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dimanche, 25 janvier 2009

Hommage au Professeur B. Willms (1931-1991) / Entre Hobbes et Hegel

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1991

Hommage au Professeur Bernard Willms

(7.7.1931-27.2.1991)

Entre Hobbes et Hegel

 

par le Dr. Thor von WALDSTEIN

 

A Bochum vient de mourir le Fichte de notre époque, le Professeur Bernard Willms.

 

«C'est parce que vous mentez sur ce qui est, qu'en vous ne naît pas la soif de connaître ce qui adviendra» (Friedrich NIETZSCHE).

 

Lorsqu'une Nation dominée par des puis­san­ces étrangères n'a pas encore définiti­vement renoncé à s'auto-déterminer, elle doit impérativement travailler à une chose en priorité: reconnaître son propre état des lieux. Dans l'Allemagne vaincue d'après 1945, c'est surtout un tel bilan, clair, net, précis, qui a manqué. Privés de souverai­neté, privés de la possibilité de décider pour eux-mêmes, les Allemands ont honoré des valeurs, certes importantes, comme la «dé­mo­cratie», les «droits de l'Homme», la «paix», la «stabilité». Valeurs qui, sans ré­fé­rence à la Nation et sans souveraineté, de­meuraient de tristes coquilles linguis­tiques vides, exportées d'Outre-Atlantique et n'a­yant plus qu'une seule fonction: jeter un voi­le pudique sur l'impuissance impolitique des Allemands. Mais, comme lors de la Guerre des Paysans du XVIième siècle, lors des com­bats pour la libération du territoire en 1813-1814, lors du Vormärz de 1848, à la fin de l'ère wilhelminienne et sous Weimar, l'Al­lemagne a eu des penseurs brillants et courageux; pendant l'éclipse de Bonn aussi: des hommes qui ont su désigner les profi­teurs de notre misère nationale. Plus la dé­mission de la politique allemande s'insti­tu­tio­nalisait, plus la domination étrangère, don­née factuelle éminemment concrète, se dissimulait derrière le rideau de fumée des «valeurs occidentales», plus les régisseurs de la dogmatique politique am­biante, solide­ment installée, réagissaient avec fiel et ai­greur contre les hommes cou­rageux et civi­ques qui dégageaient la réalité de la cangue médiatique, où on l'avait enser­rée, et mon­traient clairement aux Alle­mands dans quel­le situation ils vivaient.

 

Parmi ces hommes: Bernard Willms.

 

En écrivant cette phrase, «L'homme existe po­litiquement ou n'existe pas», dans son re­marquable article intitulé «Antaios oder die Lage der Philosophie ist die Lage der Na­tion» (= Antaios ou la situation de la philoso­phie est la situation de la Nation), Willms, en 1982, réveillait brusquement la philoso­phie universitaire fonctionnarisée de son som­meil théorique et réclamait un ancrage (Ver­ortung)  de la philosophie dans le con­cept de Nation. Willms relançait ainsi dans le débat une thématique que les déten­teurs de chaires universitaires, en Alle­magne de l'Ouest, avaient enfouie pendant quarante ans sous un tas de scories dogma­tiques occi­dentales, prétextant que toute philosophie allemande après Auschwitz avait cessé d'exis­ter. Au cours du renouveau national des années 80, Bernard Willms est devenue une figure-clef de la nouvelle re­naissance allemande, un homme qui «éloigne de soi ce qui est vermoulu, lâche et tiède» (Stefan Geor­ge) et mange le «pain dur de la vérité philosophique» (Willms).

 

Celui qui étudie la biographie de ce philo­so­phe allemand constatera que son évolu­tion, qui le conduira à devenir un nouveau Fichte dans un pays divisé, n'a pas été dictée par les nécessités.

 

Né en 1931 à Mönchengladbach dans un mi­lieu catholique, Willms a étudié la philoso­phie à Cologne et à Münster, après avoir été pendant quelque temps libraire. Il rédige un mémoire à Münster en 1964, dont Joachim Ritter est le promoteur. Titre de ce travail: Die totale Freiheit. Fichtes politische Philo­sophie (= La liberté totale. Philosophie poli­tique de Fichte). Pendant la seconde moitié des années 60, lorsque l'Ecole de Francfort transformait l'Université allemande en un se­cond-mind-shop, Willms était l'assistant du célèbre sociologue conservateur Helmut Schelsky. A cette époque-là, Willms visite éga­lement, de temps en temps, les Sémi­nai­res d'Ebrach, où Ernst Forsthoff attire les esprits indépendants et les soutient. En 1970, Willms est appelé à l'Université de la Ruhr à Bochum, où il acquiert une chaire de profes­seur de sciences politiques avec comme thé­ma­tiques centrales, la théorie politique et l'histoire des idées. Marqué profondément par Hegel  —Willms s'est un jour décrit com­me «hégélien jusqu'à la moëlle»—  il avait abordé et approfondit, depuis son pas­sage chez Schelsky, la philosophie de l'An­glais Thomas Hobbes. En 1970, Willms fait paraître Die Antwort des Leviathans. Tho­mas Hobbes' politische Theorie  (= La ré­pon­se du Léviathan. La théorie politique de Tho­mas Hobbes). En 1980, il complète ses études sur Hobbes en publiant Der Weg des Levia­than. Die Hobbes-Forschung von 1968 bis 1978  (= La voie du Léviathan. Les re­cherches sur Hobbes de 1968 à 1978). En 1987, enfin, il résume ses vingt années de ré­flexions sur le vieux penseur de Malmesbury dans Das Reich des Leviathan  (= Le Règne du Lévia­than). Pendant ces deux dernières décen­nies, Willms est devenu l'un des meil­leurs connaisseurs de la pensée de Hobbes; il était devenu membre du Conseil Honoraire de la International Hobbes Association  à New York et ne cessait de prononcer sur Hobbes quantité de conférences dans les cercles aca­démiques en Allemagne et ail­leurs.

 

Tout en assurant ses positions, en devenant profond connaisseur d'une matière spéciale, Willms n'a jamais perdu le sens de la globa­lité des faits politiques: son souci majeur était de penser conjointement et la philoso­phie et la politique et de placer ce souci au centre de tous ses travaux. De nombreux livres en témoignent: Die politischen Ideen von Hobbes bis Ho Tschi Minh  (= Les idées politiques de Hobbes à Ho Chi Minh, 1971); Entspannung und friedliche Koexistenz  (= Détente et coexistence pacifique, 1974); Selbst­be­hauptung und Anerkennung  (= Au­to-affirmation et reconnaissance, 1977), Ein­führung in die Staatslehre  (= Introduc­tion à la doctrine de l'Etat, 1979) et Politische Ko­existenz  (= Coexistence politique, 1982).

 

Au cours des années 80, Bernard Willms fonde une école de pensée néo-idéaliste, en opérant un recours à la nation. Cette école désigne l'ennemi principal: le libéralisme qui discute et n'agit pas. En 1982, paraît son ouvrage principal, Die Deutsche Nation. Theorie. Lage. Zukunft  (= La nation alle­man­de. Théorie. Situation. Avenir) ainsi qu'un autre petit ouvrage important, Identi­tät und Widerstand  (= Identité et résis­tance). Entre 1986 et 1988, Willms édite en trois vo­lumes un Handbuch zur deutschen Nation  (= Manuel pour la nation allemande), trois recueils contenant les textes scientifiques de base pour amorcer un renouveau national. En 1988, avec Paul Kleinewefers, il publie Erneuerung aus der Mitte. Prag. Wien. Ber­lin. Diesseits von Ost und West  (= Renou­veau au départ du centre. Prague. Vienne. Berlin. De ce côté-ci de l'Est et de l'Ouest), ouvrage qui esquisse une nouvelle approche géopolitique du fait centre-européen (la Mit­teleuropa),  qui a prévu, en quelque sorte, les événements de 1989. Dans son dernier ar­ticle, intitulé Postmoderne und Politik  (= Postmodernité et politique, 1989), Willms re­lie ses références puisées chez Carl Schmitt et chez Arnold Gehlen à la critique française contemporaine de la modernité (Foucault, Lyotard, Derrida, Baudrillard, etc.). Sa dé­monstration suit la trajectoire suivante: la négation de la modernité doit se muer en principe cardinal des nations libres.

 

Si Bernard Willms a bien haï quelque chose dans sa vie, c'est le libéralisme, qu'il conce­vait comme l'idéologie qui fait disparaître le politique: «Le libéralisme par essence est hostile aux institutions; sur le plan politique, il n'a jamais existé qu'à l'état parasitaire. Il se déploie à l'intérieur même des ordres po­litiques que d'autres forces ont forgés. Le li­bé­ralisme est une attitude qui vit par la ma­xi­misation constante de ces exigences et qui ne veut de la liberté que ce qui est agréable». La phrase qu'a prononcée Willms avant la réunification à propos du libéra­lisme réel ouest-allemand n'a rien perdu de sa perti­nen­ce, après l'effondrement du mur. Ju­geons-en: «La République Fédérale n'a des amis qu'à une condition: qu'elle reste ce qu'elle est».

 

Ceux qui, comme Willms, s'attaquent aux «penseurs débiles du libéralisme» et stigma­tisent la «misère de notre classe politique», ne se font pas que des amis. Déjà au début des années 70, quelques énergumènes avaient accroché des banderoles sur les murs de l'Université de Bochum, avec ces mots: «Willms dehors!». Quand, pendant les années 80, les débats inter-universitaires ont tourné au vinaigre, d'autres drôles ont sur­nommé Willms «le Sanglant», démontrant, en commettant cette ahurissante et ridicule sottise, combien ils étaient libéraux, eux, les défenseurs du libéralisme, face à un homme qui, somme toute, ne faisait que sortir des sentiers battus de l'idéologie imposée par les médias et appelait les choses par leur nom. La remarque d'Arno Klönne, qui disait que Willms était le principal philosophe du néo-nationalisme, et le mot du Spiegel,  qui le dé­signait comme «le fasciste le plus intelligent d'Allemagne», sont, face à l'ineptie de ses contradicteurs les plus hystériques, de véri­tables compliments et prouvent ex negativo que ses travaux de Post-Hegelien serviront de fil d'Ariane pour une nouvelle génération d'Allemands qui pourront enfin penser l'Al­lemagne dans des catégories philoso­phiques allemandes, sans rêver aux pompes et aux œuvres d'Adolf Hitler.

 

Bernard Willms était un philosophe qui pre­nait au sérieux le mot de Cicéron, vivere est cogitare,  vivre, c'est penser. Avec sa mort, la nation perd la meilleure de ses têtes philo­sophiques des années d'avant le 9 novembre 1989, jour de la chute du Mur. Ernst Jünger nous a enseigné que la tâche de tout auteur est de fonder une patrie spirituelle. Chose rare, Bernard Willms est l'un de ceux qui ont réussi une telle œuvre d'art. Dans un in­terview, en 1985, il avait répondu: «On écrit des livres dans l'espoir qu'ils seront lus et compris par les hommes qui doivent les lire et les comprendre». Une jeune génération, formée par son école néo-idéaliste, a donc désormais la mission de témoigner de l'idéal national de Willms, d'utiliser ses livres et ses idées comme des armes pour construire, à Berlin et non plus à Bonn, une Allemagne nouvelle, au-delà des gesticulations stériles des bonzes qui la gouvernent aujourd'hui.

 

A Münster en Westphalie, ses disciples l'ont porté en terre sous les premiers rayons d'un pâle soleil de mars. Sur son cercueil, ils avaient fixé une plaque en cuivre, reprodui­sant la page de titre qui figurait sur la pre­mière édition du Léviathan, écrit par le Sage de Malmesbury. Bernard Willms avait l'ha­bitude, au cours des années 80, de pro­noncer une phrase, imitée de Caton, à la suite de chacune de ses nombreuses confé­rences: ceterum censeo Germaniam esse restituen­dam (je crois que l'Allemagne doit être resti­tuée). C'est le message et la mission qu'il nous laisse. Soyons-en digne.

 

Dr. Thor von WALDSTEIN,

14 mars 1991.

 

samedi, 24 janvier 2009

Diez a desechar: las normas de Bush que Obama deberia eliminar

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Diez a desechar: las normas de Bush que Obama debería eliminar

 

Emily Bazelon/Chris Wilson
Slate

 

 

Obama ya ha tomado la primera decisión (una de las más esperadas): suspender los juicios en Guantánamo. Aún así, le quedan unas cuantas órdenes ejecutivas de Bush que debería desechar inmediatamente.

Los presidentes recién nombrados usan, a menudo, nuevas normas para encauzar su estrenada Administración. En eso sentido está actuando ahora Obama. Pero, si bien estos mandatos pueden dictarse unilateralmente, también pueden ser desechadas con igual facilidad. El pasado otoño, Slate recopiló una lista del las 10 órdenes ejecutivas firmadas por George W. Bush que el nuevo presidente debería desestimar rápidamente. Reproducimos la lista más abajo.

El presidente Barack Obama ha llegado con una pluma con superpoderes para firmar órdenes ejecutivas. Sin negociar con el Congreso para aprobar una ley, o sin siquiera pasar por el período de reflexión y comentarios que precede a una nueva ley federal, el nuevo residente de la Casa Blanca puede cambiar la música con la que bailan las agencias federales. Ahora él es el Ejecutivo y su función también pasa por ahí: por ejecutar decisiones. Se prevé que su mano zurda firme hoy la primera de sus órdenes ejecutivas: el cierre de la prisión en la base naval de Guantánamo.

¿Cuál es, entonces, el mayor daño que ha causado el presidente Bush él solito? Al reunir una lista de las 10 'mejores' (o peores) de entre las 262 órdenes ejecutivas de la Administración de Bush, hemos indagado en algunos objetivos familiares, como su iniciativa basada en la fe de malversación de fondos dedicados a la investigación sobre células madres. También nos damos cuenta de que algunos de los momentos de Bush de los que aquí nos quejamos no llegaron en forma de orden ejecutiva. La reciente tentativa de forzar a las clínicas de planificación familiar a certificar que sus empleados no tendrán que asistir con ningún procedimiento que consideren objetable, por ejemplo, tomó la forma de una ley federal. Lo mismo ocurrió con las decisiones de la Administración de dedicar franjas nuevas de terreno público para la tala de árboles y la minería.

También nos gustaría ver revocadas esas leyes, pero aquí hemos decidido ceñirnos a las órdenes ejecutivas por su reconfortante simplicidad. Si se las puede conjurar con un simple trazo de pluma, también se las puede hacer desaparecer rápidamente (los presidentes no muestran muchas renuencias a la hora de eliminar los dictados de sus predecesores). Aquí está nuestra elección de las nueve órdenes que más merecen la goma de borrar presidencial llegada en enero, más una décima sugerida por los lectores.

Nº 1: Destruir el acta sobre Archivos Presidenciales

Lo que dice la orden: Con la Orden Ejecutiva 13233, la Administración Bush intentó destruir el Acta sobre Archivos Presidenciales celebrada en 1978 para asegurar que los documentos internos de la rama ejecutiva sean públicos y se conviertan, generalmente, en parte del archivo histórico. La propia ley de 1978 era un compromiso a favor de la privacidad en algunos aspectos: los archivos presidenciales no se revelan hasta 12 años después de que la Administración haya abandonado el despacho, y las peticiones de éstos están sujetas a los límites impuestos por el Acta de Libertad de Información, lo que significa que los documentos clasificados permanecen en secreto. La orden de Bush, en esencia, desechaba totalmente este intento de transparencia. Tras meses de obstrucción al acceso a documentos de la era de Reagan, el ex Fiscal General Alberto Gonzales, redactó una orden que da al presidente en curso, o al presidente cuyos archivos se solicitan, el poder de revisar una petición de documentos, sin límite de tiempo. Si el presidente dice que no, hay que ir a juicio para conseguir los archivos.

Por qué debería desaparecer: La Asociación Histórica Americana odia esta orden por una buena razón: pone los intereses de un presidente en secreto (para evitar molestias, revelaciones inconvenientes o lo que sea), por encima del interés público por entender acontecimientos pasados de importancia nacional. En 2007, un juez federal acabó con parte de la Orden Ejecutiva 13233 por entrar en conflicto con el Acta sobre Archivos Presidenciales (que tiene primacía sobre una orden presidencial, ya que es una ley promulgada por el Congreso). Aún así, hay partes de la orden que aún tienen vigencia. El proyecto que había en el Congreso para desecharla entera se ha quedado estancado. Obama no debería esperar al Poder Judicial o a la Asamblea legislativa: debería revocar esta orden él mismo, como prueba de que, una docena de años después de que haya dejado el despacho, no tendrá miedo de una revisión de su paso por Casa Blanca.

Nº 2: Bloquear la investigación sobre Células Madre

Lo que dice la orden: En agosto de 2001, Bush promulgó una ley que limitaba los fondos federales destinados a la investigación sobre células madre de embriones a las colonias ya existentes de tales células. Cinco años después, expidió el primer veto de su presidencia para rechazar la legislación creada por un Congreso Republicano para atenuar esas restricciones. La orden ejecutiva, promulgada el mismo día en que vetó la legislación por segunda vez, fomenta la investigación para encontrar formas alternativas de crear células madre pluripotentes. La orden da directrices al Departamento de Salud y de Servicios Humanos para que den prioridad a las investigaciones que respeten las directivas previas de Bush y dediquen los recursos a encontrar otros medios de crear células madre humanas.

Por qué debería desaparecer: Apoyar medios alternativos de crear células madre es una buena idea, sólo que no a expensas de dejar de apoyar las fuentes de células madre más inmediatamente disponibles, que se encuentran entre las líneas más prometedoras de investigación médica hoy en día. Realmente, hay esperanzas de que el debate sobre la destrucción de embriones humanos para reunir estas valiosas células que sirven para que todo finalmente sea puesto en tela de juicio. Los investigadores han encontrado maneras de retrasar el reloj en células de la piel adultas, reprogramándolas como si fueran células embrionarias. Pero esto es un proceso truculento que implica insertar nuevos genes, y aún no es una alternativa suficientemente válida a las células madre embrionarias. Mientras tanto, la orden de Bush está desviando fondos dedicados a las investigaciones que podrían esquivar finalmente sus preocupaciones éticas; los científicos han cultivado con éxito células madre auténticas sin dañar el embrión naciente. Tanto McCain como Obama apoyaron la legislación que habría debilitado las restricciones a la investigación de Bush cuando fue presentado al Senado en 2006 y en 2007.

Nº 3: Esquivar la Convención de Ginebra

Lo que dice la orden: Después de que el Tribunal Supremo cargase de nuevo contra los esfuerzos de la Administración de Bush para retener a los encarcelados en Guantánamo indefinidamente y sin cargos, surgieron dudas respecto a la legalidad del uso de las técnicas de coacción en interrogatorios por parte de la CIA (o de tortura, si pensáis que los ahogamientos simulados se pueden llamar así). Durante un tiempo, los excesos de la CIA en los interrogatorios se suspendieron. Pero entonces Bush promulgó la Orden Ejecutiva 13440 y los interrogadores volvieron a las andadas. La orden no es explícita respecto a las prácticas que permite (eso permanece clasificado), pero quizá pueda eludir aún la Convención de Ginebra contra los tratos humillantes y degradantes. Según The New York Times, el ahogamiento simulado está fuera de los límites, pero la privación de sueño puede no estarlo y la exposición al calor y frío extremos está permitida.

Por qué debería desaparecer: La Orden Ejecutiva 13440 parece una mejora de directivas previas para la CIA, como los memorandos del Departamento de Justicia escritos por John Yoo, que definían ajustadamente la tortura y las protecciones de Génova. (Según el nuevo libro sobre Cheney de Barton Gellman, la única técnica que Yoo rechazó en el campo legal fue la de enterrar vivo a un preso). Aún así, la orden ejecutiva deja la puerta abierta a técnicas que Estados Unidos no querría que se utilizaran contra sus soldados y esto es parte de los actos de la Administración de Bush que han dañado la autoridad moral de Estados Unidos en el extranjero. El historial de la Administración está tan deslustrado en este punto que el próximo presidente debería declarar que está acabando con esta orden, así podrá empezar de nuevo y aportar su propia política sobre los interrogatorios y la CIA.

Nº 4: Dar las llaves al vicepresidente

Lo que dice la orden: En 1995, el entonces presidente Bill Clinton promulgó una orden que facilitaba la desclasificación de documentos y cientos de millones de páginas de información sobre la Casa Blanca se cayeron de los archivos. En 2003, la Administración Bush también tomó aquí partido, presentando una enmienda a la orden de Clinton para dar capacidad al vicepresidente para clasificar lo que quisiera. La Orden Ejecutiva 13292 otorga al vicepresidente el mismo poder que tiene el presidente para clasificar documentos.

Por qué debería desaparecer: La Orden Ejecutiva 13292 mata dos pájaros de un tiro. Aumenta el alcance del secreto y de los poderes de la vicepresidencia. Como argumenta Byron York en la Nacional Review, "desde el comienzo de la Administración, Dick Cheney ha favorecido medidas que permitían a la rama ejecutiva mantener más cosas en secreto. En marzo de 2003 el presidente le dio la autoridad de hacerlo". Esto recuerda los esfuerzos de Cheney para evitar que los Archivos e Historiales Nacionales respetaran las mismas reglas que la información clasificada del Gobierno ya que pertenecen al vicepresidente. Cheney es conocido por querer que su oficina fuera una caja cerrada. La Orden Ejecutiva 13292 parece haber sido escrita expresamente para él. Esperemos que el próximo vicepresidente no quiera también mantener sus secretos hasta este punto. Pero el jefe debería eliminar esta preocupación revocando esta orden.

Nº 5: Carta blanca en Irak

Lo que dice la orden: Promulgada dos meses después de la invasión de Irak, esta orden ofrece amplia protección legal para las corporaciones de Estados Unidos que comercien con petróleo iraquí. La directiva de Bush, justificada como un medio de proteger los beneficios del oro negro de la zona, anula todo tipo de procedimiento judicial relacionado con el petróleo iraquí o con el recién creado Fondo de Desarrollo para Irak. La orden ejecutiva también declara como emergencia nacional abordar la amenaza a una reconstrucción pacífica de Irak, lo que Bush ha renovado cada año desde entonces, siendo la última en mayo de 2008.

Por qué debería desaparecer: Esta directiva es la base para todas las posteriores órdenes que Bush ha mandado ejecutar sobre Irak (ver Nº 6, debajo), así que es el mejor punto para comenzar a replegar los abusos de autoridad relativos a la guerra. A la vista de las muchas preocupaciones por el 'amiguismo' y el despilfarro de los contratistas en Irak, está justificado quitarles la impunidad legal cuando hay petróleo de por medio. Algunos organismos de control temían en principio que la orden podría usarse para evitar que la gente litigase por responsabilidad civil contra compañías que trabajan en Irak. Eso no ha llegado a ocurrir hasta ahora (Tom Devine, el director legal del Proyecto de Responsabilidad Financiera del Gobierno, dice que no ha visto la orden aplicada en ningún caso legal). Aún así, dado que Estados Unidos estará probablemente en Irak durante, al menos, 16 meses, no es tarde para inyectarle un poco de responsabilidad financiera a la contratación. Como el Proyecto de Responsabilidad Financiera escribió en su día, "el alcance del mandato de la orden ejecutiva con respecto al libre albedrío está limitado sólo por la imaginación". La orden es exagerada también; la resolución de las Naciones Unidas que apareció a la misma vez, y que fue reverenciada entonces como una gran victoria diplomática para Estados Unidos y Reino Unido, contiene una inmunidad legal más limitada para el comercio del petróleo en Irak.

Nº 6: Perseguir a los agitadores en Irak

Lo que dice la orden: Esta orden concede a la Administración el poder de congelar los activos de un grupo de gente abstracto pero ampliamente definido que amenaza la estabilidad de Irak. La lista de gente en el punto de mira incluye a cualquiera que haya propagado (o ayudado a propagar) la violencia en Irak en un esfuerzo de desestabilizar la reconstrucción. Lo más inquietante es que también se aplica a cualquiera que presente un "riesgo significativo de cometer" un futuro acto de violencia con tal fin. La orden, que se aplica a cualquiera en Estados Unidos o en el extranjero bajo el domino de Estados Unidos, declara también que "cualquier conspiración constituida para violar cualquiera de las prohibiciones establecidas en esta orden está prohibida". La orden parece reconocer que podría entrar en conflicto con las protecciones constitucionales, pero entonces afirma que los objetivos de sus disposiciones no necesitan ser notificados con antelación de que sus activos sean congelados.

Por qué debería eliminarse: La Quinta Enmienda tiene unas cuantas cosas interesantes que decir sobre la confiscación de la propiedad sin el debido proceso (concretamente, no puede hacerse). Aunque ésta no es, ni con mucho, la primera vez que la Administración de Bush ha pisoteado los derechos constitucionales en nombre de la seguridad nacional, esta orden, interpretada en líneas generales, podría apuntar a los manifestantes contra la guerra en Estados Unidos. El entonces portavoz de la Casa Blanca Tony Snow dijo en aquel momento que su fin era apuntar a terroristas e insurgentes, pero el lenguaje de la orden es más vago. Esta Orden Ejecutiva atrajo condenas de todas las direcciones ideológicas, desde el defensor de los excombatientes de los Swift Boat Jerome Corsi, a la Unión Americana por las Libertades Civiles (ACLU). Uno no necesita ser un defensor de las libertades civiles para ver el peligro de las difusas definiciones de la orden o preguntarse, en primer lugar, para qué necesitamos esa orden. Extra: al mes siguiente, Bush promulgó una orden similar, centrándose en las personas problemáticas del Líbano y sus partidarios. Ésa también puede desaparecer.

Nº 7: Ojos y oídos puestos en las agencias

Lo que dice la orden: Los presidentes recientes han dado muchas vueltas a cuánto control debería ejercer la Casa Blanca sobre la escritura de regulaciones federales, particularmente en áreas conflictivas como la política de medio ambiente. Como no sorprenderá a nadie, Bush se dejó caer del lado de la fuerte influencia de la Casa Blanca. Esta orden obliga a la designación de una persona en cada agencia federal como 'oficial de política regulatoria', con autoridad para vigilar el proceso de fabricación de leyes. Esto revisa en gran medida la orden ejecutiva de Bill Clinton de 1993 que concedía a las agencias mayor independencia regulativa respecto a la Casa Blanca (lo que anulaba dos de las órdenes ejecutivas de Reagan). Los defensores argumentan que es importante para la Administración el poder equilibrar la política regulatoria con los aspectos económicos y de negocios.

Por qué debería eliminarse: La Administración de Bush no ha mostrado reparos a la hora de interferir con las regulaciones federales, que normalmente eran asunto de los funcionarios, particularmente en el campo del medio ambiente, como los límites del ozono, según han señalado demócratas como el representante Henry Waxman, el presidente del Comité de Control y Reforma del Gobierno. Revocar la orden sería un paso para limpiar las agencias del hedor de las interferencias políticas. El nuevo presidente no debería mezclar desde el principio del proceso regulativo a las personas designadas políticamente con los funcionarios, requiriendo a un representante para supervisar cada agencia.

Nº 8: Dejar que los grupos religiosos decidan sobre la contratación

Lo que dice la orden: Además del par de órdenes ejecutivas de 2001 que animaban a los grupos religiosos a solicitar dinero federal para servicios sociales, la orden de Bush de diciembre de 2002 facilitaba que iglesias y sinagogas cogieran dinero dejándoles esquivar ciertas leyes antidiscriminación. Gracias a esta orden, los grupos basados en la fe pueden tomar fondos federales aunque rechacen contratar a gente que no profesa la misma fe que el grupo.

Por qué debería desaparecer: Como Timothy Noah señaló en Slate entonces, esto parece suficientemente sensible en un principio: "¿Por qué no se debería permitir a las organizaciones benéficas con fondos del gobierno que favorecieran a miembros de su propia religión a la hora de contratar, despedir y promover?" Pero aquí hay un par de problemas. El primero es que los grupos tienden a definir por ellos mismos quién se considera un buen baptista o un buen judío (¿qué pasa si deciden que alguien se queda fuera porque es gay, por ejemplo?). El segundo problema es que no está verdaderamente claro por qué las organizaciones benéficas católicas deberían poder contratar sólo a católicos para servir comida a los indigentes, si ese trabajo está siendo financiado por el Estado. En un debate en 'La Hora de las Noticias' con Jim Lehrer, Christopher Anders, de la Unión Americana por las Libertades Civiles (ACLU), formuló la orden así: "De lo que esto se trata es de crear un Derecho especial para algunas organizaciones que no quieren cumplir con las protección de los derechos civiles". James Towey, el entonces director de la Oficina de Iniciativas Comunitarias y Basadas en la Fe de la Casa Blanca, dijo "la pregunta es, '¿se pierde el derecho a contratar de acuerdo a sus creencias religiosas cuando se coge dinero federal?'" De cualquier forma en que se formule, la orden es una mala idea. Tanto John McCain como Barack Obama prometieron continuar con el financiamiento federal de los programas basados en la fe, pero Obama puntualizó que los grupos sociales que reciban el dinero no podrán contratar servicios sociales en base a la religión.

Nº 9: La panacea del combustible alternativo

Lo que dice la orden: Poco después de su discurso sobre el Estado de la Unión de 2007, en el que dedicó bastante tiempo a propuestas medioambientales, Bush firmó la Orden Ejecutiva 13423. Entre otras cosas, la orden obliga a las agencias federales a reducir en un 2% anual el uso de combustibles derivados del petróleo hasta 2015, mientras que han de incrementar el uso de combustibles alternativos en un 10% cada año. La orden también obliga a las agencias a reducir el consumo general de energía y comprar más vehículos híbridos.

Por qué debería desaparecer: En un primer vistazo, la directiva de Bush parece un paso en la dirección adecuada. Sin embargo, los dirigentes de California cuestionaron rápidamente la base ecológica de esta política. Producir combustibles alternativos, sostenían, puede resultar en un gran pico en las emisiones de gases invernadero, particularmente cuando se recoge petróleo de esquisto bituminoso y carbón. También hay dudas respecto a que la industria de los combustibles alternativos tenga la capacidad de cumplir los requisitos de la orden. Como publicó el Washington Post en un editorial, '¿De dónde pueden venir 20.000 galones de combustible alternativo?' Para complicar las cosas, el Tribunal Supremo promulgó dos meses después que la Agencia de Protección Medioambiental tiene autoridad para regular las emisiones de gases invernadero mediante el Acta de Aire Limpio, instando a Bush a promulgar otra orden ejecutiva que exigiera a varias agencias a definir líneas de acción para reducir las emisiones de los coches y camiones. La política energética responsable y robusta que debería estar en el primer lugar de la lista del próximo presidente (y del Congreso) necesitará metas realistas y una gran visión y entendimiento de los costes y beneficios de los combustibles alternativos.

Actualización del 3 de octubre de 2008

La semana pasada, Slate recopiló las nueve órdenes ejecutivas más odiosas promulgadas por George W. Bush, que la nueva Administración debe rechazar y pidió a los lectores que dieran una décima. De las enviadas, la más popular, con diferencia, ha sido la Directiva Presidencial 51 sobre la Seguridad Nacional, el plan de la administración de Bush para mantener el funcionamiento del Gobierno en caso de una crisis catastrófica. La política no es técnicamente una orden ejecutiva, pero la pasaremos. La directiva presidencial sobre la seguridad nacional es una prima lo suficientemente cercana y muy merecedora de revocación.

Lo que dice la orden: La parte pública de la Directiva Presidencial 51 sobre la Seguridad Nacional concede una amplia autoridad al presidente en caso de emergencia, afirmando explícitamente que "el Presidente dirigirá las actividades del Gobierno Federal para asegurar el Gobierno constitucional". El resto de la orden es más bien burocrático, nombrando a un coordinador de la continuidad nacional y una agencia directiva, como cabezas para desarrollar sus propios planes.

Pero eso no es todo. La Casa Blanca no sólo ha clasificado la mayoría de los anexos de la directiva, sino que ha rechazado mostrarlos a los miembros del Congreso en comités importantes. Como informó el Oregonian, la Casa Blanca puso trabas a los esfuerzos por acceder a las partes clasificadas de la directiva del representante Peter DeFazio, un demócrata de Oregón y miembro del comité de seguridad de la patria

Por qué debería desaparecer: Un plan para emergencias nacionales parcialmente clasificado sólo dispara el sentimiento premonitorio de que la Casa Blanca ha estado reservándose cada vez más poderes con la excusa de la seguridad nacional. Como escribió Ron Rosenbaum en Slate cuando se publicó la directiva, la confidencialidad da lugar a todo tipo de miedos respecto a los planes de sucesión que no sean los que da la Constitución, del estilo de los que Ronald Reagan supuestamente puso en funcionamiento. Por supuesto, las emergencias catastróficas necesitan un liderazgo centralizado y fuerte tras la desgracia. Pero cualquier política responsable para un escenario así debería ser transparente y de corta vida, centrada en la rápida recuperación de los pesos y contrapesos en el Poder Ejecutivo.

(Traducción de SI)

jeudi, 22 janvier 2009

Wat is Lijst De Decker?

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Wat is Lijst Dedecker?

Geplaatst door yvespernet op 21 januari 2009

Zijn ze Vlaams-nationalisten of niet? Zijn ze liberalen, libertariërs of wat zijn ze in godsnaam? Wel, laten we eens kijken naar een paar citaten uit een oudere tekst van Boudewijn Bouckaert. De titel alleen al is enorm veelzeggend:

http://www.libertarian.nl/wp/2001/01/nationalisme-en-socialisme-vijanden-van-vrede-en-vrijheid/

Anders dan het libertarisme stelt het nationalisme het uniek karakter van groepen van mensen, nl. naties, centraal. Op basis van een aantal gemeenschappelijke kenmerken zoals taal, ras, een zelfde staatsgezag, cultuur, godsdienst, meent de nationalist relevante groepen in de mensheid te kunnen onderscheiden. [...] nationalisten achten raciale kenmerken relevant (nationaal-socialisten), anderen houden het bij de historische roeping van een volk(fascisten), nog anderen bij de taal, de godsdienst, enz. Uit hun visie dat slechts groepen uniek zijn, leiden de nationalisten nochtans allen één gelijkaardige politieke conclusie af, nl. de gemeenschappelijke doelstreving, eigen aan alle leden van de natie, moet automatisch tot een politieke consensus op collectief niveau kunnen leiden.

Ondanks het feit dat Bouckaert zegt dat socialisme een vijand is van “vrede en vrijheid”, meent hij toch een deel van hun “antifascistisch” discours over te nemen. Door nationalisme op één hoop te gooien met nationaal-socialisme en fascisme toont hij dat hij totaal geen idee heeft van de invulling van een zeer groot deel van de volksnationalisten in de wereld. Dat zijn immers socialisten (ETA, IRA, etc…), maar aangezien dat ook vijanden zijn van “vrede en vrijheid” neem ik aan dat Bouckaert ze voor het gemak even bij elkaar gesmeten heeft. Laten we verder lezen.

Gedurende de 19e eeuw, en dit onder invloed van Jeans-Jacques Rousseau, opteerde het nationalisme meestal voor directe of representatieve democratie (vb. het nationaal-liberalisme in Frankrijk en Duitsland). De spontane gemeenschappelijkheid van de natie werd geacht via democratische procedures het duidelijkst tot uiting te komen. Vrij vlug bleek echter dat de democratische staatsvorm aanleiding gaf tot partijvorming, belangengroepen. [...] Ook de liberale beginselen van vrije transactie en vrijheid van arbeid waren een gruwel in de ogen van het nationalisme. Deze beginselen zetten de leden er immers toe aan hun eigen belangen boven het ‘nationaal belang’ te plaatsen. In de plaats van deze beginselen stelde het nationalisme een corporatieve ordening.

Wat Bouckaert onder de vrije transactie en vrijheid van arbeid verstaat, wordt hier netjes onduidelijk gelaten. Nationalisten hebben trouwens altijd gesteld dat er een nationaal belang is, wat ik ook onderschrijf. Het is echter het huidige kapitalistische systeem, en vooral het kapitalistische concurrentiedenken, dat ervoor zorgt dat de tegengestelde belangen de bovenhand voeren. Daarbij, nationalisten hebben nooit ontkend dat er zoiets zou zijn als tegengestelde belangen, wat belachelijk zou zijn. Die zijn er immers op alle niveau’s, wat nationalisten aanklagen is dan ook het primeren van die tegengestelde belangen op de hoogste niveau’s. Over de kritiek van Bouckaert op het socialisme ga ik niet ingaan, daar zijn socialisten voor. Maar de hiaten in zijn stellingen daar zijn niet echt moeilijk op te sporen. Men zou toch denken dat een voormalige socialist toch wel beter zou weten hoe het socialisme denkt en werkt.

Is LDD een Vlaams-nationalistische partij? Uiteraard niet, het zijn een bende liberalen die een platte retoriek gebruiken om de maatschappij te breken. Individuen mogen zich niet langer bezighouden met enige binding in groepen, want dat is “kuddedenken”. Andere mensen overtuigen van een bepaalde ideologie wordt herleid tot je mening opdringen. De conclusie van Bouckaert toont ook waar ze nu echt voor staan:

De neiging van de nationalistische en socialistische demagogen om hun preferenties te veralgemenen en op te dringen aan gehele groepen, blijft onvermijdelijk het vuur van de dictatuur, onverdraagzaamheid en oorlog aanwakkeren. [...] Slechts het afzweren van het kuddedenken en de verbreiding van het libertarisch gedachtegoed kan bijgevolg een duurzame grondslag vormen voor een wereldordening in vrede en vrijheid.

Lijst Dedecker, een hoop libertarische zeikerds bij elkaar.

mercredi, 21 janvier 2009

Obama et la politique extérieure des Etats-Unis

OBAMA ET LA POLITIQUE EXTERIEURE AMERICAINE


Obama est-il vraiment différent de son prédécesseur Georges W. Bush ? Quelques citations extraits de différents discours des Etats-Unis sur quelques grandes questions internationales pour se faire une idée :



Obama sur la lutte anti-terroriste :
« Nous avons besoin de plus de soldats pour capturer Ben Laden et écraser Al Qaïda. »


sur la Russie :
« La Russie s’est engagée dans la spirale du mal. Il faut lui expliquer qu’on ne peut pas être une puissance du XXIe siècle et se comporter comme une dictature du XXe siècle. »


sur l’Amérique latine :
« Nous avons délaissé l’Amérique latine. Que l’on ne s’étonne pas de voir des gens comme Hugo Chavez combler le vide, parce que nous avons été négligents. »


sur l’Iran :
« Nous ne pouvons pas permettre à l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. »


sur l’Europe de l’Est :
« La Géorgie et l’Ukraine doivent immédiatement être intégrées à l’OTAN. »


sur Israël :
« La sécurité d’Israël est sacro-sainte et non négociable. »


Eh bien, c’est une véritable révolution, cette nouvelle présidence…

 

Citation de George Orwell

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Citation de George Orwell

On verra que, tel qu’il est utilisé, le mot ‘fascisme’ est presque entièrement dénué de sens. Dans une conversation, bien sûr, il est utilisé encore plus sauvagement. Je l’ai entendu appliqué : aux agriculteurs, aux commerçants, au Crédit social, aux châtiments corporels, à la chasse aux renards, à la tauromachie, au Comité 1922, au Comité 1941, à Kipling, à Gandhi, à Chiang Kai-Shek, à l’homosexualité, aux émissions de Priestley, aux auberges de jeunesse, à l’astrologie , aux femmes, aux chiens et je ne sais pas quoi d’autre.

George Orwell - What is Fascism? (1944)

Source: http://ongong.canalblog.com

mardi, 20 janvier 2009

Iberoamérica como gran espacio politico

 

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Iberoamérica como gran espacio político

por Alberto Buela

¿Cómo consolidar un gran espacio indoibérico si su creación supone, de facto, un recorte a los poderes ya constituidos en el mundo?. Esta es la pregunta que vamos a intentar responder aquí.

El tema de este artículo se apoya en una intuición no desarrollada para Iberoamérica del iusfilósofo Carl Schmitt enunciada así: “Contra el universalismo de la hegemonía mundial angloamericana afirmamos la idea de una tierra repartida en grandes espacios continentales” [1] Ríos de tinta se han volcado sobre este tema apasionante pues desde los albores mismos de la independencia americana se vienen esgrimiendo razones en su favor y en su contra.

 

Así, y más allá de las banderías políticas, sean de izquierda o derechas, están aquellos que opinan que ésta es una posibilidad a construir y otros que sostienen su imposibilidad efectiva. Jorge Luís Borges era uno de estos últimos.

 

Pero hay algo en que todos coinciden: en afirmar la existencia del hecho bruto de que Iberoamérica está allí. Que es un gran espacio geográfico de 21 millones de km2, mientras que China e India juntas suman 12,9 millones de km2, en tanto que Europa a gatas roza los 10 millones de km2. Que si comparamos la relativa pequeñez de Nicaragua con sus 130,000km2 y sus 5,5 millones de habitantes con Bangladesh, con 144.000 km2, que tiene 150 millones de personas y que además observamos que Nicaragua posee dos lagos de agua dulce de 8.000 y 1.000 km2 o peor aún si lo hacemos entre el Amazonas y la estéril meseta tibetana, vemos que tanto poblacional como geopolíticamente las ventajas son enormes a favor del gran espacio iberoamericano.

 

En kilómetros cuadrados Brasil solo contiene a casi toda Europa, Italia entra completa dentro de la provincia de Buenos Aires en Argentina, que posee además otras veintitrés provincias más. Brasil es el quinto país en el mundo en extensión y Argentina el octavo espacio geográfico. Las comparaciones son inconmesurables en ciertos casos como el hecho de que Suramérica posee 50.000 km de vías navegables con sus tres grandes cuentas: el Orinoco, el Amazonas y el Plata que a su vez están interconectadas de modo tal que un barcaza de 1.200 toneladas navega cómodamente desde el puerto de Buenos Aires hasta el Guayra en Venezuela pasando por los ríos de La Plata, Paraná, Paraguay, Guaporé, Mamoré, Madeira, Amazonas, Negro, Casiquiare y Orinoco. Europa occidental con todo el poderío que ella representa posee solo 22.000 km de vías navegables de los que 16.000 km transcurren entre Francia y Alemania por el que transita el 40% de su transporte.

 

Cabe realizar acá una primera distinción, europeos o americanos, nos está permitido hablar de todo y sobre todo en la medida en que los temas no afecten el poder del one World, del “mundo uno”. El filósofo neomarxista Slavoj Zicek lo afirma sobre sus correligionarios: hoy los marxistas hablan y escriben limitados a los problemas culturales nunca sobre el poder.

 

Sobre Iberoamérica como ecúmene cultural se publican a diario cientos de miles de artículos y ensayos, pero sobre Iberoamérica como posible creación de un poder autónomo a los establecidos, casi nada. Y lo poco que se publica, en general, viene tergiversado. La misión y el mayor logro de España en el concierto de la historia de las naciones que han compuesto y componen este mundo en que vivimos ha sido el descubrimiento, conquista y colonización de América, así como su gran fracaso, por obra de sus enemigos históricos, ha sido el no haber podido plasmar en una realidad política la unidad del continente. Estas últimas cumbres de presidentes iberoamericanos que se vienen sucediendo son más un hecho cultural, y por eso tolerado por el mundo anglosajón, que un hecho político de consolidación y construcción de poder real y efectivo.

 

Por una cuestión ideológica es que, nosotros nos inscribimos dentro de la corriente denominada “realismo político”, nos vamos a limitar a Suramérica, pues tanto México como toda Centroamérica, a excepción de Cuba, están enfeudados lisa y llanamente con los Estados Unidos en su política continental y mundial.

 

Primera Parte

 

El tercer milenio comienza en América del Sur con las relaciones de poder totalmente trastocadas. Estados nacionales que perdieron todo su poder. Dirigentes políticos, sociales, culturales y religiosos sin un sentido de pertenencia ni de preferencia por sí mismos ni por los suyos. Modelo económico de exclusión de las amplias mayorías nacionales. Con una población que oscila en los 380 millones, donde el 40% está constituido por pobres, muy pobres y pobrísimos. Sólo el 10%, alrededor de 38 millones, tiene capacidad adquisitiva holgada.

 

La cuestión es saber hasta cuándo la realidad de Suramérica puede soportar la agudización de las contradicciones de un sistema político sin ninguna representatividad ni legitimidad, manejado por las oligarquías partidarias a gusto e piacere. ¿ Hasta cuándo un modelo económico para hambrear pueblos puede tener vigencia?.¿ Hasta dónde soportarán nuestros pueblos tamaña injusticia?.

 

Todas estas cuestiones y muchas otras no tienen respuesta mientras no se cree o recree un poder nacional autónomo y soberano que decida hacer lo contrario de lo que se viene haciendo.

 

Desde el punto de vista de la estrategia internacional tiene Suramérica que proponer una distinta de la que se nos viene imponiendo. Vayamos al grano.

 

Antigua Estrategia

 

Descubierta América por Colón pasaron los españoles a conquistar y colonizar Suramérica siguiendo una doble estrategia:

 

a) la estrategia andina de dominación que estaban utilizando los incas.

 

Los peninsulares se montaron sobre los grandes caminos que iban y venían del Cuzco. No trazaron nuevas rutas sino que se apoyaron y utilizaron las creadas por el Inca. Este es un dato no menor a tener en cuenta, pues el español no crea una estrategia de dominio sino que se monta en una ya establecida como era la del Inca para el control de las otras etnias.

 

b) la estrategia fluvial y marítima de dominación.

 

Utilizaron los grandes ríos Paraná, del Plata, Paraguay, Uruguay, Orinoco, Amazonas y las costas atlánticas. Esta es la estrategia adoptada, fundamentalmente, por portugueses y jesuitas en la colonización y conquista de los grandes espacios boscosos y costeros.

 

Son estas dos antiguas estrategias las que sirven como antecedente primero a lo que hoy denominamos Pacto Andino y Mercosur. Desde el punto de vista historiográfico merecerían un estudio detenido, pero no es este el lugar para hacerlo.

 

Estrategia Reciente

 

 La histórica estrategia de América del Sur se manejó desde la época de la Independencia a través de líneas de tensión. Líneas de tensión que buscaban tanto para Brasil como para Argentina el uso directo de los dos océanos. Argentina lo tuvo pues desde 1816 a 1825 fue bioceánica, pero merced a la gestión del primer presidente argentino Rivadavia, al servicio de Inglaterra y al accionar del general Alvear, pro inglés por nacimiento y educación, ante Bolivar, perdió ese estado.

 

Lograr el carácter de bi-oceánicos, al estilo de los Estados Unidos, o su impedimento, ha sido la meta de estas líneas de tensión.

 

Así Brasil tiene dos líneas madres, una hacia Santiago y otra hacia Bogotá. Argentina una hacia Lima y de allí a Caracas, con lo que interfiere las líneas brasileras. Por su parte Chile con su línea madre a Quito y de allí a San José cruza en su desarrollo las de Brasil y Argentina.

 

Uruguay y Paraguay no cuentan porque, desde siempre, medran entre las desavenencias argentino-brasileñas. Es evidente que su actitud no es ni loable ni moralmente aceptable, pero es sabido que la relación política no es entre buenos y malos sino entre amigos vs. enemigos. Bolivia luego de la Guerra del Pacífico es un Estado enclaustrado que depende para su salida al mar de Argentina (vía Bermejo) y Perú (puerto de Ilo). Es “un Estado imposible” en palabras de Juan Bautista Alberdi ya en 1852, subsidiado por Argentina. Perú tiene un vínculo privilegiado con Argentina desde el fondo de su historia (es el General San Martín quien lucha por su indenpendencia) pero su peso relativo en la región es muy poco. Con Ecuador sucede, mutatis mutandi, lo mismo pero su vinculación es con Chile. En cuanto a Colombia que sí es bi-oceánica, desde el asesinato de líder popular Eliécier Gaitán en 1948, está partida en dos: los liberales y conservadores por un lado, que han ejercido desde entonces el poder y las fuerzas populares desplazadas absolutamente del mismo. Con la guerrilla marxista-Farc- más antigua del continente, es un Estado-Nación que como Saturno se come a sus propios hijos. Posee el récord de asesinatos políticos y de los otros. Esta carencia de seguridad así como la existencia de una base territorial de la narcoguerrilla fuera del control del Estado- el presidente Pastrana se retiró de ese espacio- vienen a justificar la teoría de los Estados fracasados (failed states) que sostiene la Comisión Hart-Rudman de Seguridad nacional de USA para convalidar una intervención armada en la región. Sigue Venezuela, al que lograron transformar en el más ajeno de los países suramericanos a Suramérica tanto por su cuantiosa producción petrolera que lo enfeudó a los Estados Unidos su máximo comprador como por su clase política- socialdemócrata o socialcristiana-que respondió durante casi medio siglo más a los dictados de las internacionales partidarias que a los requerimientos de su propio pueblo. Ha sido el ejemplo más claro de totalitarismo partidocrático. Esta clase ignoró por completo que “Venezuela, es como un engranaje, un engranaje geopolítico entre el Caribe la Amazonia y los Andes y tiene una excepcional ventaja geopolítica. En la fachada caribeña Venezuela, limita por el norte no como nos enseñaron a nosotros cuando éramos niños con el Mar Caribe, no. Venezuela limita por el norte con República Dominicana, Venezuela limita por el norte con Estados Unidos ahí está el Estado libre asociado de Puerto Rico. Venezuela, limita por el norte con los países bajos el Reino de los países bajos, Venezuela limita por el Caribe con Francia, los llamados territorio de ultramar, lo cual nos da una configuración geopolítica sumamente interesante además de todos estos países. Venezuela pertenece a esa gran cuenca del Amazona, siete millones de kilómetros cuadrados -me refiero a toda la Cuenca- con la que nos interconectamos no sólo con la selva, sino con los grandes ríos. El Orinoco se une con el Amazona por ejemplo en una gigantesca arterial vial, es como la arteria del Continente Suramericano, una de las riquezas más grandes que tiene el planeta, en cuanto a recursos de vías, biodiversidad y reservas para la vida humana” (Hugo Chávez, Visión estratégica de Venezuela, conferencia en la Escuela Diplomática, Madrid, 16/5/02).

 

Paraguay y Uruguay medran entre Brasil y Argentina según convenga a sus intereses. Como este planteo se inscribe, siguiendo a Schmitt y Freund, dentro del realismo político, Chile no es tenido en cuenta en este análisis pues sucede simplemente que desde siempre la república del Arauco se aisló, tratando de desvincular sus destinos a los de Suramérica y no existe, a nuestros ojos, ninguna razón por la que vaya a cambiar su histórica y secular posición.

 

Quedan finalmente los escándalos morales y políticos que ofenden los mínimos sentimientos de dignidad como lo son la existencia de factorías europeas, formalmente declaradas repúblicas independientes como son los casos de Surinam- bastardo Estado-nación creado por la civilizada Holanda. Guyana, (Venezuela reclama tres cuartos de su territorio) dependencia inglesa poblada por 800 mil parias traídos por Inglaterra desde todos los rincones del mundo (hindúes, chinos, mongoles, africanos). Babel lingüística que hace incomprensible los más elementales trueques y tratos cotidianos. República cooperativa gobernada por una atroz dictadura desde la época de su simulada independencia en 1966. Finalmente, la colonia y presidio de Francia, Guayana, como último resabio de un colonialismo europeo que no quiere morir.

 

Estas tres bazofias políticas, Surinam, Guyana y Guayana, no participaron ni participarán jamás de la historia político-social de la América del Sur –se piensan caribeñas- hasta tanto no dejen de ser una simple proyección europea para arrojar allí el detritus que les molesta a holandeses, ingleses y franceses. Su participación está condicionada a la opción por América, que aún no han realizado de motu proprio.

 

Segunda Parte

 

Nueva Estrategia

 

El nuevo planteo que nosotros proponemos es la denominada “teoría del rombo” que consiste en el reemplazo parcial de las viejas líneas de tensión estratégica continental. Y busca una mayor encarnadura y realismo político, habida cuenta de la opción ya hecha por el gobierno mejicano por el ALCA y la efectiva subordinación de todos los gobiernos de América Central y el Caribe (salvo el cubano) al poder norteamericano.

 

La exigencia de un realismo político descarnado, nos obliga a descartar por universalista y abstracto el “latinoamericanismo” emotivo, cordialista y grato a nuestros oídos, pero ineficaz a la hora de plantear una estrategia común para los pueblos indoibéricos. Hablar hoy de Latinoamérica, además de ser un error conceptual y una categoría espuria para determinarnos en lo que no-somos (lo crea Francia, y lo adopta USA, el marxismo y la Iglesia), es un sin sentido geopolítico porque es inviable y no plausible. Es un engaño porque es pensar sobre una categoría sin arraigo, sin encarnadura, sin realidad. Es un universalismo más como lo es el de “humanidad”, que no tiene manos ni pies al decir de Kierkegaard. O como afirmaba Proudhon: Cada vez que escucho “humanidad” se que quieren engañar.

 

Esta exigencia de realidad a partir de la cual debemos plantear la Nueva Estrategia Suramericana (NES) no es óbice para dejar de lado la participación los otros pueblos americanos todos, pero claro está, ello se dará en mayor medida en que esos mismos pueblos logren modificar la política de entrega y subordinación de sus actuales gobiernos.

 

Sobre el antecedente más ilustre de la NES es dable mencionar el de Juan Perón quien en una conferencia de carácter reservado en la Escuela Nacional de Guerra durante noviembre de 1953 sostuvo: “tenemos que quebrar la estrategia del arco que va de Río a Santiago y crear una nueva para América del Sur”. Y proponía a renglón seguido la creación de un área de unión aduanera y libre comercio entre Argentina, Brasil y Chile denominada ABC. Parece ser que no gustó a los poderosos de entonces pues Getulio Vargas terminó en el suicidio (1954), Ibáñez del Campo en el ostracismo interno y Perón, dos años después, en el exilio.

 

Para que una acción política sea eficaz deben converger tres elementos: hombres, medios y acontecimientos. Los hombres los tenemos, son los pueblos enteros hambreados de la región y los cientos de dirigentes desplazados del ejercicio del poder por los profesionales de la política.

 

Los medios también, claro está, que son otros que los mass media, son las paredes de todas nuestras ciudades y los muros de nuestras fábricas cerradas.

 

Y en cuanto a los acontecimientos algunos nos son propicios y otros no. En Venezuela Hugo Chávez está en el ejercicio del poder luego de 40 años de dictadura democrática de los socialdemócratas y socialcristianos. En Brasil funciona el Foro de Porto Alegre que conmovió al one world de Davos y todos los intereses que ello representa y Lula posee una cierta autonomía respecto de USA. En Argentina el inconveniente mayor está en su cancillería que ve toda integración suramericana como una sumisión a la estrategia brasileña y en cuanto al Perú, su gobierno actual, el segundo de Alan García no tiene ninguna vocación de integración subcontinental.

 

Vistos los pro y los contra, la teoría del rombo por la figura que forma la unión de los vértices en Buenos Aires- Lima – Caracas- Brasilia como constitutivo de la nueva estrategia suramericana es lo que proponemos en este trabajo.

 

Ello permitiría la creación de un Gran Espacio con características de bi-oceánico, con salida tanto al Atlántico como al Pacífico. Con una masa poblacional con peso específico y de carácter homogéneo –lengua y convicciones similares-. Un gran espacio geoestratégico y geoeconómico con materias primas (minerales, hidrocarburos, gas, granos y carnes, flora y fauna) de primera importancia. Así, por ejemplo en minerales se encuentran el oro, cobre, cinc, manganeso, el 90% de las reservas conocidas de niobio del mundo, el 96% de las reservas de titanio y tungsteno, este último indispensable para la construcción de naves espaciales y misiles atómicos.

 

Este Gran Espacio cuenta con la ventaja de no ser una creación ex nihilo, dado que se realiza sobre el antecedente del Mercosur creación que tiene ya diez años de vigencia efectiva (Tratado de Asunción 1991). A lo que se le suma la experiencia del Pacto Andino. Y que al mismo tiempo se apoya en los ideales de Patria Grande de Bolivar y San Martín.

 

El Hinterland suramericano

 

Esta Isla Continental que es Suramérica tiene casi 18 millones de kilómetros cuadrados con una población que sobrepasa los 374 millones de habitantes cuya mayor parte vive en la franja costera que la bordea y donde se ubican las ciudades más importantes a excepción de la reciente Brasilia.

 

“El Hinterland, afirmaba hace ya un cuarto de siglo el venezolano José Curiel Rodriguez, es una gran área del planeta que comprende las cuencas de los ríos Amazonas, Orinoco y del Plata. Es una vez y media la superficie continental de los Estados Unidos.” [2] Este enorme territorio encerrado en este rombo imperfecto que expresa geométricamente nuestra teoría se encuentra prácticamente despoblado y genera las ambiciones de dominio de las potencias hegemónicas a través de teorías tales como la de “soberanía limitada” o acciones concretas como la compra de grandes territorios por sociedades estatales extranjeras. Con justa razón ha observado el politólogo Adolfo Koutoudjian que “Si comparamos con Asia o Africa, lo llamativo de este sub-continente es el enorme vacío central. Es la gran asignatura pendiente de la geopolítica suramericana. Seguimos siendo un continente poblado en sus costas que aún está avanzando hacia su interior. Esta situación implica un gran desafío geopolítico y económico para las posibilidades de realización y desarrollo de las patrias suramericanas. “El Dorado” aún puede estar en el interior continental” [3]Entre los megadatos que nos ofrece este corazón suramericano es que genera el 30% del total de agua dulce del mundo, poseyendo además el segundo acuífero del orbe (el acuífero guaraní) y recursos hidroeléctricos incalculables. Encierra la tercera parte de las reservas mundiales de bosques latifoliados.

 

Pero sobretodo es dable destacar la inteconexión fluvial de Suramérica que en el siglo XVI utilizaron los conquistadores españoles y que luego de cinco siglos permanece prácticamente en las mismas condiciones.

 

La vinculación hidrovial entre las tres cuencas: Orinoco, Amazona y del Plata permite la navegación desde Buenos Aires hasta Caracas y de este a oeste se presentan al menos tres conexiones interoceánicas.

 

Así el sistema Orinoco-Meta permite la interconexión bioceánica entre el Puerto Buenaventura(Colombia) con Puerto Ordaz(Venezuela) con 1866 kms. de vía fluvial y 779 de carretera.

 

El sistema Amazonas – Putumayo que une el puerto Belem do Pará(Brasil) con el de San Lorenzo(Ecuador) con 4535 kms. de vía fluvial, 230 de carretera y 549 de ferrocarril.

 

La alternativa Amazonas-Marañón que vincula los puertos de Belem do Pará con el de Chiclayo en el Perú con 4.796 kms. de vía fluvial y 700 kms. de carretera.

 

Además tenemos la salida al Atlántico de Bolivia desde su capital, La Paz, a través del Beni, Madeira, Amazonas. Sin olvidar la conexión con la red peruana a través del istmo de Fitzcarrald (3 kms.).

 

En cuanto a la navegación norte-sur o viceversa, se realiza, como explicamos más arriba, a través del sistema Orinoco, Casiquiare, Negro, Amazonas, Madeira, Mamoré, Guaporé, Paraguay, Paraná y del Plata. Es de destacar que la conexión Paraguay-Guaporé se realiza por sus respectivos tributarios los ríos Aguapé y Alegre y, atravesando la Laguna Rebeca y el riacho Barbados. Todo esto fue bellamente relatado por los hermanos Georgescu en su libro de viajes Los ríos de la integración suramericana (Caracas, 1984). Lo que permite afirmar que el tráfico fluvial entre Venezuela, Colombia, Perú, Ecuador, Bolivia, Brasil, Paraguay, Uruguay y Argentina, nueve de los diez países suramericanos, es una realidad al alcance de la mano que con un mínimo esfuerzo de los Estados involucrados se pondría en movimiento inmediatamente.

 

El transporte fluvial consume tres veces menos combustible que el ferrocarril y siete veces menos que el automotor por tonelada y por kilómetro, al par que reduce ostensiblemente la contaminación ambiental. Comparando los tres tipos de transportes se realiza una economía de potencia de nueve y tres veces respectivamente. Una barcaza fluvial carga 1200 toneladas, un tren 40 por vagón y un camión sólo 30, lo que significa una clara economía de esfuerzos tanto en la carga y descarga como en el número de viajes. Así, esta hidrored, barata y segura permitirá la conformación de un espacio autocentrado en economía, ampliando el Mercosur y el Pacto Andino, con lo que su recurrencia a los mercados exógenos pierde el carácter de obligatorio como sucede hoy día, pues puede llegar al autoabastecimiento sin dificultades mayúsculas.

 

La participación argentina en ese corazón de la tierra, según hemos propuesto, se debe realizar a través del eje Salta-Santa Cruz de la Sierra, porque la estrategia del Estado brasileño nos veta e impide nuestro acceso fluvial a través del Paraná-Paraguay-Guaporé. Además de contar con la renuente y esquiva participación del Paraguay, Estado meramente comercial.Puerto Suárez (Bolivia) y Corumbá(Brasil) dos ciudades separadas por el río Paraguay están a distancias equivalentes de La Paz, Brasilia, Sao Paulo, Asunción y Salta(Argentina), que forman entre ellas un rectángulo casi perfecto. Cada gran espacio tiene su centro geopolítico, así Puerto Suárez-Corumbá lo es para Suramérica como la isla de Malta lo es para el Mediterráneo.

 

Mapa del Sector

 

Nosotros defendemos y proponemos como el más beneficioso para América del Sur este corredor bioceánico mixto(marítimo, fluvial, ferro-vial) que tiene como gozne Corumbá-Puerto Suárez. En donde Argentina puede integrarse en forma expedita tanto desde Corrientes-Resistencia(acceso siempre impedido por Brasil) como de Salta.

 

El aporte de la Comunidad Económica Europea a Bolivia en la construcción del vínculo entre Puerto Suárez y Santa Cruz de la Sierra, nos está indicando una inteligencia sobre este asunto de vital importancia geoestratégica para nuestra región. Porque la ciudad importante en el corazón de América del Sur es ésta. Se ve claro el movimiento, los europeos, que no son tontos, están pivoteando sobre Santa Cruz, la ciudad fundada por Ñuflo de Chávez que tenía como lugarteniente a Juan de Garay, futuro fundador de Buenos Aires en 1580. Retoman una estrategia de 400 años, con la diferencia que ahora se puede salir, con cargas de gran peso, directamente a Europa desde Santa Cruz, por ferrocarril hasta Trinidad sobre el río Beni y de allí derecho en barco por el Madeira- Amazonas al Atlántico.

 

Está en nosotros, los americanos del sur, captarlo y redimensionarlo con un sentido propio y para beneficio nuestro. La construcción de un gran espacio autocentrado como son los 18 millones de kilómetros cuadrados suramericanos no es un chiste ni una idea baladí, es la construcción de un poder, y eso siempre despierta los celos y resistencias de aquellos que hoy lo poseen.

 

No tenemos ningún reparo, y forma parte de las relaciones bilaterales entre dos Estados, en que nuestras provincias limítrofes con Chile saquen por allí todas sus mercaderías, pero que no se disfracen dichas salidas, con la bandera de la integración suramericana. Por favor, que no se amañen falsas razones para que Argentina a su costo tenga que mantener 1.200 km. de rutas (Bs.As.-Mendoza) para que transiten alegremente los camiones de Brasil y Chile, que no aportan ningún beneficio ni al Estado nacional ni a la comunidad argentina, ni a la integración.

 

La Confederación Suramericana va más allá de las buenas relaciones bilaterales entre Estados, pasa, más bien, por la integración de los grandes vértices de poder continental como lo son Buenos Aires, Brasilia, Caracas, que hoy tienen líderes políticos afines, y en menor medida Lima. Si nos desviamos del fortalecimiento de los ejes marcados por este rombo imaginario, creando artificiales e interesados corredores bioceánicos lo que vamos a lograr es, más bien, la desintegración de Suramérica.

 

El espacio autocentrado

 

El carácter de autocentrado de este gran espacio está garantizado tanto por las producciones básicas como por la complementación tecnológica que, de hecho, realizan los países involucrados en el mismo. Así Argentina se ha destacado desde siempre en la producción de carnes, granos (la cosecha 2006-2007 llegó a la friolera de 100 millones de toneladas) y en las últimas décadas en el aprovechamiento nuclear de la energía (centrales atómicas, tecnología misilística). Brasil en la tecnología armamentista, subacuática, en medicamentos e informática así como en la producción de alimentos elaborados. Perú en industria pesquera. Bolivia en su industria minera. Ecuador en la tecnología farmaceutica indiana en medicina no-alopática. Venezuela con su capacidad petrolera y derivados. Paraguay y su capacidad horticultora y florifrutícola.

 

La existencia cierta de una capacidad productiva y tecnológica complementaria de todos nuestros países de la América del Sur le garantiza la autonomía y rompe la dependencia respecto de los otros mercados mundiales. Y lo trágico, y lo risible, es que esta capacidad está, que existe, o al menos existió. Y si bien fue desmantelada por los poderes exógenos para un mayor y mejor dominio sobre nosotros, es de fácil restauración. No hay que crear ex nihilo sino sólo reparar y recuperar.

 

Dado que Iberoamérica posee todos los elementos necesarios para desarrollar sus propias empresas transnacionales con capacidad para enfrentar a las del primer mundo, el sociólogo Heinz Dieterich Stefan, el principal colaborador de Noam Chomsky para Iberoamérica, afirma “El complejo biotecnológico-farmacéutico-medico de Cuba es, hoy día, en todos sus aspectos, comparable a una de las grandes transnacionales de Occidente. Si se uniera en una o dos grandes holdings con la respectiva industria brasileña y argentina, podría ocupar exitosamente una parte considerable del surplus mundial en este segmento de mercado que alcanza los trescientos mil millones de dólares.

 

La empresa aeronáutica brasileña Embraer, a su vez, tiene todo el potencial para compartir en partes iguales con Airbus y Boeing el mercado mundial de la aviación y, más temprano que tarde, de la industria espacial, aprovechándose al Ecuador como el lugar geográfico de mayor ventaja comparativa para el lanzamiento de cohetes al espacio. Varias líneas aéreas latinoamericanas podrían fusionarse y garantizar no sólo un mercado natural para la industria aeroespacial criolla, sino que competiría en condiciones iguales con los europeos y estadounidenses.

 

Las gigantescas exportaciones de materia prima -petróleo, minerales, granos, madera, etc.- garantizarían, por otra parte, varias grandes industrias navales en el subcontinente. En el sector energético se ofrece un Complejo suramericano, creado a través de la unión entre PdVSA de Venezuela, Petrobras de Brasil y la reestatizada YPF de Argentina. La física nuclear argentina y la brasileña mantienen todavía, pese a los sabotajes de los gobiernos neoliberales, un alto nivel de competencia y podrían ser el germen de un Complejo suramericano capaz de competir con las transnacionales Westinghouse y Siemens en energía nuclear. Y así, ad infinitum. [4] El Rombo

 

El eje Lima-Caracas es fundamental para la estrategia particular del Brasil pues pone coto a la injerencia internacional sobre la Amazonia. Intervención que se ve venir bajo excusas como el Plan Colombia para combatir al narcoterrorismo por parte de las tropas norteamericanas, tarea que Colombia no puede realizar sola. Es sabido que también desde centros europeos de poder, sobretodo los estados nórdicos, han propuesto considerar la Amazonia de soberanía limitada por parte del Brasil, con el argumento de que proteger la flora y fauna del pulmón del mundo. Sobre este punto es clara la ambición de los Estados Unidos quien a través de su ex candidato Al Gore como de su actual presidente Bush, dijo por boca de este último: Propongo que los países que tienen deuda con los Estados Unidos cambien esas deudas por sus florestas tropicales, lo que fue completado por el primero: Al contrario de lo que los brasileños piensan, la Amazonia no es de ellos sino de todos nosotros.

 

Cabe hacer notar acá que esta línea de tensión cuenta con un antecedente ilustre: el de San Martín, quien persiguiendo por el gran río a los españoles libertó la región de Maymas (Amazonia peruana). El historiador peruano Víctor Andrés Belaúnde nos recuerda al respecto: “Nos dice un documento español de la época que San Martín al liberar Maymas se propuso comunicarse con Europa a través del Amazonas. Este ideal del padre de la Patria y de su gran ministro Unanue, tenía que marcar el rumbo a la política peruana.” [5]En cuanto al eje Caracas-Brasilia le permitiría a Hugo Chávez consolidarse en el poder, porque contrapesaría la marcada influencia cubana en su gobierno, que por reacción en contrario genera naturalmente golpistas, alentados y financiados por los centros de poder mundial que ven en esta influencia peligrar sus intereses más inmediatos.

 

Tanto Brasil como Argentina están obligados a un doble esfuerzo de persuasión y de aspiración con respecto a Venezuela y Perú. De persuasión respecto de la adopción de esta estrategia del Rombo en cuanto a los beneficios que redundaría y de aspiración como el mecanismo natural de movimiento político de toda la región.

 

Finalmente cabe recordar dos argumentos de autoridad: 1) que el eje Brasilia-Buenos Aires fue descripto por el pensador peruano Francisco García Calderón hace ya casi un siglo, cuando sostuvo proféticamente: “El ochenta por ciento del comercio sudamericano corresponde al Brasil y la Argentina reunidos. Situados frente al Atlántico, el océano civilizador, son para el Nuevo Mundo los canales necesarios de la cultura occidental”. [6] [7] ¡Qué interesante observación!. De Castro se puede decir que conculca las libertades individuales, que se perpetúa en el poder, que está viejo y divaga un poco, pero lo que no nos está permitido es pensar que tiene una estrategia pro norteamericana. Si algo representa y va a representar en la historia, es la postura independiente y autónoma respecto del imperialismo norteamericano, cosa que ha hecho desde 1959. Ahora bien, si un hombre resistió durante, hasta ahora, 47años, en el poder y a pesar de los bloqueos, las invasiones y las bases en su territorio, no cayó; esto nos está diciendo que este hombre sabe de estrategia, no es un improvisado ni un aprendiz.

 

Este argumento de autoridad que estamos esgrimiendo, muestra dos cosas: que esta nueva estrategia suramericana que proponemos es la correcta, aun cuando nuestra cancillerías no la adopten y, segundo: que en los grandes líderes mundiales, también prima el planteo estratégico sobre el planteo ideológico. La autoexclusión de Cuba por parte de Castro es una prueba de ello.

 

La consolidación de este eje es de vital importancia en la construcción de un gran espacio suramericano de lo contrario perderemos definitivamente la posibilidad de ser y existir en forma libre y soberana en el mundo. Ello lo afirma categóricamente el pensador brasileño Helio Jaguaribe en un reciente reportaje: “ Si no logramos la consolidación del Mercosur y si no logramos constituir un área de libre comercio en Suramérica mediante un pacto apropiado entre nosotros y el Pacto Andino, estamos condenados a ser absorbidos por alguien en el 2005. En el momento que se constituye ALCA perdemos soberanía, pasamos a ser dependientes de fuerzas externas a la nuestra” [8]Conclusión

 

A la potencia mundial talasocrática- aquel imperio cuyo poder radica en el dominio de los mares- que busca absorber nuestra región al ALCA – Tratado de libre comercio desde Alaska a Tierra del Fuego- enunciado por G.Busch(padre) en el parlamento de Estados Unidos en 1991 y enmarcado en el proyecto de one world- esta Nueva Estrategia Suramericana(NES) propone la creación de un “puente con la Unión Europea ” y en particular con las naciones que nos son afines tanto por lazos culturales – España, Portugal, Italia, Francia- cuanto por las inmensas inversiones que realizaron en nuestra región. Inversiones que los atan firmemente a los destinos de Suramérica, aunque más no sea en defensa de sus intereses empresariales.

 

La estrategia de la región no debe agotarse en este “puente con Europa” sino que debe proyectarse hacia la Antártida para poder discutir con poder en el siglo XXI sobre ese continente internacionalizado por el Tratado Antártico. Adjuntamos a la presente meditación nuestro trabajo sobre la Antártica Suramericana como un complemento de la misma.

 

Esta estrategia debe continuarse hacia las naciones del África atlántica – Camerún, Guinea Ecuatorial, Angola y su proyección a Mozambique, con las que compartimos similares cosmovisiones. Ello permitiría hacer del Atlántico Sur una especie de Mare Nostrum , como observara sagazmente el ilustre pensador portugués Antonio Sardina (1887-1925), al modo como lo fue el Mediterráneo para los europeos meridionales en la antigüedad.

 

Sobretodo se debe trabajar sobre el Atlántico, habida cuenta que como muy bien afirma el General Heriberto Auel “en el siglo XXI el Pacífico será el océano político, así China, el antiguo Imperio del Centro que tradicionalmente no ha salido de sus fronteras, navega hoy con una Fuerza de Tareas las costas americanas del Pacífico ” [9] . De modo tal que la ocasión nos es propicia para fijar una estrategia sobre el Atlántico, que ha perdido interés para la potencia talasocrática mundial. Aun con marcadas diferencias respecto de nuestra propuesta, también el General brasileño Carlos de Meira Mattos, destacado especialista en temas geopolíticos también propone una estrategia Atlántica.

 

Plantear esta NES desde el movimiento obrero organizado argentino, que es el marco de mi pertenencia política y desde donde lo hago, disidente con el orden neoliberal de aplicación en la hora actual y su modelo político económico de exclusión de las grandes mayorías nacionales y populares en la participación de las decisiones que afectan los destinos de nuestros pueblos, es un signo más del cambio epocal a que estamos asistiendo.

 

Así como nuestros políticos han perdido toda credibilidad y prestigio debido a que las oligarquías partidarias usufructúan del poder para beneficio propio. Los candidatos son siempre los mismos y no tan solo los padres sino los hijos, nietos, sobrinos y parientes. De la misma manera nuestras cancillerías no están en condiciones de fijar ninguna política exterior habida cuenta que a partir de la tesis del “no-conflicto” del canciller de Alfonsín y de “la de las relaciones carnales con USA” del canciller de Menem, nuestro país quedó sometido “ a ser el de abajo” en las relaciones internacionales.

 

Ante estas dos gravísimas abdicaciones proponemos esta Nueva Estrategia Suramericana (NES).

 

·- ·-· -······-·
Alberto Buela

 

Notas:

 

1) La CGT disidente, el Centro de Estudios Peruanos, sindicalistas del Frente Bolivariano de Trabajadores de Venezuela y de la CGTB de Brasil reunidos en Buenos Aires en la sede del sindicato de mecánicos los días 29 y 30 de marzo de 2001 a propósito del Primer Encuentro del Pensamiento Estratégico de la Patria Grande sostuvieron y propusieron esta teoría que luego presentaron en el II Foro Social Mundial de Porto Alegre como una alternativa concreta al modelo neoliberal en el plano de la política internacional suramericana. Siendo conscientes que la gran cuestión es, como sostiene el filósofo peruano Alberto Wagner de Reyna: “¿Puede el espíritu contrapesar el mercado?. Sabemos, al menos, que hay acciones y rentas morales que no juegan en la Bolsa. Es menester demostrar que los pueblos son valores superiores a los “valores” cotizados en Bolsa. Los pueblos llegan a su felicidad por la afirmación de sus propios valores” [10]

 

2) La población estimada de Suramérica a mediados de 2008 se distribuye aproximadamente así:

 

Brasil: 188 millones
Colombia:        42
Argentina:        39
Venezuela:       27,5
Perú: 27
Chile:   16
Ecuador:          14
Bolivia:             10
Paraguay:          7
Uruguay: 3,5

Total 374 millones

3) En cuanto a la distorsión geográfica de los mapas mundiales en uso es dable señalar que el científico alemán Arno Peters ha sido recientemente el primero en denunciar la falsedad del mapa mundi desarrollado por el cartógrafo Mercator (Gerhard Kremer) en 1569 y que desde entonces ha sido de uso universal. Así puede verse el paradigma eurocentrista de Mercator en el siguiente mapa en donde Suramérica con 17,8 mill.de km2, aparece más pequeña que Europa con tan solo 9,7mill.de km2.

 

Arno Peters – Cartografía - año 1998

 

4) La Teoría del rombo de la primera parte de este trabajo se enriquece con la Teoría del rectángulo y se completa con esta tercera meditación sobre la Antártida suramericana, que nace por una aguda sugerencia del hidrógrafo y marino Cachaza Iramont quien en carta personal del 30-9-04 nos dice: “Sugiero que el rombo en su lado sur-occidental no sea un límite sino una frontera flexible y permeable a los intereses nacionales que nos permita ejecutar el sueño de ocupar efectivamente todos nuestros territorios que abarcan también la Antártida y los maritimos”.

 

La Antártida Suramericana

 

La Antártida es el continente situado en el interior del círculo polar antártico con un territorio cubierto de hielos de aproximadamente 14 millones de kilómetros cuadrados. Está separada de los otros continentes por las siguientes distancias: de Suramérica 1.000 km.; de África, 3.600 km.; de Australia, 2.250 km.

 

Para la descripción geográfica de la Antártida se utiliza, por convención, la teoría de los cuadrantes según la cual se divide el continente en Oriental y Occidental, tomando como punto de referencia los meridianos de Greenwich, el de los 90° este y el de los 90° oeste. La Antártida Oriental está compuesta por los cuadrantes australiano y africano y la Occidental por los suramericano y pacífico.

 

Cada cuadrante lleva el nombre del océano o continente que enfrenta, así, de los 0° a los 90° oeste se conoce como cuadrante suramericano [11] , de los 90° a los 180°oeste se denomina Pacífico. Africano desde 0° a 90° este y Australiano de 90° a 180°este.

 

El cuadrante suramericano se caracteriza por comprender la península Antártica y gran cantidad de islas, las más conocidas por el gran público son las Orcadas, Georgias, Sandwich y Shetland del Sur. Están también las islas Biscoe, la Belgrano, y la más grande del Continente: la Alejandro I. En el límite del nuestro cuadrante con el del Pacífico se encuentra la isla Pedro I.

 

Mapa de los cuadrantes

 

Reclamaciones territoriales

 

Las pretensiones de posesión sobre las tierras antárticas datan del siglo XIX y principios del XX. Sólo en el cuadrante suramericano existen grandes problemas por la superposición de pretensiones, en el resto la cuestión está mucho más clara y definida. Así, el cuadrante africano está todo pretendido por Noruega pero en forma longitudinal, el australiano por Australia y Nueva Zelanda, existe, como es natural por su carácter de ex potencia colonialista, una superposición francesa. En tanto, que el cuadrante Pacífico, salvo un pequeño sector por Nueva Zelanda, no está reclamado por nadie.

 

El que si tiene problemas de reclamaciones territoriales es el cuadrante suramericano en donde se superponen las pretensiones de Chile sobre parte del sector pretendido por Argentina y las pretensiones de Gran Bretaña que abarcan todo el sector argentino y casi toda la reclamación chilena.

 

El sector chileno va desde los 90° oeste, límite del cuadrante suramericano hasta los 53° oeste. Gran Bretaña va de los 80° oeste hasta los 20° oeste, mientras que Argentina reclama el sector que va desde los 74° oeste hasta los 25° oeste.

 

Mapa de reclamaciones territoriales

Es obvio, y manifiesto a todas luces, que Argentina está en mejores condiciones que Chile y Gran Bretaña para hacer valores sus pretensiones antárticas. Su masa continental es la que está más cerca. Geológicamente existe una continuidad del continente en la península antártica. Sus posesiones son más antiguas, ya que desde 1904, con el establecimiento de un observatorio metereológico y magnético en las islas Orcadas del Sur, ocupa en forma permanente, pública y pacífica los territorios antárticos que reclama para sí. Pero el éxito de los reclamos de reconocimiento territorial entre los Estados-nación soberanos que componen el derecho público internacional no se logra sólo con buenas razones e intenciones, sino sobre todo a través del poder persuasivo que se pueda acumular en la defensa del reclamo.

Tratado Antártico

 

Ya en junio de 1822 empezó a emplearse el adjetivo "panamericano", cuando se discute la posibilidad de celebrar en Washington (EEUU) una conferencia de Estados Americanos. En 1823, en presidente Monroe da a conocer al mundo su doctrina sintetizada en el dogma “América para los americanos” que desde entonces siempre se entendió y aplicó políticamente como “América para los norteamericanos”.

 

El panamericanismo pretende la aglutinación de América y la unificación política y cultural del continente, con arreglo a las normas e instituciones del pueblo norteamericano.
Con dicho fin, se han seguido los sistemas del "big stik"(política del garrote) y de la ayuda económica y técnica (Alianza para el Progreso- de ellos), y se ha pasado del terreno puramente especulativo al terreno institucional, mediante la creación y perfeccionamiento de la Organización de los Estados Americanos con la firma de la Carta de Bogotá en abril de 1948.

 

En el marco de esta idea fuerza los Estados Unidos imponen el Tratado Antártico que se firma el 1 de diciembre de 1959. De la misma manera que una década antes impuso el Tratado Interamericano de Asistencia Recíproca(TIAR) o Tratado de Río de Janeiro(1947) y treinta años después, en 1978, alentó y creó la Organización del Tratado de cooperación amazónica(OTCA). Y en nuestros días busca imponer por todos los medios el Area de libre comercio de las Américas (ALCA).

 

Si con el TIAR no intervino en Malvinas cuando fuimos invadidos por una potencia europea como Inglaterra, lo que buscó fue penetrar toda la inteligencia bélico-militar de América del Sur el día después de la Gran Guerra. Y con la OEA colonizó todas nuestra cancillerías y nuestras políticas exteriores; con la creación de la OTCA busca penetrar en el Amazonas declarándolo de “soberanía limitada por parte de Brasil”. Y termina con el ALCA en la construcción de un gran supermercado de Alaska a Tierra del Fuego.

 

Luego de la firma del Tratado Antártico el status jurídico del territorio antártico quedó reducido en forma similar al de los fondos de los mares o al del espacio extraterrestre; es decir, de uso común a toda la humanidad y no se reconocen soberanías nacionales sobre él. El territorio queda reservado para usos pacíficos y, por ende, desmilitarizado.

 

Dos son los grupos de países que firmaron el tratado: a) los reclamantes de sector: Argentina, Chile, Gran Bretaña, Noruega, Australia, Nueva Zelanda y Francia y b) los no reclamantes: Estados Unidos, Unión Soviética, Japón, Bélgica y Sudáfrica. Se sumaron como adherentes a partir del año 1961: Brasil, Polonia, Checoeslovaquia, Dinamarca, Holanda, Rumania, Alemania. En la actualidad se han sumando al Tratado 28 países.

 

Como una muestra y mueca más, de esta historia política contemporánea de la que los países suramericanos no formamos parte y si lo hacemos es a título de convidados de piedra, paradojalmente el secretario ejecutivo del Tratado es un holandés, Jan Huber y la 18a reunión consultiva del Tratado Antártico, se realizó muy cerca del Ártico, en Estocolmo en 2005.

 

Nueva estrategia Antártica: Hacia una Antártida Suramericana

 

Es sabido que, lo que es de todos no es de nadie, o lo que es peor aún, aquello que se declara pertenecer a todos, termina siendo de los más poderosos. Al eliminar, de facto, el Tratado Antártico la soberanía nacional de los Estado-nación sobre el territorio antártico, lo que ha logrado es multiplicar los asentamientos y las bases de los Estados poderosos sobre los sectores reclamados por los Estados débiles, en este caso Argentina y Chile. Si esto continua manejándose en estos términos, y todo indica que así será, terminará la Antártida siendo explotada por empresas multinacionales asentadas en el G8.

 

Como hasta ahora, incluso en últimas publicaciones [12] se viene hablando de “Antártida Sudamericana” para referirse al cuadrante suramericano de la Antártida y no a la proyección política de nuestro territorio sobre el continente blanco, nosotros proponemos una estrategia suramericana sobre la Antártida para así poder constituir políticamente una Antártida suramericana.

 

Existen razones geológicas, políticas, históricas y culturales a favor y en contra de los distintos reclamos, que luego de casi un siglo de disputas estériles de los suramericanos sobre los territorios antárticos no logramos casi nada, y menos aún, el reconocimiento de los otros, que es el principio de existencia en el orden internacional. Así, los Estados existen porque son reconocidos como tales por los otros Estados, de ahí que el reconocimiento sea en algunos casos expeditivo como el apurón de Gran Bretaña en reconocer nuestros estados suramericanos en detrimento de España o lento como el Vaticano en reconocer al Estado de Israel, sabiendo que en ese acto perdía Jerusalén.

 

Por lo tanto nuestra propuesta consiste en afirmar la soberanía de Suramérica como un todo sobre el sector de la Antártida. Y esto se logra en nuestra opinión, de forma clara y distinta, por la proyección de los puntos extremos- geográficos, externos y evidentes- del continente suramericano y las islas que le pertenecen.

 

Así, más allá de algunos grados más o grados menos que pierdan o ganen nuestros respectivos países, desde las islas Sandwich del Sur(Argentina) a los 25° oeste, pasando por Joao Pessoa, en Brasil a los 45° oeste, y Punta Pariñas en Perú a los 81,5° oeste, hasta la Isla de Pascua(Chile) a los 110°oeste pasando en línea por la isla Pedro I, este gran sector que coincide prácticamente con el cuadrante suramericano, debe ser reclamado y defendido a través de una política continental conjunta.

 

Mapa de la Antártida Suramericana

 

Nuestros diez estados suramericanos se implicarían así en una política antártica común que recupere para el subcontinente el manejo soberano de su sector en la Antártida, porque sus territorios no son res nullius (de nadie) sino que deben estar bajo la soberanía de nuestros países. Y allí si, y solo allí, podrán ser considerados con provecho para nuestros respectivos pueblos como territorios res communis(de uso común).

 

En este manejo común de la Antártida suramericana mucho tendrán que ver y trabajar las respectivas direcciones nacionales del Antártico y la Reunión de administradores de programas antárticos latinoamericanos (RAPAL) que desde 1990 se reúne todos los años y congrega a Brasil, Uruguay, Chile, Perú, Ecuador y Argentina.

 

Y trabajar a dos puntas: a) en la realización de expediciones y establecimiento de bases comunes en la Antártida suramericana y b) en la educación del sentimiento de pertenencia común a la Patria Grande.

 

Sabemos de la resistencia y renuencia chilena a cualquier proyecto de integración suramericana, por eso el esfuerzo argentino como nación más privilegiada debe ser doble. Afirmarnos en lo que somos, para ayudar a los chilenos a liberarse de esa rémora atávica de la geofagia como alimento. Ir más allá de la teoría de los límites estatales, por otra parte siempre móviles para la intelligensia chilena, supone mostrar los beneficios que otorga una única y común Antártida suramericana. Porque como dijera ese gran pensador que fue Joaquín Edwards Bello en su bellísimo libro Nacionalismo Continental(1926) “la primera razón de nuestra debilidad(la suramericana)es la manía de aislamiento, defecto fatal, iniciador de la pequeñez general”.

 

Y también hay que decirlo aunque resulte impolítico, la construcción de una Antártida suramericana tiene al enemigo histórico del subcontinente iberoamericano, Gran Bretaña, ocupando de facto casi todo el sector y las islas aledañas como las Malvinas. En este sentido hay que recordar la enseñanza de ese patriota criollo que fuera Indalecio Gómez, quien siempre se negó a que Inglaterra fuera árbitro en nuestras disputas limítrofes dado que ella es usurpadora de parte de nuestra soberanía nacional y mal puede ser juez y parte al mismo tiempo.

 

Reiteramos entonces, la construcción de una Antártida suramericana supone una acción conjunta de los pueblos de la América del Sur, apoyada en un sentimiento común de pertenencia de esa porción de patria irredenta, para lo cual necesita realizar una economía de fuerzas para ser aplicadas en el momento justo a fin de disuadir a aquellos que por astucia y por la fuerza pretenden usurpárnosla.

 



[1] Schmitt, C.: La lucha por los grandes espacios y la ilusión norteamericana(1942)

 

[2]

 

Curiel Rodriguez, José: Pensando en Venezuela, Ed.Cultural Venezolana, Caracas, 1978, p.23
[3]

 

Koutoudjian, Adolfo: Geopolítica sudamericana, en revista “Octubre Sudamericano”, Bs.As. N° 0, dic.2000.-
[4]

 

Dieterich, Heinz: Necesidad de las empresas transnacionales latinoamericanas, Bs.As. agosto de 2002, publicación de internet, p.3
[5]

 

Belaúnde, Víctor A.: Peruanidad, Lima, 1983, p.354
[6]

 

< García Calderón: Francisco: La creación de un continente, Biblioteca de Ayacucho, Caracas, 1978, p. 305
[7]

 

Diario La Nación de Buenos Aires, 27/5/03 p.6
[8]

 

Jaguaribe, Helio: Reportaje en revista “Línea”, Buenos Aires, octubre 2000
[9]

 

Auel, Heriberto: El océano político, Academia argentina de asuntos Internacionales, Buenos Aires, 2001, p.8
[10]

 

Wagner de Reyna, Alberto: Crisis de la aldea global, Ed.del Copista, Córdoba(Arg.), 2000
[11]Decimos suramericano y no sudamericano como comúnmente se denomina, porque este último término es un galicismo que nos dejó la colonización cultural francesa. Nuestra lengua es el castellano y en ella debemos correctamente expresarnos y expresar la toponimia. Al respecto conviene recordar que el eximio poeta Leopoldo Marechal decía: No olvides que todo nombre indica un destino.
[12] Fue el geógrafo chileno Luis Riso Patrón quien en un opúsculo de 1907 titulado La Antártida Sudamericanael primero que utilizó el término. En esa línea se han publicado infinidad de títulos similares, el último del que tenemos noticias es el de Eugenio Genest Antártida Sudamericana, Buenos Aires, 2001.
.. Finalmente no se cumplió esta advertencia de Jaguaribe pues en el cumbre de presidentes americanos de Mar del Plata se rechazó la propuesta usamericana de integrarse en bloque a ALCA(tratado de libre comercio) En este sentido es atingente pensar que así como USA pretende, en menor medida, entorpecer el funcionamiento de la Unión Europea alargando la OTAN hacia el Este, en una incorporación permanente de naciones que hagan finalmente imposible dicha Unión, de la misma manera pretende alargar el Mercado de Libre Comercio hasta la Antártida, absorbiendo así a toda la América sudcentroamericana. Y 2) el de Fidel Castro cuando estuvo en Argentina el 25 y 26 de mayo de 2003 cuando declaró a la prensa: “Es vital que Argentina, Brasil, Perú y Venezuela lideren un cambio en América. Y aclaró: Hablo como un observador externo sin incluir a Cuba en un posible eje suramericano” . Vemos como el General San Matrín adopta durante su gobierno en el Perú una estrategia fluvial. ¿ Se deberá eso, al hecho de ser oriundo de la mesopotamia argentina, ese complejo formado por los ríos Paraná, Paraguay y Uruguay y colonizado por los jesuitas?.

samedi, 17 janvier 2009

La notion d' "Etat manqué" chez Noam Chomsky

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La notion d’ « Etat manqué » chez Noam Chomsky

 

Aux Etats-Unis nous trouvons d’autres façons de penser que la façon « officielle » de la Maison Blanche, du Pentagone, de Wall Street et des médias amis de l’élite au pouvoir comme Fox et CNN… La figure de proue de cette autre Amérique est un professeur d’université à la retraite, le linguiste Noam Chomsky qui, en 2005, avait été promu par les lecteurs du magazine américain « Foreign Policy » d’ « intellectuel contemporain le plus influent ». Dans ses écrits, nous découvrons une approche critique de la politique générale de la seule superpuissance encore en lice. Cette année est parue la traduction néerlandaise de son ouvrage le plus récent, « Mislukte Staten » (en français : « Les Etats manqués », dans la collection 10-18, n°4163).  Aux Etats-Unis, on parle d’ « Etat manqué » lorsque l’Etat, dont question, constitue un danger potentiel pour les Etats-Unis. Noam Chomsky se demande si les Etats-Unis ne présentent pas eux-mêmes tous les symptômes d’un « Etat manqué ».

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Dans la première partie de son ouvrage, notre auteur analyse comment les Etats-Unis foulent aux pieds le droit international et, dans la seconde partie, il traite des institutions démocratiques du pays. La partie la plus importante du livre concerne effectivement l’analyse de la démocratie, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui aux Etats-Unis, et a pour titre : « Etendre la démocratie aux Etats-Unis ». Chomsky désigne les Etats-Unis comme une « démocratie stato-capitaliste ».

 

John Dewey, le principal des philosophes/sociologues américains du 20ème siècle, définissait la politique comme l’ombre que le « big business » jetait sur la société. Sa conclusion ? Rien ne changera tant que le pouvoir demeurera aux mains des dirigeants du monde des affaires, qui veulent du profit par le truchement d’un contrôle privé sur le système bancaire, sur l’immobilier et sur l’industrie. En plus, le monde des affaires renforce son pouvoir en mettant la main sur la presse, la publicité et la propagande. Selon Chomsky, le système politique actuel aux Etats-Unis est encore plus ou moins comparable à l’esquisse de départ, du moins sur le plan formel, mais les concepteurs initiaux de la démocratie américaine seraient tous atterrés de voir comment cette esquisse a évolué pour aboutir au « Zeitgeist » contemporain.

 

Il y a surtout un fait déroutant: le système juridique adapte le droit des personnes aux besoins des « entités collectives », c’est-à-dire des sociétés. Principe important dans le droit anglo-américain de l’entreprise : celle-ci doit exclusivement viser le profit matériel. Elle peuvent avoir des activités philanthropiques ou caritatives mais uniquement si celles-ci ont une influence positive sur leur image de marque et, donc, sur leurs profits. « Tout pas supplémentaire en cette direction apporte une entorse sérieuse aux principes libéraux classiques, à la démocratie et au fonctionnement du marché », écrit Chomsky.

 

Le penseur le plus significatif en ce domaine est un certain James Madison. Il affirmait que le pouvoir devait être entre les mains de « la richesse de la nation… des hommes les plus compétents ». « Ceux qui n’ont pas de propriété ne peuvent guère comprendre les droits de la propriété et des possédants. C’est pourquoi ils ne peuvent exercer aucun pouvoir sur ceux-ci. Les possédants doivent en conséquence avoir davantage de droits que les simples citoyens ». Le problème que soulève là Madison n’est pas nouveau. Loin s’en faut. Il remonte au premier des classiques de la science politique, à la « Politika » d’Aristote. Ce philosophe grec était un partisan de la démocratie, certes réduite aux hommes libres, exactement comme Madison deux mille ans après lui. Aristote reconnaît que cette forme de gestion de la Cité présente des lacunes. « Si la richesse est trop concentrée, les pauvres utilisent leur puissance, en tant que majorité, pour répartir plus équitablement la richesse. La où quelques-uns possèdent beaucoup et d’autres rien, surgit le danger d’une démocratie extrême . Et celle-ci ne reconnaît pas les droits des riches ». Aristote et Madison parlent du même problème mais tirent des conclusions différentes. Aristote entendait évoquer le développement d’un Etat de bien-être qui devait maintenir les inégalités dans des limites acceptables car, seulement de cette façon, disait-il, les riches conserveront l’estime de tous et leurs privilèges et possessions ne seront pas contestés.

 

« Bien que les luttes populaires à travers les siècles aient enregistré de nombreux succès pour la liberté et la démocratie, cette progression fut un chemin ardu. Et bien que la spirale soit normalement ascendante, le recul est parfois si important que la population est presque mise entièrement hors jeu par le biais de pseudo-élections comme celles, caricaturales, de 2000 et celles, encore pires, de 2004 », écrit Chomsky à la p. 231 de la version néerlandaise de son ouvrage. Aujourd’hui, les réactions négatives face à la politique du président George Bush junior et son équipe signalent que l’inquiétude des Américains et du monde est profonde, une inquiétude qui n’a eu que peu ou pas d’antécédents. Dans les revues scientifiques, on se demande si le système politique américain est encore viable à terme. Certains auteurs comparent le ministère de la justice sous Bush à celui des nazis, d’autres perçoivent un parallélisme entre la gestion par Bush et le Japon « fasciste ».

 

De même, les mesures prises aujourd’hui pour tenir le peuple américain en laisse rappellent de curieux souvenirs. Fritz Stern, un spécialiste de l’histoire allemande, écrivit naguère un livre intitulé : « Le déclin de l’Allemagne : de la civilisation à la barbarie ». Dans ce livre, Stern rappelle à ses lecteurs qu’il a lui-même, avec de nombreux autres, trouvé une terre d’asile aux Etats-Unis dans les années 30 du 20ème siècle. Aujourd’hui, cet ancien réfugié se fait de gros soucis quant à l’avenir des Etats-Unis. Selon Stern, personne ne peut ignorer le parallélisme entre l’époque révolue du nazisme et notre époque.

 

Fritz Stern évoque l’appel diabolique d’Hitler qui qualifiait sa mission de « divine » et se posait comme « le sauveur de l’Allemagne ». Ensuite, il évoque aussi le fait que Hitler a voulu faire de la politique une donnée pseudo-religieuse qui cadrait parfaitement avec la doctrine traditionnelle chrétienne. Stern nous exhorte à ne pas oublier que le déclin rapide de l’Allemagne a eu lieu précisément dans le pays de la science, de la philosophie et de l’art, dans un pays qui faisait la fierté de la civilisation occidentale. Avant que la propagande délirante des années de guerre n’ait fait son effet entre 1915 et 1918, les plus éminents représentants de la science politique aux Etats-Unis considéraient que l’Allemagne était un modèle exemplaire de démocratie. On ne doit pas oublier non plus que les nazis ont appris leurs techniques de propagande auprès des agences anglo-américaines, qui les avait testées et utilisées pour la première fois. Ils ont cherché refuge, en quelque sorte, dans des symboles simplistes et des slogans sommaires, qu’ils répétaient à satiété, parce qu’ils éveillaient des peurs et d’autres émotions de base, exactement comme les slogans publicitaires.

 

Joseph Goebbels insistait pour dire « qu’il utiliserait des méthodes publicitaires américaines pour vendre le national-socialisme ». Noam Chomsky : « Le ‘messianisme diabolique’ est bien l’ingrédient naturel des groupes dominants qui cherchent, bien décidés, à faire valoir leurs intérêts à court terme dans un éventail limité de secteurs-clés de la puissance politique ou pour viser la domination mondiale. Il faut être frappé de cécité pour ne pas comprendre que ce « messianisme diabolique » n’est pas le moteur de l’actuelle politique américaine. Les buts fixés par le gouvernement et les méthodes qu’il utilise se heurtent à la résistance de l’opinion publique. Voilà pourquoi il s’avère nécessaire de manipuler le public, de lui induire une attitude préconçue, par tous les moyens. Et Noam Chomsky conclut : « Les citoyens doivent s’engager au quotidien pour créer les bases d’une culture démocratique qui puisse fonctionner ou pour les réinventer. Une culture démocratique où le public a sa voix dans le concert politique. Non seulement dans l’arène politique elle-même mais aussi dans l’arène économique, si importante, justement là où on l’empêche par définition d’exprimer » (p. 290 de l’édition néerlandaise).

 

Dans ce livre, notre auteur décortique clairement, avec l’appui d’une bonne documentation, avec 34 pages de notes explicatives, l’actuelle politique de l’élite au pouvoir aux Etats-Unis. Sa lecture est un « must » pour tous ceux qui veulent faire connaissance avec « l’autre Amérique », avec ces penseurs et idéologues de la gauche progressiste américaine, actifs outre-Atlantique et influents dans les cercles de gauche du parti démocrate qui, malgré tout, ont contribué à la victoire de Barack Obama.

 

Miel DULLAERT.

(recension parue dans « Meervoud », Bruxelles, n°141, novembre 2008 ; trad.. franc. : Robert Steuckers).

 

Noam Chomsky, « Mislukte Staten – Machtmisbruik en de aanslag op de démocratie », traduction de Wim Van Verre, éd. EPO vzw, 335 pages, 2008.

mercredi, 14 janvier 2009

Hitlérisme, stalinisme, reaganisme

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Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES / ORIENTATIONS (Bruxelles) - juillet 1988

 

 

Hitlérisme, stalinisme, reaganisme

 

 

John GALTUNG, Hitlerismus, Stalinismus, Reaganismus. Drei Variationen zu einem Thema von Orwell,  mit einem Vorwort von Dieter S. Lutz, Nomos Verlagsgesellschaft, Baden-Baden, 1987, 169 S., DM

 

 

Ouvrage pour le moins étonnant, ce livre de John Galtung, inspiré des visions de George Orwell, se veut une critique tous azimuts des grandes options politiques de notre siècle. Ces grandes idéologies ont toutes cherché à domestiquer le psychisme humain, à créer les conditions de leur propre non-dépassement, à effacer les souvenirs légués par l'histoire, à forger des loisirs sur mesure, à se décréter infaillibles, à manipuler mots et concepts pour les détourner de leur sens premier. Pour retrouver les racines de ce phénomène totalitaire, propre à notre époque, Galtung procède à une "analyse cosmologique" comparative et ré-su-me ses thèses dans deux tableaux. Le premier de ces tableaux juxtapose les caractéristiques de l'homo occidentalis  (HO), de l'homo teutonicus  (HT) et de l'homo hitlerensis  (HH), où l'homo teutonicus, imprégné de cette autorité théologienne de facture luthérienne, est l'homo occidentalis in extremis  et l'homo hitlerensis,  l'homo teutonicus in extremis.  Si l'HO place l'homme au-dessus de la nature, l'HT voue un culte romantique à la nature et l'HH conçoit une unité mystique entre l'homme et la nature. Après la disparition de l'HH, le monde a été dominé par l'homo sovieticus (HS), dont la forme extrême est l'homo stalinensis (HSt) et par l'homo americanus (HA), dont la forme extrême est l'homo reaganensis (HR). Cette classification peut apparaître spécieuse, empreinte de naïveté américaine; mais la conclusion de Galtung, c'est d'affirmer que toutes ces façons de mal être homme en ce siècle sont des variantes perverses de l'homo occidentalis expansator  (HOEx), qui doit son existence au christianisme, lui-même dérivé de la Bible, réceptacle d'autoritarisme, de mentalité inquisitoriale, d'intolérance, d'esprit de vengeance. Certes, ce sont là les caractéristiques de la version du-re  du christianisme, non de la version douce,  incarnée par exemple par un François d'Assise. Mais dans la sphère politique, ce sont les laïcisations de la version dure qui se sont seules affirmées, si bien que celui qui prend ce christianisme-là pour modèle de comportement, finit par se prendre pour un dieu unique et omnipotent et par devenir une menace pour autrui. Ce-lui qui s'imagine être un instrument du Dieu judéo-chrétien et fait appel à des récits bibliques fortement intériorisés par la population, finit par devenir aussi une menace pour autrui (cf. Reagan). Le résultat politique contemporain du christianisme dur, c'est un monde de type orwellien, comme dans 1984  ou dans Animal Farm,  avec des oripeaux idéologiques variables mais un égal résultat stérilisateur.

(Robert STEUCKERS).

 

mardi, 13 janvier 2009

Für Israel ist die EU nur als Zahlmeister willkommen

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Abfuhr für Europa

Für Israel ist die EU nur als Zahlmeister willkommen 

Von Andreas Mölzer

Nun hat die Europäische Union versucht, im blutigen Gazakonflikt zu vermitteln. Allerdings erfolglos, denn Israel zeigte nicht die geringste Bereitschaft, auf den Vorschlag Brüssels – UNO-Beobachter in das Kriegsgebiet zu entsenden – einzugehen. Offenbar versucht Jerusalem zu verhindern, daß die Welt die volle Tragweite dessen erfährt, was in dem schmalen Landstreifen an der Mittelmeerküste alles vor sich geht. Und daß die Vermittlungsbemühungen der EU gescheitert sind, mag auch daran liegen, daß die Europäer in der Vergangenheit eine ausgewogenere Haltung als die USA gezeigt und sich nicht ausschließlich an den Interessen der sogenannten „einzigen Demokratie“ im Nahen Osten orientiert haben.

Willkommen ist die Europäische Union für Israel freilich immer dann, wenn es darum geht, die von ihm bei verschiedenen Kriegen und Militäroperationen verursachten Schäden zu beseitigen. Im Jahr 2006 etwa, nachdem die israelische Armee bei ihrem Angriffskrieg weite Teile des Libanons in Schutt und Asche gelegt hatte, stellten die EU und ihre Mitgliedstaaten 77 Millionen Euro an humanitärer Hilfe zur Verfügung. Und man darf davon ausgehen, daß Jerusalem auf den „Zahlmeister“ Europa zurückgreifen wird, wenn es darum gehen wird, die im Gazastreifen verursachten Zerstörungen zu beseitigen.

Was den Krieg gegen die Palästinenser im Gazastreifen betrifft, so ist die sogenannte Brüsseler Wertegemeinschaft gut beraten, den Notwehrexzeß Israels klar und unmißverständlich zu verurteilen. Schließlich sind seit Ausbruch der Kampfhandlungen Hunderte Palästinenser ums Leben gekommen, darunter unzählige Frauen und Kinder, und die Lage der Zivilbevölkerung ist mehr als katastrophal. Anderseits müßte auch der Hamas klargemacht werden, daß der Beschuß südisraelischer Orte mit Raketen einzustellen ist und daß sie sich vom Terror zu distanzieren und das Lebensrecht Israels anzuerkennen hat. Sollte sich die Hamas vom Terror distanzieren, dann müßte Brüssel diese Organisation ohne Wenn und Aber als Gesprächs- und Verhandlungspartner anerkennen. Denn immerhin ist die Hamas im Jänner 2006 eindeutig als stärkste Partei aus den demokratischen Wahlen in den palästinensischen Autonomiegebieten hervorgegangen. Auch wenn deren politisches Programm den politisch korrekten Moral- und Bedenkenträgern in Europa nicht gefallen mag, so entspricht ihre Stärke dem Wählerwillen der Palästinenser.

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Le recours aux frontières

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Le recours aux frontières

http://www.europemaxima.com

vendredi 2 janvier 2009, par Georges Feltin-Tracol


La crise financière actuelle devrait réjouir les tenants de l’État puisqu’il sauve d’une ruine certaine bien des établissements bancaires. S’il faut en effet se féliciter de la fin du primat des « marchés » et des places financières, on ne peut que rester sceptique sur l’avenir de la crise. Assistons-nous aux prémices d’un effondrement général comme le prévoyait dès 1998 Guillaume Faye ou ne faut-il pas craindre que cette dramatique péripétie accélère plutôt le dessein d’intégration mondialiste ? Le réaliste pessimiste tend vers cette dernière hypothèse, car le F.M.I. souhaiterait devenir une Banque centrale planétaire. Si ce vœu se réalise, gageons que viendront ensuite une monnaie unique universelle (le mondo ?), puis un État mondial et, enfin, une société globale métissée. Cette marche insensée ne peut être empêchée (ou retardée) que si les États transgressent aujourd’hui un tabou et réhabilitent l’idée de frontières (peu importe ici le singulier ou le pluriel).

Il ne fait guère de doute que les « ploutoligarchies » transnationales exècrent cette idée qui contrarie leurs ambitions mortifères. C’est pourquoi, tout en injectant des sommes considérables dans des institutions financières en faillite, consacrant de la sorte un « communisme de marché » (1) dans lequel l’hyper-classe privatise des bénéfices gigantesques et « nationalise / étatise » des pertes faramineuses, les gouvernements se gardent de récuser le dogme du libre-échange (rien à voir ici avec les turpitudes strictement privées d’un haut-responsable français en poste à Washington). Pour la nouvelle classe dépeinte par Christopher Lasch, le protectionnisme (taxé de tous les maux dont le populisme et la xénophobie) n’est pas la réponse adéquate et, quand on ne le vilipende pas, les médias conservent un silence révélateur. En France, pendant longtemps, à part Maurice Allais, Emmanuel Todd soutint des thèses protectionnistes dans un cadre européen, mais d’une façon inaudible. Sa faible audience ne s’explique-t-elle pas aussi par l’incohérence de sa réflexion ? Favorable à un protectionnisme économique raisonnable, ce nationiste hostile aux souverainistes hexagonaux développe un discours républicain fortement intégrationniste. Or il n’a pas vu (ou compris) que nos sociétés d’Europe occidentale pâtissent d’une intense globalisation. L’anglicisme entend montrer le double phénomène qui frappe, entre autre, la France depuis deux générations :

— d’une part, une mondialisation extérieure initiée au début du XXe siècle, entérinée par les accords de Bretton Woods, le G.A.T.T. et le plan Marshall et amplifiée au milieu des années 1980 par la « révolution atlantique néo-libérale » reagano-thatchérienne de déréglementation de la circulation des capitaux et de l’ouverture progressive des marchés intérieurs européens à la concurrence intercontinentale,

— d’autre part, une mondialisation intérieure avec l’arrivée massive d’une immigration extra-européenne qui encourage l’islamisation, l’africanisation et la tiers-mondisation de l’Europe, et ce, combinée en même temps à une américanisation des mentalités et des attitudes ; ces processus ravageurs transforment par conséquent de vieilles sociétés solides en ensembles sociaux instables.

Vouloir le retour des frontières ne signifie pas seulement contester la mondialisation économique. Il s’agit aussi de contrer l’annihilation du politique.

Refonder des frontières (géo)politiques

Remettre dans les esprits et dans les faits l’idée de frontières exige au préalable l’abandon définitif du projet fumeux de « société ouverte ». La fermeture s’impose, car c’est une évidence incontestable que « la société politique est toujours société close, écrit Julien Freund. […] Elle a des frontières, c’est-à-dire elle exerce une juridiction exclusive sur un territoire délimité. […] Elle est l’âme des particularismes. En effet, toute société politique perdurable constitue une patrie et comporte un patrimoine » (2). Cependant, à rebours de la pensée uniforme la plus établie, il précise aussitôt que « clos n’est pas identique à statique, immobile, figé. Bien que close, la société politique n’est pas du tout repliée sur elle-même ni imperméable à ce qui se passe dans le reste du monde. Au contraire les bouleversements, modifications et innovations dans une société ont immanquablement un retentissement dans les autres sociétés (3) ». Ces incessantes interactions incitent au maintien de cette unité politique inscrite dans l’espace et le temps qu’est l’État qu’on ne saurait confondre avec l’État-nation qui n’en est qu’une des nombreuses manifestations historiques.

Malgré l’apparition d’acteurs nouveaux non étatiques marqués par l’émergence de réseaux transnationaux criminels (les maffias, Al-Qaida) ou religieux (Église catholique, sectes évangéliques, mouvements bouddhistes, etc.) et par la persistance de puissantes entreprises multinationales, le fait étatique subsiste, persiste, résiste, y compris pour des entités concernées à un processus d’intégration régionale telle que le Mercosur. L’exemple le plus flagrant reste la construction européenne avec l’Espace Schengen. Alors que les frontières intérieures de l’Union (entre les États-membres ou avec des voisins « sûrs » comme la Suisse, la Norvège ou l’Islande) s’estompent et se changent progressivement en quasi-limites administratives similaires au tracé séparant l’Île-de-France de la Bourgogne, ses frontières extérieures se renforcent théoriquement : on érige des murs high tech et on donne à l’Ukraine ou la Libye des millions d’euros pour qu’elles arrêtent chez elles toute la misère du monde. On comprend dès lors le dépit infantile des sans-frontièristes, ardents soutiens des hors-la-loi clandestins, qui éructent contre une « Europe-forteresse » fort peu fortifiée en réalité, car l’idéologie dominante mondialiste en fait une passoire indéniable.

Bien qu’elle s’inscrive dans une logique anti-stato-nationale, l’Union européenne sait bien qu’il lui faut des frontières, car une structure politique ne peut déployer son autorité que sur un espace plus ou moins strictement arpenté. Les eurocrates de Bruxelles cherchent à biaiser cette réalité par des élargissements toujours plus lointains. Ils préparent l’adhésion à moyenne échéance de la Turquie, du Maroc et d’Israël et songent d’y inclure un jour lointain l’Afghanistan, le Soudan et, pourquoi pas ?, la Papouasie - Nouvelle-Guinée… Il est cependant inéluctable que cette « Europe mondiale » se fracassera tôt ou tard sur le mur cruel des événements tragiques.

L’erreur originaire, ontologique même, des pères de la construction européenne fut de ne pas fixer dès le départ une limite ultime à leur ambitieux projet. Un européaniste exalté tel que Jean Thiriart en imagina plusieurs, de l’Irlande aux marches moldaves d’abord, de l’Islande à l’Union soviétique ensuite, de l’« Euro-U.R.S.S. » élargie à la Turquie, au Proche-Orient et à l’Afrique du Nord, enfin. Toutefois aussi étendus que fussent ces espaces géopolitiques fantasmés, ils savaient se donner des bornes. D’autres « européanistes » plus pragmatiques (Dominique Venner ou Henri de Grossouvre) évoquent plutôt un « noyau carolingien » basé sur une complémentarité franco-allemande ou sur un axe Paris - Berlin - Moscou. Ces considérations sur les limites ultimes d’une Europe idéale paraissent fort oiseuses à un moment où le machin de Bruxelles demeure un ectoplasme sectaire. Le repli vers les États et/ou les nations serait-il la solution en attendant mieux ? Méfions-nous toutefois de ce mirage : le cadre étatique et/ou national risque d’être comme ces chênes d’apparence robuste et en fait totalement pourris de l’intérieur, dévastés par le « cosmopolitisme » et des délocalisations industrielles massives.

Repenser des frontières économiques

Relancer le protectionnisme et sortir de l’O.M.C. seraient-elles des solutions judicieuses à la crise ? Des économistes bien-pensants rappellent que la Grande Dépression de 1929 s’installa durablement en raison du relèvement des barrières douanières et de l’adoption par Londres et Paris d’une « préférence impériale » fondée sur leurs colonies. Comparaisons n’est pas raison et on n’est plus dans les années 1930. Il serait temps de débarrasser le protectionnisme de toute connotation péjorative. Ce n’est pas la célébration d’une quelconque autarcie associée, parfois, à la décroissance (4), mais l’édification raisonnable d’« écluses » douanières qui freineraient, arrêteraient ou détourneraient les torrents de la marchandisation mondiale. On peut en outre exiger le retour des frontières en économie sans pour autant verser dans un excès protectionniste. D’autres voies anti-conformistes sont toujours envisageables.

Janpier Dutrieux suggère par exemple de « transcender le libre-échangisme et le protectionnisme, qui sont sources de conflits, et [de] leur opposer un système qui enrichit tout le monde. Ce système, c’est la mutualité commerciale » (5). Sans entrer dans les détails, il s’enchâsserait dans une « économie créditrice » avec « un étalon monétaire stable et fixe : l’eurostable » et « un nouveau système monétaire international autour d’une Union monétaire de compensation internationale qui fondera un mutualisme financier international » (6).

« De quoi s’agit-il, s’interroge donc Janpier Dutrieux ? Il s’agirait de mutualiser les avantages retirés de l’échange entre deux pays afin de ne pas léser la branche ou le secteur de production du pays exportateur (comme le fait le protectionnisme), ni pénaliser celui du pays importateur (comme le fait le libre-échangisme). Techniquement, il s’agirait d’appliquer une taxe sur les exportations (et non sur les importations), prélevée par la douane du pays exportateur. Cette taxe serait égale à la moitié de la rente de situation différentielle que possède la marchandise exportée par rapport à la même marchandise produite par le pays importateur. Le pays exportateur compenserait la branche professionnelle du pays importateur qui fait les frais de cette exportation. Ces échanges pourraient se faire dans le cadre d’une Alliance internationale de mutualité commerciale qui viendra s’opposer aux principes de l’Organisation mondiale du commerce […]. Le produit de cette taxe sur les exportations viendra financer les pertes à gagner des producteurs du pays importateur et permettre à ses branches de production d’améliorer leur compétitivité. (7) »

Il est vraisemblable que cette troisième voie commerciale libérerait l’économie dite « réelle » (les P.M.E., les artisans, les petits producteurs, les consommateurs, les couches populaires et moyennes) de l’emprise de la finance folle. Avec la mutualité commerciale, « les pays importateurs sont gagnants, ils n’ont pas à sacrifier leurs branches de production, ni à délocaliser leurs usines. Les pays exportateurs sont également gagnants, ils peuvent vendre leurs marchandises aux pays plus riches, et ainsi progressivement s’enrichir eux-mêmes. Dans ces conditions, ils pourront faire vivre leurs nationaux. La mutualité commerciale ré-enracine les populations. Elle stoppera les flux migratoires qui déstructurent l’humanité » (8). Voilà comment une réforme radicale des échanges internationaux permettrait aux entités politiques pourvues de frontières restaurées de reprendre le contrôle des déplacements mondiaux d’hommes, de les restreindre, voire de les renverser…

Admettre des frontières sociologiques

On se contente bien souvent de n’examiner les frontières que selon un angle politique et économique en délaissant complètement leur portée sociale ou « sociétale ». Le recours indispensable aux frontières entraîne inévitablement une remise en cause radicale du paradigme égalitaire moderne. Nous vivons, d’après Louis Dumont, à l’ère de l’homo æqualis triomphant (9). Or la destruction des corps intermédiaires et l’absence d’une armature organique participent à la négation des frontières, en l’occurrence sociales, ce qui engendre une quête frénétique, névrotique, quasi-pathologique, de la moindre distinction et l’émergence de l’astre noir de la Modernité, le racisme, qu’il faut considérer comme la nostalgie malsaine d’un désir d’homogénéité égalitaire. On découvre là l’« astre noir » de l’idéologie des Lumières et de son rêve dément d’ingénierie humaine. « L’homme moderne, et cela commence au XVIIIe siècle, observe finement Philippe Ariès, tolère de moins en moins des voisins qui ne sont pas conformes à son modèle. Il tend à les isoler, puis à les expulser, comme notre organisme réagit à un corps étranger. Les sociétés pré-industrielles ignoraient cet appétit d’identité » (10). Au nom d’une « égalité différentielle » exprimée par le slogan aporique « Tous différents, tous égaux ! », le discours multiculturaliste suscite des reconnaissances collectives, plus ou moins provoquées, autour d’affinités culturelles, sociales, sexuelles, linguistiques, confessionnelles…, qui opèrent de facto des clivages, des frontières, à l’intérieur d’une société voulue égalitaire. Certains s’écrient alors au « communautarisme », mais toute société n’est-elle pas un assemblage de multiples collectivités plus restreintes ? Et puis ce phénomène paradoxal de « différenciation égalitaire » ne répond-il pas à la pulvérisation (11) de nos sociétés minées par le couple infernal du productivisme et de l’argent ?

Quelques beaux esprits, égalitaristes frénétiques ou conservateurs patentés, condamnent le communautarisme qui saperait l’État. Ils ne décèlent pas qu’on quitte la Modernité pour un âge dit « néo-moderne », « hyper- moderne », « post-moderne » ou « archéofuturiste ». Ces modernes bientôt hors-jeu ne perçoivent toujours pas que l’individu, détaché de tout lien traditionnel ancestral, dépérit dans une unidimensionalité aliénante qui le réduit en homo consumans - homo faber alors qu’il s’épanouit quand il retrouve des entourages communautaires (12). D’autres le pressentent et multiplient en réponse de ce manque des occasions artificielles festives : les « nuits blanches », les raves parties, les grandes kermesses politico-musicales. L’homme moderne doit oublier sa condition de déraciné en promouvant l’homo festivus. Néanmoins, si les sociétés traditionnelles s’affirmaient par la prédominance du groupe sur l’individu tandis que les sociétés modernes s’analysent par la domination de l’individu sur le groupe, les sociétés post-modernes se définiraient plutôt par un équilibre toujours subtil, parfois conflictuel, entre un individualisme - qu’on ne peut renier et, faute de mieux, qu’on doit assumer - et un vivre-ensemble organique à (ré-)inventer sans sombrer dans l’absorption dangereuse (totalitaire) du privé par le public. La frontière y exerce dès lors par conséquent un rôle déterminant dans la « reholisation » des comportements collectifs.

Quitte à irriter, prenons un exemple provocateur. Le port du foulard islamique par les musulmanes dans nos sociétés participe indirectement à la réhabilitation des frontières. Certes, le tchador marque la volonté d’imposer l’islam sur les terres d’Europe. Oui, son port outrage la femme européenne qui - ne l’oublions jamais - assure la maîtrise du foyer chez nos peuples boréens (Pénélope, Guenièvre, Iseut sont des figures majeures de notre imaginaire forestier, maritime et montagnard qui ne disent rien à un fidèle venu du désert) (13) et ne concerne que des converties. Son port sur notre sol signifie en réalité que la musulmane établit une frontière tangible entre elle et les autres. Ce simple morceau de tissu visualise par conséquent une nette séparation entre l’Oumma et la « Maison de la guerre ». Va-t-on le déplorer comme se lamentent les républicains et humanitaristes ou bien faut-il vraiment se formaliser de cette distinction réelle entre elles (et par delà elles, eux) et nous ?

Indispensables discriminations

Dans le langage courant, la discrimination - toujours mis au pluriel - fait figure de mal absolu. Contre elle, on dilapide chaque année des milliers d’euros dans des campagnes de propagande. L’« idéologie » anti-discriminatoire s’est depuis longtemps infiltrée dans tous les pans de la société. Ainsi, les établissements scolaires ont retiré l’estrade sur laquelle se trouvait le bureau du professeur qui surplombait sa classe si bien que l’enseignant se retrouve maintenant placé au même niveau que ses élèves. Cependant, malgré des réticences, le monde si généreux des pédagogues continue à discriminer par des notes, en distinguant les bonnes copies des mauvaises. La haine contre les enseignants ne serait-elle pas un effet indirect - et inconscient - d’un environnement saturé de thèmes anti-discriminatoires ? Loin d’être politique, la lutte contre les discriminations relève de la moraline et verse souvent dans l’impolitique.

La pensée unique critique donc ces discriminations majeures que sont les frontières, car elles constituent une introduction aux différences. « Traverser une frontière, constate Julien Freund, c’est le plus souvent être dépaysé (au sens plein du terme), parce qu’on entre dans une sorte d’autre monde avec d’autres institutions, d’autres coutumes, d’autres modes de vie, un autre esprit. (14) » Comment ce changement est-il possible ? Parce que, poursuit-il, « la frontière exclut le reste. C’est elle qui donne un sens à l’acte de guerre, c’est elle qui définit l’étranger, c’est elle aussi qui détermine les situations qui désorientent l’être humain et le troublent parfois jusqu’au plus profond de lui-même : celles de l’exilé, du banni, du proscrit, du réfugié, de l’expulsé, de l’émigré, du déporté, etc. » (15). Bref, les frontières sont inévitables, d’autant que « la répartition des humains par unités politiques particulières répond […] à certains besoins de l’homme : celui de se distinguer et celui de “ se situer ”, pour employer une expression du vocabulaire contemporain. La reconnaissance de l’homme par l’homme n’efface jamais les particularités : elles sont aussi vraies que l’homme lui-même. La multiplicité des unités politiques fournit à chacun la possibilité de se définir extérieurement, la discrimination politique étant la plus simple, la plus nette, la plus manifeste et la plus compréhensible » (16). Il en résulte que la discrimination est une donnée irréfragable propre à l’homme.

Il y a dans la Bible un fameux passage dans lequel on sépare l’ivraie du bon grain. N’est-ce pas une métaphore discriminatoire ? Les agences matrimoniales fondent leur réussite et leur réputation sur des discriminations puisque les candidats au mariage recherchent le partenaire idéal à partir de critères précis (le sexe, l’âge, le niveau intellectuel, la profession, la taille, le poids, la couleur des yeux et des cheveux, les goûts, les loisirs…) qu’ils définissent soigneusement. Verra-t-on bientôt, sous peine de Goulag aseptisé, ces agences seulement mentionner : « Être humain recherche quelqu’un » ? Si cette folie anti-discriminatoire prend de l’ampleur, on peut imaginer que tous les mâles jaloux de voir l’actrice Angelina Jolie vivre avec l’acteur Brad Pitt leur intenter un procès pour discrimination parce qu’ils n’auront pas été choisis… Discriminer appartient au politique, au vivant, et non à une morale supposée universelle. L’anti-discrimination s’apparente en dernière analyse à une tentative échevelée de l’égalitarisme pris dans des contradictions inextricables. Ainsi, suite aux pressions féministes, il existe dorénavant à Mexico des compartiments strictement réservés aux femmes dans le métro ; à quand des compartiments pour les végétariens ou pour les porteurs de lunettes (ou pour les gens de non-couleur) (17) ? Cette tendance paradoxale de discrimination anti-discriminatoire est au fond logique puisque « la division de la société en sociétés particulières procède du concept même de politique, explique Julien Freund. La politique provoque la discrimination et la division, car elle en vit. Tout homme appartient donc à une communauté déterminée et il ne peut la quitter que pour une autre » (18). Le combat contre les discriminations qui favorise dans un premier temps une indifférenciation globale, crée, dans un second temps, de nouvelles distinctions plus sournoises encore que les anciennes et dont les natifs européens sont les premières victimes.

Quand on stigmatise l’opposition (la frontière) entre le citoyen et l’étranger au nom du genre humain, on va à l’encontre de sa nature politique. Qu’est-ce qu’un étranger ? « Être un étranger signifie précisément : habiter un pays dont on n’est pas citoyen. (19) » Ce rappel est inacceptable pour l’idéologie actuelle. Réhabiliter le politique, reconstituer la citoyenneté, restaurer l’État régalien (ce qui signifie par exemple de revenir au monopole de battre monnaie et de rétablir le châtiment capital) suppose au préalable de revendiquer et d’appliquer le concept vital de préférence identitaire d’ordre politique (nationale, européenne et/ou régionale) ou ethnique. Il est légitime que chez nous, les nôtres soient prioritaires par rapport aux autres. Une mère de famille se souciera d’abord de nourrir ses enfants avant de donner une bouchée de pain aux rejetons de la famille voisine, à moins qu’agissent des mécanismes de solidarité communautaire qui permettront de dépasser le simple égoïsme pour une coopération équitable entre personnes du même cercle d’appartenance d’une part, entre divers cercles d’appartenance d’autre part. Les enchâssements communautaires (ou les attaches collectives, naturelles ou subjectives) autour de la personne humaine ne sont pas exclusifs, mais plutôt cumulatifs et / ou synergiques. Les mesures anti-discriminatoires en cours dénotent une véritable phobie de l’originalité alors que « le particularisme est une condition vitale de toute société politique » (20). Soulignons en outre que ces lubies affaiblissent dangereusement le corps social qui perd son homogénéité spirituelle (ses traditions, sa mémoire, sa conscience d’être et d’agir au monde) au profit d’une hétérogénéité ethnique et d’une uniformité culturelle inquiétantes. Or « une société qui n’a plus conscience de défendre un bien commun qui lui est particulier, c’est-à-dire toute société qui renonce à son originalité, avertit Julien Freund, perd du même coup toute cohésion interne, se disperse lentement et se trouve condamnée à plus ou moins longue échéance à subir la loi extérieure » (21).

Redoutable machine de guerre contre l’esprit humain et le politique, l’anti-discrimination travaille l’opinion afin de lui inculquer une signification trompeuse. Les discriminations prennent sous son influence le sens de « traitements inégaux », de « préjugés inqualifiables (et désuets) ». Quant à la « discrimination positive », c’est-à-dire admettre une préférence envers des minorités reconnues aux dépens de la majorité et des autres minorités non qualifiées, car ignorées, elle apparaît surtout comme un favoritisme créateur à moyen terme de discordes internes, voire de guerre civile. Par ailleurs, les mesures de « préférence étrangère » posent les jalons de la ségrégation.

S’opposer à la ségrégation, stade suprême de la pulvérisation sociale

Par ségrégation, on désigne premièrement l’action de séparer quelqu’un ou quelque chose d’un ensemble, puis secondement la nette séparation entre groupes ethniques coexistant sur le même territoire. Ce terme connaît actuellement une éclipse relative dans le vocabulaire courant. Il subsiste volontiers quand on évoque la situation du Sud des États-Unis jusqu’aux années 1960 ou l’apartheid (qui se concevait à l’origine comme un développement ethnique séparé) en Afrique du Sud. En réalité, il y a ségrégation quand le primat égalitaire innerve la société et que la majorité pulvérisée, fragmentée, segmentée, égalisée, inquiète pour l’avenir de sa suprématie, réagit par une systématisation radicale de l’exclusion. Les sociétés traditionnelles ne nient pas les inégalités, elles les assument plutôt pleinement. Louis Dumont et Alain Daniélou (22) ont démontré l’inexistence de ségrégations dans le système hindou des castes.

Au contraire, la ségrégation, qui accroît l’anomie de nos sociétés, provient de l’indifférenciation généralisée des conditions d’existence et de l’oubli systématique des frontières. Les relever signifierait du même coup reconstituer un pluralisme authentique, car, si elles séparent, les frontières aussi unissent. Ce sont des interfaces, des lieux d’échanges (pacifiques ou non), entre différents mondes sociaux et culturels. Julien Freund estime que « la frontière est un chiffre de l’existence sociale de l’homme en tant qu’il est citoyen : elle sépare les hommes et en même temps elle est agent de cohésion des groupes et formatrice des communautés, celles-ci restant toujours particulières » (23). C’est « en affirmant la légitimité de certaines discriminations et la vertu des inégalités, de l’originalité et de l’expérimentation sociale, [que la frontière] exprime à sa manière le destin de l’homme par le refus du conformisme social auquel le public est sans cesse tenté de succomber » (24).

La frontière permet au Même de dialoguer avec l’Autre alors que la ségrégation nie, refuse, oublie, occulte, détruit l’altérité, la différence. Sans frontières, l’Autre cesse d’être ce qu’il est pour devenir quelconque ou rien. Les frontières ne nuisent jamais à la diversité humaine, bien au contraire ! Dans ce monde toujours plus terne, le recours aux frontières s’impose indubitablement au nom de l’écologie des cultures et de la variété immarcescible des peuples encore vivants.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Cf. Flora Montcorbier, Le communisme de marché, L’Âge d’Homme, coll. « Mobiles géopolitiques », 2000.

2 : Julien Freund, L’essence du politique, Dalloz, 2004, pp. 38 - 39.

3 : Julien Freund, op. cit., p. 42.

4 : Il est compréhensible de craindre que l’application de la décroissance entraîne une perte de puissance pour les États qui l’adopteraient (sauf si une instance mondiale l’impose à tous). Les faits semblent démontrer le contraire. Il existe actuellement un État au monde qui pratique une certaine décroissance économique sans que cela n’obère d’ailleurs sa puissance relative puisqu’il a contraint les États-Unis à céder : c’est la Corée du Nord. Mais à quel prix pour sa population civile…

5 : Janpier Dutrieux, « Nomadisme et enracinement : les nouveaux enjeux économiques, commerciaux et financiers », in sous la direction de Benjamin Guillemaind, La mondialisation est-elle une fatalité ?, Via Romana, 2006, p. 51.

6 : Janpier Dutrieux, art. cit., p. 49.

7 : Idem, pp. 51 - 52. Il importe aussi de relocaliser les économies et d’exhorter les pays émergents, présents et futurs, à cesser d’imiter le modèle occidental. Il revient donc à l’Europe de montrer une fois de plus une nouvelle orientation, la voie de la désoccidentalisation.

8 : Idem, p. 52.

9 : Sur Louis Dumont, cf. Homo hierarchicus. Le système des castes et ses implications, Gallimard, 1970 ; Homo æqualis I. Genèse et épanouissement de l’idéologie économique, Gallimard, 1977 ; Homo æqualis II. L’idéologie allemande. France - Allemagne et retour, Gallimard, 1991 ; Essais sur l’individualisme. Une perspective anthropologique sur l’idéologie moderne, Le Seuil, 1983.

10 : Philippe Ariès, « Le racisme dans notre société industrielle », in Le Présent quotidien 1955 - 1966, Le Seuil, 1997, p. 262.

11 : Pour comprendre ce concept de « pulvérisation », cf. Éric Werner, Vous avez dit guerre civile ?, Éditions Thael, 1990.

12 : Le démembrement du cadre communautaire de l’être humain par la Modernité « relève d’une volonté de puissance déréglée fondée sur une boursouflure de l’ego. Qu’est-ce que cet ego ? Ce “ moi ” n’a rien à voir avec le cerveau rationnel ; il exprime les instincts du cerveau reptilien associés au cerveau limbique.

La maladie dont souffre l’Amérique et l’Occident est de type métaphysique (et anthropologique) : dans la société “ moderne ” où ne compte que ce qui est fonctionnel au service des instincts animaux, le “ moi ” est divinisé. Dans le cadre collectif, cette divinisation du “ moi ” se traduit par un égalitarisme haineux fondé sur le désir de vengeance. Dans une pareille situation, le système politique lui-même ne peut plus fonctionner normalement », écrit judicieusement Yvan Blot, « Vers un “ fascisme ” gay ? », Polémia, www.polemia.com, 9 décembre 2008.

13 : Dans la trilogie du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien, Eowyn, nièce du roi du Rohan, incarne superbement l’archétype de la féminité européenne et on ne peut la comparer à Schéhérazade des Mille et une nuits.

14 : Julien Freund, op. cit., p. 39.

15 : Idem, p. 39, souligné par nous.

16 : Idem, p. 38.

17 : L’idéologie anti-discriminatoire sombre dans des querelles inextricables. Pour preuve, le 4 novembre 2008, les Californiens approuvent par référendum la proposition 8 qui interdit le « mariage » homosexuel. Les études post-électorales montrent que 70 % des Afro-Américains ont voté en faveur de cette interdiction. En critiquant ce vote populaire, les gays ne versent-ils pas dans la négrophobie tandis que les Noirs donneraient dans l’homophobie ?

18 : Julien Freund, op. cit., p. 38.

19 : Idem, p. 367.

20 : Idem, p. 39.

21 : Idem, p. 39.

22 : Sur Alain Daniélou, cf. Shiva et Dionysos. La religion de la Nature et de l’Éros. De la préhistoire à l’avenir, Éditions Arthème Fayard, 1979 ; Les quatre sens de la Vie. Et la structure sociale de l’Inde traditionnelle, Le Rocher, 1992 ; Le Destin du Monde d’après la tradition shivaïte, Albin-Michel, 1992 ; La Civilisation des différences, Éditions Kailash, coll. « Les Cahiers du Mleccha, volume II », 2003. On lira aussi avec profit d’Alain Daniélou « Le système des castes et le racisme », pp. 37 - 62, in sous la direction de Julien Freund et d’André Béjin, Racismes Antiracismes, Méridiens Klincksieck, 1986, ainsi que dans le même recueil l’excellente contribution de Michel Maffesoli, « Le polyculturalisme. Petite apologie de la confusion », pp. 91 - 117.

23 : Julien Freund, op. cit., p. 39.

24 : Idem, p. 313.

 

dimanche, 11 janvier 2009

Falend leiderschap

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Falend leiderschap

 

Geplaatst door yvespernet op 4 januari 2009

Het Israëlisch offensief in de Gazastrook gaat in alle hevigheid verder. Zonder veel om te kijken naar de burgerbevolking, zoals men kan zien in de beelden die uit de Gazastrook komen van gewonde en dode kinderen, rukt het Israëlische leger (IDF) op. Niet alleen Israël kijkt echter amper om naar de burgers, ook het leiderschap van HAMAS faalt compleet. Zij roepen wel op tot verzet, maar kijken amper tot niet om naar hun eigen burgerbevolking. Die bevolking heeft immers van het HAMASleiderschap geen instructies gekregen voor schuilplaatsen, medische hulp, etc… HAMAS mag dan wel een strijdersbeweging zijn, die zelf redelijk goed georganiseerd de strijd aanbindt met het IDF, ze falen blijkbaar compleet in het politiek leiderschap.

Burgerdoden worden door het IDF afgedaan als terroristen. De “doden bij een extremistische HAMAS-ceremonie” bleken agenten te zijn die een ceremonie bijwoonden waarbij nieuwe agenten de eed aflegden. En zo zullen er nog wel dozijnen meer volgen. Ook is de stelling dat deze oorlog is begonnen vanwege HAMAS-raketten regelrecht onzin. Deze oorlog is reeds gepland sinds de mislukte inval in Libanon in 2006 en de echte concrete tacktische plannen liggen reeds zes maanden op tafel. Verder hebben beelden al aangetoond dat Israël duidelijk clusterbommen inzet in dichtbevolkte gebieden. Ook het gebruik van artillerie in dichtbevolkte gebieden is allesbehalve “burgervriendelijk”.

Voor Israël heeft deze oorlog meerdere doelen in mijn ogen; het scheppen van een bufferzone zodat de raketten niet langer in Israël landen, het vernietigen van de politieke HAMASelite (en ze liefst vervangen door een Israëlgezinde), het herwinnen van het vertrouwen in het leger en het winnen van de verkiezingen. Of hoe plat electoraal gewin uiteindelijk mee aan de basis ligt van de vele doden die momenteel vallen.

Palestina bloedt omdat extremisten van beide kanten enkel aan korte termijn-doelen denken…

 

samedi, 10 janvier 2009

Regard éclairé d'un Américain sur l'Iran

REGARD ECLAIRE D’UN AMERICAIN SUR L’IRAN


Ahmadinejad « L'important, c'est le pétrole. Nous autres, Américains, sommes beaucoup plus dépendants d'un pétrole bon marché que les Français. Or l'Iran pourrait très bien prendre le contrôle du golfe Persique en fermant le détroit d'Ormuz, et détruire en quelques minutes (grâce à ses batteries de missiles) les installations pétrolières saoudiennes. Il priverait donc très facilement le marché mondial de 17 milliards de barils. Il ne le fera pas, mais cette menace constitue une force de dissuasion qui empêche les Etats-Unis d'envahir ou d'attaquer le pays. De plus, 90% des habitants du Golfe sont chiites, et pour l'heure sont sensibles à l'influence de l'Iran.


Soyons lucides : les Arabes, qu'il s'agisse des Palestiniens, des Egyptiens ou des Jordaniens, ont mené contre Israël un combat complètement inefficace. Seul le Hezbollah chiite, soutenu par l'Iran, a pu faire reculer les Israéliens. Les Arabes sont donc forcés de se tourner vers l'Iran, qui devient ainsi un empire par procuration, et qui excelle dans ce rôle. Le peuple iranien est intelligent, et sa civilisation est millénaire. Il est sans aucun doute beaucoup plus ouvert à la modernité que les Arabes. C'est un pays stratégiquement très patient qui calcule ses coups à long terme face à un ennemi américain incapable de planifier son action plus d'une semaine à l'avance. La situation pourrait se résumer ainsi : l'Iran est le pays le plus stable, le plus influent et le plus puissant du Moyen- Orient, et les Etats-Unis devront, ou bien le combattre pendant les trente années à venir, ou bien parvenir à un accord de coexistence. (...)


C'est un empire hybride, fondé à la fois sur un armement ultramoderne et sur une stratégie de guérilla et de guerre asymétrique. (...) L'Iran est parvenu à convaincre les Arabes qu'il est le seul à combattre le colonialisme. Le secret de l'Iran, c'est d'accorder à ses alliés, Hezbollah compris, du pouvoir et du respect. Ses agents ont formé Hassan Nasrallah à ne pas recevoir d'ordres, mais à compter sur ses propres forces et à s'affirmer comme leader autonome. Et Nasrallah ne reviendra pas là-dessus. (...) Ce système de délégation de pouvoir ne se fonde ni sur l'argent ni sur la contrainte, mais sur une foi partagée. Tel est le message iranien : seul l'Iran est capable de mettre fin à la domination occidentale au Proche-Orient. L'Iran représente donc, ne serait-ce que par défaut, le seul espoir crédible. (...)


Les Américains font preuve d’un aveuglement délibéré, au même titre que celui qui a conduit à la crise des subprimes. Il relève d'un optimisme sans aucun fondement, qui a également présidé à l'invasion de l'Irak, que même le New-York Times soutenait. Cet aveuglement est également le fruit d'une ignorance de toute la civilisation iranienne, qu'on réduit à la seule personne d'Ahmadinejad. A la sortie de mon livre aux Etats-Unis, on m'a pris pour un fou ! Mais je persiste à penser qu'il faut admettre de considérer l'Iran comme un interlocuteur valable, sous peine de devoir lui livrer une guerre de trente ans, ce que les Etats-Unis ne peuvent certainement pas se permettre. Il faudrait mobiliser un million d'hommes et dépenser jusqu'au dernier dollar. Et au nom de quoi, cette guerre ? De la démocratie ? Du sionisme ? Ce serait pure folie. Le golfe Persique s'embraserait, le prix du pétrole atteindrait les 400 dollars le baril, et l'économie américaine serait sous un nouveau choc. (...)


Malgré ses points faibles, l’Iran est un pays capable de mobiliser un million d'hommes : soldats de l'armée régulière (d'une remarquable efficacité), gardiens de la révolution, sans compter les milices chiites à l'extérieur qui lui permettent d'intervenir par procuration. Et beaucoup d'Iraniens, même les étudiants hostiles au régime, approuvent la politique étrangère de leur gouvernement. (...)


A Washington sévit un lobby politico-médiatique qui agite toujours le même discours. On ne fait que brandir la menace de la bombe iranienne, d'un nouvel Holocauste, avec Ahmadinejad comme épouvantail. (...) Je ne crois pas plus à la bombe iranienne que je n'ai cru aux armes de destruction massive de Saddam Hussein ! C'est toujours la même propagande. La guerre d'Irak a au moins eu le mérite de faire comprendre qu'il est impossible, ne serait-ce qu'économiquement, de créer un empire néocolonial. Elle a entraîné une diminution du pouvoir réel et du prestige des Etats-Unis dans le monde. A cet égard, la crise financière peut influer dans le bon sens la politique étrangère de mon pays. Car si les Etats-Unis vivent dans l'illusion de disposer d'un argent et d'un pouvoir illimités, cela conduit toujours à la catastrophe. »



Robert Baer, ex-agent de la CIA, auteur de "Iran : l’Irrésistible Ascension", interviewé par Le Nouvel Observateur, 18 décembre 2008

 

vendredi, 09 janvier 2009

Moscou s'inquiète de la situation à la frontière israélo-libanaise

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Moscou s’inquiète de la situation à la frontière israélo-libanaise

http://fr.altermedia.info

La Russie a exprimé sa préoccupation par l’aggravation des tensions à la frontière israélo-libanaise où des échanges de tirs ont retenti jeudi matin, sur fond d’hostilités dans la bande de Gaza.

“Nous préconisons le strict respect de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU qui, on le sait, appelle Israël et le Liban à maintenir le cessez-le-feu, à oeuvrer pour un règlement durable sur la base du respect global de la Ligne bleue et à prendre des mesures de sécurité pour empêcher la reprise des hostilités”, a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur son site Internet.

La diplomatie russe a appelé Israéliens et Libanais à “faire preuve de retenue et de responsabilité”.

“Il faut éviter toute provocation susceptible de détériorer la situation dans la région où tout est interdépendant, où les tensions se sont aggravées à l’extrême en raison de la confrontation israélo-palestinienne dans la bande de Gaza”, précise le communiqué.

Quatre roquettes de type Katioucha sont tombées jeudi matin à proximité de la ville israélienne de Nahariya, faisant deux blessés. Ce tir a été revendiqué par le groupe Front populaire de la libération de la Palestine-Commandement. L’armée israélienne a aussitôt répliqué par plusieurs salves d’artillerie en direction du Liban, et des avions survolent actuellement le Liban-Sud.

jeudi, 08 janvier 2009

Crise au Proche Orient: le début d'une troisième guerre mondiale?

Crise au Proche-Orient: le début d’une troisième guerre mondiale?

http://fr.altermedia.info

conflit

Par Dmitri Kossyrev,

C’est le procès du “lanceur de chaussures” Mountazer Al-Zaidi qui aurait pu devenir le principal événement du 31 décembre, le dernier jour de l’année 2008. Le 14 décembre, ce journaliste a lancé ses deux chaussures à la figure du président américain (qui était en train de donner une conférence de presse à Bagdad), en criant “C’est le baiser d’adieu du peuple irakien, espèce de chien!”.

 

Mais ce ne fut pas le cas. Un autre événement, qui, lui, n’a rien de comique, est venu éclipser l’incident des chaussures. A savoir une guerre, déclenchée dans une région voisine, et qui a déjà fait un grand nombre de victimes parmi la population civile.

Au premier abord, il s’agit d’un territoire très restreint au Proche-Orient. Certes, il y a des morts, mais cela arrive, malheureusement, beaucoup plus souvent qu’on ne le souhaite, n’est-ce pas? Mais peut-il arriver - théoriquement - qu’une troisième guerre mondiale éclate juste après les fêtes? Une opération punitive sera sans doute lancée prochainement dans la bande de Gaza, opération qui aura pour objectif de démanteler définitivement le “foyer terroriste” du Hamas. Or, son résultat sera douteux. Plusieurs attentats seront perpétrés par la suite sur le territoire israélien, auxquels il faudra aussi répondre.

Dans ce cas, la prochaine étape de l’évolution du conflit touchera le Liban et la Syrie, ces deux territoires arabes que Moscou essaie depuis de longues années d’inclure dans le processus de règlement du conflit au Proche-Orient. Israël pourrait attaquer ces pays également. Intérieurement, le monde arabe concède que le Hamas est composé de radicaux dangereux qui ont provoqué eux-mêmes ce conflit. Mais si Israël refuse de s’arrêter, le tableau changera.

Par exemple, le “facteur iranien” pourrait surgir comme par hasard, et notamment le fait que Téhéran, à ce qu’on prétend, finance aussi bien les membres du Hamas que leurs confrères libanais du Hezbollah, tout en aidant en outre la Syrie. Et si l’Iran ose faire un geste un tant soit peu menaçant…

Que pourra alors faire Israël? Bombarder quelques sites en Iran? Et si l’Iran décide alors de répondre à la provocation? L’Iran ne possède pas encore d’arme nucléaire, mais Israël en dispose et peut y recourir, si les choses tournent mal.

Il s’agit du pire scénario possible. Dans l’espoir de l’éviter, tout le monde, toutes sympathies confondues, appelle aujourd’hui les autorités israéliennes à arrêter la guerre et à revenir au point initial. Ainsi qu’à participer par la suite, l’année prochaine, à une Conférence sur le Proche-Orient à Moscou, pour évoquer finalement pour de bon la question de la paix. Mais déjà les positions seront beaucoup moins avantageuses pour Israël comme pour tous les autres.

Par exemple, Israël n’est pas du tout enclin à écouter ceux qui l’appellent à cesser les hostilités. Qui plus est, il se comporte de la même façon que le régime de Saakachvili en Géorgie, en essayant d’engager dans la guerre son principal protecteur, les Etats-Unis; ou bien de régler ses propres problèmes pendant la période de changement d’administration aux Etats-Unis. Mais les situations de ce genre sont toujours anormales: elles signifient que l’ancienne politique (en l’occurrence, celle des Etats-Unis) a été absolument erronée. Dans le même ordre d’idées, l’isolement du Hamas, qui jouit manifestement d’un large soutien de la population de la bande de Gaza, a été aussi une erreur. Tout ceci signifie également que les grandes puissances (ou la communauté internationale) seront désormais obligées d’exercer une pression sur Israël pour l’inciter à ne plus bombarder les quartiers résidentiels de la bande de Gaza, sur le Hamas pour qu’il mette fin aux attentats, sur l’Iran pour qu’il cesse de terroriser le monde avec son programme nucléaire, etc. Mais qui est aujourd’hui à même de mener un dialogue avec Israël, l’Iran et le Hamas en adoptant une position ferme?

Source: Novosti

Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline par J. Morand

Trouvé sur: http://ettuttiquanti.blogspot.com/

Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline par J. Morand

Extrait de Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline de Jacqueline Morand, 1972 :

Le paradoxe. Céline engagé volontaire des deux guerres
.

« Ce pacifiste forcené, qui dénonçait si violemment la guerre, la déliant d'un mépris gigantesque, qui allait jusqu'à faire l'apologie de la lâcheté et de la roublardise dans son premier roman et se déclarait en 1938 « objecteur de conscience 700 pour 100 » fut un volontaire des deux guerres, médaillé militaire en 1914, cité à l’Ordre de l'armée, mutilé 75 %. Là réside le paradoxe, la réelle contradiction entre l'œuvre de Céline et sa vie. Un patriotisme d'Epinal ne cessa jamais au fond de l'habiter. Cette première guerre mondiale qu'il jugeait monstrueuse, absurde, et haïssable, il était fier de l'avoir faite avec bravoure, fier des blessures reçues au service de son pays, versant dans ces « sentiments » dont il disait devoir se méfier.

Les dernières pages de Mort à crédit présentent l'engagement à l’armée du jeune L.F. Destouches comme la révolte d'un adolescent qui pense échapper ainsi à l'emprise devenue pesante de sa famille. De fait Céline s'engagea volontairement en 1912 pour une durée de 3 ans. Il put choisir sa garnison, Rambouillet, 12è régiment de cuirassiers. Il avait 18 ans. Maréchal des logis sur le front des Flandres, il fut en novembre 1914 volontaire pour une mission dangereuse à Poekapelle en Flandre occidentale dont il se tira avec bravoure. Grièvement blessé au bras et à la tête, considéré comme invalide à 75%, il fut cité à l’ordre du jour de l’armée et reçut la Médaille militaire. Cet acte héroïque lui valut d’être représenté en couverture de L’Illustré national (10). La gravure montre le jeune Destouches galopant à cheval sous le feu nourri de l’ennemi. La légende inscrite au bas de la gravure explique :

« Le maréchal des logis Destouches, du 12è régiment de cui¬rassiers, a reçu la médaille militaire pour s'être offert spontané¬ment (alors qu'il était en liaison entre un régiment d'infanterie et sa brigade) pour porter, sous un feu violent, un ordre que les agents de liaison d'infanterie hésitaient à transmettre. Après avoir porté cet ordre, il fut malheureusement grièvement blessé au retour de sa mission. »

Ces blessures expliquent qu'il fût affecté, début 1915, à Londres, comme attaché au bureau des passeports, ce qui lui occasionna des rencontres étranges, celle de Mata-Hari entre autres. Il fut, en 1916, envoyé au Cameroun, réformé temporairement et retourna à Londres, versé dans les services de l'Armement. Il obtint en 1917 son deuxième baccalauréat à Bordeaux, fit des tournées de conférences en Bretagne pour la Fondation Rockfeller, en vue de la propagande anti-tuberculeuse, et commença en 1918 ses études de médecine à Rennes. En 1939, Céline, âgé de 45 ans, reprend volontairement du service dans l'armée. Il devient médecin de la marine de guerre (3è classe) et embarque à bord du Shella, un paquebot de la compagnie « Paquet ». Lors d'un trajet Casablanca-Marseille, le bateau est touché par une torpille allemande au large de Gibraltar ; il entre ensuite en collision avec un patrouilleur anglais, le Kingston Cornelian et les deux navires font naufrage. Renfloué, le Shella est coulé par les Allemands en regagnant Marseille.

Où irai-je ? s'interroge Céline dans une lettre envoyée de Gibraltar le 9 jan¬vier 1940 à un de ses amis.

Ah ! le destin se montre féroce en ces jours courants. J'espère que vu ma vaillance et ma discipline, on me découvrira une nouvelle planque où je finirai bien par gagner la timbale des bonnes vies bien mouvementées.

Et de poursuivre avec amertume :
De toi à moi, jamais je ne me suis tant ennuyé. La belle époque tu vois c'était le XVIIIè. On y faisait facilement une vie par semaine. De nos jours dits rapides, on guerroye en limace.

A son retour en France, Céline remplace le médecin mobilisé du dispensaire de Sartrouville. Il accompagne sur les routes de l'exode jusqu'à La Rochelle une ambulance d'enfants qu'il ramènera à Sartrouville en octobre (11). Durant l'occupation, il vit à Paris, rue Girardon et travaille au dispensaire de Bezons. Il quittera Paris pour l'Allemagne, en juillet 1944.

Il y a donc désaccord entre les idées pacifistes de Céline qui logiquement aurait dû le conduire à l'objection de conscience et les réflexes qui le poussèrent à s'engager volontairement une fois la guerre déclarée. Cette contradiction correspond chez lui à l'oppo¬sition entre un antimilitarisme ardent et un patriotisme à la Déroulède, et dans cet affrontement entre l'antimilitarisme qui chez lui tient plutôt de l'idée, et le patriotisme qui relève surtout du sentiment, c'est ce dernier qui l'emporta. Il est à noter aussi que les deux guerres l'ont très différemment marqué : la guerre de 1914 l'a poussé ainsi qu'un grand nombre d'intellectuels de sa génération à un pacifisme véhément. La guerre de 1940 l'a laissé plus indifférent, détachement que procure l'âge, lassitude que crée l'habitude. Le pacifisme de Céline reste étroitement lié à la guerre de 1914, aux corps à corps des poilus, et aux champs couverts de jeunes cadavres en uniformes bleu horizon.

Mais le refus forcené du romancier du Voyage atteint à l'intemporalité et à l'universalité. Il semble inspirer le pacifisme intransigeant de certains mouvements de jeunes des années 1970, en réplique à l'optimisme quelque peu pervers de « la paix par la terreur » ? Au-delà de la soif de fraternité entre les hommes, au-delà des bons sentiments, face à la menace atomique et à la banalisation de la guerre, l'impulsion angoissée de Bardamu s'arroge le droit d'envahir nos sociétés contemporaines. »

Notes
10. Voir, L'Illustré national, Histoire anecdotique de la guerre européenne, novembre 1914.
11. Durant quinze jours, Céline sera médecin à l'hôpital de La Rochelle. On lui proposa alors d'embarquer à bord d'un bateau en par¬tance pour l'Angleterre. Il refusa, ne voulant pas abandonner son ambulance.


A lire:
>>> Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline par J. Morand (1)
>>> Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline par J. Morand (2)
>>> Les idées politiques de Louis-Ferdinand Céline par J. Morand (3)

lundi, 05 janvier 2009

Le Front Populaire contre les étrangers

Le Front Populaire contre les étrangers

Le Front Populaire contre les étrangers
"Les élections législatives des 26 avril et 3 mai 1936 voient la victoire du Front populaire. 378 sièges pour la gauche contre 222 pour la droite. Pour la première fois de son histoire, le parti socialiste, avec 149 sièges et 27 apparentés, est le plus important de l'Assemblée. Plus de soixante-dix ans plus tard, la gauche française revendique encore l'héritage de cette victoire. Les images d'Épinal ne manquent pas pour décrire cette période qui s'acheva le 18 avril 1938 avec la démission de Léon Blum. La gauche n'a pas oublié ces années de lutte : les congés payés ; la semaine de quarante heures ; la création de délégués du personnel dans les entreprises de plus de dix salariés ; les nationalisations.

Et la politique des socialistes à l'égard des étrangers ? La gauche l'a inconsciemment effacée de sa mémoire car elle ne correspond pas à sa mythologie. Et pour cause. Si elle se souvenait, elle croirait que les élections de 1936 ont vu l'accession au pouvoir d'une droite réactionnaire et xénophobe. Elle en viendrait à renier Roger Salengro, ministre de l'Intérieur du Front populaire, érigé en héros après qu'il se soit suicidé à la suite d'une campagne de presse attribuée à l'hebdomadaire d'extrême droite Gringoire. Le 2 octobre 1936, Salengro répond à une question posée par un député de la Moselle sur les expulsions récentes d'ouvriers étrangers de Lorraine. Sa réponse ferait aujourd'hui scandale : « Les décisions prises à l'égard des étrangers expulsés à la suite des incidents de Moyeuvre-Grande ont toutes étaient motivées par des raisons graves : l'attitude particulièrement violente des intéressés qui, parfois, ont manqué de la correction la plus élémentaire à l'égard des autorités locales, justifie pleinement de telles mesures. Si le gouvernement entend rester fidèle à tous les principes humanitaires et faire tout spécialement honneur aux traditions d'hospitalité, il ne saurait tolérer que les étrangers abusent de l'asile qui leur est offert en intervenant dans les conflits politiques et sociaux. » Une expulsion pour un manquement aux règles de la correction. Le refus de voir les étrangers s'immiscer dans la vie politique et sociale de la France. Délires de Jean-Marie Le Pen ? Non, simplement la position d'une des figures légendaires du Front populaire.

Roger Salengro ne s'arrête pas en si bon chemin. Le 14 août 1936, il adresse aux préfets une circulaire appelant à la plus grande fermeté face aux réfugiés allemands. Le ton est donné. L'heure n'est pas au laxisme : « Il importe de ne plus laisser, désormais, pénétrer en France, aucun émigré allemand et de procéder au refoulement de tout étranger, sujet allemand ou venant d'Allemagne, qui, entré postérieurement au 5 août 1936, ne serait pas muni des pièces nécessaires (passeport régulièrement visé ou autorisation spéciale), ou chercherait à se maintenir au-delà du délai fixé par son visa consulaire... Ces mesures de bienveillance et d'attente ne devront pas jouer, bien entendu, à l'égard de ceux qui vous paraîtraient, par leur attitude, leur conduite ou la gravité des faits ayant motivée la sanction intervenue, mettre manifestement en péril l'ordre public et la sécurité nationale. » Nous étions en 1936. Hitler était au pouvoir. Les persécutions à l'égard des juifs et des communistes avaient commencé. Les socialistes français le savaient. Roger Salengro ne pouvait l'ignorer. Pourtant, il refuse l'accueil des étrangers fuyant le régime nazi. Quant à ceux qui mettraient en danger l'ordre public et la sécurité nationale, ils ne méritent qu'une sanction : l'expulsion. Que pouvait suggérer le ministre socialiste par de tels comportements ? Peut-être une manifestation discrète contre le gouvernement allemand ? Sans doute une protestation contre un régime manifestement totalitaire. Rien de très organisé. Rien de particulièrement violent. Et, en tout état de cause, la mise en danger de l'ordre public ne pouvait résulter que de quelques individus isolés. Nous étions loin de Villiers-le-Bel. Loin des policiers agressés. Loin des écoles, des voitures et des bibliothèques incendiées. À mille lieux des insurrections urbaines qui agitent la France depuis plusieurs années. Pourtant, la gauche française, avec le soutien de la droite, n'hésitait pas à employer les grands moyens face à des étrangers qu'elle estimait, à tort ou à raison, dangereux pour l'ordre public. Personne, à l'époque, n'aurait osé crier à l'extrémisme ou au fascisme.

Le Front populaire ne s'arrête pas à ces interventions et circulaires de Roger Salengro. Le 11 décembre 1936, le gouvernement prend dix décrets de protection de la main-d'œuvre nationale, en application de la loi du 10 août 1932. Dans dix secteurs d'activité, chaque décret fixe la proportion maxima de travailleurs de nationalité étrangère. C'est ainsi que, dans les laiteries et fromageries du Cher, le maximum est fixé à 10% dès l'application du décret et à 5% six mois après. En Meurthe et Moselle, ce sont les fabriques de produits céramiques, de chaux, plâtre et ciment, de faïence et porcelaine qui sont tenues de limiter l'emploi de main-d'oeuvre étrangère. Dans le département du Pas-de-Calais, terre ouvrière par excellence, les tuileries et briqueteries sont tenues de ne pas employer trop d'étrangers. C'est également le cas des fabriques de bouchons et objets en liège des Bouches-du-Rhône. N'échappent pas non plus aux quotas les chantiers de construction et de réfection des voies ferrées d'une multitude de départements comme l'Ardèche, l'Aube ou la Lozère. Autrement dit, pour la gauche des années 1930, défense des travailleurs rime avec préférence nationale. D'ailleurs, cette politique porte ses fruits puisque, de 1931 à 1936, la population étrangère en France serait passée de 2,9 millions à 2,5 millions. La gauche ne voit pas de contradiction entre cette politique et les valeurs républicaines qui inspirent son action. Tout juste un décalage entre les contraintes du réel et son idéal internationaliste ?

Si les étrangers doivent s'éclipser au profit des Français en matière de travail, on les oblige aussi à se tenir tranquilles. Il n'est pas question qu'ils participent à la moindre agitation politique. Le 26 janvier 1937, un décret dissout le mouvement de l'indépendantiste algérien Messali Hadj, l'Étoile Nord-Africaine, dont le siège se trouve rue Daguerre à Paris14. Cette politique, qui soulèverait aujourd'hui l'indignation de la gauche française et de l'ensemble des associations anti-racistes, indispose-t-elle le parti communiste de l'époque ? En aucune manière. Celui-ci en rajoute même dans la propagande nationaliste. Avant même l'avènement du Front populaire, Jacques Duclos signait un article en première page de L'Humanité au titre éloquent : « La France au Français ». Deux ans plus tard, le parti n'a pas varié. Le 28 septembre 1937, Maurice Thorez, son secrétaire général, s'exclame lors d'un meeting au Vélodrome d'hiver : « Asile sacré aux travailleurs immigrés chassés de leur pays par le fascisme, mais répression impitoyable contre les agents étrangers de l'espionnage et du terrorisme fasciste et contre leurs complices français. Nulle xénophobie ne nous anime quand nous crions « La France aux Français ». Pourrait-on imaginer aujourd'hui Marie-Georges Buffet reprendre à son compte un slogan pourtant moins agressif : « Les Français d'abord » ?"

Source : Thierry Bouclier, La République amnésique, Perrin, 2008.

Entrevue avec Domenico Fisichella sur la notion de totalitarisme

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1987

Entrevue avec Domenico Fisichella sur la notion de totalitarisme

par Giovanni SEMPLICE

Il a cinquante-deux ans et les porte bien. C'est un savant qui jouit d'un prestige international et ses travaux sont publiés à Oxford, à l'Université de Californie, à la Sorbonne, au Centre d'Etudes constitutionnelles de Madrid. Son nom: Domenico Fisichella, professeur ordinaire de Science de la Politique auprès de la Faculté des Sciences Politiques de l'Université "La Sapienza" à Rome. Il enseigne aussi à l'Université Libre Internationale des Etudes Sociales (LUISS). Pour le grand public, il est connu comme étant l'éditorialiste du quotidien  La Nazione de Florence, auquel il a collaboré d'avril 1971 à mars 1977, et comme chroniqueur à Il Tempo de Rome.

Son livre le plus récent, Totalitarismo. Un regime del nostro tempo (La Nuova Italia Scientifica, Ro-me, 1987) constitue une vaste recherche, toute emprein-te de lucidité. L'analyse théorique y est enrichie d'une énorme érudition historique et l'auteur réussit un tour de force: préciser avec minutie un concept central pour la compréhension de l'un des phéno-mè-nes politiques protestataires des plus inquiétants qu'ait jamais connu l'histoire.

C'est de cet ouvrage fondamental que nous nous sommes entretenu avec Domenico Fisichella dans le bureau de sa belle maison de Parioli.

Ma première question concerne directement la loca-li-sation historique du phénomène to-ta-litaire. Pourquoi celui-ci s'inscrit-il dans notre temps? Qu'est-ce qui le distingue des autres formes autocratiques que l'hu-manité a connues jusqu'ici?

Ma réponse renvoie aux caractères propres du XXème siècle. Nous avons une société massifiée, mar-quée par la disparition des distinctions de classe traditionnelles, nous constatons l'émergence de ni-veaux significatifs dans le développement technolo-gique, nous observons des crises de légitimité dans de nombreux pays ainsi que des soubresauts dus à la transformation radicale soit des processus politiques soit des processus socio-économiques ou socio-culturels: sur un tel terrain peut s'alimenter le grand et terrible projet des mouvements totalitaires, qui est de créer l'homme nouveau et l'ordre nouveau. Ces fac-teurs, combinés les uns aux autres, ne se sont jamais rencontrés conjointement dans aucune réalité anté-rieure. Le totalitarisme est donc bien fils de notre temps parce qu'il exprime, dans ses formes et dans son contenu, lesquels sont dramatiquement exas-pérés, distordus, désordonnés et dépourvus de toute espèce de discrimination, l'anxiété des hommes face à l'innovation et à la transformation du monde dans lequel nous vivons.

Placé sous cet angle, quelle est la différence entre un régime totalitaire et un régime autoritaire?

Les différences sont multiples. Je me limiterai à en si-gnaler deux. Pour commencer, tous les régimes totalitaires sont à parti unique, tandis que nous con-nais-sons des régimes autoritaires sans partis, à un seul parti ou à plusieurs partis (dans ce dernier cas, toutefois, dans un contexte non compétitif). Ceci dit, tandis que dans les régimes autoritaires monoparti-tes, l'Etat demeure ou tend à demeurer dans une po-si-tion supérieure et primordiale par rapport au parti, comme dans le cas de l'Espagne franquiste voire dans celui de l'Italie fasciste; dans les régimes tota-li-taires, au contraire, le parti prévaut par rapport à l'E-tat et évide ce dernier de sa signification générale pour s'en appro-prier au nom de l'idée que représente le parti et celui-ci devient ainsi le noyau où germe la société nouvelle: ce processus vaut pour les cas du bolchévisme soviétique, du communisme chinois, du national-socialisme allemand. Et nous pouvons pas-ser à la seconde différence. C'est, en gros, celle du rapport entre régime et société, entre régime et culture. L'autoritarisme montre une compatibilité avec les divers niveaux significatifs du pluralisme so-cial (dans la double dimension économique et culturelle) et les respecte en règle générale. Mais il nie le pluralisme politique. Le totalitarisme, en re-van-che, est intimement anti-pluraliste à tous les ni-veaux et se doit, en conséquence, de détruire toutes les articulations et toutes les autonomies de la vieille société afin de bâtir l'ordre nouveau.

Quand on prend acte de ce schéma, quelle plausibilité acquiert la thèse qui décrit le national-socialisme comme un mouvement et un système de pouvoir bourgeois, comme le produit et la "longue main" des intérêts du capitalisme et de ses exigences en matières de marché et d'hégémonie civile?

A mon avis, de telles interprétations sont désormais am-plement réfutées, vu que nous connaissons l'is-sue tragique du nazisme. Le parti nazi, loin d'être une projection de la bourgeoisie, de ses valeurs et de ses intérêts, en est profondément éloigné. Tout com-me sont très distinctes l'orientation globale du con-servatisme et l'orientation globale du national-socia-lisme. Sans aucun doute, dans la phase d'érosion de la République de Weimar, quand les nazis partirent à la conquête du pouvoir, il y a eu de nombreuses col-lu-sions entre les milieux conservateurs et les mi-lieux nazis, toutes dues, il faut le dire, à une mé-com-pré-hension de la nature véritable du mouvement hitlé-rien. Toutefois, tandis que la polémique conserva-trice dirigée contre la République de Weimar et son système démocratique tendait plutôt à instaurer un ré-gime autoritaire "qualitatif", l'action des natio-naux-socialistes s'efforçait de construire un régime to-talitaire "quantitatif", basé sur les masses. Il est vrai que parfois le capitalisme bourgeois peut, pour as-surer la sauvegarde de ses intérêts économiques, recourir à un instrument politique de type autoritaire, mais penser que ce capitalisme puisse aspirer à un régime totalitaire est une contradiction dans les ter-mes, surtout parce que le totalitarisme, précisément, vise à établir une économie non économique, c'est-à-dire une économie totalement subordonnée à la po-litique, alors que le bourgeoisisme se montre jaloux de préserver sa conquête: l'autonomie de la dimen-sion éco-no-mique.

Le thème central des deux cents solides pa-ges de  Totalitarismo. Un regime del nostro tempo met en exergue un trait distinctif du type politique totalitaire: la révolution permanente. Le totalitarisme est, en deux mots, un régime de révolution, d'une révolution qui ne s'arrête pas. Comment alors ce régime de révolution est-il compatible, lui qui postule une fracture dans le flux de l'his-toire, avec l'idée de permanence, qui sous-tend toujours, de quelque mode que ce soit, le principe de continuité?

Votre observation est subtile. L'apparente con-tradic-tion s'estompe si nous parvenons à percevoir la ré-vo-lution comme un processus et l'histoire comme une succession de déstabilisations induites, et ce, dans une optique de mouvement, de lutte continue. L'idée de "lutte continue", en fait, est proprement to-talitaire. Dès que le pouvoir est conquis, le mouve-ment poursuit la révolution, en l'appliquant cette fois du haut et en déstabilisant la société par une succes-sion d'"ondes" subversives. Cela peut paraître paradoxal, mais le désordre est le trait le plus spécifique du totalitarisme, qui "attend" l'avènement d'un or-dre nouveau qui n'arrive jamais.

(Interview extrait de la revue  Intervento n°82-83, août-octobre 1987; traduction franç.: R. Steuckers; adresse: Intervento, c/o Gruppo Editoriale Ciarra-pi-co, Piazza Monte Grappa 4, I-00195 Roma; abon-nement pour 6 numéros: 40.000 Lire).

 

 

 

dimanche, 04 janvier 2009

Zum 120. Geburtstag von Carl Schmitt / Der "Partisan" - wieder aktuell

 

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Zum 120. Geburtstag von Carl Schmitt / Der »Partisan« – wieder aktuell

Vor 120 Jahren wurde am 11. Juli 1888 im westfälischen Plettenberg der deutsche Staatsrechtstheoretiker und politische Philosoph Carl Schmitt als Sohn eines Kaufmanns geboren. Grund genug, sich seiner wieder einmal zu erinnern.

Nach seinem Studium der Staats- und Rechtswissenschaften in Berlin, München und Straßburg promovierte der junge Schmitt 1915 an der Universität Straßburg. Eine Berufung an die Universität Greifswald erfolgte 1921, er veröffentlichte die Abhandlung »Die Diktatur«, in der er die staatsrechtlichen Grundlagen der Weimarer Republik untersuchte.

Schmitt wurde 1922 Professor an der Universität Bonn. In seiner Schrift »Politische Theologie« arbeitete er seine Staatstheorie, von seinem katholischen Glauben ausgehend, weiter aus. 1923 schrieb er die Analyse: »Die geistesgeschichtliche Lage des heutigen Parlamentarismus«. 1926 wurde er Professor der Rechte an der Handelshochschule in Berlin.

1932 kam es dann zur Berufung an die Universität Köln, und Schmitt schrieb sein grundlegendes Werk: »Der Begriff des Politischen«. Diese Staatsrechtslehre beschäftigte sich überwiegend mit der Unterscheidung von Freund und Feind.

Im Dritten Reich nicht straffällig geworden

Am 1. Mai 1933 dann ein folgenschwerer Schritt: der Eintritt in die Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei (NSDAP). Im gleichen Jahr folgte die Ernennung zum preußischen Staatsrat durch Hermann Göring und im November 1933 zum Präsidenten der »Vereinigung nationalsozialistischer Juristen«. Zwischen 1933 und 1945 war Schmitt Professor der Rechte an der Universität zu Berlin.

Im Juni 1934 wurde er zum Hauptschriftleiter der Deutschen Juristen-Zeitung ernannt. Zwei Jahre später, im Oktober 1936, führte er den Vorsitz auf einem in Berlin stattfindenden Kongreß akademischer Rechtslehrer. Von 1937 an zog sich Schmitt zunehmend aus seiner herausgehobenen Stellung als führender nationalsozialistischer Rechtsgelehrter in die innere Emigration zurück.

1945 wurde Schmitt seines Lehramts enthoben und zeitweise verhaftet, zu einer Anklage kam es jedoch nicht, weil eine Straftat im juristischen Sinne nicht festgestellt werden konnte. Ab 1950 widmete sich Schmitt nunmehr völkerrechtlichen Studien und veröffentlichte seine Memoiren. Schmitt starb am 7. April 1985 in seiner Geburtsstadt Plettenberg.

Wegen seiner klaren »Feind«bestimmung in der Politik kommt man auch heute nicht um Carl Schmitt herum. Für Carl Schmitt ist ein grundlegendes Kennzeichen des Politischen die Fähigkeit zur Unterscheidung zwischen Freund und Feind. Außerdem macht er in seiner Schrift über den »Begriff des Politischen« deutlich, welche Art von Politik heute wichtig erscheint: »Sind innerhalb eines Staates organisierte Parteien imstande, ihren Angehörigen mehr Schutz zu gewähren als der Staat, so wird der Staat bestenfalls ein Annex dieser Parteien, und der einzelne Staatsbürger weiß, wem er zu gehorchen hat. Das kann eine ›pluralistische Staatstheorie‹ rechtfertigen … In außenpolitischen und zwischenstaatlichen Beziehungen tritt die elementare Richtigkeit dieses Schutz-Gehorsam-Axioms noch deutlicher zutage: das völkerrechtliche Protektorat, der hegemonische Staatenbund oder Bundesstaat, Schutz- und Garantieverträge mannigfacher Art finden darin ihre einfachste Formel.

Es wäre tölpelhaft zu glauben, ein wehrloses Volk habe nur noch Freunde, und eine krapulose Berechnung, der Feind könnte vielleicht durch Widerstandslosigkeit gerührt werden. Daß die Menschen durch einen Verzicht auf jede ästhetische oder wirtschaftliche Produktivität die Welt z.B. in einen Zustand reiner Moralität überführen könnten, wird niemand für möglich halten, aber noch viel weniger könnte ein Volk durch den Verzicht auf jede politische Entscheidung einen rein moralischen oder rein ökonomischen Zustand der Menschheit herbeiführen. Dadurch, daß ein Volk nicht mehr die Kraft oder den Willen hat, sich in der Sphäre des Politischen zu halten, verschwindet das Politische nicht aus der Welt. Es verschwindet nur ein schwaches Volk.«

Im Jahre 1963 veröffentlichte Schmitt die Abhandlung zur »Theorie des Partisanen«. Schmitts Interesse an der Figur des Partisanen ist rein theoretischer Natur. Er sieht ihn als das letzte wirklich politische Wesen der Gegenwart. In seiner »Theorie des Partisanen« läßt Schmitt nicht außer acht, daß »der autochthone Partisan agrarischer Herkunft in das Kraftfeld des unwiderstehlichen technischen-industriellen Fortschritt hineingerissen wird. Seine Mobilität wird durch Motorisierung so gesteigert, daß er in Gefahr gerät, völlig entartet zu werden. In der Situation des Kalten Kriegers wird er zum Techniker des unsichtbaren Kampfes, zum Saboteur und Spion …

»Motorisierter Partisan«

Ein solcher motorisierter Partisan verliert seinen tellurischen Charakter und ist nur noch das transportable und auswechselbare Werkzeug einer mächtigen Weltpolitik treibenden Zentrale … Der Theoretiker kann nichts mehr tun, als die Begriffe wahren und die Dinge beim Namen nennen. Die Theorie des Partisanen mündet in den Begriff des Politischen ein, in die Frage nach dem wirklichen Feind und einem neuen Nomos der Erde.«

Schmitts Werk findet heute wieder weltweite Beachtung. Kein Wunder im Zeitalter des Krieges gegen den »Terror«.

Günter Kursawe

 

samedi, 03 janvier 2009

Het Einde van het Kapitalisme

Nationalisme.info: Het Einde van het Kapitalisme

Einde van het Kapitalisme

Nationalisme.info, het vormingsorgaan van de NSV!, levert met onderstaand artikel een interessante bijdrage, waar het N-SA zich volledig in kan vinden. 

*** 

Wat is dat “fractioneel bankieren”? (1) Daarachter schuilt de ongelooflijke wetenschap, dat banken iets mogen uitlenen, dat zij eigenlijk niet eens bezitten, namelijk kapitaal, geld in de vorm van een krediet met interest. Ze zijn hierdoor niet meer dan valsmunters, welke met valse bankbiljetten – dus enkel iets dat op geld lijkt – echte goederen en diensten betalen, en dus geen echte tegenwaarde bieden.

Waar komt dat op deze wijze door banken uitgeleende geld dan vandaan? Vroeger, toen banken nog werkelijk volkseconomische functies vervulden en daarmee een toegevoegde waarde creëerden, motiveerden ze de bevolking tot sparen (als zekerheid en voor grote geplande aankopen) en gebruikten dit kapitaal voor waar de waardecreërende economie investeringen nodig had. De ooit geldige formule hierbij luidde:

S = I

Wat gewoon betekent dat de som van het spaargoed (S) voor kapitaal zorgt dat de economie kan investeren (I), en daarmee dus meer – echt, waardehoudend – kapitaal kan scheppen. In dit opzicht klopt de oude metafoor dat van geld werk komt dan ook.


Vandaag is het anders


De lage-interest-politiek van de centrale banken heeft heel wat meer als doel dan “de economie aanzwengelen”. Gezien de rentes op sparen laag zijn, worden potentiële spaarders van het sparen weggedreven, ze zullen niet alleen ontsparen, maar zelfs – voor hun overconsumptie – schulden maken, die ze vervolgens duur te staan komen met de daaropvolgende hoge interestvoeten (2).

De banken zijn ook niet meer aangewezen op de spaarders. Ze scheppen hun geld zelf: “Creatio ex Nihilo!” (schepping uit het niets) – in een heiligschennis tegen God zijn privilege, zoals beschreven in de Genesis. Dit is geen uit de lucht getrokken parabel, aangezien dit virtuele, uit het niets door de banken “geschapen” geld in dit bijbels geschrift ook werkelijk beschreven staat als “fiat-geld” (het wordt geld!), afgeleid van het “Het wordt licht!”… en het werd geld.

Opgekuiste inflatieratio’s

Desalniettemin – of misschien juist hierdoor – hoge inflatieratio’s betekenen in het bijzonder de stille onteigening van de middenstand. (We gaan niet de officiële “opgekuiste” gegevens geloven, waar in de VSA danig ‘onbelangrijke’ zaken zoals voedingsmiddelen of energiekosten gewoonweg uitgenomen worden, om een “core-index” met enkelvoudige inflatiewaarden te fabriceren.) 

Het is ook een fout, dat geld enkel door de “Nationale” Bank gecreëerd wordt. Dit wordt gedaan door alle private banken, namelijk door krediet te verlenen, waardoor de rol van de “Nationale” Bank (eigenlijk zelf een private) in feite een flauw sprookje is. Ze controleert met niks de geldhoeveelheid, noch staat ze garant voor de monetaire stabiliteit. Waarom dat zo is komen we zo meteen toe.

De omvang van deze manier van geldschepping doorbreekt alle grenzen. Toen tot 1971 de wereldwijde reservemunt – de Dollar – nog aan de goudstandaard gekoppeld was, zat er nog een rem op deze schepping van virtueel geld, gezien de hoeveelheid goud de geldschepping bij moest kunnen houden. Daarom heeft de VSA dan ook het Bretton-Woods akkoord eenzijdig afgekondigd. Sindsdien wordt de afschaffing van de goudstandaard met alle middelen nagestreefd, onder meer door manipulatie van de goudprijs tot haar diepste niveau, om een vergelijkingsmaatstaf voor de geldwaarde uit het bewustzijn van de mens te verdringen.

Parallel daarmee liep het ontmaterialiseren van het geld door allerlei plastieke kredietkaarten, betalingsverkeer zonder cash, virtuele rekeningen etc. Zodoende werden de technische voorwaarden geschapen om de geldhoeveelheid ongemerkt gigantisch te vermeerderen. Bij een niet in gelijke mate toenemend aanbod kan dit enkel de snelle geldontwaarding, verkies van koopkracht dus, betekenen. (4)

Veel erger dan dat, en dit is enkel geweten door de insiders van de “financiële industrie” (5), is de met de virtualisering van het geld en met de karakterverandering van het bancair systeem gelijktijdige schepping van steeds meer nieuwe en complexe vormen van het niet zelden bedrieglijk financieel “product”, de derivaat. Hier gaat het om een volledig van alle eigenlijke economische factoren losgekoppeld casinospeculeren, die dan ook gekarakteriseerd worden door volledig niet-transparant te zijn. Als verder karakteriserend element kunnen we nog spreken van “financiële investeringen” (in tegenstelling tot degenen in de economische werkelijkheid: gronden, machines, gebouwen, grondstoffen…), die in de afgelopen decennia regelmatig hogere winsten opbrachten dan bij echte goederen en diensten. Het begrip “investering” is hier eigenlijk een parodie op de realiteit. Het gevolg was en is dat de “financiële industrieën” buitensporig de meerwaarde van de echte economie afschaften, ten koste van de langzaam verarmende bevolking, de middenstandseconomie en de staatsgarantie op sociale zekerheid. De ongelooflijke omvang van dit piramidespel is de afgelopen twintig jaar met een groei van 20% per jaar toegenomen.

Derivaten – Het bedrog met de grootste omvang


Het OCC (6) rapport met betrekking tot derivaten – gebaseerd op de berichten van de Amerikaanse banken – geven per vierde kwartaal 2007 596 biljoen USD (US-trillion ofwel 1.000 miljard) als notionele waarde (nominale waarde van een “financieel product” zijnde het referentiepunt voor de betalingen op dit “product”) voor OTC (7) – derivaten aan.

De BIZ (8) in Basel heeft ook nog eens de “organized exchanges” , dus de beurzen welke in derivaten handelen, apart genomen om een beter beeld te krijgen, daar de OCC enkel banken en dus niet die andere “financiële industrieën”, zoals fondsen etc. erbij telden. In dit onderzoek werden opties van futures onderscheden, en dat steeds op basis van interest, munt en equity index (een gewogen index van de marktprijzen, welke alle acties op Wallstreet en AMEX, alsmede de meest voorkomende acties van de banken, omsluit). BIZ/Basel schat de wereldwijde waarde op 486.549,7 miljard USD, respectievelijk 205.425,2 miljard USD (in het totaal dus 691.974,9 miljard USD). De interestonderhevige derivaten maken daarvan 611.849 miljard USD uit. 

De som van beide, OTC en BIZ, komt neer op 1.288 (Europese) biljoen USD (volgens Amerikaans systeem 1,288 quadriljoen). (9)

Men moet ook maar eens de “overname” van BEAR STERNS door JP Morgan Chase (JPM) lezen. Het was nogal wiedes dat deze “redding” van BEAR STERNS gewoonweg een kapitaalsinjectie voor JPM georchestreerd door de FED was, die in feite – door haar onbegrijpelijke derivaten – al lang bankroet had moeten zijn.

JPM beheert een kleine 90.000 miljard USD van de totale 180.000 miljard USD aan OTC-Derivaten in de VSA. De 5 “top”-banken: JPM, Wachovia en HSBC beheren samen 97% van deze zwendel. Overigens is Wachovia onlangs ook nog eens als noodleidend uit de biecht geklapt. Hoe verrassend!

De situatie is ernstig…


Dat de situatie nu eenmaal is zoals ze is, zal de lezer zich afvragen wanneer hij zal mogen meemaken dat de derivatenhandel volledig uit zijn voegen treedt. En dat nog wel “legaal”, zij het pseudo-legaal. Want hier ligt dan ook een van de hoofdoorzaken van de huidige wereldwijde financiële- en monetaire crisis. De valse- of niet-verrekening van een tolweg ticket in de boekhouding van een vennootschap is illegaal, verboden en strafbaar. De niet-declaratie van casinopraktijken in een multi-miljarden dimensie is “business as usual” [normale gang van zaken] en al die zogeheten “bail-out”-pakketten [reddingspakketten] - waarmee de private grootbanken en hun derivatenhandel ten laste van de rentebetaler gesaneerd worden - zijn “normaal”.

In feite is het echter een plundering van wereldformaat. 

Aangezien deze “praktijken” volledig “legaal” buiten de balans kunnen gezet worden, worden ze ook niet bijgestuurd.

Alsof we in het geval van een yuppie van de Franse Société Général blijkbaar “tegen het beleid in” veroorzaakte miljardenverliezen als de norm van de huidige banksector mogen omschrijven, drukte de Oberösterreichischen Nachrichten (Oostenrijks dagblad – nvdr.) – zonder het frappante van deze vaststelling op te merken – een lezersbrief af. De hierop volgende conclusie kan eenieder voor zich zien. Het is zeer beangstigend, dat met “fiat geld” en de daarop geheven rente voor dit (krediet)geld dat eigenlijk niet echt bestaat, de facto via bedrieglijke piramidespellen, welke in de biljoenen lopen, de eigenlijke economie en de mensen gewurgd worden.

Het voorstel van de TOBIN-tax, welke zonder onderscheid een belasting op de valutahandel wilde heffen – en daarmee het gevaar wat wilde indammen – is, zoals te verwachten was, verworpen.

De economische functie van het geld moet het mogelijk maken van handel zijn, het onttrekken van ruimte- & tijdsgebonden beperkingen en van de ondeelbaarheid van ruilmiddelen. En ten slotte dient ze de waardebepaling van goederen en diensten te vormen, waardoor het een constructieve economische factor maakt. Het contrast met de huidige realiteit vraagt dan ook om een rechtzetting: Het is niet een wereld op zich, welke zichzelf - door rente - vermeerdert (dat herkent men onder meer aan het in feite waardeloze papiergeld, dat een waardepapier moet voorstellen) zonder daartegenover een rechtstitel of schuldbekentenis te stellen welke ten alle tijden en overal (dat is, binnen de relevante gebieden van de “Volks”-economie) voor een eigenlijke tegenwaarde kan geruild worden. Geld stelt zodoende een rechtstaat en stabiele (economische) ordening voorop, welke voor een “toestand” van de volksgemeenschap zorgt, waarin een staat georganiseerd is om recht, orde, vrede en welvaart te garanderen. Daarom is het alleen maar correct en billijk, dat de staat de hoogste en enige instantie is, welke het ware karakter van het geld vastlegt, en deze ook zelf uitgeeft.

Uit het hierboven uiteengezette volgt dat geld niet in eerste instantie de particuliere belangen (van de banken) moet behartigen, maar dat juist middelen en wegen te vinden moeten zijn, waarmee we de verwezenlijkingen van de eigenlijke economie naar waarde kunnen inschatten en tegemoet komen. Hiermee bedoelen we meer bepaald: (1) de door haar voortbrengers geschapen meerwaarde, (2) de echte economie en (3) de mensen als onderdeel van deze economie. Hiermee bedoelen we niet de parasitaire financiële instituten, het geld dient door de staat uitgegeven te worden en niet door privaatbanken. En moge ten slotte de reeds aangehaalde derivaat-“handel” als een vorm van gokspel verboden worden. (A)

Permanent krimpende economische meerwaardeschepping


Daar dit alles geleid heeft tot haast onmogelijke crisissen in het financieel- en economisch systeem, is de oorspronkelijke – en nogal noodzakelijke – taak van de banken, de economie van liquide middelen te voorzien, evenzogoed onmogelijk gemaakt. De hierboven beschreven manipulatie van de bankbalansen – wegens de oncontroleerbare positie van de derivaten – heeft het wantrouwen tussen banken onderling – gezien hun huidige situatie – in de hand gewerkt, en is de voornaamste oorzaak voor de huidige “credit crunch”. De banken lenen allemaal tegelijk ei zo na geen geld meer uit. “Deze kredietklem, dit krediettekort, treedt op wanneer de slechte financiële situatie van de banken hen ertoe dwingt, de kredietuitgaven in te perken. Dit werkt “procyclisch en crisisversterkend”, werd kort geleden nog gesteld in de maandelijkse berichtgeving van het Bondsministerie van Financiën (BMF) – zoals Japan al een tiental jaar meemaakt. In de gevaarlijke situatie van een Credit Crunch valt de economie stil, wanneer het kredietaanbod van de banksector volledig uitblijft. Eenmaal gevangen in de liquiditeitsval, kan een nog zo expansieve geldpolitiek van waardepapieren de banken nauwelijks ertoe aanzetten krediet aan ondernemingen (overigens ook aan banken onder elkander!) te verlenen, in plaats van aan deze liquiditeit vast te houden. Het resultaat is een alsmaar inkrimpende meerwaardeschepping.” (10)

Wat de afgelopen jaren onder het dogma van privatisering liep, is, zoals de etymologische betekenis van het woord (het komt van het latijns “privare” = roven, stelen) een vorm van onteigening, waarbij echte waarde – fabrieken, infrastructuur, grond en bodem, contracten, etc. – in ruil voor bedrukt papier van “investeerders” overgenomen wordt.

Daar het hier ook slechts om “fiat geld” (zelf gefabriceerd, pseudolegaal geld) gaat, is het met zulk onbegrensd gefabriceerd “geld” natuurlijk makkelijk te “kopen”. Het pijnlijk ontwaken volgt echter ogenblikkelijk. De na afloop van deze globale rooftocht volgende hyperinflationaire geldontwaarding laat de bezitters van dollartegoeden in de miljarden achter als handelaars in oud papier, en de “kopers” als eigenaars van het volksvermogen. Maar vooral, de VSA zal vervolgens haar gigantische schuldenberg op Europa (maar ook andere economische zonen) werpen: ze zijn in het bezit van het echte kapitaal, de – bedrogen – verkopers laten ze achter met hun waardeloze dollars.

In geopolitieke context zijn de ontwikkelingen in Rusland hier zeer interessant bij. De ineenstorting van de SU en de daaropvolgende “liberaliseringen” maakte mogelijk met de hulp van “waardebonnen” (aandelenlicenties, waarmee het “volk” deel kon nemen in het volksvermogen), dat het gros van de aandelen in de, met buitenlands kapitaal aangemoedigde, handen van de opkopers terecht kwamen, de zogeheten “oligarchen”.

Zowat het hele staatseigendom (= het volksvermogen) kwam zo in de handen van enkelen. Natuurlijk was dit een door een president, omringd van VSA-‘raadgevers’, gedulde, zelfs georganiseerde, plundering en oplossing van de staat. Het herstellen van de staatsautoriteit en vervolgens van de orde en rechtsprincipes door Vladimir Poetin, hebben pas een halt kunnen roepen aan deze rooftocht en herstelde inmiddels diens autoriteit in een groot aantal strategische deelgebieden.

“Tekorten” lopen in de miljarden


Hier, in Duitsland, Oostenrijk en de EU in het algemeen, welke onder hegemoniale overheersing van de VSA gebukt gaan, is de oplossing van de staat, zijn autoriteit, zijn oude rechtsordening etc. nog volop aan de gang. Daarom worden nog altijd essentiële verzorgingsinstellingen “geprivatiseerd”, dubieuze “cross-border”-leasing [grensoverschrijdende leasing] verdragen met catastrofale rechtsgevolgen gesloten of “investeringen” in de derivaathandel voltrokken, zoals het geval was bij de ÖBB, de Oberösterreichischen Energie AG, de ASFINAG en een hele rits anderen (Fortis is hier ook een voorbeeld van – nvdr.), die daarmee honderden miljoenen EUR aan “tekorten” (B) verwezenlijkten. De legaliteit van zulke zaken is natuurlijk slechts schijnbaar en een gevolg van de heel eigen kijk op “recht” welke de VSA als overwinnaar in Europa heeft opgelegd. Ook vanuit dit opzicht zou het zeer wenselijk zijn als de Europese staten hun volledige financiële en politieke soevereiniteit van de VSA terugwinnen, zich van dat minderwaardigheidscomplex verlossen en de van de VSA komende kansspelen, waar het criminele roofkapitalisme op gebaseerd is, verwerpen.
Wanneer dit niet gebeurt, zal, zoals Joachim Fernau in 1977 reeds in zijn “Halleluja – die Geschichte der USA” voorspelde, waarheid worden: “… Wint het Amerikanisme, dan zal de mens zich binnen de 150 jaar ten val brengen, en de aarde zal zoals de dode planeet Mars in het heelal verder draaien.”


Gerhoch Reisegger



Uit: Titel, Volk in Bewegung, nr. 5 2008

'Volk in Bewegung' verschijnt 6 maal per jaar. Een Europees jaarabonnement kost 22 EUR. Geïnteresseerde lezers kunnen terecht op www.volk-in-bewegung.de

Dit artikel is vertaald door de Nationalistische Vormingscel (NVC), onderdeel van de Nationalistische Studentenvereniging (NSV!). De vertaling is van het oorspronkelijk Duits naar het Nederlands. Het artikel verscheen oorspronkelijk onder de naam "Das ende des Kapitalismus: Von Derivatenschwindel zum Platzen der Blase". De vertaling verscheen voor het eerst op de blog nationalisme.info. Geen onderdeel van deze vertaling mag overgenomen worden zonder expliciete vermelding van zowel de oorspronkelijke bron als "NVC, nationalisme.info" als vertaler.

(1) Fractioneel bankieren: Dat de banken een vast percentage van enkele procenten van hun kapitaal in de vorm van (verantwoord) eigen kapitaal achter handen moeten houden. Toen Bismarck Rijkskanselier was, moesten banken krediet voor 100% met eigen middelen dekken, en de Duitse economie beleefde destijds een, tot grote nijd van Engeland, ongeziene opwenteling.
(2) Ook hier zijn plastieke kaartjes het ideale middel, gezien men niet kan zien hoeveel men op krediet gekocht heeft.
(3) Hier wordt bedoeld de handelsoverschotten/-tekorten, welke jaarlijks in goud in balans gebracht werden, waarbij de dollar een vaste verhouding in goud behield (1 oz = 35 USD). Met de aankondiging van dit akkoord, welke de dollar de facto tot vervangingsmiddel van goud omtoverde, hat de VSA de wereld meegedeeld dat ze niet in de mogelijkheid is noch de wil heeft haar schulden af te betalen. De “dekking” van de VSA-munt bestaat dan ook slechts uit: 1. intercontinentale atoomraketten, 2. geheime diensten met agenten in politiek en economie en 3. mediacontrole.
(4) Sedert ca. 2 jaar wordt de M3-geldhoeveelheid van de US-Federal Reserve Bank niet meer meegeteld, waardoor niemand meer weet, wat voor omvang deze ongebonden geldfabricatie intussen aangenomen heeft.
(5) Commerciële-, hypothecaire-, “nationale”- etc. banken, investeringshuizen, makelaars, hedgefondsen, beurzen… en de daarbijhorende consultancy bedrijven, ratingagentschappen en financiële perskantoren.
(6) OCC: Office of the Comptroller and Currency – USD controle orgaan in de Treasury.
(7) OTC: “Over the Counter”, m.a.w. van de banken met hun klanten direct geschapen (derivaten-)handel.
(8) In de VSA-benamingen: 1.288 trillions. Bron: OCC Derivatives Report (Klik aan: 1Q2008 rapport met de gegevens van 4Q2007) schakel: http://www.occ.treas.gov/deriv/deriv.htm
(9) BIZ: http://www.bis.org/publ/qtrpdf/r_qa0806.pdf#page=108
(10) Universiteitsprofessor dr. Gerhard Merk, Universiteit Siegen

(A) Hoewel de Duitse taal sowieso langere zinnen maakt dan wij gewend zijn, overdrijft de auteur van dit artikel van tijd met chaotische zinnen van meer dan acht regels. Daarom zijn her en der zinnen op vlak van structuur aangepast, dan wel gespleten. Inhoudelijk verandert dit echter niets.
(B) Het door de auteur gebruikte woord was Abschreibebedarf, hier hebben we tot nader order niet de juiste vertaling voor kunnen vinden. Hoewel het letterlijk “afschrijfnood” betekent, vermoeden wij dat “tekort” het meest in de buurt komt.
 

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La faute à Rousseau...

 

 

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SYNERGIES EUROPÉENNES - VOULOIR (Bruxelles) - JANVIER 1986

 

La faute à Rousseau...

L'occident vit aujourd'hui, qu'il le veuille ou non, autour des grandes questions lancées au XVIIIème siècle par le philosophe genèvois Jean Jacques Rousseau. Le génie de cet homme réside non seulement dans la variété des thèmes de sa réflexions (de l'histoire au droit constitutionnel, en passant par l'art et la psychologie des cultures) mais aussi et surtout dans la nombreuse postérité que nous pouvons encore observer de nos jours, de la gauche socialiste à la droite libérale. Au fond, personne ne peut faire sérieusement l'impasse sur les grandes valeurs idéologiques du rousseauisme. Pour ou contre, mais jamais indifférent...  

L'ouvrage de Jacques JULLIARD, historien, éditorialiste au Nouvel Observateur et directeur à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, tombe à pic à une période où le retour des valeurs libérales et les prédictions répétées d'une "fin des idéologies" semblent converger vers une normalisation terrifiante des cerveaux européens. La nombreuse et souvente divergente descendance des lecteurs de ROUSSEAU retient pourtant que la part du politique et des valeurs qui organisent la cité ne sont ni neutres ni scientifiques mais idéologiques et arbitraires. Ce que ces thuriféraires ou ses critiques ont fort bien reconnus.

Le discours rousseauiste charrie en effet un certain nombre de valeurs aussi fondamentales dans les débats politiques du XIXème et du XXème siècle que l'idéologie du contrat social, la notion de souveraineté du peuple, l'omnicompétence du politique et le rôle actif et volontariste de l'Etat dans la vie des nations...

Toutes ces valeurs furent à la source d'idéologies très contradictoires les unes par rapport aux autres. JULLIARD analyse chacune d'entre elles avec précision et objectivité. Du jacobinisme au libéralisme bourgeois de BASTIAT et Benjamin CONSTANT, du socialisme étatique et terroriste de BLANQUI au socialisme mutuelliste des Proudhoniens de la fin du XIXème siècle, de nombreux courants de pensée se sont plus ou moins explicitement référés à l'oeuvre de Jean-Jacques ROUSSEAU. JULLIARD intègre même dans cette postérité une partie non négligeable de la pensée traditionaliste et contre-révolutionnaire de LAMENNAIS à BONALD. Il est intéressant de noter que, quelque soit par ailleurs les critiques féroces de ce dernier à l'égard de ROUSSEAU, considéré par les monarchistes comme le père spirituel de la Révolution de 1789, il y a chez eux deux attitudes marquées par un intérêt certain pour le discours de l'auteur du Contrat Social. D'ailleurs cette attitude ambigüe s'appuie aussi pour une bonne part sur l'aspect protéiforme de la pensée du citoyen genèvois. Ces contradictions dans le discours rousseauiste furent d'ailleurs parfaitement intégrées dans sa pensée, toute mouvante et évolutive. En fait, ROUSSEAU fut en permanence soucieux de tenir un compte exact des réalités historiques et géographiques propres à chaque peuple pris en soi. Si MONTESQUIEU tenait pour déterminant dans le mode d'organisation politique d'un peuple le critère du climat, ROUSSEAU fut le premier à conceptualiser avec intelligence le critère démographique. Ne croyant pas un instant à l'obligation, pour un mode d'organisation politique, de se ranger dans une des trois catégories fondamentales définies par ARISTOTE, il tenait un compte aussi rigoureux que précis des déterminants (relatifs) de la géographie, du nombre des citoyens installés sur le territoire national et des traditions locales propres à cette communauté étudiée. Les projets de constitution pour la Corse et la Pologne reflètent ce souci.

La fécondité de la pensée rousseauiste, trop souvent schématisée par ses pseudo-partisans républicains et ses adversaires réactionnaires (l'école contre-révolutionnaire du XIXème sicèle et les intellectuels maurrassiens du XXème), explique aussi pour une part l'influence de cette pensée dans la genèse idéologique du jacobinisme.

Parce que le jacobinisme constitue l'essence même de la révolution politique de 1789, on ne peut pas faire l'impasse de ses racines idéologiques. L'Occident moderne est un avatar monstrueux du jacobinisme, issu lui-même pour une part de l'esprit du classicisme français. Le discours rousseauiste, en particulier sa référence constante à la notion de volonté générale et à la souveraineté populaire qui en est le corollaire, a inspiré la création de ce modèle typique du régime moderne.   

Pourtant, on ne peut attribuer la totale paternité de ce modèle à Jean-Jacques ROUSSEAU. La notion de communauté populaire que le jacobinisme a extrait des principes rousseauistes pouvait évoluer dans des directions fort contradictoires. 1° Une évolution totalitaire, où le peuple apparaît comme une collection arithmétique d'individus doués de raison. Le jacobinisme, appuyé sur une conception rationnelle et atomisante du citoyen, où la volonté générale ne tolère aucune forme d'association entre ces derniers. L'Etat face à l'individu-citoyen. 2° Une évolution démocratiqu, notamment sous sa forme bourgeoise, où la souveraineté du peuple est déléguée à une minorité représentative. Il s'agit du modèle de démocratie représentative que les jacobins (à l'exception de la constitution de 1793 jamais appliquée) favorisèrent tout au long du XIXème siècle. Enfin, 3° la démocratie dite directe, considérée par les mêmes jacobins comme anormale et historiquement condamnée. Autant de conceptions qui sont toutes issues de la matrice rousseauiste. Le jacobin, magnifiquement décrit par l'historien Hippolyte TAINE dans ses Origines de la France contemporaine, crée alors le suffrage censitaire, interdit toute association professionnelle, combat comme obscuran- tistes les cultures provinciales. Tous ces actes ayant pour finalité la création d'un "homme nouveau", d'un homme sans racines, formé selon la pédagogie idéologique de l'école républicaine; en somme, l'homme de la modernité...

Jacques JULLIARD a su avec beaucoup de clarté et de références nous décrire cette descendance de Jean-Jacques ROUSSEAU. Nous pouvons pourtant regretter une conclusion peu explicite. La problématique de la représentation est très légèrement abordée. Evoquer les blocages face aux formes traditionnelles de la représentation (parlementaire, syndicale, etc.) ne résout en rien la question. Il manque un discours global et cohérent sur les structures nécessaires et historiques d'une nouvelle démocratie, une démocratie organique qui prendrait en compte et la dimension communautaire nationale et la dimension intra-communautaire. Le livre de JULLIARD peut nous aider à y réfléchir.

Ange SAMPIERU.

Jacques JULLIARD, La faute à Rousseau, Seuil, Paris, 1985, 85 FF.

 

vendredi, 02 janvier 2009

De elite kent geen scheiding der machten, zij is de macht!

De elite kent geen scheiding der machten, zij is de macht!


Scheiding der machten?De politieke en economische elite welke de staat België als omhulsel gebruikt voor haar smerige zaakjes heeft een jarenlang taboe, dat als een omerta stilletjes door alle betrokkenen werd verzwegen voor de buitenwereld. Met de laatste ontwikkelingen is deze echter doorbroken, met enkele treffende vaststellingen tot gevolg. Deze omerta betreft het gebruik en vooral het misbruik dat de machtselite al decennia lang in dit land maakt van de rechterlijke macht en haar dienaars. Het is echter niet toevallig dat de zwijgplicht nu op de helling wordt gezet door een deel van diezelfde machtskaste. Het verbreken van de omerta valt samen met de strijd die de verschillende fracties op dit ogenblik met elkaar uitvechten. De tegenstellingen binnen de economische elites, maar ook binnen de politieke knechtenbende, zijn zo groot geworden dat de verschillende clans en belangengroepen in dit land zich niet meer schromen om hun belangengeschillen nu op straat en in de media (en blijkbaar ook al op aandeelhoudersvergaderingen) openlijk uit te vechten. De strijd die nu binnen de machtskaste woedt, is er een om de resterende macht, de resterende postjes en vooral het resterende geld welk binnen het Europese kader (waarbinnen het land meer en meer ingesloten raakt) nog over zal blijven voor de nationale elite.

Dit land is met kanker aangetast. Een kanker veroorzaakt door de gilde van beroepsprofiteurs die elke ruimte in deze schijndemocratie hebben bezet en het danig hebben besmet met een verrottingsproces zonder precedent. De praktijken die de Cosa Nostra (letterlijk "Onze Zaak") in Italië toepast, zijn in dit land de gewoonte geworden bij de politieke klasse. Alle instellingen en alle beleidsniveaus zitten volgepropt met het soort politici dat alleen maar uit financieel eigenbelang en dat van hun eigen clan redeneert en opereert. Die clans (politieke partijen) worden dan nog wel door de staat (gemeenschap) rechtstreeks gefinancierd. Via de manipulatie van de staatsstructuren hebben die clans dat staatsapparaat volledig geïnfiltreerd, waardoor ze zich beter kunnen bedienen van het vele geld dat het volk moet ophoesten.

Voor de economische elite waren deze praktijken geen enkel bezwaar, zolang die politieke maffia de zaakjes van het grootkapitaal naar behoren behartigde tenminste. Zolang de ongebreidelde winsten maar in de privé-beurzen konden worden gestopt en de zaakvoerders van banken en grote bedrijven zichzelf een indigestie konden eten aan de bonussen en de extra's die ze lustig meegraaiden uit hun bedrijven. Zolang dit alles kon, was het dik in orde. Maar omdat het piramidespel van de wereldwijde beurzen weer eens in elkaar is gedonderd, en omdat de casino's welke renteverslaving en renteslavernij in stand moeten houden nu massaal over kop dreigen te gaan is de economische elite een beetje in shock, waardoor de politieke knechten snel met oplossingen moesten komen.

Maar in dit land waar de politieke elite bestaat uit parasitaire clans die gewoon zijn om te leven van het zweet en de arbeid van de bevolking en dus ver van de reële wereld staan, was de ontreddering compleet. Op een dergelijk cruciaal ogenblik hebben sommigen de claneenheid verbroken en gemeend dat ze solo slim konden gaan. Zo hebben ze dan de grootste bank van het land weggegeven voor een vriendenprijsje aan buitenlandse kapitaalgroepen. Zo werd aan de Franse en de Nederlandse kapitaalgroepen een mooi eindejaarsgeschenk gegeven en tegelijkertijd de onmogelijkheid ingebouwd voor Vlaanderen om zijn onafhankelijkheid te verwerven. Immers, zonder grote, soevereine banken is een nationale onafhankelijkheid zeer moeilijk te bereiken. Daarom dat Reynders (MR) zo gebeten was om de boel te verkopen aan de Fransen. En het is ook daarom dat de Franstalige partijen niks verwijten aan Leterme, deze Vlaming van dienst heeft weer mooi de agenda van de Brusselse en Franstalige haute finance ingevuld. Maar een fractie van de binnenlandse kapitaal-elite (vooral rijke Vlaamse families) waren helemaal niet tevreden met de miljarden die ze zo kwijt zijn geraakt aan het buitenland. Ze gedogen die politici omdat die hen rijker maken, dus ze stoppen dat gedogen dan ook zodra ze er geld dreigen aan te verliezen.

Vandaar dat vandaag alle pionnen in stelling zijn gebracht. Ook die binnen de magistratuur. Toen de aandeelhouders van de weggegeven bank in beroep gingen tegen deze verkoop zag de politieke machtselite niet aankomen dat de uitspraak voor hen negatief zou uitdraaien. Die uitspraak kwam vooral omdat de stemming binnen het magistratenkorps inmiddels was omgeslagen. Niet in het minst omdat veel van die magistratenfamilies (de familie De Gucht bijv.) behoren tot de financiële elite van dit land, en enorme verliezen hebben geleden aan het Fortis-debacle. Maar de politieke maffia had het veranderde klimaat bij justitie niet op tijd door en wilde alsnog - naar aloude Belgische gewoonte - de uitspraak van de rechtbank een beetje bijschaven tot ze paste in de politieke agenda van het ogenblik. Consternatie alom, nochtans is het zich bemoeien in rechtszaken door de politiek in dit land de gewoonste zaak van de wereld, zeker als die zaken politiek aangebrand zijn. Neem de veroordeling van de VMO als privé-militie of recenter die van de Vlaams-Blok-vzw's, er is geen mens die gelooft dat daar onafhankelijk werd gevonnist, los van de politieke agenda en de Wetstraatmaffia. Ook vindt de politieke elite altijd weer een ambitieuze rechter die maar wat graag mensen veroordeelt die te luid durven spreken over de migratie-chaos of multiculturele leugens in vraag durven stellen. We hebben in dit land zelf een parallel lopend openbaar ministerie dat luistert naar de naam CGKR. Als alle advocaten die daar werken om mensen op te sporen zich inschreven in pro deo praktijken, er zou op slag geen tekort meer aan dat soort mensen zijn.

Dus, scheiding der machten? Dat is hier ten lande een illusie.

Maar deze keer waren de belangen een maatje te groot voor de klungels van de politiek, enkele miljarden maten welbepaald. En waren de betrokkenen bij de rechtspraak nu net de broodheren van de politieke maffia. Plots wordt er openlijk geschermd met die al zo vertrappelde scheiding der machten, zelfs tot op het hoogste niveau is er nu al protest tegen. Partijen die anders geen last hebben van een gescheiden geweten als ze zelf aan de macht zijn (SP.A) schreeuwen nu als een gekeeld everzwijn wat een schande het wel niet is. En ook het volledige gerechtsapparaat is in alle staten van verontwaardiging, ze hebben nu plots ontdekt dat de politieke kaste in dit land het gerecht controleert en zelf manipuleert. "Hoe is dat toch mogelijk!?" horen we hen nu roepen. Zou het wat te maken kunnen hebben met het feit dat tot voor kort alle magistraten door de maffiapartijen werden voorgedragen voor hun benoemingen? Zelfs het VB kreeg van die aanvragen voor benoemingen en aanstellingen binnen! Foei, foei, heren rechters! En daarom is het dus dat ons rechtsapparaat krioelt van politieke klonen van de machtspartijen. "Maar nu kan dat niet meer", hoor ik de burgerlijke dwepers zeggen, "nu worden onze magistraten door de Hoge Raad voor de Justitie benoemd". Alleen... wie heeft die Hoge Raad benoemd? Juist ja, de bende politieke oplichters uit de democratische partijen...

Voor ons van het N-SA is het al lang duidelijk. De machtskaste heeft dit land helemaal in haar greep. Al de onderdelen van deze staat zijn door corruptie, benoemingen, favoritisme en (vooral) door een allesverslindend eigenbelang met elkaar verbonden en gebonden. Er bestaat dan ook hoegenaamd niet zoiets als de scheiding der machten. Alleen de scheiding tussen de machtselite, het volk en het volksbelang bestaat.

De rest is  burgerlijke illusie!


Eddy Hermy
Hoofdcoördinator N-SA

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jeudi, 01 janvier 2009

Réflexion sur le destin et l'actualité de l'Europe

 

 

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Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES / TROISIÈME VOIE (Paris) / Mai 1985

 

Robert STEUCKERS:

Réflexion sur le destin et l'actualité de l'Europe

Discours prononcé à la Mutualité à Paris en mai 1985

Les années 80 sont marquées par l'agitation pacifiste en Allemagne Fédérale, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Scandinavie et en Belgique. Lors de leur congrès de la Pentecôte, il y a trois jours, les Verts ont réclamé une nouvelle fois le départ des troupes américaines et le retrait de la RFA de l'OTAN.

Parallèlement à cette version de "gauche", à cette version contestatrice et iréniste de l'hostilité à l'OTAN et aux Etats-Unis, s'est développée, en Allemagne Fédérale, une véritable renaissance de l'historiographie nationale. La "nation" est réelle-ment redevenue une valeur politique Outre-Rhin et un objet de discussions politiques incessantes. De l'extrême-gauche à l'extrême-droite de l'échiquier politique parlementaire ou extra-parlementaire, des voix se sont élevées pour réclamer le non-alignement de l'Allemagne et la réunification. En France, de ce glissement de terrain idéologique, on n'enregistre pratique-ment pas d'écho dans les médias. Et pour cause, ce phénomène souterrain, cette maturation sourde ne correspond à aucun des schémas dans lesquels les idéologies dominantes veulent enfermer l'Allemagne.

Aux Pays-Bas, mêmes défilés de masse, mêmes pétitions, même hostilité aux fusées étrangères. En Angleterre, l'amé-ricanolâtrie pathologique de Madame Thatcher  —et en prononçant son nom, on a envie de cracher la même hargne que le chanteur anar Renaud—  provoque le bradage de l'industrie militaire britannique au profit des Etats-Unis. En Belgique, le scéna-rio est identique: le gouvernement conservateur rejette un projet national de blindé transporteur de troupes au profit de surplus obsolètes de l'US Army!! Alors que le chômage concerne 15% de la population active et qu'aucune amélioration de cette situation n'est prévue... De part et d'autre de la Mer du Nord, atlantiste rime de plus en plus avec "anti-national" et "anti-social"...

Jouer la carte américaine, c'est clair désormais, c'est faire un mauvais pari. C'est renoncer à l'indépendance comme en Alle-magne ou aux Pays-Bas; c'est renoncer à l'autonomie militaire comme en Grande-Bretagne ou en Belgique. Les Allemands sont ceux qui, en Europe, ont le plus réfléchi à la question. Quatre modèles d'organisation militaire alternatifs existent dans la réalité et non dans les rêves fumeux des pacifistes, pour qui la chose militaire doit être purement et simplement abrogée. Quatre modèles peuvent servir à amorcer une réflexion, une réflexion qui doit nous conduire à élaborer un système de défense européen efficace et indépendant. 

Il y a le modèle suisse, le modèle yougoslave, le modèle suédois et le modèle autrichien. La Suisse  -on s'en moque parfois-  est pourtant le seul pays qui s'est donné un système militaire réellement démocratique, c'est-à-dire organique et populaire. Quand je parle de démocratie, je ne parle pas de partitocratie ni de truquages électoraux. La Yougoslavie a calqué son système militaire sur le mode de mobilisation des partisans enracinés dans leurs villages. La Suède a su créer sa propre industrie mili-taire et sa propre industrie informatique: SAAB pour les avions, Volvo et Scania pour le charroi, Chars "S", missiles "Carl Gustav" et missiles air-sol, etc. L'Autriche nous a légué un théoricien hors ligne: le Général Spannocchi.

En Suisse, les citoyens disposent chez eux de leurs uniformes de combat et de leurs armes et munitions. Le reste, armes anti-chars, munitions supplémentaires, charroi, etc; est entreposé aux maisons municipales ou aux commissariats. Ce système permet une mobilisation immédiate de 600.000 hommes. La Suède s'est dotée d'une industrie militaire et aéronautique auto-nome, qui ne demande, au fond, qu'à devenir l'arsenal du non-alignement eu-ropéen. Les officiers d'Etat-Major yougo- slaves ont procédé à une étude systèmatique des guerres et guerillas de partisans pour construire une armée populaire nombreuse, immédiatement mobilisable comme en Suisse et prête à affronter n'importe quel envahisseur, d'où qu'il vienne. L'Autriche, "protégée" par un "Traîté d'Etat" cosigné par les quatre puissances occupantes en 1955, ne s'est pas dotée d'une armée et d'une industrie militaire aussi puissantes que dans les autres pays neutres. Néanmoins, l'Autriche construit en autarcie ses armes légères, ses munitions et son charroi et privilégie ses achats militaires en Suisse, en Suède et en France, trois pays qui n'appartiennent ni à l'OTAN ni au Pacte de Varsovie. Mais l'Autriche, rappelons-le, a donné à l'Europe un doctrinaire mili-taire remarquable, le Général Emil SPANNOCCHI. 

Entre les blocs existe donc un "cordon sanitaire" de pays qui adoptent, sur le plan militaire, des principes de "troisième voie", c'est-à-dire une logique de la non-inféodation diplomatique. Bien sûr, la Suède, l'Autriche et la Suisse appartiennent toutes trois à la sphère "capitaliste", à la sphère dominée par la logique libérale. Mais les sociales-démocraties autrichiennes et suédoises assurent une large redistribution et, en Suède surtout, les gouvernements sociaux-démocrates, contrairement à bon nombre de leurs camarades bavards d'Europe Occidentale, ont pratiqué une politique d'investissements nationaux dans les domaines les plus divers: création d'une usine nationale de chaussures pour enrayer la concurrence venue du Tiers-Monde, création d'industries de pointe en informatique et en bio-technologie, maintien d'une relative autarcie alimentaire (en Au-triche également), etc. La sociale-démocratie suédoise est bien souvent dénigrée par les néo-libéraux qui mettent en exergue sa lourde fiscalité mais prennent bien soin d'occulter le résultat: une indépendance nationale accrue. 

Qu'il n'y ait pas d'équivoque: notre défense partielle et limitée de la sociale-démocratie suédoise n'implique nullement une va-lorisation quelconque des "sociales-démocraties" corrompues, inefficaces, oligarchiques, népotistes, partisanes, préban-dières et, pire reproche, atlantistes de Grande-Bretagne, de Belgique, de France, d'Espagne et d'Italie. 

Il y a donc un "cordon sanitaire" non-aligné au centre le l'Europe, du Cercle polaire à la frontière grecque, avec un énorme trou au milieu: le territoire de la RFA. Bons géographes, les observateurs politiques ouest-allemands revendiquent le rem-blaiement de cette trouée, c'est-à-dire l'élargissement du statut de l'Autriche à leur pays. Ainsi, le cordon serait soudé et les blocs ne seraient plus face à face. Le danger d'une conflagration, d'une apocalypse guerrière au centre du continent diminue-rait. Pour ceux qui ont le souci de l'avenir de l'Europe, cette perspective est à envisager avec le maximum de sérieux. Mais, halte aux utopistes, aux pacifistes peureux qui voudraient un neutralisme à la hippy, un neutralisme de la rose contre les baïonnettes, copié des manifestations de Washington contre la guerre du Vietnam. Halte à ceux qui voudrait, par niaiserie, faire de ce cordon un ventre mou, un espace démilitarisé. Cet espace doit obéir à la logique militaire helvétique, celle du "hérisson" aux piquants acérés, celle de l'oursin aux piquants vénéneux. Cet espace doit obéir aux principes de la logique de l'économie nationale et non aux chimères idéologiques du libéralisme, à une logique économique impliquant des investisse-ments industriels innovateurs et rentables.

Une doctrine de dialogue inter-européen avait été élaborée au Ministère belge des affaires étrangères dans les années soixante. C'était la "Doctrine HARMEL", brillant projet aujourd'hui abandonné au profit du suivisme atlantiste le plus ser-vile, le plus lâche, le plus abject. La Doctrine HARMEL, qu'est-ce que c'est que ça? C'est une doctrine qui préconisait le dia-logue entre partenaires subalternes de l'OTAN et partenaires subalternes du Pacte de Varsovie, de façon à diminuer sciemment le poids des super-gros au sein des deux pactes et à créer, petit à petit, une "EUROPE TOTALE". A ce propos, on a parlé de "gaullisme élargi". Cette doctrine européiste, courageuse, qui a fait enrager les Américains, le Général ouest-allemand KIESSLING en est un chaleureux partisan. Vous vous souvenez, amis et camarades, du Général Günther KIESSLING? Non, sans doute. Eh bien, c'était ce Général allemand en poste au QG du SHAPE à Mons-Casteau, qui a volé dehors en 1984, sous prétexte d'homosexualité. Le scandale orchestré par les médias, focalisé sur le sensationnel de la "pénétration" du sous-off chauffeur par le Général quatre étoiles, a tout simplement occulté la raison politique de ce limogeage. La raison politique, c'était que le Big Brother américain ne voulait plus entendre parler de rapprochement inter-européen, de diplomatie indépen-dante, de "voie européenne".

Notre projet est donc clair et précis: renouer avec la vision d'Harmel d'une EUROPE TOTALE, collaborer avec les neutres, re-trouver l'indépendantisme gaulliste, rejeter l'éparpillement tous azimuts des capitaux que postule le libéralisme mondia-liste, construire une défense autonome, bâtir une industrie de pointe sans capitaux américains. 

Comment y parvenir? Par étapes. La France est, depuis l'application des principes de Richelieu, une nation homogène, ca-pable de vivre en semi-autarcie. Il n'en est pas de même pour le reste de l'Europe. Et la CEE, avec son cirque parlementaire strasbourgeois, ses interminables palabres qui visent l'harmonisation du pas-harmonisable, ne résoudra pas la question eu-ropéenne et freinera au contraire l'avènement de l'EUROPE TOTALE. D'autres regroupements devront s'opérer: un ensemble scandinave, un ensemble britannique, un ensemble hispanique, un ensemble français, un ensemble balkanique et un en-semble centre-européen, couplant les zones industrielles de la Wallonie et de la Ruhr aux greniers à blé polonais. Dans cha-cun de ces ensembles, l'organisation des armées devra obéir aux principes militaires élaborés par BROSSOLET, AFHELDT et LöSER, c'est-à-dire la défense par maillages des territoires. 

Postulat incontournable de cette réorganisation de l'Europe: la réunification allemande. En effet, nous ne voulons pas d'une Europe qui juxtapose faiblesses et forces. Une Europe avec une France et une Russie fortes et une Allemagne faible est im-pensable. Une Europe avec une Russie et une Allemagne fortes et une France faible est également impensable. N'est pensable qu'une Europe avec une France, une Allemagne et une Russie fortes. Pourquoi? Parce que la stratégie des thalassocraties a tou-jours été de s'allier avec la puissance la plus faible contre la puissance la plus forte, de façon à éliminer cette dernière. L'Angleterre a pratiqué cette stratégie contre Napoléon et contre Guillaume II. ROOSEVELT l'a pratiqué contre HITLER, en at-tendant que STALINE soit suffisamment aux abois. Il ne faut donc pas laisser subsister de nations faibles en Europe, pour que celles-ci ne tombent pas sous la tutelle de la thalassocratie d'Outre-Atlantique. Et pour rassurer mon camarade WALKER ici présent, j'ajouterai qu'il faut, dans ce Concert de demain, une Grande-Bretagne forte, qui n'aura pas bradé ses industries mi-litaires, grâce au zèle atlantiste de Madame THATCHER et de Lord BRITTAN.

Pilier central du continent, l'Allemagne réunifiée et incluse dans un "marché commun" semi-autarcique et auto-centré, cessera d'être un foyer de discorde entre Européens et perdra le rôle abominable qu'on veut lui faire jouer, celui de champ de bataille nucléaire potentiel. Une bataille entre les blocs qui se déroulerait au centre de notre continent aura pour résultat d'irradier à jamais le cœur de l'Europe et de stériliser irrémédiablement notre civilisation. 

Devant ces projets de rendre l'Europe autonome, de dépasser l'occidentalisme de la CEE et d'envisager un dialogue avec les Est-européens, vous autres Français, vous vous posez certainement la grande question de LENINE: QUE FAIRE? Eh oui, que faire? Que faire, en effet, quand on se sent un peu étranger, un peu en dehors de ses spéculations suèdoises ou allemandes, au-trichiennes ou polonaises, hongroises ou belges? Quand, de cet immense débat, les médias ne transmettent que quelques bribes informelles, détachées de leur contexte, tronquées ou détournées de leur sens réel, avec une stupéfiante malhonnêteté?

En entendant ce plaidoyer neutraliste centre-européen, balkanique ou scandinave, les Français demeureront sans doute scep-tiques et estimeront être hors du coup. Pourtant, entre le désengagement de 1966, voulu par De GAULLE, et ce neutralisme des sociales-démocraties et des cercles conservateurs-nationaux, il y a une analogie évidente. Entre la vieille politique sué-doise d'indépendance et d'autarcie et l'esprit de Richelieu et de Colbert, il y a une filiation historique certaine. L'Académie Royale suédoise est calquée sur l'Académie Française, héritage de l'alliance entre Richelieu et Gustav Adolf au XVIIème siècle. La tradition nationale française et la tradition nationale suédoise (qui a pris en ce siècle une coloration sociale-démo-crate sans en altérer l'esprit colbertiste et la philosophie inspirée de Bodin), ces deux traditions nationales dérivent de la clarté conceptuelle du XVIIème, le siècle que MAURRAS admirait car il n'était pas infecté des miasmes du moralisme. 

Cet esprit national a permis aux deux pays de se forger chacun un complexe militaro-industriel et celui de la France, à l'Ouest, est le deuxième en importance après celui des Etats-Unis. Et avec ces deux complexes, le français et le suédois, notre Europe tient les instruments pour construire et affirmer sa "troisième voie". Les avions Dassault et Saab, conjointement aux produc-tions de Fokker aux Pays-Bas et de MBB en RFA, sont à même d'équiper les aviations européennes et les Airbus pour-raient parfaitement remplacer les flottes de Boeings des compagnies aériennes européennes. La force de frappe française est un élément d'indépendance que vous connaissez tous et sur lequel je ne reviendrai pas. La France, la RFA et la Suède ont conçu des blindés sur roues ou chenillés remarquables. Bref, aucune arme n'est négligé dans les forges européennes et toutes pour-raient très aisément se passer du matériel américain, finalement moins fiable. On se souvient en RFA des fameux F-104 de Lockheed qui s'écrasaient allègrement à une cadence inégalée; Merci Oncle Sam pour les pilotes "alliés" qui ont péri à cause de la piètre qualité technique de tes avions....

Mais pour qu'une collaboration européenne d'une telle ampleur s'effectue et se réalise, il faut sauter au-dessus du mirage occi-dentaliste. Car il s'avère INDISPENSABLE d'extirper de notre vocabulaire et de notre mental cette notion d'Occident. Hur-lons-le une fois pour toutes: il n'y a pas d'Occident. Il y a une Europe et deux Amériques. Dans le dernier numéro de la revue française de géopolitique, Hérodote , dirigée par Yves LACOSTE, le philosophe Robert FOSSAERT écrit: "L'Occident? On cherchait un continent ou deux et l'on ne trouve, au premier abord, qu'une manifestation banale d'incontinence  idéo-logique, une évidence du discours social commun ". Hélas, devant les rudes réalités du devenir, des changements, des mutations, des nécessités, les "incontinences idéologiques" ne valent généralement pas tripette. 

L'Occident n'est plus l'Europe et l'Europe n'a pas intérêt à rester l'Occident. La France doit de ce fait cesser de se percevoir comme "occidentale" et doit s'affirmer "européenne". Le "front" n'est plus à l'Est ni au Nord; il est à l'Ouest, il est sur le tracé de feu le Mur de l'Atlantique. Se défendre, pour la France européenne de demain, c'est donc se donner une Marine super-puis-sante, se donner l'instrument nécessaire pour se mesurer à la thalassocratie qui nous fait face. Se défendre contre la triple me-nace culturelle, économique et militaire qui nous vient de Disneyland, de la Silicon Valley et de la Force d'Intervention Ra-pide (RDF), c'est truffer l'océan de nos sous-ma-rins nucléaires. Et dans ce déploiement, c'est la France qui a plus d'une lon-gueur d'avance sur les autres Européens. Autant exploiter cet atout. L'Amiral de "gauche" Antoine SANGUINETTI ne nous contredira pas. 

Outre la flotte et les sous-marins, la France doit reprendre ses projets de construction d'aéroglisseurs militaires et de navires à effet de surface (NES). Les côtes aquitaines, charentaises, vendéennes, bretonnes et normandes de la forteresse Europe doi-vent être protégées par une "cavalerie marine" d'aéroglisseurs et de NES, bardés de missiles. Français et Britanniques avaient abandonné ces projets fascinants, la construction de ces armes du XXIème siècle. Et voilà que, depuis janvier dernier, les in-génieurs américains font un petit tour d'Europe pour vendre leurs productions... 

La figure du combattant français de demain sera sans doute ce missiliste d'un NES, avatar moderne du fusilier-marin et de l'artilleur de la "Royale". Autre vocation de la France: entretenir ses liens avec les peuples de son ancien Empire colonial. Il faut d'ailleurs que la France continue à monter la garde à Dakar et maintienne une présence dans l'Océan Indien, en symbiose avec la volonté de non-alignement qui se manifeste dans cette zone géographique. Non-alignement entretenu, impulsé par la Fédération Indienne. 

Et Moscou, dans ce scénario? L'URSS acceptera-t-elle la réunification allemande? Veut-elle d'une Europe forte? Est-elle com-plice avec les Etats-Unis, poursuit-elle le rêve duopolistique de Yalta? La soviétologie occidentale reste indécise, fumeuse et incohérente, elle ne perce pas les mystères du Kremlin. Alain de BENOIST et l'équipe rédactionnelle d'Eléments soulignent à juste titre que les kremlinologues occidentaux sont parfaitement incapables de déduire la moindre conclusion valable de leurs observations. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas Washington qui doit nous dicter l'attitude à prendre à l'égard de Moscou. Si Wa-shington nous enjoint d'être sage avec Papa Gorbat, nous aurions tendance à jouer les sales mômes et à clamer que Papa Gor-bat, il nous pompe l'air. Si Washington tonitrue que Papa Gorbat est le Grand Méchant Loup, nous aurions tendance à dire qu'il n'est pas si méchant que cela, qu'il est sur la voie du gâtisme, qu'il a des problèmes de sous, que son économie bat de l'aile, etc. 

Mais il y a deux choses que nous voulons signifier à Papa Gorbat: qu'il rentabilise sa Sibérie et qu'il s'occupe de ses voisins chinois. Et surtout, qu'il n'a rien perdu chez nous et que nous n'avons nulle envie de rééditer les tentatives de Charles XII de Suède, de Napoléon et de Hitler. Il y a aussi une promesse d'un illustrissime prédécesseur de GORBATCHEV, le camarade STALINE, que nous aimerions remémorer à Moscou. La promesse de réunifier l'Allemagne dans la neutralité. Des milliers de camarades allemands s'en souviennent de cette promesse, qui aurait fait de STALINE un vainqueur magnanime, un Européen à part entière. Tant qu'il ne sera pas répondu clairement à cette question, nous ne pourrons pas agir en anti-américains consé-quents, nous ne pourrons pas construire notre économie auto-centrée, nous ne pourrons pas monter notre défense autonome et protéger la façade occidentale de la Russie, dernier Empire. Nous serons toujours condamnés à armer nos divisions contre une éventuelle velléité belliqueuse de Moscou. La clef de l'Europe future, de la seule Europe future viable, de la seule Europe future qui perpétuera notre destin, se trouve, qu'on le veuille ou non, à Moscou. A Moscou et à Bonn, ajoute Harald RüD-DENKLAU. A Moscou car c'est aux Soviétiques qu'il appartient de réitérer leur offre de 1952 et de 1955 et de rompre avec les momies para-post-staliniennes qui inondent encore quelques médias de leurs pitreries, au détriment de Moscou. A la poubelle de l'histoire donc, les mauvais propagandistes de la Russie, les pires amis du Kremlin. C'est aussi à Bonn que se trouve la clef de l'Europe du XXIème siècle, à Bonn que siègent ceux qui devront décider de poursuivre ou non l'alignement pro-occidental, pro-américain d'ADENAUER. C'est à Bonn qu'il faudra décider si l'axe germano-américain, dénoncé ici à Paris par Charles SAINT-PROT (comme il y a quelques années par le CERES de CHEVENEMENT), vaut la peine d'être maintenu. 

Voici donc, chers amis et camarades, chers partisans de la "Troisième Voie", quelques refléxions grandes-européennes. Uto-pie tout cela, rétorqueront les esprits chagrinés de libéralisme, les adorateurs de paragraphes, les branchés de l'américanolâtrie... C'était aussi utopie et belles paroles quand FICHTE prononçait ses discours dans les caves de Berlin... Quoi qu'il en soit, demain, ce sera la nécessité, la nécessité la plus cruelle, la nécessité de la misère et du chomâge, la néces-sité de la faim, qui nous imposera cette Europe que j'ai esquissée ici. Muß es sein? Es muß sein. Cela doit-il advenir? Cela adviendra. 

Nous aurons alors l'honneur d'avoir toujours récusé les chimères, les abstractions, les irréalismes. Nous aurons l'honneur d'avoir été les pionniers. Nous aurons l'honneur d'avoir transgressé toutes les séductions. Nous aurons l'honneur d'avoir été d'inlassables combattants.

Robert Steuckers,

mai 1985.    

 

 

 

mercredi, 31 décembre 2008

G. Adinolfi: Pensées corsaires

Auteur : Gabriele Adinolfi 
Pensées corsaires, abécédaire de lutte et de victoire 

Figure éminente de la droite radicale italienne, cofondateur de l’organisation Terza Posizione brisée par la répression du système, exilé politique pendant vingt ans, Gabriele Adinolfi revient au-devant de la scène éditoriale avec un dernier essai, vigoureux et enthousiasmant.

Fidèle à l’esprit du Ventennio fasciste dans ce qu’il eut de plus intemporel et avant-gardiste, l’auteur nous livre dans cet abécédaire résolument anticonformiste des réflexions qui se font l’écho d’une vaste culture pluridisciplinaire transcendant l’espace et le temps. 

Au fil d’une écriture ciselée par une passion raisonnée, dans une perspective évolienne de lutte et de victoire, Gabriele Adinolfi dévoile un univers d’une foisonnante richesse qui, au-delà des choix personnels de l’auteur, n’en possède pas moins une portée générale et exemplaire.

Des hommes (et femmes) remarquables aux événements historiques marquants en passant par des concepts politiques ou philosophiques, des grands mythes aux mouvements artistiques, tout un ensemble de références soigneusement sélectionnées contribue à tracer les contours d’une « idée du monde », déclinaison selon un éclairage « romain », de notre Weltanschauung européenne.

L’édition française de cet ouvrage est augmentée d’une bibliographie indicative, d’un long texte ayant suscité d’importants débats au sein de la droite radicale italienne (« Les abeilles et les fleurs »), ainsi que du manifeste de Polaris, projet métapolitique expérimental initié par l’auteur.

Un ouvrage dense et exigeant qui enjoint les lecteurs, désireux de dépasser les slogans éculés et les schémas désuets, à de salutaires révisions dans le contexte d’une mouvance nationale identitaire en pleine recomposition et d’un monde globalitaire où s’effectue le retour de l’Histoire.

Prix : 26,00 € T.T.C


mardi, 30 décembre 2008

L'Amérique et les droits de l'homme / le triomphe des Pharisiens

 

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L’Amérique et les « Droits de l’homme » / Le triomphe des Pharisiens




Les Pharisiens sont dans les Evangiles une secte juive dont les membres se considèrent comme « les bons et les justes ». Ils jouent un rôle important dans la condamnation à mort du Christ.

L’Amérique est-elle « pharisienne » ? Elle se prétend animée d’une mission exceptionnelle qui est d’apporter les droits de l’homme, la liberté et la démocratie à l’univers humain et faire ainsi son bonheur. Elle tire de cette idéologie d’autojustification une tendance à vouloir toujours criminaliser ses adversaires, tendance propre au totalitarisme : si vous êtes l’ennemi de Staline, vous êtes, pour les communistes, non pas un simple adversaire politique mais un criminel qu’il faut juger. Les Américains font de même. On l’a vu avec Saddam Hussein. On l’a vu avec le procès de Nuremberg des chefs nazis où cela n’a jamais gêné les juges américains de juger avec les juges de Staline : ils partageaient tous (Américains, nazis et communistes) en fait une vision commune de la politique fondée sur la diabolisation de l’opposant. Le procureur américain de Nuremberg Robert Jackson n’est en cela pas différent de Freisler, le juge nazi qui condamne à mort les aristocrates allemands s’opposant à Hitler, et Vichynski, le procureur communiste condamnant les victimes des purges staliniennes.

En réalité, les Etats-Unis partageaient avec les Soviétiques le besoin d’affirmer le caractère criminel du régime nazi pour s’exempter eux-mêmes de leurs propres crimes. L’histoire américaine est jalonnée de bien des crimes, comme celles d’autres nations, mais la propagande des Américains victorieux leur a permis d’organiser l’oubli de ces crimes. Ils sont ainsi apparus à tort comme le pays des droits de l’homme par excellence.

Tout le monde trouve normal que les Etats-Unis aient une capitale qui porte le nom d’un propriétaire d’esclaves, Washington. On tait les causes de la Guerre d’indépendance des USA contre l’Angleterre. Celle-ci, par son Parlement, avait décidé l’abolition de l’esclavage, ce qui fit peur aux propriétaires d’esclaves américains, lesquels ne virent leur salut que dans l’indépendance pour que la loi anglaise ne s’applique pas.


Le « pays de la liberté » était et est resté de longues années le pays esclavagiste par excellence : peu de gens, en raison de la propagande américaine, méditent sur cette contradiction. En réalité, l’Amérique a toujours considéré les hommes comme des matières premières pour l’économie : ils n’ont supprimé l’esclavage que lorsqu’ils ont compris qu’il y avait des façons plus efficaces d’utiliser la main-d’œuvre que l’esclavage. Les Etats-Unis sont le pays de la pensée « fonctionnelle » qui trouve son origine chez les philosophes utilitaristes anglais. Mais cette essence est voilée par le discours de propagande des droits de l’homme. Il faut savoir que sur le papier, les constitutions les plus favorables aux droits de l’homme furent celles de Robespierre en 1793 et de Staline en URSS. D’ailleurs l’URSS a signé avec enthousiasme la Déclaration universelle des droits de l’homme lors de la fondation de l’ONU. Cela relativise l’intérêt de ces déclarations pour la protection de la dignité humaine.

Le régime américain dès sa fondation a donc commis un crime, non marginal mais essentiel puisqu’il était à la base de son économie : l’esclavage des Noirs. Cet esclavage était une conséquence particulière d’une conception plus vaste qui réduit les hommes à des matières premières. C’est cette conception qui fut mise au service du racisme à l’égard des Noirs. Mais c’est cette même conception que nous retrouvons dans l’antiracisme dogmatique du système américain actuel : la race (biologique) comme l’ethnie (culturelle) sont des obstacles au besoin économique de rendre la main-d’œuvre parfaitement interchangeable, comme les blocs de charbon ou de marbre sont interchangeables lorsqu’ils sont stockés à des fins de production. Il faut donc les effacer dans un « melting pot ». Des biologistes américains ont pu montrer que si le mélange intégral des races se faisait aux USA les Noirs disparaîtraient totalement car ils ne sont que 12% et la loi de la régression à la moyenne ferait disparaître leurs traits physiques spécifiques dans la population majoritaire : une forme de solution finale du problème noir par le métissage en quelque sorte ! Les plus lucides des porte- parole de la communauté noire de ce point de vue, comme Farrakhan, l’ont bien vu.

Les Etats-Unis ne sont pas fondés uniquement sur l’esclavage mais aussi sur l’élimination des Indiens. Oh, certes, ce fut au nom des besoins économiques de la nation américaine. Les Indiens s’intégraient mal dans l’économie et occupaient des terres à exploiter pour l’élevage ou les puits de pétrole. La façon dont les Indiens furent traités et leur culture détruite pour les livrer à l’alcoolisme, l’assistance et la dictature du consumérisme est révélatrice des risques que fait courir le système fonctionnaliste américain (le « Gestell » de Heidegger) pour les autres peuples du monde. Il s’agit de détruire partout la fierté nationale et les coutumes particulières pour homogénéiser le marché. Si tout le monde ressemble à des Américains, tout le monde utilisera les biens de consommation américains, à commencer par les films d’Hollywood ou le Coca-Cola.

Le régime américain commence donc son entrée dans l’histoire avec deux atteintes majeures aux droits de l’homme : l’esclavage des Noirs et le massacre des Indiens. Comment oser dans ces conditions donner des « leçons de démocratie » au monde ? Mais ce n’est pas tout. Le caractère criminel de la politique américaine va se montrer dans une façon particulièrement odieuse de faire la guerre : l’inauguration a été la Guerre de sécession, dont on a pu dire qu’elle servit de modèle à la Guerre de 1914-1918. C’est en effet l’apparition d’une forme de « guerre industrielle » avec des massacres de masse : pour beaucoup d’historiens, la Guerre de sécession a été la première guerre totale moderne, avec 600.000 soldats tués mais 400.000 civils massacrés. La guerre « aristocratique » codifiée peu à peu en Europe partait du principe que l’on tuait les militaires, pas les civils. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les bombardements américains, tant sur l’Allemagne que sur le Japon, ont délibérément visé les populations civiles pour casser le moral de l’ennemi. Des millions de femmes et d’enfants en ont été victimes. Cette forme de guerre a été réutilisée à plus petite échelle en Irak.

Il y a bien « crimes de guerre » là où l’on s’attaque prioritairement aux femmes et aux enfants : qui a jugé les criminels de guerre américains ? Les Etats-Unis ont fait d’ailleurs valoir diplomatiquement que si des tribunaux internationaux étaient constitués, en aucun cas ils ne pourraient juger des Américains !

Les Etats-Unis ont joué aussi un rôle peu conforme à l’idéologie des droits de l’homme en confortant le crime et les mafias partout où cela pouvait profiter à leurs intérêts politiques. Chicago, symbole du gangstérisme, est bien une ville des Etats-Unis. Ce pays connaît un taux de criminalité très supérieur aux normes européennes. Ce n’est pas étonnant dans un pays où l’homme est avant tout considéré comme une matière première pour l’économie. Partout dans le monde, la criminalité est d’abord liée à la recherche du gain : une société qui place le gain financier sur un piédestal doit s’attendre à sécréter beaucoup d’activités criminelles et mafieuses.

Le système américain actuel est donc particulièrement dangereux pour la liberté et l’identité des peuples du monde, bien que ses dirigeants prétendent partout être les défenseurs de la liberté et de la démocratie. C’est un système déshumanisant qui donne raison, une fois n’est pas coutume, à Karl Marx : « La grande bourgeoisie a précipité les frissons de l’extase religieuse, l’esprit chevaleresque et la sentimentalité petite bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste ! »

D’où vient donc ce régime qui domine les Etats-Unis sous le nom abusif de « démocratie » ? En réalité, le régime politique américain est oligarchique dans son essence et n’est démocratique que dans la forme. C’est une oligarchie marchande qui règne en maître à présent. Le malheur historique de l’Amérique est de n’avoir jamais eu d’aristocratie ni de monarchie. La monarchie en Europe est d’ailleurs un produit de l’aristocratie : le roi comme l’aristocrate est d’abord, à l’origine, un chef de guerre ! Contrairement à ce que l’on peut croire superficiellement, le guerrier professionnel est généralement animé d’une haute déontologie car il met sa vie en jeu, ce qui ne va pas sans une haute moralité. Certes, on a des exemples de guerriers criminels mais la tradition dominante a toujours mis des barrières pour lutter contre cette dérive toujours possible : que ce soit chez le héros homérique, le samouraï japonais ou le soldat des troupes d’élites en Europe. Au Moyen Age, c’est toute une civilisation de la chevalerie qui est née du monde guerrier. Les pires crimes de guerre du XXe siècle sont venus des politiques, parfois élus démocratiquement comme Hitler, mais pas du corps traditionnel des officiers. Ce sont même des officiers qui ont voulu en Allemagne abattre celui qu’ils considéraient comme un tyran ! (complot de Claus von Stauffenberg).

Le monde marchand n’a pas la même relation vis-à-vis de la mort que le monde des officiers. Il n’a donc pas les mêmes exigences éthiques : ceci fut fort bien montré par le sociologue Werner Sombart dans son livre méconnu : « Händler und Helden » (Des marchands et des héros).

Contrairement aux pays d’Europe, l’Amérique n’a pas eu de noblesse pour la diriger. Les valeurs aristocratiques ne sont pas celles qui imprègnent la société américaine. Les valeurs dominantes sont celles de l’affirmation de soi et de l’utilitarisme. Dans la conception utilitariste ou fonctionnaliste du monde, il n’y a guère de place pour des considérations chevaleresques ou esthétiques. Le comportement de l’aviateur français pendant la Guerre de 1914-1918 qui va battre des ailes au-dessus d’un cimetière allemand où est enterré un des as de l’aviation allemande qu’il a abattu, pour exprimer son respect de l’adversaire vaincu, n’est pas un comportement utilitariste. Ce qui est le plus utile, c’est de criminaliser son adversaire : c’est ce que les Etats-Unis pratiquent à grande échelle depuis qu’ils jouent un rôle sur la scène mondiale.

Les Etats-Unis ne sont pas à la source de grandes pensées philosophiques car celles-ci ne rapportent rien dans l’immédiat. Leur apport dans ce domaine est inférieur à celui des Anglais, des Français ou des Allemands. Il faudrait donc que les pays d’Europe reprennent le flambeau de la pensée afin d’aider les Américains à se réformer face à un meilleur modèle que le leur. Sinon le triomphe de l’idéologie fonctionnaliste américaine ne peut apporter que le malheur et le chaos, comme on le perçoit en Irak mais aussi en Amérique même où les dysfonctionnements du système commencent à montrer leur perversité de masse (crise financière, délabrement de la Nouvelle-Orléans après le cyclone, haut degré de criminalité, etc.).

Mais on ne peut se réformer si l’on est persuadé d’incarner la bonté et la justice. C’est pourquoi il importe de démasquer le pharisaïsme de l’idéologie américaine. L’Amérique n’a jamais été un modèle dès ses débuts esclavagistes et de destruction des Indiens. L’Amérique n’est apparue un modèle que parce qu’elle a gagné trois guerres : deux guerres mondiales et la guerre froide contre les Soviétiques. Face aux nazis et aux Soviétiques, l’Amérique fut perçue comme un modèle victorieux et humaniste. Mais c’était une illusion produite par ses faire-valoir de l’Est. Sa réussite économique a longtemps masqué son inhumanité.

Mais l’heure de la vérité approche.

Il n’est pas possible de bâtir une civilisation qui élève l’homme sur des bases purement utilitaristes et fonctionnalistes. L’utilitarisme débouche sur l’autodestruction. Il est donc essentiel pour nous comme pour les Américains de faire la critique de cet utilitarisme et d’abattre la propagande pharisienne qui en masque la nature réelle. L’homme n’est pas qu’un consommateur et un producteur de masse. Il a une dimension sacrée qui ne peut être évacuée. Il faut réévaluer les fonctions militaires et religieuses pour équilibrer la domination des fonctions économiques. Car ces fonctions, en relation avec la nature mortelle de l’homme, portent en elles un idéalisme indispensable pour que la vie soit supportable et pour que l’homme redécouvre sa dignité !

Par Yvan BLOT

 

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dimanche, 28 décembre 2008

"La machine à abrutir" de Pierre Jourde

La machine à abrutir par Pierre Jourde

Le Monde diplomatique, Août 2008 : "Jusqu’à présent, la qualité des médias audiovisuels, public et privé confondus, n’était pas vraiment un sujet. Puis le président de la République découvre que la télévision est mauvaise. Il exige de la culture. En attendant que la culture advienne, l’animateur Patrick Sabatier fait son retour sur le service public. En revanche, des émissions littéraires disparaissent. C’est la culture qui va être contente.

Avec l’alibi de quelques programmes culturels ou de quelques fictions « créatrices », les défenseurs du service public le trouvaient bon. Ils ne sont pas difficiles. Comme si, à l’instar d’une vulgaire télévision commerciale, on n’y avait pas le regard rivé à l’Audimat. Comme si la démagogie y était moins abondante qu’ailleurs.

Les médias ont su donner des dimensions monstrueuses à l’universel désir de stupidité qui sommeille même au fond de l’intellectuel le plus élitiste. Ce phénomène est capable de détruire une société, de rendre dérisoire tout effort politique. A quoi bon s’échiner à réformer l’école et l’Université ? Le travail éducatif est saccagé par la bêtise médiatique, la bouffonnerie érigée en moyen d’expression, le déferlement des valeurs de l’argent, de l’apparence et de l’individualisme étroit diffusées par la publicité, ultime raison d’être des grands groupes médiatiques. Bouygues envoie Jules Ferry aux oubliettes de l’histoire.

Lorsqu’on les attaque sur l’ineptie de leurs programmes, les marchands de vulgarité répliquent en général deux choses : primo, on ne donne au public que ce qu’il demande ; secundo, ceux qui les cri-tiquent sont des élitistes incapables d’admettre le simple besoin de divertissement. Il n’est pas nécessairement élitiste de réclamer juste un peu moins d’ineptie. Il y a de vrais spectacles populaires de bonne qualité. Le public demande ce qu’on le conditionne à demander. On a presque abandonné l’idée d’un accès progressif à la culture par le spectacle populaire. Victor Hugo, Charlie Chaplin, Molière, René Clair, Jacques Prévert, Jean Vilar, Gérard Philipe étaient de grands artistes, et ils étaient populaires. Ils parvenaient à faire réfléchir et à divertir. L’industrie médiatique ne se fatigue pas : elle va au plus bas.

Chacun a le droit de se détendre devant un spectacle facile. Mais, au point où en sont arrivées les émissions dites de « divertissement », il ne s’agit plus d’une simple distraction. Ces images, ces mots plient l’esprit à certaines formes de représentation, les légitiment, habituent à croire qu’il est normal de parler, penser, agir de cette manière. Laideur, agressivité, voyeurisme, narcissisme, vulgarité, inculture, stupidité invitent le spectateur à se complaire dans une image infantilisée et dégradée de lui-même, sans ambition de sortir de soi, de sa personne, de son milieu, de son groupe, de ses « choix ». Les producteurs de télé-réalité — « Loft story », « Koh-Lanta », « L’île de la tentation » —, les dirigeants des chaînes privées ne sont pas toujours ou pas seulement des imbéciles. Ce sont aussi des malfaiteurs. On admet qu’une nourriture ou qu’un air viciés puissent être néfastes au corps. Il y a des représentations qui polluent l’esprit.

Si les médias des régimes totalitaires parviennent, dans une certaine mesure, à enchaîner les pensées, ceux du capitalisme triomphant les battent à plate coutureEt tout cela, bien entendu, grâce à la liberté. C’est pour offrir des cerveaux humains à Coca-Cola que nous aurions conquis la liberté d’expression, que la gauche a « libéré » les médias. Nous, qui nous trouvons si intelligents, fruits de millénaires de « progrès », jugeons la plèbe romaine bien barbare de s’être complu aux jeux du cirque. Mais le contenu de nos distractions télévisées sera sans doute un objet de dégoût et de dérision pour les générations futures.

On a le choix ? Bien peu, et pour combien de temps ? La concentration capitaliste réunit entre les mêmes mains les maisons d’édition, les journaux, les télévisions, les réseaux téléphoniques et la vente d’armement. L’actuel président de la République est lié à plusieurs grands patrons de groupes audiovisuels privés, la ministre de la culture envisage de remettre en cause les lois qui limitent la concentration médiatique, la machine à abrutir reçoit la bénédiction de l’Etat (1). Les aimables déclarations récentes sur l’intérêt des études classiques pèsent bien peu à côté de cela.

Quelle liberté ? La bêtise médiatique s’universalise. L’esprit tabloïd contamine jusqu’aux quotidiens les plus sérieux. Les médias publics courent après la démagogie des médias privés. Le vide des informations complète la stupidité des divertissements. Car il paraît qu’en plus d’être divertis nous sommes informés. Informés sur quoi ? Comment vit-on en Ethiopie ? Sous quel régime ? Où en sont les Indiens du Chiapas ? Quels sont les problèmes d’un petit éleveur de montagne ? Qui nous informe et qui maîtrise l’information ? On s’en fout. Nous sommes informés sur ce qu’il y a eu à la télévision hier, sur les amours du président, la garde-robe ou le dernier disque de la présidente, les accidents de voiture de Britney Spears. La plupart des citoyens ne connaissent ni la loi, ni le fonctionnement de la justice, des institutions, de leurs universités, ni la Constitution de leur Etat, ni la géographie du monde qui les entoure, ni le passé de leur pays, en dehors de quelques images d’Epinal.

Un des plus grands chefs d’orchestre du monde dirige le Don Giovanni de Mozart. Le journaliste consacre l’interview à lui demander s’il n’a pas oublié son parapluie, en cas d’averse. Chanteurs, acteurs, sportifs bredouillent à longueur d’antenne, dans un vocabulaire approximatif, des idées reçues. Des guerres rayent de la carte des populations entières dans des pays peu connus. Mais les Français apprennent, grâce à la télévision, qu’un scout a eu une crise d’asthme.

Le plus important, ce sont les gens qui tapent dans des balles ou qui tournent sur des circuits. Après la Coupe de France de football, Roland-Garros, et puis le Tour de France, et puis le Championnat d’Europe de football, et puis... Il y a toujours une coupe de quelque chose. « On la veut tous », titrent les journaux, n’imaginant pas qu’on puisse penser autrement. L’annonce de la non-sélection de Truc ou de Machin, enjeu national, passe en boucle sur France Info. Ça, c’est de l’information. La France retient son souffle. On diffuse à longueur d’année des interviews de joueurs. On leur demande s’ils pensent gagner. Ils répondent invariablement qu’ils vont faire tout leur possible ; ils ajoutent : « C’est à nous maintenant de concrétiser. » Ça, c’est de l’information.

On va interroger les enfants des écoles pour savoir s’ils trouvent que Bidule a bien tapé dans la balle, si c’est « cool ». Afin d’animer le débat politique, les journalistes se demandent si Untel envisage d’être candidat, pense à l’envisager, ne renonce pas à y songer, a peut-être laissé entendre qu’il y pensait. On interpelle les citoyens dans les embouteillages pour deviner s’ils trouvent ça long. Pendant les canicules pour savoir s’ils trouvent ça chaud. Pendant les vacances pour savoir s’ils sont contents d’être en vacances. Ça, c’est de l’information. A la veille du bac, on questionne une pharmacienne pour savoir quelle poudre de perlimpinpin vendre aux étudiants afin qu’ils pensent plus fort. Des journalistes du service public passent une demi-heure à interroger un « blogueur », qui serait le premier à avoir annoncé que Duchose avait dit qu’il pensait sérieusement à se présenter à la présidence de quelque machin. Il s’agit de savoir comment il l’a appris avant les autres. Ça, c’est de l’information. Dès qu’il y a une manifestation, une grève, un mouvement social, quels que soient ses motifs, les problèmes réels, pêcheurs, enseignants, routiers, c’est une « grogne ». Pas une protestation, une colère, un mécontentement, non, une grogne. La France grogne. Ça, c’est de l’information.

On demande au premier venu ce qu’il pense de n’importe quoi, et cette pensée est considérée comme digne du plus grand intérêt. Après quoi, on informe les citoyens de ce qu’ils ont pensé. Ainsi, les Français se regardent. Les journalistes, convaincus d’avoir affaire à des imbéciles, leur donnent du vide. Le public avale ? Les journalistes y voient la preuve que c’est ce qu’il demande.

Cela, c’est 95 % de l’information, même sur les chaînes publiques. Les 5 % restants permettent aux employés d’une industrie médiatique qui vend des voitures et des téléphones de croire qu’ils exercent encore le métier de journalistes. Ce qui est martelé à la télévision, à la radio envahit les serveurs Internet, les journaux, les objets, les vêtements, tout ce qui nous entoure. Le cinéma devient une annexe de la pub. La littérature capitule à son tour.Le triomphe de l’autofiction n’est qu’un phénomène auxiliaire de la « peopolisation » généralisée, c’est-à-dire de l’anéantissement de la réflexion critique par l’absolutisme du : « C’est moi, c’est mon choix, donc c’est intéressant, c’est respectable. »

La bêtise médiatique n’est pas un épiphénomène. Elle conduit une guerre d’anéantissement contre la culture. Il y a beaucoup de combats à mener. Mais, si l’industrie médiatique gagne sa guerre contre l’esprit, tous seront perdus."

A lire
>>> Pierre Jourde, La littérature sans estomacEd. L'Esprit des péninsules, 2002.
>>> Jourde - Naulleau, Précis de littérature du XXIe siècleMots et Cie, 2008.