'aide d'éléments doctrinaux solides qu'un sunnite se devait de rejoindre l'Etat islamique.

François-Bernard Huyghe ne se contente pas d'analyser brillamment les ressorts communicationnels de l'Etat islamique. Il adresse également un avertissement sérieux à ceux qui sous-estiment l'intelligence ou la détermination des meneurs de Daech.

Face à un groupe terroriste aussi ingénieux et professionnel, la guerre pourrait durer encore longtemps, même après la victoire militaire occidentale...

Nicolas Faure

François-Bernard Huyghe, Daech : L'arme de la communication dévoilée, Collection L'Information, c'est la guerre, Va Presse, mai 2017, 134 pages

samedi, 10 juin 2017

DÉSIGNER L’ENNEMI OU DÉSIGNER LE MAL !

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DÉSIGNER L’ENNEMI OU DÉSIGNER LE MAL !

Ex: http://www.geopolitica.ru 

Il n’est pas d’usage dans les colloques académiques de parler ainsi, de manière si brutale et pourtant il m’apparait nécessaire aujourd’hui, et surtout ici sur cette terre Moldave, zone de confluence tectonique entre l’Est et l’Ouest, d’affirmer lucidement et de dire clairement qui nous combattons et pourquoi. Pour Carl Schmitt : « la distinction spécifique du politique […]  c’est la discrimination de l’ami et de l’ennemi.» (Carl SCHMITT, La notion de politique – Théorie du partisan). De son point de vue, la dialectique ami/ennemi s’appréhende comme un concept autonome dans la mesure où elle ne s’amalgame pas avec des considérations morales (bien/mal) ni esthétiques (beau/laid), mais constitue en elle-même une opposition de nature.

Le concept de désignation de l’ennemi de Carl Schmitt, idéologue du régime nazi, fut en quelque sorte intégré mais amendé par le philosophe français Julien Freund entré très jeune dans la résistance à l’idéologie nationale-socialiste : « j’avais compris jusqu’alors que la politique avait pour fondement une lutte opposant des adversaires. Je découvris la notion d’ennemi avec toute sa pesanteur politique, ce qui m’ouvrait des perspectives nouvelles sur les notions de guerre et de paix ». Freund fut dès la fin de la guerre, un partisan de la réconciliation franco-allemande et de l’Europe. Il resta toute sa vie antinazi malgré sa fréquentation de Carl Schmitt et comme il le lui écrivit un jour : « Si nous nous étions rencontrés plus tôt, nous n’aurions pas été du même bord. »

Indéniablement, le concept de désignation de l’ennemi, chez Schmitt comme chez Freund, puise dans la pensée machiavélienne mais dans la logique de l’auteur du Prince, il ne s’agit que d’un bréviaire de l’absolutisme et de conseils donnés au Souverain pour que celui-ci puisse triompher et conserver le pouvoir. Autrement dit, la vision politique de Machiavel et de ceux qu’il a inspiré est à échelle humaine et ne s’inscrit pas dans un processus historique transgénérationnel. Les conseils que donne le philosophe florentin à Laurent de Médicis, même s’ils intègrent les valeurs cyniques, ne s’inscrivent pas dans une vue du monde visant au pouvoir absolu sur l’humanité entière. Machiavel souhaite la réunification de l’Italie par les Médicis. Son ambition s’arrête là. Or, nous avons de bonnes raisons de penser, qu’à peu près à la même époque, en Grande-Bretagne, et peut-être par l’entremise de philosophes italiens comme Pic de la Mirandole ou Gerolami Cardano, est en train de se cristalliser autour d’un philosophe kabbaliste renommé, John Dee, une autre conception du monde, beaucoup plus ambitieuse et qui elle visera à l’imperium total sur les affaires du monde.

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John Dee fut l’inventeur de la notion d’Empire britannique, et à partir de ce moment et pour la seconde fois dans l’histoire du monde, l’aristocratie d’un peuple se percevait comme élevée par la grâce divine pour accomplir à travers les siècles la volonté du Tout-Puissant.

Ce qu’il faut bien comprendre c’est que depuis cette révolution de la pensée, la nature des conflits a radicalement changé : nous ne sommes plus à l’heure des affrontements entre les Horaces et les Curiaces, entre les Gaulois et les Romains, les Tatars et les Russes, les Roumains et les Turcs, mais nous sommes entrés dans une nouvelle ère où l’ennemi n’a plus seulement pour but de conquérir des territoires ou d’exiger un tribut des peuples vaincus, mais il est aussi l’incarnation d’un hegemon total qui ne perçoit pas la guerre en terme d’amis ou d’ennemis, mais dans une radicalité totale où l’altérité doit être « désanimée » c’est-à-dire littéralement privée de son âme (vendre son âme au Diable…).

Cette entité profondément hostile à tout ce qui est humain, n’est pas seulement l’incarnation d’une volonté de puissance destinée à conquérir le monde, mais je crois profondément que le petit cercle d’initiés qui agit depuis des siècles pour asseoir sa domination sur la terre au fil des générations vise à l’anéantissement de la vie par haine totale du genre humain. J’en veux pour preuve la triste condition humaine que l’on peut observer sur tous les territoires où règne l’esprit de Mammon. Regardez à quoi ressemblait l’Angleterre au XIXème siècle telle que la décrivait Dickens ou encore la France miséreuse que dénonçait Zola. Regardez à quoi ressemblent les grandes métropoles occidentales où des populations obèses se pressent dans des hypermarchés pour s’empiffrer de nourritures frelatées  fabriquées par les multinationales. Regardez ces banlieues immondes où s’entassent dans des clapiers de béton des populations déracinées et abruties par le spectacle du sport et des divertissements débiles.

Un bon médecin, quand il a achevé son diagnostic sur la pathologie observée sur le patient, ne se contente pas d’administrer des remèdes, mais il essaye d’identifier les causes et la racine du mal. C’est là toute la définition de l’étiologie, à savoir l’étude des causes et des facteurs d’une maladie.

 Le temps qui m’est imparti ne permettra pas d’entrer dans les détails de ce que l’on peut définir comme la maladie occidentale par excellence, celle qui se diffuse tel un virus par pandémie et que j’ai baptisée l’idéologie anglo-saxonne.

Pourquoi anglo-saxonne, tout simplement parce que l’observation objective de la plupart des guerres et des conflits qui se sont déroulés depuis des siècles en Europe et dans le monde et jusqu’à nos jours ont à un moment donné une implication née quasi invariablement sur les bords de la Tamise ou du Potomac. 

Qu’est-ce que l’idéologie anglo-saxonne et comment est-elle née ?

Il faut pour cela remonter à la période élisabéthaine de la monarchie anglaise, à la fin du XVIème siècle et au début du XVIIème. En 1600, l’Angleterre ne compte que 4 millions d’habitants quand la France en compte près de 20 millions. Cette faiblesse démographique comparée aux puissances continentales de l’époque, France et empire des Habsbourg et la menace extrême qu’a représentée la tentative d’invasion de l’Angleterre par l’Invincible Armada du roi d’Espagne Philippe II est probablement à l’origine de la politique suivie depuis lors par les élites britanniques (politique du faible au fort), à savoir provoquer la division et l’affrontement chez tous leurs ennemis potentiels. Leur principal atout est l’insularité et la puissance maritime et elles l’exploiteront à fond, par tous les moyens, la guerre bien sûr, le blocus -on appelle cela aujourd’hui des sanctions -, mais aussi la piraterie et le commerce (c’est dans les Caraïbes que sont domiciliées aujourd’hui quelques-unes des principales places-fortes anglo-saxonnes de l’évasion fiscale et que sont ces paradis fiscaux si ce n’est des havres où se réfugient les pirates de l’économie mondiale après avoir spolié les peuples qu’ils ont escroqués).

Le grand rêve de puissance et d’hégémonie mondiale de l’oligarchie anglaise est né, selon moi, au retour de l’expédition autour du monde du pirate Francis Drake le 26 septembre 1580 où la part du butin volé aux Espagnols et réservée à la reine Elisabeth représentait selon certaines sources une fois et demie le budget annuel du royaume.

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Francis Drake est probablement devenu après ses exploits le modèle à suivre et parmi ses nombreux admirateurs, un en particulier mérite d’être retenu, Walter Raleigh (cf. controverse Ecole de la nuit), car il fut l’un des premiers avec John Dee à avoir conceptualisé l’hégémonie anglo-saxonne sur le monde. En effet, ce gentilhomme, un peu pirate lui aussi, un peu aventurier et qui finit décapité à la tour de Londres, eut le temps d’écrire avant sa mort un ouvrage intitulé en toute simplicité l’Histoire du monde et dans lequel il affirme : « Qui tient la mer tient le commerce du monde, qui tient le commerce tient la richesse, qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même ».

Mais cette idée s’est transmise de génération en génération à travers les siècles dans le monde anglo-saxon (par deux sources, souvent liées : source exotérique universitaire et source ésotérique franc-maçonnerie), notamment chez le Britannique Mackinder dont la formule maîtresse est « qui tient l’Europe orientale tient le heartland, qui tient le heartland domine l’île mondiale, qui domine l’île mondiale domine le monde » et qui s’est transformée chez l’Américain Spykman dans la formule plus ramassée « Qui contrôle le rimland gouverne l'Eurasie ; qui gouverne l'Eurasie contrôle les destinées du monde ».

Ce qui est extraordinaire c’est qu’à trois siècle de distance, ces trois personnages partagent tous l’idée de domination du monde et c’est là véritablement qu’il faut comprendre la nature profonde de cette idéologie anglo-saxonne : la volonté d’asservissement de toute l’humanité.

Dans la conception cynique de la politique telle que la concevait Machiavel et ses successeurs, la notion d’ami et d’ennemi est relative. En effet, l’ami peut trahir demain et l’ennemi d’hier devenir un allié, voire un ami à son tour. L’idéologie anglo-saxonne elle a absolutisé la notion d’ennemi puisque tout est subordonné à la fin ultime qui est de dominer toutes les nations. Bien entendu, en tenant compte de la complexité des affaires du monde et ce projet mondialiste s’inscrivant dans une lutte à travers les siècles, on a pu observer les Anglo-Saxons exceller dans l’art de renverser les alliances, de jouer les uns contre les autres et pratiquer avec un art consommé une politique que n’aurait pas reniée Machiavel. Mais là où Machiavel limite la fortune du Prince à sa conquête de l’Italie et à l’horizon de la vie de ce Prince, les apôtres de l’idéologie anglo-saxonne ont introduit une dimension téléologique justifiant leurs actions par l’atteinte du but final – ce qu’ils appellent aujourd’hui la gouvernance mondiale - une espèce de Parousie où les élus ayant signé le pacte seraient appelés à régner sur le monde. Dès lors, tous ceux qui s’opposent ou qui freinent, même inconsciemment, cette vision du monde deviennent des ennemis absolus et sont désignés comme le Mal par excellence, sans espoir de rémission, sauf à déposer les armes, comme la Russie l’a fait un temps entre 1991 et 1999.

Mais si l’idéologie anglo-saxonne a mis en place un Système qui non seulement ignore la notion première du politique à savoir la recherche du bien commun mais considère au surplus tout ce qui ne le sert pas comme le mal, alors la vieille distinction ami/ennemi n’est plus opérante. Nous ne sommes plus et depuis longtemps, à l’époque de la guerre en dentelle et des relations chevaleresques au combat, nous sommes au contraire plongés dans une guerre totale, une relation agonale absolue dont la finalité est notre disparition ou notre liberté.

Ayant retenu de Machiavel la nécessité de la ruse et de la dissimulation pour parvenir à ses fins, le Système applique ces méthodes dans tous les domaines de la vie et en particulier dans le contrôle des esprits. Bien évidemment, il va aussi user de la force ou de la menace de la force pour faire avancer ses pions – ce sont les guerres en Yougoslavie, en Tchétchénie, en Géorgie ou en Ukraine, guerres en Lybie, en Syrie ou en Irak, boucliers anti-missiles placés en Roumanie et en Pologne ou troupes de l’OTAN positionnées aux frontières de la Russie… - et bien évidemment la conquête du monde ne peut s’envisager qu’avec le concours de la force, mais bien souvent celle-ci n’est utilisée que pour masquer d’autres méthodes comme celles qui ont été utilisées avec succès, notamment en Géorgie et en Ukraine lors des révolutions de couleur qui ont fait basculer ces pays dans le camp occidental.

Et c’est là que je voudrais attirer l’attention de nos amis sur le danger mortel que fait courir le combat culturel et que pratiquent admirablement les sectateurs de Mammon. Vous croyez que la publicité est une simple industrie devant être gérée par des marchands de rêve. Grave erreur les amis, il s’agit d’une arme de destruction massive destinée à atomiser et déshumaniser les sociétés dans lesquelles elle opère.

Vous pensez que la musique est l’âme d’un peuple ? Non ! elle est devenue un business mondial et la majorité des musiques que nous écoutons - même malgré nous - sont anglo-saxonnes parce que les canaux par lesquels elle est diffusée sont régis par la publicité, elle-même contrôlée par la haute finance.

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Sans publicité, pas de contrôle occulte des médias. Le premier devoir d’une société recouvrant sa liberté devrait être d’interdire les régies publicitaires. Le deuxième devrait être de nationaliser les banques et le troisième de contrôler l’enseignement, en commençant par l’université où on forme les maîtres, en y éradiquant les ferments du libéralisme, qui n’est que l’idéologie politique préférée du Système, celle par laquelle, est perfusée goutte à goutte dans le corps d’un peuple les ferments de la dissolution et de la mort.

Mais pour que les choses soient bien claires, les oligarques anglo-saxons peuvent aussi se servir du fascisme ou du communisme pour provoquer des affrontements mortels et en tirer les marrons du feu. Qui a financé la Révolution de 1917 ? Qui a financé l’arrivée de Hitler au pouvoir ?

Par ailleurs, ce sont bien les Russes qui ont vaincu le nazisme en 1945 ? Mais qui aujourd’hui contrôle l’Allemagne de Madame Merkel si ce n’est la City de Londres ou encore Wall Street ?

En guise de conclusion, je reviendrai sur le titre de mon exposé : Désigner l’ennemi/désigner le mal pour vous dire que nous aurions tort de considérer l’idéologie anglo-saxonne comme un simple ennemi qu’il nous faut affronter. L’idéologie du Système est une vision du monde globale dont la finalité est la réduction drastique de l’humanité et la mise en esclavage de ceux qui auront été épargnés. Il ne s’agit donc pas d’une lutte entre les Gibelins et les Guelfes, les Armagnacs et les Bourguignons, les sudistes et les nordistes, les Avars et les Petchénègues ! Non ! Il s’agit d’une guerre totale, d’essence spirituelle et dont l’enjeu est en toute simplicité la survie ou la disparition de l’humanité. Le triomphe du mondialisme, si par malheur il advient, sera le triomphe du mal.

Une des armes préférées du Système est la pratique de l’inversion accusatoire consistant à imputer à son ennemi la responsabilité d’un crime que l’on a soi-même commis. Le Système est très doué aussi pour diaboliser ses ennemis transformant les patriotes en nazis, ceux qui luttent contre l’euthanasie ou l’avortement comme des ennemis de la liberté, ceux qui défendent le christianisme comme des obscurantistes etc.

Il faut retourner ces armes de diabolisation contre le Système. Désormais, grâce à l’élection présidentielle française, les masques sont tombés et le véritable clivage sera entre les patriotes et les mondialistes. Ces derniers sont les ennemis de la liberté ! ce sont eux les ennemis de l’humanité ! ce sont eux les sectateurs du fascisme financier ! Ce sont eux les fossoyeurs de la vie. Il est temps d’ouvrir les yeux les amis et de débarrasser le monde de cette engeance. 

Colonisation juridique et liberté des peuples - Pour un nouvel ordre juridique

Chisinau, colloque des 26 et 27 mai 2017

Colonisation juridique et liberté des peuples
Pour un nouvel ordre juridique

Ex: http://www.geopolitica.ru 

La globalisation économique est-elle l’autre nom de  la colonisation juridique américaine ?
Au nom d’une efficacité usurpée, d’une performance imaginaire, et du droit du plus fort, le modèle juridique américain entend s’imposer comme le modèle universel du droit des affaires, du commerce et du marché mondialisé. Sans doute préférable à d’autres, l’arme du droit est mobilisée sans faiblesse au service de l’intérêt américain. Les bénéfices pour l’industrie juridique américaine sont énormes ; plusieurs dizaines de milliards d’amendes chaque année. Les bénéfices stratégiques le sont davantage, qu’ils viennent de l’affaiblissement de concurrents gênants, du pillage de leurs secrets industriels ou commerciaux, de la peur de l’inculpation pénale provoquée chez leur dirigeants. Les risques, pour être lointains, n’en sont pas moins énormes. L’extraterritorialité du droit américain est contraire au principe de souveraineté des Nations et d’égalité en droit des Nations, comme du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, principes sur lesquels reposent et la communauté internationale, et la paix. La prétention du procureur américain à faire régner partout dans le monde le droit américain est contraire à la seule source de légitimité du droit, qui est la volonté des peuples souverains de décider du droit qui s’applique sur leur territoire, à leurs activités économiques et aux sociétés qui sont actives auprès d’eux. 

Le débat sur l’extraterritorialité du droit américain, tel que le vivent les entreprises européennes et françaises, est à cet égard emblématique d’un conflit de civilisation. Il oppose la reconnaissance de la diversité des sociétés humaines et des systèmes juridiques, comme expression de la liberté politique, à un idéal d’uniformisation du monde dicté par les intérêts de la finance de marché et du rendement du capital. Ce conflit en réalité n’oppose pas une civilisation à une autre. Il oppose la civilisation elle-même, qui  n’existe pas sans la diversité des civilisations ( selon Claude Lévi-Strauss),  à une nouvelle forme de barbarie, portée par l’intérêt manifeste de ceux qui se croient élus pour diriger le monde, et qui  menace rien moins que la survie de l’humanité.

Voilà pourquoi les sanctions américaines contre des entreprises françaises et européennes méritent l’attention. Elles révèlent une stratégie de mobilisation du droit dans la guerre économique, qui se traduit par un changement de nature du droit. IL n’est plus l’expression de peuples souverains, il est placé sous la dépendance de l’économie et de la géopolitique. Le droit serait ce qui sert l’économie. Il serait ce qui assure aux pouvoirs invisibles de la finance et des réseaux criminels une emprise de plus en plus complète sur les démocraties occidentales, à la faveur du sans frontiérisme, de l’individualisme radical et de l’idéal nomade des déracinés. Il serait ce qui ne connait ni territoire, ni Nations, pas plus que de limites ni d’appartenances. Une telle évolution appelle une analyse de la transformation contemporaine du capitalisme, et de la doctrine du chaos qui met fin à ce que nous avons cru nommer « Occident », depuis Jérusalem, Athènes, Rome et Byzance, une analyse essentielle pour organiser la résistance et préparr la libération à venir.

1 – Une étrange soumission

Différentes lois, adoptées notamment dans les années 1990 après le scandale lié à la corruption de dirigeants de plusieurs Etats par la firme d’aéronautique de défense Lockeed-Martin, illustraient l’exemplarité américaine ; si certains devaient terrasser la corruption, c’étaient les Etats-Unis d’Amérique ! Cet objectif de moralisation du commerce international sous l’égide du Department of Justice ( DOJ) a donné lieu, notamment, au vote de la loi dite «  Foreign Corrupt Practices Act » (FCPA) dont la première rédaction visait explicitement les faits de corruption d’agents publics étrangers par les sociétés américaines.


D’autres lois cherchaient à aligner les partenaires commerciaux des Etats-Unis sur leurs embargos contre Cuba, l’Iran, le Soudan, et autres représentants désignés de « l’axe du mal ». La logique est intelligible ; «  vous ne pouvez pas faire des affaires avec nous et avec nos ennemis ». Elle a été démentie de multiples fois, par les entreprises américaines elles-mêmes, dont beaucoup savent fort bien travailler avec l’Iran, la Russie, et autres incarnations du Mal ( de Bell Helicopters à Chrysler et General Electric, la liste est longue). Est-ce pour cette raison qu’elle a eu peu de succès, une Union européenne pour une fois résolue et unie ayant obtenu des reculs significatifs de l’application des lois d’Amato et Helms-Burton, respectivement contre Cuba et l’Iran ?

Dans le même temps, celui de la globalisation et donc de l’affrontement de plus en plus direct entre intérêts privés et intérêt national, les Etats-Unis renforçaient la protection de leur épargne nationale et plus encore, des entreprises jugées stratégiques. L’objet de « the office of foreign asset control » (OFAC) et de ses moyens d’investigation étendus, consiste pour l’essentiel à s’informer de toute entrée au capital ou prise de contrôle étranger d’entreprises ou d’activités américaines, et, le cas échéant, de manière discrétionnaire, sans justification nécessaire ni débat contradictoire, à bloquer prise de participation ou rachat. L’Ofac s’est récemment illustré en interdisant à Port Dubaï Authority d’acquérir le contrôle de ports de commerce aux Etats Unis, et en interdisant à une firme d’énergie chinoise l’achat de sources d’énergie aux Etats-Unis.

Les années 2000 ont vu une transformation progressive de la doctrine et des pratiques du système judiciaire américain. Les poursuites engagées contre des sociétés étrangères, pour des opérations hors du territoire des Etats-Unis, se sont multipliées et continuent de se multiplier ( elles sont publiées sur le site du DOJ). Il suffit pour cela qu’un critère de rattachement établisse la compétence du procureur américain, et la liste est longue, qui va de l’emploi du dollar, dont les chambres de compensation sont toutes situées aux Etats-Unis, jusqu’à l’utilisation d’une puce ou d’un logiciel sous licence américaine, ou d’un moteur de recherche dont les serveurs sont situés aux Etats-Unis !


Trois raisons majeures à cette utilisation du droit comme arme économique ; d’abord, l’idée généralement répandue qu’à un terrain de jeu unique, le monde, ne peut s’appliquer qu’une seule règle du jeu, la meilleure, celle des Etats-Unis. L’exceptionnalisme américain trouve pleinement à s’exprimer ; il ne saurait exister qu’une seule loi, et elle est américaine ! Autrement dit ; ce qui est bon pour les Etats-Unis est bon pour le monde, et que périssent ceux qui ne reconnaissent pas le peuple élu ! La notion répandue de « marché du droit » couvre en réalité un monopole du droit.

Ensuite, constat ou théorie, l’idée que la corruption alimente ces zones troubles du monde où ne règne pas la lumière protestante de l’aveu, de la transparence et de la pureté, et que, latins, arabes, chinois, africains ou russes, tous ces mercantis des bazars et des souks doivent être soumis à la loi ou sortis du jeu global. L’Amérique est la Nation indispensable sans laquelle le monde serait voué au désordre. 50 millions d’Africains réduits en esclavage et combien de millions d’Indiens exterminés en témoignent.

Enfin, la volonté géopolitique si bien exprimée par George W Bush et que son successeur ne démentira pas ; entre le Bien et le Mal, il faut rendre effective la grande séparation, il faut que pas un dollar, pas une arme, pas un litre de pétrole ne circule, et le droit doit y procéder. Aucune légitimité, aucune souveraineté, et surtout pas le droit international, ne saurait prévaloir contre le Bien incarné par les Etats-Unis. Qui défend le Mal ? La rupture avec les principes d’égalité en droit des Nations et de respect de leur souveraineté ne saurait être plus grande ; Alain de Benoist, dans « Carl Schmitt actuel », développe la logique qui conduit aux guerres d’extermination et fait de la paix la continuation de la guerre. 

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Les résultats concrets de l’évolution de la doctrine américaine et de la mobilisation de l’arme juridique dans l’affrontement mondial engagé sont connus, même s’ils sont étonnamment peu commentés.

En huit ans ( 2008-2016), au titre de sanctions directes ou indirectes procédant du non-respect d’embargos ( BNP-Paribas, par exemple), de faits de corruption d’agents étrangers ( Alstom, Total, Technip), de règles de marché ( Crédit agricole, Société Générale), les entreprises françaises auront payé plus de 15 milliards de dollars d’amende, pour l’essentiel au Department of Justice américain qui se voit ainsi doté de ressources significatives pour financer et amplifier son action. C’est ainsi que la première société russe, une société de télécommunications, condamnée pour faits de corruption à la suite de plaintes conjointes du procureur néerlandais et du procureur américain, pour des opérations en Asie centrale, a dû s’acquitter en 2016 d’une amende de 400 millions de dollars aux Pays-Bas, et de 400 millions de dollars aux Etats-Unis…


Les amendes acquittées par les entreprises ne sont que la partie émergée du coût effectif des sanctions.

Quand une entreprise négocie avec la justice américaine, l’accord qui met fin au procès comporte une première condition ; que l’entreprise prenne les dispositions nécessaires pour mettre fin aux pratiques jugée et condamnées. En d’autres termes, qu’elle se mette en conformité avec les lois américaines. Et qu’elle emploie pour cela des avocats, des consultants, des auditeurs, choisis sur une liste aimablement fournie par le DOJ, tous américains ou dépendant de structures américaines, l’exigence pouvant aller jusqu’à l’installation dans les murs de l’entreprise d’un « monitor » dont la fonction sera d’exiger tout document, d’avoir accès à toute information pouvant révéler des comportement contraires à la loi américaine (à ce jour, cinq entreprises françaises subissent la présence de tels « collaborateurs » dans leurs sièges sociaux). Une entreprise industrielle européenne a estimé à trois fois le montant de l’amende, ce que monitor et spécialistes de la « compliance » lui ont coûté.

A combien chiffrer le coût de l’espionnage des données commerciales, financières, stratégiques, et le pillage auquel les prestataires agréés par le DOJ soumettent les entreprises qui leur ouvrent leurs portes ? Peu de dirigeants dans le monde connaissent les principes du droit pénal américain. Qui oublie qu’à la différence d’un avocat français qui défend son client, son client seulement, et peut même lui conseiller de mentir à la justice, un lawyer américain est le représentant de la loi et est tenu de révéler à la justice les atteintes à la loi dont son client serait coupable ? Qui sait que tout prestataire américain ayant connaissance d’opérations ou d’actions hostiles à l’intérêt national américain est tenu de les déclarer à la justice américaine, sans en informer son client, sous peine d’inculpation pénale – et les procureurs peuvent avoir une idée large de l’intérêt national américain… ? Et voilà comment la toile des cabinets d’audit, de conseil, d’ingénierie, des prestataires de services numériques et financiers, nourrit l’imperium américain. La manne assurée par le DOJ aux sociétés de service américaine – cabinets d’avocats, auditeurs, cabinets de conformité, consultants, etc. – aux termes de ce qui peut s’apparenter à un véritable racket (« si je ne certifie pas vos opérations, vous risquez les poursuites… ») permet au smart power de nourrir une industrie du droit, industrie de l’obéissance et de la soumission ; pour le dire tout net, une banque, une société aéronautique, une société de télécommunications, qui choisissent pour prestataires des cabinets américains entrent dans des logiques, des univers de référence, des structures d’organisation, qui n’ont plus rien de français ou d’européen, et qui réalisent concrètement une colonisation par le droit et la conformité à des règles étrangères. La mobilisation de l’arme du droit permet des sanctions financièrement rentables, pénalise les concurrents de sociétés américaines, elle constitue surtout un outil de prise de pouvoir intellectuel, moral et managérial sur des « partenaires » consentants. « The Law » est aussi une industrie.


Le coût de cette soumission aux intérêts américains est celui de la paralysie stratégique. Quelle banque française finance une PME française qui veut se développer, ouvrir des lignes de crédit, etc., en Russie, en Iran, au Soudan, ailleurs encore ? La seule menace d’attirer les soupçons explique pourquoi, à bas bruit et sans déclarations publiques, tant de banques françaises et européennes se retirent de tant de pays jugés peu coopératifs ou insuffisamment organisés ( telle grande banque européennes ferme ses implantations dans pas moins de vingt pays parce qu’elle s’y juge incapable d’appliquer la compliance américaine ; curieusement, des banques américaines demeurent actives dans la plupart de ces pays). Et elle explique pourquoi, dans les années à venir, et sur la base d’un renforcement à prévoir des exigences américaines ( par exemple, de contrôle des tierces parties à partir de 100 Millions d’euros de chiffre d’affaires et cinq cent salariés, d’identification du « end user » d’une pièce ou d’un système par le grossiste ; ou encore, de l’intégration obligatoire aux contrats commerciaux de clauses de respect des minorités sexuelles, etc.), les entreprises françaises pourraient voir se fermer des marchés historiques et se trouver ainsi réduites à la place attribuée à la France dans l’ordre mondial; petite.

La séparation du monde n’est pas un sujet de débat ; l’unilatéralisme américain accélère une séparation qui réserve bien des surprises – puisqu’elle exclut de l’univers du Bien les trois quarts de la population mondiale, comme le Président Obama avait d’ailleurs su le dire à des Américains trop enclins à multiplier les sanctions ( au cour de l’été 2015, quand les « faucons » de l’administration démocrate avaient voulu couper la Russie des systèmes de paiement internationaux pour cause de résistance aux ordres de Washington…


C’est le dernier point, et le plus important du débat. Le caractère unilatéral des sanctions américaines ( même si trois banques américaines ont été condamnées à des sanctions considérables, Citigroup, J. P. Morgan et Goldman Sachs, de 16 à 6 Milliards de dollars), de la désignation d’organisations comme «  terroristes » (qui, par exemple, épargne les « islamistes modérés » en Syrie) et le sentiment d’arbitraire qu’elles donnent, fragilisent non seulement le supposé «  camp occidental », mais aussi les relations internationales dans leur ensemble, notamment en accréditant l’idée d’un « deux poids, deux mesures ». Elles suggèrent que la lutte anti-corruption est devenu un prétexte, un de plus, pour bafouer la souveraineté des Etats et placer les alliés sous contrôle.  Depuis 1648 et le traité de Westphalie, l’ordre international repose sur la souveraineté des Nations constituées et sur la non-ingérence. Maintes exceptions ont été constatées, la première correspondant à la colonisation et à l’idée, sotte ou criminelle, c’est selon, de faire le bien des autres sans eux, et malgré eux ; la plus récente touchant au «  droit au développement » qui est trop souvent obligation pour un Etat d’offrir son territoire au pillage de ses ressources et au nivelage de sa culture. La globalisation financière, technique et marchande, qui fixe l’objectif d’aligner les normes et les lois partout dans le monde pour soumettre les peuples et les Etats à l’intérêt du capital nomade, entre directement en conflit avec le principe de souveraineté des Nations, et avec la démocratie. Elle suggère un changement de nature du droit, qui ne procède plus de la société des hommes, de leur histoire, de leurs traditions, de leur singularité et de ce rapport avec la nature et la vie qui est la source des systèmes politiques durables ; le droit doit servir l’économie, il doit assurer la marche des affaires, et le rendement du capital investi. Pour cela, il s’impose d’en haut, ; pour cela il doit mettre le capital et le commerce hors d’atteinte des Nations, des Etats, et des lois que les peuples se donnent quand ils gouvernent vraiment. « L’imaginaire pirate des puissances de la mer » (selon Antoine Garapon) trouve dans cet aplatissement du monde sous le joug du droit et de la conformité, au profit d’entreprises globales et de capitaux nomades, un élément puissant de sa réalisation ; offrir le monde au pillage et les peuples, réduits à des individus atomisés, à l’esclavage. Car les façades chatoyantes de la lutte anticorruption, des sanctions contre les Etats-voyous et de la guerre contre le terrorisme cachent la réalité d’un monstre qui ne dit pas son nom ; le capitalisme du chaos.


Est-ce que le Brexit et plus encore la victoire de Donald Trump ne sont pas deux réactions populaires à ce capitalisme du chaos né de la globalisation, et dont les acteurs majeurs s’étaient emparés de Washington pour mieux faire des Etats-Unis leur base arrière ?

2 – De défaites annoncées et de batailles à livrer

La réalité est claire ; de même que le trafic des migrants ressuscite l’esclavage, de même que les néoconservateurs américains placeront bientôt le terrorisme sunnite au rang des dommages collatéraux de leur entreprise de sujétion mondiale, comme Brzezinski l’a reconnu, avec une rare franchise, en faisant d’Al Quaeda un dommage collatéral de la guerre contre l’URSS, de même que le peuple américain est la victime inconsciente du hold up du Deep State sur l’Amérique, de même tous les mots de libération, de démocratie planétaire, de développement global, doivent être traduits par soumission obligée, colonisation économique et morale, suppression de la liberté politique.
A la fin, c’est rien moins que le droit de peuples libres à se doter d’un Etat, à tenir leur frontière et à voter leurs lois qui est en jeu.


A la fin, c’est la survie de la civilisation, comme affirmation de principes supérieurs à l’intérêt individuel, économique et financier qui est en jeu.


Et c’est notre capacité à décider nous-mêmes de notre destin qui est en jeu.
Face aux sanctions américaines et à la volonté d’imposer le droit américain au monde, en réalité de soumettre le monde à l’intérêt national américain, l’indifférence française, pour ne rien dire de la complaisance européenne, dénoncent l’esprit de collaboration qui réunit les élites prétendues, les dirigeants qui calculent leurs options en dollars et tant de membres de ministères ou de généraux frustrés qu’un séjour d’étude aux Etats-Unis a laissé béats d’admiration.


La France se trouve face à une offensive qui, pour n’avoir rien de militaire, pour conjuguer les armes molles du droit, de la propagande et de l’argent, a et aura des conséquences tout aussi graves que la conquête d’une partie de son territoire, la destruction de ses institutions, ou le pillage de ses ressources.

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L’indépendance nucléaire de la France est en question. Au prix d’une politique d’intimidation américaine qui touche au « soft terrorism », au prix aussi de trahisons manifestes ou plus cachées de la part de dirigeants privés et publics « français », Alstom énergie a été vendu – bradé plutôt – à General Electric. Les liens entre General Electric et l’Etat profond américain sont attestés par l’étroitesse de ses liens avec The American Chamber of Commerce). Depuis lors, l’entretien des turbines des moteurs à propulsion nucléaire de la marine française dépend de General Electric. Depuis lors aussi, le tandem Areva-Astom qui avait bien fonctionné est déstabilisé, et le nouvel acteur pilote du nucléaire, EDF, fait l’objet d’une étrange convergence des vents contraires ; note financière abaissée, ennuis techniques, arrêt de réacteurs, partenariats déstabilisés, et, par hasard sans doute, réactivation de campagnes antinucléaires par des Fondations venues du nord ou des ONG généreusement financées depuis Washington. Faut-il en conclure que ce qui reste du non alignement de la politique française, dérange encore, ou bien qu’il faut réduire la France au rang de vassal des seules puissances nucléaires inévitables que sont les Etats-Unis, la Russie et la Chine, toutes les autres ( Inde, Pakistan, France, Corée du Nord, voire Israël) devant se voir éliminées du jeu ? Après tout, la Grande Bretagne a bien fait sa soumission à l’ordre militaire américain, pourquoi pas la France?

      
Il faut aller plus loin. Les signes ici et là se font jour, notamment venant d’officines comme Transparency International, dont l’activité militante semble être de dénoncer des sociétés françaises au procureur américain, tout cela depuis la France, et dans une impunité totale. De nouvelles cibles sont visées. L’eau est stratégique. Les déchets sont stratégiques. Et voilà que les grands fournisseurs de prestations aux collectivités, Engie, Suez, Vinci, d’autres encore, sont ciblés par des dénonciations, visés par des procédures.

L’aéronautique et le spatial sont stratégiques, la France et l’Europe y excellent, et voilà pourquoi il faut paralyser Airbus en attendant que Boeing fasse jeu égal en Iran, voilà pourquoi le Serious Fraud Office (SFO britannique) bloque le financement des crédits à l’exportation d’Airbus, voilà pourquoi l’application des règles « ITAR » qui soumettent à l’approbation des autorités américaines l’exportation de tout engin ou système contenant même le plus infime composant américain, se durcit et se fait menaçante à l’encontre des industriels de l’électronique de défense français. L’alimentation est stratégique, et voilà pourquoi le rachat de Monsanto par Bayer dessine de grandes manœuvres qui vont placer l’agroalimentaire français sous contrôle, mettre fin aux préférences françaises pour les appellations territoriales, les produits sans OGM et une nourriture non artificiellement surchargée en sucres, en gluten et en graisses. L’éducation est stratégique, et les agressions contre le système éducatif français conduites à coup de classements manipulateurs, d’études ciblées, de revues à comité de lecture et de campagnes de désinformation vont substituer aux vieux lycées et collèges, aux vieilles universités et grandes Ecoles, des « net académies » et autres « international schools » chargées de privatiser l’enseignement en distribuant des MBA, des promesses d’emplois mirifiques et non tenues, des crédits pour financer ces MBA et ces promesses, et de somptueux dividendes à leurs initiateurs de la Silicon Valley ( en novembre 2016, l’entreprise Bridge International University qui vend très cher dans les pays les plus pauvres d’Afrique des promesses de formations et d’emploi a été interdite en Ouganda ; parmi ses actionnaires, Mark Zuckerberg et Bill Gates). Il est intéressant de noter que certains acteurs agressifs de la privatisation de l’enseignement ainsi que de l’optimisation fiscale sont reçus en grande pompe dans les palais ministériels et présidentiels français.


L’offensive dépasse le droit, et touche l’ensemble des techniques de domination théorisées par une ancienne candidate à la Présidence des Etats-Unis, Hillary Clinton, sous le nom de « smart power ». Elle fait apparaître les contours encore flous d’une entreprise globale de corruption dont le coup d’Etat réalisé en Ukraine, les opérations de déstabilisation engagées dans les Nations du Proche et du Moyen Orient, et qui n’épargnent pas les Nations européennes ( voir les campagnes d’agitation des banlieues orchestrées depuis l’Ambassade des Etats-Unis en France par M. Marc Rivlin, de 2009 à 2014 ) suggèrent l’ampleur. La campagne présidentielle américaine a fort heureusement permis d’éclairer le cœur du système entourant la Fondation Clinton, un système qui privatise les guerres et vend à la carte le renversement de régimes, la perversion de structures sociales et la destruction d’Etats qui s’opposent à la grande criminalité financière et industrielle. N’est-ce pas là la définition même de la corruption, telle que les Caton, Solon ou Lycurgue l’ont définie ? Ce capitalisme du chaos aura relégué aux antiquités les valises de billets, commissions occultes et autres procédés traditionnels de corruption, pour leur substituer l’action combien plus efficace d’une nébuleuse d’ONG, de Fondations, de think-tanks, qui dispensent bien plus que de l’argent ; de la bonne conscience et de la conformité. Et voilà comment le principe majoritaire est vidé de son sens par l’agitation de minorités agressives et manipulatrices, voilà pourquoi le multiculturalisme et les migrations de masse sont l’outil de destruction massive de l’unité des Nations et de leur capacité de résistance, voilà enfin comment l’hyperpuissance peut mobiliser les moyens de la propagande, du spectacle et des bons sentiments pour obtenir plus que l’obéissance, le consentement.    

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C’est ainsi que la France, que l’Europe, perdent les batailles qu’elles ne veulent pas livrer. Il est comique de voir le Parlement européen se mobiliser contre les agences de presse russes, certes actives, quand la presse française est saturée d’informations filtrées, orientées, ciblées par les Fondations, Ong, think tanks et agences de presse américaines, au point que l’intérêt national devient indiscernable, au point que l’idée même d’indépendance semble indécente. Et qui a parlé de résistance quand des importations américaines aussi étrangères aux traditions françaises qu’Halloween, le Black Friday ou le super Monday envahissent les écrans et les vitrines? Le consentement est le premier objectif du smart power, il annonce bien des défaites après des batailles qui ne seront pas livrées.


Une illustration parlante de la naïveté européenne à ce sujet est donnée par le débarquement de la « Responsabilité sociétale et environnementale » de l’entreprise, dite aussi RSE. Ce concept a été développé dans les années 1990 au sein de fondations et d’ONG diverses, majoritairement anglo-américaines, avec l’objectif explicite de remplacer l’obéissance à la loi par des déclarations publiques. Les multinationales américaines ont suivi avec enthousiasme un mécanisme relayé par les Nations Unies, qui donne lieu à une annexe au rapport annuel des entreprises, n’a pas de caractère contraignant et s’est imposé de manière virale sous la pression de centaines d’officines diverses, puis de directions ad hoc qui ont cette puissante motivation à agir ; justifier leur emploi. Dans la mesure où les critères retenus privilégient la vision américaine de la société comme agrégat de minorités, valorisent la diversité interne et le multiculturalisme. L’ensemble s’est déroulé dans l’inconscience totale des politiques de toutes tendances, et dans la sidération de dirigeants dont aucun n’a suggéré que des critères de responsabilité nationale et environnementale seraient plus adaptés, et plus démocratiques.


Face à cette offensive, des réactions se dessinent. La loi dite « Sapin 2 » devrait justifier auprès du juge américain d’une action résolue des autorités françaises contre les faits de corruption ; après sa validation probable par le Conseil constitutionnel, tout dépendra de son application effective par des tribunaux par ailleurs en manque criant de moyens, et par des services d’enquête spécialisés qui sont absents, ou absorbés par d’autres priorités. La norme ISO de prévention de la corruption, publiée à l’automne 2016, suscite l’intérêt de nombre d’entreprises, qui y voient notamment l’occasion d’une meilleure valorisation auprès des fonds d’investissement, un sujet auquel la BPI est aussi sensible. Le rapport Berger Lellouche, excellent par sa franchise et surprenant par les évolutions personnelles dont il témoigne, ne vaut que par les conséquences et les contre-mesures que le futur gouvernement voudra bien lui donner ; il est intéressant qu’il suggère une toute autre voie que celle de la soumission, celle de la confrontation. Si la France n’en a pas, ou plus, les moyens l’Union européenne les a. Les sanctions annoncées contre Apple et ses pratiques d’optimisation fiscale en Irlande par la Commissaire Margrete Verstaeger  montrent la voie d’une réaction européenne à ce qu’il faut bien appeler un détournement américain ; elle illustre une voie qu’ont emprunté, et suivi avec succès les Chinois, qui ont su faire comprendre aux Etats-Unis qu’il n’était pas question qu’ils fassent la loi à leurs entreprises. Quelques incarcérations justement calculées de dirigeants de sociétés américaines, quelques mesures de rétorsion à l’encontre des intérêts américains, et surtout, le classement de la comptabilité des entreprises en « secret d’Etat », dont la divulgation est passible de la peine de mort, ont été d’une efficacité certaine. L’Union européenne saura-t-elle suivre et amplifier l’action de la Commissaire, au moment même où la ratification du CETA (traité de libre échange avec le Canada ) ouvre le boulevard de l’arbitrage privé aux sociétés américaines, dont le négociateur européen semble avoir oublié qu’elles sont toutes présentes au Canada, de sorte que le CETA dispense du TTIP  - et aura les mêmes conséquences ; assurer la primauté des sociétés privées et des investisseurs sur les Nations et les Etats ?

Pour conclure…


Il est utile de clarifier la logique développée par les autorités américaines. Car elle est soutenue par la logique économique et financière ; que le monde serait plus simple si une seule loi s’appliquait partout ! Car elles excellent à répandre le dilemme ; nous, ou la Chine. Demain sans doute, c’est contre la montée en puissance des exigences chinoises, contre leurs propres règles du jeu et leur ingérence qu’il faudra se mobiliser, comme il faut se mobiliser contre tout universalisme qui prétend unifier le monde, et qui n’est que l’expression de provinces qui se prennent pour le monde.


Que valait Alcatel pour la Chine, que valait Alstom Energie pour la Chine ? Beaucoup sans doute, mais le débat n’est pas là. Il est que, Etats-Unis, Chine ou Touamotou en présence, les choix de la France soient les choix des Français, des choix qui servent l’intérêt de la France et des Français, d’eux seuls, d’eux d’abord. Et le débat est que, selon l’affirmation de Claude Lévi-Strauss, il n’est de barbares que ceux qui croient qu’il y a des barbares – et l’unilatéralisme américain nous fait plonger dans une nouvelle barbarie. Qu’est-ce que la civilisation, sinon l’apaisement des différences ?


Il faut chercher plus loin, et entrer dans l’évaluation des intérêts. La Chine a su fermer les portes au procureur américain. L’Inde, la Russie, font de même. Et les pays de l’Organisation de Coopération de Shanghai disposent de systèmes de compensation, de paiement et de règlement internationaux, et même d’un marché de l’or, totalement hors du dollar, du territoire américain, et de toute dépendance aux autorités américaines. La Russie impose que les hébergeurs de services en ligne traitant des données de citoyens russes disposent de serveurs localisés en Russie. Ce qui signifie qu’une entreprise peut travailler avec les deux tiers de la population mondiale et bientôt la moitié de l’économie mondiale, sans s’exposer au procureur américain. De sorte que le pari peut être pris ; combien d’années faut-il avant qu’une banque européenne, avant qu’une société du CAC40, avant qu’une PME « gazelle » fassent leur choix et, tout bien pesé et compté, décident de s’affranchir de tout lien avec les Etats-Unis, et de partir à la redécouverte du reste du monde ?  

  
L’issue du jeu de l’obéissance auquel l’ubris de l’hyperpuissance condamne les Etats-Unis est plus incertaine que jamais après l’élection de Donald Trump. Car se fait jour une toute autre perspective ; celle que les Etats-Unis mettent d’eux-mêmes fin à une politique de lutte anti-corruption que le candidat élu avait qualifié de « stupide et irréaliste » pendant sa campagne. Il restera alors aux Etats les plus agiles à démanteler des législations d’importation, et aux autres, à se draper dans une vertu outragée et déçue. A chacun de parier sur la position de la France. 

   Hervé Juvin,
   Essayiste et écrivain français,
   Président de NATPOL, «Sécurité des opérations, résilience des organisations, intelligence de la diversité »

mercredi, 07 juin 2017

Le retour du politique et des peuples souverains contre le néo-bolchevisme mondialiste

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Le retour du politique et des peuples souverains contre le néo-bolchevisme mondialiste

Date de publication: 15.12.2016

par Dario CITATI

Directeur du Programme de recherche "Eurasie" à l'Institut d'Etudes Géopolitiques de Rome

Ex: http://www.idc-europe.org

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais commencer mon intervention par une courte analyse du referendum italien pour dessiner les contours d’une analyse systémique sur l’état de lieux de la politique nationale des Pays occidentaux, tirer un bilan du passé récent et essayer d’identifier le prochaines étapes qui se profilent à l’horizon.

Comme vous le savez, le 4 décembre le peuple italien a voté « non » au referendum sur la Réforme constitutionnelle en Italie. Ce résultat a été justement appréhendé à l’étranger comme une votation allant au-delà de la question en elle-même de la Constitution et touchant le cœur de la politique nationale, avec des rebondissements importants au niveau européen. Le Président du Conseil Matteo Renzi a en fait résigné sa démission ouvrant une crise politique qui est toutefois terminée avec la formation d’un nouveau gouvernement, représentant de fait la continuation du précédent, quoique avec un nouveau Premier Ministre, Paolo Gentiloni, le très « renzien » ancien Ministre des Affaires Étrangères. Le scénario le plus probable maintenant est la continuation de ce gouvernement technique jusqu’en 2018, et seulement après l’approbation d’une nouvelle loi électorale il y aura des élections politiques.

Matteo Renzi a commis en effet une grave erreur pendant toute la campagne référendaire qui finalement l’a obligé a démissionner. D’un côté, il a toujours affirmé que le referendum ne concernait que l’architecture institutionnelle de l’Italie (avec la réduction du nombre des parlementaires, des fonctions nouvelles pour le Sénat italien, la simplification des mécanismes législatifs etc), en invitant justement à s’exprimer pour le « oui » tous ceux qui étaient, selon la propagande électorale, pour l’amélioration du système italien. De l’autre côté, toutefois, et d’une façon ouvertement contradictoire avec ce que je viens d’exposer, il a en même temps « personnalisé » le referendum en le transformant dans un test de confiance sur le gouvernement lui-même justement en promettant d’une manière solennelle que si le peuple italien refusait sa réforme il allait démissionner. N’oublions pas, d’ailleurs, que Matteo Renzi avait été nommé Premier Ministre en 2014 par le Président de la République après l’énième crise de gouvernement en Italie, et avec toute évidence il souhaitait que un résultat positif puisse représenter cette « légitimation démocratique » à l’action de son exécutif, qu’on lui reprochait de ne pas disposer justement parce que son gouvernement n’était pas issu d’une majorité parlementaire aux élections.

Cette erreur stratégique, ce mélange de langage institutionnel et  personnalisation, a bien couté la défaite à Renzi. La réforme en soi étant assez technique dans beaucoup d’aspects, le peuple italien avec une écrasante majorité (59% de « non ») a exprimé sa désapprobation envers Renzi en tant que Premier Ministre. Je ne vais pas parler ici de la réforme dans tous ses aspects, mais je peux vous donner quelques éléments concrets témoignant que ce projet n’était pas du tout une initiative à caractère purement « nationale ». Le projet de réforme prévoyait en effet un renforcement caché mais indubitable du rôle de l’Union Européenne à travers la modification de trois articles de la Constitution italienne: l’article 55, le 70 et le 117. Aux articles 55 et 70, lorsque en distinguait les matières conjointes sur lesquelles la Chambre des Députés et le Sénat auraient continué à s’exprimer ensemble, le projet de réforme prévoyait l’insertion de la formule suivante : « la fonction législative est exercée par les deux Chambres [sur un ensemble des thèmes limités parmi lesquelles] «l’actuation de normatives venant de l’Union Européenne ». Il s’agit d’une référence directe à l’UE qui était absente de la version précédente.

D’une manière encore plus explicite et directe, l’article 117 était censé avoir la suivante intégration : « le pouvoir législatif du Parlement italien est exercé par l’Etat central et par les Régions conformément à la Constitution italienne et aux obligations venant de l’Union Européenne» (en italien : « nel rispetto della Costituzione e dei vincoli derivanti dall’ordinamento dell’Unione Europea »). Le texte précédent – c’est-à-dire le texte actuel, la réforme ayant justement échoué – disait « conformément à la Constitution italienne et aux engagements internationaux de l’Italie », donc une référence très générale aux accords internationaux qui n’indiquait aucune « contrainte » spécifique. Or je ne suis pas un juriste, mais il me semble très clair que si cette réforme constitutionnelle avait été approuvée, les normes et les mesures de l’Union Européenne auraient été mises sur le même niveau des lois votées par le Parlement italien car cela serait écrit noir sur blanc dans la Constitution italienne.

Bien sûr, dans le débat publique l’on n’a pas touché directement ces points en particulier (bien au contraire, les promoteurs du référendum ont insisté sur le caractère strictement « italien », « national » de la réforme) mais justement grâce à la « personnalisation » de la consultation populaire, à laquelle j’ai fait référence précédemment, il a été possible de rassembler dans ce 59% de « non » les opposants à la réforme dans son ensemble, les mécontents du gouvernement Renzi, mais aussi les « eurosceptiques », c’est-à-dire ceux qui comprenaient que la réforme était aussi une ultérieure cession de souveraineté nationale.  

Or comment est-ce qu’on peut interpréter ce résultat italien sur le fond des événements récents de 2016 ?

S’il ne faut pas surévaluer ce résultat (n’étant pas un referendum sur l’Union Européenne), il ne fait pas de doute que la victoire du « non » en Italie s’insère dans le cadre de cette « révolte contre les élites » en cours dans tout l’Occident, dont les signes plus évident en 2016 ont été le Brexit, la victoire de Donald Trump, et en général la montée de ce qu’on appelle couramment « les forces populistes ». Il y a du moins trois thèmes en commun parmi les différents contextes: le premier, c’est l’opposition à l’immigration massive et le sursaut identitaire des peuples européens face à un phénomène de plus en plus difficile à gérer; le deuxième, c’est la méfiance à l’égard du modèle politico-économique dominant avec une croissance de la perspective « souverainiste », prônant un renforcement des Etat nationaux aussi bien sur le plan institutionnel (les processus décisionnels des organismes supranationaux étant mis sous question) que sur le plan économique, avec un retour d’idées plus ou moins « protectionnistes » ; troisièmement, la croissance d’un sentiment de révolte contre l’hégémonie culturelle du post-modernisme au nom des valeurs traditionnels (famille homme-femme, subsidiarité, sens de la communauté contre l’individualisme libérale).

Toutes ces positions ont aussi en commun la délégitimation totale, le discrédit publique que la plupart des médias leur a réservé. La campagne contre le Brexit au Royaume-Uni, la campagne contre Donald Trump et précédemment celle contre la Manif pour Tous ici en France ont été marquées par un discrédit total qui manifeste un appauvrissement de la culture politique générale, un nivèlement du débat publique au nom d’un progressisme qui n’admet pas de critiques. On peut affirmer que les grandes cultures politiques du XX siècle se sont égarées dans une amalgame postmoderne qui est à la fois floue dans ses contenus et agressive dans la déqualification des adversaires.

La culture de gauche  postsocialiste, par exemple, a de fait abandonné sa prétention de représenter les classes défavorisées, à cause aussi d’une certaine incapacité culturelle d’interpréter la complexité du contexte socio-économique de la globalisation, où le malaise social est transversal et l’on ne peut plus lire la réalité avec la catégorie quelque peu simpliste da la lutte de classe. Avec très peu d’exception la gauche a replié son activité sur les droits de l’homme, plus précisément sur les nouveaux présumés droits des minorités.

La culture libérale classique, quant à elle, a connue aussi une mutation intérieure, en perdant complètement sa connotation conservatrice. Dans la tradition libérale (et tout particulièrement dans le libéralisme anglo-saxon, qui représente peut-être le libéralisme par antonomase), le concept de liberté avait été toujours envisagé sous la forme de liberté économique, de soutien à l’esprit d’initiative privé contre le pouvoir excessif de l’Etat, mais cela n’impliquait aucunement une vision « libertaire » de la société dans son ensemble. Bien au contraire, si l’on pense aux derniers représentants politique de ce libéralisme anglo-saxon, Margaret Thatcher et Ronald Reagan, leur libéralisme économique s’accompagnait pour ainsi dire à une « vision musclée » de la société, à un certain conservatisme éthique.

À la suite de cette mutation, les partis de gauche et les partis libéraux participent aujourd’hui de ce nivèlement de la culture politique tournant autour des mêmes axes : le mythe du « migrant » (portes ouvertes à tout le monde en Europe), le mythe de l’égalité contre nature (mariage et adoption d’enfants pour les couples du même sexe) ; le mythe néo-panthéiste de l’écologie (défense des « droits » des animaux comme s’ils étaient des êtres rationnels et catastrophisme environnementaliste).

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Cette convergence entre libéralisme et gauchisme représente justement le point d’arrivé d’une mentalité  qui accuse de populisme toute forme d’opposition, et que je n’hésiterais pas à définir « néo-bolchevique ». Je dis cela avec référence directe à l’histoire du XXème siècle : en tant qu’historien spécialisé sur la Russie, j’ai eu occasion de consulter pas mal de sources, de témoignages littéraires et journalistiques de l’époque de la Révolution d’Octobre. Le volet le plus caractéristique de la mentalité révolutionnaire, c’était justement la déqualification totale de l’adversaire : les bolcheviques parlaient d’une « culture bourgeois » à détruire avec le même mépris avec lequel le discours officiel dit « modéré » jette son discrédit sur le « populisme ».

Si l’on devait résumer cette mentalité, peut-être rien ne la représente mieux qu’une phrase du Président sortant Barack Obama, prononcée en 2014 pendant la crise ukrainienne et répétée maintes fois dans les années suivantes. Pour critiquer la politique de Moscou, M. Obama avait affirmé que la Russie est « sur le mauvais côté de l’histoire » (Russia is on the wrong side of history). Cette esprit est la codification verbale de la polarisation absolue typique chez la mentalité bolchevique : nous, les porteurs du progrès, définissons le bien. Vous, les autres, n’avez pas droit de citoyenneté justement parce que vos positions se situent sur le mauvais côté de l’histoire. L’opposition massive à cet état d’esprit, légitimée par le vote démocratique, n’est pas seulement un retour des peuples sur la scène européenne mais constitue aussi un retour du politique, un enrichissement du débat publique dans chaque pays.

Néanmoins, rien ne serait plus erronée que de s’appuyer sur une vision manichéenne de la réalité, qui en fait ne serait qu’une reproduction du schématisme que je viens de critiquer. Comme le disait Joseph de Maistre, « une contre- révolution ne doit pas être une révolution contraire, mais le contraire d’une révolution ». Si donc la vision révolutionnaire et « néo-bolchevique » contemporaine se base sur la division entre noir et blanc, il ne faut pas céder à la tentation complotiste de voir un projet compact e coordonné de « nouvel ordre mondial » mis en question par un front souverainiste également unitaire qui dans chaque Pays européen partagerait les mêmes buts (immigration, économie, repositionnement géopolitique à l’égard de la Russie et des Etats-Unis, thèmes éthiques, etc.)

Bien au contraire, revenir à une perspective nationale et souveraine signifie aussi s’attendre à une rivalité ouverte entre nations, surtout sur le plan géopolitique. Par exemple, en Europe Orientale les pays du Groupe Visegrad – Pologne, Hongrie, République Tchèque, Slovaquie – sont aujourd’hui les plus critiques à l’égard de l’immigration massive et de l’idéologie du gendre promue par l’UE, mais aussi les plus étroits alliés des Etats-Unis et les plus méfiants à l’égard de la Russie. Cela démontre qu’on peut s’opposer durement à l’Union Européenne sur des sujets fondamentaux - sans pour autant prôner une vision géopolitique différente. Par ailleurs, pas mal de problèmes qui affectent le Proche-Orient sont le résultat d’une rivalité structurelle entre les Pays européens dans l’échiquier méditerranéen, par exemple entre la France et l’Italie en Lybie. L’éventuelle montée au pouvoir de forces souverainistes dans ces Pays n’annulerait pas cette rivalité. Si l’ennemi globaliste semble rassembler les peuples d'Europe dans un front commun, sur les thèmes concrets leurs choix et leur priorités vont être différents lors de la prise du pouvoir des forces souveranistes.

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Mesdames et Messieurs,

le 2017 va donc s’ouvrir sous le signe de la lutte. Les résultats les plus importants de ces derniers événements de 2016 – Brexit, Trump et la montée du souverainisme dans chaque pays – démontrent à mon avis que dans l’histoire rien n’est inéluctable, mais aussi que le travail est tout à faire. A cet égard j’aimerais bien conclure avec un exemple historique auquel je tiens beaucoup.

En 303 après Jésus Christ, l’empereur Dioclétien commençait la plus féroce persécution antichrétienne de l’histoire de l’Empire romain: recherchés, torturés, « jetés aux lions », les chrétiens étaient réduits à une petit groupuscule agonisant entre les années 303 et 305. Sans aucun doute, n’importe quel observateur contemporain de ces faits aurait dit que le christianisme n’était qu’une secte en cours de disparition et que l’Empire romain païen, tout en étant affligé par des tendances centrifuges, allait continuer à exister. Peut-être l’extinction des chrétiens aurait-elle été prévue par cet hypothétique observateur des événements du 303-305 avec la même certitude (voire avec un certitude supérieure) avec laquelle on nous a dit dans les années passées que l’idée de sortir de l’euro et de l’UE était quelque chose de complètement "anti-historique", un véritable tabou qu’une personne cultivée ne devrait même pas poser.

Mais voilà que dix ans après, en 313, un nouvel empereur, Constantin le Grand, renverse la situation – pour des raisons qui encore aujourd’hui n’ont pas été totalement décryptées – avec son Edit de Milan qui finalement  octroie la liberté religieuse pour les Chrétiens. Ce geste, que personne n’avait prévu ni pouvait absolument prévoir, est le point de départ d’un changement extraordinaire : de ce moment-là, les chrétiens augmentent de nombre, leur credo se répand dans toutes le couches de la société et après un siècle et demi l’Empire romain n’existe plus mais une nouvelle civilisation, qui à la fois est héritière de cet Empire et en rupture avec elle, va naitre sous le signe de la Croix et de l’Aigle Romaine. Toute l’histoire de la civilisation européenne aurait été complètement différente sans la détermination acharnée de ces chrétiens persécutés, qui n’ont jamais cessé de lutter et résister lorsque aucun espoir de victoire était prévisible, et qui ont bénéficié de l’Edit de Constantin juste au moment où cela était totalement inattendu.

Je pense en conclusion que ce fin 2016 représente une invitation à revenir un peu à cet « esprit constantinien », c’est-à-dire à une attitude qui se nourrit de confiante clairvoyance dans l’attente du futur et  en même temps de persévérance dans le combat à l’heure présente. En gardant bien sûr un esprit analytique et sans aucun fanatisme, les surprises de 2016 nous autorisent à hisser pour la nouvelle année cet esprit constantinien contre la présomption de croire qu’il y a un « bon coté de l’histoire », opposé au mauvais où nous serions plongés, vers lequel le coryphées du progrès de l’humanité – les bolcheviques d’hier et d’aujourd’hui – prétendent nous conduire.   

 

Saudi Arabia's doctrine of global Islamist terror

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Saudi Arabia's doctrine of global Islamist terror 

Much has been remarked about a picture taken by United States President Donald Trump on his recent visit to the Kingdom of Saudi Arabia. Alongside Trump, are the monarch of the Saudi state, King Salman bin Abdulaziz Al Saud and the Egyptian president, Abdel Fattah el-Sisi. All three men were captured placing their hands on a luminescent sphere. In the dimmed surroundings, the contrast between the set of glistening supraorbital ridges and pallid glow of fleshy cheeks on the one hand and the darkened, seemingly sunken eye sockets on the other produced an effect on each man's countenance that was both striking and startling.

If it reminded some of a pagan rite in which the participants were attempting to summon the forces of darkness, such an analogy would not be misplaced for it is an image which evokes the nature of the unholy alliance between the United States and the kingdom. Further, the fact that the event was held at an establishment which the Saudis name the 'Global Center for Combating Extremist Ideology' also captures the diabolical cynicism of the Saudi state whose Wahhabi ideology is the underpinning factor of the phenomenon of global jihadism. This puritan mutation of Islam serves as the inspiration for a network of extremist Sunni terror militias that includes al-Qaeda, the so-called Islamic State, Jabhat al-Nusra and Boko Haram.

The age-long rivalries and ancient hatreds which inform Saudi foreign policy; namely those related to regimes reflecting secular nationalist and pan-Arabist thinking as well as to Persian-majority Iran, the bastion of Shiadom, have produced a situation in which Saudi Arabian geo-political objectives coalesce with those of the United States and Israel. This has meant that the Saudis have been involved in both covert and overt efforts aimed at destabilisation and balkanisation in the Middle East and North African area and beyond; a central tactic that has involved the use of Wahhabist terror groups.

The rulers of Saudi Arabia, the oil rich kingdom situated on the Arabian peninsula, have for long seen themselves as being far more than the custodians of the holy relics of Islam. They have sought to be the undisputed leaders of the Arab and Muslim world; in the past battling with the secular, pan-Arab philosophy espoused by Gamal Abdel Nasser for the heart and soul of the Arab world, and, in more recent times, contending with Shi'ite Iran for regional influence.

However, this global scale reach for power and influence over a period of many decades has resulted in a state of affairs in regard to which the following inexorable conclusion cannot be avoided: that Saudi Arabia bears the greatest responsibility for the spread of militant Islamic ideology and remains the largest sponsor of Islamist terror groups.

A leaked email written by Hillary Clinton in January 2016 included an excerpt from a private speech she had made in 2013 in which she acknowledged that "the Saudis have exported more extreme ideology than any other place on earth over the course of the last 30 years." And a classified 2009 cable signed by Clinton while serving as US Secretary of State admitted that "Donors in Saudi Arabia constitute the most significant source of funding to Sunni terrorist groups worldwide."

In July of 2013, the European Parliament identified Wahhabism, the governing doctrine of Saudi Arabia, to be the main source of global terrorism.

The Wahhabist strain of Islamic theology lies at the heart of the creation of the Saudi state. Based on a demand that Muslims return to the pure and austere faith practiced by Prophet Muhammad and his early companions in Medina, Wahhabist-thinking rejected practices such as consuming tobacco, wearing silk clothes, the adorning of gold jewelry by men, and dancing to music. It forbade the building of gravestones and mausoleums or other edifices or practices which were viewed as encouraging idol and ancestor-worship; all of which detracted from complete subservience to God. It also considered the culture and philosophy accumulated by a thousand years of Muslim civilization to be heretical. This is known in Islamic parlance as Bid'ah.

The original followers of Ibn Abdel Wahhab were Bedouin folk who felt pride in an uncomplicated puritan mode of living which stood in satisfying contrast, as they saw it, to the decadent influences which permeated the practice of Islam among the more 'sophisticated' city dwellers in places such as Mecca and Basra. It was also a reaction against the opulent lifestyles of the Egyptian and Ottoman nobility.

The Wahhabist gospel preached a merciless creed of proselytizing via the sword. The takfiri doctrine designated as infidels not only those who were non-Muslim, but also Muslim adherents to the Shia and Sufi sects, and even Sunnis who did not fulfil to the letter, Wahhab's teachings. Those who did not adhere to his teachings effectively forfeited their right to their lives and to their property. He wrote the following:
Those who would not conform to this view should be killed, their wives and daughters violated, and their possessions confiscated
The relationship between the Sauds, a Bedouin clan, and Wahhabism go back to their antecedent Muhammad al Saud, a chieftain from the Nedj, a highland area of central Arabia. Al Saud combined his military prowess with the fervour engendered by Wahhbist thinking to create what is often referred to as the first Saudi state. Among his conquests were Mecca and Medina. The Shi'ite city of Karbala was also invaded and desecrated.

The license given to pillage outlying communities was an aspect of the Wahhabi doctrine which wedded with Bedouin culture. Saud showed no mercy as he went on to establish what came to be known as the Emirate of Diriyah until his defeat in 1818 by an Egyptian Expeditionary force sent by the Ottoman rulers who took him to Istanbul where he was beheaded in front of St. Sophia. His severed head was thrown into the Bosphorus.

However, the early part of the 20th century saw the beginning of the rise of another Saudi state under a young chief of the Saud clan named Abdelaziz. Utilising the services of a Bedouin cadre of pastoralised warriors known as the Ikhwan, Saud began a series of conquests over a period of several decades which covered much of the Arabian peninsula. The survivors of Ikhwan conquest were subjected to a political and social regime which strictly enforced the tenets of Wahhabism. Saudi expansion was limited largely by the colonial presence of the British who aided Abdelaziz in destroying the Ikhwan, elements of whom rebelled against what they saw as Abdelaziz's compromises with European infidels and the encroaching modern world fuelled by the discovery oil and its attendant wealth.

That is the history through which one can comprehend the motivation of groups such as Islamic State in destroying Roman architecture in Palmyra and of Boko Haram putting whole communities to death. Both groups have outraged the world with their treatment of females who have been subjected to concubinage and forced marriages; acts which amount to mass rape. Hostility to modern culture and its underpinning ideas are reflected in the name Boko Haram, a faux amis which stands for "Western education is a sin". It was given by Hausa-speaking residents of the area of north-eastern Nigeria from where the group originated.
 

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But how did the Wahhabist creed expand beyond the Arabian peninsula after the fall of the Ikhwan and the halt of the military advances of the clan of al Saud?

There are arguably two pivotal events which shaped the beginnings of what we now understand to be global jihadism. One concerns an anti-House of Saud insurrection in 1979, which is known as the 'Siege of Mecca'. It was led by a descendant of a prominent member of the Ikhwan. The other is the role played by Saudi Arabia as part of the anti-Soviet alliance in Afghanistan in the 1980s.
On November 20th 1979, the first day of a new Muslim century, hundreds of gunmen led by a preacher by the name of Juhaymon al-Otaybi seized control of the Grand Mosque in the holy city of Mecca. Otaybi declared that the Mahdi or "redeemer of Islam" had arrived in the form of one Mohammed Abdullah al-Qahtani.

Otaybi and his group of insurgents had the objective of overthrowing the House of Saud on the grounds that the rulers of the Saudi state had compromised the strict tenets of the Wahhabi creed which had been central to the formation of the country. They called for the expulsion of Westerners, the abolition of television and the ending of education for women. The siege lasted for two weeks. After obtaining the blessing of Wahhabi clerics, the Saudis used a detachment of French special forces to enter the Grand Mosque and flush out the rebels.

But it all came at a price. Following consultations with the class of influential fundamentalist clerics, many of whom agreed with the grievances of the rebels, the Saudis set about 'correcting' those areas where 'liberalisation' had strayed beyond acceptable limits including the media and the school curriculum. The clerics also extracted from the Saudis a commitment to pumping money into the coffers of Sunni missionary organisations with the objective of spreading the Wahhabist doctrine in Islamic universities and madrassas around the Muslim world. It is a policy which became institutionalised and continues to this day.

The Soviet invasion of Afghanistan, occurring like the siege of Mecca in 1979, was the second critical event. The outrage felt by the Muslim world included the declaration of a fatwa by Abdelaziz Bin Baz, who later became the Grand Mufti of Saudi Arabia. The rulers of Saudi Arabia then became involved with 'Operation Cyclone', one of the longest and most expensive covert operations undertaken by the American Central Intelligence Agency (CIA).

Masterminded by Zbigniew Brzezinski, the US National Security Advisor during the administration of President Jimmy Carter, the Saudis provided a large amount of funding for the local Mujahideen as well as the bands of non-Afghan jihadis who flocked in from parts of the Muslim world. Among the multi-ethnic force of migrant warriors, the so-called 'Afghan Arabs', was a young, wealthy Saudi Arabian named Osama bin Laden.

It is from this endeavour overseen by the Americans and heavily funded by the Saudis that the rise of al Qaeda and global jihadism can be traced. The template of Operation Cyclone would be used by the Americans with the aid of the Saudis in future conflicts ranging from the one in Bosnia and Kosovo to the present insurrection in Syria. While funding has come from state and private sources among the Gulf states including Qatar, a country with which the Saudis have a rivalry over dominance in the Sunni world, it is safe to assume that the bulk of financing has come from Saudi sources.

A well-worn method of funnelling money and weapons to jihadist causes is through a network of Saudi-sponsored 'charities'. It is estimated that the Saudis funded the Bosnian Mujahideen to the tune of approximately $150 million from both state and private sources. The Saudi government was reputed to be the largest donor to the Third World Relief Agency (TWRA), which served as a conduit for both finance and arms for the Mujahideen, an arrangement which broke an arms embargo.

Saudi funding for militant Islamist groups continued into the era of the so-called war on terror commenced after the September 11 attacks on American soil by what were claimed to be al-Qaeda cells. Most of the alleged 19 hijackers were identified as Saudi citizens although confusion over the identity of a number of them persists until this day.

While the United States claimed that it would wage war against Sunni Islamist groups of the sort that are claimed to have carried out the terror attacks in the name of al-Qaeda, this has not prevented it from utilizing such groups in attempting to overthrow secular Arab governments who have stood in opposition to American policy. This has invariably been pursued with the help of Saudi Arabia.
The administration of President George Bush recalibrated its policy in providing support to Sunni militant groups in achieving the end of overthrowing the Alawite-dominated government of Syria, with the Saudis playing a key role. Writing about this 're-direction' in the March 2007 edition of the New Yorker magazine, Seymour Hersh gave the following explanation of how Washington would put pressure on Hezbollah through the use of militant Lebanese Sunni groups:
In Lebanon, the Administration has cooperated with Saudi Arabia's government, which is Sunni, in clandestine operations that are intended to weaken Hezbollah, the Shi'ite organisation that is backed by Iran. The US has also taken part in clandestine operations aimed at Iran and its ally Syria. A by-product of these activities has been the bolstering of Sunni extremist groups that espouse a militant vision of Islam and are hostile to America and sympathetic to al-Qaeda.
Four years later, this strategy would be taken to another level on Syrian soil under cover of the so-called 'Arab Spring'. The introduction of armed jihadist mercenaries to act in concert with homegrown anti-Assad militias, the majority of which have a jihadist agenda, has produced an insurgency which has caused the deaths of hundreds of thousands and left millions internally and externally displaced.

The Saudis have continued to feature in exposes relating to the funding of these rebels. For instance, the British Daily Telegraph edition of March 8th 2013 reported an airlift of arms through Zagreb destined for Syrian rebels. According to the report, "the shipments were allegedly paid for by Saudi Arabia at the bidding of the United States, with assistance on supplying the weapons organised through Turkey and Jordan, Syria's neighbours."
 

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An earlier report in the New York Times of 25 February 2013 headlined "Saudis Step Up Help for Rebels in Syria With Croatian Arms" was more definitive about Saudi involvement:
Saudi Arabia has financed a large purchase of infantry weapons from Croatia and quietly funneled them to antigovernment fighters in Syria in a drive to break the bloody stalemate that has allowed President Bashar al-Assad to cling to power, according to American and Western officials familiar with the purchases
This was not an isolated episode. In addition to the aforementioned leaked emails of Hillary Clinton, in another communication dated in 2014, Clinton cited Western intelligence sources as asserting that United States allies Saudi Arabia and Qatar supported ISIS. She wrote:
We need to use our diplomatic and more traditional intelligence assets to bring pressure on the governments of Qatar and Saudi Arabia, which are providing clandestine financial and logistical support to ISIL and other radical Sunni groups in the region
But Clinton is not the only senior American political figure to have alluded to Saudi financing of the terror militias in Syria. Referring to "our allies in the region" in regard to which he specifically mentioned "the Saudis", the then serving US Vice President Joe Biden, in a speech at the John Kennedy School of Government at Harvard University in October 2014, revealed the following:
They were so determined to take down Assad and essentially have a proxy Sunni-Shia war. What did they do? They poured hundreds of millions dollars and thousands of tons of weapons into anyone who would fight against Assad. Except that the people who were being supplied were al-Nusra and al-Qaeda and the extremist elements of jihadis coming from other parts of the world
The Saudis have also not been averse to directing the machineries of internal control to serve as instruments of state terror as relates to the actions taken against Shia dissenters in Qatif, a governorate within the largely Shia eastern province. Its military have also undertaken brutal interventions in neighbouring countries. It invaded Shia-majority Bahrain in 2011 to suppress demonstrations by those opposed to the rule of the Sunni al-Khalifa family.

The actions of the Saudi military in its current intervention in Yemen -albeit as part of a coalition of Arab and African states- is not premised as an operation of benevolent peacekeeping. While fighting against the Shia Houthi rebels, who Saudi Arabia claim -without providing evidence- are being aided by Iran, the Saudi military has implemented a campaign of terror directed at the civilian population. This has included airstrikes on residential complexes and market places as well as the deliberate destruction of infrastructure: health centres, farms and agricultural industry.

These all amount to war crimes. The Saudis are signatories to the additional protocol of the Geneva Conventions of August 1949 which provides the following:
It is prohibited to attack, destroy, remove or render useless objects indispensable to the survival of the civilian population such as foodstuffs, crops, livestock...for the specific purpose of denying them for their sustenance value to the civilian population...whatever the motive...
Saudi actions have led to what a top United Nations relief official described as a "humanitarian catastrophe". A United Nations News Service report in July 2015 noted that eighty percent of the total Yemeni population of 26 million were in need of some form of humanitarian assistance. The threat of long-term famine is a real one.

It is important to note that the Saudi role in fomenting terrorism by waging proxy wars or interventionist wars of the sort that Yemen is, has continually been facilitated by Western powers, most notably Britain and the United States. British arms supplies and British military advisers are key components in this war. Both the CIA and MI6 were central in facilitating the transaction involving the previously mentioned airlift of arms from Zagreb to Syrian rebels in their efforts to overthrow Assad; an endeavour which according to Roland Dumas, a former French foreign minister was planned years in advance, with key input by Britain.

Saudi collusion with Nato powers fits into the historical context of Western use of militant Islam in the furtherance of geo-political objectives. Both the United States and Britain have had an enduring relationship with extremist Islamist movements and militias including the Egyptian-originated Muslim Brotherhood. For the Americans, this goes back to at least the time of the Eisenhower administration in the 1950s while Britain's relations with the Brotherhood go further back in time to the period following its creation in the late 1920s.

Britain's specific relationship with the ruling House of Saud has been a long-lasting one. In the early part of the 20th century, the resurgent Saudi emirate was used by the British as a means of weakening Ottoman power in the Arabian Peninsula despite Winston Churchill's misgivings about Ibn Saud's followers being "bloodthirsty" and "intolerant". The logic that Saudi Arabia is a worthy ally because of its oil wealth and geo-strategic position is one which underpins its relations with Britain.
 
This also applies to the United States. The assessment by British policymakers in 1947 of Saudi oil as "a vital prize for any power interested in world influence or domination" captures the essence of America's ties with the Saudi kingdom.

The relationship between both nations, one self-avowedly democratic and republican and the other an absolute monarchy, steeped in medieval-era feudalism, is one which is riddled with contradiction and hypocrisy.
 

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At its heart is the supply of Saudi oil which President Franklin Roosevelt explained would be the determining factor in shaping the alliance. It is one which is predicated on a series of Faustian-like bargains. In 1971, with the aim of propping up the faltering dollar after taking the United States off the gold standard, President Richard Nixon negotiated a deal whereby the United States would guarantee to militarily protect the Saudis in return for the Saudis guaranteeing the sale of the oil they produce in US dollars. The aim of this pact is to assure the survivability of the US dollar as the world's dominant reserve currency.

The relationship has evolved to encompass collusion in the arming and training of jihadi militias pursuant to each country's hegemonic objectives: for the Americans global economic and military dominance and for the Saudis, dominance in the Arab and Muslim world.

The question of terrorism has at various junctures served to complicate Saudi relations with both America and Britain. For instance, in 2016, the Saudis threatened to dump billions of United States assets in retribution if a bill by American lawmakers holding Saudi Arabia responsible for the September 11th terror attacks was passed. It stemmed from the revelation that 28 pages had been redacted from a report on the atrocity.

In the case of Britain, a long-term supplier of arms and who like the Americans have played a key part in training the National Guard, the issue arose when the Saudis threatened to withdraw from security cooperation with British intelligence agencies over a decision by the Serious Fraud Office (SFO) to commence an investigation into allegations of bribery involving members of the Saudi royal family and government officials in an arms deal between BAE Systems and the Saudi government.

After pressure from the highest levels of the government of Tony Blair, the investigation was discontinued. A subsequent judicial review by the highest court in Britain accepted the argument by the government that the threat issued by the Saudis, which the British government claimed would have led to an increased threat of terrorism in Britain was a relevant consideration to be taken into account by the head of the SFO in making the decision to abort the investigation.

Court papers revealed that the rulers of Saudi Arabia had threatened to make it easier to attack London unless the inquiry was stopped. Secret files described how investigators were told that Britain would be faced with "another 7/7" and the loss of "British lives on British streets" if the investigation was not discontinued. The threats to withhold information related to potential suicide bombers and terrorists were claimed to have been made by Prince Bandar, when head of the Saudi National Security Council, on a visit to London in December of 2006.

The irony was that Tony Blair, to whom Bandar must have voiced such threats, had five years earlier described Saudi Arabia as "a good friend in the international coalition against terrorism".

This hypocritical disconnect from reality has for long typified the Western relationship with the Saudis. Blair's predecessor, Margaret Thatcher once claimed that the Saudis "never used arms irresponsibly"; a statement which jars today given the use of British-supplied arms by the Saudi military in the present conflict in Yemen. Thatcher's 1981 declaration that "the hearts of the free world" were with the Afghan Mujahideen must also rankle those aware of the mutation of several of its component parts into al-Qaeda and the Taliban.

The frequent claims by contemporary British and American political and military leaders that Iran is the "the world's biggest sponsor of terrorism" does not stand to scrutiny. All the major acts of terror carried out in the West in the name of Islam have emanated from Sunni and not Shia militants. It is a bias which extends to criticisms leveled at Iran's electoral process while Western politicians say little or nothing about the lack of democratic institutions in Saudi society.

Saudi Arabia's quest for dominance in the Muslim and Arab world is not based on spreading enlightened values. There are no features in its society which would for instance encourage movements designed to develop civil society or the intellectual critique of episodes in Muslim and Arab history as pertain to the issues of slavery and genocide. Its human rights failings are well documented and the problems of discrimination in relation to the ceiling faced by female, Shia and black Saudi citizens remain largely unaddressed.

It is clear that the "shared interests and values" claimed by Donald Trump on his recent visit to Saudi Arabia to be at the basis of the partnership between the Americans and the Saudis are not predicated on what could be termed universal moral and ethical standards of behaviour. It is a partnership which is primarily based on the determined acquisition of power and domination which has been guided by an ends justifies the means ethos.

This in the final analysis is the reason why Saudi Arabia, with the complicity of its Western backers, will not escape history's judgement as the greatest purveyor of fundamentalist-based Islamic terror.

Un pequeño gigante: el peso de Catar en el juego geopolítico

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Un pequeño gigante: el peso de Catar en el juego geopolítico

El cisma diplomático entre Catar y sus vecinos ha puesto al descubierto las profundas diferencias existentes entre las monarquías del golfo Pérsico. No obstante, Catar es hoy el mayor productor de gas natural licuado del mundo, cuenta con uno de los mayores índices de PIB per cápita y acoge la mayor base militar estadounidense en Oriente Próximo.

 
El conflicto entre Doha y otras naciones vecinas se desató después de que la agencia de noticias catarí QNA difundiera unas declaraciones atribuidas al emir de Catar, en las que se mostraba a favor de normalizar las relaciones con Irán, país chií, y el mayor contrincante de Arabia Saudí en la región.

En este contexto, el peso geopolítico de Catar es difícil de subestimar. Con una población de cerca de 2 millones de personas —de las cuales solo 270.000 tiene la nacionalidad catarí—, el pequeño emirato cuenta con uno de los mayores índices de PIB per cápita del mundo, superando a países como Suiza, Singapur o EEUU.

Catar acoge además la base aérea estadounidense de Al Udeid, ubicada a tan solo 32 kilómetros al suroeste de Doha, la capital del emirato. Esta base es también la sede del Comando Central de las Fuerzas Aéreas de los Estados Unidos (AFCENT) y del Grupo Expedicionario 83 de la Fuerza Aérea de Reino Unido, que cubren y supervisan las operaciones de ambos países en todo Oriente Próximo.

En términos económicos, el pequeño emirato destaca por ser el mayor productor y exportador de gas natural licuado (GNL) del mundo. Según las últimas estimaciones del Grupo Internacional de Importadores de GNL, Doha es responsable de cerca del 30% de la producción global y tiene a países como Japón, Corea del Sur, India, China o Reino Unido entre sus principales clientes.

La japonesa JERA Co. —la mayor importadora de GNL a nivel mundial— informó de que había recibido una notificación de la productora Qatargas en la que se aseguraba que las fricciones diplomáticas con sus vecinos no tendrán impacto alguno en los suministros de gas.

En abril de 2017, Catar suspendió el desarrollo del que iba a ser el campo de extracción de gas natural más grande del mundo, en previsión de un aumento de la competencia en el futuro. El mercado del gas natural está pasando por un período de grandes transformaciones provocadas por el incremento de la oferta, sobre todo la proveniente de EEUU y Australia, donde se ha desarrollado toda una industria de extracción mediante la fracturación hidráulica —'fracking', en inglés—.

Para diversificar los ingresos del país y gestionar el superávit generado por la extracción de hidrocarburos, el emir de Catar, Tamim bin Hamad Thani, fundó en 2005 Qatar Investment Authority (QIA), que con el tiempo se convirtió en uno de los mayores fondos soberanos de inversión del mundo. Sus activos suman un valor estimado de 335.000 millones de dólares.

El abanico de inversiones de QIA por todo el mundo es bastante amplio, con participaciones significativas en gigantes que van desde Volkswagen, Rosneft, Barclays, Credit Suisse y Deutsche Bank hasta Valentino Fashion Group y Tiffany, entre otros. Además, posee el 100% del actual campeón de la liga francesa, el club de fútbol París Saint-Germain, algo que ha convertido a esta entidad en la más rica de Francia y una de las más ricas del mundo.

De hecho, a finales de 2010, Catar fue elegido como país anfitrión del campeonato mundial de fútbol de 2022. Entre sus rivales para acoger el certamen se encontraban naciones como Australia, EEUU, Corea del Sur y Japón. Desde entonces, el pequeño emirato ha invertido unos 200.000 millones de dólares en mejorar sus infraestructuras.

Otro de los recursos con los que cuenta el país es la emisora Al Jazeera, que llega a más de 270 millones de hogares y es la mayor cadena de noticias del mundo árabe. Además, la compañía de transporte aéreo Qatar Airways, con una flota de más de 100 aviones y con rutas a un centenar de destinos, ha sido considerada la segunda mejor aerolínea de 2016 en los premios Skytrax World Airline.

La caída de precios de los hidrocarburos y de sus bonos soberanos tras la ruptura con sus vecinos seguramente provocará que el país tenga que gastar más a la hora de financiarse, algo que podría ralentizar la ejecución de diversos proyectos.

Dado que los diferentes Estados del golfo Pérsico dependen básicamente de las exportaciones de petróleo y gas, apenas tienen relaciones comerciales o de inversión entre sí. Por lo tanto, las disputas difícilmente tengan un gran impacto para Doha. Emiratos Árabes Unidos es el mayor socio comercial de Catar en la región, pero solo el quinto más importante a nivel global.

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Pourquoi la rupture entre le Qatar et l'Arabie saoudite?

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Pourquoi la rupture entre le Qatar et l'Arabie saoudite?

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Plutôt que de rupture, certains parleront de début de rupture. Mais cet événement, publiquement annoncé le 5 juin, est si surprenant qu'il mérite quelques tentatives d'éclaircissement.
 
Jusqu'ici l'Emirat du Qatar et le Royaume saoudien paraissaient partager suffisamment d'intérêts pour faire cause commune dans les évènements qui continuent à bouleverser le Moyen-Orient. Certes leurs intérêts n'excluaient pas rivalités et divergences, mais dans l'ensemble ils avaient présenté un front uni.

Néanmoins, le 5 juin, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont rompu leurs relations avec l'émirat, l'accusant de déstabiliser la région et de soutenir le « terrorisme ». Bahreïn, ainsi que l'Egypte, très dépendante des financements saoudiens, ont suivi. Le Qatar a également été exclu de la coalition militaire arabe qui intervient depuis deux ans au Yémen, sous commandement saoudien. Proches de Riyad, le gouvernement yéménite en exil de Abd Rabbo Mansour Hadi et celui de l'est de la Libye, basé à Baïda, ont pris la même position.

C'est la plus grave crise frappant le Conseil de coopération du Golfe (CCG : Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar), depuis sa création en 1981. La raison de cette brouille sont des déclarations attribuées par l'agence de presse qatarie, QNA, à Tamim Ben Hamad Al-Thani, émir du Qatar depuis 2013, qualifiant l'Iran de « puissance islamique régionale qui ne peut pas être ignorée », et conférant le statut de « mouvements de résistance légitimes » au Hamas, ainsi qu'au Hezbollah.

Ces propos ont été considérés par Riyad comme une trahison alors que quelques jours auparavant, au sommet rassemblant une cinquantaine de pays arabes, Donald Trump avait annoncé renoncer à toute ouverture à l'égard de l'Iran, tenant même des propos paraissant inciter les pays arabes à des actions militaires contre ce dernier. L'Arabie saoudite qui considère par ailleurs le Hezbollah et le Hamas comme des organisations terroristes, a toujours vu avec hostilité la proximité du Qatar avec eux.

Il est certain que le Qatar héberge des représentants du Hamas, comme Khaled Mechaal, ex-chef de son bureau politique. De même, il s'est toujours comporté en soutien financier et diplomatique des Frères musulmans. Ce qui demeure de la confrérie entretient des liens multiples avec des mouvements terroristes désormais considérés, notamment en Égypte, comme multipliant les agressions contre les forces du régime d'Al Sissi.

L'Arabie saoudite et les Emirats redoutent par ailleurs l'influence des islamistes actifs au Qatar sur leur opinion publique et celles des pays occidentaux. Ceci d'autant plus que Doha, très riche capitale du Qatar, a accepté de communiquer avec les talibans afghans, ainsi qu'avec les djihadistes syriens du Front Al-Nosra.

Le Qatar a rejeté les déclarations prêtées à son émir, affirmant qu'elles avaient été fabriquées de toutes pièces, à la suite du piratage de son agence de presse. Mais sans effets. Les accusations les plus variées ont été proférées, qualifiant le Qatar d'agent de l'Iran, de pyromane, de traitre aux deux visages. On a prétendu que Doha soutiendrait les milices houthistes pro-iraniennes au Yémen ou bien les mouvements de protestations chiites dans la province orientale d'Arabie saoudite.

Il est certain que le Qatar éprouve des inquiétudes au regard des campagnes anti-iraniennes encouragées par Rihad et par Donald Trump. La principauté partage en effet avec l'Iran le gisement gazier offshore le plus grand au monde, le South Pars / North Dome, situé à cheval entre les eaux territoriales de l'Iran et du Qatar. Elles partagent aussi les revenus considérables en découlant. Doha ne peut pas se permettre de couper les ponts avec Téhéran.

A l'inverse, confrontée à la rentrée de Téhéran dans le jeu international, la monarchie saoudienne s'effraie de la concurrence en résultant pour elle. De plus, comme Abou Dhabi, elle n'apprécie pas que le Qatar , en concurrence avec Dubaï, au sein des EAU, développe une politique de bonnes relations tapageuses avec l'Occident, et notamment l'Europe et la France faite d'investissements dans le sport, la culture et le divertissement, dont le Mondial 2022, organisé à Doha, doit être le produit phare.

Par ailleurs, le pouvoir saoudien supporte mal l'audience prises dans le monde entier par les médias pro-Qatar, notamment Al-Jazeera. Celle-ci est désormais interdite en Arabie saoudite et aux Emirats.

Unis dans le soutien au terrorisme islamique

Jusqu'où ira la rupture entre Arabie saoudite et Qatar? Moins loin sans doute qu'il ne semble. Les deux pays sont très proches sur deux points. Ils sont tous deux pénétrés par la version la plus extrême de l'Islam, un sunnisme très pénétré de salafisme. Par ailleurs, ouvertement ou plus discrètement, ils n'ont cessé de financer des mouvements et des groupes armés en guerre contre les Etats chiites, le plus éminent étant l'Iran, contre la Russie qui soutient ces derniers et finalement contre l'Occident. Ce sont ces groupes qui ont mené depuis des mois des campagnes d'attentats terroristes dans le monde. Pour les spécialistes de l'anti-terrorisme, il n'est pas possible d'ignorer que l'Arabie et le Qatar ont toujours encouragé, de façon ouverte ou occulte, les mouvements arabes les plus violents.

Ainsi l'Arabie malgré les accusations de terrorisme qu'elle profère à l'égard du Qatar, ne peut faire oublier qu'elle assure, bien plus que que ce dernier, notamment dans les villes européennes, la création de mosquées salafistes peuplées d'imams prêchant la guerre sainte à l'encontre de la « civilisation occidentale ». Il s'agit de lieux où se recrutent dorénavant les candidats aux attentats terroristes comme ceux dont le Royaume uni vient d'être la victime.

Teresa May à Londres vient d'affirmer qu'il serait temps de renoncer à la complaisance vis-à-vis de l'islamisme encouragé par le communautarisme présent en Grande Bretagne. Mais on n'imagine pas que ce pays, comme d'ailleurs les autres Etats européens, renoncent aux pétro-dollars déversés tant par Rihad que par Doha. L'Arabie saoudite et le Qatar resteront donc longtemps unis de facto dans le soutien à l'islamisme et la haine à l'encontre de tout ce qui n'est pas le sunnisme salafiste. Ils continueront aussi à recevoir avec le même faste des chefs d'Etat européens empressés d'obtenir des contrats majestueux. La France ne fait pas exception.

Note.

Les interdictions de survol notifiés à Qatar Airways devraient en principe handicaper les finances de cette Compagnie. Air France ne s'en plaindra pas, ayant souffert depuis quelques années de la conception curieuse de la concurrence qu'imposait ladite Qatar Airways...Il est vrai face à des gouvernements européens qui n'osaient pas réagir.
Pour ceux-ci aujourd'hui, le bon réflexe serait de laisser sans intervenir l'Arabie et le Qatar se battre entre eux. Plus ils se feront de mal, mieux les Européens s'en porteront.