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lundi, 09 décembre 2013

La France périphérique, invisible aux yeux des élites!

Christophe Guilluy, géographe : « La France périphérique représente 60% de la population, mais elle est invisible aux yeux des élites »

Ex: http://fortune.fdesouche.com

christophe guilly.pngReçu début octobre à l’Elysée par François Hollande pour évoquer les “Fractures françaises” (sujet de son ouvrage paru en 2010), Christophe Guilly revient pour nous sur cette “France fragile” éloignée des grandes villes et victime de la mondialisation.

Courrierdesmaires.fr. Vous travaillez sur la géographie sociale et, en particulier les classes populaires. Quel est votre constat ?

Christophe Guilluy. Pour la première fois de l’histoire, les classes populaires ne sont pas intégrées au projet économique et social des dirigeants. Contrairement à ce qui a prévalu jusque-là, elles ne résident plus dans les territoires où se crée la richesse, mais dans une France périphérique, à l’écart des grandes métropoles. Celle des territoires ruraux, des petites villes moyennes, et d’une partie du périurbain. Ouvriers, employés, les jeunes et les retraités issus de ces catégories, les petits paysans constituent ce qu’on peut appeler les nouvelles classes populaires. Elles habitent désormais dans des territoires éloignées du marché de l’emploi. La France périphérique représente 60 % de la population, mais elle est invisible aux yeux des élites.

Pourquoi cette invisibilité ?

C. G. Elles le sont d’une part parce qu’on a abandonné « la question sociale » dans les années 80, mais aussi parce que ces catégories vivent dans cette France périphérique éloignée des métropoles d’où proviennent les élites.

Loin de Paris, mais aussi des grandes villes qui sont les premières bénéficiaires de l’économie mondialisée et d’une société ouverte. Mécaniquement, les politiques publiques se sont de plus en plus concentrées sur les grandes villes, qui rassemblent désormais 40 % de la population, en délaissant la nouvelle question sociale naissante dans la France périphérique.

Outre son invisibilité, quelles sont les caractéristiques de cette population ?

C. G. On ne peut pas dire qu’elle ait une conscience de classe. Mais cette France périphérique représente désormais un continuum socioculturel où les nouvelles classes populaires sont surreprésentées. Elles ont en commun d’être des victimes de la mondialisation. Elles habitent loin des territoires qui comptent et qui produisent le PIB national. Si les ouvriers étaient au cœur du système productif et donc dans les villes, aujourd’hui, les nouvelles classes populaires sont au cœur d’un système redistributif de moins en moins performant.

Dans vos travaux, vous parlez de France intégrée et de France fragile. La crise que traverse la Bretagne peut-elle s’expliquer à l’aune des deux France ?

C. G. Oui. Regardez, la crise en Bretagne ne se déroule pas à Rennes, Brest, ou Nantes, ce que j’appelle la France intégrée. Mais bien dans les périphéries, dans les petites villes, les zones rurales où se cumulent les effets de la récession mais aussi la raréfaction de l’argent public.

Cette crise en Bretagne rend visible cette nouvelle classe populaire où les ouvriers, les employés, les petits patrons se retrouvent ensemble à manifester

Dans cette France fragile, il n’y a pas de création d’emploi. On comprend bien la rage de ces manifestants face à la fermeture des entreprises. D’autant que les personnes dans ces territoires ne sont pas mobiles, ne serait-ce que pour des questions de logement. Cette crise en Bretagne rend visible cette nouvelle classe populaire où les ouvriers, les employés, les petits patrons se retrouvent ensemble à manifester. C’est d’autant plus déstabilisant que cela se déroule en Bretagne, une région qui a priori va bien – contrairement au Nord-Pas-de-Calais par exemple.

Cela aura-t-il des conséquences pour les élections municipales de mars 2014 ?

9782081289611-r.jpgC. G. La défiance des classes populaires vis-à-vis des responsables politiques gagne maintenant les maires, qui sont considérés comme impuissants face au délitement du territoire et eux-mêmes victimes des décisions et des représentations portées par les élites.

Politiquement, ces nouvelles classes populaires sont désormais très éloignées des grands partis, c’est pourquoi elles constituent l’essentiel des abstentionnistes et des électeurs du Front national.

Une partie de la France fragile vit également dans les métropoles, et notamment dans les banlieues. Vous écrivez que la société est « sur le chemin d’un modèle communautaire »…

C. G. Oui, bien que les élus refusent de l’admettre publiquement, les grandes métropoles sont les territoires les plus inégalitaires où cohabitent des classes populaires immigrées et des classes supérieures dominantes. La diversité culturelle participe au brouillage des différences entre classes. La lutte des classes pour l’égalité sociale laisse ainsi la place à un combat pour la diversité qui quelque part légitime les inégalités.

La question sociale se déplace vers la question ethnoculturelle sans être toutefois assumée par les élus qui ont tendance à laisser aux fonctionnaires de terrain le soin de gérer les tensions communautaires.

Le Courrier des maires et des élus locaux

vendredi, 22 novembre 2013

Elementos n°58: Critica de la sociedad de consumo

ELEMENTOS Nº 58. CRÍTICA DE LA SOCIEDAD DE CONSUMO: DE SIMMEL A BAUDRILLARD

 
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Sumario


El fin del Pacto con el Diablo,
por Jean Baudrillard

Teorías del consumo simbólico: del consumo estatutario al consumo identitario,
por Roberto Munita

La dictadura del signo o la sociología del consumo del primer Baudrillard,
por Luis Enrique Alonso

Simmel y la cultura del consumo,
por José Miguel Marinas

Consumismo y sociedad: una visión crítica del homo consumens,
por Susana Rodríguez Díaz

El Consumo como Cultura. El Imperio total de la Mercancía,
por José Antonio Zamora

El Imperio del Consumo,
por Eduardo Galeano

El consumo como signo en Baudrillard,
por Carlos Valdés Martín

Thorstein Veblen y la tiranía del consumo,
por Guillaume Faye

Consumismo-Capitalismo, la nueva religión de masas del siglo XXI,
por Pedro A. Honrubia Hurtado

Del mundo del consumo al consumo-mundo. Lipovestky y las paradojas del consumismo,
por José Francisco Durán Vázquez

La fábula del bazar. Orígenes de la cultura del consumo,
por Carlos Soldevilla

lundi, 28 octobre 2013

L'AUCTORITAS

hadrian4.jpg

L'AUCTORITAS
 
Un non sens dans une société dépourvue de sens

Georges Maurice*
Ex: http://metamag.fr
 « Je vois une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits vulgaires plaisirs dont ils emplissent leur âme. 
 Au-dessus de ceux-là, s'élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d'assurer leur jouissance, et de veiller sur leur sort .. .
Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux.
Il ressemblerait à la puissance paternelle, si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril, mais il recherche au contraire, qu'à les fixer irrévocablement dans l'enfance ». 
Alexis de TOCQUEVILLE. »

Quelle lucidité et quel drame prophétisé ... et pourtant tout était dit, tout était aperçu ... pour l'aristocrate attaché à l'équilibre des forces et des libertés, cette prescience des ravages, de l'anonymat et de la massification par excès d'égalisation, laisse un sentiment amer. Car malheureusement, les individus étant reconnus comme autosuffisants, le pouvoir n'a plus à tenter de leur faire partager un sens. Toute préoccupation touchant aux finalités de l'existence ne suscite que l'indifférence des pouvoirs publics qui réduisent le Bien Commun au bien de chacun.

Dans les sociétés traditionnelles, les différents corps intermédiaires formaient, comme l'avait indiqué Tocqueville, autant de contre-pouvoirs à une puissance qui gardait le dernier mot par l'Auctoritàs, c'est à dire par l'autorité, c'est à dire par une majesté au centre des structures symboliques de la Société. (Alexis Tocqueville - de la Démocratie en Amérique, Ed. Flammarion 1981 - Vol 2 p.360)

Les temps modernes ont fait le choix de l'individu, de ses droits de créances sur la Société, et ainsi furent organisés les instruments susceptibles de lui garantir ses assurances, son assistance ... Toutes choses autrefois prises en charge par ses appartenances organique: famille ou communautés éthnoculturelles. Cet individu nouveau fut coupé de ses lieux d'identification ; la révolution industrielle, le lien marchand le firent anonyme. L'auctoritàs en perdit sa relation privilégiée avec le ciel, le pouvoir au centre du contrat politique est devenu l'instrument du bonheur humain.

Dans la Société traditionnelle, l'individu est membre d'un ensemble organique, sa singularité est reconnue mais dans le rôle qu'il accomplit pour le "Nous ». Dans la Société anthropomorphique "l’homme ne reçoit plus ses normes de Dieu, des lois ou de la nature des choses, il prétend les fonder lui-même à partir de sa Raison et de sa volonté » (Alain Renaut : l'individu, réflexions ou la philosophie du sujet, ed. Hatier). La cour du Roi est donc devenue déserte.

En réalité, l'Auctoritàs s'approchait des Dieux, le pontife tutoyait le ciel. Elle ne se confondait pas avec la détention du pouvoir suprême, elle puisait son autorité dans l'éminence et le respect, dans le souci du bien commun. Instituée dans le Prince, elle ne se réduisait pas au Prince, ni ne s'exprimait par l'absolutisme ou par l'arbitraire.

L'Auctoritàs consistait à élaborer une structure du pouvoir tel que son principe soit uni à la forme de son exercice (Gérard Mayret : les doctrines du pouvoir Gallimard 1978, Ed. Gallimard p21). En fait, le titulaire du pouvoir n'était que le dépositaire du principe qui ordonnait l'ensemble de la Société. Le Pape, le Roi étaient au centre des modèles symboliques. La Nation, personnification collective des individus leur succède, mais son dépositaire en fera une mystique comme d'autres en feront de même avec le peuple pour "qu'une multitude d'hommes devient une seule personne ...." Selon le mot de Hobbes ( Hobbes, le Léviathan chapitre XVI) . 

Quant à la finalité de l'action politique, elle est définie par le principe qui structure le Prince ... Il est au service du Bien Commun. D'Aristote à Saint Thomas, de Marcile de Padoue à Montesquieu, le bien commun ne se réduit pas au bien-être matériel, il est une réponse pour que l'au-delà ne soit pas mis en péril par l'en-deça. Tant il est vrai que le discours sur la Mort était au coeur de la vie dans ce monde où le ciel vivait avec les hommes dans la Cour des cathédrales.

La Mort de Dieu constatée par Nietzche , les orages d'acier subis par les hommes au cours des deux guerres mondiales, ont rendu la Cour du Roi déserte. Ni croyant, ni foi, n'animent ce nouveau monde, ou plutôt une nouvelle philosophie émerge celle des droits de l'Homme, dont la mission est d'apporter une légitimité morale globale. Elle pose pour ce faire quelques principes simples, tous indispensables à l'homogénéisation économique du Monde.
- Le premier : le citoyen consommateur prévaut sur les communautés d'appartenance ... je consomme donc je vote.
- En second lieu, les identités culturelles sont immorales face à l'aspiration des hommes à jouir de droits universels identiques.
- En troisième lieu : ces droits portent en majorité sur la satisfaction de besoins quantifiables défini par rapport au modèle dominant.
- Enfin, une organisation de la planète selon ces trois premières règles est préférable à une liberté laissée à des formes locales de Gouvernement.

Ainsi, un ordre mondial humaniste et politique se met en marche où le monde de vie remplace la politique. Tandis que la Société se conforme à ce qui est commun dans tous les programmes de tous les partis. Jusqu'au milieu du XXème siècle, la légitimité était de nature politique, aujourd'hui elle change de lieu, la politique se passe ailleurs que dans les instances qui lui sont officiellement dédiées. La Société ne trouve plus ses décideurs parmi les élus, car elle est devenu opaque, éclatée en réseaux, le Roi est nu. L'autorité n'a plus de sens, alors s'ébrouent les Seigneurs de guerre, puissants sans autorité.

Roi nu ou l’Autorité sans sens

Si l'Auctoritàs exprimait le principe qui ordonnait le monde, alors naturellement les individus dans leur communauté s'agrégeaient au monde et à son rythme. L'intensité du lien social se construisait sur une adhésion à une finalité commune du pouvoir et de la Société. Aujourd'hui, cette conjugaison des formes et des forces s'est évanouie du fait de la dissolution du lien social et du triomphe du « mou ». La dissolution du lien social, quelques chiffres ravageurs en témoignent.

hadrian_g.jpgOn enregistre en France par an, plusieurs milliers de suicides. Tous les dix ans, c'est une ville moyenne qui disparaît ainsi. La hausse du taux des suicides est un signe flagrant d'un mal vivre subjectif. « Ce chiffre augmente chaque fois que la Société ne parvient plus à signifier la relation de ces membres entre eux » note le psychologue Tony Anatrella. En vingt ans, la délinquance en pourcentage de la population a été multiplié par 10, les admissions en hôpitaux psychiatriques ont triplé, la consommation de médicaments tranquillisants a été également multipliée par 10, le recours à la drogue a été massif. C'est un véritable prozac sociologique ! Les hommes se mettent à vivre comme des monades « sans portes, ni fenêtres », selon la forte expression de Leibniz.

Le triomphe du « moi » et du narcissisme destructeur

Il n'est pas paradoxal de penser que la progression du taux d'incivisme est parallèle à celle de l'individualisme et du « moi ». Plusieurs indices en témoignent tandis que s'effrite l'intérêt pour le bien commun.

Pour apprécier la diffusion des valeurs individualistes, on dispose d'un certain nombre d'enquêtes réalisées au niveau européen. Les résultats sont concordants : tous les sondages montrent une progression constante de la tolérance à l'égard de la transgression des règles ! Cette transgression acceptée l'est encore plus pour les atteintes au biens communs « exemple : acheter un objet volé, percevoir des allocations indues... ». En outre, on adhère encore plus aux valeurs individualistes lorsqu'on est jeune. Ce n'est pas du à l'âge en soi, car chaque génération nouvelle se situe à un niveau d'individualisme plus fort (R. Schweisguth : la montée des valeurs individualistes. Ed. Persée) .

En outre, la mentalité d'assisté fait se généraliser le comportement du « passager clandestin». Le mot est de Mancur Olson. Cette conduite consiste à tout attendre d'une action collective à laquelle on s'abstient de participer soi-même. En d'autres termes, on laisse aux autres, le soin de revendiquer et l'on se contente de participer au bénéfice de la revendication. C'est ce qui fait la force des syndicats de la fonction publique, les salariés du secteur privé soutiennent toujours leurs grèves.( Mancur Olson - Logique de l'action collective. PUF ).

Ainsi, une véritable indifférence à l'égard du bien commun se manifeste. De moins en moins d'individus se conforment aux exigences civiques, moins par rébellion, que par anticipation du comportement des autres et par une fascination exclusive au bénéfice de l'Avoir.

Le critère des personnes consiste à présupposer le comportement des acteurs qui gèrent leur sort. C'est cet esprit qui anime aujourd'hui l'individu, car il anticipe, par une certaine lecture du spectacle social, que ses congénères ne respecteront pas les exigences civiques. La confiance impliquée par le lien social ayant disparue, il ne reste que des stratégies individuelles, alors que l'individu sait encore peut-être, qu'une stratégie collective serait plus profitable à tous ! Cependant, ces comportements se généralisent aussi du fait de l'impératif de la réussite concurrentielle. La considération sociale ne s'attache plus qu'à la réussite matérielle. Donc, tous les raccourcis sont bons, soit par les ascenseur sociaux que sont le sport ou le show business, soit par la débrouille, plus rarement désormais par l'Ecole.

Une sorte de narcissisme destructeur affecte ainsi les classes moyennes qui constituent la structure centrale des Sociétés sociales démocrates. Ceci s'inscrit naturellement dans les conséquences de l'individualisme, car il postule le foisonnement des « moi », des subjectivités au détriment des valeurs vécues collectivement qui peuvent mettre en forme la Société.

Les individus ne se sentent plus liés, car ils n'ont plus rien en commun.

« Cette Société sans croyance forte, est une Société qui meure », selon Régis Debray. Or, en quoi les Sociétés post-industrielles peuvent-elles croire en commun? On ne meurt pas pour un comportement économique, pas plus qu'on ne perçoit d'avenir, si son propre imaginaire est dominé par la centrale culturelle mondiale qui est devenue Hollywood. Il existe un rapport évident entre l'effritement du sens et la destruction de la dimension historique du corps social.
En fait, c'est un véritable vide communautaire qui caractérise le corps social, tandis que la relation sociale devient virtuelle.

La désagrégation des communautés organiques crée un anonymat médiocre et réduit les fonctions essentielles à l'échange marchand. Pourtant, on voit se multiplier des phénomènes de « déliaison » ... «L'individolâtre» déserte les affaires publiques, il ne connaît plus ses voisins, ni ses fournisseurs, ni ses proches .... Il enferme ses parents dans de lointaines maisons de retraite et ne rencontre ses enfants qu'en copain ...Il préfère le divorce tant il est vrai que n'ayant plus aucun intérêt pour la famille souche ( l'expression de Mme Evelyne SULLEROT), il préféra la cassure sur un mode infantile .

Ainsi, la famille a été privatisée, c'est à dire, coupée du social. Elle a été privée de ses fonctions essentielles qui faisaient sa raison d'être, qu'il s'agisse de la reproduction, de la garde et de l'éducation des enfants, des soins donnés aux malades ou au vieillards. Elle n'est plus aujourd'hui qu'une structure refuge, une sorte de cocon abri, où les enfants n'ont que des droits et les adultes des devoirs ... Ainsi, l'enfance se prolonge et le monde adulte s'infantilise ... Les rites de passage d'une classe d'âge à une autre ont tous disparu .... Le devoir de rester jeune articule une Société «faustienne » où le passé est aboli et le présent «éternisé ».

Les modes de vie deviennent indifférenciés ; avant le boucher et le boulanger, l'instituteur avaient un code de vie différent, parfois même un langage différent. Aujourd'hui, le consumérisme oblige à l'homogénisation pour des productions de masse au service d'un goût de masse. Tout ce monde aime la même marchandise, seule varie la quantité d'objets consommés en fonction du pouvoir d'achat ... Même les villes dites modernes en réalité, victimes de la charte d'Athènes ou du Corbusier, sont devenues anonymes et marchandes : « la ville est devenue un pur système de structure fonctionnelle et corrélativement d'individus isolés qui se meuvent dans toutes les directions sans autre but que les flux de consommation et du spectacle » (Pietro Basselonna, Economie barbare).

La relation sociale devient virtuelle.

Le spectateur ne vit plus en direct, il connaît une existence de seconde main, il perçoit une Société en trompe l'oeil. On se nourrit de la subjectivité de l'autre parce que l'on ne sait plus vivre la sienne ..... le spectateur est devenu lui-même un extérieur à lui-même ... L'individu moderne est un homme sans intérieur, son imaginaire et sa pensée symbolique ont été facilement saccagée par le mode de communication ambiant ...

L'Ecole qui promeut exclusivement un enseignement utilitariste, ne le forme plus à la mémoire et à la mise en perspective. « Retranchés dans nos domicilies à recevoir les images du monde entier, nous ne vivons plus dans notre propre vie »( in les citoyens et le bien commun, Futurible Juillet/Août 1995). D'un côté, un ouverture quasi-planétaire, de l'autre, la fermeture étroite sur le cocon de l'univers domestique où trône le Minotaure selon Marcel Aymé. La morale constante caritative dégouline dans de forts trémolos, l'éthique est indolore au profit d'individus qu'on ne verra jamais. Après le quart d'heure de la haine, selon Orwell, s'est imposé le quart d'heure d'amour. On connaît une foule de gens, mais on en appréhende plus que les reflets .Ainsi, l'exigence du lien social s'est transmué, de religieuse dans les Sociétés traditionnelles, elle s'est voulue idéologique puis socio-économique.

Mais aujourd'hui, tous les grands appareils intégrateurs (Eglise, Ecole, Armée, Syndicat ...), volent en éclats. La nouvelle idéologie des droits de l'Homme n'est qu'un contrat sans valeur explicative générale. Il s'agit bien d'une crise du sens « la relation entre les pôles de la Société ne prend plus les formes d'un face à face, mais d'un côte à côte ... Il y a un véritable décrochage de la partie modernisée de la Société » .

Or, le champ politique n'a pas compris que le corps social avait sa vie propre, car conscient de la tension Vie Mort. La réponse du champ politique est médiocre, elle se partage entre une aile réformiste qui s'applique des cautères sur des jambes de bois, en espérant prolonger la Société par l'achat de la paix sociale ; une aile xénophobe qui, pour lutter contre la désagrégation sociale préfère le recours au seul gendarme ; une aile libérale qui au fond est assez satisfaite de l'individualisme, mais qui souhaiterait plus de « flexibilité » pour un meilleur marché.

Le triomphe du «mou» et du «tiède» .

Le Triomphe du «mou», est en droit fil de cette idée stupide qui consiste à penser que tous les problèmes qui fâchent, ne sont que des problèmes de Sociétés, alors qu'il s'agit de vrais choix politiques. C'est à dire de choix, qui impliquent de désigner un ennemi, et d'engager un conflit. Or, le citoyen n'est plus conçu, ni vu comme cet aristocrate républicain, qui à l'image des guerriers antiques, s'engageait pour défendre la patrie, afin de préserver son droit à élaborer ses propres lois.

La citoyenneté est devenue utilitaire tandis que l'Agora est envahi par la sphère du privé. Dans la tradition Républicaine, la citoyenneté épousait les contours de la nationalité. L'adhésion au génie national l'emporte sur l'acte raisonné du contrat sociaL Etre citoyen français revêt une dimension éthnoculturelle. Le citoyen, héritier d'un destin commun, se sent inscrit dans une généalogie, dans une communauté.

Le désenchantement matérialiste change la nature de la citoyenneté qui se mesure de plus en plus à ses valeurs d'usage ... le citoyen pense désormais en droits de créance sur la Société. C'est peut -être le triomphe posthume de Max Weber, car nous sommes devenus tous protestants Wébériens ... Nous vénérons l'argent comme indice de la grâce .,, Toutes les politiques visent alors à répondre à une seule démande, celle du bien être... C'est l'utopie du «Fun » dont la finalité est de « dématérialiser le monde en bousculant les frontières du temps et de l'espace ... Le Fun est le contemporain du Virtuel et selon le mot de Pascal Bruckner, il est la marque de l'euphorie perpétuelle. Il ne faut pas peser, ni penser, il faut planer… rêve de l’Homme sans bagage, « dépaysé » qui privilégie la sensation sur l’expérience, le frôlement sur l’enracinement, l’émotion sur la raison. Tel est le Fun, l’utopie d’un allégement total qui permet toutes les voluptées en esquivant tous les malheurs

Le passé et le futur se fondent dans un présent faustien

Il n’y a plus d’utopie possible. Si l’on comprend l’utopie comme un projet porteur d’un sens de l’Histoire, celle-ci s’est effectivement effondrée. Si l’homme perspectif était utopique, l’homme présent se veut uchronique, l’uchronie est l’utopie d’un temps qui est un éternel présent . L’esprit utopique ne repose plus sur un futur souhaité mais sur la transgression des catégories, des frontières entre l’Homme et l’animal, entre l’Homme et la machine, entre l’Homme et lui-même… « Matrix et Fight Club » en sont les expressions cinématographiques les plus parlantes… C’est une transgression désespérée à la recherche d’un « pourquoi » sans réponse…

L'individu ne peut plus se mettre en perspective parce qu'une telle mise en perspective exige la claire conscience d'un héritage et d'une appartenance qui ne peuvent être appréhendés eux-mêmes que collectivement. La suppression du sens lié aux valeurs collectives aboutit à la dissolution des groupes car les valeurs collectives n'ont de sens que par la capacité et le goût qu'ont les hommes de rêver leur Histoire. De ce fait, la Société civile, lieu d'expression privilégié, des désirs, des besoins, des manques, des frustrations, pulvérise les symboles de la Société politique.

Quelles pourraient être les valeurs de Bien et donc de Mal de la Société Politique ? On a vu, pendant la guerre du golf des soldats Irakiens qui se rendaient, drapeau blanc dans une main, Coran dans l'autre .... Un soldat occidental se serait rendu avec quoi ? En brandissant quoi de consensuel, donc de religieux? son numéro de sécurité sociale, une cassette vidéo, son thème astral, un gins, un cheeseburger ? La déclaration des droits de l'Homme écrite en anglais ?

En fait, rien qui identifie l'Histoire de l'occident ! car l'Homme présent est un homme sans point de vue .... C'est à dire privé de distance symbolique. A force de pratiquer un narcissisme collectif auquel s'identifie le culte de l'opinion, les Sociétés contemporaines bannissent la déviance, l'originalité. Elles n'ont plus « ni Dieux, ni mythes, ni symboles, mais au mieux des désirs chiffre (Alain Minc : Le nouveau moyen âge : Ed.Gallimard). Elles absorbent tout, opposition, majorité, exclus, inclus, tout est récupéré, réinterprété par la pub idéologie et le trémolo humanitaire. Aucune Auctoritàs n'y a donc sa place car les cieux sont voilés et le désir de vie s'étiole dans ce présent éternisé .... On devrait revoir et revoir ce célèbre film de J. Boorman. Zardoz, là où les rebelles revendiquent la mortalité et donc la Vie pour abolir une Société d'immortels, vieillards jouisseurs et pétris dans lui ... Ces nouveaux mortels deviennent les Seigneurs de guerre, car quand le Roi est nu s'élèvent alors les Seigneurs de guerre.

*Collaborateur de Metamag, Professeur des facultés de droit

lundi, 21 octobre 2013

La croissance est morte dans les années 70...

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La croissance est morte dans les années 70...

Entretien avec Serge Latouche

Propos recueillis par Kevin Victoire

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un long entretien avec Serge Latouche, cueilli sur Ragemag. Economiste, sociologue et fondateur du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales), Serge Latouche est le principal théoricien français de la décroissance et dirige la revue Entropia. Il a publié de nombreux essais, dont, notamment,  L'occidentalisation du monde (La découverte, 1989 ), La mégamachine (La découverte, 1995), Le Pari de la décroissance (Fayard, 2006) et Sortir de la société de consommation (Les liens qui libèrent, 2010).

 

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Serge Latouche : « La croissance est morte dans les années 1970. »

Les statistiques de croissance du PIB au 2e trimestre viennent d’être publiées [NDLR : l’interview a été réalisée le 20 septembre] et il semblerait que la zone euro retrouve le chemin de la croissance : qu’en pensez-vous ?

Je pense que c’est totalement bidon ! D’une part, savoir si la croissance est de +0,5% ou -0,5% n’a pas de sens : n’importe quelle personne qui a fait des statistiques et de l’économie sait que pour que cela soit significatif, il faut des chiffres plus grands. Ensuite, de quelle croissance s’agit-il ? Nous avons affaire à cette croissance que nous connaissons depuis les années 1970, à savoir une croissance tirée par la spéculation boursière et immobilière. Dans le même temps, le chômage continue de croître et la qualité de vie continue de se dégrader dangereusement. Il faut bien comprendre que la croissance est morte dans les années 1970 environ. Depuis, elle est comparable aux étoiles mortes qui sont à des années-lumière de nous et dont nous percevons encore la lumière. La croissance que notre société a connue durant les Trente Glorieuses a disparu et ne reviendra pas !

La récession était-elle l’occasion idéale pour jeter les bases d’une transition économique ?

Oui et non : le paradoxe de la récession est qu’elle offre les possibilités de remettre en question un système grippé, mais en même temps, le refus de l’oligarchie dominante de se remettre en cause – ou de se suicider – la pousse à maintenir la fiction d’une société de croissance sans croissance. Par conséquent, elle rend encore plus illisible le projet de la décroissance. Depuis le début de la crise, il y a un tel délire obsessionnel autour de la croissance que les projets alternatifs ne sont pas audibles auprès des politiques. Il faut donc chercher de manière plus souterraine.

La décroissance est souvent amalgamée à la récession. Pourtant, vous affirmez que celle-ci n’est qu’une décroissance dans une société de croissance et qu’une vraie décroissance doit se faire au sein d’une société qui s’est départie de l’imaginaire de la croissance. Pouvez-vous détailler ?

Le projet alternatif de la décroissance ne devait pas être confondu avec le phénomène concret de ce que les économistes appellent « croissance négative », formulation étrange de leur jargon pour désigner une situation critique dans laquelle nous assistons à un recul de l’indice fétiche des sociétés de croissance, à savoir le PIB. Il s’agit, en d’autres termes, d’une récession ou d’une dépression, voire du déclin ou de l’effondrement d’une économie moderne. Le projet d’une société de décroissance est radicalement différent du phénomène d’une croissance négative. La décroissance, comme symbole, renvoie à une sortie de la société de consommation. A l’extrême limite, nous pourrions opposer la décroissance « choisie » à la décroissance « subie ». La première est comparable à une cure d’austérité entreprise volontairement pour améliorer son bien-être, lorsque l’hyperconsommation en vient à nous menacer d’obésité. La seconde est la diète forcée pouvant mener à la mort par famine.

Nous savons, en effet, que le simple ralentissement de la croissance plonge nos sociétés dans le désarroi, en raison du chômage, de l’accroissement de l’écart qui sépare riches et pauvres, des atteintes au pouvoir d’achat des plus démunis et de l’abandon des programmes sociaux, sanitaires, éducatifs, culturels et environnementaux qui assurent un minimum de qualité de vie. Nous pouvons imaginer quelle catastrophe serait un taux de croissance négatif ! Mais cette régression sociale et civilisationnelle est précisément ce que nous commençons déjà à connaître.

Depuis la récession de 2009, l’écart entre la croissance du PIB et celle de la production industrielle s’est accentué dans les pays développés : sommes-nous entrés dans une nouvelle phase de la société technicienne ?

Oui et non là encore. Oui, dans la mesure où depuis de nombreuses années, on parle de « nouvelle économie », « d’économie immatérielle », « d’économie de nouvelles technologies » ou encore « d’économie numérique ». On nous a aussi parlé de « société de services ». Nous voyons bien que ce phénomène n’est pas nouveau et qu’il y avait déjà dans les sociétés industrielles un phénomène de désindustrialisation. Pourtant, ce n’était pas un changement dans le sens où l’industrialisation existe toujours. Mais elle est partie en Inde, en Chine ou dans les « BRICS ». Il y a eu une délocalisation du secteur secondaire, ce qui nous amène à réimporter, à un chômage très important et à cette croissance spéculative. Nos économies se sont spécialisées dans les services haut de gamme : les services financiers, les marques, les brevets, etc. La production est délocalisée tout en conservant la marque, ce qui est plus rentable. Mais nous assistons aussi à un développement par en bas des services dégradés ou à la personne et à une nouvelle forme de domesticité qui se développe avec cette désindustrialisation.

Est-ce que vous confirmeriez les prévisions de Jacques Ellul qui voyait la naissance d’une dichotomie entre d’un côté les « nations-capitalistes » du Nord et de l’autre les « nations-prolétaires » du Sud ?

Cela n’est pas nouveau, ni totalement exact ! Les nations occidentales se prolétarisent aussi. Avec la mondialisation, nous assistons surtout à une tiers-mondisation des pays du Nord et un embourgeoisement des pays du Sud. Il y a par exemple aujourd’hui 100 à 200 millions de Chinois qui appartiennent à la classe moyenne mondiale, voire riche.

Le 20 août dernier, nous avons épuisé les ressources de la Terre pour 2013 et nous vivons donc à « crédit » vis-à-vis de celle-ci jusqu’à la fin de l’année. Il faudrait donc réduire d’environ un tiers notre consommation en ressources naturelles si nous voulons préserver notre planète. N’a-t-on pas atteint le point de non-retour ? La décroissance se fera-t-elle aux dépens des pays en voie de développement ?

Déjà soyons clairs, la décroissance est avant tout un slogan qui s’oppose à la société d’abondance. Ensuite, il ne s’agit surtout pas de régler les problèmes des pays du Nord aux dépens de ceux du Tiers-Monde. Il faudra résoudre simultanément les problèmes et du Nord et ceux du Sud. Évidemment, ce que vous évoquez, et que l’on appelle l’over shoot day, n’est qu’une moyenne globale. La réduction de l’empreinte écologique pour un pays comme la France n’est pas de l’ordre de 30%, mais de 75%. Une fois explicité comme cela, les gens se disent que ça va être dramatique. Justement, ce n’est pas nécessaire : nos modes de vie sont basés sur un gaspillage fantastique de la consommation et encore plus de la production, donc des ressources naturelles. Il ne faudra donc pas forcément consommer moins, mais consommer mieux. Tout d’abord, la logique consumériste pousse à accélérer l’obsolescence des produits. Il ne s’agit donc pas forcément de consommer moins mais de produire moins en consommant mieux.

Au lieu de consommer une seule machine à laver dans notre vie, nous en consommons 10 ou 15, de même pour les réfrigérateurs et je ne parle même pas des ordinateurs ! Il faut donc un mode de production où les individus ne consomment qu’une seule voiture, une seule machine à laver, etc. Cela réduirait déjà énormément l’empreinte écologique. Nous savons aussi que la grande distribution entraîne un grand gaspillage alimentaire. Environ 40% de la nourriture va à la poubelle, soit à cause des dates de péremptions dans les magasins, soit chez les particuliers qui ont emmagasiné de la nourriture qui finit par périmer. L’idée n’est pas de décroître aux dépens des pays pauvres, qui eux doivent au contraire augmenter leur consommation et leur production, mais de changer cette logique de gaspillage forcenée et de fausse abondance.

Nicholas Georgescu-Roegen, affirmait : « Chaque fois que nous produisons une voiture, nous le faisons au prix d’une baisse du nombre de vies à venir. » La décroissance doit-elle être accompagnée d’un contrôle démographique pour être soutenable ?

Il est toujours délicat d’aborder la question démographique. Les prises de position sur le sujet sont toujours passionnelles car touchant à la fois aux croyances religieuses, au problème du droit à la vie, à l’optimisme de la modernité avec son culte de la science et du progrès, elles peuvent déraper très vite vers l’eugénisme, voire le racisme au nom d’un darwinisme rationalisé. La menace démographique, vraie ou imaginaire, peut donc être facilement instrumentalisée pour mettre en place des formes d’écototalitarisme. Il importe donc de cerner les différentes dimensions du problème et de peser les arguments en présence, avant de se prononcer sur la taille d’une humanité « soutenable ».

Si l’insuffisance des ressources naturelles et les limites de la capacité de régénération de la biosphère nous condamnent à remettre en question notre mode de vie, la solution paresseuse consisterait, en effet, à réduire le nombre des ayants droit afin de rétablir une situation soutenable. Cette solution convient assez bien aux grands de ce monde puisqu’elle ne porte pas atteinte aux rapports sociaux et aux logiques de fonctionnement du système. Pour résoudre le problème écologique, il suffirait d’ajuster la taille de l’humanité aux potentialités de la planète en faisant une règle de trois. Telle n’est évidemment pas la position des objecteurs de croissance, ce qui n’empêche qu’ils soient taxés de malthusianisme parfois par ceux-là mêmes qui condamnent les deux tiers de l’humanité à l’extermination.

Il est clair que si une croissance infinie est incompatible avec un monde fini, cela concerne aussi la croissance de la population. La planète, qui n’a que 55 milliards d’hectares, ne peut pas supporter un nombre d’habitants illimité. C’est la raison pour laquelle presque tous les auteurs de référence de la décroissance, ceux qui ont mis en évidence les limites de la croissance (Jacques Ellul, Nicholas Georgescu-Roegen, Ivan Illich, René Dumont, entre autres) ont tiré le signal d’alarme de la surpopulation. Et pourtant, ce ne sont pas, pour la plupart, des défenseurs du système… Même pour Castoriadis, « la relation entre l’explosion démographique et les problèmes de l’environnement est manifeste ».

Cela étant, ce que la décroissance remet en cause, c’est avant tout la logique de la croissance pour la croissance de la production matérielle. Même si la population était considérablement réduite, la croissance infinie des besoins entraînerait une empreinte écologique excessive. L’Italie en est un bon exemple. La population diminue, mais l’empreinte écologique, la production, la consommation, la destruction de la nature, des paysages, le mitage du territoire par la construction, la cimentification continuent de croître. On a pu calculer que si tout le monde vivait comme les Burkinabés, la planète pourrait supporter 23 milliards d’individus, tandis que si tout le monde vivait comme les Australiens, d’ores et déjà le monde serait surpeuplé et il faudrait éliminer les neuf dixièmes de la population. Il ne pourrait pas faire vivre plus de 500 millions de personnes. Qu’il y ait 10 millions d’habitants sur Terre ou 10 milliards, note Murray Bookchin, la dynamique du « marche ou crève » de l’économie de marché capitaliste ne manquerait pas de dévorer toute la biosphère. Pour l’instant, ce ne sont pas tant les hommes qui sont trop nombreux que les automobiles… Une fois retrouvé le sens des limites et de la mesure, la démographie est un problème qu’il convient d’affronter avec sérénité.

Si une croissance infinie est incompatible avec un monde fini, cela concerne aussi la croissance démographique. La population ne peut, elle non plus, croître indéfiniment. La réduction brutale du nombre des consommateurs ne changerait pas la nature du système, mais une société de décroissance ne peut pas évacuer la question du régime démographique soutenable.

Que faire pour changer de régime ? Combattre l’individualisme ?

Les gens accusent souvent les partisans de la décroissance d’être des passéistes. Pourtant, nous ne souhaitons pas un retour en arrière. Mais, comme le préconisaient Ivan Illich ou même Castoriadis, il s’agit d’inventer un futur où nous retenons certains aspects du passé qui ont été détruits par la modernité. Sur ce sujet, un grand sociologue français, Alain Touraine, vient de sortir un livre intitulé La Fin des sociétés. C’est vrai qu’avec la mondialisation, on assiste à la fin des sociétés.

À ce sujet, un ancien Premier ministre anglais, Margareth Thatcher, a dit : « Il n’existe pas de société, il n’existe que des individus ». C’est énorme de dire cela ! Donc, dans le projet de la décroissance, il ne s’agit pas de retrouver une ancienne société disparue, mais d’inventer une nouvelle société de solidarité. C’est-à-dire qu’il faut réinventer du lien social, parfois par la force des choses comme avec la fin du pétrole, sur la base d’une économie de proximité, avec une relocalisation de la totalité de la vie. Ce n’est pas un repli sur soi, mais une nouvelle redécouverte de la culture, de la vie, de la politique et de l’économie.

Justement, relocaliser les activités humaines serait une nécessité écologique. Mais la réindustrialisation potentielle qui en découlerait ne serait-elle pas une entrave à la décroissance ?

Non, parce qu’il ne s’agit pas de la réindustrialisation prônée par notre système. Madame Lagarde, quand elle était ministre de l’Économie, avait inventé le néologisme « rilance » : de la rigueur et de la relance. Pour nous, c’est exactement le contraire : nous ne voulons ni rigueur, ni relance, ni austérité. Évidemment qu’il faut sortir de la récession et récréer des emplois, non pas pour retrouver une croissance illimitée, mais pour satisfaire les besoins de la population. En fait, la réindustrialisation dans une optique de décroissance est plus artisanale qu’industrielle. Il faut se débarrasser des grosses entreprises au profit d’une économie composée de petites unités à dimensions humaines. Ces dernières peuvent être techniquement très avancées mais ne doivent en aucun cas être les monstres transnationaux que nous connaissons actuellement. Elles doivent être plus industrieuses qu’industrielles, plus entreprenantes qu’entrepreneuses et plus coopératives que capitalistes. C’est tout un projet à inventer.

L’État moderne se comporte toujours comme un soutien au productivisme, soit en favorisant l’offre pour les libéraux, soit en favorisant la demande pour les keynésiens. La décroissance a-t-elle besoin d’une disparition de l’État ?

Cela dépend de ce que nous mettons derrière le mot « État ». Même si l’objectif n’est pas de maintenir cet État-nation, bien sûr qu’une société de décroissance devra inventer ses propres institutions. Elles devront être plus proches du citoyen avec une coordination au niveau transnational. Celle-ci est vitale, car beaucoup de phénomènes environnementaux sont globaux : il est alors impossible d’imaginer un repli total. Il faudra donc inventer de nouvelles formes qui diffèrent de l’appareil bureaucratique moderne.

La décroissance implique aussi un changement de mode de vie. Comment faire pour lutter contre la société marchande sans se marginaliser ?

Effectivement, il faut les deux. Il y a d’ailleurs dans les objecteurs de croissance des gens très investis dans des coopératives alternatives comme des écovillages. De plus, il faut tenir les deux bouts de la chaîne : une société ne change pas du jour au lendemain. Il faut donc penser la transition sans attendre un changement global simultané. Les meilleurs exemples sont les villes en transition où l’on essaie de réorganiser l’endroit où l’on vit afin de faire face aux défis de demain comme la fin du pétrole. Ce qui m’intéresse surtout dans les villes en transition, c’est leur mot d’ordre : « résilience », qui consiste à résister aux agressions de notre société. Mais cela n’implique pas de revenir à l’âge de pierre, comme les Amish. Au contraire, cela implique une qualité de vie maximale sans détruire la planète.

Changer de régime économique est-il possible pour un pays seul ? Une initiative isolée ?

Ça rappelle le vieux débat qui a opposé Staline à Trotsky pour savoir si le socialisme pouvait se faire dans un seul pays. Mais en réalité, la réponse n’est pas « oui » ou « non ». La question ne peut pas être posée de façon manichéenne, simplement parce que nous ne pouvons pas changer le monde du jour au lendemain et il faut bien commencer ! Donc, le commencement se fait petit à petit, au niveau local, en visant le global. La parole d’ordre des écologistes fut pendant longtemps : « Penser globalement, agir localement ». Ce n’est pas qu’il ne faille pas agir globalement, mais c’est plus compliqué. Donc le point de départ est local pour une visée plus large. De toute manière, le projet ne se réalisera ni totalement ni globalement. La société de décroissance est un horizon de sens, mais pas un projet clé en main réalisable de façon technocratique.

La décroissance, selon vous, commencerait-elle par une démondialisation pour tendre vers une forme d’altermondialisme ?

Je n’aime pas le terme « altermondialisme ». Il s’agit évidemment d’une démondialisation, qui n’est pas une suppression des rapports entre les pays. Mais qu’est-ce que la mondialisation que nous vivons ? Ce n’est pas la mondialisation des marchés mais la marchandisation du Monde. Ce processus a commencé au moins en 1492 quand les Amérindiens ont découvert Christophe Colomb (rires). Démondialiser veut surtout dire retrouver l’inscription territoriale de la vie face au déménagement plantaire que nous connaissons. Car la mondialisation est surtout un jeu de massacres ! C’est-à-dire que nous détruisons ce qui fonctionnait traditionnellement bien dans les différents pays pour les asservir aux marchés. Par exemple, l’agriculture était fleurissante en Chine mais le capitalisme occidental a déraciné la majorité des paysans qui sont devenus des min gong : des ouvriers qui s’entassent en périphérie des grandes villes, comme Pékin ou Shanghai. Mais, dans le même temps, ces ouvriers chinois détruisent nos emplois et notre industrie. Nous nous détruisons mutuellement. Il faut au contraire que nous nous reconstruisons les uns les autres. La solution est une relocalisation concertée par un dialogue interculturel et non pas par l’imposition de l’universalisme occidental.

Les nouvelles technologies, et plus globalement la technique et la science, peuvent-elles être employées contre l’oligarchie ou sont-elles intrinsèquement néfastes ?

Ça c’est une très grande question, très difficile. Jacques Ellul avait énormément réfléchi dessus et n’avait jamais dit qu’elles étaient intrinsèquement mauvaises. Il pensait même que, dans certaines situations, elles pouvaient être utiles à la société d’avenir. Celle qui est, selon lui, intrinsèquement mauvaise, c’est la structure sociale dans laquelle la technique et la science sont produites et utilisées. Alors bien évidemment, il faut les détourner et c’est ce que certains font. Il y a une sorte de guérilla. Sur internet, par exemple, nous le voyons. Dans ma jeunesse, nous parlions de retourner les armes contre l’ennemi. Dans une société de décroissance, qui n’est plus une société dominée par la marchandisation et le capital, ces techniques fonctionneraient autrement. Il y a aussi plein de choses intéressantes créées par le génie humain qui ne sont pas utilisées, car elles ne correspondent pas à logique du système. Nous aurons besoin de ces derniers dans une société différente. Nous devons, en réalité, surtout concevoir un nouvel esprit. Notre système est dominé – d’un point de vue technico-scientifique – par un esprit prométhéen de maîtrise de la nature, que nous ne maîtrisons pourtant pas. Il faudra donc se réinsérer dans une vision plus harmonieuse des rapports entre l’Homme et la nature.

Jacques Ellul estimait que le travail était aliénant. Est-ce à dire que la décroissance doit passer par l’abolition du salariat ?

 

Il n’y a pas d’urgence à l’abolir. Dans l’immédiat, il faut surtout créer les postes de salariés nécessaires. Il faut surtout réduire l’emprise de la nécessité en développant notamment la gratuité. Je pense que l’idée d’un revenu universel, ou au moins d’un revenu minimal assurant la survie, n’est pas une mauvaise chose car il réduirait l’espace de la nécessité. Dans une société de décroissance, il faudra des échanges d’activités et d’œuvres qui auront remplacé le travail. Mais ce n’est évidemment plus l’échange marchand obsédé par le profit. Il faut réintroduire l’esprit du don – qui n’a pas totalement disparu – dans les rapports de clientèle et dans les marchandages. En Afrique, par exemple, il existe encore une sorte de métissage entre la logique marchande et celle du don. Ce qu’il faut surtout abolir, c’est le travail salarié en tant qu’abstraction inhumaine.

Pensez-vous que la monnaie s’oppose à la logique du don et qu’en conséquence, une société de décroissance doit abolir le système monétaire ?

Sûrement pas ! Par contre, il doit y avoir l’abolition de certaines fonctions de la monnaie. Il faut par exemple en finir avec la monnaie qui engendre de la monnaie, car l’accumulation monétaire est très perverse. Mais la monnaie comme instrument de mesure et d’échange est une nécessité dans une société complexe. Je dirais même que c’est un acquis de la civilisation.

Des personnalités de gauche comme de droite se revendiquent aujourd’hui de la décroissance. Qu’en pensez-vous ?

Que la décroissance soit un projet politique de gauche constitue, pour la plupart des objecteurs de croissance, une évidence, même s’il en existe aussi une version de droite. Allons plus loin : il s’agit du seul projet politique capable de redonner sens à la gauche. Pourtant, ce message-là se heurte à une résistance très forte et récurrente. La décroissance constitue un projet politique de gauche parce qu’elle se fonde sur une critique radicale du libéralisme, renoue avec l’inspiration originelle du socialisme en dénonçant l’industrialisation et remet en cause le capitalisme conformément à la plus stricte orthodoxie marxiste.

Tout d’abord, la décroissance est bien évidemment une critique radicale du libéralisme, celui-ci entendu comme l’ensemble des valeurs qui sous-tendent la société de consommation. On le voit dans le projet politique de l’utopie concrète de la décroissance en huit R (Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Relocaliser, Redistribuer, Réduire, Réutiliser, Recycler). Deux d’entre eux, réévaluer et redistribuer, actualisent tout particulièrement cette critique. Réévaluer, cela signifie, en effet, revoir les valeurs auxquelles nous croyons, sur lesquelles nous organisons notre vie, et changer celles qui conduisent au désastre. L’altruisme devrait prendre le pas sur l’égoïsme, la coopération sur la compétition effrénée, l’importance de la vie sociale sur la consommation illimitée, le local sur le global, l’autonomie sur l’hétéronomie, le raisonnable sur le rationnel, le relationnel sur le matériel, etc. Surtout, il s’agit de remettre en cause le prométhéisme de la modernité tel qu’exprimé par Descartes (l’homme « comme maître et possesseur de la nature ») ou Bacon (asservir la nature). Il s’agit tout simplement d’un changement de paradigme. Redistribuer s’entend de la répartition des richesses et de l’accès au patrimoine naturel entre le Nord et le Sud comme à l’intérieur de chaque société. Le partage des richesses est la solution normale du problème social. C’est parce que le partage est la valeur éthique cardinale de la gauche que le mode de production capitaliste, fondé sur l’inégalité d’accès aux moyens de production et engendrant toujours plus d’inégalités de richesses, doit être aboli.

Dans un deuxième temps, la décroissance renoue avec l’inspiration première du socialisme, poursuivie chez des penseurs indépendants comme Elisée Reclus ou Paul Lafargue. La décroissance retrouve à travers ses inspirateurs, Jacques Ellul et Ivan Illich, les fortes critiques des précurseurs du socialisme contre l’industrialisation. Une relecture de ces penseurs comme William Morris, voire une réévaluation du luddisme, permettent de redonner sens à l’écologie politique telle qu’elle a été développée chez André Gorz ou Bernard Charbonneau. L’éloge de la qualité des produits, le refus de la laideur, une vision poétique et esthétique de la vie sont probablement une nécessité pour redonner sens au projet communiste.

Pour finir, la décroissance constitue une critique radicale de la société de consommation et du développement, la décroissance est une critique ipso facto du capitalisme. Paradoxalement, on pourrait même présenter la décroissance comme un projet radicalement marxiste, projet que le marxisme (et peut-être Marx lui-même) aurait trahi. La croissance n’est, en effet, que le nom « vulgaire » de ce que Marx a analysé comme accumulation illimitée de capital, source de toutes les impasses et injustices du capitalisme. Pour sortir de la crise qui est inextricablement écologique et sociale, il faut sortir de cette logique d’accumulation sans fin du capital et de la subordination de l’essentiel des décisions à la logique du profit. C’est la raison pour laquelle la gauche, sous peine de se renier, devrait se rallier sans réserve aux thèses de la décroissance.

Tout le monde se souvient de l’échec de la commission Stiglitz-Sen mise en place par l’ex-Président Sarkozy dans le but de trouver un indicateur de « bien-être » autre que le simple PIB. Le problème ne viendrait-il pas de l’obsession des mesures quantitatives ?

Il est certain que nous devons nous débarrasser de l’obsession des mesures quantitatives. Notre objectif n’est pas de mesurer le bonheur puisque cet objectif n’est par définition pas mesurable. Mais je ne crois pas que nous puissions parler d’échec de la commission Stiglitz-Sen, puisqu’elle a quand même proposé des indicateurs alternatifs pertinents. D’un autre côté, et malgré toutes les critiques qui peuvent lui être adressées, le PIB est tout à fait fonctionnel dans la logique de la société mondialisée de croissance. Il existe bien sûr d’autres indicateurs intéressants comme l’Happy Planet Index (HPI) mis au point par la fondation anglaise New Economics Foundation, mais ce dernier n’est pas fonctionnel dans notre système. Il est cependant intéressant comme indicateur critique du PIB. Pourquoi ? Parce que les États-Unis est en termes de PIB au 1er rang mondial, en termes de PIB par tête au 4ème rang et en termes de bonheur au 150ème rang ! La France se situe dans les mêmes ordres de grandeur. Tout cela signifie que si nous mesurons le bonheur par l’espérance de vie, l’empreinte écologique et le sentiment subjectif du bonheur — qui sont les trois critères du HPI —, les pays qui arrivent en tête sont le Vanuatu, le Honduras, le Venezuela et d’autres pays de ce type [ndlr : le trio de tête de 2012 est composé, dans l’ordre, du Costa Rica, du Vietnam et de la Colombie] . Malheureusement, il n’est pas fonctionnel dans notre système. Un autre indice de ce type qui pourrait être retenu, c’est l’empreinte écologique qui est elle-même synthétique. Le problème n’est pas de trouver l’indicateur miracle mais bel et bien de changer la société. Ces indices ne sont que des thermomètres et ce n’est pas en cassant le thermomètre que la température du malade change.

La rupture avec la croissance n’est-elle pas aussi une rupture avec l’économie comme science au profit d’autres disciplines comme la philosophie ou la sociologie ?

Oui, il s’agit bien d’une rupture avec l’économie. Mais celle-ci ne s’effectue pas seulement avec l’économie en tant que science mais aussi avec l’économie en tant que pratique. Il faut réenchâsser l’économique dans le social, au niveau théorique mais surtout au niveau pratique. Au niveau théorique d’abord parce que la « science économique » est une fausse science, et que la manière de vivre des Hommes appartient à l’éthique au sens aristotélicien du terme et donc à la philosophie ou à la sociologie. Sinon, pour paraphraser Lévi-Strauss, il n’existe qu’une seule science humaine : l’anthropologie. Au niveau pratique ensuite, en réintroduisant l’économique dans les pratiques de la vie et pas ne pas la laisser dans l’obsession du quantitatif avec la valorisation de l’argent, du profit ou du PIB.

Serge Latouche, propos recueillis par Kévin Victoire (Ragemag, 15 octobre 2013)

mardi, 15 octobre 2013

Pourquoi les jeunes Européens sont souvent plus « fragiles » dans une société comme la nôtre et comment y remédier ?

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Pourquoi les jeunes Européens sont souvent plus « fragiles » dans une société comme la nôtre et comment y remédier ?

par Laurent Ozon

Ex: http://www.polemia.com

« Un jeune garçon élevé dans la fierté de son peuple et de sa lignée, par l’exemple des héros et l’histoire des souffrances et des grandeurs de son peuple, poursuivra par lui-même ce travail et l’enseignera à ses propres enfants. »

Pourquoi les jeunes Européens adoptent-ils des positions de soumission en environnement multiethnique ? Un sujet tabou, un sujet méconnu. Laurent Ozon tente une explication qu’il trouve d’abord dans une mauvaise construction identitaire (sexe, famille, peuple) et dans les abus d’une culture de la négociation et de la norme ; mais il montre aussi des causes sanitaires (les perturbateurs endocriniens) et biologiques (la néoténie européenne). Nos lecteurs trouveront ici un texte profond qui ouvre des pistes de recherche. Les pères et les mères de famille pourront aussi utilement en tirer des enseignements pratiques pour l’éducation de leurs garçons. Pour leur apprendre à relever la tête.

Polémia.


Il faudrait probablement un livre pour analyser la situation sociale des jeunes hommes européens et plus particulièrement la question de la fragilité d’une partie d’entre eux dans l’environnement violent de la société multiculturelle. Certes, il faut le rappeler, ce phénomène est encore minoritaire mais pourtant bien visible et suscite des réactions agacées, indignées mais, osons le dire, « impuissantes » ou incantatoires. (On pourra lire à ce sujet le dernier article de Julien Rochedy, président du FNJ, à ce sujet : http://www.bvoltaire.fr/julienrochedy/connaissez-babtou-fragile,35986).

Il n’est donc peut-être pas inutile de tenter d’analyser rapidement ce phénomène et d’y apporter des réponses. Un article plutôt inhabituel pour moi mais qui m’est dicté par l’impression de n’avoir rien lu de clair et de pratique sur ce sujet.

Une fragilité physique et mentale en environnement multiethnique

Tout d’abord, comment se manifeste cette fragilité ? Elle est à la fois physique mais aussi mentale (difficultés à faire face au conflit ou au recours à la force). Elle s’exprime justement dans les situations conflictuelles où l’affrontement physique avec des jeunes issus d’autres « populations » est imminent. « Adversaires » d’autant plus belliqueux que les jeunes hommes européens ne savent pas l’être assez. Au-delà des réactions de moquerie que ce comportement peut engendrer, elle est problématique pour l’idée qu’un jeune Européen se fera de lui-même (complexes et refoulements) et néfaste à sa construction, comme homme, puis, ultérieurement, comme père ou comme membre d’une communauté de destin. Il y aurait des livres à écrire pour analyser les impacts « idéologiques » de ces frustrations.

Peut-être n’est-il pas inutile de rappeler que cette fragilité est toute relative et se perçoit principalement en environnement multiethnique. En clair, du fait des causes de ce problème de « fragilité », nous verrons qu’il est perceptible surtout dans la confrontation relationnelle avec d’autres groupes de population et pas n’importe lesquels. Ce paramètre n’est pas, lui non plus, sans impact sur la façon quasi pathologique dont les questions d’immigration sont traitées dans l’espace social et politique lorsqu’il s’agit de certaines populations.

Pour faire simple, je pense qu’il existe quatre grands facteurs qui peuvent expliquer la « fragilité » de nombreux jeunes Européens et leur « vulnérabilité » dans les environnements multi-agressifs dans lesquels ils sont plongés :

1. Le premier facteur relève de mauvaises pratiques dans la construction identitaire de l’enfant ;

2. Le deuxième d’une influence trop incapacitante (castratrice même) des pratiques pédagogiques qui dévalorisent le conflit, la bagarre ou prétendent obliger l’enfant à s’en remettre toujours à quelqu’un d’autre (les institutions notamment) pour le protéger ;

3. Le troisième point relève d’un choix d’hygiène de vie (sport, alimentation et bonnes pratiques qui sont importantes à l’heure des pollutions agro-chimiques systématiques) ;

4. Et enfin, le dernier facteur est une qualité que les spécialistes nomment « néoténie » ou persistance juvénile, qui est liée à notre biologie. Elle présente de nombreux inconvénients dans un contexte social multiethnique et multiculturel, mais est, à tout prendre, une qualité dont nous pouvons nous féliciter et dont il faut compenser les effets par les trois catégories de solutions précédentes. Mais reprenons.

1. Une mauvaise construction identitaire

Première cause de fragilité : l’isolement. Même lorsqu’il ne pèse pas dans le cas d’un conflit entre deux individus, la crainte de devoir faire face au grand frère, aux copains, à la famille, etc. de son adversaire pèse dans le rapport de forces. Les jeunes Européens sont fréquemment isolés et l’isolement est la première des faiblesses. Les enfants privés de construction identitaire saine sont et resteront seuls. Isolés de tout groupe, famille, etc., quand survient le conflit, ils sont souvent en position de faiblesse face à de petits groupes soudés par toutes les formes d’appartenance (origine, famille, couleur de peau, cultures, religions, marques, etc.) et parfois par des groupes soudés par plusieurs de ces catégories simultanément (africains ET musulmans ET fans de RnB par exemple). Cet isolement est principalement lié à un déficit d’identité.

La construction identitaire d’un jeune garçon repose sur trois étapes principales. Ces trois étapes sont essentielles à sa formation.

Le sexe : Dans la construction de l’identité d’un enfant, le premier étage est se reconnaître comme garçon. Vous avez tous entendu ces phrases infantiles mais qui font partie de ce processus de construction : « Les filles, elles sont tartes » ou « Les garçons contre les filles ». Il faut respecter toutes les phases qui permettent à un jeune garçon de se reconnaître comme mâle dans un monde à deux catégories. Cette première phase est indispensable aux deux étapes suivantes. A rebours des théories du genre, permettez ses manifestations d’affirmations enfantines et renforcez-les si vous le jugez utile, sans tomber dans l’excès et l’obsession. Permettez-lui de bien marquer son appartenance de mâle en lui proposant des activités spécifiques, des devoirs spécifiques, des droits spécifiques (couleurs, rites, tâches, équipes, vocabulaire, etc.).

La famille : Le deuxième étage de la construction de son identité sera la famille. Là aussi, cultiver le respect de la famille et, de fait, de l’ascendance, par le respect des aînés et mémoire des ancêtres, sans idolâtrie, mais sérieusement (ne pas rire de tout) et lui apprendre à la respecter (sans avoir à se justifier : « c’est ainsi et pas autrement ») dans son comportement en famille comme dans la vie sociale à l’extérieur (défendre sa petite sœur bec et ongles face à une agression extérieure, ne jamais accepter les insultes sur sa famille ou sur lui-même, défendre son nom de famille, etc.). Lui apprendre dès 5 ans qu’il y a la famille et le monde autour, pas moins. C’est par cet étage de la construction identitaire familiale que l’enfant intègre des notions indispensables à sa formation : respect des anciens, valeur de l’expérience, communauté et filiation, solidarité et protection des siens envers et contre tout.

Si en complément, vous lui apprenez à partir de 9/10 ans à mieux comprendre comment fonctionnent les groupes, vous lui permettrez de mieux s’y adapter (le groupe se forme dans la construction de l’adversaire, le groupe est un espace de partage et de solidarité, le groupe a besoin de marqueurs visibles, le groupe a souvent un chef, etc.).

Le peuple : Enfin, le troisième étage de la construction de soi sera, plus tard, la reconnaissance de son identité de substance et de culture, en clair, son appartenance à un peuple. Cette partie de votre éducation le rendra fier d’être l’héritier de populations qui ont pris une part sans égale à la construction de la civilisation, de l’art, de la pensée, des sciences et de toutes les formes du génie humain. Si vous lui apprenez, il voudra, lui aussi, être un Européen, un Français, le défendre et surtout, plus important encore, l’incarner dans sa vie. Non pas dans la simple répétition ou le fétichisme de l’ancien mais dans l’innovation, la créativité, la maîtrise. Mais c’est là une autre histoire…

Cette dernière phase sera la plus longue et un jeune garçon élevé dans la fierté de son peuple et de sa lignée, par l’exemple des héros et l’histoire des souffrances et des grandeurs de son peuple, poursuivra par lui-même ce travail et l’enseignera à ses propres enfants.

C’est en respectant et en instruisant correctement ces trois phases de développement de l’identité du jeune garçon qu’une construction identitaire saine pourra s’effectuer.

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2. La culture de la négociation et de la norme

On apprend tôt aux enfants à « aller voir la maîtresse » lorsqu’ils sont victimes de coups ou d’agressions, pas assez à se défendre eux-mêmes ou, au minimum, à faire face à une situation de conflit. Pas intellectuellement, mais physiquement, avec leurs instincts. Le courage n’est pas une construction intellectuelle et ne se forge pas avec des mots mais avec l’expérience directe, physique, instinctive de la vie, des difficultés et de la souffrance physique. La culture des normes et de la résolution pacifique du conflit, voire du conflit comme « échec », est une tendance lourde et particulièrement pernicieuse dans nos sociétés, en particulier pour les instincts virils. Ce travail de formatage des institutions publiques, qui invite les enfants et les citoyens à s’en remettre à l’institution dans la gestion des conflits tout en sachant parfaitement que ces institutions ne remplissent pas ce rôle et ne le pourront jamais, est une catastrophe sur le plan éducatif et ses impacts sur la population autochtone particulièrement lourds. La prépondérance des valeurs maternelles qui doivent savoir progressivement se placer en retrait à partir de quatre ou cinq ans dans l’éducation du jeune garçon et le manque de présence des valeurs de pères viennent renforcer à chaque instant ces tendances.

La culture de l’honneur individuel et familial doit précéder la culture de la norme sociale de la collectivité politique. Les instincts de défense ne doivent pas être inhibés par un matraquage moral maternant ou par une culture de la légitimité supposée des corps de l’Etat dans l’exercice de la violence légitime. Et ce pour une raison simple : il n’assure pas correctement cette mission et ne l’assurera jamais. Le respect des règles deviendra plus tard un prétexte à son manque d’esprit de défense, d’initiative, de révolte. Loin de toute culture suprémaciste (« nous sommes les meilleurs ») aux effets accablants lorsqu’on ne domine pas un rapport de forces, apprenez-lui aussi à perdre et donnez-lui l’envie de recommencer et de gagner. Faites comprendre à votre garçon que ce qui est honteux ce n’est pas de perdre une bataille, un moment de conflit, mais de s’y dérober par lâcheté. Que perdre c’est parfois triste mais c’est honorable, en tout cas plus que de se soumettre. Revaloriser et soutenir son enfant, y compris dans ses manifestations d’agressivité (parfois inadéquates), c’est légitimer son agressivité naturelle et l’aider à gérer le conflit par ses propres moyens. Ne pas lui apprendre à chercher le soutien des adultes et de l’institution, qui dans l’immense majorité des cas ne le protégera pas lorsqu’il en aura besoin. Cet aspect de l’éducation des jeunes garçons est fondamental.

Quelques exemples pratiques ? Ne relevez pas un enfant en bas âge lorsqu’il tombe mais encouragez-le à se relever seul jusqu’à ce qu’il réussisse et félicitez-le lorsque c’est fait, par des mots ou un geste de tendresse. Ne grondez pas votre enfant s’il manifeste de l’agressivité ou de la violence raisonnable dans une relation avec d’autres enfants, n’intervenez que s’il y a un réel risque et de façon non morale mais disciplinaire. Apprenez, certes, à votre enfant l’existence des normes collectives mais sans jamais oublier de lui rappeler la première de toutes les normes : la survie et la capacité de se faire respecter et de se défendre. Valorisez cela à chaque fois que nécessaire.

La capacité d’un garçon à exprimer ses préférences, à exprimer son agressivité, à régler les conflits par lui-même, sans chercher un appui, est une condition indispensable à sa construction virile. L’en priver c’est l’exposer, l’affaiblir, le mettre en danger. Si vous espérez un jour pouvoir compter sur son aide et sa force, c’est donc vous mettre en danger, vous aussi.

3. Les causes sanitaires

Le changement de mode de vie des trois dernières générations en Europe, sur le plan alimentaire notamment, a profondément bouleversé les métabolismes pour des raisons en partie sanitaires (généralisation des perturbateurs endocriniens à corréler avec la baisse de fécondité et l’augmentation des cancers et malformations génitales masculines). Soyez attentifs à l’alimentation de vos enfants et à leurs contacts répétés avec les perturbateurs endocriniens contenus dans les aliments conditionnés en boîte, aux contacts avec toutes formes de plastiques et choisissez des vêtements adaptés, plutôt amples. Pour les bébés, proscrivez les jouets et tétines en plastique, privilégiez les cuillères en bois simple. Ne donnez pas de petits pots pour bébé mais des aliments que vous préparerez vous-même, si possible biologiques ou issus d’un potager non traité aux pesticides, herbicides et autres intrants chimiques toxiques. Certes, cette préparation demande du temps quotidien mais les conséquences sont autrement importantes… Je ne peux détailler sur cette question, il me faudrait un livre entier.

Les pratiques sportives sont aussi essentielles. Je n’évoquerai même pas la majorité des garçons qui n’ont presque aucune activité sportive (une catastrophe sanitaire) alors qu’ils passent 6 à 7 heures par jour assis sur une chaise en pleine période de développement, puis le reste de la journée devant la télévision ou l’ordinateur. N’espérez pas avoir des enfants sains avec ce régime de vie. Ils seront des cibles et, consciemment ou non, se retrancheront de la vie réelle pour fuir des rapports de force auxquels ils ne sont pas préparés. Pour vos garçons, privilégiez dès 6 ans des activités de contact (rugby, etc.) et, d’une façon générale, le contact direct avec la difficulté, la nature, le froid, le chaud, le piquant, aussi souvent que possible. Non dans une perspective de souffrance, et en songeant toujours que vous devez valoriser sans le plaindre ses échecs et ses bosses.

4. La néoténie européenne

La néoténie, ou juvénilité persistante des Européens, est un trait caractéristique qui n’empêche pas une maturation finale équivalente en virilité mais la diffère. Qu’est-ce que cela veut dire ? Simplement qu’aux mêmes âges, nous, Européens, sommes plus jeunes. Exemple : l’âge de la puberté est sensiblement plus précoce chez les Subsahariens que chez les Européens. Ceci affecte la croissance et la maturité musculaire. En clair, un Européen de 14 ans sera statistiquement moins avancé dans sa puberté (et donc sa taille, son développement musculaire, son agressivité, etc.) qu’un Subsaharien du même âge : un inconvénient, mais un avantage sur d’autres points. Si notre maturité est plus tardive, notre phase de maturation est plus longue…

La juvénilité est un inconvénient face à des brutes précoces physiquement mais elle constitue un avantage réel et en tout cas une réalité avec laquelle il faut compter lorsqu’il s’agit de vérifier les caractéristiques de l’adulte abouti et finalement formé.

Afin de compenser cette particularité (dont il existe, bien sûr, des exceptions), les activités viriles et les pratiques sanitaires adéquates, comme la construction identitaire correctement effectuée, suffisent largement. Ne vous étonnez pas de faire fréquemment ce constat. Les Européens sont plus jeunes, plus souples, plus ouverts et curieux et leur période de maturation est significativement plus longue que celles d’autres populations, en particulier des populations subsahariennes. Les populations arabo-berbères ont des caractéristiques proches des nôtres de ce point de vue, mais elles sont compensées chez elles par une construction identitaire plus traditionnelle (sexe, famille, peuple, cf. 1.)

Conclusion

J’ai cherché à aborder de façon simple et pédagogique les clés d’une réforme de nos pratiques éducatives (au sens large de ce mot) pour une adaptation de nos jeunes garçons aux contraintes de la société absurde et violente à laquelle ils seront confrontés. Chercher à les soustraire à cette société et à ses inévitables pathologies sociales caractéristiques des belles nations « arc-en-ciel » ne les préparait évidemment pas à tout contact « accidentel » que l’on sait inévitable dans les années à venir.

Les quatre points abordés sont les points clés. J’aurais pu aborder la question des représentations familiales du père, l’absurdité des comportements violents pour les introvertis intelligents, la division des tâches dans le couple et le fardeau d’une génération qui a dû reconstruire ses repères après la fracture (le gouffre) de la génération soixante-huit, la culpabilisation ethno-masochiste et ce qu’elle fabrique parfois en retenue physique et encore bien d’autres choses. Ce rapide exposé repose sur des études scientifiques, des travaux multiples de spécialistes et, en complément, sur mon expérience des hommes et des garçons comme père de famille. J’espère qu’elle sera utile et permettra de sortir de façon pratique des jérémiades impuissantes lorsque ces questions sont abordées. J’y reviendrai si le sujet intéresse.

Laurent Ozon
Président de Maison commune

8/10/2013
www.localisme.fr

Voir aussi du même auteur : Homophobie, islamophobie,… la psychiatrisation puis la criminalisation des normes populaires

lundi, 14 octobre 2013

"Omofobia"(?) o Omologazione del Pensiero ?

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"Omofobia"(?) o Omologazione del Pensiero ?

Ex: httop://ecofondamentalista.blogspot.com
 
 
Fa veramente tristezza, una tristezza preoccupante, cio' a cui e' toccato assistere in questi giorni intorno alle dichiarazioni di Guido Barilla cira la sua non intenzione di fare spot pubblicitari che equiparassero nuclei famigliari composti da omosessuali a quelli "tradizionali": sia le reazioni, la sollevazione pretestuosa e fuori luogo che ne e' derivata, il linciaggio mediatico, sia - forse ancor piu' - la ritrattazione con ostentato pentimento a cui ha deciso poi di sottoporsi.

Come ognuno puo' verificare andandosele a rileggere sui numerosi articoli che le riportano, le parole di Barilla non erano in alcun modo offensive nei confronti degli omosessuali (diceva fin dall'inizio esplicitamente di rispettarli), ma stavano solo ad esprimere la sua distanza ed estraneita' da quel tipo di relazione come base per un modello di famiglia, particolarmente il modello al quale intendeva rivolgere le campagne pubblicitarie dei propri prodotti.
Avra' diritto chi concepisce uno spot - ma altrettanto un film, un documentario ecc... - di rappresentare quella parte della realta' che gli interessa di rappresentare? O siamo ad una sorta di ennesima par condicio sociale per cui in ogni opera e' diventato obbligatorio ribadire che esistono-pure-e-con-pari-dignita' anche gli omosessuali (e magari pure ognuna di tutte le altre minoranze che potremmo elencare) come quelle avvertenze sugli effetti collaterali che vengono recitate di corsa in modo appena comprensibile alla fine degli spot sui medicinali? Non sara' piuttosto che certe presunte "verita'" vengono ribadite in continuazione proprio perche' gli stessi che le propagandano non sono affatto certi, in cuor loro, che siano vere?
 
Nell'affermare che la famiglia formata dall'unione di un uomo ed una donna (e - per la gioia dei progressisti - ci voglio aggiungere pure con certi rispettivi ruoli, almeno in linea di massima) e' semplicemente la famiglia come e' sempre stata ed e' tuttora nella stragrande maggioranza dei casi, Barilla non ha detto altro che un'ovvia realta'. Come e' altrettanto un'ovvieta' il fatto che all'interno di questo modello ci sono di fatto una vasta gamma di situazioni diverse possibili (certo non sempre positive o sane, come troppi fatti di cronaca ampiamente dimostrano) ma ne' si tratta di un blocco monolitico necessariamente caratterizzato da violenza e sottomissione, ne' di un retaggio del passato desueto ed ormai pressoche' scomparso, come la propaganda ormai dominante cerca ogni giorno di farci credere. Non c'e' nulla di strano o di sorprendente se un imprenditore sceglie di rivolgersi, reclamizzando i propri prodotti, non ad una piccolissima minoranza di coppie omosessuali, ma alla stragrande maggioranza delle persone. Barilla ha inoltre espresso - peraltro contro il proprio interesse - un elementare principio di democrazia e pluralismo dicendo che a chi non piacesse questa politica commerciale e d'immagine, poteva benissimo preferire di comprare i prodotti di altre marche.

Ha semplicemente espresso la propria opinione, mostrando un'indipendenza culturale che dispiace abbia poi ritrattato, se non altro, perche' e' ormai merce rara, di cui si sente sempre piu' la mancanza. E' certamente vero, come e' stato osservato, che nessuno gli aveva chiesto di fare spot con famiglie di coppie omosessuali, ma lo e' altrettanto che non ci sarebbe alcun bisogno di scatenare una tale valanga di reazioni piu' che eccessive (con tanto di premi nobel che si scomodano a dire la loro) - altrettanto non richieste - ogni qual volta che qualcuno si permette di dire la propria opinione su questi temi, quando questa differisce da cio' che si pretende ormai debba essere la nuova morale politicamente corretta ed obbligatoria.
 
Cio' che resta da chiedersi, piuttosto, e' quanta democrazia e pluralismo sta rimanendo in questo paese in cui e' ormai sufficiente esprimere un proprio pensiero, se in contrasto con il mainstream progressista di certa elite intellettuale e dei seguaci delle mode di turno, per essere linciati a livello mediatico e speriamo ancora non anche ad altri livelli. Sia ben chiaro che si e' trattato in questo caso di una semplice espressione di opinioni in modo non offensivo, opinioni che sono ancora proprie, peraltro, della maggioranza della gente in Italia, e che, se anche non lo fossero piu', lo erano fino a pochissimo tempo fa e percio' - qualora, come in questo caso e come e' giusto che sia, non siano in alcun modo tese ad istigare a violenze di alcun tipo - dovrebbe tuttora essere legittimo esprimerle.
Purtroppo, e' precisamente il caso di sottolineare dovrebbe, dato che la legge sulla cosidetta "omofobia" (termine quanto mai fuori luogo e volutamente fuorviante, non essendo la disapprovazione di un comportamento necessariamente il frutto della paura) sembra arrivare, se cosi' sara' approvata, a rendere illegali e perseguibili penalmente perfino le opinioni in materia (peraltro, solo se espresse da individui, mettendo al riparo chi si trincera dietro l'appartenenza ad organizzazioni - ovvero trovando un cerchiobottista compromesso con la Chiesa).
 
Siamo di fronte ad un pensiero unico che ribalta la condizione di discriminazione in cui gli omosessuali erano tenuti fino a poco tempo fa e li sta facendo diventare il cavallo di Troia attraverso il quale da un lato si da' fumo negli occhi a chi vorrebbe una societa' davvero piu' equa, pluralista e rispettosa delle minoranze (per tendere alla quale ci vorrebbe ben altro che questa parzialissima questione male e spesso strumentalmente gestita a livello politico) e dall'altro, soprattutto, apre la strada all'imposizione di una omologazione del pensiero in nome di un progresso sbrigativamente e superficialmente inteso che non esita a ricorrere sempre piu' spesso al principio della caccia alle streghe, dei capri espiatori, dell'isteria collettiva che giustifica limitazioni gravi e pericolose della liberta' di parola e di opinione. Purtroppo, mi pare che gli episodi che si stanno verificando ultimamente sempre piu' spesso, non ultimo questo di Guido Barilla, mostrano quanto questa valutazione non sia piu', purtroppo, ne' allarmistica, ne' esagerata.

vendredi, 11 octobre 2013

Face à la décadence des valeurs...

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Face à la décadence des valeurs...

par Yvan Blot

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous une intervention d'Yvan Blot au colloque de l'Institut de la démocratie et de la coopération, qui s'est tenu le 10 juin 2013, à l'assemblée nationale, sur le thème "La Grande Europe des Nations : une réalité pour demain ?". Un point de vue qui peut faire débat quant à la place qu'il accorde au christianisme, notamment...

Fondateur du Club de l'Horloge, Yvan Blot, qui préside actuellement l'institut néo-socratique, est notamment l'auteur de L'héritage d'Athéna ou Les racines grecques de l'Occident (Presses bretonnes, 1996) ainsi que d'un essai intitulé L'oligarchie au pouvoir (Economica, 2011).

La Russie et l'Europe face à la décadence des valeurs

Le problème des valeurs

Les valeurs ne sont pas une connaissance. Le vrai, le bien et le beau sont des objectifs pour l’action. Leur origine n’est pas la création par un petit père des peuples, ou par une commission interministérielle mais elle est immémoriale.   L’Europe et la Russie partagent des valeurs communes parce qu’elles sont issues de la même civilisation, issue de la Grèce et de Rome, transfigurées par le christianisme. Refuser que l’Europe soit « un club chrétien » comme l’ont dit plusieurs politiciens comme Jacques Delors ou le premier ministre turc Erdogan revient à nier l’identité historique de l’Europe.

Les valeurs montrent leur importance sociale à travers leurs fruits. Le meurtre ou la malhonnêteté ne sont pas généralisables. La société s’effondrerait. L’honnêteté ou le respect de la vie sont généralisable. Le fait d’avoir des enfants aussi. C’est le signe qu’on est en présence de valeurs authentiques.

Le problème des valeurs est qu’elles ne sont pas issues de la raison comme l’ont montré des philosophes comme Hume ou le prix Nobel Hayek. Elles se situent entre l’instinct et la raison. Le 18ème siècle européen avec son culte de la raison et son éloge de la libération de la nature, donc des instincts a été une catastrophe pour les valeurs. La raison, cette « crapule » comme disait Dostoïevski, a servi à justifier les instincts. Or les hommes ont une vie instinctive chaotique à la différence des animaux. L’homme a par nature besoin des disciplines de la culture, de la civilisation, comme l’a écrit l’anthropologue Arnold Gehlen. Du 18ème siècle a nos jours, on a assisté en Occident à la destruction des valeurs traditionnelles issues du christianisme et du monde gréco romain. Quatre faux prophètes ont joué un rôle majeur : Voltaire, Rousseau, Marx et Freud. Au 20ème siècle, les idéologies scientistes totalitaires ont provoqué des meurtres de masse au nom de la raison.

Plus récemment, la révolution culturelle des années soixante, partie des universités américaines, a affaibli nos valeurs de façon décisive avec des slogans tels que « il est interdit d’interdire » ou « il n’existe pas d’hommes et de femmes mais des choix subjectifs d’orientation sexuelle ».

Le fait est que le nombre de crimes et de délits en France resté stable autour de 1, 5 millions d’actes entre 1946 et 1968  a monté depuis lors au chiffre de 4,5 millions. Le record des prisonniers est détenu de loin par les Etats-Unis d’Amérique où le nombre de meurtre par habitant est quatre fois celui de la France. Face à cette situation, les gouvernements n’ont guère réagi sauf celui de la Russie.

Si l’on reprend les quatre causes d’Aristote matérielle, formelle, motrice et finale, on a quatre groupes de valeurs culturelles qui sont le socle de la civilisation et de la société, on a les valeurs comme normes obligatoires incarnées par l’Etat et le droit, on a les valeurs familiales qui s’étendent aussi à l’économie et enfin les valeurs spirituelles incarnées par les religions. Dans quelle situation sommes-nous par rapport à ces quatre groupes de valeurs ? L’utilitarisme américain qui réduit l’homme à une matière première de l’économie remet en cause beaucoup de nos valeurs traditionnelles.

Les valeurs culturelles et morales

L’Europe et la Russie ont dans ce domaine un héritage majeur, celui de l’Empire romain et des anciens Grecs. Il s’agissait de la « paidéia », l’éducation de l’homme afin qu’il devienne « beau et compétent » de corps et d’âme (kaloskagathos). D’où la recherche de l’excellence morale par l’exemple des grands hommes de l’histoire. Cette éducation humaniste, qui était aussi bien catholique que laïque en France, a été reniée. On cherche à former des techniciens et des commerciaux sans culture générale et non des citoyens autonomes. L’homme doit devenir un simple rouage de la machine économique comme l’a montré le philosophe Heidegger. On assiste à un effondrement de la culture générale et de la lecture. En même temps, le sens moral s’affaiblit, à commencer chez les élites car « c’est toujours par la tête que commence à pourrir le poisson ». 

 

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Au nom des droits de l’homme, on sape la morale traditionnelle car on ignore la nature véritable de l’homme. Celui-ci a trois cerveaux, reptilien pour commander les instincts, mammifères pour l’affectivité (mesocortex) et intellectuel et calculateur (neocortex). En Occident, le cerveau affectif qui commande le sens moral n’est pas favorisé : il est considéré comme réactionnaire ! La morale est réactionnaire ! Seuls sont promus le cerveau reptilien (les instincts) et le cerveau calculateur (intelligence) mis au service du reptilien. Cela donne des personnalités au comportement déréglé comme un ancien directeur du FMI. Plus gravement, cette dégénérescence a produit aussi les criminels comme Hitler ou Pol Pot ! La raison au service de l’agression reptilienne, c’est la barbarie !

Il faut réaffirmer l’importance de la morale, notamment civique, laquelle n’est pas fondée sur la raison mais sur des traditions que l’on acquiert avec l’éducation du cœur, comme l’a toujours affirmé le christianisme. C’est essentiel pour l’Europe comme pour la Russie. Nous partageons l’idéal de la personne qui recherche l’excellence, idéal issu des anciens Grecs, de l’empire romain et du christianisme.

L’offensive contre les valeurs familiales

A partir de mai 1968  pour la France, les valeurs familiales se sont effondrées. Le mot d’ordre de mai 68  était « jouir sans entraves » comme disait l’actuel député européen Daniel Cohn Bendit accusé aujourd’hui de pédophilie. Depuis les années soixante dix, un courant venu des Etats-Unis, la théorie du genre, affirme que le sexe est une orientation choisie. Le but est de casser le monopole du mariage normal, hétérosexuel. Depuis les mêmes années, la natalité s’effondre dramatiquement en Europe. L’Europe ne se reproduit plus et sa démographie ne se maintient en quantité que par l’immigration du tiers monde. Le tissu social se déchire par les échecs familiaux et par l’immigration de masses déracinées. La France favorise la gay pride, autorise le mariage gay et réduit les allocations familiales. Par contre, la Russie créé pendant ce temps une prime de 7700 euros à la naissance à partir du deuxième enfant, et crée une fête officielle de l’amour de la fidélité et du mariage avec remises de décoration.

Une idéologie venue des Etats-Unis affirme le choix de vie « childfree » (libre d’enfants) opposé à « childless » sans enfants par fatalité. Avec une telle idéologie, l’Europe contaminée est en danger de mort démographiquement. Ce  fut le cas de la Russie après la chute de l’URSS  mais le redressement s’affirme depuis trois ans environ.

Il faut aussi lier les valeurs familiales et celles de la propriété et de l’entreprise. Dans le passé, la famille était la base de l’économie. Le système fiscal français démantèle la propriété et empêche les travailleurs d’accéder à la fortune par le travail. On sait grâce aux exemples allemand et suisse que les entreprises familiales sont souvent les plus efficaces et les plus rentables.  Or on est dans une économie de « managers » de gérants qui cherchent le profit à court terme pour des actionnaires dispersés. L’Etat est aussi court termiste dans sa gestion et s’endette de façon irresponsable, droite et gauche confondues. Une société sans valeurs familiales est aussi une société tournée vers le court terme, qui se moque de ce qu’elle laissera aux générations futures. Là encore, l’Europe pourrait s’inspirer de la récente politique familiale russe et la Russie avec son faible endettement est un bon contre-exemple par ailleurs.

La crise des valeurs nationales

Le socialiste Jaurès disait : « les pauvres n’ont que la patrie comme richesse » : on cherche aujourd’hui à leur enlever cette valeur. La patrie repose sur un certain désintéressement des hommes : mourir pour la patrie fut un idéal de la Rome antique à nos jours. La marginalisation des vocations de sacrifice, celle du soldat et celle du prêtre n’arrange rien. La classe politique est gangrenée par l’obsession de l’enrichissement personnel. La patrie est vue comme un obstacle à la création de l’homme nouveau utilitariste et sans racines. 

En outre en France surtout, on a cherché à dissocier le patriotisme de l’héritage chrétien, ce qui est contraire à tout ce que nous apprend l’histoire. L’Eglise dans beaucoup de pays d’Europe a contribué à sauver la patrie lorsque celle-ci notamment était occupée par l’étranger.

La patrie, du point de vue des institutions politiques, est inséparable de la démocratie. Or en Europe à la notable exception de la Suisse, on vit plus en oligarchie qu’en démocratie. Ce n’est pas nouveau. De Gaulle dénonçait déjà cette dérive. Il faut rétablir une vraie démocratie,  au niveau national comme de l’Union européenne, organisation oligarchique caricaturale, et ré enseigner le patriotisme aux jeunes pour retisser un lien social qui se défait. 

La marginalisation des valeurs spirituelles

L’Europe comme la Russie sont issues d’une même civilisation issue de l’Empire romain et du christianisme. Le christianisme est unique en ce qu’il est une religion de l’incarnation, du Dieu fait homme pour que l’homme puisse être divinisé comme l’ont dit Saint Athanase en Orient et saint Irénée en Occident. Le christianisme met donc l’accent sur le respect de la personne humaine que l’on ne peut séparer des devoirs moraux.

Cet équilibre est rompu avec l’idéologie des droits de l’homme où les devoirs sont absents. Dostoïevski, cité par le patriarche russe Cyrillel II  a montré que la liberté sans sens des devoirs moraux peut aboutir à des catastrophes humaines. De même l’égalité sans charité débouche sur l’envie, la jalousie et le meurtre comme les révolutions l’ont montré. Quant à la fraternité, sans justice, elle débouche sur la constitution de mafias, qui sont des fraternelles mais réservées aux mafieux  au détriment des autres.

 

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L’égalité en droit des différentes religions n’est pas en cause. Mais il n’y a rien de choquant à reconnaître le rôle du christianisme dans notre histoire commune et à en tirer des conséquences pratiques. Comme l’a dit l’ancien président Sarkozy, un prêtre peut être plus efficace pour redonner du sens moral et retisser le tissu social que la police ou l’assistance sociale. Il en appelait à une laïcité positive, non anti-religieuse.

Là encore, la Russie tente une expérience intéressante qu’il ne faut pas ignorer de collaboration entre l’Etat et l’Eglise. La destruction du rôle public des Eglises a mené au totalitarisme, à un Etat sans contrepoids moral ; il ne faut pas l’oublier.

Redressement culturel et démocratie authentique

Qui pousse en Occident à l’effondrement des valeurs traditionnelles ? Ce n’est certes pas le peuple mais plutôt les élites profitant de leur pouvoir oligarchique, médiatique, financier, juridique et en définitive politique sur la société. Si on faisait un référendum sur le mariage gay, on aurait sans doute des résultats différents du vote de l’Assemblée Nationale.

Ce qui caractérise l’Europe d’aujourd’hui est une coupure croissante entre les élites acquises à la nouvelle idéologie pseudo religieuse des droits de l’homme et le peuple attaché aux valeurs traditionnelles de la famille, de la morale classique et de la patrie.

Ce fossé, par contre, existe moins, semble-t-il en Russie où le président et le gouvernement reflètent bien la volonté populaire, quitte à être critiqués par quelques oligarchies occidentalisées. C’est pourquoi je pense, contrairement à une idée reçue, que la Russie d’aujourd’hui est sans doute plus démocratique que la plupart des Etats européens car la démocratie, c’est d’abord le fait de gouverner selon les souhaits du peuple. En Occident, les pouvoirs sont manipulés par des groupes de pression minoritaires. Ils négligent la volonté du peuple et la preuve en est qu’ils ont peur des référendums.

La démocratie russe est jeune mais est-ce un défaut ? Une démocratie trop vieille peut être devenue vicieuse et décadente, et perdre ses vertus démocratiques d’origine pour sombrer dans l’oligarchie. La Russie est donc peut-être plus démocratique car plus proches des valeurs du peuple que nos oligarchies occidentales dont de puissants réseaux d’influence souhaitent changer notre civilisation, la déraciner, créer de toutes pièces une morale nouvelle et un homme nouveau sans le soutien du peuple. Démocrates d’Europe et de Russie ont en tous cas un même héritage culturel à défendre et à fructifier face à ces réseaux.

Face au déclin des valeurs, déclin surtout importé d’Amérique depuis les années soixante, il appartient donc à l’Europe et à la Russie de faire front commun pour défendre les valeurs de la nation, de la démocratie, de la culture classique avec son héritage chrétien. Comme disait De Gaulle, il faut s’appuyer sur les peuples d’Europe de ‘Atlantique à l’Oural, ou plutôt à Vladivostok. Il a écrit dans les Mémoires de guerre : «  Les régimes, nous savons ce que c’est, sont des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas ». J’ajouterai qu’il en est de même de leurs valeurs éternelles car elles sont inscrites dans la nature humaine et dans la transcendance ».

Yvan Blot (Institut de la démocratie et de la coopération, 10 juin 2013)

samedi, 21 septembre 2013

Idéologie du genre: la porte étroite d’un combat

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Idéologie du genre: la porte étroite d’un combat

Par

Guillaume Bernard



Ex: http://www.valeursactuelles.com

 

Contre le terrorisme intellectuel cherchant à imposer l’idéologie du genre, le risque est grand de se tromper de cible et d’argumentaire.

Alors que le sexe est biologique, le gender est culturel : il est, d’une certaine manière, le sexe social de l’individu. Ceci explique la célèbre formule de Simone de Beauvoir, selon qui « on ne naît pas femme » mais « on le devient ». Identifiée à ses fonctions sexuelles et reproductives, la femme aurait été dépossédée d’elle-même. La conception stéréotypée des sexes l’aurait enfermée dans les rôles traditionnels de mère et de ménagère. Une réelle égalité entre hommes et femmes nécessiterait donc la non-différence sexuelle.

L’idéologie du genre entend supprimer les rôles sociaux fondés sur le sexe (époux/épouse, père/mère) pour permettre à l’individu d’échapper à tout déterminisme. Le projet social qu’elle porte consiste dans la transformation des rapports sociaux en permettant à quiconque de s’approprier les attributs et les fonctions du sexe opposé. Le sexe anatomique ne doit induire aucune sexualité : toutes les pratiques sont supposées être l’expression d’un choix (susceptible d’évoluer) et sont également légitimes. De même, alors que le couple générationnel est nécessairement constitué d’un homme et d’une femme, l’idéologie du genre a construit un concept alternatif à celui de parenté (sexuée) : la parentalité (sociale). La plurisexualité a naturellement pour corollaire les parentalités multiples.

Les études d’histoire et de sociologie du genre ont eu le mérite de rappeler que l’identité d’une personne se construit dans l’altérité. Ainsi, les authentiques parents sont-ils ceux qui éduquent l’enfant et non les simples géniteurs. Mais l’idéologie du genre entend nier, dans la personne humaine, la combinaison de l’essence et de l’existence (qui actualise la première), ne prenant en considération que la seconde. En affirmant que la sexualité de la personne n’est pas donnée par son anatomie mais est culturellement construite, le gender semble désexualiser l’individu, alors qu’elle l’enferme dans ses pratiques sexuelles (puisqu’il n’existe pas vraiment tant qu’il n’a pas posé de choix). Dans l’idéologie du genre, ce n’est donc pas la valorisation des fonctions remplies par la personne, mais l’approche matérialiste de celle-ci qui mérite d’être discutée.

La critique du gender doit prendre la précaution de ne pas assimiler le biologique au naturel (qui pourrait réduire l’être humain à son corps) et le social à l’artificiel (ce qui conduirait à nier, implicitement, la sociabilité naturelle). La personne ne se limite pas au corps ; celui-ci ne se résume pas au sexe. Le corps fait partie de l’être, mais ce dernier n’est pas tout corporel. Comme l’illustrent la chasteté avant le mariage ou le célibat ecclésiastique, l’être humain n’est pas entièrement soumis à son sexe biologique ; l’identité dépend aussi des différents rôles sociaux de la personne. Celle-ci n’est pas qu’un donné biologique ; elle est aussi un construit social. Si les idéologues du genre réduisent l’identité de la personne à sa volonté (prométhéenne ?), leurs adversaires auraient tort de se faire les défenseurs d’un naturalisme biologiste. La théorie du genre est un constructivisme quand elle nie la nature humaine sexuée ; mais sa critique serait tout aussi réductrice si elle enfermait l’identité de la personne dans son corps.

Les droits fondamentaux étant des attributs de l’homme, ne pas reconnaître les mêmes droits à tous les êtres humains (quelles que soient leurs pratiques sexuelles) reviendrait à nier leur humanité. Une argumentation fondée sur les droits de l’homme pour combattre l’idéologie du genre est vouée à un échec certain, puisque, selon cette dernière, la nature humaine, d’où ils sont tirés, n’a pas de consistance (ontologique) mais est purement volontariste. Se tromper d’angle d’attaque contre le gender pourrait rendre le combat totalement stérile. Or, sans l’avoir voulu, les théoriciens du genre ont indirectement remis à l’honneur l’idée de persona, notion centrale de la philosophie du droit alternative à celle qui fonde leur position. Répondre au gender ne suppose-t-il donc pas de défendre à nouveau le principe d’un droit attribué aux personnes (individuelles et collectives) en fonction de leurs mérites ?

Guillaume Bernard

maître de conférences HDR à l’Institut catholique d’études supérieures

dimanche, 15 septembre 2013

C'est en vogue...

"Les internautes naviguent dans les corridors virtuels du cyberworld, des hordes en rollers transhument dans les couloirs de bus. Des millions de têtes sont traversées par les particules ondulatoires des SMS. Des tribus de vacanciers pareils aux gnous d’Afrique migrent sur les autoroutes vers le soleil, le nouveau dieu !

C’est en vogue : on court, on vaque, on se mondialise. On se troue de piercing pour avoir l’air tribal. Un touriste s’envoie dans l’espace pour vingt millions de dollars. « Bougez-vous ! » hurle la pub. « A fond la forme ! ». On se connecte, on est joignable en permanence. On s’appelle pour faire un jogging. L’Etat étend le réseau de routes : la pieuvre de goudron gagne. Le ciel devient petit : il y a des collision d’avions. Pendant que les TGV fusent, les paysans disparaissent. « Tout fout le camp », disent les vieux qui ne comprennent rien. En fit, rien ne fout le camp, ce sont les gens qui ne tiennent plus en place. Mais ce nomadisme-là n’est qu’une danse de Saint-Guy. “

Sylvain Tesson, « Petit traité de l’immensité du monde », Editions des Equateurs.

Ex: http://zentropaville.tumblr.com/

vendredi, 06 septembre 2013

Vers une société de «jobs à la con» ?

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Vers une société de «jobs à la con» ?

Ex: http://fortune.fdesouche.com

Le pamphlet d’un anthropologue américain dénonçant la bureaucratisation de l’économie et la multiplication des emplois inutiles, baptisés «bullshit jobs», a lancé une polémique.

Avez vous un «job à la con» ? Si vous avez le temps de lire cet article devant votre ordinateur au boulot, la réponse est probablement oui. Et à en croire la viralité du pamphlet consacré aux «bullshit jobs» (en VO) signé David Graeber, anthropologue à la London School of Economics et une des figures du mouvement Occupy Wall Street, vous n’êtes pas pas le seul.

 

Dans un court essai publié dans le magazine de la gauche radicale britannique Strike ! le 17 août, l’universitaire, qui n’aime pas qu’on le définisse comme anarchiste, décrit ce qu’il a baptisé le «phénomène des jobs à la con». Soit, selon lui, l’aliénation de la vaste majorité des travailleurs de bureau, amenés à dédier leur vie à des tâches inutiles et vides de sens, tout en ayant pleinement conscience de la superficialité de leur contribution à la société.

 

«Tout un tas d’emplois inutiles»


En introduction, David Graeber cite Keynes, qui, en 1930, prédisait que les avancées technologiques permettraient d’ici la fin du XXe siècle de réduire le temps de travail hebdomadaire à 15 heures par semaine. Pourtant, si la robotisation du travail a bien eu lieu dans de nombreux secteurs, «la technologie a été manipulée pour trouver des moyens de nous faire travailler plus», énonce Graeber.

«Pour y arriver, des emplois ont dû être créés et qui sont par définition, inutiles», explique-t-il, donnant en exemple «le gonflement, non seulement des industries de service, mais aussi du secteur administratif, jusqu’à la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou la croissance sans précédent de secteurs comme le droit des affaires, les administrations, ressources humaines ou encore relations publiques».

Et Graeber de conclure : «C’est comme si quelqu’un inventait tout un tas d’emplois inutiles pour continuer à nous faire travailler.»

Comment définir un emploi inutile ? Provocateur, Graeber propose la méthode empirique suivante : imaginer ce que serait le monde sans «les jobs à la con». «Dites ce que vous voulez à propos des infirmières, éboueurs ou mécaniciens, mais si ils venaient à disparaître dans un nuage de fumée, les conséquences seraient immédiates et catastrophiques, écrit-il.

Un monde sans profs ou dockers serait bien vite en difficulté, et même un monde sans auteur de science-fiction ou musicien de ska serait clairement un monde moins intéressant. En revanche, il n’est pas sûr que le monde souffrirait de la disparition des directeurs généraux d’entreprises, lobbyistes, chercheurs en relation presse, télémarketeurs, huissiers de justice ou consultants légaux. Beaucoup soupçonnent même que la vie s’améliorerait grandement.»

Tâches absconses

Dans le monde occidental, «les métiers productifs ont été automatisés» poursuit-il, alors qu’aux États-Unis et au Royaume-Uni, en un siècle, «les emplois en tant que professionnels, clercs, managers, vendeurs et employés de l’industrie de service ont triplé, passant de un quart à trois quarts des employés totaux». L’anthropologue remarque par ailleurs l’existence d’un corollaire paradoxal : plus un travail est utile à la société et moins il est payé.

Et bien souvent déconsidéré, même si Graeber reconnaît quelques exceptions, comme les médecins. Pendant ce temps-là, un nombre toujours plus important de «gratte-papiers» travaillent entre 40 et 50 heures par semaine à des tâches absconses, qu’ils accomplissent souvent dans les 15 heures prédites par Keynes, passant «le reste de leur temps à organiser ou aller à des séminaires de motivation, mettre à jour leur profil Facebook ou télécharger des séries télévisées».

L’auteur conclut que le néolibéralisme en est paradoxalement arrivé au même point que les systèmes soviétiques de la deuxième moitié du XXe siècle, c’est à dire à employer un très grand nombre de personnes à ne rien faire. Une aberration à l’encontre des principes même du capitalisme, et d’autant plus incompréhensible compte tenu de l’important nombre de chômeurs dans les pays industrialisés.

The Economist, journal libéral par définition, n’a pas attendu pour répondre à Graeber à travers une note de blog. Le magazine y défend les emplois administratifs et managériaux en mettant en avant la nature «progressivement complexifiée» de l’économie mondiale moderne.

«Les biens qui sont produits sont plus complexes, la chaîne de fabrication utilisée pour les produire est plus complexe, le système qui consiste à les marketer, les vendre et les distribuer est plus complexe, les moyens de financement de tout ce système sont plus complexes, et ainsi de suite. Cette complexité est ce qui fait notre richesse. Mais c’est extrêmement douloureux à manager.»

Modes de vie anxiogènes, ultra-contrôlés et aseptisés

Sur Slate.fr, le journaliste Jean-Laurent Cassely pousse l’analyse de Graeber un peu plus loin, énumérant les symptômes des «bullshit jobs» dans la société, du «syndrome de la chambre d’hôte» à ses infinies représentations dans la pop culture, du film Fight Club à la série télé The Office, en passant par l’œuvre de Michel Houellebecq. Il cite aussi la politologue Béatrice Hibou, directrice de recherche au CNRS et auteur de La bureaucratisation du monde à l’ère néolibérale (Éditions La Découverte).

Selon elle, l’émergence des «jobs à la con» va de pair avec les modes de vie anxiogènes, ultra-contrôlés et aseptisés, adoptés par le monde occidental. «Contrairement à une vision un peu critique de gauche qui dit que c’est de la faute du grand capital, en fait, nous sommes tous bureaucrates. Parce qu’au nom de la sécurité, du principe de précaution, de la facilité de la vie, on promeut cette extension de l’usage de la norme.»

Une chose est sûre : le succès de l’article de David Graeber, partagé frénétiquement sur les réseaux sociaux bien au-delà du cercle des universitaires ou des anarchistes et spontanément traduit dans de multiples langues par des blogueurs enthousiastes, témoigne ainsi de la validité d’une partie de sa théorie. Les ronds-de-cuir ont décidément beaucoup de temps libre devant leur ordinateur de bureau…

Libération

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David Graeber: Bullshit Jobs

David Graeber: Bullshit Jobs

Ex: http://robertgraham.wordpress.com

Here is a piece by David Graeber from the online Strike magazine, which even elicited a rebuttal from that venerable organ of capitalist propaganda, The Economist. The loss of meaningful, productive work is something that both Paul Goodman and Noam Chomsky have often commented on. I included pieces by Goodman and Chomsky in Volume Two of Anarchism: A Documentary History of Libertarian Ideas and by Chomsky and Graeber in Volume Three: The New Anarchism (1974-2012).

On the Phenomenon of Bullshit Jobs

In the year 1930, John Maynard Keynes predicted that, by century’s end, technology would have advanced sufficiently that countries like Great Britain or the United States would have achieved a 15-hour work week. There’s every reason to believe he was right. In technological terms, we are quite capable of this. And yet it didn’t happen. Instead, technology has been marshaled, if anything, to figure out ways to make us all work more. In order to achieve this, jobs have had to be created that are, effectively, pointless. Huge swathes of people, in Europe and North America in particular, spend their entire working lives performing tasks they secretly believe do not really need to be performed. The moral and spiritual damage that comes from this situation is profound. It is a scar across our collective soul. Yet virtually no one talks about it.

Why did Keynes’ promised utopia – still being eagerly awaited in the ‘60s – never materialize? The standard line today is that he didn’t figure in the massive increase in consumerism. Given the choice between less hours and more toys and pleasures, we’ve collectively chosen the latter. This presents a nice morality tale, but even a moment’s reflection shows it can’t really be true. Yes, we have witnessed the creation of an endless variety of new jobs and industries since the ‘20s, but very few have anything to do with the production and distribution of sushi, iPhones, or fancy sneakers.

So what are these new jobs, precisely? A recent report comparing employment in the US between 1910 and 2000 gives us a clear picture (and I note, one pretty much exactly echoed in the UK). Over the course of the last century, the number of workers employed as domestic servants, in industry, and in the farm sector has collapsed dramatically. At the same time, “professional, managerial, clerical, sales, and service workers” tripled, growing “from one-quarter to three-quarters of total employment.” In other words, productive jobs have, just as predicted, been largely automated away (even if you count industrial workers globally, including the toiling masses in India and China, such workers are still not nearly so large a percentage of the world population as they used to be).

But rather than allowing a massive reduction of working hours to free the world’s population to pursue their own projects, pleasures, visions, and ideas, we have seen the ballooning not even so much of the “service” sector as of the administrative sector, up to and including the creation of whole new industries like financial services or telemarketing, or the unprecedented expansion of sectors like corporate law, academic and health administration, human resources, and public relations. And these numbers do not even reflect on all those people whose job is to provide administrative, technical, or security support for these industries, or for that matter the whole host of ancillary industries (dog-washers, all-night pizza deliverymen) that only exist because everyone else is spending so much of their time working in all the other ones.

These are what I propose to call “bullshit jobs.”

It’s as if someone were out there making up pointless jobs just for the sake of keeping us all working. And here, precisely, lies the mystery. In capitalism, this is precisely what is not supposed to happen. Sure, in the old inefficient socialist states like the Soviet Union, where employment was considered both a right and a sacred duty, the system made up as many jobs as they had to (this is why in Soviet department stores it took three clerks to sell a piece of meat). But, of course, this is the sort of very problem market competition is supposed to fix. According to economic theory, at least, the last thing a profit-seeking firm is going to do is shell out money to workers they don’t really need to employ. Still, somehow, it happens.

While corporations may engage in ruthless downsizing, the layoffs and speed-ups invariably fall on that class of people who are actually making, moving, fixing and maintaining things; through some strange alchemy no one can quite explain, the number of salaried paper-pushers ultimately seems to expand, and more and more employees find themselves, not unlike Soviet workers actually, working 40 or even 50 hour weeks on paper, but effectively working 15 hours just as Keynes predicted, since the rest of their time is spent organizing or attending motivational seminars, updating their facebook profiles or downloading TV box-sets.

The answer clearly isn’t economic: it’s moral and political. The ruling class has figured out that a happy and productive population with free time on their hands is a mortal danger (think of what started to happen when this even began to be approximated in the ‘60s). And, on the other hand, the feeling that work is a moral value in itself, and that anyone not willing to submit themselves to some kind of intense work discipline for most of their waking hours deserves nothing, is extraordinarily convenient for them.

Once, when contemplating the apparently endless growth of administrative responsibilities in British academic departments, I came up with one possible vision of hell. Hell is a collection of individuals who are spending the bulk of their time working on a task they don’t like and are not especially good at. Say they were hired because they were excellent cabinet-makers, and then discover they are expected to spend a great deal of their time frying fish. Neither does the task really need to be done – at least, there’s only a very limited number of fish that need to be fried. Yet somehow, they all become so obsessed with resentment at the thought that some of their co-workers might be spending more time making cabinets, and not doing their fair share of the fish-frying responsibilities, that before long there’s endless piles of useless badly cooked fish piling up all over the workshop and it’s all that anyone really does.

I think this is actually a pretty accurate description of the moral dynamics of our own economy.

Now, I realise any such argument is going to run into immediate objections: “who are you to say what jobs are really ‘necessary’? What’s necessary anyway? You’re an anthropology professor, what’s the ‘need’ for that?” (And indeed a lot of tabloid readers would take the existence of my job as the very definition of wasteful social expenditure.) And on one level, this is obviously true. There can be no objective measure of social value.

I would not presume to tell someone who is convinced they are making a meaningful contribution to the world that, really, they are not. But what about those people who are themselves convinced their jobs are meaningless? Not long ago I got back in touch with a school friend who I hadn’t seen since I was 12. I was amazed to discover that in the interim, he had become first a poet, then the front man in an indie rock band. I’d heard some of his songs on the radio having no idea the singer was someone I actually knew. He was obviously brilliant, innovative, and his work had unquestionably brightened and improved the lives of people all over the world. Yet, after a couple of unsuccessful albums, he’d lost his contract, and plagued with debts and a newborn daughter, ended up, as he put it, “taking the default choice of so many directionless folk: law school.” Now he’s a corporate lawyer working in a prominent New York firm. He was the first to admit that his job was utterly meaningless, contributed nothing to the world, and, in his own estimation, should not really exist.

There’s a lot of questions one could ask here, starting with, what does it say about our society that it seems to generate an extremely limited demand for talented poet-musicians, but an apparently infinite demand for specialists in corporate law? (Answer: if 1% of the population controls most of the disposable wealth, what we call “the market” reflects what they think is useful or important, not anybody else.) But even more, it shows that most people in these jobs are ultimately aware of it. In fact, I’m not sure I’ve ever met a corporate lawyer who didn’t think their job was bullshit. The same goes for almost all the new industries outlined above. There is a whole class of salaried professionals that, should you meet them at parties and admit that you do something that might be considered interesting (an anthropologist, for example), will want to avoid even discussing their line of work entirely. Give them a few drinks, and they will launch into tirades about how pointless and stupid their job really is.

This is a profound psychological violence here. How can one even begin to speak of dignity in labour when one secretly feels one’s job should not exist? How can it not create a sense of deep rage and resentment. Yet it is the peculiar genius of our society that its rulers have figured out a way, as in the case of the fish-fryers, to ensure that rage is directed precisely against those who actually do get to do meaningful work. For instance: in our society, there seems a general rule that, the more obviously one’s work benefits other people, the less one is likely to be paid for it. Again, an objective measure is hard to find, but one easy way to get a sense is to ask: what would happen were this entire class of people to simply disappear? Say what you like about nurses, garbage collectors, or mechanics, it’s obvious that were they to vanish in a puff of smoke, the results would be immediate and catastrophic. A world without teachers or dock-workers would soon be in trouble, and even one without science fiction writers or ska musicians would clearly be a lesser place. It’s not entirely clear how humanity would suffer were all private equity CEOs, lobbyists, PR researchers, actuaries, telemarketers, bailiffs or legal consultants to similarly vanish. (Many suspect it might markedly improve.) Yet apart from a handful of well-touted exceptions (doctors), the rule holds surprisingly well.

Even more perverse, there seems to be a broad sense that this is the way things should be. This is one of the secret strengths of right-wing populism. You can see it when tabloids whip up resentment against tube workers for paralyzing London during contract disputes: the very fact that tube workers can paralyze London shows that their work is actually necessary, but this seems to be precisely what annoys people. It’s even clearer in the US, where Republicans have had remarkable success mobilizing resentment against school teachers, or auto workers (and not, significantly, against the school administrators or auto industry managers who actually cause the problems) for their supposedly bloated wages and benefits. It’s as if they are being told “but you get to teach children! Or make cars! You get to have real jobs! And on top of that you have the nerve to also expect middle-class pensions and health care?”

If someone had designed a work regime perfectly suited to maintaining the power of finance capital, it’s hard to see how they could have done a better job. Real, productive workers are relentlessly squeezed and exploited. The remainder are divided between a terrorized stratum of the, universally reviled, unemployed and a larger stratum who are basically paid to do nothing, in positions designed to make them identify with the perspectives and sensibilities of the ruling class (managers, administrators, etc) – and particularly its financial avatars – but, at the same time, foster a simmering resentment against anyone whose work has clear and undeniable social value. Clearly, the system was never consciously designed. It emerged from almost a century of trial and error. But it is the only explanation for why, despite our technological capacities, we are not all working 3-4 hour days.

David Graeber

mardi, 03 septembre 2013

L’idéologie du genre, une dérive du féminisme

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L’idéologie du genre, une dérive du féminisme

Quelle est donc cette idéologie que la Manif pour Tous entend contrer dès la rentrée ? L’idéologie du genre. Comment est-elle parvenue en France ? Quel est son but ? Ses conséquences sur l’éducation des enfants ?

gabard.gifDans son livre, Le féminisme et ses dérives, rendre un père à l’enfant-roi, le professeur d’histoire-géographie et ancien féministe Jean Gabard nous explique comment et pourquoi notre société en est arrivée là. Il ne nous donne pas de recette miracle mais il nous explique que deux idéolog
ies s’affrontent et s’entretiennent mutuellement. L’une, visant à nier toute différence entre l’homme et la femme. L’autre voulant au contraire ramener l’homme à son autorité pour faire tenir à carreaux les enfants qui sont mal élevés. Dans une première partie, nous verrons les rapports entre l’homme et la femme tout au long de l’histoire. Dans une seconde partie, nous verrons les conséquences de l’idéologie du genre dans notre société.

Au cours de l’histoire, les rapports entre l’homme et la femme se sont modifiés. Durant la préhistoire, la femme était sacralisée parce que l’homme s’était rendu compte qu’elle pouvait donner la vie. Dans l’Antiquité, la femme avait un rôle ambigu. Elle avait moins de droits que les hommes mais pouvait prendre des initiatives dans la maisonnée. En outre, certains cultes étaient rendus à des déesses. Certaines fêtes étaient même réservées aux femmes et l’homme qui osait s’y introduire était puni, la sentence allant jusqu’à la mort.

La femme avait un statut entre valorisation et dévalorisation. Il faut bien comprendre que la femme s’occupait du domaine privé et que l’homme s’occupait du domaine public. La seule personne qui est venue mettre le bazar dans ce monde est le Christ. Il est le seul à parler d’égalité entre l’homme et la femme. Petit à petit, au Moyen Âge, les rapports entre l’homme et la femme se sont modifiés. Certes, la femme restait à la maison pendant que l’homme allait travailler à la ferme. Mais dans les seigneuries, elle les accompagnait et pouvait même prendre des initiatives dans le château. Exemple, à partir de 987, les privilèges étaient devenus héréditaires par la volonté d’Hugues Capet.

Aussi, lorsque le seigneur décidait de donner, de louer ou de vendre son bien, la famille était donc conviée à donner son avis sur le sujet. La femme était présente. Toutefois, malgré ce rôle et ce statut,  une contestation intellectuelle se mis en place lors du siècle des Lumières. Pourtant, on peut remarquer que ce n’est pas dans un cadre trop flatteur. La contestation est surtout venue de mai 1968. Cette contestation s’inspire des études sur le genre qui sont publiées pour la première fois aux États-Unis. La polémique arrive en France en 2011, lorsque le ministre de l’éducation national, Luc Châtel demande à faire la distinction entre l’identité sexuelle et l’orientation sexuelle dans les programmes de SVT.

Les conséquences de cette idéologie sont doubles. Soyons clairs : les études sur le genre sont nécessaires pour comprendre les rapports entre l’homme et la femme et démonter certains préjugés. Le problème est la théorisation de ces études par certains chercheurs. Ils sont ensuite passés dans les institutions internationales pour les imposer (ONU, UE). La conséquence est d’abord juridique. Dans la loi, il n’y a plus de distinction entre l’homme et la femme. La seule exception est le sous-marin : la femme n’a pas le droit d’y aller.

Ensuite sur l’éducation des enfants : l’enfant ne connait plus de limite, il a beaucoup de mal avec les règles de disciplines, de grammaire, de calculs, de conjugaison d’orthographes. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a plus de père et de mère. Le rôle de la mère est affectif auprès de l’enfant puisque c’est elle qui l’a porté jusqu’à sa naissance. Le rôle du père est de casser cette affection pour mettre des limites aux désirs de l’enfant.

L’exemple de l’interrupteur : vous avez souvent vu un enfant s’amuser avec un interrupteur pour allumer et éteindre la lumière. Normalement, le père doit intervenir pour demander à l’enfant d’arrêter de jouer avec la lumière. Mais si c’est la mère, alors l’enfant le prendra comme un chantage affectif : « j’obéis parce que sinon maman ne m’aimera plus ». Le temps que les parents se mettent d’accord sur le moment de l’intervention, l’enfant ne va pas s’arrêter.

En conclusion, pendant longtemps, on a utilisé les différences pour dire que l’homme domine la femme mais aujourd’hui on affirme que ces différences sont sexistes et discriminatoires. Par ailleurs tous les programmes de lutte contre la discrimination mis en place par les gouvernements ont échoué puisque les différences ressortent plus violemment au moment de la puberté. La question est de savoir si nous serons capables de construire une société à même d’accepter les différences et de se tenir à notre place.

Antoine Billot

 

jeudi, 22 août 2013

Castoriadis : un penseur de notre temps

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Castoriadis : un penseur de notre temps

Pierre Le Vigan
Ex: http://metamag.fr

Le philosophe Cornélius Castoriadis, mort en 1997, reste assurément un des penseurs majeurs de notre temps. Ce « Grec moderne » avait animé, avec Claude Lefort, Jean-François Lyotard, Daniel Mothé et quelques autres la célèbre revue Socialisme ou Barbarie. L’ouvrage remarquablement complet de Jean-Louis Prat, plus qu’une simple introduction à Castoriadis, est au meilleur sens du terme une mise en examen de sa pensée. Cornélius Castoriadis allait infiniment au-delà du simple constat que le socialisme réellement existant n’était pas… socialiste. Le concept clé que reprend Castoriadis est très exactement celui que développait Engels dans sa préface à la réédition de 1888 du Manifeste du Parti communiste. C’est l’idée que le communisme désigne le mouvement ouvrier lui-même, par opposition aux socialismes bourgeois réformateurs de la société par « en haut » et par opposition aux réformateurs « médicastres » visant à soigner les « excès » du capitalisme sans mettre en cause le profit et sa logique.
 
En résumé, selon Engels,  « l’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. » Castoriadis reprend cette idée de l’autonomie nécessaire du mouvement d’émancipation des travailleurs. Sa deuxième idée centrale c’est le refus argumenté du déterminisme historique. Non, la classe ouvrière n’est pas « naturellement » portée à accomplir sa mission historique d’auto-émancipation. Non, la baisse tendancielle du taux de profit n’est pas assurée. Contrairement aux trotskistes Castoriadis ne considère pas que l’URSS était un « Etat ouvrier dégénéré ». Il ne considérait pas non plus que c’était un socialisme d’Etat, étape pénible mais nécessaire vers un vrai socialisme. Contrairement aux théoriciens d’un déterminisme strict du développement des forces productives, Castoriadis ne pense pas non plus que le régime russe issu de la Révolution d’Octobre relevait d’un capitalisme d’Etat. C’était pour lui un capitalisme bureaucratique. C’est pourquoi Castoriadis refusa toujours à la fois la pseudo « défense de l’URSS » tout comme la pseudo « défense du monde libre ». De même il soulignera la convergence symbolique entre l’Humanité et le Figaro pour nier une des dimensions essentielles de la révolte hongroise de 1956, celle d’un mouvement ouvrier autonome de résistance à l’accumulation forcenée du capital, sous une étiquette socialiste et sous la forme réelle d’un capitalisme bureaucratique (ce qui n’exclut pas le rôle dans la révolte d’une volonté d’indépendance retrouvée de la nation).
 
L’opposition de Castoriadis au déterminisme économiste l’amènera à remarquer que loin d’être toujours la conséquence du développement des forces productives, la bureaucratie d’Etat peut au contraire en être l’agent créateur, comme dans le cas de la Chine « communiste ». 

Déjà, George Orwell avait dénoncé les « petits professeurs (…) occupés à prouver que le socialisme ne signifie rien de plus qu’un capitalisme d’Etat plus planifié et qui conserve entièrement sa place comme mobile à la rapacité. » Castoriadis comme Orwell n’a cessé de combattre ce contresens. Il avait aussi parfaitement perçu le « nouvel esprit du capitalisme » (Luc Boltanski et Eve Chiapello) et les récupérations par le productivisme des aspirations à l’autonomie, comprenant qu’avec la société du spectacle le capitalisme engendrerait une « crise de la socialisation comme telle », c’est-à-dire amplifierait d’une manière inédite la déshumanisation de l’homme. Il avait compris que l’écologie met en cause radicalement le capitalisme, quand elle refuse le « cercle carré » du développement durable. Marxiste non dévot, Castoriadis constatait encore que la plupart des pseudos « dépassements du marxisme » constituaient en fait de pures et simples régressions. La suite ne lui a pas donné tort.

Jean-Louis Prat, Introduction à Castoriadis, La Découverte/Repères, 126 pages, 8 €.

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samedi, 13 juillet 2013

Digitale dementie

Digitale dementie: Geheugen jongeren permanent aangetast door smartphones en pc's

Jongeren door internetcontacten steeds minder empathisch - Straling mobieltjes: Verhoogd risico op hersentumor, hartaandoening, Alzheimer, MS , Parkinson, autisme


De snelle omschakeling naar een digitale samenleving blijkt steeds vaker grote en veelal permanente gevolgen te hebben voor onze lichamelijke en geestelijke gezondheid.

Artsen in Zuid Korea, het land dat al sinds de jaren '90 voorop loopt bij de invoering van computers, maken zich zorgen over een nieuwe en snel groeiende aandoening die vooral jongeren aantast: digitale dementie. Het blijkt dat het geheugen van steeds meer jonge mensen door het veelvuldig en langdurig gebruik van pc's, spelcomputers en smartphones ernstig wordt aangetast, zozeer dat er zelfs sprake lijkt van een hersenbeschadiging of psychiatrische ziekte. Sommige jongeren kunnen niet eens meer een telefoonnummer onthouden.

De vooruitstrevende digitalisering van de Zuid Koreaanse samenleving, zowel op de werkplek, de scholen als in de privésfeer, blijkt een zorgwekkende keerzijde te hebben. 'Het te vaak gebruiken van smartphones en (spel)computers belemmert de ontwikkeling van het brein,' zegt Byun Gi-won, wetenschapper van het Balance Brain Centre in Seoul. 'Zware gebruikers ontwikkelen met name de linkerkant van hun brein, waardoor de rechterkant onaangesproken of onderontwikkeld blijft.'

Extreem vroege dementie, emotionele onderontwikkeling

De rechterkant van het brein is verbonden met het concentratievermogen. Als deze helft zich niet voldoende ontwikkelt krijgen mensen grote problemen met opletten en hun geheugen, wat in maar liefst 15% van de gevallen kan leiden tot het extreem vroeg intreden van dementie. Daarnaast zijn deze aangetaste mensen vaak emotioneel onderontwikkeld, waarbij kinderen hogere risico's lopen dan volwassenen omdat hun hersenen nog niet volgroeid zijn.

Volgens het ministerie van Wetenschap, ICT en Toekomstplanning bezit ruim 67% van de Zuid Koreanen een smartphone, het hoogste percentage ter wereld. Onder tieners is dit 64%, een gigantische groei ten opzichte van de 21,4% in 2011. Zuid Korea was het eerste land ter wereld waar ook op de basisscholen massaal papier en schoolbord werden vervangen door computers.

'Schade hersenen onomkeerbaar'

De Duitse neurowetenschapper dr. Manfred Spitzer schreef in 2012 het boek 'Digitale Dementie'. Hierin waarschuwde hij ouders en leraren voor de gevaren als kinderen te veel tijd doorbrengen met hun laptop, smartphone of andere elektronische apparaten. De schade die wordt aangebracht aan de hersenen is volgens Spitzer onomkeerbaar, reden waarom hij opriep tot een verbod op het gebruik van digitale apparaten op Duitse scholen.

'Kinderlijk gedrag' door sociale netwerken

Lady Greenfield, een gezaghebbende professor synaptische farmacologie aan het Lincoln college in Oxford (Engeland), waarschuwde in 2009 in het Britse Hogerhuis (1e Kamer) dat door de ervaringen die kinderen op sociale netwerksites opdoen zij 'verstoken blijven van samenhangende taal en lange-termijn betekenis. Als gevolg zullen de hersenen van de kinderen, als ze straks volwassen zijn, nog steeds op een kinderlijke manier functioneren.'

Volgens haar veroorzaken sociale netwerksites een verkorting van de aandachtsboog van kinderen. 'Als het jonge brein al vroeg wordt blootgesteld aan een wereld van snelle aktie en reactie, van plotseling opflitsende nieuwe beelden en foto's door een simpele druk op een knop, dan raken de hersenen er aan gewend om binnen zulke korte tijdsperiodes te reageren. Maar als er dan in de echte wereld niet onmiddellijk reacties volgen, dan krijgen we afwijkend gedrag en noemen dat vervolgens 'attentention-deficit (hyperactivity) disorder', AD(H)D.'

Erosie van eigen identiteit

Greenfield zei dat meer computeren en minder lezen van boeken leidt tot het verlies van empathie, van inlevingsvermogen. De professor vindt het vreemd dat de maatschappij de erosie van onze identiteit als gevolg van sociale netwerksites 'enthousiast omarmt'. Volgens haar leiden sites als Facebook en Hyves ertoe dat mensen het onderscheid tussen hun online identiteit en de 'echte wereld' beginnen te verliezen. Greenfield stelt dat de volwassenen van de volgende generatie daarom hun identiteit zullen ontlenen aan de reacties van anderen op henzelf.

Sociale netwerksites kunnen een 'constante herbevestiging geven dat er naar je geluisterd wordt, je (h)erkend wordt, belangrijk bent,' vervolgde Greenfield. 'Dit is echter gelijktijdig gekoppeld aan een vervreemding van de druk van een écht face-to-face gesprek, een echte real-life conversatie, die veel 'gevaarlijker' is, omdat je geen gelegenheid hebt om een tijdje over een slim of gevat antwoord na te denken.' (5)

Narcistisch gedrag, gebrek aan empathie

Dr. Ablow, Amerikaanse psychiater en New York Times auteur van diverse bestsellers, schreef in 2010 dat veelvuldig chatten ertoe leidt dat mensen op den duur steeds slechter in staat zijn om diepgaande 'real life' relaties aan te gaan, omdat men gewend is internetcontacten die 'moeilijk' doen simpel weg te klikken.

Ook hij schreef de explosie van AD(H)D onder jongeren mede toe aan de verschuiving onder jongeren naar digitale contacten. 'Veel moderne jongeren vertonen narcistisch gedrag en denken dat zij de sterren van hun eigen digitale levens'soap' zijn... De veel grotere slachting zal bestaan uit de stille vernietiging van de waardevolle interpersoonlijke alchemie die we 'menselijke relaties' noemen. Die zijn gebaseerd op empathie en het besef dat je altijd te maken hebt met iemand die een gevoel heeft en daarom met respect behandeld moet worden,' aldus Ablow.

Mensen online als wegwerpartikelen behandeld

'Nu dreigen we echter een belangrijke grens over te gaan door buitengewoon 'giftige' boodschappen tot ons te nemen die het tegenovergestelde zeggen, namelijk dat mensen wegwerpartikelen zijn, wier enige waarde is dat ze misschien maar enkele minuten onze aandacht kunnen vasthouden.' Naast dr. Ablow waarschuwen psychiaters over de hele wereld dat met name jongeren steeds minder in staat lijken om complexe, duurzame relaties aan te gaan, omdat het hen aan voldoende empathie (inlevingsvermogen) ontbreekt. (2)

Ook de snelle verruwing op blogs en forums in de afgelopen jaren, waaronder helaas ook deze site, is een duidelijk bewijs van deze digitale afstomping en ontaarding. Steeds meer mensen hebben er moeite mee om op normale, beschaafde en respectvolle wijze op artikelen of andere bezoekers waar zij het niet mee eens zijn te reageren. Velen zijn niet (meer) in staat met inhoudelijke en onderbouwde argumenten te reageren en grijpen daarom terug op ordinaire verwensingen en grove scheldpartijen.

Hartaandoening, Alzheimer, MS, Parkinson, hersentumor

Na Japanse, Australische, Finse, Zweedse en Zwitserse wetenschappers concludeerde in 2009 ook het European Research Institute for Electronic Components in Boekarest dat de straling die door mobieltjes wordt afgegeven onder andere kan leiden tot hartaandoeningen en nierstenen. Onderzoekers van de universiteit in het Zweedse Lund ontdekten dat ook de hersenen kunnen worden aangetast, waardoor mensen sneller Alzheimer, Multiple Sclerosis en Parkinson kunnen krijgen. Australische wetenschappers waarschuwden dat in het jaar 2020 zo'n 2 miljard (!) mensen een hersentumor kunnen ontwikkelen door het veelvuldig bellen met mobieltjes.  (4)

Inmiddels is er ook bewijs geleverd dat de sterke groei van autisme mede wordt veroorzaakt door de forse toename van RF (Radio Frequentie) straling in de atmosfeer, die schade aanricht aan de hersenen van ongeboren en jonge kinderen. Het aantal baby's met autisme groeide van 1 op de 150 in 2002 naar ongeveer 1 op de 50 tien jaar later.

In juni 2011 classificeerde de Wereld Gezondheid Organisatie (WHO) de straling die door de inmiddels bijna 7 miljard mobieltjes (2011: 4,6 miljard) op de wereld wordt geproduceerd dan ook als 'mogelijk kankerverwekkend'. Hiermee werden mobieltjes in dezelfde categorie geplaatst als lood en chloroform. De WHO concludeerde dat frequente blootstelling aan straling van mobieltjes gelinkt kan worden aan kwaadaardige hersentumoren.

Straling verstoort DNA reparatie

In een recente presentatie toonde ook Devra Lee Davis, voormalig wetenschapper aan de National Academy of Sciences, de gevaren van mobieltjes aan. Davis dacht aanvankelijk dat de straling geen kwaad kon, totdat ze na uitvoerig onderzoek tot geheel andere conclusies kwam. De impact op het lichaam wordt niet veroorzaakt door het lage energieverbruik van mobieltjes, maar door de pulserende straling die ze uitzenden en die de reparatie van beschadigd DNA in het lichaam kan verstoren.

Davis zei ook dat mobieltjes de oorzaak zijn van kankertumoren die ontstaan op plaatsen die veel bloot staan aan direct contact (ook met kleding ertussen) met het apparaat. Epidemioloog en gezondheidswetenschapper George Carlo, oprichter van het Science and Public Policy Institute, stelde al jaren geleden dat de industrie nooit serieus onderzoek heeft verricht naar de gevolgen van mobiele straling. Na een 6 jaar durend onderzoek dat $ 28 miljoen kostte concludeerde Carlo in 1999 dat de straling dermate ernstig is, dat in 2010 jaarlijks zo'n 500.000 Amerikanen kanker zouden krijgen als direct gevolg van het gebruik van mobiele telefoons.

'Nieuwe generatie smartphonechips zeer schadelijk'

Vorig jaar sloegen Amerikaanse wetenschappers alarm over de nieuwe generatie microchips die voor smartphones wordt ontwikkeld. Volgens dr. Boian Alexandrov van het Center for Nonlinear Studies van het Alamos National Laboratory in New Mexico kunnen de terahertz (Thz) golven die deze chips uitzenden het menselijke DNA beschadigen en zelfs vernietigen. Deze technologie wordt nu al dagelijks toegepast bij het scannen van passagiers op luchthavens. Dr. Alexandrov vreest dat als deze chips in smartphones worden toegepast, er in de toekomst miljoenen mensen ernstig ziek zullen worden of zelfs zullen sterven. (3)

Xander

(1) The Telegraph
(2) Xandernieuws 05-03-2010
(3) Xandernieuws 11-05-2012
(4) 02-01-09: Opnieuw bewijs dat mobieltjes schadelijk zijn voor gezondheid
(5) 27-02-09: Hersenexpert: Sociale netwerksites leiden tot 'kinderlijk gedrag'

Zie ook o.a.:

01-01-13: Nomofobie -angst dat je mobieltje het niet doet- in opmars
08-04-09: Duitse wetenschappers waarschuwen tegen schadelijke effecten zendstations digitale TV

mardi, 09 juillet 2013

Plaidoyer pour une décroissance de l'éphémère

LA FABRIQUE DU CONSENTEMENT

Plaidoyer pour une décroissance de l'éphémère


Chems Eddine Chitour*
Ex: http://metamag.fr
 
Pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible: c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible.»
Patrick Le Lay, Président Directeur Général de TF1

Il est devenu d'usage d'admettre dans la plus pure tradition de la fatalité, que la civilisation est ce qu'elle est et qu'il faut s'adapter ou périr. Il en va ainsi de tous les « ismes » qui ont malmené la condition humaine à travers les siècles, notamment le précédent, par toute latitude. En son temps, Jean-François Lyotard avait fait l'inventaire de tous les récits de légitimité (communisme, stalinisme, nazisme... libéralisme) et comme épouvantail islamisme imposés par les puissants aux peuples. Parmi tous ces «ismes» le capitalisme triomphant après la chute du communisme pensait pouvoir formater la planète pour mille ans.


Souvenons-nous dans le droit fil de la « destinée manifeste » du XIXe siècle faisant dire à Dieu qu’il privilégie le peuple américain, de «La fin de l'histoire»  au XXe siècle de Francis Fukuyama pour qui le modèle américain de néolibéralisme devait amener la prospérité et la démocratie «aéroportée» et les lumières droits de l'homme au reste du monde au besoin éclairée par le napalm... 

On le sait, le Programme américain pour un nouveau siècle (Pnac) théorisé par les néoconservateurs avait justement, pour objectif de réaffirmer le leadership définitif de l'hyperpuissance américaine. Pour cela il fallait inventer un Satan de rechange. Ce sera l'Islam(isme) et à bien des égards, l'attaque des tours jumelles, symbole du capitalisme triomphant, fut du pain bénit. Rien ne s'opposera ni à l'intérieur ni à l'extérieur à la tentation d'Empire et à la nouvelle religion le money-théisme. Le capitalisme, le néolibéralisme  et la mondialisation ont besoin de mécanismes pour formater durablement le monde. Des institutions seront mises en place pour gouverner le monde, à la place des anciennes. D'abord, ce seront les deux grandes banques, celle qui «ajuste, structurellement les économies vulnérables le FMI, et la Banque mondiale». Ce sera  ensuite, le commerce confié à l'OMC.


Par ailleurs il y aura forcément des récalcitrants qu’il faudra mettre au pas, soit par le soft power de la Cour pénale internationale  pour juger les faibles, soit par  la force brutale avec l’Otan. Enfin la surveillance et  le formatage des esprits, seront confiés à Internet, et à l'addiction volontaire aux nouveaux médias. Nous allons justement traiter dans ce qui suit de la fabrique du consentement par les médias et la publicité sur tous les supports au premier rang desquels la télévision joue un rôle capital dans la «panurgisation» du monde.

Le marché et son installation: Les consommateurs « sous influence » 

Dans les pays dits développés, le marché, dans l'euphorie des «trente glorieuses» en Europe a permis le développement spectaculaire de la consommation débridée sous toutes ses formes. A titre d'exemple, l'installation des grandes surfaces qui a laminé définitivement les petits commerces s'est imposée au début des années 1960 et en mutant chaque fois pour serrer au plus près le consommateur on apprend qu'en France: «Le premier hyper est né le 15 juin 1963 en région parisienne sous la bannière Carrefour. Dans les années 1970, les nouvelles technologies changent les modalités d'achat. L'apparition du code-barre, puis la naissance de la carte à puces et des cartes bancaires modifient. En 1976, Carrefour lance les «produits libres». En 2012, Carrefour teste un magasin virtuel à Lyon et à Paris. Il permet au consommateur de commander ses produits via son smartphone depuis un lieu de passage, une gare par exemple, et de se faire livrer à son domicile ou au point «drive» de son choix.» (Du chariot à la caisse automatique, un demi-siècle d'hypermarchés Le Monde 14.06.2013 )

La fabrique du consentement 

Dans cette lutte féroce pour vendre à tout prix, les firmes multinationales ne manquent pas d'imagination. Elles faisaient appel aux techniques antédiluviennes de la réclame puis de la publicité classique. Elles s'attaquent maintenant au cerveau et créent un besoin. Pierre Barthélemy rapporte l'expérience singulière - pour nous, mais rentrée dans les mœurs ailleurs - de mainmise sur le cerveau, expérience qui montre que rien n'est définitivement acquis et qu'on peut être trompé tout le temps. Nous le suivons: «Comment les grandes marques influent sur nos cerveaux. Tellement brutale mais tellement vraie, la sortie de Patrick Le Lay, alors P-DG de TF1, avait fait grand bruit: il n'imaginait sûrement pas, c'est à quel point ce rapprochement entre cerveau et grandes enseignes commerciales était pertinent et profond. Une étude remontant au début des années 1980 a ainsi montré que des femmes souffrant de maux de tête se sentaient plus soulagées en prenant le cachet d'aspirine d'un groupe pharmaceutique très connu plutôt que celui d'une société moins célèbre, ce alors que la formulation et la présentation du médicament étaient exactement les mêmes.» 

Pierre Barthélémy cite une étude singulière: «Dans un article publié il y a quelques semaines par PLOS ONE, deux psychologues allemands se sont demandé si cet effet «grande marque» pouvait être transposé dans l'univers de l'alimentation et influencer une dégustation. Pour le déterminer, ils ont mis au point l'expérience suivante: des volontaires, allongés dans un appareil à IRM (imagerie par résonance magnétique) allaient goûter quatre sodas gazeux et les noter pendant qu'on observerait les zones de leur cerveau excitées par cette dégustation. (...) Les deux premières se passent de présentation. River Cola est la marque générique d'une chaîne de supermarchés allemands tandis que le T-Cola avait été présenté aux participants comme une boisson tout juste mise au point et pas encore sur le marché.»


En fait, T-Cola n'était qu'une invention: l'idée consistait à proposer une boisson totalement inconnue, d'une marque non identifiable. Les quatre échantillons servis étaient en réalité rigoureusement identiques, un cocktail de Coca, de Pepsi et de River Cola. Un tiers de chaque. Pour rendre le scénario encore plus crédible, les expérimentateurs montraient avant le test quatre récipients dont le contenu était soigneusement étiqueté. Les quinze participants ont tous eu l'impression qu'il s'agissait de quatre sodas différents (avant qu'on leur dévoile le pot aux roses). Les échantillons estampillés Coca et Pepsi, les deux grandes marques, ont obtenu des notes significativement meilleures à celles des deux autres, un résultat pas très surprenant.

«  Le plus intrigant, conclut Pierre Barthélémy,  n'est, en effet, pas là. Il réside dans ce qui est apparu à l'IRM. La dégustation de ce qui était présenté comme des marques peu ou pas connues a donné lieu à plus d'activité dans le cortex orbito-frontal, montrant que le sujet cherchait davantage à assigner une valeur au produit qu'il était en train de goûter, à décider s'il le trouvait bon ou pas, ce qui était moins le cas avec les pseudo-Coca et Pepsi. Comme si, dans le cas du River Cola et du T-Cola, la marque n'était pas un indicateur suffisant pour déterminer si la boisson plaisait ou ne plaisait pas. Pour les boissons connues, cette zone se révélait moins active, sans doute parce que, pour les avoir déjà goûtées auparavant ou en avoir vu les sujets savaient déjà plus ou moins à quoi s'en tenir. (...) Croyez-le ou pas, mais elles suivent de près la science du cerveau, au point qu'elles utilisent, elles aussi, l'IRM ou l'électroencéphalogramme pour... tester les réactions de consommateurs à de nouveaux produits ou comprendre comment ils prennent une décision d'achat. Cela s'appelle le neuromarketing.»  

Le dogme de cette religion, écrit Patrick Juignet, procède d'un axiome central: «Les vices privés font la vertu publique» que l'on doit à Bernard Mandeville (1740). Cet axiome déstructure les autres grandes fonctionnalités humaines: politique, symbolique, sémiotique et psychique. Par rapport à cette situation, Dany-Robert Dufour propose un droit de retrait des citoyens de la société devenue perverse (...) car poussant à toujours plus de compétition, de performance, pour plus d'argent afin de participer à l'idéal de la grande addiction consumériste. Il dénonce aussi la naturalisation généralisée, la perte des repères et interdits culturels, la réduction des individus à leur fonctionnement pulsionnel.» 

Les dégâts du néolibéralisme: Tout est conçu  contre la morale 

Justement, pour Dany Robert Dufour l'échange marchand généralisé et libéralisé détruit ou dérégule les autres «économies»: l'économie discursive (échange du sens, des idées), l'économie sociale (donner, recevoir, rendre) et l'économie psychique (la limitation pulsionnelle, l'altruisme). La télévision forge-t-elle des individus ou des moutons? s'interroge-t-il ?

 «L'individualisme ,écrit-il,  n'est pas la maladie de notre époque, c'est l'égoïsme, ce self love, cher à Adam Smith, chanté par toute la pensée libérale. (...) Vivre en troupeau en affectant d'être libre ne témoigne de rien d'autre que d'un rapport à soi catastrophiquement aliéné, dans la mesure où cela suppose d'avoir érigé en règle de vie un rapport mensonger à soi-même. Et, de là, à autrui. Ainsi ment on effrontément aux autres, ceux qui vivent hors des démocraties libérales, lorsqu'on leur dit qu'on vient - avec quelques gadgets en guise de cadeaux, ou les armes à la main en cas de refus - leur apporter la liberté individuelle alors qu'on vise avant tout à les faire entrer dans le grand troupeau des consommateurs. Mais quelle est la nécessité de ce mensonge? La réponse est simple. Il faut que chacun se dirige librement vers les marchandises que le bon système de production capitaliste fabrique pour lui. «Librement» car, forcé, il résisterait. La contrainte permanente à consommer doit être constamment accompagnée d'un discours de liberté, fausse liberté bien sûr, entendue comme permettant de faire «tout ce qu'on veut».  

« Notre société  poursuit le philosophe est en train d'inventer un nouveau type d'agrégat social mettant en jeu une étrange combinaison d'égoïsme et de grégarité que j'épinglerai du nom d'«égo-grégaire». Il témoigne du fait que les individus vivent séparés les uns des autres, ce qui flatte leur égoïsme, tout en étant reliés sous un mode virtuel pour être conduits vers des sources d'abondance. Les industries culturelles jouent ici un grand rôle: la télévision, Internet, une bonne partie du cinéma grand public, les réseaux de la téléphonie portable saturés d'offres «personnelles»... La télévision est avant tout un média domestique, et c'est dans une famille déjà en crise qu'elle est venue s'installer. Certaines études nord-américaines l'appellent depuis longtemps déjà le «troisième parent». On pourrait se demander: après tout, pourquoi pas cette virtualisation des rapports familiaux? (...)» 

Le philosophe conclut son  constat amer en citant Bernard Stiegler : «Bernard Stiegler, dans un vif petit livre à propos de la télévision et de la misère symbolique, indique que « (l'audiovisuel) engendre des comportements grégaires et non, contrairement à une légende, des comportements individuels. Dire que nous vivons dans une société individualiste est un mensonge patent, un leurre extraordinairement faux (...). Nous vivons dans une société-troupeau, comme le comprit et l'anticipa Nietzsche. La famille en question serait donc en fait un «troupeau», qu'il ne s'agirait plus que de conduire là où l'on veut qu'il aille s'abreuver et se nourrir, c'est-à-dire vers des sources et des ressources clairement désignées.(...) A la liste des gardiens du troupeau avancée par Kant - le mauvais prince, l'officier, le percepteur, le prêtre, qui disent: «Ne pensez pas! Obéissez! Payez! Croyez!» -, il convient évidemment d'ajouter aujourd'hui le marchand, aidé du publicitaire, ordonnant au troupeau de consommateurs: «Ne pensez pas! Dépensez!» 


Trouve–t-on le formatage des esprits uniquement dans la consommation des biens matériels et le divertissement, l’Entertainment pour parler franglais ? Non !  Les ravages touchent aussi le libre arbitre. L'autre pendant dangereux de la publicité est la propagande dont on connaît les ravages. «La propagande est aux démocraties ce que la violence est aux dictatures». Dans leur ouvrage: La fabrique du consentement, Noam Chomsky et Edward Herman nous donnent une analyse très éclairante du fonctionnement des médias aux Etats-Unis, mais parfaitement transposable en France. Les pouvoirs qui possèdent les médias, les financent par le biais de la publicité, définissent l'information a priori puis produisent tant les contre-feux que les experts sur mesure nous semblent être au cœur de la production de l'idéologie dominante.» 

Que faut-il faire face à cette course vers l'abîme? 

Est-ce que la croissance débridée est synonyme de confort? De bien-être? Penser une décroissance de ce qui n'est pas essentiel est ce, «revenir à la bougie» encore que cela soit poétique! Pour Vincent Liegley, il faut «aller vers des sociétés matériellement frugales, écologiquement soutenables. L'enjeu est de revenir à une société beaucoup plus simple, à un autre type de confort matériel, sans remettre en question les avancées de la société actuelle. Sortir de la méga-machine, de la technostructure, comme y invitait Ivan Illich, autre penseur de la décroissance. Retrouver aussi ce qui a été détruit: convivialité, solidarité, le «buen vivir», ce concept de la «vie bonne» développé en Amérique latine. (...) »  

« Nous sommes face à l'effondrement d'une civilisation. Mais aujourd'hui, l'ensemble de la planète est embarqué sur ce Titanic. Ce sera un choc extrêmement violent. Nous essayons de comprendre cette crise anthropologique et de construire d'autres civilisations en rupture avec celle-ci. Avec une contradiction: il faut aller vite, tout en faisant quelque chose qui demande du temps. Un changement de nos habitudes, une décolonisation de notre imaginaire, une transformation de nos institutions qui sont toxicodépendantes de la croissance... Le but de la décroissance, est d'ouvrir des possibles de pensée. Nous tentons de penser l'utopie, ce vers quoi on veut tendre - sans peut-être jamais l'atteindre. Définir un projet de transition qui part de la société actuelle, tout en étant complètement en rupture avec celle-ci. L'important est de savoir où l'on va et d'assumer ces contradictions pour transformer la société en profondeur.» 

D'où viendrait le salut en absence de décroissance « mot maudit » par la doxa occidentale qui fait du marché son veau d’or ? Nous appelons une fois de plus, à l’aide  le philosophe Dany Robert Dufour qui dans de nombreux écrits, a analysé les comportements  humain en face de cette machine du diable qu’est le néo-libéralisme. Il écrit : «Pour sortir de la crise de civilisation, il convient de reprendre, propose-t-il, un élan humaniste. Comment faire advenir un individu qui, serait enfin «sympathique» c'est-à-dire libre et ouvert à l'autre. «Il nous semble qu'un des enjeux de civilisation actuel soit précisément d'échapper à ce dilemme. (...) Je prédirais plutôt la survie du capitalisme au prix de la mort de notre civilisation et sa transformation en une vaste administration techno-marchande inhumaine, fonctionnant au service de l'oligarchie mondiale.» 

Pour Edgard Morin autre philosophe éclectique,(Edgard Morin: Ce que serait ´´ma´´ gauche. Le Monde. 22.05.10) il ne s'agit pas de concevoir un «modèle de société», voire de chercher quelque oxygène dans l'idée d'utopie. Il nous faut élaborer une Voie, qui ne pourra se former que de la confluence de multiples voies réformatrices, et qui amènerait la décomposition de la course folle et suicidaire qui nous conduit aux abîmes. La voie nouvelle conduirait à une métamorphose de l'humanité: l'accession à une société-monde de type absolument nouveau. Elle permettrait d'associer la progressivité du réformisme et la radicalité de la révolution.

*Ecole Polytechnique Alger  enp-edu.dz

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mardi, 02 juillet 2013

Capitalisme de connards...

Capitalisme de connards...
 
par Florian Cova
 
Ex: http://zentropaville.tumblr.com/
 
Connards- -Une-théorie.jpgSurfant sur la vague de l’opuscule philosophique mi-sérieux mi-drôle (ou plutôt : traitant sérieusement d’un sujet à première vue saugrenu) comme le célèbre On Bullshit de Harry G. Frankfurt ou le récent Art of Procrastination de John Perry, Aaron James nous livre avec Assholes: A Theory une analyse d’un phénomène somme toute assez peu étudié : le connard (ma traduction de l’anglais “assholes”, même si celui-ci se traduit plus littéralement par “trou-du-cul” - j’espère que ce choix apparaîtra comme justifié à la lecture de ce qui suit  ).

Le paradoxe du connard

En effet, loin d’être un simple terme générique à caractère fortement dépréciatif, le mot “connard”  réfère à un phénomène particulier et finalement paradoxal. Contrairement à la brute, au voleur, ou encore meurtrier, le mal imposé par le connard est généralement léger, qu’il nous grille la priorité dans une file d’attente ou nous coupe la parole au milieu d’une discussion. Et pourtant, le connard suscite des réactions épidermiques d’impuissance ou de rage  dont l’ampleur ne saurait s’expliquer par le mal (souvent mineur) qu’il nous inflige. Bref, le connard nous pourrit la vie. Mais comment une personne dont le comportement, bien que fâcheux, a des conséquences bénignes, peut-elle déclencher un tel outrage ? C’est là le paradoxe du connard qui constitue le point de départ de l’enquête d’Aaron James.

La solution proposée par Aaron James au premier chapitre de son ouvrage est la suivante : le connard n’est pas simplement quelqu’un qui se comporte de manière injuste en bafouant les règles de la coopération sociale, mais quelqu’un qui se comporte de manière injuste et s’octroie des avantages injustifiés tout en étant persuadé d’être dans son bon droit . Plus précisément, le connard réunit trois caractéristiques : (i) il s’octroie certains avantages que les autres n’ont pas, (ii) tout en pensant que cela lui est dû et qu’il est dans son bon droit et (iii) le sentiment d’être dans son bon droit le rend imperméable aux plaintes de ses victimes .

Le connard partage la première caractéristique avec nombres d’autres figures : le voleur et le détourneur de fond s’octroient eux aussi certains avantages que les autres n’ont pas (comme celui de prendre ce qui n’est pas à eux). Cependant, ce qui distingue le connard des autres, c’est sa seconde propriété, le sentiment d’être dans son bon droit, car lui mérite d’avoir des avantages spéciaux. Le voleur peut voler tout en sachant que ce qu’il fait est mal, ou même en ne s’interrogeant guère sur la valeur morale de son acte – le connard, lui, pense faire ce qui est juste : il est normal et justifié que vous fassiez la queue pendant que lui passe en priorité. Plus précisément, il est juste qu’il bénéficie d’avantages spéciaux car il est lui-même spécial. C’est pourquoi la question permettant à coup sûr d’identifier un connard est le fameux : “Vous savez qui je suis ?”

Ce qui fait du connard un être si irritant n’est donc pas tant ce qu’il fait que le sentiment d’être spécial qui transpire dans ses actes : par son attitude, le connard met en doute l’idée fondamentale selon laquelle nous mériterions tous une égale considération morale. Ce faisant, le connard contredit un besoin fondamental : celui d’être reconnu comme un égal. La lutte contre le connard est une lutte pour la reconnaissance, mais une lutte pour la reconnaissance vaine et perdue d’avance, car la troisième caractéristique du connard est que son sentiment d’être dans son droit est tel qu’il le protège des plaintes des autres, qui ont forcément tort et n’ont de toute façon même pas le droit de remettre son statut en question. Se plaindre au connard mènera forcément notre amour-propre à être piétiné une seconde fois, quand notre discours sera rejeté comme même pas digne d’être entendu.

Bien entendu, il ne s’agit là que d’une théorie générale du connard et le connard vient en toutes sortes de variétés. Les chapitres 2 et 3, plus anecdotiques, égrènent ainsi différentes catégories de connards, sans proposer pour autant de typologie systématique. James y classe les connards selon la façon dont s’exprime leur vice (certains connards se caractérisent par leur grossièreté, d’autres par leur sentiment de supériorité – catégorie pour laquelle est nominé notre BHL national, d’autres par leur tendance à squatter nos écrans de télévision et à y prendre plaisir à humilier leurs interlocuteurs, et d’autres par leur tendance à agir sans se soucier de mettre les autres en danger), la fonction qui l’exacerbe (sont ainsi étudiés du moins puissant au plus influent le patron connard, le connard présidentiel et le connard royal) ou la cause supérieure qui leur permet de se sentir investis de droits spéciaux (est ainsi cité à titre d’exemple historique le connard colonialiste qui se sent justifié voir forcé de mettre sous tutelle les pays inférieurs pour leur bien, car tel est le fardeau de l’homme blanc). La liste se termine par une analyse de ce qui constitue probablement la pire variété de connard : le connard délirant (delusional) qui non seulement se trompe moralement en pensant que sa fonction ou ses talents lui donnent le droit à des avantages spéciaux, mais aussi tout simplement sur la nature de sa fonction et de ses talents (sont ainsi rapprochés Kanye West pour son incapacité à imaginer que ses talents de styliste ne sont peut-être pas aussi extraordinaires qu’il le pense et les banquiers de Wall Street pour leur étrange certitude de jouer un rôle clé et bénéfique dans l’économie mondiale).

Ainsi se résout dès les premiers chapitres le paradoxe du connard : si le connard suscite des réactions épidermiques, ce n’est pas à cause de ce qu’il fait, mais parce que son attitude semble supposer que nous sommes moins dignes de respect que lui et déclenche ainsi un farouche désir d’être reconnu. Cependant, cette théorie sur la nature du connard n’est pas sans soulever certaines questions, qui seront traitées dans les chapitres suivants.

La fabrique du connard

Etant donné qu’être un connard est une certaine attitude (voire même un certain style de vie), on peut se demander quelle est en la source : est-on connard par nature, ou est-ce une question de culture ? Pour l’auteur, il fait peu de doute qu’être un connard est principalement une affaire culturelle : pour preuve, certaines cultures produisent beaucoup plus de connard que d’autres (l’auteur contraste ainsi le Japon et l’Italie, le premier étant selon lui pauvres en connard tandis que la seconde en serait la terre de prédilections, Silvio Berlusconi étant cité comme le connard par excellence). Il en va de même pour les différences entre sexes : si, pour l’auteur, on trouve beaucoup plus de connards parmi les hommes que parmi les femmes (les secondes ayant plus tendances à être des salopes – en anglais : bitch  ), c’est parce que les hommes sont plus souvent éduqués à s’affirmer et à se faire valoir, deux qualités indispensables à tout bon connard qui se respecte.

Cela pose bien évidemment le problème de savoir si le connard mérite d’être blâmé : si non content d’être moralement dans l’erreur (en pensant qu’il a le droit à des avantages spéciaux) et incurable (car immunisé aux arguments d’autrui ), le connard est aussi un produit culturel, peut-on encore le tenir pour responsable de ses actes et le blâmer ? Après de longues considérations sur le type de responsabilité qui justifie le blâme, l’auteur conclut que oui : le connard mérite d’être blâmé, justement parce qu’il pense comme un connard. Toute autre solution reviendrait à conclure que le connard ne peut pas être blâmé précisément parce qu’il est un connard, une solution somme toute très paradoxale.

Mais l’idée que la fabrique du connard est principalement culturelle pose un autre problème : celle des effets délétères de la multiplication des connards dans des cultures où chacun se sent dans son bon droit de biaiser les règles de la coopération  à son propre avantage. Plus particulièrement, l’auteur s’intéresse dans le chapitre 6 à la dégradation possible de la culture capitaliste dans une forme dévoyée qu’il appelle le “capitalisme de connards” (asshole capitalism). Commençons par préciser que l’auteur est favorable au capitalisme, qu’il définit une “société capitaliste” comme une société qui s’appuie principalement sur les marchés pour la distribution des biens et des services et l’allocation du capital, et qu’il pense que ce système, si lui on adjoint les mécanismes correctifs adéquats, est un bon système si l’on se fixe comme objectif le développement de liberté, la prospérité de tous, et la maximisation des opportunités offertes à chacun. Ce qui le préoccupe, c’est la possibilité que, le nombre de connards augmentant de façon significative, le capitalisme puisse se “dégrader” en une forme instable, le “capitalisme de connards”. Selon l’auteur, le capitalisme est très sensible à la présence de connards : en effet, selon lui, le système capitaliste repose sur un certain nombre d’institutions et de règles que les partenaires doivent respecter pour que la coopération soit bénéfique au plus grand nombre. Parce qu’ils bénéficient du capitalisme, et donc de ces institutions, les partenaires les respectent généralement. Mais le connard, lui, se croit tout permis, et en particulier de contourner ces institutions voire de les détourner à son profit (par exemple en faisant payer les autres pour ses déficits et ses investissements absurdes) : il augmente ainsi considérablement le coût de la coopération pour les autres. “Modélisation mathématique” à l’appui (voir la seconde annexe de l’ouvrage), l’auteur soutient que la prolifération de connards conduit peu à peu les autres à ne plus coopérer, ce qui à terme provoque l’effondrement du système capitaliste.

Cette menace est prise d’autant plus au sérieux par l’auteur que, selon lui, les Etats-Unis sont peut-être déjà dans une telle situation. En effet, l’auteur considère que les Etats-Unis ont vu au cours de ces dernières années se développer une “culture du bon droit” (“entitlement culture”) selon laquelle chacun est spécial et justifié à chercher son enrichissement personnel et à contourner toutes les règles à cette fin. L’auteur passe en revue toute une série de contre-pouvoirs, qui auraient la possibilité de contrer l’influence de cette culture (la famille, la religion, la punition, la honte, la foi dans la justice et la coopération), mais conclut de façon pessimiste que ces contre-mesures sont soit irréalistes (une société dans laquelle les connards seraient punis verserait bien vite dans le totalitarisme) soit susceptibles d’être retournés (dans une société de connards où seuls les connards triomphent, les parents seraient vite tentés d’aider leur progéniture en les élevant en connards). L’auteur nous enjoint cependant à ne pas perdre espoir et à continuer à croire à la justice et à la coopération entre les hommes de bonne volonté (même si on est Italien).

Florian Cova

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jeudi, 20 juin 2013

Gustave Le Bon 1841-1931

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Gustave Le Bon
1841-1931
 
Ex: http://www/gilles-jobin.org/
  1. On ne se conduit pas avec son intelligence mais avec son caractère.
    (Aphorismes du temps présent, p.155, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  2. On ne saurait juger des sentiments d'un être d'après sa conduite dans un cas déterminé. L'homme d'une circonstance n'est pas celui de toutes les circonstances.
    (Aphorismes du temps présent, p.156, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  3. Supposer chez les autres des sentiments identiques à ceux qui nous mènent, est se condamner à ne jamais les comprendre.
    (Aphorismes du temps présent, p.157, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  4. Quand on ne gêne pas par sa volonté, on nuit souvent par son inertie.
    (Aphorismes du temps présent, p.157, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  5. Les oeuvres importantes résultent plus rarement d'un grand effort que d'une accumulation de petits efforts.
    (Aphorismes du temps présent, p.157, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  6. La vanité est pour les imbéciles une puissante source de satisfaction. Elle leur permet de substituer aux qualités qu'ils n'acquerront jamais, la conviction de les avoir toujours possédées.
    (Aphorismes du temps présent, p.157, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  7. Nul besoin d'être loué quand on est sûr de soi. Qui recherche la louange doute de sa propre valeur.
    (Aphorismes du temps présent, p.158, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  8. Appartenir à une école, c'est perdre sa personnalité ; ne pas appartenir à une école, c'est abdiquer toute possibilité de prestige.
    (Aphorismes du temps présent, p.158, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  9. Les grandes pensées viennent de l'esprit et non du coeur comme on l'a soutenu, mais c'est du coeur qu'elles tirent leur force.
    (Aphorismes du temps présent, p.158, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  10. Le caractère et l'intelligence étant rarement réunis, il faut se résigner à choisir ses amis pour leur caractère et ses relations pour leur intelligence.
    (Aphorismes du temps présent, p.158, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  11. On n'est pas maître de ses désirs, on l'est souvent de sa volonté.
    (Aphorismes du temps présent, p.159, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  12. Une volonté forte a le plus souvent un désir fort pour soutien. Le désir est l'âme de la volonté.
    (Aphorismes du temps présent, p.159, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  13. En matière de sentiment, l'illusion crée vite la certitude.
    (Aphorismes du temps présent, p.161, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  14. Les sentiments simulés finissent quelquefois par devenir des sentiments éprouvés.
    (Aphorismes du temps présent, p.161, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  15. Les diverses formes de logiques : mystique, sentimentale et rationnelle n'ont pas de commune mesure. Elles peuvent se superposer mais non se concilier.
    (Aphorismes du temps présent, p.161, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  16. Ce qu'on fait par orgueil est souvent supérieur à ce qu'on accomplit par devoir.
    (Aphorismes du temps présent, p.161, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  17. Démontrer qu'une chose est rationnelle ne prouve pas toujours qu'elle soit raisonnable.
    (Aphorismes du temps présent, p.162, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  18. L'homme ne possède que deux certitudes absolues : le plaisir et la douleur. Elles orientent toute sa vie individuelle et sociale.
    (Aphorismes du temps présent, p.163, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  19. Les grands manieurs d'hommes furent toujours des créateurs de désirs. Les réformateurs ne font que substituer un désir à un autre désir.
    (Aphorismes du temps présent, p.164, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  20. Selon les divers ordres d'activité, la femme est inférieure ou supérieure à l'homme. Elle est rarement son égale.
    (Aphorismes du temps présent, p.166, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  21. La femme ne pardonne pas à l'homme de deviner ce qu'elle pense à travers ce qu'elle dit.
    (Aphorismes du temps présent, p.167, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  22. Dominer ou être dominée, il n'y a pas, pour l'âme féminine, d'autre alternative.
    (Aphorismes du temps présent, p.167, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  23. L'homme ne croit guère la femme que quand elle ment. Il la condamne ainsi souvent à mentir.
    (Aphorismes du temps présent, p.167, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  24. En amour, quand on demande des paroles, c'est qu'on a peur d'entendre les pensées.
    (Aphorismes du temps présent, p.167, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  25. L'amitié est plus souvent une porte de sortie qu'une porte d'entrée de l'amour.
    (Aphorismes du temps présent, p.168, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  26. On n'est pas toujours digne de l'amour qu'on provoque, on l'est généralement des amitiés qu'on inspire.
    (Aphorismes du temps présent, p.169, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  27. L'amour devenu clairvoyant est bien près de finir.
    (Aphorismes du temps présent, p.169, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  28. Une opinion peut avoir des origines affectives, mystiques ou rationnelles. L'origine rationnelle est la plus rare.
    (Aphorismes du temps présent, p.170, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  29. Le milieu crée nos opinions. Les passions et l'intérêt les transforment.
    (Aphorismes du temps présent, p.170, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  30. Il faut posséder un esprit très indépendant pour se créer cinq ou six opinions personnelles dans le cours de l'existence.
    (Aphorismes du temps présent, p.171, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  31. Il n'y a guère aujourd'hui de journaux assez indépendants pour permettre à leurs rédacteurs des opinions personnelles.
    (Aphorismes du temps présent, p.172, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  32. En politique, les choses ont moins d'importance que leurs noms. Déguiser sous des mots bien choisis, les théories les plus absurdes, suffit souvent à les faire accepter.
    (Aphorismes du temps présent, p.174, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  33. Chez beaucoup d'hommes, la parole précède la pensée. Ils savent seulement ce qu'ils pensent après avoir entendu ce qu'ils disent.
    (Aphorismes du temps présent, p.175, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  34. La contagion mentale est le plus sûr agent de propagation des opinions et des croyances. Les convictions politiques ne se fondent guère autrement, on tâche ensuite de leur donner un aspect rationnel pour les justifier.
    (Aphorismes du temps présent, p.176, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  35. L'art des grands meneurs est de susciter chez ceux qu'ils entraînent des personnalités nouvelles.
    (Aphorismes du temps présent, p.177, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  36. Pour acquérir une autorité momentanée, il suffit généralement de persuader qu'on la possède.
    (Aphorismes du temps présent, p.177, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  37. On domine plus facilement les peuples en excitant leurs passions qu'en s'occupant de leurs intérêts.
    (Aphorismes du temps présent, p.177, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  38. Une erreur, auréolée de prestige, exercera toujours plus d'action qu'une vérité sans prestige.
    (Aphorismes du temps présent, p.178, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  39. Vouloir imposer nos institutions, nos coutumes et nos lois aux indigènes d'une colonie, c'est prétendre substituer au passé d'une race le passé d'une autre race.
    (Aphorismes du temps présent, p.182, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  40. Créer des idées qui influenceront les hommes, c'est mettre un peu de soi-même dans la vie de ses descendants.
    (Aphorismes du temps présent, p.183, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  41. La foule ne retient guère des évènements que leur côté merveilleux. Les légendes sont plus durables que l'histoire.
    (Aphorismes du temps présent, p.186, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  42. Le poids du nombre tend chaque jour à se substituer au poids de l'intelligence. Mais si le nombre peut détruire l'intelligence, il est incapable de la remplacer.
    (Aphorismes du temps présent, p.188, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  43. Les foules comprennent rarement quelque chose aux évènements qu'elles accomplissent.
    (Aphorismes du temps présent, p.188, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  44. Les grandes assemblées possèdent les principales caractéristiques des foules : Niveau intellectuel médiocre, excitation excessive, fureurs subites, intolérance complète, obéissance servile aux meneurs.
    (Aphorismes du temps présent, p.189, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  45. L'homme médiocre augmente sa valeur en faisant partie d'un groupe ; l'homme supérieur la diminue.
    (Aphorismes du temps présent, p.190, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  46. L'élite d'un peuple crée ses progrès, les individus moyens font sa force.
    (Aphorismes du temps présent, p.193, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  47. Les progrès d'un peuple ne sont déterminés ni par les gouvernements ni par les révolutions, mais par la somme des efforts des individus qui la composent.
    (Aphorismes du temps présent, p.194, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  48. Les hommes en société ne pouvant vivre sans tyrannie, la plus acceptable est encore celle des lois.
    (Aphorismes du temps présent, p.196, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  49. Les lois stabilisent les coutumes, elles peuvent rarement en créer.
    (Aphorismes du temps présent, p.196, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  50. Une loi qui ne sanctionne pas simplement la coutume, c'est-à-dire l'expérience du passé, ne fait que codifier notre ignorance de l'avenir.
    (Aphorismes du temps présent, p.197, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  51. Croire, comme les politiciens, à la puissance transformatrice des lois, c'est oublier que derrière les phénomènes visibles, se trouvent toujours des forces invisibles qui les déterminent.
    (Aphorismes du temps présent, p.197, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  52. Un délit généralisé devient bientôt un droit.
    (Aphorismes du temps présent, p.197, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  53. Dès qu'on possède la force, on cesse d'invoquer la justice.
    (Aphorismes du temps présent, p.199, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  54. On ne peut opposer le droit à la force, car la force et le droit sont des identités. Le droit est de la force qui dure.
    (Aphorismes du temps présent, p.199, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  55. Une vertu pratiquée sans effort est une qualité, non une vertu.
    (Aphorismes du temps présent, p201., Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  56. La morale s'apprend seulement par la pratique. Elle fait partie, comme les arts, de ces connaissances que ne sauraient enseigner les livres.
    (Aphorismes du temps présent, p.201, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  57. Le même sentiment peut être appelé vice ou vertu suivant son utilité sociale. Étendu à la famille, à la tribu, à la patrie, l'égoïsme individuel devient une vertu. L'orgueil, défaut individuel, est également une vertu collective.
    (Aphorismes du temps présent, p.202, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  58. Possible entre individus, la tolérance ne l'est jamais entre collectivités.
    (Aphorismes du temps présent, p.203, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  59. L'intolérance représente souvent dans la vie des peuples une vertu nécessaire à l'action.
    (Aphorismes du temps présent, p.203, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  60. Excuser le mal, c'est le multiplier.
    (Aphorismes du temps présent, p.203, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  61. Dans le domaine moral, l'homme moderne détruit plus vite qu'il ne bâtit.
    (Aphorismes du temps présent, p.203, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  62. Les gens vertueux se vengent souvent des contraintes qu'ils s'imposent par l'ennui qu'ils inspirent.
    (Aphorismes du temps présent, p.204, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  63. On ne peut rien sur l'homme dont l'idéal est de sacrifier sa vie pour une croyance.
    (Aphorismes du temps présent, p.205, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  64. Incapable de vivre sans certitude, l'homme préférera toujours les croyances les moins défendables aux négations les plus justifiées.
    (Aphorismes du temps présent, p.208, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  65. L'intolérance de certains libres penseurs, résulte fréquemment de la religiosité inconsciente dont l'atavisme a rempli leurs âmes.
    (Aphorismes du temps présent, p.208, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  66. La libre pensée ne constitue souvent qu'une croyance, qui dispense de la fatigue de penser.
    (Aphorismes du temps présent, p.208, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  67. La raison crée le progrès, mais les bâtisseurs de croyances mènent l'histoire. Du fond de leurs tombeaux, de grands hallucinés comme Bouddha et Mahomet, courbent encore des millions d'hommes sous l'enchantement de leurs rêves.
    (Aphorismes du temps présent, p.209, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  68. Les peuples survivent rarement à la mort de leurs dieux.
    (Aphorismes du temps présent, p.209, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  69. Comme la politique, l'art est guidé par quelques meneurs, suivis d'une foule de menés.
    (Aphorismes du temps présent, p.210, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  70. Le beau, c'est ce qui nous plaît, et ce qui nous plaît se détermine moins par le goût personnel, que par celui des personnes influentes, dont la contagion mentale impose le jugement.
    (Aphorismes du temps présent, p.211, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  71. Le véritable artiste crée, même en copiant.
    (Aphorismes du temps présent, p.212, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  72. La force des rites est telle, qu'ils survivent longtemps à la foi qui les avaient [sic] fait naître.
    (Aphorismes du temps présent, p.214, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  73. On rencontre rarement un homme acceptant d'exposer sa vie pour une vérité rationnelle. On en trouve aisément des milliers prêts à se faire tuer pour une croyance.
    (Aphorismes du temps présent, p.217, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  74. Lorsqu'une question soulève des opinions violemment contradictoires, on peut assurer qu'elle appartient au cycle de la croyance et non à celui de la connaissance.
    (Aphorismes du temps présent, p.217, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  75. L'intolérance est la compagne nécessaire des convictions fortes. Entre sectateurs de croyances voisines, elle est beaucoup plus accentuée qu'entre défenseurs de dogmes sans parenté.
    (Aphorismes du temps présent, p.218, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  76. L'hypothèse est une croyance souvent prise pour une connaissance.
    (Aphorismes du temps présent, p.218, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  77. Une croyance n'étant ni rationnelle, ni volontaire, aucune des absurdités qu'elle peut enseigner ne saurait nuire à sa propagation.
    (Aphorismes du temps présent, p.218, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  78. Ne pas croire les choses possibles, c'est les rendre impossibles. Une des forces de la foi est d'ignorer l'impossible.
    (Aphorismes du temps présent, p.219, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  79. L'éducation est l'art de faire passer le conscient dans l'inconscient.
    (Aphorismes du temps présent, p.220, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  80. Instruire n'est pas éduquer. L'instruction enrichit la mémoire. L'éducation crée chez l'homme des réflexes utiles et lui apprend à dominer les réflexes nuisibles.
    (Aphorismes du temps présent, p.221, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  81. Quelques années suffisent pour instruire un barbare. Il faut parfois des siècles pour l'éduquer.
    (Aphorismes du temps présent, p.221, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  82. Développer chez l'homme la réflexion, le jugement, l'énergie et le sang-froid, serait autrement nécessaire que de lui imposer l'insipide phraséologie, qui constitue l'enseignement scolaire.
    (Aphorismes du temps présent, p.221, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  83. Confiner l'esprit dans l'artificiel et le rendre incapable d'observation, est le plus sûr résultat des méthodes théoriques ne montrant le monde qu'à travers les livres.
    (Aphorismes du temps présent, p.221, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  84. Canalisée par une bonne méthode, l'intelligence la plus faible arrive à progresser.
    (Aphorismes du temps présent, p.222, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  85. Acquiérir une méthode, c'est posséder l'art d'économiser le temps, et, par suite, d'en accroître la durée.
    (Aphorismes du temps présent, p.222, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  86. Vouloir enseigner trop de choses empêche l'élève d'en apprendre aucune. Ce principe fondamental semble ignoré ou méconnu de notre Université.
    (Aphorismes du temps présent, p.222, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  87. Une des grandes illusions de la démocratie est de s'imaginer que l'instruction égalise les hommes. Elle ne sert souvent qu'à les différencier davantage.
    (Aphorismes du temps présent, p., Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  88. Notre système d'éducation classique a fini par créer une aristocratie de la mémoire, n'ayant aucun rapport avec celle du jugement et de l'intelligence.
    (Aphorismes du temps présent, p.223, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  89. Le choix d'un système d'éducation a plus d'importance pour un peuple que celui de son gouvernement.
    (Aphorismes du temps présent, p.223, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  90. Des hommes d'élite réunis en groupe ne constituent plus une élite. Pour garder son niveau, l'esprit supérieur doit rester solitaire.
    (Aphorismes du temps présent, p.224, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  91. L'élite crée, la plèbe détruit.
    (Aphorismes du temps présent, p.225, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  92. Des trois conceptions possibles de la vie : optimiste, pessimiste, résignée, la dernière est peut-être la plus sage, mais aussi la moins génératrice d'action.
    (Aphorismes du temps présent, p.227, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  93. L'évolution de la philosophie rationnelle consiste surtout à discuter en termes nouveaux des problèmes fort anciens.
    (Aphorismes du temps présent, p.227, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  94. Chaque phénomène a son mystère. Le mystère est l'âme ignorée des choses.
    (Aphorismes du temps présent, p.228, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  95. Le matérialisme a prétendu se substituer aux religions, mais aujourd'hui la matière est devenue aussi mystérieuse que les dieux qu'elle devait remplacer.
    (Aphorismes du temps présent, p.231, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  96. Une des supériorités du savant sur l'ignorant est de sentir où commence le mystère.
    (Aphorismes du temps présent, p.231, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  97. Le besoin de certitude a toujours été plus fort que le besoin de vérité.
    (Aphorismes du temps présent, p.235, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  98. La valeur pratique d'une vérité se mesure au degré de croyance qu'elle inspire.
    (Aphorismes du temps présent, p.235, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  99. Revêtir l'erreur d'une forme séduisante, suffit souvent pour la faire accepter comme vérité.
    (Aphorismes du temps présent, p236., Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  100. C'est nuire à la découverte de la vérité que de l'apprécier, comme les pragmatistes, d'après son degré d'utilité.
    (Aphorismes du temps présent, p.236, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  101. Une vérité est une étape provisoire sur une route qui n'a pas de fin.
    (Aphorismes du temps présent, p.237, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  102. Il y a des vérités absolues dans le temps mais non dans l'éternité.
    (Aphorismes du temps présent, p.237, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  103. Présentée sous forme mathématique, l'erreur acquiert un grand prestige. Le sceptique le plus endurci attribue volontiers aux équations de mystérieuses vertus.
    (Aphorismes du temps présent, p.237, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  104. Une illusion tenue pour vraie agit comme une vérité.
    (Aphorismes du temps présent, p.237, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  105. La valeur attribuée à une doctrine dépend beaucoup moins de la justesse de cette doctrine que du presige possédé par celui qui l'énonce.
    (Aphorismes du temps présent, p.238, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  106. Une vérité trop claire cesse bientôt d'être une vérité féconde.
    (Aphorismes du temps présent, p.238, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  107. L'intelligence fait penser. La croyance fait agir.
    (Aphorismes du temps présent, p.241, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  108. Si l'homme avait commencé par penser au lieu l'agir, le cycle de son histoire serait clos depuis longtemps.
    (Aphorismes du temps présent, p.241, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  109. Illusoires ou réelles, les certitudes sont génératrices d'action. L'homme privé de certitudes serait comme un vaisseau sans gouvernail, une machine sans moteur.
    (Aphorismes du temps présent, p.241, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  110. L'absurde et l'impossible n'ont jamais empêché une croyance suffisamment forte de faire agir.
    (Aphorismes du temps présent, p.241, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  111. Savoir ce qu'on doit faire n'est pas du tout savoir ce qu'on fera.
    (Aphorismes du temps présent, p.242, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  112. Les propositions admises sans discussion deviennent rarement des mobiles d'action.
    (Aphorismes du temps présent, p.242, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  113. La pensée sans action est un vain mirage, l'action sans pensée un vain effort.
    (Aphorismes du temps présent, p.243, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  114. Contrairement aux idées démocratiques, la psychologie enseigne que l'entité collective, nommée Peuple, est très inférieure à l'homme isolé.
    (Aphorismes du temps présent, trad. #551 &Le démocratique besoin de paraître est le plus coûteux et le moins profitable des besoins. *(, p.244, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  115. La soif d'égalité n'est souvent qu'une forme avouable du désir d'avoir des inférieurs et pas de supérieurs.
    (Aphorismes du temps présent, p.245, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  116. L'imprécision des doctrines socialistes est un élément de leur succès. Il importe pour un dogme de ne se préciser qu'après avoir triomphé.
    (Aphorismes du temps présent, p.247, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  117. Substituer l'initiative et la responsabilité collective à l'initiative et à la responsabilité individuelles, c'est faire descendre l'homme très bas sur l'échelle des valeurs humaines.
    (Aphorismes du temps présent, p.249, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  118. Reculer devant l'effort qu'on croit inutile, est renoncer d'avance à tout succès.
    (Aphorismes du temps présent, p.250, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  119. Les seules révolutions durables sont celles de la pensée.
    (Aphorismes du temps présent, p.252, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  120. L'être vraiment malheureux est celui à qui on persuade que son était est misérable. Ainsi procèdent les meneurs pour faire les révolutions.
    (Aphorismes du temps présent, p.253, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  121. Les révolutions qui commencent résultent le plus souvent de croyances qui finissent.
    (Aphorismes du temps présent, p.255, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  122. La première phase d'évolution d'une démocratie triomphante est de détruire les anciennes aristocraties, la seconde d'en créer de nouvelles.
    (Aphorismes du temps présent, p.258, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  123. Un peuple qui réclame sans cesse l'égalité est bien près d'accepter la servitude.
    (Aphorismes du temps présent, p.259, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  124. Toute la politique se ramène à ces deux règles, savoir et prévoir.
    (Aphorismes du temps présent, p.260, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  125. Un gouvernement n'est pas le créateur d'une époque, mais sa création.
    (Aphorismes du temps présent, p.260, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  126. Juger un évènement inévitable, c'est en faire une fatalité.
    (Aphorismes du temps présent, p.261, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  127. En politique, comme dans la vie, le succès appartient généralement aux convaincus et rarement aux sceptiques.
    (Aphorismes du temps présent, p.261, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  128. En politique, il est moins dangereux de manquer d'idées directrices que d'en avoir de fausses.
    (Aphorismes du temps présent, p.262, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  129. Le plus sûr moyen de détruire le principe d'autorité est de parler à chacun de ses droits et jamais de ses devoirs. Tous les hommes sont prêts à exercer les premiers, très peu se préoccupent des seconds.
    (Aphorismes du temps présent, p.264, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  130. Le rôle du savant est de détruire les chimères, celui de l'homme d'État de s'en servir.
    (Aphorismes du temps présent, p.265, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  131. L'homme supérieur sait utiliser la fatalité, comme le marin utilise le vent, quelle que soit sa direction.
    (Aphorismes du temps présent, p.268, Les amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  132. Le nombre des soldats victimes de la grande guerre est connu. Celui des idées et des croyances détruites par elle reste encore ignoré.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.282, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  133. La vérité, pour la grande majorité des hommes, étant ce qu'ils croient, c'est surtout avec leurs croyances qu'on doit gouverner les peuples.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.283, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  134. Une des graves difficultés de la politique est l'obligation de gouverner avec des idées tenues pour vraies par les multitudes alors que ces idées sont erronées.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.283, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  135. Quel que soit le mode de gouvernement, il aboutit toujours à une oligarchie : permanent dans le régime monarchique, éphémère dans le régime démocratique.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p284., Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  136. Reculer devant un danger a pour résultat certain de le grandir.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.285, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  137. Un ministre ne saurait être le même homme au pouvoir et hors du pouvoir. Au pouvoir, il s'occupe nécessairement des intérêts généraux. Hors du pouvoir, il perçoit seulement ses intérêts personnels, dont le plus essentiel est de remonter au pouvoir.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.285, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  138. Si destructive que soit une croyance politique, elle trouve toujours pour la défendre des intellectuels dont les ambitions dépassaient les capacités.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.289, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  139. Dès qu'elles atteignent un certain degré, les croyances mystiques, religieuses ou politiques, deviennent fatalement destructives.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.290, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  140. Une des forces du convaincu est de ne pas discuter la valeur rationnelle de sa croyance.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.290, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  141. En politique et en religion, le rêve des convaincus fut toujours de pouvoir massacrer sans pitié les hommes qui ne pensent pas comme eux.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.291, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  142. En politique, une vérité indiscutée n'est souvent qu'une erreur suffisamment répétée.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.291, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  143. Constituer un parti politique revient généralement à revêtir de noms nouveaux des choses fort anciennes.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.293, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  144. Une des plus fréquentes sources d'erreurs politiques est d'attribuer à des causes uniques des événements de causes nombreuses et compliquées.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.296, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  145. La crainte des électeurs, la peur des responsabilités, la préoccupation exclusive de l'heure présente, constituent pour un homme politique moderne trois sources d'erreur auxquelles il est difficile d'échapper.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.296, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  146. Suivre toujours l'opinion mobile des multitudes, c'est se résigner à ne rien prévoir, rien empêcher, rien pouvoir.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.297, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  147. Bien que la politique soit certainement l'art dont la pratique exigerait le plus de jugement, c'est celui où il s'en dépense le moins.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.297, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  148. Depuis les origines de l'histoire, les relations entre peuples faibles et peuples forts furent exactement celles du gibier avec le chasseur.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.305, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  149. L'idée finit quelquefois par dominer le canon, mais privée de la protection du canon elle reste sans force.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.305, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  150. Ce n'est pas à la liberté mais à la servitude que beaucoup de révolutionnaires modernes aspirent sans le savoir. La liberté n'est conçue par eux que sous forme de soumission à un maître dont les moindres paroles sont des oracles. Toutes les révolutions modernes se terminent par la création d'un autocrate.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.313, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  151. En politique internationale, les coups d'épingle répétés finissent par engendrer des coups de canon.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.317, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  152. Un allié trop puissant est parfois aussi redoutable qu'un ennemi déclaré. L'alliance d'un peuple faible avec un peuple fort ne constitue généralement pour le peuple faible qu'une forme atténuée de la servitude.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.323, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  153. Dès que le principe d'autorité s'introduit dans une science, le développement de cette science s'arrête.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.328, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  154. Une des erreurs démocratiques les plus répandues est de croire que les lois peuvent établir des coutumes. En réalité, les coutumes engendrent finalement des lois, mais les lois ne créent que rarement des coutumes.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.329, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  155. La force ne prime pas le droit, mais le droit ne se démontre que par la force.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.330, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  156. Le droit sans force est comparable aux décors de forteresse peints sur les toiles d'un théâtre. Incapables de résister au moindre choc, ils ne conservent leur aspect que si l'on n'y touche pas.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.330, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  157. L'extrémisme observé chez tous les partis révolutionnaires est un état mental où l'homme, dominé par une idée fixe, devient incapable de percevoir les réalités et leurs conséquences.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.336, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  158. Les extrémistes de toutes opinions possèdent, malgré la divergence des buts poursuivis, des caractères identiques. L'extrémiste sincère est mystique, violent et borné.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.336, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  159. Un extrémiste qui possèderait quelque trace de jugement, de sens critique et de clairvoyance cesserait aussitôt d'être extrémiste.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.336, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  160. Le socialisme aux États-Unis diffère totalement du socialisme européen. L'idéal du travailleur américain est de devenir patron, alors que l'ouvrier latin rêve surtout la suppression du patron.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.339, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  161. Si la jalousie, l'envie et la haine pouvaient être éliminés de l'univers, le socialisme disparaîtrait le même jour.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.339, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  162. La discipline rigide acceptée par les adeptes du syndicalisme montre à quel point il deviendra despotique. On peut se demander si l'esclavage total de l'individu ne constitue pas l'aboutissement nécessaire de l'évolution démocratique.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.342, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  163. La liberté n'est, le plus souvent, pour l'homme que la faculté de choisir sa servitude.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.347, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  164. La prédominance actuelle de la technique confère à l'ingénieur et à l'ouvrier une autorité comparable à celle des hommes d'Église pendant le moyen âge.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.349, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  165. Bien des révolutions seront, sans doute, encore nécessaires pour prouver que les changements d'institutions politiques ont une influence très faible sur la vie des nations. C'est la mentalité des peuples et non les institutions qui détermine leur histoire.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.352, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  166. Les livres d'histoire révèlent surtout les croyances de leurs auteurs.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.357, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  167. Des ententes provisoires sont supérieures aux alliances parce qu'une alliance, quelle que soit sa forme, ne survit pas à l'évanouissement des intérêts qui la firent naître.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.359, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  168. Le grand talent des historiens doués de prestige est de rendre vraisemblables les invraisemblances de l'histoire.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.359, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  169. Les découvertes de la psychologie suffisent à montrer que l'histoire classique est le récit d'évènements aussi incompris de leurs auteurs que des écrivains qui les racontèrent.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.359, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  170. Vouloir interpréter au point de vue rationnel un sentiment ou une croyance, c'est s'interdire de les comprendre. Le rationnel dont le rôle se montre si grand dans la genèse des découvertes exerce une très faible influence dans la vie des peuples.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.360, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  171. Les contes, les légendes, les oeuvres d'art, les romans même, sont beaucoup plus véridiques que les livres d'histoire. Ils expriment la sensibilité d'une époque, alors que le langage rationnel des historiens ne la fait pas connaître.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.361, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  172. Notre opinion des choses doit naturellement varier avec l'évolution de ces choses. L'ignorant seul possède des opinions invariables.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.361, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  173. Il est aussi difficile de vivre avec les hommes ne changeant jamais d'idées qu'avec ceux qui en changent constamment.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.362, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  174. On trouve plus facilement mille hommes prêts à obéir qu'un seul capable de prendre une initiative.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.364, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  175. Ne nous plaignons pas trop de voir l'hypocrisie gouverner les hommes. Le monde deviendrait vite un enfer si l'hypocrisie en était bannie.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.364, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  176. L'être qui ne sait pas dominer ses impulsions instinctives devient facilement esclave de ceux qui lui proposent de les satisfaire.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.365, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  177. Une des grandes causes de faiblesse des peuples latins tient à ce que tout le personnel dirigeant est issu d'examens universitaires prouvant la mémoire des candidats, mais nullement les qualités de caractère qui font la valeur de l'homme dans la vie.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.366, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  178. La raison se met facilement au service des sentiments, alors que ces derniers se mettent rarement au service de la raison. Cette loi psychologique explique l'origine de guerres qu'aucun argument rationnel ne pourrait justifier.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.368, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  179. L'habitude, permettant de canaliser les intuitions et réfréner les impulsions, constitue un guide de la vie plus sûr que tous les enseignements des livres.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.369, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  180. La nourriture intellectuelle donnée par l'instruction est comparable à la nourriture matérielle. Ce n'est pas ce qu'on mange qui nourrit, mais seulement ce qu'on digère.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.371, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  181. Beaucoup de nos idées sociales seront transformées lorsqu'on découvrira qu'un ouvrier habile est intellectuellement fort supérieur à un bachelier médiocre.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.371, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  182. Il n'est d'éducation utile que celle cultivant les aptitudes spéciales de chaque être. On obtient alors tout ce que l'élève peut donner sans exiger un inutile travail.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.371, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  183. En imposant à tous les élèves une instruction identique, on obtient un minimum de rendement avec un maximum d'efforts.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.371, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  184. La discipline peut remplacer bien des qualités. Aucune ne remplace la discipline.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.373, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  185. Le jugement sans volonté est aussi inutile que la volonté sans jugement.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.373, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  186. Les foules et les individus de mentalité inférieure possèdent ce caractère commun d'être fortement influencés par les évènements présents et très peu par leurs conséquences, si inévitables qu'elles puissent être.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.377, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  187. L'erreur individuelle est tenue pour vérité dès qu'elle devient collective. Aucun argument rationnel ne peut alors l'ébranler.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.377, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  188. Une collectivité n'a d'autre cerveau que celui de son meneur.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.378, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  189. Croyances politiques et croyances religieuses ont un même mécanisme de propagation. L'affirmation, la répétition, le prestige et la contagion suffisent à créer des suggestions auxquelles les collectivités résistent rarement.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.378, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  190. La mentalité grégaire des foules permettra toujours aux meneurs d'imposer une doctrine quelconque. Les plus absurdes croyances ne manquèrent jamais d'adeptes.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.379, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  191. Les découvertes individuelles transforment les civilisations. Les croyances collectives régissent l'histoire.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.381, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  192. La grande force des décisions collectives réside dans le pouvoir mystique que le nombre exerce sur l'âme des multitudes. C'est pour cette raison que les chefs d'État sont obligés de paraître s'appuyer sur l'opinion populaire.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.381, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  193. Si la publicité des journaux constitue un moyen de persuasion très efficace, c'est que peu d'esprits se trouvent assez forts pour résister au pouvoir de la répétition. Chez la plupart des hommes, elle crée bientôt la certitude.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.383, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  194. En matière scientifique, pour être cru il faut prouver. En politique, les discours d'un orateur doué de prestige suffisent à créer d'imaginaires certitudes.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.384, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  195. La presse canalise l'opinion beaucoup plus qu'elle ne la dirige. Elle sert aussi à condenser en termes nets des milliers de petites opinions fragmentaires trop incertaines pour être clairement formulées.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.384, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  196. C'est s'illusionner sur les hommes d'État que s'imaginer qu'ils apporteront dans leurs actes l'énergie manifestée dans leurs discours.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.384, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  197. Croire qu'on doit croire, c'est déjà croire.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.393, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  198. Les chrétiens qualifiant d'absurde l'adoration du crocodile par les Égyptiens ou du serpent par les Hindous ne se doutent pas que leurs descendants jugeront aussi absurde l'adoration d'un Dieu jugeant nécessaire de laisser crucifier son fils pour racheter une désobéissance à ses ordres.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.396, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  199. Le vrai miracle du Christiannisme est d'avoir pu faire accepter pendant vingt siècles à des esprits capables de raisonner la prodigieuse légende d'un Dieu condamnant son fils à un dégradant supplice et fabricant un enfer éternel pour y punir ses créatures.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.397, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  200. Vouloir comprendre trop vite est se condamner à ne jamais comprendre.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.399, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  201. Vivre c'est changer. Le changement est l'âme des choses.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.400, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  202. Le savant est souvent embarrassé pour déterminer les causes d'un phénomène. L'ignorant ne l'est jamais.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.401, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  203. Les hommes se passent facilement de vérités. Ils n'ont jamais vécu sans certitudes.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.402, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  204. Il faut parfois longtemps pour qu'une vérité démontrée devienne une vérité acceptée.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.404, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  205. Les faits scientifiquement démontrés restent immuables mais leur explication varie avec les progrès de la connaissance. [...] L'atome, jadis miracle de simplicité, est devenu miracle de complexité.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.404, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  206. La mort intellectuelle commence dès que les opinions deviennent trop fixées pour changer. L'homme, même resté jeune, entre alors dans le domaine des morts. Le présent et l'avenir ne sont plus concevables pour lui qu'enveloppés de passé.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.408, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  207. L'espérance de posséder les choses rend-elle plus heureux que la possession de ces choses ? Répondre à cette question impliquerait la connaissance d'un thermomètre du bonheur.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.410, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  208. La hardiesse sans jugement est dangereuse ; le jugement sans hardiesse, inutile.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.410, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  209. Savoir sans vouloir ne crée pas de pouvoir.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.411, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  210. La vieillesse représente souvent une forme peu atténuée de la servitude.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.411, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  211. L'injustice dont on profite devient vite de la justice.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.411, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)
     
  212. Les idées fixes rendent impossible la perception des réalités les plus visibles. Bien voir est souvent aussi difficile que prévoir.
    (Les incertitudes de l'heure présente (extraits), p.413, Les Amis de Gustave Le Bon, 1978)

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lundi, 17 juin 2013

The “Gender Industry” — Controlling the Periphery

The “Gender Industry” — Controlling the Periphery

Bruno De Cordier

Ex: http://www.fairobserver.com/

 
FORUM_Lila_symbol1.jpgMore than contributing to just and humane societies, the international gender industry, feminism’s institutionalized offshoot, has undeniably become part of multi-faceted attempts at periphery control.

 

Just like threats and enemies often don’t turn out to be who we are told or believe them to be, measures and movements with an apparently noble and humanist purpose do not always serve it. Draconic laws against “hate speech” and “extremism,” for instance, are perhaps not as much about promoting tolerance or stopping evil white supremacists and evil Salafists as the public is told. The latter groups rather serve as mediagenic scarecrows, the threat of which serves to legitimize a set of laws, policies and control organs that are set up for the purpose of intimidating or silencing all forms of effective dissent against the neoliberal order in the future. Likewise, tightened gun-control laws are not in place for the protection of ordinary citizens, but rather represent attempts by the power elites to curb the circulation of firearms that could, one day, be turned against them as the cropped-up frustration, bitterness and despair that ferment at the grassroots level, explode. 

 

Orwellian doublethink and newspeak have never been as lavishly used as under the neoliberal hegemony that arose after the demise of the Cold War and the bipolar world order. Now, the same paradox applies to feminism and its more comprehensive and slick spin-off and alibi, gender. Much can be traced back to so-called “second-wave feminism,” a movement that originated among upper-middle class and elite women in northwestern Europe and in the US between 1965-75. Its major aims were the financial independence for women through their full integration into the labor market, and the so-called “sexual liberation.” There is no doubt that the movement initially addressed real inequalities, abuses and hypocrisies. Yet, it lost part of its moral superiority once it became an instrument of ingraining a neoliberal world order – a dehumanizing system in which all aspects of life have to become marketable, with everyone and everything as merchandise, subordinate to oligarchic and cosmopolitan financial elites — in the deepest fabric of society. How did this happen?  

 

Is Freedom Slavery?

 

Let us look at its actual legacy in the countries' societies where it started: that is the OECD sphere, and northwestern Europe and the US in particular. If one makes abstraction of the rhetoric about emancipation, progress, equal opportunity and freedom of choice, which have been truly or allegedly obtained, one sees that over the last decades men and women in the OECD sphere’s core societies have reached almost complete equality — that is, in the first place, as consumers and taxable subjects. It’s important to emphasize this; for the upgrading of women to fully-fledged laborers, consumers and taxpayers was the actual purpose of the establishment’s recuperation of feminism, or at least a number of its issues. In terms of marketization of society, the so-called sexual liberation also came into practice as the full incorporation of the sexual mores of the left-libertarian protest subcultures from the 1965-75 period, into marketing and mass consumerism. But perhaps the most important is this: the steered vilification and destruction of the core family and the clan as the cornerstones of a natural societal order, and the power struggle and hostility between the sexes that is being constantly incited by lifestyle magazines, reality TV, women’s organizations, social workers and lawyers, has proven to be an ultimate divide-and-rule tactic.

 

Perhaps it's somewhat bluntly put. But let’s stick to the essentials. The fragmentation and mutation of the social fabric also came to serve a major purpose of ensuring ideological continuity, in the sense that corporate media, subsidized pedagogues and all sorts of therapists became major players in the education and acculturation of children and young adults instead of the family. At a loss because of the breakup of the family structure and degradation of the father figure, they become much easier to indoctrinate with the systemic values and norms through the said channels. Finally, in terms of society control, the promotion of feminization and metro-sexuality among boys and men through media and commercials is to dilute the physical and psychological capacity for effective rebellion and revolution against the order of things. The oligarchy has understood all too well that the physical input on the streets during turmoil and revolutions have always primarily been carried out by men.

 

So, one starts to wonder whether it’s really about creating a more soft and gentle society, or, rather, a submissive one that lives an illusion of freedom and equality. More recently, the gender sector went further with the promotion of gay rights, which after a while have become rights of “sexual minorities” in international policy discourse. On the whole it looks like in some way, feminism and the gender sector eventually came to serve the oppression that they pretend to fight. Is it this that the thousands of well-intended feminists and gender activists wanted? Most probably not. The thing is, that their movements, and real and perceived achievements, were recuperated by a system, the nature of which they failed to understand — at least in time. But on the other hand, feminism’s recuperation into a tool for the neoliberal oligarchy was only possible because part of the feminist elites understood that they could make careers on this, especially once the baby boomers and soixante-huitards, who propagated second-wave feminism, found their way into the upper echelons of national politics and international institutions.

 

The Wrath of the Peripheries

 

For sober minds, it had been clear for a long time now that resistance against, and alternatives to, neo-liberalism would not come from the secular Lefts. As Oswald Spengler rightly said at the time – and as the former Socialist sphere in the 1990s as well as the devolution of European social-democrats illustrate – every “outbreak” of Socialism creates new paths for capitalism. Neither can much be expected from established democratic structures and actors, because these have been largely reduced to entertainment and periodic political rituals that do not affect the real powers that be. Instead, the resistance and alternatives come and will continue to come from the internal and global peripheries and from emerging powers. They will be grafted in existing or re-composed solidarity groups, existing or born-again forms of traditionalism, and religion. Depending on the society and the geographic sphere, the latter particularly includes Islam, Christianity, and perhaps neo-paganism.

 

Even within the OECD sphere itself, remnants of traditional structures and religion might one day prove vital for the survival of individuals and for the recomposing of societies once the current order implodes, as it sooner or later will. Therefore, these have to be discredited and discarded so that no alternatives can form, or that they can be marginalized where they exist. What the protagonists and agents of global neoliberal hegemony especially fear is that emerging powers and traditionalist and non-secular resistance movements will somehow find a common cause. Furthermore, similar to what took place in the OECD sphere, the global consumers’ base has to be expanded so that the economic system can extend its survival. This means that collective identities, norms and values that form an impediment to the transformation of the peripheries’ societies into fully-fledged consumer bases, have to be dealt with. And this is where the gender industry, amongst others, comes in. So, what it essentially comes to, is that the process of social fragmentation of feminism’s original turf has to be propagated and grafted in the internal periphery – that is, the non-Western and in particular Muslim immigrants in the OECD sphere – as well as in the global periphery and, here again, with particular attention to its Islamic sectors. This also includes the exportation of the sexual minorities agenda.  

 

A major channel of what is definitely becoming gender imperialism is international development aid. The use of aid to transform peripheral societies and gain some control over them in the process has been conceptualized by authors like Mark Duffield, amongst others. The following figure offers a concrete look at what aid for the promotion of gender equality and women’s empowerment as a principal or significant goal, represent in the overall aid volume from the OECD sphere, and how it evolved over time. These figures only reflect reported official aid. If one adds the activities where gender equality is an implicit and not a major goal, as well as the contributions from private donors, the portion of such aid is likely to be higher. Nonetheless, if we look at the timeline, we see that aid related to gender systematically increased after 1999, and especially from 2002 onwards. This is no coincidence. For a start, gender equality was streamlined and integrated as a priority development goal at a number of global summits under UN aegis between 1995 and 2000. More importantly, there was the shifting geopolitical paradigm. Earlier, the “opening” of the former Socialist societies in Eastern Europe, the Balkans and Eurasia had already created a real or hoped-for space for “social reconstruction” along neoliberal lines. The rapid impoverishment and the social and moral dislocation that these societies went through in the early 1990s created opportunities for the international gender industry too. Officially there to save women from degradation and exploitation, its task, in fact, was to help prevent any return or rehabilitation of traditionalist and non-secular alternatives to defunct Socialism. 

 

 

Aid as “Social Software”

 

Things gained momentum, however, with the official start of what we know as the “Global War on Terror” in late 2001 and early 2002. Of course, this multi-dimensional war did not start out of the blue. It was rather the outcome of an older security focus shift towards the Islamic sphere that was already clear during the First Gulf War in 1990-91 — the one following Saddam Hussein’s occupation of Kuwait. After the overt start of the current phase of the war on terror in 2001-02, however, one observes a strong and systematic increase of gender aid. So now, on average, we are talking about $17.6 billion of official gender aid per annum since 2002. Contrary to what some may think, the bulk of this, about three quarters in the 2008-11 period for instance, did not come from the US but from EU institutions — especially from the major EU member states. This suggests some sort of task division in which the US provides the bulk of the military muscle for neo-imperial intervention, while the more effeminate EU brings the social software to transform societies. Country-wise, much of the gender-related aid, both proportional or in absolute terms, is destined for, hardly surprising, majority Muslim societies that are the frontlines in the war on terror (flagship context being of course Afghanistan, Yemen, Iraq, Pakistan and, more recently, Mali and Indonesia).

 

There’s also India and China, and a number of African countries that are categorized as fragile states or where assertive Christian movements exist. Interestingly, the top recipients also include Vietnam, a nominally socialist country and onetime anti-imperialist bulwark, but that has now apparently become a champion of sexual minority rights. It is, of course, wrong to look at the whole gender industry as a centralized, uniform sector bound by global sisterhood and solidarity. It is rather a realm of numerous specialized international institutions, international as well as local non-governmental organizations, consulting firms, platforms and egos that are permanently in competition with each other for a piece of the donor funding pie, career opportunities and their own continuity, and in which “oppressed women” eventually serve as a backdrop. This competition and divisions, which is one of the reasons why the sector will eventually fail in its objectives, will most likely increase when funding shrinks if the economic crisis in the OECD sphere lasts or worsens. In the field, however, common traits and ways of operating can be observed. First, the whole effort is largely elite-driven. Just like the West-African slave trade and early European colonialism in India, for instance, could never have been organized without the active and interested support of native notability and merchant princes, neo-liberal hegemony, and the gender industry that has to help anchor it in the social fabric, have to rely on local elite groups and, of course, their interests.

 

These elite groups form much of the gender industry’s local staff and the leadership of local women’s movements. Being composed of members of more cosmopolitan, westernized segments of society, secularists, yuppies, artistic milieus and more opportunistic officials, they understand very well the profitability of acting as subcontractors in donor agendas. Most often, however, they do not reflect what lives and moves in wider society, which they often fear and despise for its perceived “backwardness.” The twisted and socially prejudiced assessment of the gender situation that this often brings, reflects a deep social divide between the elites, the grassroots and the socially mobile. What was striking to me, for example, during the whole outrage around the Delhi rape case earlier this year, when elite feminists – of the kind that treat their domestic servants like rubbish after coming home from the umpteenth human rights seminar – skipped no opportunity to blame “the backward traditionalism of the masses” for the increase in rape cases. Typically, hardly anyone in those circles even suggested that the rapid spread of the liberal virtue of pornography could, maybe, be a far more important cause.

 

Stop Pretending

 

Second, one can observe a clear tendency of focusing on extreme, if not marginal, situations and incidents of which women fall victim, in order to almost demonize, in cooperation with system pundits craving for sensation, the male and traditionalist sections of society — if not entire countries. Of course, with some martyr babes and a tearjerker or two thrown in, it gives the international visibility and legitimacy that is needed for funding. But, more essentially, it feeds a latent narrative in which men are uniformly depicted as oppressive, violent, lazy and irresponsible. And this has to serve, indeed, the same divide-and-rule tactic, which is to set the sexes up against each other. In reality, however, between the elite feminists and the libertine jet set women on one hand, and the women who are victim of spectacular, brutal abuses on the other, there exists a wide and diverse societal middle ground in which men and women, as good and as bad as it gets for everyone, do have a mature modus vivendi in a daily environment that is defined both by tradition and globalization. But hardly anyone seems interested in this. For one, there’s much less spectacular misery to see and sell.

 

But the existence of this silent, yet living, majority underlines something much more important. Just like the left-wing students with upper-middle class backgrounds in the Western Europe of 1965-75 — who went to the factories to spread the gospel of proletarian revolution and encountered indifference, if not outright hostility, from the very workers that they wanted to “emancipate” — privileged feminists and gender professionals are as baffled when they finally realize that the bulk of, say, Arab, Afghan and African women that they want to “save” and “enlighten” are maybe all but waiting for that. And that is at once the other reason why the gender strategy could eventually fail.

 

Before anyone thinks this is outrageous or preposterous, lay assured that I understand such criticisms. There used to be a time, quite some years ago already, that yours truly bought into all this as well: after all, who could be against protecting and liberating women from abuse, exploitation and discrimination? The thing is, when you work in different spheres and societies long enough and when you have eyes and ears, you realize at a certain moment that one has to be either malevolent or a stubborn idealist not to grasp that the beautiful discourse and slick slogans do not entirely reflect reality. And that reality is when one comes to see where the roads paved with good intentions can at times lead to.

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samedi, 08 juin 2013

Conférence de Pierre Le Vigan sur la pensée de Michéa

 

Conférence de Pierre Le Vigan

sur la pensée de Michéa

Nice

mardi, 04 juin 2013

Aux origines de la théorie du «gender»

 

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Aux origines de la théorie du «gender»

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil!


Michel Maffesoli
Ex: http://metamag.fr/

Tout cela a un côté hystérique. Un petit grain de folie qui traverse la France. Mais, au fond, si « cette loi » suscite tant de passion, n’est-ce point parce qu’elle est insensée, en ce qu’elle croit au sens de l’Histoire ? Croyance largement partagée, il faut en convenir. Croyance qui est au fondement même du mythe du Progrès. Mais ce que l’on oublie par trop souvent, c’est que ce dernier n’est que la forme profane du messianisme d’origine sémite. L’homme ayant été chassé du Paradis par la faute originelle, il s’agit de réintégrer celui-ci. Qu’il soit céleste ou terrestre.
 
Et ce péché originel, qu’était-il, sinon que les yeux d’Adam et d’Eve « s’ouvrirent et connurent qu’ils étaient nus ; ils cousirent des feuilles de figuiers et se firent des pagnes », (Genèse, 3, 7). En bref, ils découvraient la différence, et donc la complémentarité. Ils quittaient le vert paradis d’une enfance indifférenciée pour accéder à la rude et dure loi naturelle de l’altérité sexuelle. Et le désir profond de la « Cité de Dieu », tout comme celui d’une société parfaite, est de revenir à une androgynie originelle, où le sexe n’ait plus, véritablement droit de cité. Les querelles byzantines sur le « sexe des anges » en témoignent.
 

                                                                             Michel Maffesoli 
 
Les théorie du « genre » actuelles n’en sont que le lointain reflet. On le sait, d’antique mémoire, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Et même si cela doit chagriner les sectateurs d’un Progrès indéfini, il faut leur rappeler ce qu’ils doivent à leur cerveau reptilien judéo-chrétien : la nostalgie d’un paradis indifférencié, où, « vêtus de probité candide et de lin blanc », on aura réussi à réduire l’autre au même. Reductio ad unum, c’est bien ainsi qu’au XIXe siècle, Auguste Comte résumait le but que s’était fixé la religion de l’humanité, celle du Progrès. Le Progrès est l’idéologie du « bourgeoisisme » moderne. Le « mariage pour tous » en est son abatardissement petit-bourgeois.
 
Ainsi, est-ce faire injure aux progressistes de tous poils que de leur rappeler qu’ils sont en pleinerégression : retourner à l’état embryonnaire de l’indifférenciation sexuelle. Mais contre toute orthodoxie (ce penser droit lénifiant), il faut savoir penser le paradoxe. En la matière, le progressisme régressif repose, essentiellement, sur la prétention, quelque peu paranoïaque qui veut construire le monde tel que l’on aimerait qu’il soit, et non s’adapter, tant bien que mal, à ce qu’il est. Tout simplement, rien n’est donné, tout est construit.
 
Construire le monde, c’est-à-dire construire son monde, ou construire son sexe, c’est tout un ! La nature doit être gommée par la culture. Le « don » d’une richesse plurielle effacé au profit d’un égalitarisme sans horizon. Qui a dit que l’ennui naquit de l’uniformité ? Ce qui est certain, c’est qu’en plus de l’ennui, ce qui va résulter du prurit du nivellement, de la dénégation du naturel est immanquablement ce que M. Heidegger nommait la « dévastation du monde ». A quoi l’on peut ajouter la dévastation des esprits dont la folie actuelle est une cruelle illustration.
Souvenons nous du mythe du « Golem » légué par la mystique juive. Ce robot construit, sans discernement, détruit la construction et son constructeur
.
C’est au nom d’un monde à venir, lointain et parfait, le « meilleur des mondes » en quelque sorte, que, en un même mouvement, l’on construit /détruit la féconde diversité de ce qui est. Tout cela reposant sur le vieux fantasme « robespierrien », postulant la liaison du Progrès et du bonheur. Entre l’égalité pour tous et le nivellement, la différence est ténue, qui aboutit, de fait, à la négation de la vie, reposant elle, sur le choc des différences.
 
Comme le rappelait, avec justesse Albert Camus, « la vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent ». Et le présent, c’est précisément de ne pas être obnubilé par un « paradis à venir », mais à s’ajuster, au mieux, à ce est, ce qui est là, donné. Certains ont nommé cela, avec sagesse, la « pensée progressive » ; alternative au progressisme/régressif. Progressivité s’enracinant dans la nature, s’accordant à l’ordre des choses, affirmant qu’on ne commande bien à la nature qu’en lui obéissant. On ne peut faire fi de la tradition, elle est gage de la continuité de la vie. C’est bien ce que la sagesse antique savait bien : « Nous n’héritons pas la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ».
 
Dès lors, pourquoi « faire » des lois fallacieuses, qui ont pour conséquence d’abstraire du terreau culturel et anthropologique à partir duquel, sur la longue durée s’est élaboré l’être ensemble ? La vraie radicalité, celle attentive aux racines, est autrement plus concrète. Elle a le sentiment, issu de l’expérience ancestrale, de la limité. Cette « nécessité » dont la philosophie grecque nous a rappelé la fécondité. En la matière, il y a une constante anthropologique, celle de la différence sexuelle. C’est un « donné ». Inutile de la dénier, il suffit de ruser avec. Il s’agit là d’une duplicité structurelle : être double et duple. Le bon père de famille s’épanouissant avec ses « petits amis », l’épouse fidèle organisant des « des cinq à sept » avec des partenaires de son choix. Sur la longue durée, la création culturelle, film, roman, peinture, trouve là son moteur principal.
 
Contre le fantasme « légalitaire » par essence mortifère, la concrétude de la vie se contente de rappeler que seul le paradoxe est créateur. Contre l’unidimensionalité du nivellement, elle souligne que c’est la multiplicité antagoniste qui est féconde. Enfin, souchée sur la tradition, elle ne peut que répéter l’ambiguïté paradigmatique de l’humain. Il s’agit là de banalités qui méritent d’être rappelées. L’inflation de lois st le signe irréfragable de la faiblesse du pouvoir. De la déconnexion aussi d’un réel, autrement plus complexe que la rachitique réalité que la politique veut imposer. La vraie sagesse consistant à laisser être ce qui est, à s’accrocher à la nature des choses et, ainsi, à tirer profit de la riche expérience qui s’est sédimentée sur la longue durée.
 
Dans la foultitude des lois, cause et effet d’une civilisation décadente, celle qui est en cours d’examen, et les théories du genre lui servant de fondement, sont insensées, parce que, ainsi que je l’ai rappelé, elles croient au sens de l’histoire. À l’opposé d’un tel sens finalisé, la sagesse populaire sait, de savoir incorporé, qu’il faut suffit de s’ajuster à ce que le destin a fait de nous, et savoir ruser avec. Voilà qui est autrement plus ambitieux. Face à la persistance obsessionnelle du mythe du progrès, enfant de Prométhée, la souplesse de Dionysos est tout à la fois plus pertinente et plus prospective. Critiquant l’utopie, dont ce rationaliste quelque peu irrationnel de Rabelais, rappelait que « la plus grande rêverie du monde est de vouloir gouverner avec une cloche ». En la matière, la « cloche de la loi ». Est-ce cela que nous voulons, un pensionnat pour enfants attardés ?
 
article publié dans NDF ( Nouvelles de France).

mardi, 30 avril 2013

L’impensé de la théorie du genre

L’impensé de la théorie du genre

par Marc Gébelin

Ex: http://www.dedefensa.org/

Avant d’entrer dans le sujet, je précise que je suis historien de formation et que je « cherche sur l’homme », suis anthropologue. Ceci afin non de donner à ma parole une autorité mais pour situer le lieu où je place le débat qui va se révéler choquant pour certains. Je précise en outre que contrairement à l’homo latin qui a donné humus, anthropôn désigne celui « qui voit en haut ». Le Parlement vient d’adopter le mariage homosexuel. Il a pour lointaine origine, il faut le savoir, la théorie du genre. Cette décision est historique.

La théorie du genre est une invention féminine étatsunienne. Elle est, disons-le sans crainte de faire hurler les suppôts, dégénérée. Dégénérée au sens d’une incapacité à générer, à régénérer. L’américanisme étatsunien est un Système en dégénérescence. Sur le modèle pourtant de la réplique célèbre « Sire, pire qu’un crime c’est une faute », plus que dégénérée, elle est irrationnelle et folle. Elle revient à dire que si la femme n’était pas formatée par l’éducation pour être femme elle serait… quoi ? un homme évidemment, pas un ouistiti ! Donnez des voitures rouges, un marteau, des clous, à une petite fille et la barbe lui poussera après 14 ans ! offrez une poupée bleu-virginal au bambin turbulent, il deviendra bon papa, féministe et peut-être homosexuel non-violent! Dans la première hypothèse, notre chirurgie prométhéenne, lui donnera le membre désiré, dans la seconde « la femme sera l’avenir de l’homme ». Au fond, que souhaite cette « gendrie » ? C’est simple, elle veut un monde uniquement masculin car ces femmes là ont leur féminité en horreur. Ces menstrues, ces enfantements, cet allaitement, cet « esclavage millénaire », elles n’en veulent plus! Ce masculin, qu’elles trouvent haïssable quand il est revêtu d’un corps d’homme devient magnifique déguisé en Elles !

Si la théorie gendrique, qui n’est qu’une suite en mal majeur de l’œuvre insipide de madame de Beauvoir, prétend que les filles élevées « comme des femmes » le deviennent (c'est-à-dire ces femmes esclaves de l’homme), elle aura du mal à affirmer que les hommes ne sont pas eux aussi élevés « comme des hommes » et que donc, leur machisme, plus appris qu’inné, ne devrait en aucune façon les rendre capable du moindre féminisme alors que justement notre époque en est pleine de ces hommes dont le parti pris -à l’insu de leur plein gré !- crève les yeux, qu’ils soient sociologues, éducateurs, journalistes, ministres. Ils hantent les médias, les écoles, les services sociaux, les ministères, les tribunaux, la police, et… l’armée!

Inversement, ce qui est contestable dans l’éducation des femmes parce que produisant des « esclaves », peut difficilement faire comprendre qu’elles soient devenues féministes malgré cette éducation et qu’en ce qui concerne les hommes élevés comme des machistes il devrait être impossible qu’ils deviennent des féministes et plus encore de vraies femmes, si l’on pense aux transsexuels recourant eux aussi au bistouri pour se faire ouvrir une fente dans le corps et surtout dans l’esprit. Des hommes féminisés, des hommes désireux d’être femme et se comportant comme elles, il y en a toujours eu et il y en aura toujours et ce de plus en plus, vu la loi Taubira désormais votée par les FLR, les féministes-libéraux-républicains (gauche et droite mêlées) qui veulent nous faire croire (et se faire croire), qu’ils votent pour l’« égalité » alors qu’ils votent pour l’abolition des sexes, confirmant en cela la prédiction de Freud, plutôt humoristique à l’époque, qui désormais tourne au cauchemar.

Un « machiste » par contre, c'est-à-dire un homme éduqué par une mère aimante mais pas possessive et un père droit mais pas dur, est quelqu’un qui ne deviendra ni un "pédé", ni une "tante", termes interdits selon la loi car homophobes, mais qui avaient le mérite, (pour ceux qui ont passé la cinquantaine), de situer l’enjeu avec une bienveillante ironie. Alors bien sûr, dès que vous utilisez ces termes, non seulement vous êtes mis au ban de la bien pensance mais certains psychanalystes féministes déclarés, vous envoient à la figure leur verdict : Vous êtes homophobe, cher monsieur, parce vous refoulez votre homosexualité !... c’est pour ça que vous la repoussez avec horreur !... Refouler, notion psychanalytique devenue une sorte de « chef d’accusation », appréciation psychologique tombant au niveau du juridique.

A contrario, l’homme féministe (outre le fait qu’il a été éduqué par une mère castratrice et un père sans autorité, sans phallus au sens freudien) est un homme qui, si on y réfléchit deux secondes, n’a pas eu beaucoup de peine à le devenir pour la simple raison que, n’ayant pas ce phallus que le père aurait dû lui transmettre, mais possédant quand même un organe percé au bas de son dos, en est préoccupé. Et les psy, d’autres psy, savent aussi que ce « trou-la-la » là (humour qui je l’espère n’hérissera personne), quand on y pense trop, qu’on lui pose comme jadis le sphinx des questions métaphysiques, il finit lui aussi par questionner l’esprit juché au sommet du même dos en lui murmurant : Ne suis-je pas une femme comme tout le monde ? Si cet homme vit avec une féministe, les chances existent qu’il se laisse aller à l’homosexualité et devienne la "tante" déjà mentionnée, qu’il quitte son épouse et aille faire couple avec celui qui le confirmera dans son choix du même. Ça sera souvent celui qui fera de lui la femme qu’il a rêvé d’être, celui que pudiquement on appelle sodomite, terrorisé qu’on est à l’idée de dire avec des mots grossiers, des choses grossières : celui qui l’enc… Le sodomite étant (hormis le héros sadien qui est souvent un fou furieux meurtrier) celui qui, récusant ou craignant l’orifice féminin et le féminin en général, se dévoue pour faire plaisir à celui qui veut être une femme sans en avoir les organes ni les vertus et qui, à ce titre, lève l’interdit, l’angoisse, que tout mâle ressent devant le féminin et qui, pour cette raison, n’hésite pas à souiller son sexe, en l’introduisant - charitablement il est vrai - dans un anus masculin.

« Vous oubliez la fellation », rétorquent les poètes, ces bonnes âmes qui s’efforcent -sans être sûr d’y arriver-, de ne pas porter de jugement, de rester neutres, « scientifiques » ! C’est en effet une autre option de l’homosexualité masculine. L’ampoule rectale – peu ragoûtante, il faut bien le dire, y compris pour ceux qui la préfèrent à d’autres vestibules – est alors évitée ainsi que le risque de contamination que la médecine souligne en invitant aux préservatifs. Le goût de l’impétrant est invité à se convertir à sa propre substance comme jadis Atoum-Rê le dieu primordial. Et je ne fais pas cette escapade dans l’histoire pour distraire, j’essaye de faire image, de faire imaginer ceux qui ont encore un sens métahistorique et artistique. C’est à ces époques révolues – et plus loin encore – qu’il faut faire retour pour saisir ce mystère.

Atoum-Rê, dieu originel égyptien, comme l’est le couple Ouranos-Gaia des Grecs, est une des clés de cette énigme. S’enfantant lui-même il vint au monde, sur la colline primordiale. Ceci fait, il continue et le texte ajoute: « Ayant pris sa semence dans sa bouche, il cracha ou éternua, créant Shou, le dieu de l'air, et Tefnout, la déesse de l'humidité ». Atoum-Rê (son double nom indique sa double capacité comme pour le couple ouranien-chtonien) est donc l’initiateur de la première distinction mâle/femelle, le discriminateur de ce qui avant en lui était uni. On a bien sûr une histoire similaire au début de la Genèse, à laquelle le lecteur se reportera. L’Atoum-Rê d’il y a dix mille ou cent mille ans (nos repères temporels habituels se brouillent), est un briseur de rêve, celui précisément fusionnel du Féminin. Rêve qu’on a le droit ici encore de dire dé-généré puisque nos féministes d’un drôle de genre génèrent du sens avec ce mot genre (genus, generis) qui engendre la confusion puisqu’il sous-tend le physique et la… morale. Curieusement, on retrouve ce genre mentionné dans le traité de l’Union européenne reformulé (1), comme dans la loi taubira à l’issue de laquelle l’état civil ne devrait plus indiquer un père homme et une mère femme, mais un genre désexualisé, appelé parent 1 et parent 2. Pourquoi pas parente d’ailleurs ?! On aurait deux Femen, « qu’elles soient hommes ou femmes » !

L’homosexualité masculine exclusive, permanente, n’est plus une maladie depuis que l’OMS l’a déclassifiée et il serait donc criminel de le prétendre, mais rien ne nous empêche de la dire régressive. Permanente ou intermittente, elle exprime l’angoisse-fascination de l’homme devant la violence d’une sexualité ambivalente et son désir de la nier tout en… l’explorant ! Elle est alors un piment nécessaire aux aventureux pour comprendre par action vécue et non par théories, fussent-elle gendreuses, ce qui s’agite, dans leur subconscient. L’homosexualité féminine par contre, est moins taboue, scandalise moins le commun, car n’invite pas à se nourrir de l’ « étrange substance du dieu ».

Dans l’acte de fellation, ce qui sauve l’être humain-femme, contrairement à l’homme, c’est l’absorption consciente de son principe opposé, le sperme, hostie unique en son genre que seul le masculin peut lui offrir. Absorber le « jus divin », s’en constituer ou s’en reconstituer, se « masculiniser » par lui de façon fantasmatique, peut alors être vu dans la perspective du geste atoumien comme redécouverte par notre Eve moderne de l’instinct divin originel. Pour être Elle, elle s’abouche au Dieu Originel, recule dans l’archaïque, revient au « premier matin du monde », dans le Monde d’Avant qu’Il Fut. Elle visite la colline primordiale, lointain « mont de Vénus » quand Vénus-Aphrodite était vivante et « plongeait dans l’écume » (aphros = écume, dutès = qui plonge).

Pour l’homosexuel homme, dont l’être féminin caché jalouse celle qui seule a ce privilège, les choses s’inversent. S’il s’y livre, ce « retour » fait de lui un ouroboros mimétique, falsifié, où se brise la dynamique de la bisexualité, un Narcisse charnel si insatisfait de l’image de son corps qu’il doit trébucher sur « sa chair identique », sur le corps du presque autrui, être à lui-même et pour l’autre, pierre de scandale, se compromettre en impliquant l’autre, s’acter out sur la scène publique pour y être « puni » une seconde fois après s’être puni lui-même dans le secret brûlant de son manque. Explorer plus avant cette thèse (2) dans ses dimensions historiques, anthropologiques, psychologiques ou médicales, exigerait un développement très long. C’est pour l’instant inenvisageable de la proposer à la plupart des sexués humains aveuglés par la propagande mondialiste uniformisante, sauf à quelques happy few qui ne manifestent pas, n’agitent pas d’arc-en-ciel multicolore, mais portent peut-être sur leur front des « lettres de feu ».

Marc Gébelin

Notes

(1) Initialement, l’article 2 du Traité sur l’Union européenne dispose que “l’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité ...” Or, dans la résolution du 12 décembre 2012 sur la situation des droits fondamentaux dans l’UE, les parlementaires européens ont légèrement reformulé cet article. Ils considèrent que ce dernier “fonde l’Union sur une communauté de valeurs indivisibles et universelles de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de genre“.

(2) Des ethnologues ont approché le mystère sans lui apporter des explications convaincantes. Reprenant l’accusation que je dénonçais plus haut, serait-il absurde de leur retourner le compliment d’être « aveuglés par leur homosexualité latente » ? ce qui, je m’empresse de le souligner, ne serait pas une condamnation. Maurice Godelier en est un exemple. Ex-marxiste, donc féministe (puisque le marxisme est un féminisme, une philosophie positionnant le non-agir plus haut que l’agir, l’immanent plus authentique que le transcendant, l’existence plus certaine que l’essence, bref un matérialisme), il tente d’éclairer dans son livre "La production des grands hommes", le système des Baruyas de Papouasie qui vivent une homosexualité masculine initiatique adossée à une domination des hommes sur les femmes qui, toutefois, c’est lui qui souligne, est loin d’être totale. Fidèle à son préjugé de départ qu’il mondialise, il tente de générer une théorie globale où l’homme-dominateur-prétentieux-de-la-femme, est le fil rouge. Il a donc approuvé le fameux « mariage-pour-tous » comme Françoise Héritier, ethnologue de renom elle aussi, mais qui a l’« excuse », elle, d’être une femme. Il était piquant de voir au Palais du Luxembourg, cet hiver, ces deux prophètes de la modernité essayant de convaincre les sénateurs du bien fondé d’une « loi » qui déjà, seulement par son intitulé (mariage pour tous et non mariage homosexuel), montre son mensonge et son désir corollaire de tromper. Godelier, incapable de subsumer son marxisme communisant, en une théorie plus haute qui, tout en tenant compte de la mécanique qui entraine les sociétés humaines à leur insu, n’essaye même pas d’y insérer la transcendance comme le font les grands penseurs tels Shakespeare, Borges ou De Retz, cités dans l’article sur le Kairos.

mardi, 16 avril 2013

De plus en plus infantile

De plus en plus infantile

par Jean-Gilles Malliarakis

 

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La gesticulation grotesque destinée à garantir la transparence de la vie politique nous le démontre une fois encore : on n'arrête décidément pas le progrès de la réglementation politiquement correcte.

En 2010 Mathieu Laine publiait une nouvelle édition de son indispensable "Grande Nurserie", livre écrit en 2006 "pour en finir avec l’État nounou."

Or, cette version actualisée de l'ouvrage a donc été publiée quatre ans seulement après sa première parution en format poche. Nous espérons que l'auteur ne nous en voudra pas de reproduire assez longuement une partie de la nouvelle préface. Voici l'énumération de nos nouvelles folies.

En ces temps-là... écrit ainsi Mathieu Laine ...

"... nos barres chocolatées ne portaient pas la mention 'Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé' ; Tintin au Congo n'était pas mis à l'isolement dans les bibliothèques américaines ; on pouvait fumer une cigarette dans un bar en buvant un café-crème ; les médecins pouvaient sans difficulté prescrire du Di-Antalvic, cet anti-douleur efficace dont la dangerosité n'apparaît qu'au terme d'une consommation extrême ; la régie publicitaire de la RATP n'aurait pas imaginé ordonner le remplacement des affiches du film Coco Chanel parce que Audrey Tautou y apparaissait une cigarette à la main ; l'idée de fixer un quota de femmes dans les organes de gouvernance des grandes entreprises paraissait humiliante pour les dirigeantes ;

Encore, Mathieu Laine note : la pression moralisatrice et culpabilisante de Yann Arthus-Bertrand et Nicolas Hulot sur nos comportements 'civiques et environnementaux' n'était pas aussi puissante ; le Canada ne réfléchissait pas à interdire les feux de cheminée parce que la combustion du bois serait une source de pollution ; les acteurs économiques n'étaient pas aussi surveillés par un pouvoir hyper-interventionniste ; aucun parlementaire n'avait osé demander l'interdiction de vendre des produits alimentaires juste devant les caisses des hypermarchés et de supprimer toute publicité pour les produits de grignotage pendant les coupures publicitaires des émissions regardées par les enfants.

L'auteur persiste à remarquer: on pouvait rouler à 51 kilomètres-heure au lieu de 50 en ville sans subir la foudre immédiate d'un radar fixe ou mobile ; la députée UMP de Paris Edwige Antier n'avait pas encore déposé une proposition de loi visant à interdire la fessée ; la décroissance passait pour une idée ringarde héritée des années 1970 aucun député n'aurait imaginé réclamer un 'devoir de réserve' à la lauréate du prix Goncourt parce qu'elle avait critiqué le président de la République ; aucun gouvernement n'avait cherché à interdire les 'happy hours' dans les bars ; l'ancien ministre du gouvernement Jospin, Yves Cochet, n'avait pas encore osé proposer publiquement une directive pour diminuer les prestations familiales à partir de la troisième naissance en expliquant que la pollution générée par un enfant équivalait à 620 trajets Paris-New York en avion;

L'effarante énumération continue :  on ne démontait pas des antennes-relais sur le simple fondement de 'l'inquiétude' des voisins ; personne n'aurait osé remplacer la pipe de Monsieur Hulot par un ridicule moulin à vent sur l'affiche du célèbre film de Jacques Tati ; aucune loi n'imposait un CV anonyme aux entreprises de plus de 50 salariés  (1)⇓. ; aucun secrétaire d'État n'avait sérieusement envisagé de réintroduire les langes pour les bébés et supprimer ainsi la pollution liée aux couches jetables ; personne n'avait osé adopter une loi Hadopi ; on n'avait pas nommé de médiateur-père fouettard pour forcer les banques à prêter à des entreprises qui ne pourraient pas rembourser afin de sortir d'une crise née, précisément, de lois américaines obligeant les banques à prêter à des populations déshéritées pour qu'elles deviennent propriétaires de leur logement (la fameuse crise des 'subprimes') ;

On observe en effet qu'en 2006: l'excès de précaution n'avait pas éclaté au grand jour (on découvrit, en janvier 2010, que la France avait acheté 94 millions de doses de vaccin antigrippe A et que seuls 5 millions de Français s'étaient fait vacciner) ; Arnold Schwarzenegger n'avait pas, en sa qualité de gouverneur de Californie, adopté une mesure permettant de condamner à une amende de 100 dollars le possesseur d'une voiture dans laquelle un mineur serait en train de fumer ;

Et puis : les Verts n'étaient pas partis, à Paris, en guerre contre les systèmes de chauffage installés sur les terrasses de café et de restaurants qui émettraient de l'oxyde d'azote dans l'air ; aucun plan de vidéosurveillance ne prévoyait, comme aujourd'hui, de tripler le nombre de caméras en deux ans ; on n'imaginait pas interdire de fumer sur les terrasses en plein air des cafés ; le principe de précaution n'avait pas été rejoint par le principe d'attention ; aucun label ne figurait sur l'ensemble des bouteilles de vin pour expliquer aux femmes enceintes que boire de l'alcool n'est pas bon pour leur bébé ; aucune proposition de loi n'avait envisagé apposer un label 'photo retouchée' sur les clichés retravaillés pour 'lutter contre l'anorexie'..."

Voila comment cette fulgurante avancée de la sottise était interprêtée en 2010 par l'auteur :

"La France était pourtant, déjà, une Grande Nurserie. L'esprit de précaution et le vent de l'infantilisation n'ont, depuis, cessé de souffler. Rien ne semble pouvoir les arrêter.

Le livre décrypte ce phénomène contemporain, s'amuse - tout en s'inquiétant - des projets à venir, et invite à résister aux illusions comme aux intrusions de plus en plus menaçantes de l'État-Nounou dans nos vies." (2)⇓.

Remarquons que cette liste date de 2010. Depuis, le président Normal en rajouté une couche (couche-culotte pensera-t-on, pour rester dans le thème de ce pamphlet magnifique).

Certains jugeront irréversibles les votes parlementaires tendant à "transformer un homme en femme", seule chose que s'interdisait autrefois le parlement de Westminster. Nous pouvons raisonnablement penser, au contraire, que les chutes ne semblent irréversibles que jusqu'au moment où on touche le sol. L'État hexagonal s'en rapproche.

JG Malliarakis
http://www.insolent.fr/

Apostilles

  1. "Si le décret d'application n'a jamais été signé, note alors l'auteur l'idée vient d'être relancée par le président de la République [en 2010]. 
  2. Mathieu Laine "La Grande Nurserie" Lattès 2010, 216 pages.

vendredi, 12 avril 2013

Hegelian Reflections on Body Piercing & Tattoos

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A Little Death:
Hegelian Reflections on Body Piercing & Tattoos

By Greg Johnson

Ex: http://www.counter-currents.com/

It is safe to say that urban youth culture in the contemporary West is pretty much saturated with hedonism. Yet in the midst of all this hedoism, tattooing and body piercing are huge industries, and they hurt.

It is, moreover, shared pain, broadcast to and imposed upon all who see it. It is natural for human beings to feel sympathy for people in pain, or who show visible signs of having suffered pain. Perhaps this is a sign of morbid oversensitivity, but I believe I am not the only person who feels sympathy pains when I see tattoos and piercings, especially extensive ones. Sometimes I actually shudder and look away. Furthermore, am I the only one who finds tattoos and piercings extreme sexual turn-offs?

Sexual sadism and mascochism fit into a larger hedonistic context, since the are merely intensifications or exaggerations of features of normal hetrosexual relations. But what is the place of the non-sexual masochism of body piercing and tattooing in a larger hedonistic society?

This question first occured to me when I saw Quentin Tarantino’s Pulp Fiction, in which Jody, the wife of the drug dealer Lance, launches into a discourse about piercing. Jody, it is safe to say, is about as complete a hedonist as has ever existed. Yet Jody has had her body pierced sixteen times, including her left nipple, her clitoris, and her tongue. And in each instance, she used a needle rather than a relatively quick and painless piercing gun. As she says, “That gun goes against the whole idea behind piercing.”

Well then, I had to ask, “What is the whole idea behind piercing?” Yes, piercing is fashionable. Yes, it is involved with sexual fetishism. (But fetishism is not mere desire either.) Yes, it is now big business. But the phenomenon cannot merely be reduced to hedonistic self-indulgence. It is irreversible. And it hurts. And apparently, if it doesn’t hurt, that contradicts the “whole idea.”

For Hegel, history begins when a distinctly human form of self-consciousness emerges. Prehistoric man is merely a clever animal who is ruled by his desires, by the pursuit of pleasure and the avoidance of pain, including the desire for self-preservation. When we enjoy creature comforts, however, we are aware of ourselves as mere creatures.

But human beings are more than clever animals. Slumbering within prehistoric man is a need for self-consciousness. To see our bodies, we need a mirror. To see our self also requires an appropriate “mirror.” For Hegel, the first mirror is the consciousness of others. We see ourselves as we are seen by others. When the reactions of others coincide with our sense of self, we feel pride. When we are treated in ways that contradict our sense of self, we feel anger. Sometimes this anger leads to conflict, and sometimes this conflict threatens our very lives.

For Hegel, the duel to the death for honor reveals the existence of two different and conflicting parts of the soul: desire, including the desire for self-preservation, and honor, which is willing to risk death to find satisfaction. For Hegel, the man who is willing to risk death to preserve his honor is a natural master. The man who is willing to suffer dishonor to preserve his life is a natural slave. For the master, honor rules over desire. For the slave, desire rules over honor. Hegel sees the struggle to the death over honor as the beginning of history, history being understood as a process by which human beings come to self-understanding.

Of course not every road to self-understanding involves an encounter with death. But the primary means by which we understand ourselves is participation in a culture, and civilized life entails countless repressions of our physical desires, countless little pains and little deaths.

According to Hegel, if history is a process of self-discovery, then history can end when we learn the truth about ourselves and live accordingly. And the truth is that all men are free. Hegel’s follower Francis Fukuyama became famous for arguing that the fall of communism and the globalization of liberal democracy was the end of history. But he also followed Alexandre Kojève, Hegel’s greatest 20th-century interpreter, who argued that the end of history would not bring a society of universal freedom, but a society of universal slavery: slavery in the spiritual sense of the rule of desire over honor. And that is a perfect description of modern, hedonistic, bourgeois society.

But there is more to the soul than desire. Thus man cannot be fully satisfied by mere hedonism. The restless drive for self-consciousness that gave rise to history in the first place will stir again. In a world of casual and meaningless self-indulgence, piercing and its first cousin tattooing are thus deeply significant; they are tests; they are limit experiences; they are encounters with something—something in ourselves and in the world—that transcends the economy of desire. To “mortify” the flesh literally means to kill it. Each little hole is a little death, which derives its meaning from a big death, a whole death, death itself. Thus one can see the contemporary craze with body modification as the re-enactment of the primal humanizing encounter with death within the context of a decadent and dehumanizing society. History is beginning again.


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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jeudi, 11 avril 2013

Vilfredo Pareto: A Non-Marxist Sociologist

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Vilfredo Pareto: A Non-Marxist Sociologist

 
 
Sociology has long been dominated by Marxists and Leftists and is no longer seen as a fair or objective discipline. However, there have also been Conservative and right-wing sociologists. like Albert Hobbs and George Bourne. One of the most significant is the Italian thinker Vilfredo Pareto, known in particular for his insights into the nature of elites.

He was first an economist known for two economic concepts named after him: Pareto Optimality and Pareto’s Law of Income Distribution. Pareto Optimality refers to the optimal allocation of resources when it is only possible to make someone better off by making someone else worse off. Pareto’s Law of Income Distribution was derived from British data on income. and showed a hierarchical relationship between each income level and the number of people at the next income level. He found similar results for Prussia, Saxony, Paris, and some Italian cities. Pareto thought his law should be “provisionally accepted as universal” but realised that exceptions were possible. Since then many exceptions have been found. He later changed from economics to sociology, and then became involved with Mussolini due to the political situation of the time.

His work on elites is of great interest and presents a more concrete view than Marxism, drawing from human nature rather than abstract ideology. His idea of the "circulation of elites” examines differences in the temper and style of different aspects of the ruling class, something he explores with his concept of Lions and Foxes. These categories give insight into how we are ruled or misruled. Rather than vague and dated abstractions about class behaviour, they are grounded in how people actually behave.

Why do things not stay the same?

Modernist art critic Herbert Read wrote in Form in Modern Poetry (1932) that the nature of man had changed from character to personality, with character being permanent and having solid traits, while personality was more fluid and changeable.

Why are we decadent and no longer capable of defending ourselves? According to Pareto, the ruling elite is not a stable ruling class but is subject to change, namely the "circulation of elites." He thought this circulation occurs because each of the two categories capable of leadership has inherent weaknesses. Whilst the Lions' act forcefully. they lack imagination and cunning; conversely, the Foxes possess cunning but fail to act coercively.

Pareto disputed that democracy was a progressive form of government; it was, he said, just another form of elite rule. A topical insight was that Foxes often ignore invasions until it is too late. We should know. We are living through one now!

Those who rise to positions of power promote their own kind and demote those who are different until finally one of the two types dominates. A professed support for the dominant ideology is necessary to retain one's social position, and transgressions are usually rewarded with demotion and infamy. Ideological correctness is crucial to whether individuals have influence or are removed from power. I call this dominant group an “ideological caste.”

Pareto believed that in all societies, including democracies, there is a class that rules and a class that is ruled. On weak rulers he wrote:

"Any elite which is not prepared to join in battle to defend its position is in full decadence, and all that is left to it is to give way to another elite having the virile qualities it lacks. It is pure day-dreaming to imagine that the humanitarian principles it may have proclaimed will be applied to it: its vanquishers will stun it with the implacable cry, 'Vae Victis.' ['Woe to the vanquished.'] The knife of the guillotine was being sharpened in the shadows when, at the end of the eighteenth century, the ruling classes in France were engrossed in developing their 'sensibility.' This idle and frivolous society, living like a parasite off the country, discoursed at its elegant supper parties of delivering the world from superstition and of crushing 'l'Infâme,' all unsuspecting that it was itself going to be crushed."

It is similar now with the girly-men running Western countries.

Lions and Foxes

His idea of “Lions and Foxes” originated in Machiavelli’s The Prince, a work that sought to formulate a rational plan of “how to rule” for new rulers who had no tradition to guide them. He advised the new ruler to be half beast and half man:

“So, as a Prince is forced to know how to act like a beast, he should learn from the fox and the lion; because the lion is defenceless against traps and a fox is defenceless against wolves. Therefore one must be a fox in order to recognise traps, and a lion to frighten off wolves.”

The Lions have what Pareto termed class II residues of group persistence. They have a sense of objectivity and permanence and believe in family, property, nation, church, and tradition. They are cautious in economics and value saving and “sound money.” They esteem character and duty over education and wealth, and will use force to uphold their values. They rely on their strength and stubbornness.

Foxes, tend to work in the talking professions, like journalism or the law, and live by their wits, shrewdness, deceit and fraud.

Pareto's Residues

There are six classes of Residues but the first two are relevant to our time. Class I residue is the Foxes’ instinct for “combination.” They tend to manipulate words and construct abstruse theories and ideologies. They do not have a strong attachment to church, family, nation, or tradition, but can exploit these loyalties in others. They are creative in economics and politics, and promote change and novelty. They do not plan far ahead and do not look to a great future for their people. They rely on their wits to thwart challenges and respond with ad lib answers to questions.

Pareto made a distinction between changing elements, which he termed derivations, and relatively permanent ones, which he termed residues. The notion of residues is often misunderstood. He meant manifestations of sentiments or their equivalents, which are intermediate between the sentiments, which we cannot know directly, and the overt belief systems and acts that we can know and analyse. They are related to man's instincts but they do not cover all of them, since we can only discover those instincts that give rise to rationalisations in theories. Others remain hidden.

A feature of Foxes is their distaste for the martial and a stress on economics. They tend to cut back on defences with the elites acting as if we are in a safe world and have no enemies. They think they can buy other countries off with overseas aid and good will!

A Survey of Political Change Over the Last Two Centuries

Looking back over history clarifies the effect that elites changing from Lions to Foxes has had on our lives and the standing of the nation. In the case of Britain, the dominant anti-British tendency that favours “the other” can be traced to the aptly-named Charles James Fox, the original of the type that has persisted and increased down to the present. He exhibited the Foxes' tendency for abstractions and high-sounding ideals, which is evident from his support for the principles of the French Revolution regardless of the horrific realities. He regarded our war with France as an attempt to crush a noble experiment in human liberty.  In 1786, speaking against the former Governor-General of Bengal, Warren Hastings' response to an uprising by the Afghan Rohillas, he expressed the kind of universal abstractions that have become commonplace:

"By those laws which are to be found in Europe, Africa, and Asia – that are found among all mankind, those principles of equity and humanity implanted in our hearts which have their existence in the feelings of mankind…"

The radical MP Samuel Whitbread was even more anti-British than Fox, and excused the French while denouncing his own people. It was the dawning of our modern era when abstractions were coming to dominate and practical thinking was losing ground. Heroes like Nelson and Wellington were still at that time “role models” for young men, for their stoical and manly courage, selflessness, and high sense of duty. On the French Revolution Edmund Burke foresaw the decline of the values that Pareto associated with the Lions:

“It is gone, that sensibility of principle, that chastity of honour, which felt a stain like a wound, which inspired courage whilst it mitigated ferocity, which ennobled whatever it touched…The age of chivalry is gone. The age of sophisters, economists, and calculators has succeeded.”

The Duke of Wellington was a famous Lion. Like Churchill after him, Wellington had been uninterested in education as a schoolboy. Military types are typically less interested in ideas and theories. Although he defeated Napoleon, he was finally defeated by the Foxes, Cobden and Bright, who promoted free trade as a means of bringing about world peace. In 1846, the year the Corn Laws were repealed, Cobden said:

"I believe that the physical gain will be the smallest gain to humanity from the success of this principle. I look farther; I see in the Free Trade principle that which shall act on the moral world as the principle of gravitation in the universe – drawing men together, thrusting aside the antagonism of race, and creed, and language, and uniting us in the bonds of eternal peace."

Victorian historian James Anthony Froude lamented that we had chosen economics over duty. Foxes were taking over from Lions and this can be traced through the century as economics replaced values like “nobility,” “duty,” and “honour”. It was Disraeli who turned the Conservatives into an opportunistic party from one of tradition. He was a progressive Tory, and sympathetic to some of the Chartists' demands, and argued for an alliance between the landed aristocracy and the working class against the increasing power of the middle class. In 1842 he founded the Young England group to promote the view that the rich should use their power to protect the poor from exploitation by the middle class. During the twenty years which separated the Corn Laws and the Second Reform Bill, Disraeli sought Tory-Radical alliances - though unsuccessfully.

His main rival the Liberal Gladstone was a Fox. He was opposed to General Gordon, and tarried while that brave man was murdered in Khartoum. Gordon expressed the values of Lions in his journal, referring to “honour to his country”. The man who finally avenged Gordon and re-took Khartoum, Lord Kitchener, was worshipped by the public but attacked in the Commons as a “butcher” and “imperialist” by the Foxes. He was pushed out of the War Cabinet by Lloyd George, another Fox, who formed the War Cabinet, which had dictatorial powers and took over the running of the war. A reformer, Lloyd George also out-manoeuvred and replaced General Sir William Robertson, Chief of the Imperial Staff with one of his own kind, Sir Henry Wilson, who wrote more about the balls he attended and the dignitaries he met than anything connected to honour and duty. Robertson was forced to resign on 11 February 1918, taking the lesser role of Commander-in-Chief of the British Home Forces. Wilson had connived with Lloyd George to create the Supreme War Council, something which Robertson had vociferously opposed.

Robertson is the only man in history to rise to the position of Field Marshall from private. A staunch supporter of Sir Douglas Haig, Robertson acted to prevent Lloyd George's attempts to divert effort from the Western to the Eastern Front; unlike Lloyd George, Robertson was a keen 'Westerner', believing that the war could only be won on the Western Front. In his book Soldiers and Statesman 1914 – 1916 (1926) Robertson repeatedly stresses “duty”. He highlighted the anti-military bias of Foxes when he wrote of how Lloyd George and his war cabinet took a private house to seclude themselves from the Generals, “where they sit twice a day and occupy their whole time with military policy, which is my job; a little body of politicians quite ignorant of war and all its needs, are trying to run the war themselves.”

Stanley Baldwin turned the Conservatives from a party that was a bulwark of the Empire to one focused on offering inducements to voters such as “houses” and “prosperity.” A century of disarmament, fueled by both sides of the Commons – Tories preaching appeasement while dozing in their London clubs; Socialists fantasizing about internationalism, disarmament, and submitting to the League of Nations when we were the most powerful country – left us weak and nearly defenceless.

Before being removed or neutralised, Lions are first stigmatised. The Lion Churchill spent a decade in slandered obscurity as a “warmonger” before being needed to fend off Wolves. A Lion called Enoch Powell was sacked from the Shadow Cabinet by the arch-Fox Heath, who has since admitted misleading Parliament and thus the people into the federal state of Europe, saying that it would merely be a trading arrangement. Fox John Major deceived us when he pretended that we would retain control over our borders after his legal advisers had advised him that they had been signed away at Maastricht.

We have had constant moral outrages, such as Blair’s infamous act of sending our troops to war on a lie among his many other lies. Michael Howard, the Conservative leader in the 2005 election, campaigned on immigration control when he knew full well that the European Union would not allow him to implement his plans even had he meant to do so. In June 2004 it was revealed that he was an investor in communications firm Incepta. A subsidiary company, Citigate Lloyd Northover, won two Home Office contracts to develop websites and communications technology to speed up applications from immigrants to enter the UK and also benefitted from work for the Immigration and Nationality Directorate website that helped facilitate the admission and settling of asylum seekers.

Pareto clearly foresaw the deterioration of the Western world:

"The plutocracy has invented countless makeshift programs, such as generating enormous public debt that plutocrats know they will never be able to repay, levies on capital, taxes which exhaust the incomes of those who do not speculate... The principal goal of each of these measures is to deceive the multitudes... When a society's system of values deteriorates to the point where hard work is denigrated and 'easy money' extolled, where authority gives way to anarchy and justice to legal chicanery, such a society stands face to face with ruin... It is a specific trait of weak governments. Among the causes of the weakness two especially are to be noted: humanitarianism and cowardice – the cowardice that comes natural to decadent aristocracies and is in part natural, in part calculated, in "speculator" governments that are primarily concerned with material gain. The humanitarian spirit ... is a malady peculiar to spineless individuals who are richly endowed with certain Class I residues that they have dressed up in sentimental garb."

Cultural Marxists like university educated chief police officers because they are open to politically correct ideas and willing to enforce the Cultural Marxist agenda. The best sort of people to be appointed chief police officers would be former military officers as they understand human nature and how to best curb its excesses. In his autobiography Cloak Without a Dagger, the former chief constable of Sheffield and Glasgow and Director of MI5, Captain Sir Percy Sillitoe, gave this insight into human nature:

“There is only one way to deal with the gangster mentality. You must show that you are not afraid. If you stand up to them and they realise you mean business they will knuckle under. The element of beast in man whether it comes from an unhappy and impoverished background, or from his own undisciplined lustful appetites, will respond exactly as a wild beast of the jungle responds – to nothing but greater force and greater firmness of purpose.”

mercredi, 10 avril 2013

„5 to 9“-Konservatismus

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„5 to 9“-Konservatismus

von Greg Johnson

Übersetzt von Deep Roots

English original here [2]

Vor Jahren lieferte mir der Freund, der den größten Einfluß auf mein Erwachen bezüglich Rasse und der Judenfrage hatte, eine ziemlich Klarheit schaffende Unterscheidung zwischen „9 to 5“- und „5 to 9“-Konservatismus. 

Die „9 to 5“-Konservativen beziehen ihren Namen aus dem standardmäßigen Arbeitstag von 9 Uhr morgens bis 5 Uhr nachmittags. Diese Konservativen konzentrieren sich auf den wirtschaftlichen Bereich. Sie möchten die wirtschaftliche Freiheit vor Einmischung durch die Regierung bewahren. Sie konzentrieren sich auch darauf, Steuern zu senken und Widerstand gegen neue Steuern zu leisten, sodaß produktive Menschen mehr von den Früchten ihrer Arbeit behalten können. Kurz, „9 to 5“-Konservatismus ist einfach Wirtschaftsliberalismus. Seine ideologisch reinsten Befürworter in Amerika sind heute die Libertären und die Tea Party.

„5 to 9“-Konservative beziehen ihren Namen vom Rest des Tages. Sie konzentrieren sich darauf, die nicht-ökonomischen Bereiche des Lebens zu bewahren: Familie, Zivilgesellschaft, Religion, Kultur, Geschichte, Umwelt etc.

Viele „5 to 9“-Konservative sind in Wirklichkeit politische Liberale. Zum Beispiel sind Umweltschützer, Bewahrer historischer Dinge und Förderer von fußläufig erreichbaren Gemeinden, von Grundstückserschließungen mit gemischter Nutzung, Architektur mit menschlichem Maßstab und öffentlichen Räumen allesamt objektiv Konservative der „5 to 9“-Sorte (ungeachtet irgendwelcher echt linker Positionen, die sie vielleicht ebenfalls beziehen). Aber politisch tendieren sie dazu, links der Mitte zu sein und mit den kommerziellen Interessen über Kreuz zu sein, die von den „9 to 5“-Konservativen verfochten werden.

Es hat seinen guten Grund, warum die beiden Arten von Konservativen miteinander auf Kriegsfuß sind. Unbegrenzte wirtschaftliche Freiheit neigt dazu, die anderen Bereiche der Gesellschaft zu korrodieren. Am besten versteht man das, wenn man über Arbeitszeiten nachdenkt. In Amerika haben wir heute keine „9 to 5“-Wirtschaft. Wir haben eine 24/7-Wirtschaft.

Als bohemehafter Intellektueller kann ich mich darüber nicht beschweren. Ich finde es sehr bequem, daß ich um 4 Uhr morgens rausgehen kann, um eine Packung Milch von einem Meth-Zombie zu kaufen. Amerikaner, die in Deutschland leben, sind schockiert, daß die meisten Geschäfte um 6 Uhr abends geschlossen und an Wochenenden gar nicht offen sind. Es zwingt sie dazu, tatsächlich vorauszuplanen, eine der vielen Fähigkeiten, die das amerikanische Leben hat erschlaffen lassen.

Der Grund, warum Deutschland und andere Länder die Geschäftszeiten regulieren, ist nicht, daß sie „Sozialisten“ oder „Linke“ sind. Es liegt daran, daß sie „5 to 9“-Konservative sind. Sie begreifen, daß Ladenangestellte Freunde und Familien und Gemeinschaften haben. Die Arbeitszeiten werden reguliert, damit mehr Menschen die Stunden von 5 bis 9 Uhr und die Wochenenden mit ihren Familien und Freunden verbringen können. Ja, solche Gesetze sind uns insofern lästig, als wir Konsumenten sind. Aber wir sind mehr als Konsumenten. Wir haben Familien, Freunde, Gemeinschaften. Oder wir sollten welche haben.

Warum muß die Regierung sich einmischen? Sagen wir, es gibt keine Gesetze, die die Öffnungszeiten von Einzelhandelsunternehmen regeln. Wenn eine Firma beschließt, ihre Öffnungszeiten am Abend auszudehnen, um ihren Marktanteil zu vergrößern, werden andere unter Druck geraten, nachzuziehen. Schließlich werden wir uns durch die Magie des Marktes in eine 24/7-Wirtschaft hineinkonkurrenzieren, in der es ganze Gewerbezweige gibt, in denen die Anfangsjobs, die oft von jungen Leuten besetzt werden, welche Kinder haben (oder haben sollten), die in den treffend „Friedhofsschichten“ genannten Nachtschichten sind.

Vom gesellschaftlichen Standpunkt aus ist dies eine zutiefst destruktive Entwicklung. Und vom wirtschaftlichen Standpunkt aus ist sie ebenfalls destruktiv, nachdem in einem 24-Stunden-Tag dieselbe Menge Milch verkauft wird, wie an einem 10-Stunden-Tag verkauft würde, nur daß alle gezwungen sind, 24/7 die Lichter eingeschaltet und die Gebäude bemannt zu lassen, weil sie sonst ihren Marktanteil verlieren würden.

F. Roger Devlin verwendet eine exzellente Analogie, um die Natur destruktiver Konkurrenz zu veranschaulichen. Stellt euch vor, ihr würdet bei einer Sportveranstaltung sitzen. Es könnte für euch vorteilhaft sein, aufzustehen, um ein aufregendes Spiel zu sehen. Aber wenn eine Person steht, werden andere dazu gezwungen sein, ebenfalls zu stehen. Schließlich werden alle stehen, sodaß der Vorteil des Stehens für jedes Individuum aufgehoben wäre. Jeder wird eine gleich gute Sicht auf das Spiel haben wie am Anfang, aber sie werden es weniger bequem haben… weil sie stehen. Der einzige Weg, diese Art destruktiver Konkurrenz zu stoppen, besteht darin, daß die Verantwortlichen Gesetze dagegen erlassen und durchsetzen. Dasselbe gilt für den wirtschaftlichen Bereich.

Die Idee des „5 to 9“-Konservatismus ist für weiße Nationalisten nützlich, weil wir selber „5 to 9“-Konservative sind. Immerhin sind wir darauf bedacht, unsere Rasse zu bewahren, und wir sind bereit, mit den „9 to 5“-Konservativen zu kämpfen, die uns zerstören, indem sie nichtweiße Arbeitskräfte importieren, die weiße Jobs wegnehmen, oder weiße Jobs in nichtweiße Länder exportieren.

Die Unterscheidung zwischen „5 to 9“- und „9 to 5“-Konservativen ist auch hilfreich, um neue politische Allianzen ins Auge zu fassen – und bestehende zu zerbrechen. In Amerika sind die Großparteien heute Koalitionen, die beide bedeutende Zahlen von „5 to 9“-Konservativen enthalten.

Unter Republikanern tendieren die „5 to 9“-Konservativen dazu, religiöse Konservative und Traditionalisten zu sein. Unter Demokraten tendieren die „5 to 9“-Konservativen dazu, Umweltschützer, Konsumentenschützer, Bewahrer historischer Denkmäler, Neue Stadtplaner und dergleichen zu sein.

In beiden Parteien tendieren die „5 to 9“-Konservativen dazu, überwiegend weiß zu sein. Weiters werden die „5 to 9“-Konservativen in beiden Parteien von den Parteiführern wegen ihrer Wählerstimmen ausgenützt. Und letztendlich wird von den Führern der Großparteien ein Veto gegen Interessen von „5 to 9“-Konservativen eingelegt, weil ihr Hauptfokus die Förderung gesellschaftlich korrosiver Ideologien ist: Wirtschaftsliberalismus bei den Republikanern, Sozialliberalismus bei den Demokraten. Es wäre enorm subversiv/produktiv, wenn “5 to 9”-Konservative sich von der korrosiven Ideologie des Liberalismus befreien könnten, des rechten wie des linken.

Es wäre interessant, „5 to 9“-Konservative aus dem gesamten politischen Spektrum zusammenzubringen, um einen Dialog zu beginnen. Ich denke, sie würden entdecken, daß sie viel mehr gemeinsam haben, als sie glauben. Es ist eine Konversation, an der wir weißen Nationalisten teilnehmen müssen. Wir müssen da sein, um ihnen ihr implizites Weißentum voll zu Bewußtsein zu bringen. Wir müssen ihnen zeigen, daß ihre Werte die Produkte homogener weißer Gesellschaften sind und ohne diese nicht bewahrt werden können. Wir müssen ihnen erklären, daß die Führer der Großparteien sie ausnützen und verraten. Und wir dürfen nicht versäumen ihnen zu erklären, warum beide Parteien jüdische Interessen auf Kosten weißer Interessen verfolgen.

Es ist auch wichtig, ihnen zu helfen zu verstehen, daß vor dem Aufkommen der modernen Verirrungen des wirtschaftlichen und politischen Liberalismus der Mainstream des westlichen politischen Denkens von Aristoteles bis zu den Gründern Amerikas erkannte, daß eine freie Gesellschaft breit gestreutes Privateigentum in stabilem Besitz erfordert, und daß zur Erreichung dieses Zwecks ein gewisses Maß an Wirtschaftsregulierung notwendig ist.

Letztendlich sind weiße Nationalisten mehr als bloße Konservative, denn obwohl eine Menge von dem, was wir wollen, von der Idee des „5 to 9“-Konservatismus abgedeckt werden kann, ist das nicht genug. Von meinem nietzscheanischen/Spengler’schen Standpunkt ist bloßer Konservatismus nicht wirklich eine Alternative zur Dekadenz. Stattdessen ist er eine Form der Dekadenz, denn ein gesunder Organismus bewahrt oder wiederholt nicht bloß die Vergangenheit, sondern trägt sie vorwärts und verwandelt sie in kreativer Weise. Aber politisch gesprochen kommt der Konservatismus zuerst, nachdem unsere Rasse überleben muß, bevor wir uns Sorgen über den Luxus der Selbstperfektionierung machen können.

Source: https://schwertasblog.wordpress.com/2012/12/14/5-to-9-konservatismus/ [3]


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