jeudi, 11 juin 2009
"Barrez-vous, les Américains!"
« BARREZ-VOUS LES AMERICAINS ! »
Editorial du numéro 36 de Rébellion ( bientôt disponible)
* Propos tenu par un prolétaire de l’usine Molex à Villemur-sur-Tarn
Cela est désormais clairement dit ; la rhétorique médiatique ne prenant le soin que de présenter la chose sous le mode interrogatif : la classe ouvrière serait-elle devenue xénophobe ? Qu’a-elle fait ? Elle proteste contre les délocalisations… La suspicion est lancée et comme on le sait, le traitement réservé à ceux que le pouvoir a choisis arbitrairement de qualifier comme tels, est la marginalisation et surtout la répression. Toute velléité de défense un peu vive, de la part des prolétaires victimes des licenciements massifs et quotidiens, est d’emblée qualifiée de « violences faites aux biens et aux personnes ». Il s’agit en fait des « séquestrations » de dirigeants d’entreprises dont usent les travailleurs afin de se faire entendre et non d’actes de vandalisme et de violence illégitime comme le laisse entendre le gouvernement. Ainsi, grâce à la terminologie juridico-politique dominante, est neutralisé le sens de l’action concrète conduite par ceux qui sont acculés par le capital dans l’ultime réserve de la protection de leur simple existence et survie économique et sociale, de même qu’est corrélativement brouillée, occultée, la forme de la lutte de classe que peut prendre cette autodéfense du prolétariat. Un étau répressif et idéologique, est de ce fait constitué, entre d’un côté, le pôle « xénophobie » et de l’autre, « violence illégitime ». Seul, le discours idéologique du capital et de ses représentants gouvernementaux, institutionnels et médiatiques - dans sa parfaite transparence neutralisante, instrumentalisante - aurait la légitimité de dire la vérité objective dans son unicité, gommant par là même les aspérités des contradictions les plus vives, les plus exacerbées, qui naissent pourtant, de manière bien réelle sur le terrain de la vie sociale. Car ce qu’il faut cacher est le secret le plus profond, le plus inavouable : le capitalisme est un système agonisant ; aucune thérapie ne viendra à bout de son pourrissement inéluctable. Sa contradiction originelle le mine toujours mais de façon toujours plus exacerbée, plus ample et intense : accumulation de richesses à un pôle de la société, paupérisation, précarité, insécurité sociale à un autre. Satisfaction, jouissance indécente et aliénée d’un côté, inquiétude permanente, lutte quotidienne pour continuer son existence de l’autre.
Cette situation a l’avantage – vécu douloureusement par le prolétariat – de poser clairement à la conscience des travailleurs, la question de l’absence de réponse à la crise dans le cadre du capitalisme. Cette crise dont les « spécialistes » nous disent qu’elle ne sera qu’un mauvais souvenir dans quelques mois ou une année et qui nous est ainsi présentée comme une fatalité naturelle, certes d’ampleur inégalée mais comme, somme toute, il peut y en avoir dans l’histoire naturelle climatique. Météorologie, économie politique même combat ! Il serait d’ailleurs intéressant d’étudier sous cet angle, l’usage idéologique quotidien du message météorologique adressé aux citoyens par les nouveaux prêtres médiatiques commentant celui-ci. Zeus supplanté par Météo France : que pouvons-nous faire de notre vie alors que le ciel nous tourmente quotidiennement ? Osciller entre fatalisme et reconnaissance impuissante des déterminismes naturels. La vie sociale serait du même ordre et de même niveau. Pourtant les prolétaires commencent à prendre des initiatives et c’est bien cela qui inquiète la classe dominante. La mobilisation contre les licenciements est importante et certains ont même l’idée de traverser les frontières afin de soutenir leurs camarades en Allemagne, par exemple, victimes des mêmes mesures, le trop fameux « plan social » (encore une entourloupe de vocabulaire, que de rhétorique de la part de la bourgeoisie ! C’est tout ce qui lui reste depuis qu’elle ne pense plus). Leur action exprime bien un internationalisme en acte (et non verbeux comme celui des gauchistes) articulé à la préoccupation de la conservation locale de leurs conditions de travail dont se moquent bien les actionnaires et dirigeants des entreprises capitalistes (1) : le capital n’a pas de patrie. De là, la parole de dépit- que nous citons en exergue - du prolétaire de Molex à la suite de la « libération », grâce à la présence des forces de police, du dirigeant « séquestré » de cette usine, (« Barrez-vous les américains ! ») mais qui n’en révèle pas moins une compréhension intuitive de la condition faite aux travailleurs par les multinationales toutes puissantes. Dans sa simplicité, la formule va bien plus loin que toutes les arguties proposées par les têtes « pensantes » de la politique qui ne voient là qu’impudence xénophobe. Elle touche du doigt la violence faite aux exploités par la mondialisation impérialiste du capital sur tous les continents. Cette violence faite aux économies locales de subsistance où s’effondre la simple possibilité de se nourrir modestement dans les pays du Sud, engendrant les bidonvilles des mégalopoles et l’émigration de désespoir, la violence faite de guerres locales où s’affrontent des bandes armées par le capital afin de se partager des territoires soumis à la rapine, la violence déclenchée par les interventions américano-otanesques à visées géostratégiques et géoéconomiques (Irak, Balkans,Afghanistan, déstabilisation du Pakistan, etc.), la violence enfin que subissent les prolétaires des nations relativement plus nanties mais qui voient leurs acquis sociaux et vitaux se réduire comme peau de chagrin. Ainsi le rejet de ce système par les travailleurs commence à se faire entendre et c’est cette parole qu’il s’agit d’étouffer sous la calomnie voire la répression.
Il restera un long chemin à parcourir, pour les plus humbles, afin de comprendre la portée et la nature des enjeux qu’il leur faudra affronter. Ils n’auront pas d’alliés parmi les partis politiques électoralistes (2), de faux amis au sein de ceux se proclamant « anticapitalistes », pèsera la chape de plomb du clivage droite/gauche et pour finir, en Europe, ils seront sous surveillance du cheval de Troie de l’OTAN. Pour autant, le capital se nourrit de leur travail (3) et de ce point de vue il dépend d’eux. La seule perspective qui vaille, alors, est le socialisme ; lorsque les prolétaires forgent les instruments politiques leur permettant de renverser le rapport de force entre les classes sociales.
Notes :
1.« L’intérêt exprime une fraction de la plus-value ; un simple quota du profit classé sous un nom particulier ; le quota qui revient au simple propriétaire du capital, qui est intercepté par lui. Mais cette partition simplement quantitative se transforme en partition qualitative qui donne aux deux fractions une forme concrète métamorphosée dans laquelle ne semble plus battre la moindre artère de leur être originel. […] L’intérêt en soi exprime donc précisément l’existence des conditions de travail en tant que capital dans leur opposition sociale au travail et leur métamorphose en forces personnelles exerçant leur pouvoir sur le travail. Il résume le caractère aliéné des conditions de travail par rapport à l’activité du sujet. Il représente la propriété du capital ou la simple propriété capitaliste, en tant que moyen de s’approprier les produits du travail étranger, comme une domination s’exerçant sur du travail étranger. Mais il représente ce caractère du capital comme quelque chose qui lui revient en dehors du procès de production lui-même, et n’est en aucune façon le résultat de la déterminité spécifique de ce procès de production. Il ne le représente pas en opposition au travail, mais, au contraire, sans rapport avec le travail et comme un simple rapport entre un capitaliste et un autre capitaliste. » Karl Marx. Théories sur la plus-value. Tome III. P.580.81.82. Editions Sociales. Lorsque le fétichisme du capital se reflète de manière inversée dans la conscience des actionnaires et des financiers sous la forme de l’inquiétude pour leur taux d’intérêt ce sont les affres du chômage et des délocalisations que vivent concrètement les prolétaires.
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Dont les représentants européens élus ont montré, une fois de plus, leur servilité envers une idéologie impérialiste en quittant la salle lors du discours du Président iranien à la conférence dite Durban II.
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Ceux qui cherchent à dépasser le faux clivage droite/gauche devraient trouver là matière à réflexion, c’est-à-dire dans la dynamique du rapport entre classes sociales et dans la recherche adéquate des moyens politiques et doctrinaux, nécessaires à une intervention dans les luttes politiques et sociales. D’après les derniers chiffres disponibles et d’après les extrapolations rationnelles que l’on peut faire, il y a environ, aujourd’hui, entre 8 et 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Cela s’appelle la prolétarisation. Potentiellement, l’explosion sociale guette le système. Le mouvement théorique et pratique auquel nous appartenons est l’expression de cette potentialité.
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mercredi, 10 juin 2009
Eventuels vainqueurs et présumés vaincus

ÉVENTUELS VAINQUEURS ET PRÉSUMÉS VAINCUS
Chronique hebdomadaire de Philippe Randa
http://www.philipperanda.com/
Le paysage politique français est-il véritablement changé depuis que le résultat des élections européennes dimanche soir ? Force est de constater qu’il suscite en tout cas beaucoup de perplexité. Pour les éventuels vainqueurs, tout comme pour les présumés vaincus.
Tout d’abord, sur l’Europe… Avec 60 % d’abstention, il est clair que l’immense majorité des Français s’en désintéresse, d’autant que le nombre impressionnant de listes en compétition offrait tous les choix possibles. Cette abstention remet bien évidemment en cause la représentativité réelle des 72 élus nationaux et n’en donne pas davantage aux abstentionnistes, suivant l’adage que les absents n’ont pas seulement toujours tort, mais n’existent pas ! Les urnes ont beau avoir été plus qu’à moitié vide, les fauteuils du parlement européen n’en seront pas moins occupés, ne leur en déplaise.
L’UMP, avec un tiers des suffrages exprimés, confirme que Nicolas Sarkozy est incontestablement passé maître d’œuvre dans l’art de diviser ses adversaires. Car c’est à l’évidence bien davantage sur la faiblesse (euphémisme !) de ses opposants, bien davantage que sur les résultats de son action présidentielle, que les Français, faute de mieux, ont confirmé le leadership électoral de son parti.
Mais ce parti ne rassemble toutefois qu’un électeur sur trois sur moins d’un Français sur deux autorisé à déposer un bulletin de vote… Et il ne peut compter sur aucun allié politique potentiel. Il reste donc un géant aux accords électoraux d’argile et aux très possibles déconvenues électorales à venir.
Le Parti socialiste s’est certes ridiculisé dans cette élection avec 14 % de suffrages, mais on rappellera que la liste menée par un certain Nicolas Sarkozy (avec Alain Madelin) avait obtenu le brillant score de 12,82 % à ces mêmes élections de 1999, tandis que celle menée par Charles Pasqua et Philippe de Villiers les devançait à 13,05 %. On sait ce qu’il est advenu ensuite des uns et des autres…
L’incontestable percée des listes écologistes de Daniel Cohn-Bendit, Eva Joly et José Bové est à relativiser… Sauront-ils faire perdurer leur succès, voire l’augmenter ? Il est clair que dans un premier temps, leur succès va surtout contribuer à diviser encore plus l’opposition au chef de l’État. D’autant que ces écologistes-là doivent tout au soutien médiatique dont ils ont outrageusement bénéficié, le point d’orgue de ce soutien ayant été la diffusion télévisuelle du film « Home », le vendredi soir précédant l’élection.
Le Modem essuie un échec tout aussi incontestable, du moins dans les ambitions qu’il affichait durant la campagne électorale et en comparaison du résultat de François Bayrou à l’élection présidentielle. Mais ce n’est pas le premier essuyé par le Béarnais et il a montré son incontestable aptitude à rebondir. Ceux qui ne cesse de l’enterrer ont sans doute encore beaucoup de pelletées électorales à lui asséner. Et s’ils se lassaient avant lui ?
Celui qui a rempli sa mission électorale, c’est à l’évidence Jean-Luc Mélenchon. Chargé par ses camarades socialistes de ramasser au fond des urnes les derniers des mohicans communistes et de stopper l’ascension d’Olivier Besancenot. Il peut être pleinement satisfait.
Enfin, Marine Le Pen tire incontestablement son épingle électorale du scrutin. Sa réélection dans la région nord lui assure la légitimité que lui contestait tous ceux qui ont quitté le Front national. Ces derniers ont par ailleurs démontré qu’en politique, les démissionnaires sont comme les abstentionnistes, ils perdent toute légitimité.
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lundi, 08 juin 2009
Des Européennes sans Europe!

Des européennes sans Europe !
Le Billet de Patrick Parment
C’est Jean-Luc Mélenchon qui a le mieux commenté les résultats de cette élection européenne : les Français ne veulent pas de cette Europe-là. Cette Europe en question, c’est celle, technocratique, de Bruxelles ou de Strasbourg sur laquelle les Européens n’ont aucune prise. C’est une Europe du fric aux mains des lobbies, une Europe qui se gausse des peuples et de la personnalité de chacun d’entre eux. C’est une Europe sans conscience politique, sans vision géopolitique et sous influence. Les députés européens sont des guignols impuissants et les eurodéputés français largement débordés par les Anglais ou les Allemands, qui ont formé depuis longtemps le personnel ad hoc. La France ne s’impose à Bruxelles – et encore, voir la crise du lait – qu’en situation de rupture et quand le pouvoir politique s’en mêle pour régler en général un problème de politique intérieure. De ce point de vue, nous ne sommes pas les seuls à dénoncer cette Europe-là. Ce reproche est d’ailleurs général sur le continent.
Mais à qui la faute, quand le mandat européen sert en politique intérieure à récompenser ou recaser des élus qui n’ont aucune compétence particulière. Le cas de Rachida Dati n’est pas isolé. Et le vote des électeurs ne fait que confirmer l’absence d’intérêt pour ce " bazar ".
On notera en premier lieu le fort taux d’abstention – près de 60%. C’est le premier démenti. Ensuite, le score de l’UMP est médiocre – autour de 28% -, même si elle arrive en tête, dans un paysage politique dévasté par un Sarkozy qui s’ingénue à brouiller les cartes et casser tous les repères.
Les échecs successifs du Parti socialiste l’ont anéanti et il n’arrive pas à cadrer son discours dans ce contexte de crise économique majeure. Etre anti-libéral ne suffit pas. Le PS a du mal à formuler une vision politique globale et cohérente de la société française dont il est déconnecté. Sarkozy est basique et pragmatique et carbure à l’esbroufe. Il occupe tout le champ médiatique sans exprimer pour autant une vision socio-économique cohérente. Pour des raisons qui nous échappent – pas tant que ça quand même –, il a décidé d’aligner sa politique étrangère sur celle des Etats-Unis. Il va avoir des surprises, Obama opérant des revirements, notamment sur le Moyen-Orient, lourds de conséquences.
Et le score des Verts de terre ! 16%, à parité avec le PS. Mais c’est un score qui nie l’Europe à plein nez. Les écolos n’ont aucune substance politique, c’est un vote par défaut quand on ne veut pas se prononcer pour la droite ou la gauche. Le seul dénominateur commun à tous ces gens-là, c’est le casse-croûte. Cohn-Bendit est depuis belle lurette un suppôt du libéralisme ambiant et un parfait opportuniste. Que vient foutre la mère Eva Joly dans ce bazar ? Expliquez-moi ça. Manquent Hulot et Arthus Bertrand pour compléter le tableau, mais eux ont trouvé d’autres filières pour se faire du pognon, nettement plus lucratives. Inutile de dire qu’à l’Europe, tout ce petit monde ne pèse rien. Donc, ce vote n’a, en soi, rien d’européen.
La déculottée que vient de prendre François Bayrou est intéressante, car elle situe bien le personnage sur la scène politique française. Il va falloir qu’il revoie ses théories et son égo surdimensionné vient d’en prendre un coup.
Non, ces élections, d’ailleurs expédiées en deux temps trois mouvements par les partis, n’intéressent personne. Ce qui, en soi, est fort dommage. Car cette Europe est une réalité avec laquelle on doit compter chaque jour. Si nous avions une classe politique responsable, on formerait un personnel en conséquence qui pourrait alors peser sur les décisions de Bruxelles ou de Strasbourg. Je ne dis pas que l’on s’en porterait mieux, je dis simplement qu’on cesserait d’être absent d’un jeu qui se fait souvent sans nous. Ce ne sont pas les gens qui manquent, c’est la volonté politique. Retour à la case départ.
14:32 Publié dans Le Billet de Patrick Parment
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Mal di Bruxelles
Mal di Bruxelles
Lo spettro dell’euroscetticismo si aggira per l’Europa. In realtà, è sempre così a ogni turno di elezioni Europee: un po’ perché, di voto in voto, l’assoluta mancanza di poteri del Parlamento Europeo si fa più manifesta, proprio in raffronto al modo in cui da quando c’è l’Euro l’Europa è diventata invece più importante nella vita dell’europeo della strada; un po’, perché proprio perché questa consultazione conta pochissimo può essere un modo eccellente per sfogare la propria voglia di protestare, senza esporre il proprio Paese a troppi rischi. Infatti, è tradizionale il fenomeno di quei partiti anti-Europa che prendono voti solo alle elezioni Europee: dal quel Movimento Popolare anti-Cee che nel 1979 e 1984 fu la lista più votata alle Europee danesi, anche se nel 2004 si era ridotta a un solo eletto; a quel Partito per l’Indipendenza del Regno Unito (Ukip) che apparso senza risultati nel 1994 ebbe tre eletti nel 1999 e addirittura 12 nel 2004, rivelandosi il terzo partito. Stando ai sondaggi l’Ukip dovrebbe crescere ancora: dal 16,1 al 19%, che potrebbe portarlo addirittura al secondo posto, davanti allo stesso partito di governo laburista. Il dato è tanto più significativo se si pensa che nel contempo è accreditato un 7% al Partito Nazionale Britannico (Bnp): un partito di destra dura, non solo anti-europea, che potrebbe valere un paio di seggi. Nel 2004 aveva ottenuto un 4,9, che per un’incollatura lo aveva lasciato sotto la soglia si sbarramento.
L’Olanda di Wilders
Il risultato più clamoroso dovrebbe però essere quello dei Paesi Bassi, dove arriverebbe addirittura primo col 30% il Partito per la Libertà (Pvv) di Geert Wilders. Già deputato per partito liberale di destra Vvd (in Olanda c’è pure quello liberale di sinistra dei Democratici 66), Wilders se n’è andato sbattendo la porta, ed ha creato un nuovo movimento che fa la media tra il tradizionale liberismo del Vvd; la linea anti-immigrazione selvaggia di Pim Fortuyn, i resti del cui movimento è assorbito; una nuova sensibilità di allarme verso l’Islam, iniziata in particolare con l’omicidio di Theo Van Gogh; e in più anche una nuova sensibilità euroscettica, emersa in particolare con referendum che nel 2005 bocciò il Trattato costituzionale.
No all’ingresso della Turchia, esclusione degli appena ammessi Romania e Bulgaria, riduzione dell’esecutivo al solo Commissario per gli Affari Economici e abolizione del Parlamento Europeo sono gli slogan del Pvv. Curiosamente Wilders appare prendere voti anche alla sinistra anti-europea del Partito Socialista (da non confondere con quello Laburista, al governo): terzo partito alle ultime politiche col 17,3% dei voti, potrebbe perderne la metà.
L’Irlanda di Libertas
Un altro referendum sui cui il tratto di Lisbona è inciampato è stato quello irlandese. Declan Ganley, il miliardario che guidò la campagna per il no, da quell’esperienza ha sviluppato un partito anti-europeo che paradossalmente non solo si presenta solo alle Europee, ma è pure organizzato come partito paneuropeo: una struttura con cui Ganley dice di voler raggiungere i 100 seggi che gli permetterebbero di raggiungere i liberali come terzo gruppo al Parlamento Europeo. Presumibilmente, è un obiettivo irraggiungibile. Libertas è però accreditata dai sondaggi del 12% in Irlanda, del 9% in Polonia, del 6% in Germania e del 5% nella Repubblica Ceca. Nell’Europa dell’Est il movimento di Ganley finisce però in qualche modo per danneggiare le intenzioni di voto per gli euroscettici locali. Nel 2004, ad esempio, la Lega delle Famiglie Polacche ebbe il 15,2% dei voti, mentre il gruppo Legge e Giustizia dei gemelli Kaczynski arrivò al 12,7. Alle politiche del 2005 i gemelli erano arrivati al 27, riducendo la Lega all’8. E nel 2007 erano saliti al 32,11, ulteriormente asciugando la Lega all’1,3. Adesso i sondaggi li danno tra il 17 e il 25. A parte Libertas, una parte del voto da loro perso dovrebbe andare al partito di protesta contadina Autodifesa della Repubblica di Polonia, che dall’1,53% delle politiche arriverebbe all’11. Come i socialisti olandesi, quello è però un partito che utilizza tematiche di estrema destra all’interno di un discorso soprattutto di estrema sinistra. Nella Repubblica Ceca soffre della concorrenza di Libertas il Partito Democratico Ceco del presidente Václav Klaus: una formazione piuttosto assimilabile ai conservatori britannici, ma un bel po’ più euroscettici. Dal 30% delle scorse Europee, adesso starebbe al 20.
I Veri Finlandesi
Un dato clamoroso è quello del Partito Pirata, che in Svezia arriverebbe terzo col 7,9% dei voti, dallo 0,6% delle politiche. Ma la sua è una battaglia molto settoriale: libertà di scaricare da Internet e privacy assoluta per gli internauti sono i due punti che in pratica esauriscono tutto il suo programma. Sempre in Scandinavia, prenderebbe più del doppio rispetto al 2004 il Partito del Popolo, formazione più o meno assimilabile a quella di Haider in Austria, meno i sospetti di neo-nazismo: dal 6,8 al 15%. Meno impressionante è però la progressione rispetto alle politiche del 2007, dove stava già al 13,8. Col 5% delle intenzioni di voto, anche nella delegazione finlandese dovrebbe fare la sua comparsa una lista di protesta di destra: i Perussuomalaiset, “Veri Finlandesi”, eredi di una Lega Rurale che peraltro in passato partecipò pure al governo. Anche qui il dato è però in linea tra il 4,1 alle politiche del 2007 e il 5,4% alle amministrative del 2008.
Appare un po’ in ribasso il partito nazionalista fiammingo Vlaams Belang in Belgio: dal 14 al 12%. E anche il Fronte Nazionale in Francia: dal 9,81 al 7. Nel primo caso, per il modo in cui i democristiani fiamminghi hanno fatto proprie le istanze locali in modo sempre più aggressivo. Nel secondo caso, per la presenza di forti liste di protesta anti-Sarkozy e anti-socialisti sia a sinistra, col Nuovo Partito Anticapitalista del postino Olivier Besancenot al 6%; sia al centro, col MoDem di François Bayrou al 14%. In fortissima ripresa invece rispetto al 2004 la destra austriaca: con l’Fpö di Heinz-Christian Strache che dal 6,31% arriva al 15 e la Bzö degli eredi di Haider al 5. È invece giù rispetto alle ultime politiche, dove l’Fpö aveva passato il 17 e la Bzö il 10. Ma in Austria alle Europee c’è la lista di protesta dell’ex-socialdemocratico Hans-Peter Martin, che nel 2004 prese il 14% ed ora dovrebbe bissarlo.
Lo Jobbik ungherese
In lieve ascesa la destra nazionalista del Partito Nazionale Sloveno: dal 5% del 2004 al 6, comunque insufficiente ad avere un eletto. Col 10% dovrebbe invece entrare al Parlamento Europeo il Partito Nazionale Slovacco, anche se sta un po’ sotto rispetto al dato delle politiche. E sul 10% sono anche altre tre formazioni di destra dura: il Movimento per una Migliore Ungheria (Jobbik), che alle politiche del 2006 aveva avuto appena lo 0,01%; la bulgara Unione Nazionale Attacco (Ataka), che già aveva un eurodeputato e che alle politiche stava sull’8%; e il Partito della Grande Romania, che dopo i 5 eletti delle scorse europee alle politiche era rimasto fuori dal Parlamento, ma che ora dovrebbe riportare due eletti. Tra di loro, forse, il miliardario e presidente dello Steaua Gigi Becali: in passato nemico del leader del partito Corneliu Vadim Tudor, ma che ora lo stesso Tudor ha candidato per liberarlo dal carcere dove è rinchiuso dopo un raid di sue guardie del corpo contro ladri di auto.
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samedi, 06 juin 2009
"Deutschland wurde nie richtig souverän"
„Deutschland wurde nie richtig souverän“
Staatsrechtler Karl Albrecht Schachtschneider über die internationale Stellung der Bundesrepublik und warum die Parteien und der „Kampf gegen rechts“ gegen das Grundgesetz verstoßen
Ex: http://www.zurzeit.at
Das Grundgesetz ist ein Provisorium, das nun schon seit 60 Jahren besteht. Wie lebt es sich damit?
Karl Albrecht Schachtschneider: Mit dem Grundgesetz würde es sich gut leben lassen, und ich halte es für eine gute Verfassung. Am Anfang waren die Grundprinzipien des Rechts – also Freiheit, Gleichheit, Brüderlichkeit, Demokratie – gut verwirklicht. Aber seit den späten 60er Jahren stimmt unsere Verfassungswirklichkeit zunehmend weniger mit dem Grundgesetz überein, ja man kann sagen, daß das Grundgesetz gegenwärtig eigentlich bedeutungslos geworden ist.
Und was ist der Grund dafür?
Schachtschneider: Der Grund ist natürlich die Integration in die Europäische Union. Denn ein erklärtes Ziel der ganzen europäischen Integration war ja immer die Einbindung Deutschlands, weil die Mächtigen dieser Welt nie bereit waren, Deutschland eigenständig werden zu lassen.
Wirklich souverän ist Deutschland nie geworden, trotz des Deutschlandvertrages 1955 und auch nicht durch den 2+4-Vertrag 1990. Das zeigt sich schon daran, daß Deutschland sich nicht eigenständig militärisch entfalten kann, also z. B. gar nicht in der Lage wäre, sich zu verteidigen, es kann sich nicht so bewaffnen, wie gegebenenfalls Angreifer bewaffnet wären, und ein solches Land ist nicht wirklich eigenständig souverän. Aber die Europäische Integration diente ganz entschieden auch der Einbindung Deutschlands, weil man auch ohne Deutschland schlecht Europa beherrschen kann und ohne Europa schlecht Eurasien und ohne Eurasien schlecht die Welt.
Ohne die Zustimmung der Westmächte gäbe es das Grundgesetz nicht und damit keine Bundesrepublik wie wir sie heute kennen. Ist die Bundesrepublik, provokant formuliert, so ein Projekt der Sieger des Zweiten Weltkrieges?
Schachtschneider: Das ist sie zumindest auch. Aber man darf auch nicht übersehen, daß sehr viele kulturelle Elemente Deutschlands da eingeflossen sind. Der Text wäre höchstwahrscheinlich nicht viel anders gewesen, wenn die Alliierten keinen Einfluß genommen hätten. Die hatten die Besatzungsmacht und die Hoheit, aber die deutschen Parlamentarier, also der Parlamentarische Rat, haben großen Einfluß gehabt und den Alliierten viel abgerungen, insbesondere Carlo Schmid, der wesentliche Aspekte formuliert hat. Daher würde ich sagen, daß nach dem Zusammenbruch des Deutschen Reichs das Grundgesetz eine Fortsetzung der nie in Kraft getretenen Verfassung von 1849 und auch der Weimarer Reichsverfassung ist und in der Kontinuität deutscher Verfassungsgeschichte steht und keine oktroyierte Verfassung ist. Wenn man z. B. die Definition der Freiheit nimmt, dann wird sie mit dem Sittengesetz definiert uns ist nun mal reiner Kantianismus und sehr deutsch. Und der Föderalismus ist amerikanisch, aber auch deutsch und auch österreichisch.
In der Charta der Vereinigten Nationen gibt es noch immer die Feindstaatenklausel. Ist Deutschland eigentlich ein Mitglied zweiter Klasse der internationalen Gemeinschaft?
Schachtschneider: Ja, allemal! Solange die Feindstaatenklausel in der Charta der Vereinten Nationen steht, ist Deutschland kein voll akzeptiertes Mitglied.
Und was sind die Folgen?
Schachtschneider: Die Folgen sind sicherlich die schon angedeutete Politik, daß man eben darauf achtet, daß Deutschland militärisch nicht eigenständig ist, weil Deutschland als Problem empfunden wird. Ich denke, daß im Ernstfall auf Deutschland, falls es die Einbindung in die europäische Integration aufkündigen würde, ein ganz erheblicher Druck, auch von den Vereinigten Staaten ausgeübt werden würde. Und sollte Deutschland bei dieser Politik bleiben, dann bestünde die Gefahr militärischer Maßnahmen. Also ist Deutschland zu dieser Politik gezwungen und kann nicht Mitglied des Sicherheitsrates mit vollem Stimmrecht sein und vieles andere mehr.
Aber dafür darf Deutschland zahlen.
Schachtschneider: Zahlen darf man immer! Das ist ganz klar. Deutschland muß sich immer das Wohlwollen erkaufen und leider ist die deutsche Öffentlichkeit da auch wenig informiert und auch nicht so wirklich interessiert. Das ist durch einen erheblichen Wohlstand ermöglicht worden und ich höre und hörte immer wieder den Satz: „Wenn es uns doch gut geht, wen interessieren die politischen Ereignisse“.
In Österreich wird immer kritisiert, daß die Demokratie von einem Parteienstaat überdeckt und geschwächt wird. Trifft dieser Befund auch auf die Bundesrepublik zu?
Schachtschneider: Uneingeschränkt! Also ich halte den Parteienstaat, so wie wir ihn haben, für eine Fehlentwicklung der Demokratie und eine Verfallserscheinung der Republik im alten aristotelischen Sinne. Wären die Parteien anders strukturiert, nämlich freiheitlich, dann wäre das in Ordnung. Es wird immer Parteien geben, sie aber zu einem Strukturelement des politischen Systems zu machen, wie es von der Gesetzgebung mit Förderung durch das Bundesverfassungsgericht geschehen ist, widerspricht dem Grundgesetz, wonach die Parteien bei der Willensbildung mitwirken. Das Problem ist, daß die Parteien innerlich nicht offen, sondern festgefügt sind. Offene Mitgliedschaften und innere Demokratie sind nicht durchgesetzt worden, und statt dessen wurden – auch vom Bundesverfassungsgericht – Führung, Geschlossenheit und Gefolgschaft zu Strukturprinzipien der Parteien erklärt.
Und damit wären eigentlich die Parteien grundgesetzwidrig …
Schachtschneider: Ich halte es für grundgesetzwidrig. Denn im Grundgesetz steht, die innere Ordnung der Parteien muß demokratischen Grundsätzen entsprechen. Das tun sie aber nicht, denn demokratische Grundsätze bedeuten nicht nur, daß die Funktionäre gewählt werden, sondern zur Demokratie gehört auch, daß demokratische Grundsätze gelebt werden, etwa das Recht der freien Rede. Dieses Recht der freien Rede hat man aber nicht in der Partei, und es gibt auch keinen Rechtsschutz. Die Parteigerichtsbarkeit geht in Deutschland über drei Instanzen und erst danach können Sie mit sehr geringen Rechtsschutzmaßstäben zu ordentlichen Gerichten gehen. Also haben sie praktisch keinen Rechtsschutz in den Parteien den wichtigsten politischen Institutionen.
Im politischen Leben der Bundesrepublik spielt der sogenannte „Kampf gegen Rechts“ eine große Rolle. Inwieweit ist dieser eigentlich mit dem Grundgesetz vereinbar?
Schachtschneider: Überhaupt nicht! Es ist unfaßbar, daß sich das in dieser Formulierung etablieren konnte. Daß extremistische Parteien, wenn sie die verfassungsmäßige Ordnung der Bundesrepublik Deutschland oder die öffentliche Ordnung gefährden, zurückgedrängt werden, steht im Grundgesetz und dafür gibt es ein Verfahren. Aber wie schwer sich das Bundesverfassungsgericht bei Verbotsverfahren tut, zeigte sich bei der NPD. Aus guten Gründen hat das Bundesverfassungsgericht den Verbotsantrag abgelehnt, weil Äußerungen nicht der NPD, sondern dem Verfassungsschutz zugeordnet werden mußten. Und auch die Medien spielen eine unheilvolle Rolle: Anstatt die freie Rede und das freie Wort zu pflegen, gibt es wieder diesen für Deutschland typischen Moralismus – und Moralismus ist genau das Gegenteil von Moral. Also das ist Robespierrescher Tugendterror, natürlich sind die Terrormaßnahmen nicht ganz so schlimm, aber man wird öffentlich ruiniert, und der Druck ist ganz enorm. Ich erfahre es ja selbst, daß einem vorgeschrieben wird, wo man reden darf und wo nicht. Aber ich nehme darauf keine Rücksicht, denn ich habe einfach die innere Einstellung, mir nicht von irgendwelchen Zeitungen vorschreiben zu lassen, mit wem ich reden darf.
Das Gespräch führte Bernhard Tomaschitz.
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vendredi, 05 juin 2009
L'Afrique malade de ses hommes politiques
« L'Afrique malade de ses hommes politiques »
Robert Dussey, Ddocteur en philosophie politique, propose une analyse de la situation politique et économique du continent africain qu’il voudrait dégagée de tout préjugé. Comme le titre de son ouvrage pourrait le laisser penser, l’étude entreprise devrait porter sur l’élite politique africaine et les travers de cette société qui portent une large responsabilité dans les difficultés et retards que connaît ce continent.
D’emblée l’auteur fait preuve de lucidité en reconnaissant que la reconstruction de l’Afrique sera longue, aléatoire et difficile, résultant de l’instauration d’un Etat de droit et d’institutions démocratiques. Pour être durable, elle doit être avant tout assumée par les Africains eux-mêmes et sortir de la marginalité qui la caractérise. Les conditions déterminantes restant la paix, facteur de stabilité, et l’intégrité de dirigeants soucieux de servir. Cette approche nouvelle et courageuse ne résiste toutefois guère aux stéréotypes et glisse très vite vers la mise en accusation de l’Occident. Si l’irresponsabilité des hommes politiques y est dénoncée, le lecteur comprend également que les intellectuels, à l’instar de l’auteur, ne parviennent pas à pousser suffisamment l’analyse pour se contenter de trouver des boucs émissaires faciles et complaisants, à savoir les ex-puissances coloniales. On y revient toujours sans pour autant faire avancer la réflexion ni vraiment contribuer à sortir l’Afrique des ses retards et de sa marginalité.
A défaut de traiter un sujet de grand intérêt, cet écrit a le mérite d’illustrer les travers de la vision conformiste portée sur l’Afrique depuis plus de quarante ans.
L’Afrique : une souveraineté au rabais
Après avoir une nouvelle fois constaté que la guerre, l’instabilité et la dégradation des conditions économiques et sociales ont marqué depuis les indépendances une constante dans ces pays, on retrouve l’habituelle accusation à l’égard des anciennes puissances coloniales qui ont sauvegardé leurs intérêts stratégiques en accordant aux africains une souveraineté au rabais. Les conflits qui ont redoublés depuis la fin de la guerre froide sont bien entendu l’héritage du colonialisme et des actions agressives de l’Occident qui gênent la progression des pays africains dans la voie de l’indépendance politique et du renouveau économique et social.
L’auteur cherche les raisons de la volonté de domination de l’Occident et s’attaque à la pensée hégélienne. Pour celle-ci, la raison gouvernant le monde, « le monde de l’Esprit » domine les sociétés. Ce monde est celui de la culture qui s’oppose à l’état de nature. L’Afrique, proche de l’état de nature, ne fait pas partie du « monde de l’Esprit » et se situe de ce fait hors du champ de l’Histoire. L’auteur nous affirme même que pour les hégéliens, parce que la Grèce est la terre natale de la pensée occidentale, toute pensée qui ne viendrait pas de l’Occident serait considérée comme fausse et serait donc à l’origine de son complexe de supériorité, de son mépris pour l’Afrique et de sa méconnaissance de l’histoire africaine.
Si l’Occident, comme toute grande civilisation, a pu avoir un complexe de supériorité il est inexacte de prétendre qu’il considère toute autre pensée comme fausse. Dès le Moyen-âge celui-ci s’est penché sur les différentes pensées originaires d’Orient ou même d’Extrême-Orient ; la réciproque n’étant pas toujours vraie. Par ailleurs, ce n’est pas en prétendant que l’Afrique aurait assumé le premier rôle civilisateur du monde, et donc en cherchant stupidement à renverser ce complexe de supériorité, que l’auteur fera avancer la réflexion. Affirmer derechef que les Africains auraient perdu leur dynamisme à cause de la brutalité de la colonisation et qu’ils seraient traumatiser en raison de la domination axée sur la force des armes modernes est une excuse plus que surannée. Ce n’est pas en ayant recours à ce type de raisonnement que l’élite intellectuelle africaine va aider ses peuples. Rappelons que les peuples d’Asie ont eux aussi connu la colonisation avec les mêmes moyens et qu’ils ne manquent pas pour autant de dynamisme, ni ne passe leur temps à expliquer leurs échecs comme étant la conséquence d’une colonisation qu’une majorité d’entre eux n’a jamais connue. On peut d’ailleurs se demander à juste titre si cela ne serait pas dû au haut degré de civilisation auquel étaient parvenus les peuples d’Asie avant leur colonisation par les puissances occidentales. Et que dire de l’Occident lui-même qui a subit deux conflits successifs d’une violence sans égale par ailleurs et qui a su retrouver les ressources et le dynamisme nécessaires pour se reconstruire.
De plus, établir naïvement une différence entre ceux qui prennent sans rien donner, les Occidentaux, et ceux qui comme les Chinois et les Soviétiques concevraient la coopération en termes d’échange et d’intérêts réciproques est une preuve supplémentaire d’un acharnement contre l’Occident.
L’Afrique est certainement soumise à des influences et des tentatives de domination comme le sont tous les autres peuples. Est-il nécessaire de répéter qu’il n’y a qu’une lutte de tous contre tous et que la puissance de certaines n’est que le résultat de leur propre capacité et de leur volonté ? Les jeux d’influence ont toujours existé et existeront toujours.
L’Afrique : héritage d’autoritarisme légué par l’administration coloniale.
Affirmer encore, comme le fait Robert Dussey, que la situation dans laquelle se trouve l’Afrique est le résultat d’un appauvrissement systématique qui a été rigoureusement planifié dans le cadre de la domination capitaliste relève là encore d’un discours formaté, séquelle de la propagande des années 70.
La conjonction de l’attitude des impérialistes et de la gestion déprédatrice des élites dirigeantes africaines aurait, selon lui, une influence négative sur l’attitude des populations à l’égard du travail. Le sujet mériterait d’être approfondi et répondrait parfaitement à l’objet du livre mais encore une fois ce n’est pas ce que fait l’auteur. Il se contente de renchérir en avançant que les sources de l’autoritarisme ne tiennent pas de la tradition africaine, mais sont bien évidemment une résultante de l’intrusion européenne. Si l’Etat en Afrique fonctionne la plupart du temps sur la mode prébendier et parasitaire c’est là encore une conséquence de l’Etat colonial qui a joué un rôle par l’intermédiaire des élites mise en place. Ainsi, les relations difficiles qui existent entre l’Etat et la société devraient beaucoup à l’héritage d’autoritarisme légué par l’administration coloniale.
A ceci s’ajoute le clientélisme qui étouffe toute velléité démocratique. Ce clientélisme est essentiellement ethnique et est considéré par certains gouvernants comme une variable incontournable de l’espace politique africain. Cela ne faisant qu’amplifier les innombrables tensions sociales, la concurrence économique y est également étouffée et maintient donc un état de pauvreté ne laissant comme seule alternative de se tourner vers la communauté internationale.
Inutile de préciser que ces bailleurs de fonds sont les Etats honnis de l’Occident. Ceux-ci finissant par s’opposer à ces pratiques et à promouvoir la démocratie dans le seul but de protéger leurs intérêts.
L’auteur admet cependant qu’à tous les niveaux de la vie sociale, politique et économique le sentiment tribaliste prime sur le sentiment national. Ce caractère constitutif se retrouve pratiquement dans l’ensemble des pays africains. Il n’est pas le seul. D’un point de vue social et culturel, on y retrouve des situations désuètes, un niveau général d’instruction extrêmement faible, une sous-administration, un état sanitaire défectueux, une croissance démographique galopante et le transfert de certains profits en Occident au lieu de les réinvestir. En outre, toujours selon lui, les responsables politiques africains ayant un niveau intellectuel indispensable pour assumer la tâche du redressement sont peu nombreux. A l’échelle du continent même, les africains sont incapables de s’entendre pour former une véritable Union africaine. Pour lui, sur presque tous les points les pays africains sont en retard. l’Organisation de l’unité africaine a échoué.
Echec de l’Organisation de l’unité africaine et de l’Union africaine.
Non seulement l’OUA a échoué mais la nouvelle Union africaine déçoit déjà. Elle ne parvient pas à créer les conditions d’une véritable unité politique, économique et culturelle. Il n’existe toujours pas de véritable coopération technique, politique, économique et culturelle entre Etats. L’Union africaine reste prisonnière d’une majorité d’Etats non-démocratiques.
En l’an 2000, environ 75.1% d’entre eux vivaient en dessous du seuil de pauvreté et 60.3% dans une extrême pauvreté. Les Etats discrédités tendent à se retirer de la sphère sociale et les dépenses publiques ne cessent de diminuer. Leurs dirigeants n’ont pas eu de vision économique stratégique ou prospective. La discussion se focalise sur la variable politique comme s’il s’agissait de la seule dimension. De 1965 à 1985, puis de 1985 à 2003, la croissance annuelle du PNB africain par tête n’a été en moyenne que de 2%. La production alimentaire n’a pas suivi la croissance démographique.
Cet échec économique trouverait son origine dans l’attitude des élites africaines à l’égard du colonialisme considéré comme « mauvais » et à travers lui du libéralisme. Par rejet de ce dernier ces élites se sont tournées vers l’économie planifiée où l’Etat s’est doté d’importants pouvoirs économiques qui se sont progressivement concentrés entre les mains d’un seul. Mauvaises orientations et restrictions ont miné ces économies alors qu’en parallèle les dépenses militaires connaissaient une forte augmentation.
Une telle situation de faiblesse a mis le continent à la merci des grandes sociétés étrangères qui aujourd’hui le dominent et l’exploitent. L’auteur va même jusqu’à affirmer que les guerres étant un facteur efficace de déstabilisation, toute une politique de création de conflits permanents a été élaborée par les ennemis de l’Afrique en vue de l’affaiblir encore. L’Afrique serait devenue un champ de bataille pour les compagnies occidentales souvent soutenues par leurs états respectifs. Ce point, pertinent, mériterait d’être développé et illustré, même si cela doit être fait avec précaution. C’est d’ailleurs sur de tels points que l’auteur devrait mettre l’emphase mais malheureusement le lecteur reste sur sa fin. Plutôt que de ratiociner sur le colonialisme, une analyse claire et sans parti pris sur la situation actuelle apporterait plus et permettrait d’identifier les acteurs de ces manipulations et leurs complices locaux. Cela n’est certes pas chose facile et sans doute sans danger mais éviterait de s’égarer dans des réflexions dépassées qui détournent des vrais enjeux actuels.
Corruption et inaptitude
Reconnaissons cependant la dénonciation que fait Robert Dussey du coût économique de la corruption et de l’inaptitude de plus de la moitié des hommes politiques africains à gouverner. Ceux-ci sont incapables de fournir les biens collectifs essentiels ni d’imposer la primauté du droit ou d’assurer la sécurité. Cet abandon - ou hélas cette volonté de ne rien faire pour améliorer la situation – a généré une irresponsabilité collective qui se manifeste par la privatisation par chacun de la parcelle d’Etat dont il dispose, sans respect du bien commun. Une complicité plus ou moins mafieuse finissant par s’établir entre les dirigeants politiques et les opérateurs économiques.
La conséquence de tout cela est que l’Afrique a perdu de son importance économique. La communauté internationale, par le biais d’organismes comme la Banque mondiale ou le Front monétaire international, est devenue plus interventionniste tant sur le plan économique que budgétaire. L’endettement est chronique – sa dette extérieure a triplée de 1980 à 2000 - et l’Afrique ne parvient pas à s’adapter au marché mondial. La part de l’Afrique dans le marché mondial ne cesse d’ailleurs de décroitre, passant de 4.5% dans les années soixante à 2% actuellement. Ce qui relativise les affirmations de l’auteur sur l’obsession de domination économique de l’Occident.
Les raisons de ce recul seraient l’application des accords du cycle de l’Uruguay qui font perdre à L’Afrique noire son statue privilégié sur le marché européen et accélèrent son exclusion définitive. A la différence de la majorité des autres pays de Tiers-Monde, L’Afrique n’a pas modifié la structure de ses exportations, elle a perdu en compétitivité. La chute de ses exportations s’est accompagnée d’une baisse de 50% des importations par tête. L’Afrique représentait 2.4% des exportations mondiales en 1970, 1.7% en 1986 et seulement 1% en 2004. Elle est désormais directement concurrencée par les autres pays en voie de développement, notamment les pays asiatiques. Les investissements directs étrangers ont représenté entre 1990 et 2000 1% du total des investissements contre 40% pour l’Asie.
C’est donc plus d’un désintérêt croissant de la part de l’Occident que devraient s’inquiéter les intellectuels Africains. Et si l’Aide publique au développement (APD) apparait pour eux comme une mise sous tutelle qui déresponsabilise les africains la cause ne teint-elle pas plus à l’Afrique elle-même plutôt qu’à la volonté de domination de puissances tiers?
L’Afrique aurait, toujours selon l’auteur, une masse critique de chercheurs et de praticiens de tous niveaux qui serait détournée au profit de l’étranger. Là encore, ne renverse-t-on pas la logique des faits ? Ne serait-ce pas ces chercheurs et praticiens qui fuient l’Afrique vers des pays étrangers qui ont déjà des difficultés pour fournir des emplois décents à leurs propres élites? Ce n’est certainement pas l’Occident qui arrache les chercheurs et praticiens africains à leurs continents mais biens ceux-ci qui veulent s’y installer alors qu’il n’y a pas de véritable demande les concernant. C’est sur ces points importants que l’on était en droit d’attendre une réflexion approfondie de la part de Robert Dussey. Les élites politiques ne sont pas les seuls à porter la responsabilité du naufrage de leur continent. Les intellectuels africains portent dans leur ensemble une part de responsabilité dans la situation actuelle. Ne nions pas les influences extérieures qui s’exercent à son encontre, comme sur tous les continents, mais puisque Robert Dussey évoque les pays asiatiques à plusieurs reprises, une analyse comparative sur leur évolution depuis la fin du colonialisme serait la bienvenue. Certes, comparaison n’est pas raison, mais une telle démarche permettrait sans aucun doute d’identifier les facteurs qui ont conduit l’Afrique vers sa marginalisation.
Admettons le en toute honnêteté, ce livre est décevant et n’apporte rien de fondamentalement nouveau sur le sujet. On y trouve certes quelques chiffres utiles mais non la réflexion pertinente ni l’approche nouvelle que pouvait laisser entrevoir le titre. L’auteur, à travers sa mise en accusation répétée de l’Occident, illustre parfaitement cette irresponsabilité des intellectuels qui cherchent plus des boucs émissaires qu’à identifier froidement les raisons de leurs échecs. Dénoncer le prétendu complexe de supériorité de l’Occident n’exonère pas du comportement indigent de l’élite africaine. L’incapacité de certains hommes politiques africains à diriger leur Etat est trop souvent une incitation à l’interventionnisme. C’est l’assistanat qui est à la source de cet interventionnisme. Comment ne pas se substituer à ces acteurs ineptes alors que les moyens financiers mis à disposition ne sont pas les leurs ? Ne pas intervenir serait pire et équivaudrait à non assistance à continent en faillite.
Bruno Odier
22/05/09
Polémia
25/05/09
Docteur en philosophie politique, Robert Dussey est universitaire : il enseigne à l'université de Lomé et à l'ENA du Togo, notamment sur les questions de paix, de gestion et de résolution des conflits. Il est actuellement conseiller diplomatique du Président de la République du Togo.
Robert Dussey, L'Afrique malade de ses hommes politiques : Inconscience, irresponsabilité, ignorance ou innocence ?, Picollec, 2008, 252p.
00:35 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : afrique, affaires africaines, politique, tiers-monde, politique internationale, corruption | |
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vendredi, 29 mai 2009
De terugkeer van de Natiestaat als Alternatief voor de Globalisering
De Terugkeer van de Natiestaat als Alternatief voor de Globalisering
Europa valt tegenwoordig niet meer weg te slaan uit de actualiteit. Factoren zoals de economische en financiële crisis, het Verdrag van Lissabon en eurodolle politici hebben de EU tot het actueel brandpunt gemaakt. Daarom is het ook hoogste tijd over onze positie (en dus onze toekomst) tegenover de EU na te denken. In alle eerlijkheid, mijn persoonlijke visie op Europa (en nationalisme in het algemeen) heb ik nogal moeten herzien het afgelopen jaar, de huidige economische crisis heeft dan ook een grote rol in het openen van mijn ogen gespeeld. We zullen immers moeten erkennen dat Europa het project geworden is van het volksvreemd internationaal kapitalisme, dat hiermee niets minder wil dan de weg naar de mondiale globalisering voorbereiden.
Voor nationalisten valt de rol die aan Europa wordt toegekend op te delen in vier stromingen. Interessant deze eerst eens te overlopen.
Europees nationalisme Een eerste stroming is die van het Groot-Europa van Jean-François Thiriart, het Imperium van Francis Parker Yockey. Hier zou Europa unitair staan, alle natiestaten en volkeren dienden op te gaan in een nieuwe eenheid. Dit idee was in de jaren ’50 door de voormannen van de post-WO II jaren naar voren geschoven, waaronder Herr Adolf von Thadden en Sir Oswald Mosley. Het ambitieus project van een Europees volk, een extensie van het patriottisme door synthese van alle onderlinge volkeren gecombineerd met puur objectieve geostrategie, is echter nooit uit de diaspora geraakt. Enkel zij die zich diep genoeg in de geopolitiek schoolden (een minderheid) konden zich herin vinden en het heeft dan ook weinig impact buiten het intellectueel terrein gemaakt.
Regionalisme Tweede stroming, het ‘Europa der volkeren’, dat van de 100 vlaggen. Deze these kent binnen de Vlaamse beweging (en soortgelijken) veel populariteit. Tot nog toe is er echter nog niemand geweest die hier een concrete visie aan heeft kunnen hangen EN dit ook heeft volgehouden. Nieuw-Rechts heeft afgedaan, Guillaume Faye telt niet meer sinds zijn meest recente evoluties, en op Alain de Benoist zijn geopolitieke avonturen ga ik niet eens in. Daarbij moet men er bewust van zijn dat het ontbreekt aan elke serieuze poging tot socio-economische verantwoording voor dit Europa. De enigen die dit wel kunnen verdedigen vanuit een dergelijke analyse zijn ironisch genoeg net de neoliberalen zelf, denken we maar aan het Warandemanifest en de ‘Vlaamse reflex’ van Lijst Dedecker. Hier later meer over.
Westen Derde naar voren geschoven ‘alternatief’, dat van de atlantisten, de as Washington-Londen-Tel Aviv. Hier maak ik echter niet veel woorden aan vuil, behalve te wijzen op de transatlantische resoluties van de EU van 5 januari 2005, die de EU de facto net zo afhankelijk van de VSA zal houden als sinds ’45 de trend is. Sowieso is dit een visie die Europa niet centraal stelt maar de belangen van het Westen wil verdedigen. De afgelopen decennia zouden moeten hebben aangetoond wat het Westen voor Europa heeft betekend. Doorgaan betekent Europa definitief ten onder laten gaan.
Gaullisme Ten slotte, Europa als derde macht beschouwen, de gaullistische visie. Dit is in haar destijds vastgelegde vorm echter voorbijgestreefd. De Gaulle, die in volle Koude oorlog zeer militaristisch dacht, zal vandaag ook moeten erkennen dat we niet meer die luxe kunnen veroorloven en de bipolaire wereld allang niet meer geldt zoals destijds het geval was. Zij die het toch nog aanhangen in een verhuidigde vorm zijn bovendien altijd collaborateurs van de particratie geweest, denken we aan de gaullisten binnen de UMP van Sarkozy. Als enige voordeel kunnen we hier wel stellen dat deze gaullisten tenminste de grootste anti-Europese stroming vormen op dit moment.
Paradoxaal genoeg wordt dit overigens toch nog vaak aangehangen door zij die zich juist tegen de natiestaat uitspreken maar het ‘Europa der volkeren’ te weinig ambitieus vinden. Deze mensen kunnen zich enkel voortdurend tegenspreken, de visie van de Gaulle was er immers een van een verbond van natiestaten, sterk en bekwaam genoeg om ook onderling onafhankelijk te kunnen staan. Gaullistische volksnationalisten moeten toch eens uitleggen hoe ze hier een Vlaanderen van 6 miljoen situeren.
Met dit artikel zal een poging gedaan worden tot serieuze analyse van bovenstaande opties in het licht van de Europese globalisering. Het zal in deze context zijn dat een modern nationalisme haar weg moet zoeken en het zal dus dringend een realistische en actuele oplossing moeten kiezen. Dat in het licht van de huidige crisis ook de Vlaams-nationalisten socio-economisch willen gaan denken is zeer mooi en inderdaad levensnoodzakelijk, willen ze een toekomst hebben. Maar wie het spel mee wil spelen moet ook consequent blijven en niet schrikken als de puzzelstukken plots anders dan gedacht vallen. Voor romantische spielerei is geen plaats meer. Het is dan ook mijn hoop dat de controverse welke ik met dit artikel ongetwijfeld zal scheppen niet op hysterie zal botsen, maar een hoognodig debat op gang brengt, een waarin ook onderstaande overwegingen worden meegerekend. De wereld is aan het globaliseren, hoogste tijd om dit te erkennen en onze plaats op te eisen, voor het te laat is.
Groot-Europa gekaapt
Kijken we nog eens terug naar de eerste optie. Inderdaad, dit is globalisering, dit is het laten opgaan van de volkeren in een groot nieuw volk. Thiriart & co bedoelden het goed natuurlijk en men kan ook vandaag van een actuele geldigheid spreken gezien de Europese volkeren (vooral in West-Europa) voor een groot deel verdwenen zijn door verwestersing, decadentie, complexen… Probleem is dat zij die dit vandaag aanhangen geen objectieve bezwaren kunnen opperen tegen de EU haar expansiedrang, haar munt, haar grenzenvervaging… De kritische intellectuelen die het nog altijd aanhangen klagen deze feiten wel aan, maar zijn danig in het defensief gedrongen dat ze geen enkel concreet en werkbaar alternatief tegenover de neoliberale evolutie meer kunnen stellen.
Deze optie heeft nooit een brede aanhang gekend en nu in de 21ste eeuw zal ze de nood aan heroriëntering moeten erkennen. Het is immers precies dit Groot-Europa wat de internationalistische kapitalisten hopen te verwezenlijken in hun eigen optiek. Ze hebben het project van de Europese nationalisten gekaapt. Bedoeling was dat sinds de jaren ’50 de wakkere Europeanen elkander gingen opzoeken voor het avant-gardistisch project van een gezamenlijk Europees Rijk met grote ‘R’. In de plaats hebben de liberale globaliseerders dit project nu over genomen in het voordeel van de culturele nivellering en in het nadeel van de natiestaat. De strijd van Thiriart (die van geopolitieke versterking door de Europese natiestaat) naast deze van de EU uitspelen (die van geopolitieke vernietiging door Europese globalisering), is verwrongen logica en sowieso een gevaarlijke mentaliteit. Voor men het beseft zal men immers uitgegroeid zijn tot de nuttige idioten van de EU.
Dit is de kern van de problematiek, samengevat in de volgende these: de strijd van de EU volgen, maar tegelijk beweren deze anders in te willen vullen, is geen realistische oppositie. Men zal hopen ergens onderweg het roer over te kunnen nemen, maar wat garandeert dit en waarom zou het Groot-Europees nationalisme aantrekkelijk genoeg zijn voor de huidig Groot-Europese liberaal globalisering op eender welk moment te doorbreken? Wat voor een antwoord kunnen Europese nationalisten geven op de oorzaken van de crisis? Wat voor alternatief kan geponeerd worden tegenover het ondemocratisch Europees parlement? Daarmee niet gesteld dat het Groot-Europa onmogelijk is, maar het biedt geen enkele mogelijkheid tot duidelijke oppositie wanneer de vijand het zelf hanteert.
Ten slotte, het deel van de aanhangers van deze stroming die in een Europa o.l.v. Rusland een geactualiseerde versie zien zullen slechts op dezelfde problematiek botsen als andere Europese nationalisten. Zulke theoretische avonturen spreekt niemand aan, zelfs de Russen niet.
Het Europees nationalisme is voor velen nog altijd een ver-van-ons-bed-show. Gelukkig maar misschien, of de EU zou ten onrechte nog veel populairder zijn. Wat er van deze beweging bestaat (zoals VoxNR) doet nog altijd goed werk op intellectueel vlak, maar om te vermijden dat ze tot nuttige idioten van de euroglobalisering uitgroeien kunnen ze het beter bij hun boeken en websteks houden.
Nuttige idioten
Gevaarlijker dan het Europees nationalisme, en nu ga ik een zeer zware uitspraak doen, is het regionalisme (incl. separatisme), dat van het Europa van 100 vlaggen. Zo’n stelling choqueert, maar het is noodzakelijk deze ballon te doorprikken in het licht van de EU-leviathan, hieronder zal duidelijk worden waarom.
Zoals gesteld, dit wordt óók enthousiast aangehangen door een deel van de globaliseerders zelf (zelfs Open VLD heeft de ‘V’ van ‘Vlaams’). Hun motivatie ontspringt echter niet uit een romantisch volksgevoel, de lokale gebruiken, producten en talen. Hun motieven zijn zeker niet die van bijvoorbeeld flaminganten! Neen, het zou overduidelijk moeten zijn dat deze ‘regionalisten’ het uiteenvallen van de natiestaten nastreven en daarmee dus met al haar instellingen die de volkeren binnen de natiestaat op dit moment beschermen. Het is de natiestaat die op dit moment de groei van de EU tegenhoudt, niet de ‘bedreiging’ van een ‘onafhankelijk’ Vlaanderen. Stel je even voor dat de republiek Vlaanderen straks opgericht wordt door een eurodolle Open VLD tezamen met een ultraliberale LDD, aangevuld met een N-VA die het allemaal niet zo goed weet. Wat zal er dan in onze grondwet komen (als die er dan überhaupt van komt)? En hoeveel van de huidige nationale instellingen zullen dan wel niet naar Europees niveau worden overgeheveld? Separatisme is niet voor niets het stokpaardje van anarcho-kapitalisten zoals Hans-Herman Hoppe geworden (die overigens niet toevallig enkele jaren geleden door het Vlaams Belang werd uitgenodigd).
Nog een groter probleem, en dit is veel doordringender omdat het bij de oprechte regionalisten zelf ligt, ze hebben een voor de EU onschuldige perceptie van de geschiedenis. Niet de strijd tussen klassen telt, maar die tussen volkeren is wat de wereld doet draaien. Ik herinner me hoe Bert Schoofs (kamerlid VB) in een debat over de economische crisis (oktober 2008, UHasselt) behoorlijk gewaagde uitspraken deed over de bankiers. Welke bankiers? De Franse, franskiljonse en Waalse natuurlijk. En dus zien we over het hoofd dat heel de bancaire wereld uit een internationale volksvreemde klasse bestaat, of deze bank nu de Franse Dexia dan wel Vlaamse KBC is doet er niet toe. En dus hebben we ook geen kritiek op de ECB, de euro, het Verdrag van Maastricht…
Regionalisten hebben dan ook geen reden tegen de EU te zijn. Wel in tegendeel, het is enkel binnen de context van de EU dat regionalisten hun plannen voor een onafhankelijk Vlaanderen, Catalonië, Lombardië… kunnen bereiken. Anders krijgen deze ministaten immers grote schaalproblemen. Deze optimale onderlinge afhankelijkheid werd zelfs door Freddy Heineken (ja, die Heineken) na het Verdrag van Maastricht geopperd door een “optimale” herverkaveling van Europa voor te stellen in landen van ca. 7 miljoen inwoners. Identitaire regionalisten staan weliswaar kritisch tegenover de Europese globalisering, maar over de uiteindelijke lotsbestemming bestaat geen twijfel, de EU is een goede zaak an sich voor het regionalisme in haar huidige vorm (óók voor dat zogezegd rebelse Ierland).
Alle tekenen aan de wand die het regionalisme zelf in vraag stellen blijft men dogmatisch blind voor. Men wil niet eens de vraag stellen waarom met het Verdrag van Maastricht zoveel opvallende gunstmaatregelen ten voordele van regio’s en zogeheten ‘Eurocities’ werden genomen. Of waarom er zoveel liberalen tegenwoordig voor een onafhankelijk Vlaanderen zijn. Decentralisering is wat het EU-project nodig heeft, natiestaten als Duitsland, Frankrijk en Italië zijn een veel groter probleem dan “enggeestige volksnationalisten”.
De inconsequente houding is thans overduidelijk. Vlaams-nationalisten willen een eigen immigratie- en arbeidspolitiek volgen, maar dit valt niet te combineren met onder meer het Schengenakkoord (vrije mensen- en goederenstroom), het Verdrag van Maastricht (de EMU) en het Bolognadecreet (Europese integratie van de kennissector). Hoe kan er op nationaal vlak een immigratiepolitiek gevoerd worden wanneer men binnen Europa zelf vrij mag bewegen? En hoe kan een onafhankelijk nationaal arbeidersmarktbeleid met een open Europese economie gevoerd worden? Men zal hiervoor aan de willekeur van de beslissingen op Europees vlak overgelaten zijn.
Ook nu krijgen we dus wederom de strijd waarbij men de EU volgt, maar wel anders wil invullen. Opnieuw geen echte oppositie en dus opnieuw geen echt alternatief. Opnieuw verwacht men ergens onderweg het roer over te kunnen nemen, net als de Europese nationalisten. Erger nog, de vele regionalistische bewegingen binnen Europa zijn op dit hoogsteigen moment actief bezig de nuttige idioten van de EU uit te hangen. Zo zien we bijvoorbeeld met het Forza Flandria project, om samen met ultraliberalen een Vlaamse Republiek te bereiken! Forza Flandria betekent voor het internationalistisch kapitalisme wat het trotskisme voor het communisme betekent, een verborgen overgangsprogramma dat uiteindelijk tot de wereldhegemonie zal leiden. En men beschuldigt zij die het daar niet mee eens zijn van muiterij tegenover de Vlaams-nationale zaak?
Kleine opmerking wellicht, dat men mij niet verkeerd begrijpt, het regionalisme als leitmotiv verwerpen betekent niet daarmee het beleidsmatig subsidiariteitsbeginsel in de vuilnisbak gooien. Maar de maatstaven hiervoor zijn dan ook zo vaag, wie wil zich vandaag de dag nog uitspreken als overtuigd centralist tegen beter weten in? Daarbij zijn beleidsmatige overwegingen puur praktisch, het is zeker geen structureel debat, dus waar is de vijand van de regionalisten? Een stel oud-strijders, royalisten en lokale politici die staan te popelen op EU postjes zodat ze de lokale politiek achterwege kunnen laten?
De strijd van regionalisten tegen de EU is niet overtuigend. Net als de Europese nationalisten verworden deze tot nuttige idioten van het neoliberale Europa. Komen ze dan toch met alternatieven, dan zijn deze op zijn zachtst gesteld halfslachtig en zonder concreet uitgewerkte visie. Of helemaal doorgeslagen intellectueel avonturisme, zoals Alain de Benoist, die als eerste voorwaarde een zeer ver doorgevoerd ecologisme vooropstelt. Zijn theorieën zijn volledig consequent door die voorwaarde, maar kunnen daarom ook weinig aanhang krijgen in de huidige context. Het ‘Europa der volkeren’ blijft in dit licht getuigen van wishful thinking en zeker geen realistisch analyseren.
Nood aan echte oppositie
Zowel het onbekend Europees nationalisme als het onrealistisch regionalisme zijn dankzij een algemene sfeer van kortzichtigheid de onverwachte bondgenoten van de het eurodol neoliberaal project geworden. Ze hebben de keus tussen de rol van nuttige idioten, dan wel de intellectuele diaspora. Er kan vanuit deze twee visies onmogelijk een overtuigende oppositie gevoerd worden tegen de EU. Pijnlijk was het om op een recent kopstukkendebat (mei 2009, UHasselt) de vraag te mogen stellen of de partijen die eerder kritisch dan positief tegenover het Bologna-decreet staan even de hand op willen steken. Het bleef stil.
Toch is aan deze oppositie een echte nood. De Verenigde Staten van Europa is voor ons een allesvernietigend monster. Wie dat nog niet heeft willen inzien loopt zwaar achter op de actualiteit en kan best het volledig geschifte boek van Verhofstadt lezen om te ondervinden hoe ver het inmiddels gekomen is. De euro heeft onze monetaire soevereiniteit afgenomen, sindsdien kunnen we onze nationale economie nog uitsluitend met halfslachtige beleidsmatige maatregelen (‘stimulansen’) beheren, aangezien een moderne economie juist valt en opstaat bij haar monetair beleid. Dat men nu makkelijker over de grens kan winkelen zal niets veranderen aan dat we straks helemaal niet meer zullen kunnen winkelen tegen dit tempo. Het Schengenakkoord heeft onze economieën op import-export afgestemd en ons zo van onze kernsectoren beroofd. Een voorgestelde Europese belasting, en daarmee een Europese obligatiemarkt, ketent onze toekomst aan een berg schulden waar geen enkele garantie op afbetaling voor bestaat. Wel kan nu al op een briefje worden gegeven dat bij nieuwe schulden de belastingen omhoog zullen moeten worden getrokken. Geen probleem als de nationale heffingen naar beneden gaan, en dus verplaatsen we nog wat bevoegdheden naar Brussel, Straatsburg en Bankfurt.
Alle decreten en verdragen, Maastricht, Lissabon, Leuven, Bologna, Rome… zij betekenen niets meer dan de uitholling van de nationale structuren ten voordele van een internationalistische en oncontroleerbare moloch. Niets wijst op een verandering in het karakter van de EU. Porren met de boodschap “waarom doen we het niet zus of zo?” is halfslachtig en wordt ook zo gepercipieerd door de bevolking, die de EU-globalisering als vanzelfsprekendheid is gaan aanvaarden. Geen bewustzijn, geen oppositie; geen oppositie, geen bewustzijn. Dus wat nu?
Andersglobalisme werkt niet
Hierboven is zo diep als nodig was ingegaan op de gevaren van het neoliberaal globalisme en de kortzichtigheid en naïviteit van daar andersglobalisme tegenover proberen te stellen. Inderdaad, eender welk andersglobalisme, zij het nu dat van de multiculturele wereldverbeteraar, de Europese nationalist, dan wel de identitaire aanhanger van ‘glokalisering’. Eender welke vorm van globalisering zal een te halfslachtig antwoord op de EU bieden, eender welke vorm zal niet anders kunnen dan meegaan met de neoliberale stroom omdat ze enkel met ‘ja maar’ kan antwoorden en vrijwel nooit met een duidelijk ‘neen’. Men zal de massa’s niet weten te overtuigen zonder duidelijke boodschap. Opnieuw: geen bewustzijn, geen oppositie; geen oppositie, geen bewustzijn.
Men zal inmiddels de (verkeerde) indruk hebben gekregen dat dit artikel wil oproepen tot de grenzen dicht te gooien en/of België gewoon heel te laten. Het is echter niet de bedoeling onmogelijk romantische projecten, namelijk een volledig afgesloten onafhankelijke Vlaamse dan wel Belgische ministaat, te propageren als alternatief. Er is reeds gesteld geweest dat regionalisten nood hebben aan de EU voor hun onafhankelijkheid (of wat daarvoor moet doorgaan) en dat geldt ook voor Vlaanderen. Daarnaast moet men blind zijn om te denken dat België al veel onafhankelijker in de wereld kan staan. Immers, twee factoren die het doorslaggevend economisch draagvlak voor echte onafhankelijkheid vormen: een eigen munt en een eigen afzetmarkt. Het zijn juist deze factoren waar kleine landen, zij het nu van 6 dan wel 10 miljoen, onmogelijk op kunnen hopen. Tenzij ze meestappen in de diepgroene plannen van een Alain de Benoist natuurlijk. Aannemende dat dit niet de bedoeling is en via Europa oppositie voeren tegen Europa niet kan, komen we voor een moeilijke keus te staan.
Deze keus wil ik graag met een analogie beproeven, namelijk hoe de Belgische verdamping zich op Europees vlak zou kunnen afspelen. België is (con)federaal geworden en hoewel ik opnieuw niet aan de beleidsmatige voordelen van het subsidiariteitsbeginsel wil raken, is de Belgische inboedel hierdoor ontmanteld. We noemen: Cockerill Sambre (nu van Arcelor), Société Générale (ooit 60% van onze economische activiteit, nu Frans geworden), Petrofina ( ‘gefuseerd’ met het Britse Total), Dexia (meer Frans dan Belgisch) en als meest recente aanwinst voor de internationale bankiers: Fortis. Oh ja, zogezegd allemaal “Waalse” en “franskiljonse” bedrijven, maar in dat geval mogen de franskiljons de Vlaams-nationalisten oprecht bedanken voor de cadeautjes die het einde van een Belgische natiestaat tot gevolg heeft gehad. Stellen we ons nu eens voor dat de andere natiestaten ook hoe langer hoe meer uit elkaar vallen. Wie biedt het meest voor Suez? Dexia heeft flink klappen geleden, wie haar wil krijgt er mooi de afhankelijkheid van tal van Belgische en Franse overheidsinstellingen bij. En wat dan wel niet met de Duitse metaalsector? Nederlandse havens? Britse olie? Uitverkoopjes! Europa! Revolutie! Maar dan wel niet ons Europa en niet onze revolutie…
Sabena: Red de solidariteit!
In de opsomming van de Belgische ontmanteling ontbrak nog een ander recent geval, dat van Sabena. Wie kan zich herinneren dat de Nederlandse KLM destijds een redelijk aantrekkelijk bod hierop heeft gedaan? En wie kan zich herinneren dat de reflex hiertegen toen uit Waals-Brusselse hoek kwam? Ze vreesden teveel Nederlandse invloed! Fijn, die Belgische reflex. België als klein land kon onmogelijk Sabena recht houden zoals Italië vandaag wel doet met Alitalia. De perverse situatie is dat de Belgische reflex van deze zogeheten natiestaat – een reflex die in Frankrijk, Italië en zelfs Nederland wel werkt – op een failliet uitdraait! Sabena had in samenwerking met KLM vandaag nog kunnen bestaan.
Een land met een BBP van een dikke 350 miljard EUR kon het niet trekken, maar samen met Nederland zou het een draagvlak van tegen de 1.000 miljard EUR hebben betekend! Dat is bijna zoveel als Spanje! Zo’n natiestaat kan de binnenlandse economie beschermen en soevereiniteit verzekeren. Het uiteen laten vallen van België, had Sabena nog bestaan, zou opnieuw onmogelijk zonder Europa kunnen gebeuren, de luchtvaartmaatschappij had nooit blijven bestaan gezien het belangenaandeel uit Waals-Brusselse hoek. Deze zullen dat ‘Dietsland’ nooit een cadeautje doen na afgestoten te zijn geweest. Al zal Parijs vast wel een dankjewel sturen voor Wallonië te mogen annexeren. Onafhankelijkheid goed voor Wallonië? Voor Frankrijk ja, voor Serviërs moest er tenminste eerst nog een oorlog overheen gaan en wij staan vrijwillig 17.000 km² af? En daarmee is de Brussel-problematiek nog niet eens aangekaart!
‘Red de Solidariteit’ krijgt nu wel een heel grimmige dimensie. De ministaat België heeft, omwille van haar inherent karakter, in de eigen voet geschoten met Sabena. Ze heeft bewezen protectionisme niet (meer) te kunnen veroorloven. Naar de toekomst toe mogen we ons aan nog honderd Sabena’s verwachten tegen dit tempo. En voorzover er daarna nog iets recht staat zal Europa wel een paar keer flink doorstampen. België, Europa heeft u vermoord en dat is uw eigen schuld. Ga dat nu niet op de Vlaams-nationalisten steken, de schuld ligt in uw eigen dwaas separatisme van 1830, toen u zelf besloot een ministaat te worden zonder kracht, macht en identiteit. “België is al zo klein”, horen we de belgicisten klagen. België is nu al te klein voor de autarkische reflex van de natiestaat te kunnen veroorloven! Zowel belgicisten als Vlaams-nationalisten hebben dan ook geen recht van spreken in de 21ste eeuw, zij het nu over “solidariteit” dan wel “solidarisme”…
Antiglobalisme: de terugkeer van de natiestaat
Het antwoord op het gevaar van de Europese Unie ligt dan ook in een realistisch antiglobalisme. Realisme, na decennia regionalisering en verval, zal nu “een extensie van het patriottisme” betekenen, naar de woorden van Sir Oswald Mosley in zijn naoorlogs werk ‘Europe a Nation’. Mosley, een Europees nationalist, schreef zijn boek echter in een tijd dat de natiestaat nog niet bedreigd werd. Inmiddels zijn we door de regionaliseringen terug naar de Middeleeuwen gekatapulteerd en is Europa gekaapt door precies datgene wat ermee bestreden moest worden. Het is dus niet dat de idee van Europa permanent afgeschreven moet worden, maar als we een realistische oppositie willen voeren tegen het internationaal kapitalisme, zullen we eerst op onszelf moeten kunnen terugvallen. In het geval van Ierland betekent dat Groot-Brittannië, voor Catalonië is er Spanje en voor Vlaanderen niet België maar de BENELUX. Er is nood aan nieuwe samenlevingsvormen die zichzelf kunnen beschermen door soeverein in een globaliserende wereld te staan. Dit is belgicisme noch jacobinisme, dit is Vlaams- noch Europees verraad, dit is een nuchtere conclusie waar geen enkel historisch of cultureel argument tegenover kan staan.
Concreet vraagt autarkie een draagvlak voor volledige monetaire autonomie (vaste wisselkoersen, rentebepaling, staatsschuldbeleid), malthusiaans-geïnspireerde demografie (agricultuur beschermen, stabiel groeibeleid, immigratiebeleid), nationale economie (kapitaalsconcentratie, sectorbescherming, corporatisme)… Samengevat, een economie die bekwaam is in dienst van het volk te staan. Tenzij ik het verkeerd begrepen heb is dit ook wat Vlaams-nationalisten tegenwoordig onder solidarisme verstaan. In dat geval zullen de solidaristen niet anders kunnen dan zich achter dit artikel te scharen.
Wij zijn Vlamingen. Zijn wij Europeanen? Niet zolang Europa dat van het internationaal kapitalisme is, net zo min als wij Westers zijn zolang het Westen dat van de VSA-decadentie is. Het Vlaams-nationalisme was een reactie tegen de kapitale fout van 1830. Ze heeft daarmee niet alleen ‘Vlaanderen’ maar heel België gered van de Franse invloed. Nu staan de Lage Landen (allemaal!) nog altijd verdeeld en nu is er meer dan ooit de nood aan hereniging. Nu hebben we de kans de Delta terug te verenigen, een unie van meer dan 27 miljoen inwoners, 1.000 miljard EUR BBP (bijna zoveel als Spanje!), een havenmacht van wereldformaat en nog tal van andere factoren die een echte nationale soevereiniteit toestaan. Binnen deze unie zal Vlaams, Frans, Duits en nog veel meer gesproken kunnen worden. Binnen deze unie kunnen de onderlinge geschillen nog beter opgelost worden dan binnen Europese context, waar het aan alle identiteit ontbreekt. Geen grendelwetten meer, geen wafelijzerpolitiek en geen federaal conflictmodel. Waarom zouden Vlamingen hier iets op tegen hebben? Het verbant de Franse net zo goed als de Europese hegemonie. En waarom zouden Walen zich hier tegen verzetten? Het wordt dit of als randgebied van Frankrijk dan wel Europa van de wereldkaart verdwijnen.
Met deze unie kan een helder en realistisch alternatief op de Europese Unie worden geboden. De toekomst van Vlaanderen ligt niet bij de Europese Unie, ze ligt bij haarzelf, bij de Delta Unie. Wij hebben de mogelijkheid tot een eigen munt, een eigen economie, een eigen landbouw en er is zelfs een referentiepunt dat ons historisch bindt. We zouden als nationalisten van een Europese minderheid niet minder dan trots moeten zijn op onze gezamenlijke geschiedenis en lotsbestemming! Voor ons bestaat er tenminste een duidelijk antwoord op deze globaliserende wereld. Europese volkeren, zeker die van de Lage Landen, hebben geen recht op klagen over separatisme in een tijd dat het internationaal kapitalisme ons gehele bestaan bedreigt door een gevaarte als de EU. En bedenk ten slotte dat ik met dit artikel nog niet eens de bedreiging van buiten Europa heb aangekaart.
Nu is de tijd aangebroken voor een project waar we gezamenlijk een antwoord voor de globalisering kunnen bieden. Laat ons dan ook in deze globaliserende wereld staan als grootse, sterke natie met een groots, sterk volk. Laat ons bekwaam en zelfzeker van onze eigen identiteit, kracht en macht gezamenlijk de uitdagingen van de toekomst met geheven hoofd aangaan.
Ik kan het niet laten als afsluiter terug te denken aan het gedicht ‘The Charge of the Light Brigade’ van Alfred Tennyson:
“[…]
Theirs not to make reply,
Theirs not to reason why,
Theirs but to do and die:
Into the valley of Death
Rode the six hundred.
[…]”
Zou toch niet zo’n slecht idee zijn, eerst eens te bezinnen…
Metamilitant
Nationaal Censor
[Metamilitant is Nationaal Censor en hoofd van de Nationalistische Vormingscel. De meningen geuit in dit opiniestuk weerspiegelen echter niet noodzakelijk deze van de NSV! en zijn geheel voor persoonlijke rekening.]
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mercredi, 27 mai 2009
Présentation des options philosophiques et politiques de "Synergies Européennes"

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1997
Robert STEUCKERS:
Présentation des options philosophiques et politiques de “Synergies Européennes”
Lande de Lüneburg, 5 avril 1997
Pourquoi le terme “synergie”?
Pourquoi avons-nous choisi, pour désigner notre mouvement, d'adopter le terme de “synergie”, et non pas un autre terme, plus politique, plus ancré dans un champ idéologique clairement profilé? Pourquoi employons-nous un vocable qui ne laisse deviner aucun ancrage politique précis? En effet, la notion de “synergie” ne se laisse ancrer ni à droite ni à gauche. Au départ, “synergie” est un concept issu de la théologie, tout comme, d'ailleurs, tous les autres concepts politiques, même après la phase de neutralisation des effervescences religieuses qu'a connue la modernité à ses débuts, au XVIIième siècle. Pour Carl Schmitt, tous les concepts prégnants de la politique sont des concepts théologiques sécularisés. Dans le langage des théologiens, une “synergie” s'observe quand des forces différentes, des forces d'origines différentes, de nature différente, entrent en concurrence ou joignent leurs efforts pour atteindre en toute indépendance un objectif commun. Nos objectifs principaux, dûment inscrits dans notre charte, visent, d'une part, la liberté et la pluralité dans la vie quotidienne, d'autre part, la capacité de décider en cas de situation exceptionnelle. L'erreur des idéologies dominantes de ce siècle, c'est justement d'avoir pensé séparément la liberté de la décision.
- Ou bien l'on croyait, avec Kelsen notamment, que l'effervescence et les turbulences du monde cesseraient définitivement et qu'une ère de liberté éternelle s'ouvrirait sans que les hommes politiques n'aient plus jamais à prendre de décisions. Fukuyama a réactualisé ce vœu de “fin de l'histoire”, il y a six ou sept ans.
- Ou bien on ne croyait qu'à la seule décision virile, comme les fascismes quiritaires, et on voulait maximiser à outrance la quantité de décisions suivies d'effets “constructifs”; de cette façon, on a contraint certains peuples à vivre dans une tension permanente, obligé les strates paisibles de la société à vivre comme les élites conquérantes ou les soldats sur la brèche, on a négligé l'organisation du quotidien, qui ne postulait nullement cette perpétuelle effervescence de la mobilisation permanente et totale. Les fascismes quiritaires, le national-socialisme n'ont généré ni un droit propre (si ce n'est une opposition systématique aux “paragraphes abstraits”) ni une constitution ni restauré un droit jurisprudentiel à la façon anglaise (au grand dam d'un juriste comme Koellreutter, qui a oscillé entre le droit anglais et le national-socialisme!). Aucun corpus doctrinal de ce siècle, d'après 1919, n'a su ou voulu penser conjointement et harmonieusement ces deux impératifs, ces deux nécessités:
1) se tenir prêt pour faire face aux imprévus qui s'abattent sans cesse sur le monde et sur l'histoire des hommes (ce que voulaient les décisionnistes);
2) organiser le quotidien dans la cohérence, sur le long terme (ce que voulaient les constitutionnalistes).
Une bonne part du débat politique de fond a tourné autour de l'opposition binaire entre “décisionnistes” (assimilés aux fascistes ou aux conservateurs) et “quotidiennistes” (qui survalorisaient l'Alltäglichkeit, le “règne du on”, les jugeant plus “moraux“ parce que leur marque principale était la quiétude). La nécessité d'organiser le quotidien dans la cohérence et sur le long terme n'exclut pas la nécessité impérieuse de la décision, de faire face à l'imprévu ou à la soudaineté.
Un projet politique d'avenir doit donc nécessairement reposer sur une capacité d'appréhension à la fois de la décision et du quotidien. Comment décision et quotidien ont-ils été appréhendés dans les idéologies dominantes de la gauche et de la droite? Pourquoi les modes d'appréhension de ces droites et de ces gauches dominantes ont-ils été insuffisants?
A droite: un fusionisme sans souci des valeurs
Dans le camp des droites, du conservatisme ou du national-conservatisme, il n'y a pas d'homogénéité dans l'appréhension de la liberté (entendue au sens d'absence de mobilisation politique permanente) ou de la décision. Quelques exemples: au temps de la guerre froide, terminée avec l'effondrement du Mur de Berlin en 1989, la liberté, disait-on, surtout aux Etats-Unis, s'opposait au communisme, quintessence de la non-liberté et idéologie fortement mobilisatrice. Hannah Arendt écrivait que le stalinisme, au début des années 50, était l'incarnation de l'“autoritarisme”, qui avait pris, jadis, tour à tour, un visage clérical, militariste, fasciste, etc. A la fin des années 50, pour faire pièce aux gauches étatistes, communistes, socialistes ou keynésiennes, le monde politique américain lance l'expérience du “fusionisme”, soit l'alliance des conservateurs anti-communistes et des libertaires anti-autoritaires, c'est-à-dire des partisans d'une société civile sans élites mobilisatrices et quiritaires, axée sur l'économie, le commerce et la technique, et les partisans d'une sorte de “leisure society”, propre des rentiers et des artistes situés en dehors de tout circuit économique fonctionnant. Dans ce fusionisme, la question des valeurs reste sans solution. Parce que les valeurs habituellement attribuées au conservatisme, comme le sens du devoir, se marient mal avec les options des libertaires, on fait, par calcul politicien, l'impasse sur la valeur “devoir”, cardinale pour toute philosophie cohérente et stable de la Cité. On se rend forcément compte que la notion de devoir limite la liberté (du moins si on entend par liberté la licence ou la permissivité), ce que n'acceptent pas les alliés libertaires et anarchisants. Du fusionisme découle le conservatisme technocratique, qui se passe de toute référence à des valeurs mobilisantes et cimentantes et esquive de ce fait la question de la justice qui repose inévitablement sur une table de valeurs, située au-delà des intérêts matériels et économiques. Ainsi, les communautés ou les résidus de communauté perdent leur cohésion, en dépit des politiques conservatrices.
Fusionisme et conservatisme technocratique prennent le pas sur les conservateurs axiologiques (Wertkonservativen) ou les conservateurs décisionnistes, ruinant ainsi l'homogénéité de la droite et annonçant à plus ou moins long terme d'autres recompositions (même si elles se font encore attendre). Autres exemples: au niveau de la politique économique, axiologistes et décisionnistes chercheront généralement à inscrire des valeurs dans leur praxis économique. Ils s'opposeront dès lors forcément au néo-libéralisme ou à toute forme de globalisation inscrite sous le signe de cette idéologie strictement économique. Fusionistes et technocrates accorderont la priorité à l'efficacité et tolèreront les pratiques néo-libérales du profit à très court terme, considérant que la globalisation est inévitable et que la société qu'ils sont appelés à gérer n'aura pour seule originalité que d'être une niche particulière parmi d'autres niches particulières dans le processus général de globalisation, une niche qu'on nettoiera de ses particularités et où règneront, finalement, les mêmes principes que ceux de la globalisation.
Des idéologies qui donnent la priorité aux valeurs
En Europe, face à la problématique de l'unification européenne, si l'on donne la priorité aux valeurs, on sera:
- soit un nationaliste hostile à l'eurocratisme, dont le patriotisme nationalitaire sera fondé sur l'appartenance charnelle à une culture précise, héritée des générations précédentes et de l'histoire, cimentée par un jeu de valeurs de longue durée;
- soit un européiste qui considère l'ensemble des peuples européens comme un écoumène civilisationnel de facture chrétienne ou non chrétienne,
- soit un ordo-socialiste ou un socialiste acceptant les règles de l'ordo-libéralisme allemand (le modèle du “capitalisme rhénan” selon Michel Albert).
Le souci des valeurs postule donc implicitement l'alliance prochaine
1) des nationalistes qui auront la force de transcender les limites des Etats-Nations modernes conventionnels,
2) des européistes qui voient d'abord dans l'Europe à la fois un espace stratégique indissociable et un espace de civilisation et de valeurs spécifiques et, enfin,
3) des socialistes enracinés dans la culture industrielle de type “rhénan”, qui donne la priorité à l'investissement industriel par rapport au capital spéculatif, où les impératifs industriels locaux et les structures patrimoniales sont pris en compte concrètement, où les investissements dans l'appareil éducatif ne sont jamais rognés, et où l'on ne bascule pas dans les mirages délocalisés d'une culture économique axée principalement sur la spéculation boursière. La fusion de ces corpus politiques est l'impératif des premières décennies du XXIième siècle. A la fusion technocratisme conservateur/libertarianisme, née dans les années cinquante aux Etats-Unis puis importée en Europe, il faut opposer la fusion de ces trois forces politiques, au-delà de tous les faux clivages, désormais obsolètes.
Nationalistes patriotes, ordo-socialistes et européistes “axiologues” refusent pourtant l'eurocratisme actuel, car celui-ci ne tient nullement compte des valeurs et repose sur ce “relativisme des valeurs” et cet oubli des leçons de l'histoire qui provoquent la déliquescence des sociétés. Si l'européisme peut être un retour à des valeurs fondatrices, renforçant les ressorts de la Cité, l'eurocratisme ne peut que perpétuer le relativisme absolu et la déliquescence sociale.
Si l'on accorde la priorité à l'efficacité économique, on peut être en faveur de l'unification européenne, selon les critères critiquables d'aujourd'hui, mais on ne devra pas oublier que le chômage alarmant est un frein à l'efficacité économique et qu'il découle directement de l'application des principes néo-libéraux, issus du relativisme des valeurs et du refus des héritages historiques. En revanche, une volonté d'efficacité économique pourra s'avérer hostile à l'unification européenne dans les conditions actuelles, car le gigantisme eurocratique réduit l'efficacité là où elle est réellement présente et où elle constitue un barrage contre le chômage pandémique: dans certains tissus agricoles locaux (ce que n'a pas manqué de souligner la FPÖ autrichienne) ou dans certaines entreprises industrielles locales, bien ancrées dans le marché européen mais qui seraient incapables de faire face à une concurrence extra-européenne qui se nicherait dans notre continent, au nom d'un libre-échangisme planétaire ouvrant toutes les portes aux marchandises japonaises ou coréennes, dont le coût est plus bas car il n'inclut ni la sécurité sociale du personnel ni les taxes écologiques visant la protection du patrimoine “environnement” ni un certain réinvestissement dans les réseaux éducatifs.
Sur le plan géopolitique, opter pour le primat des valeurs implique de raisonner en termes de civilisation, de percevoir le monde comme un réseau d'espaces civilisationnels juxtaposés, différents mais pas nécessairement antagonistes. Ces espaces sont animés par une logique intérieure, c'est-à-dire par un système de valeur cohérent et accepté, impliquant pour les hommes harmonie et consensus. Le primat des valeurs implique aussi ipso facto que l'on respecte les valeurs qui animent les espaces voisins du nôtre. Cependant, opter comme les droites néo-libérales (voire les droites “hayekiennes”) pour un primat de l'efficacité, sans tenir compte des valeurs structurantes, ou ne considérer celles-ci que comme des reliquats en voie de disparition graduelle, c'est opter automatiquement pour le système des pseudo-valeurs occidentales modernes et relativistes. Une telle option implique le refus de toutes les valeurs structurantes des civilisations, quelles qu'elles soient, et impose le “relativisme des valeurs”, c'est-à-dire leur négation pure et simple (Benjamin Barber: McWorld contre Djihad!), et, partant, le refus de la valeur “justice” (Rawls).
La gauche tiraillée entre justice et relativisme
Dans le camp de la “gauche” (du moins pour les adeptes des systèmes de classification binaires qui se déclarent tels), il n'y a pas davantage d'homogénéité que dans le camp des droites (pour les binaires d'un autre genre...). Dans cette nébuleuse de gauche, aux contours flous, on est en faveur de l'unification européenne quand on imagine qu'elle est une étape vers l'“Internationale”, désormais mise en équation avec la parousie globaliste. Ou bien on est hostile à cette Europe de Bruxelles et de Strasbourg, parce qu'elle est une Europe capitaliste. Sur le plan géopolitique, face à l'émergence de “blocs civilisationnels”, une gauche sympathique mais en voie de disparition, approuve la consolidation des valeurs dans les aires civilisationnelles voisines des nôtres (islam, animisme africain, bouddhisme, indigénisme hispano-amérindien, etc.), tandis qu'une nouvelle gauche agressive et messianique fait sienne une vulgate militante basée sur les “droits de l'homme”, subtilement raciste car seule cette idéologie, née en Europe du Nord-Ouest, est jugée valable, le reste étant “tribalisme”, injure équivalant désormais de “para-nazisme”.
En conclusion, face à une droite tiraillée entre le sens des valeurs et le néo-libéralisme et face à une gauche tiraillée entre le sens de la justice et l'agressivité occidentaliste et relativiste, force est de constater que les vocables politisés de “gauche” et de “droite” ne recouvrent plus rien de précis, qu'ils ne parviennent plus à séparer réellement des options politiques antagonistes. La droite ou la gauche idéales, pour les uns comme pour les autres, n'existent pas: elles sont des “sites introuvables”, comme l'affirmait Marco Tarchi (in: «Destra e sinistra: due essenze introvabile», Democrazia e diritto, 1/1994, Ed. Scientifiche Italiane).
Sur le plan historique, effectivement, nous découvrons une flopée de figures et de théoriciens importants qui oscillent entre cette droite et cette gauche ou que l'on a fourré dans la boîte de gauche quand ils étaient vivants, pour les fourrer ensuite dans la boîte de droite, quand la mode a changé ou le vent a tourné. Ainsi, Georges Sorel, théoricien socialiste français du début du siècle, appartenait de son vivant à l'ultra-gauche syndicaliste et révolutionnaire. Mais ce syndicaliste-révolutionnaire inspire Mussolini, également classé dans la gauche socialiste et belliciste italienne. Mais, voilà, Mussolini, étatiste et volontariste, est contesté par la gauche parlementariste et déterministe: on le sort de sa boîte de gauche pour l'enfouir dans une boîte de droite, avec son Sorel, son fascisme et ses flonflons. Après 1919, les “révolutionnaires-conservateurs” allemands, Ernst Jünger et Carl Schmitt admirent chez Sorel son sens de la décision et sa théorie de la grève générale insurrectionnelle. Sorel reste donc, malgré son ouvriérisme foncier, dans la boîte de droite: il devient même une figure de la droite radicale en Italie, en France et en Allemagne, après 1945. En France, l'un de ses disciples, Hubert Lagardelle, devient même ministre de Vichy pendant la seconde guerre mondiale.
Il n'existe donc pas d'idées de droite qui n'aient pas été jadis à gauche. Le nationalisme est dans ce cas. Mais il n'existe pas davantage d'idées de gauche qui n'aient pas été ancrées un jour à droite. Cet état de choses doit nous conduire à formuler le jugement suivant: la gauche et la droite sont des concepts dépassés, dans la mesure où elles ne sont pertinentes que dans le cadre d'un régime précis mais uniquement tant que ce régime est accepté par les grandes masses et fonctionne efficacement, tant qu'il peut affronter les vicissitudes du monde en perpétuelle effervescence.
Représentations figées et guerre des looks
Mais tout régime s'use. L'usure de l'histoire est le lot de toutes les constructions politiques. Quand cette usure a fait son œuvre, les gauches et les droites institutionnelles voire leurs dérives plus radicales se figent, deviennent des phénomènes raidis dans un monde qui ne cesse de se mouvoir. A partir du moment où les gauches et les droites institutionnelles ne peuvent plus résoudre les problèmes de société comme le chômage et l'emploi, l'augmentation démesurée des dettes publiques, l'incompétence de la magistrature, la crise de l'enseignement, l'effondrement du consensus, elles ne sont plus que des “représentations” (pour reprendre le vocabulaire de Gilles Deleuze). Des sortes d'images platoniciennes figées que l'on agite comme s'il s'agissait de vérités révélées et immuables ou, plus prosaïquement, que l'on agite avec véhémence comme des pancartes revendicatrices lors de manifestations. Toute l'histoire des “grands récits” (Lyotard) de l'idéologie occidentale du XVIIIième au XXième siècles consiste en une succession de “représentations”: aux représentations conservatrices-cléricales puis bourgeoises, on a opposé la représentation ouvrière-socialiste ou la représentation fasciste ou nationale-socialiste ou verte-écolo. Quand une représentation ne convenait plus à une catégorie de la population, on en fabriquait une nouvelle et on l'opposait aux plus anciennes. Toute la vie politique a consisté ainsi en une guerre des représentations, une guerre des looks. Jusqu'au paroxysme des représentations totalitaires... et surtout jusqu'à la satiété des citoyens.
Cette guerre des looks ne résout rien: on s'en est aperçu et ce fut la fin des “grands récits” (théorisée par Lyotard). Ce type de conflit est insuffisant. Avec Deleuze et ses continuateurs, on s'aperçoit désormais que l'on ne peut pas sans cesse produire et reproduire des représentations, en n'y apportant que de légères retouches. Le monde n'est pas fractionné en camps fermés sur eux-mêmes et détenteurs théoriques de vérités définitives. Le monde, l'histoire, les arènes politiques, les héritages juridiques, les jurisprudences, etc. sont bien plutôt autant de réseaux denses et inextricables, de croissances vitales, d'effervescences organiques ordonnées ou désordonnées mais néanmoins bien présentes et bien réelles, concrètes. Dans ces réseaux, l'homme actif (politiquement, socialement ou existentiellement) doit se tailler, se frayer un chemin à la machette, sich eine Schneise durchhaken, disait Armin Mohler quand il tentait d'expliciter son existentialisme ou son réalisme héroïque (en l'appelant maladroitement “nominalisme”, vocable qu'a rapidement repris Alain de Benoist, son admirateur naïf, collectionneur -ânonneur de vocables non usuels, toujours vainement en quête d'une notoriété qu'il n'a jamais obtenue). La démarche vitale ne consiste donc plus à imposer au dense grouillement du réel des “représentations” figées et naïves, mais de repérer des forces et des opportunités, des passages et des trouées, pour cheminer le plus sûrement, le plus sereinement possible, en dépit des défis fusant de toutes parts.
Complexité, pluralité et démarche archéologique
Cette vision deleuzienne du réel, implique, sur le plan politique concret, de ne plus chercher à répandre des programmes rigides, à se balader dans la société avec sa pancarte ou son affiche sur le ventre, mais à retourner résolument à l'épais sous-bois de l'histoire, où les traits trop simples d'un look idéologico-politique ne valent que ce qu'ils valent: une mauvaise caricature, une gesticulation maladroite. Prendre position politiquement, aujourd'hui, c'est donc plonger plus profondément dans les tréfonds de notre histoire, aller fouiller sous l'humus qui ne recouvre le sol que sur une faible profondeur. Prendre position politiquement aujourd'hui, c'est procéder à une démarche archéologique, c'est faire l'archéologie de notre site de vie. Je vis dans une Cité politique précise qui s'est construite progressivement au fil du temps, qui a généré un appareil juridique/constitutionnel complexe, tenant compte des strates multiples qui composent cette société et récapitulant subtilement dans les méandres mêmes de ses textes et dans les arcanes de ses pratiques les oppositions, fusions et contradictions dont cette société est finalement le résultat mouvant et vivant. Cet entrelac compliqué est précisément le sous-bois auquel il faut retourner et sur lequel il ne faut pas plaquer d'idéologie toute faite. Toute véritable prise en compte de l'histoire du droit dans une Cité interdit les jugements binaires des gauches et des droites ainsi que les simplismes des faux savants qui manient l'idéologie (schématisante) comme d'autres la trique.
La pensée politique doit donc retourner à des œuvres fondamentales, injustement méconnues, comme celles d'Althusius, de Justus Möser, de Wilhelm Heinrich von Riehl et d'Otto von Gierke. Leurs travaux prennent en compte l'ensemble des sociétés, avec toutes leurs différences intérieures, toutes les symbioses qui s'y juxtaposent. Leur pensée juridique, sociale et politique ne peut nullement se résumer à un schématisme binaire, mais exprime toujours de denses complexités, tout en nous apprenant à les explorer sans les mutiler. Le drame de la civilisation occidentale, c'est justement de ne pas s'être mis à l'écoute de ses œuvres depuis deux ou trois cents ans. Pour ces auteurs, ce qui compte, c'est le fonctionnement harmonieux/symbiotique ou le développement graduel de la Cité, selon des rythmes éprouvés par le temps, et non pas sa correction forcée et son alignement contraignant sur les critères d'un programme abstrait. Le programme-représentation ne saurait en aucun cas, avec cette pensée politique organique, oblitérer le fonctionnement rythmé et traditionnel d'une société. Tout retour à ces corpus organiques postule de raviver des modèles liés à un site géographique, de faire revivre, vivre et survivre des héritages et non pas d'imposer des “choses faites”, des choses relevant de la manie moderne de la “faisabilité” (que Joseph de Maistre nommait plus élégamment l'“esprit de fabrication”). Le sous-bois épais et touffu de Deleuze, véritable texture de son “plan d'immanence”, est un héritage, non pas une fabrication. Le sous-bois est un tout mais un tout composé de variétés et de nuances à l'infini: l'attitude qui est pertinente ici n'est pas celle qui est pertinente là. L'homme qui chemine dans ce sous-bois (qui ne mène nulle part, si ce n'est sur la terre même, où il se trouve toujours déjà) doit être capable d'adopter rapidement et tour à tour plusieurs attitudes, de s'adapter plastiquement aux circonstances diverses qu'il rencontre au gré des imprévus: cette vision du monde comme un immense entrelac immanent d'abord, cette nécessité bien perçue de l'adaptation permanente ensuite, sont les deux principales garanties de la pluralité. Quand on pense simultanément entrelac et adaptation, on pense pluriel et on est vacciné contre les interprétations et les représentations unilatérales.
Symbiotique et subsidiarité
Autre avantage pratique: la vision deleuzienne et le recours au filon qui part d'Althusius pour aboutir à Gierke permettent, une fois qu'ils sont combinés, de donner un contenu concret à ce que l'on nomme la subsidiarité. Dans l'article 3b du Traité de Maastricht, les législateurs européens ont prévu le passage à la subsidiarité sur l'ensemble du territoire de l'Union. Mais la définition qu'ils donnent de cette subsidiarité reste imprécise. Et elle est interprétée de diverses façons. En effet, que signifie la subsidiarité pour différents acteurs politiques européens?
- Pour Madame Thatcher et ses successeurs, la subsidiarité n'était qu'un prétexte pour défendre exclusivement les intérêts britanniques dans le concert de l'UE. Certains gaullistes lui ont emboîté le pas, de même que le groupe De Villiers/Goldsmith.
- D'autres espèrent, par antipolitisme, que la subsidiarité va conduire à une balkanisation de l'Europe, à un retour à la Kleinstaaterei incapacitante, car, à leurs yeux, toute capacité politique est un mal en soi.
- Pour d'autres encore, elle n'est qu'un artifice de gouvernement dans un futur Etat européen hyper-centralisé. La subsidiarité conduira à l'intérieur d'une telle Europe à une régionalisation à la française, où les parlements régionaux sont purement formels et n'ont pas de pouvoir de décision réel.
- Pour nous, un projet continental de subsidiarité est un projet de rapprochement des gouvernants et des gouvernés dans tout l'espace européen, visant à instaurer des rapports de citoyenneté féconds, à redonner à la société civile un espace public, où ses dynamismes peuvent réellement s'exprimer et se répercuter dans la vie quotidienne de la Cité, sans rencontrer d'obstacles ou d'obsolescences incapacitantes. Ce projet continental de subsidiarité est indissociable de la question économique. Si l'ancrage politique au niveau des pays est une nécessité pour rétablir les consensus écornés par la déliquescence des valeurs, il doit être concomitant à une “recontextualisation” de l'économie. Si la volonté de “recontextualiser” l'économie, de réancrer les forces économiques sur le lieu même de leur déploiement, si cette recontextualisation redevient la caractéristique principale d'une économie saine, on ne pourra plus parler d'une césure gauche/droite mais d'un clivage opposant les orthodoxies économiques, voire les orthoglossies économiques (consistant à répéter inlassablement les mêmes discours idéologisés sur l'économie), aux hétérodoxies. Pour les historiens français de l'histoire des théories économiques, les orthodoxies sont: 1) l'économie classique (le libéralisme dévié d'Adam Smith, le manchesterisme), 2) le marxisme et 3) la synthèse keynésienne, du moins telle qu'elle est instrumentalisée par les sociaux-démocrates. Toutes ces pensées orthodoxes sont mécanicistes. Face à elles, les hétérodoxies sont très variées: elles ne prétendent pas à l'universalité; elles se pensent comme produits de contextes précis. Elles ont pour sources les réflexions posées par l'école historique (allemande) au XIXième siècle, pour laquelle l'économie se déployait toujours dans des espaces travaillés par l'histoire. Dans une telle perspective, aucune économie ne peut se développer dans un contexte dépourvu d'histoire. Outre l'école historique allemande, les hétérodoxies dérivent des socialistes de la chaire et des institutionalistes américains (dont Thorstein Veblen; les institutions déterminent l'économie, or les institutions, elles aussi, comme le droit, sont produites par l'histoire). Pour François Perroux qui, en France, a fait la synthèse de ces corpus variés, l'économie se déploie au sein de dynamiques de structures, dans des turbulences où s'entrechoquent des forces variées: nous retrouvons là, dans un langage scientifique, avec un appareil mathématique adéquat, ce que le philosophe-poète Deleuze avait appelé le “rhizome”, ce sous-bois, cette jungle du plan d'immanence, dans laquelle l'homme lucide doit repérer et capter des forces.
Parmi ces lucides qui repèrent et captent, il y a bien entendu des hétérodoxes que l'on classe à gauche et d'autres que l'on classe à droite. Mais ce qui importe, dans leurs théories et discours, ce n'est pas le label, mais, plus justement, ce qui fait leur hétérodoxie, soit la volonté de se démarquer du mécanicisme des orthodoxies, de se dégager des impasses politiques dans lesquelles elles ont fourvoyé nos sociétés.
Révolution conservatrice et “événement-choc”
Mais si les questions brûlantes de la politique sont celles de la subsidiarité, de la réorientation de la pensée économique vers les théories hétérodoxes, que reste-t-il de notre engouement pour la “révolution conservatrice”? N'est-il pas le dernier indice d'un ancrage que l'on pourrait labéliser de “droite”? N'est-il pas ce petit “plus” qui permettrait de nous ranger définitivement dans la “boîte de droite”? Premier élément de réponse: ce qui consitue l'essence de la “révolution conservatrice”, ce n'est pas tant la dimension proprement conservatrice, c'est-à-dire le maintien de formes anciennes ou la volonté de garder “fixes” et immuables certaines institutions, mais l'attention constante pour l'Ernstfall (le cas d'exception), l'éveil à tout ce qui est soudain (Das Plötzliche), inattendu (Das Unerwartete), l'événement choc vécu en direct et qui appelle une réponse rapide, une décision (Eine Entscheidung). Cette attention et cet éveil ont été considérés comme les marques les plus caractéristiques de la “révolution conservatrice”, rangée à droite dans l'univers des panoplies politiques. Mais l'éveil à ce qui est soudain n'est pas seulement ancré à “droite”. Tant les surréalistes, contestataires et hostiles à toute forme de conservation institutionnelle, que Walter Benjamin y ont été attentifs et lui ont accordé la priorité, le statut d'essentialité, par rapport à la simple et répétitive quotidienneté. On retrouve la même valorisation de l'instant crucial, marqué d'une forte charge d'intensité, chez Carl Schmitt, chez Ernst Jünger, chez Martin Heidegger. Chez Benjamin, le fait de vivre un choc et de gérer ainsi l'irruption de l'imprévu, de vivre sous l'emprise d'une logique du pire, évite le traumatisme incapacitant, permet de vivre et de naviguer dans un monde qui transite de catastrophe en catastrophe.
Focaliser l'attention du personnel politique d'élite sur la soudaineté et l'irréductibilité du particulier face aux prétentions de l'universel, permet justement de ne pas “perdre les pédales”, de ne pas “craquer” devant le constat que l'on est bien forcé de poser aujourd'hui: la fin de l'histoire (Fukuyama), l'advenance d'un temps hypothétique où les décisions seraient devenues superflues, n'arriveront pas. Jamais. Cette non-advenance bien constatable prouve l'inanité des thèses de Kelsen ainsi que des institutions et des pratiques politiques qui en découlent. Elle contraint à penser métaphoriquement le plan du politique comme un sous-bois touffu, comme une masse unique et toujours particulière de sédimentations multiples, inextricablement enchevêtrées, dont témoignent l'histoire du droit, l'histoire constitutionnelle et la jurisprudence. Dans l'enchevêtrement de pratiques juridiques non répressives mais codifiant, décodifiant et recodifiant la convivialité publique (pratiques qui sont de ce fait non punissantes et non surveillantes, pour rappeler ici le travail de Foucault), dans cet enchevêtrement donc, s'expriment des valeurs, sous des oripeaux qui se modifient et s'adaptent au fil du temps, tout en conservant l'essentiel de leur message.
Conclusion
Par conséquent, le projet de “Synergies Européennes” étaye sa revendication de subsidiarité par un recours aux corpus symbiotiques d'Althusius, Möser, Riehl, Gierke, etc. pour organiser et renforcer une quotidienneté organique, dégagée des simplismes politiciens et mécanicistes qu'ont véhiculés la plupart des idéologies du pouvoir en Europe. Cette quotidienneté doit pouvoir s'exprimer dans des assemblées élues par la population de régions historiques, expressions de substrats historiques, juridiques et économiques de longue durée. Ces substrats représentent des “contextes” économiques particuliers, dont la particularité ne saurait être ni altérée ni oblitérée ni éradiquée. Toute volonté d'altérer, d'oblitérer ou d'éradiquer ces substrats participent d'une volonté mécanique de “surveiller” et de “punir”, qui se camoufle souvent derrière des discours iréniques et moralisants. Ces particularités substratiques doivent donc être prises en compte telles qu'elles sont, dans leur complexité que le philosophe-poète compare volontiers à un sous-bois touffu ou à une forêt vierge. Cette complexité est organique et forcément rétive à toute logique mécanique, binaire ou simpliste. Sur le plan économique, elle ne peut être appréhendée que par une pensée de type historique, c'est-à-dire, selon la classification qu'ont opérée les historiens français contemporains de la pensée économique, une pensée “hétérodoxe”.
Mais ce réel pensé comme sous-bois peut le cas échéant subir l'assaut d'aléas mettant ses équilibres particuliers en danger. L'événement-choc, soudain, fortuit, terrible, peut bousculer des équilibres organiques pluriséculaires: ceux-ci doivent toujours être capables de faire face, de cultiver une logique du pire, pour que les chocs qu'ils affrontent ne les détruisent ni ne les traumatisent. Telle est la disposition d'esprit qu'il faut retenir des décisionnistes historiques (Sorel et ses disciples de la “révolution conservatrice”) et de l'œuvre de Walter Benjamin.
Deux pistes pour sortir des enfermements de gauche et de droite et pour accepter la diversité du monde et le divers en nos propres sociétés.
Robert STEUCKERS.
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dimanche, 24 mai 2009
La quasi-réunification: l'Ouest déchante déjà!

SYNERGIES EUROPÉENNES - Décembre 1989
La quasi-réunification: l'Ouest déchante déjà!
par Gilles TEGELBECKERS
Les journaux occidentaux, surtout ceux des trois puis-sances d'occupation, ont salué, début no-vembre, la disparition du Mur de Berlin. "Démo-cratie" oblige. Personne ne peut évidemment se déclarer partisan des barbelés, des champs de mines, ne peut idéaliser les ordres de tirer à vue, ne peut applaudir à la mort des malheureux abat-tus froidement pour avoir voulu quit-ter la RDA. Mais dès que le Chancelier Kohl a parlé de "procéder à l'élaboration de structures confédéra-tives", dès que le peuple, à Leipzig et à Dresde, a scandé sa volonté de réunification, dès que les ci-toyens de la RDA ont fait la chasse aux flics de la po-lice politique et qu'un général de cette même police a échappé de justesse au lynchage, les politiciens de l'établissement en Occident et les prêtres du journa-lisme bien-pensant ont chan-gé de disque. On dirait de-puis deux ou trois se-maines qu'ils regrettent les vo-pos, les chiens policiers, les mines et les barbelés. Au moins, du temps d'Ulbricht, les choses étaient simples: les mauvais étaient de l'autre côté et, eux, les "généreux démocrates" étaient ici, parmi nous, pour nous dispenser leurs bienfaits, en détour-nant acces-soi-rement les deniers publics pour satisfaire quelques caprices.
L'Allemagne, paume de la "main Europe"
L'euphorie de la chute du Mur est bien finie. Les Oc-cidentaux s'aperçoivent que leurs construc-tions poli-tiques, la CEE et l'OTAN, n'ont été que des structures provisoires qui contredisent les lois de la géopolitique. L'Europe est une et indi-visible: il ne peut y avoir d'Europe à long terme sans l'inclusion des pays du COMECON et sans le retour de la Russie dans le giron européen commun. Cette unité continentale n'est pas pos-sible sans la réunification: l'Europe, pour parler en termes d'allégorie, est une main, avec une pau-me, en l'occurrence l'Allemagne avec la Hongrie et la Tchécoslovaquie, et cinq doigts insulaires ou pénin-sulaires (Iles Britanniques, Scandinavie, Ibérie, Italie et Balkans). Sans pau-me, pas de cohésion. Rien que des doigts isolés, repliés sur eux-mêmes. Dans la même logique, l'Ukraine et la Biélorussie forment le poignet, tandis que la Russie-Sibérie forme le bras. La France actionne le pouce ibérique: sa double ou-verture sur l'Atlantique et la Méditerranée en fait la frange laté-rale de la paume. Elle est de ce fait indissoluble-ment liée à la paume et la politique de vouloir la dislo-cation de la paume va fina-lement à l'encontre de ses intérêts. Le processus de cet automne constitue en quelque sorte la restructuration de la "main Europe". Les troubles en Biélorussie et en Ukraine signalent que le poignet participe lui aussi à ce travail de restructuration.
Le défi de Kohl, qui a lancé un plan de réunification en dix points, provoque un sursaut chez les Alliés occi-dentaux et à Moscou. Kohl, en formulant son plan, cherche à atteindre plu-sieurs objectifs. D'abord, cou-per l'herbe sous les pieds de Schönhuber, le dyna-mique leader des Républicains. En arrêtant la progres-sion républi-caine, il arrête l'hémorragie de son propre parti. Il garde pour lui les voix des réfugiés silésiens et poméraniens, qui, avec leur famille, donnaient à la CDU/CSU le pourcentage de suffrages né-cessaires à obtenir la majorité. Ensuite, il tente tout bonnement de faire avancer le processus de réunification auquel aspi-rent tous les Allemands. Les dix points de Kohl inquiètent Gorbatchev, pas tant parce que les Russes craignent la réuni-fication (au fond, ils la souhaitent pour diminuer la puissance des Etats-Unis) mais parce que cet appel, venu trop tôt, a déclenché des troubles en RDA, accéléré les choses en Tchécoslovaquie, pro-voqué des incidents avec les troupes russes stationnées là-bas et fragilisé la position de Gorbatchev qui doit encore lutter chez lui contre les internationalistes anti-européens et certains staliniens partisans du statu quo.
Dans l'Europe de demain, il y aura place pour tous
L'ouverture des frontières de la RDA, de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie, la libérali-sation en Pologne, constituent un processus de suture de notre continent. La libre circulation des personnes et des marchandises provoquera un bouleversement pacifique et une multi-plica-tion des échanges économiques. La CEE ne peut plus se replier sur elle-même: elle est contrainte de s'élargir jusqu'aux frontières de l'URSS et puis de s'insinuer jusqu'aux rives de la Mer d'Okhotsk. S'il n'y a plus de barrière militaire, les lois de la géopoli-tique peuvent jouer à fond, sans restriction. Elles don-nent tort à l'Occident, à l'espace où sont nés les prin-cipes désincarnés du libéralisme, qu'il soit de mouture anglo-saxonne ou française. Mitterand et Thatcher, parce qu'ils ne se sont pas débarrassés de vieux ré-flexes obsolètes, croient que leurs pays seront margi-nalisés devant une Allemagne réunifiée. Or, dans le processus de restructuration euro-péen-ne, il y place pour tous: les Espagnols, par exemple, qui sont géo-graphiquement coupés de l'Europe dite de l'Est, ont élaboré un plan d'aide et de coopération très cohérent. Le Président von Weizsäcker a proclamé à Moscou que Fran-çais et Allemands pouvaient se partager les investissements en URSS et qu'il n'y avait pas en ce domaine de concurrence franco-alle-mande.
Il est évident que les systèmes français et britannique sont conçus pour vivre repliés sur eux-mêmes, en cul-tivant une sorte de nostalgie impériale désuète. Il est temps de proclamer dans ces deux pays une peres-troïka qui ba-layerait les institutions résiduelles et en édifie-rait de nouvelles. Rien ne sert de bouder comme le fait Mitterand, tiraillé entre une vision gaul-lien-ne grande-européenne et un repli sur l'Occi-dent avec sa bonne vieille laïcité et sa pensée individualiste. Rien ne sert non plus de ressortir la vieille alliance franco-russe contre le retour de l'Allemagne: contrairement au passé, les peuples de la Zwischeneuropa (l'Europe d'entre-deux) marcheraient cette fois du côté allemand. Et il n'est pas sûr que les Baltes et les Ukrainiens fe-ront bloc avec les Russes. Le modèle fédéral allemand et la constitution fédé-rative soviétique (même si du temps de Staline, Khroutchev et Brejnev, elle a été manipulée dans le sens de la russification) sont bien plus séduisants que le jacobinisme français, toujours incapable de se réformer, d'accorder un statut d'autonomie à ses provinces selon le modèle des Län-der allemands. La solution: octroyer aux pro-vinces françaises le même statut que les Länder allemands, dans une Europe où ce statut se serait généralisé (les Polonais de Solidarnosc y songent aussi). Le centra-lisme couplé à l'in-dividualisme libéral affaiblissent; la notion de peuple et le centrage des énergies populaires autour d'échelons administratifs intermédiaires, de re-lais, fédèrent les forces et les amplifient.
Les réactions en Israël
Mais les réactions les plus intéressantes à la nouvelle donne en Europe nous sont venues d'Israël. Le Mur de Berlin était le symbole d'une punition, écrit Mena-chem Shalev dans le Jerusalem Post. Il avait une si-gnification "métaphy-sique". Sa disparition clôt l'univers mental de notre après-guerre, au sein duquel le sionisme avait pu se déployer. Benjamin Begin, fils de l'ancien ministre et militant de l'Irgoun, entend combattre la réunification en toutes circonstan-ces. Pire, l'Europe risque de revenir à l'avant-plan et le conflit du Proche-Orient de déchoir en importance. La fin de la guerre froide réduira l'importance stratégique de la Palestine pour la puissance protectrice américaine. Un député de la Knesseth a dit à ce propos: "Nous pourrions devenir une sorte de Sri Lanka proche-oriental, un phénomène marginal de l'histoire mondiale". A Malte, Bush a déclaré que pour le Proche-Orient, aucune divergence de vue ne le séparait de Gorbatchev. Ce qui signifie en clair que les que-relles du Proche-Orient ont cessé de préoc-cuper les deux grands et les Européens. Les cortèges d'assassinats brutaux, revendiqués au nom de principes religieux fumeux, qu'ils soient juifs, chrétiens ou musulmans, ont fini par lasser. Le Liban et la Pa-lestine devront désor-mais régler leurs propres pro-blèmes sans inter-vention étrangère. Il est temps par ailleurs que les retombées de ces conflits stupides, is-sus d'un âge théologique, cessent d'importuner les Euro-péens. Des mesures doivent être prises avec éner-gie pour que les protagonistes de ces barbaries ne puissent étendre leurs fantasmes sur le sol sacré de notre Europe. Le panier à crabes pro-che-oriental ne vaut pas qu'on lui sacrifie le moindre matelot breton: que Mitterand le sache et que les foudres de guerre, nostalgiques d'un passé colonial, se le mettent en tête. Autant que l'argent du contribuable français aille sou-tenir une usine de chaussures en Ukraine... Une bon-ne godasse vaut mieux qu'un précepte théolo-gique, qu'une sourate absconse ou qu'une icône sur la crosse de fusil d'un fou de dieu libanais.
Les Juifs réformistes américains ont d'ailleurs très bien compris que le Proche-Orient ne valait plus un kopeck. Lors de leur rassemblement à la Nouvelle-Orléans, quatre conférences sur 125 seulement trai-taient encore d'Israël. Quant à l'ex-cellent historien is-raëlien Dan Diener (Univer-sité de Tel Aviv), il a réfuté d'un haussement d'épaule l'argument qui décrétait le Mur de Berlin symbole d'une punition: "ce sont des Al-lemands qui l'ont construit et cela n'a rien à voir avec l'holocauste; il n'y a pas de rapport logique entre la discorde inter-allemande et Auschwitz".
L'Europe revient au centre de nos préoccu-pations. Le Proche-Orient et l'Afrique s'estom-pent à l'horizon de nos soucis. Il ne s'agit pas d'un repli sur soi définitif de la part des Eu-ropéens mais d'un recentrage légi-time, prélude nécessaire à notre retour en force sur la scène historique. Cette fois, nous ne serons plus dés-unis mais rassemblés. Avant cette heure décisive, une perestroïka devra souffler sur la partie occidentale de notre continent. Une perestroïka doublée d'une vo-lonté énergique de balayer les corruptions. Comme à Leipzig. Nous sommes tous des manifestants de Leipzig. Nous sommes tous des citoyens de Dresde en colère.
Gilles TEGELBECKERS.
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mercredi, 20 mai 2009
Partijen in overheidsdiensten
Partijen in overheidsdienst
De politieke partijen hebben tijdens de voorbije decennia ongegeneerd in de staatskas gegraaid, met als gevolg dat hun inkomsten vandaag voor 83procent afkomstig zijn van de overheid. Elk jaar vloeit 53 miljoen euro van de belastingbetaler naar de partijen. Politieke partijen zijn daardoor parastatale organisaties geworden, die uit de hand eten van de overheid. Helemaal problematisch wordt het wanneer de gevestigde partijen die overheidsfinanciering ook gaan misbruiken als een politiek wapen om hun concurrenten onderuit te halen.
In 2003 verloren zowel Agalev als de N-VA hun dotatie. Dit betekende voor beide partijen een enorme financiële aderlating en bracht hen op de rand van de afgrond. Maar goed, dat was nu eenmaal de wet: dura lex, sed lex. Alleen hadden de gevestigde partijen het zo niet begrepen. Open VLD wilde vermijden dat de N-VA om financiële redenen een kartel zou sluiten met de CD&V. De N-VA kreeg van Open VLD de belofte dat de criteria om een dotatie te krijgen zouden worden versoepeld, op voorwaarde dat de partij geen kartel zou sluiten met de CD&V. Uiteindelijk is die deal niet doorgegaan en werd er pas bij de Vlaamse regeringsvorming een akkoord bereikt over de wijziging van de wet in het voordeel van de N-VA. Agalev daarentegen bleef financieel in de kou staan. Dat paste het best in het kraam van de SP.A, die op dat moment aanstuurde op een rood-groen kartel. De wetgeving werd dus gewijzigd à la tête du client. Anders gezegd: de gevestigde partijen maken misbruik van de partijfinanciering om het politieke landschap naar hun hand te zetten.
Nog een straffer voorbeeld daarvan is de manier waarop een aantal gevestigde partijen nu proberen om Vlaams Belang financieel droog te leggen. Politici hebben de geldkraan van de bedrijfsgiften helemaal dichtgedraaid en ook de privégiften sterk aan banden gelegd. Het gevolg is dat men door de overheidsfinanciering stop te zetten meteen ook de financiële levenslijn van een partij doorknipt. Wanneer men dit systematisch zou doen, dan komt dit in de praktijk op hetzelfde neer als een partijverbod. Op die manier krijgt de politieke elite een machtig wapen in handen om ongewenste partijen hetzij van de kaart te vegen, hetzij in de pas te doen lopen. Vandaag wordt dit wapen gebruikt tegen een uiterst-rechtse partij, maar morgen kunnen ook andere (communistische, islamitische, Eurosceptische) partijen worden geviseerd die door de elite als bedreigend worden ervaren.
Het zijn heus niet enkel separatisten en extremisten die problemen hebben met de financiële drooglegging van Vlaams Belang. De Raad van State heeft zelf twijfels bij de grondwettelijkheid daarvan en vraagt zich af of die drooglegging wel te rijmen valt met de vrijheid van vereniging. In januari heeft de Raad deze kwestie dan ook voorgelegd aan het Grondwettelijk Hof. Benieuwd wat het Hof zal doen met deze wel zeer hete aardappel.
Maar de kiesstrijd wordt ook nog op een andere manier financieel gemanipuleerd door de overheid. Op 17 mei organiseert de vzw Belgavox een gratis concert aan het Atomium. Het concert heeft een uitgesproken politiek oogmerk, namelijk 'het versterken van de solidariteit, het respect, het samenhorigheidsgevoel en de multiculturele diversiteit in België, en het versterken van de Belgische identiteit.' (aldus de Belgavox-website). Ook al omdat dit concert plaatsvindt in de directe aanloop naar de verkiezingen gaat het hier overduidelijk om een politieke manifestatie. Er kan moeilijk worden ontkend dat het initiatief is gericht tegen de separatistische partijen in Vlaanderen: Vlaams Belang en de N-VA, die samen ruwweg 20procent tot 30procent van de Vlaamse kiezers vertegenwoordigen. Tot hier is er evenwel geen vuiltje aan de lucht. Verkiezingen of niet, het staat de betrokken artiesten en intellectuelen volledig vrij om zich te outen als goede Belgische patriotten en om een antiseparatistische manifestatie te organiseren.
Maar wat te denken van het feit dat deze electorale manifestatie mee wordt gefinancierd door de overheid? Hoofdsponsors van het concert zijn immers de Nationale Loterij en Belgacom (voor 54procent in handen van de Belgische staat). Het initiatief wordt ook gesteund door de Vlaamse en Franstalige openbare omroep en door de Stad Brussel. En bovendien voorziet de NMBS in een voordelig tarief voor wie met de trein naar deze politieke meeting komt.
Met de ene hand probeert de overheid de grootste separatistische partij financieel te nekken. Met de andere hand financiert diezelfde overheid een antiseparatistische politieke manifestatie vlak voor de verkiezingen. Partijen en kandidaten worden tijdens de campagne stevig gekortwiekt door de overheid. Ze moeten zich houden aan draconische uitgavenbeperkingen. Dat gaat zelfs zo ver dat gewone kandidaten nauwelijks nog een campagne kunnen voeren die naam waardig. Maar diezelfde overheid mag zelf blijkbaar onbeperkt electorale manifestaties financieren. Dit is toch echt wel de wereld op zijn kop.
Een land waar zulke dubieuze praktijken mogelijk zijn en worden geduld kan men bezwaarlijk een normale democratie noemen. Maar wie maakt zich daar nu nog illusies over?
Bart Maddens is politicoloog aan de K.U. Leuven.
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Pirateria e Impero
Piratería e Imperio
La actual “guerra contra la piratería,” que se extiende a los tribunales kenianos y estadounidenses después pasar meses hirviendo a fuego lento ante las costas de Somalia, es sólo la última en una larga serie de acciones de EE.UU. al servicio del imperio contra protagonistas no-estatales. La “Guerra Global contra el Terror,” que el gobierno de Obama reemplazó recientemente por el término más vago de “operaciones de contingencia en ultramar,” justificó un aumento en gran escala de los gastos militares, dos grandes intervenciones, y llamados explícitos a que EE.UU. mantenga su poderío sin igual. Al poner en peligro los puntos neurálgicos marítimos del mundo, los piratas emergen como la última amenaza no-estatal: los terroristas de los mares.
Sin embargo, no es una historia nueva. Hace doscientos años, los piratas de Barbería llevaron a los primeros gastos militares de importancia en la historia pos-revolucionaria de EE.UU. y aumentaron el perfil del Cuerpo de Marines de EE.UU. Después de los ataques del 11-S, los conservadores utilizaron comparaciones forzadas entre esos piratas y al-Qaeda como justificación para invadir Afganistán y lanzar una guerra global contra el terrorismo.
Hubo piratas presentes en la creación del imperio de EE.UU. ¿Han vuelto para el acto final del imperio?
Los neoliberales y los neoconservadores tienen diferentes respuestas a esta pregunta.
El mito del guerrero renuente
Según un agradable mito liberal excepcionalista, EE.UU. siempre ha defendido la democracia en el extranjero y ha renunciado a primeros ataques militares. George Washington, quien estableció un ejemplo al renunciar a su cargo militar para convertirse en el primer presidente civil del país, recomendó la neutralidad en la política exterior del nuevo país. Como tema utilizado por Jefferson en su advertencia contra “alianzas enmarañadas,” la neutralidad de los Padres Fundadores inspiró un siglo de subsiguientes aislacionistas. En el Siglo XX, EE.UU. entró a dos guerras mundiales sólo cuando fue provocado (el Lusitania, Pearl Harbor), y libró las guerras de Vietnam y Corea no para conseguir ventajas territoriales o por ambición imperial sino para defender a todo el Mundo Libre de una creciente mancha roja.
Las recientes guerras en Afganistán e Iraq pueden ser reempaquetadas para que se ajusten a esa narrativa inofensiva. Lanzamos la guerra contra los talibanes sólo después de que nos atacaron el 11 de septiembre. Luego apuntamos (inicialmente) a Sadam Husein por sus vínculos con el terrorismo, la amenaza (después) de sus armas de destrucción masiva, y (finalmente) por su verdaderamente atroz historial de violaciones de derechos humanos. En los tres casos, fuimos guerreros renuentes y combatimos por cuenta de otros, por razones altruistas de seguridad general o de democracia iraquí. En la más amplia Guerra Global contra el Terror, según la doctrina Bush, EE.UU. combate a terroristas en el extranjero para que no tengamos que combatirlos en nuestro suelo. La guerra “preventiva”, aunque pueda parecer imprudente y agresiva, es en los hechos prudente y defensiva. Como guerreros renuentes, loa estadounidenses son en última instancia hijos de George Washington.
Es un hermoso cuento de hadas para contarlo a niños a la hora de acostarse o a la ONU en tiempos de guerra. Pero, patrocinadores de la Guerra Global contra el Terror, incómodos con la visión de EE.UU. como pacífico excepto cuando es provocado, construyeron una contra-narrativa para servir sus propios propósitos. Para justificar una agenda bastante poco liberal – la adopción de masivos aumentos de los gastos militares, la suspensión de leyes internacionales como las Convenciones de Ginebra y la Convención de la ONU contra la Tortura, la perpetración de violaciones generalizadas de las libertades cívicas dentro del país – los neoconservadores prefirieron una narrativa con más testosterona. Ni siquiera se avergonzaron al utilizar la palabra “imperio.” Su contra-narrativa ha rastreado la historia intervencionista de EE.UU. desde el comienzo del imperio estadounidense hasta fines del Siglo XIX pasando por la construcción del “Siglo Estadounidense” durante la Guerra Fría. Esa desenfadada adopción del imperio suministra el elemento crítico – el thymós o el deseo y el esfuerzo y por lograr reconocimiento – cuya defunción fue lamentada por Francis Fukuyama en el fin de la historia. Los nostálgicos por la era del imperio reconocen que el mundo tiende hacia una inmensa democracia uniforme de mercado. Pero siguen existiendo por ahí diversas fuerzas antidemocráticas y anticapitalistas – vestigios comunistas como Cuba, potencias autoritarias como China, líderes dictatoriales como Robert Mugabe de Zimbabue, y la junta de Myanmar – y los facilitadores de la “Vieja Europa” carecen de las agallas para resistir a toda esa tiranía. Sólo el coraje y el poder de fuego pueden restaurar el thymós a su lugar de honor en el desarrollo de la historia del mundo.
La historia convencional de la expansión de EE.UU. en el extranjero se ha concentrado en que habría repelido a otros imperios y naciones-estado: españoles, soviéticos, vietnamitas, norcoreanos. Perceptiblemente ausentes en esa lista, excepto por un breve período durante el gobierno de Reagan, han quedado los protagonistas no-estatales y el mundo musulmán. Como tal, la campaña inspirada por los ataques del 11-S pareció ser un desvío en la historia de EE.UU.: una reacción sin precedentes a un evento sin precedentes. La Guerra Global contra el Terror se exponía a parecer no-estadounidense en su singularidad. Después de todo, ¿no fueron las Cruzadas algo europeo? ¿No fue el terrorismo un problema local para Londres, Madrid, Moscú, y Beijing? ¿No eran los Estados totalitarios los que libraban guerras globales?
De modo que, después de que decreció el choque inicial de los ataques del 11-S, los arquitectos de la nueva campaña de contraterrorismo se apresuraron a establecer una continuidad histórica. Para sustentar lo que se convertiría en la campaña militar más cara de la historia de EE.UU., era importante fabricar una genealogía – tal como la familia de un nuevo rico construye un escudo de armas falso para establecer un orgulloso y aristocrático linaje. La Guerra Global contra el Terror tenía que convertirse en una expresión esencial del destino de EE.UU. en lugar de ser un desvío del camino hacia una economía liberal de mercado global.
De esta manera, los propugnadores de la guerra global contra el terror descubrieron a los piratas de Barbería. A fines del Siglo XVIII y comienzos del XIX, EE.UU. mantuvo un conflicto de dos décadas de duración contra varios Estados a lo largo de la costa norafricana. La campaña inspiró la expansión de los Marines y la creación de la moderna Armada de EE.UJU. En días de debilidad general de EE.UU. – luchando con poco éxito contra los franceses y los británicos – las guerras de Barbería constituyeron un raro éxito para la joven república. Fue, en breve, una historia predispuesta para ser abusada: una guerra contra terroristas musulmanes antes de los hechos que resultó en una victoria militar de EE.UU. y un temprano triunfo del libre comercio.
La interpretación errónea de este episodio en la historia de EE.UU. es muy reveladora sobre los objetivos de la guerra global contra el terror. Y sirve como punto de salida útil para una consideración del futuro de la disputa entre los neoliberales y los neoconservadores sobre la trayectoria del poder global en lo que Thomas Friedman ha llamado una “era de piratería.”
Un paralelo pirata forzado
Los propugnadores de una Guerra Global contra el Terror no tuvieron que buscar mucho en los libros de historia después del 11-S para encontrar lo que necesitaban. Thomas Jewett, en la edición de invierno/verano de Early America Review, escribió que el 11-S “no es el primer conflicto en el que EE.UU. ha enfrentado semejantes ofensas contra la vida y la propiedad. Hubo otra época en la que se determinó que la diplomacia no sería sólo fútil, sino humillante y a la larga desastrosa. Una época en la que un rescate o tributo no compraría la paz. Una época en la que la guerra era considerada más efectiva y honorable. Y una época en la que la guerra se libraría, no contra grandes concentraciones de poderío militar, sino por pequeñas bandas formadas por individuos de espíritu indomable. Hace casi 180 años nuestro joven país atacó Trípoli bajo circunstancias que son extrañamente similares a los tiempos contemporáneos.”
Los panfletistas identificaron rápidamente los paralelos religiosos. Rick Forcier, director ejecutivo de la Coalición Cristiana del Estado de Washington, escribió en noviembre de 2001 sobre el terrorismo: “Es bastante antiguo, y así es su empleo por fundamentalistas islámicos, quienes durante siglos, han atacado con bombas, secuestrado, raptado, asesinado y extorsionado para difundir su religión y la gloria de su dios Alá. Conocidos en el pasado como ‘piratas de Barbería,’ los terroristas hicieron que el mundo de otrora temblara ante el pensamiento de ser capturado en alta mar y ser muerto o vendido a los traficantes de esclavos de Timbuktú.”
El periodista conservador Joshua London también tocó el tema de la Guerra Santa. Escribiendo en The National Review, opinó: “Aunque hay mucho en la historia de las guerras de EE.UU. contra los piratas de Barbería que es de relevancia directa con la actual guerra global contra el terrorismo, un aspecto parece ser particularmente instructivo para informar nuestro entendimiento de los asuntos contemporáneos. Dicho de modo muy simple, los piratas de Barbería eran musulmanes comprometidos, militantes, que insistían en hacer exactamente lo que decían.”
Sólo un mes después del 11-S, la derivación de paralelos era suficientemente significativa como para justificar un artículo del Washington Post que destacó los puntos de vista de numerosos historiadores sobre el tema. Entre los citados estaba el profesor de derecho de la Universidad George Washington, Jonathan Turley, quien utilizó explícitamente la analogía histórica en su recomendación al Congreso. “Invocó el precedente de los piratas de Barbería, diciendo que EE.UU. tenía pleno derecho a atacar y destruir a la dirigencia terrorista sin declarar la guerra,” informó el artículo.
Tres años después, cuando el entusiasmo por la Guerra de Iraq seguía siendo fuerte en las filas conservadoras, Christopher Hitchens escribió una apología de alto perfil de Thomas Jefferson y su tratamiento de los piratas de Barbería en la revista Time. El punto de partida para Hitchens fue el carácter definitivo de Jefferson. “Considerado en conjunto con algunas otras acciones ambiciosas y casi-constitucionales de Jefferson – la Compra de Luisiana y el envío de la expedición de Lewis y Clark al Oeste – la guerra de Barbería lo expuso a algunas críticas federalistas y en los periódicos por su secretismo, su prepotencia y su estilo exageradamente ‘presidencial.’ Pero no fue posible argüir contra el éxito,” escribió en una obvia reverencia hacia el gobierno de Bush.
En su minería de la historia estadounidense, periodistas, historiadores, y activistas conservadores encontraron las pepitas que buscaban: las humillaciones de la diplomacia, la importancia de demostraciones individuales de valor (¡el thymós!), las contribuciones de un poderoso presidente, y la perfidia militante de los musulmanes. Este establecimiento de paralelos entre los talibanes y al-Qaeda por una parte y los piratas de Barbería por la otra logró varios objetivos. Primero, estableció que los propios Padres Fundadores de EE.UU. habían ido a la guerra contra terroristas islámicos, dando a la guerra global contra el terror un pedigrí indiscutible. Segundo, reveló que desde el comienzo, el apaciguamiento en la forma de diplomacia estéril y del pago a chantajistas era poco efectivo, y que sólo una enérgica reacción militar podía asegurar la victoria. Tercero, esas batallas necesitaban nuevos enfoques (guerra preventiva) y nuevas capacidades (una armada expandida, una guerra centrada en la red). Finalmente, no se trataba de un simple conflicto local sino de una guerra global entre fundamentalistas retrasados y los que defendían el vigor de la ley.
Los mismos temas reaparecieron en una más reciente vinculación de la reacción del gobierno de Obama frente los piratas somalíes con el enfoque de Jefferson ante los piratas de Barbería. Los piratas somalíes son musulmanes y vinculados a fundamentalistas, el apaciguamiento no funciona, y la guerra es la respuesta. Y los expertos utilizan a los piratas como argumento a favor de una transformación de las capacidades del Pentágono. La asociación de piratas y terroristas es tan poco probable hoy en Somalia como lo fue en la histórica malinterpretación de las guerras de Barbería.
El “descubrimiento” de los piratas de Barbería es casi demasiado bueno como para ser verdad – como si un activista contra el aborto descubriera un dictamen desapercibido de la Corte Suprema del Siglo XVII sobre la concepción como inicio de la vida. Al proyectar sus prejuicios hacia el pasado, los neoconservadores deformaron la historia para que sirviera sus intenciones. Por cierto hay paralelos entre las Guerras de Barbería y los conflictos actuales. Pero no son los paralelos aprovechados por Jewett, London, y otros.
La verdadera historia del contraterrorismo
A pesar de las interpretaciones de los neoconservadores, las guerras de Barbería no tuvieron que ver con la religión. Los Estados del Norte de África, distantes tributarios del Imperio Otomano, no eran califatos islámicos sino gobiernos seculares dirigidos por un dey y sus jenízaros turcos. Clérigos musulmanes controlaban la esfera eclesiástica pero tenían poco poder político real. Además, los ataques contra los barcos comerciales no tenían nada que ver con el yihad. Más bien, excluidos de los mercados europeos, Argel, Trípoli y Marruecos se volvieron a la piratería para sobrevivir económicamente. EE.UU., en el intertanto, no inició una guerra santa contra esos Estados. En su lugar, estaba librando la Guerra Revolucionaria a posteriori a fin de conseguir mercados abiertos para productos estadounidenses. Fue, como argumentó Thomas Paine en “Common Sense,” una clave para la supervivencia de un país recientemente independizado. Pero Gran Bretaña no dio la bienvenida al recién independizado EE.UU. en sus mercados. Peor todavía, los británicos lanzaron a los piratas de Barbería contra la navegación comercial de EE.UU. en el Mediterráneo. Lo que algunos intérpretes contemporáneos ven como una temprana confrontación entre Occidente y el Resto – un prototipo para el choque de civilizaciones – fue en realidad la continuación de una batalla entre EE.UU. y sus rivales europeos.
Sin embargo, existen algunos paralelos útiles entre entonces y ahora. Por ejemplo, los Padres Fundadores identificaron rápidamente a sus oponentes de Barbería como piratas y negreros. Pero los británicos interpretaron las incursiones realizadas por John Paul Jones durante la Guerra Revolucionaria como poco más que piratería. La piratería, como el terrorismo, depende del punto de vista del observador. En cuando a la esclavitud, EE.UU. era en esos días el centro de la trata de esclavos. La hipocresía del trato por los Estados de Barbería de un par de cientos de marineros estadounidenses – cuando los negreros estadounidenses había llevando cientos de miles de esclavos africanos – no fue percibida por la mayoría de los comentaristas de la época (con la notable excepción de Benjamin Franklin).
Se puede encontrar un paralelo más pertinente en la esfera militar. A fines del Siglo XVIII, EE.UU. carecía de fuerzas armadas que se pudieran enfrentar frente a frente con las potencias europeas, mucho menos con la flota de Barbería. Muchos Padres Fundadores consideraban que una armada permanente era una amenaza para la libertad. Era costosa y, con el fin de la Guerra Revolucionaria, no existían razones compulsivas para gastar dinero en la construcción de barcos de guerra. James Madison recomendó que EE.UU., en una temprana versión de la Seguridad Interior, se concentrara en la defensa de las líneas costeras. En 1794, sin embargo, el Congreso rechazó los argumentos de Madison y Jefferson y aprobó legislación, firmada por el presidente Washington, para la construcción de seis fragatas. Los propugnadores de la ley utilizaron a los piratas de Barbería como justificación explícita para ese fuerte aumento en los gastos militares, pero sin duda también pensaban en las flotas de Gran Bretaña y Francia.
Había, sin embargo, una cláusula interesante en la ley: “Si llegara a haber paz entre EE.UU. y la Regencia de Argel, no habrá actuaciones ulteriores bajo esta ley.” Después, EE.UU. firmó un tal tratado con Argel. Washington invocó esa cláusula en 1796 para reducir los desembolsos navales. Pero incluso entonces, cuando el complejo militar-industrial estaba en su nadir histórico, hubo preocupaciones sobre el desempleo en el sector de la defensa. De modo que, en un compromiso, la temprana república siguió adelante con la construcción de tres barcos.
La guerra que terminó por acontecer entre EE.UU. y primero Trípoli, y luego Argel, estableció muchos de los mitos fundadores de las hazañas militares de EE.UU. (las hazañas de Stephen Decatur), nuevos tipos de guerra (misiones militares secretas), y la vinculación de la intervención en el extranjero con el comercio. En otras palabras, los neoconservadores del Siglo XXI recibieron una cierta mitología prefabricada en la cual basarse. Todo lo que necesitaban era vincular a los piratas de Barbería con al-Qaeda. Eso precisaba que se convirtiera a los agentes de gobiernos seculares con limitados objetivos económicos en musulmanes terroristas con los más amplios objetivos ideológicos. De esta manera, una guerra de EE.UU. contra el terrorismo islámico adquiriría la distinción de un antiguo interés nacional.
Piratería y globalización
Cuando EE.UU. declaró la Doctrina Monroe en 1823, sólo ocho años después del fin de la Guerra Argelina, tenía el deseo, pero no la capacidad, de mantener a sus rivales europeos fuera del Caribe y de Latinoamérica. Fueron las guerras contra los Estados de Barbería – y ciertamente no la desastrosa guerra de 1812 – lo que había dado a EE.UU. la confianza necesaria para desafiar a los imperios europeos. Esos tempranos conflictos suministraron a EE.UU. la retórica y la visión de un imperio comercial cuando EE.UU. no era más que un simple páramo.
La noción de que EE.UU. pudiera mantenerse fuera de guerras y de las sucias complicaciones de la política imperial europea se acabó durante los conflictos de Barbería. El crecimiento económico de EE.UU. dependía del libre comercio, y los barcos de guerra de EE.UU. eran necesarios para mantener abiertas las líneas de navegación. Cuando Thomas Friedman escribió sobre la importancia de McDonnell Douglas para la seguridad de los restaurantes McDonald’s – el puño de hierro de los militares tras la mano invisible del mercado – heredó esa tradición de lógica imperial. Es también el espíritu que animó la visión geoeconómica de Bill Clinton de mantener el poder económico de EE.UU. mediante la conservación del poder militar de EE.UU., que he llamado en otro contexto “globalización de cañonera.”
Con la presidencia de Barack Obama, sobreviene una cierta versión resucitada del enfoque de Clinton. Se deja de lado toda el habla de imperio, en la que los adversarios son derrotados definitivamente, y viene el arte de la hegemonía, en el que aliados y adversarios de EE.UU. son persuadidos para que vean la confluencia de sus intereses y de los intereses de EE.UU. Obama sigue comprometido con unas inmensas fuerzas armadas – está redistribuyendo tropas de Iraq a Afganistán, aumentando la cantidad de soldados en 92.000 hombres, y manteniéndose “a la ofensiva” de Djibouti a Kandahar” – incluso mientras promete utilizar su pericia persuasiva con los dirigentes de Irán, Corea del Norte, y Venezuela. Obama ha prometido echar marcha atrás en algunos de los aspectos más ofensivos de la Guerra Global contra el Terror (Centro de detención de Guantánamo, la tortura) pero el marco general será mantenido bajo la designación AfPak. Mientras tanto, el nuevo presidente se concentrará en la expansión del poder económico global de EE.UU. como parte de un intento de reanimar la moribunda economía del país.
En este entorno neoliberal reanimado, al-Qaeda seguirá siendo el mismo importante “otro” que constituyeron los Estados de Barbería en el Siglo XVIII: una excusa útil para nuevos gastos militares y la proyección de la fuerza. Pero ahora se le suman otros herederos más directos del manto de Barbería: los piratas de Somalia. Esos piratas atacan la sangre vital misma de la globalización – los barcos que transportan energía y bienes por el Canal de Suez – tal como los piratas de Barbería bloqueaban la intención del temprano EE.UU. de convertirse en un protagonista económico global. Como parte de su propia transformación después de la Guerra Fría, la Armada está alejando su estrategia de la custodia de alta mar al control de las líneas costeras. Ya ha tenido una importante confrontación con China (relacionada con el USNS Impeccable). Pero ante las inversiones de China en la economía de EE.UU., los piratas representan una justificación más segura para este cambio de dirección.
Los terroristas en tierra y en el mar son útiles de otra manera. Precisamente porque no son Estados sino entidades dispersas, los piratas y los terroristas pueden servir mejor para justificar tanto una guerra global como una nueva doctrina militar. El Pentágono ha insistido en costosos, pero bastante anticuados, sistemas de armas para encarar la creciente amenaza de China: portaaviones de tecnología avanzada, inmensos destructores navales, y nuevos submarinos nucleares. Una amenaza dispersa, mientras tanto, requiere una defensa dispersa: Bases militares de EE.UU. (reconfiguradas como “hojas de nenúfar” [ciudades flotantes], tanto mejores para salirse de ellas), unidades de reacción rápida, nuevas capacidades de C4 (comando, control, comunicación y computadores). También justifica una nueva doctrina militar que subraya la rapidez por sobre la posición. Obama ha apoyado esos cambios. Permitirán al Pentágono que reaccione rápido ante amenazas a los intereses económicos de EE.UU., sean ataques paramilitares contra oleoductos en el Golfo de Guinea y Colombia, disputas territoriales que afecten rutas de navegación en el Sudeste Asiático, o piratas en los Estrechos de Malaca.
El fin de la Guerra Fría creó una crisis de misión para la OTAN. ¿Para qué era necesaria si la Unión Soviética ya no existía? Pero esa crisis de misión podía ser aplicada más generalmente al Pentágono. El celebrado segundo frente de la zona desmilitarizada de Corea perdió su propósito cuando Corea del Sur dejó de considerar a Corea del Norte como su enemiga. La amenaza china disminuyó considerablemente cuando Beijing se convirtió en el principal socio comercial de todos los países de la región. Cuba ya no representaba ningún potencial de amenaza aparte de enviar botes cargados de refugiados a la costa de Florida. Sadam Husein está muerto. Colin Powell hizo la genial declaración después de la primera Guerra del Golfo: “Se me acaban los malvados. Sólo me quedan Kim Il Sung y Castro.” Osama bin Laden llegó justo a tiempo para el gobierno de Bush. Los piratas somalíes son el último lazo salvavidas para el Pentágono.
La conservación de altos gastos militares, sea para impulsar los “duros” objetivos imperiales de los conservadores o los “suaves” objetivos económicos hegemónicos de los neoliberales, requiere a malvados de una estatura comparablemente grande. El hermano de Castro y el hijo de Kim Il Sung no bastan. Si al-Qaeda no existiera Washington tendría que crearlos. Por cierto, en su construcción de terroristas islámicos de piratas bastante corrientes, ha hecho precisamente eso.
John Feffer
Traducido por Germán Leyens, extraído de Rebelión.
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mardi, 19 mai 2009
Politieke schandalen

Politieke schandalen
Door yvespernet op 13 mei 2009
Het is een goed seizoen voor mensen die zich graag bezighouden met politieke schandalen. Lijst Dedecker waar de broodjesmadam verdwijnt en terugkeert. En niet alleen met broodjes, maar ineens met een heel dubieus contract ondertekend door kopstukken van de OpenVLD. In Knack staat dan weer een voorpublicatie uit het boek van Leo Goovaerts waarin wordt aangetoond dat ook Verhofstadt niet vies is van dubieuze praktijken. Zo zou Verhofstadt Goovaerts een goede 50.000 euro afhandig hebben gemaakt waarna hij Goovaerts uit de partij liet smijten, nadat hem eerst nog een senaatszetel was beloofd. Meer info over die zaak hierzo. Hieronder een kleine anekdote;
De zaak-Dirk Vijnck is één keer gebeurd ‘en zal nooit meer gebeuren’, zei Open VLD-voorzitter Bart Somers vorige week na de onverkwikkelijke overlopersaffaire met een backbencher van LDD. Toch lijkt het ‘kopen’ van loyauteit een essentieel onderdeel van de liberale partijcultuur. Zelfs het omgekeerde is er mogelijk: geld afhandig maken en dan elimineren. [...] Het verhaal begint in 1988 wanneer Annemie Neyts Guy Verhofstadt opvolgt als voorzitter van de toenmalige PVV. De partij zit in de schulden, maar ook Verhofstadt zelf zit in slechte papieren. ‘Maar er was meer aan de hand.[...]
Tussen 1989 en 1998 schrijft Leo Goovaerts – die ondertussen penningmeester van de VLD is en samen met Verhofstadt, De Gucht en Dewael tot de absolute partijtop behoort – herhaaldelijk brieven aan Guy Verhofstadt met de vraag om de persoonlijke lening terug te betalen. In 1998 was de schuld al opgelopen tot 3,6 miljoen frank (90.000 euro). Dan doet Verhofstadt hem een voorstel: een verkiesbare plaats op de Senaatslijst voor de verkiezingen van 1999.[...]
Die vijfde januari was er een geheime bijeenkomst in de Gentse privéwoning van Guy Verhofstadt. Onder meer Patrick Dewael was erbij. En Karel De Gucht natuurlijk, want als er iemand af te maken is, is de Karel altijd bij de pinken. Ook de persman van de partij was die dag aanwezig. En er was intens contact met Annemie Neyts. Het enige agendapunt van de besloten vergadering: de eliminatie van Leo Goovaerts,’ schrijft Goovaerts.
Een goede opinie over de politieke oligarchie vindt men trouwens hier terug door Rik van Cauwelaert. Maar ook in Groot-Britannië zjin er problemen genoeg. Daar bleken immers de parlementsleden hun onkostenvergoedingen nogal breed te gebruiken. Gaande van hun huizen te laten kuisen voor een goeie 4.000 euro tot een yoghurtje van 42 cent of het betalen van een pornofilm, alles werd de belastingsbetaler aangerekend. Meer info daarover vindt u hier.
Het politieke systeem is rot en sommige mensen vertikken het dan ook, begrijpelijk, om zelf nog maar te gaan stemmen. Ikzelf ga echter bij de volgende verkiezingen zeker stemmen. Niet omdat ik overtuigd ben dat er ook maar iets gaat veranderen door te stemmen of doordat ik geloof dat een bepaalde partij beter is dan een andere. Nee, ik ga stemmen omdat in het verleden duizenden mensen hebben betoogd, zijn vervolgd, fysiek uitgeschakeld, etc… zodat ik het recht zou hebben om mijn keuze te maken tussen de hopen lijsten zakkenvullers. Uit respect voor die mensen ga ik stemmen, niet uit respect voor de politieke demoligarchie. Daarbij, mijn inziens, als je niet gaat stemmen, heb je daarna ook geen recht van spreken of klagen.
00:44 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belgique, flandre, scandales politiques, politique, corruption, démoligarchie | |
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dimanche, 17 mai 2009
Susbielle: le déclin de l'empire européen
Jean-François Susbielle, Le déclin de l'empire européen, Ed. First, 2009.
00:28 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, affaires européennes, actualité, politique | |
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samedi, 16 mai 2009
La face sombre de la Turquie, incompatible avec l'Europe "bien-pensante"
La face sombre de la Turquie, incompatible avec l'Europe 'bien pensante'
Le ministre de l'Intérieur évoque, comme motivation "l'hostilité entre deux clans familiaux" liés aux protecteurs de village. Besir Atalay, déclare : "Cet acte ne s'est pas produit par hasard. On ne peut pas expliquer cet événement par un coup de folie, il a été prémédité".
En tout état de cause le scénario brille par sa sauvagerie. La cérémonie de mariage se terminait, quand les assaillants, armés de fusils mitrailleurs et de grenades, ont fait feu, pendant plus d'un quart d'heure, sur des gens désarmés. Ils ont arrosé de balles les habitants de plusieurs maisons. Au nombre des victimes tuées : la jeune mariée, son époux, les parents, la petite sœur âgée de quatre ans, et l'imam du village, ainsi que 16 femmes, dont 3 enceintes. Au total, plus de 40 orphelins. Deux jeunes filles rescapées ont sauvé leur vie en se cachant sous les cadavres des victimes, jusqu'au départ des tueurs. Ceux-ci ont pris la fuite à la tombée de la nuit, à la faveur d'une tempête de sable.
Dès le lendemain, les médiats turcs utilisaient une technique toujours efficace : la surinformation. Et de citer une série de conflits récents entre clans rivaux. On emploie ainsi le mot passe-partout de règlement de comptes. Les actes de vendetta constitueraient, assure-t-on, une pratique coutumière dans la région. Ils font des dizaines de victimes chaque année. On parle aussi de "crime d'honneur".
Cette expression n'excuse pas la barbarie. Mais elle permet de mettre tout cela commodément au débit de l'arriération régionale de l'est anatolien. On emploie cette expression géographique, pour esquiver son caractère ethnique. Les statistiques mondiales diffusées par la CIA donnaient, en avril 2009, le nombre très précis de 76 805 524 pour évaluer le compte futur des habitants, à fin juillet, de la république unitaire forgée par Mustapha Kemal. Mais le pourcentage des Kurdes n'est indiqué que de façon beaucoup plus vague, "autour de 20 %" . L'identité nationale des "Turcs de la montagne" n'est toujours pas reconnue officiellement par Ankara (1), sauf quand il s'agit d'expliquer, en les leur imputant, certains faits d'apparence particulièrement choquante.
Un des suspects, lors de son interrogatoire, aurait servi une version trop vite reprise par la complaisance de certains médiats, y compris occidentaux. L'attaque s'expliquerait en tant que représailles exercées par sa famille à l'encontre de celle de la mariée. Celle-ci aurait préféré donner en mariage la jeune femme à un groupe rival. "Quelqu'un de la famille de la fiancée avait violé une fille de notre famille. Nous avions demandé que la fiancée nous soit donnée en mariage. Ils ont refusé et ont en fait donné la fille à une famille qui est ennemie de la nôtre".
Selon le ministre de la Justice Sadullah Ergin, la question d'honneur concernant une femme ne saurait constituer le vrai motif. "Il existe nécessairement, dit-il un mobile financier". Et il évoque un conflit pour des élevages de poissons près du village.
Sur onze personnes interpellées, onze versions différentes.
Et un universitaire, spécialiste des traditions ancestrales de la région, interrogé par le quotidien Hurriyet, souligne par ailleurs l'incompatibilité absolue du mode opératoire de ce massacre abominable avec les règles du "crime d'honneur".
Les suspects ont été arrêtés avec leurs armes. Or le matériel de guerre ainsi utilisé fait partie de la dotation allouée par le gouvernement d'Ankara aux quelque 60 000 auxiliaires kurdes recrutés depuis 1985 afin de lutter, contre la guérilla marxiste-léniniste du PKK, qui endeuille le pays depuis maintenant 25 ans.
Ces milices n'ont certes pas inventé les armes à feu . Elles n'en détiennent pas non plus le monopole. Mais leur existence permet de les faire circuler légalement dans toute la région. Les bons esprits demandent donc la dissolution de ces groupes, arguant aussi du fait que leurs hommes de main se trouvent régulièrement impliqués dans des affaires de drogue ou de viols.
C'est bien en cela que Milliyet a raison de parler de "la face noire de la Turquie". L'expression qui prévaut, depuis 1996-1997, désigne "l'État profond". Cette réalité occulte régente le pays, sous le drapeau de sa "laïcité" et de son idéologie jacobine.
Car depuis 1996, la preuve matérielle a été administrée, de façon spectaculaire, de l'existence bien concrète et de la nature de cet "État profond".
Des liens étroits associent en un même système mafieux, un certain nombre de forces réputées laïques, au service desquelles, ailleurs les "loups gris", comme, ici, les milices de "protecteurs de villages" exécutent certaines basses œuvres. Ceux-ci en assurent la sous-traitance dans le sud-est anatolien, où sévit la rébellion kurde du PKK.
Que s'est-il passé en novembre 1996 pour faire date dans la révélation de ces réseaux de pouvoir ?
Rappelons qu'à l'époque la bien-pensance européenne ciblait uniquement les activités criminelles attribuées aux rebelles du Kurdistan. Or, un malencontreux accident de la route renversa toutes les insinuations des dirigeants et des propagandistes d'Ankara.
Il révélait qu'en fait l'État turc lui-même opérait en relation avec la mafia.
L'événement clef se produisit fortuitement, près de Susurluk, dans la charmante province de Balikesir, sur la route menant de la capitale au port égéen appelé aujourd'hui Izmir. Le 3 novembre, bêtement, une Mercedes un peu trop rapide était percutée par un camion. Dans le coffre du véhicule en lambeaux, les gendarmes allaient bientôt découvrir 5 pistolets de différents types et calibres, deux mitrailleuses MP-5, des silencieux pour ces armes et deux appareils d'écoutes.
Lorsqu'on identifia les corps, on découvrit qu'il s'agissait de personnages dont l'association n'était pas prévue par les programmes officiels. Se trouvaient à bord, en premier lieu un chef policier Hüseyin Kocadag et un ancien dirigeant des loups gris recherché vainement depuis 18 ans par les forces de la sûreté. Ce dernier, Abdullah Catli, disposait sous une identité falsifiée d'un authentique "passeport vert", réservé en principe aux représentants officiels de l'État. Sa maîtresse Gonca Uz considérée comme un agent du MIT, le service de renseignement militaire turc, se trouvait également à bord.
Curieusement le ministre de l'Intérieur de l'époque, Mehmet Agar, qui était directeur général de la police avant d'être élu au parlement sur la liste de Mme Ciller, contribua par ses déclarations à géométrie variable à soulever encore plus de suspicions à propos de l'accident. Agar nia tout d'abord la présence de Catli dans la voiture. Plus tard, il devait affirmer, non moins faussement, que Kocadag et le quatrième personnage, un excellent parlementaire, étaient en train d'emmener Catli à Istanbul pour le livrer aux forces de sécurité.
Seul survivant du drame, l'honorable député Sedat Bucak s'en tira avec une fracture de crâne et une jambe cassée. Membre du parti gouvernemental de Mme Tansu Ciller, élu de la belle région d'Urfa, il n'était autre que le chef de la tribu Bucak. Celle-ci fournit en nombre les rangs des forces paramilitaires connues sous le nom de "gardiens de villages". Alors qu'il était emmené à l'hôpital il prévint ses hommes de main qui récupérèrent dans la voiture un sac blanc contenant 10 milliards de livres turques.
En octobre 2005, l'insoupçonnable Sedat Bucak interviendra comme témoin lors du procès de Leyla Zana. Il cherchera à enfoncer cette courageuse ancienne députée du parti kurde DEP, affirmant qu'elle représentait ou qu'elle opérait une liaison permanente avec le PKK.
D'effroyables règlements de compte continueront donc pendant de longues années encore à endeuiller le sud est anatolien.
On voit mal comment l'eurocratie avec ses beaux principes politiquement corrects pourrait s'entremettre entre les opérateurs armés. L'armée turque, jusqu'à nouvel ordre représente une part de la légitimité internationale et même de la crédibilité du pays. Elle se montre encore décidée à utiliser tous les moyens pour maintenir l'unité de l'État, y compris en s'alliant avec des chefs tribaux et les réseaux violents et mafieux. Ainsi le 8 mai, on apprenait qu'à Ankara le porte-parole de l'Etat-Major récusait les critiques, suscitées par "l'incident" du 5 mai, à l'endroit des protecteurs de villages. De son côté, le parti islamo-conservateur utilise les procédures de l'Europe pour contre carrer le reliquat militaire kémaliste. Et, enfin, la guérilla, avant tout dédiée à la cause révolutionnaire, persistera à incendier et ensanglanter la montagne kurde.
Pour toutes ces raisons, et quelques autres, je crois franchement très prématuré de laisser entrer la Turquie dans l'Union européenne.
Apostilles
- Quoique les deux concepts "kurde" et "alevi" ne se recoupent que très partiellement, il en va de même pour la minorité religieuse alevi. Henri Lammens tend à démontrer que cette branche hérétique tardive de l'islam est crypto-chrétienne. Systématiquement persécutée par les fonctionnaires de la "Diyanet", direction des Affaires religieuses, cette minorité ne semble guère préoccuper les grandes consciences professionnelles.
JG Malliarakis
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jeudi, 14 mai 2009
Revolutionaire aristocratie volgens G. Adinolfi
Revolutionaire aristocratie volgens Gabriele Adinolfi
Aristocratie: Letterlijk, de regering of autoriteit, of zelfs de macht van de “besten”. Zeker, ze staat voor haar leiderschap. Ze veronderstelt een selectie op basis van moed, loyaliteit, eer, oprechtheid en wijsheid. Ze heeft als fundament de geest van het oude Rome en Sparta, van de ridderlijke Middeleeuwen, van de Bushido en van de traditie van de indianen; het is de viriele en spirituele visie van de “arische doctrine van strijd en overwinning”. Het gaat vooral om een overwinning op jezelf.
Dat is het verplichte vertrekpunt van alles wat belangrijk is. Aristocratie moet niet verward worden met aristocratisme.
Aristocratie 2 (aristocratisme) Zich als superieur beschouwend op basis van de gekozen kant of dankzij een verworven privilege (geboorte, klasse of cliëntelisme); de anderen bekijken met minachting en ijdelheid; geen zin voor gemeenschap hebben, geen edelmoedigheid kennen, niet grootmoedig zijn, de mensen niet gerust stellen, een superieure uitstraling dragen en ondertussen verachting tentoonspreiden, niet geïnteresseerd zijn in de gemeenschappelijke lotsbestemming, nooit de superioriteit van een ander erkennen, van zichzelf het centrum en de limiet van het universum maken. Het aristocratisme is de aap van de aristocratie, tot het punt waar het beter is te spreken van een cacocratie [Van het Griekse kakos, “slecht” en kratos, “macht, autoriteit” : de overheid door de slechtsten, Or. Vert.]. De aap is de ergste vijand van God en Zarathoustra, zoals de namaak [“Contrefaçon”, NVC] de paradox is van de subversie (“Subversion”, NVC).
Revolutionaire aristocratie De elite der rebellen. Om er effectief deel van uit te maken, moet men zijn…
Aristocratisch: Wat betekent dat men constant, continu en altijd bewijs moet leveren van moed, toewijding, oprechtheid en reflectie.
Revolutionair: Wat wil zeggen, getuigen van een natuur van generositeit, belangeloosheid, opofferingsgezindheid, en dat niet voor de narcistische voldoening van een resultaat dat de protagonist in het licht stelt, maar voor iets dat de vruchten afwerpt en de voorwaarden creëert voor toekomstige resultaten te behalen die op zichzelf waardevol zijn en niet omdat wij dit resultaat nagestreefd hadden. Om er deel van uit te maken moet men begrepen hebben of, tenminste, instinctief weten wat het belang van het creëren en de absolute inconsistentie van de reactie is; en, vervolgens, de superioriteit van het essentiële boven de schijn; van het causale boven de fenomenologie en van de fenomenologie boven het nominalistische. (Dat is te zeggen, men moet de natuur en de reële zin begrijpen van de evenementen en de bewegingen en nooit zich laten misbruiken door schijn, dat vrijwel altijd bedrieglijk is).
De aanwezigheid binnen een beweging van een zekere hoeveelheid begaafde mensen met deze karakteristieken geeft aan deze beweging (in de zin dat er een dynamiek in de actie zit, een dynamiek in de ideeën en niet uitsluitend in de beperkte zin van een politieke groep) een centraliteit, een motor, een hart, een brein, bij afwezigheid hiervan kan men nooit resultaten boeken. Ooit had men de Senaat, de Gerousia en de Raad der Wijzen die deze kwaliteiten institutionaliseerden, maar het was niet van belang op leeftijd te zijn om er deel van uit te maken. Oud zijn volstaat ook niet. Recentelijk zijn de nationale revoluties gecreëerd door een alchemie tussen de jeugdige en de wijze leeftijd.
Een revolutionaire aristocratie is onontbeerlijk voor een vorm van harmonie en dus dynamiek te creëren. Iets van deze slag is zelfs gehanteerd geweest door iemand voor wie harmonie geen ideaal was gezien, in een ander cultureel en spiritueel kader, de elitaire conceptie van het leninisme deze noodzaak erkende.
p. 32-33
Gabriele Adinolfi, in Pensées Corsaires, 2008
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mercredi, 13 mai 2009
Terre & Peuple n°39 / Analyse

TERRE & PEUPLE Magazine n°39
Analyse par les équipes de "Terre & Peuple - Wallonie"
Dans son éditorial au numéro 39 du T&P Mag, qui évoque la dimension raciale du conflit antillais, né par hasard avec l’ère Obama, Pierre Vial relève que les mêmes qui qualifient ces violences de ‘culturelles et identitaires’ jugent ignoble le souhait de ‘préserver sa race’. Parce que contraire à une idéologie officielle largement admise par une population pressée de trahir dans l’espoir d’éviter le fameux choc. Il est temps dès lors de mettre en place la fraternité blanche.
Autour des nouveaux musées (Guggenheim, à Bilbao, Coop Himmelb(l)au à Lyon), FAV s’applique à une analyse de la ‘médiasphère’ qui vise à transformer le musée-conservatoire en un lieu d’actualités, présentant le musée lui-même comme l’événement sensationnel, pour assurer sa survie financière. Afin que l’individu, détribalisé, ingurgite sa ration d’images pieuses.
Emmanuel Ratier, documenté et vigilant, épingle une nouvelle monnaie norvégienne à l’effigie de Knut Hamsun, Prix Nobel enfermé à 85 ans dans un asile, après son éloge funèbre à Hitler. Bernard Kouchner, dénoncé par Pierre Péan, pour ses magouilles sous paravent humanitaire, et pour ses faux ‘camps d’extermination serbes’, s’en tient à accuser Péan d’antisémitisme, ce que Maurice Szafran et Joseph Cohen jugent être la mort du débat public.
Le gros dossier ‘L’arme géopolitique’ est assumé pour moitié par Alain Cagnat. Pour lui, trois affaires marquent le sort de la planète : l’oléoduc BTC/l’Irak/l’Afghanistan. Dès 1994, Halliburton (Dick Cheney) et Chevron (Condolezza Rice), pour affranchir les pétroles du Kazakstan du contrôle russe, projettent l’oléoduc BTC (de Bakou en Azerbaidjan, par Tbilissi en Georgie à Ceyhan en Turquie). En 2000, le PNAC (Project for a New American Century, de Cheney/Rumsfeld/Wolfowitz/Perle) programme la seconde guerre contre l’Irak, obstacle à l’hégémonie (énergétique) des States. La ‘vieille Europe’ tente alors de dialoguer avec la Russie. La ‘jeune Europe’ orientale, revancharde, mise sur l’Amérique, seule à avoir résisté à l’URSS. Pour affaiblir l’Europe, les Etats-Unis accélèrent la dislocation de la poudrière multiculturelle des Balkans, y favorisant la pression islamiste (Albanie, Kosovo). Ils incitent l’Europe centrale à adhérer à l’UE et à l’OTAN, ce qui leur ouvre un double accès à la Mer Noire et présentent l’Iran (mais en fait la Russie) comme une menace (bouclier anti-missiles). Les Pays baltes (Lithanie/Lettonie) ayant pris le contrôle du grand oléoduc nord-ouest, la Russie entame la construction du BPS (Baltic Pipeline System) et Gazprom s’entend avec BASF et Ruhr Gaz pour mettre en place Northstream, que les Polonais s’ingénient à retarder. En Europe orientale et en Europe caucasienne : les Américains n’ont pas réussi, en Biélorussie, à déstabiliser le fidèle Loukachenko, ami des Russes. Le GUAM (Organisation pour la démocratie et le Développement) s’affaire à détacher de l’influence russe l’Ukraine, la Georgie, l’Azerbaïdjan et la Moldavie. Il projette un oléoduc OBP entre la Mer Noire et la Pologne. Mais parallèlement, l’UE avec l’Allemagne et la Tchéquie fonde le Partenariat oriental, avec l’Europe orientale et caucasienne, y compris l’Azerbaïdjan. La Moldavie dépend fort de la Russie. L’Ukraine, d’abord emportée par la ‘révolution orange’ de Iouchtchenko, voit à présent sa ‘tsarine’ Ioulia Timochenko signer un accord avec Poutine dans la ligne d’un partenariat Europe-Russie indispensable à l’équilibre du continent.
Reste en question la Crimée, rattachée à l’Ukraine par Khrouchtchev et qui compte 60% de Russes (75% à Sébastopol, base concédée à la flotte russe jusqu’en 2017 !). L’Arménie, fidèle à la Russie qui l’a sauvée des Ottomans, sous blocus de l’Azerbaïdjan et ravitaillée par l’Iran, compte sur sa puissante diaspora américaine. L’Azerbaïdjan s’est épuré de ses Arméniens (pogroms en 1990) à l’exception du Nagorny-Karabakh (rattaché au pays par Staline), où ils sont encore 80%. Le pays détient d’énormes réserves de pétrole et de gaz. Puissamment soutenu par la Fondation Soros (dont il a néanmoins fait échouer la ‘révolution orange’), le président Aliyev joue l’équilibre. Les Azéris, chiites, sont travaillés par les islamistes iraniens. Dès son indépendance, la Géorgie, à qui Staline (géorgien lui-même) avait greffé trois territoires autonomes (Ossétie du Sud, Abkhazie et Adjarie), est entrée en guerre sanglante contre eux. Avec la ‘révolution des roses’, l’avocat newyorkais Michaïl Saakachvili a pris le pouvoir. Fort du soutien des Etats-Unis et d’Israël, il a lancé contre l’Ossétie du Sud une désastreuse opération, qui a révélé l’impuissance américaine et déterminé l’UE à dialoguer avec la Russie. Le Nord Caucase, qui groupe des républiques de la Fédération de Russie, musulmanes (Tcherkessie, Tchétchénie, Ingouchie, Daghestan) ou orthodoxe (Ossétie du Nord) est un patchwork multiculturel composé par Staline dans le but d’affaiblir chacune. Ce sont des islamistes coriaces, que Poutine traite fermement (« jusque dans les chiottes »).
Au Proche-Orient, Israël étant partie prenante des oléoduc BTC et gazoduc BTE vers la Turquie, il fallait que les Serbes soient virés du Kosovo. Toutefois, depuis la gaffe géorgienne, les Russes menacent les deux tracés. Dans les espérances occidentales, la Turquie devait hériter du ‘pouvoir de nuisance’ de la Russie. Bien que d’une stabilité douteuse, les Turcs peuvent affaiblir Russes comme Européens, chez qui, heureusement, les anti-turcs tiennent bon. C’est la Bible et leur propre histoire de Terre promise qui rapprocheraient les Américains d’Israël, leur treizième porte-avions. Toutefois, depuis le fiasco du Liban (2006) et l’échec de Tsahal à Gaza (2008), et avec sa nouvelle majorité explosive, la stabilité d’Israël ne tient plus qu’à l’instabilité de ses voisins. L’Egypte est gangrenée par les Frères musulmans, proches des Iraniens et du Hamas et qui contrôlent le Sinaï et la zone frontalière de Gaza. L’Arabie saoudite, ‘amie des Américains, achète sa tranquillité, en finançant les fondamentalistes ! Les Monarchies du Golfe ne sont que des lunaparks méprisés par tous les bons musulmans. La Jordanie deviendra peut-être la Grande Palestine (si les Israéliens achèvent le ménage). La Syrie, hostile à Israël, est un des voyous de l’Axe du Mal, mais un interlocuteur incontournable.
Le Liban n’existe que par le Hezbollah, qui en contrôle la moitié. L’Irak, après ses guerres Bush I et Bush II, a été officiellement pacifié par le général Petraeus (et l’accord avec le Mahdi chiite Moqtadar-al-Sadr). Sunites, chiites et Kurdes attendent pour reprendre leur guerre civile le départ des Américains. Lesquels ne resteraient que pour protéger les Kurdes (et leur pétrole). A défaut, ils auraient perdu pour rien quatre mille hommes, des centaines de milliards et gagné la haine de la planète. La concurrence entre les projets de gazoducs Nabucco c/Southstream (qui confronte l’UE à Gazprom russe et à ENI italienne) donne plusieurs longueurs d’avance aux seconds : les Russes ont déjà des accords avec la Hongrie, la Bulgarie, la Serbie, la Grèce et l’Autriche, de même qu’avec le Turkménistan, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, alors que l’avenir de Nabucco est encore incertain. Si les potentats de cinq républiques ex-soviétiques d’Asie centrale ont d’abord été aisément subjugués par quelques dizaines de millions de dollars, le mouvement s’est renversé. Le président Karimov d’Ouzbékistan a sévèrement réprimé une manifestation encouragée par les Américains, qui n’ont eu que le temps de lui rappeler les droits de l’Homme que déjà ils étaient expulsés. Cible des islamistes, il préfère se rapprocher des Russes. De même, le Turkménistan, qui ne tolère aucun soldat étranger, a préféré les Russes aux Américains. Le président Nazarbaiev du Kazakhstan, pris entre ses Kazakhs au sud et ses Russes (30%) au nord, maintient difficilement l’unité. Son pétrole voyage par l’oléoduc CPC et, pour son gaz, il est partie prenante avec le Turkménistan d’un accord avec la Russie. Le bail de la base spatiale russe de Baïkonour court jusqu’en 2014 et celle de Sary Chagoun jusqu’en 2050. Le Kirghizistan (peuplé d’Indoeuropéens) a fait l’objet d’une ‘révolution des tulipes’. Il s’est retourné depuis contre les Américains, qui doivent évacuer la base militaire qu’ils louaient fort cher, alors que les Russes en reçoivent gratuitement ! Le Tadjikistan, pays persanophone pauvre, voisin de l’Afghanistan, est en guerre civile larvée et est occupé à la fois par les Russes et par les Américains. Pour la Mer Caspienne, les Américains nourrissent le projet d’une ‘Caspian Guard’ aéronavale, officiellement pour empêcher les trafics de drogue et d’armes, mais il leur manque d’avoir un pied dans un pays riverain.
Puissance stable du Moyen-Orient, l’Iran, peuplé d’Indoeuropéens chiites, regorge de pétrole. Il a le soutien de tous les damnés de la terre (sunites comme chiites irakiens, Hezbollah, Hamas, Frères musulmans, Afghans et Kurdes). Il est partie dans un axe Moscou-Téhéran-Pékin. Il a même passé un accord gazier avec la Turquie. Il ne renoncera pas à sa bombe atomique. A défaut de pouvoir le vaincre, les Américains doivent le convaincre. L’Afghanistan est une aberration britannique, une mosaïque de peuples en guerre par tradition, où les Américains ont joué les islamistes contre les soviétiques. Le gouvernement Karzaï ne contrôle qu’un cinquième du pays. Il est impossible à l’OTAN de gagner, ni d’empêcher les Afghan d’être les premiers producteurs mondiaux d’héroïne. Au Pakistan voisin, la CIA a arrosé les fous d’Allah avec des torrents de dollars. La contagion s’est étendue et les talibans en sont à menacer les voies de ravitaillement américaines. Les bombardements de représailles touchent essentiellement des civils et font de nouvelles recrues antiaméricaines. La guerre au Cachemire achève d’affaiblir le front ‘occidental’. OTSC et OCS sont deux alliances antiaméricaines : l’Organisation du traité de sécurité collective est une réplique de l’OTAN, qui a permis à l’Ouzbékistan et au Kirghizistan de se débarrasser de leurs troupes américaines ; l’Organisation de coopération de Shanghaï, rassemble, avec la Russie et la Chine, le Kazakhstan, le Khirgizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan et elle a accepté l’Inde, le Pakistan, la Mongolie et l’Iran comme observateurs. L’Inde, le Japon et la Chine sont de faux colosses, peu impliqués encore dans le jeu géopolitique. L’Inde, qui essaie une troisième voie occidentale, n’est en rien une nation. Elle est pratiquement en guerre avec le Pakistan (l’une comme l’autre ont la bombe atomique !). Le Japon est un satellite désarmé des Etats-Unis, dont la renaissance ne passera que par sa redécouverte des samouraïs. La Chine est une menace pour après-demain. Elle multiplie les relations avec la Russie et l’Iran et avec les républiques d’Asie centrale. Plus encore qu’avec les Tibétains, les Chinois ont des problèmes avec les Ouïghours, turcomongols musulmans sécessionnistes. Avec tout cela, les Américains ont perdu une partie de leurs pions et vont devoir abandonner un costume trop grand pour eux, les Russes ont regagné une grande partie de leurs positions et les Européens (UE) ont fait le mauvais choix.
Alain Cagnat, encore lui, pose le choix ‘Occident ou Eurosibérie ?’. L’Occident, protecteur de l’univers contre le Mal absolu du terrorisme, ce leurre destiné aux foules rendues stupides, se fissure. Obama promet un changement, dans la continuité car tout son entourage appartient au White Power. A l’inverse, dans la Russie (qu’on nous présentait comme définitivement humiliée), Poutine s’est attaqué aux oligarques (qu’on nous présentait comme des dissidents). Elle n’est plus une menace pour l’Europe et a intérêt à se rapprocher d’elle, ce que redoutent les Américains. Lesquels n’ont plus les moyens de leurs prétentions hégémoniques, avec une économie en faillite et une armée qui ne tolère pas les pertes ! Notre chance est l’Eurosibérie. Nos enfants ne nous pardonneront pas de la laisser passer, pas plus que nous ne devons pardonner à nos ancêtres d’avoir déclenché la première guerre mondiale.
Pour Pierre Vial, le gouvernement de la France, vendu à Washington, ne pouvait que déboulonner Aymeric Chauprade, esprit libre, de sa chaire de géopolitique au Collège Interarmées de Défense. Il y démontrait la nécessité pour la France et l’Europe de faire échec au mondialisme américain, produit de la finance newyorkaise. Chauprade avertit contre le potentiel révolutionnaire islamiste et conteste que les Etats-Unis aient les moyens de leur ‘destination divine manifeste’. Il mise au contraire sur la Russie, à qui ses richesses naturelles donnent les moyens de sa politique d’indépendance et de puissance.
Jean-Patrick Arteault annonce la guerre coloniale, dans la ligne de la géopolitique anglo-saxonne. Puissance maritime insulaire destinée à dominer le commerce, elle doit ‘contenir’ le continent, c’est-à-dire empêcher que la puissance réelle de celui-ci s’exprime. Le messianisme judéo-yankee a nourri deux écoles de politique étrangère américaine. La première, Hard Power, divise le monde en vassaux ou en ennemis à abattre, au besoin par la force (R. Reagan, G. W. Bush). La seconde, Soft Power, préfère amener l’interlocuteur aux concessions, dans la voie d’un mondialisme cornaqué par l’oligarchie capitaliste et ses think tanks. La formule a l’avantage de sauver la face aux collaborateurs, à qui le berger fait oublier qu’ils ne sont que des moutons. Ils vendent à leur opinion publique l’image d’une Amérique bonne fille, qui nous a secourus et protégés contre l’indicible et qui mérite dès lors qu’on l’aide contre les méchants Afghans. Dans le genre Kollabo, le trio infernal de l’atlantisme français (Sarközy-Kouchner-Levitte) rêve de souffler aux Britanniques le rôle de premier caniche de Washington, apprenant à se plier sans donner le sentiment de se coucher. L’armée de terre américaine, qui veut guerroyer avec zéro mort, a un besoin urgent de supplétifs et, le dollar vacillant, de faire casquer les vassaux. Alors que le bourbier afghan est une nouvelle guerre coloniale qui ne pourra pas être gagnée, car son objectif géopolitique (entre autres, barrer à la Russie l’accès aux mers chaudes) ne satisfait pas les opinions publiques ni les combattants. Ceux-ci devraient se contenter d’apporter la démocratie et les droit de la femme à des moujahidins qui sont incomparablement mieux motivés à se défendre contre les mercenaires des oligarchies financières.
Pierre Vial clôture ce numéro en beauté. Et en chantant la profusion des beautés que vient de dévoiler l’archéologie dans les vestiges que ‘Nos ancêtres les gaulois et nos ancêtres les Germains’ nous ont laissés dans le Puy-de-Dôme, dans la Somme, en Corrèze, dans le coeur historique de Reims, à Saint Dizier en Haute-Marne. Le cliché des ‘barbares hirsutes’ a enfin rendu son âme dévote. Notamment entre les mains de Bossuet, pour qui la Providence avait choisi la voie lumineuse de la civilisation gréco-romaine pour apporter la vérité unique aux brutes sauvages de nos sombres forêts.
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mardi, 12 mai 2009
Drieu la Rochelle ou la révolution conservatrice française
Drieu la Rochelle (1893-1945)
... ou la révolution conservatrice française ...
Ex: http://www.europelibre.com/
En attendant d'en savoir (toujours) plus sur le prétendu « cerveau des Barbares », nous pourrions nous demander ce qu'il en a été au cours du XXe siècle de la « Barbarie sans cerveau ».
Certains voudraient croire que la chute du mur de Berlin en 1989 et l'effondrement du système soviétique en 1991 ont mis un terme au totalitarisme moderne. Hélas, la machine à broyer l'homme a continué ses ravages, comme elle avait survécu à 1945. Et il nous semble aujourd'hui, plus urgent que jamais d'explorer les courants d'idées susceptibles de sauver les individus et les communautés, dans leurs richesses et leurs libertés.
Si l'on admet que le propre de la barbarie sans cerveau c'est d'appliquer le vrai mot d'ordre du nihilisme européen « point de berger, un seul troupeau », il est grand temps de revisiter les courants d'idées qui ont cherché à y répondre, sans accepter les diktats totalitaires.
Ce courant secret a parcouru, en effet, tout au long du XXe siècle les esprits européens. Il porte un nom : c’est la révolution conservatrice. Il a pris des formes et des visages bien différents selon les pays, au point par exemple que son représentant allemand le mieux connu en France, Ernst Jünger aura été finalement moins visible, beaucoup plus discuté dans son propre pays.
La France, comme souvent, fait bande à part.
D’une certaine façon l’école d’Action Française préfigurait, dans sa démarche et dans nombre de ses choix, l’ensemble des courants "révolutionnaires conservateurs" européens. De la sorte, elle a pu s’en tenir à l’écart, évoquant sa propre antériorité, son originalité. Même s’agissant de Nietzsche, dont l’influence « vitaliste » est ici essentielle, un Charles Maurras pourra nier, dans des textes antérieurs à 1914, toute filiation.
Or, de tous les auteurs de la droite radicale française, Drieu la Rochelle fait sur ce point exception. Il se réclamera, ainsi, en 1934, de « Nietzsche contre Marx ». Et, tout au long de son œuvre, il exprime une façon originale de voir le monde, de repenser la modernité, de vouloir réconcilier le corps et l’esprit.
Il se trouve, hélas, que cette partie essentielle de sa pensée demeure la moins connue. On retient un aspect différent, et d'ailleurs mouvant, celui de ses prises de positions politiques, qui permettent de le connoter, de l'exclure, de l'étiquetter et de le stigmatiser. La dernière mauvaise action de ce point de vue fut de prétendre, il y a quelques années, publier un « Journal » qui eût, de toutes manières mérité de demeurer inédit.
Plusieurs essais, plusieurs recueils d’articles et de « Chroniques politiques » ont développé certes ses tentatives de réponse, au quotidien à la décadence. Mais en dehors de son premier livre d’idées « Mesure de la France » qui, dès 1922, en appelle à l’unité des Européens, tous ont été frappés de cet opprobre lié au fait que Drieu la Rochelle, dans l’opposition internationale entre (prétendus) « fascistes » et communistes, apparaît comme l’un des méchants du film. Son ex-ami Aragon eut plus de chance. Il y aurait évidemment beaucoup à dire sur les approximations ayant conduit Drieu à écrire en 1934 son « Socialisme fasciste », — étant rappelé par exemple qu'il refusa de se rallier en 1938 aux accords de Münich.
Ainsi, pour d'excellentes raisons, il a donc été jugé par les amis et les admirateurs de Drieu la Rochelle eux-mêmes, plus utile à sa mémoire, et plus urgent, jusqu'aux années récentes de faire valoir l’œuvre littéraire considérable du romancier plutôt que la pensée, supposée pestiférée, de l'essayiste. Deux magnifiques romans, « Une Femme à sa fenêtre » et « Le Feu follet » ont été portés à l'écran : le reste demeure encore occulté.
Il est également vrai que les différents essais de Drieu reflètent un parcours de recherche, entre gauche et droite, et au-delà du nationalisme classique.
On doit bien comprendre que, dans la France des années 1930, en dehors de quelques très rares esprits personne ne croit plus ni à l'économie libérale (saluons de ce point de vue la lucidité d'un Jacques Rueff) ni même à ses fondements individualistes.
Ainsi, les « personnalistes chrétiens », contrairement à l’étiquette trompeuse dont ils recouvrent leur pensée, tournent précisément le dos à la valeur sacrée de l’individu pour adhérer successivement à toutes les utopies totalisantes.
Quand Drieu publie donc en 1941 ses « Notes pour comprendre le siècle », il a l’immense mérite de poser le problème de manière doublement courageuse.
Il s’écarte d'abord d’un conformisme officieux dominant. Celui-ci tendait à ne rechercher à la situation dramatique et à l’effondrement de la France que des responsabilités superficielles et strictement institutionnelles.
D'autre part, il se sépare aussi de cet ersatz d’anticonformisme dit « des années 1930 ».
On soulignera aussi, au besoin, que le rapport des « Notes pour comprendre le siècle » au christianisme et au Moyen Âge, pas éloigné de celui d'un Berdiaeff par exemple, l'écarte tout à fait des interprétations abusives.
Le conformisme des uns comme le faux anticonformisme des autres conduisaient et aboutirent effectivement aux dévoiements technocratiques du Front Populaire en 1936, de Vichy en 1941 ou des diverses formules de l’immédiat après-guerre entre 1944 et 1947.
Bien avant les soixante-huitards, et à l’opposé des revanchards, Drieu la Rochelle pose dans ces « Notes pour comprendre le siècle », d’abord, la question culturelle du déclin.
Il ne prétend pas le faire d’une façon péremptoire et définitive : il adopte donc une écriture souple, incitant le lecteur à prolonger lui-même des pistes où chacun retrouve sa propre part d’« Interrogations », et de « Fonds de cantine ».
Oui, « Notes pour comprendre le siècle », ce petit livre discret de Drieu la Rochelle, témoigne d'une grandeur, d'une sérénité et même d'une étonnante fraîcheur. Il nous réconcilierait presque avec un genre aussi discutable que la critique littéraire, à laquelle il donnerait ici des lettres de noblesse, si tant est qu’il lui soit apparenté.
Réconcilier l’âme et le corps : n’est ce pas une voie royale pour découvrir et réhabiliter l’individu ?
JG Malliarakis
©L'Insolent
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lundi, 11 mai 2009
Noltes neuer Streich
Ernst Nolte hat ein neues Buch geschrieben und erstes Presseecho erhalten. Das ist gut so und verwundert auch, denn gewöhnlich wird totgeschwiegen, was aus der Feder des im Historikerstreit medial unterlegenen Geschichtsdenkers stammt. Doch offenbar hat Ernst Nolte (dessen letzte Bücher zugegebenermaßen nichts Neues brachten) wieder einmal einen neuralgischen Punkt berührt, und nach gewissenhafter Prüfung hat man sich offenbar entschieden, ihm hier nicht unwidersprochen das Feld zu überlassen.
Es geht um den Islamismus als „dritte radikale Widerstansbewegung“ neben Bolschwismus und Faschismus. Damit verpackt Nolte den Islamismus in seine bekannte These vom kausalen Nexus zwischen den beiden Ideologien und erkennt in ihm Elemente von beiden wieder. Was Islamismus ist, erfahren wir in einer Fußnote:
Am einfachsten lässt sich der „Islamismus“ so definieren, dass er den kriegerischen und dogmatischen Aspekt des Islam, dem bereits im Koran ein friedenswilligerer und toleranterer Aspekt gegenübersteht, isoliert und dann ausschließlich hervorhebt. Insofern ist der Islamismus nichts anderes alsder zu seiner eigenen Radikalität gebrachte Islam.
Von daher stellt sich natürlich die Frage, was der Islamismus mit den anderen beiden Widerstandsbewegungen zu tun hat, die eine völlig andere Entstehungs- und Entfaltungsgeschichte haben. Nolte faßt daher am Anfang des Buches seine Charakterisierung des Marxismus und Nationalsozialismus zusammen und sieht in beiden „konservative Revolutionen“, die ein ursprüngliches Lebensverhältnis vor der Moderne retten und wiederherstellen wollten. Im Anschluß daran erzählt Nolte die Geschichte der Konfrontation des Islam mit der modernen Welt, beginnend mit der Landung Napoleons in Ägypten, über den Zionismus als entscheidende Herausforderung und endend mit dem Islamismus als Macht im gegenwärtigen Weltkonflikt.
In den oben erwähnten Rezensionen wird deutlich, daß Nolte mit seiner These zumindest Widerspruch provoziert. An der Begründung dieses Widerspruchs kann man ablesen, daß er mit seinen Überlegungen nicht daneben liegt. Hinzu kommt das Pathos des Verstehenwollens, das Nolte auszeichnet und das auf den Zeitgeist immer verstörend wirkt. Dem Journalisten(Jörg Lau in Die Zeit) bleibt nur die Empörung:
Nolte hält nicht etwa nur den Widerstand der Palästinenser gegen Vertreibung und Besatzung für legitim. Es kommt ihm vielmehr darauf an, den arabischen Antisemitismus zu verteidigen, den die extremsten Teile der islamistischen Bewegungen kultivieren.
Das ist der übliche Reflex. Nolte verteidigt hier gar nichts, er wagt nur eine gerechte Betrachtung einzufordern, die Ursachen und Auslöser benennt und so ein Verstehen auch des Islamismus möglich machen kann.
In eine ähnliche Richtung geht die Kritik des „Fachmanns“ Walter Laqueur in der Welt, der Nolte sowohl vorwirft, keine Ahnnung zu haben, als auch, nichts Neues zu schreiben. Das sieht Josef Schmid in seiner positiven Besprechung für das Deutschlandradio ganz anders:
Nolte präsentiert Zeitwissen und Verknüpfungen, die allein schon die Lektüre unerläßlich machen. Darüber hinaus eröffnet dieses Werk eine Sicht auf das noch bevorstehende 21. Jahrhundert. […] Ernst Nolte erwartet weniger einen Kampf der Kulturen, dafür aber einen Kampf konkurrierender Lebens- und Daseinsformen, des Islams wie der europäischen Moderne, um ihren universellen Geltungsanspruch. Er sieht ihn in einer Dimension, auf die wir nicht vorbereitet sind.
Nolte wird in vielen Abschnitten seinem Anspruch gerecht, ein Geschichtsdenker zu sein, also einer, der über den ganzen Einzelheiten und Handgreiflichkeiten die Idee sieht, wenn er einen Vorgang in den Zusammenhang stellt. Von dort aus lassen sich auch neue Einsichten über den europäischen Bürgerkrieg gewinnen, etwa wenn er die Revolution der Jungtürken 1908/1913
die erste jener handstreichartigen Machtübernahmen seitens einer Gruppe oder Partei sehr engagierter junger Männer [sieht], welche die Verhältnisse für unerträglich hielten und oftmals von dem Gefühl des Unrechts geleitet waren, das ihnen und Menschen ihrer Herkunft oder ihrer Lage in diesen Verhältnissen angetan wurde.
Nolte sieht in der Existenz Israels, des modernen Vorpostens in der arabischen Welt, den entscheidenden Grund für die „Verteidigungsaggressivität“ des Islam. Die eigenen Mängel werden nicht mit einer fehlenden Modernität erklärt, sondern als Folge eines Abfalls von der „reinen Lehre“. Dieses Moment läßt sich in allen drei Widerstandbewegungen auffinden. Nolte stellt uns damit einen Schlüssel zur Verfügung, der auch die Hintergründe der eigenen Sehnsucht nach Authentizität und Ursprünglichkeit aufschließen hilft. Es ist die Sehnsucht nach der heilen Welt, die hinter der Subjekt-Objekt-Spaltung liegt, die Zeit als sich „alle nach einer Mitte neigten“ (Gottfried Benn). Die Unerfüllbarkeit dieser Hoffnung ist zumindest tröstlich: Auch der Islamismus wird scheitern. Die Frage nach dem Zeitpunkt sollte für uns Ansporn sein, die Hände nicht in den Schoß zu legen.
Ernst Nolte: Die dritte radikale Widerstandsbewegung: Der Islamismus, Berlin: Landtverlag 2009, 412 Seiten, gebunden mit Schutzumschlag, 39.90 Euro. Zu beziehen bei Edition Antaios.
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Islam et laïcité: la naissance de la Turquie moderne

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1989
Islam et laïcité: la naissance de la Turquie moderne
Bernard LEWIS, Islam et laïcité, la naissance de la Turquie moderne, Fayard, Paris, 1988, 520 pages, 195 FF.
La Turquie est beaucoup de choses à la fois, des choses étroitement mêlées et imbriquées les unes dans les autres. L'enquête historique de Bernard Lewis commence d'ailleurs par nous signaler les différences entre les termes «turc/Turquie» et «ottoman». Le terme «turc» désigne une population ethniquement distincte, de langue turque, installée en Anatolie. Le terme «ottoman» n'a qu'une signification dynastique. Il existe donc une ethnie turque distincte mais non une ethnie ottomane. Le principe turc est un principe ethnique; le principe ottoman, un principe politique, détaché de toute ethnicité concrète. La turcologie européenne du XIXième siècle redonnera aux Turcs d'Anatolie le goût de leur passé, qu'ils avaient abandonné pour servir l'Islam ou la machine politique ottomane. Mais malgré ce reniement de la turcicité pré-islamique, les racines turques reviendront à la surface, bien que camouflées, dès l'expansion au XVIième siècle des Osmanlis. Ceux-ci se donnaient une généalogie mythique et prétendaient descendre d'une tribu turque, les Oguz. Mais les ethnies turques nomades, réservoir démographique de l'Empire Ottoman qui reprend l'héritage byzantin, sont regardées avec méfiance voire avec mépris par le pouvoir qui voit en elles des bandes non policées, susceptibles de bouleverser l'ordre impérial. «Turc» est même, à cet époque, un terme injurieux, signifiant «rustaud», «abruti» ou «grossier».
Quant à l'Islam, troisième élément déterminant de l'histoire turque après le principe impérial et les facteurs ethniques, c'est un Islam accepté de plein gré, qui n'est pas le fruit d'une conversion. Moins prosélyte et plus tolérant, l'Islam turc n'a pas cherché à convertir de force chrétiens (grecs) ou juifs mais a pratiqué à leur égard une sorte d'apartheid rigoureux, si bien que les Grecs et les Juifs d'Istanbul ne parlaient pas turc. L'Islam turc est aussi plus varié que l'Islam arabo-sémitique: des éléments de chamanisme, de bouddhisme centre-asiatique, de manichéisme et de christianisme offre une palette de syncrétismes, rassemblés dans des ordres religieux, les tarikat, toujours soupçonnés par le pouvoir parce que susceptibles de subversion. Quatrième élément, enfin, c'est le «choc de l'Occident», l'influence des Lumières, surtout françaises, et des doctrines politiques libérales et étatiques. Bernard Lewis analyse méthodiquement les influences occidentales, depuis 1718, année du Traité de Passarowitch, sanctionnant une défaite cuisante que les Ottomans venaient de subir sous les assauts austro-hongrois. La Porte constate alors son infériorité technique et militaire et décide d'étudier les aspects pratiques de la civilisation européenne et d'en imiter les structures d'enseignement. Cette politique durera jusqu'au début de notre siècle, avec l'aventure des Jeunes Turcs puis avec la République de Mustafa Kemal. B. Lewis retrace la quête des étudiants et des hommes politiques turcs dans les universités européennes. Le travail de cette poignée d'érudits ne suffit pas à redonner à l'Empire ottoman son lustre d'antan. Russes, Français, Britanniques et Néerlandais soumettent les Etats musulmans les uns après les autres à leur domination.
Dans un autre chapitre, B. Lewis montre comment le nationalisme à l'européenne s'est implanté en Turquie. Deux termes signifient «nation» en turc: vatan, qui correspond à la patrie charnelle, à la Heimat des Allemands (cf. watan chez les Arabes) et millet, qui désigne la communauté islamique (cf. milla en arabe). Namik Kemal, théoricien du nationalisme ottoman, constate, explique Lewis, qu'une doctrine politique trop axée sur le vatan provoquerait la dislocation de l'ensemble ottoman multinational. Mais cette diversité ne risque pas d'éclater à cause du caractère fédérateur du millet islamique: on voit tout de suite comment oscille l'esprit turc entre les deux pôles de l'ethnicité particulariste et de la religion universaliste. Deux idéologies naîtront de cette distinction entre vatan et millet: le panislamisme et le turquisme. Le turquisme procède d'une politisation des recherches ethnologiques, archéologiques et linguistiques sur le passé des peuples turcs, surtout avant l'islamisation. Il se manifeste par un retour à la langue turque rurale (Mehmed Emin), par une exaltation de la patrie originelle commune de tous les peuples turcophones, le pays de Touran.
De là proviennent les autres appellations du turquisme: le touranisme et le pantouranisme. Ce mouvement sera renforcé par les réfugiés turcophones des régions conquises par les Russes: ceux-ci sont rompus aux disciplines philologiques russes et appliquent au touranisme les principes que les Russes appliquent au panslavisme. Le programme politique qui découle de cet engouement littéraire et archéologique vise à unir sous une même autorité politique les Turcs d'Anatolie (Turquie), de l'Empire russe, de Chine (Sin-Kiang), de Perse et d'Afghanistan. L'échec du panislamisme et du pantouranisme, après la Première guerre mondiale, conduisent les partisans de Mustafa Kemal à reconnaître les limites de la puissance turque (discours du 1 décembre 1921) circonscrite dans l'espace anatolien, désormais baptisé Türkiye. Ce sera un Etat laïc, calqué sur le modèle français, une «patrie anatolienne». L'ouvrage de Lewis est indispensable pour pouvoir juger la Turquie moderne, qui frappe à la porte de la CEE (Robert Steuckers).
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dimanche, 10 mai 2009
"Rébellion" répond aux questions d'Excelsior (Mexico)
Entretien pour Excelsior
Entretien accordé à Carmen Alvarez, journaliste au quotidien Excelsior de Mexico (mars 2009).
Ex: http://rebellion.hautetfort.com/
Quelle position adoptez-vous envers les changements profonds dérivés de la crise actuelle du capitalisme ?
Tout d’abord, disons qu’il s’agit d’une crise structurelle et non pas d’un épiphénomène dérivant de la rapacité de quelques financiers isolés (même s’ils existent !) ce qui sous-entendrait qu’il suffirait de moraliser le capitalisme pour nous sortir de ce mauvais pas conjoncturel comme on l’entend dire çà et là par des hommes politiques désirant sauver le capitalisme en ignorant les contradictions lui étant intrinsèques (position de Nicolas Sarkozy en France par exemple). La possibilité de la financiarisation du système et de son évidente aberration dont pâtit l’immense majorité des travailleurs réside dans l’incapacité du capital productif d’extorquer le plus rapidement de profit dans le procès de production et de le réaliser sur le marché en vendant le maximum de marchandises à cause de la course effrénée à la concurrence. La manifestation la plus évidente de cette dernière est l’attaque en règle conduite sous l’égide de l’offensive du discours idéologique ultralibéral et mondialiste afin de forcer les barrières protectrices des nations et de créer d’immenses zones géoéconomiques d’échanges au sein desquelles circuleraient hommes et produits réduits au statut de marchandises (la fameuse marchandisation du monde dit-on en français ; Marx quant à lui parlait de réification du rapport social). Le problème c’est qu’il faut pour que cela fonctionne que les pays et individus consommateurs soient réellement solvables, ce qui est loin d’être le cas ! Pendant des décennies on a vu les pays du « nord » prêter des sommes exorbitantes à des pays du « sud » afin que ceux-ci puissent leur acheter avec ce même argent une partie de leur production ! En contrepartie les multinationales avaient et ont toujours le droit de piller les ressources naturelles de ces mêmes pays, eux-mêmes cantonnés à des types de production à objectif d’exportation, cela bouleversant leur fragile équilibre économicosocial. Cette situation a créé un fossé gigantesque entre le nord et le sud. La solution imposée par le FMI est connue, toujours plus de privatisations et toujours plus de misère.
Alors les capitalistes trouvèrent comme ultime recette pour accroître leurs profits de créer des valeurs fictives à partir desquelles il semblait être possible de tourner le dos au réel économique et de jouer dans le virtuel en s’enrichissant rapidement. Mais le crédit n’était pas solide et reposait sur des anticipations qui ne pouvaient être réellement remboursées, de là, la paupérisation dans laquelle se virent plonger de nombreux citoyens, ces derniers mois aux Etats-Unis et maintenant en Europe. La crise nous arrive de plein fouet, en France ce sont des centaines de licenciements voire des milliers chaque jour, en ce moment !
Personne n’a vraiment de solution à cela. On peut regretter que l’Europe bien que globalement grande puissance économique ne soit qu’un nain sur le plan politique. Les gouvernements européens n’ont fait que passer leur temps avec leurs représentants à Bruxelles, à démanteler ce qui fonctionnait en Europe ! Tout cela au nom de la croyance magique à la toute puissance bénéfique du marché : toujours plus de mise en concurrence.
Jamais l’euro n’a réellement été proposé comme alternative à la puissance du dollar qui, somme toute, depuis sa déconnection d’avec l’étalon or ne doit sa suprématie qu’à la force de l’impérialisme étasunien.
Ainsi, sans proposer de solution miracle nous pensons qu’il y a urgence à promouvoir un monde multipolaire dans lequel l’Europe a un rôle essentiel à jouer. Elle doit apprendre à cesser d’être un protectorat étasunien. La politique du Général de Gaulle avait en son temps ouvert largement la voie à cette vision géopolitique qu’il aurait voulu articuler autour de la constitution d’un noyau dur franco-allemand (le pôle carolingien). Malheureusement, ses successeurs tant en France qu’au-delà du Rhin ont franchement trahi cet objectif. Pourtant les possibilités de voir étendre ce projet sont à portée de main si l’Europe voulait bien se tourner vers la Russie. Mais pour ce faire il faudrait clairement rompre avec l’Europe technocratique de Bruxelles et que les peuples européens se réveillent et ne donnent plus un blanc-seing à des gouvernements fantoches. C’est là que la crise du capitalisme peut venir jouer un rôle. Le système capitaliste va avoir de plus en plus de mal à acheter la paix sociale, les travailleurs devront avoir sous les yeux d’immenses perspectives dont nous avons brossé rapidement les contours ci-dessus. De plus en plus, en France, on parle explicitement de lutte de classe même si le discours officiel tente de ne rien laisser transparaître de tout cela.
La gauche française est-elle unie dans l’action malgré ses divergences de pensée et quelles sont ses chances lors des prochaines élections ? Quelle gauche peut exister ? Besancenot pourrait-il incarner une nouvelle gauche ?
Le problème est évidemment complexe. La France est héritière d’une riche histoire du mouvement ouvrier (ne rappelons que le chant de l’Internationale et l’expérience de la Commune de Paris de 1871, le Front populaire de 36 et la grève générale de mai 68) mais la gauche actuelle n’est qu’une pâle et infidèle copie de cette tradition. Elle a été durablement affaiblie par la victoire du libéral sécuritaire Nicolas Sarkozy mais après s’être largement convertie elle-même aux valeurs qu’elle aurait dû combattre à cause de sa social démocratisation. Pour comprendre, il faut brièvement remonter quelques décennies en arrière. Après la seconde guerre mondiale, le programme élaboré par la Résistance s’est concrétisé peu ou prou. Lorsque de Gaulle est revenu au pouvoir en 58, c’est le Parti Communiste Français qui est rapidement devenu le plus important parti d’opposition ; dans les années soixante il dépasse les 20% des suffrages aux élections et représente le parti communiste le plus puissant d’Europe de l’ouest. Pour contrebalancer ce poids, les Etats-Unis financeront substantiellement les initiatives de la gauche non communiste alors que les soviétiques n’étaient guère hostiles au général de Gaulle conduisant une politique d’indépendance, de troisième voie en quelque sorte, se concrétisant en particulier par la sortie de la France du commandement intégré de l’OTAN en 1966. Cette décision courageuse suivie de ses déclarations critiques à l’égard des Etats-Unis et d’Israël en 1967 lui coûtèrent très cher : les évènements de mai 68 et la trahison de certains dans son camp lors du référendum de 69. On ne peut rien comprendre à la situation actuelle et à la nature de la gauche en France, de nos jours, si on n’analyse pas un tant soit peu la période que nous venons d’évoquer.
Il y a une réelle ambiguïté au sein de la révolte de mai 68. D’un côté un authentique combat mené par la classe ouvrière qui n’est pas énormément touchée à l’époque par le chômage mais qui est soumise à des cadences de travail assez élevées pour des salaires loin d’être vraiment satisfaisants et d’un autre côté un discours libéral/libertaire promu par le mouvement gauchiste qui aura sa postérité dans le triomphe des valeurs libérales au sein de la société par la suite et dont le processus de mondialisation avait grandement besoin pour se faire accepter. C’est de cette époque que date l’affaiblissement du Parti Communiste, le début de son déclin, ce qui permettra de le piéger par le « Programme Commun de la Gauche » à la fin des années 70 et par sa participation au gouvernement après l’élection de Mitterrand en 81. Durant cette période les leaders gauchistes furent grassement remerciés et rémunérés par la bourgeoisie pour leurs bons services ! A partir des années 80 et 90, le déclin économique de la France s’accélérant (désindustrialisation, délocalisations) la gauche n’eut d’autre préoccupation que de se mobiliser non pas contre le capitalisme mais contre le spectre d’un imaginaire fascisme du Front National de JM Le Pen dont elle avait elle-même suscité l’existence en espérant pouvoir empêcher le retour franc et massif de la droite au pouvoir. L’habileté de Sarkozy apparut lorsqu’il profita de la déconsidération de la gauche auprès d’électeurs écoeurés et qu’il alla chasser sur le terrain du FN en siphonnant les voix de ses électeurs. Dès lors, la gauche était fondamentalement affaiblie et divisée, le PC exsangue et le Parti abusivement appelé Socialiste incapable de se ressaisir. Bien sûr que la gauche se retrouve plus ou moins unie derrière les manifestations des travailleurs poussés dans la rue par la crise mais Sarkozy a trouvé la parade : il a promu un produit marketing efficace, new look comme le disent les publicitaires, il a trouvé Besancenot ! Mélenchon de la gauche du PS s’est allié au PC résiduel pour les prochaines élections européennes, eux-mêmes sont en désaccord avec Besancenot qui, lui-même, peut rafler des voix à la gauche classique sous prétexte de radicalité tout en participant à son affaiblissement. Ainsi peut être également compensé un recul de la droite sarkozyste dans le paysage politique, d’autant que le taux d’abstention est souvent important aux élections européennes et qu’avec un minimum de voix on peut donner l’impression de faire un score honorable d’un côté comme de l’autre. Besancenot est bel et bien le facteur factice, ayant « travaillé » dans la banlieue hyperbourgeoise de Neuilly fief originel de Sarkozy, confortablement logé dans un appartement lui appartenant dans un quartier des plus huppés de Paris (acheté avec une paye de facteur ?) et pavanant dans tous les médias audiovisuels et écrits de France. Est-ce cela un révolutionnaire craint par la bourgeoisie ?
Ce qui nous semble plus sérieux et intéressant depuis quelques années est l’apparition de courants et de penseurs plus ou moins isolés qui par leurs propos et leur pratique remettent en question l’opposition usée et spectaculaire droite/gauche. Lors du référendum sur la constitution européenne où la majorité s’est prononcée pour le « non », on s’est aperçu de l’existence d’une résistance transcourant qui ne recouvrait pas le prisme des positions des partis politiques traditionnels. Ainsi dans notre revue nous sommes pour une Europe ayant un projet politique commun et à long terme nous défendons un socialisme à l’échelle de notre continent. Néanmoins, nous sommes aux côtés de souverainistes contre l’européisme technocratique de Bruxelles parce que nous pensons que tactiquement nous devons défendre les acquis sociaux garantis par l’existence politique d’une nation indépendante. Autrement nous serons emportés par la course aux abîmes du capitalisme. Il faut articuler lutte de classe et défense de la nation afin que celle-ci soit dirigée hégémoniquement en vue de l’intérêt de la majorité des travailleurs et selon les finalités du bien commun.
Sarkozy est-il un allié des Etats-Unis ?
Hélas oui ! Après une longue et triste série de présidents ayant un discours de pseudo indépendance à l’égard des Etats-Unis et une pratique de réelle démission face aux diktats de l’empire unipolaire étasunien (notamment lors des conflits avec l’Irak et de l’agression de l’ex-Yougoslavie) Sarkozy vient de tirer explicitement les conclusions de ce lent glissement (aussi peut-on lui reconnaître une réelle franchise là où les autres faisaient plutôt semblant de s’opposer) en réintégrant la France au sein du commandement de l’OTAN sous prétexte que notre pays pourrait ainsi peser sur les décisions de l’oncle Sam. Ceci serait risible si la situation n’était pas aussi inquiétante car la France sera de plus en plus engagée en Afghanistan et ailleurs, si les Etats-Unis le désirent. Sarkozy s’est rallié à la stratégie de Brzezinski, inspirateur, homme de l’ombre et stratège d’Obama sur lequel on se fait malheureusement trop d’illusions de par le monde. Celui-ci va lâcher du lest sur le proche Orient et l’Iran mais pour mieux s’occuper de l’Afghanistan, du Pakistan et des gros morceaux qu’il vise derrière ces pays, la Russie et la Chine. Cela est bien pire que les délires des néo conservateurs précédemment au pouvoir à Washington. Quand Sarkozy fait mine de prendre des initiatives, on lui coupe l’herbe sous le pied (exemple avec l’histoire des otages de la guérilla en Colombie) pour lui faire comprendre que son pouvoir est quelque peu limité.
De plus avec cette politique de ralliement explicite à l’empire unipolaire, Sarkozy retarde la possibilité qu’aurait eu l’Europe d’avoir un réel destin géopolitique indépendant. A ce niveau également s’impose, aux travailleurs français et aux européens, la nécessité de la lutte contre ce système, ce modèle obsolète de civilisation qu’on appelle l’Occident.
Quelle vision avez-vous du Mexique et de l’Amérique latine ?
Nous confessons tout en nous en excusant de ne pas être des spécialistes et connaisseurs de votre pays. Néanmoins, dans les grandes lignes, nous pourrions affirmer que le Mexique n’a guère à gagner à être intégré dans ce grand marché de l’Amérique du nord reposant sur les mêmes avantages fantasmatiques que l’on nous a fait miroiter sur tous les continents avec le modèle libéral. Nous soutenons sincèrement l’expérience bolivarienne du camarade Chavez au Venezuela, espérant qu’il pourra faire incliner sa politique vers un socialisme original. Là, également, les forces réactionnaires soutenues par les Etats-Unis essaieront par tous les moyens, comme elles l’ont fait par le passé dans les pays latinoaméricains, de faire capoter la tentative de libération nationale à l’égard de l’emprise impérialiste étasunienne.
Néanmoins la situation a changé par rapport aux dernières décennies puisqu’une gauche plus ou moins originale est parvenue au pouvoir dans certains pays d’Amérique du sud. Il ne faut ni surestimer l’expérience ni sous-estimer l’impact du projet bolivarien. Chavez a une vision géopolitique pour le continent latinoaméricain et nous souhaiterions que l’Europe soit alliée de ce projet, aussi faudrait-il pour cela, comme nous l’avons dit ci-dessus, que l’Europe elle-même soit engagée dans une vision géopolitique d’envergure faisant pièce aux diktats étasuniens. Chavez symbolise la possibilité de l’existence d’un monde multipolaire qui rendrait confiance et dignité à tous les peuples et cultures en promouvant une réelle diversité aux antipodes du monothéisme de marché dont on perçoit les conséquences terrifiantes pour l’avenir de l’espèce humaine. Celle-ci ne peut continuer son aventure que grâce à la préservation de ses multiples identités culturelles en devenir. Le continent latinoaméricain est lui-même l’expression, par la rencontre de diverses cultures et peuples et par la synthèse qui en est sortie, de l’importance de ce que nous avançons. Aussi le projet bolivarien nous est apparu rapidement comme étant une divine surprise, une preuve de la validité et de la valeur que nous accordons à l’idée des grands ensembles géopolitiques diversifiés. En plus Chavez est un socialiste authentique et un révolutionnaire ! Le Mexique aurait, nous semble-t-il, tout intérêt à se tourner vers un tel projet plutôt que de lorgner vers son voisin impérialiste du nord.
Jean Galié.
Au nom de la revue bimestrielle socialiste révolutionnaire européenne « Rébellion ».
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jeudi, 07 mai 2009
Sarközy: deux ans de rupture avec le modèle français

Lorsque Nicolas Sarkozy a été élu, Polémia s’est interrogé sur le sens de la rupture annoncée par le nouveau président : rupture avec le politiquement correct (attendue par beaucoup d’électeurs) ou rupture avec le modèle français (voulue par beaucoup de ses soutiens médiatiques, financiers ou étrangers) ? (La méprise : http://www.polemia.com/article.php?id=1550)
Deux ans plus tard la réponse est claire : Nicolas Sarkozy n’a pas rompu avec le Système, il a rompu avec l’exception française.
Rupture avec l’esprit des institutions
D’inspiration monarchique, les institutions de la Ve République visaient à donner de la hauteur et de la distance au président de la République en charge de l’essentiel. Mais l’omniprésence médiatique de Nicolas Sarkozy et son activisme touche-à-tout sont en rupture complète avec la pratique de tous ses prédécesseurs qui économisaient leur parole et s’efforçaient de garder un minimum de majesté, sinon de sacré, à la fonction.
Rupture avec la politique d’indépendance nationale
Il y a dans les gènes de la Ve République comme du gaullisme la politique d’indépendance nationale : une démarche fondée sur la conviction que les intérêts de la France et de l’Europe continentale sont distincts, sinon opposés, de ceux des puissances anglo-saxonnes. Dans ce domaine les ruptures se sont multipliées :
- la rentrée de la France dans le commandement unifié de l’OTAN ;
- la fermeture programmée de bases françaises en Afrique ;
- l’installation d’une base d’appui à l’Amérique à Abou Dhabi ;
- la remise en cause des liens traditionnels avec le Québec ;
- le divorce franco-allemand.
Rupture avec l’élitisme républicain
La France a construit son appareil d’Etat, et une large partie de sa puissance industrielle (aéronautique, espace, nucléaire, pétrole) à partir des grands corps d’ingénieurs et des grandes écoles. Le principe en était la sélection au mérite par les capacités et par l’effort. La mise en œuvre de la discrimination positive change ces règles et fait de l’origine (ethnique, religieuse, sexuelle) et de la faveur les nouveaux critères de sélection des élites.
Rupture avec la laïcité
La nouvelle politique religieuse du gouvernement repose sur un oxymore : le concept de « laïcité positive ». Or la laïcité, c’est la séparation de l’Eglise et de l’Etat et la neutralité de l’Etat vis-à-vis des religions. En pratique, la laïcité a longtemps été un moyen de lutte contre le catholicisme, religion dominante. La « laïcité positive » vise, elle, à reconnaître, encourager et donner des moyens financiers aux religions minoritaires (principalement l’islam). Il s’agit de faciliter la construction de mosquées et de centres culturels islamiques et de donner un statut juridique à différentes pratiques musulmanes parfaitement étrangères à l’identité française.
Rupture avec la conception traditionnelle de la famille
Cellule de base de la société, point d’ancrage dans la crise, la conception traditionnelle de la famille subit de nombreuses atteintes. Certes, toutes ne sont pas nouvelles mais la présidence Sarkozy accélère le mouvement :
- mise sur un pied de quasi-égalité du Pacs et du mariage ;
- volonté d’imposer à l’opinion publique le terme et la notion d’ « homoparentalité » ;
- projet de loi instituant un statut de « beau-parent », y compris pour les couples homosexuels ;
- création d’un hypothétique « droit à l’enfant ».
Rupture avec la culture française
Dans le mode de sélection des élites françaises comme dans la formation scolaire traditionnelle, la connaissance des humanités et la maîtrise de la langue française ont toujours été jugées essentielles. La langue française est d’ailleurs considérée comme un élément important de notre identité en même temps qu’un facteur du rayonnement français dans le monde. La aussi, Nicolas Sarkozy a choisi la rupture :
- en brocardant la place accordée à la culture générale, notamment dans les concours administratifs (alors même que beaucoup d’entreprises découvrent l’importance de la maîtrise de la langue française par leurs employés et leurs cadres) ;
- en se moquant de la lecture de La Princesse de Clèves ;
- en maltraitant, délibérément ou non, la langue française dans ses discours et sur le site Internet de l’Elysée.
Rupture avec l’art de vivre français
L’art de vivre français, c’est un ensemble d’attitudes et de comportements : ce sont des règles de convivialité ; ce sont des hauts lieux et des paysages qu’on respecte et qu’on protège ; ce sont des traditions gastronomiques ; c’est aussi le refus de voir l’argent et la consommation envahir toute la vie. Là aussi, dans la foulée du rapport Attali, les ruptures sont nombreuses :
- la suppression projetée du repos dominical qui structure la vie sociale et communautaire ;
- le goût ostentatoire de l’argent et du « bling-bling » ;
- le désintérêt vis-à-vis du terroir français et de ses produits (vins, fromages) ;
- la marchandisation du patrimoine ;
- la volonté de remettre en cause les règles d’urbanisme, protectrices de la beauté des sites et des paysages.
Une rupture à contretemps
La rupture sarkozyste se fait au nom d’une utopique modernisation. Il s’agit de s’anglo-saxonniser (sur le modèle américain et britannique) et de s’orientaliser (sur le modèle de Dubaï). Mais le calendrier n’est pas galant homme : pourquoi donc copier des modèles étrangers au moment même où ils s’enfoncent dans la crise ?
La démarche présidentielle sur « la France d’après » n’est pas seulement condamnable au regard de l’identité française ; elle a un côté pathétique parce qu’elle est déjà dépassée.
Polémia
30/04/09
Voir aussi l’article de Roger Cohen du New York Times sur la destruction des dix tabous français : http://www.polemia.com/article.php?id=1528
Article printed from :: Novopress Québec: http://qc.novopress.info
URL to article: http://qc.novopress.info/?p=5038
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Democrazia e guerra fredda: anatomia di un paradosso
Democrazia e guerra fredda: anatomia di un paradosso

Ovviamente i rappresentanti dei due modelli rivendicano ognuno la legittimità del definirsi “democratico”.
Le democrazie occidentali
I paesi cosiddetti occidentali, sotto la leadership militare, economica e politica degli Usa, sono tutti fautori di quelle che comunemente vengono definite democrazie parlamentari. Questi paesi ponevano e pongono tutt’ora come concetto cardine della loro democrazia le libertà individuali e la loro difesa in tutti i campi. In questa concezione la massima espressione di libertà è il voto per decidere i propri rappresentanti in parlamento e negli organi di governo territoriale.

Altro fattore che faceva degli Stati occidentali delle democrazie solo a parole è il fatto che (altro cardine del mondo occidentale) a vincere sia la cosiddetta maggioranza.
Nei paesi con una moltitudine di partiti nella scena politica, questo, di fatto, sta a significare che al governo, tranne in casi eccezionali, non vada affatto la rappresentanza della maggioranza dei cittadini, ma semplicemente i rappresentanti della minoranza più grande. Nei paesi a sistema proporzionale è poi necessario che queste “grandi minoranze” debbano allearsi con partiti teoricamente più vicini ideologicamente per raggiungere e mantenere il governo. Questo crea altri scenari paradossali con partiti che di fatto sono rappresentanti di una minima parte di cittadinanza che hanno il potere di ricatto politico verso i più grandi, e che possono in questo modo andare al governo a discapito di partiti ben più rappresentativi che si trovano però fuori dalla coalizione vincente.
L’unico caso in cui ad andare al governo è effettivamente la maggioranza, ossia chi si accaparra almeno un voto in più del 50% dei votanti, è quello dei sistemi bipolari in cui di fatto sono presenti solo due partiti ma, fuori dagli Usa, un terzo conta sempre qualcosa, come accade in Germania o Inghilterra. Ma anche qui il paradosso è enorme, in quanto la totalità della popolazione deve per forza riconoscersi in uno dei due schieramenti.
In tutti i casi, comunque, chi raggiunge la cosiddetta maggioranza, sia essa relativa o assoluta, lascia di fatto esclusa dal governo una fetta enorme della popolazione, rendendo il termine “governo del popolo” del tutto inadatto a descrivere il sistema di governo occidentale.
Le democrazie popolari
Paradossalmente gli Stati che durante la guerra fredda si avvicinavano di più al concetto vero di democrazia erano proprio gli Stati sotto influenza sovietica, i quali avevano dalla loro le cosiddette democrazie popolari.

In quest’ottica si cercò di reintrodurre il concetto di partecipazione attiva della popolazione alla politica, rendendo obbligatoria l’iscrizione al partito, vietando il più possibile la proprietà privata e rendendo, di conseguenza, tutto proprietà dello Stato, facendo sì che ogni lavoratore e ogni fabbrica lavorassero solo ed unicamente per il partito, in un’ottica che vedeva l’economia del tutto assoggettata al volere degli alti gradi del polit bureau che rappresentavano l’intera collettività.
Sebbene però questo sistema fosse, dal punto di vista teorico, più vicino al concetto di “governo del popolo” rispetto alla controparte occidentale, di fatto anche qui il popolo era del tutto estraneo non solo alle decisioni ma anche ai vantaggi del proprio lavoro. Essendo praticamente annullata la sfera individuale a discapito di quella collettiva, la politica economica attuata tramite i cosiddetti “piani quinquennali” non era affatto finalizzata al benessere economico e sociale dei lavoratori, ma piuttosto al benessere – appunto – dell’intera collettività, che – di fatto – era rappresentata dal partito e dallo Stato.
I paradossi dei due mondi

Ma ci sono altri e ben più grandi paradossi nei due sistemi.
Nell’ottica sovietica appena trattata, secondo la quale l’individuo è annullato nella collettività, il lavoratore diventa un ingranaggio per il benessere dello Stato e non per se stesso, facendo un lavoro di cui non vedrà mai personalmente i frutti, economici o politici, andando a ricostruire esattamente lo scenario criticato dallo stesso Marx, e facendo dell’economia dei paesi sovietici praticamente un capitalismo di Stato.
Ma il paradosso più grande forse riguarda proprio il mondo occidentale. La volontà esplicita di liberare l’economia e la finanza dal controllo dello Stato favorì non solo l’assoggettarsi delle politiche nazionali alle logiche di mercato, ma soprattutto favorì la creazione e il proliferare di una classe finanziaria internazionale che cercò e riuscì a gestire le politiche nazionali per i propri fini. Questo fece sì che lobbies sovra e inter-nazionali potessero controllare i governi, e che Stati con assai poca sovranità nazionale potessero essere governati di fatto da rappresentanti di aziende o multinazionali straniere. A conti fatti, il mondo occidentale risultò quindi attuare perfettamente il concetto di internazionalismo che il comunismo russo invece aveva abbandonato fin dai tempi in cui Stalin estromise a picconate Trotsky, attuando invece un gigantesco nazionalismo al servizio della Grande Russia.
Il terrore come mezzo di auto-sostentamento dei due modelli
Il clima di guerra fredda che iniziò fin dalla fine della guerra mondiale di certo aiutò il consolidarsi dei due modelli, che furono comunque contrastati per una ventina d’anni dai paesi non-allineati, i quali facevano riferimento a leaders popolari e nazionali come l’egiziano Nasser e l’argentino Perón.

Ma anche in Occidente si fece largo uso del terrore per mantenere lo status quo deciso a Jalta. Con il piano Marshall – di fatto – tutti i paesi europei divennero talmente legati alla politica statunitense, tanto da divenirne praticamente schiavi. Il quotidiano timore per l’imminente scoppio del conflitto nucleare costrinse gli Stati occidentali a fare quadrato dietro agli Usa, e ciò impedì di fatto qualunque forma di ricerca (o di ritorno) di una terza via, tanto politica quanto economica.

Gli stessi Usa, paladini della libertà, usarono l’arma del terrore durante l’epoca McCarthy e soffocarono nel sangue i tentativi di liberazione dalla loro influenza dai paesi dell’America Latina.
Di fatto il clima di continua tensione, certamente aiutato dall’impotenza politica dell’Onu che prevedeva diritto di veto tanto dagli Usa che dai sovietici, non fece altro che aiutare i due grandi colossi a reggersi in piedi nel dominio delle rispettive sfere d’influenza. Tensione che i due colossi fecero ben attenzione a non far mai esplodere e far andare fuori controllo, come dimostrano il sospetto assassinio del presidente Kennedy e il contemporaneo improvviso golpe contro il presidente Kruscev, proprio i due uomini politici che rischiarono di dar inizio alla guerra nell’episodio della crisi missilistica di Cuba.
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mercredi, 06 mai 2009
Democrazia come partecipazione: Moeller van den Bruck
Democrazia come partecipazione: Moeller van den Bruck
«La democrazia è la partecipazione di un popolo al proprio destino»

Nato il 23 aprile 1876 a Solingen, Moeller è considerato uno dei padri nobili e degli spiriti animatori della vasta corrente di pensiero conosciuta come “Rivoluzione conservatrice”. Chiamato Arthur dal padre in onore di Schopenhauer, il futuro cantore dei “popoli giovani” comincia, nelle sue prime uscite pubbliche, ad affiancare al cognome paterno anche quello – di origine olandese – della madre: Elise van den Bruck. Si forma su Nietzsche, Dostoewskij, Langbehn, Chamberlain e Gobineau. Nella giovinezza un po’ bohémien fa la conoscenza di Rudolf Steiner, August Strindberg, del pittore völkisch Fidus, Edvard Munch, Dimitri Merezkowskij, Theodor Däubler ed Ernst Barlach. Dal 1904 al 1910 scrive l’opera enciclopedica Die Deutschen (I Tedeschi) un ritratto dei maggiori geni della cultura tedesca, mentre nel 1906 inizia la traduzione delle opere complete di Dostoewskij. Nel 1913 pubblica Die italienische Schönheit (La bellezza italiana). Nel 1914 parte volontario. Nel 1916 pubblica Der prussische Stil (Lo stile prussiano) e, dopo la disfatta, nel giugno 1919 lo troviamo tra i fondatori dello Juniklub, comunità nazionalconservatrice di Berlino, e di Gewissen, importante rivista nazionalista. Del 1919 è il suo saggio politico Das Recht der jungen Völker (Il diritto dei popoli giovani). Nel 1923 pubblica invece il suo libro più celebre, Das dritte Reich (Il terzo Reich, traduzione italiana di Luciano Arcella, Settimo Sigillo, Roma 2000). Nel 1925 si suicida a Berlino.


In concreto, «si potrebbe immaginare in Germania una democrazia che si prenda cura soprattutto della vita del popolo, che sia in grado di radicare la repubblica nella specificità del paese, nella differenza delle componenti etniche e nell’armonia generale del popolo. Non la forma dello Stato, ma lo spirito dei cittadini realizza la democrazia. La sua base è il senso del popolo […]. Se vogliamo salvare la democrazia tedesca dobbiamo rivolgerci lì dove l’elemento umano e l’elemento tedesco non sono stati contaminati: al popolo stesso, al carattere originario di questo popolo, che può sussistere anche in questo Stato. E potremmo forse dire che vi sarà vera democrazia in Germania solo quando non vi saranno più “democratici”. Vi sono popoli che si sono sollevati mediante la democrazia. Vi sono altri popoli che sono andati in rovina con la democrazia. La democrazia può significare stoicismo, concezione repubblicana, inflessibilità, durezza. Ma allo stesso tempo può significare liberalismo, chiasso parlamentare, lassismo».
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mardi, 05 mai 2009
Moldavie: une "révolution colorée" avortée?

Moldavie: une “révolution colorée” avortée?
Par Bernhard TOMASCHITZ
La Moldavie est, en Europe, un foyer de pauvreté, excentré et marginal, mais elle a été à la une de l’actualité ces dernières semaines. En effet, l’opposition a boycotté le nouveau décompte des voix ordonné à la mi-avril par le Tribunal constitutionnel. Le parti “Notre Moldavie”, qui est dans l’opposition, évoque dans ce contexte “une farce” dont le but est de camoufler des irrégularités dans l’organisation du scrutin. Le Parti libéral et le Parti libéral-démocratique veulent, eux aussi, boycotter le nouveau décompte des voix.
Les trois partis de l’opposition réclament de nouvelles élections. Le scrutin du 5 avril avait clairement donné la victoire au Parti communiste (PCRM) du Président Vladimir Voronine, avec 49,9% des voix. Parmi les partis de l’opposition, seuls franchissent la barre des 6% pour pouvoir siéger au Parlement le Parti libéral avec 12,9% des voix, le Parti libéral-démocrate avec 12,2% et “Notre Moldavie”, avec 9,9%. En début d’année, il avait été décidé de faire passer cette barrière de 4 à 6%. Les treize autres partis qui se présentaient aux électeurs n’ont pas réussi à obtenir suffisamment de voix pour obtenir des élus au Parlement. Ces élections ont pourtant été considérées par l’OSCE comme “libres et correctes”, mises à part quelques petites irrégularités.
Après la victoire des communistes, les partisans de l’opposition ont pris d’assaut le siège de la présidence et les bâtiments du parlement dans la capitale Chisinau (Kichinev), pour y bouter le feu. Une femme a perdu la vie; il y a eu plus de 200 blessés et au moins 193 arrestations. Une question demeure ouverte: qui se profile derrière ces désordres? Le Président Voronine qui, d’une part, tient à rapprocher son pays de l’UE et, d’autre part, souhaite garder ses relations étroites avec la Russie, a déclaré aux journalistes du quotidien espagnol “El Pais”, que des forces étrangères favorisaient les désordres. Voronine dit ensuite qu’il détient la preuve que “neuf personnes venues de Serbie” et des “agents des services secrets roumains” avaient été aperçus tandis qu’ils “dirigeaient” les événements. La police moldave a pu notamment photographier un “Yougoslave” distribuant des “documents émanant d’une institution nord-américaine”. L’homme d’Etat communiste, on s’en doute, n’a pas bonne opinion des manifestants: “Le résultat des élections ne les intéressent pas. Nous assistons au déploiement du même scénario qu’à Belgrade, Tiflis, Bichkek et Kiev”. Voronine rappelle donc à ses lecteurs espagnols les “insurrections” similaires qui ont eu lieu, au cours de ces dernières années, en ex-Yougoslavie, en Géorgie, au Kirghizstan ou en Ukraine. D’après le président moldave, les désordres qui ont affectés son pays présentent des similitudes avec la “révolution des roses” en Géorgie et la “révolution orange” en Ukraine. “Certaines forces en profitent, ajoute-t-il, pour saisir l’occasion de mener l’une de ces opérations que l’on baptisera ensuite du nom d’une couleur”. L’analyse de Voronine rencontre bien sûr l’approbation de Moscou. La Russie veut empêcher que le paysage politique de la Moldavie, un pays de 33.000 km2, se modifie de fond en comble et la fasse basculer, comme l’Ukraine et la Géorgie, dans l’orbite américaine.
A la Douma d’Etat russe les désordres de Moldavie ont été décrits comme la tentative de “tireurs de ficelles” occidentaux cherchant à promouvoir une “révolution des fleurs” supplémentaire, la cinquième, après l’Ukraine, la Géorgie, le Kirghizstan et la Mongolie. “Cinq cas similaires, de même typologie, nous permettent de tirer certaines conclusions”, a déclaré Konstantin Kozatchev, président de la Commission des Affaires étrangères. Et il a ajouté: “De tels événements surviennent toujours lorsque les forces pro-occidentales perdent les élections”.
Et, de fait, les médiats russes et moldaves évoquent quelques événements préliminaires qui rappellent, de manière frappante, la “révolution orange” ukrainienne à la charnière des années 2004/2005. Ainsi, de jeunes manifestants, venus principalement des campagnes, ont été amenés dans la capitale par bus. Et cela dans un pays ou le revenu mensuel moyen est de 120 euro. C’est la raison pour laquelle les communistes au pouvoir soupçonnent que de riches “sponsors” se dissimulent derrière les événements. Deux hommes se retrouvent ainsi dans le collimateur: Gabriel Stati et son père Anatoli Stati, l’homme le plus riche de Moldavie. Tous deux sont actifs dans le commerce du pétrole au départ du Kazakhstan et de divers pays africains. Stati s’était écrié, deux jours avant les élections, qu’il allait voter “pour les partis d’inspiration démocratique”. Cet appel est parvenu au public par le biais d’une association de sports de combat que préside Stati. La rumeur circule à Chisinau que ce sont justement les membres de cette association qui ont saccagé le Parlement et le siège de l’administration présidentielle. A la demande de la Moldavie, l’oligarque, à peine âgé de 32 ans, a été arrêté en Ukraine et sera extradé vers son pays.
Le rôle de la Roumanie, pays membre de l’OTAN et de l’UE, est également ambigu dans les événements récents à Chisinau. Les manifestants arboraient en effet des drapeaux roumains et réclamaient l’ “Anschluss” avec la mère-patrie roumaine. La plus grande partie de l’actuelle République moldave a effectivement fait partie de la Roumanie pendant l’entre-deux-guerres et a été annexée en 1940 par l’Union Soviétique. La plupart des Moldaves sont ethniquement parlant des Roumains; seule la Transnistrie, qui se trouve sur la rive orientale du Dniepr, est majoritairement peuplée de Russes et d’Ukrainiens. La Transnistrie réclame son indépendance depuis 1992, en recevant l’appui de la Russie. Le Président roumain Traian Basescu a cherché à calmer le jeu et a déclaré lors d’une allocution télévisée: “La Roumanie n’émet aucune revendication sur les territoires qu’elle a jadis possédés, ne veut aucune modificiation des actuelles frontières d’Etat et ne veut en aucune manière enfreindre la souveraineté de la République moldave”. Mais il a ajouté cette phrase que l’on peut qualifier de “cryptique”: “notre pays ne tolèrera pas que le fleuve Prouth devienne un nouveau Rideau de Fer”. L’avenir de la Moldavie ne se décidera donc pas à Chisinau mais à Bucarest et à Moscou.
Bernhard TOMASCHITZ.
(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°17/2009; traduction française: Robert Steuckers).
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Giano Accame o dell'amicizia antieconomicista

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Giano si proponeva se non di abbatterlo almeno di aprire qualche breccia, qui in Italia, grazie alle idee controcorrente di un pugno di refrattari al capitale finanziario, come si e ci definì il compianto professor Arduino Agnelli, presente tra gli invitati lì riuniti, grazie alle grandi capacità organizzative di Giuliano Borghi e ai mezzi messi a disposizione dal compianto Ivo Laghi, quale direttore all’epoca di “Pagine Libere”, autentico fiore all’occhiello della Cisnal.
Il muro però oggi è ancora lì. E noi pure, magari con qualche triste assenza legata alle inesorabili leggi della grande catena dell’Essere. Ma sempre con le spade dell’intelligenza sguainate. E con Giano al comando, pronti all’ultima carica, contro i carri armati di Wall Street… Costi quel che costi.
Non poteva perciò non nascere tra noi, già in quegli anni, un grande feeling intellettuale. Poi trasformatosi nel tempo in amicizia.
Su quali basi però? Ovviamente quelle di un rigoroso e affratellante antieconomicismo. E sicuramente ricambiato, nei nostri riguardi, dall’economia stessa. E in particolare dal denaro, che ci ha sempre “guardato”, diciamo così, con analoga antipatia.
Per entrare nel merito: in Giano, l’antieconomicismo passa attraverso il fuoco di una cultura trans-fascista, incarnatasi storicamente nella gigantesca e sempre attuale battaglia del sangue contro l’oro. Mentre nel sottoscritto l’antieconomicismo origina da una formazione di tipo sociologico, meno politicizzata o infuocata, che però designa nello studio dei fenomeni sociali le chiavi ideali per penetrare e cambiare, secondo i valori di sempre, la Città dei Moderni. Troppo sbilanciata sul piano dell’agire economico orientato al profitto, fino a sconfinare nella pirateria borsistica, oggi ancora ben insediata dietro il Muro di Wall Street.
Diciamo subito che anni di conversazioni fitte fitte, avvenute nel suo studio così affollato di libri, quadri, gatti, cani e idee antieconomiciste, hanno contribuito ad allargare i miei orizzonti. Fino al punto di riuscire a capire che l’economia non è solo sociologia, ma anche poesia e letteratura. E soprattutto politica, come capacità di immergersi con la passione dell’intellettuale “armato” (delle sue sole idee, ovviamente), anche nella trivialità, pur necessaria, della comprensione del divenire storico ed economico. Per riaffiorarne con nuove certezze sulla natura a tutto tondo dell’ uomo reale: che non è economico e ragionatore, ma antieconomico e sragionatore. E dunque capace di sacrificarsi “poeticamente”, immolandosi magari in guerra, per un’ idea come quella di patria. O semplicemente per fedeltà alle scelte fatte. E non importa se perdenti. Scegliendo così la via del più ruggente idealismo politico.
Ma devo a Giano anche numerosi suggerimenti di lettura, poi magari concretizzatisi in comuni collaborazioni. Penso al Mazzini, al Carli e al Michels, pubblicati nella collana “Contra” di Settimo Settimo Sigillo da me diretta. E da ultimo, al mio libro su Del Noce, che si avvale di un’intensa prefazione proprio di Giano. Dove, tra l’altro, ho messo a frutto alcune sue preziose notazioni esistenziali sul filosofo cattolico. Ma penso anche ai convegni, alle presentazioni di libri, alle riunioni editoriali e di redazione. Sarebbe veramente lungo fare la lista, per autori, delle suggestioni legate alla sua frequentazione e amicizia.
Un legame fatto anche di momenti ludici. E perciò di vivaci incontri conviviali, con altri valorosi quanto, alla bisogna, faceti amici. Segnati da bicchierate, squisiti manicaretti, e, a fine pasto, da esplosivi “Sgroppini”: una miscela di vodka, gelato al limone e una lacrima di spumantino. Se ci si passa l’espressione un po’ volgare: uno sturalavandini… Al quale Giano, insieme alla poesia e alla letteratura antieconomicista di Pound e di Marinetti, mi ha iniziato… Con mio grande gaudio. E ne sanno qualcosa Enzo Cipriano, il nostro grande e incosciente editore, sempre presente al rito dello Sgroppino. E il bravissimo ristoratore Michele, proprietario della “Piccola Irpinia”, nostro anfitrione romano e sapiente somministratore di “Sgroppini”…
Anche in queste occasioni conviviali, Giano non manca di suggerimenti e stimoli. La convivialità, insomma, nel senso del “vivere con” le emozioni, non solo della cultura, raggiunge il suo livello più intenso proprio durante le nostre cene. Vita e intelletto finiscono così per congiungersi felicemente.
Ecco, questa prodigalità di consigli e suggerimenti; questo donare, così candidamente se stesso, con naturalezza, senza mai far pesare la propria cultura, è tipico di quello che mi piace definire l’antieconomicismo esistenziale di Giano. Che spesso si nota nella sua pagina anche giornalistica, sempre colta, nitida, ma ricca di liberi spunti e stimoli donati al lettore, arricchendolo; si parla al mondo ma senza prevaricare. Con eleganza di cuore.
Il punto è che Giano, pur nella fermezza delle sue idee, è ancora oggi capace di ascoltare il mondo, dando così vita a una specie di circuito del dono intellettuale, tra chi legge e chi scrive. Anche se di sponde opposte. Come del resto dimostra l’attenzione che Giano ha ricevuto in ambienti lontani dalla destra. Il che deve rappresentare una lezione di vita per tutti noi, giovani e meno giovani. Quale lezione? Come essere realmente artigiani delle idee, nel senso più nobile del termine, andando al di là degli steccati politici post-1789. Pur conservando un ideale rispetto per quei “maggiori” di destra o sinistra, dai quali alcuni di noi discendono per precedenti scelte politiche.
E in questo senso mi piace parlare dell’amico Giano come di un mio “Maggiore”: vero maestro di studi, di giornalismo e di vita.
Auguri Grande Giano per i tuoi ottant’anni. Donati bene a quel mondo variegato e ribelle di spiriti liberi che ti ama intellettualmente e che non sarà mai pago di ascoltarti.
Un abbraccio affettuoso dal tuo Carlo.
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