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dimanche, 08 juin 2008

Systèmes satellitaires

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Systèmes satellitaires: la problématique dépendance de l'Europe

 

Les derniers modèles de voitures de rêve, les plus coûteux et les plus luxueux, exhibent, bien en vue, le plus sophi­sti­qué des accessoires jamais installés sur un tableau de bord d'automobile: le navigateur satellitaire GPS, qui permet de voir sur une carte électronique la position du véhicule et le parcours à suivre pour rejoindre la destination. Le marché prometteur des appareillages GPS pour applications civiles est solidement dominé aujourd'hui par les Etats-Unis et pour­rait rapporter quelque 50 milliards de dollars dans les sept prochaines années.

 

Mais ces appareils pourraient tout aussi bien apporter des avantages dans bon nombre d'autres secteurs. Cela va de la sécurité et de l'efficacité des systèmes de transport à l'agri­culture (épandage d'engrais), de la prospection de gise­ments de pétrole et de gaz à la détermination de l'heure exacte. Il y a bien sûr d'autres utilisations possibles, par exemple dans les activités de loisir (voile, excursions, alpi­nisme), dans la pêche (récupérations des filets, localisation des bancs de poissons, surveillance des opérations) et dans l'orientation des mal voyants. Le tout, bien entendu, aura des retombées bénéfiques sur le plan de l'emploi.

 

Peu d'observateurs ont réellement compris les aspects poli­ti­ques et militaires qui se profilent derrière ce Global Po­si­tion­ning System (ou: GPS). Ce système est le fruit d'une tech­nologie militaire américaine, basée sur une con­stel­la­tion de 24 satellites en orbite géostationnaire, ou en rota­tion à la verticale de l'Equateur avec la même vitesse an­gu­laire que la Terre, si bien qu'ils paraissent fixes à ceux qui les observent depuis celle-ci. Ces satellites sont équipés d'é­metteurs-récepteurs et d'horloges atomiques, qui trans­mettent des signaux précis et cryptés permettant aux utili­sa­teurs autorisés, dotés de récepteurs adéquats, de fixer leur position sur la Terre par rapport à au moins trois sa­tel­lites.

 

Ce système a été réalisé vers la moitié des années 70 par le Département de la Défense des Etats-Unis pour permettre aux navires, aux avions et aux véhicules terrestres de ses forces armées de déterminer leur propre position en tous points du globe. Par la suite, ce système a été mis gratui­te­ment à la disposition de tous les utilisateurs qui le souhai­taient, y compris dans les pays européens. Mais ils devaient se contenter de signaux standards volontairement dégra­dés, donc insuffisamment précis pour la plus grande part des applications; au lieu de précisions au mètre près, dont disposent les militaires, les utilisateurs civils peuvent comp­ter sur une précision légèrement inférieure à cent mè­tres. Dans de telles conditions, il est possible, par exem­ple, de localiser un véhicule volé ou un voyageur perdu dans le désert, mais non pas de fournir une assistance à des opérations telles l'atterrissage d'un avion ou l'accostage d'un navire, ni, a fortiori, le ciblage d'un objectif militaire avec toute la précision voulue pour l'éliminer.

 

Qui plus est, le GPS n'offre pas les garanties voulues de con­tinuité et d'intégrité du service, vu que douze heures ou plus peuvent passer avant que les utilisateurs ne soient aver­tis de l'envoi de signaux non corrects. Ensuite, la cou­verture des zones urbaines et des latitudes septentrionales est nettement insuffisante. Comme le système est gratuit ac­tuellement, il ne risque pas d'être tarifé outre mesure dans l'avenir. Par ailleurs, le contrôle du système, que les Etats-Unis n'entendent partager avec personne, peut revê­tir une importance fondamentale pour la sécurité mon­dia­le: le scénario esquissé dans un film récent, Il domani non muore mai, dans lequel une manipulation du système GPS amène le monde au seuil d'un nouveau conflit, ne relève plus tout à fait de la science-fiction.

 

La réponse des militaires russes

 

Face à cette situation d'extrême dépendance vis-à-vis des struc­tures de commandement militaires américaines, la pre­­mière puissance qui a commencé à chercher une répon­se est la Fédération de Russie, qui, en 1996, s'est doté d'un système global de positionnement et de navigation satel­li­taire, similaire en substance à celui mis en œuvre par les A­méricains. Ce système russe s'appelle le GLONASS, et se trou­ve actuellement  sous le contrôle direct des plus hautes sphères de l'armée.

 

Les Européens, au contraire, sont restés nettement à la traî­ne. Ce n'est qu'en 1998 que la Commission des com­mu­nautés européennes a formulé une proposition en vue d'éla­borer une stratégie européenne en matière de systèmes globaux de navigation via satellites; ce programme est des­ti­né à recevoir à terme la même importance que le projet Aria­ne, mis sur pied il y a une trentaine d'années.

 

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Cinq sigles à connaître:

EGNOS: European Geostationary Navigation Overlay Service

GLONASS: Global Navigation Satellite System (équivalent russe du GPS)

GNSS: Global Navigation Satellite System (système global s'articulant en deux phases; cf. texte)

GPS: Global Positioning System (USA)

WAAS: Wide-Area Augmentation System (le système de potentialisation régionale du GPS, en cours de développement sous l'impulsion de l'aviation américaine)

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Pendant la première phase, il est prévu la mise au point d'un élément fonctionnant, appelé EGNOS, intégré dans le sy­stème mondial de première génération, GNSS-1 (plei­ne­ment compatible avec le GPS). Cela présuppose la néces­si­té de s'appuyer sur des signaux de base fournis par les Etats-Unis et par la Russie, mais en en augmentant la pré­ci­sion et l'intégrité par le truchement d'éléments supplé­men­taires installés sur la Terre et dans l'espace. Ce système pour­rait devenir opérationnel en 2001.

Dans la seconde phase, l'UE collaborerait au dévelop­pe­ment du GNSS-2, le système mondial pour les objectifs ci­vils, destiné à remplacer les systèmes militaires existants. La contribution européenne au GNSS-2, qui n'en est encore qu'au stade de projet, sera constituée du système GALILÉE (que l'on ne confondra pas avec le véhicule spatial homo­nyme envoyé sur Jupiter). Ce système GALILÉE se basera sur une constellation de satellites en orbite terrestre mo­yenne, c'est-à-dire située à environ 23.000 km d'altitude. Il s'agit d'une orbite intermédiaire entre celle des satellites géostationnaires (36.000 km) et celle des satellites en or­bi­te terrestre basse, entre 700 et 2000 km.

L'abaissement de l'orbite, par rapport aux satellites ac­tuels, permettra l'utilisation de dispositifs au sol de moin­dre puissance, c'est-à-dire plus petits, moins coûteux et moins polluants. La constellation est liée à une infra­struc­ture et à des systèmes terrestres de façon à fournir un ser­vice intégré, nécessaire pour les réseaux transeuropéens de positionnement et de navigation. GALILÉE devra fournir des prestations tri-dimensionnelles sur les masses continentales avec une précision meilleure de 10 m et rendra disponible sur toute la planète des signaux pour la détermination du temps universel et indépendant.

Le calendrier du programme prévoyait la définition du pro­jet pour 2000, la fin de la phase de développement en 2005, sa réalisation pendant les années 2006 et 2007 et le dé­but de sa mise en œuvre réelle en 2009. Le programme se­ra administré par la Commission européenne, par l'Agen­ce spatiale européenne et par les diverses agences natio­na­les (pour l'Italie: l'Agenzia spaziale italiana).

Le coût exact du programme dépendra du panachage choisi des satellites, ceux à orbite moyenne (MEO) et ceux qui sont géostationnaires (GEO). Le budget s'élève d'environ 1,6 milliard d'euro pour une constellation de 21 MEO et de 3 GEO à environ 2,2 milliards d'euro pour 36 MEO et 9 GEO. A ces sommes, il faut ajouter entre 600 et 750 millions d'euro pour la fourniture d'un service d'accès contrôlé, ga­ran­tis­sant sécurité et certification. Les financements seront par­tiellement publics, via le budget de l'UE, et partielle­ment is­sus d'un partenariat entre le public et le privé, qui pourra obtenir des entrées importantes grâce à un système de tarification, qui sera d'autant plus justifié si la qualité de ser­vice offerte se montre meilleure par rapport à celle, gra­­­tuite, fournie par les Etats-Unis.

GALILÉE apportera des avantages fondamentaux à l'Europe sur les plans stratégique, politique, industriel et écono­mi­que. Les avantages se répartiront entre l'industrie et les uti­lisateurs. Selon des estimations formulées par les com­mu­nautés européennes, le volume des affaires, relatif à la vente des appareillages et des services, en valeur ajoutée sur le marché de la navigation satellitaire, pourrait montrer une augmentation de l'ordre de 80 milliards d'euro pour la période de 2005 à 2023. Ces bénéfices découlent soit d'une amplification du marché, soit d'un accroissement des quo­tas pour l'industrie européenne. En particulier, celle-ci de­vrait passer de 15% en 2005  —dans un scénario où seul le GPS entre en jeu—  à 30%, dans un scénario où le GPS et GA­LILÉE sont couplés. Le pourcentage augmentera de 30% à 60% en 2023. Les autres bénéfices indirects, plus diffi­cile­ment quantifiables, sont, par exemple, une diminution de la densité du trafic, dont un accroissement de la mobilité, dans le domaine de la téléphonie mobile, ce qui apporte, en plus, d'autres avantages d'ordre écologique, pour l'hom­me et l'environnement.

Angelo GALLIPI.

(article paru dans Area, décembre 2000).

vendredi, 06 juin 2008

"Animal Farm" naar het boek van G. Orwell

Animal Farm naar het boek van George Orwell

De neo-Belgische (Vlaamse) regering heeft een werkstukje in pure Kafka-stijl opgesteld. Als trouwe uitvoerders van wetten die de Europese dictatuur ons via de plaatselijke elite (Vlaamse ministers) door de strot moet duwen hebben zij gemeend om de EU-richtlijnen inzake antidiscriminatie met de nodige onzin te moeten aanvullen. Het werkstuk is nu een complete operettetekst geworden die men zal kunnen gebruiken als burleske opvoering om de kruiperigheid van de kruideniers die zich Vlaamse staatslieden noemen aanschouwelijk weer te kunnen geven.

De gezamenlijke Vlaamse elite kruipt en wentelt zich in het stof om toch maar het predikaat van zuivere gelovige binnen te kunnen halen. De zuivere gelovigen van de non-discriminatie, welteverstaan. Waar de Europese volkscommissarissen in hun richtlijn alleen maar non-discriminatie in verband met werk en beroep voor ogen hadden en niet discriminatie op basis van leeftijd, godsdienst, overtuiging, taal, gezondheidstoestand en sociale positie, daar hebben de lolbroeken van de middenstandsregering Peeters nu nog een lijstje aan toegevoegd. De kruideniersmentaliteit en het paternalisme druipt van deze toevoegingen af, zoals stroop uit de handjes van een kleuter. Het is een vuile boel en het plakt geweldig. Maar toch moet je uiteindelijk in lachen uitbarsten, want kleuters die een plakboel van je huishouden maken blijven toch altijd kinderen. Zo ook de Vlaamse kleuterregering.

De non-discriminatie die de Vlaamse afdeling van de Belgische machtselite proclameert gaat zo ver en is zo ongelooflijk tegenstrijdig dat het eigenlijk zal uitdraaien op een groot speelplein voor pesttechnieken. Wat houden de Vlaamse decreten die discriminatie verbieden dan in?

Het is verboden te discrimineren in de gezondheidszorg;
Het is verboden te discrimineren in het onderwijs;
Het is verboden om mensen te discrimineren in verband met het leveren van goederen en diensten (deze vind ik persoonlijk de leukste);
Het is verboden te discrimineren op basis van bezit en kapitaal;
Het is verboden om mensen uit te sluiten van sociale voordelen.

Verder moet er voor iedereen toegang zijn tot economische, sociale culturele en politieke activiteiten.

Laat ons eens aftoetsen hoe we deze wonderbaarlijke wereld of - beter gezegd - de Vlaamse uitgave van The Animal Farm creatief kunnen toepassen. Iedereen moet gezondheidszorg kunnen krijgen ongeacht zijn status. Als je weet dat je nu al meer dan 25% van alle medische kosten uit eigen zak mag betalen, dan is de vraag maar hoe je de mensen die dat steeds minder kunnen ophoesten gaat tegemoetkomen. Als je nu naar een hospitaal of naar de dokter gaat, dan moet je eerst in dat hospitaal een voorschot geven en bij de dokter moet je zelf alles eerst voorschieten. Als het einde van de maand nadert, zullen de hospitalen en de dokters verplicht worden om je toch te verzorgen, zelfs zonder geld op zak. Anders is dat discriminatie tegenover mensen die wel kunnen betalen. De Witte Woede zal weer losbarsten!

In het onderwijs moet alles gratis zijn en als er toch kosten zijn voor het een of het ander, dan moeten de ouders van de kinderen die geld genoeg hebben maar betalen voor diegenen die geen geld meer hebben. Zullen die ouders leuk vinden! Lekkere antidiscriminatieblues op het schoolplein zal het gevolg zijn. Mijn voorkeurvoorstel van antidiscriminatie is het verbod op weigering van het leveren van goederen en diensten aan mensen. En het daarbij aansluitende verbod om mensen te discrimineren op basis van kapitaal. Hoe dat de volkscommissarissen van de Eurodictatuur daar niet zelf op gekomen zijn en deze primeur moeten laten aan de middenstandersregering van Vlaanderen is ronduit beschamend.

In de grond zijn deze twee antidiscriminatievoorstellen natuurlijk niet nieuw. In Brussel en in grote Vlaamse steden zijn er al hele groepen die zich kosteloos bedienen van goederen en diensten en andermans geld (die ambachtsgroep noemt men rondtrekkende dadergroepen). Sommigen hebben hier een permanente verblijfplaats (maar dat is een detail). Nu wil de Vlaamse regering dat institutionaliseren: als mensen goederen en diensten willen en ze kunnen dat niet betalen, dan mogen ze niet weerhouden worden om zich de begeerde goederen en diensten zelf te gaan halen. Anders is zoiets discriminatie. Gebeuren er in het vervolg inbraken of autodiefstallen in Vlaanderen, dan is dat het gevolg van het gratis leveren van goederen en diensten aan benadeelde medeburgers. Je hoeft dan niet bij de politie te gaan klagen (dat is ook niet nieuw), want dan kun je nog een discriminatieklacht aan je broek krijgen. De mensen die je spullen meenamen hadden dat immers nodig en konden zich dat niet zelf aanschaffen. Maar jij wel blijkbaar. Foei, foei van jou!

Hoe Peeters en zijn sinterklaasregering dat aan hun middenstandsachterban zullen verkopen dat mensen in winkels gewoon de boel meenemen zonder betaling, zal nog door een bevriend consultancybureau onderzocht moeten worden. Als iemand toch van plan is om zelf te gaan discrimineren, dan kunnen we enkele tips geven. Als je een homo discrimineert (door bijvoorbeeld te weigeren om op zijn avances in te gaan) en die pipo dient klacht tegen jou in, dan moet je als de bliksem klacht tegen hem indienen met als argument dat je een gelovige moslim bent en dat je geloof je verplicht om hem te discrimineren. Als je dat niet mag, dan discrimineert men jou en dat is verboden op grond van non-discriminatie op basis van geloof. Mooi toch? Als je een vreemdeling discrimineert of een vreemdeling discrimineert je vrouw of dochter door ze te verkrachten, dan kun je elkaar beschuldigen op basis van vrijheid van overtuiging. Jij vindt die allochtoon maar een kafir vanuit je overtuiging en hij vindt je vrouw of dochter maar een hoer op basis van zijn geloof. Er is geen discriminatie van één partij. Het is gewoon de werkelijke wereld zoals ze is! Als je baas of manager weer eens veel meer poen pakt dan jijzelf dan moet je hem aanklagen op grond van loondiscriminatie! Het is niet omdat je niet gestudeerd hebt of niet de moeite hebt genomen om zelf een bedrijf te starten dat je gediscrimineerd mag worden via je loon en loonverschillen. Als iemand ziek is op je werk en hij ontvangt een ziekte-uitkering en zelf heb je geen zin om elke dag naar je werk te komen, dan kun je klacht indienen tegen je baas. Het is discriminerend om alleen zieken thuis te laten en te betalen. Gezonde mensen hebben ook dat recht, want is het niet verboden om iemand te discrimineren op basis van zijn gezondheidstoestand.

Ach ja, je moet creatief zijn in die dingen. Ik zou nog een tijdje door kunnen gaan met goede raad te geven, maar het zal nu al duidelijk zijn voor iedereen dat de toekomst van Vlaanderen verzekerd is. Het is een “schitterende” toekomst. Jeronimus Bosch zou er nooit in geslaagd zijn om het geheel op doek te krijgen. En hij heeft veel gekken geschilderd in zijn tijd. Om de Vlaamse ministers te portretteren en hun maatregelen adequaat te schilderen heb je een geestesgestoorde nodig. Die zal de antidiscriminatielobby misschien in zijn volle waarde kunnen schilderen en portretteren. Nog een geluk dat onze ministers kunnen rekenen op de morele steun van AFF en Blokbuster. Zij kunnen dienen als ezels, zoals die op de schilderijen van Jeronimus veelvuldig voorkwamen. Een beetje “mismeesterd”, maar toch herkenbaar. Alle morele steun is welkom bij een acute geestesziekte en gedeelde pijn is halve pijn zegt een Vlaams spreekwoord.

E. Hermy
Algemene coördinator

jeudi, 05 juin 2008

Rechts anarchist zijn

Jean-Marc Goglin:

(Nsalternatief.wordpress.com)

Door Jean-Marc Goglin

De anarchist verschijnt op het einde van de 19de eeuw. Hij wijst in naam van de individuele vrijheden het hem opgelegde begrip vooruitgang af van de industriële maatschappij, die bezig is zich te vormen.

De rechtse anarchist is geen simpele individualist. Hij verankert zijn waarden in de afwijzing van de democratie. Hij protesteert tegen de starre denknormen en -houdingen geboren uit de industriële revolutie en wil doorgaan voor de verdediger van de traditionele aristocratische waarden van Frankrijk.

I. De democratie afwijzen

De rechtse anarchist wijst de filosofische erfenis van 1789 af. Hij wijst het egalitaire postulaat af nagelaten door de Franse Revolutie en ontkent de legitimiteit van de meerderheid. Volgens hem kan het kwantitatieve criterium geen enkele legitimiteit aan de keuze geven. De keuze kan alleen maar tot stand komen door enkelen. De vrijheid definiëren als een collectief principe lijkt incoherent voor de rechtse anarchist. De vrijheid is individueel en is slechts het bezit van enkelen. Een revolutionaire regering kan in geen enkel geval de vrijheid officialiseren en de rechten die eruit voortvloeien.

Inderdaad, de vrijheid wordt gekozen en gemaakt dankzij wil en energie. De rechtse anarchist wijst de legitimiteit van de Republiek af. Volgens hem vertegenwoordigt zij de decadentie, zowel moreel als politiek. Hij vindt het politieke systeem instabiel, corrupt en inefficiënt. Volgens hem heeft eigenlijk de burgerij de macht in handen en vermomt zij haar heerschappij onder een democratische schijn die tot een collectieve tirannie leidt.

De rechtse anarchist haat de intellectueel, die de uitvinder van de democratie is. Hij vindt hem onrealistisch en onverantwoordelijk. Hij verwijt hem zijn zin van de geschiedenis, die onvermijdelijk gaat in de richting van vooruitgang. Hij wijst zowel de geschiedenisopvatting van Auguste Comte als die van Karl Marx af.

De illusie die de intellectueel koestert om de grote politieke zienswijzen te definiëren komt voor de rechtse anarchist dus over als een gevaar. Niet enkel is de intellectueel geen gids, maar hij verziekt ook de fundamenten van de maatschappij. Hij theoretiseert slecht en is niet in staat om zelf te handelen volgens zijn ideeën, die trouwens niet toepasbaar zijn. De rechtse anarchist vindt dus in navolging van Friedrich Nietzsche dat de 19de eeuw een eeuw is van decadentie, zowel individueel als collectief. Volgens hem verdwijnt de spiritualiteit onder de illusie van de technische vooruitgang.

II. Een ideaal bieden dat zowel libertair als aristocratisch is

De rechtse anarchist vindt dat hij de intellectuele en morele plicht heeft om in opstand te komen. Dat verzet leidt de rechtse anarchist dikwijls tot geweld: in zijn woorden, zijn geschriften, maar ook in zijn daden.

Hij verzet zich in de eerste plaats tegen de instellingen die onder het mom van democratie de individuele vrijheden gevangen houden. Hij bekritiseert eveneens de futloosheid van de blinde collectiviteit. Het begrip volk komt hem over als een mythe, want niet in staat om te denken en te handelen. Hij bekritiseert niet de machtigen, maar de middelmatigen die laten begaan, ja zelfs de machtigen voortbrengen.

De anarchist verdedigt de idee dat men de mensen verantwoordelijk moet maken. De rechtse anarchist stelt een filosofie van het “ik” voor. Dat “ik” hoort gewelddadig, veeleisend, scherpzinnig en scheppend te zijn. In navolging van Arthur de Gobineau vindt hij dat het oorspronkelijke “ik” primordiaal is en dat men het trouw moet zijn. De waarden verworven tijdens de kindertijd structureren het individu voor altijd en moeten worden gevrijwaard. De anarchist verdedigt het aristocratisme dat voor hem de eeuwige zoektocht is naar de uitmuntendheid doorheen waarden als eer, trouw, heldendom… De aristocraat is hij die de kracht van zijn verlangens kan harmoniseren met de strengheid van hun verplichtingen.

De anarchist ontdekt in zichzelf gemeenschappelijke waarden met het Ancien Régime. Hij is ondanks dat alles geen monarchist. Eigenlijk is hij meer nostalgisch naar de idealen van het ridderwezen dan naar de institutionele organisatie.

De rechtse anarchist tracht een synthese te bieden tussen de uitdrukking van de meest totale vrijheid en de erkenning van de verheven waarden van het individu. Hij behoort tot een denkstroming die het 19de-eeuwse politieke leven kenmerkt in zijn verzet tegen de grote stromingen van de eeuw: de democratie, het marxisme, het socialisme, het bonapartisme en het liberalisme.

Bron: nsalternatief

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vendredi, 23 mai 2008

R. Michels: un socialisme au-delà des oligarchies

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Roberto Michels : un socialisme au-delà des oligarchies

Source : Alessandro CAMPI, revue Vouloir n°50/51 (nov. 1988). (texte issu de Diorama Letterario, Florence ; tr. fr. R. Steuckers).

1. Roberto Michels,un homme, une carrière

Roberto Michels, le grand sociologue italo-allemand, principal représentant, avec Vilfredo Pareto et Gaetano Mosca, de l'école "élitiste" italienne. Michels est né à Cologne en 1876, dans une famille de riches commerçants d'ascendance allemande, flamande et française. Après des études commencées au Lycée français de Berlin et poursuivies en Angleterre, en France et à Munich en Bavière, il obtient son doctorat à Halle en 1900, sous l'égide de Droysen, en présentant une thèse sur l'argumentation historique. Dès sa prime jeunesse, il milite activement au sein du parti socialiste, ce qui lui attire l'hostilité des autorités académiques et rend difficile son insertion dans les milieux universitaires. En 1901, grâce à l'appui de Max Weber, il obtient son 1er poste de professeur à l'Université de Marbourg.

Ses contacts avec les milieux socialistes belges, italiens et français sont nombreux et étroits. Entre 1904 et 1908, il collabore au mensuel français Le Mouvement socialiste et participe, en qualité de délégué, à divers congrès sociaux-démocrates. Cette période est décisive pour lui, car il rencontre Georges Sorel, Edouard Berth et les syndicalistes révolutionnaires italiens Arturo Labriola et Enrico Leone. Sous son influence, s'amorce le processus de révision du marxisme théorique ainsi que la critique du réformisme des dirigeants socialistes. La conception activiste, volontariste et antiparlementaire que Michels a du socialisme ne se concilie pas avec l'involution parlementariste et bureaucratique du mouvement social-démocrate. Ce hiatus le porte à abandonner graduellement la politique active et à intensifier ses recherches scientifiques. A partir de 1905, Max Weber l'invite à collaborer à la prestigieuse revue Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik. En 1907, il obtient une chaire à l'Université de Turin où il entre en contact avec Mosca, avec l'économiste Einaudi et avec l’anthropologue Lombroso. Dans ce climat universitaire fécond prend corps le projet de son œuvre fondamentale, Zur Soziologie des Parteiwesens. Pendant la guerre de Tripoli, Michels prend position en faveur des projets impériaux de l'Italie et contre l'expansionnisme allemand. De cette façon, commence son rapprochement avec le mouvement nationaliste italien ; ses rapports avec Max Weber se détériorent irrémédiablement.

Pendant la période italienne, un travail fécond

Au début de la Ière Guerre Mondiale, en 1914, il s'installe à l'Université de Bâle en Suisse. C'est la période où Michels resserre ses liens avec Pareto et avec l'économiste Maffeo Pantaleoni. En 1922, il salue avec sympathie la victoire de Mussolini et du fascisme. Il retourne définitivement en Italie en 1928 pour assumer la chaire d'Économie Générale auprès de la Faculté des Sciences Politiques de l'Université de Pérouse (Perugia). En même temps, il enseigne à l'Institut Cesare Alfieri de Florence. À cette époque, il donne de nombreuses conférences et cours en Italie et ailleurs en Europe. Ses articles paraissent dans la fameuse Encyclopaedia of the Social Sciences (1931). Il meurt à Rome à l'âge de 60 ans, le 2 mai 1936.

Homme d'une très vaste culture, éduqué dans un milieu cosmopolite, observateur attentif des mouvements politiques et sociaux européens à la charnière des XIXe et XXe siècles, Michels fut, outre un historien du socialisme européen, un critique de la démocratie parlementaire et un analyste des types d'organisation sociale, un théoricien du syndicalisme révolutionnaire et du nationalisme, ainsi qu'un historien de l'économie et de l'impérialisme italien. Ses intérêts le portèrent également à étudier le fascisme, les phénomènes de l'émigration, la pensée corporatiste et les origines du capitalisme. À sa manière, il a continué à approfondir la psychologie politique créée par Gustave Le Bon et s'est intéressé, à ce titre, au comportement des masses ouvrières politisées. Il a également abordé des thèmes qui, à son époque, étaient plutôt excentriques et hétérodoxes, comme l'étude des relations entre morale sexuelle et classes sociales, des liens entre l'activité laborieuse et l'esprit de la race, de la noblesse européenne, du comportement des intellectuels et a brossé un 1er tableau du mouvement féministe. N'oublions pas, dans cette énumération, de mentionner ses études statistiques, tant en économie qu'en démographie, notamment à propos du contrôle des naissances et d'autres questions connexes.

2. La redécouverte d'une œuvre

Comme je viens de le signaler, son livre le plus important et le plus connu est intitulé Zur Soziologie des Parteiwesens in der modernen Demokratie ; il a été publié une 1ère fois en 1911 et une 2nde fois en 1925 (cette édition étant l'édition définitive). Il s'agit d'une étude systématique, consacrée aux rapports entre la démocratie et les partis, à la sélection des classes politiques, aux relations entre les minorités actives et les masses et au "leadership". La bibliographie de Michels comprend 30 livres et près de 700 articles et essais, dont beaucoup mériteraient d’être réédités (1). Son livre principal a été traduit en anglais, en espagnol, en français, en italien, etc.

Malgré l'ampleur thématique, la profondeur et l’actualité de bon nombre d'analyses de Michels, son œuvre n'a pas joui du succès qu'elle mérite. Dans beaucoup de pays européens, on la cite mal à propos et les ouvrages critiques valables manquent. En compensation, plusieurs études de bonne tenue sont parues aux États-Unis, spécialement sur l'apport de Michels à la théorie du parti politique et à la définition du fascisme (2). Sa sympathie pour le mouvement de Mussolini est, évidemment, un des motifs qui ont conduit à l'ostracisation de son œuvre au cours de notre après-guerre. C'est un destin qu'il a partagé avec d'autres intellectuels, comme Giovanni Gentile (3). Autre motif : la diffusion en Europe de méthodes sociologiques américaines, lesquelles sont empiriques, descriptives, statistiques ou critiques / utopiques et ne prêtent guère d'attention à l'analyse des concepts et aux dimensions historiques et institutionnelles des phénomènes sociaux. Le style scientifique de Michels, qui est réaliste/réalitaire, anti-idéologique, démystifiant et dynamique, a été injustement considéré comme dépassé, comme l'expression anachronique d'une attitude éminemment conservatrice (4).

Un retour de Michels s'annonce

Récemment, toutefois, la situation a commencé à changer, surtout en Italie, pays que Michels considérait comme sa "nouvelle patrie". En 1966, on y publie, avec une étude préliminaire de Juan Linz, une traduction de Zur Soziologie des Parteiwesens (5). En 1979 paraît une sélection d'essais sous la direction du spécialiste américain James Gregor (6). Une anthologie d'écrits relatifs à la sociologie paraît en 1980 (7). Deux ans plus tard, l'Université de Pérouse organise un colloque sur le thème de "Michels entre la politique et la sociologie" avec la participation des plus éminents sociologues italiens (8). A l'occasion du 50ème anniversaire de sa mort, d'autres publications ont été incluses dans les programmes des éditeurs. Les éditions UTET ont annoncé une vaste collection d' "écrits politiques". Giuffré a prévu, dans sa prestigieuse collection Arcana Imperii, une anthologie dirigée par Ettore Albertoni & G. Sola, qui portera le titre de Dottrine et istituzioni politiche. Ce même éditeur envisage également une traduction italienne de Sozialismus und Faschismus in Italien, œuvre parue initialement en 1925.

Une contribution récente à la redécouverte de Michels se trouve dans le livre du professeur israëlien Zeev Sternhell, consacré à la genèse de l'idéologie fasciste en France (9). Selon Sternhell, Michels, comme Sorel, Lagardelle et De Man, incarne le courant "révisionniste", qui, entre 1900 et 1930, apporte une contribution décisive à la démolition des fondements mécanistes et déterministes du marxisme théorique, et à la critique de l'économisme et du réductionnisme matérialiste. Michels favorise ainsi la diffusion d'une conception de l'action politique fondée sur l'idée de nation et non de classe, couplée à une éthique forte et à une vision libre de la dynamique historique et sociale. D’après de nombreux auteurs, c'est là que résident les fondements où a mûri le fascisme avec son programme d'organisation corporative, de justice sociale, d'encadrement hiérarchique des institutions politiques et de limitation des corruptions dues au parlementarisme et au pluralisme partitocratique.

Michels a été en contact avec les personnalités politiques et intellectuelles les plus éminentes de son époque, comme Brentano, Sombart, Mussolini, Pareto, Mosca, Lagardelle, Sorel, Schmoller, Niceforo, etc. Il nous manque encore pourtant une bonne biographie. Il serait très intéressant de publier ses lettres et son journal ; ces 2 éléments contribueraient à illuminer une période extrêmement significative de la culture européenne de ces 100 dernières années.

3. La phase syndicaliste

Dans la pensée de Michels, on peut distinguer 2 phases. La 1ère coïncide avec l'abandon de l'orthodoxie marxiste initiale et avec une approche du syndicalisme révolutionnaire et du révisionnisme théorique. La 2nde, la plus féconde du point de vue scientifique, coïncide avec la découverte de la théorie de Mosca sur la "classe politique" et de celle de Pareto sur l'inévitable "circulation des élites". Nous allons, dans la suite de cet article, examiner brièvement, mais avec toute l'attention voulue, ces 2 phases.

Après qu'il ait publié de nombreux articles de presse et prononcé de nombreuses allocutions lors de congrès et de débats politiques, les 1ères études importantes de Michels paraissent entre 1905 et 1908 dans la revue Archiv (cf. supra) dirigée par Max Weber. Particulièrement significatifs sont les articles consacrés à "La social-démocratie, ses militants et ses structures" et aux "Associations. Recherches critiques", parus en langue allemande, respectivement en 1906 et en 1907. Michels y analyse l’hégémonie de la social-démocratie allemande sur les mouvements ouvriers internationaux et y envisage la possibilité d'une unification idéologique entre les diverses composantes du socialisme européen. Ce faisant, il met simultanément en exergue les contradictions théoriques et pratiques du parti ouvrier allemand : d'un côté, la rhétorique révolutionnaire et la reconnaissance de la grève générale comme forme privilégiée de lutte, et, d'un autre côté, la tactique parlementaire, le légalisme, l'opportunisme et la vocation aux compromis. Michels critique le "prudencialisme" des chefs sociaux-démocrates, sans pour autant favoriser le spontanéisme populaire ou les formes d'auto-gestion ouvrière de la lutte syndicaliste. Selon Michels, l'action révolutionnaire doit être dirigée et organisée et, de ce point de vue, les intellectuels détiennent une fonction décisive. Car décisif est le travail pédagogique d'unifier le parti politique. Le mouvement ouvrier se présente comme une riche constellation d’intérêts économiques et de visions idéalistes qui doit être synthétisée dans un projet politique commun.

Dans son 1er livre, Il proletariato e la borghesia nel movimento socialista, publié en italien en 1907, Michels perçoit parfaitement les dangers de dégénérescence, d'oligarchisation et de bureaucratisation, intrinsèques aux structures des partis et des syndicats. Dans cette 1ère phase de sa pensée, Michels envisage une "possibilité" [involutive] qui doit être conjurée par un recours à l'action directe du syndicalisme. Pour lui, l'involution virtuelle du socialisme politique ne révèle pas encore son véritable sens qui est d’être une inexorable fatalité sociologique.

4. La phase sociologique

En 1911, paraît, comme nous venons de le signaler, sa "somme" importante sur le parti politique (10), l'œuvre qui indique son passage définitif du syndicalisme révolutionnaire à la sociologie politique. L'influence de Mosca sur sa méthode historique et positive a été déterminante. À partir d'une étude sur la social-démocratie allemande, comme cas particulier, Michels en arrive à énoncer une loi sociale générale, une règle du comportement politique. Michels a découvert que, dans toute organisation, il y a nécessairement des chefs préparés à l'action et des élites de professionnels compétents ; il a découvert également la nécessité d'une "minorité créatrice" qui se propulse à la tête de la dynamique historique ; il a découvert la difficulté qu'il y a à concilier, dans le cadre de la démocratie parlementaire, compétence technique et représentativité. La thèse générale de Michels est la suivante : "Dans toute organisation humaine à caractère instrumental (Zweckorganisation), les risques d'oligarchisation sont toujours immanents" (11). Il dénonce ensuite l'insuffisance définitive du marxisme : "Les marxistes possèdent certes une grande doctrine économique et un système historique et philosophique fascinant ; mais, dès que l'on entre dans le champ de la psychologie, le marxisme révèle des lacunes conceptuelles énormes, même aux niveaux les plus élémentaires". Son livre est riche en thèses et en arguments. Jugeons-en sur pièces :

1) La lutte politique démocratique a nécessairement un caractère démagogique. En apparence, tous les partis combattent pour le bien de l'humanité, pour l’intérêt général et pour l'abolition définitive des inégalités. Mais, au-delà de la rhétorique sur le bien commun, sur les droits de l'homme et sur la justice sociale, on sent poindre une volonté de conquérir le pouvoir et se profiler le désir impétueux de s’imposer à l'État, dans l’intérêt de la minorité organisée que l'on représente. A ce propos, Michels énonce une "loi d'expansion", selon laquelle tout parti tend à se convertir en État, à s'étendre au-delà de la sphère sociale qui lui était initialement assignée ou qu'il avait conquise grâce à son programme fondamental" (12).

2) Les masses sont incapables de s'auto-gouverner. Leurs décisions ne répondent jamais à des critères rationnels et elles sont influencées par leurs émotions, par des hasards d'ordres divers, par la fascination charismatique qu'exerce un chef bien déterminé et influent, qui se détache de la masse pour en assumer la direction de manière dictatoriale. À la suite de l’avènement de la société de masse et de la croissance des grands centres industriels, toute possibilité de réinstaurer une démocratie directe est désormais définitivement éteinte. La société moderne ne peut fonctionner sans dirigeants et sans représentants. En ce qui concerne ces derniers, Michels écrit : "Une représentation durable signifie, dans tous les cas, une domination des représentants sur les représentés" (13). De l'avis de Michels, ce jugement ne signifie pas le rejet de la représentation, mais bien la nécessité de trouver des mécanismes qui pourront transformer les relations entre les classes politiques et la société civile, de la manière la plus organique possible. Aujourd'hui, le véritable problème de la science politique consiste à choisir des formes nouvelles 1) de représentation et 2) de transmission des volontés et des intérêts politiques, qui se fondent sur des critères organiques, dans un esprit de solidarité et de collaboration, orientés dans un sens pragmatique et non inspirés de ces mythes d'extraction mécaniciste, qui ne visent que le pouvoir des partis et non le gouvernement efficace du pays.

La compétence, c'est le pouvoir

3) La foi politique a pris le relais de la foi religieuse à l’ère contemporaine. Michels écrit : "Au milieu des ruines de la culture traditionnelle des masses, la stèle triomphante du besoin de religion est restée debout, intacte" (14). C'est là une anticipation intelligente de l'interprétation contemporaine du caractère messianique et religieux/séculier, si caractéristique de la politique de masse moderne, comme c'est notamment le cas dans les régimes totalitaires.

4) "La compétence est pouvoir", "la spécialisation signifie autorité". Ces 2 expressions récapitulent pour Michels l'essence du "leadership". En conséquence, la thèse selon laquelle le pouvoir et l'autorité se déterminent par rapport aux masses, ou dans le cadre des conflits politiques avec les autres partis, est insoutenable. D’après Michels, ce sont, dans tous les cas, des minorités préparées, aguerries et puissantes qui entrent en lutte pour prendre la direction d'un parti et pour gouverner un pays.

5) Analysant 2 phénomènes historiques comme le césarisme et le bonapartisme, Michels dévoile les relations de parenté entre démocratie et tyrannie et se penche sur l'origine démocratique de certaines formes de dictature. "Le césarisme, écrit-il, est encore de la démocratie ou, du moins, peut en revendiquer le nom, parce qu'il tire sa source directement de la volonté populaire" (15). Et il ajoute : "Le bonapartisme est la théorisation de la volonté individuelle, jaillie au départ de la volonté collective, mais émancipée de celle-ci, avec le temps, pour devenir à son tour souveraine" (16).

Légitimité et "loi d'airain des oligarchies"

6) Carl Schmitt, dans son livre classique Legalität und Legitimität (1932), a développé une analyse profonde autour de la "plus-value politique additionnelle" qu'assume celui qui détient légalement le levier du pouvoir politique; il s'agit d'une espèce de supplément de pouvoir. Michels a eu une intuition semblable en écrivant: "Les leaders, disposant des instruments du pouvoir et, de ce fait, du pouvoir lui-même, ont pour eux l'avantage d'apparaître toujours sous la lumière de la légalité".

7) Le livre principal de Michels contient beaucoup d'autres observations sociologiques : sur les différenciations de compétences ; sur les goûts et les comportements, lesquels, en tant que conséquences de l'industrialisation, ont touché les ouvriers et brisé l'unité de classe; sur les mutations sociales comme l'embourgeoisement des chefs et le rapprochement entre les niveaux de vie du prolétariat et de la petite bourgeoisie ; sur la possibilité de prévoir et de limiter le pouvoir des oligarchies au moyen du procédé technique qu'est le référendum et par le recours à l'instrument théorique et pratique du syndicalisme.

8) La 6ème partie du livre est centrale et dédiée explicitement à la tendance oligarchique des organisations. Michels énonce la plus célèbre de ses lois sociales, celle qui évoque la "perversion" que subissent toutes les organisations : avec l'accroissement du nombre des fonctions et des membres, l’organisation, "de moyen pour atteindre un but, devient fin en soi. L'organe finit par prévaloir sur l'organisme". C'est là la "loi de l'oligarchie" dont il résulte que l'oligarchie est la "forme établie d'avance de la convivialité humaine dans les organisations de grande dimension".

9) Le livre de Michels contient, dans sa conclusion, une volonté de lutte qui, partiellement, rappelle la vision historique tragique de Max Weber et de Georg Simmel ; c'est une volonté d'approfondir le choc inévitable entre la vie et ses formes constituées, entre la liberté et la cristallisation des institutions sociales, lesquelles caractérisent la vie moderne.

5. L'Histoire

Avec la publication en langue italienne du livre intitulé L'imperialismo italiano. Studio politico e demo-grafico (1914), le "retournement" de Michels est définitif. Avec la parution de cette œuvre, s'écroule un mythe, celui de l'internationalisme et de l’universalisme humanitariste. Dans l'œuvre de Michels, le nationalisme apparaît comme le nouveau moteur idéal de l'action politique, comme un sentiment capable de mobiliser les masses et d'en favoriser l’intégration dans les structures de l'État. L'analyse sociologique du sentiment national sera approfondie dans un volume ultérieur, d'abord paru en allemand (1929), et puis en italien (1933), sous le titre de Prolegomeni sul patriottismo.

A partir de 1913, paraissent en Italie plusieurs études importantes en économie : Saggi economici sulle classi popolari (1913), La teoria di Marx sulla poverta crescente e le sue origini (1920). L'approche que tente Michels en économie est de nature rigoureusement historique. Selon lui, il est plus important de tenir compte de l'utilité pratique d'une théorie économique que de ses corrections spéculatives purement formelles. L'interprétation de Michels est pragmatique et concrète. Il critique l’inconsistance de l' "homo oeconomicus" libéral, parce qu'à son avis, il n'existe pas de sujets économiques abstraits, mais des acteurs concrets, porteurs d’intérêts spécifiques. Il critique ensuite l'interprétation du marxisme, laquelle pose l'existence d'un conflit insurmontable au sein des sociétés. Michels reconnaît par là la fonction régulatrice et équilibrante de l'État et la nécessité d'une collaboration étroite entre les diverses catégories sociales. Pour cette raison, le modèle corporatif lui apparaît constituer une solution. Sa valorisation du corporatisme est contenue dans l'opuscule Note storiche sui sistemi sindicali corporativi publié en langue italienne en 1933.

6. Le fascisme

Dans cette phase-là de son œuvre, son activité d'historien, il la consigne dans des livres, écrits d'abord en allemand, puis traduits en italien : Socialismo e fascismo in ltalia (2 vol., 1925) ; Psicologia degli uomini significativi. Studi caratteriologici (1927), Movimenti anricapitalistici di massa (1927) ; puis dans des écrits rédigés directement en italien : Francia contemporeana (1926) et Storia critica del movimento socialista italiano (1926). Parmi les personnalités "significatives" dont il trace la biographie, figurent Bebel, De Amicis, Lombroso, Schmoller, Weber, Pareto, Sombart et W. Müller. En 1926, Michels donne une série de leçons à l'Université de Rome ; elles seront rassemblées un an plus tard en un volume, rédigé en italien : Corso di sociologia politica, une bonne introduction à cette discipline qui s’avère encore utile aujourd'hui. Dans ce travail, il retrace les grandes lignes de sa vision élitiste des processus politiques, émet une théorisation de l'institution qu'est devenue le "Duce" et développe une nouvelle théorie des minorités. Le "Duce", qui tire sa puissance directement du peuple, étend sa légitimité à l'ensemble du régime politique. Cette idée constitue, en toute vraisemblance, un parallèle sociologique de la théorie élaborée simultanément en Allemagne par les théoriciens nationaux-socialistes du dit "Führerprinzip".

Cette relative originalité de Michels n'a pas été suffisamment mise en évidence par les critiques, qui se sont limités à le considérer seulement comme un génial continuateur de Mosca et de Pareto. En 1928, dans la Rivista internazionale di Filosofia del Diritto, paraît un essai important de Michels : Saggio di classificazione dei partiti politici. Par la suite, de nombreux écrits italiens furent réunis en 2 volumes : Studi sulla democrazia e l'autorità (1933) et Nuovi studi sulla classe politica (1936). L'adhésion explicite de Michels au fascisme s'est exprimée dans un ouvrage écrit d'abord en allemand (L'Italia oggi) en 1930, année où il s'inscrit au PNF (Parti National Fasciste). Dans ces pages, Michels fait l'éloge du régime de Mussolini, parce qu'il a contribué de manière décisive à la modernisation du pays.

7. Conclusions

La plus grande partie des notules relatives à la vie de Michels sont contenues dans son essai autobiographique, rédigé en allemand (Una corrente sindicalista sotteranea nel socialismo tedesco fra il 1903 e il 1907) et publié en 1932 ; cet essai demeure encore et toujours utile pour reconstruire les diverses phases de son existence, ainsi que repérer les différentes initiatives politiques et culturelles qu'il a entrepris ; on découvre ainsi son itinéraire qui va de la sociale-démocratie allemande au fascisme, de l'idéologie marxiste au réalisme machiavélien à l'italienne, des illusions du révolutionarisme à son credo conservateur. En résumé, il s'agit là d'une œuvre vaste, de grand intérêt. Nous espérons, en guise de conclusion à cette brève introduction, qu’elle contribuera à faire redécouvrir ce grand sociologue et à valoriser de façon équilibrée son travail.

Notes :

  1.  Une bibliographie des travaux de Michels à été publiée en 1937 par les Annali de la faculté de Jurisprudence de l'Université de Pérouse.
  2. Par ex. D. Beetham, "From Socialism to Fascism : The Relation Between Theory and Practice in the Work of R. Michels" in: Political Studies, XXV, nn. 1 & 2. Cf. aussi G. Hands, "R. Michels and the Study of Political Parties" in : British Journal of Political Science, 1971, n. 2.
  3. Sur ce thème, W. Röhrich, R. Michels vom sozialistisch-syndikalistischen zum faschistischen Credo, Berlin, 1972. Cf. également R. Messeri, "R. Michels : crisi della democrazia parlamentare e fascismo" dans l'ouvrage collectif Il fascismo nell'analisi socioligica, Bologna, 1975.
  4. Remarquablement intéressantes sont les études de E. Ripepe (Gli elitisti italiani, Pisa, 1974) et de P.P. Portinaro, "R. Michels e Pareto. La formazione e la crisi della sociologia" in : Annali della Fondazione Luigi Einaudi, Torino, XI, 1977.
  5. Roberto Michels, Les partis politiques, Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, Flammarion, Paris, 1971.
  6. A. James Gregor, Roberto Michels e l'ideologia del fascismo, Roma, 1979. À la suite d'une longue introduction, on trouvera dans ce volume un vaste choix de textes de Michels.
  7. Roberto Michels, Antologia di scritti sociologici, Bologna, 1980.
  8. Les contributions à ce colloque ont été rassemblées par G.B. Furiozzi dans le volume Roberto Michels Ira politica e sociologia, ETS, Pisa, 1985.
  9. Z. Sternhell, Ni droite ni gauche, Seuil, 1983.
  10. À propos de la contribution de Michels à la "stasiologie" (science des partis politiques), voir G. Femàndez de la Mora, La partitocracia, Instituto de Estudios Politicos, Madrid, 1977, pp. 31-42. À propos de l'influence de Michels sur Ortega y Gasset, voir I. Sanchez-Camara, La teoria de la minoria selecta en el pensamiento de Ortega y Gasset, Madrid, 1986, pp. 124-128.
  11. Michels, Les partis politiques..., op.cit.
  12. (13)(14)(15)(16) Ibidem.

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jeudi, 22 mai 2008

Comprendre Mai 68

Comprendre Mai 68
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” Il est frappant de voir à quel point les ex-contestataires de 1968, une fois libérés de leur phraséologie révolutionnaire, sont devenus les employés dociles et les profiteurs avides du système de consommation occidental.

L’erreur de ces bons jeunes gens au temps de leur jeunesse avait été d’identifier les façons d’être traditionnelles qu’ils haïssaient au capitalisme. Ils avaient été de biens mauvais lecteurs de Karl Marx. Ils n’avaient pas compris que la société capitaliste avancée avait un pouvoir destructeur bien supérieur à celui des rhéteurs de la contestation. Quand ils eurent découvert que le monde libéral travaillait dans la même direction qu’eux, mais avec des moyens finalement beaucoup plus efficaces et agréables que ceux de l’ascétisme révolutionnaire, ils ne demandèrent qu’à se rallier.

Loin de nuire à la société marchande, la contestation soixante-huitarde avait contribué à faire sauter les derniers obstacles limitant ses débordements.”

Source: Dominique Venner in Le coeur rebelle (Editions Les Belles Lettres)

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Het verdriet van rechts

Het verdriet van rechts

(Bitterlemon) Erik van Goor -Afgelopen maanden vonden er in rechtse kringen twee opmerkelijke begrafenissen plaats. Die van het paleoconservatisme en die van het traditioneel conservatisme. Begin april verklaarde professor Paul Gottfried het paleoconservatisme voor dood in een essay op het paleoconservatieve Takimag.com. Niet lang daarna deed professor Claes Ryn hetzelfde met het traditioneel conservatisme in het toonaangevende blad Modern Age.

Twee begrafenissen in slechts enkele maanden tijd. Twee tegenstanders van Mei ’68 zijn niet meer en liggen onder de grond. Althans volgens haar volgelingen. Niet dat dit volgens Paul Gottfried en Claes Ryn het einde betekent van een conservatieve, rechtse beweging; hierover straks nog een enkel woord. Maar toch zit er iets definitiefs in hun aankondigingen. Het deed me denken aan een soortgelijke proclamatie van Peter Sloterdijk tijdens het zogenaamde Eugenetica-debat met onder meer Jürgen Habermas. Sloterdijk sprak toen de gedenkwaardige woorden:

“De Kritische Theorie is gestorven. Ze was al geruime tijd bedlegerig, de kribbige oude dame, nu is ze van ons heengegaan. We zullen samenkomen aan het graf van een tijdperk om de balans op te maken, maar ook om het einde van een hypocrisie te gedenken.”

Tja, wat is dat nu, vraagt u zich misschien af? De Kritische Theorie hoorde toch bij de revolutie van Mei ’68? En die is nu dood verklaard? En ondertussen zijn haar belangrijkste tegenstanders ook overleden? Maar wat leeft er dan nog wel? Waarmee zitten wij dan opgezadeld? Nu de moeder van alle revoluties, deze laatstgeborene, is heengegaan, zal het gebrul van de tijger – die elke revolutie toch is – dan eindelijk verstommen?

Peter Sloterdijk ziet het goed: de tijger van Mei ’68 is dood. Want elke revolutie, elke tijger doodt zichzelf nadat ze de meeste van haar kinderen heeft opgegeten. Deze kinderen van de revolutie zijn vaak rechts, conservatief, dom en naïef. De overgebleven kinderen zullen huilen. En in hun gewetens zal de tijger blijven brullen. Ziehier de huidige toestand van rechts na Mei ‘68 in een notendop.

Maar goed, de mokerslag van Mei ’68 is enorm geweest. Zo krachtig dat bijna alles eraan is overleden. Als laatste Revolutie heeft ze haar werk grondig gedaan. Rechts, traditioneel, conservatief Europa heeft zulke klappen opgelopen dat reanimatie geen zin meer heeft. Daar ligt hij, die zielige oude, rechtse Europeaan, naast die oude, tandeloze vrouw met de naam christendom. Vergeten en veracht.

De rechtse meneer is zwak geworden. Hij is te zwak om nog na te kunnen denken. Hij is verzwakt omdat hij dacht de tijger te kunnen berijden, maar werd zelf door dit beest aangevallen. En hij blijft zwak door het aanhoudende mitrailleurvuur van de moderniteit. De gehele toestand van rechts na de revolutie van Mei ’68 is te vervatten in deze drie geluiden: Het geluid van een brullende tijger, het geluid van een huilende krokodil en dat van aanhoudend mitrailleurgeweer.

Allereerst de huilende krokodil. Het verdriet van rechts is dat er niet zoiets te horen is als het geluid van ècht verdriet. Rechts doet alsof ze treurt, maar wie goed kijkt, ziet enkel krokodillentranen. Men verafschuwt de revolutie, maar stiekem adoreert men de vruchten ervan. Ook rechts is bevrijd van de bevoogding door kerk, traditie en familie. Ook rechts kan nu geloven, zeggen, schelden, denken en roepen wat men wil. De ballast van de geschiedenis, van kruistochten, inquisitie, vrouwenonderdrukking, geweld en scheppingsbijgeloof is afgeworpen. Toch knaagt het ons aan. Rechts zonder traditie is immers niks? En elke keer als we voorzichtig opkomen voor het gezin, voor de heteroseksuele normaliteit – steeds weer brult de tijger van de revolutie ons toe in elk debat, in elke aantijging in een De Morgen of in een De Standaard. En bovenal: ze brult in onze gewetens.

De kinderen van Mei ’68 hoeven zich nooit te verdedigen. Ze hoeven dat ook niet, want ze hebben gewonnen. En ze kunnen dat ook niet, want de tijger is dood. De revolutie heeft zich vereenzelvigd met het gewone leven en heeft daardoor alles wat rechts is belachelijk gemaakt.

Rechts is dus stiekem blij – blij over de verworvenheden van de revolutie – èn stiekem bang – bang voor de wraak van haar verleden. Bovendien schaamt rechts zich voortdurend. En daar heeft ze ook reden toe. Want hoe vaak heeft rechts niet geprobeerd de tijger te berijden? Toen de Amerikaans-Nederlandse historicus James Kennedy de Mei ’68 revolte in Nederland onderzocht, in zijn proefschrift Nieuw Babylon in aanbouw, viel hem vooral dit op: in tegenstelling tot wat de mythe van de historici ons leerde, werd de culturele revolutie van de jaren ’60 in Nederland niet in gang gezet door studenten, krakers en hippies, maar door het conservatieve establishment zelf. Regenten en bisschoppen dachten de tijger te berijden door het initiatief over te nemen. En dit is historisch gezien niets nieuws. De tijger profiteert altijd van de kracht van de stommiteiten van rechts. Liberalen, socialisten, communisten, nationaal-socialisten, neomarxisten – allen hebben ze geprofiteerd van de kracht èn van de stupiditeit van rechts. En daarvoor schamen we ons nog steeds. De tijger is dood, maar in onze slaap, in onze gewetens brult ze nog steeds.

We zeiden het al: het verdriet van rechts is dat er geen werkelijk verdriet is. En daarin lijkt ze op de wereld van de revolutie waarin immers ook geen verdriet wordt gekend. De revolutie kent geen verdriet, enkel frustratie. Geen blijdschap, maar cynisme. Ze heeft de vrolijkheid verruilt voor enthousiasme. Nederigheid voor mondigheid; rechtvaardigheidsgevoel voor ressentiment; roepingsbesef voor fanatisme. Het kenmerk van de revolutie is haar tweedimensionale geestesgesteldheid van oppervlakkige emoties met daaronder een constante, smeulende woede.

Neem bijvoorbeeld de persoon van Hugo Claus, schrijver van “Het verdriet van België”. Dit grootste stuk verdriet van België kenmerkte zich door veel dingen: vuilbekkerij, spot, blasfemie, pornografie, ressentiment en woede. Alleen niet door verdriet. Wel door weerzin. En deze weerzin keerde zich uiteindelijk tegen zijn eigen lichaam. Want de moderniteit vreet altijd zichzelf op. Claus kende geen verdriet. En hij kon daarom niet barmhartig zijn naar zijn opvoeding en naar het verleden toe. Enkel en alleen was er ook bij hem de smeulende woede die eindigde in smerige taal en die uiteindelijk bij hem de hand aan zichzelf deed slaan.

Hugo Claus was een duidelijk exemplaar van de tweedimensionale mens die er sinds Mei ’68 is opgestaan: een oppervlakte van frustratie die enkel en alleen diepte krijgt door de duistere diepten van vuiligheid en haat af te tasten en dit op te tuigen met een hoop overbodige informatie. Het resultaat: de moderne roman. Of de moderne column. Of iets dergelijks.

De generatie van Hugo Claus heeft ons doen willen geloven dat de strijd van ’68 de strijd was tegen het fascisme. Hoe lang zullen we dit nog geloven? Volgens Götz Aly, die als student een rol speelde in het Duitse Mei ’68, moeten we dit beeld bijstellen. Volgens hem week de vernietigingdrang van de Mei ’68 generatie niet af van die van de nazi’s enkele decennia eerder. In zijn boek, Unser Kampf 1968, merkt deze veteraan van “Mei ‘68” op dat er meer overeenkomsten waren tussen de neomarxisten van Mei ’68 en hun nationaal-socialistische ouders en grootouders dan men denkt. Hij noemt een aantal zaken waaronder het gemeenschappelijke streven naar tabula rasa. Een streven dat zich niets aantrekt van historie, traditie, natuur en religie. Integendeel, al deze genoemde zaken werden juist verdacht gemaakt en in een kwaad daglicht gesteld omdat deze zaken ontwikkeling en vooruitgang van inzicht in de weg zouden staan. Behalve dat Götz Aly de mythe ontzenuwt dat de naoorlogse generatie Duitsers de oorlog verzweeg, keert hij het om: juist de neomarxistische studentengeneratie verdrong de oorlog en legde daarentegen eenzelfde pathos aan de dag als de nazi’s deden: dwepen met nieuwe waarden om de oude te vernietigen. En ik voeg daar aan toe: om uiteindelijk ook de nieuwe waarden los te laten.

Mei ’68 heeft politiek, recht en cultuur losgeweekt van de fundamenten zonder daar andere waarden voor in de plaats te bieden. Men heeft oude waarden, zoals tolerantie, vrijheid en vertrouwen, ontdaan van de basis – ontdaan van de oorspronkelijke betekenis en inhoud. Waar voorheen deze waarden een positieve betekenis hadden, en slechts konden worden verstaan in de bedding van een Europese, christelijke cultuur, hebben de revolutionairen van Mei ’68 deze begrippen veranderd van waarden in anomalieën – onmogelijkheden. Eén zo´n anomalie van de moderniteit is die van het moderne vertrouwen.

De moderne maatschappij eist steeds meer grenzeloos vertrouwen van de burger in de systemen terwijl het natuurlijke fundament voor dit vertrouwen afneemt. De moderniteit vraagt immers steeds meer vertrouwen van de burger in de grote onpersoonlijke machten en processen? Zonder vertrouwen klopt ons systeem niet meer, ik verwijs hiervoor naar het werk van Niklas Luhmann. Maar het ongefundeerde vertrouwen is problematisch aan het worden.

De Nederlandse minister van justitie Hirsch Ballin heeft het geweten. In de nasleep van de discussie over de film “Fitna” van Geert Wilders toverde hij, zoals u misschien nog kan herinneren, opeens een notitie tevoorschijn waaruit zou moeten blijken dat Wilders van tevoren het kabinet had medegedeeld dat hij in zijn film ook pagina’s uit de Koran zou scheuren. Wilders was ziedend en zei dat hij zoiets nooit had gezegd. Volgens hem loog het kabinet. En een groot deel van de bevolking wist achteraf niet meer wie de waarheid had gesproken. De vele oproepen tot vertrouwen in politiek en bestuur en de afgedwongen overgave aan de machten van politiek en justitie blijken in onze tijd opeens geen basis meer te bezitten – ze zweven als het ware. Nog nooit is het vertrouwen van de Nederlandse burger in de politiek zo laag geweest. Mei ’68 heeft met haar vernietigende kritiek de basis van gezond vertrouwen vernietigd. Haar kritiek heef het volk structureel wantrouwend gemaakt. En dit wantrouwen keert zich nu tegen het postrevolutionaire establishment.

De tijger van Mei ’68 is gestorven. Haar erfenis bestaat uit twee dingen. Ten eerste het gebrul in het collectieve geweten van onze cultuur – ik heb dit reeds kort aangestipt. Ten tweede is er haar nalatenschap in de vorm van een machine: een machinegeweer. Het geluid van de moderniteit is een constant mitrailleurvuur. De generatie van Mei ’68 heeft een mitrailleur gebouwd die als een machine alles wat boven het maaiveld uitkomt, neer maait. Met een stelsel van politieke correctheid, gelijkheidsdenken en antidiscriminatiewetgeving heeft ze een mitrailleur ontwikkeld die constant haar schoten afvuurt op de samenleving. Door haar ressentiment van een politiektechnisch instrumentarium te voorzien, heeft Mei ’68 de tijger vervangen door een mitrailleur om zo de geschiedenis af te sluiten en op te heffen.

Politiek gezien bestaat het mitrailleurvuur uit de constante druk van gelijkheidsdenken, antidiscriminatiebepalingen, politiekcorrect denken op alle niveaus van ons bestaan. Technisch gezien bestaat het mitrailleurvuur uit bijvoorbeeld een medium als Internet dat al onze stappen onuitwisbaar maakt, en elke levensloop transparant kan maken.

Ik maak nu een omslag, en wel als volgt: Ik geloof steevast dat de machine van Mei ’68 ooit uit elkaar zal knallen. Links ondergraaft zichzelf namelijk voortdurend. Ze creëert een abstracte samenleving die slechts gedijt op grenzeloos vertrouwen, maar ondertussen ondergraaft ze zelf alle voorwaarden voor dat vertrouwen. En links roept voortdurend om de noodzaak van nieuwe gemeenschapsvormen, maar ondertussen ondergraaft ze elke voorwaarde voor elke vorm van gemeenschap. De vraag is dus niet òf de linkse machine zal ontploffen, de vraag is wanneer en of wij dat nog mee zullen maken. Want wij moeten natuurlijk wel overleven.

Met andere woorden: zijn wij in staat om het gebrul van de tijger in onze gewetens te doen verstommen, om onze verlamming te doorbreken, het krokodillengehuil te vervangen door echt verdriet en onze agenda niet meer te laten bepalen door het mitrailleurvuur van media en politiek? Zijn wij nog in staat om tegenover een linkse cultuur van ressentiment, ondankbaarheid en woede een tegencultuur te poneren van dankbaarheid, eer en verdriet? We zullen wel moeten, en de vraag is dan ook alleen: hoe?

Om te overleven en een begin te maken met het herstel zullen we ons moeten onttrekken aan de revolutie die nog steeds het straatbeeld domineert. De agressieve moderniteit met haar mitrailleurvuur brengt ons alleen maar op slechte ideeën. Ze put ons uit door onze hoop te vestigen op pamfletten, activisme en politisering. Ze daagt ons voortdurend uit om ons bloot te geven en ons via Internet ongeschikt te maken voor elke gang door de instituties. Rechts heeft een schreeuwend gebrek aan luwte. Hoe komen we aan deze luwte die ons denken weer op orde kan brengen?

Daarvoor keer ik terug naar het begin van mijn verhaal. Naar de begrafenis van het paleoconservatisme en dat van het traditioneel conservatisme door Claes Ryn en Paul Gottfried. Rechts is volgens hen dood omdat ze zich heeft laten verleiden door pragmatisme, doordat ze teveel is opgegaan in de waan van politiek en actualiteit, en door tal van andere redenen. Èn doordat ze lui is en het denken aan links overlaat en bovendien verstoken is van enige vorm van verbeeldingskracht waardoor onze kinderen alleen nog maar romans lezen van verbitterde lieden als Hugo Claus en consorten.

De Kritische Theorie van links is dan wel dood en begraven, maar ze heeft haar uitwerking niet gemist. En de cultuur is dan wel een lachertje geworden, maar we leven er ondertussen wel middenin. En de nieuwe generaties weten niet beter dan dat alles om hen heen normaal is en nooit anders is geweest en ook niet anders kan.

Professor Ryn wijst op de noodzaak van theorievorming en verbeeldingskracht. Rechts moet, volgens Ryn, haar huiver voor theorievorming overboord gooien. En we moeten nadenken hoe het komt dat de culturele inbreng van rechts in onze tijd nihil is. Waarom reageren we alleen nog, maar zijn we niet in staat om mensen te veranderen en ze ongeschikt te maken voor de revolutie?

Rechts bekeert geen mensen omdat ze het vermogen mist beslag te leggen op mensen. En om beslag te kunnen leggen op de moderne mens voeg ik nog een derde element bij de twee die professor Ryn reeds noemde, namelijk “gemeenschapsvorming”. Het intellectuele, het artistieke en het sociaal-emotionele leggen alle beslag op de mens. Maar het gaat om het integrale geheel waarbij de “gemeenschap” zowel onderdeel is als kader van het geheel. De glasheldere theorie, het vertrouwenwekkende van de gemeenschap en het intrigerende van de roman, leggen beslag, laten een indruk achter, smeden banden voor het leven.

Die gemeenschapsvorm is cruciaal. Want hoe doe je anders aan theorievorming als je geen academie hebt? Hoe doorbreek je een sfeer van provincialisme en activisme waarbij iedereen z’n eigen straatje veegt, maar waarbij geen enkel straatje nog naar Rome voert? En er dus geen culturele en ideologische synthese meer mogelijk schijnt?

Dat kan door een structuur op te zetten van virtuele koffiehuizen en virtuele discoursen die uitgroeien tot een netwerk van kleinschalige initiatieven. Want zowel het kunstwerk als de theorie hebben eenzelfde geboortegrond: een sterke cultuur van intellectuele vriendschap. Daar ontstaan de ideeën die in de vorm van romans en van theorieën vorm kunnen krijgen. Met als tussenstap een essayistisch klimaat.

Rechts zal zich moeten onderscheiden in een oefening die zowel het gewone leven omsluit als de kunsten. Om de brullende tijger in ons geweten het zwijgen op te leggen zullen we eindelijk eens schoon schip moeten maken met de ballast van ons verleden. En alleen een culturele en ideologische synthese verhindert een koelbloedige afrekening met dat verleden. Een cultuur van dankbaarheid en van echte emoties zal het tegen de cultuur van ressentiment moeten opnemen. En alleen door de politiek naar het tweede plan verwijzen, zullen we het geluid van het mitrailleurvuur stoppen.

Veertig jaar Mei ’68 vraagt dus om concrete stappen van ons. Ik hoop dat deze bijeenkomst daartoe zal bijdragen.

Ik dank u.

Bron: Bitterlemon

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mercredi, 21 mai 2008

Densité, Pertinence, Cohérence

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Entretien avec Philippe Banoy, animateur de l'Ecole des cadres de "Synergies Européennes" en Wallonie

Densité, Pertinence, Cohérence

 

Q.: Philippe Banoy, vous avez commencé cette école des cadres de "Synergies Européennes", il y a un peu plus d'un an. Pourquoi avez-vous lancé cette initiative? Dans quel but?

 

PhB: Dans nos sociétés triviales, dépolitisées, noyées dans le consumérisme, toutes les tentatives de forger quelque chose de durable, de léguer un corpus cohérent capable de braver l'usure du temps reposait finalement sur une école des cadres. Je ne dois pas vous rappeler, à vous qui avez connu personnellement Jean Thiriart, que le corpus théorique de son mouvement "Jeune Europe" reste toujours d'actualité; pour saisir le politique en soi, il faut encore et toujours potasser Vilfredo Pareto, Gaetano Mosca, Julien Freund, Raymond Aron, Carl Schmitt, Serge Tchakhotine, Max Weber, Nicolas Machiavel, José Ortega y Gasset, etc. et ingurgiter la littérature géopolitique au jour le jour. Sans cet exercice, sans cette ascèse permanente, on est condamné, comme la plupart de nos contemporains à errer comme des somnambules dans nos sociétés non citoyennes, dans nos sociétés de consommation qui ruinent et cherchent délibérément à ruiner tous les réflexes citoyens. Comme Jean Thiriart en son temps, comme vous et Guillaume Faye à vos manières respectives, comme certains critiques de gauche ou comme l'équipe de la revue Catholica, je reproche à la “nouvelle droite” (canal historique), dont j'ai lu quasi toutes les publications, de ne pas avoir généré un fil conducteur aussi clair, de ne pas avoir davantage potassé les classiques du politique (de la "politique politique", disait Julien Freund) et d'avoir négligé la géopolitique et l'analyse des grands mouvements planétaires (généralement impulsés depuis les Etats-Unis). La "nouvelle droite" (canal historique) n'a pas donné à ses membres, sympathisants et lecteurs une colonne vertébrale (Ortega y Gasset) intellectuelle, un noyau commun, accessible à tous les esprits, indépendamment de leur formation scolaire ou universitaire. En effet, s'il existe bel et bien une vision du monde intellectualiste et onirique propre à la "nouvelle droite" (canal historique), il n'y a pas une vision du monde pragmatique, pas d'utopie concrète et réalisable qui se dégage clairement des milliers de textes qu'elle a produits. Dans les revues de ce mouvement, que de Benoist lui-même qualifie de "revuïste", on a enfilé allègrement théories et idées de manière anarchique et compilatoire, sans synthèse réelle, sans un “Que faire?” de léniniste mémoire au bout de ces interminables spéculations. Le "canal historique" de la "nouvelle droite" a été une auberge espagnole: on y entrait avec son baluchon d'idées et surtout de fantasmes et l'on y prenait ce qu'on voulait; tout le monde était content mais ni les esprits ni les caractères n'y étaient formés. Le "flou artistique" de la ND/Canal historique ne permet pas une rupture visible et radicale avec le système dominant. C'est la raison pour laquelle nous tenons à méditer et solliciter Debord, n'en déplaise à son exégète "fixiste", Christophe Bourseiller, qui entend maintenir l'œuvre de Debord sous une sorte de "cloche à fromages", dans le cadre restreint et désuet d'un gauchisme pieux et bon teint. Quand mai 68 produit rétrospectivement ses chaisières et ses rombières, ses hommes de pouvoir sans imagination…

 

La grande leçon de Guy Debord…

 

Ainsi, dans ses Commentaires sur la société du spectacle, Guy Debord nous a donné l'objectif à atteindre: "Le premier mérite d'une théorie critique exacte est de faire instantanément paraître ridicules toutes les autres" (Commentaires, p. 130). Ensuite: "Mais il faut aussi qu'elle soit une théorie parfaitement inadmissible. Il faut qu'elle puisse déclarer mauvais, à la stupéfaction indignée de tous ceux qui le trouvent bon, le centre même du monde existant, en en ayant découvert la nature exacte" (Ibid., p. 129). C'est à cette tâche que nous devons nous atteler!

 

La seule façon de saisir le monde dans lequel on vit est de se doter d'une bonne grille d'analyse, non rigide et non réductionniste. En effet, des centaines voire des milliers d'informations sont susceptibles de nous atteindre chaque jour dans les sociétés occidentales avancées, comme l'avait bien vu Soljénitsyne; pour ne pas être noyé dans ce magma d'informations hétéroclites, il faut soit avoir conservé une rigueur mentale de type tra­di­tion­nel, soit s'être doté d'une solide grille d'analyse et de lecture. Finalement, la censure du système pourrait s'a­vé­rer moins efficace qu'on ne le pense de prime abord. Bien des informations passent, qui contredisent dia­mé­tralement les vulgates de l'idéologie dominante, mais elles sont perdues pour tous ceux qui sont incapables de les relier les unes aux autres et de dégager de cet exercice une vision alternative des mouvements à l'œuvre dans le monde. Une telle vision alternative permet de donner un sens aux événements et d'en conserver le sou­venir dans le long terme. Sans une telle grille d'analyse et une telle méthode de travail, on vit dans un présent éternel, le présentisme, dans un nuage d'encre de seiche.

 

Or, devant une situation devenue alarmante, et qu'il faut bien appeler l'échec des trois dernières générations, nous devons nous considérer comme la génération de la dernière chance. Nous ne pouvons plus nous payer le luxe de concevoir notre action comme un passe-temps sophistiqué pour bourgeois poseur. Le destin, le futur ou l'absence de futur de l'Europe, et même plus largement du monde, dépend de notre génération; personne ne pourra réparer nos erreurs et nos lâchetés. Aucune excuse ne nous sera accordée devant l'Histoire, car les peu­ples qui ont renoncé à se battre ou qui ont été vaincus disparaissent de celle-ci.

 

Q.: Maintenant que vous nous avez révélé vos intentions, pourriez-vous nous dire comment vous avez procédé au choix des thématiques de votre école des cadres?

 

PhB: Plusieurs critères sont entrés en ligne de compte. L'école des cadres se donnant pour objectif de former de jeunes étudiants et lycéens, il me paraissait essentiel d'utiliser, dans une large mesure, des ouvrages de référence, des classiques de la pensée politique, qui sont accessibles et disponibles en éditions de poche. Ces ouvrages doivent être en mesure de faire le point clairement et le plus complètement possible sur une question cruciale de notre époque. Si un classique de la pensée est édité en poche, il est non seulement bon marché et accessible à des petits budgets comme ceux des étudiants, mais cela signifie aussi que sa diffusion a été et reste importante. De ce fait, dans tous les cas de figure, ces ouvrages ont laissé des traces résiduelles dans le discours diffus qui continue à exister en dépit du discours médiatique dominant (des résidus au sens où l'entendait Pareto, l'auteur favori de Jean Thiriart). Pour ce qui concerne le premier cycle de cette école des cadres, qui va s'achever dans trois mois, le choix des titres visait à brosser un tableau du monde contemporain et de transmettre aux stagiaires un certain nombre d'outils permettant d'en analyser quelques caractéristiques majeures. Parmi ces titres, vous trouverez donc des ouvrages critiques à l'égard du discours dominant, mais aussi des ouvrages de référence où le système lui-même propose une vision d'avenir, par exemple le Dictionnaire du 21ième siècle de Jacques Attali ou Le grand échiquier de Zbigniew Brzezinski. Pour vaincre un ennemi, il faut bien le connaître, disait déjà Sun Tsu.

 

Rendre plus aisé le déchiffrage de l'énorme flux d'informations reçues

 

Globalement, les livres à lire pour le premier cycle ont tous un fil conducteur commun: ils s'éclairent les uns les autres, dénoncent la logique d'arasement du système au départ de points de vue différents: Guy Debord, Georges Orwell, Bertrand de Jouvenel, Pierre Bourdieu (du moins son petit livre Sur la télévision), Immanuel Wallerstein démontrent tous, chacun à leur manière, comment le système s'y prend pour éliminer les leçons du passé, pour générer une culture sans signification et sans profondeur, pour mettre les masses au pas, pour éradiquer la notion de peuple, pour déposséder toutes les classes soumises aux dominants, etc. Par ailleurs, la lecture successive de la petite introduction de Pascal Lorot aux grands thèmes de la géopolitique, du livre programmatique de Brzezinski et des nombreuses thèses explicitement géopolitiques énoncées dans le dictionnaire d'Attali permet de mettre clairement en exergue des liens, des jeux de causes et d'effets, rendant plus aisé le déchiffrage de l'énorme flux d'informations que nous recevons chaque jour.

 

J'ai choisi le traité de Sun Tsu, non seulement pour introduire la pensée stratégique dans nos cours, mais aussi et surtout pour montrer comment fonctionne la société libérale, expression du système, puisqu'elle vise à produire un maximum d'effets avec un minimum d'efforts, comme le préconisait Sun Tsu (ou un maximum de profit avec un minimum d'investissement, c'est la base du capitalisme). La société libérale ou le système du spectacle repose effectivement sur une stratégie indirecte. Cette société privilégie notamment aujourd'hui la méthode du "meilleur des mondes" de Huxley (spectacle diffus dirait Debord) à celle trop brutale et directe du 1984 d'Orwell (spectacle concentré selon Debord). La lecture de ces deux grands classiques de la littérature contre-utopique anglaise du 20ième siècle, couplée à celle des Commentaires sur la société du spectacle de Guy Debord, permet effectivement d'acquérir d'excellents réflexes critiques, d'acquérir les conditions de notre propre vigilance, tout en se référant à une littérature qu'il sera difficile de censurer ou de décréter "fasciste" ou "totalitaire". Le "meilleur des mondes " de Huxley modernise en quelque sorte le "panem et circences" des Romains, remplaçant de plus en plus le pain par la marijuana (équivalent du "soma" dans l'œuvre de Huxley).

 

Q.: Quels sont les rapports entre cette école des cadres et les autres activités de "Synergies Européennes", comme les publications et l'Université d'été?

 

PhB: Première précision avant de répondre plus directement à votre question: l'école des cadres se tient à un rythme mensuel. Chaque mois, les stagiaires doivent lire un ouvrage classique, comme je viens de vous l'expliquer. Mais parallèlement à cette réunion mensuelle, nous organisons une réunion hebdomadaire où les stagiaires doivent avoir lu un article de presse ou un article ancien mais fondateur. Nous nous sommes inspirés du système de formation que proposaient les partis communistes à leurs membres. Le but était d'opérer une sélection parmi les membres, d'introduire dans leurs esprits les ferments d'une pensée critique et de déboucher sur une analyse fouillée du monde réel. Nous n'avons pas d'autres objectifs. Mais, chez les communistes, la méthode, pourtant bonne dans sa conception, a fini par échouer car l'idéologie était trop dogmatique. Le dogmatisme idéologique impliquait une ligne claire et constante, mais les changements de position, exigés par la centrale moscovite, trouvaient toujours une justification sous la forme d'une citation de Marx ou de Lénine. Même les esprits les plus bornés ont fini par se douter qu'on les manipulait par bonnes citations interposées. Le système communiste ressemble à celui des témoins de Jéhovah, avec pour écueil principal le réductionnisme qui consistait à ne proposer que de la littérature issue d'un parti communiste. C'est un écueil que nous voulons évidemment éviter en proposant une littérature diversifiée, échappant à tous les cloisonnements stériles.

 

De la fausse critique de Mai '68

 

Le rapport de l'école des cadres et de l'université d'été est simple: le niveau de ces universités d'été est plus élevé que celui de nos réunions hebdomadaires et le choix des thématiques plus varié que celui de nos cycles de dix-huit mois. Donc pour tirer profit de ces universités d'été, il vaut mieux que les stagiaires aient reçu au préalable une formation permanente qui soit critique, contrairement à ce qu'enseignent nos établissements d'en­­seignement (Nietzsche). Le problème majeur de la politique d'enseignement, surtout en France et en Bel­gique francophone (mais l'Allemagne et la Flandre ne sont guère mieux loties), c'est que les matières ensei­gnées sont soit rigides, répétitives, atones, soit dogmatiques et hystériques quand elles prétendent "éveiller à la citoyenneté". En aucune façon, elles ne permettent de forger des esprits critiques, adultes, citoyens. Com­ment les poncifs fades des nouvelles "lumières" de l'idéologie communicationnelle à la Habermas pourraient-ils transmettre des continuités d'ordre historique, permettre la comparaison entre diverses époques de l'histoire, faire sortir graduellement les lycéens et les étudiants des universités hors des mômeries de l'idéologie domi­nante et en faire des citoyens adultes? Mai 68 n'a finalement introduit qu'une fausse critique. En répandant une idéologie et une pratique démissionnaire, en ne critiquant que les institutions anciennes et fondatrices de nos civilisations (Gehlen), en diffusant avec Marcuse l'idée d'un érotisme (?) libérateur des contraintes qu'exige tou­te civilisation, en provoquant un pandémonium sexuel écœurant, mai 68 n'a pas élevé le niveau.

 

Quand nous parlons de critique, nous entendons demeurer constructifs, nous voulons des argumentaires solides, propres d'une civilisation intacte où l'idée d'espace public veut encore dire quelque chose. Dominique Wolton a eu bien raison de dire que la notion d'espace public, qui se trouve au cœur du discours de Habermas sur l'agir communicationnel, n'existe plus à l'heure actuelle et n'existe surtout plus dans les médias (cf. Bourdieu). L'éros de Marcuse a fait disparaître les hommes dignes, ciselés par une rigueur ascétique à la façon de Marc Aurèle, seuls capables d'incarner cet espace public. D'où l'ambiguïté de mai 68, son hypocrisie fondamentale, que nous n'acceptons pas: parler d'espace public après avoir tout fait pour faire disparaître les hommes durs et pondérés qui pouvaient l'incarner! Pour nous, aujourd'hui, l'attitude critique ne consiste pas à faire la foire comme la chienlit dénoncée par De Gaulle. Mais à réintroduire une véritable discipline monastique dans les débats et dans les discussions sur la Cité, donc sur l'espace public. Cette discipline monastique, d'inspiration vieille-romaine, est la seule garante possible d'un agir communicationnel sur une véritable agora politique.

 

Spontanéisme inexcusable et ignorance crasse des enjeux réels

 

A notre époque, l'agir communicationnel, mal interprété par les vulgarisateurs maladroits de Habermas, nous impose d'avoir un avis stéréotypé sur tout et n'importe quoi, même si on ne dispose pas des connaissances requises. L'exemple patent de ce type d'aberration nous est donné par nos propres ministres en Belgique: Laurette Onkelinckx qui émet des jugements intempestifs et déplacés à propos des décisions pondérées et réfléchies du Conseil d'Etat; Louis Michel qui éructe des propos inadmissibles sur l'Autriche ou sur l'Italie, sans rien connaître des réalités politiques fort complexes de ces deux pays, parce que leurs citoyens n'ont pas voté pour des hommes politiques qui lui plaisent. Ces deux personnages sont bel et bien les produits de cette vulgate soixante-huitarde: un "spontanéisme" inexcusable mêlé à une ignorance crasse, qu'on prend pour une panacée, pour une audace féconde!

 

L'ascétisme que nous prônons est également une leçon de modestie: ne pas avoir d'opinion sur un sujet qu'on ne connaît pas. Le but de notre école des cadres est de lire des livres; par conséquent, les stagiaires ne reçoivent pas un enseignement ex cathedra. Il y a chez nous égalité des participants, quel que soit leur âge ou leur formation. C'est à mon avis capital: chacun sait d'avance de quoi l'on va parler. D'où le dialogue (la communication!) peut avoir lieu. Nous entendons ainsi casser la logique du magistère infaillible. En ce sens, tout en critiquant les dérives patentes de 68, et en réintroduisant la discipline des études, nous sommes les véritables héritiers de la contestation des deux décennies qui ont suivi 1945. Notre école des cadres brise tout naturellement la logique des gourous, est anti-autoritaire à sa manière, dans la mesure où elle ne donne pas la parole à des autorités posées comme infaillibles et indépassables, mais transforme les stagiaires, et les étudiants, en adultes responsables (Kant: faire sortir l'homme de la minorité où il s'est lui-même fourvoyé). Dans une perspective traditionnelle, je dirais, en tant que lecteur de Guénon, que cette école des cadres vise la qualité plutôt que la quantité.

 

Q.: Le choix des thématiques et des livres ne dénote pas d'emblée un ancrage à droite ou à gauche. Je suppose que c'est intentionnel, délibéré?

 

PhB: Effectivement. L'objectif fondamental est d'éviter le sectarisme, de lire des auteurs campés dans toutes les tendances, pour obtenir en bout de course une synthèse nouvelle. Personne n'a le monopole absolu d'une analyse définitive ou d'une critique infaillible de la société dans laquelle nous vivons. C'est la marque d'une bêtise profonde que de rejeter un savoir sans même l'avoir examiné parce que son auteur a telle ou telle étiquette jugée "incorrecte". Nous rejetons nettement l'obscurantisme anti-scientifique de l'idéologie dominante.

 

Q.: Votre démarche demande un travail constant d'archivage et de recherche? Comment procédez-vous?

 

PhB: En général, les ouvrages sélectionnés ont été lus par l'un ou l'autre membre du groupe. Leur analyse a quel­que chose à apporter à l'ensemble du mouvement, afin de lui donner un maximum de densité, de per­ti­nence et de cohérence. Nous engageons tous nos sympathisants à être des observateurs et des lecteurs cri­ti­ques et efficaces pour qu'à terme ils puissent remplacer les élites défaillantes que produisent nos éta­blis­se­ments d'enseignement, dont la faillite est aujourd'hui patente, comme vient de le prouver une étude com­man­ditée par les instances européennes. Je le répète: c'est un travail qui réclame une ascèse constante et une ri­gueur permanente. Mais l'enjeu en vaut la peine: retrouver l'autonomie du citoyen, du civis romanus, comme le voulaient nos maîtres du premier cycle, Orwell, Jouvenel et Debord.

 

(propos recueillis par Robert Steuckers, janvier 2002, à la fin du premier cycle de l'Ecole des Cadres).

 

mardi, 20 mai 2008

Mei '68: een liberale revolutie

Mei ‘68: een liberale revolutie

Image Hosted by ImageShack.usMeestal worden de schermutselingen die in mei 68 plaatsvonden omschreven als een revolutie. Het feit dat duizenden studenten op straat kwamen in de verschillende Europese grootsteden had inderdaad iets weg van een revolutionaire beweging, maar een echte revolutie - zoals de progressieve krachten die meestal omschrijven - was het niet. Achter de schermen was echter wel degelijk een revolutionaire transformatie aan de gang.

Het was de transformatie van nationaal kapitaal en nationale elite naar een supranationaal kapitaal en de daar bijhorende op internationalistische leest georiënteerde elite. De revolutionaire transformatie van nationale staten naar superstaten. In feite waren er twee verschillende machtsgroepen van de elite in de toenmalige maatschappij actief die niet meer compatibel waren met elkaar en dus onvermijdelijk met elkaar in conflict moesten komen.

Enerzijds was er door de USA terug op de been gebrachte nationale politieke en economische elite en anderzijds waren er bepaalde delen van die elite die inzagen dat het voor een verdere expansie en financiële macht noodzakelijk was om tot een volgende fase van het liberaalkapitalisme over te gaan. Paradoxaal werden deze in kapitalistische zin progressieve krachten gedreven door dezelfde USA die eerst de oude nationale elites weer op de been had geholpen, maar nu vaststelde dat die oude elite in de weg stond van een tweede – dit keer – meer globaal georiënteerde goederen- en kapitaalmarkt.

De tweede globalistische golf was in aantocht. De eerste was nog op ouderwets kolonialisme gestoeld. De tweede golf zou echter een moderne variant van het kolonialisme voortbrengen. De supranationale bedrijven en financiergroepen zouden grote stukken van de zogenaamde vrije wereld gaan overspannen en zo hun wil opleggen aan die wereld. Het andere deel van de wereld werd ingepalmd door het staatskapitalisme van de Sovjet-Unie, waar de concentratie van kapitaal en productiemiddelen al volledig geïntegreerd en gecontroleerd werd door de staatskapitalistische elite.

Om de nieuwe noden van de op de USA gerichte elite in te vullen moest eerst afgerekend worden met sommige hinderlijke barrières in de verschillende oude nationale staten. Tol- en paspoorthindernissen moesten weg, vrij verkeer van kapitaal was een andere noodzakelijke voorwaarde om tot wereldwijde investeringen te kunnen overgaan en om nationale industrieën te kunnen verkopen aan de grootste bedrijven in de wereld, die voornamelijk in handen zijn van US-kapitalisten. Eigenlijk stonden alle op nationale staten en identiteiten gestoelde instellingen in de weg van de globalistische nieuwe elite.

Tegen deze achtergrond waren er in 1968 in de meeste grote Europese steden studentenonlusten. De opkomende elitaire jeugd had nood aan een vrijere maatschappij. Zij wilde op haar beurt de oude elite met haar nationalisme en op familie en gezin gerichte maatschappij aan de kant zetten. De studenten wilden een liberale maatschappij die men als een vrije maatschappij zag en waar zij als nieuwe machtsgroep mee de agenda zouden kunnen bepalen. Dat het een linkse revolte zou zijn geweest werd zelfs betwist door de grote linkse organisaties in die tijd, zoals de communistische partijen en de linkse vakbonden. Die grote arbeidersorganisaties spraken dan ook over burgerlijke avonturiers en provocateurs, als zij het over de kabaal makende studenten hadden. De oude linkse organisaties zagen toen zeer duidelijk het gevaar in van het opheffen van nationale entiteiten en hebben zich verzet tegen de liberale eisen van de studenten.

De opkomende studerende elite had echter lessen getrokken uit de kortstondige liberale revolutie. Een zeer kleine groep sloot zich aan bij het kamp van de staatskapitalistisch georiënteerde maatschappijvorm. Dit waren vooral de toen opkomende maoïstische kernen. Maar het overgrote deel van de elitaire jeugd had ingezien dat zij beter de macht kon grijpen via de instellingen. Zij wisten zich toen al gesteund door dat deel van de machtskaste in de Europese landen dat die liberale transformatie nodig had. De elite besefte dat men alleen via een groot propagandaoffensief de mensen en de oude elite zover zou kunnen krijgen om de revolutionaire maatschappelijke veranderingen te aanvaarden

De kopstukken van de mei 68 beweging werden gretig opgenomen in de mediawereld en anderen nestelden zich massaal in het onderwijs en in allerlei bedrijven die op de een of andere manier aan publieksbeïnvloeding doen, zoals reclamebureaus en maatschappelijke onderzoeksinstituten. De media waren echter het infiltratiekanaal bij uitstek van de liberale studentenelite die de onlusten van mei ‘68 over heel Europa had georganiseerd. En of deze media zich nu progressief noemde of liberaal dat maakte niks uit, want deze media waren en zijn in feite grote bedrijven en die zijn op hun beurt nog eens verbonden met andere concerns.

De media brengen een product op de markt. De markt zijn de adverteerders (andere bedrijven). Het product is het publiek. De elitemedia zijn diegenen die de grote lijnen bepalen waaraan hun product, de mensen, zich moeten aanpassen of conformeren. De elitemedia zijn de spreekbuis van conglomeraten die hun klanten een bepaald wereldbeeld voorhouden. Dat wereldbeeld weerspiegelt de voorgenomen en bekrompen belangen en waarden van die elite en hun directe subelite. De culturele beleidsmarkers en managers van dat mediale propaganda-apparaat (redacteuren, columnisten, enz.) hebben dezelfde groepsbelangen en vertoeven in dezelfde kringen als staats- en bedrijfsleiders. Er bestaat in feite een regelmatig verkeer van hooggeplaatste personen die pendelen tussen de bedrijven, de regering en de media. Zo maken de media regelrecht deel uit van de machtsstructuren. In ruil voor die machtsdeling moeten de media-eigenaars met de autoriteiten samenwerken en gehoorzamen tot zelfs onderdanig zijn aan die autoriteiten.

De media vormen op zich slechts een onderdeel van een groter doctrinair systeem. Andere delen zijn de opiniebladen, scholen en universiteiten, de academische wereld en de culturele sector. Dat doctrinaire systeem – de producenten van wat we gerust een propagandaproduct kunnen noemen – heeft echter twee verschillende doelgroepen. De eerste kunnen we de politieke bewuste klasse noemen: de pakweg 15% van de bevolking die behoorlijk geschoold en mondig kan worden genoemd en dus een rol speelt bij de besluitvorming. De resterende 85% van de bevolking kunnen we de te misleiden kudde noemen. Deze grote groep wordt verondersteld de bevelen op te volgen van de machtselite en niet in de weg te lopen van die elite. Zij zijn de doelgroep van de echte massamedia, de roddelpers, de infantiele tv-feuilletons, de sportpagina’s en sportprogramma’s.

Deze sectoren van het doctrinaire liberale systeem moeten het plebs vermaken en de nieuwe elementaire liberale waarden versterken: de passiviteit, de onderdanigheid aan het gezag, de deugd van de hebzucht, de cultus van het ego en het individuele belang, de desinteresse voor politiek en maatschappelijke waarden en de diabolisering van ingebeelde vijanden (zoals het AFF en Blokbuster zo ijverig doen). Het doel is om de massa blijvend te kunnen misleiden en te conditioneren. Er wordt een schijnwaarheid en een schijnwereld gecreëerd. Want als de massa teveel de realiteit zou zien, dan zouden ze die realiteit wel eens kunnen willen veranderen en dat mag niet. Zo is het mogelijk gebleken dat een studentengeneratie die van zichzelf beweerde dat ze progressief was uiteindelijk hand- en spandiensten levert aan een van de meest nivellerende ideologische concepten van onze tijd: het marktliberalisme en het consumptienihilisme.

De massa is niet bevrijd. Ze is nu meer dan ooit verknecht door de ketens van materieel verlangen en consumptiedrift. Het politieke en maatschappelijke engagement dat voor mei ‘68 bestond, is door de jaren heen vernietigd en in alle geïndustrialiseerde staten tot nul herleid. De staten zijn opgeslorpt of ondermijnd door big business. De volkeren zijn geïnfiltreerd door massa’s vreemde mensen en culturen. De mei-’68-activisten hebben geen linkse progressieve revolte in gang gezet. Links is niet versterkt uit de strijd gekomen, maar heeft integendeel meegeholpen om het sociale thema en de sociale cohesie af te breken. Mei ‘68 is het begin van het einde van links. Mei ‘68 is het scharniermoment waarop een gevaarlijke, dominante en onverdraagzame doctrine aan zijn opmars is begonnen: de culturele dictatuur van het globale en eendimensionale kapitalisme.

Eddy Hermy

Le "modèle romain" de la nouvelle doctrine stratégique américaine

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Le modèle "romain" de la nouvelle doctrine stratégique américaine

 

La nouvelle doctrine sécuritaire autorise la guerre si les intérêts américains sont en danger

 

«Les Etats-Unis ont pris en charge le rôle du sheriff international. Les vassaux européens sont là pour débarrasser la scène des "dégâts collatéraux"».

 

Le Congrès américain vient de donner les pleins pouvoirs au Président Bush jr., avec une confortable majorité, pour déclencher une guerre contre l'Irak. Tant dans la Chambre des représentants qu'au Sénat, on trouve bon nombre de démocrates pour soutenir cette décision. Bush interprète ce soutien comme un signal clair et net: il annonce que les jours de l'Irak, en tant qu'«Etat sans lois» sont comptés, s'il n'accepte pas la résolution de l'ONU. Le Président américain peut considérer le vote des assemblées américaines comme une étape supplémentaire dans la mise sur pied de sa "National Security Strategy". La ligne directrice de cette nouvelle politique étrangère et militaire consiste à autoriser le Président américain à intervenir militairement partout et à tout moment dans le monde, contre n'importe quel pays, qui, aux yeux des Etats-Unis, constituerait une menace pour les intérêts américains ou, pire, qui pourrait éventuellement, le cas échéant, le devenir. Cette prétention à vouloir exercer une puissance sans limites, selon ses propres décisions prises arbitrairement, avec tout le poids de la machine de guerre américaine, est étayée aujourd'hui par des arguments qui ne résistent même pas à un examen critique superficiel.

 

Comment expliciter cette nouvelle doctrine de "sécurité"? Par exemple, en examinant les thèses énoncées par Robert D. Kaplan, l'un des journalistes les plus intelligents et les plus percutants d'Amérique. Dans l'espace linguistique allemand (ndlr: et français), ses thèses sont à peine connues. Kaplan s'est fait un nom comme spécialiste des Balkans, du Proche-Orient et d'autres régions en crise. Dans un ouvrage déjà paru depuis quelques mois, Warrior Politics. Why Leadership Demands a Pagan Ethos [= De la politique du guerrier. Pourquoi le leadership exige une éthique païenne], il explique clairement quels sont, pour l'essentiel, les objectifs de la politique hégémonique américaine.

 

Dans un paragraphe fort significatif, Kaplan écrit : «Plus notre politique étrangère connaîtra le succès, plus l'Amérique pourra influencer la marche du monde. Très probablement, les historiens du futur décriront les Etats-Unis du 21ième siècle non pas simplement comme une République, mais bien plutôt comme un empire mondial, même s'ils diffèreront de Rome ou de tous les autres empires de l'histoire». Au fur et à mesure que les décennies voire les siècles passeront et que les Etats-Unis n'auront pas eu seulement 43 présidents, mais 100 ou 150, les historiens, très probablement, en dresseront la liste comme ils avaient dressé la liste des empereurs des empires défunts, comme Rome, Byzance ou la Sublime Porte; de cette manière, la comparaison entre les Etats-Unis actuels et futurs et l'histoire antique sera licite. C'est surtout Rome qui pourra servir de modèle aux futurs dirigeants des States, car Rome représente une forme d'hégémonie mettant en œuvre des moyens diversifiés pour donner un minimum d'ordre à un monde désordonné.

 

La position de Kaplan n'est pas originale. Dans les cercles intellectuels américains, on débat intensément, depuis les événements du 11 septembre 2001, sur la forme que devra prendre l'imminente domination totale des Etats-Unis sur le globe. La meilleure expression de ce débat a été consignée dans une édition de la revue Wilson Quartely, titrée significativement "An American Empire?". Dans l'un des nombreux commentaires figurant dans cette édition, on peut lire que le concept d'«Imperium» avait jadis été utilisé comme un reproche voire comme une injure à l'adresse des Etats-Unis, mais, poursuit l'auteur de ce commentaire, depuis l'entrée des troupes américaines en Afghanistan et la guerre globale menée contre l'hydre terroriste, on peut se demander, en toute légitimité, "si le concept d'«Imperium» n'est pas en fait le terme exact pour décrire le rôle des Etats-Unis dans le monde".

 

Richard Haas, conseiller de Colin Powell, Ministre américain des affaires étrangères, expliquait récemment qu'il donnerait aujourd'hui un autre titre à son livre paru en 1997 et qu'il avait intitulé "Le Sheriff malgré lui". L'expression "malgré lui" doit dorénavant être biffée. De moins en moins de voix, Outre Atlantique, critiquent l'impérialité en marche de Washington. Un historien comme Immanuel Wallerstein, qui affirme que les Etats-Unis ont déjà dépassé leurs dimensions, sont minoritaires désormais. Rien ne permet effectivement d'affirmer aujourd'hui que les Etats-Unis se situent dans une phase de déclin. Washington impose en toute souveraineté sa volonté au monde et, pour paraphraser la célèbre expression de Carl Schmitt, décide s'il y a ou non "état d'exception" (Ausnahmezustand).

 

L'Union Européenne n'a évidemment rien à opposer à cette volonté hégémonique bien affirmée. Cela a été prouvé maintes fois. Le rôle de l'UE est désormais déterminé à l'avance. Quand la "guerre préventive" contre l'Irak aura été achevée avec succès, les Européens seront là pour assurer la reconstruction du pays, pour lui donner de nouvelles infrastructures et pour assurer le "processus de démocratisation". De cette façon, Washington bétonnera le nouvel ordre international à deux vitesses: les Etats-Unis prendront le rôle du sheriff international, ce qui revient à dire qu'ils seront la puissance militaire garante de l'ordre. Les vassaux européens, eux, seront responsables de l'élimination des effets indésirables des "dégâts collatéraux", dus aux guerres de "démocratisation" engagées par Washington.

 

La prochaine guerre contre l'Irak entraînera à l'évidence des "dégâts collatéraux" de bien plus grande ampleur que la précédente. Ainsi, la Turquie, pourtant très fidèle alliée des Etats-Unis contre l'Europe, la Russie et l'Arménie, s'inquiète à la vue des préparatifs américains, qui visent notamment à armer les Kurdes irakiens et à les préparer à un rôle politique pour l'après-Saddam, quand l'Irak aura été "normalisé" par l'armée américaine. Le Premier Ministre turc Ecevit a déclaré en octobre 2002, que, dans ce cas, la situation échappera à tout contrôle. Les Kurdes, eux, voient qu'ils ont enfin une chance de créer un Etat kurde. Ecevit estime qu'il y a là une nouvelle donne que la Turquie ne peut accepter. La prochaine guerre contre l'Irak, on le voit, ne mènera pas le monde vers plus de démocratie et de paix, en dépit des trémolos de la propagande américaine, qui affirme de manière impavide que Washington instaurera un nouvel ordre politique international, mais, au contraire, va entraîner toute une région du monde dans un processus de déstabilisation de très longue durée.

 

Michael WIESBERG.

 

(article paru dans "Junge Freiheit", n°43/octobre 2002; http://www.jungefreiheit.de ).

dimanche, 18 mai 2008

Anticapitaliste et identitaire

Anticapitaliste et identitaire

Image Hosted by ImageShack.us“Le grand problème de la production capitaliste n’est plus de trouver des producteurs et de décupler leurs forces mais de découvrir des consommateurs, d’exciter leurs appétits et de leurs créer des besoins factices. ” Paul Lafargue Extrait de Le droit à la paresse

La question se pose, peut’on être anticapitaliste lorsque l’on se situe a “l’extrême droite” de l’échiquier politique?

“Extrême-droite”, qui dans le cerveau lobotomisé de l’antifasciste moyen, est bien souvent assimilé à une force politique au service du grand capital. Et pourtant, d’Edouard Drumont à Charles Maurras, de Maurice Barrès à Jacques Doriot, l’anticapitalisme est de tradition au sein d’une “extrême droite” fort diverse.

Quand les catholiques sociaux, monarchistes dans l’âme, privilégient les moyens légaux pour convoiter le pouvoir ou se faire entendre, un républicain comme Déroulède, le sanguin et chauvinisme meneur de la ligue des patriotes, préfère s’appuyer sur la rue. Les deux courants ne partagent pas la même logique. Lorsque René de la tour du Pin, critiquant le monde capitaliste, fustige “une ploutocratie née du libre jeu des institutions et des mœurs, et qui ne peut que s’accroître parce qu’elle est la conséquence d’un système, celui-là même de la Révolution, qui crut affranchir l’homme et n’affranchit que le capital”, son analyse ressemble trait pour trait à celle d’un Drumont. Pourtant si l’auteur de La France Juive reconnaît en Albert de Mun, principal représentant à la chambre du catholicisme social, “une figure qui fait honneur non seulement à un parti, à une cause, mais au pays tout entier”, il n’en regrette pas moins que l’ancien officier de cavalerie n’ait pas profité de son prestige pour “former une ligue prête à profiter de toutes les circonstances”.

Le nationalisme de tradition anticapitaliste est donc traversé par deux courants bien distincts, l’un se référent à une conception traditionnelle et monarchiste de la société, le second élabore une stratégie politique populiste, pour tout dire républicaine et démocrate, au vrai sens du terme. Un Maurice Barrès ne se ralliera jamais à la monarchie, revendiquera toujours l’héritage révolutionnaire. Subissant les deux influences, Drumont datera de 1789 le début de la décadence, mais attendra toujours l’homme providentiel, le condottiere capable de forcer le destin. Le clivage entre ces deux tendances est important: il ne disparaîtra pas.

Les deux tendances pourront cohabiter: elles ne se rejoindront jamais tout à fait. On respecte les uns, on étudie les autres…Même lorsque le royalisme descendra dans la rue et visera à renverser le régime “par tout les moyens même légaux”, au temps des camelots du roi, la fracture s’accusera plus nette encore qu’au début du siècle, entre héritiers de la révolution et contre-révolutionnaires. Drieu La Rochelle avertira: “la réaction croit que les révolutions sont inutiles. Nous croyons joyeusement qu’elles sont nécessaires. La réaction s’oppose à de nouvelles révolutions, du moins qui prolongeraient pour quelque coté les précédentes. Nous les voyons en marche et nous nous en réjouissons.”

Les divergences sont moins tranchées qu’il n’y paraît. Autour du général Boulanger, idole des ligues financées par les salons, se dessine une première synthèse, qui se résume bien au sein de l’équipe de la cocarde, fondée par Barrès et à laquelle collaborent blanquistes, royalistes, et républicain nationaux. Les blanquistes, il est vrai, ont hérité du jacobinisme un fort sentiment patriotique qui peut, à cette époque, les rapprocher des nationalistes qui se réclament aussi volontiers à l’instar de Barrès, du socialisme. Cette dernière étiquette est ambiguë. Charles Maurras et le courant traditionaliste ne considère pas que le socialisme suppose obligatoirement “la destruction et le partage de la propriété privée”.

Comme l’écrit l’historien israélien Zeev Sternhell, “Les solutions marxistes ou marxisantes sont finalement de peu de poids dans le socialisme national des années 80. C’est encore sur la solidarité «capital-travail» que l’on compte pour résoudre la question sociale: en fait, on croit plus, à la participation des ouvriers à des sociétés par action qui ne sont pas autre chose que le moyen indirect de morcellement de l’usine”. La distinction entre gauche et droite ne signifie parfois plus grand chose. Nombre de personnalité de la gauche révolutionnaire se laissent tenter, par un nationalisme qu’ils influencent en retour, c’est le cas d’un Rochefort, d’un Sorel, d’un Valois comme cela sera plus tard celui des chefs du fascisme.

L’évolution du socialisme, qui glissant vers la démocratie libérale en vient à “se poser comme le plus solide gardien des libertés bourgeoises”, note toujours Sternhell, encourage ce passage à la droite nationaliste. C’est ainsi que ” ces transfuges finiront par abandonner tout ce en quoi ils avaient cru; tout, sauf la volonté de casser coûte que coûte, la démocratie libérale”. Sternhell exagère sur bien des points, l’anticapitalisme des nationalistes ressemble a celui de l’ultra-gauche. Qu’on écoute plutôt Déroulède, tonnant à la chambre pour demander l’amnistie des grévistes “la solidarité des travailleurs augmente de jour en jour: ils se comptent et ils vous comptent, et, faute par vous de vous montrer pitoyables et bons, faute d’avoir été équitables et prévoyants, vous serez réveillés quelques beau matin par un déchaînement cent fois plus violent que celui de 1793, plus terrible et plus juste aussi”.

Bientôt au contraire vont s’imposer à gauche les thèses marxistes, qui drainent deux idées inacceptables pour l’extrême droite: d’une part la lutte des classes d’autre part la collectivisation. Les nationalistes, au contraire, pourraient faire leur le programme du mouvement jaune de Biétry: “Réaliser la renaissance nationale en créant la réconciliation des classes sur un programme de justice sociale”. Face au péril, la meilleure solution à la question sociale reste bien le corporatisme. Mais au lieu d’être l’organisme libre que conçoivent les héritiers des catholiques sociaux, maurrasiens ou Croix De Feu, la corporation devient une courroie de transmission d’un état absolu. Si la tradition réunit dans la critique du système les nationalismes, leurs propositions de rechange communautaires pour les uns, étatiques pour les autres, différent grandement. Dans leur diversité, elles restent actuellement cultivées, parfois réactualisées, au sein des divers groupes nationalistes.

Néanmoins pour répondre à la barbarie de l’état capitaliste il est important que le nationalisme de demain se rattache directement à cette mise en accusation du système pour réactualiser une critique du capitalisme. Participant de cette manière par son recrutement et ses thèmes de campagne a la longue tradition populaire et anticapitaliste du nationalisme.

Source: DEVENIR.

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samedi, 17 mai 2008

La doctrine du "Grand Maroc"

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Communiqué de "Democracia Nacional" (Barcelone)- 17 juillet 2002

Avertissement de 2008: Ce communiqué du groupe "Démocratie nationale" (Barecelone) mérite toujours, six ans après les événements, une lecture attentive car il recèle des vérités géopolitiques indépassables.

La doctrine du "Grand Maroc" et la guerre qui va éclater

Ce matin, 17 juillet, quand l'agence de presse espagnole a diffusé la nouvelle à 8 heures qu'une force opérationnelle spéciale de l'armée espagnole avait occupé l'Ile du Persil (Perejil), notre pays a vécu un moment d'allégresse et d'union nationale, sauf les marginaux de toujours (IU, ERC) et les nationalistes basques qui estiment que tout ce qui nuit à l'Espagne leur profite. L'Espagne a récupéré sa dignité nationale bafouée, mais, inévitablement, le pire reste à venir car la crise qui oppose l'Espagne au Maroc n'a pas cessé pour autant. Car, une chose est certaine, le Maroc cherche délibérément la guerre.

La doctrine du "Grand Maroc"

Quand, au début des années 50, le Sultan du Maroc obtient l'indépendance de son pays, le moteur idéologique premier du mouvement indépendantiste est l'Istiqlal, un parti nationaliste marocain. Son fondateur, El Fassi, avait élaboré au Maroc pendant la seconde guerre mondiale un programme de type nationaliste qui lui a valu d'être surnommé le "Sabino Arana" marocain, du nom d'un théoricien du nationalisme basque. En effet, sa doctrine, d'un point de vue espagnol, n'est pas moins délirante que la doctrine nationaliste basque.

El Fassi, se référant à des interprétations historiques d'une rigueur plus que douteuse, soutenait la thèse d'une suprématie marocaine, appelée à transformer le pays en une puissance régionale en Méditerranée occidentale. Il appelait cette doctrine celle du "Grand Maroc", une fiction géopolitique finalement assez absurde.

Le rayon d'action de ce "Grand Maroc" hypothétique englobait le Sahara occidental, la frange littorale d'Ifni, Ceuta, Melilla et les îles adjacentes, les territoires de Tindouf et de Colomb Bechar dans l'Ouest de l'Algérie, la totalité de la Mauritanie et une partie importante du Mali, ainsi que la plate-forme continentale des Iles Canaries.

Cette idée délirante n'a pas inspiré que le parti Istiqlal, mais a imprégné tout le processus de formation de l'Etat marocain jusqu'à ce que l'idée du Grand Maroc soit partagée aujourd'hui par toutes les forces politiques du pays, depuis les progressistes de l'Union Nationale des Forces Populaires jusqu'aux socialistes.

La marche vers le "Grand Maroc"

Tous les événements politiques provoqués par le Maroc au cours de la seconde partie du 20ième siècle ne sont pas dissociables de l'idée de "Grand Maroc". En certaines occasions, certaines de ces démarches revêtent un caractère spectaculaire, comme l'annexion de Villa Bens en 1958, d'Ifni en 1969 et du Sahara en 1975. Ou se terminent par des échecs retentissants, comme la guerre de 1957-58 qui a visé l'annexion du Sahara occidental et d'Ifni, ainsi qu'à terme l'annexion de la Maurétanie toute entière. Autre échec cuisant : le Maroc a cultivé l'intention d'inclure dans son territoire national une partie de l'Algérie lors de la guerre dite des "sables mouvants" en 1963. Finalement, nous avons l'épisode tout récent de la prise de l'Ile du Persil, rapidement reconquise par les Espagnols.

Les différents gouvernements espagnols, y compris ceux du temps de Franco, n'ont jamais pris en compte le projet de l'Istiqlal ni pris au sérieux la politique expansionniste du Maroc. Dès que la transition du régime franquiste à la monarchie parlementaire et constitutionnelle a été achevée, il a été impossible de trouver en Espagne des diplomates capables de comprendre le problème, malgré le fait que dans la salle du trône du palais royal marocain on pouvait voir une carte du "Grand Maroc", sur laquelle, bien évidemment, les Canaries apparaissaient comme faisant partie du Sultanat du Maghreb.

Il est toute aussi impensable que Juan Carlos I, qui a rendu visite tant de fois à son homologue alaouite, ne connaissait pas cette carte. Il est curieux également de constater que, tandis que les forces armées espagnoles continuaient à élaborer des plans d'opérations pour un éventuel "front sud", les différents gouvernements démocratiques (de l'UCD, du PSOE et du PP) ont toujours eu une politique de la main tendue à l'endroit de ce gouvernement marocain qui ne cachait pas ses intentions de s'approprier des territoires espagnols. Cette situation insolite nous force à méditer ici une phrase de Carl Schmitt: «Si tu prétends être l'ami de ton ennemi et que celui-ci continue à te considérer comme son ennemi, alors tu es perdu».

Le Maroc cherche la guerre

En 2001, le Maroc a acquis 20 chasseurs bombardiers YF-16 à nos "amis américains" (ndlr: via l'Arabie Saoudite). Peu de temps après cet achat, on apprend que le Maroc acquiert également une quantité énorme d'armes légères, comme des canons sans recul et des mortiers. Tout ce matériel semble à première vue inutile et surtout inapproprié pour combattre le Polisario. Il s'agit bel et bien d'un matériel destiné à combattre une puissance terrestre, en l'occurrence la seule puissance voisine qui pourrait s'opposer à la mise en pratique de l'idée du "Grand Maroc".

Il nous paraît important de ne pas perdre de vue la façon dont ces achats se sont réalisés. Tout ce matériel a été acheté avec l'aval des monarchies les plus réactionnaires du Golfe Persique, qui ont pour point commun, avec le Maroc, d'être les alliées des Etats-Unis!

Que s'est-il ensuite passé? Un jeune roi immature et un gouvernement corrompu commencent ensemble une aventure insensée. Mohammed VI, qui ignore les lois de la politique, veut se muer en un nouveau monarque des "pétro-dollars". Sa "simplicité" mentale l'induit à croire que quelques petits puits de pétrole forés dans les sables du désert vont lui apporter des richesses considérables, grâce à l'entremise des sociétés pétrolières américaines. Il pense que dorénavant, le Maroc ne va plus dépendre de ses exportations de fruits citriques et de haschisch en direction de l'UE et que son économie ne va plus cruellement dépendre des devises envoyées par les deux ou trois millions de travailleurs marocains dispersés à travers l'Europe. Le petit roi Mohammed VI croit qu'il deviendra très bientôt un nouveau monarque des mille et une nuits, un nouvel émir du pétrole. La crise marocaine actuelle ne s'explique que par l'immaturité politique et les faiblesses psychologiques personnelles de ce drôle de petit roi.

Encore plus surprenant, dans le contexte qui nous préoccupe : on construit en ce moment même, dans les chantiers navals espagnols, des bateaux pour la flotte ennemie! Toujours plus surprenant : les immigrés marocains sont admis sur le territoire de l'Union Européenne comme s'ils étaient les ressortissants d'un pays associé et ami. Les événements récents nous l'ont prouvé : il n'en est rien ! Car, tout concourt à affirmer que le Maroc cherche bel et bien la guerre.

La France modifie ses positions

Au cours de cette crise récente, la position de la France a considérablement varié par rapport aux crises antérieures. Jusqu'ici la politique française a consisté à préférer un Maroc francophile, renforcé par l'incorporation du Sahara, à un Sahara indépendant et hispanophile. Pour rappeler le passé, disons que dans toutes les péripéties coloniales du 19ième siècle et des débuts du 20ième, la politique française a cherché à affaiblir l'Espagne. Mais au cours de ces derniers mois, nous avons assisté à un changement de cap, notamment après le 11 septembre 2001

[ndlr: Pas si sûr! Le refus d'entériner la note de la présidence danoise —arrogance inadmissible à l'égard du Danemark et ingérence intempestive dans la bonne marche des institutions européennes—  montre que le Maroc et son roitelet de carnaval peuvent encore compter sur l'appui de Paris, qui reste, comme le prouve une quantité d'écrits quasi officiels, hostile à Vienne et à Madrid, capitales jugées "traditionnelles", de même qu'à des entités comme la Flandre et la Croatie. Cf. l'ouvrage écœurant et scandaleux d'une dame, Annie Lacroix-Riz, professeur à Toulouse-Le Mirail et spécialiste du Maroc (!); cet ouvrage est intitulé Le Vatican, l'Europe et le Reich de la première guerre mondiale à la guerre froide, Armand Colin, Paris, 1996. Si les nationalistes basques et marocains délirent selon nos amis espagnols, ces délires, à coup sûr, n'arrivent pas à la cheville de ceux que profère cette dame Lacroix-Riz! Cet ouvrage franchement insultant, purement propagandiste, s'attaque avec une rare violence à l'Allemagne, au Vatican, à l'Espagne, à l'Autriche, à l'Allemagne, à la Belgique (et, avec une haine qui laisse pantois tout en étant carrément raciste, à sa majorité flamande et au roi Léopold III), à la Pologne, à la Roumanie, à l'Italie et à la Hongrie. Ce bréviaire hallucinant de la haine jacobine à l'égard de tous les peuples européens a reçu une consécration universitaire imméritée et, de ce fait, sert de référence à des hauts fonctionnaires et à des diplomates français. Ce qui se passe de commentaires et explique parfaitement les campagnes haineuses de la presse française  —et pas seulement de la presse!— contre l'Autriche, la Croatie et l'Italie, auxquelles nous avons assisté au cours de ces deux dernières années. Depuis François I, rien n'a changé : l'Europe est toujours l'ennemi pour Paris, en dépit de la construction européenne, et l'Islam (ou une fraction organisée de celui-ci) reste, dans tous les cas de figure, l'allié privilégié; dans un tel contexte, l'"anti-racisme" de la pensée unique sert à diaboliser tout ce qui est européen, à empêcher les braves Français de souche de s'identifier et de se solidariser avec leurs voisins et à présenter sous un jour idyllique et parfaitement abstrait l'allié extra-européen, qui qu'il soit; s'il existait des Martiens ou des Vénusiens qu'on pourrait mobiliser contre le reste de l'Europe, on les présenterait sous des traits dithyrambiques, tout en stigmatisant tous les autres de "fascistes" ou de "nazis", ce qui est le cas : Russes, Hongrois, Autrichiens, Danois, Flamands, Hollandais, Suisses, Italiens, Croates, Serbes, Macédoniens, Espagnols encaissent régulièrement dans la presse parisienne ces épithètes dénigrantes, parfois modernisées en "populistes"; notons que les peuples africains ou asiatiques qui ont l'heur de déplaire aux tenants de cette idéologie criminelle, subissent, eux aussi, des campagnes de haine, comme ce fut le cas des Tutsis nilotiques en Afrique centrale, victimes d'un génocide planifié par les alliés de Mitterrand, que la Belgique officielle, titubant d'une sottise à l'autre, a entériné, elle aussi].

La France a compris qu'elle perd désormais la partie dans le Maghreb. Les Etats-Unis se sont substitués à elle —et à marche forcée—  comme le principal allié et client au Maroc. La France commence à comprendre que les Etats-Unis sont une puissance qui est aujourd'hui une concurrente et qui demain sera ennemie. Comprendra-t-elle que ses attitudes devront dans l'avenir éviter de créer des tensions à l'intérieur de l'UE. La France commence à comprendre qu'elle a perdu la partie en Afrique du Nord.

Quoi qu'il en soit, l'UE et particulièrement l'Espagne et la France savent désormais que nous faisons tous face à une problématique identique : au fanatisme alaouite qui vise à construire son "Grand Maroc", à la course aux armements que l'on observe au Maroc grâce à l'appui financier des principaux alliés arabes des Etats-Unis dans le Golfe et… à cette cinquième colonne potentielle que constituent les deux ou trois millions de citoyens marocains résidant en Europe occidentale.

Le rapatriement de ces contingents d'immigrés, une position de force devant les territoires menacés et la menace de couper les liens commerciaux unissant l'UE au Maroc sont les uniques éléments qui pourront à terme couper les racines du rêve insensé du "Grand Maroc".

DEMOCRACIA NACIONAL (Barcelone).  

 

 

lundi, 05 mai 2008

Moi !

Moi !

Moi !
Zentropa

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Un des traits les plus étranges, et les plus insupportables, de la psychologie moderne est peut-être la totale confusion entre « avoir de la personnalité » et « exprimer son égoïsme et son égocentrisme ».

En effet, aujourd’hui, tout ce qui peut, de près ou de loin, être assimilé à de l’altruisme, de l’humilité, du don de soi, de l’abnégation discrète, de la reconnaissance silencieuse ou de l’admiration muette est considéré comme de la faiblesse, voir, horresco referens !, de la « soumission ». Et comme chacun sait, toute « soumission » est indigne et infâme, non pas seulement lorsqu’elle est imposée mais même quand elle est choisie… Abjecte par sa nature même qui veut que l’on reconnaisse n’être pas l’individu le plus exceptionnel de l’univers créé, demi-dieu formidable « se suffisant à lui-même », mais un simple héritier doublé d’un serviteur, redevable du passé et débiteur des formes, principes, valeurs, et pourquoi pas personnalités, supérieurs qui entourent ses jours.

Dorénavant, hors de soi, point de salut ! Pour exister et briller socialement il convient de brasser du vent et de faire du bruit afin de s’imposer dans le grand carnaval des relations humaines ! Quel qu’en soit le prix !

Voici venus les temps de l’homme-gyrophare !

Pour capter un peu du regard de cette masse immonde et veule qu’on appelle « les gens », il faut se faire remarquer par tous les moyens possibles, les plus vils étant, bien sûr, privilégiés. Il est ainsi désormais vital de se « distinguer » en crachant à la gueule du monde le petit glaviot de sa « différence » et de son « originalité », évidemment fictives mais que l’on fera exister artificiellement quelques instants par les pitoyables procédés de la « contradiction systématique », du « contre-pied mécanique » ou de la « provocation stérile ».

Cette tendance est notamment abominablement prégnante dans le fonctionnement quotidien d’une foultitude de prétendus couples dont les membres, en apparente concurrence permanente, ne semblent pas avoir d’autre but que d’exhiber aux yeux d’autrui non pas ce qui les rassemble et les unis mais au contraire ce qui les différencie et les sépare, chacun voulant à tout prix prouver que sa formidable (et unique !) personnalité n’a nullement été oblitérée par la vie commune. D’où la grotesque et infinie compétition à laquelle s’adonnent ces paires d’égoïstes incapables de solitude qui ne seront jamais des couples véritables et encore moins des foyers. Rien ne leur tient plus à cœur que de faire la démonstration de leur supposée « indépendance » et de leur position « dominante » dans le « fonctionnement relationnel » auquel se résume leur collage plus ou moins éphémère.

Ainsi les disputes perpétuelles, les désaccords affichés et les sempiternelles contradictions sont-ils peu à peu devenus des preuves de « santé », de « vitalité » et de « caractère passionné » d’une relation conjugale liant « deux fortes personnalités » alors que ce ne sont en réalité que les tristes et piteux prolégomènes de l’échec inéluctable de deux crétins bouffis d’égoïsme et de prétention, incapables se sacrifier la moindre parcelle de leurs egos hypertrophiés pour fonder une entité plus grande et plus digne que la somme de leurs deux médiocrités.

Surtout ne pas simplement « aimer », « servir », « encourager », « aider », « soutenir » ou « suivre » son conjoint mais plutôt le « recadrer », le « remettre à sa place », le « surveiller », le « dénigrer » et le « moquer » (gentiment bien sûr ! la modernité n’est peuplée que de « gentils » !), pour bien montrer « qu’on n’est pas dupe ! » et « qu’on ne se laisse pas faire » ni « avoir ».

Les unions désacralisées étant devenues de vulgaires contrats de type néo-libéral, il est normal, au fond, que les relations qui les sous-tendent soient réduites aux pathétiques gesticulations d’un acheteur d’occasion qui, apeuré à l’idée de passer pour un naïf ou un gogo, expose lui-même, pour s’en gausser avant les autres, les défauts et dysfonctionnements de l’objet de son choix.


 

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jeudi, 01 mai 2008

G. Faye : Euro-Russie

Guillaume Faye
EURO-RUSSIE: BASES CONCRÈTES
D’UNE FUTURE CONFÉDÉRATION IMPÉRIALE

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Intervention au Colloque de Moscou de juillet 2007

  J’avais nommé l’idée d’une union continentale entre tous les peuples d’origine européenne, de la France à la Russie, de l’Atlantique au Pacifique “Eurosibérie”. Et mon ami Pavel Toulaev m’a fait discrètement remarquer qu’il faudrait mieux parler d’Euro-Russie.-, parce que la Sibérie est au fond un terme géographique et la Russie un terme ethnique et historique.  Je pense qu’il avait raison. Mieux vaut parler pour ce projet d’Euro-Russie
 

La confédération impériale euro-russe,
projet mobilisateur pour le XXIe siècle.

  Une telle idée n’est pas destinée à s’appliquer pragmatiquement dans les dix ans à venir, évidemment ! Il s’agit d’une “utopie positive ” ou de la construction d’un “mythe agissant”.  Au XVIIIe siècle, l’idée de l’Union de l’Europe occidentale avait pris corps et s’est finalement réalisée (avec de redoutables imperfections) ; au XIXe siècle, les fondateurs de l’idée sioniste ont réussi à aboutir à la création de l’État d’Israël. Les Pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique au XVIIe siècle ont réussi leur pari. De même aujourd’hui, l’idée d’une Union impériale et fédérale de l’Europe occidentale, de l’Europe centrale et de la Russie doit être envisagée, pour servir de modèle aux générations futures qui devront la réaliser.

  Ce projet prolonge et dépasse à la fois l’Union européenne, qui, à mon avis, était un moment dialectique important dans l’histoire mais a atteint ses limites et s’avère, à mon sens, aujourd’hui, un échec. Pourquoi un échec ? Parce que l’Union européenne n’a pas été capable d’affirmer la souveraineté de l’Europe comme grande puissance face aux USA, parce qu’elle a été incapable d’éviter l’invasion de l’Europe par les populations du tiers monde et de l’islam. Pis encore, l’Union européenne en vient aujourd’hui à nier et à détruire l’idée même d’Europe par le projet d’y faire participer la Turquie, voire même pour d’autres politiciens irresponsables, les pays du Maghreb.  Néanmoins, je le répète, l’Union européenne était dialectiquement importante (au sens hégélien) mais elle doit être maintenant être dépassée, surmontée et prolongée, à la fois négativement et positivement, par l’Union euro-russe.  

  L’idée selon laquelle les peuples européens sont extrêmement différents les uns des autres et que les Russes sont encore plus différents des autres doit être soumise à une sorte de relativisme critique. L’idée de divergence entre les peuples de souche européenne sera de moins en moins vraie au cours du XXIe siècle. Ce siècle verra surgir une opposition de plus en plus grande entre les peuples d’origine européenne et tous les autres. Et nous allons tous prendre progressivement conscience, des rives de l’Atlantique à la Sibérie, que l’ensemble euro-russe forme une unité homogène relative de civilisation, de culture, d’histoire, de mentalité et de potentiel génétique.  Un Breton ou un Catalan de souche, un Bavarois, et un Russe de Carélie sont beaucoup plus proches entre eux sur le plan génétique mental et comportemental qu’il ne le sont d’un Chinois. Les racines culturelles, artistiques, historiques de la France ou de l’Italie sont beaucoup plus proches de celles de la Russie qu’elles ne le sont de l’Afrique francophone. 

  Si l’on raisonne en termes d’ethnopolitique autant que de géopolitique, l’ensemble euro-russe apparaît comme une nécessité vitale dans ce monde du XXIe siècle qui verra à la fois le choc des civilisations et la nécessité de se regrouper en grands blocs.

  Les esprits, dira-t-on, ne sont pas prêts pour un tel projet révolutionnaire. Mais avec les bouleversements du XXIe siècle, les choses pourront évoluer beaucoup plus vite que nous ne le pensons. Les grands principes concrets sont les suivants :
 

Quelle organisation politique et constitutionnelle ?
Le confédéralisme impérial.

  Il est impossible ici d’imaginer dans le détail la forme politique et constitutionnelle interne d’une union euro-russe, mais on peut néanmoins en poser les principes fondamentaux. Ils sont extrêmement éloignés de ceux de l’actuelle Union européenne qui n’est qu’un agrégat technocratique impuissant et flou, qui cumule tous les inconvénients du centralisme bureaucratique et de l’anarchie.

  1) Un faut un État central fort et maigre, centre de décision, comme un cerveau, qui possède le monopole de la politique étrangère et de la diplomatie, de la politique économique générale, de la politique monétaire, des forces armées et du contrôle des frontières extérieures communes ; et qui soit le garant des grands principes.

  2) Les différents peuples et nations doivent posséder la plus grande autonomie intérieure. Les “États” composant l’Union euro-russe pourront être les États actuels ou provenir du démembrement de certains d’entre eux en régions, qui seront ainsi de nouveaux États.  Tout État doit pouvoir sortir quand il le désire de l’Union et recouvrer sa souveraineté. Il est libre de posséder les institutions qu’il veut, libre de son système constitutionnel, judiciaire et éducatif, de sa politique fiscale et économique intérieure. Mais il doit, sauf à être expulsé de l’Union, respecter les grands principes fondamentaux dont il sera question plus loin et ne pas nuire aux autres États membres.

  3) La solidarité entre les États doit être assurée par des compensations financières organisées par l’État central.  

  Ce modèle s’inspire partiellement de la constitution des Etats-Unis d’Amérique, qui est la plus ancienne du monde et qui fonctionne assez bien.

  Mais il faut immédiatement préciser ici  que, dans un premier temps, cette Union Euro-Russe ne prendra pas nécessairement la forme d’un État confédéral, mais d’une sorte de concertation, d’entente entre les États européens et la Russie, une “union de nations”. Les choses doivent se construire de manière progressive et pragmatique. Et pourquoi ce mot « impérial » ? Parce que l’idée d’Empire, si elle bien comprise, est la libre association de peuples apparentés par la culture, la civilisation, la proximité raciale et la continuité géographique. Les ensembles hétérogènes finissent toujours par éclater. Il faut construire la Maison commune, pas à pas, progressivement, mais néanmoins dans l’urgence.
 

Quelle politique extérieure ? Le neutralisme de puissance

  L’alliance confédérale euro-russe affrontera trois menaces principales : l’une est le tiers monde sous la bannière de l’islam, par sa volonté de conquête sous le biais de l’immigration de masse. L’autre est le gouvernement de Washington, qui voit comme un cauchemar toute alliance euro-russe et qui tente par tous les moyens de nous affaiblir, de nous diviser, de nous encercler. La troisième est la Chine, qui nourrit une volonté mondiale hégémonique et qui d’ailleurs, s’emploie actuellement à peupler subrepticement la Sibérie russe.

  Il faut en finir avec l’OTAN, qui n’est rien d’autre qu’une structure de sujétion des Européens par les USA, et construire, dans un premier temps, une alliance militaire intégrée de tous les pays européens et de la Russie. 

  Sur le plan de la dissuasion nucléaire, il faudra coupler les forces françaises et les forces russes. La Grande-Bretagne ne pourra y participer que si elle libère de son asservissement aux Etats-Unis, ce qui n’est pas le cas actuellement.

  La politique étrangère de l’Euro-Russie devra être celle du « hérisson géant », avec ce double impératif : pas d’impérialisme vis-à-vis de l’extérieur, pas d’ingérence des puissances étrangères dans notre espace vital. Ce neutralisme est justifié par l’autosuffisance économique. Nous avons toutes les ressources, toutes les matières premières, et nous n’avons pas besoin des autres. Nous n’avons pas besoin d’aller guerroyer chez les autres`et d’imiter l’irresponsable impérialisme américain, mais nous ne pourrons pas tolérer que les autres viennent faire la loi dans notre espace vital. À l’inverse de ce que pratiquent les Etats-Unis, il ne saurait être question de menacer les autres mais d’assurer la défense rigoureuse de notre intégrité, de notre sécurité et de nos intérêts.

  Vis-à-vis des Etats-Unis, il ne s’agit pas de manifester de l’hostilité, mais de la méfiance.L’objectif est de convaincre les Américains que leur politique extérieure actuelle est erratique et stupide. Notre conviction doit être que la Américains ne  seront nos amis que s’ils admettent qu’ils ne sont pas les maîtres du monde. L’arrogance américaine est immature, infantile car elle ne débouche que sur des échecs. Mais, à partir du moment où  existerait un ensemble confédéral euro-russe, nous serions tout-à-fait d’accord pour coopérer avec les Américains si ces derniers renoncent à leur tradition impérialiste.

  Il faut également en finir avec cette “religion des droits de l’homme” inconsistante qui tient lieu à l’Union européenne actuelle de politique étrangère. De même l’ “aide au tiers monde ”, inutile et improductive, doit être remise en cause. La présence de l’islam sur le territoire de l’Union euro-russe devra être dans un premier temps jugulée et dans un deuxième temps drastiquement restreinte. Vis-à-vis du conflit israélo-arabe, la position doit être celle de la neutralité. Aucune participation militaire à une quelconque intervention de l’ONU hors de nos frontières ne peut être admise.

  Quelle organisation économique ? L’autarcie des grands espaces.

  Il ne faut pas s’inspirer du socialisme étatique, dans son organisation intérieure – inefficace – ni du capitalisme spéculatif mondialiste actuel. Un nouveau modèle économique pourrait se construire, fondé sur des principes que j’ai développé depuis longtemps en m’inspirant du Prix Nobel français d’économie Maurice Allais et du regretté Pr François Perroux, du Collège  de France, sous le thème général de l’économie organique qui est une troisième voie entre le socialisme et le capitalisme mondialisé.

  1) Refus du principe de libre-échange mondial (qui est catastrophique pour toute l’humanité) avec instauration de barrières douanières et de contingentements économiques protégeant l’espace euro-russe, autosuffisant dans tous les domaines, premier espace économique de la planète.

  2) En revanche, il faut un marché unique, une monnaie commune, un libre-échange intérieur dans l’espace euro-russe, un refus de l’économie assistée, socialisée, rigide, telle qu’on la pratique en France. Un libre capitalisme intérieur, qui formera une puissante dynamique, compte tenu de la taille gigantesque de l’ensemble euro-russe, tel est le choix qu’il faut faire.

  3) L’État central ne pourra intervenir dans l’économie que de manière politique, législative, planificatrice, et non plus financière. La fonction souveraine ne doit pas se substituer aux entreprises, mais définir de grands axes de politique économique. Il faut s’inspirer là du modèle très efficace des USA où l’État soutient les firmes sans entrer dans leur capital.

  4) Aucune prise de participation majoritaire dans le capital des grandes entreprises de l’Union ne peut être possible de la part d’investisseurs étrangers à l’Union. En revanche, les transferts financiers et les prises de participation à l’intérieur de l’espace euro-russe sont libres.

  5) Respect rigoureux de l’environnement, développement de l’énergie nucléaire, politique active de recherche et de haute technologie, notamment sur les énergies renouvelables, politique spatiale intégrée, construction de grands pôles aéronautiques et militaires strictement euro-russes, préférence systématique pour les firmes de l’espace euro-russe dans tous les grands marchés industriels (appels d’offres, mais aussi en matière de  commerce de produits agricoles ; interdiction pour les États de s’endetter pour les dépenses de fonctionnement, mais seulement d’investissement : tels sont quelques uns des principes économiques que devront impérativement respecter l’État central et les États membres.
 

Quels axes de politique intérieure? L’ethnocentrisme et le natalisme,
la justice sociale et la discipline collective

  Des principes généraux de politique intérieure doivent être contractuellement définis pour tous les États-membres, faute de quoi ils ne peuvent pas entrer dans l’Union ou doivent la quitter.

  1) L’Euro-russie, berceau des peuples blancs aujourd’hui sévèrement menacés dans leur démographie, doit se fonder sur le principe ethnocentrique de l’homogénéité ethnique. Il n’y a rien d’immoral à cela, puisque ce principe est appliqué par la majorité des pays du monde non-Blanc : Chine, Inde, Japon, Afrique, etc. Ce qui suppose  les principes constitutionnels suivants imposés à tous les États membres : refus de toute immigration de travailleurs extérieurs à l’espace euro-russe (sauf, par quotas, cadres supérieurs et personnels très qualifiés) ; interdiction du regroupement familial et du droit d’asile ; expulsion effective et administrative sans appel de tous les clandestins ; impossibilité pour les étrangers extérieurs à l’Union de percevoir la moindre allocation sociale ou de santé (fin des “pompes aspirantes ”) ; exclusion de tout ressortissant étranger à l’Union des élections ; expulsion immédiate et définitive de tout étranger à l’Union coupable du moindre délit ; abandon du droit du sol au profit du droit du sang (fin des naturalisations) ;  retour progressif au pays pour tous les immigrés du tiers-monde ; possibilité d’immigration libre et de naturalisations à l’intérieur seulement de l’espace euro-russe, pour ses citoyens, en fonction de la législation de chaque État.  Le critère ethnique doit être au centre du projet constitutionnel d’organisation intérieure. L’homogénéité ethnique blanche est le fondement du projet euro-russe, tout comme l’homogénéité ethnique noire est le fondement des Africains qui veulent, à juste titre, unifier leur continent. L’homogénéité ethnique est le socle même de la paix sociale et des libertés publiques, vérité de bon sens qu’avait parfaitement vue Aristote.

  2) Compte tenu du déclin démographique dramatique des peuples de l’espace euro-russe, chaque État sera tenu de mettre en œuvre une politique nataliste, qui ne pourra bénéficier qu’aux ressortissants de l’Union.

  3) Autres principes constitutionnels que devront respecter tous les États de l’Union et qu’ils mettront en œuvre selon leurs législations et leurs traditions propres : justice sociale, méritocratie, éducation disciplinée et s élective, égalité devant la loi, éradication de la pauvreté, répression impitoyable de la criminalité, politique familiale, prohibition des unions et adoptions entre homosexuels, etc.
 

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  Il s’agit simplement de s’unir pour affronter le monde extérieur de plus en plus menaçant.

  Et surtout, il faut reconnaître que ce qui divise, dans les mentalités, les habitudes culturelles, la mémoire historique, les Russes des Européens de l’Ouest est beaucoup moins important que ce qui nous unit tous. Et cela sera de plus en plus vrai au cours du XXIe siècle. Question cruciale : le nationalisme russe peut-il se sentir blessé et dépossédé par un tel projet impérial d’union euro-russe ? Non, dans la mesure où cette Union ne serait pas contraignante, mais volontaire et associative, et où les bénéfices pour la Russie seraient considérables.

  On m’a dit que l’ “âme russe ” se sentait partagée, voire déchirée entre l’Europe et l’Asie et que la Russie n’était donc pas vraiment européenne. Ce que signifierait le symbole de l’Aigle bicéphale qui regarde à la fois vers l’Orient et l’Occident. Mais je pense que cela est un sophisme géographique. Les Russes n’ont rien d’un peuple “semi-asiatique” ; c’est un peuple européen qui a conquis une partie de l’Asie géographique et qui se l’est appropriée. L’opposition entre les Russes et les Slaves de l’Est d’une part, et les autres Européens de l’Ouest d’autre part est beaucoup forte qu’on ne croit. Nous appartenons tous à la même souche génétique ,éthnique et civilisationnelle, à une grande famille, dont les différences sont moins importantes que les ressemblances..
 

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  On me reprochera de ne pas avoir parlé de « démocratie » ? C’est volontaire, car on ne sait plus du tout ce que ce terme, employé par tous les régimes politiques du monde entier, veut dire. Dans l’Union européenne, où le peuple est totalement dépossédé des grandes décisions le concernant (notamment en matière d’immigration, d’ouverture incontrôlée des frontières, de politique économique, etc.), les dirigeants se vantent de représenter le modèle supérieur mondial de démocratie et de culte des “droits de l’homme”. Or la liberté d’opinion n’y est pas respectée, puisque , par exemple, on ne peut pas dénoncer l’invasion par l’islam et le tiers-monde sans être criminalisé comme « raciste » par un arsenal législatif et un système judiciaire néo-totalitaire. Le concept de démocratie, tel qu’il est utilisé en Occident, est tout à fait voisin,  dans le simulacre et le mensonge sémantique (mais en plus subtil et “publicitaire”), de la propagande communiste soviétique. L’Union européenne, telle qu’elle fonctionne actuellement, avec un Parlement sans pouvoir et une technocratie non-élue mais omnipotente, ne peut pas prétendre respecter la volonté des peuples. Elle a inventé la pratique de la tyrannie douce. De même, c’est au nom de sa croisade pour la fameuse “démocratie” que le gouvernement de Washington a semé un indescriptible désordre au Proche-Orient et s’emploie actuellement à essayer d’encercler et d’affaiblir la Russie et de pratiquer une ingérence dans ses affaires intérieures.

  C’est la raison pour laquelle, dans ce projet d’Union euro-russe, il est hors de question d’unifier sous un même modèle les pratiques institutionnelles et le droit interne des États membres. Simplement, ces derniers, et l’État central, s’il existe un jour, devront respecter les trois principes suivants : État de droit, élections libres au suffrage universel, référendums et respect absolu des décisions du peuple. Par peuple, il faut entendre évidemment le “peuple de souche”. En référence à la seule vraie démocratie, qui n’est ni occidentalo-américaine, ni socialiste ou communiste, mais d’origine grecque et athénienne. Inspirons-nous de Périclès et de l’esprit d’Athéna.
 

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  J’ai bien  conscience qu’un tel projet d’Union euro-russe est très complexe. Tout cela suppose un renversement des mentalités, l’Umwertung, dont parlait Nietzsche, qui était aussi adepte de la «grande politique». Mais ce renversement, cet orage mental viendront avec les catastrophes qui s’annoncent. Ces catastrophes sont dialectiquement positives– et là, je me réclame de Hegel et de sa  «poursuite de la Raison dans l’Histoire». Sauf que Hegel avait compris un mécanisme implacable sans en voir le sens. Cette « raison » n’est pas une transcendance, mais l’union possible d’une grande tendance historique implacable et d’un volonté politique exceptionnelle qui utilise et renverse le chaos créé pour le métamorphoser en nouvel ordre.   Les fatalistes, les matérialistes (qu’ils soient marxistes ou libéraux, ce sont exactement les mêmes philosophiquement), les traîtres, les nationalistes étroits, les faux sages, les déprimés et déçus de l’Histoire, les progressistes accrochés à leurs fausses prophéties, les optimistes hallucinés,  les conservateurs nostalgiques, les calculateurs politiciens décadents, les intellectuels dans leur tour d’ivoire n’ont jamais compris que le destin des hommes et des peuples n’était jamais écrit d’avance, que rien n’est jamais nécessairement perdu ni gagné. 

  Deux questions difficiles à résoudre se posent maintenant : tout d’abord, quelle capitale fédérale pour l’Union euro-russe ? Il ne saurait être question que ce soit Paris, Berlin ou Moscou car alors, on soupçonnerait des calculs matérialistes.  Je propose – comme l’ont fait le Brésil ou les USA – de créer de toutes pièces une capitale nouvelle, qui serait autant une oeuvre politique qu’architecturale, à l’image de Saint-Pétersbourg ; mais reste évidemment à déterminer dans quel pays.

  La seconde question qui se pose est : quelle langue de travail dominante ? Quelle sera la langue de l’État central et fédéral?  Le système plurilingue actuel de l’Union européenne est très coûteux, anarchique, et aboutit de fait à une domination de l’anglais, ce qui n’est pas une bonne chose. Il ne faut pas créer une langue artificielle, comme l’espéranto, ça ne fonctionne jamais. Cela ne peut être une grande langue, comme le russe, l’allemand ou le français, au risque de vexer les autres`peuples. Je vais faire une proposition surprenante : pourquoi pas le breton ? C’est une langue vivante, parlée, moderne, très structurée, que les élites politiques du Continent pourraient facilement apprendre. Encore une suggestion qui est destinée à faire son chemin …

  Pour l’instant les esprits, que ce soit en Europe occidentale ou en Russie, ne sont pas encore prêts à un tel bouleversement de perspective. On m’a toujours reproché ma mentalité utopique. Les intellectuels français pensent que je manque de sagesse, mais moi, je pense qu’ils manquent de courage. Mais aussi de lucidité. Il faut avoir confiance, car on observe qu’aujourd’hui l’histoire ressemble à un cheval qui court au galop. Nous devons apprendre à la prochaine génération la réalité suivante : de Brest, à la pointe de la Bretagne, jusqu’ à Providenia, sur le détroit de Behring, existe l’espace vital d’un même peuple : le nôtre. Marx disait : «prolétaires de tous les pays, unissez-vous !». Murmurons plutôt : « Blancs de tous les pays, unissez-vous !  Autour de la confédération impériale euro-russe.Et réfléchissons dès aujourd’hui à sa future organisation, car les idées font leur chemin dans l’Histoire, comme les vers dans les fruits mûrs.

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mardi, 22 avril 2008

Joyeux krach !

Joyeux krach !

Joyeux krach !

Image Hosted by ImageShack.usLes soubresauts des bourses mondiales et les scandales financiers révèlent l’état de crise des structures économiques. Quand quelques « traders », aux valeurs morales plus que douteuses, peuvent manier des milliards sans aucun contrôle et les perdre en quelques minutes, nous sommes devant les conséquences de la financiarisation totale du capitalisme. Face à la baisse tendancielle du taux de profit, l’accroissement rapide du capital financier semble être la solution refuge pour des secteurs entiers de la bourgeoisie, véritables parasites entés sur le corps social. Mais derrière ces chiffres devenus irréels, il y a des vies qui sont mises en jeu. Personne ne parle des travailleurs qui sont réduits au chômage par les délocalisations, des intérimaires exploités, des jeunes qui ne trouvent pas de travail assez stable pour fonder un foyer. Nous pouvons souhaiter un « joyeux krach » aux apprentis sorciers de la finance croyant encore à la bienveillance de la « Mains Invisible » d’Adam Smith pour réguler les marchés (comme la patronne du MEDEF, Laurence Parisot). Les mêmes attaquent le Socialisme comme étant une lubie dépassée appartenant au 19° siècle…

Dans le registre des naïvetés feintes, les médias découvrent la réalité de la hausse des prix des produits de consommation et des loyers. Il était temps, les classes populaires en étaient persuadées depuis des années. Elles sont frappées de plein fouet pas les augmentations de prix continues et sont obligées de se serrer la ceinture. Les gesticulations de l’agité de l’Elysée ne font qu’occuper les devants de la scène. Pendant ce temps, le gouvernement ne cherche pas à trouver des solutions simples et rapides (comme par exemple, s’attaquer aux monopoles de la grande distribution). Le pays semble à la dérive, tout ce qui était encore solide est parti en fumée ou démembré au nom de la logique libérale.

La même logique a conduit à la ratification du Traité de Lisbonne qui parachève la perte de la souveraineté française. Contrairement à ce que l’on essaie de nous faire croire, ce traité n’est ni un mini traité, ni un traité simplifié. Il reprend pour l’essentiel, le contenu du Traité constitutionnel européen (TCE) qui a été rejeté par les Français et les Néerlandais en 2005. Malgré une mobilisation d’opposants de tous bords (un millier de manifestants) devant les grilles du palais de Versailles, la ratification fut acceptée par la majorité des députés UMPS. La Gauche se rallia sans surprise à cette forfaiture du gouvernement Sarkozy démontrant par là, une énième fois, son intime solidarité avec les finalités du capitalisme
Funeste présage, quelques semaines après, la déclaration d’indépendance du Kosovo offrait l’image de l’avenir possible de notre pays et de l’Europe. Utilisant les haines nationalistes, les Etats-Unis et les dirigeants européens donnaient naissance à un état maffieux au cœur des Balkans. Un foyer d’embrasement des futurs conflits qui déchireront l’Europe. Ici aussi, le gouvernement français montrait son empressement à reconnaître l’existence de l’Etat croupion et son allégeance avilissante aux projets de Washington concernant la région balkanique. Sarkozy, pour autant, n’en était guère remercié par les Etats-Unis qui, conscients de leurs intérêts, lui jouaient un mauvais tour en Amérique latine où la libération d’Ingrid Betancourt était sabotée par l’assassinat du numéro deux des FARC grâce aux renseignements fournis par la CIA à l’armée colombienne. Il est plus important pour l’impérialisme US de déstabiliser le révolutionnaire Hugo Chavez, que de flatter l’ego du roitelet de l’hexagone. Seul point positif dans la situation géopolitique internationale : la reconnaissance de l’indépendance du Kosovo vient d’être suivie de la déclaration faite par le Kremlin, de l’absence de restriction des relations commerciales avec l’Abkhazie et l’Ossétie du sud, ce qui ne peut rendre que plus forts ces pays face au pion otanesque qu’est la Géorgie. Notons au passage, l’échec de la tentative de déstabilisation de la Russie lors des élections présidentielles où le peuple n’a pas cédé aux sirènes des formations libérales payées par les capitalistes occidentaux. Même si on peut penser que des irrégularités ont été commises lors du scrutin, force est de constater que le parti de Poutine est largement soutenu par la population. Nous pouvons le créditer de l’échec de la tentative initiée par Washington du démembrement de la Fédération de Russie, ce dont nous nous félicitons. Au delà, cette réussite ne doit pas constituer un blanc seing pour le Kremlin ; les travailleurs russes doivent reprendre le chemin de la lutte sociale de façon autonome. Le relatif maintien du Parti Communiste avec près de 18% pour Ziouganov (qui a signalé les irrégularités électorales dont il a été victime) est un signe important.
Pour en finir avec la dimension internationale, le gouvernement français aura été remercié malgré tout de sa docilité envers le rouleau compresseur mondialiste, par le gouvernement israélien, suite à l’expression de sa compassion à l’égard des victimes d’un attentat faisant huit morts en Israël alors que sa sensibilité n’avait guère été affectée par le calvaire enduré par les palestiniens de la bande de Gaza, subissant l’attaque de l’armée sioniste.
Si nous commencions notre éditorial par l’évocation de ce que le système laisse apparaître de sa décomposition sur le plan financier, il ne faut pas oublier que cette apparence n’est que la manifestation de son essence. Les soubresauts financiers ne font que répercuter la nature contradictoire du mode de production capitaliste dont le nécessaire processus de valorisation plonge la majeure partie de l’humanité dans les affres de la lutte pour la simple survie économique, ce qui constitue l’aliénation fondamentale. Devant cette avalanche de mauvais coups contre les travailleurs, il est désormais primordial de réagir. Il est important de s’accrocher à des lignes de résistance précises : la défense du socialisme et d’un patriotisme positif (Pour reprendre une citation de Michel Clouscard : « L’État a été l’instance superstructurale de la répression capitaliste. C’est pourquoi Marx le dénonce. Mais aujourd’hui, avec la mondialisation, le renversement est total. Alors que l’État-nation a pu être le moyen d’oppression d’une classe par une autre, il devient le moyen de résister à la mondialisation. C’est un jeu dialectique. ». Ajoutons, pour notre part, que la condition sine qua non pour que l’Etat puisse jouer ce rôle d’outil de résistance, est qu’il soit essentiellement contrôlé par des acteurs politiques dont les finalités soient explicitement orientées vers une lutte antimondialiste dont on perçoit de nos jours également la dimension géopolitique, de laquelle il faut avoir une vision affûtée. Seul, le poids d’une relative hégémonie de travailleurs conscients et dynamiques au sein de la Nation, garantirait l’efficacité de l’Etat. La haute politique reste un rapport de forces, notamment entre classes sociales.
Pour cela, nous posons dans ce numéro des jalons, à fin de construction d’une alternative véritable au système. Nous en sommes encore à une étape de fédération et de structuration, le lancement des Cercles Rébellion en est l’expression concrète. Lénine définissait le rôle important des Cercles de diffusion dans ses écrits : « A elle seule, la fonction de diffusion du journal commencerait à créer une liaison effective (…). Les relations de ville à ville pour les besoins de la cause révolutionnaire sont aujourd’hui une grande rareté, et en tout cas une exception; elles deviendraient alors la règle et assureraient bien entendu, non seulement la diffusion du journal, mais aussi (ce qui est beaucoup plus important) l’échange d’expérience, de documentation, de forces et de ressources.
Le travail d’organisation prendrait une ampleur beaucoup plus considérable, et le succès obtenu dans une localité encouragerait constamment à perfectionner le travail, inciterait à profiter de l’expérience déjà acquise par les camarades militant sur un autre point du pays ». Que faire?

La faillite du système est totale, avant qu’il ne nous entraîne plus loin dans sa folie destructrice nous avons la possibilité d’endiguer la démence du capitalisme. Ne la ratons pas…

Source : Rebellion


 

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samedi, 12 avril 2008

L'itinéraire personnel d'Urbain Decat

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Un itinéraire personnel du socialisme flamand au Vlaams Blok

Entretien avec Urbain Decat, cofondateur des "Rode Leeuwen"

 

«Le parti socialiste flamand a trahi le combat populaire pour l'émancipation. A l'heure de la globalisation néo-libérale, le Vlaams Blok reprend le flambeau», nous déclare Urbain Decat, conseiller communal VB à Schaerbeek

 

Monsieur Decat, votre itinéraire est tout à fait in­ha­bi­tuel. Vous étiez au départ un militant socialiste con­vain­cu, vous avez milité pendant toute votre vie pour le triomphe de la plus grande idée de la philosophie des Lumières, l'émancipation, la sortie de l'homme hors de sa minorité (Kant); vous avez été professeur de "morale laïque" dans une grande école secondaire de la région bru­xelloise, vous avez présidé à l'Université à la forma­tion permanente de vos jeunes collègues et vous vous re­trouvez aujourd'hui dans les rangs du Vlaams Blok, un parti que vos anciens camarades et collègues considè­rent comme l'antithèse exacte de vos anciens engage­ments. Pouvez-vous nous expliquer cette anomalie  —vo­tre anomalie—  dans le paysage politique flamand?

 

Personnellement, je suis issu d'une vieille famille libérale (an­ti-cléricale) mais flamingante, soucieuse de l'émancipa­tion du peuple flamand face à la double emprise de la fran­cophonie et du cléricalisme. Mon arrière-grand-père fut ain­si l'un des fondateurs du Willemsfonds, la grande fonda­tion culturelle libérale flamande, dans les années 1870, au moment où le Kulturkampf de Bismarck luttait contre l'em­prise cléricale en Allemagne. Mais le Kulturkampf laïque et germanique n'a pas réussi en Flandre: le cléricalisme catho­lique romain le plus obtus a mis la main sur le mouvement fla­mand, ruinant à l'avance toute tentative d'émancipation à l'allemande. Ma famille a pris ses distances avec le fla­min­gantisme institutionnel. Elle a conservé son idéal indé­pendantiste flamand, mais elle refusait le joug clérical, ne vou­lait pas de la tutelle cléricale sur le mouvement fla­mand et, a fortiori, sur une Flandre qui serait devenue in­dé­pendante. Le clivage cléricalisme/anti-cléricalisme a été dé­terminant dans toute l'histoire de la Belgique indépen­dante, jusque dans les années 60. Mais l'emprise de l'Eglise sur le mouvement flamand a contraint les anti-cléricaux à changer de priorité, à abandonner la lutte pour l'émanci­pation flamande.

 

Dans ma jeunesse, vers 16 ou 17 ans, j'ai atterri dans le mou­­vement socialiste, tout en gardant les positions flamin­gantes, héritées de mon contexte familial. Oui je suis fier d'être Flamand, mais pas à la mode de ce nationalisme pé­tri de cléricalisme, de pensées pieuses. Ce nationalisme-là idéalise les "belles âmes", les "bons paroissiens", les "ver­tueux sans tripes ni bite". Je constate que cette imagerie d'E­pinal a réussi à fabriquer un bon petit peuple de couil­lons (l'expression existe: een arm klootjesvolk). De cela, je ne tire aucune fierté: je ne veux pas appartenir à un peu­ple qui ressemble à des chromos à la Saint-Sulpice. Je veux des durs à cuire, des gars au verbe haut et peu châtié, des cogneurs, des tombeurs de filles, des têtes de lard. Car ils sont toujours l'incarnation de la liberté d'action et de senti­ments. Mais ce type d'homme n'apparaîtra que dans une Flan­dre véritablement émancipée et indépendante. L'indé­pen­dance met les peuples devant leurs responsabilités. Leur donne un but, une fierté. Les Flamands feront comme les Français ou les Allemands (bien que la fierté nationale, là-bas à l'Est, en a pris un coup dans le processus de "réé­du­cation" mis en œuvre par les Américains après 1945).

 

Passivité flamande dans la question autrichienne

 

Prenons un exemple actuel: Louis Michel, Ministre des Af­fai­res Etrangères du Royaume de Belgique, parvient à con­tour­ner la majorité flamande dans la question autrichien­ne. On sait que seulement 10% des Flamands sont en faveur des mesures de rétorsion préconisées par Michel contre l'Au­triche, parce que le peuple autrichien n'a pas voté com­me cela lui aurait plu! Même en Wallonie, région plus ma­tra­quée par les folies austrophobes fabriquées à Paris, seu­le une minorité de 30% donne raison sur ce plan à Michel. A Bruxelles, ville plus cosmopolite, 34% sont en faveur du boy­cott. L'affaire autrichienne, qui a excité les esprits en ce printemps 2000,  démontre que les Flamands, et leur per­­son­nel politique, sont passifs, se laissent embobiner dans une politique française, imposée par les relais franco­phones du Quai d'Orsay, de l'Alliance française ou d'autres “services spéciaux” de la République une-et-indivisible  en Wallonie. Les Flamands n'ont pas eu le courage civique et na­tional de dénoncer ce jeu malsain de la France chez nous et à Vienne, alors qu'ils sont majoritaires et qu'une simple fermeté aurait pu provoquer la démission de Michel et con­fondre les manigances de Chirac et de Jospin au niveau eu­ro­péen. Ceci dit, malgré le fait que je déplore amèrement la faiblesse politique de mon peuple, je reste flamingant au sens historique du terme. 

 

Revenons à votre engagement socialiste, quand vous étiez adolescent…

 

UD: Quand j'avais 16 ou 17 ans, je me suis effectivement en­gagé dans les rangs du parti socialiste belge, qui était en­core un parti unitaire, regroupant les fédérations fla­mandes et wallonnes. En 1963, l'année où l'on a déterminé définitivement le tracé de la frontière linguistique en Bel­gique, les choses ont bougé, notamment par une marche fla­mande sur Bruxelles (plus de 100.000 participants) et des incidents assez violents dans les six villages des Fourons. J'ha­bitais Landen, une petite ville flamande, qui faisait par­tie de la province de Liège, trilingue à l'époque, mais très majoritairement wallonne (les districts de Landen et des Fourons étaient flamands, ainsi que la vallée du Geer, perdue pour la Flandre aujourd'hui; les cantons d'Eupen et de Saint-Vith étaient et sont toujours germanophones). Avec le tracé de la frontière linguistique, à Landen, nous sou­haitions nous détacher de cette province très majoritai­rement wallonne et faire partie du Brabant (bilingue à l'é­poque, avant qu'elle n'ait été récemment scindée en deux provinces, l'une flamande, l'autre wallonne). Une minorité francophone à Landen (5%) souhaitait que notre ville restât liégeoise. Avec mes amis socialistes, mais aussi avec les mi­litants politiques flamands de toutes obédiences, nous nous sommes battus pour que Landen passe au Brabant. Ce ne fut pas un long combat: rapidement, on nous a donné rai­son et nous avons quitté le giron de la province de Liège, heu­reuse de se débarrasser d'une minorité néerlandophone qui aurait compliqué son administration.

 

En 1964, je suis venu habiter à Bruxelles et j'ai rejoint, dans la capitale, les sections du BSP/PSB (Belgische So­cia­listische Partij/Parti Socialiste Belge), dont les structures, à l'époque, étaient unitaires. A Bruxelles, les Flamands comp­taient pour du beurre, ils faisaient fonction de cin­quiè­me roue à la charrette. Jamais on ne leur donnait une pla­ce éligible. Lors des réunions, quand un militant ouvrier s'exprimait en néerlandais parce qu'il ne maîtrisait pas as­sez le français, les francophones l'insultaient, lui lançaient des "Ta gueule!". Tout cela m'a rapidement échauffé les o­reilles. Pas question pour moi de me faire traiter de tous les noms ni de subir cette hystérie. J'ai donc milité au sein du parti socialiste pour briser cet unitarisme qui était un mar­ché de dupes, pour nous Flamands. Nous avons donc fon­dé à la fin des années soixante et au début des années sep­tante les "Rode Leeuwen" (= les Lions Rouges), une struc­ture autonome des socialistes flamands, prélude à la scission du parti en deux entités indépendantes l'une de l'autre: le PS wallon et francophone, et le SP flamand. Plus exactement en trois entités, avec le SP germanophone à Eupen et à Saint-Vith. En 1970, j'ai démissionné. L'aventure de la fondation des "Rode Leeuwen" était terminée, pour laisser la place au personnel politique belge habituel: les pense-petits, les arrivistes, les carriéristes à la petite se­maine, les politicards véreux, les obséquieux qui quéman­dent un logement social, une allocation, un petit boulot, etc. Ce zoo ne me convient pas. Je suis dès lors resté un "sans-parti" jusqu'en 1995, quand j'ai adhéré au Vlaams Blok, parti qui suscitait ma sympathie depuis quelques an­nées déjà, parce qu'il était le seul à proposer une rupture radicale dans le ronron politicien belge. Pendant ces vingt-cinq années, j'ai été professeur de morale laïque dans une grande école secondaire de la région bruxelloise et j'ai di­rigé les stages de formation pour mes jeunes collègues à la VUB (Vrije Universiteit Brussel).

 

Vous avez étudié la philosophie. Quels professeurs ont été vos maîtres, quels filons de la philosophie peuvent expliquer votre engagement et surtout votre passage du SP au VB?

 

UD: Quand j'entre à la VUB à dix-huit ans, l'esprit y était beau­coup plus ouvert qu'aujourd'hui. J'assiste actuellement à un effondrement dramatique du niveau philosophique et du niveau politique. A l'époque, le principe du libre examen signifiait encore quelque chose. On permettait aux étu­diants d'exercer leur sens critique. A fond. Avec la perti­nen­ce et l'insolence voulues. Les principes du libre-exami­nis­me ne s'étaient pas encore mués en des dogmes aussi fa­des qu'intangibles. Les prêtres de ce laïcisme étaient des phi­losophes critiques et pas encore une sinistre prêtraille ner­veuse et hystérique. Le ver est entré dans le fruit avec ce culte, venu de Paris, pour les Droits de l'Homme, qui n'a plus rien à voir avec l'émancipation de l'homme "hors de la minorité qu'il s'était lui-même imposée" (Kant), mais con­stitue bel et bien l'émergence d'un nouveau catéchisme fi­gé, d'un éventail de dogmes rigides, que l'on ne peut ni cri­ti­quer ni adapter aux réalités du temps et de l'espace. Dans ce glissement progressif vers le dogmatisme, sous couleur d'une interprétation fallacieuse des droits de l'homme, j'ai vu l'émergence d'un nouveau cléricalisme, justement la men­talité que ma famille combattait depuis des géné­ra­tions.

 

Vertuisme politique, néo-cléricalisme, "political correctness", inquisition et ukases saugrenus 

 

Pire pour un garçon issu du laïcisme et de la libre pensée com­me moi: le vertuïsme politique, nouveau cléricalisme, la political correctness à la belge, est portée aujourd'hui par un dominicain acharné et obstiné, le R.P. Johan Leman, éminence grise et grand manitou de ce machin qui s'im­misce en tout dans le Royaume de Belgique aujourd'hui, le "Centre d'égalité des chances et de lutte contre le ra­cis­me". Les travers les plus saugrenus de l'idéologie des Lu­miè­res (mal comprise et mal digérée) sont imposés à coups d'ukases tout aussi saugrenus par un dominicain, qui, logi­que­ment, en tant qu'homme d'Eglise, devrait les com­bat­tre: telle est la contradiction majeure, et risible, du "dé­bat" en Belgique aujourd'hui. Mais peut-on parler de "dé­bat"? Non, évidemment. Nous avons affaire à un monologue collectif, à un ânonnement généralisé des mêmes poncifs é­culés. Comme vous pouvez le constater, je reste fidèle à l'i­dée cardinale de l'idéologie des Lumières: l'émancipation, la sortie volontaire de l'homme hors de sa minorité, la di­gni­té de l'homme libre, non prisonnier de dogmes mu­ti­lants. Or, nous voyons depuis plusieurs décennies que l'i­déologie des Lumières, idéologie de gauche, a sombré dans un gauchisme de plus en plus mièvre, jusqu'à se trans­for­mer en cette bouillie insipide qui inonde toute discussion au­jourd'hui, crée un marais où toute idéologie émergeante, constructive et contestatrice, risque l'enlisement. Cette bouil­lie insipide, qui se présente comme “inoffensive” et “dé­mocratique”, érige toutefois des “garde-fou” dogma­ti­ques pour ne pas être remise en question par des esprits au­dacieux, soucieux tout à la fois de ne pas poser de dog­mes intangibles et d'agir efficacement (constructivement) dans la société et au niveau du politique. Qui enfreint les “dogmes garde-fou” est condamné à l'opprobre médiatique, au cordon sanitaire, voire à la correctionnelle: c'est le re­tour de l'inquisition, la mort des libertés civiles et de la li­ber­té d'expression. Bref le retour à tout ce qu'un libre pen­seur cohérent comme moi abomine et exècre.

 

Des corrections au départ de Nietzsche

 

Pour éviter cet enlisement dramatique, il aurait fallu, de temps à autre, opérer des corrections au départ de corpus classés arbitrairement à droite, notamment en tenant compte des enseignements et des critiques de Nietzsche, et de toutes les écoles qu'il a fécondées. Malheureusement, se référer à Nietzsche et à ces écoles, c'est commettre aux yeux des pères-la-morale et des vertuïstes actuels, le pé­ché de "dextrisme". Les insolents sont considérés comme é­tant "de droite", ou comme des "fascistes". Que les inqui­si­teurs persécutent, que l'on étouffe sous le silence, à qui l'on barre toute carrière académique. Tout adepte cohérent de l'idéologie des Lumières ne peut que se révolter devant une telle situation! Donc, je me révolte. Et je crie ma ré­volte.

 

Dans les années 60, décennies où vous avez achevé vos études, le marxisme, le freudo-marxisme, les idées de Marcuse et de l'école de Francfort, l'existentialisme de Sartre étaient les mouvements d'opinion dominants. Vous vous en êtes réclamé, comme tous vos contem­po­rains, comme tous les étudiants de votre génération. Quel regard rétrospectif jetez-vous sur ce passé que l'on peut carrément qualifier de "soixante-huitard"?

 

UD:  Dans les années 60, il y avait des exégètes pertinents de la pensée de Marx, que je respecte et que je relis, mais c'é­tait surtout un Vulgärmarxismus, un marxisme vulgaire, qui dominait à l'Université. On a vu cela dans tous les pays d'Europe et aux Etats-Unis. Je ne dis pas que le marxisme y était mal enseigné, mais la masse des étudiants n'en rete­nait qu'une vulgate maladroite, appelée à terme à devenir un pot-pourri de dogmes stériles. Cette vulgate était insup­por­table, d'autant plus qu'elle était portée par ceux qui n'a­vaient jamais lu Marx! Le noyau intéressant du marxisme, que je me suis efforcé de retenir, était une petite fleur fra­gile: les manipulateurs de la vulgate l'ont fait crever. Ensui­te, le marxisme vulgaire de l'Université était mâtiné de théo­ries françaises, étrangères au contexte germanique de Marx. Notamment l'interprétation existentialiste du marxis­me proposée par Sartre.

 

Léopold Flam: une double lecture de Marx et de Nietzsche

 

J'ai suivi les cours du Professeur Léopold Flam, avant de de­ve­nir son assistant. Flam était issu de la communauté israé­lite de Belgique. Il avait fait de la résistance et les Alle­mands l'avaient interné à Buchenwald. Flam enseignait la pensée de Marx, sans être un dogmatique. Car, justement, il corrigeait les dérives gauchistes et néo-cléricales de la vul­gate marxiste par un recours à Nietzsche. Il fut le pre­mier à écrire dans une revue consacrée à la pédagogie de la philosophie que Nietzsche était par excellence le philo­so­phe de la jeunesse et que sa manière de voir le monde de­vait absolument être enseignée aux adolescents dans les écoles secondaires. Flam s'intéressait aussi à Heidegger et à sa philosophie de l'enracinement dans le sol (notamment le sol de la Forêt Noire, de la Souabe alémanique). Heidegger souligne la nécessité d'un ancrage, pour éviter les vatici­na­tions hors contexte, désarticulées, fumeuses, qui, à terme, servent d'instruments manipulateurs aux escrocs qui endor­ment les peuples pour mieux les enchaîner. Une combinai­son adroite de Marx, Nietzsche et Heidegger serait la re­cette idéale pour briser le dogmatisme actuel, qui aurait hé­rissé Flam, pour casser les reins à cette monstruosité qu'est la political correctness.

 

L'œuvre littéraire de Henri Bosco

 

Flam se référait à un autre auteur, un Français, un Proven­çal, Henri Bosco, pour étayer son discours sur le nécessaire ancrage anthropologique de l'homme dans un lieu, concret et clairement circonscrit dans l'espace. Bosco appartient à la catégorie des "écrivains du terroir", comme Giono, autre illustre Provençal, Maurice Genevoix et, plus récemment, Henri Vincenot. Flam a sans doute découvert cet auteur, cette fascination pour la Provence, via le lien qui unissait aussi Heidegger à ce Midi du Soleil. Je rappelle qu'il y a sé­journé avec René Char, découvrant aux abords des collines du Lubéron, un paysage "où l'origine n'était pas entière­ment voilée". Camus aussi, à la fin de sa vie, a été séduit par ce paysage, où son corps repose désormais, dans le pe­tit cimetière de Lourmarin. Henri Bosco, le Provençal pré­féré de Léopold Flam, était certes un écrivain du terroir, chan­tre de la Provence éternelle, de sa nature, de sa fau­ne, de sa flore, de ses habitants qui suivent des rythmes de vie simple et inchangés depuis des siècles. Mais derrière ce décor qu'on pourrait croire idyllique, serein, sans boulever­se­ments, la violence est toujours présente, prête, le cas échéant, à faire irruption à la surface. La violence n'est pas bannie de l'horizon du poète Bosco. Avec l'inspiration que lui a donnée Gérard de Nerval, les mystères, le suprasen­si­ble, les éléments magiques, les numines propres aux élé­ments de la nature peuplent ses romans et leur donnent une touche païenne, qui n'est pas sans rappeler l'œuvre de l'An­glais David Herbert Lawrence. Comme Camus, Flam glis­sait sans doute vers une acception plus enracinée de la gau­che intellectuelle, glissement diamétralement différent de celui, actuel, qui va vers la political correctness, en dé­pit de l'engouement pseudo-écologique d'une frange non né­gligeable de l'électorat.

 

"Urwüchsigkeit" et "Weltgefühl"  

 

Flam haïssait les "libres-penseurs" professionnels, les Frei­denker à faux nez, les bigots et les rombières du bataclan laïciste. Il détestait de tout son cœur ceux qui débitaient des dogmes. Qui érigeaient un nouveau cléricalisme. Flam n'ap­préciait que ceux qui allaient à la substance de la pen­sée, à l'Urwüchsigkeit, à la Vie des vitalistes, au Weltge­fühl. Il aimait les esprits ouverts, peu importent leurs en­ga­ge­ments ou leurs opinions périphériques.

 

Plus exactement, qu'est-ce que le marxisme pour vous?

 

UD: Le marxisme des années 60 était pour Flam, pour ses étu­diants et pour moi-même, une concession à la mode du temps, au Zeitgeist. Personnellement, je considère que le socialisme annoncé par Marx est le socialisme de la fin de l'aliénation (Entfremdung). Le socialisme n'est pas, en pre­mière instance, l'avènement de la "justice sociale" (car com­ment peut-on la quantifier?). Ni surtout ce moralisme qu'on essaie de nous vendre comme la quintessence des gau­ches aujourd'hui. Le socialisme, c'est donc la fin de l'a­lié­nation, pour tous les hommes en général, pour les tra­vail­leurs en particulier, victimes du manchestérisme et de l'exo­de rural au XIXième siècle. Pour Marx, le travailleur doit être le maître de son travail, et du produit de son tra­vail. Conserver un lien direct, immédiat, vital avec son activité professionnelle et avec le produit que celle-ci gé­nè­re. Tels sont ses leitmotive fondamentaux. A la suite de Léo­pold Flam, mon professeur, et de George Steiner, philo­sophe juif-allemand émigré en Angleterre à l'époque du na­tio­nal-socialisme, je constate une analogie entre ce désir de Marx et la pensée ancrée-enracinée de Heidegger. Celui-ci parlait d'un sentiment fondamental de l'homme, sans le­quel il est jeté dans la tourmente de l'existence: le "sich-zu-Hause-Fühlen", le "se-sentir-chez-soi", le "se-sentir-en-sa-maison". Le travailleur doit se sentir chez soi dans son usine, dans sa rue, dans sa ville, dans son pays, il doit être ancré, demeurer sûr de cet ancrage et ne plus être le jouet de forces supra-locales qui le manipulent comme un pion sur un échiquier ou qui spéculent sur son interchangeabilité permanente. Mon engagement au Vlaams Blok découle de là: je n'ai plus retrouvé dans la "libre-pensée" officielle (et dévoyée) le souci incontournable du "sich-zu-Hause-Füh­len", élément essentiel de toute anthropologie cohérente et viable. Beaucoup de mes camarades politiques du Vlaams Blok considèreront sans doute les propos que je tiens ici comme le reflet et l'expression d'une hérésie ou d'une aberration, mais j'affirme clairement que je vois dans le combat de mon nouveau parti une sorte de combat pro­to-marxiste. Le Manifeste du parti communiste de Marx (1844) contient pourtant des affirmations que n'importe quel homme de droite accepterait avec enthousiasme.

 

Le "Manifeste du parti communiste" de Marx: une lecture impérative pour tout homme "de droite"

 

Je cite de mémoire cet extrait du Manifeste de Marx: "Par­tout où elle [= la bourgeoisie] a conquis le pouvoir, elle a détruit les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens variés qui unissent l'homme féodal à ses su­périeurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du “paiement au comp­tant”. Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité peti­te-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a supprimé la dignité de l'individu devenu simple valeur d'é­change; aux innombrables libertés dûment garanties et si chèrement conquises, elle a substitué l' unique et impito­ya­ble liberté de commerce. En un mot, à l'exploitation que mas­quaient les illusions religieuses et politiques, elle a sub­stitué une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale. La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activi­tés considérées jusqu'alors, avec un saint respect, comme vé­nérables. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, l'hom­me de science, elle en a fait des salariés à ses gages. La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité tou­chan­te qui recouvrait les rapports familiaux et les a réduits à de simples rapports d'argent". Je vous le demande: quel hom­me de la droite véritable, de la droite des racines (j'y re­viens!) ne souscrirait-il pas à ces phrases de Marx et d'En­gels?

 

Aujourd'hui, cette synthèse marxo-heideggerienne, cette dou­ble revendication sociale et philosophique du droit "à être chez soi" ("Thuis zijn", thème central de la campagne du Vlaams Blok pour les élections communales du 8 octobre 2000) est notamment portée par le philosophe slovène Sla­voj Zizek, peu connu dans l'espace linguistique fran­cophone mais largement apprécié dans le monde anglophone, en Al­lemagne et aux Pays-Bas. Zizek va dans le même sens: il est hostile à la globalisation, parce qu'elle porte l'aliénation à son pinacle. Sa critique est nourrie de Marx et de Hei­deg­ger. Lui aussi dénonce l'idéologie “po­litiquement correcte”, avec son homme “multiculturel”, qui n'est, dit-il, qu'une ab­­straction totalement désincarnée. Donc une escroquerie. Donc un instrument de manipu­lation.  

 

Donc, pour vous, le malheur premier de l'homme, c'est l'a­liénation. Tout humaniste engagé en politique doit dès lors lutter contre les facteurs et les effets de l'alié­nation, aider ses contemporains plus faibles et plus dé­sorientés à s'en dégager…

UD: Oui. Aujourd'hui, l'aliénation a conduit à l'atomisation de nos sociétés, surtout dans les grandes villes. Bruxelles n'é­chappe évidemment pas à la règle. Les gens vivent barri­cadés chez eux, parce qu'ils n'ont plus envie de sortir  —la rue ne correspondant plus à leurs désirs de convivialité ou d'esthétique collectives—   ou parce qu'ils s'abreuvent de fic­tions cinématographiques, d'expériences de "seconde main", par films interposés. Dans un tel contexte, l'agora antique, le forum des citoyens libres, libres parce qu'ils pre­naient la parole en public, s'adressaient à leurs homolo­gues, n'est plus qu'un souvenir: c'est le comble de l'aliéna­tion. C'est aussi le message que nous a laissé Hannah Arendt. Ma position, de philosophe et d'homme engagé dans le seul parti révolutionnaire du pays (révolutionnaire jus­tement parce qu'il fait enrager tous les conformistes), c'est de m'insurger contre l'aliénation et ses formes multiples, de mettre toutes mes énergies à lutter contre les affres de l'aliénation. Je suis ainsi scrupuleusement la leçon de Marx, en tournant le dos à tout marxisme vulgaire, à tout "mar­xisme de parti" (partijmarxisme). Ce marxisme de parti est une escroquerie. Mon marxisme reste purement philoso­phique, il transcende largement les querelles politiques ou les querelles entre écoles. Avec Henri Lefèbvre, autre in­tellectuel en vue du PCF dans les années 50 et 60, je me dres­se contre le déracinement des hommes. Vous me dites qu'avec votre ami Guillaume Faye, ténor de la "Nouvelle Droi­te" dans les années 80, vous avez eu le privilège de dî­ner deux fois à la “Closerie des Lilas" à Paris avec Lefèbvre: je suis heureux de l'apprendre, cela confirme mes intui­tions. Depuis longtemps déjà, des passerelles auraient pu être jetées. Je suis fier d'être ainsi, à quelques années de dis­tance, sur la même longueur d'onde que Lefèbvre, ce grand maître de ma période universitaire.

 

Marx aurait donc été aussi "politiquement incorrect" que vous, s'il avait vécu aujourd'hui?

 

UD: Evidemment. Sa critique du consumérisme comme for­me la plus extrême de l'aliénation, où tous les hommes deviennent les esclaves de la marchandise, l'aurait mis radicalement en porte-à-faux par rapport à cet agence­ment complexe et aliénant de publicité et de mass-media que nous connaissons depuis quelques décennies. On ne parle jamais, chez les bigots laïcistes qui se piquent de marxisme, du "racisme" de Marx. Bon nombre de ses propos l'auraient conduit aujourd'hui devant un de ces tribunaux inquisitoriaux, issus de la Loi Moureaux, une loi qui doit son nom à cet ex-ministre de la Justice qui se prétend juste­ment son plus féal disciple au sein du PS francophone. En­core une belle contradiction dans notre "beau monde" politique! Philippe Moureaux exhorte ses ouailles socialistes à lire et à relire Marx, il n'a que cette exhortation à la bou­che… Mais, s'il veut être fidèle, par ailleurs, à l'esprit de sa fameuse loi contre le racisme, il devrait fournir à ses yes-men des versions dûment expurgées de Marx, sinon ils ris­que­raient d'enfreindre la loi qui porte son nom! Karl Marx était très fier, par exemple, d'appartenir à la culture alle­man­de, à l'appareil complexe de cette culture, mixte d'idéa­lisme, de kantisme, d'hegelianisme, de dialectique, de romantisme, etc. Je n'ai pas dit que Marx était fier d'ap­par­tenir aux aspects cucu de la culture allemande de son temps, au bric-à-brac Biedermeier, comme on disait à l'épo­que. Cette sous-culture, je le concède, il la vomissait. Ma position est analogue dans la Flandre d'aujourd'hui: qu'on ne me parle pas de cette fausse Flandre fabriquée par les cléricaux, où tous les Flamands seraient de pieux be­nêts bien chastes (vroom en kuis), humbles et souffrants sous les quolibets de leurs maîtres, décrits comme des per­vers impies. Mes modèles sont les Flamands combattants, entêtés, paillards, libertins, grands buveurs devant l'éter­nel, aventuriers et entreprenants.

 

Vous nous avez parlé de Léopold Flam. D'autres pro­fesseurs ont-ils influencé votre cheminement?

 

UD: Oui, sans doute avant tout Hubert Dethier. Ce phi­lo­sophe laïque s'inscrivait à ses débuts dans le filon de l'anti-humanisme français des années 60, qui entendait prendre le relais de Marx, quand il raillait, à la suite de Hegel, le culte des “belles âmes”. Dans le carnaval de la laïcité en Belgique, les dévots laïcards ont construit une vision tota­lement abstraite de l'homme, que critiquait Dethier, à la suite d'Althusser notamment. Mais Dethier est tombé dans le piège de la "nouvelle philosophie" des B. H. Lévy, des Glucksmann et consorts. Sa critique anti-humaniste a fait place à un mysticisme de Prisunic, où gargouillent tous les ingrédients de la vulgate dominante d'aujourd'hui. Je le dé­plo­re. Mais tant pis pour Dethier. Son anti-humanisme d'hier m'a aidé à me méfier des belles idées généreuses, qui ne camouflent généralement que du vide intellectuel ou des escroqueries véreuses. Hegel nous avait déjà averti, dans la dernière décennie du XVIIIième siècle, contre le cul­te des “belles âmes” (schöne Seelen). Ce culte est à la ba­se de toutes les abstractions morales ou éthiques qui veu­lent oblitérer la richesse infinie de l'homme vrai, de chair et de sang. Marx en riait. Je suis fidèle à son rire. Le formalisme philosophique de la VUB, mon université, a dé­bouché sur une triste philosophie de salon, un académisme infécond. Les pseudo-philosophes contemporains qui en sont issus et qui font des ravages dans les lycées et athé­nées se posent comme des "savants". Ils ne font que de la pa­raphrase, de la napraterij. Devant ce pandémonium, je me suis enfui à toutes jambes et j'ai abandonné mon poste de directeur de stages pour les professeurs de morale laï­que des athénées de la Région de Bruxelles.

 

Marxisme vulgaire et messianisme chez les trotskistes 

 

Parmi mes collègues, beaucoup venaient du trotskisme, ai­re idéologique où les militants, souvent, se sentent investis d'une mission, font montre d'une propension accentuée pour le messianisme. Ces personnages estimaient que leur mission était d'apporter aux masses, donc aux potaches, ce marxisme vulgaire (et non marxien!)  —justement celui qui épouvantait Flam—  afin qu'il devienne l'idéologie unique de la société, permettant ainsi de réaliser la parousie sur la terre. Mais, à l'analyse, leur internationalisme et leur pseu­do-solidarité sociale n'ont rien à voir avec Marx, avec son décryptage lucide des mécanismes du monde bourgeois. Le prêchi-prêcha internationaliste, on connaît. Tout le monde entonne la rengaine, y compris l'Eglise. C'est ainsi que la libre-pensée, sous la triple influence du marxisme vulgaire, du messianisme de nos trotskistes simplets et de la "nou­velle philosophie" des Lévy et consorts, est devenue un nou­veau cléricalisme. Il n'y a plus de différence fondamen­tale entre ce que nous racontent les curés et ce que nous se­rinent les libres penseurs. Tout est mêlé, mélangé dans une panade sans saveur.

 

Qu'entendez-vous, au fond, par “cléricalisme”? Chez vous, ce terme semble recouvrir davantage qu'une sim­ple critique de l'Eglise et de ses mécanismes de pouvoir et d'influence sur les esprits…

 

UD: Pour moi, la libre pensée, c'est tout à la fois le refus du paternalisme (d'être objet d'un paternalisme), de la tutelle (d'être mis sous tutelle), de la manipulation. C'est refuser que la population tout entière, ou une partie de la popu­la­tion, soit soumise à l'emprise d'une forme ou d'une autre de pa­ternalisme, de sollicitude artificielle, entraînant une dis­cri­mination, négative ou positive. Quand, en théorie, l'en­sem­ble de la population citoyenne (et par conséquent auto­ch­tone) a été émancipée des tutelles qui pesaient jadis sur elle, il a fallu inventer de nouvelles catégories d'“exclus”, à la fois afin d'avoir un prétexte pour relancer la dynamique de l'émancipation et de se donner un nouvel objet de pitié, d'apitoiement et de sollicitude, tous ingrédients dont les paternalistes désœuvrés ont un besoin pathologique. Cette nouvelle catégorie, ce sont les immigrés (et accessoirement les jeunes, les drogués, etc.). Les bourgeois à mauvaise cons­cience, les professionnels du paternalisme à tous crins et du charity business style dames patronnesses, ont trouvé dans ces strates plus récentes de nos populations urbaines de nouveaux objets de (fausse) sollicitude, qu'il faut choyer et paterner/materner, le cas échéant, en leur accordant des faveurs matérielles de toutes sortes, financées évidem­ment par le contribuable (cette fois sans discrimination).

 

Se venger des citoyens socialistes autochtones

 

On peut même avancer sans trop craindre de se tromper, que cette bourgeoisie, paternaliste en surface, égoïste dans le fond, qui a dû accorder des droits sociaux à nos pro­pres strates populaires et ouvrières, sous la pression des grèves et des mouvements syndicaux, cherche à se venger, consciemment ou inconsciemment, de notre peuple en ma­nipulant contre lui les catégories sociales issues de l'immi­gration (Il reste effectivement à faire la psychanalyse de cet engouement pro-immigrés, où les immigrés ont d'abord joué à leur insu le rôle de "jaunes", pour casser ou contour­ner les acquis sociaux des autochtones). Manipulation qui s'effectue par l'instrument de la "discrimination positive" (qui n'en reste pas moins une discrimination), par le chan­ta­ge moral, par l'exploitation du mal-vivre qu'engendrent la cohabitation de populations qui se connaissent mal et une intégration forcée qui ne se réalisera sans doute que lors­que les poules auront des dents, bien plantées dans de nou­velles maxillaires charnues, don providentiel de l'évolution (merci Darwin!).

 

Comment seront les dix prochaines années en Flandre à votre avis?

 

UD: Dans les dix prochaines années, l'emprise du néo-li­bé­ra­lisme se fera toujours plus pesante. Tout est déjà mar­ché. Et demain, ce sera encore pire. Notre société va bas­culer dans le consumérisme le plus forcené, entraînant l'ato­misation, l'aliénation absolue. Nous, militants identi­taires flamands, devront construire la réaction populaire contre ce désastre. Nous ne sommes pas la droite de l'ar­gent (du capitalisme), mais la droite des racines (celles que Camus et Flam ont découvertes dans la Provence du Lubé­ron, d'Henri Bosco et, pourquoi pas?, de Jean Giono). La droi­te des racines sera celle qui mènera en première ligne le combat contre l'aliénation. Elle devra clairement décla­rer la guerre au néo-libéralisme, idéologie de la globalisa­tion, donc de l'aliénation suprême. Certes, je suis conscient qu'en Flandre, aujourd'hui, le néo-libéralisme peut encore séduire: en apparence, il a réduit le taux de chômage; mais cette petite victoire, sans nul doute toute provisoire, n'ex­clut pas les très prochaines retombées tragiques de la glo­ba­lisation, dont l'immigration débridée et ses effets pervers ne sont qu'un aspect. Abattre les règles du protectionnisme me semble une aberration politique, car, quand les bar­rières régulatrices n'existent plus, nous tombons très vite dans la crise, au moindre choc conjoncturel.

 

Le libéralisme ne permet pas de réconcilier autochtones et immigrés

 

Le néo-libéralisme promet l'euphorie et la réconciliation en­tre les peuples; en bout de course, ce sera le contraire, l'affrontement, avec tout son cortège de tragédies. L'immi­gration, produit de la mondialisation en cours depuis plu­sieurs décennies, ne réconcilie pas les ouvriers autochtones et allochtones. Au contraire. On peut le déplorer, mais c'est ainsi: deux hommes issus de civilisations différentes se­ront les meilleurs amis du monde, si chacun possède un ter­ritoire, qu'il agence comme il l'entend, sur lequel il cons­truit la société de ses vœux, de ses aspirations pro­fondes ou perpétue celle de ses pères. Sur un même terri­toi­re, ces deux amis potentiels risquent de s'opposer, car leurs désirs se télescoperont et s'excluront mutuellement. Dans leurs usines, les ouvriers de chez nous parlent de leurs conquêtes féminines et de leurs libations. Difficile, dans ces deux domaines élémentaires, d'être sur la même lon­gueur d'onde avec un camarade issu d'une culture islami­que, où l'on ne parle pas des femmes de la même façon et où l'alcool est prohibé. Dans un tel contexte de mécom­pré­hension mutuelle, les hiatus se multiplient. Les uns et les au­tres se replient sur eux-mêmes. Le “sich-zu-Hause-Füh­len” disparaît du lieu de travail. Un puissant sentiment d'a­lié­nation naît. Et pas seulement à l'usine, sur le lieu du tra­vail. Aussi dans la rue. Psychologiquement, cette situation est très dure pour un large pourcentage de la population. Le sentiment d'insécurité en découle. Même les adversaires les plus acharnés de mon nouveau parti en conviendront, mais dissimuleront leur constat derrière un rideau d'hypo­cri­sies verbeuses, tenteront de maquiller la triste réalité que doivent vivre tant de nos contemporains.

 

Votre conclusion?

 

UD:  En dépit de tout, la lutte première à mener est la lut­te contre l'aliénation. Ce fut mon combat hier. C'est mon com­bat aujourd'hui. Ce sera mon combat demain.

 

(propos recueillis par Robert Steuckers).          

 

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mercredi, 09 avril 2008

USA et Afro-Maghrébins de France

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NOVOPRESS - C’est un fait nouveau, mais d’autant plus inquiétant pour les européens de souche : les Etats-Unis cherchent à former et à tisser des liens avec les “futurs leaders noirs et arabes “en Europe et particulièrement en France. Cette information a été rapportée par le journal Suisse “L’Hebdo” et mis en ligne sur le site très politiquement correct Bondy Blog.

Le gouvernement des Etats-Unis cherche à tisser depuis quelques années des “liens étroits avec les minorités musulmanes en Europe”. (…) Chaque ambassade américaine sur le Vieux Continent compte au moins un collaborateur dévolu à cette mission.“La France, avec un pourcentage de sa population estimée à 10 % de confession qui se déclare musulmane (voire 30 % chez les moins de 15 ans), retient l’attention du département d’Etat de Condoleezza Rice. Le responsable du programme créé en 2005, Dan Fried, directeur des Affaires européennes au Département d’Etat, a profité de la visite de Nicolas Sarközy aux USA en novembre dernier, pour rencontrer une délégation essentiellement composée de maghrébins et de noirs de France à l’ambassade des Etats-Unis à Paris. Parmi les présents, Ali Laïdi, spécialiste du renseignement économique et du terrorisme islamique à l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques), Saïd Branine, responsable du site Internet musulman oumma.com, Hervé Mbouguen, également animateur d’un site Web, grioo.com, dédié aux Noirs, Fayçal Douhane, du conseil national du Parti socialiste, en charge des questions de diversité et un membre du BondyBlog.

Le but est clair, comme le confie James L. Bullock, ministre conseiller aux Affaires publiques de l’ambassade américaine, “c’est notre intérêt que ça se passe bien ici. Nous voulons aider les Français à trouver une voie paisible pour leurs minorités “. L’ambassade américaine à Paris n’a pas attendu les émeutes de 2005 pour approcher les minorités françaises. Selon le journal suisse l’Hebod,” il y a trois ans et demi, le cap a été mis sur la banlieue, avec l’envie de « comprendre »“. Comme le confirme Laura Berg, attachée culturelle de l’ambassade des Etats-Unis, au journaliste de l’Hebdo, l’ambassade des USA dispose d’un budget annuel pour aider des projets culturels ou sociaux menés dans les banlieues françaises avec la bienveillance du gouvernement français. L’ambassade a ainsi apporté un soutien financier au Festival Blues sur Seine de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines. Laura Berg préfère taire les noms des associations aidées par les Etats-Unis, certaines œuvrant au dialogue judéo-musulman.

L’Amérique ne se contente pas d’aller dans les banlieues françaises. Elle invite aussi des acteurs de la diversité à se rendre chez elle. En trois ans, une cinquantaine d’entre eux, conviés par le Département d’Etat, ont eu droit à cette forme de reconnaissance. Cette année, Fayçal Douhane, Amirouche Laïdi, le président du Club Averroes qui milite pour la diversité dans les médias, et Stéphane Pocrain, ex-porte-parole des Verts, s’y sont rendus. Ali Laïdi, frère d’Amirouche, en revient. En avril 2008, Mohamed Hamidi, du Bondy Blog, et Karim Zéribi, homme politique et responsable associatif de Marseille, y effectueront un voyage de trois semaines. De même que Patrick Lozès, le président du CRAN (Conseil représentatif des associations noires), un groupe de pression mis en relation avec son grand frère américain, le NAACP, grâce aux bons soins de l’ambassade US à Paris.

Cette ouverture vers les futurs leaders africains de la France, du fait de la substitution de population que connait l’Hexagone, est un condensé de la politique américaine : objectifs économiques, protection de ses intérêts et messianisme religieux. Comme le confiera Laura Berg, attachée culturelle de l’ambassade des Etats-Unis, au journaliste suisse de l’Hebdo : “Nous les juifs, dit-elle en parlant aussi de Dan Fried, avons le devoir, durant notre passage sur terre, de rendre le monde meilleur. Il est absurde de penser que les juifs, qui sont eux-mêmes une minorité, veulent écraser les autres minorités. Je suis mariée à un Tunisien musulman. Je crois qu’il y a de l’altruisme dans le gouvernement américain. Mais cela ne veut pas dire que nous prenions toujours les bonnes décisions. En France, nous voulons promouvoir une vision positive de la diversité.”

[cc] Novopress.info, 2006, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine [http://lyon.novopress.info/]

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mardi, 08 avril 2008

Andreas Mölzer: Keine Gegenseitigkeit !

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Andreas MÖLZER:
Keine Gegenseitigkeit

Hier werden Minaretten gebaut, dort Christen verfolgt

Während die hierzulande lebenden Moslems immer lauter den Bau von Minaretten fordern, werden Christen in der islamischen Welt oftmals als Menschen zweiter Klasse behandelt, wie das Beispiel der Türkei zeigt. So ist den Christen, insbesondere den Katholiken, die Abhaltung von Gottesdiensten nur in Privathäusern oder ehemaligen Industrieanlagen möglich, und immer wieder kommt zu Angriffen auf Geistliche. Doch die Europäische Union, die dieses außereuropäische Land offenbar um jeden Preis aufnehmen will, schweigt zu dieser krassen Mißachtung grundlegender Menschenrechte.

Wenn Ankara in der Frage der freien Religionsausübung ein positives Zeichen will, dann ist Ministerpräsident Erdogan gut beraten, der Bitte des Kölner Kardinals Meisner nachzukommen und den Bau einer Kirche in Tarsus, der Geburtsstadt des Apostels Paulus, zu unterstützen. Daß die Türkei die Errichtung von Kirchen – die nicht notwendigerweise einen Turm haben, aber doch nach außen hin als christliche Gotteshäuser erkennbar sein müssen – zuläßt, ist das mindeste, was von diesem Land zu verlangen ist. Schließlich war die heutige Türkei als Teil des Byzantinischen Reiches rund 1500 Jahre lang christlich gewesen und erst die osmanischen Eroberungen verbreiteten den Islam in Kleinasien.

Ein besonderes Problem bei der Errichtung religiöser Bauten ist die fehlende Gegenseitigkeit in Europa und der islamischen Welt. Während dem politisch korrekten Polit-Establishment die Errichtung von Moscheen mit Minaretten nicht schnell genug gehen kann – schließlich müsse die religiöse und kulturelle Vielfalt ja „im öffentlichen Raum sichtbar werden“ – verhält es sich in den islamisch dominierten Ländern genau umgekehrt. Hier wird der Bau von Kirchen strikt unterbunden, und jene Christen, die sich offen zu ihrer Religion bekennen, sind in vielen Fällen ihres Lebens nicht mehr sicher.

Wenn nun Kardinal Schönborn fragt, wo beim Bau von Minaretten das Problem sei, dann ist ihm als Katholik zu antworten: Das Problem ist die falsch verstandene Toleranz mancher Kirchenfürsten gegenüber dem Islam. Im Gegensatz zu Schönborns Aussagen sind die klaren und mutigen Worte des Vorarlberger Bischofs Elmar Fischer begrüßenswert. Wenn dieser Kirchenmann Moscheen mit Minaretten als Provokation und als krasse Gefährdung des sozialen Friedens bezeichnet, dann ist das ein Zeichen von Weitblick, allzumal die Moslems in Österreich bekanntlich keine autochthone Minderheit sind.

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lundi, 07 avril 2008

Les critiques de Bassam Tibi

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L'Europe sans identité

La critique de la société multiculturelle par le politologue germano-syrien Bassam Tibi

 

Nous avions déjà eu l'occasion de souligner l'excellence des écrits du Prof. Bassam Tibi, sur les affres de la société muticulturelle. A l'occasion de la parution d'une traduction néerlandaise de l'un de ses derniers livres, consacré à la crise de la société multiculturelle, nous soumettons au jugement critique de nos lecteurs cette recension du journaliste flamand Ludo Leen, qui situe parfaitement la personnalité de Bassam Tibi et la thématique de ses ouvrages.

 

«Dans une société multiculturelle, il n'existe plus de valeurs liantes, propres d'une culture-modèle; il n'y a plus que des hommes qui vivent les uns à côté des autres, dans des groupes réduits à eux-mêmes, dans des espaces ré­duits, ce qui revient, en fait, à juxtaposer les ghettos ethniques. Une telle Europe ne serait dès lors plus qu'une simple zone habitée, neutralisée sur le plan axiologique, sans identité propre» (Bassam Tibi).

 

Douter des dogmes imposés par l'église de la multiculturalité n'est pas une démarche de l'esprit exempte de tout danger. Aux Pays-Bas, on a diabolisé Pim Fortuyn pour cela, avant de s'en débarrasser de manière profes­sion­nelle. Quant au Vlaams Blok, pour le même motif, on le traîne devant les tribunaux pour délit d'opinion. Tou­te résistance à l'idéologie multiculturaliste est considérée comme "anti-démocratique" ou comme "raciste", et automatiquement mis en équation avec un appel à l'épuration ethnique ou avec un plaidoyer en faveur d'une Flan­dre monoculturelle, répondant aux canons de la pure "aryanité", peuplée uniquement de grands Germains blonds aux yeux clairs… Cette escroquerie intellectuelle, cette malveillance caricaturale, ont rendu impossible jus­qu'ici tout débat rationnel sur la société multiculturelle. Or c'est justement un débat social ouvert que les tenants du beau monde onirique de la multiculture ne tiennent pas à amorcer.

 

L'intégration est un échec…

 

Jusqu'ici, Bassam Tibi a été un illustre inconnu sous nos cieux, alors qu'en Allemagne il s'est taillé une solide ré­pu­tation grâce à ses articles provocateurs et bien ciselés sur l'islam et l'intégration. Bassam Tibi est un client par­ticulièrement difficile à cerner pour les faiseurs d'opinion, adeptes de la "political correctness", surtout par­ce qu'il sait de quoi il parle. Son argumentation ne peut être balayée comme de "simples propos racistes de bis­trot". Le Prof. Tibi est musulman, il est originaire de Syrie et naturalisé allemand. Ses racines se situent à Da­mas. Dans son livre intitulé "Europa zonder identiteit - De crisis van de multiculturele samenleving" (= "L'Europe sans identité - La crise de la société multiculturelle"), ce politologue germano-syrien donne un formidable coup de pied dans la fourmilière. L'intégration est un échec, dit Tibi. Immédiatement après la seconde guerre mon­diale, seulement un million de musulmans vivaient en Europe. En 1998, il y en avait plus de 15 millions. Ce grou­pe au sein de la population globale va doubler voire tripler au cours de la première décennie du nouveau mil­lénaire: nous ferons face à une poudrière, ajoute-t-il. L'Europe évitera-t-elle un scénario cauchemardesque à la bosniaque? Cela dépend de notre capacité à intégrer les musulmans ou non. Quoi qu'il en soit, les prono­stics n'augurent rien de bon. «La société multiculturelle est loin d'être idyllique et les illusions multicul­tu­ralistes s'évanouissent comme des bulles de savon, dès qu'un problème réel se pose».

 

Du relativisme culturel

 

Bassam Tibi critique sévèrement le "relativisme culturel" qui domine la scène intellectuelle aujourd'hui en Eu­ro­pe, car elle repose sur un aveuglement: celui de croire à l'égalité des hommes et des cultures. L'Europe con­tem­poraine fait comme si ses valeurs démocratiques ne se trouvaient pas loin au-dessus des idées "pré-mo­dernes" des cultures autoritaires. «En se niant elle-même l'Europe en arrive à se haïr elle-même; ce qui doit sus­citer de la pitié, mais qui conduit aussi les autres à la considérer avec mépris et à se détourner d'elle», écrit Ti­bi, qui considère que les tenants de la multiculturalité constituent une "dangereuse combinaison de stupidité et d'ignorance délibérée" et font montre d'un haut degré d'intolérance! Tibi ne cesse, tout au long de ses ou­vra­ges, de critiquer très sévèrement l'idée de tolérance occidentale, qui est une tolérance mal comprise, et qui con­­duit à accepter le voile islamique; celui-ci n'est rien d'autre que le symbole publicitaire d'un islam en mar­che en nos murs; pire, l'Europe accepte que des fondamentalistes algériens, qui ont assassiné des milliers de fem­mes et d'enfants, reçoivent purement et simplement l'asile politique en Occident, où ils peuvent continuer tran­quillement à faire du prosélytisme. Tibi crache tout son mépris à l'endroit de la dictature intellectuelle qu'exerce en Europe la "political correctness", avec "son utilisation inflationniste de concepts dénaturés, hissés au rang de slogans creux, tels 'l'extrême-droite', le 'racisme' et la 'xénophobie' ". Il s'insurge enfin contre les in­ter­dits qu'érigent les intellectuels de gauche, qui font l'opinion. Ce sont eux qui sont les inventeurs du multi­culturalisme.

 

Une idéologie de gauche…

 

Bassam Tibi exprime clairement son rejet des marxistes actuels, avec lesquels il se trouvait sur les barricades en mai 68: «Ces idéologues des années 60, qui rêvent tout haut, qui demeurent étrangers au monde, ont tro­qué leurs slogans utopiques, répétés à satiété, qui nous parlaient d'une société sans classe contre une vision mul­ticulturelle de la société. C'est comme cela qu'ils règlent leurs comptes avec les valeurs occidentales. Leur ré­volution, qu'ils ont tant attendue, et qui devait se diriger contre un système haï, est restée lettre morte, tant ici que dans le tiers monde. Aujourd'hui, nous, les étrangers et les immigrés, devrions devenir leurs com­pli­ces, pour que soient enfin réalisés leurs rêves éthérés et pour que le système, qu'ils abominent, soit ébranlé jus­qu'en ses tréfonds». On comprendra que Bassam Tibi n'est guère apprécié aujourd'hui par ses anciens com­pagnons de combat…

 

Une culture directrice

 

Bassam Tibi présente à l'Europe un miroir et ce qu'il lui fait voir ainsi ne correspond pas à l'image idyllique que véhiculent les médias. Tibi plaide en faveur d'un "euro-islam", qui accepte et respecte l'identité européenne et par­tage les valeurs et les normes occidentales. Il estime que la culture européenne, dans ce processus, doit de­meu­rer la culture directrice, la culture-guide, la culture sur laquelle on s'orientera. Tibi plaide pour un dialo­gue sans tabous. Mais pour en arriver là, il faut du courage politique et il faut "abandonner la censure qu'exer­cent la political correctness et le moralisme trivial et vulgaire, qui en découle, afin de pouvoir résoudre les vé­ri­tables problèmes. Cela signifie surtout qu'il faut appeler un chat un chat". Et Tibi s'y emploie avec une verve in­contestable. Selon lui: «L'intégration n'est possible que si nous enterrons définitivement l'idéologie mul­ti­cul­tu­­raliste». Cette philippique contre le faux idéal d'une société multiculturelle et ce vibrant plaidoyer pour l'i­den­tité européenne nous viennent d'un "allochtone": ce qui en dit long, nous force à agiter nos méninges mais in­dique aussi, espérons-le, que le vent est vraiment en train de tourner… Les droites nationales et populistes trou­veront à coup sûr dans l'œuvre de Bassam Tibi une mine d'arguments; l'auteur est indubitablement un allié féal de ces droites populistes dans leur combat pour la spécificité européenne, pour ses valeurs et ses normes. Nous demandons à tous nos lecteurs de lire attentivement l'œuvre de ce courageux politologue allemand de sou­che syrienne!

 

Ludo LEEN.

(ex : Vlaams Blok Magazine, n°11/novembre 2002; références du livre de Bassam Tibi traduit en néerlandais: TIBI, Bassam, Europa zonder identiteit. De crisis van de multiculturele samenleving, Deltas, 2002, 287 pages, ISBN 90-243753-8X).

 

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F. Ranson: communication / Congres Euro-Rus (15 maart 2008)

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Communicatie van Frederic Ranson op het Congres van Euro-Rus (15 maart 2008)

Geachte aanwezigen,

Als wij hier vanmiddag bijeenzijn, dan is dat omdat wij het belang beseffen van Europees-Russische broederschap. Want alleen broederschap – en precies die broederschap – is in staat om toekomstige broederoorlogen voorkomen en de noodlottige gevolgen van de voorbije oorlogen uitwissen. We zijn hier echter niet bijeen om “Europa's nederlaag” (of nederlagen) te herdenken, te betreuren of te beklagen, want meer dan zestig jaar Amerikaanse bezetting van Europa mag geen reden zijn om de wonden te likken of de slagen te tellen.

Het onderwerp van deze uiteenzetting luidt dus: het eurazisme. Dat is – kort en bondig gezegd – het wezen van élke Russische geopolitiek. Rusland is door zijn geografische werkelijkheid immers een Euraziatisch land. Elk politiek regime – tsaristisch, communistisch, democratisch  – is vanuit een zeker pragmatisme en realisme gedwongen met die werkelijkheid rekening te houden. Er zijn verschillende interpretaties van het eurazisme, maar in het licht van deze uiteenzetting zijn vooral het ideologische eurazisme van Alexander Doegin en het pragmatische eurazisme van Vladimir Poetin van belang. Het eurazisme is oorspronkelijk ontstaan in de jaren ’20 in kringen van Russische bannelingen. In de loop van de jaren ’30 is de ideologie echter van het politieke toneel verdwenen voor een lange tijd. Sinds de jaren ’90 is ze in een geactualiseerde vorm terug van weggeweest.

Het ideologische eurazisme is interessant voor ons, omdat het beweert een “wetenschappelijk patriottisme” te zijn. Het bouwt vooral voort op inzichten uit de Duitse en de Angelsaksische geopolitiek, want een eigen Russische geopolitiek heeft nooit echt bestaan. Geopolitiek werd in de USSR afgedaan als een “valse, imperialistische pseudo-wetenschap”. Het eurazisme vult de inzichten uit de Realistische geopolitiek aan met die uit de Traditionalistische cultuurkritiek. De dynamiek van landmachten en zeemachten wordt hierbij in een radicale zin toegepast op beschavingen. Alexander Doegin schrijft zelfs: “Alleen beschavingen van het land kunnen stabiele waardestelsels voortbrengen”. Het eurazisme ziet beschavingen als de uitkomst van een wisselwerking tussen bevolking en ruimte. De frontlijn van de “beschavingenoorlog” loopt volgens het eurazisme tussen oosterse en westerse beschavingen. Het Oosten heeft Rusland als kernland en geldt als de bakermat van de Traditie. Het Westen heeft de Verenigde Staten als kernland en geldt als de bakermat van de Moderniteit. Pal op de frontlijn ligt dus Europa. René Guénon schrijft echter: “Het is essentieel te benadrukken dat de tegenstelling van het Oosten en het Westen geen enkele bestaansreden had, toen er ook in het Westen nog traditionele beschavingen waren. Ze heeft slechts zin als het in het bijzonder gaat om het moderne Westen, want die tegenstelling is veel meer die van twee geesten dan die van twee meer of minder scherp gedefinieerde geografische entiteiten”. Het eurazisme ziet de moderne geopolitiek tot slot als de voortzetting van de traditionele “sacrale geografie”. Die laatste is de geïnduceerde kosmisch-religieuze symboliek volgens welke traditionele volkeren hun geografische ruimte zouden inrichten. De grondgedachte is dus dat ruimte – net zoals tijd – een kwalitatief en geen louter kwantitatief karakter heeft. Die gedachte vormt precies het uitgangspunt van de moderne geopolitiek.

De concrete invulling van Eurazië of Groot Europa gaat van een Euraziatische optie (Europa en Rusland, inclusief het GOS) tot een Eurosiberische optie (Europa en Rusland, exclusief het GOS). De eerste benadrukt vooral de factor ruimte (geopolitiek) en de tweede vooral de factor bevolking (biopolitiek). Pleiten voor een “Eurosiberië” (Guillaume Faye) en vooral voor een “Europa van Gibraltar tot aan de Oeral” (Charles de Gaulle) is eigenlijk pleiten voor een geopolitiek verminkt Rusland. Jean Thiriart schrijft: “Een Europa ‘tot aan de Oeral’ zou het verlies betekenen van de Russische gebieden gelegen ten oosten van de Oeral en de aanwezigheid van een supermacht, China, op een voetstap van Moskou! Als men stelt dat de roeping van Rusland Europees is, kan men geen voor de helft geamputeerd Rusland aanvaarden”. Het zou ook een ongelooflijke dwaasheid zijn om op grond van oude nationalistische vetes Turks-islamitische en Slavische-orthodoxe volkeren tegen elkaar op te zetten in Centraal Azië. Temeer daar het neoconservatieve Project for the New American Century (PNAC) pleit voor de vorming van pro-Amerikaanse en (pro-Israëlische) bruggenhoofden, zowel in het Midden-Oosten als in Centraal Azië. Die bruggenhoofden dienen volgens het PNAC – letterlijk – om alle “mogelijke rivalen of levensvatbare alternatieven voor Amerika’s visie op de vrijemarkteconomie” uit te schakelen.

Onder Vladimir Poetins bewind is het pragmatische eurazisme geleidelijk de staatsdoctrine geworden. Doegin schrijft: “Dikwijls lijkt onze maatschappij van buiten gezien hecht, hoewel de elites eigenlijk wanordelijk en afzonderlijk handelen. In de Verenigde Staten lijkt de maatschappij echter van buiten gebarsten, maar de elites handelen saamhorig en zorgvuldig. In het algemeen bezit de ware Amerikaanse elite – de WASP of zelfs de nieuwe types van de Afro-Amerikaanse elite (Condoleezza Rice) – talrijke kenmerken van een taai totalitarisme”.  Europa mist – in tegenstelling tot Poetins Rusland – nog steeds “imperiale wil”, zoals Marcello de Angelis schrijft. Die laatste stelt terecht dat het Europese lichaam wordt gestuurd door Amerikaanse hersenen. Na de Koude Oorlog bedacht oud-minister James Baker dan ook de Amerikaanse strategie dat de transatlantische betrekkingen gelijke tred moesten houden met de Europese eenmaking. Kortom, het Europese lichaam heeft veel weg van een kadaver of een zombie. Julius Evola schrijft: “Zolang er een schim blijft en zolang in het bloed nog een echo weerklinkt van de handeling van het hogere element, blijft het gebouw overeind. Het lichaam lijkt nog een ziel te hebben. Het kadaver – volgens de beeldspraak van Gobineau – loopt nog en kan nog neerslaan wie het op zijn weg ontmoet. Als het laatste spoor van hogere kracht en geestesras in de afstammelingen uitgeput is, is er niets meer. Geen enkele bedding kanaliseert de stroom, die zich in alle richtingen verspreidt”. De beeldspraak met betrekking tot Europa was te mooi om u te onthouden.

De oorlogen in de onderbuik van Eurazië (Balkan, Kaukasus, Mesopotamië) dienen – zoals onder meer het PNAC beweert – de mogelijke totstandkoming van een Groot-Europese of Euraziatische geopolitieke identiteit te verhinderen. Zij dienen natuurlijk de Amerikaanse en Israëlische “nationale” belangen, maar belangrijker nog: ook die van de Nieuwe Wereldorde (NWO). Dat wil zeggen: de wereldorde die de stichters van de Verenigde Naties (en voordien: de Volkenbond) voor ogen hadden, maar die door het intermezzo van de Koude Oorlog (en voordien: de Tweede Wereldoorlog) nooit kon worden verwezenlijkt. Sinds de val van de USSR is dat wel mogelijk. De uitkomst van de Koude Oorlog – einde van de bipolaire wereldorde en strijd om een unipolaire of een multipolaire wereldorde – toont aan dat het messianisme, het internationalisme en het imperialisme dat van het kapitalistische Westen uitgaat véél gevaarlijker is dan dat van het communistische Oosten ooit is geweest. Het is niet voor niets dat heel wat Joods-Amerikaanse trotskisten zich in de jaren ’70 bekeerden tot het neoconservatisme. Ze zagen dat het communisme als “emanciperende kracht” was ingehaald door het amerikanisme en verweten de USSR haar steun aan de Arabische nationalistische regimes. De échte vlag van de “permanente revolutie” is de Amerikaanse Stars en Stripes gekoppeld aan de Israëlische Davidsster. Elke keer als die revolutie een land verovert, voegt ze een ster aan haar vlag toe. Voorlopig staat de teller op vijftig. De neocons worden dikwijls “gelaarsde Wilsonianen” genoemd, omdat ze de NWO unilateraal of unipolair interpreteren. Ze vinden dus dat de actieradius van het “democratische” Amerika en het “democratische” Israël onbeperkt moet zijn om de NWO te kunnen handhaven.

De voorstelling van het “rode gevaar” (het communisme) blijkt achteraf gezien schromelijk overdreven. Even overdreven is nu de voorstelling van het “groene gevaar” (het islamisme). Beide waanvoorstellingen dienen alleen om de transatlantische betrekkingen te verstevigen. De VSA hebben geen vijanden meer. Doegin schrijft: “De ‘vijand’ is fictief. Het ware doel is een manipuleerbare structuur te scheppen”. Het spel van de huidige unipolaire (nieuwe) wereldorde – de VSA als (militaire) supermacht – is niet met de ene tegen de andere, maar het is de manipuleerbare structuur zelf. Het is die structuur die het heartland en de rimlands van Eurazië tegen elkaar uitspeelt, zoals onder meer tot uiting komt in de bevroren conflicten en de gekleurde revoluties. De VSA scheppen stelselmatig denkbeeldige vijanden, dringen die door een angst- en veiligheidspsychose aan de wereld op en lokken oorlogen uit. Ze hebben wat dat betreft een historische palmares om u tegen te zeggen. Die manipuleerbare structuur doet enigszins denken aan films als The Matrix, V for Vendetta en Wag the Dog. De enige mogelijke vijanden van de VSA zijn politieke regimes die groot en sterk genoeg zijn om hun wereldorde in vraag te stellen. Wat als Rusland, het heartland van Eurazië, groot en sterk genoeg zou zijn om dat te doen?

We zijn bijna gekomen tot de harde kern van de Amerikaanse wereldorde en het Amerikaanse “nationale” belang. Dat wil zeggen: de optelsom van de verschillende financieel-economische belangen. De VSA willen koste wat het kost de heerschappij van het “Dollar Wall Street Regime” (DWSR) handhaven. Met de dollar als belangrijkste internationale reservemunt kunnen de VSA ongestraft reusachtige tekorten (schulden) opstapelen en de rest van de wereld ervoor laten betalen. De rest van de wereld leggen ze een strenge financiële discipline op door middel van het Internationale Muntfonds en de Wereldbank. Rik Coolsaet schrijft: “De NAVO-aanval op Servië en de invasie van Irak hadden vele doelstellingen, maar één van de belangrijkste volgens [Peter] Gowan was het zaaien van strategische verdeeldheid in Europa en het zoeken naar nieuwe Europese bondgenoten, zoals Polen, Roemenië en Bulgarije om een eventuele Europees-Russische as geopolitiek af te snijden. De Verenigde Staten zijn voorlopig geslaagd in hun opzet Europa en Oost-Azië ondergeschikt te maken aan hun imperium”.

Een kleine uitweiding over het reilen en zeilen van de financieel-economische wereldorde is dus op zijn plaats. Zij is eigenlijk niets anders is dan een 300 jaar oud Ponzi-schema. Dat is te vergelijken met een piramidespel waarbij vroegere inleggers worden betaald met het geld van latere inleggers, tot er geen geld van nieuwe inleggers meer kan worden gevonden en de laatste inlegger het gelag betaalt. Er moet dus voortdurend nieuw geld in de economie worden gepompt en dat geld wordt gecreëerd door leningen van commerciële banken. Die leningen voorzien wel in het kapitaal, maar niet in de interesten die noodzakelijk zijn om hen te betalen. Aangezien centrale en commerciële banken de enige bron van nieuw geld zijn, moeten ze voortdurend nieuwe leners vinden. Nieuwe bronnen van schuld – economische zeepbellen – moeten worden aangewakkerd om nieuwe investeerders te lokken. De leenvoorwaarden worden daarom stelselmatig verlaagd. De zeepbellen spatten – zoals elk Ponzi-schema – uiteen, van zodra er een gebrek is aan investeerders. Het bankwezen is dus één grote fraude. Het kan immers dankzij “fractionele reserves” aan de lopende band onbestaand krediet verlenen. Zeepbellen of conjunctuurschommelingen worden ons echter voorgesteld alsof ze als weersschommelingen zouden zijn, terwijl ze het gevolg zijn van het lenen met fractionele reserve. De groei van de reële economie en de (onevenredige) toename van de geldhoeveelheid (inflatie) zijn noodzakelijk om de interesten te betalen en dus een schuldeneconomie overeind te houden. De laatste zeepbel die is uiteengespat, is natuurlijk de Amerikaanse vastgoedmarkt. Met de gekende gevolgen van dien (dreigende recessie en stagflatie). Veel imperialismetheoretici zien in het financiële kapitalisme de oorzaak van het geopolitieke imperialisme.

Gabriele Adinolfi schrijft: “Eens de rekeningen met onszelf vereffend zijn – in ons geweten – moeten we de tweede vijand identificeren, de vijand van allen: de internationale van de misdadigers, de multinationale maffia die de overwinning heeft behaald tijdens de Tweede Wereldoorlog en over de planeet regeert door de rationalisering van de drugstrafiek en de stelselmatige plundering van de grondstoffen, terwijl ze hongersnood, volkenmoord, wanhoop, migraties en onrecht exporteert op alle niveaus. Die maffia is sterk door drie onscheidbare elementen: de Amerikaanse militaire supermacht, de hypnotische campagnes van de planetaire medianetwerken, de lafheid van de politieke en intellectuele klassen. Die laatste hebben nooit een innerlijke revolutie uitgevoerd en zijn dus noch fier noch vrij”. De wereldeconomie staat of valt met internationale geldstromen. Adinolfi voegt aan de witte geldstromen van het bankwezen nog eens de zwarte geldstromen van de georganiseerde misdaad toe. Beide zijn de levensaders van de financieel-economische wereldorde. Zij voeden het financiële kapitalisme en het dollar-imperialisme, de instrumenten waarmee Europa en de Derde Wereld worden gewurgd. Om periodieke recessies van de Amerikaanse economie – de melkkoe van bankiers en speculanten – te voorkomen, voeren de VSA periodiek oorlog. Het financiële kapitaal vindt hierbij dikwijls een bondgenoot in het militair-industriële kapitaal. Kortom, woekeraars en wapenhandelaars slaan de handen in elkaar. Als we het “populaire” antikapitalisme en dito anti-imperialisme van hun holle frasen willen ontdoen, dan moeten we eerst en vooral weten welk kapitalisme en welk imperialisme we bestrijden. Anders spuien we dezelfde onzin als de zelfverklaarde No-Globals of New-Globals, die het Amerikaanse imperialisme in Europa een “bevrijding” en in Irak een “bezetting” noemen…

Het is de hoogste tijd dat we als Europese nationalisten de daad bij het woord te voegen. Ruim zestig jaar Amerikaans imperialisme in Europa met militaire bezetting, culturele vervreemding, financiële uitbuiting en morele verwildering van ons continent tot gevolg: het is genoeg geweest! We moeten het verzet organiseren – sociaal, nationaal, continentaal – en mogen geen kostbare tijd meer verliezen in achterhoedegevechten. Adinolfi schrijft: “Hoe dus die revolutionaire elite vormen? In feite vóór alles door op haar in te werken. Dat alles niet met zelfbevrediging tot doel, maar gericht op een antropologische mutatie. Die laatste laat toe om de achterhoede te verlaten […] om over te gaan tot de voorhoede van een revolutionair proces, zoals de macht Europa of de macht Eurazië. Een dergelijke macht zal niet kunnen worden uitgedacht – en nog minder verwezenlijkt – zonder de deelname van mensen en elites van diverse herkomst, zoals het geval is in elke revolutie. Want de breuklijn tussen links en rechts is vals. Zij bestaat slechts in de stilstand, de stagnatie”. Doegin ziet dan weer de “absolute revolutionair” – die links en rechts overstijgt – als “ascetisch, Spartaans, bijna bovenmenselijk. Dat ideaal van de beroepsmatige revolutionair – volledig gewijd aan zijn zaak – zal later worden hernomen door Sorel, Niekisch, Che Guevara en Thiriart”.  

Tot besluit: de vrijheid van de Europese volkeren hangt af van die van de gehele Europese ruimte, zoals de vrijheid van de delen steeds afhangt van die van het geheel. Het zijn de kuiperijen van de VSA die de Europese volkeren en de Europese ruimte verdeeld houden en waarop veel nationalisten geen antwoord hebben. Ze verliezen zich liever in oude vetes met broedervolkeren en zijn zelden in staat om hun “tweedimensionale” wereldbeeld – de manipuleerbare structuur – te verlaten. Ze leven in Flatland en hebben geen besef van een Europese (derde) dimensie, laat staan van een Euraziatische. Het is dus onze taak om daartegenover een “driedimensionaal” wereldbeeld te plaatsen met een verticale as, die de achterhaalde tegenstellingen moet overstijgen. Groot Europa (Eurazië) moet een “imperiale wil” ontwikkelen om de uitdagingen van het derde millennium aan te kunnen. We moeten – zoals Francesco Mancinelli zegt – het volgende drieluik bewerkstelligen: “1) het Euraziatische vaderland en de idee van een Derde Rome; 2) de filosofische en culturele strijd tegen het globalistische monotheïsme en tegen de globalisering; 3) de ontvoogding en vervolgens de bevrijding vanonder het juk van het westerse Anglo-protestants-Amerikaans-kapitalistische blok”. Het leidmotief dat onze beschaving uit het slop kan halen, is de revolutie van het Eeuwige Rome en het Eeuwige Rijk. Van het Vestaalse vuur kunnen we nu nog een zwak schijnsel zien in Moskou. Maar dat zal moeten volstaan om weldra Parijs, Berlijn en alle andere Europese hoofdsteden aan te steken! Ik dank u voor uw aandacht. Carthago delenda est!

 

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samedi, 05 avril 2008

Armée américaine: bilan noir en Irak et noyautage par les fondamentalistes religieux

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M. / ‘t Pallieterke :

Armée américaine : bilan noir en Irak et noyautage par les fondamentalistes religieux

La manière dont une armée est structurée révèle bon nombre de choses quant aux priorités des dirigeants politiques de son pays : c’est vrai pour l’armée américaine, dont nous évoquerons la situation ici, comme pour toutes les autres armées du monde. L’ancien ministre américain de la défense, Donald Rumsfeld, avait une idée fixe sur les forces armées idéales du 21ième siècle. Elles devaient être peu nombreuses, disposer d’un haut degré de technologie et être capables de pouvoir intervenir rapidement, y compris dans des conflits de dimensions limitées. Le fétiche de Rumsfeld était l’avion Stealth, qu’il a promu comme un mot d’ordre. Et Rumsfeld fut exaucé. A l’avant-veille de l’invasion de l’Irak, nombreux furent les militaires qui tirèrent la sonnette d’alarme à Washington. Le problème, disaient ces sceptiques, n’allait pas être la neutralisation de l’armée irakienne par frappe militaire mais bien l’occupation d’un pays dont la surface totale est plus grande que l’Allemagne. Ce n’est pas faisable avec seulement 150.000 hommes. Il faut pour cela une armée bien plus nombreuse. Le reste de l’histoire est bien connu aujourd’hui, alors que l’on vient de « fêter » le premier lustre de l’aventure militaire américaine en Irak. Ces dernières semaines, les critiques ont fusé de partout. La situation est différente de celle de 1991, lorsque, sous Bush Senior, l’invasion de l’Irak s’est effectuée avec une armée constituée au temps de la Guerre Froide. Sous Bush Junior, l’armée américaine, en 2003, est le résultat d’une réforme générale qui a surtout visé une réduction considérable des effectifs.

 

Les discussions, débats et enquêtes sur les armées induisent souvent en erreur et donnent l’impression que l’on traite de quelque chose d’abstrait. Mais les soldats sont bien entendu des hommes de chair et de sang. Dans le cas de l’armée américaine, ils sont tous des volontaires. Certains d’entre eux sont mêmes des illégaux aux Etats-Unis. Ils ont choisi d’être incorporés pour servir leur futur pays, car leur engagement leur permet d’obtenir la fameuse « carte verte » (« green card »), le document sésame qui leur donne accès au territoire et au marché du travail. Une telle armée de professionnels ne nous donne évidemment pas une image exacte de la société dont elle est issue ni même des catégories d’âge qui la composent.

 

Première constatation : dans les forces armées américaines certaines catégories sont sur-représentées, comme les Afro-Américains, les Hispaniques et, si l’on focalise notre enquête sur la géographie des Etats-Unis, la plupart des volontaires viennent surtout du sud et des zones rurales. Et puis, il y a ceux qui reviennent à l’état de cadavre, dans les sinistres sacs du gouvernement. Proportionnellement, le nombre de Blancs, parmi les hommes tombés au champ d’honneur, est assez élevé. Cela semble étrange car le cliché de la guerre du Vietnam, qui veut que ce furent surtout les Noirs qui tombèrent au combat, reste tenace (la réalité est toutefois plus nuancée). Bon nombre d’enquêtes montrent toutefois que les soldats servant dans les unités combattantes sont plus « blancs » que ceux incorporés dans les autres unités. Cette disproportion est déjà en soi fort instructive. Sur un plan, la comparaison avec la guerre du Vietnam est pourtant intéressante. Le nombre de tués par soldat engagé en Irak est 5,6 fois moins élevé qu’au Vietnam. L’utilisation de méthodes et de techniques médicales modernes (p. ex. : aller vers le soldat blessé plutôt que l’évacuer vers l’arrière) et de gilets pare-balles y ont considérablement contribué. De cette manière, on a réussi à augmenter de 50% la moyenne des blessés qui demeurent finalement en vie, par rapport aux chiffres du Vietnam. Il n’en demeure pas moins que le nombre de tués dépasse désormais les 4000 militaires. Malgré toutes les difficultés, la guerre en Irak est la moins sanglante de l’histoire américaine.

 

Entre la composition d’une armée professionnelle et celle, plus large, de la société, peut exister une césure béante. Les Noirs « pauvres », les Hispaniques illégaux, tous ont leurs raisons de suivre l’appel de l’Oncle Sam. Mais, fait nouveau, les extrémistes religieux de la droite chrétienne, s’engagent, eux aussi. « Nous avons au sein de notre armée des talibans chrétiens et un Al-Qaeda chrétien », écrit Michael Weinstein, fondateur de la « Military Religious Freedom Foundation ». Le souci de voir s’accroître l’influence des chrétiens radicaux au sein de l’armée américaine amena ce Weinstein à créer cette fondation en 2005. L’engouement pour les idées chrétiennes radicales, explique-t-il, a considérablement augmenté au cours de cette dernière décennie. Il y a vingt ans d’ici, leur influence était négligeable. Aujourd’hui, jusqu’à 30% des soldats auraient des sympathies pour ce mode d’exprimer sa foi. Il en veut pour preuve l’existence de l’association « Officers’ Christian Fellowship », une amicale pour officiers qui a installé des sections dans toutes les bases d’une certaine importance. La charte de cette association ne laisse aucun doute quant à ses projets : l’armée doit être remodelée sur le plan spirituel ; les militaires doivent devenir des ambassadeurs du Christ et porter leur uniforme, là où se trouve l’Esprit Saint. Ce phénomène se développe-t-il au sein de l’armée américaine comme il s’était développé dans l’armée israélienne auparavant ? Malgré les difficultés de recrutement que rencontre l’Etat hébreu, on constate que les troupes des unités opérationnelles comptent de plus en plus d’extrémistes religieux. Notre intention n’est pas d’amplifier le phénomène mais celui-ci, objectivement, ne mérite-t-il d’éveiller notre intérêt ?

 

M. / ‘t Pallieterke.

(article paru dans « ‘t Pallieterke », Anvers, 26 mars 2008, traduction française : Robert Steuckers).

 

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mercredi, 02 avril 2008

Réflexions sur le discours d'Erdogan à Cologne

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Rolf KOSIEK :

Réflexions sur le discours d’Erdogan à Cologne

 

Maintenant, la mèche est vendue, les choses sont claires, on sait à quoi s’en tenir. Le dimanche 10 février 2008, le chef actuel du gouvernement turc Recep Tayyip Erdogan tenait un discours à la Salle Arena de Cologne devant 16.000 de ses compatriotes résidant en Allemagne ou dans les pays limitrophes. Textuellement, il a appelé ses auditeurs turcs à ne pas s’assimiler en Allemagne, à ne pas s’adapter au mode de vie allemand et à ne pas devenir citoyens allemands, mais, au contraire, à préserver leur identité turque. Il leur a surtout demandé de conserver leur spécificité culturelle et religieuse. Son discours, sans cesse entrecoupé de vivats tonitruants et d’applaudissements frénétiques, a atteint son apogée quand il a prononcé la phrase suivante : « L’assimilation est un crime contre l’humanité ».

 

Erdogan demande aux Turcs d’Allemagne, qui sont actuellement plus de 2,5 millions, de se maintenir comme une minorité islamique, culturellement isolée, en République Fédérale. En réclamant une telle attitude, il espère, en tant que politicien nationaliste et missionnaire religieux, que ce groupe devienne un jour, à une époque d’ores et déjà prévisible, la majorité dans le pays hôte pour pouvoir déterminer la marche des choses en Europe centrale. Il a demandé instamment à ses compatriotes de ne pas adopter le mode de vie allemand. Ils doivent, précise-t-il, conserver, en tant que groupe fermé sur lui-même, leur spécificité en terre étrangère, y constituer une colonie et subvertir substantiellement le peuple hôte. Lorsque Erdogan accepte le principe d’une intégration, il n’entend pas la dissolution des Turcs au sein du peuple qui les a accueillis, mais, en clair, une simple adaptation, purement extérieure, permettant de maintenir l’identité turque et les liens unissant les immigrés à leur ancienne patrie. Il demande surtout que la religion musulmane demeure intacte. Il faut d’abord qu’une société parallèle turque se constitue en Allemagne.

 

En tant que chef du gouvernement de la République turque et que pieux musulman, il œuvre depuis quelque temps à ramener son pays à un islam rigoureux, histoire de remettre les pendules à l’heure, après un bon siècle de sécularisation selon le modèle occidental. Au début du siècle qui vient de s’écouler, Mustafa Kemal Pacha avait imposé à la Turquie de se tourner vers l’Occident : sur le plan symbolique, il avait interdit le port du voile, mesure qui est rendue caduque aujourd’hui par le gouvernement Erdogan, dans une aire importante de la société turque. En effet, l’interdiction du port du voile dans les universités turques a été levée par le Parlement d’Ankara, où c’est le parti d’Erdogan qui donne le ton.

 

La deuxième étape sera l’islamisation de l’Europe. Les quelques dix millions de musulmans qui vivent aujourd’hui en Europe aideront à parachever ce processus. Ils devront œuvrer comme une avant-garde et remplacer lentement mais sûrement les peuples autochtones. Le recul des naissances, que l’on observe en Europe depuis les années 70, leur facilitera la tâche. Déjà, dans bon nombre d’écoles des grandes villes de la République Fédérale, les musulmans sont majoritaires.

 

Pour réaliser cet objectif, les Turcs qui vivent depuis deux générations en Allemagne et sont largement assimilés, doivent être ramenés à un islam strict. ‘Ceux qui ont depuis longtemps abandonné le voile et qui ont été contaminés, par le truchement de la langue allemande, par l’idéologie occidentale des droits de l’homme’, a déclaré avec force emphase Erdogan, il faut les ramener à la vraie foi et les empêcher de la renier, elle qui a été forgée par Mohammed, car le Coran interdit tout reniement. Ils peuvent certes conserver le passeport allemand comme un second atout mais doivent toujours se sentir liés à leur vieux peuple et à sa culture et ne pas se dissoudre dans la société allemande. Il faut que ces Turcs immigrés en Allemagne renouent avec l’intolérance islamique, rejettent le principe de la liberté d’opinion et de culte, continuent à pratiquer les mariages forcés et l’assassinat d’honneur et ramènent leurs femmes à leur position subalterne et, si possible, étendre ces attitudes dans toute l’Europe.

 

Afin que la minorité turque puisse continuer à exister en tant que groupe fermé sur lui-même, ses ressortissants doivent apprendre la langue allemande de manière satisfaisante. Erdogan a réclamé à Cologne l’introduction d’écoles turques dans la République Fédérale et la constitution d’une université turque. Ces mesures doivent servir à consolider la société parallèle turque d’Allemagne, lui donner la possibilité de mieux fonctionner et d’empêcher toute véritable intégration.

 

En prononçant ce discours, Erdogan a expressément attaqué la politique du gouvernement fédéral dont les buts, clairement exprimés, visent encore et toujours à intégrer au maximum les étrangers vivant sur le territoire allemand. Même si cette intégration a déjà clairement échoué depuis une dizaine d’années surtout par la volonté des Turcs, qui ne veulent pas de cette intégration, les instances de la République Fédérale ne cessent de pratiquer une politique immigrationniste reposant sur cette illusion. Elles ne veulent pas reconnaître que leur programme a été élaboré contre la volonté de ceux à qui il s’adresse, contre la volonté des immigrés, qui s’exprime dans le sens d’un refus depuis de nombreuses années ; raison pour laquelle cette politique immigrationniste est condamnée à l’échec, aujourd’hui comme demain.

 

On ne s’étonnera pas dès lors que tous les partis représentés au Bundestag ont apporté la contradiction à Erdogan, tant il a dénoncé et démasqué leur politique d’intégration, la posant très clairement comme irréaliste. Le Président du Bundestag, Norbert Lammert (CDU), considérait que ce discours était « lamentable sur le plan intellectuel et contre-productif sur le plan politique », qu’Erdogan « s’était, avec beaucoup d’énergie dans l’argumentation, opposé à une exigence que personne ne formule… Je pense que c’est malheureux et dommage ». Angela Merkel a déclaré, avec emphase, qu’elle était aussi la Chancelière des Turcs vivant en Allemagne. Le Président de la faction socialiste (SPD) du Bundestag, Struck, reprochait à Erdogan de favoriser l’éclosion de sociétés parallèles et a qualifié ses paroles de « totalement inacceptables ». Le Président de la fraction de l’Union démocrate-chrétienne (= CDU + CSU), Kauder, déplorait qu’Erdogan considérât ouvertement que les Turcs vivant en République Fédérale et possédant souvent la citoyenneté allemande comme des ressortissants turcs à part entière (cf. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 13 février 2008). La chargée d’affaires à la politique d’intégration du gouvernement fédéral, Maria Böhmer, déclare, pour sa part, « avoir été totalement étonnée » du discours d’Erdogan. Elle a dit : « Car ce débat est depuis longtemps derrière nous. Nous voulons intégrer en Allemagne, ce qui signifie que nous voulons une participation de tous, avec l’égalité en droit ». Elle tentait d’attirer le client par des promesses : « Celui qui s’intègre en Allemagne, y gagne quelque chose » (Frankfurter Allgemeine Zeitung, 14 février 2008). Soit dit en passant : elle ne dit pas que ce sont les Allemands qui paieront. Quant au nouveau président de la CSU, Huber, il n’a trouvé qu’une réponse à la proposition d’Erdogan de créer en Allemagne des écoles turques : « C’est un poison pour la politique d’intégration, cela conduit à la formation de ghettos et à l’émergence d’une ‘Petite Turquie’ en Allemagne ». A ce propos, rappelons qu’en Bavière, depuis 1987/1988, existe un « cours d’initiation religieuse pour les écoliers turcs de confession islamique » pour les cinq premières années d’école primaire, cours pour lequel on opte volontairement ; ces cours sont donnés par des enseignants qui, pour la plupart, sont directement originaires de Turquie et prodiguent leurs leçons en langue turque. Il existe donc déjà bel et bien une ‘Petite Turquie’ en Bavière, terre où la CSU de Huber se présente aux électeurs (cf. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 14 février 2008).

 

Les politiciens allemands, qui prennent leurs distances avec les dures réalités politiques, ne veulent tout simplement pas admettre ce que veulent vraiment Erdogan et la caste dirigeante turque. Par exemple, il ne leur viendrait jamais à l’idée de parler sur le même ton aux Allemands d’Alsace ou du Tyrol méridional qui, contrairement aux Turcs d’Allemagne, constituent, dans leur pays, la population autochtone, installée là depuis des siècles et formant la majorité. Ceux qui, en dépit de la « political correctness » qui règne en Allemagne, n’oublient quand même pas les réalités ethniques à l’instar de la caste qui donne le ton en République Fédérale, ne « dénieront pas à Erdogan tout droit moral à contester la coercition existante imposée à tous les hommes en République Fédérale de s’assimiler », comme le souligne Patrick Bahner (Frankfurter Allgemeine Zeitung, 14 février 2008). Les recettes allemandes pour l’intégration, replacées à l’avant-plan du débat suite aux déclarations d’Erdogan, conduiraient tout droit à l’égalitarisme de jacobine mouture. On reconnaîtrait encore dans l’avenir comme Turcs ceux d’entre ceux-ci qui parlent parfaitement l’allemand. « Les Turcs sont une nation fière et personne ne doit s’attendre à ce qu’ils troquent cette fierté pour un passeport ».

 

Seuls les Allemands sont suffisamment stupides et dépourvus d’amour-propre pour axer leur politique seulement sur les besoins des étrangers. Ils laissent les Turcs s’emparer ouvertement de terrains en Allemagne depuis de nombreuses années et continuent à promouvoir une politique d’intégration ; de surcroît, ils minimisent la criminalité violente commise par des étrangers sur leur sol. Justement, parlons-en : une semaine exactement avant le discours d’Erdogan à Cologne, le ministre fédéral de l’intérieur, Schäuble, avait facilité l’importation d’époux ou d’épouses en provenance de Turquie (Frankfurter Allgemeine Zeitung, 6 février 2008) et cherché ainsi à ouvrir la porte à une nouvelle vague d’immigration. Qui plus est, toute remarque sévère et critique à l’endroit d’étrangers en Allemagne est qualifiée de xénophobie voir d’incitation à la haine entre peuples et est, subséquemment, poursuivie pénalement et punie de lourdes peines de prison, disproportionnées, tandis que les jeunes Turcs peuvent allègrement scander leurs slogans où il est question de « Scheiss-Deutsche », de « Boches de merde », sans encourir les foudres de la justice. Les manchettes des journaux turcs, publiées à la suite de la catastrophe de Ludwigshafen, où des Turcs avaient péri dans un incendie attribué erronément à des pyromanes racistes, fourmillaient de sous-entendus germanophobes fort explicites.

 

Erdogan avait été annoncé à Cologne comme le « Führer de la Turquie » et, faut-il le dire, a tout de même raison sur bon nombre de points. Quelques jours plus tard, revenu à Ankara, il a confirmé ses propos qui avaient suscité tant d’incompréhension et de désarroi chez les gouvernants allemands. Devant la fraction parlementaire de l’AKP, son parti gouvernemental conservateur islamisant, il a notamment déclaré : « J’ai dit en Allemagne que nous étions contre l’assimilation… Je voudrais répéter une fois de plus ici que l’assimilation est un crime contre l’humanité » (Frankfurter Allgemeine Zeitung, 13 février 2008, page 1). En prononçant ces paroles, en persistant et en signant de cette façon, il a fait ce qu’un citoyen allemand devrait faire en Allemagne, où règne la « political correctness », pour être poursuivi pour racisme et xénophobie. Qui plus est, il a répété la falsification habituelle des Turcs, qui prétendent qu’ils ont contribué substantiellement à la construction de l’Allemagne contemporaine.

 

La grande manifestation turque de Cologne avait été organisée par l’UETD (= « Union der Europäisch-Türkischen Demokraten » ; « Union des Démocrates Turcs d’Europe ») et aurait été pour l’essentiel financée par elle. Cette organisation a été fondée récemment par l’AKP, le parti gouvernemental d’Erdogan, parce que les associations turques qui avaient existé jusqu’ici en Europe sont considérées comme trop peu religieuses ou trop laïques par le nouveau pouvoir à Ankara. La centrale de l’UETD se trouve à Cologne, dans la « Villa Turca » dans le faubourg de Porz. Elle dispose de bureaux dans les principales grandes villes allemandes. C’est par l’intermédiaire de cette association que l’AKP au pouvoir veut désormais influencer les Turcs résidant en Europe et les mobiliser pour réaliser ses projets de politique étrangère sur le long terme. Ce n’est pas un hasard si le Parlement d’Ankara, il y a à peu près quatre semaines, a accordé aux Turcs résidant à l’étranger le droit de vote pour le Parlement turc. Dans l’avenir, nous allons assister en Allemagne aux campagnes électorales turques, selon le ton donné par Erdogan dans son discours de Cologne.

 

Bien qu’Erdogan et ses projets politiques se démarquent considérablement de l’idéologie occidentale, de sa conception de la liberté et de sa vision de l’homme, on continue à soutenir les efforts pour faire entrer la Turquie dans l’UE, d’ici quelques courtes années. Même s’il n’y avait rien d’autre à reprocher aux Turcs, le spectacle donné par Erdogan à Cologne devrait suffire pour guérir les Européens de leurs errements, de l’idée que la Turquie est essentiellement une partie de l’Europe et que son adhésion à l’UE serait une aubaine pour la communauté. Les autorités eurocratiques de Bruxelles feraient bien, à leur tour, de mobiliser leurs énergies pour contrer l’actuel héritier de la puissance islamique dominante, qui, pendant des siècles, a visé la conquête de l’Europe et a fini par être battue, et d’œuvrer à conserver l’identité culturelle de notre continent.

 

De même, il va falloir réaffirmer les intérêts vitaux de l’Europe face aux tentatives actuelles des Etats-Unis d’exciter leurs alliés turcs contre la Russie ou d’autres puissances du Proche Orient et d’essayer à tout prix de les introduire dans l’Union Européenne dans le dessein d’affaiblir politiquement l’Europe. Une telle attitude exige de se défendre énergiquement contre les prétentions croissantes des mouvements islamistes. Le discours d’Erdogan à Cologne a eu au moins le mérite de la clarté, de nous montrer sans ambiguïté la situation telle qu’elle est aujourd’hui, où se situent les clivages, les lignes de fracture. Cela n’a toutefois rien à voir avec l’amitié qu’ont toujours cultivée les Allemands à l’égard des peuples arabes, une amitié qui doit demeurer.

 

Rolf KOSIEK.

(article paru dans « Deutschland in Geschichte und Gegenwart », n°1/2008).

 

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samedi, 29 mars 2008

Entretien avec S.E. Vladeta Jankovic

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Entretien avec son Excellence Vladeta Jankovic, ambassadeur de Serbie auprès du Saint-Siège

L’ « Indépendance » du Kosovo : une entorse au droit international

Le quotidien romain « Rinascita » a interviewé l’ambassadeur de Serbie auprès du Saint Siège, Vladeta Jankovic. Les journalistes de Rinascita lui ont posé quelques questions sur l’avenir de la Serbie, sur les très prochaines élections politiques et administratives prévues pour le 11 mai 2008 et sur les risques qu’encourt le droit international à la suite de la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo par les séparatistes albanais.

Propos recueillis par Andrea PERRONE

Q. : Monsieur Vladeta Jankovic, Voyeslav Kostunica a démissionné de son mandat de premier ministre. La crise de la coalition au pouvoir à Belgrade a été suscitée par les débats sur l’adhésion éventuelle à l’Union Européenne et par la problématique de l’intégrité territoriale de la Serbie. Quelles sont les prévisions pour les prochaines élections ?

VJ : La démission du premier ministre était inévitable. Les divergences de vue entre les différents partenaires de la coalition portaient sur les éléments suivants : une partie du gouvernement, axée autour du Parti Démocratique de Boris Tadic, le Président serbe, était en faveur du processus d’intégration à l’Union Européenne, sans tenir compte du fait que la majeure partie des membres de l’UE avait reconnu la proclamation illégale d’indépendance du Kosovo. Les autres partenaires de la coalition de l’exécutif serbe, comme le Premier ministre, estimaient qu’il fallait geler le processus d’intégration à l’UE afin que les pays membres se déclarent tous en faveur de l’intégrité territoriale de la Serbie, telle qu’elle existait de facto avant la proclamation de l’indépendance kosovare. Ces divergences de vue portaient effectivement sur des éléments substantiels. A partir du moment où il a constaté qu’il ne pouvait plus obtenir l’unanimité, le Premier ministre a demandé au Président, en accord avec les principes de la Constitution, de dissoudre le Parlement et de fixer une date pour de prochaines élections législatives. Celles-ci ont été prévues pour le 11 mai. Le peuple se prononcera : il décidera s’il faut aller de l’avant dans les négociations avec l’Union Européenne, nonobstant le fait qu’une grande partie des Etats européens ait reconnu l’indépendance du Kosovo ou, au contraire, si Belgrade devra concentrer tous ses efforts pour conserver l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Serbie, comme le reconnaissent par ailleurs les résolutions des Nations Unies.

Q. : Il y a un mois, Pristina s’est déclarée indépendante de Belgrade. Qu’en pensez-vous ?

VJ : Pour l’essentiel, je retiens qu’il n’y aura pas de différence, quel que soit l’équipe qui sortira victorieuse des élections du 11 mai : tous seront d’accord pour dire que l’indépendance du Kosovo est illégale et que l’idée d’un Etat kosovar indépendant est impensable. La Serbie ne le reconnaîtra jamais. Cependant, il est plus difficile de dire maintenant quelle approche sera la meilleure. Le plus important, c’est que tous les Serbes se mettent d’accord pour refuser l’indépendance du Kosovo. A l’heure actuelle, la majorité des Etats de l’UE a reconnu l’indépendance du Kosovo, ce qui fait 16 Etats sur 27.

Q. : Pensez-vous qu’un gouvernement plus fort, par exemple porté par un tandem Kostunica-Nikolic, aura une approche plus ferme sur la question de la sécession du Kosovo ?

VJ : Il me parait fort difficile de spéculer dès aujourd’hui sur les résultats des prochaines élections. Il me parait cependant impossible qu’un seul parti puisse obtenir d’emblée la majorité absolue, sans avoir besoin de partenaire.

Q. : Avec la sécession du Kosovo, c’est une boîte de Pandore qui s’ouvre…

VJ : C’est prévisible. Et c’était prévisible depuis longtemps. Et, de fait, les Albanais de Macédoine, qui forment 30% de la population macédonienne, cherchent déjà à obtenir davantage de droits pour leur minorité ; ils exigent que la langue albanaise soit reconnue comme langue officielle en Macédoine, que leur drapeau soit hissé sur les bâtiments publics, qu’une amnistie soit décrétée pour tous les Albanais qui ont participé à l’insurrection de 2001 en Macédoine. Ce pays est donc sur la voie de la fédéralisation. La partie albanophone de la Macédoine réclament aujourd’hui cette fédéralisation et finira demain par réclamer une sécession, vu que les Albanais de Macédoine ont déjà reconnu l’indépendance du Kosovo. Nous avons donc une crise sécessionniste en Macédoine et une autre en Géorgie, où les républiques indépendantistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud veulent s’unir à la Russie. Voilà donc la boîte de Pandore que vous évoquiez dans votre question… De manière analogue, la Transnistrie pourra proclamer son indépendance, de même que le Nagorno-Karabakh, où le processus est déjà à l’œuvre. On peut également prévoir que de telles sécessions auront lieu ailleurs dans le monde. A peu près vingt-six pays ont reconnu l’indépendance du Kosovo, mais d’autres ont refusé de reconnaître cette sécession parce qu’ils craignent qu’ils auront tôt ou tard à affronter un problème similaire à l’intérieur de leurs propres frontières, comme Chypre, la Slovaquie, la Roumanie et l’Espagne. En dehors d’Europe nous avons l’Indonésie et l’Inde en conflit avec le Pakistan pour le Cachemire. L’indépendance du Kosovo a mis en crise l’ensemble du droit international. On remet ainsi en question les décisions des Nations Unies et leurs résolutions. Certains Etats prétendent que le Kosovo est un cas à part, un cas sui generis. C’est faux.

Q. : Pensez-vous que le rôle de Moscou et les futures décisions russes seront vraiment importants pour trouver une solution ?

VJ : Pour ce qui concerne Moscou, la Russie a soutenu la Serbie depuis le début de la crise. Le Kosovo est virtuellement perdu pour la Serbie depuis 1999. La Fédération russe, en 1999, sous Eltsine, était très faible économiquement et politiquement. Depuis lors, tout a changé. La Fédération de Russie est devenue beaucoup plus forte et veut prouver au monde qu’elle peut exercer une réelle influence sur la question. La Russie sous Poutine est en mesure de soutenir la Serbie, de forcer la décision en sa faveur, non pas parce que les Russes sont orthodoxes et slaves mais pour une question de principes, liée au droit international qui a subi une grave entorse à la suite de la proclamation unilatérale de l’indépendance du Kosovo. La Russie est redevenue forte et soutient la Serbie à la tribune des Nations Unies, à l’OSCE et dans toutes les organisations internationales. Mais il n’y a pas que la Russie qui soutient la Serbie au niveau international ; en effet, au Conseil de Sécurité, quinze pays s’affirment en faveur de Belgrade, dont la Russie, bien sûr, mais aussi la Chine, le Vietnam, l’Indonésie, la Libye et l’Afrique du Sud, dont le soutien est ferme, car, en Afrique, les frontières des Etats sont instables, complexes et difficiles à maintenir. Les Américains exercent une forte pression sur la République Tchèque, la Grèce, la Roumanie, mais ces pays continuent à résister car, potentiellement, ils pourraient avoir les mêmes problèmes que la Serbie avec le Kosovo. En outre, rappelons-nous que le monde a une population d’environ six milliards d’âmes et que si l’on additionne les habitants de la Chine, de la Russie, de l’Inde, de l’Indonésie, de l’Afrique du Sud, nous obtenons un chiffre de quelque trois milliards et demi de personnes ; nous pouvons dire alors que la majeure partie de la population de la planète soutient la Serbie.

Q. : Je voudrais vous parler des églises, des monastères et des Serbes du Kosovo ? Quel sera leur avenir ?

VJ : Les monastères et les églises du Kosovo doivent impérativement être placés sous la protection des contingents militaires de l’UNMIK. Les monastères orthodoxes du Kosovo sont d’une valeur culturelle inestimable : ils remontent aux 12ième, 13ième et 14ième siècles. Pour l’heure, ce sont des soldats italiens très courageux qui les défendent : leur attitude est exemplaire malgré le comportement du gouvernement italien et le rappel à Belgrade de notre ambassadeur en Italie. Ces monastères et ces églises, sous la protection des troupes italiennes de l’UNMIK relèvent d’un héritage culturel important pour le monde entier. Ils sont un patrimoine pour l’humanité toute entière et figurent d’ailleurs sur la liste des sites à protéger, dressée par l’UNESCO. Les fresques que l’on trouve dans ces bâtiments historiques sont parmi les plus belles de cet art au monde. On peut comparer leur facture et leur qualité à ce que l’on retrouve dans la cathédrale de Chartres en France.

Q. : Quelle différence y a-t-il entre la mission de l’UNMIK et celle d’EULEX ?

VJ : La mission de l’UNMIK est très importante. La Serbie ne s’oppose nullement à la présence de l’UNMIK parce que celle-ci a été décidée par le Conseil de Sécurité de l’ONU. En revanche, la mission européenne EULEX ne rencontre pas l’approbation de la Serbie, parce qu’elle n’a pas été sanctionnée par une décision des Nations Unies. La différence entre les deux missions est donc de taille. La mission de l’UNMIK découle d’une résolution votée aux Nations Unies et repose sur les principes de l’ONU, voilà pourquoi la Serbie accepte pleinement sa présence sur le territoire serbe.

Q. : Quelle est la position du Saint Siège et du Pape Benoît XVI, alias l’ancien Cardinal Josef Ratzinger, à propos de l’indépendance du Kosovo ?

VJ : La position du Saint Siège repose sur la prudence et la modération. Elle s’est déjà exprimée en diverses occasions et le Saint Père l’a confirmée lors de la présentation de mes lettres de créance, il y a un mois. Le Saint Siège comprend qu’il y a péril pour toute la chrétienté, pour les milliers de réfugiés qui ont dû quitter le Kosovo en 1999 ; le Saint Siège se préoccupe surtout de la défense de la justice et des principes du droit international. La Serbie croit, elle aussi, au droit international, au droit des gens et des Etats. C’est le moment de faire montre de solidarité et de ne plus penser aux divisions au sein de la chrétienté. Les chrétiens doivent défendre les droits et principes culturels des autres peuples. C’est très important pour le Saint Siège, non seulement pour les droits de la Serbie mais aussi pour ceux de tous les autres peuples et, subséquemment, pour la paix dans le monde.

(entretien paru dans « Rinascita », Rome, 20 mars 2008 ; http://www.rinascita.info ; adresse électronique pour toute information : info@rinascita.net ).

 

 

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vendredi, 28 mars 2008

Socialisme et gildes

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Davide D’AMARIO :

Le projet social d’Ezra Pound : communautés et gildes

« Je sais, et non d’après une théorie mais bien par expérience, que l’on peut vivre infiniment mieux avec très peu d’argent et beaucoup de temps libre, qu’avec plus d’argent et moins de temps. Le temps n’est pas de l’argent, mais presque tout le reste… » (Ezra POUND).

Les réflexions, que je couche ici sur le papier, sont le fruit d’une lecture du très beau livre de Luca Gallesi, « Le origini del fascismo di Ezra Pound », édité auprès des Edizioni Ares. A l’évidence, cet article est tout simplement un point de départ qui me permettra de développer ultérieurement mes sentiments « extravagants » et, quelles que soient les positions que prendront les hommes que je mentionnerai dans mes interprétations, celles-ci ne pourront être ramenées ou assimilées en tous points à la structure solide et scientifique du livre de Gallesi.

Quand Marx, bien à raison, proposait l’unité de tous les travailleurs du monde, à une période historique bien précise, les capitalistes étaient divisés. Ils s’opposaient les uns aux autres dans des querelles internes, inhérentes à la division de leur camp en « capitalismes nationaux ». Rappelons aussi que Marx, à cette époque, parlait de gouvernements réduits à des « comités d’affaires » pour le compte de leurs bourgeoisies respectives. Je pense que Marx se rendait parfaitement compte que les limites territoriales opposaient les bourgeoisies capitalistes entre elles, limites dans lesquelles on retrouvait une diversité monétaire, la concurrence, le protectionnisme, de véritables barrières économiques de toutes natures qui contribuaient à limiter l’internationalisation des capitaux et généraient des tensions parmi les capitalistes.

Par ce préambule, je veux simplement arriver au constat que la réflexion de Marx est plus actuelle aujourd’hui qu’elle ne l’était hier parce que, depuis trente ans environ, les travailleurs subissent attaque sur attaque ; certes, on me rétorquera qu’ils en ont toujours subies mais, aujourd’hui plus que jamais, c’est bien pire : ils ont été totalement éliminés du jeu dans la mesure où ils ont perdu toute conscience unitaire. Dans cette situation difficile, la pensée prophétique d’Ezra Pound me semble mieux expliquer la situation de nos contemporains. Effectivement, les communautés de travailleurs ont été, à intervalles réguliers, divisées, fragmentées, disloquées ; les attaques principales contre elles se sont faites au niveau des salaires mais plus encore au niveau de leur dignité humaine. C’est ici que reviennent les fameux « comités d’affaires » de Marx. Plus que jamais, aujourd’hui, et sous les yeux de tous, les exploités sont divisés et les décideurs du monstre capitaliste s’organisent de plus en plus, s’unissent et coordonnent leurs agissements criminels.

Que le lecteur me pardonne cette petite digression, mais j’entends exprimer ici ma conviction que cette digression peut intégrer le raisonnement que je vais développer ici, justement parce que je vais parler des socialismes atypiques, utopiques et étranges, de ces socialismes que l’inquisition de certains pontes marxistes-léninistes, sans Marx ni Lénine, ont campé comme des drôleries dépourvues de sens (dans le meilleur des cas !).

Le socialisme qui trouve ses origines quasi magiques dans l’œuvre du poète-économiste Ezra Pound propose une vision du monde humain diamétralement opposée aux spéculations financières et à l’usure, qui ont perfectionné aujourd’hui leur horrible règne. Ce socialisme est communautaire et il a séduit également le génial poète irlandais William Butler Yeats, qui a lutté pour l’indépendance de sa Terre, fière et passionnée, une indépendance enracinée dans la littérature, le théâtre, la poésie, la Vie. Mieux que toutes paroles ou éloges à l’adresse à ce héraut de la liberté irlandaise : l’épitaphe gravé sur sa tombe, qui évoque l’attitude existentielle à adopter sur le chemin terrestre et difficile de chacun. « Jette un regard froid sur la Vie, sur la Mort, Chevalier, et poursuis ton chemin ».

Je vais maintenant chercher à ramener à la mémoire de mes lecteurs ces nombreux socialistes, dont les idées n’ont pas été concrétisées, ces expériences de communautariens inconscients, en leur époque, de la portée de leurs projets, de tous ces hommes dont les propositions généreuses n’ont pas été suivies d’effets, mais que nous pouvons, sans hésiter, poser comme les pionniers au cœur pur, au langage vrai, du mouvement actuel de décroissance. Et pas seulement de ce mouvement-là…

Esquissons l’historique de quelques-unes de ces tentatives ou expériences. Dans l’Angleterre, rebelle et pensante, fièrement anti-capitaliste et anti-colonialiste, une perspective révolutionnaire s’est dessinée dans les esprits, certes sur un plan plutôt théorique et nettement moins pratique, mais néanmoins digne de nos respects. Dans cette Angleterre, une culture alternative a vu le jour, très différente de l’impérialisme officiel, qui n’était que racisme hautain, exclusivisme social et économique, à des années lumière des politiques maçonniques et sectaires axées sur la violence envers les exploités : la littérature de l’époque en témoigne. Les enfants, filles et garçons, furent les premières victimes de cette violence sociale, de la monstrueuse dynamique socio-politique de cet âge du manchestérisme triomphant. On les retrouvaient par dizaines de milliers dans de sinistres orphelinats, dans d’hideuses fabriques, dans des « maisons de correction ou de redressement », sans cesse exposés au châtiment de la bastonnade, au stupre, ou furent purement et simplement tués car considérés comme inutiles ou bons à rien voire destinés à devenir simple viande de boucherie dans un futur imaginé comme complètement robotisé.

Face à ces visions d’horreurs, se constitue, sur le plan doctrinal, le « socialisme des gildes ». Il se veut une doctrine culturelle alternative, différente de l’horreur manchésterienne. Le « gildisme » a été théorisé par un historien anglais, G. D. H. Cole, puis, au fil des années, par le livre manifeste d’un architecte socialiste et chrétien, Arthur Joseph Penty (1875-1937), « The Restoration of the Gild System », paru en 1906.

Ce socialisme atypique, admirateur du moyen âge, ennemi infatigable et passionné de l’industrialisme moderne, lançait un appel au retour à l’artisanat, à un système de production à petite échelle, sous le contrôle normatif des gildes professionnelles. En suivant l’exemple du socialiste William Morris, ce socialisme refusait l’idée que la production de produits « de qualité médiocre et vendus à bon marché » constituait un avantage pour le consommateur. De cette façon, ce socialisme gildiste anticipait, avec ses idées radicales, tous les courants critiques du système capitaliste nés dans les années 70 du 20ième siècle, courants qui, au cours de ces dernières années, sont revenus à pas de colombe sur l’avant-scène idéologique mondiale. Ces critiques recèlent des rancoeurs contre un système abominable et sont perpétuellement à la recherche de solutions pour soulager les peines des travailleurs réduits à l’esclavage, y compris de solutions dans la lutte actuelle contre les caractères démoniaques de l’exploitation mentale des travailleurs. Dans cette optique intellectuelle et socialiste, l’homme ne doit pas se limiter à analyser la vie à l’intérieur des structures dominantes de la société industrielle mais, au contraire, doit s’en évader et lancer des dards empoisonnés sur le monstre « Progrès », posé comme fin en soi et qui nous broie tous aujourd’hui.

Dans le même filon, où se mêlent intérêts culturels et intérêts politiques, nous trouvons la publication « The New Age », éditée par A. R. Orage. Elle fut une revue, une tribune, qui assura le lien, la jonction, entre ce socialisme des gildes et le renouveau artistique et culturel constitué par la résistance communautarienne (avant la lettre). A cette revue contribuèrent des militants et des penseurs, des écrivains et des poètes du calibre d’un Ezra Pound, d’un William Butler Yeats, d’un G. K. Chesterton et de bien d’autres qui, ensemble, formèrent une redoute dans les années 10 et 20 du 20ième siècle en Angleterre, où germèrent des idées qui demeurent encore et toujours actuelles. Dans cette revue, on étudiait et analysait les œuvres de Nietzsche et de Marx, pour les enrichir et les dépasser, les inscrire dans des projets réalisables.

Nous avons eu affaire, là, à une culture socialiste originale et non dogmatique, qui a pris forme, a émergé à la vie en se mêlant sans remords à la religiosité véritable du peuple, sans chercher à trancher le cordon ombilical qui reliait le socialisme aux traditions populaires, sans renier des formes fortes et solidement ancrées de religiosité païenne ou chrétienne, présentes au sein du peuple.

La « Ligue des Gildes Nationales » en fut le mouvement organisé, la représentante de cette jeune communauté de pensée. Elle naquit en l’année fatale 1915, où une boucherie sans nom allait commencer, où la fine fleur de la jeunesse européenne tombera au combat ou en sortira renforcée. Dès son émergence, cette « Ligue » eut à subir les avanies des marxistes sectaires, ignorants et démagogues, qui la traitèrent de « mouvement petit-bourgeois et utopiste ». Ces socialistes communautariens et gildistes, qui avaient adhéré à la « Ligue », croyaient que la force éthique, et non le matérialisme vulgaire, devait se poser comme le noyau incandescent de la lutte socialiste parce qu’ils estimaient que la liberté individuelle devait s’épanouir à l’intérieur et en symbiose avec la communauté populaire ; ils pensaient également que la responsabilité sociale devait s’étendre au peuple tout entier, de façon à ce que la Révolution trouve dans le peuple lui-même, et non à l’extérieur de lui, une légitimité faite de sang, de chair et d’idée, prête à prendre, aux moments terribles de l’épreuve, les rênes de la cause communautaire. Pour ces militants communautariens et nationaux, la lutte contre l’esclavage et contre l’incertitude étaient les axes majeurs de l’action socialiste.

Dans leurs propositions, les gildistes de la « Ligue » réclamaient d’être libérés du spectre du chômage, d’être libres dans les usines, de bénéficier du droit au travail sous la houlette de directeurs qu’ils auraient choisis, d’éliminer du monde du travail tous les dirigeants imposés d’en haut, tant dans les entreprises privées que dans le secteur de l’Etat. Ils étaient convaincus que sans une démocratie industrielle, il ne pouvait pas y avoir de démocratie politique. Cette brève approche de l’idéologie gildiste nous permet de conclure que le « contrôle communautarien » devait venir de la « base ». Ce mouvement, non unitaire, alignait à l’évidence des personnalités diversifiées, exprimant des positions parfois contradictoires, mais, en dépit de ces divergences de surface, elles avaient toutes un projet général, qu’il serait intéressant de raviver aujourd’hui.

Davide D’AMARIO.

(article paru dans le quotidien romain « Rinascita », 19 février 2008).

 

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samedi, 22 mars 2008

Erich Wichman: citaat

 

180px-erich_wichmann_omstreeks_1927.jpg“Alles is heden bedacht en berekend. Er is geen plaats meer in deze wereld voor avontuur, imprévu, élasticité, phantasie en ‘daemonie’. Het allerdomste verstand geldt alleen. God is ’stil gaan leven’. Het is een dode tijd, een tijd zonder ziel, zonder geloof, zonder kunst, zonder liefde. […] Dit is geen tijd meer, een overgang, wie weet waarheen? Als alles anders wordt dan wij willen - en waarom zou het niet anders worden? - dan kan men ons ‘dwazen’ noemen. Elke daad kan een dwaasheid heten, is in zekere zin een dwaasheid. En wie bang is een ‘dwaas’ te heten, ja te zijn; wie bang is het levend deel van een levend geheel te zijn; wie niet ‘dienen’ wil; wie terwille van zijn kostelijke ‘persoonlijkheid’ geen ‘factor’ wil zijn en misschien het omgekeerde bewerken van wat hij dacht; wie schuwt een ‘melaatse des geestes’ te worden; wie geen ‘stukje’ kan zijn, geen blad in de wind, geen dier in nood, geen soldaat in een loopgraaf, geen man met knuppel en revolver op de Piazza del Duomo (of op de Dam); wie niets begint, als hij het einde niet ziet, wie niets doet om geen domheid te doen: die alleen is de ware ezel! Men bezit niets, wat men niet weg kan smijten, ook zichzelf en eigen leven niet. En daarom kunnen wij nu misschien deze ‘Républiques des Camarades’, deze stal der ‘mauvais bergers’, uitmesten. Ja, met geweld, ja, met ‘onwettige middelen’! ‘Door frazen is ‘t volk bedorven, ‘t zal door frazen niet genezen worden’ (Multatuli). Nogmaals dan: te wapen!”

Erich Wichman

 

mardi, 18 mars 2008

B. Rabehl: Der kurze Weg zur RAF

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Der kurze Weg zur RAF
Bernd Rabehl stellt in einer neuen Veröffentlichung die Frage nach der linken Gewalt

Wie aus einem internen Kriminalitätslagebericht der Berliner Polizei hervorgeht, der vor kurzem in der Tageszeitung Die Welt veröffentlicht wurde, ist die Zahl linksextremer Straftaten in der Hauptstadt im vergangenen Jahr stark angestiegen – um ein Drittel von 540 auf 720 Fälle. Auch bei den linken Gewaltdelikten ist ein Anstieg von 56 Prozent auf insgesamt 175 Fälle zu verzeichnen.

Ähnlich stellt sich die Situation in Deutschlands zweitgrößter Stadt Hamburg dar. So geht aus einer vorläufigen Antwort des Senats auf eine Kleine Anfrage des Hamburger SPD-Bürgerschaftsabgeordneten Andreas Dressel hervor, daß die Anzahl linksextremistischer Straftaten von Januar bis November 2007 im Vergleich zum Vorjahreszeitraum von 16 auf 57 Delikte um 256 Prozent anstieg. Die Anzahl rechtsextremer Straftaten sank dagegen im gleichen Zeitraum um 23 Prozent von 384 auf 293 Delikte. Zu letzterer Zahl muß man allerdings wissen, daß es sich bei drei Vierteln der dem Rechtsextremismus zugeordneten Straftaten nach Angaben des Hamburger Senats um »Taten aus dem Bereich der Propagandadelikte wie zum Beispiel Hakenkreuzschmierereien« handelt. Besonders besorgniserregend fällt in der Hansestadt der Anstieg von linksextremistischen Gewaltdelikten von 8 auf 31 Fälle aus, was einer Zunahme von 287 Prozent entspricht.
Zu diesen Meldungen paßt, daß die Berliner Polizei schon im November vergangenen Jahres eine Serie von über 100 von Linksextremisten auf Autos verübte Brandanschläge meldete, die sich alleine im Jahr 2007 zutrugen. Und auch hier ist Berlin kein Einzelfall: Erst im Januar dieses Jahres bekannte sich eine bislang unbekannte Gruppe von Linksextremisten zu einer Serie von neun Brandanschlägen auf Autos in Göttingen. Durch die Brandanschläge wurden seit Oktober 2006 unter anderem Fahrzeuge der Göttinger Polizei, der Bundespolizei sowie von Firmen und Privatpersonen zerstört und ein Schaden in Höhe von 175. 000 Euro angerichtet.
Das eigentlich Interessante an diesen Meldungen besteht in ihrer geradezu totalen Nichtbeachtung durch die Medien. Während das Land im Oktober 2006 in wochenlange Schockstarre fiel, weil auf einer Sekundarschule im sachsen-anhaltinischen Parey einem Schüler ein Schild mit einer antisemitischen Parole umgehängt worden war, können linksextremistische Straftaten, selbst dann, wenn sie sich zu den größten Straßenschlachten seit dem Ende der Weimarer Republik ausweiten, was im vergangenen Jahr in Rostock am Rande des G8-Gipfels der Fall gewesen war, die Aufmerksamkeit der Öffentlichkeit nur kurz fesseln. Meist läßt man sie allerdings ganz unter den Tisch fallen. Dieses krasse Mißverhältnis in der Wahrnehmung politisch motivierter Gewalt gehört – wie so vieles andere auch, mit dem das Land momentan zu kämpfen hat – zur Erbschaft der Achtundsechziger.

Linkes Deutungsmonopol

Diese etablierten erst subtile Unterscheidungen von aktiver und passiver, von struktureller und manifester, von revolutionärer und konterrevolutionärer Gewalt und errichteten auf der Basis solcher Definitionen dann schließlich ein Deutungsmonopol, das darauf hinauslief, daß »linke« Gewalt immer für gut oder doch zumindest für deutlich weniger kritikwürdig befunden wurde als andere Formen von politisch motivierter Gewalt.
Vierzig Jahre nach »68« hält nun auch ein Mann Rückschau, der zu den Hochzeiten der 68er-Bewegung zu den engsten Freunden und Weggefährten Rudi Dutschkes zählte, für zwei Jahre im Bundesvorstand des »Sozialistischen Deutschen Studentenbundes« wirkte und der heute zu den sachkundigsten, aber auch kritischsten Geistern zählt, wenn es darum geht, sich daran zu erinnern, was damals eigentlich gewesen war, und was die 68er-Bewegung im Guten wie im Bösen zustandegebracht oder versäumt hat. Die Rede ist von Bernd Rabehl, dem das Otto-Suhr-Institut der Freien Universität Berlin nach einem Interview mit dieser Zeitung im Jahr 2005 keine Lehraufträge mehr erteilte – ein Disziplinierungsversuch, der offensichtlich fehlschlug, denn an der Unabhängigkeit der Positionen Rabehls hat sich nichts geändert.
Dies stellt Rabehl auch in seiner jüngsten Veröffentlichung, einem kurzen, dafür umso präg-nanteren Bändchen mit dem Titel »Linke Gewalt – Der kurze Weg zur RAF« unter Beweis, der als Reaktion auf die »eigenartige Renaissance« der RAF im Jahr 2007 entstand. Die »zunächst kämpferische, dann beinahe nostal-gische Sympathie für die Täter« sage viel »über das Verhältnis der Linken zur Gewaltfrage« aus, so Rabehl weiter, der allerdings zwischen dem Gewaltverständnis der klassischen radikalen Linken mit ihrem »geschichtsdeterministischen Anspruch einer ›revolutionären Gewalt‹« und der antiautoritären Linken, bei der eine »ästhetische Betrachtung von Politik« vorherrschte, unterscheidet. Rabehl konstatiert aber auch, daß die damalige Unruhe, die eine ganze Generation von Studenten ergriff, aus sehr tiefliegenden Impulsen gespeist wurde und deshalb auch mit rein restaurativen Antworten nicht mehr zu beruhigen war: »Hinter den Provokationen stand die Überzeugung, daß weder Ost- noch Westeuropa nach 1945 befreit worden waren. Fremde Truppen waren einmarschiert, hatten die Städte und Gebiete besetzt und unter sich aufgeteilt … Die einen nannten ihr Machtgebilde ›Volksdemokratie‹, die anderen ›parlamentarische Demokratie‹. Die Traditionen, auf die sich die Linke berief – 1789, 1848, 1871, 1917/18, 1936 – waren nach 1945 nicht in die neuen Verfassungen aufgenommen worden. Es gab so gut wie keine Selbstbefreiung der Völker und Klassen und keine wirkliche Beteiligung der Wähler an der Macht.«

Ausnahmegestalt Dutschke

Wie auch schon in seiner Biographie »Revolutionär im geteilten Deutschland« sieht Rabehl im Rückblick in Rudi Dutschke, insbesondere auch wegen dessen charakterlichen Qualitäten, den einzigen Mann, der in der damaligen Situation den gordischen Knoten hätte durchschlagen und die Verhältnisse zum Positiven ändern können. Allerdings sei Dutschke zwischen den an ihn als Revolutionär, Theoretiker und Familienvater gestellten unterschiedlichen Ansprüchen geradezu zerrieben worden, und das Attentat vom Gründonnerstag 1968, bei dem Dutschke angeschossen wurde, habe dann schließlich die Fraktionierung und den Zerfall der außerparlamentarischen Opposition befördert. Nun sei der Weg für diejenigen frei gewesen, die auf die Gewaltkarte setzten und bei der RAF oder anderen terroristischen Vereinigungen landeten. Eine andere Fraktion wiederum, so Rabehl, beschritt »den traditionellen Weg der Durchexerzierung der verschiedenen Kampfpositionen der KPD«, um die Radikalopposition zugunsten »einer halbliberalen und halbdemokratischen Karrierepartei« – Rabehl meint hier die »Grünen« – aufzulösen.
Besonders interessant sind dann die Analysen Rabehls in seinem »Ausblick« betitelten letzten Kapitel. Dort prognostiziert er: »Sicher ist, daß Terror oder Stadtguerilla als Themen im wahrsten Sinne des Wortes ›schlagartig‹ wieder auf der Tagesordnung stehen werden, wenn die Kriege in Nahost und in Afghanistan nicht auf ihren Raum begrenzt bleiben. Bei einer Ausweitung dieser Kriege würden die Stadtguerillas der islamischen Kämpfer das ›Wasser‹ in den deutschen und europäischen Städten nutzen, um ihre Aktionen gegen den Militärapparat der NATO und der Bundeswehr zu starten.« In den linken Globalisierungsgegnern von »Attac« sieht Rabehl hingegen keinen neuen SDS, denn, »wer genauer hinschaut, weiß, daß den Attac-Protagonisten nur die Entgrenzung des Kapitals gegen den Strich geht, die Entgrenzung von Kulturen, Völkern, Grenzen aber mitnichten«.

Substanzlose Globalisierungsgegner

In den »multikulturellen Träumern« sieht Rabehl Kollaborateure, die beim »Umbau Europas« der »politischen Eliten der herrschenden Parteien« mitspielen: »Die Träumer begreifen nicht, daß alle Ansätze von Protest, ›Klassenkampf‹, Widerstand, Streik, Widerwort durch das mittlerweile fast flächendeckend vorfindbare ›babylonische Völkergemisch‹ längst paralysiert sind.« Daraus zieht Rabehl den Schluß: »Die Globalisierungsgegner bleiben in ihrem Internationalismus ohne Substanz, solange sie nicht die nationale Frage stellen und die nationale Selbstbehauptung der einzelnen Völker und Nationen als das begreifen, was sie ist: das Bollwerk gegen die grenzenlose Vernutzung. Auf eine provokante Formel gebracht: Ohne eine radikale Rechte wird es keine radikale Linke geben.«
Rabehls Schrift »Linke Gewalt – der kurze Weg zur RAF« ist als zweiter Beitrag in der von der Edition Antaios herausgebrachten und mit der etwas merkwürdigen Bezeichnung »Kaplaken« betitelten Reihe erschienen. Das Wort »Kaplaken« stammt aus dem Holländischen und bezeichnet eine Sondervergütung für erfolgreiche Kapitäne; in dem Zusammenhang mit der Namensgebung für eine Buchreihe soll es wohl auf den geistigen Gewinn verweisen, den die Lektüre dieser Reihe verspricht. Freilich läßt schon der Blick auf die anderen Titel der Reihe kaum etwas zu wünschen übrig: Da finden sich Karlheinz Weißmanns »Konservatives Minimum« und Bernard Willms' »Philosophie der Selbstbehauptung« neben Theodor Lessings »Intellekt und Selbsthaß« sowie weitere Titel von Götz Kubitschek und Hermann Heidegger. Die Lektüre von Rabehls Bändchen macht jedenfalls Lust auf mehr.

Arne Schimmer

Buchempfehlung: Bernd Rabehl – Linke Gewalt. Der kurze Weg zur RAF, Edition Antaios, 79 S., 8,00 Euro (Art.-Nr. 104138). Zu beziehen über den DS-Buchdienst, Postfach 100 068, 01571 Riesa, Tel.: 03525/5292-0, Fax: -23 oder klicken Sie hier und bestellen gleich in unserem Internetladen.

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