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dimanche, 28 décembre 2008

"La machine à abrutir" de Pierre Jourde

La machine à abrutir par Pierre Jourde

Le Monde diplomatique, Août 2008 : "Jusqu’à présent, la qualité des médias audiovisuels, public et privé confondus, n’était pas vraiment un sujet. Puis le président de la République découvre que la télévision est mauvaise. Il exige de la culture. En attendant que la culture advienne, l’animateur Patrick Sabatier fait son retour sur le service public. En revanche, des émissions littéraires disparaissent. C’est la culture qui va être contente.

Avec l’alibi de quelques programmes culturels ou de quelques fictions « créatrices », les défenseurs du service public le trouvaient bon. Ils ne sont pas difficiles. Comme si, à l’instar d’une vulgaire télévision commerciale, on n’y avait pas le regard rivé à l’Audimat. Comme si la démagogie y était moins abondante qu’ailleurs.

Les médias ont su donner des dimensions monstrueuses à l’universel désir de stupidité qui sommeille même au fond de l’intellectuel le plus élitiste. Ce phénomène est capable de détruire une société, de rendre dérisoire tout effort politique. A quoi bon s’échiner à réformer l’école et l’Université ? Le travail éducatif est saccagé par la bêtise médiatique, la bouffonnerie érigée en moyen d’expression, le déferlement des valeurs de l’argent, de l’apparence et de l’individualisme étroit diffusées par la publicité, ultime raison d’être des grands groupes médiatiques. Bouygues envoie Jules Ferry aux oubliettes de l’histoire.

Lorsqu’on les attaque sur l’ineptie de leurs programmes, les marchands de vulgarité répliquent en général deux choses : primo, on ne donne au public que ce qu’il demande ; secundo, ceux qui les cri-tiquent sont des élitistes incapables d’admettre le simple besoin de divertissement. Il n’est pas nécessairement élitiste de réclamer juste un peu moins d’ineptie. Il y a de vrais spectacles populaires de bonne qualité. Le public demande ce qu’on le conditionne à demander. On a presque abandonné l’idée d’un accès progressif à la culture par le spectacle populaire. Victor Hugo, Charlie Chaplin, Molière, René Clair, Jacques Prévert, Jean Vilar, Gérard Philipe étaient de grands artistes, et ils étaient populaires. Ils parvenaient à faire réfléchir et à divertir. L’industrie médiatique ne se fatigue pas : elle va au plus bas.

Chacun a le droit de se détendre devant un spectacle facile. Mais, au point où en sont arrivées les émissions dites de « divertissement », il ne s’agit plus d’une simple distraction. Ces images, ces mots plient l’esprit à certaines formes de représentation, les légitiment, habituent à croire qu’il est normal de parler, penser, agir de cette manière. Laideur, agressivité, voyeurisme, narcissisme, vulgarité, inculture, stupidité invitent le spectateur à se complaire dans une image infantilisée et dégradée de lui-même, sans ambition de sortir de soi, de sa personne, de son milieu, de son groupe, de ses « choix ». Les producteurs de télé-réalité — « Loft story », « Koh-Lanta », « L’île de la tentation » —, les dirigeants des chaînes privées ne sont pas toujours ou pas seulement des imbéciles. Ce sont aussi des malfaiteurs. On admet qu’une nourriture ou qu’un air viciés puissent être néfastes au corps. Il y a des représentations qui polluent l’esprit.

Si les médias des régimes totalitaires parviennent, dans une certaine mesure, à enchaîner les pensées, ceux du capitalisme triomphant les battent à plate coutureEt tout cela, bien entendu, grâce à la liberté. C’est pour offrir des cerveaux humains à Coca-Cola que nous aurions conquis la liberté d’expression, que la gauche a « libéré » les médias. Nous, qui nous trouvons si intelligents, fruits de millénaires de « progrès », jugeons la plèbe romaine bien barbare de s’être complu aux jeux du cirque. Mais le contenu de nos distractions télévisées sera sans doute un objet de dégoût et de dérision pour les générations futures.

On a le choix ? Bien peu, et pour combien de temps ? La concentration capitaliste réunit entre les mêmes mains les maisons d’édition, les journaux, les télévisions, les réseaux téléphoniques et la vente d’armement. L’actuel président de la République est lié à plusieurs grands patrons de groupes audiovisuels privés, la ministre de la culture envisage de remettre en cause les lois qui limitent la concentration médiatique, la machine à abrutir reçoit la bénédiction de l’Etat (1). Les aimables déclarations récentes sur l’intérêt des études classiques pèsent bien peu à côté de cela.

Quelle liberté ? La bêtise médiatique s’universalise. L’esprit tabloïd contamine jusqu’aux quotidiens les plus sérieux. Les médias publics courent après la démagogie des médias privés. Le vide des informations complète la stupidité des divertissements. Car il paraît qu’en plus d’être divertis nous sommes informés. Informés sur quoi ? Comment vit-on en Ethiopie ? Sous quel régime ? Où en sont les Indiens du Chiapas ? Quels sont les problèmes d’un petit éleveur de montagne ? Qui nous informe et qui maîtrise l’information ? On s’en fout. Nous sommes informés sur ce qu’il y a eu à la télévision hier, sur les amours du président, la garde-robe ou le dernier disque de la présidente, les accidents de voiture de Britney Spears. La plupart des citoyens ne connaissent ni la loi, ni le fonctionnement de la justice, des institutions, de leurs universités, ni la Constitution de leur Etat, ni la géographie du monde qui les entoure, ni le passé de leur pays, en dehors de quelques images d’Epinal.

Un des plus grands chefs d’orchestre du monde dirige le Don Giovanni de Mozart. Le journaliste consacre l’interview à lui demander s’il n’a pas oublié son parapluie, en cas d’averse. Chanteurs, acteurs, sportifs bredouillent à longueur d’antenne, dans un vocabulaire approximatif, des idées reçues. Des guerres rayent de la carte des populations entières dans des pays peu connus. Mais les Français apprennent, grâce à la télévision, qu’un scout a eu une crise d’asthme.

Le plus important, ce sont les gens qui tapent dans des balles ou qui tournent sur des circuits. Après la Coupe de France de football, Roland-Garros, et puis le Tour de France, et puis le Championnat d’Europe de football, et puis... Il y a toujours une coupe de quelque chose. « On la veut tous », titrent les journaux, n’imaginant pas qu’on puisse penser autrement. L’annonce de la non-sélection de Truc ou de Machin, enjeu national, passe en boucle sur France Info. Ça, c’est de l’information. La France retient son souffle. On diffuse à longueur d’année des interviews de joueurs. On leur demande s’ils pensent gagner. Ils répondent invariablement qu’ils vont faire tout leur possible ; ils ajoutent : « C’est à nous maintenant de concrétiser. » Ça, c’est de l’information.

On va interroger les enfants des écoles pour savoir s’ils trouvent que Bidule a bien tapé dans la balle, si c’est « cool ». Afin d’animer le débat politique, les journalistes se demandent si Untel envisage d’être candidat, pense à l’envisager, ne renonce pas à y songer, a peut-être laissé entendre qu’il y pensait. On interpelle les citoyens dans les embouteillages pour deviner s’ils trouvent ça long. Pendant les canicules pour savoir s’ils trouvent ça chaud. Pendant les vacances pour savoir s’ils sont contents d’être en vacances. Ça, c’est de l’information. A la veille du bac, on questionne une pharmacienne pour savoir quelle poudre de perlimpinpin vendre aux étudiants afin qu’ils pensent plus fort. Des journalistes du service public passent une demi-heure à interroger un « blogueur », qui serait le premier à avoir annoncé que Duchose avait dit qu’il pensait sérieusement à se présenter à la présidence de quelque machin. Il s’agit de savoir comment il l’a appris avant les autres. Ça, c’est de l’information. Dès qu’il y a une manifestation, une grève, un mouvement social, quels que soient ses motifs, les problèmes réels, pêcheurs, enseignants, routiers, c’est une « grogne ». Pas une protestation, une colère, un mécontentement, non, une grogne. La France grogne. Ça, c’est de l’information.

On demande au premier venu ce qu’il pense de n’importe quoi, et cette pensée est considérée comme digne du plus grand intérêt. Après quoi, on informe les citoyens de ce qu’ils ont pensé. Ainsi, les Français se regardent. Les journalistes, convaincus d’avoir affaire à des imbéciles, leur donnent du vide. Le public avale ? Les journalistes y voient la preuve que c’est ce qu’il demande.

Cela, c’est 95 % de l’information, même sur les chaînes publiques. Les 5 % restants permettent aux employés d’une industrie médiatique qui vend des voitures et des téléphones de croire qu’ils exercent encore le métier de journalistes. Ce qui est martelé à la télévision, à la radio envahit les serveurs Internet, les journaux, les objets, les vêtements, tout ce qui nous entoure. Le cinéma devient une annexe de la pub. La littérature capitule à son tour.Le triomphe de l’autofiction n’est qu’un phénomène auxiliaire de la « peopolisation » généralisée, c’est-à-dire de l’anéantissement de la réflexion critique par l’absolutisme du : « C’est moi, c’est mon choix, donc c’est intéressant, c’est respectable. »

La bêtise médiatique n’est pas un épiphénomène. Elle conduit une guerre d’anéantissement contre la culture. Il y a beaucoup de combats à mener. Mais, si l’industrie médiatique gagne sa guerre contre l’esprit, tous seront perdus."

A lire
>>> Pierre Jourde, La littérature sans estomacEd. L'Esprit des péninsules, 2002.
>>> Jourde - Naulleau, Précis de littérature du XXIe siècleMots et Cie, 2008.

samedi, 27 décembre 2008

Afrikanisering van Europa

Afrikanisering van Europa

“Hoe verdwijnt een beschaving, hoe verdwijnt de democratie? Democratie kun je niet invoeren, democratie moet te verwerven”. Eén van de vele treffende opmerkingen van mevrouw Marcia Luyten in haar boek Ziende blind in de sauna, waarin ze met veel verve waarschuwt voor een Afrikanisering van Nederland – en bij uitbreiding van Vlaanderen en Europa. Nederland gaat steeds meer op Afrika lijken, schrijft ze. 

Om de lezer vooraf toch al dit mee te geven: het boek gaat niet over de bedreiging vanwege immigranten, vanwege asielzoekers. Mevrouw Luyten is begonnen als een overtuigde telg van het multiculturele, progressieve kamp, al heeft ze ondertussen en gaandeweg een aantal van haar linkse standpunten bijgesteld. Neen, dit boek gaat over Nederlandse (Westerse) instellingen en instituties die door een kortetermijndenken in de politiek en de economie, die door een inhalige moraal, door uitholling van de moraal en door misbruikt vertrouwen ten onder dreigen te gaan, en die hierin steeds meer beginnen te lijken op Afrika.

Marcia Luyten (geboren in 1971) is journaliste, cultuurhistorica en econome, ze schrijft voor verschillende kranten en woonde van 2001 tot 2003 in Rwanda, en sinds 2007 in Oeganda. Ze kent de Afrikaanse cultuur vrij goed en beseft dus maar al te goed de draagwijdte van haar woorden. En hoewel ze zich blijft opstellen als een ‘progressief’ auteur, merkt men op elke bladzijde de sterke (soms onmerkbare trouwens) invloed van overtuigd conservatieve denkers als Dalrymple, die in zijn kritiek op het links-libertaire al wees op hun verpletterende verantwoordelijkheid in het ontkennen van elke publieke moraal. Mevrouw Luyten haalt Joep Dohmen aan: “Waarden als identiteit, individualiteit en vrijheid veronderstellen dat het individu door de samenleving een zekere morele vorming heeft ondergaan”.

Zo roept ze op “de vrijheid en de eigenzinnigheid te veroveren op de fanatiekelingen die zich in de jaren 60 van vorige eeuw hebben toegeëigend maar die daaraan behalve de emancipatie vooral één dimensie hebben: die van de permissiviteit”. Ze lijkt de politieke en metapolitieke rechterzijde na te zeggen dat “alles kan, alles mag” een deel van het probleem van Europa, van Vlaanderen en van Nederland is.

Over economie – toch wel zéér actueel, meen ik – schrijft Luyten heel treffende zinnen neer, vooral over het korte termijn winstbejag van aandeelhouders in multinationals, over de kip met de gouden eieren. En ook hier weer de parallel met Afrika: “Het aanstekelijke, bewonderenswaardige ‘leven in het moment’ van Afrika heeft een schaduwzijde: het maakt van armoede een gesloten cirkel”.

Niet alleen de economie, maar ook de politiek is ‘verafrikaniseerd’. Afrika kent vooral een politiek van aanhankelijkheden. Maar ook in Europa groeit het cliëntelisme sterk. Het gaat in de politiek – ook in België, ook in Nederland – steeds minder om politieke programma’s, om ideeën. Macht in Afrika dient vooral en bijna uitsluitend om de eigen achterban goed te verzorgen. Is dat het lot dat de politiek in Europa te wachten staat? Maar lees ook haar bladzijden over de massamediacultuur, lees haar vernietigend oordeel over allerlei schoolse experimenten!

Dit boekje van Marcia Luyten is echter geen programmabrochure van een politieke partij. Mevrouw Luyten schrijft met veel schroom, té veel schroom allicht, over de uitwassen van de multiculturele maatschappij. Maar toch is ook bij haar het taboe, om er liever niets over te schrijven dan slecht, gevallen. Zo noteert ze: “Toen een delegatie van het Nederlands Centrum voor Terrorismebestrijding het Amsterdamse stadsdeel Bos en Lommer bezocht, na de moord op Van Gogh, keken de bezoekers op van de hoeveelheid schotelantennes die er als geraniums balkons sierden”. Inderdaad, onze maatschappij is niet weinig verkleurd, mevrouw Luyten.

Het zal niemand verbazen dat geregeld wordt verwezen naar stevige Nederlandse conservatieve filosofen als Kinneging. Toch wil mevrouw Luyten verder door het leven als progressief auteur, niet zonder de arrogantie van links er stevig van links te geven. “Terug naar dat karakter (als een van de bouwstenen van een gezonde samenleving). Welke karaktereigenschappen zijn daarvoor nodig? Een schets van zo’n persoonlijkheid is niet ongevaarlijk. Voor je het weet, word je in een hoek gezet waar je niet wil zijn – bijvoorbeeld die van de conservatieven – want dat is wat sommige linkse mensen graag doen met andere linkse mensen die het over cultuur en moraal hebben”. Jaja, de verdraagzaamheid van links is een mooi ding…

Dit boek – maar dat had u al begrepen, beste lezer – bevat zeer veel stof tot nadenken. Veel introspectie in een maatschappij die wat ver in de ene richting is doorgeschoten. Marcia Luyten brengt noodzakelijke correcties aan.

(Peter Logghe)

Ziende blind in de sauna, 220 pagina’s
Auteur: Luyten, M.
Uitgeverij: Lemniscaat, Rotterdam 2008
ISBN  978 90 477 0035 7



 

mercredi, 24 décembre 2008

Le système financier n'est pas réformable

LE SYSTÈME FINANCIER N’EST PAS RÉFORMABLE


sauvetage financier

 

« Ainsi donc tout était possible. Une intervention financière massive de l’Etat. L’oubli des contraintes du pacte de stabilité européen. Une capitulation des banques centrales devant l’urgence d’une relance. La mise à l’index des paradis fiscaux. Tout était possible car il fallait sauver les banques.


Pendant trente ans, la moindre idée d’une altération quelconque des fondements de l’ordre libéral afin, par exemple, d’améliorer les conditions d’existence de la majorité de la population s’était pourtant heurtée au même type de réponse : tout ceci est bien archaïque ; la mondialisation est notre loi ; les caisses sont vides ; les marchés n’accepteront pas ; savez-vous que le mur de Berlin est tombé ? Et pendant trente ans, la "réforme" s’est faite, mais dans l’autre sens. Celui d’une révolution conservatrice qui livra à la finance des tranches toujours plus épaisses et plus juteuses du bien commun, comme ces services publics privatisés et métamorphosés en machines à cash "créant de la valeur" pour l’actionnaire. Celui d’une libéralisation des échanges qui attaqua les salaires et la protection sociale, contraignant des dizaines de millions de personnes à s’endetter pour préserver leur pouvoir d’achat, à "investir" (en Bourse, dans des assurances) pour garantir leur éducation, parer à la maladie, préparer leur retraite. La déflation salariale et l’érosion des protections sociales ont donc enfanté puis conforté la démesure financière ; créer le risque a encouragé à se garantir contre lui. La bulle spéculative s’est très vite emparée du logement, qu’elle transforma en placement. Sans cesse, elle fut regonflée par l’hélium idéologique de la pensée de marché. Et les mentalités changèrent, plus individualistes, plus calculatrices, moins solidaires. Le krach de 2008 n’est donc pas d’abord technique, amendable par des palliatifs tels que la "moralisation" ou la fin des abus. C’est tout un système qui est à terre.


Autour de lui déjà s’affairent ceux qui espèrent le relever, le replâtrer, le ripoliner, afin que demain il inflige à la société quelque nouveau tour pendable. Les médecins qui miment l’indignation devant les (in)conséquences du libéralisme sont ceux-là mêmes qui lui fournirent tous les aphrodisiaques — budgétaires, réglementaires, fiscaux, idéologiques — grâce auxquels il s’est dépensé sans compter. Ils devraient se juger disqualifiés. Mais ils savent que toute une armée politique et médiatique va s’employer à les blanchir. Ainsi, MM. Gordon Brown, l’ancien ministre des finances britannique dont la première mesure fut d’accorder son "indépendance" à la Banque d’Angleterre, José Manuel Barroso, qui préside une Commission européenne obsédée par la concurrence, Nicolas Sarkozy, artisan du "bouclier fiscal", du travail le dimanche, de la privatisation de La Poste : ces trois-là s’emploient, paraît-il, à "refonder le capitalisme"... (...)


Alors qui proposera la mise en cause du cœur du système, le libre-échange ? Utopique ? Aujourd’hui tout est possible quand il s’agit des banques... »



Serge Halimi, "Penser l’Impensable", Le Monde Diplomatique, novembre 2008

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Dehaene en Staatshervorming

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dimanche, 21 décembre 2008

Breve glossario delnociano

BREVE GLOSSARIO DELNOCIANO

http://patriaeliberta.myblog.it

Breve glossario delnociano: conservazione, reazione e tradizione



Mi permetto di sottoporvi una breve nota terminologica a chiarimento ed esposizione dei concetti di conservazione, reazione e tradizione, tratta da A. Del Noce, I caratteri generali del pensiero politico contemporaneo, vol. I. Lezioni sul marxismo (Giuffrè, Milano 1972). Secondo il filosofo torinese questi concetti vanno assolutamente mantenuti distinti.

 


 
Conservazione:
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«Al conservatorismo si giunge dottrinalmente attraverso la critica dell’Utopia […] e delle sue conseguenze pratiche, [e] viene fatta in nome dell’esperienza. Si arriva con ciò al principio generale che la durata di istituzioni in un determinato paese, è la prova della loro ragione di essere; che si potranno operare modificazioni e miglioramenti, ma sempre nel loro orizzonte. Questa genesi mostra come il conservatorismo sia generalmente legato a un empirismo di tipo scettico; talvolta però anche a uno storicismo di tipo idealistico, sulla base perciò di una identificazione di Dio con la storia» (pp. 17-18).
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Reazione:
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Rispetto al conservatorismo «completamente diversa è la struttura del pensiero reazionario […]. Mentre il conservatore è riconciliato con la realtà presente, il reazionario è totalmente insoddisfatto e vi vede una decadenza rispetto a una realtà storica passata. Vuole perciò tornare indietro nel tempo, a un momento in cui i germi di questa decadenza e dissoluzione non esistevano, o meglio, erano difficilmente percettibili. Al pensiero reazionario appartiene dunque il momento della forma archeologica dell’utopia, destinata «sempre» a cedere rispetto a una forma utopica rivoluzionaria. […] Il torto del pensiero reazionario è di confondere l’affermazione di principi soprastorici con l’immagine di una realtà storica realizzata, così da essere indotta a pensare che l’eternità di principi escluda la «novità dei problemi»; problemi che devono essere risolti in relazione a quei principi, ma dopo che siano stati riconosciuti nella loro «novità»; altrimenti si corre il rischio mortale di pensare come storici i principi stessi. Per questa apparenza si è detto che per il pensiero reazionario vale il «sic vos non vobis»; che cioè è destinato ad essere un momento di qualcos’altro, cioè del passaggio da una fase del pensiero progressista alla seconda» (pp. 19-20). «Ma in realtà il pensiero «puramente» reazionario non esiste. Esso è una commistione tra l’interpretazione soprastorica della permanenza dei principi e il pensiero utopistico spostato al passato, sembra cedere al pensiero rivoluzionario soltanto se lo si considera sotto questo secondo aspetto in cui il primo viene arbitrariamente del tutto inglobato» (pp. 21-22).
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Tradizione:
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«È […] di tutta evidenza che è il «valore» a fondare la tradizione e non l’inverso. Il significato dell’endiade «valori tradizionali» è perciò questo: esistono dei valori assoluti e soprastorici che «perciò» possono e devono venir «consegnati»; esiste un «ordine» che è immutabile, anche per Dio stesso. La sua «autorità» non è affatto imposizione «repressiva», perché si tratta di un ordine increato, oggetto di intuizione non sensibile; solo in questa accezione il termine «autorità» ritrova il suo significato etimologico (da augere, accrescere) e si può parlare di autorità liberatrice» (p. 22).
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È utile anche un accenno al concetto di Utopia:
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essa è la «possibilità che sia raggiunta una posizione mondana in cui tutte le contraddizioni siano risolte e si pervenga a una condizione in cui vi sia perfetto accordo tra virtù e felicità, così che la felicità possa realizzarsi senza sforzo e senza sacrificio; al limite, possiamo dire che l’idea dell’«universale felicità mondana» è l’essenza dell’utopia» (pp. 17-18). In questo senso Utopia non è concetto perfettamente sovrapponibile a quello di Rivoluzione, che «indica rottura di continuità: a un ordine se ne sostituisce un altro che non è semplice «sviluppo» del precedente» (p. 10).
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jeudi, 18 décembre 2008

La crise de l'idéal démocratique en Occident?

La crise de l’idéal démocratique en Occident ?

« Ce que nous sommes en train de voir ce n’est pas seulement la fin de la guerre froide ou simplement le passage d’une période particulière de l’après-guerre, mais la fin de l’histoire elle-même : c’est-à-dire la fin de l’évolution idéologique de l’homme et l’universalisation de la démocratie libérale occidentale comme forme finale du gouvernement des hommes » ! » (Francis Fukuyama, « The End of History and the Last Man », 1992.)

Depuis la chute du Mur de Berlin et l’éclatement de l’URSS, la prophétie de Fukuyama semble accomplie : la démocratie libérale occidentale règne sur le monde. Sa cote est à son zénith (1). Plus de 60% des pays dans le monde sont des démocraties ; celles-ci n’étaient qu’au nombre de dix en 1900. Pourtant, alors même qu’il paraît s’imposer au monde entier, l’idéal démocratique est de plus en plus fragilisé. Cinq courants au moins tendent aujourd’hui à le saper chez ceux qui en sont en principe les plus ardents défenseurs. Les voici par ordre inverse d’apparition, en commençant donc par le plus récent.

1. Courant géopolitique

Depuis les débuts de leur histoire, les Etats-Unis ont régulièrement invoqué l’idéal démocratique pour légitimer toutes leurs interventions militaires, mais aussi pour réduire ou fragiliser les autres puissances mondiales : les empires coloniaux britannique et français, et bien entendu l’URSS. La démocratie reste une arme contre l’influence russe dans les Balkans, en Ukraine ou en Asie centrale, mais elle n’a plus guère de marge de progression. Et surtout, l’expansionnisme américain est en phase d’épuisement ; le discours démocratique qui lui est consubstantiel s’en trouvera donc affaibli.

Au même moment, l’argument démocratique menace de faire boomerang. Les Russes ont longtemps répondu aux invocations démocratiques sur le ton de l’ironie ou de la vertu outragée. Mais la guerre d’Ossétie du Sud leur a montré que cela ne suffisait pas. Sûrs de la légitimité de leur intervention, ils ont été douloureusement surpris de constater les interprétations qui en étaient données dans la presse occidentale. « L’Occident a armé la Géorgie, le régime Saakachvili a été complètement subventionné par l’Occident et présenté comme un parangon de démocratie », déplorait ainsi Valeri Lochtchinine, représentant permanent de la Russie à l’ONU (dépêche RIA Novosti, 26 août 2008). Cette crise semble avoir provoqué une certaine prise de conscience chez les Russes : hypocrisie pour hypocrisie, ils pourraient invoquer eux-mêmes la démocratie. Il est probable que ce sera davantage le cas désormais, avec des arguments qui vaudront bien ceux du camp américain. Dmitri Medvedev déclarait récemment que la Russie était prête « à renforcer son potentiel de défense et à protéger les citoyens russes et la démocratie » (dépêche RIA Novosti, 1er octobre 2008).

Les Russes commencent à peine à découvrir le concept. Mais quand ils le maîtriseront à leur tour et que les débats n’opposeront plus la démocratie à l’expansionnisme russe mais la démocratie vue par les Américains à la démocratie vue par les Russes (voire la démocratie à l’expansionnisme américain), l’idéal démocratique perdra fatalement de son caractère consensuel.

2. Courant stratégique

Avant même le début de leur intervention en Irak en 2003, les Américains avaient compris que l’argument des armes de destruction massive allégué par le président George W. Bush dans son discours sur l’état de l’Union en janvier 2003, puis par le secrétaire d’Etat Colin Powell à l’ONU en février 2003, ne tiendrait pas longtemps. Dès le 26 février, trois semaines avant le début de l’intervention militaire, le président Bush commençait à soutenir que les Etats-Unis devaient apporter la démocratie à l’Irak (2). Ce thème est par la suite devenu dominant ; le président Bush l’a généralisé en affirmant que « l’engagement en faveur de la démocratie doit tenir une place centrale dans la politique américaine au cours des prochaines décennies » (3).

Aujourd’hui, la priorité démocratique est expressément remise en cause par de nombreux acteurs et observateurs de la politique américaine. Dans leur dernier livre (4), Brzezinski et Scowcroft, anciens conseillers des présidents Carter et Bush père, regrettent ouvertement que les Etats-Unis aient réclamé des élections chez les Palestiniens, qui ont mené à une victoire du Hamas. Instruits par l’expérience, ils se déclarent hostiles à des élections libres en Egypte, de peur qu’elles ne soient remportées par les Frères musulmans, « ils ne voudraient pas voir en Arabie Saoudite une élection à laquelle Oussama ben Laden se présenterait face à un membre de la famille royale », et affirment qu’il n’appartient pas aux Etats-Unis de réclamer la démocratie en Chine. D’autres notent qu’au Pakistan et en Turquie l’armée est un allié plus fiable que les urnes. L’évolution de la situation en Irak et l’effondrement de la popularité du président Bush provoquent ainsi des dégâts intellectuels collatéraux au détriment de l’idéal démocratique.

3. Courant économique

À l’instar de Milton Friedman, beaucoup de théoriciens et d’hommes politiques ont longtemps cru ou affecté de croire que la liberté des échanges économiques faisait le lit de la démocratie. L’idée arrangeait beaucoup de monde puisqu’elle légitimait le développement du commerce avec la Chine. Pourtant, on sait depuis longtemps que la démocratie n’est pas une condition du libéralisme économique. Tant que ce constat reposait sur des exemples relativement marginaux comme Singapour, Taiwan ou les EAU (Emirats arabes unis – NDLR), cette idée pouvait être consensuellement mise en parenthèse. Quant au Chili de Pinochet, il était si disqualifié que son cas ne pouvait fonder de réflexions déviantes.
Il en va autrement de la Chine, dont l’expansion économique se poursuit à un rythme effréné sans guère de signes de progrès démocratique. Il devient de plus en plus difficile de faire semblant de ne pas le voir, et les réflexions sur d’éventuels avantages économiques de la dictature se répandent au point d’alarmer des observateurs qui ne sont pas des adversaires du marché. « Bien entendu, nul ne met vraiment en cause la démocratie », s’inquiétait ouvertement Roger de Weck, éditorialiste des « Echos » (5). « Mais à force de côtoyer des régimes autoritaires, cela pourrait finir par détonner. »

La crise financière apporte de l’eau à ce courant. Pourtant réputées bondées de créances douteuses, les banques chinoises y résistent à ce jour mieux que celles de l’Occident. Comme l’a noté Richard Spencer (6), correspondant de « The Telegraph »à Pékin, les démocraties occidentales ont tenté au-delà de toute raison de satisfaire des acheteurs de logements, qui pèsent lourd dans le corps électoral ; la Chine a pu s’en dispenser et a donc échappé au dérapage des prêts « subprime ».

4. Courant technocratique

Ce courant va en s’affirmant depuis de nombreuses années en parallèle avec l’interventionnisme public. Elections et pressions politiques perturbent les plans des hauts fonctionnaires et des gouvernements qui, au lieu de se plier à la règle démocratique, cherchent à s’en affranchir. Une partie des innovations institutionnelles des soixante dernières années répondent clairement à cet objectif. Ainsi la construction européenne favorise-t-elle les discussions non plus de fonctionnaires à politiques mais de fonctionnaires nationaux à fonctionnaires européens. Les intercommunalités tendent, elles aussi, à mettre dans une certaine mesure l’action publique locale à l’abri du corps électoral. Bien entendu, ce courant ne remet pas en cause formellement la démocratie, il ne théorise pas sa démarche. Cependant, on pourrait dire que celle-ci revient à effectuer, en écho à la dichotomie maurrassienne, une distinction entre « politique légale » et « politique réelle ».

Ce courant est, lui aussi, renforcé par la crise financière. Aux Etats-Unis, l’administration Bush a été profondément ulcérée du rejet du plan Paulson I par le Parlement, qui l’a obligé à travailler sous pression pour développer un plan Paulson II boursouflé par les concessions à de multiples groupes de pression. En Europe, les gouvernements ont préféré une démarche de fait accompli. En France, la création de la Société de prises de participation de l’Etat est intervenue une semaine avant d’être annoncée à l’Assemblée nationale par le premier ministre le 8 octobre. Les autres pays européens ont fait de même ; « Gordon Brown décide la nationalisation partielle de banques britanniques », titraient « Les Echos » (7), évoquant un engagement de 635 millions d’euros.

5. Courant démocratique

« Pas de liberté pour les ennemis de la liberté », proclamait Saint-Just en 1793. Dans son sillage, certains se sont toujours souciés de déterminer à la place des électeurs ce qui est une démocratie acceptable ou pas. Ce souci n’est pas uniquement idéologique : assez naturellement, les élus en place tentent de se protéger contre les nouveaux venus. La montée des mouvements dits « populistes » a donné une nouvelle impulsion à ce courant en Europe. Le premier signal fort a probablement été donné par le parti conservateur britannique d’Edward Heath quand il a privé de ses responsabilités le député britannique Enoch Powell dès le lendemain de son célèbre discours du 20 avril 1968, pourtant approuvé selon un sondage par 74% des électeurs.

Les socialistes français ont cessé de proclamer la supériorité démocratique du système proportionnel sur le scrutin majoritaire par circonscriptions à partir du moment où, en l’instaurant, ils ont ouvert l’Assemblée nationale au Front national. Tout succès d’un parti populiste en Europe entraîne une réflexion non sur la politique à suivre pour satisfaire le corps électoral mais sur les mesures institutionnelles à prendre pour mettre hors circuit une fraction de celui-ci. Cette démarche à la Saint-Just est systématique et parfois explicite ; tous les pays de l’Union européenne ont ainsi appliqué des sanctions contre l’Autriche quand des membres du Fpö ont été nommés ministres en 2000.

La sélection entre bonne et mauvaise démocratie n’est pas réservée aux populistes. On l’a bien vu avec le refus systématique des gouvernements de se plier au résultat des référendums européens quand il était négatif. Mais c’est probablement à propos du populisme que ce courant s’affirmera dans les prochaines années. Car il pourrait un jour rejoindre le premier courant, le courant géopolitique : quand la Russie aura compris le potentiel que lui offrent les mouvements « populistes » dans une perspective de retournement du discours démocratique à son avantage, le krach de l’idéal démocratique occidental ne sera sans doute pas loin.

Charles Rupiquet 02/12/08
Source : Correspondance Polémia 07/12/08

Notes :

(1) L’indice CAC 40 a atteint le 4 septembre 2000 un sommet historique de 6.922 points.
(2) Discours du président George W. Bush, 26 février 2003 :
http://www.whitehouse.gov/news/releases/2003/02/20030226-...
(3) Discours du président George W. Bush, 6 novembre 2003 :
http://www.whitehouse.gov/news/releases/2003/11/20031106-...
(4) Zbigniew Brzezinski et Brent Scowcroft, « America and the World », Basic Books, New York, 2008.
(5) « Les Echos », 18 décembre 2007.
(6) Blog du 16 octobre 2008 :
http://blogs.telegraph.co.uk/richard_spencer/blog/2008/10...
(7) « Les Echos », 9 octobre 2008.

Nationalisme, concert européen impérial, nouvelle droite et renouveau catholique

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1994

Nationalisme, concert européen impérial , nouvelle droite et renouveau catholique

Entretien avec Robeert STEUCKERS - Propos recueillis par Xavier Cheneseau

Animateur des revues «Vouloir» et «Orientations» (qui ont pris peu à peu la place d'«Eléments» dans le public de la «Nouvelle Droite», pouvez-vous nous dire comment vous percevez le retour des nationalismes en Europe?

Le terme «nationalisme» recouvre une quantité d’aspirations politiques, parfois divergentes. Alors, je commencerai par mettre les choses au point: pour moi, le «nationalisme», en tant qu’idéologie et pratique politiques, dérive tout naturellement du mot «nation»; au sens étymologique, c’est-à-dire au sens premier, le mot «nation» contient la même racine que «naître» (du latin «nascere»/«nasci», «natus»). La nation est donc la grande famille dans laquelle je nais, et aussi le sol où cette grande famille s’est épanouie. La nation est donc le peuple et le pays au sens charnel du terme. Toute autre définition de la nation est pour moi abusive, tronquée ou extrapolée. Donc fausse. Comme l’Europe est faite de multiples nations, voisines les unes des autres, le philosophe, l’historien ou le militant qui pensent en termes de nationalité déploient automatiquement une pensée qui accepte la variété, la diversité, la multiplicité, la pluralité et s’en réjouissent. Il veut un monde fait d’une infinité de coloris et non un monde de grisaille, comme nous en connaissons dans les banlieues de nos grandes villes. Cette définition de la nation postule que je dois admettre que l’autre veuille gérer son destin local à sa manière. Mais cette multiplicité est difficile à gérer à l’échelle de notre continent, surtout à l’heure où de vieux peuples réclament une structure étatique propre et une voix dans le concert européen. De cette revendication peut jaillir un nouveau désordre, si toutes ces entités politiques, les vieilles comme les nouvelles, se ferment sur elles-mêmes et se refont la guerre au nom de querelles anciennes. Mais si l’on se place directement au niveau européen, au niveau de notre civilisation, et que nous acceptons que cette civilisation s’exprime par une grande variété de modes et de façons, on s’efforcera automatiquement d’élaborer un droit des gens capable de gérer cette diversité sans heurts. Et ce droit des gens s’inspirera des techniques impériales (propres au Saint-Empire médiéval), des modalités fédéralistes de gestion de l’Etat (Suisse, RFA) et acceptera les clauses de la CSCE quant à la protection des minorités linguistiques. En effet, le retour des nationalismes n’est pas tant un retour à l’Etat fermé qu’une volonté de se débarrasser des centralismes trop contraignants et des modes de gestion propres au communisme marxiste-léniniste et au technocratisme libéral occidental. Aujourd’hui, grâce aux nouvelles technologies de communication, le centralisme rigide d’autrefois n’est plus de mise. L’homme du 21ième siècle devra faire face à cette triple nécessité: nécessité géopolitique de concevoir l’unité de l’Europe, nécessité éthique de respecter les diversités productrices de richesses et nécessité pratique de mettre les appareils politiques au diapason des nouvelles techniques de communications.

 

Ces nationalismes peuvent-ils déboucher sur l'émergence d'un Empire européen?

 

Il me semble qu’il est encore trop tôt pour parler d’«Empire européen». D’abord parce que la logique impériale, qui est fédérale, et fonctionne selon le principe de subsidiarité, n’est pas également répartie en Europe. Il subsiste des zones rétives à cette logique de pacification intérieure du continent. Je crois qu’il faut d’abord travailler au sein d’une structure qui existe et qui est la CSCE (qui regroupe tous les pays européens, Russie comprise, plus les Etats-Unis et le Canada). L’idéal, ce serait que la CSCE évolue vers un concert civilisationnel européen et euro-centré, que les Etats-Unis et le Canada s’en retirent pour concentrer leurs efforts sur l’ALENA (Association de Libre-Echange Nord-Américaine). Les Etats d’Amérique du Nord (USA, Canada et Mexique) auront une longueur d’avance: tous trois sont effectivement gérés par un système fédéral. Ce qui facilite les choses. La CEE, c’est-à-dire l’Europe de Maastricht est insuffisante. La fermer sur elle-même est une erreur géopolitique et une injustice sociale à l’égard des pays de l’Est. De plus, sur le plan stratégique et militaire, cette CEE n’est pas viable. La seule entité géostratégiquement viable à très long terme, c’est l’union stratégique des pays européens et asiatiques de la CSCE, reposant sur une interprétation du droit des gens qui accepte les différences culturelles, les gère et les cultive. L’erreur de la CEE a été de vouloir uniformiser l’économie avant d’arriver à un accord inter-européen sur les principes de droit (droit des gens et droit constitutionnel). Le travail de la CEE a été de déconstruire les barrières douanières en tous domaines. Il est évident que c’était peut-être nécessaire dans certaines grosses industries (le charbon et l’acier, d’où la CECA) mais nullement en agriculture. Résultat, nous avons partout en Europe des zones périphériques déshéritées, incapables de sortir de la mélasse puiqu’elles ne peuvent plus recourir à la technique des barrières douanières pour protéger l’emploi chez elles. De surcroît, globalement, l’Europe n’est pas indépendante sur le plan alimentaire, ce qui la met à la merci des puissances exportatrices de céréales (les Etats-Unis). La CSCE est intéressante parce qu’elle repose prioritairement sur le droit et non sur l’économie. Et ce droit règle notamment des problèmes de minorités, qui sont des entités collectives porteuses de culture. Si un «Empire européen» doit advenir —mais je préfère parler d’un concert européen intégré— il reposera sur la généralisation d’un droit constitutionnel de type fédéral, sur la défense de toutes les minorités linguistiques et culturelles et sur l’effort concret de parvenir à l’indépendance alimentaire.

 

Longtemps la «Nouvelle Droite» s'est présentée comme païenne, comment voyez-vous le renouveau du catholicisme en Europe et dans le monde?

 

Je tiens beaucoup à préciser que le paganisme, pour moi, dès le départ, n’a jamais été la volonté de forger un comportement religieux nouveau, mais essentiellement une défense des humanités gréco-latines et l’étude des racines culturelles de tous les autres grands goupes ethniques européens. Ces «humanités» nous dévoilaient une conception du droit et de l’Etat (des «res publicae», des choses publiques: notons le pluriel!) qui pourrait parfaitement nous inspirer encore aujourd’hui. Je rappelle aux zélotes d’une religion caricaturale et sulpicienne que les notions de droit, propres aux Romains, aux Grecs et aux Germains, sont plus anciennes que la religion chrétienne et que ce sont eux qui forment véritablement l’armature de la civilisation européenne. Bien sûr, j’ai toujours reproché aux cercles de la Nouvelle Droite de ne jamais avoir exploré cette veine-là et d’avoir voulu rétablir un culte païen, en ne tenant pas compte du fait que l’Europe pré-chrétienne était animée par une religion de la Cité, c’est-à-dire une religion éminemment politique et non prioritairement esthétique, morale ou éthique. En voulant théoriser une «éthique païenne» ou recréer ex nihilo une «esthétique païenne», avant de rétablir le droit romain ou germanique dans sa plénitude et dans son sens initial, les vedettes les plus bruyantes de la «Nouvelle Droite» ont fait du christianisme inversé, ont tout simplement joué, comme des adolescents irrévérencieux, à renverser les tabous de leur éducation catholique. C’était stupide et peu constructif. Quant au renouveau catholique, je suis sceptique. Evidemment, plusieurs revues italiennes, plus ou moins proche du Vatican (Il Sabato, 30 Giorni), publient des textes de grande valeur, qui renouent avec les grands principes généraux de la politique romaine et abandonnent les chimères de Vatican II ou de mai 68. Par ailleurs, la dépravation morale contemporaine, due aux excès de matérialisme socialiste ou capitaliste, rend attirantes la religion en général et l’idée de communauté fraternelle en particulier. Mais, je ne suis pas prêt à parier pour un catholicisme qui voudrait réduire à néant les acquis du protestantisme ou le caractère sublime de l’orthodoxie gréco-byzantine et russe ou reprendre une croisade contre l’Islam ou dénaturer le vieux fond gréco-celto-romano-germano-slave. Chez les catholiques, il faut retenir, à mon sens, mais en laïcisant ces intuitions et en les ramenant à leur matrice juridique romaine:

1) L’idée d’un œkumène européen, animé par une nouvelle synthèse spirituelle (ce qu’avait voulu réaliser le Tsar Alexandre Ier après la parenthèse napoléonienne).

2) La notion de forme politique basée sur la famille (mais non plus la famille nucléaire actuelle ou évangélique, mais la “gens” au sens romain ou la “Sippe” au sens germanique). Carl Schmitt est le penseur qui a théorisé la notion de «forme politique catholique (au sens d’universel)». Il faut le relire.

2) Reprendre, en les laïcisant, les linéaments du catholicisme social, tant dans sa variante corporatiste que dans sa variante sociologique (Othmar Spann).

3) En France, s’inspirer des études de Stéphane Rials et de Chantal Millon-Delsol, pour y généraliser un droit inspiré par la subsidiarité.

Le renouveau catholique ne saurait être, pour mes camarades et moi-même, le triste guignol intégriste avec ses monstrations esthétiques et ses vaines recherches d’une vérité éthique; ce qui fait urgence, c'est bien le retour à une forme romaine du politique, valable pour toute l’Europe. Un véritable renouveau catholique devrait abandonner la fibre religieuse évangélique, renoncer à toute forme de bigoterie, sphères où désormais les pires simagrées psycho-pathologiques sont possibles, où ont sévi les pires vecteurs de l’anti-politisme, pour redevenir purement et pleinement religiosité politique. Il ne faut retenir du message catholique que ce qui a amélioré et perfectionné le vieux fond politico-juridique romain (au sens pré-impérial, républicain, du terme). Méditons en ce sens Caton l’Ancien.

 

 

mardi, 16 décembre 2008

Congo, een verloren zaak !

Congo, een verloren zaak !

De Belgische machtskaste denkt werkelijk dat ze nog iets in de pap te brokken heeft in onze voormalige kolonie Congo. Een grappige sul uit Berlare ( De Gucht ) moest in opdracht van de, in het Frans taterende, dwergkoning van dit land nog eens vlug uittesten of er nog wat te rapen viel bij de 'negertjes in de Kongo'. De oude imperialistische elite wilde nog snel enkele zaakjes doen met diamanten, ertsen, houtkap en nog meer van dat lekkers, en om dat te kunnen fiksen wilde de Belgische machtskaste haar privé leger inzetten, het gekende ABL, Armee Belge-Belgisch leger (verstuik de tong niet).

Maar dat privé leger van de Belgische kaste is niet genoeg toegerust om eigenhandig een rooftocht te gaan organiseren bij de 'negertjes' en dus werd aan onze Europese bondgenoten gevraagd om ook enkele gewapende troepen in te zetten. Het probleem is echter dat De Gucht en zijn opdrachtgevers uit de oude Belgische imperialistische garde niet goed blijken mee te zijn met hun tijd. De tijd is namelijk al lang voorbij dat de Belgische, en zelf de Europese, elite nog enige vat heeft op de cleptocraten in Congo. Dat komt voornamelijk omdat de huidige cleptocratie in Congo haar zaakjes op een veel efficiëntere manier kan regelen met de oude ideologische vrienden van vader Kabila, met name de Chinezen van de volksrepubliek China. Die Chinese leiders zitten niet voortdurend te zeuren over mensenrechten terwijl ze de grondstoffen stelen van de Congolezen, dat in tegenstelling tot die Belgen. Die Belgische elite heeft de boel daar jaren aan een stuk belazerd en bedrogen, maar zijn dan op de koop toe nog zo schijnheilige om van een ander te eisen dat ze democratisch zijn. "Dat probleem heb je niet met die Chinezen" moet zoontje Kabila wel gedacht hebben, en daarom zit zijn Congo nu vol met Chinese grondstoffenplunderaars. Die Chinezen hebben de grondstoffenenexploitatie stukje bij beetje in handen gekregen en ze zijn nu al de grootste verstrekkers van financiële hulp en economische investeringen in Kabilaland. Dat de kliek rond Kabila met de winsten gaat lopen en ze op buitenlandse ( Chinese ) rekeningen zet is een voortzetting van de aloude praktijken die de Belgische elite had aangeleerd aan hun marionet Mobutu, met het verschil dat die veel van zijn geld in Brussel zelf had ondergebracht.

De Amerikanen en hun coalitie van de gewillige idioten zoals het Verenigd Koninkrijk, Frankrijk maar ook Nederland en Duitsland, zien deze ontwikkelingen in Congo met lede ogen aan. De eigen imperialistische elites willen de rijkdommen van die Congolezen liefst in hun eigen zak steken en dus moet de invloed en macht van de Chinese zetbaas Kabila dringend gekortwiekt worden. Tot daar lopen de belangen, en de doelstellingen, van de Belgisch elite en de anderen gelijk. Maar de Europese bondgenoten hebben onder leiding van Amerika gekozen voor de herovering van grondstoffen en ook van een deel van het Congolese grondgebied uit te besteden aan huurlingen. En deze huurlingen hebben ze gevonden in Rwanda, de baas daar, de Tutsi-terrorist en vroeger rebellenleider Kagame, heeft er een van zijn kameraden op afgestuurd om de klus te klaren, de eveneens niet vies van terreur en massamoord zijnde Laurent Nkunda. Voor de Amerikanen is dat geen probleem, als je geen Amerikanen dood ben je voor hen geen terrorist maar een vrijheidsstrijder, zo simpel zitten die Amerikanen in elkaar. Komt daar nog bij dat de geopolitieke belangen van Kagame, Nkunda en hun Amerikaanse en Europese beschermheren voor een groot stuk gelijklopen. De Tutsis in Rwanda willen meer levensruimte voor hun volk en meer voedsel, de Westerse bondgenoten willen dan weer goedkope grondstoffen en territoriale en militaire invloed om de Chinezen terug te kunnen dringen. De secessie tussen Oost-Congo en de rest van het land is dan ook een mooie opportuniteit om dat te verwezenlijken, als dit kan met het ondersteunen van een inval van volksvreemde Tutsis op Congolees grondgebied, dan is dat mooi meegenomen. Als je er zo in kunt slagen om, terwijl je grondgebied laat bezetten door je bongenoten, ook nog eens Kabila te destabiliseren en zo de Chinese invloed in Congo in te dijken, dan ben je pas geslaagd.

Maar zoals we al aanhaalden bij het begin van dit stukje is de veranderde geopolitieke situatie in Congo totaal niet doorgedrongen tot onze Minister van Buitenlandse Zaken Karel De Gucht, en dat is ook niet verwonderlijk, aangezien onze minister met vele dingen tegelijk bezig is, zo is mijnheer onder andere ook nog burgemeester van een dorp ( Berlare) en heeft hij nog een niet onaanzienlijk aantal anderen functies die alle dagen op hem wegen. En dan wordt een land als Congo wel heel groot om nog te bevatten ( zelfs niet met voorkennis ) ! Dus riep De Gucht zijn Europese collega's alsnog op om samen grote kuis te gaan houden in Congo, alleen hebben die terwijl onze minister lag te slapen al lang beslist om daarvoor andere huurlingen te gaan gebruiken dan de Belgische. De Europese 'bondgenoten' hebben liever dat de troepen van Nkunda de klus klaren en dat ze zo vermijden om in openlijk conflict te komen met de Chinezen en hun belangen. Dat durven ze begrijpelijkerwijs niet aan, en laten dat dan ook liefst over aan anderen. De Belgische elite had meer moed en had zo een militair avontuur toch eens graag uitgeprobeerd, want wat stellen die Chinezen nu eigenlijk voor? Naast reuzen als De Crem en De Gucht zijn dat maar kleine mannekens! Het is toch jammer dat de Fransen en de Nederlanders dat maar niet willen inzien en niet willen meespelen in een fris militair slachtpartijtje, we hebben ze nochtans maar pas onze grootste bank (Fortis) kado gedaan.

Ondankbaren zijn het!


Eddy Hermy
Hoofdcoördinator N-SA

 

samedi, 13 décembre 2008

Europe: le temps joue pour le populisme

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Europe : le temps joue pour le populisme

Condensé de la communication de Jean-Yves Le Gallou à la XXIVe université
annuelle du Club de l'Horloge sur :
Le populisme : une solution pour l'Europe en crise

1. Le populisme : une dissidence politique populaire

Le populisme est une attitude politique qui conduit les électeurs à se recentrer sur les notions sous-jacentes à l’identité et aux libertés nationales et à se détacher des « partis de gouvernement » qui se partagent le pouvoir en Europe, pouvoir que ces partis exercent dans le sens des intérêts de l’hyperclasse mondiale et de son idéologie dominante, l’idéologie mondialiste et antiraciste qui la conforte.

Prenant racine dans des pays européens différents, les populismes expriment des particularismes nationaux et locaux mais tous se retrouvent dans une expression populaire et électorale qui tourne autour des cinq « I » :

         - moins d’Immigration,
         - moins d’Islamisation,
         - moins d’Impôts,
         - plus d’Identité,
         - plus d’Indépendance.

2. Le populisme : une cause difficile et souvent décevante pour ses partisans

Le populisme a trouvé une expression électorale significative depuis plus de vingt ans dans de très nombreux pays d’Europe de l’Ouest. Néanmoins ses résultats n’ont nulle part permis d’avancées décisives, ce qui peut conduire les pessimistes à croire que la cause du populisme est désespérée :
- le succès électoral ne garantit pas l’accès au pouvoir ;
- lorsqu’il est au rendez-vous, l’accès au pouvoir est précaire ;
- la participation des populistes à des gouvernements nationaux ou locaux ne garantit pas la mise en œuvre des mesures souhaitées par leurs électeurs.

3. Les difficultés des populistes proviennent de leur opposition frontale aux intérêts et à l’idéologie dominante

La difficulté majeure des populistes ne vient pas des faiblesses de leurs dirigeants mais de ce qu’ils sont et de ce qu’ils défendent. En s’opposant à l’ordre établi par les puissances dominantes (grandes institutions internationales, grandes entreprises mondiales, grandes administrations, grands lobbies, grands médias), les populistes livrent une bataille asymétrique du faible au fort.

En fait, deux armes de destruction massive sont utilisées contre les mouvements populistes : la diabolisation et la répression politique et judiciaire.

4. L’arme de la diabolisation

La diabolisation est l’instrument utilisé pour imposer la tyrannie du politiquement correct, grâce notamment à une « novlangue » de type orwellien. La tyrannie du politiquement correct s’impose par l’usage de mots sidérants et d’images incapacitantes à l’encontre des dissidents de la pensée unique.

Il convient ici d’observer que le succès électoral et populaire n’est pas un bouclier contre la diabolisation mais que, bien au contraire, il contribue à l’amplifier, comme l’ont montré l’exemple suisse en 2007 ou l’exemple français de 2002.

La diabolisation vise à produire – et produit – plusieurs effets :

- elle freine l’ascension électorale ;
- elle nourrit les divisions internes des mouvements visés ;
- elle rend les relations internationales difficiles ;
- elle rend les alliances impossibles ou politiquement peu intéressantes.

5. La répression judiciaire et politique et les atteintes aux libertés fondamentales

Au-delà de ses inconvénients médiatiques et politiques, la diabolisation sert à légitimer une répression judiciaire et politique qui frappe à des degrés divers les formations populistes des différents pays européens, y compris la Suisse :

- poursuites judiciaires pour des motifs politiques ;
- fermeture de sites Internet et refus d’hébergement ;
- limitation, voire interdiction pure et simple d’accès aux grands médias ;
- dissolution ou tentative de dissolution de formations politiques ;
- interdiction de manifestations et de réunions ;
- organisation de contre-manifestations violentes ;
- levée des immunités parlementaires pour de simples délits d’opinion ;
- arrestations arbitraires et gardes à vue illégales de députés européens ;
- violations de la vie privée ;
- piratage et vol de fichiers d’adhérents ;
- interdits professionnels ;
- pressions sur des personnes (et sur leur famille) visant à leur faire retirer leur candidature à des élections locales ;
- modification des règles du jeu électoral et des modes de scrutin ;
- mise en cause des financements politiques et/ou électoraux ;
- usage des cours constitutionnelles pour combattre les populismes ;
- manipulations policières.

Cette liste d’atteintes aux libertés politiques des partis populistes européens est très partielle et très incomplète. Elle montre toutefois l’ampleur et la variété des moyens répressifs utilisés contre des formations concourant à l’expression du suffrage. Les dirigeants européens donnent souvent des leçons de droits de l’homme à la Russie et à la Chine mais ils utilisent contre leurs propres dissidents les méthodes qu’ils condamnent chez les autres.

6. En vingt-cinq ans, le populisme s’est néanmoins enraciné dans l’espace et la durée

Le populisme s’affirme depuis plus de vingt ans dans de très nombreux pays d’Europe de l’Ouest : ainsi en France, en Belgique (Flandre), en Italie, aux Pays-Bas, en Suisse, au Danemark, en Suède, en Norvège, en Autriche, les mouvements de dissidence populiste ont couramment rassemblé entre 10 et 30% des suffrages. Des mouvements populistes se développent aussi en Grande-Bretagne et en Allemagne et même en Grèce. La tendance générale est à une progression notable des résultats.

Et lorsque les peuples ont été consultés par référendum, ils ont souvent désavoué les élites politiques, médiatiques, économiques et syndicales :

- les Suisses et les Norvégiens ont refusé d’intégrer l’Union européenne ;
- les Suédois et les Danois ont refusé d’entrer dans l’euro ;
- les Irlandais ont obtenu des dérogations aux traités auxquels ils ont fini par adhérer ;
- les Français et les Hollandais ont rejeté le traité constitutionnel européen ;
- les Irlandais se sont prononcés contre la ratification du Traité de Lisbonne.

7. Temps politique, temps historique

A travers la diversité de leurs orientations et de leurs méthodes, les mouvements populistes s’inscrivent tous en rupture avec les forces et les idées dominantes. Ils s’opposent aux puissants et aux sachants qui servent les puissants.

Et c’est bien la profondeur des changements proposés par les populistes qui explique le tempo de leur progression : vingt-cinq ans, pour la politique, c’est du temps long mais, pour l’histoire, c’est du temps court.

Dans le passé les grands courants idéologiques et politiques ont mis beaucoup de temps pour s’imposer :
– la philosophie manchestérienne du libre-échange a mis un demi-siècle à triompher en Grande-Bretagne avec la suppression des Corn Laws en 1846 et de l’Acte de navigation en 1849 ;
– les courants nationaux et libéraux, étouffés par le retour du principe de légitimité au Congrès de Vienne en 1815, ne ressurgissent au grand jour que trente ans plus tard lors des révolutions de 1848 ;
– les mouvements nationaux mettent encore de longues années avant de déboucher sur l’unité italienne (en 1860) et l’unité allemande (en 1871) ; l’Irlande ne devient un Etat souverain qu’en 1921 ;
– le socialisme est construit intellectuellement dans la première moitié du XIXe siècle ; il n’accède au pouvoir sous sa forme révolutionnaire qu’en 1917 en Russie ; en France, sous une forme réformiste, ce n’est qu’en 1936 qu’il prend la tête du gouvernement ;
– le « Wilsonisme », ancêtre du mondialisme contemporain, a mis près d’un siècle à s’imposer à la planète ;
– le mouvement des droits civiques, matrice de l’antiracisme contemporain et de la discrimination positive, attendra quarante-quatre ans entre la proclamation, devant la Maison Blanche, du « rêve » de Martin Luther King et l’élection de Barak Obama comme président des Etats-Unis.

8. La crise économique : un accélérateur pour le populisme ?

La crise financière et économique que le monde traverse depuis le 15 septembre 2008 peut bouleverser la donne en soulignant les failles des actes des puissants et des discours des « sachants ».

Citée dans la revue « Krisis » de février 2008, la politologue britannique Margaret Canovan distingue plusieurs formes d’expression du peuple à travers le populisme : united people (« le peuple souverain »), common people (« le peuple classe »), ordinary people (« le peuple de base »), ethnic people (« le peuple nation »). Chacune de ces expressions du populisme peut trouver les moyens de se renforcer à travers la crise.

L’ordinary people, « le peuple de base », a toutes les raisons d’accroître sa défiance vis-à-vis des élites politiques, médiatiques et financières : élites qui n’ont pas vu venir la crise et qui la gèrent dans l’agitation et l’affolement.

Le common people, « le peuple classe », a, lui, des raisons de se révolter contre l’hyperclasse mondiale dont il découvre la malfaisance et les fantastiques avantages auto-octroyés.

L’united people, « le peuple souverain », n’a, lui, pas de raison d’accepter que les Etats-Unis d’Amérique, à l’origine de la crise, continuent de dicter leur loi au reste du monde et il peut légitimement réclamer un retour à un protectionnisme raisonnable.

L’ethnic people, « le peuple nation », peut trouver dans la crise économique un argument supplémentaire – et décisif – contre une immigration qui peut se révéler nuisible en termes d’équilibre des comptes sociaux comme d’emplois.

Les élites ne le savent pas encore ou, si elles le savent, elles feignent de l’ignorer : la crise économique et financière met à mal le modèle mondialiste du libre-échange généralisé. La sortie de crise ne pourra se faire que par un changement du référentiel idéologique.

Et ce sont bien les populistes qui, malgré leurs faiblesses et leurs imperfections mais à travers leur diversité, portent en germe le modèle de rechange !

Jean-Yves Le Gallou
Ancien député européen
XXIVe université annuelle du Club de l’Horloge
6 et 7 décembre 2008

 

Jean-Yves Le Gallou

L'Europe et Obama

 

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L’Europe et Obama

Le nouveau président américain, Barack Obama, possède incontestablement un grand charisme, une constitution d’acier (« Je ne l’ai jamais vu fatigué », écrit H. J. A. Hofland, qui a suivi la campagne électorale aux Etats-Unis, dans le quotidien néerlandais « NRC-Handelsblad », en date du 5 novembre 2008) ; en outre, Obama a pu rassembler des sommes d’argent considérables lors de ces présidentielles ; d’après les estimations, quelque deux milliards de dollars ont été injectés dans sa campagne (« Rita Verdonk pourrait-elle devenir, elle aussi, présidente avec un tel pactole ? », se demandait-on aux Pays-Bas, dans les colonnes du « NRC-Handelsblad » du 5 novembre 2008). L’historien américain Simon Schama, spécialiste de l’histoire néerlandaise qui enseigne à Amsterdam, qualifie Obama de « politicien populiste », qui « revient aux grassroots, grâce auxquelles le pays pourra retrouver son élan » ; Schama pense qu’Obama doit son succès à ce populisme (émission NOS sur la chaine NL2, 4 novembre 2008). Incontestablement, Obama force le respect, commente « Newsweek » (3 nov. 2008), qui constate, avec étonnement, qu’il est probablement le premier candidat à la présidence qu’aucun clown de cabaret en Amérique n’a ridiculisé.

Mais cela n’ôte rien au fait que l’euphorie et l’Obamania européennes sont exagérées. L’avalanche de superlatifs, que nous avons subie, par ses outrances, générait un sentiment de malaise, même si on peut la comprendre. Les années Bush ont laissé un goût d’amertume dans toute l’Europe. Dans une enquête publiée en septembre et commentée dans le « NRC-Handelsblad » du 1 nov. 2008, on nous rappelle qu’en 2002 64% des Européens estimaient souhaitable que les Américains exercent un leadership en politique internationale ; en 2008, il n’y en avait plus que 36% pour émettre une telle opinion.

Mais l’euphorie actuelle risque d’apporter de solides désillusions (comme le constate l’article principal du « Monde », le 7 nov. 2008 : « cette euphorie porte en elle-même le risque de déception »). Ces déceptions sont effectivement inévitables. L’Amérique est de moins en moins dominée par des immigrants dont les ancêtres étaient Européens. Parfois les Européens imaginent que les Américains sont amoureux de l’Europe, mais ce n’est pas le cas. L’équivalent de l’Obamania, qui sévit de ce côté-ci de l’Atlantique, est difficilement imaginable aux Etats-Unis. La plupart des Américains ne savent même pas qui est le Président de la France car cela ne les intéresse pas. Lors de la campagne électorale, qui vient de se dérouler aux Etats-Unis, l’Europe n’a joué aucun rôle, si ce n’est négatif : lorsqu’Obama a débarqué le 25 juillet à Paris, il a refusé de rencontrer une personnalité de l’opposition socialiste car ses conseillers de campagne lui avaient bien fait comprendre qu’il ne fallait surtout pas apparaître en photo avec un socialiste européen. A Londres, il a posé sans hésiter avec le chef de l’opposition conservatrice. A Berlin, il n’a pas pu échapper à une poignée de main furtive avec le ministre social-démocrate des affaires étrangères du cabinet Merkel, mais, ostensiblement, il regardait dans la direction opposée ; la photo, de surcroît, n’a pas pu paraître en Amérique.

On peut partir du principe qu’Obama a tout en lui pour devenir un grand homme d’Etat et l’expérience de l’histoire nous apprend que les hommes d’Etat sont des politiques qui ne connaissent pas de plus haut intérêt que l’intérêt national. Cela vaudra aussi pour Obama. Seuls des intérêts américains guideront sa politique (« Le Monde », op. cit., 7 nov. 2008 : « Ce sont les intérêts strictement américains qui dicteront la conduite du président Obama »). Ses admirateurs de la gauche européenne trouveront sans nul doute sa gestion problématique, peu conforme à leur desiderata : « nous, les Américains, restons un pays de droite », déclare le rédacteur en chef Jon Meacham, dans le numéro de « Newsweek » du 20 oct. 2008, un hebdomadaire que l’on qualifie de « progressiste » aux Etats-Unis.

Pendant la campagne, Obama est resté assez vague. Son slogan principal, « Change », « Changement », il l’a annoncé à cors et à cris mais quand on lui demandait d’expliciter davantage ce concept, il s’enlisait dans une rhétorique creuse, certes servie par le talent d’un grand orateur. Après ses explications, on n’en savait pas davantage qu’auparavant. Comment Obama affrontera-t-il la récession dans un pays où les finances s’avèrent quasi ingérables ? Les Démocrates américains ont tendance, habituellement, à recourir au protectionnisme commercial mais s’ils mènent une telle politique qualifiable de « notre-peuple-d’abord », alors les entreprises automobiles de Gand, Anvers et Genk peuvent d’ores et déjà songer à fermer très bientôt leurs portes. Je ne sais pas si la gauche flamande conservera alors son enthousiasme pour Obama…

Et la politique étrangère ? Le premier acte d’Obama a été de nommer chef de l’état-major de la Maison Blanche (l’équivalent du chef de cabinet du Roi chez nous) un citoyen israélien qui a milité naguère dans les mouvements sionistes les plus extrémistes de son pays. Lors de sa première conférence de presse, Obama n’a abordé qu’une seule thématique de la politique internationale, l’Iran, en lançant une attaque en règle contre ce pays, utilisant une terminologie courante à Tel Aviv. Voilà qui n’est pas pour nous tranquilliser.

Dans l’allocution qu’il a prononcée immédiatement après sa victoire, le Président a annoncé qu’ « une aurore nouvelle se levait pour le leadership américain ». C’est finalement la même rhétorique que Bush, à la différence qu’Obama est plus convaincant. Mais est-ce vraiment ce que nous souhaitons, ici en Europe ? Avons-nous vraiment besoin d’un leadership, américain ou autre ? Surtout si l’on sait que ce terme de « leadership » n’est qu’un euphémisme pour désigner l’hégémonisme ? La Russie, le monde arabe et la Chine ont réagi tout de suite et négativement en entendant cette déclaration d’intention. L’Europe, elle, a gardé le silence et tournait ses regards, pleine d’espoir et avec une naïveté enfantine, vers Obama. Accordons toutefois à Obama le bénéfice du doute, en attendant janvier 2009, quand il prendra véritablement le gouvernail de l’Amérique entre les mains, quand il dira clairement ce qu’il nous faudra entendre sur tous les aspects de la politique étrangère et économique des Etats-Unis.

(article paru dans « Journaal - De Nieuwsbrief van Mark Grammens », n°537, 20 nov. 2008, Liedekerke/Brabant/Flandre).

 

 

Envers du rêve américain

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Envers du rêve américain

Article paru dans le numéro 30 ( épuisé) de Rébellion (http://rebellion.hautetfort.com/

 

Rébellion n’a jamais fait la confusion, dans son opposition à l’hégémonie mondiale de l’impérialisme américain, entre le peuple américain et son gouvernement. Beaucoup d’américains savent que lorsque leurs politiciens et leurs médias évoquent l’intérêt « national » des Etats-Unis,  il s’agit de l’intérêt de ceux qui dominent, contrôlent, possèdent et  influencent l’économie américaine et que la plupart des conflits provoqués, depuis deux siècles,  par les dirigeants des Etats-Unis le furent pour asseoir et sauvegarder la position  dominante du système capitaliste, le discours officiel légitimant cette politique d’agression au nom de la défense de la liberté et de la démocratie n’étant que du vent.

 

Société du capitalisme triomphant, l’histoire des Etats-Unis offre l’exemple le plus parfait de la réalité de la lutte de classes : un combat entre les puissances de l’argent et les classes populaires. L’accaparement par une minorité oligarchique des richesses d’une nation pour son seul profit. On connaît l’histoire du génocide indien et de l’esclavage, mais on parle peu de la longue lutte des petits paysans expropriés par les riches compagnies et des ouvriers exploités. Rares sont ceux, qui en Europe, connaissent la longue lutte des syndicalistes révolutionnaires américains ou des populistes agrariens pour arracher aux financiers des conditions de vie et de travail décentes. Et comment ses mouvements furent réprimés – souvent dans le sang- par le gouvernement américain. L’American Way of life que l’on a vendu à la terre entière n’est qu’un mirage qui ne résiste pas à l’éclairage de l’histoire.

 

 

 

Il est vain d’entreprendre la caractérisation précise d’une société en quelques lignes, et a  fortiori celle de la société américaine. A la démesure des échelles du continent nord-américain vient s’ajouter la diversité d’un peuplement issu de vagues d’immigration successives. Quelques traits essentiels sont communs à l’ensemble de l’Amérique en raison de l’uniformisation culturelle, intellectuelle et émotionnelle dont sont responsables les médias.

 Le plus frappant en arrivant aux Etats-Unis, et en particulier à Los Angeles, est l’impression de déjà vu qui vient à l’esprit : sensation à la fois irréelle de se déplacer dans un décor de cinéma mais aussi tellement banale car le moindre signe fait déjà partie intégrante de l’univers dans lequel nous baignons. La ville américaine, à l’exception de quelques grandes métropoles comme New York, Washington ou San Francisco, imbrication de pavillons individuels semblables, de centres commerciaux et autres stations-service, est la parfaite illustration de cette monotonie et de cette banalité. La société américaine est à son image : terriblement ennuyeuse. Si l’Américain moyen est en général souriant et sympathique, il est en revanche privé de toute originalité et spontanéité. Chez lui, tout est planifié jusqu’au plus infime détail. Ce conformisme, inscrit dans la mentalité puritaine américaine, auquel s’ajoute le contrôle permanent des faits et gestes des individus – watching neighborhoods, dénonciation des infractions aux autorités, contrôle strict des ventes de tabac et d’alcool avec vérification d’identité obligatoire (Selling alcohol (tobacco) to any person under 21 (18) is a federal crime), interdiction de fumer dans les lieux publics s’accompagnant d’une ostracisation des fumeurs… - donnent l’impression de vivre dans une société oppressive. Les aéroports, avec leur litanie de messages coercitifs Smoking is prohibited, Unattended vehicles will be towed away at owner’s expense,…, et la multiplication des procédures de contrôle des passagers, procédures qui se sont considérablement renforcées ces dernières années suite au 11 septembre 2001,  en sont l’expression paroxystique. Il y a finalement peu de liberté au pays de la liberté, hormis celle d’entreprendre (et de posséder des armes). Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les Américains, dans leur grande majorité, sont favorables à cette surveillance. Pour eux, ces dispositifs de contrôle sont synonymes de sécurité et sont le prix à payer pour une grande liberté au sein d’espaces sécurisés.

 

  La société américaine est en effet dans l’ensemble craintive car l’Amérique ne fait plus figure de sanctuaire suite aux attentats du 11 septembre, que nombre d’Américains considèrent comme la plus grande catastrophe de l’histoire de l’humanité (sic), qu’elle est le pays du déchaînement de la violence, dont les carnages dans les universités et plus généralement le nombre de morts par arme à feu sont les aspects les plus visibles, et de l’insécurité sociale - licenciements sans préavis, absence de couverture sociale et médicale, coût des soins prohibitif… « Si les Américains ont gardé un sens aigu de l’intérêt individuel, ils ne semblent pas avoir préservé le sens qui pourrait être donné collectivement à leurs entreprises (1)». D’où l’individualisme exacerbé qui se manifeste à tous les échelons de la société, renforcé par la distinction entre élus et non élus issue de la doctrine puritaine de la prédestination, sentiments conduisant à considérer que les plus démunis (36 millions d’américains, soit 10,5 % de la population, vivaient sous le seuil de pauvreté en 2006 (2)) sont responsables de la situation dans laquelle ils se trouvent.

 

L’autre conséquence est la solitude dans laquelle vivent de nombreux Américains. Comme le décrit très bien Jean Baudrillard, « c’est la scène au monde la plus triste, plus triste que la misère, plus triste que l’homme qui mendie est l’homme qui mange seul en public (3)». Il est ici monnaie courante de voir la majorité des tables des fast-foods occupées par des personnes seules. Envers du rêve américain.

Autre valeur capitale pour comprendre la société américaine est la notion de destinée manifeste des Etats-Unis, c’est-à-dire que la nation américaine ait pour mission divine de répandre la démocratie et la civilisation, initialement vers l’Ouest et désormais à la Terre entière. Elle se traduit, au niveau de la société américaine, par une absence de recul face à l’histoire et une certitude d’être toujours dans son bon droit. Ce qui exclut tout remords et même le moindre questionnement historique. Symptomatique est cette réflexion d’Ann Coulter, célèbre polémiste outre-Atlantique, au sujet des islamistes: « Autrefois, les Japonais nous détestaient, eux aussi. Quelques bombes nucléaires bien ajustées, et maintenant ils sont doux comme des agneaux (4) ». Cet exemple, bien qu’extrême, ne doit pas apparaître comme un cas isolé. En effet, dans un sondage réalisé en juillet 2005 par l’institut Gallup, 57% des Américains interrogés approuvaient l’usage de la bombe atomique contre le Japon (5). Pour un Américain, l’histoire des Etats-Unis est irréprochable. D’où l’amnésie au sujet du génocide indien, même au Smithsonian National Museum of the American Indian (6). Alors que les ennemis de l’Amérique sont considérés « comme des incarnations du mal (7)». C’est pour cela que les critiques concernant la politique du président Bush sont le plus souvent mal interprétées par les Européens : elles ne visent pas à remettre en cause « la guerre juste menée par les Américains contre le terrorisme, God bless America » mais à sanctionner l’échec militaire de cette administration et le ternissement de l’image de l’Amérique dans le monde. Les opposants au terrorisme d’Etat américain (improprement qualifié de guerre) s’insurgent contre la mort des GI’s américains (Bring our boys home), mais se désintéressent complètement du sort de la population irakienne (y a-t-il eu des protestations contre l’odieux chantage pétrole contre nourriture imposé à l’Irak durant 10 ans et ayant causé la mort d’un million d’Irakiens dont la moitié d’enfants, ou beaucoup de manifestations pour dénoncer les victimes civiles des bombardements US ?), voire critiquent « l’incapacité » des forces de police irakienne à maintenir l’ordre et à assurer la sécurité des troupes américaines présentes en Irak (sic). Leur seconde principale critique est liée à la perception de l’Amérique à l’étranger, « une Amérique narcissique, agitée et agressive [qui] a remplacé, en quelques mois, celle de la nation blessée, sympathique et indispensable à notre équilibre (8) ». Pas de remise en cause d’une guerre perçue comme légitime, mais critique d’un loser qui, au contraire de son père lors de la première guerre d’Irak, n’a pu fédérer une large coalition internationale fournissant aide militaire et financière pour le plus grand profit des Etats-Unis.

 

  Il est certain, comme le rappelle très justement Alain de Benoist, que « dans le domaine des idées, [aux] Etats-Unis, malgré le « politiquement correct », règne une liberté d’expression que nous ne connaissons pas (ou plus), [et qu’] on y est également frappé de la qualité des débats d’idées (9)». Malheureusement ces idées ne sont que peu connues hors des cercles universitaires « car la multiplication des chaînes de télévision […] contribue paradoxalement à homogénéiser l’offre (10)» et non à diffuser des idées non conformes à l’idéologie dominante.

 

Frédéric

 

Notes :

(1) Jean Baudrillard, Amérique, p. 215, Ed. Grasset.

(2) http://www.census.gov/hhes/www/poverty/histpov/hstpov2.ht...

(3) Jean Baudrillard, Amérique, p.35, Ed. Grasset.

(4) Citation d'Ann Coulter rapportée par Silvia Grilli pour le magazine Panorama, traduite et publiée dans le numéro 628 de Courrier International du 14 novembre 2002.

(5) http://www.pollingreport.com/news.htm#Hiroshima

(6) http://www.truthdig.com/arts_culture/item/20071005_the_gr...

(7) Romolo Gobbi, Un grand peuple élu : Messianisme et anti-européanisme aux États-Unis des origines à nos jours, p.18, Ed. Parangon/Vs.

(8) Emmanuel Todd, Après l’Empire : Essai sur la décomposition du système américain, p.17, Folio Actuel.

(9) Robert de Herte, L’Amérique qu’on aime, Editorial du numéro 116 d’Eléments, avril 2005.

(10) Pascal Riutort, Le résistible quatrième pouvoir, in l’Exception américaine, Collectif sous la direction de Pascal Gauchon, p. 125, Ed. PUF.

vendredi, 12 décembre 2008

Massoneria e fascismo

Massoneria e Fascismo: totale incompatibilità

Autore: Luca Leonello Rimbotti

Da più parti, si è sempre sentito dire che nella Marcia su Roma ci mise lo zampino la Massoneria. Che il re, Badoglio e gran parte dello Stato Maggiore dell’esercito erano massoni; che persino fior di fascisti – da Acerbo a De Vecchi a Farinacci – erano iscritti alla loggia. E che illustri frammassoni, a cominciare dal Gran Maestro Domizio Torrigiani, intorno al Venti erano ferventi ammiratori di Mussolini. Che insomma il 28 ottobre 1922 andò come andò perché, in fondo, tra “fratelli” ci si intende e difatti al Duce, anziché l’arresto per sollevazione armata, arrivò la chiamata al Quirinale. Illusionismi per occultare la complessità del fenomeno fascista.

Fabio Venzi, Massoneria e fascismo

Fabio Venzi, Massoneria e fascismo

In materia, esistono due vulgate storiografiche: una, intesa a separare la Massoneria libertaria dal Fascismo oppressore, minimizzando le complicità iniziali ed enfatizzando la repressione del 1924-25 come segno di inconciliabilità; l’altra, invece, sottolinea le convergenze, gli intrecci, addirittura certe affinità ideologiche che sarebbero palesi tra i due movimenti storici, prima che il “Fascismo-Regime”, divenuto intollerante e totalitario, eliminasse la Massoneria come aveva eliminato ogni altro antagonista. Del primo come del secondo orientamento fanno parte per lo più autori massoni. A parte la storiografia sul Fascismo in generale, la pubblicistica specifica sui rapporti tra Fascismo e Massoneria è quasi regolarmente rappresentata da autori dichiaratamente massoni. Manca una controparte. Come per altri casi macroscopici, al tribunale della storia l’accusato suole essere giudicato dalla vittima. Non sfugge alla regola il recente libro di Fabio Venzi, Massoneria e Fascismo. Dall’intesa cordiale alla distruzione delle Logge: come nasce una “guerra di religione” (Castelvecchi). L’autore ci tiene infatti a informarci di essere detentore del sonante titolo di “Gran Maestro della Loggia Regolare d’Italia” (nientemeno, si precisa per i profani, che «unica Obbedienza italiana riconosciuta dalla Gran Loggia Unita d’Inghilterra») e di essere membro del Royal Order of Scotland. Non sapremmo informare i nostri lettori nel dettaglio circa la sostanza di così prestigiose appartenenze, ma, così a occhio, dovrebbe trattarsi di Massoneria di scuola britannica piuttosto che francese.

Quindi, stando alle diversità di genere, parliamo di quella Massoneria cosiddetta “impolitica”, cosmopolita, filantropica, strutturata sul club privato e l’associazionismo di gentiluomini, che divergerebbe storicamente dalla Massoneria francese, nata giacobina, politicamente impegnata, con forti venature di nazionalismo anche popolare. Diciamo questo perché è proprio Venzi a richiamare tale suddivisione e a ricordare che la Massoneria italiana era del secondo tipo, cioè francesizzante. Per questo, impigliata nelle maglie del gioco politico, a un certo punto, inevitabilmente, venne a contatto con l’astro emergente del Fascismo. Noi non entriamo nel merito delle ortodossie di setta, ma siamo parecchio inclini a pensare che la Massoneria britannica – che a suo tempo fece l’Impero coi metodi filantropici notoriamente in uso presso le compagnie negriere di Sua Maestà –, lungi dall’essere “apolitica”, sia stata e sia a tutt’oggi un perfetto strumento di potere, essendo anzi il fulcro della maniera liberale di intendere la politica. Come una faccenda tra “gentiluomini”, appunto, da gestire con finalità di interesse privato affatto estranee ai concetti stessi di nazione e di popolo. Ma ammantata dal lessico illuminista e dai suoi vuoti, generici principi universali.

È inutile ripercorrere la strada a tutti nota che questo tipo di Massoneria ha percorso trasferendosi ad esempio negli Stati Uniti, dove ha fondato città e associazioni, una moneta, addirittura uno Stato ex-novo, dotandoli tutti di aperte simbologie massoniche. Tanto che vediamo oggi il “patriottismo” americano coincidere alla perfezione con la politica mondiale di imperialismo cosmopolita, risoluta a far marciare la globalizzazione al ritmo dei vecchi ideali massonici di “fratellanza universale”. Massoneria “impolitica”, quella di “antico rito scozzese”? Dove? Quando? La collaudata pratica dei miliardari americani membri delle varie “obbedienze” di sostenere i governi nell’occupazione con la forza dei mercati mondiali e, contestualmente, di fare l’elemosina ai poveri attraverso le elargizioni delle fondazioni private, è ancora oggi la prevalente abitudine sociale del buon liberal-massone “illuminato”. Le multinazionali, controllate dal templarismo bancario, con una mano reggono la governance nella strategia di conquista planetaria delle risorse; con l’altra pilotano la vasta galassia delle ONG e delle Onlus a sfondo sociale… nulla è cambiato nella vincente ricetta massonica degli ultimi tre secoli: etnocidi e slogan umanitari. E partendo dal centro, dal governo, e non dal salotto di casa. Questo il messaggio filantropico del deismo massonico dichiaratamente aspirante – in storico accordo con altri millenarismi – al dominio mondiale.

Dice Venzi: Massoneria e Fascismo delle origini avevano un’ideologia equiparabile. Repubblicanesimo, anti-clericalismo, “religione laica della Patria”, promozione dell’ideale dell’uomo nuovo… e poi il fascio repubblicano, la comune memoria risorgimentale… Entrarono insomma in concorrenza due sistemi che avevano alla base richiami simili. E quando il Fascismo, passato nel frattempo a concezioni dittatoriali, si accorse della pericolosità dell’antagonista, decise di distruggerlo; di qui la “notte di San Bartolomeo” del 30 ottobre 1925, con gli squadristi che devastano le logge, il paio di morti che ci scapparono e la messa fuorilegge delle sette segrete nel mese seguente. La Massoneria, scrive Venzi, venne dal Fascismo considerata «come un potenziale “catalizzatore” delle coscienze degli italiani sulla base di quei valori tradizionali che essa rappresentava».
La Massoneria insomma, che grottescamente si impossessò delle
simbologie della romanità repubblicana, scambiando Bruto per un illuminista, viene elevata a centro politico in grado di competere col Fascismo nella conquista del consenso di massa. Crediamo che sia una sopravvalutazione non da poco, quella di considerare la Massoneria un credibile avversario del Fascismo sul terreno della conquista del popolo. Il massone si occupa di potere, e più volentieri di potere occulto, non di popoli. Non è nella natura della Massoneria reggere uno Stato nazionale e popolare fondato sull’identità. Dove sono allora le “comuni origini” tra Fascismo e Massoneria di cui parla Venzi? Dice: i Fasci erano repubblicani, anti-ecclesiastici… fu poi il PNF che diventò monarchico, filo-Vaticano, rompendo la collaborazione… l’autore trascura di riflettere sulla controprova: durante la RSI – tornata per l’appunto al Fascismo delle origini – la Massoneria non venne trattata meglio di prima… venne anzi percepita come il cuore di una cospirazione mondiale risoluta a estirpare il nazionalismo europeo.

Michele Terzaghi, Fascismo e massoneria Il Fascismo delle origini e la Massoneria, comunque li si rigirino, sono due fenomeni imparagonabili. Il Fascismo fu un’ideologia del riscatto popolare, della mobilitazione di massa attorno ai simboli esclusivi dell’Italianità, una religione della Patria per nulla laica, ma sacrale, incentrata non sui diritti, ma sui doveri della convivenza. Non “due religioni laiche”, dunque, ma un progetto universalista da una parte e una religione politica popolare, una mistica della tradizione etnica dall’altra. E il “patriottismo” massonico poco ha a che vedere col radicale nazionalismo fascista. Questa estraneità di valori, per altro, l’ha sottolineata anche lo storico massone Aldo A. Mola, descrivendo come semplici «assonanze ideologiche epidermicamente affioranti» quello che Venzi invece considera prossimità ideologica.

Ma allora, come si spiega che il Fascismo ante-marcia era pieno di massoni? Prima di tutto col fatto che, ai tempi, chi non era filo-ecclesiastico, se voleva fare politica, prima o dopo capitava dalle parti della loggia. Era così da qualche secolo. In secondo luogo, è sempre stata tipica della Massoneria la pratica dell’infiltrazione. Stare ovunque, essere presenti su tutti i fronti. Per questo, come ricorda lo stesso Venzi, il Grande Oriente non aveva remora alcuna, ma era anzi molto interessato, a entrare nelle file fasciste: «La Massoneria non potrebbe essere se si astraesse dalla vita reale, e non si preoccupasse di penetrare dappertutto, non fosse che a titolo di osservazione e vigilanza», ebbe cura di precisare il “fratello” onorevole Terzaghi.

Come spiegato bene da Evola in memorabili pagine, la Massoneria ha una doppia faccia. Quella antica, tradizionale e “operativa”, connessa con le corporazioni di mestiere. E quella moderna, sovversiva, cosmopolita e “speculativa”, alto-borghese e fanaticamente illuminista. Questo rovesciamento, avvenuto a cavallo tra Seicento e Settecento, Evola lo definì un “mistero”. Si parla, né più né meno, dell’utero da cui è stata partorita la modernità, così come la sperimentiamo ogni giorno. Non è un problema da poco. È il grande enigma. Una vera “parola di passo” non ancora decrittata. Come sia avvenuto che quel grumo di universalismo deista, biblista, a volte – come ha scritto la storica Margaret C. Jacob – anche ebraizzante, sempre parlamentarista, con una sottocultura del segreto che riserva al solo potente la facoltà del “libero pensiero”… come sia avvenuto che dalla corporazione e dalla gilda medievali si fuoriuscito quel potere gigantesco nato un bel giorno – come ricordava Pound – con la fondazione della Banca d’Inghilterra nel 1694 e la creazione della prima loggia inglese nel 1717, questo resta, ancora oggi, una sorta di mysterium tremendum, attorno al quale invano si agita lo storico profano.

Il Fascismo europeo è stato debellato proprio nel nome degli ideali massonici di eguaglianza, fraternità e libertà (per i ricchi) e precisamente da una potenza, gli Stati Uniti, che veicola apertamente i programmi della Massoneria sin dalla sua carta costituzionale. Il Fascismo si sbarazzò della Massoneria perché questa è per struttura anti-nazionale e recisamente classista: da una parte la setta “illuminata” dei reggitori del mondo, dall’altra la plebe universale. Il sogno massonico di Hiram redento, prossimo costruttore di un mondo piallato dalla “fraternità” indifferenziata, è evidentemente l’opposto di un’ideologia dell’identità di popolo, della tradizione nazionale e dell’onore sociale. L’odierna Trilateral, espressione massonica del dominio globale del profitto privato, può contemplare con soddisfazione l’opera alchemica di annientamento di ogni diversità tra i popoli. Un lavoro iniziato nel Settecento e oggi in via di avanzata realizzazione.


Luca Leonello Rimbotti

jeudi, 11 décembre 2008

Les Etats-Unis et l'Europe: un déclin programmé

LES ETATS-UNIS ET L’EUROPE : UN DECLIN PROGRAMME


Selon le NCI, le système international sera presque méconnaissable en 2025, présentant l'image d'un ensemble multipolaire. La puissance incontestée des Etats-Unis depuis la fin de la Guerre froide, et que l'on a vu perdre de sa superbe depuis l'aventure irakienne, se verra contrebalancée par l'émergence des nouvelles puissances : pour le NCI, il s'agira surtout de la Chine et de l'Inde. Mais l'affaiblissement des Etats-Unis sera aussi l'effet des développements technologiques, notamment informatiques et nucléaires, dans le chef d'acteurs tant étatiques que non étatiques. A ce sujet d'ailleurs, un rapport renversant publié quasi simultanément par un panel d'experts du Congrès américains, révèle que la Chine a développé des capacités de piratage et d'attaque informatiques telles, qu'elle est d'ores et déjà en mesure de neutraliser les capacités américaines en la matière : et donc par là même les moyens militaires qui en dépendent totalement ! A l'échelle de la planète, indique le NIC, le transfert de bien-être et de pouvoir économique aura pour effet que vers 2040-2050, les PNB réunis des "BRIC" (Brésil, Russie, Inde et Chine) sera équivalent à celui des pays du G7. Quant à la Chine, elle sera déjà en 2025 la seconde puissance économique derrière les Etats-Unis, supplantant à cette place l'Europe, mais en acquérant un statut de puissance militaire de premier plan. Enfin, le NIC consacre une part importante de son rapport aux enjeux transnationaux, qui conditionneront les relations entre les blocs. L'accès de plus en plus raréfié aux ressources naturelles que sont les énergies fossiles, mais aussi l'eau, la nourriture, et même l'air sain mis en danger par le réchauffement climatique, constituera un motif très probable de conflits entre blocs. La question n'est pas tant de savoir si ces conflits auront lieu, mais quand et quelle sera leur ampleur.


Et l'Europe dans tout cela? Elle restera, plus encore qu'aujourd'hui, un "géant boiteux", face à des pôles politiquement et militairement beaucoup plus intégrés. Et ceci principalement, selon le NIC, du fait d'un fossé qui ne fera que s'approfondir entre ses élites et des opinions publiques de plus en plus sceptiques. »



Le Temps, 22 novembre 2008

Le financement douteux des euro-sceptiques

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Andreas MÖLZER:

Le financement douteux des euro-sceptiques

Pour les élections européennes de juin 2009, le millionnaire irlandais Declan Ganley entend se présenter avec sa propre liste “euro-sceptique”, qu’il étendra à tous les pays de l’Union Européenne. D’après ce que l’on a appris jusqu’ici, la troupe bigarrée de ces euro-sceptiques comprendra, d’une part, les adeptes de mouvements conservateurs de droite comme le “Mouvement pour la France” et, d’autre part, ceux de groupements communistes ou crypto-communistes. Vaclav Havel, le président tchèque, qui est un euro-sceptique, serait aussi de la partie, ainsi que le rebelle auto-proclamé autrichien, adversaire de l’UE, Hans-Peter Martin.

Ganley s’est fait connaître du grand public lorsque, ce printemps, il a soutenu financièrement et fort généreusement la campagne contre le Traité de Lisbonne avec l’appui de son “Institut Libertas”. Certes on peut comprendre et même louer cette initiative et ce soutien, mais le scepticisme à l’égard de cet euro-scepticisme-là est de mise quand on se demande d’où vient tout cet argent… En effet, Ganley a gagné ses millions en signant des contrats très avantageux avec les agences qui coordonnent les achats de la Défense américaine, donc avec le noyau dur de l’hégémonisme américain. Nous sommes dès lors en droit d’émettre des soupçons et de penser qu’une grande puissance extra-européenne, les Etats-Unis, est en train de s’immiscer dans les affaires intérieures européennes.

Les compagnons d’arme potentiels de l’Irlandais, comme Vaclav Havel ou Hans-Peter Martin, devront tout de même réfléchir à deux fois et se demander si leur cause est bien servie quand elle recourt indirectement à un argent dont la provenance est bel et bien douteuse. De même, ils devront se demander s’ils ne deviendront pas ainsi le bras prolongé de Washington. Car les choses sont claires: les Etats-Unis, puissance extra-européenne, ne poursuivent que leurs propres intérêts, qui ne correspondent pas à ceux de l’Europe. Tandis que l’UE, tenaillée par le doute, s’efforce tant bien que mal de devenir un “global player”, soit un facteur déterminant sur la scène internationale,  les Etats-Unis, eux, ont bien plutôt l’intention de juguler les velléités d’indépendance européenne sur les plans militaire et diplomatique. Je répond donc “non” à la question qui nous demande, aujourd’hui, s’il est licite d’agir selon l’adage “la fin justifie les moyens”, en s’acoquinant à des alliés aussi douteux.

La lutte contre cette gigantesque fabrication abstraite et artificielle qu’est le Traité de Lisbonne et pour la souveraineté des peuples réels et des Etats nationaux de notre Europe est une tâche qui incombe aux seuls peuples européens. Seuls eux ont le droit de décider de leur avenir. Et à travers toute l’Europe, de la France à la Flandre, de l’Autriche à la Bulgarie, se dressent des partis patriotiques qui s’engagent pour le bien de leurs seuls peuples et non pas pour les intérêts d’une puissance extra-européenne. Ces formations patriotiques lutteront sans appui étranger contre les dysfonctionnements et les aberrations de l’Union Européenne.

Andreas MÖLZER.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°47/2008; traduction française: Robert Steuckers).  

 

 

Une biographie de Carl Schmitt

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Une biographie de Carl Schmitt

Analyse: Paul NOACK, Carl Schmitt. Eine Biographie, Ullstein/Propyläen, Berlin, 1993, 360 p., ISBN 3-549-05260-X.

 

Si les exégèses de l'œuvre de Carl Schmitt sont fort nombreuses à travers le monde depuis quelques années, si les interpréta­tions de sa notion de “décision” ou de sa “théologie politique” se succèdent à un rythme ahurissant, personne ne s'était encore at­telé à écrire une biographie personnelle du prince des politologues européens. Paul Noack (*1925), germaniste, romaniste et histo­rien, ancien rédacteur des rubriques politiques de la Frankfurter Allgemeine Zeitung  et du Münchener Merkur, actuellement profes­seur d'université à Munich, vient de combler cette lacune, en suivant chronologiquement l'évolution de Schmitt, en révélant sa vie de famille, en évoquant ses souvenirs personnels, consignés dans des journaux, des lettres et des entretiens inédits, et en repla­çant l'émergence des principaux concepts politologiques dans le vécu même, dans l'existentialité intime, de l'auteur. Noack sait qu'il est difficile de périodiser une existence, a fortiori quand elle s'étend presque sur tout un siècle, entrecoupé de guerres, de bouleversements, de violences et d'effondrements. Mais dès le départ, toutes les tranches de la première moitié de la longue vie de Schmitt sont marquées par des coupures: l'enfance (1888-1890) par l'arrachement à la patrie de ses ancêtres, l'Eifel mosellan profondément catholique, et l'exil en Sauerland; l'adolescence (1900-1907), elle, est imprégnée d'une éducation humaniste dans une ambiance cléricale édulcorée, qui a abandonné cette “totalité” mobilisatrice et exigeante, propre du catholicisme intransi­geant; la jeunesse (1907-1918) de Schmitt baigne, quant à elle, dans une Grande Prusse dés-hégélianisée, de facture wilhel­mienne, où l'engouement philosophique dominant va au néo-kantisme; le premier âge adulte (1919-1932) se déploie dans une germanité dé-prussianisée, où règne la démocratie parlementaire de Weimar contestée par les divers mouvements nationaux et par la gauche musclée.

 

Bref, cette périodisation claire, qu'a choisie Noack, indique que les bouleversements, les abandons, les relâchements se succè­dent pour aboutir au chaos des dernières années de la République de Weimar et du grand “Crash” de 1929. Cette effervescence, de la Belle Epoque au Berlin glauque où s'épanouisent au grand jour toutes les perversités, est peut-être féconde sur le plan des ruptures, des idées, des modes, des variétés, des innovations artistiques, des audaces théâtrales: elle plaît assurément aux Romantiques de tous poils qui aiment les originalités et les transgressions. Mais Schmitt reproche aux Romantiques, ceux de la première vague comme leurs héritiers à son époque, de s'engouer temporairement pour telle ou telle beauté ou telle ou telle origi­nalité: ils sont “occasionalistes”, “irresponsables”, incapables de développer, affirmer et approfondir des constantes politiques ou conceptuelles. Toute pensée fondée sur le goût ou le plaisir lui est étrangère: il lui faut de la clarté et de l'efficacité. Sa conviction est faite, il n'y changera jamais un iota: le “moi” n'est pas, ne peut pas être, un objet du penser. Celui qui hisse le “moi” au rang d'objet du penser, participe à la dissolution du monde réel. Ne sont réels et dignes de l'attention du penseur que les hommes qui s'imbriquent dans une histoire, s'en déclarent les héritiers et sont porteurs d'une attitude immuable, éternelle, qui incarnent des constances, sans lesquelles le monde et la cité tombent littéralement en quenouille.

 

Cette option, constate Noack, est le meilleur antidote contre le nihilisme et le désespoir. Pour y échapper, l'homme Schmitt entend ne pas être autre chose que lui-même et ses circonstances, notamment un Catholique impérial et rhénan, comme l'ont été ses an­cêtres. C'est dans ces circonstances-là que Schmitt s'imbrique pour ne pas être emporté par le flot des modes de la Belle Epoque ou du Berlin décadant des années 20. La politique, dès lors, doit être servie par une philosophie du droit fondée sur des concepts durs, impassables, éprouvés par les siècles, comme l'ont été ceux de la théologie jadis. Les concepts politiques qu'il s'agit d'élaborer pour sortir de l'ornière doivent être résolument calqués sur ceux de la théologie, s'ils n'en sont pas des reflets rési­duaires, inconscients ou non. Schmitt, au seuil de sa maturité, demeure quelque peu en marge de la “révolution conservatrice”, dont l'objectif majeur, dans le sillage de Moeller van den Bruck et des autres nationalistes de tradition prusso-protestante, était d'approfondir les fondements de l'“idéologie allemande”, née dans le sillage du romantisme et de la guerre de libération anti-napo­léonienne. Cette “idéologie allemande” véhicule, aux yeux de Schmitt, trop de linéaments de ce romantisme et de cet occasiona­lisme qu'il abomine. Ses références seront dès lors romanes et non pas germaniques, plus exactement franco-espagnoles: Donoso Cortès, de Bonald, de Maistre. C'est dans leurs œuvres que l'on trouve les matériaux les plus solides pour critiquer et dé­construire la modernité, pour jeter bas les institutions boîteuses et délétères qu'elle a générées, reponsables des bouleversements et des arrachements que Schmitt a toujours ressenti dans son propre vécu, quasiment depuis sa naissance. Ces institutions libé­rales, insuffisantes selon Schmitt, sont défendues avec brio, à la même époque, par Hans Kelsen et son école positiviste. Schmitt juge ce libéral-positivisme d'une manière aussi pertinente que lapidaire: «Kelsen résout le problème du concept de souve­raineté en le niant. La conclusion de ses déductions est la suivante: le concept de souveraineté doit être radicalement refoulé». S'il n'y a plus de souveraineté, il n'y a plus de souverain, c'est-à-dire plus de pouvoir personnalisé par des hommes charnellement imbriqués dans une continuité historique précise. par le truchement de ce positivisme froid, le pouvoir devient abstrait, incontrô­lable, incontestable. Son épine dorsale n'est plus une forme héritée du passé, comme la forme catholique pour laquelle opte Schmitt. Sans épine dorsale, le pouvoir chavire dans l'“informalité”: il n'a plus de conteneur, il s'éparpille. Dans ce contexte, quelle est la volonté de Schmitt? Forger un nouveau conteneur, créer de nouvelles formes, restaurer ou re-susciter les formes anciennes qui ont brillé par leur rigueur et leur souplesse, par leur solidité et leur adaptabilité.

 

Quand paraît le “concept du politique” en 1927, il est aussitôt lu par un autre maître des formes et des attitudes, Ernst Jünger, tout aussi conscient que Schmitt de la liquéfaction des formes anciennes et de la nécessité d'en restaurer ou, mieux, d'en forger de nouvelles. Enthousiasmé, Ernst Jünger écrit une lettre à Schmitt le 14 octobre 1930, qui sera l'amorce d'une indéfectible amitié personnelle. Pour Jünger, l'homme des “orages d'acier” de 1914-1918, la démonstration de Schmitt dans le "concept du politique” est une “évidence immédiate” qui “rend toute prise de position superflue” et balaie “tous les bavardages creux qui emplissent l'Europe”. «Cher Professeur», ajoute Jünger, «vous avez réussi à découvrir une technique de guerre particulière: la mine qui ex­plose sans bruit». «Pour ce qui me concerne, je me sens vraiment plus fort après avoir ingurgité ce repas substantiel». Les deux hommes étaient pourtant fort différents: d'une part le guerrier décoré de l'Ordre Pour le Mérite; de l'autre, un pur intellectuel qui n'avait jamais livré d'autres batailles que dans les livres. Jünger essaiera avec un indéniable succès d'introduire la clairvoyance de Schmitt dans les cercles néo-nationalistes, notamment les revues Die Tat, de Hans Zehrer et Erich Fried, et Deutsches Volkstum  de Wilhelm Stapel. La participation des deux hommes aux activités littéraires, philosophiques et journalistiques de la “Konservative Revolution” n'efface par leurs différences: Armin Mohler, nous rappelle Paul Noack, écrit très justement qu'ils sont demeurés chacun dans leur propre monde, qu'ils ont continué à chasser chacun dans leur propre forêt. Césure qui s'est bien visibi­lisée à l'époque du national-socialisme: retrait hautain et aristocratique de l'ancien combattant, engagement sans résultat du jur­site.

 

Mais, souligne Paul Noack, une grande figure de la gauche, en l'occurrence Walter Benjamin, écrivit aussi à Schmitt en 1930, quelques semaines après le “néo-nationaliste” Jünger, exactement le 9 décembre. Benjamin envoyait ses respects et son nou­veau livre au juriste catholique et conservateur, admirateur de Mussolini! Il soulignait dans sa lettre des similitudes dans leur ap­proche commune du phénomène du pouvoir. Cette approche est interdisciplinaire et c'est l'interdisciplinarité qui doit, aux yeux du Benjamin lecteur de Schmitt, transcender certains clivages et rapprocher les hommes de haute culture. Effectivement, l'interdisciplinarité permet seule de pratiquer un véritable “gramscisme”, non un “gramscisme de droite” ou un “gramscisme de gauche”, mais un gramscisme anti-établissement, anti-installations. Paul Noack écrit: «[Schmitt et Benjamin] sont tous deux ad­versaires de la pensée en compromis. Benjamin disait que tout compromis est corruption. Tous deux sont aussi adversaires du parlementarisme, du libéralisme politique et du système politique qui en procède. Tous deux pensent que ce n'est que dans l'état d'exception de l'esprit d'une époque se dévoile véritablement; tous deux manifestent une tendance pour l'absolu et la théologie». Et de citer Rumpf: «Benjamin et Schmitt se rencontrent dans leur rejet et leur mépris d'une bourgeoisie qui s'encroûte dans ce culte générateur du Moi». Ce rapport entre Schmitt et l'un des plus éminents représentants de la “Nouvelle Gauche”, voire de l'“Ecole de Francfort”, permet d'accréditer la thèse longtemps contestée d'Ellen Kennedy, spécialiste américaine de l'œuvre de Schmitt, qui a toujours affirmé que ce dernier a bel et bien influencé en profondeur cette fameuse “Ecole de Francfort” en dépit de ce que veulent bien avouer ses tristes légataires contemporains.

 

Avec l'avènement du national-socialisme, les positions vont se radicaliser. L'effondrement de la République de Weimar laisse un vide: Schmitt croit pouvoir instrumentaliser le nouveau régime, sans assises intellectuelles, s'en servir comme d'un Cheval de Troie pour introduire ses idées dans les hautes sphères de l'Etat. Ses anciennes accointances avec le Général von Schleicher, li­quidé lors de la “nuit des longs couteaux” en juin 1934, la nationalité serbe de son épouse Duchka Todorovitch (les services se­crets se méfiaient de tous les Serbes, accusés de fomenter des guerres depuis l'attentat de Sarajevo) et son catholicisme affiché (son “papisme” disaient les fonctionnaires du “Bureau Rosenberg”): autant de “tares” qui vont freiner son ascension et même préci­piter sa chute. Schmitt laisse des textes compromettants, qui le marqueront comme autant de stigmates, mais échoue face à ses adversaires dans les rangs du nouveau parti au pouvoir. Pire, à cause de son zèle intempestif, il traîne parfois aussi une réputa­tion de naïf ou, plus grave encore, d'opportuniste sans scrupule qui souhaite toujours et partout être le “Kronjurist”, le “juriste prin­cipal”. Plus tard, en 1972, dans un interview à la radio, Schmitt a avoué avoir agi sous l'impulsion d'un bon vieil adage français: «On s'engage et puis on voit». Paul Noack croit déceler dans cette attitude collaborante une certitude de type hégélien: Schmitt, l'homme des livres, l'homme de culture, était persuadé, est demeuré persuadé, qu'au bout du compte, l'esprit finit toujours par triompher de la médiocrité. Le national-socialisme, pour ce catholique de Prusse, pour ce catholique frotté à une idéologie d'Etat de facture hégélienne, était une de ces médiocrités propre de l'homme pécheur, de l'homme imparfait: elle devait forcément suc­comber devant la lumière divine de l'esprit. Erreur fatale et contradiction étonnante chez ce pessimiste qui n'a jamais cru en la bonté naturelle de l'homme, commente Noack (Robert Steuckers).

mardi, 09 décembre 2008

"La solidarité" par Maris-Claude Blais

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"La Solidarité", par Marie-Claude Blais

 

SYNERGIES EUROPEENNES - Ecole des Cadres / Wallonie - Comité de lecture - Novembre 2008

Biographie de l'auteur : Marie-Claude Blais enseigne à l'université de Rouen. Elle a publié dans la même collection Au principe de la République. Le cas Renouvier, en 2000.

347 pages. Editions Gallimard (26 octobre 2007). Collection : Bibliothèque des idées

ISBN-10 : 2070784673. ISBN-13 : 978-2070784677


***

Contre l’égoïsme social

Jusqu’aux années 1850, la solidarité fut une loi transcendantale et encore divine, qui postulait l’unité perdue du genre humain et l’harmonie naturelle. Aujourd’hui, la solidarité hante l’espace public : l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ou le pacte civil de solidarité (pacs), notamment, sont là pour nous le rappeler. Elle a même fait retour dans la doctrine sociale de l’Église, en 1987, via Sollicitudo rei socialis et Jean-Paul II, ce Polonais ami de Solidarnosc : la vertu chrétienne de charité a réintégré l’obligation laïque d’avoir à faire du lien entre des individus émancipés mais dissociés par les Lumières. Elle est montée en épingle depuis 2001 au titre de « valeur universelle » dans les projets de Constitution pour l’Europe. Elle est devenue, note Marie-Claude Blais, au mieux « le nom que prend l’obligation sociale à l’heure du droit des individus », au pire de la « poudre de perlimpinpin ». Bref, il y a une unanimité trop peu consistante autour de ce mot-valise et du vague à l’âme dans son usage, devant les décombres de l’État providence et la déliquescence du lien social.

Certains, il est vrai, croient qu’un solidarisme réinstallé au vif des enjeux du XXIe siècle pourrait avoir de nouveau sa chance. Quoi qu’il en soit, il faut goûter la sauce. Le livre de Marie-Claude Blais, bien informé, parfaitement clair, instruit à bon escient de ce qui fut, en fait, le nirvana philosophique de ce progressisme "républicain, radical et radical-socialiste" de la Belle Époque. Sorti mieux armé de la bataille autour de Dreyfus, il sut combattre tout à la fois la réaction cléricale, le libéralisme sans foi ni loi et le socialisme caporalisé. C’est le radical Léon Bourgeois, éphémère président du Conseil en 1895-1896 et futur prix Nobel de la paix en 1920, qui a peaufiné la notion dans son Solidarité de 1896 et qui, dix ans plus tard, a su convaincre ses amis politiques d’en faire la doctrine officielle de leur jeune parti (le premier qui ait été créé en France, en 1901).

Ces radicaux régnant alors sur la République, celle-ci devint solidariste comme eux et elle le fit accroire à tous les enfants par ses instituteurs et leurs leçons d’instruction civique et morale. La séparation de 1905 et la Grande Guerre de 14-18 ruinèrent pour longtemps ce solidarisme incapable de penser le Mal et la violence. Seul le temps de la Résistance et de la Libération le remit partiellement en selle quand il fallut définir ce qu’on nomme aujourd’hui notre « modèle social » et notamment notre Sécurité sociale. Après trente ans de crises et doutes de tous genres, le voici donc aujourd’hui qui fait un retour inattendu.

Léon Bourgeois a dessiné ses trois lignes de force. Un : la solidarité est la loi naturelle et scientifique, philosophique et morale, qui régit la dépendance réciproque entre les vivants et leur milieu. Deux : les hommes et les citoyens, héritiers et associés, sont tous débiteurs et doivent honorer leur dette sociale en rendant de leur mieux ce qu’ils ont reçu. Trois : un « quasi-contrat » met les individus à égalité originelle de valeur mais les émancipe par le mérite. Bourgeois n’a pas été le seul propagandiste de cette nouvelle foi. Jusqu’aux années 1850, la solidarité fut une loi transcendantale et encore divine, qui postulait l’unité perdue du genre humain et l’harmonie naturelle si chères aux romantiques : tout ce dont rêvèrent des hommes comme Pierre Leroux, Charles Fourier ou Constantin Pecqueur.

Après 1850, l’idée se sécularisa, mêlant l’économie et la philosophie, le droit civil et la morale sociale, la science et l’utopie, l’histoire et la biologie, touchant les républicains de progrès, les radicaux et les maçons mais aussi des socialistes de gouvernement, des pionniers de l’économie sociale, des chrétiens démocrates et sociaux, des syndicalistes, des mutualistes et même des nationalistes conservateurs : Marie-Claude Blais, déjà spécialiste appréciée de la pensée de Charles Renouvier, nous fait découvrir dans toute leur fraîcheur les trop oubliés Charles Secrétan, Alfred Fouillée, Charles Gide, Jean Izoulet ou Émile Durckheim. Tous acharnés à frayer, solidairement, un chemin entre le libéralisme individualiste et l’étatisme collectiviste. Tous dressés contre l’égoïsme social, pour le bien commun. Entonnant la vieille rengaine démocratique, épelant le b-a-ba de la libre fraternité. Pouvons-nous, saurons-nous réapprendre à lire le collectif et l’individuel en pensant à eux ?

JEAN-PIERRE RIOUX (La Croix)

Linkse vernippering

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Linkse versnippering

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In Vlaanderen en Frankrijk is er een kleine crisis bij links, al is er wel een groot verschil in omvang. Waar hier een minipartijtje als Vl.Pro. uiteenvalt in de postjespakkers en de naiëve idealisten, is het in Frankrijk wel wat erger.

Frankrijk

Daar heeft nu Pierre Joxe de Parti de Gauche gesticht, naar het voorbeeld van Die Linke (waar nu ook Oskar Lafontaine bijzit) die zich links van de PS zal positioneren. Wel te begrijpen aangezien geen van beide kandidaten voor het PS-voorzitterschap echte kandidaten van “links” waren. Progressief genoeg, maar links…, daar heb ik mijn twijfels bij.

Aubry, de kandidaat van de partijtop vs Royal, de kandidaat die de PS nog meer het centrum wilt induwen. Geen van beide kandidaten was dus eigenlijk “links”, al was Aubry wel degene die destijds nog de 35uren-week invoerde, en wensten dat ook niet te zijn. En dat is ook het hele probleem van links in Europa. Oftewel zijn ze extreem-links met alle kenmerken ervan; sektarisme/dogmatisme/etc… Oftewel zijn ze centrum, eveneens met alle gevolgen daarvan; onduidelijkheid/wolligheid/geen duidelijk beleid/etc… Het zal dus nog interessant worden in Frankrijk, ik geef de Parti de Gauche een redelijk grote overlevingskans, wat op korte termijn alleen maar voordelen kan vormen voor Sarkozy.

Vlaanderen

In Vlaanderen is het allemaal wat minder idealistisch. Daar is het eerder van het soort de-ratten-verlaten-het-zinkende-schip. Adihar en T’sijen keren nu hun partij de rug toe, wat goed te begrijpen is. Als men iets wil verwezenlijken, zal dat nooit via Vl.Pro. gebeuren en als men een mandaat wilt behouden, zal ook dat niet via Vl.Pro. gebeuren.

Anciaux zelf zal uiteraard Vl.Pro niet snel verlaten, hij zal zo veel mogelijk mensen meenemen naar SP.a om bij die laatsten zijn waarde te tonen. Hoe meer Vl.Pro.-mensen hij kan meenemen, hoe harder hij op tafel kan slaan wanneer de mandaten en verkiezingsplaatsen verdeeld worden. En als ze hem uit de partij smijten, dan kan hij altijd nog de martelaar uithangen. Een win-winsituatie voor Anciaux zelf, uit idealisme zal hij het alvast niet doen…

Repenser la solidarité d'après M. Cl. Blais

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Repenser la solidarité : Marie Claude Blais

 Chronique du livre : La solidarité. Histoire d’une idée, Marie-Claude Blais, Gallimard, 2007

Que faut-il penser de la solidarité, cette charité laïque fondée sur un lien social fort qui a ému nombre de penseurs au XIXe siècle ? Marie-Claude Blais se pose la question en retraçant l’histoire de cette idée.

En 1992, François Azouvi a théorisé une "histoire philosophique des idées"   d’un type nouveau, avant d’innover en dressant une histoire du cartésianisme après Descartes. Marie-Claude Blais, qui avait déjà publié un ouvrage sur Renouvier, relève aujourd’hui le défi.

L’approche est vivante et le sujet stimulant : la solidarité fait partie de ces notions aux contours suffisamment flous pour qu’on les investisse librement des nombreux contenus que chaque époque veut bien leur attribuer. C’est là sa richesse, et peut-être sa faiblesse. Tour à tour concept juridique, idéal romantique, catéchisme social ou vertu républicaine, la solidarité a toujours pris la double forme d’instrument d’analyse de la société et d’exigence individuelle. De ce sujet ambitieux, l’auteur fait un traitement habile.

Selon un modèle bien connu au cinéma, Marie-Claude Blais choisit de partir de la consécration de cette notion par le mouvement solidariste de Léon Bourgeois  . au crépuscule du XIXe siècle, pour revenir ensuite à ses origines et suivre le fil du temps. Le mouvement est agréable, nous nous laissons porter au gré de différents auteurs qui ont trouvé dans la solidarité matière à réfléchir.


Un enchaînement vivant d’itinéraires intellectuels

Marie-Claude Blais, précise et didactique, excelle à nous expliquer comment se déploie l’idée de solidarité, en une période où celle-ci prend une place déterminante dans les représentations politiques. D’un itinéraire intellectuel à l’autre, influences, rebonds et querelles rythment ce roman de la solidarité, enrichie au gré de pensées qui en redéfinissent régulièrement les contours.

On y croisera l’imprimeur Pierre Leroux qui y voyait l’avatar laïc d’un principe évangélique, et le juste milieu entre individualisme et "socialisme", revendiquant d’ailleurs la paternité de ce dernier mot. On y découvrira l’économiste Constantin Pecqueur qui analysait la solidarité selon un mode de production et de répartition distributive des richesses. On y écoutera le juriste suisse Charles Secrétan qui a ancré la notion dans l’immanence. Marie-Claude Blais fait un sort particulier à celui qui avait déjà fait l’objet de ses travaux antérieurs : le philosophe néo-kantien Charles Renouvier qui, évoluant de l’idée de totalité englobante à celle de pluralité d’éléments individuels, a trouvé et salué dans la solidarité une relation de mutuelle dépendance entre les hommes, créatrice de dette.

Les philosophes les plus illustres croisent dans ces pages ceux qui ont bénéficié en leur temps d’un succès d’estime mais que plus personne ne lit aujourd’hui. À la figure renommée d’Emile Durkheim, dont la thèse faisait de la division du travail la source de la solidarité sociale, succède celle, plus oubliée, du philosophe Jean Izoulet, qui voulait asseoir la solidarité laïque sur une religion sociale immanente, et pour qui, dans la longue lignée de la droite organiciste, un enfant n’avait pas forcément besoin d’apprendre à lire ou à écrire, pour peu qu’on lui enseignât son exacte fonction au sein de l’ensemble social auquel il prend part.

Cette longue chaîne intellectuelle s’achève avec Léon Bourgeois, figure du radicalisme et brièvement chef du gouvernement en 1895-1896. Cette année-là, dans un ouvrage au grand retentissement, intitulé précisément Solidarité, il se donne pour ambition de formuler "une théorie d’ensemble des droits et des devoirs de l’homme dans la société".

Entraînés de la sorte, nous en oublions presque l’idée dont il était question. C’est à la fois la force et la faiblesse de l’ouvrage. Car Marie-Claude Blais prend, en réalité, prétexte de l’idée de solidarité pour nous exposer ici une pensée, nous restituer là une ambiance intellectuelle. Le cheminement est plaisant, mais le concept lui-même n’y gagne pas grand-chose.

Une idée à enrichir

À en croire Marie-Claude Blais, l’histoire d’une idée n’est que la recension de ses apparitions dans l’histoire. C’est pour cela que l’on éprouve, à la lecture de La solidarité, un double sentiment de satisfaction et d’incomplétude. Il nous manque la véritable problématisation philosophique dont le concept aurait gagné à faire l’objet.

L’auteur ouvre une porte à la toute fin de l’ouvrage, lorsqu’elle écrit que "la généralisation de ce principe indiscutable devrait pourtant rendre criante l’urgence d’un nouveau travail de conceptualisation"  . Mais c’est en vain que le lecteur cherchera ici un tel travail.

Pour toute pensée nouvelle de l’idée de solidarité, l’auteur nous propose le fil conducteur de la troisième voie "entre l’individualisme libéral et le socialisme collectiviste, la voie d’une démocratie non moins sociale que libérale". À ses yeux, c’est la richesse actuelle de ce concept. Mais la position du ni-ni laisse sur sa faim.

Le sujet aurait mérité que l’auteur apporte une pierre nouvelle à l’édifice, enrichisse cette idée de significations nouvelles. Marie-Claude Blais soulève souvent des questions sans y apporter de commencement de réponses.

Si elle milite pour la réintroduction de la solidarité dans notre champ d’analyse, c’est souvent par défaut : "entre le reflux des solutions collectivistes, l’effacement du modèle marxiste de la lutte des classes, la poussée de l’individualisme juridique et la résurgence offensive du libéralisme économique, nous renouons, structurellement parlant, avec la matrice intellectuelle qui avait imposé la catégorie de solidarité comme la seule à même d’accorder la liberté et le lien, l’indépendance des êtres et leur interdépendance, la responsabilité de chacun et la protection de tous."

Finalement, n’était-ce pas à travers le droit que l’on aurait pu repenser cette fameuse solidarité ? Le principe fondateur de la solidarité chez Léon Bourgeois était une dette primitive de l’homme envers la société humaine, depuis le jour de sa naissance  . À partir de cette idée, les juristes Christophe Jamon et Denis Mazeaud ont élaboré une théorie laissée de côté par une grande partie de la doctrine, mais philosophiquement stimulante : le "solidarisme contractuel". Reprenant l’idée du quasi-contrat mise en avant par Léon Bourgeois et dont Marie-Claude Blais rend bien compte ici, selon laquelle des obligations se forment "sans qu’il intervienne aucune convention, ni de la part de celui qui s’oblige, ni de la part de celui qui s’y est engagé" (article 1370 du Code civil), sorte de "contrat rétroactivement consenti", selon le terme de Bourgeois, ces derniers justifient l’intervention du juge dans le contrat au nom d’une valeur sociale supérieure à la simple autonomie de la volonté des parties : la solidarité.

Réjouissons-nous, en tout cas, que se développe ainsi l’histoire des idées, qui ouvre des possibilités immenses pour l’historiographie comme pour la philosophie !

lundi, 08 décembre 2008

Change they believed in...

Change they believed in

Gevonden op: http://yvespernet.wordpress.com

Obama zou de wereld veranderen en een radikaal ander beleid voeren. Degenen die nog het hardste geloofden in de radikale verandereingen van Obama waren de ultraconservatieven die er zowaar een socialist in zagen. Ondertussen mag de keuze voor zijn kabinet en de uitspraken over het te volgen beleid toch wel duidelijk laten blijken dat er absoluut geen change zit aan te komen. Al benoemt Obama af en toe een persoon die opvalt, puur vanwege de etnische achtergrond, uiteindelijk zijn de krijtlijnen die hij uitzet amper verschillend van zijn voorgangers. Wat ook merkbaar was met zijn benoeming van Hilary Clinton

http://edition.cnn.com/2008/POLITICS/12/01/clinton.secretary.state/index.html

WASHINGTON (CNN) — Sen. Hillary Clinton decided to join her one-time rival’s team because she wanted to be part of the “greatest adventure of our century,” she said Monday after President-elect Barack Obama named her as his nominee for secretary of state.

De benoeming van Clinton kan men vanuit verscheidene hoeken zien. Enerzijds geeft het een zekere vorm van continuïteit, zeker aangezien Hilary kan beschikken over Bill zijn adres- en telefoonboekje. Anderzijds kan hij de fans van Clinton geruststellen dat zij ook gehoord worden. Daarbij kan het Hilary wel eens neutraliseren in 2012. Het is een publiek geheim dat zij in 2012 opnieuw voor presidente wilt gaan, als een lid van het kabinet is dit al minder goed aangezien zij dan campagne zou moeten voeren tegen een beleid dat zij grotendeels mee zal bepalen.

Ook in verband met Iran heeft Obama al de hoop voor verandering al de grond ingeboord. Men hoopte op een einde van de harde confrontatiepolitiek van Bush aangezien Obama pleitte voor minder abnormale diplomatieke betrekkingen.

http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/us_elections_2008/7718603.stm

If anybody had hoped that Barack Obama’s election victory would lead to a swift breakthrough in Washington’s relations with one of its toughest adversaries, Iran, the honeymoon seems to be over before it even began.  Many Iranians, including some officials, were thrilled by the stunning election victory, seeing it as offering hope of a radical change in US foreign policy and relations. (…)

Both Mr Obama and his future vice-president, Senator Joseph Biden, have in the past advocated unconditional dialogue with Iran. But Mr Obama made it clear that he will not be a soft touch when it comes to Tehran.  (…)

“Iran’s development of a nuclear weapon I believe is unacceptable. We have to mount an international effort to prevent that from happening,” he said. “Iran’s support of terrorist organisations, I think, is something that has to cease.”

Professor Sunic zei het nog op het colloquium van de Deltastichting. Obama heeft véél meer geld gekregen van de grote bedrijven, net omdat hij zwart is. Doordat sommige mensen hun vertrouwen bijna onvoorwaardelijk in hem zullen plaatsen, hij kan immers “change” geloofwaardig uitdragen, kan hij veel makkelijker de “corporate agenda” uitvoeren. Een vergelijking, zo kreeg McCain een 40 miljoen van een bepaald bedrijf (ben even de naam vergeten…), terwijl het meer dan 180 miljoen gaf aan Obama.

Maar wat dachten de naiëvelingen dan ook? Dat er iets duurzaam zou veranderen in de VSA? Daar zijn noch de geesten noch de situatie klaar voor. Obama zal meer van hetzelfde zijn, alleen met een andere huidskleur. En wees gerust, de grote bedrijven zijn op dat vlak kleurenblind.

En de paar naiëvelingen die nu ook pleiten voor een paus uit een Derde Wereldland. 1) Links heeft zich niets met die discussie te moeien, aangezien zij zich het merendeel van de tijd toch beperken tot gescheld op de Kerk wegens het conservatief karakter en 2) als zij een paus uit een Derde Wereldland willen, mogen zij hopen dat het “maar” een Zuid-Amerikaan zal zijn (wat het meest waarschijnlijke is) en geen Afrikaan. Die laatste zal immers een oerconservatief beleid voeren.

dimanche, 07 décembre 2008

Occidentalisme

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Occidentalisme

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Een paar dagen geleden heb ik nieuwe aankopen gedaan in De Groene Waterman. Één van mijn aankopen was het volgende boek: “Occidentalisme: het Westen in de ogen van zijn vijanden” van Uitgeverij Olympus. Autheurs zijn Ian Buruma en Ashivai Margalit. Het geeft een interessante kijk op de vijandige denkwijzes tegenover het Westen. Van de anti-modernistische conferentie van Kyoto van 1942 tot en met het huidige islamisme. Ook het stuk over het verschil in denkwijze, en de onmogelijkheid om elkaar te verstaan, tussen de Russisch-Orthodoxen en de Amerikaanse protestanten is interessant. Het geeft ook goed weer hoe de aanslagen van 11 september 2001 enorme hoeveelheden symboliek met zich meedroegen.

Ook de afkeer van traditionalisten en anderen tegenover steden komt uitgebreid aan bod, met vaak verrassende citaten en anekdotes tot gevolg. Op pagina 30 bijvoorbeeld:

Friedrich Engels zag iets ‘afstotelijks’ in de stedelijke massa’s van Manchester en Londen, ‘iets waartegen de menselijke natuur rebelleert’. De stad is waar mensen van ‘alle rangen en standen langs elkaar heen drommen’, lukraak, willekeurig en vooral onverschillig”.

Een visie die ook gedeeld wordt T.S. Eliot die in zijn poëzie uithaalde tegenover de goddeloosheid van de steden. Maar ook een Sayyid Qutb, islamitisch denker, die in 1948 New York bezocht, vond de steden een afgrijselijk iets. Hij nam aanstoot aan “de atmosfeer van verleiding, de schokkende sensualiteit van het dagelijks leven en het onbetamelijke gedrag van Amerikaanse vrouwen” (pagina 36).

Een rode lijn in het boek is de clash tussen de traditionalisten, ongeacht hun culturele en religieuze achtergrond, die de “modernisten” hoogmoed verwijten. Steden worden beschouwd als plaatsen van verderf, waar de islam ze in het verleden als bakens van kennis tenmidde van woestijnen nomadische onwetendheid zag, de hoogmoed en speculatiedrang van handelaars op de beurs wordt verworpen. Wat de modernisten achterlijkheid noemen, zal door de traditionalisten als een rijkdom worden gezien. Het boek is ook een aanrader omdat het de dingen wat in perspectief zet, wat zeker nodig als men de aanslagen in Mumbai e.d. in perspectief wilt plaatsen.

Ik raad het boek dan ook zeer aan, voor de prijs (€10) moet je het alvast niet laten!

Sur August Bebel

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Archives de Synergies Européennes - 1987

Sur August Bebel

Werner JUNG, August Bebel. Deutscher Patriot und internationaler Sozialist. Seine Stellung zu Pa­trio­tis­mus und Internationalismus,  Centaurus-Ver­lagsge­sell­schaft, Pfaffenweiler, 1986, 540 S., DM 48.

 

August Bebel, personnage central de la social-démocratie alle­man­de, a, comme beaucoup de ses pairs, évolué du libéralisme au démocratisme socialiste. Incarnant une synthèse de toutes les variantes de l'idée socialiste, Bebel s'interrogera pendant toute sa vie sur la «ques­tion nationale». Au départ, sa vision de l'Etat national est opposée au particularisme prussien: elle est grande-alle­mande et républicaine. Bebel s'opposait ainsi à la Petite-Al­le­magne (sans l'Autriche) réunie sous la couronne prussienne. Dans un tel Etat, l'intérêt dynastique passait avant l'intérêt na­tio­nal global. Bebel déplorait amèrement la guerre austro-prus­sienne de 1866 et critiquait avec véhémence la constitution d'une «Ligue nord-allemande», qui contribuait à affaiblir l'en­sem­ble germanique. Lors de la guerre franco-allemande de 1870, Bebel s'opposait au conflit au nom de la solidarité ouvrière in­ter­nationale et se faisait le défenseur zélé de la Commune de Pa­ris. Après la fondation du IIème Reich à Versailles en 1871, ses positions se feront plus «nationales» et il s'efforcera d'élaborer les assises d'un «patriotisme social-démocrate». L'appartenance à un même ensemble politique, le fait de parler une même lan­gue, créaient les conditions d'une communauté de destin et les so­cialistes devaient respecter et admettre cet état de choses, tout en soutenant les politiques commerciales qui contribuaient à éliminer les désavantages de l'Allemagne et à assurer son in­dé­pendance complète. Le patriotisme social-démocrate qui dé­cou­le de cette analyse, diverge fondamentalement du nationa­lisme bourgeois: à l'intérieur, ce patriotisme vise un boule­ver­se­ment total du statu quo et l'abolition des clivages de classe; à l'extérieur, il prône la fraternisation entre tous les peuples au lieu du chauvinisme de l'exclusion. Est patriotique, selon la dé­fi­­nition bebelienne, tout acte politique qui favorise l'éman­ci­pation de larges strates de la population et contribue à faire des ou­vriers et des défavorisés des citoyens à part entière. Sont an­ti-patriotiques, en revanche, toutes les formes «bourgeoises» de faire de la politique, lesquelles s'épuisent dans des discours gran­diloquents pour, finalement, ne consolider que le statu quo. L'ap­proche bourgeoise de la politique ne permet pas de résoudre les contradictions de l'intérieur, donc affaiblit la nation. Le pa­triotisme national et l'internationalisme ne sont pas des prin­ci­pes antagonistes, mais des principes complémentaires: les pa­trio­tes de tous les pays, tous soucieux du bien-être et de la pros­périté de leur peuple, doivent se manifester mutuellement de la solidarité. La conception militaire qui se déduit de ce patrio­tisme socialiste est une conception de «milice populaire» (Volks­wehr),  hostile aux «armées permanentes» et dont la mis­sion est purement défensive. L'idéalisme de Bebel connaîtra un cruel démenti en août 1914, quand les sociaux-démocrates ap­plaudissent à la défense du territoire de la Prusse orientale en­vahie par les armées du Tsar et déplorent mollement l'invasion de la Belgique et du Nord de la France, régions où le socialisme était bien ancré au sein de la population, par les armées per­ma­nentes du Kaiser. Bebel est toutefois resté logique avec lui-mê­me: son patriotisme fut réel, de même que son internatio­na­lis­me. Le livre de Werner Jung nous renseigne amplement sur les courants divergents de la sociale-démocratie allemande, courant qui, au fond, n'ont pas cessé d'exister aujourd'hui. C'est pour­quoi, surtout, son ouvrage nous apparaît fondamental (Robert Steuckers).

vendredi, 05 décembre 2008

Atlantisme; nouveau totalitarisme?

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L’Atlantisme comme nouveau totalitarisme ?

par Alexandre LATSA - http://www.agoravox.fr

Après la domination espagnole (XVIIIe siècle) et anglaise (XIXe siècle), l’Amérique va entrer au XXe siècle dans un première phase de recomposition territoriale (unification après la guerre de Sécession, récupération de l’Alaska aux Russes, victoire sur les Espagnols, victoire sur les Britanniques...), puis se lancer dans un maillage intense de son territoire via des voies de chemin de fer qui stimuleront l’activité et le commerce et préfigureront sa position économique dominante pour le siècle suivant.

Au début du XXe siècle, la guerre entre le Japon et la Russie (1904) préfigure le siècle à venir, l’Amérique devient un acteur à l’extérieur de son territoire, dans le Pacifique. Pour la première fois, deux empires s’affrontent selon les moyens de guerre dits « modernes », pour la première fois un empire asiatique affronte un empire européen, et s’impose et surtout, pour la première fois, la paix est négociée en Amérique, sous la houlette de Théodore Roosevelt et du conseiller du Tsar, Serge Witte (qui au passage prônait le tunnel sous Bering !)

 

C’est le début du siècle américain, de la thalassocratie transatlantique et transpacifique et du nouvel ordre mondial.

Du monde bipolaire au nouvel ordre mondial

 

La grande guerre civile européenne de trente ans (1914-1945) laisse l’Europe (et le monde) divisé en deux pôles concurrents, le pôle « américano-occidental » et le pôle « soviétique ». La guerre froide durera quarante-cinq ans, jusqu’en 1991, année qui verra la disparition d’un des pôles et l’instauration pratique du nouvel ordre mondial. Dans les vingt-cinq années qui suivirent, le monde entra dans une fiction de courte durée, pendant laquelle on crut que l’extension de l’Otan (parapluie étoilé protecteur) et du nouvel ordre économique mondial (FMI, OMC, BERD, Communauté européenne, OCDE, European Round Table, club de Rome, Forum de Davos...) assurerait la pérennité et la sécurité a jamais. Pour la première fois dans l’Histoire, un « empire » semblait avoir la velléité et les moyens d’imposer ses règles à la planète entière. On parla même de fin de l’Histoire. D’autres affirmèrent même que demain tous seraient Américains. La Chine s’éveillait doucement, l’Inde également, le monde musulman semblait abasourdi par la frappe irakienne de 1991, la construction européenne prenait son envol sur les parallèles de l’Otan pendant que le cœur du défunt concurrent soviétique se mourrait. En 1999, le dernier grain de sable à « l’extension Est » (la Yougoslavie) fut anéantie. La Serbie (qui était à la Yougoslavie ce que la Russie était à l’URSS) fut anéantie en 78 jours et y fut construite la plus grande base militaire américaine de l’étranger, sur le flanc Est-oriental de l’Europe. La présence militaire américaine dans le monde à l’entrée du XXIe siècle était plus importante qu’aucune puissance ne l’avait jamais fait dans l’Histoire (Cf Listes des bases américaines). Néanmoins l’accalmie fut de courte durée : le 11 septembre 2001, des pirates de l’air proches des mouvances islamistes radicales lancèrent la première version du jihad aérien en détournant des avions de ligne pour les écraser sur des infrastructures aux État-Unis. L’empire était frappé au cœur. Ce fut la fin du nouvel ordre mondial tel que certain nous l’avait promis, il n’avait duré que trente ans. L’Amérique déclara alors une guerre planétaire au terrorisme que, sept ans plus tard, elle n’a toujours pas vaincu, enlisée avec l’Otan dans des conflits à basse intensité et sur des territoires incontrôlables et incontrôlés (Irak, Afghanistan, Somalie...).

 

Pourtant cet élément qui modifia l’Histoire n’était pas une surprise pour tous les spectateurs du théâtre des opérations. Certains avaient préconisé ce choc à venir entre les « civilisations » et notamment entre le Sud (musulman) et le Nord (Occident). Ceux-là préconisaient aussi que le monde était « divisé » en grands espaces, différents, et résolument adversaires, ou ennemis. Cette théorie des « civilisations en conflit » avait même ses défenseurs, au cœur du dispositif atlantiste. Ceux-là avaient déjà affirmé que l’Est et l’Ouest étaient deux mondes différents, voir opposés. Curieusement, la frontière entre ces deux Europe (« catholique-protestante » et « orthodoxe ») se situait sur l’ancienne délimitation de l’Europe post-soviétique et de l’Europe de l’Ouest (americano-occidentale). Pour les stratèges américains, après le contrôle des mers (effectif à la fin de la guerre froide), restait le contrôle des terres, notamment celles que les stratèges visaient depuis le début du siècle : le Heartland.

Les néo-conservateurs à la conquête du Heartland

 

Le XXe siècle a vu l’Amérique passer du statut isolationniste à celui de puissance impérialiste et dominante. Cette expansion hors frontières de l’Amérique s’est faite en deux étapes principales, la prise de contrôle des mers tout d’abord, puis la prise de contrôle des terres.

 

Tout d’abord l’expansion maritime (principe du contrôle des mers et du développement de la marine militaire pour protéger les échanges commerciaux). Ces théories ont été très clairement exposées par de nombreux stratèges américains à la fin du siècle dernier, dont Alfred Mahan qui énonça l’intérêt pour l’Amérique d’acquérir une marine aussi puissante que l’Angleterre afin d’acquérir une suprématie militaire et commerciale aussi importante. Cette théorie influencera grandement Théodore Roosevelt notamment au début du XXe siècle après la guerre russo-japonaise.

 

Cette prise de contrôle des mers effective, la guerre froide laissa néanmoins l’Amérique dans une position géopolitique difficile. Deux des plus grands stratèges en géopolitique, Nicolas Spykman et Halford John Mckinder de ce siècle vont en effet développer la théorie selon laquelle l’Amérique de par sa position insulaire éloignée ne peut, si elle veut rester aux commandes du monde (refus du déclin de la puissance américaine chez les néo-conservateurs) être éloignée du grand continent, du cœur des terres émergées, le Heartland eurasien. Le monde serait constitué selon ces stratèges d’un Heartland ou Continent géant (Europe-Asie), d’un océan géant (Atlantique-Pacifique) et d’un anneau d’îles (Amérique, Australie ou Outlyings Islands).

 

La maîtrise de ce cœur continental est donc essentielle. De la même façon, elle devait se méfier des alliances entre puissances de la terre, notamment entre les deux grandes puissances terrestres et continentales, l’Allemagne et la Russie (empêcher l’émergence d’une puissance rivale chez les néo-conservateurs). Pour ce faire, la Seconde Guerre mondiale sera l’occasion tragique et inespérée pour l’Amérique de prendre position sur le continent, pour y empêcher toute alliance qui pourrait exclure l’Amérique des affaires du monde. Pour les stratèges américains en effet, la fin de la guerre froide n’est que l’opportunité à saisir pour mettre pied en Europe (anciennement majoritairement sous contrôle soviétique) et pouvoir ainsi grignoter toujours plus à l’Est et au Sud-Est vers le contrôle de continent, cette zone située au cœur de l’Eurasie.

 

Le point commun entre les « défenseurs du choc inévitable des civilisations », « les partisans de la conquête de l’Est, et du Heartland » ? Un courant idéologique propre à l’Amérique qui a contribué à accélérer la politique interventionniste américaine dans le monde, une nouvelle idéologie qui s’est rapidement propagée dans toutes les sphères de direction américaine (politiques, militaires, économiques...). Elle a pris à contre-courant les anciennes idéologies pour devenir en quelque sorte la raison d’être de l’Amérique, comme le sang l’est à tout être humain. Cette idéologie projette l’Amérique comme point central de l’humanité, d’aujourd’hui et demain. Le « néo-conservatisme » nous dit Wikipédia : « se distingue du conservatisme traditionnel et du néo-libéralisme. Anticommuniste et antifasciste, le néo-conservatisme est né sur le principe de « plus jamais Auschwitz ». Ils défendent la puissance militaire des États républicains dans les relations internationales afin d’asseoir un nouvel ordre international. Cela passe par quelques grands axes, notamment le refus du déclin de la puissance américaine (première puissance républicaine du monde) ; empêcher l’émergence d’une puissance rivale ; la fin de la complaisance envers les dictatures ; et la revalorisation de l’outil militaire pour répondre aux agressions.

 

Pour les « néo-conservateurs  » l’Amérique est le modèle de civilisation le plus abouti. Elle a vaincu les grandes idéologies (le nazisme et le communisme) et se prépare à affronter son troisième ennemi (tout au moins celui qu’elle a déclaré comme tel) à savoir l’islamisme radical. Pour eux, le monde doit être modelé par les démocraties républicaines, selon ce modèle de civilisation via le démocratisme imposé, militairement s’il le faut. Le cœur de cette pensée est donc un interventionnisme très fort à l’extérieur du territoire américain, que l’on peut qualifier d’impérialisme idéologique.

 

Aux États Unis, récemment, un conseiller du président Carter a théorisé et remodernisé les théories post-guerre froide pour les distiller dans les mouvances néo-conservatrices influentes et au pouvoir. Ce dernier, Zbigniew Brzezinski a grandement influencé la création de mouvements d’opinions, les fameux thinks tanks, destinés a promouvoir la politique américaine dans le monde (Cf. Le Grand Échiquier en 1997 et Le Vrai Choix en 2004). En 1989, Brezinski devient l’éminence des cerveaux démocrates pour l’Eurasie (son fils Markl étant le conseiller de Barak Obama) dont il est certain qu’elle sera la zone concurrente essentielle de l’Amérique. En effet, cette gigantesque zone eurasiatique serait le cœur des masses humaines et surtout des ressources énergétiques (pétrole, gaz, minerais stratégiques) ainsi que de leur voies d’acheminements. Ces théories de maîtrise du Heartland se couplent généralement à une maîtrise de l’océan Arctique (voir l’article lié) tout aussi important au niveau énergétique. (voir la carte la). Brezinski reprendra dans Le Grand Échiquier le projet de démembrement en trois de la Fédération russe (Moscovie, Oural, Sibérie), un projet déjà défini dans les années 1940 par le nazi Rosenberg. Cette théorie sera développée à la même époque en Pologne sous le nom de Prométhéisme qui fera son chemin pendant la Seconde Guerre mondiale en Allemagne, en France, en Turquie et en Allemagne, puis en Amérique. Curieux hasard ( ?) du destin, il s’agit des plus grandes puissances mondiales d’aujourd’hui et des piliers de l’Otan. Autre hasard, Brezinski est lui aussi d’origine Polonaise tout comme Joseph Pilsudski, fondateur du Prométhéisme.

 

Brzezinski va alors se consacrer à la lutte pour prévenir la réémergence de la Russie comme superpuissance et pour conquérir l’Eurasie. Il développe « un plan pour l’Europe » qui passerait par l’extension de l’Otan aux Républiques baltes, prônera le projet d’oléoduc Bakou-Tblissi-Ceyhan. Ce projet représente pour lui la meilleure concrétisation de ses ambitions qui visent à empêcher la Russie de se relever. Parallèlement, il préside dès 1999 le Comité américain pour la paix en Tchétchénie (American Committee for Peace in Chechnya), installé dans les locaux de l’association Freedom House. Cette union des extrêmes (indépendantistes musulmans et activistes américains) n’est que la continuité - sous sa variante anti-Russe - de l’alliance du même genre existant pendant la guerre froide, à l’époque où la CIA entraînait et finançait les Mujhaidins contre l’URSS.

 

Les armes des Atlantistes pour la conquête énergétique

 

Après la chute du mur et la fin de l’URSS, l’Amérique se retrouve sans ennemie, elle se lance alors dans une logique de conquête absolue des zones nécessaires au maintien de son hégémonie embryonnaire et notamment l’Eurasie. L’extension de l’Europe comme alliée indéfectible, l’adhésion de ces États à l’Otan et leur participation aux interventions armées à l’étranger en est le fil conducteur. L’Europe continentale de l’Ouest offre servilement à l’Amérique les moyens de sa domination planétaire. Lorsque l’Amérique créa en 1949 l’Otan pour répondre au pacte de Varsovie, celui-ci n’avait d’objectifs que défendre le monde occidental contre une éventuelle attaque soviétique. À l’effondrement de cette dernière, l’Otan ne disparut pas pour autant. Bien au contraire, il devint l’élément-clé de l’extension pan-occidentale, le porteur des messages préliminaires tout autant que le bourreau et le justicier des réfractaires. L’Otan devint l’arme destiné à faire plier les régimes non alignés, tout autant qu’à marquer la fin de la complaisance avec les « dictatures ». En 2001 néanmoins, les Américains ont commencé à prendre conscience de l’erreur tactique essentielle qu’ils avaient fait à utiliser les Moujahidines contre la Russie soviétique, les premiers retournant leur savoir (acquis par les stratèges de la CIA avec la bénédiction du Pentagone) contre leurs anciens maîtres.

 

Évidemment, la construction européenne qui marche main dans la main avec l’Otan s’est déjà sabordée. En étant incapable d’avoir ses propres systèmes de défense ou sa propre armée, en participant à des conflits qui ne la concernent pas, et n’ont pour conséquence que d’augmenter le ressenti de nombre d’États à son égard, cette dernière s’est fait entraîner dans une logique infernale de partage des dépendances américaines, en énergie tout autant qu’en besoin de protection.

 

Comme je l’expliquais dans un précédent article : pourquoi partager la croisade lancée contre le monde arabo-musulman à des fins énergétiques en nous aliénant des centaines de millions de musulmans dans le monde, alors qu’un partenaire disponible et fiable, la Russie, est à nos portes. Réponse toute simple : l’Amérique ne veut pas d’une alliance Europe-Russie qui constituerait une puissance concurrente. Pour preuve récente l’opposition violente de Zbigniew Brezinski au « Russo-Allemand  » North Stream.

 

Les opérations militaires ne sont pourtant pas partout évidentes, ni pratiques. Les stratèges ont bien compris la grande difficulté de créer une entreprise de désinformation comme cela a été le cas pour la désintegration de la Yougoslavie (dès 1991) et la campagne violemment serbophobe qui a suivie. Parfois même les opérations militaires ne sont pas suffisantes. Voir injustifiées. Les stratèges vont développer une méthode de révolution pacifique, dite colorée, qui a le mérite de mieux passer au yeux de l’opinion internationale (toujours critique quant aux actions militaires). Experimentée en Serbie en 2001 (la campagne militaire n’ayant pas suffit à faire tomber Milosevic), elle consiste à lever une partie de la « société civile » contre le pouvoir, via des relais dans le pays, en fait officines de la CIA. Le schéma est toujours le même, utiliser des mouvements de jeunesses pour feindre le côté spontané. Le projet est de faire tomber un pouvoir politique jugé « hostile » pour le remplacer par un candidat démocrate, c’est-à-dire « aux ordres » de Washington. L’État concerné passe ainsi dans le giron « occidental » sans intervention militaire. Autre avantage : le changement passe pour une légitime révolution populaire d’une population lasse du « tyran » qui la gouverne. Pourtant en y regardant de plus près, ces mouvements de jeunesse révolutionnaires, que cela soit Zubr en Bielorussie, Otpor en Serbie, Kmara en Géorgie, Pora en Ukraine, Mjaft en Albanie ou encore Oborona en Russie ne sont pas des émanations spontanées de la « société civile », mais au contraire des fabrications sponsorisées à millions de dollars par les relais de l’ingérence états-unienne dans les points chauds qui concernent directement l’Europe (Balkans, le Caucase, l’anneau circulaire de l’Eurasie (voir cette carte !). Leurs membres ont été entraînés, dressés au bazar de rue et à l’agit-prop politico-médiatique pour intervenir au moment opportun, recevoir la publicité des médias occidentaux et délégitimer les pouvoirs en place. Sur la base des théories dites de la « guerre civilisée » du Pr Gene Sharp (Albert Einstein Institution, ancien de la John Hopkins University), ces groupes naguère formés dans de grands hôtels de Budapest et de Sofia, conduisent des opérations de déstabilisation ciblées qui relèvent de la guerre psychologique et de la guerre civile et non d’une action pacifique ou de simple lobbying comme on voudrait nous le faire croire. (NB : lire cette analyse ici ou encore la).

 

Quant aux relais de ces mouvements révolutionnaires financés par la CIA, ce sont ces associations civiles du nom de USAID, National Endowment for Democracy (NED), Open Society Institute (Fondation Soros),le German Marshall Fund of the United States, Freedom House, la fondation héritage, ou encore la jamestownfondation, la fondation Carnégie, ou encore le mémorial des victimes du communisme, ces associations travaillant sous l’égide de quelques organisations plus importantes comme le PNAC, le CFR, la trilatérale,l’American institute.ou encore l’ICG , officie « publique »de la CIA (dirigé un temps par Morton Abramowitz l’homme qui livra naguère les missiles Stinger au moudjahidine afghan proches d’Osama Ben Laden) ! Nous sommes là au cours du dispositif d’ingérence américain en Eurasie. Ces mouvements ne sont pas seuls. On a fabriqué aussi pour les besoins de la cause une série de sites internet chargés de renforcer la propagande virtuelle, et des instituts de sondage (comme le CeSID en Serbie) qui « accompagnent » les élections des pays-cible, c’est-à-dire désignent à l’avance les vainqueurs et influencent psychologiquement les votes en donnant des résultats que n’ont pas encore les commission électorales.

 

Cette alliance de suprématie militaire et d’associations faussement civiles n’ont en fait qu’un but : encercler la Russie et prendre le contrôle des zones essentielles que sont les Balkans (anciennes colonies soviétiques et vitales à l’extension Est de l’Europe), le Caucase (avec la Caspienne) et enfin l’anneau de contour eurasien. La preuve ? Les États du Guam, visés par les révolutions colorées ceinturent la Russie. Le but ? Éloigner la Russie de l’Europe, la repousser au Nord et à l’Est pour lui couper l’accès aux mers et aux ressources énergétiques d’Asie centrale et faire cesser son influence sur la région centro-asiatique. N’oublions pas que la lutte pour cette région (tout comme pour le Nord arctique) l’est principalement pour des raisons énergétiques. (NB : cette révolutionnite aiguë ne frappe pas que l’Eurasie, mais également l’Amérique du Sud et le Venezuela de Chavez).

De Khodorkovski a Beslan

Lorsque le 31 décembre 1999, Boris Eltsine laisse les rênes à Vladimir Poutine, la décrépitude eurasienne est totale. L’URSS s’est effondrée, les Républiques se fragmentent, les communautés religieuses s’affrontent, le chaos est total. Dès sa prise de pouvoir, Vladimir Poutine va restaurer l’autorité et la souveraineté de l’État sur le territoire russe, ce qui passe par reprendre le pouvoir y crompris à des hommes d’affaires enrichis et devenus plus puissants que les élus eux-mêmes : les oligarques. L’histoire est connue, Vladimir Poutine va chasser un à un ces oligarques qui succédèrent aux « innombrables mafias » qui pillèrent la Russie dans les années 1990. Ceux qui affirmaient contrôler à une douzaine l’économie et le pouvoir russe durent répondre de leurs actes devant une justice réaffirmée. C’est en 2003, lors de l’arrestation du plus fameux d’entre eux que les atlantistes (néo-conservateurs) comprirent la détermination réelle du pouvoir russe. L’arrestation de M.Khodorkovski a ouvertement déclenché une contre-offensive néo-conservatrice qui dure encore à ce jour. Pourquoi ? Le réseau Voltaire nous donne quelques précisions (lisez cet article c’est à tomber par terre, ici)... La prise de contrôle de Yukos par Khodorkovski s’est faite par le biais du système de « prêts contre actions » organisé par Vladimir Potanine au gouvernement de Viktor Tchernomyrdin en 1995. Les oligarques ont ainsi pu racheter des entreprises pour des bouchées de paille, voire les posséder par de simples promesses d’investissements ! Celui-ci organise ensuite un système de sociétés off-shores pour s’auto-racheter du pétrole et des matières premières à très bas prix et le revendre sur le marché international. Simultanément, le géant bradait son pétrole à l’Amoco Eurasia Petroleum Company. Les sur-revenus générés lui permirent, une fois blanchis de prendre le contrôle politique de nombreux partis dont le Parti communiste, l’Union des forces de droite (SPS), Labloko et « Unité ». En 2003, Khodorkovski décida se présenter à l’élection présidentielle. Il essayait déjà de dicter ses vues au gouvernement concernant la guerre en Irak à laquelle il était favorable, comme en économie ou en politique intérieure. À cette même époque, Khodorkovski était sur le point de vendre la moitié de Yukos à Exxon Mobil. Il entendait aussi construire un réseau privé d’oléoducs assurant sa totale indépendance. Les liens entre Yukos et le monde de la finance et du renseignement anglo-saxon étaient déjà bien établis, les États-Uniens avaient compris que tant que le gouvernement contrôle les tuyaux, il est le seul à décider de la quantité de brut qu’il veut mettre sur le marché. Charles Ryan, le leader du United Financial Group, et d’autres investisseurs appelaient de tout cœur à une « Yukosization » de la Russie, en fait à une destruction de l’État, seul obstacle sur le chemin des vastes richesses russes. En lien avec Henry Kissinger et George Soros, il aurait trahi son pays et aurait préparé un renversement de Vladimir Poutine après avoir soudoyé des cadres de l’armée, la décision de son arrestation aurait été prise in extremis pour empêcher un « quasi-coup d’État », elle eut lieu le 25 octobre 2003, à Novossibirsk. Khodorkovski était devenu un maillon-clé du dispositif visant à mettre à genoux le géant russe. Devenu membre du Carlyle group, celui-ci se préparait à mettre une bonne partie des ressources pétrolières russes entre les mains des États-Unis.

On comprend mieux en effet la colère des « chacals » du Pentagone, lancés dans une guerre en Irak et privés des ressources eurasiatiques. Leur réponse ne s’est pas fait attendre, ceux-ci ont lancé une offensive de grande ampleur contre le pouvoir russe, la plus terrible étant la tragédie de Beslan (3 septembre 2004) que l’opinion internationale bien manipulée par la presse aux ordres continue d’attribuer à Poutine, tandis que les théoriciens néo-conservateurs affirmaient que la Russie n’échapperait pas à une guerre des civilisations, elle non plus, et devait donc rejoindre la croisade lancée par l’Otan. Pourtant, comme l’a très bien résumé Mikhail Alexandrov, un expert de l’institut CIS de Moscou dans le journal du ministère russe de la Défense, Krasnaya Zvezda : « La situation en Ossétie du Nord doit être appréhendée dans le contexte de la bataille croissante pour le contrôle de la Transcaucasie entre la Russie et les puissances anglo-saxonnes. Les Anglo-Saxons prétendent expulser la Russie de la Transcaucasie et ont besoin pour cela de déstabiliser le nord du Caucase et la Russie en général. » (lire ici sur la responsabilité anglo-saxonne à Beslan ou encore les liens étroits entre les Américains et les Tchétchènes).

 

L’affaire Beslan est un déclencheur fondamental puisque, à la suite de cette affaire, un « comité des 115  » se créa pour dénoncer la politique du gouvernement Poutine, jugé « responsable » de la prise d’otage de Beslan. Cette lettre ouverte, signée par 115 personnalités atlantistes, a été adressée, mardi 28 septembre 2004, « aux chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne et de l’Otan » avec copie à l’agence Reuters. Les auteurs affirment « qu’il est temps de repenser les modalités et les limites de notre engagement avec la Russie de Poutine ». Véritable déclaration diplomatique de guerre, il est tout à fait intéressant de lire le texte même de la lettre et les signataires de cet appel (ici et la). Lire à ce sujet la réponse aux intellectuels atlantistes du Pr Viatcheslav Dachitchev.

 

Comme l’explique très bien Alexandre Douguine en 2005 : « le complot contre Vladimir Poutine est en marche depuis qu’il a été élu. L’entourage de Eltsine ne s’attendait pas à ce que Poutine renforce les pouvoirs du gouvernement aux dépens des minorités libérales, oligarchiques ou pro-états-uniennes. Désormais, les opposants ont décidé de le faire sauter où au moins d’affaiblir sa position au maximum. C’est une forme de complot où agissent deux centres, un pour l’extérieur à Washington et Londres, et un pour l’intérieur constitué par les groupes oligarchiques et les libéraux au gouvernement. La zone de contact se trouve être dans certains pays de la CEI comme l’Ukraine ou la Géorgie. Pour moi, Mikhail Khodorkovsky a mené une véritable campagne contre la souveraineté de notre pays par l’intermédiaire de corporations transnationales et des États-Unis. »

 

La déstabilisation tchétchène a néanmoins connu deux coups d’arrêts en 2005 (liquidation de Maskhadov) et en 2006 (liquidation de Bassaiev), n’en déplaise aux intéressés dont les troupes sont enlisées dans les sables d’Irak et les montagnes d’Afghanistan.

Le réveil eurasien, vers un monde multilatéral

 

Nous l’avons vu, le réveil russe, maintien essentiel de l’équilibre en Eurasie, est la clé d’un monde multipolaire, ou tout du moins bipolaire en ce qu’il empêche l’Amérique de prendre contrôle du continent eurasiatique. La Russie, tout comme les « grands en devenir » de ce monde, l’Inde et la Chine, entendent maintenir sur le continent, et dans le monde, une approche multilatérale et multipolaire des problèmes, basée sur le dialogue et le consensus.

 

Pour l’élite russe, la Russie doit tracer une nouvelle voie entre l’orientation pro-occidentale et libérale et la nostalgie du passé communiste, tout en évitant les excès démagogiques du populisme extrémiste et du nationalisme étroit. Pour ce faire, a notamment été créée l’OCS, l’Organisation de la coopération de Shanghai, une gigantesque alliance militaire continentale regroupant plus d’un humain sur deux… Il est pourtant coutume d’entendre que la Russie a recours à des méthodes et des rhétoriques dignes de la “guerre froide”, mais que devait-on attendre comme réaction de la part de la Russie après que l’Europe laisse l’Amérique installer des bases militaires, des systèmes d’écoutes et des batteries missiles à ces frontières ? Que devrait-elle penser alors que ceux-la mêmes adhèrent à la théorie de détruire la Russie pour en faire trois Etats (Moscovie, Oural, Sibérie), tout comme ils ont fait de la Yougoslavie (devenue Serbie, Croatie, Slovénie) ? La vérité, c’est que la réciprocité logique au déploiement militaire à l’Est de l’Europe serait le déploiement militaire russe aux frontières américaines, par exemple à Cuba, ce que vient précisément d’évoquer le président Medevedev ! Enfin, un détail, mais sans doute d’importance, l’extension de l’Europe vers l’Est et l’obsession des Etats-Unis à y intégrer la Turquie (Seconde armée de l’Otan et pays non européen) sont bien les preuves de souhait d’inféodation totale à l’Otan d’une Europe qui n’a plus d’européenne que son appellation. Vladimir Poutine n’a-t-il pas cessé d’appeler les Européens à quitter l’Otan  ?

 

Pour l’élite russe, la Russie doit tracer une nouvelle voie entre l’orientation pro-occidentale et libérale et la nostalgie du passé communiste, tout en évitant les excès démagogiques du populisme extrémiste et du nationalisme étroit. Pour ce faire, a notamment été créée l’OCS, l’Organisation de la coopération de Shanghai, une gigantesque alliance militaire continentale regroupant plus d’un humain sur deux… Il est pourtant coutume d’entendre que la Russie a recours à des méthodes et des rhétoriques dignes de la “guerre froide”, mais que devait-on attendre comme réaction de la part de la Russie après que l’Europe laisse l’Amérique installer des bases militaires, des systèmes d’écoutes et des batteries missiles à ces frontières ? Que devrait-elle penser alors que ceux-la mêmes adhèrent à la théorie de détruire la Russie pour en faire trois Etats (Moscovie, Oural, Sibérie), tout comme ils ont fait de la Yougoslavie (devenue Serbie, Croatie, Slovénie) ? La vérité, c’est que la réciprocité logique au déploiement militaire à l’Est de l’Europe serait le déploiement militaire russe aux frontières américaines, par exemple à Cuba, ce que vient précisément d’évoquer le président Medevedev ! Enfin, un détail, mais sans doute d’importance, l’extension de l’Europe vers l’Est et l’obsession des Etats-Unis à y intégrer la Turquie (Seconde armée de l’Otan et pays non européen) sont bien les preuves de souhait d’inféodation totale à l’Otan d’une Europe qui n’a plus d’européenne que son appellation. Vladimir Poutine n’a-t-il pas cessé d’appeler les Européens à quitter l’Otan  ?

 

Nous l’avons vu, le réveil russe, maintien essentiel de l’équilibre en Eurasie, est la clé d’un monde multipolaire, ou tout du moins bipolaire en ce qu’il empêche l’Amérique de prendre contrôle du continent eurasiatique. La Russie, tout comme les « grands en devenir » de ce monde, l’Inde et la Chine, entendent maintenir sur le continent, et dans le monde, une approche multilatérale et multipolaire des problèmes, basée sur le dialogue et le consensus.

 

Pour l’élite russe, la Russie doit tracer une nouvelle voie entre l’orientation pro-occidentale et libérale et la nostalgie du passé communiste, tout en évitant les excès démagogiques du populisme extrémiste et du nationalisme étroit. Pour ce faire, a notamment été créée l’OCS, l’Organisation de la coopération de Shanghai, une gigantesque alliance militaire continentale regroupant plus d’un humain sur deux… Il est pourtant coutume d’entendre que la Russie a recours à des méthodes et des rhétoriques dignes de la “guerre froide”, mais que devait-on attendre comme réaction de la part de la Russie après que l’Europe laisse l’Amérique installer des bases militaires, des systèmes d’écoutes et des batteries missiles à ces frontières ? Que devrait-elle penser alors que ceux-la mêmes adhèrent à la théorie de détruire la Russie pour en faire trois Etats (Moscovie, Oural, Sibérie), tout comme ils ont fait de la Yougoslavie (devenue Serbie, Croatie, Slovénie) ? La vérité, c’est que la réciprocité logique au déploiement militaire à l’Est de l’Europe serait le déploiement militaire russe aux frontières américaines, par exemple à Cuba, ce que vient précisément d’évoquer le président Medevedev ! Enfin, un détail, mais sans doute d’importance, l’extension de l’Europe vers l’Est et l’obsession des Etats-Unis à y intégrer la Turquie (Seconde armée de l’Otan et pays non européen) sont bien les preuves de souhait d’inféodation totale à l’Otan d’une Europe qui n’a plus d’européenne que son appellation. Vladimir Poutine n’a-t-il pas cessé d’appeler les Européens à quitter l’Otan  ?

 

Pour l’élite russe, la Russie doit tracer une nouvelle voie entre l’orientation pro-occidentale et libérale et la nostalgie du passé communiste, tout en évitant les excès démagogiques du populisme extrémiste et du nationalisme étroit. Pour ce faire, a notamment été créée l’OCS, l’Organisation de la coopération de Shanghai, une gigantesque alliance militaire continentale regroupant plus d’un humain sur deux… Il est pourtant coutume d’entendre que la Russie a recours à des méthodes et des rhétoriques dignes de la “guerre froide”, mais que devait-on attendre comme réaction de la part de la Russie après que l’Europe laisse l’Amérique installer des bases militaires, des systèmes d’écoutes et des batteries missiles à ces frontières ? Que devrait-elle penser alors que ceux-la mêmes adhèrent à la théorie de détruire la Russie pour en faire trois Etats (Moscovie, Oural, Sibérie), tout comme ils ont fait de la Yougoslavie (devenue Serbie, Croatie, Slovénie) ? La vérité, c’est que la réciprocité logique au déploiement militaire à l’Est de l’Europe serait le déploiement militaire russe aux frontières américaines, par exemple à Cuba, ce que vient précisément d’évoquer le président Medevedev ! Enfin, un détail, mais sans doute d’importance, l’extension de l’Europe vers l’Est et l’obsession des Etats-Unis à y intégrer la Turquie (Seconde armée de l’Otan et pays non européen) sont bien les preuves de souhait d’inféodation totale à l’Otan d’une Europe qui n’a plus d’européenne que son appellation. Vladimir Poutine n’a-t-il pas cessé d’appeler les Européens à quitter l’Otan  ?

 

Comme l’explique très bien Alexandre Douguine en 2005 : « le complot contre Vladimir Poutine est en marche depuis qu’il a été élu. L’entourage de Eltsine ne s’attendait pas à ce que Poutine renforce les pouvoirs du gouvernement aux dépens des minorités libérales, oligarchiques ou pro-états-uniennes. Désormais, les opposants ont décidé de le faire sauter où au moins d’affaiblir sa position au maximum. C’est une forme de complot où agissent deux centres, un pour l’extérieur à Washington et Londres, et un pour l’intérieur constitué par les groupes oligarchiques et les libéraux au gouvernement. La zone de contact se trouve être dans certains pays de la CEI comme l’Ukraine ou la Géorgie. Pour moi, Mikhail Khodorkovsky a mené une véritable campagne contre la souveraineté de notre pays par l’intermédiaire de corporations transnationales et des États-Unis. »

 

La déstabilisation tchétchène a néanmoins connu deux coups d’arrêts en 2005 (liquidation de Maskhadov) et en 2006 (liquidation de Bassaiev), n’en déplaise aux intéressés dont les troupes sont enlisées dans les sables d’Irak et les montagnes d’Afghanistan.

Le réveil eurasien, vers un monde multilatéral

 

Nous l’avons vu, le réveil russe, maintien essentiel de l’équilibre en Eurasie, est la clé d’un monde multipolaire, ou tout du moins bipolaire en ce qu’il empêche l’Amérique de prendre contrôle du continent eurasiatique. La Russie, tout comme les « grands en devenir » de ce monde, l’Inde et la Chine, entendent maintenir sur le continent, et dans le monde, une approche multilatérale et multipolaire des problèmes, basée sur le dialogue et le consensus.

 

Pour l’élite russe, la Russie doit tracer une nouvelle voie entre l’orientation pro-occidentale et libérale et la nostalgie du passé communiste, tout en évitant les excès démagogiques du populisme extrémiste et du nationalisme étroit. Pour ce faire, a notamment été créée l’OCS, l’Organisation de la coopération de Shanghai, une gigantesque alliance militaire continentale regroupant plus d’un humain sur deux… Il est pourtant coutume d’entendre que la Russie a recours à des méthodes et des rhétoriques dignes de la “guerre froide”, mais que devait-on attendre comme réaction de la part de la Russie après que l’Europe laisse l’Amérique installer des bases militaires, des systèmes d’écoutes et des batteries missiles à ces frontières ? Que devrait-elle penser alors que ceux-la mêmes adhèrent à la théorie de détruire la Russie pour en faire trois Etats (Moscovie, Oural, Sibérie), tout comme ils ont fait de la Yougoslavie (devenue Serbie, Croatie, Slovénie) ? La vérité, c’est que la réciprocité logique au déploiement militaire à l’Est de l’Europe serait le déploiement militaire russe aux frontières américaines, par exemple à Cuba, ce que vient précisément d’évoquer le président Medevedev ! Enfin, un détail, mais sans doute d’importance, l’extension de l’Europe vers l’Est et l’obsession des Etats-Unis à y intégrer la Turquie (Seconde armée de l’Otan et pays non européen) sont bien les preuves de souhait d’inféodation totale à l’Otan d’une Europe qui n’a plus d’européenne que son appellation. Vladimir Poutine n’a-t-il pas cessé d’appeler les Européens à quitter l’Otan  ?

 

Pour l’élite russe, la Russie doit tracer une nouvelle voie entre l’orientation pro-occidentale et libérale et la nostalgie du passé communiste, tout en évitant les excès démagogiques du populisme extrémiste et du nationalisme étroit. Pour ce faire, a notamment été créée l’OCS, l’Organisation de la coopération de Shanghai, une gigantesque alliance militaire continentale regroupant plus d’un humain sur deux… Il est pourtant coutume d’entendre que la Russie a recours à des méthodes et des rhétoriques dignes de la “guerre froide”, mais que devait-on attendre comme réaction de la part de la Russie après que l’Europe laisse l’Amérique installer des bases militaires, des systèmes d’écoutes et des batteries missiles à ces frontières ? Que devrait-elle penser alors que ceux-la mêmes adhèrent à la théorie de détruire la Russie pour en faire trois Etats (Moscovie, Oural, Sibérie), tout comme ils ont fait de la Yougoslavie (devenue Serbie, Croatie, Slovénie) ? La vérité, c’est que la réciprocité logique au déploiement militaire à l’Est de l’Europe serait le déploiement militaire russe aux frontières américaines, par exemple à Cuba, ce que vient précisément d’évoquer le président Medevedev ! Enfin, un détail, mais sans doute d’importance, l’extension de l’Europe vers l’Est et l’obsession des Etats-Unis à y intégrer la Turquie (Seconde armée de l’Otan et pays non européen) sont bien les preuves de souhait d’inféodation totale à l’Otan d’une Europe qui n’a plus d’européenne que son appellation. Vladimir Poutine n’a-t-il pas cessé d’appeler les Européens à quitter l’Otan  ?

 

Nous l’avons vu, le réveil russe, maintien essentiel de l’équilibre en Eurasie, est la clé d’un monde multipolaire, ou tout du moins bipolaire en ce qu’il empêche l’Amérique de prendre contrôle du continent eurasiatique. La Russie, tout comme les « grands en devenir » de ce monde, l’Inde et la Chine, entendent maintenir sur le continent, et dans le monde, une approche multilatérale et multipolaire des problèmes, basée sur le dialogue et le consensus.

 

Pour l’élite russe, la Russie doit tracer une nouvelle voie entre l’orientation pro-occidentale et libérale et la nostalgie du passé communiste, tout en évitant les excès démagogiques du populisme extrémiste et du nationalisme étroit. Pour ce faire, a notamment été créée l’OCS, l’Organisation de la coopération de Shanghai, une gigantesque alliance militaire continentale regroupant plus d’un humain sur deux… Il est pourtant coutume d’entendre que la Russie a recours à des méthodes et des rhétoriques dignes de la “guerre froide”, mais que devait-on attendre comme réaction de la part de la Russie après que l’Europe laisse l’Amérique installer des bases militaires, des systèmes d’écoutes et des batteries missiles à ces frontières ? Que devrait-elle penser alors que ceux-la mêmes adhèrent à la théorie de détruire la Russie pour en faire trois Etats (Moscovie, Oural, Sibérie), tout comme ils ont fait de la Yougoslavie (devenue Serbie, Croatie, Slovénie) ? La vérité, c’est que la réciprocité logique au déploiement militaire à l’Est de l’Europe serait le déploiement militaire russe aux frontières américaines, par exemple à Cuba, ce que vient précisément d’évoquer le président Medevedev ! Enfin, un détail, mais sans doute d’importance, l’extension de l’Europe vers l’Est et l’obsession des Etats-Unis à y intégrer la Turquie (Seconde armée de l’Otan et pays non européen) sont bien les preuves de souhait d’inféodation totale à l’Otan d’une Europe qui n’a plus d’européenne que son appellation. Vladimir Poutine n’a-t-il pas cessé d’appeler les Européens à quitter l’Otan  ?

 

Pour l’élite russe, la Russie doit tracer une nouvelle voie entre l’orientation pro-occidentale et libérale et la nostalgie du passé communiste, tout en évitant les excès démagogiques du populisme extrémiste et du nationalisme étroit. Pour ce faire, a notamment été créée l’OCS, l’Organisation de la coopération de Shanghai, une gigantesque alliance militaire continentale regroupant plus d’un humain sur deux… Il est pourtant coutume d’entendre que la Russie a recours à des méthodes et des rhétoriques dignes de la “guerre froide”, mais que devait-on attendre comme réaction de la part de la Russie après que l’Europe laisse l’Amérique installer des bases militaires, des systèmes d’écoutes et des batteries missiles à ces frontières ? Que devrait-elle penser alors que ceux-la mêmes adhèrent à la théorie de détruire la Russie pour en faire trois Etats (Moscovie, Oural, Sibérie), tout comme ils ont fait de la Yougoslavie (devenue Serbie, Croatie, Slovénie) ? La vérité, c’est que la réciprocité logique au déploiement militaire à l’Est de l’Europe serait le déploiement militaire russe aux frontières américaines, par exemple à Cuba, ce que vient précisément d’évoquer le président Medevedev ! Enfin, un détail, mais sans doute d’importance, l’extension de l’Europe vers l’Est et l’obsession des Etats-Unis à y intégrer la Turquie (Seconde armée de l’Otan et pays non européen) sont bien les preuves de souhait d’inféodation totale à l’Otan d’une Europe qui n’a plus d’européenne que son appellation. Vladimir Poutine n’a-t-il pas cessé d’appeler les Européens à quitter l’Otan  ?

jeudi, 04 décembre 2008

Moscou: capitale de l'Europe

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Moscou : capitale de l'Europe !

par Alexandre LATSA - http://alexandrelatsa.blogspot.com

Le Financial Times du 25 août 2008 notait amèrement que «Washington en est réduit à regarder d'autres puissances modifier le réel ». Dans une édition du Financial Times de 1991, une telle assertion aurait sans doute seulement trouvé sa place dans une rubrique "scénario catastrophe pour l'avenir " ou "science fiction". Il est vrai que la presse américaine de 1991 titrait sur d'autres evènements : l'URSS venait de s'écrouler, et avec elle le mur de Berlin. Dans les sables d'Irak, Bush père promettait a l'humanité un « Nouvel Ordre Mondial », juste, merveilleux et surtout unilatéral sous protection de la bannière étoilée pendant que l'Europe entamait son processus de réunification. Nous étions rentrés dans l'ère soit disant éternelle de la « Pax Americana » avec tous ces corrolaires, qu'ils soient militaires, financiers ou encore économiques. Certains nous prédirent meme la fin de l'histoire, l'histoire nous appris qu'ils se trompaient. La « saison unipolaire » fut pourtant de courte durée. Il ne fallut que 10 ans pour qu'un improbable attentat de grande ampleur survienne sur le territoire Américain. De la, l'empire déclencha deux conflits militaires en Afghanistan et en Irak, au nom de l'OTAN, entrainant au nom de la lutte contre le terrorisme la plupart des nations Européennes. Europe qui par deux fois, en 2004 et 2005, paya le prix lourd pour sa « collaboration » avec l'OTAN.

Moins de 20 ans après l'éffondrement de l'URSS, force est pourtant de constater que le titre du Financial Times est plus que d'actualité alors que le pays se prépare a choisir ses nouveaux dirigeants. Une guerre défensive de 5 jours, habilement gagnée par la Russie dans le sud caucase suffit a totalement enrayer le processus d'extension de l'OTAN. Pour la premiere fois, une puissance contrecarrait militairement les états-unis d'amérique. En ce mois d'août 2008, les tanks Russes qui défendirent Tsinvali venaient de faire chanceler le vieux monde, unilatéral et néo-libéral.

Contre l'OTAN, arme de l'amérique contre l'Europe

Comme le relevait très bien l'agence Novopress, il est de coutume de voir l'Amérique comme l'allié immuable de l'Europe, l'ayant sauvé des griffes des totalitarisme, bruns et rouges. Si cela est en partie vrai, on oublie pourtant en permanence que l'hégémonie Américaine s'est appuyée sur la mise sous tutelle de l'Europe. Dès la guerre de 1914, où les Etats-Unis virent l'occasion de liquider les empires européens et continentaux de l'Axe (allemand, autrichien, ottoman), d'imposer le règne du dollar contre celui de la livre sterling mais également de confisquer la suprématie sur les mers à l'Angleterre (maitrise des océans). Théodore Roosevelt déclarera meme : « Nous avons échoué à profiter de la guerre ! ». Son cousin Franklin Roosevelt, retenant la leçon, monnaiera son entrée en guerre en 43, à la conférence d'Anfa, en posant ses conditions à De Gaulle et Giraud qui durent s'engager à démanteler l'Empire colonial français dans les trente ans. En 1945 a Yalta, Roosevelt a sciemment et cyniquement livré la moitié de l'Europe à Staline, et, de ce fait, assuré le succès du communisme et son extension pour 50 ans, en maintenant la division de l'Europe et donc son affaiblissement. Aujourd'hui cette logique de subdivision de l'Europe se retrouve parfaitement, entretenue de nouveau par les strateges Américains depuis le conflit Irakien de 2004 (opposition entre la vieille / nouvelle Europe), et la politique a court terme des nouveaux entrants de l'UE, nouveaux états coloniaux Américains (que ce soit la Pologne ou les états Baltes) politique irrationelle qui suit une logique post guerre froide c'est a dire avant tout nationaliste et non pro-Européenne, et surtout anti-Russe.
Ce chantage militaro-économique se double aujourd'hui d'un chantage énergétique, puisque cette subdividion européenne « poussée » justifierait la participation des européens a des actions brutales et violentes dans le monde, au nom de la démocratie, actions qui en réalité dissimulent des tentatives de prise de contrôle de secteurs énergétiques écartant la Russie (Kosovo avec l'AMBO, l'afghanistan avec UNOCAL, la bataille pour la Caspienne, le projet Nabucco..).
Depuis la chute de l'URSS et du mur de Berlin, l'OTAN n'a pourtant plus lieu d'être. Incapable de venir a bout des « terroristes » et du « trafic d'opium Afghan » comme l'a
récemment rappellé Serguei Lavrov, l'OTAN elle devenue une organisation désuète, frappée du sceau de l'échecet qui ne reflète « plus » les intérets Européens. En effet la menace « Soviétique » et le pacte de Varsovie ayant disparus et la nouvelle menace terroriste (due a un Ben Laden formé par la CIA) considérablement moins élevée (voir inexistante) sans une participation récurrentes aux actions de l'OTAN a travers le monde.
Les Européens doivent aujourd'hui se « rendre compte » que leurs soldats font office de supplétifs de l'armée Américaine, se faisant tuer pour des guerres qui ne sont pas les leurs ! Pire, en collaborant avec l'OTAN, l'Europe se met en position conflictuelle avec des acteurs essentiels a la stabilité et la paix que cela soit dans le monde musulman (ou l'OTAN est percue comme une « alliance de croisés modernes ») mais également dans le monde eurasiatique, ou l'OTAN est vue comme un outil Américain, facteur de trouble, par les grandes puissances de demain comme la Russie, la Chine, l'Inde ou l'Iran, toutes ces puissance étant liées entre elles au sein de
l'Organisation Régionale de la Coopération de Shanghai.

Vers les regroupements continentaux et civilisationnels

Ce nouvel ordre multipolaire semble se configurer via l'émergence de grands ensembles civilisationnels et identitaires (UE, Chine, Russie, Inde ..). Ce phénomene de « regroupement » sur-régional est a l'opposé du mouvement de « morcellement » auquel œuvre l'Amérique en Europe, morcellement destiné a la constitution de petits ensembles facilement controlables économiquement et dépendants militairements (Yougoslavie, Tchécoslovaquie, projet de morcellement en trois de la Russie..). Morcellements au passage fomentés par l'OTAN et dogmatiquement attribués a « l'effondrement post soviétique ».
Ces nouveaux regroupements « auto-centrés » n'ont pas lieu qu'en Eurasie mais bel et bien sur tous les continents, que ce soit en amérique du Sud (Argentine, Brésil, Venezuela et Bolivie), sur le continent Africain, ou dans le monde musulman, Arabe ou pan-turque. Ces regroupements s'opèrent via des cœurs historiques, civilisationnels et économiques. Ces cœurs impériaux sont de facon très génerale les grandes capitales ethno-culturelles des zones concernées, a savoir Pékin pour la Chine, Tokyo pour les Japonais, Caracas ou Rio pour l'amérique du sud, les « musulmans » hésitants depuis longtemps entre La Mecque, Téhéran et Istamboul, avec une montée en puissance des musulmans d'asie. Il est a noter la place absolument unique de la Russie, au carrefour de tous les mondes, Islamique via sa position a l'OCI, Occidental via le COR, Européen par essence ou encore Asiatique de par sa géographie et sa participation a l'OCS.

L'alliance continentale Euro-Russe, source de paix dans le monde

De ces « ensembles » qui représentent de potentiels concurrents économiques voir militaires, l'Amérique en craint un bien plus que les autres : la grande Europe, ce « front continental », colosse économique et militaire, gigantesque empire de Reykavik a Vladivostok, étalé sur 11 fuseaux horaires et potentiel leader économique et militaire planétaire. La division « voulue » et « souhaitée » par les stratèges Américains date et va dans ce sens : tout faire pour empecher tout unité pan-européene ! De John O'Sullivan qui en 1845, dans "Our Manifest Destiny" écrivait : « … avec l'anéantissement de l'Europe, l'Amérique deviendra la maîtresse du monde » ou l'ouvrage de 1890, "Our Country" qui précise que : « l'Europe vieillissante n'a plus les moyens de sauvegarder les valeurs civilisatrices de l'Occident, reprises par une Amérique dynamique émergente », et conclut par la fameuse formule « Europe must perish ! » soit l'Europe doit périr (voir ici). Tout au long du 20ième siècle, l'Amérique ayant pris le contrôle des mers (se substituant a l'Angleterrre), des stratèges vont théoriser la seconde étape essentielle : la prise de contrôle des terres, notamment du « Heartland » Eurasiatique. Le chef d'œuvre ayant été exposé il y a plus de dix ans par Bzezinski dans son ouvrage « Le grand échiquier ».
L'Amérique, isolée du monde entre deux océans sait en effet parfaitement que c'est sur le continent (eurasiatique) que se joue l'avenir du monde car c'est la que sont concentrées le plus grand nombre de civilisations, le plus grand nombre d'etres humains mais aussi la grande majorité des ressources de la planete. Pour que l'Amérique ne « sorte pas » du jeu mondial et reste un leader, elle doit empêcher un autre leader d'émerger (l'alliance Russo-Allemande), et surtout se préserver d'une alliance entre futurs leaders de cette zone (euro-russie et chine par exemple).
L'Amérique s'oppose donc de plus en plus agressivement aux rapprochements Euro-Russes, que ce soit les rapprochements économiques (
North Stream), militaires (Vers Helsinki 2 ?) ou en tentant purement et simplement d'accentuer la fracture entre Européen et Russe (extension de l'OTAN a l'est, création de conflits militaires comme en Georgie et sans doute demain en Ukraine ..).
Moscou : capitale de l'EUROPE

Il y a 5.000 ans, la civilisation Européenne était dans le giron Slave, Grec et Méditerranien, et le resta pendant plus de 3.000 ans, des Mycéniens aux Grecs, puis aux Macédoniens, de Cnossos a Athènes. L'Europe bascule ensuite sous le giron Romain. C'est la pax-Romana qui durera 6 siècles et aboutira a la création de deux empires chrétiens, dits d'Occident et d'Orient. A l'Ouest, après la panique des invasions Germaniques, un embryon d'europe se construit, mélangeant christianisme et germanité, un barbare franc étant couronné empereur d'Occident à Rome.
Après Cnossos, Athènes, Rome et Aix les bains, ce sera Byzance/Constantinople, qui restera capitale unitaire (de l'Orient) de l'Europe pendant encore 8 siècles en fondant son unité sur le Christianisme et la langue Grecque « replacant » le cœur de l'Europe au bord de la méditerranée.
Les 5 siècles qui suivront verront l'orient basculer sous la nuit Ottomane pendant que l'Europe de l'ouest préparera son auto-génocide du 20ième siècle. Après la grande guerre civile de 30 ans (1914-1945), la scission entre Est et Ouest est consommée. Plus grave encore, les « cœurs » des deux euro-civilisations qui s'affrontent se sont déterritorialisés. Pour l'Europe de l'ouest, c'est désormais Washington qui fédère l'Occident libre des alliés, tandis que plus a l'est, c'est Moscou le «cœur » de l'Europe soviétique continentale. Ces deux cœurs ont chacun un projet de domination planétaire, mondiale mais un seul passera le cap du 21ieme siècle. Apres la chute du mur, pour la première fois le concept d'Europe disparait, remplacé par celui d'Occident.
L'Amérique devient le centre du monde occidental et Bruxelles une simple filiale du pentagone qui réorganise l'europe fragmentée en rythme avec son intégration militaire a l'OTAN.
Les récents évènements sont pourtant révélateurs de l'urgence pour l'Europe de s'émanciper de la tutelle américaine et de comprendre que ce projet atlantiste de l'Amérique (axe washington-bruxelles), bâti sur sur les ruines de l'europe réelle n'est en aucun cas un projet acceptable pour les peuples européens qui souhaitent vivre en paix. Les Européens ont aujourd'hui le choix : soit défendre les ruines du vieux monde occidental sous la banniere de l'OTAN, dans une logique de confrontation totale avec le reste de l'humanité, Russie en tête ; ou alors faire le choix de la collaboration continentale, via la Russie, dépassant par la meme le projet pan-européen du visionnaire Général de Gaulle (axe
Paris Berlin Moscou).

La Russie endormie sous Eltsine s'est réveillée, devenant aujourd'hui l'hyper centre de résistance a l'Américanisation forcée et a l'extension agressive et criminelle de l'OTAN. La Russie nous a prouvé récemment qu'elle était prete a défendre ses intérets mais également a collaborer avec l'Europe et à participer activement à un projet de société pacifique, multilatéral et fondé sur la concertation. Comme les Russes de 1999, les Européens de 2008 doivent sortir de leur sommeil et se libérer, tout d'abord des chaines de l'OTAN, qui s'étendent jusqu'aux frontieres Ukrainiennes et Biélorusses et pourrait les mener a un conflit avec leurs frères Russes.

L'Europe se situe « sur » le continent Eurasien, dont elle occupe la facade atlantique, tandis que la Russie elle occupe la majorité des terres, et la facade pacifique. L'Europe et la Russie sont intrasèquements liés et appartiennent au même continent, l'Eurasie ! L'Eurasie est la maison commune des Européens et des Russes, de Reykavik a Vladivostok (voir a ce sujet le discours de
Maksim Mishenko). Grâce à la Russie une autre Europe, eurasiatique se dresse face à la Petite-Europe atlantiste de Bruxelles.
Apres Athènes, Byzance, Aix la Chapelle et Constantinople, Moscou est la nouvelle capitale de l'Europe.

Moscou, 3ième Rome, an de grâce 2008.

 

mercredi, 03 décembre 2008

Obama fait décoller ses "faucons"

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Obama fait décoller ses "faucons"

Trouvé sur : http://resistancenationale.blogspot.com

Mon premier a voté en 2002 pour l'invasion de l'Irak. Mon second y a dirigé l'"escalade" (le "surge") qui a permis aux forces d'occupation américaines de briser les reins de l'insurrection. Mon troisième a commandé le corps d'élite des armées, approuvé l'invasion de l'Irak et l'escalade, et ne cache pas son amitié pour l'ex-candidat conservateur à la présidence, le faucon John McCain.
Mon tout - Hillary Clinton, Robert Gates et James Jones - constitue le "cabinet de guerre" que le futur président démocrate des États-Unis, Barack Obama, a présenté lundi matin dans son fief de Chicago. On se souvient qu'il a été élu, il y a un mois à peine, en dénonçant l'invasion et l'occupation de l'Irak, en affirmant que l'"escalade" y était vouée à l'échec, et en battant le républicain McCain qu'il dénonçait comme un dangereux belliciste décidé à poursuivre la guerre.

Après avoir promis aux Américains "le changement", le président élu Obama leur offre donc d'abord "la continuité", garantie par ce qui est décrit par tous les experts comme "le cabinet le moins idéologique et le plus pragmatique" de l'histoire du pays.

En faisant de la sénatrice de New York, Hillary Clinton, sa secrétaire d'État (ministre des Affaires étrangères), le poste de numéro deux de son administration, du général quatre étoiles (à la retraite) James Jones son conseiller à la Sécurité nationale, et en conservant le républicain Robert Gates, nommé par Bush, au poste-clé de secrétaire à la Défense, Barack Obama a mis en pratique un principe inspiré par celui qu'il revendique pour son modèle, Abraham Lincoln : en période de crise, le président met en place "une équipe de rivaux", au nom de l'unité et de la sécurité nationale "qui n'est pas une question partisane".

Le pragmatisme pour idéologie

Le choix d'Obama fait bien entendu hurler la gauche démocrate, qui avait vu en lui son champion et a joué un rôle décisif dans sa campagne victorieuse. Il lui assure l'approbation des conservateurs dont le candidat a mordu la poussière, mais dont les idées s'imposent par la simple vertu de la réalité. Les États-Unis font la guerre sur deux fronts, Irak et Afghanistan. Ils sont exposés à la menace terroriste, et doivent tenter d'éviter une déstabilisation générale par des crises régionales comme vient de le rappeler l'attaque lancée probablement depuis le Pakistan contre la capitale économique de l'Inde, Bombay (Mumbai). L'administration démocrate va également devoir trouver le moyen de désamorcer les tensions que provoquent les ambitions nucléaires de l'Iran et de la Corée du Nord, et les rêves de restauration impériale de la Russie.

Dans ce contexte, Obama entend signifier, à destination des Américains amis aussi du reste du monde, que sa seule idéologie est le pragmatisme, et qu'il privilégie l'expérience (qu'il avait pourtant moquée pendant la campagne électorale) et la compétence sur la nouveauté. Même si cela lui commande de ne pas changer grand-chose, ou de ne le faire que très progressivement, aux politiques de George W. Bush, et de s'entourer des vieux routiers et experts de Washington qu'il accusait d'avoir mené la politique étrangère des États-Unis dans l'impasse.

Le retour triomphal d'Hillary Clinton (et de son mari, l'ex-président dont on cite le nom comme possible envoyé spécial d'Obama pour tenter d'apaiser la crise dans le sous-continent indien) hérisse bien sûr la gauche démocrate qui avait bataillé tout autant contre le "centrisme" des Clinton que contre Bush. "L'électorat a voté pour toute autre chose", s'indigne Matt Stoller, un "obamaphile" militant qui écrit pour le site OpenLeft.com. "En s'entourant des suspects usuels, (Obama) trahit ses électeurs... Les technocrates qui nous ont menés dans le bourbier ne peuvent pas nous en sortir."

"Ils viennent tous des cercles centristes ou conservateurs proches du Pentagone", renchérit Robert Dreyfuss sur le site de l'hebdomadaire de gauche The Nation . "Pas un seul, pas un seul ne représente l'aile antiguerre du parti démocrate." L'amertume est d'autant plus grande que l'équipe économique mise en place par Obama a elle aussi exactement le même profil "centriste", modéré et issu de l'ère Clinton qui garantit la continuité plutôt qu'une rupture radicale. Du coup, Eli Pariser, qui dirige le très puissant réseau progressiste MoveOn.org, se fait menaçant : "Attendons de voir, dit-il. Si toutes ses nominations sont aussi décevantes, nous aurons trois ans pour forcer les portes de la Maison-Blanche."

Approbation unamine à droite

Dans le domaine de la sécurité nationale, un changement soudain de politique est d'autant plus improbable que tous les hommes en place à la direction du Pentagone sous Bush vont demeurer. Gates va continuer de travailler avec le chef d'état-major interarmées, l'amiral Mike Mullen et le chef du commandement Centre, responsable des opérations en Irak et en Afghanistan, mais aussi de l'Iran et du Pakistan, le général David Petraeus, architecte du succès politico-militaire qui a permis de redresser la situation à Bagdad depuis 2007. Obama a clairement indiqué lundi que sa promesse de campagne de retirer toutes les troupes américaines d'Irak dans les seize mois qui suivront son entrée en fonctions le 20 janvier était en réalité soumise aux "recommandations" qui lui seront soumises par les chefs militaires sur le terrain et l'évolution de la situation en Irak même, et s'inscrira dans le cadre de l'accord américano-irakien, qui vient d'être voté par le Parlement de Bagdad et qui prévoit une présence militaire américaine jusqu'en 2011 (au moins).

Cette modération et ce pragmatisme expliquent l'approbation unanime à droite des nominations d'Obama. "Le triumvirat Clinton, Gates, Jones à la tête de l'équipe de sécurité nationale d'Obama est de nature à susciter une grande confiance dans le pays comme à l'étranger" a déclaré le sénateur républicain John Warner. Ses collègues Richard Lugar et Lindsey Graham (ami le plus proche de McCain) ont déjà fait savoir qu'ils voteraient pour confirmer ces nominations. Le président élu a déjà répondu aux critiques qui lui reprochent, alors qu'il avait promis de "changer Washington", d'avoir été "changé par Washington" avant même d'y avoir mis les pieds. Il entend avant tout éviter l'erreur qui été fatale à ses prédécesseurs démocrates, Jimmy Carter et Bill Clinton. Ceux-ci s'étaient entourés de fidèles sans expérience et de novices choisis pour leur proximité idéologique, ce qui avait rapidement paralysé leur action et les avait empêchés de mettre en action leurs idées.

Son administration, a-t-il expliqué, entend au contraire combiner "une approche nouvelle avec l'expérience", mais il a précisé : "La vision du changement viendra de moi, c'est mon boulot." Tous ses collaborateurs, a-t-il insisté lundi, Hillary Clinton la première, "partagent [sa] vision fondamentale", qui est de "préserver les armées les plus puissantes de la planète" tout en "combinant la force armée à la diplomatie". Il s'agit, a-t-il conclu, de "restaurer le leadership de l'Amérique" en redonnant toute sa place au "soft power" des idéaux et de l'aide, en partant de la réalité de l'interdépendance croissante dans un monde multipolaire. Mais aussi d'"en finir avec la menace du terrorisme" y compris par l'usage de la force armée, sans jamais perdre de vue que la priorité doit toujours aller à la défense "musclée" des intérêts nationaux des États-Unis.

source : Le Point

mardi, 02 décembre 2008

USA: R. Gates reste à la tête du Pentagone

Etats-Unis : Robert Gates reste à la tête du Pentagone… Les obamolâtres qui attendaient de l’accession de leur idole à la magistrature suprême une nouvelle donne en matière de politique étrangère américaine pourraient rapidement ressentir comme un diffus sentiment de cocufiage. Le président nouvellement élu a en effet choisi de garder le Républicain Robert Gates à la tête du Pentagone…

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CHICAGO (NOVOpress) -

Gates, dont le nom a été mêlé au scandale Iran-Contra (ventes secrètes d’armes à l’Iran pour financer la guérilla des Contras au Nicaragua), a été de 1989 à 1991 conseiller du président G.H.W. Bush (« Bush père ») au sein du Conseil national de sécurité. Il est ensuite nommé à la tête de la CIA où il restera jusqu’à la fin du mandat du président Bush, en 1993. Il y travaillera avec Condoleezza Rice. De 1999 à 2001, il est nommé doyen de la George Bush School of Government and Public Service au sein de l’Université du Texas. Bush fils le nommera en décembre 2006 à la tête du Pentagone, en remplacement de Donald Rumsfeld.

Gates a été ou est membre du conseil d’administration d’un certain nombre d’entreprises, dont VoteHere, une société produisant des machines à voter électroniques, de celles qui ont tellement rendu service à son mentor George « W » Bush lors de la présidentielle de 2000…

Depuis 1987, Gates est membre du Council on Foreign Relations, l’un des think tanks où s’élaborent – sans distinction d’appartenance partisane, Républicain et Démocrates s’y côtoyant en toute fraternité… – la politique étrangère des Etats-Unis. Il y co-présidera, avec le très marqué neocon Zbigniew Brzezinski un groupe d’étude sur les relations américano-iraniennes.

Sur le dossier de l’Afghanistan, Gates est en accord total avec le futur patron de la Maison-Blanche : nos deux compères sont partisans d’y renforcer le contingent américain et d’y livrer « une guerre globale au terrorisme ».

Sur l’Irak, Obama est partisan d’un calendrier de retrait des troupes de la coalition en Irak – au plus tard dans 16 mois – Pour Gates au contraire, un retrait total, qui plus est programmé, aurait pour nécessaire conséquence de livrer l’Irak à al-Qaïda et d’anéantir 10 années d’effort de guerre. Gageons que des événements ne manqueront pas de se produire qui sauront convaincre Obama du bien-fondé des vues de son secrétaire d’Etat à la Défense…

Sur l’Iran enfin, il sera difficile au nouveau locataire de la Maison Blanche – outre le dossier du nucléaire militaire toujours pendant – de s’accommoder de la politique expansionniste de Téhéran, qui entend consolider son contrôle sur le « Grand arc chiite », depuis les frontières ouest du Pakistan jusqu’au Liban dominé par le Hezbollah et le Hamas, en passant par l’Irak et la Syrie… Le New York Times s’est récemment fait l’écho des convergences entre Démocrates et Républicains en faveur de l’option militaire. Dès après son investiture, Obama pourrait rapidement décider de frappes majeures contre l’Iran.

« Nous ne pouvons tolérer un monde dans lequel des innocents sont tués par des extrémistes, a vertueusement déclaré Barack Obama lundi, lors d’une conférence de presse à Chicago, saisissant au vol les très opportuns attentats de Bombay. Nous devons recourir à la force totale de notre puissance, pas seulement militaire, mais aussi diplomatique et politique, pour répondre à ces menaces ». Un message qui a le mérite d’être limpide.


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