vendredi, 03 février 2023
Qu'en est-il de nos oeuvres d'art pillées par les Français entre1794 et 1814 ?
Qu'en est-il de nos oeuvres d'art pillées par les Français entre 1794 et 1814?
par Jan Huijbrechts
Source: https://palnws.be/2023/02/wat-met-de-franse-roofkunst/
Vous ne pouviez vraiment pas manquer le coche ces derniers mois. Qu'il s'agisse d'objets d'art volés au Congo pendant la période coloniale ou du livre très médiatisé du journaliste d'investigation Geert Sels sur les œuvres d'art pillées par les nazis... Le thèmes des oeuvres d'art pillées au cours de l'histoire est à la mode... Il est donc quelque peu étrange qu'entre-temps, un silence assourdissant se soit abattu sur les oeuvres qui ont été pillées dans nos régions par des occupants étrangers au cours des siècles. Cela s'est produit à une échelle sans précédent et de manière systématique pendant l'occupation française (1794-1814).
Dans le sillage des armées françaises, trois commissions pénètrent dans nos régions immédiatement après la bataille de Fleurus (26 juin 1794) pour recueillir "tous les monuments, toutes les richesses, toutes les connaissances concernant les Arts et les Sciences, pour en enrichir la République". Ils ont été dirigés par le marchand d'art parisien Lebrun - un grand connaisseur de la peinture baroque flamande - qui s'est lui-même inspiré du guide de voyage culturel Voyage Pittoresque de la Flandre et du Brabant publié par Jean-Baptiste Descamps en 1769. Avec ce guide à la main, les membres du comité, dont l'architecte et peintre renommé Charles de Wailly et l'illustrateur Pierre-Jacques Tinet, ont parcouru villes et campagnes à la recherche de précieux butins. Selon le rapport de Tinet, il a confisqué lui-même 73 œuvres d'art. Mais cela ne s'est pas arrêté là.
Le vol d'artefacts dans nos régions reste malheureusement encore trop souvent sous le radar
La commission dans laquelle siégeaient les peintres Jacques-Luc Barbier et Antoine Léger a encore aggravé la situation. Ils ont commencé leur mission à Anvers le 31 juillet 1794. Là, ils ont saisi une cinquantaine de tableaux en à peine une semaine. De là, ils se sont rendus à Malines, Lierre, Bruxelles, Louvain, Alost, Gand et Bruges, entre autres, où ils ont volé une quarantaine d'autres œuvres. Les œuvres d'art pillées ont été rassemblées à Bruxelles d'où, entre septembre 1794 et février 1795, pas moins de sept transports sont partis pour "la douce France" .....
Quelques-unes des oeuvres d'art pillées, jamais restituées et entreposées dans des musées dont les direction pratique le recel.
Louvre
La plupart de ces œuvres ont fini au Louvre. Un "Jugement dernier" de Jacob Jordaens, deux toiles de Frans Francken et une "Crucifixion" de Caspar de Craeyer y sont encore accrochés aujourd'hui. Mais on trouve aussi des œuvres pillées ailleurs en France. La "Vision de Dominique" de Pieter Paul Rubens, par exemple, est exposée au Musée des Beaux Arts de Lyon. Une autre de ses œuvres se trouve à Lille. La "pêche miraculeuse", un autre chef-d'œuvre de Caspar de Craeyer, est également accrochée à Lille, tandis que le "Saint Sébastien" de Wenceslas Co(e)bergher, qui avait été volé dans la cathédrale Notre-Dame d'Anvers, se trouve désormais au Musée des Beaux Arts de Nancy. Un Antoon Van Dyck est accroché à Caen, et pour admirer un bel Otto Venius, il faut aller à Bordeaux.
Les troupes françaises ont d'ailleurs appliqué plus tard la même recette en Italie et en Égypte, par exemple, dont l'obélisque de Louxor sur la place de la Concorde à Paris est un témoignage durable. Alors que le pillage d'œuvres d'art en Italie et en Égypte a fait et fait encore l'objet d'une attention mondiale, le vol d'objets d'art dans nos régions est malheureusement encore trop souvent resté et demeure sous le radar. Une petite partie des œuvres d'art et des artefacts pillés ont été récupérés par Guillaume Ier après la chute de l'empire napoléonien en 1815, mais après cela, les choses sont devenues bien calmes dans ce dossier.
Pas de commission de suivi
Ce n'est qu'en 2015 que la secrétaire d'État de l'époque, Elke Sleurs, a fait dresser par l'Institut royal du patrimoine culturel un inventaire des 188 œuvres d'art pillées. Après une enquête juridique exploratoire, - malheureusement - aucune autre mesure n'a été prise, par exemple la création d'une commission de suivi. Apparemment, cela a été considéré comme un point final au niveau fédéral, alors qu'en fait, cela devrait être le point de départ d'un large débat sur la restitution de nos oeuvres d'art volées par les Français. Pour le député flamand Filip Brusselmans, qui suit ce dossier depuis son entrée en fonction, la coupe est désormais pleine. Il y a quelques jours, le Vlaams Belang a soumis une proposition de résolution, tant au Parlement flamand qu'à la Chambre des représentants, demandant la création d'une commission chargée d'obtenir la restitution de ces oeuvres d'art spoliées par le biais d'une consultation bilatérale avec la France.
Après tout, la restitution est une option viable. En 1993, Mitterrand, alors président de la République, a restitué à la Corée du Sud un précieux manuscrit confisqué et ayant appartenu aux archives royales de Corée lors d'une expédition punitive française en 1867. En novembre 2018, suite à la publication d'une étude virulente de l'historienne d'art Bénédicte Savoy et de l'auteur sénégalais Felwine Sarr, l'État français a annoncé sa volonté de restituer le patrimoine culturel africain spolié, y compris au Bénin. En d'autres termes, rien n'empêche le retour des œuvres d'art pillées dans nos régions également
17:36 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Belgicana, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, france, belgique, flandre, art, pillages, recel, recel de biens volés, droit commun, histoire, révolution française | |
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Guillaume Faye et la renaissance du gramscisme de droite
Les oubliés: Guillaume Faye
La renaissance du gramscisme de droite
Lorenzo Cafarchio
Le philosophe français Guillaume Faye est l'idéologue de l'"archéofuturisme" : il soutient que la technologie et la science ne sont pas diaboliques tant que le passé n'est pas effacé. Il voulait conquérir les consciences à travers le cinéma, l'art et la littérature
"Mais les jours où j'oublie sont terminés, les jours où je me souviens sont sur le point de commencer". C'est ainsi que Quentin Tarantino fait parler Ringo, joué par l'acteur américain Tim Roth, dans le film Pulp Fiction. Ainsi est née notre rubrique Les oubliés. Ici, l'oubli prend fin, la mémoire s'allume. Les hommes et les femmes de culture ensevelis sous les décombres du progrès retrouvent la lumière, ils reprennent la parole. Le troisième épisode présente le philosophe français Guillaume Faye.
Le salut de l'humanité est définitivement une expression vide de sens. Dans les premiers rivages abordés par la chronique Les Oubliés, nous avions accosté dans les ports placides et réfléchis d'Oriani et de Berto, cette fois, après avoir traversé la frontière alpine, nous arrivons au pied de la Tour Eiffel. C'est Guillaume Faye qui nous parle et il le fait, malgré son décès le 6 mars 2019, encore haut et fort. Sur son bureau sont éparpillés des notes, des interviews et des livres. Les pensées du philosophe s'écoulent vers l'avenir. Il a animé la Nouvelle Droite française, et en fit partie de 1970 à 1986 - il la quittera en claquant la porte et en tournant le dos à Alain de Benoist: désaccords sur des thèmes fondamentaux - et fut parmi les principaux théoriciens du GRECE (Groupement de Recherches et Etudes pour la Civilisation Européenne). Le journaliste Manilio Triggiani, dans un portrait paru dans les colonnes de Barbadillo, le décrit comme un orateur impétueux doté de superbes talents de discoureur. "Il a parlé du gramscisme de droite, de la conquête des consciences par le cinéma, l'art, la littérature et la pensée politique". Le Système à tuer les peuples (publié pour la première fois en Italie en 1983 par les Edizioni dell'Uomo Libero et réédité en 2017 par la maison d'édition AGA de Maurizio Murelli) est devenu un texte charnière pour au moins deux générations de jeunes Européens. Dans la préface de la dernière édition, Robert Steuckers prévient, avant la lecture, que si le peuple a "oublié ses valeurs, le peuple meurt parce qu'il ne peut plus agir selon ses propres lois intérieures. Le système l'a tué". La tension morale est en sommeil, la famine est partout. La puissance des lignes de Faye est toujours vivante, intacte, après quatre décennies. La matrice qui nous entoure donne un aperçu de son vrai visage, après tout "un employé de banque singapourien est plus occidental qu'un paysan breton qui parle sa langue et suit sa culture ancestrale. L'un fait partie du Système, l'autre non". Tel est le choix. Le choix de la conscience, rien d'autre en dehors de cela.
"Le plus inquiétant". Le philosophe ombrien Adriano Scianca - qui a édité le texte Dei e potenza (éditions Altaforte), un recueil d'écrits de l'auteur français - a défini Faye de cette manière. La conscience de l'Europe, contre l'Occident castrateur. Le plus dérangeant parce qu'il était capable de regarder au-delà du conservatisme stérile de pensée faible. Capable d'imaginer Marinetti et Evola marchant bras dessus bras dessous. Mélangeant "les technosciences les plus avancées et les valeurs archaïques, dans une société à deux vitesses: une élite qui aura accès aux technologies futuristes coexistera avec une masse revenue à un mode de vie néolithique".
Telle est la photographie radieuse de Scianca. Car lorsque les héros sont fatigués, il est temps d'intervenir, de chercher dans l'histoire et le mythe ce que nous voulons être. C'est nous, mus par le temps de l'action, qui définissons l'avenir. "Que les créateurs de fausses jeunesses soient sur leurs gardes : tant qu'il y a ceux qui veillent, tout est possible. La jeunesse, un jour ou l'autre, peut l'entendre". L'appel infini - déclenché par un article paru dans la revue Éléments en octobre 1982 - est un magma qui coule sous les pieds de générations anesthésiées par le chloroforme de la société.
Nous sommes les bâtisseurs de l'âge à venir. "Il nous appartient donc, à nous qui vivons dans l'interrègne, selon la formule de Giorgio Locchi, de préparer dès maintenant la conception-du-monde de l'après-catastrophe". L'archéofuturisme (AGA) est l'essence de l'archaïsme et du futurisme qui nous accompagne depuis plus de vingt ans. Depuis que Guillaume Faye, dans une seconde jeunesse littéraire et philosophique, est réapparu au seuil de l'an 2000 en crachant au visage de l'actualité. La propension à l'insignifiance de tout ce qui nous entoure résonne dans le vide. La modernité est passatiste. Nous devons embrasser les "valeurs anti-individualistes" qui "permettent la réalisation de soi, la solidarité active, la paix sociale, là où le pseudo-individualisme des doctrines égalitaires crée la loi de la jungle". Stefano Vaj, l'agitateur culturel qui a le plus permis la diffusion de la pensée de Faye en Italie, a esquissé les contours de l'écrivain transalpin dans un article au titre grandiloquent Per l'autodifesa etnica totale - divisé en trois parties et paru dans la revue L'Uomo Libero en 2001 - décrivant son oraison comme hypnotique. "Il ressemblait quelque peu, physiquement et dans ses mouvements, au jeune Feddersen, joué par Gustav Froelich, le protagoniste du film Metropolis de Fritz Lang. Ses dialogues donnaient l'impression d'un "'fanatisme lucide' dans lequel se mêlaient des réminiscences de Che Guevara, D'Annunzio, Ignace de Loyola et Goebbels". En un mot, de la dynamite. Après tout, en écoutant Faye, il pouvait aussi arriver, entre autres scénarios, de se retrouver dans le film porno dont il devait être la vedette à un jeune âge. Une légende qui s'alimente, comme le roi du fouet Udo Kuoio, né Andrea G. Pinketts.
La dernière interview italienne, en 2019, a été recueillie par Francesco Boco (qui a édité le texte du Français dans Per farla finita col nichilismo publié par la maison d'édition SEB) et Andrea Anselmo pour Il Primato Nazionale. Un Faye, qui, au final, partait à la recherche d'une "société archéo-futuriste" parmi les gratte-ciel d'"Israël, de la Chine ou du Japon". Désemparé par le fait que "l'Europe ne peut plus concevoir de grands projets historiques". Parce que la connexion est ici. Nous avons éteint les lumières de notre vaisseau spatial, l'horizon est resté notre point de mire, tandis que les étoiles qui veillent sur nous doivent à nouveau devenir le but. La vision prométhéenne de Faye est prête à voler le feu des idées pour revigorer la flamme de l'Europe contre celle de l'Occident en déclin catastrophique.
Lorenzo Cafarchio
15:48 Publié dans Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle droite, guillaume faye, archéofuturisme | |
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Hybris, le mot clé de la politique américaine
Hybris, le mot clé de la politique américaine
Alexander Bovdunov
Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/hybris-la-parola-chiave-della-politica-americana
Mot du jour : ὕβρις (Hybris) est une catégorie négative de la culture grecque classique. Ce mot signifie manque de mesure, arrogance, ivresse du pouvoir, confiance excessive en soi.
Dans le réalisme classique de Hans Morgenthau, basé en grande partie sur l'Histoire de la guerre du Péloponnèse de Thucydide, la catégorie ὕβρις a une signification particulière. Les réalistes, qui proposent un retour aux origines (c'est-à-dire aux Grecs) par opposition aux néo-réalistes, chez qui les concepts d'"équilibre des forces", de "puissance" et d'"anarchie internationale" acquièrent des traits mécaniques, y prêtent une attention fondamentale.
Hans Morgenthau.
Dans cette interprétation, c'est l'ὕβρις qui est la cause du déclin et des défaites d'Athènes. L'absence de la vertu de maîtrise de soi conduit au déclin du pouvoir hégémonique. Seule la maîtrise de soi, une mesure, permet de gouverner efficacement. Sinon, c'est le désastre.
"L'arrogance de la tragédie grecque et shakespearienne, le manque de retenue d'Alexandre, de Napoléon et d'Hitler sont des exemples de situations extrêmes et exceptionnelles", a noté Morgenthau.
Le succès et le pouvoir provoquent l' "ὕβρις", amènent les dirigeants des États, et donc les États eux-mêmes, à surestimer leur capacité à contrôler les événements, ce qui, comme dans les tragédies grecques, conduit au désastre. Les Grecs considéraient l' "ὕβρις" comme la propriété principale du début de l'ère titanique, qui se manifeste dans l'homme, conduisant à la peripeteia - la disparition de la fortune, suivie de la nemesis - le châtiment divin.
Ce n'est pas seulement l'équilibre des forces, mais aussi l'ordre, la loi, le "nomos" qui assurent la stabilité des relations entre les États. Le Nomos exige la mesure. Le manque de mesure et l'arrogance conduisent à l'anomie, qui ne peut être surmontée que par la création d'un nouvel ordre. La tragédie grecque devient un paradigme pour comprendre les relations internationales.
Dans notre histoire, l'"arrogance" de l'unique superpuissance, la violation des normes écrites et non écrites du droit international (nomos) l'ont de facto aboli, le manque de retenue dans la revendication du contrôle de territoires de plus en plus nombreux et l'imposition de ses propres attitudes civilisatrices a conduit à un retour de bâton de la part de la Russie et peut-être à l'avenir de la Chine. Le conflit ukrainien est une conséquence du déclin du pouvoir débridé des États-Unis, causé par le pouvoir lui-même. Mais la dimension tragique ouvre la perspective d'une purification si le nouveau pouvoir est fondé sur la loi sacrée, apportant avec elle l'ordre et la justice. Comme dans l'Antigone de Sophocle, le nouvel ordre naît dans la tragédie, lorsque la tentative de faire respecter la supposée "légalité" relève du titanique et du tyrannique, de l'ὕβρις .
Cependant, on peut continuer à raisonner dans ce sens. Le début d'une période titanique de l'histoire se caractérise non seulement par l'excès, mais aussi par la déficience, par le fait de ne pas aller jusqu'au bout, par l'abandon des limites finales. L'important n'est pas d'être des titans en pensée et en action. L'incertitude des limites, le flou de l'image est une caractéristique de ces pouvoirs. L'ordre exige la clarté, la compréhension, la clarté de l'objectif et la clarté de la vision, littéralement la "théorie".
katehon.com
12:23 Publié dans Actualité, Définitions, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie politique, hybris, démesure, états-unis, définition, théorie politique, politologie, sciences politiques | |
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jeudi, 02 février 2023
Carl Schmitt sur Hegel et Marx
Carl Schmitt sur Hegel et Marx
par Joakim Andersen
Source: https://motpol.nu/oskorei/2023/01/15/lastips-carl-schmitt-om-hegel-och-marx/
Carl Schmitt a été une connaissance fréquente et précieuse pour notre site Motpol, en partie en tant parce qu'il est un analyste sobre de la politique. Ses arguments sur la distinction ami-ennemi, le souverain, le nomos, le partisan et l'état d'exception ont influencé les penseurs de droite comme de gauche. Le révolutionnaire conservateur Schmitt était également un critique, toutefois sous-estimé, de la civilisation, identifiant des aspects de la crise de l'Occident dans des œuvres telles que Hamlet ou Hécube. Il est intéressant de noter qu'il a cité Bruno Bauer, Nietzsche, Cortés et Baudelaire comme des voix importantes de la crise du 19ème siècle.
Une ressource féconde pour le schmittien se trouve dans le compte youtube Der Schattige Wald (https://www.youtube.com/@derschattigewald3912/videos), lié à ce trésor de traductions d'Ernst et Friedrich Georg Jünger connu sous le nom de Jünger Translation Project (https://jungertranslationproject.wordpress.com/). Sur Der Schattige Wald, nous trouvons, entre autres, une traduction du texte de Schmitt de 1931 sur Hegel et Marx. Le point de départ de Schmitt est ce qui unit Hegel et Marx, la méthode dialectique; il note également qu'il faut appliquer la méthode de ces deux penseurs à soi-même.
Cette approche s'avère fructueuse. Schmitt note que lorsque le jeune Marx s'est opposé à la défense du statu quo par son aîné Hegel, c'est avec la méthode de ce dernier qu'il l'a fait. Marx savait que "la philosophie et la méthode dialectique de Hegel ne permettaient aucun sur-place ni aucun repos, et, à cet égard, elle était et restait le morceau de philosophie le plus révolutionnaire que l'humanité ait alors produit". Il est intéressant de noter que Schmitt identifie une logique qui mène de cela à l'intérêt de Marx pour l'économie politique. L'État, que Hegel considérait comme "le domaine de l'esprit objectif et présent", se trouvait pour Marx dans une phase de transition ("en partie une relique d'époques historiquement obsolètes, et en partie un instrument d'une société bourgeoise essentiellement économique et industrielle"). Le jeune hégélien a donc dû essayer de comprendre ce dernier phénomène, ce qui a finalement conduit à Das Kapital.
En même temps, Schmitt avait accès à des matériaux et des textes qui manquaient à Marx en ce qui concerne le jeune Hegel. Ceux-ci préfigurent en partie le radicalisme de Marx. "Aujourd'hui, nous sommes familiers avec le Hegel qui était un ami de Hölderlin" écrit Schmitt. Cela devient vraiment intéressant lorsque Schmitt note que "c'est le jeune Hegel qui a défini le premier le concept de bourgeois comme celui d'un homme essentiellement apolitique et ayant besoin de sécurité. La définition se trouve dans un article de 1802 sur la constitution allemande qui n'a pas été publié avant la fin du siècle". Nous trouvons des définitions similaires du bourgeois chez d'autres penseurs allemands, de Jünger à Schmitt lui-même. L'attitude anti-bourgeoise semble être un phénomène germanique qui ne mène qu'exceptionnellement aux conclusions tirées par Marx. L'attitude anti-bourgeoise germanique conduit normalement à d'autres idéaux sociaux et humains.
Le raisonnement de Schmitt sur les conditions préalables du socialisme moderne, tant en termes de critique sociale que de méthode dialectique, est également intéressant ("le socialisme n'est pas simplement un type possible de critique des maux communs à toutes les époques"). Les Gracques n'étaient pas socialistes, pas plus que l'anabaptiste du 16ème siècle Müntzer. La relation du socialisme à la raison dialectique présente à la fois des forces et des faiblesses. Schmitt présente un aspect du projet comme relativement sympathique, le désir de "construire l'histoire de l'humanité elle-même, de saisir l'époque actuelle et le moment présent, et de faire ainsi de l'humanité le maître de son propre destin" (comparez le discours de Marx qui parle de mettre fin à la préhistoire de l'humanité et de commencer son histoire consciente). Dans le même temps, le rapport à la dialectique implique une conviction de réussite qui n'est pas nécessairement ancrée dans la réalité mais qui constitue néanmoins une puissante force motrice. Schmitt décrit ici la conviction que si l'on peut expliquer un phénomène, un ordre ou une classe, sa fin est garantie. Pour le profane, cela peut sembler difficile à saisir, mais c'est un point de départ de la pensée de Marx. Schmitt écrit ici que "tant que la situation historique de cette classe ennemie n'est pas encore mûre, tant que la bourgeoisie n'est pas seulement du passé, mais a encore un avenir, il reste impossible de découvrir sa formule finale dans le cadre de l'histoire mondiale". Il y a une certaine logique à cela, tout comme la chouette de Minerve vole dans le crépuscule, il est difficile de comprendre une classe qui n'a pas encore épuisé ses possibilités.
Dans l'ensemble, il s'agit d'un texte passionnant qui démontre à la fois la justesse de Schmitt en tant qu'analyste de l'idéologie et offre des perspectives partiellement nouvelles sur Hegel et Marx. De plus, si la dialectique est aussi le mode de pensée germanique, ce qui est le cas, le texte devient particulièrement enrichissant.
A propos de l'auteur : Joakim Andersen
Joakim Andersen dirige le blog Oskorei depuis 2005. Il a une formation universitaire en sciences sociales et une formation idéologique en tant que marxiste. Ce bagage s'exprime aujourd'hui par un intérêt pour l'histoire des idées et une focalisation sur les structures plutôt que sur les personnes et les groupes (l'adversaire est, en somme, le Nouvel Ordre Mondial, pas les musulmans, les juifs ou d'autres groupes). Au fil des ans, l'influence de Marx a été complétée, entre autres, par Julius Evola, Alain de Benoist et Georges Dumezil, car le marxisme manque à la fois d'une théorie durable du politique et d'une anthropologie. Aujourd'hui, Joakim ne s'identifie pas totalement à une quelconque étiquette, mais considère que la fixation sur, entre autres, le conflit imaginaire entre "droite" et "gauche" est quelque chose qui obscurcit les véritables problèmes de notre époque. Son blog continue également à se concentrer sur l'histoire des idées, et il est heureux de présenter des courants étrangers à un public suédois.
Qu'est-ce que Motpol ?
Motpol est un groupe de réflexion identitaire et conservateur qui poursuit deux objectifs principaux : 1) mettre en lumière un spectre de la culture qui est essentiellement laissé de côté dans un espace public suédois de plus en plus encombré et monotone, et 2) servir de forum pour la présentation et le débat sur l'idéologie, sur la théorie et la pratique politiques. Les écrivains de Motpol viennent d'horizons divers et écrivent à partir de perspectives différentes.
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21:44 Publié dans Philosophie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : carl schmitt, karl marx, hegel, philosophie, philosophie politique, théorie politique, sciences politiques, politologie | |
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L'effacement de la réalité
L'effacement de la réalité
par Andrea Zhok
Source : Andrea Zhok &https://www.ariannaeditrice.it/articoli/l-obliterazione-della-realta
Après avoir supprimé un grand nombre de profils gênants ou modifié astucieusement leurs programmes au cours des derniers mois, après avoir transformé l'"incendie d'Odessa" en accident domestique, après avoir changé la paternité des missiles ukrainiens de manière ad hoc lorsque cela servait à soutenir une thèse de l'OTAN, la dernière initiative brillante dont nous avons été témoins consiste à faire libérer Auschwitz non pas par l'Armée rouge, mais par une armée ukrainienne autoproclamée.
Nous espérons qu'une liste des miracles accomplis par Zelenski en faveur de sa canonisation suivra prochainement.
Maintenant, tout ceci serait comique, serait risible si ce n'était pas une indication de la transformation la plus dangereuse à l'oeuvre en cette triste époque.
Bien sûr, nous pouvons dire que, après tout, qu'est-ce qui est revendiqué ? C'est Wikipedia, ce n'est pas une vraie encyclopédie. Ne pouvez-vous pas exiger de la rigueur ?
Et c'est vrai. Tout comme il est vrai que Facebook, ou Google, ou d'autres sont des entreprises privées et qu'il est donc dans l'ordre des choses qu'elles agissent en fonction de leurs propres intérêts.
Qui peut le nier ?
On ne peut pas non plus nier que 90% des journalistes d'aujourd'hui - lorsqu'ils veulent vraiment être minutieux et ne pas faire du copier-coller d'agences, - vérifient leurs sources sur Wikipedia.
On ne peut nier que c'est le cas (sans l'admettre) des étudiants et d'un grand nombre de professeurs.
Et on ne peut nier que, après la fermeture des sections de parti, après la destruction des communautés locales et de la vie de quartier, pratiquement la seule arène de discussion politique publique qui reste debout est celle fournie par les médias sociaux, ces médias sociaux qui sont directement ou indirectement influencés par l'administration américaine, ou plutôt par leur appareil militaro-industriel.
Jusqu'à il y a 15-20 ans, il était encore d'usage, chez les journalistes, d'extraire des nouvelles importantes de sources papier accréditées. Cependant, l'héritage de la connaissance sur papier, qui en soi peut être falsifiée comme toute autre connaissance, détenait sa propre inertie fondamentale, due à la fois aux coûts de production et à la difficulté de modifier physiquement les informations une fois qu'elles étaient imprimées sur papier.
Si vous deviez produire du texte pour un volume de la Treccani (ndt; une encyclopédie italienne), vous deviez faire attention à ne pas y inclure un corrigendum arbitraire, car les corrections étaient très coûteuses, et les dommages économiques pouvaient être énormes, sans compter la réputation de la dite encyclopédie .
La numérisation de l'information a réduit les coûts de production et d'édition. La réduction des supports physiques et l'accès croissant aux informations sur des serveurs distants, des "nuages", etc. ont également facilité l'accès à de nombreuses informations pour nous, utilisateurs finaux (j'ai un doute sur la piste de ski que je compte fréquenter et pour le dissiper je dois consulter un ouvrage de type encyclopédique ? Pas de problème, je sors mon téléphone portable et le problème est résolu).
Le résultat global de ce développement récent mais massif est qu'il n'a jamais été aussi facile de modifier et de manipuler l'accès à toutes sortes d'informations ; et qu'il n'a jamais été aussi facile d'orienter les discussions publiques et les débats politiques.
Certes, dans les bibliothèques, dans les bibliothèques des journaux, dans les lieux d'étude des historiens et des philologues, il existe encore des traces, des bases fondées sur l'écriture imprimée, des sources que l'on peut réellement créditer. Mais - et c'est la grande nouvelle - ce n'est pas une réelle préoccupation pour ceux qui ont intérêt à manipuler l'opinion publique, qui flotte comme une planche de surf toujours sur la vague des "rumeurs actuelles", suffisantes pour définir les décisions dans le présent et le futur proche. Nous pouvons toujours retrouver des manuscrits du 17ème siècle et vérifier le texte, et c'est alors une grande satisfaction intellectuelle, mais franchement pour les gestionnaires actuels du pouvoir, c'est sans intérêt. Il suffit que toutes les nouvelles et informations affectant le discours public actuel et les décisions des organes politiques aient disparu ou aient été remises en question de temps à autre.
Le processus auquel nous assistons est récent, très récent, mais il a une puissance absolument extraordinaire. En quelques années seulement, nous avons déjà assisté à une énorme réorientation de l'opinion publique de masse, et dans quelques années encore, nous pourrions nous retrouver à nager dans un monde complètement transformé dans ses références. Un ou deux cycles d'études et l'ancien monde des connaissances historiques et scientifiques peut être entièrement remplacé par une version commode de celui-ci, elle-même en perpétuel changement.
Il n'est jamais nécessaire de "tout changer". Il suffit de modifier stratégiquement ce qui est pertinent de temps en temps, en rendant inaccessible ce qui est dérangeant, pour le temps qu'il faut.
Le travail laborieux de Winston Smith dans le 1984 d'Orwell, qui consistait à rééditer et à effacer, n'est plus nécessaire: il suffit d'un "clic", avec des effets planétaires.
Ceux qui pensent que ce tableau est peint de manière trop sombre se bercent de deux illusions.
La première est l'idée qu'il existerait néanmoins une pluralité d'agents économiques concurrents, et que cela peut garantir une certaine pluralité de l'information. Malheureusement, la pluralité des agents économiques, en premier lieu, n'est pas si plurielle, étant donné que les capitalisations nécessaires pour compter dans ce monde (grande édition numérique, information mainstream) sont très élevées et les concentrations déjà énormes; en second lieu, cette pluralité ne l'est pas lorsque l'on touche aux intérêts autoreproducteurs du capital, et donc sur la question principale du débat politique contemporain, la pluralité concurrente se traduit par des variations polies sur un sujet où la coopération est totale.
La deuxième illusion est la vieille idée que l'existence d'îlots dissidents, de connaissances minoritaires, garantit en quelque sorte une pluralité suffisante pour empêcher la manipulation de masse. On sous-estime ici le fait que les temps de changement actuels mettent hors jeu les processus de détermination de la vérité. Le fait qu'une ou deux décennies plus tard, on en vienne à prouver que telle "révolution colorée" était une opération occulte des services secrets n'est pas une "victoire de la vérité" dont il faut se consoler. Une vérité qui émerge lorsqu'aucune décision ne dépend plus d'elle n'est qu'une curiosité. Et d'ailleurs, si la vérité éclate, c'est parce qu'à ce moment-là, il n'y a plus d'intérêt suffisant à l'occulter. Si, en revanche, cet intérêt est toujours présent, tout, littéralement tout, peut être manipulé suffisamment pour conduire l'opinion publique dans le port souhaité.
Il est important de réaliser qu'il n'est pas nécessaire que "le peuple" soit fermement convaincu d'une certaine fausseté. Si l'on ne peut pas faire mieux, il suffit qu'il y ait suffisamment de bruit de fond pour rendre toute vérité indiscernable et douteuse. Ceci étant fait, le reste du processus de persuasion est produit par des formes ordinaires de propagande, sans qu'il soit nécessaire de s'embarrasser de fondements ou de vérification.
Tant que ce processus d'oblitération et de remplacement de la réalité publique n'est pas pris suffisamment au sérieux par tous ceux qui s'intéressent à la vérité, toutes les autres questions risquent d'être sans intérêt.
21:20 Publié dans Actualité, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : réalité, problèmes contemporains, andrea zhok, philosophie | |
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L'ABC des valeurs traditionnelles - Partie 1: La tradition
L'ABC des valeurs traditionnelles
Partie 1: La tradition
Konstantin Malofeev, Archiprêtre Andrei Tkatchev & Alexandre Douguine
Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/abcs-traditional-values-part-1-tradition
La première chaîne de télévision russe Tsargrad a lancé un nouveau projet télévisé, avec une série intitulée "L'ABC des valeurs traditionnelles". Il s'agit d'une série de conférences données par des experts, trois penseurs russes, sur les fondements de l'existence russe et sur l'avenir de la Russie. Ainsi, Konstantin Malofeev, Alexander Douguine et l'archiprêtre Andrei Tkatchev analysent les fondements de la politique d'État pour la préservation et le renforcement des valeurs spirituelles et morales traditionnelles, approuvés par Vladimir Poutine. La première section, introductive, traite de la Tradition elle-même.
Konstantin Malofeev : Récemment, le décret présidentiel 809 a été publié pour approuver la politique fondamentale de l'État visant la préservation et le renforcement des valeurs spirituelles et morales traditionnelles. Nous aimerions maintenant parler de ces valeurs traditionnelles, les définir. Afin que chacun puisse réfléchir au bouleversement qui s'est produit en Russie, lorsque les abominations libérales ont été remplacées par des valeurs traditionnelles. Mais parlons d'abord de la tradition en tant que telle. Mes interlocuteurs sont Aleksandr Douguine et le père Andrey Tkatchev.
Aleksandr Gel'evič, qu'est-ce que la tradition exactement ?
Alexandre Douguine : La chose la plus importante est de comprendre ce qui s'oppose à la tradition. Si nous comprenons cela, nous comprendrons la signification de la tradition. La tradition s'oppose à la modernité, elle s'oppose à l'idée d'un progrès omnipotent, qui va toujours du moins au plus. Dans une vision matérialiste du monde, nous sommes habitués à voir le monde comme une amélioration constante de l'histoire humaine, mais la tradition dit le contraire : c'est ce qui a précédé qui compte. Ce sont les origines qui sont fondamentales et décisives.
Si nous parlons de valeurs traditionnelles, alors nous défendons ce qui appartient aux racines. Aux pères porteurs de Dieu, au commencement du monde, à ce qui est à la base du monde, son fondement. Et lorsque nous parlons de valeurs contemporaines, cela signifie qu'au contraire, chaque nouvelle édition de celles-ci supplante, remplace la précédente et nous nous rapportons alors à ce qui se passe d'une manière complètement différente. En termes de tradition, ce qui compte, c'est ce qui était là au début et ce qui a toujours été là. En termes de modernité, au contraire, ce qui vient maintenant, ce qui est le dernier élément d'une chaîne d'événements, d'inventions, de découvertes. Le présent remplace ici le passé.
Du point de vue de la tradition, le passé est un point de référence pour le présent. Et si nous regardons l'histoire européenne dans sa transition vers la modernité, nous verrons que la base des valeurs traditionnelles était l'Éternité, tandis que la base des valeurs modernes était le temps. La modernité est basée sur l'hypothèse qu'il n'y a pas d'Éternité, seulement du temps.
La valeur traditionnelle est Dieu et la valeur moderne est l'homme. La valeur traditionnelle est le ciel, la valeur moderne est la terre. La valeur traditionnelle est l'esprit, la valeur moderne est la matière.
Il existe une opposition fondamentale entre la tradition et la modernité, et si nous jurons, comme nous le faisons maintenant, par les valeurs traditionnelles, même s'il existe un tel décret présidentiel - cela bouleverse en fait un mode de pensée habituel. Nous découvrons quelque chose de complètement oublié : la tradition et sa logique, sa structure, sa philosophie.
Archiprêtre Andrei Tkatchev : "Rappelle-toi d'où tu es tombé et repens-toi", dit l'Apocalypse de l'apôtre Jean l'Évangéliste. Ce "souviens-toi d'où tu es tombé" est la mémoire du passé. Mnémosyne règne dans le chœur des muses, elle est la principale égérie de la mémoire. Et cette mémoire vivante, en fait, construit le présent. On a dit aux Juifs : "Regarde le rocher dans lequel tu as été taillé", en se référant à Abraham, mais ensuite l'homme du rocher devient caillou, du caillou devient gravats, et ensuite les gravats deviennent poussière.
C'est là, en fait, le progrès à son pire. En tant que tel, il n'y a pas de progrès du tout. Après tout, il faut en parler haut et fort. Parce que, par exemple, les œuvres de Bach écrites en une nuit étaient données à des groupes d'étudiants qui les apprenaient en deux jours, mais aujourd'hui notre conservatoire les enseigne depuis des années. Et si vous mettez tous les philosophes ensemble, vous n'obtenez que le talon de Platon. Ou l'oreille d'Aristote. C'est-à-dire qu'on peut étudier Aristote toute sa vie et ne pas le comprendre toute sa vie.
Le meilleur, étrangement, a déjà été fait. Nous devons constamment nous mesurer au meilleur. Contrairement au progrès, qui transforme les pierres en tas, les tas en décombres et les décombres en poussière. En réalité, c'est là le progrès qui nous est offert.
K.M. : Ce qui est surprenant, d'un point de vue juridique, c'est que cette tradition n'est apparue que récemment dans notre système juridique. Cette profondeur que vous venez de mentionner n'était pas présente dans notre législation. Et les valeurs traditionnelles sont une sorte d'euphémisme cachant le religieux: l'orthodoxie pour les orthodoxes ou toute autre morale religieuse.
Dans la législation laïque d'aujourd'hui, imprégnée de tous les grands mots, la bureaucratie prédomine. Les mots sublimes ont disparu de notre législation en 1917. Si vous ouvrez le code des lois de l'Empire russe, vous serez étonné de voir à quel point elles sont écrites de manière poétique, et si vous lisez le statut du tsar Alexei Mikhailovich ou les 100 chapitres d'Ivan le Terrible, vous serez étonné de ce qui est écrit, car cela semble très poétique comparé au mode d'écriture de la bureaucratie moderne.
En d'autres termes, les valeurs traditionnelles sont toutes à un niveau élevé dans le droit moderne. Ainsi, pour un avocat, pour tout responsable de l'application de la loi, ce qui est écrit sur les valeurs traditionnelles russes signifie tout ce que vous venez de dire. C'est toute la philosophie, toute la religion et toute la moralité. C'est ainsi que cela est décrit dans le langage sec d'un acte normatif.
A.D. : Vous avez tout à fait raison au sujet de l'année 1917. Le fait est que, au moins de 1917 à 2022, l'idée de progrès était dominante dans notre société, d'abord dans un contexte bolchevique, puis dans un contexte libéral. En d'autres termes, les idéologies communiste et libérale étaient toutes deux contraires à la tradition. En fait, toutes deux proclament explicitement que la tradition doit être dépassée, éradiquée, libérée. C'est là que le progrès est dogmatique.
Toutes ont pour but délibéré la pulvérisation ultime de ce rocher dont parlait le Père Andrey. Après tout, avant 1917, nous vivions dans une société traditionnelle, ou du moins beaucoup plus traditionnelle qu'ultérieurement. Les principaux points de référence de l'époque étaient la monarchie, l'empire, l'orthodoxie, la nationalité. La philosophie slavophile, la philosophie religieuse russe. Tout cela était orienté vers les valeurs traditionnelles.
Une autre question est qu'il y a une différence entre les valeurs traditionnelles authentiques de la Russie du 17ème siècle et les valeurs traditionnelles qui étaient déjà passées par la modernisation et l'occidentalisation au 18ème et partiellement au 19ème siècle. Tout, à proprement parler, n'était pas vraiment traditionnel dans l'Empire russe à partir de Pierre le Grand, mais la loyauté envers la tradition était toujours énoncée comme un objectif, comme un idéal.
Aujourd'hui, nous ne nous contentons pas de revenir 100 ans en arrière. Grâce au décret 809, nous créons un pont entre notre présent, notre avenir et notre ancienne tradition indigène russe. Et ceci, bien sûr, est pour nous à nouveau centré sur la religion, l'Empire, la Narodnost, le commencement russe, l'identité russe. Tout cela est réaffirmé. C'est un tournant unique, il n'y a rien eu de tel au cours des 100 dernières années.
A.T. : Je pense qu'il s'agit aussi de la préservation de l'homme. Chesterton a écrit un livre intitulé The Eternal Man. Il y exprime l'idée, similaire à celle de St Nicolas de Srpska, qu'autrefois le poète appartenait entièrement à la tradition orale. Plus tard, il a commencé à écrire avec une plume d'oie, puis il a commencé à taper sur les touches d'une machine à écrire et maintenant il est assis devant son clavier. Mais l'essence ne change pas. Cependant, la poésie est un cœur vivant et battant, qui répond à des questions vivantes.
La modernité, c'est l'éloge de l'ordinateur contre la plume d'oie: comment vivait-on avant, sans téléphone portable? L'homme moderne a une certaine confiance vulgaire en sa supériorité sur toutes les générations précédentes, une confiance basée sur le gadget qu'il tient dans sa poche. La vérité est que les gens étaient autrefois beaucoup plus intelligents et plus forts.
Un homme normal est un homme qui aime les enfants, mange du pain, respire de l'air, prie Dieu et cultive le petit bout de terre qu'il lui a été donné de posséder. C'est l'homme traditionnel, "l'homme éternel" selon Chesterton. Les âges changent, le manteau remplace le gilet, la veste remplace le manteau, mais le cœur bat toujours pareil, le cœur humain. L'homme moderne risque l'extinction, car il se nourrira d'on ne sait quoi, il sera incinéré pour on ne sait quoi. Il ne donnera pas naissance, mais changera de sexe et mangera des vers assaisonnés au lieu d'une bonne schnitzel.
C'est-à-dire qu'on se moque tout simplement de lui de tous les côtés, le détruisant exactement en tant qu'homme, et la tradition préserve l'homme tel que Dieu l'a créé. Nous sommes entrés dans une ère de lutte pour l'homme biblique. C'est-à-dire qu'il est nécessaire de préserver l'homme. C'est la tradition - car les musulmans nous comprennent mieux que les athées européens, et les juifs nous comprennent comme les musulmans. Et en général, toute personne qui veut être humaine, quelle que soit sa croyance ou sa vision du monde, nous comprend. De sentir que c'est une période de lutte pour au moins rester tel qu'ils sont.
Oui, notre objectif est d'être transformés, d'être enveloppés. Mais nous devons d'abord rester. Alors nous luttons pour rester humains, capables de nous transformer.
K.M. : Vous avez tout à fait raison. Rappelez-vous la célèbre maxime attribuée au compositeur Mahler selon laquelle la tradition consiste à passer le flambeau, et non à vénérer les cendres. Et ceci est très important à comprendre. La tradition est différente du conservatisme et le traditionalisme, lui aussi, est différent du conservatisme.
Lorsque nous parlons de tradition, nous faisons référence à l'avenir, pas au passé. Il y a des gens qui pensent que si nous devenons un État traditionnel, nous ne parlerons plus que du passé. Que tout le monde se promènera en sabots et que les gadgets seront supprimés. Ce n'est pas vrai. La tradition est une façon de nous regarder, de regarder le monde. Et vous, Monsieur le Président, avez raison lorsque vous dites que la vision traditionnelle est que Dieu est au centre de l'univers. Dans ce cas, la société traditionnelle est une société dans laquelle nous vivons dans l'Éternité et nous nous préparons à l'Éternité. Et nous désirons le Royaume des Cieux, le salut de nos âmes. Cela signifie que notre vie n'est pas pour le plaisir du moment, pas pour la gloire, pas pour le consumérisme, pas pour le confort. Elle est pour l'éternel, pour Dieu. C'est la signification la plus importante de la tradition.
C'est un souffle vivant, réel, palpitant, le souffle de Dieu. Et nous pouvons vivre avec Lui grâce à la tradition. Et grâce à la modernité, nous vivons dans la société de celluloïd dont vous parlez, Père Andrey. Qui mangera bientôt des vers, car elle a déjà oublié toute dignité humaine. Cette dignité que Dieu lui a donnée à son image et à sa ressemblance.
A.T. : L'Eglise, hélas, veut parfois faire de la tradition un dépôt d'antiquité. Nous chantons avec le chant de la bannière, comme cela se faisait autrefois, mais nous ne comprenons pas ce que nous chantons et pourquoi; nous créons des formes architecturales semblables à celles du cinquième siècle, nous reproduisons des basiliques, mais nous ne comprenons pas pourquoi, c'est-à-dire que nous nous mettons dans un lit de Procuste d'imitations. C'est une terrible farce dont nous devons sortir. Car oui, nous conduirons des voitures, mais dans ces voitures, nous chanterons des psaumes. Telle est bien la tradition.
R.D. : Mais il est nécessaire de maintenir le chant znamenny [tradition de chant utilisée par certains orthodoxes. C'est un cato malismatique à l'unisson avec une intonation spécifique, Ndlr]. Il fait partie de notre ancienne tradition spirituelle russe.
A.T. : Je suis d'accord.
K.M. : Le Père Andrei parle du fait que cela doit être compris.
A.D. : Bien sûr, il le faut. En général, tout doit être compris : ce que nous faisons, protégeons, restaurons et affirmons.
K.M. : C'est la tradition. La tradition est de comprendre la langue slave de l'Eglise, qui est plus riche que la langue russe. Elle a plus de nuances.
A.D. : Bien sûr. Sans le slavon de l'Eglise, le russe moderne est incompréhensible. En slavon d'église, nous avons nos racines et nos origines, nos significations originales. Ce que vous, Konstantin Valeryevitch, avez dit sur l'éternité est important. Le fait est que la tradition n'est pas le passé, mais l'éternel; or l'éternel est toujours vivant, toujours frais. L'éternité était, mais est toujours et sera. C'est dans l'éternité que nous puisons le contenu de l'avenir.
Si nous n'avons pas l'Éternité, nous recyclons simplement le passé dans le futur. Les personnes qui aspirent à la modernité, au progrès, au développement, exploitent le passé, le gaspillent tout simplement et n'ont pas d'avenir. C'est-à-dire qu'ils sont beaucoup plus vieux et archaïques que les gens de tradition, qui font face à l'Éternité. Car l'Eternité est toujours fraîche, l'Eternité est toujours nouvelle.
K.M. : L'Éternité est éternelle.
A.D. : Oui, elle est éternelle. Elle nous donne la possibilité de l'avenir.
A.T. : Pour prendre soin d'un arbre, il ne faut pas s'occuper de chaque feuille, il faut arroser et en trouver les racines dans le sol. C'est ce qu'on appelle la tradition - en ce qui concerne l'état, la société et l'homme. Car si nous traitons séparément la médecine, l'éducation, les transports et d'autres choses, par exemple l'écologie, c'est comme si nous enduisions chaque feuille d'une sorte de médicament. Mais si la racine est pourrie, plus rien ne fonctionne. La tradition veut donc que l'on creuse et arrose les racines. Les feuilles feront leur travail.
A.D. : Non seulement la couronne pousse, mais aussi les racines. Donc la tradition est une chose absolument vivante.
K.M. : Parce que le sol est la foi et le soleil est Dieu. Si nous nous référons à cet exemple, la tradition est tout dans le domaine du religieux. La tradition est tout ce qui concerne la foi. Il y a la tradition au sens philosophique et au sens théologique, mais au sens juridique, la tradition signifie tout ce qui est élevé. Tout ce qui est élevé et noble est appelé "valeurs spirituelles traditionnelles". L'expression "valeurs spirituelles traditionnelles" est utilisée au lieu d'écrire directement sur le début religieux ou orthodoxe, le fondement de la société. Maintenant, avec les Fondements de la politique d'État, nous avons ouvert une fenêtre sur le monde de l'Éternel et du Haut. Nous avons secoué notre législation poussiéreuse et ouvert une fenêtre vers le haut, vers l'Éternité. Et c'est déjà beaucoup.
A.D. : C'est la chose la plus importante. Fondamentalement, il s'agit de regrouper tous les ministères et départements, la culture, l'éducation et la médecine sous une seule autorité suprême. Et la sphère sociale, l'économie, la politique d'information et la sécurité: désormais, tout doit être placé sous le signe de la tradition.
K.M. : Oui. Ceci conclut la première partie de notre discussion. Nous avons parlé de la tradition avec un grand "T".
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De la conquête du cool à la dictature politiquement correcte
De la conquête du cool à la dictature politiquement correcte
par Nicolas Bonnal
« Si nous avons des problèmes avec le climat c'est que nous sommes racistes »
L'actrice Jane Fonda (85 ans) l'autre jour
L'écroulement culturel occidental date des années soixante ; on ne parlera pas des Beatles, de l'avant-garde cinématographique, des hippies, de la révolution sexuelle, de la pornographie, de Woodstock, de l'implosion de la religion, de la famille, du travail ou du syndicalisme – sur fond de disparition dangereuse mais calculée de la classe ouvrière anglo-américaine. Tout ce qui était encore solidifié au sens guénonien se volatilisa alors. Et manger de l'herbe devenait du racisme (dixit Peter Fonda, rejeton d'une famille décidément en forme) ; car la conquête du cool s'accompagne aussi d'un abêtissement généralisé.
Il me semble que Julius Evola s'en rendait compte dans ses derniers ouvrages comme l'Arc ou la massue ou Chevaucher le tigre. On allait au-delà des réflexions de Guénon ou de Spengler sur le Déclin de l'Occident. Rappelons que la conquête du cool est une expression du journaliste-essayiste Thomas Frank, libéral qui a recensé dans les années 90 les grandes transformations culturelles des sixties ; lui parle du rôle de l'agence DDB et des fameuses pubs décalées Volkswagen – il dit surtout qu'en cinq ans la nation n'était plus la même, preuve du pouvoir de Madison Avenue et des pubs Séguéla sur les consciences. Idem pour le grand historien marxiste Hobsbawn qui consacre dans un de ses meilleurs livres tout un chapitre sur la vraie révolution culturelle – qui ne fut pas chinoise mais anglo-américaine et servit à arraisonner et à abrutir définitivement tous les peuples occidentaux puis mondiaux. Dans The Closing of the American Mind (L'Ame désarmée en français), l'intellectuel conservateur Allan Bloom avait aussi soulevé ce problème : à partir de la fin des années cinquante les règles traditionnelles de la démocratie autoritaire (comme disait aussi Lipovetsky dans son Ere du vide) furent dissoutes et on entra dans la société décrite par Platon à la fin du livre VIII de sa République : la démocratie dégénérée et anomique qui ouvrait la porte à la tyrannie PC – comme sous Biden, Scholz, Sunak ou Macron. Cette démocratie repose à la fois sur un libération forcenée des mœurs et sur une volonté de contraindre. L'historien Stanley Payne a souligné en Espagne les méfaits du « bonisme » lié aux gents PS-Podemos de Soros en place.
C'est au nom du bonisme (buenismo sonne mieux en espagnol) que l'on veut exterminer les populistes, complotistes, racistes, machistes et totalitaires occidentaux, russes et chinois – en attendant tout le monde. La religion du bonisme repose sur une libération forcenée des mœurs (cf. le LGBTQ qui n'est qu'au début de sa folie), libération devenue obligatoire. Il est interdit d'interdire et au nom de cela tout sera interdit (y compris de manger, d'étudier, de circuler et de respirer), puisque tout est supposé interdire quelque chose (le climat ou la planète de vivre). Le cool devient le principe de tyrannie le plus efficace jamais trouvé. Il débouche aussi sur la dictature du débile.
19:27 Publié dans Actualité, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cool, coolness, actualité, problèmes contemporains, nicolas bonnal | |
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mercredi, 01 février 2023
Quand un État est-il vraiment souverain?
Quand un État est-il vraiment souverain?
par Daniele Dell'Orco
Source : Daniele Dell'Orco & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/quand-e-che-uno-stato-e-davvero-sovrano
Le récent débat sur l'envoi de chars Leopard à l'armée ukrainienne a une fois de plus mis en évidence l'extraordinaire faiblesse de la (l'ancienne ?) locomotive de l'Europe : l'Allemagne.
Ce pays qui était considéré il y a encore quelques mois comme une puissance hégémonique sur le Vieux Continent s'est retrouvé littéralement mis à nu en l'espace de quelques mois et ce, dans plusieurs domaines: le domaine politique (l'instabilité persistante de l'ère post-Merkel), le domaine économique (la dépendance énergétique, la crise industrielle due aux sanctions) et le domaine militaire (l'armée réduite au niveau zéro).
Prise en tenaille, l'Allemagne a été contrainte de prendre des décisions contraires à son intérêt national en démantelant des années de planification politique en un temps très court.
C'est une bonne occasion d'utiliser l'exemple allemand comme étude de cas pour comprendre en quoi consiste réellement la "souveraineté" d'un pays.
Les macro-domaines qui donnent à une nation la possibilité d'être le maître de son propre destin (pour le meilleur ou pour le pire) sont au nombre de trois :
- la stabilité politique ;
- la puissance militaire ;
- la stabilité financière.
D'un point de vue politique, quelle que soit la forme de gouvernement que l'on puisse trouver dans les différents pays du monde, un leadership fort dans le cas des autocraties, une confiance massive dans le parti/leader dans les démocraties illibérales, ou un large consensus électoral dans les démocraties libérales (ou un système bipolaire derrière lequel se meut un État profond cohésif, rendant les élections non pertinentes sur de nombreuses questions) sont indispensables pour permettre à un gouvernement de prendre des décisions politiques, économiques (approvisionnement en énergie, État-providence, fiscalité, etc.) et militaires.
Cette dernière instance, l'instance militaire, est un outil indispensable pour affirmer sa souveraineté, a contrario des options prises pendant plusieurs décennies successives, où, dans de nombreux pays européens (en premier lieu ceux qui sont sortis perdants de la guerre mondiale comme l'Italie ou, précisément, l'Allemagne) régnait l'axiome selon lequel il serait plus sage d'externaliser la défense et de réduire les dépenses militaires au minimum parce que "vous pouvez construire des jardins d'enfants avec cet argent". Et c'est ce que nous constatons avec la guerre actuelle: ceux qui disposent d'une armée puissante (Turquie, Israël, Chine, France, en plus des grands acteurs directement impliqués dans le conflit) prennent les décisions, les autres rentrent dans le rang, tête basse.
Une armée "puissante" se mesure évidemment en termes de nombre, mais aussi en termes de préparation, de polyvalence (par exemple, avoir une force aérienne forte et une marine faible ne rend une armée puissante que dans certains scénarios) et surtout de suprématie industrielle et technologique.
Ce point est fondamental: si l'on achète ses propres armements, ou si on les fabrique dans le cadre de ce que l'on appelle officiellement un "partenariat" mais qui est pratiquement un contrat de sous-traitance, on n'est pas souverain, car on n'aurait pas la possibilité de disposer librement de ses propres armes en cas de besoin. Le programme F-35 en est un bon exemple.
Il est développé par Lockheed Martin, BAE et Leonardo, avec de bons emplois (proportionnellement) pour tous.
Mais les technologies, le soutien, le contrôle de leur utilisation sont la prérogative d'une seule puissance (à de très rares exceptions près).
Le potentiel industriel va de pair. Si l'on dispose de ses propres technologies, qu'elles soient obsolètes ou extraordinairement avancées, il faut aussi avoir la capacité pratique de les traduire en armements (donc aussi en potentiel industriel, en matières premières, en personnel, etc.) ou de les contracter à l'étranger avec de "vraies" formes de partenariat.
La stabilité financière est en quelque sorte le ciment de tout cela, car dans le monde globalisé, elle est à toutes fins utiles une arme.
Une dette publique trop importante dans des mains étrangères rend vulnérable.
Un déficit trop important lie les mains des gouvernements et ne permet pas la réalisation du PIB.
Un PIB trop faible crée du mécontentement et de l'instabilité.
Une trop grande instabilité fait des économies la proie d'attaques financières et fait tomber les gouvernements.
Etc.
Aucune de ces sphères n'a la priorité sur l'autre, mais toutes sont autonomes et leur équilibre substantiel aboutit à la plus haute expression possible de la souveraineté.
Cependant, même en cas de déséquilibre, le fait de mettre l'accent sur deux d'entre eux, capable de minimiser les impacts de l'autre (l'exemple de la Turquie, en crise économique perpétuelle, est emblématique) pourrait être acceptable pour autant que l'on travaille sans cesse à les rééquilibrer.
Un déséquilibre dans deux, voire trois, de ces sphères ne peut en aucun cas rendre un pays réellement souverain, mais seulement en véhiculer le sentiment. C'est ce qui est arrivé à l'Allemagne: en temps de paix, elle semblait indestructible, avec le changement de décor, elle se découvre défaillante.
En utilisant ce simple miroir, il est possible de dresser une sorte de "bulletin" pour chaque étude de cas.
De mon point de vue, ces concepts montrent qu'en Europe (y compris au Royaume-Uni), aucun pays ne peut prétendre être véritablement souverain, à l'exception de la France. Laquelle a toutefois connu un déclin progressif au cours des dernières décennies, tant dans le domaine politique (elle est de plus en plus instable malgré une loi électorale qui la met autant que possible à l'abri des renversements antisystème) que dans le domaine financier.
En bref, son équilibre est précaire.
Mais au moins, elle est là.
D'où la raison pour laquelle, à ce jour, les destins de l'Europe ne se décident pas en Europe.
22:13 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Définitions, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, souveraineté, définition, théorie politique, politologie, sciences politiques, philosophie politique | |
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La notion de Touran dans les conceptions géopolitiques des eurasistes des années 1920
La notion de Touran dans les conceptions géopolitiques des eurasistes des années 1920
par Maxim Medovarov
Source: https://www.ideeazione.com/la-nozione-di-turan-nelle-concezioni-geopolitiche-degli-eurasiatisti-degli-anni-20/
La notion combinée d'Iran et de Touran a subi de nombreuses modifications au cours de l'histoire. Son utilisation classique est associée aux épopées médiévales persanes, en particulier Firdausi. Dans ce cas, l'Iran est compris comme un état d'agriculteurs sédentaires et le Touran comme un monde de nomades d'Asie centrale (dans les temps anciens iranophones, à partir du 6ème siècle après J.-C. turcophones et mongolophones). Dans l'Antiquité, il s'agit donc de la confrontation entre les mondes iranien occidental et oriental (au sens linguistique).
Au début du 20ème siècle, la signification du terme "Touran" a été radicalement modifiée par des pan-turcs tels que Yusuf Aktchourin et Ziya Gökalp. À partir de 1911-1912, dans le sillage de la révolution Jeune Turque, le terme "Touran" a commencé à être compris comme couvrant tous les peuples turcophones bien au-delà du Touran historique (Asie centrale). En 1923, Gökalp publie le livre Les principes fondamentaux du touranisme, achevant ainsi le processus de création du mythe du touranisme en opposition au monde aryen et arabe.
À cette époque, le mouvement eurasien avait émergé et gagnait en force dans l'émigration russe, dont les leaders N. S. Trubetskoy et P. N. Savitsky s'opposaient au panturquisme, lui opposant l'idée de l'unité historique et géographique des peuples de la Russie-Eurasie. Avec cette approche, les nomades des steppes (Kazakhs) et les Turcs sédentaires de la région de la Volga (Tatars) étaient inextricablement liés au monde russe [1] et les Turcs d'Anatolie aux mondes grec, balkanique et méditerranéen.
Cependant, la position intermédiaire de l'Asie centrale dans ce schéma restait indéfinie, ce qui mettait les Eurasiens mal à l'aise. Lorsque les républiques de l'Union soviétique, principalement le Turkménistan et l'Ouzbékistan, ont été fondées en 1924, il a fallu déterminer si la région appartenait à la Russie-Eurasie, au Touran ou à l'Iran en tant que source de leur développement. Cependant, au début, il n'y avait pas d'experts de l'Iran et de l'Asie centrale parmi les Eurasiens. Ils pouvaient s'appuyer sur les anciens travaux de V. I. Lamansky sur les frontières du "monde moyen de l'Asie et du continent européen", mais même dans ces travaux, la frontière sud du monde russo-eurasien était définie de manière très vague, principalement le long de la frontière de l'Empire russe avec l'Afghanistan, le long des crêtes de l'Hindu Kush et du Tibet [2].
Par conséquent, une heureuse acquisition pour les Eurasiens fut l'arrivée dans leurs cénacles d'un orientaliste expérimenté, diplomate, iraniste Vassily Petrovitch Nikitine (ou Basile Nikitine en français) (1885-1960). De 1912 à 1919, il a travaillé dans les consulats russes en Perse, les a même dirigés, a connu de première main la vie des Kurdes et des Assyriens et de leurs dirigeants, et a participé aux événements de la Première Guerre mondiale sur ce front. Après la révolution, il a émigré à Paris et n'est jamais rentré chez lui. Il a travaillé pendant trente ans dans une banque française et consacrait son temps libre à la rédaction d'ouvrages scientifiques sur l'orientalisme, était reconnu parmi les orientalistes français et devint membre de diverses académies et sociétés scientifiques. Alors qu'il était encore en Russie, il avait épousé une Française, ce qui lui permit d'entrer facilement dans les réseaux sociaux de l'ultra-droite et des traditionalistes français. Il fut le premier parmi les émigrés russes à lire et à populariser les œuvres de René Guénon.
Basile Nikitine: portrait. Ouvrage de l'auteur sur le peuple kurde en langues kurde et française.
Nikitine a parfois dû écrire sur l'Inde, la Chine, le Japon et même la Pologne, mais son attention s'est toujours portée sur le peuple iranien. Après sa mort, son ouvrage fondamental sur les Kurdes a été publié ultérieurement en Union soviétique [3]. Par conséquent, les Eurasiens se sont immédiatement intéressés à lui en tant qu'iraniste. Lors de sa première rencontre avec Nikitine le 24 septembre 1925, le leader du mouvement eurasien N. S. Trubetskoy lui a commandé un important article sur la Russie, l'Iran et le Touran pour définir les frontières existant entre ces entités territoriales. Nikitine a émis la thèse suivante, après sa conversation avec Trubetskoy: "Notre touranisme dérange l'iranisme et l'effraie (le grand et le petit Touran)" [4]. Les Eurasiens avaient besoin d'une clarification du concept de Touran afin de répandre leur idéologie parmi les peuples turcophones de l'URSS. Nikitine s'est aussitôt engagé activement à satisfaire les Eurasistes réfugiés en France, a terminé l'article avant la fin de l'année et, le 4 janvier 1926, il a reçu la visite de P. P. Suvchinsky, qui a fait son éloge [5]. D'autres Eurasistes se sont également intéressés au sujet: L. P. Karsavin a notamment demandé à Nikitine: "Un Persan peut-il devenir russe? Qu'arriverait-il au christianisme si les Perses l'adoptaient? Après tout, ce n'est pas sans raison que le zoroastrisme a été dévié en manichéisme "satanique" [6].
Entre janvier 1926 et septembre 1929, Nikitine a publié un texte d'inspiration eurasiste sur les Perses. Nikitine a publié 24 de ses articles dans des publications eurasistes. Beaucoup d'entre ceux-ci étaient consacrés à une justification générale de la nécessité d'activer la politique de la Russie soviétique dans les pays asiatiques, mais un certain nombre d'ouvrages traitaient spécifiquement de la Perse, de ses relations avec la Russie avant la révolution, pendant la Première Guerre mondiale et à l'heure actuelle sous le régime de Reza-Shah Pahlavi [7]. En outre, Nikitine a donné des présentations orales sur des sujets iraniens lors de séminaires eurasistes à Paris [8].
Dans le contexte de ces écrits, l'article susmentionné "Iran, Touran et Russie", préfacé par P. N. Savitsky [9], se distingue de tous les autres. Sa popularité était telle que le succès s'est même encore confirmé plus de trente ans plus tard. Nikitine donne désormais son accord pour toutes les réimpressions et se montre ravi lorsque P. N. Savitsky envoie des copies aux étudiants d'URSS en novembre 1959 [10].
Comment le problème de la définition du Touran s'est-il posé dans ce travail? Savitsky a rappelé la coopération entre la Russie et l'Iran au Moyen-Âge, mais a en même temps refusé d'inclure l'Iran dans le développement de la Russie-Eurasie. Selon lui, l'"Iran intérieur" est un pays asiatique qui, pendant des siècles, a combattu les nomades scythes/sarmates des steppes eurasiennes parce qu'ils représentaient l'"Iran extérieur". Tout en reconnaissant une certaine contribution iranienne à la formation du peuple russe, Savitsky la considère néanmoins comme faible [11].
Nikitine avait une vision très différente du problème. Selon lui, la Russie et l'Iran se trouvent dans une position similaire au carrefour des civilisations et le caractère national russe combine à la fois des caractéristiques touraniennes et iraniennes. Le caractère touranien est connu par les œuvres de N. S. Trubetskoy (ce caractère est celui d'un guerrier, étranger à la philosophie abstraite, résilient, loyal, passif), mais Nikitine a également signalé l'autre pôle de l'âme russe, l'âme iranienne représentée dans l'individualisme et le mysticisme des vieux croyants, des sectaires, des clercs, des prédicateurs en général [12]. Le scientifique voyait l'histoire de l'Eurasie comme une dialectique de lutte entre l'Iran et le Touran, comme l'histoire de leurs flux et reflux. Il a ensuite accompagné son article de trois cartes dessinées à la main montrant comment le concept de Touran s'est étendu au fil des siècles pour inclure aussi la zone des steppes et l'Asie centrale agricole (Maverannahr) [13]. Nikitin fait référence aux travaux d'un autre Eurasiste, P. M. Bitsilli, sur la tentative de Byzance de s'allier avec le Kaganat turc contre l'Iran sassanide comme une manifestation typique de la lutte de deux princes eurasiens [14]. Considérant l'histoire des guerres de l'Iran avec les nomades au cours des siècles, le chercheur a attiré l'attention sur le manque d'études existant sur les liens et les influences mutuelles entre la Russie et l'Iran [15]. "Il y a un fil touranien dans ce canon irano-russe", a-t-il conclu [16].
Nikitin a particulièrement attiré l'attention sur la facilité de compréhension mutuelle entre les paysans et les marchands russes et perses, sur l'"osmose" entre eux et sur la rapidité de l'implantation russe en Iran.
Il a résumé: "Nous avons également indiqué la place de la Russie entre l'Iran et le Touran. <...> Sous le joug mongol, la Russie et l'Iran étaient tous deux dans une position d'égalité, étant subordonnés à l'ulus turan ; après la libération du joug, la Russie et l'Iran ont suivi leur propre voie, à la suite de quoi la Russie a repris par rapport à l'Iran la position géographique de Touran, alors que sur le Bosphore, l'État a accordé un statut déterminant à la racine touran, ce qui n'a cessé d'être renforcé" [17]. Nikitine a consolidé cette conclusion politique par une réflexion sur la nécessité de l'autodécouverte du caractère russe avec sa dualité de caractéristiques touraniennes et iraniennes: "Le touran dans notre bagage mental est le début articulé, 'casher', tandis que l'Iran est l'individualisme, dans une forme qui atteint la rébellion, l'anarchie" [18].
Marlène Laruelle, analysant les raisons pour lesquelles Trubetskoy et Savitsky avaient chargé Nikitine de faire une étude détaillée de l'Iran et du Touran, suggère que "l'Asie centrale sédentaire... posait un problème à la pensée eurasiste", que "les frontières avec l'Asie restaient... floues, et que le mouvement ne parvenait pas à saisir tout le potentiel original et imaginatif que portaient les revendications de l'héritage timouride et mongol" [19]. Par conséquent, selon Laruelle, "l'eurasisme sera toujours indécis en ce qui concerne les peuples sédentaires d'Asie centrale" [20]. Ces conclusions, à la lumière de ce qui a été dit, ne semblent pas tout à fait exactes et la formule proposée par Laruelle peut difficilement être dérivée directement des travaux analysés de Nikitine, Savitsky, Trubetskoy et Bicilli: "La Chine incarne l'Asie, la Perse est l'Orient extérieur par rapport à la Russie, Touran est son Orient intérieur"[21].
Dans le plus récent de ses articles sur l'Eurasie, "La Renaissance persane" (1929) [22], Nikitine avance la thèse selon laquelle, contrairement à la prétendue apathie qu'on lui prêtait, la vie culturelle en Iran n'est jamais morte, a entamé une renaissance rapide à partir du milieu du 19ème siècle et a atteint un nouveau niveau après 1925 sous Reza Shah Pahlavi. L'universitaire a évoqué le rythme général de l'histoire russe et iranienne, de la chute des Safavides et de la campagne de Perse de Pierre le Grand aux événements révolutionnaires du premier quart du 20ème siècle dans les deux pays. Nikitine a exprimé l'espoir que la période pétersbourgeoise de l'histoire russe, avec son intelligentsia occidentalisée peu encline à comprendre l'Asie, était terminée. Les devoirs de l'homme envers Dieu au lieu des droits, le collectivisme du peuple au lieu de la démocratie et de la citoyenneté étaient ce qui, selon Nikitine, unissait la Russie au monde islamique. Il espérait que "les efforts conjoints des nationalités eurasiennes et perses et des autorités de Moscou et de Téhéran ouvriraient la voie à une politique et une culture nouvelles, au-delà de l'imitation et de la dépendance à l'égard de l'impérialisme et du capitalisme de l'Occident et de l'Amérique" [23]. Dans le même temps, Nikitine n'a pas abandonné les slogans eurasistes "sur le démoticisme, l'idéocratie, l'État ouvrier et la "cause commune" [24]. L'érudit a anticipé les idées futures de Khomeini et de la révolution islamique, soulignant la nécessité pour l'Iran de développer un nouveau système d'État: ni parlementarisme, ni absolutisme, mais une combinaison du principe chiite de l'imamat "porteur de lumière" et des conditions modernes [25].
Nikitine prévoyait "une augmentation de l'énergie nationale" en Perse, qui s'est exprimée à la fin des années 1920 par la réalisation d'une indépendance politique totale, la construction active de chemins de fer, l'amélioration de l'agriculture et le développement de nouveaux domaines, le tout avec le soutien allemand et soviétique. Dans le domaine de la religion et de la culture, l'universitaire a noté dans l'Iran contemporain une vague "fiévreuse" d'enthousiasme pour le zoroastrisme, la reconstruction néo-païenne de l'ère sassanide, le babisme et le chiisme renouvelé. Il a noté l'inclinaison de la pensée iranienne vers l'originalité, par opposition à la nature imitative du Touran, décrite précédemment par N. S. Trubetskoy [26].
Ainsi, selon les Eurasistes des années 1920, l'Iran (peuples iraniens occidentaux) était opposé aux Tourans (peuples iraniens orientaux et plus tard turcs), nomades de la steppe. La Russie est un héritier direct de Touran, mais elle devrait choisir la voie de la politique étrangère active et de la coopération sur un pied d'égalité, de l'harmonisation du rythme de développement et du renouveau révolutionnaire de la Russie et de l'Iran, au lieu d'affronter l'Iran (ainsi que l'Inde et la Chine), comme c'était le cas à l'époque des incursions nomades.
Selon cette interprétation, le Touran, qui comprenait non seulement les steppes kazakhes, mais aussi l'Asie centrale colonisée, a été inclus dans le développement de l'espace eurasien et est devenu une partie intégrante de la Russie.
De cette façon, les eurasistes, avec leurs arguments historiques et géographiques, ont éliminé tout fondement à la vision pan-turque du mythe touranien, vu, chez elle, comme un ensemble de "descendants de loups" turcophones opposés à toutes les autres nations d'Eurasie. Nikitine a spécifiquement affirmé que l'"idée pan-touranienne" en Turquie et en Hongrie était "un phénomène de déséquilibre mental, propre de l'intelligentsia et d'une certaine mode littéraire" [27]. Cette question ne présente pas seulement un intérêt académique, mais est également très pertinente aujourd'hui, alors que l'idéologie du panturquisme a été soutenue par les élites de Turquie et du Royaume-Uni et que le rapprochement entre l'Union eurasienne dirigée par la Russie et la République islamique d'Iran a atteint un stade qualitativement nouveau.
Notes:
[1] Trubetskoy N.S. Sull’elemento turanico nella cultura russa // Trubetskoy N.S. History. Cultura. Lingua. M.: Progress, 1995. С. 141-161.
[2] Lamansky V.I. Sullo studio storico del mondo greco-slavo in Europa // Lamansky V.I. Geopolitica del panslavismo. Mosca: Istituto della civiltà russa, 2010. С. 86.
[3] Nikitin V.P. Curdi. Mosca: Progress, 1964.
[4] Sorokina M.Y. Vasily Nikitin: la testimonianza nel caso dell’emigrazione russa // Diaspora: nuovi materiali. Vyp. 1. Parigi – SPb.: Athenaeum-Phoenix, 2001. С. 603.
[5] Ibidem. С. 606.
[6] Ibidem. С. 602.
[7] Nikitin V.P. 1) La Persia nel problema del Medio Oriente // Eurasian Chronicle. Vol. 5. Parigi, 1926. С. 1-15; 2) Ritmi dell’Eurasia // Cronaca Eurasiatica. Vol. 9. Parigi, 1927. С. 46-48; 3) Attraverso l’Asia. La Persia di oggi // Cronaca eurasiatica. Vol. 9. Parigi, 1927. С. 55-60; 4) [Recensione:] Sventitsky A.S. Persia. RIOB NKVT. M., 1925; Koretsky A. Trade East and USSR. Prometeo, 1925 // Cronaca eurasiatica. Vol. 10. Parigi, 1928. С. 86-88; 5) Russia e Persia. Schizzi del 1914-1918 // Eurasia. 1929. 6 aprile. № 20. С. 5-6; 13 aprile. № 21. С. 5; 20 aprile. № 22. С. 5; 27 aprile. № 23. С. 6-7; 4 maggio. № 24. С. 6; 1 giugno. № 28. С. 7-8; 6) Rinascimento persiano // Eurasia. 1929. 29 giugno. № 30. С. 5-6; 10 agosto. № 33. С. 6; 7 settembre. № 35. С. 6-7.
[8] Tatishchev N. Seminario eurasiatico a Parigi // Eurasian Chronicle. Vol. 7. Parigi, 1927. С. 44.
[9] Nikitin V.P. Iran, Turan e Russia // Eurasian Times. Libro 5. Parigi: Casa editrice Eurasian, 1927. С. 75-120.
[10] Sorokina M.Y. op. cit. p. 643.
[11] Nota editoriale di P.N. Savitsky. Vedi: Nikitin V.P. Iran, Turan e Russia. С. 75-78.
[12] Nikitin V.P. Iran, Turan e Russia. С. 79-80.
[13] Ibidem. С. 118-120.
[14] Bicilli P.M. Oriente e Occidente nella storia del Vecchio Mondo // Sulle strade: la fondazione degli Eurasiatici. Libro 2. Berlino, 1922. С. 320-321.
[15] Nikitin V.P. Iran, Turan e Russia. С. 103-115.
[16] Ibidem. С. 113.
[17] Ibidem. С. 115.
[18] Ibidem. С. 116.
[19] Laruelle M. Ideologia dell’eurasiatismo russo, o Pensieri sulla grandezza dell’impero. Mosca: Natalis, 2004. С. 172-173.
[20] Ibidem. С. 173.
[21] Ibidem. С. 177.
[22] Nikitin V.P. Rinascita persiana // Eurasia. 1929. 29 giugno. № 30. С. 5-6; 10 agosto. № 33. С. 6; 7 settembre. № 35. С. 6-7.
[23] Ibidem. № 30. С. 5.
[24] Ibidem. С. 6.
[25] Ibidem. № 33. С. 6.
[26] Ibidem. № 35. С. 7.
[27] Nikitin V.P. Attraverso l’Asia (Fatti e pensieri) // Versty: Vyp. 1. Parigi, 1926. С. 241.
Elenco dei riferimenti
Bicilli P. M. Oriente e Occidente nella storia del Vecchio Mondo // In cammino: l’affermazione degli Eurasiatici. Libro 2. Berlino, 1922. С. 317-340.
Lamansky V.I. Sullo studio storico del mondo greco-slavo in Europa // Lamansky V.I. Geopolitica del panslavismo. Mosca: Istituto della civiltà russa, 2010. С. 42-183.
Laruelle M. Ideologia dell’eurasiatismo russo, o Pensieri sulla grandezza dell’impero. Mosca: Natalis, 2004. 287 с.
Nikitin V.P. Iran, Turan e Russia // Eurasian Times. Libro 5. Parigi: Eurasian Book Publishers, 1927. С. 75-120.
Nikitin V.P. I curdi. Mosca: Progress, 1964. 432 с.
Nikitin V.P. Rinascita persiana // Eurasia. 1929. 29 giugno. № 30. С. 5-6; 10 agosto. № 33. С. 6; 7 settembre. № 35. С. 6-7.
Nikitin V.P. La Persia nel problema del Medio Oriente // Cronaca eurasiatica. Vyp. 5. Parigi, 1926. С. 1-15.
Nikitin V.P. Attraverso l’Asia. La Persia di oggi // Cronaca eurasiatica. Vol. 9. Parigi, 1927. С. 55-60.
Nikitin V.P. Attraverso l’Asia (Fatti e pensieri) // Versty: Vyp. 1. Parigi, 1926. С. 237-269.
Nikitin V.P. I ritmi dell’Eurasia // Eurasian Chronicle. Vol. 9. Parigi, 1927. С. 46-48.
Nikitin V.P. [Sventitsky A.S. Persia. RIOB NKVT. M., 1925; Koretsky A. Trade East and the USSR. Prometeo, 1925 // Cronaca eurasiatica. Vol. 10. Parigi, 1928. С. 86-88.
Nikitin V.P. Russia e Persia. Schizzi del 1914-1918 // Eurasia. 1929. 6 aprile. № 20. С. 5-6; 13 aprile. № 21. С. 5; 20 aprile. № 22. С. 5; 27 aprile. № 23. С. 6-7; 4 maggio. № 24. С. 6; 1 giugno. № 28. С. 7-8.
Sorokina M.Y. Vasily Nikitin: la testimonianza nel caso dell’emigrazione russa // Diaspora: nuovi materiali. Vyp. 1. Parigi – SPb.: Athenaeum-Phoenix, 2001. С. 587-644.
Tatishchev N. Seminario eurasiatico a Parigi // Eurasian Chronicle. Vyp. 7. Parigi, 1927. С. 43-45.
Trubetskoy N.S. Sull’elemento turanico nella cultura russa // Trubetskoy N.S. Storia. Cultura. Lingua. M.: Progress, 1995. С. 141-161.
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A quelle heure est la fin du monde ?
A quelle heure est la fin du monde?
par Andrea Zhok
Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/a-che-ora-e-la-fine-del-mondo
Aujourd'hui, je fouillais dans la presse grand public (de temps en temps, il est utile de se promener derrière les lignes ennemies) et je suis tombé sur un titre intéressant dans La Stampa de Turin :
TITRE
"La Russie a plus d'hommes, de moyens, de ressources; soit l'OTAN entre en scène, soit Kiev perdra".
SOUS-TITRE
"Les États-Unis et l'Europe sont confrontés à des choix difficiles: l'hypothèse de l'envoi de troupes occidentales ne peut être écartée".
Ce titre coiffe un article de nul autre que le prestigieux analyste Lucio Caracciolo. Maintenant, en lisant l'article, comme on pouvait s'y attendre, les arguments de Caracciolo sont analytiques et descriptifs, soigneusement pesés, et présentent trois scénarios possibles: "(1) Réduire le soutien militaire à Kiev au point de convaincre Zelensky de l'impossibilité de gagner, d'où la nécessité d'un compromis avec Moscou; (2) partir en guerre pour sauver l'Ukraine et détruire la Russie au risque de se détruire aussi soi-même; (3) négocier avec les Russes un cessez-le-feu dans le dos des Ukrainiens pour l'imposer ainsi aux agressés".
Ces options sont considérées par Caracciolo comme "des scénarios très improbables (le premier et le troisième) ou simplement absurdes (le deuxième)".
L'article continue et dit des choses de bon sens, désolé pour les prestigieux analystes géopolitiques, des choses donc que ceux qui ont été tournés en dérision comme "conspirationnistes et poutinistes" ont soutenu dès la première minute du conflit: la Russie ne peut pas perdre. Et ce, pour deux raisons: parce que sa supériorité en termes de ressources, de moyens et d'hommes est évidente malgré le flot d'armes et d'argent fourni par l'OTAN, et surtout parce qu'il s'agit d'un conflit existentiel pour la Russie, un conflit qui se déroule littéralement chez elle, et non un conflit impérialiste lointain comme ceux que les États-Unis ont l'habitude de gérer dans des contrées exotiques (du Vietnam à l'Afghanistan). Une défaite dans un tel conflit signifie au mieux un retour aux horribles années d'Eltsine, lorsque la Russie était un terrain d'exploitation impuissant pour les oligarques de l'intérieur et de l'extérieur, au pire la désintégration civile et le chaos.
Il n'est pas agréable de s'en prendre aux vaincus, et nous ne rappellerons donc pas l'interminable charabia de sottises en brics et en brocs dont les journaux nationaux - les "sérieux", pas ceux relevant de la contre-information "conspirationniste" - nous abreuvent depuis neuf mois.
Nous ne nous rappellerons donc pas comment la Russie a déjà épuisé ses missiles une vingtaine de fois, comment Poutine est mourant depuis sa naissance, comment les soldats russes sont dopés avec toutes les drogues folles, avec les drogues typiques, utilisées par les empires maléfiques dans les films hollywoodiens, comment la politique ukrainienne illustre les valeurs européennes (en effet, qui pourrait nier que la NSDAP était un produit européen), comment la Russie est isolée sur le plan international et détruite sur le plan économique, comment l'Europe sortira de ce conflit plus forte qu'avant, et ainsi de suite, sur un mode de plus en plus délirant.
Non, laissons tout cela de côté, négligeons les premiers signes de l'entrée de la réalité dans la fiction officielle, et concentrons-nous plutôt sur le titre.
Oui, car comme chacun sait, les titres dans les organes de presse sont choisis par le rédacteur du journal, et non par les auteurs. Et, en l'occurrence, le titre dit - comme d'habitude - quelque chose qui ne figure pas dans l'article: il dit qu'une entrée en guerre directe de l'OTAN (donc aussi de l'Italie) est la voie à suivre, si nous ne voulons pas que l'Ukraine perde (et nous ne voulons pas qu'elle perde, n'est-ce pas ?).
Pour ceux qui ont besoin de précisions, nous sommes confrontés au souhait d'une troisième guerre mondiale, à laquelle le public doit se préparer.
Maintenant, après les années de pandémie, au cours desquelles nous avons appris que la seule règle fiable de la presse grand public est de mentir instrumentalement tout le temps, rien ne devrait plus nous surprendre.
Et pourtant, un titre dans un journal national espérant sereinement une option qui au mieux signifierait un massacre intereuropéen sans précédent, au pire la fin du monde, reste quelque chose à méditer.
Jusqu'où, jusqu'à quel niveau d'irresponsabilité les "professionnels de l'information" autoproclamés, exposants du courant dominant, sont-ils prêts à aller? Y a-t-il encore une limite morale qui n'est pas franchie?
20:50 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, guerre, ukraine, russie, europe, affaires européennes | |
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mardi, 31 janvier 2023
La malédiction de l'Occident et le salut de la Russie
La malédiction de l'Occident et le salut de la Russie
Alexandre Douguine
Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/la-maledizione-delloccidente-e-la-salvezza-della-russia
Dans la dernière partie de son étude, le philosophe russe Alexandre Douguine tire des conclusions pessimistes sur l'état de la société moderne en Occident et sur les chances de salut de la Russie en se fondant sur une analyse de fond de la nature humaine.
La modernité à travers les yeux de la tradition
Passons maintenant à une partie absolument différente de l'anthropologie : la manière dont la philosophie et la science de l'Occident moderne présentent l'homme, son essence, sa nature. Nous commençons presque toujours par des notions modernes, que nous tenons pour acquises ("le progrès est obligatoire"), et à travers leur prisme, nous nous tournons vers d'autres notions, par exemple pré-modernes. Avec un certain degré d'indulgence.
Si tel était le cas, toute anthropologie religieuse, et en particulier sa section eschatologique, apparaîtrait comme une généralisation naïve et arbitraire. Or voici ce qui est intéressant. Si nous regardons de l'autre côté et essayons d'évaluer les théories anthropologiques de la modernité à travers les yeux d'un homme de la Tradition, une image choquante s'ouvrira devant nous.
Si l'histoire est le processus de division de l'humanité en moutons et en boucs, c'est-à-dire l'actualisation finale, à travers quelques étapes successives, de la liberté des hommes à choisir soit en faveur des enfants de la lumière soit en faveur des enfants des ténèbres, alors les derniers siècles de la civilisation de l'Europe occidentale, qui se positionne de plus en plus en retrait de Dieu, de la religion, de la foi, du christianisme et de l'éternité, apparaîtront comme un processus continu et croissant de glissement vers l'abîme, un glissement massif vers le côté Denitsa, un vecteur conscient et structurellement vérifié de lutte directe contre Dieu.
La modernité européenne est la "voie des boucs", c'est-à-dire l'invitation compulsive faite aux sociétés et aux peuples à devenir des boucs émissaires lors du Jugement dernier. La civilisation européenne occidentale de la modernité s'est construite dès le départ sur le rejet de la religion: d'abord par la relativisation de ses enseignements (le déisme), puis par un athéisme dogmatique pur et simple.
L'homme est désormais pensé comme un phénomène matériel/psychique indépendant, porteur de rationalité. Dieu apparaît comme une hypothèse abstraite. Dans la culture New Age, ce n'est pas Dieu qui crée l'homme, mais l'homme s'invente un "Dieu", dans la quête naïve d'expliquer l'origine du monde. Avec cette approche, ni les mondes spirituels ni les anges n'ont de place dans l'existence, toute la spiritualité est réduite à l'esprit humain.
En même temps, l'acte même de la création et l'éternité créée sont rejetés; par conséquent, l'idée de la structure du temps et de l'histoire change: le Paradis et le Jugement dernier sont présentés comme des "mythes naïfs" ne méritant aucune considération sérieuse. L'apparition de l'homme est décrite comme une étape dans l'évolution des espèces animales et l'histoire de l'humanité comme un progrès social graduel menant à des formes d'organisation sociale considérées toujours plus parfaites, avec des niveaux de confort et de développement technologique toujours plus élevés.
Cette image du monde et de l'homme nous est si familière que nous réfléchissons rarement à ses origines ou aux hypothèses sur lesquelles elle repose, mais si nous nous y intéressons quand même, nous voyons qu'il s'agit d'un rejet radical de l'ontologie du salut, d'une volonté d'interdire catégoriquement à l'homme de créer son être dans les domaines propres aux moutons de l'eschatologie. Le paradigme de la modernité tourne le dos à Dieu et au ciel et, par conséquent, se dirige vers l'intérieur.
Dans la topologie religieuse, c'est un choix sans équivoque en faveur de l'enfer, un glissement dans l'abîme d'Avaddon. Dans l'ordre mondial formellement athée et laïc, l'image de l'ange déchu devient de plus en plus claire. Le diable a attiré l'humanité à lui à travers toutes les phases de l'histoire sainte, en commençant par le paradis terrestre. Mais ce n'est qu'à l'époque moderne qu'il parvient à prendre le pouvoir sur l'humanité et à devenir le véritable "prince de ce monde" et le "dieu de ce temps".
Postmodernité : le retour du diable
La transformation de l'anthropologie dans un sens ouvertement satanique est particulièrement évidente dans ses dernières étapes, dans ce que l'on appelle communément le Postmoderne. Ici, l'optimisme de la modernité est remplacé par le pessimisme et l'humanisme est totalement écarté.
Si la modernité (l'ère moderne) s'est rebellés contre Dieu, la religion et le sacré, le postmodernisme va plus loin encore et appelle à l'élimination de l'homme (de tout anthropocentrisme), à la rationalité scientifique et à la destruction ultime des institutions sociales - États, familles - en passant par le rejet du genre (politique du genre) et le passage au transhumanisme (transfert de l'initiative à l'intelligence artificielle, création de chimères et de cyborgs par génie génétique, etc.)
Si dans la Modernité, le mouvement menant à la civilisation du diable était planifié et s'exprimait par le démantèlement de la société traditionnelle, la Postmodernité, elle, pousse cette tendance jusqu'à sa conclusion logique en mettant directement en œuvre un programme d'abolition définitive de l'humanité.
Ce programme, en tant que triomphe du matérialisme, est présenté de manière particulièrement vivante dans l'orientation moderne de la philosophie occidentale - le réalisme critique, ou ontologie orientée objet (OO).
Il proclame ouvertement le démantèlement de la subjectivité et l'appel à l'Absolu extérieur (C. Meillas) comme fondement ultime de la réalité. En outre, de nombreux philosophes de cette tendance identifient directement la figure de l'Absolu extérieur à Satan ou à ses homologues dans d'autres religions - en particulier, à l'Ahriman zoroastrien (voir Reza Negarestani à ce sujet).
Ainsi, ensemble, la modernité et la postmodernité représentent une seule et même tendance qui vise à mettre l'humanité sur la voie de la victime rejetée, du bouc émissaire, et au moment du Jugement dernier, lequel est nié, à la plonger dans l'abîme de la damnation irréversible.
Le déni de l'anthropologie religieuse et de son apothéose eschatologique contiennent déjà un programme de désignation de boucs émissaires, et à mesure que la culture séculière s'enracine, se développe et s'explicite, notamment dans le postmodernisme et le transhumanisme, ce programme devient explicite et transparent. Nous pouvons dire, en simplifiant, que d'abord l'âge moderne se moque de l'existence de Dieu et du diable, rejetant l'existence de la verticalité comme axe de la création, puis, dans la Postmodernité, le diable et la moitié inférieure de la verticale reviennent et se font pleinement connaître.
Cependant, il n'y a plus de Dieu (Dieu est mort, s'exclame Nietzsche, nous l'avons tué) qui puisse aider l'humanité. Le divin est écarté à un stade antérieur et, partant, ce rejet du divin reste un thème indiscutable du postmodernisme. Il n'y a que le diable qui conduit l'humanité sur le large chemin de la damnation, cyniquement (Satan aime plaisanter) appelé "progrès".
L'Armageddon de nos cœurs
Si nous combinons maintenant ces deux perspectives, l'anthropologie eschatologique et les conceptions de l'homme dans la modernité et surtout dans la postmodernité, nous obtenons un tableau assez vaste. Il apparaîtra clairement que nous sommes dans la phase finale de la fin des temps, à proximité immédiate du moment du Jugement dernier. Il n'y a rien d'arbitraire ou de spéculatif dans cette déclaration. Sur le plan vertical du monde, l'humanité se trouve dans cette position à chaque moment de son histoire: le Jugement dernier et la résurrection des morts sont toujours proches de Dieu et sont présents à chaque instant et dans chaque lieu de vie.
Dans l'ensemble, cependant, en ce qui concerne l'humanité, cet événement se produit une fois pour toutes: lorsque les deux dimensions, la verticale et l'horizontale, se rencontrent de la manière la plus complète et la plus pure. Si, lors du grand jugement, il y a beaucoup de gens qui ne sont pas du tout préparés à cela, qui ont même été élevés avec l'idée que rien de tel ne peut se produire, parce que seule la matière et ses dérivés existent, ils peuvent se retrouver parmi ceux qui seront envoyés à l'abîme.
Surtout ceux qui, en succombant à l'hypnose du progrès, iront si loin sur la voie de la déshumanisation qu'ils perdront complètement contact avec leur propre nature humaine, et donc avec la possibilité de choisir le bon côté, ce qui est toujours possible lorsqu'on a affaire à des humains - aussi difficile que ce choix puisse être dans certaines circonstances. Mais lorsque le projet transhumaniste sera pleinement réalisé et que l'humanité aura irréversiblement migré dans la zone de la post-humanité (ce que les futurologues modernes appellent le moment de la singularité), en coupant les liens avec sa nature, la paix et l'histoire prendront fin, car un témoin sera retiré du centre de la réalité.
Ce ne sera pas le vide, mais le déploiement de la création éternelle et de la verticale angélique dans son intégralité: ce sera le temps de la seconde venue, de la résurrection des morts et du jugement dernier. En attendant que ce moment arrive, la division de l'humanité en moutons et en boucs prend une expression dramatique, particulièrement intense. De plus en plus de personnes deviennent des "enfants des ténèbres" et se détournent de la foi en la vraie lumière de Dieu. En face d'eux se trouvent les "enfants de lumière" qui, malgré tout, restent fidèles à Dieu, au Sauveur, à la verticale...
Les deux catégories, consciemment ou inconsciemment, bien que la figure de l'ange ait depuis longtemps disparu de l'image holistique du monde, se retrouvent tout près des pôles angéliques, séparés de l'éternité et de la fin du monde aussi loin que possible. Pour les boucs, cela signifie qu'ils deviennent littéralement possédées par le diable, se transformant en son instrument impuissant et perdant toute autonomie.
C'est cela que signifie devenir des "enfants des ténèbres", des boucs émissaires, un sacrifice rejeté par Dieu. Mais il est également extrêmement difficile de rester fidèle au ciel et à la lumière dans une situation aussi extrême, et cette position désespérée du "petit troupeau" nécessite le soutien et la protection spéciale de Dieu et des anges dévoués. À un certain moment, la bataille des anges éternellement justes coïncide avec la dernière guerre de l'humanité, dans laquelle les "enfants de la lumière" s'opposent directement aux "enfants des ténèbres" dans l'imminence du Jugement dernier. C'est exactement ce que la Bible décrit comme la bataille d'Armageddon. Il est impossible de la décrire en termes rationnels purement terrestres, car elle comprend les expressions ultimes du contenu théologique, métaphysique et ontologique.
VO, soit l'ontologie vraie, l'ontologie orientée vers la vérité, a la relation la plus directe avec l'anthropologie eschatologique. Personne ne connaît son moment exact, notamment parce qu'il ne s'agit pas d'un événement situé dans le temps, mais de cet état du monde difficile à imaginer dans lequel le temps entre directement en collision avec l'éternité et, par conséquent, l'éternité cesse d'être le temps qu'elle était auparavant. Ici commence un "âge futur" qui fait face à la verticale de l'existence. Tout cela s'est déjà produit et se produit maintenant, mais sera pleinement révélé au cours de l'Apocalypse, qui signifie en grec "révélation", "découverte".
Le caché devient manifeste. C'est ainsi que le mystère de la dualité de l'homme est résolu, et que chaque homme en devient un participant direct - car la ligne de front ne passe pas seulement par la géographie terrestre, mais strictement par notre cœur.
Partie I - Le problème anthropologique en eschatologie
Partie II - Le dualisme du monde spirituel
Partie III - La division finale entre les Fils de la Lumière et les Fils des Ténèbres
23:55 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tradition, apocalypse, jugement dernier, eschatologie, alexandre douguine, théologie | |
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lundi, 30 janvier 2023
Si la "droite" a raison - à l'avenir, la pensée globaliste devra se combiner avec l'affirmation de soi localiste
Neue Züricher Zeitung (NZZ)
Commentaire d'un lecteur
Si la "droite" a raison - à l'avenir, la pensée globaliste devra se combiner avec l'affirmation de soi localiste
L'Occident a longtemps réussi à exercer une domination politique, idéologique et technologique sur le monde. Aujourd'hui, il est confronté à de puissants rivaux extérieurs et au relativisme culturel qui sévit en son sein. Le réalisme et l'autolimitation sont de mise.
Heinz Theisen
Après l'échec de l'utopie visant l'égalité matérielle, les aspirations de la gauche se sont déplacées vers l'égalité culturelle et biologique. Sous le signe de l'arc-en-ciel, la diversité et l'égalité sont censées se compléter au sein de "l'humanité unique" - comme autrefois la liberté et l'égalité au sein des sociétés nationales.
La puissance de cette nouvelle idéologie provient de sa coalition avec le capitalisme mondial. L'appel à l'ouverture des frontières unit les acteurs économiques mondiaux et les moralistes à la pensée globaliste. La libre immigration est pour les uns ce que l'externalisation est pour les autres.
Déconstruction du propre
Tous deux sacrifient pour cela l'affirmation de soi des communautés circonscrites, de la famille, de l'État-nation et de la culture. D'où la déconstruction, qui les caractérise, de toute identité originale, et leur haine de la culture occidentale, qui est la plus réussie et donc la plus inégalitaire. L'ordre du "monde unique" est attribué dans le grand reset à un centralisme numérisé d'instances mondiales.
La critique du manque de rationalité des intérêts ne s'adresse pas à un zèle religieux de substitution qui satisferait des aspirations profondes au bien. Non, ce manque de rationalité est critiquable parce qu'il s'agit d'un christianisme frelaté tant que son idéal d'universalité n'est pas associé au réalisme de la subsidiarité. L'amour du lointain risque de prendre le pas sur l'amour du prochain.
Lorsque les sociaux-démocrates danois veulent garantir l'État social en durcissant le droit d'asile, est-ce de gauche ou de droite ?
Le relativisme culturel de l'Occident était la condition préalable à son universalisme politique, jusqu'à justifier l'intervention dans des milieux culturels étrangers. Au sein de la société, les luttes culturelles étaient également programmées. Les valeurs et les structures occidentales étaient considérées comme transférables à satiété à d'autres cultures et, inversement, aux immigrés issus de cultures étrangères.
La coalition tricolore en Allemagne n'est pas le fruit du hasard. Un libéralisme galvaudé occupe une place centrale dans cette coalition arc-en-ciel. Il exige, jusque dans les rôles sexuels, la dissolution de toutes les formes d'identité communautaire au profit des identités individuelles. L'absence de limites est revendiquée même par rapport face aux contraintes naturelles.
Le moralisme de l'ouverture universelle revendique à son tour l'absoluité. Les positions opposées à ce Bien, posé comme tel, sont considérées comme mauvaises et ne méritent que d'être combattues. Toute forme d'affirmation de soi est considérée comme "de droite", la polarisation des sociétés suit son cours.
Les attaques venant du lointain sur tout ce qui est prochain et du futur sur le présent expliquent aisément les contre-mouvements furieux, observables de Trump au Brexit en passant par Le Pen et l'AfD. Mais ceux-ci ne constituent que des contre-pensées tant qu'ils ne proposent pas leur propre récit réaliste. Sans une compréhension plus profonde de la culture propre d'un terreau local/national, la volonté de le protéger ne peut être justifiée que par des peurs et des ressentiments. Et sans une reconstruction des éléments les meilleurs et les plus unificateurs de notre culture - comme en particulier l'histoire chrétienne bimillénaire de l'Europe - un sentiment de colère génère un rejet massif et renforce la polarisation.
Le mondialisme utopique délocalisé/délocalisant menace de générer des contre-extrémismes nationalistes et régressifs. L'État-nation n'est pas une fin en soi, comme le pensent certains romantiques identitaires. Il peut lui-même devenir l'agent d'un centralisme bureaucratique et détruire les petites communautés. Mais il n'y a aucune raison de le diaboliser tant qu'il agit de manière défensive et qu'il reste principalement axé sur l'affirmation de ses propres valeurs.
Démondialisation et nouvelle multipolarité
Dans un monde multipolaire composé de grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine et la Russie, les nations européennes sont trop petites pour pouvoir assurer seules leur sécurité et leur prospérité. La voie médiane et praticable entre le mondialisme et le nationalisme résiderait dans un aménagement de l'espace entre les acteurs, dont la structure et la taille résulteraient de leur capacité à résoudre les problèmes.
En Europe, cela pourrait se faire dans le cadre d'une Union qui connaitrait ses limites à l'extérieur et à l'intérieur. Plus de diversité à l'intérieur permettrait plus d'unité et de force à l'extérieur, face aux adversaires que sont la Russie, la Chine et ceux du monde islamique. Il ne s'agit pas de sortir de cette Union, mais de la transformer en une "Europe qui protège" (Macron) - jusqu'à un marché unique européen qui sache exiger la réciprocité dans les échanges avec la Chine.
La guerre d'agression de Poutine a mis fin à tous les rêves mondialistes et multilatéraux. La déconnexion de la Chine, opérée dans le cadre de la pandémie, qui a placé le pays hors des contextes internationaux, et les sanctions décrétées contre la Russie ont renforcé les tendances à la déglobalisation qui étaient déjà en germe dans la pandémie. La rivalité, qui s'est déchaînée dans l'économie mondiale, exige une plus grande protection de la classe moyenne contre les tendances oligopolistiques. Les pertes de prospérité sont inévitables, mais une meilleure délimitation de ce ressac permettrait de garder et de consolider l'ordre.
D'autant plus que les valeurs woke de l'Occident, qui glissent de plus en plus vers un extrémisme débridé, suscitent plutôt le dégoût dans les cultures traditionnelles ailleurs dans le monde. Alors que les démocraties libérales font preuve d'une très grande tolérance à l'égard de l'islam, l'islamisme, de son côté, se montre intransigeant. Dans leur propre culture, les conservateurs culturels affirment que leur culture doit demeurer dominante, et dans l'espace de la culture étrangère, ils respectent sa primauté. De cette manière, même des cultures incompatibles pourraient coexister pacifiquement.
La droite et la gauche se confondent
La préoccupation centrale de la "droite", des traditionalistes aux nationalistes, est l'auto-affirmation de ce qui lui est propre. Ce récit permettrait également au conservatisme de sortir de son dilemme consistant à toujours s'opposer aux nouveautés des autres.
La "lutte contre la droite" déclarée par beaucoup semble être menée avec d'autant plus d'acharnement qu'elle passe à côté du sujet. Lorsque les sociaux-démocrates danois veulent garantir l'État social en durcissant le droit d'asile, est-ce là une position de gauche ou de droite? Un libéral qui défend l'égalité des sexes contre la charia est-il libéral ou conservateur? De même, une protection accrue du commerce de détail par une taxation minimale d'Amazon à l'échelle européenne serait à la fois de gauche, libérale et de droite.
Face à tout ce qui doit être affirmé et préservé en termes de progrès social et d'émancipation, l'affirmation de soi est également une préoccupation incontournable pour la gauche et les libéraux. Le conservatisme ne signifie donc pas l'exaltation du passé, mais la reconnaissance des nécessités pour faire face à la réalité. On peut aussi appeler cela du "protectionnisme".
Avec la guerre d'agression menée par la Russie, le nationalisme connaît une renaissance, si ce n'est au profit de sa propre nation, il le connaît via le soutien à l'Ukraine. Les pacifistes verts sont devenus du jour au lendemain les plus fervents partisans de la livraison d'armes. Si les anciens objecteurs de conscience du gouvernement allemand, comme le chancelier et le vice-chancelier, défendent l'autodétermination nationale des Ukrainiens, ils peuvent difficilement la refuser à leur propre pays. Les mondialistes seront confrontés à un Canossa similaire lorsque les flux migratoires toucheront les quartiers aisés et commenceront à submerger les éthiciens de la pensée qui y vivent.
Mais en fin de compte, les contradictions entre les mondialistes et les protectionnistes devront être transformées en réciprocité, comme dans le cas du conflit entre le capital et le travail dans l'économie sociale de marché. Les sociétés vieillissantes ont besoin à la fois d'immigration et d'État social. Une migration maîtrisée nécessite des formes contrôlées d'ouverture et des formes différenciées de protection.
Les avantages comparatifs en termes de coûts du libre-échange sont indispensables au développement de la prospérité. Des compromis peuvent être trouvés sur les limites de la concurrence mondiale en faveur des qualités locales. Leur recherche commence dès lors que des discours ouverts sont tenus sur les limites de l'ouverture.
Heinz Theisen est professeur émérite de sciences politiques à l'Université catholique de Rhénanie du Nord-Westphalie à Cologne.
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L’ombre de l’Algérie sur la France
L’ombre de l’Algérie sur la France
par Georges FELTIN-TRACOL
Bien que passée inaperçue, elle a été la première polémique de l’année 2023. José Gonzalez, député RN de la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône, accède à l’une des dix vice-présidences des Amitiés parlementaires France – Algérie. La gauche crie au scandale d’autant que le doyen de l’Assemblée nationale, originaire d’Oran, n’a jamais caché la déchirure de l’exil et la nostalgie pour la terre de ses ancêtres. Cette vaine querelle prouve encore l’intensité, la profondeur et la complexité des relations franco-algériennes. Or, malgré une indépendance acquise depuis soixante ans, l’Algérie continue à peser sur le devenir français.
En septembre 2021, le gouvernement français restreignait le nombre de visas accordés non seulement aux Algériens, mais aussi aux Tunisiens et aux Marocains. En 2019, Paris avait accordé environ 200.000 visas aux seuls Algériens! Cette mesure de rétorsion répondait au refus habituel des trois États maghrébins de ne pas reprendre (ou bien peu) leurs ressortissants expulsés de l’Hexagone. En 2019, le taux de reconduction à la frontière ne représentait que 14,4 %. Le Figaro du 19 octobre 2022 signalait qu’« en 2021, les Algériens composaient la seconde nationalité la plus représentée en CRA (centre de rétention administrative) (1687 personnes, 10,3 % du total), après les Albanais (1521, 11,5 %), les Tunisiens (1387, 9,4 %) et les Marocains (1587, 8,6 %) suivaient ». La « crise des visas » s’achève en décembre 2022 par l’incroyable reculade du gouvernement français. A-t-il pris conscience du poids démographique algérien en France ? A-t-il tenu compte des impératifs énergétiques et économiques du moment ?
On recense entre 75 et 85 vols quotidiens entre la France et l’Algérie, soit quatre cents liaisons aériennes par semaine ! Un article du Monde du 25 août 2022 citait Christophe Castaner de sinistre mémoire évoquant « 1,2 millions de Français algériens qui votent ». Un parent faisant son service militaire en 1995 se souvient qu’un binational qui préférait effectuer dix mois de conscription en France plutôt que deux ans en Algérie, lui déclara avoir voté à l’élection présidentielle algérienne pour le candidat islamiste Mahfoud Nahnah…
L’octroi massif de visas aux Algériens est une exigence fréquente de la rue maghrébine. Dès qu’un président hexagonal parcourt Alger, Constantine, Tizi Ouzou, la foule lui hurle : « Des visas ! Des visas ! Des visas ! » Les autorités algériennes aimeraient que leur validité dure plus longtemps. L’actuel chef de l’État algérien, Abdelmadjid Tebboune, déclare au Figaro du 30 décembre 2022: «Je me permets de paraphraser un ami qui, de manière anecdotique et ironique, me déclarait récemment que les Algériens devraient avoir des visas d’une durée de 132 ans». Par-delà le ton sarcastique, les propos présidentiels ne peuvent qu’encourager les Harraga, ces jeunes Algériens désespérés par l’inertie du régime, son incompétence et sa kleptocratie, à émigrer en France. Ambassadeur de France en Algérie à deux reprises (2008 – 2012 et 2017 – 2020), Xavier Driencourt explique dans Le Figaro du 21 décembre 2022 que « les autorités algériennes n’ont pas intérêt à récupérer ces ressortissants, réfractaires, politiquement marginaux ou contestataires, souvent kabyles, qui fuient leur pays en raison du contexte politique ou pour des raisons économiques; ces migrants sont une variable d’ajustement dans un pays en crise ».
L’attrait migratoire de l’Hexagone se comprend pour la libéralité de ses prestations sociales supérieures à un modèle suédois dépassé qu’il délivre aux immigrés. Sans omettre d’autres facilités obtenues. Par exemple, Xavier Driencourt insiste sur « l’utilisation des passeports diplomatiques, qui permet à nombre de ressortissants algériens de venir en France sans visa et sans aucune forme de contrôle, la non-délivrance de titres de séjour aux Algériens qui ne résident pas en France mais qui profitent de leur carte de résident pour se faire soigner et/ou bénéficier des avantages sociaux du système français ». L’« envie de France » s’accroît au moment où le gouvernement algérien retire la langue française à l’école au profit de l’anglais. Le président Tebboune a beau déclaré qu’« en 2022, l’Algérie compte 27 millions de locuteurs qui maîtrisent le français sur 45 millions d’habitants », il estime néanmoins que son pays « ne s’est pas libéré pour faire partie d’un je ne sais quel commonwealth linguistique ». L’arrêt de l’apprentissage de la langue de Molière dans le système scolaire ne signifie pas la fin des flux migratoires. Bien au contraire !
Lors de la campagne présidentielle de 2012, alors conseiller de l’ombre de Nicolas Sarközy, Patrick Buisson suggérait au président-candidat d’abroger la partie encore en vigueur des accords d’Évian. L’ambassadeur Driencourt (photo) propose pour sa part « la dénonciation ou à tout le moins la renégociation des accords de 1968 ». « Ces accords du 27 décembre 1968, précise-t-il, portent sur les conditions d’arrivée et d’installation des Algériens en France. Ils comprennent de nombreuses dispositions dérogatoires par rapport aux autres nationalités, y compris les Marocains et les Tunisiens: certificat de résidence de dix ans, régularisation des sans-papiers facilitée, regroupement familial accéléré, conditions d’intégration dans la société française assouplies par rapport aux autres nationalités, visas étudiants assez généreux, etc. Beaucoup de facilités, donc, au bénéfice des Algériens. Négociés et signés dans la foulée des accords d’Évian, à une époque où la France voulait faire venir en France une main-d’œuvre algérienne francophone, ces accords n’ont plus de sens dans le contexte actuel ». Hélas ! on sait que le gouvernement macronien ne fera rien alors que les Algériens présents en France, quand ils ne militent pas en faveur de la cause kabyle, s’islamisent très rapidement. N’oublions jamais cette pancarte mal orthographiée brandie par une participante goguenarde à une manifestation contre le concept fallacieux d’islamophobie tenue à Paris le 19 octobre 2019 : « Française musulmane et voilée, si je vous dérange, je vous invite à quitter mon pays. »
Un lecteur de Valeurs actuelles du 7 juillet 2022 cite par ailleurs Léon Roches rapportant les commentaires de l’émir Abdel Kader dont il fut le secrétaire particulier de 1836 à 1840: «Nous avons vendu notre âme à Dieu, nous méprisons la mort. C’est nous qui rendrons la Mitidja déserte et qui bloquerons l’infidèle dans Alger. Bientôt nous chasserons les Français d’Alger. Puis nous passerons la mer sur des barques. Nous prendrons Paris. Nous nous y assemblerons. Puis nous conquerrons les autres nations et nous leur apprendrons la vérité du vrai Dieu». Après cinq années de détention et libéré par un homme qui a lui aussi connu l’emprisonnement, le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte, l’émir s’installera à Beyrouth où il protégera des chrétiens persécutés. Quant à ses petits-fils, ils seront officiers de l’armée française.
Les réflexions d’Abdel Kader se comprennent à l’aune de l’histoire de la future Algérie. Elle fut du Moyen Âge jusqu’à la conquête de 1830 un puissant foyer de piraterie barbaresque. En 1541, l’empereur Charles Quint organisa le siège d’Alger sans pour autant pouvoir briser cette menace.
Détentrice de gisements considérables d’hydrocarbures, l’Algérie a les moyens de jouer sur l’activité économique et l’avenir énergétique de la France. L’importante communauté algérienne, binationale ou non, constitue un autre moyen de pression. En 2002, au mépris de la souveraineté nationale, l’Amicale des Algériens en Europe appelait à voter contre Jean-Marie Le Pen présent au second tour de l’élection présidentielle. Les prochaines décennies confirmeront peut-être la prédiction de Mohamed Larbi Ben M'hidi (1923 – 1957), l’un des six fondateurs du FLN (Front de libération nationale). Il lança aux soldats français qui venaient de l’arrêter: «Je vous prédis, moi, que vous aurez l’Algérie de Tamanrasset à Dunkerque. Vous voulez l’Algérie française et moi je vous annonce la France algérienne».
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 58, mise en ligne le 25 janvier 2023 sur Radio Méridien Zéro.
14:23 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, algérie, europe, afrique du nord, affaires européennes, affaires africaines, immigration | |
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La génération « flocons de neige »
« Ce qui ne vous tue pas vous rend plus faible »
La génération « flocons de neige »
par Roberto Pecchioli
Source: https://www.maurizioblondet.it/generazione-fiocchi-di-neve-flaccida-e-gregaria/
Une superbe synthèse sur la jeunesse actuelle fabriquée par le mondialisme technologique et enthousiaste. Rappel : pour Philippe Muray la jeunesse résultante de mai 68, du féminisme et de l'écologie, était déjà un naufrage il y a vingt-cinq ans. Là on a plongé dans les abysses : vaccin, éoliennes et smartphone au programme – sans oublier guerres et insectes grillés – le tout avec 87% d'abstentions aux élections, 32% de LGBTQ et même 30% de capacité thoracique en moins. Mais laissons Roberto Pecchioli parler :
« L'armée américaine a dû abaisser ses critères de recrutement physique. Les performances des aspirants se détériorent régulièrement. On ne sait pas quelles sont les conditions psychologiques et mentales, le tempérament moral des recrues. La situation est la même en France, où la comparaison entre les tests physiques actuels et ceux du passé est décourageante: la dernière génération a perdu un quart de sa capacité pulmonaire en raison d'une sédentarité, résultat de nombreuses heures passées devant des écrans. Conséquence : les jeunes Français mettent une minute de plus que leurs pères pour parcourir un kilomètre à pied.
Le pronostic est sévère : entre addictions (alcool, drogues, médicaments et psychoactifs, buzz, appareils électroniques), déchéance physique et fragilité causée par les désastres familiaux, la théorie du genre et les folies politiquement correctes, le narcissisme, la mystique des droits sans devoirs, le sort des générations montantes est inquiétant. Encore plus désastreuse est la condition des jeunes mâles. Dévirilisés, éduqués principalement par des femmes, sans modèles, amenés à blâmer leurs instincts, ils sont le maillon faible d'une chaîne décadente. Les mâles et les femelles – y compris les « non-binaires » – sont la génération « flocon de neige ». L'affaiblissement progressif des esprits et des corps, la confusion savamment entretenue jusqu'à la désidentification personnelle et intime, n'est pas la responsabilité des jeunes.
Ceux-ci deviennent les victimes d'une gigantesque expérience d'ingénierie et d'anthropologie sociales. Ils sont comme le pouvoir veut qu'ils soient : flasques, faibles, conformistes, craintifs, ignorants (hors formation instrumentale), incultes dans les débats, incapables d'imaginer le changement. Aux antipodes du passé, dans lequel les jeunes ont toujours été moteurs de renouveau, de diversité, de nouveauté. La génération "flocons de neige", au contraire, présente des sujets idéaux parce qu'ignorants, voire sincèrement convaincus qu'ils font leurs propres choix en toute autonomie, des singes dressés convaincus que la vie est une succession de vacances, de droits, d'envies et de caprices. Le système actuel – le mondialisme capitaliste faussement libertaire – en a fait des flocons de neige, froids, liquides, destinés à fondre aux premières chaleurs, vêtus de haillons coûteux, avec des tatouages voyants, des bagues tribales et des coiffures bizarres.
Leur soumission indifférente de petits soldats anonymes est étonnante, nous en avons eu la preuve en trois ans d'épidémie : le triomphe du pouvoir sournois, séducteur, hypnotique et narcotique. Les mots de Byung Chul Han, observateur lucide du présent, sont des joyaux: "le sujet soumis ne sait même pas qu'il en est un, et en effet se croit libre ; il n'y a pas
de multitude collaborative et interconnectée capable de monter en une contestation globale, une masse dédiée à la révolution". "Dans une masse d'individus épuisés, qui s'exploitent dans l'illusion de l'épanouissement personnel, jusqu'à ce qu'ils s'effondrent dans la dépression et l'isolement, aucune étincelle antagoniste ne peut surgir". "Comme cela se passe en Corée du Sud (Han est coréen) qui a le plus haut taux de suicide dans le monde: les gens se font violence au lieu de chercher un changement dans la société. Je ne suis pas exploité par mon maître, je m'exploite moi-même. Je suis à la fois serviteur et maître. Le régime néolibéral isole ainsi les gens: dans la société du spectacle, on ne peut jamais former un collectif, un Nous capable de se rebeller contre le système".
Il est évident que la fragilité, la déconstruction de toute identité et de tout principe partagés, combinée à la faiblesse psychophysique des générations - un processus qui a commencé dans les années 1960 et est arrivé à maturité avec un mouvement accéléré - est la volonté précise des oligarchies en Puissance. Une analyse impressionnante vient du psychologue américain Jonathan Haidt, dans La transformation de l'esprit moderne. Sa thèse est que certaines mauvaises idées condamnent toute une génération à l'échec. Même des statistiques qui sembleraient réconfortantes peuvent être interprétées comme des signes d'introversion, d'insécurité générationnelle.
Le pourcentage de ceux qui ont essayé l'alcool, le tabac et le sexe avant l'âge de seize ans a chuté en Amérique de quelques points. Pas de véritable soupir de soulagement: au lieu d'apprendre à prendre des risques sans le filet de protection des adultes, trop de jeunes gens vivent enfermés chez eux, attachés à du matériel informatique. La catastrophe est que personne ne les éduque sur la vraie vie, malgré les "bonnes" intentions de leurs parents (quand il y en a…). La tendance est de se protéger de tout traumatisme, réel ou imaginaire, au prix de convaincre les jeunes qu'ils vivent dans une jungle inextricable.
Les mauvaises idées sont les pensées insufflées par le système. Haidt en énumère trois : ce qui ne vous tue pas vous rend plus faible (le mensonge de la fragilité) ; faites toujours confiance à vos sentiments (le mensonge du raisonnement émotionnel); la vie est une bataille entre les gentils et les méchants (le mensonge du « nous contre eux »). Cette combinaison mortelle de bonnes intentions et de mauvaises idées voue une génération à l'échec, empoisonnant la société dans son ensemble. L'anxiété, la dépression, la peur, le suicide ont explosé, la culture s'est uniformisée, ce qui vous empêche d'apprendre, de comparer, de vous forger une opinion. Les réseaux sociaux et les nouveaux médias permettent de se réfugier dans des bulles où le néant est généralisé et la polarisation règne.
Il s'inquiète de la multiplication des troubles psychologiques avec des pics d'actes d'auto-mutilation. Il y a un manque de préparation pour affronter la réalité, les échecs inévitables, pour traiter le non entendu pour la première fois après le oui des parents et la fadeur du système éducatif. La date cruciale, pour Haidt, était 2010, l'année du smartphone, parallèlement
au développement rapide des nouveaux médias. « La vie sociale des adolescents a radicalement changé. En 2008, les enfants allaient chez des amis ou étaient à l'extérieur. En 2010, il est devenu normal pour eux de s'enfermer dans leur petite chambre avec leur téléphone portable. Les enfants et les adolescents ont besoin du jeu extérieur et agonal pour terminer leur processus développement neuronal. Si la phase du jeu agonal et extérieur est limitée, ils arrivent à l'âge adulte physiquement et socialement moins forts, moins résistants au risque et plus vulnérables. « Si vous êtes un jeune accro aux réseaux sociaux depuis 2010, votre cerveau fonctionne différemment du mien », conclut amèrement Haidt.
L'alternative est de démonter les trois gros mensonges que nous avons indiqués. La faiblesse est prédominante chez ceux nés après 1995, les iGen, les digital natives obsédés par la sécurité, physique et émotionnelle. Le drame, c'est qu'"ils croient devoir se protéger des accidents de voiture ou des agressions sexuelles sur les campus universitaires, mais aussi des gens qui ont des idées différentes des leurs". C'est la fermeture de l'esprit produite par le politiquement correct, qui se révèle de plus en plus comme un puissant facteur de guerre cognitive contre la personne, dépossédée des mots et séparée de la réalité.
Le deuxième mensonge est émotionnel: faites toujours confiance à vos sentiments. On enseigne que si quelque chose vous dérange, c'est mauvais. D'où la pratique de boycotter ceux qui soutiennent les "idées erronées", ainsi que l'idée absurde que les universités devraient protéger les étudiants de la confrontation. La dérive actuelle témoigne de la facilité avec laquelle les mauvaises idées s'enracinent. Cela s'applique également à l'apparente confrontation entre bons et méchants, qui se termine par des préjugés et des violences, physiques ou morales, pour faire taire ceux qui n'aiment pas ça, qui "offensent" parce qu'ils sont dissidents, non conformistes.
La vie, que les flocons de neige le veuillent ou non, est une affaire sérieuse. L'avenir est sombre non seulement en raison de la fragilité, de l'absence de passion et du sens incompris de la liberté chez les dernières générations, mais parce que le manque de préparation et la bassesse morale des classes dirigeantes, l'infantilisme de masse, le syndrome de Peter Pan se répandront, en les noyant dans la futilité, dans le vide, dans l'empire de l'éphémère.
Nous vivons dans une sorte d'absence infiniment prolongée. Les qualifications académiques abondent, mais les personnes instruites et préparées font défaut. Beaucoup fréquentent l'université comme un troupeau endormi sans esprit critique ni franchise dans les débats. La vie doit être affrontée ouvertement, dressée à l'effort de faire et de savoir, loin de l'onguent émollient de la surprotection, étrangère au vacarme du disco émotionnel. Il faut renouer avec la croissance en choisissant entre des thèses contradictoires, appuyées sur des principes fermes, le postulat de
la capacité de décision. Les jeunes passent l'âge le plus important de leur vie dans un Disneyland virtuel. Les garçons qui ne deviennent jamais hommes et les filles que sans l'approbation du "me too", pleurent dans la confusion. Il faut restaurer la force des idées et l'idée de force, entendue comme stabilité morale, résistance à l'adversité. Assez de l'emphase confuse sur les émotions des poupées et des marionnettes manipulables, proies de toutes les peurs, cibles faciles de la propagande et des mensonges.
La majorité des Millennials sont faibles, hypersensibles, manichéens. Ils ne sont pas préparés à affronter la vie, qui est conflit, ni la démocratie tant vantée, qui est débat. Ils courent vers l'échec en marchant sur la tête. Des générations qui ont peur du langage, peur des mots ou des sens, qui ignorent la réalité : c'est la néo culture de l'ultra-sécurité (safetysme) qui
rend le troupeau docile, aveugle, heureux de suivre le berger. Les coussins protecteurs face à tout inconfort créent une fragilité existentielle: d'où l'anxiété et la dépression des jeunes qui transfèrent leurs émotions et leurs interactions sur les réseaux sociaux en vivant en comparaison avec leur apparence physique, leur statut social, dans le syndrome « fomo », la peur de manquer, la peur d'être exclus des événements ou des contextes collectifs. Le carnaval pérenne a de lourdes conséquences: le groupe se veut à la mode. Quiconque n'utilise pas certains termes ou ne participe pas à certains rituels et habitudes est ridiculisé, intimidé, isolé comme un déviant.
Les jeunes recherchent des followers, pas des amis, ils manquent de vraie liberté et ne sauraient d'ailleurs pas s'en servir; les parents et grands-parents survivants assurent la surveillance permanente de ces personnes qui n'atteindront pas l'âge adulte. La carotte, c'est la condescendance permissive, mais aussi le jeu vidéo stupide ou violent offert aux navires emportés par le vent, qui sur la mer de l'existence, feront naufrage. La fragilité est la première étape, viennent ensuite l'insécurité, l'anxiété, l'irritation, la faiblesse physique. Ils finiront par devenir de mauvais citoyens.
Sans culpabilité, ils ne savent pas ce que sont la vocation et la passion. Ils se contentent de déplacer compulsivement leurs doigts sur les écrans comme des somnambules qui ne comprennent pas ce qu'ils lisent ou voient. Nous les dispensons de la tempête, mais si nous protégeons les jeunes de toute expérience potentiellement dérangeante, nous les rendons incapables de lutter lorsqu'ils sortent du cône protecteur. Il n'y a pas d'autorité, de maîtrise de soi, de stabilité intérieure, d'efforts pour s'améliorer. La protection amniotique engendre la dépression, l'insécurité, jusqu'aux troubles psychiques et le fléau des suicides. Trop d'entre eux ignorent la violence qu'ils subissent et pratiquent parfois. Traverser des expériences difficiles et des traumatismes forge le caractère. La dynamique de l'hypersécurité, le manque de culture, le langage de coton reposent sur des erreurs fondamentales: la sagesse populaire savait que "ce qui n'étouffe pas la vie", tempère et permet de séparer la sphère émotionnelle de la réaction mature, de la distanciation.
Les personnes nées après 1982 affichent des taux de suicide de plus en plus élevés selon l'année de naissance. Trop de cerveaux en formation ne sont occupés que par les réseaux sociaux, dont le bruit de chacun en quête d'approbation manque de profondeur ainsi que de motivations personnelles: donc tout le monde est fan. Les jeux externes, physiques ont disparu, il y a moins de temps pour sortir, se socialiser, tous sont pris dans la fièvre des écrans, sont plongés dans la dépendance à ce que disent les autres à travers l'écran. Tout le monde juge de tout dans une Babylone superficielle imprégnée de perfidie. Il n'y a pas d'idées propres, mais on tremble devant la désapprobation ou le redouté "je n'aime pas ça", les pouces vers le bas dans le nouveau Colisée.
L'observation des plus jeunes, dépourvue de filtres culturels et d'expériences consolidées, convainc que la société occidentale vit dans un temps suspendu, irréel, où le présent est un moment inertiel, froid, entropique. Le monde que nous offrons à ceux qui entrent dans la vie est un faux paradis toxicomaniaque/pornographique d'individus incommunicables qui traînent des existences fantasmatiques.
Regarder les générations de flocons de neige évanescents, précocement épuisés, nous amène à un sentiment automnal, mélancolique. Les feuilles tombent, pas seulement sur la tête de la génération "flocons de neige".
Generazione fiocchi di neve: flaccida e gregaria. (maurizioblondet.it)
14:03 Publié dans Actualité, Psychologie/psychanalyse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : génération flocons de neige, problèmes contemporains, actualité, psychologie, psychiatrie | |
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dimanche, 29 janvier 2023
La revue de presse de CD - 29 janvier 2023
La revue de presse de CD
29 janvier 2023
EN VEDETTE
GUERRE EN UKRAINE VIDEO N° 23
« Sylvain Ferreira et moi-même avons entrepris depuis plusieurs semaines un travail de ré information en publiant des vidéos hebdomadaires sur YouTube. Le terme ré information est important car il s’agit pour nous de tenter de revenir au réel du conflit mondial déclenché par l’intervention russe en Ukraine. En particulier sur sa dimension militaire. Les médias système français se signalent par une partialité imbécile nourrie d’une ignorance crasse des réalités militaires. Il faut essayer de dissiper le brouillard d’une propagande trop souvent inepte. Pour notre numéro 23 nous avons demandé au Colonel suisse Jacques Baud, d’accepter de nous accorder un entretien. C’est un analyste de haut niveau et qui a déjà publié deux livres sur les origines, le déclenchement et les conséquences de ce conflit. Il est revenu sur le déroulement des événements depuis le 24 février dernier, sur les objectifs russes et sur les perspectives d’évolution. » Indispensable travail de Régis de Castelnau sur son site Vu du droit.
vududroit.com
https://www.vududroit.com/2023/01/guerre-en-ukraine-video...
AFRIQUE
Sale temps pour la France en Afrique
Après le Mali, le Burkina Faso ! Le gouvernement burkinabé a confirmé le 23 janvier qu’il avait demandé le départ dans un délai d'un mois des troupes françaises basées dans le pays. C’est l’épilogue de relations dégradées entre Paris et Ouagadougou depuis le coup d'État qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir le 30 septembre 2022. Un mois plus tard, l'ambassade de France à Ouagadougou ainsi que l'Institut français ont été attaqués (des manifestants brandissaient des drapeaux russes). Finalement, fin décembre, l'ambassadeur de France a été jugé indésirable par les autorités burkinabées. La « visite de courtoisie » effectuée le 10 janvier à Ouagadougou par Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, n’aura manifestement pas amadoué la junte au pouvoir. Le scénario du Mali se reproduit au Burkina Faso.
laselectiondujour.com
https://www.laselectiondujour.com/sale-temps-pour-la-fran...
ASIE
Du Japon à l' « Ukraine est-asiatique » ?
La Chine surveille de près la politique de sécurité du Japon. Le Japon justifie l'augmentation de ses armements et son renforcement militaire en invoquant des « menaces extérieures ». La Chine, quant à elle, pense que le Japon pousse la situation régionale vers un conflit, encouragé par les États-Unis.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/01/20/d...
Birmanie : une guerre civile qui dure
Si la Birmanie est plongée dans la tourmente politique depuis son indépendance, la guerre civile a pris une nouvelle dimension en 2021. Entre affrontements militaires et tensions ethniques, le pays est confronté à une guerre sans fin. Entretien avec Amaury Lorin.
revueconflits.com
https://www.revueconflits.com/birmanie-une-guerre-civile-...
BALKANS
À l’invitation du président de la République serbe de Bosnie, Milorad Dodik, Patrick Barriot et Jacques Hogard se sont rendus les 8 et 9 janvier derniers, au lendemain de la célébration de Noël orthodoxe, aux cérémonies de la fête nationale de cette entité serbe de Bosnie-Herzégovine, fondée il y a 31 ans (le 9 janvier 1992), et placée depuis les Accords de Dayton sous la tutelle de l’Union Européenne. Voici leur témoignage…
causeur.fr
https://www.causeur.fr/retour-de-sarajevo-252944
COMPLOTISME (C’est celui qu’y dit qu’y est !)
Facebook censure le British Medical Journal : quand le fact-checking tourne au délire anti-science, par Laurent Mucchielli
Il est temps que la peur change de camp. La rhétorique du « danger complotiste » qui menacerait un prétendu « consensus scientifique » est un bobard propagé par des organisations et des personnes n’ayant aucun respect pour la science et la recherche désintéressée de la vérité. En novembre 2021, la société Facebook, qui sous-traite sa prétendue « vérification de faits » à une autre entreprise commerciale, s’est crue autorisée à censurer la page du British Medical Journal, une des plus anciennes et des plus prestigieuses revues de sciences médicales, pour la simple raison que celle-ci publiait un article mettant en cause l’intégrité des données contenues dans les essais cliniques de Pfizer. De telles pratiques, qui concernent tout autant les autres géants du numérique, de Google, à YouTube, Twitter ou Instagram, devraient ouvrir les yeux sur l’incroyable prise de contrôle du débat public par la propagande industrielle à laquelle nous assistons depuis trois ans, avec la complicité de nombreux gouvernements et de la plupart des journalistes occidentaux. Lorsqu’une telle censure est organisée, la science est muselée et la démocratie vacille
qg.media/blog/laurent-mucchielli
Pourquoi il faut en finir avec l'institution scolaire
Ivan Illich a écrit ses lignes en 1970 dans « Une société sans école ». Depuis 1999, année de la signature du Protocole de Lisbonne, le Conseil européen a pris le pouvoir sur notre Education nationale, son objectif : fabriquer des crétins.
bouddhanar.blogspot.com
https://bouddhanar.blogspot.com/2011/03/lecole.html
DÉCONSTRUCTION
Idéologie du genre et transhumanisme, un produit de notre déni de la réalité
Le mécontentement est le mal sombre de notre époque. L'homme contemporain a tout à sa disposition mais n'est jamais heureux. Cette agitation, ce malaise, n'a cependant pas pour débouchés la rébellion et la colère qui s'est exprimée dans un passé tout récent. Marcello Veneziani a abordé ce thème, si vaste, difficile, presque insaisissable, dans son nouvel essai Scontenti. Perché non ci piace il mondo in cui viviamo (= Malcontents - Pourquoi nous n'aimons pas le monde dans lequel nous vivons) (Marsilio, 2022).
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/01/19/i...
Fini de rire bande de machos, Sylvie Pierre-Brossolette vous a à l’œil ! Mercredi 25 janvier, Emmanuel Macron reçoit la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, qui vient proposer des mesures pour renforcer ladite égalité. Le sexisme s’aggrave en France. Le Haut Conseil a publié un rapport qui non seulement se désole de la pérennité des discriminations, mais constate l’attitude particulièrement « masculiniste » des 25-34 ans. Jean-Paul Brighelli, qui a légèrement dépassé cette tranche d’âge, jette un regard dépassionné mais perplexe sur ce rapport qui stigmatise globalement tous les hommes.
causeur.fr
https://www.causeur.fr/machisme-haut-conseil-egalite-entr...
Rééducation forcée aux médias sociaux pour Jordan Peterson, psychologue clinicien au Canada
Jordan Peterson, psychologue clinicien et professeur émérite de l’Université de Toronto, est devenu célèbre depuis quelques années par ses déclarations et écrits hostiles à la théorie du genre et à l’idéologie « woke ». Il conteste l’existence d’un « privilège blanc », estime que les féministes ont « un désir inconscient de domination masculine brutale » et conseille aux jeunes hommes de développer leur masculinité et de « se tenir droit », première de ses « 12 règles pour une vie » comme « antidote au chaos » (titre de son ouvrage publié en 2018 en langue anglaise et en 2019 dans sa traduction française).
ojim.fr
https://www.ojim.fr/reeducation-forcee-jordan-peterson-ca...
DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ
« Valeurs occidentales » : après le bannissement de RT France, Paris gèle ses comptes
Communiqué de presse de RT France : « Après 5 années d’acharnement, les autorités au pouvoir sont donc parvenues à leurs fins : la fermeture de RT France. Sous couvert du 9e paquet de sanctions à l’encontre de la Russie — qui ne vise pas notre chaîne, mais notre actionnaire et maison mère — la Direction générale du Trésor a décidé de geler les comptes bancaires de RT France, rendant impossible la poursuite de notre activité. »
lecridespeuples.fr
https://lecridespeuples.fr/2023/01/22/valeurs-occidentale...
Censure, ostracisme et diffamation : la clé du « consensus scientifique » cher aux « médias »
Article historique (pour la Suisse romande) sur L’Impertinent média, avec cet entretien avec le Pr Jay Bhattacharya de l’Université de Stanford. Professeur de médecine, épidémiologiste, spécialiste de la santé publique et des maladies infectieuses, cet expert de réputation mondiale a été incroyablement censuré et ostracisé pendant la crise du Covid. Comme tous ceux qui osaient rappeler que les mesures de contrainte présentées comme « sanitaires » étaient antiscientifiques et parfaitement contraires aux connaissances et à l’éthique en santé publique. Pendant que quelques « Key Opinion Leaders » comme on dit, ces « experts » au discours orienté en faveur de la corruption systémique dans le domaine de la santé, squattaient les plateaux télé avec la complicité servile des « journalistes » de service. En martelant des slogans travaillés par des communicants de l’industrie pharmaceutique et ciselés pour manipuler l’opinion publique… Voilà la farce à laquelle ont participé les rédactions de la presse audiovisuelle et écrite romande unanimes. Jay Bhattacharya, dont j’ai à d’innombrables reprises relayé les analyses et les prises de position éclairées, parle ici de ce qu’il a vécu.
anthropo-logiques.org
https://anthropo-logiques.org/censure-ostracisme-et-diffa...
Revue de presse RT du 15 au 21 janvier 2023
Exercice hebdomadaire et salutaire de ré/désinformation grâce à Russia Today. Au sommaire : crise économique dans le monde ; la Turquie et l’OTAN ; quand l’Occident ment en signant des traités ; la Serbie menacée par les États-Unis ; le dollar menacé par l’Arabie saoudite et plusieurs pays africains ; la guerre chaude en Ukraine ; l’Allemagne pour de nouvelles initiatives diplomatiques ; la Nouvelle guerre froide ;
lesakerfrancophone.fr
https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-15-au...
ÉCOLOGIE
Face au monde-machine : 19 entretiens en podcast avec Pièces et main d’oeuvre
Floraisons : Depuis vingt ans, Pièces et main d’œuvre ont publié une quinzaine de livres. Pour tout écologiste attaché à la nature et à la liberté, leur travail est aussi important que passionnant. Afin d’en rendre compte correctement, il nous fallait un format un peu plus grand que d’habitude. Voilà pourquoi, au mois de juillet 2022, nous sommes allés discuter trois fois avec PMO à Grenoble, là où ils vivent. Nos entretiens sont restitués ici sous forme de feuilleton. Pour PMO « la technocratie est la classe du savoir, de l’avoir et du pouvoir produite par le capitalisme industriel pour révolutionner constamment les produits, services et moyens de la puissance ». Et « le transhumanisme est l’idéologie de la technocratie à l’ère des technologies convergentes, et à l’avènement du règne machinal ». Enfin, des écolos intéressants !
piecesetmaindoeuvre.com
https://floraisons.blog/face-au-monde-machine/
FRANCE
Crise covid : « Les mesures dérogatoires aux principes de la démocratie ne disparaissent pas après un état d’urgence sanitaire », par Laurent Mucchielli
Trois années après le déclenchement de la crise du Covid-19, le sociologue et directeur de recherche au CNRS Laurent Mucchielli estime que « les leçons n’ont pas été tirées », le débat ayant été surplombé par d’autres événements comme la guerre en Ukraine et la crise énergétique. « Des choses graves et très importantes se sont passées », rappelle le sociologue qui affirme que l’évaluation des politiques publiques durant la crise sanitaire est actuellement compromise par « l’orgueil », un « gouvernement jusqu'au-boutiste qui veut sauver les formes » et le « nombre tellement important d’erreurs difficiles à assumer ». Il faut « pourtant faire un bilan critique pour éviter une catastrophe absolue », martèle-t-il, citant l’affaire du Médiator comme exemple. Et d'enchaîner : « Comment peut-on penser pouvoir s’en remettre naïvement, juste comme ça ? Il faut que la justice se penche dessus ! ».
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/videos-l-entretien-essentiel/la...
Contrôles inconstitutionnels : les douaniers français de plus en plus inquiets
Depuis l’inconstitutionnalité décrétée de leurs contrôles en septembre 2022, les douaniers et leurs syndicats s'inquiètent de l'avenir de leur mission et d'une situation qui « légalise de facto le commerce de stupéfiants en France. » L’inquiétude le dispute à la colère chez les douaniers. En septembre dernier, le Conseil constitutionnel a déclaré inconstitutionnel l’article 60 du code des douanes qui autorisait ces derniers, depuis plus de 70 ans, à contrôler les marchandises, les moyens de transport et les personnes.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/societe/controle-inconstitution...
Mise en examen d’Agnès Buzyn : la double faute des magistrats instructeurs
La mise en examen de Madame Agnès Buzyn par la Cour de Justice de la République (CJR) sous les acclamations de la foule était une mauvaise action. D’abord c’était une décision illégale et ensuite c’était une façon de clouer un bouc émissaire au pilori en préservant soigneusement Emmanuel Macron et sa bande pour la gestion du Covid. Agnès Buzyn est une personnalité politique tout à fait détestable, c’est vrai, mais ce n’est pas une raison pour prendre des libertés avec le droit pour faire plaisir à la clameur. Double faute d’ailleurs, puisque la restauration de la régularité juridique par la Cour de cassation qui a annulé cette mesure, est présentée comme une protection judiciaire indue fournie à la pitoyable ancienne ministre. Comme d’habitude, invoque La Fontaine et ses « Animaux malades de la peste » avec sa célébrissime morale : « selon que vous serez puissants ou misérables les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». Et l’on entend de nouveau la chanson du « tous pourris » se déverser dans la presse et les réseaux. Encore bravo pour les magistrats instructeurs de la CJR.
vududroit.com
https://www.vududroit.com/2023/01/mise-en-examen-dagnes-b...
GAFAM
Twitter Files : Comment la plateforme a caché des opérations d’influence de l’armée américaine
Les récents « fichiers » publiés par Elon Musk, nouveau PDG du géant des réseaux sociaux, révèlent l’existence de deux poids, deux mesures dans la dénonciation des programmes secrets soutenus par le gouvernement.
les-crises.fr
https://www.les-crises.fr/twitter-files-comment-la-platef...
Twitter a aidé le Pentagone à mener sa campagne secrète de propagande en ligne
Des documents internes CENTCOM montre la white-list des comptes Twitter qui ont été utilisés pour alimenter leur campagne d’influence à l’étranger.
les-crises.fr
https://www.les-crises.fr/twitter-a-aide-le-pentagone-a-m...
GÉOPOLITIQUE
Risques pour l'intégration eurasienne
Le sommet informel des chefs d'État de la CEI à Saint-Pétersbourg les 26 et 27 décembre 2022 a démontré la volonté de tous les participants de coopérer et d'interagir sur un large éventail de questions. Les discours de nombreux présidents ont inspiré de l'optimisme quant au développement d'initiatives communes telles que l'OTSC et l'EAEU. En même temps, ces dernières années, et surtout depuis le début de l'opération spéciale en Ukraine, il y a eu des actions de la part des partenaires qui peuvent pour le moins être qualifiées d'attentistes. Parfois, comme dans le cas du Premier ministre arménien, il y avait un chantage pur et simple.
euro-synergies.hautetfort.com
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/01/20/r...
Le Kurdistan, des Grands Boulevards à l’Orient
Les Kurdes sont revenus sous les feux de l’actualité à la suite des attaques de Paris. Mais la question kurde existe depuis bien longtemps et ne trouve pas encore de solution. Une guerre sans fin qui déstabilise le nord du Moyen-Orient. Entretien avec Tigrane Yegavian
revueconflits.com
https://www.revueconflits.com/le-kurdistan-des-grands-bou...
IMMIGRATION
La hausse de l’immigration clandestine en Europe continue en 2022
Les premières statistiques sur l’immigration clandestine en Europe en 2022 viennent d’être publiées. Elles confirment la tendance observée depuis 2020 à l’augmentation continue des flux à destination des pays de l’Union européenne. La réponse tant de Frontex, des pays d’Europe de l’ouest que de la Commission européenne n’apparait absolument pas à la hauteur de ce phénomène qui prend une ampleur considérable. L’arrivée au gouvernement de nouvelles coalitions en Suède et en Italie amorce un changement de cap dans la politique migratoire de ces pays, qui se traduit déjà par une lutte accrue contre l’immigration clandestine.
polemia.com/
https://www.polemia.com/la-hausse-de-limmigration-clandes...
Italie. Arrivées de clandestins en forte hausse depuis début 2023 : où sont les promesses de Giorgia Meloni ?
Le nombre de clandestins débarqués sur les côtes en Italie est en forte hausse depuis le début de l’année 2023 par rapport aux années précédentes. De quoi remettre encore un peu plus en cause les promesses électorales de Giorgia Meloni et de ses alliés.
breizh-info.com
https://www.breizh-info.com/2023/01/23/214086/italie-melo...
Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé le 27 janvier la nomination d’Amira Elghawaby à titre de première représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie. Mme Elghawaby est une journaliste primée et une militante des droits de la personne. Membre fondatrice du conseil d’administration du Réseau canadien anti-haine et ancienne membre du conseil d’administration du Silk Road Institute, elle a mené une longue carrière en appuyant des initiatives visant à contrer la haine et à promouvoir l’inclusion.
fdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2023/01/27/canada-amira-elghawa...
LECTURE
Titre :
Pages russes, de Robert Steuckers. Les éditions du Lore, 396 p. 2022.
Auteur :
Robert Steuckers est notamment le cocréateur de Synergies européennes, où il défend les thèses d’un continentalisme anticapitaliste paneuropéen. Interprète, militant identitaire, polyglotte, cet intellectuel de grande culture, hyper actif spécialiste de géopolitique et des pays est-européens, est un homme parfaitement intégré dans la vie politique occidentale, grâce à sa maîtrise de nombreuses langues européennes. Il a publié plusieurs ouvrages et a participé à quantité de colloques sur notre continent.
4e de couverture :
« Par un foisonnement hétéroclite, ce nouveau recueil de Robert Steuckers fera sans nul doute autorité en ce qui concerne la question russe au sens large. Fondements du nationalisme russe, germanophobie et anglophobie dans le débat russe du début du siècle, origines de l’Europe soviétique, généalogie des droites russes, enjeux géopolitiques passés et présents, fonts du Donbass et de Syrie sont, entre autres, les thématiques abordées. Robert Steuckers met également à l’honneur de grandes figures telles Soljénitsyne, Rozanov, Tioutchev, Kopelev ou encore Douguine et Parvulesco. Cette lecture voulue didactique par l’auteur permettra à chacun de mieux comprendre la trame du monde actuel où la Russie se trouve sur le devant de la scène. »
Extraits :
« Le filon slavophile et la critique dostoïevskienne implicite (qui avait fasciné Nietzsche), l’anti-occidentalisme religieux et orthodoxe de Léontiev couplée à l’idéologie eurasiste, corrigée par Douguine à la lumière de la théorie du ‘’grand espace’’ chez Carl Schmitt, ont réinvesti le champ théorique et idéologique dans la Russie d’aujourd’hui, se sont greffés sur les suggestions de l’arabisant Primakov, pur produit des écoles soviétiques, et dans la ‘’tête de Vladimir Poutine’’. Idéologiquement, la Russie est redevenue en quelque sorte ce qu’elle avait été avant 1917, et ce, en dépit de la parenthèse bolchévique de son histoire récente, le bouclier d’un conservatisme solide, cette fois non timoré et non réactionnaire, non rigide et non passéiste, dans le monde de ces trois premières décennies du XXIe siècle. Les vœux d’Alexandre Soljénitsyne semblent s’accomplir, l’œuvre d’un Stolypine reprend vigueur à près d’un siècle d’intervalle. »
« La propagande anti-russe d’hier et d’aujourd’hui participe de la stratégie immixtionniste et internationaliste mise en œuvre à Londres hier, à Washington depuis la présidence de Teddy Roosevelt et du système wilsonien ; elle a eu pour résultat de torpiller toutes les œuvres d’unification continentale et de faire, à terme, de l’Europe un nain politique, en dépit de son gigantisme économique. L’historiographie dominante fait donc de la Russie un croquemitaine et cette historiographie est dictée aux agences médiatiques, à la presse internationale, par des officines basées à Londres ou à Washington. Il s’agit désormais, dans des espaces de liberté comme le nôtre, de contrer les poncifs toujours récurrents de cette propagande et de se référer à une autre interprétation de l’histoire, à une historiographie alternative, différente aussi de l’historiographie soviétique/communiste (liée à l’historiographie anglo-saxonne pour les évènements de la Seconde Guerre mondiale). »
« La rhétorique des ‘’droits de l’homme’’ rend impossible l’exercice de la diplomatie classique ; les dissensus internes, qu’elle exploite via les médias et les agences qui les informent, ne trouvent plus aucune solution équilibrée, s’en trouvent pérennisés, inaugurant de la sorte des cycles de ‘’guerres longues’’ ; les ‘’droits de l’homme’’, contrairement aux apparences, n’ont pas été hissés au rang d’idéologie dominante pour faire triompher sur la planère entière un humanisme de bon aloi, mais pour amorcer un processus infini de guerres, de révolutions et de troubles. »
« L’affirmation des valeurs populaires et solidaires implique automatiquement de désigner leurs ennemis, selon la formule de Carl Schmitt. Identifions-en trois aujourd’hui : 1) les médias formatés par le soft power américain ; 2) l’idéologie néo-libérale, nouvel universalisme araseur des spécificités populaires et des politiques sociales, permettant le renouveau des élites (au sens où l’entendait Gaetano Mosca et Vilfredo Pareto) ; 3) l’idéologie festive qui noie les peuples dans l’impolitisme. »
« Si les paysans libres de l’Ukraine et/ou de la ‘’Nouvelle Russie’’ avaient tout perdu lors de la kolkhozisation stalinienne, ils n’ont pas récupéré grand-chose depuis l’indépendance du pays en 1991 : trois entreprises américaines (Cargill, Monsanto et Dupont) possèdent désormais plus de 40 % des terres sur le territoire de l’Ukraine. »
« L’Empire ottoman considérait la maîtrise des Balkans comme une étape en vue de conquérir l’Europe entière, à commencer par la ‘’Pomme d’Or’’, Vienne, que ses armées assiègeront deux fois, en 1529 et en 1683. En vain. Le sursaut, in extremis, a été chaque fois admirable et nous ne sommes pas devenus turcs. L’objectif ottoman était de remonter le Danube, de Belgrade à Budapest et de Budapest à Vienne, puis, sans doute, de Vienne à Linz et au cœur de la Bavière pour faire tomber l’ensemble de l’Europe dans son escarcelle. Aujourd’hui les États-Unis installent leur principale base militaire sur le site même de la victoire ottomane en 1389, soit au Kosovo, à partir duquel les Turcs avaient commencé leur conquête de l’Europe. »
« Toutes ces interventions en Eurasie de l’hyperpuissance d’Outre-Atlantique correspondent parfaitement à la définition que donnait Carl Schmitt de l’inacceptable ingérence des thalassocraties dans les affaires intérieures des puissances continentales ou littorales. Face à ces interventions/agressions, car ce sont bel et bien des agressions à l’ère des ‘’guerres cognitives’’ ou des ‘’guerres électroniques’’, il importe de dénoncer clairement et définitivement les alliances militaires telles l’OTAN qui nous lient encore à l’Amérique, de se rapprocher de la Russie, de créer des pôles de production militaro-industriels communs, de lutter sans aucun compromis contre les terrorismes locaux fabriqués à partir de forces tribales excitées par les services spéciaux américains (mafieux albanais, tchéchènes, etc.). »
MONDIALISME/TERRORISME
La galaxie médiatique de Soros passée au crible
L’année 2023 commence fort en termes d’actualité sorosienne. L’homme d’affaires américain George Soros, à la tête d’un empire financier qu’il met au service de projets d’influence politique, vient en effet de faire l’objet d’un rapport en trois parties rendu aux États-Unis par l’institut MRC et écornant encore une fois sérieusement son image de simple philanthrope désintéressé.
ojim.fr
https://www.ojim.fr/medias-soros-rapport-mrc/?utm_source=...
OTAN
Erdogan, la Suède et la Grèce
L’attitude d’Ankara est désormais claire. Après des mois de discussions entre la Turquie, la Suède et la Finlande, le président Erdogan vient d’annoncer qu’il ne soutiendra pas la candidature suédoise à l’OTAN. Etant donné que chaque postulant doit être accepté par les 30 membres de l’alliance à l’unanimité, ce véto turc ferme-t-il définitivement la porte à la Suède ? Selon les analystes, on se trouve devant une situation complexe où se mêlent des questions géopolitiques et des facteurs liés aux élections annoncées pour le 14 mai où se jouera l’avenir d’Erdogan, au pouvoir depuis 20 ans mais en proie à de sérieuses difficultés internes dans un pays où l’inflation annuelle a atteint 85 % en octobre 2022.
laselectiondujour.com
https://www.laselectiondujour.com/erdogan-la-suede-et-la-...
RÉFLEXIONS
Emmanuel Todd : Crise de la société occidentale et guerre en Ukraine
Emmanuel Todd était notre invité le 9 décembre 2022 à Sciences Po Bordeaux pour s'exprimer pour la première fois sur la guerre en Ukraine et plus largement sur la crise de la société occidentale. Une conférence qui fut plus qu'enrichissante et que nous avons le plaisir de partager avec vous ! Même Sciences Po se met à réfléchir sur la réalité et non sur la doxa ! (Vidéo)
youtube.com
https://www.youtube.com/watch?v=mCVsoYjihdE&t=15s
RUSSIE
Bulletin 118. Offensive russe, Tank pour tous, Russie vs OTAN. 26.01.2023
Au sommaire de ce nouveau numéro : Legrand quitte la Russie ; mobilisation forcée en Ukraine ; corruption généralisée en Ukraine ; nouvelles armes et rideau de fer ; SOS déroute ukrainienne ; armée russe vs OTAN ; des armes magiques pour Zelenski ; cartes des opérations militaires
odysee.com
https://odysee.com/@STRATPOL:d/118y:f
Les conditions de notre victoire, par Alexandre Douguine
Note du traducteur : Dans ce texte, qui a valeur de manifeste, Alexandre Douguine propose les mesures qui permettront de sortir la Russie de certaines impasses en lesquelles elle se trouve encore, en dépit de vingt ans de gestion poutinienne. Ces axes de réflexion valent également pour les pays d'Europe occidentale et centrale, Ukraine comprise. A chacun d'entre nous, en chacun de nos pays, d'adapter ces consignes à nos réalités nationales ou transrégionales (Euro-Regio, SarLorLux, Benelux, etc.).
euro--synergies-hautetfort-com
https://euro--synergies-hautetfort-com.translate.goog/arc...
Loukachenko : le grand retour de Mark Ames en géopolitique
La petite entreprise de notre ami et mentor en journalisme Mark Ames, ex-rédacteur-en-chef du défunt magazine eXile, s’appelle aujourd’hui Radio War Nerd. Réservée aux abonnés, elle ne connaît pas la crise ! Il a bien voulu nous autoriser à publier de larges extraits de son dernier article sur un sujet d’actualités : la Biélorussie.
antifixion.blogspot.com
https://antifixion.blogspot.com/2023/01/loukachenko-le-gr...
SANTÉ
Vaccins Covid : Cleveland Clinic et évaluation de l’efficacité des rappels
Le but de cette étude était d’ « évaluer si le vaccin bivalent contre le COVID-19 protège contre le COVID-19 ». Pour cela, la Cleveland Clinic a donc évalué l’efficacité du dernier vaccin bivalent en suivant tous ses soignants, relevant les contaminations en fonction du statut vaccinal. Le résumé des résultats tient dans une phrase de la publication et un tableau : « Plus le nombre de vaccins reçus précédemment était élevé, plus le risque de contracter le COVID-19 était élevé ».
covid-factuel.fr
https://www.covid-factuel.fr/2023/01/22/vaccins-covid-cle...
UKRAINE
Guerre russo-ukrainienne : la pompe à sang mondiale
Depuis la décision surprise de la Russie de se retirer volontairement de la rive ouest de Kherson au cours de la première semaine de novembre, il n’y a guère eu de changements spectaculaires sur les lignes de front en Ukraine. Cela reflète en partie la météo prévisible de la fin de l’automne en Europe de l’Est, qui laisse les champs de bataille gorgés d’eau et obstrués par la boue et entrave considérablement la mobilité. Pendant des centaines d’années, novembre a été un mauvais mois pour tenter de déplacer des armées sur une distance significative, et comme une horloge, nous avons commencé à voir des vidéos de véhicules bloqués dans la boue en Ukraine. Cependant, le retour de la guerre de position statique reflète également l’effet synergique de l’épuisement croissant des Ukrainiens et de l’engagement des Russes à détruire et à démanteler patiemment les capacités de combat restantes de l’Ukraine. Ils ont trouvé un endroit idéal pour y parvenir dans le Donbass.
lecridespeuples.fr
https://lecridespeuples.fr/2023/01/22/face-a-lavancee-rus...
UNION EUROPÉENNE
Ursula von der Leyen, ou la toute-puissance de la meilleure amie de la supra-élite internationale
L’Union européenne est un cas d’école d’une organisation qui amalgame le pouvoir législatif avec toutes sortes de lobbyistes. Des fortunes sont déversées annuellement dans cette structure supposée représenter les populations. Ce n’est pas par hasard que l’espace qui la représente fut réduit à une réalité de marché, appelée « Marché intérieur ».
lilianeheldkhawam.com
https://lilianeheldkhawam.com/2023/01/23/ursula-von-der-l...
La Commission européenne a réitéré, jeudi, son opposition au financement par l’UE de murs ou de clôtures pour lutter contre l’immigration irrégulière, une demande émise par une partie des pays membres, dont l’Autriche encore récemment. « Il n’y a pas d’argent dans le budget de l’UE pour cela. Si nous devions dépenser de l’argent pour des murs ou des clôtures, il n’y aurait pas d’argent pour d’autres choses », a déclaré la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, interrogée à son arrivée à une réunion des ministres de l’Intérieur à Stockholm.
fdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2023/01/26/pas-dargent-dans-le-...
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samedi, 28 janvier 2023
La Libye et les intérêts géopolitiques de ses voisins
La Libye et les intérêts géopolitiques de ses voisins
par le Groupe de réflexion Katehon
Source: https://www.geopolitika.ru/it/article/la-libia-e-gli-interessi-geopolitici-dei-vicini
Depuis le renversement du gouvernement en 2011, la Libye est divisée. Tripoli et l'Occident ont tenté de contrôler la partie orientale du pays, un fief de l'"Armée nationale libyenne" (ANL) dirigée par le maréchal Khalifa Haftar. Par la suite, le double pouvoir a prévalu et le pays a cessé de fonctionner comme un seul État.
Le peuple et le parlement de la partie orientale ont opté pour une coopération avec l'"Armée nationale libyenne" dirigée par le maréchal Haftar. À l'ouest, dans la capitale Tripoli, le gouvernement d'accord national (CAN) soutenu par l'ONU et l'UE, dirigé par Fayiz Saradj, est au pouvoir. Son mandat a cependant déjà expiré.
D'autres pays ont réagi différemment aux événements en Libye. En 2011, la Grèce a soutenu l'opération militaire de l'OTAN contre Mouammar Kadhafi en mettant à la disposition des membres de l'Alliance atlantique des aérodromes militaires et une base navale. Cependant, l'armée grecque n'a pas été directement impliquée dans l'opération. En 2020, la Turquie a déployé ses troupes et des mercenaires syriens à sa solde en Libye, qui ont d'abord arrêté l'offensive de l'"Armée nationale libyenne" de Khalifa Haftar, puis l'ont repoussée de Tripoli à Syrte. Haftar n'a pu être sauvé que par Le Caire, qui a menacé Ankara d'envoyer ses troupes en Libye.
Les relations diplomatiques entre Le Caire et Ankara ont été rompues en 2013 après que le chef de l'armée égyptienne de l'époque, As-Sisi, a mené un coup d'État militaire contre le président égyptien Mohamed Morsi, soutenu par Erdogan (et les Frères musulmans, un groupe interdit en Russie).
Lors de la visite d'une délégation turque de haut niveau au Caire en 2021, la Turquie s'est trouvée désavantagée: d'une part, en raison du blocus du Qatar et, d'autre part, parce qu'Ankara n'avait pas été acceptée dans le forum sur le gaz, qui réunissait presque tous les pays de la Méditerranée orientale, dont l'Italie, l'Égypte, la Grèce, Israël, Chypre grecque, la Jordanie et la Palestine. Ce qu'Ankara n'a pas apprécié, c'est le renforcement de l'amitié entre Grecs et Egyptiens.
Les Turcs ont alors suggéré aux Égyptiens d'oublier toutes les vieilles rancunes et de se réconcilier. Le Caire se méfiait plutôt de cette suggestion. Les Égyptiens ont répondu en suggérant que les pays devaient d'abord surmonter leurs différences accumulées. La question qui nous occupe est la critique des dirigeants égyptiens par les médias turcs. Le Caire est également mécontent de l'accord de coopération militaire de 2019 signé avec l'ancien "gouvernement d'entente nationale" de Faiz Saraj, qui autorise les forces militaires turques à se trouver sur le territoire libyen, et du document sur la démarcation des frontières maritimes avec la Libye. Le Caire a également demandé à Ankara de cesser de s'ingérer dans les affaires intérieures des pays arabes et de ne pas accorder la citoyenneté turque aux Égyptiens vivant en Turquie.
Les Turcs ont ensuite satisfait à certaines de ces demandes, comme la modération des critiques de l'Egypte sur leurs chaînes de télévision. Néanmoins, la Turquie continue de pousser le concept de "patrie bleue", qui prévoit l'expansion de ses eaux territoriales dans la mer Égée, la Méditerranée et la mer Noire. À cette fin, Ankara a l'intention de conclure un accord similaire pour délimiter les frontières maritimes avec l'Égypte, ce qui pourrait transformer la Méditerranée en un "lac turc" à l'avenir, aux dépens du Caire. Ce n'est pas une coïncidence si de nombreux experts estiment que c'est précisément sur la piste libyenne que Le Caire et Ankara auront le plus de mal à négocier des concessions mutuelles. Il est peu probable que les Turcs et les Égyptiens acceptent de céder l'un à l'autre des positions importantes en Libye, qui revêtent une importance stratégique pour les deux pays.
Il est possible qu'une délégation de responsables libyens, dirigée par le président du parlement Aguila Saleh, se soit rendue au Caire à la mi-décembre pour concilier les positions de l'Égypte et de ses alliés libyens. Le programme de la visite comprenait des réunions avec le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry, l'envoyé spécial des Nations Unies en Libye Abdoulaye Bathily et le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Abu al-Ghaith. Au cours des réunions, Sameh a déclaré que l'actuel premier ministre libyen, Abdul Hamid Dbeiba, devra accomplir un certain nombre de tâches en vue des prochaines élections libyennes, dont la date n'a pas encore été fixée.
Cependant, ces tâches ne sont pas encore achevées, le Premier ministre les a en fait fait dérailler, mettant en péril la finalisation de ce que l'on appelle le cadre constitutionnel, c'est-à-dire la rédaction des dispositions constitutionnelles déterminant les modalités et les règles de participation aux élections. À un moment donné, c'est la raison pour laquelle les élections parlementaires et présidentielles prévues pour décembre 2021 n'ont jamais eu lieu.
Au début du mois de décembre de l'année dernière, la National Oil Corporation (NOC) de Libye a également invité les entreprises internationales avec lesquelles elle avait précédemment signé des accords d'exploration et de production de pétrole et de gaz à reprendre leurs activités dans le pays. L'organisation l'a déclaré dans un texte publié sur son site officiel. Le NOC a justifié cet appel par l'amélioration progressive de la situation sécuritaire. Pour sa part, le défunt "Gouvernement d'entente nationale" dirigé par Abdel Hamid Dbeiba a également appelé les investisseurs étrangers à revenir et à reprendre leurs activités dans les champs pétrolifères et gaziers. Les entreprises occidentales ont commencé à négocier les conditions de travail, mais jusqu'à présent, peu de progrès ont été constatés. L'année dernière, les chiffres globaux de production et d'expédition ont été généralement bons, avec des revenus totaux de 22 milliards de dollars. Mais en raison de l'instabilité politique, les perturbations pourraient se poursuivre dès 2023.
21:03 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, géopolitique, libye, turquie, égypte, méditerranée, afrique du nord, afrique, affaires africaines, monde arabe, monde arabo-musulman | |
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Des universitaires flamands et néerlandais lancent une ligne d'assistance contre "l'activisme woke"
Des universitaires flamands et néerlandais lancent une ligne d'assistance contre "l'activisme woke"
par Wannes Neukermans
Source: https://palnws.be/2023/01/vlaamse-en-nederlandse-academici-starten-meldpunt-tegen-toegenomen-woke-activisme/
Un groupe d'universitaires flamands et néerlandais lance une ligne d'assistance téléphonique baptisée "Hypatia" afin de dénoncer les incidents liés à cette volonté rabique d'étouffement du réel, typique du mouvement woke. Les fondateurs disent qu'ils traiteront les plaintes concernant "la prolifération de l'activisme woke et de la cancel culture" au sein des universités et des instituts de recherche. "Vous voulez signaler un incident de type woke? Ou vous avez une autre question ou un commentaire? Vous pouvez le faire ici: https://www.hypatia-academia.be/ )", peut-on lire sur leur site web. Entre autres, Mark Elchardus, Matthias Storme et Paul Cliteur font partie des huit membres principaux d'Hypatia.
Les principaux membres d'Hypatia se décrivent comme "un groupe indépendant d'universitaires préoccupés par la menace que représentent l'activisme woke et la cancel culture pour la liberté académique et la liberté d'expression". Ils se disent préoccupés par l'augmentation des critiques à l'égard des déclarations, des opinions et des propos d'universitaires et par les conséquences qui en découlent. Ils font notamment référence à l'incident impliquant les deux employés de l'université d'Anvers (UAntwerp). Les universitaires Astrid Elbers et Leo Neels ont critiqué les actions de leur recteur Herman Van Goethem à l'époque où ces deux employés ont été harcelés et injustement sanctionnés et ont mis en place une pétition pour que les deux hommes retrouvent leurs postes de travail. Maintenant, ils co-parrainent la ligne d'assistance.
Liberté
Pour protéger la liberté académique et la liberté d'expression, les membres fondateurs d'Hypatia veulent "s'efforcer de respecter des critères académiques et donc non idéologiques lors de l'évaluation des dossiers du personnel, des publications scientifiques et des thèses" et "sauvegarder la présomption d'innocence envers les étudiants et le personnel, y compris en cas d'accusations de racisme et de discrimination".
Si la menace qui pèse sur ces libertés peut venir de plusieurs côtés, les universitaires se concentreront principalement sur les menées de type "woke" et sur la "cancel culture". "Dans les pays démocratiques, les universitaires sont parfois intimidés, notamment par le biais des médias sociaux, par les partisans de mouvements extrêmes. Cependant, la cancel culture et la woke attitude sont des menaces qui viennent de l'intérieur même du monde universitaire. En outre, ce sont les menaces les plus sérieuses", raisonnent les universitaires.
Cancel Culture
La "Cancel culture" désigne le phénomène des personnes qui sont boycottées, licenciées... après avoir été critiquées l'espace public - souvent via les médias sociaux. Cela se produit souvent après qu'ils aient exprimé des opinions, des points de vue ou parfois même des faits qui ne sont pas conformes à la "pensée unique" et qui peuvent être considérés comme offensants ou discriminatoires par certaines personnes. Souvent, après une tempête médiatique, les clients, les employeurs ou les annonceurs sont poussés à rompre toute coopération avec la personne en question.
"Woke" est un terme qui désigne le fait d'être conscient de toutes sortes de faux problèmes (tel le racisme, telles la marotte LGBT ou la discrimination imaginaire, tel l'environnement...). Aujourd'hui, il est souvent décrit comme une forme exagérée du politiquement correct et est associé à la cancel culture.
Les huit membres principaux d'Hypatia sont le Dr Astrid Elbers (Université d'Anvers), le prof. ém. dr Leo Neels (Université d'Anvers), le prof. ém. dr Boudewijn Bouckaert (Université de Gand), le prof. ém. dr Paul Cliteur (Université de Leiden), le prof. Dr Matthias Storme (KU Leuven et Universiteit Antwerpen), prof Dimitri Aerden (Vrije Universiteit Brussel), em. prof Mark Elchardus (Vrije Universiteit Brussel) et prof Marc Cools (Universiteit Gent).
20:45 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : flandre, pays-bas, europe, affaires européennes, woke, woke culture, cancel culture | |
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vendredi, 27 janvier 2023
Lafontaine met en garde contre la politique américaine: "Les Américains veulent pousser l'Allemagne à la guerre"
Lafontaine met en garde contre la politique américaine: "Les Américains veulent pousser l'Allemagne à la guerre"
Source: https://zuerst.de/2023/01/27/lafontaine-warnt-vor-us-politik-die-amis-wollen-deutschland-vors-rohr-schieben/
Merzig/Berlin. Dans le cadre de la décision du gouvernement allemand de livrer des chars de combat allemands "Leopard" à l'Ukraine, l'ancien président de la SPD et futur fondateur de Die Linke, Oskar Lafontaine, s'est exprimé sur le portail Internet indépendant NachDenkSeiten en lançant un avertissement.
Une nouvelle escalade du conflit ukrainien menace. L'objectif est manifestement d'entraîner l'Allemagne dans une guerre avec la Russie. Lafontaine met notamment en garde contre l'émergence d'un axe Washington-Londres-Varsovie-Kiev, qui déterminerait à l'avenir l'action de l'OTAN - et serait dirigé contre les intérêts de l'Allemagne. "Les Américains veulent pousser les Allemands dans la guerre", écrit Lafontaine.
Il ne faut pas non plus tomber dans une illusion répandue parmi le personnel politique allemand et dans les médias allemands. Le conflit actuel ne concerne pas le bien-être de l'Ukraine. "Quand les va-t-en-guerre de la politique et du journalisme le comprendront-ils ? Depuis des décennies, les Etats-Unis déclarent que l'Ukraine doit devenir leur avant-poste pour dominer le continent eurasien. Et c'est pourquoi les États-Unis arment l'Ukraine depuis des années. Et c'est pourquoi la Rand Corporation écrivait déjà en 2019: 'La livraison d'armes létales à l'Ukraine par les Etats-Unis augmentera le coût en sang et en argent pour la Russie'".
Pour atteindre leurs objectifs géostratégiques, les Etats-Unis ont pris l'habitude, ces dernières années, de laisser les autres se battre à leur place. En Europe, ils veulent désormais impliquer de plus en plus l'Allemagne dans la guerre, selon Lafontaine. La livraison de nouvelles armes rend plus probable l'extension de la guerre à l'Allemagne et à l'Europe. Il faut veiller à ce que les coûts n'augmentent pas de plus en plus pour l'Allemagne (rk).
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20:58 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, europe, affaires européennes, politique internationale, oskar lafontaine | |
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Pour lutter contre la corruption: Budapest propose à Bruxelles le système hongrois de déclaration de patrimoine
Pour lutter contre la corruption: Budapest propose à Bruxelles le système hongrois de déclaration de patrimoine
Source: https://zuerst.de/2023/01/27/zur-korruptionsbekaempfung-budapest-schlaegt-bruessel-ungarisches-system-der-vermoegenserklaerung-vor/
Budapest/Bruxelles. Depuis des années, le gouvernement hongrois du Fidesz était confronté à des accusations de corruption de la part de Bruxelles. Depuis le gigantesque scandale de corruption impliquant la vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili, les accusations de Bruxelles se sont sensiblement atténuées. En revanche, le gouvernement hongrois se voit désormais conforté dans sa position.
Dans une lettre adressée à la présidente en exercice du Parlement européen, Mme Metsola, et aux présidents des groupes politiques au Parlement européen, le parti hongrois au pouvoir, le Fidesz, a maintenant demandé au Parlement européen d'adopter le système hongrois de déclaration de patrimoine.
Des mesures immédiates et décisives sont nécessaires pour rétablir la confiance du public, souligne Tamás Deutsch, chef de la délégation du Fidesz, dans sa lettre, avertissant que "le Parlement européen est impliqué dans un grave scandale de corruption qui a ébranlé la crédibilité déjà entamée de l'institution et a causé des dommages irréparables à l'image du système institutionnel de l'UE dans son ensemble".
Deutsch souligne à cet égard un détail croustillant: dans le cadre de la procédure d'État de droit en cours contre la Hongrie, Budapest aurait, à l'été 2022, "dans un esprit de coopération loyale et dans le but de mettre fin au litige le plus rapidement possible", modifié le système national de déclaration de patrimoine et "repris mot pour mot" le système de déclaration de patrimoine utilisé par le Parlement européen. Par la suite, la Commission européenne a curieusement déclaré le nouveau système hongrois inacceptable et a demandé à Budapest de revenir au système précédent. Bien entendu, écrit Deutsch, le Parlement hongrois est immédiatement "revenu au système hongrois initial, beaucoup plus strict".
Il est donc proposé que le Parlement européen "introduise le système actuel de déclaration de patrimoine de l'Assemblée nationale hongroise qui, lorsqu'il a été réintroduit, était déjà pleinement conforme aux normes de l'État de droit de la Commission et pourrait donc certainement contribuer à l'éradication de la corruption au Parlement européen", écrit Deutsch en conclusion. (mü)
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Déserts, pics et glace. La vie extraordinaire d'Ardito Desio, l'indomptable
Déserts, pics et glace. La vie extraordinaire d'Ardito Desio, l'indomptable
Marco Valle
Source: https://insideover.ilgiornale.it/societa/deserti-vette-e-ghiacci-la-straordinaria-vita-di-ardito-desio-indomabile.html?fbclid=IwAR1kQaBxZBawgdUyknFkIJdvC1Phsj3P0xg21ytIzNIyipzfowmEDFSR7uk
À la fin des années 1980, à l'époque où j'étais jeune rédacteur, j'ai interviewé Ardito Desio. Il avait alors presque quatre-vingt-dix ans (il est né à Palmanova le 18 avril 1897) et je pensais trouver un grand-père un peu sénile qu'il fallait expédier avec quelques questions et quelques compliments standard - bravo, bravissimo, prenons une photo, saluons les lecteurs, etc... - mais au lieu de cela, j'ai découvert un personnage fascinant, extraordinaire, digne de la plume de Verne. Une surprise et une leçon de vie.
En cette morne après-midi milanaise, le professeur m'a raconté, avec l'enthousiasme et le brio d'un jeune de vingt ans, de nombreuses histoires. Elles étaient toutes magnifiques. J'étais cloué à mon fauteuil en écoutant le récit de ses explorations autour du monde et ses descriptions très précises des mondes et atmosphères passés. L'Afrique italienne à la fin de son histoire et l'Asie du "Grand Jeu" de Kipling. Puis la Birmanie, la Perse, l'Himalaya, l'Antarctique. Déserts, montagnes, glace, sommets, sable, froid, chaleur. Passions et études. Tant d'études. Tant de passion.
Fasciné, je l'ai écouté, oubliant de prendre des notes. Ce n'était pas nécessaire. Tout était (et est) dans ma tête. Ardito Desio était un formidable conteur qui pouvait vous envoûter, vous intriguer. En disant au revoir, il a anticipé son prochain voyage. Il m'a surpris une fois de plus. A l'âge où il n'était plus tout jeune, cet incroyable Frioulan s'apprêtait à repartir au Népal pour inaugurer la "Pyramide", un laboratoire de recherche multidisciplinaire de haute altitude situé à 5050 mètres au pied de l'Everest, un projet du CNR qu'il avait conçu et fortement souhaité. En écarquillant les yeux, il m'a dit : "Je retourne dans l'Himalaya où j'ai beaucoup travaillé, mais certainement moins que dans le désert saharien, tant d'aventures là-bas, tant d'occasions gâchées...". Puis il a saisi une grande bouteille et me l'a tendue. C'est le premier échantillon de pétrole de la Libye, me dit-il, "je l'ai trouvé en 1938 dans l'oasis de Marada, mais nous n'avions pas la technologie pour l'extraire, alors après la guerre, les Américains s'en sont occupés et nous avons été baisés....".
Une découverte dont il était à juste titre fier. Mais pas la seule. Au cours de sa très longue vie, qui s'est achevée à l'âge de 104 ans le 12 avril 2001, Desio a accumulé une étonnante série de succès scientifiques et géographiques qui lui ont valu reconnaissance, célébrité et pas mal d'envie. Il se fichait de ces envieux et allait toujours droit devant lui. En bref, Ardito en nom et en fait.
Sa première aventure fut la Grande Guerre. Il partit comme aide-soignant cycliste volontaire en 1916 et fut nommé sous-lieutenant dans le corps alpin où il se lia d'amitié avec Italo Balbo, également jeune officier. Une rencontre, comme nous le verrons, qui fut décisive. Entre deux batailles, Desio s'inscrit à la faculté des sciences naturelles de Florence, mais en 1917, il est fait prisonnier des Autrichiens et termine la guerre dans un camp de détention en Bohème. De retour chez lui, il obtient son diplôme avec les meilleures notes et, en 1921, prend un poste d'assistant à l'Institut de géologie de Florence, puis de Pavie et enfin de Milan.
L'Afrique selon Ardito Desio
Mais la vie sédentaire n'était pas pour Desio. Entre 1921 et 1924, il entreprend deux longues expéditions (14 mois en tout) dans le Dodécanèse, une nouvelle possession italienne, effectuant la première reconnaissance géologique de l'archipel. En 1926, c'est au tour de la Libye. Ayant débarqué le 24 septembre à Benghazi sous une pluie diluvienne, le jeune scientifique s'est vite débarrassé de tous les fantasmes littéraires sur l'Afrique et s'est rapidement adapté à la nouvelle réalité. Dans son livre Le vie della sete (= Les chemins de la soif), consacré à la recherche saharienne, Ardito mettait en garde ses lecteurs : "Chacun de nous s'est fait une idée personnelle de l'Afrique avant même d'y avoir mis les pieds. Les réminiscences d'anciennes lectures, les vignettes des livres, les descriptions imaginatives d'amis globe-trotters ont tous contribué à créer l'image singulière qui représente "notre" Afrique. Si la véritable Afrique devait être différente, nous en voudrions non pas tant à nous-mêmes qu'à cette "réalité inexplicable".
Envoyé, sur mission de la Société géographique italienne, dans l'oasis reculée de Giarabub, le jeune géologue est immédiatement fasciné par les attraits de "ce pays très intéressant et effrayant qu'est l'Afrique saharienne" et pendant des mois, il patrouille à Marmarica, effectuant d'importants relevés géologiques, topographiques et paléontologiques. C'était une tâche passionnante et terriblement fatigante, aggravée par la situation: à l'époque, la Libye était loin d'être conquise et "pacifiée" et la rébellion des Senoussistes continuait à saper les avant-postes italiens installés à l'intérieur du pays. Néanmoins, Desio poursuit ses explorations à pied ou à dos de chameau, se heurtant à plusieurs reprises aux autorités militaires qui ne sont pas du tout enthousiastes à l'égard des activités du professeur téméraire.
Une fois sa première aventure africaine terminée, Desio participe en 1929, en tant que géographe et géologue, à l'expédition dans le Karakorum dirigée par le duc de Spolète, Aimone di Savoia-Aosta, une connaissance qui remonte à son séjour au Dodécanèse. L'idée initiale, née lors du 10ème Congrès géographique italien, était purement alpiniste-sportive et l'objectif était la conquête du K2, le deuxième plus haut sommet du monde, mais le désastre de l'expédition Nobile au pôle Nord a refroidi l'enthousiasme de Rome. Après la tragédie du dirigeable "Italia", Mussolini craignait un nouvel échec et a "conseillé" à la Société de géographie et au Club Alpino, commanditaires de la mission avec la ville de Milan, une approche scientifique plus prudente. C'est ainsi que Desio et ses compagnons ont exploré la vallée inviolée de Shaksgam, sur le versant nord du Karakorum, et ont atteint le glacier Duca degli Abruzzi et la selle de Sella Conway dans le Haut Baltoro. Dans son pèlerinage parmi les sommets d'Asie, le Frioulan a découvert un nouveau col à travers la crête principale du Karakorum entre le Trango (un affluent du Baltoro) et le Sarpo Laggo, et a effectué l'exploration complète du glacier Panmah. En outre, avec sa "Tavoletta di campagna" personnelle, construite spécialement pour lui par l'Officine Galileo de Florence, il a effectué des relevés topographiques dans de vastes zones inexplorées ainsi que l'étude géologique et géographique de tout le territoire. L'expédition himalayenne est un succès total, mais pour Desio, c'est aussi le début d'une obsession : la conquête du K2.
Entre 1931 et 1932, le professeur, mandaté par Guglielmo Marconi, président de l'Accademia d'Italia, organise deux expéditions dans le Sahara libyen, qu'il traverse avec une caravane de chameaux et l'année suivante avec une colonne de camions. L'objectif était double: étudier et cartographier le territoire et, en même temps, rechercher des ressources minérales telles que les nitrates et les phosphates.
Son amitié avec Italo Balbo et son séjour en Libye
À son retour, Desio épouse à Milan Aurélia Bevilacqua, son ancienne élève, et renoue des relations avec Italo Balbo, l'ami de guerre devenu entre-temps le héros de la traversée de l'Atlantique et l'un des personnages les plus puissants de l'Italie de Mussolini. Une association fructueuse. En 1933, le ministre de l'Aéronautique de l'époque met un avion à la disposition de son vieux camarade alpin pour une reconnaissance scientifique en Perse. Arrivés à Téhéran, après une traversée périlleuse ponctuée de deux atterrissages en catastrophe en cours de route, Desio et ses compagnons d'aventure ont escaladé plusieurs sommets de plus de 4000 mètres, dont le mont Demaved, d'une hauteur inégalée de 5771 mètres, et étudié les glaciers de la chaîne du Zagros.
Il s'agissait d'une opération géopolitique de soft power en synergie avec la focalisation croissante des institutions fascistes sur le Levant et l'Asie. A son tour, l'Iran de Reza Shah, le fondateur de la dynastie Pahlavi, regarde avec grand intérêt vers l'Italie, considérée, dans une intention anti-britannique, comme un allié possible. Outre les résultats scientifiques importants, l'expédition a inauguré une nouvelle phase dans les relations entre les deux nations et, quelque temps plus tard, les premiers élèves-pilotes de la force aérienne iranienne naissante ont été envoyés en Italie.
Entre-temps, en 1934, Mussolini avait envoyé l'encombrant pionnier de l'aviation transatlantique en Libye en tant que gouverneur. Une sinécure plutôt qu'un poste politique, mais le natif de Ferrare, personnage mercuriel et pragmatique, a rapidement transformé la colonie endormie en un grand atelier social et culturel.
Deux ans après son arrivée à Tripoli, Balbo charge Desio de créer le musée libyen d'histoire naturelle et de diriger les recherches géologiques-minérales et sur les eaux artésiennes dans le sous-sol. Au cours de ses recherches, Desio a découvert un gisement de magnésium et de potassium dans l'oasis de Marada ainsi que la présence d'hydrocarbures dont, comme mentionné plus haut, les premiers litres de pétrole ont été extraits en 1938, dont la fameuse grande bouteille que le professeur m'a montrée lors de notre rencontre à Milan...
Avec l'aide de l'Agip, un programme d'exploration pétrolière est élaboré pour les trois années suivantes, qui comprend, dans le cadre de ses études de l'ensemble du territoire (résumées dans sa carte géologique de toute la Libye), des investigations dans le Sirtica, qu'il étudie pour la première fois d'un point de vue géologique. Le déclenchement de la guerre a stoppé toutes les recherches, bien que déjà 18 des puits forés aient commencé à révéler des traces de pétrole.
Le professeur a également identifié un aquifère artésien très riche qui servait à irriguer de vastes zones de la province de Misurata, permettant la transformation agraire de ce territoire semi-désertique, et a réalisé l'exploration du Fezzan, dont il a illustré pour la première fois la constitution géologique. Toujours en 1936, il participe au premier vol, un raid secret organisé par Balbo, le long des nouvelles frontières méridionales de la Libye - définies en 1935 par une convention italo-française, mais jamais ratifiée par Paris - qui va jusqu'à la région inexplorée du Tibesti.
Non content de l'aventure, l'année suivante, Desio se rend en Afrique orientale italienne pour explorer l'ouest de l'Éthiopie, une terre nouvellement conquise et à peine ou pas du tout pacifiée. Les deux expéditions entre le Nil Blanc et le Nil Bleu ont identifié des gisements d'or, de molybdénite et de mica, mais ont été attaquées à plusieurs reprises par les rebelles éthiopiens et ont subi de lourdes pertes; lors de l'un des assauts, un tube métallique providentiel utilisé comme porte-papier et porté par Desio sur son épaule a empêché une balle de lui transpercer la poitrine.
En mars 1940, à la veille de la guerre, Balbo le rappelle en Libye et lui confie une nouvelle expédition dans l'inhospitalier Tibesti. Avec deux avions et une colonne de camions, Ardito s'est rendu dans le mystérieux massif montagneux - un territoire quatre fois plus grand que la Sicile avec des sommets de plus de 3000 mètres - produisant la première carte de base de la zone, qui a été très utile pour définir la frontière contestée entre la Libye alors italienne et le Tchad français. Lors de sa reconnaissance libyenne, le géologue-explorateur découvre sur les parois d'un rocher dominant le désert des gravures représentant "de curieux dessins montrant, avec peu de traits mais avec une remarquable clarté, des bœufs aux cornes en forme de lyre, œuvre de bergers préhistoriques, qui ont dû vivre là lorsque le climat était moins aride".
Le 10 juin, l'Italie entre malencontreusement en guerre et le 28, l'avion d'Italo Balbo est accidentellement abattu par notre artillerie anti-aérienne dans le ciel de Tobrouk. Pour Desio, ce fut un grand chagrin et la fin d'une phase importante de sa vie bien remplie. Les événements de la guerre ayant mis un terme à l'exploration, le professeur se concentre sur la vie académique et, en 1942, il inaugure l'Institut de géologie de l'université de Milan, dont il reste le directeur jusqu'en 1972, date à laquelle il prend sa retraite pour cause de limite d'âge.
Le défi réussi de K2
Dans l'après-guerre, Desio reprend ses contacts internationaux et, dès 1952, se rend en Inde et au Pakistan pour couronner son rêve de jeunesse, la conquête du K2. Avec un talent diplomatique incontestable et beaucoup de patience, il a convaincu en 1953 le gouvernement pakistanais très réticent d'autoriser l'ascension du sommet convoité. Ayant enfin obtenu l'autorisation, le professeur a mis toute sa force et sa méticulosité dans l'organisation de l'entreprise, suscitant plus d'une critique en raison de son tempérament de fer: les sélections étaient extrêmement rigoureuses et de nombreux alpinistes talentueux ont été rejetés. Desio ne permettait aucune objection ou pression d'aucune sorte, il choisissait ceux qu'il considérait comme les meilleurs (et les plus disciplinés...) sans se soucier des râleries et des envies.
Une image de la vie d'Achille Compagnoni, l'un des héros du K2. Photo : Ansa.
Le plan prévoyait deux équipes, une d'alpinistes et une de scientifiques. Le premier avait pour mission de s'attaquer à l'ascension, le second devait se consacrer à la recherche scientifique. Les candidats sélectionnés pour l'ascension étaient: Erich Abram, Ugo Angelino, Walter Bonatti, Achille Compagnoni, Cirillo Floreanini, Pino Gallotti, Lino Lacedelli, Mario Puchoz, Ubaldo Rey, Gino Soldà, Sergio Viotto. L'expédition a atteint le camp de base à la fin du mois de mai 1954, entamant une périlleuse marche d'approche. Le 28 juillet, une altitude de 7627 mètres a été atteinte où le camp avancé VIII a été installé, puis, le 30 juillet, le camp IX à environ 7900 mètres et enfin, le 31 juillet 1954 à 18h00, Achille Compagnoni et Lino Lacedelli ont conquis le sommet de la deuxième plus haute montagne du monde. Le K2 est ainsi devenu la "montagne des Italiens".
L'exploit a été endeuillé par la mort, suite à une pneumonie, de Mario Puchoz, l'un des membres les plus connus de l'expédition, et par le très grave "malentendu" entre Bonatti, d'une part, et Compagnoni et Lacedelli, d'autre part. L'histoire est bien connue et il est inutile ici de la retracer. Rappelons qu'au fil des ans, la version des deux alpinistes, signée et approuvée par le chef d'expédition Desio, a été durement combattue par Bonatti, déclenchant une "affaire K2" qui a duré jusqu'en 2004, lorsqu'une commission de sages du Club Alpino a donné raison au courageux Walter, sans toutefois jamais réfuter complètement le rapport de Desio. Ce n'est qu'en 2008 que la Société géographique italienne et la CAI ont officiellement rectifié la documentation, acceptant pleinement la version de Bonatti.
L'attitude de Desio doit en tout cas être contextualisée. Pour lui, rien ne devait ternir la grande victoire italienne, un triomphe sportif mondial qui apaisait les blessures douloureuses d'un pays qui venait d'être durement battu et vaincu. La victoire du K2 a été la revanche de toute une nation et c'est tout. D'où son entêtement à courte vue à refuser à Bonatti ses sacro-saintes prétentions et à reconnaître tous ses mérites. Une injustice inutile. Mais c'était la façon de faire de l'homme.....
Au fil des ans, le professeur a continué à planifier et à diriger des expéditions au Pakistan, en Afghanistan, en Birmanie et aux Philippines, complétant ainsi ses recherches. En 1961, il tente d'organiser une mission italienne en Antarctique, mais le gouvernement lui refuse les fonds nécessaires. L'indomptable Ardito ne s'est pas résigné et, à l'invitation de la National Science Foundation américaine, il a atteint le continent gelé l'année suivante et, en tant que premier Italien de l'histoire, est allé jusqu'au pôle Sud. En 1974, le gouvernement américain lui a décerné la médaille du service dans l'Antarctique. En 1980, alors âgé de 83 ans, il se rend à Pékin et, premier étranger après l'annexion chinoise, traverse le sud du Tibet de Lhassa à Zham, puis au Népal. Une "promenade" à plus de cinq mille mètres.
La dernière aventure, comme mentionné au début, fut la construction du laboratoire Pyramide du CNR, inauguré par Desio en 1989 au pied de l'Everest. Sa mission était enfin terminée. Le temps était enfin venu de l'immobilité et de l'attente avant le grand saut, douze ans plus tard, dans le mystère de la mort.
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jeudi, 26 janvier 2023
Des fous dans une Europe folle
Des fous dans une Europe folle
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2023/01/21/holmolaiset-hullussa-e...
Avez-vous entendu que la Finlande, criblée de dettes, jette seulement quatre cents millions d'euros dans le trou noir ukrainien ? Pas un seul sage de l'économie en Finlande, et encore moins un politicien du pays, ne souffle mot en public sur ce don qui relève de la folie. Une fois de plus, les imbéciles montrent leur stupidité au reste du monde, sans oser émettre ne serait-ce qu'une critique modérée sur la distribution insensée de l'argent public.
Il faut un événement catalyseur pour exposer des choses qui, pour des raisons politiques ou autres, n'ont pas voulu être vues. Comme l'écrit le blogueur américain Z Man, la crise hypothécaire américaine de 2008 est un exemple de quelque chose qui était "caché à la vue de tous". Alors que le système commençait à s'effondrer, une corruption massive a également été découverte et commentée.
De même, le conflit en Ukraine a fait remonter à la surface des choses désagréables qui étaient déjà connues. La guerre hybride contre la Russie et les millions déversés en Ukraine ont révélé que l'Europe n'est pas capable de pensée et d'action indépendantes, mais qu'elle est plutôt "une collection de territoires de l'empire américain mondial, dirigée par des fous provinciaux sans pouvoir réel".
Attirer les Russes dans la guerre n'était pas dans l'intérêt de l'Europe. Ce conflit est clairement mauvais pour les affaires et le niveau de vie en Europe. Les pays européens deviennent non compétitifs en raison des paquets d'aide et autres coûts qui ont été jetés dans le puits sans fond qu'est l'Ukraine. L'Allemagne, le moteur économique de l'Europe, se précipite vers la désindustrialisation.
Si la classe politique européenne était composée d'intellectuels sérieux, elle ne se serait pas pliée aux ordres de Washington, mais aurait conclu des accords avec la Russie avant même que le conflit ukrainien n'atteigne son stade actuel. Au lieu de cela, les euro-politiciens ont menti pendant des années à leurs homologues russes pour donner aux États-Unis et à la Grande-Bretagne le temps d'entraîner et d'armer l'armée ukrainienne pour mener une guerre contre la Russie.
Ce fait même dit quelque chose d'essentiel sur l'impuissance de la classe politique européenne ; tous les politiciens passés et présents ne sont que des laquais de l'empire américain. C'est pourquoi les dirigeants russes ne se soucient plus de discuter avec les dirigeants européens. Cela n'a aucun sens, car les Européens ne décident pas de leurs propres affaires, mais doivent demander la permission aux États-Unis pour y vaquer.
Les politiciens européens, éloignés de la réalité, s'imaginent que l'Europe est un havre de démocratie et de civilisation dans un monde habité par des barbares. Le rêve des fédéralistes bruxellois, l'Union européenne, s'est transformé en cauchemar: cette UE est devenue une zone économique en déclin, une métropole-ghetto pleine d'immigrants, où la population autochtone est contrainte de baisser son niveau de vie et sa sécurité. L'ancienne haute culture européenne est déjà devenue un musée, et à bien des égards, l'état actuel des choses, en matières culturelles, est aussi insipide que celui des États-Unis.
Pendant ce temps, une guerre par procuration avec l'Occident est en train de redéfinir la Russie en tant que nation. Comme le souligne Z Man dans son blog, les deux grandes guerres industrielles du 20ème siècle ont transformé la République américaine en un empire mondial. Mais les guerres peuvent aussi détruire des pays, et c'est ce qui est arrivé à la vieille Europe. Les deux guerres mondiales et la guerre froide ont aspiré le sang de l'Europe et ont transformé l'ensemble du continent en une zone sous domination américaine.
Pour les imbéciles de la Finlande occidentalisée, la vie dans le navire américain semble leur convenir parfaitement. Les informations médiatiques quotidiennes traitent de l'Ukraine d'un point de vue biaisé, en utilisant comme source les résultats d'un groupe de réflexion américain. Ensuite, il y a généralement d'autres nouvelles concernant les États-Unis, et la section sportive est principalement consacrée aux matchs de hockey de la NHL, ou au basket américain.
Nous avons également le coup d'éclat, imité des journaux américains, où on nous vante les "réalisations de Joe Biden le sénile qui sont sans égal". Combien de temps cette adulation de l'Amérique va-t-elle continuer, sans parler du soutien économique et militaire à l'Ukraine ? Certains citoyens attendent la ratification de l'adhésion à l'OTAN, imaginant qu'elle rendra la vie meilleure d'une manière ou d'une autre.
Lorsque les coûts et les réalités de la guerre anti-russe ne pourront plus être cachés, y aura-t-il des politiciens dans la zone euro qui tenteront de sortir leur nation des griffes de Washington ? Ou est-ce déjà trop tard ? Il est inutile de s'attendre à ce que le changement commence par la Finlande, tant la bêtise y règne.
21:18 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : europe, affaires européennes, déclin européen | |
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Si vous n'êtes pas virtuel, vous n'existez pas
Si vous n'êtes pas virtuel, vous n'existez pas
par Paolo Ermani
Source : https://www.ariannaeditrice.it/articoli/se-non-sei-virtuale-non-esisti
Une fois que nous nous sommes éloignés de la nature et que nous avons abandonné le concept de communauté, les deux types de relations qui nous maintiennent spirituellement en vie, c'est-à-dire celle qui nous lie aux autres et celle qui nous relie à la nature, nous ne pouvions que glisser vers une réalité virtuelle à laquelle nous sommes arrivés depuis l'apparition de la télévision en nos foyers jusqu'aux phénomènes que nous vivons aujourd'hui.
Essayez, ne serait-ce qu'à titre expérimental, de diminuer votre ommersion dans la virtualité, d'utiliser beaucoup moins votre téléphone portable, de ne pas fréquenter les réseaux sociaux, de ne pas participer à un millier de chats, de ne répondre à aucun message sur whatsapp. Si vous faites cela, lentement mais sûrement, vous disparaîtrez des relations (virtuelles) de presque toutes les personnes que vous connaissez (et probablement même des parents). Puisque vous ne disposez plus des moyens virtuels de les contacter, vous serez automatiquement supprimé, ce qui ne peut être qu'une conséquence normale, puisque dans un monde virtuel qui a été créé pour remplacer le monde réel, si vous n'êtes soudainement plus là, c'est comme si vous n'existiez pas, même si vous continuez ensuite à vivre normalement et à exister en chair et en os.
Peut-être ne réalisons-nous pas assez le paradoxe auquel nous sommes arrivés, selon lequel vous n'existez que si vous êtes virtuel. Peut-on en déduire que toute l'humanité qui nous a précédés avant l'ère du virtuel n'a pas existé? En effet, on se demande dorénavant comment les peuples du passé ont pu survivre sans être virtuels. Comment ils ont pu avoir une quelconque relation les un avec les autres sans le détour de la virtualité. Est-ce aussi pour cela que nous considérons que tout ce qui nous a précédés est arriéré? Et donc, précisément parce qu'elle provient du monde réel, elle ne compte pas.
Mais toute cette virtualité est-elle vraiment un progrès ? Est-ce vraiment bon pour nous? Plus les gens sont connectés, plus ils se sentent seuls, les villes sont pleines de célibataires, on ne fait plus d'enfants, les hikikomori sont en augmentation, on diagnostique chez les jeunes toutes sortes de pathologies liées à l'utilisation des appareils virtuels, sans parler des dégâts causés par l'électrosmog, mais ça, nous l'avons bien appris maintenant, c'est la santé que nous ne sommes pas intéressés à protéger. Que dire alors des personnes âgées qui, sans communauté, sans amitiés solides et réelles, ne font pas grand-chose avec le virtuel, si ce n'est accroître leur sentiment de solitude et de désespoir. Si, par hasard, un téléphone portable est perdu, il y a un risque de suicide, et il y a vraiment des suicides à cause du harcèlement rampant sur les réseaux sociaux, à cause d'un commentaire sur l'esthétique de tel ou tel jeune garçon ou jeune fille, habitués presque depuis leur enfance à s'engager dans une compétition virtuelle avec le monde pour voir qui est "plus cool". Et mesurer leur existence aux likes qu'ils obtiennent, donc à ce qu'ils semblent être et non à ce qu'ils sont, un excellent moyen de les rendre faibles et dépendants.
Ayant reconnu tout cela, essayez de vous abstenir du virtuel pendant un certain temps et voyez pour qui vous existez dans la vie réelle et pour qui vous n'existez pas. Mais soyez prêt, car il pourrait être très intéressant et instructif de vous retrouver vivant, bien portant et en pleine forme dans la réalité, mais abandonné par ceux qui semblaient si proches et présents dans la virtualité.
Après tout, c'est ce que les vendeurs de réalité virtuelle veulent de nous et ont si bien préparé pour nous: s'assurer que si par hasard vous vouliez revenir à la réalité, aux relations non virtuelles et à la nature, vous en seriez immédiatement dissuadé, car vous risqueriez de vous retrouver seul. Mais comme le dit le dicton: mieux vaut être seul que mal accompagné. Bien qu'ensuite, une fois revenu à la réalité, vous ne vous retrouverez pas seul car vous trouverez la meilleure compagnie, celle avec vous-même, qui est le début optimal pour ensuite avoir cette relation réelle avec ceux qui ne sont pas encore perdus dans la réalité virtuelle. Et heureusement, il y en a encore beaucoup et il y en aura encore plus, car l'illusion de la réalité virtuelle prendra fin, peu importe l'argent, la recherche et le travail quotidien de dizaines de milliers de personnes que les maîtres du monde pourront investir pour nous faire oublier notre essence et nous transformer en automates dociles et obéissants.
19:57 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, problèmes contemporains, virtualité | |
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Le monde irréel appelé Metaverse
Le monde irréel appelé Metaverse
par Marcello Veneziani
Source : Marcello Veneziani & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-mondo-irreale-chiamato-metaverso
Vous souvenez-vous de l'ancien rêve d'un monde nouveau, d'un monde meilleur? Une nouvelle terre à découvrir, une nouvelle société à fonder, une nouvelle planète à conquérir, une nouvelle humanité à générer, par la navigation, l'exploration, la révolution, la recherche. Eh bien, toute cette attente d'un nouveau monde, d'un paradis sur terre, a pris aujourd'hui les traits du monde virtuel, une évolution d'internet, et se résume en un mot magique ou s'avère plutôt être une baguette magique: metaverse. Le mot a plus de trente ans mais son lancement depuis la plate-forme du futur est beaucoup plus récent, est survenu après la pandémie. Pour être réducteur, Metaverse est en quelque sorte l'héritier de Facebook, bien qu'il se soit étendu à d'autres vecteurs sociaux et géants de la technologie et du web. C'est l'évolution d'Internet et du monde numérique, mais surtout, c'est la poussée vers un monde virtuel qui prend la place du monde réel; l'identité s'évapore, l'avatar remplace la personne réelle, on entre dans un monde parallèle, sans recourir à la fantaisie littéraire ou à l'usage de stupéfiants.
Au-delà de la curiosité pour la nouveauté et de l'ouverture aux nouveaux acquis du développement technologique, voulons-nous nous interroger sur son sens, son essence et ses effets sur l'humanité? Ne vous accrochez pas aux lèvres de M. Zuckerberg, à celles des apôtres et agents enthousiastes du nouveau monde. Essayez plutôt de vous élever d'un cran pour saisir la portée globale de cette révolution annoncée, qui est aussi devenue un commerce, un commerce euphorique et eschatologique, comme les anciennes utopies du nouveau monde, du monde meilleur. Essayons de réfléchir au métaverse. Nombreux sont les textes qui expliquent ses merveilles et les univers qu'il ouvre, qui en font l'histoire et presque l'hagiographie de ses pionniers, et qui insufflent ce chrisme d'inéluctabilité: c'est le futur vers lequel nous nous dirigeons, et si vous n'y allez pas avec vos jambes, vous serez traîné, ou emporté. Le fatalisme hi-tech.
Je voudrais plutôt commencer par un petit texte d'un philosophe qui prend ouvertement position contre le Metaverse, comme le dit déjà le titre d'un livre d'Eugenio Mazzarella, publiée par Mimesis. Mazzarella a enseigné la philosophie théorique à Naples, et cela pourrait suffire à certains pour ne pas lire le livre: la philosophie théorique, ô combien est-elle éloignée du monde réel. Mais le texte est une défense de la réalité, de la présence, du monde de l'éternel contre l'assaut de ceux qui voudraient les transcender et les annuler. Et il démasque l'utilisation déformée de certains mots clés : communauté, intelligence artificielle, onlife, c'est-à-dire la vie transférée en ligne.
Pour commencer, le terme de "communauté mondiale" est un oxymore. Chaque communauté et un "nous" distinct du reste, né d'une délimitation, d'une frontière, d'une proximité élective et affective, n'est pas global. Mais alors, il ne s'agit pas tant de communauté que de solitude globale et massive. Et elle n'a pas pour protagoniste ce "nous" qui n'est qu'utilisateur, cobaye et consommateur.
En bref, quel est le danger de Metaverse ? Remplacement. Le monde réel, les identités, la vie et la nature, sont remplacés par cette Grande Bulle, mensonge ou illusion, dans laquelle la réalité disparaît, et tout ce qui la constitue: histoire, pensée, vie, présence, corps, pour entrer dans cet univers virtuel. Un "simple" réseau social se transforme en un univers parallèle dans lequel on peut se plonger et habiter. La métanoïa, ou plutôt la transmutation, l'accès au changement est permis à ceux qui se dépouillent et prennent l'apparence d'un avatar, et vont vivre dans cet autre monde, tout en restant confortablement installés sur le canapé à la maison. Faux voyage, fausse socialité, vraie solitude domestique. Puis pour adoucir la pilule avec les habituelles rassurances bon enfant et humanitaires, on vous dit que la téléportation, en restant chez soi, profite aux défavorisés, aux handicapés. Mais le problème est que cela handicape ceux qui ne le sont pas, et empêche le monde réel de se déplacer dans le monde irréel. L'alibi des handicapés est un peu comme celui des passeurs et des ONG qui utilisent des enfants pour débarquer les immigrés clandestins.
Dans le Metaverse, la différence entre vivant et mort disparaît également, on peut vivre en vidéo au-delà de la mort; mais l'inverse est également vrai, mourir dans la vie, se perdre et se déplacer dans cet ailleurs virtuel.
Derrière tout cela, Mazzarella a raison, se cache une pulsion néo-gnostique qui méprise le corps, déteste la chair, déteste la réalité, la nature et leurs limites. Les risques d'aliénation, de dépendance et même d'asservissement sont évidents, en vivant dans cette matière sans matière, au son des puces et des octets. On perd la distinction entre réel et virtuel, entre humain, machine et nature. À cet égard, le philosophe a raison de dénoncer l'utilisation abusive de termes clés de l'infosphère tels que l'intelligence artificielle: l'intelligence, qui est l'intuition, la sensibilité, l'humanité, la capacité de lire à l'intérieur (intus legere) n'a rien à voir avec le calcul automatisé et artificiel. C'est une erreur de falsifier la réalité. L'intelligence n'est pas remplaçable.
Dans le monde de la technologie, cependant, la loi de Gabor s'applique: ce qui peut être fait, doit être fait et sera fait. Et nous pourrions ajouter un corollaire: si vous ne le faites pas, tôt ou tard, d'autres le feront, dans d'autres pays, et ils en tireront les avantages. Est-il donc vain de s'y opposer? La question n'est pas d'arrêter ou de freiner ces processus mais de savoir comment les équilibrer: à ceux qui remplacent le monde réel par des mondes virtuels, on peut opposer la redécouverte du monde réel, entre histoire et nature, tradition et civilisation. D'autres mondes habitent déjà l'homme dans la nature et dans la culture, avec son corps, son esprit et son âme. Ne les laissons pas s'atrophier.
19:32 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : métaverse, virtualité, monde virtuel, actualité | |
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Le pessimisme de Paul Kennedy et la situation actuelle
Le pessimisme de Paul Kennedy et la situation actuelle
par Pierluigi Fagan
Source : Pierluigi Fagan & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/tramonti-e-tramontane
L'historien britannique des grandes puissances, Paul Kennedy, avait publié en 1987 The Rise and Fall of the Great Powers dans lequel, entre autres, il a soutenu que : "La tâche à laquelle les hommes d'État américains seront confrontés au cours des prochaines décennies consistera donc à reconnaître que des tendances générales sont à l'œuvre et qu'il est nécessaire de 'gérer' les affaires de manière à ce que l'érosion relative de la position américaine se fasse lentement et en douceur".
C'est au mieux le point de vue détaché d'un érudit. Si l'on se trouve au sommet du système dominant, il est facile que l'idée de "gérer le déclin" ne soit pas bien accueillie et que l'on soit convaincu qu'il faille l'éviter complètement. Depuis lors, deux lignes de réflexion se sont écartées l'une de l'autre, celle de la réflexion sur l'avenir des États-Unis d'Amérique puis de l'Occident, qui s'est développée en une vaste littérature devenue un genre, le "déclinisme", et la ligne pratique de ce que les échelons supérieurs de la puissance dominante ont fait pour ralentir ou peut-être éviter complètement ce destin.
Peu après l'exploit éditorial de Kennedy qui mettait en garde contre la fragilité de l'équilibre qui devait régner entre le pouvoir économique, militaire, diplomatique et politique international, le mur de Berlin est tombé, l'Union soviétique a implosé et l'Allemagne a été réunifiée, Fukuyama a jubilé en prophétisant un "au-delà de l'histoire". Le GATT a été remplacé par l'OMC et la dernière phase de la mondialisation a commencé, la nouvelle économie a démarré, puis la bourse s'est effondrée, se révélant être une bulle pendant que les grands stratèges pondaient des rapports belliqueux sur un improbable "Nouveau siècle américain". La Chine a rejoint l'OMC, les tours jumelles se sont écroulées; pendant une décennie, les guerres de Yougoslavie ont sévi, les Américains ont commencé à prêter de l'argent pour acheter des maisons à des personnes qui ne pouvaient pas donner de garanties, la nouvelle bulle a éclaté de façon désastreuse, l'État américain a imprimé des dollars à tour de bras, remboursant la dette budgétaire de la banque financière privée, remplaçant la "main invisible". Il y a eu deux guerres civiles en Libye et une série de soulèvements dans le monde arabe prématurément appelés "printemps" et, puisque cette manière d'agir était prometteuse, il y en a eu un aussi en Ukraine, puis a commencé une décennie de crise économico-financière permanente, mais pas pour le secteur financier soutenu à nouveau par la montée artificielle des TIC. Puis sont venus la guerre en Syrie, l'ISIS, l'arrivée d'un cor o navirus qui a fait jusqu'à présent environ 7 millions de morts dans le monde, et l'inquiétude croissante concernant le changement climatique, avec l'idée d'en faire un moteur pour une nouvelle poussée de croissance improbable, alors que chaque année - depuis plus de vingt ans - Oxfam et d'autres publient des rapports sur la montée constante des inégalités entre les très rares super-nantis et tous les autres au sein des sociétés occidentales, tandis que l'écart entre les sociétés mondiales tend à se réduire. Puis les Américains se sont soudainement et précipitamment retirés de la plus longue guerre depuis la Seconde Guerre mondiale en Afghanistan, laissant le pays à ceux qui le dirigeaient auparavant, et heureusement les Russes ont mordu à l'hameçon en franchissant la frontière de l'Ukraine.
Aujourd'hui, les Américains représentent encore 4,5 % de la population mondiale et, grâce à leur puissance multiforme, ils réalisent encore 25 % du PIB mondial. Mais parce qu'ils ont une distribution interne bizarre des richesses, ils ont plus de trente millions de pauvres absolus et quelques centaines de giga-milliardaires.
Suite au mouvement des troupes russes en Ukraine, ils ont ordonné aux Européens de couper leurs approvisionnements en gaz et de mettre un terme à toutes les relations de bon voisinage avec Moscou, les ont invités à augmenter les dépenses militaires de manière disproportionnée et à envoyer tout ce qu'ils possèdent dans leurs arsenaux sur la ligne de front, ils ont d'abord dit que nous nous limiterions aux armes légères, puis ont pensé, aujourd'hui, qu'il fallait envoyer des chars, demain des missiles à longue portée et de l'aviation. Ils maintiennent les Chinois constamment dans l'angoisse de diverses manières, ils ont annoncé que le jeu est maintenant celui qui oppose les "démocraties aux autocraties" en impliquant ainsi d'un seul coup tous les Européens placés en bas de la ligne de commandement après l'Anglosphère, après avoir réformé le traité de domination du voisinage avec le Mexique et le Canada. Ils ont ensuite fait savoir que la mondialisation et le marché libre sont des marchandises désuètes et ils ont donc subventionné leurs productions techno-scientifiques, qui visent à développer les énergies renouvelables et mis un trillion dans l'assiette pour le renouvellement des infrastructures mais uniquement pour les entreprises qui produisent chez eux.
D'abord, ils se sont moqués d'un type très antipathique qui a couiné sans cesse "America First !", puis ils ont mis en pratique son slogan favori. Ce qui ne fait pas partie du rapatriement de la production mondialisée (re-shoring) peut être installé dans un petit État subalterne avec peu de lois et des coûts de main-d'œuvre adéquats: on appelle alors l'opération de "friend-shoring". Ils ont ensuite commencé à démanteler toutes les institutions multilatérales aux facettes trop nombreuses et ont mis la moitié du monde devant le choix "soit avec nous, soit contre nous" en invitant le Japon et l'Allemagne à se réarmer tandis que la machine du soft power se consacrait aux nouvelles merveilles de l'IA et des séries télévisées. Nous attendons que les Russes fragilisés perdent leur avantage militaire dans l'océan Arctique et ouvrent la porte au vent du nord, ce qui, vu la hausse des températures, nous convient parfaitement.
Cela suffira-t-il à retarder ou à inverser la sombre prophétie de Kennedy selon laquelle le déclin du cycle de puissance est inévitable ?
19:09 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul kennedy, états-unis, europe, affaires européennes, politique internationale | |
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mercredi, 25 janvier 2023
Douguine: Le problème anthropologique en eschatologie
Douguine: Le problème anthropologique en eschatologie
Alexandre Douguine
La question de l'homme
À notre époque, il est de plus en plus clair que l'homme lui-même, son existence même, est en question, et il est de plus en plus clair que nous vivons un moment critique, extrêmement critique de l'histoire, et il est possible (et même probable) que nous vivions la fin des temps.
Les épidémies et les guerres déciment des millions de vies et, suite à l'Opération militaire spéciale, le monde a été amené au bord d'une guerre nucléaire qui, une fois déclenchée, pourrait mettre fin à l'existence de l'humanité.
Dans le même temps, les horizons du futur post-humain se précisent dans la philosophie et la science. La théorie de la singularité, le transfert de l'initiative à l'intelligence artificielle, les progrès du génie génétique, le raffinement de la robotique, les tentatives de fusion de l'homme et de la machine (création de cyborgs) - tout cela remet en question l'existence même de l'homme, suggérant que nous devrions tourner cette page de l'histoire et entrer résolument dans l'ère du post-humanisme, du transhumanisme.
Dans une telle situation, il est extrêmement important d'aborder à nouveau les questions anthropologiques, avec le plus grand sérieux. Si l'homme est au bord de l'extinction, de l'anéantissement, de la mutation fondamentale et irréversible, alors qu'est-il ? Qu'était-il ? Quelle est son essence et sa mission ? En s'approchant de la limite, l'homme peut mieux réviser ses formes et ainsi connaître son essence, son eidos.
Cette révision peut se faire de différentes manières. Tout dépend du point de vue initial. Chaque paradigme scientifique ou idéologique procédera à partir de ses propres structures. Dans cet article, nous visons à donner un sens à l'homme avant tout dans le contexte de l'eschatologie chrétienne, mais afin de clarifier la manière dont la doctrine chrétienne représente l'homme, sa nature et son destin dans les derniers temps, une excursion dans un problème plus général de l'anthropologie religieuse en général est d'abord nécessaire.
Le dualisme de l'humanité dans le Jugement dernier
La fin du monde dans la tradition chrétienne (ainsi que dans d'autres versions du monothéisme) est décrite en détail. Le point culminant de toute l'histoire du monde sera le moment du Jugement dernier. Et nous rencontrons ici une caractéristique principale de l'anthropologie eschatologique : le dualisme, la division finale de l'humanité en deux groupes, représentés par les images des agneaux (bétail, troupeau - πρόβατον) et des boucs (ἔριφος). Les agneaux sont les élus qui recevront une bonne réponse lors du Jugement dernier. Les boucs sont les damnés, destinés à la destruction éternelle. Les agneaux vont à droite, vers le salut, les boucs vont à gauche, vers la damnation.
L'Évangile de Matthieu [ch. 25, versets 31-36] décrit cette division de la manière suivante :
31. Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les saints anges avec lui, il s'assiéra sur son trône glorieux, et toutes les nations seront rassemblées devant lui ;
32. Il séparera les uns des autres comme un berger sépare les moutons des chèvres ;
33. Il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche.
34. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : "Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde" ;
35. Car j'avais faim et vous m'avez donné à manger, j'avais soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli ;
36. J'étais nu et vous m'avez habillé, j'étais malade et vous m'avez visité, j'étais en prison et vous êtes venus à moi.
L'Évangile de Matthieu [ch. 25, versets 31-36].
31. ὅταν δὲ ἔλθη̨ ὁ υἱòς του̃ ἀνθρώπου ἐν τη̨̃ δόξη̨ αὐτου̃ καὶ πάντες οἱ ἄγγελοι μετ' αὐτου̃ τότε καθίσει ἐπὶ θρόνου δόξης αὐτου̃
32. καὶ συναχθήσονται ἔμπροσθεν αὐτου̃ πάντα τὰ ἔθνη καὶ ἀφορίσει αὐτοὺς ἀπ' ἀλλήλων ὥσπερ ὁ ποιμὴν ἀφορίζει τὰ πρόβατα ἀπò τω̃ν ἐρίφων
33. καὶ στήσει τὰ μὲν πρόβατα ἐκ δεξιω̃ν αὐτου̃ τὰ δὲ ἐρίφια ἐξ εὐωνύμων
34. τότε ἐρει̃ ὁ βασιλεὺς τοι̃ς ἐκ δεξιω̃ν αὐτου̃ δευ̃τε οἱ εὐλογημένοι του̃ πατρός μου κληρονομήσατε τὴν ἡτοιμασμένην ὑμι̃ν βασιλείαν ἀπò καταβολη̃ς κόσμου
35. ἐπείνασα γὰρ καὶ ἐδώκατέ μοι φαγει̃ν ἐδίψησα καὶ ἐποτίσατέ με ξένος ἤμην καὶ συνηγάγετέ με
36. γυμνòς καὶ περιεβάλετέ με ἠσθένησα καὶ ἐπεσκέψασθέ με ἐν φυλακη̨̃ ἤμην καὶ ἤλθατε πρός με.
Cette formulation suggère que la division se produit entre les nations (πάντα τὰ ἔθνη), mais la tradition l'interprète comme une division entre les personnes sur un principe plus profond - ontologique. Les brebis sont celles dont la nature s'avère être bonne. Les boucs - et ici la référence au rite juif du bannissement expiatoire du bouc est claire - sont ceux qui se sont tournés de manière décisive du côté du mal.
L'eschatologie voit donc la fin de l'histoire humaine non pas comme une unité, non pas ex pluribus unum, mais précisément comme une division, une bifurcation, un carrefour fondamental.
L'humanité bifurque lors du Jugement dernier, de manière complète et irréversible. Le résultat de son existence dans le temps est la répartition en deux ensembles, qui dans cet état de bifurcation entrent dans l'éternité. Ce n'est plus une étape, ni une position intermédiaire, mais précisément une fin irréversible. La fin de l'homme est la décision absolue et irrévocable de Dieu lors du Jugement dernier.
Ainsi, l'eschatologie affirme strictement que le point oméga de l'humanité sera sa bifurcation, sa division en moutons et boucs. Sur les damnés - en tant que boucs émissaires - seront placés symboliquement tous les péchés de l'humanité, et en tant que tels, ils seront séparés des autres, dont les péchés seront au contraire pardonnés par la Grâce divine.
L'unité particulière de l'Église
Ainsi, la fin de l'homme sera sa bifurcation. Selon la tradition biblique, l'histoire humaine commence avec Adam et le Paradis. L'homme a été créé comme un tout et sa division en homme et femme (création d'Eve) était le prélude à la chute dans le péché et à une plus grande fragmentation. Le résultat final de l'ensemble du processus historique sera le Jugement dernier. On peut dire que le vecteur général de l'histoire passe de l'unité à la dualité.
L'enseignement chrétien se fonde sur le fait que, dans les dernières étapes de l'histoire sainte, le processus de chute dans le péché a été surmonté par le sacrifice volontaire du Fils de Dieu, le Christ, qui a rétabli - mais à un autre niveau ontologique - l'unité originelle, en unissant les peuples dispersés en une nouvelle totalité - l'Église du Christ. L'unité de l'Église restaure l'unité d'Adam et transforme cette partie de l'humanité qui, au Jugement dernier, sera comptée parmi les brebis, le troupeau du Christ.
Cependant, cette unité n'est pas mécanique, elle n'est pas le résultat de la somme de tous. L'unité et l'intégrité de l'Église, comme le souligne le Credo ("Je crois en l'Église une, sainte, catholique et apostolique"), n'inclut que ceux qui sont sauvés. C'est ce que raconte la parabole de l'Évangile sur les invités au banquet de noces : "Nombreux sont les invités, mais rares sont les élus" (Matthieu 22:14).
En fin de compte, l'unité de l'Église consiste en la communion des élus - les saints, les sauvés, ceux qui ont accepté le Christ et sont restés fidèles à ce choix jusqu'à leur dernier souffle. Les pécheurs n'hériteront pas du royaume de Dieu, mais en seront chassés ; ils n'ont aucune part dans le "prochain âge". Leur destin est la ruine totale, le naufrage dans l'abîme. Par conséquent, l'unité de l'Église n'inclut pas ceux qui s'en sont éloignés de leur propre chef.
Le bouc émissaire
Il convient d'examiner de plus près l'image évangélique de la division en brebis et en boucs. Il est évident qu'il y a ici une référence claire au rite du sacrifice de l'Ancien Testament, dans lequel un animal (brebis et taureaux) était séparé des animaux sacrifiés, qui devenait le "bouc émissaire" (en hébreu "azazel" - עֲזָאזֵֽל ; l'expression לַעֲזָאזֵֽל est littéralement "pour une élimination complète"). Dans la Septante, cette expression était traduite par ἀποπομπαῖος τράγος, en latin caper emissarius.
Le livre du Lévitique donne cette description du sacrifice d'Aaron :
21. Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, il confessera sur lui toutes les iniquités des enfants d'Israël et tous leurs péchés, il les mettra sur la tête du bouc, et il l'enverra avec un messager dans le désert :
22. Le bouc portera toutes leurs iniquités dans le pays impénétrable, et il enverra le bouc dans le désert.
L'Évangile de Matthieu. [ch. 22:14].
21. καὶ ἐπιθήσει αρων τὰς χεῖρας αὐτοῦ ἐπὶ τὴν κεφαλὴν τοῦ χιμάρου τοῦ ζῶντος καὶ ἐξαγορεύσει ἐπ' αὐτοῦ πάσας τὰς ἀνομίας τῶν υἱῶν ισραηλ καὶ πάσας τὰς ἀδικίας αὐτῶν καὶ πάσας τὰς ἁμαρτίας αὐτῶν καὶ ἐπιθήσει αὐτὰς ἐπὶ τὴν κεφαλὴν τοῦ χιμάρου τοῦ ζῶντος καὶ ἐξαποστελεῖ ἐν χειρὶ ἀνθρώπου ἑτοίμου εἰς τὴν ἔρημον
22. καὶ λήμψεται ὁ χίμαρος ἐφ' ἑαυτῷ τὰς ἀδικίας αὐτῶν εἰς γῆν ἄβατον καὶ ἐξαποστελεῖ τὸν χίμαρον εἰς τὴν ἔρημον
וְסָמַךְ אַהֲרֹן אֶת-שְׁתֵּי [יָדֹו כ] (יָדָיו ק) עַל רֹאשׁ הַשָּׂעִיר הַחַי וְהִתְוַדָּה עָלָיו אֶת-כָּל-עֲוֹנֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל וְאֶת-כָּל-פִּשְׁעֵיהֶם לְכָל-חַטֹּאתָם וְנָתַן אֹתָם עַל-רֹאשׁ הַשָּׂעִיר וְשִׁלַּח בְּיַד-אִישׁ עִתִּי הַמִּדְבָּרָה׃
וְנָשָׂא הַשָּׂעִיר עָלָיו אֶת-כָּל-עֲוֹנֹתָם אֶל-אֶרֶץ גְּזֵרָה וְשִׁלַּח אֶת-הַשָּׂעִיר בַּמִּדְבָּר׃
En d'autres occasions, le " bouc émissaire " était jeté du haut d'une falaise. Ce rituel entre clairement en résonance avec le récit évangélique de la façon dont le Christ a guéri un homme possédé dans le village de Gardarins en ordonnant aux démons de sortir de lui et d'habiter un troupeau de porcs voisin. Les démons ont obéi, puis le troupeau s'est hâté vers le précipice et est tombé dans l'abîme. Dans ce cas, le rôle du bouc émissaire était celui d'un troupeau de porcs, qui prenait sur lui les péchés pour lesquels la personne possédée souffrait.
Selon la tradition, un morceau de laine rouge était attaché au bouc pour être envoyé dans le désert. Le prêtre de l'Ancien Testament en arrachait une partie lorsque le bouc passait les portes de la ville et la suspendait à la vue de tous. Si Dieu avait accepté le sacrifice de purification, le tissu serait miraculeusement devenu blanc.
Il est important de noter que le bouc émissaire était distinct des animaux sacrifiés, qui étaient considérés comme purs, et représentait un sacrifice spécial. Le symbolisme complexe du bouc émissaire l'associait à l'ange déchu, Satan, mais restait entièrement dans la structure du monothéisme juif. Dans le livre apocryphe d'Enoch (Livre d'Enoch, chapitre 8:1), Azazel apparaît comme le nom de l'un des "anges déchus".
Dans la Grèce antique, un rite similaire était associé à l'exécution rituelle d'un criminel qui emportait les péchés de la communauté (φαρμακός, κάθαρμα, περίψημα). En cela, nous pouvons probablement reconnaître des échos des anciens cultes de Dionysos (le philosophe français René Girard a fondé son système philosophique sur une analyse de la figure du bouc émissaire). Il faut souligner ici que le destin final de l'humanité lors du Jugement dernier la divise en un sacrifice agréable à Dieu (les brebis, et ce n'est pas un hasard si l'agneau symbolise le Christ lui-même), et ceux qui sont retirés, séparés, retranchés, déchus du troupeau principal (l'humanité). Les boucs ne plaisent pas à Dieu, ne sont pas acceptées par Lui et sont donc rejetées - elles périssent sans laisser de trace dans le désert ou tombent dans l'abîme.
On peut se rappeler l'histoire des deux fils d'Adam (l'unité de l'humanité), Abel et Caïn. Le sacrifice d'Abel est accepté et celui de Caïn est rejeté. La création d'Eve (la division de l'humanité), la consommation du fruit défendu de l'arbre de la connaissance du bien et du mal (à nouveau la dualité opposée à l'unité de l'arbre de vie) et la naissance de Caïn et Abel (l'histoire du premier meurtre) sont autant de prototypes initiaux de la fin de l'histoire humaine, du sacrifice final lors du Jugement dernier.
Ainsi, à la fin du monde, la dualité de l'humanité, manifestée dans sa division irréversible, devient pleinement explicite mais implicitement cette division commence déjà au paradis.
23:55 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : tradition, apocalypse, bouc émissaire, traditionalisme, alexandre douguine | |
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