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dimanche, 27 mars 2022

La revue de presse de CD - 27 mars 2022

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La revue de presse de CD

27 mars 2022

EN VEDETTE

GPA : Trafic humain en Ukraine – Le scandale Biotexcom

Alors que l’Ukraine est sous les bombes, une agence de GPA ose profiter des circonstances pour diffuser une vidéo « publicitaire » : elle consiste à vanter son efficacité à déplacer des dizaines de nouveaux-nés et, littéralement, à les stocker dans un sous-sol.

Synthesenationale.hautetfort.com

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2022/03/2...

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ASIE

Inde : large victoire du BJP aux élections locales

Les résultats sont tombés ces jours-ci pour les cinq États de la Fédération indienne qui viennent de tenir des élections législatives. Nombreux sont les acteurs et observateurs politiques qui prévoyaient un affaiblissement du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti nationaliste hindou au pouvoir depuis 2014, réélu avec une forte majorité en 2019. Ces vaticinations semblent aujourd’hui plus influencées par l’idéologie que par la connaissance des réalités politiques. En effet le BJP retient avec de belles majorités quatre des États concernés et en particulier l’Uttar Pradesh, qui comprend la plus grande partie de la vallée du Gange et s’étend de la chaine des Vindhyas en Inde centrale aux contreforts de l’Himalaya et à la plaine du Népal méridional.

Revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/inde-large-victoire-du-bfp-...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION

La Suisse a offert à Klaus Schwab le statut d’Organisation internationale. Une révolution antidémocratique.

Le Nouveau Monde n’a que faire du concept de Nation, de Démocratie, et des Droits de l’homme. Toutes les crises qui nous terrassent sont autant d’écrans de fumée qui visent à détourner l’attention de la finalisation de la mise en place de la globalisation. A titre personnel, je ne crois pas qu’il existe sur cette terre un seul dirigeant politique de premier plan qui soit un véritable nationaliste ayant le moindre pouvoir opération-nel.

Le blog de Liliane Held Khawam

https://lilianeheldkhawam.com/2022/03/20/la-suisse-a-offe...

Hunter Biden : les complotistes avaient (encore !) raison

Oui, c’était bien l’ordinateur de Hunter Biden, le fils de l’autre, oui il contenait bien des révélations explosives et oui la presse a tout fait pour les cacher.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/03/25/423776-hunter-bid...

ÉCOLOGIE

Présidentielle : les écologistes en roue libre

La gauche française écologiste ne fait pas de la politique pour la présidentielle : elle fait de l’idéologie.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/03/21/423669-presidenti...

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Après les éoliennes, la nouvelle escroquerie écologiste : la méthanisation

Peu de gens savent ce qu’est la méthanisation. Et pour cause, ces structures ne sont construites qu’à la campagne, loin des villes. La méthanisation leur est présentée comme le moyen de produire du gaz « bio », ce qui préserverait notre dépendance vis à vis de l’étranger. Avec une vidéo « odorante » !

synthesenationale.hautetfort.com

http://synthesenationale.hautetfort.com/archive/2022/03/2...

ÉNERGIE

EDF Voyage en absurdie

Macron fait dépenser « un pognon de dingue » à EDF et aux contribuables français pour sa réélection. Vidéo extraite de LCP (Assemblée nationale).

Youtube.com

https://www.youtube.com/watch?v=dP8_WJ7n-HM

ÉTATS-UNIS

Liste des Young Leaders de la French American Foundation

La French American Foundation a été créée en 1976 pour encourager les échanges entre élites françaises et américaines. Depuis cette date avec une trentaine de promotions, plus de 400 lauréats Young Leaders ont été sélectionnés et choyés.

Ojim.fr

https://www.ojim.fr/liste-des-young-leaders-de-la-french-...

FRANCE

Épidémie d’« Allah Akbar » : faits divers ou hiver de la France ?

À l’approche des élections qui auront lieu en avril et mai prochains, la guerre en Ukraine est omniprésente dans l’actualité médiatique. L’attention de l’opinion publique est ainsi largement détournée de la situation en France. Un sujet semble avoir plus particulièrement déserté les journaux d’information : les manifestations plus ou moins violentes de l’islamisme. Cela signifie-t-il pour autant que la situation va mieux sur ce front-là ? Nous livrons à votre sagacité quelques exemples pour en juger.

Polemia.com

https://www.polemia.com/epidemie-d-allah-akbar-faits-dive...

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La stratégie électorale de Macron célèbre l’autoritarisme sanitaire

À quatre mois de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a échafaudé une stratégie électorale sur fond d’autoritarisme sanitaire. Le gouvernement a fait le pari que l’arrivée du nouveau variant Omicron lui permettrait d’étirer la séquence de crise sanitaire jusqu’au mois d’avril. Mais en février le consensus médical et le soutien des Français s’effilochent et le scénario dystopique est fortement mis à mal. Dès l’instauration du pass sanitaire, le basculement vers un régime autoritaire était engagé.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/02/18/421869-la-strateg...

GAFAM

Intel : L’industrie des puces de microprocesseurs est un dangereux oligopole capitaliste

Les puces de microprocesseurs sont devenues un élément central de nos vies, faisant fonctionner aussi bien les smartphones que les téléviseurs. Mais les perturbations dans l’industrie des puces font grimper l’inflation – et dévoilent l’horrible oligopole capitaliste qu’est cette industrie.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/intel-l-industrie-des-puces-de-...

GÉOPOLITIQUE

Les penseurs stratégiques qui ont mis en garde contre l'expansion de l'OTAN

L'un des aspects les plus fascinants de la guerre en Ukraine est le grand nombre d'éminents penseurs stratégiques qui avertissent depuis des années que cette guerre serait imminente si nous continuions sur cette voie. Énumérons les plus importants de ces avertissements.

Euro-synergies/hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/03/19/l...

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L'Asie centrale "persane" : la relation spéciale Iran-Tadjikistan

Depuis l'Antiquité, l'Asie centrale entretient de longues relations avec la région jadis plus connue sous le nom de "Perse", tant pour des raisons de proximité géographique que pour les diverses dominations, qui se sont succédé au cours de l'histoire dans une portion plus ou moins vaste de la zone, par les empires qui avaient pour centre politique l'actuel Iran (Empire perse, Empire sassanide, etc.).  Des cinq États d'Asie centrale, le Tadjikistan est sans doute celui qui a le plus de liens ethniques et linguistiques avec Téhéran, car tous deux sont de culture iranienne et les langues des deux pays sont mutuellement intelligibles.

Euro-synergies.hautetfort.com

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RÉFLEXION

Management de l’opinion publique pour la haute intensité

Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la société française doit impérativement se préparer à la guerre de haute intensité. Les guerres asymétriques, modèle de conflictualité principal sur les dernières décennies, ont baissé drastiquement l’acceptabilité de la mort. Le management de l’information auprès de l’opinion publique risque d’être le facteur clé du prochain conflit à haute intensité et il est stratégique de préserver sa population des manœuvres informationnelles ennemies.

Portail-ie.fr

https://portail-ie.fr/analysis/4017/management-de-lopinio...

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Un Occident kidnappé, de Milan Kundera

Résister et exister par la culture. Une tentative d’éveil des consciences promue par Kundera à la veille du Printemps de Prague en 1967, puis dans un plaidoyer écrit en 1983 dans la revue Le Débat.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/03/26/424031-un-occiden...

SANTÉ/MENSONGES/LIBERTÉ

« Le Sénat a-t-il peur de connaître les conséquences de la vaccination massive de la population ? »

Pourquoi une telle obstruction sur les effets secondaires des vaccins contre le Covid ? Dans une tribune, plus de 600 universitaires, chercheurs, professionnels de la santé et du droit interpellent le Sénat afin d’obtenir une commission d’enquête. Ils demandent à ce que les sénateurs acceptent enfin de faire procéder à une analyse de la mortalité toutes causes confondues en fonction du statut vaccinal des personnes. Un sujet d’importance alors même que certains évoquent déjà une possible vaccination obligatoire après la présidentielle, notamment en cas de réélection d’Emmanuel Macron.

Qgmedia

https://qg.media/2022/03/21/tribune-le-senat-a-t-il-peur-...

La réponse salée de l'IHU au rapport de l'ANSM, suite à la mise en cause de ses recherches

L'IHU Méditerranée Infection, mis en cause sur ses recherches, fait l'objet d'attaques judiciaires et médiatiques régulières, qui n'apparaissent pas toujours obéir à des seuls questionnements légitimes, pour dire le moins. On lui reprochait notamment l'administration des traitements sur la tuberculose qui n'auraient pas respecté les procédures. Dans une lettre en date du 2 février, en réponse au rapport préliminaire d'inspection de l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament), son directeur Didier Raoult et le chef de pôle "Maladies infectieuses" Philippe Brouqui répondent. Ils s'expliquent sur ce qui leur est reproché, et ripostent à ce qui leur semble être une vendetta institutionnelle, non exempte d'errements éthiques.

Francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/societe-faits-divers/reponse-ih...

UNION EUROPÉENNE

Censure dans l’Union européenne : bienvenue à Bruxellinegrad

En théorie, l’Union européenne rejette la Russie. En pratique, Bruxelles imite Moscou en matière de censure dans l’UE.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/03/23/423909-censure-da...

samedi, 26 mars 2022

Géoéconomie/ Les nombreuses fissures dans les sanctions euro-américaines contre la Russie

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Géoéconomie/ Les nombreuses fissures dans les sanctions euro-américaines contre la Russie

par Clemente Ultimo

Source: https://www.destra.it/home/geoeconomia-le-tante-crepe-dellassedio-sanzionatorio-euro-americano-alla-russia/

Les sanctions, une arme émoussée ? On parle beaucoup et on insiste beaucoup sur les sanctions - quelqu'un en perçoit-il de vieux échos ? - imposées, tel un siège, à la Russie ces dernières semaines. La sévérité exigée par Washington, qui a peu d'effet sur l'économie américaine, a été largement soutenue par les pays européens, ainsi que par le bloc de l'Anglosphère et les partenaires asiatiques des États-Unis. Avec de nombreux sacrifices, notamment pour les économies européennes, qui sont obligées d'accepter leur dépendance aux sources d'énergie russes et, élément souvent négligé, se caractérisent par de solides échanges commerciaux avec Moscou, souvent dans d'autres secteurs stratégiques que le gaz et le pétrole. Malgré les effets négatifs sur les économies nationales en Europe, les dirigeants européens semblent déterminés à poursuivre sur la voie de la rigueur sanctionnante, sans exclure des mesures encore plus strictes. Quel qu'en soit le prix, convient-il d'ajouter.

Si l'on regarde plus largement - et surtout si l'on essaie d'observer la scène d'un point de vue moins euro-américain - le bloc des sanctions présente pourtant de larges fissures. En particulier, les pays qui représentent les économies émergentes - réunis sous l'acronyme BRICS - ne semblent pas du tout disposés à suivre la voie des sanctions. Et si tous n'expriment pas des positions intransigeantes comme celle du président sud-africain Ramaphosa, selon lequel "la guerre aurait pu être évitée, si seulement l'Alliance atlantique avait écouté les avertissements de ses propres responsables au fil des ans : l'expansion vers l'Est a effectivement conduit à une plus grande, et non à une moindre, instabilité dans la région"; ces pays des BRICS sont cependant clairs dans leur refus d'interrompre les liens commerciaux avec Moscou.

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Si ce choix était évident pour la Chine - qui a renforcé ses liens avec la Russie également sur le plan politico-militaire - il l'était moins pour des pays comme le Brésil, l'Afrique du Sud ou l'Inde. Ce dernier pays travaille même à la création d'un système de change basé sur les roubles et les roupies, éliminant ainsi le dollar. À l'instar de ce que font la Chine et la Russie. Une solution qui pourrait également intéresser d'autres pays.

Aux côtés des BRICS, d'autres nations semblent peu intéressées à rejoindre le système des sanctions, malgré la forte pression exercée par Washington. Parmi ceux-ci figurent les monarchies du Golfe, qui adoptent actuellement une position d'équidistance prudente. À cet égard, il convient de noter qu'en plus de leurs intérêts économiques communs en tant que producteurs de pétrole, la Russie et les monarchies arabes du Golfe ont également tissé des liens solides dans le secteur de la défense stratégique ces dernières années. Des liens que personne ne semble vouloir rompre pour l'instant, à commencer par l'Arabie Saoudite. Allié historique de Washington pendant la guerre froide, le Royaume des Saoud a aujourd'hui pour principal client la Chine pour ses exportations de pétrole et de solides relations avec Moscou, dont un récent accord militaire sur le contenu réel duquel il y a très peu d'informations.

En bref, il est peut-être temps de commencer à envisager un scénario mondial dans lequel les États-Unis restent (pour combien de temps ?) la principale puissance - la seule puissance mondiale - mais dans lequel il existe des acteurs en pleine croissance dont l'agenda ne coïncide que sur peu de points, voire aucun, avec celui de Washington, un agenda sur lequel les Européens continuent de s'aligner, même lorsqu'il est clairement en conflit avec leurs propres intérêts. Cependant, la reine Victoria a depuis longtemps cessé d'être impératrice des Indes.

Médias de masse et démocratie à l'ère de la "post-vérité"

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Médias de masse et démocratie à l'ère de la "post-vérité"

par Carlo Alberto Zaccheo

Source: https://www.destra.it/home/mass-media-e-democrazia-nellera-della-post-verita/

Selon l'Encyclopédie Treccani, le néologisme post-vérité signifie : "un argument, caractérisé par un fort appel aux émotions, qui, étant basé sur des croyances répandues et non sur des faits vérifiés, tend à être accepté comme vrai, influençant l'opinion publique". Le substantif dérive de l'anglais post-truth, et au cours de la dernière décennie, son utilisation a tellement augmenté que l'Oxford English Dictionary l'a proclamé "mot de l'année 2016". Ce n'était pas un lien de cause à effet. Le choix a été déterminé par la campagne électorale de l'ancien président américain Donald Trump et le référendum sur le Brexit, qui ont tous deux eu lieu cette année-là.

Selon de nombreux partisans de ces thèses, lors de l'élection présidentielle américaine et de la campagne référendaire, tant l'ancien président américain que ceux qui souhaitaient que le Royaume-Uni quitte l'Europe ont fait un usage obsessionnel des fake news qui ont d'une manière ou d'une autre affecté les résultats des deux scrutins. Pour ne citer qu'un exemple, pendant la campagne référendaire, on pouvait lire à l'extérieur des bus que la Grande-Bretagne dépensait environ 350 millions de livres par semaine pour l'Europe et, selon les partisans de la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, cet argent pourrait être utilisé pour réformer les soins de santé et les rendre plus efficaces.

Cependant, il est impossible de ne pas mentionner une étude intéressante réalisée par des chercheurs de Stanford intitulée Social Media and Fake News in the 2016 Election, en collaboration avec l'Université de New York. L'étude a révélé que les chaînes de télévision étaient "la principale source d'information des électeurs de Trump, par une large marge par rapport aux médias sociaux". En fait, selon cette étude, les électeurs de Trump qui ont suivi l'actualité pendant l'élection américaine de 2016 sur les médias sociaux n'étaient qu'un maigre 13,8 % par rapport aux 86,2 % restants qui ont suivi la campagne par le biais de la télévision locale, de la télévision par câble, de la radio, des émissions d'information, des réseaux de télévision et d'autres médias. Les recherches ont même conduit certains à affirmer que même l'affirmation selon laquelle l'ancien président Trump a remporté l'élection grâce à la diffusion massive de fake news circulant sur les médias sociaux était un "hoax" ou une fake news.

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Le terme "post-vérité" a été utilisé pour la première fois en 1992 par le journaliste Steve Tesich dans le magazine américain The Nation et faisait référence à la fausse nouvelle selon laquelle Saddam Hussein possédait des armes bactériologiques et constituait un grave danger pour l'Occident ; cette "post-vérité" est devenue la mèche qui a déclenché la première guerre du Golfe en 1991. La journaliste Barbara Spinelli a été la première en Italie à utiliser le substantif post-vérité dans un article de Repubblica en 2013, qui portait encore sur la guerre du Golfe. Mais ce n'est qu'en 2016 que le mot "post-vérité" s'est répandu de manière impressionnante en quelques semaines. Selon l'Accademia della Crusca, l'utilisation du mot en 2016 par rapport à 2015 a augmenté de 2000% et est devenu d'usage courant, devenant viral tout en faisant l'objet d'analyses à travers des essais et des articles par de nombreux experts et journalistes.

L'ère de la post-vérité est en fait aussi vieille que les êtres humains et, attention, elle se renforce à mesure que les intérêts économiques et financiers se renforcent et, paradoxalement, que la politique s'affaiblit. Plus la politique est faible, plus elle recourt à la "post-vérité" par la diffusion systématique de fausses nouvelles. Ce phénomène s'est accentué avec la fin des idéologies politiques et le phénomène consécutif de forts flux électoraux. La journaliste Gabriela Giacomella a écrit en 2017 : "l'expression fake news est le mot magique utilisé pour faire taire l'ennemi, ou plutôt, une arme à utiliser quand on ne sait pas comment sortir victorieux d'un débat...".

Mais le problème se situe à la racine. Le public croit le "mot magique" et se laisse guider, se laisse convaincre que ce qu'il entend n'est pas faux mais vrai, et dans tous les cas, le "mot magique" sert à répandre le doute et l'incertitude parmi le public lui-même. C'est impressionnant ce que le chercheur du MIT de Boston, Sorosoush Vousoghi, a récemment démontré dans une étude publiée dans le prestigieux magazine 'Science', à savoir que les fake news sur Twitter se propagent six fois plus vite que les vraies nouvelles, et qu'à leur tour, la possibilité d'être retweeté est bien plus grande que les vraies nouvelles.

Les conséquences de ce dernier aspect, le retweet de fake news, sont expliquées par le sociologue Giovanni Boccia Artieri(photo) : "le paradigme de la communication a changé : nous ne sommes plus seulement l'"objet" de la communication mais le "sujet" de celle-ci". Cela signifie que la communication par les réseaux sociaux est désormais devenue un outil de masse où chacun a son mot à dire, et c'est un phénomène imparable car il permet à chacun le fameux quart d'heure de célébrité et est capable de développer, pour l'auteur du post, un plaisir similaire à celui produit par les drogues.

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Le professeur G. Riva, professeur de psychologie de la communication, dans son essai intitulé Fake news écrit que : "progressivement, à mesure que le sujet s'habitue à la présence de dopamine, des niveaux de plus en plus élevés sont nécessaires pour maintenir le degré de plaisir initial". En bref, il a les mêmes effets qu'une drogue. Sur les sites de réseaux sociaux, une personne qui publie une phrase, une vidéo, une photo, plus elle reçoit de likes, plus son niveau de plaisir augmente. Le même sujet a tendance à augmenter de plus en plus sa présence sur les réseaux sociaux afin de vérifier l'augmentation du nombre de likes sur le sujet qu'il a posté et d'augmenter le "plaisir".

Le journaliste et écrivain Valerio Moggia affirme toutefois qu'"il n'y a (presque) rien de nouveau dans ce qui s'est passé en 2016". Il plaide pour un manque de nouveauté dans l'ère de la post-vérité. En substance, il existe de nombreux exemples de l'utilisation actuelle du terme anglais "post-vérité" avant 2016, dont précisément celui utilisé en 1992 en rapport avec la guerre du Golfe et un livre publié en 2004 intitulé Post-truth Era : "combien de fois l'ère de la post-vérité a-t-elle commencé ?". Et Valerio Moggia de déclarer à nouveau : "ce qui a changé, en 2016, c'est que nous avons tous sans doute pris conscience de l'existence d'un problème dont les racines sont pourtant solides et très anciennes".

Sans remonter trop loin dans le temps, il suffit de se rappeler qu'en 1954, le KGB (Comité pour la sécurité nationale) a été créé en Russie, et que l'une de ses principales tâches était de créer de la désinformation. Le KGB a créé une section spéciale dont l'initiale était D, ou plutôt, c'était l'initiale du terme qui, traduit en italien, signifie Désinformation. Et les médias sociaux n'existaient pas : rien de nouveau sous le soleil.

L'ère de la post-vérité concerne-t-elle uniquement la politique ? Absolument pas ! Même si les fake news qui se répandent le plus rapidement, selon les études menées par le sociologue Soroush Vosoughi cité plus haut, sont celles qui concernent la politique. Mais je pourrais citer des exemples de fake news dans le domaine de la recherche, de la médecine et de l'industrie. Combien de décennies, si ce n'est un siècle, a-t-il fallu pour que la recherche scientifique fasse comprendre aux gens que la cigarette est nocive pour la santé ? L'industrie du tabac, par le biais de la "post-vérité", a réussi à convaincre pendant longtemps les fumeurs de cigarettes que fumer n'était pas dangereux. C'est ce que les fumeurs voulaient qu'on leur dise.

Les industries pétrolières ont fait pire. Ils ont financé des instituts de recherche pour semer le doute sur le fait que le réchauffement de la planète n'est pas dû au développement par l'utilisation du pétrole et de ses dérivés, mais fait partie du changement climatique normal.

L'un des aspects importants des fake news est qu'elles se concentrent sur l'émotivité du sujet et que sa capacité à raisonner est influencée par cette émotivité. Il n'est pas nécessaire, en somme, de diffuser des fake news. Les sites qui diffusent des fake news, qui, selon une étude récente, sont au moins quatre-vingt-dix rien qu'en Italie, présentent des nouvelles avec un pourcentage minimum de 1% de contenu faux. Mais ce 1% est suffisant pour que le public doute de la vérité scientifiquement prouvée, ou même la déforme complètement, en la faisant sienne.

Mais qu'est-ce que l'ère de la post-vérité a à voir avec les médias sociaux ? Je réponds en citant à nouveau Giuseppe Riva (photo) qui, dans son livre Fake News, écrit : "la tendance des utilisateurs à consacrer de moins en moins d'attention aux contenus sur les réseaux sociaux - en quinze ans, nous sommes passés d'une moyenne de 12 à 8 secondes d'attention par contenu - et la facilité avec laquelle il est possible de modifier les contenus numériques sans que l'utilisateur inexpérimenté s'en aperçoive, il ne fait aucun doute que les médias sociaux représentent le contexte idéal pour la création et le partage de fake news". Bien que non exclusif.

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Comment les victimes peuvent-elles se défendre contre la post-vérité qui a remplacé la vérité ? Gianluca Gardini, professeur de droit, dans une interview accordée à Letture.org, affirme que "le droit de rapporter des nouvelles et le droit d'être informé selon la vérité doivent être protégés", et qu'un investissement sérieux dans la culture numérique des citoyens est nécessaire. Il n'est pas d'accord avec une forme quelconque de contrôle par les Autorités "parce que cela ferait taire beaucoup de voix qui animent le web". Gabriele Ruffatti, maître de conférences en informatique, estime quant à lui que ".... nécessite une certaine forme de contrôle dans un contexte démocratique".

Comme nous pouvons le constater, le problème est complexe et les convictions des experts qui l'abordent de diverses manières sont différentes. Traiter le problème et apporter des remèdes à la post-vérité, qui, comme nous l'avons lu, ne concerne pas seulement les médias sociaux, et dans une période où l'éthique, la responsabilité, la vérité et le sens des limites sont à l'agonie, trop de choses se sont passées.

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Je conclurai par les propos de Lee Mcintyre, professeur d'éthique à la Harvard Extension School et chercheur au Centre de philosophie et d'histoire de l'université de Boston : "la post-vérité peut être combattue, et la première étape pour y parvenir est de comprendre d'où elle vient". J'ajouterais que pour la combattre, il faut avoir les sujets qui sont prêts à le faire. Ce n'est pas du pessimisme, c'est une simple constatation des faits.

Rompre une lance pour la vérité

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Rompre une lance pour la vérité

par Helmut Müller    

Source : https://helmutmueller.wordpress.com/

Au début de la Première Guerre mondiale, Lord Arthur Ponsonby s'est exprimé à la Chambre des Communes sur ce qu'il considérait comme un désir impossible d'équilibrer les forces en Europe. Cela conduirait, selon Ponsonby, à deux camps armés "se regardant en face avec suspicion, hostilité et haine... et faisant saigner les hommes pour payer les armements". C'est là une bonne mise en scène qui correspond àce qui nous arrive aujourd'hui, et le pacifiste avéré qu'est Ponsonby s'étonnerait sans doute que cette folie soit encore possible, même à l'ère des armes de destruction massive. "Mais", ai-je lu quelque part, "la représentation armée des entreprises d'armement, l'OTAN, a fait tout ce qui était possible pour mettre le feu à l'Ukraine jusqu'à ce qu'il y ait un incendie assimilable à une guerre". Le journaliste belge Michel Collon a même qualifié l'OTAN d'"organisation criminelle".

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Et rien n'est plus utile que la propagande pour mettre le feu, pendant et après la guerre, quand on sait en plus que la majorité des médias "indépendants" sont derrière soi. Dans son livre Falsehood in Wartime, l'homme politique et écrivain Ponsonby a décrit les méthodes de propagande de guerre des belligérants de la Première Guerre mondiale, toujours en vigueur aujourd'hui, dans lequel on trouve la fameuse remarque : "When war is declared, truth is he first casuality" ("Quand la guerre est déclarée, la vérité est la première victime").

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L'historienne belge Anne Morelli a présenté son exposé dans ses Principes élémentaires de propagande de guerre sous une forme claire et moderne qui, d'un point de vue occidental, ressemblerait à ceci, complété par mes propres notes :

1. nous ne voulons pas la guerre (nous voulons seulement dominer) .                                  

2. l'adversaire porte seul la responsabilité (la Russie aujourd'hui)

3. le leader de l'adversaire est un diable (Poutine)

4. nous nous battons pour une bonne cause (démocratie des entreprises).

5. l'adversaire se bat avec des armes non autorisées (armes chimiques, selon Bush et maintenant Biden)

6. l'adversaire commet des atrocités intentionnellement, nous seulement par inadvertance (voir Hiroshima, Vietnam, Irak et autres).

7. nos pertes sont faibles, celles de l'adversaire sont énormes.

8. les artistes et les intellectuels soutiennent notre cause (veulent être encouragés).

9. notre mission est "sacrée" (contre l'empire du mal)

10. quiconque met en doute notre couverture médiatique est un traître. (Ceux qui comprennent Poutine, par exemple).

Pour mieux comprendre, voici une liste, évidemment incomplète, de guerres présentées il y a des années par Ticinolive et menées selon cette méthode par les Etats-Unis :

Dix guerres et dix mensonges des États-Unis

1. le Vietnam (1964-1975)

Le mensonge : les 2 et 3 août 1964, le Nord-Vietnam a attaqué deux navires de guerre américains dans le Golfe du Tonkin.

La vérité : L'attaque n'a jamais eu lieu. Il s'agissait d'une invention du gouvernement américain.

L'objectif : empêcher l'indépendance du Vietnam et maintenir la domination des États-Unis dans la région.

Les conséquences : Des millions de victimes, des malformations génétiques, d'énormes problèmes sociaux.

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2. Grenade (1983)

Le mensonge : La petite île des Caraïbes est accusée de construire une base militaire soviétique et de mettre en danger la vie des citoyens américains.

La vérité : Tout est faux. La nouvelle a été diffusée sur ordre du président américain Ronald Reagan.

L'objectif : empêcher les réformes sociales et démocratiques du Premier ministre Maurice Bishop (qui a été abattu en octobre 1983).

Les conséquences : Répression brutale et consolidation du contrôle de Washington.

3. Panama (1989)

Le mensonge : l'invasion est menée pour arrêter le président Manuel Noriega pour trafic de drogue.

La vérité : Bien qu'il soit un protégé de la CIA, Noriega a revendiqué la souveraineté sur les droits du Canal de Panama. Cette revendication était inacceptable pour les États-Unis.

L'objectif : maintenir le contrôle des États-Unis sur le canal, une voie de communication stratégique.

Les conséquences : Les bombardements américains ont tué des milliers de civils dans l'indifférence des médias et de l'opinion publique.

4. Irak (1991)

Le mensonge : les soldats irakiens ont tué des prématurés koweïtiens en les arrachant de leurs couveuses.

La vérité : Une invention de l'agence de publicité Hill & Knowlton, payée par l'émir du Koweït.

L'objectif : Empêcher le Moyen-Orient de se rebeller contre Israël et de se soustraire au contrôle américain.

Les conséquences : De nombreuses victimes de la guerre (un million, ndlr) et un long embargo, qui concernait également les médicaments.

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5. la Somalie (1993)

Le mensonge : l'homme politique et médecin français Bernard Kouchner se met en scène comme le héros d'une intervention humanitaire.

La vérité : Quatre sociétés américaines avaient acheté une partie du sous-sol somalien riche en pétrole.

L'objectif : le contrôle du pétrole et d'une région militairement stratégique.

Les conséquences : Les États-Unis n'ayant pas réussi à contrôler le pays, un chaos persistant s'est installé dans la région.

6. Bosnie (1992-1995)

Le mensonge : la société américaine Ruder Finn et le ministre français de la Santé de l'époque, Bernard Kouchner, ont mis en scène une série de camps d'extermination serbes.

La vérité : Ruder Finn et Kouchner avaient menti. Il s'agissait de camps dans lesquels des prisonniers attendaient d'être échangés contre d'autres prisonniers. Alija Izetbegovic, président de la Bosnie-Herzégovine de 1990 à 1996, l'a reconnu.

L'objectif : démanteler la Yougoslavie, trop à gauche, supprimer son système social, soumettre la région aux multinationales, contrôler le Danube et les voies de communication stratégiques dans les Balkans.

Les conséquences : Une guerre atroce de quatre ans entre les musulmans, les Serbes et les Croates.

7. Yougoslavie (1999)

Le mensonge : les Serbes commettent un génocide contre les Albanais du Kosovo.

La vérité : C'était une invention de l'OTAN, comme l'a reconnu plus tard le porte-parole officiel Jamie Shea.

L'objectif : imposer la domination de l'OTAN dans les Balkans et établir une base militaire américaine au Kosovo.

Les conséquences : Des milliers de victimes des bombardements de l'OTAN. Nettoyage ethnique au Kosovo par l'organisation paramilitaire albanaise UÇK - l'"Armée de libération du Kosovo" - qui était sous la protection de l'OTAN.

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8. Afghanistan (2001)

Le mensonge : le président américain George Bush voulait venger les attentats du 11 septembre 2001 et capturer Oussama Ben Laden, un ancien ami des États-Unis et chef sanguinaire d'Al-Qaida.

La vérité : Il n'y avait aucune preuve de l'implication d'Al-Qaïda et de Ben Laden dans les attentats du 11 septembre. Selon les "théoriciens du complot", les attentats auraient même été organisés par les services secrets américains.

L'objectif : le contrôle militaire du centre stratégique de l'Asie, la construction d'un gazoduc pour contrôler l'approvisionnement énergétique de l'Asie du Sud.

Les conséquences : Occupation à long terme et forte augmentation de la production et du commerce d'opium.

9. Irak (2003)

Le mensonge : le président irakien Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive, comme l'a déclaré le général Colin Powell devant les Nations unies, avec une éprouvette censée contenir une substance dangereuse saisie dans des laboratoires irakiens à l'appui.

La vérité : Le gouvernement de Washington avait ordonné de falsifier (affaire Libby) ou de créer les documents correspondants.

Le but : contrôler le pétrole irakien et donc les acheteurs : Chine, Europe, Japon...

Les conséquences : Une longue guerre civile a commencé en Irak ; les armes expérimentales et les munitions à l'uranium ont causé plus de dommages génétiques que la bombe d'Hiroshima.

10. la Libye (2011)

Le mensonge : le colonel libyen Mouammar Kadhafi veut massacrer la population de Benghazi. Une intervention militaire occidentale est nécessaire pour éviter un bain de sang. Le président américain Barack Obama et le président français Nicolas Sarkozy ont lancé la guerre contre la Libye en violation de la résolution 1973 des Nations unies.

La vérité et l'objectif : le contrôle du pétrole et des compagnies pétrolières du pays, la fin du premier satellite africain RASCOM 1, la fin du Fonds monétaire africain, l'installation d'une base militaire Africom en Libye et la mise à mort de Mouammar Kadhafi.

Les conséquences : Près de 50 000 Libyens ont été tués dans les frappes aériennes de l'OTAN.

Source : Ticinolive : Le 10 guerre e le 10 menzogne degli Stati Uniti - 4 décembre 201

Note sur la guerre en Ukraine :

Oui, Poutine est en guerre, cela ne fait aucun doute. Mais est-ce sa guerre ? Et oui, des crimes de guerre sont malheureusement possibles, de part et d'autre, ceux des Ukrainiens (et le rôle de M. Zelensky) seront certainement à discuter. Mais aucun pays n'a commis autant de crimes de guerre après la Seconde Guerre mondiale que les États-Unis, selon Noam Chomsky : "World's biggest terrorist". Le fait que ce soient eux qui se présentent aujourd'hui comme accusateurs, avec une kyrielle de vassaux à leur suite, est une parodie de vérité et de justice. Si Poutine devait être traduit en justice, alors, s'il vous plaît, que Biden et tous les anciens présidents américains encore en vie le soient également.

Sur le même sujet:

Confessions de Victoria Nuland : https://youtu.be/skHJ251ogfA

Le général de division Schulze-Rhonhoff : https://youtu.be/mHzDonjwYZg

Pris en flagrant délit de mensonge : https://bachheimer.com/images/2022/aktuell/ukraine_tag14/VID-20220309-WA0003_3.mp4

vendredi, 25 mars 2022

Boomerang pour les Etats-Unis et coup dur pour le dollar: l'Inde utilisera le rouble avec la Russie et l'Arabie Saoudite le yuan pour son pétrole avec la Chine

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Boomerang pour les Etats-Unis et coup dur pour le dollar: l'Inde utilisera le rouble avec la Russie et l'Arabie Saoudite le yuan pour son pétrole avec la Chine

Source: https://kontrainfo.com/boomerang-para-eeuu-y-golpe-al-dolar-india-usara-el-rublo-con-rusia-y-arabia-saudita-el-yuan-para-su-petroleo-con-china/

Les sanctions américaines contre la Russie, excluant la Russie du système interbancaire SWIFT, pourraient finir par s'avérer un boomerang pour le pouvoir hégémonique du dollar en tant que monnaie internationale. L'Inde a indiqué qu'elle négociait avec la Russie pour acheter du pétrole et des engrais dans le cadre d'un échange de roubles et de roupies, et l'Arabie saoudite a laissé entendre qu'elle pourrait échanger ses exportations d'hydrocarbures avec la Chine en utilisant le yuan, deux situations impensables jusqu'à récemment du fait de la domination mondiale du pétrodollar.

Les engrais font partie des produits offerts par Moscou à New Delhi qui intéressent le plus le gouvernement indien. L'attrait réside dans les remises importantes que la Russie est prête à accorder et la possibilité de réaliser la transaction dans ses propres devises.

L'Inde bénéficierait du pétrole bon marché offert par la Russie. New Delhi voit en Moscou un fournisseur d'armes fiable - ce qu'elle considère comme vital face aux tensions avec la Chine et le Pakistan - et a même proposé en décembre dernier un plan de fabrication de 500;000 fusils russes AK-203. C'était lors de la visite de Poutine au Premier ministre indien Narendra Modi.

L'Inde, qui, comme la Russie, est membre du bloc des BRICS, a refusé de suivre les États-Unis dans leurs sanctions. Elle n'a pas non plus condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie lors de l'Assemblée générale des Nations unies. L'Inde reste en marge du conflit, avec un profil plus bas que la Chine, et sans même tenter un rôle de médiateur comme la Turquie ou Israël.

L'Inde et la Russie étudient également la possibilité d'utiliser le yuan chinois comme monnaie de référence pour valoriser le mécanisme commercial roupie-rouble. Tous deux peuvent également envisager un arrangement à taux variable. En septembre, l'Inde et Singapour ont décidé de relier leurs systèmes de paiement rapide respectifs : UPI et PayNow. La RBI et l'Autorité monétaire de Singapour ont annoncé le projet de liaison des systèmes de paiement rapide, qui devrait être opérationnel en juillet.

Les discussions avec la Russie s'inscrivent dans le cadre de l'obtention d'un mécanisme de paiement alternatif à la suite des sanctions occidentales contre la Russie. Selon M. Solodov, la Russie et l'Inde encouragent l'utilisation des monnaies nationales tant au niveau bilatéral que multilatéral, notamment dans le cadre des BRICS. En outre, un mécanisme d'échange roupie-rouble est déjà en place depuis plusieurs années, les paiements étant effectués dans les monnaies nationales par l'intermédiaire de banques désignées.

En début de semaine, les systèmes de cartes occidentaux ont suspendu leurs opérations en Russie, après quoi plusieurs banques russes seraient en train de se connecter au système de l'opérateur de cartes chinois UnionPay ainsi qu'au réseau russe MIR.

"L'utilisation des cartes fait encore l'objet de discussions directes au niveau des banques centrales de nos pays", a déclaré un second responsable de l'ambassade russe, qui n'a pas souhaité être identifié, ajoutant que l'utilisation des cartes sera importante pour les touristes et visiteurs indiens et russes. "Mais ce sera de toute façon un grand pas", a-t-il déclaré.

De son côté, l'Arabie saoudite est en négociations actives avec Pékin pour régler une partie de ses fournitures de pétrole à la Chine en yuans, rapporte le Wall Street Journal, citant des sources familières avec la question.

L'entrée de la monnaie nationale chinoise dans les contrats de pétrole brut réduirait la domination du dollar sur le marché mondial, et marquerait un pas en direction de l'Asie en tant que grand exportateur mondial.

La Chine achète plus de 25 % des exportations de brut de l'Arabie saoudite. Si elles sont payées en yuan, les ventes renforceront le prestige du yuan dans le monde.

Le ministre russe des Finances, Anton Siluanov, a déclaré que "nous avons les ressources nécessaires pour payer nos dettes". Le Kremlin affirme que les sanctions sont une occasion pour la Russie d'acquérir une plus grande indépendance.

 

La carte tatar d'Erdogan

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La carte tatar d'Erdogan

La Turquie dispose d'un avantage considérable par rapport aux autres pays pour servir de médiateur entre l'Ukraine et la Russie. L'activisme d'Ankara est dicté par une stratégie préparée au fil des ans. Un bref excursus.

Emanuel Pietrobon

Source: https://www.dissipatio.it/erdogan-zelensky-pace/

L'Ukraine de Zelensky a dès le départ tenté d'obtenir le statut de membre observateur au sein du Conseil de coopération des pays de langue turque, également connu sous le nom de "Conseil turc", une organisation internationale basée à Ankara. Cette nouvelle n'est en fait pas une nouvelle pour ceux qui ont suivi l'évolution de la dynamique ukrainienne depuis l'ère post-Euromaidan. En gagnant la bataille pour l'Ukraine, l'Occident a réussi à se rapprocher de la réalisation du rêve de Zbigniew Brzezinski d'expulser la Russie de l'Europe, la transformant en un "empire asiatique". Entre ce scénario et sa réalisation finale, il ne reste plus que trois obstacles : le Belarus, la Moldavie et la Serbie.

En bref, ce à quoi nous assistons, c'est à la disparition de tout le système d'États tampons construit par Staline dans l'entre-deux-guerres pour protéger la Russie d'une invasion extérieure. Ce système est sur le point de s'effondrer car il a été incorporé dans l'orbite euro-américaine par l'élargissement de l'Union européenne et de l'Alliance atlantique. Aujourd'hui, la Russie est encerclée de partout - pas seulement au départ de l'Europe, pensez par exemple à ce qui se passe dans le Caucase du Sud et en Asie centrale. Mais revenons à l'Europe. La Biélorussie est secouée par une grande mobilisation d'une partie ostensible de sa société depuis la nuit du 9 août 2021 ; la Moldavie est un acteur vulnérable en raison de son besoin constant d'investissements étrangers et de la présence d'une minorité turque en Gagaouzie que la Turquie subjugue habilement, tandis que la Serbie est presque entièrement entourée de pays de l'OTAN, même si sa position au sein de l'orbite russe ne semble pas se fissurer pour l'instant (à voir également les manifestations pro-russes de ces jours-ci).

Pour en revenir à l'Ukraine, l'entrée au Conseil turc ne se prête qu'à une seule interprétation : le pays passerait rapidement du monde russe au monde turc. Cette situation ne caractérise pas seulement Kiev, mais de nombreux autres pays, comme les anciens États soviétiques d'Asie centrale et l'Azerbaïdjan, et des régions, comme la Gagaouzie, que je viens de mentionner, et les républiques russes à composition ethnique turque, du Caucase du Nord à la Sibérie. La nouvelle du projet ambitieux du gouvernement ukrainien a été donnée par Emine Dzheppar (photo, ci-dessous), une politicienne ukrainienne d'origine tatare qui a récemment été nommée première vice-première ministre chargée des affaires étrangères. M. Dzheppar, interviewé dans le passé par l'agence de presse turque Demirören, a expliqué que la présidence Zelensky souhaitait rejoindre le Conseil turc parce que :

"Nous sommes des pays voisins. L'Ukraine est l'héritière de la culture turque. Les Tatars de Crimée sont un pont entre l'Ukraine et la Turquie" (Emine Dzheppar).

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S'il est vrai que les Tatars constituent un point de connexion utile entre l'Ukraine et la Turquie, le passage sur la prétendue identité turque de l'Ukraine est discutable. En fait, elle n'est même pas discutable : elle est tout à fait anti-historique. Il s'agit d'une tentative de réécrire à la fois l'histoire et l'identité de l'Ukraine, qui est, était et sera toujours le berceau de la civilisation russe. Les Tatars représentent une très petite minorité - environ 70.000 personnes selon le recensement de 2001 - mais ils sont la clé de voûte de l'Ukraine pour entrer dans les bonnes grâces de la Turquie et de l'Occident.

Dès le départ, la décision de rejoindre le Conseil turc a été précédée de nombreuses autres initiatives et l'entrée finale dans l'organisation n'était que l'étape naturelle d'un voyage entamé par Volodymyr Zelensky en août 2019 par une visite officielle à Ankara. Depuis lors, les deux pays ont rapidement construit un partenariat stratégique très solide qui, aujourd'hui, s'étend du commerce à l'industrie, de la défense à la sécurité régionale, de la politique étrangère à la Crimée. Ce dernier point est particulièrement important pour les deux, car il s'agit d'un moyen de saper la grande stratégie de la Russie pour la mer Noire.

Mais pourquoi, dans le passé, l'Ukraine est-elle sur le point de devenir une partie intégrante du monde turc ? Il ne s'agit pas seulement du Conseil turc, de nombreux autres événements se sont produits au cours des dernières années. En juillet 2021, l'ambassadeur turc à Kiev, Yagmur Ahmet Gulder, a annoncé que la Turquie allait construire une maxi-mosquée au cœur de la capitale ukrainienne. Les négociations concernant le terrain ont déjà été résolues et les travaux devraient bientôt commencer. Une fois terminée, la mosquée sera la plus grande du pays : le projet prévoit une capacité d'au moins 5000 fidèles. Le gouvernement turc a fourni cinq millions de dollars pour sa construction. L'idée de construire une nouvelle mosquée à Kiev ne vient pas de Turquie, mais de Mustafa Dzhemilev, le chef du Mejlis, l'organe représentatif officiel des Tatars, qui a été mis hors la loi en Crimée pour cause d'extrémisme. Selon Dzhemilev, le pays a besoin d'une nouvelle mosquée en raison de l'arrivée de dizaines de milliers de Tatars de la péninsule au cours des six dernières années.

Avec en toile de fond les négociations sur la mosquée, la Turquie travaille depuis des années à la construction d'appartements résidentiels pour des centaines de familles tatares dans les villes de Kharkiv, Lviv, Odessa, Kherson et Dnipro. Ces deux initiatives ont été très bien accueillies par la minorité turque et amélioreront considérablement l'image de Recep Tayyip Erdogan en tant que protecteur du peuple turc et des musulmans en général. Mais avant même l'annonce de la mosquée, un événement historique s'est produit le 18 mai. Zelensky avait inclus deux célébrations islamiques très importantes dans le calendrier national des jours fériés : la fête du sacrifice (Eid al-Adha) et la fête de la rupture du jeûne (Eid al-Fitr).

La date de l'annonce a été soigneusement choisie car l'objectif était d'accroître la portée symbolique de l'acte : en effet, le 18 mai de chaque année, les Tatars observent ce que l'on appelle la "Journée de commémoration des victimes du génocide des Tatars de Crimée". Depuis 2014, cet événement historique est officiellement inclus dans la liste des guerres de mémoire liées à la Seconde Guerre mondiale qui divisent l'Occident et la Russie. Aujourd'hui, cette date, grâce à Zelensky, a pris une importance égale pour les Ukrainiens, les Tatars et les Turcs. Selon le président ukrainien, la reconnaissance officielle des fêtes islamiques est une étape fondamentale vers la construction d'une "nouvelle Ukraine au sein de laquelle chacun peut se sentir citoyen".

Le même jour, M. Zelensky a également annoncé la formation d'un groupe de travail au sein du bureau de la présidence, spécialisé dans les questions relatives aux Tatars. L'objectif était d'améliorer les conditions de vie de la minorité dans le pays. Ce sont donc les Tatars qui ont conduit l'évolution du partenariat turco-ukrainien formé l'année dernière. En août dernier, Zelensky a assisté à l'inauguration d'un bureau de représentation des Tatars de Crimée à Ankara. En février, c'était au tour d'Erdogan à Kiev, où le président turc a annoncé un plan de logement pour les Tatars qui avaient fui la péninsule, réaffirmant que son gouvernement ne reconnaîtrait jamais le nouveau statu quo car "la Crimée est la patrie historique des Tatars".

La carte tatare est utile aux deux parties : Kiev peut améliorer son image à l'Ouest, Ankara peut accroître son prestige dans le monde turc et islamique et, simultanément, élargir sa marge de manœuvre à l'intérieur de l'Ukraine dans l'espoir de combler le vide de pouvoir laissé par le Kremlin. Enfin, comme cela a déjà été écrit, jouer la carte des Tatars est le seul moyen pour les rivaux ou les pacificateurs de la Russie de garder ouverte la possibilité de déstabiliser la péninsule par une insurrection à motivation ethnique - ou, comme c'est le cas actuellement, de servir de médiateur entre les deux prétendants. La Russie est confrontée à un défi historique, car le scénario tant redouté de l'encerclement qui hantait les rêves de Staline est devenu une réalité, et la chute des États de la zone-tampon entraînera un déplacement de l'attention vers les républiques turco-musulmanes de Russie. Le risque d'une implosion de type soviétique est élevé, et les dirigeants du Kremlin sont appelés à élaborer une refonte stratégique globale : il en va de la survie même de la Russie telle que nous la connaissons aujourd'hui.

La position diplomatique du Pakistan sur la crise ukrainienne

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La position diplomatique du Pakistan sur la crise ukrainienne

Saima Afzal

Source: https://www.geopolitica.ru/en/article/pakistans-diplomatic-stance-ukraine-crisis

Le Pakistan est un pays pacifique et sa politique étrangère vise à promouvoir les normes internationalement reconnues des relations interétatiques qui comprennent le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de tous les États, la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres États et la non-agression et le règlement pacifique des différends. Si nous examinons la crise actuelle entre la Russie et l'Ukraine, le Premier ministre pakistanais Imran Khan, lors de sa visite à Moscou les 23 et 24 février, a regretté la récente situation bellogène entre la Russie et l'Ukraine et a espéré que la diplomatie pourrait éviter un conflit militaire. Il a également souligné la nécessité de régler les différends par le dialogue et la diplomatie. Le dirigeant pakistanais a réaffirmé que son pays cherchait à établir des liens équilibrés avec les grandes puissances mondiales et ne ferait partie d'aucun bloc politique mondial.

Historiquement, l'Ukraine occupe une position géographique stratégique en Europe. Jusqu'à la dissolution de l'Union soviétique en 1991, la Russie et l'Ukraine faisaient partie de l'Union soviétique. Contemporain, le conflit Russie-Ukraine a commencé lorsque la Russie a tenté d'empêcher le pays de rejoindre l'OTAN car il représente une menace pour sa sécurité nationale. Fondamentalement, Moscou veut garder l'Ukraine dans son bloc, arguant qu'elle serait une menace pour la sécurité russe, si elle rejoignait l'OTAN.

Cependant, le Pakistan entretient des relations bilatérales avec la Russie et l'Ukraine et, tout en maintenant sa politique de neutralité, le Pakistan s'abstient d'interférer dans les affaires intérieures des deux États et demande à résoudre leur problème par voie diplomatique. Le Pakistan est resté en marge du débat de l'ONU sur la crise russo-ukrainienne. Pourtant, les hauts diplomates de 22 pays, dont les États membres de l'Union européenne, ont conjointement appelé le gouvernement pakistanais à soutenir une résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies condamnant l'action de la Russie en Ukraine. Une déclaration commune signée par 22 pays de l'Union européenne a exhorté le Pakistan à se joindre à eux pour condamner les actions de la Russie. Le 2 mars 2022, le Conseil de sécurité des Nations Unies a convoqué une session spéciale de l'Assemblée générale des Nations Unies pour adopter une résolution de condamnation de la Russie. Il s'agissait d'une session rare, convoquée après 20 ans. Cependant, lors de cette session de l'AGNU, 141 pays ont voté contre la Russie et 35 pays, dont l'Inde, la Chine, le Pakistan et les EAU, se sont abstenus de voter. Le Pakistan a son propre intérêt national et sa propre stature et ne veut pas faire partie d'un quelconque bloc politique et être utilisé contre un État. Bien que le Pakistan ait fait l'objet de pressions de la part de l'Occident pour les favoriser en mettant la Russie sur la touche dans la guerre en Ukraine.

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L'Ukraine et la Russie représentent ensemble un quart du commerce mondial des céréales et constituent un tiers des exportations mondiales de blé et d'orge. L'Ukraine est le cinquième plus grand exportateur de blé au monde et, en 2021, le Pakistan a importé 39 % de ses importations totales de blé d'Ukraine. En raison de la crise globale entre la Russie et l'Ukraine, le commerce dans cette région sera affecté et les prix des produits de base resteront élevés. Le Pakistan a également l'intention d'acheter deux millions de tonnes de blé à la Russie et de construire un gazoduc de plusieurs milliards de dollars. La situation actuelle entre la Russie et l'Ukraine affectera directement ou indirectement le Pakistan.

Actuellement, les dirigeants pakistanais cherchent à stabiliser d'urgence l'économie du pays, frappée par l'inflation, en augmentant la productivité intérieure et en attirant les investissements étrangers. La toute première politique de sécurité nationale du Pakistan, dévoilée plus tôt cette année, a réaffirmé l'aspiration du gouvernement à l'intégration régionale et contenait même des dispositions provisoires pour de meilleures relations avec son grand rival, l'Inde. Le document appelait également à "réimaginer le partenariat du pays avec la Russie en matière d'énergie, de coopération en matière de défense et d'investissement". Pour atteindre ses objectifs économiques, le Pakistan est conscient qu'il doit maintenir la paix régionale et éviter de s'empêtrer dans le maillage croissant de la politique de puissance mondiale. Le Pakistan préconise un dialogue direct entre la Russie et l'Ukraine et met l'accent sur la solution diplomatique du conflit.

L'impact économique de la crise en Ukraine

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L'impact économique de la crise en Ukraine

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitica.ru/article/ekonomicheskie-posledstviya-krizisa-na-ukraine

Le 15 mars 2022, le FMI a publié un article d'un groupe d'auteurs indiquant que l'impact passerait par trois canaux principaux. Premièrement, la hausse des prix des produits de base tels que les denrées alimentaires et l'énergie entraînera une nouvelle augmentation de l'inflation, ce qui réduira à son tour la valeur des revenus et exercera une pression sur la demande.

Deuxièmement, les économies voisines, en particulier, seront confrontées à des perturbations du commerce, des chaînes d'approvisionnement et des transferts de fonds, ainsi qu'à une augmentation historique des flux de réfugiés. Et troisièmement, la baisse de la confiance des entreprises et l'incertitude accrue des investisseurs exerceront une pression sur les prix des actifs, resserrant les conditions financières et stimulant potentiellement les sorties de capitaux des marchés émergents [i].

Il a été souligné que la Russie et l'Ukraine sont d'importants producteurs de matières premières et que les perturbations ont entraîné une forte hausse des prix mondiaux, notamment pour le pétrole et le gaz naturel. Les prix des denrées alimentaires ont bondi et ceux du blé ont atteint des niveaux record.

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Outre les retombées mondiales, les pays présentant des risques commerciaux, touristiques et financiers directs subiront une pression supplémentaire. Les économies qui dépendent des importations de pétrole seront confrontées à des déficits budgétaires et commerciaux plus importants et à des pressions inflationnistes accrues, même si certains exportateurs, comme ceux du Moyen-Orient et d'Afrique, pourraient bénéficier de la hausse des prix.

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Des augmentations plus marquées des prix des denrées alimentaires et des carburants pourraient accroître le risque de troubles dans certaines régions, de l'Afrique subsaharienne et de l'Amérique latine au Caucase et à l'Asie centrale, tandis que l'insécurité alimentaire devrait encore augmenter dans certaines parties de l'Afrique et du Moyen-Orient.

À plus long terme, les conflits peuvent remodeler fondamentalement l'ordre économique et géopolitique mondial si le commerce de l'énergie est modifié, si les chaînes d'approvisionnement changent, si les réseaux de paiement s'effondrent et si les pays repensent leurs réserves de devises. Les tensions géopolitiques croissantes augmentent encore les risques de fragmentation économique, notamment dans les domaines du commerce et de la technologie.

Une autre source a déclaré que les prix des denrées alimentaires avaient déjà augmenté de 23,1 % l'année dernière, le rythme le plus rapide depuis plus d'une décennie, selon les données ajustées de l'inflation des Nations Unies. Le chiffre de février était le plus élevé depuis 1961 pour un indicateur qui suit les prix de la viande, des produits laitiers, des céréales, des huiles et du sucre.

Aujourd'hui, le conflit en Ukraine et les sanctions contre la Russie sapent les approvisionnements et peut-être la production des deux plus grands producteurs agricoles du monde. Les deux pays représentent près de 30 % des exportations mondiales de blé et 18 % de celles de maïs, dont la majeure partie est expédiée par les ports de la mer Noire, qui sont désormais fermés [ii].

Les principaux acheteurs de céréales ukrainiennes en 2021 étaient l'Indonésie, l'Égypte, la Turquie, le Pakistan, l'Arabie Saoudite et le Bangladesh. Il est probable qu'ils devront chercher d'urgence une autre source d'approvisionnement, car la saison des semailles en Ukraine risque d'être perturbée ce printemps.

Au cours des trois dernières semaines, des nouvelles concernant divers secteurs liés à la production en Ukraine ont été publiées.

Un certain nombre de groupes automobiles (et pas seulement) en Europe ont acheté des câbles électriques à des entreprises ukrainiennes. Maintenant, les approvisionnements ont cessé, ce qui menace de perturber l'ensemble du processus de production. Les câbles électriques sont technologiquement les plus difficiles à exporter. Leur production future dépendra donc à la fois de la disponibilité des composants nécessaires et du maintien d'entreprises capables de fournir l'ensemble du cycle technologique.

La production mondiale de semi-conducteurs est également affectée, car les principaux fournisseurs de gaz néon, qui est utilisé dans cette production de haute technologie, sont la Russie et l'Ukraine.

L'usine de Krioin est située près d'Odessa et s'occupe de la production et de la fourniture de gaz rares tels que le néon, les isotopes 20Ne, 21Ne et 22Ne, l'hélium, le xénon et le krypton [iv].

Une autre entreprise spécialisée dans ce type de production, Ingaz, est basée à Marioupol [v]. Le processus de production de ces deux entreprises est désormais complètement arrêté.

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Marioupol possède également une industrie sidérurgique concentrée dont les produits étaient autrefois fournis à de nombreux pays - les tuyaux, les tôles laminées, les raccords, la fonte, etc. ne sont plus expédiés en Europe ou dans d'autres parties du monde où se trouvaient les clients. Pour cette raison, un certain nombre de projets d'infrastructure et de construction sont sur le point d'être perturbés ou gelés.

Le fer et les autres minerais étaient à égalité avec le maïs et le blé en termes de ventes à l'étranger. Leur extraction et leur transport sont désormais interrompus.

L'huile de tournesol figure également sur la liste des produits de base qui créent un effet domino. Les années précédentes, l'Ukraine a réalisé des exportations record de cette denrée. Les cinq premiers acheteurs étaient l'Inde, la Chine, les Pays-Bas, l'Irak et l'Espagne. Et la Russie prévoit d'imposer un droit d'exportation sur l'huile de tournesol, ce qui affectera également les prix mondiaux.

Le tourteau de céréales, c'est-à-dire les résidus de céréales après l'extraction de l'huile de celles-ci, a également fourni au pays environ 1 milliard de dollars par an pour son budget. L'Ukraine a gagné environ la même somme d'argent en vendant des graines de colza.

Le bois de chauffage est également l'un des principaux produits d'exportation de l'Ukraine. Ces dernières années, elle a représenté plus de 10 % du marché mondial dans cette catégorie particulière. Les expéditions en provenance des régions occidentales se poursuivent probablement encore, mais elles seront bientôt supprimées elles aussi.

Les champignons ont également connu un petit segment d'exportation, principalement vers la Roumanie, la Moldavie et la Biélorussie, mais aussi vers d'autres pays.

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Depuis de nombreuses années, les travailleurs de la gastronomie, appelés dans le pays voisin "zarobytchany", sont également un moteur important de l'économie ukrainienne. Par exemple, en 2019, selon la Banque nationale d'Ukraine, les Zarobytchans y ont transféré 12 milliards de dollars, alors que dans le même temps les entrées d'investissements directs étrangers s'élevaient à 2,5 milliards de dollars [vi].

Le système bancaire ukrainien étant désormais dysfonctionnel, ce segment de l'économie a tout simplement disparu. Et à qui va l'argent alors que des millions de citoyens ont déjà quitté le pays ?

Le fardeau de l'afflux de réfugiés pèse désormais sur les pays de l'Union européenne. Ajoutez à cela l'effondrement du système d'application de la loi en Ukraine, qui a rendu actifs des éléments criminels, y compris des représentants de groupes internationaux. Cela vaut également pour l'UE, où dans un certain nombre de villes, la population autochtone se sent déjà mal à l'aise et subit toutes sortes de désagréments, allant du vol et des dommages matériels à l'agression ouverte.

Il est également tout à fait naturel de parler du marché boursier ukrainien, où les cours des actions de presque toutes les entreprises nationales ont chuté dès le 22 février suite à la reconnaissance par la Russie de la DNR et de la LNR. Par exemple, les actions d'Ukrnafta ont chuté de 9% et celles d'Ukrtelecom de 12%. Mais aujourd'hui, le marché boursier ukrainien est pratiquement mort.

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Quant à la Russie, les sanctions imposées et les contre-mesures prises par le gouvernement russe reformatent également l'économie mondiale. Mais si les Américains et les Européens ont déjà entendu le cri du peuple à propos des prix déraisonnablement élevés du carburant et de l'électricité, la Russie n'est pas menacée par cela. La Russie n'est pas non plus menacée par une crise alimentaire ou un quelconque coût sérieux. Mais Moscou peut serrer encore plus fort la vis à l'Occident et à ceux qui soutiennent les sanctions anti-russes.

Une discussion récente au Council on Foreign Relations (US) est illustrative [vii]. Par exemple, Karen Cariol-Tambur de Bridgewater Associates a noté que "la Russie est bien consciente de sa puissance. Elle sait parfaitement quels produits sont insignifiants pour sa balance des revenus, elle ne gagne pas beaucoup d'argent avec eux, mais ils sont importants pour le monde parce qu'elle est un fournisseur majeur d'un petit groupe de produits".

"Ils peuvent alors fermer l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement de cette manière. Et puis nous passons aux marchés pétroliers, qui sont tout simplement très sensibles politiquement dans des pays comme le nôtre, parce que la simple hausse des prix du pétrole est extrêmement régressive. Nous vivons donc déjà avec la plus forte inflation que nous ayons connue depuis une quarantaine d'années".

Isabel Mateos y Lago de BlackRock, qui a également pris part à la discussion, a noté certaines des nuances qui affectent le système financier et économique mondial, en déclarant que "nous sommes dans un nouvel environnement où nous savons que des choses peuvent se produire qui étaient considérées comme impensables. Et il n'est pas tout à fait clair pour moi qu'il existe de bien meilleures alternatives à l'ensemble des monnaies de réserve actuelles".

"Et d'ailleurs, pour le plus grand détenteur de réserves au monde, qui est la Chine, le yuan n'est certainement pas une option car ce n'est pas une monnaie de réserve. Et donc cette banque centrale a un problème encore plus grand que tous les autres en termes de financement de nouveaux actifs de réserve".

"Mais je dirais que la grande majorité des réactions que j'entends de la part des observateurs de la monnaie de réserve maintenant est, vous savez, le vieux mantra de la sécurité. La liquidité, la rentabilité, c'est ce qu'ils recherchent dans les monnaies de réserve".

"On s'est un peu plus concentré sur les rendements ces derniers temps, car les rendements obligataires sont bas partout. Et je pense que tout à coup, les gens ont réalisé que la sécurité et la liquidité comptent vraiment, et vont examiner de beaucoup plus près ce qu'ils détiennent dans leurs bilans".

Si Lago se trompe manifestement sur le yuan, puisqu'il est dans le panier du FMI depuis 2016, ses propos sur l'impensable sont révélateurs de l'effondrement de l'hégémonie unipolaire américaine. Ainsi, toute mesure prise par la Russie, allant jusqu'à la coupure temporaire de l'approvisionnement en gaz et en pétrole, si elle aide la domination du dollar et à "guérir" les politiciens européens, serait utile.

Notes:

[i] https://blogs.imf.org/2022/03/15/how-war-in-ukraine-is-reverberating-across-worlds-regions/

[ii] https://blogs.imf.org/2022/03/16/war-fueled-surge-in-food-prices-to-hit-poorer-nations-hardest/

[iii] https://www.cnews.ru/news/top/2022-03-11_rossiya_obrushila_mirovoe

[iv] https://krioin-inzhiniring.prom.ua/

[v] https://ingas.ua/ru/

[vi] https://ukraina.ru/exclusive/20200630/1028130398.html

[vii] https://www.cfr.org/event/world-economic-update-inflation-sanctions-and-russia-ukraine-war

jeudi, 24 mars 2022

Le coup de Poutine sur le gaz, le pétrole et le rouble, qui rend plus difficiles les sanctions européennes

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Le coup de Poutine sur le gaz, le pétrole et le rouble, qui rend plus difficiles les sanctions européennes

Federico Giuliani

Source: https://it.insideover.com/economia/la-mossa-di-putin-su-gas-petrolio-e-rublo-che-inguaia-le-sanzioni-europee.html

Renforcer le rouble, limiter davantage le poids des sanctions économiques et jouer un tour à l'Europe. La Russie n'acceptera plus de paiements en dollars et en euros pour son gaz livré à l'Europe, mais uniquement en roubles. Le président russe Vladimir Poutine l'a déclaré lors d'une réunion du gouvernement, en dévoilant ainsi une carte surprise de son jeu.

"J'ai décidé de mettre en œuvre une série de mesures visant à transférer le paiement de nos fournitures de gaz aux pays hostiles (c'est-à-dire ceux qui ont mis en œuvre des sanctions contre Moscou) en roubles russes", a déclaré le chef du Kremlin, ordonnant que les changements soient mis en œuvre dès que possible. La Banque centrale et le Cabinet des ministres doivent déterminer dans un délai d'une semaine la procédure à mettre en œuvre".

"Cela n'a aucun sens pour nous de livrer nos marchandises à l'Union européenne et aux États-Unis et de recevoir des paiements en dollars, en euros ou dans d'autres devises", a fait valoir M. Poutine, laissant entendre que la Russie commencera à n'accepter que des roubles en échange de la vente de gaz naturel, avec la perspective d'appliquer cette mesure à d'autres matières premières également.

Les effets de l'annonce

Hier, suite aux déclarations de Poutine, le prix du gaz a augmenté. À Amsterdam, après un bond à 119 € par Mwh, les prix ont chuté à 115 €, soit une hausse de 17 % par rapport à la clôture d'hier. À Londres, le prix s'est établi à 273 pence par Mmbtu (+16,8%). Après avoir atteint un pic à environ 132,25 € par mégawattheure, le prix du gaz au hub néerlandais Ttf continue d'augmenter, bien qu'avec un léger ralentissement.

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À tout cela, il faut ajouter le fait que la Russie continuera à fournir du gaz selon les volumes et les prix fixés dans les contrats précédents, "car le pays tient à sa réputation de partenaire et de fournisseur fiable". Autre effet des paroles de Poutine : le rouble a repris de la valeur à la bourse de Moscou. Presque comme par magie, ces dernières heures, il s'échangeait à 100 contre le dollar, contre 75 dans la période précédant la guerre en Ukraine.

Les réactions de l'Europe

Pour l'instant, il n'y a pas de réactions officielles de l'Union européenne. L'Allemagne a toutefois réagi, par l'intermédiaire du ministre allemand de l'économie Robert Habeck. "Ce serait une rupture de contrat si la Russie insistait pour que les achats de gaz des pays de l'UE soient désormais payés en roubles", a-t-il déclaré. L'Allemagne, a ajouté le ministre Habeck, "consultera ses partenaires européens pour évaluer si la demande du président russe Vladimir Poutine signifie qu'elle n'est plus un partenaire stable".

Depuis l'Italie, l'économiste et conseiller du Palazzo Chigi Francesco Giavazzi a expliqué que "payer le gaz russe en roubles reviendrait à contourner les sanctions. Il n'y a pas de décision" de la part du gouvernement, "mais je pense que nous continuerons à le payer en euros".

Le coup de Poutine

Au début, il semblait que le geste de Poutine était une tentative désespérée d'alléger le poids des sanctions. C'est le cas, mais il n'y a pas du tout de désespoir dans la démarche du Kremlin, c'est en pleine conscience de frapper l'Europe et de s'en moquer en même temps que ce geste a été posé.

Pourquoi la Russie préfère-t-elle soudainement être payée en roubles plutôt qu'en dollars ou en euros, c'est-à-dire en deux monnaies beaucoup plus fortes que la très faible monnaie russe ? Le raisonnement de Poutine est simple : pour continuer à acheter du gaz russe, il faudra bientôt payer en roubles. Les pays européens devront donc, d'une manière ou d'une autre, en récupérer suffisamment pour pouvoir régler d'énormes comptes. Et le seul moyen d'accumuler suffisamment de roubles sera de frapper à la porte de la Banque centrale russe et de demander de changer les euros en roubles. De son côté, la Banque sera heureuse de mettre ces roubles sur la table en échange de devises précieuses.

En d'autres termes, désormais, en achetant du gaz russe, les pays européens n'engraisseront plus les poches des entreprises proches du Kremlin ou contrôlées par lui, mais directement l'État russe. Ainsi, malgré les sanctions, Moscou pourra continuer à rafler des euros et des dollars : 1) soutenir l'économie russe qui risque de faire défaut ; 2) payer les dépenses de guerre ; et 3) rembourser la dette extérieure. Si les plans de Poutine fonctionnent, le bloc occidental court le risque d'une défaite financière. Oui, car à ce moment-là, les sanctions "rebondiraient" sur la Russie, générant le plus classique des effets boomerang.

Pourquoi les sanctions contre la Russie seront un flop

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Pourquoi les sanctions contre la Russie seront un flop

Paolo Mauri

Source: https://it.insideover.com/guerra/ecco-perche-le-sanzioni-alla-russia-saranno-un-flop.html

On les appelle des sanctions mais on pourrait tout aussi bien les appeler des représailles. Frapper un pays sur le plan économique et commercial, bien que ce ne soit pas un acte de guerre, est comparable à une courte campagne de bombardement sur ses centres industriels : si elle est bien ciblée et capillaire, elle peut le mettre à genoux.

La guerre que les pays occidentaux veulent mener contre la Russie à cause de son intervention armée en Ukraine ne se fait - heureusement - que par des sanctions économiques. Mettre la Russie à genoux sur le plan économique est précisément ce que l'Occident espère, puisqu'il ne s'est pas engagé à intervenir militairement en faveur de Kiev, abandonnant les Ukrainiens à leur sort. Un destin, cependant, qui semble prendre plus de temps que ce que Moscou avait prévu. Maintenant, certains de ce côté du monde commencent à penser que les sanctions ne serviront peut-être pas à prostrer la Russie de Poutine, qui s'est assurée une certaine immunité.

En fait, les sanctions ont leur plus grand impact à court terme, surtout lorsqu'on parle d'une nation comme la Russie, qui, en termes de potentiel industriel et de disponibilité des ressources minérales, n'est pas comparable à l'Irak de Saddam Hussein ou à la Corée du Nord de Kim Jong-un.

Moscou est sous le coup de sanctions internationales depuis 2014, date à laquelle elle a perpétré le coup d'État en Crimée, qu'elle a ensuite annexée à la Fédération, et dans le Donbass, qui a déstabilisé l'est de l'Ukraine avec une guerre qui se poursuit depuis lors et a servi de prétexte à l'invasion de l'Ukraine.

Le journal britannique The Guardian rapporte que pendant plus d'une décennie, la politique du Kremlin a soigneusement réduit la dette intérieure des secteurs public et privé et donné à la banque centrale le temps de constituer un coffre d'actifs étrangers suffisamment important pour soutenir les finances du pays pendant des mois, voire des années. Cela signifie, poursuit le journal britannique, que les sanctions mises en place ces derniers jours par l'UE, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon et le Canada ne devraient pas avoir d'effet significatif sur l'économie russe ou sa stabilité financière.

Il est également dit que seul l'ensemble des mesures utilisées contre l'Iran, à savoir l'exclusion de la Russie du système de paiements internationaux, Swift, et également l'interdiction des achats de pétrole et de gaz russes, permettra d'obtenir quelque chose.

Comme l'a dit Hosuk Lee-Makiyama, directeur du Centre européen d'économie politique internationale, "l'Europe s'est autorisée à s'intégrer davantage à la Russie, tandis que la Russie s'est séparée de l'Europe". Il a déclaré que les pays de l'UE possédaient un total de 300 milliards d'euros d'actifs russes qui seraient susceptibles d'être confisqués si une guerre financière sans merci éclatait. Le Royaume-Uni possède des milliards de dollars supplémentaires par le biais de sociétés telles que BP, qui détient une participation de près de 20 % dans la société pétrolière russe Rosneft.

Déconnecter la Russie du système de paiement international n'aurait donc pas le même effet que celui observé avec l'Iran ou la Corée du Nord.

Lee-Makiyama précise également qu'il s'agit d'une "option nucléaire, qui signifie que vous vous exterminez en même temps que votre ennemi". Swift, qui est le principal système de paiement sécurisé utilisé par les banques, pourrait également être mis sur la touche par son mécanisme rival soutenu par le gouvernement chinois, CIPS, que la Russie pourrait utiliser pour mener ses affaires financières complétées par des transactions directes avec des contreparties.

Il est également possible pour les pays du G7 et de l'UE d'interdire l'achat de gaz et de pétrole russes, mais les analystes des matières premières s'accordent à dire que si les marchés pétroliers ont la capacité de compenser la perte des approvisionnements russes par une hausse des prix limitée à 140 dollars le baril, il n'y a aucun espoir d'augmenter la production de gaz pour combler le vide créé par un embargo sur le gaz russe.

Pour l'Europe continentale donc - et en particulier pour l'Italie - ce serait un coup dur, étant donné les volumes qui proviennent encore de Russie, mais on oublie toujours de penser que le gaz - comme les autres hydrocarbures - est important pour ceux qui l'achètent mais aussi pour ceux qui le vendent : c'est pourquoi les exportations de gaz russe ont fondamentalement toujours été fiables, même pendant les moments forts de conflit militaire. Le blocage soudain des approvisionnements obligerait rapidement les pays européens à rationner le gaz et à dépendre davantage du GNL des États-Unis et des pays arabes, et il est probable que le prix augmente à nouveau pour atteindre neuf fois le niveau observé avant Noël dernier.

Le journal termine son analyse en estimant que "sans interdiction d'exporter du pétrole et du gaz et sans expulsion des systèmes de paiement internationaux, l'impact des sanctions sur la Russie sera limité", mais il pourrait l'être de toute façon.

Nous avons en fait donné 8 ans à Moscou pour changer son système économique/commercial/industriel. Comme mentionné, la Russie dispose d'un potentiel industriel qui a profité des sanctions pour se mettre en place, et bien qu'au milieu de mille difficultés, ses effets commencent à se faire sentir. Les turbines à gaz à usage naval en sont un exemple : après 2014, Moscou a été soumise à l'embargo ukrainien, qui a bloqué leur vente ainsi que celle de nombreux autres composants aéronautiques et navals construits en Ukraine. La Russie a donc pu, lentement et pas encore tout à fait efficacement, remplacer ces moteurs construits par Zorya-Mashproekt par d'autres produits de manière indépendante, et elle l'a fait, et le fait, avec toute une gamme de produits.

L'Ukraine, le Donbass et l'importance de respecter l'histoire

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L'Ukraine, le Donbass et l'importance de respecter l'histoire

par Lorenzo Nicola Roselli

Source: https://www.ideeazione.com/ucraina-donbass-e-limportanza-di-rispettare-la-storia/

De nos jours, tout le monde est un peu ukrainien (mais comme notre programmation nationale me fait penser à Troy Mcclure, je dirais plutôt "ukrainologues"), mais à y regarder de plus près, tout contexte historique sur les événements de cette importante partie de l'Europe dans le discours actuel est réduit à l'orthographe bégayante de "Kievan Rus'" (la Rus' de Kiev) et à de vagues anecdotes d'antan replacées uniquement dans l'histoire du vingtième siècle.

Par exemple, peu de gens semblent savoir que les couleurs du drapeau ukrainien, au-delà de l'image poétique du champ de blé doré sous un ciel bleu clair, ont une référence héraldique précise : les armoiries du Hetmanat cosaque.

L'hetman (отаман) était le titre donné au commandant en chef de la communauté cosaque dont la société, fidèle aux plus anciennes traditions guerrières nordiques et slaves, plaçait à sa tête une aristocratie strictement combattante.

Lorsqu'en 1648, l'hetman Bohdan Chmel'nyc'kyj (que nous connaissons sous le nom de Bogdan "le Noir") décide de se révolter avec sa communauté contre la Confédération polono-lituanienne afin d'établir en 1649 un nouvel État chrétien-orthodoxe entre la Galicie, la Bessarabie et la Biélorussie, orienté vers un pacte de loyauté envers la Principauté de Moscou, il décide de l'appeler l'"Hetmanat des Cosaques".

L'Ukraine a ainsi été créée en tant qu'entité étatique séparée et distincte à la fois de la Pologne et de la Russie (dont elle était néanmoins un État vassal par la volonté même des Cosaques).

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L'insigne jaune et bleu de l'Hetmanat a été choisi en 1917 comme symbole de l'éphémère État ukrainien ainsi que de la République populaire d'Ukraine et de la République d'Ukraine occidentale dans les années qui ont immédiatement suivi la fin de la Grande Guerre avant d'être démantelé par l'expansion de la Pologne nouvellement formée et les répercussions de la guerre civile russe.

Le guerrier cosaque (armoiries historiques de l'Hetmanat) a disparu de la symbolique de l'Ukraine actuelle au profit du Trident de St Vladimir (en continuité avec la République d'Ukraine occidentale).

Cependant, l'insigne officiel de la "Novorossiya", le projet de confédération lancé en 2015 par la République populaire de Donetsk pour toute la région du Don, le replace à son épicentre en le soulignant de l'aigle bicéphale de la Rus'.

Un symbole éminemment ukrainien qui rappelle l'identité nationale inassouvie de nombreux habitants de Donetsk et de Lougansk (et qui émerge dans ce documentaire de Vice réalisé en 2014 à Donetsk, où un citoyen de la république naissante crie à un jeune partisan de l'Euromaïdan qui l'invitait de manière provocante à partir en Russie : "Je veux vivre en Ukraine ! En Ukraine, où je suis né ! Votre "Ukraine" devient peut-être occidentale, mais la mienne reste ici" https://www.youtube.com/watch?v=woD44CsR4jg&t=462s minute 6:44).

Tout cela pour dire que vous pouvez bien écrire #IStandWithUkrain, mais ce à quoi nous assistons, dans son immense tragédie, reste aussi un conflit civil.

Et ceux qui accompagnent l'Ukraine (la plus pauvre, la plus dévastée par la haine interne et les bombardements) depuis sept ans et demi, n'ont certainement pas besoin de leçons de solidarité humaine de la part de ceux qui font bouger leur conscience en fonction des tendances observables sur Twitter.

L'Ukraine et la "troisième guerre mondiale par morceaux"

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L'Ukraine et la "troisième guerre mondiale par morceaux"

Par Emanuel Pietrobon

Source: https://osservatorioglobalizzazione.it/osservatorio/ucraina-terza-guerra-mondiale-a-pezzi/

L'Ukraine est le doigt, la transition multipolaire est la lune. Qu'est-ce que cela signifie ? Que cette guerre restera dans les mémoires comme le tournant du 21e siècle, dépassant le 11 septembre en importance, et qu'elle changera le monde. Il y aura un avant et un après en Ukraine : pour chacun d'entre nous et pour chaque puissance de la planète.

L'avenir de la "Rus' de Kiev" ne se joue pas seulement en Ukraine, c'est-à-dire dans sa position géopolitique et identitaire, dans un bloc plutôt qu'un autre, car c'est là que s'écrit l'avenir du monde. L'Ukraine est un champ de bataille et une table de négociation. Il s'agit d'une terre contestée et de la tranchée d'un "choc des civilisations" prédit par Samuel Huntington dans un avenir proche mais encore lointain, en 1996.

C'est en Ukraine que tout commence et finit. C'est là que se termine l'eurasisme, le rêve d'une Europe de Lisbonne à Vladivostok, et que commence le nouveau chapitre du perpetuum bellum entre les deux parties antagonistes de l'Occident - l'Amérique et l'Europe. L'Ukraine, c'est le rêve caché de la Pologne, qui se voit comme le Christ de l'Europe ressuscité. C'est la pomme d'or de la Turquie d'Erdogan, l'héritier agité qui revendique l'héritage de la Sublime Porte. C'est le pivot géostratégique qui peut aider les États-Unis à "expulser" la Russie en Asie. Et c'est surtout une étape clé dans la "troisième guerre mondiale en morceaux".

Des milliers de combattants volontaires, venus du monde entier, se sont rendus en Ukraine pour tenir une arme : certains pour appuyer sur la gâchette devant l'armée russe et d'autres pour appuyer Moscou devant l'armée ukrainienne. Des milliers. Des dizaines de milliers. De toutes les parties du globe - d'Europe occidentale, d'ex-Yougoslavie, de Syrie, du Moyen-Orient, de la République centrafricaine. Et de toutes les croyances - communistes, islamistes, néo-nazis, pan-slaves orthodoxes.

À mi-chemin entre la Yougoslavie des années 1990 et l'Espagne des années 1930, l'Ukraine est un aimant pour les fous, les idéalistes et les nouveaux lansquenets. C'est là que se joue un nouveau chapitre de ce que le pape François a appelé en 2014 la troisième guerre mondiale par morceaux.

Pontifes, bâtisseurs de ponts aux yeux aquilins, leur don est la précognition. L'histoire a rapidement donné raison à l'héritier de Pierre: ces conflits qui explosaient comme une traînée de poudre sur la planète faisaient partie d'une confrontation hégémonique plus large entre blocs. Des blocs qui, en 2022, après huit années de germination alternant avec des phases épisodiques de dormance, ont commencé leur anthèse, leur floraison.

La guerre en Ukraine a sanctionné le début de la récolte. Et si la récolte de la Fédération de Russie est particulièrement riche, au point d'attirer des combattants prêts à mourir pour la Troisième Rome depuis la Syrie et la République centrafricaine, c'est parce que les semailles ont duré des années, ont été vastes et ont été sagement expérimentées sur des théâtres longtemps asséchés par les politiques impérialistes des puissances occidentales. Des théâtres qui, aujourd'hui, sont prêts à se sacrifier pour le Kremlin, dont ils se souviennent de l'engagement en faveur de la décolonisation pendant la guerre froide.

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Les analystes craignent l'"internationalisation du conflit", mais la vérité est qu'il est déjà international. Dans un sens, il l'a toujours été. Mais il l'est devenu, aujourd'hui, à partir du moment où l'Ukraine a créé une Légion étrangère, en commençant à recevoir des armements de l'Alliance atlantique, et à partir du moment où la Russie a convoqué des pelotons de loyalistes de ces lieux du monde qui avaient une dette à payer. Et nombreux sont les débiteurs qui ont un compte à régler avec le Kremlin, aujourd'hui et demain : du "Triangle de la résistance" latino-américain (que l'on appelle aux États-Unis la "Troïka de la tyrannie") à l'Afrique lusophone et francophone.

Les périphéries au centre

La troisième guerre mondiale en "morceaux", ou "compétition entre grandes puissances" pour les palais les plus raffinés, entre dans une nouvelle phase au début des années 2020 avec les "périphéries ramenées au centre". Les périphéries, c'est-à-dire les parias de la mondialisation, les satellites, les bandes de terre contestées, les États dortoirs en marge des grands empires, les vestiges de l'ère coloniale et les foyers de conflits gelés et de rivalités inassouvies, au centre de la confrontation. Comme dans les années de la première guerre froide, où l'éloignement était synonyme d'importance.

Ce sont les États périphériques qui ont été submergés par des changements de régime, des guerres civiles, des complots de coup d'État et des opérations hybrides au cours de la période d'avant-guerre, comme le Kazakhstan récemment, et ce sont les États périphériques qui connaîtront un crescendo d'instabilité au cours de la période d'après-guerre. Ce sont les États périphériques qui envoient des combattants en Ukraine. Et ce sont les États périphériques qui seront écrasés comme des fourmis par les éléphants de combat dans la période d'après-guerre.

C'est dans l'Atlantique, plein de périphéries à enflammer, que l'axe Moscou-Beijing va tenter de déplacer le viseur du fusil. Une réaction inattendue mais prévisible à l'avancée occidentale dans les arrière-cours de la Russie et de la Chine, au sang qui coule depuis longtemps le long de la Nouvelle route de la soie. Si les deux "puissances révisionnistes" n'ont pas le droit d'avoir des sphères d'influence, alors les États-Unis non plus : la "doctrine Monroe" est désormais à l'épreuve du XXIe siècle.

L'Atlantique, en un mot, pourrait devenir aussi géo-pertinent que l'Indo-Pacifique. C'est ce que suggèrent un certain nombre d'événements survenus en 2021 : le regain de dynamisme russe dans le Triangle de la Résistance, le "retour" chinois au Nicaragua, le vent d'instabilité qui a enveloppé les dominions français en Amérique latine, les ambitions chinoises en Guinée équatoriale et, enfin et surtout, le curieux murmure de Xi Jinping, le diable tentateur, aux oreilles des nationalistes argentins qui continuent de rêver de récupérer les Malvinas/Falklands.

Anciens et nouveaux spectres de l'Europe

L'Atlantique sera (pré)pris en charge par les États-Unis, mais le Vieux Continent devra être pris en charge par l'Europe. L'Europe, qui a été absente en Ukraine, se limitant à armer et à sanctionner alors qu'elle aurait dû au contraire occuper le devant de la scène aux tables de négociations. Une scène poliment laissée à la Chine, à Israël et à la Turquie.

L'Europe sera un théâtre clé de la troisième guerre mondiale en morceaux et il ne pouvait en être autrement : c'est le continent spécial par excellence. C'est le terminus de la nouvelle route de la soie. C'est l'appendice occidental de l'Eurasie. C'est la prairie fertile que se disputent les États-Unis et la Russie. Elle abrite un tas de banlieues prêtes à devenir des centres, comme les entités serbes de Bosnie, du Kosovo, de Macédoine du Nord et de Transnistrie. Et son balcon donne sur des veines non couvertes qui battent et peuvent saigner facilement, comme l'Abkhazie, le Karabakh et l'Ossétie du Sud.

L'Europe, géographiquement vulnérable et identifiable comme faible, peut être mise à mal de diverses manières : du terrorisme à la polarisation sociale. La frontière liquide qu'est la Méditerranée l'expose aux "armes de migration massive" - "ceux qui contrôlent le Sahel ont le pouvoir d'ouvrir ou de fermer à volonté les robinets des flux migratoires vers l'Europe", de sorte que les grands rivaux de l'Europe avancent dans cette ancienne province de la France. Et les États-nations aux traditions unitaires moins solides peuvent être déstabilisés en soufflant sur le désir toujours vivace de séparatisme présent dans certains segments de la société. Diviser pour mieux régner.

Il incombe aux États-Unis de surveiller Taïwan, et à l'Europe d'empêcher que le Kosovo de la maison et du voisinage n'explose entre ses mains. Le devoir de prévoir la résurgence du régionalisme - de la Catalogne à la Corse -, de servir de médiateur entre les belligérants potentiels et de préparer des plans d'urgence pour la protection des frontières fluides, sinon liquides, du continent : de la Méditerranée à la zone polono-balte.

Un monde différent

La postérité se souviendra de la guerre en Ukraine comme du point tournant de la deuxième partie du 21e siècle, comme d'un tournant d'une importance égale ou même supérieure à celle du 11 septembre 2001. Et la troisième guerre mondiale en morceaux n'est qu'une des raisons.

La "guerre économique totale" contre la Russie est symbolique de la nouvelle mondialisation qui se dessine : des compartiments à plusieurs voies, à plusieurs vitesses, micro- et macro-régionaux. Un processus dont les bases ont été posées par Donald Trump et la pandémie et que la guerre en Ukraine n'a fait qu'accélérer.

Dans le nouveau modèle de mondialisation qui est en train de naître, articulé autour de réalités intégratives telles que l'UE et l'EEE et destiné à une dédollarisation progressive, l'Europe et l'Asie sont deux choses distinctes. La Russie, pendant des années, voire des décennies, fera partie du compartiment asiatique. Et l'eurasisme, c'est-à-dire le rêve d'une Europe étendue de Lisbonne à Vladivostok, qui est mort le 24.2.22, restera mort pour au moins une génération ou deux.

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Pas seulement la mondialisation : des blocs, des pôles et des alliances se forment enfin. Le temps de la procrastination, de l'attentisme et de la neutralité passive est révolu. Même la Suisse, absente depuis les deux guerres mondiales, a rompu avec une tradition séculaire sur laquelle elle a bâti sa fortune. Voilà qui est très éloquent.

C'est le moment de prendre parti, de choisir son camp, les grands acteurs demandant aux petits de prouver leur loyauté. Certains répondront par l'affirmative, tandis que d'autres changeront de camp à leur grande surprise. Aujourd'hui, c'est Poutine qui tente de maximiser la loyauté retrouvée d'Aleksandr Lukashenko et Joe Biden qui essaie d'"acheter" Nicolas Maduro. Demain, tout peut arriver : les centres sont peu nombreux, les périphéries nombreuses.

Une chose est sûre : la guerre en Ukraine a tout changé, elle a brassé les cartes sur la table. Poutine aurait gagné en n'envahissant pas. Au contraire, en portant le conflit en Europe, il a franchi le Rubicon et entraîné le monde, consciemment ou non, vers des scénarios inexplorés dont il ne comprendra la menace qu'avec le temps.

mercredi, 23 mars 2022

Normaliser le principe de dépopulation

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Normaliser le principe de dépopulation

Martin Hedlund

Source : https://motpol.nu/gastkronikor/2022/03/11/avfolkningens-normalisering/

La langue a été un terrain central de la guerre métapolitique au cours des dernières décennies. Nombreux sont les concepts qui ont été bannis, tout comme sont nombreux les nouveaux concepts auxquels nous devons nous rattacher (dont la majorité est issue de la "perspective intersectionnelle" proposée par la gauche universitaire). Ainsi, ce qui, pour l'homme du XIXe siècle, se résumait à des concepts tels que la "perversion" et la "débauche", est à notre époque non seulement imprégné d'un langage détaillé, mais aussi de théories associées.

La notion de "variation fonctionnelle", qui se substitue à celle de "handicap" ou à celui désormais suspect d'"handicapé", fait des bulles lorsqu'il s'agit de nouveaux concepts. Au sein du discours académique de gauche qui constitue le berceau du concept, les motifs déclarés sont, comme d'habitude, le respect de l'égale valeur de tous, dans ce cas, le fait que le borgne et le borgne ne doivent pas être considérés comme pires que le borgne et le borgne. Derrière cette prétendue bienveillance se cache toutefois un programme infernal de transhumanisme et même de meurtre de masse, ce que j'avais l'intention d'expliquer dans le reste de l'espace qui m'est dévolu ici, dans le cadre du présent article.

En fait, tout n'a pas commencé avec la "variation du handicap", mais ce n'est que la pièce linguistique du puzzle dans un programme transhumaniste plus vaste. Une autre pièce du puzzle se trouve dans la philosophie analytique, où Germund Hesslow en particulier a joué un rôle de premier plan dans le débat suédois des années 1990.

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Hesslow (photo) écrit, entre autres, que la science médicale a atteint le point où elle doit rejeter la dichotomie sain/malade en faveur des "variations". Comme d'habitude dans la philosophie analytique, Hesslow utilise un exemple banal de la vie quotidienne pour résumer son argument: cette fois à travers un visiteur de garage déçu qui n'est pas autorisé à améliorer sa voiture sur la base de la dichotomie sain/malade. L'article passe en revue et rejette un certain nombre d'objections au rejet du concept de maladie, mais ce qu'il n'aborde pas, c'est le caractère déraisonnable de l'assimilation d'un être humain à une voiture.

Dans ce contexte, il est clair que le concept de "handicap" n'a pas émergé de nulle part et qu'il permet le transhumanisme : avant de pouvoir "améliorer" les êtres humains, le concept de normalité doit d'abord être mis au rebut (c'est d'ailleurs un excellent exemple de la façon dont les philosophes analytiques travaillent pour le même agenda que la gauche postmoderne, bien qu'ils prétendent être opposés l'un à l'autre).

Ce que ni Hesslow, ni aucun autre philosophe analytique travaillant dans la même direction, n'aurait pu imaginer, cependant, c'est comment le rejet du concept de maladie permet non seulement le transhumanisme mais aussi le meurtre de masse. Mais en fait, cela s'ensuit très logiquement : remplacer la dichotomie hiérarchique sain/malade par le concept horizontal de "variation fonctionnelle" abolit également la moralité associée à la maladie. Il devient donc non seulement acceptable d'être malade ou handicapé, mais aussi de rendre les gens malades et handicapés. Notez comment l'abolition de la morale sexuelle est un premier pas dans cette évolution : aujourd'hui, il est non seulement acceptable d'être perverti, mais il est également acceptable de pervertir les gens par le biais de la pornographie. Et pourquoi pas lorsque les gens n'ont plus un langage et une morale qui leur permettent de comprendre qu'ils sont malades ou pervers ?

De ce point de vue, il est plus que désagréable que nos autorités, régions et municipalités travaillent fébrilement pour "rendre accessible" leur production de rapports aux aveugles et aux sourds. Là encore, le problème est double : ce qui ressemble à première vue à une bonne action est plutôt un pas vers une numérisation accrue, l'IA et le transhumanisme. En même temps, on sent que la véritable cause n'est ni la supposée bienveillance de la gauche ni le transhumanisme de la philosophie analytique, mais précisément la préparation au meurtre de masse. Les personnes handicapées ont existé à travers les âges, alors qu'aujourd'hui, on assiste à une grande ruée vers l'information gouvernementale ; une entreprise gigantesque qui a son explication très rationnelle si l'on s'attend à ce que la société se transforme en hôpital.

Malheureusement, ce n'est pas seulement ma spéculation ; c'est exactement ce qui sera la conséquence du passeport vaccinal et de la vaccination de masse (qui en est maintenant à sa quatrième injection en Suède). Les effets secondaires qui, pour la plupart (mais loin d'être tous), se limitent aujourd'hui à de la fièvre et à des douleurs au bras peuvent, dans un avenir sans concept de maladie, se transformer facilement en cécité, amputation et cancer ; tout n'est de toute façon que des variations sur une normalité qui n'existe plus. "Quels étaient vos effets secondaires ?" - a été une question courante dans les salles de café pendant le programme de vaccination - "C'est un œil qui a flanché cette fois-ci ; c'est excitant de tester un borgne, je me réjouis déjà d'essayer les prothèses" - sera la réponse dans un avenir pas trop lointain où les humains n'ont plus de langage pour distinguer les malades des sains, et où le transhumanisme follement utopique a dû céder la place au meurtre de masse beaucoup plus réaliste.

Martin Hedlund, docteur en géographie culturelle

Le Sud du monde ne veut pas s'engager dans une nouvelle guerre froide

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Markku Siira:

Le Sud du monde ne veut pas s'engager dans une nouvelle guerre froide

Source: https://markkusiira.com/2022/03/22/globaali-etela-haluton-osallistumaan-uuteen-kylmaan-sotaan/

Le chroniqueur et auteur indien Pankaj Mishra écrit sur Bloomberg un article qui pose la question: "pourquoi de nombreux pays veulent rester à l'écart d'une nouvelle guerre froide?".

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Ailleurs dans le monde, l'opposition de l'Occident à la Russie et à la Chine est contrebalancée par le soupçon que les États-Unis sont une "superpuissance profondément affaiblie et très instable". Ces soupçons ont été amplement confirmés pendant la présidence de Donald Trump et ne sont pas dissipés suite aux politiques revanchardes de l'administration Biden.

"Les démocraties sont en hausse", a déclaré le président américain Joe Biden dans son discours sur l'état de l'Union, après que la Russie a lancé son opération militaire en Ukraine. Francis Fukuyama est à la tête d'un groupe de commentateurs qui se réjouissent que "l'esprit de 1989" soit de retour et que nous assistions à une "nouvelle naissance de la liberté" à l'échelle mondiale.

Une telle rhétorique dépassée, "habituellement reprise par les derniers jours grisants de la guerre froide", est dangereuse selon Mishra. "Elle peut à nouveau conduire l'Occident à se méprendre sur le monde et sur son propre pouvoir de le façonner."

Les réalités géopolitiques d'aujourd'hui sont encore plus confuses que pendant la guerre froide. La confrontation morale entre "démocraties et autocraties" est devenue encore plus floue. Se tournant désespérément vers le Venezuela et même l'Iran pour soulager la pression sur les prix du pétrole, les États-Unis, qui parlent d'une "alliance des démocraties", font déjà des compromis.

La Chine, partenaire fiable contre l'Union soviétique dans les années 1970, semble être arrivée à la conclusion qu'une coopération étroite avec l'Occident n'est plus souhaitable ni viable. Elle adopte le point de vue russe sur la façon dont les choses devraient être faites et, en Chine aussi, la voix de Poutine est plus acceptable que celle de Zelensky ou de l'Occident.

Le président brésilien Jair Bolsonaro déclare que sa nation "ne choisira pas de camp" dans ce conflit. L'Afrique du Sud a été le plus grand des dix-sept pays africains à s'abstenir de voter sur une résolution de l'ONU condamnant l'"invasion" de l'Ukraine par la Russie. L'Argentine, la Turquie, le Mexique et l'Indonésie font partie de la grande majorité des pays qui ont refusé de punir la Russie.

Le plus révélateur de ces favoris est l'Inde, qui est au moins techniquement la plus grande démocratie du monde. Les relations de longue date avec Moscou - la Russie fournit environ la moitié des besoins militaires de l'Inde - n'expliquent qu'en partie le refus de l'Inde de se ranger aux côtés de ses partenaires du Quad, les États-Unis, l'Australie et le Japon.

Comme de nombreux gouvernements dans le monde qui luttent déjà contre l'inflation, l'administration du Premier ministre Narendra Modi s'inquiète de la hausse des prix des principales exportations russes - pétrole, blé et engrais. Modi apprécie également le soutien de la Russie à l'Inde dans le conflit du Cachemire.

Pour toutes ces raisons et d'autres, l'Inde ne dévie pas de sa stratégie géopolitique fondamentale qui consiste à jouer une superpuissance contre l'autre en tant que puissance non alignée, tout en obtenant des engagements matériels et diplomatiques des deux côtés.

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Les guerriers de la guerre froide qui ont exigé que les autres suivent le principe "vous êtes soit avec nous, soit contre nous" n'ont jamais valorisé les interactions basées sur le commerce et la négociation qui sont au cœur du non-alignement. Ils ne comprennent pas non plus avec quel soin les nations du Sud pèsent leur coopération avec l'"ordre international" dominé par l'Occident.

"Les Indonésiens se souviennent encore de l'effondrement économique de 1998 en Asie du Sud-Est, qui a été largement imputé aux investisseurs occidentaux. Les nationalistes chinois citent encore le bombardement par l'OTAN de l'ambassade de Chine à Belgrade en 1999. En Asie et en Afrique, les souvenirs de l'invasion de l'Irak en 2003 et de la désastreuse intervention occidentale en Libye sont encore frais dans les esprits", rappelle Mishra.

Pour de nombreux Asiatiques, Latino-Américains et Africains, Poutine ne semble pas être un violateur sans précédent du droit international. Sa rhétorique anti-occidentale tombe même dans des oreilles réceptives - comme le prouve la popularité du leader russe dans des pays comme l'Inde et l'Indonésie.

Selon Mishra, "la réaction intéressée de l'Europe et des États-Unis face à la pandémie n'a fait qu'accroître le ressentiment des pays émergents envers l'Occident". La suspicion et l'hostilité ne peuvent que s'accroître avec des actes irréfléchis : après que le Bangladesh a refusé de condamner la Russie aux Nations unies, la Lituanie a annulé une livraison de vaccins promise en guise de représailles.

Alors que les États-Unis gèlent les réserves en dollars de la Banque centrale russe et que des sociétés de consommation emblématiques comme Apple, American Express et McDonald's se retirent brusquement de Russie, les nations du monde entier reconsidèrent leur propre dépendance à l'égard des produits, des technologies, des finances et des systèmes de paiement occidentaux.

La Chine, irritée par la mainmise sur Huawei et la menace d'expulser les entreprises chinoises de Wall Street, cherche depuis longtemps à obtenir son indépendance dans les secteurs financiers et technologiques clés, ainsi qu'à trouver des moyens de contester la domination du dollar. D'autres efforts nationaux visant à atteindre la durabilité économique et à diversifier les chaînes d'approvisionnement, des vaccins aux semi-conducteurs, s'accélèrent également.

À mesure que le paysage de la mondialisation se fragmente, les perspectives de la démocratie se détériorent plus rapidement, malgré la proclamation par Fukuyama d'une "nouvelle naissance de la liberté". Les États autoritaires du monde entier ont déjà "construit de grandes forteresses numériques". Avec le retrait des entreprises médiatiques de la Silicon Valley, leur propre monopole de l'information ne fera que se renforcer.

Quoi qu'il arrive en Ukraine, Mishra estime que la tendance générale est claire. "Le non-alignement opportuniste, l'abandon de la démocratie, l'utilisation décroissante du dollar et la non-américanisation générale" ne feront qu'augmenter dans le monde.

"La guerre froide a pris fin en 1989 lorsque l'autorité morale et la capacité géopolitique du monde libre ont été surestimées. La deuxième guerre froide, qui commence avec de nouvelles illusions similaires, se dirige vers une impasse désastreuse, voire une défaite pure et simple", évalue Mishra.

Avec les sanctions, Ursula va ruiner l'ensemble de l'Europe

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Avec les sanctions, Ursula va ruiner l'ensemble de l'Europe

par Luciano Lago

Source: https://www.ideeazione.com/con-le-sanzioni-ursula-rovinera-leuropa-intera/

L'Union européenne imposera des restrictions sur la fourniture de produits provenant des entreprises métallurgiques russes. Elle a peur de toucher au gaz.

Bruxelles ne parvient toujours pas à se calmer et poursuit la guerre des sanctions contre la Russie. "Nous allons interdire l'importation de produits clés de l'industrie sidérurgique en provenance de la Fédération de Russie. Cela frappera le secteur central du système (économique - ndlr) russe, le privant de milliards de dollars de recettes d'exportation tout en garantissant que nos citoyens ne subventionnent pas la guerre", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dans un communiqué publié le 11 mars au soir.

Les eurocrates de Bruxelles ont été pris dans une vague de frénésie pacifiste et se sont mis au travail pour imposer de nouvelles sanctions à la Russie. On ne peut que se demander où ils étaient et ce qu'ils faisaient lorsque les troupes de l'OTAN ont détruit la Libye, la Yougoslavie, ou lorsque les Américains ont organisé une "tempête du désert" en Irak ? Et maintenant, ils se construisent un mythe du pacifisme qu'ils s'auto-attribuent. Mais le bâton des sanctions a deux objectifs, la Russie prend des mesures de rétorsion contre l'UE et la question de savoir qui finira le plus mal est ouverte. Les citoyens européens commencent à le comprendre très bien.

"La réponse aux sanctions de l'UE devrait être simple : en proportion de la diminution des importations d'autres biens en provenance de Russie, la Russie réduira également ses exportations d'énergie". "Eh bien, bon retour à l'âge de pierre alors, il suffit d'interdire les importations de gaz en même temps". "L'UE achètera du métal russe en passant par la Chine, mais plus cher et avec coût de transport doublé. Il n'y a pas du tout de cerveau dans l'UE ! Est-ce de la faiblesse de refuser le palladium, le platine et le nickel? La Russie en fournit jusqu'à 50% et il n'y a rien pour la remplacer" et il y a beaucoup de commentaires de ce genre sur le net.

De nombreux utilisateurs mentionnent souvent le mot à trois lettres "gaz". La Russie peut-elle vraiment utiliser ce levier ? Le prix des vecteurs énergétiques est déjà fabuleux et l'hiver n'est pas encore terminé. Et la perspective d'être privé de climatiseurs et d'unités de réfrigération en été a peu de chances de plaire aux citoyens européens, tout comme la suspension de la production en raison de pénuries ou de coûts énergétiques prohibitifs.

Le directeur du Fonds de développement énergétique, Sergei Pikin, estime que la Russie ne franchira pas cette étape.

"Maintenant, la situation est tellement compliquée. Pour nous, l'exportation d'hydrocarbures est un élément clé des recettes en devises. Pourquoi l'arrêter ? Les prix de l'énergie ont augmenté de manière significative, les loyers pour la Russie vont augmenter d'environ une fois et demie, et peut-être même de deux fois. En outre, le président de la Russie a clairement indiqué que les sanctions de rétorsion contre l'UE devraient être prises de manière équilibrée. Que se passe-t-il si l'approvisionnement en gaz de l'Europe est interrompu ? Tout d'abord, il existe un vide important sur le marché, mais il est facile de voir que face à une demande croissante, il y aura d'autres solutions. Le problème sera pour l'Europe de remplacer les quelque 68 % de gaz importés de Russie et la même quantité de pétrole.

Donc, imposer des sanctions sur le gaz, le pétrole ou le charbon, sur les métaux, est une politique à courte vue. Pourtant, Washington demande à l'Europe de le faire, il l'exige même, et les eurocrates de Bruxelles n'osent pas contrevenir aux directives qui viennent d'outre-Atlantique.

Ursula von der Leyen a creusé le trou dans lequel les Européens vont tomber.

mardi, 22 mars 2022

L'opération Z et le caractère inévitable de la réforme politique en Russie même

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L'opération Z et le caractère inévitable de la réforme politique en Russie même

Alexandre Douguine

Source: https://www.geopolitica.ru/article/operaciya-z-i-neizbezhnost-politicheskih-reform-v-samoy-rossii

Au fur et à mesure que l'opération militaire spéciale se déroule, lentement mais sûrement, nous commençons à accorder de plus en plus d'attention à la situation politique interne de la Russie elle-même, à l'atmosphère et au style du changement. Beaucoup sont manifestement déçus, car rien ne ressemble de près ou de loin à l'opération Z en Russie. Et j'aimerais voir les forces que le peuple déteste tout autant que les nazis ukrainiens commencer à tomber, elles aussi, dans les chaudrons de l'enfer. Nous parlons bien sûr des libéraux qui, à l'exception des plus endurcis et rapidement évincés, ont généralement conservé leur position au pouvoir et dans la société.  En toute solidarité émotionnelle avec les patriotes indignés, je voudrais exprimer ma propre opinion - plus modérée.

L'opération Z a coupé la ligne de partage des eaux de façon si fondamentale qu'il ne peut y avoir de retour en arrière. Nous sommes dans une situation d'irréversibilité. C'est difficile à croire, mais c'est exactement ce que s'est produit. Et rien d'autre ne dépend en principe des intentions subjectives des autorités. Le Kremlin peut croire sincèrement que l'ancien ordre politique et économique qui a émergé dans les années 1990, basé sur le libéralisme (et la corruption), et l'élite moderne continuera d'exister dans les nouvelles conditions. Seulement avec des ajustements cosmétiques mineurs. Mais la gravité des mesures déjà prises dans le cadre de l'opération militaire spéciale ne laisse aucune chance à un tel expédiant. L'opération elle-même est devenue inévitable précisément parce que sans elle, les processus de purification et de redressement de la société russe ne pouvaient pas dépasser le point critique, glissant constamment en arrière - vers les années 90. Sinon, nous aurions eu d'autres moyens d'empêcher l'émergence de l'anti-Russie en Ukraine, que nous nous efforçons maintenant d'éliminer à un prix si élevé.

Maintenant, le système qui s'est formé dans les années 90 et qui avait été modifié avec beaucoup de difficulté toutes les heures (non, toutes les années) par des mesures qui ne dépassaient pas le teneur d'une cuillère à café, a été mis dans des conditions telles qu'il ne peut pas supporter même une courte période dans son ancien état. Dans une confrontation directe avec l'Occident, la Russie vermoulue eltsino-libéraliste n'a aucune chance de survivre, et encore moins de gagner. La nécessité d'une nouvelle Russie se présentera donc.

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Le système existant et ses élites ne sont pas à la hauteur dans une situation de confrontation directe et frontale avec l'Occident, ce qui ne peut être réfuté ou édulcoré. Maintenant, nous ne pouvons que gagner. Il n'y a plus rien à tirer et nulle part où retourner. Les ponts ont sauté. La Russie est arrivée en première ligne de l'histoire et de la politique mondiales.

Placés dans cette situation, les membres de l'élite dirigeante - même les plus libéraux - peuvent choisir entre deux choses : soit se liquider, soit se recycler d'urgence en patriotes. Et l'option de l'ancien compromis - la 6e colonne, qui, tout en restant libérale et essentiellement un agent d'influence, acceptait à contrecœur les règles de Poutine - ne fonctionnera plus. Dans les nouvelles conditions, il apparaîtra très vite comme relevant du sabotage et/ou d'une incompétence flagrante. En guerre, dans les moments de désastre ou même en prison, les gens sont assez prompts à montrer ce qu'ils sont vraiment. Seule la vie paisible, choyée et sournoise d'un philistin endormi ouvre un espace sans fin pour les mensonges, les mimiques, la corruption embarrassante et la trahison longtemps inaperçue. Dans les circonstances extraordinaires actuelles - par rapport aux normes historiques - on verra instantanément qui est qui.

Il est facile de le vérifier par l'expérience : nous donnons à n'importe qui - même aux membres les plus inutiles et les plus ratés de l'élite actuelle - une véritable mission, et nous leur demandons de s'exécuter selon des critères de guerre (non, pas selon des critères de guerre, seulement une opération militaire, mais cela suffit aussi). S'ils échouent, il importe peu de savoir pourquoi ou qui leur a ordonné de le faire. Ils sont tout simplement finis. Et s'ils réussissent, ils sont à nous. Même s'ils viennent de le devenir. Tout arrive pour la première fois un jour ou l'autre. On peut donc devenir russe à tout moment, en corrigeant son ancienne non-russité (ou son manque de russité). Maintenant, nous sommes tous soit russes, et nous sommes responsables les uns des autres et de notre victoire commune, soit ... (et il n'y a pas d'endroit où fuir...)

Les autorités n'ont plus aucune marge de manœuvre à l'intérieur du pays. Pas du tout. Une fois qu'elle a commencé ce qu'elle a commencé, elle ne peut pas s'arrêter par définition. Ainsi, la possibilité de faire des compromis s'est irréversiblement effondré, l'espace vital même de la 6ème colonne a disparu.

Dans le langage de Gramsci, nous avions dépassé le "césarisme", c'est-à-dire le flirt pragmatique avec le système capitaliste mondial, dans lequel nous avions vainement tenté de nous intégrer, mais dans les conditions du maintien de notre souveraineté. Aujourd'hui, c'est clair : soit l'hégémonie occidentale libérale, soit une Russie souveraine - souveraine en tant que civilisation, en tant que culture, en tant que sujet. La seule réponse à l'hégémonie est désormais la contre-hégémonie. Et maintenant, il est totalement indifférent que le ministère de la Culture ait rejeté un excellent projet sur les valeurs traditionnelles. Les valeurs traditionnelles sont nécessaires à l'État, à la société, au peuple et à nos guerriers qui donnent maintenant leur vie dans la bataille contre l'hégémonie. Désormais, ils ne seront pas seulement proposés, ils seront obligés de les formuler et de les suivre. Car c'est la condition de la victoire. L'un de ceux qui sont devenus non pas un souhait, mais une nécessité vitale.

Oui, nous ne voyons pas de mouvement adéquat et de changement approprié au sein de la Russie en ce moment. Mais l'opération Z a déjà tout changé fondamentalement. Et ces changements se produiront inévitablement. L'élite n'a tout simplement pas le choix : soit elle s'engage dans la contre-hégémonie, soit elle disparaît dans la non-existence historique.

L'idée russe n'est plus quelque chose que nous pouvons choisir (ou rejeter) librement. Personne ne peut exister sans elle. On peut essayer, mais je ne le conseille pas, c'est comme couper l'accès à l'oxygène quand le corps en a besoin.

La force d'inertie est telle que tout le monde n'a pas réalisé ce qui s'est passé le 22 février 2022. Ce n'est pas grave, ils s'en rendront vite compte. La suite ne nécessitera aucune décision subjective de la part des autorités, tout se déroulera automatiquement.

Je le vois très clairement. S'il n'y a pas d'autre moyen, il ne nous reste qu'une seule chose à faire : gagner. L'histoire ne nous a laissé aucune chance pour "l'ou bien/ou bien".

Si l'ennemi est mondial, le combat doit être international

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Raphael Machado:

Si l'ennemi est mondial, le combat doit être international

Le sujet "Russie" est partout suite au conflit déclenché en Ukraine et il domine évidemment les médias sociaux de la Nouvelle Résistance (Nova Resistência). Et comme cela se produit, quelques personnes peuvent se demander "mais qu'en est-il du Brésil?", "n'êtes-vous pas nationalistes?".

Nouvelle Résistance (Nova Resistência) considère que le nationalisme est un sentiment mobilisateur fondamental pour la reconstruction du Brésil sur une base impériale et traditionnelle, surtout face à un environnement entièrement mondialiste et cosmopolite. Mais la Nouvelle Résistance a toujours rejeté l'État-nation comme une fiction moderne et n'est jamais tombée dans les délires chauvins de la verve ultranationaliste.

La brésilianité du peuple brésilien n'est donc pas liée de manière exclusive aux identités des autres peuples qui font partie de sa propre civilisation, la civilisation ibéro-américaine (comprise en termes strictement continentalistes). L'État-nation, et même le nationalisme lié à l'État-nation, doivent être dépassés à long terme afin que le Brésil puisse remplir sa mission historique d'unir les peuples voisins dans un même projet historique.

Mais nous ne pouvons pas nous arrêter aux limites de notre civilisation.

imagenores.jpgLa Nouvelle Résistance a toujours été inter-nationaliste, dans le sens de la défense d'une alliance révolutionnaire mondiale, d'une ligne anti-impérialiste et multipolaire, suivant l'inspiration de Che Guevara sur l'importance d'allumer un millier de centres de résistance dans le monde entier, car à chaque point où l'ennemi est vaincu, même si c'est à des milliers de kilomètres, la reconfiguration générale des forces nous sera bénéfique à long terme.

Et, bien sûr, parce que nous sommes convaincus que le mondialisme ne peut être vaincu que par une grande alliance internationale de peuples, de communautés, de traditions, de religions et de mouvements antilibéraux.

Si l'ennemi est mondial, la lutte doit être internationale.

Cela devient encore plus important dans le moment historique actuel où la Russie mène une lutte à la vie à la mort contre l'Occident. La même Russie qui a soutenu la Syrie et l'Irak, qui est le bouclier de l'Iran, qui est la force cachée derrière la résurgence des populismes européens, qui a érigé un mur autour de l'Amazonie à notre profit, etc.

La lutte à la vie à la mort de la Russie prend naturellement un caractère global et historique. C'est notre combat à tous, même si un jeu géopolitique consistant à éviter un siège s'y déroule, etc. Lorsque les Africains noirs arborent des drapeaux russes, ils ne sont pas apatrides, russophiles ou autres. Lorsque les Syriens font la même chose, ils ne sont pas fous. Ils ont tous (et nous avec eux) la sensibilité nécessaire pour comprendre le moment historique et son poids. C'est la multipolarité naissante, la seule chance de liberté pour tous les peuples opprimés par le mondialisme.

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Ce n'est pas le moment d'être susceptible et de pleurnicher sur les "erreurs des deux côtés", de critiquer la Russie, d'attaquer Poutine, de faire semblant d'assumer de fausses modérations qui, comme rarement, n'ont qu'une odeur de lâcheté politico-idéologique.

Chaque patriote brésilien, AUJOURD'HUI, est un "russophile".

Demain, nous verrons à quoi cela ressemble.

Xi Jinping et la Chine donnent une leçon de diplomatie aux États-Unis

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Xi Jinping et la Chine donnent une leçon de diplomatie aux États-Unis

par Giulio Chinappi

Source: http://www.cese-m.eu/cesem/2022/03/xi-jinping-e-la-cina-danno-una-lezione-di-diplomazia-agli-stati-uniti/

Le 18 mars, les chefs d'État des deux principales puissances économiques mondiales ont tenu une vidéoconférence dont le sujet principal était le conflit en Ukraine.

Le sommet virtuel qui s'est tenu le 18 mars entre le président de la République populaire de Chine, Xi Jinping, et le président des États-Unis d'Amérique, Joe Biden, a mis en évidence la stature politique et diplomatique du premier, face à un Biden qui, ces derniers jours, n'a pas su faire grand-chose, sinon lancer des insultes personnelles au président russe Vladimir Poutine.

Alors que les États-Unis continuent à envoyer des armes en Ukraine, faisant du peuple ukrainien de la chair à canon pour leur propre projet hégémonique mondial, la Chine s'efforce de trouver une solution diplomatique au conflit dans l'ancienne république soviétique. Xi Jinping a encouragé les États-Unis et l'OTAN à entamer un dialogue avec la Russie pour résoudre les problèmes sous-jacents de la crise ukrainienne et a exprimé son opposition aux sanctions aveugles imposées à la Russie, tout en exhortant les puissances occidentales à mettre un terme au flux d'armes vers l'Ukraine.

"La crise ukrainienne n'est pas quelque chose que nous voulons voir se perpétuer, et les événements montrent une fois de plus que les pays ne devraient pas en arriver au point de se rencontrer sur le champ de bataille. Le conflit et la confrontation ne sont dans l'intérêt de personne, et la paix et la sécurité sont ce que la communauté internationale devrait chérir le plus", a déclaré Xi Jinping lors de la vidéoconférence.

"Les remarques du président Xi sur la crise ukrainienne ont exposé de manière exhaustive la position de la Chine et, se situant à un niveau supérieur, ont encouragé les pourparlers de paix entre l'Ukraine et la Russie et les pourparlers entre les États-Unis, l'OTAN et la Russie", a déclaré Lü Xiang, chercheur à l'Académie chinoise des sciences sociales, au Global Times. "Je pense que l'entretien de vendredi n'était pas seulement significatif pour les relations sino-américaines, mais aussi pour la situation géopolitique mondiale. Les remarques du dirigeant chinois ont montré aux pays qui suivent de près les États-Unis dans la fomentation de la crise ce qu'une grande puissance responsable devrait faire face aux problèmes", a ajouté l'universitaire.

La situation actuelle ne fait que démontrer que les politiques coercitives menées par les États-Unis et d'autres puissances occidentales contre les pays qu'ils considèrent comme "hostiles" ne peuvent mener à autre chose qu'à l'exacerbation du conflit. Les sanctions imposées à la Russie depuis des années, et en particulier celles qui ont été renforcées ces dernières semaines, se sont avérées totalement inefficaces pour atteindre leur objectif.

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"La question de l'Ukraine est la conséquence des problèmes accumulés entre les États-Unis et la Russie ou de la pression et des défis continus à la sécurité de la Russie par l'OTAN dirigée par les États-Unis. Ainsi, les États-Unis, au fond, ne s'attendent pas à ce que la Chine résolve le problème, mais ils veulent quand même attirer la Chine dans leur pétrin ou lui demander de les aider, car la situation actuelle a dépassé leurs attentes et il deviendra plus difficile pour les États-Unis d'éviter d'y être directement impliqués", a encore dit Lü.

La position de la Chine sur la crise ukrainienne a été longuement réitérée par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Pékin, Zhao Lijian, lors d'une conférence de presse avec des représentants des médias étrangers : "En tant qu'initiateurs de la crise ukrainienne, pourquoi les États-Unis ne réfléchissent-ils pas à leur propre responsabilité et à celle de l'OTAN dans la cause de la crise sécuritaire actuelle en Europe ? Pourquoi ne repensent-ils pas à leur hypocrisie en attisant les flammes de la crise ukrainienne ?" a demandé Zhao de manière provocante.

Zhao a déclaré que la Chine avait de la peine pour les victimes civiles, mais il a également rappelé les victimes des raids aériens des États-Unis et de l'OTAN dans les différents pays que les puissances occidentales ont bombardés depuis 1999 : "Nous nous souvenons tous qu'en mars 1999, sans l'autorisation du Conseil de sécurité de l'ONU, l'OTAN dirigée par les États-Unis a lancé de manière éhontée 78 jours d'attaques en Yougoslavie, tuant 2 500 civils et en blessant plus de 10.000. Au cours des 20 dernières années, les États-Unis ont effectué des milliers de raids aériens en Syrie, en Irak, en Afghanistan et en Somalie", a rappelé le porte-parole, qui s'est demandé si les États-Unis s'inquiéteraient également de la mort de ces civils à la suite de leurs actions militaires.

Alors que les États-Unis et l'Union européenne continuent d'envoyer des armes à l'Ukraine - mercredi dernier, les États-Unis ont annoncé une aide militaire de 800 millions de dollars à l'Ukraine - la Chine a offert une aide humanitaire aux réfugiés civils du conflit, envoyant de la nourriture, du lait en poudre, des sacs de couchage, des édredons et d'autres produits de première nécessité à l'ancienne république soviétique. "La dernière assistance armée américaine à l'Ukraine a-t-elle apporté la stabilité et la sécurité à l'Ukraine ? Ou bien cela entraînera-t-il davantage de victimes civiles ? Le peuple ukrainien a-t-il besoin de plus de nourriture et de sacs de couchage ou de fusils et de munitions ? Il n'est pas difficile pour les personnes dotées de rationalité et de bon sens de faire le bon jugement", a commenté Zhao.

Une fois de plus, la crise ukrainienne démontre l'hypocrisie de l'administration américaine, par opposition à la cohérence et à l'efficacité du gouvernement chinois dans la gestion des crises, comme ce fut le cas avec la pandémie de Covid-19, pour ne citer qu'un incident récent.

Conflit ukrainien : les Hellènes oubliés - A propos d'un groupe ethnique pratiquement inconnu

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Conflit ukrainien : les Hellènes oubliés

A propos d'un groupe ethnique pratiquement inconnu

Erich Körner-Lakatos

Source: https://zurzeit.at/index.php/ukraine-konflikt-die-vergessenen-hellenen/

La minorité grecque du sud de l'Ukraine est pratiquement absente de la couverture médiatique, bien qu'elle soit également touchée par la guerre russo-ukrainienne. Il en va tout autrement en Grèce, où le Parlement s'est penché sur leur sort le 1er mars. Athènes a déjà protesté auprès de l'ambassadeur russe contre la mort de douze civils appartenant à cette ethnie - ils sont morts lors de bombardements russes sur le village de Sartana. Réponse des Russes : les soldats ukrainiens sont responsables de leur mort. Dès le 31 janvier 2022, le ministre des Affaires étrangères Nikos Dendias s'est rendu sur place et a assuré les Grecs de l'est de l'Ukraine que la Grèce entendait les protéger. Entre-temps, des plans d'évacuation sont mis en place à Athènes pour les Grecs d'Ukraine qui doivent quitter leur maison à cause des combats.

Odessa, Marioupol, Sébastopol : les noms de ces villes sonnent familiers, presque naturels, aux oreilles des Grecs. La région située sur la côte de la mer Noire joue déjà un rôle important dans la mythologie grecque.

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Les Grecs ont fondé des colonies sur ce qui est aujourd'hui la côte ukrainienne de la mer Noire dès le VIe siècle avant Jésus-Christ. La plupart des Grecs vivant aujourd'hui en Ukraine sont les descendants de Grecs pontiques de la région du Pont (montagne située sur la côte sud de la mer Noire) après la chute de l'empire chrétien de Trébizonde en 1461.

Aujourd'hui encore, la minorité hellénique d'Ukraine compte entre 100.000 et 150.000 personnes. Une petite partie d'entre eux est installée à Odessa, la plupart à Marioupol et dans 29 villages autour de cette ville portuaire de l'est de l'Ukraine. Marioupol, ville portuaire sur la mer d'Azov, avec ses 500.000 habitants, compte aujourd'hui 91.548 Grecs selon le dernier recensement.

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Cependant, le nombre de personnes d'origine grecque est probablement beaucoup plus élevé en raison des mariages mixtes entre Grecs ethniques et citoyens ukrainiens, qui sont très répandus, en particulier dans l'est de l'Ukraine. Outre l'ukrainien et le russe, ces "Grecs de Crimée" ou "Grecs du Pont", comme on les appelle également, parlent un dialecte grec qu'ils appellent la langue "roumaine". Le terme "roumain", ici, vient de l'auto-désignation des Grecs de l'Empire byzantin (romain d'Orient), qui s'appelaient Ῥωμαῖοι (Rhoméi), c'est-à-dire : Romains.

La ville de Marioupol a été fondée en 1778 suite à un décret de l'impératrice Catherine la Grande, à proximité d'une colonie cosaque. Elle devait servir de nouveau foyer aux Grecs lorsque ceux-ci durent fuir la Crimée pour éviter les Ottomans qui occupaient alors la péninsule.

Les combats actuels autour de Marioupol sont suivis de très près en Grèce. Depuis le début des combats, c'est-à-dire depuis le 22 février 2022, la ville - dont le nom signifie en grec la "ville de Marie" - est disputée, personne n'est en sécurité. Cela entraîne ces dernières semaines en Grèce un changement notable de l'opinion publique sur la Russie. Traditionnellement, une grande partie de la société grecque est plutôt favorable à la Russie, certains parlent même d'une amitié éternelle avec le grand frère du Nord-Est.

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La majorité de la population des deux pays appartient à l'Église orthodoxe. Grecs et Russes ne se sont jamais affrontés. La révolution grecque de 1821 a été préparée par la "Filiki Eteria" (Société des amis), une organisation secrète fondée à Odessa. Ioannis Kapodistrias, qui devint en 1828 le premier gouverneur de l'État grec libre après l'indépendance de l'Empire ottoman, était auparavant ministre des Affaires étrangères de la Russie tsariste. Même récemment, la Grèce s'est plutôt efforcée de servir de pont entre l'Occident, auquel elle se sent appartenir, et la Russie. Athènes a toujours été très sensible aux préoccupations de Moscou.

C'est désormais terminé. Le 25 février, le cabinet d'Athènes a pris une décision concernant la fourniture d'équipements militaires à l'armée ukrainienne.

Le conflit ukrainien comme premier pas vers la déseuropéanisation / désoccidentalisation du monde

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Le conflit ukrainien comme premier pas vers la déseuropéanisation / désoccidentalisation du monde

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/tribuna-libre/37066-2022-03-13-21-31-00

Le manque d'autonomie de l'Europe

D'un point de vue géographique, la guerre en Ukraine se déroule en Europe. Mais d'un autre côté, cette guerre est un échec stratégique de l'OTAN, notamment parce que cette alliance atlantique n'a jamais tenu compte des préoccupations et des exigences de la Russie en matière de sécurité (ne pas étendre l'OTAN à l'Est, ne pas inclure l'Ukraine dans l'organisation, couper tous les liens avec le régime russophobe de Kiev, abandonner toute tentative de créer une sorte d'"anti-Russie" à partir de l'Ukraine).

De plus, les pays européens n'ont rien fait pour diminuer les risques de conflit. Lorsque la Russie a demandé aux pays européens de ne pas inclure l'Ukraine dans l'OTAN et de freiner les plans américains d'expansion vers l'est, ils n'ont tout simplement pas pu ou voulu faire quoi que ce soit. Maintenant, l'UE et l'OTAN (à l'exception de la Hongrie) font tout ce qu'ils peuvent pour alimenter ce conflit, qui aura sans aucun doute des répercussions catastrophiques pour l'Europe.

En effet, la guerre affecte déjà l'Europe : les pays de l'UE sont submergés par les millions de réfugiés qui arrivent à leurs portes. Josep Borrell, chef du corps diplomatique de l'UE, affirme qu'il n'est possible d'accueillir que 5 millions de réfugiés. Cependant, à la date du 7 mars 2022, au moins 1.735.068 réfugiés ukrainiens sont arrivés en Europe centrale et orientale selon les rapports de l'ONU (1).

D'autre part, la rupture des liens diplomatiques avec la Russie affectera principalement les pays européens, car la hausse des prix des denrées alimentaires, de l'énergie et de l'inflation se fait sentir dans toute l'Europe. De nombreux analystes affirment que l'UE perdra des centaines de milliards d'euros en raison des sanctions et contre-sanctions contre la Russie. Pendant ce temps, les États-Unis poussent l'UE à imposer des restrictions encore plus radicales, sachant pertinemment que ce sont les Européens qui en souffriront le plus. Bien sûr, une Europe faible sera beaucoup plus facile à manipuler.

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Enfin, le fait que les pays européens soient entraînés dans ce conflit, qui menace de se transformer en une guerre nucléaire touchant principalement le flanc oriental de l'OTAN, laisse beaucoup de perplexité. Pourtant, ce sont les pays de l'Est de l'OTAN qui ont été les plus ardents défenseurs d'une politique dure contre la Russie.

Cette crise est en grande partie due au manque d'autonomie de l'UE. En effet, on peut affirmer que l'Europe est devenue un simple outil au service des États-Unis. La présence accrue des États-Unis en Europe ne fera que continuer à saper la solidité de l'économie européenne, tandis que la guerre sert de prétexte pour persécuter tous les dissidents du continent - en particulier les forces, mouvements et penseurs qui prônent un euro-continentalisme pragmatique. L'objectif est d'empêcher l'Europe de disposer des ressources morales, intellectuelles, militaires et matérielles pour devenir autonome.

L'euro-atlantisme est l'idéologie qui empêche l'autonomie de l'Europe. Les élites européennes sont entièrement à son service, sans compter que les réseaux d'influence américains en Europe l'utilisent à leur avantage. L'Europe pourrait devenir l'un des futurs pôles du monde multipolaire, mais il semble que cela n'arrivera pas de sitôt.

Le Tiers Monde : de la neutralité pacifique à la neutralité armée

L'un des endroits où une bataille diplomatique des plus féroces a été menée est le "tiers monde". Les États-Unis ont cherché à imposer leur interprétation des événements aux petits pays ainsi qu'aux puissances régionales (Pakistan) et mondiales (Chine). Toutefois, cela reflète l'importance croissante des pays non européens, et des pays non occidentaux en général, dans le système international actuel. Par conséquent, de plus en plus de choses dépendent d'eux.

Certains pays ont choisi de ne pas imposer de sanctions afin de préserver leur souveraineté, en maintenant une sorte de neutralité stratégique comme le pratiquent de nombreux pays en Asie, en Afrique et en Amérique latine. La plupart se sont limités à des condamnations verbales qui ont peu d'effet sur la Russie. Cela montre que le monde n'est plus unipolaire, mais que de nouveaux centres de décision y ont émergé.

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Le Premier ministre pakistanais Imran Khan (photo) a répondu aux tentatives des États-Unis et de l'Union européenne pour amener son pays à imposer des sanctions à la Russie par la réponse suivante : "Sommes-nous encore des esclaves à qui on dit comment agir ? (2). Cette réaction du président d'un pays d'Asie du Sud face aux puissances occidentales est symptomatique. L'Inde n'a pas non plus été très enthousiaste à l'idée d'imposer des sanctions à la Russie.

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Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian (photo), a déclaré le 10 mars que Pékin répondrait sévèrement à toute tentative de Washington de punir les entreprises chinoises qui continuent à fournir des services à Moscou. Selon l'agence de presse TASS, M. Lijian a déclaré que "les États-Unis n'ont pas le droit d'appliquer des sanctions contre les entreprises et les fonctionnaires chinois, tout comme ils ne peuvent pas dire à la Chine quel type d'accords elle peut conclure avec la Russie. S'ils essaient d'imposer des sanctions à la Chine, alors nous serons obligés de répondre" (3).

Cette réponse chinoise aux États-Unis démontre l'impuissance de la Maison Blanche face à un monde de plus en plus diversifié. On pourrait dire que les États-Unis sont confrontés à une situation désespérée : s'ils veulent isoler la Russie, ils doivent reconnaître l'existence d'autres centres de pouvoir mondial. Les États-Unis sont contraints de négocier avec les "cinq rois" dont parle Bernard Henri-Levy (l'un des principaux théoriciens du libéralisme actuel), mais en échange de la cession d'une partie de l'hégémonie du monde occidental à d'autres acteurs.

Les États-Unis ont tenté de négocier plusieurs traités avec l'Arabie saoudite afin d'atténuer les conséquences négatives de la dépendance européenne au pétrole russe. Toutefois, les relations des États-Unis avec l'Arabie saoudite se sont considérablement détériorées depuis l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche. Les États-Unis ont également tenté de tendre la main à des pays tels que l'Iran, l'Inde, la Turquie et même le Venezuela (qui est tout d'un coup considéré comme un acteur légitime), mais en vain. Nombre de ces pays comprennent qu'une fois la Russie vaincue, ils seront les prochains sur la liste.

Les déclarations de la Chine, ainsi que celles de plusieurs pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, montrent qu'aucun d'entre eux n'est prêt à renoncer à ses positions. Cela signifie qu'ils ont assumé une sorte de neutralité armée très similaire à celle assumée par la Russie et d'autres pays européens pendant la guerre d'indépendance américaine à la fin du 18e siècle. La Russie a rejeté le blocus économique que la Grande-Bretagne, la puissance maritime de l'époque, a tenté d'imposer aux États-Unis. Aujourd'hui, les États-Unis, qui sont l'héritier de la "Sea Power" britannique, font l'expérience d'une autre sorte de "neutralité armée", semblable à celle qui leur a sauvé la vie autrefois.

Vers la multipolarité

La neutralité stratégique que de nombreux pays asiatiques ont adoptée à l'égard de la Russie est à leur avantage, car elle leur permet de tirer parti des sanctions que les pays occidentaux imposent à l'économie russe. Il est fort probable qu'une grande partie des échanges que les pays occidentaux avaient auparavant directement avec la Russie (par exemple, le pétrole) et les importations qu'ils effectuaient passeront désormais par elle avant d'arriver à destination. Le pétrole peut être commercialisé via la Turquie, comme le souligne le politologue russe Ivan Starodubtsev (4).

Plus les pays d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique résisteront aux tentatives américaines d'imposer des sanctions, plus ils seront attrayants pour la Russie d'un point de vue économique : cela implique à la fois des investissements russes directs dans ces pays (surtout en ce qui concerne les industries qui n'existent pas en Russie) et l'entrée sur le marché russe pour nombre d'entre eux, d'autant plus que de nombreuses entreprises américaines et européennes quittent la Russie.

Bien entendu, tout cela implique une augmentation de l'interdépendance entre ces économies et la Russie et les menaces que les États-Unis lanceront contre les nouveaux partenaires eurasiens de la Russie. Cependant, les États-Unis ne réussiront qu'à soumettre des pays petits et sans importance. Les plus grands et les plus autonomes resteront indépendants et renforceront leurs liens politiques avec la Russie face à l'incapacité des États-Unis à les déconnecter tous de leur système économique sans détruire le leur. Tout ceci pourrait favoriser la naissance d'un monde multipolaire.

L'Europe est également appelée à devenir une puissance souveraine, mais cela sera impossible tant qu'elle restera dominée par l'élite atlantiste actuelle. Toutefois, ces changements ne dépendent pas uniquement d'aspects matériels : l'Occident a perdu la confiance de la plupart des pays du monde. L'Ukraine est un pays qui a parié sur l'Occident et a perdu, devenant un simple outil aux mains de puissances extérieures et un champ de bataille entre puissances nucléaires. Cela conduira sans doute de nombreux pays à réévaluer leurs propres relations avec les États-Unis.

Le fait que l'Europe soit de plus en plus au bord de la guerre démontre le refus de l'Occident libéral et démocratique d'écouter les arguments et les craintes des Autres (dont la Russie). Cette absence de dialogue a conduit à un véritable conflit ouvert. De même, c'est le manque de dialogue qui empêche les États-Unis et l'Europe de résoudre cette situation, car ils pensent que s'ils cèdent, ils détruiront l'image de grandeur qu'ils ont aux yeux des autres nations du monde. Croire que la voie du développement et du progrès que l'Occident a suivie est le paramètre par excellence de l'évolution humaine pour atteindre la paix et la prospérité (au prix de l'abandon des traditions de nos peuples) n'est qu'un mensonge. L'Occident ne peut pas être une référence morale et éthique pour nous, ce qui devient de plus en plus clair lorsque nous voyons Washington menacer le reste du monde afin d'isoler Moscou. Plus l'Occident fait pression sur les autres pays, plus il rencontrera de résistance.

Notes :

  1. 1) https://www.rbc.ru/rbcfreenews/622617139a7947c327f07f24?utm_source=yxnews&utm_medium=desktop
  2. 2) https://www.firstpost.com/world/is-islamabad-their-slave-pm-imran-khan-slams-eu-for-asking-pakistan-to-vote-against-russia-10437...
  3. 3) https://tass.ru/mezhdunarodnaya-panorama/14019401
  4. 4) https://t.me/turkey_is/1624

Source : https://katehon.com/ru/article/konflikt-na-ukraine-i-de-evropeizaciya-de-vesternizaciya-mira

lundi, 21 mars 2022

Diego Fusaro: la société totalitaire du spectacle

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La société totalitaire du spectacle

Diego Fusaro

Source: https://www.geopolitica.ru/es/article/la-sociedad-totalitaria-del-espectaculo

Traduction : Carlos X. Blanco

L'impossibilité de distinguer la réalité du monde de son récit médiatique est, une fois de plus, ce qui garantit le caractère durable d'une tromperie d'autant plus difficile à démasquer que le contact concret avec la "vraie réalité" fait défaut. Dans l'apothéose de la virtualisation de l'être, le système médiatique n'est plus un média qui raconte le monde, mais est, en fait, le monde lui-même. C'est ce que Baudrillard appelait le crime parfait : la superposition des médias sur la réalité s'accompagne d'une définition très élevée du support, qui correspond à une définition très basse du message. En effet, comme la caverne de Platon, la variante post-moderne de la société régie par le simulacre et le virtuel se caractérise par le fait d'être un spectacle permanent ou, selon la formule de Debord dans La Société du spectacle, par le fait d'être une "immense accumulation de spectacles" (§ 1) : dans les espaces desquels le vécu et l'expérience sont dépossédés au profit de la représentation et de la mise en scène.

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Le réel ne doit en aucun cas être compris comme une altérité avec laquelle le virtuel entretient une relation d'imitation plus ou moins étroite, selon les cas. Au contraire, le réel doit se résoudre sans réserve à une production du virtuel lui-même, de sorte que les deux instances se voient attribuer une identité complète : et le virtuel devient ainsi le seul réel, saturant ses espaces. Dans le triomphe de la dyade du simulacre et de la simulation évoquée par Baudrillard, il ne doit y avoir aucune autre réalité, aucune autre vérité et aucune autre existence que les flux d'images que la société du spectacle fait couler sur ses écrans, falsifiant complètement la vie sociale, divertissant les postmodernes enchaînés et les incitant à aimer leur propre captivité par le spectacle. La "société du simulacre", comme l'appelle Mario Perniola, correspond au monde transformé en fable, où la plenitudo essendi du réel est remplacée par la εἴδωλα organisée par les sophistes technocrates modernes et où les citoyens conscients et actifs sont dépossédés par les spectateurs manipulés et passifs.

51GHOz0r-vL._SX195_.jpgPar conséquent, sortir de la caverne signifie également se libérer de l'autorité "positionnelle" de ceux qui contrôlent les médias et régissent ainsi les informations que les prisonniers reçoivent. En même temps, cela signifie cesser d'accepter que les conditions structurelles - être au fond de la grotte ou à son entrée - légitiment implicitement les formes d'autorité culturelle "d'en haut". Le royaume du mondialisme capitaliste, dans lequel les simulacres ont autonomisé et supplanté le réel - "le monde autonomisé de l'image" évoqué par Debord (§ 2) - est le royaume de l'accumulation capitaliste et de son fétichisme co-essentiel porté à son degré maximal d'extension (planétarisation) et d'intensité (la marchandisation de tout l'imaginaire). Le vecteur privilégié de ce qui a été défini comme la domination culturelle, le spectacle permanent qui, sans jamais faiblir, occupe tous les coins de la caverne mondiale, coïncide pleinement avec le capital devenu ab-solutus, "réalisé" parce que désormais "libéré" de toutes les contraintes matérielles et immatérielles survivantes.

Pour paraphraser Debord, le spectacle dominant dans la caverne mondiale coïncide avec le capital qui, correspondant parfaitement à son propre concept, devient une image et réduit l'ensemble de l'être à un spéculum sur la surface duquel il se reflète de manière tautologique et sans zones libres. Telle est l'essence du tout nouveau monde de la réification intégrale, un seul camp de concentration qui, pour paraphraser Adorno, se croit un paradis parce que rien n'existe réellement pour s'y opposer.

Le zénith du fétichisme est ainsi atteint. Le non-vivant, l'accumulation cosmique de marchandises, est autonomisé et devient un spectacle permanent. De cette façon, il réalise cette inversion du Sujet et de l'Objet en vertu de laquelle les morts dominent désormais les vivants, la chose l'humain, le produit le producteur. Le spectacle de la caverne tend, pour cette raison même, à se redéfinir dans les termes de la camera obscura posée par Marx et Engels : sa prérogative est de montrer sous une forme inversée le réel qu'il reproduit, présentant les ombres idéologiques comme autonomes et comme déterminantes des actions humaines dont ces mêmes ombres découlent. Les deux fonctions, mises en évidence par Diderot, du spectacle que, dans le dos de spectateurs peu méfiants, les anciens et les nouveaux sophistes gèrent dans l'anonymat, sont co-présentes dans la réalité totalement médiatisée d'aujourd'hui. D'une part, comme dans la description de Platon, le spectacle éveille l'illusion très forte que le simulacre est le réel et qu'il n'y a pas d'autre réel que le simulacre (le perçu tient seul lieu de réalité) : les ombres remplacent la lumière et les spectateurs de la caverne n'ont pas d'autre cadre cognitif que celui que leur a forgé la société du spectacle et ses marionnettistes.

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Comme dans le récit platonicien, le spectacle projeté sur les parois de la grotte ne fait que répéter, dans des formes simulées de pluralisme, que l'espace de la grotte est le seul et qu'il coïncide avec le meilleur des mondes possibles, et le seul. De cette façon, le spectacle remplit effectivement la fonction de "discours ininterrompu" et de "monologue laudatif" - le mot de Debord - que le rapport de force réellement donné entretient sur lui-même, afin de se légitimer en éliminant la possibilité de conceptualiser toute alternative possible. Telle est l'essence - "l'autoportrait", écrit Debord (§ 24) - du pouvoir techno-capitaliste, qui a réalisé son administration totale des conditions d'existence et de l'imaginaire. Selon l'enseignement de l'Histoire de la propagande de Jacques Ellul, "la propagande doit être totale", c'est-à-dire telle qu'elle emploie tous les moyens et étouffe tout espace d'authenticité, comme dans l'antre platonicien. D'autre part, le spectacle divertit et amuse, distrait et tranquillise, selon le sens double et synergique du divertissement déjà étudié par Pascal. De plus, elle génère la dépendance et crée les conditions de la dictature caractéristique de la société de masse déjà esquissée, d'un œil prophétique, par Tocqueville, lorsqu'il imaginait les traits avec lesquels se présenterait le nouveau despotisme (sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde) ou, si nous préférons, la nouvelle caverne de l'enfermement humain avec spectacle et jouissance incorporés.

Source première: https://avig.mantepsei.it/single/la-societa-totalitaria-dello-spettacolo

Guerre de l'information et action psychologique en Occident à un niveau sans précédent

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Guerre de l'information et action psychologique en Occident à un niveau sans précédent

Par Marcelo Ramirez

Source: https://kontrainfo.com/guerra-informativa-y-accion-psicologica-en-occidente-en-un-nivel-sin-precedentes-por-marcelo-ramirez/

La guerre de l'information s'est définitivement installée à un niveau sans précédent en temps de paix, ou du moins de guerre non déclarée.

Les actions de Poutine ont été fermes, mais nous assistons aujourd'hui à une offensive de communication dans laquelle on tente de fixer un double concept dans l'esprit des sociétés occidentales : Poutine est un dirigeant dictatorial et sanguinaire, mais en même temps maladroit et improvisé qui prend des mesures sans calculer les répercussions de ses actions.

On assiste ainsi à une dualité incongrue mais répétitive, d'où l'insistance sur l'improvisation de l'armée russe dans son avancée sur l'Ukraine, soulignant les problèmes logistiques et la destruction de matériel, allant même jusqu'à dire que les rations alimentaires pour les troupes ont presque une décennie de retard.

Bien entendu, les sources de ces histoires sont des vidéos téléchargées sur les médias sociaux à partir de sources ukrainiennes, y compris des documents du SBU, le service de renseignement ukrainien, ou des États-Unis et du Royaume-Uni.

Ces documents sont pris pour vrais, même s'il s'agit de véhicules non identifiés écrasés par des explosions. Des chaînes spécialisées de YouTube ont même affirmé que plus d'un millier de véhicules russes ont été détruits par les forces ukrainiennes, en prenant ces sources pour vraies.

Cette situation s'accompagne de descriptions apocalyptiques des perspectives économiques de la Russie face à des sanctions sévères et inattendues. C'est là que nous voyons le double standard, Poutine est un fou qui n'a même pas estimé les dommages causés par l'Occident à son économie via les sanctions, ce qui, couplé à la planification militaire épouvantable, met en doute les perspectives d'avenir de Poutine à la tête du gouvernement russe.

Si vous ne détestez pas Poutine parce qu'il est un tyran sanguinaire, peu importe, au moins ne le soutenez pas parce qu'il est un homme inepte qui détruit la Russie.

L'une des erreurs qui lui est maintenant attribuée est que le dirigeant russe fait face à une opposition croissante dans son pays en raison des manifestations contre lui. Poutine est approuvé à 73 % ses initiatives militaires en Ukraine et les protestations proviennent d'un petit groupe aligné sur l'Occident, favorable aux politiques culturelles de Washington et financé par les Occidentaux.

C'est la même chose que ce qui s'est passé avec Navalny, qui était présenté comme une menace pour le pouvoir de Poutine et pourtant sa popularité n'a jamais dépassé 2%.

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Un autre exemple de la manipulation de l'information est que, profitant de l'ignorance générale en Occident, il est rapporté que les médias indépendants sont censurés, citant ce qui s'est passé avec la radio Echo de Moscou, présentée dans ces contrées comme une voix libre qui s'oppose à Poutine, omettant de dire qu'il s'agit simplement d'un média appartenant au capital américain.

La Russie a limité la participation de la propagande culturelle mondialiste occidentale, mais n'a pas réussi à la faire taire. De plus, contrairement à ce que les sociétés occidentales sont amenées à croire, Poutine est un dirigeant très populaire, mais il est loin d'être le maître de son pays.

Dans une nation où les leaders ont historiquement une forte personnalité, Poutine a dû faire face aux soi-disant oligarques, qui accueilleraient sûrement quelqu'un qui leur permettrait de contrôler le pouvoir politique grâce à leurs millions et sans se mêler des questions "patriotiques".

Ce sont ces personnes que l'Occident sanctionne aujourd'hui, en saisissant des yachts de luxe et en espérant que cela signifie que ces oligarques chercheront à renverser Poutine, mais l'équilibre interne des forces ne leur permet pas d'avancer comme dans nos pays habitués aux coups d'État économiques.

La Russie est un pays complexe avec plus de 150 nationalités et des intérêts différents, c'est pourquoi il est nécessaire de connaître son histoire et ses références politiques pour comprendre que Poutine ne fait qu'exprimer ce que la société russe dans son ensemble demande.

Seule l'ignorance peut faire croire que l'assassinat de Poutine, tel que proposé par le sénateur américain Lindsey Graham, changerait la position de la Russie vis-à-vis de l'OTAN.

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Ceux qui le pensent devraient prêter attention à certains détails tels que les demandes répétées de Ranzam Kadyrov, le leader tchétchène dont les hommes combattent le gouvernement de Kiev, qui a publiquement demandé au président d'avoir les coudées franches pour contrôler la situation dans les 48 heures.

En cela, nous voyons ce qui se passe réellement. La Russie n'a pas pris le contrôle de l'Ukraine simplement parce que l'intention de Poutine est de détruire l'appareil militaire de Kiev et de chasser les néonazis du pouvoir, mais pas d'annexer l'Ukraine ou d'anéantir sa population pro-occidentale.

Libérer Kadyrov aurait des résultats rapides, mais cela signifierait beaucoup de morts parmi les civils et la destruction des infrastructures. Une telle politique, similaire à celle de l'OTAN, c'est-à-dire des mois de bombardements jusqu'à ce que tout ce qui bouge soit détruit et ensuite passer sur les cendres pourrait bien être faite, la Russie a les moyens de l'exécuter, cependant, le ressentiment des Ukrainiens s'aggraverait et la Russie devrait également supporter les coûts ultérieurs de la reconstruction.

Ce n'est pas un problème pour les États-Unis car leur économie est beaucoup plus importante, mais surtout parce qu'il s'agit d'une entreprise à détruire et d'une autre à reconstruire, les sociétés américaines s'attellent à la tâche avec des prix gonflés et une qualité douteuse, laissant un trou dans les poches du trésor américain et dans les économies meurtries des pays dévastés.

La presse, et les communicateurs des médias sociaux, prennent cela comme un signe de faiblesse et d'incapacité, une telle stratégie est inconcevable, et cela a à voir avec les différents modèles que chaque camp a en tête.

L'action psychologique est si grande qu'elle finit par montrer que le pays qui a vu en quelques heures la perte de sa marine, de son aviation, de presque toutes ses bases militaires, d'une bonne partie de son armée de terre et qui a toutes ses villes principales encerclées, y compris sa capitale, est en train de gagner.

Ils ont également construit l'illusion que la Russie va se heurter à une résistance du peuple ukrainien comme cela s'est produit en Afghanistan, ignorant le fait qu'en réalité les caractéristiques du peuple ukrainien sont très différentes de celles de l'Afghanistan. Il n'y a pas de différence religieuse substantielle et ils sont tous slaves, bien que la moitié d'entre eux est pro-occidentale pour des raisons historiques et l'autre moitié pro-russe.

Pour cette raison, la population ukrainienne est à peu près divisée en deux en ce qui concerne la sympathie pour la Russie, et il y a tout lieu de croire que parmi ces Slaves occidentaux, une bonne partie doit être mécontente de la destruction de leur pays par la défiance de Zelensky et son soutien politique néo-nazi.

Un mensonge, s'il est répété mille fois, devient la vérité, est un principe de propagande désormais apprécié en Occident.

Une simple question permet d'exposer la réalité. Si l'OTAN est si puissante et l'armée russe si faible et mal préparée, comment se fait-il que la Russie défie ceux qui s'y opposent et annonce qu'elle détruira les convois d'armes occidentaux vers l'Ukraine, alors que l'OTAN ne fait que reculer et évite tout contact direct ?

À ce stade, nous constatons que si les villes ukrainiennes disposent aujourd'hui d'eau, d'électricité et d'Internet, c'est simplement parce que la Russie le permet, ce qui devrait faire réfléchir aux raisons ultimes et ne semble pas compatible avec le dirigeant sans cœur.

Les versions qui laissent penser que la Russie prépare des attaques contre des centrales nucléaires à ses propres frontières et à celles du Belarus ne manquent pas - quelle logique y a-t-il à générer une fuite radioactive à proximité de son propre territoire ?

Mais ce n'est pas tout, nous voyons aussi la Russie être accusée de préparer une attaque aux armes chimiques contre les Ukrainiens, tout en laissant l'eau et l'électricité fonctionner, personne ne remarque l'absurdité ?

Nous ne devrions pas être trop surpris quand nous voyons les allégations que la Russie fait depuis des années, allégations qui sont rendues vraies par les 26 laboratoires biologiques en Ukraine, en plus de la demi-douzaine trouvée au Kazakhstan et de la plus d'une centaine dans d'autres nations limitrophes de la Russie.

Les États-Unis ignorent ces allégations et, face aux preuves fournies par Moscou, choisissent d'expliquer qu'ils sont préoccupés par le fait que la Russie puisse avoir accès à ces agents pathogènes mortels.

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Personne en Occident ne semble s'inquiéter du fait que les États-Unis et l'OTAN possèdent plus d'une centaine de laboratoires pour la guerre biologique, que des programmes sont développés pour capturer le matériel génétique russe et chinois afin de fabriquer des armes ethniques qui ne sont mortelles que pour les groupes cibles.

Non, pour l'Occident, il est normal que de telles recherches soient menées à la frontière russe (et chinoise), et le danger est que la Russie puisse mettre la main sur ces informations.

Le niveau de l'approche est vraiment enfantin, et pourtant nous devons apprécier avec une certaine tristesse qu'une grande partie de la société occidentale est tellement aliénée par la propagande qu'elle est incapable de comprendre quelque chose d'aussi basique que ce que nous décrivons.

Une dernière question à mentionner dans ce sens est la question économique et financière, présentée une fois de plus dans la sphère occidentale comme des sanctions surpuissantes (la déconnexion de Swift a été annoncée comme une bombe nucléaire économique). Peu après le coup initial, nous voyons des données qui devraient amener l'Occident à se demander si c'est la bonne façon de vaincre la Russie.

Tout d'abord, nous avons assisté à la flambée des prix de l'énergie, des métaux et des denrées alimentaires, ce qui a exercé une pression inflationniste sur les économies. Mais ce n'est qu'un début, la déconnexion de Swift a fini par être partielle car l'UE, comme l'a reconnu Josep Borrell, ne peut se passer du gaz russe et son remplacement prendra plusieurs années, voire pas du tout, et à un coût exorbitant.

Pour avoir une idée de ce dont nous parlons, le gaz qui, il y a un an, coûtait environ 300 dollars pour 1000 m3, vaut aujourd'hui 3900 dollars, ce qui a un impact non seulement sur les poches des consommateurs européens qui ont besoin de chauffage, mais aussi sur l'industrie, déjà chère en soi, et qui perdra sa compétitivité dans le monde.

L'Europe est en train de se suicider et elle le fait aux mains de ses propres dirigeants, qui ont formé une croisade qui les conduit à interdire tout ce qui est russe, avec des absurdités telles qu'un orchestre symphonique qui a refusé de jouer Tchaïkovski parce qu'il était russe.

Les politiques de la "cancel culture" que nous avons vues à l'oeuvre il y a quelques mois dans leur absurdité progressiste ont maintenant une utilité géopolitique.

La Chine est le grand gagnant, elle obtient du gaz supplémentaire pour son économie et profite de l'absurdité du Swift car les États-Unis et leurs partenaires démontrent simplement que le dollar n'est pas une valeur refuge, que les réserves peuvent être confisquées à volonté et que la soi-disant sécurité juridique n'est qu'un bluff.

Tout est prêt pour que le yuan, désormais doté d'une version cryptographique, adossé à l'or et soutenu par CIPS, l'équivalent chinois de Swift, le supplante dans au moins deux tiers du monde non occidental.

Espérons que pour l'Occident, c'est le pire, s'il s'oriente vers une division mondiale en deux secteurs dans une répétition de la guerre froide, il se retrouvera avec la pire partie, celle d'une économie spéculative tandis que le camp rival dispose du secteur productif, avec le design et la technologie comme agrégat.

L'Occident s'est trompé sur la réalité, la Russie n'a pas été effrayée par les sanctions, qui loin d'être surprenantes ou dévastatrices comme la presse voudrait nous le faire croire, les a utilisées à son avantage en rachetant à prix cassés les entreprises qui quittent son pays et en nationalisant l'économie, en sapant le pouvoir réel des Etats-Unis, qui était le dollar comme monnaie de réserve et de commerce et en démontrant à l'Occident que ses entreprises dépendent des matières premières russes. Combien de temps faudra-t-il pour le remplacer et à quel prix ? Et ce n'est qu'un exemple.

En réalité, les sanctions occidentales ne sont qu'un catalyseur pour l'émergence d'une puissance alternative aux Anglo-Saxons et à leurs partenaires de moindre importance, qui a pour corrélat la perte de marchés tels que les 140 millions de Russes plus leurs alliés, auxquels on peut ajouter la Chine si on continue à faire pression sur elle.

L'UE est laissée pour compte, ses capacités sont réduites et ses contradictions internes sont exposées, ce qui la conduira à l'effondrement dans un court laps de temps. Les États-Unis perdent un partenaire tel que cette UE décadente et se referment sur eux-mêmes, mais pas en position de force comme le voulait Trump, mais en position de faiblesse.

Si nous prêtons attention aux acteurs mondiaux les plus pertinents, seuls les plus proches ont suivi les États-Unis, à preuve les pays que la Russie a signalés, l'UE plus 14 autres.

L'Inde, les 15 de l'ANASE, la Chine, les Africains, les Ibéro-Américains et les pays d'Asie centrale, entre autres, ont décidé de ne pas se plier aux États-Unis et à leurs sanctions.

Si le calcul de Poutine est si faux, si tout a si mal tourné pour lui, pourquoi ne se plie-t-il pas aux actions occidentales ? Il ne voit certainement pas le triomphe de l'Occident aussi clairement que la presse et les communicateurs de réseaux voudraient nous le faire croire.

Ces manipulateurs de nouvelles ont parlé de l'effondrement du rouble. Pourtant, lundi dernier, il a ouvert à 153 roubles pour un dollar et vendredi, il a clôturé à 114 roubles par unité de la devise américaine.

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Le fait de cacher cette nouvelle crée une réalité parallèle, un sentiment d'euphorie triomphale qui vise à maintenir le soutien du public et à faire passer les États hésitants dans le camp des vainqueurs.

Le problème réside dans le fait que les élites occidentales sont bien conscientes de la réalité : leur défaite à moyen terme est scellée et ne peut être évitée que par une action militaire visant à stopper la dérive naturelle des événements.

Bien sûr, même en cas de triomphe militaire hypothétique et douteux, le monde serait détruit et des milliards de personnes perdraient la vie directement et indirectement. L'hémisphère nord serait pratiquement inhabitable et c'est là que se concentre la majorité de la population mondiale.

Une question :

Qui pourrait souhaiter un monde réduit à 10 ou 20 % de sa population, car ce serait le résultat d'une guerre entre les grandes puissances. Il existe des groupes qui travaillent sur cette hypothèse.

Par coïncidence, on assiste à un boom des transactions immobilières où des méga-milliardaires occidentaux, notamment du monde anglo-saxon, investissent dans des terres de l'hémisphère sud comme l'Amérique du Sud ou des îles du Pacifique.

C'est peut-être un indice de ceux qui jouent le jeu et de ce qu'ils recherchent, utiliser les nations qu'ils ont parasitées à leurs fins pour imposer leur volonté de suicide afin d'imposer leur modèle.

La révolution du transport fluvial en Russie : un projet aux ramifications géopolitiques

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La révolution du transport fluvial en Russie : un projet aux ramifications géopolitiques

Tim Kirby

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/empresas/36775-2022-02-08-18-16-31

Récemment, le gouvernement russe a dévoilé un plan visant à modifier radicalement le transport de marchandises au sein de la Fédération, qui pourrait même avoir un impact géopolitique international. On cherche à révolutionner le transport de marchandises dans le monde entier.

Aujourd'hui, si l'on observe ce qui existait au 20e siècle, la technologie ressemble encore beaucoup à ce qu'elle était au début de la guerre froide. Nous avons des camions sur les routes, des trains, des bateaux et des avions à réaction. Il est vrai que toutes ces grandes formes de transport de marchandises sont devenues plus efficaces, il existe désormais des trains très rapides et, en termes d'expédition, tout est beaucoup moins cher que jamais. Cela a contribué à l'essor de la Chine d'aujourd'hui. Sans exportations maritimes bon marché, ils vivraient dans une nation très différente et moins riche, et c'est exactement la raison pour laquelle Washington et ses amis prennent des initiatives comme ce magnifique accord AUKUS et enserrent la mer de Chine méridionale du mieux qu'ils peuvent.

Washington veut que la Chine soit encerclée afin d'avoir la possibilité de couper l'accès de Pékin aux lignes commerciales. C'est pourquoi les Chinois ont eu l'idée de l'initiative "Belt and Road". Cela permet à la Chine de contourner l'encerclement de l'OTAN et pourrait constituer l'un des projets de "plan B" les plus importants et les plus coûteux de l'histoire de l'humanité.

De l'autre côté du monde, une sorte de pseudo-révolution verte des transports est en cours, essentiellement portée par le brillant sens du spectacle d'Elon Musk et ses suggestions pour le public analphabète. Les semi-remorques autonomes et le mystérieux "HyperLoop" sous-tendent les cours gonflés des actions de son empire. Cette tendance croissante au "vaporware" dans toutes les formes de développement en Occident, où le sentiment et l'enthousiasme pour une technologie l'emportent sur sa viabilité et sa faisabilité, est un phénomène plutôt intéressant. Le concept du Green New Deal est vraiment l'apogée de cette façon de voir la technologie et le développement, sur base de l'équation "sentiments = réalité". Bien que la méthodologie puisse être erronée, il est certainement intéressant pour l'Occident de continuer à chercher un nouveau développement dans le domaine des transports qui puisse changer les règles du jeu.

Ainsi, la Chine, en termes de transport, veut maximiser et diversifier les itinéraires, l'Occident cherche une sorte de réponse verte futuriste à zéro carbone à un problème qui n'existe peut-être pas, et la Russie va mettre un gros paquet sur la forme la plus médiévale de transport de marchandises - le transport fluvial. Nous vivons une époque intéressante.

Le gouvernement russe envisage d'investir jusqu'à 10,3 milliards de dollars pour améliorer les capacités de fret fluvial du pays. Compte tenu du fait que le transport fluvial est pratiquement mort (ou du moins extrêmement limité à l'échelle) dans la plupart des régions du monde, cette décision semble étrange. Le canal Ohio et Erie, près de mon lieu de naissance, en est le parfait exemple. C'était un moyen lent, à capacité limitée et étonnamment coûteux de transporter des marchandises, qui repose sur une infrastructure très "organique" et sensible aux inondations, aux sécheresses et à toutes sortes d'autres problèmes que les trains et les camions ne connaissent pas. En fait, il combine la nature linéaire du transport ferroviaire avec la capacité limitée et les facteurs climatiques qui affectent les semi-remorques, ce qui donne le pire des deux mondes. Alors pourquoi les Russes ont-ils investi autant d'argent dans une technologie qui était obsolète aux États-Unis avant le début de la Première Guerre mondiale ?

Si vous lisez certains journaux, la logique ressemble à ceci. Moyennant quelques modifications, notamment l'élargissement et l'approfondissement de certaines écluses et la mise à niveau d'autres infrastructures, le miracle du transport ultra bon marché par cargo en haute mer pourrait fonctionner en Russie même. Essentiellement, il s'agit de prendre ce modèle de transport maritime chinois et de le placer sur des rivières et des canaux préexistants en Russie même, ce qui peut être réalisé relativement "bon marché" selon les normes des projets gouvernementaux. La longueur du réseau fluvial russe lui permettrait de devenir presque comme un nouveau canal de Suez ou de Panama pour certaines nations.

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Image : De nombreux navires utilisent déjà la route en rouge ; avec quelques améliorations, les porte-conteneurs pourraient également l'utiliser.

Ce projet peut sembler très petit et interne à la Russie, mais il a le potentiel d'avoir un effet géopolitique énorme sur le monde. À tout le moins, il a été souligné qu'avec la mise en œuvre de ces améliorations d'infrastructure, une sorte de méga-cargo pourrait voyager librement entre la mer Noire/mer d'Azov, la mer Caspienne, la mer Baltique et la mer Blanche. Cela ferait de l'Iran un voisin de l'Europe dans le sens du transport du jour au lendemain et donnerait certainement à Téhéran un peu de répit, car sa géographie le rend très "bloquable" par la mer. Elle pourrait également contribuer à atténuer certaines des difficultés liées à l'enclavement du Kazakhstan.

Historiquement, la Turquie et la Russie ont souvent été en désaccord et leur capacité à bloquer la mer Noire a toujours été un problème. Il serait donc à l'avantage de la Russie de disposer d'un autre moyen de transport maritime à partir de la mer Noire si nécessaire.

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Image : Les Russes veulent développer l'Arctique. Le fait d'avoir de nombreux fleuves importants s'étendant du nord au sud aide sûrement à le relier au reste du pays.

Les rivières de Sibérie ont le potentiel de pouvoir prendre les richesses de cette région et de les transporter sur des porte-conteneurs dans le monde entier, jusqu'à ce que ces navires puissent atteindre l'océan Arctique et ne pas s'échouer. Poutine a été un fervent défenseur du développement de l'Arctique pour de nombreuses raisons, celle-ci étant l'une d'entre elles. Si la Sibérie est célèbre pour ses minéraux et son bois, elle produit également beaucoup de nourriture. Cette infrastructure aidera la Russie à poursuivre sa croissance en tant que titan de la production alimentaire, ce qui est un facteur de la grande relation entre Moscou et Pékin. Les capacités de production alimentaire de la Sibérie méridionale dépassent l'entendement, mais elles ont été maintenues en sommeil par l'isolement de la région.

Si cela est fait correctement, les larges rivières et les canaux préexistants de la Russie, moyennant quelques améliorations, pourraient avoir un impact sur le commerce international et créer certaines routes maritimes auparavant impossibles. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais c'est un élément à surveiller pour les zélateurs de la géopolitique, qui, ironiquement, remonte à la naissance de la Russie, qui a fait un usage intensif du transport fluvial depuis sa création jusqu'à la chute de l'URSS. La Russie est née avec cette infrastructure en grande partie en place, il est maintenant temps pour les Russes de s'assurer que les méga porte-conteneurs peuvent commencer à l'utiliser.

Ukraine : une guerre qui amorce la grande transition géopolitique et civilisationnelle

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Ukraine : une guerre qui amorce la grande transition géopolitique et civilisationnelle

Manuel Monereo

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/noticias/geoestrategia/37126-2022-03-19-14-12-04

"De plus, tout indique que des puissances économiques comme la Russie et la Chine doivent être domptées ou écrasées pour que les grandes économies capitalistes puissent avoir un nouveau souffle. C'est une perspective effrayante".

Michael Roberts 14 mars 2022

La guerre en Ukraine continue. Ce n'est qu'un début. La ligne de front ? La dimension spatio-temporelle des intérêts stratégiques américains ; c'est-à-dire la planète. L'objectif est de conserver le pouvoir et de s'opposer farouchement à ceux qui contestent l'hégémonie euro-américaine, ce que Samir Amin a appelé l'impérialisme collectif de la triade.

Biden a organisé, j'insiste, organisé deux territoires géopolitiquement bien définis : l'un, le principal, se situe en Asie, dans la mer de Chine méridionale ; l'autre, le secondaire, a l'Ukraine comme ligne de front. Les deux sont interconnectés politiquement et militairement par les États-Unis. Les États-Unis imposent une stricte division du travail : l'OTAN est chargée de réduire la Russie ; le monde anglo-saxon est chargé de l'Asie. C'est la Doctrine Monroe complétée de celle d'Alfred T. Mahan : le Pacifique est l'affaire exclusive des Américains et de leurs alliés de confiance ; en dehors de l'Union européenne et, plus précisément, de la France. Un troisième scénario se profile à l'horizon, celui du Sahel, qui commence à dire adieu aux forces expéditionnaires françaises et, je crois, aux autres forces expéditionnaires européennes.

Lorsque le brouillard de la guerre se dissipera, il sera nécessaire de cartographier les dégâts. Les conséquences, le rôle des acteurs et les éléments déterminants d'un nouvel équilibre des pouvoirs devront être identifiés avec précision. Un fait avant tout : le marché économique-productif et financier mondial va-t-il s'effondrer ? C'est ce qu'il semble. La possibilité de construire un pôle de puissance autour de la Chine est motivée par la nécessité de répondre aux sanctions contre la Russie et, surtout, à leurs conséquences collatérales, qui obligent déjà à se définir. Biden joue dur, très dur.  Les jours de la domination du dollar sont peut-être en train de prendre fin et la multipolarité est plus proche qu'il n'y paraît.

Une chose semble claire : aujourd'hui plus de gaz russe est vendu à l'Allemagne qu'avant le conflit. Ce couloir fonctionne malheureusement beaucoup mieux que le couloir humanitaire. Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'il existe des contacts économiques, financiers et militaires. Il y a encore une chance de parvenir à des accords, d'arrêter la guerre et de mettre fin à la mort qui rode en Europe aujourd'hui. Nous en savons de plus en plus. Lors de la réunion des 27 à Versailles, toujours à la gloire électorale de Macron, il a été décidé que l'Ukraine ne rejoindrait pas l'Union européenne pour le moment ; ce "pour le moment" peut être très long et équivaut à (presque) jamais. Quelques jours plus tard, notre inoubliable Haut représentant de l'UE, Josep Borrell, a reconnu ses erreurs. La plus importante avait été d'ouvrir la possibilité d'une entrée de l'Ukraine dans l'OTAN. Il ne faut pas faire des promesses qui ne peuvent être tenues, a déclaré l'ancien grand espoir de la social-démocratie espagnole.

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Comme Luciano Canfora a raison lorsqu'il dit qu'il ne faut pas parler de démocratie lorsqu'il s'agit du pouvoir mondial ; ne pas parler de paix lorsque la guerre se prépare. Il faudra le dire et le redire, avec force même au prix d'être minoritaire : face à un discours dominant unique - qui devient disciplinaire - il faut affirmer que cette guerre est une guerre entre l'OTAN et la Russie, et que l'Ukraine fournit le territoire, la population et la plupart des morts et des blessés. Zelenski doit maintenant se rendre compte de ce que signifie être un allié inconditionnel des États-Unis et un instrument actif d'une stratégie qui n'a rien à voir avec les intérêts de son peuple. Proposer, comme il le fait, une intervention directe ou indirecte de l'OTAN, c'est jouer avec le feu et nous faire tous brûler.

Il a été dit (Thomas Fazi, Olga Rodriguez) que la guerre en Ukraine a été la plus annoncée, analysée et anticipée de l'histoire européenne récente. Tous les grands spécialistes l'ont étudié et analysé pendant des années (Kennan, Kissinger, Mearsheimer, Jack F. Matlock) et leur conclusion a toujours été la même : essayer de faire entrer l'Ukraine dans l'OTAN signifierait une réponse politico-militaire russe et la guerre. Le 13 mars de cette année, Carlos Sánchez, dans El Confidencial, a interviewé un spécialiste de la stratégie - influent au sein du ministère de la Défense - qui n'a pas voulu donner son nom. Le plus surprenant dans ses déclarations est qu'elles coïncident avec celles d'autres géopoliticiens - militaires ou non - qui critiquent le conflit ukrainien et s'inquiètent particulièrement de l'avenir de l'Europe dans un monde en mutation rapide.

Tout le monde s'accorde à dire, premièrement, que nous sommes à un tournant d'une ère caractérisée par un déclin relatif de l'hégémonie américaine et l'émergence de nouvelles puissances qui remettent objectivement en question l'ordre organisé et défini par les États-Unis. Les dimensions et le rythme du processus ne sont pas pacifiques. Deuxièmement, on s'accorde à dire que nous sommes dans une transition vers un monde multipolaire qui implique une redistribution substantielle du pouvoir au niveau mondial.  Troisièmement, on s'accorde également à dire que les États-Unis sont la première puissance économique mondiale et, surtout, qu'ils ont une nette domination politico-militaire au niveau planétaire. En d'autres termes, il existe une inégalité structurelle des forces (commerciales, financières, technologiques et militaires) entre le bloc de pouvoir dirigé par les États-Unis et les forces qui tendent à contester son hégémonie. La question clé est le timing. Biden (et le groupe oligarchique qu'il dirige) cherche à anticiper, à prendre l'avantage et à se positionner au moyen d'une stratégie préemptive selon le principe : faites-le maintenant, demain il sera peut-être trop tard. Ils ne font pas mystère de leurs objectifs, à savoir renverser le système de pouvoir dominant en Russie et en Chine au moyen d'instruments économiques, technologiques, hybrides ou de la zone grise.

Quatrièmement, il y a un consensus sur le fait que le grand perdant dans ce conflit est l'Europe. L'UE est incapable de représenter les intérêts stratégiques de ses États et de ses peuples et reste - comme la crise ukrainienne le montre clairement - un allié subordonné des États-Unis. La cinquième question concerne le rôle géopolitique de l'Espagne. Les préoccupations sont nombreuses. Le conflit entre le Maroc et l'Algérie s'aggrave ; au traditionnel problème migratoire s'ajoute celui du gaz dans un contexte propice à la prétention du Maroc de devenir une puissance régionale en relation étroite avec les Etats-Unis et la France. En arrière-plan, la question sahraouie est non résolue. En cas de conflit avec le Maroc, nous, les Espagnols, serons livrés à nous-mêmes ; ni l'OTAN ni l'UE ne nous seront d'aucune utilité.

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Une question plus complexe est la relation entre la Chine et la Russie, toujours médiatisée par la tension avec les États-Unis. Kissinger et Brzezinski ont mis en garde très fermement contre le danger d'une alliance entre l'Iran, la Russie et la Chine. Pourtant, toute la politique étrangère américaine - sauf sous Donald Trump - s'est consacrée à la favoriser. Aujourd'hui, avec la montée de la russophobie, il faut souligner que l'avenir des relations internationales sera déterminé par la direction dans laquelle penche la Russie. La Russie a clairement et sans ambiguïté opté pour un partenariat stratégique avec la Chine. Les deux économies se complètent et leurs capacités militaires se multiplient dans l'alliance. La Chine aidera la Russie à surmonter les sanctions, tout comme l'Inde, le Pakistan, l'Indonésie, une grande partie de l'Amérique latine, à commencer par le Brésil et l'Argentine, et la plupart de l'Afrique, Afrique du Sud en tête ; sans oublier l'Arabie saoudite qui décide actuellement de facturer le pétrole en monnaie chinoise. Peut-on imaginer la carte ? C'est le nouveau monde qui émerge contre l'ancien, celui des grandes puissances coloniales.

Pour l'Europe, c'est une tragédie. Ils sont fatigués de le dire ces jours-ci, il n'y a pas de sécurité en Europe sans la Russie. C'est vrai. La Russie revient à une alliance eurasienne explicite avec l'objectif clair de défier une Pax basée sur la puissance euro/américaine. Une fois encore, c'est l'ancien qui ne mourra pas et le nouveau qui ne naîtra pas. Entre les deux, le conflit pour le pouvoir mondial.

"Le réveil politique mondial est historiquement anti-impérial, politiquement anti-occidental et émotionnellement anti-américain à doses croissantes. Ce processus provoque un déplacement majeur du centre de gravité du monde, qui, à son tour, modifie la répartition mondiale du pouvoir, avec des implications majeures pour le rôle des États-Unis dans le monde", écrivait Zbigniew Brzezinski en 2007.

Le vieux faucon américano-polonais savait de quoi il parlait. Il n'y a pas de retour en arrière possible.

Indépendance et protestations, la Corse s'enflamme-t-elle à nouveau ?

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Indépendance et protestations, la Corse s'enflamme-t-elle à nouveau ?

Par Tommaso Minotti

Source: https://osservatorioglobalizzazione.it/osservatorio/corsica-proteste/

Les nouvelles de Russie monopolisent à juste titre l'opinion publique mais ces derniers jours sont mouvementés dans le monde entier. Nous avions déjà couvert la renaissance encore embryonnaire de l'indépendance de la Corse, mais tout récemment, une nouvelle flambée, puissante, s'est produite. Le casus belli a été la tentative de meurtre perpétrée en prison contre l'indépendantiste corse, Yvan Colonna. La blessure grave subie par l'ancien membre du FLNC a déclenché des manifestations de rue dans toute la Corse. Les protestations ont été nombreuses et l'État central a eu du mal à reprendre le contrôle de la situation. 

Qui est Yvan Colonna, l'homme qui divise la Corse ?

Né le 7 avril 1960 à Ajaccio de Jean-Hugues Colonna, socialiste, et Cécile Riou, communiste, Colonna est entré en contact avec des cercles nationalistes proches du FLNC à la fin des années 1980. Les activités de Colonna pour les nationalistes corses, cependant, n'ont jamais été clairement établies. Sa propre participation au meurtre du préfet Erignac est un sujet de débat car il s'est toujours déclaré innocent. Erignac a été abattu de 21 balles alors qu'il se rendait à un concert de musique classique en février 1998. Il avait été nommé préfet de Corse un peu plus d'un an auparavant. Colonna purge une peine de prison à vie pour ce meurtre. Arrêté en 2003, après près de quatre ans de cavale, l'indépendantiste corse a été condamné à la prison à vie en 2007, une peine qui a été changée en 22 ans de prison en appel. L'appel a été annulé par la Cour de cassation, qui l'a renvoyé et a condamné définitivement Colonna à l'emprisonnement à vie.

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Le mercredi 2 mars, Colonna, détenu à la prison d'Arles, a été agressé par un détenu camerounais, Franck Elong Abé. Ce dernier serait un djihadiste, anciennement détenu dans les prisons afghanes. L'agression a été particulièrement macabre avec une tentative de strangulation qui a plongé Colonna dans le coma. Il est dans un état stable mais sérieux dans un hôpital de Marseille. Colonna avait demandé à plusieurs reprises une réconciliation avec l'État français, ce qui lui a toujours été refusé. En outre, il était particulièrement surveillé par la police pénitentiaire, ce qui a été la mèche qui a déclenché la bombe des manifestations.

Les protestations

La nouvelle de la tentative d'assassinat contre Yvan Colonna a indigné les Corses. De nombreuses bannières sont immédiatement apparues avec les mots "Statu francesu assassinu". La propre famille de Colonna a appelé à une mobilisation qui ne serait pas monopolisée par les nationalistes corses. En fait, Colonna avait toujours été un détenu spécial en prison et il semble très suspect qu'il puisse être attaqué de cette manière brutale sans que personne n'intervienne. Cette série de doutes a conduit de nombreux Corses à descendre dans la rue. Jeudi déjà, des manifestations ont eu lieu. Vendredi, 250 personnes se sont rassemblées devant la préfecture d'Ajaccio, scandant des chants indépendantistes et des slogans contre l'État français meurtrier. Un feu a également été allumé devant le bâtiment du gouvernement, sans conséquences. Le 4 mars également, le syndicat des travailleurs corses a empêché un navire de Corsica Ferries d'accoster sur l'île. Le bateau transportait des policiers envoyés en renfort sur l'île. L'objectif des indépendantistes a été partiellement atteint puisque certains gendarmes et leurs véhicules sont restés sur un bateau au quai. Dans la soirée, des membres du mouvement indépendantiste Corsica Libera ont brièvement bloqué un autre bateau qui voulait accoster à Bastia.

La Corse dans la tourmente

Il y avait également des implications politiques. Marine Le Pen était censée être en Corse le dimanche 6 mars pour un meeting électoral. Cependant, la candidate du Rassemblement national a préféré reporter sa visite, craignant des manifestations. Dimanche également, une manifestation avec des milliers de participants a eu lieu à Corte. Les affrontements devant la sous-préfecture ont été violents. La crainte de perdre le contrôle de la situation était bien présente au sein de l'exécutif français. L'arrivée du nouveau préfet en Corse, juste après la tentative de meurtre d'Yvan Colonna, a rendu la situation encore plus tendue. La situation ne s'est pas calmée le lundi 7 mars. Les manifestations de rue ont été suivies de grèves dans les lycées et les universités, signe que l'affaire Colonna a une forte emprise sur la population en général. En fait, ce sont précisément les étudiants qui ont été les protagonistes des affrontements de lundi à Bastia. Le lieu des manifestations est toujours le même : la préfecture, incarnation de l'État centraliste de Paris. Un garçon de 14 ans a été blessé à Ajaccio, mardi 8 mars, lors de nouvelles échauffourées avec la police. La soirée du 8 a été particulièrement explosive. Des affrontements et des arrestations ont eu lieu à Bastia.

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La police a fait un usage massif de grenades assourdissantes auxquelles les manifestants ont répondu par des cocktails Molotov. Macron a tenté d'apaiser la situation en retirant à Colonna son titre de "détenu particulièrement signalé" (DPS). Ce titre a empêché Colonna d'être transféré à la prison corse de Borgo, comme il l'avait demandé à plusieurs reprises, car il ne s'agissait pas d'un établissement de sécurité maximale.

L'épicentre des protestations est devenu Bastia avec des bombes à essence lancées sur les policiers. La gendarmerie, pour sa part, a blessé un garçon de 16 ans à la tête avec une balle en caoutchouc. Jean-Claude Benedetti, c'est son nom, a été emmené à Marseille pour y être opéré. Mercredi 9 mars, la situation était toujours explosive avec des manifestations et des affrontements à Ajaccio, Bastia et Calvi. Rien qu'à Bastia, il y a eu huit policiers blessés et 95 cocktails molotov lancés. Les gendarmes ont été contraints de battre en retraite. Mais le point culminant a été atteint à Ajaccio avec des manifestants entrant dans le Palais de Justice qui a été incendié. Jeudi 10, la scène la plus surréaliste a été vue à nouveau à Ajaccio où des manifestants ont volé une pelleteuse et l'ont utilisée pour détruire une succursale du Crédit Agricole. Au niveau politique, les organisations nationalistes se mobilisent et annoncent un programme unitaire avec trois objectifs principaux : justice pour Yvan Colonna, libération des prisonniers politiques et reconnaissance du peuple corse.  Les manifestations se sont poursuivies vendredi soir avec des incendies et des dévastations dans toute l'île : Cervione, Porto Vecchio, Ajaccio, Bastia, Aleria, Calvi, Corte, Olmeto et de nombreuses autres villes. 

Scénarios futurs

Quelles conclusions peut-on tirer des événements de ces derniers jours ? Tout d'abord, la prise de conscience que la France a toujours un problème avec la Corse. La renaissance partielle du FLNC et les énormes manifestations qui font toujours rage sur l'île méditerranéenne en sont la preuve. Ce qui doit inquiéter Paris, c'est la large participation populaire, pas seulement de type nationaliste. Yvan Colonna est devenu le symbole de nombreux étudiants et de personnes ordinaires. Autre élément d'angoisse, pour l'exécutif français, les revendications des groupes indépendantistes corses. Surtout, le dernier point, c'est-à-dire la reconnaissance du peuple corse, est assez nébuleux et peut signifier beaucoup de choses. L'incapacité de l'Etat central à initier un véritable processus de pacification doit être soulignée. L'intransigeance avec laquelle Colonna a été traité et la tentative d'assassinat qui a suivi ont rendu furieux de nombreux Corses. Cependant, il est difficile pour Paris d'accepter les demandes autonomistes. L'État français a choisi la voie du centralisme il y a des siècles et une ouverture à la Corse serait ressentie par le pouvoir hyper-centralisé comme contraire à la "loi de l'histoire" autant que risquée. La principale crainte est que la Corse passe des revendications autonomistes aux revendications indépendantistes, qui ne se sont jamais vraiment calmées. Il n'en reste pas moins que l'indépendance de la Corse a toujours une forte emprise sur la population et que la Corse elle-même pourrait devenir, ou l'est peut-être déjà, le ventre mou de la France.