Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 30 août 2009

"Il faut terminer la révolution libérale"

kap20090122180646376_1.jpg
"Il faut terminer la révolution libérale"

Trouvé sur : http://unitepopulaire.org/   

 

« "Il faut terminer la révolution libérale" écrit Michel Guénaire, avocat d’affaires internationales basé à Paris, né libéral, éduqué libéral et heureux dans le libéralisme, jusqu’au moment où il a vu le soutènement moral et politique classique de cette pensée s’effondrer. La crise actuelle, et tout ce que l’on peut savoir de ses causes, impose un règlement des comptes. Michel Guénaire s’y lance.

Il place le tournant aux alentours des années nonante. La dissolution du système soviétique et la mise au pas économique de tous les pays émergents par les institutions financières internationales ont marqué la victoire mondiale du libéralisme. Celle-ci avait beau être artificielle, plus imposée que choisie, elle n’en fut pas moins totale. Or, dit Guénaire, elle cachait mal ses insuffisances fondamentales : contrairement à ce que croient de très nombreux libéraux, le libéralisme n’est pas capable de susciter un ordre politique. "Economiquement, il offrait un angle sur le ressort que représentait l’intérêt particulier des hommes, non la vision d’ensemble de la création de la richesse des nations." La fin du système communiste "a donné au libéralisme des responsabilités qu’il ne pouvait pas avoir. Les peuples n’ont cessé de le solliciter en voulant, par le miracle de la réforme libérale, obtenir la richesse et la liberté, les facilités supposées de l’économie libérale et les standards affichés de la démocratie libérale. Le libéralisme était l’école de la liberté des hommes. Il est devenu l’interdit de la pensée des hommes."

Le constat est sévère, mais il est sérieux. L’auteur, qui réfléchit dans le cadre historique et politique français, considère que le libéralisme s’est perdu quand il s’est éloigné de la politique, quand il l’a combattue comme une ingérence intolérable sur la voie triomphante du marché. "Il fallait s’opposer au pouvoir lorsque celui-ci menaçait la liberté des hommes. Il faut retrouver le pouvoir quand la liberté de l’homme en dépend" écrit Guénaire.

Le capitalisme libéral fut longtemps associé au libéralisme politique. Il existait une alliance entre la révolution économique de l’Angleterre du XIXe siècle et l’émancipation promise par le libéralisme politique. L’esprit d’entreprise se nourrissait de la culture libérale et le libéralisme consacrait les institutions où s’épanouissait la liberté d’entreprendre. Mais cette alliance s’est défaite. Le capitalisme libéral s’est affranchi du libéralisme politique, auquel il a imposé ses lois et sa légitimité comme s’il s’agissait d’un ordre naturel. La décision économique, arrêtée selon le seul besoin du marché, s’est ainsi dépouillée de toute valeur d’accompagnement ou de toute valeur correctrice, c’est-à-dire de toute valeur morale. Réglée par le principe concurrentiel et le principe financier, l’économie libérale n’est donc plus au service de la cité. Son idéologie, le libéralisme, est devenue une énigme. Sa querelle avec le marxisme achevée, on ne sait plus ce qu’elle est. "Les marxistes ont perdu dans leur quête de vérité organisatrice et les libéraux gagné dans leur idéal de vérité désorganisatrice. Ces derniers n’ont plus personne à qui s’opposer, mais ils n’ont plus rien à défendre."

Pourtant, chevauchant la grande vague de la mondialisation qu’il a lui-même déclenchée, le libéralisme tend à unifier le monde, à structurer les différentes civilisations qui subsistent, à devenir lui-même la civilisation. Une civilisation, hélas, très loin de la culture des peuples et de la nature des hommes, dit Guénaire. La civilisation libérale a engendré "des hommes sans nature" et des hommes "sans origine, sans racine et sans différence". "Le projet libéral n’offre plus de vie continuée sur les fondements du parti philosophique et moral qu’avaient choisi les premiers libéraux, car la liberté et la réclame de la liberté moderne a abouti à un monde sans expression personnelle des hommes." C’est pourquoi, écrit l’auteur, il est urgent "rétablir le pouvoir pour lutter contre le chaos du monde, mais de préserver la liberté pour offrir le bonheur aux hommes." »

 

 

Le Temps, 25 juillet 2009

00:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : libéralisme, contestation, politique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 28 août 2009

Les pistes manquées de la "Nouvelle Droite" - Pour une critique constructive

arton55-31cf3.jpg

 

Archives de "SYNERGIES EUROPEENNES" - 1999

 

 

Les pistes manquées de la «nouvelle droite»

 

Pour une critique constructive

 

Robert STEUCKERS

 

En avril/mai 1987, Guillaume Faye claquait la porte du GRECE, principale officine du mouvement politico-intellectuel français que les journalistes avaient appelé la «nouvelle droite», histoire de lui donner un nom médiatisable. Faye y était resté pendant près de quinze ans, il avait porté le mouvement à bout de bras à ses heures de gloire. Il en ressortait dégoûté. Dans un texte récapitulatif qu'il a rédigé et qui est paru fin 1998 dans un livre intitulé L’archéofuturisme (éd. L’Æncre, Paris), il exprime clairement son désappointement ;  il avait dégagé, dans un mémorandum dont il ne souhaite pas la publication mais qu’il nous avait soumis, les écrasantes responsabilités d'Alain de Benoist dans l'échec de ce mouvement de pensée, fort prometteur au départ, parce qu'il voulait réactiver ce que les idéologies dominantes avaient refoulé et ce que les multiples réductionnismes à l’œuvre dans la société excluaient ou refusaient de prendre en compte. Dans L’archéofuturisme, Faye, avec un langage plus feutré que dans son mémorandum, énonce les tares du mouvement, nous indique quelles ont été les impasses dans lesquelles celui-ci s'est fourvoyé et enlisé (paganisme folklorique, gauchisme révisé, fétichisme pour des mots creux, etc.) . Ensuite, il nous esquisse onze pistes pour relancer une dynamique, qui ne devra pas nécessairement s'appeler la “nouvelle droite”, le concept ayant fait faillite, désormais grevé de trop d'ambigüités.

 

Les options philosophiques de Faye mettent l'accent sur le futurisme, sur la prospective davantage que sur l'archéologie ou la mémoire, même s'il dit clairement que toute prospective futuriste doit avoir des assises historiques, des référentiels archétypaux. Néanmoins, la lecture de ses textes, l'audition de ses discours montrent que la fulgurante personnalité de Faye n'a nulle envie d'être trop embarra­sée, trop inca­pacitée par le poids d'un héritage, quel qu'il soit. Puisqu'il nous enjoint de pratiquer et de propager un “archéo-futurisme”, sorte de mixte d'hellénité idéale et de fulgurances à la Marinetti   —que Faye situe volontiers dans un environnement urbain et architectural mêlant Vitruve et Mies van der Rohe—   dressons à notre tour un bilan et esquissons un projet, pour ce volume qui a pour objectif premier d'inaugurer l'ère de la “post-nouvelle-droite”. Notre approche sera peut-être moins “futuriste” que celle de Faye, elle privilégiera les continuités historiques, sans pour autant sombrer dans les archaïsmes qui condamnent à l'inaction et “muséifient” les discours.

 

Une terminologie ambiguë

 

Mais avant de passer au vif du sujet, rappelons que le terme de « nouvelle droite » est trop ambigu : le « new right » des pays anglo-saxons s’assimile à un curieux mixte de vieux conservatisme, de néo-puritanisme religieux et de néo-libéralisme offensif (lors de la montée de Reagan au pouvoir) ; la « Neue Rechte » allemande a un passé résolument national-révolutionnaire ; la nouvelle droite française est essentiellement portée par une association de combat métapolitique, le GRECE (Groupement de Recherches et d’Etudes sur la Civilisation Européenne). Nos critiques ne s’adressent pas à la « new right » anglo-saxonne, dont nous ne partageons pas les postulats et qui se déploie dans des aires politiques qui ne sont pas les nôtres, ni, a fortiori, à la « Neue Rechte » allemande dont nous nous sentons très proche, mais au GRECE (dont nous ne nions pas les acquis positifs) et à son « gourou », qui a toujours refusé toute direction collégiale, développé un culte puéril de sa personnalité, et s’est entouré d’hurluberlus dévots et sans culture, dont le cortège aurait inspiré Jérôme Bosch et fait la fortune du Dr. Freud. De club politico-culturel offensif et rupturaliste, le GRECE s’est transformé en une secte étriquée de copains plus ou moins farfelus, animée par un « Chancelier », sorte de gagman  sexagénaire, grande gueule toujours occupée à monter des sketches au goût douteux, qui n’ont rien d’élitiste ni de philosophique ni de métapolitique. Triste épilogue…

 

Pourtant l’affaire GRECE n’avait pas commencé dans le gag (sauf si l’on se réfère à Roland Gaucher) (1). Le GRECE a constitué une réaction salubre contre la mainmise gauchiste-vulgaire sur les esprits dans les années 70. Cette réaction, cette volonté a permis de sortir du refoulement toute une panoplie de thématiques historiques ou organiques, d’introduire dans le débat les thématiques biologisantes ou les découvertes d’une psychologie différencialiste abordées aux Etats-Unis ou en Angleterre (Ardrey, Koestler, Eysenck, etc.). L’exploitation de l’œuvre de Konrad Lorenz et d’Irenäus Eibl-Eibesfeldt explique le franc succès du GRECE, explique aussi pourquoi nous avons été immanquablement attirés vers lui. Les numéros d’Eléments ou de Nouvelle école de 1975 à 1986 restent des sources de références incontournables. Malgré d’inévitables lacunes, dues à la faiblesse des moyens et des effectifs, le corpus prenait forme, lançait des débats, fécondait des esprits. Quelques adversaires de la ND ont reconnu l’importance de ses apports (Raymond Aron, par exemple).

 

Dans les années fortes de la ND, des dizaines de cadres ont été formés dans la discrétion, qui ont ensuite été injectés à divers niveaux de la vie politique ou culturelle de la France. A l’abri des regards, ces hommes et ces femmes continuent à faire du bon travail, dans des réseaux associatifs, dans des modules de recherches, chez des éditeurs... Mais ils ont abandonné la secte, ne la fréquentent plus, n’influencent malheureusement plus les jeunes qui y cherchent une voie et n’utilisent plus ce langage codé, repérable, stéréotypé, qui révèle une vulgate plutôt qu’une méthode.

 

La ND : un bon démarrage

 

Autre apport non négligeable de la ND : avoir contribué à « déculpabiliser » la culture dite de droite, diabolisée depuis 1945. C’est sans doute le principal motif de la haine que voue la gauche établie à la ND et à l’entreprise d’Alain de Benoist. Cette haine s’est déployée avec une férocité pathologique à partir de l’été 1979, quand la ND influençait fortement un hebdomadaire à très gros tirage, le Figaro-Magazine, dirigé par Louis Pauwels. Alain de Benoist y tenait la rubrique des « idées », poste d’avant-garde très efficace pour faire changer les mentalités, indiquer de nouvelles pistes à la culture française. L’idée d’une « école de pensée », formant des cadres en toute autonomie, la volonté de détruire les refoulements de la culture dominante et de proposer du neuf, sans jamais recourir à de vieilles lunes, ont contribué à forger le « mythe ND ». Très rapidement pourtant, l’offensive s’est soldé par un échec : l’idéologie dominante, les vigilants de la république, la gauche parisienne, les dévots d’un catholicisme progressiste ou intégriste se sont ligués contre la nouvelle venue et l’ont contrainte à la retraite. La ND a dû céder face au néo-libéralisme et au culte moralisant des droits de l’homme (couverture des pires dénis de droit que l’histoire ait jamais vécus). Dans les propres rangs de la ND, l’enthousiasme a fait place à l’aigreur. La lucidité a disparu au profit de la paranoïa. Au lieu d’admettre que la ND a battu en retraite, après un très beau combat, parce que les effectifs étaient trop réduits et encore insuffisamment formés, le microcosme néo-droitiste parisien a sombré dans les pleurs et les grincements de dents. Quinze ans après le ressac, malgré l’ouverture opportune de nouvelles pistes (écologie, communautarisme, etc.), aucune réflexion philosophique réelle et profonde n’est venue renforcer les options de départ. Vœux pieux et lamentations anti-technicistes ou anti-libérales ne peuvent tenir lieu de discours critique : nous aurions voulu une étude plus approfondie de Carl Schmitt, de Gramsci, de Hans Jonas, de Sombart, de De Man, etc. Et un plongeon dans le vaste océan de la postmodernité philosophique (Lyotard, Foucault, Deleuze, Guattari, etc.), ce qui aurait été tout naturel pour un mouvement d’origine française.

 

En juin 1989, lors d’une séance de formation au « Cercle Héraclite », ouvert aux cadres du mouvement, j’avais voulu marquer mon retour au GRECE, après un éclipse de près de six ans, en attirant l’attention des cadres (ou ce qu’il en restait…) sur l’ampleur et la pertinence de la critique contemporaine des philosophes français : je n’ai rencontré qu’indifférence, incompréhension et hostilité (pour lire le texte de cette intervention, cf. « La genèse de la postmodernité », in : Vouloir, n°54/55, 1989). « Je n’ai rien compris », m’a dit un cadre après mon exposé.

 

De même, les options biologisantes du GRECE avaient besoin  —Alain de Benoist ne me contredira pas, même s’il est retourné récemment à sa manie comptable de calculer les quotients intellectuels—  d’un solide ravalement. Il me paraissait nécessaire d’ouvrir les recherches de la ND aux théories de la cognition humaine, proposée par les disciples de Konrad Lorenz, encadrés par Riedl et Wuketits, de renouer avec la théorie des systèmes de Ludwig  von Bertalanffy et avec son actualisation par le Japonais Maruyama, d’introduire dans les débats français les travaux de l’Allemand Friedrich Vester (cf : mon exposé au séminaire de mai 89 de l’équipe de Vouloir, tenu en Flandre, et visité par une équipe de cadres du GRECE dirigée par Charles Champetier : « Biologie et sociologie de l’“auto-organisation” », in Vouloir, n°56/58, 1989). « Je n’ai rien compris » fut une nouvelle fois la réaction d’un cadre (non, non, ce n’était pas Champetier : il était parti dans les campagnes flamandes à la recherche d’un magasin vendant des cigarettes. Ce toxicomane était en manque… faut comprendre… ).

 

En février 1991, à Pérouse en Ombrie, lors de mon exposé au colloque des ND française (A. de Benoist), italienne (M. Tarchi & A. Campi) et britannique (M. Walker), j’ai insisté sur une prise en compte de la méthode de Derrida pour éviter de développer une conception figée de l’identité, propre à certains partis nationalistes ou populistes, dont de Benoist lui-même soulignait les insuffisances. J’ai voulu étayer cette critique de de Benoist, en plaçant le débat à un niveau politologique et philosophique, en refusant de le laisser à celui des invectives stériles (cf. « Dévolution, Grand espace et régulation », in : Vouloir, n°73/75, 1991) (2). Cette critique de l’ « identitarisme figé » impliquait une réflexion sur les notions de différAnce et de différEnce chez Derrida. Pour tout commentaire, de Benoist, après mon exposé, m’a demandé pourquoi j’avais parlé de ce « con » de Derrida. Il semblait me prendre pour un fou.

 

Un refus d’abandonner ses insuffisances… 

 

Ces trois incidents, un peu burlesques, montrent qu’il n’y avait pas, au sein de la ND, une volonté claire de se démarquer de certaines insuffisances ou de certains passéismes ni de consolider ses bonnes intuitions de départ. La ND ne voulait pas d’ouverture à la pensée française contemporaine, alors que tout le débat allemand et américain est profondément empreint des apports de Foucault, Deleuze, Lyotard, Derrida, etc. La ND ne voulait pas répondre sérieusement au reproche inlassablement ressassé de « biologisme » que lui adressaient ses adversaires. Elle aurait dû revendiquer son organicisme biologisant mais en l’étayant d’arguments scientifiques incontestables, au lieu d’être pétrifiée de frousse dès qu’un adversaire lui reprochait de faire de la « biopolitique ». La ND en est arrivée à démoniser elle-même tout discours biologisant-organicisant, avec des arguments boîteux, tirés de doctrines éthiques irréalistes ou d’une lecture un peu courte des critiques traditionalistes formulées à l’encontre du vitalisme. Enfin, les remarques méprisantes d’un Alain de Benoist sur la pensée de « Derridada » sont assez sidérantes, quand on sait que la ND est accusée, encore aujourd’hui, d’avoir fondé un « discours identitaire », repris par l’extrême-droite, accusée à son tour, de développer une vision étriquée et figée de l’identité. Malgré ses discours passionnels contre Le Pen (« le programme du FN me soulève le cœur », répondait-il aux journalistes d’une revue bourrée de fautes d’orthographes monstrueuses), de Benoist ne développe pas une théorie valable de l’identité, qui échappe tout à la fois au fixisme des vieilles droites et aux reproches des professionnels de l’anti-fascisme.

 

En ce début de l’année 1999, la ND vient de publier son premier manifeste (ouf, enfin, ça y est…). Si les pistes suggérées ou les constats qui y sont formulés rencontrent grosso modo mon approbation, j’estime toutefois que ce manifeste reste au niveau des vœux pieux ou de la protestation moralisante. Il lui manque précisément de bonnes références philosophiques.

 

Mon auto-critique

 

Enfin, mes critiques peuvent sembler oiseuses après tant d’années dans le sillage de la ND. En effet, le reproche pourrait aisément fuser : « Qu’as-tu f… là pendant si longtemps ? ». Pour ma défense, je dirais qu’il n’y avait rien d’autre en francophonie, et que mon intérêt pour le GRECE était parallèle à un intérêt pour les initiatives allemandes et italiennes de même nature. Je suis effectivement abonné à Criticón et à Junges Forum depuis 1978, bien avant mon passage au GRECE. Je lisais Linea de Pino Rauti et j’achetais en versions italiennes les livres d’Evola qui n’étaient pas traduits en français. Très tôt, j’ai pu comparer avantages et lacunes des uns et des autres. Ensuite, dès 1976, j’ai suivi de très près les initiatives de Georges Gondinet, à l’époque nullement assimilables à celles du GRECE. J’ai toujours, me semble-t-il, opté pour la pluralité des sources d’information contre le réductionnisme et l’assèchement sectaires. C’est une option qui me parait toujours valable : je demande donc à tout ceux qui s’intéressent à la ND parce qu’ils veulent sortir du ronron dominant de ne pas réduire leurs sources d’information à une et une seule officine, mais de chercher systématiquement la diversité. C’est par une pratique diversifiante et différAnciante (Derrida !) que les « refuzniks » que nous sommes finiront par appréhender et arraisonner le réel dans toutes ses facettes. Et ainsi gagner la bataille métapolitique, promise par de Benoist, avant qu’il n’opère ses replis frileux : peur de la politique, peur des populismes, peur des journalistes qui le critiquent, peur des langages francs et crus, peur de réaffirmer son biologisme, peur d’être traité de fasciste, peur de ne pas être reçu par une huile quelconque. Pas besoin d’être grand philosophe pour condamner et mépriser une telle attitude. Il suffit de se rappeler l’adage : la peur est mauvaise conseillère.                     

 

La «nouvelle droite» et l'histoire

 

Les regards que la «nouvelle droite» française a jetés sur l'histoire de l'Europe ont toujours été flous et ambigus. Quant à la «nouvelle droite» ita­lien­ne, elle s'est fort préoccupée de redéfinir l'histoire du fascisme (alors que cette tâche était pleinement assumée par Renzo de Felice ou Zeev Sternhell). Redéfinir le fascisme était la tâche de son principal promoteur à l'université, était son boulot de chercheur, et nul parmi nous ne contestara évidemment cette fonction qui fut et reste la sienne.

 

A Paris, la vulgate ND  —en disant « vulgate », je n’incrimine ni de Benoist ni d’autres exposants de la ND, mais une mouvance difficilement définissable que l’on a, à tort, assimilée à la ND et qui compénètre tout le champs des droites françaises—   n’a pas développé une vision de l’histoire cohérente : tout au plus perçoit-on chez elle un vague mixte de vision décadentiste et de nordicisme (indo-européen), où les accents pessimistes de Gobineau (mal lu) et de Spengler (mal digéré) se mêlent aux accents « normandistes » et pessimistes du dernier Drieu. Chacun de ces auteurs est passionnant en soi. Chacun d’eux nous livre une œuvre aux strates multiples :

-           Gobineau, notamment, outre son nordicisme (qui lui est vivement re­pro­ché) réhabilite le rôle de la Perse dans le rayonnement des peuples indo-européens et critique l’intellectualisme hellénistique (source de déclin) ; la Perse nous lègue notamment une éthique guerrière et chevaleresque, dont héritera, après bien des détours et à travers un filtre chrétien, les chevaliers médiévaux ; toute une historiographie et maints ragots colportés font de Gobineau l’inventeur d’un racisme hargneux devant à terme déboucher sur « l’impensable » ; en réalité Gobineau fut un grand voyageur ouvert à l’Islam iranien et à l’Orient, méprisant les « petits crevés » (comme il appelait les nullités des beaux quartiers de Paris) et ne prenant pas l’Europe pour « l’ombilic de l’univers  l’univers » (cf. Jean Boissel, Gobineau (1816-1882). Un Don Quichotte tragique, Hachette, 1981 ; cf. également Alexis de Tocqueville, Œuvres Complètes, Tome IX, Correspondance d’A . de Tocqueville et d’A. de Gobineau, Gallimard, 1959). Gobineau est celui qui a ouvert la pensée française aux mystiques panthéistes de la Perse, qui a, bien avant Derrida, réclamé une ouverture de notre pensée à cet univers intellectuel.

-           Spengler, avec sa notion de pseudo-morphose des civilisations, avec son mythe touranien, sa classification des cultures (faustienne, magique, etc.) ;

-           Drieu, avec expérience de combattant  de 1914, son passage à Dada (et sa participation à titre de témoin à décharge au « procès Barrès »), sa carrière d’écrivain parisien, ses tentations politiques (Doriot, etc.), ses réflexions sur les traditions, notamment sur Guénon, découvertes tardivement lors de la parution de son Journal.

Ces trois auteurs peuvent être interprétés de manières très diverses. Ils échappent ou devraient échapper à toute vulgate et à tout réductionnisme interprétatif.

 

Une pitoyable vulgate

 

Par ailleurs, une bonne part des militants de la mouvance de la “nouvelle droite” parisienne se percevaient comme les héritiers de ce complexe idéologique plus mystique que politique, plus idéaliste que concret, un complexe que l'on cultivait en ghetto à l'exclusion de tout autre et qui mêlait le “fascisme français” et les “écrivains maudits de la collaboration”. Ils mêlaient simultanément ce corpus complexe au filon nordiciste, issu d’une lecture très partielle de Gobineau voire de Vacher de Lapouge (3), où l'histoire était perçue comme l'amenuisement continu de l'influence physique et métaphysique des peuples germaniques en Europe, dont la France, leur pays, n'était que très partiellement l'héritière, une héritière, qui plus est, qui avait explicitement rejeté cet héritage depuis l'Abbé Siéyès.

 

Grosso modo, disons que, avant l'aggiornamento des années 90, dans les premières décennies de l'histoire de la ND, consciem­ment ou inconsciemment, l'accent était mis sur le filon Gobineau-Drieu la Rochelle, reprise des pamphlets anti-fascistes et anti-racistes, mais cette option, chez les camarades pseudo-nationalistes et néodroitistes, était revendiquée avec chromos brekeriens en prime; ce filon était détaché de tous contextes politiques réels puis sim­plifié en une vulgate assez étriquée, suscitant la commisération de tous ceux qui vivent quotidiennement les assauts du monde réel, sous quelque forme que ce soit. Dans les corridors et les coulisses de la ND pari­sienne, on avait l'impression d'errer dans une utopie irréelle, sous une bulle de verre où étaient voués aux gémonies tous les faits de vie réelle qui contrariaient l'image idéale du monde, des hommes et des Français, rêvée par ces petits étudiants ratés ou ces médiocres employés de banque subalternes, au profil psychologique instable et, qui, à cause de ce handicap, parce qu'ils ressentaient ces lacunes et ces tares en eux-mêmes, s'étaient recyclés, pour se donner une importance toute fictive, dans une “lutte métapolitique planétaire”.

 

Appuyés par tout un commerce de colifichets frappés du logo du GRECE, les tenants de la vulgate balbutiaient ou gribouillaient des fragments aussi oniriques que décousus de ce fatras nordico-fascisto-parisien; ces fragments, ils les faisaient dériver de ce filon pseudo-gobinien et les exprimaient en textes ou en images ou en discours avinés après le dessert, puis les ressassaient à l'infini, sans le moindre esprit critique en les mêlant à des interprétations naïves et juvéniles des mondes ouraniens-olympiens et des chevaleries idéales, décrits par Evola dans Révolte contre le monde moderne. Critiques du catholicisme populaire, volontiers blasphémateurs à l'égard des chromos, des crucifix, des vierges et des Saintes-Rita à la mode de Saint-Sulpice, les galopins du GRECE répétaient sous d'autres signes les mêmes travers que les chaisières et les bigotes des paroisses d'arrière-province.

 

L'anti-fasciste professionnel sans profession bien établie, l'ineffable “René Monzat”, a eu beau jeu de dénoncer cette bimbeloterie dans Le Monde, le 3 juillet 1993. Ce triste garçon, dont la jugeotte n'a certainement pas la fulgurance pour qualité principale, concluait au “nazisme fondamental” du GRECE, parce que de Benoist, qui n'est ni nazi ni rien d'autre que lui-même, rien d'autre que sa propre égoïté narcissique, s'était copieusement “sucré” en vendant des “tours de Yule” en terre cuite  —modèle SS-himmlérien—  à ses ouailles, en multipliant le prix de base de son grossiste allemand par dix!

 

Un scandinavisme irréel et onirique

 

Mais le nordicisme/germanisme de Gobineau s'inscrit dans une histoire plus complexe, dont la ND n'a jamais véritablement rendu compte: elle a contribué à pétrifier ce filon, surtout à le ridiculiser définitivement (Dumézil l'avait compris!), sans en avoir extrait les potentialités toujours vives, sans avoir dégagé, par exemple, l'apport géopolitique et géostratégique du monde nordico-scandinave dans l’histoire générale des peuples européens: ouverture des voies maritimes nord-atlantiques, ex­ploitation de l'axe Baltique/Mer Noire, ouverture du commerce eurasien via le comptoir de Bulgar dans l'Oural, organisation du commerce fluvial sur le Dniepr, le Don et la Volga, ouverture de la Caspienne et accès du commerce européen à la Perse et à la Mésopotamie: autant de routes qui restent, aujourd'hui plus que jamais, d'une brûlante actualité. Non: pour la clique d'esprits bornés qui sautillaient et s'agitaient autour du gourou de Benoist (qui assurément ne partageait pas leurs simplismes), les Scandinaves du IXième au XIième siècles n'étaient ni des techniciens hors ligne de la navigation ni des commerçants audacieux qui ouvraient l'Europe au monde: ils étaient décrits comme des espèces de cannibales chevelus et moustachus qui pillaient les couvents ou, pire, comme des ruraux simplets, vivotant en dehors des tumultes du monde, confectionnant avec de la terre cuite des luminaires disgrâcieux (qui font rétrospectivement frémir Monzat et ses commanditaires du Monde) plutôt qu'étudiant la résistance des bois à la mer et au vent, la carte du ciel pour s'orienter en haute mer, l'aérodynamisme des coques de navires pour se lancer dans des expéditions hardies. Etre technicien ou commerçant, dans la vision du monde des débiles adeptes du grincheux gourou néo-droitiste, c'était déchoir dans la “troisième fonction”, c'est-à-dire la fonction du travail, de la production, jugée mineure par ces oisifs qui ne commandaient rien, qui ne produisaient rien, qui vivaient d'allocations ou de postes de fonctionnaire, mais qui croyaient, dur comme fer, qu'ils étaient potentiellement les souverains de la future “grande Europe”. Les Vikings imaginaires des milieux néo-droitistes n'étaient pas admirés pour ce qu'ils avaient été, des explorateurs, des marins et des négociants, mais parce qu'on leur prêtait des canons physiques stéréotypés: une blondeur et une vigueur qui étaient absentes, dans la plupart des cas, chez ces vikingomanes d'Auteuil-Neuilly-Passy. On sort ici de la politique, de la métapolitique, pour entrer de plein pied dans la psychopolitique voire la psychiatrie tout court.

 

Restaurer la « virtù » des Romains et des Germains

 

Revenons à l'histoire: le mythe nordiciste qui traverse l'historiographie européenne depuis les humanistes italiens du XVième siècle est surtout l'expression idéalisée de deux soucis récurrents dans la pensée politique de notre continent: la disparition de la virtù  politique, de la force de façonner le politique pour le bien de la Cité, où la virtù  était d'abord posée comme le propre du peuple et du Sénat de l'Urbs romana, puis par translatio imperii, comme le propre des peuples germaniques. Cette virtù  est une idée républicaine au sens étymologique du terme, comme nous l'a explicité Machiavel dans son Prince. Elle s'oppose, en tant que telle, au césaro-papisme du Vatican qui, au XVième siècle, montre ses limites et s'enlise dans une impasse; elle s'oppose aussi aux tentatives de centraliser les Etats monarchiques au détriment des corps concrets qui composent la Cité. Dans ce sens, l'amenui­se­ment de l'influence des peuples germaniques n'est rien d'autre que l'amenuisement de la virtù  dans les corps politiques d'Europe et non pas la déperdition d'un quelconque système coercitif. L'assomption de la virtù  équivaut à la perte d'auto­no­mie des corps concrets de la Cité, à la dévitalisation des sociétés civiles. La vision de Gobineau n'est jamais qu'une manifestation tardive  —à l'ère romantique qui est à l'évidence traversée par un spleen qui, risque, chez les esprits faibles, de s’avérer incapacitant—  de ce souci récurrent de la virtù  dans l'histoire des idées politiques en Europe; Gobineau n'a pas infléchi sa démarche dans un sens juridique et concret, alors même que le XIXième siècle s'interrogeait sur les sources du droit (Savigny, Ihering, de Laveleye, Wauters, etc.); il a, malgré lui et pour le malheur de sa propre postérité, jeté les bases d'un discours tissé de lamentations sur l'amenuisement du germanisme.

 

Dans la même veine pessi­miste, Hippolyte Taine a été un penseur beaucoup plus concret et métho­dique: la ND ne l'a jamais abordé. De même, rien n'a jamais été fait sur la problématique des races en France, qui a agité tout le débat du XIXième siècle, en opposant cel­tisants (Augustin et Amédée Thierry, H. Martin, Guérard, le “génie celtique de J. de Boisjoslin), ger­manisants (le mythe “franc” chez Chateaubriand, Guizot, Mi­gnet, Gérard, Montalembert, de Leusse) et romanisants (Littré). Ce débat ne portait pas seulement sur la définition de la “race” et n'était nullement une anticipation des réductions caricaturales du na­tional-socia­lisme, mais portait sur le droit, sur la manière de fa­çonner la Cité, de répar­tir les tâches entre les classes. Taine parlait d'un “réalisme à connotation populaire et raciale”. Pour la ND, l'onirique a primé sur le réalisme que Taine appelait de ses vœux. Pourquoi ce refus ?

 

Drieu la Rochelle, écrivain dans le Paris décadent d'après 1918, après son comportement héroïque pendant la Grande Guerre et sa fréquentation des dadaïstes et des surréalistes, perçoit les enjeux du monde avec une remarquable lucidité, mais celle-ci est estompée par son pessimisme, par un décadentisme finalement assez pitoyable et par un spleen  que révèlent pleinement les pages de son Journal (par ailleurs mine inépuisable de ren­seignements de toutes sortes).  Après la défaite de l'Axe en 1945 et le sui­cide de Drieu, ce pessimisme et ce spleen  sont d'autant plus incapacitants pour qui veut construire une véritable al­ternative philoso­phique, idéologique et politique. Plutôt qu’au Drieu triste, il faut retourner au Drieu visionnaire !

 

Echec de l’Axe, faillite de la « métaphysique occidentale »

 

Car 1945 n'est pas simplement l'échec de l'Axe: il est l'échec de toute la métaphysique et de la civilisation oc­ciden­tales. Les Alliés ont gagné cette guerre sur le terrain, incontes­tablement, mais ils n'ont rien proposé d'autre que du “réchauffé”, comme le prouve, presque a contrario, le succès indéniable de la philosophie “déconstructi­viste”, née en Amérique et chez Derrida dans le sillage de Heidegger. Ce dernier a perçu en germe de réelles potentialités dans la “révolution alle­mande” (en 1934 pendant la parenthèse de son “rectorat”), mais aussi de terribles im­passes dans son volontarisme outrancier, où la vo­lonté poussée à son pa­roxysme rompait les liens de l'homme avec les con­tinuités qui le nourrissent spirituellement et politiquement et son constitu­tives de son identité profonde. Mais, en constatant les impasses du natio­nal-socialisme, Heidegger n'a pas da­vantage opté pour les visions américaniste et bolché­viste de la société et du monde. Face à cet éventail de faits et de pensées, face à ce triple rejet de la part de Heidegger, la ND aurait pu et dû:

- abandonner les pessimismes incapacitants;

- renouer au-delà de Gobineau avec le républicanisme de Machiavel, avec la notion de virtù, présente dans la Rome antique et, par translatio imperii,  chez les peuples germaniques (comme l'avait bien vu la lignée des observa­teurs de Tacite aux humanistes italiens et de ceux-ci à Montesquieu, ce der­nier étant une référence incontournable pour toute pensée démocratique sé­rieuse, c'est-à-dire pour toute pensée démocratique qui refuse d'accorder le label “démocratique” à tout ce qui se présente comme tel aujourd'hui en Europe occidentale).

- être attentive plus tôt, dès le départ, à la démarche de Heidegger; au lieu de lui avoir consacré une at­tention méritée dès le début de son itinéraire, la ND, vers la fin des années 60 et au début des an­nées 70, mue par une sorte de paresse philosophique, a préféré pa­rier pour une vulgate anti-philoso­phique tirée de la philosophie anglo-saxonne (une caricature malhabile de l'“empirisme logique”) pour qui les questions métaphysiques ou axiolo­giques, le langage métaphysique et l'énoncé de valeurs, sont vides de sens.

- dans la foulée d'une réception de Heidegger, la ND aurait pu em­brayer sur le filon “déconstruc­ti­viste”, poursuivre une critique ser­rée de la “métaphy­sique occidentale” et ne pas laisser l'arme du dé­constructivisme à ses ad­versaires! Cet abandon de l'arme du “déconstructivisme” con­damne la ND à du sur-place, puis, inéluc­tablement, au déclin et au pourrissement. Sans une bonne utilisation de l’arme « déconstructiviste », la ND ne peut développer une critique crédible des institutions en place ou des fausses alternatives (gauchistes). Elle risque alors de passer pour un simple appendice intellectuel, un salon où l’on cause, un havre pour oisifs argentés, juste en marge du pouvoir.

 

 Déconstructivisme et France rabelaisienne

 

Ensuite, la ND aurait pu faire advenir une pratique de la déconstruc­tion per­manente dans le champ de l'histoire. Je m'explique: sur­plombé par une mé­taphysique particulière (platonico-chrétienne), l'Occident a agi sur le terrain de l'histoire d'une cer­taine façon, c'est-à-dire d'une façon que déplorent les contestataires radicaux de cette métaphysique, de cet Occident et de cette histoire. La métaphysique occidentale, sur le terrain, a fait des dégâts, comme le constatait Heidegger. Ont été effacés de l'espace occi­dental, au nom d'une métaphysique particulière: les ressorts des commu­nau­tés naturelles d'Europe, un processus qui est à l'œuvre, inexora­blement, depuis la centralisation du Bas-Empire romain décadent jusqu'à une chris­tianisation manu militari,  en pas­sant par la mise au pas des âmes par l'Inquisition, par la philosophie politique de Bodin qui ne laisse pas de place aux corps intermédaires de la so­ciété (c'est-à-dire aux corps concrets de la souveraineté populaire), par les déismes et les rationalismes hostiles à toutes originalités et tous mystères, par l'éradication des fêtes populaires, des fêtes de jeunesse, de l'espace de liberté des goliards et des va­gantes, de l'univers dionysiaque-rabelaisien. Jamais la ND ne s'est branchée sur ces fi­lons pluri-millé­naires, jamais elle n'a utilisé ses atouts et ses entrées dans le monde journalistique français pour pro­mouvoir les écrits de ceux qui fai­saient le constat de cette éradication pluri­séculaire, en dehors de tout enca­drement politicien, idéologique ou “clubiste”. Si elle l'avait fait, jamais per­sonne n'aurait pu lui re­pro­cher de camoufler derrière un discours moder­nisé, une volonté de “réchauffer” la vieille soupe na­tionale-socialiste.

 

Parallèlement à cette négligence du filon rabelaisien, la ND n'a pas davantage revalorisé les luttes paysannes et populaires contre les Etats, expressions politiques de cette métaphysique occidentale. Elle a refusé cette démarche, malgré les appels incessants d'un Thierry Mudry notamment, parce qu'elle était prisonnière d'un seul mot: l'inégalitarisme. Alain de Benoist, soucieux de sa vocation ponti­ficale au sein du microcosme néo-droitier, a déve­loppé pendant sa carrière dans la grande presse (Valeurs actuelles, Le Spectacle du Monde, Le Figaro-Magazine,  partiellement, Magazine-Hebdo)  tout un discours, somme toute assez boîteux, sur l'“inégalité”, avec des cal­culs de QI, des dérivées et des asymp­totes comparant l'intelligence des Pygmées et des Suédois, des Mongols d'Oulan Bator et des Equatoriens de Quito, laissant en­trevoir, peut-être même à son insu, un modèle pyramidal où il au­rait trôné très haut, au sommet de la pyramide, avec le monde entier à ses pieds d’auguste membre de la MENSA (le club français qui recrute des gens dont le QI est supérieur à la moyenne, mais dont on ne jauge pas l'état psychologique avant de les ad­mettre au bar select  de l'association). Telle est sans doute la vision onirique qui traverse les rêves du Pape de la “nouvelle droite”. Tout cela est bien divertissant, mais où est l’intérêt (méta)politique d’une telle posture ?

 

Ignorance des révoltes populaires

 

L'option “inégalitaire” de la ND, illustrée avec une opiniâtreté quasi mo­nomaniaque, interdisait de se pencher sur les luttes popu­laires, sous pré­texte que Marx, Engels, Bloch, etc. s'étaient intéres­sés à la “Guerre des Pay­sans” du début du XVIième siècle et qu'un mouvement qui choisissait le label de “droite” ne pouvait évidem­ment frayer avec des “marxistes” (!!!!!!???), re­tentissante sottise qui a laissé ce terrain fécond des luttes et des révoltes po­pulaires à des socialistes ou à des communistes qui, par ailleurs, étaient, eux aussi, prisonniers de la “métaphysique occidentale”, à cause de leur matéria­lisme figé (mécaniciste et physicaliste) et de leur rationa­lisme étriqué (acceptant les acquis de ce rationa­lisme more geo­metrico  qui a commencé à mutiler les corps concrets de la souve­raineté populaire dès la Renaissance). De même, les dimensions populaires des révoltes françaises du XVIIième siècle, des révoltes populaires et paysannes contre la monarchie et  contre la répu­blique à la fin du XVIIIième, les petites jacqueries du XIXième (étudiées par l'historien Hervé Luxardo) (4), n'ont malheureusement pas eu de place dans les réflexions de la ND.

 

L'option anti-chrétienne, le rejet des structures dérivées de la “métaphy­si­que occidentale” ne devrait pas déboucher sur le refus de s'identifier aux luttes des peuples réels contre les pays légaux, des con­crétudes charnelles contre les abstrac­tions juridiques et rationalistes, refus qui condamne la ND à n'être qu'un salon de précieux bavards aux ambitions limitées, sans con­nexions utiles avec le monde exté­rieur. Les professions de foi “organicistes” ne sont que purs dis­cours si elles ne suggèrent pas une poli­tique organique con­crète. Les “intellectuels organiques” sont toujours à la tête du peuple réel ou, au moins, commandent un fragment du peuple réel, fût-il dispersé au travers de réseaux divers (professions, syndi­cats, partis, clubs, etc.). A terme, un club de pen­sée à vocation métapolitique et/ou politique doit rallier sous une seule ban­nière nouvelle des citoyens dispersés dans de mul­tiples structures en voie d'obsolescence, car l’obsolescence est la loi de l'histoire pour les structures, quelles qu'elles soient. La ND ne peut plus parfaire un tel travail de rassem­blement car les vieux droi­tismes figés qu'elle ne cesse de vé­hiculer (anti-égalitarisme rédhibi­toire débouchant sur un anti-populisme incapacitant), malgré ses dénégations, l'empêchent paradoxalement de se brancher sur les quelques gauches orga­niques à vocation contextualiste (qui proclament et démontrent que le cadre, le contexte social, économique et politique doivent être res­pectés en tant que tels dans la théorie et dans la pratique, contrai­rement aux universa­lismes tradition­nels des gauches; en France, une telle gauche est représentée par le MAUSS, c'est-à-dire le «Mouvement Anti-Utilitariste dans les Sciences Sociales», que de Benoist courtise en vain, à coup des viles flatte­ries, depuis tant d'années).

 

Un piètre personnel subalterne

 

Enfin, il y a une autre démarche de la ND qui est condamnée à l'impasse: par son parisianisme, par son repli frileux autour de son gourou, elle s'est révélée incapable de disperser les centres dynamiques du mouvement sur tout le territoire français; ensuite, elle a été handicapée par sa frilosité à sortir des frontières de l'Hexagone et, à cause de la piètre qualité intellectuelle de son person­nel subalterne à penser vé­ritablement l'Europe, à apprendre les dynamiques poli­tiques, culturelles et sociales à l'œuvre en Italie, en Allemagne, en Es­pagne, dans le Bénélux, en Scandinavie, etc., et à agir efficace­ment dans un con­texte européen (ce qui implique de maîtriser plu­sieurs langues, d'accep­ter que l'Autre parle la sienne et non pas le français exclusivement, d'écou­ter poliment un exposé en allemand, en italien ou en an­glais sans éprouver le besoin pressant de sortir pour fumer un clope dans le patio ou pour des­cen­dre une pils au comptoir, etc.). Les tentatives plus récentes de la ND pa­risienne de sortir des frontières de France se heurtent au même bal­last struc­tu­rel: recrutement d'autodidactes spécialisés en bricolages idéolo­giques, de vieux copains sans qualifications précises, de marginaux sans ori­ginalité et bourrés de fantasmes, de caractériels repêchés dans les poubelles des partis identitaires qui les ont exclus pour in­capacité sur tous plans pratiques.

 

Ensuite, la ND parisienne n'a cessé d'être ob­nubilée par les “débats” parisiens dont tout le monde se fout à 30 km de la capitale française, ce qui lui a interdit de susci­ter un nou­veau mouvement de contestation global, organique, dans tout l'Hexagone. Certes, Alain de Benoist  —ren­dons-lui justice—  a eu la volonté de se brancher sur les débats philosophiques américains, allemands, italiens, mais il n'a pas enseigné à ses ouailles la façon de maîtriser les sources non françaises d'in­formation et de docu­mentation qui auraient permis de renforcer dans le discours quoti­dien de la ND ce “poumon exté­rieur”, apportant en permanence des bouffées d'arguments neufs et de les déployer avant ses adversaires. De plus, comme d'habitude, de Benoist a eu l'art de recruter des étudiants ratés, des jojos hauts en couleurs ou tristes comme des ados coincés, incapables de lui por­ter ombrage (pour lui, c'était l'essentiel...) mais tout aussi incapables de maî­tri­ser ne fût-ce qu'un basic English.  Ils se coupaient du même coup de toute une docu­mentation utile pour la révolution culturelle à la­quelle ils étaient censés participer, dans le laboratoire de pointe qu'of course  le GRECE pré­tendait être! De Benoist a voulu s'ouvrir sur l'Alle­magne, jamais il n'a pé­ché dans le sens d'un nationalisme français fermé sur lui-même, hostile au monde entier, rejetant l'Europe en construction, peuplé de “rancuneux” (cette belle ex­pression, que mentionne en­core le Littré  a été réintroduite dans le discours politique par Michel Winock). Cette atti­tude de bon Européen, chez de Benoist, a suscité mon respect et ma sympathie, du moins au départ. Mais tandis qu'il était européiste, sans arrière-pensée, il a laissé la bride sur le cou à des pseudo-théo­riciens d'un na­tionalisme français irréaliste dans ses ex­pressions héroïcisantes et naïves, que le lecteur pantois, habitué à des analyses plus fines, a trouvé dans élé­ments  n°38 (intitulé: «Pourquoi la France?»). Ensuite, il n'a cessé de fré­quenter un certain Philippe de Saint-Robert (la parti­cule serait fictive!), apôtre d'un hexagonalisme de droite et d'un anti-européisme navrant, rê­vant de re­constituer la France aux 130 départements de Napoléon (5). Ces dé­marches délirantes ont empêché la fusion du cor­pus néo-droitiste et des re­vendications régionales en France, fusion qui aurait permis une évolution gra­duelle vers une constitution fé­dérale de modèle allemand, espagnol ou helvétique. La ND aurait dû indiquer dans son programme l'objectif qu'elle s'assignait pour la France et pour le bien des peuples de l'He­xa­go­ne: faire advenir dans les esprits une constitution fédérale pour une VIième République fran­çaise, rompant de la sorte avec l'étatisme fermé d'inspiration bodinienne que n'avaient jamais aban­donné les fac­tions na­tionalistes françaises de diverses moutures. Le travail de la ND aurait dû être de pré­pa­rer l'avène­ment à terme de cette VIième République, de façon à ce que la France ait une con­sti­tution en har­monie avec les autres pays de l'Europe en voie d'unification, de fa­çon à ce qu'il y ait ho­mo­gé­néité consti­tutionnelle dans tous les Etats de l'Union avant l'unification monétaire et avant la sup­pres­sion des frontières. Aujourd'hui, nous avons presque l’une et l’autre, mais sans homogénéité consti­tu­tion­nelle, ce qui est une hérésie et une aber­ra­tion: la ND aurait pu prévoir cette imposture et suggérer une alter­native crédible. En ne le fai­sant pas à temps, elle n'a pas assumé sa responsabilité historique. Elle n’a pas respecté sa promesse d’être une instance de « première fonction » (instance incarnant la souveraineté et le droit selon Dumézil). On peut se demander pourquoi…

 

Régionalisme et critique de l’Etat bodinien

 

Si elle avait forgé sur le terrain une alliance durable avec les mou­vements régionaux sérieux, la ND aurait travaillé à l'élaboration concrète de cette constitution fédérale pour l'Hexagone, niant du même coup les formes éta­tiques de la “métaphysique occidentale” qui ont oblitéré les sociétés fran­çaises de François Ier au jacobi­nisme. Pour parfaire cette alliance ND/régionalismes, le club mé­tapolitique d'Alain de Benoist aurait dû déve­lopper une vision non-bodinienne de l'Etat, une conception symbio­tique des corps inter­médiaires (qui sont, ne cessons jamais de le rappeler, les véri­tables corps concrets de la souveraineté populaire), permettant de coupler régionalismes et revendications sociales et populaires con­crètes, en nouant cette idée symbiotique aux combats syndicalistes, en se débarrassant de son discours néo-libéral (ante litteram)  sur l'égalitarisme et l'inégalité, qui ont fait qu'elle a été ac­cusée sans interruption de “social-darwinisme” (de Benoist a eu beau s'en dé­fendre par la suite, ce stigmate lui est resté collé à la peau).

 

Enfin, un mouvement métapolitique comme le GRECE, qui prétend dans son sigle même, vouloir ap­préhender l'ensemble des dyna­miques à l'œuvre dans la civilisation européenne, n'a jamais rai­sonné sur les grandes forces historiques et géopolitiques qui ont traversé les régions d'Europe. Comme beau­coup de visions non dy­namiques de l'histoire, le GRECE semble avoir cultivé lui aussi une vision figée de l'histoire, où des figures hiératiques, fortement ty­pées, répéteraient inlassablement le même drame, sans imprévus autres que ceux prévus par le scénariste, avec, pour toile de fond, une tragédie réitérée en boucle sous la détestable impulsion des mêmes tricksters.  Le gourou du GRECE aimait à se dire “spenglérien”, mais aucun lecteur de Spengler ne se reconnaî­tra dans sa “vision” (bigleuse et non plus faustienne) de l'histoire européenne.  

 

Dans l'officine néo-droitiste parisienne, peu de choses ont finale­ment été dites sur les lignes de force de l'histoire suédoise, allemande, russe, balkanique, hispanique, sur les dy­namiques géopolitiques effervescentes le long des grands axes fluviaux d'Europe, sur les enjeux ter­ri­toriaux, comme si ces tu­multes millénaires allaient tout d'un coup s'apaiser, dès que le gou­rou décide­rait, du haut de sa magnificence, de prendre la parole. Sa germanolâtrie, qui n'est rien d'autre qu'une coquet­terie parisienne, ne par­vient pas à s'articuler en Allemagne, où les nouvelles droites (très diverses) sont bien en prise avec les problèmes d’histoire et d’actualité. Le gourou de la ND est ba­lourd dans le débat alle­mand. Son Allemagne de fillettes à longues tresses nouées, de ruraux coiffés de petits chapeaux bava­rois, de soldats altiers et perdus, n'est qu'une Allemagne de chromos: l'Allemagne réelle est une Al­lemagne d'ingénieurs méticuleux, de philosophes précis et rigou­reux, de philo­logues pointilleux, d'industriels efficaces, de techni­ciens chevronnés, de négociants redoutables, de ré­volutionnaires ra­dicaux, de moralistes jusqu'au-boutistes, de syndicalistes com­batifs, de ju­ristes te­naces. Mais de cette Allemagne-là, il n'en a pas parlé, sans doute auraient-elles ef­frayé ses ouail­les, donné des cauchemars aux petits garçons fragiles qui l'admi­rent tant. Pensez-vous, ils auraient dû ces­ser de rêver, et com­men­cer à travailler.

 

Refus de l’histoire réelle et images d’Epinal

 

Lors d'un face-à-face avec la presse russe, à Moscou le 31 mars 1992, où deux journalistes de la revue moscovite Nach Sovremenik  me demandaient quelle était ma position dans la nouvelle crise bal­ka­nique et face à la Serbie de Milosevic, j'ai répondu en rappelant des événements importants de l'histoire européenne comme la Guerre de Crimée, le Traité de San Stefano (1878), l'aide apportée par les Russes à la Serbie, la Roumanie et la Bulgarie au XIXième siècle et leur désir de voir une paix s'instaurer entre Serbes et Bulgares, etc. Pendant que je répondais à cette question, importante pour les Russes qui ont la mémoire historique longue, au contraire des Occidentaux, en m'engageant sur un terrain qui n'intéressait pas de Benoist, le bougre m'enjoignait de me taire sans mettre de bémol à sa voix, tirait sur les pans de mon veston en cachant son bras derrière le large dos d'Alexandre Douguine, sans se rendre compte qu'il était tout à la fois grossier pour les journalistes qui me mettaient sur la sel­lette et ridicule en pleurnichant de la sorte parce qu'il n'était plus le seul à pouvoir parler (6). Outre le narcissisme époustou­flant du gourou, cet incident bur­lesque montre bien le refus néo-droitiste de l'histoire réelle; lourde tare, car si l'on ne prend pas le pouls de l'histoire au-delà des clivages politiciens et au-delà du clivage binaire gauche/droite, si on ne lit pas l'histoire à travers les textes des traités qui l'ont jalonnée, on agit sous la dictée de “représentations platoniciennes”, autrement dit d'“images d'Epinal”, artifi­cielles, ar­bitraires, déconnectées du réel. Or les “images d'Epinal” sont tou­jours classées quelque part, étant par définition figées, non mouvantes parce que non vivantes. En ma­niant ses fantasmes esthétiques et éthiques (son obsession à vouloir édicter une “morale”...), de Benoist a énoncé un dis­cours en marge du fonctionnement réel des Etats de notre continent, il s'est sous­trait au jeu dramatique de l'histoire, par désintérêt, délibérément ou par peur de l'engagement. Grave péché contre l'esprit. Pire, une telle dé­marche relève de la médiocrité et, en disant cela, je songe à une ré­plique dans le Malatesta  de Montherlant: «En prison, en prison, monsieur. Pour médiocrité!».

 

L'incapacité de la “nouvelle droite” à énoncer un cor­pus de droit cohérent

 

D'emblée, le propos de la “nouvelle droite” n'est pas de discourir sur le droit (l’aventure de la petite revue Hapax, torpillée par de Benoist, a malheureusement été trop éphémère, pour qu’on l’analyse ici). Pourtant, question légi­time, peut-on penser le destin d'une civilisa­tion, peut-on s'engager pour la défense et l'illustration d'une culture sans jamais penser le droit qui doit la structurer? La ND a voulu faire remonter les ra­cines de l'Europe à la matrice indo-européenne. Volonté légitime, ex­primée notam­ment par Emile Benvéniste dans son Vocabulaire des institu­tions indo-européennes.  Dans cet ouvrage fondamental, véritable ex­plora­tion en profondeur du vocabulaire indo-européen, Emile Benvéniste jetait les bases d'une recherche fondamentale. En effet, le vocabulaire institution­nel indo-européen révèle l'origine de toutes nos pratiques juridiques; les ra­cines linguistiques les plus an­ciennes se répercutent toujours dans notre vocabulaire juridique et institutionnel, tout en véhiculant un sens précis qui ne peut guère être effacé par des manipulations arbitraires ou être enfermé dans des concepts trop étroits. Une bonne connais­sance de cette trajectoire et surtout de ces étymologies est impéra­tive.

 

L'idéologie dominante en France a jeté un soupçon systématique sur ce type de recherches, sous pré­texte qu'il entretient des liens inavoués et occultes avec le national-socialisme. La ND a été accu­sée de relancer la thématique nationale-socialiste des “aryens” en se référant aux recherches indo-euro­péa­nisantes. D'où un en­semble de quiproquos navrants qui ont la vie dure et qui font les choux gras de quelques petits graphomanes “anti-fascistes”, dû­ment stipendiés par de mystérieuses officines ou car­rément par l'argent du contribuable. Pourquoi une telle situation? Le droit po­sitif actuel, avec ses réfé­rents mécanicistes issus de la pensée maté­rialiste du XVIIIième siècle et d'un jusnaturalisme moderne qui se voulait détaché de tout contexte his­torique, ne peut tolérer, sous peine d'accepter à terme sa propre disparition, une recherche fé­conde et profonde sur les archétypes du droit en Europe. Un retour systématique à ces archétypes ruinerait également les assises poli­tiques de la France (et d'autres pays), qui sont de nature coercitive en dépit du discours “démocratique” qu'ils tiennent à titre de pure propagande.

 

Dans le contexte français, la ND, par les maladresses de de Benoist et par sa manie des iconographies d'inspiration nationale-socialiste dont il truffait ses journaux, a permis aux vigilants de l'ordre jaco­bin et républicain de con­tinuer à jeter le soupçon sur toutes les re­cherches indo-européanisantes. Il leur suf­fisait de dire: “voyez cet éditeur de chromos nazis dans des revues intellectuelles qui ne ces­sent de par­ler des Indo-Européens, il n'y a tout de même pas de fu­mée sans feu...”. En effet, dans le contexte des années 70, la con­fluence possible de certains linéaments contestataires de la “pensée 68” (chez Deleuze et Foucault) et d'un recours aux archétypes du droit, aurait pu contribuer à fonder un droit de rupture, tout à la fois futuriste et archétypal, en dépit de l'anti-juridisme fondamen­tal de Foucault. En ultime instance, cet anti-juridisme fou­caldien n'est rien d'autre qu'un anti-positivisme dans la mesure où le posi­tivisme s'était en­tièrement emparé du droit surtout en France mais aussi ailleurs en Europe. Le positivisme avait édulcoré et figé le droit, qui était ainsi devenu mécanique et légaliste, suscitait une inflation de lois et de rè­glements, n'acceptait plus de modifications souples et d'adapta­tions, sous pré­texte que la “loi est la loi”. En jetant un dis­crédit total sur les études indo-européennes (parce qu'elles conte­naient en germe une con­testa­tion de l'ordre juridique positiviste de la République), en posant systé­ma­tiquement l'équation « études indo-européennes = nouvelle droite = néo­nazisme », les journa­listes-la­quais du régime bloquent à titre préventif tou­te contesta­tion des structures archaïques de la France républicaine. L'histoire devra établir si de Benoist a oui ou non joué sciemment le rôle de la “tête de Turc”, pour permettre cet exorcisme permanent et donner du bois de ra­llonge à la vieille ré­publique...

 

Ignorance de l’héritage de Savigny

 

Carl Schmitt s'est insurgé contre le positivisme et le normativisme juri­diques, contre leur rigidité et leur fermeture à toute rénovation: sa position se veut “existentialiste”. Ainsi le droit, l'Etat, une consti­tution, une institu­tion sont autant de corps ou d'entités vivantes, animées de rythmes lents, qu'il s'agit de cap­ter, d'accepter, de mo­duler et non d'oblitérer, de refuser et d'éradiquer. Ces rythmes dé­pendent du temps et de l'espace, de l'histoire et de la tradition. Schmitt s'inspire ici de Friedrich Carl von Savigny. Ce ju­riste alle­mand du début du XIXième siècle, spécialiste du droit romain, voyait dans le droit un continuum,  légué par les ancêtres (mos majorum),  sur lequel on ne pouvait intervenir au hasard et subjec­tivement sans pro­voquer de catastrophes. Savigny concevait le droit comme un héritage et re­je­tait les manies modernes à vouloir imposer un droit, des lois et des consti­tutions inventées ex nihilo, au départ d'a priori idéologiques, de préceptes moraux ou éthiques adoptés en dehors et en dépit de la continuité histo­rique du peuple. Savigny s'est opposé au code napoléonien, d'essence révo­lution­naire, et aux constitutions écrites qui figeaient le flux vivant du Volksgeist (cf. Friedrich Karl von Savigny. Antologia di scritti giuridici, a cura di Franca De Marini, Il Mulino, Bologna, 1980).

 

Savigny, ses maîtres Gustav Hugo et Philipp Weis, partaient du principe que toute codification consti­tuait une fausse route, était susceptible de dé­boucher sur l'arbitraire et la tyrannie. Le droit vit de l'histoire et ne peut être créé arbitrairement par des législateurs-techniciens au gré des circons­tances ni imposé de force au peuple. Le droit se forme par un long processus organique, propre à chaque peuple. Toute intervention arbitraire dans le continuum du droit interrompt le processus naturel de son développement; même dans une phase de déclin, quand le pouvoir est obligé de recourir à des dé­crets coercitifs, la codification est dangereuse car elle fige et stabilise un droit corrompu, désormais privé de force vitale. La fixation et la stabilisa­tion du droit en phase de décadence perpétuent des ré­gimes foireux voire iniques. Carl Schmitt écrit dans son cé­lèbre texte qui rend hommage à Savigny et déclare que son œuvre est “paradigmatique”: «Le droit en tant qu'ordre concret ne peut être détaché de son histoire. Le véritable droit n'est pas posé (gesetzt)  [comme une loi], mais émerge d'un dévelop­pement non intentionnel (absichtslos) ... Le positivisme, venu ultérieurement, ne con­naît plus ni ori­gine ni patrie (Heimat). Il ne connaît plus que des causes ou des normes fondamentales posées comme si elles étaient des hypothèses. Il veut le contraire d'un droit dépourvu d'intentionnalité; son in­tention ul­time est de dominer et d'obtenir en tout la “calculabilité”».

 

Pour Ulrich E. Zellenberg, qui s'inscrit aujourd'hui dans le sillage de Savi­gny et Schmitt, le droit «s'exprime dans les mœurs de la com­munauté, qui sont perçus comme corollaires de la volonté de Dieu. Le droit et la jus­tice sont dès lors une seule et même chose. Il n'y a pas de différence entre le droit positif et le droit idéal. Comme le Prince et le juge ne sont pas appelés à créer un droit nouveau, mais à garantir le droit déjà existant, les revendi­cations individuelles, les décisions à prendre dans les cas concrets et les in­novations de fait se légitimisent comme des recours au droit ancien, ou com­me le ré­tablissement de son sens propre» (cf. Ulrich E. Zellenberg, « Sa­vigny », in : Caspar von Schrenck-Notzing, Lexikon des Konservativismus, Stocker, Graz, 1996).

 

Défense de la « societas civilis » et droit de résistance

 

Le droit historique, acquis à la suite d'une longue histoire et non fa­briqué par des légistes profession­nels, implique a) la défense de la societas civilis  et b) le droit de résistance à l'arbitraire et à la ty­rannie. La volonté du positi­visme de légiférer à tout crin met le droit à la disponibilité des seuls légistes pro­fessionnels. Conséquence: le droit devient l'instrument d'une minorité cher­chant à asseoir son pouvoir, par ingénierie sociale. Même les “institutions” comme la famille, le mariage, etc. sont à la merci des in­ter­ventions arbitraires d'une caste isolée de la societas civilis. Pour Schmitt, les “ordres concrets”, les institutions anthropolo­giques (selon la définition qu'en donne Gehlen), sont des bastions de résistance contre la frénésie légi­férante des législateurs positi­vistes; ces “ordres concrets” imposent des li­mites à l'ingénierie so­ciale et juridique, mettent un frein au flux normatif et obligent les légistes à accepter les règles des ordres concrets sous peine de les détruire. La rage légiférante des légistes positivistes (Schmitt: “les législa­teurs motorisés”) détruit la confiance des citoyens dans le droit, qui perd toute au­torité et toute légitimité.

 

Sur le plan historique, la réaction de Savigny s'oppose tout à la fois à l'école philosophique de Christian Wolff (1679-1754), qui inspire l'absolutisme ra­tionalisant, et aux partisans de l'adoption systé­matique du code napoléo­nien (Anton Thibaut, 1774-1840). Le droit germanique prévoit le droit de ré­sistance à la tyrannie: au moyen-âge, ce droit s'inscrit dans les obligations ré­ciproques du seigneur et du vassal, puis dans le droit des états de la société de s'opposer à la violence arbitraire du Prince. Avec Althusius, le droit de résistance est le droit de la societas civilis  à s'opposer à l'absolutisme.

 

Cette brève esquisse des principes de droit de la pensée dite “con­servatrice” montre que le discours de la ND aurait dû s'infléchir vers une défense tous azimuts de la liberté populaire contre les instances bodinien­nes, coercitives et jacobines de la République française. Sur le plan culturel, cette démarche, renouant avec la défense conserva­trice, anti-absolutiste et anti-révolution­naire de la socie­tas civilis,  aurait dû recenser, commenter et glorifier toutes les étapes et les mani­festa­tions de révolte populaire en France contre l'ar­bitraire de l'Etat. De même, la ND aurait dû participer à la définition d'un droit ancré dans l'histoire, comme Savigny l'avait fait pour l'Al­le­magne. Pour un mouve­ment qui prétendait mettre la culture au-dessus de la rou­tine politicienne, de l'économie ou même du social, il est tout de même é­tonnant de ne ja­mais avoir rien publié sur la notion de Kulturstaat  chez Ernst Rudolf Huber, partielle­ment disciple de Schmitt car il était fasciné par la notion d'“ordre concret”. Le Kulturstaat  de Huber est un Etat qui tire son éthique (sa Sittlichkeit)  et ses normes d'une culture précise, héritage de toutes les générations précédentes. Cette culture est une matrice prolixe, ouverte, fruc­tueuse: elle est une “source” organique inépuisable tant qu'on n'attente pas à son intégrité (Savigny et, à sa suite, Schmitt insistaient énormément sur cette notion de “source”/“Quelle”,  sur l'image parlante de la “source” en tant que génératrice du droit). La notion de source chez Savigny et Schmitt, la notion de “culture” chez Huber interdisent de voir dans le droit et dans l'Etat de pures intances instrumentales. Le Kulturstaat  n'est pas un Zweckstaat  (un Etat utilitaire, sans continuité, sans ancrage territorial, sans passé, sans projet). Le rôle de l'Etat est de protéger l'intégrité de la “source”, donc de la culture popu­laire. Telle est la première de ses tâches. Par suite, la culture n'est pas quelque chose qui relève de l'“esprit de fabrication”, de la “faisabilité” comme on dit aujourd'hui, elle génère des valeurs intan­gibles, lesquelles à leur tour fondent l'idée de justice et justifient l'existence de sec­teurs non mar­chands, comme l'éducation (cf. Max-Emanuel Geis, Kulturstaat und kulturelle Freiheit. Eine Untersuchung des Kulturstaatskonzepts von Ernst Rudolf Huber aus verfassungsrechtlicher Sicht, Nomos-Verlagsgesellschaft, Baden-Baden, 1990).

 

Sur base de cette approche du droit, que possèdent les écoles con­ser­vatrices al­lemande, autrichienne, italienne et espagnole, la ND aurait pu :

- développer une critique des instances révolutionnaires institutionalisées en France et dans les pays influencés et meurtris par le républicanisme révo­lutionnaire et l'impact du code napoléonien;

- aligner ce pays sur les préoccupations politiques de son environnement européen (car l'organicisme se répercute finalement sur l'ensemble des fa­milles idéologiques, au-delà des clivages politiciens);

- préparer au niveau européen une contre-offensive organique bien étayée;

-           élaborer des correctifs contre les miasmes de la centralisation, de l'utilitarisme anti-culturel, de la dé­construction des secteurs non-mar­chands au niveau eurocratique, etc.

 

Savigny, école historique, Bachofen

 

Schmitt, dans son plaidoyer pour un recours aux principales idées-forces de Savigny (cf. «Die Lage der europäischen Rechtswis­sen­schaft», in: Verfassungsrechtliche Aufsätze,  Berlin, 1973), fait ex­plicitement le lien entre la démarche de Savigny dans le domaine du droit, d'une part, et celle de Gustav von Schmoller et de son “école historique” en économie, d'autre part. En outre, Schmitt annonce la néces­sité de se replonger dans l'étude de la Tradition, en évoquant notamment Bachofen et l'approfondisse­ment des études de philo­logie classique. Celles-ci nous donnent une image désormais très pré­cise de la plus lointaine antiquité européenne. Les sources les plus antiques du droit nous apparaissent dans toute leur densité religieuse. Grâce aux efforts des philologues, les visions édulcorées de l'antiquité classique qu'un certain humanisme scolaire avait véhiculées, disparaissent dans les poubelles de l'histoire. Schmitt écrit: «Il ne s'agit nullement aujourd'hui de revenir en arrière à la façon des réac­tionnaires, mais de conquérir une im­mense richesse de connaissances nouvelles, qui pourront s'avérer fruc­tueuses pour le présent dans le domaine des sciences du droit; nous devons nous emparer de ces richesses et les mettre en forme» (op. cit., p. 416). Dans cet appel de Schmitt, le lien entre les sciences juridiques et la nouvelle phi­lologie classique, considérablement enrichie depuis Bachofen, est claire­ment établi. Schmitt légitimise dans le discours politologique le recours à la Tradition. L'héritage philo­logique est mobilisé dans le but de donner à la Cité un droit correspondant à son histoi­re et à ses ori­gines, à ses sources. La ND a mal utilisé cet héritage philo­logique, surtout en répétant et en para­phra­sant Du­mézil, en le mê­lant à certaines intuitions d'Evola, lui-même inspiré par Bacho­fen, mais sans jamais le mobiliser pour proposer un autre droit, pour op­poser, au droit républicain et révolutionnaire insti­tu­tio­nnalisé, un droit véritablement conforme aux sources européen­nes du droit. Alain de Benoist a raté le coche: il a fait de son pur discours culturel (cultu­reux!) un but en soi. Il a failli à sa mis­sion. Il a trahi. Il a servi l'ad­ver­saire. Par ses maladresses et son absence de suite dans les idées, par sa négligence du message de Carl Schmitt, il a servi les ennemis de la popu­lation fran­çaise, les ennemis de l'Europe, les ennemis des peuples euro­péens.

 

Schmitt, en réclamant une recherche bi-disciplinaire, unissant le droit et la philologie d'après Bachofen, entendait donner un in­stru­ment à l'élite fu­ture de l'Europe: si le droit est demeuré coutu­mier en Angleterre mais reste aux mains des possédants de la société ci­vile, si le droit est aux mains de fonctionnaires-lé­gi­stes en France, auxquels fait face la société civile aidée de ses avocats trop souvent impuissants, l'Allemagne, dans l'esprit de Savigny, doit aligner une pha­lange de professeurs de droit et de philologues, capables de juger selon le sens du droit et non selon les formes et les règles abstraites. Cette phalange de ju­ristes traditionnels et de philologues remplacerait l'ancienne “Chan­cellerie impériale”, chargée d'arbitrer les diversités du Saint-Empire. Schmitt appe­lait ainsi de ses vœux une “première fonction” souveraine, or­ganisée selon le projet de Savigny. Cette “première fonction” utiliserait les méthodes or­ganicistes et histo­riques. La ND, si elle avait été dirigée par des hommes compétents, aurait eu la chance de devenir une telle élite. Malheureu­se­ment, elle ne s'est pas concentrée sur les tâches que Schmitt as­signait à celle-ci. Elle a pratiqué un occasionalisme systématique et ridicule, où toutes les occasions de “faire le malin” étaient bonnes, de briller dans les salons pari­siens peuplés d'imbéciles aux cerveaux pourris par les folies révolution­naires et jacobines, par l'“esprit de fabrication” (Joseph de Maistre !), par les slogans les plus ab­surdes, dont Bernard-Henri Lévy et toute la clique des vedettes médiatisées ont donné un bel exemple lors de la crise bosniaque. Tel était l’objectif prioritaire de de Benoist : réussir des coups médiatiques sans lendemain. Face à cette basse-cour parisienne, la ND n'a pas op­posé un projet clair: au contraire, elle a présenté un véritable “mouvement brownien” de brics et de brocs d'idées diverses, sans liens apparents entre elles. Du coup, elle ne faisait pas le poids devant ceux qui avaient une longueur d'avance sur elle dans le monde “intellectuel” (?) parisien.

 

Un droit familial et collégial

 

Le recours aux études indo-européennes aurait également pu dépasser le clivage qui avait ruiné la postérité de Savigny en Al­lemagne: l'opposition stérile entre romanistes et germanistes, c'est-à-dire entre partisans du droit romain et partisans du droit germa­nique. Aujourd'hui, la philologie et les études indo-européennes indiquent au contraire une source commune, plus an­cienne, propre à toutes les grandes tra­ditions populaires européen­nes, et se situant au-delà de ce clivage artificiel roma­nité/germanité. Tel a été l'apport d'Emile Benveniste, du Géorgien Thomas V. Gamkrelidze, du Rus­se Vjaceslav V. Iva­nov, de Dumézil et de Bernard Sergent. Dans tous ces travaux qui révèlent à nos con­temporains les matrices culturelles du monde indo-européen, une part importante de ces volumes respectables traite des “institutions”. Gam­krelidze et Ivanov sont très précis pour tout ce qui concerne les liens sociaux, base du droit privé et du droit public, de l'antiquité à nos jours. Si la ND s'était référée à ces corpus, plutôt que de ti­rer de Dumézil une sorte de sous-mythologie guerrière, tout juste digne des jeux de rôle pour adolescents désorientés, elle n'aurait jamais essuyé le re­proche de “national-so­cialisme”.

 

Avec un apport philologique solide, la ND aurait été mieux armée face à ses adversaires. Le droit pri­mitif indo-européen est familial et collégial, il implique la liberté, le droit de résistance à la tyran­nie, la délibération démo­cratique: la ND aurait eu beau jeu de ruiner les arguments de ses adversaires républicains en France. En critiquant tout apport philologique, ceux-ci se rangeaient automa­ti­quement dans le camp des partisans de l'absolutisme, de la coer­cition, de la rupture entre société civile et appa­reil d'Etat. La ND aurait arraché leurs mas­ques avec délectation: ces faux démocrates sont de vrais ter­roristes et le républica­nisme institutionalisé n'est pas démocratique, il est même le pire des contraires de la démocra­tie. La ND aurait pu con­fis­quer pour elle seule le label de “démo­cratie”. Schmitt con­seil­lait même d'ap­peler Tocqueville à la res­cousse... Effectivement, devant la phalange re­groupant Savigny, Tocqueville, Schmoller, Schmitt et les philologues indo-européani­sants, le discours républi­cain se­rait bien rapidement apparu pour ce qu'il est: un bricolage sans con­sistance.

 

Enfin, la notion de Volksgeist  apparait certes comme typiquement alle­mande. Les savants allemands ont étudié en profondeur, de Herder aux frères Grimm, les tréfonds de l'âme populaire germa­nique. Mais, en dehors de la sphère culturelle et linguistique germanique, les philologues slaves ont pris le relais et ont exploré à fond les coins et les recoins de l'âme slave. Une telle demarche a été entreprise pour la France par quelques esprits aussi hardis que brillants (Van Gennep), mais cet acquis doit à son tour être poli­tisé et instrumentalisé contre les partisans républicains de la “cité géomé­trique” (ce terme est de Georges Gusdorf, autre penseur capital qui a été totalement ignoré par de Benoist ; on peut légitimement se poser la question ; pourquoi cet ostracisme ?).

 

Entrelacs très dense de juridictions et de traditions

 

L'ancienne France n'avait peut-être pas de constitution, mais elle n'était pas un désert juridique. Au contraire: l'histoire des droits communaux ou mu­nicipaux, les structures juridiques des paroisses des provinces de France, les assemblées organisées ou non par des syndics permanents ou élus, la diver­sité des instances de justice, le régime de la milice populaire, l'assistance pu­blique et l'organisation des hôpitaux et des maladreries, la fonction des prudhommes, les protections accordées à l'agriculture, sont autant de mo­dèles, certes complexes, qui expriment la vitalité du petit peuple et sont les garants de ses droits fondamentaux face au pouvoir.

 

C'est dans ces entrelacs très denses de juridictions et de traditions juridiques que s'est épanouie la France rabelaisienne, la fameuse gaîté française (cf. Albert Babeau, Le village sous l'Ancien Régime, rééd., Genève, 1978, éd. or., Paris, 1878). Plutôt que d'encourager les fantasmes douteux et vikingo-ger­manolâtres de certains ado­lescents fragiles (ou de gâteux précoces...), la ND française aurait dû re­nouer avec cette France joyeuse des libertés villageoises, même si le type du gai Gau­lois, païen, paillard et libertaire ne corres­pond pas au per­son­nage si­nistre, lugubre, grognon et tyrannique qui orchestre aujourd’hui cette ND moribonde, tenaillé par un res­sentiment hargneux de vieille femme délaissée. Le recours à la vieille France rabelai­sien­ne aurait été détonnant si la ND l'avait couplé à une exploitation idéologique efficace de cette dis­tinction capitale qu'avait opérée l'ethnologue Robert Muchembled entre la “culture du peuple” et la “culture des élites”. La culture du peuple est fondamentalement païenne (c'est-à-dire paysanne et tournée vers les rythmes naturels auxquels nul ne peut échapper), elle est axée sur la diversité du réel et sur les in­nombrables différences qui l'a­ni­ment. La culture des élites est étriquée, schémati­sée, géométrique avant la lettre, répressive, “sur­veillante et punis­sante” (pour re­pren­dre les expres­sions fa­vo­rites de Michel Foucault), en un mot, scolastique. Le pari pour la culture populaire rabelai­sienne impliquait aussi de prendre parti

-           pour les révoltes régionales contre la “cité géométrique” montée par Siéyes et les révolu­tion­nai­res ;

-           pour la diversité des expressions popu­lai­res dans les anciennes provinces de France ;

-           pour les révoltes populaires en général, que ces ré­voltes soient paysan­nes, régiona­listes, syndicales ou ouvrières.

Cette triple prise de parti permettait de re­nouer avec la notion de “droit de résistance”.

 

Mais hélas: l'option droitière, le désir irrépressible (mais jamais réalisé!) de “manger à la table des puissants”, de servir de mercenaires aux droites du pouvoir, de débiter inlassablement des discours anticommunistes ineptes, de s'allier avec des politiciens droitiers véreux qui étalent leur prose dans la presse bourgeoise, de vouloir à tout prix collaborer à cette presse (parce qu'elle paie bien), empêchaient de jouer cette double carte de la défense et de l'illustration de la vieille France populaire et rabelaisienne, de revendiquer le droit de résistance de la societas civilis, de défendre le peuple réel contre ses oppresseurs, légistes ou militaires. Mais les puissants n'ont pas accepté le mercenariat proposé, le gourou de la ND a été remercié; c'est alors que l'on a assisté à un aggiorna­mento de la ND, à une tentative de s'ouvrir sur la gauche intellectuelle, ses cénacles, ses salons. Mais comment entrer dans ce monde-là, quand on revient piteusement d’en face, quand on a voulu se faire le gendarme intellectuel d'une fausse droite qui n'est jamais rien d'autre que la vraie gauche républicaine institutionnalisée?

 

Créer une « chancellerie impériale »

 

Schmitt, dans son projet de reconstituer une sorte de “chancellerie impériale” en créant son élite de juristes traditionnels et de philologues, gardiens du plus ancien passé de l'Europe, n'entendait pas jeter brutalement tout l'édifice juridique révolutionnaire-institutionalisé à terre. Il jetait un soupçon sur la validité et surtout sur la légitimité de cet édifice, il constatait que l'inflation de lois et de réglements, que la fixation sur les normes avaient conduit à un totalitarisme insidieux, à une tyrannie des normes, à l'émergence d'une cage d'acier institutionnelle rendant aléatoires les changements et les adaptations nécessaires. Or, en France, le gaullisme des an­nées 60, pourtant héritier du républicanisme français, gère une constitution, celle de la Vième République, qui a reçu indirectement, via René Capitant, l'influence de Schmitt et de l'école déci­sionniste allemande. L'influence de Schmitt a parfois été considérée comme “étatiste”; on a dit qu'elle servait à soutenir les vieux Etats de modèle occidental et leurs appareils de contrôle et de répression. C'est là une interprétation schématisante de son œuvre. Nous l'avons vu en analysant son plaidoyer pour un retour à la démarche de Savigny. La societas civilis  et ses ordres concrets sont, pour Schmitt, des instances et des valeurs d'ordre et de discipline, sont les récep­tacles de vertus créatrices. Les constitutionnalistes de la Vième République, en suivant la logique de Schmitt, ont dû parvenir au même constat. Et admettre que le républicanisme français et ses imitateurs en Europe généraient une coupure problématique et perverse entre la societas civilis  et les appareils d'Etat. Dans les années 60, les politologues gaulliens ont réfléchi à la question: le hiatus entre societas civilis  et appareils d'Etat devait être surmonté par trois innovations réellement fécondes: a) la participation dans le domaine économico-industriel, b) la création d'un Sénat des professions, hissant l'élite de la societas civilis  au plus haut niveau de l'Etat et de la représentation politique; c) la création d'un Sénat des régions, permettant de redonner à tous les territoires de l'Hexagone une représentation directe sur une base locale, contournant ce que Gusdorf avait appelé l'“ivresse géométrique de la France en carrés” (in La conscience révolutionnaire. Les idéologues,  Paris, 1978).

 

Malgré ses dénégations, malgré ses déclarations réitérées de vouloir sortir du ghetto de l'extrême-droite, de Benoist n'a jamais cessé d'être accroché par toutes sortes de fils à la patte à ses petits copains de l'ex-OAS qui faisaient de l'anti-gaullisme un dogme et étaient tellement aveuglés par leurs ressentiments qu'ils ne constataient pas les mutations positives du gaullisme dans les années 60. Certes, de Benoist a un jour écrit un bon article dans le Figaro-Magazine,  où il affirmait être gaullien plutôt que gaulliste. Mais la transition qu'il semblait annoncer par cet article en est restée là...  Seul Europe, Tiers-Monde, même combat constitue une tentative d’Alain de Benoist de sortir concrètement du duopole de la Guerre Froide, mais, hélas, ce livre n’a pas eu de suite, n’a pas été remis à jour après 1989. Armin Mohler avait enjoint les Allemands à parier sur l’alliance française et l’appui aux « crazy states » hors d’Europe. Alain de Benoist lui a emboîté le pas. Mais où est la recette pour l’après-perestroïka ? Quelle théorie sur la Russie ? Alain de Benoist est fidèle à sa maladie : rien que les idées abstraites et les éthiques désincarnées, ses pièces de meccano. Pour le reste, fuite hors de l’histoire, fuite hors du monde.

 

Droit de résistance et citoyenneté active

 

Enfin, si la ND avait renoué avec la notion  —pourtant éminem­ment con­servatrice—  de “droit de ré­sistance”, elle n'aurait eu au­cune peine à dé­ployer un projet de citoyenneté active (et partici­pa­tive), et à défendre les sec­teurs non-marchands (éducation, secteur médical) battus en brèche par l'économicisme ambiant. Aujourd'hui, les quelques références à une ci­toyenneté active dans les textes de la nouvelle droite semblent tomber du ciel, semblent n'être qu'une ma­nie et qu'un caprice passa­ger, que les vrais parti­sans de la citoyenneté active ne prennent pas au sérieux. Mais nous, Sampieru, Mudry et moi-même, qui avions revendiqué très tôt cette orientation vers le peuple réel, étions traités par le gourou de “trotskistes” ou d'“écolos”, de lecteurs de la revue Wir Selbst, jugée à l'époque dangereusement “gauchiste”. Aujourd'hui, le gourou est lui-même devenu, paraît-il, un “trotskiste” et un “écolo”, il flatte bassement mais sans résultat le directeur de Wir Selbst, alors, pour dédouaner ses an­ciennes injures, il a fait écrire à l'un de ses serviteurs italiens une lettre in­sultante qui nous campait comme les “teste matte della Mitteleuropa”  (les têtes brûlées de la Mitteleuropa). Vouloir la subsidiarité, le rétablissement du droit de résistance, vouloir un droit plongeant dans l'humus de l'histoire, être fidèles à Carl Schmitt, est-ce un programme capable de sé­duire des “têtes brûlées”? (7).

 

Lacunes économiques et géopolitiques

 

Enumérer les multiples errements de la ND française exigerait un livre en­tier. En guise de conclusion, signalons encore que l'écono­mie a été une pa­rente pauvre de la “révolution métapolitique” de la secte GRECE. Rien de sérieux n'a été entrepris pour faire connaître dans un public large les thèses des éco­nomistes hétérodoxes. En matière de géopolitique, on a vaguement évoqué un binôme franco-alle­mand (insuffisant dans l'Europe actuelle) et répété un anti-américanisme incantatoire, plus éthique que pratique. Alain de Benoist n'a jamais reproché aux Américains de fabriquer des “traités iné­gaux” avec toutes les autres puissances de la planète, n'a jamais analysé sé­rieusement le déploiement de la puissance américaine depuis l'indépen­dance des Etats-Unis: lors d'un colloque du GRECE, devant le pu­blic aba­sourdi, son argument principal ne fut-il pas de dire: “la sodomie entre é­poux est passible des tribunaux dans certains Etats de l'Union”. Et de Be­noist, im­mé­diatement après avoir prononcé cette phrase historique, re­gardait son public, semblait attendre une réaction. Les participants regar­daient leurs chaussures d'un air géné. Et de Benoist a continué à parler, pas­sant de la sodomie à autre chose, comme les polygraphes passent de la phy­sique nucléaire à la bande dessinée. L'argument ob­sessionnel et patholo­gique de la sodomie épuise-t-il toute critique de l'américanisme?

 

Les litanies anti-américaines, justifiées par l'esthétisme, par l'éthique guer­rière européenne, par l'hostilité au christianisme en général et au christia­nisme protestant américain en particulier, par la vo­lonté obses­sion­nelle de défendre la liberté de se so­domiser en rond n'apportent rien de concret. Li­gues de vertu puritaines et hystériques et cénacles pansexualistes et pro­mis­cuitaires ne servent jamais que de dérivatifs: pendant que les uns et les au­tres vocifèrent et s'agitent, ils ne se mêlent pas du fonction­nement de la Ci­té, au vif plaisir des dominants. La CIA peut dormir sur ses deux oreilles.

 

La CIA peut dormir sur ses deux oreilles…

 

La ND, qui se pose en théorie comme un mouvement pour la défense et la sau­ve­garde de l'Europe, n'a jamais for­mulé une géopolitique continentale d'un point de vue français. On connait les visions mitteleuro­péennes de la géo­politique allemande, voire les projets de Kontinentalblock  dérivés de la pensée de Haus­hofer. Jamais la ND française n'a vulgarisé les acquis de la géopolitique française contemporaine: aucun texte n'a été publié sur les ouvrages de Hervé Cou­tau-Bégarie, de Pascal Lorot, de François Thual, de Jacques Sironneau, d'Y­ves Lacoste (un “gauchiste”...), de Michel Foucher (un méchant qui a tra­vaillé pour Globe...), de Zaki Laïdi (un “Arabe”...), de Michel Korinman, etc. alors que, dans toute l'Europe, ces travaux sont pionniers et inspirent les écoles géopolitiques en place. Pire, jamais la ND n'a emboîté le pas à Jordis von Lohausen qui demandait aux Français et aux Allemands de défendre l'Europe “dos à dos”, ce qui impliquait un engagement français sur l'Atlantique, une défense de la ma­rine française, traditionnellement européiste et vaccinée contre les excès de germano­pho­bie qui ont souvent agité les milieux militaires. La ND parisienne a-t-elle défendu les marins français et leurs pro­jets, a-t-elle recommandé la lecture des écrits théoriques de l'amirauté? Non. La CIA peut dormir sur ses deux oreilles. La Navy League aussi. La germanophilie et l'européisme germa­ni­sant de la ND de de Benoist sont des leurres, des attrape-nigauds, des mi­roirs aux alouettes. Une politique germano­phile et européiste en France est une politique de soutien à la marine du pays et implique un engage­ment ci­vil et militaire dans l'Atlantique; l'Allemagne réorganise la continent avec la Russie; la France garde la façade atlantique. Dos à dos, disait Lohausen.

 

En philosophie, les carences de la ND sont effrayantes. Alors qu'en Alle­magne, terre par excellence de la philosophie, tous recourent aux philo­so­phes français contemporains pour court-circuiter les routines qui affligent la pensée allemande d'aujourd'hui, que des fanatiques tenaces cherchent à ali­gner sur les critères les plus étri­qués de la “political correctness”, la ND pa­risienne a délibé­rément ignoré les grands philosophes français contempo­rains. J'ai même entendu dire et répéter dans les rangs de la ND qu'il n'y avait plus de “grands philosophes” aujourd'hui, mis à part de Benoist, bien sûr, le génie d'entre les génies! On ne saurait être plus à côté de la plaque!

 

Enfin, une stratégie métapolitique ne saurait être purement esthé­tique, ni virevolter au gré de tous les vents ni présenter ses argu­ments dans le dé­sordre à la façon du “mouvement brownien” des parti­cules. Une stratégie métapolitique ne peut se placer en-deçà de l'effervescence politicienne et parti­sane, que

-           si elle se donne pour tâche de retrouver et de renouer des fils conducteurs,

-           si elle capte et repère des forces dans le grouillement du réel ;

-           si elle procède à un travail d'archéologie des ins­titutions.

Les mé­thodes d'un tel travail, les philosophes français nous les ont léguées. En­core faut-il ne pas les avoir ignorés...

 

En bref, pour nous, entre autres textes de référence pour orienter notre tra­vail, nous avons choisi celui de Schmitt, commenté dans cet exposé. En­suite, nous posons des objectifs clairs, nous ne percevons pas le tra­vail théorique comme un jeu de salon. Ces objectifs sont:

- restauration d'un droit européen basé sur ses racines et ses sources les plus anciennes (référence à Savigny).

- restauration des droits des communautés réelles qui font le tissu de l'Europe.

- restauration d'une “chancellerie impériale” capable d'harmoniser cette di­versité juridique, corollaire de la diversité européenne (et cette chancellerie impériale doit compter des hommes et des femmes de toutes nationalités, capables de maîtriser plusieurs langues européennes).

- maintenir les systèmes de droit ouverts, afin d'éviter les fanatismes nor­mativistes et toute forme de “political correctness”.

- prévoir une instance décisionnelle en cas de danger existentiel pour l'instance politique (nationale ou européenne).

- étude systématique des traditions d'Europe, comme Schmitt nous l'a de­mandé.

-           coupler cette restauration juridique et cette méthode historique à un pro­gramme hétérodoxe en économie (la référence que fait Schmitt à l'école historique de Gustav von Schmoller).

 

 

Les remarques de Kowalski

 

Ce programme est vaste et interpelle quasiment toutes les disciples du savoir humain. Mais ce progamme ne saurait en aucun cas s'abstraire du mouvement de l'histoire. Et s'encombrer du ballast inutile des fantasmes, des images d'Epinal, des vanités personnelles... Pour terminer, signalons tout de même une hypothèse sur la ND, formulée par un politologue allemand, Wolfgang Kowalsky (in: Kulturrevolution? Die Neue Rchte im neuen Frankreich und ihre Vorläufer,  Opladen, 1991). Kowalsky, après avoir analysé l'évolution des idéologies politisées en France, de mai 68 à l'avènement de Mitterrand, après avoir examiné le rôle de la ND dans cette longue effervescence, concluait en disant que la “métapolitique” de la ND, plus exactement son programme de “révolution culturelle”, était une arme contre la société civile (Kulturrevolution als Barriere gegen die Zivilgesellschaft). Certes, l'argumentation de Kowalsky est confuse, il confond allègrement ND et FN, croit en un “partage des tâches” entre ces deux formations (ce qui est une lubie des enquêteurs anti-fasciste professionnels sans profession définie). Néanmoins, la question de Kowalsky doit être posée, mais différemment: vu l'absence totale de consistance des discours de la ND sur le droit, l'économie, la géopolitique, les relations internationales, la staséologie (l'étude des mouvements sociaux; ce néologisme est de Jules Monnerot), l'histoire, l'organisation de la santé, les projets pratiques en écologie et en approvisionnement énergétique, etc., nous sommes bien obligés, à la suite de Kowalsky, de constater que la societas civilis,  espace réel de la civilisation ou de la culture européenne, ne trouve dans la ND aucun argument pour assurer sa défense contre l'emprise croissante d'un monde politique totalement dévoyé, qui n'a plus d'autre projet que de se perpétuer, en s'auto-justifiant à l'aide d'arguments vieux de deux ou trois siècles, en pillant la societé civile par une fiscalité délirante, en la contrôlant par la presse et les médias stipendiés, en surveillant et en punissant ceux qui osent contester ce pouvoir inique (emprisonnement de fédéralistes français, poursuites judiciaires contre des indépendants contestant le système de sécurité sociale, contrôle de la fonction médicale, etc., toutes pratiques que l'on trouve évidemment dans d'autres pays). Kowalsky exagère sans nul doute en suggérant que de Benoist a construit pour toute la France une barrière contre la société civile, pour protéger et perpétuer le système bodinien, en place depuis Richelieu et les jacobins. Le rôle de de Benoist, s'il a vraiment été un dérivatif, a été plus modeste: empêcher que dans les milieux dits de “droite”, des argumentaires en faveur de la décentralisation, du fédéralisme, de la défense de la société civile, de la réforme juridique, judiciaire et constitutionnelle, qu'un retour aux projets gaulliens de participation et de sénat des professions et des régions (oubliés depuis le départ et la mort du Général), ne se cristallisent et ne se renforcent, afin de défier sérieusement le système en place et d'opter pour une révolution européenne armée d'un programme cohérent. La “métapolitique” selon de Benoist n'a été qu'un rideau de fumée, qu'un dérivatif, n'a servi qu'à désorienter de jeunes étudiants en ne les mobilisant pas pour un travail juridique, économique, sociologique et philosophique politiquement fécond à long terme. Pistes perdues... Rendez-vous manqués… Aveuglement ou sabotage ? L’Histoire nous l’apprendra…

 

Robert STEUCKERS,

Forest, février 1998.

 

(1)       Roland  Gaucher, qui reconnaît pleinement les mérites du GRECE, lui reprochant toutefois une méconnaissance de la stratégie de Gramsci, sait aussi croquer avec humour les travers que nous dénonçons  par ailleurs : « Je me souviens ici d’une intervention d’Alain de Benoist, qui m’avait frappé lors d’un colloque organisé par l’Institut d’études occidentales. Quand  vint son tour de parler, partant du fond de la salle, il s’avança, raide et gourmé, un rouleau de papier à la  main. Ses partisans se levèrent pour l’acclamer — il n’était, à l’époque, guère connu mais il avait déjà su constituer sa clique et sa claque. Je n’ai pas  retenu  grand  chose de son intervention, sinon l’expression d’un rejet radical de l’histoire de Job sur son fumier. Selon lui, elle ne nous touchait pas. Elle était radicalement étrangère à la cultue européenne » (Roland Gaucher, « Les Nationalistes en France, tome 1, La traversée du désert (1945-1983), p. 157). Plus loin, Gaucher se fait plus  caustique encore : « J’en finirai sur cette aspect du GRECE avec une anecdote qui me fut un jour contée par le regretté Bonomo aujourd’hui décédé, excellent reporter, d’origine pied-noir. Bonomo, il y a une quinzaine  d’années (peut-être à l’époque de la création du « Fig-Mag »)  avait servi de pilote à Alain de Benoist et à un de ses amis pour un raid vers le Cap Nord. Bonomo conduisait la voiture, les deux autres étaient assis à l’arrière. Et au fur et à mesure que le temps passait, il était clair que se développait chez ces deux Nordiques un sérieux complexes de supériorité à l’égard de ce Méditerranéen, poisson de second choix. On parvint enfin au terme du voyage, en un point X… que la tradition nordico-païenne avait sans doute désigné : - Alors, raconte Bonomo, de benoist et son pote jaillissent de la voiture. Et, frappant de leurs petits poings leurs maigres bréchets ils avancent jusqu’au bord de la falaise et ils crient, extasiés, le visage levé vers le soleil pâle : « Père ! Père ! C’est nous ! Nous sommes revenus ! Nous t’adorons ! ». Bref, c’était gentil papa Soleil ! (op.  cit., pp. 157-158).

 

(2) Près de Pérouse en février 91, Alain de Benoist était assis au fond de la salle de conférence, une salle magnifique de cet ancien couvent transformé en centre de séminaires, avec un parquet du XVIIIième parfaitement restauré. Il était interdit de fumer pour ne pas abîmer ce parquet. Alain de Benoist fumait, sale et dépenaillé, avec son costume fripé, sa chemise souillée et ses pompes qui n’avaient plus vu de cirage depuis des lunes. Une auréole de fumée s’élevait au-dessus de son crâne et de celui de sa maîtresse, vêtue d’un jeans troué et effiloché aux niveaux du genou et de la fesse gauche, curieux contraste avec toutes les dames italiennes présentes, dont l’élégance, ce jour-là, était véritablement époustouflante. Les copains parisiens ramenaient des bords de la Seine le look clodo. «Le style, c’est l’homme », disait Ernst Jünger et Alain de Benoist aimait à répéter cette phrase. Je l’ai aussi méditée, en le regardant, ce jour-là. Vers la moitié de mon exposé, il s’est levé pour aller fumer dehors, rappelé à l’ordre par le concierge. Il est revenu à l’entracte pour me dire : « Pourquoi t’as parlé de Derridada ?».

 

(3) Cette lecture partielle est une lecture anti-fasciste de Gobineau. Bon nombre d’hurluberlus de droite ont repris telles quelles les calomnies répandues sur Gobineau en France par les tenants d’un anti-racisme vulgaire, qui feraient bien mieux de s’inspirer des expériences de Gobineau en Orient pour développer un anti-racisme cohérent. Force est de constater que les vulgates anti-racistes et racistes partagent la même vision tronquée sur l’œuvre magistrale de l’orientaliste Gobineau.

 

(4) Cf. Hervé Luxardo, « Les paysans. Les républiques villageoises. 10ème-19ème siècle », Aubier, Paris, 1981 ; Hervé Luxardo, « Rase campagne. La fin des communautés paysannes », Aubier, Paris, 1984.

 

(5) et, du même coup, de refaire de Hambourg le chef-lieu du département des “Bouches-de-l'Elbe”. Fantasme qui avait déjà valu au bonhomme quelques ennuis, quand il était en poste à Bruxelles et rêvait de commencer sa marche vers l'Elbe, en conquérant la Wallonie et les Fourons.

 

(6) Il fallait le voir! Il aurait fait les délices d'un caricaturiste primesautier, avec ses sourcils tombant tristement, comme la chute des moustaches d'un Tarass Boulba de fête foraine, la bouche ouverte, la mâchoire pendouillant misérablement comme s'il venait d'essuyer un uppercut, les bajoues agitées de convulsions nerveuses, la lippe inférieure tremblotante, retenant à peine, grâce à la forte viscosité d'une salive nicotinée, son éternel bout de clope à moitié éteint et pestilentiel!

 

(7) Et que faut-il penser de la clique des vikingomanes de Paris et des environs, du fameux Chancelier du gourou, pied-noir et grande gueule, s'époumonant à hurler les pires inepties lors des universités d'été du GRECE, s'agitant à formuler un grossier paganisme de bazar oriental, et que faut-il penser de cette maîtresse vulgaire et illettrée qui faisait naguère, la clope au bec et l'invective sur la lippe, la pluie et le beau temps dans les bureaux du gourou, et que faut-il penser du Président actuel de la secte qui grenouillait dans les années 60 dans un groupe ultra-raciste (à faire pâlir Julius Streicher!) exclu avec fracas par Jean Thiriart de “Jeune Europe” à Bruxelles, d'un Président qui nous lance une fatwah  du haut de sa tribune, lors du dernier colloque du GRECE, en prétendant que nous sommes de « dangereux extrémistes » ? Non, ceux-là ne sont pas des “teste matte”: c'est, paraît-il, l'avant-garde de l'élite européenne. Mais est-ce bien cette élite-là que Schmitt appelait de ses vœux? Je me permets d'en douter.

   

 

lundi, 06 juillet 2009

Wann war das Dritte Reich?

Wann war das Dritte Reich?

Betrachtungen zu Beginn und Ende der Imperii auf deutschem Boden

von Richard G. Kerschhofer - http://www.ostpreussen.de/

Von wann bis wann existierte das Dritte Reich. Von 1933 bis 1945, werden viele sagen und vielleicht ergänzen, von der Machtergreifung am 30. Januar 1933 bis zur Kapitulation am 9. Mai 1945. Leider unrichtig, wie zu zeigen ist. Außerdem ist Hitlers Bestellung zum Reichskanzler nicht „die Machtergreifung“, denn die war ein Vorgang, der lange vor 1933 begonnen hatte und sich danach noch fortsetzte. Bis alle gleichgeschaltet oder ausgeschaltet waren.

Begonnen haben kann das Dritte Reich erst nach dem Ende des Zweiten Reiches – doch wann war das? Ebenfalls eine schwierige Frage. Der Anfang hingegen ist eindeutig: Das Zweite Reich, das „Wilhelminische Deutschland“, begann am 18. Januar 1871, als König Wilhelm I. von Preußen zum Deutschen Kaiser ausgerufen wurde.

Ebenso eindeutig sind die Eckdaten beim „Ersten Reich“, auch „Altes Reich“ genannt. Es begann am 2. Februar 962, als der zum deutschen König gewählte Sachsenherzog Otto I. von Papst Johannes XII. in Rom zum Kaiser gekrönt wurde. Dieses Reich ist später als „Sacrum Imperium“ belegt, dann als „Sacrum Romanum Imperium“ – Heiliges Römisches Reich – und am Beginn der Neuzeit wurde „deutscher Nation“ hinzugefügt. Es endete am 6. August 1806, als Kaiser Franz II. die Reichskrone niederlegte. Er hatte bereits 1804 das Erzherzogtum Österreich zum Kaisertum gemacht und war Kaiser Franz I. von Österreich geworden. Aber durfte der Kaiser das Reich beenden? Ob er durfte oder nicht – er mußte, auf Druck Napoleons.

Das Alte Reich war kein Nationalstaat, nicht einmal ein Staat im modernen Sinn – und schon lange vor Napoleon nur mehr eine Fiktion. Goethe läßt in Auerbachs Keller den einen Saufkumpan ein Spottlied auf dieses Reich anstimmen. Ein anderer bringt ihn zum Schweigen: „Ein garstig Lied! Pfui! Ein politisch Lied.“ Aber das wahrhaft Garstige war der dynastische Egoismus deutscher Fürsten, der das Reich in den Untergang trieb und die Anrainer zum Raub von Reichsgebiet einlud.

Das Erste Reich nannte sich nie „Erstes Reich“, denn kein Reich nimmt an, daß danach noch eines kommt. Auch das Zweite Reich nannte sich nicht „Zweites Reich“, denn für die allermeisten war es keine Wiedergeburt des Ersten Reiches. Es war ein weltliches Reich, keines „von Gottes Gnaden“, und es verkörperte nur die „kleindeutsche Lösung“, war also eher ein „großpreußisches Reich“.

Woher stammen dann die Ausdrücke „Erstes Reich“, „Zweites Reich“, „Drittes Reich“ und „Tausendjähriges Reich“? Sie kommen allesamt aus der Religion. Sie hängen zusammen mit dem „Millenarismus“ (lateinisch) oder „Chiliasmus“ (griechisch), mit dem Glauben an die Wiederkunft des Messias. Für „Drittes Reich“ steht auch „Tausendjähriges Reich“ – wobei „tausendjährig“ nach Ablauf des ersten Jahrtausends nicht mehr wörtlich genommen wurde, sondern soviel wie „ewig“ bedeuten sollte.

Erstmals in politischem Sinn verwendete diese Ausdrücke der deutsche Kulturhistoriker und Politiktheoretiker Arthur MOELLER VAN DEN BRUCK in seinem Buch „Das dritte Reich“ (1923). „Parteigenosse“ war er keiner und er starb schon 1925. Ob man ihn als „Wegbereiter“ bezeichnen kann, ist Geschmackssache, aber sicher erleichterte er die Arbeit nationalsozialistischer Ideologen. „Drittes Reich“ und „Tausendjähriges Reich“ paßten trefflich in das mythisch-mystische Gedankengebäude, das der religionsartigen Überhöhung einer durchaus weltlichen Politik diente. „Drittes Reich“ wird heute zwar pauschal für die NS-Zeit verwendet, war aber nicht mehr als ein Schlagwort der Propaganda. Es hatte nie ein Territorium und war nie ein Völkerrechtssubjekt.

Eines ist noch offen: Wann endete das Zweite Reich? Sicher nicht 1918, wie das die Nationalsozialisten sahen. Denn 1918 wie 1933/34 änderte sich jeweils nur die Regierungsform. 1938 entstand ein „Großdeutsches Reich“, das beinahe den großdeutschen Vorstellungen des 19. Jahrhunderts entsprach. Aber auch wenn im „Anschluß-Gesetz“ (RGBl Nr. 28 vom 18.3.1938) „Großdeutsches Volksreich“ steht – völkerrechtlich blieb es wie 1918 das „Deutsche Reich“.

Der Ausdruck „Drittes Reich“ war jetzt nicht mehr erwünscht und ab 10. Juli 1939 auf Weisung von Goebbels den Medien sogar untersagt. „Großdeutsches Reich“ findet sich im Gesetz zur Einverleibung der Rest-Tschechoslowakei (RGBl Nr. 47 vom 16.3.1939) und in anderen amtlichen Texten. Jener Erlaß der Reichskanzlei, der das Deutsche Reich auch formell in „Großdeutsches Reich“ umbenannte (RK 7669 E vom 26. Juni 1943), wurde aber nicht mehr publiziert. „Großdeutsches Reich“ stand nur auf den Briefmarken.

Anders als das Heilige Römische Reich Deutscher Nation wurde das Deutsche Reich nie durch irgendeinen Formalakt für beendet erklärt – nicht durch die Kapitulation, nicht durch die Besatzungsmächte, nicht durch Gründung der Bundesrepublik Deutschland und der Deutschen Demokratischen Republik, ja nicht einmal durch den „Zwei-Plus-Vier-Vertrag“. So wurde die Bundesrepublik zwar Rechtsnachfolgerin des nie für tot erklärten Reiches – mit allen daraus erwachsenen Nachteilen. Friedensvertrag gibt es aber keinen. Und auch Österreich hat nur einen „Staatsvertrag“ mit Einschränkungen der Souveränität, darunter das „Anschlußverbot“.

jeudi, 02 juillet 2009

Lellouche: un ministre proturc aux affaires européennes

Lellouche un ministre proturc aux affaires européennes

Ex: http://www.insolent.fr
090624Voici comment l'Agence Associated Press présente la nomination de

"Pierre Lellouche, un atlantiste aux Affaires européennes" :
Né en 1951, fils d'un artisan rapatrié de Tunisie, (…) Pierre Lellouche a étudié au lycée Condorcet à Paris. Il est diplômé d'études supérieures de la faculté de droit de Paris X-Nanterre (1972) et de l'Institut d'études politiques de Paris (1973), Master of Laws (LLM) et docteur en droit de la faculté de droit de Harvard.
Il commence sa carrière comme universitaire spécialiste des relations internationales. Membre du Groupe d'études et de recherches sur les problèmes internationaux, dirigé par Raymond Aron, il participe en 1979 à la fondation de l'Institut français des relations internationales (IFRI) où pendant une dizaine d'années, il est responsable de l'ensemble du secteur politico-stratégique et rédacteur en chef adjoint de la revue "Politique étrangère". Éditorialiste pour plusieurs hebdomadaires français et étrangers, il enseigne parallèlement à l'ENA, à l'INSEAD et à l'Université Galatasaray d'Istanbul.
En 1989, il devient conseiller diplomatique de Jacques Chirac, alors maire de Paris et président du RPR, tout en continuant ses activités d'éditorialiste et de consultant international.
Élu en 1993 député RPR de la 8e circonscription du Val d'Oise, après avoir battu Dominique Strauss-Kahn, il prend quatre ans plus tard la 4e circonscription de Paris (8e et 9e arrondissements). Il est réélu en 2002 et 2007.
En mars 2008, il avait échoué à prendre la mairie du 8e, battu par le maire sortant apparenté UMP François Lebel.
Membre de la commission des Affaires étrangères et de la Délégation pour l'Union européenne de l'Assemblée nationale, Pierre Lellouche préside le Groupe d'études sur l'industrie d'armement ainsi que la délégation française à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN. En novembre 2004, il est élu président de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN.
Devenu proche de Nicolas Sarkozy, il est nommé en avril 2004 secrétaire général adjoint de l'UMP chargé des études, puis délégué général à la défense en janvier 2005.
Avocat inlassable du retour complet de la France dans l'OTAN, partisan de l'intervention américaine en Irak en 2003, Pierre Lellouche avait été nommé en mars dernier par Nicolas Sarkozy au poste spécialement créé de représentant spécial de la France en Afghanistan et au Pakistan. (1)

Dans tout cela, l'Agence Associated Press, dont la dépêche est reprise d'ailleurs intégralement et sans commentaire par le site du Nouvel Observateur (2) ne semble pas savoir que Pierre Lellouche a émis de manière récurrente des opinions tout à fait tranchées en faveur de l'adhésion turque à l'Union européenne. De même, la tête de liste UMP M. Pierre Barnier avant de prendre par profession interposée la position contraire avait toujours fait connaître sa sympathie pour cette candidature. Or dans les mois qui viennent, la future présidence suédoise de l'Union s'étant proclamée elle-même favorable, la conjoncture va être à nouveau propice aux avancées d'Ankara.

La présidence de la république communique beaucoup. On aimerait l'entendre un peu plus claire sur son opposition.

Dois-je préciser en effet que dans deux circonstances électorales majeures, le candidat Sarkozy en 2007, puis les listes UMP aux européennes en 2009 ont capitalisé une apparence dont la réalité mériterait certification.

Rien ne semble plus réducteur que de qualifier Pierre Lellouche "d'atlantiste". Il a toujours manifesté une certaine attirance et même une sorte de compétence pour les questions de défense. Mais jusqu'ici on le situait plutôt comme un "chiraquien", puisqu'il a très longtemps milité au RPR, un gaulliste, un partisan relatif de l'entente franco-allemande. Pas du tout un spécialiste des questions spécifiquement européennes.

Sur le dossier turc, nous n'avons pas affaire, de sa part, à une réaction superficielle, opportuniste ou circonstancielle. Il s'agit au contraire d'une doctrine bien établie. Pour lui, la Turquie doit être considérée comme ce qu'il appelle "un pays ami". Puisqu'il a enseigné à Istanbul, il sait de quoi il parle et selon quels critères il évalue cette sympathie transfrontalière inconditionnelle. Il est intervenu ainsi dans le débat en faveur de la suppression de l'article 88-5 lors de la révision de la Constitution en 2008, coup de pouce décisif supprimant l'obligation référendaire. On peut s'attendre à ce qu'il contribue à faire passer rapidement de 10 à 14 ou 15, sur 35, les chapitres de la négociation en cours.

Les citoyens gagneront à le savoir le plus tôt possible : on peut seulement regretter que les électeurs n'aient pas été avertis plus tôt.

Nous l'avions, à notre manière, annoncé lors de notre dernière chronique la veille du scrutin du 7 juin. Nous disions que : "La vraie pression turque se renforcera au lendemain du vote des citoyens". (3) Nous y voilà.

Apostilles

  1. AP du 23 juin à 21h12
  2. cf. article sur le site du Nouvel Obs
  3. cf. L'Insolent du 6 juin
JG Malliarakis

mercredi, 01 juillet 2009

Sur la situation politique en Belgique et en Wallonie

Wallonie.gif

 

SYNERGIES EUROPEENNES – Ecole des cadres – Namur

 

Interview –éclair de Benoit Ducarme

Sur la situation politique en Belgique et en Wallonie

 

Comment justifieriez-vous la situation politique de votre pays et de votre région en ce lendemain des élections régionales et européennes, où, contrairement aux législatives de 2007, aucune crise politique majeure ne semble agiter le monde politique?

 

L’étranger, surtout français, spécule ouvertement sur un éclatement du royaume, qui permettrait à l’Hexagonistan de parachever la politique dite des “Réunions” de Louis XIV en absorbant la Wallonie, ultime lambeau pantelant de la “Reichsromanentum”, la “romanité impériale”, qui comprenait aussi l’Artois, le Cambrésis, les provinces aujourd’hui wallonnes, la Lorraine, la Franche-Comté, la Bresse, la Savoie. Cette remarque préliminaire n’est ni académique ni une réminiscence du passé émise par un “nationaliste” fou. En Espagne vient de paraître un livre “Una pica en Flandes – La epopeya del Camino Español” (Edaf, Madrid, 2007), dû à la plume de Fernando Martinez Lainez. Ce livre est une promenade de Milan à Namur le long de l’itinéraire des “tercios” hispaniques en marche vers les Pays-Bas pour lutter contre calvinistes et Français. Implicitement, cet ouvrage espagnol nous donne une grande leçon de géopolitique: nos provinces, romanes comme thioises, de l’ex-cercle de Bourgogne ou de la Rhénanie allemande, sont mortellement mutilées, leurs bassins fluviaux sont morcelés, la voie vers la Méditerranée par la Meuse, la Moselle, la Meurthe, le Rhin, la Saône et le Rhône est occupée, stratégiquement démembrée, politiquement balkanisée. L’espace du “Camino Español” nous liait à l’Italie du Nord et à la Méditerranée, ne nous enfermait dans aucune logique mutilante, ne nous infligeait aucun repli étouffant. La politique française a visé depuis plus de mille ans l’anéantissement de la Lotharingie, du Grand Lothier. Elle veut aujourd’hui en avaler le dernier morceau, la Wallonie, ce qui entraînerait, pense-t-elle, une absoprtion quasi automatique du Luxembourg grand-ducal et donc une domination sur un morceau supplémentaire de la vallée de la Moselle. Resteraient sur la rive occidentale du Rhin, la Sarre et le Palatinat. En revanche, sur les rayons des librairies de Lorraine, de Franche-Comté et de Savoie, les ouvrages historiques bien étayés s’accumulent pour rappeler le passé impérial, “espagnol” ou anti-républicain de ces provinces perdues du Grand Lothier (exemples: Philippe Martin, “Une guerre de Trente Ans en Lorraine – 1631-1661”, Ed. Serpenoise, Metz, 2002; Gérard Louis, “La Guerre de Dix Ans – 1634-1644”, Presses Universitaires de Franche-Comté, Cahiers d’Etudes Comtoises n°60, Besançon, 2ième éd., 2005). Une lueur d’espoir, plus vive bien que ténue, que dans une Wallonie livrée aux prébendiers, aux traitres, aux francolâtres et à toutes sortes d’autres déments.

 

Le danger d’absorption est d’autant plus réel que nous avons assisté à la fusion Fortis/BNP Paribas et que la domination du secteur énergétique par Electrabel-Suez est un fait bien établi. Electrabel-Suez, on le sait, gonfle ses factures pour les consommateurs belges (wallons, flamands, germanophones, allochtones et autochtones sans distinction), tandis qu’on maintient les prix les plus bas possible pour les ménages hexagonistanais. Le quotidien flamand “Het Laatste Nieuws” (24 juin 2009) vient de dénoncer ce scandale et cette forme nouvelle de colonialisme-ersatz (Prix annuel moyen de l’électricité d’un ménage belge: 660 euro; pour un ménage hexagonistanais: 414 euro, soit une différence de 246 euro!!!!).

 

Par ailleurs, les résultats  électoraux ne présentent plus aucune symétrie entre les diverses  régions du royaume d’Albert II. La Wallonie se complait toujours dans un vote de gauche, une gauche qui allie tous les travers “dinosauriens” du socialisme véreux et immobiliste aux dérives festivistes (comme l’entendait le regretté Philippe Muray), exprimées par les factions “écolo” et “CdH”. La Flandre, elle, vote centre-droit, avec un solide zeste de nationalisme régional. La crise de 2007, je le rappelle, a focalisé la haine de ce pôle idéologique socialo-festiviste contre deux personnalités politiques flamandes: Yves Leterme, proposé alors comme premier ministre, et Bart De Wever, le leader de la NVA flamande, tous deux plébiscités en juin 2009, parce que martyrs d’une certaine “arrogance francophone”, tandis que les bourgmestres de la périphérie bruxelloise, décrits comme victimes du “nazifascisme flamand”,  ne font pas vraiment un tabac. Joëlle Milquet, présidente du CdH francophone, avait mené la fronde, en 2007, avec un acharnement terrible, en récoltant ainsi le sobriquet de “Madame Non” en Flandre. Pour appuyer les charges de cette furie à la volubilité légendaire, nous avions les entrefilets haineux du principal quotidien bruxellois, “Le Soir”, un torchon très prétentieux, et d’autant plus prétentieux qu’il n’a aucune consistance, ne publie aucune enquête approfondie ni aucune analyse de fond, pour ne débiter rien que des clichés, slogans et schémas droit-de-l’hommistes-cartériens, festivistes, soixante-huitards, trotskistes et gauchistes. Une gazette qui tombe des mains, avec son cortège imaginaire de croquemitaines, de “scélérats” posés comme tels sans la moindre nuance, cloués au pilori, tous venus de Flandre, d’Autriche, de Russie, de Suisse, d’Iran, d’Israël ou d’Allemagne, avec, grimaçants comme les diables d’un tableau de Jérôme Bosch, des Haiders, Berlusconis, Letermes, De Wevers, Poutines, Ahmadinedjads, Blochers ou autres Netanyahous, prêts à déclencher des orgies de sang.

 

La plaie de la Belgique, le germe de sa déliquescence, de son enlisement dans l’impolitique, c’est justement l’esprit que véhicule le “Soir”. Ceux qui auront un jour le courage politique de porter le fer contre ce chancre sauveront le pays, limiteront les clivages entre communautés linguistiques à des discussions parfaitement gérables, réconcilieront le pays avec son hinterland centre-européen, alpin et slave, donneront aux francophones de Bruxelles et de Wallonie une presse digne d’être lue partout en Europe et dans le monde.

 

Les hystéries de Joëlle Milquet, des journalistes du “Soir” et du pôle franolâtre bruxellois qu’est le FDF, avec son leader imbuvable, Olivier Maingain, ont contribué à créer une césure totale entre les communautés linguistiques et culturelles du pays, en dépit des tentatives de coopération entre deux grands quotidiens, le “Soir” (justement!) et le “Standaard”. Dans un pays, ou même dans une vaste région géographique comme l’espace sis entre Seine et Rhin, situé au carrefour de quatre grandes langues européennes, il ne me paraît ni sot ni utopique d’imaginer, chaque jour, entretiens et articles traduits de personnalités culturelles ou universitaires venues des deux côtés des frontières linguistiques, de Hollande ou d’Allemagne. Les idées sur les fonctionnements et dysfonctionnements de l’Etat belge du sénateur Alain Destexhe, le seul lucide au sein du MR libéral, ne méritent-elles pas d’être explicitées en néerlandais dans la presse flamande? De même, les analyses sur la partitocratie et la “verzuiling” de professeurs comme Luc Huyse (KUL) et Chris Deschouwer (VUB) ne méritent-elles pas plus ample publicité dans les journaux bruxellois et wallons? La même remarque vaut pour le monde des arts, des lettres et de la politique. Faudra-t-il en rester ad vitam aeternam aux insultes et aux approximations? Aux blocages et aux invectives de l’été et de l’automne 2007 et aux enlisements inféconds de 2008 sur fond de crise économique mondiale?

 

Curieusement, et en dépit des préjugés tenaces entretenus par la classe politique francophone et par le petit monde journalistique bruxellois, c’est dans l’hebdomadaire satirique et nationaliste flamand “’t Pallieterke”, publié à Anvers, que l’on trouve une chronique, intitulée “Li bia bouquet”, rédigée par un journaliste averti et entièrement consacrée à la Wallonie, son passé et son actualité. Cette chronique est un modèle de ce qu’il faudrait faire et à plus grande échelle. Car nous marinons dans un bien étrange paradoxe: nous avons une classe politique qui hurle contre le “séparatisme” flamand, se gargarise d’un pseudo-idéal d’unité “belge” mais ne fait rien, strictement rien, pour qu’il y ait compréhension mutuelle de part et d’autre de la frontière linguistique. Alors les fossoyeurs de cette Belgique, que Milquet entendait si bruyamment défendre au nom de son salmigondis verbeux inspiré par le festivisme le plus nauséeux, sont-ce quelques politiques flamands, maladroits et patauds, qui quémandent une petite avancée vers un confédéralisme mieux balisé? Ou sont-ce les tenants de ces blocages qui prétendent, sourds aux bruits, à la musique et aux variétés du monde, tenir une vérité unique, indépassable, et l’imposer à l’Europe entière, Paris excepté, en commençant par y convertir de gré ou de force les six millions de Flamands du royaume d’Albert II?

 

Pour revenir à votre question, la situation semble donc tout aussi bloquée qu’au lendemain des élections législatives de 2007, sauf qu’elle est silencieuse et dépourvue d’éclats. Le scénario demeure en place, comme une bombe à retardement: une crise similaire peut éclater du jour au lendemain. Le processus de confédéralisation, voulu par la majorité flamande, ne trouvera pas le moindre début de concrétisation. Ce qui entraînera bien entendu une crispation légitime dans le Nord du pays. On me rétorquera que les Wallons craignent que cette confédéralisation les priverait d’un fond de solidarité fédérale, dont l’absence les plongerait encore davantage dans le marasme. Peut-être. Mais toute entité politique, étatique ou infra-étatique, doit viser un maximum d’auto-centrage, pour éviter tout aléatoire, trouver en elle-même les sources de son financement. La Wallonie n’a peut-être pas de “fenêtre” directe sur la mer, sauf par le Canal Albert qui se situe quasiment in extenso sur le territoire flamand, mais elle n’en est pas pour autant “mal située” en Europe du Nord Ouest. Elle doit éviter de limiter ses choix à trois options seulement: 1) un maintien au sein du système fédéral belge fermé sur lui-même, où elle n’aura jamais la majorité; 2) une  indépendance fictive qui ne fait pas l’unanimité, Namurois, Luxembourgeois, Verviétois et ressortissants de la Communauté germanophone demeurant fort sceptiques et préférant s’adjoindre au Luxembourg grand-ducal, pour ne pas mourir de honte en devenant français; leurs ancêtres s’étaient férocement battu pour ne pas subir la déchéance de passer du statut d’Impériaux à celui, subalterne, de “Royaux”; a fortiori, devenir “Républicains” hexagonistanais... et sarkozisés, de surcroît...  3) imaginer une dissolution totale dans le magma informel de l’Hexagonistan actuel, dont, répétons-le, Namurois et Luxembourgeois ne veulent pas.

 

Les solutions existent pourtant et selon un modèle déjà en vigueur: celui de l’euro-région regroupant les Limbourgs néerlandais et flamand, la province de Liège avec le territoire de la  Communauté germanophone (Eupen, Saint-Vith, Bütgenbach, Weywertz) et les Kreise d’Aix-la-Chapelle et Düren. Cette euro-région fonctionne à merveille. Trilinguisme etconvivialité  sont ces atouts et images de marque. Pourquoi cette convivialité? Parce que le projet est certes fort vernaculaire, territorialement réduit, mais unanimement impérial et principautaire, avec des références locales uniquement, sans qu’il n’y ait, posé comme la “déesse raison” le culte jacobin et hexagonistanais, devant lequel il faut faire moults génuflexions. Ce n’est donc pas l’intransigeance flamande qui brouille les cartes et risque de faire imploser le “brol” mais la  présence du culte républicain et la francolâtrie.

 

La Wallonie, effectivement, est située dans ce que les auteurs français d’atlas historiques bien conçus, Jean et André Sellier, appellent l’espace “lotharingien et germanique” (cf. “Atlas des peuples d’Europe occidentale, La Découverte, Paris, 3ème éd., 2006). En associant ces concepts, ces auteurs signalent à nouveau, en dépit des occultations précédentes, qu’existe cette réalité historique, géographique et géopolitique. La notion d’un espace lotharingien, jouxtant l’espace germanique centre-européen, est redevenue concrète et actuelle. L’évoquer n’est plus du tout un archaïsme, une nostalgie comme au temps des chromos “Historia” du Prof. Schoonbroodt, ni une vision d’écrivain, comme dans le magnifique ouvrage de Gaston Compère, “Je soussigné, Charles le Téméraire, Duc de Bourgogne”. La Wallonie doit entretenir des relations privilégiées avec les Länder de Sarre et du Palatinat, avec les départements du Nord flamando-hennuyer et du Pas-de-Calais artésien, avec la Lorraine et l’Alsace, avec la Franche-Comté et la Savoie, le Dauphiné et la Provence, la Suisse romane et alémanique, selon les principes de diversité et de convivialité qui fonctionnent parfaitement  pour l’euro-région mosane-rhénane. Les Flamands et les Néerlandais doivent renforcer leurs liens avec les Länder voisins de Rhénanie du Nord-Westphalie et de Basse-Saxe. La restitution, même informelle du Grand Lothier doit donner à la Wallonie une possibilité de joindre l’Italie du Nord, les trois régions du Piémont (avec le Val d’Aoste), de Lombardie et de Vénétie. Tel avait été son fait jadis. Telle doit être sa vocation dès demain.

 

La crise belge ne trouvera aucune solution dans le cadre institutionnel belge actuel mais Flamands, Wallons, Germanophones, Bruxellois ne règleront leurs problèmes qu’en se hissant au niveau lotharingien, attitude fière et affirmatrice, attitude offensive et, face aux manigances et agissements jacobins, contre-offensive. Une attitude rendue possible par les dispositions de l’Union Européenne en faveur des autonomies régionales. Une attitude servie par une mémoire historique, qu’il s’agira de raviver.

Contra la ocupacion yanki - Por una cultura de la resistencia

iraqoilfields.jpg

Contra la ocupación yanki. Por una cultura de la resistencia

[Fernando Márquez, Director de "El corazón del bosque", revista para otra gente.]

Ex: http://antecedentes.wordpress.com/

 

El director de Nosotros me pidió hace unos días una reflexión crítica sobre la penetración yankee en nuestro suelo. Espero que estas notas valgan la pena.

 

Es una obviedad que el modelo usaco (por usar la expresión del divisionario Carlos Mª Ydígoras) condiciona de manera sustancial la existencia de nuestro país: literalmente, con la ocupación militar y logística de partes de nuestro suelo (bases de Rota, Torrejón, Zaragoza o Gibraltar) y con la integración de España en la estructura de la OTAN (cuyo ejemplo más vergonzoso de colaboración se da en la figura del propio secretario-títere de dicho organismo, el felipista Javier Solana); política y económicamente, con la obediencia española a los protocolos de Maastricht que condicionan de un modo draconiano nuestro actuar hasta extremos impensables desde el punto de vista de la soberanía (así, hoy no gobierna el PP propiamente dicho, sino un gestor de Maastricht -que bien pudiera haber sido, con unos pocos votos más el pasado marzo, el PSOE-) y con la venta en saldos de nuestro potencial económico iniciada por Felipe González en el 82 y que hoy continúa a un ritmo día a día más vertiginoso. En cuanto a la cultura, lo que vemos en cine o TV, lo que comemos en establecimientos de comida rápida o lo que compramos en hipermercados (dentro de poco, añadiremos a la basura habitual la basura transgénica en un salto escatológico importante), lo que leemos en prensa o en obras de consumo, lo que escuchamos en música de hit-parade, lo que bailamos en las salas de moda, incluso lo que protestamos (hasta las protestas antiyankees) lleva en un altísimo porcentaje la etiqueta made in USA.

 

Por mi parte, y ateniéndome a este último aspecto de que, por robarnos, los ocupantes nos han expoliado hasta el genuino impulso de contestación, no voy a repetir por enésima vez el manido discurso entre quejumbroso e impotente con que suelen plantearse este tipo de artículos. No tengo humor ni paciencia para verbalismos, retoricismos, simulacros o coreografías antiamericanas.

 

Sólo existe un modo de acabar con esta situación: educar al personal para la guerra contra el ocupante, para la resistencia, para asumir el inevitable y descarnado conflicto (con sangre, sudor y lágrimas -como todo conflicto que se precie de sser real y no virtual-). Un hombre lo intentó más que nadie, desde el punto de vista de diseño de estrategias antiamericanas: Jean Thiriart. Un hombre que, superando todo sectarismo, defendió la convergencia en un Frente Común de terceristas e izquierdistas europeos para luchar contra el ocupante usaco y sus lacayos. Un hombre que mantuvo contactos con comunistas alemanes, chinos, rumanos, así como con terceristas árabes (egipcios, palestinos, libios) e iberoamericanos (es notable su encuentro con Perón), que creó publicaciones de combate tan notables como La Nation Europeenne y organizaciones como la transnacional Joven Europa, cuya sección italiana, una de las más activas, desarrollaría un frente común con el maoísta PCI-ML, fruto del cual surgirían experiencias como Lotta di Popolo o las Brigadas Rojas (inspiradas en el proyecto thiriartiano de Brigadas Europeas de resistencia armada al ocupante USA).

 

Recordemos algunas de sus consignas:

«La guerra revolucionaria comenzará atacando los bienes industriales americanos. Luego, las familias de los militares americanos. Luego, a los mismos militares. Mucho antes de que hablen las armas hay que poner en ghettos al ejército americano. Que la actitud de las poblaciones civiles sea tal que, apenas abandonen ya sus acantonamientos, eviten incluso mezclarse con las poblaciones locales.»

 

«Se trata de expulsar de Europa a los Estados Unidos. Por todos los medios.»

 

En nuestro país, a raíz de las convulsiones rusas que darán lugar al resurgimiento de las dinámicas nacional/comunistas (prácticamente dormidas en su acepción más pura desde la caída de la república de Weimar), Thiriart comienza a difundirse como moda ideológica en diversos círculos (algo nada casual teniendo en cuenta que este agitador belga es uno de los teóricos más valorados hoy por el nacional-comunismo ruso). El propio devenir de estos círculos (salvemos uno, anterior a «la moda Thiriart», que intentó difundir esta línea de pensamiento de un modo más serio: hablo de la desaparecida Asociación Sin Tregua) ha demostrado lo veleidoso de estas querencias: el único español que creyó al ciento por ciento en las intuiciones de Thiriart, José Cuadrado Costa, desarrolló su labor política fuera de España (por considerar inepto el panorama local presuntamente afín), hace más de una década que murió y hoy sus reflexiones (algunos opúsculos sueltos o la colección de escritos Ramiro Ledesma Ramos, un romanticismo de acero) no se difunden entre la Tercera Posición con la urgencia que sería deseable (un ejemplo triste de ello: hay material de Cuadrado Costa inédito en nuestro país y, sin embargo, publicado en Francia y Bélgica).

Dejando aparte la figura de Thiriart, pero manteniéndonos en su línea de pensamiento, otra forma de contribuir a una cultura de resistencia antiUSA sería la de valorar todos aquellos acontecimientos (teóricos y fácticos) insertos en esa dinámica. Resulta descorazonador pensar que la única secuencia activista químicamente pura de combate europeo contra el ocupante USA (las acciones armadas de la alemana Fracción del Ejército Rojo contra instalaciones de la OTAN) no ha sido nunca valorada o asumida por los terceristas españoles (bueno, a excepción de un servidor -ver narraciones como El triunfo de la voluntad y Escenas del fin de siglo en El Corazón del Bosque o el artículo Ulrike Meinhof, una patriota alemana en PVO) mucho más ocupados en considerar suyos (por abstractas consideraciones doctrinales) a elementos vinculados a la red atlantista Gladio o a similares operaciones de contrainsurgencia. Siguiendo el modo de razonar de Thiriart, en un combate como el que supone la liberación europea de la presencia norteamericana, debemos valorar a quienes actúan en nuestra dirección (sin importarnos su pedigree ideológico) y debemos considerar enemigos a quienes actúan a favor del enemigo (aunque su discurso sea afín al nuestro). Eso es educar de veras en una cultura de la resistencia, no con protestas rutinarias de boletín extraparlamentario ni con shows (como aquella escena imbécil del miembro de Greenpeace emulando a Spiderman sobre la coronilla del Rey en la cumbre macroeconómica celebrada en Madrid en otoño ‘94 (está claro que, de haberse celebrado dicha cumbre en Argel o en Moscú, las acciones de protesta habrían sido mucho más rotundas).

 

Optemos seriamente por una Europa Libre o por un continente sometido. Pero basta de payasadas o de marear la perdiz.

 

[Nosotros N° 15]

mardi, 30 juin 2009

Fernau über Demokratie

fernau.jpg
Fernau über Demokratie

Erik LEHNERT - http://www.sezession.de/

demokratie

Passend zu der sich hier entspinnenden Debatte möchte ich auf einen relativ unbekannten Text von Joachim Fernau hinweisen. Die „Fibel der Demokratie“ (1953) ist eine der Gelegenheitsarbeiten, die Fernau im Laufe der Zeit immer mal wieder verfaßt hat. Wenn die darin geäußerte Kritik an der Demokratie für unserer Ohren ungewohnt klingt, zeigt das nur, wie weit die Immunisierung der Demokratie gegen Kritik bereits fortgeschritten ist.

Offenbar war man (zumindest Fernau, wobei ich nicht glaube, daß er damit alleine stand) sich damals noch bewußt zu welchen Auswüchsen gerade die Herrschaft der Mehrheit führen kann. Das entscheidende Kapitel lautet:

Wir leben in einer unvollkommenen Welt.

Diese Welt besteht aus Menschen, die ihrerseits auch wieder unvollkommen sind.

Seit vielen tausend Jahren experimentieren wir.

Wir experimentieren heute immer noch. Auch die Demokratie in der Welt ist noch ein Experiment.

Wer dieser Tatsache nicht ins Auge sieht, wer es nicht verträgt, dies zu hören, ist ein Demagoge oder ein Schwärmer. Der erste Stoß, das erste Gegenargument, auf das er nicht vorbereitet ist, wird ihn aus dem Sattel heben.

Wer die moderne Demokratie vollendet findet, muß wohl an ihr mit herumgebastelt haben, denn nur Väter finden ihre Kinder immer schön.

Man pflegt heute allen Menschen, die von Schwächen der demokratisch-parlamentarischen Verfassungen sprechen oder sie gar ablehnen, üble Motive vorzuwerfen. Man hämmert der Masse ein, dies seien ganz gefährliche Burschen, die sich über den Volkswillen hinwegsetzen wollten. Kaum ist dieses Wort gefallen, so fühlt sich jedermann geradezu persönlich angegriffen.

Das ist eine Art, die sehr wirksam ist; aber sie ist überaus unfair und ehrabschneidend.

Natürlich gibt es solche Fälle. In allen Lagern pflegt ein Teil der Menschen aus Machtgelüsten und egoistischen Hoffnungen zu handeln. Ja, die Demokratie selbst ist ja schon ein Pochen auf einem „egoistischen“ Recht. Das wollen wir nicht vergessen.

Nein, die Probleme der parlamentarischen Demokratie kann man nicht mit dieser Handbewegung abtun.

Sie sind da.

Aber die größte Gewissensfrage, eine Gewissensfrage, die wirklich „auf Tod und Leben“ der Demokratie geht, haben wir noch gar nicht berührt. Sie ergibt sich nicht einmal aus den Mängeln der Praxis, sondern im Gegenteil, sie beginnt erst richtig, wie wird gerade dann brennend, wenn die Demokratie so vollständig wie möglich verwirklicht ist.

Die Gewissensfrage lautet:

Nehmen wir an, der Volkswille ließe sich in einer idealen Verfassung genau feststellen: Ist dieser Volkswille, wenn er verwirklicht wird, dann automatisch gut?

Sie ahnen, welche entscheidende Frage das ist!

Hier soll unser Gewissen antworten, ob wir an die Güte dieser Welt glauben, ob wir die Welt für im Grunde schön und die Menschen für vernünftig und klug halten. Oder ob wir die Welt als im Grunde problematisch und die Menschen als überwiegend schlecht und haltlos betrachten.

Es ist, auf den kürzesten Nenner gebracht, die Frage: Darf Quantität über Qualität gehen?

Das ist der empfindlichste Punkt der parlamentarischen Demokratie, und es ist fast eine Groteske, mit anzusehen, wie er in der Öffentlichkeit ängstlich vermieden wird.

Warum eigentlich?

Verschwindet er dadurch?

Es nützt nichts, davor die Augen zuzukneifen.

Wir wollen im Gegenteil dies in aller Seelenruhe untersuchen.

Wer die Demokratie liebt, soll sie sehend lieben.

Der Blick auf den Iran verdeutlicht das Gemeinte sehr schön. Dort ist man mittlerweile davon abgewichen, die Neuauszählung der Stimmen zu fordern. Vielmehr geht es um den Systemwechsel, der offenbar gegen der Mehrheit erzwungen werden soll. Das kann man ja beurteilen wie man will, aber demokratisch ist das nicht gerade. Ist die Demokratie also doch kein Absolutum? Wer hätte das gedacht…

samedi, 27 juin 2009

Heroischer Realismus im Kerker - Nationalrevolutionäre der Weimarer Republik

Heroischer Realismus im Kerker – Nationalrevolutionäre der Weimarer Republik
Geschrieben von Daniel Bigalke - http://www.blauenarzisse.de/   
08.02.2009

Wir klagen an!Im agitatorischen Stil kommt der unter Herausgeberschaft von Hartmut Plaas’ 1928 erschienene Sammelband: „Wir klagen an! Nationalisten in den Kerkern der Bourgeoisie“ daher. Als einen der ersten Faksimiles druckte der Uwe-Berg-Verlag die Schrift in seiner Reihe „Quellentexte zur Konservativen Revolution“ unter der Kategorie „Die Nationalrevolutionäre“ ab. Was der Einband nicht verrät: der Herausgeber wurde 1944 im Zuge des Stauffenberg-Attentats hingerichtet.

„Revolutionärer Wille“: Konservatismus und Technik

Vorliegender Band thematisiert jedoch vor allem die nationalrevolutionären Bewegungen in der Weimarer Republik. Die Vertreter dieser Bewegung waren im Allgemeinen recht jung und von den Fronterlebnissen des Ersten Weltkriegs und der Niederlage von 1918 sowie den daraus entstehenden politischen und institutionellen Verwerfungen entscheidend geprägt. Der „revolutionäre Wille“ fand bei ihnen deshalb den stärksten Ausdruck. Das konservative, bewahrende Element tritt dadurch stark in den Hintergrund. Sie seien – so die Sicht des nationalistischen Kriegsromanciers Franz Schauwecker – von allen Gruppen der Konservativen Revolution am ehesten bereit gewesen, Fortschritt und Technik zur Erreichung ihrer Ziele zu akzeptieren, allerdings nicht als Ziel an sich.

„Wir klagen an!“ ist ein Standardwerk des nationalrevolutionären Denkens in der Weimarer Republik und damit ein Beitrag zur gesamten konservativ-revolutionären Bewegung. Es enthält eine interessante Aufsatzsammlung von Inhaftierten und ihren Fürsprechern: Hartmut Plaas, Ernst von Salomon, Kapitän Ehrhardt, Hans-Gerd Techow, Martin Bormann und Arnold Friese. Insbesondere tritt hier die Person Ernst von Salomons hervor. Er verbüßte eine Haft bis 1928 wegen Beteiligung an der Ermordung Walther Rathenaus und dem Mordversuch an einem Gesinnungsgenossen.

Jenseits von „Rechts“ und „Links“

Wie Ernst von Salomon bewiesen fast alle Nationalrevolutionäre eine starke Affinität zu sozialen Fragen und zum Sozialismus. Eine Aufteilung in die üblichen Schemata von „Rechts“ und „Links“ lehnten sie deshalb ab. Bestes Beispiel dafür bleibt der im sozialdemokratischen und kommunistischen Spektrum anzutreffende Ernst Niekisch. Im Gegensatz zum typischen Berufspolitiker konnte er jedoch niemals allein durch seine Parteizugehörigkeit verstanden werden. Insbesondere eine „unkapitalistische Ordnung“ wurde auch von ihm als wünschenswert angesehen – auf Basis der Nation. Damit stand er dem Konzept des Nationalbolschewismus am nächsten.

Der die Zeitschrift TAT herausgebende gleichnamige Kreis um Hans Zehrer pendelt nach Armin Mohler zwischen Nationalrevolutionären und Jungkonservativen. Vertreter dieser Gruppe sind unter anderem Ernst Jünger, Friedrich Georg Jünger, Friedrich Hielscher, Ernst von Salomon, Hartmut Plaas, Franz Schauwecker, Harro Schulze-Boysen und die Zirkel um den erst sozialdemokratischen, dann nationalsozialistischen Otto Strasser und wieder Ernst Niekisch.

Die Anklage der Nationalrevolutionäre

Es geht in der Textsammlung um die jeweils individuelle Anklage an Vertreter des bürgerlichen Deutschlands, wie bereits die Einleitung verdeutlicht: „Ihr hattet den Staat. Ihr habt ihn verkommen lassen. Ihr hattet die Macht. Ihr triebt Mißbrauch Emblem Freikorps Roßbachmit ihr! Ihr führet Krieg und heulet derweil um Frieden! Wir klagen euch an.“ Die Zeilen lesen sich oftmals als prägende Leidensgeschichten aus den Gefängnissen der Weimarer Republik. Aber auch eine gewisse Zynik spricht aus vielen Zeilen. So etwa hier bei Roderich Zoeller: „Und ich verließ nach sechsmonatigem Nachdenken hinter Gitterfenstern das Gefängnis natürlich als sittlich gebesserter Mensch.“

Alles Geschehene wird in vielen Essays als unvermeidbar hinzunehmend betrachtet – frei nach Leon Bloy: „Tout ce qui arrive est adorable!“ Zu Deutsch: „Alles was passiert, ist zu bewundern!“ Damit ist der tragische Heroismus für sie charakteristisch. Er zeigt sich in den Texten der Verurteilten als eine Tugend, die selbst durch die Aussicht auf die völlige Vernichtung und Hoffnungslosigkeit in den Gefängnissen nicht zu erschüttern ist. Die besondere Tragik der Nationalrevolutionäre beginnt aber erst 1933: spätestens seit der Ermordung Ernst Röhms verschonten sie auch die neuen Machthaber nicht. Man mag dies einer Konzeption des „permanenten Widerstands“ in nationalrevolutionären Denkzirkeln zuschulde kommen lassen, aber auch andere ideologische Hürden zur Politik der NSDAP spielen hier eine Rolle – wie zum Beispiel der rigide Antisemitismus der Partei. Neben Ernst Niekisch bleibt auch der Zeichner Paul A. Weber hier ein Beispiel für die brutale Verfolgung und Internierung von Nationalrevolutionären.

Ihre Texte aber treten kämpferisch auf, verzweifelt und doch niemals selbstverleumderisch. Zugleich unterlegen sie auch die ausgefeilte Publikations- und Rezeptionsstrategie ihrer Autoren, denn tatsächlich fand Ernst von Salomons autobiographischer Erstling, „Die Geächteten“ beim deutschen Leser Anklang. Dieser thematisiert ebenso eindrücklich wie vorliegende Schriften seine Inhaftierung während der Weimarer Republik. Nicht nur deshalb liegt hier ein interessantes Stück rechter Publizistik vor.

vendredi, 26 juin 2009

Volksgemeenschap en persoon: niet tegengesteld maar aanvullend!

beye012held01ill17.gif

 

Volksgemeenschap en persoon: niet tegengesteld maar aanvullend!

Men mag de volksgemeenschap niet voorstellen als een amalgaam van los en onafhankelijk staande leden, die hun individuele vrijheden en voorrechten willen vrijwaren door aaneen te sluiten en elkaar te beschermen. De volksgemeenschap is een natuurlijk verbond, gegrond op eenzelfde complex van aanleg en daarom gericht op eenzelfde goed. Zij is een hogere streefeenheid, waarin de door bloed en karakter gelijkgeschakelde individuen organisch zijn ingeschakeld om, in de mate van hun persoonlijk vermogen, het algemene goed, dat ook het goed is van iedereen, te beveiligen en te doen aangroeien. Deze nieuw-solidaristische opvatting van de volksgemeenschap legt de nadruk op de collectieve streefeenheid naar het nationale goed gericht, maar laat voldoende ruimte aan de ingeschakelde individuele persoonlijkheid.

De gemeenschap bestaat niet om zichzelf, als een godheid die, zoals het communisme het voorhoudt, het individu naar willekeur mag knevelen en opslorpen, een Moloch waaraan tenslotte alle persoonlijkheid en ieder persoonlijk levensbelang onmeedogend worden opgeofferd. Politiek links heeft het in naam van het egalitarisme, nog steeds uiterst moeilijk met de natuurlijke ongelijkheid tussen personen. Evenmin dient de gemeenschap louter en alleen om, volgens de liberale opvatting, de individuele rechten, voorrechten en vrijheden te beschermen, zonder medelijden met de nood van de zwakkere, zonder kommer om het volksbelang, zonder plichten tegenover de gemeenschap. Een opvatting die nog steeds zeer populair is ter rechtse politieke zijde, en waaraan nep-solidaristen maar al te graag hand- en spandiensten aan leveren. Noch het liberalisme, met zijn individualisme, noch het communisme, met zijn verwoesting door opslorping van de persoonlijkheid, kunnen het vraagstuk dat zich stelt oplossen. De oplossing dient gezocht te worden in een wisselwerking tussen de enkeling en de gemeenschap. Een ware Derde Weg dus!

De gemeenschap is gegroeid uit de menselijke behoefte aan ruimere, bestendige steun in een georganiseerde collectiviteit, om door middel van gebundelde krachten de individuele ontplooiing mogelijk te maken. De gemeenschap bestaat omwille van de persoon. Anderzijds kan de individuele persoon zijn levensdoel niet bereiken zonder voortdurende en aanvullende hulp van de gemeenschap. Beide zijn volkomen met elkaar verbonden : de gemeenschap leeft voor de enkeling en deze voedt zich aan de gemeenschap. Hier raken we aan de personalistische basis die ontegensprekelijk in het nieuw-solidarisme aanwezig is. Niettemin heeft dit personalisme het ideale alibi verschaft aan nep-solidaristen (voornamelijk ter christen-democratische en rechts-nationale zijde) om zich in te nestelen in het naoorlogse neocorporatistische systeem en uiteindelijk zelfs de (neo)liberale kritieken erop te gaan ondersteunen! Wat de personalisten betreft, heeft een persoon er dus alle belang bij dat de gemeenschap wordt uitgebouwd en gevrijwaard blijft van verval en vernietiging. Als de enkeling de gemeenschap nodig heeft, dan begrijpt hij dat het eigenbelang hem dwingt tot dienstbaarheid tegenover een organisme waarvan zijn individuele volmaking afhankelijk is. En zo komen sommige sujetten die zichzelf rechtse “solidaristen” noemen in het vaarwater van het ‘welbegrepen eigenbelang’ op het einde van Guy Verhofstadts tweede brief aan de andersglobalisten (november 2003).

Uit dit besef wordt bij de enkeling het gemeenschapsgevoel geboren, een gevoel van samenhorigheid en dienstwillige erkentelijkheid ten overstaan van de hogere eenheden waartoe hij behoort, namelijk de gezinsgemeenschap, de beroepseenheid, de bedrijfsgemeenschap en de volksgemeenschap. Het individuele persoon kan z’n levensopgang slechts maken met de hulp van de gemeenschap. Het gezond individualisme (dat in schril contrast staat met het door liberale krachten gepropageerde individualisme), als begin van alle activiteit, wordt tegelijk aan het welzijn van enkeling en collectiviteit dienstbaar gemaakt. Het nieuw-solidarisme pleit dus hoegenaamd niet voor een totalitaire Staat waar dwang, terreur en bureaucratische starheid de persoon in de pas dwingen. Integendeel, het is het nieuw-solidarisme erom te doen een maatschappij na te streven waarin een voluntaristisch klimaat heerst waarbij de individuele persoon zelf aan de slag gaat om de nieuwe maatschappij en de nieuwe ordening tegemoet te werken. Geen passieve afwachtende houding dus, maar een plicht tot initiatief en vernieuwing in de geest van het nieuw-solidarisme, vrij en losgekomen van de oude gedachten en vormen, waaronder de “oud-solidaristische”!

jeudi, 25 juin 2009

Mogens Camre: Möglichst grosse Gruppen bilden...

EUMOCA.jpg

Möglichst große Gruppen bilden

UEN-Vize Mogens Camre über Chancen einer rechten Fraktion

Ex: http://www.zurzeit.at

Herr Camre, wie beurteilen Sie das Ergebnis der EU-Wahl im Hinblick auf Europas Rechtsparteien?

Mogens Camre: Es ist ein großer Erfolg für die nationalen Einstellungen in den Mitgliedsländern. Es ist ja ganz klar, daß in den Mitgliedstaaten der Widerstand gegen den EU-Zentralismus und gegen die Machtübernahme Brüssels größer geworden ist, und wir sehen ja überall in Europa, daß die Sozialisten schwächer als zuvor sind. Daher hat bei uns in Dänemark die Dänische Volkspartei die Mandatszahl verdoppelt, und in vielen anderen europäischen Ländern, auch in Österreich, hat es eine ähnliche Entwicklung wie bei uns gegeben.

Welche Möglichkeiten auf rechter Seite sehen Sie zur Fraktionsbildung im EU-Parlament?

Camre: Wir wissen zur Zeit nicht genau, wer dabei sein kann, Aber ich hoffe, daß sich eine größere Koalition als bisher zwischen den EU-skeptischen Parteien ergeben wird. Die UEN, also die Fraktion Union für ein Europa der Nationen, hat derzeit einen Verlust von italienischen Mitgliedern, weil nach dem Zusammenschluß mit der Partei von Berlusconi die Mitglieder der Alleanza Nazionale die UEN verlassen. Auch sind unsere Mitglieder aus Litauen nicht wiedergewählt worden und die Iren haben einen Verlust von einem Mandat. Zur Zeit gibt es nur 35 Mitglieder und aus nur fünf Ländern, und das ist ja nicht genug. Deshalb muß unsere Gruppe erweitert werden, und wir müssen andere Parteien finden. Bereits vor der Wahl haben wir mit der österreichischen Freiheitlichen Partei und auch mit der Vlaams Belang gesprochen, aber wir brauchen viele mehr und wir hoffen, daß wir eine Gruppe in ähnlicher Größe wie die liberale Fraktion bilden können. Das heißt also, eine Gruppe von 60 bis 80 Mitgliedern bilden zu können.

Eine Reihe von Parteien, etwa die ungarische „Jobbik“ oder die British National Party, haben den Einzug ins Europaparlament geschafft. Wären diese Parteien, die mitunter als „rechtsextrem“ bezeichnet werden, mögliche Partner für eine neue Fraktion?

Camre: Die Dänische Volkspartei ist nicht das, was man eine rechtsorientierte oder rechtsnationalistische Partei nennt. An sich sind wir eine konservative Zentrumspartei mit dem Wunsch, die Selbständigkeit Dänemarks sowie die Selbständigkeit anderer Länder zu bewahren und die Einwanderung nach Europa und damit auch die Vertreitung antieuropäischer Werte zu verhindern. Das ist für uns sehr wichtig und wir finden, daß man das nicht als rechtsorientiert oder extrem rechts bezeichnen kann, wie man es oft in den Zeitungen liest, und deshalb möchten wir mit allen zusammenarbeiten, die dieselben Werte wie wir vertreten. Und ich glaube, es gibt in meh Ländern als zuvor Parteien mit derselben Einstellung. Das wären die FPÖ, der Vlaams-Belang und Parteien aus Schweden, Belgien, Holland und hoffentlich auch England. Aber wir müssen erst abwarten, wer als Mitglieder der UEN-Gruppe ansucht und welche Möglichkeiten es im allgemeinen gibt. Wir sehen nur ungern, daß es zwei verschiedene EU-skeptische Gruppen gibt, also eine links- und eine rechtsorientierte Gruppe, deshalb hoffen wir, daß wir eine größere Gruppe bilden können.

Wie lange wird es dauern, bis feststeht, wer der UEN-Fraktion angehört?

Camre: Zusammen mit Morten Messerschmidt, unserem neugewählten jungen EU-Parlamentarier, werde ich in Brüssel mit den verschiedenen Parteien verhandeln, und wir werden untersuchen, welche Möglichkeiten es gibt. Es ist ja zur Zeit unklar, wo die englischen Konservativen stehen, ob sie selbständig werden oder ob sie doch bei der Europäischen Volkspartei bleiben wollen. Aber bevor wir einen Standpunkt einnehmen, möchten wir gerne die Realitäten sehen.

Immer wieder ist zu hören, daß die britischen Konservativen, die ODS-Partei aus Tschechien und die PiS-Partei aus Polen eine konservative Fraktion gründen wollen. Sollten sich dann die UEN-Mitgliedsparteien dieser Gruppe anschließen?

Camre: Also, wenn die polnischen PiS-Abgeordneten, die zur Zeit bei der UEN sind, und die Engländer eine Gruppe bilden wollen, dann glaube ich, daß es unmöglich ist, eine andere Gruppe zu bilden. Denn diese neue Fraktion hätte dann eine so hohe Anzahl von Mitgliedern, daß wir einen Anschluß von vielen anderen sehen werden.

Aber gerade bei kleineren Parteien wie der Dänischen Volkspartei oder der FPÖ besteht doch dann die Gefahr, daß sie ihr Programm nicht umsetzen können, weil die starken Parteien wie die englischen Tories mit 24 Mitgliedern oder die PiS mit 16 Mitglieder die Fraktion dominieren.

Camre: Also ich kenne die polnischen Mitglieder sehr lange, und die haben vor den Wahlen ganz klar gesagt, sie möchten in der UEN-Gruppe bleiben und auf Basis der UEN-Gruppe eine noch größere Gruppe bilden. In diesem Fall könnten sich die englischen Konservativen anschließen. Aber selbstverständlich gibt es auch eine gewisse Konkurrenz innerhalb der Mitgliedsländer: Das heißt, die englischen Konservativen wollen wahrscheinlich nur ungern die United Kingdom Independence Party in der gleichen Fraktion sehen.

Aber letztendlich hängt alles von den Mandatsverhältnissen ab, und das kann ich heute nicht beurteilen, weil wir nicht wissen, wie viele zusammengehen werden. Also vor den Wahlen haben die Engländer gemeint, daß sie für eine eigene Fraktion etwa 70 oder 80 Mitglieder aus verschiedenen Mitgliedsländern kriegen könnten. Wenn das sich realisiert, dann gibt es kaum eine Möglichkeit, andere ähnliche Gruppen zu bilden.

Das Gespräch führte Bernhard Tomaschitz.

 
Mogens Camre ist (noch) EU-Abgeordneter der Dänischen Volkspartei und Vizepräsident der Fraktion „Union für ein Europa der Nationen“ (UEN). Bei der EU-Wahl am 7. Juni trat der 73jährige nicht mehr an

La tyrannie de l'horloge

ecran-horloge.jpg

 

La tyrannie de l'horloge

Ex: http://frontalternationaliste.hautetfort.com/

"En aucun domaine, les sociétés occidentales existantes ne se distinguent des sociétés antérieures, qu’elles soient européennes ou orientales, que dans celui de la conception du temps. Pour le Chinois ou le Grec anciens, pour le berger arabe ou le paysan mexicain d’aujourd’hui, le temps est représenté par le cours cyclique de la nature, l’alternance du jour et de la nuit, le passage de saison en saison. Les nomades et les agriculteurs mesuraient et mesurent encore leurs jours depuis le lever jusqu’au coucher du soleil et leurs années en fonction du temps de la semence et du temps de la récolte, de la chute des feuilles et de la fonte des neiges dans les lacs et rivières.

Le paysan travaillait en fonction des éléments, l’artisan tant qu’il pensait nécessaire de perfectionner son produit. Le temps était perçu à l’intérieur d’un processus de changement naturel et les hommes n’étaient pas intéressés par son décompte exact. C’est pourquoi des civilisations hautement développées sous d’autres aspects usaient des moyens les plus primitifs pour mesurer le temps : le sablier avec son filet de sable ou d’eau, le cadran solaire inutilisable par temps couvert et la bougie ou la lampe dont la partie non consumée d’huile indiquait les heures. Tous ces dispositifs étaient approximatifs et inexacts, qui plus est, rendus souvent peu sûrs par les aléas météorologiques ou la paresse de l’approvisionneur. Nulle part dans le monde antique ou médiéval, il n’y eut plus d’une petite minorité d’hommes concernée par le temps en terme d’exactitude mathématique.

L’homme moderne occidental vit toutefois dans un monde régi par les symboles mathématiques et mécaniques du temps de l’horloge. L’horloge dicte ses mouvements et domine ses actions. L’horloge transforme le temps, de processus naturel qu’il était, en marchandise, qui peut être quantifiée, achetée et vendue comme de la soupe et du raisin. Et, parce que sans quelques moyens de garder l’heure exacte, le capitalisme industriel n’aurait jamais pu se développer et ne pourrait continuer à exploiter les travailleurs, l’horloge représente un élément de tyrannie mécanique dans la vie des hommes modernes, plus puissant que n’importe quelle autre machine."

George Woodcock

mercredi, 24 juin 2009

The Geopolitical Great Game: Turkey and Russia Moving Closer

western_russia_turkey.jpg

The Geopolitical Great Game:

 

Turkey and Russia Moving Closer

By F. William Engdahl - http://www.engdahl.oilgeopolitics.net/

Despite the problems of the ruble and the weak oil price in recent months for the Russian economy, the Russian Government is pursuing a very active foreign policy strategy. Its elements focus on countering the continuing NATO encirclement policy of Washington, with often clever diplomatic initiatives on its Eurasian periphery. Taking advantage of the cool relations between Washington and longtime NATO ally, Turkey, Moscow has now invited Turkish President Abdullah Gul to a four day state visit to discuss a wide array of economic and political cooperation issues.

In addition to opening to Turkey, a vital transit route for natural gas to western Europe, Russia is also working to firm an economic space with Belarus and other former Soviet republics to firm its alliances. Moscow delivered a major blow to the US military encirclement strategy in Central Asia when it succeeded earlier this month in convincing Kyrgystan, with the help of major financial aid, to cancel US military airbase rights at Manas, a major blow to US escalation plans in Afghanistan.

In short, Moscow is demonstrating it is far from out of the new Great Game for influence over Eurasia.

Warmer Turkish relations

The Government of Prime Minister Recep Erdogan has shown increasing impatience with not only Washington policies in the Middle East, but also the refusal of the European Union to seriously consider Turkey’s bid to join the EU. In the situation, it’s natural that Turkey would seek some counterweight to what had been since the Cold War overwhelming US influence in Turkish politics. Russia’s Putin and Medvedev have no problem opening such a dialogue, much to Washington’s dismay.

Turkish President Abdullah Gul paid a four-day visit to the Russian Federation from February 12 to 15, where he met with Russian president Dmitry Medvedev, Prime Minister Vladimir Putin, and also travelled to Kazan, the capital of Tatarstan, where he discussed joint investments. Gul was accompanied by his state minister responsible for foreign trade, and Minister of Energy, as well as a large delegation of Turkish businessmen. Foreign Minister Ali Babacan joined the delegation.

 

the largest autonomous republic in Russian Federation whose population mainly consists of Muslim Tatar Turks, is a sign how much relations between Ankara and Moscow have improved in recent months as Turkey has cooled to Washington foreign policy. In previous years, Moscow was convinced that Turkey was trying to establish Pan-Turanism in the Caucasus and Central Asia and inside the Russian Federation, a huge concern in Moscow. Today clearly Turkish relations with Turk entities inside the Russian Federation are not considered suspicious as it was once, confirming a new mood of mutual trust.

Russia elevated Gul's trip from the previously announced status of an ‘official visit’ to a ‘state visit,’ the highest level of state protocol, indicating the value Moscow now attaches to Turkey. Gul and Medvedev signed a joint declaration announcing their commitment to deepening mutual friendship and multi -dimensional cooperation. The declaration mirrors a previous ‘Joint Declaration on the Intensification of Friendship and Multidimensional Partnership,’ signed during a 2004 visit by then-President Putin.

Turkish-Russian economic ties have greatly expanded over the past decade, with trade volume reaching $32 billion in 2008, making Russia Turkey's number one partner. Given this background, bilateral economic ties were a major item on Gul's agenda and both leaders expressed their satisfaction with the growing commerce between their countries.

Cooperation in energy is the major area. Turkey's gas and oil imports from Russia account for most of the trade volume. Russian press reports indicate that the two sides are interested in improving cooperation in energy transportation lines carrying Russian gas to European markets through Turkey, the project known as Blue Stream-2. Previously Ankara had been cool to the proposal. The recent completion of the Russian Blue Stream gas pipeline under Black Sea increased Turkey’s dependence on Russian natural gas from 66 percent up to 80 percent. Furthermore, Russia is beginning to see Turkey as a transit country for its energy resources rather than simply an export market, the significance of Blue Stream 2.

Russia is also eager to play a major part in Turkey's attempts to diversify its energy sources. A Russian-led consortium won the tender for the construction of Turkey's first nuclear plant recently, but as the price offered for electricity was above world prices, the future of the project, awaiting parliamentary approval, remains unclear. Prior to Gul's Moscow trip, the Russian consortium submitted a revised offer, reducing the price by 30 percent. If this revision is found legal under the tender rules, the positive mood during Gul's trip may indicate the Turkish government is ready to give the go-ahead for the project.

Russia’s market also plays a major role for Turkish overseas investments and exports. Russia is one of the main customers for Turkish construction firms and a major destination for Turkish exports. Similarly, millions of Russian tourists bring significant revenues to Turkey every year.

Importantly, Turkey and Russia may start to use the Turkish lira and the Russian ruble in foreign trade, which could increase Turkish exports to Russia, as well as weakening dependence on dollar mediation.

Post-Cold War tensions reduced

However the main message of Gul's visit was the fact of the development of stronger political ties between the two. Both leaders repeated the position that, as the two major powers in the area, cooperation between Russia and Turkey was essential to regional peace and stability. That marked a dramatic change from the early 1990’s after the collapse of the Soviet Union when Washington encouraged Ankara to move into historically Ottoman regions of the former Soviet Union to counter Russia’s influence.

In the 1990’s in sharp contrast to the tranquillity of the Cold War era, talk of regional rivalries, revived ‘Great Games’ in Eurasia, confrontations in the Caucasus and Central Asia were common. Turkey was becoming once more Russia’s natural geopolitical rival as in the 19th Century. Turkey’s quasi-alliance with Ukraine, Azerbaijan, and Georgia until recently led Moscow to view Turkey as a formidable rival. The regional military balance developed in favor of Turkey in Black Sea and the Southern Caucasus. After the disintegration of the USSR, the Black Sea became a de facto ‘NATO lake.’ As Russia and Ukraine argued over the division of the Black Sea fleet and status of Sevastopol, the Black Sea became an area for NATO’S Partnership for Peace exercises.

By contrast, at the end of the latest Moscow visit, Gul declared, ‘Russia and Turkey are neighboring countries that are developing their relations on the basis of mutual confidence. I hope this visit will in turn give a new character to our relations.’ Russia praised Turkey's diplomatic initiatives in the region.

Medvedev commended Turkey's actions during the Russian-Georgian war last summer and Turkey's subsequent proposal for the establishment of a Caucasus Stability and Cooperation Platform (CSCP). The Russian President said the Georgia crisis had shown their ability to deal with such problems on their own without the involvement of outside powers, meaning Washington. Turkey had proposed the CSCP, bypassing Washington and not seeking transatlantic consensus on Russia. Since then, Turkey has indicated its intent to follow a more independent foreign policy.

The Russian aim is to use its economic resources to counter the growing NATO encirclement, made severe by the Washington decision to place missile and radar bases in Poland and the Czech Republic aimed at Moscow. To date the Obama Administration has indicated it will continue the Bush ‘missile defense’ policy. Washington also just agreed to place US Patriot missiles in Poland, clearly not aimed at Germany, but at Russia.

Following Gul's visit, some press in Turkey described Turkish-Russian relations as a ‘strategic partnership,’ a label traditionally used for Turkish-American relations. Following Gül’s visit, Medyedev will go to Turkey to follow up the issues with concrete cooperation proposals. The Turkish-Russian cooperation is a further indication of how the once overwhelming US influence in Eurasia has been eroded by the events of recent US foreign policy in the region.

Washington is waking up to find it confronted with Sir Halford Mackinder’s ‘worst nightmare.’ Mackinder, the ‘father’ of 20th Century British geopolitics, stressed the importance of Britain (and after 1945 USA) preventing strategic cooperation among the great powers of Eurasia.

Discours pour l'Europe (novembre 1988)

rev-eur.jpg
jgmportevoix.jpg

 

 

SYNERGIES EUROPÉENNES - NOVEMBRE 1988

 

 

 

Discours pour l'Europe

 

(Paris, 9 novembre 1988)

 

 

par Robert STEUCKERS

 

 

Mesdames, Messieurs,Chers amis et camarades,Chers partisans de la lucidité donc de la "troisième voie",

 

 

Les partis politiques du système veulent faire une Europe. Une Europe qu'ils annoncent pour 1992-93. Mais cette Europe n'est évidemment pas notre Europe. C'est une Europe qui traîne quelques soli-des boulets: notamment celui d'être la concrétisation d'un vieux projet américain. Professeur à Rome, Rosaria Quartararo a exploré les archives améri-cai-nes de Washington et d'ailleurs et elle y a découvert que la CEE, telle que nous la connaissons aujour-d'hui, avait déjà soigneusement été esquissée dans le fameux Plan Marshall et dans le cadre de la Eu-ro-pean Recovery Policy.  Autrement dit, l'intégration envisagée s'est faite sous le signe de la vassalité à l'égard des Etats-Unis. Alors que les plans nés en Eu-rope, chez un Briand ou un Quisling, chez un Drieu La Rochelle ou chez un Henri De Man, pré-voyaient la liberté pour tous les peuples et le respect de toutes les identités, sans qu'il n'y ait de dépen-dance à l'endroit d'une puissance extra-continentale, les Etats-Unis, dont les stratégies diplomatiques et militaires ont toujours visé à deux choses:

- soit affaiblir notre continent en favorisant ses divisions internes;

- soit favoriser une intégration, de façon à faciliter la pénétration de nos marchés par les firmes et les ex-por-tateurs américains. De l'Allemagne de Weimar, li-vrée pieds et poings liés à la partitocratie des sous-capables, les circuits financiers américains disaient: It's a penetrated system,  c'est un système "péné-tré". Cette qualité de "pénétré", eh bien, nous la re-fusons ici haut et fort.

 

 

En théorie, l'Europe intégrée est gérée par la Com-mission de Bruxelles. Mais en réalité, cet organe de dé-cision, qui devrait agir dans le sens de l'indépen-dance de notre continent, agit en fait pour favoriser et faciliter la "pénétration" de notre économie par les systèmes japonais et américains; la Commission se positionne ainsi comme un facteur de liquéfaction de notre tissu industriel, exactement comme HIV liqué-fie les stratégies du corps contre l'intrusion des virus de toutes sortes.

 

Par le fait que la Commission ne joue pas son rôle d'instance décisionnaire, les adversaires du Grand Es-pace européen obtiennent pleine satisfaction: celle d'avoir en face d'eux un processus d'intégration non dangereux, qui ne bénéficie qu'aux seules multina-tio-nales "pénétrantes", et d'avoir affaire à un organe soi-disant décisionnaire qui ne prend pas de vérita-bles décisions et qui se soumet aux parlements na-tionaux, dont l'horizon n'est pas européen mais é-troi-tement électoraliste, local, concussionnaire.

 

 

On en arrive au paradoxe suivant: les Européens sin-cères   —et nous, nous voulons être de ceux-là—  sont obligés de constater que l'Europe se défait par l'action délétère des institutions qui sont censées la ren-dre forte et que les seuls espaces de résistance aux pénétrations américaines et japonaises sont par-fois certains politiciens régionaux ou nationaux, qui ne sont pas encore trop gâtés par les turpitudes par-lementaires!

 

 

L'Europe des forces identitaires, que nous appelons de nos vœux, doit dès lors se donner pour mission de réduire cette logique perverse en miettes. Dans cette Europe-là, qui est nôtre, la Commission doit pou-voir décider et fortifier notre indépendance; elle doit suivre la logique impériale de l'auto-centrage,

- en refusant l'éparpillement tous azimuts des capi-taux;

- en favorisant les fusions économiques intra-euro-péennes et les investissements dans la modernisation de nos outils industriels;

- en dérivant les plus-values globales dans les cir-cuits de sécurité sociale et de politique familiale nataliste.

 

 

La Commission, dans son état actuel, a accru dange-reusement cette tare affligeante qu'est le nanisme po-li-tique volontaire; en suivant cette voie, elle a mené nos peuples dans une impasse: en effet, nos peuples sont des peuples de travailleurs, de créateurs, de pro-ducteurs et ont su faire de nos pays des géants éco-nomiques. Un géant économique ne peut jamais ê-tre un nain politique. Par conséquent, notre tâche est simple: c'est de combler rapidement le fossé qui sépare, d'un côté, la formidable et puissante réalité économique que nous représentons virtuellement dans le monde, et, d'un autre côté, notre marasme po-litique, notre indécision calamiteuse et notre éco-no-mie "pénétrée". D'ailleurs, soyons clairs et so-yons francs, une situation aussi paradoxale ne peut te-nir à long terme. A notre grandeur économique, doit correspondre une grandeur politique, garantie par une Commission décisionnaire qui obéit à d'au-tres logiques et d'autres principes que ceux de ce libéralisme qui véhicule la pénétration étrangère et dé-bilite notre corps politique.

 

 

Nous ne sommes donc pas hostiles à un chapeautage des gouvernements nationaux véreux, corrompus et anachroniques par une Commission qui serait ani-mée par la stratégie de l'auto-centrage et par l'idée de puissance. Par une Commission qui allierait l'idée d'Empire à celle du Zollverein (union douanière). Mais à la Commission libérale, molle, vassalisée et châ-trée par la valetaille partitocratique, nous préfé-re-rons toujours le gouvernement national dirigiste et so-cialiste, qui offrira un espace de résistance et sous-traiera ses administrés aux catastrophes provo-quées par le mondialisme des écervelés libéraux, com-me en Suède où le taux de chômage n'est que de 2,8%.

 

 

Evidemment, on pourrait nous poser une question em-barrassante: votre préférence —fort nuancée, nous en convenons—  pour l'Etat national non mondialiste et non libéral ne vous aligne-t-elle pas d'em-blée sur les positions de Madame Thatcher qui vient de prononcer à Bruges un vibrant réquisitoire contre l'intégration européenne?

 

Notre réflexe identitaire est aux antipodes du réflexe insulaire de Madame Thatcher, tout comme notre va-lo-risation du rôle potentiel de la Commission est dia-métralement opposée au rôle réel qu'elle joue aujour-d'hui, dans une Europe qui se désindustrialise, se clo-chardise et se quart-mondise.

 

 

Margaret Thatcher a saboté l'autonomie alimentaire eu-ropéenne en torpillant la politique agricole com-mu-ne; par fétichisme idéologique, par son admiration fanatique pour les thèses fumeuses du néo-li-bé-ralisme, pour les grimoires de Hayek et de Milton Friedman, des anarcho-capitalistes et de la "Nou-vel-le Droite" américaine de la "majorité morale" (Moral Majority),  par ses engouements idéologiques, Mar-ga-ret Thatcher a démantelé l'outil industriel britan-nique, déconstruit avec un acharnement déplorable les barrières protectionnistes existantes, tant en Grande-Bretagne qu'en Europe. Cette politique qu'elle veut imposer à la Commission, au détriment de bon nombre de secteurs industriels continentaux, français, belges, italiens ou allemands, favorise la concurrence américaine et japonaise et décourage les investissements auto-centrés; qui pis est, elle assas-sine le capital concret, ruine notre tissu industriel, déconsidère le fruit du Travail des producteurs au profit des magouilles des spéculateurs de tous poils; elle privilégie le capital vagabond et financier au dé-triment du capital créatif des machines et du capital humain des mains façonnantes de nos ouvriers et de la matière grise de nos chercheurs! Cette logique est une logique de l'artifice, de l'abstraction; elle est un défi aux forces de nos cerveaux, de nos mains, de notre sang!

 

 

En Ecosse, Madame Thatcher a confié des zones fran-ches à la firme Hitachi, abandonnant du même coup des lambeaux du sol et de la souveraineté britanniques à une instance privée étrangère. Dans ces zones franches, sacrifiées à l'anarchie capitaliste, son gouvernement promet de ne pas appliquer les lois de protection sociales: Hitachi pourra ainsi li-cencier des ouvriers écossais, embaucher de pauvres hères venus des quatre coins de la planète, ne devra payer aucune cotisation sociale, aucune indemnité de licenciement, aucune pension d'invalidité! Pour une Dame de Fer qui frappe du poing à Bruges, devant De-lors et Martens médusés, et réclame le droit à la souveraineté nationale, c'est un comble... Mais alors, au fait, qu'est-ce que la souveraineté nationale pour Madame Thatcher? Est-ce le droit de vendre des sujets britanniques comme esclaves à des né-griers japonais? Le droit de solder le territoire écos-sais à l'encan?

 

 

Chers camarades, en criant notre volonté politique, nous devons être vigilants et ne pas tomber dans les pièges du vocabulaire. Nous vivons en effet dans un monde orwellien, où chaque chose en est venue à si-gnifier son contraire:

- La Commission est, théoriquement, une instance dé-cisionnaire mais elle ne décide pas;

- Les Etats nationaux sont des anachronismes, après les charniers de Verdun, de la Somme, de Capo-ret-to, de Stalingrad ou de Poméranie, mais, ce sont parfois des leaders nationaux ou de vieux pays indé-pendants comme la Suisse ou la Suède qui créent et maintiennent de la souveraineté en notre continent;

Madame Thatcher hurle son nationalisme, mais ce na-tionalisme galvaude la souveraineté du pays et dé-pouille ses nationaux de tous droits, les mue en es-claves-numéros pour fabricants de gadgets japonais.

 

 

L'Europe des partisans de l'identité, notre Europe, sait au moins quelles sont les recettes de la souveraineté et de l'indépendance! Nous savons quelles doc-trines nous solliciterons: celles de List et de Schmol-ler, celles de Delaisi et de Perroux, celles de Zischka et de Messine. Nous savons quelles sont les grandes lignes qu'il faudra suivre pour bâtir un "grand espace protégé", pour assurer la liberté de tout un continent par un dirigisme économique sai-nement conçu!

 

Il est faux et trop facile de dire que nous n'avons pas de doctrine économique. Nous n'avons tout simple-ment pas eu les fonds nécessaires pour la diffuser, nous n'avons pas bénéficier de la complicité des mé-dias!

 

 

Et chez les autres, existe-t-il des doctrines écono-miques cohérentes? Que dire du RPR qui a fait cam-pagne pour un libéralisme reaganien, en même temps qu'il proclamait sa fidélité au gaullisme qui, lui, était pourtant dirigiste? Que dire de l'UDF qui se réclame de Keynes, sans vouloir se débarrasser du libre-échangisme libéral? Qui, avec Raymond Barre, se réclame de ce Keynes, lequel manifestait sa joie devant les réalisations économiques du IIIème Reich (j'oublie sans doute que Mr. Barre est un anti-facho officiel, comme mr. tout-le-monde...)? Que dire du PS qui se réclame de Schumpeter, pour qui les in-novations des inventeurs et des patrons sont les mo-teurs de l'économie et du progrès? Que dire donc de ce PS qui, malgré cet engouement pour Schumpeter, n'abandonne pas ses marottes égalitaristes? Que pen-ser ensuite des capitulations successives de la "IIème gauche", de la "IIIème gauche" et des sé-ductions du capitalisme libertaire, prôné par d'ex-PSU?

 

 

Face à l'incohérence et au désorientement, à l'échec patent et à l'enlisement tragi-comique des partis du système, nous sommes désormais en mesure de fai-re valoir notre droit à la parole et de propulser notre cohérence doctrinale sur la scène politique, de faire irruption dans le débat sans plus rougir de notre im-préparation. Je m'adresse surtout aux étudiants qui sont dans nos rangs: qu'ils se préparent pour ce que j'appelerais "la bataille de l'économie"; qu'ils étof-fent et fourbissent leurs argumentaires. Nos divers mouvements rénovateurs, qu'ils soient politiques ou métapolitiques, ont désormais l'impérieux devoir de se consacrer corps et âme aux doctrines écono-mi-ques, d'arraisonner enfin le social, même si cela im-plique le léger sacrifice d'être moins littéraires, voire moins nostalgiques.

 

 

Le modèle américain, reaganien, a fait faillite. Seul de-meure le modèle japonais. Le MITI nippon, c'est l'instance centrale qui régule (mot significatif!) l'é-conomie de l'Empire du Soleil Levant et c'est l'exem-ple que devrait suivre la Commission de Bru-xelles: les Japonais ont investi dans des machines-outils robotisées, en se passant allègrement d'im-mi-grés et en conservant ipso facto une homogénéité so-cio-culturelle. Ces deux options japonaises des an-nées cinquante portent aujourd'hui leurs fruits. Les "eurocrates" ont choisi la politique du chien crevé au fil de l'eau: ils n'ont pas investi à temps dans la ro-botisation et ils ont importé de la main-d'œuvre du Maghreb ou de la Turquie. Conséquence: nous a-vons un taux de chômage massif et nous ne sommes pas compétitifs.

 

 

Contrairement à ce qu'affirme une brochette de vilains petits cloportes, qui pissent leurs articulets mal torchés dans des revues soi-disant anti-fascistes, nous n'allons pas chercher nos modèles auprès des totalitarismes d'antan. Nous souhaitons plus simplement une synthèse efficace des stratégies suédoises ou japonaises et une application des théories véritablement socialistes que les sociaux-démocrates, pusillanimes et indécis, n'ont jamais osé s'approprier.

 

 

Mais il est temps de conclure:

Nous voulons des robots comme les Japonais, pas des esclaves immigrés;

Nous voulons des hommes et des peuples libres, pas des masses hallucinées par le déracinement;

Nous voulons le progrès technologique, pas l'avilis-sement des peuples nord-africains et sud-sahariens; parce que nous sommes de vrais humanistes —et non des humanistes de carnaval— parce que la di-gnité est un principe cardinal dans notre éthique, nous voulons des "potes" qui travaillent à reverdir le Sahara, nous voulons des "potes" qui travaillent dans les fermes modèles du désert de Libye; nous ne voulons pas des "potes" manipulés, devenus "schi-zo" dans de sordides HLM de banlieue;

Nous voulons le succès économique, pas le chôma-ge ni la désindustrialisation ni la quart-mondisation ou la tiers-mondisation de nos classes ouvrières;

Nous sommes des futuristes et des bâtisseurs, pas des collectionneurs de bric-à-brac.

 

Donc, il n'y a qu'un seul mot d'ordre qui tienne: au travail!

 

mardi, 23 juin 2009

Storia di due mondi economici divergenti

STORIA DI DUE MONDI ECONOMICI DIVERGENTI

DI F. WILLIAM ENGDAHL - Ex:
http://www.comedonchisciotte.org/
Global Research

Nel mondo della globalizzazione sta emergendo progressivamente un punto di divisione che assumerà un significato profondo nelle nazioni del G7, nella loro economia e stabilità politica. Tale punto di divisione trova luogo tra le nazioni che sono ancora inserite nel sistema del dollaro, inclusa l’Eurozona, e le economie emergenti – in particolare il BRIC, ovvero Brasile, Russia, India, Cina –, dove nuovi mercati economici e regioni stanno rimpiazzando rapidamente la loro eccessiva dipendenza dagli Stati Uniti come mercato primario di esportazione e fonte per il finanziamento degli investimenti. La conseguenza di lungo termine sarà l’aggravarsi della tendenza degli Stati Uniti ad essere oramai una superpotenza politica ed economica in declino, mentre sorgeranno nuove e dinamiche zone economiche, seppur inizialmente con importanza regionale.

Il primo grande asset differenziale che nazioni come Cina, Indonesia, India e Brasile posseggono è uno dei piú significativi deficit o difetti del vecchio mondo industrializzato, quindi di Stati Uniti, Regno Unito, Germania ed Europa in generale: il vantaggio demografico.

Ad eccezione della Russia, tutte le economie in crescita hanno una popolazione giovane e dinamica crescente. È interessante ricordare che la storia nascosta del “miracolo economico” tedesco pre 1914 era basata su un “segreto” simile – popolazione giovane e dinamica in rapida crescita, mentre quella di Gran Bretagna e Francia, dopo la Grande Depressione Inglese del 1873, era stagnante o in declino, con conseguente emigrazione di massa negli Stati Uniti.

L'alternationalisme comme troisième voie économique

sat4xid4.jpg

 

L’alternationalisme comme troisième voie économique

Ex: http://frontalternationaliste.hautetfort.com/

Si nous voulons comprendre le sens économique de l’idée alternationale, il nous faut nous en éloigner quelque peu. La raison est que l’alternationalisme a une vision extérieure et intérieure de l’économie qui est un peu différente l'une de l'autre, de par son différentialisme inhérent. D’abord, le principe de base des néonationalistes1 est que tout est fonction de l’intérêt de la communauté nationale (autrement dit, le peuple), mais celle-ci se doit d’être conséquente de ce droit pour ce qui est des autres peuples. Alors si une certaine nation choisit un système économique plutôt qu’un autre, le principe alternationaliste veut qu’il y ait respect pourvu que le sien soit respecté. En somme, il ne s’agit que du bon vieux principe de « notre liberté s’arrête là où celle des l’autre commence ». Donc, nous n’imposerons pas un modèle économique précis à l’ensemble du monde, mais un respect défensif de notre principe. Donc pas d’hégémonie économique avec nous.  

 

Pour ce qui est de l’idée économique intérieur, notre vision de l’alternationalisme est directement liée au concept de troisième voie, qui est en autre une alternative au libéralisme ainsi qu’au communisme. Pour être claire, la liberté d’entreprendre continuera à exister, mais contrairement aux libéraux, nous considérons la primauté de l’intérêt national sur l’individuel. Il s’agit finalement d’une économie réglementée en fonction du bien commun, faisant la promotion d’une économie enracinée et selon les besoins réels du la population. Un exemple assez concret serait de mettre en place des moyens de contrôle sur les compagnies de services étrangères (comme Walmart ou Mc Donald, pour ne nommer que les plus connus) dans le but d’éviter qu’elles ne détruisent les commerces locaux. Cette volonté est basée sur le principe d’intérêt général, car si les gens vont dans ce genre de commerce, c’est bien évidemment pour payer moins cher (intérêt individuel libéral), mais si cela tue l’économie locale, au final cela rendra la collectivité plus pauvre et du coup tout le monde3. Cela est sans compter l’emprise politique que ceux-ci s’accapareront4. En promouvant le commerce local, les gens payeront peut-être plus cher sur le coup, mais de cette manière tout le monde s’enrichit (intérêt général). En somme, il s’agit d’un capitalisme réglementé en fonction de la situation du pays, il n’est donc aucunement exclu de faire du commerce avec d’autres pays pourvu qu’il soit équitable et démocratiquement décidé. 

 

Comme vous avez pu le constater, l’économie proposée s’oppose au libre-échange, car nous considérons que l’économie du monde ne doit pas être réduite à une grande économie de colonie (tout est exporté et importé). Nous considérons que chaque peuple doit s’auto-suffire le plus possible pour conserver leur autonomie politique et ainsi faire leurs propres choix. Ceci est primordial pour que le pouvoir reste aux mains du peuple5 et non pas dans celles de la ploutocratie financière, comme c’est le cas en ce moment.

 

Ce type d’économie est directement lié à une vision sociale de la société, car nous considérons que la souveraineté nationale est la condition primordiale du socialisme parce que s’il n’y a plus de contrôle sur l’économie, le principe de concurrence détruira inévitablement les mesures de justices sociales pour des raisons de compétitivités et donc de survies économiques. L’explication est que le capitalisme a une tendance naturelle à vouloir accroître son marché. Quand les compagnies deviennent mondiales, ils deviennent des multinationales, pour qui le salaire est une dépense totalement brute contrairement aux compagnies nationales, qui elles doivent entretenir leur marcher6 (ce qui n’est pas le cas pour les multinationales qui pillent un endroit pour être compétitif dans un autre). Au final, dans une économie néolibérale la planète s’appauvrit partout7 et le système finit par s’effondrer comme c’est le cas en ce moment8. Voilà pourquoi nous sommes favorables à une limitation territoriale du marché. Il est aussi non négligeable de souligner que ce type d’économie est la seule à être adaptée au concept d’éco économie9, contrairement au néolibéralisme qui est une fuite en avant sans réflexion sur l'avenir des ressources planétaire. 

 

Je conclurais en signifiant que l’économie néonationaliste est tout simplement une économie au service de l’homme parce que réglementé selon des principes humains et non administré par des principes mathématiques d’offre, de demande et d’intérêt individuel. Même si cette vision n’est que l’idée générale que l’on se fait du bon sens, elle reste une idée révolutionnaire10 au même titre que le marxisme, mais dans une optique de respect envers la nature humaine.       

 

Vortigern

 

  1. Dans notre contexte, alternationalisme et néonationalisme seront considérés comme des synonymes, ce qui n’est pas toujours le cas.
  2. Comme des tarifs douaniers qui viendraient baisser les avantages des multinationales (car profitant du salariat du tiers monde et du portefeuille des pays riches), ce qui rendra les entreprises locales compétitives.  
  3. Les grandes surfaces, en plus de l’évasion fiscale, de faire baisser les salaires, de s’opposer au syndicalisme et de ne retourne de l’argent que chez les grossistes, appauvrisse la population ce qui grossit leur marcher. Donc, la stratégie est poly machiavélique.  
  4. Grosse compagnie = beaucoup d’emplois = gros lobbies = contrôle politique assuré.
  5. Si la nation est le lieu de la démocratie, donc tout pouvoir au-delà devient antidémocratique.   
  6. En donnant de bons salaires, les employés peuvent acheter ce que la compagnie vend, et de cette manière ils soutiennent (ou améliorent) leurs ventes. Il s’agit, en fait, du principe du citoyen corporatif responsable.
  7. Au niveau global, si toutes les compagnies (même celles dans des pays où il y a consommation) voient le salaire comme une dépense brute, cette pression à la baisse finit par toucher la moyenne des salaires en pays industrialisés, ce qui fait baisser les ventes et ruine l’économie (surtout s’il elle est basé sur le secteur des services et de la vente, comme ces le cas en occident).    
  8. Les subprimes ne sont pas la cause fondamentale de la crise économique, car ce qui a poussé les prêteurs à faire des crédits à risque c’est le besoin de soutenir la consommation, malgré la baisse générale de revenu aux U.S. engendrée par la disparition de la production réelle (délocalisations) au profit de la finance et des services.   
  9. L’éco économie est un équilibre entre production économique et équilibre écologique, unique salut pour l’homme du futur.
  10. Comme le pouvoir est aux mains du capital, la révolution est inévitable pour reprendre ce pouvoir.

 

lundi, 22 juin 2009

La grande escroquerie qu'est le socialisme libéral

ps3.gif

 

La grande escroquerie qu’est le socialisme libéral

Ex: http://frontalternationaliste.hautetfort.com/

Notre époque vit, depuis la chute du mur de Berlin, le libéralisme comme idéologie profondément dominante. Une idéologie libérale qui exalte le droit individuel au point même de ne pas excuser certaines nuisances qu’elle suscite à l’ensemble des groupes communautaires et sociaux que forme la société. Sans aller plus loin sur les nuisances identitaires que cause le libéralisme, je voudrais mettre l’accent sur les notions de justice sociale dans le cadre du libéralisme (souvent appelé social-démocratie) pour en démontrer les contradictions et l’escroquerie.      

 

Le protectionnisme et la xénophobie

D’abord, nous remarquons communément l’aigreur qu’ont nos clercs néolibéraux quand ils entendent le simple mot de protectionnisme. Ces messieurs, dirait-on, y voient une espèce d’hérésie dans le simple fait de le prononcer, comme s’il était scientifiquement prouvé que le concept est faux, comme le créationnisme ou autres aberrations du genre. D'ailleurs, on croirait parfois que ces gens voient l’économie comme un phénomène naturel, comme la météorologie ou la cosmologie. Il est important de souligner qu’une pratique économique ne peut pas être fausse tout simplement parce qu’une autre ne peut pas être vraie, car il s’agit de techniques et non de faits absolus, mais ceci est un autre débat. Ce qui est le plus troublant aujourd’hui, c’est l’absence de débat sérieux sur la question du libre-échange[1] et le fait que celui-ci soit présenté comme l’avenir indépassable de notre temps, un dogme ou même pire, la fin de l’histoire. On nous parlera du protectionnisme comme d’une idéologie rétrograde, voir réactionnaire et l’on n’hésitera pas à utiliser des mots à fortes connotations symboliques (comme replie sur sois, peur de l’autre et j’en passe c’est les meilleurs) pour la discréditer. Ce qui ne marche pas avec cette rhétorique ridicule, c’est que ce sont des notions, certes bien belles à dire, mais n’ayant strictement aucuns rapports avec l’économie. Ces notions s’appliquant beaucoup plus au niveau des comportements individuels qu’aux choix économiques, mais sont d’excellents moyens d’éviter le débat. Ensuite, après nous avoir traités réactionnaires, on nous lapidera d’arguments qui n’ont encore une fois rien avoir avec l’économie et qui sont supposés nous convaincre que le libre-échange c’est l’ouverture à l’autre, c’est l’échange des cultures, du savoir-faire, etc. Les néolibéraux sont assez forts là-dessus et savent utiliser la psychologie symbolique de l'ouverture et de la fermeture pour justifier des mesures liberticides et antisociales avec des notions qui n'ont rien à voir avec l'économie. Par ce terrorisme intellectuel, ils réussiront à convaincre que leurs mesures sont progressistes et seront donc acclamées par les sociaux-démocrates (aussi complice de cette dégradation) comme avancée inconditionnelle du droit individuel dans ce monde qu'ils veulent postmoderne.

 

La social-démocratie et le libéralisme

Dans l’échiquier politique de l’Amérique du Nord, les sociaux-démocrates sont considérés comme étant la gauche et les conservateurs comme étant la droite (les néolibéraux se considèrent généralement comme de droite, mais peu ou pas du tout conservateur). Sur cette échelle, nous remarquons tout d’abord que l’ensemble est complètement libéral, mais ce qui est plus étrange encore que le fait qu’il n’y est aucunes alternatives à cela, c’est que le concept de libéralisme est en opposition avec ce que l’on pourrait appeler la doctrine conservatrice ainsi que celle appelée socialiste. La contradiction majeure pour le camp des libéraux conservateurs est que pour conserver et vouloir conserver, il faut imposer des principes moraux à tous. Ce principe, croyez-le ou non, est en contradiction directe avec le principe fondamental du libéralisme qui est la sainte liberté individuelle de choisir ce qui est bien et ce qui est mal. Alors pas de bol les libéraux réacs, vous vous faites arnaquer. Ensuite, avec les sociaux-démocrates (qui sont l’objet de ce texte) il y a aussi contradiction, car le même droit individuel (toujours plus important que le droit communautaire, selon la doctrine libérale) empêche la mise en place de mesures sociales, car contraignantes pour l’individu[2] roi. Évidemment, et c’est bien ce qui leur est reproché par les libéraux purs et durs, c’est de ne pas respecter fondamentalement les principes libéraux en imposant de lourdes taxes, d’ingérer la vie des gens, ainsi que de mettre en place certaines lois de préservations culturelles (mais quand même très minimales). Mais là où ils respectent très bien ce principe, c’est dans la notion de libre-échange, où ils n’auront pas l’audace d’empêcher la libre circulation des biens, des capitaux et des hommes, notion cher au libéralisme pour que nous puissions jouir de l’ouverture sur le monde, cette belle allégorie qui n’est rien d’autre que du terrorisme intellectuel… car aucuns gauchistes sociaux-démocrates ne voudraient, même pour le salut du monde, être associé à un ignoble réac de droite (équivalent contemporain du suppôt de Satan). Encore une fois, la psychologie est l’arme parfaite qui tue les penseurs les plus éclairés, car il y a évidemment des convergences de principe entre réacs et gauchos, même s’ils ne peuvent faire autrement que de les refouler pour mieux se combattre et ainsi faire rire les néolibéraux.

 

Mais dans le fond, c’est quoi le problème entre libre-échange et protections sociale ? Bien, c’est une simple question de logique. Comme les frontières sont ouvertes et que ces pays étaient jadis des espaces économiques différents et avec des potentiels différents (dû a des choix économiques tout aussi différents), les entreprises suivent la logique de l’optimisation en produisant sur les espaces où c’est pas cher et vendent sur les espaces où il y a du fric, étant donné qu’il n’y a plus rien n’a respecter. Bien sûr, en délocalisant massivement, ils détruisent leur marché (où il y a du $), mais comme leur logique est : après moi le déluge… et bien ils s’en fichent (à l’instar de l’environnement dois-je ajouter). Pour mettre cette notion en images concrètes, je la comparerais aux ti-vieux Québécois qui passent leur retraite aux U.S. parce que ça ne coûte pas cher de taxes et d’impôts[3]. Mais évidemment, ceux-ci retourneront au Québec quand ils seront malades pour se faire soigner gratuitement. En somme, ils veulent le beurre et l’argent du beurre comme le dit le proverbe et cela est logique, ils ne suivent que leurs intérêts individuels, comme les grandes compagnies le font. Cette logique engendre un déséquilibre qui aboutit à la ruine de l’économie là où il y a des mesures sociales et avantage là où il n’y en a pas. En fait, un équilibre vers le bas se crée mécaniquement entre les états et justifie la volonté de gouvernance mondiale que nous connaissons aujourd’hui. Pour cette raison un système social se doit de cloisonner minimalement ses contributeurs pour des raisons d’intérêt général et en cela cette mesure est parfaitement antilibérale. Donc, c’est pour protéger leur marché qu’il faut empêcher les entreprises de délocaliser, car eux ne sont pas dans une logique morale ni même sur le long terme, mais dans une logique marchande et immédiate. Donc, ce qui est mauvais dans la social-démocratie ce n’est pas sa volonté d’aider les pauvres par la redistribution, mais son entêtement à ne pas régler le problème à la source, car si l’on n’empêche pas les entreprises de délocaliser nous ne produiront bientôt plus rien et à part le secteur tertiaire (et encore…), il n’y aura pas de travail, donc plus de pauvreté, donc plus de demandes sociales et d’assistanat, donc plus d’impôts et de taxes, donc plus de délocalisation et plus de ti-vieux en Floride, et ainsi de suite. En somme, les protections sociales ne peuvent avoir d’avenir pour ces raisons et que, telle l’eau sur le roc, le libéralisme dissoudra toutes mesures sociales pour finalement ne garder que le bon vieux droit individuel qui, ne l’oublions pas, ne veux rien dire quand on a pas le minimum pour survivre.

 

Le vrai socialisme est antilibéral

Comme je l’ai expliqué dans mon article précédent[4], si nous voulons sortir du capitalisme sauvage (obligatoire avenir de toutes théories libérales) sans tomber dans l’opposé tout aussi grotesque qu’est le communisme, nous devons définir un espace économique et le réglementer par un pouvoir moral. Selon moi cela pourrait être la nation, car déjà existante et régie moralement par le suffrage universel (du moins, elle devrait l’être), mais cela pourrait tout de même être autre chose, malgré tout là n’est pas la question. L’intérêt de cette idée est qu’elle a le potentiel de stopper la logique de l’intérêt individuel qui, autant chez les gens que chez les entreprises, nous dirige vers un monde complètement totalitaire où les gros peuvent asservir les petits par le jeu du droit négatif[5] (ou contrainte par le manque), car le droit négatif nous rends peut-être libre de faire ce que l’on veut, mais ne nous nourrit pas pour autant. Pour terminer, il ne faut pas oublier que si la social-démocratie est tolérée par les clercs néolibéraux, contrairement aux vrais socialistes qui eux sont diabolisés, c’est tout simplement parce que leur système se détruit par lui même et qu’il dévie du coup les vrais débats concernant les inquiétudes légitimes des citoyens sur leur avenir.   

 

Vortigern Zifendel

 



[1] Fondamentalement le débat est entre alter mondialiste et mondialiste qui sont tout deux libre échangiste

[2] Le débat sur le droit d’allez ou non dans des cliniques privées au Québec en est un bon exemple.

[3] Au U.S. il n’y a pas de protections sociales, donc il y a moins de taxes et d’impôts

[4] L’alternationalisme comme troisième voie économique

[5] Le droit négatif est le droit de ne pas être empêché de faire ce que l’on veut, alors que le droit positif est le droit d’avoir quelque chose comme de la nourriture ou un logement par exemple.

mardi, 16 juin 2009

Mijn kritiek op de democratie

democratie-1600x1200_12284161111.jpg

 

Mijn kritiek op de democratie


Erich Wolff - Ex: http://bitterlemon.eu/
Democratie heeft vele kuren en door het gebruikte systeem van algemene verkiezingen zijn er veel mogelijkheden voor politieke partijen en drukgroepen om met lage methoden kiezers aan zich te binden. We bespreken 3 van deze methoden. 

Een succesvolle methode is geweld en intimidatie. Gebruik terreur en niemand op termijn durft het meer tegen je op te nemen. De meeste mensen zijn geen idealisten en de fatsoenlijken onder hen moeten een gezin onderhouden. Ze zullen ook, als ze geconfronteerd worden met de dreiging van georganiseerd geweld eieren voor hun geld kiezen. Immers, idealen zijn niet zo belangrijk als je zoontje van 4 maanden en je vrouw die moeten eten. Overheers de straat en je overheerst de staat door het stemloket. 

Een andere en ook meer subtiele methode om het gevaar van algemene verkiezingen die jouw kant niet op gaan te neutraliseren is het opwekken van een maatschappelijk taboe. In tegenstelling tot wat sommigen denken is het opwekken van een taboe niet zo moeilijk. Je grijpt een incident aan veroorzaakt door een ongelukkige drommel en je schreeuwt het van de hoogste toren hoe slecht de persoon wel niet is die het incident heeft veroorzaakt. Doe dit grondig en verruïneer de persoon publiekelijk. Herhaal dit proces met meerdere mensen en de meesten zullen de boodschap snappen. Om het af te maken koppel je taboe aan een partij, bij voorkeur mensen die toch al een slechte naam hebben door hun eigen geklungel. 

Een concreet voorbeeld hiervan is de kwestie rond etniciteit en criminaliteit. Oftewel de kwestie Buikhuizen. Buikhuizen haalde het in zijn hoofd om een correlatie tussen etniciteit en criminaliteit te zoeken. Dat kan natuurlijk niet, vond links, omdat criminaliteit en al het andere slechte gedrag “voortkomt uit de sociaaleconomische klasse”. Oftewel geef een Marokkaanse vrouwenmishandelaar (daar zijn er genoeg van) een inkomen van 10.000 euro per maand en hij houd vanzelf op een magische wijze op zijn vrouw te slaan. Maar goed, de toon was gezet. Buikhuizen werd ontslagen en eigenlijk niemand durfde het er nog over te hebben tot aan de politiek aan toe. Het gevaar van rechts via de stembus was (tot 11 september 2001, uiteraard) succesvol geneutraliseerd. 

Maar met stip de walgelijkste methode om kiezers te binden wordt, niet toevallig, gebruikt door de meest walgelijke partij uit ons politieke bestel. Namelijk de PvdA. De PvdA bind kiezers aan de partij door gedwongen solidariteit via belastingen. De PvdA staat het soort overheid voor die de burgerlijke kringen in de weg loopt en een de kerk onmogelijk maakt de armen op te vangen. 

Het is bepaald geen toeval dat de PvdA populair is in de kringen van raamambtenaartjes, besturen van organisaties die leven op de riante cultuursubsidies en allochtonen. Dit is het resultaat van een goed uitgedacht beleid. Dit beleid houd concreet in: voor iedereen een uitkering. 

Omdat geniale dingen in de kern altijd simpel zijn is deze methode ook meer dan succesvol. Immers, het leger mensen dat èèn van de riante uitkeringen ontvangt is vatbaar voor het argument dat als je de PvdA wegstemt de andere partij wel een kan gaan snoeien in het stelsel van de vele soorten uitkeringen. Het stemadvies luid dan altijd impliciet: stem PvdA! Dat het land kapot gaat aan het leger inactieven wat wordt gecreëerd deert niet. Zolang de PvdA aan de macht blijft komt de Brave New World immers weer een stukje dichterbij. 

Advies: kies voor de afschaffing van het algemeen stemrecht. Kies voor beschaving.

samedi, 13 juin 2009

Reinterpretar la revolucion socialista

Reinterpretar la revolución socialista

ex: htpp://labanderanegra.wordpress.com/

Reinterpretar el concepto que se tiene comúnmente de la revolución socialista -en momentos en los cuales los diversos acontecimientos políticos, sociales, económicos, culturales y militares suscitados a finales del siglo XX han trastocado la noción de certidumbre a que estaba habituada la humanidad, aún con el riesgo de una hecatombe termonuclear durante la Guerra Fría- implica adoptar un distanciamiento y un cuestionamiento generalizado respecto al modelo de sociedad actual, de manera que la revolución como tal adquiera una dimensión realmente revolucionaria y, por ende, socialista, evitando convertirse, como lo indicara el Che Guevara, en simple caricatura.

Esto pasa por determinar si el discurso y las mismas actitudes personales corresponden a la realidad que se busca trascender y transformar, en lugar de disfrazarla con los ribetes del reformismo, al igual que ocurre con las acciones gubernamentales aparentemente socialistas en algunos de nuestros países.


Pero, esto no será nunca suficiente si no determinamos, a su vez, los objetivos que se persiguen y no contentarse nada más con traspasar los límites individuales en que nos hallemos, en tanto el grueso de los sectores populares se mantiene luchando sin esperanza inmediata por un mundo mejor. Al hacerlo así, estaríamos reivindicando los valores mezquinos inculcados por el capitalismo; razón por la cual se impone someter a tal cuestionamiento los diversos paradigmas que han definido la sociedad humana hasta el presente. Sin ello, se hará sumamente dificultoso sostener una lucha radical hacia el socialismo.

Es fundamental -por tanto- comprender e interpretar que la sociedad siempre ha sido vista y aceptada como una totalidad de relaciones sociales y no la suma de elementos separados, por lo que el socialismo supone una profunda y completa transformación del sistema económico capitalista, en un primer lugar, y de todas sus derivaciones en los demás ordenes; transformación ésta que debe abarcar lo concerniente a las relaciones de producción, así como aquellas que legitiman la propiedad privada de los medios de producción, como su rasgo esencial. Tendría que originarse, en consecuencia, una rebelión integral y permanente contra las estructuras sobre las cuales se levanta el orden establecido. En el caso de nuestra América, tal rebelión debe expresarse en el rescate de la memoria histórica de sus luchas populares -sin ese sesgo positivista y eurocentrista impuesto por la historia oficial- formando un lazo con esa búsqueda de emancipación constante protagonizada por los hombres y las mujeres del pasado que les garantizara a nuestros pueblos su derecho inalienable a la autodeterminación, la democracia, la libertad, la justicia y la igualdad. De ahí que no sea revolucionario y, menos, socialista levantar diques que represen la iniciativa de las bases populares para profundizar las conquistas democráticas y así destruir el viejo orden imperante porque ello sería transitar una vía que nos conducirá, a la larga, al reformismo, haciendo del socialismo una mera aspiración.

Como lo escribiera Wim Dierckxsens en su obra “La transición hacia el postcapitalismo: el socialismo del siglo XXI”: “la sociedad que se proyecta construir, se caracteriza no por el poder de definición del bien común desde arriba, sino por una interpelación ciudadana que opera desde lo local hacia lo global y de lo particular a lo general. La democracia puede llegar a adquirir contenido y forma plenos, cuando la economía se oriente en función de la plenitud de la vida misma. Ello implica una participación más directa de la ciudadanía en todos los ámbitos de la vida”. Por ello, en términos generales, ninguna revolución que se precie de socialista podría contradecir, a riesgo de negarse, tales objetivos, sobre todo, al persistir en el marco de referencia dominante del capitalismo, ya que todo el esfuerzo realizado para lograr una ruptura institucional para acceder al socialismo quedaría en el vacío, frustrándose las expectativas populares.

Homar Garcés

Extraído de Argenpress.

Quand les libéraux se déchirent...

bagarre3.jpg

 

Quand les libéraux se déchirent

Mardi, 02 Juin 2009 - http://unitepopulaire.org 

« Des analystes réputés pour défendre habituellement des politiques économiques libérales, de même que des commentateurs du Wall Street Journal et d'autres journaux prestigieux, semblent renier leurs positions traditionnelles ces derniers temps. Ils se sont prononcés en faveur d'injections massives de liquidités dans les marchés par les banques centrales, de la prise de contrôle par le gouvernement américain d'institutions financières géantes.

A première vue, quiconque comprend le fonctionnement d'une économie de marché peut facilement voir que quelque chose ne tourne pas rond dans ces positions. […] Il s'agit d'une taxe invisible qui redistribue les ressources à ceux qui ont accumulé des dettes et qui ont fait de mauvais placements. La justification pour intervenir semble toujours s'appuyer sur la peur de revivre la Grande Dépression. Si nous laissons trop d'institutions s'effondrer pour cause d'insolvabilité, nous dit-on, il y a risque d'un effondrement généralisé des marchés financiers, ce qui entraînerait un assèchement complet des flux de crédit et des effets catastrophiques sur tous les secteurs de la production. […]

Que doit-on faire lorsque ce château de cartes commence à s'effondrer ? Il est évident que le crédit va s'amenuiser. Les prix doivent retomber à des niveaux plus réalistes; et les ressources engagées dans des projets improductifs doivent être libérées et transférées à des secteurs où il existe une demande réelle. Ce n'est qu'à ce moment que les capitaux redeviendront de nouveau disponibles pour des investissements profitables. […] La confusion entourant les questions monétaires dans les théories de l'école de Chicago est telle qu'elle pousse aujourd'hui ses partisans à appuyer la plus gigantesque appropriation de capitaux privés par un gouvernement dans l'histoire du monde. »

 

Martin Masse, chercheur associé à l’Institut économique Molinari, "Ces libéraux qui oublient les principes du marché", 8 octobre 2008

The Political Theory Carl Schmitt

cs4.jpg

The Political Theory of Carl Schmitt

By Keith Preston - http://attackthesystem.com/

 

Discussion:

 

Carl Schmitt

The Crisis of Parliamentary Liberalism 

The Concept of the Political

 

The Weimar Republic Sourcebook (p. 331, 334-337, 342-345)

 

          The editors of The Weimar Republic Sourcebook attempt to summarize the political thought of Carl Schmitt and interpret his writings on political and legal theory on the basis of his later association with Nazism between 1933 and 1936. Schmitt is described as having “attempted to drive a wedge between liberalism and democracy and undercut the assumption that rational discourse and legal formalism could be the basis of political legitimacy.”(Sourcebook, p. 331) His contributions to political theory are characterized as advancing the view that “genuine politics was irreducible to socio-economic conflicts and unconstrained by normative considerations”. The essence of politics is a battle to the death “between friend and foe.” The editors recognize distinctions between the thought of Schmitt and that of right-wing revolutionaries of Weimar, but assert that his ideas “certainly provided no obstacle to Schmitt’s opportunistic embrace of Nazism.”

 

          As ostensible support for this interpretation of Schmitt, the editors provide excerpts from two of Schmitt’s works. The first excerpt is from the preface to the second edition of Schmitt’s The Crisis of Parliamentary Democracy, a work first published in 1923 with the preface having been written for the 1926 edition. In this excerpt, Schmitt describes the dysfunctional workings of the Weimar parliamentary system. He regards this dysfunction as symptomatic of the inadequacies of the classical liberal theory of government. According to this theory as Schmitt interprets it, the affairs of states are to be conducted on the basis of open discussion between proponents of competing ideas as a kind of empirical process. Schmitt contrasts this idealized view of parliamentarianism with the realities of its actual practice, such as cynical appeals by politicians to narrow self-interests on the part of constituents, bickering among narrow partisan forces, the use of propaganda and symbolism rather than rational discourse as a means of influencing public opinion, the binding of parliamentarians by party discipline, decisions made by means of backroom deals, rule by committee and so forth.

 

          Schmitt recognizes a fundamental distinction between liberalism, or “parliamentarism”, and democracy. Liberal theory advances the concept of a state where all retain equal political rights. Schmitt contrasts this with actual democratic practice as it has existed historically. Historic democracy rests on an “equality of equals”, for instance, those holding a particular social position (as in ancient Greece), subscribing to particular religious beliefs or belonging to a specific national entity. Schmitt observes that democratic states have traditionally included a great deal of political and social inequality, from slavery to religious exclusionism to a stratified class hierarchy. Even modern democracies ostensibly organized on the principle of universal suffrage do not extend such democratic rights to residents of their colonial possessions. Beyond this level, states, even officially “democratic” ones, distinguish between their own citizens and those of other states. At a fundamental level, there is an innate tension between liberalism and democracy. Liberalism is individualistic, whereas democracy sanctions the “general will” as the principle of political legitimacy. However, a consistent or coherent “general will” necessitates a level of homogeneity that by its very nature goes against the individualistic ethos of liberalism. This is the source of the “crisis of parliamentarism” that Schmitt suggests. According to the democratic theory rooted in the ideas of Jean Jacques Rosseau, a legitimate state must reflect the “general will”, but no general will can be discerned in a regime that simultaneously espouses liberalism. Lacking the homogeneity necessary for a democratic “general will”, the state becomes fragmented into competing interests. Indeed, a liberal parliamentary state can actually act against the “peoples’ will” and become undemocratic. By this same principle, anti-liberal states such as those organized according to the principles of fascism or bolshevism can be democratic in so far as they reflect the “general will.”

 

            The second excerpt included by the editors is drawn from Schmitt’s The Concept of the Political, published in 1927. According to Schmitt, the irreducible minimum on which human political life is based is the friend/enemy distinction. This friend/enemy distinction is to politics what the good/evil dichotomy is to morality, beautiful/ugly to aesthetics, profitable/unprofitable to economics, and so forth. These categories need not be inclusive of one another. For instance, a political enemy need not be morally evil or aesthetically ugly. What is significant is that the enemy is the “other” and therefore a source of possible conflict. The friend/enemy distinction is not dependent on the specific nature of the “enemy”. It is merely enough that the enemy is a threat. The political enemy is also distinctive from personal enemies. Whatever one’s personal thoughts about the political enemy, it remains true that the enemy is hostile to the collective to which one belongs. The first purpose of the state is to maintain its own existence as an organized  collective prepared if necessary to do battle to the death with other organized collectives that pose an existential threat. This is the essential core of what is meant by the “political”. Organized collectives within a particular state can also engage in such conflicts (i.e., civil war). Internal conflicts within a collective can threaten the survival of the collective as a whole. As long as existential threats to a collective remain, the friend/enemy concept that Schmitt considers to be the heart of politics will remain valid.

 

           An implicit view of the ideas of Carl Schmitt can be distinguished from the editors’ introductory comments and selective quotations from these two works. Is Schmitt attempting to “drive a wedge” between liberalism and democracy thereby undermining the Weimar regime’s claims to legitimacy and pave the way for a more overtly authoritarian system? Is Schmitt arguing for a more exclusionary form of the state, for instance one that might practice exclusivity on ethnic or national grounds? Is Schmitt attempting to sanction the use of war as a mere political instrument, independent of any normative considerations, perhaps even as an ideal unto itself? If the answer to any of these questions is an affirmative one, then one might be able to plausibly argue that Schmitt is indeed creating a kind of intellectual framework that could later be used to justify at least some of the ideas of Nazism and even lead to an embrace of Nazism by Schmitt himself.

 

          It would appear that the expression “context is everything” becomes a quite relevant when examining the work of Carl Schmitt. It is clear enough that the excerpts from Schmitt included in the The Weimar Republic Sourcebook have been chosen rather selectively. As a glaring example, this important passage from second edition’s preface from The Crisis of Parliamentary Democracy has been deleted:

 

“That the parliamentary enterprise today is the lesser evil, that it will continue to be preferable to Bolshevism and dictatorship, that it would have unforseeable consequences were it to be discarded, that it is ’socially and technically’ a very practical thing-all these are interesting and in part also correct observations. But they do not constitute the intellectual foundations of a specifically intended institution. Parliamentarism exists today as a method of government and a political system. Just as everything else that exists and functions tolerably, it is useful-no more and no less. It counts for a great deal that even today it functions better than other untried methods, and that a minimum of order that is today actually at hand would be endangered by frivolous experiments. Every reasonable person would concede such arguments. But they do not carry weight in an argument about principles. Certainly no one would be so un-demanding that he regarded an intellectual foundation or a moral truth as proven by the question, What else?” (Schmitt, Crisis, pp. 2-3)

 

          This passage, conspicuously absent from the Sourcebook excerpt, indicates that Schmitt is in fact wary of the idea of undermining the authority of the Republic for it’s own sake or for the sake of implementing a revolutionary regime. Schmitt is clearly a “conservative” in the tradition of Hobbes, one who values order and stability above all else, and also Burke, expressing a preference for the established, the familiar, the traditional, and the practical, and an aversion to extremism, fanaticism, utopianism,  and upheaval for the sake of exotic ideological inclinations. Clearly, it would be rather difficult to reconcile such an outlook with the political millenarianism of either Marxism or National Socialism. The “crisis of parliamentary democracy” that Schmitt is addressing is a crisis of legitimacy. On what political or ethical principles does a liberal democratic state of the type Weimar purports to be claim and establish its own legitimacy? This is an immensely important question, given the gulf between liberal theory and parliamentary democracy as it is actually being practiced in Weimar, the conflicts between liberal practice and democratic theories of legitimacy as they have previously been laid out by Rosseau and others and, perhaps most importantly, the challenges to liberalism and claims to “democratic” legitimacy being made by proponents of totalitarian ideologies from both the Left and Right.

 

          The introduction to the first edition and first chapter of Crisis contain a frank discussion of both the intellectual as well as practical problems associated with the practice of “democracy”. Schmitt observes how democracy, broadly defined, has triumphed over older systems, such as monarchy, aristocracy or theocracy in favor of the principle of “popular sovereignty”. However, the advent of democracy has also undermined older theories on the foundations of political legitimacy, such as those rooted in religion (”divine right of kings”), dynastic lineages or mere appeals to tradition. Further, the triumphs of both liberalism and democracy have brought into fuller view the innate conflicts between the two. There is also the additional matter of the gap between the practice of politics (such as parliamentary procedures) and the ends of politics (such as the “will of the people”). Schmitt observes how parliamentarism as a procedural methodology  has a wide assortment of critics, including those representing the forces of reaction (royalists and clerics, for instance) and radicalism (from Marxists to anarchists). Schmitt also points out that he is by no means the first thinker to point out these issues, citing Mosca, Jacob Burckhardt, Belloc, Chesterton, and Michels, among others.

 

          A fundamental question that concerns Schmitt is the matter of what the democratic “will of the people” actually means, observing that an ostensibly democratic state could adopt virtually any set of policy positions, “whether militarist or pacifist, absolutist or liberal, centralized or decentralized, progressive or reactionary, and again at different times without ceasing to be a democracy.” (Schmitt, Crisis, p. 25) He also raises the question of the fate of democracy in a society where “the people” cease to favor democracy. Can democracy be formally renounced in the name of democracy? For instance, can “the people” embrace Bolshevism or a fascist dictatorship as an expression of their democratic “general will”? The flip side of this question asks whether a political class committed in theory to democracy can act undemocratically (against “the will of the people”) if the people display an insufficient level of education in the ways of democracy. How is the will of the people to be identified in the first place? Is it not possible for rulers to construct a “will of the people” of their own through the use of propaganda? For Schmitt, these questions are not simply a matter of intellectual hair-splitting but are of vital importance in a weak, politically paralyzed democratic state where the committment of significant sectors of both the political class and the public at large to the preservation of democracy is questionable, and where the overthrow of democracy by proponents of other ideologies is a very real possibility.

 

          Schmitt examines the claims of parliamentarism to democratic legitimacy. He describes the liberal ideology that underlies parliamentarism as follows:

 

“It is essential that liberalism be understood as a consistent, comprehensive metaphysical system. Normally one only discusses the economic line of reasoning that social harmony and the maximization of wealth follow from the free economic competition of individuals…But all this is only an application of a general liberal principle…: That truth can be found through an unrestrained clash of opinion and that competition will produce harmony.” (Schmitt, Crisis, p. 35)

 

For Schmitt, this view reduces truth to “a mere function of the eternal competition of opinions.” After pointing out the startling contrast between the theory and practice of liberalism, Schmitt suggests that liberal parliamentarian claims to legitimacy are rather weak and examines the claims of rival ideologies. Marxism replaces the liberal emphasis on the competition between opinions with a focus on competition between economic classes and, more generally, differing modes of production that rise and fall as history unfolds. Marxism is the inverse of liberalism, in that it replaces the intellectual with the material. The competition of economic classes is also much more intensified than the competition between opinions and commercial interests under liberalism. The Marxist class struggle is violent and bloody. Belief in parliamentary debate is replaced with belief in “direct action”. Drawing from the same rationalist intellectual tradition as the radical democrats, Marxism rejects parliamentarism as sham covering the dictatorship of a particular class, i.e., the bourgeoise. True democracy is achieved through the reversal of class relations under a proletarian state that rules in the interest of the laboring majority. Such a state need not utilize formal democratic procedures, but may exist as an “educational dictatorship” that functions to enlighten the proletariat regarding its true class interests. Schmitt then contrasts the rationalism of both liberalism and Marxism with irrationalism. Central to irrationalism is the idea of a political myth, comparable to the religious mythology of previous belief systems, and originally developed by the radical left-wing but having since been appropriated by revolutionary nationalists. It is myth that motivates people to action, whether individually or collectively. It matters less whether a particular myth is true than if people are inspired by it.

 

          It is clear enough that Schmitt’s criticisms of liberalism are intended not so much as an effort to undermine democratic legitimacy as much as an effort to confront the weaknesses of the intellectual foundations of liberal democracy with candor and intellectual rigor, not necessarily to undermine liberal democracy, but out of recognition of the need for strong and decisive political authority capable of acting in the interests of the nation during perilous times. Schmitt remarks:

 

“If democratic identity is taken seriously, then in an emergency no other constitutional institution can withstand the sole criterion of the peoples’ will, however it is expressed.” (Sourcebook, p.337)

 

          In other words, the state must first act to preserve itself and the general welfare and well-being of the people at large. If necessary, the state may override narrow partisan interests, parliamentary procedure or, presumably, routine electoral processes. Such actions by political leadership may be illiberal, but not necessarily undemocratic, as the democratic general will does not include national suicide. Schmitt outlines this theory of the survival of the state as the first priority of politics in The Concept of the Political. The essence of the “political” is the existence of organized collectives prepared to meet existential threats to themselves with lethal force if necessary. The “political” is different from the moral, the aesthetic, the economic or the religious as it involves first and foremost the possibility of groups of human beings killing other human beings. This does not mean that war is necessarily “good” or something to be desired or agitated for. Indeed, it may sometimes be in the political interests of a state to avoid war. However, any state that wishes to survive must be prepared to meet challenges to its existence, whether from conquest or domination by external forces or revolution and chaos from internal forces. Additionally, a state must be capable of recognizing its own interests and assume sole responsibility for doing so. A state that cannot identify its enemies and counter enemy forces effectively is threatened existentially.

 

          Schmitt’s political ideas are more easily understood in the context of Weimar’s political situation. He is considering the position of a defeated and demoralized Germany, unable to defend itself against external threats, and threatened internally by weak, chaotic and unpopular political leadership, economic hardship, political and ideological polarization and growing revolutionary movements, sometimes exhibiting terrorist or fanatical characteristics. Schmitt regards Germany as desperately in need of some sort of foundation for the establishment of a recognized, legitimate political authority capable of upholding the interests and advancing the well-being of the nation in the face of foreign enemies and above domestic factional interests. This view is far removed from the Nazi ideas of revolution, crude racial determinism, the cult of the leader and war as a value unto itself. Schmitt is clearly a much different thinker than the adherents of the quasi-mystical nationalism common to the radical right-wing of the era. Weimar’s failure was due in part to the failure of political leadership to effectively address the questions raised by Schmitt.

vendredi, 12 juin 2009

Roter Spitzeneurokrat

51kg5bzb.jpg

Roter Spitzeneurokrat

Die Sozialisten sind an der Wirtschaftskrise mitverantwortlich

von Andreas Mölzer

Als farbloser Eurokrat zeigte sich einmal mehr der rote Spitzenkandidat für die EU-Wahl, Hannes Swoboda, bei der ORF-„Pressestunde“ am vergangenen Sonntag. Der Vertrag von Lissabon, der Österreich sowie den übrigen 26 EU-Mitgliedstaaten die letzten Reste ihrer Souveränität nehmen soll, wurde vom stellvertreten Vorsitzenden der sozialdemokratischen Fraktionen im Europäischen Parlament in den höchsten Tönen gelobt. Damit wird deutlich, daß der angebliche Schwenk in der roten EU-Politik, den vor einem Jahr der damalige Bundeskanzler Gusenbauer und sein nunmehriger Nachfolger Faymann in einem Leserbrief an den Herausgeber der größten Tageszeitung des Landes kundtaten, nichts anderes eine Bürgertäuschung war.

Aber der Vertrag von Lissabon scheint Herrn Swoboda noch nicht weit genug zu gehen. Schließlich schwadronierte er am Pfingstsonntag im Staatsfunk von einem „EU-Sozialvertrag“. Gewiß, die EU muß aus der gegenwärtigen Wirtschafts- und Finanzkrise, zu deren Entstehen sie durch ihre Huldigung des freien Kapitalverkehrs erheblich beigetragen hat, ihre Lehren ziehen. Aber dazu braucht es keinen Sozialvertrag, der womöglich Brüssel Kompetenzen in den Bereichen Arbeitsmarkt und Soziales zuzuschanzt. Wichtiger wäre statt dessen ein Umdenken in der EU-Polit-Nomenklatura, damit sich die EU endlich in einen Schutzwall gegen die Globalisierung nach US-amerikanischem Vorbild verwandelt. Daß die EU bislang der Verteilerkreis der Globalisierung war, ist freilich nicht allein die Schuld der ach so bösen Neokonservativen, wie Swoboda in der „Pressestunde“ behauptet hat. Schließlich wird die allmächtige EU-Kommission von Europas Christdemokraten und Sozialdemokraten nach einem ausgeklügelten System zusammengestellt, das sogar den heimischen rot–schwarzen Proporz in den Schatten stellt. Ähnliches gilt für das Europäische Parlament, wo alle wichtigen Entscheidungen, bevor darüber im Plenum abgestimmt wird, von den beiden großen Fraktionen, der Europäischen Volkspartei und den Sozialisten, ausgepackelt werden. Und in der roten Fraktion des Europaparlaments ist Herr Swoboda kein unbedeutendes Rädchen, sondern der stellvertretende Vorsitzende. Auch im Europäischen Rat, der die Richtung der EU vorgibt, sind mit dem Briten Brown, dem Spanier Zapatero, aber auch mit Österreichs Bundeskanzler Faymann eine ganze Reihe Sozialdemokraten vertreten, die schon längst die von Swoboda kritisierten Mißstände hätten abstellen können.

Los partidos politicos, la institucion mas corrupta para los espanoles

Los partidos políticos, la institución más corrupta para los españoles

Ex: http://labanderanegra.wordpress.com/

Los españoles no aprueban a sus partidos políticos en materia de corrupción. Lo pone de manifiesto el Barómetro Global de la Corrupción 2009, presentado este miércoles por la organización Transparency Internacional en Madrid, que indica que son, junto con la administración pública, la institución más corrupta para los encuestados.

Se trata de una de las conclusiones de este informe mundial que evalúa en qué grado se percibe a las instituciones y los servicios públicos como corruptos y las medidas de los gobiernos contra este mal, apartado en el que los españoles también creen, en su mayoría, que a España le queda mucho por hacer.

En su sexta edición, este barómetro, que recoge las opiniones de 73.132 personas en un total de 69 países, revela que a nivel global estas dos instituciones- los partidos y la administración- se perciben como los sectores más corruptos.


Los encuestados españoles puntuan con un 3,6 la corrupción en el seno de los partidos en un baremo de uno (nada corrupto) a cinco (corrupción extrema). Otros sectores no salen mejor parados ya que el poder judicial obtiene un 3; las empresas, un 3,5; los medios de comunicación, un 3,1% y los funcionarios, un 3.

Un 44% consideran inefectivas las medidas del gobierno español para combatir la corrupción, frente a un 29% que cree que son eficaces.

Creciente desconfianza en el sector privado

A pesar de que a nivel mundial los encuestados consideran los partidos políticos como la institución nacional más corrupta, existe una preocupación creciente por la corrupción en el sector privado. Más de la mitad de las 73.132 personas entrevistadas creen que utilizan el soborno para influir en las políticas públicas, las leyes y las reglamentaciones, lo que supone un incremento de 8 puntos porcentuales en comparación a 2004.

Es generalizada la petición de una mayor transparencia al sector privado Desde Transparency Internacional aseguran que es necesario que las compañías se esfuercen por aplicar códigos anticorrupción en sus estatutos y se alejen de las reglamentaciones deficientes y de la falta de responsabilidad corporativa.

Del estudio también se desprende que los ciudadanos están dispuestos a respaldar activamente a empresas más transparentes. En definitiva, este barómetro 2009 deja claro que tanto el sector público como el privado tienen un largo camino por recorrer si desean recuperar la confianza de la sociedad.

El soborno menor, el sufrimiento de los más pobres

Al considerar las experiencias cotidianas de las personas con respecto a la corrupción, el barómetro revela que más de una de cada 10 personas en el mundo confiesan haber pagado un soborno en los últimos 12 meses anteriores a la encuesta.

Las familias más pobres siguen siendo las principales víctimas de esta corrupción menor. Así, según el informe, Camerún, Liberia, Sierra Leona y Uganda son los países cuyos ciudadanos sufren más sobornos. Más del 50% de los habitantes de estos países reconocer haber pagado de forma irregular por algún servicio.

En Medio Oriente y África del Norte 4 de cada 10 personas han pagado un soborno en el último año, la cifra se rebaja a 3 de cada 10 en el África subsahariana y a 1 de cada 10 en Asia y América Latina.

La cifra se convierten en insignificante en Norteamérica y la Unión Europea. En España, sólo un 2% de la población reconoce haber hecho frente al pago de un soborno en este mismo período de tiempo.

María Menéndez

Extraído de RTVE.

jeudi, 11 juin 2009

Brève analyse des élections européennes...

BRÈVE ANALYSE DES ÉLECTIONS EUROPÉENNES...

images.jpgVoici l'analyse des résultats des élections européennes que nous a adressé notre ami Coclés :

 

Ex: http://synthesenationale.hautetfort.com/

1/ EN FRANCE :

 

- Le premier enseignement de ces élections est la continuelle progression de l'abstention. Traditionnelle lors des élections européennes, celle-ci s'accroît encore en 2009, marquant une défiance grandissante des citoyens vis à vis du monde politique et vis à vis de la construction européenne. L'abstention touche particulièrement les classes populaires et les plus jeunes, ce qui a des implications immédiates pour les partis qui réalisent habituellement leurs meilleures performances dans ces couches de la population (extrême droite et extrême gauche).

 

- Succès de la droite sarkozyste, arrivée largement en tête. Une crise économique  sans précédent, l'usure du pouvoir et les virulentes attaques du PS et du MoDem contre la personne du chef de l'État n'ont pas réussi à affecter son potentiel électoral. Ceci étant, les réserves de voix de l'UMP semblent se tarir ; outre chez les abstentionnistes, elles ne se trouvent plus que chez les souverainistes qui ont subi une lourde défaite. La thématique de "l'Europe qui protège" l'a largement emporté sur celle de "la France seule". Une parenthèse semble se fermer de ce point de vue.

 

- Malgré la lourde défaite du Parti socialiste, la gauche réformiste, également présente chez les amis de Daniel Cohn-Bendit au sein de la liste Europe Écologie, ne recule pas et le camp social-démocrate s'il sait dépasser les querelles qui sont à l'origine de son émiettement partitocratique et s'il renforce son message écologiste, ce qui est probable, demeure un concurrent sérieux pour la droite libérale.

 

- De manière générale, les forces du "système" renforcent leur emprise électorale tandis que la contestation à prétention radicale continue de s'affaiblir alors que les circonstances, crise du capitalisme et crise écologique (qui sont fondamentalement une seule et même chose), paraissent pourtant susceptibles de ménager une voie nouvelle pour une contestation de fond.

 

- Les listes emmenées par Daniel Cohn-Bendit, José Bové et Éva Joly font jeu égal avec les socialistes et les dépassent dans de nombreuses villes et dans des grandes régions urbanisées comme l'Ile-de-France et le Sud-Est. S'adressant aux couches citadines les plus scolarisées de la population, qu'il serait caricatural de réduire aux "bobos", ces listes sont les seules à avoir pris au sérieux les enjeux proprement européens de cette élection. Emmenées par des personnalités notoirement connues mais atypiques, elles ont labouré le terrain depuis l'automne et n'ont pas hésité à délivrer un message sortant des ornières simplistes de la politique-slogan. Notons également que leurs leaders ne pratiquent pas la langue de bois habituelle, tout en se gardant de la démagogie simpliste. Autant de choses qui démentent les calculs et les pratiques de la plupart des États-Majors politiques.

 

- L'extrême droite lepéniste met un coup d'arrêt à sa descente aux Enfers. Les 6,3 % d'électeurs qu'elle rassemble, malgré une abstention massive, semblent devoir constituer un socle inaltérable. Le parti va donc continuer d'exister sous la houlette de Marine Le Pen. Comme c'était attendu, et comme le passé l'a toujours confirmé, les dissidences ne sont pas parvenues à percer dans l'électorat, bien que leurs scores ne soient pas ridicules, dans le Centre comme dans le grand Nord-Ouest. Notons pour finir que la liste Dieudonné perd son pari. Même si elle obtient son meilleur score en Seine-Saint-Denis, force est de reconnaître qu'elle n'a pas su mobiliser les Banlieues. Pour l'extrême droite comme pour l'extrême gauche, celles-ci demeurent des terres de mission rétives à toute politisation. La révolte "politique" des banlieues demeure un mythe, tant pour ceux qui y fondent des espérances "révolutionnaires" que pour ceux qui en manipulent le risque afin d'effaroucher les "bons Français".

 

- Enfin, même si un "nationaliste-autonomiste" corse se trouve élu sur la liste Europe Écologie du Sud-Est, le régionalisme est absent d'une compétition dont les circonscriptions territoriales sont incompatibles avec son expression.

 

2 / EN EUROPE :

 

Les résultats européens confirment pour la plupart les résultats français, laissant ainsi apparaître une homogénéisation des réflexes politiques à l'échelle du continent. La droite libérale et pro américaine se renforce partout, ce qui signifie que l'ancrage dans le capitalisme et dans la "solidarité atlantique" vont sans doute se durcir. Le rêve d'une Europe autonome dans le concert des grands espaces s'éloigne. Le slogan de l'Europe-puissance apparaît de plus en plus comme un voeu pieux.

 

Le recul de la social-démocratie est général, ce qui ne fait qu'enregistrer l'usure d'un discours qui n'a pas su s'adapter aux défis d'un libéralisme conquérant, souvent mâtiné de "populisme", qui parle sans complexe le langage de l'économie comme destin. En ce sens, le succès de la "droite européenne" est aussi l'indice d'une défaillance identitaire. De nombreux observateurs font par ailleurs remarquer que l'extrême droite progresse presque partout, ce qui est exact, mais peu mettent le doigt sur les impasses que celle-ci véhicule. Ces impasses sont de deux ordres. Nombre de ces mouvements sont tenaillés par un imaginaire libéral qui fait d'eux, en cas de besoin, de simples forces auxiliaires de la droite libérale, c'est-à-dire d'une idéologie qui incarne le contraire de ce que l'extrême droite est sensée "penser". Le deuxième point, c'est que ces extrêmes droites, étant souvent sous l'emprise des archéo-nationalismes, elles sont évidemment incapables de s'entendre et de peser à l' échelle du Parlement Européen. Il va de soi, par exemple, que pour un "nationaliste" hongrois l'ennemi principal, c'est le "nationaliste" roumain ou slovaque, bien plus que le concept abstrait que représente le "système". Il en va évidemment de même pour le nationaliste roumain. On pourrait multiplier les exemples.

 

À contrario, on peut dire que le succès des écologistes à l'échelle du continent est beaucoup plus porteur d'avenir que les succès des extrêmes droites, tout simplement parce que l'écologie unifie tandis que le nationalisme sépare.

 

Au total, aucune force ne semble se dégager à l'échelle du continent qui puisse faire barrage, voire même freiner, la réalisation du "modèle" européen tel qu'il est conçu par les oligarchies dirigeantes et mis en musique à Bruxelles.

 

Coclés

Elections européennes: retour sur les résultats

 Elections européennes : retour sur les résultats...

Robert Spieler 6.jpgpar Robert Spieler

Délégué général de la

Nouvelle Droite Populaire

 

Un triomphe pour Cohn-Bendit, une victoire pour Sarkozy, un échec cinglant pour Bayrou et Martine Aubry, la ringardisation de Villiers et du FN.

 

Le triomphe de Cohn-Bendit.

 

Les transferts importants de suffrages, tant du PS que du Modem, vers les écologistes expliquent ce triomphe. Les bobos des villes (cf les résultats impressionnants de certains arrondissements de Paris, où Cohn-Bendit écrase le PS et aussi l’UMP) ont voté massivement pour des listes qui ont eu le mérite d’aborder la question européenne et qui sont incarnées, au niveau national, par un homme qui dépasse largement ses concurrents en termes d’aisance et de charisme médiatiques. La diffusion sur France 2, deux jours avant le vote, du film écologiste « Home » d’Arthus-Bertrand, fort bien réalisé, a créé une ambiance, un « buzz » favorable aux préoccupations environnementalistes qui a fait basculer massivement des électeurs indécis. Il est aussi bien plus chic, dans un dîner, de dire que l’on a voté Cohn-Bendit plutôt que Bayrou ou Aubry. Ceci dit, la chaîne publique, qui n’a rien à refuser à Sarkozy, a délibérément choisi de programmer ce film la veille du scrutin, avec comme conséquence mécanique d’affaiblir le PS. Elle s’en défend en prétendant que la décision avait été prise il y a un an et qu’elle ignorait la date des élections européennes. Elle se moque du monde. Les élections européennes ont toujours lieu début juin…

 

L’effondrement de Bayrou.

 

Le problème de Bayrou est qu’il est persuadé d’avoir un destin. Las, il n’a pas la stature, ni la « gueule » d’un destin. Son électorat est par ailleurs composé, pour reprendre la formule d’Abel Bonnard, de « modérés, modérément courageux ». Les modérés n’aiment ni les invectives, ni les coups bas, ni l’opposition frontale au Pouvoir. Bayrou ne sera jamais président, si ce n’est de son parti, condamné à se réduire comme peau de chagrin. Même le talentueux polémiste (et excellent connaisseur de la chanson française) Jean-François Kahn, tête de liste du Modem dans la région Est, n’aura pas réussi. C’est que le produit vendu n’est pas bon et ne correspond pas aux attentes des acheteurs potentiels. Un flop en termes de marketing…

 

La victoire de Sarkozy.

 

Cette victoire est certes relative, puisqu’on peut considérer, pour se consoler, que 70% des Français ont voté pour d’autres listes. Le raisonnement est quelque peu spécieux. L’UMP a certes bénéficié de la faiblesse de ses adversaires, mais la victoire n’en est pas moins réelle. L’habileté manœuvrière et le cynisme de Sarkozy, qui pratique l’ouverture à gauche tout en s’exprimant contre l’entrée de la Turquie dans l’U.E., autorisant cependant la poursuite des négociations, gesticulant sur des thématiques sécuritaires, « enfume » littéralement les électeurs. Sarkozy bénéficie aussi de l’insigne médiocrité de ses adversaires et de la propagande diffusée par des médias complaisants. Nul besoin d’un ministère de l’Information, comme ce fut le cas sous De Gaulle. Aujourd’hui, les vassaux précèdent les désirs de leur maître…

 

Le lourd échec du PS.

 

Englué dans ses divisions, les querelles d’ego et l’inanité de son programme qui s’exprime en phrases sentencieuses et creuses, le PS n’est plus, depuis longtemps, un parti proche du peuple. Son électorat, largement composé de fonctionnaires, de bobos et d’apprentis bobos, est d’une solidité et d'une fidélité relatives. La faiblesse de Bayrou aurait pu cependant permettre au PS de s’ériger en opposant n° 1 de l’UMP sans l’irruption tonitruante de Cohn-Bendit. Le PS n’a cependant pas d’inquiétude majeure à avoir quant aux prochaines échéances, dès lors qu’il saura réaliser son unité. Pour ce qui concerne l’élection présidentielle, Cohn-Bendit a d’ores et déjà annoncé qu’il ne serait en aucun cas candidat, témoignant d’une lucidité certaine quant à ce qu’est une élection présidentielle et ce que sont des européennes.

 

Une extrême gauche qui n’émerge pas.

 

On aurait pu imaginer que la crise sociale et économique pouvait représenter un puissant vecteur de développement de l’extrême gauche. Rien de tel. Le NPA de Besancenot (étrange idée de changer le nom de son mouvement la veille de l’élection) se situe sous la barre des 5%. Le Front de gauche (PC et Mélenchon) dépasse les 6%. Difficile d’être révolutionnaire et d’avoir des visées électoralistes. Difficile de mobiliser un éventuel électorat issu de l’immigration, quand celui-ci se fiche des élections. Difficile de mobiliser les « petits blancs » sur la thématique intégrationniste et collaborationniste. Proudhon, au secours…

 

La ringardisation souverainiste : MPF et FN.

 

L’erreur de Villiers fut d’abandonner son sigle MPF, relativement connu, pour Libertas, totalement inconnu. Le discours anti-européen, fût-t-il justifié pour ce qui concerne cette Europe des nains de Bruxelles, ne rencontre plus qu’un faible écho chez des Français bien conscients que les enjeux économiques et sociaux liés à la crise, les enjeux diplomatiques et ceux de la Défense ne peuvent être résolus à l’échelle du seul hexagone.

 

Le FN, quant à lui, continue d’asséner des slogans absurdes et irréalistes, tels le retour au franc et l’abandon de l’euro. Un discours ringard et passéiste. Le FN atteint un étiage de l’ordre de 6% des suffrages, qui lui permet  de conserver trois élus au Parlement européen, contre sept auparavant, mais  lui interdit d’espérer, vu le mode de scrutin imposant d’atteindre la barre des 10%, une espérance de succès aux prochaines élections régionales. La quasi disparition de conseillers régionaux et les départs massifs des derniers cadres de valeur empêcheront ce mouvement de réunir les 500 signatures de maires et de conseillers régionaux pour présenter un candidat à l’élection présidentielle. Sauf si Sarkozy le décide. Pourquoi le ferait-il ? Aider Marine Le Pen à représenter un Front familial et résiduel pourrait empêcher, dans son esprit, l’émergence d’une résistance nationale et identitaire puissante. La vacuité idéologique, l’hystérie comportementale, une exceptionnelle capacité à diviser, l’insulte comme vade-mecum politique, qui caractérisent Marine Le Pen, sont de puissantes qualités pour la stratégie de Sarkozy, qui ne verrait au demeurant que des avantages à ce qu’elle soit élue maire d’Hénin-Beaumont, ce à quoi l’UMP (et le PS) s’emploient en présentant des têtes de liste particulièrement médiocres.

 

Caton l’Ancien concluait tous ses discours, devant le Sénat de Rome, par cette formule : « Delenda est Cartago », Carthage doit être détruite, pour que Rome vive. Oui, Carthage doit être détruite.

 

- Lisez l’analyse particulièrement intéressante de Coclés sur le site Synthèse Nationale, concernant les élections européennes.

- Lisez aussi, vendredi prochain, l’article de Robert Spieler : « Que faire ? »

Réinformation sur les élections européennes

drapEurop.jpg

 

Réinformation sur les élections européennes

ex: http://www.polemia.com/

Les grands médias jouent un rôle croissant sur les élections : d’abord en influençant directement les électeurs (l’opération du film Home fut exemplaire à cet égard) ; ensuite en commentant le verdict des électeurs dans le sens qui convient à l’idéologie dominante. D’où l’utilité de mettre en lumière par la réinformation les aspects occultés des scores électoraux (*).


Le recul des groupes politiques co-gestionnaires de l’Union européenne


Le Parlement européen est dirigé par deux groupes principaux :
- le groupe populaire démocrate chrétien, en léger recul de 36,7% à 35,9% ;
- le groupe socialiste, en recul important de 27,6% à 22% ;
soit une chute globale des forces dominantes de 64,3% à 57,9%.

Le troisième groupe en ordre d’importance, le groupe libéral, recule lui aussi, passant de 12,7% à 10,9%.

Il convient par ailleurs de noter que le groupe démocrate chrétien sera amputé de 10% de ses effectifs : les conservateurs britanniques (25 députés) ayant annoncé durant la campagne électorale qu’ils quittaient ce groupe eurofédéraliste.


La modeste progression des écologistes

Servi par un calendrier médiatique plus que favorable – avec la Journée de l’environnement le 5 juin et le lancement mondial du film Home – les écologistes sont passés de 5,5% à 7,1%. Une progression finalement modeste, d’autant qu’elle est largement due à un seul pays, la France : en termes de sièges, la progression des Verts ne sera que d'un siège en dehors des 8 sièges supplémentaires apportés par les listes Cohn-Bendit !


La forte progression des listes « autres »

Une fois de plus le scrutin européen a été marqué par une progression de l’abstention qui atteint 56,91% en moyenne dans l’Union, soit 2,6% de plus qu’en juin 2004. Or cette désaffection des électeurs pour les urnes européennes se double d’une forte croissance des votes en faveur des non-inscrits et des « autres » : ces listes diverses avaient obtenu 3,8% des suffrages en 2004 ; elles quadruplent leurs voix avec 12,6% des suffrages en 2009. Signalons à ce sujet la percée de la liste des « Pirates », favorables aux libertés sur Internet, qui recueille 7,1% des suffrages et gagne 1 siège en Suède.


La percée des listes nationales et identitaires

Mais au sein de ces « autres » le phénomène le plus notable – et le plus occulté – c’est la percée des mouvements nationaux et identitaires. Les résultats les plus significatifs sont obtenus :

- en Grande-Bretagne, avec le Parti national britannique (BNP) qui obtient 8,4% des suffrages et deux sièges, dans un contexte de très grande hostilité de l’Etablissement britannique à l’égard des nationaux ;

- en Autriche, où le Parti des libertés (FPÖ) qui a fait campagne contre « l’entrée de la Turquie et d’Israël dans l’Union européenne » double son score de 2004 et obtient 13,1% des suffrages (18% au total avec le BZÖ de feu Jorg Haïder) et deux sièges ;

- aux Pays-Bas, avec le Parti des libertés de Geert Wilders, radicalement hostile à l’immigration et à l’islamisation, qui obtient 17% des suffrages et quatre députés ;

- au Danemark, où le Parti du peuple danois double ses suffrages et obtient deux sièges avec 14,8% des voix ;

- en Hongrie, où le Mouvement pour une meilleure Hongrie, très critique sur l’islam et l’immigration, recueille 14,77% des suffrages et envoie 3 députés à Bruxelles ;

- en Italie, où la Ligue du Nord double aussi ses suffrages et le nombre de ses députés, avec 10,22% (rassemblant ainsi plus de 20% des électeurs dans le nord du pays là où elle est candidate) et 8 parlementaires européens ;

- en Finlande, où le Parti des vrais Finlandais obtient 14% des voix (au lieu de 0,5% en 2004) et gagne deux sièges ;

- en Grèce, où le Rassemblement populaire orthodoxe (LAOS) double ses voix (7,45%) et obtient deux sièges ;

- en Flandre, où le Mouvement flamand (Vlaams Belang) obtient 15,98% des suffrages et deux sièges ; en recul toutefois de 7,58% par rapport à 2004 en raison de la concurrence de deux nouvelles listes nationales et populistes : la Nouvelle alliance flamande (NVA : 9,71%) et la Liste Dedecker (LDD : 7,41%), soit un total de 32,94% ;

- en Bulgarie, le Parti national Ataka, qui a fait campagne contre l’entrée de la Turquie dans l’Union, double ses voix et ses sièges et obtient 12,1% et deux mandats ;

- en Lettonie, l’Union pour la patrie et la liberté obtient 7,5% et un siège ;

- en Lituanie, le mouvement Ordre et Justice obtient 12,45% et deux sièges ;

- en Slovaquie, le Parti national slovaque (SNS) emporte un premier siège avec 5,5% des voix ;

- en Roumanie, les nationalistes du Parti de la Grande Roumanie reviennent au Parlement européen avec deux sièges et un score de 8,7%.

Il n’y a qu’en France qu’on observe un mouvement de recul, le Front national passant de 9,8% à 6,3% et ne conservant que 3 sièges sur 7.

En dépit de cette particularité française, les résultats de ces mouvements pensant « mal » sont notables : malgré les campagnes de diffamation, de diabolisation et de limitation d’accès aux médias, ces mouvements obtiennent 35 sièges (France non comprise), soit un triplement de leur représentation.


Les souverainistes pâtissent de leurs ambiguïtés

Libertas, le mouvement de réforme de l’Union européenne de l’intérieur, lancé par l’Irlandais Declan Ganley, échoue partout : son seul député sera Philippe de Villiers, en net recul en France, avec 4,6% des suffrages.

Dans les pays scandinaves « les Mouvements de juin » qui avaient fait élire des députés en Suède et au Danemark disparaissent : au Danemark la chute de 9% à 2,3% des suffrages s’explique par une prise de position en faveur de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne !

A contrario, il faut noter le bon résultat de l’Union pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) qui se maintient à 16% malgré le repositionnement eurosceptique du Parti conservateur britannique. En Autriche la liste de Hans-Peter Martin progresse même de 14,04% à 17,9%. Les résultats autrichiens et britanniques sont d’autant plus significatifs qu’ils s’accompagnent d’une forte progression des mouvements anti-immigration.


La vraie fausse victoire de l’UMP

Dans ce concert européen, la France fait triplement bande à part :

- les écologistes y progressent fortement, ce qui n’est pas le cas dans le reste de l’Europe ;

- les mouvements nationaux et identitaires y régressent, a contrario de ce qui est observé dans la quasi-totalité des pays européens ;

- le parti au pouvoir y réalise un score de moins de 30%, ce qui est très rare en Europe.

Ce dernier point mérite un éclaircissement :

Les médias et la classe politique française ont souligné comme un succès les 27,8% des suffrages obtenus par l’UMP. Une comparaison avec nos voisins  européens conduit à relativiser ce résultat.

Le Parlement européen classe visuellement les données électorales pour faire apparaître à part les scores des partis et coalitions de gouvernement : beaucoup dépassent 40%, voire 50% des suffrages. Très peu ne parviennent pas à franchir la barre des 30%. L’UMP est dans ce cas et s’y trouve en bien mauvaise compagnie aux côtés de :

- trois partis socialistes en débâcle : le Labour britannique (15,3%), le Parti socialiste hongrois (17,34%) et le Parti socialiste portugais (26,5%) ;
- et de deux formations gouvernementales de pays au bord de la faillite : l’Irlande (25,97% pour la coalition nationale) et l’Estonie (27,55% pour la coalition modérée).


Conclusions

Ainsi les lignes de force de ces élections européennes sont bien différentes de celles qui ont été présentées aux Français.

Le désaveu de l’Union européenne se manifeste :

- par la progression de l’abstention (+ de 2,6%) ;

- par le recul des groupes gouvernant le Parlement européen (socialiste et démocrate chrétien) : -6,4% ;

- par la progression considérable des formations « autres » : +8,8% ;

- par le triplement des sièges (hors France) des mouvements nationaux et identitaires, clairement hostiles à l’immigration, passant de 14 à 35 ;

- par l’affaiblissement des groupes euro-fédéralistes par l’abandon du PPE par le Parti conservateur britannique.

Bien sûr, chacun de ces points mériterait d’être analysé en profondeur. Ce n’était pas l’objectif de cette étude qui visait simplement à rappeler l’objectivité des faits.

J.-Y. Le Gallou

Polémia

10/06/2009





(*) Cette étude est faite à partir des résultats communiqués par le Parlement européen :

http://www.elections2009-results.eu/fr/new_parliament_fr.html

Par souci de simplification, nous n’avons pris en compte que les formations ayant obtenu des élus.

Pour en savoir plus sur l’historique des mouvements populistes en Europe, le lecteur pourra utilement se reporter à ma communication à la XXIVe Université annuelle du Club de l’Horloge : « Europe : le temps joue pour le populisme »
http://www.polemia.com/article.php?id=1803

 

J.-Y. Le Gallou