lundi, 31 octobre 2022
Devons-nous continuer à nous appeler conservateurs?
Devons-nous continuer à nous appeler conservateurs?
par Sebastian Morello
Source: https://www.ideeazione.com/dobbiamo-continuare-a-definirci-conservatori/
Les substantifs sont importants et le substantif "conservateur" est important si nous ne voulons pas oublier qui nous sommes et ce pour quoi nous nous battons. Les conservateurs ne sont pas simplement des réactionnaires. Nous affirmons quelque chose. Nous affirmons notre civilisation et nous voulons la préserver.
Récemment, John Daniel Davidson a lancé un appel aux armes - métaphoriquement parlant - dans un article publié par The Federalist intitulé "Nous devons cesser de nous appeler conservateurs". L'article a été largement partagé sur les médias sociaux et a reçu beaucoup d'éloges de la part d'internautes, à juste titre. Je trouve peu de choses à désapprouver dans cet article et beaucoup à affirmer. Cependant, je veux offrir une défense du mot "conservateur", que Davidson soutient que nous devrions abandonner et expliquer pourquoi je pense que nous devrions continuer à utiliser le terme (et je pense que Davidson pense vraiment que nous devrions aussi).
Davidson commence par une liste de la façon dont les conservateurs n'ont pas réussi à conserver beaucoup de choses et note comment ils ont en fait perdu la guerre culturelle. Je ne suis pas tout à fait en désaccord, mais si l'on considère les ambitions des libéraux, des progressistes, des socialistes et des communistes de l'après-guerre, qui sait ce que serait le monde aujourd'hui sans les défis incessants lancés par les conservateurs au fil des décennies pour ralentir le processus de révolution culturelle.
Quoi qu'il en soit, il ne découle pas de l'évaluation de Davidson que la cause conservatrice devrait être abandonnée, ou que le nom de cette cause devrait être mis au rebut. L'Espagne, siècle après siècle, a été conquise par des forces nord-africaines qui détestaient le christianisme, dont les gloires étaient si visibles en Espagne. Finalement, l'ensemble de l'Ibérie a été conquis, à l'exception d'une frange septentrionale du petit royaume de Castille. Mais c'est à partir de là que commence la Reconquista, qui finit par reconquérir toute la péninsule. Reconnaître l'échec peut conduire à l'action.
Bien sûr, les conservateurs devraient, comme Davidson les y invite, réfléchir à leur situation malheureuse. L'idéologie du progressisme qui domine aujourd'hui l'Occident, qui cherche à répudier notre civilisation et à remplacer notre vie commune fondée sur le bien commun par le chaos des appétits concurrents d'individus isolés, a pris le contrôle de nos nations et de leurs plus nobles institutions. Comme le dit Davidson, les conservateurs doivent cesser de fantasmer sur des politiques fondées sur le marché comme dans les années 1980 ou sur des règlementations libertaires fabriquées par de petits gouvernements. Ils doivent au contraire instiguer une Reconquista.
L'argument dont Davidson tire le titre de son essai semble être un argument auquel il ne se consacre pas lui-même. À un moment donné, Davidson déclare que les conservateurs doivent cesser de se désigner par ce nom et "commencer à se considérer comme des radicaux, des restaurateurs et des contre-révolutionnaires". Cependant, il n'adopte aucune de ces désignations dans le reste de son article, se contentant d'appeler les conservateurs "conservateurs". Peut-être est-ce parce qu'il voit que le conservatisme adopte déjà, de manière plutôt organique, les approches du discours culturel, moral et politique que des termes comme "radicalisme", "restauration" et "contre-révolution" évoquent.
Prenons le mot "radical". Ce mot, comme beaucoup le savent, signifie étymologiquement "retour aux sources". Les conservateurs des années 1980 et 1990 - à l'exception de quelques excentriques comme Russell Kirk et Roger Scruton, que les Reaganistes et Thatcheristes ont toujours regardés de travers - n'ont pas lu Edmund Burke. Eh bien, aujourd'hui, les conservateurs le lisent. En effet, ils ont lu un grand nombre de ceux qui ont mené le mouvement de contre-lumières dont dérive le mot "conservateur" : Burke, Maistre, Bonald, Chateaubriand, Donoso, Coleridge, Cobbett, Newman, Chesterton, Eliot, Kirk, Scruton, etc. Ils lisent également Platon, Aristote, Cicéron, Sénèque, Boèce, Augustin et Thomas d'Aquin. Ayant fait le point sur la situation et reconnu l'échec colossal du conservatisme auquel Davidson fait référence au début de son article, les conservateurs reviennent à leurs racines, découvrent les principes de leur tradition sociale et ceux qui les ont appliqués pour défendre leur civilisation.
C'est ainsi que commencent la "contre-révolution" et la "restauration". Revenir à ses racines pour s'équiper contre la révolution, pour restaurer ce qui nous a été enlevé, c'est exactement ce qu'est le conservatisme. Et le mot même de conservatisme est significatif car il indique que nous ne nous contentons pas de protester contre quelque chose. Le nôtre n'est pas un credo négatif et, en ce sens, nous sommes complètement différents de nos adversaires politiques, moraux et culturels qui ne connaissent que l'impulsion de répudiation. Nous affirmons quelque chose. Nous affirmons notre civilisation et nous voulons la préserver : comme l'a dit Scruton, le conservatisme est - au niveau le plus fondamental - de l'amour.
Le mot "conservatisme" est important car, comme je l'ai dit, il est lié à un canon de pensée. Un canon avec lequel nous devons continuer à nous familiariser si nous voulons retrouver ce qui nous revient de droit, à savoir notre patrimoine civique. Les gens de droite qui s'écartent de ce canon sont régulièrement séduits par l'ésotérisme délabré de Julius Evola, Savitri Devi Mukherji ou le vaste bagage de néo-paganisme pseudo-nietzschéen que l'on trouve dans la blogosphère, dont le matériel serait hilarant s'il n'était pas si corrupteur pour ses lecteurs.
Des dangers imprévus nous guettent et il est plausible qu'ils se révèlent trop tard pour que nous puissions faire quoi que ce soit si nous abandonnons le terme "conservateur". Les substantifs sont importants et le substantif "conservateur" est important si nous ne voulons pas oublier qui nous sommes et ce pour quoi nous nous battons.
L'un des principaux thèmes de l'article de Davidson concerne la menace des nouvelles technologies, par rapport à laquelle les questions plus étroites de la "guerre culturelle" restent, selon lui, secondaires. Il estime que le conservatisme, ou ce qu'il désigne, est mal adapté pour faire face aux dangers que représentent ces technologies. Encore une fois, je ne suis pas complètement en désaccord, mais les nouvelles technologies secouent toujours la vie stable des sociétés établies. Lorsque la nouvelle technologie d'impression est apparue, elle a d'abord été utilisée pour briser l'unité religieuse du christianisme ; plus tard, cependant, elle est devenue une force importante de cohésion culturelle et religieuse.
Les médias sociaux et les technologies de l'information ont, sans aucun doute, été une force colossale pour le mal dans le monde et ont contribué d'innombrables façons à la surveillance de masse sous laquelle nous devons tous désormais travailler. Cependant, elle a également rendu les plus beaux livres jamais écrits immédiatement accessibles à tous, permettant à un travailleur à faible revenu d'avoir à portée de main une bibliothèque dont Samuel Johnson n'aurait pu que rêver. Traiter la technologie comme si elle ne pouvait pas, avec l'aide de l'appareil coercitif d'un État juste et fonctionnant bien, être prise en charge par un ordre social conservateur pour le bien-être de ses membres, c'est, à mon avis, sous-estimer son potentiel de promouvoir le bien (commun).
J'inclus souvent une citation particulière de Newman dans mes écrits parce que je pense que c'est le meilleur résumé, et le plus pointu, de la cause conservatrice que j'ai jamais lu : le conservatisme consiste à trouver "un moyen d'unir ce qui est libre dans la nouvelle structure de la société avec ce qui fait autorité dans l'ancienne, sans aucun compromis fondamental avec le 'progrès' et le 'libéralisme'". Le défi qui se présente à nous est d'unir les nouvelles technologies du jour à la loi morale qui a eu autorité sur nous tout au long de notre civilisation jusqu'à notre époque maudite. La plupart des classiques de la philosophie, les œuvres patristiques et l'intégralité de la Somme théologique peuvent être trouvés sur Internet, mais aussi les perversions les plus abominables connues de l'homme. Un ordre social conservateur préserverait le premier et interdirait l'accès au second, unissant ainsi ce qui est libre dans le nouveau avec ce qui faisait autorité dans l'ancien.
Davidson poursuit en disant que les conservateurs devraient vouloir "exercer le pouvoir du gouvernement" et que cela "signifiera une expansion spectaculaire du code pénal". C'est peut-être vrai, mais les conservateurs n'ont jamais cru que la transformation sociale pour le bien commun se fait uniquement par la coercition, même si la loi et son application en sont une composante importante. Les conservateurs ont toujours soutenu que pour le bonheur de la société - afin qu'elle ne sombre pas dans l'effondrement politique (qui est toujours à quelques pas des mauvaises décisions) - une transformation interne est nécessaire, à savoir par la vertu. Le droit a naturellement une dimension didactique, mais celle-ci ne peut avoir l'effet escompté que si elle est soutenue par une culture plus large qui valorise la vertu. Le fait que le conservatisme devienne une force sociale de plus en plus religieuse est encourageant.
La transformation intérieure par la culture de la vertu redevient un thème important de la pensée conservatrice. Il est remarquable que, contrairement à ce que l'on prédisait il y a seulement quelques décennies, le conservatisme - en particulier chez les jeunes de droite - ne se redéfinisse pas comme une "cause séculaire pour la civilisation occidentale". Au contraire, elle devient une cause profondément réactionnaire, agressivement politique et profondément religieuse.
Que vous regardiez les NatCon boys ou les PostLibs du côté de Davidson, ou les Vanenburgs ou l'Orthodoxie radicale de ce côté-ci, des termes comme "christianisme", "fondamentalisme" et "identité religieuse" sont sur toutes les lèvres. Les conservateurs redécouvrent la nécessité d'une religion publique - une vraie religion publique - afin de réaliser la vertu civique qui est la condition préalable à la préservation de la civilisation (qui, après tout, est la cause même du conservatisme). Davidson semble reconnaître ce phénomène lorsqu'il écrit que "parler de la défense de la "liberté religieuse" revient à se méprendre sur le fait que le véritable risque aujourd'hui est l'irréligion généralisée". Dans ce souci, cependant, il devrait se sentir tout à fait à l'aise avec le conservatisme qui se généralise rapidement à droite.
Davidson affirme que les conservateurs doivent renoncer à leur attachement au "petit gouvernement" et embrasser le pouvoir politique pour atteindre leurs objectifs. Cela ressemble à une attaque sur un homme de paille. Les vrais conservateurs n'ont jamais dit le contraire et ont toujours reconnu la nécessité d'un État fort et sain. Ce sur quoi les conservateurs ont traditionnellement insisté, c'est qu'un tel État ne doit pas être trop centralisé ou inutilement intrusif dans la vie des citoyens et que la meilleure façon d'avoir un État vigoureux qui résiste aux tendances totalitaires est d'organiser le pouvoir politique de manière subsidiaire.
Les conservateurs sains d'esprit, qui ont toujours cru que la liberté du marché doit être équilibrée par le paternalisme pour le bien commun, seraient volontiers d'accord avec les recommandations suivantes de Davidson sur la façon dont le pouvoir politique pourrait être utilisé :
Pour arrêter Big Tech, par exemple, il sera nécessaire d'utiliser les pouvoirs antitrust pour démanteler les plus grandes entreprises de la Silicon Valley. Pour empêcher les universités de diffuser des idéologies empoisonnées, il faudra que les législatures des États leur retirent les fonds publics. Pour arrêter la désintégration de la famille, il faudra peut-être revenir sur la farce du divorce sans faute, ainsi que sur les subventions généreuses accordées aux familles ayant de jeunes enfants. Les conservateurs ne doivent pas craindre de présenter ces arguments parce qu'ils trahissent un fantasme libertaire cher au sujet des marchés libres et du petit gouvernement.
En effet, comme le dit l'auteur, les conservateurs ne devraient pas hésiter à avancer ces arguments. Si les conservateurs connaissaient mieux leur tradition politique et morale, ils ne se détourneraient pas de ces arguments, mais les verraient pour ce qu'ils sont : des arguments conservateurs. Et les conservateurs ne doivent pas renier leur nom même de "conservateur" pour embrasser de tels arguments, mais plutôt réaffirmer qu'être conservateur signifie défendre la cause du bien commun, si nécessaire par une intervention politique directe.
Les conservateurs sont maintenant confrontés à une opportunité unique. Le libéralisme a rendu les gens malheureux. L'individu isolé qui poursuit ses propres impulsions appétitives est une personne profondément malheureuse. Le taux de suicide en Occident est une indication claire de ce fait. Rien qu'au Royaume-Uni, la principale cause de décès des personnes âgées de 5 à 34 ans est le suicide. L'émancipation et le bien-être personnel promis par le libéralisme ne sont jamais venus. En assimilant le bien-être humain à la marchandisation de tout, le libéralisme nous a enfermés dans nos appétits égoïstes, créant une ère de solitude et de malheur chroniques.
Ce moment est une opportunité très spéciale que les conservateurs seraient stupides de manquer. Peut-être que dans les décennies passées, la cause conservatrice apparaissait comme une tentative d'enfermer les gens au moment même où ils se sentaient émancipés. Aujourd'hui, cependant, les gens réclament à grands cris d'être libérés des chaînes de l'auto-indulgence et de retrouver leurs "racines". Ils veulent s'engager dans un discours "fondé sur les valeurs", et c'est dans ce discours que la tradition conservatrice peut briller comme un grand phare, guidant les gens vers le port calme de la raison. C'est donc un beau moment pour une véritable renaissance conservatrice, mais les conservateurs - qui se disent tels - doivent se réveiller et le saisir.
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Hiver russe : Ségur et les leçons de la froide retraite de Russie
Hiver russe : Ségur et les leçons de la froide retraite de Russie
par Nicolas Bonnal
Comme on le sait, l’hiver approche. Les imbéciles du changement climatique n’avaient pas prévu un mois d’octobre doux. Les choses sérieuses vont commencer en novembre comme en 1812. Occasion de relire l’époustouflante, lyrique et épique Retraite de Russie de Philippe de Ségur. Il est amusant de constater que si la Russie symbolise l’hiver, elle signifiait aussi l’énergie, le chauffage et la propreté. Mais on préfère crever sur ordre de Washington et de Bruxelles, de Davos et des néocons. On verra si le Diesel, comme les vivres de la cigale, viendra à manquer aussi. Fin des bagnoles ! Comme dit Ursula : envoyez la facture à Poutine !
On continue avec Ségur. On quitte Moscou avec un empereur aux abois et la bise frappe début novembre :
« Mais le 6 novembre, le ciel se déclare. Son azur disparaît. L'armée marche enveloppée de vapeurs froides. Ces vapeurs s'épaississent: bientôt c'est un nuage immense qui s'abaisse et fond sur elle, en gros flocons de neige. Il semble que le ciel descende et se joigne à cette terre et à ces peuples ennemis, pour achever notre perte. Tout alors est confondu et méconnaissable: les objets changent d'aspect; on marche sans savoir où l'on est, sans apercevoir son but, tout devient obstacle. Pendant que le soldat s'efforce pour se faire jour au travers de ces tourbillons de vents et de frimas, les flocons de neige, poussés par la tempête, s'amoncellent et s'arrêtent dans toutes les cavités; leur surface cache des profondeurs inconnues, qui s'ouvrent perfidement sous nos pas. Là, le soldat s'engouffre, et les plus faibles s'abandonnant y restent ensevelis. »
Beau texte halluciné si étrangement absent de nos livres scolaires. Le froid arrive donc et attaque individu par individu, molécule par molécule :
« Ceux qui suivent se détournent, mais la tourmente fouette dans leurs visages la neige du ciel et celle qu'elle enlève à la terre; elle semble vouloir avec acharnement s'opposer à leur marche. L'hiver moscovite, sous cette nouvelle forme, les attaque de toutes parts: il pénètre au travers de leurs légers vêtements et de leur chaussure déchirée. Leurs habits mouillés se gèlent sur eux; cette enveloppe de glace saisit leurs corps et roidit tous leurs membres. Un vent aigre et violent coupe leur respiration; il s'en empare au moment où ils l'exhalent et en forme des glaçons qui pendent par leur barbe autour de leur bouche. »
Après une observation géniale : l’individu va perdre ses moyens intellectuels et psychologiques. Pensez à ce qui va se passer cet hiver (ou l’hiver prochain : Schwab et Hariri ne s’arrêteront pas en si bon chemin – et nos gouvernements génocidaires, Meloni compris, non plus), quand nos tarés de zélés électeurs et consommateurs russophobes vont achever d’être décérébrés par le froid et la faim :
« Ce fut ainsi que, depuis ce déluge de neige et le redoublement de froid qu'il annonçait, chacun, chef comme soldat, conserva ou perdit sa force d'esprit, suivant son caractère, son âge et son tempérament. Celui de nos chefs que jusque-là on avait vu le plus rigoureux pour le maintien de la discipline, ne se trouva plus l'homme de la circonstance. Jeté hors de toutes ses idées arrêtées de régularité, d'ordre et de méthode, il fut saisi de désespoir à la vue d'un désordre si général, et, jugeant avant les autres tout perdu, il se sentit lui-même prêt à tout abandonner. »
C’est l’acédie, ce désespoir monastique, physique et spirituel, dont j’ai parlé dans mon recueil sur Cassien et la sagesse chrétienne.
La Grande Armée n’est pas au bout de ses peines :
« Cependant, l'entassement des cadavres dans les maisons, les cours et les jardins, et leurs exhalaisons morbidiques, empestaient l'air. Les morts tuaient les vivants. Les employés, comme beaucoup de militaires, avaient été atteints: les uns étaient devenus comme imbéciles; ils pleuraient, ou fixaient la terre d'un œil hagard et opiniâtre. Il y en avait eu dont les cheveux s'étaient roidis, dressés et tordus en cordes; puis, au milieu d'un torrent de blasphèmes, d'une horrible convulsion, ou d'un rire encore plus affreux, ils étaient tombés morts. »
Alternons avec les opérations militaires (on a une énième guerre Occident-Russie sur les bras). Napoléon va être sauvé par l’inertie et la prudence russe, explique Ségur :
« Aussi est-ce là qu'on a bien vu que la renommée n'est point une ombre vaine, que c'est une force réelle et doublement puissante par l'inflexible fierté qu'elle porte à ses favoris, et par les timides précautions qu'elle suggère à ceux qui osent l'attaquer. Les Russes n'avaient qu'à marcher en avant, sans manœuvres, sans feux même; leur masse suffisait, ils en eussent écrasé Napoléon et sa faible troupe: mais ils n'osèrent l'aborder! L'aspect du conquérant de l'Égypte et de l'Europe leur imposa. Les pyramides, Marengo, Austerlitz, Friedland, une armée de victoires, semblèrent s'élever entre lui et tous ces Russes: on eût pu croire que, pour ces peuples soumis et superstitieux, une renommée si extraordinaire avait quelque chose de surnaturel… »
De temps en temps aussi un acte de bravoure rappelle qui est cette Grande Armée :
« Ce fait, et le malheur de la division Partouneaux, expliquent l'effrayante réduction du corps de Victor, et cependant ce maréchal contint Wittgenstein pendant toute cette journée du 28. Pour Tchitchakof, il fut battu. Le maréchal Ney et ses huit mille Français, Suisses et Polonais, suffirent contre vingt-sept mille Russes. »
Les russes ne supportent pas mieux l’hiver que les Européens : et pourquoi le supporteraient-ils ? Dostoïevski ne cesse de se plaindre de ces Européens qui ne se chauffent déjà pas !
« L'hiver, ce terrible allié des Moscovites, leur avait vendu cher son secours. Leur désordre poursuivait notre désordre. Nous revîmes des prisonniers, qui, plusieurs fois, avaient échappé à leurs mains et à leurs regards glacés. Ils avaient d'abord marché au milieu de leur colonne traînante, sans en être remarqués. Il y en eut alors qui, saisissant un moment favorable, osèrent attaquer des soldats russes isolés, et leur arracher leurs vivres, leurs uniformes, et jusqu'à leurs armes, dont ils se couvrirent. Sous ce déguisement ils se mêlèrent à leurs vainqueurs; et telle était la désorganisation, la stupide insouciance et l'engourdissement où cette armée était tombée, que ces prisonniers marchèrent un mois entier au milieu d'elle sans en être reconnus. Les cent vingt mille hommes de Koutouzov étaient alors réduits à trente-cinq mille. »
On a 80% de pertes de part et d’autre. Je rappelle qu’on est encore en automne. Ségur ajoute :
« Des cinquante mille Russes de Wittgenstein, il en restait à peine quinze mille. Vilson assure que sur un renfort de dix mille hommes, partis de l'intérieur de la Russie avec toutes les précautions qu'ils savent prendre contre l'hiver, il n'en arriva à Wilna que dix-sept cents. Mais une tête de colonne suffisait contre nos soldats désarmés. Ney chercha vainement à en rallier quelques-uns, et lui, qui jusque-là avait commandé presque seul à la déroute, fut obligé de la suivre. »
Mais on n’a rien vu. La Saint-Nicolas arrive (calendrier grégorien) et voici ce que cela donne :
« Le 6 décembre, le jour même qui suivit le départ de Napoléon, le ciel se montra plus terrible encore. On vit flotter dans l'air des molécules glacées; les oiseaux tombèrent roidis et gelés. L'atmosphère était immobile et muette: il semblait que tout ce qu'il y avait de mouvement et de vie dans la nature, que le vent même fût atteint, enchaîné, et comme glacé par une mort universelle. Alors plus de paroles, aucun murmure, un morne silence, celui du désespoir et les larmes qui l'annoncent. »
Les soldats prient, tombent et meurent. Il fait moins 28 :
« On s'écoulait dans cet empire de la mort comme des ombres malheureuses. Le bruit sourd et monotone de nos pas, le craquement de la neige, et les faibles gémissements des mourants interrompaient seuls cette vaste et lugubre taciturnité. Alors plus de colère ni d'imprécations, rien de ce qui suppose un reste de chaleur: à peine la force de prier restait-elle; la plupart tombaient même sans se plaindre, soit faiblesse ou résignation, soit qu'on ne se plaigne que lorsqu'on espère attendrir, et qu'on croit être plaint. »
Après on entre dans une ambiance à la Tolkien (le paysage hostile du début des Deux tours) ou à la John Ford (le nuage de poussière et les géniaux indiens de Cochise lors de l’attaque finale de Fort Apache) :
« Ceux de nos soldats jusque-là les plus persévérants se rebutèrent. Tantôt la neige s'ouvrait sous leurs pieds, plus souvent sa surface miroitée, ne leur offrant aucun appui, ils glissaient à chaque pas et marchaient de chute en chute; il semblait que ce sol ennemi refusât de les porter, qu'il s'échappât sous leurs efforts, qu'il leur tendît des embûches comme pour embarrasser, pour retarder leur marche, et les livrer aux Russes qui les poursuivaient, ou à leur terrible climat. »
Napoléon est là mais les gens (il n’y a plus de soldats) sont trop abrutis par le froid pour réagir ; lisez bien car c’est ce qui va se passer cet hiver :
« Napoléon venait d'y arriver au milieu d'une foule de mourants, dévoré de chagrin, mais ne laissant percer aucune émotion à la vue des souffrances de ces malheureux, qui, de leur côté, ne lui faisaient entendre aucun murmure. Il est vrai qu'une sédition était impossible; c'eût été un effort de plus, et toutes les forces de chacun étaient employées à combattre la faim, le froid et la fatigue: il eût d'ailleurs fallu de l'ensemble, s'accorder, s'entendre, et la famine, et tant de fléaux séparaient et isolaient, en concentrant chacun tout entier en lui-même. Bien loin de s'épuiser en provocations, en plaintes même, on marchait silencieux, réservant tous ses moyens contre une nature ennemie, distraits de toute autre idée par une action, par une souffrance continuelle. Les besoins physiques absorbaient toutes les forces morales; on vivait ainsi machinalement dans ses sensations, restant soumis encore par souvenir, par suite d'impressions reçues dans un meilleur temps, et beaucoup par un honneur, par un amour de gloire exalté par vingt ans de triomphes, et dont la chaleur survivait et combattait encore. »
Sédition impossible et vie machinale. Retenez cela pour janvier ou février. Ce sera moins mortel que cette retraite mais ce sera pas mal quand même.
Un dernier mot sur les russes accablés aussi par le froid et prostrés comme les Français et leurs troupes européennes :
« Mais alors ce fut elle, sans doute, qui frappa Kutusof d'inertie. À leur extrême surprise, ils ont vu ce Fabius russe, outré comme l'imitation, s'obstinant dans ce qu'il appelait son humanité, sa prudence, rester sur ses hauteurs avec ses vertus pompeuses, sans se laisser, sans oser vaincre, et comme étonné de sa supériorité. Il voyait Napoléon vaincu par sa témérité, et il fuyait ce défaut jusqu'au vice contraire.
Il ne fallait pourtant qu'un emportement d'indignation d'un seul des corps russes pour en finir; mais tous ont craint de faire un mouvement décisif: ils sont restés attachés à leur glèbe avec une immobilité d'esclaves, comme s'ils n'avaient eu d'audace que dans leur consigne, et d'énergie que leur obéissance. Cette discipline, qui fit leur gloire dans leur retraite, a fait leur honte dans la nôtre. »
On ne sait pas jusqu’où les Européens suivront l’esclavagisme thermique, énergétique, numérique et militaire de Bruxelles et de BlackRock. La plaisanterie peut encore durer : car en 1812 on n’en avait pas terminé avec cet empire français dont on nous rebat les oreilles. Et j’en reviens à ma phrase préférée de Nietzsche, au moins dans la Volonté de puissance : « chez le petit peuple l’appétit vient en mangeant. » Il suffit donc de le lui couper pour qu’il se soumette encore un peu plus.
Terminons sur une note positive : Ségur survécut et mourut à 92 ans retraité des Chemins de Fer...
Sources:
Philippe de Ségur –La retraite de de Russie (Gutenberg.org)
Nicolas Bonnal -Dostoïevski et la modernité occidentale - Tolkien le dernier gardien – Chroniques sur la Fin de l’Histoire - Les grands westerns américains (Dualpha/Avatar/Amazon.fr)
20:43 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, campagne de russie, 1812, hiver, hiver russe, premier empire, nicolas bonnal | | del.icio.us | | Digg | Facebook
dimanche, 30 octobre 2022
Alexandre Douguine: La nécessité d'une langue souveraine
La nécessité d'une langue souveraine
par Aleksandr Douguine
Source: https://www.ideeazione.com/il-bisogno-di-una-lingua-sovrana/
Quand on parle de narration, c'est une catégorie philosophique qu'il faut connaître, parce que la notion de narration est un élément de la philosophie postmoderne qui se base sur la linguistique structurale, sur le structuralisme, sur Ferdinand de Saussure, le linguiste structural qui a séparé le discours et la langue. Cet aspect est très important.
Qu'est-ce que la langue ? Le langage est fait de règles. Nous ne parlons pas, nous utilisons le langage, mais le langage ne parle jamais de lui-même, il est dans les dictionnaires, dans la syntaxe - c'est ce qu'on appelle le niveau paradigmatique, et un récit, ou un discours, est ce qui est construit à partir du langage, de son vocabulaire, de sa syntaxe, de ses lois.
Les récits sont infinis. La langue est une.
Lorsque nous parlons de souveraineté spirituelle, culturelle et civilisationnelle - ce dont parle le président Vladimir Poutine dans ses discours - elle devient chaque jour plus pertinente. Nous ne parlons pas de récits souverains, mais d'une langue souveraine dans laquelle des milliards de récits souverains peuvent être exprimés.
Si la langue est souveraine, alors le discours sera souverain. En utilisant la langue libérale et mondialiste de l'Europe occidentale, on peut certes formuler un discours souverain russe dans cette langue, ou deux, ou trois, ou dix. Mais c'est pour résoudre des tâches immédiates, pour la substitution des importations dans le récit à très court terme. Et ce qui compte, c'est de savoir si et pour combien de temps nous allons dire adieu à l'Occident collectif. Ou voulons-nous revenir à ce langage global, en laissant l'écran de fumée des récits souverainistes se lever un peu.
Je pense que c'est ce que l'élite russe veut faire: parler pendant un certain temps, puis faire marche arrière et dire: "OK, nous acceptons votre langue et votre mondialisation, mais pas comme ça, donnez-nous une place dans tout ça". Elle est condamnée non pas parce que nous sommes prêts et qu'ils ne le sont pas.
Nous avons été coupés, sevrés brutalement de cet Occident, et nous serons ramenés dans cet Occident pour parler la même langue après être tombés en dessous des dernières limites et avoir dit : nous nous rendons. Notre défaite sera la condition pour nous ramener à cette langue occidentale car, que nous le voulions ou non, que nous le comprenions ou non, nous devrions impérativement nous destiner à développer une langue souveraine russe. La Russie est une civilisation indépendante, qui ne fait pas partie de la civilisation occidentale ; elle ne coïncide avec aucune civilisation, ni orientale, ni chinoise, ni islamique, mais elle est égale à la civilisation occidentale ou chinoise. Cela décrit dans les grandes lignes la structure de notre langage souverain, mais pas notre récit souverain.
Quand nous parlerons cette langue russe, tout ce que nous dirons sera souverain et ce que signifiera "narratif" dans ce sens ne sera pas seulement le discours du narrateur à la télévision, ce ne sera pas seulement la structure que nous donnerons à notre système d'éducation, ce ne sera pas seulement la communauté des experts qui sera forcée de parler cette langue souveraine, ce sera aussi notre science, ce sera notre science humaniste aujourd'hui et notre science naturelle demain. Car la science naturelle, comme le savent les plus grands scientifiques tels que Schrödinger et Heisenberg, est aussi un langage dans la vision de la science naturelle.
Nous avons donc besoin d'une langue civile, mais d'une langue civile qui nous est propre. Nous ne la parlons pas, nous ne le connaissons pas, nous parlons un anglais pidgin, qui est la base de notre terminologie, de nos experts, de nos iPhones, de nos technologies dans nos fusées - tout cela relève d'un anglais pidgin. Je veux dire que, même si ces technologies sont présentes en Russie, la structure de ces processeurs et codes est, hélas, issue d'un paradigme différent.
C'est un énorme défi que nous devons relever et, enfin, la tâche commence à être prise en compte par nos autorités.
Aussi étrange que cela puisse paraître, le peuple est bien mieux préparé que l'élite. Les gens ne saisissent tout simplement pas les impulsions venant d'en haut de manière très profonde: on leur a dit "communisme" - ils ont pensé quelque chose de leur côté, on leur a dit "libéralisme" - ils ont pensé quelque chose de leur côté, on leur a dit "patriotisme" - ils ont pensé quelque chose de leur côté, ce qui signifie qu'ils ne s'habituent pas à ces jeux narratifs aussi profondément que l'élite, alors que l'élite - si elle dit "allez à l'ouest", alors allez-y.
Il appartient donc à l'élite de changer la langue.
Pour créer un système de récits souverains, il est nécessaire d'établir les paramètres de cette langue souveraine. Quels sont ces paramètres ? Nous avons une conception très différente de l'homme. Dans chaque culture, dans chaque langue, il y a l'homme. Il y a l'homme islamique, il y a l'homme chinois, il y a l'homme d'Europe occidentale, qui est un homme post-genre, un homme qui se transforme en intelligence artificielle, en mutant, en cyborg. Un batteur de transformation et de libération. Il se libère de toute forme d'identité collective - c'est son but, sa tâche - pour ne plus avoir de religion, de nation, de communauté, puis de sexe et, demain, d'appartenance au genre humain, et c'est aujourd'hui le programme de l'Européen occidental.
Les Chinois ont une manière différente de faire les choses en général. Même dans la tradition islamique, les choses se font différemment, parce qu'il s'agit fondamentalement de la relation de l'individu avec Allah, et que tout le reste ne l'inclut ni en tant que liberté ni en tant qu'être humain - c'est une anthropologie complètement différente dans tout ce monde islamique d'un milliard d'hommes. Ils peuvent être formellement d'accord avec certains modèles occidentaux, mais en réalité, soit ils ne les comprennent pas, soit ils les réinterprètent, ils ont leur propre langage, profondément enraciné. Dans la région de la Volga et dans le Caucase du Nord, ils continuent à la promouvoir. C'est pourquoi ils sont immunisés contre l'Occident. L'Inde, l'Afrique et l'Amérique latine ont également leur propre homme.
Nous avons besoin d'une conception de l'homme russe, nous avons besoin d'une justification de l'homme russe, et c'est Dostoïevski, c'est notre philosophie, c'est Florensky, c'est le slavophile, c'est Soloviev, c'est aussi Berdiaev, mais l'homme russe est, avant tout, l'homme conciliaire - c'est la chose la plus importante. Pas un individu. Pour nous, l'homme est une famille, un clan, une nation, une relation avec Dieu, une personnalité. Pas un individu, mais une personnalité.
C'est là que s'arrête notre présence à la Cour européenne des droits de l'homme, car il y a une divergence sur le concept fondamental de l'être humain. Pour la Cour européenne des droits de l'homme et l'idéologie libérale occidentale, le droit de l'homme est individuel, pour nous il ne l'est pas, en termes de langage souverain.
Pouvez-vous imaginer comment la science humaine, c'est-à-dire les sciences humaines, change après que nous ayons modifié l'élément de base? Considérer tout différemment, réécrire tous les manuels de sociologie, d'anthropologie, de sciences politiques, de psychologie à la manière russe.
Oui, nous avons eu notre philosophie à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. Mais nous devons nous refaire une idée de la personne russe qui est différente des autres - et immédiatement en tirer une langue différente.
La deuxième chose est l'idée du monde. C'est la chose la plus difficile. Nous pensons que les sciences naturelles sont universelles. Non, elles sont centrées sur l'Occident. Ce cosmos auquel nous avons affaire a été introduit et intégré dans notre conscience depuis l'Occident dans les Temps Modernes, en ignorant délibérément toutes les autres images du monde.
Le cosmos russe est semblable au cosmos européen médiéval - et complètement différent de celui de l'Occident moderne ; il est différent, même de Fyodorov ou de Tsiolkovsky, et nos recherches les plus intéressantes et les plus avant-gardistes dans les disciplines des sciences naturelles ont procédé d'intuitions fondamentalement différentes de la structure de la réalité.
Si, dans les sciences humaines, nous prenons essentiellement notre tradition philosophique, rejetons tout ce qui est libéral, tout le langage libéral, et mettons l'homme russe au centre, nous obtenons une nouvelle langue. Et dans les sciences physiques, cette tâche est bien plus compliquée : nous n'en sommes qu'au début et beaucoup de travail nous attend.
Et, bien sûr, l'action est le verbe. Si nous parlons de la langue, nous avons une conception de l'action très différente de celle de la tradition d'Europe occidentale. Il s'agit davantage d'une praxis aristotélicienne que technologique. C'est la philosophie de la cause commune de Serge Boulgakov, car les Russes ne font pas les choses comme tout le monde. La notion aristotélicienne selon laquelle la praxis est le résultat de la libre créativité du maître et non l'exécution technique de la tâche d'un autre nous convient et telle est l'idée principale de la philosophie de l'économie, ce qui signifie que notre économie est différente. Nous avons donc une science différente et une pratique différente. Cela signifie que nous avons une dimension éthique de l'action, et non une simple dimension pragmatique/utilitaire et optimiste, ce qui signifie que nous faisons quelque chose dans un but éthique. C'est-à-dire que ce que nous faisons, nous le faisons, par exemple, parce que c'est bien, pour rendre ce quelque chose meilleur, beau, pour le rendre plus juste.
Changer le récit face aux défis fondamentaux auxquels notre pays est confronté sera impossible sans changer de langage.
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Contre le libéralisme culturel
Contre le libéralisme culturel
par Roberto Pecchioli
Source : EreticaMente & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/contro-il-liberalismo-culturale
Lors d'une discussion, un ami aux sentiments conservateurs a déploré le déclin de la moralité publique et privée et des liens communautaires, l'attribuant aux communistes, en particulier au soi-disant "marxisme culturel", l'orphelin vite consolé à l'ombre du mondialisme capitaliste. Autant le marxisme a d'innombrables défauts à nos yeux, autant nous n'avons pas envie de lui attribuer ceux qu'il n'a pas. Le courant politique brumeux que nous appelons habituellement le "marxisme culturel" n'est en fait rien d'autre qu'une brindille surgissant des flancs d'un monstre bien plus dangereux, le progressisme, un cocktail de libéralisme et de libertarisme culturel.
Ce n'est pas un hasard si elle est née, s'est développée et est devenue une tendance hégémonique aux États-Unis et en Grande-Bretagne, débordant des salles de classe et des campus universitaires pour devenir l'idéologie officielle de l'Occident en phase terminale. Même les "pères nobles" sont désormais surclassés, les universitaires adeptes de l'école de Francfort qui ont été placés dans des chaires aux États-Unis, dans les universités des classes dirigeantes, et y sont devenus des "maîtres vénérés". Les intellectuels allemands d'origine juive de l'Institut des sciences sociales de Francfort ont réussi, une fois débarqués en Amérique et après avoir changé de maître - dans la phase initiale en Allemagne, ils étaient liés organiquement à la jeune Union soviétique - ils ont lancé l'entreprise de séparer le marxisme du socialisme et du communisme. Ils ont mis l'accent sur sa composante la moins "populaire", réduisant tout à la libération des liens de la société "patriarcale" et de la personnalité dite autoritaire (Adorno), à atteindre par le déchaînement de l'éros (Marcuse). Ces idées étaient l'humus de la contre-culture des jeunes des années 60 et ont donc retraversé l'océan pour devenir les mots à la mode des soixante-huitards.
Au fil du temps, la contre-culture est devenue la culture officielle, conquérant les arènes académiques, éditoriales et politiques jusqu'à devenir le sens commun de trois générations. Ceux qui connaissent l'histoire des partis communistes européens se souviennent du malaise, de l'agacement et de l'aversion mutuelle ouverte entre les communistes orthodoxes et les soixante-huitards imprégnés de Marcuse, du libertarisme extrême, de la sous-culture de la drogue et de certains genres musicaux et artistiques.
Devenu par hétérogénéité des fins - la ruse superlative de la superstructure libérale-capitaliste - une épreuve de force intra-bourgeoise puis post-bourgeoise, l'esprit soixante-huitard a évolué vers la vulgate du libéralisme en économie, du libertarisme en mœurs et valeurs, et du " droitisme ", avec l'étonnante substitution des droits sociaux - chers aux marxistes - par des droits dits civils, renvoyant à la sphère individuelle, pulsionnelle, intime et sexuelle.
En ce sens, la culture de l'effacement des "éveillés" (woke), en plus d'être un autre produit des universités anglo-saxonnes, a opéré un singulier tripotage du marxisme. Au lieu des exploités du capitalisme - la classe prolétarienne comme moteur de la révolution communiste - toutes sortes de "damnés de la terre" (Frantz Fanon) ont été élevés au rang de héros de notre temps, considérés non pas comme une classe plus ou moins homogène à qui confier la palingénésie économique et sociale, mais comme des victimes à racheter.
La nouvelle culture occidentale est indifférente à la question sociale mais très sensible à la dialectique victime-carnage. Le relativisme éthique et existentiel, le féminisme radical et l'idéologie du genre ne dérivent pas du tout du marxisme. Ils ont, le cas échéant, une dette envers l'école de Francfort, la première à avoir compris que les classes inférieures de la société ne sont pas révolutionnaires, mais paradoxalement conservatrices et réalistes, engagées dans l'amélioration de leurs conditions matérielles et sociales au sein du système existant.
D'où le choix de nouveaux sujets "révolutionnaires" : les femmes, les homosexuels, les minorités ethniques et raciales, à compenser par l'attribution de privilèges, de quotas réservés dans l'accès aux professions et aux fonctions supérieures (ce qu'on appelle la discrimination positive). De la lutte des classes marxiste, le libéralisme-libertarisme culturel est passé à la guerre des sexes, des orientations sexuelles et à la démolition méthodique de toute sphère de civilisation de référence. C'est l'oikophobie dénoncée par Roger Scruton et Alain Finkielkraut, la haine de soi qui pousse les gens à mépriser, jeter à la poubelle et condamner à la damnatio memoriae l'histoire commune.
Plus concrètement, le marxisme interprétait l'histoire comme une lutte entre des classes aux intérêts opposés, exploiteurs contre exploités, la dialectique du maître et du serviteur héritée de Hegel. Karl Marx froncerait les sourcils et réprimerait à peine sa nausée si l'un de ses (prétendus) disciples chantait les louanges du complexe hétérogène de théories que l'intellectualisme paresseux regroupe sous le syntagme de "marxisme culturel". Dans son système déterministe, prétendument scientifique et dur comme du béton, il n'y avait pas de place pour le relativisme ni pour le féminisme bourgeois ; le prolétariat féminin était incorporé dans la révolution en tant qu'"armée de réserve" du capitalisme, qui incluait les femmes dans le monde du travail pour des raisons de concurrence entre les travailleurs et pour élargir la base de l'industrialisation naissante. Le marxisme pourrait encore moins accepter la théorie du genre et le principe selon lequel il n'existe pas de données naturelles-biologiques, mais seulement des rôles et des constructions culinaires.
Le terme même de "marxisme culturel" est équivoque : comment un ensemble confus de théories peut-il être considéré comme marxiste ? Ce serait contredire l'un de ses piliers : la superstructure dépend de la structure, donc le mode de production détermine la mécanique sociale. Un système économique est lié à un certain type de culture, et non l'inverse. Inversez les "relations de production" et tout le reste changera en conséquence, dit Marx. L'insolent progressiste "éveillé"/"woke" pense le contraire : il suffit de changer la culture. Le progressisme ne peut être marxiste car son horizon est interne au capitalisme, dont il partage la forme marchandise et la tension vers l'illimité.
La liberté est confondue avec l'illimitation des choix des consommateurs. Le désir est l'étoile polaire, dans la même croyance que l'homme est une machine à désirer. Pourtant, le marxisme condamne le fétichisme de la marchandise ; le progressisme, le courant dominant du libéralisme culturel, considère tout, y compris l'homme, comme une marchandise. L'étiquette de prix le rassure, car elle certifie l'existence d'une offre qui correspond à une demande, même si elle est absurde ou immorale. Il existerait une sorte de droit de chacun sur tout qui finit par justifier le "droit d'exploiter librement son voisin, de s'accoupler avec son chien, et de s'efforcer allègrement de remplacer l'homme ancien par l'homme nouveau" (J.P. Michéa).
En outre, comment peut-on lier le marxisme à l'idéologie du genre ou au relativisme, alors que Lénine, dans Matérialisme et empiriocriticisme, a déclaré: "Chacun peut sans peine trouver des dizaines d'exemples de vérités éternelles et absolues, dont il n'est pas permis de douter, à moins d'être fou. Être matérialiste, c'est reconnaître la vérité objective, qui nous est révélée par les organes des sens. Reconnaître la vérité objective, c'est-à-dire indépendante de l'homme et de l'humanité, c'est admettre, d'une manière ou d'une autre, la vérité absolue".
Le libéralisme a mille visages, mais un principe unit toutes ses nuances infinies, la suspicion pour tout ce qui conditionne et qualifie la liberté, pour tout ce que nous n'avons pas choisi. Tous les libéralismes se définissent par la négative, c'est-à-dire par le concept de la liberté comme l'absence d'entraves extérieures. Le père le plus constant du libéralisme culturel est Benjamin Constant (portrait), le chantre de la liberté moderne, de la liberté libérale.
"C'est le droit de n'être soumis qu'à la loi, de ne pas être arrêté, condamné à mort ou maltraité de quelque manière que ce soit, par suite de la volonté arbitraire d'un ou plusieurs individus. Chacun a le droit d'exprimer son opinion, de choisir son activité et de l'exercer ; de disposer de ses biens et même d'en abuser ; d'aller et venir sans autorisation. C'est le droit de rencontrer d'autres individus, que ce soit pour discuter de ses intérêts, ou pour professer le culte de son choix, ou simplement pour remplir ses jours et ses heures de la manière la plus conforme à ses inclinations et à ses fantasmes".
Nous comprenons l'attrait immédiat d'un tel programme; en réalité, il est destructeur de la société et est mis en œuvre au prix de la guerre de tous contre tous, c'est-à-dire, en définitive, de la loi du plus fort. L'individu libéral est le seul sujet agissant, une autre différence capitale avec le socialisme et tout penchant communautariste et identitaire. Il a le droit suprême de posséder et aussi d'abuser de ce qu'il possède ; il opine, il débat jusqu'à l'épuisement, il abuse de l'opinion, mais il n'a pas de convictions profondes ; la notion de bien et de juste lui est étrangère, sauf dans une clé subjective. Son but est d'agir sans autre limite que sa propre volonté et son propre plaisir. Comme Faust qui nie l'Évangile de Jean (au commencement était le verbe) et s'exclame : au commencement était l'action ! Et faustien est l'adjectif qu'utilise Oswald Splenger pour décrire la personnalité de l'homme occidental.
Il ne se soucie pas de la moralité ou de la justesse de ses actes : il suffit qu'ils soient "libres", c'est-à-dire non conditionnés par quoi que ce soit. Le seul juge, son Ego hypertrophié et souverain : le relatif absolu ! Pour lui, il ne s'agit pas d'orienter la liberté vers le bien, mais simplement de l'exercer. La fin n'est pas l'acte bon, mais l'acte libre. Les lois auxquelles il prétend se soumettre sont la volonté dominante et momentanée déclinée en normes écrites, le droit "positif", tel que dans la mesure où il est établi avec les procédures prévues par d'autres normes, également positives. C'est-à-dire provisoire, étranger à tout principe de droit naturel, qui pour lui n'existe pas, mais qui s'il existait devrait être aboli dans la mesure où il restreint la liberté. Logiquement, il finit par fuir les liens familiaux, les liens de la communauté d'origine, et toute autre idée ou modalité qui n'est pas choisie subjectivement avec une révocabilité illimitée.
La post-modernité occidentale est un libéralisme/libertarisme accompli, tant dans les relations économiques et sociales que dans les choix existentiels. Aucun marxiste authentique ne pourrait être d'accord avec cela. Un autre élément du progressisme libéral contemporain est le manque de réalisme, le péché originel de l'idéalisme - commun à tous les épigones de Hegel - qu'Augusto Del Noce (photo) a surnommé "idéisme", ou la primauté de l'idée sur la réalité.
Descartes a commencé par "Je pense, donc j'existe", ce qui signifiait "Je pense, donc les choses existent". Dès lors, les hommes en sont venus à croire que c'est leur esprit qui crée les choses. Les réalités, en revanche, existent indépendamment de nous et le péché le plus caractéristique de la modernité est la croyance qu'elles n'existent pas en elles-mêmes, mais sont la projection de notre subjectivité.
Pour Chesterton, les hommes ont perdu le bon sens qui leur fait accepter la réalité. Il appelle à un retour à l'humble contemplation de la vérité : rien n'est plus éloigné de l'illimitation de l'homme faustien, oublieux de la leçon de concrétude de la grande philosophie, d'Aristote à Thomas d'Aquin. Cet oubli est le point de convergence entre les vestiges post-marxistes - détachés de leur ancrage avec la justice sociale - et le monde libéral.
Le marxisme est inter-nationaliste, c'est-à-dire qu'il accepte - tout en les transcendant dans le communisme - l'existence des nations, donc des racines. Le libéralisme l'a dépassé à gauche par le biais du progressisme, qui débouche sur le mondialisme, la citoyenneté universelle, l'anti-drapeau arc-en-ciel.
Le socialisme et le communisme ont surgi du tronc libéral en réaction aux injustices intolérables, à l'exploitation de l'homme dans les premières révolutions industrielles. Le fruit ne tombe jamais trop loin de l'arbre. Et l'arbre est libéral, quelle que soit la fascination marxiste qui laissait croire à une incompatibilité totale.
L'inimitié était réelle, mais pas irrévocable. Cela a été démontré par la conversion rapide des marxistes occidentaux au libéralisme dans ses variantes libérales et libertaires. Ils ont hurlé contre le capitalisme, mais ont en fait scié l'arbre des identités, des peuples, de la famille, du bon sens. Tout à l'avantage des vainqueurs de 1989, qui ont pu se débarrasser d'un seul coup du concurrent et de tous les obstacles moraux, communautaires et spirituels qui ralentissaient sa course effrénée.
Le vol de l'Icare libéral a effacé tous les héritages, mais les marxistes sans peuple et sans prolétariat ont été les aides de camp, les idiots utiles du libéralisme réel. Déconstruite, dénaturée, dénudée, l'humanité progressive est un fatras stérile de consommateurs. De biens, d'expériences, de droits, de soi. La liberté libérale a pris le pas sur la "libération" marxiste et consiste désormais en un choix hétéro-dirigé sur le seul rayon du supermarché entre des marchandises de couleurs différentes et de contenu identique.
Maudit soit nos enfants et nos frères, marxistes imaginaires, agents de l'ennemi libéral. Et pauvres marxistes survivants et fiers de l'être qui croient encore à l'idéologie de Marx et Lénine ; pauvres de nous aussi, anciens conservateurs conscients qu'il n'y a rien à préserver, personnages à la recherche d'un auteur dont le drapeau est tombé. Divisés, ennemis en chef. Pauvres oints, nous ne serons pas ceux qui aplatiront Milan...
13:49 Publié dans Philosophie, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : philosophie, théorie politique, philosophie politique, politologie, sciences politiques, libéralisme, libéralisme culturel | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Les Pays-Bas contournent les boycotts de l'UE: 91 exceptions aux sanctions depuis février
Les Pays-Bas contournent les boycotts de l'UE: 91 exceptions aux sanctions depuis février
Source: https://zuerst.de/2022/10/29/niederlande-unterlaufen-eu-boykotte-91-ausnahmen-von-den-sanktionen-seit-februar/
Amsterdam . Les sanctions européennes, qui ont de plus en plus d'effet boomerang sur les Européens, ne sont pas gravées dans le marbre. Mais alors que les dirigeants allemands comme la ministre des Affaires étrangères Baerbock et le ministre de l'Economie Habeck (tous deux du parti des "Verts") en font un dogme, d'autres pays de l'UE les traitent de manière beaucoup plus souple - et contrecarrent ainsi la ligne imposée par l'eurocratie de Bruxelles.
Le gouvernement néerlandais a fait savoir qu'il soutenait officiellement les sanctions, mais qu'il faisait de nombreuses exceptions. Il a confirmé 91 exceptions au régime de sanctions, favorisant ainsi les entreprises néerlandaises. C'est ce qu'a révélé le service d'information télévisée néerlandais RTL Nieuws après des entretiens avec les ministères.
Les exceptions concernent de nombreuses entreprises nationales, mais les ministères tiennent leurs noms secrets. De même, ils ne précisent pas la valeur des transactions exemptées de sanctions, ni les secteurs économiques concernés.
Les ministères peuvent accorder des dérogations aux sanctions afin de "permettre une certaine flexibilité dans certains cas", a expliqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. La liste des dispositions spéciales néerlandaises est longue.
En avril, l'UE a interdit aux navires battant pavillon russe d'accoster dans les ports européens. Le ministère de l'Infrastructure a toutefois accordé une dérogation à 34 navires afin qu'ils puissent, par exemple, faire escale dans les ports néerlandais parce qu'ils transportaient des marchandises importantes telles que de l'aluminium et des denrées alimentaires.
"Les relations diplomatiques" ont été invoquées comme raison pour l'octroi d'une dérogation par le ministère des Affaires étrangères, rapporte la chaîne. Au cas par cas, des transactions impliquant des banques russes détenues majoritairement par l'État ont été autorisées.
Le ministère des Finances a également accordé 13 dérogations en rapport avec des actifs ou des biens gelés tombant sous le coup du régime de sanctions.
Le ministère du Climat et de l'Énergie, rattaché au ministère des Affaires économiques, a accordé 25 dérogations supplémentaires à des organisations néerlandaises qui continuent par conséquent à s'approvisionner en énergie auprès de la Russie. Les dérogations bénéficient à 150 entreprises et organisations, dont des municipalités, des écoles et des associations de gestion de l'eau, a indiqué le ministère à la chaîne de télévision.
Le ministère du Commerce extérieur et de la Coopération au développement, qui dépend du ministère des Affaires étrangères, a accordé 18 dérogations à 13 organisations pour des "raisons humanitaires" afin de permettre la coopération entre l'UE et la Russie sur des "questions purement civiles". (mü)
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12:17 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pays-bas, europe, affaires européennes, sanctions, russie, union européenne, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Patriotisme pragmatique: le parti polonais KORWiN veut à nouveau du charbon russe
Patriotisme pragmatique: le parti polonais KORWiN veut à nouveau du charbon russe
Source: https://zuerst.de/2022/10/29/pragmatischer-patriotismus-polnische-korwin-partei-will-wieder-kohle-aus-russland/
Varsovie. En Pologne, il n'y a pas que des chauvins qui détestent la Russie, mais aussi des patriotes raisonnables qui, malgré la guerre en Ukraine, n'ont pas perdu de vue l'essentiel. Le nouveau président du parti de droite KORWiN, Sławomir Mentzen (photo, ci-dessous), vient d'appeler à la fin de l'embargo sur les livraisons de charbon russe. Selon lui, l'origine du charbon n'a aucune importance pour les consommateurs.
En mars, le gouvernement PiS avait imposé une interdiction sur les importations de charbon russe dans le cadre des sanctions prises après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ce que Mentzen a aujourd'hui critiqué comme étant une mauvaise décision. "Demandez donc à une vieille dame qui a froid en hiver si elle se chaufferait ou non au charbon russe. Pour cette vieille dame qui aurait froid dans son petit appartement, l'origine du charbon ne ferait aucune différence", a déclaré Mentzen.
S'il n'en tenait qu'à lui, il ne bloquerait pas les importations de charbon en Pologne "de partout", y compris de Russie. La Pologne ne peut pas attendre l'adoption de règles au niveau de l'UE pour le faire.
Jusqu'au printemps dernier, la Russie était le plus grand exportateur de charbon vers la Pologne. Mais actuellement, la Pologne est confrontée à une pénurie de charbon et à des prix élevés en raison de l'embargo sur les importations.
Le parti KORWiN a été fondé en 2015 par un groupe de politiciens polonais de droite eurosceptiques. Il a été baptisé du nom de l'ancien député européen Janusz Korwin-Mikke, qui était l'un des fondateurs du parti et qui faisait régulièrement la une des journaux au Parlement européen avec des interventions tapageuses et généralement humoristiques. Mentzen a été élu lundi à la tête du parti en remplacement de Korwin-Mikke. (mü)
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La revue de presse de CD - 30 octobre 2022
La revue de presse de CD
30 octobre 2022
Comme promis, revoilà la revue de presse de CD !
ARMÉNIE
L'ARMÉNIE abandonnée par l'Occident pour le gaz d'Azerbaïdjan ? Avec Tigrane Yégavian
VA + reçoit le chercheur et écrivain Tigrane Yégavian pour parler du conflit qui oppose l’Arménie et l’Azerbaïdjan autour notamment du territoire du Haut-Karabakh. L’auteur, collaborateur à la revue Conflits, publie avec Eric Denécé pour le CF2R « Haut-Karabagh : le Livre Noir » aux éditions Ellipses, ouvrage qui condense des articles de chercheurs et de personnalités concernant l’histoire de la région et du conflit qui oppose deux nations, et même deux civilisations. Pourquoi cette guerre n’entraîne quasiment aucune réaction de l’Occident comparé à celle menée en Ukraine ? Pourquoi aucune sanction n’est-elle décrétée par la communauté internationale face à l’épuration ethnique dont sont victimes les chrétiens de la région ? Éléments de réponse dans ce Grand Entretien.
youtube.com
https://www.youtube.com/watch?v=WS6rpEz5l8Q
BRÉSIL
La corruption au Brésil : des élections décisives ?
Dans cette nouvelle émission, Alain Juillet reçoit Bruno Racouchot, expert en influence, pour nous faire découvrir les différentes facettes du Brésil à un moment charnière de son histoire à l'aune des élections présidentielles. Comment la France peut se re-positionner comme partenaire majeur avec cette puissance économique de premier plan ?
synthesenationale.hautetfort.com
http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2022/10/2...
CHINE
Xi Jinping : la Chine se réforme par la purge et la terreur
La purge fonctionne comme une manière de réformer de l’intérieur un système politique qui n’a pas les outils politiques pour évoluer et se corriger pacifiquement.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/10/27/441697-xi-jinping...
DÉCONSTRUCTION
Dans le viseur de l’ARCOM : les Blancs
Le rapport annuel établi par le régulateur de l’audiovisuel et publié le 19 juillet 2022 déplore la trop grande présence de « personnes blanches appartenant à des catégories sociales aisées et vivant dans des grandes villes plutôt que celles issues de l’immigration, de catégories sociales inférieures et vivant à la campagne ». Coup d’œil sur le « Rapport sur la représentation de la société française dans les médias audiovisuels — Exercice 2021 et action 2022 ».
Ojim.fr
https://www.ojim.fr/dans-le-viseur-de-larcom-les-blancs/?...
DÉSINFORMATION/CORRUPTION/CENSURES/DÉBILITÉ
Aides à la presse 2021, Bernard Arnault et L’Humanité vainqueurs !
Le ministère de la culture publie des chiffres touffus sous forme de tableau Excel confus pour dissimuler les aides à la presse. La Lettre A a reconstitué les aides pour 2021, où Bernard Arnault est de loin le plus aidé au total et L’Humanité le quotidien le plus aidé au numéro. Presse subventionnée, presse aux ordres.
Ojim.fr
https://www.ojim.fr/aides-a-la-presse-2021-bernard-arnaul...
Revue de presse RT du 16 au 22 octobre
Exercice hebdomadaire de ré/désinformation. Au sommaire cette semaine, l’économie occidentale qui souffre de plus en plus de ses propres sanctions, une critique acerbe d’Emmanuel Macron en tant que diplomate, L’aveuglement pathologique de la Commission européenne, les suites des sabotages des Nord Stream 1 et 2, les faux-culs américains et Israël qui choisit de ne pas vendre de matériels militaires à l’Ukraine… Abev un point sur la loi martiale russe et le point militaire sur le terrain.
lesakerfrancophone.fr
https://lesakerfrancophone.fr/revue-de-presse-rt-du-16-au...
Avisa Partners : quand la communication se fait passer pour du journalisme
Depuis l’été dernier, les révélations pleuvent sur le cabinet de conseil en communication, Avisa Partners, qui publie des dizaines d’articles de presse, parfois sous de faux profils.
ojim.fr
https://www./avisa-partners-quand-la-communication-se-fai...
Les médias continuent de rapporter des déclarations telles que « des responsables du gouvernement des Etats Unis disent que », même lorsqu’il s’agit de mensonges évidents
La véritable fonction de ces fausses affirmations est de projeter l’image d’une Russie faible, de tromper le public américain afin de maintenir le soutien à la guerre par procuration des États-Unis contre la Russie. Cela peut fonctionner ou pas. Mais tant que les « journalistes » sont disposés à écrire de telles inepties, cela ne coûte rien aux « responsables américains » qui les produisent.
lesakerfrancophone.fr
https://lesakerfrancophone.fr/les-medias-continuent-de-ra...
ÉCOLOGIE (PUNITIVE)
Quand les media s'engagent pour l'urgence climatique
Il n’y a pas que l’air qui se réchauffe, les media montent également en température et surtout en pression : après les chaleurs records de cet été, la mobilisation des grandes rédactions s’intensifie depuis la rentrée. Fin août, France Télévisions et Radio France faisaient leur « tournant environnemental », matérialisé par un plan de formation visant tous les salariés. TF1 dévoilait aussi sa « feuille de route climat » avec des reportages futuristes imaginant la France en 2030, un comité d’experts aux petits soins des journalistes du groupe. « Il ne s'agit pas d'être dans le militantisme mais dans la pédagogie », soulignait le directeur de l’information Thierry Thuillier. Et dans l’information, c’est pour quand ?
laselectiondujour.com
https://www.laselectiondujour.com/quand-les-media-sengage...
ÉCONOMIE
Philippe Murer : « C’est la première fois dans l’histoire qu’on se prive d’un tiers de notre énergie »
« C’est un suicide économique européen » : Philippe Murer, économiste, spécialiste de l’environnement et de l’énergie, est sur notre plateau afin d'analyser les origines et les conséquences de la crise énergétique actuelle. Selon lui, « il est pratiquement certain qu’on aura des pénuries d’électricité longues de plusieurs jours en France ». Aussi, cette période sera synonyme de forte restrictions pour les populations européennes, selon l'économiste qui rappelle que nos dirigeants, par leurs décisions, parfois leurs absences de décisions, sont responsables de la situation actuelle : « Nos politiques ne savent pas résoudre les problèmes, car ils font de la communication, ils ne travaillent jamais dans le concret. »
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/videos-l-entretien-essentiel/c-...
ÉNERGIES
Sabotage Nord Stream : Allons-nous tenir le choc?
Au programme aujourd’hui : après la grave explosion des gazoducs Nord Stream, quelles conséquences concrètes allons-nous subir ? Se chauffer va-t-il devenir un luxe réservé aux plus aisés ? Sommes-nous condamnés aux cols roulés pendant que les ultrariches se déplacent en Jet privé ? Notre économie entière va-t-elle tenir le choc ? Les nouvelles ne sont pas bonnes, il est temps de parler de ce que les médias mainstreams n’expliquent pas.
les-crises.fr
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Quand Thilo Sarrazin prévenait les Allemands de la crise énergétique
Ancien secrétaire d’État au ministère des Finances de Rhénanie-Palatinat, ancien sénateur en charge des finances à Berlin, ancien adhérent au SPD (parti socialiste allemand) exclu en 2020, Thilo Sarrazin est l’une des personnalités politiques les plus « controversées » – c’est-à-dire « lucides » – outre-Rhin. Que ce soit sur les questions migratoires ou bien sur les questions énergétiques, il frappe toujours juste. Ce texte prémonitoire écrit à l’automne 2021 – avant la guerre russo-urkrainienne – démontre par « a + b » l’absurdité de la politique énergétique allemande visant à la fois la sortie du nucléaire et la décarbonation de l’économie. La coupure du gaz russe n’a fait que précipiter une catastrophe inéluctable. Inéluctable aussi pour la France qui a adopté avec Hollande et Macron la même politique que nos voisins allemands sous la double pression des partis écologistes et des tenants de l’alarmisme climatique.
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Cette fois, ils veulent des noms. Alors que des dizaines de milliers d’entreprises menacent, au seuil de l’hiver, de mettre la clé sous la porte, étranglées par des hausses stratosphériques de leurs factures d’électricité, l’opposition déboule sur le champ de bataille sabre au clair, exigeant des réponses. (…) « Il faut établir les responsabilités », tempête dans les médias le chef de file des députés LR à l’Assemblée, Olivier Marleix, qui s’apprête à ouvrir en grande pompe, le 26 octobre, une commission d’enquête sur « les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France ». Retour, en quelques dates clés, sur trente années d’affaiblissement de la filière nucléaire française
fdesouche.com
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ÉTATS-UNIS
Le Pentagone ordonne le réexamen des opérations secrètes visant à influencer les populations à l’étranger
Cette décision intervient après que Twitter et Facebook ont fermé des comptes trompeurs qui, selon eux, envoyaient des messages visant à promouvoir la politique étrangère des États-Unis.
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La suite des petites aventures du fils Biden
Pendant que le père continue de jouer au président des États-Unis, le fils se dirige vers un procès très embarrassant pour toute sa famille.
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La politique de sanctions est une stratégie de guerre ciblée et meurtrière
Si les Américains veulent faire preuve de solidarité avec les habitants de ces pays, la meilleure chose à faire est d’arrêter de les étrangler.
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Présidentielles américaines 2020 : les élections les plus sûres du siècle, qu’on vous dit !
Finalement, les élections américaines de 2020 ne sont peut-être pas aussi propres et transparentes que les médias l’ont claironné…
contrepoints.org
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FRANCE
Les élus locaux ont bon dos
Gabriel Attal a dévoilé récemment le budget 2023 de l’État, l’accueil de la part des élus locaux a été pour le moins glacial. Ce budget s’inscrit dans la continuité de ceux du premier quinquennat d’Emmanuel Macron en amplifiant la baisse majeure des moyens des collectivités territoriales. Rappelons en préambule que la Constitution (article 72) consacre le principe de libre administration des collectivités locales et donc une certaine autonomie financière, cette dernière devant être fixée par la loi. Concrètement, les élus locaux sont censés disposer de plusieurs leviers fiscaux pour administrer leur collectivité et mettre en œuvre le programme sur lequel ils ont été élus. Cependant, leurs marges de manœuvre se réduisent drastiquement. Les impôts et taxes dont bénéficiaient les collectivités fondent comme neige au soleil au fil des suppressions successives. Récit d’une tragédie en cinq actes.
laselectiondujour.com
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17 octobre 1961 : un « massacre » imaginaire, par Bernard Lugan
Emmanuel Macron sombre dans la repentance la plus délirante à propos du prétendu massacre du 17 octobre 1961. Sur son blog, Bernard Lugan revient une bonne fois pour toute sur cette affaire afin de clore le débat et d’en finir avec l’ethnomasochisme de nos dirigeants.
polemia.com
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GÉOPOLITIQUE
Pourquoi l'Arabie saoudite a rejeté les demandes de M. Biden de faire baisser les prix du pétrole
(Bloomberg) - Les États-Unis ont accusé l'Arabie saoudite de se ranger du côté de la Russie après qu'elle ait amené l'OPEP+ à prendre la décision renversante de réduire la production de pétrole brut, maintenant ainsi les prix du pétrole à un niveau élevé à un moment où l'inflation inquiète le monde entier. Le plus grand exportateur de pétrole au monde insiste sur le fait que la décision est économique et non politique. Cette décision marque un moment important dans l'alliance de plus de 70 ans entre l'Arabie saoudite et les États-Unis. La réduction de la production est intervenue moins de trois mois après que le président Joe Biden se soit rendu en Arabie Saoudite pour demander une augmentation de la production afin de faire baisser les prix.
euro-synergies.hautetfort.com
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GRANDE-BRETAGNE
Crise au Royaume-Uni : le Brexit coupable ?
Dans une tribune publiée mercredi dans Marianne, l’économiste Frédéric Farah revient sur les raisons de la crise en cours au Royaume-Uni. Selon lui, l’héritage du thatchérisme est bien plus en cause que les prétendues conséquences du Brexit.
frontpopulaire.fr
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IMMIGRATION
OQTF, une farce qui tourne à la tragédie
Combien y a-t-il actuellement d’immigrés qui se sont vu signifier une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) ? Réponse choc de Jean-Carles Grelier, député Renaissance de la Sarthe, dans l’émission de Morandini sur Cnews (20 octobre) : 700 000 ! Chiffre extravagant ? L’an dernier, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, évaluait lui-même entre 600 000 et 700 000 les personnes sans titre de séjour. Encore s’agit-il d’une estimation dépassée, puisque la non-exécution des OQTF enracine jusqu’à 100 000 illégaux de plus par an sur le territoire. Selon un rapport du Sénat, sur le premier semestre de l’an dernier, le taux d'exécution n’était que de 5,6% – trois fois moins qu’il y a dix ans, constate Marianne ? Or Emmanuel Macron avait promis 100 % en octobre 2019 dans un entretien à Valeurs actuelles. Trois ans plus tard, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a maintenu, le 23 octobre, l’objectif d’exécuter la totalité des OQTF.
laselectiondujour.com
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Délinquance étrangère : des chiffres pour en mesurer l’ampleur
Les médias ont récemment braqué leurs projecteurs sur des faits divers, parfois tragiques, impliquant des étrangers présents en France, légalement ou non. Pour prendre la mesure quantitative de la délinquance étrangère dans notre pays, force est de constater que les statistiques disponibles sont à bien des égards insuffisantes. À la suite d’autres parlementaires et leaders politiques, la sénatrice Valérie Boyer a, il y a quelques jours, interpellé le gouvernement afin d’obtenir davantage d’informations à ce sujet. Dans l’attente d’une hypothétique réponse, il faut se contenter de l’existant. Le présent article recense quelques données chiffrées officielles disponibles, et, parfois, leurs limites.
polemia.com
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MAGHREB
Conférence de Bernard Lugan au Maroc autour du thème « L’Algérie, le Sahel »
Une vidéo passionnante sur l’antagonisme Algérie-Maroc par le spécialiste de l’Afrique noire et maghrebine avec, bien sûr, le conflit du Sahara occidental.
fdesouche.com
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ONG
ONG, gigantesque machine à lever des fonds, cheval de Troie stratégique, impact invisible : le cas de la RDC
Des milliards que les grandes multinationales de la charité collectent, la traçabilité en est souvent compromise du fait du statut d’organisation philanthropique. Les exonérations fiscales les mettent à l'abri des regards inquisiteurs, même si elles lèvent parfois plus de fonds que le chiffre d'affaires de grandes multinationales de l'industrie. Aux États-Unis, cette réglementation fiscale est connue comme l'acte 501. En République Démocratique du Congo (RDC), le statut d’ONG, et l’exonération fiscale qui l’accompagne, est octroyé par le ministre des Finances et validé par le ministre du Plan. L'ONG peut alors agir dans le cadre d'un arrêté ministériel lui octroyant des prérogatives encore plus amples que celles d’un diplomate. Ce modèle peut s’extrapoler à presque toutes les nations aux métriques similaires à celles de la RDC. Une fois l’arrêté ministériel signé, le droit de regard, ne s’exercera dans les faits jamais.
Francesoir.fr
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RÉFLEXIONS
Violence légitime contre légitime violence (vidéo)
Il y a plusieurs affaires d’autodéfense dans l’actualité et notamment celle de Roanne qui a vu un père de famille rouer de coups une personne qu’il accusait d’avoir sexuellement agressé sa fille de six ans à son domicile. Après l’affaire Lola, l’opinion publique s’est enflammée et a massivement prit le parti du père de famille. Les belles âmes, Éric Dupond Moretti en-tête se sont précipitées pour donner, des leçons de morale à des couches populaires qu’en général ils méprisent. Quelques explications sur la façon dont se pose le problème et les raisons qui nourrissent la défiance massive de l’opinion publique française vis-à-vis de sa justice.
vududroit.com
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RUSSIE
Guerre en Ukraine : les élites françaises inféodées à l’Empire
Caroline Galactéros fait partie de ces gens qui essaient de s’opposer au déferlement de propagande délirant auquel nous assistons depuis l’invasion russe du 24 février dernier. Comme tous ceux qui appellent à la raison et qui essaient de rappeler la réalité, elle est évidemment qualifiée « d’agent de Poutine ». Tenter de pointer et d’expliquer ce qui relevait autrefois du simple bon sens vaut insultes, excommunication, dénonciations, harcèlement médiatique, voire pourquoi pas menaces de mort. Le gouvernement ukrainien qui peut absolument tout se permettre dans ce domaine, et peut-être inspiré par ses références historiques, établit des listes d’ennemis médiatiques, dans lesquels il range tous ceux qui osent le critiquer ou émettent des réserves. Les médias-système français prennent le relais sans discuter, et gare à ceux qui disent que la paix c’est quand même mieux que la guerre, et appellent à la négociation. Immédiatement, dans une singulière inversion, fuse l’insulte suprême lancée à la face des hérétiques : « Munichois ! »
vududroit.com
https://www.vududroit.com/2022/10/guerre-en-ukraine-les-e...
UKRAINE
Ukraine : la guerre sans contact entre les Etats-Unis et la Russie – Les risques d’une escalade
Par Jean-Bernard Pinatel, Général (2s), Vice-président et membre fondateur de Geopragma. Depuis la victoire de l’Occident sur l’URSS, les Etats-Unis et plus généralement les anglo-saxons se considèrent comme la seule superpuissance et le camp du bien. Sous-l’influence d’une pensée néoconservatrice, ils ont voulu exporter la démocratie au besoin par la guerre ou... (suite : voir url ci-dessous)
geopragma.fr
https://geopragma.fr/ukraine-la-guerre-sans-contact-entre...
SANTÉ/LIBERTÉS
« Pourquoi la doxa ne tient pas la route ! »
Parallèlement à son interview sur le rôle des médias et le « Suicide du journalisme », le sociologue Laurent Mucchielli, directeur de recherches au CNRS, a partagé les conclusions de son ouvrage La Doxa du Covid lors des Rencontres de Cara, à Genève. Il analyse dans cet exposé le « système de propagande de guerre » qui s’est instauré dès le début de la crise sanitaire. Son travail a été commenté et complété par 50 scientifiques de toutes disciplines, dont plusieurs médecins. Remarquable et didactique vidéo.
covidhub.ch
https://www.covidhub.ch/pourquoi-la-doxa/
Discrimination vaccinale : les lignes bougent
La toute nouvelle Première ministre de l’Alberta au Canada, Danielle Smith, a osé affirmer que les non-vaccinés au covid avaient été gravement discriminés.
contrepoints.org
https://www.contrepoints.org/2022/10/27/441645-discrimina...
Les données de l'application V-safe du CDC révèle des milliers d’effets secondaires post-vaccination
Le 28 décembre 2021, aux États-Unis, l’organisation non gouvernementale Informed Consent Action Network (ICAN) avait annoncé son action de poursuivre les Centers for Disease and Prevention (CDC) accusés de cacher au public les données récoltées par V-Safe, la nouvelle application déployée pour suivre les effets indésirables suite à la vaccination contre le Covid-19. Le 8 septembre 2022, le tribunal fédéral du Texas a donné au CDC jusqu’au 30 septembre, pour publier les données enregistrées par les personnes après leurs vaccinations et collectées via l’application V-Safe. Le 3 octobre 2022, la déclassification des données a révélé que plusieurs centaines de milliers de personnes avaient cherché à se faire soigner après avoir reçu une injection anti-Covid-19.
francesoir.fr
https://www.francesoir.fr/politique/declassification-donn...
UNION EUROPÉENNE
Sortie de la version française d’un guide pour que les journalistes évitent « l’islamophobie de genre », soient « inclusifs », « éviter de mentionner la religion », « rappeler que les femmes peuvent préférer porter le hijab »…
fdesouche.com
https://www.fdesouche.com/2022/10/27/lue-finance-le-frere...
11:28 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, presse, journaux, média, france | | del.icio.us | | Digg | Facebook
samedi, 29 octobre 2022
Comment les USA auraient pu ne jamais exister - et demeurer anglais
Comment les USA auraient pu ne jamais exister - et demeurer anglais
Nicolas Bonnal
Un article d’Adam Gopnik dans The New Yorker avait mis en rage en 2017 les énergumènes de Prisonplanet.com. Il ne faisait pourtant que reprendre à sa manière gauchiste les arguments des libertariens et de quelques traditionalistes sur une question importante : l’existence-même des USA, pays qui tyrannise et menace la planète par sa technologie, son dollar et ses armées toujours en guerre.
Nous aurions pu être le Canada. We could have been Canada.
On n’avait donc pas besoin de faire une guerre d’indépendance cruelle et dangereuse contre l’Angleterre. L’Amérique aurait été moins peuplée, serait restée un dominion tranquille comme le Canada et l’Australie, et l’Angleterre aurait continué de trôner pragmatiquement sur le monde. L’Allemagne n’aurait bien sûr pas osé la défier, et nous n’aurions pas connu les horreurs mondiales de nos guerres germano-britanniques.
Gopnik ajoute qu’on aurait aboli l’esclavage sans passer par cette folle et sanglante guerre de Sécession. C’est une évidence : l’Angleterre a aboli pacifiquement dans la foulée de sa révolution industrielle l’esclavage dans toutes ses colonies. Je pense aussi qu’il y aurait eu une immigration anglo-irlandaise dans ce grand pays, et cela aurait été mieux. Je suis arrivé à cette conclusion en lisant Poe, Melville, Kipling, Grant, Stoddard, Ross et quelques dizaines d’autres.
Thomas di Lorenzo dans son livre sur Lincoln a révélé le personnage que c’était. Un radical, un whig, comme ceux qui voulaient la révolution de 1776 aux relents Illuminati. J’ai souligné dans un texte précédent que Lincoln dénonce d’un côté la barbarie de la populace américaine (crimes racistes, lynchages, pendaisons ; comparez au Canada) et cette adoration de la loi qui confine aujourd’hui au totalitarisme, avec 42 % de la population carcérale mondiale.
La nation indispensable de Biden-Obama (qui vient de palper 3.2 millions pour pérorer en jet sur l’effet de serre) n’aurait pas détruit ou défiguré la moitié du monde et l’Asie, et n’aurait pas hypocritement géré la question noire après l’esclavage (un million de jeunes noirs tués en trente ans là-bas), n’aurait pas détruit la culture européenne et même mondiale par sa sous-culture déracinée. Elle ne serait pas en train de nous préparer à une guerre d’extermination contre la Russie pour satisfaire son ego.
Oui, je pense aussi que l’on pouvait se passer de l’Amérique et que la France aurait pu garder la Louisiane, l’Espagne la Californie et la Russie l’Alaska. La destruction de la planète par l’Américanisme depuis deux-cent-quarante ans maintenant est certainement la plus grande catastrophe eschatologique de l’histoire du monde. Ajoutez que si nous n’avions pas aidé cette anti-nation à chasser les gentlemen anglais, nous n’aurions pas connu la révolution et son cortège de catastrophes. Il est vrai qu’il y en a que cela motive. Je n’ai jamais pu supporter La Fayette.
Sources :
« We could have been Canada » – The New Yorker – 15 mai 2017
Samuel Johnson – The patriot (1774)
Nicolas Bonnal – La culture comme arme de destruction massive (Amazon_Kindle)
https://www.newyorker.com/magazine/2017/05/15/we-could-have-been-canada
21:28 Publié dans Uchronie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique fiction, nicolas bonnal, états-unis, uchronie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L'Inde "conquiert" Downing Street: avec Sunak, l'aube d'un nouveau Royaume-Uni
L'Inde "conquiert" Downing Street: avec Sunak, l'aube d'un nouveau Royaume-Uni
Andrea Muratore & Emanuel Pietrobon
Source: https://insideover.ilgiornale.it/politica/lindia-conquista-downing-street-con-sunak-lalba-di-un-nuovo-regno-unito.html
24.10.2022: c'est la date que la postérité retiendra pour dire que l'ère post-anglo-saxonne de l'Empire britannique a officiellement commencé. Date coïncidant avec la victoire de Rishi Sunak dans la course éliminatoire pour la direction du Parti conservateur britannique, qui fait de lui, en remplacement de Liz Truss, le premier chef de gouvernement d'origine indienne de l'histoire du pays.
Plus britannique que jamais, ancien banquier de Goldman Sachs, une carrière à la City suivie d'une ascension fulgurante dans les rangs des Tories, passé le poste de Chancelier de l'Échiquier à l'ère du Covid et de l'édification de la Grande-Bretagne globale, Sunak impose un changement structurel. Car Sunak, en effet, n'est rien de moins que la personnification du Royaume-Uni en mutation, ou plutôt déjà muté car devenu post-anglo-saxon et multiracial, mais non pas post-impérial.
Indien, oui, mais britannique
Le néo-premier ministre né à Southampton le 12 mai 1980 est le fils de parents d'origine indienne, nés au Kenya et en Tanzanie, qui se sont installés au Royaume-Uni dans les années 1960. Sur tous les fronts, c'est un fils, sinon un petit-fils de l'empire d'autrefois, qui est devenu le porte-drapeau de la Grande-Bretagne globale qu'il envisageait comme centrée sur Londres, le nouveau "Singapour sur la Tamise", en tant que premier centre financier du monde.
Sunak est le premier premier ministre nommé par le roi Charles III, un souverain plus complexe que la vulgate ne le dépeint : cultivé, instruit plus qu'aucun de ses prédécesseurs, le premier roi à recevoir une éducation non pas militaire mais politique, littéraire et sociale. Dirigeant post-impérial et post-colonial par définition, Charles est né en 1948, un an après la fin de la domination coloniale de Londres sur le sous-continent indien, et est aujourd'hui le monarque sous le trône duquel le premier ministre en charge est une figure si symbolique.
Le pragmatique Sunak incarnera-t-il la Grande-Bretagne post-britannique ? La nation qui a vu la Grande-Bretagne affirmer le Brexit comme l'ultime épopée impériale aux peuples de son pays connaîtra-t-elle ses propres troubles dans sa proche banlieue ? Et comment le premier fils de l'empire parviendra-t-il à gouverner ? Sunak sera-t-il plus global que britannique dans ses choix en matière de politique économique - il n'est pas hyper-libéral, il est cependant un libre-échangiste convaincu -, d'identité - il est bien moins extrémiste que nombre de ses collègues de parti - et de politique étrangère ? Que deviendra la relation spéciale avec Washington maintenant que Londres s'est montré vulnérable sur le front intérieur en premier lieu ? Et qu'adviendra-t-il des relations avec l'Inde, maintenant qu'un descendant de l'ancienne colonie dirige le pays ? Toutes ces questions sont légitimes.
La revanche de la périphérie sur le centre
L'histoire, comme on le sait, adore se moquer de l'homme. Le 24 octobre, alors que les hindous et les jaïnistes du monde entier étaient occupés à célébrer Diwali - l'une des fêtes les plus importantes de l'Indosphère, un moment de liesse où les fidèles se souviennent que le Bien triomphe toujours du Mal - un événement capital s'est produit à Londres : un Indien naturalisé britannique, Rishi Sunak, est devenu Premier ministre. Coïncidence, ou destin, selon votre point de vue.
Il était question d'un gouvernement Sunak depuis des mois, depuis la crise de BoJo, nous ne sommes donc pas confrontés à ce que l'on appellerait habituellement un coup de tonnerre. Mais cela n'enlève rien au caractère mémorable de l'événement. Premier ministre d'origine indienne. Emblème de l'entrée du Royaume-Uni dans une nouvelle ère, d'ailleurs irréversible - car la démographie est le destin -, aux caractéristiques post-anglo-saxonnes et multiraciales. L'accomplissement de la prophétie de Macaulay.
Sunak n'est pas moins britannique que de naissance, et son CV est explicite à cet égard, mais ce qui est indéniable, c'est qu'il représente, à la fois, la revanche des périphéries sur le centre et le symbole d'une nouvelle nation multinationale, dynamisée par l'affirmation et l'activisme des fils des anciennes colonies et, bien qu'imperceptiblement, par le lobbying omniprésent et influent des membres du Commonwealth.
L'ascension de Sunak a eu lieu en plein jour, est-il écrit, et cela se rapporte directement au discours sur le pouvoir croissant des banlieues (et de leur progéniture) à influencer la dynamique interne de la métropole déconfite. Une ascension largement prédite car accompagnée de complots et de sabotages dans le dos de BoJo, dont Sunak a été l'architecte de la chute - déclenchant la crise gouvernementale en juillet - et qui n'aurait jamais été possible si le "parti minoritaire" de Downing Street, dirigé par les Pakistanais Sajid Javid et Saqib Bhatti, l'Irakien Nadhim Zahawi et les Indiennes Priti Patel et Suella Braverman (photo, ci-dessous), ne l'avait pas soutenue et popularisée. Complots et sabotages se sont ensuite redirigés au détriment de Liz Truss, qui a également été boycottée sur le plan intérieur par les primevères rouges du parti indien - en particulier le ministre Braverman - et, sur le plan extérieur, mise en difficulté par un curieux bras de fer avec New Delhi.
Homme de Londres ou homme de New Delhi ?
Trois raisons peuvent expliquer l'ascension impétueuse de Sunak, le premier ministre britannique du Joyau de la Couronne, à la lumière de ce qui s'est passé dans les coulisses de Downing Street.
La première est la moins diégétique : Sunak a senti le potentiel du parti minoritaire, de plus en plus nombreux et influent, et l'a utilisé à son avantage pour donner le coup de grâce à ses rivaux impopulaires. La revanche (authentique et sans malice) du Commonwealth sur Londres.
La deuxième et la troisième sont similaires mais différentes : la montée en puissance de Sunak comme faisant partie d'un plan astucieux scénarisé par des esprits raffinés basés soit en Angleterre, et donc stabilisateurs, soit en Inde, et donc puissamment inquiétants.
Le premier cas. Il pourrait s'agir d'une tentative, née dans les coulisses, de restaurer le calme en Grande-Bretagne afin qu'elle puisse poursuivre le rêve post-Brexit d'une Grande-Bretagne globale, dont le couronnement serait inévitablement le scellement d'une relation spéciale avec l'Inde - une mission échouée par BoJo, perdue dès le départ par Truss et que seul un homme comme Sunak, un véritable enfant du Gange, aurait une réelle chance de mener à bien. L'entrée de Londres dans l'ère post-anglo-saxonne comme fonction préparatoire à un retour impérial.
Le deuxième cas. On serait alors confronté à un phénomène exceptionnel : la transformation de New Delhi en un acteur décisif dans les équilibres internes de la Grande-Bretagne. Un acteur capable de les consolider ou de les briser, selon l'intérêt et la contingence, avec l'aide de sa progéniture insérée aux postes économiques et politiques clés. La métropole otage de l'(ancienne) périphérie.
Quelle que soit la durée réelle du mandat de Sunak, l'intrigue qui a permis son succès ne restera pas dans l'histoire comme un épisode impromptu, mais comme un événement décisif - un tournant entre deux époques. Il y aura un avant et un après Sunak. L'après-Sunak coïncidant avec un Royaume-Uni pleinement conscient de sa multiracialité et de l'érosion progressive de l'idée même de britannicité. La question est de savoir si et dans quelle mesure cette transformation aura des répercussions internationales importantes et, surtout, au profit de qui.
20:06 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grande-bretagne, royaume-uni, europe, affaires européennes, inde, politique internationale, actualité, rishi sunak | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Leçons italiennes (I)
Leçons italiennes (I)
par Georges FELTIN-TRACOL
Le 25 septembre dernier, quelques mois avant l’échéance prévue pour le printemps 2023, les Italiens renouvelaient la Chambre des députés et le Sénat de la République. Fin juillet, constatant l’absence de soutien effectif d’une partie du Mouvement 5 Étoiles (M5S), de Forza Italia de Silvio Berlusconi et de la Ligue de Matteo Salvini au gouvernement de Mario Draghi, le président de la République Sergio Mattarella dissolvait les deux assemblées.
La constitution italienne du 22 décembre 1947 établit un régime parlementaire dans lequel le bicaméralisme est parfaitement égalitaire. Chambre des députés et Sénat disposent des mêmes prérogatives constitutionnelles dont celle de renverser le gouvernement. À cette première particularité s’ajoute un mode de scrutin désormais identique. Le Rosatellum adopté en 2017 distingue trois huitièmes des sièges élus au scrutin majoritaire uninominal à un seul tour dans de vastes circonscriptions nommées « collèges » des cinq huitièmes des sièges restant élus au scrutin proportionnel de liste. Contrairement aux électeurs allemands qui disposent de deux bulletins, les Italiens doivent choisir entre les candidats des collèges et les listes proposées. Si la loi électorale permet la multiplicité des candidatures dans différents collèges, le Rosatellum favorise surtout les ententes partisanes qui peuvent remporter la majorité absolue des sièges si une coalition franchit 40 % des suffrages.
Longtemps, les parlementaires italiens furent pléthoriques. En avril 2020, après bien des négociations, un référendum adopte une révision constitutionnelle. Outre une égalité complète accordée aux électeurs et aux candidatures tant à la Chambre des députés qu’au Sénat si bien que les deux assemblées sont pleinement redondantes, la principale mesure réduit le nombre de sénateurs et de députés. La Chambre des députés compte dorénavant 400 membres et le Sénat 200 (plus les sénateurs nommés à vie et les anciens chefs de l’État).
Malgré une abstention élevée (36,09 %), ce qui demeure faible par rapport à l’abstention notée aux législatives françaises de juin dernier (53,13 % en moyenne), ces élections anticipées modifient une nouvelle fois le paysage politique de la Péninsule. En 2018, quatre cartels électoraux dépassaient le million de suffrages. Conduit par le liguiste Salvini, le centre-droit récoltait 12.164.732 voix. Le M5S obtenait 10.743.566 suffrages. L’alliance de centre-gauche de l’ancien président du Conseil Matteo Renzi recueillait 7.512.243 votes. Enfin, le mouvement d’extrême gauche éco-sociétal Libres et Égaux de Pietro Grasso ramassait 1.114.799 voix.
Cette année, la coalition de centre-gauche d’Enrico Letta réunissant le Parti démocratique, Plus d’Europe d’Emma Bonino, Engagement civique – Centre démocratique de Luigi Di Maio et l’Alliance verte et gauche, réunit 7.337.624 suffrages, soit une déperdition de 174.619 voix. Ce déclin de la gauche de gouvernement résulte d’une double concurrence surgie sur ses flancs. À sa droite a émergé avec 2.186.658 voix, issu des catégories sociales supérieures urbanisées, un « troisième pôle » qui regroupe Action de l’ancien ministre de l’Économie, Carlo Calenda, et Italia viva de Matteo Renzi, deux personnalités en rupture avec leur ancienne famille politique et qui rêvent d’importer en Italie le macronisme. À gauche du Parti démocratique, ce lointain héritier du Parti communiste italien et des courants de gauche de la démocratie chrétienne, résiste le M5S de l’ancien président du Conseil Giuseppe Conte. Certes, en quatre ans, le non-parti fondé par Beppe Grillo a perdu 6.409.818 électeurs pour ne réaliser que 4.333.748 voix. Se posant en « avocat du peuple » et en « porte-parole des plus pauvres », Giuseppe Conte a axé sa campagne sur le maintien et la généralisation du revenu de citoyenneté, l’équivalent du RSA, et d’autres aides étatiques. Grâce à une campagne populiste au sens plébéien du terme, le M5S confirme sa solide implantation dans la Botte et le Mezzogiorno au point que les commentateurs la qualifient de « Ligue du Sud » ou de « syndicat du Midi»…
Les dissidences du grillinisme, l’extrême gauche et les autres forces de la droite radicale demeurent inaudibles. Scission du M5S, Engagement civique ne récolte que 0,58 % et perd tous ses élus. Malgré la venue de Jean-Luc Mélenchon, l’Union populaire de Liugi de Magistris tourne autour de 1,19 %. Signalons qu’Italie souveraine et populaire de Marco Rizzi fait environ 1,20 %. Opposé aux vaccins covidiens, à la 5 G, aux OGM et à l’immigration extra-européenne, le mouvement Vita de Sara Cunial, ne réalise que 0,72 %. Quant à Italexit lancé par un exclu du M5S, Gianluigi Paragone, qui comptait parmi ses candidats des militants de CasaPound, il stagne à 1,90 %.
En augmentation de 134.916 voix, le centre-droit, soit l’union électorale de Forza italia, de la Ligue, de Frères d’Italie et des centristes démocrates-chrétiens de Nous, Modérés, attire 12.299.648 suffrages. En son sein, avec près de 26 %, Frères d’Italie de Giorgia Meloni arrivent en tête tandis que la Ligue et Forza Italia s’effondrent, passant respectivement - par rapport à 2018 - de 17,36 % et de 14,04 % à 8,77 % et 8,11 %.
La victoire de Giorgia Meloni signifie-t-elle le succès de l’union des droites comme le pensent certains Français ? Pour paraphraser Pascal, « vérité en deçà des Alpes, erreur au delà ». Dès 1994, les libéraux de Forza Italia, les régionalistes – autonomistes – indépendantistes de la Ligue et les néo-fascistes du MSI coopèrent dans le premier gouvernement de Silvio Berlusconi. En dépit de profonds désaccords et des tensions internes permanentes, le centre-droit a pris en trois décennies l’habitude de se coordonner et de se présenter uni aux élections nationales. Le « cordon sanitaire » et le « plafond de verre » n’existent pas en Italie !
Par ailleurs, Forza Italia, la Lega et Fratelli d’Italia ont déjà une longue et ancienne pratique gouvernementale tant au niveau de l’État que dans les régions, les provinces (soit les départements) et dans les communes. Les inévitables divergences n’empêchent pas des alliances ponctuelles. Une telle configuration en France s’avère impossible entre le RN, les Républicains et Reconquête !. Les Républicains sont tiraillés entre un accord, implicite ou non, avec le macronisme, quitte à heurter le centre-droit macronien d’Édouard Philippe, et une opposition plus ou moins affirmée elle-même divisée entre Xavier Bertrand, Bruno Retailleau, Éric Ciotti et Laurent Wauquiez. Tous lorgnent avec gourmandise sur le « bas de laine » électoral constitué par le marinisme sans comprendre que l’hégémonie chiraco-sarkozyste est définitivement révolue.
Les profondes animosités au sein des droites françaises écartent tout scénario à l’italienne d’union des droites. En revanche, si se poursuivent et s’amplifient les délires wokistes, écolo-sectaires et islamo-gauchistes au risque d’agacer l’électorat populaire autochtone albo-européen, il devient envisageable que s’opère face à l’arrogance macronienne une union nationale du peuple.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 48, mise en ligne le 25 octobre 2022 sur Radio Méridien Zéro.
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Ecologie et spiritualité: Jules César et la destruction de la forêt gauloise
Ecologie et spiritualité: Jules César et la destruction de la forêt gauloise
par Nicolas Bonnal
La destruction du monde ne date pas d’hier. La destruction des bois et des forêts a été maintes fois commentée dans l’Antiquité, notamment par Ovide.
« Les pins abattus sur les montagnes n’étaient pas encore descendus sur l’océan pour visiter des plages inconnues. Les mortels ne connaissaient d’autres rivages que ceux qui les avaient vus naître. Les cités n’étaient défendues ni par des fossés profonds ni par des remparts. »
Car l’âge d’or, c’est quand on ne touche pas aux forêts. La dimension sacrée, si présente dans la Norma de Bellini, est aussi soulignée par Tacite dans sa Germanie. J’évoquerai les splendeurs d’Ovide une autre fois (c’est le poète qu’on nous fit le plus rater à l’école...).
Grâce à une page de l’historien des celtes Venceslas Kruta, j’ai enfin découvert la Pharsale de Lucain, rival et martyr de Néron. Comme chez Tolkien, on y trouve un bois sacré que va détruire César. Il est situé près de Massilia, ville alors phocéenne et prestigieuse pour sa résistance à César.
Je laisse la parole à Lucain (Pharsale, chant III, vers 400-430 environ) : « Non loin de la ville était un bois sacré, dès longtemps inviolé, dont les branches entrelacées écartant les rayons du jour, enfermaient sous leur épaisse voûte un air ténébreux et de froides ombres. Ce lieu n’était point habité par les Pans rustiques ni par les Sylvains et les nymphes des bois. Mais il cachait un culte barbare et d’affreux sacrifices. Les autels, les arbres y dégouttaient de sang humain ; et, s’il faut ajouter foi à la superstitieuse antiquité, les oiseaux n’osaient s’arrêter sur ces branches ni les bêtes féroces y chercher un repaire ; la foudre qui jaillit des nuages évitait d’y tomber, les vents craignaient de l’effleurer. Aucun souffle n’agite leurs feuilles ; les arbres frémissent d’eux-mêmes. »
La forêt est fascinante et périlleuse. Mais vivante.
Lucain poursuit : « Des sources sombres versent une onde impure ; les mornes statues des dieux, ébauches grossières, sont faites de troncs informes ; la pâleur d’un bois vermoulu inspire l’épouvante. L’homme ne tremble pas ainsi devant les dieux qui lui sont familiers. Plus l’objet de son culte lui est inconnu, plus il est formidable. »
Chez Dante aussi il y a des arbres qui saignent en enfer. Je cite mon livre sur Tolkien :
« Comme on aura compris, Dante arrive donc avec Virgile dans une forêt très obscure (nous sommes au chant XIII de l’Enfer). Dans un univers encore plus terrifiant, il dialogue avec des arbres, et il comprend le drame sanglant de ces troncs qui sont des âmes de suicidés punis : « Ainsi que le bois vert pétille au milieu des flammes, et verse avec effort sa sève qui sort en gémissant, de même le tronc souffrant versait par sa blessure son sang et ses plaintes. Immobile, et saisi d’une froide terreur, je laisse échapper le rameau sanglant… Quand une âme furieuse a rejeté sa dépouille sanglante, le juge des Enfers la précipite au septième gouffre : elle tombe dans la forêt, au hasard ; et telle qu’une semence que la terre a reçue, elle germe et croît sous une forme étrangère. Arbuste naissant, elle se couvre de rameaux et de feuilles que les harpies lui arrachent sans cesse, ouvrant ainsi à la douleur et aux cris des voies toujours nouvelles… Chacune traînera sa dépouille dans cette forêt lugubre, où les corps seront tous suspendus : chaque tronc aura son cadavre (chant XIII de l’Enfer)… »
On repart sur Lucain (toujours cet étonnant chant III de la Pharsale) : « Les antres de la forêt rendaient, disait-on, de longs mugissements ; les arbres déracinés et couchés par terre se relevaient d’eux-mêmes ; la forêt offrait, sans se consumer, l’image d’un vaste incendie ; et des dragons de leurs longs replis embrassaient les chênes. Les peuples n’en approchaient jamais. Ils ont fui devant les dieux. Quand Phébus est au milieu de sa course, ou que la nuit sombre enveloppe le ciel, le prêtre lui-même redoute ces approches et craint de surprendre le maître du lieu. »
On a ainsi les dragons et l’Apollon hyperboréen.
Mais survient César (lisez la Vie de Suétone pour rire un peu de lui). Il va agir comme le Saroumane de Tolkien, comme un agent du Mordor : « Ce fut cette forêt que César ordonna d’abattre, elle était voisine de son camp, et comme la guerre l’avait épargnée, elle restait seule, épaisse et touffue, au milieu des monts dépouillés. »
Les hommes de César hésitent car on respecte alors encore un peu la forêt.
« À cet ordre, les plus courageux tremblent. La majesté du lieu les avait remplis d’un saint respect, et dès qu’ils frapperaient ces arbres sacrés, il leur semblait déjà voir les haches vengeresses retourner sur eux-mêmes. »
César prend même le risque de défier les divinités et de se maudire pour détruire le bois sacré : « César voyant frémir les cohortes dont la terreur enchaînait les mains, ose le premier se saisir de la hache, la brandit, frappe, et l’enfonce dans un chêne qui touchait aux cieux. Alors leur montrant le fer plongé dans ce bois profané : “Si quelqu’un de vous, dit-il, regarde comme un crime d’abattre la forêt, m’en voilà chargé, c’est sur moi qu’il retombe”. Tous obéissent à l’instant, non que l’exemple les rassure, mais la crainte de César l’emporte sur celle des dieux. »
Lucain oublie les sacrifices humains et redevient lyrique : « Aussitôt les ormes, les chênes noueux, l’arbre de Dodone, l’aune, ami des eaux, les cyprès, arbres réservés aux funérailles des patriciens, virent pour la première fois tomber leur longue chevelure, et entre leurs cimes il se fit un passage à la clarté du jour. Toute la forêt tombe sur elle-même, mais en tombant elle se soutient et son épaisseur résiste à sa chute. À cette vue tous les peuples de la Gaule gémirent… le laboureur consterné vit dételer ses taureaux, et, obligé d’abandonner son champ, il pleura la perte de l’année. »
Mais le destin malheureux de la forêt sacrée est de toute manière fait de destruction : « Les bois sacrés tombent, dit Lucain, et les forêts sont dépouillées de leur force… » (Procumbunt nemora et spoliantur robore silvae)
Notre Ronsard s’en souviendra à sa gentille manière scolaire (Écoute bûcheron…).
On citera le magicien Tacite pour terminer : « Emprisonner les dieux dans des murailles, ou les représenter sous une forme humaine, semble aux Germains trop peu digne de la grandeur céleste. Ils consacrent des bois touffus, de sombres forêts ; et, sous les noms de divinités, leur respect adore dans ces mystérieuses solitudes ce que leurs yeux ne voient pas » (« lucos ac nemora consecrant, deorumque nominibus appellant secretum illud, quod sola reverentia vident… »).
Il y a la destruction de la forêt gauloise, et aussi de la littérature romaine à l'école…
Bibliographie
Bonnal – Le salut par Tolkien, Avatar, p. 96.
Dante – Enfer, chant XIII.
Kruta – Les Celtes, histoire et dictionnaire, « Bouquins » Robert Laffont.
Lucain – La Pharsale, III (sur Remacle.org).
Ovide – Les métamorphoses, I (ebooksgratuits.com).
Suétone – Vie de César (sur Wikisource).
Tacite – Germanie, IX.
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vendredi, 28 octobre 2022
La misère symbolique. Le philosophe Bernard Stiegler et l'ère hyperindustrielle
La misère symbolique. Le philosophe Bernard Stiegler et l'ère hyperindustrielle
par Giovanni Sessa
Source: https://www.centrostudilaruna.it/la-miseria-simbolica-il-filosofo-bernard-stiegler-e-lepoca-iperindustriale.html
Nous avons longtemps soutenu qu'il serait nécessaire de se débarrasser de l'idée néfaste de la fin de l'histoire. La société contemporaine n'est pas le "meilleur des mondes possibles", elle est surmontable et amendable. Nous avons été confortés dans cette position par la lecture d'un récent ouvrage du philosophe français Bernard Stiegler, La misère symbolique. L'ère hyperindustrielle, publié en version italienne par Meltemi (pour les commandes : redazione@meltemieditore.it ; 02/22471892, pp. 164, euro 16.00). Le volume comprend une introduction de Rossella Corda, une postface de Giuseppe Allegri et un essai du groupe de recherche Ippolita, qui édite les œuvres de Stiegler en Italie.
Que le lecteur sache que le penseur français ne se limite pas à élaborer un diagnostic des causes qui ont produit l'ère hyperindustrielle, mais propose une thérapie pour le malaise, tant individuel que communautaire, qui caractérise les relations humaines en son sein. En premier lieu, il se débarrasse du cliché de la post-modernité telle qu'elle a été théorisée par Lyotard et Baumann, cliché qui porte implicitement en lui la référence à un prétendu post-industrialisme, trompeur pour l'exégèse du présent. Il serait approprié d'utiliser l'expression d'âge hyper-industriel pour désigner notre époque : elle permet de comprendre l'incontournabilité de la tèchne et, surtout, le lien qui unit l'esthétique et le politique. Notre époque est celle du paupérisme du symbolique. Un tel paupérisme n'induit pas la définition : "du moi et du nous, à partir de la pauvreté d'un imaginaire colonisé ou surexploité par les technologies hyper-médiatiques [...] qui vicient la prolifération d'un narcissisme primaire physiologique" (p. 9). Conscient de la leçon Post-scriptum de Deleuze sur les sociétés de contrôle et, en ce qui concerne les processus d'individuation, de celle de Simondon, Stiegler présente un examen de la pensée symbolique comme pharmakon, poison et antidote à la fois: "dans le sillage de cette longue tradition qui commence avec Platon" (p. 10), conclut Corda.
Certes, ni les guerres conventionnelles ni les conflits sociaux n'ont disparu, mais le monde contemporain connaît une guerre plus envahissante, celle qui se déroule dans la sphère "esthétique", dont l'enjeu est la con-sistance symbolique. Pour Stiegler, le terme "esthétique" désigne le "sentiment" en général. Le politique vise la construction d'un pathos commun: "qui intègre notre partialité-singularité réciproque [...] en vue d'un devenir-un" (p. 11), par l'établissement de relations de sympathie, fondées aristotéliciennement sur la philia. On peut en déduire que la politique est un acte esthétique basé sur la "participation e-motive-créative" (p. 11), visant à la construction du corps social. Elle peut induire la réalisation du nous ou ouvrir des échappatoires dissolvantes. La seconde hypothèse se produit lorsque les "affects" sont pris dans le piège de l'exploitation réalisée par la Forme-Capital qui, colonisant l'imaginaire par le marketing, oriente la dimension désirante de l'homme et marchandise la vie.
Le capitalisme cognitif et la société de contrôle, son corrélat historique, vivent d'un tel abus esthétique, si subtilement puissant qu'il détermine l'effacement de la honte prométhéenne qui, selon Anders, aurait accompagné, en tant que trait "affectif", l'âge de la technologie. Il est nécessaire, souligne passionnément le penseur, d'échapper à l'emprise de l'hétéro-direction socio-existentielle et: "remettre en mouvement les processus de désir actif" (p. 11). La guerre esthétique ne peut être gagnée qu'à condition de connaître les substrats complexes de rétentions sur lesquels se structure la production imaginale. Il ne suffit pas de s'arrêter aux rétentions primaires et secondaires analysées par Husserl. Les premières se constituent sur le présent de la perception (l'écoute d'une symphonie), les secondes sur les processus d'image (le souvenir de cette écoute), mais les plus pertinentes, dans la phase actuelle, sont les rétentions tertiaires, produites par la mémoire externalisée que nous fournit la technologie. Dans ce contexte, nous avons affaire à des "objets temporels industriels", qui donnent lieu à la répétition infinie d'expériences et de perceptions et qui influencent la définition du moi et du nous : "ils se déposent dans une sorte d'archive de base, aussi physique [...] qu'abstraite" (p. 13). De cette façon, nous atteignons le point d'écouter sans plus entendre, nous écoutons mécaniquement, comme des magnétophones humains.
Cette situation, et son possible renversement, est déduite, selon Stiegler, du film de Resnais, On connaît la chanson. La rétention tertiaire a ici le visage de la répétition du refrain des chansons, qui sont devenues la "mémoire collective", non pas d'un nous consolidé, mais du On social inauthentique, dont Heidegger a magistralement parlé. En même temps, les protagonistes de ce film visent à transvaloriser, à transformer leur "souffrance" symbolique en une action symbolique. C'est la possibilité esthético-politique dissimulée dans la misère imaginaire. Le penseur stimule le trait poïétique des hommes, de sorte qu'ils adhèrent : "à une autre capacité d'imaginer" (p. 15), qui ne peut se fonder sur un retour à un passé donné, non touché par l'implant technique, mais qui, de celui-ci, doit naître. Le Gestell est à considérer comme un lieu de décision : on peut y procéder au renvoi définitif du je et du nous (l'état actuel des choses) ou à leur re-constitution, au-delà de la marchandisation universelle en cours (cette position ne semble pas différente de celle de Jünger dans Le Travailleur).
Seule l'adhésion à une philosophie imaginaire, a-logique, comme l'idéalisme magique évolien, peut permettre aux poietes de se sentir perpétuellement exposés au novum, aux rythmes de la physis et au fondement qui la constitue : la liberté. Nous avons trouvé le livre stimulant à lire. Nous ne pouvons pas être d'accord avec l'auteur lorsqu'il affirme que la misère symbolique du présent a eu une manifestation claire dans le succès électoral des Lepenistes le 21 avril 2002. Peut-être faut-il lire, dans ce vote, une réponse "instinctive" à la misère symbolique, qui nous semble, au contraire, incarnée de façon paradigmatique, par la "mise en marche" de Macron, dans laquelle se sont dissoutes les certitudes "solides" de la gauche.
Une dernière considération : il est paradoxal que moi, votre serviteur, issu de mondes intellectuels très éloignés de Stiegler, partage certaines de ses analyses. Sur le sujet, nous attendons des contributions des représentants de la pensée de la Tradition, qui sont trop souvent occupés à répéter de vieilles leçons.
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L'homme d'affaires qui est mort avec sa famille dans l'accident d'avion était le président du groupe Griesemann, qui est lié au pétrole et au gaz
Analyse: L'homme d'affaires qui est mort avec sa famille dans l'accident d'avion était le président du groupe Griesemann, qui est lié au pétrole et au gaz
Beatriz Talegón
Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/confidenciales/38985-2022-10-06-13-00-16
Karl-Peter Griesemann était le propriétaire de la société aerotaxis et d'avions médicaux et pilotait l'avion qui s'est écrasé dans la mer Baltique début septembre. Ce sont les informations que nous connaissions à tout moment sur cet Allemand qui passait de longues périodes à Zahara de los Atunes.
Il était accompagné de sa femme, de sa fille et du compagnon de celle-ci. Ces quatre personnes sont mortes dans l'accident.
Cependant, ce week-end, une information a été révélée qui, parce qu'elle n'était pas connue jusqu'à présent, a attiré l'attention : l'homme d'affaires était le président du groupe allemand Griesemann.
L'entreprise se consacre à la construction, à la conception et à la maintenance de grandes infrastructures de traitement de l'énergie, un domaine dans lequel elle "fournit des solutions individuelles et flexibles dans les domaines de la construction, de l'ingénierie, de la technologie et de la protection des installations, avec des services multidisciplinaires couvrant l'ensemble du cycle de vie des installations industrielles" depuis plus de 45 ans.
En 1975, Peter Griesemann a jeté les bases de l'actuel groupe Griesemann, d'abord en fondant la société Consulting Engineers (axée sur la planification des systèmes mécaniques), puis en élargissant le domaine d'activité par l'acquisition et l'intégration d'autres sociétés. Aujourd'hui, le directeur général du groupe Griesemann est son fils aîné, Björn Griesemann.
Un message de condoléances sur le décès du "fondateur de notre entreprise et des directeurs généraux Peter Griesemann, Juliane Griesemann, Lisa Griesemann et Paul Föllmer" peut être lu sur le site web de Griesemann. "En raison de l'incompréhensible et tragique accident d'avion du 4 septembre, les autorités ne supposent plus que les occupants seront retrouvés vivants", indique le communiqué.
L'avion a été escorté par des avions de l'OTAN avant de s'écraser.
Au moment du crash, il a été signalé que plusieurs avions de différents États ont suivi l'appareil jusqu'à ce qu'il s'écrase dans la mer Baltique.
Les informations indiquaient que "des avions de chasse espagnols de la base de Torrejón, des chasseurs français, des Eurofighters allemands et un F-16 danois ont escorté le Cessna de la famille Griesemann à partir du moment où il a signalé des problèmes de pressurisation". Le quotidien de Jerez a ensuite expliqué que ces opérations s'inscrivent dans le cadre du protocole de l'OTAN, qui établit l'envoi d'avions militaires lorsqu'un avion est en difficulté, que des routes de vol civiles sont modifiées sans avertissement ou que des avions survolent l'espace commun sans autorisation, par exemple. Ces manœuvres sont appelées scramble, selon El Mundo.
Il est frappant de constater que cet homme d'affaires a toujours été mentionné en raison de ses compagnies aériennes, mais pas parce qu'il est le président du groupe qui travaille à la création et à la maintenance d'usines de gaz et de pétrole, entre autres.
Cxtx a souligné que cette société était chargée de l'entretien des gazoducs Nord Stream 1 et 2 (Source : Diario 16).
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jeudi, 27 octobre 2022
"Il est temps de construire une anti-flotte": les États-Unis reconnaissent la perte de leur domination maritime
"Il est temps de construire une anti-flotte": les États-Unis reconnaissent la perte de leur domination maritime
Elena Panina
Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/defensa/39122-2022-10-22-21-50-30
La Chine et les États-Unis sont entrés dans une "zone de danger", écrit James Holmes, président de la stratégie maritime au US Naval War College. Il s'appuie sur un discours cinglant de Mike Gallagher, membre du Congrès du Wisconsin, sur l'état de l'armée américaine à la Heritage Foundation basée à Washington, qui a publié son rapport annuel sur l'indice de puissance militaire des États-Unis.
Pour la première fois dans ce document, les forces armées américaines sont reconnues comme "faibles" par rapport aux tâches qui leur sont assignées dans le Pacifique occidental.
Gallagher en voit la raison interne dans une "sortie stratégique de la guerre froide et dans la guerre contre le terrorisme". La raison externe est la forte augmentation de la puissance de la marine de l'APL.
Le nombre et la puissance de feu de la marine américaine sont en baisse, souligne ce membre du Congrès : dans les prochaines années, elle passera de 292 à 280 navires. Dans le même temps, le Congrès les a obligés à avoir 355 navires. Et selon l'armée elle-même, pour atteindre ses objectifs dans le monde, les États-Unis ont besoin de "plus de 500 navires, avec ou sans équipage".
Mais le temps presse et M. Gallagher rappelle le principe de la "fenêtre Davidson" : la prévision de l'ancien chef du commandement indo-pacifique américain, l'amiral Phil Davidson, qui a prédit une attaque de Pékin sur Taïwan d'ici 2027. Il est irréaliste de pouvoir porter la flotte américaine à 500 ou 355 navires en cinq ans.
Gallagher propose donc le concept dit "anti-flotte" jusqu'à ce qu'il prenne de l'ampleur (vraisemblablement dans les années 2030).
Il implique le déploiement de trois anneaux de systèmes de missiles autour de la République populaire de Chine dans les première et deuxième chaînes d'îles de l'océan Pacifique, ainsi que dans des endroits plus éloignés comme l'Alaska et Hawaï. La tâche consiste à perturber le débarquement des forces amphibies de l'APL sur Taïwan.
James Holmes, quant à lui, complète la prescription stratégique de Gallagher par "une flotte de navires de surface armés de missiles à faible coût et de sous-marins diesel".
Notez que le concept d'"anti-flotte" n'est pas nouveau. Sans qu'il n'ait été fait usage de ce terme, elle a toutefois été inscrite dans la stratégie indo-pacifique américaine, publiée en janvier 2018 sous Trump. Dans la première chaîne d'îles, des systèmes de missiles de frappe, dans la seconde, des systèmes de défense aérienne et de défense antimissile.
Et voici ce qui est intéressant. Selon plusieurs sources, les Etats-Unis sont déjà en train de compter les effectifs de la puissance navale conjuguée de la Chine et de la Russie. D'ici 2030, Washington prévoit que le nombre de navires de la marine russe et de la marine de l'APL atteindra 800 unités, tandis que la marine américaine ne disposera que de 400 navires.
En fait, les États-Unis ont peu de chances d'obtenir un leadership mondial en mer, et la stratégie "anti-flotte" ne les aidera pas à gagner du temps. Les Américains ont déjà perdu, ils n'ont qu'à s'en accommoder : ce sera moins cher.
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Les trois piliers de l'eurasisme
Les trois piliers de l'eurasisme
Zhar Volokhvin
Source: https://katehon.com/en/article/three-pillars-eurasianism
L'essence de la pensée eurasienne peut être réduite à trois déclarations globales.
La Russie est une civilisation
La première affirmation, la plus importante, est que la Russie est une civilisation indépendante et originale. Cette affirmation est l'axe autour duquel devrait être construite toute pensée conservatrice (absolument toute la pensée conservatrice, et pas seulement la pensée conservatrice eurasienne). Que nous apporte-t-elle ? Premièrement, nous comprenons que le monde n'est pas global, n'est pas uni, n'est pas homogène. Le monde est composé de nombreuses civilisations, qui ne sont pas réductibles les unes aux autres. C'est-à-dire que les civilisations chinoise, indienne, européenne, américaine, russe - toutes ces civilisations sont égales.
Cela semble être une pensée simple et triviale, mais je suggère de s'y attarder. Si nous regardons le courant dominant qui règne actuellement, que voyons-nous ? Il y a un certain mode de développement occidental : il y a des pays du premier monde, du deuxième, du troisième. Et il serait bon, dans l'optique de l'occidentalisme, que tout le monde devienne à terme comme l'Occident, en suivant un chemin préétabli, c'est-à-dire être des pays du premier monde. Même si l'on écarte le côté pratique de la question, si l'on écarte ce que cette rhétorique est destinée à cacher - l'inégalité colossale entre les pays, le fossé monstrueux, le racisme, si vous voulez - il est évident que dans la formulation même de la question, il y a une erreur, une faille : la division des pays en pays de première - deuxième et troisième catégorie.
L'approche civilisationnelle suggère que toutes les civilisations - c'est la civilisation qui est centrale dans cette approche, et non un pays ou un État, c'est donc la civilisation qui est le sujet de la politique mondiale - sont équivalentes et ne peuvent être réduites les unes aux autres. La civilisation est parfois égale à un pays et/ou à un État, comme dans le cas de la Russie à certaines étapes de son histoire : dans l'Empire russe, en Union soviétique, les frontières de l'État étaient approximativement égales aux frontières de la civilisation. Parfois, une civilisation comprend plusieurs États, mais, d'une manière ou d'une autre, c'est la civilisation qui est le véritable sujet actif, sur le plan historique. Et c'est la civilisation qui est la valeur la plus élevée de l'humanité. Les civilisations peuvent différer par leur caractère, leur style, mais il n'y a pas de hiérarchie entre elles. C'est un point fondamental, il est impossible d'affirmer la supériorité de telle ou telle civilisation sur les autres.
Si nous adoptons un tel point de vue, nous verrons alors une image complètement différente de celle communément admise : nous ne pouvons pas être mondialistes - libéraux, communistes, nationalistes ou quoi que ce soit d'autre (à savoir qu'il est désormais habituel de décrire la réalité du point de vue du mondialisme). Mais nous devons reconnaître la diversité et la complexité qui règnent dans le monde.
De plus, l'approche civilisationnelle est une idée absolument russe et, si l'on veut, principalement une idée russe. Pourquoi ? Elle a été formulée par deux remarquables penseurs russes à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle: Konstantin N. Leontiev et Nicolas Danilevsky. Peut-on trouver quelque chose de similaire chez d'autres peuples ? Sûrement chez les Européens, par exemple chez les Allemands ? Oui, nous pouvons trouver la phrase du philosophe J. G. Herder, qui ressemble à ceci : "Les peuples émanent des pensées de Dieu". Cette phrase n'est pas loin de l'approche civilisationnelle. Cependant, il est revenu aux Russes de la formuler comme un concept indépendant.
En nous tournant vers Dostoïevski, qui parle d'humanité universelle, nous trouverons exactement l'idée même qui sous-tend l'approche civilisationnelle. Notons que la toute-humanité de Dostoïevski est souvent comprise de manière simplifiée. La toute-humanité est à la fois un "sens gaulois aigu", et un "génie allemand lugubre", et quelque chose d'autre. Mais ce "quelque chose d'autre" vient certainement d'Europe. Peut-être est-ce quelque chose d'espagnol, de portugais, d'anglais. Mais, si nous nous plaçons sur les positions d'une approche civilisationnelle, il devient nécessaire de reconnaître aussi "quelque chose" d'iranien, de brésilien, de japonais, de chinois... C'est cette sorte de toute-humanité qui est une véritable approche civilisationnelle, et c'est la véritable essence d'une personne russe.
Cependant, dans cette toute-humanité, le Russe ne se dissout pas: il s'ouvre au monde. Il est prêt à percevoir le nouveau, le meilleur - et à refuser ce qui est contraire à sa nature. Dans ce cas, il est absolument libre. Comme un tireur de croix eurasien (rose des vents), qui se dirige dans huit directions à la fois, il en va de même pour un Russe : il se déplace en largeur dans toutes les directions à la fois, y compris dans toute l'immensité du monde, tout en restant russe et eurasien.
C'est la première thèse : la Russie est une civilisation indépendante. Indépendante, originale, irréductible aux autres. Et même si nous supprimons le mot "eurasisme" d'ici, nous pouvons réunir sous ce terme un éventail assez large de penseurs conservateurs et traditionalistes ainsi que des tendances et des courants de pensée. L'idée naturelle pour un humain russe est de ressentir son identité.
L'espace de développement : La volonté de l'espace
La deuxième thèse est plus spécifique. Je la désignerais comme "la volonté de l'espace". Elle signifie que l'espace n'est pas un paysage mécanique, pas une sorte de carte marquée d'une grille sèche et sans vie, où chaque carré individuel est égal à un autre. L'espace est vivant, il respire. Chaque espace a son propre esprit, son propre genius loci : en conséquence, il existe par sa propre volonté.
Cette approche n'est pas spécifiquement eurasienne, mais trouve son expression originale chez les Eurasiens dans le concept d'"espace de développement" ("mestorazvitie"). Il apparaît simultanément chez Peter N. Savitsky et George V. Vernadsky, reflétant l'attitude des Eurasiens vis-à-vis de l'espace. La Russie-Eurasie se distingue parce qu'elle s'est trouvée dans certaines conditions géographiques qui ont façonné le style de notre peuple, qui comprend de nombreux groupes ethniques, slaves et non slaves. Et ce style particulier qui les unit est formé principalement par la géographie et les conditions historiques. Comme le dit le dicton, "la géographie est une phrase". Ou, plus exactement, la géographie est un destin. Le destin commun de nos groupes ethniques, causé par la géographie (à savoir, par la volonté de l'espace), est la deuxième thèse - "l'espace de développement" ("mestorazvitie").
Ethnogenèse : L'union de l'esprit et du sang
Enfin, nous nous tournons vers la troisième thèse spécifiquement eurasienne, qui peut être désignée par le mot "ethnogenèse" : par celle-ci, en parlant un peu plus en détail, nous entendons l'union des Slaves et des Turcs (ainsi que d'autres ethnies eurasiennes), des Forêts et des Steppes (et d'autres zones spatiales).
De tous les Eurasiens, Lev N. Gumilev a particulièrement insisté sur cette position. En effet, l'influence sur la culture russe des Turcs, Tatars, Mongols, qui ont traversé le territoire de notre empire comme un tourbillon ardent - est indéniable. Et leur impact n'a pas été que négatif. Nous voyons non seulement les églises détruites laissées par les Mongols, non seulement l'inimitié qui existait autrefois entre les Tatars et l'État russe. Mais nous voyons aussi la noblesse tatare, qui a fait partie du nouvel État russe, moscovite. Nous observons un certain style hérité de l'empire de Gengis Khan, qui a été adopté par les princes moscovites et préservé par les souverains russes jusqu'à ce jour. Nous reconnaissons certaines tâches historiques, une approche particulière de la conduite de la vie de l'État, qui ne peut nous laisser indifférents. C'est de cela que parlent les Eurasiens.
Une autre chose est que le degré d'influence des Turcs (Tatars, Mongols ou autres groupes ethniques) sur le noyau civilisationnel russe est contesté par de nombreux Eurasiens. Lev Gumilev estime que cette influence est exceptionnellement grande, d'autres Eurasiens sont plus méfiants à son égard, mais tout le monde le reconnaît.
Nous pouvons ajouter de notre côté que l'influence des ethnies turques et slaves n'est pas la seule à être exceptionnellement grande. Pour en revenir au "Conte d'antan", qui décrit le moment de l'organisation de l'État russe, rappelons les tribus qui, selon les annales, s'appelaient Rurik. Qui verrons-nous ? - Les Krivichs, Chud, Merya, Ves' et Vod'. Ce sont à la fois des tribus slaves et finno-ougriennes. Les peuples finno-ougriens ne devraient pas non plus être privés d'attention: ils étaient au cœur même de l'État russe - et nous avons également adopté d'eux une approche particulière de la vie, un certain style, des mots significatifs, des rituels, des éléments de vêtements et nous conservons encore soigneusement tout cela.
C'est sur ce type d'ethnogenèse, sur l'essence impériale du peuple russo-eurasien, que les Eurasiens insistent. On peut le décrire schématiquement : il existe un certain noyau, fondamentalement slave, et d'autres groupes ethniques sont soigneusement rattachés à ce noyau, ce qui a pour effet de former un seul peuple russo-eurasien, qui existe aujourd'hui - que nous avons porté à travers les siècles.
Il est important de noter que le peuple n'est pas un concept statique. Un groupe de personnes peut se proclamer peuple, mais cela ne suffit pas. Un peuple, c'est un destin commun, des ancêtres communs, des descendants communs, un vecteur commun de développement, un sang commun versé ; parfois ce sang est versé dans des batailles fratricides.
Si nous nous tournons vers l'époque actuelle, nous verrons qu'il n'y a pas si longtemps, les Russes étaient en guerre contre les Tchétchènes, et maintenant les Tchétchènes se disent Russes, et nous les appelons "Russes". Et quand notre ennemi dit : "Les Russes sont arrivés", il veut aussi dire les Tchétchènes. Quand nos civils entendent: "Akhmat est le pouvoir", ils comprennent : "Les Russes sont venus !". Ainsi, le sang commun qui a été versé sur notre terre a une influence unificatrice. Oui, c'est une tragédie. Oui, souvent elle ne passe pas paisiblement, mais elle donne de grandes semences.
Par conséquent, un destin commun, des guerres communes, un objectif historique commun doivent être traités de manière très responsable. C'est précisément ce sur quoi insistent les Eurasiens, et c'est de là que provient notre troisième thèse spécifique. Et si nous voulons être appelés Eurasiens, nous devons l'accepter.
Conclusion
Reprenons depuis le début. Nous avons identifié trois thèses. Si, après avoir lu ceci, vous voulez devenir des Eurasiens, vous devez accepter non seulement la troisième, mais aussi les deux premières. Quelles sont-elles ?
- La Russie est une civilisation indépendante, originale, irréductible aux autres : ni pire ni meilleure, une parmi plusieurs.
- La volonté de l'espace (espace développemental/mestorazvitie) détermine le destin historique du peuple.
- L'Empire russe est le résultat d'une ethnogenèse, au cours de laquelle s'est produite l'union des groupes ethniques slaves, turcs, finno-ougriens et autres, qui ont constitué un seul peuple russe dans toute sa diversité.
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La constitution autoritaire de la France n'est pas digne de blâme pour l'UE
Bruxelles reste silencieuse face à un déficit démocratique évident
La constitution autoritaire de la France n'est pas digne de blâme pour l'UE
Erich Körner-Lakatos
Source : https://zurzeit.at/index.php/bruessel-schweigt-zu-einem-offensichtlichen-demokratiedefizit/
Le droit budgétaire est une compétence essentielle de tout Parlement élu par le peuple. Les députés élus par le peuple ont ainsi la possibilité de diriger les activités du gouvernement en lui allouant l'argent nécessaire à son fonctionnement. Cet argent, c'est la somme des impôts que l'État fait payer aux citoyens.
L'idée que les contribuables décident de ce qu'il advient de l'argent qu'ils versent à l'État est ancienne. Dès 1628, la Petition of Right anglaise stipule que le Parlement a le droit de prendre des décisions contraignantes sur la nature et le montant des impôts. Dans de nombreux endroits, le droit de vote des citoyens (hommes) est lié à leur contribution fiscale.
C'est ainsi que les États-Unis sont nés. Les colons anglais des colonies britanniques d'Amérique du Nord doivent certes payer des impôts, mais ils ne sont pas représentés au Parlement de Londres. Leur devise : "No taxation without representation" (pas de taxation sans représentation). En d'autres termes, ils veulent avoir leur mot à dire sur l'utilisation de l'argent des contributions qui leur sont imposées.
Imaginez qu'il existe en Europe un État où ce n'est pas la représentation du peuple, mais le gouvernement qui utilise les impôts comme il l'entend, comme s'il s'agissait de sa fortune personnelle. En d'autres termes, il détermine combien d'argent il utilise et à quelles fins. Sans que le Parlement n'ait son mot à dire.
Un tel pays pourrait-il devenir membre de l'UE ? Certainement pas. Eh bien, la réalité est différente. On pense ici à un passage du Sermon sur la montagne de Jésus : Pourquoi vois-tu la paille dans l'œil de ton frère, et ne vois-tu pas la poutre dans le tien ?
En effet, la Commission européenne et le Parlement européen sanctionnent sévèrement tout écart réel ou supposé par rapport aux principes qui sont justement si chers à la démocratie, à la séparation des pouvoirs et à l'État de droit dans les petits États membres comme la Hongrie, généralement en retenant des fonds. Mais les dirigeants de Bruxelles et de Strasbourg ne voient pas la poutre dans l'un des plus grands États membres, nous parlons de la France.
A Paris, le 19 octobre dernier, au soir - en plein débat des députés sur le projet de budget du gouvernement - la Première ministre de Macron, Élisabeth Borne, déclare le débat clos et le projet de budget du gouvernement pour 2023 adopté sans vote à l'Assemblée nationale. Tout simplement comme ça. Comment est-ce possible ?
C'est très simple, si l'on se réfère à la Constitution française du 4 octobre 1958 et à ses amendements. L'article 49, paragraphe 3, est libellé comme suit :
"Le Premier ministre peut, après délibération du Conseil des ministres, engager devant l'Assemblée nationale la responsabilité politique du Gouvernement sur le vote d'un projet de loi de finances ou d'un projet de loi de financement de la sécurité sociale. Dans ce cas, ce projet est réputé adopté si, dans les vingt-quatre heures qui suivent, une motion de censure n'est pas déposée et ... adoptée".
La représentation nationale écartée n'a alors que la possibilité de censurer le gouvernement. Le président peut répondre en organisant de nouvelles élections. Si ces nouvelles élections ne permettent pas de dégager une majorité en faveur du gouvernement, le jeu peut recommencer et le gouvernement peut à nouveau - comme le dit cyniquement la Constitution - engager sa responsabilité politique sur son projet de budget. Sans la participation des représentants du peuple.
Cet article 49-3 de la Constitution française est à peu près ce qu'il y a de plus antidémocratique. Si cette disposition est utilisée, le gouvernement peut voter une loi sans passer par le Parlement et contourner ainsi tout simplement les députés élus par le peuple.
Et l'UE se tait...
16:12 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Droit / Constitutions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, europe, affaires européennes, droit, 49-3 | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La sécurité énergétique européenne entre les mains de la Turquie?
La sécurité énergétique européenne entre les mains de la Turquie?
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2022/10/26/euroopan-energiavarmuus-turkin-kasissa/
L'importance géostratégique de la Turquie est devenue embarrassante pour les politiciens finlandais qui pensaient que l'adhésion à l'OTAN serait un jeu d'enfant. Ils doivent maintenant attendre avec angoisse que le président Erdoğan ait la grâce de ratifier l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'alliance militaire.
Plus généralement, l'importance de la Turquie devient évidente pour d'autres personnalités politiques européennes alors que l'Europe se débat avec une crise énergétique qui s'aggrave. En effet, couper les liens avec la Russie n'a eu pour conséquences qu'une cascade de conséquences malheureuses.
"Qu'il s'agisse des exportations de céréales de la région de la mer Noire ou de l'approvisionnement en énergie des pays producteurs de l'Est, le Bosphore et les liens avec l'Eurasie jouent à nouveau, comme si souvent dans l'histoire, un rôle géopolitique crucial. Le fait est que la Turquie est désormais essentielle pour la sécurité européenne", écrit Karin Kneissl, ancienne ministre autrichienne des Affaires étrangères.
La part de la Russie dans les importations européennes de gaz est tombée à moins de 10 % depuis la perturbation politique du gazoduc Yamal-Europe et le sabotage du gazoduc Nord Stream.
Alors que la coopération énergétique entre la Russie et l'Europe a été délibérément réduite par les États-Unis, le partenariat entre la Russie et la Turquie n'a fait que s'intensifier. Déjà au début de 2020, le projet TurkStream a été lancé, et plus récemment, le 19 octobre, Erdoğan a annoncé qu'il s'était mis d'accord avec Poutine pour établir un centre d'approvisionnement en gaz naturel en Turquie.
Selon Poutine, la Russie peut faire de la Turquie une nouvelle route principale pour ses approvisionnements en gaz. Avec la construction d'un second gazoduc et la création d'un centre d'approvisionnement, le gaz russe continuerait d'être acheminé de la Turquie vers des pays tiers, notamment vers l'Europe. En outre, une bourse du gaz pourrait être mise en place en Turquie pour déterminer les prix.
Bien que l'UE souhaite, pour des raisons politiques, contourner les sources d'énergie russes, il s'agit déjà d'un projet géographiquement difficile. Alors que Bruxelles, sous la pression des États-Unis, est à l'agonie, la Turquie est l'un des pays heureux de pouvoir combler le vide de consommation.
La Turquie a déjà bénéficié en 2014 du projet SouthStream, qui est ensuite devenu TurkStream. L'UE a finalement perdu, tandis qu'Ankara a gagné, puisque l'UE achète désormais aussi du gaz russe via la Turquie.
Cette route énergétique sera encore étendue lorsque le projet gazier russe en Turquie démarrera. À mesure que la Russie adapte son rôle, la Turquie pourrait devenir un acteur clé de la sécurité énergétique de l'UE. En abandonnant la coopération directe avec la Russie, l'UE pourrait devoir négocier les questions énergétiques avec la Turquie à l'avenir.
En tant que plaque tournante pour divers projets énergétiques, Ankara a tenté par le passé de devenir membre de l'Union européenne, ce à quoi Bruxelles n'a pas consenti. Il semble maintenant que la Turquie change de cap et s'oriente vers l'Eurasie et deviendra bientôt membre de l'Organisation de coopération de Shanghai. Malgré son adhésion à l'OTAN, la coopération d'Ankara avec Moscou et Pékin ne fait que se renforcer.
L'UE a joué au poker énergétique avec les Américains et s'est retrouvée avec les cartes les plus faibles. Lorsque vous fuyez l'ours russe, vous rencontrez le loup gris turc. L'Europe deviendra-t-elle bientôt plus dépendante de la bonne volonté turque ?
La deuxième question est la suivante : les États-Unis - soupçonnés d'avoir fait sauter les gazoducs Nord Stream - permettront-ils à la Turquie, membre de l'OTAN, de conclure un tel partenariat énergétique avec la Russie ? Après tout, l'objectif a été de rendre l'Europe dépendante de l'Amérique pour l'énergie également. Selon des sources russes, il y a déjà eu des tentatives de sabotage du pipeline TurkStream.
Comme le suggère Kneissl, "les mois à venir montreront de façon éclatante à quel point les gouvernements de l'UE ont traité de façon irresponsable les besoins de sécurité énergétique du continent".
14:20 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, hydrocarbures, gaz, gaz naturel, russie, turquie, europe, union européenne, affaires européennes, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mercredi, 26 octobre 2022
Fareed Zakaria: la guerre d'Ukraine et l'arme du dollar
Fareed Zakaria: la guerre d'Ukraine et l'arme du dollar
Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/mondo/zakaria-la-guerra-ucraina-e-larma-del-dollaro
La guerre ukrainienne a mis fin à l'ère de la mondialisation qui a débuté en 1989 et fait peser de graves risques sur les États-Unis. Alarmant à cet égard est le discours de Fareed Zakaria, l'un des leaders d'opinion américains les plus influents, qui écrit dans le Washington Post qu'il pense que les alarmes concernant une guerre nucléaire sont exagérées, mais qu'une guerre mondiale est toujours en cours.
En effet, "l'Occident mène de manière compacte une guerre économique mondiale contre la Russie qui aurait été inimaginable il y a seulement un an". Et les conséquences de cette guerre sont susceptibles de persister pendant des "décennies" à venir.
La résilience de la Russie
Cette guerre, qui marque précisément la fin de la mondialisation post-1989 pour ouvrir l'ère de la concurrence entre les puissances, présente des risques très élevés, "même pour les États-Unis", écrit Zakaria, qui poursuit en notant que les sanctions ont échoué dans leur objectif de faire s'effondrer la Russie, qui a au contraire révélé une "résilience" inattendue.
Selon Zakaria, cela est dû à la fois au fait que la Russie était déjà mal intégrée à l'ère de la mondialisation, et au fait qu'elle est l'un des plus grands producteurs mondiaux de matières premières, l'échange desquelles n'est pas sanctionné car cela nuirait non seulement au producteur, mais aussi au consommateur.
Il y a tellement de sous-entendus dans ce point de l'article et on peut se demander pourquoi la seule véritable sanction totale a été celle portant sur le gaz russe, ce qui fait que l'Europe doit l'acheter ailleurs, notamment aux Etats-Unis où elle l'achète quatre fois plus cher, comme l'a publiquement dénoncé le ministre français des Affaires étrangères Bruno Le Maire.
Dans ce cas particulier, les consommateurs européens ont été touchés, et comment! De toute évidence, même sur la liste des sanctions, l'UE s'est montrée clémente envers les États-Unis, leur permettant de ne pas perturber leurs affaires à l'étranger, mais seulement de nous couler.
Mais, pour en revenir à l'article de Zakaria, il constate que les sanctions portant sur le pétrole ne fonctionnent pas, d'où l'urgence d'imposer un plafonnement du prix de l'or noir russe, auquel on ne peut certes pas renoncer, mais peut, de cette manière, permettre une baisse des profits pour Moscou.
C'est ce qu'a exigé la Fed américaine, avec l'obéissance immédiate de l'Europe, qui risque de se retrouver avec une autre bougie dans la main, car Poutine a clairement fait savoir qu'il ne vendrait pas de pétrole aux pays qui adopteraient une telle mesure.
L'arme du dollar
Mais le point vraiment intéressant est un autre, lorsque Zakaria écrit : "Le plus grand danger pour les États-Unis est qu'une grande partie de cette guerre économique mondiale est menée par l'Amérique seule, utilisant le statut unique du dollar comme une arme. Puisque les nations doivent utiliser cette seule monnaie véritablement mondiale, la menace de les exclure [du commerce international] permet d'appliquer des sanctions étendues qui peuvent également toucher les biens et services qui ne sont pas produits en Amérique".
En réalité, le dollar a longtemps été utilisé comme une arme d'intimidation et de coercition massive. Pourtant, poursuit Zakaria, dans la tempête déclenchée par la guerre ukrainienne, "de nombreux pays - l'Arabie saoudite, les autres États du Golfe, l'Inde, la Turquie, l'Indonésie et la Chine surtout - cherchent des moyens de se défaire de l'emprise de la monnaie américaine et d'échapper à la longa manus du pouvoir économique de Washington".
Une échappatoire pour se libérer du joug du dollar que les États-Unis doivent éviter, selon Zakaria, qui suggère à Biden qu'il s'agit d'une situation anormale et que dans des circonstances normales, un tel levier ne sera pas utilisé.
Et là, le pundit américain se montre bien trop naïf, puisqu'il semble oublier que les pays auxquels il adresserait un tel réconfort connaissent parfaitement l'histoire récente et la façon dont elle enseigne qu'il ne s'agit en aucun cas d'une anomalie temporaire. Et un petit discours ne suffira pas à les rassurer ; pour les ramener au bercail, il faudra utiliser le soft-power ou la force brute, avec toutes les inconnues du dossier.
Et pourtant, cette naïveté, manifestement voulue, permet à Zakaria de se concentrer sur le danger pour les États-Unis tout en éludant la vraie question, à savoir pourquoi tant de pays ont décidé d'entamer maintenant cette rébellion tacite. Une véritable révolte contre le dominus, qui révèle sa faiblesse sur la scène internationale.
Les États-Unis doivent absolument mater cette révolte, s'alarme Zakaria, "sinon, même si les États-Unis gagnent la confrontation avec la Russie, les historiens futurs pourraient se souvenir de ces années comme du moment où les pays du monde entier ont commencé à réduire leur dépendance vis-à-vis de l'Amérique, du moment où Washington a commencé à perdre ce qu'un président français a un jour appelé l'"immense privilège" de posséder la monnaie de réserve du monde".
La concordance Zakaria - Poutine
En fait, avec sa note, Zakaria ne fait que confirmer, sous un autre angle, ce que Poutine a déclaré dans plusieurs discours, à savoir que la guerre d'Ukraine n'est qu'une partie de cette nouvelle guerre mondiale, dont l'enjeu est la perpétuation ou la fin de la domination absolue des Etats-Unis sur le monde, suprématie dont le dollar est l'arme et le symbole.
Permettez-nous, en conclusion, de revenir à l'incipit de notre note pour lui donner de la couleur. L'ère de la mondialisation a commencé avec la défaite de l'ennemi historique de la guerre froide, dont l'année 89 est le symbole - le mur de Berlin est tombé cent ans après la naissance d'Hitler, qui est né en 1889, notait ironiquement à l'époque un célèbre politicien italien. La mondialisation, déjà affaiblie par la pandémie, a pris fin avec le retour de l'ennemi historique sur la scène internationale.
Avec la fin de la mondialisation, l'ère de la concurrence entre les puissances s'est ouverte, pour citer Zakaria. Le fait est que les États-Unis abordent ce nouveau scénario totalement différent avec des perspectives et des dynamiques issues du passé, de sorte que la guerre d'Ukraine est traitée de la même manière que la guerre en Irak ou en Libye, peu importe qu'il s'agisse d'un affrontement avec une puissance nucléaire. Une tragique myopie qui exacerbe les criticités et les inconnues du présent et de l'avenir.
18:01 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, fareed zakaria, états-unis, dollar | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La spécialisation "anti-récession" donne des leçons à l'UE. Quels sont les choix de la BCE?
La spécialisation "anti-récession" donne des leçons à l'UE. Quels sont les choix de la BCE?
Par Francesco Marotta
Source: https://www.grece-it.com/2022/10/24/lo-specialismo-anti-recessione-da-lezioni-alla-ue-quali-le-scelte-della-bce/?fbclid=IwAR34YrqacHiTIdaMloLW31fAAPUTDfxY5DyyX-peijZwsu5wm62WEQEzrKA
Selon l'économiste Phil Smith de S&P Global, qui compile les indices, les données de l'économie européenne sont en forte contraction. En ce qui concerne l'Allemagne, on constate "une intensification du ralentissement de l'économie allemande au début du quatrième trimestre", ce qui, dans les perspectives à court terme, "renforce les signes d'une récession imminente dans la plus grande économie de la zone euro". Selon le Fonds monétaire international, les indices PMI sont à la baisse, ce qui est le prélude à une récession. Le journal Repubblica rapporte que l'indicateur PMI, celui qui "surveille l'activité économique dans la zone euro par le biais d'entretiens avec les directeurs d'achat des entreprises" (services et fabrication), est tombé en dessous de 47,1 points depuis septembre, le plus bas enregistré en 23 mois.
S'ajoute à ce tableau sombre le déclin du secteur manufacturier, qui a atteint son plus bas niveau en 29 mois, passant de 48,4 points en octobre à 46,6 points en septembre, ainsi que le déclin du secteur tertiaire, qui a atteint 48,2 points en 20 mois. Alfred Kammer, le chef du département européen du FMI, est également du même avis : "Cet hiver, plus de la moitié des pays de la zone euro connaîtront une récession technique, avec au moins deux trimestres consécutifs". La référence, va notamment à l'Allemagne et à l'Italie, à trois trimestres consécutifs de contraction à partir du troisième trimestre de 2022. En résumé, S&P Global et le FMI s'accordent sur l'avènement d'une catastrophe économique, notamment en Europe.
Il ne reste plus qu'à comprendre les indices en question, à savoir si ce que prétendent les deux organismes est un tant soit peu proche de la vérité ou non, s'il n'y a pas une interprétation sous-jacente des facteurs économiques telle qu'elle conduit à des prévisions, pire encore à des conclusions, qui sont déplacées. Il n'est plus temps d'écouter ceux qui espèrent ou "prédisent" une catastrophe économique en Europe, alors qu'elle sort des bas-fonds précisément à cause de cela. Commençons par dire qu'une récession peut se transformer en déflation, cela peut arriver mais ce n'est pas forcément toujours le cas. Nous savons que depuis le premier jour du gouvernement Meloni, l'indice FTSE MIB, l'indice boursier le plus important de la bourse italienne, se situe juste au-dessus de la parité, "maintenant les gains d'environ 3% réalisés la semaine dernière" (Financiallunge.com).
Les secteurs de la fabrication et des services subissent une certaine contraction pour le quatrième mois consécutif.
Selon une certaine vulgate économique, la quasi-parité de l'indice FTSE MIB est due à l'"adoucissement" de la FED, qui a compensé les indications de contraction de l'économie européenne. C'est très étrange, juste au moment où les indicateurs économiques et même les propres services de la FED commencent à voir une réduction de l'inflation aux États-Unis. Le Livre beige de la Réserve fédérale, un résumé des commentaires sur les conditions économiques actuelles et le rapport publié huit fois par an par le Conseil de la Réserve fédérale américaine, prévoit une hausse modérée des prix aux États-Unis.
Ceci intervient deux semaines seulement avant la réunion de politique monétaire et, surtout, l'augmentation des taux d'intérêt de 75 points de base supplémentaires. Selon les projections des membres du FOMC, le Federal Open Market Committee, les taux d'intérêt devraient être portés à 4,5 % d'ici la fin 2022, à environ 4,75 % l'année suivante, puis se stabiliser à 2,5 % à long terme. Que fait l'UE, et surtout la BCE ?
Tout d'abord, ils tentent de contrôler l'évolution des prix sans y parvenir complètement. Ce que l'on surveille, c'est l'indice des prix à la consommation, qui augmente considérablement, c'est-à-dire le taux d'inflation (en Italie, en septembre, il a atteint +8,9% par rapport à septembre 2021), en essayant de le stabiliser à 2% à moyen terme. La difficulté d'essayer de stabiliser le taux d'inflation est due aux instruments de politique monétaire conventionnels (décisions sur les taux d'intérêt officiels) et non conventionnels (assouplissement quantitatif).
La BCE suit la manœuvre de la Fed en matière de taux d'intérêt dans sa quasi-totalité : les rumeurs qui circulent sur les sujets qui seront abordés lors de la réunion du 27 octobre 2022 ne laissent guère de doute à ce sujet. L'intention semble être de préparer une manœuvre de 75 points de base sur les taux d'intérêt, tout comme la FED, en espérant toutefois que le taux de dépôt ne dépassera pas 1,5 %, alors qu'au contraire les dernières estimations économiques " prévoient " 3 % pour l'été 2023.
Plus en détail, car cela implique de poser des questions et d'essayer de trouver des solutions qui ne se limitent pas à "comment la BCE veut gérer son bilan de neuf milliards d'euros", peut-on lire dans l'avis d'Ulrike Kastens, économiste européenne chez DWS. Il serait plutôt préférable de réfléchir à la manière de freiner la volatilité du marché obligataire sans se plier à ses fluctuations, en s'efforçant de relever le niveau des taux réels et en anticipant toute forme de blocage ou de contre-opération spéculative, plutôt que de suivre les directives de la Fed.
En effet, pour les spéculateurs, la hausse des taux des banques centrales n'est pas un problème, elle ne l'est pas lorsque les décideurs des banques centrales occultent et excluent des "jeux" le coût que les Etats devraient payer, afin de convaincre les investisseurs d'acheter les titres mis sur le marché. Il est bon de rappeler qu'il s'agit de la plus importante place de marché libre, sous l'égide des lois du marché et non des Etats ou des structures supranationales où ceux qui ont beaucoup de dette publique, voir l'Italie, ne peuvent qu'espérer la refinancer. Et cela en dit long...
Quelles sont les attentes des investisseurs et celles des spéculateurs, en supposant que tous les investisseurs ne sont pas des spéculateurs ? Les investisseurs s'attendent à de nouvelles hausses de taux par les banques centrales, ce qui suggère un taux implicite supérieur à 2,75 pour cent. Ce que les spéculateurs espèrent, avec la perte de rendement qui s'ensuit, c'est une baisse de 1,5 % ou moins. Ceci étant précisé, comme nous l'avons dit, le débat porte sur le marché obligataire, en particulier sur le niveau des taux réels. La trajectoire haussière agressive de la BCE pourrait momentanément éclipser la spirale inflationniste si elle est alimentée par les rendements réels à 10 ans, incitant les investisseurs à adopter une perspective à revenu fixe. Quelque chose est en train de changer, même si les investisseurs viennent d'une longue période dans le système d'actions.
"TINA", l'acronyme de There IS No Alternative, était le slogan de la ministre britannique Margaret Thatcher, qu'elle avait repris d'Herbert Spencer. Aujourd'hui encore, elle est censée être la seule façon valable de penser en économie, en politique et en économie politique : soit le néolibéralisme. Mais ce qui, à l'époque, ne pouvait de toute façon pas être justifié en raison du manque d'alternatives au système du néolibéralisme, connaît une phase de déclin qui devient de plus en plus évidente. Pour la première fois depuis de nombreuses années, le marché boursier est remis en question, preuve en est que les investisseurs orientent leurs efforts vers des classes d'actifs qui offrent des rendements réels et non virtuels, par opposition aux rendements volatils, l'une des pires composantes d'un environnement fortement inflationniste.
Dans le contexte d'une économie en semi-récession et du danger d'une récession de plus en plus réelle, tous les actifs obligataires de qualité deviennent très attractifs. Avec la pandémie d'abord et la guerre en Ukraine ensuite, la protection des "portefeuilles" avec des actifs de haute qualité devient à nouveau primordiale. Si les choses s'effondrent et que les risques de récession deviennent de plus en plus réels, il est facile de s'attendre à une compression des rendements en raison des mesures prises par les investisseurs pour protéger leurs "portefeuilles". La même chose arriverait aux actifs refuges, qui font déjà l'objet d'opérations de couverture. Il est clair qu'une escalade soudaine avec tout le poids des craintes dues à l'aggravation de la récession déclencherait une nouvelle accélération dans cette direction.
Il est très probable que le bond des taux cette année stimulera la demande des assurances et des fonds de pension, notamment aux Etats-Unis ('Les mécanismes de la financiarisation de l'économie', 25/03/2021). La combinaison des choses est devenue favorable en termes d'investissement et les investisseurs institutionnels feront tout pour monétiser l'envolée de la dernière période pour compenser le passif dû à deux crises si rapprochées, en essayant de prolonger ce type d'investissement sur le long terme. En outre, Nadia Netti n'a pas du tout tort lorsqu'elle affirme que "malheureusement, la crise des chambres de compensation de produits dérivés échappe à la comptabilité des nations exposées. Les produits dérivés ne sont pas comptabilisés dans le bilan en tant que "pratique comptable".
Et il l'est encore plus lorsqu'il se moque de ces "tons ridicules et alarmistes de la presse concernant les manœuvres d'une Banque centrale qui ne se contente pas d'agir comme un croupier dans un casino" dirigé par des groupes comme Amazon, "désigné par la Banque centrale européenne pour jouer un rôle de premier plan et contribuer à la création de l'euro numérique (la monnaie numérique officielle de l'union)". En fait, il est très curieux qu'une entreprise privée américaine participe à la conception de la monnaie de l'avenir de l'Europe, alors que ce dont on a besoin, c'est d'une monnaie qui s'éloigne au plus vite des aléas de la virtualisation et du profit de quelques-uns du "système monétaire". Et ce, avant que les "marchés" ne se régalent des dépenses publiques et du désinvestissement des actifs publics, lorsque plus aucun dépassement des règles fiscales et économiques ne sera possible.
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Ingérence américaine dans le Haut-Karabagh?
Ingérence américaine dans le Haut-Karabagh?
Alexander Markovics
Plus de 100 morts, des vidéos de femmes arméniennes mutilées et des prisonniers de guerre arméniens liquidés: depuis septembre de cette année, le conflit du Haut-Karabagh a repris. Le conflit, qui couve depuis 1991, porte sur l'enclave arménienne au milieu de l'Azerbaïdjan. En 1993, l'Arménie est parvenu à s'approprier le territoire, mais Erevan n'a pas réussi à sécuriser ses conquêtes par des accords diplomatiques, comme le lui avait conseillé la Russie. C'est ainsi que la situation de l'État chrétien du Caucase a radicalement changé depuis 2020: avec des armes turques et israéliennes, notamment des drones, Bakou a réussi à reconquérir de grandes parties de la région enclavée.
Seule une force de maintien de la paix russe a pu éviter le pire. En Arménie même, Nikol Pashinyan, arrivé au pouvoir en 2018 à la suite de la révolution de la soie parrainée par l'Occident, a été accusé d'incompétence dans la conduite de la guerre et de trahison. Mais Pashinyan a réussi à étouffer les protestations et s'est fait réélire Premier ministre en 2021 lors d'élections qu'il a truquées. La situation géopolitique de l'État du Caucase a également changé : auparavant proche allié de la Russie et de l'Iran, Pashinyan a commencé à nommer des membres d'ONG occidentales à des postes gouvernementaux et à signer un accord avec l'UE. Sous son égide, l'Arménie a envoyé des troupes au Kosovo et en Afghanistan pour soutenir le "Partenariat pour la paix" de l'OTAN.
En 2022, l'avancée de l'Azerbaïdjan au Karabagh a de nouveau donné lieu à des manifestations, mais Pachinyan continue de s'accrocher au pouvoir. Tout cela n'est pas le fruit du hasard : comme l'indique le document stratégique "Extending Russia" (Etendre la Russie) du groupe de réflexion mondialiste RAND Corporation, il s'agit de surexploiter les forces de Moscou en l'engageant sur le plus de fronts possible.
Pour ce faire, il est nécessaire de lier les forces russes par des conflits dans le sud de la Russie, en Ossétie du Sud et en Abkhazie, ainsi que dans le Caucase, afin de l'amener à une défaite sur d'autres fronts. Dans ce contexte, la base militaire russe près d'Erevan est une épine dans le pied de Washington, car elle cimente le pouvoir de Moscou dans le Caucase. Le conflit a plusieurs objectifs : Il s'agit de pousser l'Arménie à se retirer de l'OTSC, l'alliance russo-centrée, et de l'éloigner de l'Organisation de Shanghai, qui devient une alternative aux institutions occidentales. Pendant ce temps, une mission de l'OTSC est partie au Karabagh pour analyser la situation.
C'est pourquoi, pour la première fois depuis 1991, Nancy Pelosi, présidente de la Chambre américaine des représentants, s'est rendue en Arménie pour condamner l'agression de l'Azerbaïdjan. Dans le même temps, Soros fait campagne, via des sites qu'il finance comme "eurasia.net", pour que l'Arménie se détache de la Russie et rejoigne l'OTAN, et l'UE s'est soudainement impliquée en tant que "médiateur". Dans cette agitation, Yerevan peut être sûr d'une chose : L'Occident ne se préoccupe pas du bien-être des Arméniens, mais de porter le drapeau arc-en-ciel plus loin encore à l'Est.
16:47 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, actualité, politique internationale, arménie, nagorno-karabagh, caucase, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Travailler avec la migration" - une enquête menée par un journaliste francophone met les élites politiques belges au clair sur la politique migratoire
Travailler avec la migration" - une enquête menée par un journaliste francophone met les élites politiques belges au clair sur la politique migratoire
Peter W. Logghe
Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94
Dans sa chronique hebdomadaire Paleis der Natie (De Tijd, 22/10/2022), Rik Van Cauwelaert a une fois de plus consigné des observations intéressantes - cette fois sur la migration et l'absence (depuis des décennies) de politique en la matière. Il y discute longuement des résultats d'une enquête du journaliste francophone Alain Narinx. Je cite ci-après certaines des conclusions les plus remarquables de ce journaliste - mais son article devrait vraiment être lu par tout le monde dans son intégralité, ensuite et surtout par nos élites gaucho-libérales (genre Groen et Open VLd).
"L'opinion sur la migration est négative, tant dans le sud que dans le nord du pays. À l'exception d'Ecolo, dans tous les partis, une majorité claire juge que les migrants coûtent plus qu'ils ne rapportent. Mais tant l'idée de frontières fermées que celle de frontières ouvertes sont alors rejetées. Parmi les affidés du Vlaams Belang, les partisans et les opposants à la fermeture des frontières, avec chacun près de 30 pour cent, s'équilibrent. La proposition selon laquelle la qualité de l'éducation se détériore en raison de la migration est soutenue par pas moins de 82 % des électeurs de Défi (ex-FDF), suivi par le Vlaams Belang avec 80 % et la N-VA avec 79 %. A l'exception des Verts, tous les partis estiment que la qualité de l'enseignement s'est détériorée. La N-VA et le MR y sont à peu près aux mêmes pourcentages" (...).
"Plus frappant encore : l'affirmation selon laquelle notre pays ne peut se poser comme responsable de la protection de personnes venant d'autres pays compte plus de partisans que d'opposants, même s'ils fuient la persécution ou la violence de la guerre, et ce non seulement au sein du Vlaams Belang, mais aussi du PTB et du PS (...)"
"Au sein de six partis, une majorité absolue se dessine en faveur de la criminalisation du séjour illégal : le PTB, le CD&V, l'Open VLD, le MR, la N-VA et le Vlaams Belang. Mais à part Ecolo, les autres partis comptent également plus de partisans que d'opposants. Une majorité est également contre le droit au logement et aux moyens de subsistance des migrants illégaux (...)".
"Pour plus d'un tiers des personnes interrogées, travailler est apparemment la bonne voie pour obtenir un permis de séjour permanent. C'est précisément le point faible de la politique d'asile: actuellement, seule la moitié des migrants trouvent un emploi après plusieurs années. Un cadre juridique doit donc être créé pour faciliter l'intégration accélérée des migrants sur le marché du travail."
Rarement, en si peu de paragraphes, nous aurons connu l'échec dans un pays occidental développé (qui se dit tel) en matière de migration. Quand la politique tirera-t-elle enfin ses conclusions ? Quand les partis politiques traditionnels (libéraux, chrétiens-démocrates et sociaux-démocrates) tireront-ils leurs conclusions ? Parce que leurs électeurs ont tiré leurs propres conclusions depuis un certain temps déjà, c'est mon impression silencieuse.
16:32 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Belgicana | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belgique, migratiion, immigration, europe, affaires européennes, actualité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mardi, 25 octobre 2022
Escalade en Ukraine: l'espoir de paix meurt-il avec des annonces de guerre réciproques?
Escalade en Ukraine: l'espoir de paix meurt-il avec des annonces de guerre réciproques?
Alexander Markovics
Henry Kissinger a lancé un avertissement : les Etats-Unis sont sur le point de déclencher une guerre mondiale avec la Russie et la Chine, qui pourrait prendre des proportions nucléaires. Ceux qui connaissent le CV de ce belliciste américain sont surpris que cette annonce vienne de lui. Ces jours-ci, Kissinger critique régulièrement et publiquement les élites américaines. Cette circonstance résulte du fait que les États-Unis ont fait un mauvais calcul en faisant la guerre à la Russie. La lutte pour "l'échiquier eurasien" (Brzezinski) est sur le fil du rasoir pour Washington. C'est précisément pour cette raison que les propos de cet homme de 99 ans, qui se situe bien au-dessus de l'élite américaine en termes de compétences politiques et qui la critique régulièrement, donnent à réfléchir. Mais face au risque d'embrasement du monde, comment désespérer de ce conflit ? Une désescalade n'est possible que si l'on analyse et situe concrètement les différentes parties et leur implication dans ce conflit qui fait rage depuis 2014. Les États-Unis, qui jouent probablement le rôle le moins glorieux dans ce conflit, ouvrent la voie.
Les États-Unis : le plus grand belligérant en Ukraine, mais le vent va-t-il tourner avec les midterms ?
Pour l'instant, les États-Unis sont le principal soutien de l'Ukraine. Avec un total de 25 milliards d'euros d'aide militaire (Allemagne : 1,2 milliard) et plus de 10 milliards d'euros de soutien financier (Allemagne : environ 1 milliard) à l'Ukraine, les États-Unis sont de loin le plus grand soutien du régime de Zelenski. Les États-Unis ne se contentent pas de fournir à l'Ukraine des systèmes de défense antiaérienne Stinger, des pièces d'artillerie, des grenades et des complexes antichars Javelin - comme l'a rapporté le journal Deutsche Stimme -, mais ils aident aussi massivement l'armée ukrainienne en formant des soldats et en divulguant les données de leurs propres satellites de reconnaissance. En outre, d'"anciens" soldats américains sont apparus en Ukraine sous la forme de la société de mercenaires Academi, ainsi que d'équipes d'opérateurs et d'unités spéciales. De plus, des employés de la CIA sur place à Kiev coordonnent les attaques terroristes du SBU, les services secrets ukrainiens, contre des cibles civiles en Russie, telles que des journalistes - par exemple Daria Douguina, comme l'a rapporté Deutsche Stimme - et des infrastructures civiles, voir l'attaque du pont de Kertch.
Volodimir Zelenski est désormais considéré comme l'"Osama Ben Laden européen" - le fou de Kiev réclame même une attaque nucléaire préventive contre Moscou. Mais aucune opération ne se fait sans la bénédiction de Washington. Voilà pour les développements menaçants du soutien américain à l'Ukraine. Mais le front de la guerre froide commence à s'effriter: Elon Musk, qui soutenait jusqu'à présent l'Ukraine avec ses sellettes Starlink, s'est fait le défenseur d'un plan de paix associé à des référendums dans les régions retournées à la Russie. De même, à l'approche des élections de mi-mandat, certains républicains de premier plan se sont engagés à remettre en question le soutien à l'Ukraine. Cette position est notamment motivée par les nombreuses crises que traversent les Etats-Unis, de l'effondrement des infrastructures aux graves problèmes socio-économiques, en passant par l'inflation et la crise énergétique. La fin du soutien américain à Kiev signifierait la fin de la "guerre jusqu'au dernier Ukrainien" et un nouveau départ pour une solution diplomatique.
L'UE : vassale des États-Unis
Si l'on considère l'UE, son soutien institutionnel est le deuxième plus important pour l'Ukraine après les États-Unis. Mais alors que l'UE investit relativement peu d'argent (2,5 milliards d'euros) dans l'armée ukrainienne, un dixième des prestations américaines, son soutien financier à la poursuite des activités de l'État ukrainien (12,3 milliards d'euros) est même plus important que celui de Washington. Le potentiel d'escalade de l'UE se situe principalement dans certains États membres: le gouvernement allemand, par exemple, envisage d'envoyer en Ukraine non seulement des chars Guépard et des obusiers blindés, mais aussi le "Tierpanzer" (Baerbock) allemand Leopard II. Le problème est que l'Allemagne devrait envoyer des officiers avec les chars, ce qui signifierait qu'elle enverrait officiellement des soldats à la guerre, ce qui ferait d'elle une partie prenante au conflit et impliquerait donc l'OTAN. La France fournit également des canons Caesar à l'Ukraine et veut lui accorder des crédits pour l'achat d'armes françaises, mais le président Macron ne veut pas prendre le risque d'une implication directe de cet État traditionnellement plutôt prorusse. Enfin, c'est surtout la Pologne qui a le potentiel de faire dégénérer le conflit: en février déjà, la Pologne a fait pression pour que ses propres "forces de maintien de la paix" soient envoyées en Ukraine, et il a également été question d'un échange circulaire de jets occidentaux pour la Pologne contre des jets polonais pour l'Ukraine. Mais Varsovie s'est montrée réticente à l'idée d'une plus grande implication militaire. Voilà pour l'Occident, mais quel est le potentiel d'escalade de la Russie et de ses alliés ?
Russie: de l'opération antiterroriste à la frappe nucléaire tactique
Aux yeux des médias occidentaux, la Russie est au bord de l'effondrement depuis le premier jour de l'opération militaire. Pourtant, jusqu'à présent, Moscou donne l'impression que malgré les revers subis à Kharkov, elle n'envisage pas de baisser les bras, bien au contraire. Avec la mobilisation partielle des forces armées russes, 300.000 hommes supplémentaires devraient participer au combat en Ukraine, ce qui relativisera l'infériorité numérique parfois importante des forces russes. De plus, le nouveau commandant en chef russe, le général Surovikin, laisse entendre que la nature de l'opération est en train de changer. La transformation de celle-ci en une opération antiterroriste est dans l'air, ce qui implique des frappes directes contre le gouvernement ukrainien et les infrastructures civiles comme cela s'est fait le 10 octobre dernier. Une nouvelle escalade de l'opération jusqu'à la définir comme une guerre à part entière et l'utilisation d'armes nucléaires tactiques est envisageable compte tenu des provocations occidentales. Sur le champ de bataille, c'est surtout l'allié biélorusse qui pourrait être à l'origine d'une extension des hostilités.
Biélorussie : jusqu'à 500.000 hommes en Ukraine
Le dirigeant Loukachenko a l'intention d'envoyer jusqu'à 500.000 hommes en Ukraine en cas d'agression occidentale. Depuis l'escalade du conflit, une poignée d'opposants biélorusses se battent en Ukraine du côté de Kiev et Minsk craint un débordement du conflit. Elle a donc formé un groupe de combat commun avec la Russie. Celui-ci n'engage pas seulement des forces ukrainiennes, mais peut également avancer vers Kiev depuis le nord.
Corée du Nord : 100.000 soldats pour Poutine ?
Selon les propagandistes occidentaux, ce pays isolé d'Asie est également considéré comme un soutien à l'opération de la Russie en Ukraine. Les Etats-Unis ont affirmé en août que la Corée du Nord avait envoyé des munitions d'artillerie et des fusils d'assaut de fabrication soviétique pour soutenir l'effort de guerre russe en Ukraine. Il a également été question de 100.000 soldats que Pyongyang mettrait à la disposition de Moscou. Pyongyang lui-même a rejeté les accusations américaines. Il n'existe à ce jour aucune preuve de la présence de Nord-Coréens en Ukraine. Un soutien nord-coréen à la Russie n'aurait en outre aucun sens, car la production d'armements de Moscou ne montre aucune faiblesse. Le plus probable serait que des travailleurs nord-coréens aident à la reconstruction du Donbass.
L'Iran : des drones Kamikaze pour Moscou ?
L'Iran est un autre allié de Moscou, considéré comme un Etat voyou aux yeux de l'Occident. En Syrie déjà, des soldats iraniens appartenant aux "Gardiens de la révolution" ont combattu aux côtés de pilotes russes. Grâce à leur coopération en Syrie, ils ont pu débarrasser 95% du pays des terroristes. Alors que la Russie était peu présente au début de l'opération militaire, il ne se passe plus un jour sans que des drones russes Kamikaze n'explosent sur des positions ukrainiennes.
Alors que Kiev parle de drones iraniens, Téhéran nie les avoir livrés à la Russie. Les drones Geran-2 utilisés par Moscou sont probablement une réplique du Shahed-13 iranien, qui est désormais produit en Russie. Outre la possibilité d'éliminer des cibles situées profondément derrière le front avec ces drones, l'artillerie de l'Iran peut être rendue encore plus précise grâce à la reconnaissance. L'Iran refusant de livrer des armes à l'une des deux parties au conflit, seul l'échange de technologies avec la Russie augmentera à long terme. Enfin, un accord sur le programme nucléaire se profile à l'horizon, sous l'impulsion massive de Moscou.
La Chine : un courtier honnête pour l'Ukraine ?
Compte tenu de l'implication directe de nombreuses puissances, peu d'Etats se proposent comme médiateurs. Pékin, qui soutient également le plan de paix d'Elon Musk, peut jouer un rôle crédible. Le dragon pourrait ainsi réunir l'aigle et l'ours autour d'une table. Certes, tout semble actuellement se jouer sur le terrain, mais l'espoir d'une paix rapide est le dernier à mourir.
19:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, russie, politique internationale, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Congrès du parti chinois - Le couronnement de Xi Jinping et la bataille technologique avec l'Occident
Congrès du parti chinois - Le couronnement de Xi Jinping et la bataille technologique avec l'Occident
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2022/10/17/kiinan-puoluekokous-xi-jinpingin-koronakuri-ja-teknologiataistelu-lannen-kanssa/
Le vingtième congrès du Parti communiste chinois est en cours dans la capitale du pays, Pékin. Le président Xi Jinping a ouvert la réunion sous les applaudissements dimanche matin, heure locale.
Les médias occidentaux se sont concentrés sur les rapports selon lesquels Xi est susceptible d'être élu pour diriger le parti pour un troisième mandat de cinq ans. La décision historique a déjà été comparée par avance au règne de Mao Zedong.
Selon les experts, il est peu probable que la réunion, qui durera environ une semaine, apporte des changements politiques radicaux. La Chine continuera à développer sa société socialiste, conformément à ses plans à long terme.
Dans son discours d'ouverture, qui a duré près de deux heures, Xi Jinping a évoqué les réalisations du Parti communiste, la politique de la Chine face à la pandémie, la question de Taïwan, le marxisme et la modernisation de la Chine.
La tolérance zéro à l'égard du virus ne semble pas se terminer, les confinements et les tests se poursuivent. On pense que la politique stricte en matière sanitaire est destinée à montrer que la Chine fait également mieux que l'Occident pour gérer la crise pandémique. La question est de savoir s'il s'agit là de bonnes relations publiques pour le socialisme chinois qui, avec ses quarantaines et sa surveillance numérique, a été taxé de "techno-fascisme dystopique".
Comme le vecteur viral, même selon le récit officiel, a déjà muté en une infection bénigne, il a été suggéré que les autorités chinoises préparent les citoyens à une vie sous la loi martiale, sous couvert d'un état d'urgence pandémique. L'élite politique chinoise voit-elle une confrontation avec les États-Unis se transformer d'une guerre technologique en une guerre plus traditionnelle ?
Selon Xi, la Chine cherche à intégrer pacifiquement Taïwan à la Chine continentale, mais pourrait également recourir à la force contre les séparatistes de l'île si nécessaire. Selon le parti communiste, la question de Taïwan n'appartient qu'aux Chinois, pas aux étrangers. Xi veut-il être le leader qui réalise la réunification ?
La Chine prépare également l'avenir de la vision de Xi par l'éducation et la formation. Des supports pédagogiques patriotiques sur l'histoire et la culture chinoises sont déjà utilisés dans les écoles primaires, et les opinions des dirigeants contemporains sur le "socialisme aux caractéristiques chinoises" sont largement étudiées dans les établissements d'enseignement chinois.
Xi a réitéré que la Chine ne cherchera jamais la "suprématie" dans la politique mondiale. Il a également déclaré que la Chine s'oppose à la "mentalité de guerre froide" et au "double standard", mais les États-Unis n'ont pas été mentionnés dans ce contexte.
"À l'heure actuelle, d'énormes changements s'accélèrent dans le monde entier, comme on n'en a pas vu depuis un siècle", a déclaré Xi. "Un nouveau cycle de révolution scientifique et technologique et de transformation industrielle est en cours, et un changement majeur dans l'équilibre des forces internationales est en train de se produire, offrant à la Chine des opportunités stratégiques dans sa poursuite du développement."
La lutte des États-Unis contre la Chine s'intensifie précisément dans le domaine de la technologie. L'administration Biden tente de ralentir le développement de l'industrie chinoise des semi-conducteurs en imposant des interdictions de vente. Cette décision a déjà eu un impact négatif sur le cours des actions des géants technologiques et des fabricants de puces chinois. Quelle est la réponse de Pékin à Washington ?
L'économie chinoise a connu un essor considérable au cours des dernières décennies, mais elle est aujourd'hui en pleine tourmente en raison d'une période de taux d'intérêt élevés, d'une hausse des prix et d'une crise immobilière. La menace d'une Grande Dépression mondiale a également miné les perspectives économiques de la Chine, mais pas autant qu'en Europe, par exemple.
Selon Xi, le "développement de qualité" est la clé de l'avenir de la Chine et le parti doit également s'efforcer d'augmenter les revenus de la population et de faire en sorte que les gens soient heureux. Il a déclaré que les cinq prochaines années seraient "cruciales".
Les dirigeants chinois estiment que l'environnement international n'est plus aussi favorable qu'auparavant. Xi a qualifié l'environnement stratégique de "plus difficile" et de "turbulent". Le dirigeant chinois a déclaré qu'il y aurait "des vents forts et des vagues". Ce qui est certain, c'est que la Chine sera considérée comme une "menace" à la fois politique et économique pour les partisans de l'hégémonie anglo-américaine.
18:41 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : xi jinping, actualité, chine, asie, affaires asiatiques, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
La guerre en Ukraine et l'alliance entre les néocons et les libéraux américains
La guerre en Ukraine et l'alliance entre les néocons et les libéraux américains
Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/mondo/la-guerra-ucraina-e-lalleanza-tra-neocon-e-liberal-usa
Les nouveaux raids sur Kiev semblent être une réponse à l'attaque de la base d'entraînement des volontaires russes à Belgorod par deux miliciens d'un pays de la CEI (qui regroupe les anciens États soviétiques d'Asie), au cours de laquelle 11 soldats ont été tués.
L'attaque, en plein territoire russe, a eu lieu le jour même où Poutine avait déclaré close la phase des bombardements massifs sur les villes ukrainiennes, d'où la reprise de ceux-ci, visant les infrastructures, notamment les centrales électriques et les nœuds ferroviaires. La guerre ne doit pas cesser, rien de nouveau dans cette dynamique.
Le revers de la contre-offensive ukrainienne
Sur le théâtre de la guerre, on constate un recul de la contre-offensive otano-ukrainienne, comme le rapportent les renseignements britanniques, alors que les médias parlent déjà d'un effondrement imminent des Russes.
Cette nouvelle révèle l'impossibilité pour l'Ukraine d'atteindre l'objectif de la libération de tous les territoires. Cet objectif ne sera jamais atteint, car il s'agit également d'une lutte existentielle pour la Russie et elle ne peut se permettre une défaite totale.
La guerre montre ainsi son vrai visage, celui d'un conflit qui pourrait ne jamais se terminer ou qui, du moins, semble destiné à s'éterniser pendant des années. C'est ce que veut l'Occident, qui a refusé à maintes reprises les initiatives diplomatiques qui se sont profilées à l'horizon ces derniers mois.
C'est ce qu'écrit Ted Snider qui, dans Antiwar, dresse une analyse détaillée de la manière dont les États-Unis ont étouffé dans l'œuf de telles possibilités, la dernière en date étant l'ouverture de Poutine à une rencontre avec Biden lors du sommet du G-20, avec une fermeture rapide de l'intéressé (même si la réponse du président américain a été ambiguë et annonciatrice de surprises, comme il l'a écrit dans une note précédente peut-être trop possibiliste, mais toujours valable en perspective ; après tout, jusqu'aux élections de mi-mandat, rien ne doit venir troubler l'affrontement féroce qui se déroule actuellement).
Comme l'écrit David Sacks dans Newsweek, le pouvoir en Occident est désormais l'apanage d'un format dans lequel s'allient néo-conservateurs et démocrates Woke (les "éveillés", un terme utilisé dans les polémiques politiques américaines), bloquant toute tentative d'apaisement du conflit.
Un parti démocrate qui a trahi Obama, qui, comme le rappelle Sacks, avait refusé de réagir à la prise de contrôle de la Crimée par la Russie, après avoir déclaré qu'une escalade en Ukraine n'était pas dans l'intérêt des États-Unis.
Nouveau pouvoir et censure
L'alliance néocon-libérale multipartite qui a émergé pendant la présidence Trump et en opposition à celle-ci, écrit Sacks, a "décidé que tout soutien à un règlement négocié, même s'il s'agissait des propositions que Zelensky lui-même semblait soutenir au début de la guerre, équivaut à se ranger du côté de la Russie, accusant ceux qui défendent le compromis et la modération [du conflit] d'être des apologistes de Poutine". Cela les exclut du débat officiel et limite la "fenêtre d'Overton" [les options possibles dans le débat] à ceux qui prônent la défaite totale de la Russie et la fin du régime de Poutine, même si nous risquons une troisième guerre mondiale".
Il ajoute que "quiconque suggère que l'expansion de l'OTAN pourrait avoir contribué à la crise ukrainienne, ou que les sanctions imposées à la Russie ne fonctionnent pas et se sont retournées contre l'Europe, qui se retrouvera bientôt à trembler [de froid], ou que les États-Unis doivent avoir pour priorité d'éviter une guerre mondiale avec une Russie dotée de l'arme nucléaire, est accusé d'être un larbin de Poutine".
Il nous semble donc que la description de Sacks capture bien ce qui se passe dans le débat actuel. C'est la dure réalité qui se cache derrière la propagande qui décrit le monde comme étant en proie à un affrontement entre pays libres, d'une part, et autocraties, d'autre part.
À cette description, le courant dominant a coutume de répondre que, contrairement à ce qui se passe dans les autocraties, les voix libres, bien que violemment exclues, du moins bridées pour l'instant, du débat officiel, ont toujours un moyen de s'exprimer dans des espaces résiduels, ce qui n'est pas le cas dans les autocraties, où la censure est plus sévère.
Mais en réalité, ce n'est pas un résultat de la liberté qu'ils prétendent défendre, mais plutôt un acquis de la civilisation occidentale que ces voix résiduelles, par leur existence même, défendent contre l'agression qu'ils subissent.
S'il ne tenait qu'aux champions autoproclamés de la liberté d'aujourd'hui, qui ne cessent d'appeler aux armes pour l'Ukraine, même ces espaces de liberté réduits seraient fermés, comme le démontrent d'ailleurs les nombreuses initiatives coûteuses de chasse aux "fake news", une technique moderne de censure (les nouvelles non officielles sont attaquées à fond, la manipulation officielle jamais).
Le fait est que pour que la pièce de théâtre qui nous campe une lutte entre la liberté et les autocraties apparaisse, sinon véridique, du moins plausible, la censure doit être déployée de manière plus secrète et dissimulée. Si elle apparaît pour ce qu'elle est, à savoir la marque du nouveau pouvoir, tout s'effondre.
L'Ukraine, la crise iranienne et Taïwan
Terminons par deux nouvelles liées à l'Ukraine, mais concernant l'Iran et Taiwan. Depuis quelque temps, et avec une insistance croissante, les médias grand public affirment que les Russes utilisent des drones de fabrication iranienne. Que cela soit vrai ou non, cela ne fait guère de différence pour le sort du conflit. Elle sert cependant à coincer Téhéran dans la zone grise dans laquelle Moscou a été confiné.
En Iran, sous le prétexte de la mort de Misha Amini, une autre révolution colorée est en cours, qui, si elle n'est pas arrêtée, coûtera des dizaines de milliers de vies, voire plus. L'alliance avec la Russie dans la guerre d'Ukraine, qu'elle soit réelle ou supposée, renforce la pression en faveur d'un changement de régime à Téhéran.
L'Occident ne se préoccupe pas des femmes iraniennes, ni du voile, qui est porté dans presque tous les États arabes, mais l'occasion est là de griller une fois pour toutes Téhéran, auquel des sanctions sévères sont imposées depuis longtemps, affamant non seulement les hommes, mais aussi les femmes, pour lesquelles l'Occident s'est engagé, et leur progéniture.
Nous concluons avec la nouvelle que plusieurs membres du parlement ukrainien se rendront à Taiwan en octobre. Un voyage qui ne suscitera pas la même clameur que les visites des parlementaires américains, mais qui est hautement symbolique, puisque certains milieux occidentaux - les mêmes qui alimentent la guerre ukrainienne - espèrent faire de l'île le champ de bataille d'une guerre par procuration contre la Chine. Certains schémas sont banals et ont tendance à se répéter encore et toujours.
18:17 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : néocons, démocrates woke, états-unis, ukraine, europe, affaireseuropéennes, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ukraine : les pays du Golfe se détournent de l'Amérique
Ukraine: les pays du Golfe se détournent de l'Amérique
Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/mondo/ucraina-i-paesi-del-golfo-si-allontanano-dallamerica#
Les bourses des pays qui ne se sont pas joints sans réserve à l'affrontement contre la Russie suite à l'intervention en Ukraine connaissent des hausses inconnues de celles de l'Occident, qui vivent au contraire une crise dont aucune sortie n'est en vue. C'est ce qu'indique un article du Il Sole 24Ore, qui enregistre un pic en Turquie, avec + 34%, et des hausses plus modérées mais significatives en Amérique du Sud et surtout dans la péninsule arabique.
Un chiffre qui semble révélateur de la façon dont le conflit pourrait remodeler l'économie mondiale. Dans ce contexte, les pays du Golfe se détachent de leur alliance traditionnelle avec les États-Unis, qui s'est transformée en véritable rupture après le refus de l'Opep d'augmenter la production de pétrole, qui a d'ailleurs été réduite, un rupture qui apparaît plus que significative.
Biden a juré que la volte-face des pays arabes aura des "conséquences", mais la décision risque d'avoir surtout des conséquences plus immédiates pour son parti, puisque les démocrates espéraient que l'augmentation de la production de l'Opep conduirait au moment des midterms à maintenir le pays de Biden sans une récession galopante, ce qui pourrait aliéner l'électorat des démocrates.
Pour remédier à ce malheureux outrage, le président Biden a décidé d'ouvrir les robinets des réserves de pétrole dans l'espoir que cela suffise à lubrifier la machine électorale de son parti (Politico).
Les Saoudiens dans les Brics et les relations entre les Émirats et la Russie
Quant aux conséquences sur les pays arabes, nous devons attendre, car pour l'instant l'establishment américain est concentré sur les midterms, mais des articles contre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont commencé à paraître dans les médias américains. Peut-être verrons-nous également surgir bientôt des émeutes contre le foulard des femmes ou des choses similaires.
Entre-temps, il y a un autre signe de ce détachement : l'Arabie saoudite a exprimé son désir de rejoindre les BRICS, un organisme économique international qui a la Russie et la Chine comme points de référence. C'est ce qu'a déclaré le président sud-africain Cyril Ramaphosa lors d'une visite à Riyad (InfoBrics).
Mais si les bonnes relations entre l'Arabie saoudite et la Russie étaient connues depuis longtemps, plus récentes et surprenantes semblent être celles entre Moscou et les Émirats arabes, autre pays phare du golfe Persique, qui se sont manifestées avec la visite de Mohammed bin Zayed en Russie le 11 octobre.
Voici comment M. K. Bhadrakumar sur Indianpunchline décrit la rencontre entre le président émirati et Poutine : "Il y avait quelque chose de profondément significatif dans le fait que le président des EAU, le Cheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan, ait entrepris une visite en Russie au milieu de la tempête ukrainienne.
"Conscient du symbolisme, le président russe Vladimir Poutine a reçu mardi le cheikh Mohammed dans un cadre grandiose digne d'un monarque, dans le splendide palais Konstantinovksy de Saint-Pétersbourg, dont l'héritage remonte à Pierre le Grand, symbole de la renaissance de la Russie, de sa culture et de son patrimoine."
Enfin, il faut noter que contrairement à l'Europe, qui est subordonnée aux diktats des faucons américains, les pays du Golfe ont décidé de soutenir l'effort de la Turquie pour initier une médiation entre Russes et Ukrainiens. Un petit pas, mais dans la bonne direction (d'autres, dans la direction opposée, conduiraient le monde au bord de l'abîme).
Le niet du Qatar et les milices libyennes
En ce qui concerne les relations entre l'Occident et le monde arabe, le niet du Qatar à l'égard de l'Europe mérite également d'être souligné : Doha a en effet déclaré qu'il ne détournera pas de gaz vers l'Asie dans le cadre de contrats préexistants afin de le détourner vers le Vieux Continent avide d'énergie.
De toute évidence, cette proposition indécente venait d'Europe, ce qui montre comment la dite "défense des Règles", invoquées par cette partie du monde a modulé leurs applications.
À cet égard, il est intéressant de voir ce que rapporte Rafaa Tabib, professeur à l'École supérieure de guerre de Tunis et expert de la Libye, dans un article publié dans al Manar. Le professeur explique que l'une des plaques tournantes énergétiques sur lesquelles le Vieux Continent mise pour surmonter l'hiver froid qui s'annonce est la Libye.
Mais malheureusement, l'or noir libyen partage la situation chaotique produite dans le pays par l'intervention de l'OTAN contre Kadhafi. Un non-État où, à côté des institutions internationalement reconnues, prospèrent des milices de toutes sortes, contrôlant de vastes zones du territoire et souvent du pétrole.
En achetant sur ce marché-là, explique le professeur, l'Europe fait prospérer ces milices, parmi lesquelles on trouve également des factions et des miliciens liés au terrorisme. Après le bain de sang qui a inondé l'Europe ces dernières années et les promesses solennelles de poursuivre les organisations responsables des attentats, un tel retournement de l'histoire semble une tragique ironie. Nous allons payer cher, nous allons payer pour tout.
17:42 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : arabie saoudite, qatar, moyen-orient, russie, pétrole, opep, politique internationale, géopolitique | | del.icio.us | | Digg | Facebook