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dimanche, 02 décembre 2012

Le grand chemin vers Jérusalem : le Hamas trahit l’Iran et la Syrie

Le grand chemin vers Jérusalem : le Hamas trahit l’Iran et la Syrie

par Fida DAKROUB

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

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Lorsque l’émir du Qatar, Hamad, fut arrivé à Gaza, à la tête d’une importante délégation comprenant son épouse, Moza, et son premier ministre, Hamad – celui-ci un cheikh non pas un émir –, il fut accueilli par le chef du gouvernement du Hamas, Ismaïl Haniyeh, qui eut organisé une cérémonie officielle grandiose pour l’occasion. Les deux hommes se tinrent côte à côte pendant que les hymnes nationaux palestinien et qatari furent joués. Certainement, un tapis rouge eut été déployé en son honneur ; et l’émir fut ensuite accueilli par un parterre de responsables du Hamas, dont les ministres du gouvernement de Gaza et un dirigeant en exil du mouvement, Saleh Arouri, venu dans le territoire palestinien pour cette occasion très glorieuse [1].

En plus, monsieur Taher al-Nounou, le porte-parole du chef du gouvernement du Hamas à Gaza, qui eût avalé sa langue en récitant les allégeances à son nouvel émir, déclara que cette visite avait une grande signification politique parce que c’était le premier dirigeant arabe – plutôt « arabique » selon notre nomenclature [2] – à briser le blocus politique [3].

Des fusées d’allégresse furent tirées, évidemment, dans le ciel de la bande de Gaza, assiégée, depuis un millénaire et quelque, par la soldatesque israélienne et la trahison arabe.

Dans les rues, des milliers de drapeaux palestiniens et qataris furent accrochés, ainsi que des photos géantes du cheikh Hamad : « Merci au Qatar qui tient ses promesses » (sic.) ; ou « Bienvenue » pouvait-on lire sur des panneaux le long de la route Salaheddine, qui parcourait le territoire palestinien du nord au sud.

L’émir a accepté d’augmenter l’investissement du Qatar de 254 à 400 millions de dollars, déclara monsieur Haniyeh, lors d’une cérémonie à Khan Younès, en présence de cheikh Hamad, pour poser la première pierre d’un projet de logements destinés à des familles palestiniennes défavorisées, qui porterait aussi le nom de son Allégresse : Hamad ou l’émir du Qatar.

Cette omniprésence de son Allégresse qui précéda l’opération militaire israélienne baptisée « pilier de défense », cette précipitation subite de l’influence qatarie à Gaza, cette extase des chefs du Hamas au point de passage de Rafah, touchés par le Saint-Esprit du despotisme obscurantiste arabique, cette montée de l’émir pendant qu’il descendait, cette apparition pendant qu’il se cachait, ce silence pendant qu’il parlait, ce bruit pendant qu’il se taisait n’étaient pas un privilège de sa nature, comme le proclamaient l’émir et ses adulateurs, ni une hallucination collective, comme l’affirmaient ses détracteurs, non, simplement un faux calcul de la part des chefs du Hamas au lendemain de leur trahison ignoble envers la Syrie et l’Iran.

La trahison du Hamas envers la Syrie et l’Iran

Avant toute chose, ce qui manquait aux médias « résistants » pendant le dernier cycle de violences à Gaza, c’était le courage ! Non celui d’insulter leur « ennemi », ici Israël, mais bien plutôt le courage de décortiquer le soi-disant « allié » quand il se fut transformé en Dalila, et « l’alliance » avec lui en la chevelure convoitée de Samson [4]. C’est ce que les médias libellés « résistants » n’osèrent pas faire en réaction de la trahison du Hamas envers la Syrie et l’Iran.

D’ailleurs, loin des fracas des obus et des missiles tirés des deux côtés, une question très simple s’imposa dès le premier jour des opérations militaires à Gaza, sur laquelle ni les médias arabes « résistants » ni ceux d’Israël n’eurent pas la « générosité » d’y répondre : Quelle mouche piqua le premier ministre israélien, monsieur Netanyahou, pour qu’il donne le feu vert à une opération militaire ? La simplicité d’une telle question, au point de départ, n’exclut pas une certaine difficulté à répondre, au point d’arrivée ; et par « répondre », nous n’attendons pas, évidemment, un tel ou tel brouhaha médiatique qui ne sert ni à présenter les faits objectifs d’une telle opération ni à « répondre » à la question ci-devant. Autrement dit, tout ce que l’on eut dit, tout ce que l’on eut publié, que ça fût par les médias israéliens ou par leurs « ennemis », les médias « résistants », ne constitua, du point de vue de l’analyse de discours, aucune matière analytique des faits objectifs menant à l’opération « pilier de défense » ; et la seule synthèse à tirer des deux discours, israélien et « résistant », c’est que les deux groupes eurent bien maîtrisé, pendant le déroulement des opérations militaires, l’art de la propagande !

En effet, dès le début de la campagne impérialiste contre la Syrie, en mars 2011, le Hamas prit le camp de la soi-disant « révolution syrienne », voire de la guerre impérialiste contre la Syrie ; justifiant le « déplacement du fusil d’une épaule à l’autre », selon une expression libanaise, comme « soumission à la volonté des peuples arabes » en plein printemps des Arabes [5].

Il suffit de faire le parallèle avec la visite du premier ministre du mouvement islamiste palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, au Caire, le 24 février 2012, lorsqu’il eut salué ce qu’il appela « la quête du peuple syrien pour la liberté et la démocratie [6] » (sic.).

« Je salue le peuple héroïque de Syrie qui aspire à la liberté, la démocratie et la réforme », déclara monsieur Haniyeh devant une foule de partisans réunis dans la mosquée d’Al-Azhar, pour un rassemblement consacré à « soutenir » (sic.) la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem, et le peuple syrien [7].

Il est intéressant de savoir aussi que la première visite officielle du premier ministre Haniyeh, hors du Gaza, fut pour les Frères Musulmans, dans leur quartier général de Moqattam au Caire, où il commenta que le Hamas était « un mouvement jihadiste des Frères musulmans avec un visage palestinien ».

Monsieur Haniyeh parlait devant une foule de partisans des Frères musulmans qui scandaient « Ni Iran ni Hezbollha » ; « Syrie islamique » ; « Dégage, Bachar, dégage espèce de boucher », tandis que sa Sainteté, monsieur Haniyeh, restait de marbre [8].

Ismaïl Haniyeh (à droite), chef du gouvernement du Hamas, avec le président du mouvement des Frères musulmans, Mohammed Badie, au Caire

D’ailleurs, il faut noter que le Hamas n’est pas seulement un mouvement islamiste palestinien, mais il est aussi issu d’une idéologie précise, celle des Frères musulmans, pires ennemis du pouvoir politique en Syrie. Ses trois fondateurs, Ahmed Yassin, Abdel-Aziz al-Rantissi et Mohammed Taha, étaient aussi issus des Frères musulmans ; ce qui explique la raison pour laquelle les chefs du Hamas se sont tournés contre le président syrien Bachar al-Assad, supporteur historique de la cause palestinienne, après qu’ils avaient reçu pendant de nombreuses années le soutien du pouvoir en Syrie face à Israël, pour se tourner brusquement 180°, pour se positionner dans le camp opposé à Damas, pour la trahir en prenant partie du camp de la Turquie, de l’Égypte et des émirats et sultanats arabiques du golfe Persique, pour se mettre en contradiction avec « l’axe-de-résistance », ou l’Arc chiite, selon la nomenclature de la réaction arabique et de l’impérialisme mondial.

Le Hamas sur le chemin d’un accord Oslo 2

Avant toute chose et selon Amos Harel, un analyste du quotidien israélien Haaretz, dès le début de l’opération militaire israélienne à Gaza, ni le Hamas ni Israël n’avaient intérêt à vagabonder dans une confrontation militaire prolongée, ni à s’engager dans une nouvelle « farce » comme celle de la guerre de Gaza en 2008 – 2009. En plus, Harel ajouta que l’évaluation des services de renseignements israéliens, rapportée au bureau du premier ministre Netanyahou, indiquait que le Hamas se considérait hors de la confrontation militaire, et n’avait pas intérêt à s’y mêler. Il précisa aussi que chaque fois que le Hamas devait choisir entre la valeur réelle de la résistance et le pouvoir politique, il choisissait toujours le deuxième [9].

Plusieurs indices nous entrainent à conclure ici que le Hamas se dirige vers un nouvel « Oslo », qui mènerait à une reconnaissance d’Israël.

Premièrement, en abandonnant « l’axe-de-résistance », en trahissant la Syrie et l’Iran, en recevant la bénédiction du Saint-Esprit de la réaction arabique, en se positionnant dans le camp des soi-disant « Arabes modérés », c’est-à-dire au sein de la guerre impérialiste contre la Syrie, le Hamas ouvre, en effet, une porte vers un nouvel « Oslo » qui mènerait à la reconnaissance d’Israël, parrainée, cette fois-ci, par l’émirat du Qatar. La visite « grandiose » de son Allégresse l’émir du Qatar à Gaza confirme cette hypothèse, surtout après que l’émir eut annoncé une aide de 400 millions de dollars US à Gaza [10] et 2 milliards de dollars à l’Égypte [11].

Deuxièmement, le parrainage de l’Égypte du dernier accord de cessez-le-feu entre Gaza et Israël, et sa conclusion subite, visait premièrement à couper le chemin aux autres organisations palestiniennes qui adoptent toujours le choix de la résistance, et qui ne se sont pas encore impliquées dans la Sainte-Alliance contre la Syrie, telles que le Jihad islamique, et le Front populaire pour la libération de la Palestine. À cela s’ajoute que l’intervention de l’Égypte et sa précipitation à déclarer un cessez-le-feu visaient aussi à maintenir l’autorité du Hamas à Gaza face au Jihad et au FPLP. Il faut noter ici que le Hamas ne prit part aux escarmouches qui précédèrent l’assassinat d’al-Jaabari entre Israël, d’un côté, et les organisations palestiniennes, de l’autre côté ; et que les combattants du Hamas ne tirèrent aucune balle contre Israël pendant les accrochages précédents ; leurs chefs ne voulaient pas se laisser entrainer dans une confrontation avec Israël, qui eût pu nuire à leur plan de se mettre sous la cape de l’émir du Qatar, Hamad. Plus tard, le Hamas fut obligé de prendre part des opérations militaires seulement après l’assassinat d’un de ses chefs militaires, al-Jaabari, sinon la « farce » eût été scandaleuse !

Troisièmement, lors de la déclaration au Caire du cessez-le-feu, le chef du Hamas, Khaled Machaal, ne fit la moindre allusion au rôle de la Syrie ni à celui de la République islamique de l’Iran, qui soutenaient, pendant de nombreuses années, la cause palestinienne, surtout le Hamas ; ce qui poussa le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à faire allusion à l’ingratitude et au manque de reconnaissance des chefs du Hamas envers l’Iran et la Syrie [12].

Quatrièmement, la « surprise des surprises » que nous firent les chefs du Hamas, c’était la dernière fatwa [13]prohibant, sous peine d’excommunication, les attaques contre Israël [14] !  Une telle fatwa sert à établir un fondement et une légitimité religieux pour un prochain accord de paix entre Israël et le Hamas, et cela à trois niveaux : celui des relations avec Israël, celui des relations intra-palestiniennes, et celui des relations interarabes.

De la fatwa du Hamas prohibant les opérations militaires contre Israël

Primo, au niveau des relations avec Israël, une telle fatwa faciliterait, dans un futur proche, la déclaration de Gaza comme un territoire « indépendant », non pas d’Israël, mais plutôt indépendant de la Cisjordanie ; là où le chef de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, passe à Ramallah le restant de sa vie à lutter, pour ainsi dire, avec Simón Bolívar, contre la vacuité et l’ennui ; à chasser, dans son labyrinthe, les mouches vertes de son désœuvrement pénible [15].  En plus, cette fatwa confirmerait, avant toute chose, la frontière de la « Palestine » et l’officialiserait ! Non pas de la Palestine de 1948, ni celle de 1967, ni même celle de 1992, mais bien plutôt, une sorte de miniature d’une certaine Palestine quelconque et microscopique, qui s’étendrait tout au long de la côte méditerranéenne, du nord jusqu’au sud de la bande de Gaza !

Bravo Hamas ! Madre de Deus, nostro Sennor ! [16]

Secundo, au niveau intra-palestinien, une telle fatwa prohibe toute action militaire contre Israël, ce qui imposerait, par conséquent, le Hamas comme la seule autorité militaire, politique, civile et religieuse à Gaza, qui tiendrait seule la résolution de faire la guerre ou d’établir la paix avec Israël. Pourtant, cette « ascension » du Hamas au rang des dieux, officialiserait et institutionnaliserait non seulement son pouvoir à Gaza, mais aussi la division palestinienne et accélérerait la création de deux « entités » isolées et séparées l’une de l’autre par le territoire israélien : l’émirat du Hamas à Gaza et le comté de l’OLP en Cisjordanie.

Quelle comédie ! Quelle tragédie ! Et l’Éternel fut avec Josué, dont la renommée se répandit dans tout le pays [17].

Tertio, au niveau interarabe, la fatwa constitue une déclaration de la part du Hamas, aussi claire que le ciel bleu de Beyrouth au mois de juillet, indiquant la rupture complète avec le restant des pays arabes encore résistants à la normalisation avec Israël, et confirme aussi que la résistance n’est plus un choix ; et cela au grand dam du discours triomphaliste des fanfarons et des hâbleurs des médias palestiniens et de ceux libellés « résistants », au lendemain de la déclaration de la trêve entre Gaza et Israël.

Ce qui advint de Djeha-Hodja Nasreddin lorsqu’il coupa la branche sur laquelle il était assis

Djeha-Hodja Nasreddin était assis à califourchon sur une grosse branche de cerisier, ses culottes amples et son long burnous blanc enserrant sa taille et ses jambes se balançant d’un côté à l’autre, chaque fois qu’il maniait sa hache.

- Le salut sur toi, Djeha-Hodja Nasreddin Effendi ! Appela une voix en dessous.

- Sur toi le salut,  Khalid Effendi ! Dit Djeha-Hodja Nasreddin assis en équilibre sur la branche. Posant sa hache, il arrangea son turban qui avait glissé sur le côté.

- Tu vas tomber de cet arbre ! l’avertit Khalid, regardes comme tu es assis !

- Tu ferais mieux de regarder où tu marches, rétorqua Djeha-Hodja Nasreddin. Les gens qui regardent les cimes des arbres et les nuages sont sûrs de se cogner les orteils.

Soudain, la branche s’est retrouvée au sol, suivie par la hache, puis par Djeha-Hodja Nasreddin. Il était trop occupé pour remarquer qu’il était assis du mauvais côté de la branche qu’il était en train de couper.

En guise de conclusion, il nous paraît que le sort du Hamas, après la rupture avec la Syrie et l’Iran, et après la précipitation de ses chefs pour se soumettre sous la cape de l’émir du Qatar, ne serait, en aucun point, moins tragique que le sort du mullah Djeha-Hodja Nasreddin lorsqu’il eut coupé la branche sur laquelle il était assis. Coupé de son arrière-front – l’Iran et la Syrie –, la bande de Gaza se trouve désormais victime des humeurs des rois d’Israël.

Fida Dakroub, Ph.D

Site officiel de l’auteur : www.fidadakroub.net

Note

[1] L’Orient-Le Jour. (23 octobre 2012). « L’émir du Qatar, “premier dirigeant arabe à briser le blocus politique” à Gaza ». Récupéré le 15 novembre 2012 de

http://www.lorientlejour.com/category/%C3%80+La+Une/article/784187/Lemir_du_Qatar,_%22premier_dirigeant_arabe_a_briser_le_blocus_politique%22_a_Gaza.html

[2] Nous distinguons dans nos écrits entre l’Arabe et l’Arabique ou l’habitant de la péninsule Arabique qui, vue son substrat culturel, se tient en opposition avec le premier, l’Arabe. Ce dernier eut créé en Syrie, précisément à Damas, et par l’entremise de la civilisation grecque et syriaque, ou chrétienne syrienne, l’une des plus grandes civilisations dans l’histoire humaine, la civilisation arabe.

[3] loc.cit.

[4] Parmi les textes de la Bible ayant inspiré les artistes, on trouve l’épopée de Samson et sa mésaventure avec Dalila. Cette histoire figure au Livre des Juges (13 : 1 – 16 : 22).

[5] L’auteur utilise l’expression ironique « le printemps des Arabes » au lieu du « printemps arabe ».

[6] France 24. (24 février 2012). « Le Hamas officialise son divorce avec le régime de Damas ». Récupéré le 26 novembre 2012 de

http://www.france24.com/fr/20120224-leader-hamas-salue-resistance-peuple-syrien-contestation-ismail-haniyeh

[7] loc.cit.

[8] loc.cit.

[9] Harel, Amos (15 novembre 2012). “Gaza escalation doesn’t necessarily mean Israel is headed for war”. Publié dans Haaretz. Récupéré le 26 novembre 2012 de

http://www.haaretz.com/blogs/east-side-story/gaza-escalation-doesn-t-necessarily-means-israel-is-headed-for-war.premium-1.478169#

[10] Rudoren, Jodi. (23 octobre 2012). “Qatar’s Emir Visits Gaza, Pledging $400 Million to Hamas”. Publié dans le The New York Times. Récupéré le 26 novembre 2012 de http://www.nytimes.com/2012/10/24/world/middleeast/pledging-400-million-qatari-emir-makes-historic-visit-to-gaza-strip.html?_r=1&

[11] Henderson, Simon. (22 octobre 2012). « Qatar’s emir visits Gaza ». Publié dans le Washington Institute. Récupéré le 26 novembre 2012 de

http://www.washingtoninstitute.org/policy-analysis/view/qatars-emir-visits-gaza

[12] Une annonce en public du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Récupéré le 26 novembre 2012 de

http://audio.moqawama.org/details.php?cid=1&linkid=3674

[13] Une fatwa est, dans l’islam, un avis juridique donné par un spécialiste de loi islamique sur une question particulière.

[14] Kamal, Sana. (27 novembre 2012). حماس تُحرّم خرق التهدئة وتسيّر دوريات حدوديّة Publié dans al-Akhbar. Récupéré le 26 novembre 2012 (vue le décalage de l’heure entre le Liban et le Canada) de

http://www.al-akhbar.com/node/172380

[15] Allusion au roman de Gabriel García Márquez «  Le Général dans son labyrinthe ». Il s’agit d’un conte romancé des derniers jours de Simón Bolívar, le libérateur et le leader de la Colombie ; il retrace aussi le voyage final de Bolívar de Bogotá à la côte nord de la Colombie dans sa tentative de quitter l’Amérique du Sud pour un exil en Europe.

[16] Mère de Dieu, notre Seigneur. Le manuscrit des Cantigas de Santa María est un des plus importants recueils de chansons monophoniques de la littérature médiévale en Occident, rédigé pendant le règne du roi de Castille Alphonse X dit El Sabio ou Le Sage (1221-1284).

[17] Le Livre de Josué, 6 : 27.

Docteur en Études françaises (The University of Western Ontario, 2010), Fida Dakroub est écrivain et chercheur en théorie bakhtinienne. Elle est  aussi militante pour la paix et les droits civiques.

samedi, 01 décembre 2012

Erdogan, perdu corps et bien…

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Erdogan, perdu corps et bien…

Ex: http://www.dedefensa.org/

Le Premier ministre turc Erdogan a semblé s’engager d’une façon radicale dans la crise de Gaza et semblé, dans les un et deux premiers jours, devoir y jouer un rôle important. Cette impression s’est rapidement dissipée, pour être remplacée par celle d’une action d’une importance mineure, notamment au regard du rôle dirigeant de la crise qu’a tenu Morsi. Il s’agit bien entendu d’une question de perception, mais l’on comprend évidemment que cette perception joue un rôle fondamental dans cette époque dominée par la puissance du système de la communication. Au demeurant, la perception, éclairée par divers faits, reflète sans aucun doute une vérité de la situation d’Erdogan.

On donne ici, comme exemple de la situation de la perception deux sources ayant rassemblé des appréciations d’experts sur le rôle qu’a tenu Erdogan. On dispose ainsi d’un matériel de communication pour pouvoir mieux apprécier la position générale d’Erdogan, et tenter de l’expliciter. On découvre qu’Erdogan est critiqué dans tous les sens, à la fois pour avoir tenu un rôle effacé, à la fois pour n’avoir pas assez soutenu les Palestiniens et le Hamas d’une façon efficace, à la fois pour être trop anti-israélien…

• D’un côté, il y a une appréciation générale selon laquelle Erdogan s’est trouvé dans cette crise à la remorque de Morsi, tandis que son attitude durant ces quelques jours est perçue plutôt comme de la gesticulation sans beaucoup de substance. Cette appréciation est surtout sensible en Turquie même, selon un article du New York Times dont PressTV.com donne un résumé, ce 22 novembre 2012, article fait surtout de quelques citations d’experts et d’universitaires turcs.

«The analysts stressed that while Turkey became a vocal defender of Palestinians and a critic of the Israeli regime, “it had to take a back seat to Egypt on the stage of high diplomacy.” “Egypt can talk with both Hamas and Israel,” university professor Ersin Kalaycioglu said, adding, “Turkey, therefore, is pretty much left with a position to support what Egypt foresees, but nothing more.”

»The analysts also criticized Turkish Prime Minister Reccep Tayyeb Erdogan for being initially silent on the outbreak of the Israeli attacks on Gaza and being slow to address the offensive publicly. “While most of the region’s leaders rushed to the nearest microphone to condemn Israel, the normally loquacious prime minister was atypically mute,” said Aaron Stein from a research center based in Istanbul. Stein added that while Erdogan was touring a factory that makes tanks, Egypt President Mohamed Morsi had “put his stamp on world reaction by kicking out the Israeli ambassador and dispatching his prime minister to visit Gaza.”»

• Une autre source, le journaliste Tulin Daloglu, dans le quotidien Al Monitor du 20 novembre 2012, restitue, également au travers d’avis d’experts et d’universitaires, la perception de l’attitude et du comportement d’Erdogan vus d’Israël. Il s’agit d’appréciations très extrêmes et très hostiles, qui impliquent son ministre des affaires étrangères Davutoglu perçu comme une sorte de diabolus ex machina d’Erdogan (ce qui est peu aimable pour la force de caractère qu’on attribue de ce fait à Erdogan). L’article rappelle qu’Erdogan s’est signalé, durant la crise, par une rhétorique enflammée, dénonçant le 15 novembre Israël comme “un État terroriste” puis s’attaquant, le 20 novembre, aux USA et au bloc BAO («Leading with the US, all the West talks about a two-state solution. Where is it? They’re working to vacate Palestine in order to surrender it to Israel […] If we’re going to die, we shall do so as men do. This is not justice.»)

«…“Davutoglu may be right to condemn Israel for excessive use of force, but he also needs to call on Hamas to stop firing rockets into Israel. But he does not,” said Gareth Jenkins, a senior fellow at the Institute for Security and Development Policy. “The fact remains that, while Hamas is firing missiles into Israeli territory, Israel is much more likely to respond militarily. And any violence plays into the hands of extremists on both sides.” […]

»“As Erdogan cannot accept shelling against Turkey, we cannot accept shelling against our one million people in the south part of Israel.” Binyamin Fuad Ben Eliezer, former Israeli defense minister, told Al-Monitor on Nov. 15, just as the sirens went on over the Tel-Aviv area… […]

»[Erdogan] cannot give me conditions. He cannot sit in Turkey and tell me what to do,” says Ben-Eliezer. “Erdogan could have taken the position of one of the most important leaders in the area,” Ben Eliezer said. “I’m sorry that he took a very radical position against Israel.” Still, he does not consider — like many other Israelis — that the Turkish prime minister’s unequivocal alliance with Hamas, a militant group that is recognized by the US and European countries as a terrorist organization — goes as deep as challenging Israel’s right to exist.

»However, Ofra Bengio, a professor at Tel Aviv University, is confident that Turkey’s new position is just that. She argues that both sides have gone too far, and while focusing only on Israel’s mistakes may be politically rewarding for Erdogan, it should not hide Turkish foreign policy’s new attitude toward Israel of vengeance and punishment. “If they’re taking Hamas' position, then it’s quite clear that they’re aiming at the legitimacy [of Israel],” she told Al-Monitor. “Especially, take a look at Davutoglu. If you read his essays, for him, Israel does not exist.”

»Ben Eliezer concurs. “If you ask me where the big change was in [Erdogan's] behavior,” he said, the answer is “Davutoglu! It’s his entry as the foreign minister to the erea, and he was the one who no doubt influenced Erdogan totally against Israel. He has made many mistakes because so far, he could not gain anything.” Before then, he said, he had been able to build a close relationship with Erdogan such that they were able to share jokes and laughter together. He does not believe that Erdogan is anti-Semitic or personally anti-Israel…»

On est donc conduit à observer que, les unes dans les autres, ces appréciations donnent une image extrêmement défavorable du Premier ministre turc, cette image semblant désormais devoir être son nouveau “statut de communication” : un homme qui parle beaucoup, qui s’enflamme, qui agit peu, qui est de peu d’influence et auquel on prête de moins en moins d’attention ; un homme au point de vue anti-israélien extrémiste, mais selon l’influence de son ministre des affaires étrangères et non selon son propre jugement, ce qui implique de très graves doutes sur son indépendance d’esprit et son caractère. De quelque côté qu’on se place, et de quelque opinion qu’on soit dans ces diverses appréciations, le sentiment général sur Erdogan est défavorable : un homme à l’humeur incontrôlable, au caractère finalement faible et très influençable, préférant les mots et surtout les éructations à l’action…

Notre propre appréciation est que ce que nous nommons effectivement la “situation de la perception” d’Erdogan est injuste par rapport à ce qu’il a été et ce qu’il a fait jusqu’ici, – injuste, dans le sens où cela ne “lui rend pas justice”. En même temps, elle constitue un fait et, par là même, se justifie par elle-même et rend compte d’une vérité de situation, – justice ou pas, qu’importe. En d’autres mots, nous dirions qu’Erdogan a perdu, en un an et demi, le formidable crédit qu’il avait construit depuis 2009 par sa politique indépendante, quasiment “gaulliste” dans sa conception. Nous pensions, sans tout de même beaucoup d’espoir, qu’il pouvait, qu’il devait effectivement tenter de redresser cette “situation de perception” durant cette crise de Gaza-II (voir le 15 novembre 2012) : «Le même “Israel is saying… ‘F* You’” ne vaut-il pas également pour Erdogan, qu’on attendait en visite à Gaza, où il entendait affirmer la préoccupation turque pour la défense et l’intégrité des pauvres Palestiniens ? Que va faire Erdogan ? Va-t-il ménager une base arrière pour des “combattants de la liberté” volant au secours des Palestiniens ? Va-t-il affréter une “flottille de la liberté”, comme celle du printemps 2010, pour se rendre à Gaza, sous les bombes israéliennes ? Va-t-il menacer d’envahir Israël comme il menace d’attaquer la Syrie ?»

Le constat est clair et sec. Erdogan n’a pas réussi à “redresser cette ‘situation de perception’”, il a même encore perdu de son crédit. Cet homme semble avoir définitivement chuté avec l’affaire syrienne, dans laquelle il s’est engagé follement. L’indignité et l’illégitimité de l’affaire syrienne, dans le sens où il s’est engagé, a profondément modifié sa “situation de la perception”, nous dirions d’une façon quasiment structurelle qui n’est pas loin d’être irrémédiable. (Cela, d’autant qu’en même temps qu’il tentait cette maladroite “réhabilitation” avec Gaza-II, il continuait sa politique syrienne par son pire aspect, avec l’accord de l’OTAN d’envoyer des Patriot à la Turquie, cela qui met en évidence le stupide jeu des menaces [syriennes] inventées, et le non moins stupide alignement-asservissement de la Turquie aux structures les plus perverses du Système, l’OTAN avec les USA derrière et la quincaillerie technologique.) Erdogan a voulu s’inscrire dans le jeu du Système avec la Syrie, abandonnant la référence principielle d’une politique d’indépendance et de souveraineté, – laquelle suppose qu’on respecte chez les autres (chez les Syriens, certes) les mêmes principes (indépendance, souveraineté) auxquels on se réfère pour soi-même. Il a abandonné la puissance de la référence principielle pour la politique moralisatrice et belliciste que le Système inspire au bloc BAO en général. Ce faisant, il a été totalement infecté et subverti par le Système et s’avère manifestement trop faible pour s’en dégager, si encore il parvient à distinguer la nature et la puissance de l’enjeu.

 

vendredi, 30 novembre 2012

Roberto Fiorini: "CRISE OU OFFENSIVE DU CAPITAL ?"

Roberto Fiorini: "CRISE OU OFFENSIVE DU CAPITAL ?"

Méridien Zéro a reçu Roberto Fiorini, secrétaire général de Terre & Peuple, pour développer avec lui sa thèse d'une offensive du Capitalisme sur fond de crise.

crise économique, capitalisme, offensive, dette, monnaie, chômage,

Pour écouter:

http://www.meridien-zero.com/archive/2012/11/09/emission-n-118-crise-ou-offensive-du-capital.html

mercredi, 28 novembre 2012

Zuerst - Dezember 2012

Aktuelle Ausgabe

Aktuelle Ausgabe

Aus dem Inhalt
(Ausgabe Dezember 2012)

http://www.zuerst.de/

Titelgeschichte:
Vertrauen ist gut – Gold ist besser
Intransparenz, Ausflüchte, Beschwichtigungen: Seit langem macht die Deutsche Bundesbank ein Geheimnis um die deutschen Goldreserven im Ausland. Jetzt wächst der Druck, unser Gold zurückzuholen.

„Gold ist Vertrauen“
Warum ist das Gold der Bundesbank ausgerechnet jetzt ein Thema? Der Journalist und Analyst Peter Helmes im ZUERST!-Gespräch

Deutschland:
Prozeß Deluxe
Piraten: In Hamburg standen somalische Freibeuter vor Gericht

Aus vollen Taschen
Steuergeldverschwendung: Der Bund der Steuerzahler deckt wieder haarsträubende Fälle auf

Asyl für alle
In Berlin protestieren angebliche Flüchtlinge gegen die Asylgesetze. Doch hinter ihnen steht eine mächtige inländische Lobby, die sich teils aus Steuergeldern finanziert

Shopping im Reichstag
Während die Medien über Peer Steinbrück herfallen, kauft sich Aserbaidschan die CDU – und keiner merkt es

Die Rentenfalle
Bundesregierung: Schwarzgelb, die „Zusatzrente“ und die große Angst vor dem Wort „Demographie“

Österreich:
Ausverkaufsartikel?
Mit den Reformplänen von Staatssekretär Kurz ist eine neue Debatte um die Staatsbürgerschaft entbrannt

International:
Republik der Mafia
Das Organisierte Verbrechen hat einen eigenen Staat gegründet – und die EU-Länder zahlen und zahlen

Der gehorsame Barack
US-Wahlen: Die Demokratie in den USA ist löchrig wie ein Käse aus Wisconsin

„Fehler der Republikaner“
US-Wahlen: Der konservative US-Jour­nalist und Autor Dr. Thomas Fleming im ZUERST!-Gespräch

„Regelrecht ausgeplündert“
Erfolg und Scheitern: David Irvings Erfahrungen mit deutschen Gerichten

Wirtschaft:
In den Fängen der Bankster
Island und die Erblast der marktradikalen „Geysir-Ökonomie“

„Langfristig gierig“
Wie die US-Bank Goldman Sachs jenseits und diesseits des Atlantiks immer einflußreicher wird

Geschichte:
Der letzte Ritter
Prinzregent Luitpold von Bayern prägte eine Epoche

„Bemerkenswerte Leistung“
Zweiter Weltkrieg: Vor 70 Jahren tobte die Schlacht um Stalingrad. Der österreichische Militärhistoriker Dr. Heinz Magenheimer gehört zu den renommiertesten Stalingrad-Forschern

Lobby für Afrika
Vor 125 Jahren wurde die einflußreiche
Deutsche Kolonialgesellschaft gegründet

Kultur:
„Doppelt bestrafte Generation“
Kreative Protestkultur: Was steckt hinter der „Identitären Bewegung“?

Botschafter des guten Geschmacks
Seit 20 Jahren gibt der deutsche Sänger Max Raabe den guten, alten deutschen Schlager zum besten

Märchenbrüder
Vor 200 Jahren erschien die erste Auflage
der Grimmschen „Kinder- und Haus­märchen“

„Glaube wichtiger als Gehorsam“
Bischof Richard Williamson spricht erstmals ausführlich über seinen Ausschluß aus der traditionalistischen ­Priesterbruderschaft St. Pius X.

Schatz im Silbersee
Edler wilder Westen „made in Germany“: Vor 50 Jahren kamen Winnetou und Old Shatterhand in die Kinos

Dichter und Volkstribun
Vor 150 Jahren verstarb Ludwig Uhland

Gesellschaft:
Frankophiler Umerzieher
Ulrich Wickert feiert seinen 70. Geburtstag – und nervt noch immer als weltbürger­licher Grandseigneur

Männer machen mobil
Der Mann, das unbekannte Wesen: Der „Männerkongreß 2012“ beschäftigt sich mit den Folgen von Trennungen für Männer und Jungs

Der Troubadour
Der deutsche Liedermacher Reinhard Mey wirkt wie ein Sozialarbeiter – aber der Schein trügt

„Leise Revolution“?
Medien entdecken einen neuen Trend:
Ausländer erobern die „Zivilgesellschaft“

Fels in der Brandung
In Syrien machen radikal-sunnitische Banden Jagd auf syrische Christen und schänden Kirchen. ZUERST! besuchte den syrisch-katholischen Priester Elias Zahlawi in Damaskus

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Goldman Sachs festigt seine wirtschaftliche Übernahme Europas

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Goldman Sachs festigt seine wirtschaftliche Übernahme Europas

Paul Joseph Watson

Mit seiner »überraschenden« Ernennung zum neuen Gouverneur der Bank of England festigt der Kanadier Mark Carney, der 2012 am Treffen der Bilderberger teilnahm, den beherrschenden Einfluss der Investmentbank Goldman Sachs auf alle größeren europäischen Volkswirtschaften.

Diese Ernennung war für viele, die davon ausgegangen waren, der derzeitige stellvertretende Gouverneur der britischen Zentralbank, Paul Tucker, würde den Chefposten übernehmen, ein Schock. Aber bereits im April dieses Jahres wurde berichtet, dass man hinter den Kulissen dabei sei, Carney , der noch im November 2011 für weitere drei Jahre zum kanadischen Zentralbankchef ernannt worden war und zugleich Vorsitzender des so genannten Financial Stability Board der G20 ist, für diese Funktion in Position zu bringen.

Carney gehörte früher 13 Jahre zur Führungsriege bei Goldman Sachs und spielte 1998 in der russischen Finanzkrise eine wichtige Rolle. Diese Krise wurde von Goldman Sachs noch dadurch verschärft, dass das Unternehmen Russland einerseits beriet, andererseits aber an Finanzwetten beteiligt war, die darauf setzten, Russland werde seine Schulden nicht bezahlen können.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/deutschland/paul-joseph-watson/goldman-sachs-festigt-seine-wirtschaftliche-uebernahme-europas.html

mardi, 27 novembre 2012

De l’extension du conflit malien

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De l’extension du conflit malien

 

La communauté d’Etats africains ECOWAS envoie des soldats

 

Le conflit qui frappe le Mali, où des éléments islamistes ont pris le contrôle de la moitié septentrionale du pays depuis le printemps dernier, menace de s’internationaliser. En effet, la communauté d’Etats d’Afrique occidentale ECOWAS, dont le Mali est membre, a décidé très récemment d’envoyer une troupe d’intervention de 3300 hommes dans ce pays secoué par une crise apparemment sans solution, s’il n’y a pas intervention étrangère. L’intervention est provisoirement limitée à une seule année: “Nous prévoyons 3300 soldats pour la durée d’un an” a déclaré le Président du Groupe ECOWAS, Alassane Ouattara.

 

Cette communauté économique ouest-africaine a été contrainte par les Etats-Unis et par l’UE de procéder à cette démarche interventionniste car il s’agit, au Mali, de combattre l’AQMI, soit “Al-Qaeda pour un Maghreb Islamique”. Comme le pensait en octobre dernier le ministre allemand des affaires étrangères Guido Westerwelle, le “Mali ne peut devenir le refuge de terroristes”, car un tel havre de repli dans le nord du pays constituerait une menace pour la sécurité mondiale”, non seulement pour le Mali lui-même mais pour l’Europe. En octobre également, l’UE a décidé d’envoyer des instructeurs militaires dans ce pays africain déstabilisé. De même, on spécule de plus en plus quant à la mise en oeuvre de drones américains.

 

Il s’agit certes de combattre des islamistes mais ce n’est pas tout, loin s’en faut: le conflit qui s’est abattu sur le malheureux Mali sert de prétexte aux Etats-Unis pour s’ancrer de plus en plus profondément en Afrique occidentale et, simultanément, pour enrayer l’influence chinoise sur le continent noir, où Beijing est perpétuellement en quête de matières premières.

 

(source: “zur Zeit”, Vienne, n°46/2012; http://www.zurzeit.at/ ).

 

Conférence de Bernard Lugan

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Renseignements : conference.lugan@hotmail.fr

dimanche, 25 novembre 2012

Die Sahara, ein schwelendes Pulverfass?

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Die Sahara, ein schwelendes Pulverfass?

Wirtschaftliche und politische Machtspiele

von Ines Kohl *

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/

Die territorialen Grenzen in der Sahara zwischen Mali, Niger, Algerien und Libyen sind von jeher durchlässig, und die Tuareg nutzen sie für ihre Strategien mit Handel, Schmuggel und Migration. Doch seit dem Libyen-Krieg hat sich viel verändert. Zudem sind neue Akteure auf den Spielplatz Sahara gekommen, die an den Ressourcen der Region interessiert sind.

«Agence de Voyage: Arlit–Djanet, Arlit–Libya» steht auf dem liebevoll handbemalten Schild, das die kleine Lehmhütte mitten in Arlit, der Uran-Stadt in Nordniger, ziert. In der Hütte steht ein alter Schreibtisch, auf dem Listen mit Namen von Passagieren liegen. An der mit dunkelrotem Stoff verkleideten Wand hängen Fotos, die – einer touristischen Werbung gleich – zeigen, wie die Agentur ihre Passagiere nach Algerien oder Libyen befördert: 30 Personen sitzen fein säuberlich geschlichtet auf einem Toyota-Pick-up und fahren durch die Wüste; jeder von ihnen mit einem 5-Liter-Wasserkanister in der Hand.
Vor der Hütte sitzt Osman; schön gekleidet in einem orangen Bazin, mit einem schwarzen Chech um den Kopf geschlungen. Osman arbeitet hier als Verantwortlicher, wenn der Chef der Agentur, Murtala genannt, seine Dependance in Tahua besucht. Zudem ist er Kamosho, «Passagiere-Auftreiber», und Guide, der den Passagieren zu Fuss den Weg von Algerien nach Libyen weist.


Früher, vor dem Libyen-Krieg, erklärt mir Osman, sind die Autos bis Djanet gefahren und haben die Passagiere in den Gärten vor der Oase abgesetzt. Als jedoch im Zuge des Krieges Tuareg-Militärs und Söldner begonnen haben, das halbe Waffenarsenal al-Gaddafis ausser Landes zu bringen, wurden die Kontrollen der algerischen und nigrischen Sicherheitskräfte verschärft. Seitdem traut sich kaum ein Chauffeur mehr mit seiner illegalen Fracht bis nach Djanet, sondern entlässt seine Passagiere bis zu 70 Kilometer vor dem Ort, mitten in der Sahara. Dadurch ist ein neuer Berufszweig entstanden; jener des Guides, eines lokalkundigen Führers, der die Passagiere zu Fuss direkt über die grüne Grenze nach Libyen bringt.

EU-Absichten und lokale Strategien

Illegal ist das Geschäft mit der Grenze jedoch nur bedingt, denn hier in Niger, einem Mitglied der CEDEAO (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, einer 1975 gegründeten Wirtschaftsgemeinschaft westafrikanischer Staaten) ist es völlig legal, einen Toyota mit «Sans-papiers» vollzuladen und bis an die Grenzen von Algerien oder Libyen zu bringen. Die Gendarmerie Nationale gibt dazu gegen ein kleines Entgelt die Erlaubnis. Bis zur nigrischen Grenze sind die Konvois der Toyotas also völlig legal. Über die Grenze ändert sich das schlagartig: Legaler Transport wird zu illegaler Migration.
Die Europäische Union instrumentalisiert die nordafrikanischen Staaten als Vor­posten der Festung Europa, damit sie gegen die ­potentiellen EU-MigrantInnen vorgehen. Während Libyen unter al-Gaddafi keine wirklichen Massnahmen ergriff, um seine südlichen Aussengrenzen zu schützen und das Land zudem auf die Arbeitskraft der illegalen MigrantInnen angewiesen war, verfolgt Algerien mit aller Härte die transnationalen Akteure und versucht dadurch gleichzeitig, den Benzinschmuggel in den Griff zu bekommen. Die Tuareg,1 die sowohl den Treibstoff- als auch den Menschenschmuggel seit Jahren erfolgreich betreiben und selbst transnationale GrenzüberschreiterInnen par excellence sind, finden jedoch immer wieder neue Strategien, um die staatlichen Hürden zu umgehen (Kohl 2007, 2009, 2010).
«Was sollen wir denn sonst tun», erklärt mir einer der Chauffeure. «Wir alle haben Familie, unsere Kinder haben Hunger, wovon sollen wir leben? Von Luft? In Niger gibt’s keine Arbeit. Der Staat tut nichts, um uns zu helfen. Entweder werden wir alle Rebellen oder Banditen, oder wir packen unsere Toyotas mit Passagieren und Benzin voll. Iban eshughl – keine Arbeit, das ist unser Problem!»
Während des Libyen-Krieges ist der Verkehr zwischen Niger, Algerien und Libyen komplett zum Stillstand gekommen. Nun beginnen langsam die ersten Hausa nach Libyen zurückzukehren und hoffen auf Arbeit. Tuareg kehren noch sehr zögerlich zurück, zu gross ist noch ihre Angst vor dem neuen Libyen.

Arlit, Zentrum für Handel, Schmuggel und Migration

Arlit ist ein Zentrum des innersaharischen Handels und Schmuggels zwischen Niger, Mali, Algerien und Libyen. Gleichzeitig ist die Stadt der Ausgangspunkt der illegalen Migration von Sub-SaharierInnen auf dem Weg nach Libyen, um dort Arbeit zu finden oder weiter nach Europa zu gelangen.
Der nigrische Staat weiss, dass er die «Human trafficking»-Strategien nicht unterbinden kann. Somit wurde eine beiderseitige Lösung zwischen den Akteuren, den Tuareg und dem Staat gefunden: Die Chauffeure müssen ihre Passagiere registrieren. Dies nutzt den Passagieren, die im Falle eines Unfalls oder einer Autopanne gesucht und gefunden werden können, und es schützt sie vor skrupellosen Chauffeuren, die lediglich am Geld interessiert sind, die Passagiere mitten in der Sahara aussetzen und dem Tode preisgeben. Es dient auch den Chauffeuren, die bei einer Kontrolle der Militärs einen Passagierschein vorweisen können und sich dadurch von Banditen, Rebellen oder den Drogenschmugglern unterscheiden und somit nicht verfolgt und sanktioniert werden.
Osman kann viele Geschichten vom Geschäft mit der Grenze erzählen. Er hat bis zum Libyen-Krieg als Guide zwischen Djanet in Algerien und Ghat in Libyen gearbeitet und auf dem dreitägigen Fussmarsch übers Gebirge zahlreiche potentielle EU-MigrantInnen, Tuareg und in Libyen Arbeitssuchende hin- und hergeführt. Mit Beginn der Kämpfe in Libyen hat er wie viele Tuareg fluchtartig das Land verlassen. Zurück in Arlit sind die Chancen, eine Arbeit zu finden, jedoch gering. Vor allem für jene, die keine Schule besucht haben. Allerdings finden auch jene, die Diplome vorweisen können, kaum Arbeit.

Uran – Segen oder Fluch?

Dabei ist Arlit jene Stadt, in der der französische Kernenergie-Konzern Areva seit den späten 60er Jahren die grössten Uran-Minen der Welt betreibt, Somaïr (Exploration seit 1971) und Cominak (seit 1978). Areva, zum grössten Teil in Besitz des französischen Staates, ist der Weltmarktführer in der Nukleartechnik. Gleichzeitig rangiert der Niger auf dem Human Development Index von 20112 auf dem zweitletzten Platz. Zwei Drittel des Landes sind Wüste und Halbwüste. Die ökonomische Grundlage bilden Landwirtschaft und Viehzucht, die durch alle paar Jahre wiederkehrende Dürren und ausbleibende Regenfälle oder neuerdings sturzflutartige Regenfälle stark gefährdet sind. Eine soziale staatliche Versorgung ist nicht vorhanden, Arbeit gibt es keine, und die Rate der ­An­alphabetInnen ist trotz eines staatlichen Schulsystems vor allem unter Frauen und NomadInnen erschreckend hoch (über 80 Prozent). Ibrahima, zwölf Jahre alt, besucht eine der staatlichen Schulen in Arlit. Er ist in der fünften Klasse (CM1) und schildert mir die Situation in seiner Schule: «Wir sind 93 Schüler, Buben und Mädchen. Wir haben zwei Lehrer, und pro Tisch sitzen fünf Schüler.» Das Bildungsniveau ist dementsprechend.
Ein Grossteil der nigrischen Bevölkerung lebt mit ständig drohendem Hunger, hofft auf Almosengaben und ist von europäischen Hilfslieferungen und Entwicklungsprojekten abhängig. Vor allem der von Tuareg bewohnte Norden ist von sozialer und politischer Marginalisierung und ökonomischer Misswirtschaft betroffen. Bizarr, wo doch hier der grösste Arbeitgeber des Landes angesiedelt ist. Die Arbeiter in den Uran-Minen kommen fast alle aus den südlichen Landesteilen, während die hier lebenden Tuareg nach wie vor kaum eingestellt werden.
Seit einigen Jahren ist Areva durch Negativschlagzeilen bekanntgeworden. Greenpeace konnte beweisen, dass bei der Uran-Gewinnung nicht nur die Gesundheit der Minenarbeiter gefährdet ist, sondern dass auch das gesamte Umfeld der Mine von radioaktiver Verstrahlung betroffen ist.3 Rund um Arlit ist ein künstliches Gebirge aus Abraum, jenem Gestein, aus dem das Uran ausgewaschen wurde, entstanden, zu dem jährlich mehrere Tonnen Gestein hinzukommen. Auf dem Markt in Arlit wird kontaminiertes Altmetall aus der Mine verkauft, und der Sand in vielen Häusern ist teilweise bis zu 500fach über dem Normalwert radioaktiv verstrahlt, erzählt mir Moussa, ein Mitarbeiter der lokalen NGO Aghirin Man.4 Die kleine NGO konnte mittlerweile erreichen, dass der kontaminierte Sand in Teilen der Stadt von Areva durch unbedenklichen ersetzt wird.
Moussa, selbst jahrelang in Libyen als Dolmetscher im Tourismus tätig und im Zuge der Kämpfe zurück in den Niger geflohen, hofft, in der neuen von Areva geplanten Mine von Imouraren, 80 Kilometer südlich von Arlit, Arbeit zu finden. Moussas Dossier mit Schulabschlüssen und Diplomen liegt schon seit einem Jahr im Gemeindeamt. Bis dato ohne Antwort. «Ohne Beziehungen oder Korruption», meint er resignierend, «haben Tuareg keine Chance hineinzukommen.»

Eine neue Uran-Mine evoziert tribale Differenzen, aber auch Hoffnung

Für die Vorarbeiten in Imouraren, die 20135 mit der Uran-Exploration beginnen soll, werden nun jedoch ausdrücklich Tuareg aus der Region eingestellt. Damit hofft Areva, die ansässige Bevölkerung zufriedenzustellen und dadurch eine weitere Rebellion oder ein vermehrtes Banditenwesen zu verhindern.
Zu den Forderungen der letzten beiden Rebellionen (1990 bis 1997 und 2007 bis 2009) zählten unter anderem die explizite Teilhabe an den Einkommen der Mine.
Doch die durchaus zu befürwortende Integration der Lokalbevölkerung in die neue Mine löste ein partielles Erstarken tribaler Differenz aus. Tribale Unterschiede wurden in den letzten Jahrzehnten von lokaler Seite selbst mehr und mehr in den Hintergrund gedrängt, und die sozialen und politisch-ökonomischen Ungleichheiten zwischen der vor­kolonialen dominanten «Oberklasse» (imajeren/imujar/imuhar), den ehemaligen Nachfahren von Sklaven (iklan) und den einst tributpflichtigen Gruppen (imrad) verblassten im alltäglichen Leben. Die präferentiell endogamen Heiraten wurden vor allem von der jungen Generation (ishumar) ihrer traditionellen Wichtigkeit enthoben. In Zeiten von kapitalistischer Marktwirtschaft findet man auch Nachfahren ehemaliger Sklaven, die ihre ehemaligen Herren in bezug auf ökonomisches Kapital überflügelt haben. Mit den Arbeitsaussichten bei Areva jedoch beginnen tribale Unterschiede instrumentalisiert zu werden. Jene Stämme (tawsit), die rund um Imouraren leben, in erster Linie Ikazkazen und Kel Agharus, stehen seitdem in Konkurrenz um die Position des Sprechers für die gesamte Region. Zudem sind die auf gleichem Territorium lebenden Stämme seit der Rebellion (2007 bis 2009) in einen Zwist verwickelt, der durch die Entführung eines Stammesältesten der Ikazkazen durch die Kel Agharus ausgelöst und im Zuge der Konkurrenz verstärkt wurde. Auf einer nächsthöheren Ebene jedoch versuchen beide, die Einstellung anderer Gruppen des östlich gelegenen Air-Gebirges zu verhindern, indem sie diese als ­potentielle Rebellen und Banditen denunzieren. Damit versuchen sie vehement, ihre eigenen Leute unterzubringen, selbst wenn sie über keine geeigneten Diplome verfügen.
Doch Imouraren ist die neue Hoffnung für alle nigrischen Tuareg. Viele der aus Libyen geflohenen Tuareg wollen nicht mehr zurück, da sie fürchten, dass sich die Situation in Post-Gaddafis Libyen noch lange nicht stabilisieren wird. Auch mehr als acht Monate nach al-Gaddafis Tod schwebt sein Geist noch immer über dem Land. Vor allem jene, die noch nie in Libyen waren, sind der Meinung, ein Libyen ohne al-Gaddafi könne nicht existieren oder, wie es ein Skeptiker ausdrückt: «Libyen wird weitere 42 Jahre brauchen, damit es wieder gut wird!»

Chaos im freien Libyen

In der Tat sieht es im Süden des Landes nicht gut aus. Zwar gibt es hier keine intertribalen Auseinandersetzungen, und alle Oasen haben sich – bis auf das kleine al-Barkat an der algerischen Grenze gelegen, dass selbst nach dem Tod von al-Gaddafi noch die grüne Fahne hisste – schnell von den Resten des alten Regimes befreit: Alle öffentlichen Ämter und Büros, aber auch Schulen, wurden zerstört und geplündert. Einrichtungsgegenstände und Büromaterial finden sich entweder in diversen Privathaushalten wieder oder wurden von Tuareg ausser Landes geschafft und in Algerien, Mali und Niger zum Verkauf angeboten. Moktar zum Beispiel erbeutete fünf Kopiergeräte und brachte sie zu Fuss nach Djanet, wo sie noch immer auf Käufer warten. In Agadez in Niger stehen auf riesigen Parkplätzen gestohlene Fahrzeuge aus Libyen: nagelneue Toyota-Landcruiser und Pick-ups, verschiedene PKW-Marken und ein Grossteil an Zieraten der chinesischen Baufirmen.
In die leeren Betriebswohnungen der Chinesen in Ghat sind kurzerhand Libyer und MigrantInnen eingezogen. Ajebu, eine nigrische Targia, die mit ihren fünf Kindern und ihrem Mann seit vielen Jahren in Libyen in einem halbzerfallenen Lehmbau einer Altstadt lebt und nie etwas von den sozialen Zuwendungen al-Gaddafis gesehen hat, okkupierte kurzerhand ein leerstehendes Appartement des Wohnhauses einer chinesischen Baufirma. Freudestrahlend erzählte sie am Telefon: «Stell dir vor! Wir haben Wasser und Strom, eine richtige Küche und Fliesen am Boden!»
Kurz nach al-Gaddafis Tod und dem allgemeinen Machtvakuum in Libyen versuchte jeder, so viel wie möglich zu erbeuten. Vor allem das von allen gefürchtete Büro für Innere Sicherheit (maktab hars ad-dachiliy), das zu Zeiten al-Gaddafis das Ziel hatte, mittels eines ausgeprägten Spitzelwesens die Bevölkerung unter Kontrolle zu halten, wurde in Ghat komplett geplündert und zerstört. – Mit der Begründung, dieses Amt sei einzig und allein von al-Gaddafi geschaffen worden und habe nun (endlich!) keine Legitimation mehr. Die erbeuteten Gegenstände, darunter nagelneue originalverpackte Kalaschnikovs und Pistolen, wurden unter den Plünderern verteilt oder verkauft. Die dazugehörende Munition gibt es beim Zigarettenhändler ums Eck zu kaufen: Kugeln für Kalaschnikovs um 50 gersh, jene für Pistolen um 25 gersh: Munition kostet so viel wie Kaugummi. Dementsprechend hoch ist die Gewalt in Südlibyen. Junge Burschen tragen ihre pubertären Konflikte nun mit der Pistole in der Hand aus. Zeinaba, eine seit 15 Jahren in Libyen lebende nigrische Targia, ist bestürzt und meint: «Unsere Kinder werden alle zu Banditen! Gestern haben sie wieder einen Mann in unserer Nachbarschaft erschossen. Wegen Geld. Das passiert jetzt täglich! Ich traue mich kaum noch auf die Strasse.» Ihr Sohn Elias pflichtet ihr bei und ergänzt: «Alkohol kommt in rauhen Mengen hinzu. Die Leute trinken auf der Strasse, schiessen betrunken Salven in die Luft und grölen: ‹Libyen ist frei!›»

Folgen des Libyen-Krieges

Libyens Freiheit hat einen grossen Preis, den nicht nur die LibyerInnen bezahlen müssen, sondern der auf die gesamte Sahara- und Sahelregion aufgeteilt wurde. Die aus Libyen geschmuggelten Waffen haben die gesamte Sahara in ein schwelendes Pulverfass verwandelt. Ein Grossteil des immensen Waffenarsenals al-Gaddafis wurde ausser Landes geschafft und dient nun verschiedenen Rebellen in Mali, im Tschad oder im Sudan. Aber auch extremistische terroristische Gruppierungen, wie zum Beispiel AQMI (al-Qaida du Maghreb Islamique), profitierten davon.
In Niger ist mittlerweile fast jeder Nomade bewaffnet. Auch früher trugen Tuareg-Nomaden Schwerter und Messer: als Arbeitshilfe und zum Schutz gegen Schakale. Heute jedoch sind es Kalaschnikovs aus Libyen. Zum Selbstschutz und zur Selbstjustiz, wie Bala erklärt, da die Polizei und das Militär kaum etwas gegen die zahlreichen Banditen unternehmen, die ihre eigenen Leute überfallen. «Seit dem Libyen-Krieg», fügt er hinzu, «gibt es am Tiermarkt jede Menge Waffen zu kaufen. Und gar nicht teuer. Seitdem haben wir alle eine Kalaschnikov zu Hause, um uns gegen die Banditen zu schützen.» Das Problem der Banditen ist eine direkte Folge der letzten Rebellion. Den Ex-Rebellen wurden im Zuge der Friedensverhandlungen, die al-Gaddafi leitete, Integration ins Militär und Entschädigungszahlungen versprochen, vom nigrischen Staat aber nicht eingehalten. Diese schlecht bis gar nicht ausbezahlten und immer noch grösstenteils bewaffneten Ex-Rebellen formierten sich in den letzten Jahren zu einem unkontrollierten Banditentum und destabilisieren ebenfalls die Sahara.

Die fabrizierte Unsicherheit in der Sahara und im Sahel

Diese zunehmende Phase der Destabilisierung und Unsicherheit der gesamten Region ist jedoch nicht hausgemacht, sondern fremd­initiiert, und zwar seit die USA 2001/2002 unter George Bush den «Krieg gegen den Terror» ausriefen, die Sahara und den Sahel als eine potentielle Zone des Terrorismus brandmarkten und als Rückzugsgebiet für extremistische Militante aus Afghanistan definierten. Die ersten Entführungen von Touristen in Algerien im Jahre 2003 erhärteten das Gerücht von der Sahara als Terrorzone. 2004 kreierte George Bush daher die Pan-Sahel-Initiative (PSI) und bekämpfte mit Unterstützung lokaler Regierungen den angeblichen Terrorismus. Jeremy Keenan zufolge ist klar, dass die Entführungen zwar von den islamistischen Extremisten der GSPC (Groupe Salafiste pour la Combat) begangen, aber von algerischen und amerikanischen Geheimdiensten geplant wurden, um den Verdacht der Sahara als Terrorzone zu erhärten. Wieso?
Laut Keenan ist das Ziel der USA, eine ideologische Basis für die Militarisierung Afrikas zu schaffen, um primär Zugang zu Ressourcen zu bekommen.6 Algeriens Motivation, am inszenierten Kampf gegen den Terror mitzuwirken, lag in seinem Wunsch der politischen Re-Etablierung in EU und Nato begründet. Zudem brauchte Algerien militärische Unterstützung von den USA, um politisch-hegemoniale Ziele in Westafrika zu erreichen und sich gegen Libyen behaupten zu können. Die USA wiederum brauchten einen Verbündeten in Afrika, um ihre Militarisierung durchzusetzen. (Keenan 2006, 2009) Seit 2005 ist ein Rückgang der US-Stimmungsmache erkennbar, aber noch immer finden Entführungen in der Sahara und im Sahel statt, die nun der in AQMI (al-Qaida du Maghreb Islamique) umbenannten Gruppe zugeschrieben werden.
Seit der Entführung von MitarbeiterInnen der Firma Areva in Arlit (Niger) im September 2010 werden auch nigrische Tuareg verdächtigt, Kontakte zu AQMI zu haben. Der Grossteil der Lokalbevölkerung weist die Verbindungen heftig zurück und beschuldigt den nigrischen Staat, ein derartiges Amalgam zu betreiben, um von der EU Gelder für den Kampf gegen den Terrorismus zu bekommen. Einige meinen jedoch, dass es Tuareg geben könnte, die für Geld mit AQMI kooperieren. Aber wenn es Kontakt gibt, dann von ökonomischer und nicht von ideeller Natur.
Einer ganzen Generation von jungen Tuareg wurde durch den inszenierten Kampf gegen den Terror die Lebensbasis entzogen. Der Wüstentourismus brach zusammen, Grenzüberschreitungen wurden schwieriger und Strategien von Handel und Schmuggel kriminalisiert. Der Krieg in Libyen verschärfte die Situation und liess eine grosse Anzahl an geflüchteten arbeitslosen Sub-Sahariern zurück. Einem Grossteil junger Leute wurde die Lebensbasis entzogen. Ihnen bleiben kaum Auswegstrategien aus ihrer kritischen ökonomischen und sozialen Lage.

Ausweg aus der Krise: Rebellion und Separation?

In Mali, wo am 17. Jänner 2012 eine neue Rebellion ausgebrochen ist, ist die Kooperation zwischen einer Fraktion der Tuareg und AQMI eindeutig. Der Führer von Ansar Din, Iyad ag Aghali, kooperiert mit einer Fraktion von AQMI.7
Doch der Grossteil der malischen Tuareg-Rebellen, die sich in der MNLA8 (Mouvement National de libération de l'Azawad) formiert haben, distanzieren sich explizit von Kontakten zu diesen extremistischen Gruppierungen. Der traditionell liberal praktizierte Islam der Tuareg geht mit salafistischen Ideen nicht konform.
Den malischen Rebellen geht es jedoch nicht mehr um Dezentralisierung, ökonomische Teilhabe und soziale Unterstützung, wie in den Rebellionen zuvor. Nachdem ihre bisherigen Forderungen an den Nationalstaat stets ohne Erfolg blieben, kämpfen sie nun um Autonomie und Separation vom malischen Staat. Sie sind in der aktuellen Rebellion sehr erfolgreich, nicht zuletzt, da sie gut vernetzt und organisiert und vor allem durch Waffen aus Libyen sehr gut ausgerüstet sind.

Die Neokolonialisierung der Sahara

Während sich die malischen Tuareg um die Anerkennung ihres neuen Staates bemühen, nigrische Tuareg weiterhin auf Arbeit in der neuen Uran-Mine hoffen und viele WestafrikanerInnen zurück nach Libyen wollen, um Arbeit zu finden, wird der Sahel von einer weiteren Hungerkatastrophe heimgesucht. Früher hat Libyen als einer der ersten Staaten mit Hilfslieferungen die verarmten NomadInnen unterstützt. Heute fehlt es an einem schnell agierenden Partner. Den Akteuren in der Sahara und im Sahel, allen voran Frankreich, die USA und China, aber auch Indien, Korea, Kanada und anderen geht es weder um humanitäre Hilfe noch um Unterstützung zur Demokratisierung, sondern einzig um Ressourcen. Erdöl, Gas, Uran und Phosphat haben neue Akteure auf den Plan gerufen, und vor allem die Tuareg sind auf dem Spielplatz globaler wirtschaftlicher und politischer Interessen gelandet. Die Re-Kolonialisierung bzw. Neo-Kolonialisierung (Claudot-Hawad 2012) der Sahara und des Sahel wird jedoch weder Frieden noch Zugeständnisse von Minderheitenrechten bringen, sondern neuen Zündstoff für das bereits schwelende Pulverfass.    •

Quelle: International. Die Zeitschrift für internationale Politik II/2012; www.international.or.at  

1    Tuareg ist eine Fremdbezeichnung, die jedoch Eingang in den europäischen Sprachgebrauch gefunden hat. Die emischen Termini variieren je nach Region und Dialekt: Imuhagh in Algerien und Libyen, Imushgh in Mali und Imajeghen in Niger. Das in vielen Umschriften gebräuchliche gh wird als im Rachen gesprochenes r prononciert. Auf Grund der breiten Leserschaft dieser Zeitschrift verwende ich wegen des besseren Verständnisses den europäisierten Begriff Tuareg (Pl): Sgl. fein.: Targia, Sgl. mask.: Targi. Wichtig ist mir hierbei nur anzumerken, dass Tuareg schon der Plural ist. Es gibt keine TuaregS!
2    Niger rangiert auf Platz 186 vor der Demokratischen Republik Kongo. http://hdr.undp.org/en/statistics/
3    Greenpeace International (6. Mai 2010)
Areva’s dirty little secret, www.greenpeace.org/international/en/news/features/ArevaS-dirty-little-secrets0605l0/
Greenpeace International (2010), Left in the dust: Areva’s radioactive legacy in the desert town of Niger, www.greenpeace.org/international/Global/international/publications/nuclear/2010/Areva_Niger_report.pdf 
4    www.ciirad.org/actualites/dossiers%202007/uranium-afriq//photos-niger.pdf      
5    www.areva.com/EN/operations-623/a-topranked-deposit-ftir-longterm-minmg.htm
6    Bis 2015 werden 25 Prozent des Erdöl- und Erdgasverbrauchs der USA von Westafrika (besonders aus dem Golf von Guinea) geliefert werden müssen (Keenan 2009: 125 nach CIA Global Trends 2015).
7    Seit der Gründung hat sich die salafistische terroristische Bewegung in verschiedene Gruppen mit unterschiedlichen Strategien und Zielen zersplittert. Derzeit gibt es drei Fraktionen, die von Abdul-Hamid Abu Said, Moktar bei Moktar und Yahya Abu-Hammam, auch Yahya Juani genannt, geführt werden. (Interview mit Jermy Kennan auf France24 am 4. April 2012 www.youtube.com/watch?v=BseudPITb6U)
8    www.mnlamov.net/
Literaturhinweise
Claudot-Hawad, Hélène (2012). Business, profits Souterrains et Strategie de la terreur. La recolonisation du Sahara, www.temoust.org/business-profits-souterrains-et,15758
Keenan, Jeremy (2006). Security and Inseamty in North Africa, in: Review of African Political Economy, Nummer 108, 269–296, www.gees.org/
documentos/Documen-01279.pdf
Keenan, Jeremy (2009). The Dark Sahara: America’s War on Terror in Africa, Pluto Press, New York
Kohl, Ines (2007). Tuareg in Libyen: Identitäten zwischen Grenzen. Reimer, Berlin
Kohl, Ines (2009). Beautiful Modern Nomads: Bordercrossing Tuareg between Niger, Algeria and Libya. Reimer, Berlin
Kohl Ines (2010). Saharan «Borderline»-Strategies: Tuareg Transnational Mobility, in: Tilo Grätz (Hg.). Mobility, Transnationalism and Contemporary African Societies. Cambridge Scholars, Newcastle upon Tyne, 92–105

*Ines Kohl (Mag. Dr.) ist Forscherin am Institut für Sozialanthropologie (ISA) der Österreichischen Akademie der Wissenschaften (ÖAW). Sie arbeitet über Tuareg, Jugendkultur, Mobilität und Transnationalität in Libyen, Algerien und Niger.
Mail: ines.kohl(at)oeaw.ac.at; www.kohlspross.org

 

samedi, 24 novembre 2012

L’armée tunisienne sous commandement qatari

Tunisie : l’armée tunisienne sous commandement qatari

par Karim Zemerli
 
 

Le général Rachid Ammar vient de signer avec le chef d’état-major des forces armées qataries deux accords stratégiques qui enrôlent l’armée nationale tunisienne dans la future coalition contre la Syrie, le Hezbollah, l’Iran et probablement l’Algérie. Etait-ce pour cette raison que le bruit a couru à Tunis il y a quelques semaines sur la démission d’Abdelkrim Zbidi, le ministre de la Défense ?

 
L’information n’est pourtant pas ultra secrète, mais certains médias locaux l’ont passée sous silence. A l’exception d’Espace Manager et de JawharaFM, aucun média n’a jugé utile de reprendre la dépêche de l’Agence TAP selon laquelle la Tunisie et le Qatar viennent de signer, lundi 20 novembre 2012 à Doha, « un mémorandum d’entente relatif à la coopération militaire, et un projet de protocole exécutif relatif au détachement de militaires tunisiens auprès des forces armées qataries ». Il est vrai que cette dépêche présente l’événement comme étant banal, ordinaire et courant dans les relations entre Etats « frères ».

Predatory Falcon III, la nouvelle alliance islamo-impérialiste

Selon l’Agence TAP, cet accord stratégique et inédit dans l’histoire de la Tunisie a été signé lors de la visite qu’a entamée  le ministre de la Défense nationale Abdelkrim Zbidi au Qatar le 18 novembre et qui s’achève aujourd’hui 21 novembre. Cette visite répondait à l’invitation du Général-major et chef d’état-major des forces armées du Qatar Hamad Ben Ali Al-Atia, pour participer à une conférence de hauts cadres militaires sur les manœuvres communes « Faucon Prédateur III » pour l’année 2012. Rien que le nom donné à ces manœuvres communes -Predatory Falcon III- porte l’estampille du Pentagone et laisse présager contre quels mouvements de résistance et contre quels pays elles seront dirigées, à moyen et long termes.
Le très discipliné Rachid Ammar, chef d’état-major des armées, accompagnait le ministre de la Défense. Ils ont rencontré à cette occasion, l’émir héritier du Qatar Cheikh Tamim Ben Hamed Al-Thani, le fils ainé de Hamad et Mozza. La rencontre a permis de passer en revue « les perspectives de renforcement de la coopération militaire et d’échanger les vues sur des questions d’intérêt commun ».

Des militaires tunisiens en entrainement à la base d’Al-Aydid

Abdelkrim Zbidi et le général Rachid Ammar ont eu une série de rencontres avec les représentants des quelques rares pays arabes, islamiques et européens participant à cette conférence militaire. Parmi ces pays islamiques, la Turquie et l’ensemble des ex-Etats soviétiques qui ont obtenu leur indépendance après l’implosion de l’URSS, dont l’Azerbaïdjan, qui est depuis 1994 un élément du dispositif OTAN et sous le drapeau duquel des militaires israéliens participent discrètement à l’opération « Faucon Prédateur III ».
Contrairement à ce qui a été rapporté par l’Agence TAP, l’organisateur des manœuvres « Faucon Prédateur III » n’est pas le Qatar mais les Etats-Unis, et ces manœuvres ont commencé le 4 novembre et ne se terminent pas le 19 mais le 22 novembre. Elles mobilisent près de 1500 militaires dont 60% sont des officiers. A noter que depuis janvier 2012, dans le secret le plus total, 200 officiers et sous-officiers tunisiens suivent un stage d’entrainement à la base américaine Al-Aydid au Qatar, à partir de laquelle l’aviation américaine menait ses bombardements contre l’Irak et récemment contre la Libye. Et depuis mars 2012, la représentation militaire au sein de l’ambassade de Tunisie à Doha a été portée de deux à 29 officiers, ce qui fait que pour la première fois, le nombre des militaires a dépassé celui des diplomates ! Durant leur séjour à Doha, Rachid Ammar et Abdelkrim Zbidi ont d’ailleurs « inauguré ce département militaire au sein de l’ambassade », selon la dépêche même de la TAP.

L’Iran se prépare à la bataille décisive

Simple hasard du calendrier ou mesure dissuasive, l’armée iranienne a commencé ses manœuvres le 10 novembre. Selon l’Agence de presse iranienne IRNA, « des troupes et des équipements militaires ont été déployés dans les positions au cours des trois premiers jours des exercices militaires, qui se déroulent dans 8 Etats du Sud et de l’Est du pays ». La zone d’exercice militaire s’étendrait ainsi sur 850000 kilomètres et prendrait fin le 17 novembre 2012. Sont inclus dans ces manœuvres des chasseurs à réactions, des avions ravitailleurs, des drones de fabrication iranienne, des batteries de défense antiaérienne, des équipements de communication et de l’artillerie.
Depuis le coup d’Etat atypique du 14 janvier 2011, plusieurs officiers supérieurs de l’armée nationale tunisienne ont été contraints à la retraite anticipée. Dès février 2011, la même purge a touché le ministère de l’Intérieur (La Presse du 2 février 2011), qui a d’ailleurs signé avec le Qatar plusieurs accords de coopération, y compris l’équipement et la formation des forces de l’ordre et les agents de sûreté nationale.

La Tunisie sous protectorat qatari !

Ainsi, la colonisation de la République Tunisienne par l’émirat bédouin du Qatar n’est pas une fiction mais une réalité bien affligeante. Outre l’achat des meilleures entreprises tunisiennes (voir à ce sujet le remarquable article de Sami Ben Mansour publié le 19 novembre dans www.webdo.tn ) et qui n’est pas une simple conquête économique selon les normes et les exigences de la globalisation, mais une stratégie de wahhabisation graduelle, le Qatar dirige de fait la diplomatie tunisienne et contrôle les deux autres ministères de souveraineté, à savoir l’Intérieur et la Défense. Avec l’engagement de nos forces armées au sein de « Predatory Facon III », la boucle est bouclée, les bouches sont fermées et la Dignité du tunisien annihilée. D’inspiratrice du « printemps arabe » avec  sa tragi-comique « révolution du jasmin », la Tunisie est devenue une colonie du Qatar, intégrée au Grand Moyen Orient, le plan des néoconservateurs américains qui a commencé en Irak et qui ne s’achèvera pas avant la destruction de la Syrie, l’isolement de l’Iran et la proclamation d’un Etat palestinien…sur les territoires jordaniens !

http://www.tunisie-secret.com

Karim Zemerli

vendredi, 23 novembre 2012

Quand la Chine divise pour régner

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“M.”/ “ ’t Pallieterke”:

Quand la Chine divise pour régner

 

Tant l’Europe que les Etats-Unis et la Chine sont confrontés aujourd’hui à des problèmes de prise de décision politique. Comment agencer cette prise de décision pour faire face aux problèmes de l’heure? Comment la couler en un récit compréhensible pour les électeurs ou les citoyens? La Chine, en tout état de cause, est le pays qui nous suggère les méthodes et le récit les plus intéressants. Il y a passation du pouvoir au moment où sévit une crise économique. Le fait est que les Chinois ne sont nullement désemparés: en témoigne la façon dont ils essaient d’augmenter leurs liens commerciaux avec les pays européens.

 

Obama a certes été envoyé pour la seconde fois à la Maison Blanche mais d’autres élections récentes ont suscité un “Congrès divisé” comme on dit dans les médias. Ce fait rend toute prise de décision difficile à Washington. Mais les choses sont-elles plus sereines, plus aisées, en Europe? La prise de décision, du moins au niveau européen, se voit considérablement freinée par la nécessité d’un consensus entre tous les participants à la table de négociations. Certaines décisions sont imposées au 27, quasiment à l’arraché, mais elles suscitent alors bien des frustrations.

 

En Chine, nous observons un tout autre tableau. Au cours des dernières années écoulées, le parti communiste chinois a pu se maintenir dans un pays pourtant en pleine mutation. Un nouvel encadrement politique semble vouloir s’imposer, c’est bien connu, mais on ne sait pas trop comment mettre cette volonté de changement en oeuvre. Pour l’analyste George Friedman du fameux institut texan “Stratfor”, nous sommes face à une réalité commune en Europe, en Chine et aux Etats-Unis, les trois pôles étant confrontés à un problème de prise de décision politique. Cependant, malgré le “Congrès divisé” à Washington, les Américains, sur l’autre rive de l’Atlantique, sont finalement mieux lotis que les Européens.

 

La situation économique en Europe ne cesse de péricliter. Selon toute vraisemblance, l’UE terminera l’année 2012 avec une croissance économique négative de 0,3%. Dans l’eurozone, ce sera même 0,4%. La Chine aussi fait face à un mauvais bilan économique. En soi, les chiffres de la Chine font saliver tous les Européens d’envie; pourtant, pour les normes chinoises, ce mauvais bilan constitue un solide ressac. Et c’est juste en ce moment crucial que le pays change d’équipe dirigeante. C’est une procédure connue, en principe gérable, mais elle n’est jamais survenue dans un tel contexte économique. Aux Etats-Unis, on constate certes une croissance économique modeste. Mais, pour l’Europe, comme les Etats-Unis connaissent quelques difficultés d’ordre politique, ces faibles succès économiques américains ne provoquent pas de grands dommages psychologiques: les Européens n’ont pas leurs nuits agitées de cauchemars. Les Européens conçoivent l’Etat différemment que les Américains. En Europe, la notion d’Etat prend une place plus importance dans la société. Tout dysfonctionnement de la machine Etat est perçu autrement en Europe qu’aux Etats-Unis.

 

Une période de crise

 

Examinons maintenant la situation chinoise, la plus intéressante des trois. A peine vingt-quatre heures après les élections américaines s’est ouvert le 18ème Congrès national du PC chinois, où 2270 délégués élisent les 370 membres du Comité central qui, à leur tour, choisissent une vingtaine de membres du Politbureau, après quoi neuf personnalités (et peut-être moins) seront désignées pour faire partie d’un comité exécutif (qui exercera le véritable pouvoir). Toutes les décisions importantes sont ainsi prises à l’avance (et là, des balises à la démocratie totale sont installées...), comme Lénine et Mao l’ont voulu. A la différence des Etats-Unis, où l’on attendait avec impatience pour savoir qui allait emporter le poste de président, on savait déjà en Chine que Xi Jinping serait le nouvel homme fort de la République populaire.

 

On sait aussi à Beijing que la nouvelle direction sera confrontée à une longue période de crise, qui s’étendra sur plusieurs années. Ce qui est moins évident, c’est l’ampleur des problèmes.

 

Pour autant que nous puissions disposer de chiffres fiables, la communication est très sélective. Personne ne conteste que les défis sont gigantesques. La population urbaine s’est accrue au cours de ces dernières années pour atteindre le chiffre hallucinant de 480 millions d’âmes. Par conséquent, la moitié de la population chinoise habite désormais dans des villes, souvent tentaculaires. Les zones rurales approchent ce qu’il est convenu d’appeler le “Point Lewis” (du nom de l’économiste William Arthur Lewis), c’est-à-dire le moment où le travail bon marché et abondant issu des seules campagnes cesse d’être disponible. Même avec leur machine politique hyperperformante, les Chinois auront de réelles difficultés à maîtriser ce problème.

 

Une nouvelle Europe

 

Les temps difficiles ne doivent induire aucune politie à demeurer inactive, à conserver ses vieilles routines. Et les Chinois ne font aucun sur-place. On en veut pour preuve la façon dont les Chinois approchent l’Europe depuis quelque temps. Cette tentative d’approche de la part de la Chine doit nous intéresser au plus haut point, vu que bon nombre d’économistes estiment aujourd’hui que la Chine est plus importante que les Etats-Unis pour l’avenir de l’Europe. Depuis un certain temps déjà, la Chine est le principal partenaire commercial du bloc européen. Mais au sein de ce bloc, il y a des différences et des divergences bien visibles, écueils auquel Beijing veut apporter une solution. Il y a quelques semaines, un colloque important s’est tenu dans la capitale chinoise, auquel participaient seize pays d’Europe centrale et orientale. Les autres pays membres de l’UE n’avaient pas été invités. Cette initiative est emblématique de la manière dont les Chinois établissent des “contacts” avec l’Europe. Ils s’adressent à des Etats individuellement et négligent totalement les institutions de l’UE. Ce n’est évidemment pas du goût de la Commission européenne, mais celle-ci demeure impuissante face au fait accompli que créent en permanence les Chinois. Dans une déclaration, prononcée sur le ton de la prudence, Lady Ashton, responsable de la politique extérieure de l’UE, a fait clairement comprendre que l’Europe devait être considérée comme une seule et unique plateforme, mais ses propos n’ont guère été pris en compte à Beijing, ... comme d’habitude...

 

La stratégie chinoise est bien pensée, avertissent les analystes de la politique internationale. Le rapport de force qui s’établit entre la Chine et un seul pays européen est bien entendu très différent d’un rapport de forces où la Chine serait confrontée à une Union de 27 Etats. La stratégie des entreprises chinoises et leur volonté de s’implanter cadrent bel et bien dans une vaste stratégie visant à servir les intérêts de la Chine. Exemple: la Chine achète de plus en plus d’éléments dans le port d’Athènes, Le Pirée. Exactement comme, il y a quelques années, l’ex-ministre américain Rumsfeld faisait la différence entre la “vieille Europe” et la “nouvelle Europe” (c’est-à-dire l’Europe centrale et orientale), les Chinois opèrent aujourd’hui la même distinction.

 

“M.”/ ‘ Pallieterke, Anvers, 14 novembre 2012.

jeudi, 22 novembre 2012

Energie et défense: les vieux amis et les nouveaux ennemis d’Ankara

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Alessia LAI:

Energie et défense: les vieux amis et les nouveaux ennemis d’Ankara

 

Les rapports entre Turcs et irakiens se sont envenimés depuis quelques mois; en revanche, les relations commerciales avec Israël ont repris récemment...

 

L’EPDK, l’autorité turque qui régule le marché de l’énergie, ne permettra vraisemblablement pas à une société du Nord de l’Irak d’exporter du gaz naturel, parce que cette société n’a pas signé à temps un accord prévu de longue date, vu les tensions politiques qui agitent la région. La société turque Siyahkalem Ltd, qui opère sur le marché de l’énergie, avait décidé d’importer du gaz, en commençant par un volume annuel de 700 millions de m3 à partir de 2014, pour arriver à un volume de 3,2 milliards de m3 en 2033. La société devait soumettre une proposition de contrat à l’EPDK dans un délai de 90 jours mais “les vicissitudes politiques qui rythment les rapports turco-irakiens et les rapports entre le gouvernement central de Bagdad et le gouvernement du Kurdistan irakien du Nord du pays ont conduit à l’échec de l’accord”, précise une source de l’Agence Reuters.

 

Au cours de ces dernières semaines, en effet, les tensions ont augmenté entre Bagdad et Ankara, surtout depuis que la Turquie a accordé l’asile politique à l’ancien vice-président irakien Tareq al-Hashemi, condamné à mort pour terrorisme. L’Irak a également demandé à la Turquie de cesser ses attaques contre les forces rebelles kurdes, repliées sur territoire irakien mais dans la région autonome kurde, sur laquelle le gouvernement central de Bagdad exerce peu de contrôle et avec laquelle les Turcs ont forgé des liens assez étroits ces dernières années, surtout dans le domaine des hydrocarbures, cette région possédant les champs pétrolifères les plus productifs de l’Irak. Le gouvernement irakien, pour sa part, a exclu, le 7 novembre 2012, la société nationale turque d’exploitation pétrolière TPAO de toute présence active dans la zone dite du “bloc 9”, tout en niant que cette mesure soit une rétorsion face aux accords signés par la TPAO dans le Kurdistan irakien.

 

Avec une telle toile de fonds, on ne s’étonnera pas que les relations entre la Turquie et Israël soient redevenues amicales. Une société israélienne, qui concevait des systèmes électroniques pour les avions espions turcs avant la crise diplomatique qui a opposé Tel Aviv à Ankara depuis 2009 (à l’époque de l’opération “Plomb fondu” puis de l’attaque contre la flotille “Mave Marmara”) vient de reprendre ses activités. En 2002, le ministère turc de la défense avait commandé auprès de la firme aéronautique américaine Boeing quatre avions espions Aewc 737-700, ainsi qu’un radar de terre, des systèmes de contrôle et d’autres matériels pour l’instruction du personnel et la manutention. Le site internet du quotidien turc “Hurriyet” rapporte que la firme israélienne Elta Systems a décidé de reprendre la fabrication de dispositifs spéciaux pour les avions espions de type Boeing 737 Aewc. Cette décision, d’après le quotidien turc, permet de reprendre la production, ajournée depuis longtemps, de quatre nouveaux 737-Aewc (pour un prix total de quelque 1,2 milliard d’euro). Enfin, cette décision indique la fin de tout interdit frappant les exporations de matériels destinés à la défense entre Israël et la Turquie. Elles avaient effectivement été gelées depuis deux ans.

 

Alessia LAI.

( a.lai@rinascita.eu ; article paru dans “Rinascita”, Rome, le 10 novembre 2012; http://rinascita.eu/ ).

mercredi, 21 novembre 2012

Présidentielles américaines: le poids des voix ethniques

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Présidentielles américaines: le poids des voix ethniques

 

Obama est devenu président pour la seconde fois grâce aux minorités ethniques. Les Euro-Américains (ou les “Blancs”) n’ont été que 39% à voter pour le premier président (à moitié) noir des Etats-Unis. Chez les “Latinos”, Obama a récolté 71% des voix et chez les Noirs (ou Afro-Américains), le score mirobolant de 93%, qui est toutefois inférieur à celui qu’il avait obtenu lors de sa première élection à la présidence en 2008. Chez les Asiatiques, Obama a récolté le score très confortable de 73%. Même les Latinos d’origine cubaine, dont une bonne part était jusqu’ici demeurée fidèle au Parti Républicain, ont voté majoritairement pour Obama lors des dernières présidentielles. Le soutien à Obama chez les autres minorités s’est révélé en recul mais il obtient néanmoins une majorité de 58%.

 

Ces chiffres se confirment une nouvelle fois lorsque l’on observe la répartition des voix selon les appartenances religieuses. Pour les électeurs chrétiens, il n’y a guère de différences entre ceux qui choisissent les Républicains et ceux qui votent pour les Démocrates. Obama n’a obtenu que 42% des votes protestants et 50% des votes catholiques. Les athées ont voté à 70% pour Obama. Les adeptes des “autres religions”, dont les Musulmans, ont voté, eux, à 74% pour Obama. On a prétendu que les femmes avaient majoritairement voté pour Obama mais ce n’est qu’à moitié vrai. Il s’agit surtout de femmes issues des minorités ethniques. 56% des “Blanches” ont voté pour Romney.

 

(source: “ ’t Pallieterke”, Anvers, 14 novembre 2012).

 

mardi, 20 novembre 2012

Hu Jintao: “Nous n’adopterons aucun modèle de démocratie occidentale!”

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Sebastiano CAPUTO:

Hu Jintao: “Nous n’adopterons aucun modèle de démocratie occidentale!”

 

Les défis majeurs du nouveau président Xi Jinping seront la lutte contre la corruption et les réformes relatives à la redistribution des richesses

 

Hu a défendu son idée de “développement scientifique”, c’est-à-dire une idée qui vise l’équilibre entre progrès économique illimité et souci de la pauvreté

 

Le 8 novembre 2012, lors de son discours d’ouverture pour le dix-huitième congrès national du parti communiste chinois, le secrétaire général, qui est aussi le président sortant, Hu Jintao, a parlé pendant plus de 90 minutes pour proposer une nouvelle fois les politiques qu’il avait suggérées pendant les dix ans de son “règne”; il lançait simultanément un avertissement à son successeur Xi Jinping. Devant près de trois mille délégués chinois élus aux niveaux municipaux, provinciaux et régionaux, réunis dans la “grande salle du peuple” à Pékin (Beijing) sur la Place Tienanmen, Hu a défendu son idée de “développement scientifique”, c’est-à-dire une idée qui vise l’équilibre entre un progrès économique illimité et l’attention qu’il convient d’apporter à la pauvreté, à l’écologie, à l’augmentation de la richesse, qui se conjugue à des rythmes différents dans les villes et dans les campagnes. “Nous devons viser plus haut et travailler plus durement encore pour pouvoir poursuivre notre développement de manière scientifique, c’est-à-dire en promouvant l’harmonie sociale et en améliorant la vie des gens”, a affirmé le président sortant qui, en mars 2013, cèdera officiellement le pouvoir à Xi Jinping. “La Chine restera au stade premier du socialisme”, a-t-il ajouté sur le ton de l’avertissement, “et devra viser une modernisation socialiste avec pour objectif au terme de l’année 2020 de doubler les revenus pro capita de la population urbaine et rurale par rapport aux chiffres de l’année 2010. Il faudra aussi veiller à augmenter la demande intérieure dans le but de parfaire une stratégie cherchant à diversifier notre économie jusqu’ici axée principalement sur l’exportation, afin d’en arriver à une économie modérément prospère en 2020”.

 

“La perspective scientifique pour le développement” est donc la formule que Hu Jintao a répété à plusieurs reprises lors de son discours d’adieu. Cette perspective cherche ainsi à promouvoir l’objectif d’un développement équilibré et durable, perspective qui devra guider le parti communiste chinois dans les années à venir. En se référant encore et toujours aux idées de ses prédécesseurs Mao Zedong, Deng Xiaoping et Jiang Zemin, le chef de l’Etat chinois a très nettement exclu, pour l’Empire du Milieu, toute adoption d’un modèle de “démocratie à l’occidentale”, en valorisant clairement, comme il y a trente ans, l’idéal d’un “socialisme à caractère chinois”. Tout en recherchant un “développement pacifique”, Hu a toutefois ajouté que, dans le futur, “il faudra moderniser l’armée pour se préparer à la sauvegarde résolue des droits maritimes de la Chine qui”, selon lui, “doit devenir une puissance toujours plus maritime”. Hu faisait bien entendu référence au contentieux diplomatique récent avec le Japon à propos des îles Senkaku/Diaoyu. Enfin, le leader communiste a abordé plusieurs fois le problème de la corruption, qui affecte certains membres de l’aréopage, un mal endémique qui, s’il n’est pas éradiqué, provoquera la chute du pays. De fait, Hu a promis une politique de la “main de fer” même s’il revendique, conjointement à son dauphin Wen Jiabao, des résultats fort probants en matière de lutte contre la corruption: leur équipe a justement dénoncé près de 640.000 cas de corruption en un an! Dans cette masse, seuls 24.000 coupables ont été traduits devant les tribunaux. Le discours de Hu était assorti de menaces: “celui qui violera la loi sera poursuivi, qui qu’il soit, et quel que soit le niveau de pouvoir ou le rôle officiel qu’il aura tenu”. Toutefois la lutte contre la corruption demeurera le défi le plus important pour Xi Jinping, surnommé le “petit prince rouge” (parce qu’il a été “recommandé”, étant le fils de Xi Zhong Xun, figure mythique de la “longue marche” et fondateur du parti communiste chinois). Il est donc un successeur qui apparaît aux yeux des trois mille délégués réunis pour le congrès de Pékin (Beijing) comme la personnalité médiatrice qu’il faut pour unir les multiples factions qui cohabitent au sein du parti, comme le “Clan de Shanghaï”, la coalition dite de “Tuanpai”, les “réformistes” et l’armée. Issu de l’université de Tsinghua,véritable Mecque de l’élite politique chinoise, où ont été formés la plupart des hauts dirigeants du pays, y compris le président sortant Hu Jintao, Xi Jinping a reçu plusieurs postes dans l’administration politique, économique et militaire au cours de ces cinq dernières années. Mais, au-delà de la lutte contre la corruption, le défi le plus important à relever, et qui attend le nouveau chef de l’Etat chinois, est sans nul doute la réforme à parfaire dans le domaine de la redistribution des richesses du pays dans les strates les plus pauvres de la population, ce qui implique d’améliorer les modes d’assistance sociale par l’Etat et d’augmenter les salaires.

 

Sebastiano CAPUTO.

( sebastianocaputo@hotmail.it ; article issu de “Rinascita”, Rome, 10 novembre 2012; http://rinascita.eu/ ).

lundi, 19 novembre 2012

Rassegna Stampa

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Rassegna Stampa: articoli in primo piano
 
11/2012 (1)



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mardi, 13 novembre 2012

Le Qatar et le « colonialisme salafiste »

Le Qatar et le « colonialisme salafiste »

par Rachid BARNAT

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

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Le paradoxe d’un émir bourré de pétrodollars, ami des Frères musulmans et des Etats Occidentaux, qui maintient des liens privilégiés avec Israël et le Hamas et joue au sponsor des nouveaux régimes issus des «révolutions» arabes.

Le paradoxe de l’émir du Qatar Hamad bin Khalifa Al Thani, c’est son double jeu: il joue les modernistes avec ses «amis» occidentaux, et soutient les extrémistes religieux chez ses «frères» orientaux… mais probablement avec l’approbation de ses amis occidentaux, les pétrodollars de l’émir servant à faire passer la pilule du paradoxe!

A moins que son «jeu» n’entre dans la stratégie des Etats-Unis : 1- neutraliser les extrémistes de «l’intérieur», tout en les soustrayant à une probable récupération iranienne chiite! Ce que vient de faire l’émir du Qatar avec le Hamas de la bande de Gaza qui flirtait avec le régime des Ayatollah et soutenait Bachar el Assad, l’autre «ami» des iraniens. Et 2- permettre une reprise du dialogue entre les Palestiniens et les Israéliens à fin qu’Obama (s’il est réélu !), concrétise son beau discours-programme lors de sa prise du pouvoir: en finir avec un problème qui empoisonne les relations internationales depuis plus de 60 ans !

L’émir à vie apprend au président povisoire à poser devant les photographes.

Parasiter les révolutions par l’exportation massive du wahhabisme

D’autant que le Qatar, avec l’Egypte, sont les rares pays «arabes» à reconnaître Israël et à entretenir avec ce pays de bonnes relations.

Avec au passage une «reconnaissance» de la part du monde dit «arabe» au Qatar pour sa contribution à la résolution du «problème» palestinien, et pour avoir neutralisé les Ibn Saoud et leur nuisance, alors que le monde entier «découvre» le réel danger de cette dynastie moyenâgeuse qui ne doit son salut qu’au wahhabisme obscurantiste et rétrograde, et qui est «tenue» de l’exporter et d’en faire le prosélytisme pour respecter le deal  avec Ibn Abdelwahhab, qui lui avait accordé le pouvoir temporel sur la oumma!

Mais comme cet émir veut faire de l’ombre à son frère ennemi Ibn Saoud, celui-ci tente de «parasiter» son jeu par une exportation massive du «wahhabisme saoudien», plus violent et totalement rétrograde, pour neutraliser le wahhabisme qui se veut «éclairé» de l’émir!

L’autre paradoxe, et celui-là il est occidental, est illustré par l’attitude de la France vis-à-vis d’un «ami» encombrant à certains égards.

Le gouvernement français, qui entend combattre l’islamisme radical sur son territoire, a pour partenaire privilégié l’émir du Qatar, doté d’un statut fiscal avantageux, à la tête d’une monarchie absolue au modernisme tapageur, mais trompeur, qui soutient partout les Frères musulmans et les salafistes armés !

L’émir du Qatar avec le leader du Hamas Ismaïl Haniye à Gaza.

Peut être le gouvernement français se réveillera-t-il après le renvoi de la mission française pour raison d’ingérence de l’émir dans le choix des livres jugés «haram» (illicites) pour les conformer à la doctrine wahhabite. Preuve s’il en est besoin que ces monarques exportent leur modèle sociétal, wahhabisme compris!

Les Français souhaitent équilibrer leurs liens avec les pétro monarques en se rapprochant des Ibn Saoud, frères ennemis de l’émir du Qatar, mais là encore c’est un rapprochement avec des un régime fonctionnant sur le même modèle que celui du Qatar, pratiquant le wahhabisme comme système politico-religieux, en plus obscurantiste chez les Saoudiens! Mais peut on faire autrement?

L’émir du Qatar avec le président Obama

Il est tout de même anormal qu’au nom de la realpolitik on collabore avec des régimes qui soutiennent les islamistes les plus radicaux! Viendra, hélas, le jour du retour du boomerang car ces régimes seront probablement un jour les victimes de leurs créatures : «les salafistes jihadistes»!!

Qui aurait cru à la générosité de l’émir?

Si on réfléchit bien, l’émir du Qatar est logique avec lui-même! Il sert uniquement ses intérêts et protège ses arrières: étant à la tête d’un Etat pas plus grand que la Corse, très pauvre, vivant de la pêche perlière qui très vite a était concurrencée par les perles de culture développées par les Japonais, ne devant sa richesse subite qu’au gisement de gaz au large de ses côtes… mais conscient qu’une telle manne n’est pas inépuisable, investit et place ses pétrodollars dans le monde entier en achetant des actions, de l’immobilier, des terres… aussi bien en Occident que dans le monde arabe! Comme la Tunisie sur laquelle il a jeté son dévolu depuis Ben Ali, mais que, grâce à son protégé Ghannouchi, il va pouvoir avoir pour une bouchée de pain!

L’émir du Qatar reç à l’Elysée par François Hollande.

S’il s’est invité dans les révolutions du «printemps arabe», ce n’est nullement par altruisme: il fera tout pour les avorter car le risque est trop grand pour lui qu’elles contaminent les pétromonarchies.

Et quoi de mieux, pour neutraliser ces peuples en révolte, que de diffuser parmi eux le wahhabisme, système politico-religieux parfait, qui maintient sur leur trône des pétro monarques au pouvoir absolu et incontesté comme le leur accorde l’imam Mohamed Abdelwahhab, fondateur du wahhabisme !

Qui aurait cru à la générosité de l’émir qui le conduirait à aider ses frères arabes du Hamas à Gaza? Derrière cette aide se cache des intentions politiques et économiques plus terre à terre.

Des experts ont découvert récemment des gisements importants de gaz sur lesquels l’émir veut mettre la main. Son alliance avec Hamas coupe les liens incestueux qu’il entretenait avec l’Iran chiite, voisin et ennemi héréditaire de l’émir dont il craint toujours la puissance! Et sa «présence» à Gaza, lui assure le «contrôle» du voisin égyptien toujours imprévisible et qui prétend lui aussi au leadership du monde «arabe», un leadership plus ancien que celui du Qatar et de l’Arabie …

La reine Elizabeth et le prince Philip reçoivent le cheikh Hamad et son épouse.

Le réel paradoxe est celui des Occidentaux qui n’ignorent rien des intentions de l’émir et de sa capacité de nuisance aux peuples qui aspirent à la démocratie, mais pour lequel ils ferment les yeux par calculs géopolitiques et par intérêts économiques!

Toutes ces puissances «démocratiques» ou «financières» ne jouent-elles pas avec le feu au détriment de peuples qui ne leur demandent rien? D’autant que laisser se propager le wahhabisme chez les peuples en révolte finira tôt ou tard de les atteindre de gré ou de force, les jihadiste salafistes ne reculant devant rien! Le 11 septembre n’aura donc pas servi de leçon?

Seul un peuple éclairé peut déjouer ou du moins rejeter une telle ingérence!

Les Tunisiens sauront-ils résister à cette ingérence et rejeter le «colonialisme religieux» qui la sous-tend par l’exportation massive du wahhabisme des pétro monarques?

Rachid Barnat

COMPACT November 2012

COMPACT November 2012

 
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Ausgabe November 2012

 

Inhalt COMPACT 11/2012

Titelthemen

    • Wird Steinbrück Kanzlerin?
    • Merkel: Die Patin & ihre Rivalen
    • NSU-Morde: Die Spur der Stasi-Waffen
    • Erdogan: Zündeln für den Weltkrieg
    • Hysterie: Alles Antisemiten – außer Mutti
    • Dossier: Wie wird Deutschland wieder souverän?

Vollständiger Inhalt

TITELTHEMA
  • Steinbrück: Kandidat der Bilderberger.
    Von Jürgen Elsässer
  • Von der Leyen: Aufstieg aus dem Sumpf.
    Von Niki Vogt
  • System Merkel: Die Patin und ihre Rivalen.
    Interview mit Gertrud Höhler

POLITIK

  • Cem Özdemir: Ein schwäbischer Anatolier.
    Von Lion Edler
  • NSU-Morde: Die Rätsel der Ceska 83.
    Von Kai Voss
  • Wahlalternative 2013: <<Ich fürchte um die Demokratie>>
    Interview mit Konrad Adam
  • Hyterie: Alles Antisemiten – außer Mutti.
    Von Ken Jebsen
  • Syrien/Türkei: Spurensuche in Akcakale.
    Von Hasan Bögün
  • Irankrieg: Von Stuxnet zu Flame.
    Von Frederike Beck

DOSSIER Wie wird Deutschland wieder souverän?

  • EU/ESM/Euro: Mit der Freiheit unvereinbar.
    Von Karl Albrecht Schachtschneider
  • Wie souverän ist Deutschland.
    Von Oliver Janich
  • Paris-Berlin-Moskau.
    Von Eberhard Straub
  • Ein neues Bündnis ist nötig.
    Von Natalia Narochnitskaya

LEBEN

  • Goethe-Wochen in Frankfurt: Das Rauschen des Papiergeldes.
    Von Andreas Rieger
  • Euro: Politisch korrekte Scheine
    Von Malte Olschewski
  • Wolfgang Schreyer zum 85. Geburtstag: Ein Fenster zur Welt.
    Von Marcus Mittelstraß
  • Alexander von Humboldt: Alle sind zur Freiheit bestimmt.
    Von Utz Anhalt
  • Fotoessay: Ewiges Moskau, junges Moskau.
    Fotos: Jörg Esefeld & Sascha Neroslavsky
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samedi, 10 novembre 2012

Histoire : le Kurdistan et les Kurdes

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Histoire : le Kurdistan et les Kurdes

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

1) Heurts et malheurs de l’Histoire kurde

Avant le 16ème siècle, le Kurdistan tel qu’il est connu et reconnu aujourd’hui, avec son découpage en quatre parties, était une des régions de l’Iran. Il fut abandonné par les rois safavides à l’empire Ottoman en 1514, lors de la bataille de Tchâldorân, avant d’être partagé entre l’Iran, la Syrie, la Turquie et l’Iran à la fin de la Première Guerre Mondiale. Malgré les hauts et les bas de leur histoire, les Kurdes continuent cependant à pratiquer une langue commune qui témoigne de leur unité culturelle. Jusqu’à présent, et malgré l’adversité, ces derniers sont parvenus à conserver leur union, leur solidarité, et leur identité transnationale. Durant l’Antiquité, les Kurdes habitaient les régions orientales de la Mésopotamie et l’Iran-vitch. Leur territoire n’a jamais cessé de changer d’appellation au cours de l’histoire. Il fut nommé Kura Gutium par les Sumériens, Kurdasu par les Elamites, Qardu par les Babyloniens et Carduchoi par les Grecs. Sous les Seldjoukides, à l’époque du Sultân Sandjar, le nom de Kurdistan fut définitivement choisi pour cette région.

Au 7ème siècle av. J.-C le Kurdistan irakien d’aujourd’hui constituait une partie de l’empire assyrien. Lorsqu’Assurbanipal, l’empereur assyrien, mourut en 633 av. J.-C, Cyaxare le roi mède s’allia aux Babyloniens contre les Assyriens. En 614 av. J.-C, Cyaxare traversa les chaînes montagneuses du Zagros et assiégea la capitale assyrienne, Assur, en 614 av. J.-C. Après s’être emparé des autres villes assyriennes (dont Ninive, en 613 av. J.-C. où s’était caché le dernier roi assyrien), Cyaxare accepta le pacte de paix babylonien et parvint de la sorte à asseoir fermement son royaume. Désormais, cette région occupée allait devenir partie intégrante de la Perse, sous les Achéménides, les Séleucides, les Arsacides et les Sassanides. D’après Xénophon [1], les habitants kurdes de Zagros furent recrutés par l’armée achéménide pour soutenir le conflit engagé contre Alexandre le macédonien. Strabon [2] et Eratosthène [3] ont également évoqué la troupe kurde de Xerxès III qui fut en lutte contre l’armée d’Alexandre.


Certaines sources comme Noldke (1897) considèrent que les tribus kurdes du sud et du centre de l’Iran, nommés les Martis, ont émigré à la suite des conquêtes sassanides vers le nord-ouest de l’actuel Iran, dans la région de Kurdu, et qu’ils ont assimilé la culture et les noms des habitants kurdes de cette région. Ce furent eux qui participèrent aux guerres, aux côtés des Sassanides et les Arsacides contre les Romains byzantins. Pendant cette période, les Romains appelaient les Kurdes iraniens Kardukh ou Kardikh en rappelant ainsi le nom de leur région. Sous les Sassanides, l’actuel Irak se nommait Assurestân ou Irânchahr (« la ville d’Iran »). Ce pays était partagé en douze provinces et la région kurde d’Irak formait la province de Châd-pirouz. Les villes kurdes les plus importantes de l’époque étaient Garmiân (l’actuelle Karkouk) et Achap (actuellement Emâdieh).

Avec les invasions arabes (dirigée par le calife Omar) entre les années 634 et 642, les régions kurdes de l’Iran, et notamment Arbil, Mosel et Nassibine, tombèrent aux mains des Arabes. Après la mort d’Omar, son successeur Osman envahit de nouveau les régions kurdes du nord. Mais les Iraniens, et bien entendu les Kurdes, s’insurgèrent à plusieurs reprises contre le gouvernement arabe pour libérer leur région et regagner leur autonomie. Mohammad-ibn-e Tabari [4] se souvient de l’une de ces rebellions : « …le même jour on entendit dire qu’à Mosel, les kurdes s’étaient révoltés. Mossayebn-e Zohaïr, le gouverneur de Koufa, proposa à Mansour, calife abbasside, d’y envoyer son ami Khaled pour réprimer les insurgés. Mansour accepta et Khaled devint le gouverneur de Mosel. » (Histoire de Tabari, 11ème tome, p. 4977) En 1910, lors des fouilles archéologiques dans la province de Souleymanieh, les archéologues ont trouvé une peau de bête sur laquelle on pouvait lire en langue kurde et en écriture pehlevi un poème constitué de quatre vers. Ce poème qui fut plus tard nommé « Hormozgân », rappelle l’invasion arabe et le triste souvenir des destructions commises à cette époque. Selon les archéologues, ce poème fut composé aux premiers jours de l’occupation arabe. La traduction qui suit est tout d’abord issue du pehlevi, avant d’être traduit du persan vers le français (par l’auteure de ces lignes) :

Les temples sont détruits et les feux sont éteints
Les grand mo’bed [5] se sont cachés
Le cruel arabe a ruiné
Les villages ouvriers, jusqu’à la ville de Sour
Ils ont capturé les femmes et les enfants pour l’esclavage
Les hommes braves s’éteignent dans leur sang
Le culte de Zarathoustra resta sans tuteur
Ahoura-Mazda n’a plus de pitié pour personne

Sous les Abbassides, le pouvoir du gouvernement central ne cessa de diminuer, offrant ainsi une bonne occasion aux gouvernements non-alignés de se révolter et de réclamer leur autonomie à l’est et à l’ouest de l’Iran. Les Tâhirides, les Samanides et les Saffârides s’emparèrent de l’est de l’Iran tandis que les Hassanouyehs, les Bani-Ayyârâns, les Buyides, les Hézâr-Aspiâns, les Mavânides et les Ayyubides occupèrent l’ouest du pays. Durant cette période, le terme « kurde » s’appliquait à une tribu iranienne sous l’emprise arabe.

Au 11ème siècle, avec l’arrivée au pouvoir des turcomans Seldjoukides, sous le règne du Sultân Sandjar en 1090, les Kurdes fondèrent pour la première fois de leur histoire, un Etat à proprement parler kurde, qui prit le nom de Kurdistan. Hamdollâh Mostowfi fut le premier, en 1319, à mentionner dans son livre Nezha-t ol-Gholoub le nom du Kurdistan et de ses seize régions : « …le Kurdistan et ses seize régions, Alâni, Alichtar, Bahâr, Khaftiân, Darband, Tâj-khâtoun, Darband-Rangi, Dezbil, Dinvar, Soltân-Abâd, Tchamtchamâl, Cahrouz, Kermânchâh, Hersin, Vastâm sont limités aux Etats arabes, au Khûzistân, à l’Irak et à l’Azerbaïdjan… ». Les atabegs turcomans gouvernèrent également le territoire kurde pendant une très longue période. Les descendants de Saboktakin prirent en main les affaires de la ville et de la région d’Arbil entre 1144 et 1232, et les Ourtukides régnèrent à Halab et à Mardine entre 1101 et 1312.

Pendant l’invasion mongole et suite à sa défaite, le roi Jalâl-eddin Khârezmchah, poursuivi par les mongols, s’enfuit vers les territoires kurdes. Ces derniers détruisirent toutes les provinces kurdes afin de débusquer le roi iranien. Ce qui ne l’empêcha pas de régner pendant un certain temps à l’ouest de l’Iran, mais aussi, d’être finalement assassiné en 1213. Houlâkou-khân le Mongol, après avoir conquis les régions centrales de l’Iran, prit le chemin de Hamedân et de Kermânchâh à destination de Baghdâd. Une fois de plus en 1259, en chemin pour conquérir l’Arménie, les Mongols assiégèrent les régions kurdes de l’Iran. Sous le règne des Ilkhanides (branche mongole constituée de convertis à l’Islam) les Kurdes s’emparèrent d’Arbil en 1297. Progressivement, après la mort du roi mongol Mohammad Khodâbandeh, le pouvoir des Kurdes s’intensifia, et ce, jusqu’à la chute des Mongols en 1349. Malgré leurs efforts, les Kurdes ne parvinrent pas à former un gouvernement autonome. A peine libérés de l’emprise mongole, ils se retrouvèrent sous la coupe des Turcomans Gharâ-ghoyunlous qui cédèrent leur place aux Agh-ghoyunlous. Avec l’arrivée de Tamerlan en Iran, les régions kurdes ne tardèrent pas à tomber, et cette fois, en obligeant les Kurdes à s’enfuirent à travers monts et vaux, simplement pour préserver leur vie.

Sous les Safavides, le roi Chah Ismaël propagea le chiisme partout en Iran. Les Kurdes, sunnites, devinrent méfiants envers le roi et adhérèrent à l’empire Ottoman, ennemi sunnite des Safavides. Après la défaite de Chah Ismaël face au Sultan Selim au cours de la bataille de Tchâldorân en 1514, vingt-cinq gouverneurs kurdes rallièrent l’empire Ottoman en ouvrant ainsi un nouveau chapitre de l’histoire des Kurdes. L’Iran perdit de ce fait, l’essentiel de ses régions kurdes. Désormais, le problème territorial rendait les Kurdes conscients de leur importance politique dans la région. Pendant de longues années, l’empire Ottoman gouverna la majorité des contrées kurdes (jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale et jusqu’à la chute des Ottomans en 1918, qui rendit l’autonomie et la liberté à la région de Kurdistan, aux territoires arabes, à l’Asie mineure et aux Balkans).

Quant à la région du Kurdistan, bien qu’un jour elle ait appartenue à l’Iran dans sa totalité, elle se retrouva partagée entre quatre pays, l’Iran, la Syrie, la Turquie et l’Irak mais, également, entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

Le Kurdistan n’est jamais parvenu à proclamer son autonomie, et jusqu’à présent, le peuple kurde reste aux prises avec les problèmes politiques. Aujourd’hui, le nombre des habitants kurdes dans les quatre pays est de vingt-cinq millions, dont sept millions sont de nationalité iranienne. En Iran, les régions où l’on communique en langue kurde comprennent les provinces de l’Azerbaïdjan de l’est, l’Ilâm, le Kurdistan, Kermânchâh et le Khorâssân du nord. Pourtant, d’autres provinces de l’Iran comprennent des populations kurdes qui ne constituent cependant qu’une minorité, à l’exemple des provinces du Guilân, des villes de Ghazvin et de Qom, de la région de Fars, du Mazandarân, de Hamedân et du Baloutchistan.

2) Géographie historique du Kurdistan

Les tribus kurdes sont parmi les tribus aryennes ayant émigré sur le plateau iranien il y a quelques millénaires. L’histoire pré islamique de ce peuple n’est pas connue avec précision. Le poète Ferdowsi les considérait comme les descendants des jeunes hommes ayant échappé au mythologique roi Zahâk, qui s’étant réfugiés dans la montagne, n’en étaient jamais redescendus. La langue persane moderne des premiers siècles de l’Hégire quant à elle, donne le sens pasteur et montagnard au mot « kurde ». On a retrouvé dans des documents sumériens, akkadiens, babéliens et assyriens, des noms de peuples qui rappellent les noms kurdes. Le plus proche d’entre ces noms de peuples, dont la situation géographique et la description justifient également l’origine kurde, est le nom des « Kordoukhoy », nom que l’on croise également dans l’ouvrage de Xénophon. Ce peuple vivait dans les montagnes situées entre l’Irak et l’Arménie, en particulier en un lieu aujourd’hui appelé « Zekhou », situé à soixante kilomètres au nord-ouest de Mossoul en Irak.

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Montagnes du Kurdistan situées en Irak

Polybius (200-120 av. J.-C.) parle également de peuples vivant dans le sud de l’actuel Azerbaïdjan, nommés les « Kourtivi » ou « Kortii ». Strabon et Tite-Live précisaient que certaines tribus appartenant à ce peuple vivaient également dans la province du Fars. Effectivement, depuis l’époque antique jusqu’à aujourd’hui, des nomades kurdes vivent dans les Fârs.

L’histoire kurde préislamique n’est pas connue avec précision mais après l’islam, les géographes et historiens musulmans qui ont compilé l’histoire du monde islamique n’ont pas manqué de citer les Kurdes. Cela dit, les Kurdes étant considéré comme un peuple parmi d’autres, les détails historiques ou une histoire uniquement focalisée sur ce peuple n’existent pas. Et c’est uniquement à l’époque safavide qu’un premier livre historique, de langue persane, le Sharaf nâmeh de Badlisi, se concentre uniquement sur le peuple kurde.

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Pont safavide, Sanandadj

Au moment de l’invasion arabe, c’est en l’an 637 ou 641 que les Arabes occupèrent les fortifications kurdes. En l’an 643, au moment de la conquête du Fârs, les Kurdes de cette province participèrent à la défense des villes de Fasâ et de Dârâbjerd. La conquête des villes de Zour et de Dârâbâd, villes kurdes de la région, se fit en l’an 642. Abou Moussa Ash’ari vainquit les Kurdes en l’an 645, et en l’an 658, les Kurdes de la région d’Ahwâz dans le sud participèrent à la révolte de Khariat Ibn Râshed contre l’Imâm Ali et après la mort de Khariat, nombre d’entre eux furent également tués.

En l’an 708, les Kurdes du Fârs se soulevèrent et cette révolte fut réprimée dans le sang par le cruel gouverneur Hojjâj Ibn Youssef. En l’an 765, les Kurdes de Mossoul se soulevèrent à leur tour et le calife abbasside Mansour envoya Khâled Barmaki les réprimer encore une fois durement. En l’an 838, l’un des chefs kurdes des alentours de Mossoul, Ja’far Ibn Fahrjis se révolta contre le calife abbasside Mu’tasim et le calife envoya son célèbre chef de guerre Aytâkh pour l’écraser. Aytâkh, après une violente guerre, tua Ja’far, ainsi que beaucoup de ses hommes et prit en esclavage de nombreux Kurdes, emportant avec lui les chefs tribaux et les femmes. L’un de capitaines turcs du calife, au nom de Vassif qui avait participé à cette guerre, se réserva à lui seul pour tribut 500 Kurdes. En l’an 894, sous la direction du chef Hamdan Ibn Hamdoun, les bédouins arabes passèrent une alliance avec les Kurdes des régions de Mossoul et Mardin et déclarèrent la guerre à Mu’tadid, le calife abbasside de l’époque, ce qui conduisit à la mort et à la défaite de nombre d’entre eux.

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Pont de Gheshlâgh, Sanandadj

En l’an 926, sous le califat d’Al-Muqtadir bi-llah et l’émirat de Nâsser-o-Dowleh Hamdâni, les Kurdes de Mossoul se révoltèrent de nouveau. Entre les années 938 et 956, un dénommé Deyssâm, membre des kharijites, de père arabe et de mère kurde, rassembla sous son égide les Kurdes de l’Azerbaïdjan et déclara la guerre aux Al-e Mosâfer et autres émirs locaux de la région. Sa révolte fut réprimée et il mourut en prison. Aux Xe, XIe et XIIe siècles, les Shaddâdian, dynastie kurde, régnèrent en tant que suzerains locaux sur la plupart des régions kurdes. Cette dynastie appartenait à la grande tribu kurde des Ravardi, également tribu d’origine des dynasties ayyoubides, fondée par Saladin, lui-même kurde, qui régnèrent en Syrie, dans le Croissant fertile et en Egypte.

En l’an 1004, Azed-o-Dowleh Deylami, fatigué des raids kurdes sur son territoire, déclara la guerre aux Kurdes de Mossoul et après les avoir vaincus, ordonna la destruction de leurs fortifications et l’exécution de la majorité des chefs kurdes. En l’an 983, dans la région de Ghom, Mohammad Ibn Ghânem se rallia aux Kurdes Barzakani et se révolta contre le roi Fakhr-o-Dowleh Deylami. Ce dernier envoya d’abord Badr Ibn Hosnouyeh en mission de paix, mais les négociations traînèrent en longueur et la révolte fut finalement réprimée. Mohammad Ibn Ghânem mourut donc en captivité. L’un des importants événements du règne de Sharaf-o-Dowleh Deylami (982-989) fut sa bataille contre Badr Ibn Hosnouyeh à Kermânshâh qui se termina par la victoire de Badr, qui prit alors le contrôle d’une grande partie de l’ouest iranien. Il fut tué en 1014 par la tribu kurde des Jowraghân. Shams-o-Dowleh, le fils de Sharaf-o-Dowleh profita de cette occasion pour annexer l’ensemble des territoires que son père avait perdu. Il y avait les régions Shâpourkhâst (actuelle ville de Khorramâbâd), Dinvar, Boroujerd, Nahâvand, Asad Abâd et une partie d’Ahwâz.

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Vue générale de la ville de Bâneh

Il semble que l’expression Kurdistan fut pour la première fois utilisée par les Seldjoukides pour distinguer les régions kurdes de la région du Jebâl qui comprenait l’Azerbaïdjan, le Lorestân, et une partie des montagnes du Zagros dont le centre était à l’époque la région de Bahâr, situé à dix huit kilomètres au nord-ouest de Hamedân, puis Tchamtchamâl, près de l’actuelle ville de Kermânshâh. Le Kurdistan n’échappa pas non plus aux massacres et aux ravages de l’invasion mongole. Cette région fut ravagée une autre fois à l’époque des Tatars et de Tamerlan.

Shâh Esmâïl, premier roi de la dynastie chiite safavide, n’essaya guère de se rapprocher des Kurdes, sunnites. Les Ottomans sunnites tentèrent ainsi de s’allier aux Kurdes. Sous le règne safavide, la majorité des territoires kurdes appartenaient à l’Iran.

Après les Safavides, avec la prise de pouvoir par les Zend, famille aux racines kurdes, pour la première fois les Kurdes devinrent les dirigeants de l’Iran. Vers la fin du règne des Zend, la tribu des Donbali, grande tribu kurde, régnait sur une bonne partie de l’Azerbaïdjan de l’Ouest. Leur capitale était la ville de Khoy. Au XIXe siècle, les Kurdes vivant sur le territoire ottoman exprimèrent plusieurs fois leur désir d’indépendance au travers la création des gouvernements locaux kurdes. En 1878, le Sheikh Obbeydollâh Naghshbandi eut l’idée de créer un Etat indépendant kurde sous l’égide de l’Empire ottoman. En 1880, ses partisans occupèrent les régions des alentours d’Oroumieh, Sâvojbolâgh, Marâgheh et Miândoâb et l’armée iranienne eut à les repousser hors des frontières. En 1946, Ghâzi Mohammad profita de l’occupation alliée en Iran et avec l’appui de l’armée soviétique, – qui occupait la moitié nord de l’Iran -, annonça la création de la République Populaire du Kurdistan, avec pour capitale Mahâbâd. Cette république éphémère tomba après le retrait des Forces Alliées.

 Afsâneh Pourmazâheri (1) Heurts et malheurs de l’Histoire kurde

et Arefeh Hedjazi 2) Géographie historique du Kurdistan

Bibliographie :
- MINORSKII Vladimir Fedorovich, trad. TABANI Habibollâh, le Kurde, Kord, ed. Gostareh, Téhéran, 2000
- MOHAMMADI, Ayat, Survol de l’histoire politique kurde, Seyri dar târikh-e siâsi kord, ed. Porsémân, Téhéran, 2007
- RINGGENBERG Patrick, Guide culturel de l’Iran, Iran, ed. Rozaneh, Téhéran, 2005

Notes

[1] Historien, essayiste et chef militaire grec (430-352 av. J.C.) il naquit dans une famille riche et reçut les enseignements d’Isocrate et de Socrate.

[2] Géographe grec (58- 25 av. J.-C.) ses mémoires historiques ne nous sont guère parvenues, mais sa géographie fut en grande partie conservée. Il y pose certaines questions relatives à l’origine des peuples, à leurs migrations, à la fondation des empires et aux relations de l’homme et de son milieu naturel.

[3] Astronome, mathématicien et géographe grec (276-196 av. J.-C) auteur de travaux en littérature, en philosophie, en grammaire et en chronologie, directeur de la bibliothèque d’Alexandrie, il est surtout connu par son « crible » une méthode pour trouver les nombres premiers et par l’invention d’un instrument de calcul, le « mésolabe ».

[4] Historien et théologien arabe (838-923) il passa l’essentiel de sa vie à Baghdâd et fut ensuite professeur de droit et de Hadith. Il écrivit une histoire universelle de la Création jusqu’à 915. Sa deuxième grande œuvre est son commentaire du Coran.

[5] Prêtre zoroastrien.

mardi, 06 novembre 2012

Le pétrole, le grand stratège d’hier et d’aujourd’hui

La 3ème guerre mondiale expliquée - Le pétrole, le grand stratège d’hier et d’aujourd’hui

La 3ème guerre mondiale expliquée

 

Le pétrole, le grand stratège d’hier et d’aujourd’hui



par Jean Ansar
Ex: http://metamag.fr/
 
Dans son numéro 9, daté d’Octobre 2012, la revue Guerres § histoire confirme toutes ses qualités. Des articles clairs, remarquablement illustrés, des angles originaux,  tout y est avec l’essentiel : connaitre le passé pour comprendre le présent et préparer l’avenir. Le dossier de ce numéro est au regard de ces critères une référence. Il s’intitule : « Le pétrole. L’arme noire qui a fait gagner les alliés ».
 
Une thèse incontestable

Les puissances militaires de l’axe ont perdu la guerre faute de moyens énergétiques suffisants. La hantise du manque de carburant et donc de pétrole explique des choix stratégiques qui sinon seraient incohérents comme certaines offensives allemandes, mais aussi l’entrée en guerre quelque peu précipitée du japon.
 
 
En fait, cette explication éclaire la stratégie américaine d’aujourd’hui qui consiste par la guerre ou des changements de régimes  à  se mettre en position de contrôler l’essentiel des ressources du monde en énergie fossile.
 
On peut se demander dans quel but ?

Il parait évident : isoler la Chine, le seul vrai rival et pousser ce pays à une politique militaire aventuriste. On refait à la Chine le coup du Japon- moyen orient - Asie centrale permettant un isolement énergétique, de l’empire du milieu.
 
Le Pentagone a programmé, pour permettre aux Usa de conserver leur leadership mondial, un conflit contre la Chine. Une troisième guerre mondiale est annoncée. C’est depuis longtemps la conviction  de Metamag, évoquée à plusieurs reprises. Une conviction confortée par la lecture de ce dossier exceptionnel qu’on peut lire par ailleurs comme une simple étude historique originale.
 
Les têtes de chapitre sont éclairantes. A l’orée de la seconde guerre mondiale, les alliés sont dès le départ dans une position dominante dans le jeu pétrolier, impératif pétrolier qui va vite s’imposer à la stratégie des belligérants. L’Italie par exemple n’a pas les moyens de ses ambitions. Elle a une belle flotte de guerre, mais dès 1941 la moitié est à quai, faute de carburants. C’est de toute évidence l’embargo pétrolier qui a provoqué Pearl Harbour et le manque de carburant qui a mis en échec Rommel.
 
 
L’ouverture du deuxième front soviétique s’explique par une offensive préventive par rapport aux plans de Staline mais aussi par la nécessité d’atteindre les réserves du Caucase puis de faire la jonction avec l’Afrika Corps en Irak. Si Hitler avait réussi, tout aurait changé.

 
En 1941, l’Amérique a le pétrole sur son propre territoire. Elle n’a aucun risque de manque. Sa stratégie est libre. Elle peut de plus bombarder le tissus industriel allemand et rester hors de portée. L 'Europe centrale allemande n’a jamais atteint à l’autarcie énergétique, même avec l’apport du charbon. La puissance s’est tarie et n’a pu se renouveler.
Ce n’est pas le courage qui a manqué au soldat allemand ou japonais pour gagner, c’est le manque d’énergie fossile, ce sang noir indispensable à la guerre mécanisée.
Les dirigeants ne l’ont pas suffisamment anticipé et n’ont pas réussi à briser les anneaux de l’encerclement énergétique. Quand on regarde la carte, c’est évident. Rommel n’arrive pas au Caire et le front de l’est est figé avant Grozny. Entre les deux se trouvent les principales réserves mondiales de pétrole, hors Usa et Urss. 
 
Tout est dit. Voilà une remarquable leçon à tirer du passé…. C’est sans doute ce que sont en train de faire les stratèges du pentagone mais aussi ceux de… Pékin. Ce n’est guère rassurant.

lundi, 05 novembre 2012

Les Usa jouent Alger contre Paris

Mali : Les Usa jouent Alger contre Paris

Mauritanie futur protectorat algérien

par Jean Bonnevey

Ex: http://metamag.fr/

Alors que paris tente laborieusement d’organiser une intervention militaire au Mali impliquant les pays riverains, les Usa se rapprochent de l’Algérie. Une intervention militaire sous contrôle américano-algérien serait un bouleversement régional capital et aux conséquences incalculables. Cette perspective inquiète un certain nombre de capitales en commençant par Rabat bien sûr, meilleur ennemi héréditaire de l’ Algérie.
 
 
Tout le monde est d’accord pour l’option militaire. Demeurent quelques inconnues : quand, comment et avec qui ? Sans oublier l’issue de la présidentielle Us qui pourrait peser sur la suite des évènements. On peut donc s’étonner de l’accélération de la diplomatie américaine paralysée par ailleurs notamment au proche orient. Cela peut s’expliquer par des informations alarmantes sur la situation dans le vaste territoire contrôlé par les islamistes. 
 
On sait par exemple que des centaines de combattants islamistes ont rejoint les éléments locaux pour les renforcer. L’Algérie d’autre part sait qu’elle est une cible privilégiée à moyen terme des islamistes et qu’un certain  nombre de  ses nationaux  sont dans Al Qaïda au Maghreb islamique, des anciens du GIA qui ne rêvent que d’une reconquête du pays dont ils ont été chassés par la force.
 
Le quotidien algérien Liberté analyse

« Après la résolution adoptée le 12 octobre dernier par le Conseil de sécurité de l’Onu autorisant le déploiement d'une force internationale de quelque 3 000 hommes au Mali et donnant jusqu'au 26 novembre à la Cédéao (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest) pour préciser ses plans, la question de l’intervention militaire pour libérer le nord du Mali ne se pose plus. Aujourd’hui, il s’agit de savoir comment elle va se faire et qui y participera. Si Alger n’a jamais exclu cette option, elle a néanmoins privilégié le dialogue pour donner le maximum de chance à la solution politique. Mais force est de constater que la situation, aussi bien sécuritaire qu’humanitaire, se dégrade de jour en jour. Depuis le coup d’état du 22 mars dernier, les islamistes ont proclamé unilatéralement l’indépendance du nord de ce pays en occupant ses principales villes et en détruisant son patrimoine. »
 
La secrétaire d’état américaine, Hillary Clinton,  vient de se rendre à Alger. “Nous avons fait le point sur nos relations bilatérales extrêmement fortes et nous avons souligné le fait que nous venons tout juste de tenir une excellente conférence de dialogue stratégique qui s'est tenue la semaine dernière à Washington, comme nous avons eu des discussions très approfondies sur la situation dans la région et, surtout, la situation qui prévaut dans le nord du Mali”, a déclaré à la presse Mme Clinton, à l'issue de l'audience que lui a accordée le président Bouteflika. Et d’ajouter : “J’ai beaucoup apprécié l'analyse du président Bouteflika qui est fortement enrichie de sa très longue expérience de la région pour faire face à la situation très complexe et aux problématiques très compliquées au nord du Mali, mais aussi pour faire face aux problèmes du terrorisme et du trafic de drogue dans la région.”
 

Hillary Clinton et le président Bouteflika
 
Selon un responsable américain, l’Algérie commencerait à se laisser convaincre par l’idée d’une intervention militaire africaine mais attend de connaître les grandes lignes du plan que doit établir la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest. Alger donne à l’évidence du fil à retordre à ses interlocuteurs américains et français pressés de déloger Aqmi du nord Mali.
 
Puissance régionale effectivement incontournable pour toute intervention, au double plan de la logistique et du renseignement, l’Algérie ne voit pas d’un bon œil une agitation guerrière à ses frontières. Elle préfèrerait  mettre en avant une démarche politique visant à isoler Al-Qaïda  des rebelles touaregs et éviter un embrasement du Mali.
 
Alger est donc réticent. Bouteflika aurait aimé une prise en compte d’Al Qaïda dans la région et se demande pourquoi on veut intervenir et si rapidement au mali. Sous entendu bien sûr, c’est la France qui s’inquiète et l’Algérie n’entend pas voir renforcer dans le sahel d’une manière ou d’ une autre l’influence de Paris.
 
L’Algérie pourrait donc s’engager aux cotés des Usa contre le terrorisme pour s’imposer comme puissance dominante du sahel avec l’accord américain. Alléchant pour Alger mais terriblement dangereux aussi.

lundi, 29 octobre 2012

Die wirklichen Gründe für den amerikanischen Abwurf der Atombomben über Japan

Die wirklichen Gründe für den amerikanischen Abwurf der Atombomben über Japan

Redaktion

Wie allen Amerikanern wurde auch mir beigebracht, dass die USA die Atombomben über Hiroshima und Nagasaki abwarfen, um den Zweiten Weltkrieg zu beenden und sowohl amerikanische wie japanische Menschenleben zu retten.

Aber die meisten führenden amerikanischen Militärs vertraten damals eine andere Auffassung.

 

Die amerikanische Untersuchungsgruppe Strategic Bombing Survey (USSBS), die im August 1945 von Präsident Truman beauftragt worden war, die Auswirkungen der Luftangriffe auf Japan zu untersuchen, kam in ihrem Bericht vom Juli 1946 zu dem Schluss:

»Auf der Grundlage einer ausführlichen Untersuchung aller Tatsachen und unter Berücksichtigung der Aussagen der überlebenden beteiligten japanischen Führer, vertritt die Untersuchungsgruppe die Auffassung, Japan hätte auch ohne den Abwurf der Atombomben, mit Sicherheit vor dem 31. Dezember 1945 und aller Wahrscheinlichkeit nach schon vor dem 1. November 1945 kapituliert. [Dies gilt auch dann,] wenn Russland nicht in den Krieg eingetreten und eine Invasion weder geplant noch angedacht worden wäre.« (United States Strategic Bombing Survey: »Japans’s Struggle to End the War«, 1. Juli 1946, Harry S. Truman Administration, Elsey Papers, S. 50

Der spätere Präsident General Dwight Eisenhower war zum damaligen Zeitpunkt »Oberbefehlshaber der alliierten Streitkräfte« in Nordwesteuropa (»Supreme Commander of Allied Expeditionary Forces«, SHAEF) und für einen Großteil der amerikanischen militärischen Planungen des Zweiten Weltkriegs für Europa und Japan zuständig. Er erklärte damals: »Die Japaner waren zur Kapitulation bereit, und es war unnötig, sie noch mit diesen furchtbaren [Waffen] anzugreifen.« (Newsweek, 11.11.63, »Ike on Ike«.)

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/drucken.html?id=10318/

jeudi, 25 octobre 2012

Al Jazeera, la fin d’une légende

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Al Jazeera, la fin d’une légende

Par Réné Naba
 

Omniprésent sur terre et sur air, l’Emir de Qatar aura été incontestablement l’homme de l’année 2011, plus fort que Mohamad Bouazizi, dont l’immolation a déclenché le soulèvement salvateur du printemps arabe, réussissant le tour de force de retourner en sa faveur le cours de la révolution arabe.

 

Mais le nouvel Air and Field Marshall du Monde arabe, dans un mouvement de balancier, aura dans le même temps, sinistré l’une des principales réalisations de son régime, la chaîne transfrontière Al Jazira, passant du rôle envié de prescripteur de l’opinion arabe, à celui moins glorieux de lanceur d‘alerte des menées anti arabes de l’Otan, faisant voler en éclat, en six mois, une crédibilité patiemment construite en quinze ans.
«On the air» d’Al Jazira, l’autocrate intronisera l’égyptien Youssef Al Qaradawi en prédicateur électronique de la mouvance islamiste panarabe et maintiendra en couveuse, en réserve de la République, le tunisien Rached Ghannouchi, les deux flotteurs des Frères musulmans en exil, qu’il fera réhabiliter par les chancelleries occidentales, en les plaçant en orbite dans la foulée du renversement du président Hosni Moubarak (Egypte) et de Zine El Abidine Ben Ali (Tunisie).

A coups de pétrodollars et d’esbroufe, amplifiée par la force cathodique d’Al Jazira, à l’époque à l’apogée de sa crédibilité, il cautionnera une intervention occidentale en Libye, réintroduisant le loup dans la bergerie, en la personne d’Abdel Hakim Belhadj, l’ancien chef des brigades islamiques de Libye et nouveau gouverneur militaire de Tripoli.

En tandem avec le roman-enquêteur français Bernard Henri Lévy, qui lui dispute la palme pour 2011, les duettistes se vivront alternativement, successivement et cumulativement comme le nouveau Rommel du désert de la Cyrénaïque et le Von Paulus de la Tripolitaine, vivant quotidiennement les épopées conjuguées de la première armée d’Afrique et de l’Afrika Korps.

Depuis la mise à mort publique du Colonel Kadhafi, en octobre 2011, l’Emir du Qatar dont l’armée compte cinq mille soldats et autant de mercenaires, commande une coalition de treize pays comprenant trois puissances atomiques alignant plusieurs centaines d’ogives nucléaires, nouveau tour de force qui le propulse au titre très envié de commandant en chef d’une mythique Africa Korps nucléaire atlantiste. Avec les encouragements et les acclamations d’une cohorte de commentateurs politiques, dont le plus en vue n’est autre que l’universitaire franco-tunisien, l’Islamologue toulousain Mathieu Guidère, nouveau venu sur la scène médiatique, de son vrai nom Moaz Goueider, par ailleurs, précepteur du propre fils du souverain à l’Ecole Saint Cyr, l’académie française chargée de former les officiers de commandement.

En 1990, le Monde arabe avait offert au Monde un Field Marshall en la personne de Khaled Ben Sultan, l’interface saoudien du général Arnold Schwarzkopf, le maitre d’œuvre de la tempête du désert contre l’Irak. Bel exploit d’un pays qui bat tous les records en matière de dépenses d’armement sans jamais livrer de guerre directe. Le propre fils du ministre saoudien se distinguera, non sur le champ de bataille, mais sur le terrain de l’intendance, prélevant une respectable commission de l’ordre de trois milliards de dollars sur les transactions visant le ravitaillement des 500.000 soldats du corps expéditionnaire occidental venus protéger le pétrole saoudien des convoitises irakiennes. .

Bel exploit d’une principauté, le Qatar, dont le quart du territoire abrite la plus importante base américaine hors Otan, celle du commandement central, le maillon intermédiaire qui assure la jonction entre l’Otan (Atlantique Nord) et l’OTASE (Asie du Sud Ouest).

Parricide, le Field Marshall pétro monarchique s’emparera du pouvoir à Doha, à la faveur d’un coup de force des paras commandos jordaniens, en 1995, accourus au Qatar pour restaurer les intérêts pétroliers lésés des compagnies britanniques. Brutus n’est pas le monopole de Rome, il en pousse à l’ombre des derricks. Prédateur à l’instar de son prédécesseur, sa réconciliation avec le principal opposant à la dynastie, Nasser al Misnad, exilé au Koweït depuis 1950, sera scellée, périnéalement, par les épousailles de l’Emir avec la propre fille de son ancien ennemi, Mozza, la ci-devant Banana princess.
Rébus de luxe pour recyclage haut de gamme, béquille financière de la France, caution arabe du plus pro israélien des dirigeants français, son plus bel exploit demeure toutefois d’avoir retourné en sa faveur le slogan révolutionnaire lancé à l’aube du printemps arabe dont la pleine saveur se retrouve dans sa formulation en arabe par inversion du mot Kadar (Destin) par Qatar:
Si le peuple veut la vie, Il importe au destin (Kadar) d’y faire droit
Si le peuple veut la vie, Il importe au Qatar d’y faire droit

Le plus zélé disciple des Etats-Unis dans la mise à l’index des Républiques arabes, la Libye puis la Syrie, se tient bien car bien tenu. Prescripteur de l’information pendant deux décennies sur le plan arabe, Al Jazira, l’alibi stratégique suprême du Qatar face à sa sujétion à l’ordre occidental, parait devoir vivre la fin de son monopole médiatique en raison des dérives dont la chaîne qatariote s’est rendu coupable, lors de la couverture des révoltes arabes de l’an 2011, particulièrement en Libye et en Syrie.
Al-Jazira, dont le nom a été forgé par référence à «Al-Jazira Al-Arabia» la verdoyante péninsule arabique, l’espace géographique regroupant les principautés pétrolières du Golfe, l’Arabie saoudite et le Yémen, l’ancienne «Arabia Felix» (l’Arabie Heureuse) des premiers temps de l’Islam, est bel et bien en effet une excroissance rebelle de l’ordre médiatique saoudien, tout comme d’ailleurs sur le plan politique Oussama Ben Laden, une excroissance rebelle de l’hégémonie saoudienne sur l’ordre domestique arabe.

La mise en place d’Al Jazira a constitué un bel exemple d’équilibrisme diplomatique du petit émirat du Qatar, face aux ambitions des protagonistes du jeu régional et la tentative de domestication de la chaîne transfrontière arabe constitue à cet égard un cas d’école.
Son lancement en 1996, l’année qui a suivi la crise d’hémiplégie qui a frappé le Roi Fahd, le grand frère saoudien dont l’Emir parricide du Qatar en prenait ombrage, répondait à trois objectifs:
-Dédouaner aux yeux de l’opinion arabe l’Emir de Qatar de la lourde tutelle occidentale qui a parrainé son parricide politique.

-Doter la principauté d’une force de frappe médiatique dissuasive en vue de marquer son territoire sur le plan énergétique au sein de la constellation des pétromonarchies du Golfe
-battre en brèche l’hégémonie saoudienne sur la sphère arabe, en prenant partiellement appui sur une équipe journalistique formée hors orbite de la censure arabe, -le service arabe de la BBC (British Broadcasting Corporation)-, victime de l’arbitraire saoudien (1).

En moins d’une décennie, Al-Jazira a rempli ses objectifs, brisant le monopole du récit médiatique détenu par les médias occidentaux depuis l’avènement de l’information de masses, il y a un demi siècle, se propulsant au rang de grand rival des grands vecteurs occidentaux, le prescripteur de l’opinion publique arabe, l’artisan du débat pluraliste au sein du monde arabe. Une promotion qui a conduit les Américains à entreprendre méthodiquement sa domestication, particulièrement depuis la guerre d’Afghanistan.
Alors que les Etats-Unis mobilisaient l’opinion internationale pour l’invasion de l’Irak et cherchaient une base de repli à leur QG saoudien, un média saoudien laisse opportunément filtrer ce jour là, sur son site Internet «Arabic news.com», une information apparemment puisée aux meilleurs sources américaines et saoudiennes annonçant «une tentative de coup d’état» contre l’Emir de Qatar Cheikh Hamad Ben Issa al-Khalifa «déjouée par les Etats-Unis». L’information laconique ne mentionnait ni les auteurs de la tentative, ni la date à laquelle elle a été déjouée. Fomentée par qui? Déjouée comment? Tentative fomentée et simultanément déjouée par le même opérateur? Coup d’état par simulation virtuelle?

Quiconque connaît le fonctionnement de la presse saoudienne, particulièrement la censure en temps de guerre, pareille information bienvenue pour la diplomatie américaine et saoudienne n’aurait jamais pu filtrer sans l’assentiment des autorités de tutelle tant saoudiennes qu’américaines. Le message sera entendu par le Qatar qui dans un geste de bonne volonté signera le lendemain un accord de coopération avec le Paraguay, une prestation de service qui serait en fait une opération de couverture pour les services américains en Amérique latine.

La pression est de nouveau mise lors de la phase finale de l’offensive américaine en Irak: le 8 avril 2003, jour de la chute de Bagdad, l’hebdomadaire américain «Newsweek» annonce à grands renforts de publicité une information sans véritable lien avec la conduite de la guerre: le lancement d’une enquête pour corruption contre le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Hamad Ben Jassem Ben Jaber Al Thani (alias HBJ), qui aurait été impliqué dans le courtage d’une affaire d’assurances et le blanchissement subséquent de cent cinquante millions de dollars sur un compte dans les Iles Jersey (Royaume Uni). Le choix de la cible n’est pas le fruit du hasard.

Un des vieux routiers de la vie politique du Golfe, Jassem est l’inamovible ministre des Affaires étrangères du Qatar depuis 1992, c’est-à-dire lorsque l’accusation est portée, depuis 11 ans, soit un homme qui a servi les deux derniers gouverneurs, le père et le fils. Fils aîné de Cheikh Jaber Ben Hamad, ancien Emir de Qatar, Jassem a d’ailleurs joué un rôle important dans le coup d’état pro anglo saxon qui a porté au pouvoir le nouvel Emir et passe pour être un homme sensible aux intérêts des firmes pétrolières anglaises et américaines.
A la tête d’une immense fortune, qui lui vaut le titre de l’homme le plus riche du richissime Qatar, situé à un niveau très élevé du hit parade des fortunes du Golfe, Cheikh Jassem est actionnaire de la compagnie aérienne qatariote «Qatar Airways» et du fond d’investissement «Qatari Diar», dont le fils du souverain le prince Tammim, en est le président.

Membre reconnu de l’Establishment américain, Cheikh Jassem est membre associé de la prestigieuse «Brooking Institution», spécialisée dans les études géostratégiques sur le Moyen orient, à ce titre un interlocuteur régulier des dirigeants israéliens, notamment de Mme Tzipi Livni, ancien agent du Mossad et ancien ministre israélien de affaires étrangères, et à ce titre futur coordonnateur des guerres destructrices israéliennes contre le Liban (2006) et contre l’enclave palestinienne de Gaza (2008).

Effet du hasard ? Cheikh Jassem assumera un rôle de pointe dans la mise à l’index de la Syrie, à l’automne 2011, dans une opération de déroutement de la révolution arabe des rives du golfe pétro monarchique vers la frange méditerranéenne du Monde arabe.

Le choix de la cible n’était nullement anodin. Il paraissait destiné à démonter la détermination des Etats-Unis à «caraméliser» quiconque se dresserait contre leur projet, jusques y compris leurs meilleurs amis, visant à faire taire toute critique à l’égard de l’invasion de l’Irak.

 

La neutralisation d’Al Jazira, dont ils caressaient le projet de bombarder son siège central, figurait alors comme leur cible prioritaire. Curieuse information qui apparaît rétrospectivement comme un contre feux alors que le bureau d’Al-Jazira dans la capitale irakienne était de nouveau la cible de dommages collatéraux de la part de l’artillerie américaine et que des informations persistantes faisaient état de l’implication de la firme Halliburton dont Dick Cheney en était le patron avant sa nomination au poste de vice président américain, tant dans des versements de pots de vin au Nigeria et que dans la surfacturation de prestations pétrolières en Irak.

L’affaire tournera court mais le message sera entendu. Le ministre qatariote des Affaires étrangères sera blanchi, promu même premier ministre, et, dans la foulée, l’Emir de Qatar annoncera l’éviction pour des liens présumés avec le régime de Saddam Hussein du Directeur Général d’Al-Jazira, celui là même qui avait été félicité par l’ambassadrice américaine lors du repas du Ramadan. Simultanément, le correspondant d’Al Jazira à Kaboul et Bagdad, Tayssir Allouni, était traduit en justice en Espagne pour ses présumés liens avec «Al-Qaîda et un des photographes de la chaîne, Sami al Hajj, était incarcéré pendant huit ans à Guantanamo, avant de se voir confier la direction d’un centre pour la défense de la liberté de la presse.

Du travail d’orfèvrerie: Le Qatar est dédouané au regard de l’opinion arabe, Al-Jazira confortée dans sa crédibilité alors que les américains obtenaient la mise sur place d’un PC opérationnel à Doha, au grand mécontentement de l’Arabie saoudite, courroucée de l’irruption soudaine de cette petite principauté dans la «Cour des grands». Un privilège obtenu aux prix d’une lourde servitude à l’égard de son grand tuteur américain, dont l’installation sur le sol de la principauté du siège du CENT COM, le commandement opérationnel des guerres américaines en terre d’Islam (Afghanistan, Irak, Yémen, Afrique orientale), porte garantie de la pérennité du régime, de la survie de la dynastie et du maintien sous souveraineté qatariote du gigantesque gisement gazier of shore North Dome, contigu de l’Iran.

Libye, Syrie: Un coup fatal à la crédibilité d’Al Jazira et du Qatar

Dans sa stratégie d’influence, ce micro-état a jeté son dévolu sur la France, se payant biens et personnes, un lot de son personnel politique. L’amitié avec Nicolas Sarkozy a d’ailleurs permis au président français d’éradiquer toute sensibilité pro arabe au sein de l’administration préfectorale et du dispositif audiovisuel français et la promotion concomitante de personnalités notoirement pro israéliennes. Il en est de même sur le plan international.

La révolte libyenne donnera l’occasion aux deux partenaires de se livrer à un duo diplomatique à projection militaire, qui permettra à Nicolas Sarkozy de se refaire une virginité politique après le calamiteux printemps arabe, et à l’Emir de Qatar de se donner l‘illusion de jouer dans la cour des grands.

La participation conjointe de la France et du Qatar à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne au dessus de la Libye, le 19 mars, 2011, a permis au plus pro israélien des dirigeants français de se dédouaner aux yeux de l’opinion arabe de son soutien aux anciens dictateurs déchus, l’Egyptien Hosni Moubarak et le Tunisien Zine el Abidine Ben Ali.

Le Qatar, lui, a payé le prix fort sa participation au châtiment de la Libye. En cautionnant le dirigeant français de la Vème République le plus honni du monde arabe, son crédit en a été affecté. Son association à ces manœuvres était en fait destinée à lui donner satisfaction, en lui offrant l’occasion de venger le directeur du service photo de la chaine transfrontière Al Jazira tué lors d’une embuscade tendue par le clan Kadhafi à Benghazi.

Tout au long de cette séquence, Al-Jazira a observé une retenue à l’égard du pays hôte, qu’elle n’a jamais interrogé ni sur les implications diplomatiques et mercantiles du duo aérien franco qatariote au dessus de la Libye, quand bien même le Qatar a confirmé ainsi sa vocation de base régionale de l’armée américaine et de banque de réserve occidentale, quand bien même il a apporté sa caution à une opération occidentale, soutenant partiellement son effort de guerre en s’engageant indirectement à trouver des ressources financières à l’effort de guerre inter libyen.

Saluée comme un levier de la révolution arabe, Al Jazira a suscité la suspicion dans sa couverture de la suite des événements, focalisant quasi exclusivement sur les régimes séculiers, les Républiques arabes, particulièrement la Syrie, occultant le Bahreïn.

Le syndrome Ahmad Chalabi

Réédition d’un scénario éculé, le dispositif en vigueur à l’encontre de la Syrie a été identique à celui mis en place à propos de l’Irak, justifiant une fois de plus le constat de Pierre Bourdieu sur «la circulation circulaire de l’information», tant au Qatar, à travers Al Jazira, qu’en France, via le quotidien Libération.

Ainsi Ahmad Ibrahim Hilal, responsable de l’information sur la chaîne transfrontière qatariote, a agi depuis les combats de Syrie, il y a un an, en couple et en boucle avec son propre frère Anas Al Abda, proche du courant islamiste syrien et membre du CNT, au diapason du tandem parisien formé par Basma Kodmani, porte-parole du CNT et sa sœur Hala Kodmani, animatrice du cellule oppositionnelle syrienne à Paris et chargée de la chronique Syrie au quotidien français Libération dans une fâcheuse confusion des genres.

Ce dispositif, amplifié en France au niveau arabophone par Radio Orient, la radio du chef de l’opposition libanaise, Saad Hariri, qui plus est partie prenante du conflit de Syrie – du jamais vu dans les annales de la communication internationale- a frappé de caducité le discours médiatique occidental au même titre que le discours officiel syrien, en ce qu’il est obéré par «le syndrome Ahmad Chalabi» du nom de ce transfuge irakien qui avait alimenté la presse américaine des informations fallacieuses sur l’arsenal irakien, via sa nièce journaliste en poste dans l’une des principautés du golfe, implosant la crédibilité de l’employeur de la journaliste vedette du New York Times, Judith Miller, passée à la postérité comme étant «l’arme de destruction massive de la crédibilité du New York Times dans la guerre d’Irak».

Sous l’apparence de l’indépendance et du professionnalisme, Al Jazira a épousé les oscillations de la diplomatie qatariote, d’abord enthousiaste à l’égard de l’élan populaire arabe, plus réservée lorsque les flammes de la contestation ont atteint les rivages pétro monarchiques.

Al Jazira s’est ainsi révélée fidèle à la discrétion qu’elle avait observée auparavant à propos de la présence sur son sol de la mission commerciale israélienne. Pis, elle occultera complètement le fait significatif de la duplicité du Qatar, le manège diplomatique de Nicolas Sarkozy, le 5 Mai 2011, d’une rencontre secrète à l’Elysée entre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son homologue du Qatar, dans la foulée d’un entretien direct de Nicolas Sarkozy avec son ami israélien. L’honneur est sauf, pensait-elle, au prix de quelques aménagements avec la liberté d’expression.

A l’intention de la direction d’Al Jazira sur la visite secrète de l’Emir du Qatar en Israël pour un complément d‘information de ses téléspectateurs : http://www.youtube.com/watch?v=nleBzEyzoV8/

 

Signe d’un désaveu, sa couverture parcellaire du soulèvement arabe provoquera une cascade de démission au sein de sa chaîne, du jamais vu dans les annales de la communication internationale, dont certaines des figures emblématiques d’ Al Jazira, notamment Ghassane Ben Jeddo, le populaire directeur du bureau de Beyrouth, la syrienne Lona Al Chebl, le libanais Sami Kleib, auparavant, quatre présentatrices vedettes de la station dont Joummana Nammour, et dernier et non le moindre, la présentatrice vedette de la chaîne, Imane Ayyad, qui claquera la porte dénonçant le rôle trouble de sa chaine «fauteur de troubles et de désordre» dans le Monde arabe (2).

En service commandé, le directeur de l’Information, Waddah Khanfar, un islamiste gendre par alliance de l’ancien premier ministre jordanien Wasfi Tall, le bourreau des Palestiniens lors du septembre noir d’Amman en 1970, sera remercié, fusible d’un «sale» boulot (3). Et le prédicateur Youssef Qaradawi, la caution jurisprudentielle des équipées atlantistes en terre arabe, interdit de séjour en France, dommage collatéral de l’affaire Mohamad Merah, le tueur fou de Toulouse et de Montauban, en mars 2012, en pleine campagne présidentielle française.

Dans la brèche ouverte de sa crédibilité se sont engouffrés trois nouveaux vecteurs aux ambitions redoutables: «Sky Arabia», dont le lancement est prévue, en mars 2012 , à Abou Dhabi, avec la collaboration de la chaine britannique Sky GB du magnat australien Ruppert Murdoch, «Al Arab» du prince Walid Ben Talal, depuis Manama en collaboration avec la firme Bloomberg, ainsi que la chaîne «Al Mayadine» de Ghassane Ben Jeddo, l’ancien d’Al Jazira.

Au vu de ce déferlement, le golfe pétrolier paraît devrait être le théâtre tant d’une guerre médiatique que psychologique. Mais, si dans les pays occidentaux, les grands groupes de communication sont adossés à des conglomérats dépendant, dans une large mesure des commandes de l’Etat, les vecteurs transnationaux arabes sont, eux, carrément adossés à des bases militaires occidentales.

A l’exception d’ «Al Mayadine», la chaîne du dissident d’Al Jazira, Ghassane Ben Jeddo, qui «se refuse à être le porte voix de sinistres dirigeants corrompus, partisans d’intervention étrangère contre leur propre pays, ni le soufflet de l’incitation à la haine confessionnelle», toutes les chaînes transfrontières du Golfe sont, en effet, adossées à des bases occidentales: Al Jazira du Qatar au Centcom, le commandement central américain, Sky Arabyia d’Abou Dhabi, à la base aéronavale française, «Al Arab» du prince saoudien Walid à la base navale de Manama, quartier général de la V me flotte américaine de l’Océan indien…….. une singularité des pétromonarchies… sans doute la marque de leur indépendance.

«Islam des lumières versus Islam des ténèbres» dans ses diverses variantes est la ritournelle favorite du Qatar pour masquer son engagement. «La culture de la vie versus la culture de la mort», «l’axe de la modération contre l’axe de l’intolérance», dans la même veine, se révéleront, en fin de compte, comme autant de déclinaisons d’une même face, celle qui exalte la logique de la vassalité à l’ordre israélo américain, face à la contestation de la logique de la soumission.

Un enfumage conceptuel en ce que «l’Islam des lumières» cautionnait le vicieux protocole de validation d’un islam domestiqué à l’ordre israélo américain.
Arbre qui cache la forêt de la sujétion à l’ordre occidental, Al-Jazira apparaît quinze ans ans après son lancement comme l’alibi stratégique suprême de la dynastie Al Thani face à la mainmise américaine sur la souveraineté du Qatar et sur les sources de ses revenus, deux éléments qui hypothèquent lourdement et durablement l’Indépendance d’un pays faussement présenté comme non-conformiste, mais qui remplit toutefois pleinement sa mission de soupape de sûreté au bellicisme américain à l’encontre du monde arabe et musulman.
Promu désormais à la fonction de «lanceur d’alerte» de la stratégie anti arabe des pays occidentaux, Al Jazira a ainsi sinistré, en l’espace d’un semestre, sa propre réputation patiemment bâtie pendant quinze ans, et, sabordé, du même coup, son monopole des ondes panarabes. Par «le fait du prince» et le fait de son maître.

René Naba

Références

1-Le noyau originel de l’équipe d’Al-Jazira a été constitué par des vétérans du service arabe de la BBC TV réduit au chômage du fait d’une rupture de contrat saoudien avec la chaîne saoudienne orbit partenaire de la chaîne arabophone anglaise. Faisant une sérieuse entorse à sa politique générale d’information, BBC a cédé à une cour assidue de M. Khaled Ben Mohamad Ben Abdel Rahman, patron du Holding al-Mawarid. Elle s’est associée avec ce proche parent du Roi Fahd pour lancer la première chaîne de télévision d’information continue en langue arabe avec le label de la chaîne britannique et les moyens de diffusion de la firme saoudienne «Orbit». L’idylle, de courte durée, 18 mois, se brisera sur le fracas des récriminations réciproques entre deux conceptions monarchiques apparemment inconciliables.

Les Saoudiens ont d’abord imposé un prix prohibitif du décodeur de l’ordre du dix mille dollars, instaurant une sorte de censure par l’argent, puis prenant ombrage de l’hospitalité accordée par BBC TV à l’opposant saoudien en exil à Londres, Mohamad al-Massari, un physicien très populaire dans sa région d’origine, la région pétrolière de Dammam, ont abrogé le contrat, mettant sur le tapis près de deux cents employés arabophones.
En guise d’épilogue à ce psychodrame d’une alliance contre nature, l’opposant saoudien sera finalement exilé vers les Bahamas, le Royaume Uni perdra dans la foulée un contrat militaire de plusieurs milliards de livres sterling et la firme Orbit conduite à payer une pénalité de l’ordre de cent millions de dollars pour rupture abusive du contrat.

2- Pour le lecteur arabophone, ci-joint le lien sur les manipulations d’Al Jazira à propos de la couverture des évènements de Syrie. http://www.al-akhbar.com/node/44875
Ainsi que la protestation du correspondant de la chaîne au Japon, le syrien Fadi Salameh, déplorant le recours quasi systématique aux correspondances de l’opposition syrienne dans la couverture des événements dont les approximations et les intoxications ont entrainé de graves erreurs d’appréciation et surtout l’assassinat de plusieurs membres de de son village http://www.al-akhbar.com/node/61099

3- Waddah Khanfar, Natif de Djénine a épouse la nièce de Wasfi Tall, l’ancien premier ministre jordanien surnommé le «boucher d’Amman» pour sa répression des Palestiniens lors du septembre noir jordanien (1970).

Deux reproches ont pesé sur gestion de huit ans à la tête d’Al Jazira (2003-2011): sa volonté d’imposer un code vestimentaire ultra strict aux présentatrices de la chaine, en conformité avec l’orthodoxie musulmane la plus rigoureuse (ce qui a entrainé la démission de quatre journalistes femmes), ainsi que sa publication des documents confidentiels sur les pourparlers israélo palestiniens «The Palestine Paper», discréditant les négociateurs palestiniens ; ce qui a conduit le chef des négociateurs palestiniens, Saeb Oureikate, à réclamer sa démission ; de même que l’Arabie saoudite effrayée par la crainte que la large couverture des soulèvements arabes par la chaîne du Qatar n’ait des répercussions sur la stabilité des petro monarchies.

Ancien journaliste de la chaine gouvernementale américaine «Voice of America» a été propulsé à la direction de la chaîne Al Jazira par son ami libyen, Mohammad Jibril, qui appartenait au même courant islamiste que le palestinien. Propriétaire de JTrack, entreprise de média training chargée de former les dirigeants du Monde arabe et d’Asie du sud à la maitrise du langage médiatique, Mohamad Jibril a exercé des responsabilités gouvernementales au sein du Conseil National de transition libyen, lors de l’intervention atlantiste ayant entrainé la chute de Kadhafi.

mercredi, 24 octobre 2012

Qatar : un soutien indéfectible aux extrémistes

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Qatar : un soutien indéfectible aux extrémistes

par Ali El Hadj Tahar

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/   


En février 2010, le Qatar signe un pacte de défense avec la Syrie et l’Iran. Mais pendant que Hamad serrait la main de Bachar El-Assad, il conspirait activement contre lui. Quelques mois plus tard, le pacte de défense devient un pacte d’ingérence avec le financement des terroristes islamistes pour renverser le dernier raïs arabe.

L’opposition qui réside à l’étranger, précisément celle du Conseil national syrien (CNS), avait eu comme premier président le nommé Burhan Ghalioun, celui-là même qui a été le conseiller politique d’Abassi Madani, le chef du FIS dissous ! Désigné par l’Occident comme l’unique représentant de l’opposition syrienne, au mépris des autres formations politiques activant en Syrie ou à l’étranger, le CNS refuse tous les appels d’El-Assad au dialogue et veut un renversement du pouvoir, comme le CNT l’a fait en Libye.

Ce n’est ni l’opposant Haytham Manaa, ni le Comité national de coordination pour le changement démocratique (CNCD), ni les partis de l’opposition présents en Syrie (et activant légalement dans le cadre de la Constitution de février 2012) qui sont reconnus par l’Occident, mais ce CNS dominé par les islamistes et demandant l’ingérence militaire dans leur propre pays. Sur conseil de stratèges militaires, le bras armé du CNS, l’Armée syrienne libre (ASL) — qui écrit sur son Facebook «de trancher la gorge aux soldats du régime» ! — cherche à adopter la même stratégie que celle adoptée en Libye : prendre des villes et en faire des forteresses imprenables, des «zones d’exclusion» en termes militaires ou des «Etats islamiques» en jargon wahhabite. Outre le soutien logistique et politique occidental, les rebelles de l’ASL jouissent aussi de la complicité turque, jordanienne et de certaines factions politiques libanaises affichée sans crainte de choquer qu’Israël soit aussi de la partie contre ce pays arabe qui cesserait aussitôt d’être attaqué s’il disait oui à une «paix des braves» avec Tel-Aviv au détriment du peuple palestinien.

Comme le CNT libyen parachuté par l’OTAN, le CNS se compose d’islamistes notoires et d’opposants vivants à l’étranger, sans aucune légitimité ni assise nationale. Outre le massacre de milliers de civils et de militaires et la destruction des infrastructures du pays par l’entremise de terroristes ramassés aux quatre coins du monde, le complot contre la Syrie ne vise pas que ce pays : sa réussite aura des effets désastreux sur le Liban, la Jordanie et sur la question palestinienne tout en rendant l’Iran très fragile et maintiendra les Etats-Unis comme puissance hégémonique mondiale. C’est pour la résurgence d’un monde bipolaire et équilibré où l’OTAN n’imposerait pas sa loi que la Chine et la Russie ont plusieurs fois opposé leur veto à l’intervention en Syrie. En outre, il y a la volonté de briser la création de l’axe énergétique Iran-Irak-Syrie-Liban. La Jordanie et la Turquie se sont exclues de cet axe, préférant jouer les cartes de l’axe pro-américain, tout comme Doha. En tant qu’allié d’Israël, Erdogan a préféré jouer les couleurs de son parti religieux plutôt que les intérêts stratégiques de son pays. Être du côté des «parias» (Syrie, Irak, Iran) lui a semblé désavantageux mais le rapport des forces actuel donne raison aux faibles, pas à Doha, Riyad ou à Istanbul, sans parler de la Jordanie qui a mal misé toutes ses cartes.

La Syrie est visée car il y a aussi la volonté occidentale de mettre le grappin sur les réserves gazières de la Méditerranée. Selon le Washington Institute for Near East Policy (WINEP, le think-tank de l’AIPAC), le bassin méditerranéen renferme d’immenses réserves de gaz et les plus importantes seraient en territoire syrien ! «La révélation du secret du gaz syrien fait prendre conscience de l’énormité de l’enjeu à son sujet. Qui contrôle la Syrie pourrait contrôler le Proche-Orient», écrit Imad Fawzi Shueibi.

Les sponsors du djihad

Selon l’International Herald Tribune des 4-5 août, «les 2,3 millions de chrétiens, qui constituent environ 10% de la population du pays, connaissaient sous la dynastie Assad une situation encore plus privilégiée que la secte chiite alaouite à laquelle appartient le président». Le journal ajoute que l’Armée syrienne libre aurait chassé 80 000 chrétiens de leurs foyers dans la province de Homs. Pour leur plan, les Occidentaux et leurs supplétifs ont fait venir près de 40 000 mercenaires islamistes de Libye, Jordanie, Égypte, Tunisie, Afghanistan, Pakistan, Irak, Tchétchénie… Même un Palestinien a été arrêté lorsqu’il était sur le point de se faire exploser dans le pays qui a perdu son Golan à cause de la Palestine !

Beaucoup d’autres sont venus du monde dit libre, de France, d’Australie, d’Espagne, de Grande- Bretagne, Hollande, Canada… Selon le Daily Mail du 3 septembre 2012, le MI6 a répertorié près de cent terroristes résidant en Angleterre et qui combattent en Syrie. Ils les appellent «combattants de la liberté» quand ils tuent en Orient, et terroristes s’ils tuent en Occident. Quand ils rentreront en Angleterre, ils ne seront pas inquiétés. Le crime légalisé ! L’un de ces terroristes a même avoué qu’il exerçait comme docteur dans un hôpital anglais ! Un congé sabbatique pour un djihadiste anglais.

L’afghanisation de la Syrie a commencé mais cela ne se fait pas sans la pakistanisation de la Jordanie, du Liban et de la Turquie. Toutes sortes d’armes se déversent en Syrie actuellement. Si les autorités libanaises ont découvert un bateau d’armements et interpellé son équipage, huit ou neuf autres seraient déjà passés. Dernièrement, l’ASL a menacé d’abattre des avions civils syriens, ce qui a fait dire au vice-ministre des Affaires étrangères Guennadi Gatilov : «Les menaces de l’opposition syrienne d’abattre des avions civils est le résultat de livraison irresponsable des Manpads (les systèmes portatifs de défense aérienne).»

Certains médias ont révélé, début août, que l’ASL a obtenu environ 20 Manpads de la Turquie. Selon les experts russes, l’Arabie Saoudite et le Qatar sont derrière ces livraisons. D’ailleurs, fin août dernier, CNN et NBC ont annoncé qu’Obama avait autorisé la livraison d’armements lourds aux rebelles anti-Bachar. Puis comme pour les Stinger livrés aux talibans, on voudra «récupérer» ces Manpads et autres SAM 7 puis on fera semblant d’avoir échoué de les récupérer. Prolifération d’armes = prolifération de terroristes : stratégie idéale pour promouvoir Al-Qaïda. La douane turque, celle d’un pays membre de l’OTAN, a récemment donné l’autorisation de débarquer des dizaines de tonnes d’armes destinées aux terroristes syriens, selon le Times !

Au Moyen-Orient et au Maghreb, le Qatar est depuis longtemps connu comme le principal sponsor de l’islamisme. Et Hamad s’est fait beaucoup d’amis parmi les opposants arabes, même s’ils ne sont pas islamistes comme ce fut le cas au Yémen où il a financé à la fois le parti islamiste Islah (opposé à l’ancien président Ali Abdullah Saleh) et les rebelles Houthis du nord. Cela n’a pas plu à l’Arabie Saoudite, qui veut éradiquer ces opposants chiites qu’elle accuse de vouloir instaurer un khalifat chiite.

En Égypte, Doha a financé les Frères musulmans alors que Riyad a subventionné les salafistes. Si Riyad avait soutenu les Frères musulmans, Doha aurait soutenu les salafistes ! Avoir des vassaux, c’est ce qui compte pour Doha ! Au Caire, la place Tahrir était occupée par une minorité cairote mais Al Jazeera focalisait dessus quotidiennement, gonflant les rumeurs et amplifiant les dérapages pour susciter un surplus d’adrénaline au sein des foules arabes assoiffées de miracles. Alors le prédicateur islamiste, l’Égyptien Youssef Al-Qardaoui, exilé à Doha depuis cinq décennies, animateur de l’émission «La Charia et la Vie» a encore clamé le djihad et ordonné au «Pharaon» de démissionner… En langue qatarie, la contre-révolution se dit révolution ! Un «pharaon» est un impie à massacrer.

10 000 missiles perdus sans blanc-seing étatsunien ?

Les Occidentaux qui tirent les ficelles ont trouvé un argument costaud pour leurrer ou faire taire les masses arabes : l’islamisme politique, disent-ils, s’est assagi et il peut accepter les règles démocratiques. C’est aussi ce qu’a ressassé l’émir du Qatar sur sa chaîne de propagande, Al Jazeera, pour qui le «péril vert» n’existe pas. «Les islamistes radicaux, dont les vues ont été forgées sous des gouvernements tyranniques, peuvent évoluer en participant au pouvoir si les révolutions tiennent leurs promesses de démocratie et de justice», disait en septembre 2011 un Hamad converti en agent de pub pour Abdel Jalil, Ghannouchi, Morsi et consorts. Les milliers de terroristes qu’ils ont envoyés en Libye, en Syrie et au Mali sont bien sages, eux aussi.

L’impérialisme occidental sait désormais qu’il ne peut se passer de l’aide ou plutôt de la joint-venture avec les pays du Golfe ; et la première opération de cette union est probablement la destruction spectaculaire du World Trade Center le 11 septembre, opération transformée en attaque terroriste pour les naïfs. Aujourd’hui, plus de la moitié des habitants de la planète ne croient pas la thèse officielle américaine, dont 90% des Allemands, 58% des Français et 15% des Américains. Le Qatar semble avoir les mains libres partout. Or, accueillir des terroristes, perdre 10 000 missiles en Libye, lancer des attaques contre la Libye, la Tunisie, l’Égypte et la Syrie, sans un blanc-seing américain est impossible !

On ne peut pas remettre en question ou chambouler un ordre géopolitique existant sans la volonté et l’accord des grandes puissances ! Vibrionner ainsi en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, dans le terrain de jeu américain et français, est impossible, à moins d’être le fou du roi en personne. Soutenir le terrorisme islamiste ouvertement, en Afrique, en Asie, sans se faire taper sur les doigts, ou au moins récolter l’étiquette «d’Etat voyou» est inacceptable pour l’entendement : c’est ce que disent plusieurs analystes, journalistes, officiels et anciens agents de renseignement occidentaux dont Michel Chossudovsky, et l’ancien officier du MI6, Alistair Crooke. On ne peut pas non plus avoir des velléités de changer la carte géopolitique de l’Afrique, en tout cas ses gouvernements, sans accord ou instruction de l’Oncle Sam : c’est ce que disent plusieurs analystes dont Eric Denécé, le spécialiste des renseignements, et même le frère musulman Tarik Ramadhan.

L’implication du Qatar, donc des Etats-Unis, devient de plus en plus évidente avec le recul et avec le raz-de-marée, prévisible, des islamistes et surtout avec la volonté de casser le dernier bastion républicain et moderniste, la Syrie comme le fut la Libye. Il se peut que l’Arabie Saoudite, trop fragile, n’ait pas été informée de toutes les parties du plan mais a posteriori elle a adhéré à tout, et ne pouvait rien pour sauver Ben Ali et Moubarak, comme elle a accueilli avec bonheur la mort de Kadhafi qui a osé insulter le roi Abdallah. Les ennemis d’Al-Qaïda sont alors éliminés (Ben Ali, Moubarak, Kadhafi) ou visés (Syrie, Mauritanie, Algérie).

Cerise sur le gâteau, le «printemps arabe» donne même lieu à des gouvernements islamistes, proches du Qatar et de l’Arabie Saoudite, qui ont fourni argent, pub et même armes et contingents. L’Occident se devait de récompenser ses amis pour tous les efforts qu’ils ont déployés à leur profit (guerre entre l’Iran et l’Irak, deux guerres contre l’Irak, octroi de bases militaires, approvisionnement en pétrole au prix désiré).

Désormais, ils sont impliqués dans la redéfinition de la carte du monde, d’autant qu’ils sont devenus nécessaires pour toute action en terre arabe ; et ils sont rétribués par la possibilité d’installer leurs copains salafistes, islamistes ou fréristes aux commandes des pays conquis. Les valets deviennent des supplétifs.

Ali El Hadj Tahar

mardi, 23 octobre 2012

Auf Kriegskurs: Europas Linke wirbt für „humanitäre Interventionen“

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Auf Kriegskurs: Europas Linke wirbt für „humanitäre Interventionen“

 
„Ich glaube an zwei Prinzipien: Nie wieder Krieg und nie wieder Auschwitz.“ (1)

Diese Worte wurden auf dem Parteitag der Grünen im Mai 1999 gesprochen, der während des NATO-Bombardements auf Jugoslawien, an dem sich auch Deutschland beteiligte, stattfand. Sie kamen aus dem Mund des Grünen-Politikers und damaligen Außenministers Joschka Fischer. Sein Kommentar sollte den Krieg gegen das serbische Volk rechtfertigen. Dasselbe Volk, das bereits in zwei Weltkriegen unter dem deutschen Imperialismus zu leiden hatte.

In den 1970er Jahren war Fischer ein linksradikaler Aktivist und in den 1980er Jahren gehörte er zu den Mitbegründern der Grünen. Das Anliegen hinter der Parteigründung war es, den verschiedenen Umwelt- und Antikriegsgruppen eine parlamentarische Repräsentation zu verschaffen. Hätte in der damaligen Zeit jemand über die Möglichkeit gesprochen, dass diese Partei gegen Ende des Jahrtausends eine aktive Rolle in einem Aggressionskrieg gegen Jugoslawien spielen würde, es wäre als absurd abgestempelt worden. Eine direkte Beteiligung Deutschlands an einem Krieg war ein völliges Tabu, und niemand auf Seiten der Linken oder der Rechten hätte es gewagt, eine solche Option in Erwägung zu ziehen. Nach 1945 war es allgemeiner Konsens, dass von Deutschland nie wieder ein Krieg ausgehen sollte.

Der politische Übergang in Deutschland, der sich in großen Teilen Westeuropas widerspiegelte, ist wichtig für das Verständnis, wie es dazu kam, dass viele Mainstream-Linke zu modernen Kriegstreibern wurden, oftmals sogar in einem größeren Maße als ihre konservativen Widersacher.

Mit ihrem Eintreten für das Konzept des „Humanitären Interventionismus“ und ihrer moralischen Autorität erscheinen die „progressiven“ politischen Entscheidungsträger viel glaubwürdiger als die  lärmenden neokonservativen Hassprediger, wenn es darum geht, eine militärische Intervention vor der Bevölkerung zu rechtfertigen.

In Westeuropa sind die meisten Befürworter der Militarisierung innerhalb der Mainstream-Linken mit den grünen oder den sozialdemokratischen Parteien verbunden. Einer der ersten Verfechter militärischer „humanitärer Interventionen“ war Daniel Cohn-Bendit, Mitglied der Grünen in Frankreich. Er war auch einer der Vordenker der Abschaffung der europäischen Nationalstaaten zugunsten einer stärkeren Europäischen Union. Während des Bürgerkriegs in der ehemaligen jugoslawischen Republik Bosnien verlangte Cohn-Bendit die Bombardierung der Serben. Jeder, der damit nicht einverstanden sei, würde dieselbe Schuld auf sich laden wie diejenigen, die während des faschistischen Massenmords im Zweiten Weltkrieg tatenlos zuschauten:

„Schande über uns! Wir, die Generation, die unsere Eltern so sehr für ihre politische Feigheit missachtet hat, schauen jetzt selber scheinbar hilf- und machtlos und doch selbstgefällig dabei zu, wie die bosnischen Muslime Opfer einer ethnischen Säuberung werden.“  (2)

Während des Bosnien-Krieges wurde die Masche perfektioniert, mittels der Zeichnung von Parallelen zu den Verbrechen der Nazis jene zu dämonisieren, die den geostrategischen Interessen des Westens im Wege stehen. Exemplarisch dafür steht die Geschichte von den sogenannten Todescamps in Bosnien: Als Beweis für die angebliche Existenz von Konzentrationslagern, die von den Serben in Nazi-Manier betrieben würden, veröffentlichte eine britische Zeitung im August 1992 ein Foto, das einen abgemagerten Mann hinter einem Stacheldrahtzaun zeigt. Wie später jedoch der deutsche Journalist Thomas Deichmann herausfand, stand der Mann außerhalb des Zaunes und war  nicht hinter Stacheldraht gefangen. (3)

Natürlich gab es Gefangenenlager auf allen Seiten und die Bedingungen dort waren zweifellos oftmals schrecklich. Die Sache ist jedoch die, dass die westliche Propaganda versuchte, die Seite der Kroaten und Muslime reinzuwaschen, indem sie ganz und gar als Opfer dargestellt, während gleichzeitig die bosnischen Serben als Barbaren und Nazis präsentiert wurden.

Kontrahenten oder auch ganze Bevölkerungsgruppen mit einem Etikett zu versehen, um diese zu dämonisieren, ist kein neues Konzept in der Kriegspropaganda. Ein entpolitisiertes Verständnis von Faschismus, als lediglich eine Form des Nationalismus, ermöglicht es der postmodernen Linken, Aggressionskriege als „humanitäre Interventionen“ und somit „antifaschistische“ Aktionen zu präsentieren. Die traditionelle linke Sichtweise sieht im Faschismus hingegen nicht nur eine chauvinistische, rassistische Ideologie, sondern berücksichtigt auch dessen wirtschaftlichen Hintergrund und dessen Bündnis mit der Hochfinanz, der Rüstungsindustrie und den politischen Eliten.

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Als der UN-Sicherheitsrat im März 2011 die Resolution 1973 zur Errichtung einer Flugverbotszone über Libyen verabschiedete, die als Vorwand für einen Angriff auf das Land diente, enthielt sich Deutschland zusammen mit Russland, China, Indien und Brasilien der Stimme. Die schwarz-gelbe Regierungskoalition erntete für diese Haltung heftige Kritik aus den Reihen der Sozialdemokraten und vor allem aus den Reihen der Grünen, die der Bundesregierung vorwarfen, nicht stärker eine Pro-Kriegs-Position bezogen zu haben. Der ehemalige Außenminister Joschka Fischer attackierte seinen Amtsnachfolger Guido Westerwelle dafür, die Resolution der Kriegstreiber nicht unterstützt zu haben und merkte an, dass der Anspruch Deutschlands auf einen ständigen Sitz im UN-Sicherheitsrat damit „in die Tonne getreten“ wurde. (4)

Es ist daher nicht überraschend, dass sich im gegenwärtigen Konflikt in Syrien – welcher erheblich vom Westen orchestriert und finanziert wird, wie auch die Bürgerkriege in Jugoslawien und Libyen – grüne und linksliberale Politiker in Westeuropa als die stärksten Befürworter einer Strategie der Eskalation gebärden. In einer Fernsehdebatte verwehrte sich die Grünen-Vorsitzende Claudia Roth gegenüber jeder Stimme der Vernunft, die für Verhandlungen mit der Assad-Regierung plädiert. (5) Zu diesen zählt auch der Autor und ehemalige Politiker Jürgen Todenhöfer, der eine ausgewogene Position vertritt und jüngst für ein Interview mit Bashar Al-Assad nach Damaskus reiste, damit die Welt auch die „andere Seite“ hören könne. (6) Die Tatsache, dass überhaupt jemand Al-Assad seine Meinung sagen lässt, war für Claudia Roth zu viel. Sie drückte ihre Verärgerung über Todenhöfers Reise in unmissverständlichen Worten aus.

Zur selben Zeit war es der frisch gewählte „sozialistische“ Präsident François Hollande, der als erstes westliches Staatsoberhaupt die Option eines Angriffs auf Syrien öffentlich in Erwägung zog. In seiner Erklärung ließ er die Welt wissen, dass er eine „internationale militärische Intervention in Syrien“ nicht ausschließe. (7)

Hollandes Wahl zum Präsidenten war Ausdruck der Hoffnung vieler Menschen, Nicolas Sarkozys reaktionärer, neoliberaler und korrupten Politik ein Ende zu bereiten und sie durch eine humanere Form zu ersetzen. Was die Außenpolitik angeht, setzt Hollande bedauerlicherweise die neokoloniale Agenda seines Vorgängers fort. (8)

Sowohl im Fall Libyens als auch Syriens forderte Bernard-Henri Levy, ein französischer Philosoph, professioneller Selbst-Promoter und häufig Objekt des Gespötts der Medien, seine Regierung zur Intervention auf, um das „Töten unschuldiger Zivilisten“ zu verhindern. (9) Sein Ruf nach Krieg wurde natürlich als humanistischer Graswurzel-Aktivismus verkauft. In einem offenen Brief an den Präsidenten, veröffentlicht unter anderem von der Huffington Post, zog er das Massaker in Hula als Rechtfertigung für eine Intervention heran. (10) Die Tatsache, dass die Fakten darauf hindeuten, dass es sich bei den Opfern um Anhänger des Assad-Regierung gehandelt hat und diese von Aufständischen getötet worden sind (11), konnte der Schwarz-Weiß-Malerei des virtuosen philanthropischen Aktivisten nichts anhaben.

Von „Auschwitz“ in Bosnien und im Kosovo hin zum „syrischen Diktator“, der Frauen und Kinder abschlachtet, die Strategie, mit der der Widerstand der Bevölkerung gegen einen Aggressionskrieg überwunden werden soll, bleibt dieselbe: Es wird an ihr Schuldbewusstsein und an ihr schlechtes Gewissen appelliert – die „schaut-nicht-tatenlos-zu“-Taktik. Und niemand beherrscht diese Taktik besser als die heutigen „progressiven“ falschen Samariter.

Eingedenk dessen wenden wir uns wieder dem Beispiel Deutschland zu. Bisher hat sich die deutsche Regierung aktiv daran beteiligt, antisyrische Propaganda zu verbreiten. Sie legt aber nicht dieselbe Begeisterung für eine Intervention an den Tag, wie sie sich in den Reihen der „Progressiven“ ausmachen lässt. Auch wenn sich nicht viel Positives über die neoliberale, US-freundliche Regierung Angela Merkels sagen lässt, so ist sie nicht in demselben Ausmaß wie die rot-grüne Opposition dazu bereit, das Risiko eines militärischen Abenteuers einzugehen und spricht sich dementsprechend weiterhin für eine „diplomatische Lösung“ aus. (12) Auch wenn die Vita der schwarz-gelben Regierung zeigt, dass sie weit davon entfernt ist, in Sachen Interventionismus unschuldig zu sein (13),  könnte es noch schlimmer kommen, falls sich nach den Bundestags-Wahlen im Jahr 2013 erneut eine rot-grüne Regierung konstituiert, wie es zwischen 1998 und 2005 der Fall war. Schließlich hat sie seinerzeit die historische Leistung vollbracht, zum ersten mal seit 1945 Kriege in der deutschen Öffentlichkeit salonfähig zu machen.


Der Artikel erschien im Original am 21. September bei Global Research unter dem Titel Europe’s Pro-War Leftists: Selling “Humanitarian Intervention.  Übersetzung: Hintergrund


Anmerkungen

(1) http://germanhistorydocs.ghi-dc.org/docpage.cfm?docpage_id=4440.
(2) http://web.archive.org/web/20101122200452/http://esiweb.org/index.php?lang=en&id=281&story_ID=19&slide_ID=3.
(3) http://web.archive.org/web/19991110185707/www.informinc.co.uk/LM/LM97/LM97_Bosnia.html.
(4) http://www.sueddeutsche.de/politik/streitfall-libyen-einsatz-deutsche-aussenpolitik-eine-farce-1.1075362.
(5) http://www.ardmediathek.de/das-erste/hart-aber-fair/21-00-besser-wegschauen-und-stillhalten-darf-uns-syrien?documentId=11083714.
(6) https://www.youtube.com/watch?v=NBJlpY1qX28.
(7) http://www.spiegel.de/international/world/french-president-leaves-open-possibility-of-military-intervention-in-syria-a-835906.html.
(8) Während seiner Präsidentschaft war Sarkozy verantwortlich für die militärischen Interventionen in Libyen und der Elfenbeinküste.
(9) http://www.guardian.co.uk/world/2012/may/25/levy-libya-film-screening-cannes-festival.
(10) http://www.huffingtonpost.com/bernardhenri-levy/syria-massacre-houla_b_1552380.html.
(11) Siehe beispielsweise: http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=31455.
(12) http://www.tagesschau.de/ausland/syrien1576.html.
(13) So lässt Deutschland den Aufständischen über den Bundesnachrichtendienstes militärische Unterstützung zukommen. Siehe: http://www.wsws.org/articles/2012/aug2012/syri-a21.shtml.

samedi, 20 octobre 2012

La Presse est devenue le premier pouvoir

La Presse est devenue le premier pouvoir - Soyons informés sur ceux qui nous informent !

La Presse est devenue le premier pouvoir


Soyons informés sur ceux qui nous informent !

Claude Chollet
 
En vous réveillant vous avez allumé la radio. Petit déjeunant, vous écoutez/regardez les informations. Vous avez poursuivi votre écoute en voiture ou dans les transports en commun grâce à votre téléphone. Vous avez parcouru un journal gratuit et acheté un quotidien. Dans la journée vous avez navigué sur plusieurs sites. Le soir vous avez regardé le journal télévisé. Si vous êtes addictif,  vous avez aussi écouté/vu les radios et les télévisions d’information en continu. 
 
 
Mais cette information qui la crée ? La sélectionne pour vous ? Qui la transforme ? Qui décide pour vous ce qui doit être mis en exergue ou ce qui doit être tu ? L’information n’est pas un objet neutre, elle est produite, gérée, orientée. Par qui ? Par les journalistes eux-mêmes bien sûr et par les médias qui les emploient. Les mêmes médias souvent contrôlés par des groupes industriels et financiers qui, s’ils prétendent à la neutralité, défendent leurs propres intérêts. 
Edmond Burke en 1787 a créé l’expression « quatrième pouvoir », reprise ensuite par Tocqueville en 1837. Les moyens de communication (tous les moyens) servent – ou devraient servir – de contre-feux aux trois pouvoirs incarnant l’Etat : exécutif, législatif et judiciaire.
 
Mais ce quatrième pouvoir est devenu le premier. 
 
Il influence les élections;  il commente et oriente les décisions du législatif comme de l’exécutif ; il juge aussi les juges. Il fait et défait les réputations, celle des groupes aussi bien que la vôtre.
Les journalistes sont ils indépendants ? Ils dépendent de leur hiérarchie dans les médias qui les font travailler. Ils dépendent encore plus de leur éducation, des cercles qu’ils fréquentent, de l’atmosphère culturelle et politique dans laquelle ils baignent, d’un certain esprit de caste, de ce que Bourdieu appelle l’habitus.
 
 
Tous les journalistes ne sont bien sûr pas logés à la même enseigne. A côté de quelques dizaines de vedettes et de quelques milliers de journalistes employés sur une longue durée, la réalité est de plus en plus celle des soutiers de l’information payés à  la pige, nouvelle classe intellectuelle précarisée.
 
Peut-on parler d’une crise du journalisme ? 

D’une certaine forme plutôt de fin de la liberté d’expression ? Les lois en vigueur défendent la liberté de la presse tout en l’encadrant. Serge Halimi dans son ouvrage « Les chiens de garde » est plus que critique vis à vis des médias et de leurs acteurs. Halimi reprend les thèses de Guy Debord sur la société moderne « Tout ce qui était directement vécu s’est éloigné dans la représentation ». Mais qui représente cette représentation ?
 
 
Si les journalistes doivent être protégés, le lecteur, l’auditeur, le spectateur ont aussi des droits. Le droit de savoir qui parle, qui écrit, par quel itinéraire. Michel Field a parfaitement le droit d’avoir été un militant trotskyste dans sa jeunesse. Mais ses auditeurs ont aussi le droit de connaître ses amitiés et ses arrières plans idéologiques. Sans oublier les commanditaires qui l’emploient. Exemple parallèle celui de Joseph Macé-Scarron passé du GRECE au statut d’icône du boboïsme  gay chez Marianne
 
C’est ce droit  de savoir de l’auditeur, du spectateur, du lecteur que l’Observatoire des Journalistes et de l’Information Médiatique(OJIM) veut promouvoir. Une meilleure connaissance du monde journalistique et des médias  favorise une véritable démocratie et une éthique civique. L’OJIM vise à devenir une véritable ONG de salubrité déontologique.
 
 
Sur le site de l’OJIM vous trouverez les portraits des vedettes du journalisme comme des analyses des médias et des réseaux. Tout ceci dans un esprit citoyen et participatif. Si le site n’a pas de forum, nous encourageons nos lecteurs à compléter nos rubriques. Ces ajouts seront pris en compte et intégrés dans la mesure où ils sont sourcés et exclus d’esprit polémique. L’OJIM vise à mieux informer les citoyens sur leur environnement médiatique quotidien. 
 
Pour aller plus loin :
Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, nouvelle édition 2005, Editions Raisons d’Agir, voir aussi le remarquable film éponyme.
Guy Debord, la Société du Spectacle, Folio, thèse 1.

mardi, 16 octobre 2012

La Turquie à la croisée des chemins

La Turquie à la croisée des chemins : du « zéro-problème » au maximum d’ennuis

par Ramzy Baroud 

 
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Le consensus dans la presse a été général, ou du moins est-ce ce qui parait : la Turquie est imbriquée dans un désordre au Moyen-Orient qui n’est pas de son fait, alors que son « Zéro problème avec les voisins » – un moment la pièce maîtresse de la politique étrangère du Parti de la Justice et du Développement (AKP) – s’est avérée être une notion romantique de peu d’utilité en realpolitik.

Le but de la politique étrangère de la Turquie, « construire les liens forts économiques, politiques, et sociaux avec les voisins immédiats du pays tout en diminuant sa dépendance envers les États-Unis semblait être en vue, » écrivait Sinan Ulgen presque il y a presque un an. « Mais le Printemps arabe a exposé les vulnérabilités de la politique, et la Turquie doit maintenant chercher un nouveau principe directeur pour son engagement régional. »

Cette analyse n’était pas isolée et elle a été reprise de nombreuses fois. Elle suggère une certaine naïveté dans la politique étrangère turque et fait apparaître ses ambitions régionales comme désintéressées. Elle imagine également que la Turquie a été rattrapée par une série d’événements fâcheux, lui forçant la main pour agir de manière contradictoire avec ce qui devrait être sa véritable politique. Cette vision des choses n’est pas tout à fait exacte.

Les escarmouches récentes entre la Syrie et la Turquie qui ont commencé le 4 octobre, par des tirs d’obus de mortier depuis le côté syrien et qui ont coûté la vie à 5 personnes, dont 3 enfants, ont été « le dernier sang versé par la Turquie ». L’agence de presse turque Anadolu a rapporté les excuses syriennes officielles par le canal des Nations Unies peu après le bombardement, et le gouvernement syrien a promis une enquête, dont le sérieux demeure douteux. Mais les militaires turcs ont rapidement exercé des représailles, alors que le parlement venait de voter la prolongation d’une année le mandat qui leur permet d’exécuter des opérations trans-frontalières. Indépendamment de la violence à la frontière de la Syrie, ce mandat visait à l’origine les combattants kurdes du nord de l’Irak et il avait été déjà inscrit pour un vote mi-octobre.

L’évolution de la situation semble singulièrement irréelle. Il y a peu de temps encore, le Premier Ministre Turc Recep Tayyip Erdogan avait pris l’initiative d’un rapprochement avec la Syrie et l’Iran, au mécontentement d’Israël et des États-Unis. Il s’était référé au Président Syrien Bashar Al-Assad comme à « un frère », sachant bien toutes les implications politiques du terme employé. Quand la Turquie a voté contre des sanctions à l’égard de l’Iran aux Nations Unies en juin 2010, « elle a provoqué une crise, » selon un article du Wall Street Journal. Plus tard, la Turquie s’était disputée avec l’OTAN au sujet de l’initiative d’un nouveau système de missiles qui vise clairement l’Iran et la Syrie. « La Turquie est le opt-out [le participant qui se désengage - N.dT] de l’Alliance dans les pays Musulmans, » disait le même journal. Ces développements se produisaient dans la foulée de l’incursion militaire israélienne meurtrière contre le bateau turc Mavi Marmara, qui transportait de nombreux militants pacifistes turcs dans le cadre d’une initiative plus large – La Flotille de la Liberté de Gaza – destinée à briser le siège sur Gaza. Israël a assassiné 9 civils turcs et en a blessé beaucoup d’autres.

Erdogan comme d’autres officiels turcs, s’était élevé au rang de superstar parmi les peuples arabes, au moment ou justement l’un d’eux évinçait le Président égyptien Hosni Mubarak, lui-même complice dans le siège de Gaza. Tout naturellement, l’AKP devint un modèle politique, le sujet de débats universitaires sans fin ou à la télévision. Même culturellement et économiquement, la Turquie représentait alors une particularité dont il fallait débattre.

À l’intérieur, Erdogan et son parti étaient crédités d’une croissance économique massive et d’avoir su la gérer, et d’avoir pu – dans le cadre d’un système démocratique à présent contrôlé par des civils élus – mettre au pas un état-major militaire qui avait toujours été enclin aux coups d’État. À l’extérieur, Erdogan et son Ministre des Affaires Étrangères Ahmet Davutoglu, avaient réussi à partiellement briser l’isolement de la Turquie vis-à-vis de plusieurs dirigeants arabes, dont le libyen Mouammar Kaddafi. (Les dirigeants turcs s’étaient tout à fait rendus compte des récriminations des peuples arabes tandis qu’ils concluaient des contrats valant des milliards de dollars avec les dictateurs mêmes qu’ils ont aidé à évincer, ou encouragé à ce qu’ils soient renversés.) Bien que la sérieuse dispute d’Ankara avec Tel Aviv n’ait pas entraîné de changement côté israélien ou américain envers les Palestiniens, il y eut un sentiment de réelle satisfaction que, enfin, un pays assez fort comme la Turquie ait eu le courage de s’opposer à l’intransigeance et aux insultes israéliennes.

Puis la Tunisie renversa son président, et les cartes de la politique étrangère de la Turquie ont été mélangées comme jamais auparavant. Si les États-Unis, la France et d’autres pouvoirs occidentaux étaient en pleine contradiction dans leurs positions concernant les soulèvements, les révolutions et les guerres civiles qui ont traversé le Moyen-Orient et l’Afrique Du Nord ces 18 derniers mois, la politique étrangère de la Turquie fut particulièrement embrouillée.

Tout d’abord, la Turquie répondit d’une façon qui paru distante avec de brefs discours au sujet des droits, de la justice et de la démocratie des peuples. En Libye, les enjeux étaient plus élevés car l’OTAN était acharnée à contrôler les implications des révoltes arabes toutes les fois que cela lui était possible. La Turquie fut le dernier membre de l’OTAN à se joindre la guerre contre la Libye. Le délai s’est avéré coûteux car les médias arabes qui poussaient à la guerre s’en sont pris à la réputation et à la crédibilité de la Turquie.

Quand les Syriens se sont rebellés, la Turquie était cette fois prête. Elle s’appliqua à prendre très tôt l’initiative d’appliquer ses propres sanctions à Damas. Puis elle alla encore plus loin en refusant de voir que sa zone frontalière autrefois si bien gardée, se retrouvait inondée par la contrebande, le transport d’armes et les combattants étrangers. En plus d’accueillir le Conseil National de la Syrie, elle a également fourni un asile sûr à l’Armée Libre de la Syrie, qui a lancé sans aucun frein ses attaques depuis la frontières turque. Tandis que tout cela était justifiée au nom de la lutte contre l’injustice, c’était en fait une des principales raisons qui ont mis une solution politique hors de portée. La Turquie a transformé un conflit ensanglanté et brutal en une véritable lutte régionale. Le territoire syrien s’est retrouvé exploité pour un conflit indirect impliquant divers pays, camps politiques et idéologies. Et comme la Turquie est un membre de l’OTAN, cela signifiait que l’OTAN était aussi impliquée dans le conflit avec la Syrie, même si c’est d’une manière moindre que lors de sa guerre contre la Libye.

Naturellement, la dimension kurde dans le rôle de la Turquie en Syrie est énorme. Il est plus rarement mentionné dque la Turquie s’active en permanence à contrecarrer n’importe quel contrecoup venant des Kurdes dans la région du nord-est de la Syrie, qui risquent d’ouvrir un nouveau front, le premier étant grande partie confiné au nord de l’Irak. Écrivant dans le quotidien turc Zaman, Abdullah Bozkurt a parlé « d’une stratégie hautement risquée pour la Turquie, qui veut contrôler les rapides développements en Syrie du nord grâce aux services du Gouvernement Régional du Kurdistan dans l’Irak voisin, afin d’éviter d’être directement impliquée en Syrie. » De plus, Ankara a discrètement fait pression sur le SNC pour que celui-ci adopte une posture plus favorable vis-à-vis de la question kurde. Bozkurt a aussi rapporté que « Ankara a en toute discrétion poussé le SNC à élire en juin un indépendant kurde, Abdulbaset Sieda, en tant que dirigeant de compromis… afin que la Turquie puisse exercer son influence sur les environ 1,5 millions de Kurdes en Syrie. »

En effet, le ainsi-nommé Printemps arabe a rendu confuse la politique étrangère turque à l’égard des pays arabes, et même vis-à-vis de l’Iran, bien qu’il ait ensuite entraîné sa redéfinition. La Turquie était plutôt passive avant ou après les bouleversements. L’impression que la Turquie était restée en retrait et que les affrontements à sa frontière sud ont finalement poussé Ankara à s’impliquer, est cependant incorrecte et trompeuse. Indépendamment de la façon dont les politiciens turcs souhaitent justifier leur participation aux conflits, il n’y a aucune échappatoire possible au fait qu’ils ont participé à la guerre contre la Libye et qu’ils sont maintenant empêtrés, dans une certaine mesure volontairement, dans le brutal désordre qui règne en Syrie.

La triste ironie est que quelques heures après que la Turquie ait exercée des représailles aux tirs d’obus par la Syrie, le ministre israélien Dan Meridor se soit autorisé à déclarer aux journalistes à Paris qu’une attaque contre la Turquie était une attaque contre l’OTAN – manifestation sournoise d’une solidarité calculée. Il a ajouté que « si le régime d’Assad devait tomber, ce serait un coup déterminant contre l’Iran. » Avigdor Lieberman, le ministre israélien des Affaires Étrangères avait du mal à cacher son excitation, car ce que les néoconservateurs américains ont du mal à accomplir est maintenant mis en œuvre par procuration. Lieberman – pas vraiment ce que l’on peut appeler un visionnaire – a prédit l’irruption « d’un Printemps persan » qui selon lui, doit être soutenu. Pour Israël et les États-Unis, maintenant que la Turquie est embarquée pour de bon, les possibilités sont sans fin.

Ankara doit reconsidérer son rôle dans cette calamité qui ne cesse de s’aggraver et adopter une politique plus raisonnable. La guerre ne devrait pas être à l’ordre du jour. Trop de gens ont déjà été tués.

Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net), un journaliste international et directeur du site PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Mon père était un combattant de la liberté : L’histoire vraie de Gaza (Pluto Press, London), peut être acheté sur Amazon.com. Son livre, La deuxième Intifada (version française) est disponible sur Fnac.com