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mardi, 24 mars 2015

Renaud Camus nous lit un conte prémonitoire d’Andersen

Discours de Renaud Camus (écrivain et président du Parti de l’In-nocence) aux assises de la liberté d’expression à Rungis le 15 mars 2015

Renaud Camus nous lit un conte prémonitoire d’Andersen

Knut Hamsun : Pan

Knut Hamsun: Pan

Ex: http://www.legoutdeslettres.com

 
livre-hamsun.pngLu Pan, de Knut Hamsun. Livre assez extraordinaire, qui reflète la personnalité hors-norme de son auteur. J’ai rarement vu une telle liberté d'esprit, liberté qui touche parfois à la folie, comme dans La Faim, son roman le plus connu. Il m’est toujours un peu difficile de parler de cet écrivain, et je constate à quel point, malheureusement, il est plus aisé de dénigrer que de louer. C’est que les romans d’Hamsun (ceux que j’ai lus du moins) ne ressemblent à rien de connu. Les mécanismes psychologiques s’y montrent à nu, dans leur instantanéité, sans le moindre commentaire, sans le moindre filtre d'un rôle social à jouer. Mais loin de tomber dans le monologue profus et un peu indigeste à la Joyce ou à la Céline, Hamsun, qui appartient à la génération précédente, conserve la forme épurée, presque elliptique, du récit classique. On a donc à la fois le plaisir d'un style classique et la surprise d’une psychologie tout à fait atypique. Et ce qui est admirable, c’est que, contrairement à Dostoïevski qui fouillait les côtés louches de l’âme humaine, Hamsun, doté d’une grande et noble personnalité, se maintient toujours à cette hauteur pour observer le monde. Il voit parfaitement les ridicules des hommes, mais il ne s’attarde pas, son regard reste distant et détaché. Il n’est pas étonnant que Bukowski, après Gide et Henry Miller, le cite parmi ses romanciers préférés. Après l’avoir lu, on se sent plus libre, et on lui a de la gratitude d’éprouver un tel sentiment.

Un livre collectif: «Maurice Bardèche l’insoumis»

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POUR CONNAÎTRE MAURICE BARDÈCHE

Un livre collectif: «Maurice Bardèche l’insoumis»

Pierre Le Vigan
Ex: http://metamag.fr
 
bardeche-l-insoumis.jpgPolémiste, écrivain politique, critique littéraire, Maurice Bardèche (1907-1998) a été tout cela. Son image reste sulfureuse. Elle l’est même beaucoup plus que dans les années 1950, preuve que nous avons fait un grand pas vers le schématisme, l’intolérance et l’inculture. Philippe Junod, aidé de sa femme, a voulu mieux faire connaître celui qui fut le beau-frère et l’ami de Robert Brasillach mais qui avait, bien entendu, son tempérament, ses goûts et son histoire propres. Le pari de mieux connaître Bardèche est tenu dans le cadre des Cahiers des amis de Robert Brasillach

Officiellement apolitique jusqu’en 1945, ses activités hors enseignement n’allèrent guère au-delà, sous l’Occupation, d’essayer de sauver Jean Cavaillès. Plus handicapé qu’aidé par ses liens familiaux trop voyants, il passe de maître de conférence à la Sorbonne à professeur à l’Université de Lille où il n’avait aucune attache.
 
Ce qu’il ressort des études consacrées à Bardèche, est l’unité de sa vision des choses, du politique au littéraire. Cela ne veut évidemment pas dire que l’on soit obligé d’être « fasciste » pour, en même temps, lui reconnaître d’avoir beaucoup apporté à la connaissance de Balzac ou de Proust.  Mais il faut reconnaître que ce qu’il appelle « fascisme » est en fait quelque chose qui va au-delà d’un épisode historique, aussi important qu’il ait été (et sachant qu’il fut définitivement clos en 1945). Au-delà : c’est-à-dire une critique de la domination de l’économie sur nos vies, et une critique de la domestication de l’homme par le monde moderne.

bardeche3.jpgBardèche était non pas un homme de concepts mais un homme de principes. Il  été pionnier en maints domaines dans une large mouvance intellectuelle : la critique de la « conscience universelle », c’est-à-dire l’appareil idéologique du nouvel ordre mondial américain, le refus de l’uniformisation planétaire par le règne des marchands, le souci de la liberté des peuples et de la continuité de ceux-ci qui doivent rester fidèles à leurs instincts (thèse assez rousseauiste), l’appel à l’indépendance de l’Europe. Pour des raisons parfaitement évidentes, il était conscient de ne pouvoir être à la bonne distance pour juger de l’action du général de Gaulle. Aussi demandait-il des avis autour de lui. Il faisait partie de ceux qui, à tort ou à raison (je m’interroge moi-même), ne prenait pas au sérieux la troisième voie gaullienne.
 
De la création du modeste Mouvement Social Européen, qui n’était certes pas un mouvement de masse, à novembre 1982, date de la parution du dernier numéro de sa revue Défense de l’Occident (elle accueillit quelques uns de mes premiers articles), fondée trente ans plus tôt, Bardèche a été le principal « doctrinaire » (mais on hésite à employer ce terme un peu trop sec et désincarné)  mais plus encore le principal écrivain du nationalisme européen.  Il a permis à beaucoup de ceux qui l’ont lu d’aller au-delà, ou ailleurs, preuve que c’était avant tout un homme libre, un rebelle non aligné. 

Les témoignages regroupés dans le cahier des ARB, souvent chaleureux, mais aussi bien sûr parfois critiques, aident à mieux connaître celui que l’on veut réduire à des caricatures, tant notre époque aime les idées simples, et fausses de préférence. Ce sont les idées les plus confortables, et notre époque aime son petit confort. Un excellent libraire, bibliophile de province, juif, et parfaitement (sic) de gauche me disait, à propos de la biographie de Balzac par Bardèche (Julliard, 1980) : « Il faut reconnaître que c’est quand même la meilleure des études parue sur Balzac ». 

Cahiers des amis de Robert Brasillach, 51/52,« Maurice Bardèche l’insoumis », courriel : brasillach@europe.ch

vendredi, 20 mars 2015

Drieu la Rochelle, la petite mort dans la Grande Guerre

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Drieu la Rochelle, la petite mort dans la Grande Guerre

La Première Guerre mondiale a détruit Drieu la Rochelle, comme elle a emporté avec elle toute la génération des « 20 ans en 14 ». Sauvagement touché par les épreuves du feu et inspiré par ses expériences de l’arrière, la Grande Guerre marquera pour toujours sa vie et son œuvre littéraire jusqu’à son suicide, il y a 70 ans, le 15 mars 1945.

charleroi-407790-250-400-e1404663208812.jpgPierre Drieu la Rochelle n’a éjaculé qu’une seule fois dans sa vie : c’était le 23 août 1914, lors d’une chaude journée de guerre dans la plaine de Charleroi. Ce jour-là, le caporal de 21 ans vit sa première épreuve du feu. Soudain, au milieu de l’affrontement, il se lève, comme s’il n’avait plus peur de la mort, charge son fusil et entraîne plusieurs camarades. L’enivrement que lui procure la sensation d’être devenu le chef qu’il a toujours rêvé d’incarner est comme un orgasme sexuel. « Alors, tout d’un coup, il s’est produit quelque chose d’extraordinaire. Je m’étais levé, levé entre les morts, entre les larves. […] Tout d’un coup, je me connaissais, je connaissais ma vie. C’était donc ma vie, cet ébat qui n’allait plus s’arrêter jamais »*, écrit-il dans La comédie de Charleroi (1934) qui rassemble, sous forme de nouvelles, ses expériences de la Grande Guerre.

L’espace de quelques instants, il pense être le surhomme de Nietzsche, lui qui a mis Ainsi parlait Zarathoustra dans sa besace de fantassin. Ce sera l’expérience la plus forte de sa vie, confessera-t-il. Drieu, dont le premier émoi littéraire fut les épopées napoléoniennes, rêve d’être un héros. Et pas n’importe lequel : un chef viril, dont l’héroïsme prend les traits d’une érection. « Qu’est-ce qui soudain jaillissait ? Un chef. […] Un chef, c’est un homme à son plein ; l’homme qui donne et qui prend dans une même éjaculation. […] J’ai senti à ce moment l’unité de ma vie. Même geste pour manger et pour aimer, pour agir et pour penser, pour vivre et pour mourir. La vie, c’est un seul jet. C’est un seul jet. Je voulais vivre et mourir en même temps », décrit-il cette journée du 23 août.

Vivre, éjaculer, mourir : voilà les trois temps du héros que Drieu croit expérimenter en ce jour de guerre. Sous l’élan de vitalité point l’attrait morbide, comme l’éjaculation conduit à une petite mort. Cette pulsion de vie dans laquelle couve la pulsion de mort est le nœud du psychisme de Drieu. L’enivrement dure peu car, ce 23 août, son régiment doit battre en retraite après une belle percée. Son ami André Jéramec, dont il épousera la sœur Colette, est tué. Drieu, lui, doit être évacué ; un shrapnel l’a blessé à la tête ; il est interné à l’hôpital de Deauville. Durant la Première Guerre mondiale, Drieu ne cessera les allers-retours entre le front et l’arrière, le combat et l’hôpital, les obus et les mondanités.

Syphilis, gale et dysenterie

Le front, il en a deux autres expériences. Quelques mois après sa blessure, il passe sergent et retourne à l’avant, en Champagne, à l’automne 1914. Puis, il est envoyé dans le stratégique détroit ottoman des Dardanelles, pour un combat voué à l’échec. La promesse de l’exotisme oriental se fracasse vite contre la réalité. « J’ai des morpions que ma crasse engraisse. J’ai pioché et j’ai des ampoules. Mes muscles me font mal. J’ai soif tout le temps. Tondu et barbu, je suis laid. Je ne reçois pas de lettres. Je mourrai totalement ignoré », s’écrie le narrateur du Voyage des Dardanelles (1934). L’année 1915 est un cauchemar. Lorsqu’il revient en France, son corps est déliquescent. En sus de la syphilis, probablement contractée dans un bordel de Marseille d’où il est parti dans les Dardanelles, il revient avec la gale et la dysenterie – maladie qui le fait rapatrier. Surtout, la blessure est psychologique : l’insupportable sensation du corps souillé, à rebours du héros nietzschéen qu’il rêve d’incarner, contribuera à son affinité avec le fascisme dans lequel il retrouve l’obsession du corps pur, viril et athlétique.

Ce corps décadent rend aussi plus compliqué son rapport avec les femmes. Drieu, dont les tendances homosexuelles ont rejailli à plusieurs moments de son existence, a connu sa première expérience sexuelle peu avant la guerre. À 18 ans, il suit une femme dans la rue à qui il fait l’amour contre de l’argent dans un hôtel miteux. En plus, elle lui refile la « chaude-pisse » : une blennorragie. Dans ses Notes pour un roman sur la sexualité jamais publiées de son vivant, il confesse n’avoir connu aucune « femme propre » avant la guerre. Ce dégoût du corps n’empêche pas l’auteur de L’homme couvert de femmes d’accumuler les conquêtes autant dans les bordels qu’ailleurs. Obsédé par ces souillures, il songera à écrire une histoire de son corps.

En attendant, le voilà reparti au front. Et pas n’importe où : à Verdun. Il est à la pointe d’une contre-attaque lancée le 26 février 1916 par des « chefs derrière […] chargés de déverser des trains de viande dans le néant » (Le lieutenant des tirailleurs, 1934). L’expérience est atroce. « Qui n’a vu le vide d’un champ de bataille moderne ne peut rien soupçonner du malheur perfide qui est tombé sur les hommes et qui anéantira l’Europe », prophétise Drieu. Le jeune homme de 23 ans est au milieu d’un « pays lunaire, où les volcans pressaient les gueules béantes les unes contre les autres » et où « toute la ligne était calomniée par la continuelle diatribe que vomissaient dix mille bouches noires ». L’artillerie fait pleuvoir une pluie de ferraille sur le champ de bataille peuplé par des fantassins aux pantalons souillés par la colique. Quand, soudain, « l’univers éclata. L’obus arriva et je sus qu’il arrivait. Énorme, gros comme l’univers. » Un obus qui lui arrache un hurlement. « J’allais mourir ; j’étais au fin fond du monde » (Le lieutenant des tirailleurs). Drieu est gravement touché au bras et il perd un tympan. Après un jour de combat, il est évacué comme à Charleroi. Mais, cette fois-ci, sa blessure est plus importante. On le reverse en décembre 1916 dans le service auxiliaire.

 

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« Des masses de ferraille dans la tête »

De cette journée d’enfer, qui clôt ses expériences du feu, Drieu garde deux marques indélébiles : l’impression de profonde absurdité de la Grande Guerre, dont le titre même de La comédie de Charleroi témoigne, et l’horreur moderne de ces combats de fer, qu’il oppose à la grandeur de l’affrontement chevaleresque. « On fabrique des masses de ferraille dans les usines, et puis on se les jette à la tête, de loin sans se regarder et en geignant. […] Nous sommes loin de la guerre décrite par Joinville ou même par Montluc », regrette-t-il dans Le lieutenant des tirailleurs ; comme dans La comédie de Charleroi : « Et cette guerre est mauvaise, qui a vaincu les hommes. Cette guerre moderne, cette guerre de fer et non de muscles. Cette guerre de science et non d’art. Cette guerre d’industrie et de commerce. […] Cette guerre de généraux et non de chefs. […] Cette guerre faite par tout le monde, sauf par ceux qui la faisaient. Cette guerre de civilisation avancée. […] Il faut que l’homme apprenne à maîtriser la machine, qui l’a outrepassé dans cette guerre – et maintenant l’outrepasse dans la paix. » Cette haine de la civilisation décadente des machines le conduira à voir dans le fascisme un renouveau souhaitable. Avec Socialisme fasciste, publié en 1934, Drieu est le premier intellectuel français à se revendiquer de cette idéologie. Trois ans plus tard, il adhère au Parti populaire français (PPF) du futur collaborationniste Jacques Doriot.

En quittant Verdun, Drieu renoue avec l’autre Grande Guerre. La douce, celle des bourgeois de derrière, dans un contraste vertigineux qu’il évoque au début de son roman phare, Gilles (1939). Le personnage empruntant des traits de l’auteur arrive à Paris pour une permission, un soir d’hiver 1917. Gilles se rend au Maxim’s pour boire un verre de champagne. Et revit : « Il but, et tout le délice de ce premier soir coula dans ses veines. Il était au chaud, au milieu de corps vivants, bien habillés, propres, rieurs ; il était dans la paix. » Une paix où les femmes « ignoraient absolument cet autre royaume aux portes de Paris, ce royaume de troglodytes sanguinaires ». Gilles, comme Drieu, « avait faim des femmes, […] de paix, de jouissance, de facilité, de luxe ». Durant cette année 1917, Drieu se perd dans des soirées de débauche au Maxim’s et au bordel pour oublier, exorciser l’enfer du front. Son ami, l’écrivain Maurice Martin du Gard, raconte qu’au Maxim’s Drieu se rappelle avec nostalgie ses années d’avant-guerre, les souvenirs peuplés de camarades tombés. Sa débauche est une fuite en avant qui préfigure celle que vivra, avec lui, la France des « années folles » pour conjurer le douloureux souvenir. Une France qu’Aragon décrit dans Aurélien (1944), double romanesque de Drieu, son ami surréaliste devenu adversaire fasciste. Colette Jéramec a affirmé que son ancien époux lisait Aurélien le jour de son suicide, le 15 mars 1945.

 

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Un cadavre qui s’appelle Drieu

1917 n’est pas seulement une nouvelle expérience de l’arrière faite de soirées et de femmes ; c’est une année rendue majeure par deux événements. Le premier est le mariage avec Colette Jéramec. Cette union est à l’image du rapport torturé de Drieu aux femmes. Elle représente ce qu’il abhorre car elle est une juive issue de la grande bourgeoisie d’affaires. Colette a été sa confidente depuis leur rencontre à l’été 1913, mais le mariage – non consommé – n’est pas heureux. Myriam, que Gilles épouse, est une représentation à peine voilée de Colette contre laquelle Drieu excite par la plume son antisémitisme et son dégoût d’une femme honnie. Mais il sait en profiter. Colette, qu’il trompe dès le début, lui donne 500 000 francs avec lesquels il mène une vie de luxe : tailleurs prisés, cabarets chics, restaurants à la mode… Ce mariage, lui permettant une vie bourgeoise qu’il exècre en idéologie, place Drieu face à ses contradictions et lui fournit un thème littéraire qu’il ne cessera d’exploiter : outre Myriam (Gilles), Lydia (Le Feu follet) et Béatrice (Drôle de voyage) captent son goût refoulé des femmes fortunées.

1917 marque aussi son entrée en littérature. Interrogation, un recueil de poèmes sur la guerre, paraît à l’automne chez Gallimard. Trois ans plus tôt, il avait écrit un premier texte, à l’hôpital de Deauville. Mais il ne fut jamais publié : il l’avait oublié dans un train. En 1920, Drieu reprend, avec un nouveau recueil de poèmes, Fond de cantine, le thème de la Grande Guerre. A-t-il vraiment le choix ? « Du jour au lendemain, la guerre me remplit du besoin impérieux de crier, de chanter », confesse-t-il dans l’inédit Débuts littéraires, en 1943. La guerre le hante et devient le moteur de son œuvre, car il en est mort comme tous ceux de la génération des « 20 ans en 14 ». De la pulsion de vie mystique du 23 août 1914 à Charleroi, il ne reste qu’un cadavre. Et ce cadavre, qui s’appelle Drieu, voudra croire au surréalisme dans les années 20, au fascisme dans les années 30, un temps au stalinisme à la fin de la guerre, puis, faisant le constat de ses fuites en avant, se suicidera. L’avant-veille de ce 23 août déjà, enfermé dans un cabanon, harassé par des jours de marche sous le soleil de plomb, Drieu ôte sa chaussure pour placer son orteil sur la gâchette de son fusil chargé et regarde le trou du canon. « Je tâtai ce fusil, cet étrange compagnon à l’œil crevé, dont l’amitié n’attendait qu’une caresse pour me brûler jusqu’à l’âme » (La comédie de Charleroi). L’arrivée d’un camarade fit cesser la contemplation.

Toute sa vie, Drieu est resté dans la tranchée. « Nous y sommes encore dans ce trou, nous n’en sommes jamais repartis », jure-t-il dans La comédie de Charleroi, pourtant écrit vingt ans après la guerre. De ce nihilisme profond, qui rejaillit sur toute son œuvre, Le feu follet (1931), narrant la marche d’Alain vers le suicide, prospère sur son attraction de la mort. Pour trouver une issue à son obsession de la décadence, cette mort de la société, il fut prêt à verser dans des croyances qui, de Breton à Staline en passant par Hitler, lui ont donné l’espoir d’un renouveau. Toutes furent des impasses. Et c’est ainsi que se dénoue — peut-être — avec la Grande Guerre l’énigme des engagements paradoxaux de Drieu. Dans quelques mots, écrits en 1934 sur ses souvenirs de Verdun : « Je sentais cela. Je sentais l’Homme mourir en moi. »

* Drieu la Rochelle évoque ses expériences de la Grande Guerre dans de nombreux romans. Les extraits qui en sont insérés, s’ils référent à des expériences vécues par l’auteur, impliquent une nécessaire distance.

Photo d’en-tête : Pierre Drieu la Rochelle par Jacques-Émile Blanche, 1924 (© Jean-Louis Mazieres, avec modification).

mercredi, 18 mars 2015

Le Jour de la Colère en Occident

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DIES IRAE
Le Jour de la Colère en Occident
 
Fabrice Fassio*
Ex: http://metamag.fr
 
Les termes liés aux phénomènes sociaux (démocratie, capitalisme, communisme, volonté populaire, etc.) ont un caractère polysémique.  La plupart des locuteurs ne mettant pas la même chose sous les mêmes mots, il s'ensuit des malentendus, voire une incompréhension totale. Cette dernière est d'ailleurs largement alimentée par les médias et les politiciens qui, utilisant le mot "démocratie" à tout propos et de façon intempestive, ont transformé ce terme en véritable "tarte à la crème". Afin d'éviter les confusions, nous nommerons dans cet article : démocratie parlementaire ou démocratie tout court, le système politique d'un pays occidental souverain : la France, l'Allemagne, les Etats-Unis, etc. L'existence de partis politiques, de représentants élus par les citoyens, d'une constitution ou d'une assemblée nationale sont des exemples d'éléments constitutifs du système politique en question. Je souhaite enfin préciser que je considère, dans cet article, la démocratie comme un objet d'étude et que nous ne voulons porter sur elle aucun jugement de valeur. 

Démocratie réelle et démocratie mythique
 
zinoview1-2008-cover.jpgDans les médias, dans les discours des hommes d'Etat occidentaux ou bien dans de nombreux ouvrages spécialisés, le terme de "démocratie" revêt toujours une connotation positive. Ce simple fait est, à lui seul, hautement significatif d'une utilisation idéologique de ce terme. En effet, peut-on imaginer un quelconque système politique ne comportant que des qualités ? La démocratie parlementaire réelle et non point mythique ne fait pas exception à la règle. Elle recèle certes des qualités (autrement dit, des phénomènes qu'une majorité de citoyens perçoivent comme positifs) mais aussi des éléments qui jettent le désarroi dans l'esprit de nos contemporains.  Ces éléments constituent en quelque sorte le « revers de la médaille » de notre système politique. 

En effet, beaucoup d'entre nous s'inquiètent de l'importance de phénomènes tels que les groupes de pression (lobbysme), le train de vie des élus, les liens entre le monde de la politique et celui des affaires, le financement occulte des partis, les scandales dans lesquels trempent des politiciens, etc. Ces quelques exemples suffisent à faire comprendre ce que nous voulons dire. A notre sens, ces phénomènes sont les éléments constitutifs d'une démocratie parfaitement réelle et non point mythique (idéalisée). Comme l'affirme le proverbe : il n'existe pas de bien sans mal.  Ces défauts de la démocratie parlementaire ne sont pas l'effet du hasard mais découlent du fonctionnement du système au quotidien ; les éradiquer totalement ne dépend point des discours des journalistes ou des décisions des hommes d'Etat, aussi bien intentionnés soient-ils. Ces défauts font bon ménage avec d'autres phénomènes qui sont en revanche perçus comme des qualités par les citoyens. Tel est le cas de l'élection des représentants du peuple aux plus hauts niveaux de l'Etat (députés, sénateurs, présidents, etc.) Ce choix des élus est une spécificité de notre système politique.

Une crise de confiance

Le droit de choisir ses représentants constitue un élément important de la démocratie parlementaire. Cependant, nombre d'électeurs pensent que leur vote n'améliorera en rien leur quotidien et s'interrogent sur l'utilité réelle des élections. S'estimant victimes d'un jeu de dupes, certains s'abstiennent de voter alors que d'autres accomplissent sans aucune conviction leur devoir de citoyen. Selon le mot célèbre de Jacques Duclos, ces électeurs désenchantés ont conscience de choisir entre " bonnet blanc et blanc bonnet". Selon nous, ce désarroi et cette désaffection sont les conséquences de plusieurs facteurs.
 
Élections et "hollywoodisation" : le système politique ne constitue qu'une partie de la structure étatique d'un pays occidental. Composé d'élus du peuple, ce système cohabite avec un appareil bureaucratique dans lequel travaillent des dizaines de milliers de fonctionnaires. Cependant, les médias ne manifestent de l'intérêt que pour les élus, dont le nombre est pourtant bien inférieur à celui des fonctionnaires d'Etat. Lors des campagnes électorales, l'attention portée par les médias aux politiciens de haut vol est décuplée et atteint son paroxysme. Durant ces périodes, les principaux moyens de communication créent de véritables cultes des hommes politiques les plus en vue, comme si le destin du pays dépendait du discours prononcé par Monsieur X ou bien de la prestation télévisée effectuée par Monsieur Y. La Une des journaux se remplit de faits mineurs de cette nature et les médias organisent toutes sortes de mises en scène tapageuses. Cette "hollywoodisation" de la vie publique a le double mérite de distraire les citoyens et de masquer l'absence totale ou quasi totale d'idées et de programmes. Voter consiste alors à légitimer l'octroi de fonctions publiques à tel ou tel personnage que les médias et les agences de publicité ont mis en valeur de façon à faciliter son élection. Le candidat devient un « produit artificiel » fabriqué de toutes pièces pour le jour du scrutin.

Elections et bipartisme: depuis la fin de la guerre froide, la tendance au bipartisme s'est renforcée en Europe : à une droite libérale s'oppose une gauche socialisante. Il s'agit, selon les pays, de copies plus ou moins conformes du modèle américain : démocrates et républicains. Depuis l'effondrement du bloc de l'Est, l'idéologie occidentale s'est lancée dans une opération de grande envergure. Journalistes, sociologues, politiciens et experts de tout poil ont redoublé d'efforts pour convaincre les électeurs d'élire des candidats se réclamant de partis "ayant vocation à gouverner" (selon l'expression consacrée). Débarrassée de sa gangue idéologique, cette expression bien connue signifie : partis ne représentant aucun risque pour l'ordre social existant. Même si elles proposent des programmes légèrement différents, les formations politiques participant au bipartisme ont en commun le fait de soutenir notre mode de vie. Convaincre l'électeur d'adhérer au bipartisme revient à cantonner le pouvoir des urnes dans des limites que les forces influentes de la société jugent acceptables. Il s'agit bel et bien de restreindre ce pouvoir afin qu'il ne représente aucun danger pour l'ordre social.

Elections et classe politicienne : beaucoup de citoyens ont clairement conscience qu'existe une classe (une catégorie) de professionnels de la politique. Dans son étude fondamentale consacrée à la société occidentale, le philosophe russe Alexandre Zinoviev note que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, cette classe a non seulement augmenté d'un point de vue numérique mais qu'elle a accru son rôle dans la société. Ces professionnels de la politique ne font pas carrière d'une manière solitaire mais au sein de partis, de mouvements et d'organisations ; ils jouissent d'un niveau de vie élevé : salaires enviables et avantages en nature, relations avec le monde des affaires, honoraires d'appoint, etc. Même s'ils ignorent les "dessous" de la vie politique, la majorité des citoyens savent cependant qu'ils sont fort peu reluisants. Les scandales qui éclatent de temps à autre permettent d'ailleurs au commun des mortels d'entrevoir les coulisses du monde de la politique. S'ensuivent l'indignation, la désillusion et l'amertume. 

Décrivant dans son opuscule "le Prince" le comportement des puissants de son temps, Nicolas Machiavel notait que la ruse, le cynisme, la trahison et le mensonge sont des traits psychologiques que les hommes d'Etat doivent développer s'ils veulent garder le pouvoir. L'analyse du Florentin reste et restera d'actualité. Les politiciens les plus en vue appartiennent à "l'élite" de la société, c'est-à-dire aux couches supérieures du monde occidental. Obsédés par leur carrière, ces professionnels de la politique ne se soucient de leurs électeurs que dans la mesure où ils ont besoin d'eux le jour du scrutin. Sans en être pleinement conscient, le citoyen contribue à perpétuer, par le simple fait de voter, l'existence de cette classe politicienne intimement liée au monde idéologico-médiatique et à celui des affaires.


Sur la base des quelques considérations qui précèdent, il serait faux de conclure que le pouvoir des urnes est aujourd'hui réduit à l'état de pure fiction. En choisissant de voter, par exemple, pour tel candidat plutôt que pour tel autre, nombre d'électeurs expriment une réelle préférence. Cependant, il est clair que la fonction essentielle du vote revient à accorder une légitimité à des individus désireux d'acquérir une parcelle de pouvoir. Quant au libre arbitre de l'électeur, il subit de fortes manipulations destinées à l'orienter dans une direction bien précise. 

L'idéologie occidentale a indéniablement obtenu des succès en matière de conditionnement des esprits (c'est "le lavage de cerveaux en liberté", selon l'expression de Noam Chomsky). Cependant, l'idéologie ne peut pas tout. La situation actuelle des pays occidentaux montre que la confiance en la force des urnes ainsi que l'attrait pour le bipartisme sont à la baisse, alors que grandit le mécontentement social. Dans les années à venir, pourraient accéder au pouvoir des partis étrangers au bipartisme, qui auront réussi à focaliser les états d'âme oppositionnels des électeurs. Il n'est pas exclu non plus que le mécontentement populaire s'accumule et finisse par éclater avec violence. 

Ce jour-là, la voix du peuple ne s'exprimera pas par le biais des urnes mais par la révolte. C'est alors que le monde occidental connaîtra  lui aussi son jour de la colère.


* spécialiste de l'oeuvre du logicien et sociologue russe : Alexandre Zinoviev
 

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Il ’68 lo ha inventato D’Annunzio a Fiume

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Il ’68 lo ha inventato D’Annunzio a Fiume

È un tale anticipatore che ha rinnovato la letteratura italiana dell’800 quando pubblicò Il Piacere, subito diffuso in tutto il mondo, quando all’estero nessuno conosceva Manzoni. Ha rinnovato la poesia italiana, i rapporti con la borghesia, con la politica, con la vita militare. Soprattutto ci lascia oggi un messaggio molto importante, “Conservare intera la libertà fin nell’ebbrezza” e “Non chi più soffre ma chi più gode conosce”. E qui non si tratta di edonismo, ma di godimento come vita intellettuale libera e gioiosa. Questi sono i suoi messaggi, oltre a quello di guardare sempre avanti, progettare e imporre il proprio futuro, saper far sognare agli altri uomini i propri sogni.
 
di Giordano Bruno Guerri
 
Ex: http://www.lintellettualedissidente.it 

ann12445931.jpgCi racconti un episodio OFF dell’inizio della tua carriera?
Un giorno ho pubblicato il mio libro su Bottai, che era la mia tesi di Laurea, da Feltrinelli. Ebbe un immenso successo soprattutto di discussioni sollevate, perché per la prima volta si sosteneva e si dimostrava che non solo era esistita una cultura fascista, ma che erano esistiti anche dei fascisti onesti e in gamba come Bottai. Il fatto poi che l’avesse pubblicato Feltrinelli… puoi immaginare l’emozione e il disorientamento che provocò. Un giorno ricevetti una chiamata da un ragazzo a me ignoto, mi disse che aveva letto il libro e avrebbe avuto piacere di incontrarmi con alcuni amici. Andai volentieri a quel pranzo in Corso Sempione, dove trovai e conobbi le menti migliori della Nuova Destra di allora, che erano Solinas, Cabona, Tarchi, e non so quanti altri. La cosa buffissima, che mi fece molto ridere, era che il ristorante – tutt’altro che ‘Nuova Destra’ – era tenuto da un signore in camicia nera che ci salutò con il saluto romano e che aveva l’intero ristorante tappezzato di ritratti di Mussolini. Fu un curioso incontro, abbastanza OFF, mi sembra!

Sei uno scrittore, un giornalista, uno degli storici più apprezzati d’Italia e in questo momento sei il Presidente del Vittoriale degli Italiani, la casa museo di Gabriele D’Annunzio. Quest’anno si chiudono le celebrazioni del 150° anniversario della sua nascita, che cosa ha lasciato D’Annunzio all’arte e alla cultura italiana?
D’Annunzio non solo ha lasciato, ma dona ancora. È un tale anticipatore che ha rinnovato la letteratura italiana dell’800 quando pubblicò Il Piacere, subito diffuso in tutto il mondo, quando all’estero nessuno conosceva – e tuttora nessuno conosce – Manzoni. Ha rinnovato la poesia italiana, i rapporti con la borghesia, con la politica, con la vita militare. Soprattutto ci lascia oggi un messaggio molto importante, “Conservare intera la libertà fin nell’ebbrezza” e “Non chi più soffre ma chi più gode conosce”. E qui non si tratta di edonismo, ma di godimento come vita intellettuale libera e gioiosa. Questi sono i suoi messaggi, oltre a quello di guardare sempre avanti, progettare e imporre il proprio futuro, saper far sognare agli altri uomini i propri sogni.

Le battaglie politiche di D’Annunzio oggi sono ancora attuali?
Sono sempre attuali. Contrariamente a quello che si pensa, con questa etichetta di ‘filofascista’ che gli è stata attribuita – lo era anche, perché era un superuomo e quindi aveva adottato il superomismo che poi combaciava in qualche modo con il fascismo –, era sostanzialmente un libertario e la difesa della libertà dell’individuo deve essere un nostro compito, dovrebbe essere una delle missioni della Destra, peraltro…

D’Annunzio fa di Fiume “città di vita, città di arte”, quella è una pagina molto importante…
È una pagina straordinaria, qualsiasi Paese disponesse di un episodio simile nella propria storia lo avrebbe mitizzato con film, romanzi e quant’altro, invece sembra quasi che ce ne vergogniamo. Fiume fu un’anticipazione del ’68 da destra, perché nello spirito libertario di Fiume e di d’Annunzio c’era anche questa componente superomista, per cui il ‘capo’ era gran parte della cosa, ma Fiume fu un’avventura indimenticabile che insieme al futuro ripercorre il passato dell’Italia, il Rinascimento. D’Annunzio conquistò Fiume come un condottiero rinascimentale e la mantenne come un pirata di oggi.

La musica è un elemento centrale nella Carta del Carnaro…
Sì, nella costituzione c’è la musica come strumento di vita e di elevazione del popolo, che deve essere quasi distribuita, donata nelle scuole e a tutti quanti, così come la bellezza delle città; l’arredo urbano, così chiamato oggi con una definizione tremenda, non è stato inventato dagli assessori dei vari Comuni, ma è stato inventato da d’Annunzio.

Nell’ultima biografia “La mia vita carnale” racconti un D’Annunzio privato, quotidiano, amante: come corteggiava le donne il Vate?
Lui aveva il grande vantaggio di essere corteggiato, arrivava in un salotto e le donne erano tutte lì a pendere da un suo sorriso – sdentato, peraltro – perché il suo carisma, la sua fama, la sua eleganza, soprattutto il suo eloquio erano tali da incantare tutte quante. Credo che le seducesse con la parola straordinaria di cui disponeva; a trent’anni disse di aver usato, e gli si può credere, 15.000 parole, mentre noi ne usiamo mediamente da 2.000 a 3.000. Faceva sentire le donne regine della propria vita – questo era un dono magnifico – e secondo il suo motto riceveva quel che donava, una dedizione assoluta.

annDannunzio_Giornale.jpgUn aspetto poco conosciuto di D’Annunzio è l’esoterismo, il suo rapporto con l’aldilà. È vero che ti è capitato di metterti in contatto con il fantasma di D’Annunzio al Vittoriale?
Vivo nella casa dell’Architetto Maroni – come tutti i Presidenti quando sono al Vittoriale – dove Maroni, D’Annunzio e Luisa Baccara facevano delle sedute spiritiche e si mettevano in contatto con l’aldilà. Ogni tanto mi passano accanto dei venti, sento dei soffi, però credo fermamente che sia dovuto alle finestre, che sono ancora quelle degli anni Venti!

Un’altra biografia molto importante che hai affrontato è quella di un grande uomo e artista italiano del Novecento, Filippo Tommaso Marinetti…
Marinetti fu l’ultimo uomo importante che vide D’Annunzio vivo; venti giorni prima della morte andò a trovarlo con tutta la famiglia e gli portò un dono magnifico: una scultura che era il doppio comando di un bimotore Caproni con una dedica che diceva: “Noi siamo i motori della nuova Italia”. Ho scritto questi due libri insieme, prima è uscito D’Annunzio e poi Marinetti, perché fanno parte di uno stesso magnifico progetto culturale inconscio della cultura italiana e mondiale. Due innovatori, uno che parte dal passato (D’Annunzio), uno che guarda direttamente al futuro, ma entrambi vogliono cambiare tutto, due rivoluzionari.

All’inizio tra i due correva buon sangue, poi ci fu uno scontro di personalità. Tu citi sempre una battuta bellissima di D’Annunzio nei confronti di Marinetti…
Marinetti lo stuzzicava dandogli del passatista, del vecchio trombone, e D’Annunzio, da grande creatore della lingua, lo fulminò con un epiteto straordinario: ‘cretino fosforescente’. È futurista al massimo!

Secondo te la vita di D’Annunzio è stata più futurista dei Futuristi? Lui veniva nominato ‘passatista’, in realtà la biografia del Vate affronta tutte le tematiche dell’uomo futurista…
Non tutti i Futuristi sono riusciti a vivere una vita futurista, D’Annunzio sì. Basti pensare a quello che ha fatto con il Vittoriale. Si dice che i Futuristi volessero distruggere i musei, non è vero, era una provocazione. D’Annunzio, al rovescio, creò il museo della propria vita che in realtà non è un museo, è il tempo che si è fermato al momento della sua morte per perpetuare la sua vita. Ha progettato il proprio futuro nel mondo dopo la propria morte ed è riuscito a realizzarlo straordinariamente. Il Vittoriale oggi gode di una salute pienissima, ti voglio dire con orgoglio in anteprima per OFF (perché i dati ufficiali verranno comunicati soltanto a fine anno) che a fine novembre avevamo già avuto 16.000 visitatori in più, ovvero l’8% in più del 2012, e che gli incassi sono di conseguenza aumentati. Il Vittoriale non produce solo cultura e bellezza, ma anche ricchezza. Credo che D’Annunzio, a 75 anni dalla morte, possa essere contento.

Qui su OFF abbiamo intervistato Mimmo Paladino e Velasco, che hanno collaborato con te…
Sono due donatori del Vittoriale, hanno dato al Vittoriale delle opere straordinarie, Mimmo Paladino il suo cavallo blu, che è diventato quasi un simbolo del nuovo Vittoriale, così dominante sul lago, e Velasco la sua muta di cani che accompagnano D’Annunzio e i suoi dieci compagni seppelliti nel Mausoleo, quindi mi fa piacere questa comunione.

Oggi che cosa farebbe D’Annunzio nella situazione politica italiana?
Verrebbe d’istinto dire che cercherebbe di prendere in pugno la situazione. Purtroppo sono smentito dal fatto che non lo fece nel 1921 quando avrebbe potuto, ma era tale la disillusione di Fiume – ricordiamoci che fu costretto ad abbandonare Fiume a cannonate dal governo in carica di Giolitti – che si disgustò profondamente e si ritirò al Vittoriale. Chissà, oggi magari non lo farebbe, certo non passerebbe per il Parlamento!

Le similitudini che qualcuno ha fatto, secondo me azzardando un po’, tra Grillo e D’Annunzio, secondo te sono giuste?
Ma per carità, prima di tutto c’è una differenza culturale pari alla Fossa delle Marianne di 11 km. Certo, i grandi eversori sono sempre accostabili, non a caso Grillo tempo fa mise nel suo mitico blog una frase che sembrava totalmente sua ed era di D’Annunzio. Era una frase che incitava alla necessità di rovesciare l’attuale mondo politico per rinnovare tutto, per riprenderci la gioia di vivere, l’economia, la libertà. Erano parole di d’Annunzio che Grillo ha fatto proprie. Dubito che D’Annunzio avrebbe fatto proprie delle parole di Grillo…

Fonte:
Il Giornale

mercredi, 11 mars 2015

Lire Houellebecq pour entrevoir une France islamisée

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Lire Houellebecq pour entrevoir une France islamisée

Par Charles Terrade

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Une piqûre de rappel pour les retardataires: il faut absolument, lire «Soumission» de Michel Houellebecq. Dans ce livre plein d’ironie philosophique, l’auteur se penche sur le rôle que pourrait assumer l’islam dans le renouveau moral d’une France accablée par 50 ans de déconstruction nihiliste. Incontournable.

France, 2022. François, le narrateur, est professeur d’université à la Sorbonne. Sa spécialité
la littérature du XIXe siècle, et tout particulièrement Huysmans, écrivain tourmenté et converti sur le tard au catholicisme. François a la quarantaine mais vit seul. Il n’a plus de contacts depuis longtemps avec ses parents divorcés qu’il déteste. Les créatures féminines passent dans sa vie comme les plats tout prêts dans son micro-onde. Une relation amoureuse durable lui est impossible. Il fornique de préférence avec des prostituées. Il ne fréquente que des relations de travail dont il se lasse vite. Cet antihéros relativiste, néo-Meursault universitaire, ne croit en rien et est indifférent à tout : autrui, la société, la politique, l’histoire. Mais son nihilisme n’est pas radieux. François s’ennuie et ressent la vacuité de son être avec une angoisse croissante. Il se méprise lui-même. La dépression le guette.

Les élites de la société française dans laquelle François traîne sa lamentable existence sont atteintes de la même fatigue de vivre et rongées par la même haine de soi. Dans le sillage des idéologues soixante-huitards, elles ont pourtant parachevé avec jubilation la destruction des anciens repères religieux, moraux, familiaux, identitaires. Mais la société libérale-libertaire, que ces apprentis sorciers ont contribué à engendrer, n’a pas produit la nouvelle humanité épanouie qu’ils attendaient. La disparition des valeurs traditionnelles a conduit à un vide existentiel qui sape la cohésion sociale. La volonté de vivre ensemble s’est réduite à tel point que l’intégrité même de l’Etat est menacée. En réaction, l’exigence de sens de la population déboussolée revient en force, comme un boomerang, à la figure des élites désemparées. C’est toute la société qui réclame ardemment la fin du chaos ontologique. La nombreuse communauté musulmane est la plus active en termes de revendications d’un retour à un ordre moral, lequel devrait selon elle s’aligner sur ses dogmes religieux.

L’incapable François Hollande a réussi à se faire réélire en 2017 grâce à ses manipulations de
l’opinion publique. Le début du roman coïncide avec les dernières semaines de son deuxième quinquennat, encore plus désastreux que le premier, et les élections présidentielles de 2022.

Le contexte est extrêmement tendu: économie en déroute, mécontentement social au paroxysme. Les attentats islamistes le disputent aux affrontements entre musulmans et identitaires. Le PS et l’UMP n’ayant pas réussi à se qualifier pour le deuxième tour de l’élection présidentielle, les Français devront choisir entre Marine Le Pen, infatigable présidente du Front National, et Mohammed Ben Abbes, habile et retors président de la Fraternité Musulmane qui se présente comme un islamiste modéré et démocrate.
Afin de faire barrage au FN qui en 2022 incarne toujours pour l’oligarchie politico-médiatique
le Mal absolu, tous les autres partis ont appelé à voter pour Ben Abbes au deuxième tour. Ce
ralliement leur a permis d’obtenir des promesses de ministères clés. Le candidat islamiste est facilement élu, une majorité d’électeurs ayant été séduits par son boniment d’un islam
fédérateur à visage humain comme solution au mal-être français.

Ben Abbes islamise alors doucement mais sûrement la France, avec le soutien de la plupart
des élites masculines. L’islamisation ne déclenche pas de protestation d’envergure. Avant tout
marquée par un retour à un ordre moral rigoureux, elle se calque sur les règles de vie des
sociétés musulmanes. Seuls les juifs se montrent ouvertement inquiets en quittant le pays pour Israël.

Pour commencer, les femmes voient leur place dans la société radicalement modifiée. Le
nouveau pouvoir les incite à quitter le marché du travail, notamment au moyen d’allocations
familiales très fortement revalorisées. Grâce à leur retour à la maison, la famille traditionnelle
gagne en stabilité. Elle redevient la cellule centrale et respectée de la société. Les femmes cédant leur place aux hommes inactifs, le chômage disparait. Le retour au plein emploi, ainsi que l’activisme social des imams salafistes des banlieues, massivement soutenus par l’Etat, font disparaître la violence et les trafics illicites des nombreux territoires auparavant considérés comme perdus par la République.


L’enseignement public voit ses missions drastiquement revues à la baisse. Il se concentre
principalement sur le premier degré. Le nouveau ministre – musulman –  de l’éducation prend des mesures qui découragent fortement les filles de poursuivre leurs études au-delà du
primaire. Ces dernières sont orientées vers l’apprentissage pratique de leurs futurs rôles de
mère et de ménagère. Suite à la privatisation des enseignements secondaires et supérieurs, les établissements musulmans poussent comme des champignons et deviennent les plus prisés grâce aux très généreux dons des pétromonarchies du Golfe. Leurs cours y sont compatibles avec le Coran. L’Arabie saoudite finance et gère la Sorbonne qui n’accueille dorénavant que des professeurs musulmans de sexe masculin. La baisse drastique du budget de l’Education Nationale permet aux comptes de l’Etat de retrouver l’équilibre. L’augmentation inexorable et incontrôlée de la dette publique française s’arrête enfin.

Un nouvel ordre moral, social et économique s’établit qui renoue avec certaines des anciennes valeurs traditionnelles de la France tout en y ajoutant, en surplomb, des préceptes spécifiquement islamiques. La plupart des gens y trouvent leur compte. La confiance en l’avenir revient. Le Produit Intérieur Brut croit à nouveau. La France islamisée renaît de la France déconstruite.


François, comme presque tous les autres professeurs d’université, choisit de se convertir à
l’islam. Par motivation pratique : la conversion est nécessaire pour garder son poste.
Egalement pour des raisons financières : son traitement est très nettement revalorisé, ce qui lui permet de vivre beaucoup plus confortablement. Par ailleurs, sa nouvelle situation enviable de professeur dans une prestigieuse université islamique lui donne droit à quatre jeunes et ravissantes épouses. Ses futures femmes l’attendent, ravies de se soumettre socialement et sexuellement au maître que l’ordre nouveau leur a désigné. Quant à lui, il est soulagé de se soumettre intellectuellement et spirituellement à l’islam car celui-ci le libère enfin de ses tourments existentiels.


Ce livre est incontournable pour qui s'intéresse à l'islamophilie de notre élitocratie politique, médiatique et intellectuelle, et à ses conséquences ultimes pour la France. Houellebecq met en outre malicieusement en évidence les avantages que pourrait apporter l'islamisation de la France à ses élites masculines ayant perdu tout repère et s'enfonçant inexorablement dans le nihilisme. Leur besoin inavoué mais désespéré de sens dans un monde anomique pourrait les
entraîner vers une soumission totale à un nouvel ordre politico-religieux viril leur apportant la
tranquillité de l’âme. La soumission à l'islam est pensée par l'auteur comme délivrance
d'une liberté radicale finalement insupportable. Allah est ironiquement pressenti comme

rédempteur divin d'une élite plongée dans la déréliction du fait de sa propre déconstruction.
Mais le Très Miséricordieux est aussi entrevu comme pourvoyeur de félicités sexuelles. Le
nouveau pouvoir islamique veillerait à la stimulation libidinale du mâle des classes
supérieures. Celle-ci serait assurée par la diversité du cheptel de femelles à disposition et son

renouvellement permis par la polygamie et la speed-répudiation.

Michel Houellebecq n’a eu qu’à observer, d’une part l’essor de l’islam en France, et d’autre
part les mœurs du monde musulman, pour inventer cette fiction cauchemardesque. Si celle-ci
se réalisait, les femmes paieraient au prix fort la régression monumentale induite par
l'islamisation de la société. Mais la dégradation des relations hommes-femmes ferait aussi des hommes les perdants du nouvel ordre. L’égalité entre les sexes n’est-elle pas au cœur de notre civilisation? Réduire la femme à ses fonctions d’objet sexuel, d’utérus et de ménagère, ne ferait pas que l’humilier et l’inférioriser. En bridant l’entendement et la créativité d’une moitié de l’humanité, l’homme provoquerait un appauvrissement intellectuel et culturel généralisé. Et il se châtrerait d’une des plus belles dimensions de sa vie : la communion avec son égale dans le sentiment amoureux.

Charles Terrade

mardi, 10 mars 2015

From Romanticism to Traditionalism

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From Romanticism to Traditionalism

Thomas F. Bertonneau

Ex: http://peopleofshambhala.com

The movement called Romanticism belongs chronologically to the last two decades of the Eighteenth and the first five decades of the Nineteenth Centuries although it has antecedents going back to the late-medieval period and sequels that bring it, or its influence, right down to the present day.  Historically, and in simple, Romanticism is the view-of-things that succeeds and corrects its precursor among the serial views-of-things that have shaped the general outlook of the Western European mentality – what historians of ideas call Classicism, and which they identify as the worldview of the Enlightenment.  A good definition of Classicism is: The devotion to prescriptive orderliness for its own sake in all departments of life; the submission of all things to measure, decorum, and, using the word metaphorically, the geometric ideal.  Classicism implies the conviction that reason, narrowly delimited, is the highest faculty, and indeed almost the sole faculty worth developing.  The Classicist believes that life can be perfected by rationalization.  Certainly this is how the Romantics saw Classicism, but it is also in broad terms how the Classicists saw themselves.  According to its own dichotomy, Romanticism would be a view of existence consisting of tenets diametrically opposed to those of Classicism.

"The Course of Empire: Desolation," 1836, oil on canvas, by Thomas Cole (1801-1848), founder of the Hudson River School.

Detail of “The Course of Empire: Desolation,” 1836, oil on canvas, by Thomas Cole (1801-1848), founder of the Hudson River School.

And so largely it was or is, as Romanticism is by no means a dead issue.  As the Romantic sees it, imposed or conventional order tends to distort or obliterate the natural order; and by “natural order” the Romantics would have understood not only the order of nature, considered as Creation, but the order present in social adaptation to the natural order, as when agriculturalists follow the cycle of the seasons and attune their lives with the life of the soil or when builders of monuments and temples go to great effort to align them astronomically.  In addition, the Romantic believes that a bit of disorder might stimulate and enliven life, preventing it from becoming stiff and ossified; that the quirky and unexpected can exert a benevolent influence.  The Romantic also values emotion and intuition as much as he values reason, which he by no means disdains although he defines it more broadly than the Classicist.  The Romantics explicitly rejected the utilitarian arguments of the Classicists.  Romanticism prefigures and is the likely source of what in the second half of the Twentieth Century came to be known as Traditionalism.

I. Characteristics of Romanticism.  Where the geometrically patterned gardens of the French kings, like those designed by Claude Millet in 1632 for Louis XIV at Versailles, might stand for the Classical Spirit, the “English Garden,” with its meandering paths, sprawling bushes, and indifference to the weeds might stand for the Romantic Spirit.  Where Classicism took as its model Greece or Rome, Romanticism looked to the Middle-Ages.  Where Classicism venerated the purest, most elevated Attic style of speech, Romanticism cultivated the Gothic, the Celtic, and the regional dialect; it was not averse to rude or rustic idiom.  Classical playwrights like Pierre Corneille (1606 – 1684) and Jean Racine (1639 – 1699) imitated Euripides and Seneca; Romantic playwrights like Friedrich Schiller (1788 – 1805) and Victor Hugo (1802 – 1885) imitated Shakespeare, whom Voltaire had dismissed as a barbarian and his work as a formless affront to the unities.  Classicism concerns itself with form, which prescribes content, Romanticism with content, which then suggests the form.

What have the scholars written about Romanticism?  None exceeds the scholarly stature of Jacques Barzun (1907 – 2012), whose study From Dawn to Decadence: 500 Years of Western Cultural Life (2000) devotes three chapters to Romanticism.  Remarking that Romanticism had, in the broadest sense, something of the quality of a religious or spiritual awakening, and that, unlike Classicism, it extended its horizon of curiosity very far indeed – as for example into myth and folklore considered as other than mere superstition – Barzun writes:

With their searching imagination in literature and art, it could be expected that the Romanticists’ intellectual tastes would be anything but exclusive.  They found the Middle Ages a civilization worthy of respect; they relished folk art, music, and literature; they studied Oriental philosophy; they welcomed the diversity of national customs and character, even those outside the [Eighteenth Century] cosmopolitan circuit; they surveyed dialects and languages with enthusiasm.  This was a genuine multiculturalism, the wholehearted acceptance of the remote, the exotic, the folkish, [and] the forgotten.

Barzun adds that, “in Romanticism, thought and feeling are fused; [Romanticism’s] bent is toward exploration and discovery at whatever risk of error or failure; the religious emotion is innate and demands expression… the divine may be reached through nature or art.”  Under Barzun’s description, Romanticism would be humanly more whole than Classicism, with the latter excluding rather than incorporating the emotional impulse while granting to intuition a key role in the exploration of existence.

The Norwegian scholar, F. J. Billeskov Jansen (1907 – 2002), writing in the compendium Romantikken: 1800 – 1830 (Verdens Litteratur Historie, V. III, 1972), asserts that:

Opplysningstidens mennesker hade fryktet lidenskapene, som kunne true den sunne fornuft.  Alt hos Klopstock ble likevel den religiøse lidenskap frigjort, og hos Rousseau elskovspasjonen og natursvermeriet.  I romantikkens tidsalder blir diktere drømmere, Sjelen utvides I lengsel mot uendligheten, gjennom innføling forener poeten med nature, hans fantasi fører ham langt bort på eventyrets vinger eller langt tilbake i historien; hans håp får form av religiøse visjoner.

[The men of the Enlightenment had feared the passions, which could threaten right reason.  Simultaneously in [the work of Friedrich Gottlieb] Klopstock religious enthusiasm gained liberation, (just) as in the work of (Jean-Jacques) Rousseau did amorous passion and ecstasy in nature.  In the age of romanticism, poets became dreamers.  The soul expands in longing for infinity, the poet attaining oneness with nature through his inward feeling, while his imagination leads him far afield on the wings of adventure or far back into history; his hope takes the form religious visions.]

Elsewhere in the same volume, another scholar characterizes Romanticism as a return of Platonic theology.  Certainly Plato’s myths of the “Ladder of Philosophy,” “The Winged Horses and their Charioteer,” and “The Cave” find their later reflection in the imagery of the Romantic poets.  For Plato, importantly, the phenomena of this world point to a purely spiritual world – the realm of God and the Ideas.  We find a similar attitude in the poetry William Blake (1757 – 1827) and in that of William Wordsworth (1770 – 1850).  The main point to be stressed, however, is Jansen’s description of Romanticism as the labor of the soul to break free from the trammels of degraded matter and to rejoin a vital spirit that suffuses the universe and renders it intelligible.  The Romantics concluded that the assumptions of rationalism were parochial and constricting; that they did not give a true account of humanity or the universe.

In his study of Poetic Diction (1928), philologist and literary critic Owen Barfield (1898 – 1997) attempts to identify and prescind the fundamental Romantic ideas, one of which has to do with the role of “the rational principle”:

Now although, without the rational principle, neither truth nor knowledge could have been, but only life itself, yet that principle cannot add one iota to knowledge.  It can clear up obscurities, it can measure and enumerate with greater and ever greater precision, [and] it can preserve us in the dignity and responsibility of our individual existences.  But in no sense can it be said… to expand consciousness.  Only the poetic can do this: only poesy, pouring into language its creative intuitions, can preserve its living meaning and prevent it from crystallizing into a kind of algebra.  “If it were not for the Poetic or Prophetic character,” wrote William Blake, “the philosophic and experimental would soon be at the ratio of things, and stand still, unable to do other than repeat the same dull round.”

For Barfield, Romanticism qualifies not only as a revolt against the strictures of the Enlightenment; it is not only the accession of a new type of taste or sensibility that supersedes an earlier one: It is a change – and, for Barfield, a positive development – in human consciousness.  Understood in the way that Barfield, Jansen, and Barzun see it, Romanticism resembles – or, rather it anticipates –Traditionalism.  In The Crisis of the Modern World (1927), for example, René Guénon (1886 – 1951) describes the modern person as averse to referring “beyond the terrestrial horizon” and as crediting “no knowledge beyond what proceeds from the sense.”  For Guénon, the modern world “is anti-Christian because it is essentially anti-religious; and it is anti-religious because, in a still wider sense, it is anti-traditional.”  Writing in Harry Oldmeadow’s anthology The Betrayal of Tradition (2005) and invoking the spirit of T. S. Eliot, Brian Keeble asserts that fullness of humanity requires contact with “the transcendent dimension”; and, calling on Blake, he invokes the “sacred reality of the spirit.”

II. The Romantic Subject.  Romanticism saw a great flowering of lyric poetry, and this was no coincidence.  Lyric poetry is personal, even egocentric, poetry; or it is poetry personal in character even in the case where the putative “I” who speaks in the poem is purely fictional and is not to be identified with the author.  The name lyric suggests the solo singer accompanying himself on the lyre, bursting out in song, as the spirit takes him.  Lyric poetry is expressive: It represents in externalized imagery the internal state, intellectual or emotional, of the poet.  Of course, inner states usually correlate themselves with external circumstances and conditions.  Anyone who comments on the soul also necessarily comments on the world.  The Romantics seized on the lyric as their primary mode of poetizing because the conventions of lyric so perfectly suited that part of the Romantic program that concerned the exploration of the subject’s inner life.  Of course, the Romantic poet interests himself in much more than in pouring out the contents of his overflowing heart.  That would be a sophomoric misapprehension.  On the contrary, for the talented poet, well-schooled, mentally acute, moved by inveterate curiosity about the world, even a brief lyric poem can be the vehicle of a subtle critique or argument.  If the Romantic poet were a prophet then he would also be a philosopher.

What does it mean to be a subject, an ego, an “I”?  Subjectivity is self-consciousness, an abiding awareness that one is this person, with this biography (always thus far), and with these relations to and with and in the world – and not some other person with other relations.  But every subject, every self-conscious person, is aware that the world is full of other self-conscious persons whose subjectivity, as he infers, is generically like his own right down to the detail that each has (or ought to have) a similar sense of his own particularity and difference from the others.  Beyond persons, places, and things, the subject senses – although he can never empirically grasp – a totality of things, a cosmos, and an authorial or organizing principle, for which the common name is God.  Wisdom consists in knowing that there was a world indefinitely before his own subjectivity began and there will be a world indefinitely after his own subjectivity ceases; he is a part of something larger than himself, which lies beyond the limits of his will.

Mood conditions subjectivity.  The typical self-consciousness addressed in the previous paragraph should be qualified as the healthy self-consciousness.  Because, however, no one can keep the world absolutely at bay, he must suffer the impingements of the world, whether happily or sadly.  Forces beyond a subject’s control can alienate him from himself and through ignorance or perversity he can exacerbate his alienation.  The Romantics believed that the worldview of Classicism, or the Enlightenment, described life and the world falsely, and that those who embraced its falsehoods must in some way become alienated.  The Romantics regarded with acute skepticism the modern claims concerning material progress.  “The world is too much with us, late and soon, / Getting and spending, we lay waste our powers,” wrote Wordsworth.  In the labyrinth of the new metropolis, the soul might once again lose its way and suffer, as men once did in the Cities of the Plain, and experience pure indifference with respect to its own sickness.  What kind of civic environment would arise from the presence together in large urban agglomerations of millions of such afflicted people?  The psychic problem must inevitably become a social and a cultural problem.

It is worth quoting Wordsworth’s sonnet in full:
The world is too much with us; late and soon,
Getting and spending, we lay waste our powers;—
Little we see in Nature that is ours;
We have given our hearts away, a sordid boon!
This Sea that bares her bosom to the moon;
The winds that will be howling at all hours,
And are up-gathered now like sleeping flowers;
For this, for everything, we are out of tune;
It moves us not. Great God! I’d rather be
A Pagan suckled in a creed outworn;
So might I, standing on this pleasant lea,
Have glimpses that would make me less forlorn;
Have sight of Proteus rising from the sea;
Or hear old Triton blow his wreathèd horn.

The Romantics understood that consciousness rises to acuity in events and crises, like that experienced by Wordsworth’s monologist in the stale abjection of his despair.  The growth of consciousness proceeds punctually rather than gradually, and it entails the tribulations of a solemn pilgrimage.  Lyric poetry, being the poetry of the subject’s self-consciousness, therefore also tends to be the poetry of sudden events – discrete moments in which the subject suddenly discovers something about himself, the world, or himself in relation to the world, that hitherto he did not know and knowledge of which alters him.  It might be, as in the case of “The world is too much with us,” the discovery of one’s own spiritual poverty; it might be an access of grace.  Such moments sometimes bear the name of epiphany; they are in any case always revelatory – and they cannot be solicited.  They impose themselves, as if by external guidance, as gifts, upon the percipient.

The epiphanic or revelatory quality of lyric poetry has to do with its effort to appear spontaneous.  Every work of art requires arduous labor, even a fourteen-line sonnet, but Wordsworth, for example, insisted that he drew inspiration from abrupt visionary experiences and that articulating the vision although onerous entailed given textual form to a unitary idea.  Discussing the origin of his major poems – The Prelude, The Excursion, and the unfinished Recluse – in letters to his friends, Wordsworth situated himself as the channel for impulses that had befallen him, as revelation befalls the prophet, whether he seeks his election or not.

The Romantic subject resembles – or, rather, it anticipates – the Traditionalist subject, as Guénon, Nicolas Berdyaev (1874 – 1948), and others have defined it.  Guénon himself in The Reign of Quantity and the Signs of the Times (1945) characterizes modern man as having “lost the use of the faculties which in normal times allowed him to pass beyond the bounds of the sensible world.”  This loss leaves modern man alienated from “the cosmic manifestation of which he a part”; in Guénon’s analysis modern man assumes “the passive role of a mere spectator” and consumer, which is exactly how Wordsworth saw it.  Of course, Guénon does not write of loss as an accident, but as the logical consequence of choices and schemes traceable to the Enlightenment.  As Wordsworth put it, “We have given our hearts away – a sordid boon.”

According to Berdyaev, writing in The Destiny of Man (1931), “Man is not a fragmentary part of the world but contains the whole riddle of the universe and the solution of it.”  Berdyaev asserts that, contrary to modernity, “man is neither the epistemological subject [of Kant], nor the ‘soul’ of psychology, nor a spirit, nor an ideal value of ethics, logics, or aesthetics”; but, abolishing and overstepping all those reductions, “all spheres of being intersect in man.”  Berdyaev argues that, “Man is a being created by God, fallen away from God and receiving grace from God.”  The prevailing modern view, that of naturalism, “regards man as a product of evolution in the animal world,” but “man’s dynamism springs from freedom and not from necessity”; it follows therefore that “evolution” cannot explain the mystery and centrality of man’s freedom.  When Berdyaev brings “grace” into his discussion, he echoes the original Romantics, whose version of grace was the epiphanic vision, the event answering to a crisis that brings about the conversion of the fallen subject and sets him on the road to true personhood.

III. Romantic Nature.  The Romantic redefinition of nature, which the Romantics invariably capitalize as Nature, runs in parallel with the Romantic redefinition of selfhood.  Where the Enlightenment had reduced nature to material processes – geological, chemical, physiological, mechanical, and optical – with no reference to anything outside themselves, Romanticism in reaction posited Nature not only as vital throughout but also as meaningful, and natural phenomena as pointing beyond themselves to things supernatural.  This redefinition of nature was perhaps less a total innovation than it was the re-appropriation of an old idea going back to late-medieval thinkers like Jakob Boehme (1575 – 1624), Paracelsus (1493 – 1541), and even Johannes Kepler (1571 – 1630), who saw in nature a decipherable living message that implies a message-maker whose motivation must be that he wishes to establish contact with human beings.  Behind those figures lies Christian Platonism.  Under this late-medieval idea, the sensitive soul can not only come into communication through nature with what lies beyond nature; but he can also, through nature, come into communion with what is beyond nature.  In Christian, rather than pagan, terms, the Romantic rediscovers Nature as “The Book of Nature,” a kind of supplement to the two Testaments, whose author is God, as normally or eccentrically conceived by the individual writer-thinker.

A longstanding and not altogether inaccurate thumbnail categorization of Romantic poetry is that it is nature poetry.  The Romantic penchant for verbal picturesque redoubles the plausibility of the claim.  Here, for example, is Samuel Taylor Coleridge (1772 – 1834) conjuring forth the abyss that lies beneath “The Pleasure Dome of Kubla Khan” in the fragmentary poem (1798) of that name.

But oh! that deep romantic chasm which slanted
Down the green hill athwart a cedarn cover!
A savage place! as holy and enchanted
As e’er beneath a waning moon was haunted
By woman wailing for her demon-lover!
And from this chasm, with ceaseless turmoil seething,
As if this earth in fast thick pants were breathing,
A mighty fountain momently was forced:
Amid whose swift half-intermitted burst
Huge fragments vaulted like rebounding hail,
Or chaffy grain beneath the thresher’s flail:
And mid these dancing rocks at once and ever
It flung up momently the sacred river.
Five miles meandering with a mazy motion
Through wood and dale the sacred river ran,
Then reached the caverns measureless to man,
And sank in tumult to a lifeless ocean;
And ’mid this tumult Kubla heard from far
Ancestral voices prophesying war!

In Coleridge’s poem, which he subtitles “a vision in a dream,” Nature is all depth, but better to say that for Coleridge in “Kubla Khan” Nature is vital depth; Nature is a wellspring of robust and creative urgencies that is almost everywhere and almost at every moment alive.  The exception would be the “lifeless ocean,” a symbol perhaps of what we now call entropy, but in a world of perpetual emergence even a “lifeless ocean” might be redeemed and revivified.  Indeed, Coleridge in the quoted verses seems to be rescuing the etymon of the word nature, which is the same etymon that gave rise to the French verb naître, “to be born” or “to give birth.”  The “chasm” gives birth to “a mighty fountain,” which in turn transforms itself into “a sacred river.”  Coleridge’s endowment on the scenario of the term “sacred” reminds us that his Nature is not only vital, but hallowed or divine.  The creative processes in nature point to a divine creative power beyond nature that reveals itself in phenomena and solicits from the sensitive soul the idea of something that requires a formal acknowledgment of its generative awesomeness.

Coleridge’s “caverns measureless to man” stand for the unplumbed depths not only of Nature but of the soul.  To explore the hidden depths of Nature means also to explore the soul and vice versa.  Coleridge draws on ancient conceptions that the Enlightenment claimed to have debunked, such as the conception of the psyche or soul, as articulated by the archaic philosopher-seer Heraclitus of Ephesus in one of his surviving aphorisms (No. 45): “You will not find out the limits of the soul when you go, travelling on every road, so deep a logos does it have.”  Where the Enlightenment assumed that everything might be measured – that is to say, brought within the horizon of finite knowledge – Coleridge insists that the world possesses a “measureless” dimension that resists logical summary or reduction to purely quantitative or propositional terms. The only way to discuss such things is in symbol, imagery, and figure-of-speech.

The Catskills by Thomas Cole, founder of the Hudson River School

Thomas Cole (1801-1848) The Catskills and Lake George, Catskill Creek, N.Y., 1845, oil on canvas.

A similar view of Nature as the source of vital energy necessary to the soul informs the final scene of Johann Wolfgang von Goethe’s Faust Part II (1831), where the errant sinner, Doctor Johann Faust, at last finds redemption from his graceless and degraded state.  Goethe (1749 – 1832) sets his scene in primeval nature:

Waldung, sie schwankt heran,
Felsen, sie lasten dran,
Wurzeln, sie klammern an,
Stamm dicht an Stamm hinan,
Woge nach Woge spritzt,
Höhle, die tiefste, schützt.
Löwen, sie schleichen stumm-–
freundlich/ um uns herum,
Ehren geweihten Ort,
Heiligen Liebeshort.

[Forests, they wave around,
Over them, cliffs bear down,
Roots cling to rocky ground,
Trunk upon trunk is bound,
Wave after wave sprays up,
Deep caves protecting us.
Lions prowl silently,
Round us, still friendly,
Honouring sacred space,
Love’s holy hiding place.]

A few verses later, the character called Pater Profundis, who will play a mediating role in Faust’s redemption, utters these lines:

Wie Felsenabgrund mir zu Füßen
Auf tiefem Abgrund lastend ruht,
Wie tausend Bäche strahlend fließen
Zum grausen Sturz des Schaums der Flut,
Wie strack mit eignem kräftigen Triebe
Der Stamm sich in die Lüfte trägt:
So ist es die allmächtige Liebe,
Die alles bildet, alles hegt.
Ist um mich her ein wildes Brausen,
Als wogte Wald und Felsengrund,
Und doch stürzt, liebevoll im Sausen,
Die Wasserfülle sich zum Schlund,
Berufen, gleich das Tal zu wässern;
Der Blitz, der flammend niederschlug,
Die Atmosphäre zu verbessern,
Die Gift und Dunst im Busen trug –
Sind Liebesboten, sie verkünden,
Was ewig schaffend uns umwallt.
Mein Innres mög‘ es auch entzünden,
Wo sich der Geist, verworren, kalt,
Verquält in stumpfer Sinne Schranken,
Scharfangeschloßnem Kettenschmerz.
O Gott! beschwichtige die Gedanken,
Erleuchte mein bedürftig Herz!

[As this rocky abyss at my feet,
Rests on a deeper abyss,
As a thousand glittering streams meet
In the foaming flood’s downward hiss,
As with its own strong impulse, above,
The tree lifts skywards in the air:
Even so all-powerful love,
Creates all things, in its care.
Around me there’s a savage roar,
As if the rocks and forests sway,
Yet full of love the waters pour,
Rushing bountifully away,
Sent to irrigate the valley here:
The lightning that flashed down,
Must purify the atmosphere,
With poisonous vapours bound –
They are love’s messengers, they tell
Of what creates eternally around us.
May it inflame me inwardly, as well,
Since my spirit, cold and confounded,
Torments itself, bound in the dull senses,
As sharp-toothed fetters’ agonising art.
Oh, God! Calm my thoughts, pacify us,
And bring light to my needy heart!]

For Goethe as for Coleridge, Nature is the bourn of life, to which the afflicted soul might return to be nursed back to health.  We recall that in Wordsworth’s sonnet “The world is too much with us,” the lyric subject feels exiled from nature and, in his attempt to rejoin with nature, catastrophically rebuffed.  The world seems to him lifeless and still, and he also with it; he wants revivification.  Faust seeks the same.  Goethe’s “forests” answer him not in stillness, but make constantly a motion as they “wave around.”  Just so, the “cliffs” actively “bear down” and “roots cling.”  The dimension of depth goes not missing, for in Goethe’s scene “deep caves protect us” in a landscape thickly tangled (“trunk upon trunk”) that is “sacred” and, like some lonely place where a ritual purification might occur, hidden (“Love’s holy hiding place”) from profane eyes.  When Pater Profundis (“The Father of the Depth”) begins to speak, he credits the landscape with “its own strong impulse.”  The tree, straining its branches skyward, responds to the attractive principle of “Love” that serves Goethe for the equivalent of the non-anthropomorphic energy suffusing the caverns beneath Coleridge’s “stately pleasure dome” in “Kubla Khan.”

A poignant recurrence of this Coleridgean-Goethean constellation of ideas about Nature may be found in the work of the late John Michell (1933 – 2009), who referred to himself as a “Radical Traditionalist.”  Readers know Michell best for his persistent work on the megalithic monuments of the European Neolithic Period, especially in Britain, which he demonstrated to have constituted a continental, and perhaps even a global, network whose builders intended them to help in keeping the dominion of man in contact with the dominion of the stars and of the deities that the stars betokened.  Like Coleridge and Goethe, Michell posited a vital energy inherent in the earth, which the old stone circles and the long straight lines connecting them channeled and tapped.  Michell possessed that conviction of a deep past antecedent to himself that distinguishes both Romanticism and Traditionalism from the modern default-state of “historylessness” and dogmatic materialism.

In The View over Atlantis (1969; revised as The New View over Atlantis, 1985), Michell writes how “of the various human and superhuman races that have occupied the earth in the past we have only the dreamlike accounts of the earliest myths, which tell of the magical powers of the ancients.”  In his bold assertion, Michell echoes the prophecies of Blake, who revived the Old Plato’s “true myth” from the Timaeus in his epic poem America (1793).  As in the Genesis-story of the Deluge or in Plato’s “Atlantis” story, Michell pieces together a narrative about “an overwhelming disaster of human or natural origin which destroyed a system whose maintenance depended upon its control of natural forces across the entire earth.”  In one sense, Michell has simply reiterated that the Enlightenment happened, cutting across the lines of Tradition and depriving humanity of its proper heritage.  For Michell, as for Blake or Wordsworth or Goethe, history is not the “account… of a recent ascent from bestiality and barbarism to the triumphs of modern civilization, but of a gradual, barely interrupted decline from the universal high culture of [Neolithic] antiquity to the present state of fragmentation and impending dissolution.”

IV. Romantic Nature Continued.  Often for the Romantic poet, nature gives cover to secret activities that betoken an older world that in modern civic domains has given way to the despiritualizing forces of measure and logic – in the sociological process that some historians refer to as de-mystification.  Nature is mysterious; she is the “magic forest” of the fairy-tales and legends, to enter which is perforce to run the risk of impish enthrallment or initiatory imperilment.  In the pathways of the forest, man, in his ancient role as hunter, pursues wild game and, taking the prey, becomes one with it.  The opening stanzas of “le Cor” (1826) by the French poet Alfred de Vigny (1797 – 1863) instantiate this variant of the Romantic Nature:

J’aime le son du Cor, le soir, au fond des bois,
Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois,
Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible accueille,
Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.

Que de fois, seul, dans l’ombre à minuit demeuré, 
J’ai souri de l’entendre, et plus souvent pleuré!
Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques
Qui précédaient la mort des Paladins antiques.

[I love the sounding horn, of an eve, deep within the woods,
Whether it sings the plaints of the threatened doe
Or the hunter’s retreat but faintly echoed
That the north wind carries from leaf to leaf.

[How often alone, in midnight shadows concealed,
I have smiled to hear it, even shedding a tear!
I thought to hear sounding prophetic plaints,
Declaring the death-knell for knights of old.]

As in Coleridge and Goethe, Nature in Vigny’s poetry offers herself as depth; she furnishes the paradoxically unapprehended scene of a ritual performance, which, however, the lyric subject can reconstitute in his imagination, provoked to the activity by the very sound.  The horn-call reaches the lyric subject of Vigny’s poem from far away in the concealment of the woods, a place of half-light and shadows.  The horn-call incites the lyric subject, as he says, to love: “I love the sounding of the horn, of an eve, deep within the woods.”  But what is this “love”?  It is precisely the awakened desire for the transcendent and unseen, for depth and distance; and it is a response to the sacred, mirrored in the desire of man for woman, and of the soul for beauty.

Note how in the first stanza of Vigny’s poem the sound of the horn mingles with the rustling of the north wind, as though the two timbres had become one and therefore indistinguishable.  In the second stanza, the horn-call comes to resemble “prophetic plaints, / declaring the death-knell for knights of old.”  Not only the reunion of culture and nature, which have become alienated from one another, but also whole extinct worlds of medieval pageantry and hieratic drama, lie concealed in oaken and beechy precincts.  Let it be noted finally, in passing, how Vigny’s “Cor” with its “prophetic plaints” makes a parallelism with Coleridge’s “Kubla Khan,” where “ancestral voices” are “prophesying war.”

Portrait of Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832) by Johann Heinrich Wilhelm Tischbein.

“Goethe in the Roman Campagna,” 1786, by Johann Heinrich Wilhelm Tischbein, oil on canvas.

What do the scholars say about the Romantic view of landscape and nature?  François-René Chateaubriand (1768 – 1848), a second-generation French Romantic who was also one of the early scholars of Romanticism, writes in his great study of The Genius of Christianity (1802) concerning the distinction between ancient and modern poetry that “mythology… circumscribed the limits of nature and banished truth from her domain.”  In modern poetry, by which Chateaubriand means Christian poetry: “The deserts have assumed a character more pensive, more vague, and more sublime; the forests have attained a loftier pitch; the rivers have broken their pretty urns, that in future they may only pour the waters of the abyss from the summit of the mountains; and the true God, in returning to his works, has imparted his immensity to nature.”  Chateaubriand associates paganism with naturalism – that is to say, with the taxonomic or classifying study of natural phenomena, as exemplified in the work of Pliny the Younger.  Chateaubriand thus opposes the Romantic or Christian view of Nature against the Classical or Pagan view of nature, which had been taken up again by the Enlightenment, favoring the former over the latter.

If, as Chateaubriand writes, “the prospect of the universe [excited not] in the bosoms of the Greeks and Romans those emotions which it produces in our souls,” then it follows that the Enlightenment mentality, surveying the same “prospect,” would come away from the encounter as affectively blank as did the Epicurean precursor whose view Eighteenth-Century Classicism has reinvented.  The modern poet in confronting the universe, according to Chateaubriand, enjoys the differentiating privilege to “taste the fullness of joy in the presence of its Author.”  It is true that there is no Pagan equivalent of the Fall-from-Grace.  Because consciousness is equivalent to recollection, and because paganism never experienced Nature as lost, the Christian sense of Nature must exceed the Pagan sense in both quality and intensity.  Christianity is a return to nature or a recovery of it, a homecoming, as it were, with all the poignancy thereof.

In Natural Supernaturalism (1973), one of the great studies of the Romantic Movement, and with specific reference to Wordsworth, M. H. Abrams (born 1912 – still living) writes that for the Grasmere poet “Scriptural Apocalypse is assimilated to an apocalypse of nature [whose] written characters are natural objects, which [the poet reads] as types and symbols of permanence in change.”  Abrams shows in his study how Wordsworth in particular and the Romantics in general inherited from Edmund Burke and German idealism the aesthetic dichotomy of The Beautiful and the Sublime.  The Beautiful is whatever is picturesque, pleasing, and amiable in Nature.  The Sublime is whatever is awesome, threatening, and grandiose in Nature.  In communing with Nature, the sensitive soul finds in Beauty the stepping-stone to the Sublime, and it is in the Sublime that he reads – or has read to him – the real lesson of Nature.  Abrams writes that the “antithetic qualities of sublimity and beauty are seen [by the poet] as simultaneous expressions on the face of heaven and earth, declaring an unrealized truth which the chiaroscuro of the scene articulates for the [properly] prepared mind – a truth about the darkness and the light, the terror and the peace, the ineluctable contraries that make up our human existence.”

In American Sublime: Landscape Painting in the United States, 1820 – 1880 (2002), Andrew Wilton and Tim Barringer comment on the centrality of the Sublime in the Romantic conception of landscape.  “The Sublime,” they write, “incorporated a further dimension [namely that] the imagination has an important part to play in our perception of what is immense, nebulous, beyond exact description.”  When the percipient discovers “spiritual significance in nature,” he is not making a passive observation; on the contrary, he is participating in the constitution of such significance.  Writing of Frederic Church’s panorama in oils of Niagara (1857), Wilton and Barringer remark that, “it is not a meditation on light, but on the power of nature manifested in the grandest geographical phenomena.”  They go on to remark that “Church conceived [Niagara] as a show-piece, a masterpiece in the original sense: a specimen of his own powers at their most impressive – a match, perhaps, in a consciously humble way, to God’s own.”  Church’s canvass also communicates with the “abyss” of Coleridge’s “Kubla Khan,” a metaphor of the soul and of the psychic component of the universe as “measureless to man.”

V. Traditionalism as the New Phase of Romanticism.  Abrams’ attribution to Wordsworth of a sense of Nature as “apocalyptic” applies equally well to Church (1826 – 1900), for whom the great cataract, directly on the brink of which his painting positions the viewer, is also “apocalyptic” – God revealing His greatness through the sublimity of the falling waters, the magnificent roar, and the rearing luminous mists.  Church painted a number of scenes that would have pleased Michell, such as his “Aegean Sea” (1877), with its ancient ruins, including the half-hidden entrance to a cave-shrine, against a brilliantly light island-harbor with mists and rainbows.  Church’s “Cross in the Wilderness” (1857), with its rugged mountains and faraway, luminous horizon, implies a Chateaubriand-like grasp of the religious struggle, with its concluding vision, as the essentially human struggle.  It probably implies Michell’s ley-lines and megalithic power-foci.  The Hudson River School of painting, to which Church belonged, was a thoroughly Romantic phenomenon, motivated by an awareness of the disappearing wilderness, which it sought to record, and dedicated to the ideal that civilization must never violate the natural order; that humbleness before the sublimity of the natural world is the proper attitude for civilized people to assume.

The Lake Poets in England and the Hudson River painters in North America feared the tendencies of their era – the spread of callous industrialism, the aggrandizement of cities, the blighting of the countryside, and the coarsening of the soul.  They warned against these trends even as it became evident that the trends would overwhelm any critique.  The Lake Poets eventually came to grasp that their philosophical and aesthetic convictions implied a politics.  Wordsworth and Coleridge became Tories, or as Americans would say, conservatives.  Vigny and Chateaubriand were also on the right, the former describing himself as the sole male survivor of a parental generation that the Revolution had eaten alive.  These men would better be described, however, as reactionaries – against the encroachments of the Reign of Quantity and the pseudo-ethos of “getting and spending” – and as Traditionalists: Defenders and conservators of the local against the metropolitan, of dialect against rhetoric, and of the spirit against a prescriptively and intolerantly materialist view of life and the world.  Their opposite numbers were the propagandists for the insidious synergy of the laborites and socialists with the bankers and industrialists.

In The Communist Manifesto (1848), Karl Marx (1818 – 1883) and Frederick Engels (1820 – 1895) condemn the bourgeoisie, whom they propose to abolish, but they extol the “subjection of Nature’s forces to man, machinery, application of chemistry to industry and agriculture, steam-navigation, railways, electric telegraphs, clearing of whole continents for cultivation, canalisation of rivers, whole populations conjured out of the ground” that “Capitalism,” the project of the bourgeoisie, had created.  Marx, as much as the industrialists, looked forward to the “extension of factories and instruments of production owned by the State; the bringing into cultivation of waste-lands, and the improvement of the soil generally in accordance with a common plan” and to the “establishment of industrial armies, especially for agriculture.”  Scots poet Robert Burns (1759 – 1796) had already indicted the right riposte in his “Impromptu on the Carron iron Works” (1787):

We cam na here to view your warks, 
In hopes to be mair wise, 
But only, lest we gang to hell, 
It may be nae surprise: 
But when we tirl’d at your door 
Your porter dought na hear us; 
Sae may, shou’d we to Hell’s yetts come, 
Your billy Satan sair us!

In the prevailing situation in the second decade of the Twenty-First Century, the literature professors prefer denouncing the Romantic poets to understanding them, and the art-history professors regard the Hudson River painters as “illustrators” who could not possibly have believed in the Transcendentalist or spiritualist doctrines that they expounded.  Prophets of modern thought like Theodore Wiesengrund Adorno (1903 – 1969) and Jacques Derrida (1930 – 2004) have, of course, conclusively demonstrated that all Lake Poets and all Hudson River painters, even the ones who were Unitarians hence half-way to being modern liberals, were and remain servitors of false consciousness and an oppressive “logocentrism,” from which everyone should be compulsorily liberated.  In the colleges and universities, the Cultural-Marxist hatred for anything not Cultural-Marxist grows red-hot, white-hot, and ultraviolet-hot by swift stages.  That is a metonymy of exactly what the early twentieth-Century Traditionalists predicted.

In The End of Our Time (1933), Berdyaev argues that, “The Renaissance began with the affirmation of man’s creative individuality; it has ended with its denial.”  Creativity, which Michelangelo and J. S, Bach ascribed to God, produces unequal results that inspire “envy,” which in turn solicits a demand for “equality.”  For Berdyaev, the principle of modernity is “envy of the being of another and bitterness at the inability to affirm one’s own.”  Thus, according to Berdyaev’s analysis, “Our age is like to that which saw the passing of the ancient world” although “that was the passing of a culture incomparably finer than the culture of today.”  It is possible, writes Berdyaev, to “trace the ruin of the Renaissance in modernist art, in Futurism, in philosophy, in Critical Gnoseology… and finally in socialism and anarchism,” all of which begin with a rejection of Romantic, and therefore of religious, values.

In The Meaning of the Creative Act (1916), Berdyaev, contrasting “Canonic” or “pagan” art with “Christian art, or, better, the art of the Christian epoch,” arrives at the dichotomy that “pagan art is classic and immanent” where “Christian art is romantic… and transcendent.”  The parallelism between Berdyaev and Chateaubriand will be abundantly self-evident.  As Berdyaev sees it, “In [the] classically beautiful perfection of form [in] the pagan world there is no upsurge towards another world… no abyss… above or below”; that is, no “caverns measureless to man.”  The Romantic, knowing that he can never achieve perfection in this world, shies from utopian projects that inevitably become coercive and universal.  Thus “a romantic incompleteness… characterizes Christian art,” which takes as a premise, among others, the conviction “that final, perfect, eternal beauty is possible only in another world.”  That the Romantic often succumbs to the frustration inherent in eternal longing, Berdyaev notes; but the Romantics themselves knew their vulnerability in this regard well and were wont candidly to diagnose it, as Wordsworth does in “The world is too much with us,” candidly.  Berdyaev saw in Nineteenth-Century Romanticism the last pause in the steady descent of the Western world into materialism, utilitarianism, and nihilism, the equivalent of Guénon’s Kali Yuga or Dark Age.

Contemporary Traditionalism picks up where Berdyaev, Guénon, and the mid-Twentieth Century anti-modernists, and again where the Romantics, in their century, left off.  Traditionalists recognize that the critical situation of their time is deeper, more degraded, more irremediably catastrophic than the of one hundred or one hundred-and-fifty years ago, but they also see that it is the same crisis and that if the Endarkenment of their day were more acute by a magnitude at least than it was in 1820 or 1920 it would also be closer to its irrevocable finale.  The problem for Traditionalists is how severe that finale will be.  Will it conform itself to the Foundering of Atlantis or the Fall of Rome?  The former constituted a choke-point after which civilized life had to begin again from the degree zero.  The latter sacrificed the Imperial infrastructure, both physical and bureaucratic, for the reorientation of Western European humanity from the Mediterranean to the Atlantic.  The Greeks and Romans feared to sail beyond the Pillars of Hercules.  Significantly, the conquest of the Atlantic and the opening up of North America fell to those Northwestern Goths, the Vikings, at the very moment when Iceland was embracing Christianity.  Leif Erikson was an early convert, as was Thorfinn Karlsefni.

Modernity is a Polyphemus, an angry unison-chorus, shouting like thunder that man is the measure and that there is nothing, not measurable by man.  Traditionalism is the quiet voice, seeking parlay with other hushed voices, so that together they might enter conversation with the Forest Murmurs and even the distant Music of the Spheres and come to know better what they already suspect, that man must begin by measuring himself against the measureless.

[This essay is dedicated to Professors Cocks and Presley and to “The Two Scholars.”]

bertonneau

Thomas F. Bertonneau earned a Ph.D. in Comparative Literature from the University of Califonia at Los Angeles in 1990. He has taught at a variety of institutions, and has been a member of the English Faculty at SUNY Oswego since 2001. He is the author of three books and numerous articles on literature, art, music, religion, anthropology, film, and politics. He is a frequent contributor to Anthropoetics, the ISI quarterlies, and others.

dimanche, 08 mars 2015

Les portes de l'enfer...

Les portes de l'enfer...

Le seizième numéro de la revue trimestrielle Spécial Céline, publiée par les éditions Lafont Presse, est disponible en kiosque ou sur les sites de vente de presse. Consacrée à l'auteur de Mort à crédit, cette revue est dirigée par Joseph Vebret et réalisée avec le concours d'Eric Mazet et de David Alliot.

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Au sommaire :

Actualité

Actualité célinienne, par David Alliot

Étude
Céline en son temps ou Céline avant Céline : 1931, par Éric Mazet

Etude
Les bistrots de Céline, par Serge Kanony

Document
Céline, secrétaire d'association, par David Alliot

Relecture
Le métro émotif, par Pierre Ducrozet

Lectures croisées
Céline le psychopompe funèbre, par Gwenn Garnier-Duguy

Discours
Bardamu à Médan - 1er octobre 1933, par David Alliot

Nouvelle
Guantanamo City - Distraction littéraire, par Jean-François Foulon

vendredi, 06 mars 2015

Ernst Jünger, il soldato che discuteva di mitragliatrici con Heidegger

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Ernst Jünger, il soldato che discuteva di mitragliatrici con Heidegger

Dalla sua avventurosa vita – quasi come ricordi del ragazzino di famiglia scappato di casa per arruolarsi nella Legione Straniera – da lì, sono riemerse le tracce di ferite. Nelle screpolature della sua pelle di vecchissimo, come tracciati di radici profonde, per la marchiatura del tempo, sono sbucati dal buio dei ricordi i segni cavallereschi, le tacche sulla carne. Nessuno per esempio aveva notato sull’avambraccio un segno secco. Forse occultato dalla rigenerazione della vita quotidiana, ieri, la morte glielo ha ripescato: disteso lungo il suo percorso raggrinzito di corpo morto. Dei suoi capelli bagnati nell’acqua gelida del fiume, bianchissimi fili, la rigidità cadaverica ha catturato l’impercettibile alito, un elmo che è quasi un’aureola. Una foto in bianco e nero restituisce il taglio all’altezza delle orecchie, a nuca nuda, in parallelo con gli alettoni aerodinamici del cappottone d’ordinanza. Le linee telefoniche raccontano già della “mobilitazione totale“ del governo, dei potentissimi professori, degli “amici francesi“, che sul grande morto – innamorato come tutti i morti del ricordo di tutto ciò che è vita – stanno “approntando il memoriale“. Tedesco e “parigino“ a un tempo, della sua avventurosa vita, per tutti i centodue anni portati in faccia al mondo per lui sempre più estraneo, Ernst Jünger porterà sulla bara il fasto di un’esistenza eccezionale, dentro la bara invece, trascinerà “l’addio al mondo“. Era anche un dandy: “La volontà regna sul mondo diventato materiale dell’oggettivazione incondizionata”. È stato “sublime” (glielo diceva un altro dandy). Disse, un giorno, a fondamento del suo destino: “Meglio un delinquente che un borghese”. Sublime bacchettatore di Hitler, che pure era stato suo sodale segreto nella “società di Thule”, schizzinoso rispetto alla pietas del demos, al fondatore del Terzo Reich, rinfacciava sempre l’eccessivo democraticismo, l’insopportabile volgarità plebea delle “camicie brune”. Qualcuno commissionò l’eliminazione di Jünger, Hitler che candidamente lo riconosceva “come un superiore in gradi”, un “vero capo”, lo salvò dai sicari.
Nella sua essenza di testimone, nel suo essere stato passeggero dei battelli a vapore e del Concorde, nel suo essere stato tutto quel che Ernst Jünger è stato, hippy e notabile prussiano, entomologo e romanziere, arrivando adesso all’Oriente Eterno, chiuderà la sua estrema scommessa. Al cospetto dell’Onnipotente, certamente, da algido chirurgo del Nulla qual è, l’orologiaio del Nichilismo sta portando sulle sue spalle di grande morto, l’immagine a lui più profondamente vera, la sua forma, e dunque la divisa. Dell’habitus militare, Jünger ha offerto l’esempio assoluto. Scrittore, infaticabile diarista, interlocutore e protagonista in quell’officina di vampe che fu la Rivoluzione Conservatrice, Jünger non chiude solo un capitolo nella storia della letteratura, ma brucia con la sua morte l’ultimo modo possibile di essere “uo­mo d’arme”. Arrivando davanti a Dio, infatti, davanti al Dio lungamente cercato nelle sua passeggiate quotidiane nel piccolo cimitero del suo villaggio, la sua anima si specchia levigata nella ruvida stoffa grigioverde del soldato. È morto il soldato dunque, l’ultimo vero soldato planetario, erede di Ludovico Ariosto e di Ercole Saviniano Cirano de Bergerac. Innamorato del sogno cavalleresco, ad Alberto Moravia, in un’intervista-dialogo confidò: “Nella guerra nucleare i due giocatori faranno saltare in aria la scacchiera”, e non si capì bene se il cruccio nucleare fosse, per il vecchio Jünger, più un fastidioso ostacolo per la guerra o per la pace. Ritenuto a torto purificato nel dopoguerra, ma forse fortunatamente non troppo purificato, nelle lunghe passeggiate con Martin Heidegger e Carl Schmitt, dopo i primi quindici minuti di conversazione metafisica, arrivati a un altopiano, si lasciavano prendere la mano da altre curiosità, tipo: “Secondo voi, una mitragliatrice collocata qui, quale inclinazione di tiro potrebbe avere?”. Combattente volontario delle due guerre mondiali, di due sconfitte, della prima ne ricordava “di Londra, Parigi e Mosca, lo straordinario entusiasmo della gioventù, l’ebbrezza”, della seconda intuì da subito l’ambiguità: “O ci sarà una rivoluzione, o sarà una lunghissima guerra di trincea, come nel 1914-1918”. Nato a Heidelberg nel 1895, Ernst Jünger è stato decorato due volte con la Croce di Ferro, la più alta onorificenza a cui ogni galantuomo belligerante avrebbe potuto aspirare. La prima l’ebbe dalle mani dell’Imperatore, la seconda, invece, l’ha ricevuta dal suo maldestro allievo, per aver salvato dei dissennati che si erano spinti troppo avanti nella trincea nemica per scattare delle fotografie. Disse: “Fui comunque divertito dall’idea di ricevere la Croce di Ferro per la seconda volta”. Era anche un dandy.

Pietrangelo Buttafuoco

Il 17 febbraio di 17 anni fa moriva Ernst Jünger.

Yukio Mishima: the Body as Spirit

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The Body As Spirit: Yukio Mishima, Author, Intellectual, And Warrior

“It is… possible for people to use the body as a metaphor for ideas,” Japanese author Yukio Mishima says in Sun and Steel.

Mishima had been a weak and sickly child, doted on by his over-protective grandmother. He wasn’t allowed to play with other boys, and grew up alienated from male culture (as well as from his mother, who was not allowed to look after him unsupervised). For him, Mishima says, “words came first of all; then… came the flesh. It was… already wasted by words.”

Yukio Mishima, bodybuilder and author

Yukio Mishima

For the author the answer to this waste — which he must have seen also in the Japan of post-World War II, defeated by the American atomic bomb — was to take up Kendo (traditional Japanese sword fighting) and bodybuilding, and to transform his thin frame into a powerful vehicle that could compete with his intellect.

The competition was partly one for attention, and partly one for a Way of being. Like aesthetes in the West, flamboyance and sincerity were not alien to each other, but one and the same. Controversially, Mishima formed his own private army, of about 100 members: the Tatenokai or “Shield Society.” He wanted, he said, to create a society for students who couldn’t, because of ideological reasons, join the Marxists on campus — Marxism was all the rage at the time.

One of the issues that divided the author and the Marxists (whom Mishima respected) was devotion to the emperor. Mishima never said it, but another — and perhaps an even more important area — was the body. The Tatenokai, and Mishima’s own “Way” of being was increasingly to the physical. In a flash of insight, Mishima

understood all kinds of things hitherto unclear to me. The exercise of the muscles elucidated the mysteries that words had made. It was similar to the process of acquiring erotic knowledge. Little by little I began to understand the feeling behind existence and action.

Marxism was intellectual. Mishima was increasingly concerned with the physical, precisely as an expression of ideas rooted in a kind of primordial drama. The flash of insight had come as the author considered the nature of tragedy.

Tragedy, says Mishima, “is born when the perfectly average sensibility momentarily takes unto itself a privileged nobility…”

It follows that he who dabbles in words cannot participate in it. It is necessary, moreover, that the “privileged nobility” find its basis strictly in a kind of physical courage… Tragedy calls for an anti-tragic vitality and ignorance, and  above all a certain ‘inappropriateness.’

By “ignorance,” of course, Mishima does not mean stupidity, vulgarity, or uncouthness (Mishima was very much concerned with elegance, though not as we might understand it today), but, rather, a move away from the intellect toward instinct.

Inoffensive in the West, “inappropriateness” was perhaps a more shocking idea in Japan of Mishima’s era (and even today), where rules of social etiquette are strict and complex, and understanding ones place in the order of society comes as second nature. But, the tragic hero must, of course, go against the convention of his own time. He is the one that steps forward, taking on the challenge to save society from some existential threat, while everyone else goes about their more mundane business.

It is odd, then, that Mishima suggests that the physical body “is foreign to the spirit,” being closer to ideas. Nevertheless, in criticizing those who allow their bodies to become ugly, he suggests that the body can be a vehicle for the spirit. A bulging belly is a “sign of spiritual sloth”, for example. This and other unattractive traits, says Mishima, is “as though the owner were exposing his spiritual pudenda on the outside of his body.”

The author equates such physical ugliness with “individuality.” “If,” says Mishima cryptically, “the body could achieve perfect, non-individual harmony, then it would be possible to shut individuality up for ever in close confinement.” But the idea of “perfect, non-individual harmony” seems to be key to Mishima’s growing interest in the physical. He could escape from the world of the internally and externally ugly through perfecting the body and making that his guiding spirit.

Angel Millar

Angel Millar is an author, blogger, and the editor of People of Shambhala.

jeudi, 05 mars 2015

Solution politique ?

Solution politique ?

par Claude BOURRINET

 

Baudelaireiuyuuyuu.jpgLa politique avant tout, disait Maurras. Parlons plutôt, comme Baudelaire, d’antipolitisme. On sait que le poète, porté, en 1848, par un enthousiasme juvénile, avait participé physiquement aux événements révolutionnaires, appelant même, sans doute pour des raisons peu nobles, à fusiller son beau-père, le général Aupick. Cependant, face à la niaiserie des humanitaristes socialistes, à la suite de la sanglante répression, en juin, de l’insurrection ouvrière (il gardera toujours une tendresse de catholique pour le Pauvre, le Travailleur, et il fut un admirateur du poète et chansonnier populiste Pierre Dupont), et devant le cynisme bourgeois (Cavaignac, le bourreau des insurgés, fut toujours un républicain de gauche), il éprouva et manifesta un violent dégoût pour le monde politique, sa réalité, sa logique, ses mascarades, sa bêtise, qu’il identifiait, comme son contemporain Gustave Flaubert, au monde de la démocratie, du progrès, de la modernité. Ce dégoût est exprimé rudement dans ses brouillons très expressifs, aussi déroutants et puissants que les Pensées de Pascal, Mon cœur mis à nu, et les Fusées, qui appartiennent à ce genre d’écrits littéraires qui rendent presque sûrement intelligent, pour peu qu’on échappe à l’indignation bien pensante.

 

Baudelaire, comme on le sait, est le créateur du mot « modernité », qu’il voyait incarnée dans les croquis de Constantin Guys, et que son sonnet, « À une passante », symbolise parfaitement. La modernité, c’est l’éternité dans la fugacité. Rien à voir, au fond, avec l’injonction rimbaldienne, que l’on voulut volontariste, mais qui n’était que résignée et désabusée, d’être à tout prix moderne. Baudelaire ne destine pas sa pensée à la masse. S’adresse-t-il, du reste, à quiconque ? Il est visionnaire, c’est-à-dire qu’il saisit au vol l’esprit et l’image. L’image, sous la forme des tableaux d’art, fut sa grande passion. Et les symboles, ces images essentielles, qui correspondent avec nous, ces surréalités situées « là-bas », au-delà, mais en jonction avec les sens, et faisant le lien avec les Idées, constituent cette échelle de Jacob, qui nous offre la possibilité de frôler le cœur divin, malgré nos limites angoissantes et torturantes.

 

Baudelaire se situe, au sein d’un monde qui a parodié la dynamique chrétienne, pour la caricaturer en vecteur de progrès infini, ce qui est une autre façon de blasphémer, car seul Dieu seul est infini, pousse l’archaïsme religieux, à grande teneur « traditionnelle » (mais, comme Balzac, il s’inspire du penseur mystique Swedenborg), jusqu’à ne consacrer ce qui lui restait à vivre (il est mort en 1867) qu’à ce culte de la Beauté, qui est une ascension, et non un plaquage sur la réalité sociale-politique. La dimension baudelairienne est la verticalité.

 

Pour le reste, c’est-à-dire sa conception anthropologique, il partage la conception janséniste (contre Rousseau) du péché, impossible à dépasser et à contrer, lequel propose des pièges et des ruses, souvent raffinées, ces « opiums », par exemple, que sont l’amour, la beauté, l’ivresse, élans nobles et dérisoires, qui nous font croire que nous sommes des dieux mais qui, malgré tout, ironiquement, nous donnent un pressentiment du divin… Baudelaire est un idéaliste pessimiste.

 

Il n’existe plus de Baudelaire, au XXIe siècle. On sent parfois, chez certains, son ombre. Par exemple Richard Millet, s’il n’était obsédé par le politique. Sa Confession négative m’a fortement ébranlé. Il retrouve les accents pascaliens, le sens de la grandeur, le goût des gouffres. Il faudrait écrire moins, et moins s’intéresser aux médias. Richard Millet n’est pas assez désespéré. J’évoque ainsi l’un de nos écrivains qui sait encore écrire, donc penser, au sens baudelairien, c’est-à-dire vivre son encre, comme son sang, mais il faut admettre que nous manœuvrons dans un monde de Lilliputiens, qui se pâment devant des monuments hauts comme quatre pommes. On voit bien que ce qui manque, c’est la cruauté. Baudelaire était un grand lecteur de Sade, comme, du reste, les auteurs intelligents de son époque. Malheureusement, on dirait que le seul imbécile qui ait eu alors du génie, Victor Hugo, ait été le seul, au bout de cent cinquante ans, à générer une abondante descendance. Sans la démesure.

 

Que sont devenus nos penseurs, nos grands phares ? On dirait que la littérature, si proche maintenant de la politique politicienne, se fait sur un coin de comptoir. Ça a commencé, il est vrai, au Procope, lorsque des entrepreneurs d’idées s’excitaient les lumières en buvant du café. Depuis, on est sorti dans la rue, de plus en plus polluée et enlaidie par des boutiques, pour ne plus en sortir. L’intelligence est une affaire, comme la bourse, avec ses fluctuations, ses rumeurs, ses coups et ses misères. Le livre est une action, non pas même un enfumage idéologique, comme du temps des « philosophes », mais une option sur une possible rente, au moins symbolique, du moins médiatique. La seule ascension possible, maintenant, c’est celle de l’ascenseur qui porte jusqu’au studio de télévision.

 

Au moins, si quelqu’un avouait que le roi est nu ! Même pas un roi déchu, puisqu’au a perdu la mémoire de tout, même des ors de notre origine divine, surtout de cette noblesse glorieuse, qu’on a remplacée par le clinquant démocratique. Mais un roi déshabillé, à poil, si l’on veut. Illustrons le propos, et provoquons en dévalant un nombre conséquent d’étages, jusqu’aux caves. Il y a un peu de honte à descendre si bas, mais, finalement, c’est là le niveau d’existence de notre monde. Avant donc de rédiger ces réflexions si réalistes, j’ai jeté un coup d’œil, le diable me poussant, sur le site de Riposte laïque, qui a le suprême avantage, pour un analyse intempestif, de synthétiser la bêtise contemporaine, dans une société qui ne manque pas, pourtant, d’émulation en ce domaine. Je lis ainsi qu’il suffit d’éradiquer l’islam de notre terre pour que la France revive, et que le numéro spécial de Charlie Hebdo est, grand bien fasse à cette France si frémissante face à cette perspective de renaissante ! paru. La France, c’est Charlie débarrassé du danger musulman. Le roi tout nu s’amuse. Hugo serait content : les Rigolettos l’ont emporté, et les Sganarelles, et les Scapins. La valetaille s’en donne à cœur joie : il suffit de bouter la galère de Sarrasins hors du port pour que nos champs refleurissent (avec l’aide de Monsanto, évidemment).

 

Nous ne faisons que résumer les débats actuels.

 

Toute cette cuisine alourdit l’estomac. Achevons !

 

On dirait que le bon Dieu, s’étant aperçu que la marmite renvoyait dans la cuisine divine, des odeurs suspectes, avait décidé de touiller à grands coups de louches la mixture mal embouchée et susceptible de sécréter quelque poison.

 

À propos du peuple français, pour autant qu’on jette la mémoire jusqu’au bout de la nuit des temps, on sait que plusieurs civilisations qui nous ont précédés ont disparu dans le néant, laissant à peine quelques traces. Ainsi des Incas, des Celtes… D’autres ont eu la chance d’avoir une postérité culturelle, comme les Hellènes. On ne voit pas pourquoi la France ne connaîtrait pas le sort de ce qui mérite de périr, comme disait Hegel de ce qui existe, ou a existé. Enlevez le lierre suceur de sève à un arbre vermoulu, presque crevé, cela m’étonnerait bien qu’il reparte. La France est cet arbre. Les rares esprits assez cultivés et lucides qui retracent les étapes de la décadence intellectuelle, non seulement de notre pays, que son excellence idéologique a sans doute particulièrement fragilisé, tant l’ivresse du mot conduit vite au vide existentiel (post coitum animal triste), mais aussi la planète entière, submergée par l’Occident nihiliste. La moraline bloque l’intelligence, fatalement.

 

Et je crois que la pire ânerie serait de chercher, à tout prix, une solution.

 

Claude Bourrinet

 


 

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dimanche, 01 mars 2015

GENEVIÈVE DORMANN: Une féministe sulfureuse aux propos mémorables

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GENEVIÈVE DORMANN: Une féministe sulfureuse aux propos mémorables

Jean Pierinot
Ex: http://metamag.fr

Geneviève Dormann nous a quitté ce 13 février, à Paris, des suites de la maladie, à l'âge de 81 ans. Sa rencontre avec Roger Nimier marqua sa vie. Ses livres étaient à son image et d’excellente facture.


Irina de Chikoff écrit dans Le Figaro : « Ah Nimier! Elle pouvait en parler pendant tout le repas en clopant ses Gitanes bleues. La fumée faisait des jolies volutes autour de ses cheveux blonds. Geneviève avait eu toute sorte de prix pour ses romans. Même celui de l'Académie française. Seulement elle savait bien qu'elle n'était ni Flaubert, ni Proust. Ca lui faisait chagrin. Mais les peines, très jeune, elle avait appris à les garder pour soi. Mieux valait, en bonne compagnie, boire un coup jaja et dire du mal des voisins ou des cousins. Pour rire (…) Anar, libertaire, luronne d'une droite buissonnière, insolente, elle pratiquait, comme ses aînés les Hussards, l'ironie par désenchantement. Tendresse blessée.» Elle fut une grande amie des quatre écrivains des Hussards, Antoine Blondin, Michel Déon, Jacques Laurent et Roger Nimier. Elle est également proche de Kléber Haedens et Jean Dutourd. Elle participe à des émissions sur Radio Courtoisie.


dormaazzze.jpgEn 1975, avec Robert Aron, Thierry Maulnier, Roger Bésus, Dominique Jamet et Claude Joubert, elle cosigne une lettre au Monde, où elle s'insurge de l'article d'un universitaire faisant profession d'« aller cracher sur [la] tombe » de Robert Brasillach.


En 1985, elle écrit dans Le Crapouillot n°80 : « Les Juifs m'emmerdent, je le dis tout net. Lorsque, à la moindre occasion, ils me balancent dans les gencives ce qu'on leur a fait, lorsque j'étais petite, prenant un sadique plaisir à tenter de faire surgir chez moi un sentiment de culpabilité ou de mauvaise conscience, je leur en veux comme j'en voudrais à des Vendéens qui, aujourd'hui, m'accuseraient d'avoir ravagé leurs villages et sauvagement assassiné leurs ancêtres... Je revendique le droit d'aimer les bons Juifs et d'envoyer paître les autres. »


Plus tard, elle participe à la controversée « Journée du livre français » à l'université Panthéon-Assas aux côtés notamment de Jean-Claude Martinez, Jacques Trémolet de Villers, Jean-François Chiappe et Dominique Venner.


Romancière et journaliste, elle publie de nombreux romans, à commencer par La Fanfaronne en 1959, La Passion selon Saint-Jules en 1967 et le mythique Bal du dodo en 1989 pour lequel elle reçoit le Grand Prix du roman de l'Académie française. Elle se verra aussi attribuer le prix des Deux Magots en 1974 pour son Bateau du courrier ainsi que le prix Maurice-Genevoix pour son livre Adieu, phénomène en 1999.

samedi, 28 février 2015

Stendhal, politique para-moderne

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Stendhal, politique para-moderne

par Georges FELTIN-TRACOL

 

51RW7CR7e6L._SY344_BO1,204,203,200_.jpgCollaborateur régulier aux sites dissidents Europe Maxima, Euro-Synergies et Synthèse nationale, Claude Bourrinet est un penseur impertinent. C’est aussi un remarquable biographe. Vient de paraître sous sa signature un excellent Stendhal dans la collection « Qui suis-je ? ».

 

Henri Beyle (1783 – 1842) choisit le nom de plume de Stendhal. Il « n’était pas antimoderne, […], mais plutôt contre moderne. Fils de la Révolution, donc de la rupture, de l’arrachement, d’un certain déracinement, il prenait ce que la nouvelle ère proposait de mieux pour accroître sa puissance d’exister, sans en partager la vulgarité et la bassesse (p. 110) ». Toute son œuvre en témoigne comme nous le démontre avec brio Claude Bourrinet. Politiquement jacobin (républicain de salut public), Stendhal est surtout un admirateur de Napoléon. « Il voue à l’empereur un véritable culte, car il l’identifie à une France qui était encore grande. Napoléon “ fut notre seule religion ”, le plus grand conquérant après Alexandre et César, la restauration de l’Antiquité, un tyran italien chu dans un monde contemporain si minable, un aigle qui survole son temps par la pensée. Napoléon, c’est l’Italie, le bonheur (p. 42). »

 

Cette admiration envers le vainqueur d’Austerlitz se comprend aisément. « L’existence, pour Stendhal, est une dynamique, une énergétique. Quelle que soit la source de la puissance, l’excès et la surabondance affirment la sensation de vivre (p. 22). » Si « le beylisme est un vitalisme (p. 56) », c’est en outre « un aristocratisme, un “ espagnolisme ”, ennemi irréductible de la société de masse et de la modernité dévorante. Le courage froid de ne pas mendier la reconnaissance collective est plus précieux que celui, furieux, du champ de bataille (p. 55) ». On est très proche du Napoléon, « professeur d’énergie », dans Les déracinés de Maurice Barrès. Quelle aurait été l’influence de Stendhal sur Barrès, en particulier à l’époque du « culte du Moi » ? Une belle et riche étude en vue. Stendhal estime que « l’Empire, continuation de la Révolution offre la vision d’une communauté humaine centrée autour des vertus de sacrifice, d’émulation, de combat, de force, de patrie (pp. 42 – 43) ». Voilà pourquoi il est para-moderne puisqu’il tente une improbable conciliation entre les vertus enfantées par Napoléon et les valeurs sociales d’Ancien Régime.

 

Napoléon pour modèle d’être

 

« Stendhal a bien conscience, après la chute de l’Empire, que le temps n’est plus aux lauriers, mais aux travaux utiles, à l’économie, au commerce, au “ libéralisme ”, aux chambres des représentants, à la médiocrité bourgeoise, à l’égoïsme réducteur, à l’ennui. C’est la fin de l’honneur militaire, le temps du producteur, le règne de l’opinion (p. 42). » Il est évident que, pour lui, « la politique, d’abord, doit dominer l’économique. Avec Bonaparte, un Rothschild n’aurait pas été possible. Les lois institutionnelles sont indépendantes des exigences du commerce et de la bourse. En outre, ce qui présente véritablement une valeur humaine, sociale et politique, c’est justement ce qui échappe à la loi d’airain du travail et du besoin (pp. 81 – 82) ». Par conséquent, il considère que « le seul critère moral susceptible de souder la société autour de valeurs transcendantes est l’héroïsme, militaire, intellectuel, humain. En bon héritier de l’Empire, Stendhal choisit le rouge du dépassement de soi, de l’abnégation et du panache gratuit, contre le noir de l’argent, de la tartuferie et du moralisme (p. 82) ». Fuyant une société française d’après-guerre vile, il part pour l’Italie qu’il connaît bien et qu’il aime afin de retrouver un idéal d’humanité martiale. « L’Italie est le Sud fécondé par la sauvagerie barbare. L’idéal politique de Stendhal est la cité à dimension humaine, autogérée, libre et guerrière, adonnée aux arts et à l’esprit, audacieux, héroïque (p. 65). » Mais toujours garde-t-il à l’esprit l’exemple de Napoléon. D’ailleurs, « devenir napoléonien. S’étourdir quand il est nécessaire, se contraindre quand c’est utile, être toujours soi. Une bonne conduite suppose que l’on soit en même temps modeste et exigeant. Il s’agit de “ chevaucher le tigre ”. Les autres sont des objets, des cibles de mon intention, ou de mon attention, ou tout simplement des êtres indifférents. Le besoin existe de se lier avec eux, mais il faut pouvoir s’en défaire. Emprunter un lieu, une place, en visiteur, voilà la vraie politique. La tactique est une nécessité vitale (p. 47) ». Dans cette perspective, la vie italienne se révèle un parfait adjuvant. « La politique moderne était le jeu des opinions communes, donc une tendance à l’égalitarisme chloroformant par le consensus arithmétique, tandis que l’italianité est l’affirmation du Moi par la volonté, l’énergie et la force (p. 67). » Cependant, Stendhal « cherchera à se libérer de la politisation des rapports humains, qui infeste tout, y compris la vie privée. Cela étant, qu’est-ce que la modernité, sinon le sérieux et le ressentiment qui s’infiltrent partout ? (p. 25) ».

 

Contre l’industrialisme

 

Claude Bourrinet a le grand mérite de nous rappeler que Stendhal rédigea en 1825 un pamphlet de 24 pages contre l’« industrialisme » intitulé D’un nouveau complot contre les industriels. Il se montre aussi un très virulent contempteur de l’« Amérique, hyperAngleterre (p. 101) ». Il observe là-bas que « l’individualisme inquiet, qui doit sans cesse prouver sa légitimité, est la clé de voûte de cette société asociale de pionniers (p. 102) ». Bref, « le Nouveau Monde est devenu pour lui le danger le plus redoutable de l’homme différencié, c’est-à-dire de l’homme civilisé (p. 99) ». L’auteur de La Chartreuse de Parme remarque qu’il n’y a « aucun attachement à un terroir. Tout doit être converti en dollars. Il n’y a pas de paysan en Amérique, partant, pas de pays (p. 102) ». C’est au fond le choc frontal de deux visions antagonistes du monde. « Une modernité industrielle, conformiste, uniformatrice, morose, contre une autre modernité, romantique, subtile, passionnée, émancipée. La société américaine, dans son radicalisme utilitariste, essentialise les tares de l’industrialisme britannique par le biblisme (p. 100). » Stendhal paya chère cette altière attitude, lui qui juge qu’« être dissemblable, quitte à être dissonant, est un art, une culture, une ascèse, un abandon, un je-ne-sais-quoi. C’est être un homme (p. 85) », un homme appelé Stendhal ! Nul doute que le fin lettré que fut Maurice Bardèche aurait aimé ce livre.

 

Georges Feltin-Tracol

 


 

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Houellebecq, Islam, & the Jews: A Review of Michel Houellebecq’s Soumission

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Houellebecq, Islam, & the Jews:
A Review of Michel Houellebecq’s Soumission

By Guillaume Durocher 

Ex: http://www.counter-currents.com

Michel Houellebecq’s latest novel, Soumission [2], has attracted enormous attention. The book portrays the coming to power of an Islamist president in France in 2022 and has predictably been condemned as Islamophobic. The timing of the Charlie Hebdo massacres – a few disgruntled French-born Muslims murdering left-liberal cartoonists and Jews – could not have been better in terms of boosting sales. Indeed, Soumission is already that rarest of things: a succès européen (rather than our usual pan-European cultural fair of Hollywood blockbusters and degenerate Anglo pop music). Translated versions have already become instant best-sellers in Italy and Germany. Evidently, Houellebecq has struck a nerve going to the heart of contemporary European Man’s fears and aspirations.

Anglophones have however largely been left out of the fun, being stuck getting dribs and drabs of information from news and book reviews, as there is as yet no English translation. I hope this review proves useful in this respect.

One can fairly ask the question: Did we really need another existentially subjective French novel about an alienated, ineffectual, sexually accomplished bookish fellow? If Soumission is any indication, the answer is an unambiguous “yes.”

A first, not unimportant point: Soumission is an easy and highly enjoyable read. One can breeze through it in a weekend or so. You’ll chuckle away at a joke or wry observation, delivered with a certain deadpan objectivity, on almost every page. Many consider Houellebecq’s writing to be “dark,” including his trademark highly graphic sex scenes, but I tend to think it’s just matter-of-fact. It seems to me one can only be “shocked” if one is in denial about a few basic realities about oneself, but maybe I am asking too much of my fellow featherless bipeds. It is true that the points in Houellebecq’s dialectic – whether on the safety of Paris’ Chinatown in case of a race war, the emptiness of casual sex or the slow decay of the body – are made with a rare biting force.

Soumission is among other things a marketing coup. The title translates as “submission,” which of course is one of the translations of the Arabic Islām. The rise to power of the Muslim Brotherhood in France taps into deep fears in Western Europe regarding the steady growth of the Islamic population, which given enough time will eventually become majoritarian in many countries.

But the work is not an apology for Identitarianism, nor is it even Islamophobic. On the contrary, the author uses the fantasy of an Islamic regime in France as a critique of the West’s feminist, individualist, “social democratic,” liberal-egalitarian degeneracy, his usual target. One wonders if any of his readers will be disappointed by the bait-and-switch. Houellebecq is not defending the White Man, but attacking the Last Man, the effeminate, cowardly, isolated, depressed, and yet terribly comfortable consumer-slaves we have become.

Politics by no means overwhelms the novel but rather forms the background to the protagonist’s musings. But, from the little we are told, France’s joining the House of Islam proves highly salutary, and the administration of President Mohammed Ben Abbes is an enlightened one. Even if we cannot automatically assume that the protagonist’s statements necessarily reflect the author’s views or that the narrator is completely reliable, it seems fair to say that Soumission can be read as Houellebecq’s portrayal of a possible ideal polity. Which raises the question: What are the characteristics of this polity? What destiny for nationalists, Identitarians and Jews?

A Return to Tradition

The Muslim takeover, far from being a bloodthirsty or even really an authoritarian event, is achieved democratically. Ben Abbes and Front National (FN) leader Marine Le Pen make it to the second round of the presidential elections, prompting the mainstream parties to back the Muslim Brotherhood to prevent a nationalist victory. Islam achieves power through the sheer apathy of the postmodern, nihilist, and feckless Westerner.

The new regime slowly but steadily changes the society and its mores. Patriarchy is restored as women no longer teach, and girls begin spontaneously dressing modestly, curbing a male desire which had been constantly taunted by short skirts and our pornographic advertising and pop culture. Many public universities become Islamic and only allow Muslim teachers, although secular ones are allowed on the side. Non-Muslims do fine as dhimmitude, we are told, is “flexible” in its interpretation (p. 155).

Well-known French politicians and journalists are amusingly skewered. The media is inbred while the drastic budget cuts for public education (l’Éducation nationale) has highly positive effects. Evidently Houellebecq believes France’s current cultural-ideological superstructure is basically parasitic and destructive. Democracy is no more than the competition of two rival gangs and at best an impression.

Ben Abbes having gutted the education budget, schooling becomes mandatory only up to the age of 12, apprenticeships are promoted and higher education becomes an entirely private affair. State aid to giant corporates is abolished, welfare is reduced by 85%, taxes on craftsmen and small businessmen are sharply reduced, while family allowances are massively increased on the condition that the wife is not working. The result? A flowering optimism not seen since the Trentes glorieuses and a huge fall in unemployment as women drop out of the workforce. Crime nosedives as social conservatism reigns.

The family resumes its central role in the economy (family businesses) and society as the location of intergenerational transmission. G. K. Chesterton, Hillaire Belloc and their Distributist theories of an ownership society are explicitly mentioned as models. (Is Houellebecq aware of Belloc’s Judeo-criticism [3]?)

In short, Houellebecq’s Utopia is a traditional society of personal responsibility and organic hierarchy rather than a hopelessly over-bureaucratized society of hapless, coddled cogs over-determined by the double domination of mega-corporate oligopoly and an overbearing Nanny State.

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The Destiny of the Identitarian

Identitarians and nationalists have mixed portrayals. Marine Le Pen is a stately figure. Jean-Marie Le Pen is described by the protagonist as “an idiot, more or less completely uncultivated” (p. 103). It’s not clear whether this is Houellebecq’s view. In any case, Le Pen père took the characterization in stride, responding with reference to the writer’s wretched appearance: “Houellebecq writes that I am an idiot and uncultivated. One can get the wrong impression, I always thought he was a homeless drunk!”

The Identitarians are sometimes portrayed as a kind of mirror image of violent jihadis, the two sides being involved in occasional bloodshed and electoral shenanigans. Both the Front National and the Muslim Brotherhood take the more “responsible,” route of peaceful democratic politics. Ben Abbes scolds the impatient jihadis: Why use violence now? Simply wait, and the hollow Occident will naturally turn to Islam.

In the book, the destiny of both the militant Identitarian and the depoliticized liberal is to embrace Islam. After all, pleads one Identitarian-turned-Muslim, do they not agree on the scourges of atheism and feminism, and the need for patriarchy?

The portrayal of nationalists and Identitarians is ultimately not hostile, but has a certain understanding for those calling themselves “Indigenous Europeans.” The humble goy protagonist ruefully notes as his Jewish girlfriend leaves for Israel, fearing violence: “There is no Israel for me” (p. 112).

The Disappearance of the Jews

The Jews gradually disappear throughout the course of the book with the rise of Muslim power: first the student union in the university, then the kosher aisle in the supermarket, and so on. Houllebecq repeatedly has the 44-year-old protagonist sexually desecrating his pretty young Jewess, the main love interest. She and her parents leave for Israel with the rise of the Ben Abbes regime (though no persecutions are portrayed or really implied).

A third party describes the Muslim president’s attitude thus:

[H]e really believes that massive conversions are possible with the Christians – and nothing proves that this is impossible – he no doubt has very few illusions concerning the Jews. What he hopes deep down I believe is that they will decide themselves to leave France – to emigrate to Israel. (p. 157)

Apparently Ben Abbes does not believe Jews are compatible with his Utopia.

At the end of the novel the protagonist, happily reconciled to the new regime, worries about his former girlfriend’s future: “She would live her own life, I knew it, in much more difficult conditions than mine. I sincerely hoped her life would be happy – even though I did not believe it very much” (p. 299). Her challenges are not made explicit however.

The new regime’s foreign policy is touched upon. France creates a new “Roman Empire” by re-centering the European Union southwards, with Morocco and Turkey joining, and others still in the wings. France “retakes the ambition of De Gaulle, that of a great Arab policy,” no longer participating in the United States’ destruction of the Islamic World under Zionist influence. The Gulf petro-monarchies, having become too unpopular due to collaboration with Washington, “are starting to think that an ally like Europe, less organically linked to Israel, could be for them a much better choice . . .” (p. 158–59). Now why would one Houellebecq’s characters suggest that America is “organically linked to Israel”?

Insofar as Ben Abbes’ administration can be taken as a portrayal of Houellebecq’s ideal regime, the implications are indeed rather anti-Judaic: as the forces of disintegration at work in the West are overcome, the Jews (coincidentally or not) disappear. Is the author not implying that Jewish influence is not compatible with a regenerated, patriarchal, hierarchical France? What to make of the fact that France’s return to grandeur in the world  is achieved by leading a new foreign policy independent of Israelite influence? Nonetheless, Houellebecq leaves himself more than sufficient plausible deniability to avoid the charge of anti-Semitism.

Eugenic Themes

The novel makes several intriguing inegalitarian and eugenicist points. The protagonist explains early on:

A few private lessons I gave in the hope of increasing my standard of living had soon convinced me that the transmission of knowledge was most of the time impossible; the diversity of intelligences, extreme; and that nothing could eliminate or even attenuate this fundamental inequality. (p. 18)

Later on the alleged eugenic effect of polygamy is presented as the most prominent benefit of the practice, driving mankind’s self-realization:

In the case of mammals, given the gestation time of females, to be contrasted with the almost unlimited reproductive abilities of males, selective pressure exerts itself above all on males. Inequality between males – if some were granted the enjoyment of several females, others would necessarily be deprived of it – should not be considered as a perverse effect of polygamy, but indeed its actual goal. Thus the destiny of the species fulfilled itself. (p. 269)

Later still, this eugenic effect is described as concerning especially intelligence, which is where selective pressure among human males is most prominent (p. 292). Women, in choosing men, have this effect, while men only select for beauty in their choice of mate. Although he amusingly adds that culture plays a role: “One can even, to a certain extent, persuade them [women] of the high erotic value of university professors . . .” (p. 294).

The demographic obsession is present throughout the novel. The postmodern world is selecting for those predisposed to religion, as only they breed. The new regime assures its hegemony by focusing on education: “he who controls the children controls the future, end of story” (p. 82). Islam will conquer the world through the womb; even China and India will eventually fall, for they have “allowed themselves to be contaminated by Western values” of materialism and individualism (p. 271).

A Soralian Vision?

Now, one can be forgiven for thinking that Houellebecq is engaging in some “epic trolling” of any of his readers with nationalist or Identitarian leanings. Instead of the advertised attack on Islamic immigration, one in fact gets a critique of Western liberal degeneracy through the prism of a positive portrayal of Islam. The heights of chutzpah are reached when one character explains:

One had to admit the obvious: having reached such a repugnant degree of decomposition, Western Europe was no longer in any condition to save itself – no more than Ancient Rome had been in the fifth century of our era. The massive arrival of immigration populations imbued of a traditional culture still marked by natural hierarchies, the submission of women, and the respect due to elders constituted a historic opportunity for Europe’s moral and familial rearmament, opened the perspective of a new golden age for the old continent. (p. 276)

michel houellebecq,littérature,littérature française,lettres,lettres françaises,livreThis kind of argument, even if it is part of a dialectic, can only be very troubling for Identitarians, who incidentally are portrayed in the book as wanting “Race war now!” while we are still the overwhelming majority in mother Europa. This is not an irrational attitude if a war must occur: there is no question that we grow demographically weaker with every generation in the face of the fatal triad of sub-replacement fertility, displacement-level immigration, and miscegenation.

In any case, Houellebecq’s positively showing Islam as a force for Tradition in a book marketed to Identitarians reveals him to be a man of peace. The French nationalist and anti-Judaic activist Alain Soral warmly welcomed the book [4] and the author as “a great French writer and a guy possessed by the eternal French genius.” Soral goes so far as to argue that the narrative indicates Houellebecq has been reading from his Égalité et Réconciliation website and his Kontre Kulture bookstore. (Although Soral adds he does not want a Muslim president, but rather a Putin or a Chávez.)

Soral is against both immigration to Europe and forced remigration out. One can criticize this position, given the threat against us of irreversible genetic damage and ultimately extinction in Europe. But there is a legitimate sense in which we must be careful and not macho in fantasizing about civil war. We are much weaker today than we were in 1914 or 1933. There is clearly a tendency within Western oligarchies – among neoconservatives, Zionists, representatives of the Surveillance State and Military-Industrial Complex, etc – of actively promoting a clash of civilizations between the West and Islam in order to strengthen Liberal-Atlanticist power elites and destroy the enemies of Israel. Identitarians must not prove their useful idiots.

Houellebecq and the Right

Houellebecq is not a White Nationalist; he is a ruthless chronicler of European Man’s descent into degeneracy under Liberal hegemony. Soumission positively portrays and compellingly shows the case, on a personal, emotional and subjective level, for organic hierarchy, transcendental values and even eugenics. Clearly this is a work of the Right.

The book is completely unrealistic on numerous counts. There is no prospect of an Islamic takeover in 2022 or even decades after that, given the numbers still in our favor. Muslim political organization in France is nil, their ethnic lobbies being effectively emanations of the state and of (often Jewish-led) “antiracist” groups. This is an important point: Muslims, for the most part, do not have political agency (in contrast to Jews [5] and Liberals, who have it in spades). There is no evidence Islamic polygamy is eugenic, and a lot of evidence that their institutionalized cousin-impregnating is highly dysgenic and evidently the exogamous polygamy of Sub-Saharan Africa has not had positive results. (Although could polygamy, in the right conditions, be eugenic?) These are trivial observations however. The point of the novel is not realism but a fantasy allowing one to play with ideas and argue a morality.

More relevant would be to point out that Islam – though an amusing way of criticizing feminism and liberalism – is not our way. Nor should the Roman Empire be glorified as a model, given that it eventually ruined its Latin core through miscegenation and deracination. The case for close association with Morocco or Turkey is lost on me, given for example that the Islamic World’s scientific output since the end of its Golden Age is close to nil.

Having said all this, I would argue that Houellebecq’s novel is useful to nationalists and Identitarians. Islam, I am convinced, is not our primary enemy because Muslims for the most part have no political agency. The enemy would be those who opened the floodgates and continue to marginalize European nationalists: the Zionist and/or Liberal elites who are in varying proportions hegemonic across the West.

Recognizing this, Houellebecq’s work is an invitation to Identitarians to be creative and not misidentify their enemy, to not overlook possible alliances. We need to be forward-looking and creative in our approach, which does not mean selling out. Soumission’s protagonist is obsessed with the 19th-century French novelist Joris-Karl Huysmans, particularly of his use of rare or forgotten French words as neologisms. Perhaps this is trivial, but I was struck by the similarity between this usage and the wider notion of archeofuturism.

For having made the Right-wing diagnostic, having identified a past as less degenerate, how do we go from A to B? One cannot simply start up a time machine and undo the fall of medieval Christendom, the American Civil War, or the Great European Civil War of 1914–1945. One cannot, as some might want to, simply pick up where Jefferson or Hitler left off. We must come to terms with our defeats. If Identitarianism is purely backward-looking – wishing merely to preserve Europe like a kind of mummified museum – then it will fail. I believe Houellebecq is calling on us not to cling to the past or simply charge against the wave of destruction, but to ride it, to move forward to seize the contradictions that will in turn destroy it, so that in that mysterious dialectical process we overcome the current age and ensure our salvation.

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2015/02/michel-houellebecq-soumission/

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[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2015/02/Fu8QH0.jpg

[2] Soumission: http://www.amazon.com/gp/product/2081354802/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=2081354802&linkCode=as2&tag=countecurrenp-20&linkId=LLYJKOSV4DUNKEHP

[3] Belloc’s Judeo-criticism: http://www.theoccidentalobserver.net/2014/09/reflections-on-hilaire-bellocs-the-jews-1922-part-one-of-three/

[4] Alain Soral warmly welcomed the book: http://www.dailymotion.com/video/x2fu3qw

[5] Jews: http://www.theoccidentalobserver.net/2014/05/as-happy-as-god-in-france-the-state-of-french-jewish-elites-part-1/

mardi, 24 février 2015

Matières littéraires...

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Matières littéraires...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous une chronique de Richard Millet, cueillie sur son site personnel et consacrée à l'enseignement des matières littéraires au collège, aujourd'hui...

Matières littéraires

Une femme, que je ne compte pas au rang de mes amies – celles-ci  devenues rares, depuis septembre 2012, peut-être moins audacieuses que les hommes dont la réputation de lâcheté n’est pourtant pas à faire, selon les femmes, lesquelles sont autrement atteintes par la presse féminine et culturelle, et par ailleurs nombreuses à avoir signé la pétition me réputant infâme –, cette femme, donc, s’en remet à moi pour que je fasse savoir, avec d’autres mots que les siens, son désarroi devant ce qu’est devenu l’enseignement des matières dites littéraires, non pas dans un établissement situé dans une zone prétendue défavorisée, mais dans un paisible collège catholique sous contrat avec l’Etat, c’est-à-dire soumis à la propagande républicaine.

            Sa fille est en classe de troisième et elle a subi, en matière de lecture suivie, un roman de Philippe Claudel dont, me dit sa mère, exigeante lectrice, on n’imaginait pas que l’école pût rien proposer de tel à de jeunes esprits. « C’est de la littérature moyen de gamme, ou plus exactement, de la littérature pour lecteurs de Télérama, c’est-à-dire des gens qui s’imaginent savoir ce qu’est la littérature et qui se contentent d’un ersatz. » murmure-t-elle, en ajoutant qu’au 2ème trimestre, le livre à lire est Effroyables jardins, d’un certain Michel Quint, qui relève, lui, de la sous-littérature. Effroyable pour effroyable, la mère redoute, pour le 3ème trimestre, de voir entre les mains de sa fille, un roman d’Olivier Adam, de Tahar Ben Jelloun, ou d’Amélie Nothomb, soit, dit-elle, ce chiendent romanesque dont on prétend que, parce que de gauche, issu de la diversité ou écrit féminin, il témoigne de la « vitalité » de la littérature française, laquelle, chacun le sait intimement, est morte avec des romanciers de cet acabit. Sa fille avait déjà eu droit, l’an dernier, pour le centenaire-spectacle de la Grande Guerre,  à La Chambre des officiers, d’un nommé Dugain, me dit-elle encore, en précisant que ce livre-là n’est pas écrit. Je ne me prononce par sur cette littérature à l’usage des aveugles culturels et des ilotes post-chrétiens ; je me contente de déplorer qu’on ne fasse pas lire à ces collégiens des romans de Colette, de Camus, de Green, voire de Modiano, notamment Dora Bruder, sans doute son meilleur livre.

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            Il y a longtemps que les professeurs de français, devenus profs puis enseignants, non contents de savoir à peine la langue qu’ils enseignent, ignorent la littérature, en cela semblables à leurs élèves, les livres proposés cette année révélant le degré d’inculture où sont tombés les petits soldats de la propagande culturelle, tout comme leurs collègues d’histoire-géographie et d’anglais, lesquels conseillent à leurs élèves de s’abonner, par exemple, à un magazine des éditions Bayard : I love English, particulièrement obscène, comme tout ce qui provient de la secte des catholiques de gauche. J’y cherche en vain quelque chose qui relève de ce que l’on appelait naguère la culture : la littérature en est absente. En revanche, il est largement question de Disneyland, de l’ice cream, du Super Bowl, de l’effrayante Serena Williams, des smileys, des Oscars, d’acteurs, de chanteurs pop, de DJ, de films et de séries TV, tous insignifiants, la seule occurrence « culturelle »  étant un « dossier » consacré à Ellis Island et à l’immigration aux Etats-Unis, bref à la propagande immigrationniste, clé de voûte « éthique » de la pédagogie consumériste pratiquée par les éditions Bayard, comme par le reste de la presse culturelle.

            Cette pornographie consiste à ruiner, chez l’élève, non seulement toute possibilité de se cultiver (verbe à présent désuet) mais aussi l’idée de grandeur, d’élite, de hauteur, de rigueur, d’héritage, à commencer par celui, décidément haïssable, de Jérusalem, d’Athènes et de Rome. On peut même dire que, dans ces conditions, l’enseignement du français et de l’anglais (et l’on imagine ce que doivent être les cours d’histoire, soumis à la pornographie mondialiste de l’idéal bruxellois) est un crime contre l’esprit - je ne dirai pas contre l’humanité, pour ne pas parler la langue de bois onusienne, par ailleurs peu persuadé, moi, que l’humanité ne soit pas, en son essence, criminelle.

    Que faire, alors ? me demandait cette mère. Le Système est extraordinairement puissant, lui répondais-je, et la crise de l’enseignement devenue une manière de gouverner, avec ses appels réguliers, illusoires et mensongers, à la refondation de l’école, des apprentissages « fondamentaux », de l’« autorité », de la « morale civique »… On ne peut l’attaquer de front sans être récupéré. Refusons l’inversion des valeurs. Continuons d’œuvrer en silence, de déconstruire l’œuvre de 1789 et celle de Mai 68.  Rendons sans cesse sensible cette culture devenue parallèle mais qui est une des incarnations de la vérité.

Richard Millet (Site officiel de Richard Millet, 12 février 2015)

lundi, 23 février 2015

Yukio Mishima: nazionalista, genio e morte perfetta

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Yukio Mishima: nazionalista, genio e morte perfetta

di Lee Jay Walker

Ex: http://chronachelodigiane.net

Yukio Mishima afferma: “Se valutiamo così altamente la dignità della vita, come possiamo non valutare anche la dignità della morte? Nessuna morte può essere definita futile“. Questo osservazione è scioccante per molte persone che non hanno mai letto Mishima, o letto profondamente il suo lavoro. Poi la sua morte incombe sulla realtà o irrealtà, poiché in ultima analisi si liberò o si dedicò a una mera illusione?

In realtà, da dove iniziare quando si scrive su Mishima? Inoltre, un critico deve affermare che conosce l’argomento dal lavoro interiore dell’individuo di cui scrive? Oppure immagini e riflessioni avrebbero maggiore profondità, grazie alle immagini degli ultimi momenti di Mishima? Dopo tutto, milioni di buddisti e cristiani hanno letto i libri sacri, ma la storia ci dice che il Buddismo Zen ha sostenuto il nazionalismo fino in fondo in Giappone, negli anni 30 e 40. Pertanto, i templi buddisti di Kyoto nel secolo scorso salutarono il massacro di cinesi inermi. Allo stesso modo, gli aborigeni in Australia si chiedono dove siano l’amore e la pace cristiani? Adolf Hitler rispettava l’Islam in quanto Muhammad avviò la schiavizzazione dei non-musulmani nella jihad, imponendo il potere dalla legge islamica Sharia e della dhimmitudine. Secondo Hitler, il cristianesimo era debole, mentre l’Islam era forte perché questa fede giustificava le guerre sante con il Corano e gli Hadith, radicati nella realtà della guerra e della concentrazione del potere. Quindi, forse è meglio guardare le istantanee e poi formulare le idee; perché Mishima certamente fece così. Dopo tutto, il nazionalismo come tutte le ideologie e o modelli di pensiero si basa su miti, ma con elementi di verità. Se la verità esiste veramente. Detto ciò, la mia istantanea di Mishima è la sua morte, perché le istantanee della storia fluivano nel suo sangue, ma finendo con l’arrampicarsi sugli specchi. Dopo tutto, la morte di Mishima non ha mutato il Giappone o riportato il Paese all’età di Edo, quando il senso di un Giappone isolato non esisteva pienamente per via del complesso sistema daimyo. Sì, un Giappone isolato esisteva, in certa misura, ma era un mito perché il daimyo Shimazu commerciò ed invase Ryukyu (Okinawa). Allo stesso tempo, la completa nipponizzazione del nord era in corso e presto gli Ainu si dissolsero nella schiatta e nella realtà coloniale linguistica giapponese. Pertanto, i momenti finali di Mishima furono un dramma totale, perché le sue azioni furono inutili. Tuttavia, dicendo ciò, Mishima morì di morte desiderata, nonostante i momenti finali siano una realtà che non si può pienamente percepire. Presumo che per quei fugaci minuti e secondi prima del decesso autoindotto, mente e spirito di Mishima fossero in estasi perché parte della sua fantasia divenne la realtà desiderata. Ma ben presto un articolato nazionalista non sarebbe stato, al dunque, per nulla impressionato da Mishima. perché l’occidentalizzazione continua a venare la psiche giapponese.


Nella breve memoria di Mishima, “Sole e Acciaio”, è chiara la sua ossessione degli ultimi dieci anni per la scrittura e un culturismo estremo. Questo libro fu pubblicato nel 1968 e riflette la psiche di Mishima che fuse la penna con l’allenamento fisico e i concetti sul “nuovo Giappone” che tradiva il “vecchio e glorificato Giappone”. Sole e Acciaio parla di come Mishima si sbarazza del suo precedente romanzo “Confessioni di una maschera”, perché ora Mishima costruiva l’uomo forte. In altre parole, l'”Ubermensch” di Nietzsche nasceva nell’io e nello spirito di Mishima. Mishima ora puntava ad allontanarsi dal suo genio letterario e a sprofondare nel mondo del “corpo e dell’azione”. Tuttavia se, come sostenuto, desiderava liberarsi e abbandonare il “potere della parola”, formandosi da “guerriero” nella sua visione del mondo, allora non ci riuscì. Gli ultimi giorni struggenti della sua vita si basarono sul “potere delle parole” e delle “idee”, derivanti dalla passione interiore in cui confusione, nazionalismo, ricerca dell’attenzione e uomo d’acciaio si fusero nella morte che l’ha glorificato. Mishima evidenziò anche la dualità con cui costantemente lottò, quando afferma: “Molte persone esprimono incredulità che un simile processo possa già essere al lavoro fin dai primi anni di una persona. Ma, senza ombra di dubbio, è ciò che mi è successo, gettando così le basi di tendenze contraddittorie in me, nella determinazione ad andare avanti lealmente, nella funzione corrosiva delle parole, svolgendo il lavoro della mia vita. E il desiderio d’incontrare la realtà in qualche campo in cui le parole non giochino alcun ruolo”. E’ chiaro che la dualità di Mishima deve avergli causato enorme ansia, insieme allo sviluppo di un forte ego basato su potere e forza. Dopo tutto, se si guarda il filmato della sua “rivolta illusoria”, allora si può vedere una passione e uno spirito difficile da trovare nell’ego altrui. Forse Mishima semplicemente combatteva contro se stesso? O forse l’ego ha superato la realtà o forse “la droga della vita” si fuse nella “droga di una morte glorificata?” Qualunque cosa stesse realmente accadendo nella sua mente, certamente credeva in se stesso, perché la trama nazionalista desiderata veniva ignorata dalle masse. Mishima aveva una natura complessa, perché aveva poco tempo per i cosiddetti intellettuali, venerando gli uomini d’azione. Nella sua mente s’identificava con samurai famosi, forti capi militari e persone che si sacrificarono. Ciò trascinò la sua anima, perché vedeva l’abilità letteraria come debolezza, ma come poteva Mishima esprimersi ed ispirare gli altri senza le “parole della passione?” L’allenamento fisico ossessivo di Mishima indicava la creazione del sé guerriero, ma i guerrieri che si sacrificarono avevano qualcosa da sacrificare. Mishima non aveva nulla da sacrificare, perché le sue azioni non furono solo inutili, ma dovute al mondo illusorio che si era creato. La maggior parte delle cricca letteraria del Giappone, negli anni ’60, era di sinistra, e i suoi libri erano incentrati su modelli di pensiero militaristi e nazionalisti. Mishima quindi si fissò sul Bunburyodo e una morte che facesse appello al suo ego. “Il mare della fertilità”, scritto da Mishima in quel periodo era una raccolta di quattro libri molto intriganti. L’anno successivo iniziò l’addestramento in una base militare e formò il suo esercito privato. Mishima era ormai negli ultimi anni di vita ed era intento alla fine nobile desiderata. Mishima nel 1969 su Runaway Horses affermava: “In che situazione strana tende a ritrovarsi un uomo all’età di trentotto anni! La sua giovinezza appartiene al lontano passato. Tuttavia, il periodo della memoria inizia con la fine della giovinezza e ad oggi non ha una singola vivida impressione. Quindi persiste nel sentire che nulla più che una barriera fragile lo separa dalla giovinezza. Ascoltando sempre con la massima chiarezza i suoni di questo dominio vicino, ma senza poterne penetrare la barriera“.


sun_and_steel.jpegMishima, nato nel 1925, era molto giovane durante la Seconda Guerra Mondiale ma poté partecipare all’ultimo anno di guerra; era scusato. All’epoca deve esser stato ossessionato dall'”uomo d’acciaio”, perché il suo amico Hasuda, collega scrittore, afferma: “Credo che si debba morire giovani, alla sua età”. Hasuda fu fedele alla parola, perché si suicidò. Sembra che l’omosessualità possa anche aver tormentato Mishima, poiché in Confessioni di una maschera (1949) si occupa di emozioni interiori e passioni. Tuttavia, se Mishima conosceva bene la storia di molti samurai, allora avrebbe creduto che l’omosessualità fosse la forma più pura di sesso. Inoltre, molti leader del Giappone nel periodo pre-Edo ed Edo ebbero concubini maschi. Pertanto, Mishima si vergognò dell’etica cristiana arrivata in Giappone con la Restaurazione Meiji (1868)? Se no, allora molti “uomini d’acciaio” del vecchio Giappone ebbero relazioni omosessuali e questo andava inteso alla luce della realtà. Dopo tutto, la lealtà nel vecchio Giappone era per il sovrano daimyo e i compagni samurai. Pertanto, la compassione era ritenuta cosa per deboli, a causa della natura della vita. Non sorprende che forti legami maschili prendessero piede nella psiche dei samurai e tale realtà culturale sia all’opposto dell’immagine dell’omosessualità nel Giappone moderno, percepita per deboli. Il Wakashudo aveva diversi modi di avviare i ragazzi nel “vecchio Giappone” e nella mentalità dei samurai, le donne venivano viste femminilizzare gli uomini indebolendone lo spirito. Il sistema Wakashudo fu spesso abusato dal clero buddista per proprie gratificazioni sessuali, in passato. Tuttavia, il sistema dei samurai si basava sulla creazione di “un processo di apprendimento secondo un codice etico” impiantando lealtà e forti legami per cui, in tempi di difficoltà, i samurai rimasero attaccati all’istruzione ricevuta. Mishima, gonfiando i muscoli e dalle competenze marziali ben levigate, divenne l'”uomo d’acciaio”. Tuttavia, fu contaminato dalle pose femminili fusesi nel suo martirio. Posò volentieri di fronte alle telecamere e le immagini di San Sebastiano ucciso da molte frecce o del samurai che invoca il suicidio rituale, giocarono la sua psiche e il suo essere. Il mondo di Mishima era reale e surreale, perché potere e forza si fusero, ma avendo una natura femminile seppellita nell’anima. Mishima dichiarò: “Il tipo più appropriato di vita quotidiana, per me, fu la quotidiana distruzione mondiale; la pace è il più duro e anormale modo di vivere”. Pertanto, il 25 novembre 1970, si avverò ciò che Mishima era divenuto. Tale realtà si basava su visioni suicide, quindi il suo mondo illusorio sfociò in un fine violenta. Tuttavia, la verità di Mishima fu la fine violenta e caotica entro una realtà struttura. Dopo tutto, Mishima stilò dei piani successivi alla morte. Inoltre, Mishima si dedicò per tale giorno da anni, ma ora il tempo della recitazione era finito, in parte, perché ancora si agitava nel mondo dell'”ego”. Nel suo mondo illusorio il “sé” avrebbe agito collettivamente con forza, a sua volta generando “uno spirito” tratto dal sogno di Mishima di morte glorificata. Eppure, non era un soldato, dopo tutto aveva mentito, non avendo combattuto per il Giappone; quindi, la retorica nazionalista fu proprio tale e il 25 novembre fu più una”redenzione personale” che pose fine alla “dualità della sua anima”. L’uomo delle parole sarebbe morto nel “paradiso dell’estremo dolore”, perché l’ultima sciabolata che lo decapitò non fu netta, furono necessari diversi tentativi. Dopo tutto, non era un soldato, non era un samurai e lo non erano neanche i suoi fedeli seguaci. L’atto finale è la prova che i “sognatori” sono proprio ciò; quindi, il finale non fu una bella immagine di serenità, ma una scena “infernale stupida e di follia autoindotta”. Il mondo illusorio di Mishima non poteva cambiare nulla, perché non riusciva a riscrivere la storia. Sì, dopo di lui si poté riscrivere la storia e forse questa era cui Mishima anelava?


Nonostante ciò, Mishima è un genio letterario e aveva più spirito ed ego della maggior parte delle persone. Il suo potere poggiava sui “demoni interni con cui lottava” e su una cultura che glorificava il sacrificio di sé. Tuttavia, Mishima non aveva nulla da sacrificare, perché l’ultimo evento della sua vita non scosse il Giappone, essendo più che altro “egoismo” nato dall'”irrealtà”. Eppure, l’opera di Mishima è molto particolare e nel XX secolo affianca i più grandi scrittori internazionali. Pertanto, il ragazzo di Tokyo fu enigmatico e dalla cruda passione. Purtroppo la passione di Mishima manca oggi e forse è qui che il suo “genio risiede”. In Mishima si può immaginare l’energia del passato e il visionario. Pertanto, le mancanze nella sua vita furono le mancanze di tutti; ma ciò va trascurato, perché ignorare gli scritti di Mishima significa ignorare una forza potente nell’energia letteraria del Giappone. Mishima, a differenza della maggior parte degli scrittori, trascese la nazione a cui apparteneva, perché la sua scrittura colpisce un nervo scoperto nell'”animo interiore”.

Fonte: aurorasito

jeudi, 19 février 2015

Brummell, Barbey, Baudelaire : dandysme et magnificence tragique

Brummell, Barbey, Baudelaire : dandysme et magnificence tragique

brurecline.jpgIl serait parfaitement inconséquent de restreindre le dandysme – né en Angleterre au XVIIe siècle et dont l’âge d’or pourrait se situer entre les XVIIIe et XIXe siècles – à une simple mode vestimentaire maniériste reconnue pour sa préciosité. Bien plus, il faut y voir l’expression d’une identité paradoxale, d’un attribut psychologique. Entre vice et vertu, grandeur aristocratique et décrépitude, la singulière ambivalence du dandy promet un portrait riche en enseignements.

Le dandysme ramasse, selon le mot d’Oscar Wilde, « toute la passion romantique et toute la perfection de l’esprit grec » au service d’une « grandeur sans convictions » pour reprendre le très élégant titre d’un Essai sur le dandysme écrit par Marie-Christine Natta. Il y a, en effet, de la grandeur chez le dandy, de la noblesse d’âme, le sens de la distinction et la culture de l’excellence : une sonorité aristocratique vibrante. Si le dandysme a effectivement vu le jour sous la restauration de la monarchie anglaise, sa matrice procède d’une dilection plus ou moins palpable, à cette époque, pour les mœurs française (en rupture avec le puritanisme), et particulièrement pour l’aspect frivole d’une noblesse de cour délaissant la dévotion, autrement plus grave, d’une certaine noblesse de robe. Pourtant, le dandy est grave également, d’une gravité presque cénobitique aux relents tragiques.

Chez George Brummell – père des dandys – la coquetterie s’impose sans rémission mais, aussi et surtout, sans se fourvoyer dans l’excentricité. L’excentrique est bien trop outré pour satisfaire cette légèreté mêlée d’aplomb propre au dandy anglais. « pour être bien mis, il ne faut pas être remarqué », voici en quelques mots « l’axiome de toilette » brummellien. L’élégance n’est pas autre chose que l’art de la discrétion. Il faut se faire remarquer, se distinguer par son originalité vestimentaire et verbale, sans trop bousculer l’ordre établi. En effet le dandy, à l’inverse de l’excentrique, défie la règle (le communément admis) sans jamais l’outrepasser ; son oisiveté n’a pas d’autre fond qu’une promotion de l’indépendance : « absorbé par le culte de lui-même, il n’a rien à donner et rien à recevoir » (Marie-Christine Natta). S’il a besoin des autres par vanité, il ne peut réellement les aimer par crainte d’une dépendance affective, et le travail bourgeois l’obligerait à courber l’échine devant la crasse utilitaire – chose douloureuse pour qui a fait de sa vie une œuvre d’art, autrement dit l’éloge de l’inutile.

Barbey d’Aurevilly insiste lui aussi sur ce culte de l’indépendance qu’il relève chez le beau Brummell : « son indolence ne lui permettait pas d’avoir de la verve, parce qu’avoir de la verve, c’est se passionner ; se passionner, c’est tenir à quelque chose, et tenir à quelque chose, c’est se montrer inférieur » (en effet, Brummell préférait conserver la distance par le mordant du « trait d’esprit »). Il s’ensuit assez logiquement un mépris de l’argent dans sa conception bourgeoise, à savoir celle d’une vie assise sur le confort matériel et moral. Tout au contraire, si le dandy convoite un tel bien c’est uniquement « parce que l’argent est indispensable aux gens qui se font un culte de leurs passions » sans jamais aspirer « à l’argent comme à une chose essentielle ; un crédit indéfini pourrait lui suffire ; il abandonne cette grossière passion aux mortels vulgaires » (Baudelaire, Le peintre et la vie moderne). Il n’est ni un homme d’action, ni un homme de pouvoir ; si il agit « il choisira de préférence les causes perdues » (On pense à Lord Byron dans sa lutte mortelle au côté des insurgés grecs) : « elles ont l’avantage de ne pas rallier les foules » (Marie-Christine Natta). Le dandy aime déplaire, s’évertue à s’éloigner du commun ; non par devoir mais pour plaire davantage en suscitant l’incompréhension.

Au fond, le dandysme nous apparaît comme un « résidu » aristocratique, non seulement en décalage avec l’époque et ses valeurs bourgeoises, mais également déchiré entre la volatilité de ses mœurs et la noblesse de sa prestance. Il se pose, en réalité, comme une réaction déviante de type aristocratique. Réaction déviante en un point fondamental : le remplacement du Bien par le Beau ou le passage d’une distinction assise sur l’excellence éthique à une distinction fondée sur une singularité d’ordre esthétique ; mais réaction également conforme à son origine noble par le rejet massif de la laideur utilitaire et de l’« hédonisme vulgaire », c’est-à-dire un hédonisme qui ne serait pas corrigé par un versant ascétique et impérieux. Illustration d’une grandeur sans conviction, autrement dit d’un esprit aristocratique n’ayant plus que son ego comme objet – réclusion dans la présence intemporelle à soi comme œuvre d’art (en faisant de l’art un moyen d’expression ou d’invention). Toute la particularité du dandy réside dans la grandeur d’une âme en quête de perfectionnement et de rigueur (rigueur sportive pour les dandy anglais comme Lord Seymour ou Byron ; discipline dans l’art de la toilette, dans la perfection plastique poussée à un rare degré d’exigence et dans la création artistique ou littéraire – une esthétique de l’esprit) dissipée par des mœurs déviantes, soit par excès d’austérité, soit par une trop grande légèreté (le libertinage de Byron ou de Wilde par exemple, la chasteté de Baudelaire, les dettes de jeu et les excès de boissons alcoolisées chez Brummell, etc). En somme, il s’agit d’une « forme dégradée de l’ascèse ». Le dandy recrée la soumission à partir de lui-même sous les traits incertains d’une transcendance déchue au service de l’artifice. Une grandeur sans conviction : une hauteur sans Dieu ou la hauteur toute relative de l’homme-Dieu. Le but du dandy, nous dit Camus, « n’était alors que d’égaler Dieu, et de se maintenir à son niveau » ; « l’art est sa morale ».

Aussi est-il souvent perméable à la contagion vertigineuse des sentiments – esquisse du caractère douloureusement vulnérable de l’homme reclus. Stoïque, il ne connaît pas la reddition d’un moi presque déifié ; il est beau d’une beauté crépusculaire, celle de l’astre déclinant, « superbe, sans chaleur et plein de mélancolie » selon l’émouvante expression de Baudelaire (Le peintre de la vie moderne). La beauté d’une aristocratie tombante ; non pas le déchirement d’un drame mais la grandeur altière d’une certaine forme de résignation tragique : « un dandy peut-être un homme blasé, peut-être un homme souffrant ; mais, dans ce dernier cas, il sourira comme le Lacédémonien sous la morsure du renard ». Un cœur tragique comme celui de la jeune Germaine décrit par Georges Bernanos (Sous le soleil de Satan) : « Tel semblait né pour une vie paisible, qu’un destin tragique attend. Fait surprenant, dit-on, imprévisible… Mais les faits ne sont rien : le tragique était dans son cœur ». Si le dandy est beau c’est parce qu’il est tragique (ou l’inverse) ; aussi, il est seul, mais seul comme personne : il est l’unique à son degré de conscience le plus élevé (et il a pourtant encore besoin des autres pour être admiré – comme on admire une belle sculpture – et satisfaire sa vanité qui toujours suppose une certaine dose d’humilité).

Résignation au culte de soi jusqu’à la mort de soi, jusqu’au mourir blanchotien (aussi paradoxale que cela puisse paraître, une érection de l’ego persiste dans la dépossession de l’absence à soi, dans l’impersonnel ou le neutre de l’ œuvre d’art – comme chez Blanchot, pour qui l’art de l’écriture marque l’instant de sa mort, le dandy, sculpteur d’individualité, s’épuise dans son œuvre : ne participe-t-il pas, pour Sartre, à un « club de suicidés » ?). Le dandysme se définit finalement par cette espèce « de culte de soi-même, qui peut survivre à la recherche du bonheur à trouver dans autrui » ou, pour Daniel Salvatore Schiffer, à travers une « esthétique de la disparition » déclinée sous la plume d’André Glucksmann qui, dans Une rage d’enfant, fait du dandysme «l’assomption narcissique » d’une autodestruction entendue « comme la forme éminente de la coïncidence avec soi : dans un seul et même élan je me fais et je me défais ». L’hypertrophie et la disparition du moi – deux faces oxymoriques d’une même médaille – soulignent une forme de mystique dévoyée et doloriste très éloignée de l’absolu plotinien. « le Bien, nous dit Plotin, est plein de douceur, de bienveillance et de délicatesse. Il est toujours à la disposition de qui le désire. Mais le beau provoque terreur, également, et plaisir mêlé de douleur. Il entraîne loin du Bien ceux qui ne savent pas ce qu’est le Bien, comme l’objet aimé peut entraîner loin du Père ». L’élan passablement mystique du dandy ne délivre pas. Le Beau seul n’est que création (chez le dandy il s’agit d’une ultime création : une création de soi) et donc – malgré les efforts pour s’oublier dans cette création – déréliction. Seul le Bien permet l’abandon ; seul le Bien conduit au renouement originel.

beau-brummell-m.jpgDe ce qui précède, nous ne pouvons ignorer la place de choix qu’occupe, au sein du dandysme, la sensibilité romantique – Albert Camus ne s’y est pas trompé lorsqu’il fait du dandy un « héros romantique ». Dandysme et beylisme s’accorde majestueusement. D’après Léon Blum « nous trouvons (…) au fond du beylisme ce qui peut-être l’essence de la sensibilité romantique : la persistance vers un but qui, d’avance, est connu comme intangible, l’acharnement vers un idéal, c’est-à-dire vers l’impossible, la dépense consciente de soi-même en pure perte, sans espoir quelconque de récompense ou de retour. Car les âmes assez exigeantes pour aspirer à ce bonheur parfait, ou même surhumain, le sont trop pour accepter en échange les compensations atténuées qui font le lot commun des hommes. La mélancolie romantique est issue de ces thèmes élémentaires : les seuls bonheurs accessibles à l’homme font sa bassesse ; sa noblesse fait sa souffrance ; une fatalité maligne a posé devant lui ce dilemme : la vulgarité innocente qui le ravale à la brute, l’aspiration anxieuse et condamnée qui le hausse vers un ciel inaccessible… ». Cette jolie citation nous rappelle que l’esthétique de soi dévoile un thème propre à la fois au dandysme et au romantisme (Stendhal, Byron et surtout Baudelaire symbolisent la fusion parfaite de ces deux aspects). Qui a mieux exalté que Baudelaire la friction permanente entre le don de soi dans l’art poétique et la transpiration mélancolique ? L’auteur des Fleurs du mal pour qui « le malheur est à la fois une noble distinction et un critère esthétique » (Marie-Christine Natta) a écrit ces mots extraordinaires dans sa lettre à jules Janin : « Vous êtes un homme heureux. Je vous plains, monsieur, d’être si facilement heureux. Faut-il croire qu’un homme soit tombé bas pour se croire heureux ! (…) Je vous plains, et j’estime ma mauvaise humeur plus distinguée que votre béatitude » ; ou encore dans Fusée : « je ne prétends pas que la Joie ne puisse pas s’associer à la Beauté, mais je dis que la Joie (en) est un des ornements les plus vulgaires ; – tandis que la Mélancolie en est pour ainsi dire l’illustre compagne, à ce point que je ne conçois guère (mon cerveau serait-il un miroir ensorcelé ?) un type de Beauté où il n’y ait du Malheur ».

Il faut ici souligner à quel point la rhétorique baudelairienne du clair-obscur explore admirablement ce mélange inextricable de bien et de mal chez le dandy – signe irrévocable d’une primauté, déjà soulignée, du Beau sur le Bien – et saisit avec justesse son élan décadent. « Le dandysme apparaît surtout aux époques transitoires où la démocratie n’est que partiellement chancelante et avilie ». Baudelaire ajoute ensuite : « dans le trouble de ces époques quelques hommes déclassés, dégoûtés, désœuvrés, mais tous riches de force native, peuvent concevoir le projet de fonder une espèce nouvelle d’aristocratie (…) le dandysme est le dernier éclat d’héroïsme dans les décadences ». Nous voyons ici que la décadence, contrairement à une certaine idée de la médiocrité, suppose un dernier éclat ou les vestiges d’une grandeur irréconciliable – du moins dans ses anciennes formes – avec les changements d’un nouveau monde en construction. Les époques de transition (et le XIXe siècle en est une) offrent une sensibilité remarquable à l’idée de décadence. Aussi, à cette période transitoire de notre histoire (XIXe siècle), la fièvre émancipatrice n’a pas encore transformée la tolérance en demande de reconnaissance dont le moteur est évidemment ce désir exécrable d’indistinction porté par les passions relativistes (relativisme qui, par ailleurs, ne s’étend plus aux ennemis du relativisme quant à eux sévèrement jugés). Cette tolérance mal comprise, ou consciencieusement niée au profit de la reconnaissance, se déroule ainsi : je ne souhaite plus seulement que ma différence soit tolérée mais reconnue, c’est-à-dire, précisément, niée en tant que différence, mise à égalité, noyée dans l’indistinction.

bru_CIN91254_038.jpgCe court détour pour rappeler que le dandysme, comme l’a aussi montré Camus, évolue sur le mode de la révolte et non de la révolution. Sartre, dans son Baudelaire, expose le sens de cette nuance : « le révolutionnaire veut changer le monde, il le dépasse vers l’avenir, vers un ordre de valeur qu’il invente ; le révolté à soin de maintenir intacts les abus dont il souffre pour pouvoir se révolter contre eux (…) Il ne veut ni détruire ni dépasser, mais seulement se dresser contre l’ordre. Plus il l’attaque, plus il le respecte obscurément ». Si le dandy a pu pénétrer les milieux aristocratiques les mieux conservés de son temps sans éveiller le moindre rejet (Brummell, par exemple, était membre du cercle du prince George), c’est parce qu’il a su, à la fois, embellir ses déviances et, surtout, ne jamais les revendiquer comme un modèle à suivre : il n’a jamais agité son droit à la reconnaissance et s’est toujours contenté d’une franche indépendance (liberté de de rien vouloir et, par conséquent, de ne rien demander). Le dandy possède cette faculté de transformer un « crime » en vice, une déviance difficilement tolérable (à tort ou à raison) en une fantaisie séduisante ; sa force fut, à la fois, de greffer son cortège de vices sur une nature exceptionnellement distinguée (par son degré d’exigence plastique, intellectuelle et artistique) mais aussi de se maintenir à distance du pouvoir et des revendications politiques, loin, très loin, des lumières criardes de l’ostension révolutionnaire. Peut-être faudrait-il veiller à ne pas oublier cette citation de Benjamin Disraeli : « ce qui est un crime pour le grand nombre n’est qu’un vice pour quelques-uns ». Compte tenu de la nature pécheresse de l’homme, l’harmonie sociale est à ce prix.

mercredi, 18 février 2015

Yeats’ Pagan Second Coming

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Yeats’ Pagan Second Coming

By Greg Johnson 

Spanish translation here [2]

William Butler Yeats penned his most famous poem, “The Second Coming,” in 1919, in the days of the Great War and the Bolshevik Revolution, when things truly were “falling apart,” European civilization chief among them. The title refers, of course, to the Second Coming of Christ. But as I read it, the poem rejects the idea that the literal Second Coming of Christ is at hand. Instead, it affirms two non-Christian senses of Second Coming. First, there is the metaphorical sense of the end of the present world and the revelation of something radically new. Second, there is the sense of the Second Coming not of Christ, but of the paganism displaced by Christianity. Yeats heralds a pagan Second Coming.

The poem reads:

Turning and turning in the widening gyre,
The falcon cannot hear the falconer;
Things fall apart; the center cannot hold;
Mere anarchy is loosed upon the world,
The blood-dimmed tide is loosed, and everywhere
The ceremony of innocence is drowned;
The best lack all conviction, while the worst
are full of passionate intensity.

Surely some revelation is at hand;
Surely the Second Coming is at hand.
The Second Coming! Hardly are those words out
When a vast image out of Spiritus Mundi
Troubles my sight: somewhere in the sands of the desert
A shape with lion body and the head of a man,
A gaze blank and pitiless as the sun,
Is moving its slow thighs, while all about it
Reel shadows of the indignant desert birds.
A darkness drops again; but now I know
That twenty centuries of stony sleep
Were vexed to nightmare by a rocking cradle
And what rough beast, its hour come round at last,
Slouches towards Bethlehem to be born?

If one reads this poem as an allegory of modern nihilism, quite a lot falls into place. “Turning and turning in the widening gyre.” Picture here a falcon, perhaps with a long tether attached to one of its legs, flying in an ever-widening spiral trajectory as more and more of the tether is played out. At the center of the gyre, holding the tether, is the falconer, the falcon’s master. As the tether plays out and the gyre widens, there comes a point at which “the falcon cannot hear the falconer.”

Presumably, what the falcon cannot hear is the falconer calling the bird back to his arm. No longer able to hear the falconer’s voice, the falcon continues to push outwards. At some point, though, his tether will run out, at which point his flight will either end with a violent jerk, and he will plummet earthward–or the falconer will release the tether and the falcon will continue his flight outward.

But without the tether to the center — a literal tether, or just his master’s voice — the falcon’s flight path will lose its spiral structure, which is constituted by the tether between the falcon and the falconer, and the falcon will have to determine his flight path on his own, a path that will no doubt zig and zag with the currents of the air and the falcon’s passing desires, but will not display any intelligible structure–except, maybe, some decayed echoes of its original spiral.

william-butler-yeats-by-reemerv[162091].jpgThe falcon is modern man. The motive force of the falcon’s flight is human desire, pride, spiritedness, and Faustian striving. The spiral structure of the flight is the intelligible measure–the moderation and moralization of human desire and action–imposed by the moral center of our civilization, represented by the falconer, the falcon’s master, our master, which I interpret in Nietzschean terms as the highest values of our culture. The tether that holds us to the center and allows it to impose measure on our flight is the “voice of God,” i.e., the claim of the values of our civilization upon us; the ability of our civilization’s values to move us.

We, the falcon, have, however, spiraled out too far to hear our master’s voice calling us back to the center, so we spiral onward, our motion growing progressively more eccentric (un-centered), our desires and actions progressively less measured . . .

Thus, “Things fall apart. The center cannot hold.” When the moral center of civilization no longer has a hold, things fall apart. This falling apart has at least two senses. It refers to disintegration but also to things falling away from one another because they are also falling away from their common center. It refers to the breakdown of community and civilization, the breakdown of the government of human desire by morality and law, hence . . .

“Mere anarchy is loosed upon the world.” Anarchy, meaning the lack of arche: the Greek for origin, principle, and cause; metaphorically, the lack of center. But what is “mere” about anarchy? Anarchy is not “mere” because it is innocuous and unthreatening. In this context, “mere anarchy” means anarchy in an unqualified sense, anarchy plain and simple. Thus:

The blood-dimmed tide is loosed, and everywhere
The ceremony of innocence is drowned;
The best lack all conviction, while the worst
Are full of passionate intensity.

Why would nihilism make the best lack all conviction and fill the worst with passionate intensity? I think that here Yeats is offering us his version of Nietzsche’s distinction between active and passive nihilism. The passive nihilist–because he identifies on some level with the core values of his culture–experiences the devaluation of these values as an enervating loss of meaning, as the defeat of life, as the loss of all convictions. By contrast, the active nihilist–because he experiences the core values of his culture as constraints and impediments to the free play of his imagination and desires–experiences the devaluation of these values as liberating, as the freedom to posit values of his own, thus nihilism fills him with a passionate creative–or destructive–intensity.

This characterization of active and passive nihilism captures the struggle between conservatives and the Left. Conservatives are the “best” who lack all conviction. They are the best, because they are attached to the core values of the West. They lack all conviction, because they no longer believe in them. Thus they lose every time when faced by the passionate intensity of the Left, who experience nihilism as invigorating.

The second stanza of Yeats’s poem indicates precisely which core values have been devalued. The apocalyptic anxiety of the first stanza leads one to think that perhaps the Apocalypse, the Second Coming, is at hand:

Surely some revelation is at hand;
Surely the Second Coming is at hand.

But this is followed by the exclamation, “The Second Coming!” which I interpret as equivalent to “The Second Coming? Ha! Quite the opposite.” And the opposite is then revealed, not by the Christian God, but by the pagan Spiritus Mundi (world spirit):

Hardly are those words out
When a vast image out of Spiritus Mundi
Troubles my sight: somewhere in the sands of the desert
A shape with lion body and the head of a man,
A gaze blank and pitiless as the sun,
Is moving its slow thighs, while all about it
Reel shadows of the indignant desert birds.
A darkness drops again; but now I know
That twenty centuries of stony sleep
Were vexed to nightmare by a rocking cradle
And what rough beast, it hour come round at last,
Slouches towards Bethlehem to be born?

Two images are conjoined here. First, the shape with the body of a lion, the head of a man, and a blank, pitiless stare is an Egyptian sphinx–perhaps the Great Sphinx at Giza, perhaps one of the many small sphinxes scattered over Egypt. Second, there is the nativity, the birth of Christ in Bethlehem. The connection between Bethlehem and Egypt is the so-called “flight into Egypt [3].” After the birth of Jesus, the holy family fled to Egypt to escape King Herod’s massacre of newborn boys.

Yeats is not the first artist to conjoin the images of the sphinx and the nativity. For instance, there is a painting by a 19th-century French artist, Luc Olivier Merson, entitled “Rest on the Flight into Eqypt,” which portrays a night “twenty centuries” ago in which Mary and the infant Jesus are asleep, cradled between the paws of a small sphinx.

This painting was so popular in its time that the artist made three versions of it, and one of them, in the Boston Museum of Fine Arts, is so popular that reproductions of it as framed prints, jigsaw puzzles, and Christmas cards can be purchased today.

I do not know if Yeats was thinking about this specific painting. But he was thinking about the flight into Egypt. And the poem seems to indicate a reversal of that flight, and a reversal of the birth of Christ. Could Mary, resting on the flight into Egypt, rocking Jesus cradled between the paws of a sphinx, have vexed the stony beast to nightmare? Could it have finally stirred from its troubled sleep, its womb heavy with the prophet of a new age, and begun the search for an appropriate place to give birth? “And what rough beast, its hour come round at last, slouches towards Bethlehem to be born?” And what better place than Bethlehem, not to repeat but to reverse the birth of Christ and inaugurate a post-Christian age.

One can ask, however, if the poem ends on a note of horror or of hope. As I read it, there are three distinct stages to Yeats’ narrative. The first is the age when Christian values were the unchallenged core of Western civilization. This was a vital, flourishing civilization, but now it is over. The second stage is nihilism, both active and passive, occasioned by the loss of these core values. This is the present-day for Yeats and ourselves.

The third stage, which is yet to come, will follow the birth of the “rough beast.” Just as the birth of Jesus inaugurated Christian civilization, the rough beast will inaugurate a new pagan civilization. Its core values will be different than Christian values, which, of course, horrifies Christians, who hope to revive their religion. But the new pagan values, unlike Christian ones, will actually be believed, bringing the reign of nihilism to its end and creating a new, vital civilization. For pagans, this is a message of hope.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[3] flight into Egypt: http://en.wikipedia.org/wiki/Flight_into_Egypt

mardi, 17 février 2015

Soumission de Michel Houellebecq: l’illusion d’un renouveau spirituel

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Soumission de Michel Houellebecq: l’illusion d’un renouveau spirituel

Dans Soumission, Michel Houellebecq imagine la victoire d’un parti musulman face au Front national au second tour de la présidentielle française. Perçu par beaucoup comme islamophobe, raciste et comme s’inscrivant dans le sillage des idées d’Éric Zemmour, le roman de Houellebecq n’est pourtant pas réductible à ces caricatures : tout en critiquant la médiocrité du monde moderne, individualiste et démocratique, il annonce l’impasse dans laquelle s’engouffrent les mouvements identitaires et  islamiques qui entendent œuvrer à un prétendu renouveau spirituel.

Michel Houellebecq est un romancier important bien qu’inégal. Depuis son premier roman paru il y a vingt ans, le remarquable Extension du domaine de la lutte, Houellebecq s’est contenté de coucher ses états d’âme libidineux sur le papier, en les agrémentant de diverses divagations philosophiques plus ou moins intéressantes sur son époque. Soumission n’échappe pas à la règle. De plus, Houellebecq ne se démarque pas de ce style « moyen », caractéristique de la littérature contemporaine : les phrases sont plates et simples et évoquent la prose chargée de métaphores stéréotypées que l’on rencontre dans les magazines.

Pourtant, le personnage principal, que Houellebecq fait évoluer dans le milieu universitaire parisien, apparaît lui-même comme le défenseur d’une certaine idée de la littérature. Passionné par l’œuvre de Huysmans, hostile à Bloy, « prototype du catholique mauvais, dont la foi et l’enthousiasme ne s’exaltent vraiment que lorsqu’il peut considérer ses interlocuteurs comme damnés », son intérêt pour la fin du XIXe siècle met en évidence la parenté de l’époque décadentiste et de la nôtre. Ainsi, ce n’est pas sans ironie qu’il évoque ces « différents cercles catho-royalistes de gauche, qui divinis[ent] Bloy et Bernanos », croyant retrouver chez ces auteurs la source d’inspiration nécessaire au renouveau spirituel en ce début de XIXe siècle. À travers ses portraits d’enseignants enthousiastes et ses considérations – discutables mais renseignées – sur les auteurs chrétiens, Houellebecq démontre qu’il se tient parfaitement au fait des modes philosophiques les plus récentes, tout comme il maîtrise les références aux marques de plats surgelés, à Rutube et à Youporn, et à tout cet arrière-plan culturel de notre époque. Là où nombre d’écrivains prétendûment modernes s’émerveillent encore en 2015 de l’essor des télécommunications.

Houellebecq ne traite absolument pas de politique

Le véritable mérite de Houellebecq réside donc dans cette faculté à saisir son époque. Très rapidement, la lecture de Soumission devient jubilatoire pour peu que l’on accepte de laisser de côté toute exigence stylistique. Encore faut-il, contrairement à ce que s’acharnent à faire les critiques épouvantés par un racisme pourtant radicalement absent du livre, laisser également de côté toute prétention politique. La mise en scène de personnalités, comme François Bayrou, David Pujadas ou Marine Le Pen, constitue une formalité purement narrative, parfois amusante, mais dénuée de signification. Soumission ne traite pas de politique, mais des grandes forces idéologiques qui parcourent notre époque – et, une fois de plus, Houellebecq fait preuve d’un esprit d’analyse extrêmement lucide.

L’un des personnages déclare ainsi, sur un ton spontané et naturel : « Le véritable agenda de l’UMP, comme celui du PS, c’est la disparition de la France, son intégration dans un ensemble fédéral européen. Ses électeurs, évidemment, n’approuvent pas cet objectif ; mais les dirigeants parviennent, depuis des années, à passer le sujet sous silence. » Plus loin, on fait allusion à ces « ultimes soixantehuitards, momies progressistes mourantes, sociologiquement exsangues mais réfugiés dans des citadelles médiatiques d’où ils demeuraient capables de lancer des imprécations sur le malheur des temps et l’ambiance nauséabonde qui se répandait dans le pays ». Ce décor romanesque, d’un réalisme saisissant, et nécessairement déplaisant pour les journalistes qui se reconnaissent dans la description peu gracieuse que Houellebecq livre d’eux, c’est bel et bien celui du XIXe siècle. Dans l’imagination de Houellebecq, la Fraternité musulmane ne parvient à faire campagne sur les thèmes de la famille et de l’autorité que grâce aux médias, pour qui ces sujets ne sont réactionnaires et dangereux que lorsqu’ils sont abordés par la droite, alors qualifiée d’extrême.

Le seul véritable enjeu : le XIXe siècle sera spirituel ou ne sera pas

houell4194413539.2.jpegTout le paradoxe de la France de 2022 telle que présentée par Houellebecq réside dans cet affrontement entre le Front national et la Fraternité musulmane, autrement dit entre l’islam et les identitaires. A priori diamétralement opposés, ces deux courants de pensée apparaissent pourtant comme similaires puisqu’ils revendiquent des valeurs comme l’enracinement et la famille. Tous deux entendent répondre au vide laissé par la parenthèse si courte ouverte en 1789, c’est-à-dire à cet « humanisme athée » plein « d’orgueil et d’arrogance » et caractérisé par « l’opposition entre le communisme – disons, la variante hard de l’humanisme – et la démocratie libérale – sa variante molle ». Tous deux entendent œuvrer au retour du spirituel. Le fascinant personnage de Rediger, professeur d’université ayant fréquenté les mouvements identitaires avant de se convertir à l’islam et de devenir finalement ministre, symbolise à lui seul cette aspiration incessante que ni le libéralisme, ni la démocratie, ni l’athéisme ne seront parvenus à éteindre. D’abord convaincu qu’une renaissance de la chrétienté était possible, il comprend finalement que « cette Europe qui était le sommet de la civilisation humaine s’est bel et bien suicidée, en l’espace de quelques décennies » en 1914. Qu’importe alors si le vecteur du renouveau spirituel ne se fait plus au nom des Évangiles mais du Coran. Pourvu que l’essentiel demeure.

Et c’est justement dans les ultimes lignes du roman que tout lecteur honnête devrait percevoir la véritable charge subversive de Soumission, qui provoque bien davantage les croyances effrayées en un « Grand Remplacement » que les musulmans eux-mêmes, fussent-ils fanatiques. Le personnage principal accepte finalement de se convertir – notamment convaincu par Rediger et son exaltation au sujet de l’islam – mais sa vie ne s’en trouve pas pour autant bouleversée. Bien au contraire, il se voit offrir la possibilité de prendre plusieurs épouses en vertu du mariage polygame récemment mis en place, et peut désormais travailler à la publication des œuvres de Huysmans dans la collection de la Pléiade. Ce qui importe le plus à ses yeux en tant qu’individu moderne sera préservé : il pourra écrire et baiser. Car au fond, le renouveau spirituel porté par l’islam s’avère de la même teneur que la régénérescence de l’Europe chrétienne tant désirée par les identitaires : c’est un renouveau superficiel, qui contraint les magasins Jennyfer à fermer tout en autorisant les hommes à épouser des jeunes filles de quinze ans, qui appose un croissant islamique au fronton de la Sorbonne en ouvrant son capital aux pétrodollars du Golfe, et qui engage une profonde réforme économique du pays en le maintenant cependant indéfectiblement au sein d’une Union européenne plus forte que jamais, et désormais étendue à l’Égypte et au Liban.

Le personnage principal ne s’y trompe pas : « Je n’aurais rien à regretter », conclut-il sobrement, comprenant que, tout comme celles de Huysmans en son temps, son histoire et celle de sa civilisation s’achèvent sur un échec.

lundi, 16 février 2015

Ernst Jünger e ‘La battaglia come esperienza interiore’

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Ernst Jünger e ‘La battaglia come esperienza interiore’

Jünger sconquassa l'anima del lettore, lo cattura con la sua scrittura; lo tiene inchiodato al libro pagina dopo pagina, in una stretta mortale dalla quale non potrà districarsi facilmente. Questo è un libro per anime in tempesta, per cuori d'acciaio, scritto con il sangue degli eroi.
 

di Valerio Alberto Menga

Ex: http://www.lintellettualedissidente.it

“Meglio morire come una meteora effervescente che spegnersi tremolando”.

E. Jünger

In occasione del centenario della Prima guerra mondiale tante sono state le pubblicazioni in memoria del grande e catastrofico evento. Si segnalano, di passata, per la saggistica Mondadori e Laterza, i saggi dello storico Emilio Gentile L’Apocalisse della Modernità e Due colpi di pistola, dieci milioni di morti, la fine di un mondo. Due titoli straordinari per l’efficacia che ha avuto l’autore nell’interpretare il primo confilitto mondale e la sproporzione delle conseguenze seguite all’attentato di Sarajevo del 1914. A distanza di 92 anni dalla sua originaria apparizione, e per la prima volta in italiano, è stato pubblicato per le edizioni Piano B (e magistralmente tradotto da Simone Butazzi, che si ringrazia) quella che era stata, a torto, considerata un’opera minore nella bibliografia di Enrst Jünger: La battaglia come esperienza interiore.

Fu un’innovazione quella che portò Jünger alla letteratura di guerra. Embelatici erano, e rimangono tutt’ora, Il fuoco di Barbusse e Niente di nuovo sul fronte occientale di Remarque. Questi due autori furono le due principali voci di un atteggiamento di sconforto, di orrore, di paura, di delusione, e di disfattismo davanti alla guerra.  Lo stesso atteggiamento che portò Louis-Ferdinand Céline, volontario nell’esercito francese, a riflessioni come quelle che compaiono nel suo Viaggio al termine della notte: “Per quanto lontano cercassi nella memoria, gli avevo fatto niente io, ai tedeschi. Ero sempre stato molto gentile ed educato con loro. Li conoscevo un po’ i tedeschi, ero persino stato a scuola da loro, quando ero piccolo, dalle parti di Hannover. Avevo parlato la loro lingua. Allora erano una massa di cretinetti caciaroni con occhi pallidi e furtivi come quelli dei lupi […] ma da lì adesso a tirarci nella colombarda, senza neanche venire a parlarci prima e nel bel mezzo della strada, ce ne correva parecchio, un abisso. Troppa differenza. La guerra insomma era tutto quello che non si capiva”. Jünger invece – come giustamente sottolinea Rodolfo Sideri nel suo Inquieto Novecento- è interprete di un atteggiamento “volto a lasciare che la guerra tempri l’uomo nella sua dimensione interiore”.

Ma che cosa è stato esattamente Ernst Jünger? Qual è la sua maggiore peculiarità? E’ stato uno scrittore? Un soldato? Un filosofo? Nacque in Germania, ad Heidelberg, nel 1895. E morì nel 1998 a Riedlingen, avendo sorpassato la soglia dei cento anni, dopo aver visto morire il fratello, i figli e la prima moglie. Per la lunga durata della sua vita fu indubbiamente il prezioso testimone di un’epoca. È stato anche un entomologo. Non deve certo stupire se un grande carattere del Novecento come lui si sia interessato allo studio e alla collezione di scarafaggi e scarabei. Ai suoi occhi guerrieri, essi apparivano un po’ come animali con una corazza naturale che, talvolta, riflettono i colori della guerra: il rosso e il grigio. Piccoli soldati di Madre Natura.

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Il rosso e il grigio, quindi. Ecco i colori che attraverso lo sguardo del grande scrittore tedesco hanno determinato la Grande Guerra. E Le rouge et le gris –in onore a Stendhal- doveva essere il titolo originale del grande diario di guerra Nelle tempeste d’acciaio che gli valse, di diritto, un posto nel pantheon dei grandi scrittori europei del Novecento. Tuttavia optò per il secondo titolo, ispirato ad una poesia islandese, che meglio definiva “l’eternità tombale” della vita in trincea durante la guerra. Rosso come il sangue; grigio come le divise dei soldati, come l’acciaio delle armi e dei proiettili, come l’umore in trincea, come la terra devastata dai colpi, come il cielo oscurato dalla battaglia.

Incuriosisce il fatto che La battaglia come esperienza interiore era stato concepito dall’autore come un’opera che avrebbe dovuto fare da pendant al precedente Nelle tempeste d’acciaio, il cui punto di vista si riferiva agli avvenimenti puri e semplici. In quest’opera, invece, si può trovare tutto ciò che nelle “Tempeste” si era cercato invano.
Nelle tempeste d’acciaio ha il merito di descrivere nel titolo, e in due parole, la guerra di trincea.  Interpreta il primo conflitto mondiale in chiave nichilistica (come “lotta dei materiali”), osservando la realtà con sguardo oggettivo. Il difetto maggiore che però la caratterizza è la mancanza dello spazio concesso alle emozioni e al sentimento. La battaglia come esperienza interiore colma questo vuoto. E può annoverarsi senza dubbio tra le grandi opere di Jünger, grazie alla sua prosa alta e inarrivabile.Prima di aprire questo libro bisogna preparare il lettore ad entrare psicologicamente in trincea. Bisogna essere pronti a ricevere lo schizzo del sangue nemico dritto in faccia. Se invece siete tra coloro che non sopportano di guardare la realtà negli occhi, allora lasciate in pace questo libro.

Stosstruppen_rappresentazione.jpg“La battaglia rientra nelle grandi passioni. [...] E’ un canto antico e tremendo, che risale all’alba dell’uomo: nessuno avrebbe mai pensato che fosse ancora così vivo in noi”.  In questo scritto di guerra non manca nulla: il sangue, l’orrore, la trincea, l’eros, il coraggio, il fuoco, la paura… Questo per dare un’idea di ciò che aspetta il lettore che abbia il coraggio e la maturità di affrontare quest’opera rovente, che di certo non poteva non piacere ad un giovane nazional-socialista dei tempi. Perché Jünger è stato considerato, e forse è considerato ancora, un nazista. E’ vero che Hitler disse “Jünger non si tocca!” e lo protesse per ben due volte dalle grinfie di Göring che voleva la sua testa. Ma furono il rispetto per il soldato e lo scrittore di guerra che, con tutta probabilità, spinsero il Führer a perdonare a Jünger il suo comportamento. Ci si riferisce al suo antinazismo allegorico, aleggiante nel romanzo Sulle scogliere di marmo, e alla sua parte nella congiura capitanata da Stauffenberg che sfumò nel fallito attentato a Hitler, ben narrato nel film di Bryan Singer Operazione Valchiria. Scrisse un romanzo antinazista e partecipò all’attentato a Hitler, che mirava ad ucciderlo. Anche se in lui l’idea dell’uccisione del tiranno era indicice di mentalità rozza. Queste due cose stanno ben a sottolineare il fantomatico nazismo di cui fu accusato. Ma agli occhi stanchi e superficiali dei molti faciloni, è apparso così per molto tempo. È vero invece che i nazisti trassero, a piene mani, buona parte della loro cultura da alcuni scritti del grande soldato tedesco. Solo in seguito al premio Goethe, ottenuto nell’82, venne riabilitato ufficialmente come scrittore.

Davanti ad un uomo come lui è difficile dire se sia l’opera a superare la grandezza della vita dell’autore o viceversa. Jünger visse più di cento anni, giovanissimo si arruolò nella Legione Straniera per andare a combattere, per poi essere ripescato e rimpatriato dal padre. Fu un eroe decorato con la medaglia Pour le mérite dopo esser stato ferito quattordici volte nella Grande Guerra; vide due volte la cometa Halley (cha ha un ciclo di 76 anni); fu amico di Martin Heidegger e Carl Schmitt, e con essi scrisse alcune opere. Ha incontrato molti grandi del suo tempo, e in tutta la sua opera ha analizzato e affrontato il nichilismo, che è il tratto peculiare del suo e del nostro tempo. Da entomologo ha scoperto due nuove specie di coleotteri che oggi portano il suo nome: il Carabus saphyrinus juengeri e la Cicindera juengeri juengerorum. Da scrittore, invece, ha incantato il mondo e continua ad incantare, ad accendere le passioni e il pensiero.

La battaglia come esperienza interiore è un’opera scritta da un giovane inquieto che vuole conciliare il pensiero con l’azione. Qui vi si ritrova uno Jünger intriso di letture nietzscheane che, con la sua prosa alta e viscerale, scava nel profondo dei più indicibili sentimenti che hanno portato l’uomo moderno a scontrarsi, a riversare la propria Volontà di potenza nel campo di battaglia. Per il lettore che ama sottolineare i tratti più salienti, quest’opera, strage di carne e materia, sarà anche una strage di grafite. E si spera che, quindi, chi leggerà queste righe, perdonerà a chi scrive se si è fatto ampio uso di doverose citazioni. Lo stile dello scrittore-soldato porta lo spirito del lettore a vette così alte che il ritorno alla terra scavata dalle trincee è un vero e proprio schianto del cuore. Sconquassa l’anima del lettore, lo cattura con la sua scrittura; lo tiene inchiodato al libro pagina dopo pagina, in una stretta mortale dalla quale non potrà districarsi facilmente. Questo è un libro per anime in tempesta, per cuori d’acciaio, scritto con il sangue degli eroi.

Solitario tra i solitari, Jünger mostra il volto del gelido vento della morte, riscaldato dall’alito di fuoco di quella fornace che è la guerra. La figura romantica del soldato Jünger che legge l’Orlando furioso piegato sulle ginocchia, in trincea, rende bene l’idea del sentimento che lo portò ad arruolarsi volontario in guerra. L’odio per la comoda vita borghese è ben descritto in queste righe: “Ogni senso di reputazione borghese era rimasto indietro, a distanze siderali. Cos’era la buona salute? Utile, semmai, a persone che contano di vivere a lungo”. Nota è ormai la massima jungeriana per cui è meglio essere un delinquente che essere un borghese. Un giovane inquieto come lui, in Italia, in seguito dirà che “Borghese è colui che sta bene ed è vile” (Benito Mussolini).  Questo libro breve ma intenso potrebbe essere preso a ragione come il Manifesto degli interventisti o dei militaristi. Per l’autore è la guerra a fare gli uomini, essa è “madre di tutte le cose”, siamo noi a modellare il mondo, non il contrario. La guerra, aggiunge, non è solo nostra madre, ma anche nostra figlia. L’abbiamo cresciuta così come ha fatto con noi. “Noi siamo fabbri e acciaio sfavillante allo stesso tempo, martiri di noi stessi spinti da intime pulsioni[...] La guerra è umana quanto l’istinto sessuale: è legge di natura, perciò non ci sottrarremo mal al suo fascino. Non possiamo negarla, altrimenti finiremo divorati.”

Qui di seguito ecco alcuni passaggi che meglio sottolineano le ragioni e le passioni che portarono Jünger, come altri uomini, a provare loro stessi sul campo di battaglia, in quel particolare frangente della Storia. Molte erano le aspettative di coloro che si arruolarono volontari negli eserciti delle grandi nazioni europee: “La guerra è una grande scuola, e l’uomo nuovo apparterrà alla nostra schiatta”. E poi, scriverà: “Il punto di cristallizzazione pareva raggiunto, il superuomo in procinto di arrivare[...] Tutto questo sembrò chiaro quando la guerra lacerò la compagine europea”. Queste le parole dello Jünger soldato, filosofo e scrittore. Egli incarna le pulsioni e i turbamenti dell’uomo del Novecento che si affaccia con volto risoluto alla Modernità. E si scontra. Se il Novecento è stato il grande secolo delle ideologie e della politica, così come dei grandi conflitti, vale allora la formula di Clausewitz per cui la guerra è la semplice continuazione della politica con altri mezzi, che nasce in seguito alla “frizione”. Arriva, cioè, laddove la diplomazia non è riuscita. E per gli appassionati della polemologia questa è una lettura consigliata. Molte le passioni e i sentimenti che scaturiscono in queste pagine, ma vi è anche spazio per la riflessione. Un giusto equilibrio tra ragione e sentimento.

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“Ognuno può rapportarsi alla guerra come vuole, ma non la può negare. Quindi io m’impegno, in questo libro nel quale mi voglio rassegnare alla guerra, a osservarla come qualcosa che è stato ed è ancora in noi, a privarla di ogni preconcetto e a descriverla per quello che è.” E poi ancora: “La guerra è il più potente incontro tra i popoli. Mentre nel commercio e per le trattative, nelle gare sportive e ai congressi si muovono solo le personalità di punta, in guerra l’intera squadra conosce un solo obiettivo: il nemico”. Non è possibile la guerra senza l’uomo. Né l’uomo senza la guerra. Questa assumerà di volta in volta il volto e il nome che l’occasione le suggerirà: battaglia, lotta, lo scontro, frizione, incidente diplomatico…


Il coraggio è un sentimento, fulcro della guerra per Jünger: “Un soldato senza coraggio è come un Cristo senza fede. Ecco perché in un esercito il coraggio deve essere quanto di più sacro”. Nelle “Tempeste d’acciaio” si leggono parole di riconoscimento del valore e del rispetto del nemico: “Durante la guerra mi sforzai sempre di considerare l’avversario senza odio, di apprezzarlo secondo la misura del suo coraggio. In battaglia cercai di individuarlo per ucciderlo, senza attendere da lui cosa diversa”. Nessun odio verso i nemici. I Francesi? “Sono dei gran viveurs, loro. Gente gradevole, davvero. Io non li odio mica.” E poi: “Chi saremmo noi senza questi vicini audaci e senza scrupoli che ogni cinquant’anni ci puliscono la ruggine dalle lame?”.

Al nemico viene riconosciuto il valore del suo coraggio. E ne La battaglia come esperienza interiore scrive: “I cuori coraggiosi riconoscono istintivamente la vera grandezza. Il coraggio riconosce il coraggio”. Ecco una delle sue massime maggiori: “Il mondo potrà anche ribaltarsi, ma un cuore coraggioso sarà sempre saldo”. L’uomo di Heidelberg è figlio della guerra, figlio ed interprete acuto del suo tempo. Lui è l’uomo nato dalla guerra, nella guerra e per la guerra. Lui, cuore coraggioso, anima in tempesta. Come egli stesso sottolinea, lo spirito di un’epoca si concentra sempre in pochi individui solitari. In questo libro si può carpire lo spirito guerriero che forgiò l’Uomo nuovo della Grande Guerra. E lui è uno di quegli individui solitari, voce di un’epoca in radicale mutamento. Importante è anche il rapporto con la Donna, nelle opere di guerra di Jünger. In un altro scritto dello stesso genere, intitolato Il tenente Sturm, la donna viene definita dall’autore come “ministra del grande mistero”. E la donna non ama la guerra, ma ama i guerrieri. Curzio Malaparte disse: “Amo la guerra perché sono un uomo”. E Jünger coerentemente afferma: ” Esiste un solo punto di vista per contemplare il fulcro della guerra, ed è quello mascolino”. In uno dei capitoli più belli della Battaglia viene affrontato il rapporto uomo/donna guerra, ed in merito a ciò sottolinea: “Bisognava che anche le donne fossero d’acciaio, per non finire schiacciate nel tumulto”. Il racconto che invece viene accennato, con infinita poesia, nel capitolo Eros, riporta alla memoria l’immagine di uno studente tedesco (in cui possiamo facilmente riconoscere il giovane Ernst) e una contadina piccarda che fanno l’amore nel bel mezzo della guerra, nell’imperversare della tempesta, essi, “centrifugati su una scogliera bellica”, sono “due cuori accesi in un mondo ghiacciato”. E con queste immagini e magnifiche parole conclude il capitolo: “Due labbra accarezzavano l’orecchio dell’uomo, impegnate più che mai a versarvi tutta la melodia di una lingua straniera[...] Poi finivi sotto la grandine dei proiettili con i baci ancora tra i capelli. La morte ti veniva incontro come un’amica. Tu, chicco di grano maturo che cadi sotto la falce”. Questo è Jünger.

Per il grande scrittore di Heidelberg sembra valere il precetto di Julius Evola per cui “la patria è là dove si combatte”. E la guerra è una donna da possedere, almeno finché infuria la battaglia. L’uomo, la guerra e la donna: fili intrecciati di un inestricabile destino, di un ciclo infinito: Vita Amore e Morte. Oggi gli animi dei molti pacifisti che popolano il mondo postmoderno irriderebbero il romanticismo di cui talvolta sono impregnati gli scritti di guerra. Non potrebbero però evitare di rimanere colpiti e affascinati dallo stile di uno scrittore immenso come quello che oggi si è voluto ricordare.

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Si vuol concludere ora con due stralci tratti, rispettivamente, dalle opere Il tenente Sturm e con la conclusione de La battaglia come esperienza interiore che spiegano bene la complessità della guerra nel pensiero di Enrst Jünger: “Laggiù una stirpe nuova dava vita a una nuova interpretazione del mondo, passando attraverso un’esperienza antichissima. La guerra era una nebbia originaria di possibilità psichiche, carica di sviluppi; chi tra i suoi effetti riconosceva solo l’elemento rozzo, barbarico coglieva, di un complesso gigantesco, un solo attributo, con l’identico arbitrio ideologico di chi vedeva soltanto il carattere eroico e patriottico”.

“Ma chi in questa guerra vede solo negazione e sofferenza e non l’affermazione, il massimo dinamismo, allora avrà vissuto da schiavo. Costui avrà avuto solo un’esperienza esteriore, non un’esperienza interiore.”

Horreur et endettement chez Lovecraft

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Horreur et endettement chez Lovecraft

Ex: http://www.philitt.fr

La littérature d’horreur dit-elle quelque chose du monde ? Un auteur qui ne s’intéresse ni à l’argent ni au sexe peut-il avoir un message radical sur ce qui lie l’économie à la reproduction ? En somme, Le Cauchemar d’Innsmouth de Howard Phillips Lovecraft a-t-il pour sujet la crise de 29 ?

Le Cauchemar d’Innsmouth est l’une des nouvelles les plus connues de Lovecraft. Elle figure parmi les titres réputés « canoniques » du « Mythe de Cthulhu » pour user d’un vocable qui appartient sans doute, désormais, à un état passé de la critique. En tout cas, nul, parmi les amateurs de Lovecraft, ne nie que ce texte soit l’un des plus importants d’une œuvre qui a marqué l’histoire de la littérature d’horreur. De même, la fécondité des images évoquées par ce récit est évidente aujourd’hui, que ce soit dans les romans, les bandes dessinées, les films.

Le schéma narratif est tout simple : un jeune homme est obligé de passer la nuit dans un village côtier de Nouvelle-Angleterre. L’activité halieutique, si prospère auparavant, semble désormais marginale. Les quais sont abandonnés, les maisons dans un état de décrépitude avancée, la population semble dégénérée. Après avoir rencontré un vieil homme qui lui dévoile les secrets d’Innsmouth, le narrateur réussit, non sans mal, à s’enfuir d’une ville dont la population lui est désormais hostile.

Ce récit a inspiré bien des réflexions et des analyses. La moins incontestable repose sur la plus choquante des révélations faites par Zadok Allen : Innsmouth a été le lieu de l’accouplement infâme de ses habitants avec des créatures venues des profondeurs des océans. Depuis, ces hybrides, déterminés par leur hérédité et leurs intérêts, conspirent à l’éradication de l’humanité. La logique de l’horreur dans ce récit tient donc au métissage. Or, comme la critique l’a justement fait remarquer, l’auteur lui-même, dans sa vision du monde et ses opinions politiques, était tout sauf indifférent à cette question. C’est parce que Lovecraft rejetait le métissage dans la vie réelle qu’il en a fait un objet d’horreur dans la fiction, voilà toute la thèse.

Lovecraft et l’argent

Il n’est nullement dans notre intention, ici, de nous écarter de cette interprétation dominante que nous croyons avoir par ailleurs renforcée, en faisant le parallèle avec les événements de Malaga Island que Lovecraft ne pouvait ignorer. Le métissage était pour Lovecraft un objet d’horreur sociale et littéraire. Il reste cependant à interroger les mécanismes qui rendent le métissage inéluctable et malheureux ; à révéler les ruses de l’abâtardissement et à démontrer en quoi le métissage est non seulement un ressort de l’horreur lovecraftienne mais ce qui en fait la spécificité et qui lui donne sa dimension cosmique.

En effet, s’arrêter à l’argument classique qui résume et explique tout par le racisme nous semble très insatisfaisant. Le racisme est une idée et les idées ne sont jamais premières dans l’ordre de la causalité. Le racisme est la conceptualisation, parfois pathologique, de la prise de conscience de la fragilité des liens biologiques et culturels qui lient l’homme à ses ancêtres, rien de plus. Rien de plus, mais rien de moins et la question de l’hérédité et de l’héritage, en somme, celle de Lovecraft comme héritier doit être posée.

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Il est commun de noter que Lovecraft n’avait d’intérêt ni pour l’argent, ni pour le sexe. Or, son œuvre, de par la question de la filiation, partout présente, met le sexe en avant. Non pas le sexe comme idée théorisant le plaisir — sous les formes jumelles de l’amour ou de la perversion — mais le sexe comme réalité biologique dont le plaisir n’est qu’une ruse, c’est-à-dire le mécanisme de transmission des caractères héréditaires. Qu’en est-il, alors, de l’argent ? N’est-il pas, lui aussi, chose qui s’hérite ?

Le mépris notoire de Lovecraft pour tout ce qui est vénal ne fait pas de lui un homme qui méprise l’argent. C’est un luxe que la gêne lui refuse. Cet homme incapable (délibérément incapable) d’exiger ce qui lui est dû, n’est en rien un inconscient. L’éthique n’est pas chez lui l’alibi de la faiblesse. Ce gentleman généreux et magnanime sait vivre chichement, voilà tout. Il sait épargner aux autres ses propres fragilités, fussent-elles innocentes. Tout au long de sa vie, il s’est montré économe. Il mangeait peu et mal ; il n’achetait pas tous les livres qu’il désirait ; il ne voyageait que quand il le pouvait et toujours par les moyens les plus modestes.

Robert Olmstead, le héros du Cauchemar d’Innsmouth, parcourt la Nouvelle-Angleterre en « amateur d’antiquité et de généalogie » en « choisissant toujours le trajet le plus économique ». Le personnage et son auteur ont en commun de voyager pour les mêmes raisons et avec les mêmes contraintes. C’est l’obligation de ne pas trop dépenser qui amène le protagoniste de ce théâtre de l’horreur à prendre le misérable bus d’Innsmouth et c’est sa curiosité pour les antiquités et la généalogie qui le pousse à quitter son « île de placide ignorance. » En effet, les personnages de Lovecraft, comme Lovecraft lui-même, ne sont animés ni par la libido sentiendi (le sexe), ni par la libido dominandi (le pouvoir que seul donne l’argent dans les sociétés modernes), mais par la libido sciendi, (la volonté de savoir). Robert Olmstead ne déroge pas à la règle : il veut tout savoir sur le monde et il finira par tout savoir de lui-même, y compris le pire.

Le cauchemar de 1929

Cependant, l’argent et, plus largement, la question économique ne sont pas un simple ressort de l’intrigue. Ils en sont le cœur. Le tableau qui est fait d’Innsmouth est tout de contraste. Aux couleurs chatoyantes de l’opulence passée s’opposent celles, délavées, de la décrépitude présente. « Il reste plus de maisons vides que de gens », mais ce sont les belles et dignes maisons de l’aristocratie commerçante qui sont, aujourd’hui, délabrées. De même, les vastes entrepôts de briques rouges le long des quais sont à l’abandon. Quant à l’église et à la salle de réunion maçonnique, on y rend un autre culte désormais. Lovecraft, lecteur de Spengler, décrit là une parfaite pseudomorphose : les structures minérales sont toujours là, mais ceux qui les peuplent et, de ce fait, leur nature elle-même, sont radicalement altérés.

Jadis le commerce, la pêche et les conserveries de poisson avaient enrichi Innsmouth. Aujourd’hui, sans que rien ne le justifie, la ville n’est plus que l’ombre d’elle-même. L’angoisse première naît de cette ruine inexplicable. Cependant, l’affinerie Marsh, elle, semble encore en activité. N’est-ce point paradoxal alors qu’il n’y a plus ni commerce ni navires au long cours pour ramener des métaux précieux ? En tout cas, ce noyau d’activité au sein d’une ville rongée et ruinée ne paraît en rien freiner le déclin général. À croire que les bénéfices, s’il y en a, ne profitent à personne…

Quand Lovecraft écrit Le Cauchemar d’Innsmouth, l’Amérique est au début de la Grande Dépression. Pour beaucoup d’Américains, le Krach de 1929 a été une surprise totale et les événements qui ont suivi sont apparus comme dépourvus de toute logique. Les rares esprits assez lucides pour en comprendre la rationalité y ont vu la conséquence nécessaire de l’excès de crédit. Il y a eu un pacte trompeur entre l’espoir et le prêt. L’espoir a déçu, le prêt s’est réduit à la dette et les hommes ne furent plus rien qu’esclaves de la dette. Voilà ce que disaient certains contemporains. Mais, n’est-ce point de cela qu’il s’agit dans la nouvelle de Lovecraft ?

Que dit le vieux Zadok Allen à Robert Olmstead ? Que les plus riches et les plus aventureux des voyageurs et des commerçants d’Innsmouth ont conclu, dans les îles des mers du Sud, un marché avec une race amphibie très ancienne. La situation économique n’était pas bonne au lendemain de la guerre de 1812. Que demandaient-ils, au fond, ces hommes aux visages de poisson, en échange de leur or ? Qu’on expédie quelques Canaques à la mer pour qu’ils les offrent à leurs dieux ? La belle affaire ! Ce n’est pas cher payé ! Et pour le reliquat, il serait toujours temps de voir.

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Per usura n’ont les hommes de lignées pures

Mais les créatures venues de la mer avaient bien plus à vendre que leur or. Elles voulaient autre chose et étaient prêtes à donner bien plus en contrepartie. Que vos fils et nos filles s’accouplent et leur progéniture sera immortelle, dirent-elles ! Passant leurs réticences premières, non sans déchirement, non sans violence, les habitants d’Innsmouth l’acceptèrent. C’est une façon trop tentante de régler ses dettes que de les reporter sur la génération suivante et puis doit-elle se plaindre ? Elle ne sera plus humaine, certes, elle sera, par ses épousailles, éternellement liée à Dagon et à jamais tributaire de forces par nature hostiles à l’Homme puisqu’en concurrence avec lui dans le struggle for life cosmique, mais elle sera, aussi, à tout jamais libérée de la finitude humaine.

Alors, « les gens ont commencé a pus rien faire », à quoi bon ? L’or venait de la mer et achetait les complaisances ; le poisson abondait et permettait de nourrir des hommes désormais à demi-poisson ; le temps n’était plus à craindre ; l’attente n’aboutissait plus à la mort ; la vie n’était qu’un lent glissement vers le fond des océans et vers une autre façon de vivre, de rire, de tuer. Tout au plus fallait-il prêter l’oreille à la musique des abysses dans l’impatience du retour de Celui qui n’est pas mort. Car, le païen Lovecraft fait d’Innsmouth le lieu d’une attente messianique, celle d’un grand nettoyage, suivi du remplacement de la race humaine par une autre à la fois plus ancienne et plus radicalement tournée vers ce futur qui verra le retour des Grands Anciens.

Cependant, le lecteur sait depuis le début que cette échéance eschatologique sera reculée. Le narrateur échappe à la ville et dénonce ce qui s’y passe à un gouvernement qui n’hésite pas à renoncer un instant à être un État de droit en recourant à l’état d’exception.

Ce que Lovecraft décrit dans sa nouvelle, il le voit sous ses yeux. L’Italie et l’Allemagne en Europe, les États-Unis du New Deal sous ses yeux lui montrent que la crise de 1929 et, au-delà du symptôme, que la modernité ne sont pas inéluctables. Comme chez beaucoup de conservateurs, l’espérance dans l’État (dans sa violence) se substitue au pessimisme politique. Le socialisme comme organisation de l’économie apparaît, aux yeux de ces hommes, comme un moyen de préservation de l’ordre ancien — non dans sa lettre, mais dans son esprit.

Le cauchemar d’Innsmouth est celui de la dette et de son corollaire, l’abâtardissement. Seul le réveil de l’État peut nous en sauver (provisoirement), y est-il suggéré. Comment ? Par l’état d’exception, par la déportation, par l’extermination. Le massacre final n’est rien d’autre que la vision fantasmagorique d’un New Deal musclé, d’un fascisme à l’américaine. L’horreur romanesque ou politique n’a d’autre issue, pour Lovecraft, que dans cette ultime violence retardatrice et seulement retardatrice. Car le gentleman de Providence sait aussi cette profonde vérité : tout passe.

 

dimanche, 15 février 2015

Io, Limonov. Noi siamo l’Europa. E l’Ucraina è un’invenzione

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Io, Limonov. Noi siamo l’Europa. E l’Ucraina è un’invenzione

di Paolo Valentino

Fonte: Corriere della Sera

«Nell’ultimo anno la società russa è cambiata radicalmente. Abbiamo vissuto più di due decenni di umiliazioni, come Paese e come popolo. Abbiamo subìto sconfitta dopo sconfitta. Il Paese che i russi avevano costruito, l’Unione Sovietica, si è suicidato. È stato un suicidio assistito da stranieri interessati. Per 23 anni siamo stati in piena depressione collettiva. Il popolo di un grande Paese ha un costante bisogno di vittorie, non necessariamente militari, ma deve vedersi vincente. La riunione della Crimea alla Russia è stata vista dai russi come la vittoria che ci era mancata per così tanto tempo. Finalmente. È stata qualcosa di paragonabile alla Reconquista spagnola».

vol07.jpgÈ stato tutto nella sua vita, Eduard Veniaminovich Savenko, alias Eduard Limonov. Teppista di periferia, giornalista, forse agente del Kgb, mendicante, vagabondo, maggiordomo di un nababbo progressista americano, poeta, scrittore à la page nei salon parigini, dissidente, irresistibile seduttore, cecchino nelle Tigri di Arkan durante la decomposizione della Jugoslavia, leader politico, fondatore del Partito nazional-bolscevico, prima di vederlo sciolto e di creare L’Altra Russia.

Ma Limonov, aspro come l’agrume da cui viene il suo pseudonimo, è soprattutto un antieroe, un esteta del gesto, un outsider che ha sempre scelto di proposito la parte sbagliata, senza mai essere un perdente. Al fondo, Eduard Limonov è un grande esibizionista, che però non ha mai avuto paura di rischiare e di pagare prezzi anche molto alti, per tutti i due anni di prigionia, culminati nel 2003 nei due mesi trascorsi nella colonia penale numero 13, nelle steppe intorno a Saratov. Può quindi sembrare paradossale che, per la prima volta nella sua vita spericolata, il personaggio reso celebre dall’omonimo libro di Emmanuel Carrère si ritrovi non più ai margini, non più nelle catacombe della conversazione nazionale russa, eccentrico carismatico in grado di appassionare poche decine di desperados, ma sia in pieno mainstream, aedo dell’afflato nazionalista, che i fatti d’Ucraina e la reazione dei Paesi occidentali hanno acceso nello spirito collettivo della nazione.

Limonov riceve «la Lettura» nel suo piccolo appartamento nel centro di Mosca, non lontano dalla Piazza Majakovskij. Un giovane alto e robusto viene a prenderci per strada, accompagnandoci su per le scale. Un altro marcantonio ci apre la porta blindata. Sono i suoi militanti, che gli fanno da guardie del corpo. Avrà anche 71 anni, ma a parte i capelli argentei, ne dimostra venti di meno. Magro, il volto affilato, il famoso pizzo, l’orecchino, è tutto vestito di nero, pantaloni attillati e giubbotto senza maniche su golf a collo alto. Parla con una voce sottile, leggermente stridula. Ha modi molto miti e gentili, totalmente fuori tema con i furori che hanno segnato la sua vita. «Voi occidentali non state capendo nulla », esordisce, mentre offre una tazza di tè.

Che cosa non capiamo?
«Che il Donbass è popolato da russi. E che non c’è alcuna differenza con i russi che abitano nelle regioni sud-occidentali della Federazione, come Krasnodar o Stavropol: stesso popolo, stesso dialetto, stessa storia. Putin sbaglia a non dirlo chiaramente agli Usa e all’Europa. È nel nostro interesse nazionale».

Quindi l’Ucraina per lei è Russia?
«Non tutta. L’Ucraina è un piccolo impero, è composta dai territori presi alla Russia e da quelli presi a Polonia, Cecoslovacchia, Romania e Ungheria. I suoi confini sono le frontiere amministrative della Repubblica Socialista Sovietica dell’Ucraina. Non sono mai esistiti. È territorio immaginario che, ripeto, esisteva solo a scopi burocratici. Prenda Leopoli, cosiddetta capitale del nazionalismo ucraino: lo sapeva che l’Ucraina l’ha ricevuta nel 1939 per effetto della firma del Patto Molotov-Ribbentrop? In quel momento il 57% della popolazione era polacca, il resto erano ebrei. Di ucraini poche tracce. Il Sud del Paese poi venne dato all’Ucraina dopo essere stato conquistato dall’Armata Rossa. Questa è la storia. Ma quando l’Ucraina ha lasciato l’Urss non ha restituito quei territori, a cominciare dalla Crimea ovviamente, che le era stata regalata da Krusciov nel 1954. Non capisco perché Putin abbia ancora paura di dire che Donbass e Russia sono la stessa cosa».

Forse perché ci sono confini riconosciuti a livello internazionale.
«A nessuno fregò nulla dei confini internazionalmente riconosciuti nel 1991, quando l’Unione Sovietica fu sciolta. Qualcuno disse qualcosa? No. Questa è la mia accusa all’Occidente: applica due standard alle relazioni internazionali, uno per i Paesi come la Russia e uno per se stesso. Non ci sarà pace in Ucraina fin quando non lascerà libere le colonie, intendo il Donbass. L’errore di Putin è non dirlo apertamente».

Forse Putin fa così perché non vuole annettere il Donbass come ha fatto con la Crimea, perché sono solo problemi.
«Forse lei ha ragione. Forse non avrebbe voluto neppure la Crimea. Ma il problema è suo, gli piaccia o meno. È il capo di Stato della Russia. E rischia la reputazione».

Non si direbbe, a giudicare dalla sua popolarità, che rimane superiore all’80%.
«È ancora l’effetto inerziale della Crimea. Ma se abbandonasse il Donbass al suo destino, lasciandolo a Kiev, con migliaia di volontari russi sicuramente destinati a essere uccisi, la sua popolarità si scioglierebbe come neve al sole. Non sembra, ma Putin è in un angolo».

Che cosa farà, secondo lei?
«Reagisce bene. Si sta radicalizzando. Ha capito che gli accordi di Minsk sono una balla, aiutano solo il presidente ucraino Poroshenko. Anche se controvoglia, dovrà agire. Quando un anno fa emerse il problema della Crimea, Putin era preso dall’Olimpiade di Sochi, che considerava l’impresa della vita. Era felice. Ma fu obbligato a usare i piani operativi dell’esercito russo, che ovviamente esistevano da tempo. Certo la Crimea è stata la sua vittoria, anche se malgré lui. Il Donbass non era affatto nel suo orizzonte. In Occidente tutti lo accusano di volerlo annettere, in realtà è molto esitante».

Limonov-mes-prisons.jpegDopo l’Ucraina quale sarà il prossimo territorio da riconquistare, i Paesi baltici?
«Intanto non penso che i Paesi baltici abbiano nulla a che fare con la Russia. Quanto all’Ucraina, credo che dovrebbe esistere come Stato, composto dalle nove province occidentali che possono essere considerate ucraine. Non sarò io a negare la loro cultura eccezionale e la loro bella lingua. Ma, ripeto, lascino i territori russi».

Lei lo ha attaccato molto in passato: Putin è o no il leader giusto per la Russia?
«Siamo un regime autoritario. E Putin è il leader che ci ritroviamo. Non c’è alcuna possibilità di mandarlo via. Ma c’è una differenza tra il Putin dei due primi mandati e quello di oggi. Il primo fu pessimo, soprattutto impegnato a gestire il suo complesso d’inferiorità del piccolo ufficiale del Kgb. Gli piaceva la compagnia dei leader internazionali, Bush junior, Schröder, Berlusconi. Ma nel tempo ha imparato. È migliorato. Ha detto addio alle luci del varietà e si è messo al lavoro sul serio. Vive tempi difficili, ma fa ciò che è necessario. E non è possibile oggi chiedergli di non essere autoritario».

Ma la Russia può non essere un Paese autoritario?
«Se Obama continua a dire che ci devono punire, ci costringe a darci dei leader autoritari».

Che cos’è per lei la Russia?
«La più grande nazione europea. Siamo il doppio dei tedeschi. A dirla tutta, noi siamo l’Europa. La parte occidentale è una piccola appendice, non solo in termini di territorio, ma anche di ricchezze».

Per la verità l’Ue è la prima potenza commerciale al mondo.
«Ci sono cose più importanti del commercio e dei mercati».

Ma se siete la più grande potenza europea, perché siete così nazionalisti?
«Non siamo più nazionalisti di francesi o tedeschi. Siamo una potenza più imperiale che nazionalista. Le ricordo che in Russia vivono più di 20 milioni di musulmani, ma non sono immigrati, sono qui da sempre. Noi siamo anti-separatisti. Certo, in Russia c’è anche un nazionalismo etnico, per fortuna minoritario, ma per noi significa soltanto guai. Io non sono un nazionalista russo, non lo sono mai stato. Mi considero un imperialista, voglio un Paese con tante diversità ma riunito sotto la civiltà, la cultura e la storia russe. La Russia può esistere solo come mosaico».

Ma siete o no parte del mondo occidentale?
«Non è importante. È una questione dogmatica, senza significato reale. La Corea del Sud è parte del mondo occidentale? No, eppure viene considerata come tale. Dov’è la frontiera dell’Occidente? Non è rilevante per i russi».

Che cosa contraddistingue l’identità russa?
«La nostra storia. Noi non siamo migliori degli altri, ma non siamo neppure peggiori. Non accettiamo di essere trattati come inferiori, snobbati o peggio umiliati. Questo ci fa molto arrabbiare. È il nostro stato d’animo attuale».

Ma, per esempio, l’Occidente si richiama ai valori della Rivoluzione francese, democrazia, divisione dei poteri, diritti umani. La democrazia è parte dei vostri valori?
«Per i russi la nozione più importante e fondamentale è quella di spravedlivost, che significa giustizia, nel senso di giustizia sociale, equità, avversione alle disuguaglianze. Penso che la nostra spravedlivost sia molto vicina a quella che voi chiamate democrazia».

Le sanzioni e la crisi economica possono minacciare il consenso di Putin?
«Penso che l’economia nel mondo di oggi sia sopravvalutata. Il motore della storia sono le passioni. Alle pressioni economiche si può resistere. E resisteremo. Certo Putin deve fare la sua parte in Donbass. Guardi alla nostra storia: l’assedio di Leningrado, la battaglia di Stalingrado. Possiamo farcela. In molti hanno provato a colpirci, da Napoleone a Hitler. Ma l’orgoglio nazionale russo pesa più delle politiche economiche e credo di conoscere bene il carattere del mio popolo».


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David Herbert Lawrence: vers un paganisme solaire

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David Herbert Lawrence: vers un paganisme solaire

Un auteur maudit?

par Jean-Christophe Mathelin

Ex: http://www.archiveseroe.eu

L’écrivain — et peintre — britannique David Herbert Lawrence (1885-1930), que l’on ne confondra pas avec son compatriote et contemporain T.E. Lawrence, alias Lawrence d’Arabie, est essentiellement connu des lecteurs de langue française pour deux romans : L’Amant de Lady Chatterley et Le Serpent à plumes. Le premier participa aux émois de quelques générations d’adolescents (j’en suis !) qui l’empruntaient clandestinement dans la bibliothèque de leurs parents. Ajoutons que le film de J. Jaeckin (1981) avec Sylvia Christel (Emmanuelle) dans le rôle de lady Chatterley renforçait l’impression du grand public selon laquelle D.H. Lawrence n’était qu’un auteur érotique (1). Pourtant le public cultivé savait que cet écrivain “osé”, dont certaines œuvres furent interdites dans son pays, avait aussi écrit Le Serpent à plumes, du nom de la divinité aztèque Quetzalcoatl. Ce roman d’aventures mexicaines connut un grand succès de librairie dans les années 50, et passa même en épisodes quotidiens radiodiffusés sur France Culture, à l’occasion du cinquantenaire de sa publication, en 1976. D.H. Lawrence a écrit, outre une douzaine de romans, à peu près autant d’essais, 70 nouvelles, quatre pièces de théâtre et quatre recueils de poèmes.

Compte tenu de sa mort relativement précoce — il avait 45 ans —, l’œuvre est donc considérable. Lorsque l’on s’y plonge, on découvre que l’aspect sensuel de Lawrence n’est qu’une des composantes de sa conception philosophico-religieuse, beaucoup plus vaste, “païenne”, c’est-à-dire traditionnelle et cosmique.

En effet, Lawrence ne renoue-t-il pas avec l’idéal grec antique lorsqu’il affirme : « la vie n’est supportable que quand le corps et l’esprit sont en harmonie, qu’un équilibre naturel s’établit entre eux et que chacun des deux a pour l’autre un respect naturel ». Selon lui, « l’amour physique (…) permet de renouer avec les forces instinctives et naturelles de l’existence », forces éteintes dans l’homme occidental par le mode de vie moderne. De même, il reproche au Christianisme (dans lequel il a été élevé) d’être dépourvu du sens vital, d’être, comme l’avait vu Nietzsche, une religion du ressentiment collectif. À l’inverse, la sacralisation de la sexualité par le Paganisme permettait, en reconnaissant à l’homme et à la femme leur complémentarité, par-delà leurs différences, de participer à l’Ordre du Monde (2). Lawrence, pour qui la sexualité n’est pas synonyme d’orgies, écrit : « La communion des deux fleuves de sang de l’homme et de la femme, dans le sacrement du mariage, parachève la création : elle complète le rayonnement du Soleil et le rutilement des étoiles ».

Dans le présent article, nous nous intéresserons particulièrement à l’aspect païen et surtout solaire de l’écrivain car dans la conception cosmique flamboyante de Lawrence, le Soleil occupe une place centrale, comme nous le verrons à travers quelques-uns de ses ouvrages.

Un roman païen : “Le Serpent à plumes”

dhl2268068633.jpgCette fresque mystico-politique a été écrite dans un village du Nouveau-Mexique en 1925. L’action se passe au Mexique, riche de son passé, mais usé, décadent, vidé de sa substance par les trois grands maux apportés par l’homme blanc, qui sont (selon Lawrence) le Christianisme, l’américanisme, le socialisme. Un homme est particulièrement conscient de cette déchéance, c’est l’archéologue-historien Don Ramon. Cet aristocrate de l’esprit sait pourtant qu’une chose pourra sauver son pays : le retour, aux anciennes valeurs, incarnées par le Dieu Quetzalcoatl, fils du Soleil, Seigneur de la Sagesse et de l’étoile du matin. Don Ramon ne se dissimule pas les difficultés de l’entreprise : pour amener le Mexique à renouer avec ses traditions glorieuses, il lui faudra combattre à la fois l’amour universel de la religion trompeuse, le culte du dollar et la classe politique corrompue. Tâche immense dans laquelle il sera aidé par Don Cipriano, un général auquel ses hommes ont voué leur vie pour rétablir le culte de Huitzilopochtli, Dieu du Soleil et de la guerre. Unis par un idéal commun et une amitié sans faille, « l’homme de Quetzalcoatl » (Ramon l’Européen) et « l’homme de Huirzilopochtli » (Cipriano l’indien) mènent une sorte de croisade païenne, qui connaît un succès croissant auprès du peuple. Celui-ci est en effet sensible aux beaux hymnes de Ramon, qui annoncent que Jésus ayant fait son temps, les anciens Dieux vont renaître. Une Irlandaise, Kate, se joint à eux. Fascinée par ce retour d’un pays à sa culture ancestrale, déçue par la société moderne, elle ira jusqu’à épouser Cipriano (bien qu’il lui reste toujours étranger) et devenir ainsi Malitzi, la Déesse de la végétation. Mais le jour où la religion de Quetzalcoatl sera déclarée religion officielle du Mexique, Kate repartira vers l’Europe. Don Ramon la charge d’une mission : « Dites aux gens de votre Irlande de faire comme nous ici ». C’est là que le livre de Lawrence prend tour son sens. À travers Ramon, c’est aux Européens que Lawrence s’adresse, car, malgré ses errances aux quatre bouts du monde (motivées par les persécutions subies en Angleterre), il n’a jamais cessé de penser au salut de l’Europe. Ramon, bâtisseur d’une nouvelle histoire, jette un pont entre le plus lointain passé et le plus lointain futur, là où l’homme atteindra à la plus grande vie. À l’opposé du cosmopolitisme uniformisant, il souhaite que chaque peuple retrouve ses racines spirituelles, chacun invoquant son Hermès, son Wotan ou son Mithra.

La solarité au féminin : “L’Amazone fugitive”

Deux ans après Le Serpent à plumes, paraissait ce recueil de nouvelles, du titre de la plus longue et de la plus connue d’entre les nouvelles. L’Amazone fugitive est inspirée, elle aussi, du séjour de Lawrence au Nouveau-Mexique, et de son admiration pour ces Indiens Pueblos, adeptes du culte solaire (3). Lawrence met à nouveau en scène une femme blanche au Mexique. Comme Kate, elle est désillusionnée par une vie terne. Elle décide un jour d’abandonner le ranch de son mari et ses enfants pour rejoindre une mystérieuse tribu indienne, censée avoir conservé l’antique religion aztèque. Au terme de son périple, l’amazone fugitive rencontre trois Indiens qui la conduisent enfin dans la fameuse tribu.

« Il dit : Pourquoi a-t-elle quitté sa maison et les hommes blancs ? Veut-elle apporter le Dieu de l’homme blanc aux Chilchuis ? Non, répliqua-t-elle avec témérité. J’ai quitté moi-même le Dieu de l’homme blanc. Je suis venue chercher le Dieu des Chilchuis. (…) Il demande si vous avez apporté votre cœur aux Dieux des Chilchuis, traduisit le Jeune Indien. Dites-lui que oui, répondit-elle automatiquement. »

Traitée avec égard par ses hôtes, dont elle est néanmoins prisonnière, elle découvre peu à peu l’importance fondamentale du culte solaire pour ces Indiens. Elle réalise ainsi le sens inconscient de sa fuite : venir s’offrir en sacrifice au Dieu-Soleil. Même si cette idée lui fait parfois horreur, elle comprend qu’elle doit aller jusqu’au bout de sa quête, sans regrets :

«  Faut-il que je meure et que je sois livrée au Soleil ? demanda-t-elle.

- Un jour, dit-il avec un sourire évasif. Un jour ou l’autre nous mourrons tous. »

Nous trouvons ici un autre thème lawrencien : plutôt une mort glorieuse et volontairement choisie (on pense ici aux kamikaze) que de vivre en mort-vivant , comme la société moderne nous l’impose. Pendant les mois précédant le solstice d’hiver, où elle sera sacrifiée, elle sentira se développer en elle les mille liens la reliant à l’Univers. Lawrence est un animiste et un panthéiste convaincu ; il décrit admirablement « ce sentiment exquis (…) de se fondre dans la beauté et l’harmonie des choses » : 

« Alors elle entendit les grandes étoiles, qu’elle voyait au ciel dans l’encadrement de sa porte ouverte, parler par leur mouvement et leur éclat, faire des confidences au Cosmos tandis qu’elles dansaient en formant de parfaites figures pareilles à des clochettes au firmament et se croisaient et se groupaient dans la danse éternelle, séparées par des espaces sombres. Et, les jours froids et nuageux, elle entendait les flocons de neige qui gazouillaient et sifflaient timidement dans le ciel comme des oiseaux qui s’assemblent et s’envolent en automne, puis brusquement poussaient un cri d’adieu vers la lune invisible et s’esquivaient des plaines de l’air en dégageant une douce chaleur. Elle-même criait à la Lune invisible de ne plus être en colère, de refaire la paix avec le Soleil invisible comme une femme qui cesse d’être irritée dans sa maison. Et elle sentait que la Lune se radoucissait pour le Soleil dans le ciel hivernal quand la neige tombait avec un abandon languissant et glacé, tandis que la paix du Soleil se mêlait dans une sorte d’unisson à la paix de la Lune ».

dhl214.jpgEt le jour venu, c’est sans état d’âme qu’elle accomplira son destin. Une autre nouvelle du même recueil, intitulée Soleil, reprend encore ce thème de la femme mûre insatisfaite de son existence, mais il est traité de manière beaucoup plus pacifique, comme un conte naturiste. Juliette quitte les États-Unis, où elle dépérit, pour le Soleil de la Méditerranée. Là commencera pour elle une nouvelle existence à travers un face à face quotidien avec l’Astre divin (évoquant l’expérience d’Anna de Noailles [4]). Elle s’épanouira enfin sous ses rayons qui harmonisent à la fois le corps et l’âme :

« À sa connaissance du Soleil, à la certitude que le Soleil la connaissait dans le sens cosmique et charnel du mot, s’ajoutait une impression de détachement et un certain mépris pour tous les êtres humains. Ils étaient si loin des éléments primordiaux, si privés de Soleil. Ils étaient pareils aux vers des cimetières. »

Le jugement très dur de Lawrence sur ses contemporains résulte de sa conception selon laquelle « la seule raison de vivre est d’être pleinement vivant ». Or Lawrence reproche à la civilisation moderne de tuer l’étincelle divine dans l’individu, qui apparaît, dès lors, comme incomplet, endormi. Seul l’homme “primitif”, qu’il a rencontré notamment chez les Indiens, est pleinement humain car il se fie à son instinct. Cet homme a de plus à ses yeux l’immense avantage « d’avoir conservé avec l’Univers des liens mystérieux ».

Le nouveau Discours sur Hélios-Roi : “Apocalypse”

dhl19613.jpgCette pensée, que Lawrence exprime de manière allégorique dans ses romans et nouvelles, sera explicite dans son dernier ouvrage, paru un an après sa mort, et qui représente son testament spirituel. Apocalypse est l’étude fouillée du texte de Jean de Patmos, qui clôt le Nouveau Testament. Si la notion même d’apocalypse lui répugne, à cause de cet « ignoble désir de fin du monde », Lawrence s’intéresse à cet écrit car il y découvre deux influences opposées. Tout d’abord, le message de ceux qui « ne peuvent même pas supporter l’existence de la Lune et du Soleil », mais par-delà la strate judéo-chrétienne, il y trouve une strate païenne. Car pour faire passer de manière frappante cette vision apocalyptique, le ou les auteurs ont eu recours à un langage, à une symbolique cosmiques, donc païens (5). L’étude de l’Apocalypse est ainsi pour Lawrence prétexte à comparer entre elles ces deux conceptions du monde antagonistes :

« Ne nous figurons pas que nous voyons le Soleil comme le voyaient les civilisations anciennes. Nous ne voyons qu’un petit luminaire scientifique, réduit à un ballon de gaz enflammé. Dans les siècles précédant Ézéchiel et Jean, le Soleil était encore une réalité magnifique. Les hommes en tiraient force et splendeur, et lui rendaient hommage, lustre et remerciements. À l’époque de Jésus, les hommes ont fait du ciel une machine de destin et de fatalité, une prison. Les chrétiens s’évadaient de cette prison en reniant radicalement le corps. Mais hélas, quelles petites évasions, ces évasions par reniement ! — ce sont les plus fatales des évasions. La chrétienté et notre civilisation idéaliste n’ont été qu’une longue évasion, cause de stagnation infinie et de misère — la misère que les gens connaissent aujourd’hui, qui ne vient pas d’un manque physique, mais d’une façon plus mortifère, d’un manque de désir vital. Mieux vaut manquer de pain que manquer de vie — grande évasion dont le seul fruit est la machine ! »

Lawrence développe sa vision d’un Paganisme solaire, qui rejoint l’expérience des grands mystiques et anticipe l’inconscient jungien :

« Et certaines des grandes images de l’Apocalypse remuent en nous d’étranges profondeurs, nous procurent une étrange et sauvage vibration pour la liberté, la vraie liberté : fuite vers quelque chose et non fuite vers nulle part. Fuir la petite cage exiguë de notre univers, exiguë car elle n’est qu’une extension à sens unique, une suite morne sans aucune signification ; la fuite vers le Cosmos vital, vers un Soleil à la vie grande et sauvage, qui abaisse ses regards pour nous raffermir, ou bien, foudroyant, merveilleux, passe son chemin. Qui dit que le Soleil ne peut pas me parler ! Le Soleil a une vaste conscience flamboyante, moi j’en ai une petite. Quand j’arrive à me débarrasser de mon fatras d’idées et de sentiments personnels, et à descendre jusqu’à mon être solaire dépouillé (6), alors le Soleil et moi pouvons nous entretenir sur l’heure, échange flamboyant, il me donne vie, Soleil de vie, et je lui envoie un peu d’une vivacité nouvelle venue d’un monde au sang vif — le grand Soleil (…) aime le sang rouge et vif de la vie, et peut l’enrichir à l’infini si nous savons comment le recevoir.  »

Ce Paganisme solaire est naturellement complémentaire d’un Paganisme lunaire :

« Et nous avons perdu la Lune, la Lune fraîche, brillante et changeante. C’est elle qui peut toucher nos nerfs, les polir de son rayonnement soyeux et les policer par sa fraîche présence. Car la Lune est la maîtresse et la mère de nos corps aquatiques, le corps pâle de notre conscience nerveuse et de notre chair moite. La Lune pourrait nous apaiser et nous guérir entre ses bras comme une grande et fraîche Artémis. Mais nous l’avons perdue, nous l’ignorons dans notre stupidité, et rageuse, elle nous fixe et nous cingle de coups de fouet nerveux. Oh ! prenons garde à la coléreuse Artémis des cieux nocturnes, prenons garde à la rancune et au croissant d’Astarté.  »

Mais attention, prévient Lawrence, le culte solaire n’a rien à voir avec la moderne “bronzette” :

«  Nous ne pouvons nous assimiler le Soleil en nous couchant tout nus comme des cochons sur une plage. Le Soleil lui-même qui nous bronze nous désagrège du dedans (…) il ne peur que fondre sur nous et nous détruire (…) dragon de destruction et non plus faiseur de vie. (…) Nous ne pouvons nous assimiler le Soleil que par une sorte de culte, de même avec la Lune — en décrétant un culte au Soleil ».

Il s’agit d’un état de conscience et d’un vitalisme (7) :

« Il y a une éternelle correspondance vitale entre notre sang et le Soleil : il y a éternelle correspondance vitale entre nos nerfs et la Lune. Si nous perdons le contact et l’harmonie avec la Lune et le Soleil, tous deux se retournent contre nous comme deux grands dragons de destruction. Le Soleil est une source de vitalité sanguine, il rayonne de force à notre égard. Mais si une fois nous lui résistons en disant : ce n’est qu’un ballon de gaz ! — alors la vraie vitalité rayonnante de sa lumière se change en subtile force désagrégeante et nous défait. Même chose pour la Lune, les planètes, les grandes étoiles. Ce sont nos producteurs ou nos destructeurs, il n’y a pas d’échappatoire. »

Ce Paganisme est aussi un panthéisme (8) :

« Le Cosmos et nous-mêmes ne faisons qu’un. Le Cosmos est un grand organisme vivant dont nous faisons toujours partie. Le Soleil est un grand cœur dont les pulsations parcourent jusqu’à nos veines les plus fines. La Lune est un grand centre nerveux étincelant d’où nous vibrons sans cesse. Qui peut dire le pouvoir que Saturne a sur nous, ou Vénus ? C’est un pouvoir vital, ondoiement extrême qui nous traverse sans interruption. Et si nous renions Aldébaran, Aldébaran nous transperce d’infinis coups de poignards. Celui qui n’est pas avec nous est contre moi ! — c’est la loi cosmique. Et tout ceci est vrai à la lettre, comme le savaient les hommes du temps passé, et comme ils le sauront à nouveau ».

Malheureusement, le lien cosmique s’est dégradé depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours :

« Or la connexion en nous est rompue, les centres sont morts. Notre Soleil, tellement plus banal, est tout autre chose que le Soleil cosmique des Anciens. Nous pouvons voir ce que nous appelons Soleil, mais nous avons perdu Hélios pour toujours, et plus encore le grand globe des Chaldéens. Nous avons perdu le Cosmos, nous en avons déconnecté notre sensibilité, c’est notre principale tragédie. Qu’est-ce que notre minable petit amour de la nature — la Nature — comparé à une ancienne et magnifique vie commune avec le Cosmos, honorée du Cosmos ! (…) Le Soleil ne nous nourrit plus, ni la Lune. En langage mystique, la Lune s’est obscurcie et le Soleil est devenu noir. Quand j’entends des gens modernes se plaindre d’être seuls, je sais ce qui est arrivé. Ils ont perdu le Cosmos ».

Il nous faut donc retrouver une sensibilité, une conscience cosmiques :

«  Nous ne manquons ni d’humanité ni de subjectivité ; ce dont nous manquons, c’est de vie cosmique, du Soleil en nous et de la Lune en nous. (…) Maintenant, il nous faut retrouver le Cosmos, et ça ne s’obtient pas par un tour de passe-passe mental. Il nous faut revivre tous les réflexes de réponse qui sont morts en nous. Les tuer nous a pris deux mille ans. Qui sait combien de temps il faudra pour les ranimer ?  »

Nous avons ici l’ouvrage capital de la pensée lawrentienne, qui expose dans un style éblouissant son Paganisme panthéiste et solaire. Un des plus beaux discours sur Hélios-Roi depuis celui de l’Empereur Julien ! On peut considérer cet écrit inclassable (9), mais sublime, comme le successeur du Zarathoustra de Nietzsche, auquel il s’apparente par le style et la recherche de valeurs supérieures (10).

Les poèmes solaires de Pensées

Parues également à titre posthume, quelques années après Apocalypse, on retrouve dans ce recueil les différentes facettes de l’auteur. Le Soleil y est omniprésent, comme dans le charmant poème « Femmes solaires  », qui rejoint totalement le personnage de Juliette :

« Comme ce serait étrange si des femmes s’avançaient et disaient :

Nous sommes les femmes solaires !
Nous n’appartenons ni aux hommes ni à nos enfants ni à nous-mêmes
Mais au Soleil.
Ah ! quel délice de sentir le Soleil sur moi !
Quel délice de s’ouvrir comme une fleur
Lorsqu’un homme vient et vous regarde
Le visage plein de lumière, de sorte qu’une femme
Ne peut que s’ouvrir comme une fleur
Percée par les rayons étincelants ».

Les préoccupations sociales de Lawrence apparaissent dans le poème « Les classes moyennes », où il proclame son mépris pour la bourgeoisie :

« Les classes moyennes
Sont sans Soleil.
Elles n’ont que deux étalons,
L’homme et l’argent,
Elles n’ont absolument aucune parenté avec le Soleil. »

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En politique, sa conception aristocratique l’amène à se situer en dehors des partis classiques. Il s’en exprime dans « Démocratie » :

« Je suis démocrate dans la mesure où j’aime dans l’homme sa liberté solaire.
Je suis aristocrate dans la mesure où je hais l’étroit esprit de possession.
J’adore le Soleil en tous les hommes
Lorsque je vois briller sur un front
Clair et sans peur, si petit soit-il.
Mais lorsque je vois ces ternes hommes qui arrivent à la puissance
Si laids, pareils à des cadavres, absolument privés de Soleil
Et qui se dandinent machinalement
Comme de gros esclaves victorieux,
Alors je suis plus que radical,
J’ai envie d’amener la guillotine.
Et lorsque je vois des travailleurs
Pâles, vils, semblables à des insectes
Machinalement affairés
Qui vivent comme des poux sur une maigre pitance
Et ne regardent jamais plus haut,
Alors je voudrais, comme Tibère, que la foule n’eût qu’une tête
Pour que je pusse la trancher.
Lorsque les êtres sont totalement dépourvus de Soleil
Ils ne devraient pas exister »

Dans « l’Espace » reparaissent les conceptions panthéistes d’Apocalypse :

« L’espace, bien sûr, est vivant,
C’est pourquoi il bouge ;
Et c’est ce qui le rend éternellement spacieux et aéré.
Quelque part en lui est un cœur sauvage
Dont les battements me transpercent
Et je l’appelle le Soleil ;
Et je me sens aristocrate, plein de noblesse,
Lorsqu’un battement me traverse
Venant du cœur sauvage de l’espace, que je nomme Soleil suprême. »

Pour Lawrence comme pour Nietzsche, la morale chrétienne n’est qu’une morale d’esclaves, avec sa comptabilité anxieuse du péché. La vraie immoralité est pour lui très différente, ainsi qu’il l’a exprimée dans le poème du même nom :

« Il est immoral
D’être mort-vivant,
Éteindre en soi le Soleil
Et l’éteindre dans les autres »

Lawrence, héraut du Soleil

Initié, visionnaire, Lawrence l’a certes été. Comme tous les prophètes, il fut d’abord incompris, à commencer dans son propre pays. Précurseur de la révolution sexuelle, il avait aussi dénoncé les dangereux mirages de la société industrielle. En cette fin de millénaire, où l’homme occidental met toute la planète en danger, où nos systèmes sans âme génèrent toutes sortes de pathologies abjectes, combien les faits ont abondé dans son sens ! Sa vie illustre parfaitement les mots de Teilhard de Chardin : « Ceux qui ont raison trop tôt s’exposent à finir en hérétiques ». Lawrence avait aussi prévu la renaissance du Paganisme, ce qui lui fut reproché. Cette renaissance païenne, aujourd’hui évidente, est pour nous indissociable d’un réveil de la solarité, auquel nous travaillons. Lawrence, chantre du Soleil, nous montre la voie : par la hauteur de ses visions, par la force de son art, il doit être considéré comme l’un des grands représentants de la solarité du XXe siècle.

► Jean-Christophe Mathelin, Antaios n°14, 1999.

Docteur en géologie, JC Mathelin est professeur. Depuis 1992, il anime la revue Solaria et le Cercle de Recherches sur les Cultes Solaires. Il prépare une anthologie des hymnes et prières au Soleil.

Notes :

  • (1) Le génie littéraire de D.H. Lawrence est aujourd’hui largement reconnu et ses audaces érotiques ont été dépassées depuis, par des auteurs qui n’ont pas son talent.
  • (2) A. Maupertuis, Le sexe et le plaisir avant le christianisme : L’érotisme sacré, Retz, Paris 1977.
  • 3) Voir à ce sujet C.G. Jung, Ma vie, Gallimard, 1962.
  • 4) Notamment les poèmes « La Prière au Soleil » et « L’Accueil au Soleil » : cf. Solaria n°7.
  • 5) Le succès historique de la Bible auprès des populations européennes, a priori peu réceptives aux religions du désert, pourrait entre autres s’expliquer par le fait qu’elles y auraient reconnu des éléments indo-européens : un message apollinien dans l’Évangile de Jean (le Prologue par ex.), une eschatologie iranienne dans l’Apocalypse, etc.
  • 6) Pour Jung, lorsque le mystique descend au fond de son âme, il y trouve le « Soleil de l’au-delà ». Voir C.G. Jung, Métamorphoses de l’âme et ses symboles, Librairie de l’Université - Georg et Cie, Genève, 1983.
  • 7) La théorie du vitalisme solaire fut soutenue notamment par le stoïcien Posidonius. Voir F. Cumont, La Théologie solaire du paganisme romain, Mémoires présentés à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de l’Institut de France, II, 2, Paris, 1913.
  • 8) Vieille théorie stoïcienne. Voir l’article « Panthéisme » dans l’Encyclopaedia Universalis.
  • 9) Osons une comparaison avec Citadelle de Saint-Exupéry, livre posthume et philosophique, un peu décousu, mais profond et poétique.
  • (10) Notamment le très solaire Prologue.


A lire :

  • Le Serpent à plumes, Stock, 1957, (Londres, 1926).
  • L’Amazone fugitive, Stock, 1976, (Londres 1928).
  • Apocalypse, Balland, 1978, (Londres 1931).
  • Matinées mexicaines - Pensées, Stock, 1986 (Londres 1935).

Geneviève Dormann: les jeux de l’amour et des hussards

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Geneviève Dormann: les jeux de l’amour et des hussards
 
Mais dites-moi, elle n’était pas un peu insolente, Geneviève Dormann?
 
Journaliste et écrivain
Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
Ex: http://www.bvoltaire.fr

dodo82253058168-T.jpgMais dites-moi, elle n’était pas un peu insolente, Geneviève Dormann ? Un peu insolente, vous plaisantez ? Elle était l’insolence en personne. Elle toisait du même regard bleu comme l’acier à la fois froid et rigolard, elle méprisait et elle bravait avec la même assurance, elle rejetait avec le même haussement d’épaule les bienséances, les conventions, les ridicules, les hiérarchies, les lâches, les complaisants, les décorations, les promotions, les récompenses, le politiquement correct et la pensée inique, le qu’en-dira-t-on, le qu’en-pensera-t-on. Elle était libre, Max, dans sa vie privée comme dans ses propos publics, dans ses jugements, dans ses indulgences comme dans ses éreintements, elle assumait avec une imperturbable assurance ses partis pris, et était prête à se faire hacher menu pour ceux qu’elle aimait comme à mordre jusqu’à les déchiqueter ceux dont la tête ou le comportement ne lui revenaient pas. Fidèle comme un dogue, féroce comme un pitbull, elle était la première à rire du surnom de « Dobermann » que lui avaient valu ses excès de franchise et de pugnacité. Ses ennemis, nombreux (je me souviens que nous étions tombés d’accord pour voir dans le proverbe espagnol « Beaucoup d’ennemis, beaucoup d’honneur » la plus belle devise dont puisse s’orner le blason d’un journaliste ou d’un écrivain), ne mettaient systématiquement en avant son caractère bien trempé que pour n’avoir pas à reconnaître le talent qu’elle avait mis dans les romans où elle laissait caracoler sa plume allègre et désinvolte, à la hussarde. C’était une cavale sauvage.

Les hussards, c’étaient ses dieux, et elle ne cessait de maudire le hasard qui l’avait fait naître trop tard, dans un monde trop vieux, vingt ans après ses quatre idoles – Nimier, Laurent, Blondin, Déon – dans la compagnie desquels elle aurait tant aimé être le cinquième mousquetaire. Fumant comme un sapeur, buvant comme un Polonais, jurant comme un cuirassier de la belle voix rauque et sensuelle que le tabac fait à certaines femmes, elle imitait ces modèles jusque dans leurs travers. Garçon manqué ? Mais non, femme réussie, entière, passionnée et qui, bien au-dessus de l’argent, de la gloire, de la famille et même de la littérature, mettait l’amour et l’amitié.

Elle se faisait du tort à plaisir et avec fierté. Il y eut une brève période où la radio et la télévision faisaient fréquemment appel, pour pimenter certaines émissions, à Geneviève Dormann, à cause de son insolence. C’est à cause de cette insolence même qu’elle disparut progressivement de l’antenne et de l’écran. On s’étonna de lui voir cosigner avec Régine Deforges un petit ouvrage sur le point de croix, qui tenait plus du canular que de la profession de foi. Ces dernières années, la maladie l’avait réduite au silence.

Adieu, Geneviève…