Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 14 mai 2010

Dix bonnesraisons d'abandonner Facebook

10 bonnes raisons d’abandonner Facebook

Voici notre top 10 des raisons pour lesquelles vous feriez mieux d’arrêter d’utiliser Facebook avant qu’il ne soit trop tard:

10. La politique de confidentialité de Facebook s’arroge tous les droits
Commençons par le commencement. La déclaration des droits et responsabilités de Facebook précise que vos contenus leur appartiennent (lisez la section 2.1): “vous nous accordez une licence non-exclusive, transférable, sous-licenciable, sans redevance et mondiale pour l’utilisation des contenus de propriété intellectuelle que vous publiez sur Facebook”.

9. Le PDG de Facebook s’est illustré à plusieurs reprises pour comportement non éthique
Des questions se posent sur l’éthique de Mark Zuckerberg depuis les débuts de Facebook. D’après BusinessInsider.com, il a utilisé des données utilisateurs de Facebook pour deviner des mots de passe d’e-mails et lire des correspondances privées pour discréditer ses rivaux.

Ces allégations, si elles n’ont pas été prouvées et datent un peu, posent néanmoins des questions troublantes sur l’éthique du PDG du plus gros réseau social au monde. C’est d’autant plus gênant que Facebook a par ailleurs déboursé plus de 65 millions de dollars pour mettre fin à une poursuite judiciaire arguant que Mark Zuckerberg aurait volé l’idée de Facebook.

8. Facebook a déclaré la guerre à la vie privée
Le fondateur et PDG de Facebook justifiait en janvier dernier les changements relatifs à la vie privée sur Facebook en expliquant que: “les gens sont devenus vraiment à l’aise avec le fait de partager non seulement plus d’information, mais aussi de manière plus ouverte et avec plus de gens. Cette norme sociale est simplement quelque chose qui évolue au fil du temps”.

En d’autres termes, non seulement vos données appartiennent à Facebook, mais en plus ils ont le droit de les montrer à tout le monde. En soi, ce n’est pas nécessairement non éthique, sauf que…

7. Facebook encourage l’accès à vos données
Ils expliquent aux développeurs comment accéder à vos données avec les API, mais sont beaucoup moins diserts quand il s’agit d’en expliquer les implications aux utilisateurs. Facebook vous incite à partager des informations qu’ils rendent ensuite disponibles publiquement.

Dans la mesure où leur fonds de commerce consiste à monétiser les informations vous concernant dans un but publicitaire, cela revient à gruger les utilisateurs pour qu’ils fournissent des informations à propos d’eux-mêmes aux publicitaires. Voilà pourquoi Facebook est bien pire que Twitter: Twitter a adopté l’attitude la plus simple (et donc la plus crédible) en déclarant tout de go que tous les tweets de tous les utilisateurs étaient publics. Difficile d’être plus clair. Mais pas Facebook. Voilà pourquoi la FTC américaine s’en mêle et les gens les poursuivent (et obtiennent gain de cause).

L’EFF a dressé un excellent historique qui documente précisément les changements de la politique de confidentialité de Facebook.

6. Facebook ne veut pas que ça se sache
Lorsque Pete Warden a démonté à quel point leur système fonctionne (en fouillant parmi toutes les données que les changements de paramétrage de vie privée de Facebook avaient rendues publiques) ils l’ont poursuivi en justice. Pourquoi poursuivre un développeur indépendant? Parce qu’ils ne veulent pas que leurs membres sachent à quel point leurs données sont accessibles.

5. Même vos données privées sont partagées avec les applications

A l’heure actuelle, toutes vos données sont partagées avec les applications que vous installez. Ce qui signifie que vous faites non seulement confiance à Facebook, mais aussi aux développeurs d’applis. Sachant que bon nombre d’entre eux n’ont pas nécessairement votre vie privée comme priorité. En clair, vous devez considérer que vos données -toutes vos données- sont publiques, sauf si vous n’utilisez jamais aucune appli Facebook. Couplé avec l’API OpenGraph, cela signifie que vous ne faites plus simplement confiance à Facebook, mais à tout l’éco-système Facebook.

4. Facebook n’est pas assez compétent techniquement pour qu’on leur fasse confiance
Au delà des questions éthiques, la compétence technique de Facebook ne parait pas suffisante pour pouvoir leur confier des données personnelles. Leur récent bouton “Like” a facilité la tâche des spammeurs. Et ce n’est pas la première fois que Facebook est considéré comme une pépite pour la collecte de données.

Soit ils se fichent un peu du caractère privé de vos données, soit leurs ingénieurs ne sont pas très bons. Ou peut-être les deux.

3. Facebook rend incroyablement difficile la suppression de votre compte
Le jour où vous décidez d’arrêter Facebook, le site ne vous facilite pas la tâche. Ceux qui ont tenté l’expérience savent qu’il n’est plutôt pas évident de vraiment détruire son compte. C’est aussi compliqué que probablement volontaire. De guerre lasse, vous accepterez peut-être de désactiver votre compte. C’est différent d’une suppression pure et simple. Désactiver s’apparente à une déconnexion prolongée, pendant laquelle vos données restent dans le système.

2. Facebook n’aime pas vraiment le web ouvert
Leur API Open Graph n’a d’open que le nom, comme pour mieux dissimuler sa nature fermée. Elle est en réalité complètement propriétaire. Vous ne pouvez utiliser aucune de ses fonctionnalités si vous n’êtes pas sur Facebook. Une implémentation véritablement ouverte fonctionnerait sur n’importe quel réseau social. Dans le même esprit, ils implémentent a minima OpenID pour pouvoir dire qu’ils le supportent, juste pour mieux promouvoir leur alternative propriétaire, Facebook Connect.

1. Facebook ne sert à rien
Entre les applis pourries, les vieux camarades de classe dont vous n’avez surtout pas envie d’entendre parler et les boulets dont vous aviez oublié l’existence, Facebook est plus pénible qu’utile au quotidien.

Facebook est clairement lancé dans une course aux fonctionnalités avec tous les réseaux concurrents. Comme la grenouille avec le boeuf, Facebook n’est pas sans rappeler AOL qui voulait absorber tout le web, à une époque où leurs CD pleuvaient littéralement du ciel. Au moins Twitter sait rester à sa place ne veut pas être omniprésent dans votre vie numérique.

Vous feriez bien de prendre un peu de recul sur ce que vous apportent vraiment les réseaux sociaux, sur la manière dont vous les utilisez, et aussi sur la manière dont eux vous utilisent.

(Source : http://www.gizmodo.fr)

Via Novopress Paris [2]


Article printed from :: Novopress Québec: http://qc.novopress.info

samedi, 08 mai 2010

Un petit écran nuisible aux tout-petits

Un petit écran nuisible aux tout-petits

enfant-tele-jpg.jpgUne exposition trop précoce altère le développement, montre une étude de chercheurs québécois et américains

 
Les effets négatifs de l’exposition précoce à la télévision sont persistants, ont constaté les chercheurs.
Les tout-petits qui grandissent loin du petit écran deviennent des enfants non seulement plus minces, mais aussi plus intelligents et plus sociables. Des chercheurs québécois et américains ont en effet démontré qu'une exposition précoce à la télévision, même quand elle est conçue spécialement pour eux, peut priver les jeunes enfants d'apprentissages fondamentaux qui ont une incidence directe sur le type d'écoliers qu'ils deviendront.

«Entre l'âge de 2 et 4 ans, même une exposition marginale à la télévision retarde le développement de l'enfant», explique Linda S. Pagani, l'auteure principale de cette étude publiée hier dans Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine. La télévision «est une activité passive tant sur le plan physique, qu'intellectuel et social. Ces activités-là se font au détriment du jeu et de l'interaction avec le monde qui sont fondamentaux dans le développement du jeune enfant», poursuit la professeure à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal.

Or, de 0 à 5 ans, ce sont tous les fondements intellectuels de la personne en devenir qui se mettent en place. «Le cerveau triple de taille, et son réseautage est en expansion exponentielle. Comme pour les animaux, c'est aussi pendant cette période charnière que l'humain prend ses habitudes et fixe son comportement et ses préférences», rappelle celle qui est aussi chercheuse au CHU Sainte-Justine.

Ces apprentissages cruciaux se font principalement en jouant et interagissant avec le monde. «Jouer demande des efforts, explique Linda Pagani. Il faut de la persistance, de l'autorégulation. Il en va de même pour les efforts intellectuels.» Ainsi, plus l'enfant multiplie les expériences, plus il s'outille à la fois physiquement, intellectuellement et socialement. À l'inverse, plus il passe du temps à regarder passivement la télévision, moins il s'exerce à faire des efforts et à persévérer.

Le suivi de 1314 petits Québécois à 29 mois, 53 mois et 10 ans, a permis de chiffrer ces pertes potentielles. Et du coup, de déboulonner quelques mythes. «Nous pensions que les impacts négatifs de l'exposition précoce [à la télévision] disparaissaient avec le temps. Nous avons plutôt constaté qu'ils persistent», raconte la chercheuse. En classe, les bébés les plus exposés à la télévision sont en effet devenus «des enfants moins autonomes, moins persévérants et moins habiles socialement».

L'American Academy of Pediatrics recommande de ne pas exposer les moins de 2 ans à la télévision et de restreindre à moins de deux heures par jour la consommation des 2 à 5 ans. Au-delà de cette limite, les chercheurs ont constaté des pertes chez l'enfant d'âge scolaire. Ainsi, chez un enfant en bas âge, pour chaque heure supplémentaire passée devant le petit écran, ils ont noté une diminution de 7 % de l'intérêt en classe et de 6 % sur les habiletés mathématiques à 10 ans. Aucun impact n'a été noté sur les habiletés en lecture.

Sur le plan social, chaque heure en surplus s'est traduite plus tard par une augmentation de 10 % du risque de victimisation par les camarades de classe. L'étude confirme aussi ce que d'autres avaient déjà avancé, soit que la forme physique n'est pas épargnée. Chaque heure de trop devant le téléviseur se traduit par une diminution de 9 % de l'activité physique générale, une augmentation de 10 % du grignotage et de 5 % de l'IMC.

Pour Linda Pagani, ces chiffres invitent les parents à revoir leur rapport à la télévision. D'autant que, parmi la cohorte observée, 11 % des enfants dépassaient la norme recommandée à 29 mois, une proportion qui atteignait 23,4 % à 53 mois. Tout cela à une époque où l'offre télévisuelle était encore limitée. L'arrivée récente de chaînes entièrement destinées aux enfants d'âge préscolaire, comme BabyTV ou Yoopa, change la donne.

Hier encore, c'était au tour de Télétoon de miser sur cette clientèle en lançant un bloc de programmation spécialement conçu pour les 2 à 5 ans. «Tout cela est très pratique pour les parents, voire même déculpabilisant parce qu'ils imaginent stimuler leurs enfants avec des émissions dessinées pour eux. Mais le péché dans tout cela, c'est que l'on n'a aucun contrôle sur le contenu diffusé», s'inquiète Mme Pagani.

tv_child.jpgTant Vidéotron, qui diffuse BabyTV, que le Groupe TVA, derrière Yoopa, n'ont pas donné suite à nos demandes d'entrevues en vue de commenter cette étude. Ce n'est pas la première fois que la télévision destinée aux tout-petits soulève la controverse. En 2006, une étude publiée dans le Journal of Pediatrics avait montré que les émissions éducatives, dont certaines portent des noms sans équivoque comme Bébé Einstein, So Smart et Brainy Baby, ne favorisent pas l'apprentissage des tout-petits.

À l'époque, le chercheur principal de cette étude, Frederick Zimmerman de l'Université de Washington, concluait qu'il n'y avait «pas d'intérêt» à recourir à de telles émissions. Chez les enfants de 17 à 24 mois, il n'avait noté «aucun avantage». Pis, chez les huit à 16 mois, il avait calculé que chaque heure passée devant le téléviseur faisait en sorte que l'enfant maîtrisait de six à huit mots de moins que celui qui n'avait pas encore goûté aux plaisirs de l'écran cathodique même passé au filtre éducatif de ces entreprises.

samedi, 01 mai 2010

La technique de la désinformation

Michel Geoffroy

La technique de la désinformation

Ex: http://www.polemia.com/

 

desinformation_tele-jpg_desinformation-18e99.jpgLa remise des Bobards d’or vise à récompenser ceux qui font œuvre de désinformation dans les médias au service de l’idéologie dominante.

Tout d’abord qu’est-ce que la désinformation ?

Le concept de désinformation est apparu dans le langage courant au cours du dernier quart du XXe siècle et visait principalement l’action réelle ou supposée des propagandistes soviétiques et de leurs « compagnons de route », accusés d’utiliser certains procédés pour influencer l’opinion publique occidentale dans un sens conforme aux intérêts de l’Union soviétique.

Le romancier Vladimir Volkoff a vulgarisé ce concept dans différents romans célèbres : Le Retournement (1979), Le Montage (1982) ou bien encore Le Complot (2003).

V. Volkoff définissait lui-même ainsi la désinformation comme « une manipulation de l’opinion publique, à des fins politiques, avec une information traitée par des moyens détournés » (Petite Histoire de la désinformation, Ed. du Rocher, 1999).

Le concept de désinformation renvoie donc dès sa formulation à trois éléments principaux :

– l’utilisation des médias et en particulier de la presse comme vecteur privilégié pour influencer l’opinion ;

– une action indirecte qui vise à produire certains effets chez le récepteur du message : la désinformation est, certes, une propagande mais une propagande insidieuse car elle se présente habituellement sous les apparences de la neutralité et de l’objectivité et non pas sous l’apparence d’une opinion déclarée ;

– la diffusion d’un discours au service d’une idéologie ou d’intérêts particuliers.

François-Bernard Huyghe définit ainsi, de son côté, la désinformation comme le fait de « propager délibérément des informations fausses en les faisant apparaître comme venant de source neutre ou amie, pour influencer une opinion ou affaiblir un adversaire » (L’Ennemi à l’ère numérique, PUF 2001).

La désinformation est donc un transfert d’information mais qui comporte en lui-même une transformation de l’information initiale.

Cela a conduit certains, comme le théoricien de l’information Kévin Bronstein à définir la désinformation comme une sorte d’inversion du processus normal de la communication : en principe la communication part de l’observation de faits qui peuvent ensuite faire l’objet d’une analyse, d’une mise en perspective et finalement d’un jugement.

Telle était d’ailleurs la définition du journalisme d’opinion jusque dans la première moitié du siècle, qui impliquait justement un engagement, un commentaire, une prise de position visible (donc courageuse) du journaliste par rapport aux faits.

La désinformation suppose, au contraire :

  • de partir d’un jugement a priori mais informulé comme tel ;
  • pour suggérer une opinion incorrecte car reposant sur des faits présentés à cette fin.

* * *

Dans la plupart des pays occidentaux la presse d’opinion a cédé la place aujourd’hui aux grands médias d’information qui prétendent ne présenter que des faits objectivés et non plus des opinions : ces faits – la fameuse « information » [l’info, les news] – se succédant en flot continu, à l’image du mode de présentation adopté par CNN et ses émules : une information qui ne s’arrête plus, des images qui se succèdent et des bandeaux qui défilent en permanence en bas de l’écran.

Cette transformation est très importante pour le sujet qui nous occupe.

L’accent mis sur l’information, de plus en plus spectaculaire dans la course commerciale à l’audience, signifie d’abord que l’on finit par oublier les opinions que véhiculent en réalité ces prétendues « informations ». Pour reprendre la célèbre formule de Mac Luhan, les médias nous font oublier le massage qui se cache derrière le message.

desinformation.gifLa diffusion d’un flot croissant d’informations signifie ensuite l’absence de mise en perspective des faits, c’est-à-dire l’absence totale d’intelligibilité (cf. le vieil aphorisme de Platon « Le sot n’est instruit que par l’événement »).

Cela signifie enfin que le sentiment prend le pas sur la réflexion ou, pour le dire autrement, que ce qui finit par compter le plus c’est l’effet produit par l’information plus que l’information elle-même. Effet commercial d’abord, effet politique et idéologique ensuite.

C’est pourquoi la désinformation est plus facile sous le règne de l’information médiatique que sous celui de la presse d’opinion.

Cette capacité de manipulation s’appuie évidemment enfin sur l’extraordinaire diffusion des moyens de communication mondiaux depuis la fin du XXe siècle et sur un taux d’exposition médiatique des populations croissant qui favorise l’orchestration.

Rappelons quelques données pour la France :

  • 60% de foyers disposent au moins de 6 écrans (en comptant les ordinateurs et les téléphones) ;
  • la durée moyenne de stationnement devant la télévision est de 3 heures 24 par jour selon le Syndicat national de la publicité télévisée [Le Monde du 31/12/2009] (2h 18 chez les enfants de 4 à 14 ans) [un Américain passe en moyenne 9 heures par jour devant un média, selon une étude réalisée par l’Université de l’Indiana (Faits & Documents du 15/1/2006)] ;
  • le développement de l’utilisation des messageries et d’Internet à titre professionnel renforce cette évolution (c’est la fameuse « économie numérique » encouragée par la nouvelle classe dirigeante) ;
  • la presse quotidienne gratuite touche plus de 4 millions de lecteurs ;
  •  les Français ont eu en moyenne 40 contacts avec les médias par jour en 2009 (dont 16 pour la télévision) selon l’enquête « Media in life » (Le Monde du 5/3/2010), soit une progression de 9,7% par rapport à 2006.

Dans le même temps la lecture des livres –qui est plus réflexive – chute : selon l’INSEE, en 2006 les Français ont consacré moins de 0,5% de leur budget à l’achat de livres (en net recul par rapport aux années 1990 ; Le Bulletin quotidien du 6/8/2009). De même, l’aptitude à la lecture diminue en Europe et en particulier en France parmi les adolescents de 15 ans : le taux d’inaptitude est de 21,7% de futurs consommateurs de médias selon la Commission européenne pour 2006 (Le Monde du 1/12/2009)  !

* * *

La grande ruse du diable est dit-on de faire croire qu’il n’existe pas. La plus grande ruse de « l’information » médiatique contemporaine est de faire croire qu’elle présente des faits (des « infos ») alors qu’elle diffuse en réalité des opinions conformes à une idéologie et donc des faits sélectionnés ou reconstruits à cette fin. C’est ce que disait V. Volkoff à propos de la Pravda : en Union soviétique, tout le monde savait que la Pravda (« la Vérité ») diffusait la vérité officielle du parti communiste : on le savait et par conséquent on pouvait parfois essayer de lire entre les lignes pour en faire son profit. Mais les médias contemporains, eux, ne s’affichent plus comme tels : ils sont donc beaucoup plus trompeurs. L’Union soviétique a disparu mais pas la désinformation.

Nous vivons dans un âge idéologique mais qui ne se reconnaît pas comme tel : c’est la grande nouveauté par rapport aux despotismes du XXe siècle.

desifowwwwww.jpgEt la désinformation lui est consubstantielle : car la fonction première de la désinformation médiatique contemporaine est avant tout d’essayer de rendre les faits conformes à l’idéologie.

Les faits sont heureusement « têtus », comme le déplorait Lénine dans les années 1920 : ils sont toujours plus forts que les utopies. Ce qui veut dire que quand l’idéologie a de moins en moins prise sur la réalité, comme par exemple quand la réalité des banlieues d’aujourd’hui correspond de moins en moins au discours bisounours sur l’intégration des immigrés, il n’y a pas d’autre issue pour ceux qui sont au service du pouvoir, que :

  • de cacher les faits et les opinions qui dérangent ;
  • de tenter de transformer les faits pour qu’ils correspondent à ce que souhaite l’idéologie.

C’est, bien sûr, une démarche naïve : la désinformation médiatique contemporaine est donc tout à la fois redoutable mais aussi l’aveu d’une défaite annoncée : car, comme le montrent les sondages et les résultats électoraux, l’opinion dans la plupart des pays européens se démarque de plus en plus de l’idéologie de la nouvelle classe dirigeante et donc de l’idéologie des médias.

Et les médias occidentaux deviennent autant de Pravdas aux yeux de nos concitoyens qui se rendent de plus en plus compte que le monde réel n’est pas le monde médiatique.

* * *

Venons-en maintenant aux principaux procédés habituellement utilisés pour désinformer. Comme il y en a de nombreux on en retiendra trois principaux :

1) D’abord passer sous silence les faits qui contredisent ou sont susceptibles de contredire l’idéologie : cela s’appelle la censure.

C’est apparemment le plus simple à faire : apparemment, car la multiplicité des moyens de diffusion, en particulier grâce à Internet, fait courir un risque croissant que quelqu’un diffusera quand même l’information un jour. La censure est efficace mais donc pas suffisante.

La désinformation par censure vise à éliminer la représentation des faits ou des opinions qui vont à l’encontre du discours que l’on veut voir dominer.

On peut censurer des images et l’on pensera à la formule de Bill Gates : « Qui maîtrise les images maîtrise les esprits » (Le Monde du 6/10/1999).

Exemple :

Le Figaro du 19 novembre 2008 qui consacre sa une à Rachida Dati avec pour titre « Rachida Dati réplique à la fronde des magistrats. » Mais la photo de la une a été corrigée… pour faire disparaître la bague « Liens » de Chaumet, en or gris pavé diamants, d’une valeur estimée à 15.600 euros. Justification du service photo du quotidien : « On ne voulait pas que la bague soit l’objet de la polémique alors que le vrai sujet était la pétition des magistrats », selon la déclaration de la responsable du service Debora Altmann (cf. Le Monde du 22/11/2008).

Remarquons aussi que, suite aux émeutes qui embrasent les banlieues, des appels sont périodiquement lancés contre les prétendues « images pousse-au-crime » (Le Figaro du 21/12/1998 à propos des émeutes de Toulouse) : en d’autres termes, on appelle à la censure des images dès lors qu’elles montrent les violences commises par les personnes issues de l’immigration. Cette censure a été justifiée par la théorie fumeuse selon laquelle la diffusion de ces images aurait un « effet multiplicateur » des violences : les bandes chercheraient à faire mieux [pire] que les bandes voisines au vu de ces actualités. D’ailleurs, l’article du Figaro précité citait le service de communication de la SNCF qui déclarait : « Depuis le 14 mars 1998 et la destruction quasi totale d’un de nos véhicules à Andrésy, nous avons décidé d’interdire l’accès de nos centres de maintenance aux cameramen et aux photographes. D’accord pour donner des chiffres des dégradations mais garder pour soi les résultats ».

On peut donc aussi censurer des faits : par exemple, censurer l’identité de l’auteur d’un délit, voire le délit lui-même. Ainsi il est intéressant de noter que quand la télévision nous présente des actes de violence commis par les jeunes, dans leur grande majorité les images mettent en scène… des Européens, quand elles ne sont pas floutées.

On peut enfin censurer des opinions dissidentes.

Par exemple

Cette censure vise à créer un consensus factice autour des thèmes de l’idéologie dominante.

2) ensuite, changer le sens des mots pour changer le sens des faits.

La désinformation est aussi, en effet, avant tout une tromperie par et sur le langage (pour reprendre l’expression de Michel Legris dans son ouvrage Le Monde tel qu’il est). Ce mode de désinformation est directement lié au développement du discours « politiquement correct », c’est-à-dire de le novlangue orwellien dans les médias.

Exemples :

– Toute la terminologie, bien connue désormais, relative aux personnes d’origine immigrée : les « jeunes » (« jeune homme », « jeune majeur », etc.), « incivilités » [au lieu de dire délits], un quartier « populaire », une banlieue « sensible » ou « défavorisée » [remarquable désinformation quand on connaît l’importance des efforts financiers faits par la collectivité pour ces banlieues] : le but est de distordre la réalité de l’immigration afin de la présenter comme une question générationnelle ou sociale (le chômage dont on est « victime ») mais, bien sûr, ni ethnique ni culturelle. Sans parler des « traditionnels » incendies de véhicules de la St-Sylvestre ;

– la présentation systématiquement positive des délinquants d’origine immigrée :

Le Figaro.fr du 27 février 2008, article de Anne Charlotte de Langhe, qui rend compte du procès de l’élève ayant poignardé le 16 décembre 2005 une enseignante, Karen Montet-Toutain : ce procès, « c’est celui d’un jeune homme vaguement perdu, d’une institution, d’une violence et d’un système entier » ; le ton est donné car pour l’auteur le vrai coupable c’est, bien sûr,… le ministère de l’Education nationale. L’élève s’appelle Kévani Wansale et il a frappé l’enseignante à 7 reprises (le journaliste préfère écrire « l’agresse violemment au moyen d’un couteau de cuisine »).

Le Monde du 22 octobre 2008, article de Yves Bordenave, « Mort de Sidi-Ahmed : en toile de fond une banale histoire d’amour » : l’article relate la comparution en cour d’assise des auteurs de la mort par balle du jeune Sidi-Ahmed Hammache le 19 juin 2005 dans la Cité des 4000 à La Courneuve, à la suite d’une altercation. Il est donc « banal », pour l’auteur de l’article, de conclure une histoire d’amour à coups de pistolet…

Le Figaro.fr du 12 août 2009, article de Cyrille Louis, « Une bande de l’Essonne sème le trouble à Royan », avec pour sous-titre « Après avoir multiplié les agressions et les menaces des jeunes ont été la cible lundi d’une action punitive de forains locaux ». La lecture de l’article montre que ce que l’auteur désigne par « trouble » recouvre les faits suivants : occupation illégale de logement, vente de stupéfiants, vols, dégradations, coups, menaces, tentative d’extorsion : c’est-à-dire des délits, en bon français.

D’une façon générale tous ces articles sont construits selon un schéma invariant dès lors qu’ils sont conduits à rendre compte [souvent de mauvaise grâce] de violences ou de délits commis par des personnes d’origine immigrée, des personnes de couleur ou de religion musulmane :

– leurs actes sont toujours « incompréhensibles », on « s’interroge », etc. ;

– ils ont été commis dans des quartiers toujours « tranquilles » ou « sans histoire »… jusque-là ;

– le présumé coupable est en général présenté de la façon la plus positive possible (sérieux, bien intégré, cherchant du travail, apprécié de tous, etc. ;

– si on ne peut cacher que son geste est grave, on insiste alors sur le fait qu’il était « déséquilibré » ou malade, donc en quelque sorte qu’il n’était plus lui-même (par exemple l’assassin algérien de Mgr Jacquier, évêque d’Alger, en 1975 était « un aliéné mental » selon Le Monde du 13/7/1976 qui précisait toutefois qu’il « s’était déjà rendu coupable d’un autre crime en France » : ce mode de présentation fera école) ;

– on évite les mots qui pourraient choquer : au lieu de crime on parle de « drame » ; au lieu de vol, de « larcin » ; au lieu de délit, de « bêtise » ou de « faux pas » ; au lieu d’écrire que c’était un délinquant endurci on écrira qu’il « avait un passé de violences », etc. D’une façon générale les violences ou les crimes racistes ne sont jamais attribués à des personnes d’origine immigrée mais toujours à des Français de souche : cela procède d’une désinformation qui pose en tabou que l’immigré est par construction d’abord une victime ;

– on donne toujours la parole à sa famille ou à ses proches et ceux-ci font part de leur désarroi (les victimes n’ont droit à la parole que si elles tiennent des propos lénifiants ou si elles déclarent « refuser de faire des amalgames » ou la « récupération politique » du drame, c’est-à-dire que l’on censure toujours la mise en perspective de ces événements, sauf si c’est, bien sûr, pour faire le procès du « chômage » ou du « racisme »).

On notera aussi avec intérêt que ce type de construction journalistique a été appliqué lors de la recension du procès des meurtriers du responsable sud-africain de l’AWB, E. Terreblanche (cf Le Monde du 8/4/2010 sous la signature de Jean-Philippe Remy).

– La désinformation s’efforce en général de minimiser les faits dès lors que les victimes sont des Européens de religion chrétienne. Les emballements médiatiques sont réservés, en effet, aux délits qui concernent des victimes appartenant à d’autres confessions (comme en matière de profanations de sépultures ou d’inscriptions sur les lieux de culte).

Exemple :

Le Monde du 26 février 2008, article « Les inquiétudes de la communauté catholique d’Algérie », sous la signature de Amir Akef. L’article s’efforce de minimiser le sort fait aux catholiques en Algérie qui est « à la limite » (sic) de la persécution. L’auteur signale cependant : « Reste que l’activisme évangélique est réel et inquiète la population, parfois choquée de ces conversions qui se produisent dans de petits villages où tout le monde se connaît ». Bref, ce sont les musulmans qui ont de vraies raisons de s’inquiéter !

Cet article est également intéressant car il montre un autre procédé de désinformation consistant à noyer une donnée significative dans un ensemble d’informations insignifiantes ou de sens contraire : ici, la persécution des catholiques s’efface devant l’inquiétude prétendue (et symétrique du titre) des musulmans devant les conversions à l’évangélisme…

- Dans un registre inverse, cette fois culpabilisant et repoussant, la désinformation russophobe utilise des leviers identiques :

Exemples :

Le Monde du 31 mars 2010 et sa présentation des attentats islamistes dans le métro de Moscou. Titre de la première page « Les attentats de Moscou soulignent l’échec du Kremlin ». L’article en page 6, sous la signature de Marie Jégo, indique notamment que « malgré le discours officiel la Russie ne parvient pas à éradiquer les groupes islamistes radicaux ». Alors que cet attentat islamiste est le plus meurtrier que la Russie ait connu depuis 2004, l’article s’étend longuement sur les responsabilités présumées du gouvernement russe (« la politique de terreur voulue par le Kremlin » en Tchétchénie) et des services spéciaux.

Cette façon de renverser les responsabilités a déjà été notamment largement utilisée lors de la prise d’otages de Beslan en septembre 2004 (acte terroriste particulièrement odieux : 331 morts dont de nombreux enfants ) : les médias ont alors expliqué que les morts étaient dues non pas tant aux terroristes musulmans qu’aux… services de sécurité.

Le traitement médiatique du terrorisme islamique en Russie est ainsi très différent de la présentation de ce même terrorisme quand il frappe des Occidentaux : quand il frappe des Russes il est tout simplement excusable. L’objectif de cette désinformation est, en effet, de diaboliser les Russes.

Le Monde du 13 avril 2010, sous la signature de Marie Jégo, article intitulé « Comment naît une kamikaze » : on y explique que la famille de la terroriste Mariam Charipova était persécutée par les forces de sécurité russe et que, somme toute, le terrorisme n’est que la légitime réponse à cette oppression. L’article foisonne, en outre, de commentaires positifs et lénifiants sur ladite terroriste et sa famille, « une belle brune aux yeux verts », ses parents habitent « l’une des plus belles bâtisses du village », « elle était croyante mais pas extrémiste », elle était « tellement brillante » et son frère avait été « atrocement torturé » par les services de sécurité [mais il est apparemment vivant, lui]. L’article se termine en citant un salafiste qui indique que l’imposition de la Charia au Daghestan « c’est ce qui peut nous arriver de mieux » : mais l’article indique pour finir qu’il offre le thé : comme il est gentil !

A noter aussi que le terme kamikaze est en soi une désinformation puisque les kamikaze étaient des soldats qui attaquaient des cibles militaires particulièrement bien défendues, alors que les terroristes que l’on nomme ainsi tuent des civils sans défense…

- On pourrait aussi citer la désinformation cathophobe qui est un genre très pratiqué par les médias : en particulier vis-à-vis des traditionalistes (dits « intégristes ») ou à l’occasion de la campagne relative aux accusations de pédophilie contre des prêtres : là aussi l’absence de toute mise en perspective de « l’information » interdit de mettre en lumière que ce type d’accusation concerne en réalité bien d’autres groupes sociaux et dans des proportions plus élevées.

Exemple :

Le Monde du 8 avril 2010, article de Philippe Dagen intitulé « Un loup-garou dans l'église Sainte-Anne » vantant un certain Stéphane Pencréac'h (sic) qui dans l'ancienne église Sainte-Anne du centre de Montpellier a exposé ses « œuvres » intitulées La Passion : comme l'écrit le journaliste « On peut voir dans La Passion la tentative la plus complète pour renouer avec la peinture sacrée, ses formats, ses sujets ». Jugeons-en : « Le Christ a une tête de loup-garou aux yeux rouges et des sirènes se tordent à ses pieds » ; « Dans une autre œuvre le Père éternel règne sur un monde de débris » ; les figures féminines sont « bien peu vêtues pour une église ».

Bref, comme l'écrit le journaliste : « Toutes les conditions sont réunies pour que l'on crie au sacrilège. C'est là la seconde raison pour s'intéresser à cette Passion ». Le reste à l'avenant…

– La désinformation par la déformation du sens des mots permet ainsi la partialité à bon compte sous couvert d’information et, bien sûr, de professionnalisme.

3) troisième procédé de désinformation : présenter comme fausse une information vraie et, inversement, présenter comme vraie une information fausse. C’est, bien sûr, celui qui se rapproche le plus du mensonge pur et simple.

Le mensonge peut porter sur l’image et l’on se souviendra de l’exemple classique : Patrick Poivre d’Arvor et Régis Faucon diffusant le 16 décembre 1991 sur TF1 au Journal de 20 heures une fausse interview de Fidel Castro : en réalité, il s’agissait d’images de conférence de presse montées ultérieurement sous un assemblage de questions conçues pour donner l’illusion d’un entretien personnalisé (source : Le Monde du 5 mars 1993).

Cet exemple est intéressant puisqu’il devient difficile de démêler le faux du vrai : des vraies images sorties de leur contexte et recomposées deviennent fausses !

Le mensonge peut porter aussi bien sur le contenu de l’information elle-même, par exemple la présentation des statistiques sur l’immigration pour démontrer qu’il n’y a aucune « pression migratoire » et que cela relève du phantasme d’extrême droite. L’immigration est en effet un enjeu majeur de la désinformation médiatique contemporaine

Voir la mise au point de la démographe Michèle Tribalat sur l’article de Anne Chemin dans Le Monde du 4/12/2009 qui écrivait que « les flux migratoires se stabilisent ». M.Tribalat révèle ainsi les différentes supercheries utilisées dans l’article :

  • des séries statistiques qui commencent en 1982 et qui sont arrêtées en 1999 : or, M. Tribalat révèle que,, de 1999 à 2006, l’immigration algérienne a augmenté de 18% par exemple et que, de 1982 à 2006, l’immigration a progressé de 25%, l’évolution se produisant presque entièrement sur la dernière période… justement passée sous silence par Le Monde, qui peut donc conclure, « preuve à l’appui », à une stabilisation de l’immigration ;
  • des arrondis incohérents (mais utilisés pour minorer les progressions…) ;
  • l’accent mis sur l’immigration tunisienne, qui ne connaît pas d’évolution significative et l’impasse sur la progression de celle en provenance d’Afrique Noire.

- Enfin les gros mensonges : ils vont recevoir dans un instant les honneurs de cette soirée. * * *

En conclusion, la désinformation est une application concrète de la fameuse théorie du fil de fer, mise en scène par V. Volkoff dans son roman Le Retournement : l’officier traitant du KGB explique ainsi à son élève que pour casser un fil de fer il faut le tordre alternativement vers la droite et vers la gauche ; « il faut faire de même avec l’opinion », dit-il, c’est-à-dire qu’en diffusant, par souci apparent d’objectivité, des points de vue trop balancés, des informations vraies et fausses, des opinions opposées, en mettant sur le même plan l’agresseur et la victime, le voleur et le volé, on finit par faire perdre le sens de ce qui est vrai.

C’est-à-dire que l’on sape le fondement de la culture et de l’identité, qui suppose une hiérarchie des principes et une distinction du bien et du mal, du vrai et du faux, du beau et du laid, du juste et de l’injuste.

Et l’élève de répondre à l’officier du KGB : « Il me semble qu’il y a un journal qui fait cela en France »…

* * *

J’espère en tout cas que ce petit voyage dans le monde de la désinformation médiatique permettra d’apprécier toute la difficulté rencontrée pour distinguer ceux qui méritent maintenant de se voir décerner les bobards d’or !

Michel Geoffroy

20/04/2010

Polémia

21/04/2010

Michel Geoffroy

jeudi, 29 avril 2010

Biologie et sociologie de l'auto-organisation

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1988

Biologie et sociologie de l'«auto-organisation»

 

par Robert STEUCKERS

 

Le phénomène d'auto-organisation sociale  —qui se perçoit en filigrane derrière les théories de la «dé­mocratie organique» (1), nostalgiques de la solida­rité holiste des isolats ruraux d'avant la révolu­tion industrielle, derrière l'engouement ré­cent pour le self-help  (2) et l'intérêt que celui-ci a suscité chez les Saint-Simoniens, dont no­tamment le politologue Ro­senvallon (3)—   a des racines essentiellement cogni­tivo-biologiques, comme le démontre avec brio Gil­bert J.B. Probst (réf. infra).

 

Mais, dans ce domaine fécond autant qu'interdisciplinaire, il y a d'abord une question de vocabulaire. Lorsque l'on parle d'or­ga­nisation, on devrait tout de suite songer à «organique» et ne pas simplement penser à un quelconque mode statique de régulation structu­relle. Dans l'acception sémantique du terme «organisation», les traditions philosophiques grecque et allemande percevront d'emblée la dimen­sion organique/somatique/cognitivo-bio­lo­­gique, tan­dis que le gros de la tradition so­ciologique américaine  —qui a le vent en poupe depuis 1945—  ne voit der­rière le vocable «organisation»  qu'un simple fait de gestion mé­canique, qu'un procédé de régulation sans res­sorts intimes profonds.

 

De cette différence d'approche et d'acception dé­coule un problème de sociologie: dans les tra­ditions euro­péennes  —abstraction faite de la mise au pas «américanotrope»—  la notion d'organisation sera or­ganique, donc sera auto-organisation holiste dans les collectivi­tés/com­munautés, ce qui implique que la lo­gique ultime de l'organisation s'alimentera à une source intérieure et ne sera pas impulsée de l'extérieur; dans la tradition américaine, issue d'un empirisme mécaniciste anglo-saxon, l'orga­nisa­tion sera le fait d'un chef d'orchestre extérieur, manipulant des pions interchangeables pour s'assurer le plus de profit possible. La fu­sion partielle des deux traditions dans notre après-guerre a de ce fait engendré une confusion sémantique désorientante, que nous allons, avec Gilbert J.B. Probst, tenter de dissiper.

 

Une vision organique de l'«auto-organisation»

 

D'où, lorsque nous parlons d'organisation, nous n'entendons pas le résultat de l'action d'une par­tie d'un tout, ou d'une volonté extérieure non liée soma­tiquement au tout, qui formerait et diri­gerait, mais le fruit d'un faisceau d'interactions constantes au sein même d'un système en tant que tout. De ce fait, un système auto-organisé, c'est-à-dire organisé selon ses lois intérieures propres, comme une plante, une forêt, un pro­cessus minéral ou physico-chimique, un re­groupement animal comme une fourmilière, une harde de cerfs, un troupeau de buffles, une tribu de singes ou une société humaine, possèdera les qualités sui­vantes: complexité unitaire dyna­mique et processuelle, non déterminée et auto­nome, interactive et faisant ré­férence à soi-même. De ces qualités, il découle que l'organisation n'est jamais une hiérarchie pour la hié­rarchie, où la domination s'exerce pour la domination et où règnerait un ordre pour l'ordre. L'organisation n'a donc pas une dimension constructiviste. L'intuition de ce phénomène est ancienne. Les Grecs déjà l'avaient perçu. L'organisation est un «organon», non une insti­tution. L'auto-organisation est toujours d'abord un phénomène processuel et non institution­nel.

 

Dans les idéologies contemporaines, la notion d'auto-organisation, souvent saisie très confu­sément, a été appréhendée en trois étapes ma­jeures:

1) L'étape dite de la «main invisible», née au XVIIIième siècle et réchauffée régulièrement de nos jours par les penseurs libéraux.

2) L'étape de la théorie conservatrice organique de l'auto-organisation, s'étendant de 1920 à 1960, avec les écoles organicistes en sociologie dont la plus cé­lèbre fut celle d'Othmar Spann (4).

3) L'étape qui se dessine depuis 1960, où l'auto-or­ganisation n'est plus perçue en tant que procès de ré­tro-activité stabilisante, comme dans la deuxième étape, mais comme «auto-organisation innovative».

 

L'approche que nous établissons dans le cadre du présent exposé se place sur le terrain théo­rique, épis­témologique, et non sur le terrain pra­tique des nou­velles «auto-organisations» spon­tanées, en marge des structures politiques ou so­cio-caritatives officielles et destinées à pallier aux lacunes de celles-ci. Ces nou­veaux réseaux d'auto-organisation sont notamment les Bürgeri­nitiativen  ouest-allemandes (5), les structures informelles d'entraide entre voisins en Grande-Bre­tagne (6), les divers modes de self-help (7), etc. Notre objectif n'est pas de recenser ici ces multiples manifestations de solidarité al­lant au-delà des struc­tures figées et bureaucra­tiques de l'Etat-Providence, mais d'observer comment fonctionnent les choses au plus pro­fond d'elles-mêmes, de repérer ce qui se passe naturellement, de façon à affiner nos instru­ments conceptuels et à ne pas succomber aux séduc­tions faciles des slogans de toutes sortes, slo­gans qui sont trop souvent produits d'une igno­rance des res­sorts intimes des êtres et des struc­tures vivantes.

 

La «main invisible»

 

Les théories organiques de la «main invisible» postu­lent une spontanéité anarchique, analogue au grouil­lement désordonné d'une végétation sauvage qui n'en reflète pas moins l'ordre sup­posé du monde. Cette doctrine de la «main invi­sible», dans sa facette orga­nique, a été appelée «catallaxie» par le théoricien Frie­drich A. von Hayek (8), idole des protagonistes de la vague néo-libérale qui suivit l'arrivée au pouvoir de Thatcher et de Reagan. Pour Hayek, le marché, en tant que grouillement prolixe d'actions éco­nomiques, produit spontanément un ordre catal­lactique, une ca­tallaxie, au sein de laquelle il y a ajustement mutuel de nombreuses économies in­dividuelles. Développant ses arguments en notre siècle, Hayek a quelques no­tions de cyberné­tique et sait ce qu'est un feedback, une rétroac­tion, un rééquilibrage interne. Les pion­niers de l'idée libérale du marché, comme Adam Smith ou Mandeville, n'avaient évidemment pas une notion aussi précise de la cybernétique. Et, cou­plée au progressisme messianique, leur idée d'auto-régulation du marché a perdu son inno­cence organique et s'est dévoyée dans la linéarité quantitativiste et expansive. L'idée vaguement para-cybernétique de la catallaxie libérale des origines était trop faiblement étayée pour résister à l'emprise d'une idéologie dominante, consis­tant en un cocktail de rationalisme progressiste, de mécanicisme rigide et d'économisme expan­sif. La position idéologique de Hayek est dès lors indéfen­dable: le libéralisme réel, celui que l'on a pratiqué dans l'histoire, était un bricolage idéologique boîteux, incapable de produire une harmonie durable et efficace (donc une «catallaxie») mais, au contraire, générateur de multiples dysfonctionnements sociaux et poli­tiques.

 

La pensée organiciste conservatrice

 

La seconde grande phase de la pensée organi­ciste, qui va de 1920 à 1960, est conservatrice. Contre l'emprise croissante et la faillite morale de l'expansionnisme économiste et rationaliste, la pensée organiciste conservatrice des années 20 et 30 met l'accent sur la stabilité des ordres natu­rels organiques et sur leur adaptativité constante. Le principal phare intellectuel du conservatisme organiciste est indubita­blement l'Autrichien Othmar Spann (1878-1950). L'un de ses biographes récents, Walter Becher (9), résume succinctement les reproches que Spann adresse au libéralisme catallectique, qui est incons­cient chez Smith et Mandeville et conscient chez Hayek. Sa critique s'adresse bien sûr à Hayek et a in­fluencé toutes les écoles orga­nicistes solidaristes, ap­partenant à la mou­vance chrétienne-corporatiste d'avant-guerre et, plus partiellement, à la mouvance démocrate-chrétienne personnaliste de notre après-guerre (10).

 

Pour Spann et les organicistes, le marché n'est pas un «billard neutre» où les boules-marchan­dises et les boules-services s'entrechoquent mais un terrain pré­cis, variant selon les circonstances géographiques et historiques. Les circonstances déterminent les va­riables de toute action écono­mique: il n'y a donc pas d'action économique standard, posée par des indivi­dus standards, mais des actions économiques va­riables, posées par des individus différents, c'est-à-dire diffé­renciés par les circonstances spatio-tempo­relles. Contrairement aux affirmations de l'école néo-li­bérale, pour Spann et ses disciples, l'agent écono­mique n'agit pas seul face à l'absolu, sans arrière-plan social (familial, régional, national, corporatif, etc.), mais comme représentant d'un réseau d'intérêts col­lectifs, de sentiments parta­gés, de mobiles déterminés par l'histoire, etc. Dans l'optique de Hayek, pour faire prospérer l'ordre économique, il faut agir en fai­sant abs­traction de tous contextes et sentiments so­ciaux et solidaires et ne faire que ce qui va dans le sens des intérêts de ma propre individualité. Pour Spann, il n'y a pas d'acte économique décon­textua­lisé, dégagé d'un tissu social précis, ayant son his­toire et ses circonstances. Penser comme Hayek, c'est favoriser la dislocation de l'éco­nomie et préparer le terrain aux tentatives to­talitaires de type marxiste/communiste.

 

Outre l'excellence de sa critique apportée au réduc­tionnisme décontextualisant des libéraux, l'organicisme conservateur, assez idéaliste et «platonicien» (11), pose le contexte comme trop fermé sur lui-même, trop stable. Le contexte donné, dans l'optique conservatrice, est là une fois pour toute, juxtaposé à d'autres contextes également fermés sur eux-mêmes. L'étape sui­vante du développement de la pensée conserva­trice organiciste a été celle de la cybernétique de première mouture (que nous convien­drons d'appeler «cybernétique I» dans le pré­sent ex­posé). Le biologiste Paul Weiss a étudié dans les années 20 les réactions systémiques et les rap­ports cycliques au sein même des systèmes bio­logiques. Le tout, dans cette optique, n'était pas la simple somme arithmétique de ses parties; tout système présentait un jeu d'interdépendances circulaires, faisait référence à soi seul. Ludwig von Bertallanffy, en fondant la théo­rie systé­mique en biologie, concentra son atten­tion sur les capacités d'auto-régulation dans les sys­tèmes biologiques qu'il percevait désormais comme ouverts (progrès considérable par rapport aux ferme­tures organicistes antérieures) (12). L'ouverture im­plique l'interdisciplinarité et le re­fus non seulement du réductionnisme décon­textualisant mais aussi du ré­ductionnisme de la fermeture et de l'isolement.

 

Dans les années 30 et 40, Norbert Wiener, Wal­ter Cannon et W. Ross Ashby se préoccuperont intensé­ment des mécanismes de rétro-couplage, nécessaires à la stabilisation des systèmes et à leur adaptation. L'objectif de cette biocyberné­tique, prenant le relais de la pensée organiciste assez incomplète des socio­logues conservateurs, restait toutefois de créer un modèle de gestion «homéostasique», tenant en laisse une ou plu­sieurs variables du système de façon à ne pas permettre de trop fortes déstabilisation.

 

La «déstabilisation innovative»

 

L'organicisme conservateur, dans sa phase la plus sophistiquée, celle de la biocybernétique, s'est donc essentiellement concentré sur les phé­nomènes de ré­tro-couplage, de servo-méca­nisme, de stabilisation, de multi-stabilisation ou d'adaptation. L'objectif de ces recherches, quand elles étaient appliquées aux domaines so­ciologique et politique, était de maintenir en place les systèmes, de réparer les systèmes «abîmés», de les reconduire à un état de stabilité ac­ceptable et jugé bénéfique, de les contrôler selon des principes correcteurs de déviances.

 

A partir des observations du Japonais Ma­ruyama, consignées dans un article de la revue American Scientist  de 1963 (13), la commu­nauté scientifique internationale a dû conclure à l'existence d'une phase II de la cybernétique («cybernétique II»), se préoccu­pant davantage des changements, des instabilités, des déviances dues à des procès amplifiants, des flexibi­lités, des apprentissages et des auto-organisations in­novatifs, etc. Maruyama estimait dès 1963 que la cy­bernétique, au lieu d'être conservatrice, cor­rectrice et stabilisatrice, devrait bien plutôt ren­forcer les dé­viances constructives (deviation-amplifying-pro­cesses). Les modèles orientés vers la stabilité et l'adaptativité peuvent conduire à la rigidité, donc à l'homéostase pathologique.

 

Or la santé, dans un corps comme dans un tissu so­cial, c'est précisément de briser les homéo­stases pa­thologiques (Cf. Watzlawick) (14). L'anarchisme proliférant de la catallaxie et la sta­bilité par rétro-cou­plages constants ne peuvent dès lors plus être perçus comme des modèles optimaux. A la «cybernétique II», Maruyama as­signe d'abord la tâche de parfaire un équilibre entre les forces intérieures conservantes et les forces dynamiques instabilisantes mais innova­tives. Dès lors une organisation, qu'elle soit orga­nique et propre à la logique interne d'un corps animal ou végétal ou d'un tissu ou d'une collectivité vivante, ou qu'elle soit extérieure, propre à une création hu­maine comme une entre­prise, une association, une armée, etc., n'est jamais un ordre immuable mais bien un or­gan(ism)e vivant.

 

Une biocybernétique innovante

 

Les logiques conservatrices, qui veulent mainte­nir à tout prix le statu quo, sont condamnées à la dispari­tion: que l'on songe aux exemples histo­riques que sont certaines facettes de l'Ancien Régime en France et la Kleinstaaterei  en Alle­magne (division du pays en une mosaïque de petites principautés). Cette logique du «devenir», dépassant les diverses logiques de l'«être», ne se retrouve pas seulement dans les disci­plines cybernétiques mais aussi dans les domaines physico-chimique (avec Prigogine, Capra, etc.) et biologique (p. ex. la théorie des «fulgurances» chez Konrad Lorenz et la biologie de la connaissance de Rupert Riedl, etc.). En so­ciologie, de nombreux au­teurs ont tenté de transposer ces éléments d'épistémologie cyber­nétique dans leurs théories de la pratique; son­geons à Edgar Morin, à Luhmann, à Et­zioni et bien d'autres.

 

L'instabilité fondamentale du monde et des choses implique que, pour être efficace, il faut intérioriser une logique à vitesses multiples, ca­pable de faire face à n'importe quel aléa, n'importe quel bouleversement. Le chef d'en­treprise, le responsable, l'homme poli­tique ne peuvent plus manipuler des logiques fermées ni conserver des structures obsolètes et rigides mais, au contraire, approfondir leurs connais­sances en (bio)cybernétique, se donner une dis­ponibilité d'esprit calquée sur ces connaissances, et être prêts à affronter dans la souplesse les dé­fis de toutes sortes auxquels la praxis quoti­dienne et l'Ernstfall  (l'irruption du tra­gique im­prévu) peuvent les confronter. Deuxième im­plication de l'«instabilité fondamentale» pour l'homme politique: il doit cesser de percevoir son rôle comme celui d'un constructeur, d'une sorte d'horloger extérieur à une machine qu'il fabrique et manipule. Il doit bien plutôt se consi­dérer comme un catalyseur, un impulseur, un accélérateur des rétro-couplages positifs et des instabilités innovatives.

 

Un exemple: l'explosion démographique

 

Friedrich Vester, professeur de biocybernétique pour la plupart des grandes entreprises alle­mandes (15), montre, à la lumière de quelques exemples très concrets, comment raisonner à l'aide d'une nouvelle logique axée sur les dé­couvertes de la biocyberné­tique, de la biologie de la connaissance et des métho­dologies basées sur les ressorts intimes des structures et des êtres vivants. Parmi les exemples choisis par Vester, il y a l'explosion démographique que connaît aujourd'hui notre planète. En 1830, la Terre comptait 1 milliard d'individus. En 1930, ce chiffre avait dou­blé et atteignait 2 milliards. En 1960, on passait à 3 milliards. De 1970 à 1980, on est passé de 3,5 à 4,5 milliards, pour at­teindre 5 milliards en 1987. Face à ce boom, notre civilisation est évidemment à la croisée des chemins: il s'agit de poser le bon choix ou de cou­rir à la catastrophe en persistant dans des er­reurs anciennes. L'accroissement démogra­phi­que planétaire est dangereusement déstabili­sateur dans le monde, tout comme le déclin dé­mo­graphique, fait inverse, est déstabilisateur en Europe (nos législations sociales ont été forgées au moment où nos coupes démogra­phiques étaient ascendantes). La déstabilisation due à l'explosion démographique globale n'est pas inno­vante, tandis que la déstabilisation due au recul des naissances en Europe et dans le monde développé (16) conduit à un tassement des capa­cités innovantes de l'humanité. 

 

Quels sont les implications de cette déstabilisa­tion globale? D'abord, l'accroissement démo­graphique provoque un changement très et trop rapide des don­nées, dans tous les domaines imaginables. Du coup, la planification doit se faire sur un terme de plus en plus long, ce qui exige un «saut qualitatif» de notre mémoire. En effet, les structures cognitives de l'homme sont restées au stade atteint il y a 5000 ans. Elles sont inadaptées au bombardement massif de données nouvelles que doit enregistrer notre époque tré­pidante. Vester nous esquisse brièvement  —une brièveté didactique—  l'histoire des structures cogni­tives de l'homme.

Au stade premier, nous avons l'homme primitif, le chasseur-cueilleur imbriqué dans son environ­nement.

Au stade second, l'homme sédentarisé, retranché de l'immédiateté du monde grâce aux éléments de média­tisation que sont ses outils, l'urba­nisation, la technologie, etc.

Au stade troisième, non encore pleinement ad­venu, nous avons l'homme conscient des res­sorts de la cy­bernétique, qui sait corriger le tir, qui englobe le risque et les aléas dans ses cal­culs, ce qui lui permet de se passer de toutes les formes de téléologie reli­gieuse ou laïque.

 

Au stade premier, la planification porte sur une jour­née.

Au stade second, la planification porte sur une année: on doit prévoir la saison prochaine, les récoltes, etc.

Au stade troisième, la planification devra porter au moins sur 100 ans. Les plans quinquennaux des ré­gimes totalitaires ont été, sur le mode hard,  une pré­figuration de cette nécessité. Au­jour­d'hui, dans les grandes entreprises et banques, les plans de finance­ment tablent sur des espaces-temps de 10 ans. La so­lution totali­taire d'hier et la praxis actuelle des banques cor­roborent l'inadéquation de la catallexie li­bérale, laquelle «laisse faire» sans se pencher sur les in­nombrables paramètres (dont les faits sociaux et collectifs) qui font la trame du monde. L'engouement néo-libéral, assorti de son refus passionnel de toute planification, n'aura été qu'un combat d'arrière-garde, n'englobant même pas dans ses préoccupations des pro­blèmes aussi évidents que la pollution, les explo­sions ou les déclins démographiques, tous phéno­mènes qui ne peuvent être réglés que par l'intervention politique... A condition, bien sûr, que le politique soit aux mains de personnes compétentes et non pas de «bricoleurs», animés par quelques slo­gans idéologiques simplets et une soif de prébendes inextinguible. A titre d'exemple, Vester cite, dans le cadre de l'ac­croissement anarchique de la population sur le globe, l'épuisement des matières premières qui implique une planification rigoureuse (tant pour l'exploitation des ressources que pour leur distribu­tion) et, surtout, une diversification des sources d'énergies. L'explosion démographique brésilienne provoque la mort de la forêt amazo­nienne dont l'humanité entière a besoin, vu qu'il s'agit d'une ré­serve indispensable de chloro­phylle, donc du poumon de la Terre (17).

 

Vers la fin du stade second, nous avions une techno­logie agressive et conquérante, suscitant une expan­sion continue déstabilisante, laquelle devra, au stade troisième en advenance, être remplacée par une tech­nologie correctrice, en­globant les nouvelles pratiques de recyclage et tenant compte de l'exiguïté territoriale de notre planète surpeuplée. Les défis au politique sont nombreux: peut-on planifier sur le très long terme, sur les 100 années minimales dont parle Ves­ter, quand les élections se déroulent de quatre ans en quatre ans, de six ans en six ans ou de sept ans en sept ans (les septennats de la Présidence française). Les délais sont trop courts, ce qu'avaient déjà perçu les tenants des solutions totalitaires dans les années 30 (Manoïlesco) (18). Sans pouvoir renoncer à la partici­pation politique d'un maximum de ci­toyens, nous sommes confrontés à la nécessité de planifier sur le très long terme dans le cadre d'une continuité rigou­reuse, ne pouvant être soutenue que par une élite non politicienne, dont chaque représentant se forme et renforce son sa­voir pendant plusieurs décennies de son exis­tence. Les savants devront-ils dicter leurs ordres aux politiciens? Et, si oui, par quels moyens coercitifs?

 

Les défis de la biocybernétique et des nouvelles re­cherches en biologie nous permettent

1) de redéfinir l'organicisme méthodologique en le débarrassant de tous ses colifichets roman­tiques et de ses recours à une hypothétique transcendance.

2) De critiquer les mécanismes électoraux des sociétés contemporaines (19).

3) De mettre en évidence la nécessité des planifica­tions à long terme et, ipso facto, de l'inanité des en­gouements néo-libéraux.

4) D'inclure le tragique dans tous nos calculs et donc de mettre fin aux reliquats de prophétisme bonheuri­sant, d'eudémonisme niais, que véhi­culent les idéolo­gies occidentales.

 

Ces quatre pôles de notre interventionnisme métapoli­tique pourront être sollicités sans plus de fioritures littéraires et donc être «servis» uti­lement à un public plus vaste et plus sobre, no­tamment aux techniciens et aux professions mé­dicales. Dans cet orbite, la biolo­gie est mobilisée au profit de notre projet dans un plan plus vaste. La biologie ne sert plus seulement à dé­crire et énumérer les phénotypes humains, à étayer le discours médical, à socialiser la santé par le biais de l'eugénisme mais sert à asseoir une épisté­mologie ex­tensible à l'ensemble des disciplines. Notre biohuma­nisme devient de ce fait moins étriqué.

 

Robert STEUCKERS.

 

Gilbert J.B. PROBST, Selbst-Organisation, Ordnungsprozesse in sozialen Systemen aus ganzheitlicher Sicht, Verlag Paul Pa­rey, Berlin/ Hamburg, 1987, 180 S., DM 39,80.

 

Le texte qui précède est la version écrite d'un cours donné lors d'un séminaire d'avril 1988, dans le cadre des «universités» organisées par le comité de rédaction d'Orientations.   

 

Notes:

(1) Alain de Benoist nous donne une excellente définition de la «démocratie organique» dans son ouvrage: Démo­cratie: le pro­blème,  Ed. Le Labyrinthe, Paris, 1985.

(2) Il convient de se référer à un ouvrage très important du socio­logue américain John Naisbitt, Megatrends. Ten New Di­rections Transforming Our Lives  (Futura-Macdo­nald & Co., London & Sidney, 1984). Une édition fran­çaise de ce livre est également parue. Ecrit dans la foulée du thatchéro-reaganisme, l'ouvrage cherchait essentielle­ment à jeter les bases d'une straté­gie de survie dans la so­ciété qui semblait s'annoncer, c'est-à-dire une société où les institutions de l'Etat-Providence auraient été «déconstruites». Non exempts de relents universalistes (avec, notamment, un plaidoyer pour une «économie mondiale»), les chapitres du livre expliquent et tentent d'accentuer des tendances inéluctables comme l'informatisation de l'industrie et des techno­­logies, une at­tention accrue pour le long terme, la néces­saire décentra­lisation des grosses instances politiques et écono­miques, le recentrage de l'entraide sociale sur les communautés charnelles ou soudées par une «proximité» quelconque, l'assomp­tion des hiérarchies trop rigides au bénéfice des «réseaux communicatifs dynamiques», un déclin des lo­giques binaires de l'«ou bien... ou bien» au profit des lo­giques à dimensions mul­tiples, etc. Deux chapitres (le 6 et le 7) concernent en fait l'«organicité» (et sa traduction po­litique, la «démocratie orga­nique/participative»).

(3) Cf. Pierre Rosanvallon, La crise de l'Etat-Providence,  Seuil, 1981. Lire surtout le chapitre trois de cet ouvrage, consacré aux solidarités, où l'auteur plaide pour un «réencastrage» de la solida­rité dans la société et un ac­croissement de la visibilité so­ciale. Ces mouvements so­ciaux contribueront, dit-il, à créer un espace «post-social-démocrate»; nous ajouterions que, pour nous, la «post-so­cial-démocratie» signale, implicitement ou ex­plicitement, un effondrement des présupposés mécanicistes de la phi­losophie politique rationaliste et positiviste que le socia­lisme, pour son malheur, a hérité de l'illuminisme et du libéra­lisme. Cet effondrement provoque la réapparition timide d'éléments organicistes, dont le self-help  est une expression.

(4) Pour redécouvrir Spann, lire deux ouvrages récents consacrés à son œuvre: 1) Walter Becher, Der Blick aufs Ganze. Das Welt­bild Othmar Spanns, Universitas, Mün­chen, 1985. 2) J. Hanns Pichler (Hg.), Othmar Spann oder die Welt als Ganzes, Böhlau, Wien-Köln-Graz, 1988.

(5) Cf. Alberto Tarozzi, Iniziative nel sociale. Utopie proget­tuali e nuovi movimenti sui problemi della casa e del nucleare nella Rft,  Franco Angeli editore, Milano, 1982. Voir surtout pp. 30 à 53.

(6) Pierre Rosanvallon, op. cit., pp. 128-129.

(7) John Naisbitt, op. cit., pp. 131 à 157.

(8) F.A. Hayek, Droit, législation et liberté,  PUF, 1980 (vol. 1) et 1981 (vol. 2). Cf. surtout dans le volume 1, pp. 41 à 65. Et dans le volume 2, pp. 129 à 161.

(9) Walter Becher, op. cit., pp. 169 à 172.

(10) Cf. Michel Bouvier, L'Etat sans politique, tradition et mo­dernité,  L.G.D.J., Paris, 1986. L'auteur, avec une remarquable précision, classe les différentes doctrines po­litiques catholiques du siècle, où l'on retrouve des linéa­ments d'organicisme. En pre­nant acte de son panorama, on comprend plus aisément le passage d'une formulation corporatiste, parfois fascisante, à une formulation plus personnaliste, parfois socialisante. Bouvier nous introduit dans l'arsenal des argumentaires catholiques et dé­voile ainsi leur souplesse d'adaptation.

(11) Les interprétations de Spann, formulée par la «destra radi­cale» italienne, mettent l'accent sur la platonisme du sociologue viennois. Cf. l'introduction à Il vero Stato  de Spann par le Gruppo di Ar (in Othmar Spann, Il vero Stato, Ar, Padova, 1982).

(12) Cf. Frans Thoen, «La notion de système chez Lud­wig von Bertalanffy», in Orientations,  n°3, mai-juin 1982. Cf. égale­ment, Ludwig von Bertalanffy, «Hasard, nécessité, évolution», in Krisis,  n°2, avril 1989.

(13) M. Maruyama, «The Second Cybernetics: Deviation ampli­fying mutual causal processes», in American Scien­tist, 51, pp. 164-179. Article cité par G.J.B. Probst, réf. infra.

(14) Cf. l'œuvre de P. Watzlawick en général et, plus précisé­ment, le volume collectif de P. Watzlawick, J. Helmick Beavin et Don D. Jackson, Une logique de la communication, Seuil, 1972.

(15) Cf. Frederic Vester, Neuland des Denkens. Vom technokra­tischen zum biokybernetischen Zeitalter,  Deutsche Verlag-Ans­talt, Stuttgart, 1980. Frederic Vester, Unsere Welt - ein ver­netztes System,  dtv, München, 1983.

(16) Cf. à ce propos, le texte d'un professeur de la Uni­versity of Pennsylvania, Daniel R. Vining, Jr., «Below-Replacement Fer­tility in Five Regions of the World», in Mankind Quarterly, Vol. XXIX, 3, 1989, pp. 211-220.

(17) Cf. l'analyse du Professeur Wolfgang Engelhardt, «Drittwelthilfe und Naturschutz» (in Mut,  n° 255, No­vember 1988), Directeur Général des Collections de Sciences Naturelles de l'Etat de Bavière. Le Prof. Engel­hardt démontre bien à quelles catastrophes peut conduire l'entêtement des dirigeants du Tiers-Monde quand ils veu­lent absolument construire chez eux des structures indus­trielles comparables à celles de l'Europe du XIXième siècle. La volonté de la bourgeoisie brésilienne de construire des complexes de hauts-fourneaux fonction­nant au charbon de bois scelle la mort de la forêt amazo­nienne.

(18) Cf. Mihail Manoilescu (orthographe allemande), Die ein­zige Partei als politische Institution der neuen Regime,  Otto Stollberg, Berlin, 1941. Cf. également, Gottfried Neeße, Partei und Staat,  Hanseatische Verlagsanstalt, Hamburg, 1936.

 

mardi, 27 avril 2010

Arnold Gehlen et l'anthropologie philosophique

Gehlen.jpgArnold Gehlen et l'anthropologie philosophique

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

Les éditions de la Maison des sciences de l'homme viennent de publier Essais d'anthropologie philosophique,un recueil de texte du philosophe allemand Arnold Gehlen. Fondateur de l'anthropologie philosophique, sa réflexion porte sur l'homme en tant qu'"animal inachevé" (Nietzsche) mais "ouvert au monde". Considéré comme un des intellectuels conservateurs les plus importants  de XXème siècle, son oeuvre a été, jusqu'à présent, très peu traduite en français et donc largement ignorée de ce côté-ci du Rhin. Seules les éditions PUF ont publié, il y a tout juste vingt ans, un de ses ouvrages, un recueil de textes intitulé Anthropologie et psychologie sociale. Il convient aussi de noter que la revue Krisis d'Alain de Benoist a traduit un texte de Gehlen, Problèmes psychosociologiques de la société industrielle, dans son numéro consacré à la technique (n°24, novembre 2000).

Gehlen.gif

"Le premier article de ce recueil définit l'anthropologie philosophique comme la science de l'être humain, de concert avec la morphologie, la physiologie, la psychologie, la linguistique, la sociologie, etc. Science philosophique systématique et interdisciplinaire, elle est fondée sur des hypothèses exemptes de toute « métaphysique ». L’homme. Sa nature et sa position dans le monde (1940) présente les plus fondamentales. Deux articles publiés en 1951 et en 1968 leur ajoutent des éléments du pragmatisme anglo-américain et des éléments de la psychanalyse freudienne. L’idée essentielle de Gehlen est que « l’action et les transformations prévues du monde, dont la quintessence porte le nom de "culture", font partie de l’"essence" de l’être humain, et [que], à partir du point d’approche que constitue l’action, on peut en construire une science globale ».

Influencé par Kant, Herder et Fichte, mettant ses pas dans ceux de Jakob von Uexküll et de Konrad Lorenz, l’homme est selon lui une créature qui se maintient en vie par la transformation et l’amélioration permanente des données de la nature. Sa défectuosité biologique est compensée par l’invention technique. Dépourvu de « niche écologique », il s’adapte à tous les milieux, il est capable en dépit d’une pression intérieure immédiate d’ajourner son action ; cette espèce d’hiatus lui permet de la planifier, d’anticiper l’avenir.
Ces thèses ont nourri la réflexion de Jürgen Habermas, Hans Blumenberg, Ernst Tugendhat, Theodor Adorno.

Quand les pollutions, le dérèglement climatique, etc., menacent l’avenir de l’humanité, mais quand aussi s’expriment partout le souci de sa préservation, alors il est temps de découvrir l’anthropologie d’Arnold Gehlen."

jeudi, 22 avril 2010

Obesità infantile: l'abbondanza che uccide l'energia

Obesità infantile: l’abbondanza che uccide l'energia

di Claudio Risé - 20/04/2010

Fonte: Claudio Risè [scheda fonte]

http://equazioni.files.wordpress.com/2009/03/bambinobeso.jpg

Uno dei segni più chiari dell’amore per i bambini è l’attenzione dei genitori a che mangino cose buone, che non fanno male, ed in quantità equilibrata, né poco né troppo. Da questo punto di vista (e da altri), non sembra che l’Occidente ami davvero i suoi figli.
Dovunque infatti, in Europa e Nord America una buona percentuale di loro è soprappeso, quando non obesa, perché mangia troppo, e male. Un’abitudine che rischia di ridurre di molto (circa il 30%), il loro potenziale di vita.


In Italia, un quarto degli allievi di terza elementare è sovrappeso, e più della metà di questi sono obesi.


Nell’insieme della popolazione infantile, uno su tre ha problemi derivanti da alimentazione eccessiva, e di cattiva qualità.
Come mai i bambini sono così voraci, e scelgono così male i loro cibi? E perché noi non li aiutiamo a mangiare meglio?


I due problemi sono legati tra loro, e la loro origine è comune, ed è legata al sentimento. Nell’iperalimentazione dei bambini (come in quella degli adulti), c’è una forte componente affettiva: i bambini (come gli adulti) mangiano troppo quando non si sentono sufficientemente e/o adeguatamente amati. Ciò li spinge anche a mangiare male, e a prediligere quei cibi, come le merendine e gli snack più pericolosi, ricchi di zuccheri, grassi, e sostanze euforizzanti, che “alzano” il tono dell’umore e creano dipendenza: senza di loro il bambino diventa triste e appare privo di energia.


È il toxic child, il bambino tossico, dipendente fin da piccolo dalle sostanze e additivi di cui è sapientemente farcita l’alimentazione industriale fast food. Di lui si sta occupando l’attuale Amministrazione americana del Presidente Obama per cambiarne le abitudini alimentari e diminuire così l’enorme spesa sanitaria derivante dalla diffusione del diabete e delle malattie cardiovascolari fin dalla giovinezza, forse la conseguenza più vistosa di questo mangiar troppo, e male.
D’altra parte, una delle prime manifestazioni dell’amore per i figli, presente anche fra gli animali (i quali sono peraltro aiutati da una più forte capacità istintiva nell’evitare i veleni), è appunto la cura nell’insegnare ai piccoli a mangiare bene, e nella misura giusta.


È dunque per insufficienza di affetto verso di loro che i ragazzini mangiano troppo, e per la stessa ragione gli adulti si occupano poco e male del cibo dei figli: un circolo vizioso che non aiuta certo a migliorare la situazione.


L’affettività, scarsa e di qualità scadente, della società postindustriale spinge tutti, giovani e adulti, a cercare di “compensare” la frustrazione emotiva con molto cibo consolatorio e immediatamente eccitante, senza però migliorare la qualità dei propri rapporti affettivi, cosa che ci chiederebbe di ingozzarci meno e concentrarci di più sull’ascolto dell’altro.
Questa insufficiente presenza di cuore da parte degli adulti verso di loro rischia di portare i ragazzini, quando saranno più grandi a problemi di insufficienza cardiaca. Così come la lentezza e debolezza dell’attenzione dei grandi rischia di produrre nei ragazzi, quando saranno cresciuti, problemi circolatori e diabete: eccessi di grassi e zuccheri e difficoltà ad assimilarli e trasformarli.


È il problema delle società avanzate, dell’Occidente: troppo grasso cattivo, ed eccessiva zuccherosità, nello stile di vita e nelle relazioni. Per mascherarne la sostanziale aridità affettiva, la mancanza di passioni e autentiche tensioni, capaci di trasformare l’abbondanza in energia.


Un problema alimentare, che nasce da un deficit affettivo, e produce una condizione esistenziale. Poco piacevole, e pericolosa.

 


Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it

Liberté française, liberté allemande

Liberté française,liberté allemande

à propos de « L'idéologie allemande » de Louis Dumont

 

par Guillaume HIEMET

 

ideologieallemddumont.jpgEn 1967, Louis Dumont publiait un ouvrage, de­venu un classique aujourd'hui, consacré à l'étude du système des castes en Inde. Cette vaste enquê­te, fort novatrice à l'époque, était le point de départ d'une comparaison méthodique entre les cul­tures traditionnelles et cette spécificité dans l'his­toire des cultures que représente l'idéologie mo­derne occidentale. Pour aider à mieux compren­dre le cheminement particulier qui a abouti au monde moderne, Dumont était enclin à souligner l'importance de la conception que les sociétés ont de la place de l'individu à l'intérieur d'elles-mê­mes. Pour cela, il créait une distinction majeure entre les sociétés de type holiste et les sociétés de type individualiste. Par holiste, il entendait les re­présentations qui privilégient la totalité, le corps social avant de mettre en avant le rôle des indivi­dus, et, par le second terme, les idées qui posent l'individu comme premier par rapport au tout so­cial. La comparaison entre le jeu des castes, la hiérarchie qu'il suppose et l'univers de l'indivi­du, les notions de liberté, d'égalité présentait un éclairage nouveau de la situation moderne. Il poursuivait son enquête avec la publication, en 1977, d'Homo aequalis, une étude des fonde­ments de la pensée économique, puis avec les Es­sais sur l'individualisme (1983) qui retraçaient la genèse de l'idéologie moderne à partir de la cé­sure de l'ère chrétienne.

 

Deux conceptions de l'individu

 

Dans son dernier ouvrage, L'idéologie alleman­de,la méthode comparative ne s'attache plus tellement aux différences entre sociétés traditionnel­les et monde moderne, mais davantage mainte­nant, aux deux formes différentes qu'a pu revêtir l'individualisme en France et en Allemagne. Le propos n'est pas nouveau chez Dumont, c'est dé­jà celui des Essais sur l'individualisme. Les cul­tures, contrairement à toute attente, ne sont pas transparentes, la notion d'individu ne se décline pas de la même manière des deux côtés du Rhin, le terme n'a pas la même histoire et il renvoie à des idées qui sont loin d'être identiques dans les deux pays. D'où le germe d'un malentendu, en­core renforcé, lorsque celui-ci se conjugue à la difficulté, comme chez les Français, de concevoir les cultures comme ne répondant pas aux mêmes présupposés que les leurs.

L'universalisme français a du mal à discerner le fait que les autres cultures ne se laissent pas juger à l'aune de la sienne, suivant la tranquille certi­tude selon laquelle, pour reprendre l'expression d'Ernest Lavisse, la France est « la plus humaine des patries ». La distinction holisme-individualis­me et la relation hiérarchique n'est pas la même selon les cultures et tend aisément à emprunter des vêtements très divers. Cela est, sans nul dou­te, la conséquence de notre héritage historique et du contexte dans lequel sont apparues les idées d'individu, car, comme le souligne Dumont, l'in­dividualisme n'a jamais été capable de fonction­ner dans une société sans que le holisme contri­bue d'une façon ou d'une autre à la bonne marche de celle-ci. Il n'est d'exemple plus pro­bant que celui des Lumières où les nouvelles idées ont pu se développer prodigieusement dans un terreau politique traditionnel ne souffrant ja­mais ainsi, d'être mises à l'épreuve des faits.

 

Le rôle-clef de la Bildung

 

Pour Dumont, la spécificité de l'idéologie alle­mande se laisse ramener à trois idées majeures : la permanence du holisme, le rôle à long terme du luthérianisme dans la vision de l'individu et l'idée de souveraineté universelle, héritage du Saint Empire Romain de la Nation germanique (derniè­re réflexion qui aurait mérité d'être approfondie). Nantis de ces notions, Dumont est successive­ment conduit à se pencher sur les figures décisi­ves d'Ernst Troeltsch et de Thomas Mann. Tous deux mis, en quelque sorte, en demeure par la violence du conflit franco-allemand d'éclairer la particularité allemande, avaient cherché à rendre intelligible ce que signifiaient liberté et individu outre Rhin. L'historien des religions tout comme l'auteur des Considérations d'un apolitique (1918) voyaient dans l'idée de Bildung,qui est formation, éducation personnelle de l'individu, le nœud géorgien donnant la clé du sentiment alle­mand.

Pour être bref, nous pourrions dire que la Bil­dung est l'espace de liberté à l'intérieur duquel se développe la pensée d'un individu, espace qui existe en dehors et qui laisse intact l'ensemble des liens qui rattachent cet individu à la commu­nauté dans laquelle il vit. À la différence de la li­berté anglaise ou française, la liberté allemande ne réside pas en première instance dans l'hémicycle des revendications politiques, elle est davantage liberté de s'épanouir, de se former, et ne considère que dans un second temps les conditions politiques. Ce que résume parfaitement Troeltsch dans un article publié en 1916, où la liberté allemande est définie comme : « Unité organisée du peuple sur la base du dévouement â la fois rigoureux et critique de l'individu au tout, complété et légitimé par l'indépendance et l'individualité de la libre culture (Bildung)spirituelle ».

Les sphères où évolue l'idée d'individu française et allemande ne sont pas superposables. L'indivi­du des Droits de l'homme français ne rencontre pas la formulation luthérienne puis piétiste de l'individualité au sens où Thomas Mann avait pu dire, que la Réforme avait immunisé l'Allemagne de la Révolution. Si le propos de Dumont va à l'essentiel, le lecteur informé reste cependant sur sa faim. Les études trop courtes consacrées à Troeltsch ou à Mann permettent difficilement de sortir des grandes lignes alors que les études pré­existantes consacrées notamment au second sont foison. On a l'impression en outre – est-ce sno­bisme de chercheur ? – que Dumont maîtrise mieux la bibliographie américaine que les études publiées en allemand ou en français sur le même sujet !

 

Crise française de la pensée allemande, crise allemande de la pensée française

 

La partie centrale consacrée à la genèse de la no­tion de Bildung en suivant respectivement Karl Philipp Moritz, Wilhelm von Humboldt (1767­1835) et « les années d'apprentissage de Wilhelm Meister » de Gœthe est incontestablement la partie la plus riche et la plus intéressante du livre. Œuvres littéraires, correspondances, réflexions poli­tiques, cette fin de dix-huitième et début de dix-­neuvième siècle sont perçus sous le signe d'une crise française de la pensée allemande, de même que les années qui suivirent 1871 en France, les années de la « Réforme intellectuelle et morale » peuvent être considérées comme une crise alle­mande de la pensée française. Dumont est clair : « Je me suis proposé ici de présenter l'histoire de la pensée et de la littérature allemande de 1770 à 1830 comme une réponse au défi des Lumières et de la Révolution » (1).

Dumont laisse entrevoir que l'idée de Bildung se forme peu à peu, est contrainte de se préciser en opposition à l'idée française d'individu. Mais a­vant d'aller plus en avant, il est nécessaire d'avoir à l'esprit les origines religieuses, protes­tantes, de cette idée de formation personnelle. La Bildung est, dès la fin du Moyen-Âge chez les mystiques, une éducation de soi qui se comprend comme ouverture à la grâce divine, le modèle (Vorbild)de cette attention constante à soi étant la figure de Jésus-Christ. Ce fondement religieux reste déterminant, rajeuni et ancré qu'il est par le piétisme, et ce, malgré l'élargissement et l'approfondissement que connaît l'idée de Bildung en cette fin de dix-huitième siècle.

Intégration et revendication d'autonomie

 

Dans un premier temps, l'analogie de la Bildung et des Lumières ne manque pas de se faire, parti­c ulièrement dans les manifestations les plus exa­cerbées des héros de roman : exaltation de l'hom­me en son individualité unique, égocentrisme, raison et liberté vagabonde. À partir de là, les rapprochements deviennent plus délicats. En ef­fet, l'éducation de la Bildung consiste en grande part à faire sienne les valeurs intangibles de la communauté, de les intégrer au mieux, suivant les traits de sa complexion. Un peu de la façon dont Gœthe pourra dire : « Ce dont tu as hérité, acquiers-le afin de le posséder ». Le nouveau Bil­dungsroman, roman de formation, décrit les iti­néraires de ces jeunes gens, où la revendication d'autonomie de la pensée se conjugue avec la né­cessité du voyage, qui est reprise en charge, re­connaissance par soi-même, assimilation de ce qui a déjà été créé, vécu. Ainsi, comme le montre bien Dumont, la Bildung, loin de créer un indi­vidu désolidarisé, en retrait du monde, n'incite au retour sur soi que pour mieux s'enrichir des res­sources du monde qui l'entoure. L’idéal de déve­loppement du sujet de la Bildung en vient à transformer l'homme abstrait des Lumières en lui taisant intégrer la dimension holiste, en l'inté­grant dans un tout plus vaste.

C'est sur cette base que s'établit le dialogue avec la culture grecque et son souci pédagogique. L'homme qui naît au monde est un être mal dé­grossi qui se doit de se développer, d'épanouir sa propre personne. Le perfectionnement de soi est le premier but auquel l'homme se doit de répon­dre. Cette réflexion de longue haleine centrée sur la formation et l'éducation de soi permettra ainsi à Wilhelm von Humboldt de dire : « C'est la contribution incontestable des Allemands d'avoir les premiers vraiment saisi ce qu'est la Bildung grecque ». Le parcours personnel d'un homme, l'approfondissement de sa pensée croissent à me­sure que le monde proche a été reconnu et fait sien. À l'inverse, un monde mis en coupe réglée, géométrisé, cher à Descartes et à ses héritiers est un monde hors de toute présence humaine et dont l’exemplaire d'humanité, si ce mot a encore un sens ici, ressemblerait fort au téléspectateur mo­deme, martien héberlué.

Le zèle révolutionnaire, produit d'un individualisme à la française

Le personnage de Wilhelm von Humboldt, l'évo­lution de ses idées permettent assez bien de saisir la particularité de l'idéologie allemande, l'adapta­tion aux Lumières qui s'est opérée, la prudence puis le rejet de plus en plus ferme à l'égard de la Révolution française. La Révolution qui heurte les Allemands de plein fouet, qui entraîne l'Euro­pe dans la guerre, qui suscite violences et spolia­tions lui ôte rapidement les rares partisans qu'elle pouvait trouver hors de France. Pour Humboldt, ces tares ont leur source dans cette volonté de transformation politique abrupte qui caractérise la Révolution, cette volonté de mettre en œuvre le contrat social rousseauiste en oubliant, un instant, que l'auteur de l'Émile ne pose celui-ci que comme hypothèse de réflexion.

individualismedumont.jpgHumboldt, dans ses écrits, met en forme la ré­ponse allemande aux idées révolutionnaires : l'individu de la Bildung forme un cercle indé­pendant de l'État et le laisse se réformer tout seul. Le pendant de cette conception est développé dans une importante étude théorique, l'Essai sur les limites de l'État. Si la première préoccupation de l'homme politique concerne la libre formation des sujets, les fonctions de l'État doivent être ré­duites au minimum et la première des tâches de celui-ci est d'assurer la sécurité des sujets.

Cette subordination de la politique à la formation singulière de l'individu n'a pu se faire que dans la mesure où la Bildung était perçue comme une ouverture à la totalité. Les conséquences de ces points de vue se laissent assez rapidement saisir. Le conservatisme de l'État allemand retient les pleurs et les soupirs des historiens, qui regardent d'un même coup avec perplexité la conjugaison de méfiance envers l'État et d'obéissance qui ca­ractérisent ses sujets. Ainsi, l'individualisme qui surgit dans la notion de Bildung est loin de se re­trouver dans l'individu des Droits de l'homme.

 

Les lacunes de l'université française

 

Si l'individualisme français de l'identité renvoie à une égalité première de tous les hommes, pour le lecteur allemand, la même notion renvoie à la sin­gularité, à la spécificité de tout être, et cette diffé­rence implique une inégalité de fait. C'est finale­ment lors de la création de l'université (1809­-1810) de Berlin que Wilhelm von Humboldt aura la possibilité de mettre en œuvre ses vues réfor­matrices. Après la défaite devant les années napoléoniennes, la restauration de l'État passait en premier lieu par la relève spirituelle, préoccupation des meilleurs esprits de l'époque. L'université de Berlin, symbole du renouveau prussien, deviendra bientôt le foyer européen des sciences historiques et philologiques, modèle d'innovation dans les sciences humaines.

L'idée de Bildung renforce encore la tradition d'indépendance des universités allemandes. En comparaison, le régime des universités françai­ses, sous les régimes les plus différents du dix­neuvième siècle, Empire, Restauration, Républi­ques, reste une université sous tutelle. Autrement dit, l'université allemande n'a de comptes à ren­dre qu'à la culture allemande ; en France, elle est un moyen de diffuser l'idéologie du régime. L'insuffisance de l'université française, ses tares, ont été remarquablement décrites par Georges Gusdorf dans son ouvrage sur l'herméneutique (Les origines de l'herméneutique), il est plaisant de constater que sa dépendance envers le pouvoir politique n'a aujourd'hui que peu changé, signe de la permanence des idées politiques.

L'idée de Bildung, de formation personnelle, a conservé un très fort pouvoir d'attraction dans les pays de langue allemande jusqu'à nos jours. Il nous semble que la littérature allemande a tou­jours été particulièrement sensible de préciser d'une part, la place de la personne dans la collec­tivité, de l'autre, son cheminement propre. Ainsi dans la confrontation franco-allemande qui est celle de la première guerre mondiale, l'indivi­du apparaît en Allemagne sous trois couleurs dis­semblables : « das Individuum », l'individu fran­çais détaché de toute appartenance à son peuple, « der Einzelne », l'individu dénombrable, et enfin « die Persönlichkeit », la personne en tant qu'elle a été formée par la Bildung, consciente de son ap­partenance. Les réponses pressenties par le Bil­dungsroman ne sont jamais univoques. Ainsi de l'itinéraire de Joseph Knecht, héros du Jeu de perles de verre de Hermann Hesse qui, au terme de son parcours initiatique, parvenu à la tête de son ordre éprouve une nostalgie inextinguible vers le monde et la nécessité d'y retourner. Initia­tion, enseignement forment un cercle où se dé­ploie la liberté de l'homme ; la compréhension de la culture dessine, tout à la fois, son individualité et son attachement à la communauté.

 

Guillaume HIEMET.

• Louis Dumont, L'idéologie allemande : France-Allemagne et retour, Gallimard, 1991, 316 p., 145 FF, ISBN 2-07072426-3.

Esthétique du nihilisme

Du romantisme au modernisme

Bruno HILLEBRAND, Ästhetik des Nihilismus : Von der Romantik zum Modernismus, J.B. Metzlersche Verlagsbuchhandlung, Stuttgart, 1991, VI + 237 S., DM 48; ISBN 3-476-00781-2.

Un professeur allemand. Bruno Hillebrand (°1935), spécialiste de Gottfried Benn, s'interroge, avec perti­nence et acuité, sur le rapport entre esthétique et nihi­lisme. Depuis que le romantisme a découvert le nihilisme vers la fin du XVIIIème siècle, cet « isme », qui est un mystérieux et inquiétant convive, comme l'a dit Nietzsche, frappe à toutes les portes : celle de la litté­rature comme celle de la philosophie ; plus tard, en no­tre siècle il est venu tambouriner à la porte du monde des arts. Dans le champ de la littérature, c'est Tieck qui l'a découvert ; Jean Paul a introduit, en toute con­naissance de cause, le concept de nihilisme dans sa Vorschule der Ästhetik ; dès 1804, les Nachtwachen de Bonaventura constituent l'un des points culminants de l'expérience nihiliste. À l'évidence, Kleist souffrait du syndrome nihiliste, de l'absence de sens. Plus que tout autre poète, Büchner a thématisé dans sa poésie le sentiment de l'inutilité, de la vacuité, de l'absurdité du cosmos, de la religion et de l'existence. La pensée nietzschéenne, elle, englobe, arraisonne, place au cen­tre de ses préoccupations, la nouvelle philosophie du nihilisme. Elle lui donne une profondeur inégalée et la transmet à d'autres poètes, écrivains et philosophes d'Allemagne et de France, Heidegger, Benn, Sartre, Camus et bien d'autres encore. Dans les arts plasti­ques et les styles de notre siècle, on ne cesse de percevoir les symptômes issus de l'expérience nihiliste : les réductions, les provocations, les positions anti-idéelles, les volontés anti-harmoniques ; bref, l'anti-art en général, avec son refus de toute conciliation tant au niveau du contenu qu'au niveau de l'objet.

Sans une saisie suffisante de ce que signifie le nihilis­me, on ne peut comprendre l'évolution des arts au XXème siècle. Globalement, le modernisme dans les arts se place sous l'enseigne de « ce convive le plus mystérieux et le plus inquiétant ». En effet, s'il n'y a pas de sens, si tout est inutile ou vain, les futuristes peuvent briser les œuvres du passé, pour tenter (désespérément ?) de construire du neuf. Les gestes ou­trés, matamoresques de DADA, sont signes de déses­poir ou acceptation joyeuse, narquoise, du chaos fon­damental du monde. Et puisqu'il n'y a pas de valeurs éternelles, puisqu'aucune métaphysique ne peut être sérieusement revendiquée ou propagée, DADA estime que l'existence sur terre est insaisissable. Pour DADA, ce n'est pas le principe espérance qui est la constante fondamentale du modernisme, mais le principe hasard, ce qui appelle une question, qui est capitale : l'homme est-il un hasard ?

 

mardi, 20 avril 2010

Petites réflexions suite au décès d'Elisabeth Noelle-Neumann

noelle.jpg

 

Petites réflexions suite au décès d’Elisabeth Noelle-Neumann

 

Le 25 mars 2010 à Allensbach sur les rives du Lac de Constance est décédée Elisabeth Noelle-Neumann, à l’âge de 93 ans. Sa carrière, écrit le Spiegel de Hambourg dans la notice nécrologique qu’il lui consacre, a été marquée par deux attitudes : l’autodiscipline du sociologue et sa proximité par rapport au pouvoir. C’est dans cette double optique de rigueur scientifique et de concrétude politique qu’elle fonde, avec son mari Erich Peter Neumann, immédiatement après la seconde guerre mondiale en 1947, l’Institut de sondage d’Allensbach. Ce fut le premier institut allemand spécialisé dans le sondage de l’opinion publique. Rapidement, ajoute Der Spiegel, cet organisme privé s’incruste dans l’univers de la politique allemande, dès les toutes premières années de la jeune République Fédérale. Ses options conservatrices l’ont toujours rapprochée des partis démocrates-chrétiens, où se nichait encore dans les années 50 et 60, et jusque dans les années 80 en Bavière, avec la CSU de Strauss, une solide faction qualifiable de conservatrice, permettant un équilibre, une « coïncidentia oppositorum » (Carl Schmitt), avec une aile plus démocratique et ouvriériste, comparable aux jocistes chez nous. Les temps ont changé depuis et une polémique traverse aujourd’hui l’Allemagne pour savoir dans quelle mesure les partis démocrates-chrétiens ont assimilé et ingurgité les discours de mai 68 visant le bouleversement de fond en comble de la société, la déliquescence de ses assises traditionnelles, culturelles et sociales au profit d’une fausse « humanité » homologuée, composée d’humanoïdes formatés et retravaillés par une ingénierie sociale faisant appel à des théories pures, préfabriquées, telles les « gender studies » nées Outre-Atlantique. Nos amis allemands pourraient venir observer le CdH de « Madame Non », alias Joëlle Milquet, pour constater à quelles extrémités délirantes un tel glissement peut conduire un parti démocrate-chrétien. Quel chemin parcouru, depuis les temps bénis de Pierre Harmel, issu, lui, de l’ACJB.

 

Dans la logique perverse des bricolages post-soixante-huitards et des « gender studies » des intellos américains, toute position antérieure à l’invasion de la nouvelle ingénierie sociale, qu’ils impliquent, est assimilée progressivement au « mal absolu » : ainsi, l’opposition de gauche en Allemagne a reproché à Elisabeth Noelle-Neumann d’avoir, in illud tempore, rédigé un article pour la revue Das Reich du Dr. Goebbels. Der Spiegel n’omet pas de le rappeler… En oubliant, bien sûr, que le passé de son propre fondateur n’est pas exempt de… Pire : on est allé fouiner dans le plus lointain passé de la défunte et on a constaté que sa thèse de doctorat sur « les masses et les opinions aux Etats-Unis », rédigée avant le cataclysme de septembre 1939, recelait des « expressions ou des allusions anti-américaines de facture antisémite ». Mais Der Spiegel se rattrape : « L’engagement de Noelle-Neumann pour la démocratie en République Fédérale d’Allemagne n’a jamais été sérieusement mis en doute ». Ouf ! On respire ! Et on s’améliore : on pardonne un péché de jeunesse. Il le faut bien : sinon, après Günther Grass, ce pourrait bien être le tour du grand prêtre Habermas, dont le père… et lui-même, en culottes courtes… de ces culottes courtes, sombres et de velours, qu’affectionne un auteur comme Tournier… dans le livre et le film qu’on en a tiré… Le Roi des Aulnes…  Mais je suis discret. J’en reste là. Je me tais. A l’analyse : Elisabeth Noelle-Neumann a été pressée de publier un article sur le thème majeur de sa thèse consacrée aux techniques de sondage aux Etats-Unis par les animateurs de Das Reich, très intéressés aux méthodes modernes d’investigation de l’opinion, surtout si elle venaient d’Outre-Atlantique ! Elisabeth Noelle-Neumann s’est ensuite empressée de rallier la rédaction du Frankfurter Zeitung, dont le ton était assez critique.

 

Mais si l’on pardonne les deux péchés de jeunesse d’Elisabeth Noelle-Neumann, son article pour Das Reich et les quelques phrases jugées litigieuses de sa thèse, on ne lui pardonne pas un terrible péché de grande maturité : en 2006, à 89 ans, notre grande et vénérable dame a accepté un prix de la « revue controversée et conservatrice de droite » Junge Freiheit ! Incorrigible ! Trois péchés gravissimes qui lui sont reprochés jusque dans sa notice nécrologique ! Quand on est « politiquement correct », mon bon monsieur, on tire sur les ambulances… et sur les corbillards… On ne respecte par les morts.

 

Après le venin, le baume. Der Spiegel rappelle que le nom d’Elisabeth Noelle-Neumann demeurera lié à une théorie, qu’elle avait énoncée : celle de la spirale du silence. Selon cette théorie, les représentants de l’opinion dominante vont défendre celle-ci crescendo, de manière de plus en plus offensive et rabique, en réduisant au silence les adeptes d’opinions minoritaires, très souvent contestatrices (*). Une théorie partagée par d’autres en ce vaste monde, d’autres qui sont sans nul doute tout aussi pessimistes qu’Elisabeth Noelle-Neumann. Le globe de la globalisation devient un mixte du Meilleur des mondes d’Aldous Huxley et du 1984 de George Orwell. Sans oublier le Nous de Zamiatine et les trois romans « dystopiques » d’Anthony Burgess, dont l’un, The Wanting Seed annonce clairement l’avènement de l’ingénierie sociale axée sur les gender studies. où les brocardés d’hier doivent devenir les maîtres de demain et bénéficier de tous les passe-droit.  

 

Le petit univers des défenseurs matamoresques de la « rectitude politique » (comme disent nos amis québécois) devrait tout de même méditer, toute vergogne bue, la morale générale qui se profile derrière L’honneur perdu de Katharina Blum d’Heinrich Böll. Rendre hommage à l’une des figures de proue de la littérature allemande de l’immédiat après-guerre, qui dénonçait justement les campagnes de presse diffamatoires, serait un minimum de décence… de common decency. Mais quand il y a en lice une idéologie acharnée, « constructiviste » ou « constructiviste dans le déconstructivisme », qu’elle soit socialiste ou néolibérale, il n’y a plus d’éthique. Celle-ci est aux orties ou au dépotoir de l’histoire…

 

Benoît DUCARME.

 

(*) Rappelons-nous cette phrase de George Orwell, dans son essai Inside the Whale : « La plupart des révolutionnaires sont des Tories potentiels car ils croient qu’on peut tout modifier dans le bon sens en changeant la forme de la société ; qu’une fois ce changement effectué, comme parfois cela arrive, il n’est pas nécessaire d’en faire d’autres ». Dans le contexte qui nous préoccupe : vouloir faire des changements dans une société ou libéraux, démocrates (affichés) ou gauchistes délirants sont persuadés d’avoir commis la panacée définitive, c’est une effroyable insolence qui mérite toutes les rigueurs de tous les tribunaux.  

mercredi, 14 avril 2010

Why Are We Political Soldiers?

Why Are We Political Soldiers?

Ed. and trans. by Michael O’Meara / Ex: http://toqonline.com/

 

“In the final instance civilization is always saved by a platoon of soldiers.”

–Spengler

We are soldiers who serve the cause of Europe’s Renaissance — a cause as pure, hard, and imperious as our banners.

medium_p31.jpgWe are soldiers because we refuse the reformist tinkering of the dominant system, which — through its electoral and party committees, its partisan venalities, and its parliamentary charade — endeavors to ensure the self-regulation and recycling of the corrupt elites controlling the existing plutocratic system.

We are soldiers because we believe that the salvation of Europe’s family of nations depends on the destruction of the present system.

We are soldiers who serve and not merely talk, we reflect and we act.

We serve the cause of politics in the sense of Julien Freund [France's leading Schmittian scholar], knowing that the essence of action is action itself.

Our trifold praxeological, destining, and eschatological understanding of politics transcends the purely operational, pragmatic, and secular policies of modern politics. Going further, we think that propaganda by ideas is a chimera and that ideas come from action and not the reverse.

This is why we embrace the revolutionary dialectic of Carlo Pisacane, Enrico Malatesta, Carlo Cafiero, Paul Brousse, and José Antonio, who advocated the propaganda of the deed — the deed pregnant with ideas.

Our soldierly faith and duty is wedded to the national-revolutionary ideal that seeks a new political, aristocratic, hierarchical, anti-democratic, and anti-egalitarian order, situated within a European continental frame, geopolitically self-centered, disconnected from the global economy, independent of our present Atlanticist servitude, and rooted in a Eurocultural concept of civilization based on the values of blood and soil.

We are soldiers because we see history as a clashing dialectic between antagonistic forces, whose constituent elements are peoples and nations.

For conflict and struggle, as the work of Stéphane Lupasco and Max Planck demonstrates, are inherent to every system.

History is thus an endless battle between peoples organized around their distinct cultures and communities, each, consciously or unconsciously, motivated by a desire to expand and dominate.

As soldiers, we fight for the restoration of the poltical principle in the noble sense of politea, imperium, and auctoritas, and in function of Evola’s anagogy, which is capable of impregnating peoples with those specific metapolitical, spiritual, and anti-materialist values that ensure the masses’ spontaneous adhesion.

For us, as for Carl Schmitt, politics is that privileged arena in which the enemy and the friend is clearly designated.

This is why we reject the administrative or managerial concept favored by party politicians, who promote a state sustained by hedonistic frenzies — a state whose subjects are cretinized and emasculated, manipulated by consumer society and the media — subjected in this way to a whoring enterprise which organizes, directs, and patronizes them in order to dissolve all revolutionary effort in the solvent of a fake, hyper-festive order of permanent entertainment.

As soldiers, we advocate the ideal of a “polemological” state charged, above all else, with defending the survival and growth of Europe’s power from assaults by American hegemonism, radical Islam, and the extra-European colonization of our ancient lands.  In this sense, we categorically reject the social-contractual conception of the nation and seek to restore it as that mystical body passed from one generation to another.

The nation for us remains a determinism, a necessity, a force, and a will.

We are soldiers because we believe that war-like activity is the highest degree by which civilizations become complex and by which history’s primordial lever raises motherlands and city-states.

War in this Heraclitian sense has animated international relations from the time of Thucydides and from that of Machiavelli.

War is the highest expression of the state, as Hegel shows; it evokes its greatest consciousness and its greatest efficacy.

The state is and remains above all a war machine and all its other functions are subordinate to it, even if the bourgeois and managerial conception of the dominant democratic state has patched together a certain order from the ruling delinquency and its corrupting prosperity.

The international authority of the state is as great as its ability to inflict harm, and history shows that only those attached to mos majorum (ancestral law) and to a conservative opposition to the centrifugal forces succeed in attaining the aureole sovereignty of military glory.

This is the way it was in the Rome of Augustus and Diocletian, in the Russia of Peter the Great and Lenin, in the Islam of Mehmet Ali and Mustapha Kemal, in the China of Huang-di and Mao Zedong, each of whom won domestic and foreign victories before daring to impose the profound revolutionary transformation in which they believed.

As political soldiers, we seek to restore the ideal of a political vocation that transcends contemporary economism and to re-legitimate the ideal of those exceptional men who articulate and embody an ethic of conviction, responsibility, and duty.

Within the bourgeois democracies governing and offending us, there thrives a class of professional politicians and bureaucrats, of demagogues and opportunists of all sorts, whose mercenary use of high political office is motivated solely by reasons of personal gain or career.

As soldiers, we will make the necessary sweep that sends these impostors, these betrayers of our great European political ideals, to the devil.  And in this we aspire to see emperor and proletarian, animated by the same revolutionary faith, marching shoulder to shoulder: paradigm of a new heroism.

We uphold that there is an essential contingency between the state of exception and the essence of political sovereignty, constituting the point of disequilibrium separating public law from political fact.

We advocate a state of exception in order to establish the state as the emanation of a new order, as a means of terminating the general anomie and the reigning disorder.

The syntagma “force of law” rests on a long tradition of Roman and medieval law constituted for efficacy and loyalty.

We would like to restore an operational perspective invested with the archetype of the Roman juridical institution — the iustitium – enacted whenever the Roman Senate was informed of a situation that might compromise the Republic — a senatus consultum ultimum dictating measures necessary to ensure the state’s security.

This way of dealing with states of emergency harped back to the ancient concept of sol-stitium: to those instances when the law came to a stop, like the sun at its solstice, [and where the question of sovereignty -- the question of who holds ultimate authority -- was forthrightly posed].

Above all, we are political soldiers because we are militants.

Etymologically, “militants” refer to the theological distinction between the Church Militant and the Church Triumphant.

An analogy can be made between the political militant and the believer, whose truths inform all aspects of his being, especially in its essence and totality

The militant fights, attacks, and pays with his person for the triumph of his ideals.

The verb “to militate” comes from the Latin militari, which means “soldiers” (in the plural), to whom belonged a Church (an army) that required a spirit of discipline, self-sacrifice, and abnegation.

This is why militancy is at the heart of our political struggle.

The ideal militant for us must be a revolutionary, capable of dialectically linking his theoretical and practical knowledge to a global understanding of the society in which he lives.  He thus voluntarily submits himself to a disciplined routine, realizing in it a unity of theory and practice.

As political soldiers, we do not believe that evolution is automatic or that revolutions are spontaneous, because there are no fatalities in politics or in economics; the dominant, liberal, capitalist order well knows how to regenerate itself and how to overcome contradictions in order to survive.

The masses too are not solely exploited, they are mentally manipulated and alienated.

There is no revolutionary advance without a process of development, culminating in a struggle between warring peoples (lutte des peuples).

These struggles are manifested in many forms, in sectional or local struggles (at the level of the enterprise, the region, etc.)

They may appear spontaneous but they are linked to a changing consciousness and to the effort of militants who rise from below as they are directed from above.

Rank and file struggles, however exemplary, cannot accomplish a global change of the system, because such struggles address only certain lived particulars, products of the larger social complex, [not the system itself].

Instead, they need to be linked and coordinated in the form of a global, ideological vanguardist action, capable of posing issues from a system-wide perspective. It is necessary, then, to avoid an overly rigid elitism and an unserious reformism — in order to ensure a dialectical liaison between the global struggle and the local struggle, between the political action of the vanguard and the mass movement.

As political soldiers we advocate a revolution that brings about not merely structural change in the economy and the state, but also in the spirit, an ontological change that will lead to the formation a new man, free of bourgeois individualism and egoism.

This “total revolution” will affect the relations and ethics regulating the larger significance of our quotidian life.

The revolution we advocate will be a return to origins, a revolving back, that establishes an authoritarian state-order, a managed economy, and an exclusive conception of identity — a revolution carried out in harmony with the distinct mentality of European peoples and in accord with a principle of homology that purges institutions and mentalities of alien, distorting elements.

As political soldiers, we are irredeemably imbued with a tragic conception of life, knowing, with Alfred Weber, that every superior order ends up perpetuating a certain chaos as it enhances its power.

Tragic because we are conscious of the imponderable grandeur of the universe and the world and of the imperfection and finitude of human nature.

In face of this constant and paradoxical metaphysics, we advocate a re-enchantment of the world and an aestheticization of the state, as envisaged by German romantics like Goethe, Novalis, Schlegel, and Müller — conscious, as we are, that the illuminist ideas of the French Revolution [the liberal revolution of 1789], along with the general process of secularization, has since disenchanted the world in Max Weber’s sense.

We want, like Novalis, our revolution to become an organic, poetical totality in which the new state is the existential and aesthetic embodiment of our ideal of human perfection.

And once we complete this task, we will go somewhere else, farther away, always farther, way over there near our gods.

Source: “Pourquoi sommes-nous des soldats politiques?” (2003)

http://euro-synergies.hautetfort.com/tag/soldats%20politiques

jeudi, 08 avril 2010

über die Mechanismen der Medienmanipulation

Weg mit der Schweigespirale!

Über die Mechanismen der Medienmanipulation

Eva Herman / http://info.kopp-verlag.de/

Wie ehrlich kann man heute noch sein? Was darf man noch ungestraft sagen? Kann jeder gefahrlos seine eigene Meinung, abseits des Mainstream, äußern? Werden wir immer sachlich von den Medien unterrichtet und informiert? Nein! Ganz sicher nicht!

singes.jpgDie Pionierin der Meinungsforschung, Elisabeth Noelle-Neuman (vor wenigen Tagen 93-jährig gestorben), wusste über das Thema Meinungsfreiheit theoretisch viel zu sagen, mehr übrigens, als sie selbst es häufig praktisch umzusetzen wagte. Ihre Vorliebe für die Mächtigen hat sich bis heute in ihrem Meinungsforschungsinstitut »Demoskopie Allensbach« erhalten, was einige Beispiele gleich zeigen werden. So galt sie als enge Vertraute der meist konservativen Polit-Elite: Mit Adenauer trank sie Tee, Kohl verehrte sie und pflegte einen jahrelangen »Beratungskontakt«. Vielleicht gerade durch diese nicht unerheblichen Verflechtungen konnte sie genau erkennen, wohin zu viel Macht und Einfluss führen können: in die sogenannte »Schweigespirale«, deren Begriff sie schließlich erschuf und prägte! Schweigespirale? Was ist das denn? Und wo gibt’s die? Überall! Und zunehmend mehr! Sie hat die Menschen fest im Griff, diese Schweigespirale. Ihre Existenz allein beweist, dass sich viele Menschen im Lande ihre Meinung nicht auszusprechen getrauen, aus Angst, ausgelacht und ausgegrenzt zu werden. Es ist an der Zeit, offen über die Meinungsfreiheit als eine der wichtigsten gesellschaftspolitischen Forderungen zu diskutieren, diese endlich mit allen Mitteln einzufordern und die Schweigespirale zu zerstören!

Die Begriffserschafferin Noelle-Neumann, die jegliche Manipulationsmechanismen aus dem FF kannte und nicht selten nutzte, definierte einmal selbst, die Schweigespirale führe dazu, dass ein politisches Lager oder eine öffentliche Mehrheit sich für schwach erklärt und immer mehr verstummt, während das andere, durchaus kleinere Lager Oberwasser bekommt und siegesgewiss auftritt. Die Frage muss hier lauten: Durch was und wen bekommt denn die andere Seite eigentlich Oberwasser? Natürlich durch Einfluss und Macht! Welche gesellschaftliche Gruppe besitzt diese Macht? Zum Beispiel die Politik, deren Verbindung und Einfluss auf die Medien nicht unerheblich ist! Ein gut organisiertes Netz funktioniert doch hier seit vielen Jahren bestens. Zu wessen Vorteil? Sicher nicht zu dem der Bürger.

Kommt einem irgendwie bekannt vor, oder? Die angebliche bundesdeutsche Meinungsfreiheit und Demokratie ist vielerorts zu einer fast alles beherrschenden »Mediokratie« verkommen. Was nicht in den »Mainstream«, nicht in die politisch gedachten Vorgaben, was nicht in das globalisierte, modernisierte, feminisierte und »fortschrittliche« Weltbild passt, wird oft lächerlich gemacht, zerredet und vernichtet: als Verschwörungstheorie, als politisch Unkorrektes! Manchmal werden dazu Methoden benutzt, die nicht nur allein dem Ansehen jener »Störer« schaden, sondern ihnen oft schwere persönliche, wirtschaftliche und berufliche Nachteile bringen, sie nicht selten gar sozial und öffentlich erledigen und vernichten. Jene Menschen, die anderer Meinung sind als die der politisch und medial hergestellten, angeblichen »Mehrheit«, die aber in Wirklichkeit einer »Mini-Größe« entsprechen und lediglich künstlich aufgeblasen werden durch mediale Machtpositionen, ziehen sich zurück und verstummen, um nicht verspottet zu werden. Dass zu den enttäuscht Schweigenden inzwischen längst eine ganze Reihe von einst unabhängigen Journalisten gehört, die ihre »Einzelmeinung« medial kaum noch umzusetzen in der Lage sind, ist kein Geheimnis mehr. Sie fürchten um ihre Reputation und um ihren Arbeitsplatz!

»Wer sieht, dass seine Meinung an Boden verliert, verfällt in Schweigen«, schrieb Noelle-Neumann einmal. So entstünden verzerrte Mehrheits- und Stärkeverhältnisse in öffentlichen Debatten oder auch bei Wahlen, da sich eine schweigende Minder- oder gar Mehrheit einer vermeintlichen Mehrheitsmeinung (oft die der links-liberalen Medien) anpasse, aus der Furcht heraus, isoliert zu werden. Der links-liberalen Medien? Wo sind die denn? Sie sind inzwischen überall! Oder wer von den sogenannten Journalisten fällt heute noch durch konservative Werte-Berichterstattung und ihre Einforderung auf?

Kritiker warfen Noelle-Neumann und ihrem Meinungsforschungsinstitut »Demoskopie Allensbach« übrigens nicht selten »Vetterleswirtschaft« mit der jeweiligen Regierung und ihren Parteien vor, zu denen Manipulation und Suggestion von Meinungen gehört. Aha? Interessant. Diese Frau war immerhin die deutsche Erfinderin der Wahlprognosen und Meinungsumfragen. Noch heute arbeiten die meisten Berliner Bundesministerien mit dem Allensbacher »Haus«-Institut am Bodensee zusammen. Und nicht selten fallen die von den politischen Einrichtungen beauftragten Umfragen überraschenderweise anders aus als jene von den meisten übrigen Instituten. Komisch, oder?

Hier einige Beispiele über merkwürdige Widersprüche in unterschiedlichen Studien zum Thema »Familie – ein Auslaufmodell?« anlässlich einer verstärkten Diskussion im Zeitraum 2006 bis 2009 über die Frage, ob die klassische Familie ausgedient habe und dem neuen, globalisierten Bild der erwerbstätigen Frau, des fremdbetreuten Kindes und dem Haushalt führenden Mann etwa gewichen sei:

Eine EU-Studie über »Werteorientierungen« in europäischen Ländern, über die die Weltwoche im Mai 2007 ausführlich berichtete, ergab, dass die Familie bei den Befragten beinahe ohne Ausnahme zu alleroberst steht, vor allen anderen Beurteilungen wie Arbeit, Freunde, Freizeit, Partnerschaft, Religion und Politik. Bevorzugt wurde in den Ergebnissen das Zusammensein der Mütter mit ihren Kleinstkindern, anstatt sie in die Fremdbetreuung zu geben. Selbst die Akademiker, denen man diese Gesinnung eher nicht unterstellen würde, die bekanntermaßen später heiraten und weniger Kinder bekommen, äußerten sich bei dieser Studie ausgesprochen positiv zum klassischen Familienbild. Eine andere Untersuchung, die des Österreichischen Instituts für Familienforschung, ergab im etwa gleichen Zeitraum ein ähnliches Ergebnis: Nämlich dass die politisch vorangetriebene Außerhausbetreuung von Kleinkindern auf keine großen Sympathien in diesem Land stößt. Nur sechs Prozent aller Befragten sprachen sich dafür aus, jedoch über 70 Prozent nannten sich selbst oder den Partner als ideale Bezugsperson für ihre Kleinsten.

Umfragen des »Generationen-Barometer 06« korrigierten das Bild von der Familie als Auslaufmodell ebenfalls. 84 Prozent der Befragten bezeichneten laut Institut für Demoskopie Allensbach (Noelle-Neumann) den Zusammenhalt in ihrem engeren Familienkreis als »stark« oder sogar als »sehr stark«. Noch mehr Anlass zur Irritation boten die Ergebnisse des Mikrozensus 2005, nach denen in Deutschland neun von zehn Paaren Ehepaare und drei Viertel aller deutschen Familien traditionelle »Vater-Mutter-Kind-Familien« waren.

Die Universität Hohenheim bei Stuttgart führte eine Untersuchung durch, bei der knapp 94 Prozent der Befragten sich eine Familie wünschten. Geborgenheit und Rückhalt brachten sie mit dieser Lebensform in Verbindung. Auch die gewünschte Kinderzahl lässt aufhorchen: 2,4 Kinder, also eins mehr als der deutsche Durchschnitt, so ergab die Untersuchung, seien das Traumziel der jungen Akademiker. Überraschend auch die Aussage, dass sie zwar alternative Lebensformen akzeptierten, für sich selbst jedoch das klassische Familienbild anstreben. Und auch die Bereitschaft, Karrierepläne, persönliche Freiheiten und sogar das Einkommen einzuschränken zugunsten von eigenen Kindern, war erstaunlich hoch: Auf einer Skala von eins bis fünf lag der Durchschnittswert bei 3,9.

»Eine Emanzipation der Emanzipationsbewegung«, so nannte die Schweizer Weltwoche angesichts dieser Zahlen denn auch den neuen Zeitgeist: »Nach Jahrzehnten der Abwertung, die ironischerweise durch die Frauenrechtsbewegung mit verursacht wurde, treten Hausfrauen mit neuem Selbstbewusstsein auf. Sie werben für die Attraktivität eines Berufs, den sie aus eigenen Stücken gewählt haben.« Es wurde offensichtlich, dass es eine große Kluft zwischen guten Erfahrungen in der eigenen Familie und dem schlechten, öffentlichen Image dieser Institution gab. Auch wenn bereits seit einiger Zeit ein Rückgang der klassischen Familie zu beobachten war, zumindest, was die Zahlen angeht, so war und ist die Qualität und die soziale Leistung der großen Mehrheit der Familien bei Weitem unterbewertet. Es gilt somit gestern wie heute: Familie ist besser als ihr Ruf. Was also veranlasst die Politiker anzunehmen, dass die traditionelle Familie passé sei? Nun, Gründe dafür gibt es genug: Internationale Programme wie Gender Mainstreaming, die EU-Vorgaben wie den massiven Krippenausbau in den EU-Ländern zur Folge haben, Geldnöte etc.

Jetzt könnte man also bereits verlässlich feststellen, dass ein erheblicher Unterschied zwischen der politischen und medialen Forderung nach mehr Fremdbetreuung und Erwerbstätigkeit der Frau einerseits, und dem Wunsch der Menschen im Lande andererseits nach Familienzusammenhalt und mehr gemeinsamer Zeit füreinander besteht. Fazit: Man muss nach Kompromissen, nach einem fairen Dialog suchen. Doch was passiert? Wenn sich ganz offensichtlich die überwiegende Haltung der Menschen im Lande eindeutig für die Familie zeigt, gibt es plötzlich immer wieder andere Umfragen, die erstaunlicherweise überraschend ein völlig gegenteiliges Ergebnis erbringen können. Die Verwirrung ist dann groß, denn es erscheint geradezu grotesk, dass heute der überwiegende Teil der Bevölkerung gegen Krippen, morgen jedoch dafür sein soll.

So geschehen Anfang März 2007 durch, ja, durch wen? Durch eine Umfrage des Instituts für Demoskopie Allensbach, jenes Unternehmens, das von Frau Noelle-Neumann gegründet und von jeher von Kennern als durchaus regierungsfreundlich eingeordnet wird. Hier ergab es sich nach all den genannten Umfragen, die sich positiv über Familie aussprachen, plötzlich, dass fast drei Viertel der Befragten sich nun dagegen und für den Ausbau von Kinderkrippen aussprachen. Fünf Tage zuvor hatte das Familiennetzwerk Deutschland eine ähnliche Umfrage beim renommierten IPSOS-Institut in Hamburg in Auftrag gegeben, mit dem Ergebnis, dass sich über 80 Prozent gegen Krippen aussprachen.

Jeder normal denkende Mensch fasst sich spätestens an dieser Stelle an den Kopf und fragt verzweifelt danach, wie ein ganzes Volk innerhalb weniger Tage seine Meinung derartig beeindruckend verändern kann. Die Antwort ist recht einfach: Es kommt bei Umfragen in erster Linie auf die Fragestellung und die Möglichkeiten, zu antworten, an. Hier liegt der Schlüssel für Wahrheit oder eventuelle Manipulation. Sieht man sich die Formulierung der Frage genauer an, mit der das überraschende Ergebnis vom März 2007, der Anfangsphase eines langen Entscheidungsweges der Bundesregierung zum Ausbau von 750.000 Krippenplätzen, zustande kam, kommt Licht ins Dunkel. Hier die Frage des Instituts Demoskopie Allensbach:

»Kürzlich ist vorgeschlagen worden, das Angebot an Betreuungsplätzen für Kinder unter drei Jahren in Deutschland deutlich zu erhöhen. Damit soll Müttern von kleinen Kindern die Vereinbarkeit von Familie und Beruf erleichtert werden. Halten Sie das für einen guten oder keinen guten Vorschlag?«

In dieser Frage ist – wie leicht erkennbar wird – bereits eine manipulierende Hilfestellung enthalten, sich für eine bestimmte Richtung zu entscheiden. Wenn über ein Angebot abgestimmt wird, das Müttern eine Vereinbarkeit von Beruf und Familie erleichtern will, kann man dem eigentlich nur zustimmen. Wer von den Befragten also nicht ganz genau aufpasst und blitzschnell den wahren Sinn erfasst und reagiert, gibt vielleicht eine Antwort, die er am Ende gar nicht geben wollte. Es handelt sich hierbei um eine sogenannte Suggestiv-Frage, die einem die Antwort praktisch gleich mit in den Mund legt. Und auch die Möglichkeiten der Antwort spielen eine nicht unerhebliche Rolle. So erbringt eine Wahlmöglichkeit mehrerer Antworten immer ein objektiveres Ergebnis. In diesem Fall gab es jedoch lediglich die Möglichkeit, »Ja« oder»Nein« zu sagen. Das Institut veröffentlichte seine ermittelten Zahlen übrigens zusammen mit einer für die Medien ungewöhnlich präzise vorformulierten Textofferte:

»Der Vorschlag von Familienministerin Ursula von der Leyen, das Angebot an Betreuungsplätzen für Kinder unter drei Jahren deutlich zu erhöhen, hat in den Medien zu lautstarken Diskussionen geführt. In der Bevölkerung hat das jedoch nicht zu viel Uneinigkeit geführt. Im Gegenteil, es gibt wenige sozialpolitische Fragen, in denen soviel Zustimmung und Einigkeit in der Bevölkerung bestehen. 74 Prozent empfinden den Vorschlag der Familienministerin als gut. Nur eine Minderheit von 16 Prozent glaubt, es sei keine gute Idee, die Zahl der Betreuungsplätze für Kleinkinder stark zu erhöhen.« Wer will da noch widersprechen? Schaut man sich dagegen die IPSOS–Umfrage an, die fünf Tage zuvor veröffentlicht worden war, erkennt man die faire und sachliche Fragestellung mit immerhin zwei Antwortmöglichkeiten. Hier der Text:

»Wo glauben Sie, ist ein Kind in den ersten drei Jahren am besten aufgehoben: Zu Hause bei Vater und Mutter oder in der Kinderkrippe?« Die Antwort fiel deutlich aus: 81 Prozent aller Befragten entschieden sich für das Elternhaus, 16 Prozent für die Krippe. Noch einmal: Zwischen diesen beiden Umfragen lagen genau fünf Tage. Doch wird durch diese Veranschaulichung mehr als deutlich, wie leicht die Ergebnisse sogenannter offizieller Umfragen und Statistiken von namhaften Instituten zu lenken sind, auf die sich zum Beispiel ein Bundesministerium nachdrücklich berufen kann, um konkrete Regierungsvorhaben und eventuelle Gesetzesänderungen durchzusetzen. Und es offenbart, dass auch die Realitätswahrnehmung unserer Gesellschaft durch sorgfältig geplante und gezielte Manipulation spielend leicht verändert werden kann. Auf die Allensbach-Umfrage stützen sich das Ministerium und die Medien übrigens bis heute und verweisen hartnäckig auf die genannten, durch in Wirklichkeit manipulierende Fragen erzielten  Zahlen. Diese werden bis heute von zahlreichen, durchaus »seriösen« Medien verbreitet, und niemand scheint sich je näher für die Frage interessiert zu haben, wie diese überraschend differierenden  Ergebnisse zustande gekommen waren. Wer nun vielleicht noch glauben könnte, dass die Ursache für derartig abweichende Ergebnisse in den unterschiedlichen Mentalitäten der beiden Institute zu finden sein könnte, dem sollte die Information über eine ähnliche, etwas länger zurückliegende  Umfrage im Jahr 2002 weiteren Aufschluss geben:

Dasselbe Institut »Demoskopie Allensbach«, bei dem im Jahr 2007 drei Viertel der Befragten sich gegen Krippenbetreuung aussprachen, erzielte im April 2002, zu einer Zeit also, in welcher der Ausbau von Kinderkrippen noch nicht offiziell und derart hartnäckig wie heute zum Regierungsprogramm gehörte, im Großraum Karlsruhe die beeindruckende Antwort, dass 89 Prozent aller Befragten für die häusliche Betreuung von Kleinstkindern durch die Mutter waren und ihr eindeutig den Vorrang vor einer außerhäuslichen Betreuung gaben.

Zwischen den genannten Beispielen und heute liegen nur wenige Jahre. Erkennbar ist, dass heutzutage inzwischen nahezu alle Leute im Land glauben, dass jede Frau arbeiten gehen und ihr Kind gern in die Krippe geben will. Die Gehirnwäsche hat in einem Zeitraum von drei, vier Jahren ihr Ziel erreicht. Jene Menschen, die in Wirklichkeit anders denken, befinden sich zwar in der überwältigenden Mehrheit, aber das wissen sie nicht! Und sie würden es auch nicht glauben! So funktioniert die Schweigespirale! Ein seit Jahren etabliertes Instrument der Einschüchterung und Manipulation, das freie Meinungsäußerung verhindert, indem Menschen verunsichert und falsch informiert werden. Aus Angst, sich zu isolieren, verzichten sie, häufig auch unbewusst, ihre Meinung zu sagen. Die Zeit ist gekommen, diese Schweigespirale endlich zu vernichten!

Dienstag, 30.03.2010

Kategorie: Allgemeines, Enthüllungen, Politik

© Das Copyright dieser Seite liegt, wenn nicht anders vermerkt, beim Kopp Verlag, Rottenburg


Dieser Beitrag stellt ausschließlich die Meinung des Verfassers dar. Er muß nicht zwangsläufig die Meinung des Verlags oder die Meinung anderer Autoren dieser Seiten wiedergeben.


jeudi, 01 avril 2010

Le progrès, un espoir du passé

Le progrès, un espoir du passé

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

mythe_du_progres-page1-2.jpgLes Européens sont de plus en plus pessimistes face à l’avenir. Depuis des années, ils font face aux changements économiques et politiques que leur impose la mondialisation. Fragilisés par la crise, ils n’ont plus confiance en la capacité de leur continent à améliorer la vie.

A la fin de l’année 2009, une majorité d’Européens pensaient que le plus dur de la crise restait à venir. Même si l’Europe n’a jamais eu la réputation d’être un continent particulièrement optimiste, la crise économique actuelle a exacerbé chez ses citoyens une attitude latente de méfiance envers l’avenir.

Selon une enquête récente de la Commission européenne, la confiance en l’avenir, et principalement dans l’économie, est beaucoup plus basse. Parmi les citoyens européens, 54 % estiment que le pire de la crise reste à venir sur le plan de l’emploi, contre 38 % qui pensent que nous avons touché le fond. Cet indice de confiance, ou plutôt de méfiance, est cependant supérieur à ce que révélait la même enquête menée au printemps.

Tandis que les États-Unis “ont conscience que l’on peut construire l’avenir, l’Europe s’est toujours montrée plus pessimiste. Et elle souffre à présent du trouble provoqué par l’arrêt du processus d’intégration européenne”, estime Fernando Vallespín, ancien président du Centre de recherches sociologiques [un organisme public d’étude de la société espagnole] et professeur de sciences politiques à l’Université autonome de Madrid. “On cherche à sortir de la crise à travers les États nationaux,” ajoute-t-il.

Il y a quelques mois encore, la majorité des citoyens européens se déclaraient satisfaits ou très satisfaits de leur vie personnelle (78 %, selon une enquête Eurobaromètre publiée fin 2009). Le niveau de satisfaction personnelle des Danois, des Luxembourgeois, des Suédois, des Néerlandais, des Finlandais et des Britanniques était supérieur à 90 %, tandis que les Espagnols restaient sous la moyenne, avec 74 %, tout comme les pays de l’est du continent, où les salaires sont les plus bas. L’Italie, qui malgré sa richesse se situe traditionnellement en deçà de la moyenne européenne, fermait le peloton avec 71 %.

Si le moral des Européens avait particulièrement décliné en automne, il semble que, grâce aux légers signes de croissance que l’on commence à enregistrer dans divers pays européens, nous relevions peu à peu la tête. Néanmoins, la crise a élargi le fossé entre le niveau de vie des pays du nord et celui des pays du sud et de l’est de l’Europe.

Une même vision de l’avenir

L’impact a été très profond, et la reconstruction prendra du temps, prévient le dernier Eurobaromètre. Avant la crise, déjà, des sociologues de divers pays exprimaient leur préoccupation face au pessimisme régnant dans la société européenne. Même le Royaume-Uni est touché, affirme le chercheur britannique Roger Liddle, ancien conseiller de Tony Blair et de José Manuel Barroso. “Pour une fois, les Britanniques et les autres citoyens de l’Union ont la même vision de l’avenir de l’Europe”, ironisait-il dans une étude publiée en 2008 portant sur “Le Pessimisme social européen”. Selon Liddle, la vision de la vie des Britanniques commençait à ressembler de plus en plus à celle des Français, des Allemands et des Italiens. “Il y avait déjà des éléments de pessimisme social au Royaume-Uni avant la crise. Ce qui est surprenant, c’est qu’on les observait même lors de périodes de prospérité économique comme 2005 ou 2007, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni”, précise ce chercheur du centre de réflexion Policy Network, à Londres. Si le niveau de satisfaction personnel était élevé, on redoutait déjà l’avenir, signale-t-il encore, notamment en raison des difficultés à s’adapter aux changements engendrés par la mondialisation, l’immigration, etc. Et Liddle de conclure : “Évidemment, lorsque l’économie chute, ces préoccupations s’accentuent.”

Fernando Vallespín souligne quant à lui la “nouvelle situation historique” que connaît l’Europe : “Elle ne croit plus en l’idée de progrès, mais lutte pour conserver ce qu’elle possède : une position privilégiée, la meilleure avec celle des États-Unis.” L’amoindrissement du rôle de l’Europe dans l’économie mondiale “était parfaitement observable avant la crise. Lorsque l’Europe enregistrait une croissance de 2 %, la Chine enchaînait les années à 8 % ou 10 % de croissance économique”, constate de son côté José Ignacio Torreblanca, directeur du bureau de Madrid du Conseil européen des relations étrangères et professeur de sciences politiques à l’UNED [université espagnole d’enseignement à distance]. “Mais en Europe comme aux États-Unis, poursuit-il, c’est aujourd’hui que l’on s’aperçoit du retard vis-à-vis des puissances émergentes. Et la crise aggrave encore les choses.”

Sortir de la crise sans remettre en cause les avantages sociaux dont bénéficient les habitants de l’UE ? Une illusion, assure l’éditorialiste polonais Marek Magierowski.

Quelque 4 millions 48 493 personnes. C’est le nombre de chômeurs enregistrés en Espagne au début du mois. Le quotidien El Mundo a publié un reportage sur leur vie quotidienne. Teresa Barbero, une opératrice téléphonique, veut émigrer en Suisse ou en Allemagne. « Depuis 18 mois je n’ai plus de travail, mon compagnon non plus. Nous devons payer un crédit très élevé. C’est dur. On a un train de vie plus que modeste, » confie cette Madrilène de 32 ans.

La situation est similaire dans d’autres pays d’Europe occidentale tout particulièrement touchés par la crise, comme la Grèce, le Portugal et le Royaume-Uni. Malheureusement les remèdes employés par les gouvernements pour guérir leurs économies sont eux aussi systématiquement les mêmes. Une intervention croissante de l’État dans l’économie, des impôts plus élevés, et des mantras répétés sur les « véritables » coupables de la crise, à savoir les banquiers cupides et les spéculateurs. Et surtout gare à ceux qui oseraient s’élever contre les privilèges de tel ou tel autre groupe social, ils vont droit à une mini guerre civile avec des grèves, une pluie de pavés, et des canons à eau. L’Europe arrivera-t-elle à rivaliser avec la Chine?

Le Vieux Continent est dans l’impasse. Depuis des années, les hommes politiques européens remportent des élections grâce à des promesses d’emplois et de salaires décents, de logements accessibles à tous, de longues vacances et d’une vie heureuse et sans risque. Dans l’une de ses premières déclarations publiques, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a affirmé que l’Union devait assurer le maintien du mode de vie européen, comme s’il ne savait pas que cela représente pour l’Europe le chemin le plus court vers une catastrophe économique.

Le mode de vie européen, c’est aussi le prélèvement de la moitié des revenus des contribuables, les 35 heures hebdomadaires de travail, une dette publique supérieure au PIB. Le mode de vie européen, c’est souvent un hymne à la paresse et le mépris du capitalisme. C’est aussi la conviction largement répandue que l’État sera toujours là pour nous prêter main forte dans des moments difficiles. C’est de cette manière que l’Europe compte rivaliser avec la Chine ? Vous voulez rire !

Source: Press Europ, Article 1, Article 2.

mardi, 30 mars 2010

La génération du millénaire massacrée par la crise

La génération du millénaire massacrée par la crise

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Ils ont eu 18 ans en 2000 et subissent la «grande récession» de plein fouet. Ils ne laisseront personne dire que c’est le plus bel âge de la vie.

Les générations se suivent et ne se ressemblent pas. Cela se voit à l’œil nu aux États-Unis.

Ainsi 38% des millennials – les adultes qui ont eu 18 ans en 2000 ou après – portent un ou plusieurs tatouages. Leurs pères et mères, les baby-boomers aujourd’hui âgés de 46 à 64 ans, ne sont que 6% à être tatoués. Quant à la classe d’âge intermédiaire, les gens nés entre 1965 et 1981 – «la génération X» selon les sociologues américains -, 32% arborent des dessins sous-cutanés.

Voilà ce que nous apprend une enquête réalisée en début d’année par le très réputé Pew Research Center. Cet organisme indépendant se présente comme un fact tank, un révélateur des faits et gestes de la société américaine.

Le Pew Research entend dresser le portrait des 50 millions d’Américains qui forment la «génération du millénaire», traduirait-on en français. Il nous dit tout sur leurs options politiques, leurs statuts professionnels et leurs modes d’expression.

Derniers embauchés, premiers au chômage

Les millennials constituent un groupe à part politiquement. Ils ont voté à 66% pour Barack Obama, alors que le reste de la population a donné tout juste la moitié de ses votes au candidat démocrate. Par ailleurs, les moins de 30 ans – la première génération élevée au biberon des technologies numériques – ont pour les trois quarts d’entre eux un profil sur Facebook ou un autre réseau social. Les baby-boomers ne sont que 30% à en avoir créé.

Être de plain-pied avec les nouveaux instruments de communication ne donne pourtant pas un avantage décisif sur le marché du travail. Ils ont été les plus touchés par «la grande récession » de 2008-2009. Selon Pew Research, «les nouveaux entrants sur le marché du travail ont été les derniers à être embauchés et les premiers à perdre leur job ». Ce qui explique que 37% des millennials (ayant terminé leurs études) sont au chômage ou en dehors de la vie active. «La plus forte proportion depuis plus de trois décennies.»

Or cette passe difficile risque d’avoir des effets durables. Les jeunes diplômés des collèges qui arrivent dans une économie maussade pourraient en subir les effets négatifs, y compris salariaux, pendant quinze ans, selon une étude de Lisa B. Kahn de l’Université de Yale, qui prend pour référence les récessions antérieures et actuellement très commentée outre-Atlantique.

Les vieux plus démoralisés que les jeunes

Les millennials, une classe sacrifiée ? Ils ne le pensent pas. Paradoxalement, 41% des moins de 30 ans se montrent «satisfaits de la situation présente », contre à peine 30% pour les plus âgés. La crise immobilière et financière, la récession et les guerres menées en Afghanistan et en Irak semblent avoir plus entamé le moral des vieux que des jeunes.

C’est «la génération la mieux éduquée de toute l’histoire américaine », explique Pew Research, qui note que seulement 25% des Américains interrogés – tous âges confondus – redoutent «un conflit de générations ». Son enquête est un concentré de l’optimisme du Nouveau Monde, avec ce titre roboratif : «The Millennials : Confident. Connected. Open to Change» («Les millénaires : Confiants. Connectés. Ouverts au changement»).

Il est dommage que l’Europe et la France ne disposent pas de recherches équivalentes sur leurs jeunes. Bien avant que ne survienne la «grande récession», le sociologue Louis Chauvel, l’auteur de Destin des générations, dénonçait le triple handicap des classes d’âges qui ont succédé aux baby-boomers.

Les écarts salariaux s’élargissent (en 1977, les quinquagénaires gagnaient 15% de plus que les trentenaires, la différence atteignait 40% en 2000), les risques de déclassement deviennent plus fréquents, et l’accès à la politique plus difficile. Louis Chauvel nous fait remarquer que la Chambre des députés élus en juin 2007 a été la plus âgée de toute l’histoire de nos républiques !

De son côté, l’Insee considère que «la génération (née après) 1945 est la dernière pour laquelle le revenu par unité de consommation est supérieur à celui des générations précédentes» («Les revenus et les patrimoines des ménages», édition 2009). Rappelons que dans le langage si spécial des statisticiens, le célibataire compte comme une «unité de consommation», mais le fameux foyer «papa, maman, la bonne et moi» ne vaudra que 2,5 unités…

Tendances exacerbées avec la crise

Il est à craindre que ces tendances se soient exacerbées avec la crise, comme le laisse entendre Martin Hirsch, le haut-commissaire à la Jeunesse. «Entre le troisième trimestre 2008 et le troisième trimestre 2009, le taux de chômage a augmenté 2,7 fois plus vite pour les jeunes que pour la population totale (+ 4,6 points contre + 1,7) pour atteindre 23,8% (9,1% pour l’ensemble de la population », écrit-il dans « L’État de l’opinion, TNS Sofres 2010 ». Les jeunes en question sont les moins de 25 ans, selon la typologie classique de l’administration française, qui répugne à raisonner en termes de générations.

La remarque de Martin Hirsch n’en est pas moins de bon sens : «Les jeunes sont ainsi confrontés à une situation paradoxale : la démographie et la politique sociale de la France les désignent comme ceux sur qui vont porter la dette publique et le poids des retraites, mais l’accès à l’emploi leur est difficile.» Voilà une thématique appelée à un grand avenir dans les mois qui viennent.

Le Figaro

dimanche, 28 mars 2010

Korporatisme kan prijzen drukken

Eddy Hermy / http://www.n-sa.be/

Korporatisme kan prijzen drukken

travailleurs.jpgDe laatste dagen lezen we in de pers dat de prijzen voor bewerkte levensmiddelen in ons land het afgelopen jaar dubbel zo duur zijn geworden als in de ons omringende landen. Dat de prijzen van basisproducten stijgen, is een open deur intrappen. Terwijl de elite de bevolking wijs tracht te maken dat het leven best wel goedkoop is geworden door het globalisme, ervaart iedereen die van een gemiddeld inkomen leeft dat het elke maand een beetje moeilijker wordt om rond te komen. We willen dan nog niet eens spreken over de honderdduizenden die zelfs niet meer rond komen en in de armoede zijn beland. Terwijl er elke dag een paar honderd mensen hun werk verliezen en daardoor de koopkracht bij die groep fors afneemt, laat de politieke elite de prijzen van voedingsmiddelen escaleren. Dit getuigt van een stuitende afstand tussen de politieke elite en de massa. Dit getuigt bovendien van een ongelooflijke kloof tussen politiek dienstbaar zijn aan het volk en de massa en de dienstbaarheid aan kleine groepen van economisch en financieel machtige individuen. Het getuigt van een wil om de klassentegenstellingen steeds verder op de spits te drijven en zo de tegenstellingen die het kapitaal heeft georganiseerd weg te kunnen stoppen. Want inderdaad, als men klassentegenstellingen aanwakkert door het sociale klimaat te doen verrotten, door afdankingen en escalerende consumptieprijzen, alleen dan kunnen de bestaande elites hun macht consolideren. Het is de verdeel-en-heers-politiek van het kapitaal en het is paradoxaal genoeg ook het cement dat liberaal links gebruikt om volksbelang ondergeschikt te maken aan klassenbelang, waar de slogan 'alles wat ons verdeelt, verzwakt ons' de politieke uiting van is. Waarbij de links-liberale analyse omtrent 'wie is ons' duidelijk maakt dat liberaal links net zo goed als de liberaal-democratische elite uitgaan van een model van conflict en geweld. De enen gebruiken het geweld van het geld om hun doelstellingen te verwezenlijken, de anderen gebruiken straatgeweld en maatschappelijk geweld, gepleegd door randgroepen die vaak ingevoerde mensen omvatten, om de droom (en voor ons de grootste nachtmerrie) van een multiculturele, globalistische maatschappij in stand te kunnen houden.

Wij solidaristen verwerpen deze op geweld van geld- en straatterreur gebaseerde methode om onze maatschappij opnieuw gestalte te geven. Wij geloven in een corporatistisch benadering en in een corporatistische levensvisie. Dit om de problemen rond stijgende werkloosheid en de daarbij groeiende armoede te lijf te gaan. Alleen een op het corporatisme gestoelde ideologie met daarbij op het corporatisme gebaseerde oplossingen kan onze maatschappij uit de chaos en de neergang helpen. Dat men dit corporatisme wil afdoen als niet werkbaar of niet eerlijk ten opzichte van alle bevolkingsgroepen berust daarbij op een flagrante leugen. Dat solidaristisch corporatisme een verouderde en niet door de massa gewenste maatschappelijke opbouwtechniek zou zijn, is een zelfde leugen.

Laat ons even kijken naar de realiteit. In vele steden kopen grote groepen mensen nu al samen stookolie, gas of zelfs elektriciteit aan. Sommigen willen Carrefourwinkels die met sluiting worden bedreigd door een comité van buurtbewoners als coöperatief distributiecentrum uitbaten. Zo kan corporatisme prijzen drukken van levensnoodzakelijke goederen. Laat ons nu even verder denken. Is het onmogelijk om bedrijven zoals het met sluiting bedreigde Opel om te vormen tot een corporatieve vennootschap, waarin de gemeenschap, de werknemers en universitaire instellingen samenwerken en samen kapitaal inbrengen? Als men het globale sociale pakket dat General Motors moet uitbetalen aan de arbeiders en bedienden die zullen worden afgedankt nu eens zou inbrengen in een dergelijke corporatieve werkgemeenschap. En als men zo alle geledingen van onze maatschappij, die productief willen meewerken aan een sociale staat in dergelijke sociale projecten zou integreren, dan krijgen we een sociale corporatieve gemeenschap die hernieuwde welvaart kan scheppen. Dan zullen er geen duizenden mensen meer worden ontslagen. Als men in die (solidaristisch-)corporatieve werkgemeenschappen alle geledingen die geld en werkkracht inbrengen plaats geeft in de raden van bestuur, dan creëren we een echt gemeenschappelijk belang op de werkvloer. Alleen dan wordt klassenbelang ondergeschikt aan volks- en gemeenschapsbelang.

De vakbonden, en zelfs de socialistische partij, gebruiken corporatistische technieken, net zo goed als de werkgevers dat doen. Wat zijn die sociale overlegorganen anders dan corporatisme? In vele steden zijn het juist de socialisten die samenaankoop organiseren, meestal daar waar zij in de bestuursmeerderheid zitten. Coöperatie, corporatisme in zijn zuiverste en meest utilitaire vorm. En dit is ook niet verwonderlijk. De eerste sociale organisaties van vroegere socialisten kwamen voort uit coöperatieve verenigingen. In vele socialistische kringen dweept men vandaag nog met Hendrik De Man, waarbij men zedig verzwijgt dat De Man een goede band had met Joris Van Severen en in de oorlog de voorzitter-oprichter is geweest van de op corporatisme gebaseerde Unie van Hand- en Geestesarbeiders, een solidaristische vakbond. De vakbonden schreeuwen elke dag om overleg, net als de werkgeversfederaties.

Laat ons de voorwaarden creëren om dat overleg open te trekken naar samenwerkend overleg in bedrijven door participatie in bestuur en inbreng van kapitaal. Laat ons nog verder gaan. Laat ons deze staat omvormen van een staat die het eigen volk miskent naar een staat die het volk macht geeft. Een staat die zichzelf onmachtig heeft gemaakt (en zo financieel en economisch egoïsme vrijgeleide geeft) omvormen tot een solidaristische, corporatieve staat. Laat ons de politieke instellingen van de hebzucht en het economisch en sociaal immobilisme omvormen tot een slagkrachtige sociale welvaartsstaat. Laat een politieke bovenbouw ontstaan, waarin alle sociale groepen het nationale belang boven het partijpolitieke belang stellen. Een corporatieve Senaat naast een solidaristische, nationaal-democratische volksvertegenwoordiging.

Ja, corporatisme kan prijzen van consumptiegoederen drukken en zo de stijgende armoede opvangen. Ja, corporatisme kan de neergang van onze middenklasse stoppen. Ja, corporatisme biedt een uitdagend nationaal-revolutionair perspectief. Ja, solidaristisch corporatisme zal het socialisme van de 21ste eeuw zijn. Een weg uit de crisis zonder klassengeweld en groepsegoïsme. Dat is de weg die wij willen volgen. Dat is de weg van het N-SA. Dat is de weg van de nationaal-democratische oppositie. En wie met ons deze weg wil afleggen is welkom. Het alternatief is het linkse en rechtse liberalisme ondergaan. Machteloos en zonder perspectief. Multicultureel destructivisme.

De keuze is aan u.


Eddy Hermy
Hoofdcoördinator N-SA

Ethnopluralismus statt multikultureller Gesellschaft

Montage-portrait-alexis.jpg

 

 

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 2004

RFJ-Grundsatzreihe - Band 4
Ethnopluralismus statt multikultureller Gesellschaft

Verfasser: Andreas Zacharasiewicz

Alle Rechte sind dem Verfasser vorbehalten
 
Zusammenfassung
Aus verschiedenen Gründen wird das Thema Einwanderung auch in den nächsten Jahrzehnten in Diskussion bleiben. Die tägliche soziale Praxis, die historische Erfahrung und der gesunde Menschenverstand lehren uns, dass das Zusammenleben verschiedenster Kulturen in einem Staat bzw. eine multikulturelle Gesellschaft sehr konfliktreich und schwierig ist.

Dieser Aufsatz analysiert die „tieferen Gründe“ dafür und sucht die Frage zu beantworten, weshalb sich die Menschheit in unterschiedliche Kulturen „aufteilt“. Dabei stützt sich der Beitrag stark auf die Forschungsergebnisse der Vergleichenden Verhaltensforschung (v.a. Irenäus Eibl-Eibesfeldt, ehemaliger Schüler von Konrad Lorenz).

Demnach verfügt der Mensch (ebenso wie die Tiere) über angeborene, stammesgeschichtliche Anpassungen („Instinkte“), die im Laufe einer jahrzehntausende langen Evolution herausgebildet wurden. In dieser Zeit lebten die Menschen als Jäger und Sammler und das menschliche Gehirn wurde auf die Anforderungen dieser Lebensweise  programmiert.

Zu diesen Anpassungen zählt etwa die Xenophobie (=Fremdenscheu), die sich in einem ambivalenten Verhältnis gegenüber Fremden äußert; Bei Säuglingen als „Fremdeln“ bekannt.

Auf diese angeborene Konstante, die dem Schutz des Kleinkindes dient, baut die Bildung von größeren Menschengruppen auf, die bekräftigt werden durch das Berufen auf ein gemeinsames Geboren-Sein („Nation“ von lateinisch: nascio – geboren werden).

Auch eine Reihe von anderen angeborenen Konstanten, wie etwa die Territorialität oder die Gruppenbildung, führen zur Bildung von unterschiedlichen Stämmen und Völkern.

All diese stammesgeschichtlichen Vorprogrammierungen erschweren natürlich das Zusammenleben in einer multikulturellen Immigrationsgesellschaft. Daher erscheint es vernünftiger und menschlicher, wenn jedes Volk auf seinem Gebiet selbstbestimmt leben und seine Kultur entwickeln kann („ethnopluralistische Weltordnung“). Die Politik muss den gegenwärtigen Tendenzen zur kulturellen Vereinheitlichung und zum Identitätsverlust durch Masseneinwanderung entgegenwirken.

Ein abschließender Exkurs zum Thema Rassen widerlegt einige der häufigsten linken Argumente für die angebliche Nicht-Existenz von Menschenrassen.


1. Einleitung

Das Thema Einwanderung steht in den westlichen Industriestaaten nach wie vor auf der Tagesordnung. Es wird diskutiert im Zusammenhang mit Reformen der Pensionssysteme, der Arbeitslosigkeit, der Kriminalität, des Geburtenrückganges und der Asylproblematik.

Sowohl diese Probleme als auch die global sehr unterschiedlich ablaufende demografische Entwicklung[1] <#_ftn1> wird das Thema Einwanderung auch in den nächsten Jahrzehnten aktuell bleiben lassen.

Diese demografische Entwicklung läuft momentan im Westen auf die Etablierung sogenannter „multikultureller Gesellschaften“ hinaus. Einmal abgesehen von der Unbestimmtheit und Widersprüchlichkeit des Begriffs, zeigen uns viele Entwicklungen hierbei, dass eine solche „multikulturelle Gesellschaft“ nicht gerade erstrebenswert ist. Denken wir etwa an die erhöhte Ausländerkriminalität, die oftmals missglückte Ausländerintegration, an Ghettobildung oder an Fremdenfeindlichkeit. Diese Argumente aus der sozialen Praxis sind allgemein bekannt und müssen hier nicht noch einmal wiederholt werden.

2. Aus der Geschichte lernen!

Genauso spricht die historische Erfahrung gegen die Schaffung multikultureller Gesellschaften. Es gibt zahlreiche Beispiele in der Geschichte, in denen eine angestammte Bevölkerung von Einwanderung betroffen war und schließlich von den Neueinwanderern dominiert und verdrängt wurde. Das Schicksal der nordamerikanischen Indianer ist dabei nur ein Fall unter vielen: weitere wären die ethnische Wandlung des Kosovo von früher serbisch dominiert zu heute albanisch dominiert (durch Abwanderung von Serben und höheren moslemischen Kinderzahlen). Genauso wurden die auf die Fidschi-Inseln eingewanderten Inder dort im Laufe der Zeit zur Mehrheit „und beanspruchen nun Landrechte, die ihnen bisher vorenthalten waren“ (Eibl-Eibesfeldt 1995, 131).

Beim Beispiel der nordamerikanischen Indianern ist die Argumentation der Linken besonders zynisch, wenn sie ständig betonen, welch positive wirtschaftliche Folgen die Auswanderung der „überzähligen“ Europäer nach Nordamerika für den Alten Kontinent angeblich hatte. Welch fatale Folgen die unerwünschte Masseneinwanderung für die Indianer hatte, verschweigen sie tunlichst (ohne gleichzeitig natürlich heuchlerisch das Schicksal der Indianer zu beklagen).

Auch in den USA vollzieht sich zur Zeit ein rascher „Bevölkerungswandel“, der ca. bis zum Jahr 2050 die Weißen dort zur Minderheit wird werden lassen. Dabei ist interessant, dass selbst in der veröffentlichten Meinung von „einem Experiment mit ungewissem Ausgang“ gesprochen wird! Wir – verantwortungsvolle – Europäer haben es in keinerlei Hinsicht notwendig, uns auf ein solches Experiment einzulassen!

Die tägliche Lebenserfahrung, das historische Beispiel und der gesunde Menschenverstand zeigen uns also, dass multikulturelle Gesellschaften nicht gut funktionieren. Was sind aber die tieferen Gründe, für dieses Nicht-Funktionieren? Gibt es dem Menschen innewohnende Dinge, die der multikulturellen Gesellschaft entgegenstehen?

3. Völker als politische Akteure

Und überhaupt: Warum gliedert sich die Menschheit in unterschiedliche Ethnien, Völker, Stämme, Gruppen? Warum definieren sich Menschen zumeist aufgrund ihrer ethnischen Herkunft als Spanier oder Basken, als Chinesen oder Japaner, als Europäer oder Asiaten, etc.?

Wenn es stimmen würde, dass die Bedeutung der ethnischen Zugehörigkeit für den Menschen eher überschätzt werden würde (wie von linker Seite oft behauptet), so ist es schwer erklärlich, warum man Begriffe wie „ethnische Säuberungen“, „Völkermord“ oder „Rassenkrieg“ heute zu Beginn des 21. Jahrhunderts öfter hört als in den vergangenen Jahrzehnten.

Dabei tritt das Phänomen Ethnizität als ein Lebensprinzip in unterschiedlichen, zum Teil grausamen Erscheinungen auf: a.) Staaten, die mehrere Ethnien beherbergen, erleben Spaltungstendenzen, Separationsbewegungen und Minderheitenkonflikte (z.B. Belgien, Spanien, Kanada, Türkei, Indonesien...etc.); b.) Vielvölkerstaaten brechen auseinander (z.B. Ex-Jugoslawien, Ex-Tschechoslowakei, Ex-Sowjetunion) und es bilden sich neue Staaten aufgrund gleicher volklicher Zugehörigkeit (z.B. neues Deutschland); c.) Staaten, deren Bevölkerung durch ungezügelte Einwanderung in den letzten Jahrzehnten ethnisch sehr heterogen wurde, erleben trotz 200jähriger Aufklärung und progressiver Erziehung ein kaum für möglich gehaltenes Maß an Ausländerfeindlichkeit und Rassismus, der zuweilen bis zur nackten Gewalt führt.

Alle diese Phänomene von a.) bis c.) dürfte es samt und sonders nicht geben, wenn die Zugehörigkeit zu einer bestimmten ethnischen Gruppe für den Menschen ohne weitere Bedeutung wäre, wie man gelegentlich zu hören bekommt. Das Gegenteil scheint der Fall zu sein: Zu Beginn des 21. Jahrhunderts wird das Prinzip Ethnizität das alte, neue Ordnungselement der Welt.

Als Ethnizität gilt die Neigung des Menschen, sich in ethnisch geschlossenen Solidargemeinschaften von anderen Menschengruppen abzutrennen.

Über die neu gewonnene Bedeutung, die ethnische und kulturelle Identität in den internationalen Beziehungen spielt und spielen wird, siehe Huntington 1997. Huntingtons Thesen können hier aus Platzgründen nicht wiedergegeben werden.

Die politische Linke geht nach wie vor von einem verzerrten und in ihrem Sinne idealisierten Menschenbild aus, wonach angeborene Antriebe und Mechanismen beim Menschen entweder überhaupt nicht vorhanden, oder zumindest keine Rolle spielen; Der Mensch ein überwiegend vernunftbestimmtes Wesen sei und ethnische und rassische Zugehörigkeit ein völlig unbedeutendes, oberflächliches Merkmal sei.

Wenn man von diesem verzerrten Menschenbild ausgeht, wird man die oben beschriebenen Vorgänge in einer „so aufgeklärten, rationalen und internationalen Welt“ natürlich weder verstehen, noch sich erklären können. Die Linke greift daher in diesem Fall häufig auf recht simple Verschwörungstheorien zurück. Dabei wird grundsätzlich die Existenz von Völkern geleugnet nach dem Motto „Das Volk ist ein Mythos“ und es werden nur „Gesellschaften“ als real existent anerkannt.

Einer, der realistische Antworten auf die oben aufgeworfenen Fragen geben kann, hat selber über fünf Jahre bei Naturvölkern in allen Erdteilen gelebt (vgl. Eibl-Eibesfeldt 1997, 18, Anm.) und deren Verhalten erforscht und mit dem von „zivilisierten Völkern“ verglichen. Es ist der Gründer der Humanethologie: Irenäus Eibl-Eibesfeldt. Auf seine Forschungsergebnisse werde ich mich im Folgenden stützen.

4. Eibl-Eibesfeldt und seine Verdienste

Irenäus Eibl-Eibesfeldt wurde 1928 in Wien geboren und war ein Schüler des weltbekannten Nobelpreisträgers und Gründers der Vergleichenden Verhaltensforschung Konrad Lorenz (1903-1989).

Eibl-Eibesfeldt ist aus mehreren Gründen der wohl interessanteste lebende Biologe: 1.) Er arbeitet sehr stark interdisziplinär, d.h. er arbeitet mit den verschiedensten Wissenschaftszweigen, auch mit den Sozialwissenschaften, eng zusammen. Das ermöglicht ihm, auch Stellungnahmen über Themenbereiche abzugeben, die nicht unmittelbar in seinem Forschungsfeld liegen. 2.) Er beobachtet hauptsächlich das Verhalten von Menschen, d.h. ihm kann schwer der Vorwurf des „naturalistischen Fehlschlusses“ gemacht werden, etwa in der Form, dass er das Sozialverhalten der Menschen von dem der Ameisen ableiten würde.

3.) Er verfügt über genügend Mut und Zivilcourage, seine Forschungsergebnisse und die daraus sich ergebenden Schlussfolgerungen auch einer breiteren Öffentlichkeit zu präsentieren, auch wenn seine Erkenntnisse den heute tonangebenden Ideologien und Glaubensgrundsätzen widersprechen. Eibl-Eibesfeldt wurde deshalb auch wiederholt Opfer übler Beschimpfungen von linken Ideologen und sachunkundigen Sozialwissenschaftlern, die ihre Glaubensdogmen von ihm in Frage gestellt sehen. Seine wissenschaftlichen Erkenntnisse können aber heute nicht mehr ernsthaft geleugnet werden.

Wichtigste Werke sind: Die Biologie des menschlichen Verhaltens (1984, 3.Aufl. 1997), Grundriss der vergleichenden Verhaltensforschung (1967, 7.Auflage 1987), Wider die Misstrauensgesellschaft (1994) und In der Falle des Kurzzeitdenkens (1998).

5. Grundlagen der Völkerbildung: Xenophobie, Gruppenbildung und Territorialität

Vor dem Hintergrund von vermehrten ethnischen Konflikten auf zwischenstaatlicher Ebene (Stichwort: Völkermorde), aber auch auf innerstaatlicher Ebene (Stichwort: Ausländerfeindlichkeit) fragt sich Eibl-Eibesfeldt in seinen Büchern immer wieder, warum sich weltweit so verschiedene Völker ausbilden/ten, sich territorial gegeneinander abgrenzen, sich (zu) oft bekriegen und „warum sind viele sogar bereit, ihr Leben im Kampf für die Erhaltung ihrer Identität zu opfern?“ (Eibl-Eibesfeldt 1998, 64).

Die biologischen Grundlagen der Ethnizität seien im Folgenden besprochen.

5.1. Die Xenophobie

Den Ursprung der Unterscheidung zwischen „wir“ und „ihr“ sieht Eibl-Eibesfeldt in der Einführung der individualisierten Brutpflege bei den Vögeln und Säugern. „Mit ihr kam nämlich die Liebe, definiert als persönliche Bindung, in die Welt.“ (Eibl-Eibesfeldt 1998, 65). In der Folge führt die individualisierte Brutpflege nämlich zu Verhaltensweisen der Betreuung und des Sich-betreuen-lassens, die in der Folge auch in den Dienst der Erwachsenenbindung gestellt wurden. Unser heutiges Küssen leitet sich vom Kussfüttern ab, d.h. von der Tatsache, dass manche Tiere, aber auch noch Jäger- und Sammlervölker ihren Kindern die Nahrung vorkauen und von Mund-zu-Mund zuführen (vgl. Eibl-Eibesfeldt 1993, 28f.).

Bei der individualisierten Brutpflege wird zwischen eigenem und fremden Kind unterschieden! Die individualisierte Brutpflege ab der Stufe der Vögel und Säugetiere führte zu der Ausbildung von persönlichen Beziehungen (vgl. Eibl-Eibesfeldt 1998, 67), so dass Eibl-Eibesfeldt von einer „Sternstunde der Verhaltensevolution“ spricht.

„Mit 5 bis 6 Monaten beginnen Säuglinge zu „fremdeln““ (Eibl-Eibesfeldt 1997, 237), das heißt sie unterscheiden zwischen bekannten und fremden Personen. Fremden gegenüber verhalten sich Säuglinge ab diesem Zeitpunkt ambivalent: Sie stellen Blickkontakt her, klammern sich aber gleichzeitig an die Mutter ...etc. Diese Erscheinung, die Eibl-Eibesfeldt für eine angeborene Universalie hält, ist als Xenophobie (=Fremdenfurcht) wohlbekannt. Er beobachtete sie in allen von ihm untersuchten Kulturen und Säuglinge müssen keine vorhergehende schlechte Erfahrungen mit Fremden haben und „auch taub und blind geborene Kinder zeigen Fremdenscheu, sie reagieren dabei auf geruchliche Merkmale“ (Eibl-Eibesfeldt 1998, 76).

Er „möchte jedoch betonen, daß man die Fremdenfurcht nicht verwechseln darf mit Fremdenhaß, der ein Ergebnis spezieller Indoktrination ist. Wir müssen allerdings zur Kenntnis nehmen, daß das Urmißtrauen Fremden gegenüber unsere Wahrnehmung mit einem Vorurteil belastet, so daß eine negative Erfahrung mit einem Fremden uns im allgemeinen mehr beeindruckt als eine Vielzahl positiver Erfahrungen“ (Eibl-Eibesfeldt 1998, 81). Eibl-Eibesfeldt behauptet also keineswegs, dass Fremdenhass und Ausländerfeindlichkeit angeboren und deshalb „normal“ seien, wie ihm das gelegentlich unterstellt wird.

Die Xenophobie hat eine sehr wichtige Funktion, sie „sichert die Bindung des Kindes an die Mutter ab, was ja überlebenswichtig ist. Ein Kleinkind, das sich leicht Fremden anschlösse, brächte sich wohl in große Gefahr“ (Eibl-Eibesfeldt 1998, 74).

Dabei scheint der Grad der xenophoben Reaktion offenbar davon abzuhängen, „wie ähnlich der Fremde den Bezugspersonen des Kindes ist. Nach Untersuchungen des amerikanischen Psychologen Saul Feinman fürchten sich Kinder von Schwarzafrikanern mehr vor fremden Weißen als vor Fremden der eigenen Rasse. Analog verhält es sich mit der Fremdenscheu weißer Kinder“ (Eibl-Eibesfeldt 1995, 109).

5.2. Gruppenbildung und Staatenbildung

Nach Eibl-Eibesfeldt führt die Fremdenscheu, die durch Bekanntwerden abgebaut wird, in der Folge dazu, dass sich über das persönliche Bekanntwerden quasi familiare Wir-Gruppen bilden, zumeist Sippen oder Horden von etwa 50-150 Personen.

„So lernt das Kind zunächst, zu den übrigen Familienmitgliedern eine Vertrauensbeziehung herzustellen und dann zu den weiteren Freunden und Bekannten der Familie. Die Engländer haben für diesen Prozeß des Bekanntwerdens den sehr treffenden Ausdruck familiarisation. Über ihn werden Menschen durch persönliche Bekanntheit zu quasi familialen Wir-Gruppen verbunden, die sich mit einer gewissen Scheu gegen andere Gruppen abgrenzen“ (Eibl-Eibesfeldt 1998, 76).

„Sippenselektionistisch entwickelte Verhaltensweisen der Gruppenbindung erweisen sich dabei so effektiv, daß schließlich auch Gruppenmitglieder, die nicht unmittelbar als Blutsverwandte zu einer Familie gehörten, mit Hilfe unterstützender kultureller Einrichtungen in der Lage waren, sich mit anderen Mitgliedern zu solidarisieren, so daß die Gruppen in bestimmten Situationen, etwa im Kriegsfall, als Einheiten auftreten und handeln konnten. Damit wurden Gruppen, zusätzlich zu den Einzelpersonen und Sippen, übergeordneten Einheiten der Selektion, denn schließlich entschieden Sieg und Niederlage oft in dramatischer Weise über ihr Schicksal“ (Eibl-Eibesfeldt 1998, 78).

Dies festzuhalten ist insofern wichtig, als sich hier zeigt, dass neben den Genen, die von der Soziobiologie als Einheiten der Selektion betrachtet werden, auch die Gruppe eine Einheit ist, an der die Selektion ansetzt.

Mit der neolithischen Revolution und der Umstellung auf Ackerbau und Viehzucht erhöhte sich die Tragekapazität eines Gebietes und die Gruppen wurden zunehmend größer und damit auch die Anonymität innerhalb der Gruppen. Diese Anonymität machte Gesetze und eine hierarchisch aufgebaute Regierungsgewalt notwendig. Nach Eibl-Eibesfeldt hatten die neu entstandenen Ackerbaugruppen wegen ihrer Größe und der Überzahl an rekrutierbaren Kriegern gegenüber den kleineren Jäger- und Sammlergruppen einen selektionistischen Vorteil, weshalb die zweiteren von ersteren mit der Zeit zunehmend verdrängt wurden (vgl.: Eibl-Eibesfeldt 1997, 839).

Die weitere Entwicklung zu Staaten und Nationen beschreibt Eibl-Eibesfeldt so: „Oft gaben einzelne machtmotivierte Persönlichkeiten den Anstoß, indem sie z.B. mit Waffengewalt verschiedene Stämme zu einem Staatengebilde vereinten... In anderen Fällen wuchs eine Gemeinschaft über natürliche Vermehrung zu einem größeren Stammesverband und schließlich einer Staatsgemeinschaft heran“ (Eibl-Eibesfeldt 1997, 840). Ähnlich wie in einer individualisierten Kleingruppe, in der jeder jeden kennt, erfolgt die gemeinsame Identifikation in Großgesellschaften durch gemeinsame Sprache, Bräuche oder bestimmte Kleidung.

„Kulturell betonen wir Ähnlichkeiten, die uns verbinden, denn Ähnlichkeit ist ein wichtiger Indikator für Blutsverwandtschaft. Völker betonen sie durch gemeinsame Trachten, gemeinsames Brauchtum und schließlich über die verbindende und zugleich abgrenzende Sprache“ (Eibl-Eibesfeldt 1998, 98).

Dabei ist zu beobachten, dass sich Gene, Völker und Sprachen parallel auseinander entwickelt haben. Der italienische Humangenetiker Luigi Luca Cavalli-Sforza „hat in umfangreichen molekulargenetischen Erhebungen die weltweite Verbreitung mehrerer hundert menschlicher Gene erforscht, die genetischen Abstände der verschiedenen Populationen festgestellt und danach auf genetischer Verwandtschaft begründete Stammbäume rekonstruiert. Sie entsprachen in bemerkenswerter Weise der gegenwärtigen Klassifikation der Sprachen. Gene, Völker und Sprachen entwickelten sich demnach gemeinsam auseinander“ (Eibl-Eibesfeldt 1997, 37).

L.L. Cavalli-Sforza schreibt: „Sucht man nach einer Interaktion zwischen Genen und Sprachen, so stellt man fest, daß eher die Sprachen die Gene beeinflussen, in dem Sinn nämlich , daß ein Sprachunterschied den Genaustausch zwischen zwei Populationen vermindern, wenn auch nicht völlig unterbinden kann“ [2] <#_ftn2> (Cavalli-Sforza 1999, 170/171).

Die Solidarisierung innerhalb von Großgesellschaften funktioniert „ebenfalls über familiale Appelle. Wir sprechen auch in den modernen Großgesellschaften von unseren „Brüdern“ oder „Schwestern“, von einem Vaterland, einer Muttersprache, vom „Landesvater“ und von Nation unter Berufung auf ein gemeinsames Geborensein“ (Eibl-Eibesfeldt 1998, 98).

Durch die Anonymität in Großgesellschaften bedarf es aber „dauernder ideologischer Bekräftigung, um das Wir-Gefühl zu schaffen oder zu erhalten“ (Eibl-Eibesfeldt 1998, 99). Diese ideologische Bekräftigung besteht unter anderem in der Identifikation des Menschen mit bestimmten Symbolen (Fahnen, Kreuze, Zeichen, ...etc.). „Nachdenklich stimmt die starke affektive Besetzung dieser oft sakralen Charakter tragenden Zeichen und die Blindheit und Begeisterung, mit der wir ihnen folgen“ (Eibl-Eibesfeldt 1998, 108). Dass vielen Personen beim Absingen ihrer Nationalhymne oder bei religiösen Liedern eine „Gänsehaut“ überkommt, führt Eibl-Eibesfeldt darauf zurück, dass bei diesen Gelegenheiten eine soziale Verteidigungsreaktion angesprochen wird. „Wir sträuben gewissermaßen einen nicht mehr vorhandenen Pelz. Unsere bepelzten Vorfahren dürften in vergleichbaren Situationen kollektiven Drohens ihren Körperumriß durch Sträuben des Pelzes eindrucksvoll vergrößert haben.“ (Eibl-Eibesfeldt 1998, 109).

Kurz gesagt werden nach Eibl-Eibesfeldt bei den Versuchen, Massen an eine Nation, Staat, Volk, Gruppe und Ähnliches zu binden, über Indoktrination und Symbolidentifikation im Menschen angelegte soziale Dispositionen (z.B. Gefolgsgehorsam, Neigung zur Gruppenverteidigung, Bereitschaft zur Indoktrination, ...etc.) angesprochen, die als Grundmuster dem Menschen angeboren sind, aber kulturell sehr unterschiedlich ausgestaltet werden. Das ist auch der Grund, warum die Indoktrination weltweit laufend funktioniert und immer wieder missbraucht wird.

Zum Phänomen der Gruppenidentität meint Samuel P. Huntington: „Menschen definieren ihre Identität über das, was sie nicht sind. .... Zwei Europäer, ein Deutscher und ein Franzose, die miteinander interagieren, werden sich selbst und ihr Gegenüber als Deutschen bzw. als Franzosen identifizieren. Zwei Europäer, ein Deutscher und ein Franzose, die mit zwei Arabern, einem Saudi und einem Ägypter, interagieren, werden sich selbst und ihre Gegenüber als Europäer bzw. als Araber definieren“ (Huntington 1997, 95).

5.3. Territorialität und Gruppenabgrenzung

Bis jetzt haben wir die Entstehung des „Wir und die anderen“ durch die individualistische Brutpflege und die Entwicklung von Kleingruppen durch die kindliche - später auch bei Erwachsenen sich in einem ambivalenten Verhältnis zu Fremden äußernde - Xenophobie[3] <#_ftn3> (vgl.: Eibl-Eibesfeldt 1995, 111), weiters die Entwicklung von Großgesellschaften durch Übertragung des familialen Kleingruppenethos auf eine größere Gemeinschaft z.B. mittels Symbolidentifikation und Indoktrination, behandelt. Bleibt noch die Frage der territorialen Abgrenzung und warum Menschen gegenüber anderen Menschen Gruppen und Untergruppen bilden.

Für Eibl-Eibesfeldt ist Territorialität „zunächst einmal eine anthropologische Konstante. Sie findet jedoch ihre kulturell mannigfache Ausprägung“ (Eibl-Eibesfeldt 1997, 469). Er widerspricht hier der in den 70er Jahren manchmal noch vertretenen Meinung, dass - bildlich gesprochen - erst mit der Entwicklung des Ackerbaus der erste Zaun errichtet wurde. Anhand eigener Untersuchungen an heute noch auf altsteinzeitlichem Niveau lebender Jäger- und Sammlervölkern und anhand fremder Forschungsergebnisse belegt er, dass schon diese Völker ihre Lebensgebiete abgrenz(t)en, zwar nicht mit Grenzsteinen, aber mit vergleichbaren Methoden (vgl.: Eibl-Eibesfeldt 1997, 455f.). In „Die Biologie des menschlichen Verhaltens“ weist Eibl-Eibesfeldt nach, dass sämtliche Jäger- und Sammlervölker, denen von gewisser Seite unterstellt wurde, sie seien nicht-territorial oder friedlich oder wechselten die (ethnische) Zusammensetzung, sehr wohl territorial und in klar begrenzten Gruppen leben und keineswegs den Krieg nicht kennen würden (vgl.: Eibl-Eibesfeldt 1997, 455-475).

Auch der Mythos, dass unsere nächsten Verwandten, die Schimpansen, nicht-territoriale Lebewesen seien und der Mensch daher ursprünglich auch nicht-territorial und friedlich gewesen sein müsste, hielt einer kritischen wissenschaftlichen Untersuchung nicht stand. „Man weiß nunmehr, daß Schimpansen in geschlossenen Gruppen leben, von denen jede ein Gruppenterritorium besitzt.... Das Gruppengebiet wird durch Männchen verteidigt, die die Grenzen des Gebietes in Trupps kontrollieren“ (Eibl-Eibesfeldt 1997, 457).

Im übrigen hat die Territorialität eine friedensstiftende Bedeutung: Konflikten kann man im wahrsten Sinne des Wortes „aus dem Weg gehen“.

So wie alles Lebende grundsätzlich auseinanderstrebt, sich in Untergruppen aufteilt und auf verschiedenen Wegen der Evolution unterliegt, so entwickeln sich auch beim Menschen Gruppen verschiedenster Größe (Sippen, Stämme, Nationen). „Die Neigung zur Kontrastbetonung bei Beharren auf dem Eigenen hat zur raschen kulturellen Differenzierung (Pseudospeziation) geführt und es dem Menschen gestattet, sich rasch in sehr verschiedene Lebensräume einzunischen“ (Eibl-Eibesfeldt 1997, 447). Diese ethnische und kulturell betonte Vielfalt dient der Absicherung des Lebens.

Dass sich die Menschheit in verschiedene Völker „aufspaltet“ ist also nichts Schlechtes, sondern etwas Gutes, da dies das Überleben der Art Mensch wahrscheinlicher macht. Außerdem besteht der oft angesprochene „kulturelle Reichtum der Menschheit“ gerade eben in der Unterschiedlichkeit der Völker, Religionen, Künste, ...etc., die wir als Bereicherung betrachten. Eine „Welteinheitszivilisation“ würde als schmerzlicher Verlust empfunden werden, so wie das momentane Artensterben der Tiere als negative Erscheinung gilt.

Die Tatsache, dass es auch bei Jäger- und Sammlervölkern klar getrennte Gruppen mit eindeutig definierten Beziehungen der Gruppenmitglieder untereinander gibt und dass Menschen andere, von der Gruppennorm abweichende Menschen ausgrenzen, trotz gegenteiliger Erziehung (z.B. Auslachen und Verspotten von normabweichenden Individuen), weist darauf hin, dass auch hier stammesgeschichtliche Anpassungen im Spiel sind. So müssen Kinder etwa zur Toleranz erzogen werden, während sie intolerantes Verhalten von alleine zeigen.

„Stammesgeschichtliche Anpassungen“ sind in den Genen fixierte Vorannahmen über das Milieu eines Lebewesens, die sich dann an den jeweiligen Umweltbedingungen durch Auslese (=Selektion) bewähren müssen (Genauer bei Eibl-Eibesfeldt 1997, 26f.). Die Xenophobie ist eine solche Anpassung, die sich offensichtlich bewährt hat und für seinen Träger von Vorteil war. Nicht-xenophobe Individuen hatten weniger Überlebenschancen und Nachkommen, weshalb das Merkmal für „Nicht-Xenophobie“ ausselektiert wurde.

Diese stammesgeschichtlichen Anpassungen entstanden im Laufe der Evolution des Menschen, das heißt in Jahrhunderttausenden. Den größten Teil dieser Zeit lebte der Mensch als Jäger und Sammler. Sein Gehirn wurde daher auch auf diese Umwelt und dessen Anforderungen programmiert. Dies hat für das Leben in der modernen Welt zahlreiche Konsequenzen, auf die ich hier aus Platzgründen nicht eingehen kann.

6. Zum Verhältnis von Angeborenem und Erworbenem

Der Umstand, dass es gelegentlich Einzelmenschen und Menschengruppen gibt, die sich über ihr biologisches Erbe hinwegsetzen und zeitweise z.B. nicht territorial leben, die Gruppenzusammengehörigkeit wechseln, ohne geschlechtliche Arbeitsteilung leben, u.ä. beweist keineswegs, dass es diese biologischen Anlagen beim Menschen nicht gebe. Es zeigt nur, dass der Mensch ein Kulturwesen ist, bei dem die Kultur auf seine Natur aufbaut und der Mensch sich in vielen Bereichen über seine Natur hinwegsetzen kann, wenn er das möchte (z.B. Kamikaze-Flieger, egalitäres Leben im israelischen Kibbuz[4] <#_ftn4> , ...etc.). Das Scheitern von vielen Gesellschaftsexperimenten, die die Natur des Menschen nicht beachteten, zeigen, dass diese Natur dann doch immer wieder durchbricht, zum Leidwesen der linken Ideologen, welche aus diesem Scheitern oft nicht folgerichtig die Lebensfeindlichkeit ihrer Ideologien ableiten, sondern behaupten, dass die Menschen noch immer zu sehr „im reaktionären Denken verhaftet“ seien und nicht reif für eine „bessere“ Welt seien und mehr „Aufklärung“ bedürften.

Nicht zu vergessen ist hierbei der Faktor der natürlichen Selektion. Diese führte nämlich dazu, dass Menschengruppen, deren Sozialstrukturen in krassem Widerspruch zu ihren biologischen Anlagen standen, oft nicht lange Bestand hatten und in Konkurrenz mit anderen Gruppen unterlagen und ausstarben. Ohne Zweifel wird hier beim Menschen die kulturelle Entwicklung zu einem Schrittmacher der natürlichen Selektion. „Neue Gedanken, Theorien und Erfindungen wirken wie Mutationen im biologischen Bereich, und sie haben sich wie solche an der Selektion zu bewähren. Die gestellte Aufgabe bleibt stets das Überleben in Nachkommen“ [5] <#_ftn5> (Eibl-Eibesfeldt 1997, 33).

Um Missverständnisse zu vermeiden, seien noch drei kurze Bemerkungen zum allgemeinen Verständnis des Verhältnisses von stammesgeschichtlichen Anpassungen und sozialem Leben der Menschen zu machen. 1.) Wenn etwas angeboren ist, heißt das natürlich noch lange nicht, dass es von Geburt an zur Geltung kommt. Viele anthropologische Konstanten entfalten sich erst durch Reifungsprozesse im Körper. So entwickeln Menschen z.B. erst ab einem gewissen Alter Schamgefühle. 2.) Auch gibt es für bestimmte Dinge Lerndispositionen, so erlernen wir Angst vor Schlangen leichter als Angst vor Automobilen.

3.) Die Verbindung und Überlagerung von Angeborenem und Erworbenem ist zum Teil recht kompliziert und bei den meisten Phänomenen oder Begabungen spielt beides gleichzeitig eine Rolle.

7. Zusammenführung

Dass die in Kap. 5.1.-5.3. erläuterten anthropologischen Konstanten den Aufbau von multikulturellen Immigrationsgesellschaften äußerst erschweren und sich ein solcher „Aufbau“ deshalb für verantwortungsvolle Menschen verbieten sollte, versteht sich eigentlich von selbst.

Die Xenophobie belastet unsere Wahrnehmung des Fremden von vornherein mit einem Vorurteil (vgl. Kap. 5.1.). Die Neigung des Menschen, seine Gruppenidentität durch normangleichende Aggression ständig zu erhalten und damit auch allen Fremden von vornherein besonders skeptisch und abweisend gegenüberzustehen, belastet das Nebeneinander von Einheimischen und Fremden in gravierendem Ausmaß. Die Territorialität des Menschen in Verbindung mit seiner Neigung, sich in Gruppen über Pseudospezifikation von anderen Menschen abzugrenzen (vgl. Kap. 5.3.), führt dazu, „...daß die Fremden oft als Eindringlinge in das eigene Territorium wahrgenommen werden und damit archaische territoriale Abwehrmechanismen zum Ansprechen bringen“ (Eibl-Eibesfeldt 1994, 113).

Über die Problematik der multikulturellen Immigrationsgesellschaft vgl. das Buch „Wider die Misstrauensgesellschaft“ von Irenäus Eibl-Eibesfeldt, erstmals 1994.

Ich denke, dass durch das bis jetzt Gesagte deutlich gemacht werden konnte, dass bei Phänomenen wie Patriotismus oder Fremdenfeindlichkeit stammesgeschichtliche Anpassungen angezapft werden können. Bei der Entwicklung einer multikulturellen Immigrationsgesellschaft ist das viel weniger leicht der Fall - im Gegenteil. Dabei muss ständig gegen solche Anpassungen erzogen werden, was diese Gesellschaften dann auch besonders labil und krisenanfällig macht. So erklärt sich auch, warum diese anthropologischen Konstanten von manchen orthodoxen Linken und Liberalen so vehement und mit militantem Eifer geleugnet werden.

Ein Gegenmodell zur multikulturellen Gesellschaft ist das des Ethnopluralismus. Der Begriff wurde vielfach falsch gedeutet. Dabei sind die Prinzipen recht simpel: 1.) Ethnische Vielfalt ist ein positiver Wert. 2.) Einen einheitlichen Maßstab für die Beurteilung von Völkern und Kulturen gibt es nicht; Die Völker sind verschieden und ungleich, aber gleichwertig. 3.) Ziel der Politik sollte es sein, diese globale Vielfalt zu erhalten. Diese Vielfalt wird gegenwärtig durch nicht mehr integrierbare Massenmigrationen einerseits, und durch die Ausbreitung einheitlicher Lebensweisen bzw. der westlichen Zivilisation andererseits, gefährdet. 4.) Indem jedes Volk seine eigene Kultur pflegt und kreativ weiterentwickelt, trägt es zum kulturellen Reichtum der Menschheit Entscheidendes und Unverwechselbares bei. 5.) Da die Menschen, und zwar ALLE Menschen, über die hier besprochenen stammesgeschichtlichen Anlagen verfügen, lassen sich allgemeine Regeln für das Zusammenleben der Menschen ableiten. 6.) So sollten etwa Einwanderungen (egal wohin!) nur in geringem Umfang und sehr vorsichtig erfolgen, da die Menschen mit ihrem genetischen Erbe darauf nicht programmiert sind.

Am Vernünftigsten erscheint eine Ordnung, in der jedes Volk in seinem Gebiet nach seinen selber gewählten Gesetzen und ohne Dominanz durch ein anderes Volk sich frei entwickeln kann, eben eine „ethnopluralistische Ordnung“.

Diese Prinzipien können nur bei einer sehr böswilligen Auslegung mit einer „globalen Apartheid“ oder mit „ethnischer Säuberung“ oder Ähnlichem in Verbindung gebracht werden.

Im Gegenteil geht der Vorwurf der Linken/Liberalen, wir seien „rassistisch“, „ethnozentristisch“ oder „gegen die Völkerverständigung“ völlig ins Leere.

Wir sind die Freunde der Völker!

Wir schätzen die ethnische Vielfalt. Wir wissen um deren evolutionäre Bedeutung (vgl. Kap. 5.3.) und deren natürliche Ursachen (Kap. 5.) und akzeptieren das. Wir haben keinen Grund, auf die Kultur und die Geschichte irgendeines anderen Volkes herabzusehen. Schließlich gibt es keinen absoluten Maßstab für solche Beurteilungen.

Jedes Volk und jede Rasse ist durch die Evolution an ein völlig unterschiedliches Klima und eine unterschiedliche Landschaft angepasst: ein Schwarzer tut sich am Polarkreis genauso schwer, wie umgekehrt z.B. ein Weißer in den Tropen: Hier von „höherwertig“ und „minderwertig“ zu sprechen, wäre völlig absurd! Wir sind keine Rassisten und lassen uns in keinem Falle als solche diffamieren!

Die Vorliebe für die eigenen Ethnie, die bevorzugte Heirat innerhalb des jeweils eigenen Stammes/Volkes, also die Endogamie, ist etwas völlig Natürliches und dieser Tatsache verdanken die Völker ihre Existenz. Jemanden wegen dieser natürlichen Neigung zur Endogamie als „Rassisten“ zu verurteilen, wäre so, wie wenn man jemanden dafür verurteilen würde, dass er lieber eigene Kinder anstatt Kaulquappen aufzieht und ihn als „Homophilisten“ diffamieren würde.

Im Gegenteil sind es unsere Gegner, die ein Problem mit der ethnischen Vielfalt haben! Indem sie nämlich die westlichen Werte der Aufklärung als absolute Wahrheiten betrachten und anderen Völkern aufzwingen wollen, verneinen sie oftmals deren spezifische Existenz. Sie verneinen das Recht der Völker sie selbst zu sein und eben anders zu sein als wir. Sie beurteilen andere Völker aus der eigenen Werthaltung heraus, eben aus ethnozentristischer Sicht, nicht wir!

Parallel mit dem ideologischen Export der Aufklärung läuft der globale Export des westlichen Gesellschafts- und Wirtschaftssystems in die ganze Welt. Dies führt zu einer Angleichung der Lebensweisen, der Moden, der Baustile und schließlich des Denkens an das „westliche Modell“, an den „American way of life“. Im Extremfall essen am Schluss alle Menschen das gleiche, hören die selbe Musik und eine Stadt gleicht der anderen.

Denn: Je mehr sich die Geschmäcker angleichen, desto mehr kann von einem Konsumgut global abgesetzt werden. Die kulturelle Vielfalt ist ein Hindernis bei der Ausbreitung eines einheitlichen Zivilisationsmodells und der drohenden Vereinheitlichung der Welt.

Der wirtschaftliche Liberalismus genauso wie der Marxismus will den Völkern ihre Identität nehmen, indem er sie angleicht, nicht wir! Indem er die spezifische Identität jedes Volkes leugnet, wirkt er – im Ergebnis, wenngleich vielleicht nicht in der Absicht – völkerzerstörend. Wir wollen die Vielfalt der Völker und Kulturen erhalten und ein möglichst friedliches Nebeneinander, bei manchen Fragen ein Miteinander der Völker erwirken.

Dass dieses ethnopluralistische Nebeneinander ewigen Konflikt bedeutet würde, ist Unsinn. Das Gegenteil ist der Fall: viele Kriege und Völkermorde entstanden gerade dadurch, dass ein Volk seine eigenen Werte und Ideen als überlegen ansah und seine Werte „exportieren“ wollte. Denken wir etwa an die Napoleonischen Kriege, die Kreuzzüge, die Kolonialkriege, ...etc.

8. Exkurs: Völker, Rassen und Genetik

Hier möchte ich kurz einige Bemerkungen über Völker und Rassen machen, da das Thema aktuell ist und man dabei von linker und liberaler Seite besonders krasse Fehldeutungen hört.

Völker sind nicht abstrakte, zufällige Menschenansammlungen, sondern sie stellen unter anderem[6] <#_ftn6> auch naturwissenschaftlich messbare, genetische Sammelbecken, sogenannte „gen-pools“ dar. Wie Eibl-Eibesfeldt immer wieder betont, stellen sie neben den Individuen und den Blutsverwandten eigene Einheiten der Evolution dar (vgl. z.B. Eibl-Eibesfeldt 1998, 100).

Rolf Kosiek schreibt: „Das Volk als das genetische Sammelbecken ist die von der Natur in langen Zeiträumen „gewählte“, das heißt dem Geschehen und dem Raum bestens angepaßte Gruppierung von Menschen im Sinne und zum Zwecke der Weiterentwicklung“ (Kosiek 1999, 54; dort Näheres).

Ähnlich verhält es sich mit den Menschenrassen. Dabei hört man momentan oft von linker Seite, man solle das Wort „Rasse“ nicht verwenden, denn es gebe eigentlich gar keine Rassen. Manchmal wird dann dem noch zugefügt, dass die moderne Genetik diese Annahme stütze. Dem ist aber keinesfalls so, im Gegenteil.

Zu dieser Argumentation im Einzelnen:

1.) Es wird behauptet, dass sich die genetischen Unterschiede zwischen den Menschenrassen nur im Promillbereich bewegen und deshalb völlig unbedeutend seien und für eine Einteilung in Rassen zu gering wären. Nun ist es durchaus richtig, dass sich die meßbaren Unterschiede „nur“ im Promillbereich bewegen, nur darf man dabei nicht übersehen, dass der Mensch sogar mit seinem nächsten Verwandten im Tierreich, dem Schimpansen, ca. 98,4% seiner Gene gemeinsam hat. Dass heißt, der genetische Unterschied zwischen Mensch und Schimpanse beträgt ungefähr 1,6% und diese 1,6 Prozent haben gewaltige Auswirkungen, wie wir alle wissen. Da die Menschen untereinander natürlich näher verwandt sind als gegenüber dem Schimpansen, kann der genetische Unterschied zwischen Weißen und Schwarzen nicht größer sein, als der zwischen Weißen und Schimpansen, sondern muss zwangsläufig wesentlich kleiner sein.

Der kleine genetische Unterschied ist also so unbedeutend nicht, im Gegenteil. Mit modernen Methoden hat sich z.B. in der italienischen Bevölkerung ein genetischer Einfluss durch die griechische Besiedelung des Südteils Italiens im ersten Jahrtausend vor der Zeitrechnung nachweisen lassen. Ebenso lassen sich genetische Einflüsse im Apennin (wahrscheinlich von den Etruskern) und anderswo nachweisen (vgl. Cavalli-Sforza 1994, 357-361).

2.) Des weiteren wird immer wieder behauptet, dass sich die Menschen nicht in Rassen einteilen ließen, da es zu viele Ausnahmen, Mischrassen und fließende Übergänge gibt. Nun werden in der Soziologie die Menschen aufgrund ihrer sozialen Stellung (Einkommen, Schulbildung, ...etc.) in soziale Schichten oder soziale Klassen geteilt. Kein Soziologe käme auf die Idee, aufgrund von schwer zuzuordnenden Individuen oder fließender Übergänge zu behaupten, in den westlichen Industriegesellschaften gebe es keine soziale Schichtung. Genauso wenig kann man die Existenz von rot und blau leugnen, nur weil es sämtliche Übergänge von rot bis blau gibt.

In der Praxis zeigt sich, dass man letztendlich auf einen Arbeitsbegriff wie Rasse nicht verzichten kann, so dass auch die Kritiker des Rassebegriffs auf die Rasse zurückgreifen oder „Rasse“ durch einen, das Gleiche bezeichnenden, Begriff ersetzen. Selbst ein so offensichtlich linkslastiger Genetiker wie L.L. Cavalli-Sforza behauptet zwar: „Tatsächlich ist bei der Gattung Mensch eine Anwendung des Begriffs „Rasse“ völlig unsinnig“ (Cavalli-Sforza 1994, 367) Exakt zwei Sätze später liefert er aber selber eine Definition von „Rasse“, mit der er arbeitet: „Unter Rasse verstehen wir eine Gesamtheit von Individuen, die eine gemeinsame Herkunft haben und daher im Hinblick auf die biologisch bedingten vererblichen Merkmale eine gewisse genetische Ähnlichkeit bewahren“ (Cavalli-Sforza 1994, 367).

Ein anderslautender Begriff wäre etwa „geografische Morphotypen“, der besonders unglücklich gewählt ist, da die Geografie im Zusammenhang mit dem Klima zwar über die Jahrtausende bestimmte Rassen entstehen lässt (im Zusammenwirken mit anderen Faktoren!), aber keineswegs gehören die Schwarzen in den USA zum gleichen „geografischen Morphotyp“ wie die dort lebenden Weißen. Der Begriff „typologische Kategorien“ erscheint mir zwar dagegen als weniger verfänglich, ist aber wesentlich länger und beschreibt exakt das gleiche wie „Rassen“. Natürlich kann man solche anderen Begriffe verwenden, beweist damit aber nicht, dass man am neuesten Stand der Forschung ist, sondern nur, dass man sich seine Sprache und wahrscheinlich auch sein Denken und Handeln von den selbst ernannten Wächtern der politischen Korrektheit diktieren lässt - eine traurige und besorgniserregende Entwicklung.

3.) Zuweilen wird darauf hingewiesen, dass die Variabilität bei den Genen zwischen den Individuen einer Rasse größer sei, als die Variabilität bei den Genen zwischen den Rassen untereinander. Hier ist zu sagen, dass es darauf ankommt, welche Gene und ihre Variabilität man untersucht. Ob ein mehr oder weniger unbedeutendes Gen innerhalb eines Volkes oder einer Rasse mehr variiert als zwischen den Rassen, ist für das soziale Zusammenleben der Menschen herzlich weniger wichtig, als die Variabilität etwa des Gens für die Hautfarbe.

Genau betrachtet ist dieses „Variabilitätsargument“ kein Argument: Das wäre so, wie wenn man argumentieren würde, dass angesichts der höheren Variabilität bzgl. des Gewichts von verschiedenen Hunden untereinander und von verschiedenen Katzen untereinander gegenüber dem durchschnittlichen Gewichtsunterschied zwischen Hunden und Katzen, es sinnlos wäre, zu bemerken, dass im Durchschnitt Hunde schwerer als Katzen sind (vgl. Levin 1998, 71).

Wie gesagt muss ich mich an dieser Stelle mit einigen wenigen Hinweisen begnügen. Die Behandlung der aufgezeigten Problematik ist ein eigenes Thema.

9. Literaturverzeichnis

Cavalli-Sforza, Luigi Luca (1999): Gene, Völker und Sprachen; Die biologischen Grundlagen unserer Zivilisation, Carl Hanser Verlag, München, Wien

Cavalli-Sforza, Luigi Luca und Cavalli-Sforza, F.(1994): Verschieden und doch gleich; Ein Genetiker entzieht dem Rassismus seine Grundlage, Droemer Knaur, München
Eibl-Eibesfeldt, Irenäus (1998): In der Falle des Kurzzeitdenkens, Piper-Verlag, München
Eibl-Eibesfeldt, Irenäus (1997): Die Biologie des menschlichen Verhaltens; Grundriß der Humanethologie, Seehammer Verlag, Weyarn, 3. stark überarbeitete Auflage

Eibl-Eibesfeldt, Irenäus (1995): Wider die Mißtrauensgesellschaft; Streitschrift für eine bessere Zukunft, Piper-Verlag, München, 3. ergänzte Auflage

Eibl-Eibesfeldt, Irenäus (1993): Der Mensch - das riskierte Wesen; Zur Naturgeschichte menschlicher Unvernunft, Piper-Verlag, München, 5. Auflage

Huntington, Samuel P. (1997): Der Kampf der Kulturen; Die Neugestaltung der Weltpolitik im 21. Jahrhundert, Europa Verlag, München, Wien, 5. Auflage

Kosiek, Rolf (1999): Völker statt „One World“; Das Volk im Spiegel der Wissenschaft, Grabert-Verlag, Tübingen

Levin, Michael (1998): Recent Fallacies in Discussions of Race, In: Taylor, Jared (Hrsg.) (1998): The Real American Dilemma; Race, Immigration, and the Future of America, New Century Books, Oakton


Fussnoten :
[1] <#_ftnref1>  Zu den Themen Geburtenrückgang, Einwanderung und Bevölkerungsentwicklung vgl. Band 2 der Reihe Grundsatzschriften: „Jugend und Pensionen“.

[2] <#_ftnref2>  Im Übrigen ergaben die Untersuchungen Cavalli-Sforzas, dass die nächsten Verwandten der Europäer die Iraner sind.

[3] <#_ftnref3>  Es ist davon auszugehen, dass die Fremdenscheu von Kindern die gleiche ist, wie die der Erwachsenen. Eibl-Eibesfeldt schreibt: „In der individuellen Entwicklung der Fremdenscheu ist keine Diskontinuität festzustellen, die auf eine getrennte Neuentwicklung der Xenophobie des Erwachsenen hinweisen würde“ (Eibl-Eibesfeldt 1995, 111).

[4] <#_ftnref4>  Über die großangelegten Sozialexperimente in den israelischen Kibbuzim, die eindrucksvoll das Scheitern vieler linker Ideologien belegen, siehe Eibl-Eibesfeldt 1997, 393f.

[5] <#_ftnref5>  Hier wäre es interessant, die heute im „Westen“ herrschenden Ideologien auf ihren Beitrag zu der Überlebenstüchtigkeit ihrer Trägervölker zu überprüfen.

[6] <#_ftnref6>  Was Völker noch alles sind, vgl. Kosiek 1999.

samedi, 27 mars 2010

Sociaal kan enkel nationaal

Pieter VAN DAMME / http://www.n-sa.be/
Sociaal kan enkel nationaal
dam_workers.jpgIn het huidige sociaal-economische bestel is het patronaat, samen met diegenen die het financierskapitaal inbrengen en beheren met voorsprong de machtigste partij. Sociaal overleg is gebaseerd op een belangenstrijd waarbij werkgeversorganisaties overleggen met de vakbonden en waarbij uitgegaan wordt van een conflictsituatie met tegengestelde belangen én waarbij de ene partij machtiger is dan de andere. Veel solidarisme komt er in gans dit gebeuren niet aan te pas. In onze visie wijzen we klassenstrijd tussen loonarbeid en het industriële ondernemerschap af, omdat het beide “partijen” van de gemeenschappelijke strijd tegen het internationale woekerkapitaal dat beiden uitbuit afleidt van de kern van de zaak. Zolang er echter aanzienlijke delen van het ondernemerschap deze gemeenschappelijke noodzaak ontkennen en de lasten van de renteslavernij eenzijdig op de loontrekkenden afwentelen, moet sociale strijd op de werkvloer en aan de fabriekspoorten gesteund worden om tot een gemeenschappelijk front van alle scheppende krachten, zowel leidende als uitvoerende, tegen het financierskapitaal te komen. Onder meer daarom zal N-SA zich niet aan de zijde van populistisch rechts (VB, LDD) scharen dat te pas maar vooral te onpas de vakbonden met alle zonden van de wereld overlaadt.

Ja, meerdere kritieken op de werking van de vakbonden in dit verwerpelijke sociaal-economische systeem zijn juist en gerechtvaardigd. Ja de vakbondstop heeft haar belangen in het behoud van dit systeem. Ja, er is te weinig interne democratische besluitvorming. Ja, de klassieke kleurvakbonden beschermen hun positie door wettelijke afscherming tegen nieuwkomers op hun speelterrein. Enzovoort, enzovoort… Maar telkens gaat dit niet naar de kern van de zaak, tenzij deze zou zijn het nastreven van beschadiging of zelfs de vernietiging van die vakbonden zonder dat men het sociaal-economische systeem in vraag stelt. Wie de dupe van gans dit verhaal zou worden is snel bekend: de gewone man, de gesalarieerde! En daar doet N-SA niet aan mee.

De noodzakelijke kritiek op de vakbonden is in de eerste plaats dat hun visie niet aangepast is aan de kapitalistische omgeving van de vroege 21ste eeuw, waar multinationale ondernemingen (MNO’s) de wet dicteren. Vakbonden leveren hier achterhoedegevechten om de eenvoudige reden dat ze vanuit hun foutieve internationalistische reflex telkens weer de tanden stuk bijten op het nationalisme. Wanneer multinationale ondernemingen besparen en vestigingen sluiten, wordt het nationalisme springlevend. Elk land, elke vestiging, de meeste vakbondsvertegenwoordigers en arbeiders of bedienden schermen en strijden dan in de eerste plaats voor hun vestiging. Politici lopen de benen vanonder hun lijf om de CEO’s op hun knieën te gaan smeken toch maar de fabriek in hun land te sparen. De ganse Opel-Antwerpen-saga heeft het voldoende aangetoond: in andere landen waren de arbeiders blij dat niet hun fabriek maar wel Antwerpen sluit, volkomen begrijpelijk! In plaats van tegen dit nationalisme te vechten, zou men het nochtans kunnen en moeten gebruiken als wapen!

Sommigen in de vakbondswereld lijken dit ook te beseffen, maar om tot een consequente nationalistische ingesteldheid te komen is het water blijkbaar nog veel te diep. Zeer vaak schermt men nog met de stelling dat er op Europees vlak een vakbondseenheid moet komen. Blijkbaar beseft men niet dat de EU net een creatie is die de belangen van het patronaat en het financierskapitaal moet dienen. Voortdurend vraagt men een tegennatuurlijke houding aan de loontrekkenden aan te nemen, namelijk “solidair” te zijn met de arbeiders in andere landen zonder dat men met een concreet voorstel voor de dag kan komen om voorgestelde besparingen of vestigingssluitingen bij een MNO op te lossen zonder sociale bloedbaden in minstens één van de landen waar de MNO in kwestie actief is. En zelfs bij pogingen daartoe komt al snel een nationalistisch denken naar boven. Zo stelde Marc De Wilde, voorzitter van de ACV-centrale Metea recent in een vraaggesprek in Knack (3 feb. 2010, pp. 28-29) dat het belangrijk is ervoor te ijveren dat beslissingscentra in ons land blijven en in te zetten op “technologische en sociale innovatie”. Juist, en allemaal goed en wel, maar dit wordt ernstig bemoeilijkt (om niet te zeggen onmogelijk gemaakt) door diezelfde EU waar nog alle heil van wordt verwacht. Het liberaal extremisme van “vrij verkeer van goederen, diensten, personen en kapitaal” bepaalt de realiteit! En dus gaan de beslissingscentra al dan niet samen met productie-eenheden daar waar hen de meeste financiële en commerciële voordelen geboden worden. Het is geen toeval dat de nationale staten voortdurend door de EU uitgehold worden in hun slagkracht en bevoegdheden. Nu reeds is een aanzienlijk percentage van het aantal gestemde wetten in feite gewoon een formele invoering van wat door de EU werd opgelegd.

Kortom, wat noodzakelijk is, is een ommekeer in het denken bij velen die de sociale strijd genegen zijn en niet de volledige maatschappij willen overlaten aan het liberalistische marktextremisme. Sociaal kan enkel nationaal! Sociaal kan enkel door een performante nationale overheid die de winstbelangen van het internationale financierskapitaal en het erbij meeheulende patronaat een halt toeroept. Enkel het wetgevend organisme dat beschikt over het geweldmonopolie is bij machte regels uit te vaardigen en naleving ervan af te dwingen. Regels, die aan elke staatsburger naast een cultureel-identitaire zekerheid ook een sociale en economische zekerheid kunnen bieden. Romantische koekjesdozenpraat over internationale eenheid waarbij men wereldwijd (of Europa-wijd) elkaars handje vasthoudt heeft geen plaats meer in de sociaal-economische realiteit noch in de noodzakelijke hervormingen en veranderingen die moeten gebeuren. Samenwerking dient te berusten op een verspreiding en een versterking van nationale volksstaten over gans Europa. Staatsgrenzen zijn dé strijdmiddelen van de toekomst tegen het internationalistische grootkapitaal en zijn volgelingen. Daarom ijvert N-SA in de eerste plaats voor Vlaamse sociale republiek en steunt het gelijkgezinde bewegingen in de rest van Europa.


P. Van Damme
Coördinator N-SA 

mardi, 23 mars 2010

Die schrumpfende Bevölkerung bedroht unseren Wohlstand

pyramide.png

 

Perspektiven für Staat und Wirtschaft:

Die schrumpfende Bevölkerung bedroht unseren Wohlstand

Geschrieben von: Gerhard Lippert /

Ex: http://www.blauenarzisse.de/  

Wegbrechende Einnahmen des Staates und politisch gewollte Ausgabenerhöhungen sorgen in der Gegenwartskrise für eine explodierende Verschuldung aller bedeutenden Industrieländer: Auch Deutschland sieht sich mit einer dramatischen Verschlechterung der öffentlichen Haushalte konfrontiert. Doch das kurzfristige Denken in Konjunkturzyklen und einer wachstumsorientierten Politik verstellt den Blick auf die langfristigen Herausforderungen und Handlungsoptionen, die nicht zuletzt durch die demographische Entwicklung vorgezeichnet sind.

Die wirtschaftliche und finanzielle Lage

Das drängende Problem ist nicht die Verschuldung des Staates an sich, sondern die daraus sich ergebenden Zinszahlungen, die bei rund 40 Milliarden Euro pro Jahr liegen. Dieser Betrag steht dann nicht für Investitionen in Bildung und Infrastruktur oder für Entlastungen der Mittelschicht zur Verfügung. Profitiert hat Deutschland die letzten Jahre von einem niedrigen Marktzins und besten Ratingbewertungen, da niemand die Bonität der Bundesrepublik in Frage stellt.

Es ist aber beunruhigend zu wissen, dass bereits eine geringe Zinserhöhung den Staat zusätzliche Milliarden kosten würde. Denn die ausschließliche Diskussion um die Nettoneuverschuldung kehrt die jährliche Bruttoneuverschuldung in Höhe von mehreren hundert Milliarden Euro, in diesem Jahr voraussichtlich 357 Milliarden, unter den Teppich. Alte, auslaufende Kredite werden nämlich durch die Aufnahme neuer Kredite bedient (Umschuldung). Diese enormen Lasten lassen eine staatliche Inflationspolitik und damit eine kalte Enteignung zunehmend befürchten.

Wiedervereinigung nicht Grund für Staatsverschuldung

Die häufig vernehmbare These, die heutige Staatsverschuldung sei vor allem auf die Deutsche Einheit zurückzuführen, ist nicht richtig. Selbstverständlich waren die Sonderbelastungen ausgesprochen hoch. Es waren weniger die Investitionen in die Infrastruktur als vielmehr die Übernahme der DDR-Altschulden und enorme Zusatzbelastungen für die sozialen Sicherungssysteme, die hervorzuheben sind. Dabei ignoriert man aber, dass sich die Bundesrepublik schon seit 1974 hoch verschuldet hat. Im Schnitt betrug die Nettoneuverschuldung bis zur Wende fast 28 Milliarden Mark pro Jahr. Schreibt man diesen Wert bis in die Gegenwart fort und bezieht ihn auf die westdeutsche Bevölkerungszahl des Jahres 1990, so betrüge die Pro-Kopf-Verschuldung des Bundes – ohne Länder und Gemeinden – immerhin fast 9000 Euro statt der tatsächlichen rund 12.500 Euro für das wiedervereinigte Deutschland.

Eine Schuldenlast muss immer auch in Relation zur wirtschaftlichen Zukunft gesetzt werden. Wie launenhaft und unvorhersehbar die Konjunkturen sind, verdeutlicht nicht nur die jetzige Krise. Gerade deshalb ist für eine langfristige Betrachtung die Fokussierung auf das „Humankapital“ angezeigt, für dessen quantitative Entwicklung uns die demographische Forschung präzise Informationen bereitstellt. So wird sich Deutschland nicht nur auf eine rasch sinkende Bevölkerung einstellen müssen. Das Erwerbspersonenpotential sinkt noch stärker als die Gesamtbevölkerung, was dramatische Konsequenzen für die Wirtschaft haben wird.

Insofern ist die lange Jahre nicht nur in Ostdeutschland getätigte staatliche Förderung von kapitalintensiver Industrie (z.B. Solar- und Mikrosystemtechnik) letztlich eine richtige Weichenstellung gewesen, auch wenn die relativ geringen Effekte für den Arbeitsmarkt immer wieder Anlass für Kritik an der Wirtschaftsförderung gaben. Dabei wird der Faktor Arbeit auch in Zukunft trotz aller Automatisierung gebraucht, man denke nur an die Unterhaltung der Infrastruktur wie Straßen, Schienen oder den gesamten Gebäudebestand. Ein sogar wachsender arbeitsintensiver Sektor mit enormem Bedarf ist der Gesundheits- und Pflegebereich.

Konkurrenzfähigkeit Deutschlands erhalten

Eine wichtige Kategorisierung auf der Nachfrageseite ist die Einteilung in handelbare und nicht-handelbare Güter. So sind die handelbaren Güter nur in geringem Umfang von der inländischen Nachfrage- und damit Bevölkerungsentwicklung betroffen. Vielmehr kommt es darauf an, die Weltmarktanteile von typischen Exportartikeln wie Autos oder Maschinen durch den Erhalt der Innovations- und Konkurrenzfähigkeit der deutschen Unternehmen gegen vornehmlich asiatische Konkurrenz zu verteidigen und weiter auszubauen.

Hierzu wird es künftig notwendig sein, einen größeren Teil der absolut abnehmenden Jungakademiker für Ingenieurswissenschaften zu gewinnen. Wesentlich schlechter sieht es dagegen bei den nicht-handelbaren Gütern aus, weil sie ausschließlich von der inländischen Bevölkerung, d.h. vor Ort, nachgefragt werden. Zu nennen wären der Lebensmitteleinzelhandel oder gewisse Dienstleistungen, die zwangsläufig mit der Bevölkerung schrumpfen. Besonders betroffen werden die neuen Länder sein, denen eine solide industrielle Basis fehlt.

Ein von vielen Seiten immer wieder als Patentrezept gepriesenes „Mehr an Zuwanderung“ erweist sich als wirklichkeitsfremde Hoffnung all jener, die ihre Multi-Kulti-Utopien mit angeblich ökonomischen Erfordernissen unterfüttern wollen. Eine reine Nachfragestärkung wäre der Todesstoß für die brüchigen Sicherungssysteme, da bekanntlich vorrangig bildungsferne Schichten nach Deutschland kommen und es die Intelligenten woanders hinzieht.

Langfristig entscheidet das „Humankapital“

Dem Ansinnen einer nachfrageorientierten Wirtschaftspolitik, wie sie vor allem von linken Kräften gefordert wird, könnte auch schon mit einer Erhöhung von Sozialleistungen für die hiesige Bevölkerung Genüge getan werden – mit den katastrophalen Folgen einer strukturellen Rekordverschuldung und dem Verlust jeglicher Arbeitsanreize. Eine Angebotsorientierung in Form der gezielten Anwerbung von integrationsfähigen Hochqualifizierten für bestimmte Industriezweige wäre durchaus sinnvoll.

Doch stattdessen hat die Bundesrepublik in den vergangenen Jahrzehnten millionenfach Prekariat aus kulturfremden Ländern angeworben, welches nie bereit und in der Lage war, sich produktiv in die deutsche Volkswirtschaft einzubringen. Hoffnungen, wenigstens zukünftig benötigte und integrationswillige Fachkräfte nach Deutschland zu holen, scheitern bisher an den geringen Anreizen für Hochqualifizierte.

Wachstum, Wachstum über alles?

Die von Bundespolitikern häufig benutzte Floskel „Unser Land wächst“ ist angesichts einer Schrumpfung der einheimischen Bevölkerung zynisch und erhebt das Wirtschaftswachstum zum einzigen Maß aller Dinge. Dies ist Ausdruck des von allen natürlichen Werten abgelösten Denkens, das die qualitative und nachhaltige Dimension des Wirtschaftens ebenso außer Acht lässt wie seine Abhängigkeit vom Humankapital. Selbstverständlich liegen weitere Steigerungsmöglichkeiten im Export. Aber inländisch sollte statt des Wachstums eher der Begriff des Wohlstands Einzug halten.

Dieser Wohlstand hat sich parallel zur Produktionssteigerung von Gütern und Dienstleistungen vor allem in Form eines Zugewinns an Freizeit vermehrt. Da Freizeit in jedoch lediglich zeitweise Freiheit von regulärer Beschäftigung bedeutet, kann sie ebenfalls produktiv und wertvoll sein. Die Erziehung von Kindern, ehrenamtliche Tätigkeiten oder geistige Schöpfungen gehören dazu. Dass eine Mehrzahl der Menschen leider keine Werte schafft und sich ausschließlich den Genüssen zuwendet, ist dagegen weniger ein Einwand gegen Freizeit als vielmehr ein Plädoyer für eine aktivierende Sozial- und Bildungspolitik.

An dieser Stelle wird bereits deutlich, dass das Schrumpfen der Bevölkerung kulturell wie ökonomisch zu betrachten ist. Dieser Punkt in Kombination mit veränderten Anforderungen ruft bereits gegenwärtig die paradoxe Erscheinung hervor, dass sich ein wachsender Personalbedarf der Wirtschaft keineswegs eins zu eins in einem Absinken der Arbeitslosenquote niederschlägt. Arbeitslosigkeit wird also auch künftig ein Thema bleiben, das sich mit einer Korrektur des bildungspolitischen Linkskurses wahrscheinlich abmildern ließe.

Aktivierende Sozial- und Bildungspolitik

Den großen Komplex des Sozialstaates dagegen wagt niemand grundlegend anzupacken, auch ein Guido Westerwelle (FDP) nicht, der aber zumindest den Finger in die richtige Wunde gelegt hat. Renten- und Sozialleistungen sind absehbar nicht mehr auf heutigem Niveau zu leisten, weil die Systeme auf demographischen Annahmen beruhen, die längst nicht mehr der Realität entsprechen.

Statt wertlose Rentengarantien auf dem Papier abzugeben, sollte die Politik der Bevölkerung besser das Umlageverfahren ins Bewusstsein rufen. Viele Menschen sind nämlich bis heute dem Irrtum verfallen, sie würden ihre Beiträge für sich selbst einzahlen – dabei werden sie unmittelbar an die jetzigen Rentner weitergegeben. Ein realer Kapitalstock bildet sich folglich nie. Reformbedarf im Sozialbereich besteht aber auch aufgrund des bürokratischen Aufwands und zahlloser Missbrauchsfälle.

Eine Diskussion um das bedingungslose Grundeinkommen lohnt sich

In Anbetracht dessen erscheint das bedingungslose Grundeinkommen als interessante Alternative. Was zunächst nach linkem Vollfürsorgestaat klingt, entpuppt sich auf den zweiten Blick als ein erstaunlich liberales Modell. Der Staat verzichtet auf Prüfung des Einzelfalls und gewährt jedem Bürger statt zahlloser Einzelleistungen wie Hartz IV, Wohngeld oder Bafög einen pauschalen Betrag. Ein beträchtlicher Teil des bürokratischen Wasserkopfes könnte so abgebaut werden.

Ein prominenter Fürsprecher des bedingungslosen Grundeinkommens ist Thomas Straubhaar vom liberalen Hamburgischen WeltWirtschaftsInstitut (HWWI). Kritik sammelt sich vor allem im linken Spektrum, das sich zum Beispiel daran stört, dass auch Reiche das Grundeinkommen beziehen. Das ist ein albernes Argument, weil die Reichen natürlich sehr viel mehr Steuern zahlen und so das System finanzieren. Das Grundeinkommen hätte hier die Bedeutung des heutigen Steuerfreibetrags.

Der Betrag sollte so gering wie möglich angesetzt werden, um den Arbeitsanreiz zu maximieren. Eine solche grundlegende Reform müsste zwingend mit der Beantwortung der Frage verbunden werden, inwiefern Ausländer noch einen Zugriff auf diese Leistung haben sollen. Wer diese unbequeme Frage weiterhin ausspart, versündigt sich an der einheimischen Bevölkerung, die überhaupt erst die Werte schafft, die anschließend verteilt werden. Deutschland wird zukünftig nicht mehr in der Lage sein, ein willkommener Wohlfahrtsstaat für Menschen aller Herren Länder zu sein. Die Wirtschaft wiederum muss sich ebenfalls auf veränderte Rahmenbedingungen einstellen.

Die Anpassungsfähigkeit der Marktwirtschaft

In der bisherigen Geschichte haben sich Marktwirtschaften stets als sehr anpassungsfähig erwiesen. Wie sie jedoch mit einer bislang beispiellosen Schrumpfung der Bevölkerung – quantitativ wie qualitativ – zurechtkommen, wird für unser materielles Wohl mitentscheidend sein. Unser immaterielles Wohl müssen wir uns anderswo holen.

samedi, 20 mars 2010

J'aime pas le téléphone portable

le téléphone portable

 

Oui, le téléphone portable a bouleversé notre quotidien, mais surtout pour le pire ! Otages des opérateurs, esclaves de la technologie, nous en sommes tous désormais des usagers incurables et pathétiques. Est-il opportun de déclarer sa flamme en moins de 15 lettres : " Tu E L RYON 2 ma vi "? Ou indispensable de se photographier en descendant l'Alpe d'Huez? À verser aussi à la magie du mobile : la note salée qu'engendre son usage compulsif avec en prime la paranoïa qu'il induit et, bien entendu, la terreur des effets des ondes électromagnétiques sur le cerveau... Le constat des auteurs est sans appel : en moins de dix ans, le portable nous a métamorphosés en demeurés, accros à ce gadget comme les fumeurs à leur tabac, les bébés à leur tétine et les déprimés à leurs anxiolytiques.

Ex: http://zentropa.splinder.com/

samedi, 13 mars 2010

Postmortem Report: het laatste werk van Dr. Sunic

Postmortem Report: het laatste werk van Dr. Sunic

Tomislav Sunic is een van de vooraanstaande kenners van Nieuw Rechts.
In 2008 was hij nog te gast op het colloquium van Identiteit-Deltastichting. Tomislav Sunic publiceert in het Kroatisch, Engels, Frans en Duits onder andere over de ideeën van Oswald Spengler, Carl Schmitt, Vilfredo Pareto en Alain de Benoist.

Zijn culturele kritiek handelt voornamelijk over: religie, cultuurpessimisme, ras, het derde rijk, liberalisme en democratie,multiculturalisme en communisme. Dit boek bundelt Sunics beste teksten van de afgelopen tien jaar. Als Europees waarnemer die het liberalisme en het communisme aan beide zijden van het IJzeren Gordijn heeft meegemaakt, schetst hij enkele indringende culturele beelden van de westelijke en postcommunistische maatschappij. Altijd erudiet en soms humoristisch, biedt dit boek een zeer leesbaar postmortem verslag over de dood van het Westen.


Dit boek kan besteld worden bij Identiteit op het volgende E-postadres voor de prijs van 18 €.(verzending inbegrepen)

Ugo Spirito, il padre della "Corporazione Proprietaria"

Ugo Spirito il padre della "Corporazione Proprietaria"

di Luigi Carlo Schiavone - http://ginosalvi.blogspot.com/ 

Ugo Spirito nacque ad Arezzo il 9 settembre 1896 dall’ingegnere Prospero e da Rosa Leone. Iscrittosi a giurisprudenza, fu allievo del socialista Enrico Ferri, da cui trasse la sua formazione positivista. Nel 1918, anno della laurea, avrà il primo incontro, nel corso di una lezione all’università di Roma, con il suo futuro mentore, Giovanni Gentile. Nel 1920, dopo aver conseguito anche la laurea in filosofia, venne chiamato da Gentile a collaborare a “Il giornale critico della filosofia italiana” di cui divenne successivamente direttore. Nel 1922 conobbe Benedetto Croce, con cui entrò successivamente in polemica. Nel 1923 fondò con Carmelo Licitra e Arnoldo Volpicelli “Nuova politica liberale”, rivista che cambiò successivamente il nome in “Educazione politica” prima e “Educazione Fascista” poi. Nel 1924 fu chiamato da Giuseppe Bottai a collaborare per “Critica Fascista”. In questi anni pubblicò, inoltre, “Il pragmatismo della filosofia contemporanea”(1921), “Storia del diritto penale italiano” (1925), “Nuovo diritto penale” (1929), “Scienza e filosofia” (1933).

ugo public%5Cimg_prod%5C2471.jpgChiamato a vivere il periodo magico del neo-idealismo sorto all’indomani del primo dopoguerra, Spirito aderì giovanissimo all’attualismo gentiliano, corrente di pensiero dalla quale si distaccò nel corso degli anni Trenta, senza però rinnegare alcuni dei suoi principi di fondo. Dopo essere stato considerato un “divulgatore entusiasta ed un apologeta instancabile dell’attualismo” col suo “Scienza e filosofia”, infatti, delineò quella che è considerata, non a torto, una posizione originale ed autonoma rispetto al pensiero gentiliano, collocandosi, con Guido Calogero, sul fronte della cosiddetta “sinistra attualistica”. Spirito mantenne nella sua analisi il principio gentiliano del “fare” (dell’atto) col chiaro intento di “demetafisicizzarlo” legandolo all’agire fattuale degli uomini che si ha nell’ambito del concreto orizzonte mondano. Spirito, impegnandosi nell’ambito della problematica gnoseologica, giunse a risultati differenti da Gentile e Croce, distanziandosi anche dalla tesi sostenuta dal suo amico Calogero, che sviluppò questo programma in senso etico. Spirito, infatti, grazie ai suoi studi riuscì ad affermare una serie di precetti, tra cui la non inferiorità della conoscenza scientifica rispetto alla conoscenza filosofica; l’impossibilità di sopprimere la scienza nella filosofia e la necessità di stabilire tra loro un’organica collaborazione. Questa sua concezione, che egli stesso definì “attualismo costruttore”, insomma, aveva come scopo di fare “sul serio scienza che sia filosofia e filosofia che sia scienza” in un costante nesso dialettico.

Nel 1937, con la pubblicazione edita da Sansoni di “Vita come ricerca”, Spirito lanciò le tesi del “problematicismo” con le quali capovolse progressivamente le posizioni dell’attualismo, consumando la rottura definitiva con Gentile, il quale si scagliò duramente contro questa opera. Il disgelo avverrà solo nel 1941, in seguito alla pubblicazione del volume del filosofo aretino “Vita come arte” che Gentile commenterà all’interno di una conferenza promossa dal ministero dell’Educazione facendo riferimento ad uno “Spirito non più mio”.
Gli anni Trenta, però, sono anche gli anni di gestazione della teoria della “corporazione proprietaria”. Dopo aver riunito, nel 1930, nel libro “Il Corporativismo” i tre testi precedentemente redatti sull’argomento, “Dall’economia liberale al corporativismo”, “I fondamenti dell’economia corporativa” e “Capitalismo e Corporativismo”, partecipò nel maggio 1932 al secondo Convegno di Studi sindacali e corporativi, tenutosi a Ferrara. Qui, dopo aver criticato il dualismo di classe presente nel capitalismo, Ugo Spirito lanciò la sua innovativa teoria. Ne “La corporazione proprietaria”, anche detta “corporazione comunista” il filosofo paventò la possibilità che la proprietà dei i mezzi di produzione fosse affidata non più ai privati bensì alla corporazione stessa. Tale teoria si contrapponeva all’ “anarchia produttiva” e al “dirigismo statale” permettendo che la grande società anonima si trasformasse in corporazione; favorendo la fusione tra capitale e lavoro, Spirito, inoltre, propugnava il superamento dell’antagonismo fra datori di lavoro e lavoratori che da realizzarsi grazie al passaggio del capitale dagli azionisti ai lavoratori, che divenivano così proprietari della parte loro spettante. Questa teoria, che prevedeva la risoluzione del sindacalismo nel corporativismo integrale e che rendeva inutile la presenza delle associazioni di categoria, favorendo la piena identificazione fra individuo e Stato, affermando così il superiore valore etico della rivoluzione fascista, fu duramente avversata sia dalla “destra” fascista, rappresentante dell’industria e della borghesia conservatrice e nazionalista, che la tacciò di “bolscevismo” e la bollò come teoria “eretica”, sia dalla sinistra sindacale che, dopo aver accusato Spirito d’essere dotato di scarsa sensibilità sociale, passò al vaglio la sua tesi evidenziandone i tratti utopici. A queste critiche seguì una polemica di carattere accademico fra il filosofo e il quadriumviro De Vecchi. Con la redazione del codice civile del 1942, inoltre, s’affermò una concezione borghese ed individualistica della proprietà privata contro la quale lo stesso Mussolini espresse una certa insoddisfazione. Nonostante ciò, i rapporti tra il filosofo ed il regime continuarono ad essere solidi.

Ma nell’animo di Ugo Spirito la volontà di ravvivare gli studi corporativi non si spense; egli, infatti, nonostante tutto, proseguì nella sua opera. Nel 1941 redasse a tal proposito il volume “Guerra rivoluzionaria”, nel quale tracciò un quadro senza compiacenze dei rapporti di forze esistenti fra gli Alleati e l’Asse, e non nascose un certo rammarico per la mancata alleanza delle tre potenze totalitarie: Italia, Germania e Urss contro le demoplutocrazie internazionali. Un volume, quest’ultimo, la cui stampa sarà bloccata dallo stesso Mussolini perché considerato troppo filo-tedesco. In questo periodo, inoltre, si consumò anche il suo allontanamento da Bottai, a causa della conversione al cattolicesimo di quest’ultimo, portando Spirito a individuare in Camillo Pellizzi, presidente dell’Istituto Nazionale di Cultura fascista, il suo nuovo referente politico e culturale.
Nel giugno del 1944 il fervore giustizialista seguito al crollo del regime vide Ugo Spirito al centro di un processo d’epurazione che gli costerà la sospensione dall’insegnamento; prosciolto dall’accusa di apologia del fascismo, riuscirà a ritornare alle sue mansioni di docente.
Nel 1948, quindi, pubblicò “Il problematicismo” seguito, nel 1953, da “Vita come amore. Tramonto della civiltà cristiana”, opera con cui si evidenzia il distacco definitivo del problematicismo dal cristianesimo in generale e dal cattolicesimo in particolare, generando ampie discussioni e polemiche.

Nel 1956 compì un delicato viaggio in Unione Sovietica, dove avrà un colloquio molto interessante con Kruscev. I suoi viaggi nei paesi del socialismo reale però non si fermano qui. Nel 1961 si recò in Cina dove soggiornerà per un periodo abbastanza lungo nel quale riuscirà ad incontrare le più alte cariche del Paese, tra cui lo stesso Mao, che lo colpirà favorevolmente aldilà di ogni più rosea aspettativa.
Di questi due viaggi è, inoltre, interessante riportare quanto affermato dal filosofo in “Memorie di un incosciente”, edito nel 1977: “Negli occhi di Kruscev e in quelli di Mao ho visto la luce del vero comunismo. Era il comunismo trionfante, con la sicurezza del trionfo. Quel comunismo fu il solo comunismo che il mondo ha visto, e che non vedrà mai più. È lo spettacolo di una conquista assoluta che non potrà più ripetersi. Si tratta di un miliardo di uomini che hanno creduto alla nascita della verità. Aver visto quella realtà è uno dei tanto privilegi che la fortuna mi ha riservato”.
Il 1967 è l’anno della polemica con Papa Paolo VI. Il 2 dicembre di quell’anno, infatti, Spirito riceve dal segretariato pro non credentibus il messaggio del Papa per la celebrazione di una “Giornata della Pace”, seguito da una lettera di accompagnamento in cui il filosofo viene inserito tra “coloro che non riconoscono la dimensione religiosa dell’esistenza e della Storia”. Irritato, Spirito rispose affermando di non accettare la qualifica di “non credente”, figlia a suo dire di “regole procedurali arbitrarie e temerarie” ed aggiungendo, inoltre, che le sue opere non erano mai state poste all’indice. Nel 1972 partecipò, quindi, all’inaugurazione dell’Istituto degli Studi Corporativi a Roma; nel 1975, in qualità di presidente della Fondazione Giovanni Gentile promosse, giovandosi della collaborazione della Scuola Normale Superiore di Pisa e dell’Istituto dell’Enciclopedia Italiana, un importante convegno internazionale sul pensiero di Giovanni Gentile. Pubblicò nello stesso anno il libro “Cattolicesimo e comunismo”.

Negli anni finali della sua esistenza, al pari dei grandi saggi del passato, la sua casa divenne meta e cenacolo di giovani intelligenze giunte lì per ascoltare dalla diretta voce del Maestro gli insegnamenti dettati da un’esperienza di vita, oltre che intellettuale, intensa. Una voce che cesserà d’essere udita il 28 aprile del 1979, quando la morte sopraggiunse improvvisa ad interrompere l’esistenza di una delle figure indubbiamente più interessanti ed ecclettiche del recente passato italiano.

Fonte: RINASCITA

vendredi, 12 mars 2010

Les "dégagements" de Régis Debray

regis_debray_1.jpgLes dégagements de Régis Debray

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com/

Dégagements est le titre du nouvel essai de Régis Debray qui doit sortir en librairie dans les prochains jours. Il a rassemblé dans ce volume, en particulier, ses carnets publiés dans la revue Médium.

L’essentiel, qui est un certain style, se niche dans les détails. C’est le ton de l’écrivain, celui qui vivifie les mots et stylise la vie.

Régis Debray joue aux quatre coins avec les accidents de la vie. Entre figures tutélaires (Julien Gracq ou Daniel Cordier), et artistes redécouverts (Andy Warhol ou Marcel Proust), entre cinéma et théâtre, expos et concerts, le médiologue se promène en roue libre, sans apprêt ni a priori. Rêveries et aphorismes cruels se mêlent aux exercices d’admiration. Les angles sont vifs, la lumière crue, mais souvent, à la fin, tamisée par l’humour.

Ainsi l’exige la démarche médiologique, tout en zigzags et transgressions, selon la définition un rien farceuse qu’en donne l’auteur : « Un mauvais esprit assez particulier qui consiste, quand un sage montre la lune, à regarder son doigt, tel l’idiot du conte. »

Essayiste, romancier, journaliste et mémorialiste, Régis Debray a notamment publié aux Éditions Gallimard de nombreux essais : Ce que nous voile le voile. La République et le sacré (Hors Série Connaissance, 2004), Le plan vermeil (Hors Série Connaissance, 2004), Supplique aux nouveaux progressistes du XXIe siècle (Hors Série Connaissance, 2006), une pièce de théâtre : Julien le fidèle (collection blanche, 2005), des mémoires : Aveuglantes lumières (collection blanche, 2006). Derniers ouvrages parus : Un candide en Terre Sainte (collection blanche, 2008, Folio n° 4968) et Le moment fraternité (collection blanche, 2009).

 

00:25 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, philosophie, sociologie, politique, france, médiologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 07 mars 2010

Fenomenologia del "politicamente scorretto"

Fenomenologia del “politicamente scorretto”

di Fabrizio Fiorini - Fonte: http://www.ariannaeditrice.it/

E’ un dato di fatto che a forza di ‘prenderle’, bastian contrari si diventa. Difficilmente vi si nasce: sono rari casi che riguardano l’analisi e l’anamnesi delle patologie, più che l’analisi politica. Al di là di ogni sorta di vittimismo, quindi, è ravvisabile in una larga casistica di soggetti l’attrazione estrema nei confronti di teorie, modi di vita, parametri estetici, ideologie o loro surrogati, atteggiamenti, che destano lo scandalo al sentire comune, che sono invisi ai normali atteggiamenti della parte maggioritaria dei propri contemporanei e aborriti da quella normalità e da quella medietà che da qualche tempo è uso definire borghesi. In sintesi: politicamente scorretti. Tale attrazione, sovente accompagnata da una marcata ostentazione, è da analizzarsi – per essere adeguatamente compresa – alla luce di diversi criteri di valutazione.

oneway.jpgA una valutazione soggettiva, questo modo di vita assume largamente connotazioni negative. E’ la rappresentazione di quel cancro dell’anima che prende comunemente il nome di vittimismo, che si manifesta quando una sconfitta genera nella persona che l’ha subita un indole da cronico perdente. Tanti tra coloro che hanno impresso negli occhi l’orrore della modernità e che quotidianamente ne denunciano la corruzione e la decadenza l’hanno provato; hanno sentito sulle proprie spalle quel senso di prevaricazione che li ha spinti a tuffarsi nel vortice perché il vortice è tutto quello che riuscivano a scorgere, tanto il loro capo era piegato. Essi sposano quindi e fanno proprio tutto ciò che rappresenta il male, tutto ciò attraverso cui riescono a salvare quantomeno le apparenze della loro contrarietà, spesso in maniera sconclusionata, spesso auto-mortificandosi. Quante volte li abbiamo sentiti: “abbiamo perso la guerra”; oppure: “verremo repressi”; o ancora: “siamo pochi”. A costoro dedicò il suo pensiero Jean Thiriart:  «Le persone prive di decisione si giustificano frequentemente della loro inerzia ragionando su un ‘risveglio’ sicuro dell’Esercito o su una vigilanza sicura della Chiesa. Essi dicono allora: ‘mai l’esercito permetterà questo’ o ancora ‘la Chiesa millenaria, nella sua saggezza e nella sua potenza, porrà un freno in tempo’. Si tratta ancora di pseudo giustificazioni di vigliaccheria e di pigrizia».

Altro soggettivo nesso eziologico col politicamente scorretto risiede nell’auto-confino nell’hic sunt leones, da qualcuno definito “cattiverio”,  che il sistema ha appositamente creato con funzioni di controllo e a mo’ di valvola di sfogo per i soggetti in questione. Costoro, infatti, per una serie di motivi che spaziano dalla coercizione al condizionamento, si limitano nella cattività cui la loro scorrettezza li ha condotti. Le analisi dei fenomeni giovanilistici pullulano di tali esempi: dagli ultras agli skin, dalle gang metropolitane alle ricadute “delinquenziali” del sottoproletariato. La crema dell’inteligencija internazionale si interpella, istituisce seminari e promuove dibattiti sull’argomento. Già, chissà perché un “disadattato” non si arruola nella protezione civile, o nei boy-scout? E pensate, li pagano pure.

A una valutazione oggettiva, invece, il politicamente scorretto assurge agli onori della più alta dignità. La veridicità di ciò risiede nella validità della prova a contrariis. Entrano in gioco altri fattori ed altri strumenti di lotta politica e contestuale repressione. Il relegare al rango della scorrettezza politica è infatti una delle armi più affilate detenute dall’oligarchia reggente la società contemporanea nelle sue luride giberne. L’epoca storica, d’altronde, è quella che è: non è più tempo di contrapposizione squisitamente politica, non è più tempo di opporre una visione del mondo a un’altra. E’ tempo di coscienze addormentate, e nel torpore delle coscienze non si può che colpire allo stomaco. Nessuno ci darà la soddisfazione di argomentare le proprie tesi opposte alle nostre e nessuno ci farà omaggio della possibilità di un dialogo: non lo faranno perché ne uscirebbero distrutti. Molto meglio per loro metterci alla gogna con al collo il vergognoso cartello che ci indica come folli, estremisti, irrispettosi, scandalosi: i più deboli soccomberanno subito; altri in gran numero, si tureranno occhi, bocca e orecchie, si auto-convinceranno di essere ciò di cui vengono accusati e invocheranno gli eserciti e le chiese di cui sopra; i migliori trarranno da ciò la consapevolezza di essere nella ragione. Il loro politicamente scorretti diventerà (dicevamo: a contrariis) dimostrazione di giustezza e bandiera di verità.

Il confine è quindi labile, difficilmente identificabile, e taglia a metà tanto questioni di rilevanza condominiale quanto altre di rilevanza strategica.

Dalla parte malsana del confine, grandi e piccole cose, e le grandi – a ben guardare – diventano davvero piccole. E’ politicamente scorretta una rissa in uno stadio: ma altro non avrete fatto che assecondare la sedazione cui vuole sottoporvi chi vuole farvi sfogare in una “curva” per fare in modo che una volta fuori vi comportiate da bravi bambini. E’ politicamente scorretto accompagnarsi con una prostituta o drogarsi, ma avrete ceduto a chi vuole farvi passare questo mondo per quello che non è: un paradiso da comprare con quattro soldi. E’ politicamente scorretto apprezzare pubblicamente Berlusconi, perché politicamente corretta è la sua apparente controparte, la falsa sinistra degli sciocchi; ma avrete scambiato un bicchier d’acqua per un oceano, e vi sorbirete questo bicchiere – amaro calice! – trovandovi sul fondo il solito asservimento alle grandi potenze di cui anche questo governo è portabandiera. E’ politicamente scorretto aderire a partiti e ideologie delle “estreme”, ammantandosi dei loro colori e vantandosi del proprio riuscito lifting ideologico, suscitando una smorfia di disappunto in quelli che ben pensano; ma cos’altro avrete fatto se non rinchiudervi in una gabbia le cui sbarre sono l’impotenza, l’auto-compiacimento, l’esclusione, il soffocamento di ogni anelito di reale cambiamento?

Dalla parte sana del confine, dalla nostra parte, grandi e piccole cose, e le piccole – a ben guardare – diventano davvero grandi. E’ politicamente scorretto épater le bourgeois, come ha fatto chi negli scorsi giorni ha ricordato, in un programma televisivo, di come gli italiani in tempo di fame mangiassero anche i gatti, suscitando un sussulto nella massaia che in quel momento sezionava il coniglio o il vitellino da latte per il pranzo e un brivido lungo la schiena del dirigente Rai che, stringendosi nella pelliccia, ne ordinava l’allontanamento seduta stante. Sono politicamente scorretti il nostro sorriso quando tutti si chiudono in ipocrita serietà, e la nostra serietà quando tutti trovano nella farsa e nella tragedia qualcosa di cui ridere. Sono politicamente scorretti (anzi: sacrileghi) lo studio non conforme della nostra storia e la sua incondizionata difesa, i quali rendono giustizia alla civiltà europea che da più parti si vorrebbe infangare o cancellare e che dimostrano come l’affermazione della verità sia più forte delle sbarre di un carcere. E’ politicamente scorretto denunciare gli stati che sottomettono i popoli con la violenza, gli Stati Uniti d’America e Israele, perché dimostra la nostra caparbietà a volerli vedere per quello che sono, roccaforti nel deserto dal cui mastio non gronda che sangue, anche se molti sono convinti che sia nettare.  E’ politicamente scorretto propugnare ancora idee forti quali quelle del socialismo e della nazione, perché si bestemmia il verbo che fonda la società marcia da cui i parassiti e gli usurai traggono vita: quello del denaro.

Non tutto ciò che è politicamente scorretto è quindi eticamente corretto. Il valore è dato dal risultato che si ottiene o che si tenta di ottenere: è una questione di qualità. Politicamente scorretto è oggi il nostro libero pensiero, che sta a testimoniare che non abbiamo paura

vendredi, 05 mars 2010

Starbucks: leuk voor de linkerkant

Starbucks: leuk voor de linkerkant

Ex: http://yvespernet.wordpress.com/

starbucks1.jpgEen interessant artikel over Starbucks, het trendy imago daarvan bij links Europa en de nieuwe vestiging in Antwerpen. Hier het volledige artikel en hieronder de meest interessante stukken:

Sta me toe om een voorspelling te doen: precies dezelfde linkse lui die je met geen stokken een cheeseburger van McDonald’s kan voeren, zullen en masse opdagen voor een latte van Starbucks [...]

Logisch dus dat er meteen een fanpagina op Facebook opdook die een week later al 3.500 leden had, en dat ze zaak geopend werd met radioster Peter Van de Veire, een stoet BV’s, de Amerikaanse ambassadeur Howard Gutman, burgemeester van Antwerpen Patrick Janssens en een optreden van Das Pop, de band van Bent “De slimste mens” Van Looy. Naar wat ik opmaak uit de internet- en krantenverslagen leek het daar wel de intrede van de sint, maar dan voor grote mensen.[...]

Clustering heet die praktijk. Wanneer Starbucks zaken begint te doen in een nieuwe buurt of gemeente, heeft het de nare gewoonte om daar niet één, maar meteen een heel aantal vestigingen neer te poten en bovendien te tolereren dat die een hele tijd met verlies draaien. Gevolg: onafhankelijke koffiehuizen en andere horecazaken in de buurt kunnen de concurrentie niet aan, moeten de deuren sluiten en Starbucks heeft het terrein voor zichzelf. [...]

 

00:25 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : finances, économie, fast food, sociologie, commerce | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 03 mars 2010

G. Faye: Simulierte Heterogenität

Simulierte Heterogenität

Ex: http://rezistant.blogspot.com/
guillaume-faye.jpgNicht zuletzt den provokanten Büchern Guillaume Fayes verdanken wir, dass die Verwirrung um den uns so vertrauten Gegensatz von Konservatismus und Fortschritt zunimmt. Bereits in seinem furiosen Einstandswerk "Le Système a tuer les peuples" (Paris: Copernic, 1981) erwies sich Faye als dynamischer Denker der neuen Kultur, der gegen den totalitären Merkantilismus in humanitaristischem Gewande kämpft und für die Rechte der Völker - aller Völker! - eintritt. Er plädierte für Selbstbestimmung, kulturelle Identität und ein Recht auf Anderssein. Damals zeigte er den vollzogenen Übergang unserer Gesellschaften von der Zivilisation zum "System": Unser Dasein - so Faye - ist geprägt von der morbiden, systembedingten Amerikanosphäre, einem Zustand sozialer Entropie.

Auch in seinem Buch über die Neue Konsumgesellschaft - für Faye kurz "La NSC" - setzt sich der Autor mit Rationalismus und Egalitarismus auseinander. Zwar erfährt der Leser wenig über eine pragmatische Zielorientierung, mit der die Krise der Gegenwart überwunden werden soll. Jedoch wird der Widerspruch, den seine Ausführungen auslösen können, ein Indikator dafür sein, wann unsere Krise zu Ende gedacht und gelebt wird.

Faye beherrscht die a-moralische Sichtweise; daher die Präzision seiner Beobachtungen. Er erkennt Hedonismus und Konsummanie als kardinale Werte der Neuen Konsumgesellschaft und liefert anschauliche Beispiele dafür, dass der Beginn des Zeitalter des homo consummans (gefülltes Portefeuille kombiniert mit kleinbürgerlichem Geist) hinter uns liegt. Ihm gelingt es, den Begriff der Lebensqualität und das Dogma des ökonomischen Wohlstands einer luziden Kritik zu unterziehen. Lebensintensität wird von der Neuen Rechten zur Tugend zukünftigen Menschseins erkoren.

Fayes Kernausse, durchaus ein Ansatz zu einer kritischen Theorie, lautet: Wo früher vertikale (regionale, nationale) Differenzen vorherrschten, dominiert heute - Folge des Egalitarismus - eine horizontale, nur simulierte Heterogenität. Diese löste eine soziologisch heterogene und kulturell gemeinsame Gesellschaftsstruktur ab. Unsere Zivilisation, das System, ist hingegen soziologisch homogen und gerade kulturell atomisiert. Faye sieht die Neue Konsumgesellschaft als gigantisches Theater; Konflikten drohe die Unbegrenzbarkeit.

Was tun? Ohne Eskalaton werde es keine historische Erneuerung geben. Möglich, dass Faye sich als positiver Nihilist einer postmodernen Neuen Rechten verstanden wissen will. Seine symbolträchtige Anlehnung an den Gott Dionysos - dionysische Freuden sind Fayes Programm für die Posthistoire - will nachvollzogen sein: Denn der fernen Rückkehr des Apoll gilt es zu harren. Für Autor und Leser keine ungefährle Aporie; nicht alle Triebhaftigkeiten des Gehirns bewahren die Maske einer Errungenschaft des Geistes.

Aufmerksamkeit ruft Fayes Rezeption der unorthodoxen Soziologen Jean Budrillard und Michel Maffesoli hervor. Im westlichen Nachbarland verlieren Links-Rechts-Schemata ihre Argumentationswirkung. Die Mühe lohnt, über subtile Grenzüberschreitungen nachzudenken. Erste Reflexionen ergeben ein faszinierendes Relief.

Guillaume Faye, La NSC - La Nouvelle Société de Consommation. Le Labyrinthe, Paris 1984. Buchbesprechung in: DESG-inform, 3/85.

lundi, 01 mars 2010

Deutschlands Kinder schlagen Alarm! Fehlende Zeit mit den Eltern, immenser Gruppendruck!

Deutschlands Kinder schlagen Alarm! Fehlende Zeit mit den Eltern, immenser Gruppendruck!

Eva Herman : http://info.kopp-verlag.de/

Aktuelle Untersuchungen zeigen: Nie zuvor fühlten sich Kinder und Jugendliche derartig gestresst und besorgt wie heute. Die Ergebnisse legen den Rückschluss nahe: Kinder werden zu früh in Gruppen abgegeben, ihre Eltern verlieren zunehmend Einfluss und können ihren Kindern, bedingt durch berufliche Abwesenheit, in kleinen und großen Notsituationen häufig nicht helfen.

pourquoi-lire-des-histoires-aux-jeunes-enfants-3549492ezome_1350.jpgKinder und Jugendliche sind unsicher und ängstlich wie nie: Alle Umfragen und Studien der zurückliegenden Jahre signalisieren: Kinder und Jugendliche fürchten sich vor der Zukunft!

Alle aktuellen Untersuchungen zur Schulsituation in Deutschland bestätigen: Nie zuvor gab es größere Probleme zwischen Lehrern und Schülern!

Alle derzeitigen Aussagen von Berufsausbildern Jugendlicher laufen auf die eine Aussage hinaus: Zu keinem Zeitpunkt waren die jungen Leute unqualifizierter für das Berufsleben als heute!

Der Alltag der Jugendlichen ist zunehmend geprägt durch »Gefühle der Ohnmacht und des Alleinseins, der Sinnleere und Perspektivlosigkeit«, heißt es schon in der Studie Jugend 2007 – zwischen Versorgungsparadies und Zukunftsängsten, die das Rheingold-Institut für qualitative Markt- und Medienanalysen im Auftrag von Axel-Springer-Mediahouse durchgeführt hat. Mobbing, Gewalt und die immer mächtiger werdende Angst vor dem Abgleiten in ein Hartz-IV-Dasein steigerten das Gefühl der Verunsicherung und der Orientierungslosigkeit. »Selbst die Jugendlichen, die sich noch materiell abgesichert fühlen, erleben die Zukunft als ein schwarzes Loch. Sie wissen nicht, wofür sie gebraucht werden, wofür sie kämpfen und wogegen sie rebellieren können«, so die Rheingold-Untersuchung.

Die neueste und aktuellste Studie des Instituts für Psychologie und des Zentrums für angewandte Gesundheitswissenschaften (ZAG) der Leuphana-Universität Lüneburg für die Deutsche Angestellten Krankenkasse (DAK) schlägt erneut Alarm: 33 Prozent aller Schüler in Deutschland sind gestresst!

Folgende Stress-Symptome wurden festgestellt:

– Einschlafprobleme (22 Prozent)

– Gereiztheit (21 Prozent)

– Kopfschmerzen und Rückenschmerzen (16 Prozent)

– Niedergeschlagenheit (14 Prozent)

– Nervosität (11 Prozent)

– Schwindelgefühle (9 Prozent)

– Bauchschmerzen (8 Prozent)

Das Portal für Bildungsinformationen bildungsklick.de hat die DAK-Studie ausgewertet, aus der hervorgeht, dass mehr als 50 Prozent der Betroffenen ihre Gefühle in der Schule mit »verzweifelt, hoffnungslos, ausweglos« beschrieben. »Insgesamt geben mehr als zwei Drittel der Schüler mit häufigen Beschwerden an, dass sie in der Schule regelmäßig negative Gefühle erleben. … Schweigen und Verdrängen macht alles noch schwieriger.«

Kinder und Jugendliche von heute haben enorme Zukunftsängste.

Die letzte Shell-Jugendstudie hatte schon Vergleichbares als Ergebnis: Sie zeigt, dass Jugendliche deutlich stärker besorgt sind, ihren Arbeitsplatz verlieren beziehungsweise keine adäquate Beschäftigung finden zu können. Waren es im Jahr 2002 noch 55 Prozent, die hier beunruhigt waren, stieg die Zahl 2006 bereits auf 69 Prozent an. Auch die Angst vor der schlechten wirtschaftlichen Lage und vor steigender Armut nahm in den Jahren zwischen 2002 und 2006 von 62 Prozent auf 66 Prozent zu.

Die Bewältigungsstrategien, die Jugendliche entwickeln, um mit ihren Schwierigkeiten fertig zu werden, sind laut der Rheingold-Untersuchung sehr verschieden. Die einen betreiben Dauerkonsum, andere schotten sich ab und flüchten in die künstlichen Paradiese von Internet und Playstation-Welten. Von der einstigen Spaßgesellschaft, in der alles »ganz easy« lief, sind lediglich vereinzelte Bruchstücke übrig geblieben.  

Zahlreiche Kinder und Jugendliche in Deutschland stehen heute unter einem enormen Druck, der insbesondere von den Gleichaltrigen in den sogenannten Peer Groups ausgeübt wird. Die Orientierung an Gruppenstandards wird in diesem Zusammenhang jedoch oft ignoriert oder bewusst heruntergespielt. Nach Aussagen des kanadischen Psychologen Gordon Neufeld ist die zunehmende Gleichaltrigenorientierung in unserer Gesellschaft von einem alarmierenden und dramatischen Anstieg der Selbstmordrate unter 10- bis 14-Jährigen begleitet, seit 1950 hätte sie sich in dieser Altergruppe in Nordamerika vervierfacht. Ist man bisher davon ausgegangen, dass bei Selbsttötungen junger Menschen die Gründe meist in der Ablehnung der Eltern zu finden sind, ist das nach Ansicht Neufelds inzwischen lange nicht mehr so. Langjährige Beobachtungen und Untersuchungen des Psychologen lassen den Schluss zu, dass der wichtigste Auslöser für den jugendlichen Suizid in der Behandlung durch die Gleichaltrigen zu sehen ist. Je öfter und regelmäßiger Kinder und Jugendliche ihre Zeit mit Personen gleichen Alters teilen, und je wichtiger sie in dieser Gruppe füreinander werden, umso verheerender kann sich ihr unsensibles Verhalten auf jene Kinder auswirken, die es nicht schaffen, dazuzugehören und die sich abgelehnt oder ausgeschlossen fühlen.

Auch in anderen Ländern ist das Phänomen bekannt: Die amerikanische Zeitschrift für Kultur, Politik und Literatur, Harper’s Magazine, druckte vor einiger Zeit eine Sammlung von Abschiedsbriefen japanischer Kinder ab, die Selbstmord verübt hatten: Die meisten von ihnen litten unter der unerträglichen Tyrannisierung durch Gleichaltrige und gaben dies als Grund  an für ihren Entschluss, aus dem Leben zu gehen.

Gruppendruck kann große Ängste verursachen, aber auch Hass auslösen. Der Student Cho Seung-Hui fühlte sich in »die Ecke gedrängt« – das gab er wenigstens als Grund an, nachdem er im April 2007 auf dem Campus von Blacksburg im amerikanischen Bundesstaat Virginia 32 Menschen getötet hatte. Die Wut und das Bedürfnis nach Vergeltung können über Jahre wachsen, Jahre, in denen Rachepläne geschmiedet und Vorbereitungen getroffen werden können. Schließlich kommt der Punkt, an dem die Wut zu groß wird: Alle sollen endlich erfahren, was sie dem Betroffenen angetan haben. Ähnlich der Amoklauf von 2001 in Erfurt, bei dem der 19-jährige Robert Steinhäuser am Gutenberg-Gymnasium 16 Personen und dann sich selbst tötete. Er war von der Schule verwiesen worden.

Schon zu Beginn der 1960er-Jahre warnte der amerikanische Soziologe  James Coleman davor, dass die Eltern als wichtigste Quelle für Werte und als Hauptbezugsperson für ihre Kinder und deren Verhalten verdrängt würden – und zwar durch gleichaltrige Bezugspersonen. Doch damals war das noch kein Thema, beginnende Fehlentwicklungen bei Jugendlichen wurden – insbesondere in Deutschland – mit dem Dilemma der Eltern erklärt, die sich nicht mit den Folgen des zurückliegenden Krieges auseinandergesetzt hätten.  

enfants-2696052kjcby_1350.jpgDer kanadische Psychologe Gordon Neufeld geht davon aus, dass eine starke Gruppensozialisation bei Kindern und Jugendlichen auch Auswirkungen auf das spätere Verhalten im Erwachsenenalter hat: Wer sehr jung die Gruppe als Lebensrealität empfunden und kennen gelernt hat, und wem die Erfahrungen des Alleinseins, aber auch die einer Familie und dem damit verbundenen Zusammenhalt fehlen, der verlässt sich später auch nicht auf sich allein. Extreme Erscheinungsformen der Gleichaltrigenorientierung  sind nach seiner Meinung tyrannisierendes Verhalten mit Gewaltanwendung, Selbstmorde und Morde unter Kindern und Jugendlichen. Auch die inzwischen allseits  bekannten Massenpartys mit Höhepunkten wie Koma-Sauf-Wettbewerbe oder Gang-Bangs, also Massenvergewaltigungen, bei denen die Mädchen vorher zustimmen, können zu diesen Folgen zählen.

Heutige Jugendliche stehen oft als Krawallmacher, Schläger oder Kleinkriminelle in der Zeitung oder sie scheinen langweilig, angepasst und konturlos zu sein. Die Schere geht auseinander zwischen extrem gewaltbereiten Jugendlichen und kleinen Spießern. Wo sind die jungen Leute mit Idealismus, mit festen Zielen vor den Augen, mit Ecken und Kanten, mit »Flausen im Kopf«? Keine Frage: Jede Elterngeneration hat den Kopf geschüttelt über die Jugendlichen ihrer Zeit. Doch das Phänomen, dass die einen viel zu wenig rebellieren und die anderen erschreckend über das Ziel hinausschießen, ist neu. Die Jugendlichen von heute scheinen zum einen emotionslos, gelangweilt und unterkühlt zu sein, die anderen verroht und gewaltbereit.

Immer mehr Jugendliche haben Angst davor, ihren Platz im Leben nicht zu finden, nicht gebraucht zu werden. Sie isolieren sich, statt sich abzunabeln – aus Angst, dem Leben nicht die Stirn bieten zu können. Das haben sie nie gelernt. Die einen wurden sich selbst überlassen, den anderen wurde jedes Problem abgenommen, jeder Wunsch erfüllt.

Doch alle genannten Phänomene, die unsere Gesellschaft nachhaltig verändern, sind Hilfeschreie der Kinder. Sie brauchen von Anfang an entscheidend mehr Zeit mit ihren Eltern, mehr Zuwendung und mehr Liebe! Wenn sie erst einmal daran gewöhnt sind, dass ihre Eltern keine Zeit für sie haben, dann ist der Zug häufig schon abgefahren. Alle derzeitigen Regierungsprogramme jedoch glorifizieren nach wie vor die Erwerbstätigkeit der Mütter. Solange das nicht zugunsten der Kinder geändert wird, und solange keine nachhaltigen Bemühungen daran gesetzt werden, Kindern die Anwesenheit ihrer Eltern, speziell der Mutter, zu ermöglichen, wird diese Gesellschaft weiter auseinanderfallen und die genannten Zahlen und Probleme werden weiter steigen.

 

Freitag, 12.02.2010

Kategorie: Allgemeines, Wissenschaft, Politik

© Das Copyright dieser Seite liegt, wenn nicht anders vermerkt, beim Kopp Verlag, Rottenburg


Dieser Beitrag stellt ausschließlich die Meinung des Verfassers dar. Er muß nicht zwangsläufig die Meinung des Verlags oder die Meinung anderer Autoren dieser Seiten wiedergeben.


La participation: une idée neuve?

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1990

La participation : une idée neuve ?

par Ange Sampieru

 

Dans un ouvrage paru en 1977 et intitulé : Demain, la participation, au-delà du capitalisme et du marxisme, Michel Desvignes, à l'époque vice- président national de l'Union des Jeunes pour le Progrès, proposait un plaidoyer brillant en faveur d'un vaste projet de réconciliation des Français dans le cadre d'une nouvelle démocratie sociale. Cet ouvrage est d'abord une analyse rigoureuse qui servira d'instrument de réflexion pour tous ceux qui refusent les idéologies de la haine des classes et de l'exploitation capitaliste-libérale.

index.jpgLa participation n'est pas une simple technique sociale de réglementation des rapports salariés dans l'entreprise. Pour son inspirateur, le Géné­ral De Gaulle, c'est une vision de l'homme qui refuse la dépendance à l'égard de la machine. L'objectif qui est poursuivi est clair : « ...que chaque homme retrouve dans la société moderne sa place, sa part et sa dignité » (Charles de Gaulle, discours prononcé le 1er mai 1950). Il faut en effet aller au-delà des textes législatifs et réglementaires qui constituent la traduction juridique de l'idée. Il s'agit surtout des ordonnances du 7 janvier 1959, tendant à favoriser l'association ou l'intérêt des travailleurs à l'entreprise, de la loi du 27 décembre 1973, qui est relative à la souscription ou à l'acquisition d'actions de sociétés par leurs salariés. Le cœur du projet réside dans les ordonnances du 17 août 1967, relatives à la participation des salariés à l'expansion de l'entreprise (modifiant et complétant la loi de 1966 sur les sociétés commerciales) et relatives aux Plans d'Épargne d'entreprise.

 

I – L'idéologie de la participation : les sources...

 

Pour l'écrivain Philippe de Saint-Robert, le général de Gaulle a « inventé » la participation, comme il a « réinventé » la légitimité (les guillemets sont de nous). Soucieux de consolider l'unité nationale, et désireux de ne pas laisser aux syndicats marxistes le soin de contrôler l'idéologie prolétarienne, le gaullisme s'attache très vite à la question sociale. Et c'est en ce sens que Michel Jobert a pu écrire dans ses Mémoires d'avenir que la participation était un moyen d'assurer l'indépendance de la Nation. Pour construire cette France indépendante, et, plus largement, donner à l'Europe l'idée de son unité face à l'adversité extérieure symbolisée par la po­litique de Yalta et le système des blocs (cf. à ce sujet : Yalta et la naissance des blocs de Jean-­Gilles Malliarakis, éditions Albatros, Paris, 1982). Pour mieux cerner la genèse de cette idée, une méthode nous apparaît privilégiée : analyser les influences intellectuelles qui ont présidé à l'éducation et à la conception politique du chef de l'État français de 1958 à 1969. On peut alors comprendre les raisons profondes qui déterminèrent le fondateur du gaullisme à se préoccuper des questions sociales. Remarquons que, dans l'introduction à l'ouvrage, Philippe de Saint-Ro­bert rappelle dans cette genèse le rôle de René de la Tour du Pin (un représentant éminent du « catholicisme social » qui, dans les années 1890, en France, regroupait des courants différents, tous préoccupés des problèmes sociaux. Le courant de le Tour du Pin (dit du « légitimisme social »), traditionnaliste et contre-révolutionnaire,   avait développé une idéologie sociale qui s'inspirait des idées de l'Église. Il s'appuyait sur les travaux d'hommes comme Albert de Mun (1841-1914), Armand de Melun, Alban de Ville­neuve-Bargement, qui dénonçaient avec passion les conséquences désastreuses du libéralisme triomphant. À côté de ce légitimisme social co­existaient d'autres cercles exprimant des idées voisines : le socialisme chrétien de Buchez (1769/1865), fondateur, avec Bazard, de la Charbonnerie de France. Le catholicisme libéral, synthèse de la doctrine libérale et du catholicisme et, enfin, le catholicisme social proprement dit, pensé par Lamennais, dont les écrits soulignent les valeurs anti-libérales (sur le catholicisme social, lire : Les débuts du catholicisme social en France (1822/1870), de J.B. Duroselle, PUF, 1° éd., 1951).

L'influence de La Tour du Pin sur de Gaulle résultait de ce que ce penseur du social avait compris que le système de propriété privée des moyens de production, que la société capitaliste bourgeoise avait développé, risquait de dégénérer en une quasi-souveraineté qui déposséderait l'État de son rôle arbitral. En d'autres termes, le capitalisme tendait à confisquer le politique au profit de l'économico-financier. Le résultat de ce processus dégénératif fut cette IIIème République conservatrice, dont l'arriération sur le plan social fut effrayante. On pourra retirer de cette première analyse une constatation liminaire : la participation est une idée anti-libérale par excellence !

 

 

Capitalisme et « contrat »

 

 

La société moderne capitaliste (c'est-à-dire née de la révolution industrielle et scientifique du XIXème siècle) donne l'image d'un champs conflictuel permanent. Ce conflit social, où "capital" et "travail" s'affrontent, résulte d'un mode de relations juridiques de nature contractuelle et économique : le contrat de louage de services. Ce contrat, qui n'est pas un mode de justice mais de rentabilité, induit un procès inégalitaire entre les travailleurs et les "capitalistes-entrepreneurs". Devant l'impuissance des travailleurs-contractuels, trois solutions se sont jusqu'à présent présentées :

 

◊ Le maintien du statu quo instauré : le libéra­lisme propose cette solution accompagnée de palliatifs réformistes.

◊ Le transfert des moyens de production entre les mains de l'État, qui transpose par là même l'aliénation du travailleur sans pour autant la supprimer. C'est la solution préconisée par le socialisme étatique marxiste et social-démocrate.

◊ Enfin, la troisième voie de l'association capital­-travail aux trois niveaux de la propriété, des résultats et des décisions. Étudions les racines de l'idéologie fondatrice de cette troisième voie.

 

L'idée essentielle se trouve dans les préoccupations du fondateur de la Vème République : l'objectif final n'était pas seulement une « façon pratique de déterminer le changement, non pas (le) niveau de vie, mais bien la condition ouvrière » (cf. Lettre du 11 avril 1966 du Général De Gaulle à Marcel Loichot). L'ampleur de ce changement proposé dépasse de ce fait la pure et simple aliénation économique, mais recherche toutes les causes d'aliénation économique et po­litique des travailleurs. Pour reprendre les termes de l'économiste François Perroux : « ce n'est pas le seul capitalisme qui aliène, c'est l'industrie et les pouvoirs politiques de l'âge industriel » (Aliénation et Société industrielle,F. Perroux, Gallimard, Coll. "Idées", 1970, p.75). Une conception du monde totale soutient donc l'idée de la participation, qui s'oppose à l'idéologie so­cial-libérale et ses avatars. Quels sont alors les sources de cette conception ?

 

Proudhon et Lamennais

 

Une révolution a déterminé les idéologues à rénover la pensée sociale : c'est la révolution industrielle et ses conséquences sociales. On peut dire que deux penseurs français ont, au cours du XIXème siècle, renouvelé cette pensée. Il s'agit de Pierre Joseph Proudhon (1809-1865) et de Lamennais (1782-1854).

 

a) Pour Proudhon, auteur en 1840 d'un ouvrage intitulé Qu'est-ce que la propriété ?, la réponse est claire : « la propriété, c'est un vol ». Proposition volontairement provocante qui a pour objet d'amorcer le débat réel, celui des relations entre le « droit naturel de propriété » et l'« occupation », le travail et l'égalité. Quelques mots d'introduction sur cet auteur nous apparaissent nécessaires. D'origine paysanne, Proudhon est un des auteurs les plus féconds de la pensée sociale du XIXème siècle. Son œuvre est éminemment politique, puisqu'elle tend à une contestation radicale de l'idéologie de la propriété bourgeoise. La propriété n'est pas une valeur neutre. Elle peut à la fois constituer un système d'exploitation et un vol légal et devenir une force révolutionnaire formidable. Car la propriété est un « produit spontané de l'être collectif », ce qui implique qu'elle s'insère étroitement dans l'idéologie collective du peuple. De cela nous pouvons donc déduire un couple antagoniste : d'une part, idéologie bourgeoise, où la propriété tend à établir la domination d'une minorité possédante sur une majorité impuissante, ou, d'autre part, idéologie du peuple (le socialisme fédéraliste) qui investit la propriété d'une fonction communautaire et orga­nique. Par « idéologie du peuple », nous entendons, chez Proudhon, deux valeurs politiques essentielles : le fédéralisme qui innerve l'État, formé de groupes destinés « chacun pour l'exercice d'une fonction spéciale et la création d'un objet particulier, puis ralliés sous une loi commune et dans un intérêt identique » (De la Justice, 4ème étude). Ensuite, le mutuellisme, concrétisé par une « Banque du peuple », et qui, pour Proudhon, est « une formule, jusqu'alors négligée, de la justice ». De la synthèse des deux concepts, on peut alors déboucher sur une nou­velle organisation de la société, qui est avant tout le contraire de « toute solution moyenne », enten­dez de toute voie réformiste. Et Proudhon d'opposer le juste milieu matériel qui est le socia­lisme, au juste milieu théorique des pseudo-so­cialistes. Car le socialisme proudhonien n'est pas un socialisme libéral ou égalitaire. Dans Les confessions d'un révolutionnaire (1849), il peut écrire avec fougue : « Je suis noble, moi ! Mes ancêtres de père et de mère furent tous laboureurs francs, exempts de corvée et de main-morte de­puis un temps immémorial ». Et contre les partisans du nombre, contre les intellectuels rous­seauistes, ces « parasites révolutionnaires », Proudhon propose un nouvel ordre social qui conteste la loi de la majorité et que nous retrouvons exposé dans L'idée générale de la Révolution (1851). Ce principe aristocratique et populaire de l'idéologie proudhonienne est unique en son genre. Il ne veut rien avoir à faire avec le « fouriérisme » utopique, qu'il traitera de « plus grande mystification » de son époque. Charles Fourier (1772-1837) est le fondateur du Phalanstère, que l'on considère souvent à l'origine du mouvement coopératif.

 

 

Proudhon contre les Saint-Simoniens

 

Le socialisme de Proudhon ne veut rien retirer du saint-simonisme, qu'il accuse de relations étroites avec la haute finance internationale. Henri de Saint-Simon (1760-1825) qui, pendant la Terreur, s'enrichit par de coupables spéculations sur les biens nationaux, engendra une idéologie « industrialiste », qui contient une apologie sans réserve de l'entrepreneur capitaliste. Pour Saint­-Simon, les industriels sont les véritables chefs du peuple. Comme première classe de la société, la nouvelle organisation les mettra à la direction des affaires temporelles. Parmi les industriels, Saint­-Simon cherchait à souligner le rôle plus positif des banquiers ! On conçoit l'hostilité de Proudhon à cette apologie de l'affairisme cosmopolite et du capitalisme international. Face à ces déviations utopiques, anti-socialistes ou « terroristes » (la révolution française contient en germe et en action ces tendances terroristes, pense alors Proudhon), notre penseur propose une Révolution de l'anarchie. Il est bien entendu que cette "anarchie" n'a que peu de rapports avec les idées bourgeoises d'une anarchie de la licence et de l'absence de morale. C'est une anarchie organisée que propose Proudhon, antidémocratique et antilibérale, contestant l'idéologie rousseauiste et ses succédanés. Et la révolution ? Elle doit détruire le plus possible et le plus vite possible. Tout détruire ? Non, car, écrit Proudhon, « ne résistera dans les institutions que ce qui est fondamentalement bon ». Le socialisme proudhonien apparaît ainsi comme un vaste discours contestataire qui veut rétablir les libertés naturelles des hommes. Ces libertés qui soutiennent les valeurs populaires de liberté et de dignité. Une société féodale, a pu écrire Jean Rouvier (in Les grandes idées politiques, Bordas, 1973), que Proudhon exprime « génétiquement » (J. Rouvier, op.cit., T. II, p.187), qui veut restaurer cette « honnête li­berté française » invoquée par les vignerons d'Auxerre et de Sens entre 1383 et 1393. Il écrira, dans son Carnet du 5 Décembre :« Démocratie est un mot fictif qui signifie amour du peuple, mais non du gouvernement du peuple ». Ces idées en feront aussi un opposant farouche aux idées de Marx et du marxisme proclamé infaillible. Il est évident qu'entre le "franc laboureur" attaché aux libertés communautaires qu'est Proudhon et ce "sous-officier de la sub­version" que fut Marx, il y a peu de choses en commun. L'amour que portait Proudhon, de par ses racines, aux peuples de France, ne pouvait se satisfaire des attaques grossières de K. Marx contre les ouvriers parisiens (qu'il traita, le 20 juillet 1870, d'ordures ...). Si, pour Marx, Proudhon fut le « ténia du socialisme », le marxisme fut a contrario pour Proudhon une « absurdité anté-diluvienne ».

Face au libéralisme qui nie dans les faits la dignité des travailleurs, tout en voulant reconnaître fictivement leurs "droits fondamentaux", face aux discours pseudo-socialistes des Saint-Simon et Fourier qui veulent détourner les revendications sociales et politiques du peuple, face enfin au marxisme qui constitue un avatar préhistorique du terrorisme d'État, Proudhon pose en principe un idéal de justice qui se veut enraciné dans les libertés traditionnelles des peuples de France. Sa révolution est une révolte aristocratique, qui ennoblit et ne se traduit pas comme un mouvement « de brutes devenues folles sous la conduite de sots devenus fous » (H. Taine, La Révolution française, T. I,L. 3).

 

Lamennais : croyant et ruraliste

 

b) Tout comme Proudhon, Lamennais ne propose pas un corps de doctrine. Une analyse superficielle de son œuvre fait paraître sa pensée comme contradictoire. Dans un premier temps, Lamen­nais est un théocrate intransigeant (Essai sur l'indifférence en matière de religion, 1817/1824), puis un démocrate (L'avenir, 1830/1831 ; Les paroles d'un croyant, 1834 ; Livre du peuple, 1837). Entre la dénonciation extrême des valeurs issues du rationalisme révolutionnaire, et son attachement à défendre le "socialisme", qu'il oppose au communisme d'État et à l'égalitarisme terroriste, il est sans aucun doute difficile de trouver un référent universel explicatif. Certains historiens ont voulu comparer les œuvres de Pé­guy et de Bernanos à celles de Lamennais. La­mennais est un romantique en politique. Sa pas­sion politique est un dérivé de son amour de la nature. Quand il écrit avec nostalgie : « Je n'aime point les villes », il nous fait indirectement saisir les fondements de sa personnalité. Ceux d'un homme rempli de passion, « prêtre malgré lui », et qui défendra dans la seconde partie de son existence le peuple avec autant d'engagement qu'il avait mis à défendre la foi dans la première partie. Le projet démocratique de Lamennais n'est pas en rupture avec sa foi catholique. Pour lui, la démocratie est un régime étranger à l'idéologie libérale et au discours marxiste.

c) Chez l'un et l'autre de nos penseurs, un point commun : l'opposition absolue aux valeurs qui soutiennent la révolution industrielle. Un souci profond et sincère de protéger les libertés fondamentales des peuples et, par-delà ce souci tempo­rel, de préserver l'âme collective. Ces valeurs, qui constituent la matrice unique du libéralisme et du communisme, ont assuré le pouvoir des entrepreneurs sur les ouvriers. Ce pouvoir que ne détruit pas le communisme, puisqu'il engendre un système où la pluralité formelle des patrons capitalistes est remplacée par l'unité de direction du patron absolu qu'est l'État. Pour Lamennais, « le communisme substitue aux maîtres particuliers, l'État comme seul maître ». Ce maître com­muniste est plus abstrait, plus inflexible, plus insensible, sans relation directe avec l'esclave. En une phrase, l'État représente la coalition universelle et absolue des maîtres. Moralité : ici point d'affranchissement possible. Solution : « armer la propriété contre le communisme » (Proudhon, 1848).

 

 

Travailler pour soi

 

Proudhon, comme Lamennais, s'oppose à l'étatisme communiste. C'est une parenté d'esprit profonde qui les sépare de K. Marx. Leur dénonciation de l'ordre économique est aussi virulente que leur refus des constructions dogmatiques. Diffuser la propriété, qui n'est pas la conservation bourgeoise du statu quo. Tra­duisons : pour Lamennais, la propriété est le résultat d'une répartition équitable des produits du travail, et cela, par deux moyens : l'abolition des lois de privilège et de monopole ; la diffusion des capitaux et des instruments de travail. On trouve dans un programme un pré-capitalisme populaire. La combinaison de ces deux moyens, combinée avec un troisième facteur, qui est l’ASSOCIATION, aboutirait à une justice plus large. Dans son ouvrage intitulé : La Question du travail (Édition du Milieu du Monde, Genève), Lamennais écrit : « Ainsi le problème du travail, dans son expression la plus générale, consiste à fournir aux travailleurs, les moyens d'accumuler à leur profit une portion du produit de leur tra­vail » (p. 567). Travailler pour soi et non pour au­trui (le patron, le maître, l'entrepreneur, le capitaliste, l'État-maître) est une exigence de jus­tice et une revendication sociale prioritaire. Mais cette répartition n'est pas seulement une question matérielle, c'est aussi une question intellectuelle (acquérir l'instruction) et spirituelle. Mettre le crédit à portée de tous est un aspect de la révolution sociale, ce n'est pas le seul. Les associations de travailleurs que propose Lamennais, en supprimant le travail forcé au service d'une minorité de possédants, sont aussi des cercles où peuvent s'éveiller de nouvelles forces morales (On retrouve chez G. Sorel la même idée, sous la forme d'une culture prolétarienne). Proudhon dénonce lui aussi les multiples abus de la propriété bourgeoise. Ainsi, la propriété foncière, la propriété sur les capitaux mobiliers et, plus largement, celle qu'exerce « le propriétaire absentéiste ». Et Proudhon de combattre les idéologies de la propriété privée, qui sont précisément des idéologies libérales. Face aux abus de la propriété, Proud­hon construit le discours de la propriété sociale.

 

Les « structures libératrices »

 

Les valeurs libérales traditionnelles impliquent : le morcellement progressif du travail, la concurrence égoïste, la répartition arbitraire ; pour mieux répartir les produits, Proudhon prônera la solidarité des travailleurs. Car il ne s'agit pas, dans l'idée de Proudhon, d'une œuvre de bienfaisance que les maîtres accorderaient aux ouvriers, mais, écrit Proudhon, « c'est un droit naturel, inhérent au travail, nécessaire, inséparable de la qualité de producteur jusque dans le dernier des manœuvres » (Qu'est-ce que la propriété ?, p.151-152, éd. Garnier-Flammarion, Paris). En effet, pour le travailleur, le salaire n'épuise pas ses droits. Le travail est une création, et la valeur de cette création est une propriété des travailleurs eux-mêmes. Le contrat de travail n'implique pas pour le travailleur la vente de cette valeur. C'est un contrat partiel, qui permet au capitaliste d'exercer son droit sur les fournitures fournies et les subsistances procurées mais n'entraîne pas pour le partenaire qu'est l'ouvrier, une aliénation totale ; exemple : « Le fermier en améliorant le fonds, a créé une valeur nouvelle dans la pro­priété, donc il a droit à une portion de la pro­priété ». Mais ce problème de la plus-value n'est qu'une partie du problème du statut du tra­vailleur. Pour assurer définitivement son exis­tence, Proudhon est partisan du partage de la propriété. Sur un plan plus global, on a vu que Proudhon était favorable à une organisation mu­tualiste, qui engendrerait une économie contrac­tuelle : organisation coopérative des services (assurance, crédit), mutualisation de l'agriculture, constitution de propriétés d'exploitation, sociali­sation progressive de l'industrie par participation et co-gestion. Proudhon nomme ces institutions les "structures libératrices".

 

Il est difficile aujourd'hui de parler de socialisme sans évoquer et se rattacher aux idées sociale-démocrates. Pourtant cette confiscation est un leurre. Il n'y a pas de confusion entre le socialisme, qui est une conception politique issue du monde industriel du travail, et la social-démocratie qui est une branche bourgeoise du socialisme née du marxisme. (Sur le réformisme des sociaux-démocrates, lire : Carl E. Schorske, German Social Democracy, 1905/1917, Cam­bridge, Mass., 1955). Pour Lamennais, le socia­lisme se définit comme la reconnaissance du « principe d'association », fondement de l'ordre social. Définition large, qui a le mérite de refuser toute espèce de dogmatisme théorique. Proudhon quant à lui définit le socialisme comme le refus de transformer l'univers comme « une lice immense dans laquelle les prix sont disputés, non plus, il est vrai, à coups de lances et d'épée, par la force et la trahison, mais par la richesse acquise, par la science, le talent, la vertu même ». On aura reconnu une critique des discours fouriéristes et saint-simoniens. Car le socialisme de Proudhon est anti-technocratique. On se souvient que Saint-­Simon confiait le pouvoir aux chefs d'industrie, leur laissant le soin d'organiser la société. Proudhon conteste cette vision technocratique de la société future, sans pour autant rejoindre ceux que l'on a appelés les "socialistes de l'imaginaire".

d) Dans un ouvrage remarquable, le professeur François Georges Dreyfus, directeur honoraire de l'Institut d'Études Politiques de Strasbourg, et directeur de l'Institut des Hautes Études européennes de Strasbourg, tente de définir les sources intellectuelles du Gaullisme. (De Gaulle et le Gaullisme, par F.G. Dreyfus, PUF, collec­tion « politique d'aujourd'hui », Paris, 1982). Nous nous arrêterons pour quelques instants sur le chapitre II de cet ouvrage, intitulé : « Les sources de la pensée gaullienne » (p. 44/66), qui tente de nous résumer la genèse de l'idée poli­tique gaullienne.

 

II - L'IDÉOLOGIE GAULLIENNE :

la participation est un aspect d'une conception politique globale.

 

Avant d'aborder l'analyse de la participation proprement dite comme troisième voie spécifique, il nous paraît utile d'essayer de mieux repérer les sources du gaullisme comme idéologie originale. Pour F.G. Dreyfus, 1940 est l'année où se fixe définitivement la pensée du général De Gaulle. Les traits principaux de cette pensée sont au nombre de quatre : sens de la Nation (personnalisée dans l'esprit du général), volonté d'être techniquement de son temps (refus d'une attitude passéiste), profonde méfiance à l'égard des politiciens (la partitocratie), conscience de la nécessité d'une élite. Pour cela, l'analyse interdit tout rattachement exclusif à un courant idéolo­gique précis. Pour les uns, De Gaulle est un maurrassien, pour les autres, un jacobin, un chrétien nietzschéen, un nationaliste, etc. Devant l'impossibilité de rattacher cette pensée à un mouvement ou à un parti, F.G. Dreyfus retient trois éléments : l'élément religieux, le Nationa­lisme populaire, et la thématique des « non-conformistes desannées 30 ».

a) L'élément religieux : de famille catholique, élevé dans un milieu très pieux, ayant suivi enfin ses études dans un collège de jésuites, il est marqué par ses convictions religieuses. Et l'on re­trouve dans cet attachement, l'influence de ce ca­tholicisme social évoqué plus haut. L'Église est dans les années 1900, productrice de textes "engagés", portant sur les questions sociales : ce sont les Encycliques Rerum Novarum (1891), marquée par les idées de Lamennais et de Monta­lembert, Quadragesimo Anno de Pie XI (1931), et enfin Pacem in Terris de Jean XXIII et Popu­lorum Progressio de Paul VI. On trouve en germe dans les textes des groupes de catholiques sociaux du XIXème siècle, la notion de parti­cipation. Ainsi, les œuvres de la Tour du Pin, où l'on trouve une condamnation du salariat, marquera la pensée gaullienne. On se souviendra de la phrase prononcée par le général De Gaulle dans son discours du 7 juin 1968 : « Le capita­lisme empoigne et asservit les gens ». La source de cette hostilité au capital tout puissant se tient dans son éducation catholique : respect de la hié­rarchie traditionnelle (Église, Armée), dédain de l'argent (cf. les textes de Péguy), gallicanisme comme attitude d'esprit (Barrès, Bossuet).

b) Le nationalisme populaire : refusons d'abord l'affirmation un peu hasardeuse de F.G. Dreyfus selon laquelle le général De Gaulle était un homme de droite (p.45). S'il est évident que de Gaulle n'était pas un homme de gauche, et qu'il n'avait aucune sympathie pour les politiciens de la IIIème république, radicaux-socialistes ou ré­publicains de gauche. Il n'avait par ailleurs que peu de sympathie pour la droite d'affaires, cos­mopolite et réactionnaire (au sens social), et on peut se demander si le nationalisme populaire de De Gaulle n'est pas très proche sur bien des points de la « droite révolutionnaire » explorée par Sternhell (Zeev Sternhell, La droite révolution­naire 1885/1914, Seuil, Paris, 1978).


Cette « droite révolutionnaire » apparaît avant tout comme une contestation violente et radicale de l'ordre libéral. Le boulangisme constitue la première modalité idéologique et pratique de ce mouvement. C'est un mariage détonnant de na­tionalisme et de socialisme. C'est aussi et surtout un mouvement populaire qui, selon Sternhell, est « le point de suture » 1) du sens de la nation idéo­logisé et 2) d'une certaine forme de socialisme non marxiste, antimarxiste ou déjà postmarxiste (p. 35). La « droite révolutionnaire » est une syn­thèse ; on peut rappeler ces quelques réflexions du socialiste Lafargue : « Les socialistes (...) entre­voient toute l'importance du mouvement boulan­giste, qui est un véritable mouvement populaire pouvant revêtir une forme socialiste si on le laisse se développer librement » (F. Engels et L. La­fargue,
Correspondance, Éditions sociales, Pa­ris, 1956).

 

Le souvenir du boulangisme

Ce ralliement des masses ouvrières françaises au mouvement boulangiste s'accompagne aussi du ralliement des nombreux militants socialistes, et des victoires dans les quartiers populaires des candidats boulangistes (Paulin Mery dans le XIIIème arrondissement de Paris, Boudeau à Courbevoie, etc.). Le socialisme boulangiste est un socialisme national. Il n'y a pas en réalité une idéologie boulangiste, construite comme un dogme intangible et cohérent. Là encore, il y a absence totale de dogmatisme, et même refus de construire un système. C'est là un trait caractéristique des socialistes français que nous avons déjà signalé. Le boulangisme prend en considération la question sociale avec sa tradition de luttes et de revendications – la Commune est un mythe que les boulangistes introduisirent dans le débat politique au niveau d'un mythe natio­nal – tout en retenant les paramètres nationaux. Question sociale essentielle, dans une société où les difficultés économiques se développent, le chômage frappe les ouvriers, la croissance économique insatisfaisante crée un climat de malaise. Ce climat nourrit la révolte contre le libéralisme et le gouvernement centriste bourgeois au pouvoir. L'idéologie boulangiste, nationaliste, socialiste et populiste trouve un écho profond dans les milieux ouvriers. La contestation boulangiste se veut totale. Ce n'est pas seulement le monde bourgeois qui est refusé, mais la société indus­trielle ; ce que Maurice Barrès appelle « le machinisme ». L'homme moderne est un esclave « des rapports du capital et du travail », écrit Barrès (articles de La Cocarde, 8 et 14 septembre 1894 et 1890).

 

Appuyés sur une conception du monde qui est loin d'être optimiste, les socialistes boulangistes, et Barrès en tête, ont un sens aigu de la misère et de l'exploitation. Pour faire la révolution souhaitée, ils songent à regrouper tous ces exclus de la croissance industrielle : des bas-fonds des grandes villes aux « déchets » de la société. L'ennemi est alors défini et repéré au travers de cette bourgeoisie française que Barrès accuse avec virulence de n'avoir jamais, depuis 1789, considéré le peuple autrement que comme un simple moyen, un moyen commode, pour abattre l'Ancien Régime et établir sa suprématie (Sternhell, op. cit., p.66).

 

La mystique de Péguy

 

Pour le jeune De Gaulle, baignant dans une atmosphère de revanche consécutive à la défaite de la guerre de 1870, de la perte des provinces de l'est, l'Alsace-Lorraine, le nationalisme est une valeur naturelle qui, conjugué avec une certaine hostilité au régime républicain, produit chez Charles De Gaulle un attachement profond à la Nation. L'influence des grands auteurs nationalistes (Barrès, Maurras principalement) est aussi complétée par la grande figure de Péguy. Ancien élève de l'École Normale Supérieure, disciple du socialiste Lucien Herr, la pensée très riche de Pé­guy apparaît dans toute son originalité dans la revue qu'il fonde en 1910 : Les Cahiers de la Quin­zaine. Hostile à tout système universitaire, adversaire de la république parlementaire, laïque et anticléricale, Péguy est avant tout un mystique, pétri de contradictions bienfaisantes.

Si le nationalisme de De Gaulle est très proche des courants ouvertement nationaux et monarchistes de son époque, exaltant la patrie française et réclamant le retour des provinces perdues (le mythe de la revanche est une idée qui transcende toutes les oppositions traditionnelles politiciennes), la mystique d'un Péguy le sensibilise aux misères de la société industrielle bourgeoise. Le peuple est une réalité de chair et de sang et la nation doit se préoccuper de son sort. Ce souci n'est pas seulement un souci matériel, mais aussi spirituel. L'influence de Péguy joue ici à fond.

c) Les non-conformistes des années 30 (cf. Lou­bet del Bayle, Les non-conformistes des années 30, Seuil, Paris, 1969). Nos ne parlons ici ni d'un parti, ni non plus d'un mouvement.

Ces « non-conformistes » regroupent des intellec­tuels de tous milieux, de toutes tendances, qui ont été influencés par les écrits de Proudhon, Bergson, La Tour du Pin ; ce mouvement sera surtout connu par ses revues et est marqué par la pensée catholique (celle de Maurras, Maritain, Péguy). On peut citer quelques- unes de ces revues prestigieuses : Esprit, Ordre Nouveau fondé par Robert Aron et fortement constitué par des transfuges de l'Action Française. (Signalons au passage que le groupe Esprit de Strasbourg était dirigé par deux futurs collaborateurs de De Gaulle : Marcel Prelot et René Capitant. Dans tous ces milieux, on retrouve un certain nombre de thèmes communs : une volonté marquée de construire en France un système politique nouveau, hostile au parlement souverain ; ainsi Esprit réclame l'institution du référendum et proclame que « le pouvoir parlementaire doit être limité dans l'État, même du côté de l'exécutif » ; position qui, dans les années 30, constituait en soi une petite révo­lution intellectuelle. Un autre thème courant est l'exigence d'une décentralisation, et la mise en place d'un pouvoir régional (le référendum de 1969 proposait cette réforme historique).

De cette analyse des origines de la pensée gaul­lienne, nous pouvons enfin dégager quelques constantes : d'abord une volonté de restaurer la Nation comme valeur universelle. Le "nationalisme" de de Gaulle est une mystique (les premières lignes de ses mémoires sont explicites à cet égard) et une politique (renforcer la souve­raineté nationale face aux impérialismes modernes, et organiser le pays selon un système politique stable et fort). Ensuite, aborder la question sociale de front. La pensée gaullienne, marquée par les écrits des socialistes du début du siècle, rejette l'attitude lâche et peureuse de la bourgeoisie sur les problèmes essentiels que sont la condition ouvrière et la paix sociale. D'autre part, la présence en France d'un parti communiste puissant et organisé incite le pouvoir gaullien à ne pas laisser les syndicats inféodés au PC occuper seuls le terrain des entreprises. Pour ne pas laisser le prolétariat se détacher de la Nation, il faut lui donner les moyens d'apprécier et de réfléchir sur sa communauté. La Nation bourgeoise est une image fausse que l'ouvrier ne peut pas ne pas rejeter. À l'État, doit être dévolu le rôle de réintégrer la classe ouvrière dans la Nation. Cette volonté de modifier les rapports capital/travail débouche en dernier lieu sur une série de réformes que nous étudierons dans les paragraphes suivants.

 

III - LA PARTICIPATION :

 

À la base de la pensée gaullienne sur la question sociale, nous avons vu qu'il y avait deux phénomènes concomitants : le machinisme et la société mécanique moderne. Ces deux phénomènes constituent les fondements de la révolution industrielle du XIXème siècle. Dans un dis­cours prononcé le 25 novembre 1941 à l'université d'Oxford, le Général analyse avec intelligence les conséquences sociales de cette révolution : agrégation des masses, conformisme collectif gigantesque, destruction des libertés, uniformisation des habitudes de vie (les mêmes journaux, les mêmes films), qui induit une « mécanisation générale » qui détruit l'individu.

Cette société mécanique moderne exige un régime économique et social nouveau. Ce thème s'inscrit dans une réflexion plus vaste qui est celle de la crise de civilisation. Pour De Gaulle, la France moderne a été trahie par ses élites dirigeantes et privilégiées. D'où la pressante obligation d'un vaste renouvellement des cadres de la Nation. D'où aussi la lutte contre le capitalisme aliénant qui génère la lutte des classes et favorise les menées marxistes. Au vrai, c'est une révolution que le général De Gaulle propose, qui combat le capitalisme et résout la question sociale. La classe ouvrière est dépossédée de ses droits, au profit du capital qui confisque la propriété, la direction et les bénéfices des entreprises. La lutte des classes est la réaction spontanée de cette classe salariée. C'est, écrit De Gaulle, un fait, un « état de malaise ruineux et exaspérant » qui détruit l'unité du peuple, mais correspond en même temps à un sentiment croissant d'aliénation et de dépossession. Dès novembre 1943, De Gaulle prévoyait la fin d'un régime (le capitalisme) économique « dans lequel les grandes sources de la richesses nationale échappaient à la Nation » (Discours prononcé à Alger, 1943). En 1952, il établissait une liaison nécessaire entre le régime politique représentatif (la démocratie bourgeoise) et le régime social et économique (le capitalisme). Contre ce système, il faut associer le peuple à un mouvement révolutionnaire, puisque c'est par là même l'associer au destin national. Et il pouvait alors ajouter, touchant ainsi le nœud du problème : « Non, le capitalisme, du point de vue de l'homme, n'offre pas de solution satisfaisante ». (7 juin 1968). Et il poursuivait : « Non, du point de vue de l'homme, la solution communiste est mauvaise... ». Entre le capitalisme qui réduit le travailleur dans l'entreprise à être un simple ins­trument et le communisme, « odieuse machine totalitaire et bureaucratique », où est la solution ? Avant d'apporter une réponse à cette angoissante question, De Gaulle répond négativement : « ni le vieux libéralisme, ni le communisme écrasant » ne sont des solutions humaines. Pour résoudre le dilemme, il faut construire un régime nouveau. Ce régime sera bâti sur une question essentielle : la question sociale. Car c'est de cette question non résolue que sont issues les grands drames politiques du XXème siècle. En ce qui concerne la France, c'est la question sociale qui alimente les succès des mouvements "séparatistes" (en­tendez communistes). Ce régime nouveau doit s'appliquer à intégrer les travailleurs à la nation, en participant à son expansion économique, donc à son destin politique. Le régime économique et social doit être rénové pour que les travailleurs trouvent un intérêt direct, moral et matériel aux activités des entreprises.

 

La coopération des partenaires sociaux assure la santé de la Nation

 

Au-delà des réformes juridiques et politiques, de Gaulle veut s'attacher à définir des valeurs originales, qui seront des valeurs humaines. Comme Proudhon et Lamennais, De Gaulle est soucieux d'assurer aux travailleurs la sécurité et la dignité. À plusieurs occasions (le 15/11/1941, le 25/11/1941 à Oxford, le 18/O6/1942), il rappelle que la France veut « que soient assurées et garanties à chaque Français la liberté, la sécurité et la dignité sociale ». Il faut assurer aux Français, ouvriers, artisans, paysans, ..., la place qui leur revient dans la gestion des grands intérêts communs (20/04/1943). Cette place qui concerne tous les travailleurs français (les chefs d'entreprise, les ingénieurs compris) modifiera la "psychologie" de l'activité nationale (Discours du 31/12/1944). Il est certain que ce nouveau système ne sera pas parfait, mais l'idée de coopération des partenaires de la production est, selon de Gaulle, une idée nationale qui améliorera le régime économique et social. C'est en ce sens un principe fondamental de la révolution exigée par la France.

La réforme prioritaire est celle du salariat. De Gaulle refuse de considérer le salariat comme la base définitive de l'économie française. Pour les mêmes raisons que celles énoncées auparavant, il faut abolir le salariat. Pourquoi ? Parce que, dit De Gaulle, le salariat est une source de révolte, qui rend insupportable la condition ouvrière ac­tuelle. En modifiant le régime du salariat, il faut permettre à l'ouvrier, au travailleur, d'accéder à la propriété. Comment y parvenir? En créant une association réelle et contractuelle, qui n'aurait que peu de rapports avec les réformes accessoires des gérants du libéralisme (exemples : primes à la productivité, actionnariat ouvrier, etc.). Cette idée de l'association, précise De Gaulle, est une idée française, une de ces idées que les socialistes français ont avancée au XIXème siècle (ce socialisme qui, écrit De Gaulle, n'a rien à voir avec la SFIO... ). L'association réunit dans une relation complémentaire les possesseurs du capital et les possesseurs du travail.

Dans ce cadre, la participation met en commun ces deux forces dans l'entreprise ; les ouvriers sont des sociétaires, au même titre que la direction, le capital et la technique. Cette implication des divers partenaires entraîne un partage des bénéfices et des risques. Les diverses parties fixe-ont ensemble les modalités de rémunérations et de conditions de travail. Dans un second temps, on pourra imaginer une association plus étendue du personnel à la marche de l'entreprise. Enfin, dans une conférence de presse du 21 fé­vrier 1966, De Gaulle parle de « l'association des travailleurs aux plus-values en capital résultant de l'autofinancement ». L'entreprise apparaît de plus en plus comme une "société" (la nation étant la communauté par excellence), œuvre commune des capitaux, des dirigeants, des gestionnaires et des techniciens, enfin des travailleurs, catégorie qui englobe les ouvriers. Unis par un intérêt commun, qui est le rendement et le bon fonctionnement de cette société, les travailleurs ont un droit égal à l'information et à la représentation. Ce sont les « comités d'entreprise » en 1957, et l'« intéressement » en 1967. Quant au point de vue de l'État, la participation est une réforme « organisant les rapports humains ... dans les domaines économique, social et universitaire ». Les trois niveaux de la participation sont : la Na­tion, la région, l'entreprise.

 

Intéressement et planification

 

La participation dans l'entreprise revêt trois formes distinctes :

Pour les travailleurs, l'intéressement matériel direct aux résultats obtenus.

L'information ouverte et organisée sur la marche et les résultats de l'entreprise.

Le droit à la proposition sur les questions qui regardent la marche de l'entreprise.

En ce qui concerne le premier point, la législation se compose de l'ordonnance de 1959, de la loi de 1965 sur les droits des salariés, sur l'accroissement des valeurs de l'actif dû à l'autofinancement, et enfin l'ordonnance de 1967 instituant la participation aux bénéfices.

Pour le second, on doit se référer à l'ordonnance de 1945 (dont le rédacteur fut René Capitant, ancien membre du groupe Esprit) sur les comités d'entreprise. Quant au troisième, il concerne aussi une législation répartie dans les ordonnances de 1967. Pour appliquer ce nouveau régime, le général De Gaulle excluait tout recours à la force, que ce soit celle des pouvoirs publics ou celle de la rue. La révolution par la participation n'est pas une vulgaire "exhibition", elle ne se constitue pas de tumultes bruyants ni de scandales sanglants. L'État a néanmoins et sans aucun doute un rôle essentiel à jouer. Il faut, en toutes circonstances, qu'il tienne les leviers de commande. Tenir ces leviers, c'est prendre toutes les décisions qui favorisent la mise en place de ce nouveau régime. La nationalisation est un moyen. Ce n'est pas le seul ni le plus efficace. Ce que retient comme méthode privilégiée le Général De Gaulle, c'est la planification. Le Plan est le résultat de la coopération de plus en plus étendue des organismes qui concourent à l'activité nationale, la décision restant en dernier ressort aux pouvoirs publics. La question im­portante que pose à ce moment le Général De Gaulle est celle du régime apte à lancer ce vaste mouvement de réforme. En effet, si la question du régime politique est alors une question d'actualité, il n'est pas interdit de croire qu'elle est aussi et surtout une question permanente.

 

Le rôle des syndicats

 

Comme toute grande réforme, la participation demande beaucoup de temps et de volonté, et ces qualités sont celle, que l'État peut seul offrir. En accord avec les travailleurs eux-mêmes et certaines organisations "représentatives", l'État peut associer les partenaires sociaux aux responsabilités économiques françaises. À cette époque de l'immédiat après-guerre, De Gaulle croit encore aux vertus de ces syndicalistes qui furent aussi des cadres de la résistance. Si certains sont membres de féodalités inféodés à l'étranger (De Gaulle pense alors aux syndicalistes qui sont des militants du parti communiste), il fait en dernier lieu confiance aux vrais syndicats, attachés aux intérêts des travailleurs. Quant à ces syndicats, dont la fonction est de protéger la classe salariale, il faut que leur rôle soit transformé. Il ne faut pas que ceux-ci soient au service des partis politiques et de leurs intérêts partisans. Il ne faut pas que les communistes puissent contrôler leurs activités au sein de l'entreprise. Le syndicat doit subir une profonde rénovation spontanément et librement. Ils pourront ensuite assumer leur rôle, qui est d'éclairer leurs mandants et de participer aux contrats de société. Ils pourront aussi organiser le rendement dans l'entreprise, soutenir la formation technique, l'apprentissage et les qualifications.

De Gaulle est aussi conscient des limites de ces réformes. Elles ne doivent pas détruire les autres piliers de l'économie, que sont l'investissement des capitaux pour l'équipement des entreprises, ni l'autorité et l'initiative des dirigeants. L'objectif final sera atteint par des modalités et des procédures échelonnées dans le temps. L'étape préliminaire étant celle de l'intéressement. Le rôle des entreprises publiques est aussi essentiel ; c'est dans cette caté­gorie nouvelle des entreprises nationalisées, où sont exclues les questions de répartition des capitaux, l'État étant majoritaire, que l'on pourra appliquer cette première réforme. Cette stratégie progressive et prudente, se doublera d'autre part d'un système d'arbitrage « impartial et organisé qui assurera la justice des rapports ». Ce « régime organique d'association » connaît trois niveaux d'arbitrage : 1) Le Sénat économique et social, qui en est l'instance suprême ; le Sénat est la chambre des représentants des diverses catégo­ries d'intérêts du pays ; il peut conseiller le gouvernement dans l'ordre économique et social, à propos du Budget et du Plan. 2) Le Conseil Ré­gional, représentant les collectivités locales et les mandataires des diverses activités économiques, sociales et universitaires ; il a compétence pour ce qui touche l'équipement et le développement de la région, notamment le plan régional. Enfin dans l'entreprise, 3) l'institution des « délégués de la participation », chargés de négocier les contrats de participation. À côté de ces délégués seront institués des « comités de participation », à caractère consultatif. Les modalités de la participation sont : l'intéressement, l'actionnariat, les méthodes de gestion participatives, la cogestion et l'autogestion.

 

La nationalisation des monopoles

 

Pour permettre d'établir les meilleures conditions d'application de ces réformes, un moyen intéressant fut la méthode des nationalisations. L'objectif des nationalisations était purement politique. Il fallait interdire toute concentration excessive qui prenne la forme d'un monopole économique. L'intérêt général justifiait cette politique. On sait les méfaits des grandes puissances économiques et financières dans les nations d'Amérique centrale, où, sous la forme de multinationales aux budgets formidables, celles-ci peuvent s'opposer avec succès aux décisions des gouvernements légitimes et légaux (en fait, nous connaissons ce phénomène sur les cinq continents et les pays occidentaux soumis au système capitaliste n'y échappent pas plus que les jeunes nations du Tiers-Monde). Cette natio­nalisation des monopoles privés ne résout pas la question sociale. Elle est une condition favorable aux réformes nécessaires. C'est, écrit M. Des­vignes, « un moyen négatif ». La politique envisagée n'implique pas une volonté de détruire le secteur dit libre. Elle confirme le rôle prioritaire de l'État, qui doit assurer lui-même l'exploitation des activités nationales, à savoir dans l'immédiat après-guerre : l'énergie (charbon, électricité, pé­trole), le transport (chemins de fer, transports maritimes, aériens), les moyens de transmission (radio, plus tard télévision) ; le crédit (banques, établissement financiers). Il ne s'agit pas d'une étatisation, qui transformerait toutes ces sociétés en services publics, mais d'assurer le contrôle réel de l'État sur ces entreprises (par exemple sous la forme d'établissements publics à caractère industriel et commercial). Ainsi le Général De Gaulle précise-t-il plus tard (25/11/1951) que l'État ne doit pas être là pour financer la marche de ces entreprises. Il fixe pour cela des règles de fonctionnement et de gestion à ces entreprises nationales : respect des règles commerciales (transports par exemple), participation des usagers, fixation autonome des tarifs et des traitements, responsabilité entière du conseil d'administration et des directeurs. Il ajoute aussi que ces nationalisations sont souvent dévoyées en ce sens qu'elles se transforment en de puissantes féodalités à l'intérieur même de l'État. Il reste qu'il y a là un moyen privilégié d'assurer les réformes.

Revenons à l'analyse des modalités pratiques de la participation.

L'autogestion est un mot qui n'a jamais été prononcé par De Gaulle. Si l'autogestion est un moyen offert au personnel de participer à la direction de l'entreprise, par le biais de l'appropriation de l'autofinancement, et la constitution de minorité de blocage, de contrôle ou même d'une majorité au sein du conseil dirigeant, alors la participation est une méthode d'autogestion. Mais cette participation n'est pas l'autogestion puisqu'elle conserve au chef d'entreprise le pouvoir de décision. Car, l'écrit de Gaulle : « Délibérer, c'est le fait de plusieurs, agir c'est le fait d'un seul ». L'idée auto­gestionnaire précisée, analysons les trois systèmes de participation qui furent proposés.

Trois objectifs sont retenus : favoriser la participation du personnel aux résultats, aux responsabilités et au capital.

La participation aux responsabilités : elle fut envisagée la première. Il s'agit d'associer le personnel à ce qui est gestion, organisation et perfectionnement des entreprises (discours du 2/03/1945). Ce sont les « Comités d'entreprise  ».

 

« Casser le processus de la termitière »

 

Le 7 avril 1947, il préconise l'association aux bénéfices, qui prévoit l'intéressement des travailleurs au rendement, contrôlé par un système d'arbitrage impartial et organisé. Cet intéressement sera calculé selon une échelle hiérarchique déterminée par les textes législatifs. L'idée est la rémunération des travailleurs au delà du "minimum vital", selon une technique analogue à la rémunération des capitaux mobiliers et immobiliers, qui sont rémunérés au delà de leur conservation et de leur entretien. À l'association dans l'industrie, De Gaulle veut faire correspondre la coopération dans l'agriculture. Par la création de mutuelles (souvenons nous de ce qu'écrivait Proudhon), de coopératives, de syndicats, soit par régions et localités, soit par branches de production, on peut assurer aux agriculteurs liberté et indépendance. La méthode ayant pour finalité de casser le processus de la « termitière » typique de la société libérale industrielle.

Pour introduire dans les faits cette participation des travailleurs aux résultats dans les entreprises, il est proposé dès 1948 la création de « contrats d'association » destinés à :

Fixer la rétribution de base des ouvriers.

L'intérêt de base pour le capital qui procure les installations, les matières premières, l'outillage.

Le droit de base pour le chef d'entreprise qui a la charge de diriger.

L'idée qui soutient la création de ces contrats est la nécessaire égalité des divers partenaires de l'entreprise qui participent à ce qui est produit (travail, technique, capital, responsabilité) à la propriété et au partage de l'autofinancement. L'Association capital-travail crée un système de copropriété de l'entreprise. Les plus-values qui proviennent de l'autofinancement ne sont plus des modes exclusifs de rémunération du capital, mais doivent aussi être distribuées aux autres parties de la production.

 

L'association capital/travail

 

L'association est, dans l'idée gaullienne, une des idées-forces de l'avenir. En établissant cette association capital/travail, de Gaulle vise non pas seulement à motiver les travailleurs dans le destin économique de leur entreprise respective, mais il veut atteindre des objectifs plus ambitieux : consolider l'unité française, assurer le redressement national, donner un exemple à l'Europe.

Nous avons parlé jusqu'à présent de la participation en tant que traduction de l'idée gaullienne. Mais ainsi que celui-ci le rappelait lui-même dans une de ses allocutions, si la décision est le fait d'un seul, la délibération doit être le fait de plusieurs. Pour cela, il fut entouré d'hommes de valeur associés à sa recherche d'une résolution de la question sociale : sociologues, juristes, gestionnaires, économistes, ju­ristes, syndicalistes, philosophes, etc... Nous voudrions évoquer maintenant quelques figures marquantes qui ont soutenu cette œuvre. Trois hommes se dégagent, qui furent des figures marquantes : René Capitant, Louis Vallon et Marcel Loichot. Il faut évoquer la figure de René Capitant. Professeur de droit et homme politique, René Capitant a énoncé, dans son cours de doctorat de droit public, ce qui fut le fondement de la participation : ce principe est la liberté, qu'il définit comme une autonomie et qui « consiste non pas à n'être soumis à aucune obligation juri­dique, auxquelles on est habituellement soumis, mais qui garantit à chaque associé son autonomie personnelle ». Le contrat d'association est le garant d'une vraie participation puisqu'il est un contrat démocratique. Il écrit : « En régime capita­liste, la démocratie est... limitée aux relations qui s'établissent entre possédants et ne s'étend pas aux relations entre possédants et travail­leurs ». Le contrat démocratique sera le garant de la nouvelle démocratie sociale. Son adhésion au concept de la triple participation résulte de ce souci de « démocratie sociale ». En matière de participation, R. Capitant est partisan du « systè­me Sommer », qui lie l'augmentation des salaires non à l'accroissement de la production nationale, mais à la productivité concrète des entreprises. De la sorte, les salariés sont des copropriétaires de l'accroissement d'actifs résultant de l'autofinancement. Leurs parts sociales sont représentatives de leur part de propriété dans l'entreprise. (Il est favorable de ce fait à une révision de l'ordonnance de 1967 qui permet le remplacement des simples titres de créances au profit d'actions à part entière).

René Capitant est aussi favorable à une « responsabilité organisée de la direction devant les travailleurs ». En d'autres termes, il s'engage dans la voie d'une autogestion ouvrière. Il préconise deux types d'assemblées générales dans l'entreprise : l'Assemblée générale des actionnaires, et l'Assemblée générale des salariés. La direction serait responsable devant ces deux assemblées et on constituerait un organe permanent des salariés, le comité d'entreprise, parallèle au conseil de surveillance des actionnaires.

 

Les projets de Louis Vallon

 

On retrouve ces idées dans le célèbre amendement Capitant-Le Douarec de 1966, qui prévoyait :

Pour les sociétés anonymes, la création d'un « Directoire » assurant les pouvoirs de direction, et d'un « conseil de surveillance », chargé de contrôler le précédent. Ce conseil peut constituer, avec le comité d'entreprise, une commission paritaire mixte qui examinera toutes les questions relatives à la marche de l'entreprise. L'entreprise deviendrait une « coopérative ouvrière », mais ayant la possibilité de faire appel à des capitaux extérieurs, ce qui la rendrait compétitive face aux entreprises capitalistes. À côté de René Capitant, on trouve Louis Vallon, auteur du fameux « Amendement Vallon », modifiant la loi du 12/07/1965. L'amendement faisait obliga­tion au gouvernement de déposer un projet de loi sur la « participation des salariés à l'accroissement des valeurs d'actifs des entreprises à l'au­tofinancement ».

Pour L. Vallon, le mécanisme à mettre en place doit être un mécanisme juridique : l'octroi d'un droit aux salariés sur l'accroissement des valeurs d'actifs dû à l'autofinancement, droit qui est ga­ranti par une obligation légale faite aux entreprises. Cette participation a un autre avantage : elle favorise l'investissement et l'augmentation de la surface financière, parce qu'elle augmente les garanties fournies aux tiers par l'incorporation de réserves au capital. Enfin, il propose de compenser la moins-value des titres anciens par un système d'encouragement fiscal. En fait, ces projets se heurteront à l'hostilité des féodali­tés économiques, patronales et syndicales.

En résumé, Louis Vallon énonce quatre conditions essentielles : Les salariés doivent posséder de véritables titres de propriété, analogues à ceux des actionnaires antérieurs. La base du calcul de la participation comprend et le bénéfice fiscal et les plus-values implicites. Pour calculer avec réalisme l'accroissement des actifs, il faut une réévaluation régulière des bilans.

Il serait néfaste que soit créé un organisme cen­tral de gestion chargé de contrôler les titres de propriété des travailleurs. Il signifierait une perte d'identité des entreprises. D'où la critique ouverte de Louis Vallon contre l'ordonnance de 1967, qu'il juge trop modeste dans ses réalisations.

 

Marcel Loichot et le « pancapitalisme »

 

Enfin Marcel Loichot, polytechnicien, surnommé le « père du pancapitalisme ». Ce « pancapitalisme », il en résume ainsi les principes : L'homme, en tant que fabricant d'outils, est un capitaliste. Parce que l'outil est en soi un capital. La question est de savoir qui sera le possesseur du capital : les oligarchies économiques, l'État, les ouvriers ou les épargnants ?

Pour supprimer l'aliénation capitaliste, la dernière solution est retenue. C'est celle des « épargnants conjoints » (ouvriers, entrepreneurs, État, etc.).

Car, pour Loichot, le capitalisme néo-libéral reste un oligopartisme, tandis que le communisme est un monocapitalisme. Dans ce cadre, les biens de production sont abusivement confisqués par la classe possédante. S'il y a partage des biens de consommation, ce partage n'est qu'un trompe-l’œil, qui perpétue la « spoliation des salariés ». Pour faire cesser cette spoliation, il faut diffuser la propriété, dans le cadre d'une société dite « pancapitalisme ». Dans ce système, un projet de loi présenté devant le Parlement prévoyait, entre autres projets, que les droits d'attribution d'actions gratuites, par voie de réévaluation de l'actif, réservent au moins 50% aux travailleurs ayant au moins 10 ans de présence dans l'entreprise, proportionnellement aux salaires perçus.

 

IV - Les textes instituant la participation

 

Nous ne présenterons pas l'ensemble de ces textes, dont l'analyse serait longue et fastidieuse. Historiquement, nous avons souligné le retard de la France en matière sociale sous la IIIème Ré­publique, retard qui fut comblé partiellement par les réformes instituées par le gouvernement du Front Populaire. En ce qui regarde la question de la participation, on peut citer quelques textes, imparfaits et sans grands résultats (Loi du 18/12/1915 sur les sociétés coopératives de production, loi du 26/04/1917 sur les sociétés anonymes à participation ouvrière et actions de tra­vail, loi 25/02/1927 sur les sociétés coopératives ouvrières de production). Il faudra ensuite attendre les ordonnances de 1945 (22 et 25/02/1945) pour voir s'instituer les premiers comités d'entreprise, et le Décret-Loi du 20/05/1955 sur l'association des salariés à l'accroissement de la productivité.

La naissance de la Vème République allait engager ce vaste mouvement législatif qui prétendait aborder la question sociale. On compte, entre l'ordonnance de 1959 et la loi de 1973 relative à la souscription ou à l'acquisition d'actions de sociétés par les salariés, pas moins de 4 ordonnances, 3 décrets et 8 lois pour organiser la participation. On retiendra le cœur de ce projet, constitué par les 3 ordonnances du 17 août 1967, relative à la participation des salariés aux fruits de l'expansion de l'entreprise (ordonnance n°1), relative aux Plans d'Épargne d'entreprise (ordonnance n°2), et relative aux modifications et compléments de la loi du 24 juillet 1966.

Quelle est la portée de ces ordonnances ? On trouve une présentation de sa portée dans la présentation du rapport au Président de la République.

Elles ont pour objet de permettre une amélioration de la condition des travailleurs, et de modifier les rapports dans les entreprises entre les travailleurs et les patrons.

Pour réaliser ces objectifs, l'ordonnance n°67.­693 institue :

* Un partage des bénéfices, sur la base du bénéfice fiscal net (on remarquera qu'est rejeté ici le projet Loichot, qui incluait, dans la base du calcul, les plus-values implicites). La rémunération forfaitaire du capital est donc déduite du bénéfice net au taux de 5% après impôt. De plus est appliqué un coefficient (rapport des charges sociales à la valeur ajoutée) qui évite aux entreprises à forte capitalisation et faible main d'œuvre que les salariés ne perçoivent une rémunération disproportionnée sur base des bénéfices. Autrement dit, le partage entre les actionnaires et le personnel est effectué après rémunération à taux élevé (10% avant impôt), et l'application d'un coefficient aux effets cumu­latifs avec ceux de la rémunération forfaitaire des capitaux.

* Elle institue aussi le caractère légal et obligatoire de l'ordonnance. Toutes les entreprises de plus de 100 salariés sont concernées. Le système de la cogestion en République Fédérale allemande concerne les entreprises de plus de 500 salariés. Le système français s'inspire en fait des expériences de cosurveillance appliquées en Suède et en Hollande.

* Elle règle ensuite la forme juridique des contrats d'association. Trois possibilités sont accordées aux entreprises françaises : le cadre de la convention collective ; l'accord passé entre le chef d'entreprise et les syndicats dits "repré­sentatifs", obligatoirement membres du personnel de l'entreprise ; l'accord passé dans le cadre du comité d'entreprise.

 

Avant de présenter quels objets licites l'ordonnance prévoit, formulons quelques remarques quant aux positions des divers syndicats à l'endroit de la participation.

 

La position des syndicats patronaux et ouvriers

 

Le Général De Gaulle avait prévu, dès le départ, le problème majeur qui risquait de supprimer les effets positifs du projet. Ce problème était celui des syndicats, ouvriers et patronaux. L'opposition de ces féodalités, que l'on a pu constater depuis lors, était un obstacle essentiel que craignait le chef de l'État. Pour les syndicats, deux catégories de réactions étaient à prévoir. Celle des syndicats affiliés au parti communiste, pour qui faction syndicale est une œuvre de division nationale, et les revendications des travailleurs un moyen de développer l'agit-prop. À leur égard, il n'y avait aucune illusion à se faire ; pour la Confédération Générale du Travail (CGT), proche du parti communiste français, il y avait une opposition absolue aux ordonnances. Cette opposition était naturelle, si on veut bien se rappeler tout l'arrière-plan idéologique que les promoteurs de la participation défendaient. Les tentatives, réussies pendant un temps, de détacher le monde ouvrier de l'influence du PCF, étaient mal vues de sa courroie syndicale. Pour Henri Krasucki, le projet Capitant était « un des innombrables systèmes qui se sont essayés à enjoliver le capitalisme et à mélanger l'eau et le feu », pour ajouter : « la notion de participation correspond à un problème réel ». Pour la CGT, la participation est un slogan qui ne brise pas les féodalités économiques et financières. Pour la Confédération Française Démocratique du Tra­vail (CFDT), proche des courants autogestion­naires, la participation dans l'entreprise n'est pas a priori mauvaise en soi. Elle demande à être élargie. Au cours d'un débat tenu le 5 juin 1972, entre Marcel Loichot et le président de la CFDT, fut posée la question essentielle : celle de la propriété des moyens de production. Les questions posées furent celles-ci : l'usine à Roth­schild ? L'usine à l'État ? Ou l'usine à ceux qui y travaillent ?

Pour le syndicat Force Ouvrière, réformiste, elle prend une position moyenne, tout à fait dans sa ligne social-démocrate.

Les syndicats patronaux, quant à eux (en tête, le Conseil National du Patronat Français), sont hostiles au projet qui, selon leurs analyses, ne répond pas à la vraie question qui est la suivante : « Qui doit commander ? ». Enfin les syndicats de cadres, en principe non hostiles à la participation, restent proches des positions du patronat.

À l'exception notable du courant autogestionnaire, très timide face à cette réforme, il y a donc une conjonction spontanée des féodalités syndicales contre la participation. Du patronat libéral à la centrale communiste, l'idée apparaît comme dangereuse, pour la simple raison qu'elle envisage une société beaucoup plus attentive à la question sociale.

Le test est révélateur ...

Mais revenons aux ordonnances de 1967. L'objet de l'accord doit ensuite être licite. Il peut également prévoir : l'attribution d'actions de l’entreprise, l'affectation des sommes de la réserve spéciale de participation à un fonds d'investissements, etc.

* Enfin elle traite de l'attribution des droits du personnel : ces droits seront malheureusement limités, puisque seront exclus en dernière instance les droits de participation au capital, et aux décisions au sens de la directive du 31 juillet 1968.

On voit que le projet "idéologique" de la participation demeura bien au-delà des réalisations législatives. La France de la croissance des années 1960/1970 est une France prospère où l'expansion constitue un manteau épais qui relègue les grandes questions au second plan. Pour les organisations syndicales, le projet politique ne constitue plus un enjeu. Les discussions se greffent plus souvent sur des questions alimentaires ou, plus largement, sur la gestion d'une société de consommation euphorique. Les grands débats sont abandonnés, à quelques exceptions près. L'idéologie bourgeoise battue en brèche par les contestataires, telle Protée, resurgie sous la forme plus subtile d'une mentalité imprégnant toutes les couches sociales. L'ouvrier rêve de devenir bourgeois, et les syndicats sont des partenaires bien éduqués, siégeant à des tables de négociations. Le projet de la participation a été digéré par ces féodalités que dénonçait le Général De Gaulle dès l'immédiat après-guerre.

CONCLUSION

La participation a voulu proposer un lieu de dépassement du capitalisme et du marxisme. L'évolution du régime économique et social, qui devait résoudre la question sociale, a abouti à un semi-échec. La société occidentale, libérale et capitaliste, la société de la "liberté" bourgeoise, ont étouffé le projet. Il n'y a pas eu confrontation directe, et De Gaulle avait pressenti le rôle dangereux parce que discret des féodalités. L'idée ambitieuse et poétique de forger l'unité nationale par la résolution de la question du salariat n'était pas supportable pour tous ceux qui ont fait profession de la politique. La ligne de clivage entre partisans et adversaires de la participation passait en effet dans l'intérieur des partis traditionnels.

La participation pouvait en réalité constituer le point de départ d'une vaste subversion des cadres conservateurs de la société bourgeoise d'après 1945. La révolution industrielle était aussi une révolution culturelle. Elle avait créé une société brisée, scindée selon des critères socio-écono­miques. D'un côté, la bourgeoisie possédante, industrielle et financière, qui bénéficie des profits du changement. C'est une bourgeoisie triomphante, propriétaire exclusive des moyens de production, qui construit une société et un régime à son image. De l'autre côté, la création d'une classe de salariés, attirée par les grandes manufactures qui donnent des emplois. Face au capital qui investit, le travail n'est pas une valeur positive. Elle n'est pas productrice de bénéfices, mais seulement de rémunérations salariales. Pourtant, de tous les côtés, des hommes se lèvent, et osent dénoncer ce système politico-économique dominé par les valeurs de la révolution dite "française". Le socialisme français de Proudhon, et de Sorel est rejoint dans sa contestation de l'ordre bourgeois libéral et républicain par les penseurs du catholicisme social. Plus tard, des mouvements plus radicaux, élèves du socialisme national, exigent une réforme plus vaste. Ils exigent la Révolution. C'est l'époque de Barrès, du premier Maurras (celui de La Revue Grise), des socialistes révolutionnaires travaillant côte à côte avec de jeunes monarchistes soréliens (le Cercle Proudhon). Tous ces groupes constituent cette "droite révolutionnaire" qui allient le sens de la Nation et celui des libertés réelles. En réalité, ce creuset n'engendre pas un parti de droite, mais quelque chose de nouveau, qui va plus loin.

Contre la république opportuniste et radicale, qui n'hésite pas à tirer sur les ouvriers en grève, il y a une conjonction historique. Il est dommage que celle-ci n'ait point abouti. Il reste que, beaucoup mieux que le bourgeois Marx, elle a dégagé dans ses écrits la question essentielle. Le salariat est le système juridique et social qui symbolise le monde bourgeois. Avec son idée d'une triple participation (aux capitaux, aux résultats, aux décisions), le Général De Gaulle se situait dans le droit fil de cette tradition socialiste française. Il a fallu la réunion de toutes les oppositions féodales pour briser le projet. Il reste un exemple à méditer. Ce peut-être le sujet de nos réflexions futures. Car il faudra bien un jour, en dépassant les vieilles idéologies capitalistes et marxistes, résoudre la question sociale.

 

Ange SAMPIERU

 

BIBLIOGRAPHIE (par ordre de consultation)

 

• I) INTRODUCTION :

 

1) M. DESVIGNES, Demain, la participation, au-delà du capitalisme et du marxisme, Plon, Paris, 1978.

2) Charles DE GAULLE, Discours et Messages, Plon, Paris, 1970.

 

• II) L'IDÉOLOGIE DE LA PARTICIPATION : Les sources... :

 

1) Michel JOBERT, Mémoires d'avenir, Le Livre de Poche, Paris.

2) Jean-Gilles MALLIARAKIS, Yalta et la naissance des blocs, Albatros, Paris, 1982.

3) Jean TOUCHARD, Histoire des idées politiques, Tome II, Du XVIIIème siècle à nos jours, Presses Universitaires de France, Paris, 1975.

4) J. IMBERT, H. MOREL, R.J. DUPUY, La pensée politique des origines à nos jours, Presses Universitaires de France, Paris, 1969.

5) Jean ROUVIER, Les grandes idées politiques, de Jean-Jacques Rousseau à nos jours, Plon, Pa­ris, 1978.

6) J.B. DUROSELLE, Les débuts du catholicisme social en France, Presses Universitaires de France, Paris, 1951.

7) François PERROUX, Aliénation et société industrielle, Gallimard, coll. "Idées", Paris, 1970.

8) Œuvres de PROUDHON : les principaux ouvrages de PROUDHON sont édités aux éditions Marcel Rivière (Diffusion Sirey) : De la justice dans la Révolution et dans l'Église (4 volumes, 1858) ; Les confessions d'un révolutionnaire (1849) ; L'idée générale de la Révolution (1851) ; Qu'est-ce que la propriété ? (1840 et 1841) ; Carnets (6 volumes dont 2 publiés par P. HAUBTMANN aux éditions Rivière, 1960/ 1961).

9) Hippolyte TAINE, La Révolution française, Tome II, Des Origines de la France contempo­raine, R. Laffont, Paris, 1972.

10) Œuvres de LAMENNAIS : les principaux ouvrages sont édités aux éditions Le Milieu du Monde, Genève : Essai sur l'indifférence en matière de religion (1817/1824) ; L'avenir (1830/1831) ; Les paroles d'un croyant (1834) ; Le livre du peuple (1837) ; La question du travail, etc.

11) Carl E. SCHORSKE, German Social Demo­cracy, Cambridge, Mass., 1955.

12) F.G. DREYFUS, De Gaulle et le Gaullisme, PUF, coll. "politique d'aujourd'hui", Paris, 1982.

 

• III) L'IDÉOLOGIE GAULLIENNE :

 

1) Zeev STERNHELL, La droite révolutionnaire, Seuil, Paris, 1978.

2) F. LAFARGUE - Friedrich ENGELS, Correspondance, éditions sociales, Paris, 1956.

3) Maurice BARRÈS, articles de La Cocarde, cités par Z. STERNHELL, n° du 8/09/1894 et du 14/09/1890.

4) J.-L. LOUBET del BAYLE, Les non-confor­mistes des années 30, Seuil, Paris, 1969.

 

• IV) LA PARTICIPATION :

 

1) René CAPITANT, La réforme pancapitaliste, Flammarion, Paris, 1971.

2) René CAPITANT, Écrits politiques, Flamma­rion, Paris, 1971.

3) René CAPITANT, Démocratie et participation politique, Bordas, Paris, 1972.

4) Sur ce sujet, consulter aussi la revue ES­POIR, éditée par l'Institut Charles de Gaulle (5, rue de Solférino, 75007 PARIS), n° 10/11, 5, 17, 28, 35.