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dimanche, 15 janvier 2023

Parution du n°458 du Bulletin célinien

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Parution du n°458 du Bulletin célinien

2023-01-BC-Cover.jpgSommaire :

La biographie de Gen Paul 

Rentrée scolaire 1900, rue de Louvois 

Un dessinateur inattendu de Voyage. Le sculpteur Alfred Bottiau 

L.-F. Céline sur Internet 

Quand Charles Plisnier revenait sur son engouement pour Voyage au bout de la nuit.

 

Fariboles

On se souvient qu’à l’occasion du 30e anniversaire de la mort de Brasillach, l’historien Pascal Ory, partisan résolu de l’abolition de la peine de mort, avait déclaré qu’en février 1945, il aurait volontiers « figuré parmi les douze hommes qui exécutèrent au petit matin le condamné Robert Brasillach »¹. Pierre-Yves Rougeyron, militant de droite souverainiste, fait tout aussi bien. Faisant allusion au sort des manuscrits de Céline à la Libération, il clame : « Il fallait lui laisser ses œuvres, il fallait pas les piquer. C’est lui qu’il fallait pendre. C’est là où je suis très gaulliste : moi, je touche pas aux œuvres, c’est aux hommes que je touche. »². Cet épurateur au petit pied comprend-il que si l’on avait liquidé Céline en 1944, nous eussions été privés d’une grande part (et non la moindre) de son œuvre ?  Mais cet admirateur éperdu de Malraux n’en a certainement cure. Quant à l’auteur des Quatre jeudis, notre justicier à rebours ne fait pas davantage dans la dentelle : « Brasillach, je l’aurais flingué de mes mains. » [sic]. Vouant aux gémonies tous les écrivains de la Collaboration, sait-il que son idole voyait en Drieu la Rochelle « l’être le plus noble » qu’il ait jamais connu ? Mais un militant obtus peut-il comprendre ce genre de paradoxe ? Malraux forçait peut-être même son talent en déclarant que « Drieu n’a jamais trahi la France, même sous l’Occupation. »  Rougeyron s’en remettra-t-il ?

Sur cette période, bien des légendes circulent. Et il arrive que l’on parvienne à en créer de nouvelles dès lors que certaines affabulations sont reprises. Dans un livre récent, un prétendu historien – il n’en a pas la formation – affirme que « depuis l’arrivée des occupants, [Céline] ne cesse d’envoyer des lettres à l’ambassade d’Allemagne ou à la Wehrmacht [sic], par lesquelles il exige un durcissement des mesures raciales. »³. La seule correspondance adressée à un officiel allemand  que l’on  connaisse est celle adressée à son ami Epting, directeur de l’Institut allemand, où il ne demande rien de ce genre. À moins que l’auteur ne détienne une correspondance inédite de Céline à Otto Abetz ainsi qu’à quelque hiérarque de l’armée allemande ? Passons…

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Dans le genre bobard étincelant, signalons aussi une vidéo sur Gen Paul dans laquelle une “spécialiste”4 affirme ceci : «  L’amitié entre Paul et Céline a probablement été l’une des plus importantes dans la vie des deux hommes, mais elle est devenue de plus en plus difficile, lorsque Céline s’est engagé à promouvoir ses idées plus que controversées, qui engendrera la rupture entre les deux hommes. » Vous pouvez me croire : la dame prononce cette phrase sans ciller. Comme on le sait, la rupture qu’elle évoque intervint bien après que Gen Paul eut accompagné Céline à l’ambassade d’Allemagne (février 1944), et auparavant à Berlin (mars 1942).  Ignore-t-elle  aussi que,  cette même année 42, l’artiste illustra Voyage et Mort à crédit ? Étonnant pour une experte en œuvres artistiques… Que n’a-t-elle lu, avant son exposé, la biographie de Gen Paul par Jacques Lambert qui vient d’être rééditée.

Notes:

  1. (1) Pascal Ory, « Apologie pour un meurtre », Le Monde, 6 février 1975.
  2. (2) Entretien de Pierre-Yves Rougeyron avec Élie Thomas et Sophie De Malta, Les Inactuels, 25 novembre 2022
  3. (3) Christophe Bourseiller, Ils l’appelaient “Monsieur Hitler” (L’histoire méconnue des nazis français, 1920-1945), Perrin, 2022.
  4. (4) Élodie Couturier, « Gen Paul, le gamin de Montmartre à New York. Sa cote en vente aux enchères », Expertisez.com, 1er décembre 2022.
 

L'Anti-Europe de l'UE se dissout dans l'AmEurope de l'OTAN

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L'Anti-Europe de l'UE se dissout dans l'AmEurope de l'OTAN

par Luigi Tedeschi

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/l-antieuropa-della-ue-si-dissolve-nell-ameuropa-della-nato

Une Europe génétiquement atlantique

La guerre est revenue en Europe. L'illusion utopique des Lumières d'une paix perpétuelle fondée sur un progrès illimité et le libre marché mondialisé est terminée. La fin de l'histoire théorisée par Fukuyama avec l'avènement d'un nouvel ordre mondial dominé par l'unilatéralisme américain, s'est avérée être une autre illusion idéologique, destinée à être démentie par une réalité historique qui n'a jamais cessé de produire des changements dans la géopolitique mondiale et des conflits dans le monde d'ampleur et d'intensité variables.

La guerre en Ukraine, en tant que conflit indirect entre la Russie et les États-Unis, est un événement qui s'inscrit dans un vaste processus de transformation de l'ordre mondial. Un nouvel ordre mondial multilatéral peut émerger de la disparition de l'unilatéralisme américain, qui est apparu en même temps que la dissolution de l'URSS. Quelle que soit l'issue de la guerre russo-ukrainienne, il est certain que ce conflit ne prendra pas fin dans un avenir proche, tout comme d'autres théâtres de guerre pourraient se manifester avec l'éruption de tensions aujourd'hui latentes (voir Kosovo ou Taiwan), dans le monde.

Mais dans la perspective imminente d'un nouvel ordre mondial avec les différentes puissances continentales comme protagonistes, l'Europe brille par son absence, étant donné sa subordination consensuelle à l'OTAN. Les références historiques et idéales comme valeurs fondatrices d'une possible unité européenne, telles que le Saint Empire romain germanique, l'Empire des Habsbourg, les racines chrétiennes de l'Europe, n'ont jamais donné lieu à des mythes unificateurs compatibles avec la réalité de notre présent historique. Même les préfigurations théoriques d'une unité européenne, comme les principes du Manifeste de Ventotene (voir: https://journals.openedition.org/rbnu/684) ou l'idée d'une Europe des patries prônée par De Gaulle, se sont avérées être des vœux pieux qui ne se sont pas reflétés dans la politique des États européens, et encore moins dans les traités fondateurs de l'UE. Il n'y a jamais eu de mouvements politiques ayant pour objectif la construction d'un État européen unitaire, et l'Europe n'a jamais constitué un idéal capable de générer un militantisme politique chez les peuples. L'Europe n'a jamais été une patrie idéale qui susciterait des sentiments d'indépendance unitaire chez les peuples d'Europe, et la création d'un État européen unitaire et souverain n'est même pas envisagée par les institutions européennes officielles.

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En ce qui concerne la déflagration que constitue la guerre russo-ukrainienne, l'Europe porte une grave responsabilité historique. L'Europe aurait dû jouer un rôle de médiateur entre les parties et engager des négociations diplomatiques qui auraient pu éviter la guerre, en garantissant l'adhésion de l'Ukraine à l'UE, mais pas à l'OTAN. Une Ukraine neutre, pays pont entre l'Europe et l'Eurasie, avec une Russie liée à l'Europe par une indispensable et avantageuse interconnexion économique et énergétique: tel aurait été l'équilibre politique nécessaire pour assurer une paix durable.

Concevoir un tel rôle géopolitique pour l'Europe apparaît toutefois, à la lumière des événements actuels, comme une idée totalement infondée et abstraite d'un point de vue historique et politique. En effet, l'Europe est incapable de jouer un rôle géopolitique indépendant car elle ne dispose pas d'un statut de tierce partie qui pourrait la légitimer pour assurer une médiation efficace entre les parties en conflit. L'UE est une union d'États soumis à la primauté américaine dans l'Alliance atlantique. Assumer un rôle autonome présuppose une subjectivité géopolitique unitaire qui fait défaut à l'UE. Par conséquent, assumer une position neutraliste entre la Russie et l'Occident atlantique aurait impliqué une rupture impensable de l'Europe avec l'OTAN. En outre, il convient de noter que l'UE, ne disposant pas d'armements autonomes pour sa propre sécurité, aurait encore moins pu garantir la paix en Ukraine avec un appareil militaire suffisamment dissuasif. L'Europe actuelle n'est ni génétiquement ni historiquement programmée pour devenir une puissance continentale. En effet, elle n'a même pas été en mesure de forcer l'Ukraine à respecter les accords de Minsk, conclus en 2014 sous les auspices de l'OCDE.

L'Union européenne est née avec la fin de l'eurocentrisme, c'est-à-dire en même temps que le déclin des puissances coloniales européennes, supplantées par la primauté américaine dans le monde, établie à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'unité européenne est conçue, avec une série successive de traités allant de la naissance de la CECA à la constitution de l'UE, comme l'Europe occidentale présidée par l'OTAN, par opposition à la zone des pays du Pacte de Varsovie, dominée par l'URSS.

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L'Europe avait ainsi sa raison d'être en fonction non seulement anti-soviétique, mais aussi anti-allemande, puisque les Etats-Unis s'étaient toujours opposés à l'émergence d'une puissance autonome en Europe comme alternative à l'OTAN. L'Union européenne, en tant que zone d'influence américaine, trouve donc ses origines dans la logique compensatoire de l'ordre bipolaire issu de la guerre froide. L'UE est donc une entité artificielle en dehors de l'histoire. Le soft power s'est affirmé comme un instrument de la domination américaine sur l'Europe. Avec l'adoption d'un système libéral-démocratique conforme au modèle économique et politique américain, l'américanisme consumériste s'est également répandu en Europe occidentale dans les coutumes et l'idéologie libérale dans la culture. L'ancrage de l'américanisme dans la société européenne a donc entraîné l'effacement de la mémoire historique de l'Europe et le renoncement à toute ambition de puissance des États européens. En bref, l'Europe a été déracinée de ses origines identitaires. Le processus d'unification européenne coïncide donc avec la sortie de l'Europe de l'histoire.

indelcpfx.jpgL'UE est définie par Lucio Caracciolo dans son livre La pace è finita, Feltrinelli 2022, comme "Anti-Europa", comme une zone géopolitique au sein de l'empire américain: "Définissons Anti-Europa dans un sens géopolitique: la négation de l'Europe comme sujet unitaire potentiel (le rêve européiste) et comme centre de pouvoirs transcontinentaux, le résultat du choix américain de rester en Europe occidentale après la Seconde Guerre mondiale. Afin d'ériger son propre empire informel, une avant-garde à étoiles et à rayures dans les immensités de l'Eurasie. Renverser la vision russe de la péninsule européenne s'étendant dans l'Atlantique. Pour Moscou, on l'oubli, elle est l'Asie antérieure (Perednaja Azija), l'accès via la Méditerranée et la Baltique aux routes océaniques. Pour Washington, la Subamérique postérieure, son espace déjà originel encore habité par des populations spécialement évoluées et conscientes, à pacifier et à intégrer dans son propre empire informel. Et donc à garder suffisamment divisé. Et surtout, séparé des profondeurs hostiles de l'Asie. Dans un empire sui generis sur le schéma - le pivot/moyeu  (Amérique) - les rayons (Européens)".

L'Europe a ainsi été reléguée dans l'hibernation de la post-histoire jusqu'à aujourd'hui où, avec le conflit russo-ukrainien, le retour de l'histoire a provoqué un réveil européen brutal et tragique. Si l'Europe s'est éloignée de l'histoire, ce sera néanmoins l'histoire qui l'engagera dans ses processus de transformation. L'illusion de la post-histoire, dans laquelle l'Anti-Europe s'est confinée, avait pour but de dissimuler l'hégémonie américaine sur le continent européen. Comme l'a déclaré Lucio Caracciolo dans le livre susmentionné: "Réfractaires aux lois historiques, nous en reconnaissons toutefois une: ceux qui veulent abolir l'histoire sont abolis par elle. D'abord l'histoire, puis, à distance, les idées et contre-idées visant à la maîtriser pour la réorienter vers ses propres fins abstraites. Si ce n'est vers sa fin. La dialectique entre européisme et anti-européisme dans ses déclinaisons changeantes le confirme. Hétérogénèse de la fin: la sacralisation d'une Europe utopique (ou dystopique, selon le point de vue) est la contre-chanson qui accompagne l'hégémonie américaine sur le Vieux Continent. La vengeance de l'histoire sur ceux qui prétendent la diriger".

Le modèle d'économie mixte adopté par l'Europe d'après-guerre, caractérisé par les libertés démocratiques, la prospérité généralisée et l'institution du bien-être, était entièrement fonctionnel à la stratégie américaine d'opposition au modèle totalitaire soviétique et à la pénétration idéologique du marxisme, qui avait de nombreux adeptes parmi la classe ouvrière des pays occidentaux. Après la fin de l'URSS et l'expansion de l'UE aux pays d'Europe de l'Est, l'expansion de l'OTAN aux frontières russes a été mise en œuvre en parfaite synchronisation.

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Avec l'avènement de l'unilatéralisme américain et de la mondialisation, le système néolibéral américain a été étendu à l'UE, qui a été créée par le traité de Maastricht de 1992 en tant qu'organe supranational privant progressivement les États de leur souveraineté. L'UE est donc un organe apatride (donc dépourvu de souveraineté politique), un modèle d'ingénierie économique et sociale néolibérale, dont la gouvernance est exercée par des élites technocratiques qui se sont superposées à l'ordre démocratique et qui a dévolu sa sécurité à l'OTAN.

Les pouvoirs supranationaux assumés par l'UE n'ont toutefois pas été assortis d'un processus d'unification politique de l'Europe, mais plutôt d'une tendance de plus en plus prononcée à la désintégration interne des États en petites patries régionales, avec la résurgence également de nationalismes identitaires ethniques. La guerre en Ukraine pourrait être l'incipit d'un processus de balkanisation d'une Europe désintégrée par la résurgence d'anciennes haines et rancunes entre les nombreux nationalismes ethniques en conflit. La rhétorique du courant dominant concernant l'unité européenne retrouvée sous la bannière de l'OTAN a été démentie par la réalité d'une Europe érodée de l'intérieur par la résurgence des nationalismes et leurs ambitions expansionnistes. En effet, le nationalisme polonais préfigure la renaissance du projet expansionniste "Trimarium", qui est d'ailleurs soutenu par les États-Unis dans une fonction anti-russe.

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L'éventuelle désintégration de l'UE entraînerait en outre la dévolution de la gouvernance politique de l'Europe aux États-Unis, puisque dans une situation de chaos conflictuel, seule l'OTAN pourrait servir de garant de la gouvernabilité de l'Europe. Dans la guerre russo-ukrainienne, on estime qu'à l'heure actuelle, les seuls gagnants sont les États-Unis, qui ont tué dans l'œuf toute perspective d'une Europe indépendante de l'OTAN, après avoir rompu les liens tant économiques que géopolitiques avec l'Eurasie. Une Europe dépourvue de pouvoir économique et subordonnée militairement à l'OTAN est destinée à devenir une zone continentale au sein de l'Anglosphère.

Il n'est pas dans les perspectives actuelles de Biden de conclure une paix avec la Russie. Au contraire, la prolongation de la guerre est nécessaire aux Etats-Unis pour perpétuer le climat d'urgence de guerre qui rendra l'Europe définitivement soumise à l'OTAN. La nécessité de l'existence d'un ennemi absolu, identifiable cette fois à la Russie de Poutine, est également cohérente avec les stratégies américaines, car elle peut renforcer, dans une fonction russophobe, le lien de subalternité européenne aux Etats-Unis. Tout à fait dans la ligne des stratégies de domination américaines se trouve, en outre, l'idéologie européiste, qui proclame la nécessité, le caractère indispensable, l'irréversibilité de l'union européenne, laquelle entraîne inéluctablement l'adhésion inconditionnelle à l'OTAN, à l'anglosphère, à l'Occident américain. L'idéologie pro-européenne subsiste, afin de dissimuler la réalité du bluff d'une unité européenne, historiquement convertie en Anti-Europe. Mais le dogme idéologique pro-européen qui répand la fausse image d'une Europe berceau des droits de l'homme, assiégée par l'autocratie russe, a une fonction manipulatrice bien plus importante dans la réalité historique actuelle : celle d'exorciser la dissolution progressive réelle de l'UE et avec elle, la décadence irréversible de l'Occident tout entier.

Germanophobie et anglosphère

La guerre russo-ukrainienne a entraîné de grands changements en Europe, notamment en ce qui concerne le rôle géopolitique de l'Allemagne dans le monde. Avec l'Ostpolitik du chancelier Willy Brandt, l'Allemagne s'était engagée sur la voie de la pacification, de l'expansion commerciale dans les pays d'Europe de l'Est et de l'interdépendance économico-énergétique avec l'URSS. L'Allemagne a ainsi repris un rôle de centralité géopolitique dans le contexte européen, tout en exerçant la fonction de garant de l'équilibre entre l'Europe de l'Ouest et de l'Est, dans le cadre de la bipolarité USA-URSS à l'époque de la guerre froide.

Après l'effondrement de l'URSS et la réunification de l'Allemagne, l'expansion de la sphère d'influence allemande s'est étendue à toute l'Europe de l'Est et les liens d'interdépendance économique et énergétique avec la Russie se sont renforcés avec la construction des gazoducs Nord Stream 1 et 2. La politique d'ouverture à l'Est des chanceliers allemands Kohl et Schroeder a été accentuée par Merkel, dont l'objectif était d'établir un partenariat avec Moscou, dans la perspective d'intégrer la Russie dans la "maison européenne commune". L'orientation de la politique étrangère allemande visait une relation toujours plus étroite avec Moscou, afin non seulement de favoriser l'ouverture de routes commerciales vers la Chine pour les exportations allemandes, mais aussi de contrebalancer l'influence géopolitique des États-Unis en Europe.

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L'Allemagne, en tant que puissance économique, mais sans ambitions géopolitiques expansionnistes, n'aurait pas dû susciter l'hostilité des Etats-Unis, toujours réticents à l'émergence d'une puissance européenne en opposition aux intérêts américains. Cependant, la politique de Merkel s'est avérée incompatible avec les objectifs stratégiques de l'Occident.

En fait, en Europe de l'Est (une région où a eu lieu la grande expansion industrielle allemande), l'Allemagne s'est imposée comme une puissance économiquement dominante, mais cette hégémonie ne s'est pas accompagnée d'une suprématie politique. Les pays d'Europe de l'Est, ainsi que les États baltes, ont été inclus dans la zone occidentale, et l'expansion de l'OTAN jusqu'aux frontières russes a révélé de manière flagrante les objectifs d'une stratégie américaine visant à contrer non seulement la Russie de Poutine mais aussi la puissance allemande.

Lors de la guerre ukrainienne de 2014, l'Allemagne a d'abord adopté une ligne pro-atlantique, car l'inclusion de l'Ukraine dans le contexte occidental offrait une occasion favorable à l'annexion de l'Ukraine dans sa zone d'influence économique. L'attitude de l'Allemagne est alors devenue très ambiguë. Elle a poursuivi une politique de détente vis-à-vis de Moscou afin de préserver ses propres intérêts économiques et énergétiques.

Le rôle de l'Allemagne dans l'appel au respect du traité de Minsk par l'Ukraine n'est pas pertinent, tout comme l'intervention pacificatrice du président Steinmeier en Ukraine. Au départ, l'Allemagne était également réticente à fournir des armes à l'Ukraine et à approuver les sanctions contre la Russie, mais l'intention de Scholz de "créer une paix sans armes" s'est avérée être un slogan sans contenu.

La fin du lien d'interdépendance avec la Russie coïncide avec le déclin de la puissance allemande. Sa suprématie économique sera mise à mal par les prix élevés de l'énergie, qui rendront ses exportations non compétitives, et par la politique protectionniste d'incitations importantes, faussant la concurrence, en faveur des entreprises américaines pour l'innovation verte, mise en œuvre par Biden afin de perturber l'industrie européenne. En outre, dans une Europe engloutie par l'OTAN, la Grande-Bretagne, bien que pays non membre de l'UE après le Brexit, finira par assumer le leadership, en tant qu'interlocuteur européen privilégié des États-Unis, étant donné le déclassement politique de l'Allemagne, qui a toujours dû contrer la germanophobie anglo-saxonne en Europe. L'Allemagne, et avec elle l'ensemble de l'UE, sera donc absorbée dans l'espace géopolitique de l'Anglosphère.

Cette même primauté européenne de l'Allemagne est aujourd'hui sapée par la Pologne, qui, en vertu du soutien américain dans une fonction anti-russe, ne cache pas aujourd'hui son ancienne germanophobie, avec sa demande de réparations de guerre contre l'Allemagne pour un montant de 1,3 trillion d'euros. Enfin, il convient de noter qu'après les attaques contre les gazoducs Nord Stream 1 et 2, l'activation du gazoduc Baltic Pipe sur la côte polonaise de la mer Baltique, par lequel le gaz norvégien sera importé en Europe, pourrait établir une dépendance énergétique de l'Allemagne et de l'UE vis-à-vis de la Pologne.

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En réalité, l'Allemagne vit depuis l'après-guerre dans un état de contradiction permanente, qui s'est finalement manifesté avec la guerre d'Ukraine. L'Allemagne s'est imposée comme une puissance économique en développant ses exportations tant vers l'Eurasie que vers l'Occident, mais dans le même temps, elle s'est reléguée au niveau de la post-histoire en confiant sa sécurité militaire à l'OTAN et en déléguant sa politique étrangère aux États-Unis. Ce statut de "puissance civile" s'est avéré incompatible avec les stratégies géopolitiques expansionnistes de l'OTAN et l'ère de la post-histoire a pris fin avec cette guerre indirecte entre les États-Unis et la Russie.

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Le géant économique allemand a toujours été un nain politique dans le contexte mondial. Ce déficit politico-stratégique de l'Allemagne est bien décrit dans un article d'Andreas Heinemann-Grueder paru dans Limes n° 10/2022 et intitulé "Nous, Allemands, voulons la paix, mais nous n'aurons que plus de guerre" : "Pour sa part, l'Allemagne a non seulement perdu son rôle de pont entre l'Est et l'Ouest, mais aussi sa position de leader au sein de l'Union européenne. La Turquie a repris son ancien rôle de médiateur avec Moscou. Le manque désastreux de prévoyance stratégique de la classe politique allemande et ses hésitations ont endommagé de façon permanente les capacités de persuasion du pays. Aujourd'hui, Berlin ne peut plus définir l'agenda européen vis-à-vis de la Russie. Le contrôle de sa direction a été repris par les puissances anglo-saxonnes et les "pays de l'Est".

En Allemagne, avec le déclin de la primauté économique, la question allemande se posera à nouveau. De même qu'au sein de l'UE, un profond clivage peut apparaître entre le front pro-atlantique et russophobe des États de l'Est (ainsi que des pays baltes et scandinaves) et les pays de l'Ouest et de la Méditerranée, qui sont favorables à une coexistence pacifique avec la Russie, de même une confrontation amère peut apparaître entre les Allemands de l'Ouest, pro-occidentaux et pro-russes, et les Allemands de l'Est, pro-russes. Depuis la réunification, ce n'est pas un nouvel État allemand unitaire qui a vu le jour, mais plutôt une République fédérale d'Allemagne élargie aux Länder de l'ancienne RDA, dont les habitants se sont toujours considérés comme des Allemands de seconde zone. Si le conflit interne à l'UE peut conduire à sa dissolution, l'accentuation de l'opposition entre les Allemands de l'Ouest et de l'Est pourrait, à terme, conduire à la déstabilisation interne de l'Allemagne, déjà minée par les contrastes régionaux entre les Länder riches et les Länder moins développés. Ces contrastes pourraient affecter l'existence même de l'unité nationale à l'avenir.

La parabole de Poutine est-elle en train de disparaître ?

L'"opération spéciale" de Poutine en Ukraine s'avère être un échec. Après l'échec initial de la guerre éclair, l'Ukraine et la Russie sont embourbées dans un conflit prolongé qui n'aura pas de vainqueur. Si Poutine n'arrive jamais à Kiev, Zelenski ne récupérera ni la Crimée ni le Donbass. La durée prolongée de la guerre ne peut que favoriser la stratégie des Etats-Unis, qui, en plus de ramener l'Europe dans l'espace atlantique, sans engagement direct dans le conflit, ont mis en œuvre une action d'attrition militaire et économique intensive contre une Russie qui montre toutes ses limites, tant militaires que politiques.

Après la dissolution de l'URSS et la tragique défaillance russe d'Eltsine, l'ascension de Poutine a conduit la Russie non seulement à la reconquête de son indépendance nationale, mais aussi à son retour en tant que protagoniste sur la scène géopolitique mondiale. La politique de Poutine est marquée par le pragmatisme; le capitalisme russe est, au moins en partie, contrôlé par l'État. Il n'existe pas de doctrine politique poutinienne. Mais en comparaison avec les autres puissances mondiales, les États-Unis et la Chine, la Russie présente de sérieuses lacunes, tant sur le plan militaire qu'économique. L'immense richesse de la Russie en matières premières et ses progrès scientifiques avancés ne se sont pas reflétés de manière adéquate dans son développement économique. Il convient de noter que l'écart de développement économique entre l'Union soviétique et l'Occident a été l'une des principales causes de l'effondrement de l'URSS.

Après 20 ans au sommet du pouvoir, avec l'échec politique probable de la guerre d'Ukraine, la saison de Poutine pourrait toucher à sa fin. Des changements internes majeurs dans le système politique pourraient alors se produire, mais ils n'entraîneront pas une déstabilisation institutionnelle de la Russie. Ce dernier a besoin de réformes profondes, tant sur le plan économique que politique. Il faudrait surtout mettre un terme au pouvoir économique et à l'influence politique des oligarques, une classe parasite qui a surgi avec la fin de l'URSS. Parmi les facteurs qui ont influencé le manque de développement économique de la Russie figure l'absence d'une classe moyenne productive répandue dans la société russe.

La fuite hors de Russie de milliers de citoyens pour échapper à une mobilisation partielle a mis en évidence la façon dont le soft power envahissant de l'américanisme occidental a également contaminé la société russe, en particulier les jeunes générations. Il s'agit d'un phénomène inquiétant pour la préservation des racines culturelles et de l'identité nationale de la Russie.

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L'Anti-Europe se dissout dans l'AmEurope

Quelle que soit l'issue de cette guerre et les déficiences structurelles évidentes révélées par la Russie, devenue à moitié puissance mondiale, le déclin de l'Occident semble désormais irréversible. Le système néo-libéral, érodé par la récession et l'inflation incontrôlable, s'effrite en même temps que la mondialisation, qui a révélé toutes ses faiblesses et ses fragilités avec la crise pandémique, le prix élevé de l'énergie et la guerre. La suprématie économique et politique des États-Unis est mise à mal par l'émergence des nouvelles puissances continentales d'un BRICS qui ne cesse de s'élargir.

Mais surtout, l'Occident est déchiré par un processus de dissolution interne. Le modèle de société néo-libéral est en train de s'effriter, avec la manifestation de phénomènes de démembrement interne des Etats occidentaux (en premier lieu les USA), en raison de la contestation de plus en plus prononcée de la dérive oligarchique du système politique occidental et de la dégénérescence éthico-morale d'une société dominée par l'individualisme absolu et relativiste.

L'Anti-Europe s'est dissoute en Am-Europe : c'était le destin inéluctable d'une Europe identifiée à l'UE. L'ère de la post-histoire dans laquelle l'Europe avait hiberné touche à sa fin. Mais dans cette Europe privée de souveraineté, d'identité et de dignité, la "culture de l'annulation" rampante ne pourra jamais anéantir son histoire, ni faire disparaître la configuration géopolitique d'un continent eurasien penché vers l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. L'impossibilité d'intégrer l'Europe dans l'Occident atlantique est bien argumentée par Franco Cardini dans son article intitulé "Chevaliers d'Amérique : "les valeurs de l'Occident" : "Quelqu'un a dit et écrit, sur des organes de presse de 'droite', que je suis 'anti-atlantique' et 'anti-américain' et qu'à 'Euramerica' je préfère 'Eurasia'. Qu'il soit clair que je ne suis pas un eurasiste, à supposer que l'eurasisme en tant que valeur politique existe. Certes, je préfère l'Eurasie à l'Euramérique et à son chien de garde, l'OTAN: mais précisément parce que je crois obstinément à la possibilité pour l'Europe de retrouver ses racines authentiques et de pouvoir, à l'avenir, construire une structure solide indépendante des blocs qui se dessinent et servir de médiateur entre eux en fonction d'une politique de paix. Dans leur système de construction de l'Amérique en tant que grande puissance dans le contexte des blocs opposés, les États-Unis ne nous laissent pas suffisamment d'autonomie: ils ne nous laissent donc pas non plus le choix. Si nous ne voulons pas rester soumis (et j'utilise un euphémisme), nous devons nous placer de l'autre côté en vue de rester autonomes et souverains: il leur appartiendra alors de rectifier les erreurs qu'ils ont commises et de regagner notre confiance, mais il n'y a pas de place pour cela pour le moment. En ce moment, je soutiens donc la nécessité pour l'Occident à tête américaine de ne pas suivre le dessein de la Maison Blanche et/ou du Pentagone de renverser le monde eurasiatique en rétablissant une hégémonie historiquement perdue de manière irréversible et en mettant en œuvre les stratégies et tactiques du totalitarisme libéraliste, le plus sournois mais non le moins infâme des totalitarismes (et il nous le montre en Europe aujourd'hui): tenter de réduire en bouillie toute liberté de pensée en dégradant systématiquement ses expressions en formes de fake news, en faisant un désert de toute différence de jugement et en appelant ce désert "démocratie"). Bien sûr, à la limite, une tyrannie lointaine est un moindre mal qu'une tyrannie proche et menaçante. Mais le fait que le totalitarisme occidental soit celui de la "pensée unique" et de la négation de trop de droits substantiels du plus grand nombre (à commencer non pas par la richesse, mais par la dignité civile et sociale) au nom du droit à l'exploitation par des lobbies donne à la "quasi tyrannie" qui nous menace un caractère particulièrement odieux : et le fait qu'elle puisse, au moins pour le moment, se permettre le luxe de formes de "liberté" qui sont en substance sans intérêt sinon socialement illusoires et dangereuses aussi parce qu'elles servent d'anesthésiant moral de masse la rend encore plus infâme.

La revue de presse de CD - 15 janvier 2023

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La revue de presse de CD

15 janvier 2023

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Conflit Ukraine-Russie : du fantasme à la réalité, de l’illusion à la désillusion

Par le général (2s) Antoine Martinez.
Face à la guerre en Ukraine qui aurait pu et qui aurait dû être évitée, avons-nous encore le droit, dans un monde pourtant dit libre, d'appréhender cette situation dramatique avec une grille de lecture non manichéenne ou sommes-nous sommés de nous soumettre à la seule vérité dispensée officiellement sous peine d'être invectivés et insultés ? Un certain nombre de sujets doivent être évoqués, développés et analysés afin de mettre en évidence les véritables enjeux et les risques d'une confrontation généralisée qui n'est pas dans l'intérêt des Européens. Analyse très détaillée trouvée dans Antipresse n° 371 du 8 janvier 2023.

https://www.craft.do/s/ycqH2inv3rV1ye

AFRIQUE

Algérie : Du « royaume Arabe » à la départementalisation jacobine

Dans les années 1950, juste avant les indépendances, le monde en perdition n’était pas l’Afrique, mais l’Asie qui paraissait alors condamnée par de terrifiantes famines et de sanglants conflits : guerre civile chinoise, guerres de Corée, guerres d’Indochine et guerres indo-pakistanaises. En comparaison, durant la décennie 1950-1960, les habitants de l'Afrique mangeaient à leur faim, étaient gratuitement soignés et pouvaient se déplacer le long de routes ou de pistes entretenues sans risquer de se faire attaquer et rançonner.

Le blog de Bernard Lugan

https://bernardlugan.blogspot.com/

ALLEMAGNE

Annalena Baerbock - une construction des Etats-Unis ?

Outre de nombreuses lacunes et contradictions, la biographie de la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock révèle toutefois un point fixe constant : elle sert les intérêts des États-Unis. Le célèbre journaliste d'investigation Gerhard Wisnewski s'est mis sur la piste et révèle des choses étonnantes sur Baerbock dans son livre annuel « Verheimlicht - Vertuscht - Vergessen 2023 ».

euro-synergies.hautetfort.com

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DÉCONSTRUCTION

Manuel de l’OTAN sur le langage inclusif

Bureau de la représentante spéciale du secrétaire général de l’OTAN pour les femmes, la paix et la sécurité (sic). Un document officiel de 44 pages… Pour ne jamais oublier que la guerre est aussi, et surtout, culturelle !

nato.int

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L’antiracisme, ruine de l’âme

Par Éric Delcroix, juriste, essayiste et écrivain, auteur de Droit, conscience et sentiments. Du prétoire au confessionnal. Il est un phénomène cardinal qui détermine toute la vie sociale et politique du monde occidental, phénomène que personne ne semble voir, alors même qu’il est nouveau et fondamentalement subversif. Il s’agit du triomphe de la morale anti-discriminatoire, née dans sa forme achevée bien sûr aux États-Unis, dans les années cinquante du siècle dernier, notamment sous la plume d’un économiste, Gary Becker (1930-2014). Pour celui-ci, les discriminations, jusqu’alors tenues comme des affects naturels et mode de sélection sociale, étaient au bout du compte contre-productives pour les affaires (business), qui, avec l’effervescence moralisatrice, procèdent de l’essence du régime américain. Mais qui comprend de quoi il retourne ? Analysons les conséquences du mythe de l’antiracisme, derrière celui fondateur de l’antifascisme (ce trait d’union immarcescible et génial entre communistes et partis bourgeois, forgé par Staline en 1935, avec la politique dite des « Fronts populaires », jamais effacé) qui fonde de façon homogène l’idéologie occidentale (et russe) commune, occultant tout bon sens.

polemia.com

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DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ

Référé suspension contre la décision de la CPPAP : le tribunal donne raison à FranceSoir

Le jugement du Tribunal administratif de Paris vient de tomber. Par une décision en date du 13 janvier 2023, celui-ci vient de trancher en faveur de FranceSoir et a prononcé la suspension de la décision du 5 décembre 2022 par laquelle la CPPAP a refusé le renouvellement de l’inscription dans ses registres de notre site en qualité de service de presse en ligne « jusqu’à ce qu’il soit statué au fond sur la légalité de cette décision ». Aussi, entre-temps, l’organe judiciaire enjoint la CPPAP « à rétablir le régime d’aide dont bénéficiait le site préalablement à la décision refusant le renouvellement de son agrément ». Il a été accédé à la demande du journal que soit transmise au Conseil d’État une question prioritaire de constitutionnalité qui devra traiter le sujet de la licéité de l’existence de la CPPAP.

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Daniel Ellsberg : « Inculpez-moi aussi comme Julian Assange »

L’ancien fonctionnaire et lanceur d’alertes demande aux États-Unis de l’inculper dans la mesure où tout comme Julian Assange il est, de façon non autorisée, en possession de matériel classifié. Ellsberg emboîte ainsi le pas au fondateur de Cryptome.org qui a lui aussi demandé à être poursuivi, rapporte Joe Lauria.

les-crises.fr

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Jean-Paul Sartre a-t-il appelé au meurtre des hommes blancs ? Askolovitch prétend que c’est faux pour accabler Houellebecq, la philosophe Bérénice Levet prouve que c’est vrai.

Dans sa revue de presse sur France Inter, Claude Askolovitch a accusé Le Point de couvrir un « gros mensonge » de Michel Houellebecq. La philosophe Bérénice Levet lui répond.

fdesouche.com

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Revue de presse RT du 1er au 7 janvier 2023

Exercice hebdomadaire de ré/désinformation grâce à Russia Today. Au sommaire : l’immigration clandestine explose en Europe ; les problèmes sanitaires dans les hôpitaux britanniques ; le FMI annonce une grâce récession ; les changements de politique étrangère en Israël ; nouvelles de Chine ; médiation entre Turquie et Syrie ; nouvelles de la guerre chaude en Ukraine ; rapport Pologne-Ukraine ; la Russie renforce son aviation stratégique ; militarisation accrue du Japon.

lesakerfrancophone.fr

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ÉCOLOGIE

Stagnation du réchauffement climatique ?

Alors que les données globales du climat en 2022 n’ont pas de particularité remarquable, bien que le réchauffement reste à un niveau élevé, il est répété en boucle sur tous les médias et dans tous les discours politiques que la crise climatique aurait pris un tournant dramatique. Cette ritournelle mensongère est alimentée par un choix biaisé et délibéré de facteurs certes spectaculaires mais peu ou pas significatif d’une tendance lourde. Ainsi, les températures globales de l’année 2022 ne furent pas des plus élevées, les glaces de l’arctique n’ont pas fondu exagérément et les mers n’ont toujours pas recouvert l’île de Tuvalu (le niveau moyen monte actuellement de 34 cm par siècle). Documents et graphiques pour réfléchir.

Le blog de Michel de Rougemont

https://blog.mr-int.ch/?p=8888

Une nouvelle organisation paie des journalistes pour diffuser l’idéologie du changement climatique

Si vous voulez lutter contre le changement climatique, une solution consiste à payer des journalistes pour diffuser le message et les former à l’idéologie environnementale. Une autre voie consiste à promouvoir des produits qui s’inscrivent dans la transition vers les énergies renouvelables afin que les entreprises vertes puissent capitaliser sur ce que l’on appelle « l’opportunité morale ». C’est l’approche du 1Earth Fund, qui propose des cours, des certificats et des bourses aux reporters climatiques pour éduquer le public sur les combustibles fossiles tout en promouvant les solutions énergétiques vertes. L’organisation a été fondée par Roy Richards Jr., dont l’entreprise familiale Southwire distribue des produits et services d’énergie verte.

reseauinternational.net

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ÉTATS-UNIS

L’industrie de l’armement domine le Congrès américain

Le nouveau budget militaire de 850 milliards de dollars, que la Chambre vient d’approuver est un cadeau à l’industrie de l’armement. Est-ce une coïncidence que les partisans du projet de loi à la Chambre aient reçu sept fois plus d’argent des entrepreneurs militaires que les opposants ?

les-crises.fr

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FRANCE

Pénurie de médecins spécialistes, tiers-mondialisation de l’hôpital, abandon sécuritaire…est-il encore légitime de s’acquitter de l’impôt et des prélèvements sociaux en France ?

Est-il encore légitime de s’acquitter de l’impôt et des prélèvements sociaux en France ? Voici une question bien insolente, dans un pays qui interdit légalement toute incitation à ne pas s’acquitter de cette taxation généralisée. Une question insolente, mais néanmoins pertinente dans une société française où l’Etat, qui a le monopole des prélèvements, taxes, charges et impôts, rempli de moins en moins son rôle, et ne rend pas les services qu’il devrait rendre en échange justement de ces taxations.

breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2023/01/10/213447/penurie-de-...

Emmanuel Macron, image de la déraison occidentale

Pour la majorité de la population mondiale, l’Occident – c’est-à-dire l’espace formaté et dominé par les États-Unis – désigne le monde des fous : des fous qui croient par exemple que des hommes peuvent être enceints, qu’il est légitime d’euthanasier les malades ou qu’il faut arrêter de faire des enfants pour « sauver la planète ». Mais pour le reste du monde, l’Occident regroupe aussi les acteurs étatiques irrationnels. Des États et des gouvernements, et donc des interlocuteurs, non fiables. Qu’est-ce qu’un acteur étatique irrationnel ? Un État ou un gouvernement qui ne se soucie pas du bien de sa population. Et qu’est-ce qu’un État qui ne se soucie pas de protéger sa population ? Un État qui n’est pas souverain. Un acteur étatique irrationnel est aussi un acteur idéologique : il sacrifie sa population et son territoire à des idées abstraites, comme l’URSS à ses débuts.

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Pourquoi l’État est impuissant face aux marchés de la drogue : un ex des stups raconte

Jean-Pierre Colombies a travaillé plus de dix ans à la brigade des stups de Marseille. Il connaît le milieu de la drogue et les moyens que met en oeuvre l’État pour lutter contre le trafic de drogues. Il sait pourquoi les autorités n’obtiennent aucun résultat. Le phénomène est plus vaste, sociétal et culturel…

lemediapourtous.fr

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GAFAM

Les GAFAM en France : un lobbying aidé par un Etat faible ou séduit

« Dépenses de lobbying en augmentation rapide, débauchage de hauts fonctionnaires, contacts à l’Élysée, partenariats financiers avec des médias, des think tanks et des institutions de recherche... » L'Observatoire des multinationales a étudié les (grands) moyens du lobbying des GAFAM.

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Les fichiers Twitter montrent comment l’État profond a conquis les médias sociaux

Matt Taibbi fait le point sur les récentes révélations concernant la manipulation de Twitter au profit d’entités gouvernementales partisanes. La publication des « fichiers Twitter » s’est faite dans plusieurs fils Twitter d’auteurs, de gauche comme de droite, qui ont eu accès aux fichiers et à la communication interne de Twitter.

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Guilhem Giraud : « Grâce à l’intelligence artificielle, la surveillance de masse n’a pas de limite ! »

Ancien ingénieur à la DST, aujourd’hui DGSI, Guilhem Giraud dénonce les dérives de la surveillance de masse dans un livre témoignage intitulé « Confidences d’un agent du renseignement français », publié aux éditions Robert Laffont. Un phénomène qui, selon lui, menace les libertés individuelles.

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GRANDE-BRETAGNE

Projets et institutions britanniques intervenant dans les affaires d'autres États

Le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord mérite une attention particulière et des recherches approfondies sur l'organisation et l'exécution d'opérations psychologiques et l'utilisation de technologies de manipulation, car il possède une longue et considérable expérience dans la réalisation de telles actions dans les régions les plus dissemblables du monde.

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John Charmley et l’effarant bilan de Winston Churchill

Brute impériale, raciste humaniste, boutefeu impertinent, affameur et bombardier de civils, phraseur creux et politicien incapable en temps de paix, américanophile pathétique, Winston Churchill est naturellement le modèle de cette époque eschatologique et de ses néocons russophobes (Churchill recommanda l’usage de la bombe atomique contre les Russes à Truman). On laisse de côté cette fois Ralph Raico pour évoquer le brillant historien John Charmley qui l’analysa d’un point de vue British traditionnel : Churchill anéantit l’empire, choisit le pire et la guerre, varia d’Hitler (le moustachu puis Staline) et humilia l’Angleterre transformée en brillant troisième des USA. Autant dire que Charmley n’est pas bien vu en bas lieu. Il écrit en effet que l’Angleterre ruina deux fois l’Europe pour abattre une Allemagne qui finit par la dominer économiquement ! Niall Ferguson a reconnu aussi les responsabilités britanniques dans la Première Guerre mondiale.

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IMMIGRATION

Une maîtrise des flux migratoires illusoire ? Focus sur le Royaume-Uni

Lors du débat diffusé sur TV Libertés, Philippe Murer a souligné que le gouvernement britannique n’avait pas tenu sa promesse de baisse de l’immigration, qui a pourtant été l’une des raisons majeures du vote en faveur du Brexit, tout en précisant : « un pays souverain peut toujours arrêter les flux d’immigration et ils ne l’ont pas fait ». Jean-Yves Le Gallou a insisté sur d’autres explications à cet échec que les aspects institutionnels, comme l’idéologie immigrationniste et les intérêts économiques favorables à l’ouverture des frontières. L’exemple du Royaume-Uni montre-t-il que la maitrise des flux migratoires est une chimère, même en dehors de l’Union européenne ? Si échec il y a, quelles en sont les explications ? Après avoir fait un bilan sur l’ampleur des flux migratoires au Royaume-Uni, nous en aborderons les causes puis les moyens que se donne le gouvernement britannique pour les maitriser.

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Au Danemark, on ne badine pas avec l’immigration

Quel est le pays membre de l’Union Européenne dont les citoyens peuvent connaître en un clic sur un site dédié les nationalités d’origine des personnes immigrées, leur taux d’emploi, la part de l’aide sociale qui leur est attribuée, les faits de violence selon le pays d’origine de leurs auteurs ? Un pays « fasciste », dominé par l’extrême droite ? Nullement : c’est celui de Hamlet, devenu un royaume paisible, aujourd’hui gouverné par les sociaux-démocrates (centre gauche). Voilà plus de vingt ans que les gouvernements danois successifs, de droite ou de gauche, ont cessé de se déchirer ou de se faire « des nœuds au cerveau » à cause de l’immigration, mais poursuivent sérieusement, en soignant les détails, une politique d’accueil contrôlé.

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LECTURE

Titre :

Le temps des loups, d’Olivier Maulin. Borderline, 324 pages, 15 €.

Auteur :

Olivier Maulin est journaliste (critique littéraire à Valeurs actuelles) et écrivain (déjà 14 livres publiés). Il fait partie des quelques et rares jeunes écrivains français qui ont beaucoup de choses à dire avec une plume acérée et un regard pointu sur le monde actuel, sur la bêtise, l’hypocrisie de notre société. C’est rabelaisien, très drôle et profond à la fois.

Quatrième de couverture :

« Jean-Maurice Grosdidier est un crétin de compétition. Depuis la mort de ses parents, il vit avec ses deux frères dans une ferme-auberge des Vosges et attend que l’argent tombe du ciel. Quand il apprend que la star multimillionnaire de la littérature américaine Samantha-Sun Lopez est invitée au salon du livre d’Épinal, il accouche d’une idée désastreuse : la kidnapper pour obtenir une rançon. Évidemment, rien de se passera comme prévu… »

Extraits :

« Daphné Loisel-Monfils […] à 23 ans, venait de publier son premier roman où elle racontait d’une écriture blanche les relations perverses que lui avait imposée son père et qui avaient fait d’elle ‘’une putain libérée mais toujours soumise’’. Dans l’espoir de vérifier si elle était vraiment putain, quelques critiques avaient salué l’audace de la confession et vanté un texte dérangeant qui propulsait le lecteur hors de sa zone de confort, avant de la contacter pour boire un café. Elle était bien putain, mais de l’espèce frigide et torturée : les critiques s’étaient sauvés avant les croissants. »

« La libération des échanges commerciaux avait décimé l’activité en quelques décennies. Il restait un ou deux tissages vers Saulxures, reconvertis dans la lingerie de luxe, mais la plupart des usines avaient fermée ; elles étaient tombées en ruine, certaines avaient été rasées, la plus belle avait été transformée en musée. C’étaient des étudiantes en costume d’époque ou des emplois aidés qui actionnaient désormais les métiers à tisser devant les touristes digérant leur repas marcaire. Après, ils iraient voir l’exposition temporaire ‘’L’Inde aux 1 000 couleurs’’ ou les ‘’Tissus sacrés des Incas’’ puis achèteraient à la boutique des nappes, des torchons et des mouchoirs fabriqués à Gérardmer (en attendant que le site ferme à son tour : on commandera les mouchoirs vosgiens directement aux Chinois) »

« La laïcité ! Non mais la laïcité ! Au secours ! Sauf respect, monsieur le maire, la laïcité n’a jamais donné un seul Français. Pas un seul ! Et vous savez pourquoi ? Parce qu’il faut d’abord être français pour être laïque ! C’est la fameuse charrue avant le fameux bœuf ! Vous comprenez le problème ? Ni l’école, ni la laïcité, ni même votre foutue République n’ont jamais fait et ne feront jamais des bons petits Français ! Seules les mœurs françaises font un Français ! Vivre à la française, penser à la française, avoir une histoire française ou la reprendre à son compte ! Le reste, c’est de la rigolade, du carton plastifié tricolore brandi sur les plateaux télé par les Belphégor des déserts ! Pour être Français, il faut accepter de vivre en Français, point final ! »

« Dès le lendemain du coup d’État, le préfet se déplaça avec une vingtaine de policiers pour faire cesser les troubles. Blanche le reçut avec courtoisie dans la salle des fêtes de la mairie, entourée de cinquante francs-bûcherons armés, et lui notifia dans les formes la sécession du royaume d’avec la République française. Le préfet quitta les lieux et en appela à l’armée qui, occupés à se battre dans les banlieues, n’intervint pas. Dans les jours suivants, on établit les frontières du nouveau royaume, on déboulonna les symboles républicains et on frappa monnaie (le franc vosgien). »

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RÉFLEXIONS

« Toute cette façade que l’on appelle démocratie va bientôt s’effondrer », par Alexandre Dianine-Havard

D’origine française, russe et géorgienne, Alexandre Dianine-Havard vit à Moscou depuis une quinzaine d’années. Diplômé en droit, il a d’abord exercé le métier d’avocat en France puis en Finlande, avant de se consacrer au développement et à l’enseignement du système du Leadership Vertueux : une approche du leadership fondée sur la science de la vertu (arétologie) élaborée par les anciens Grecs, et destinée à faire émerger une nouvelle génération de leaders à même de « faire rayonner la beauté de la vie et de la famille, promouvoir une économie juste et remettre l’être humain au centre ». Lors de cet entretien, Alexandre Dianine-Havard a évoqué les grands défis auxquels notre civilisation est, selon lui, confrontée, dépeignant notamment une société peuplée d’êtres pusillanimes et irrésolus, en quête de confort et de plaisirs factices, esclaves de leurs désirs et de leurs passions, où la vertu, la transcendance et l’altruisme ont laissé place au relativisme, au consumérisme et à l’individualisme. « Je pense que le principal problème est anthropologique, nous ne savons plus du tout ce qu’est l’homme. Les principes de la nature humaine n’existent plus. C’est le subjectivisme, l’individualisme total à tous les niveaux. »

epochtimes.fr

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L'inégalité comme condition d'existence (Nicolas Berdiaev)

Vidéo. Grâce aux réflexions du philosophe russe Nicolas Berdiaev sur la notion d’inégalité, contrairement à l’avis commun, l’inégalité, loin d’être un mal, est, selon lui, la condition nécessaire à l’épanouissement de la vie et de tout génie créateur. L’égalitarisme, lui, loin d’être mû par l’amour, souhaite au contraire tout égaliser dans le néant. Un renversement de valeurs dont on voit aujourd’hui les multiples conséquences.

Le site d’Ego No

https://www.youtube.com/watch?v=knsUncJZB3Q

RUSSIE

Bulletin N°116. Bilan 2022 : autocritique, livraison d'armes, prise de Solédar. (12.01.2023).

Xavier Moreau nous donne des informations très précises sur les thèmes suivants : Chine et pétrole russe ; Provocation kiévienne à Kharkov ; Livraison d’armes otaniennes ; Autocritique 2022 ; Erreur sur les dates ; Déclenchement de l’opération spéciale ; Contre-offensives ukrainiennes ; Scénarios de fin d’année ; Acteurs rationnels vs acteurs irrationnels ; Médiocre performance de l’armée ukrainienne ; Résilience de l’économie russe ; Principe primordial de l’emploi de l’armée russe ; Carte des opérations militaires.

odysee.com

https://odysee.com/@STRATPOL:d/116e:f

SANTÉ

La « vaccination » contre la covid « réduit » les formes graves

Il est des images ou des tableaux qui se passent de commentaires. J’ai vérifié la source, en allant directement sur le site du gouvernement de Nouvelle Galle du Sud en Australie, où apparemment on ne cache rien. Ce sont les chiffres d’hospitalisations, soins critiques et décès, du 15 au 31 décembre 2022, selon le sexe, l’âge et le statut vaccinal, 0 à 4 doses ou plus. Signalons que les 4 doses ou plus ne sont pas les plus nombreux dans la population (45 %) …

covid-factuel.fr

https://www.covid-factuel.fr/2023/01/07/la-vaccination-co...

Y a-t-il une surmortalité chez les 20-40 ans depuis 2021 ?

On détecte un signal qui devrait conduire les autorités à enquêter et à chercher une explication à la nette inflexion à la hausse de la mortalité des jeunes au cours de l’année 2021, avec quelques centaines de décès inattendus. Et si de l’ordre de 400 décès de jeunes de 20 à 40 ans s’avèrent être imputables à une intervention humaine au cours de 2021, ce nombre n’est certes pas susceptible de modifier la démographie de la France, mais c’est bien davantage que le bilan du 13 novembre 2015 qui a scandalisé le monde entier, et cela ne peut pas être considéré comme négligeable ou excusable. Reste à savoir si le même phénomène se retrouve dans d’autres pays que la France, et si l’enquête sera sérieusement menée quelque part…

covid-factuel.fr

https://www.covid-factuel.fr/2023/01/13/y-a-t-il-une-surm...

Une spécialiste des affaires juridiques de Vanguard-Pfizer devient Madame maladies infectieuses.

Cette information venue de Suisse permet une remarquable analyse de la mise en place d’une toile arachnéenne mondiale de la Santé, pour le plus grand bien de Big Pharma.

Le blog de Liliane Held Khawam

https://lilianeheldkhawam.com/2023/01/08/une-specialiste-...

Covid-19 : les cas de myocardites après la troisième dose de vaccin ont augmenté de 800 %, selon une étude prospective

Depuis le lancement de la vaccination en population générale, de nombreuses études scientifiques confirment un risque de myocardite survenue après la vaccination anti-Covid. L'inflammation du myocarde toucherait majoritairement des hommes jeunes, des adolescents ou des enfants. Cependant, les myocardites étudiées sont généralement les cas les plus graves qui ont nécessité une prise en charge hospitalière. Qu'en est-il des patients qui présentent des lésions myocardites peu symptomatiques ou asymptomatiques, et qui, par conséquent, n'ont fait l'objet d'aucune prise en charge médicale ? Si aucun diagnostic n'est posé sur ces personnes, comment appliquer d'éventuelles mesures de prévention et de protection ? Enfin, comment évaluer l'incidence réelle des cas de myocardites survenues après une injection de vaccin anti-Covid-19 dans la population ? 

francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/societe-sante/covid-19-etude-pr...

Y a-t-il une surmortalité depuis 2021 ?

Dès le début 2021, grâce à des analyses statistiques telles que celles proposées par la chaîne Youtube Décoder l’Éco, on avait compris que pour interpréter correctement la comparaison entre des courbes ou des données de mortalité, il fallait absolument prendre en compte la taille et l’âge de la population. Ainsi, même avec des taux de mortalité identiques d’une année sur l’autre pour chaque classe d’âge, l’accroissement et le vieillissement de la population française entre 2019 et 2020 devaient à eux seuls conduire à environ 30.000 décès supplémentaires en 2020 par rapport à 2019. Cela relativisait partiellement les 60.000 décès supplémentaires enregistrés en 2020, interprétés par la plupart des médias comme une preuve de la terrible dangerosité du Covid-19. Décoder l’Eco a depuis proposé des analyses plus poussées, incluant la notion d’année moisson, et interrogeant par ailleurs la part des décès directement dus à la politique sanitaire mise en œuvre face au Covid-19.

covid-factuel.fr

https://www.covid-factuel.fr/2023/01/12/y-a-t-il-une-surm...

UKRAINE

Guerre en Ukraine vidéo N°22

La situation sur le front de Bakhmut évolue rapidement. Le commandement russe de l’Opération Militaire Spéciale est redimensionné. La perspective d’une offensive russe se précise. Pendant ce temps les délires propagandistes continuent. Au sommaire : Observations sur le rôle des bellicistes français ; les conditions et les conséquences de la chute de Soledar ; le remaniement du commandement russe ; le déclenchement de l’offensive d’hiver ?

vududroit.com

https://www.vududroit.com/2023/01/guerre-en-ukraine-video...

UNION EUROPÉENNE

Media Freedom Act : les inquiétudes de l’Ojim étaient justifiées

Věra Jourová, vice-présidente tchèque de la Commission européenne chargée des valeurs et de la transparence, de mèche avec la galaxie Soros, est aux avant-postes dans le projet de mise en place d’un European Media Freedom Act.

ojim.fr

https://www.ojim.fr/media-freedom-act-les-inquietudes-de-...

 

samedi, 14 janvier 2023

Giorgia Meloni rêve de l'axe Washington-Garbatella au lieu de l'axe Paris-Berlin

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Giorgia Meloni rêve de l'axe Washington-Garbatella au lieu de l'axe Paris-Berlin

Ala de Granha

Source: https://electomagazine.it/meloni-sogna-lasse-washington-garbatella-al-posto-di-quello-parigi-berlino/

L'axe Paris-Berlin a échoué. Du coup, Giorgia Meloni dépose une pierre tombale sur l'Europe carolingienne. Il est dommage que l'alliance franco-allemande se soit brisée à plusieurs reprises et qu'elle se soit reconstituée à chaque fois. Mais, surtout, Lady Garbatella n'offre aucune idée d'alternative. Peut-être parce qu'elle n'ose pas, pour l'instant, proposer l'Europe américaine, ou plutôt nord-américaine. Soit l'Europe des majordomes, celle qui peut enthousiasmer Crosetto.

Il ne suffit pas de célébrer la fin supposée de la relation privilégiée entre Paris et Berlin pour offrir une chance à une Italie dont la politique étrangère est déléguée à Tajani. C'est certainement un saut qualitatif par rapport à Giggino, mais la substance ne change pas beaucoup. Si vous voulez une Europe forte, ce ne peut être l'Europe de Biden. Ce ne peut être l'Europe de Crosetto. Ni celle d'un axe de sororité entre Meloni et Ursula von der Leyen.

Au cercle de la Garbatella, ils sont manifestement dans l'illusion que la politique étrangère italienne peut être basée sur les lamentations de Tajani concernant les droits civils bafoués partout dans le monde, ou sur les armes expédiées aux marionnettes américaines. Ou sur les jérémiades sur l'Europe parce que l'Italie est incapable de renvoyer les immigrants illégaux chez eux et que les mauvais partenaires de l'UE ne veulent pas assumer l'incapacité de l'Italie.

Avec ces prémisses, on voudrait créer un nouvel axe Rome-Paris? Ou Rome-Berlin avec le risque de crises cardiaques répétées en tête de l'ANPI? Et puis l'Allemagne est divisée quant à la servilité (à conserver ou à rejeter) envers les États-Unis. Le centre-droit allemand ne l'apprécie pas, la gauche arc-en-ciel, si.

Bien sûr, l'Union européenne doit être radicalement modifiée. Comme structure, comme règlement, tout comme la logique même de son existence. Les bureaucrates, pas toujours les plus intelligents, et les banquiers ne suffisent plus. L'esprit européen s'est noyé dans une mer de boue qui a également favorisé la corruption, la malfaisance. Faute de "grande politique", nous nous sommes contentés d'un cabotage mesquin, qui est le rythme favori des rats prêts à profiter de toutes les occasions pour s'enrichir.

Le changement, alors. Mais pas pour remplacer l'axe Paris-Berlin par l'axe Washington-Garbatella. Car il ne s'agirait pas d'un axe horizontal mais d'un axe strictement vertical, dépourvu de toute réciprocité. Sans compter le détail non négligeable que Washington n'est pas en Europe et a des intérêts opposés à ceux de l'Europe.

Indro Montanelli dans le Japon de l'après-guerre: un voyage dans l'empire du bonsaï

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Indro Montanelli dans le Japon de l'après-guerre: un voyage dans l'empire du bonsaï

par Riccardo Rosati

Source: https://www.barbadillo.it/67460-cultura-montanelli-in-giappone-nel-dopoguerra-il-viaggio-nellimpero-bonsai/?fbclid=IwAR2OzGavIftIIDa-iP64GaiucXXpsiu0vPnONwQ0dVEpr8IuRQroxr3SK5g

Les articles rassemblés dans ce volume sont d'abord parus dans le Corriere della Sera entre novembre 1951 et mars 1952, période durant laquelle Indro Montanelli (1909 - 2001) a séjourné au Japon pour observer de près son évolution après sa défaite lors de la Seconde Guerre mondiale. Les conditions, donc, d'une nation militairement occupée et vétéran des six années de la "Régence MacArthur", avec le généralissime américain qui, dans la gestion pratiquement plénipotentiaire de l'Archipel, évitait rarement de révéler son peu d'estime pour les sujets de l'Empire du Soleil Levant. En fait, Montanelli ne l'ignore pas et rapporte clairement comment le manteau outrancier imposé par Douglas MacArthur a pratiquement cessé d'exister lorsqu'il a été remplacé au poste de SCAP (Commandant suprême des puissances alliées) par le général Matthew Ridgway, un homme doux qui n'était pas prisonnier de l'auto-idolâtrie qui allait plus tard nuire à la carrière de son collègue. Page après page, le meilleur journaliste italien de tous les temps - ainsi que ce Mussolini qui fascinait le jeune Montanelli lui-même - saisit d'un œil vif certains aspects essentiels d'un peuple qui vit pour la première fois la démocratie et se dirige vers cette extraordinaire expansion économique qui menacera bientôt la suprématie des économies occidentales.

Journalisme, voilà le mot clé qui connote le livre, comme l'explique bien Vittorio Zucconi dans la préface : "[...] parce que le secret de cette forme de journalisme n'est pas la connaissance, au contraire c'est l'ignorance du sujet". Zucconi ne jouit pas du tout de notre estime, et pourtant, en présentant ces écrits de Montanelli, il offre des réflexions d'une qualité absolue; peut-être est-ce dû au fait que lui aussi a été correspondant au Japon, mais dans les années 80, donc dans un pays aujourd'hui totalement capitaliste et en partie étranger à sa propre tradition, en raison de la forte américanisation. En effet, les mots de Zucconi font penser à ceux d'Italo Calvino, qui, avec sa Collection de sable (1984), a réussi à atteindre l'un des plus hauts sommets de la narration du Japon moderne. Comme pour Zucconi, l'ignorance est une valeur paradoxale chez l'écrivain ligure: "Nouvellement arrivé dans le pays, je suis encore au stade où tout ce que je vois a une valeur, précisément parce que je ne sais pas quelle valeur lui donner".

400619-MontanelliLIMPERO300dpi-269x431.jpgLe livre de Montanelli

Certes, Calvino est l'un des auteurs les plus importants du 20ème siècle, tandis que Montanelli et Zucconi, avec tout le respect que je leur dois, sont des journalistes et non des intellectuels. Néanmoins, dans L'Empire Bonsaï, on rencontre plusieurs passages vraiment surprenants par leur compréhension de la culture japonaise, à tel point que dans certains cas, nous nous sommes dit que, finalement, Montanelli avait "tout compris" ou presque ; comme lorsqu'il cristallise en quelques mots un élément très complexe, lié à cette composition raffinée, toute japonaise, d'une esthétique faite de cruauté: "On n'éduque pas et on n'éduque pas sans une bonne dose de méchanceté, d'intransigeance impitoyable. Je n'ai jamais vu un peuple aussi grossier et cruel'. De plus, s'il comprend avec une profondeur suffisante l'élégance de l'âme de cette nation, il ne manque pas non plus de saisir la rudesse des occupants, de cette Amérique dont Montanelli, bien que converti de longue date à l'antifascisme, ne pouvait vraiment apprécier aucune des valeurs: "Mais tout cela est-il vraiment une nouveauté, la nouveauté démocratique révolutionnaire que les Américains pensent avoir introduite ?".

Pour en revenir à Zucconi, ce dernier avoue éprouver une "admiration réticente" pour les écrits du chroniqueur le plus emblématique et le plus talentueux, qui dresse un portrait du Japon à travers une écriture qui n'est peut-être pas belle, mais est néanmoins "chaleureuse" et participative. Ce reportage sous forme d'articles journalistiques nous permet même de découvrir un très rare Montanelli 'affectueux' quand, par exemple, il parle de Shigeru Yoshida (1868 - 1977): Premier ministre japonais (1946 - 1947 et 1948 -1954), ainsi qu'un amoureux de l'Italie, et de Naples en particulier.

Le Japon envahi mais sobre et digne

L'Empire Bonsaï se dresse comme le précieux témoignage d'un pays envahi, victime d'une humiliation, que le peuple japonais affronte pourtant avec sobriété et dignité. Montanelli ne cache pas qu'il considère le "fascisme japonais" (une définition à l'égard de laquelle nous avons ponctuellement de forts doutes) comme une grave erreur. Quoi qu'il en soit, son esprit d'anarchiste structuré, donc avec un penchant parfois réactionnaire, émerge avec surabondance dans sa défense de Tomoyuki Yamashita (1885 - 1946), également connu sous le nom de "Tigre de Malaisie", en raison des atrocités commises par ses soldats à Manille, pendu comme criminel de guerre, ou du moins, c'était la version des événements propagée par les "alliés". Montanelli pense le contraire, et cela se voit lorsqu'il rapporte la dissidence de la presse, même la presse américaine, pour l'exécution de ce brave et noble officier, qui est entré dans l'histoire pour son incroyable capture de la "forteresse" britannique de Singapour: "Immédiatement après la lecture du verdict, mon collègue Pat Robinson de l'International News Service a mis au vote et publié, [...], la réponse des douze correspondants américains, britanniques et australiens qui, après avoir suivi le procès de la première à la dernière séance, se sont prononcés à l'unanimité contre la légalité de la sentence: je le dis avec une certaine fierté de journaliste".

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La figure de l'Empereur

Nous avons dit plus haut que nous n'avons pas affaire à un intellectuel. Par conséquent, de nombreuses nuances de la société de l'Archipel sont difficiles à saisir pour lui. Tout d'abord, celles concernant la figure la plus complexe de la culture japonaise, à savoir son souverain (天皇, Tennō). Montanelli ne parvient pas à en saisir l'essence, la raison pour laquelle un simple être humain peut devenir le symbole de toute une nation, comme ce qu'est le drapeau pour nous, Occidentaux. Ce qui ne lui échappe pas, en revanche, c'est la condition humiliante de l'empereur après la guerre: "[...] aujourd'hui le cent vingt-quatrième héritier d'une dynastie qui a duré sans interruption pendant deux mille six cent quatorze ans vit comme un père de famille de la classe moyenne, sans faste ni suite". On peut donc penser, en lisant sa chronique dans un pays si éloigné géographiquement et aussi autrement, que lorsque Montanelli ne parvient pas à comprendre, et cela arrive assez souvent, il ne perd jamais le respect, et même en cela, il nous rappelle l'égarement que Calvino a également ressenti au Japon : "Ainsi le temple Manju-in, qu'un incompétent comme moi jurerait être zen et pourtant il ne l'est pas [...]".

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Italo Calvino

 

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Montanelli et Calvino au Japon

En conclusion, le Japon s'avère souvent capable de faire ressortir le meilleur de nous-mêmes. L'explication donnée par Montanelli est la suivante: c'est parce que c'est un "pays sérieux" ! La collection d'articles en question est une sorte d'album de la réalité japonaise, avec des "instantanés" tirés de l'esprit d'un homme qui était capable d'expliquer et parfois même de raconter. Sa vision du Japon n'est pas élaborée, mais elle est si vraie, si puissamment authentique dans sa naïveté, comme le dit encore Zucconi à juste titre : "[...] parce qu'un journaliste n'est jamais un professeur, même s'il veut s'appeler ainsi, mais, en fait, il reste toujours et seulement un étudiant sur le point de se faire recaler". Montanelli et sa plume maussade nous manquent beaucoup. La lecture de ce texte, comme nous l'avons souligné, nous a rappelé le voyage de Calvino vers le Soleil Levant. D'un côté, un grand journaliste, de l'autre, l'un des plus grands écrivains des temps modernes, tous deux partageant cette "humilité" qui a fait la grandeur de l'odeporica (la "littérature de voyage") des Italiens au fil des siècles. Eux, les Japonais, sont ce qu'ils sont, des gens sérieux; nous, de notre côté, sommes ce que nous sommes, ou du moins nous l'étions il y a encore quelque temps, le Peuple le plus intelligent de la planète, au point qu'un "simple" journaliste se révèle capable d'exprimer des concepts sur le Japon bien plus profonds et exacts que ceux de tant d'universitaires de l'école anglo-saxonne en vogue depuis des décennies: "A moins que ce ne soit là mon erreur; de vouloir trouver une logique et donner une explication à ce que font les Japonais. Ce qui est aussi, à bien y réfléchir, une explication; et peut-être la seule qui compte".

Notes:

* L'impero bonsai Cronaca di un viaggio in Giappone 1951 - 1952 par Indro Montanelli (Rizzoli, Milan, 2007)

** Merci à notre collègue orientaliste Annarita Mavelli, qui a aimablement attiré notre attention sur le texte de Montanelli.

Riccardo Rosati

Riccardo Rosati sur Barbadillo.it

L'Occident a tendu un piège perfide aux Russes, mais il a fait chou blanc

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L'Occident a tendu un piège perfide aux Russes, mais il a fait chou blanc

Péter G. Fehér

Source: https://www.magyarhirlap.hu/kulfold/20230113-a-nyugat-alattomos-csapdat-allitott-az-oroszoknak-de-rafazott

L'Occident se préparait déjà à la guerre contre la Russie en 2015. Il n'avait pas l'intention de persuader l'Ukraine de cesser de se battre contre sa région russophone séparatiste. Il voulait gagner du temps pour préparer l'Ukraine à la guerre. Et en poussant spectaculairement à la négociation, il tendait un piège de diversion à Moscou.

L'Occident a tendu un piège perfide aux Russes, mais il fait froid dans le dos.

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C'est vraiment comme jeter de l'huile sur le feu. La Commission européenne a accepté la proposition du président ukrainien Zelensky et a convoqué un sommet européen à Kiev au début du mois prochain, principalement pour discuter d'une aide supplémentaire à l'Ukraine. Les principaux sujets abordés seront le niveau de l'aide militaire, le processus de reconstruction et la base financière de la reconstruction.

Des plans ambitieux, car la reconstruction nécessiterait avant tout la paix, qui n'est pas encore à l'horizon. Les hauts fonctionnaires de l'UE ne sont pas le moins du monde gênés par le fait que Moscou prépare une offensive majeure contre Kiev, et se disent peut-être: les braves ont toute la chance du monde. Ce n'est pas de la bravoure, mais une provocation qui rend la paix encore plus improbable, car le Kremlin peut ainsi se justifier du point de vue russe en en attaquant l'Ukraine.

Pourquoi ? Il y a des années, lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, Vladimir Poutine a expliqué pourquoi l'Ukraine devait faire partie de la sphère d'intérêt russe pour des raisons historiques, culturelles, linguistiques et religieuses. Bien sûr, on peut se demander sur quelle base une grande puissance veut-elle établir une sphère d'intérêt pour elle-même? 

Mais il faut aussi se poser la question hypothétique suivante: que dirait Washington si le Mexique commençait lentement à "glisser" vers l'autre côté? Il ne le permettrait sûrement pas; une grande puissance ne permettrait jamais une telle chose. Votre voisin ne peut pas être votre ennemi.

Et c'est ce qui s'est passé. Mais il y avait l'espoir qu'après la tentative de sécession de la région sud-est du Donbass, qui fait toujours partie de l'Ukraine et qui est en grande majorité russophone, et compte tenu que cette population russophone a essayé d'obtenir son indépendance par la lutte armée, les parties viendraient à la table des négociations et qu'une solution pacifique serait trouvée.

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Mais les présages n'étaient pas bons, car en 2014, les États-Unis, pour "à peine" cinq milliards de dollars, ont organisé un coup d'État à Kiev et évincé le président ukrainien légitimement élu, Viktor Ianoukovitch. Seulement parce qu'il a refusé de signer un traité d'association avec l'Union européenne et a commencé à "draguer" Moscou. Et son successeur, Petro Porochenko (photo), a inversé les rouages du gouvernement car il aurait même inscrit dans la constitution ukrainienne que son pays deviendrait membre de l'OTAN et de l'UE.

L'accord entre feu le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev et le président américain de l'époque, George Bush, est maintenant assez bien connu: l'Union soviétique n'interviendrait pas dans les changements sociaux en Europe de l'Est en échange du fait que les États-Unis ne déplaceraient pas l'infrastructure militaire de l'OTAN d'un millimètre vers l'Est. Le pacte n'avait même pas expiré lorsque les deux États allemands ont été réunis.

C'est le président américain Bill Clinton qui a rompu avec la loi coutumière selon laquelle l'occupant de la Maison Blanche doit tenir les promesses de ses prédécesseurs. Aujourd'hui, toute l'Europe de l'Est et les trois anciennes républiques baltes soviétiques sont membres de l'OTAN.

Mais ce n'est pas tout, car après le coup d'État qui a renversé le président ukrainien en 2014, l'Occident a tendu à Moscou un piège qu'il a tardé à exploiter. Sous la forte pression de l'Occident, les parties se sont assises à la table des négociations dans la capitale biélorusse vers la fin de l'année et ont finalement signé un accord à Minsk en février 2015, qui avait alors été modifié à plusieurs reprises. Outre un cessez-le-feu immédiat, l'accord prévoit, entre autres, la séparation entre l'armée ukrainienne et les forces armées séparatistes par une zone tampon de 30 kilomètres, le retrait des armes lourdes, la libération des otages et des prisonniers de guerre, et le départ des forces armées étrangères.

Cependant, l'accord était voué à l'échec dès le départ car il contenait une clause: Kiev doit accepter de dialoguer sur le futur statut de la région de Donetsk et de Luhansk, et doit procéder à une réforme constitutionnelle pour décentraliser l'administration, c'est-à-dire créer une forme de séparation pour le Donbass.

Le temps, cependant, a devancé la réalisation de ces deux dernières conditions. À cette époque, la scène politique de Kiev était dominée par les nationalistes, l'extrême-droite, les néo-fascistes. Même si, sur le papier, l'accord existait, le seul résultat positif était que, bien que les combats armés soient devenus monnaie courante, le conflit ne s'est pas intensifié.

Et c'était cela le piège de l'Occident pour la Russie. Il y avait un conflit "gelé" russo-ukrainien, dont la solution existait sur le papier, mais en réalité la situation restait tendue. En d'autres termes, Moscou a peut-être cru que l'accord de Minsk, négocié par la médiation franco-allemande, serait finalement une garantie suffisante pour la poursuite des négociations en vue de parvenir à un cessez-le-feu et à la paix.

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Sept ans après l'accord de Minsk, le Kremlin s'est un jour réveillé en constatant qu'une armée agressive compatible avec l'OTAN avait été déployée le long des frontières occidentales de la Russie, malgré le fait que l'Ukraine ne fasse pas de jure partie du système de défense occidental. En fait, l'Occident a profité de ce temps de répit pour équiper sérieusement l'armée ukrainienne. Avant même que la guerre n'éclate, Zelensky déclarait avec assurance: "Les accords de Minsk n'existent pas !".

Mais que s'est-il réellement passé? "L'Occident n'avait aucune intention de forcer Kiev à respecter les accords de Minsk. Au contraire, l'objectif était de gagner du temps et de l'utiliser pour renforcer militairement l'Ukraine" - c'est ce qu'a déclaré l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel dans une récente interview au journal allemand Die Zeit. En d'autres termes, dès 2015, l'Occident a décidé de lancer une sorte de conflit armé pour affaiblir la Russie. L'Occident n'a donc pas utilisé les accords de Minsk pour réconcilier les parties, mais pour préparer l'Ukraine à la guerre contre la Russie. Moscou, cependant, confiant dans les bonnes relations économiques que la Russie entretenait avec l'Allemagne à l'époque, a été lent à réagir au piège qui avait été tendu. La Russie est intervenue au dernier moment, lorsqu'elle a compris le danger.

Selon Mme Merkel, les accords de Minsk ont été un succès à un égard, car "l'Ukraine a profité de ce temps pour devenir plus forte, comme nous le voyons aujourd'hui. L'Ukraine de cette époque n'est pas l'Ukraine d'aujourd'hui. Poutine aurait pu facilement gagner à ce moment-là. Et je doute fort que les pays de l'OTAN auraient pu faire autant à l'époque qu'ils le font aujourd'hui pour aider Kiev", a fait valoir Mme Merkel.

Pour Moscou, la formule est claire : on ne peut faire confiance à l'Occident et il faut lui présenter des faits accomplis. Il n'y a rien d'autre à faire.

Alors qui a commencé cette guerre ?

L'historien Emmanuel Todd sur les Allemands: "Trahis par l'ami protecteur"

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L'historien Emmanuel Todd sur les Allemands: "Trahis par l'ami protecteur"

Source: https://zuerst.de/2023/01/13/historiker-emmanuel-todd-ueber-die-deutschen-verrat-durch-den-beschuetzenden-freund/

Paris . Le sociologue, historien et journaliste français Emmanuel Todd s'est exprimé dans un entretien publié par l'hebdomadaire suisse Weltwoche, dans lequel il dresse un bilan intermédiaire du conflit Est-Ouest actuel. Il s'y exprime aussi longuement sur la situation de l'Allemagne, dont la souveraineté vis-à-vis des Etats-Unis a quasiment disparu.

Interrogé sur une évaluation globale, Todd constate tout d'abord que les Etats-Unis sont à bien des égards sur le déclin, tandis que la Russie se porte mieux que ne le laisse supposer la couverture médiatique occidentale. Todd: "Les États-Unis se sont retirés d'Afghanistan et d'Irak. Ils n'ont pas pu arrêter l'ascension de l'Iran. Pas plus que celle de la Chine. Les Saoudiens ne prennent plus les Etats-Unis au sérieux. En Amérique, la mortalité augmente et l'espérance de vie diminue. Tous les journaux écrivent: l'Occident est normal et Poutine est un malade mental. Les Russes sont des monstres assoiffés de sang. La démographie dit autre chose: la Russie est plus stable et sa société est devenue plus civilisée".

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Dans le conflit actuel, les Européens se trouvent dans une situation particulièrement regrettable - ils sont en fait sans défense et, de plus, sans orientation: "Ils ont perdu la pensée géopolitique. Entre la stratégie offensive des Américains et la stratégie défensive des Russes, les Européens sont dans un état de confusion mentale stupéfiant".

Cela concerne notamment les Allemands, qui doivent actuellement se réveiller de l'illusion qu'ils sont protégés par les États-Unis. En réalité, ils sont les principales victimes de la géopolitique américaine. Washington n'a pas pardonné à Berlin d'avoir misé sur le gaz russe bon marché pour alimenter son industrie et d'avoir cherché à se rapprocher de la Russie: "La lutte contre ce rapprochement est devenue une priorité de la stratégie américaine. Les Etats-Unis ont toujours dit clairement qu'ils voulaient torpiller l'accord gazier. Le développement de l'OTAN en Europe de l'Est n'était pas dirigé en premier lieu contre la Russie, mais contre l'Allemagne. L'Allemagne, qui avait confié sa sécurité à l'Amérique, est devenue la cible des Américains. J'éprouve beaucoup de compassion pour l'Allemagne. Elle souffre de ce traumatisme de la trahison par l'ami protecteur - qui était aussi un libérateur en 1945".

Par ailleurs, les Allemands "ne savent que trop bien que Nord Stream a été détruit par les Américains. Par une action militaire conjointe des Américains, des Britanniques et des Polonais. Contre l'Allemagne. Mais ils ne peuvent pas le dire".

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Dans ce contexte, Todd, qui avait déjà consacré une "nécrologie" remarquée aux Etats-Unis en 2002 (ndt: dans Après l'Empire), considère la politique allemande vis-à-vis de la Chine sous la direction du chancelier Scholz comme l'un des derniers domaines d'une politique allemande indépendante: "Scholz s'est rendu à Pékin. L'Allemagne refuse de couper le cordon avec la Chine pour plaire aux Américains".

L'Europe dans son ensemble est actuellement de plus en plus sous contrôle américain et souffre également de sa démographie désastreuse. Mais la Russie, bien qu'elle rejette les "valeurs" occidentales, n'est pas mieux lotie démographiquement. "En Ukraine, ils se font la guerre. Si elle n'est pas arrêtée, tout le monde la perdra", prévient Todd en conclusion.

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Publiciste et chercheur français, il est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris et titulaire d'un doctorat en histoire de Cambridge. De 1977 à 1984, il a été critique littéraire pour le journal français Le Monde. Depuis, il travaille à l'Institut national d'études démographiques. En 1976, il prédit la fin de l'Union soviétique dans son livre La chute finale (rk).

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Toussenel et la première description de la mondialisation financière (1843)

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Toussenel et la première description de la mondialisation financière (1843)

Nicolas Bonnal

Nous feignons de découvrir la mondialisation ; mais elle est ancienne. Voltaire la chante déjà dans le Mondain (1738). Nos vins, exulte-t-il, enivrent les sultans…

Elle devient moderne, bancaire et anglo-saxonne à partir de Waterloo, dont nous fêtâmes le bicentenaire avec nos vainqueurs bien-aimés.

En 1843, Toussenel décrit la mondialisation. Son bouquin mal titré (sa cible est la Suisse réformée des banquiers genevois – les Necker…) n’a pas vieilli puisque nous vivons ce que Hegel puis Kojève-Fukuyama ont appelé la Fin de l’Histoire. Il ajoute que la mondialisation ne se fait pas au profit du peuple anglais – pas plus qu’aujourd’hui au profit du peuple américain.

Le seul changement est que l’Angleterre n’est plus seule. Depuis 1918, les États-Unis codirigent le monde avec la City. Ils mettent au pas les pays dans le cadre de guerres mondiales ou des sanctions. Ils imposent lois, sous-culture et idéologie, bien ou mal. En 1843, la tête de turc européenne est déjà le tsar.

Toussenel désigne les six piliers de cette domination permanente :

- Une dette énorme :

"Il y a eu encore une autre considération : c'est d'entraîner le trésor dans de folles dépenses, pour le forcer plus tard de crier misère, et le réduire à l'impossibilité de ne tenter aucune grande entreprise d'utilité publique."

- L’État-croupion profitant aux seules élites :

"La théorie du gouvernement-ulcère est anglaise de naissance, puisqu'elle vient des économistes. L'Angleterre est le foyer de tous les faux principes, de toutes les révolutions, de toutes les hérésies. L'Angleterre est la grande boutique où se préparent et se débitent avec un égal succès les doctrines et les drogues vénéneuses…"

- La guerre permanente pour le contrôle des ressources :

"L'Angleterre veut la garde de tous les détroits qui commandent les grandes routes commerciales du globe. Elle vise le morcellement, parce qu'elle vit des déchirements du globe ; elle est protestante et schismatique en tout : individualisme et protestantisme sont tout un."

- La ruine économique par le libre-échange :

"L'Angleterre, en tuant le travail chez tous les peuples, pour faire de ceux-ci des consommateurs, c'est-à-dire des tributaires de son industrie, a tué la richesse de ces peuples. Le capitaliste a mis le pied sur la gorge au consommateur et au producteur."

- La fin des peuples et des patries :

"Sous ce régime de castes, en effet, il n'y a pas de peuple ; ou bien le peuple est une chose qui s'appelle indifféremment l'ilote, l'esclave, le serf, le manant, l'Irlandais. Le sol de la patrie n’a plus maintenant pour défenseurs que les prolétaires."

- Enfin, la crétinisation universelle par la presse qui collabore avec le nouveau maître :

"La féodalité industrielle, plus lourde, plus insatiable que la féodalité nobiliaire, saigne une nation à blanc, la crétinise et l'abâtardit, la tue du même coup au physique et au moral. Mais la presse, qui ne craint pas d'attaquer la royauté officielle, n'oserait pas attaquer la féodalité financière."

https://ia903104.us.archive.org/22/items/lesjuifsroisdel01tous/lesjuifsroisdel01tous.pdf

https://www.google.com/search?q=toussenel+f%C3%A9odalit%C3%A9+financi%C3%A8re&tbm=isch&ved=2ahUKEwjllbud78b8AhUh4rsIHe1dC2YQ2-cCegQIABAA&oq=toussenel+f%C3%A9odalit%C3%A9+financi%C3%A8re&gs_lcp=CgNpbWcQDDoHCAAQgAQQGFDCB1jVImDgNGgAcAB4AIABUYgB6QqSAQIyMpgBAKABAaoBC2d3cy13aXotaW1nwAEB&sclient=img&ei=KobCY-XYAaHE7_UP7butsAY&bih=1124&biw=2400#imgrc=KYtbYnvmWwFTDM

 

Numérique sa mère !

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Numérique sa mère !

par Georges FELTIN-TRACOL

La Poste française innove. Elle vient de rendre le courriel payant. En effet, le timbre rouge destiné aux envois rapides a disparu le 1er janvier 2023. Au nom de la sacro-sainte « dé-ma-té-ria-li-sa-tion » des services publics, un équivalent numérique le remplace. C’est au client de réaliser toutes les démarches. Il va de soi que les caciques de l’entreprise postale n’ont pas pris en compte la césure informatique qui frappe les personnes âgées (et pas seulement elles !) et les zones difficilement connectées. Le résident d’une zone rurale qui a vécu la fermeture du bureau de poste de son bourg devra prendre son véhicule pour affranchir son courrier plus ou moins loin de son domicile. C’est très surprenant à l’heure du prix élevé du carburant et de la primauté « réchauffiste – climatiste »…

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Victime de trois décennies de politique hyper-libérale en faveur d’une évidente ploutocratie et d’une mise en coupe réglée par quelques syndicats rétrogrades, la Poste se trouve en pointe dans la numérisation systématique des actes quotidiens. Il devient rare de pouvoir acheter un timbre auprès d’une machine avec des pièces de monnaie. Le prétexte est la lutte contre l’économie clandestine. La surveillance statistique des échanges épistolaires serait plus juste.

La Poste n’est pas la seule à investir dans la numérisation du quotidien. Malgré la hausse constante des frais bancaires, les banques réduisent le nombre de distributeurs automatiques d’argent. Certains groupes limitent non seulement le montant maximal de chaque retrait, mais aussi la fréquence, soit deux ou trois retraits mensuels. Les sommes d’argent déposées dans les banques deviendraient-elles la propriété effective des organismes bancaires ? Il faut le croire alors que leurs ponctions sur ces mêmes comptes ne cessent de croître.

L’objectif de cette politique du « tout-numérique » est d’inciter la population à privilégier le paiement électronique bien plus traçable que le règlement des achats en espèces sonnantes et trébuchantes. On se souvient à la fin du premier confinement covidien de l’incroyable désinformation autour des pièces de monnaie et des billets de banque supposés transmettre le coronavirus. Si des études scientifiques ont démonté cette fausse accusation, bien des commerces ont exigé un paiement obligatoire par carte bancaire illégal avant que le gouvernement fasse un rappel à l’ordre bienvenu. Dans le même temps, les instances du ministère de l’Économie et des Finances cherchent à superviser en direct la totalité des mouvements sur l’ensemble des comptes bancaires des particuliers et des entreprises de l’Hexagone. Cette effroyable intrusion n’est finalement pas opérationnelle pour l’instant. Mais on sait que les outils de surveillance existent et n’attendent que le moment propice. Ainsi tend-on peu à peu vers l’« enfer sociétal suédois » où, ayant disparu, l’argent liquide ne circule plus...

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Depuis cinq – six ans, on ne prend plus le train dans le plus strict anonymat. Sur les lignes à grande vitesse, le billet est nominatif. Sur les TER (Trains express régionaux), il faut donner au minimum son numéro de téléphone. On doit s’attendre à l’avènement du billet de train entièrement numérique. Selon les lignes, 96 à 99 % des billets sont dès à présent numériques. La SNCF prévoit déjà de supprimer à assez brève échéance les quelque 3 000 composteurs. Vouloir un billet physique imprimé coûtera bientôt des frais supplémentaires ! Et puis, il devient presque nécessaire d’avoir un téléphone intelligent. Quant au co-voiturage, il implique au préalable de s’inscrire en ligne sur des sites dédiés.

Donnons d’autres exemples de l’invasion numérique dans la vie courante. Dans certains départements ou intercommunalités, il est possible de consulter chez soi les périodiques quotidiens, hebdomadaires et mensuels dans le cadre d’une médiathèque numérique. À la différence d’une médiathèque réelle dans laquelle la lecture sur place des titres de presse n’est pas restreinte, la lecture en ligne est soumise à un contingentement mensuel. Le numérique facilite ainsi le rationnement de l’information même si les titres disponibles versent tous dans le politiquement correct.

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La notation sur dix ou sur vingt ne se pratique plus dans maintes écoles primaires et collèges. Les bonnes vieilles notes jugées traumatisantes pour les pauvres enfants sont remplacées par des compétences exprimées en smileys ou en points de diverses couleurs. Un logiciel calcule ensuite le pourcentage d’acquisition de chaque élève. D’autres logiciels de l’Éducation nationale s’occupent de l’affectation des élèves de 3e en lycée général, technologique ou professionnel selon une série ordonnée de vœux. Le tristement célèbre Parcoursup oriente les lycéens en classe de Terminale vers un établissement de l’enseignement supérieur selon des critères toujours aussi flous. Aujourd’hui, le passage du bac avec un minimum d’écrits ne fait plus peur. La crainte des parents et des adolescents se reporte dorénavant sur les décisions de Parcoursup. Sans tous ces outils informatiques, le ministère de l’Éducation nationale serait en tout cas fortement paralysé !

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Telle la gangrène, le numérique se propage partout. Les yeux constamment rivés sur les écrans, nos contemporains font preuve d’une docilité qui confine à une révolution anthropologique inédite. On assiste in vivo à l’apparition d’un inquiétant homme numérique. Il peut enfin paraître paradoxal que la présente dénonciation utilise un support lui aussi numérique. Assumons volontiers le paradoxe ! Il est parfois bon de savoir retourner les armes de l’ennemi contre lui-même !

Georges Feltin-Tracol

« Vigie d’un monde en ébullition », n° 56, mise en ligne le 10 janvier 2023 sur Radio Méridien Zéro.

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vendredi, 13 janvier 2023

La Russie et la Chine dans le nouvel ordre mondial - examen des théories d'Aleksandr Dugin et de Jiang Shigong

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La Russie et la Chine dans le nouvel ordre mondial - examen des théories d'Aleksandr Dugin et de Jiang Shigong

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2023/01/05/venaja-ja-kiina-uudessa-maailmanjarjestyksessa-aleksandr-duginin-ja-jiang-shigongin-teorioiden-tarkastelua/

Alors que le nouvel ordre mondial prend forme face au Grand Jeu géopolitique et à la "tempête parfaite" de l'économie mondiale, les conservateurs de l'Ouest se demandent également ce qui va se passer. Jonathan Culbreath s'est aventuré dans les théories russes et chinoises d'un ordre mondial multipolaire dans The European Conservative.

Il passe en revue l'histoire récente et reconnaît qu'après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis, avides de victoire, ont commencé à remodeler le monde à leur propre image. Le triomphe de la démocratie libérale sur les puissances de l'Axe a marqué une nouvelle phase de l'histoire. Après la chute de l'Union soviétique, l'idéologie et la forme politique américaines, ainsi que le système économique qu'elle avait hérité de son prédécesseur britannique, ont cherché à se mondialiser. C'était une ère monopolaire d'hégémonie américaine.

Le développement économique dans le monde entier s'est fait selon les termes définis par les institutions créées par le nouvel hégémon. Même les grands pays comme la Russie et la Chine ont dû se plier aux règles de l'Occident. Pour beaucoup, ce capitalisme mondial était considéré comme du "colonialisme américain", admet Culbreath.

Depuis lors, la Chine s'est imposée comme la deuxième superpuissance et la plus grande économie du monde. Contrairement aux attentes occidentales, la commercialisation et l'ouverture de la Chine au monde n'ont pas conduit à une libéralisation idéologique de la Chine, mais ont permis à Pékin de devenir le principal challenger de l'hégémonie occidentale.

Bien que la reprise économique de la Russie depuis l'effondrement de l'Union soviétique n'ait pas été aussi impressionnante pour Culbreath que celle de la Chine, la Russie est devenue une source d'énergie essentielle pour une grande partie de l'Occident et du reste du monde. Comme les événements récents l'ont clairement démontré, la Russie dispose également d'un levier géopolitique. Comme la Chine, elle est donc un concurrent majeur de la puissance anglo-américaine.

Après l'effondrement de l'Union soviétique, la Russie a été plongée dans le chaos sous la présidence de Boris Eltsine. La transition d'une économie socialiste planifiée vers une économie de marché capitaliste et une démocratie libérale a conduit à l'inflation et à l'austérité, causées par l'application accélérée de la thérapie de choc économique néolibérale occidentale dans la grande puissance de l'Est.

Depuis lors, pendant les années de l'administration du président Vladimir Poutine, la Russie a réintégré le marché mondial de manière impressionnante, principalement grâce à la grande quantité de ses importantes ressources naturelles. Cela a conduit à une forte reprise économique. Le mépris affiché par l'Occident a également donné naissance à de nouvelles tendances idéologiques en Russie.

Culbreath estime que l'objectif de la Russie est de redevenir - sans l'aide de l'Occident - "une grande civilisation indépendante, ancrée dans une nouvelle conscience de l'unicité politique, économique et culturelle de la Russie". 

Bien que la Russie et la Chine soient très proches dans leur opposition à l'autocratie occidentale, les superpuissances ont considéré différemment le monde multipolaire émergent. Les différentes circonstances ont également influencé les idéologies qui ont émergé sur le sol russe et chinois.

Culbreath cite Aleksandr Douguine et Jiang Shigong comme exemples dont les théories peuvent être utilisées pour comprendre les différentes formations idéologiques de la Russie et de la Chine contemporaines.

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L'idéologie eurasienne d'Aleksandr Douguine

Le politologue Aleksandr Douguine a formulé une nouvelle idéologie russe dans le cadre de la "multipolarité". Son courant de pensée, qui s'inscrit dans le cadre général de la "quatrième théorie politique", cherche à envisager l'avenir mondial d'un point de vue russe - ou plus largement eurasien - dans un monde post-occidental centré et post-unipolaire.

Après le système anglo-américain, le globe dans la vision de Douguine est divisé en plusieurs "grands espaces", chacun avec ses propres systèmes politiques, économiques et culturels uniques. Ici, Douguine suit explicitement la théorie du Großraum, le grand espace, de l'Allemand Carl Schmitt, qui sous-tend également les théories "réalistes" des relations internationales avancées par John Mearsheimer et d'autres chercheurs. 

Pour sa théorie d'un monde multipolaire, Douguine se considère redevable au politologue américain Samuel P. Huntington, qui a écrit son ouvrage controversé Le choc des civilisations et la refonte de l'ordre mondial, en protestation contre la thèse triomphaliste de Francis Fukuyama sur la "fin de l'histoire".

Douguine est d'accord avec l'argument de Huntington selon lequel la fin de la guerre froide n'a pas signifié la victoire du modèle démocratique libéral de gouvernement et de ses formes économiques et culturelles associées sur le reste du monde. Au contraire, l'effondrement du système bipolaire américano-soviétique n'a fait qu'ouvrir la voie à l'émergence d'un monde multipolaire, dans lequel des civilisations indépendantes deviendraient de nouveaux acteurs de l'histoire mondiale et des sources potentielles de nouveaux conflits.

Le monde de la mondo-civilisation est en train d'émerger dans l'ère post-monopole, comme une conséquence inévitable du rejet de l'hégémonie américaine et de la désintégration du monde mono-polaire en un ensemble d'États civilisés recherchant la souveraineté dans leurs propres cadres politiques, économiques et culturels.  

Dans la pensée idéaliste de Douguine, la multipolarité russe cherche non seulement à relever sa propre tête géopolitique, mais aussi à libérer les civilisations naissantes du monde en Afrique, en Inde, en Chine, en Amérique du Sud et ailleurs de l'assaut du globalisme américain et à donner aux civilisations séparées leur propre souveraineté.

D'autre part, les détracteurs de Douguine pensent toujours qu'il prône le leadership russe dans le nouvel ordre. Ses anciens écrits ont peut-être une influence sur la façon dont l'eurasianisme de Douguine est considéré par certains comme une version réactionnaire du néoconservatisme américain.

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Jiang Shigong et le mondialisme chinois

La commercialisation de la Chine dans les années 1980, une période de modernisation et d'ouverture, a suivi une trajectoire très différente de celle de la Russie, affirme Culbreath. L'économie de la Russie a été soumise à une "thérapie de choc" ultra-libérale dont elle ne s'est toujours pas totalement remise, mais le communisme de marché de la Chine a permis une forte accélération de la croissance de sa productivité économique, faisant de la Chine l'un des pays les plus riches du monde en quelques décennies.

Alors que les comptes rendus occidentaux typiques lors de la réforme et de l'ouverture de la Chine sous Deng Xiaoping la décrivent comme en écart par rapport à la vision maoïste antérieure du socialisme chinois, il existe un autre point de vue qui considère cette période de l'histoire chinoise comme un retour à l'approche scientifique marxiste-léniniste préconisée par Mao Zedong lui-même.

Selon cette interprétation, le capitalisme lui-même remplit un objectif spécifique dans la progression historique vers le socialisme et le communisme. En effet, les écrits de Vladimir Lénine sont pleins de répétitions de cette formulation de base: le socialisme lui-même dépend du capitalisme pour le développement des moyens de production, conformément aux lois du développement capitaliste telles qu'exposées par Karl Marx.

La politique de réforme de la Chine était en contradiction avec la "thérapie de choc" qui a paralysé la Russie. Au lieu de libéraliser tous les prix en une seule fois, la direction communiste a décidé de libéraliser les prix progressivement dans le cadre de son propre système. Cette approche plus prudente de la commercialisation a permis à l'appareil central de contrôler les réformes et même d'encourager la création de nouveaux marchés et zones de production - avec pour effet notable que la prospérité de la Chine a commencé à croître.

Les capitaux ont également commencé à affluer en Chine depuis l'Occident, contribuant à son essor au cours des trois décennies suivantes, rappelle l'Américain Culbreath. La Chine est devenue une destination privilégiée pour l'externalisation/délocalisation occidentale, la transformant en une "usine du monde" super-industrielle. La Chine est devenue non seulement un membre pleinement intégré de la communauté mondiale, mais aussi le principal producteur mondial de biens de consommation bon marché et de produits "plus lourds" comme l'acier. En un sens, le monde entier est devenu dépendant de la Chine.

Le processus de transformation de la Chine a donné lieu à une compréhension idéologique particulière de son rôle dans l'histoire mondiale. Le président Xi Jinping incarne cette idéologie dans sa philosophie de gouvernement. L'explication et la défense la plus autorisée de la pensée de Xi, selon Culbreath, vient de Jiang Shigong, un éminent spécialiste du droit constitutionnel à l'Université de Pékin.

Certains des écrits de Jiang ont été publiés en anglais sur le site Reading the China Dream, ainsi que des essais et des discours d'autres éminents spécialistes du développement moderne de la Chine. Jiang Shigong explique les idées de Xi Jinping - ou, plus largement, l'idéologie du socialisme chinois - et la décrit en termes marxistes comme une "superstructure idéologique naturelle qui complète la base matérielle du socialisme chinois".

Jiang conteste l'interprétation courante qui tente de voir une contradiction entre les époques de Mao Zedong et de Deng Xiaoping. Il décrit plutôt le développement historique de Mao à Deng et Xi Jinping comme une évolution continue et cohérente en trois étapes: sous Mao, la Chine "s'est levée"; sous Deng, elle "s'est enrichie"; et sous Xi, la République populaire, qui s'étend dans l'espace, "devient forte". 

Tout comme le Russe Alexandre Douguine dans sa théorie de la multipolarité, Jiang présente l'idéologie du socialisme chinois comme une alternative radicale à la théorisation de Fukuyama sur la fin de l'histoire dominée par les Américains. Jiang partage la vision de Douguine et d'autres théoriciens de la multipolarité de la fin de la domination du monde et du capitalisme occidentaux.

Cependant, l'approche de Jiang à l'égard de la mondialisation diffère de celle de Douguine parce que le mondialisme est vraiment central dans son récit du développement de la Chine. Jiang estime que la position unique de la Chine dans le système international lui confère une responsabilité particulière envers l'ensemble de l'humanité, qui ne se limite pas aux frontières de la Chine.

Devenue la deuxième plus grande économie du monde, la Chine est désormais au centre de la scène mondiale et, selon Jiang, elle ne peut ignorer ses responsabilités envers le reste du monde en se concentrant uniquement sur son propre destin. La Chine doit "équilibrer ses relations avec le monde et lier la construction du socialisme au développement du monde entier à la manière chinoise, et participer activement à la gouvernance mondiale".

Jiang Shigong voit la progression de l'histoire du monde à partir d'unités politiques plus petites vers des conglomérats plus grands, ou empires, pour aboutir à la dernière phase de l'"empire mondial", actuellement dirigé par les États-Unis.

Dans ce récit, la direction irréversible de l'histoire va vers un "ordre universel des choses". Le ton de Jiang est presque fataliste: chaque pays, y compris la Chine, aura inévitablement un rôle à jouer dans la construction de cet empire mondial.

Ainsi, l'interprétation de Jiang d'un monde multipolaire n'est pas un retour à l'ère des empires civilisationnels régionaux, mais une lutte pour le leadership économique et politique après la réalisation d'un empire mondial.

Il s'agit d'une variation du schéma marxiste classique de la lutte des classes, la Chine elle-même jouant le rôle implicite du prolétariat luttant contre la bourgeoisie, que l'Amérique personnifie à son tour. La prise de pouvoir des capitalistes de l'Ouest est en réalité l'établissement d'une "dictature du prolétariat" mondiale.

Jiang n'hésite pas à suggérer que les propres aspirations de la Chine vont précisément dans ce sens, d'autant plus qu'il semble que "nous vivons dans une ère de chaos, de conflits et de changements massifs, avec l'empire mondial 1.0 [c'est-à-dire l'empire mondial américain] en déclin et en effondrement".

Les écrits de Jiang peuvent être interprétés comme signifiant qu'il estime qu'il incombe à la Chine de jouer un rôle de premier plan dans "l'empire mondial 2.0" pour faciliter le développement de toutes les nations, au-delà du modèle de développement capitaliste unilatéral qui a dominé le système occidental-centrique.

La multipolarité continue de jouer un rôle à ce stade, la Chine encourageant tous les pays en développement à ouvrir leurs propres voies vers la modernisation. Comme l'a affirmé Xi Jinping, la Chine offre "une nouvelle alternative aux autres pays et nations qui veulent accélérer leur développement tout en maintenant leur indépendance".

Jiang réitère et développe cette idée en affirmant que l'objectif de la Chine n'est pas de forcer les autres pays à suivre un modèle unique de développement économique, comme l'a fait l'Occident, mais précisément de faciliter leur développement le long de leurs propres voies régionales, déterminées par leurs propres contraintes politiques et culturelles locales.

Son souci du développement des économies régionales reflète également la "confiance communiste" caractéristique de la Chine dans le potentiel de développement de l'humanité dans son ensemble, et ses aspirations sont donc clairement universelles et cosmopolites, et non simplement nationalistes.

Le mondialisme, ou l'universalité, reste la clé de la conception que la Chine a d'elle-même et de son destin historique, qui est conforme non seulement à son idéologie communiste actuelle, mais aussi au concept cosmologique confucéen classique de tianxia (天下), ou "tout sous le ciel".

Les conclusions de Culbreath

Aleksandr Douguine envisage un ordre mondial défini par plusieurs civilisations indépendantes. Cette vision est incompatible avec un ordre mondial universel (à moins que Douguine ne veuille vraiment que Russki mir, le "monde russe", finisse par diriger la planète d'une manière ou d'une autre).

Selon Jiang Shigong, l'ordre correspondant est dirigé par "un souverain universel mais bienveillant, dont le but est de permettre aux différents peuples placés sous sa providence de poursuivre leur prospérité selon leurs propres voies de développement distinctes".

Alors que la vision de Douguine d'un monde multipolaire avec une entité politique gouvernant chaque civilisation tente, d'une manière presque hégélienne, de fusionner les différentes caractéristiques des États pré-modernes, la vision de Jiang du prochain ordre mondial parvient même à fusionner le mondialisme avec un communisme confucéen qui l'englobe.

La Russie et la Chine ont leur propre rôle important à jouer dans la définition des paramètres idéologiques ou théoriques au sein desquels tous les pays doivent considérer la question de leur avenir dans les tendances plus larges de l'histoire mondiale. Cette réflexion dépasse les frontières des idéologies politiques traditionnelles.

La question de savoir à quoi ressemblera le monde de l'après "fin de l'histoire" est une question qui concerne tout le monde. C'est pourquoi les théories politico-philosophiques de la multipolarité formulées dans les pays opposés à l'autocratie américaine, comme la Russie et la Chine, doivent, selon Culbreath, être prises au sérieux.

Partis et oligarchies expliqués par Pareto et Michels

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Partis et oligarchies expliqués par Pareto et Michels

par Nicolas Bonnal

On parle d’oligarchies en France, en Amérique et en Europe. Voyons de quoi il retourne, car cette notion est vieille comme la lune.

Dans son livre sur les partis politiques (sixième partie, chapitre deux), le légendaire Robert Michels reprend (et n’établit pas), à partir des théoriciens Mosca et Taine, sa thèse sur la loi d’airain des oligarchies. Et cela donne, dans l’édition de 1914 :

« Gaetano Mosca proclame qu'un ordre social n'est pas possible sans une « classe politique », c'est-à-dire sans une classe politiquement dominante, une classe de minorité. »

Michels indique aussi, sur la démocratie et son aristocratie parlementaire ou intellectuelle :

« La démocratie se complaît à donner aux questions importantes une solution autoritaire. Elle est assoiffée à la fois de splendeur et de pouvoir. Lorsque les citoyens eurent conquis la liberté, ils mirent toute leur ambition à posséder une aristocratie ».

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Il sent la menace bolchévique et stalinienne trente ans avant qu’elle n’apparaisse. Il suffit pour lui de lire Marx (un autre qui le voit bien à cette époque est notre Gustave Le Bon) :

« Marx prétend qu'entre la destruction de la société capitaliste et l'établissement de la société communiste, il y aura une période de transition révolutionnaire, période économique, à laquelle correspondra une période de transition politique et « pendant laquelle l'Etat ne pourra être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat » ; ou, pour employer une expression moins euphémique, nous assisterons alors à la dictature des chefs qui auront eu l'astuce et la force d'arracher aux mains de la société bourgeoise mourante, au nom du socialisme, le sceptre de la domination. »

On aurait donc une oligarchie vieille maison (Blum) et une autre de déraison, celle des communistes. Mais la démocratie parlementaire occidentale a tendance aussi à servir la minorité des possédants. Seul Bakounine le reconnaissait – et Michels le rappelle :

« Bakounine était l'adversaire de toute participation de la classe ouvrière aux élections. II était en effet convaincu que dans une société où le peuple est dominé, sous le rapport économique, par une majorité possédante, le plus libre des systèmes électoraux ne peut être qu'une vaine illusion. “Qui dit pouvoir, dit domination, et toute domination présume l'existence d'une masse dominée”. »

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Bakounine énonce dès 1871 : ce peuple (le Français) n’est plus révolutionnaire du tout. Il redoutait aussi les marxistes.

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Michels fait au moins une bonne prédiction sur le socialisme autoritaire façon soviétique :

« Le socialisme fera naufrage pour n'avoir pas aperçu l'importance que présente pour notre espèce le problème de la liberté… »

Loin de promouvoir le fascisme comme le prétendent les gazetiers, Michels analyse son siècle. Sur l’Italie il écrit :

« Buonarotti dit que “La république idéale de Mazzini ne différait de la monarchie qu'en ce qu'elle comportait une dignité en moins et une charge élective en plus”. »

Michels subodore aussi un présent perpétuel puisqu’il cite le fameux Théophraste, contemporain d’Aristote et auteur des caractères qui inspirèrent ceux de La Bruyère. Sur les partis socialistes, les plus traîtres qui soient, et où que ce soit, il note cette évidence éternelle :

« Mais il existe un autre danger encore : la direction du parti socialiste peut tomber entre les mains d'hommes dont les tendances pratiques sont en opposition avec le programme ouvrier. Il en résultera que le mouvement ouvrier sera mis au service d'intérêts diamétralement opposés à ceux du prolétariat ».

Plus philosophique, ce point de vue qui montre que, comme Bruxelles ou le Deep State, toute bureaucratie échappe à son mandat et devient entropique et dangereuse :

« Le parti, en tant que formation extérieure, mécanisme, machine, ne s'identifie pas nécessairement avec l'ensemble des membres inscrits, et encore moins avec la classe. Devenant une fin en soi, se donnant des buts et des intérêts propres, il se sépare peu à peu de la classe qu'il représente.

Dans un parti, les intérêts des masses organisées qui le composent sont loin de coïncider avec ceux de la bureaucratie qui le personnifie. »

Sur cette notion de machine, étudier et réétudier Cochin et Ostrogorski. On comprend après que l’Etat finisse par servir la minorité qui le tient et en joue :

« Conformément à cette conception, le gouvernement ou, si l'on préfère, l'Etat ne saurait être autre chose que l'organisation d'une minorité. Et cette minorité impose au reste de la société l' « ordre juridique », lequel apparaît comme une justification, une légalisation de l'exploitation à laquelle elle soumet la masse des ilotes, au lieu d'être l'émanation de la représentation de la majorité. »

C’est que l’ilote se contente de peu : manger, boire, regarder la télé, deux semaines de vacances…

Après cette loi d’airain, les conséquences et les inégalités qui vont avec :

« … il surgit toujours et nécessairement, au sein des masses, une nouvelle minorité organisée qui s'élève au rang d'une classe dirigeante. Eternellement mineure, la majorité des hommes se verrait ainsi obligée, voire prédestinée par la triste fatalité de l'histoire, à subir la domination d'une petite minorité issue de ses flancs et à servir de piédestal à la grandeur d'une oligarchie ».

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Plus grave, et plus amusante aussi, cette observation :

« Il n'existe aucune contradiction essentielle entre la doctrine d'après laquelle l'histoire ne serait qu'une continuelle lutte de classes, et cette autre d'après laquelle les luttes de classes aboutiraient toujours à la création de nouvelles oligarchies se fusionnant avec les anciennes. »

Et de conclure en souriant, sur le ton du vieil Aristophane :

« On est tenté de qualifier ce processus de tragicomédie, attendu que les masses, après avoir accompli des efforts titaniques, se contentent de substituer un patron à un autre. »

Une parenthèse personnelle: le brave député, le chef d’entreprise aisé, le bon ministre insulté du coin n’est pas un oligarque. Un oligarque est une tête pesante et pensante qui conspire pour contrôler et étendre ses réseaux sur le monde. Et personne n’a mieux défini les oligarques de la présente mondialisation que Frédéric Bernays, qui écrivait en 1928, longtemps avant les Brzezinski, Soros et autres Bilderbergs :

« La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. »

Bernays ajoutait froidement :

« C'est là une conséquence logique de l'organisation de notre société démocratique. Cette forme de coopération du plus grand nombre est une nécessité pour que nous puissions vivre ensemble au sein d'une société au fonctionnement bien huilé… nos chefs invisibles nous gouvernent en vertu de leur autorité naturelle, de leur capacité à formuler les idées dont nous avons besoin, de la position qu'ils occupent dans la structure sociale. Peu importe comment nous réagissons individuellement à cette situation puisque dans la vie quotidienne, que l'on pense à la politique ou aux affaires, à notre comportement social ou à nos valeurs morales, de fait nous sommes dominés par ce nombre relativement restreint de gens – une infime fraction des cent vingt millions d'habitants du pays – en mesure de comprendre les processus mentaux et les modèles sociaux des masses. Ce sont eux qui tirent les ficelles : ils contrôlent l'opinion publique, exploitent les vieilles forces sociales existantes, inventent d'autres façons de relier le monde et de le guider. »

Bernays ajoute que le président US devient un dieu :

« On reproche également à la propagande d'avoir fait du président des États-Unis un personnage à ce point considérable qu'il apparaît comme une vivante incarnation du héros, pour ne pas dire de la divinité, à qui l'on rend un culte ».

Pas besoin de fascistes avec des démocrates comme ça. On rappelle avec Onfray que Bernays inspirait Goebbels et que son oncle Sigmund Freud envoyait ses livres dédicacés à Benito Mussolini.

Sources:

Robert Michels – Les Partis Politiques – Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, Flammarion, 1914 (archive.org)

Frédéric Bernays – Propagande (introduction)

Nicolas Bonnal – Nev le bureaucrate ; chroniques sur la fin de l’histoire (Kindle_Amazon)

 

jeudi, 12 janvier 2023

Brésil: une révolution de couleur avortée?

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Brésil: une révolution de couleur avortée?

Par Luca Lezzi

Source: https://www.eurasia-rivista.com/brasile-una-rivoluzione-colorata-abortita/?fbclid=IwAR3Uzmr1qvahImhUv0z4RRtWl6ovX6HpUaVn0P9nK10-fdcM91fk94rr55Q

L'assaut des partisans du président sortant Jair Bolsonaro contre des bureaux institutionnels à Brasilia rappelle ce qui s'est passé deux ans plus tôt à Washington, livrant une fois de plus l'image d'un homme obsédé par la reproduction des actions de l'ancien président américain Donald Trump. D'un autre côté, cependant, un regard sur les événements à travers le sous-continent évoque des spectres tout à fait différents avec les soulèvements répétés (et parfois victorieux) visant à renverser l'ordre préétabli dans les nations que le vote populaire avait confiées à des gouvernements ne correspondant pas aux intérêts américains.

Karl Marx a affirmé que l'histoire se répète toujours deux fois: la première fois comme une tragédie, la seconde comme une farce. Les images qui sont arrivées de la capitale brésilienne dimanche 8 janvier rappelaient la farce mise en scène par les partisans du magnat américain Donald Trump, mais aussi la tragédie que de nombreux peuples riverains de la région vert-or ont vécue dans un passé très récent.

Si les feux du soulèvement au Pérou couvent encore, les barricades érigées dans les bons quartiers de Caracas et de Managua contre les gouvernements légitimes ne semblent pas si éloignées, et encore moins le coup d'État subi par Evo Morales en Bolivie, qui a ouvert, de la seule manière possible, la voie du gouvernement de la nation andine aux oligarchies de la droite libérale, bien que brièvement.

Profitant de la connivence de la police locale, de l'absence du nouvel élu Lula, qui s'est rendu dans le département de Sâo Paulo pour montrer sa proximité avec la population des zones inondées, ainsi que du jour férié, quelques milliers de partisans bolsonaristes ont pénétré dans les bâtiments qui servent de centre névralgique à la démocratie sud-américaine, dévastant bureaux et mobilier.

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L'ambiguïté de Bolsonaro et le rôle de l'armée

Face aux images qui ne laissent aucun doute sur les événements, l'ancien président a pris ses distances avec la violence, tentant toutefois de relier cette attaque contre le cœur de l'État aux grèves générales des années passées proclamées par les corps intermédiaires de gauche.

Les propos de Bolsonaro sont venus directement de Floride, où il s'est rendu, sans surprise, deux jours avant de remettre l'écharpe présidentielle à Lula. La Floride elle-même est la résidence préférée de Donald Trump et de son cercle magique. Si la motivation invoquée, celle relative au traitement médical dont aurait besoin cycliquement Bolsonaro, 67 ans, suite à l'attaque qui l'a blessé à l'abdomen, semble plausible, il est inévitable de penser qu'il s'agissait d'un stratagème pour éviter de légitimer le passage de témoin dans le Palácio do Planalto à celui qui a été identifié depuis la première campagne électorale de 2018 comme son principal adversaire.

Il ne faut pas non plus oublier que Bolsonaro a toujours refusé de reconnaître la défaite électorale qu'il a subie au second tour des élections présidentielles le 30 octobre dernier, affirmant à plusieurs reprises qu'il était au courant d'une "fraude évidente" dont il n'a pourtant jamais offert la moindre preuve et que même le Tribunal électoral a démentie.

Si Bolsonaro apparaît comme l'instigateur moral des événements, c'est en suivant le fil des fonds qui sont parvenus aux manifestants qu'il sera possible de faire la lumière sur qui a déclenché la mèche.

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Dès le premier instant, les soupçons se sont portés sur l'armée, qui a toujours été l'épine dorsale du pouvoir politique en terres lusophones, et qui a permis aux partisans de la coalition libérale de camper devant leur siège à Brasilia depuis les résultats des élections. Mais la police locale n'a pas levé le petit doigt non plus, et surtout, elle a laissé le champ libre aux militants sans opposer la moindre résistance.

Ces attitudes ont eu des conséquences immédiates: Lula, de retour dans la capitale, en accord avec Flavio Dino, nommé au ministère de la Justice, a placé l'ensemble du district sous intervention fédérale, qui, une fois en action, a procédé à plus de 1500 arrestations. Dans le même temps, Alexandre De Moraes, juge de la Cour suprême fédérale, a révoqué pour les 90 prochains jours le gouverneur de l'État, Ibaneis Rocha, dont les excuses tentant de justifier l'inaction, dont il avait fait preuve, semblaient totalement tardives et hors de propos.

La solidarité avec le gouvernement de Lula relance une vision multipolaire

Bien que la condamnation officielle de la violence soit venue plus ou moins formellement de diverses capitales, les paroles des autres membres des BRICS ont plus de poids à la lumière des premières mesures prises par la réinstallation de Lula. Parmi eux, la Fédération de Russie, qui par l'intermédiaire de Dmitry Peskov, le secrétaire de presse du président, a exprimé le soutien total de Moscou au gouvernement de Lula.

Le Brésil, qui, pendant la présidence de Bolsonaro, avait presque entièrement négligé le domaine de l'acronyme BRICS, qui réunit les principales puissances régionales de la planète, est destiné à prendre la tête de l'action en tirant de nouvelles composantes pour étendre l'accord aux États qui ont déjà demandé à rejoindre le partenariat. En ce qui concerne le monde sud-américain, depuis sa victoire fin octobre, Lula a souligné la nécessité de relancer le Mercosur en s'ouvrant à l'entrée de la Bolivie et en annonçant la reprise des relations diplomatiques avec le Venezuela de Nicolas Maduro.

Les rôles joués dans l'affaire par Steve Bannon, probablement le cerveau de l'opération qui a connu un second échec après la tentative d'exporter son projet sur le sol européen, et par l'appareil de la CIA restent à éclaircir. Le rêve américain de réaffirmer la doctrine Monroe dans son ancienne arrière-cour subit des défaites continuelles suite au vote populaire, qui a enlevé aux États-Unis l'État sud-américain le plus peuplé, ainsi que les anciennes forteresses chilienne et colombienne, et assure une situation saine aux gouvernements des "nations voyous" telles que le Venezuela, le Nicaragua et la Bolivie.

Luca Lezzi

Né à Salerne le 22 février 1989, Luca Lezzi est diplômé en sciences politiques et s'est spécialisé en histoire contemporaine et géopolitique de l'Amérique latine. Il collabore avec plusieurs journaux, dont ElectoMagazine et Diorama letterario, et a fondé, à l'automne 2019, le magazine politico-culturel approfondi Il Guastatore, dont il est le rédacteur et le coordinateur éditorial.

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Co-auteur du livre '21st Century Socialism. Les révolutions populistes en Amérique du Sud' (éditions Circolo Proudhon, 2016), il est l'auteur de l'essai biographique 'Juan Domingo Perón' (Fergen, 2021). Il édite une série sur les guides de l'anti-impérialisme pour les maisons d'édition milanaises Oaks et Iduna.

Les capitalistes occidentaux démantèlent la mondialisation pour arrêter la Chine

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Les capitalistes occidentaux démantèlent la mondialisation pour arrêter la Chine

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2023/01/06/lannen-kapitalistit-globalisaatiota-purkamassa-kiinan-pysayttamiseksi/

"Il n'y a pas si longtemps, s'opposer à la mondialisation était l'apanage des radicaux et des populistes", déclare Thomas Fazi, qui a lui-même passé une grande partie de sa jeunesse à faire des émeutes (littéralement) contre le capitalisme mondial dans le cadre du mouvement antimondialisation de la fin des années 1990 et du début des années 2000.

Cependant, le mouvement activiste n'a pas réussi à obtenir des victoires politiques significatives en Occident. Il appelait à l'autodétermination des peuples de pays lointains, mais n'abordait pas sérieusement la question de la souveraineté nationale et du pouvoir politique dans, par exemple, les patries européennes des militants.

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Cependant, Fazi, qui s'identifiait comme un socialiste, et ses semblables, curieusement traités aujourd'hui de militants d'"extrême droite" par les fans du capitalisme occidental, avaient raison de dire que la mondialisation dirigée par les entreprises a eu des conséquences désastreuses.

Pendant des décennies, les politiques économiques ont été adaptées aux intérêts des grandes entreprises et une petite élite cosmopolite a pu amasser pour elle-même d'énormes richesses et pouvoirs. Cet arrangement a appauvri les travailleurs et détruit la capacité industrielle, les services publics, les infrastructures et les communautés locales. L'Occident est également devenu de plus en plus dépendant des fournisseurs étrangers pour tout, de l'énergie à la nourriture et aux médicaments.

Cette "hypermondialisation" a été un projet non seulement économique mais aussi politique. Il ne s'agit pas seulement de la centralisation du pouvoir entre les mains des dirigeants d'entreprise et des banquiers, mais aussi de la dépossession du peuple: les prérogatives nationales ont été remises aux institutions internationales et supranationales et aux bureaucraties supra-étatiques telles que l'Organisation mondiale du commerce et l'Union européenne.

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Ces institutions ont complètement découplé le capital de la démocratie nationale. Le résultat final s'apparente davantage à une ploutocratie et une corporatocratie, où le pouvoir suprême est détenu par les grandes entreprises et les banques. Les partis ne se distinguent plus guère, de sorte que les choix politiques se réduisent, dans ce jeu cynique, à des nuances mineures et à des changements cosmétiques qui n'ont aucun impact sur les grandes lignes.

Bien que la politique d'aujourd'hui soit toujours ostensiblement menée au niveau des États-nations, l'économie est devenue, au cours des quarante dernières années, une affaire de plus en plus transnationale, avec ses règles truquées dictées par une classe technocratique mondiale qui a plus en commun les uns avec les autres qu'avec la majorité des citoyens de leur propre pays.

Depuis lors, la même clique des milieux d'affaires et capitalistes est devenue sceptique quant à l'avenir. Aujourd'hui, les mêmes capitalistes extrêmes proclament l'aube d'une nouvelle ère de "localisme" et même la "mort de la mondialisation".

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Citant les problèmes de l'ère C oron a, tant aux États-Unis que dans l'Union européenne, on s'inquiète désormais de la sécurité de l'approvisionnement et on appelle à une "réorganisation des chaînes d'approvisionnement pour qu'elles soient plus locales". Soudain, la mondialisation est une menace pour la "sécurité nationale".

Les conflits géopolitiques ont ajouté à l'urgence de la démondialisation. L'Ukraine a divisé le monde selon des lignes géopolitiques et, dans le même temps, la rivalité entre les États-Unis et la Chine s'est intensifiée. En novembre, Biden a lancé une guerre économique à grande échelle contre la Chine en imposant des restrictions aux exportations.

Pourquoi la classe capitaliste mondiale fait-elle maintenant pression pour s'éloigner de la mondialisation qu'elle a construite pendant toutes ces décennies ? Alors que la tendance à la "démondialisation" et à la "localisation" pourrait potentiellement être une chose positive, selon Fazi, elle n'est pas motivée par le désir de créer des sociétés et des économies plus justes et plus autosuffisantes qui servent la politique intérieure et le bien-être humain. Le drame actuel est motivé par le désir de la puissance financière occidentale d'écraser une Chine rivale.

Outre les géants occidentaux, l'autre grand gagnant de la mondialisation a été la Chine. Du point de vue de l'Occident, la mondialisation reposait sur l'hypothèse que la Chine accepterait son rôle d'"usine du monde" dans la division mondiale du travail. Les capitalistes espéraient que la Chine produise une main-d'œuvre bon marché pour les multinationales, fabrique des biens et finisse par adopter le libéralisme économique occidental et un modèle de démocratie subordonné aux forces extérieures.

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L'élite du parti communiste, qui s'est longtemps méfiée, à juste titre, des excès du capitalisme financier à l'américaine, a refusé de suivre le rôle dans l'ordre mondial qui lui a été assigné par la race maîtresse de la mondialisation dirigée par l'Occident. Pendant ce temps, le parti communiste mettait en œuvre ses propres plans, remontant la chaîne de valeur mondiale.

La montée en puissance de la Chine et son impact sur la compétitivité et la position de l'économie américaine était un sujet de préoccupation il y a quelques années. "Un 'pivot vers l'Asie' avait été prévu auparavant, mais sous la présidence de Donald Trump, Washington s'est montré de plus en plus ouvertement dans sa guerre commerciale avec Pékin. L'administration Biden continue de suivre la voie tracée par Trump quant à la Chine dans la compétition pour le pouvoir politique et économique. Une confrontation militaire ne peut être exclue.

Alors que la "démondialisation" actuellement commercialisée pourrait, au mieux, réparer les structures économiques, ramener la fabrication chez nous et réduire la dépendance aux importations, ce n'est pas, selon Fazi, la raison pour laquelle les pouvoirs en place ont changé d'avis. Ils considèrent le projet antimondialisation comme une nouvelle forme de construction d'empire pour maintenir l'hégémonie et stopper la montée en puissance de la Chine.

19:01 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, chine, thomas fazi, mondialisation, globalisation | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 11 janvier 2023

John Charmley et l’effarant bilan de Winston Churchill

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John Charmley et l’effarant bilan de Winston Churchill

Nicolas Bonnal

Brute impériale, raciste humaniste, boutefeu impertinent, affameur et bombardier de civils, phraseur creux et politicien incapable en temps de paix, américanophile pathétique, Winston Churchill est naturellement le modèle de cette époque eschatologique et de ses néocons russophobes (Churchill recommanda l’usage de la bombe atomique contre les Russes à Truman). On laisse de côté cette fois Ralph Raico et on évoque cette fois le brillant historien John Charmley qui l’analysa d’un point de vue British traditionnel: Churchill anéantit l’empire, choisit le pire et la guerre, varia d’Hitler (le moustachu puis Staline) et humilia l’Angleterre transformée en brillant troisième des USA. Autant dire que Charmley n’est pas bien vu en bas lieu. Il écrit en effet que l’Angleterre ruina deux fois l’Europe pour abattre une Allemagne qui finit par la dominer économiquement ! Niall Ferguson a reconnu aussi les responsabilités britanniques dans la Première Guerre mondiale.

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Coup de chance pour nous, un autre livre de Charmley a été traduit par Philippe Grasset pour les éditions Mols il y a quelques années. Dans Grande alliance, Charmley notre historien montre le progressif abaissement matériel et moral de l’Angleterre – menée au suicide de civilisation par le boutefeu préféré de notre presse au rabais. Et cela donne:

« Les Britanniques voulaient-ils un geste montrant qu’on se préoccupait d’eux? Roosevelt leur livrait cinquante vieux destroyers, pour lesquels les Britanniques payeraient avec la cession de leurs bases des Caraïbes. Churchill pouvait voir ce qui lui plaisait dans ce geste mais l’échange fut décrit de façon plus précise par le secrétaire au Foreign Office, Anthony Eden, comme « un sérieux coup porté à notre autorité et, finalement... à notre souveraineté ». Le fait qu’en janvier 1941, l’Angleterre n’avait reçu que deux des fameux cinquante destroyers faisait, pensait-il, qu’« on pouvait raisonnablement regarder ce marché comme un marché de dupes ».

Très vite, pendant la Guerre, on sent que l’empire britannique va, grâce à Churchill, changer de mains :

« Un commentateur dit justement qu’ « aucun officiel américain n’aurait jamais proclamé grossièrement que l’un des buts essentiels de notre politique extérieure serait l’acquisition de l’empire britannique »; mais Cordell Hull déclara tout de même qu’il utiliserait « l’aide américaine comme un canif pour ouvrir cette huître obstinément fermé, l’Empire ». 

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Parfois le gros homme devenait lucide :

« La version finale de la requête britannique, transmise le 7 décembre 1940, mettait en évidence le sérieux de la situation économique du pays. Le ton de la lettre de Churchill était grave et d’une prescience inattendue. Il dit à Roosevelt qu’il croyait que son interlocuteur « accepterait l’idée qu’il serait faux dans les principes et mutuellement désavantageux dans les effets si, au plus haut de cette bataille, la Grande Bretagne devait être privée de toutes ses possessions dans une mesure où, après avoir vaincu grâce à notre sang... nous nous retrouverions dépouillés jusqu’aux os ». C’était une affirmation superbe et émouvante mais elle ne détourna en rien les Américains dans leur détermination d’utiliser la situation dramatique de l’Angleterre pour obtenir des concessions qui garantiraient qu’elle ne se trouverait pas sur la voie de la paix qu’ils voulaient. »

Les Britanniques devaient livrer leur or eux-mêmes :

« Le 23 décembre, FDR dit à l’amiral Stark, le chef de la Navy, qu’il voulait un navire de guerre « pour récupérer les [réserves] d’or [britanniques] en Afrique »; non seulement Roosevelt entendait se payer sur les vastes avoirs britanniques d’outre-mer mais il entendait également que les Britanniques assurent le paiement du transport… La première réaction de Churchill fut de dire à FDR que ce marché lui rappelait « un sheriff qui saisit les derniers biens du débiteur sans protection »

En vain Lord Beaverbrook se réveille et houspille :

« Dans une lettre furieuse à Churchill, à la fin décembre, il accusa les Américains de « n’avoir rien concédé » et d’avoir « obtenu un gain maximum de tout ce qu’ils ont fait pour nous. Ils ont pris nos bases sans autres considérations. Ils prennent notre or ». Les livraisons américaines étaient rares, contrairement aux promesses faites.

Charmley en conclut logiquement une chose :

« Rien ne dit que FDR ait jamais considéré l’Angleterre comme son principal allié…façon dont Churchill traça le portrait de FDR : si la réalité de l’accord sur les destroyers et sur le lend-lease avait été révélée et la réalité des ambitions de FDR pour l’Amérique mise en lumière, Churchill aurait passé pour une dupe de plus du Président. »

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Pour une fois Lord Cherwell (photo), réfugié juif allemand (Lindemann) chargé des bombardements de la population civile allemande (un million de morts sous les bombes contre 17.000 à l’Angleterre), a raison :

« Comme son conseiller scientifique nouvellement ennobli Lord Cherwell le dit à Churchill, « les fruits de la victoire que Roosevelt nous prépare semble se résumer à la sauvegarde de l’Amérique et la famine virtuelle pour nous ». Ce n’était pas « une nouvelle très enthousiasmante à annoncer au peuple anglais ». Bien que le Chancelier jugeât les prévisions de Cherwell pessimistes, le fait est que, dans l’après-guerre, l’Angleterre allait être confrontée à un choix que ses hommes politiques jugeraient insupportable. »

On fait le maigre bilan de cette guerre que ne voulait pas Hitler (lisez Liddell Hart ou Preparata pour savoir pourquoi) :

« Alors, qu’avait donc obtenu l’Angleterre ? Elle avait acquis l’admiration de larges tranches du public américain et avait gagné leur respect. Elle s’était battue pour son indépendance mais elle avait été capable de le faire seulement avec l’aide américaine et, en fait, comme un satellite de l’Amérique. Son avenir était endetté, son économie pressée jusqu’à un point de rupture, ses villes bombardées et sa population soumise à un rationnement radical. Ce superbe et héroïque effort ne fut nullement récompensé pendant dix-huit mois. »

Le bellicisme churchillien s’accompagne d’une grosse paresse des soldats (lisez mon maître Masson, qui en parlait très bien) :

« Le féroce assaut japonais et la résistance indolente des Britanniques à Singapour montrèrent que la puissance impériale était au-delà de ses capacités ; le spectacle des 100.000 soldats se rendant à une puissance asiatique à la chute de Singapour était une de ces images à laquelle le prestige impérial ne pourrait pas survivre. »

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Churchill a multiplié les mauvais conseils et les mauvaises décisions, rappelle Charmley :

« C’est Churchill qui mit son veto à l’idée de garantir à Staline ses frontières de 1941; c’est Churchill qui refusa de reconnaître l’organisation gaulliste comme gouvernement provisoire de la France; c’est Churchill qui, par-dessus tout, montra un jugement si mauvais qu’il rejeta à la fin de 1944 l’idée d’une alliance européenne occidentale avec le commentaire méprisant qu’on n’y trouverait rien « sinon de la faiblesse ». Dans l’attitude de Churchill, on trouve le thème obsédant de l’Amérique. »

Nous évoquions Preparata qui s’inspira pour sa vision de Veblen. Litvinov (découvrez aussi Nicolas Starikov) confirme alors que le but de guerre était d’abord la destruction mutuelle de l’Allemagne et de la Russie :

« Maxim Litvinov, qui était marié à une Britannique et qui n’était en aucune façon anglophobe, avait dit à Davies que les Britanniques « repoussaient l’idée d’un second front de façon à ce que la Russie “soit vidée de son sang en affrontant seule les Allemands”. Après la guerre, le Royaume-Uni pourrait ainsi “contrôler et dominer l’Europe” ».

On y arriva mais bien après, avec les Américains…la destruction de l’Europe est encore au programme sous domination anglo-saxonne (on ignorera la France renégate).

A l’époque, rappelle Charmley, l’opinion publique n’est pas trop hostile à l’U.R.S.S. Elle voit d’un mauvais œil le maintien des empires coloniaux (nous aussi, il fallait les liquider en 45):

« L’opinion publique américaine n’était pas prête à lier son avenir à une alliance exclusivement anglo-américaine. Elle tendait plutôt à partager l’opinion de Josephus Daniels, du Raleigh News & Observer, selon lequel il importait d’inclure dans l’alliance générale « la Russie et la Chine » parce que « les espoirs d’une paix permanente basés sur une alliances serrée entre grandes puissances suscite la frustration en inspirant la peur et la jalousie dans les zones hors de celle que couvre l’alliance » ; la sécurité doit être « collective » pour être effective. »

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Après, cerise sur le bonbon. John Charmley se défoule :

« Derrière la politique américaine de Churchill, on trouve la proposition que le crédit moral de l’action du Royaume-Uni en 1940-41 pouvait être converti en influence sur la politique américaine. Comme nombre d’américanophiles, Churchill imaginait que l’Amérique survenant sur la scène mondiale aurait besoin d’un guide sage et avisé, et il se voyait fort bien lui-même, avec le Royaume-Uni, dans ce rôle. Cela paraît aujourd’hui une curieuse fantaisie mais c’est bien le principe qui guida la diplomatie britannique à l’égard de l’Amérique pendant la période que nous étudions dans ces pages. »

La naïveté britannique a une pointe d’arrogance :

« En tentant d’exposer « l’essence d’une politique américaine » en 1944, un diplomate définit parfaitement cette attitude. La politique traditionnelle du Royaume-Uni de chercher à empêcher qu’une puissance exerça une position dominante était écartée : « Notre but ne doit pas être de chercher à équilibrer notre puissance contre celle des États- Unis, mais d’utiliser la puissance américaine pour des objectifs que nous considérons comme bénéfiques ». La politique britannique devrait être désormais considérée comme un moyen d’ « orienter cette énorme péniche maladroite [les USA] vers le port qui convient ». 

Charmley ironise alors (que peut-on faire d’autre ?) :

« L’idée d’utiliser « la puissance américaine pour protéger le Commonwealth et l’Empire » avait beaucoup de charme en soi, en fonction de ce que l’on sait des attitudes de Roosevelt concernant l’Europe. Elle était également un parfait exemple de la façon dont les Britanniques parvenaient à se tromper eux-mêmes à propos de l’Amérique. On la retrouve avec la fameuse remarque de MacMillan, en 1943, selon laquelle les Britanniques devraient se considérer eux-mêmes comme « les Grecs de ce nouvel Empire romain ». »

Un peu d’antiquité alors ? Charmley :

« L’image de la subtile intelligence des Britanniques guidant l’Amérique avec sa formidable musculature et son cerveau de gringalet était flatteuse pour l’élite dirigeante britannique ; après l’horrible gâchis qu’elle avait réalisé à tenter de préserver son propre imperium, elle avait l’arrogance de croire qu’elle pourrait s’occuper de celui de l’Amérique. Même un Béotien aurait pu se rappeler que, dans l’empire romain, les Grecs étaient des esclaves. »

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La banqueroute britannique se rapproche (l’Angleterre est broke) :

« Les besoins britanniques pour l’après-guerre étaient aussi simples à définir qu’ils étaient difficiles à obtenir: une balance commerciale favorable et une balance des paiements excédentaire.

L’absence de ces deux facteurs signifiait la banqueroute et la fin du Royaume-Uni comme grande puissance.

Keynes en est conscient :

« Comme observait Keynes dans une lettre à Stettinius en 1944, ce dernier « avait non seulement omis de noter que l’administration US prenait toutes les mesures pour que le Royaume-Uni soit le plus près possible de la banqueroute avant qu’une aide lui soit apportée »…

C’était le prix de l’alliance américaine… »

J.J. Annaud me disait un jour que même affaiblie la critique de cinéma gardait son pouvoir de nuisance. De même pour l’Angleterre, qui toute à son obsession de diriger le monde avec son compère américain casse l’union sacrée antifasciste de l’après-guerre. On va citer le vice-président Wallace, humaniste progressiste et homme éminent, cité du reste par Bernanos dans sa France contre les robots :

« Pour autant, on ne dira pas que les Américains « tombaient » d’une certaine façon dans ce que Wallace dénonçait comme « les intrigues » britanniques ; ce serait plutôt à ce point que la nature pyrrhique des relations spéciales anglo-américaines deviendrait évidente. Pragmatique jusqu’au tréfonds de l’âme, la diplomatie britannique avait comme objectif de convaincre les Américains que ses batailles dans la Méditerranée orientale et la zone autour des Détroits s’appuyait sur la cause de la démocratie. »

Puis l’Amérique prend la rage antirusse (lisez Raico pour comprendre comment il fallut se faire réélire !) :

« En cherchant à susciter le soutien américain, les Britanniques fabriquaient leur propre Frankenstein. Une fois que les Américains furent convaincus que les Soviétiques ne coopéreraient pas dans leur proposition de nouvel ordre mondial, la voie était ouverte pour un conflit idéologique qui écarterait les objectifs des Britanniques et les enchaînerait dans un conflit manichéen… »

Chose intéressante, Charmley confirme que l’UE est une création 100% américaine destinée à servir les intérêts de l’amère patrie !

« L’aide américaine avait été sollicitée pour préserver la place du Royaume-Uni parmi les grandes puissances mais elle ne fit rien pour préserver l’Empire et, rapidement, les Américains exigèrent impatiemment que les Britanniques prennent la tête d’une fédération européenne. »

Pré carré américain, l’Europe devait être colonisée froidement (il était recommandé au soldat de ne pas sympathiser avec la population – cela n’excluait pas les viols qui inspirèrent le classique Orange mécanique). D’ailleurs la France :

« Les ministres n’étaient guère séduits par les conceptions de FDR selon lesquelles la France devrait être dirigée pendant un an après sa libération par un général allié. »

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Le Plan Marshall ? Parlons du plan Marshall :

« Le Plan Marshall allait se révéler également un puissant instrument pour ce dessein. George Kennan écrit dans ses mémoires : « Nous espérions forcer les Européens à penser en Européens et non en nationalistes » ; évidemment, le « nationalisme » n’était acceptable que lorsqu’il était américain. Le Plan Marshall projeta le système d’organisation industrielle et fédéraliste américain en Europe, son objectif ultime était de créer une Europe convenant aux Américains. »

Un crochet par Eisenhower, personnage plus falot que prévu ici, mais qui va dénoncer comme on sait le lobby militaro-industriel :

« Malgré son engagement dans l’Alliance atlantique, Eisenhower ne pouvait pas ne pas s’inquiéter de l’augmentation des dépenses de défense, de leur poids sur l’économie et sur l’American way of life en cas d’aggravation de la Guerre froide. Comme il le dit en mars 1953 à un vieil ami de Churchill, Bernie Baruch, « accoutumer notre population à vivre indéfiniment sous un tel contrôle [gouvernemental] conduira graduellement à de nouvelles relations entre l’individu et l’Etat – une conception qui changerait d’une façon révolutionnaire le type de gouvernement sous lequel nous vivons ». Le Président était un vrai républicain dans le sens où il pensait que, « en permettant la croissance incontrôlée du gouvernement fédéral, nous nous sommes d’ores et déjà largement éloigné de la philosophie de Jefferson… »

Encore un clou à enfoncer pour la construction européenne :

« Dulles voulait cet élément  supranational qui aurait donné un nouvel élan à l’union européenne, dont les Américains trouvaient les progrès désespérément lents. »

On en restera là. Vous pouvez lire la suite ailleurs… On aura appris grâce à John Charmley que l’histoire moderne en Occident, si elle pleine de bruit et de fureur, est racontée non par un, mais beaucoup d’idiots dont le Nobel modèle reste Churchill. Car les idiots sont aussi dans le public.

Source:

Churchill’s Grand Alliance ou La Passion de Churchill, troisième volet d’une trilogie de l’historien britannique John Charmley, publié en 1995, décrit la fondation (1941) des “relations spéciales” (special relationships) entre les USA et le Royaume-Uni et leur développement jusqu’au tournant décisif de 1956 (crise de Suez).

http://www.editions-mols.eu/publication.php?id_pub=41

Auteur: John Charmley

Format: 155 x 230, 522 pages, ISBN: 2-87402-071-0

Prix: 15 Euros

 

Une année 2023 sous le signe de l'expansion chinoise et de la guerre de Washington contre les entreprises européennes

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Une année 2023 sous le signe de l'expansion chinoise et de la guerre de Washington contre les entreprises européennes

Enrico Toselli

Source: https://electomagazine.it/un-2023-allinsegna-dellespansione-cinese-e-della-guerra-di-washington-contro-le-imprese-europee/

L'année 2022 s'est clôturée par la conversation vidéo entre Poutine et Xi. Et avec la promesse d'une visite du leader chinois à Moscou. Déjà, d'après ce qui a émergé au niveau officiel, il y aurait de sérieuses raisons de s'inquiéter pour ceux qui insistent pour défendre un monde unipolaire au service de Washington. Même si les clercs atlantistes italiens jubilent parce que Pékin n'a pas annoncé d'intervention militaire en soutien à Moscou. Il suffit de savoir se contenter, comme Dario Maltese sur Tg5.

La Chine est prête à accroître la coopération politique avec la Russie, à être, avec celle-ci, des partenaires mondiaux dans une situation internationale difficile. Et cela a été déclaré par Xi Jinping. Êtes-vous sûr, sur Tg5, qu'il y a lieu de célébrer un refroidissement des relations russo-chinoises ? La Fédération de Russie et la Chine poursuivront leur coopération dans le domaine militaro-technique", a ajouté M. Poutine. Le chiffre d'affaires commercial entre la Russie et la Chine a augmenté d'environ 25% cette année et se rapproche désormais de la barre des 200 milliards de dollars. Pas mal pour des pays isolés et éloignés du contexte international.

Mais Pékin regarde bien au-delà des frontières russes. Un accord de coopération militaire a été conclu avec l'Arabie saoudite. Et l'Équateur rejoindra le Chili, le Pérou et le Costa Rica dans des accords de libre-échange avec la Chine, avec une priorité donnée aux entreprises chinoises dans l'achat de certaines matières premières des pays d'Amérique latine. Sans compter que la Russie et la Chine se rapprochent et que Téhéran est en train de conclure un accord avec le Venezuela.

D'autre part, sur le front opposé, les protestations se multiplient en Europe contre les politiques économiques de Washington qui protègent les entreprises américaines au détriment des entreprises européennes, violant en fait tous les accords sur le commerce mondial. Et cela n'est pas dit par Poutine, mais par Prodi. Mais par les Français aussi, qui doutent que les protestations du Vieux Continent fassent changer d'avis Biden. Donc une Europe de moins en moins compétitive par rapport aux États-Unis, mais qui continuera à surpayer le gaz américain pour favoriser la concurrence nord-américaine. Il faut être assez stupide. Ou peut-être quelque chose d'autre. L'année 2023 s'ouvre donc pour l'Italie sous le signe d'une nouvelle hausse des prix, mais il faut dédramatiser. Et avec des perspectives de récession, mais il faut minimiser cela. Et avec une pauvreté croissante, mais il faut la cacher. Tout va très bien, madame la marquise...

La déstabilisation américaine du monde orthodoxe

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La déstabilisation américaine du monde orthodoxe

par Antonio Catalano

Source : Antonio Catalano & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-destabilizzazione-americana-del-mondo-ortodosso 

Ceux qui ont voulu le comprendre l'ont compris : le 24 février ne marque pas le début de la guerre russo-ukrainienne. Les autres, ceux qui sont de bonne foi, seront convaincus par les faits matériels lorsque ceux-ci leur crieront la réalité des choses haut et fort dans les tympans. Pendant ce temps, ceux qui sont à la solde de la propagande de l'OTAN continueront à répéter les paroles véhiculées par Washington, du moins tant que les scénarios actuels le permettront, ensuite nous verrons... et, comme dans la vieille série, soyons tous antifascistes quand le fascisme cesse d'exister.  

Ceux qui comprennent comment les choses se sont passées savent donc que l'intervention russe découle de la stratégie américaine, vieille de plusieurs décennies, qui consiste à avancer vers l'Est, notamment avec des manœuvres visant à utiliser l'Ukraine dans une fonction anti-russe, en particulier depuis le coup d'État perpétré à Kiev en 2014. Un processus qui s'est traduit par l'installation d'avant-postes de l'OTAN dans les pays de l'ancien camp soviétique, par des exercices à grande échelle aux frontières occidentales de la Russie, par l'imposition de sanctions commerciales aux assujettis européens contre leurs propres intérêts (objectif principal : briser l'axe Berlin-Moscou) et, depuis un an, par le financement de l'armement et de l'entraînement du collaborationniste Zelensky. 

Mais la guerre contre la Russie s'est jouée non seulement sur les plans commercial, économique, politique, diplomatique, militaire et culturel, mais aussi sur le plan religieux. Négliger ou même nier ce dernier plan est le signe d'une myopie qui empêche de voir la force que le facteur religieux libère dans le mouvement réel, surtout dans une région où la religiosité est un élément fort de l'identité et se combine avec un appel profond aux valeurs de la tradition. 

C'est pourquoi les États-Unis, avec leur Département d'État, s'efforcent depuis quelque temps de favoriser la rupture entre les différentes Églises orthodoxes nationales (autocéphales, c'est-à-dire autonomes) et le patriarcat de Moscou. Ce processus a abouti à l'imposition en Ukraine de la célébration de Noël le 25 décembre au lieu du 7 janvier, comme le veut la tradition du monde orthodoxe orienté vers Moscou, qui suit le calendrier julien.

L'Occident collectif (comme on définit l'Occident en Russie depuis un an), avec son transhumanisme, son vision fluide du sexe, son néo-malthusianisme, son effacement de l'histoire et ses autres dystopies qui s'attaquent à la hiérarchie naturelle des valeurs humaines, est vécu en Russie comme une menace à laquelle opposer un système de valeurs fondé sur la tradition de la civilisation chrétienne dont elle se sent dépositaire.

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Pour mieux comprendre la distance culturelle et anthropologique qui sépare l'âme russe de celle de l'Occident, lisez, par exemple, les récents mots durs du secrétaire du Conseil de sécurité de la Russie, Nikolai Patrušev.
"L'Occident promeut des valeurs néolibérales contraires à la nature humaine. Les sociétés transnationales influencent les politiques de divers pays, comme les expériences sur les agents pathogènes et les virus dangereux menées dans les laboratoires biologiques militaires gérés par le Pentagone. Après avoir lavé le cerveau des gens avec une propagande de masse, l'Occident cherche maintenant à utiliser des armes cognitives en ciblant chaque personne par le biais des technologies de l'information et des moyens neuropsychologiques, tandis que l'agenda LGBT vise à réduire progressivement le nombre de personnes supplémentaires qui ne font pas partie du tristement célèbre milliard d'or [expression indiquant la population totale des pays développés]. Ceux qui ont fait la promotion des OGM sont les mêmes qui exhortent maintenant les femmes à ne pas avoir d'enfants pour lutter contre le changement climatique. Les chercheurs d'outre-mer mesurent et calculent les êtres humains comme le faisaient les scientifiques nazis, afin d'établir des critères permettant de distinguer les "races supérieures et inférieures".

Bref, s'exprimer en langage religieux, une Russie qui vit comme une sorte de Katechon (un concept biblique qui signifie "celui qui retient") contre l'Antéchrist représenté par l'Occident dissolu et satanique, presque comme si nous avions finalement atteint l'inversion de la prophétie de la "Troisième Rome" de Moscou par le moine Philothée. Qui, en 1520, a prédit que la capitale russe assumerait le rôle d'unique bastion de la foi, après la chute des deux capitales précédentes, Rome et Constantinople. La tradition veut que le moine Philothée, s'adressant au grand duc Vassili III, lui ait dit : "Souvenez-vous que les deux Romes sont tombées, que la troisième, Moscou, est debout et qu'il n'y en aura pas de quatrième".  

Les agences de renseignement occidentales se sont déchaînées dans les Balkans pour diviser les Églises orthodoxes et favoriser la rupture avec l'Église orthodoxe russe. Malheureusement, elles ont réussi à tirer profit de la création de l'"Église orthodoxe d'Ukraine" et de sa reconnaissance par les autres Églises orthodoxes. 

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Le grand architecte de cela était Geoffrey Pyatt, qui, avec Victoria Nuland (celle qui en 2014 à Kiev distribuait des biscuits à Maidan et incitait à un coup d'État contre le gouvernement ukrainien légitime), a géré la situation au moment des événements violents de 2014 à Kiev. Pyatt, après avoir fait ses devoirs en Ukraine, a été transféré par le département américain en Grèce, où il s'est consacré à "conditionner" (certains disent à corrompre) le patriarche "primus inter pares" (dans le monde orthodoxe, il n'y a pas de pape) Bartholomée de Constantinople, jusqu'à ce que ce dernier cède. Et voilà qu'en septembre 2018, le département d'État américain déclare péremptoirement que les États-Unis soutiennent l'autocéphalie en Ukraine et considèrent le patriarche Bartholomée comme la voix de la tolérance dans le monde. Comment le patriarche Bartholomée, flatté par cette attribution, peut-il décevoir ses amis américains?  Ainsi, en janvier 2019, il accorde le Tomos (document) d'autocéphalie à " l'Église orthodoxe d'Ukraine ". Bon travail, Geoffrey !

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La relation de collaboration entre Bartholomée (photo) et ses nouveaux parrains et marraines a culminé lors du voyage de douze jours aux États-Unis à l'automne dernier (23 octobre - 3 novembre 2022). Douze jours remplis de réunions et de réceptions, au cours desquels le patriarche "œcuménique" (comme les mondialistes aiment les patriarches et les papes "œcuméniques" !) a parlé de la liberté religieuse, d'une plus grande justice environnementale, de l'accès universel au vaccin contre le cov id, de la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Dans un excès de transport, Bartholomée va jusqu'à appeler Biden "un homme de foi et de vision, qui offrira à ce merveilleux pays et au monde les meilleurs conseils et la meilleure direction". Et puis, en tant que "bâtisseur de ponts": "Le chemin vers l'unité des chrétiens n'a été ni pacifique ni indolore. L'unité est une tâche qui reste difficile à réaliser. Mais les liens d'amitié entre les Églises divisées et les ponts par lesquels nous pouvons surmonter nos divisions sont indispensables, maintenant plus que jamais". À cet égard, Bartholomée cite en exemple l'appel à la protection de l'environnement lancé "pour la première fois dans l'histoire du christianisme" avec le pape François et l'archevêque de Canterbury. 

Juste en passant, et j'en arrive à la conclusion, une référence à l'attitude différente des Américains envers le pape Benoît XVI, dont la "ferme volonté de parvenir à une réconciliation historique avec le patriarcat de Moscou" a été combattue de toutes les manières - comme l'écrit Germano Dottori dans Limes en mai 2017, qui aurait été dans ses intentions [du pape] le véritable couronnement religieux d'un projet géopolitique d'intégration euro-russe soutenu avec conviction par l'Allemagne et aussi par l'Italie de Silvio Berlusconi - mais pas par celle, plus pro-américaine, qui s'est reconnue en Giorgio Napolitano.

La façon dont cela s'est terminé, conclut l'article de Dottori, est connue de tous. Le gouvernement italien et la papauté auraient été simultanément attaqués par une campagne scandaleuse et coordonnée d'une violence rare et sans précédent, à laquelle seraient également associées des manœuvres plus ou moins opaques dans le domaine financier, avec pour effet final de précipiter en novembre 2011 la destitution de Berlusconi et en février 2013 l'abdication de Ratzinger".

Les faits brièvement exposés ci-dessus nous permettent de mieux cerner la position manifestement pro-ukrainienne du Pape Bergoglio, malgré les "aboiements de l'OTAN aux portes de Moscou", position prononcée en juin dernier, contrebalancée par le récent "dérapage" d'une interview dans la revue jésuite America dans laquelle il a qualifié les Tchétchènes et les Bouriates (deux peuples de Russie) de "soldats les plus cruels parmi les militaires russes". Cela a suscité l'ire de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, qui a répondu: "Les propos du pape sur la cruauté des Tchétchènes et des Bouriates ne sont plus une preuve de russophobie, mais une perversion de la vérité". Incident clos après les excuses du Vatican. Mais Zakharova a clairement indiqué que cet "incident" a mis fin à toute possibilité pour le Vatican de s'asseoir à une future table de négociation en tant que partie médiatrice. 

Ces manœuvres visant à diviser le monde de l'orthodoxie ne pourraient qu'entraîner l'Ukraine dans une spirale de véritable chasse aux sorcières et de répression, inspirée par le gouvernement banderiste de Zelensky. Avec l'identification de "traîtres" parmi le clergé, les agressions physiques (voir le coup de couteau encaissé par l'archiprêtre Kovtonyuk devant l'autel de son église), les raids sur les lieux de culte (voir le monastère de la grotte de Kiev), les arrestations d'ecclésiastiques et de religieuses, les menaces contre les simples croyants de l'observance de Moscou et la fermeture des églises de rite russe. Jusqu'à la proclamation, le 2 décembre 2022, du décret interdisant l'Église ukrainienne pro-russe.

Iran : Les réalisations de l'économie de la résistance

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Iran : Les réalisations de l'économie de la résistance

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/iran-achievements-resistance-economy

De nombreux médias parlent de l'efficacité des drones iraniens sur les lignes de front dans l'ancienne Ukraine. L'agenda officiel parle également de plus en plus de visites de délégations officielles ou d'intérêt pour une interaction à parfaire dans une industrie ou une autre. À la mi-décembre, j'ai effectué un voyage assez long en Iran, où j'ai pu voir les dernières réalisations de ce pays, par le biais de réunions et d'entretiens approfondis, afin d'évaluer la coopération bilatérale et les perspectives d'interaction future entre la Russie et l'Iran.

Je commencerai par des impressions subjectives. La dernière fois que je me suis rendu en Iran, c'était en mai 2017. Dans l'intervalle, il y a eu certains changements qui sont frappants. Tout d'abord, la procédure d'entrée dans le pays est devenue beaucoup plus facile. Il m'a fallu dix minutes pour obtenir un visa à l'aéroport et payer les frais. Il était donné sur un petit morceau de papier qui était présenté au guichet de contrôle avec mon passeport. Aucun timbre n'a été apposé sur le passeport. De nombreux immeubles haut de gamme ont vu le jour à Téhéran. Des immeubles de grande hauteur ont été construits partout, surtout dans le quartier nord. Le métro a été agrandi. En fait, une ligne secondaire vers l'aéroport international Imam Khomeini a été achevée, ce qui rendra la logistique beaucoup plus facile. Il y a beaucoup de trafic aux heures de pointe, ce qui est dû à l'infrastructure de la capitale, qui a été étendue de manière plutôt chaotique.

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Quant aux manifestations, dont les médias occidentaux parlent tant et constamment, elles n'existent tout simplement pas. La soi-disant "crise du hijab", qui s'est produite après la mort d'une jeune fille kurde, n'est qu'une autre tentative de l'Occident de provoquer une révolution de couleur. En effet, il y a eu des tentatives d'émeutes dans un certain nombre de villes, et même des protestations ont eu lieu à Téhéran. Mais maintenant, tout est plutôt calme. Quant au hijab : à Téhéran, vous voyez régulièrement des filles et des femmes la tête découverte dans toutes sortes d'endroits - dans la rue, dans les cafés, les musées et les parcs, dans les bazars et les magasins. Bien sûr, personne n'est autorisé à entrer dans une mosquée sans foulard. Mais dans d'autres lieux publics, les femmes se promènent tout à fait librement et ont l'air heureuses. Personne ne les arrête ou ne les réprime. Je dois ajouter que j'ai vu des femmes non seulement avec des cheveux blonds, mais aussi bleus, avec des lèvres gonflées au botox, des tatouages sur les paumes et le cou, et même des piercings au visage. Il n'y a donc rien qui cloche quant aux droits et aux libertés en Iran.

Imposer davantage de sanctions par l'Occident contre un certain nombre de responsables iraniens est devenu une procédure politique standard, où la mort d'une jeune fille kurde n'était qu'un prétexte de plus pour intervenir. Et combien de personnes ont souffert des actions de la police dans les villes d'Allemagne, de France, des Etats-Unis et d'autres pays occidentaux ? Qui a compté les victimes des actions arbitraires des autorités dans l'UE ? Combien de personnes ont été condamnées en toute innocence par le système judiciaire américain ? Et pourtant, personne n'impose de sanctions à l'encontre de ces pays car le concept de souveraineté implique la non-ingérence dans les affaires des autres États. Cependant, Washington et Bruxelles se croient autorisés à le faire. D'une manière générale, la stratégie de l'Occident à l'égard de l'Iran vise à changer complètement son système politique, et à cette fin, tous les mécanismes disponibles sont utilisés pour frapper la République islamique d'Iran de manière ciblée.

Dans le contexte des événements actuels, le 15 décembre 2022, l'Iran a été exclu de la Commission de la condition de la femme par le Conseil économique et social de l'ONU (28 voix pour, 8 contre, parmi lesquelles - la Russie, qui a remis en question la légitimité d'une telle décision, 16 voix se sont abstenues). Les responsables iraniens ont qualifié cette procédure de clownesque, soulignant les violations des droits de l'homme aux États-Unis, notamment à l'encontre de la population noire. Et les sanctions de l'UE contre l'Iran, que Bruxelles a récemment imposées "pour des violations des droits de l'homme et des livraisons de drones à la Russie", ont été évaluées comme un acte flagrant d'iranophobie. Le ministère iranien des Affaires étrangères a protesté, ajoutant que l'Occident suit un double standard en fermant les yeux sur ce qui se passe en Palestine, et que l'UE devra faire face à des conséquences si elle continue à faire de l'iranophobie.

Par ailleurs, l'Iran a également imposé des sanctions de rétorsion contre des responsables et des organisations de Grande-Bretagne, des États-Unis et de l'UE, y compris les médias, les ONG et diverses entreprises. Nous pouvons supposer qu'à l'avenir, l'Occident utilisera n'importe quel prétexte pour imposer de nouvelles sanctions. Par exemple, début décembre, dans la province du Sistan et Baloutchistan, l'imam sunnite Moulavi Abdulhaved Rigi a été enlevé et tué par des inconnus. Certains médias occidentaux tentent déjà de présenter cette affaire pour montrer une sorte de culpabilité des autorités du pays, puisque la victime était un sunnite. Mais tout le monde souffre des activités des bandits et des terroristes (dont la plupart sont délibérément créés par les services spéciaux occidentaux pour déstabiliser la situation dans le pays), indépendamment de la religion et de l'identité sociale. Le Corps des gardiens de la révolution islamique a récemment affirmé avoir empêché la tentative d'assassinat de l'ayatollah Ahmad Alamolkhoda.

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Passons maintenant aux réalisations de l'Iran. Selon le vice-ministre des routes et du développement urbain, Mohammad Muhammadi, la flotte d'avions civils de l'Iran a augmenté de 77 appareils et compte désormais 175 avions de ligne.

L'Iran figure également parmi les dix premiers pays producteurs d'acier. En 2022, le pays a produit 2,9 millions de tonnes au cours des dix premiers mois. De mars à octobre, le pays a exporté 5,9 millions de tonnes, soit une augmentation de 30 % par rapport à la même période l'année précédente.

La capacité des terminaux pétroliers s'accroît. L'installation de stockage de pétrole de Hark, par exemple, prévoit d'augmenter les volumes à 4,2 millions de barils. Les exportations de minéraux et autres ressources minières de mars à novembre de cette année ont atteint plus de 30 millions de tonnes pour une valeur de 7,8 milliards de dollars. Les exportations de produits pétrochimiques ont augmenté de 30 % et ont atteint 90 millions de tonnes. À propos, l'un des catalyseurs iraniens destinés à l'industrie pétrochimique est également fourni à la Russie. L'Iran produit 60 des 87 types de catalyseurs nécessaires.

La Chine représentait à elle seule 30 % du commerce extérieur de l'Iran en 2022. Outre les produits pétrochimiques, la Chine achète activement de l'acier, des gaz liquéfiés (propane, butane), du méthanol, du polyéthylène, du bitume, des alliages, des noix, du safran et des produits en cuir. Les chiffres du commerce avec l'Afrique ont augmenté de 39 %. Même avec les États-Unis, le commerce est en hausse de près de 15 % par rapport à 2021, bien que les chiffres globaux soient inférieurs à ce qu'ils étaient en 2019. Pendant ce temps, les médicaments en provenance des États-Unis arrivent en Iran par le biais de pays tiers, notamment les Émirats arabes unis. Et de l'Iran vers les États-Unis, toutes les exportations sont limitées à ce que les passagers achètent et apportent. Téhéran ne semble pas se soucier beaucoup du marché américain, qui est remplacé par d'autres pays.

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Il faut ajouter que l'Iran lui-même suit le principe de l'économie moqavemati (résistance), dont la doctrine a été présentée précédemment par le Guide suprême de l'Iran comme une réponse à la pression de l'Occident. Elle repose sur le principe selon lequel la base de l'économie est l'unité sociale ; vient ensuite le niveau local, puis le niveau régional et enfin le niveau national. Les processus de l'économie mondiale sont la toute dernière préoccupation.

Cette approche permet à l'Iran de compter sur ses propres forces et de ne pas être dépendant des marchés étrangers. À en juger par le boom économique que connaît le pays, ce modèle s'est avéré efficace et efficient. En outre, ses objectifs sont l'éradication de la pauvreté et la fourniture d'une assistance aux pauvres.

Mais l'Iran a fait de grands progrès au-delà de l'exportation de matières premières. Dans le secteur de l'ingénierie et de la maintenance, les exportations ont augmenté de 41 % pour atteindre 260 millions de dollars. Pour les produits nécessitant une forte intensité de connaissances, l'Iran se classe au 15ème rang mondial et est en tête de la région. Le pays compte un total de 8735 entreprises dans ce domaine et 51 parcs scientifiques et technologiques. Le budget consacré à la recherche et au développement est d'environ 80 millions de dollars. Les indicateurs relatifs aux investissements étrangers en Iran sont intéressants. Par exemple, cette année, la moitié de tous les investissements en Iran provenaient de citoyens de l'Afghanistan. Par exemple, dans la province de Khorasan Razavi, la part du capital afghan est d'environ un milliard de dollars. Ce phénomène est en partie lié à l'arrivée au pouvoir des talibans en Afghanistan, qui a contraint de nombreux hommes d'affaires à quitter le pays. Dans le même temps, un dialogue est actuellement établi avec le gouvernement taliban, où le commerce bilatéral et l'utilisation de l'Iran comme transit constituent un point important du processus de négociation. Plus tôt, l'Afghanistan a déclaré qu'il était intéressé par l'exportation de son charbon vers l'Iran.

La consommation intérieure augmente également. En particulier, la consommation de gaz domestique et commercial devrait passer de 600 millions de mètres cubes par jour à 650. Cela signifie que l'économie intérieure se développe, malgré les sanctions et les pressions extérieures. Cela est confirmé par l'abondance de la publicité sur les chaînes de télévision centrales et régionales d'Iran - et tous les produits annoncés, à quelques exceptions près, des produits chimiques ménagers aux motos et aux voitures, sont produits localement.

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Les relations avec la Russie se développent également activement. S'il y a cinq ans, seuls les spécialistes et les experts en relations internationales connaissaient l'EAEU et l'intégration eurasienne, aujourd'hui, les journaux ordinaires fournissent régulièrement des informations à ce sujet. Les médias iraniens écrivent notamment que les conditions d'adhésion à la zone de libre-échange avec l'Union économique eurasienne ont été convenues. Le contrat fait 150 pages et comprend plus de 7500 types de biens et services. La Russie est le principal partenaire de l'Iran dans l'UEEA avec un chiffre d'affaires de plus de 1,4 milliard de dollars. En 2021, le commerce de l'Iran avec l'EAEU a augmenté de 73 % par rapport à 2020. La création d'une branche ferroviaire supplémentaire du corridor de transport nord-sud est en cours de discussion. Bien qu'il soit également question de créer un canal qui relierait la mer Caspienne et le golfe Persique.

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Outre les données officielles, des informations fuitent sur l'intensification de la coopération sur d'autres fronts également. Ainsi, les médias américains, citant les renseignements israéliens, ont rapporté que l'Iran et la Russie négocient la formation de marins iraniens et la production de navires de guerre en Russie. Auparavant, l'Iran avait demandé l'aide de la Chine pour la construction de navires, mais Pékin avait hésité. Les relations actuelles entre Moscou et Téhéran étant propices à la coopération la plus large, les chances que ce projet se réalise sont grandes.

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Par ailleurs, l'amiral Tangsiri (photo), commandant des forces navales de l'IRGC, a récemment déclaré que "les États-Unis ne peuvent même pas imaginer le type de missiles dont dispose déjà l'Iran". Il a ajouté que l'Iran est le seul à disposer de petits bateaux ne dépassant pas 8 mètres de long équipés de missiles. Cela reflète la "stratégie de l'essaim" adoptée par l'Iran il y a une quinzaine d'années pour utiliser des navires petits et mobiles ainsi que des drones contre des navires ennemis volumineux et de grande taille. Les cibles potentielles de l'Iran sont les porte-avions et les destroyers américains dans le golfe Persique.

Quant à l'évaluation d'une opération militaire spéciale en Ukraine, les Iraniens ont des avis divergents. Et cela est dû à la méconnaissance du contexte des événements qui se sont déroulés en Ukraine après le coup d'État de 2014 - bien qu'il y ait une compréhension commune du rôle agressif des États-Unis et de l'OTAN.

J'ai eu une discussion avec des représentants des cercles scientifiques, intellectuels et idéologiques en Iran au sujet du conflit ukrainien. J'ai essayé de leur expliquer le contexte de la guerre en Ukraine avec un contexte historique et métaphysique. Et lorsqu'une question complémentaire a été posée, à savoir pourquoi cette guerre n'est pas seulement pour les Russes, mais aussi sainte, puisque la Russie ne se défend pas comme elle l'a fait en 1812 et en 1941, j'ai dû faire un excursus supplémentaire, pour lequel mes interlocuteurs ont exprimé leur gratitude.

Le fait est que la guerre sainte se traduit par djihad, et dans ce contexte, pour les musulmans, leur propre compréhension émerge immédiatement. Premièrement, il existe des différences entre le fiqh (droit religieux) chiite et sunnite. Ensuite, il existe également des différences entre le fiqh chiite classique et le fiqh chiite moderne. Mais il y a aussi des points communs, par exemple, dans le chiite et le sunnite, le djihad est aussi une obligation religieuse (avec la prière, le jeûne, le hajj et la charité). Cependant, les chiites ont une réserve importante : l'imam doit être de bonne moralité ; sans cela, le jihad serait illégitime. Le jihad sunnite et chiite est à la fois défensif et offensif par nature. Cependant, les théologiens chiites modernes tels que l'ayatollah Mortada Motahhari et l'ayatollah Salehi Najafabadi interprètent les ayats pour signifier que le jihad ne peut être que de nature défensive, puisque nous sommes maintenant dans l'ère de l'imam caché. Mais là aussi, il y a des réserves. Par exemple, l'ayatollah Khomeini a souligné qu'en plus de la prérogative du Vilayati Faqih (souveraineté de type tutélaire détenue par le guide suprême de l'Iran pour la durée de l'Imam caché), d'autres théologiens peuvent également donner le droit de mener un jihad offensif. Mais l'ayatollah Golpaigani du séminaire de Qom a soutenu que le jihad offensif est la prérogative exclusive de l'Imam irréprochable et de son représentant autorisé.

Si les interprétations chiites contemporaines du jihad offensif diffèrent, l'opinion sur le jihad défensif est unanime. Ici, la permission de l'Imam irréprochable n'est pas nécessaire, et il représente une réponse à une attaque ennemie contre les musulmans avec l'intention de s'emparer de leurs biens et de subjuguer leurs vies. Dans un tel cas, l'obligation de mener un djihad défensif incombe à tous ceux qui peuvent se battre, sans distinction de sexe ou d'âge. C'est dans ce contexte que les Iraniens interprètent l'opération militaire spéciale en Ukraine.

En gardant ces aspects à l'esprit, nous devons disposer d'un système d'arguments soigneusement construit pour polémiquer avec les forces du monde musulman qui défendent la thèse selon laquelle "la Russie ne mène pas une guerre défensive" et remettent en question la justice de ses actions. Nous avons donc besoin de plus de travail d'explication dans ce sens - ainsi que de renforcer la coopération en matière d'échange d'informations et de contrer conjointement la désinformation et les opérations hybrides de l'Occident contre nos pays. Et, bien sûr, l'expérience iranienne du développement économique sous de dures sanctions sera également utile.

mardi, 10 janvier 2023

Joseph Deniker et l'Europe

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Joseph Deniker et l'Europe

par Joakim Andersen 

Source: https://motpol.nu/oskorei/2023/01/06/joseph-deniker-och-europa/

Joseph Deniker (1852-1918) était un scientifique franco-russe, plus connu aujourd'hui comme anthropologue et auteur de The Races of Man (en français: Races et peuples de la Terre - 1900). Il était actif à une époque où l'anthropologie étudiait non seulement la religion et les formes sociales mais aussi les aspects physiques, ce qui porte aujourd'hui le nom d'anthropologie physique. Deniker est intéressant, notamment du point de vue de l'histoire des idées et des sciences. Races of Man/Races et peuples de la Terre a été publié en 1900, et les anthropologues ultérieurs tels que Carleton Coon et Bertil Lundman ont eu accès à plus d'informations que Deniker. Ce dernier pourrait, par exemple, écrire que "les Albanais du nord semblent être liés à la race adriatique ou subadriatique, mais on ne sait rien des Albanais du sud", indiquer que les ancêtres des Islandais sont des Danois et décrire les Somalis comme "probablement seulement des Gallas plus ou moins mêlés aux Arabes". Mais Races of Man, malgré ces inexactitudes et ces lacunes dans les connaissances, est une lecture enrichissante. Le raisonnement de Deniker sur la relation entre les groupes ethniques et les unités somatologiques ("races") reste pertinent, son examen des différences physiologiques entre ces unités profond. Les descriptions de l'anthropologue Deniker sur tout, de la danse et des systèmes de comptage à la vie familiale et aux armes, sont intéressantes.

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Pour l'anthropologue physique, les représentations d'éléments tels que les peuples indigènes de la Terre de Feu ou les Berbères d'Afrique du Nord sont gratifiantes; en général, Deniker s'est efforcé d'avoir une vision globale. Il décrit par exemple le Kru d'Afrique de l'Ouest comme étant "obéissant, fidèle et courageux; il s'engage volontiers et fait de bonnes affaires". Ils conservent entre leurs mains une bonne partie du commerce de leur pays". Une certaine tendance "proto-féministe" et/ou eurocentrique est également évidente dans les sections sur le statut des femmes en Corée, par exemple, "la femme n'a aucune importance dans la société coréenne; elle est un instrument de plaisir ou de travail; elle est tenue strictement à l'écart des hommes, quitte rarement la maison et doit se voiler le visage".

Les chapitres de Deniker sur l'Europe sont intéressants à la fois en eux-mêmes et en termes d'histoire des sciences. En ce qui concerne l'histoire, ses connaissances étaient plus limitées que celles de Coon, par exemple ; en bref, il y avait moins de découvertes disponibles. Ainsi, sur la préhistoire, Deniker pouvait écrire que "de l'homme interglaciaire, contemporain de l'Elephas antiquus, fabricant de ces outils en silex exhumés des lits les plus bas des plus anciennes alluvions quaternaires, nous n'avons aucun vestige, sauf peut-être deux dents molaires, trouvées par Nehring dans la station de Taubach (près de Weimar), et quelques autres fragments contestés (crânes de Neandertal, Brux et Tilbury)". Il a toutefois noté que l'Européen du paléolithique était dolichocéphale, à crâne long (il a également suggéré que le type Neandertal a survécu en Europe à notre époque). Mais l'historiographie détaillée de Coon ou des historiens de la génétique d'aujourd'hui n'était pas possible à l'époque de Deniker.

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Répartition de l'indice céphalique en Europe selon Joseph Deniker.

Il écrit que la population du Danemark et de la Suède à l'âge du bronze semble avoir été "des dolichocéphales ou des mésocéphales, grands et aux cheveux clairs". Sur la "question aryenne", il reste sobre sur le plan scientifique : "l'anthropologie est impuissante à dire si les anciens propriétaires des crânes dolichocéphales du sud de l'Europe parlaient ou non une langue aryenne". Quoi qu'il en soit, le concept d'"anarchique" pour catégoriser les peuples européens qui parlent des langues non indo-européennes est une curiosité fascinante. Il a suggéré que l'expansion indo-européenne a pris naissance dans une région située entre la Scandinavie et le sud ou le sud-est de la Russie. Mais aussi que l'expansion linguistique a eu lieu "sans aucun changement notable dans la constitution de leur type physique, ou, probablement, de leur civilisation".

Le système de classification de Deniker pour les groupes somatologiques européens est également intéressant. Il a utilisé le terme de race nordique ou nordique pour le type répandu dans le nord de l'Europe, caractérisé par "une stature très élevée; des cheveux clairs, parfois roux, ondulés; des yeux clairs, pour la plupart bleus; une tête allongée et dolichocéphale; une peau blanche et rousse, un visage allongé, un nez droit et proéminent". Il correspond au nordide d'Eickstedt et de Lundman. Deniker a indiqué que ses principaux habitats étaient "la Suède, le Danemark, la Norvège (à l'exception de la côte ouest); le nord de l'Écosse; la côte est et le nord de l'Angleterre, l'Irlande (à l'exception du nord-ouest), le nord des îles Féroé, la Hollande (au nord du Rhin); les pays frisons, le Oldenbourg, le Schleswig-Holstein, le Mecklembourg ; enfin, les provinces baltes de Russie et les Tavasts de Finlande".

L'autre type commun en Europe du Nord, il est appelé race orientale ou Eastern race. Il a décrit ses caractéristiques comme suit : "stature plutôt courte, tête modérément arrondie, cheveux raides, jaune clair ou lin, visage carré, nez fréquemment retroussé, yeux bleus ou gris". Elle correspond à la Baltique orientale de Lundman, commune entre autres à la Finlande et au Belarus, à la Lituanie et à certaines parties de la Russie.

En Espagne, dans les îles de la Méditerranée occidentale et dans certaines parties de la France et de l'Italie, nous trouvons le troisième type de Deniker, son Ibéro-Insulaire. Il l'a décrit comme suit : "stature très courte, tête très allongée, cheveux noirs, souvent bouclés, yeux très foncés, peau fauve, nez droit ou retroussé". Elle recouvre partiellement la méditerrannée de Lundman et de Clauss.

Le quatrième type Deniker a été nommé occidentale et cévenole, "race occidentale ou cévenole". Elle se caractérise par "un crâne très arrondi; par une petite taille; par des cheveux bruns ou noirs, des yeux marron clair ou foncés, un visage arrondi, une silhouette épaisse". Bien sûr, le lecteur reconnaîtra ici le type alpin de Lundman et d'autres. Deniker a décrit son domaine vital comme étant "l'extrême ouest de l'Europe, dans les Cévennes, sur le plateau central de la France, et aussi dans les Alpes occidentales. Mais on la rencontre, un peu modifiée, en Bretagne (à l'exception du Morbihan), dans le Poitou, le Quercy, la moyenne vallée du Pô, en Ombrie, dans une partie de la Toscane, en Transylvanie, et probablement au milieu de la Hongrie." Sous le nom de strandin, Lundman l'a également trouvé autour des côtes de la Norvège et de la Suède.

Le type atlanto-méditerranéen ou littoral de Deniker n'a pas de contrepartie claire chez de nombreux anthropologues ultérieurs, il l'a tout de même décrit avec les mots suivants: "il se distingue par sa dolichocéphalie ou mésocéphalie modérée, par sa stature supérieure à la moyenne, et une coloration très profonde des cheveux et des yeux" et l'a placé autour des régions côtières de l'Europe occidentale. Deniker a également décrit un sous-groupe, le nord-occidental, qui chevauche le nord-atlantique de Lundman.

Le sixième type est le dinarique, ou adriatique, plus connu aujourd'hui sous le nom de dinaride ou dinarin, Deniker a décrit ses caractéristiques comme suit: "stature élevée, brachycéphalie extrême, cheveux bruns ou noirs ondulés; yeux sombres, sourcils droits; visage allongé, nez délicat droit ou aquilin; peau légèrement fauve". Il l'a relié à la fois aux Balkans actuels et à certaines parties de l'Italie, de la Suisse et de la France.

Dans l'ensemble, Deniker est un auteur intéressant. En partie pour des raisons purement historiques, il peut être fascinant de comparer ses conclusions avec celles d'anthropologues ultérieurs. Mais Races of Man est aussi une tentative ambitieuse de rassembler des connaissances sur les peuples du monde entier, notamment d'un point de vue d'anthropologie physique. Il en va de même pour l'étude de l'Europe, d'abord le chapitre sur ses groupes somatologiques, puis le chapitre sur presque tous ses groupes ethniques. Le fait que Deniker soit désormais disponible sur Internet le rend également plus facile à lire que Lundman, par exemple.

L'économiste Ernst Wolff: le "Great Reset" pourrait ne pas être réalisable

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L'économiste Ernst Wolff: le "Great Reset" pourrait ne pas être réalisable

Source: https://zuerst.de/2023/01/10/wirtschaftsexperte-ernst-wolff-great-reset-moeglicherweise-nicht-mehr-umsetzbar/

Berlin. Pendant l'été 2020, quelques mois après le début de la "pandémie" de Coro na, le cofondateur du Forum économique mondial (WEF), Klaus Schwab, a présenté dans un best-seller très remarqué les grandes lignes d'un nouvel ordre mondial qui, à bien des égards, marquerait une rupture radicale avec la situation d'avant 2020. Depuis, le "Great Reset" est sur toutes les lèvres. Il est désormais largement admis que le régime mondial induit par Co rona doit également être considéré dans le contexte du "grand redémarrage".

Mais: en raison notamment de la large résistance de la société, les gouvernements ont entre-temps renoncé tacitement à la mise en œuvre de l'obligation de vaccination initialement prévue. Le journaliste et auteur de best-sellers Ernst Wolff y voit un signe encourageant. Dans une longue conversation sur Youtube, lui et le journaliste Helmut Reinhardt se sont penchés sur la question de savoir quelles sont les chances actuelles du "Great Reset".

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Dans ce contexte, Wolff a fait référence à l'échec récent de l'introduction de la monnaie numérique au Nigeria dans le cadre d'un essai à grande échelle et en tire la conclusion suivante : "Il semble que le moment soit venu pour les gens de prendre de plus en plus conscience de leur propre pouvoir et de leur force. Cela peut tout à fait conduire à ce que le Great Reset ne soit finalement pas applicable".

Sur la chaîne YouTube officielle de l'expert économique Ernst Wolff, on trouve entre autres un "lexique financier" audio-visuel. En outre, Wolff prend régulièrement position sur des sujets d'actualité dans la rubrique "Der aktuelle Kommentar". En raison de sa critique de l'économie financière internationale, l'encyclopédie en ligne Wikipedia certifie que les contributions de Wolff, né en 1950 à Tanjin/Chine, relèvent de la "théorie du complot" (mü).

Video:

https://www.youtube.com/watch?v=IfsYaldMoQY

 

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Le thomisme et la guerre juste

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Le thomisme et la guerre juste

Carlos X. Blanco

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/el-tomismo-y-la-guerra-justa

L'Europe souffre une fois de plus dans la guerre et à cause de la guerre. L'Europe est à nouveau ce qu'elle a été trop souvent, un vaste champ de bataille. L'Europe est également un jouet aux mains de sa propre excroissance, l'anglosphère. Main dans la main avec une organisation militaire qui ne sert en rien la défense commune des Européens mais la défense des intérêts anglo-américains, l'Europe va vers son propre suicide. Elle se prête à la politique insensée d'expansion de l'OTAN vers l'Est, cherchant également à faire en sorte que l'anaconda s'enroula autour de sa proie, afin d'étrangler la Russie et de la laisser sans son cercle naturel de pays partenaires et de satellites. 

Avec l'intervention militaire spéciale de l'armée russe en Ukraine, il est logique que les considérations philosophiques-morales et théologiques classiques de la guerre juste reviennent à notre esprit. Nous détestons la guerre et nous savons que ce cavalier de l'Apocalypse est la grande calamité qui plane sur l'humanité, la hantant depuis aussi longtemps qu'elle vit sous une forme civilisée à la surface de la terre. Mais cela ne fait pas de nous des pacifistes, car nous ne sommes pas non plus des utopistes naïfs, et nous voyons une grande folie et un grand fanatisme dans le pacifisme. Ce pacifisme est une folie alors qu'il y a des menaces très réelles et très concrètes en face de nous. Nous sommes d'accord avec Spengler lorsqu'il voit dans le pacifisme et le mépris de l'armée un simple produit de la décadence, ce que les anciens savaient déjà. Les civilisations vieilles et fatiguées, à l'intérieur des murs artificiels qui séparent le cosmopolite, l'hédoniste apatride, autiste par rapport à la réalité, se permettent de dormir dans le pacifisme jusqu'à ce qu'un jour, sans crier gare, les nouveaux barbares (les barbares apparaîtront toujours à l'horizon) arrivent et fassent des montagnes de têtes coupées. Ils verront les veuves violées et des tours de cadavres s'élever avec les pacifistes qui les attendaient, portes et mains ouvertes et fleurs sur la tête.

Un vrai chrétien aime la paix, mais il n'est pas un fanatique (ni de la paix, ni de la guerre) et il aime la milice christique et les hommes qui s'y dévouent, car l'hidalgo chrétien sait qu'en de nombreuses occasions, la foi, la patrie et la paix dépendent existentiellement de cette milice. Saint Thomas d'Aquin, le grand exposant du catholicisme philosophique, explique clairement qu'il existe des guerres justes. Il n'y a pas d'autre choix que de faire la guerre, si le méchant existe, si le mal rôde. 

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Aujourd'hui, alors que tant d'idéologues se précipitent pour condamner Poutine, comme ils l'ont fait hier dans les cas de la Serbie, de la Syrie et de l'Irak, il convient de supprimer cette fausse idée du Pentagone et de tous ses chiens galeux et dressés : l'idée que seuls les Yankees et leurs franchises (OTAN, UE...) ont le droit de faire la guerre ou de la bénir. Le jour viendra où une civilisation chrétienne sera restaurée, restaurée à partir des deux méridiens éloignés, le méridien hispano-catholique à l'ouest en Espagne, et le méridien slave-orthodoxe à l'est de nos pays. Depuis les deux méridiens, embrassant la sphère terrestre dans les deux sens, la parole du Christ-Roi peut être entendue par les hommes. Un autre concept de civilisation, peut-être, un concept chrétien mais non puritain, un concept catholique et orthodoxe, est celui qui peut renaître des cendres, comme un germe de vie surgissant des ossements et des ruines, comme un rayon de lumière au milieu de la tragédie subie par nos frères slaves.

La guerre n'est pas toujours un péché. Saint Thomas fixe la justice comme critère. Pour qu'il y ait une guerre juste, il faut d'abord qu'il y ait une puissance publique pour la mener, un prince, dans le langage de son temps. Dans la Summa Theologiae, la guerre privée est condamnée. Le prince, sur terre, est un exécuteur de la justice divine.

[...] l'autorité du prince sous le commandement duquel la guerre est menée. Il n'appartient pas à l'individu privé de déclarer la guerre, car il peut faire valoir son droit devant une instance supérieure ; l'individu privé n'est pas non plus compétent pour convoquer la communauté, qui est nécessaire pour faire la guerre. Or, puisque le souci de la république a été confié aux princes, il leur appartient de défendre le bien public de la cité, du royaume ou de la province placés sous leur autorité. En effet, de même qu'il la défend légitimement avec l'épée matérielle contre les perturbateurs intérieurs et punit les malfaiteurs, selon les paroles de l'Apôtre : "Ce n'est pas en vain qu'il porte l'épée, car il est serviteur de Dieu pour faire régner la justice et punir le malfaiteur" (Rm 13,4), de même il lui incombe de défendre le bien public avec l'épée de guerre contre les ennemis extérieurs. C'est pourquoi il est recommandé aux princes : Délivrez le pauvre et sauvez l'impotent des mains du pécheur (Ps 81,41), et Saint Augustin, pour sa part, dans le livre Contre Faust, enseigne: l'ordre naturel, adapté à la paix des mortels, postule que l'autorité et la délibération d'accepter la guerre appartiennent au prince. [II C.40. 1]

La deuxième condition est celle du motif valable. Tout caprice est exclu. Tout arbitraire est proscrit. La guerre motivée uniquement par le désir de pouvoir ou par la satisfaction de la concupiscence des princes ou des peuples n'est pas autorisée.

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Deuxièmement, une cause juste est requise. C'est-à-dire que ceux qui sont attaqués le méritent pour une cause quelconque. C'est pourquoi saint Augustin écrit aussi dans le livre Quaest : Les guerres sont généralement appelées justes lorsqu'elles vengent des blessures ; par exemple, s'il y a eu place pour punir le peuple ou la ville qui néglige de punir l'outrage commis par les siens, ou pour restituer ce qui a été injustement volé [II C.40. 1.].

Il ressort clairement du texte qu'il existe une vengeance juste. S'il y a eu une infraction (matérielle, sanglante, ou même une atteinte à l'honneur), en toute justice on peut alors faire la guerre. Il y a également une justice dans la guerre lorsque le prince et ses conseillers observent des indices raisonnables qu'un ennemi, qu'il soit interne ou externe, va commettre un préjudice à leur égard. Cela irait à l'encontre de l'essence de la fonction du prince, qui est de veiller à la justice et à l'ordre, de rester les bras croisés et d'attendre un préjudice très probable.

La troisième exigence que le Docteur angélique pose est celle de l'intention juste :

Il est exigé, enfin, que l'intention des parties au litige soit droite, c'est-à-dire une intention visant à promouvoir le bien ou à éviter le mal. C'est pourquoi saint Augustin écrit également dans le De verbis Dom : "Chez les vrais adorateurs de Dieu, les guerres elles-mêmes sont pacifiques, puisqu'elles ne sont pas promues par cupidité ou cruauté, mais par un désir de paix, afin de réfréner le mal et de favoriser le bien. Il peut cependant arriver que, bien que l'autorité de celui qui déclare la guerre soit légitime et la cause juste, elle soit néanmoins illégale en raison d'une mauvaise intention. Saint Augustin écrit dans le livre Contre Faust : En effet, le désir de nuire, la cruauté de la vengeance, un esprit impitoyable et implacable, la férocité dans le combat, la passion de dominer, et autres choses semblables, sont, en justice, répréhensibles dans les guerres. [II C.40. 1].

Dieu nous a créés comme des hommes, non comme des anges. Le mal se niche parmi les hommes, et l'une des façons dont le mal peut se nicher est l'obscurcissement de nos cœurs. Même lorsque nous sommes aidés par des causes raisonnables et justes, et - à titre d'exemple - lorsqu'il est évident que nous avons été injustement attaqués sans raison, nous pouvons nous jeter dans le combat non plus avec un désir légitime de réparation du tort que nous avons subi, mais avec un désir sinistre et malin d'augmenter le mal dû à l'ennemi à punir. La colère, l'envie de causer plus de mal que ce qui est proportionnel à la punition, le désir irrépressible de faire du mal au-delà des causes et en dehors des voies appropriées, voilà ce qui nuit aux bonnes intentions de ses actions. On va à une guerre juste avec une bonne intention. Sans elle, la cause juste qui permet la guerre, ainsi que tous les antécédents qui justifient la rupture de la paix, sont réduits au statut de simples excuses. Et n'oublions pas que la guerre, si elle est juste, est menée au nom d'une paix supérieure, tout comme Dieu permet le mal au nom d'un bien supérieur. L'hidalgo chrétien est, dans un certain sens, pacifique lorsque son combat est subordonné à une paix plus élevée, plus durable et plus authentique.

Dans la même Question, à l'article 3, le Saint Docteur rappelle qu'il n'est pas licite de tromper l'ennemi (par des stratagèmes), et que même avec l'ennemi on doit respecter les pactes. Cela ne signifie pas lui révéler ses secrets, rendre ses intentions publiques :  

"...personne ne doit tromper l'ennemi. En effet, il existe des droits de guerre et des pactes qui doivent être respectés, même entre ennemis, comme l'affirme saint Ambroise dans De Officiis.

Mais il existe une autre façon de tromper par les mots ou les actes; elle consiste à ne pas faire connaître notre but ou notre intention. Nous ne sommes pas obligés de le faire, car, même dans la doctrine sacrée, il y a beaucoup de choses qui doivent être cachées, surtout aux incrédules, de peur qu'on ne se moque d'eux, suivant ce que nous lisons dans l'Écriture : "Ne jetez pas ce qui est saint aux chiens" (Mt 7,6). C'est donc une raison de plus de dissimuler à l'ennemi les plans préparés pour le combattre. Ainsi, parmi les instructions militaires, la première place est accordée à la dissimulation des plans afin d'éviter qu'ils n'atteignent l'ennemi, comme on peut le lire dans Frontino. Ce type de dissimulation appartient à la catégorie des stratagèmes qui sont licites dans une guerre juste, et qui, à proprement parler, ne s'opposent pas à la justice et à la volonté ordonnée. Ce serait, en effet, un signe de volonté désordonnée que de prétendre que rien ne doit être caché aux autres [II C.40. 3].

Si garder des secrets ou ne pas tout révéler est quelque chose qui se fait - et peut et doit se faire - dans la doctrine sacrée, que dire de l'art militaire. À l'époque où nous vivons, dans ce qu'on appelle la "société de l'information", les États sont puissants non seulement en raison de leur portée économique, militaire et technologique, mais aussi en raison de leur capacité à obtenir des informations de leurs ennemis, de leurs rivaux et même de leurs partenaires et amis, et aussi en raison de leur capacité à les conserver. 

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Au sein des États, il existe une sorte de guerre privée qui, s'il n'y a pas d'effusion de sang, pourrait plutôt être appelée une querelle. Selon Thomas d'Aquin, elle implique toujours un péché - véniel ou mortel, selon le niveau d'excès dans lequel la personne est impliquée - et ceux qui, de manière juste et avec la modération qui s'impose, se limitent à se défendre contre les insultes, en sont épargnés. La politique des États démocratiques est une querelle permanente ("demogresca" est la façon dont l'écrivain Juan Manuel de Prada la décrit avec sa fine ironie). Tout le monde se dispute et s'enivre de passions désordonnées. Les politiciens d'aujourd'hui, chicaneurs professionnels, devraient écouter les mots de la Summa : 

"...la querelle est comme une guerre privée qui a lieu entre des personnes privées, non pas en vertu de l'autorité publique, mais par une volonté désordonnée. Par conséquent, il implique toujours le péché (II C.41, 1).

Thomas d'Aquin fait une distinction entre la guerre, la querelle et la sédition. Dans la guerre: pour qu'il y ait une vraie guerre au sens propre et de caractère juste, il faut qu'il y ait un prince, c'est-à-dire une puissance publique qui, par ses moyens, recherche réellement la paix. 

Dans une querelle, pour ne pas tomber dans le péché, seuls ceux qui se défendent avec raison et de manière proportionnée sont exonérés, car une querelle est comme une guerre, mais entre particuliers. Dans toutes les démocraties actuelles, nous vivons dans un état permanent de querelles. Les citoyens privés et les politiciens des partis (qui sont aussi des "partis" et ne représentent donc pas vraiment le peuple dans son ensemble ou l'État en tant que chose commune lorsqu'ils se disputent) sapent la paix dans leur "demogresca". Ils encouragent la guerre privée, la querelle qui, si elle entraîne une effusion de sang et une rupture irréversible de la coexistence, conduit à la guerre civile. 

La sédition est conceptuellement différente de la querelle en général. Aujourd'hui, alors que l'on parle tant, dans cette malheureuse Espagne, du "crime de sédition", redéfini ad hoc pour plaire aux traîtres politiciens de Catalogne (avec leur double trahison, contre l'Espagne et contre une partie de celle-ci, la Catalogne), il vaut la peine de revenir à saint Thomas, qui est, en plus de tant d'autres choses, un maître dans la rigueur des définitions: 

"...que les séditions sont des tumultes pour le combat, fait qui a lieu lorsque les hommes se préparent au combat et le recherchent. Elle en diffère aussi, en second lieu, parce que la guerre est faite, à proprement parler, avec des ennemis de l'extérieur, comme une lutte de peuple à peuple; la querelle, au contraire, est une lutte d'un individu contre un autre, ou de quelques-uns contre quelques autres; et la sédition, au contraire, a lieu, à proprement parler, entre les parties d'une foule qui se querellent entre elles; par exemple, quand une partie de la ville excite des tumultes contre l'autre. Par conséquent, puisque la sédition s'oppose à un bien particulier, à savoir l'unité et la paix de la multitude, elle constitue un péché particulier." [II C 42, 1].

Et en réponse à la première objection, il dit : 

"On appelle séditieux celui qui provoque la sédition, et comme la sédition implique une certaine discorde, est séditieux celui qui provoque non pas n'importe quelle discorde, mais celle qui divise les parties d'une même multitude. Mais le péché de sédition n'est pas seulement dans ceux qui sèment la discorde, mais aussi dans ceux qui dissertent avec désordre entre eux".

Il est bien connu que les temps modernes ont convulsé et même éviscéré le système de la philosophie politique. La catégorie "guerre" a rempli tous les espaces, et l'amoralisme le plus grossier domine chaque type de lutte. Les agressions contre les États sont devenues des guerres privatisées, et les querelles privées et les séditions internes sont devenues, à leur tour, des armes avec lesquelles les puissances étrangères mettent à genoux des États souverains. 

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Regardez le cas lamentable de l'Espagne: comment les Anglais, les Français et les Américains ont-ils réussi à mettre cette nation à genoux, démunie et sans voix propre dans le concert mondial ? Depuis la guerre de succession elle-même, dans un premier temps, l'Espagne a été occultée, devenant une colonie de la France et, plus tard, une colonie des Anglais et des Américains. Depuis la guerre contre Napoléon, dans un deuxième temps, nous n'avons connu que des querelles, des tueries caïnites, des séditions. Toute notre énergie nationale a été gaspillée dans la haine de notre frère de sang et de notre compatriote. Aujourd'hui, alors que nous entendons si souvent parler de "guerres hybrides" dans lesquelles les grandes puissances s'immiscent dans la vie de nations rivales ou gênantes, et qu'il est considéré comme acquis que les "informations" ainsi que les groupes d'individus financés par l'étranger participent à ces guerres, nous devrions réfléchir et prendre en charge notre situation: dans ce monde infecté jusqu'à la moelle par le péché, il n'y a d'espoir pour les individus, les familles et les nations que si nous avons un haut degré de conscience de ce que signifie le Bien Commun. Fuir les querelles, dénoncer et poursuivre les séditieux, défendre avec courage ce qui nous revient de droit, et s'efforcer de faire de notre patrie un havre pour le Règne de Jésus-Christ. Si nous sommes également conscients que notre Patrie est très vaste, car elle comprend non seulement la péninsule ibérique et l'ensemble des îles, ainsi que les parties correspondantes de l'Afrique (dont certaines ont été cédées à la mauvaise époque), mais aussi l'Amérique, qui vibre encore de son Hispanidad, une Hispanidad castillane ou lusophone, alors et seulement alors nous commencerons à réparer tant de siècles d'iniquité.

La métaphysique de la guerre

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La métaphysique de la guerre

Daria Douguina

Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/metafisica-da-guerra

La guerre est une réalité, et une réalité multidimensionnelle de surcroît. Nous avons exploré ses dimensions stratégiques, géopolitiques, économiques et sociales, mais elle est aussi métaphysique. Daria Dugina nous rappelle l'essence métaphysique de la guerre, et pourquoi nous en avons besoin.

Aujourd'hui, je voudrais partager mon point de vue sur la métaphysique de la guerre et la compréhension philosophique de ce qui se passe. Sans cette compréhension, nous ne serons pas en mesure d'appréhender toute la profondeur de la confrontation actuelle. Inutile de dire que je surveille de près l'espace d'information et que je le commente en direct. Cependant, aujourd'hui, je voudrais examiner les événements actuels d'un point de vue philosophique.

Fondamentalement, la guerre a toujours été perçue comme quelque chose de nécessaire. Héraclite l'appelle "le père et le roi de toutes choses". La guerre a toujours constitué la paix. S'il n'y a pas de guerre, il n'y a pas de division, mais pas de paix non plus. Ainsi, en un sens, la guerre est comprise comme un acte cosmologique. Les théoriciens de la guerre, Thucydide et Socrate, ont romancé la guerre. En même temps, une division très intéressante se produit. Il me semble qu'elle est cruciale pour nous lorsque nous analysons les conflits aujourd'hui. Les guerres sont divisées en bonnes et mauvaises guerres.

Les bonnes guerres sont des guerres contre un ennemi extérieur. Elles sont acceptables selon Thucydide ou Socrate ou Xénophon. En outre, il existe des guerres mutuellement destructrices qui sont perçues de manière négative. Plus tard, dans les Lois de Platon, elles seront caractérisées comme des guerres extérieures. Platon utilise le terme grec "polemoi", par opposition à guerre interne - discorde. Naturellement, les Grecs de l'antiquité justifiaient les guerres menées contre un ennemi extérieur. Une guerre extérieure était considérée comme une guerre avec les autres, avec des étrangers, avec des barbares, qui pouvaient généralement être soumis. En revanche, une guerre de discorde, que les cités grecques avaient également l'habitude de mener, comme la guerre entre Athènes et Sparte, selon Platon et ses prédécesseurs, aurait dû conduire à la réconciliation, mais en aucun cas à la destruction.

En parlant du conflit d'aujourd'hui, de la confrontation entre la Russie et l'Ukraine, la question se pose. S'agit-il d'une guerre extérieure ou d'une guerre intérieure? C'est une question très compliquée. Hier encore, je me suis exprimé sur la chaîne de télévision République. Mon adversaire, une collègue ukrainienne, Polina, de Kiev, ancienne conseillère du ministre de la Défense, a déclaré, je cite : "Il n'y a pas de gens comme les Russes, mais s'ils existent, il faut les tuer". Après l'avoir écoutée, j'en ai conclu que cette guerre (bien qu'on pourrait plutôt dire qu'il ne s'agit pas d'une guerre mais de l'imposition de la paix) n'est plus interne, elle est menée contre un ennemi extérieur. C'est-à-dire que ceux qui s'opposent à nous, qui ont commis des actes d'agression contre le peuple russe pendant huit ans et qui ont interdit aux Russes de vivre, leur ont interdit de parler leur langue, leur ont interdit d'avoir leur culture propre, ne sont plus nos frères slaves. Il s'agit d'une autre entité.

J'étais occupé par cette pensée, c'est-à-dire une tentative de comprendre le conflit comme une lutte contre un ennemi extérieur, comme un "polémos". Et cet "polémos", selon Platon, doit être combattu avec un grand courage. De plus, la guerre, selon Platon, est à bien des égards une conséquence de l'imperfection humaine. Cependant, elle doit être menée de manière équitable et doit établir le bon ordre. Le plus élevé est le principe contemplatif, et le plus bas, le principe luxurieux.

Si nous examinons la structure du pouvoir ukrainien, nous verrons qu'au cours des huit dernières années, depuis 2014, les subventions militaires américaines ont totalisé 20,5 milliards de dollars en équivalents de gros équipements militaires. Il en va de même dans d'autres domaines. Si l'on parle du volume total des investissements dans la société civile par les fondations américaines, de la manière dont je vois les choses, la somme totale était beaucoup plus faible là-bas, jusqu'à 1,5 milliard de dollars, je pense. Mais c'est quand même beaucoup d'argent.

Si vous prenez ces proportions en considération, la question se pose de savoir si l'Ukraine est un État fantoche dirigé par un comédien, ce qui, soit dit en passant, est déjà ridicule. Quel intéressant symbole sacré que celui-ci. Par exemple, Héraclite était appelé "le philosophe qui pleure" parce qu'il ne riait jamais. Démocrite, quant à lui, était appelé le "philosophe rieur" car il riait tout le temps et était une sorte d'homme maudit par l'Antiquité. Ce n'est pas un hasard si ses livres ont été brûlés par les platoniciens et les pythagoriciens. Et par Platon lui-même, selon la légende.

L'anti-Russie et son front n'est pas seulement un front politique mais un pôle géopolitique oppositionnel. C'est une sorte d'acteur mandataire du principe américain, de la civilisation américaine, de l'ordre américain, c'est-à-dire d'un ordre mondialiste. Il sert également d'autre modèle anti-russe, à la fois existentiel et métaphysique. C'est un modèle où les valeurs sont chamboulées. La luxure y règne, c'est-à-dire le principe inférieur luxurieux qui est associé à l'idée de "ventre" chez Platon. Le ministère russe de la Défense a annoncé aujourd'hui que notre pays n'a pas engagé les hostilités, mais qu'au contraire, la Russie y met fin. Et la fin de ces hostilités est en fait le rétablissement de la justice.

Vous vous souvenez peut-être aussi, puisque vous avez déjà mentionné des concepts philosophiques, du concept de "guerre juste". Cela s'applique ici. Et d'ailleurs, cette guerre juste est prise comme argument par de nombreux néo-conservateurs lorsqu'ils mènent des opérations militaires dans le monde. Regardez comme nous agissons différemment. Ils réduisent simplement chaque quartier en ruines, comme ils l'ont fait en Irak. Déforestation massive de zones résidentielles et non résidentielles. Leurs sociétés militaires privées tirent sur des civils. Au contraire, nous agissons pour le bien des vivants. Malgré les gaffes et les erreurs, malgré le fait que le peuple ukrainien ait été fasciné et même hypnotisé par le récit, un Logos différent, qui lui est étranger, les casques bleus russes ne veulent pas leur mort.

Tout le monde dit maintenant que cette opération aurait dû être réalisée en un jour. Non, ça n'aurait pas dû l'être. Parce que c'est un processus très complexe. Cependant, dans l'ensemble, nous constatons que les Russes se comportent de manière très humaine en établissant cet ordre sacré. Pas de la manière dont le principe de luxure fonctionne. Pas en commettant des crimes de guerre.

En principe, ce sont les principaux points que je voulais partager avec vous. Il y a matière à réflexion et à discussion. Il s'avère que, d'une part, les Russes font la guerre à un ennemi extérieur, les États-Unis. D'autre part, ils comprennent que les corps des personnes de l'autre côté sont extérieurs à nous. Les corps et les âmes de ces personnes sont notre propre reflet. Mais il s'agit d'une réflexion qui s'est égarée dans un monde lointain et complètement faux, d'une ontologie différente, avec une hiérarchie de valeurs différente. D'une part, il s'agit donc d'une guerre extérieure, la guerre avec un ennemi extérieur, avec des civilisations extérieures, avec le Logos de Cybèle, avec le Logos de la luxure, voire avec le mythe de la luxure, avec l'obsession. Avec la consommation, aussi. Ce que nous voyons en Ukraine est une véritable société du spectacle. Comme mon collègue vient de le noter avant moi, il y a une asymétrie dans la guerre de l'information. D'autre part, il s'agit également d'une guerre interne. C'est une sorte de discorde qui devrait mener à la paix. En fait, il s'agit d'une discorde entre les deux principes d'une même âme, comme le disait Platon. Il existe deux principes de l'âme : un berger et un cheval. Notre armée russe est donc semblable à un berger qui tente d'apaiser ce cheval noir en colère.

C'est l'interprétation que je suggère, en tant qu'historienne de la philosophie et du platonisme. J'espère que ce sujet sera développé davantage. C'est nécessaire, car nos collègues américains, par exemple les néoconservateurs, fondent leurs théories sur le platonisme. Prenez Leo Strauss, l'inspirateur idéologique de tout le néoconservatisme. Il est un expert unique de la philosophie de Platon. Ou, par exemple, l'idée de faux qu'il justifie. Leo Strauss affirme que Platon avait l'idée d'une "noble tromperie". Par conséquent, pour établir un ordre mondial juste, c'est-à-dire l'ordre mondial américain, il est tout à fait acceptable d'utiliser certaines formes de cette "noble tromperie".

indexlsplpro.jpgSans doute pouvons-nous décrire le conflit sans métaphysique, sans philosophie, mais dans ce cas, il manquera quelque chose d'essentiel. Pour en revenir à votre question, Nikolay, à savoir si cette guerre est une expiation. Je suppose que oui. En gros, la guerre est menée par les Russes afin d'établir la paix. En russe, il existait deux orthographes du mot "мир" ("monde") : avec un "i" décimal, avec un point, et dans la version moderne - avec un "и" octal. L'un n'est qu'une donnée, et l'autre est le résultat d'une guerre, une sorte de pacte conclu après la séparation. Cette façon de penser est donc typique pour nous : d'abord vient la séparation, puis suivent les retrouvailles. Et les Russes veulent définitivement la paix. Dans la philosophie russe de la fin du 19ème - début du 20ème siècle, il y avait une idée de conciliarité. Cette conciliarité devrait se manifester dès maintenant dans les relations avec le peuple ukrainien. Nous essayons de surmonter cette séparation. Je souhaite à notre armée un réel succès ; je crois que l'histoire va se réaliser maintenant. Pour le dire à la manière de Heidegger, ce qui se passe maintenant est une "Ereignis" ou une "occurrence". Manifestation de l'être russe dans l'histoire.

Et je crois que nous devrions sincèrement prier pour ceux qui sont là, sur la ligne de front. Certes, j'aimerais beaucoup appeler à la prière pour les ennemis, afin qu'ils reprennent leurs esprits. Mais pour l'instant, je ne suis pas encore prêt à me l'avouer. C'est dur pour moi, c'est dur après avoir vu toutes les vidéos, après les menaces qui arrivent. Je crois que nous devrions nous en tenir à cela pour le moment et prier pour nos artisans de la paix.

Nous devons réfléchir à qui nous sommes. Car lorsque nous rencontrons de l'autre côté, les Slaves de l'Est, nous voyons qu'ils ont des contours de leur propre identité. Oui, c'est complètement artificiel. Oui, elle n'est pas fondée sur l'histoire. Il s'agit d'images éparses et de combinaisons du nazisme libéral et du mondialisme. Il est intéressant de noter qu'il s'agit d'un projet financé par Soros. Il a soutenu les nazis ukrainiens et les nationalistes. Le principal critère pour lui était la haine du monde russe. En d'autres termes, ils ont une identité. C'est artificiel, ils ne peuvent y adhérer, cela tourne à la folie, mais au moins cela s'exprime d'une manière ou d'une autre.

Nous devons nous demander quelle est notre identité. Dans le Northern Sun, Nikolay et moi avons parlé de la question des valeurs traditionnelles et du projet de décret, dont la discussion a été temporairement suspendue, mais qui est toujours à l'ordre du jour. C'est essentiel. Je crois que la question de la réflexion sur nos valeurs traditionnelles, notre identité, notre idéologie, la compréhension de la nouvelle situation géopolitique est pour nous la priorité numéro un. Si l'opération d'imposition de la paix se termine avec succès, nous devons savoir comment procéder. Comment contrôler ce "Grossraum" en termes d'idéologie, et non de forces militaires, de politique ou d'économie ? C'est exactement ce que Carl Schmitt appelle le "Grossraum".

Sur quoi repose ce "Grossraum" ? C'est une question ouverte. Je suppose que la réponse vient du mot clé, qui serait "valeurs traditionnelles". Cependant, nous devons étudier et définir ces valeurs de manière très précise car l'histoire évolue beaucoup plus vite qu'auparavant. Et maintenant, nous devons saisir ces significations, ces mythologèmes, les nœuds sémantiques de notre histoire, à une vitesse cent fois plus rapide que ces huit dernières années.

Nous devons de toute urgence nous faire une idée, une vision de cette idéologie et comprendre à qui faire confiance. Chez les slavophiles ? Je pense que oui, ils sont nécessaires ici. Sur les idées des panslavistes ? Bien sûr. Vous vous demandez peut-être pourquoi. Ils sont incompatibles avec l'eurasisme, n'est-ce pas ? Rendons-les compatibles. Voyons comment ces concepts peuvent être combinés. Eurasianisme ? Absolument. Je crois que l'eurasisme est l'idéologie permettant d'unir le vaste espace de l'Eurasie.

Que faut-il de plus ? Nous avons également besoin d'une dimension religieuse, d'une dimension traditionaliste, d'une dimension géopolitique et d'une dimension métaphysique, que nous venons d'évoquer aujourd'hui. C'est la tâche numéro un.

Je m'adresse maintenant à tous ceux qui nous regardent et qui écoutent les programmes du Northern Sun. Je vous encourage à réfléchir dans cette direction. Parce que ce que nous avons maintenant est un déséquilibre. L'autre camp a des arguments, une idéologie et une obsession. Et nous avons aussi tout cela... Mais cela ne se manifeste pas de la même manière. Cela signifie que nous ignorons quelque chose. À un moment donné au cours de cette période de huit ans, nous n'avons pas avancé alors que nous aurions dû le faire. Peut-être avons-nous manqué quelque chose. Mais rien n'est perdu tant que tout n'est pas perdu. Je pense que tout ce travail peut être fait rapidement.

Il existe de nombreuses conditions préalables. Je me contenterai de désigner les petits points clés. Il s'agit de l'eurasianisme, du néo-eurasianisme, de la quatrième théorie politique, de la théorie du dépassement de la modernité et du traditionalisme. De plus, il ne faut pas oublier tout le condensé de la philosophie russe, depuis les Slaves et jusqu'à la philosophie de l'âge d'argent. Elle doit être étudiée et être une source d'inspiration. Très probablement, l'idée de conciliation et, peut-être, la sophiologie sont les repères les plus importants de l'âge d'argent. Il en va de même pour les œuvres de Pavel Florensky.

Je pense que ce sont les points clés, ou les clés qui nous aideront à ouvrir la porte de l'avenir russe que nous devons construire.

lundi, 09 janvier 2023

Succès pour les talibans: la Chine investit des millions dans l'exploitation pétrolière en Afghanistan

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Succès pour les talibans: la Chine investit des millions dans l'exploitation pétrolière en Afghanistan

Source: https://zuerst.de/2023/01/09/erfolg-fuer-die-taliban-china-investiert-millionen-in-oelfoerderung-in-afghanistan/

Kaboul. Alors que les gouvernements occidentaux tentent d'ignorer ou d'isoler le régime taliban, qui a pu prendre le pouvoir en Afghanistan en août 2021, il en va tout autrement dans le contexte plus étroit de l'Asie centrale. C'est là qu'une transaction afghano-chinoise de plusieurs millions de dollars vient d'être conclue : la Chine veut développer un vaste champ pétrolier en Afghanistan. Le ministre afghan des Mines et des représentants chinois ont signé un accord en ce sens à Kaboul.

Selon cet accord, des gisements de pétrole seront exploités dans trois provinces du nord, dans le bassin de l'Amou-Daria. L'entreprise chinoise CAPEIC prévoit d'investir 150 millions de dollars US dans une première étape. Le projet commun devrait permettre de créer environ 3000 emplois. Le gouvernement taliban recevra dans un premier temps une participation aux bénéfices de 20%. Il s'agit du plus grand projet économique prévu depuis leur prise de pouvoir.

L'Afghanistan possède d'importants gisements de matières premières qui n'ont guère été exploités au cours des quatre dernières décennies en raison de la poursuite du conflit militaire. Selon les estimations, la valeur totale pourrait s'élever à un billion de dollars (environ 940 milliards d'euros), voire plus.

Jusqu'à présent, les infrastructures telles que les routes, les voies ferrées et une capacité électrique suffisante font défaut pour exploiter les gisements à grande échelle. L'enclavement de l'Afghanistan et son relief accidenté rendent l'extraction et l'exportation difficiles. Le projet de coopération avec les Chinois devrait toutefois permettre à l'Afghanistan d'accéder au réseau de transport chinois de la Route de la Soie, qui vise à renforcer l'interdépendance économique entre la Chine et le reste de la masse continentale eurasienne et africaine (mü).

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Humusation et compost humain: vers Soleil vert en grandeur nature

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Humusation et compost humain: vers Soleil vert en grandeur nature

Nicolas Bonnal

On va bien s’humuser. Le film Soleil vert nous promettait le cannibalisme comme futur. En France c’est le Modem (parti prétendu catho tout de même) qui pousse au crime via une députée; et BFM euphorique nous apprend que l’Etat de New York autorise le compost humain. On va donc manger et se chauffer (entre autres) avec de l’humain. Un vieil ami responsable de l’écologie à Avignon un temps me disait que l’on veut dans les hautes sphères malthusiennes et mondialistes remplacer les nitrates comme engrais par l’urine. On pissera donc à certaines heures et on stockera ; tout cela sera nûment contrôlé. Tout le monde sera content, ayant le nez ailleurs, dans le foot par exemple.

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Cela me rappelle qu’avec le Soleil vert du maître Fleischer (on y mange du soylent fait avec de l’humain) le grand film de ma jeunesse était Roller ball avec James Caan mort cette année comme une centaine de grands acteurs (du vaccin?): ce film montrait l’addiction affolante pour le sport à la télé. Pour nous qui sortons du mondial de foot…Oui, je sais, le pain et les jeux...

Mais bon, avec une opinion publique nécrosée, il ne sert à rien de dramatiser, pas vrai ? On en est au point où on (Davos, Wall Street, Bruxelles) demande au troufion de sauter dans le vide, alors pourquoi ne le ferait-il pas ?

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Rappel de Wikipédia sur l’humusation :

« L’humusation est un néologisme créé en 2014 par ses adeptes de l'époque, principalement belges et français, dont Francis Busigny à l'origine du concept, désignant un processus naturel de transformation du corps des défunts en humus. Ce processus naturel, établi sur le modèle de la vie de la forêt, se déroule sur 12 mois. Il permet de réintégrer le corps humain dans le cycle du vivant et qu'il perpétue la vie, plutôt qu'il soit source de pollution. L'humusation est une alternative écologique aux deux modalités funéraires principales que sont l'inhumation et la crémation.

Mais à ce jour, elle n'est pas encore autorisée, ni en France, ni en Europe (1).

Le processus recherche d'une part, à procurer un traitement du corps des défunts, une après-mort du berceau au berceau, 100 % soutenable pour l'avenir de l'humanité et la continuité de la vie sur terre, en garantissant la régénération de l'humus dans le respect des défunts et des familles, et d'autre part, à permettre une fixation de CO², grâce à la plantation d'arbres rendue possible par l'utilisation de l'humus créé. »

On poursuit gentiment :

« Cette bio-décomposition des dépouilles humaines est faite uniquement sous le contrôle d’humusateurs agréés, dans un lieu clôturé et sécurisé nommé "Humusarium" (centre de mise en humusation).

Pour une humusation réussie, il faut notamment: une butte érigée sur un sol vivant; un broyat fin gorgé d’eau, avec un bon rapport carbone/azote (du brun et du vert); un taux d’humidité suffisant à tout moment; une bonne aération; un cycle de douze mois; du personnel dûment formé pour mettre en œuvre les bonnes pratiques du processus.

L’humusation d’un corps humain produit environ 1,5 m³ d'humus. »

Après, pour qu’on n’ait peur de rien :

« La quatrième étape est appelée le “cadeau” à la Terre. Douze mois après la mise en humusation, une partie de l'humus obtenu (+/- 1 % = +/- 15 litres) est réinsérée par les humusateurs, selon les techniques agréées, dans de l'humus originel, au sein d'un espace distinct dédié au souvenir et recueillement des proches nommé "Bois du souvenir" pour y faire pousser un arbre en mémoire du défunt. »

Mélange donc de religion et de petites économies entre amis (pour reprendre un film sympa). Nous somme dirigés par des docteurs en magie noire et de simples toqués ; mais comme nous sommes entourés d’imbéciles… Greta a fait du bon travail pour acclimater tout le monde à la monstruosité de la religion écologique et à sa terre-mère.

Venons-en à BFM, toujours aussi enjouée malgré les milliards que Drahi doit au fisc suisse :

« New York devient le sixième État à légaliser le compost humain depuis 2019, alternative écologique permettant de recycler son propre corps en compost et de réduire son empreinte carbone.

Transformer son corps en humus pour le bien de la planète. Aux États-Unis, New York devient le sixième État à autoriser le compost humain après la mort, après son autorisation par la gouverneure de l'État Kathy Hochul ce dimanche 1er janvier.

Cette méthode d'enterrement, alternative à la crémation et à l'inhumation, est jugée bien plus respectueuse de l'environnement. Pour se faire, les restes doivent être livrés à une société de cimetière spécialisée dans la réduction organique. Ils ne doivent contenir ni batterie, pile électrique ou implant radioactif.

Le défunt est ensuite placé dans un conteneur réutilisable et semi-ouvert contenant une litière adaptée - copeaux de bois, luzerne ou paille - idéale pour que les microbes puissent vaquer à leurs occupations. »

Les cercueils seront interdits, jugés trop polluants. Le reste de cette ordurerie est sur le site de la chaîne préféré des froncés.

Un dernier mot tout de même : dans Soleil vert il y avait complot et on cachait aux gens qu’ils mangeaient de l’humain. Là, mais pas du tout, pourquoi faire ? Relire la documentation sur la fenêtre d’Overton. Tout passe comme à la parade avec une opinion bien préparée.

Sources (terme impur) :

États-Unis: le compost humain après la mort est désormais autorisé dans l'État de New York (bfmtv.com)

Fenêtre d'Overton — Wikipédia (wikipedia.org)

États-Unis: le compost humain après la mort est désormais autorisé dans l'État de New York (bfmtv.com)

 

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Projets et institutions britanniques intervenant dans les affaires d'autres États

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Projets et institutions britanniques intervenant dans les affaires d'autres États

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/es/article/proyectos-e-instituciones-britanicas-que-intervienen-en-los-asuntos-de-otros-estados

Le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord mérite une attention particulière et des recherches approfondies sur l'organisation et l'exécution d'opérations psychologiques et l'utilisation de technologies de manipulation, car il possède une longue et considérable expérience dans la réalisation de telles actions dans les régions les plus dissemblables du monde.

Cela remonte à l'époque où Londres possédait de nombreuses colonies dans le monde entier et un groupe considérable d'experts en sabotage politique, en diversion, en création de réseaux d'agents de renseignement et de spécialistes de la guerre de l'information. Sur la base d'études de cas, ils ont créé une vaste archive de scénarios qui ont finalement été adaptés et élargis pour répondre aux besoins actuels en fonction des nouvelles technologies d'espionnage, de localisation et de communication.

Il convient de mentionner ici que le terme spin, qui signifie dans ce cas "déformation" et se traduit par la déformation des faits, a été utilisé pour expliquer l'activité des politiciens britanniques lorsqu'ils se sont attelés à la tâche de construire de fausses informations pour justifier l'implication de Londres dans l'occupation de l'Irak en 2003.

Dans ce document, nous nous limiterons à quelques organisations et donnerons des exemples de leur fonctionnement au cours des dernières années, ce qui n'est pas compliqué, car les données des sources ouvertes sont si abondantes qu'elles peuvent être compilées dans de volumineuses archives.

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L'un des projets britanniques de manipulation de la conscience humaine, qui compte parmi les plus sinistres, est le "Tavistock Institute". Au départ, il s'agissait d'une clinique où l'on étudiait le syndrome de stress post-traumatique pendant la Première Guerre mondiale, mais à partir de 1922, ils ont commencé à mener des recherches sur la guerre psychologique et au lieu d'aider les soldats blessés, ils ont étudié leurs réactions et enregistré les moments critiques de leur comportement.

Pour cette organisation, un groupe de psychologues prestigieux a travaillé comme ingénieurs sociaux, notamment Freud, Jung, Adler, Melanie Klein, Wilfred Bion, Edward Bernays, Eric Trist, A.C. Rice, Eric Miller, Aldous Huxley et R. D. Laing, parmi beaucoup d'autres.

Les développements de Jung, par exemple, ont été utilisés pour "remythologiser" et "spiritualiser" la société, en utilisant les mêmes d'"espoir" et de "changement" comme une sorte de drogue new age.

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Il convient également de noter qu'en 1945, Kurt Levine (photo) a quitté Tavistock pour rejoindre le Massachusetts Institute of Technology (MIT) afin de créer un centre de recherche sur la dynamique de groupe. Aux États-Unis aujourd'hui, Levine est considéré comme le fondateur de la "psychologie sociale".

En 1948, ce centre a quitté le MIT pour s'installer à l'Université du Michigan, où il est devenu un Institut de recherche sociale, et a continué à mener des expériences psychosociales et à utiliser la psychologie de masse. À cette époque, la clinique Tavistock d'origine était devenue partie intégrante du Service national de santé britannique.

En 1947, le Tavistock Institute a été enregistré à Londres en tant qu'organisme de bienfaisance et a commencé à développer et à diffuser des modèles interdisciplinaires de relations de groupe et des formations en gestion, administration et politique sociale.

Promouvant la créativité et la politique organisationnelle, Tavistock est resté une organisation de renseignement influente associée au MI6, à la CIA, aux scientifiques allemands du Paperclip, à la Fondation Rockefeller et à d'autres structures similaires.

john-rawlings-rees-4485a7f5-61dd-4fdc-bc2c-5be969891bf-resize-750.jpegLa relation avec les communications interpersonnelles et de groupe est restée son objet d'étude fondamental, comme le fondateur de la clinique Tavistock lui-même, John Rawlings Rees (photo), l'a exprimé en déclarant : "...la vie publique, la politique et l'industrie doivent être au centre de notre sphère d'influence (...) si nous devons infiltrer les activités professionnelles et sociales des autres, je pense que nous devons imiter les totalitaires et organiser une activité de cinquième colonne ! Nous devons faire en sorte que cette idée guide toutes les activités avec l'enseignement dans tous les domaines de la nation (...), pour cela nous avons lancé une attaque pour contrôler un certain nombre de professions. Les deux plus faciles sont, naturellement, la profession d'enseignant et l'Église ; les deux plus difficiles sont la jurisprudence et la médecine...".

Il faut noter que Rees, ainsi qu'un autre employé de la clinique elle-même, Henry Dix, ont rendu visite à Rudolph Hess à plusieurs reprises dans une prison secrète après son débarquement et sa capture en Ecosse.

Un exemple actuel de manipulation et d'utilisation des méthodes d'influence de Tavistock est l'annonce de la cinquième conférence caribéenne sur les relations de groupe, "Organisations, cultures, frontières : explorer un nouveau leadership dans un monde en réseau", prévue pour novembre 2022, qui est annoncée comme "...un espace pour explorer comment nos cultures, nos organisations et les frontières que nous avons créées peuvent être adaptées pour promouvoir le leadership visionnaire essentiel à ces relations en réseau...".

Bien que le site du Tavistock Institute semble un peu différent des autres centres éducatifs occidentaux, il faut garder à l'esprit sa riche expérience passée. Toutes les informations ne sont pas accessibles au public. Il est connu que les méthodes de propagande du féminisme, de l'homosexualité, de la consommation de drogues, etc., ont également été scrupuleusement élaborées par l'institut lui-même et que les organisations de ce type occupent leurs propres niches dans le domaine de la politique, de l'économie et des relations internationales.

La promotion du libéralisme économique, par exemple, a été réalisée par le Centre for Policy Studies, qui est souvent considéré comme un lobby (politique).

Robin_Cook-close_crop.jpgLe Centre de politique étrangère, fondé en 1998 par Robin Cook (photo), alors ministre des Affaires étrangères, se concentre sur les questions de stratification sociale, de sectarisme politique et de contradictions dans diverses sociétés.

À première vue, elle peut sembler s'intéresser à l'identification des problèmes et à leur résolution. Mais en analysant attentivement ses publications, il apparaît que ses analystes recherchent délibérément les vulnérabilités des autres pays afin de les manipuler d'une manière ou d'une autre à leur avantage. Une série importante de rapports et de publications sur le site web du centre sont en langues russe et kirghize.

La Fabian Society est la plus ancienne organisation maçonnique encore active qui se reconnaît comme un groupe de réflexion. Politiquement, les Fabiens appartiennent au spectre de la "gauche". La London School of Economics et le magazine New Statesman sont leurs créations.

Ce magazine est connu pour sa russophobie, comme en témoigne un article paru le 25 juillet 2022, qui affirme que "...la Russie utilise des images émouvantes d'enfants pour légitimer sa guerre contre l'Ukraine et oriente la désinformation vers les enfants eux-mêmes...". Les auteurs collectent soigneusement toutes les données sur les événements qui se déroulent en Russie en rapport avec l'éducation patriotique et construisent des infographies pour justifier en quelque sorte leurs fantasmes.

On sait beaucoup de choses sur l'école d'économie de Londres (notamment le fait qu'elle est la fondatrice de l'université nationale "High School of Economics"), mais il convient d'ajouter qu'elle est également engagée dans la promotion de la sodomie.

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La Henry Jackson Society est une autre entité qui promeut les idées de la démocratie libérale et soutient des institutions telles que l'OTAN. Elle dispose de son propre centre de médias et de son propre département de recherche, qui se consacre à la diffusion de la propagande et à la promotion de textes pseudo-scientifiques fantaisistes.

Dans l'une de ses récentes publications, elle donne toute une explication sur: "...comment la Russie mène une guerre hybride contre la Grande-Bretagne..." et dans une autre de ses sections, on peut trouver une sélection de fake news typiques, la plupart consacrées à la Russie.

Il existe également des projets internationaux mis en place par la Grande-Bretagne, par exemple la Pilgrims Society, organisée en 1902 pour renforcer les liens britannico-américains. Plus récemment, elle comptait parmi ses affidés Margaret Thatcher, Henry Kissinger, Caspar Weinberger, Paul Volcker, George Schultz et d'autres politiciens célèbres des deux pays. Les conspirateurs estiment que c'est ce partenariat qui a jeté les bases de l'État profond aux États-Unis et qui, en outre, a pu transformer l'impérialisme britannique classique en une hégémonie mondiale des entreprises.

Cependant, il n'est pas nécessaire de se livrer à des théories du complot, car ces structures et lobbies sont constamment entendus et exposés par des médias indépendants ou concurrents. Dans les recherches sur le lobbying des entreprises et son implication dans la déformation des faits, on peut trouver de nombreux dossiers sur la façon dont les magnats éliminent toutes sortes d'obstacles sur leur chemin, généralement par des méthodes et des procédures non démocratiques.

On peut également voir comment certains "intouchables" au sein du gouvernement peuvent facilement mettre un terme aux enquêtes policières sur le crime organisé, les liens corrompus avec les francs-maçons, les assassinats politiques et les transactions frauduleuses, ainsi que camoufler les contacts des fonctionnaires avec les entrepreneurs et les groupes criminels.

De même, si nous prenons des individus isolés, nous pouvons constater l'importance, parmi les Britanniques, de l'activité déstabilisatrice de Sir Anthony Moncton, qui a travaillé pour les services de renseignement et le département diplomatique de la Grande-Bretagne, et qui a créé en 2015 le groupe de consultants "ViennEast". 

Il existe peu d'informations à son sujet, comparé à ce que l'on sait de certains politiciens célèbres ou d'autres personnages peu recommandables qui vont d'un scandale à l'autre. Mais c'est lui qui développe la stratégie de décomposition sociale à travers les festivals de musique et la création de repaires sous forme de boîtes de nuit.

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En Serbie, en particulier, pendant son service diplomatique, il a promu le lancement d'un festival annuel de trance et de musique électronique "Exit" à Novi Sad (Voïvodine), qui, plus que la musique, a promu dès le début les idées de "démocratie et de liberté". Maintenant, "Exit" est connu comme un lieu de propagande et de distribution de drogue. La publicité du festival a été activement reprise par les médias britanniques, et après un certain temps, "Exit" a commencé à en organiser dans d'autres pays des Balkans et dans d'autres villes de Serbie. En d'autres termes, le modèle d'exécution a commencé à être reproduit ailleurs, sapant délibérément les valeurs traditionnelles et un mode de vie sain.

Maintenant, Moncton pousse l'agenda géopolitique des atlantistes en Europe continentale. En même temps, il est membre du noyau européen traitant de la communication stratégique, des relations gouvernementales et de la géopolitique.

Si l'on se penche directement sur les projets du gouvernement de Londres liés à la manipulation de l'information, il convient de noter que le gouvernement britannique a récemment investi plus de 82 millions de livres sterling dans des projets médiatiques dans une vingtaine de pays d'Europe de l'Est et d'Asie centrale. Ce financement a été géré par le Fonds intergouvernemental pour les conflits, la stabilité et la sécurité (CSSF), dont l'objectif déclaré est de "...prévenir l'instabilité et les conflits qui menacent les intérêts du Royaume-Uni...".

Parmi ses objectifs figurait la réalisation d'un projet ouvertement anti-russe, le soi-disant "Programme de lutte contre la désinformation et de développement des médias de masse". Ce programme est disposé sur toute la longueur de la frontière occidentale de la Russie, des pays baltes à l'Europe centrale et orientale, bien qu'il ne soit pas mentionné dans ses documents politiques qu'il est dirigé contre un pays spécifique.

Le projet a débuté en 2016 et s'appelait à l'origine "Langue russe". Mais il ressort clairement de ses propres documents que le Royaume-Uni "travaille avec un certain nombre de partenaires pour améliorer la qualité des médias d'État et indépendants en langue russe". Plus tard, d'autres médias dans différentes langues ont été inclus.

Le soutien aux bénéficiaires comprenait un "mentorat avec les médias britanniques", des "conseils en programmation" et une "coproduction financée". Le programme était géré par le ministère britannique des Affaires étrangères, mais ce dernier a refusé de fournir toute information suite aux demandes officielles.

Toutefois, des documents publiés appartenant au ministère britannique des Affaires étrangères signalent l'existence de relations entre plusieurs organisations non gouvernementales et des citoyens russes avec de telles fondations britanniques et indiquent les montants alloués aux différents projets.

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Pour un certain nombre d'entre eux, les exécutants comprennent à la fois des structures britanniques telles que le Royal Institute of United Services et Chattam House, ainsi que d'autres organisations étrangères, comme le European Leadership Network, qui a dirigé le projet sur les relations Russie-OTAN.

Il s'agit d'un projet qui ressemble à un tonneau à double fond, c'est-à-dire qu'il sert d'une part au recrutement d'agents pour mener certaines actions à l'intérieur de la Russie, et d'autre part au recrutement en Russie de professionnels compétents pour le marché du travail britannique, c'est-à-dire à la fuite des cerveaux.

En 2021, une série de documents a été divulguée, montrant l'implication de Reuters et de la BBC dans des programmes secrets du ministère britannique des Affaires étrangères visant à "changer les attitudes" et à "affaiblir l'influence de l'État russe".

Au départ, le Foreign Office et le Foreign & Commonwealth Office (FCO) du Royaume-Uni ont parrainé Reuters et la BBC pour réaliser une série de programmes secrets visant à promouvoir un changement de régime en Russie et à saper le gouvernement constitutionnel.

Les documents divulgués montrent que la Fondation Thomson, Reuters et BBC Media Action se sont engagés dans une guerre de l'information secrète visant à contrer la Russie. Travaillant par le biais d'un département fantôme au sein du FCO britannique, connu sous le nom de Counter Disinformation & Media Development (CDMD). Tous ces médias ont agi en collaboration avec un groupe d'agents de renseignement au sein d'une organisation secrète connue sous le nom de "Consortium".

Par le biais de programmes de formation pour les journalistes russes supervisés par Reuters, le ministère britannique des Affaires étrangères a cherché à provoquer un "changement d'attitude des participants", cherchant à construire une "opinion positive" dans leur "perception du Royaume-Uni".

Les entrepreneurs des services secrets britanniques qui supervisaient l'opération, sous le nom commun de Zinc Network, se sont vantés d'avoir établi un "réseau de youtubers en Russie et en Asie centrale", tout en "s'arrangeant pour que les participants reçoivent des paiements internationaux sans avoir l'air de les recevoir de sources de financement étrangères". Il était également envisagé de créer une capacité à "activer une gamme de matériels" pour soutenir les manifestations antigouvernementales à l'intérieur de la Russie. En d'autres termes, l'objectif était de créer des cellules dormantes à activer en cas de besoin.

Un autre projet-cadre est l'"Initiative pour l'intégrité", qui présente un réseau international de politiciens, de journalistes, de scientifiques, de chercheurs et d'officiers des forces armées qui ont été impliqués dans des campagnes de propagande très suspectes et souvent secrètes financées par le ministère britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth (FCO), l'OTAN, Facebook et les structures de sécurité nationale.

L'un des documents le qualifie de "réseau de réseaux" et il est supervisé par un groupe d'experts britanniques associés à une entité initialement largement inconnue, l'Institute for Statecraft, qui est enregistrée en Écosse. Toutefois, le bureau de représentation de l'Institut est situé sur le front de mer dans le quartier de Two Temple Place à Londres.

Il est intéressant de noter que cet endroit, connu sous le nom de "Temple", est rempli de bureaux d'avocats et servait autrefois de refuge aux Templiers. Par ailleurs, juste à côté se trouve le célèbre Institut international d'études stratégiques, et ce n'est pas une simple coïncidence.

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Enfin, une organisation interdite en Russie, "Bellingcat", compte plusieurs spécialistes britanniques dans sa structure. Par exemple, le chercheur principal Nick Waters a travaillé pendant trois ans en tant qu'officier de l'armée britannique, dont un détachement en Afghanistan, où il a contribué à la réalisation des objectifs de l'État britannique dans la région. Peu après avoir quitté le service actif, il a été recruté par Bellingcat pour mener des "enquêtes impartiales au Moyen-Orient".

Les antécédents de l'ancien employé Cameron Colcuhoun, qui a travaillé pendant 10 ans à un poste de direction au GCHQ (la version britannique de l'Agence nationale de sécurité américaine), où il a dirigé des opérations cybernétiques et antiterroristes au Moyen-Orient, sont encore plus suspects. L'Écossais est spécialisé dans la sécurité dans cette région et est également qualifié par le Département d'État américain.

Cependant, rien de tout cela n'a été révélé par Bellingcat, qui s'est contenté de le qualifier de directeur général d'une société de renseignement privée qui "mène des recherches éthiques" pour des clients du monde entier. Il est clair que ce genre d'incohérence prive les lecteurs des informations clés qu'ils doivent connaître, alors qu'ils construisent leurs propres jugements sur les histoires qu'ils ont lues.

Tous ces faits démontrent une fois de plus l'importance d'un contrôle continu et d'une analyse détaillée des structures gouvernementales britanniques, des fondations et des personnes qui y sont associées.

C'est important non seulement pour la Russie, mais aussi pour la région d'Amérique latine, où la Grande-Bretagne a depuis longtemps ses propres intérêts, y compris la subversion, comme le projet de nation Mapuche, qui menace l'intégrité territoriale et la souveraineté du Chili et de l'Argentine.

Les événements du Brésil: entretien avec Lucas Leiroz, journaliste à InfoBRICS, Nova Resistência et Sputnik Radio

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Les événements du Brésil: entretien avec Lucas Leiroz, journaliste à InfoBRICS, Nova Resistência et Sputnik Radio

Propos recueillis par Alexander Markovics

Cher Monsieur Leiroz ! Les dernières élections présidentielles au Brésil ont été remportées de justesse par le candidat de gauche et co-fondateur du format BRICS, Lula da Silva, contre le président de droite Jair Bolsonaro. Alors que Bolsonaro a promis de maintenir le cap souverainiste de son pays et a reçu le soutien de l'ancien président des États-Unis Donald Trump, Lula da Silva a montré une proximité avec l'actuel président américain Joe Biden et certains éléments de la gauche postmoderne (LGBT, etc.). Que signifie ce résultat pour la future politique intérieure du Brésil ?

Je ne pense pas qu'il y aura des changements fondamentaux. Lula a été élu président avec une courte majorité de voix, alors que les alliés de Bolsonaro ont remporté les élections législatives. Il y a des protestations et une méfiance collective envers Lula. Le plus probable est qu'il servira de figure de proue et d'homme politique pour les cérémonies, utilisant son image publique pour mobiliser le soutien au nouveau gouvernement, dont le véritable chef sera Geraldo Alckmin, son vice-président.  Alckmin est un politicien néolibéral typique qui n'a aucun intérêt pour les questions sociales et qui est indifférent aux intérêts du peuple. Il est le président idéal pour les élites mondialistes, mais il est trop impopulaire pour gagner les élections; on a donc formé une alliance entre lui et Lula. Cependant, la réputation de Lula est également très controversée en raison des scandales qui ont éclaté dans le passé. Il pourrait donc ne pas jouer un rôle actif, mais servir de légitimité à Alckmin. La seule chose que Lula sera en mesure de faire est de mettre en œuvre de manière crédible l'agenda de la gauche libérale, comme les droits LGBT et l'idéologie du genre, alors que l'économie et la politique seront gérées par Alckmin (photo, ci-dessous).

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En ce qui concerne l'économie néolibérale que nous avons pu voir sous Bolsonaro, il n'y aura pas de changement, seulement une exécution un peu plus "gauche".

Cependant, je voudrais souligner que l'héritage le plus significatif de ces élections est probablement la polarisation, qui s'aggrave de jour en jour. Le gouvernement Lula-Alckmin n'aura pas la tâche facile, car des millions de personnes forment une forte opposition et sont capables de se mobiliser pour des manifestations de grande ampleur. Des années de turbulences et de violence nous attendent. 

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Lucas Leiroz

Le Brésil est l'un des principaux pays d'Amérique latine et le moteur de l'intégration latino-américaine. Par le passé, le Brésil a adopté une position neutre vis-à-vis de la guerre de l'OTAN contre la Russie en Ukraine, à laquelle il achète du soja et des engrais, et maintient également des relations cordiales avec la Chine, à laquelle il vend ses produits agricoles. Comment pensez-vous que le nouveau président soutiendra la politique étrangère du Brésil et sa participation à la construction d'un monde multipolaire ?

Pour comprendre le Lula d'aujourd'hui, il est important d'oublier le Lula du passé. Il n'est plus le leader de tous les pays émergents. Nous devons laisser derrière nous l'image de Lula comme fondateur des BRICS. Depuis qu'il a quitté la prison, Lula s'est de plus en plus tourné vers les intérêts des élites occidentales. Il l'a clairement fait savoir dans son discours sur la forêt amazonienne et le conflit en Ukraine. Il utilisera certainement son héritage pour approfondir la coopération entre les pays du Sud au sein des BRICS et du Mercosur, mais il ne remettra pas en cause l'ordre unipolaire des États-Unis. La politique étrangère de Lula pourrait renforcer le multilatéralisme économique organisé autour de l'ONU, ce qui implique la neutralité du Brésil vis-à-vis des grands conflits. Au niveau régional, il devrait nouer des alliances avec d'autres représentants de la gauche mondialiste, comme le Colombien Petro, qui défend littéralement la présence des troupes de l'OTAN en Amazonie. De même, on peut s'attendre à ce qu'il défende avec plus d'enthousiasme les agendas internationaux concernant l'environnement, les droits de l'homme, l'identité, le genre et d'autres questions pour le Brésil dans les accords internationaux.

D'une part, le ministre brésilien des Affaires étrangères Ernesto Araujo s'est opposé à la Grande Réinitialisation du Forum économique mondial (WEF), et d'autre part, de nombreux Brésiliens, notamment parmi les classes populaires, ont critiqué la mauvaise politique de santé du pays. Quelles sont les perspectives pour le Brésil en ce qui concerne le Great Reset et sa politique de santé sous Lula ?

Il ne fait aucun doute que le projet de Great Reset de Lula sera encouragé. L'ensemble de la gauche brésilienne suit les directives du WEF et Lula est à la tête de cette coalition.  L'autoritarisme médical, la protection radicale de l'environnement, les mesures d'économie d'énergie, la réduction des émissions de CO2 et d'autres thèmes sont inclus dans le projet politique de Lula. Un capitalisme vert basé sur la technologie est l'une des principales promesses de Lula, qui soutient également sans faille le programme de vaccination soutenu par les géants de la technologie. Le Brésil deviendra donc un partisan des idées du WEF parmi les pays du Sud mondial.

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Le Brésil est un exportateur net de pétrole brut vers le reste du monde, alors que sa propre population est de plus en plus mécontente de la hausse des prix de l'énergie dans le pays. La forêt amazonienne et les droits des populations indigènes sont également des sujets chaudement débattus dans la politique brésilienne. Pensez-vous que le Brésil maintiendra sa politique orientée vers l'exportation ou pensez-vous qu'il défendra à l'avenir un nationalisme des ressources ?

La politique d'exportation restera en place. Lula a clairement indiqué par le passé qu'il ne reviendrait pas sur la privatisation d'entreprises stratégiques, ce qui signifie qu'il n'y aura pas de politique de développement à orientation nationale. Lula "combattra" la pauvreté par le biais de mesures d'aide néolibérales, et non par une nouvelle politique d'industrialisation et d'emploi. De même, il se servira de la nécessité d'empêcher la destruction des forêts et de protéger les droits des indigènes pour justifier la poursuite de l'internationalisation de l'Amazonie et empêcher les politiques de défense de la souveraineté brésilienne. Malheureusement, l'avenir ne laisse rien présager de bon.

Merci beaucoup pour cet entretien !