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mercredi, 20 avril 2022

La démolition contrôlée de l'Occident

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La démolition contrôlée de l'Occident

Damjan Pirc

Source: http://www.elespiadigital.com/index.php/tribuna-libre/37402-2022-04-14-18-28-28

Le déclin de l'Occident se produit sous nos yeux, en ce moment même, mais il sera dévastateur pour bien plus de lieux que l'Occident lui-même. Ne vous méprenez pas, ce qui se passe est une démolition contrôlée conçue par l'élite. La dernière fois (bien sûr, ce n'est qu'un bref rappel de l'histoire) que nous avons vu quelque chose de similaire, c'était à la fin de l'Empire britannique et lors de la montée des États-Unis.

Par exemple, lorsque la République de Venise était en déclin, l'élite s'est simplement déplacée vers le nord, à Amsterdam, dans certaines parties de l'Allemagne actuelle et dans ce qu'on appelle la City de Londres. Ils n'avaient pas besoin de défendre le territoire dans lequel ils vivaient. Ainsi, lorsqu'une place n'a plus le contrôle des principales routes commerciales, elle devient inutile pour l'élite. Lorsque la "découverte" de l'Amérique a rendu la République de Venise obsolète (elle ne pouvait plus contrôler les routes les plus importantes du commerce/du pillage), l'élite vénitienne a alors déménagé à Amsterdam. Et vers la City de Londres, qui est devenue le noyau de l'empire britannique qui a longtemps eu le contrôle des routes commerciales du monde. Et lorsque l'Empire britannique est devenu obsolète, l'élite s'est déplacée aux États-Unis, qui sont devenus une superpuissance mondiale. Et les États-Unis ont très bien joué le rôle de puissance hégémonique mondiale. Mais comme on dit, toutes les choses ont une fin à un moment donné et nous y sommes.

Ainsi, lorsque la Belt & Road Initiative de la Chine est entrée en jeu, les voies maritimes américaines contrôlables n'étaient soudain plus les lignes majeures de la vie commerciale/économique (ou du moins n'étaient plus les plus importantes) pour le commerce mondial. Nous pouvons ajouter ici au moins la Route de la soie polaire, le projet ferroviaire PAKAFUZ, le NSTC (North-South Transport Corridor)... qui ne peuvent plus être contrôlés par les États-Unis et leurs alliés. Cela signifie que l'élite n'a plus besoin des États-Unis et que quelque chose de nouveau doit remplacer les States pour que l'élite reste aux commandes. Pour conserver ce contrôle qui était en jeu au cours des dernières décennies, le prix à payer était énorme. Que ce soit sous la forme de vies humaines à travers les guerres, ou de dettes accumulées qui ne peuvent plus être cachées, et encore moins remboursées. Et surtout maintenant, alors que le pétrodollar perd à son tour le contrôle des flux, les options sont de plus en plus rares. Mais cela ne signifie pas que les États-Unis ou l'Occident sont finis pour de bon. Cela signifie simplement que les gens ordinaires de l'Ouest seront coincés avec beaucoup de dettes et de chaos. L'élite (par élite, j'entends quelques familles qui contrôlent l'humanité non seulement financièrement, mais qui essaient aussi de contrôler notre évolution mentale) a un nouveau plan. Ils n'ont plus besoin de grands États, encore moins d'États souverains, mais de petites entités facilement contrôlables.

Pour y parvenir, ils doivent balkaniser les régions. Mais pas seulement la balkanisation de l'Europe de l'Est, des Balkans, de l'Asie centrale, du Moyen-Orient... Mais aussi la balkanisation des États-Unis et de l'UE. Les États d'aujourd'hui ne sont plus durables ni même nécessaires. L'époque où des armées massives ou de grandes flottes navales étaient nécessaires est révolue. Ma prédiction est donc que nous verrons les États-Unis s'effondrer. Lentement mais sûrement, certaines parties des États-Unis (notamment la Floride, le Texas...) vont s'effondrer. Les cercles de l'élite travaillent à établir l'infrastructure de base pour ce scénario. Le fossé entre les États américains va devenir de plus en plus grand et ce n'est pas une coïncidence.

Cependant, il s'agit d'une démarche délibérée de l'élite pour poursuivre le processus d'installation du "Nouvel Ordre Mondiale" qui se situera essentiellement dans le cyberespace, dans l'espace..... Et elle ne sera pas gérée par des États, mais par des entreprises privées et par des personnes qui ne connaissent aucune allégeance étatique, de sorte qu'elles peuvent facilement se déplacer dans d'autres parties du monde. Ne laissant derrière elle que destruction et dettes. Pour cela, ils ont besoin de balkaniser le monde face à des pays qui restent encore nationaux et souverains et qui seront posés comme les principaux ennemis. Pour y parvenir, ils sont prêts à tout, si nécessaire, ils tueront la moitié de l'humanité. C'est un jeu ancien et ils sont passés maîtres dans l'art de le jouer.

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samedi, 12 mars 2022

L'Europe suspendue entre l'être et le non-être : est-ce une patrie commune ou un cadavre atlantique ?

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L'Europe suspendue entre l'être et le non-être: est-ce une patrie commune ou un cadavre atlantique?

par Luigi Tedeschi

Source : Italicum & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/l-europa-sospesa-tra-essere-e-non-essere-e-una-patria-comune-o-un-cadavere-atlantico

L'avènement du multilatéralisme dans la géopolitique mondiale place l'Europe devant un dilemme existentiel entre: être une patrie commune ou ne pas être un cadavre atlantique. L'histoire impose parfois des choix cruciaux et inéluctables.

La nécessaire neutralité de l'Ukraine

La guerre en Ukraine a des origines lointaines. Elle est le résultat de tensions de longue date qui ont explosé en raison de l'ineptie européenne et de la politique expansionniste de l'OTAN, qui ont empêché l'existence d'un équilibre stable entre la Russie et l'Occident. Avec l'effondrement de l'URSS et l'indépendance des républiques d'Europe de l'Est qui faisaient déjà partie de l'ancien empire soviétique, la logique de partition déjà éprouvée à Versailles en 1919 avec le démembrement des empires centraux s'est reproduite. L'Europe était en fait fragmentée en de nombreux États, souvent artificiels, et de nombreux peuples, très différents sinon hostiles les uns aux autres, étaient contraints de vivre ensemble. Comme on le sait, Versailles a jeté les bases de la Seconde Guerre mondiale.

L'ouest de l'Ukraine est peuplé de catholiques ukrainophones qui veulent être intégrés à l'Europe, tandis que l'est est habité par une population majoritairement orthodoxe et russophone qui s'identifie à la Russie. Pour Kissinger, l'indépendance de l'Ukraine était un facteur d'instabilité politique potentielle. Soljénitsyne, qui considérait que l'Ukraine faisait partie intégrante de l'histoire et de l'identité russes, s'y opposait. Une réconciliation pacifique entre les deux âmes de l'Ukraine s'est avérée impossible, en raison de l'expansion progressive de l'OTAN à l'est, qui envisageait l'intégration de l'Ukraine à l'Ouest en hostilité ouverte avec la Russie, qui, elle, voyait sa sécurité menacée. Le coup d'État pro-occidental de Maidan en 2014 en est une preuve objective.

Il était possible de parvenir à un équilibre géopolitique qui empêcherait cette guerre d'éclater : la médiation européenne aurait pu favoriser l'entrée de l'Ukraine dans l'UE, à condition qu'elle ne rejoigne pas l'OTAN. Une telle perspective aurait impliqué une rupture entre l'Europe et l'Alliance atlantique. Mais l'Europe n'est pas une entité géopolitique indépendante ; au contraire, elle ne trouve son unité que dans le contexte atlantique.

En effet, l'Ukraine est déjà associée à l'UE depuis 2017 et a bénéficié d'un financement européen de plus de 5 milliards, en plus des 1,2 milliard déboursés récemment. Par ailleurs, les accords de Minsk de 2014 (jamais respectés par l'Ukraine), entre la Russie et l'Ukraine, qui prévoyaient l'autonomie des républiques russophones du Donbass, ramenées à la souveraineté ukrainienne, ont été signés sous les auspices de l'OCDE. Afin d'éviter un conflit russo-ukrainien, l'Europe pourrait exiger que la partie ukrainienne les respecte. Mais l'Europe a brillé par son ignorance coupable.

Cette guerre entraînera une redéfinition des frontières entre l'Occident et la Russie, évoquant un retour au rideau de fer qui a marqué l'époque de la guerre froide. Mais les similitudes sont plus apparentes que réelles. Pendant la guerre froide, deux puissances mondiales, les États-Unis et l'URSS, se sont affrontées en tant que systèmes idéologiques, politiques et économiques alternatifs, entre lesquels les affrontements (jamais directs) alternaient avec les négociations. Aujourd'hui, les États-Unis et la Russie sont tous deux des puissances capitalistes. Les Américains ne reconnaissent pas le statut de puissance mondiale de la Russie et ne concluent donc pas d'accords avec Poutine, qui n'est pas considéré comme un partenaire égal. Avec la dissolution de l'URSS et la dissolution du Pacte de Varsovie, l'OTAN, en tant qu'alliance de défense de l'Occident contre la menace soviétique, aurait également dû être liquidée. L'expansion dans les pays d'Europe de l'Est et les guerres "humanitaires" menées par l'OTAN sur une période de 30 ans ont réfuté la nature défensive de l'Alliance atlantique. Il faut également considérer que l'OTAN a été fondée en 1949, tandis que le Pacte de Varsovie a vu le jour en 1955. Donc, entre les États-Unis et l'URSS, qui a dû se défendre contre qui ? La nature agressive de l'OTAN n'était-elle pas génétique ?

Cette guerre aurait pu être évitée si la nécessaire neutralité de l'Ukraine avait été reconnue. La stabilité et la sécurité de la région ne peuvent être garanties que par la neutralité ukrainienne, comme l'a observé Henry Kissinger : "Trop souvent, la question ukrainienne se présente comme une épreuve de force : l'Ukraine choisit-elle de rejoindre l'Est ou l'Ouest ? Mais si l'objectif de l'Ukraine est de survivre et de prospérer, elle ne peut être l'avant-poste de deux factions qui se combattent - elle doit être un pont." Kissinger, en 2014, était également un prophète facile lorsqu'il a déclaré qu'en l'absence d'une politique de réconciliation, "la dérive vers le conflit va s'accélérer, et à ce rythme, elle se produira assez rapidement". 

L'Amérique, une puissance en crise entre pacifisme et russophobie

Cette guerre a éclaté parce qu'elle a été déclenchée par le désir de la Russie de sauvegarder sa sécurité et de contrer l'avancée de l'OTAN à l'est et par le désir des États-Unis d'éradiquer toute relation entre l'Europe et la Russie et de réaffirmer ainsi leur domination sur l'Europe elle-même. Les États-Unis ont en fait facilité l'invasion russe en déclarant leur réticence à s'engager dans une intervention militaire directe et en refusant tout accord avec Poutine. L'Amérique de Biden est pacifiste. Les divisions au sein de la société américaine ont eu pour effet de paralyser la politique étrangère américaine. L'aile libérale de la côte américaine ne veut pas la guerre pour des raisons pacifistes-idéologiques, pas plus que la population intérieure, patriotique par nature mais désormais fatiguée et désabusée par la succession des défaites américaines dans le monde.

L'Occident veut donc contrer la Russie avec l'arme des sanctions. Avec l'éviction de la Russie du système de paiement rapide et l'embargo économique, elle veut provoquer l'implosion financière de la Russie, avec le défaut de paiement russe associé. Mais la Russie est déjà sous le coup de sanctions depuis 2014. L'arme des sanctions provoque nécessairement des représailles et s'est toujours révélée inefficace. Au contraire, les sanctions politiques renforcent la cohésion interne des nations et encouragent la production de biens pour remplacer les produits étrangers qui ne sont plus importés. En outre, la Russie a été bien équipée au fil des ans pour faire face à de telles éventualités. Devenue économiquement vulnérable lors de la crise de 2014, la Russie a adopté ses propres contre-mesures. Depuis 2016, l'économie russe a enregistré une croissance annuelle du PIB de plus de 4 %, augmenté ses réserves de 631 milliards de dollars, principalement en devises autres que le dollar, contre une dette de 350 milliards de dollars, augmenté ses réserves d'or de 196 %, réalisé d'importants investissements dans le numérique, et le commerce avec la Chine s'élève désormais à 140 milliards de dollars, avec l'objectif d'atteindre 200 milliards de dollars.

Les sanctions ont évidemment aussi un impact majeur sur l'Occident, étant donné l'interdépendance des marchés mondiaux. L'Europe dépend du gaz russe pour 40 % de ses besoins et, puisque les approvisionnements de Gazprom ont été exclus des sanctions, paradoxalement, l'UE finance indirectement les dépenses militaires russes pour l'invasion de l'Ukraine avec les revenus de l'énergie. Alors que la bourse russe a été fermée pour cause de baisse excessive et que le rouble est à son plus bas niveau historique, les marchés européens ont enregistré des pertes de plus de 20 % depuis janvier. Standard & Poor's a rétrogradé la dette publique de la Russie au statut de "junk", mais cette dette ne représente que 20 % du PIB. La crise énergétique, avec des prix du gaz et du pétrole à des niveaux records et une inflation galopante, ainsi que la hausse des prix des matières premières, causent des dommages importants à l'économie européenne. Par le biais de sanctions, l'Occident veut amener la Russie à faire défaut, mais toute implosion russe impliquerait aussitôt l'Europe, étant donné l'exposition du système bancaire européen à la Russie (l'Italie seule est exposée pour plus de 25 milliards), et le blocage des flux commerciaux avec la Russie elle-même. Pour l'Europe, les dommages causés par les mesures de sanction sont encore incalculables.

L'expansion progressive de l'OTAN en Eurasie occidentale est conforme à une stratégie américaine bien connue, poursuivie depuis 1991. La pénétration de l'Atlantisme en Eurasie entraînerait la déstabilisation de la Russie. Les guerres qui ont déjà éclaté en Géorgie et en Tchétchénie, ainsi que la révolution colorée en Ukraine, sont des événements fonctionnels à une stratégie globale : la décomposition de la Russie en de nombreux petits États et leur insertion dans le contexte de l'OTAN, avec l'exploitation indiscriminée de leurs ressources, sous l'égide de la domination américaine.

L'objectif est de reproduire en Russie la stratégie qui a conduit à la fragmentation de l'ex-Yougoslavie (qui a également été expérimentée sans succès au Moyen-Orient). Mais quelqu'un a-t-il prévenu Biden et son équipe que la Russie n'est pas comparable à la Yougoslavie ? Le défaut de paiement et la déstabilisation économique de la Russie devraient être suivis d'une déstabilisation politique, avec la défenestration de Poutine par un complot ourdi par les oligarques russes sanctionnés. Mais les États-Unis, qui ont été incapables de faire tomber Saddam, Assad ou Milosevic, pourront-ils un jour faire tomber Poutine et avec lui tout l'appareil politique et militaire russe ?

À l'ONU, la résolution condamnant la Russie, outre l'unité des talibans européens pro-OTAN et son approbation par 141 voix, a enregistré 35 abstentions et 5 voix contre. Parmi les abstentions figurent la Chine, l'Inde, l'ensemble du monde islamique (à l'exception du Qatar et du Koweït), l'Afrique du Sud, le Brésil, le Mexique et le Congo. Il est donc nécessaire de réfléchir à l'importance économique et géopolitique de ces pays (qui, par ailleurs, détiennent une grande partie des matières premières mondiales et représentent la moitié de la population mondiale). La Turquie elle-même n'appliquera pas de sanctions à la Russie et Israël s'est déclaré prêt à jouer un rôle de médiateur dans le conflit : les intérêts d'Israël ne coïncident manifestement pas toujours avec ceux des Américains. Le front abstentionniste est donc hostile à l'Occident et constitue une démonstration tangible que la Russie n'est nullement isolée dans le contexte géopolitique mondial. La politique de l'Occident américain est inspirée par une profonde russophobie, qui conduira à l'isolement de l'Occident lui-même et à sa réduction géopolitique.

La politique expansive de l'OTAN a favorisé la création d'un partenariat russo-chinois qui pourrait devenir stratégique. La Chine a adopté une politique d'attention prudente dans le conflit russo-ukrainien. La Chine est le premier partenaire commercial de l'Ukraine, mais il faut surtout noter que 90 % du commerce de l'Europe avec la Chine passe par la Russie et l'Asie centrale. Cette guerre pourrait être un coup mortel pour l'économie européenne. Mais le plus important est que l'intensification des relations économiques et politiques de la Chine, de l'Inde et du monde islamique avec la Russie entraînerait une contraction drastique de la zone dollar, qui a jusqu'à présent dominé le commerce mondial. Et, à cet égard, on peut s'interroger : mais l'euro n'a-t-il pas été créé comme monnaie alternative au dollar afin de libérer l'Europe de la tyrannie financière américaine ? Cependant, des changements systémiques dans l'économie mondiale nous attendent.

L'Europe sortira-t-elle de son hibernation historique ?

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec les accords de Yalta et de Potsdam, l'Europe est divisée en deux zones d'influence : l'américaine à l'ouest et la soviétique à l'est. Alors que l'Europe de l'Est a souffert de l'occupation soviétique et de ses régimes totalitaires, l'Europe occidentale a accepté la domination américaine avec un large consentement. Le régime pro-américain de souveraineté limitée a ensuite été étendu, après 1989, aux pays de l'ancien bloc soviétique et s'est étendu à l'UE elle-même, au point de déterminer une identification parfaite entre l'Europe et l'OTAN.

L'Europe a ainsi renoncé à son indépendance et à un rôle puissant dans le contexte géopolitique mondial. Le statut de l'Europe est comparable à celui d'un colonialisme consentant, c'est-à-dire un groupe de pays économiquement avancés, à la prospérité généralisée, mais politiquement aseptisés, culturellement américanistes, dépourvus de pouvoir de décision et de responsabilité en matière de défense et de politique internationale, délégués aux États-Unis. Ce statut colonial, perpétué jusqu'à ce jour, a représenté la sortie de l'Europe de l'histoire.

Ce modèle socio-politique, qui a présidé à la fondation de l'UE elle-même, trouve sa pleine réalisation en Allemagne, qui, en vertu de sa suprématie économique continentale, l'a imposé à l'ensemble de l'Europe. Depuis 70 ans, l'Allemagne vit dans la dimension de la post-histoire. Le diplomate allemand Thomas Bagger a effectivement déclaré que "la fin de l'histoire était une idée américaine, mais une réalité allemande". Dans un article paru dans Limes, Ulrike Franke affirme que, pour la génération des millennials allemands, l'histoire est un récit d'événements passés, et non un processus dynamique en constante évolution. L'oubli de la mémoire historique a condamné les nouvelles générations à vivre dans une dimension existentielle absorbée par l'éternel présent. Il s'agit d'une dimension nihiliste, qui implique l'impossibilité de concevoir des réalités historiques et des horizons futurs comme des alternatives à celle-ci. Le progrès, le bien-être, le cosmopolitisme libéral pacifiste et le marché mondial sont les traits distinctifs d'un modèle économique et social occidental post-historique, qui a néanmoins généré dans la génération post-1989 l'idée de vivre dans le meilleur des mondes possibles.

Ulrike Franke dit : "Et la fin de l'histoire a pris notre avenir. Après tout, nous savions tous comment cela allait se terminer. La politique est devenue ennuyeuse - une activité administrative plutôt qu'une compétition idéologique. Et cela peut aussi nous aider à comprendre pourquoi tous les partis allemands prétendent toujours être du centre. Il semble qu'il ne soit pas nécessaire de penser stratégiquement à l'avenir. Une telle vision ahistorique de la réalité a été transmise à l'ensemble de l'Europe, qui est devenue un continent dépourvu de toute identité culturelle et sans aucune perspective d'avenir".

L'avènement de la post-histoire est lié à une époque où la souveraineté politique de l'Europe était dévolue au protectorat atlantique. L'UE elle-même a été créée en tant qu'organe supranational intégré à l'OTAN à l'extérieur et en tant que structure financière qui a établi un système économique d'extrême compétitivité entre les États à l'intérieur. L'UE n'a pas favorisé le développement et l'émancipation, mais a créé un système de domination économique de l'Allemagne et de ses satellites dans lequel la croissance allemande s'est accompagnée d'une dépression dans les pays du sud. Mais aujourd'hui, l'Europe est confrontée à un ordre géopolitique considérablement modifié. Les États-Unis poursuivent des objectifs qui ne sont pas compatibles, voire conflictuels, avec l'Europe.

Les États-Unis, qui se sont engagés à contenir la Russie et la Chine, n'ont plus l'intention de soutenir les dépenses militaires pour la défense des pays européens, qui sont tenus de consacrer 2 % de leur PIB à l'armement. L'objectif géopolitique poursuivi par les Américains n'est en fait pas la défense de l'Ukraine contre l'invasion russe, mais la restauration de leur domination politique absolue dans l'espace européen, en rompant les relations entre l'Europe et la Russie et en interrompant les flux commerciaux entre l'Europe et la Chine. Une Europe, dévastée par la crise économique provoquée par l'urgence énergétique et réduite dans son rôle de puissance économique dans le monde (surtout en ce qui concerne ses exportations vers les USA), pourrait être réduite à une condition de subordination totale aux USA. Les États-Unis pourraient alors imposer à l'Europe un traité de libre-échange transatlantique capricieux, semblable au tristement célèbre TTIP.

Le retrait américain d'Afghanistan a entraîné un changement substantiel de la stratégie géopolitique américaine. La politique étrangère de Biden, dans la continuité de celle d'Obama et de Trump, n'envisage pas d'interventions militaires dans le monde, sauf si les intérêts américains sont directement menacés. Par conséquent, des déploiements politico-militaires de dimension continentale ont été mis en place pour sauvegarder les zones d'influence de l'Amérique dans le monde. Dans le cadre de cette nouvelle stratégie géopolitique américaine, à travers le pacte abrahamique, la nouvelle OTAN du Moyen-Orient a été établie, dirigée par Israël et avec la participation de nombreux pays arabes. Et aussi l'AUKUS, qui est une alliance militaire dans la zone Indo-Pacifique qui vise à contenir la puissance chinoise. La décision de l'Allemagne d'allouer 100 milliards d'euros aux dépenses d'armement doit être interprétée de la même manière. Jusqu'à hier, le réarmement allemand aurait suscité l'inquiétude de tout l'Occident. L'Europe, sous la direction de l'Allemagne, devrait devenir une puissance continentale au sein de l'OTAN dans une fonction anti-russe. Mais il semble hautement improbable que la société allemande accepte de mourir pour l'Ukraine, comme la société japonaise le ferait pour Taïwan.

La phase post-historique de l'Europe touche donc à sa fin. Une perpétuation de l'hibernation historique de l'Europe est inconcevable. Nous devons occuper une place dans une histoire en constante évolution, sinon l'histoire elle-même s'occupera de nous, c'est-à-dire que d'autres décideront pour nous en fonction de leurs propres intérêts. Et dans notre cas, ce seront les Américains qui décideront.

L'Europe à la croisée des chemins entre multilatéralisme et abandon de l'histoire

Le conflit entre Poutine et l'Occident a pris la dimension d'une opposition d'époque de nature historico-idéologique. Depuis la crise de 2014, la réaction de Poutine au tournant pro-occidental en Ukraine a été interprétée par le courant dominant officiel comme la renaissance d'une conception de la politique du XIXe siècle, qui a été reproposée à travers la résurrection du nationalisme russe comme une réaction à une Russie assiégée et visant à défendre ses frontières et à sauvegarder son indépendance nationale. Ces concepts étaient considérés par l'intelligentsia libérale comme relégués à des époques historiques dépassées. Poutine est donc considéré comme un leader anti-historique.

Cependant, nous voyons dans le conflit ukrainien une opposition géopolitique et un affrontement idéologique, qui avaient déjà émergé dans l'histoire récente. L'Occident est dominé par un système néolibéral et une culture postmoderne qui postulent l'individualisme absolu, les droits de l'homme, la primauté de l'économie sur la politique, l'éradication des cultures identitaires et la dissolution des États. Ainsi, le conflit entre l'Occident et la Russie, selon l'idéologie libérale, est interprété comme le choc entre liberté et répression, progrès et réaction, démocratie et autocratie, laïcité et obscurantisme.

L'émergence de nouvelles puissances continentales telles que la Russie, la Chine, l'Inde, l'Iran et d'autres puissances mineures, qui revendiquent au contraire leur propre identité nationale, la valeur de la patrie en tant que destin commun des peuples, leurs racines historiques et culturelles, a mis en évidence depuis longtemps le déclin de l'idéologie libérale comme seul canon d'interprétation de la réalité dans une clé post-historique, individualiste et progressiste. La défense des droits de l'homme et l'imposition du système libéral-démocratique au niveau mondial constituent donc les valeurs en vertu desquelles l'Occident revendique sa suprématie morale dans le monde. Ces principes constituent la légitimation idéologique du "Nouvel Ordre Mondial". Les conflits qui ont eu lieu au cours des dernières décennies démentent les hypothèses idéologiques sur lesquelles repose le "Nouvel Ordre".  C'est ce que dit Alberto Negri dans son article dans "Il Manifesto" du 13/02/2022 : "Cette fois, l'atlantisme est nu. Comme le roi" : "Quel "ordre" libéral les États-Unis et l'OTAN préconisent-ils? Celle qui a incité Washington à utiliser les djihadistes contre l'URSS dans les années 1980? Celle de l'Afghanistan 2021? L'"ordre" de l'intervention fabriquée en Irak en 2003? L'"ordre" de la guerre en Libye en 2011, dont les désastres sont encore sous nos yeux?

L'"ordre" américain qui nous a valu des attaques en Europe et des millions de migrants traités comme des objets et repoussés dans le désespoir, tout en nous privant des ressources énergétiques de nos voisins? L'"ordre" de la Turquie, un pays de l'OTAN utile pour massacrer les Kurdes sous le sultan Erdogan? L'"ordre" qui réduit au silence et efface les Palestiniens?

Les Américains et les atlantistes s'arrogent le droit de décider de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, s'accrochant à des principes d'autodétermination des peuples qu'ils sont les premiers à violer.

Prenez la Syrie : pendant des années, Washington et Bruxelles ont déclaré que "Assad devait partir", mais pour le déstabiliser, ils ont encouragé Erdogan à envoyer des milliers d'égorgeurs djihadistes de l'autre côté de la frontière. Ils ont demandé à la Syrie de rompre ses liens avec l'Iran, puis la Russie, alliée historique de Damas, est intervenue.

Que voulait l'Occident, peut-être le bien des Syriens, toujours maintenus sous un embargo dramatique? Que voulaient les Américains de l'Afghanistan? Pour se venger du 11 septembre 2001, comme Biden l'a lui-même admis? Eh bien, après avoir tué Ben Laden, ils auraient pu partir, mais ils sont restés et ont tué plus de civils que les talibans, à qui ils ont rendu le pays, et maintenant ils se vengent sur la population en gelant les fonds afghans et en entravant l'acheminement de l'aide humanitaire.

L'unilatéralisme américain a généré de nouveaux conflits dans le monde entier entre les États dominés par le néolibéralisme et les États dominés par la souveraineté, entre les gagnants et les perdants de la mondialisation, entre l'Occident post-moderniste et l'Orient traditionaliste. Ce conflit irréductible est également présent au sein de la société occidentale. Les classes dominantes sont idéologiquement libérales et mondialistes, les classes subalternes revendiquent les valeurs communautaires, l'État-providence, les cultures identitaires.

Le monde occidental s'est révélé anti-historique dans la mesure où il n'a pas su comprendre l'esprit de notre époque, dans laquelle un nouvel ordre multipolaire émerge dans la géopolitique mondiale. Et c'est la cause du déclin progressif de l'unilatéralisme américain.

Nous sommes au seuil d'un tournant historique, annoncé prophétiquement par Alexandre Douguine dans son ouvrage La quatrième théorie politique: "La seule alternative plausible, aujourd'hui, se trouve dans le contexte d'un monde multipolaire. Le multipolarisme peut garantir à chaque pays et civilisation de la planète le droit et la liberté de développer son propre potentiel, de s'organiser intérieurement selon l'identité de sa culture et de son peuple, de fournir une base acceptable pour un système de relations internationales justes et équilibrées entre les nations du monde. La multipolarité doit être fondée sur le principe d'équité entre les différentes organisations politiques, sociales et économiques des diverses nations. Le progrès technologique et l'ouverture croissante doivent favoriser le dialogue entre les peuples et les nations et leur prospérité, mais ne doivent pas pour autant mettre en péril leur identité. Les différences entre les civilisations ne doivent pas nécessairement culminer dans un affrontement inévitable - contrairement à ce que pensent de manière simpliste certains auteurs américains. Le dialogue - ou plutôt le polylogue - est une possibilité réaliste que nous devrions tous explorer.

L'avènement du multilatéralisme dans la géopolitique mondiale place l'Europe devant un dilemme existentiel entre être une patrie commune ou ne pas être un cadavre atlantique. L'histoire impose parfois des choix cruciaux et inéluctables. 

lundi, 07 mars 2022

Construction d'un État totalitaire en Occident

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Construction d'un État totalitaire en Occident

Par Marcelo Ramirez*

Source: KontraInfo (26 décembre 2021) - https://kontrainfo.com/la-construccion-de-un-estado-totalitario-en-occidente-por-marcelo-ramirez/

Les initiatives que la Russie a proposées aux États-Unis et à l'OTAN ont commencé à se révéler. Selon Moscow Today, Vladimir Poutine a donné à l'organisation atlantique un délai de 30 jours pour sa réponse : si la réponse est négative ou s'il n'y a que du silence, la Russie commencera à agir en fonction de ses besoins.

La nouvelle attitude de la Russie est une réponse au fait qu'elle semble avoir achevé la période nécessaire pour réajuster ses structures économiques et militaires, les moderniser et définir les cadres d'alliance appropriés afin de ne pas être isolée face à la menace occidentale.

Il en va de même pour la Chine, qui a subi une série de menaces et de pressions, notamment l'annonce de la création de l'alliance AUKUS (avec le Royaume-Uni et l'Australie), qui vise à équiper un pays non nucléaire de sous-marins à propulsion nucléaire. À cela s'ajoutent de nouvelles actions économiques qui visent à menacer la souveraineté chinoise sur les micropuces, comme cela s'est produit avec la Manufacturing International Corporation, ce qui a conduit Pékin à annoncer l'unification en une seule société d'État des entreprises impliquées dans l'exploitation des composants essentiels à l'électronique connus sous le nom de terres rares.

La situation tendue s'est accrue de façon exponentielle depuis les événements en Ukraine, lorsque le gouvernement de Kiev a commencé son offensive contre les territoires russophones du Donbass et a même menacé de reprendre par la force la péninsule de Crimée, désormais partie intégrante du territoire russe. Volodomir Zelenski, le président ukrainien, a implicitement soutenu l'OTAN dans son aventure guerrière et commence à bouter le feu à la région en impliquant des pays tiers comme le Belarus et la Pologne.

En réponse, la Russie a tracé ses lignes rouges et a fait connaître à Washington ses intentions de signer un accord pour éviter que l'escalade des tensions à laquelle nous assistons ne dégénère en une confrontation ouverte. De cette manière, Moscou offre à l'OTAN des garanties de sécurité et de non-recours à la force, garantissant par écrit qu'elle cherchera à apaiser les différends en s'abstenant de recourir à la force. Le document russe stipule que "les participants s'engagent à résoudre tous les différends internationaux dans le cadre des relations bilatérales de manière pacifique et à s'abstenir de tout recours ou menace de recours à la force d'une manière incompatible avec les objectifs des Nations Unies".

Le gouvernement de Poutine avertit que les participants doivent éviter les exercices et autres activités militaires à grande échelle près de la frontière russe, et ne pas mener d'activités de cette nature sur le territoire de l'Ukraine et d'autres États d'Europe de l'Est, de Transcaucasie et d'Asie centrale. Un point important concerne le rejet du déploiement de missiles à courte et moyenne portée capables d'atteindre le territoire ennemi, déploiement qu'il faut empêcher, selon Moscou. La Russie propose ensuite de créer des lignes téléphoniques d'urgence dignes de la guerre froide, ainsi que de travailler ensemble pour prévenir d'éventuels incidents maritimes ou aériens dans la mer Noire ou la mer Baltique.

La pièce maîtresse de la proposition russe est que l'OTAN s'engage à mettre fin à l'élargissement du bloc et à ne pas autoriser l'Ukraine, la Géorgie et d'autres pays qui ont fait partie de l'Union soviétique dans le passé à adhérer. Pour éviter que le conflit ne dégénère en conflit nucléaire, le gouvernement propose d'empêcher tout déploiement d'armes nucléaires sur un territoire qui n'est pas celui du détenteur même de ces armes, ce qui permettrait d'obtenir une plus grande sécurité entre les acteurs.

"Les parties élimineront également les infrastructures existantes pour le déploiement d'armes nucléaires en dehors de leur territoire". Dans cette section, il est établi qu'aucun personnel militaire ou civil de pays non nucléaires ne doit être formé à l'utilisation d'armes atomiques ou effectuer des manœuvres visant à l'utilisation d'armes nucléaires, ce qui heurte de front le projet AUKUS susmentionné.

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Enfin, l'accord invite également les États-Unis à ne pas élargir l'OTAN et à renoncer à la création de bases militaires ou à l'utilisation d'infrastructures militaires dans les anciens pays soviétiques qui n'ont pas encore adhéré. Le silence des États-Unis et de l'OTAN a d'abord été suivi de signaux peu optimistes quant à la possibilité d'un accord. Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a finalement rompu le silence pour dire que son organisation avait reçu le projet de garanties de sécurité de la Russie, et que tout dialogue devait prendre en considération le point de vue de l'Ukraine, ajoutant qu'un cycle de consultations avec ses partenaires européens serait nécessaire pour une détermination finale.

Le 15 décembre, au cours d'une réunion entre le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Ryabkov, et la sous-secrétaire d'État américaine aux Affaires européennes et eurasiennes, Karen Donfried, la Russie a officiellement remis aux États-Unis le texte de l'accord susmentionné. D'autres affirmations attestant que l'OTAN a décidé de s'étendre davantage laissent peu de place à l'optimisme.

Lors d'une rencontre ultérieure entre Stoltenberg lui-même et le président ukrainien, il a été réaffirmé que l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord poursuivra son expansion vers l'est, rappelant que la Macédoine du Nord et le Monténégro ont été invités à rejoindre l'organisation. À cette occasion, il a également été réaffirmé que l'OTAN continuera à approfondir la coopération technique et la livraison d'équipements militaires à l'Ukraine, approfondissant ainsi la coopération entre l'alliance et ce pays, notamment en mer Noire et en mer d'Azov, les zones les plus sensibles pour la Russie en ce moment.

De cette manière, l'Occident, dirigé par le monde anglo-saxon, semble déterminé à ignorer les appels à la paix, un signe très inquiétant qui s'ajoute à d'autres signaux parallèles qui indiquent la construction d'un État totalitaire. Il convient de noter que Biden a appelé à un sommet sur la démocratie entre le 10 et le 19 décembre. Nous voyons alors simultanément comment les principaux pays qui constituent l'axe de ce nouveau secteur "démocratique" qui se met en place pour faire face au monde multipolaire dirigé par la Chine et la Russie, violent de jour en jour de plus en plus de libertés avec des excuses différentes.

Si l'émergence d'une pandémie suite à l'apparition d'un virus dont les origines sont suspectes et la létalité extrêmement faible a été l'occasion pour les gouvernements d'installer une série de mesures de blocage qui ont pulvérisé l'économie mondiale en brisant les chaînes de valeur, la nouvelle souche omicron semble être taillée sur mesure pour approfondir ces politiques. L'Occident adopte des mesures de contrôle des citoyens plus sévères que les mesures très critiquées appliquée par la Chine, et ce dans des sociétés qui n'ont pas, dans leurs gènes, la pensée confucianiste orientale qui insiste sur la hiérarchie et sur l'obéissance sociale.

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La rhétorique sanitaire apocalyptique des médias soutenue par les médias sociaux pour créer - selon les mots du médecin sud-africain qui a découvert la nouvelle variante du virus - une "névrose en Occident", le contraste est énorme entre les déclarations de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, et celles du Dr. Angelique Coetzee, présidente de l'Association médicale sud-africaine, qui a déclaré que "ce que nous voyons maintenant en Afrique du Sud, et rappelez-vous que je suis à l'épicentre, est extrêmement bénin", ajoutant "nous n'avons encore hospitalisé personne. J'ai parlé à d'autres collègues et le tableau est le même". En revanche, von der Leyden a rapidement tiré la sonnette d'alarme, exagérant le danger et faisant chuter les marchés boursiers, affirmant que la variante omicron était une "course contre la montre" tout en exhortant à "se préparer au pire".

Un amour désintéressé pour l'humanité ? Peut-être pas quand on sait qui elle est d'après son passé. Ursula von der Leyen, dont le vrai nom de famille est Albrecht, est marié à Heiko von der Leyen qui est le directeur médical d'Orgenesis, une société liée à Pfizer et GlaxoSmithKline (GSK) et faisant partie de l'initiative Bioshield. Ursula von der Leyen est une alliée politique de Merkel, qui a promu l'abrogation du code de Nuremberg, établi naguère pour empêcher la répétition d'"études" scientifiques telles que celles menées par Josef Menguele au temps du nazisme. L'abrogation ouvrirait la voie à l'obligation de deux doses pour les citoyens de l'UE, qui pourrait passer à trois, ou qui sait à combien, dans l'avenir.

Le contrat de fourniture de vaccins n'est pas gratuit ; le contrat est estimé à 36 milliards d'euros et à 20 dollars la dose, ce qui rapporte à Ursula, ou à son mari, quelque 760 millions (2 %) de commissions. C'est sûrement un chiffre très motivant pour elle de considérer la variante omicron comme hyper dangereuse et de faire des déclarations aussi alarmistes et explosives alors qu'elle ne savait encore rien des caractéristiques de la nouvelle souche, sans tenir compte du fait que des informations ont été partagées depuis l'Afrique du Sud pays où les plus hautes autorités médicales disent qu'il s'agit d'une variante extrêmement faible.

Bien sûr, des voix se sont élevées pour dénoncer l'incompatibilité de sa fonction publique avec les intérêts privés qu'elle représente, mais ni le pouvoir judiciaire, ni les gouvernements européens, ni les médias grand public n'y ont prêté attention ou n'ont demandé ce qui se passait. Ursula von der Leyen n'est pas une novice innocente ; son fils David a été impliqué dans un scandale pour avoir fait partie du cabinet de conseil McKinsey, conseillant la Bundeswehr, les forces armées allemandes, pour lequel il a reçu d'importantes sommes d'argent alors que sa mère était, par coïncidence, ministre de la défense à Berlin.

Au collier de doutes s'ajoutent les récentes nouvelles concernant les courriels d'Anthony Fauci et de son patron aux Instituts nationaux de la santé (NIH) des États-Unis, qui pressent d'éliminer de façon "rapide et dévastatrice" les experts de la santé qui proposent une stratégie de contrôle du Covid-19 non bloquante, différente de la stratégie officielle. Dans les circonstances actuelles, il est donc très difficile de démêler les mesures sanitaires de celles qui sont motivées par des raisons politiques. Nous ne devrions pas être surpris si nous nous rappelons qu'après les événements peu transparents du 11 septembre 2001 aux États-Unis, de larges secteurs du monde islamique ont été diabolisés en tant que terroristes, et à partir de là, une série de mesures ont été prises pour restreindre les libertés individuelles, d'abord aux États-Unis, mais rapidement mises en œuvre dans le monde entier.

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Cette politique, soutenue par le célèbre Patriot Act - qui habilite les gouvernements américains à priver les citoyens de leurs droits constitutionnels - a rapidement conduit à une nouvelle guerre internationale sous le prétexte de combattre le terrorisme fondamentaliste islamique, qui a détruit plusieurs pays du Moyen-Orient et se poursuit encore. Aujourd'hui, nous commençons à voir avec inquiétude un processus présentant de nombreuses similitudes, par exemple lorsque le récit officiel du pouvoir mondial a encouragé le bâillonnement de ceux qui ne sont pas d'accord avec ses politiques, ce qui poursuit ce que nous avons déjà vu à l'oeuvre dans les processus politiques de ces dernières années, en appliquant la culture désormais tristement célèbre de l'annulation ("cancel culture") face aux discours dit "de haine".

À l'époque, il s'agissait de la peur de la terreur inspirée par les attaques de musulmans radicalisés, dont les actions mettaient en danger la vie et les biens des citoyens ordinaires. Aujourd'hui, l'excuse semble être la nécessité de prendre des mesures sanitaires face à la gravité de la situation sanitaire, et donc de suspendre toutes sortes de droits et garanties tels que la liberté de réunion, de mouvement, d'expression et d'information. La fin justifie les mesures, qui peuvent être draconiennes comme nous le voyons en Australie, des mesures qui sont prises même face aux protestations de plus en plus massives des citoyens qui s'opposent à voir leur liberté et leur argent disparaître.

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L'inadéquation des analyses idéologiques qui sont restées ancrées dans le mental de la guerre froide et qui divisent le monde entre la gauche et la droite constitue un terrain fertile pour l'avancée de l'État totalitaire. Ce ne sont pas les gouvernements de "droite" qui promeuvent ces politiques, cette fois la plupart des gouvernements de ce monde meurtri se présentent comme des "progressistes", promeuvent de nouveaux droits même face à la résistance de leurs propres sociétés, et soutiennent des politiques environnementalistes radicalisées aux effets pervers dont nous pouvons déjà voir les effets avec la hausse des prix de l'énergie et la disparition des engrais du marché pronostiquant la future hausse des prix des produits alimentaires.

Vladimir Mikheev, chef du siège de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) à Moscou, prévient que 130 millions de personnes ont commencé à souffrir de la faim en raison de la crise économique provoquée par les mesures anti-pandémie. Ce n'est pas une coïncidence si c'est Moscou qui émet cet avertissement. Alors que les États-Unis et leurs partenaires occidentaux s'inquiètent de l'impact du dioxyde de carbone et désormais du méthane dans l'atmosphère ou des quotas à accorder aux minorités sexuelles, la Russie joue un jeu différent. Les positions sont donc très différentes.

La politique de pénétration idéologique menée ces dernières décennies par l'Occident a vidé les gauches révolutionnaires du passé de leur contenu et les a transformées en simples ONG revendiquant des droits individuels dits "de seconde génération". Cela a produit un glissement idéologique qui rend aujourd'hui très confus le fait d'identifier quelqu'un par ses idées politiques selon qu'il est de gauche ou de droite.

Prenons deux exemples pour illustrer ce qui est exprimé en théorie : le président brésilien Jair Bolsonaro, que l'on accuse d'être un fasciste et un négationniste pour ses positions politiques, a rompu ses liens avec le Fonds monétaire international, arguant que le FMI opère contre son pays en donnant des prévisions alarmistes pour déprimer les marchés et n'est donc plus le bienvenu au Brésil. En conséquence, le représentant du FMI au Brésil a déclaré que les préparatifs ont commencé pour démanteler les bureaux du Fonds et se retirer du pays en juin prochain. Cette nouvelle a été très peu couverte par les médias, ce qui s'explique par le fait qu'elle ne peut être comprise en termes de la dialectique traditionnelle gauche-droite qu'ils promeuvent pour maintenir la crédibilité du système.

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Bolsonaro n'est pas le seul cas. Le président du Salvador, Nayib Bukele, vient de déclarer que les protestations contre son gouvernement sont financées par Washington. Bukele a d'abord été vilipendé puis ignoré par la gauche traditionnelle et le progressisme régional, alors comment comprendre son gouvernement en fonction des catégories de gauche et de droite ?

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En revanche, au Chili, le président Boric, récemment élu, a exprimé sa désapprobation face aux gouvernements de Daniel Ortega au Nicaragua, de Maduro au Venezuela, de Díaz Canel à Cuba, et accuse même la Chine d'être une dictature. Boric est le candidat de la gauche chilienne et bénéficie du soutien de la gauche et du progressisme régional, comment peut-on le comprendre de ce point de vue ?

On pourrait ajouter à cette liste le président argentin Alberto Fernández et son gouvernement, qui ont pris leurs distances avec le Venezuela et surtout le Nicaragua, en faisant venir leurs ambassadeurs pour des consultations, situation qui dure depuis cinq mois. Ou encore ses tentatives de conclure un accord avec le FMI, qu'il considère aujourd'hui d'un œil favorable.  Il est clair que le gouvernement du Frente de Todos s'identifie au progressisme et à la gauche, et nous pouvons alors répéter la même question face au contraste notoire qui est apparu avecles positions prises par Bolsonaro.

Il est donc insuffisant de comprendre la dynamique internationale en termes de gauches et de droits, car ces termes sont bel et bien obsolètes, car ils ne sont finalement qu'une partie de la pyrotechnie discursive-idéologique utilisée par le mondialisme occidental dirigé par les États-Unis et ses alliés d'Europe occidentale pour semer la confusion et diviser. Il ne fait aucun doute que la plus grande résistance au monde global anglo-saxon poussé par Washington vient d'un conservateur comme Poutine, qui a fermé les portes aux ONG occidentales qui, par ailleurs, sont solidement intégrées dans les Etats latino-américains.....

Dans ces circonstances, de nombreux penseurs qui s'identifient, ou pour le dire en termes actuels, "s'auto-perçoivent" comme progressistes et de gauche, devraient jeter un regard rétrospectif et faire un effort pour comprendre la logique actuellement à l'oeuvre. S'il y a des Bolsonaros au pouvoir aujourd'hui, c'est parce que les sociétés se sont lassées de ce jeu entre la gauche et la droite qui convergent vers le même point : une politique économique et financière similaire. L'une parce qu'elle croit être la meilleure, et l'autre parce qu'"il n'y a pas d'autres options". Comme l'a dit le Général, la seule vérité est la réalité.

La construction d'un État totalitaire se fait en s'appuyant sur une excuse extérieure qui permet de rejeter toutes les fautes, tous les dysfonctionnements, sur un facteur de perturbation extérieur. À une époque, c'était les juifs pendant l'Allemagne nazie, les communistes pendant le maccarthysme, les néo-nazis dans l'hégémonie néo-libérale de l'après-guerre froide, le patriarcat pour le féminisme, et ainsi de suite jusqu'à ce que nous arrivions à une époque où la question de la santé est celle qui pose qu'il y a un ennemi de notre côté qui doit être combattu. Bien sûr, à chaque moment, il y avait une excuse pour justifier les positions qui ont conduit à des politiques très similaires qui conduisaient à la restriction des droits de protestation, de la liberté d'expression, de la liberté d'information et, à un moment donné, appliquaient le déplacement et l'enfermement des dissidents et des contestataires comme résultat final.

Depuis la chute de l'Union soviétique, les médias grand public ont brandi le spectre du fascisme ou d'un néo-nazisme/néo-fascisme qui, en vérité, n'existe que dans quelques petites poches marginales (lunatic fringe) contrôlées par les Renseignements au service du Pouvoir. Nous ne pouvons pas oublier que l'opération Gladio était une initiative de la CIA en Europe, discréditant le communisme qui menaçait de prendre le pouvoir lors des élections, créant de faux attentats et encourageant des organisations de gauche prétendument révolutionnaires telles que la Fraction armée rouge allemande, également connue sous le nom de Bande Baader-Meinhof. Les quelques vestiges que l'on peut réellement trouver de formations rappelant les néo-nazis et ayant une quelconque pertinence politique sont, par exemple, les curieux alliés du gouvernement de Kiev qui a été soutenu précisément par les démocraties occidentales.

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Le mondialisme occidental contrôlé par le pouvoir financier a aujourd'hui construit un récit qui fonctionne très bien puisqu'il entraîne le monde dans une guerre contre la Chine et la Russie. Nous avons des sociétés qui s'inquiètent des néo-nazis anti-vaccins à la suite de l'apparition inoffensive d'une souche, alors qu'en arrière-plan, elles glissent vers la guerre thermonucléaire en franchissant toutes les lignes rouges posées par les Chinois et les Russes et en ignorant les avertissements répétés d'abord de Moscou et maintenant aussi de Pékin.

Nous devons comprendre comment les démocraties ainsi comprises fonctionnent en Occident, préparant un univers où la discipline interne est imposée et consolidée sous le couvert de la santé, éliminant virtuellement la possibilité de s'exprimer et de manifester contre leurs politiques. Si la cause est un virus dont les dernières souches ont une létalité extrêmement faible, il est plus qu'étrange que ce soient les fascistes qui s'opposent à ces politiques de restriction des droits des citoyens. Quelque chose ne va pas.

La politique actuelle de l'Occident a besoin d'un contrôle absolu de ses propres sociétés car elle a décidé de se lancer dans une guerre qui menace la survie de la planète elle-même. De toute évidence, des voix de protestation se feront entendre et il est peu probable que ses propres citoyens acceptent passivement cette immense folie. Aujourd'hui, l'Occident a trouvé une solution à ce problème de rébellion interne par le biais d'une urgence sanitaire qui lui permet de prendre le contrôle de l'opinion publique et des espaces d'expression, qu'ils soient physiques ou virtuels, afin d'empêcher toutes protestations.

Dans cette situation, il est nécessaire de comprendre les politiques gouvernementales, et d'influencer les gouvernements et les organisations de base qui constituent les structures politiques et déterminent les mesures que les gouvernements vont prendre, afin qu'ils comprennent la réalité et les enjeux. La réalisation d'un monde orwellien est en cours, ce n'est pas nouveau et nous le savons tous depuis longtemps, cette réalité se présente déjà sous une forme obscène et laisse peu de place à la réaction.  Pour cela, il est essentiel de comprendre, et surtout d'accepter, les changements qui ont eu lieu au cours du dernier demi-siècle. Ces changements signifient qu'il n'y a plus de gauche et de droite qui se disputent le contrôle du monde. Les deux secteurs ont été achetés par le pouvoir, et la seule division possible et visible est entre ceux qui défendent la souveraineté des États et ceux qui recherchent un monde globalisé et ordonné basé sur l'argent.

Marcelo Ramírez / AsiaTV / Mugica Magazine

jeudi, 24 février 2022

Jusqu'à ce que les Russes craquent ?

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Jusqu'à ce que les Russes craquent?

par Klaus Kunze

Source: http://klauskunze.com/blog/2022/02/23/bis-die-russen-quietschen/

Selon une légende chère aux puissances occidentales, les "démocraties de l'Ouest" forment une "communauté de valeurs". Parmi leurs valeurs suprêmes, elles comptent la paix, les droits de l'homme et l'entente entre les peuples.

En Allemagne, les proclamations de bonnes intentions sont traditionnellement prises au sérieux. Nous avons toujours été un peuple bienveillant et apolitique. Nous ne prenons pas ce que quelqu'un fait réellement aussi sérieusement que ses prétendues intentions. Notre classe politique semble en effet croire à ce monde idéal dans lequel le mal est banni par les traités multilatéraux et où la paix et la liberté individuelle sont garanties par les droits de l'homme. Pourquoi s'équiper militairement alors que nous avons des accords juridiquement contraignants ?

Ils s'imaginent que les grandes questions de l'histoire mondiale ne seront pas tranchées par le sang et le fer, mais par des discours et des décisions parlementaires, par des traités et des proclamations morales.

Jusqu'à présent, aucune connaissance historique n'a pu les détourner de ce rêve. Aucun Donald Trump ne les a réveillés lorsqu'il n'a pas respecté l'accord nucléaire avec l'Iran, et ils se sont même crus à l'abri de la Russie. Sur la base de calculs économiques, ils se croyaient à l'abri de la puissance orientale, car "une guerre ne vaut pas la peine" et "ne fait que des perdants". Leurs platitudes bien-pensantes éclatent dans la réalité comme des bulles de savon, ce qu'elles sont aussi.

Le réalisme anglo-saxon

Les Anglo-Saxons sont plus réalistes. Ils savent parfaitement que l'on peut prêcher le bien tout en faisant le "mal". Ronald Reagan, président des Etats-Unis (1981-1989), avait brièvement levé le voile. Avant l'effondrement de l'Union soviétique, il a déclaré sans détour :

    "Nous allons les mettre au pied du mur jusqu'à ce qu'ils craquent". (Reagan cité par : Fricke 1999 : 158). Dans l'une de ses déclarations, le président américain Reagan laisse clairement entendre qu'il voulait créer une menace forcée par le biais de sa supériorité militaire vis-à-vis de l'URSS".
    Thomas Bäcker,  Die Wiedervereinigung. Die Außenpolitik der BRD in der Legislaturperiode 1986-1990 und die Folgen.

Mais comme la soif de pouvoir et la volonté de domination sont mal perçues par les médias, "l'Occident" a toujours mis en avant ses "valeurs".

    Sans négliger le facteur de puissance, les positions libérales soulignent au contraire l'attractivité économique et sociale des sociétés occidentales. Le conflit Est-Ouest était moins un conflit de pouvoir qu'un conflit de valeurs, dans lequel l'autodétermination, la démocratie et l'économie de marché (capitaliste) ont fini par l'emporter sur la dictature et l'encadrement de l'économie par l'État.
    Peter Schlotter. Review of Saal, Yuliya von, KSZE-Prozess und Perestroika in der Sowjetunion: Demokratisierung, Werteumbruch und Auflösung 1985–1991. H-Soz-u-Kult, H-Net Reviews. January, 2016 

Le conflit de valeurs n'est toutefois que superficiel. Les "valeurs" ne sont que les jolies bulles de savon colorées. Elles ne servent à rien si l'ennemi n'y croit pas. Ce ne sont jamais des valeurs qui s'affrontent, mais des hommes. Pour se justifier, ils se réfèrent à l'extérieur à ce qu'ils jugent utile pour eux. Derrière les prétendus conflits de valeurs idéales se cachent toujours des conflits d'intérêts réels.

Les parties prenantes d'un marché mondial

Les pays anglo-saxons ont traditionnellement fondé leur prospérité et leur puissance sur le commerce. Avec le slogan de la "liberté des mers", les Britanniques se sont jadis appropriés un cinquième de la surface terrestre de la planète. Ils entendaient, par cette liberté, leur droit de s'assurer des ressources d'outre-mer dans des conditions qui leur étaient favorables.

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Au XIXe siècle déjà, les impérialismes anglo-saxon et russe s'affrontaient à l'échelle mondiale (caricature, origine inconnue, source de l'image).

Les États-Unis ont adopté ce concept. De la liberté des mers, ils ont fait une idée de liberté humaine générale. Avec le slogan "Make the world safe for democracy", ils ont déclaré que chaque être humain avait le droit fondamental d'entretenir des relations commerciales pacifiques, en particulier avec les États-Unis, pays financièrement dominant. Sont potentiellement considérés comme des États voyous tous ceux qui ne voulaient pas être pris dans le réseau mondial du capital. Ils utilisaient le colt à l'extérieur et la Bible pour leur propagande.

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Entre-temps, l'économie financière de l'"Occident" dépasse de loin l'économie réelle et est conçue pour une croissance continue. Comme en 2008, la bulle financière risque d'éclater à nouveau à tout moment, car l'économie réelle des pays "occidentaux" ne peut plus servir les taux d'intérêt et les taux de croissance dont la bulle financière a besoin. L'économie financière risque de s'effondrer et d'entraîner la dévalorisation d'immenses actifs financiers.

Pour empêcher le marché des capitaux de s'effondrer, "l'Occident" cherche sans cesse de nouveaux "marchés". Son idéologie libérale tend à transformer toutes les relations en relations de marché : Elle transforme les ennemis en clients, les personnes en capital humain et les concurrents en partenaires commerciaux. Elle cherche à éliminer les États et les frontières nationales, car toute réglementation étatique impose des limites au pouvoir global du capital. Sa Russie idéale ne serait plus une communauté étatique, mais une société de clients dépendants du capital. Les nouveaux clients doivent être intégrés de manière permanente par des contrats appropriés de sorte qu'ils ne puissent plus jamais se retirer. Leur but est de renoncer à tout autre pouvoir que celui du capital, de déposer les armes et de déclarer solennellement qu'ils renoncent à la violence et qu'ils ne refuseront à personne le "libre" accès au "marché" et à ses bienfaits.
L'intérêt russe

Les représentants de la "communauté des valeurs occidentales" déclarent qu'il est tout à fait terrible que les Russes définissent leurs intérêts de manière totalement différente. Le pays n'est riche que de ses ressources naturelles. Pour ne pas se laisser coloniser par le marché financier mondial, ils ont recours à des valeurs totalement différentes de celles de "l'Occident". Ils insistent sur un État-nation fort. C'est lui qui doit contrôler les flux financiers et non l'inverse.

Pour que l'État soit le plus fort possible, Poutine réprime la société. Personne ne doit sortir du rang. Les valeurs religieuses du christianisme orthodoxe sont invoquées et les valeurs occidentales de l'individualisme absolu sont vouées aux gémonies. Elles sont considérées comme décadentes. Les liens internes doivent être renforcés par une idéologie nationale : un peuple, un empire, un Poutine, et parmi ce peuple, il compte apparemment aussi les Biélorusses et les Ukrainiens.

L'Occident est idéalement pacifique et non militaire, mais en réalité armé jusqu'aux dents et conventionnellement supérieur aux Russes. Depuis 1989, il n'a cessé d'étendre sa sphère d'influence vers l'Est jusqu'à ce que les Russes "craquent". La Russie, en revanche, n'idéalise pas du tout la "paix". Là où il est possible de faire une bonne affaire territoriale sans trop de risques, Poutine saute volontiers sur l'occasion. Comme tous les hommes de pouvoir de l'époque impérialiste, il préfère prendre ce qu'il peut sans guerre. Jusqu'à présent, il n'a pas encore tiré un seul coup de feu. Au XIXe siècle, on appelait cela la politique de la canonnière : la menace entraîne l'obéissance préventive.

Vis-à-vis de notre classe politique locale, cela fonctionne. En déclarant son amitié au monde entier, elle croit avoir aboli l'hostilité. Ils croiront encore à la valeur des traités interétatiques quand les chenilles des chars rouleront déjà, et ils nous feront valoir que les frais d'essence pour les trajets en chars de la Volga à la Spree ne seront "pas rentables" quand les chars seront déjà devant la Chancellerie fédérale. Poutine le sait. De son point de vue, l'Allemagne est mentalement prête pour la tempête.

Que faire ?

L'assaut russe sur l'Allemagne n'aura pas lieu. Les efforts de Poutine pour un retour en arrière sur l'extension de l'OTAN ont tendance à être défensifs. Notre Big Brother de l'autre côté de l'Atlantique est l'adversaire de Poutine, pas nous. Nous ne sommes qu'une proie potentielle. Une attaque contre nous équivaudrait à un suicide de la volonté de puissance de la Russie. Il serait plus dans l'intérêt du capital financier américain que dans celui de la Russie si Poutine était provoqué à attaquer le territoire de l'OTAN.

Qu'est-ce qui serait dans l'intérêt de l'Allemagne ? Dans cette question, nous ne devons pas nous laisser guider par des affinités ou des aversions. Les peuples n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts. Personnellement, je n'ai jamais rencontré d'Américain qui ne soit pas si gentil que je veuille l'appeler mon ami. J'ai beaucoup de sympathie pour l'aspiration ukrainienne à la liberté. Cela me rappelle les Hongrois, dans le pays desquels les chars russes ont également roulé en 1956. Ne me demandez pas ce que je pense des Russes et de leur autocratie. Ma mémoire historique remonte à 1945. Plus la Russie et les États-Unis sont éloignés, mieux c'est.

La réponse à la question de notre intérêt national est d'abord que nous en ayons un. Il ne coïncide pas avec celui de nos chers "libérateurs" occidentaux et orientaux de 1945, et encore moins avec leurs ambitions actuelles de puissance mondiale. Il ne coïncide pas non plus avec des sympathies ou des antipathies. La première chose à faire est d'aider l'Allemagne à prendre conscience de cette réalité.

Nous avons un intérêt élémentaire à vivre en paix, car l'Allemagne n'est pas du tout en état de faire la guerre en 2022. Notre armée fédérale ne l'est pas, et la société allemande dans son ensemble, dirigée par une élite politico-médiatique pacifiste, encore moins. Être envoyé comme chair à canon sur un front oriental, to make the world safe for democracy, est la dernière chose dont nous avons besoin ou que nous pourrions nous permettre. C'est la deuxième prise de conscience qui doit s'imposer.

Et le fait que la politique mondiale ne soit pas dirigée par des bulles morales et ne puisse pas être réduite à des calculs coûts-bénéfices constitue la troisième et la quatrième conséquence que nous devons tirer du monde réel d'aujourd'hui. Mourir pour la liberté de la Crimée ? Déclencher une guerre commerciale pour la démocratie à Hong Kong ? Faire claquer le sabre quand on n'a qu'une épée en bois à la main ? Ce n'est ni par la grandiloquence morale ni par la guerre commerciale que nous assurerons notre sécurité.

mardi, 22 février 2022

Buchanan et le grand effondrement moral et militaire américain (et occidental)

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Buchanan et le grand effondrement moral et militaire américain (et occidental)

par Nicolas Bonnal

L’Amérique « phare protecteur du monde et de l’union européenne » est à la dérive sur tous les plans. Après Rachel Levine, le gâteux Biden a nommé un activiste queer, SM et maître-chien adjoint à l’énergie. Le bougre vient du MIT et on comprend l’effondrement de la science et de la technologie américaines, sauf quand s’il s’agit de nous coller un code QR ou une saleté dans l’ADN. L’effondrement américain (ou français) est physique, moral, culturel, spirituel, anthropologique. A-t-il gagné la majeure partie de la population ou simplement les minorités (y compris la minorité catho Bergoglio) qui soutiennent cette sanie globalisée, c’est un autre problème. On le saura cette année car si la masse apeurée et abrutie avalise tous ces monstres (réélire Macron ou les démocrates) et la guerre contre la population ou la Russie, nous sommes cuits à titre personnel.

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Pat Buchanan, qui incarne depuis Nixon le « paléo-conservatisme » pacifiste américain, remarque toutefois comme nous l’autre jour que la plaisanterie va avoir assez duré. Et de noter :

« Nous avions tout. Nous étions la « nation indispensable ». Nous avons vu plus loin dans le futur. Nous pourrions imposer notre « hégémonie mondiale bienveillante » à toute l'humanité. Et c'est ainsi que nous avons entrepris de créer un « nouvel ordre mondial », plongeant dans des guerres successives en Irak, dans les Balkans, en Afghanistan, à nouveau en Irak, en Syrie, en Libye, au Yémen. »

Le résultat ne s’est pas fait attendre :

« Ce faisant, nous nous sommes saignés, nous nous sommes distraits, nous nous sommes épuisés et nous nous sommes séparés, jusqu'à ce que la moitié du pays fasse écho au slogan de la campagne de George McGovern en 1972 : « Come home, America ». »

Buchanan ne se fait pas d’illusions : la Russie et la Chine sont plus fortes et aussi plus ambitieuses. Au lieu de jouer au pleurnichard russophobe (Poutine est nul, il se laisse marcher sur les pieds, etc.) comme certains dont le cacochyme Craig Roberts, Buchanan remarque (il est proche de Meyssan) :

« Et alors que nous partions en croisade pour un nouvel ordre mondial, la Russie de Vladimir Poutine s'est progressivement remise de sa défaite écrasante de la guerre froide, et la Chine a commencé à sortir de l'ombre de l'Amérique pour devenir le rival le plus puissant que l'Amérique moderne ait jamais affronté. »

Buchanan est lucide ; et cela donne sur le basculement géopolitique que nous observons tous :

« Aujourd'hui, l'hégémonie américaine est partout remise en question - en Europe de l'Est, au Proche-Orient, en Asie du Sud-Est, en Asie de l'Est. Et les défis émanent d'autocrates unis dans leur volonté de réduire le pouvoir et la présence des États-Unis dans leur partie du monde. »

11167391._SY475_.jpgIl poursuit :

« Tous les adversaires de l'Amérique ont quelque chose en commun : ils veulent que nous sortions de leur quartier. Après le retrait humiliant du président Joe Biden d'Afghanistan, l'Ukraine est le site du dernier défi, déclenché par le déploiement par la Russie de quelque 100 000 soldats aux frontières de l'Ukraine. »

La Russie parano et cernée ? C’est Poutine qui impose et c’est Poutine qui exige, nous rappelle Buchanan :

« Étant donné qu'il a provoqué cette crise, Poutine ne retirera probablement pas toutes ses forces sans l'assurance visible que l'Ukraine ne deviendra jamais membre de l'OTAN. Et, étant donné qu'aucun allié de l'OTAN ou voisin de l'Ukraine n'a montré une disposition à combattre la Russie pour l'Ukraine, Poutine finira probablement par l'emporter. »

D’où la rage anglo-saxonne : la mythologie McKinder et le Grand Jeu s’écroulent. Finalement la Chine et la Russie ont pris ce que le capitalisme avait de bon tout en gardant ce que le communisme avait de bon. Nous, nous avons pris ce que le communisme et le capitalisme avaient de pire. Et cela semble motiver la masse imbibée de télé. Mais n’anticipons pas.

On laisse Buchanan conclure pour le plaisir :

« Là où l'ancien président George W. Bush mettait en garde contre un « axe du mal » comprenant l'Irak, l'Iran et la Corée du Nord, son successeur comprend aujourd'hui la Russie, la Chine, l'Iran et la Corée du Nord, un axe bien plus redoutable. »

Nous sommes en état de Schadenfreude en ce moment. Sauf pour nos factures d’électricité dues aussi à leur rapacité comme à leur incompétence…

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Sources :

https://reseauinternational.net/les-veritables-victimes-d...

https://www.fdesouche.com/2022/02/12/etats-unis-le-nouvel...

https://www.infowars.com/posts/buchanan-stress-test-for-a...

 

samedi, 12 février 2022

Du Grand Reset à la grande claque économique occidentale

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Du Grand Reset à la grande claque économique occidentale

par Nicolas Bonnal

Les élites occidentales sont folles, c’est entendu. Elles veulent à la fois détruire/transformer leur population par les injections et la dictature sanitaire, le passeport vaccinal ou le délire vert. En même temps elles sont coincées du fait de l’effondrement rapide de leurs économies : Snyder parlait de trois millions d’emplois disparus cet hiver en Amérique, données trafiquées par les « données corrigées de variations saisonnières ». En Espagne nous avons eu une augmentation de la facture énergétique de 60% l’an dernier, et cette année on parle de 70% d’augmentation des prix de l’électricité en Grande-Bretagne qui veut en même temps livrer une guerre nucléaire à la Russie (l’Allemagne veut la guerre et le gaz…). Les prix alimentaires ont aussi monté de 20 à 30%. Comme on sait l’inflation est niée par le pouvoir comme les effets des vaccins du démentiel duo Bourla-Bancel.  Les banques centrales, avant de créer leur euro numérique et de tout confisquer sur ordre de papa Schwab, font si j’ose dire « bonne impression » pour acheter des voix et enrichir un peu plus nos oligarques : c’est ainsi que Bernard Arnault pèse mille milliards de francs (oui, oui, 190 milliards de dollars)… pour vendre des sacs à main produits par des ouvrières payées par exemple en Bourgogne 1400 euros par mois (info de première main, la femme d’un lecteur y travaille). Mais cette fortune virtuelle ne pèsera pas cher le jour du grand effondrement. 

Il est alors impressionnant de voir pourquoi la Russie les exaspère : excédent commercial prodigieux (le troisième du monde), économie matérielle et réelle, autarcie à volonté, excédent budgétaire, faible dette, bref tout ce qui peut « exaspérer les imbéciles » (Léon Bloy), sans LGBTQ ou autres ; les sociaux-démocrates et autres keynésiens qui dévastent l’économie occidentale depuis un demi-siècle maintenant, voient avec leur cerveau de chien Ran-Tan-Plan (« je sens confusément quelque chose ») qu’ils sont arrivés à un point de rupture. La plaisanterie est en train d’avoir assez duré. Le blanc occidental arrogant progressiste et raciste (racisme renforcé par son pathologique caquetage antiraciste) est en train de dérouiller sur le plan intellectuel et matériel, comme je le montrais déjà dans ma Lettre ouverte il y a dix ans. Il ne lui reste plus que la péroraison où il a toujours excellé depuis les vieux orateurs gréco-romains et les théologiens baroques.

Xavier Moreau a expliqué pourquoi le criminel et débile Zelensky a dû se calmer dans ses ardeurs guerrières : il était en train de ruiner l’économie de son pays déjà bien mal en point, et la baisse trimestrielle du PNB va sans doute être de 10%. S’il peut toujours écouter les conseils de l’infatigable BHL (qui propose aussi de coffrer les non vaccinés factieux en France), il n’a pas les moyens de faire sa guerre ni sur le plan militaire ni sur le plan économique. Nos abrutis ici aussi sont en train d’être rattrapés par la réalité : voir les rayons vides dans les supermarchés américains, l’explosion des prix de la bouffe (alimentaire, mon cher Watson !), l’inflation à deux chiffres pour les logements ou les automobiles, et en France cette donnée intéressante : 55% des bagnoles roulent encore au Diesel et Macron, auteur du plus fantastique déficit commercial de l’histoire de… l’Europe (on nous l’a vendu comme génie économique) veut les INTERDIRE. On ne peut que se réjouir quand on apprend en même temps qu’1% des bagnoles sont électriques, et que ces bagnoles ne marchent pas ou presque (essayez une longue distance pour rire). Dans le même temps le sinistre et prétentieux rêve nucléaire français prend fin faute d’uranium ou d’entretien ou de savoir-faire et nos centrales connaissent un sort proche de celle de Tchernobyl (souvenez-vous comme on s’en gaussa alors).

Le futur (le présent) de l’Occident, c’est donc la déglingue, comme disait Lucien Cerise. Pas de chance pour nous, nous sommes mal tombés. Cette déglingue est folle, est provoquée par la politique (les banquiers Draghi-Macron sont de furieux destructeurs) mais pas seulement : l’écroulement face à la pénurie énergétique qu’on a trop longtemps masqué derrière l’écologie et le « réchauffement climatique » se produit sous nos yeux et nous allons tous en pâtir plus, alors que la Chine comme la Russie, pour des raisons communes et complémentaires (espace ; énergie ; savoir-faire ; discipline des populations et compétence de la classe dirigeante) se préparent un siècle à leur mesure – mais qui ne sera pas long si la crise démographique persiste.

Car s’il faut se réjouir de l’effondrement US ou européen, vu ce que ces épaves morales et culturelles sont devenues, il ne faut pas non plus trop trompeter. « Le destin du Spectacle n’est pas de finir en despotisme éclairé », disait Guy Debord, qui pressentait sans doute ce mixte de déglingue et d’atroce tyrannie. De toute manière leur destructeur monde moderne créé par la consommation effrénée des énergies fossiles était bien condamné. Je citerai pour finir cette belle envolée de Drieu la Rochelle écrite au lendemain de l’ignoble Guerre de 14-18 :

« Tous se promènent satisfaits dans cet enfer incroyable, cette illusion énorme, cet univers de camelote qui est le monde moderne où bientôt plus une lueur spirituelle ne pénétrera…Il n'y a plus de partis dans les classes plus de classes dans les nations, et demain il n'y aura plus de nations, plus rien qu'une immense chose inconsciente, uniforme et obscure, la civilisation mondiale, de modèle européen. »

Reste à savoir maintenant si la grande claque économique nous évitera la dictature des Schwab-Gates-v. d. Leyen…

 

16:44 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grand reset, actualité, occident, nicolas bonnal | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 29 décembre 2021

L'Occident: hégémonie ou déclin - Eléments du débat sur l’hégémonie, la politique et les civilisations

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L'Occident: hégémonie ou déclin

Eléments du débat sur l’hégémonie, la politique et les civilisations

par Irnerio Seminatore

Ex: https://www.ieri.be/fr

L'Occident: hégémonie ou déclin

La crise des paradigmes

L'approche civilisationnelle et historique

L'Occident et la déclin de la  puissance américaine

L’Europe et l'unité stratégique de l'Occident

Partenariat et leadership, constantes structurelles d'ordre stable

Etats-Unis et Europe, une communauté d'intérêts partagés, leadership et hégémonie de cooptation

Irréductibilité de l'Oiccident à ses seules valeurs

Le déclinisme et ses arguments

La scène planétaire et la vision pluraliste du monde

***

L'OCCIDENT : HEGEMONIE OU DECLIN 

L’Occident, comme espace de liberté politique et religieuse, d'État de droit, d'équilibre des pouvoirs et d'économie de marché, s'est imposé au monde comme un modèle de pluralisme et de contre-poids institutionnels entre la force contraignante de la constitution et de l’État et la liberté exigeante des individus et des forces intermédiaires de la société. Un équilibre qui n'a pas d'égal dans d'autres contextes civilisationnels, dont la faiblesse congénitale est représentée par le déficit de « sens », qui est la composante « hard » de l'esprit humain et la force entraînante de l'hégémonie historique. Par ailleurs, l’approche réaliste rappelle que l'Occident sera dominant jusqu'au moment où le scrupule de la morale, de la loi ou des intérêts n'effacera pas son besoin primordial de survie.   Il dominera jusqu'au moment où la ruse lui permettra de   vivre dans la civilisation et la pulsion originelle de la force dans un système international bâti sur l’anarchie et sur la guerre

En effet, la loi profonde de tout changement et de toute transformation humaine repose au même temps sur l'ascétisme moral et sur la force primitive de la violence. Le déclin d'une civilisation commence avec la naissance du sentiment de piété, de justice et d’inclusion, qui demeurent les principes corrupteurs de la domination et de la hiérarchie humaines. Pour que la civilisation perdure, il faut l’existence de deux lois, l'une pour le rappel du passé et l’autre pour l’engagement dans l’avenir, l’une pour l'ami et l'autre pour l’ennemi, suivies d’une application intransigeante de cette discrimination.

L'humanisme et l'égalité marquent en effet le début de la fin d'une civilisation, comme la tolérance, la dissipation, ou la crise démographique, car la règle de la coercition, de la violence et de la rigueur qu'ont fait grands les Empires sont certes constantes, mais pas immuables au cours de l'Histoire. En effet, les moyens de leur exercice se sont démocratisés et étendus à travers la création d'institutions et de bureaucraties impersonnelles et l'usage de la force ou la répression des révoltes ont sapé la croyance en une destinée pacifiée et civile, différente de celle qui se déroulait cycliquement avec l'ascension, l'affirmation et la chute des États et des Empires.

LA CRISE DES PARADIGMES

Après la chute de la bipolarité une série d’auteurs occidentaux ont contribué à donner naissance à la nouvelle manière d'écrire l'histoire, sans le pathos de la philosophie allemande de l'histoire ou du devenir des civilisations à la Spengler. Ils nous ont rappelé que l'Occident n'est plus le seul « sujet » de l'Histoire universelle et que celle-ci n'est pas le champ intellectuel de son monologue intérieur.

Leur mérite a été de remettre en cause une série de paradigmes fondamentaux de notre connaissance et de faire apparaitre les vieux postulats comme désuets et inadaptés. C'est sur la base de cette crise des paradigmes, si salutaire pour l’esprit, qu’il est devenu possible et nécessaire de reprendre le débat sur les notions héritées d'Orient et d'Occident, d’hégémonie et de bataille culturelle

L'APPROCHE CIVILISATIONNELLE ET HISTORIQUE

Suivant un courant de pensée qui va de Spengler à Toynbee, de Quincy Wright à Ortega y Gasset, l'hypothèse de Huntington selon lequel : « dans le monde nouveau, les conflits n'auront pas pour origine l'idéologie ou l'économie. Les grandes causes de division de l'humanité et les principales sources de conflits seront culturelles », est apparue inattendue, tout en poursuivant le même héritage. « Les États-nations continueront à jouer le premier rôle dans les affaires internationales mais les principaux conflits politiques mondiaux mettront aux prises des nations et des groupes, appartenant à des civilisations différentes. Les chocs des civilisations seront les lignes de front de l'avenir».

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Après avoir rappelé que « la communauté des cultures est une précondition de l'intégration économique » il rappelle que « l'axe central de la politique mondiale sera probablement, dans l'avenir, le conflit entre l'Occident et le reste du monde ».

D’autres auteurs, à l’Est comme à l’Ouest, se sont longuement demandé qu'est-ce que cela implique pour l'Occident (Europe et Etats-Unis) ?

« Tout d'abord, que les identités forgées par l'appartenance à une civilisation, remplaceront toutes les autres appartenances, que les Etats-nations disparaitront et que chaque civilisation deviendra une identité politique autonome ». Le thème de l’identité est devenu depuis un argument privilégié du débat politique interne, discriminatoire et souverainiste.

L'OCCIDENT ET LE DÉCLIN DE LA PUISSANCE AMÉRICAINE

L'Occident, comme pouvoir dominant et conquérant a été dissocié de l’exigence d’ordre et de stabilité et il est devenu une cible des thèses pessimistes et simplistes sur son déclin inévitable et sa décomposition inéluctable. Or l'Occident, autrement dit les USA, l'Europe et l'hémisphère Nord de la Planète, l'Amérique Latine et l'Océanie, auxquels on ajoutera le Japon et l'Inde, dominent sans partage tous les domaines de la l'activité humaine et de la vie politique et sociétale, bref, de la connaissance et de la culture, des arts et des sciences, des modes de vie et des modèles culturels.

Cette prédominance évidente ne disparaîtra qu'avec une catastrophe mondiale ou une guerre planétaire et nucléaire, effaçant tout souvenir de civilisation. Dans une dimension plus proche de ces propos, celle de la relativité de l'expérience humaine, on constatera que la force et la faiblesse déterminent toujours le statut d'une nation ou d’une culture sur la scène du monde. Il en est ainsi à chaque période historique. Or, une réflexion sur la position actuelle de l'Occident nous pousse au constat que l'Amérique est en train de perdre son statut d'hyper-puissance pour redevenir un des principaux membres du Club des grandes puissances du XXIème siècle. C'est la thèse soutenue par l'historien Paul Kennedy de l'Université de Yale à partir d'une comparaison historique avec le déclin de l'Empire britannique dès la deuxième moitié du XIXème siècle. Lorsqu'un pays a été au faîte de la puissance dans toute une série de domaine, d'autres acteurs émergents commencent à combler leur retard, de telle sorte qu'une redistribution de la puissance internationale fait décroître l'importance relative du leader et engendre plus loin la transition de la puissance déclinante à la nouvelle puissance montante qui aspire à l'hégémonie. Sommes-nous confrontés à l’analogie historique dans le cas du duopole actuel des Etats-Unis et de la Chine et donc à la répétition du « Piège de Thucydide » qui, selon Graham T. Allison, porte fatalement les deux compétiteurs à l’affrontement militaire.

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En décomposant les facteurs de puissance, Paul Kennedy, a tenté d’élaborer, dans son étude sur « La montée et le déclin des grandes puissances », les lois d’évolution de celles-ci par la variation de leurs taux de croissance économique.

Or, dans le cas des Etats-Unis, à la détérioration de leur perception par les autres acteurs de la scène multipolaire, ainsi qu'à l'hostilité croissante pour leurs entreprises militaires, menées sans succès par le monde, s’ajoutent des considérations morales et philosophiques, qui opposent les deux courants de pensées, le réaliste et le transnationale, dont sont imprégnés les défenseurs et les opposants de l’Occident  Par ailleurs, l’autre important pilier du pouvoir de l'Amérique, le pouvoir économique et financier, s'est fortement dégradé en raison des déficits commerciaux et des déficits publics, mais aussi de la titrisation des crédits pourris, qui ont été à l'origine de la crise mondial de 2008.

Quant à la responsabilité des élites, un vieil article de l'éditorialiste économique Martin Wolf dans le Monde du 18 janvier 2014, au titre « La faillite des élites » développa la thèse du manquement des élites européennes et mondiales dans la crise actuelle et dans celle de la première guerre mondiale (1914-18). Le trait commun d'hier et d'aujourd'hui est représenté par un cumul impressionnant d'ignorance et de préjugés ayant conduit, avec le premier conflit, à détruire les deux piliers de l'économie du XIXème siècle, le libre-échange et l'étalon d'or et, avec la crise actuelle, à avoir encouragé un gigantesque pari consistant à dissocier responsabilité (répercussions d'une crise systémique) et pouvoir (système de décision) portant atteinte à la « gouvernance démocratique ». Par ailleurs, le divorce entre élites et citoyens aurait engendré en Europe une concentration du pouvoir, toujours actuelle, entre trois bureaucraties non élues (la Commission, la Banque Centrale Européenne et le Fonds Monétaire International) et une série de pays créanciers, en particulier l'Allemagne, sur lesquels les opinions et les citoyens n'ont aucun pouvoir d'influence.

Reste le pouvoir militaire, exorbitant, qui demeure le plus solide, en ses capacités de projection de puissance et dont l'efficacité opérationnelle et dissuasive est destinée à décroître en relation aux conflits asymétriques et aux diverses incertitudes géopolitiques.

Ces derniers s'accroissent en revanche, avec la montée des forces irrégulières et la démultiplication des situations de crise. Cependant, l'élément le plus déstabilisant, suivant le schéma interprétatif du déclin des grandes puissances, est l'empiètement des puissances retardataires ou perturbatrices, à l'intérieur des espaces de sécurité d’Hégémon, doublé du risque d'une atténuation du rôle des alliances militaires et d'une redéfinition générale des stratégies du long terme, pouvant éloigner les Etats-Unis de l'Europe.

Ce risque, réduisant les ambitions et les engagements de la République Impériale dans le monde, les conduirait à l'isolement international et à une normalité, qui leur feraient perdre le rôle, encore actuel, de pivot du monde.

L'EUROPE ET L'UNITÉ STRATÉGIQUE DE L'OCCIDENT

L'absence de leadership affaiblit l'Europe et les États-Unis dans un monde multipolaire, où l'unité du commandement relève de la plus haute fonction stratégique. L'unité stratégique permet de concevoir et de mettre en œuvre une architecture de systèmes défensifs hiérarchisés et intégrés à un seul pôle de décision. Planifier les seuils de la dissuasion ou les niveaux de la stabilité, ou encore les priorités des engagements et de la logique de préemption aux deux grandes échelles du monde, le système planétaire et les aires régionales plus menaçantes, cela relève du leadership comme porteur d'atouts stratégiques.

Cette unité de conception, de décision et d'action est géopolitique et géostratégique Elle est au même temps stratégique et systémique, car elle définit les coalitions, les acteurs hostiles et les théâtres de conflit. Ce sont les acteurs hostiles qui portent atteinte à la stabilité mondiale, en utilisant la force et la menace directe et indirecte, dans le but d'obtenir des gains par l'utilisation de revendications autrement impossibles à accepter, car assorties de risques démesurés.

PARTENARIAT ET LEADERSHIP, CONSTANTES STRUCTURELLES D’UN ORDRE STABLE

Le partenariat politique et la « pax consortis » apparaissent, à l’ère des interdépendances, comme les méthodes les plus efficaces pour rechercher des solutions appropriées aux problèmes multiformes du système international de demain. Ce partenariat comporte un nouvel équilibre des initiatives, des tâches et des responsabilités.

L’image des « superpuissances » s’était enracinée un peu partout dans les consciences politiques depuis 1945, associée à celle, tutélaire, des leaderships de l’Est et de l’Ouest. Cette conscience tirait sa raison d’être d’une concentration exorbitante des moyens inhibitoires de la force.

Une disproportion entre l’impuissance de la force (potentiel de destruction), la puissance politique visant à l’utiliser (au moins diplomatiquement), et les capacités économiques des détenteurs de celle-ci, s’est insinuée dans la représentation collective, mettant en crise les options de politique étrangère qui s’étaient inspirées de celle-ci et notamment celles de « globalisme unilatéral », et de « unilatéralisme globaliste ».

Le pluralisme des valeurs et la disparité des intérêts entre les USA et l'Europe, requièrent davantage une gestion du système, basée sur la « pax consortis » et le dialogue multilatéral, car cette gestion collective par les acteurs majeurs du système est aussi la plus équilibrée, face aux nouvelles formes de vulnérabilité.

Au regard de la gestion du système international actuel, les États sont brusquement confrontés à des défis globaux, qui exigent coopération et partage de responsabilités.

Ne poursuivant pas des objectifs réductibles à la logique du marché, les États visent, aujourd’hui comme hier, l’instauration ou la définition d’un ordre international maîtrisable, un ordre stable.

Ce dernier exige une forme de pouvoir politique qui prenne en charge les problèmes liés à la gestion de la sécurité et ceux qui découlent d’une complexité croissante et de la poursuite d’un processus d’intégration étendu.

La restriction de l’autonomie des États et l’imbrication toujours plus étroite de la politique intérieure et de la politique extérieure, ainsi que l’extension de la scène planétaire, liée à la multiplication des acteurs sub et trans-étatiques et à celle de flux de communication afférents à des foyers mouvants d’incertitude et de crise, interdisent l’utilisation de paradigmes explicatifs uniques et de théories générales à portée universelle.

ETATS-UNIS ET EUROPE, UNE COMMUNITE D’INTERETS PARTAGES ?

LEADERSHIP ET HEGEMONIE DE COOPTATION

Ainsi, dans le décryptage des transformations consécutives à l'effondrement de la bipolarité, Z. Brzezinski a dégagé une lecture du système international où le choix d’un engagement cohérent de l’Amérique à côté de l'Europe visait la préservation et l’exercice d’un leadership cooptatif et d’une hégémonie démocratique. L’intimité de ces deux notions était liée à la gestion des alliances et à la légitimité internationale de l’action des États-Unis.

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C’est donc à partir d’une analyse globale de la scène planétaire que l’auteur parvint à historiciser et à relativiser la priorité absolue accordée par l’Administration Bush à la « guerre contre le terrorisme ». Celle-ci ne pouvait représenter à ses yeux qu’un but stratégique à court terme, dénoué de pouvoir fédérateur. En effet, s’interrogeant sur l’hégémonie américaine et, en perspective, sur son déclin historique à long terme, Brzeziński replaça la complexité du paysage mondial et ses turbulences, dans le cadre d’une stratégie d’alliance permanente avec l’Europe. Seule cette alliance, interdépendante et toutefois asymétrique, était en mesure d’assurer, à ses yeux, une communauté d’intérêts partagés entre l’Europe et les USA.

Cette alliance aurait pu garantir l’évolution de la prééminence des USA sous la forme qui correspond le plus à une démocratie impériale, l’hégémonie de cooptation. Aucune alliance de circonstance ne pouvait élargir les bases d’une direction éclairée, fondée sur le consensus plutôt que sur la domination pure. Aucun autre acteur ou ensemble d’unités politiques – à l’exception de l’Europe – n’aurait pu permettre l’exercice d’un leadership mondial, sous la forme d’un pouvoir fédérateur et rassembleur vis-à-vis de ses alliés.

IRREDUCTIBILITÉ DE L’OCCIDENT À SES SEULES VALEURS

La réduction de l’Occident a ses seules valeurs, selon une approche récente de l’ordre européen, est une antinomie d’ordre culturel, qui risque d’occulter la complexité du réel et conduire à des dévoiement politiques.  Dans l’Union Européenne elle a pour fonction de réduire à l’obéissance Orban et les pays de Visegrad, au sein d’une dispute d’apparence constitutionnelle et en Russie a lutter contre l’atlantisme et le globalisme libre-échangiste, menant une opposition civilisationnelle et sémantique. Ce réductionnisme et son inscription dans la perspective d’un renversement de l’hégémonie occidentale, occulte l’épaisseur de l’objet d’analyse et son importance historique. En effet le principal des inspirateurs des eurasistes russes prétend que « l’Occident est une source d’empoisonnement du monde et d’hégémonie impérialiste » et considère que l’Occident a la même signification, pour la pensée russe, que l’invasion mongole, arguant que celle-ci avait privé les russes de leur indépendance politique, tandis que l’identité culturelle et religieuse les avait empêchés d’être soumis à l’expansion catholique. Ainsi la Russie serait une civilisation distincte et l’Occident son principal ennemi et adversaire. De surcroit les eurasistes eux-mêmes, auraient abandonné la confrontation avec l’Occident et son idéologie matérialiste -le communisme- remplacée par une autre forme de matérialisme -le libéralisme ; abandon qui mènerait tout droit à la désintégration de la Russie. Le développement et la dégradation de l’Occident serait le destin d’un autre continent sémantique, car, pour l’Ouest, selon Troubetskoï, cité a l’appui de cette thèse, la force de l’Occident serait avant tout un impérialisme sémantique, une hégémonie épistémologique. Par une étrange analogie, cette interprétation adoptant comme lecture d’appartenance à l’Union européenne ses seules valeurs, rapprocherait Mme von der Leyen des eurasistes dans un même combat, un combat d’idées, vidées de substance historique et de pertinence stratégique. Dans les deux cas, l’affrontement hégémonique, dépolitisé et désarmé serait réduit aux deux aspects d’un même chantage, la soumission a un ordre culturel dogmatique et a une autorité sans légitimité. Non, l’Occident n’est pas l’invasion mongole pour le monde russe, mais une réfutation stérile de l’importance de la puissance et de l’influence de l’univers européen

LE DECLINISME ET SES ARGUMENTS

Le New Statesman de Londres, repris par le Courrier International a publié en octobre 2021 un article du philosophe anglais, John Gray, au titre Comment le monde a basculé, dans lequel il résume la plupart des thèses déclinistes, pour conclure que l’Occident n’est pas mort et que nous ne vivons pas dans un monde post- occidental. L’argument central est constitué par le renversement de la prise de conscience des réalités historiques les plus durables et de leur portée géopolitique, le guerres perdues, l’abandon par l’Occident de régions stratégiques -l’Irak, la Syrie, la Libye, l’Afghanistan et le vortex illusoire de la stratégie du – « Regime Change ». Plus important et plus grave, l’oubli de la force disruptive de la liberté et de la tolérance, qui ont fait la force et l’idéal des révolutions intellectuelles du passé et la limitation de la démocratie à l’orthodoxie du dogme, préservé par une série d’interdits idéologiques.

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En termes de pouvoir international, l’épuisement de la stratégie américaine et de son empire démesuré, a rendu ingérable son leadership.  Difficulté qui est intervenue avec l’écroulement de l’Union soviétique et l’apparition d’un monde unipolaire. Un monde dans lequel, parallèlement a la montée étonnante de la Chine, les vieilles idées de l’Occident des années 30-4O ont inspirés les nouveaux régimes autoritaires. C’est surprenant en effet que dans les universités chinoises soient lus attentivement les classiques de la pensée occidentale Hobbes, Rousseau, Tocqueville, Burke et surtout Carl Schmitt. Des lectures qui ont pour toile de fond la quête de l’unité du pays, la recherche de l’homogénéité politique et culturelle et sont ostracisés les facteurs de division représentés par les minorités -ouighours, tibétaines, hongkongaises, taiwanaises et par les oppositions internes diverses, défendues par le recours aux droits de l’homme. C. Schmitt a fait école en une situation de crise permanente et d’anarchie et d’ingouvernabilité. Cependant la décomposition de l’hégémonie occidentale, comme fait culturel et intellectuel a eu une autre composante délétère, la crise de confiance en soi des européens, une crise spirituelle datant de la première guerre mondiale et du maitre ouvrage de O. Spengler- « Le déclin de l’Occident », auquel se sont inspirés les bons et les mauvais lecteurs de l’auteur fameux et ses héritiers. Une toute dernière remarque est imputable enfin à la conception occidentale selon laquelle il n’y aurait pas d’alternative à la civilisation occidentale et que nous serions parvenus avec le collapse de l’Union Soviétique,-à la « Fin de l’Histoire » - de Fukuyama.

LA SCÈNE PLANÉTAIRE ET LA VISION PLURALISTE DU MONDE

La scène planétaire est caractérisée par l'interdépendance croissante de l’humanité et par une complexité inégalée des univers culturels.

À présent, nous observons la fin provisoire de l'âge idéologique, mais cela ne signifie point sa disparition définitive, car les utopies réapparaissent perpétuellement dans le siècle et elles en constituent la trame signifiante.

Or la vision pluraliste du monde s'est, tour à tour, opposée à la vision moniste et dogmatique de la réalité. Ainsi, la variété des civilisations et des croyances et la multiplicité des régimes politiques nous forcent au constat, exaltant pour les uns et désarmant pour les autres, que l'hégémonie de l'Occident, qui préserve cette variété et cette richesse d'expressions, perdurera encore longtemps, avant de se dissoudre et de justifier une nouvelle candidature à la stabilité et à l'ordre universel dans le monde. C’est pourquoi l’Occident ne nous apparait pas fini et qu’il est encore loin de l’être, suicide exclu et histoire défigurée.

Bruxelles- Bucarest le 19 Décembre 2O21

Irnerio Seminatore est l’auteur de l’ouvrage – « La Multipolarité au XXIe siècle », Préface de Charles Zorgbibe ,à paraitre auprès des Editions VA Press (Fr)

Prochains titres :

Hégémonie et stabilité systémique

Hégémonie et transition de système

lundi, 29 novembre 2021

Chine : Les propos stupéfiants de l’Ambassadeur Zhang Jun sur l’Occident

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Chine : Les propos stupéfiants de l’Ambassadeur Zhang Jun sur l’Occident

Remarques de l’Ambassadeur Zhang Jun lors du dialogue interactif entre la Troisième commission et le Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités.

Source : Ministry of Foreign Affairs of China
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises ( https://www.les-crises.fr/chine-les-propos-stupefiants-de-l-ambassadeur-zhang-jun-sur-l-occident/ )

21 octobre 2021

Monsieur le Président,

L’objectif du dialogue interactif entre la Troisième commission et le Rapporteur spécial est d’améliorer la confiance mutuelle et de renforcer la coopération. Cependant, les États-Unis, la France et quelques autres pays ne peuvent résister à leur mauvaise habitude. Une fois de plus, ils ont abusé de la plate-forme de la Troisième commission pour lancer des accusations sans fondement contre la Chine, répandre le virus politique et la désinformation, et empoisonner l’atmosphère de coopération. La Chine s’oppose fermement à cela et le rejette résolument.

Aux États-Unis et à quelques autres pays, permettez-moi de dire ceci : vos mensonges banals sont totalement infondés. Le Xinjiang jouit de la stabilité, du développement et de la prospérité, et la vie du peuple chinois s’améliore de jour en jour. Le peuple chinois est satisfait et fier de ces réalisations, et ces réalisations sont largement reconnues et saluées par les peuples du monde entier. Peu importe le nombre de fois où ils sont répétés, les mensonges restent des mensonges. Vous pouvez vous tromper vous-mêmes, mais vous ne pouvez pas tromper le monde. Vous utilisez les droits humains comme un prétexte à des manœuvres politiques pour provoquer une confrontation. En fait, vous êtes le fauteur de troubles et le plus grand obstacle à la coopération internationale en matière de droits humains.

Pour les États-Unis et quelques autres pays : votre complot visant à entraver le développement de la Chine est voué à l’échec. La voie du développement de la Chine est choisie par le peuple chinois lui-même. Vous n’êtes pas en mesure de faire des choix pour le peuple chinois, et encore moins de faire la leçon à la Chine. Le progrès de la Chine est inarrêtable. Personne ne peut priver le peuple chinois de son droit à mener une vie heureuse. Il est temps de se réveiller ! L’époque où vous brimiez et opprimiez les pays en développement est révolue depuis longtemps.

Aux États-Unis et à quelques autres pays : vos tentatives désespérées de dissimuler votre terrible bilan en matière de droits humains ne fonctionneront pas. Le monde le voit clairement. Les États-Unis ont mené un génocide contre les Indiens d’Amérique. Ils ont réprimé leur propre peuple au point qu’il crie « Je ne peux pas respirer ». Ils ont ignoré la mort de plus de 700.000 ressortissants due à la pandémie. Et elle a souillé ses mains du sang de centaines de milliers de civils musulmans au Moyen-Orient et en Asie centrale. La liste est longue. Les droits humains ne sont pas une couverture. Blâmer les autres pays n’effacera pas vos propres méfaits, mais ne fera que révéler votre méchanceté et votre hypocrisie.

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Aux États-Unis et dans quelques autres pays : vos tentatives pour vous débarrasser de ceux qui ont des opinions différentes au nom de la démocratie n’aboutiront qu’à un échec. La démocratie n’est pas votre apanage, mais un droit dont jouissent les peuples de tous les pays. La meilleure démocratie consiste à laisser le peuple être le véritable maître du pays, au lieu d’en faire la chair à canon de la manipulation politique. Le monde est diversité. Il en va de même pour les approches de la démocratie. La question de savoir si un pays est démocratique ou non doit être jugée par son propre peuple, et non par des personnes extérieures au pays, et encore moins par des pays comme vous. Les tragédies survenues dans des pays comme l’Afghanistan, l’Irak et la Libye ont prouvé à maintes reprises que l’intervention militaire de l’extérieur et la soi-disant transformation démocratique n’entraînent rien d’autre que des dommages pour les pays concernés et pour l’idéal de la démocratie lui-même.

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Aux États-Unis et à quelques autres pays : vos tentatives de politiser les questions de droits humains à des fins de manipulation ne trouveront aucun soutien. Les peuples du monde entier sont lucides sur la vérité. Plus de 60 pays ont fait une déclaration commune de soutien à la Chine, dans laquelle ils s’opposent à l’ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays au nom des droits humains, et appellent à respecter les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies. L’histoire et la réalité ont prouvé à maintes reprises que votre recours inconsidéré à la désignation de coupables, à la pression et à l’intimidation vous a fait perdre tout le soutien des peuples du monde entier. Vous êtes du côté opposé de la communauté internationale.

Aussi, à la France et aux autres partisans des États-Unis : ce que vous faites, c’est soumettre votre indépendance et votre autonomie, et servir d’hommes de main aux États-Unis, comme si vous pouviez acquérir une supériorité en agissant à la demande de la superpuissance. Mais la vérité est que vous abandonnez votre propre dignité et que vous ne gagnerez aucun respect de la part des autres.

Le monde se développe et l’humanité progresse. Les États-Unis et quelques autres pays choisissent de s’en tenir à la mauvaise voie, qui va à l’encontre de la tendance dominante de l’époque. Finalement, ils ne feront que se déshonorer et deviendront la risée de la communauté internationale et les coupables de l’histoire.

Monsieur le Président,

Respecter et protéger les droits humains est un esprit fondamental de la civilisation moderne. Il a été inscrit dans la Constitution de la Chine et est devenu une pratique générale dans la société chinoise. Sous la direction du Parti communiste chinois, le peuple chinois de tous les groupes ethniques a déployé des efforts inlassables et a atteint le premier objectif du centenaire. Nous avons fait de la Chine une société relativement prospère à tous égards. Nous avons apporté une solution historique à la pauvreté absolue en Chine, et réalisé l’objectif de la réduction de la pauvreté avec 10 ans d’avance. Le peuple chinois jouit de plus de droits humains et de libertés que jamais auparavant.

Les droits humains sont universels, mais les chemins qui y mènent sont divers. La Chine s’en tient à sa voie en matière de droits humains, avec des caractéristiques chinoises distinctives qui conviennent à nos conditions nationales, et offre une vie meilleure au peuple chinois. Ce que nous avons réalisé montre qu’il s’agit du bon chemin et d’un avenir prometteur. Nous suivrons fermement cette voie.

La promotion et la protection des droits humains est un processus continu. La Chine accueille toutes les suggestions favorables et de bonne foi. Mais nous n’accepterons jamais de pressions politiques fondées sur des mensonges ni des leçons condescendantes. Notre détermination à défendre notre souveraineté, notre sécurité et nos intérêts en matière de développement reste inébranlable ; et notre détermination à sauvegarder les intérêts fondamentaux et la dignité du monde en développement au sens large reste inébranlable.

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La Chine continuera à mener des échanges et une coopération en matière de droits humains avec d’autres pays sur la base de l’égalité et de la confiance mutuelle. Nous continuerons à apporter la sagesse et les solutions de la Chine, à prôner la paix, le développement, l’équité, la justice, la démocratie, la liberté et d’autres valeurs partagées par l’ensemble de l’humanité, à œuvrer à la construction d’une communauté avec un avenir commun pour l’humanité, et à contribuer encore davantage à la cause internationale des droits humains.

Source : Ministry of Foreign Affairs of China, 21-10-2021
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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lundi, 08 novembre 2021

Un monde tripolaire : nouveaux horizons et Logos intemporels

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Un monde tripolaire : nouveaux horizons et Logos intemporels

Alexandre Douguine

Ex: https://www.geopolitica.ru/article/trehpolyarnyy-mir-novye-gorizonty-i-vechnye-logosy

Un monde tripolaire s'est en fait construit sous nos yeux. Il n'importe plus de savoir quelle force politique prévaut en Amérique, les mondialistes (comme Biden aujourd'hui) ou les nationalistes (comme Trump hier). L'échec du maintien de l'hégémonie mondiale américaine ne dépend plus de l'orientation de l'élite dirigeante américaine. Les néocons et les ultra-libéraux de Biden vudraient revenir au modèle unipolaire qui prévalait dans les années 1990 après l'effondrement de l'URSS, mais ils ne le peuvent tout simplement plus. La Chine et la Russie, à partir d'un certain moment, sont devenues des entités géopolitiques et civilisationnelles si manifestement souveraines qu'il n'est plus possible de le nier.

Bien sûr, les libéraux en lutte contre Trump ont essayé de l'accuser d'être celui qui a contribué (et même tout à fait délibérément) à l'indépendance de la Russie de Poutine. C'était l'une des principales thématiques de l'élection américaine. Mais il est désormais clair qu'il s'agissait d'un pur coup politicien: il n'était pas question des sympathies de Trump pour Poutine ou de l'ingérence de la Russie dans les élections américaines. Le fait est que les États-Unis ne peuvent plus diriger le monde seuls. Et Biden est exactement dans la même position que Trump : la limite stratégique de l'unipolarité a été atteinte et il n'y a plus de ressources pour la maintenir et la renforcer. En dépit de Biden ou de Trump, nous sommes effectivement passés à un monde tripolaire.

Il existe trois centres de décision pleinement souverains dans ce monde.

    - Les Etats-Unis, qui ne représentent plus l'Occident tout entier, mais l'axe anglo-saxon (d'où le lancement des alliances AUKUS et QUAD) + ses satellites régionaux ;
    - La Russie, qui, malgré tout, ne fait que renforcer sa position sur la scène internationale, en essayant de trouver de nouveaux points d'application tant dans l'espace post-soviétique que dans d'autres régions ;
    - La Chine qui supporte avec succès le poids de la confrontation économique et militaro-stratégique croissante avec les Anglo-Saxons, qui se sont sérieusement engagés dans un endiguement régional de la Chine en Asie du Sud-Est.

Entre ces centres complets de pouvoir oscillent

    - L'Union européenne, désemparée, a été amenée au bord d'un désastre énergétique par les politiques ratées de Washington et s'est retrouvée pratiquement exclue du bloc anglo-saxon ;
    - La Turquie, l'Iran et le Pakistan, qui renforcent systématiquement leurs capacités régionales ;
    - Le Japon et l'Inde, qui cherchent à renforcer leur position en utilisant de manière pragmatique l'impasse entre les États-Unis et la Chine (tandis que l'Inde, de manière tout à fait rationnelle, continue de maintenir un partenariat stratégique avec la Russie) ;
    - Les pays islamiques du Moyen-Orient et du Maghreb, qui se sont détachés des États-Unis et tentent désormais de résoudre les conflits locaux sans se tourner vers Washington ;
    - Les régimes africains qui rejettent de plus en plus le néocolonialisme européen et, plus largement, occidental (incarné de manière très vivante par la nouvelle vague de panafricanisme anti-européen - comme les Urgences panafricanistes de Kemi Seba)
    - Les pays d'Amérique latine, effectivement abandonnés par les États-Unis et cherchant une nouvelle place dans le système mondial sur le modèle du Sud global ;
    - Les acteurs émergents d'Asie du Sud - Indonésie, Malaisie, Corée du Sud, etc.

Ainsi, entre les trois piliers de la tripolarité, qui ont désormais une supériorité incontestable, bien qu'asymétrique, commence un mouvement de pôles secondaires, un peu moins établis et encore incomplets. Néanmoins, certains d'entre eux - notamment l'Inde et certains pays d'Amérique latine - ont un potentiel très élevé et ne tarderont pas à atteindre la cour des grands.

Et c'est là que la partie amusante entre en jeu. Ce monde tripolaire, et demain un monde multipolaire au sens plein, a deux aspects.

D'une part, certains aspects technologiques de la civilisation - dans le système de communication, dans la sphère énergétique, dans les modèles de réseaux numériques et de développement de l'économie virtuelle - seront communs à tous les pôles, grands et petits, même si ce n'est que pour un court moment. Cela permettra de parvenir à une standardisation, même minime, des relations entre les pôles, et de justifier des algorithmes communs. Cela permettra d'établir un modèle spécifique sur le plan pratique, accepté par tous (ou presque), constitué de protocoles et de règles reflétant les nouvelles conditions. Oui, personne n'aura le monopole de la résolution des situations problématiques à lui seul. Toute solution peut être contestée par l'autre pôle ou par une alliance situationnelle de pôles. Dans une telle situation, personne n'aura le droit exclusif d'insister sur quoi que ce soit. Le pouvoir de l'un ne sera limité que par le pouvoir de l'autre. Le reste est une question de négociation. 

Cela signifie, en fait, le début de la démocratie multipolaire ou "démocratie des normes". Une situation similaire existe d'ailleurs aux États-Unis, où chaque État a ses propres lois, qui se contredisent parfois directement. Dans un modèle international, la "démocratie des normes" peut être encore plus souple : certains pays proposent et acceptent leurs normes, d'autres acceptent les leurs, et ainsi de suite.

Bien sûr, il est dans l'intérêt de tous qu'il existe des algorithmes stables d'interaction internationale, mais les règles changeront constamment, chaque pôle cherchant à modifier la situation en sa faveur. Toutefois, un certain "universalisme" (de nature purement technique), bien que limité, sera manifestement exigé par tous.

Mais d'un autre côté, chaque pôle aura intérêt à renforcer son identité civilisationnelle. Et là, la situation sera encore plus intéressante.

Les trois pôles principaux déjà entièrement formés sont donc:

    - Les Anglo-Saxons,
    - La Russie et
    - La Chine

On insistera clairement sur l'identité historique de chacun. Sur leur propre Logos. Et c'est là que les surprises nous attendent.

Il n'est pas du tout évident que les États-Unis, par exemple, bien que fortement liés à la Grande-Bretagne et à l'Australie, continueront sur la voie de l'ultra-libéralisme, du post-humanisme, de la dégénérescence LGBT+, etc. Ce modèle mondialiste est un échec total. Elle est de plus en plus rejetée, tant aux États-Unis qu'en Europe. Il ne faut donc pas écarter la possibilité d'un retour de Trump et du trumpisme (plus largement du populisme) aux États-Unis. Il est très révélateur que le symbole de la réussite mondiale, Elon Musk, se soit mis à lire Ernst Jünger. Le vent a tourné. L'élite des milliardaires prend un détour intellectuel intéressant - et résolument conservateur. Un autre milliardaire, Peter Thiel, lit depuis longtemps mes textes géopolitiques et les écrits de Carl Schmitt. Oui, il y a toujours Soros, Gates, méta-Zuckerberg, Bernard-Henri Lévy et Jeff Bezos avec les fous furieux de Google et Twitter, mais ils seront bientôt dans une impasse irrémédiable pour avoir tenté d'établir leurs monopoles. Et eux aussi chercheront à s'attaquer à la lecture de Jünger.

En Europe, la tendance montante du nouveau conservatisme est représentée par une figure comme Eric Zemmour, la star des prochaines élections présidentielles françaises. Zemmour rejette radicalement les LGBT+ et le libéralisme, appelle à l'arrêt complet des migrations, au retour à l'identité française, au gaullisme et à une alliance eurasienne avec la Russie.

La Hongrie et la Pologne, en Europe de l'Est, démontrent que le libéralisme commence à s'enliser aussi dans cette région.

Il n'est donc pas du tout certain que dans un monde tripolaire, les posthumanistes, les postmodernes, les maniaques de la technocratie et les pervers libéraux conserveront le monopole du Logos occidental. Un virage conservateur est également très probable. Et maintenant, ça pourrait devenir intéressant. Mais il n'en reste pas moins qu'un tel virage conservateur sera fondé sur les valeurs occidentales. Oui, ils ne seront pas aussi agressifs et intrusifs que la ligne totalitaire et déjà folle des mondialistes libéraux. Mais ce sera toujours une nouvelle affirmation de l'Occident - avec tout ce que cela implique.

La Chine, avec ses milliers d'années de civilisation et son système socio-politique tout à fait original, dispose là encore d'un énorme avantage. Ce n'est pas seulement l'économie et le contrôle politique étroit du PCC qui sont la clé du succès du Logos chinois. La société chinoise - tant l'État que le peuple lui-même - est un système de valeurs cohérent, avec une dimension impériale, une éthique et une sorte de métaphysique chinoise. Ce n'est pas seulement une question de pouvoir ; le fait est qu'entre le pouvoir du PCC et la société chinoise proprement dite se trouve un continent entier de culture traditionnelle chinoise - anthropologique, éthique, spirituelle. Et la Chine ne fera que se renforcer et étendre son influence dans les régions voisines.

Il est grand temps pour la Russie de réfléchir au Logos russe. Sur l'identité russe, sur la conscience de soi historique, sur notre système de valeurs, qui n'est pas moins original et distinctif que celui de l'Occident ou de la Chine. Hélas, nous y prêtons encore très peu d'attention. Mais il vaut la peine de se tourner vers l'histoire russe, vers les trésors inestimables de l'orthodoxie et de la tradition, vers notre littérature et notre art, vers notre philosophie religieuse, vers l'éthique russe de la justice et de la solidarité - et les grandes lignes de la civilisation russe s'ouvriront devant nous. Et là, il faut être décisif : même si ce n'est pas une vérité universelle, elle n'est pas universelle, mais c'est la nôtre, la russe. Qui est prêt à l'accepter, qu'il soit le bienvene. Pour ceux qui n'y sont pas prêts, eh bien, que le monde soit plus riche et plus complet grâce à la diversité et à l'identité.

Et encore les trois Logos...

    ...l'Occidental..,
    ... le chinois et...
    le russe -

sont comme trois civilisations - et ils ne seront bientôt que les principaux pôles de la multipolarité. Les civilisations islamique ou indienne, africaine ou latino-américaine, avec toutes leurs particularités locales, auront l'occasion de multiplier leur Logos, de défendre et de développer leur identité, de construire leurs Etats, leurs cultures, leurs systèmes.

Bien sûr, il y aura des difficultés en cours de route. Mais il est parfois important de prêter d'abord attention aux nouveaux horizons, sans tout réduire à la concurrence, aux conflits, aux affrontements et au scepticisme geignard : "rien ne marchera pour l'humanité, comme rien n'a jamais marché". C'est un mensonge - cela a parfois fonctionné, et l'humanité a connu les plus grands succès, les plus grandes réalisations, les plus grands exploits et les plus hauts sommets, bien qu'il y ait eu aussi des chutes sévères et des catastrophes.

Il vaut la peine de se pencher sur un monde multipolaire - aujourd'hui tripolaire - avec responsabilité et animé de solides bonnes intentions. Après tout, c'est le monde dans lequel nous vivons que nous créons nous-mêmes. Concentrons-nous donc, nous les Russes, sur la recherche du Logos russe.

tg-Nezigar (@russica2)

samedi, 23 octobre 2021

Poutine croque le bloc occidental à la moulinette

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Poutine croque le bloc occidental à la moulinette

Ex: https://www.dedefensa.org/article/poutine-croque-le-bloc-bao-a-la-moulinette

22 octobre 2021 – Poutine a fait une longue apparition de trois heures devant le public de la session plénière de l’édition 2021 du “Davos russe”, ou de “l’anti-Davos” si l’on veut, – le “Valdaï Discussion Club”. Son intervention s’est faite dans le style de ses fameuses et très longues conférences de presse, avec questions du modérateur et du public, qu’il s’agisse de celui qui était présent physiquement ou par liaison vidéo.

On comprend ainsi qu’il y a eu de très nombreux sujets abordés, notamment les habituels sujets de politique extérieure avec les critiques russes concernant l’OTAN, l’Ukraine ou la façon dont les Occidentaux, américanistes en particulier, ont terminé leur piteuse aventure afghane. Poutine juge que « les problèmes mondiaux s’accumulent et deviennent de plus en plus explosifs ». Il fait le bilan de la période qui vit la domination absolue de l’Occident, puis l’effritement sinon l’effondrement de cette  domination, avec cette remarque renvoyant évidemment à l’Irak et à l’Afghanistan :

« Auparavant, une guerre perdue par un pays signifiait une victoire de l’un sur l'autre, – et c’était le premier qui assumait la responsabilité pour ce qui survenait. […] Aujourd'hui, tout est différent. Peu importe qui gagne, la guerre ne finit pas, elle ne fait que changer de forme. Un vainqueur hypothétique ne veut pas s’occuper d’assurer l’ordre pacifique et il ne fait qu’aggraver le chaos et amplifier le vide dangereux pour le monde… »

Ce qui nous intéresse surtout, c’est la façon appuyée avec laquelle Poutine s’est attaché à l’observation et à l’interprétation des crises culturelles qui touchent l’Occident, sous le nom générique de wokenisme, comprenant aussi bien le phénomène de l’“antiracisme” que celui des LGTBQ. Bien entendu, le président russe est extrêmement critique d’une part, d’autre part absolument épouvanté et effaré par ces phénomènes.

Il est tout à fait remarquable et sans doute significatif pour nos mémoires encalminées, qu’il compare certains aspects de nos folies wokenistes avec la période culturelle très particulière en URSS, après la guerre civile de 1918-1921 (au moment de la NEP dans l’économie) jusqu’au tout-début du stalinisme (1928-29 et la “dékoulakisation”). La culture développa des avant-gardisme aussi bien culturels (disons “les futuristes” avec le flamboyant Maïakovski) que sociétaux dans les mœurs sociaux, tentant des approches ultra-modernistes plus tard symbolisées par des références à l’homo sovieticus, – tout cela débouchant d’une façon bien décourageante et pleine d’enseignement sur le stalinisme pur-jus, avec développement d’un goulag déjà bien affirmé et les purges permanentes sur le modèle 1936-1939 de la ‘Grande Purge’ du NKVD de Iéjov (la ‘Iéjovtchina’).

Regards étonnés de l’ancien colonel du KGB purgé, lui, de toutes les pratiques du NKVD, sur l’étrange évolution de l’Occident, du style “tout ça pour ça”...

•  Monstrueux ‘NewSpeak’ en Occident... « “La discussion sur les droits des hommes et des femmes [en Occident] s’est transformée en une fantasmagorie totale dans un certain nombre de pays occidentaux. Ceux qui se risquent à dire que les hommes et les femmes existent encore, et que c'est un fait biologique, sont pratiquement ostracisés” en Occident, a déclaré Poutine, qualifiant cette situation de “fantasmagorie totale”.

» “Sans parler de choses tout simplement monstrueuses”, a-t-il ajouté, “comme lorsqu'on enseigne aux enfants, dès leur plus jeune âge, qu'un garçon peut facilement devenir une fille et vice versa. En fait, on les endoctrine dans les prétendus choix qui sont soi-disant disponibles pour tout le monde, – en supprimant les parents de l'équation et en forçant l'enfant à prendre des décisions qui peuvent ruiner sa vie.”

» C’est à la limite du crime contre l'humanité, – le tout sous couvert de ‘progrès’”.

» Il ajoute que la situation lui rappelle le “NewSpeak” inventé par les “guerriers de la culture soviétiques” dans les années 1920, dans l'espoir de redéfinir les valeurs des gens et de créer un nouveau sens de la conscience. »

• ‘Cancel Culture’ et racisme inversé... « Une autre pratique occidentale qui rappelle à Poutine les débuts de l'ère soviétique est la poussée vers la “justice sociale” par le biais de la discrimination positive et de la culture de l'annulation.

» “La lutte contre le racisme est une cause nécessaire et noble, mais dans la ‘culture de l'annulation’ moderne, elle se transforme en discrimination inverse, en racisme inversé”, a déclaré Poutine. “C'est avec une grande perplexité que nous voyons aujourd'hui à l'Ouest, dans des pays qui ont pris l'habitude de se considérer comme des fleurons du progrès, des pratiques que la Russie a laissées dans un passé lointain”. »

Poutine conservateur ? Poutine prudent, certes, qui observe tous ces troubles et ce chaos avec circonspection sinon horreur et qui ne peut faire que procéder avec la plus extrême prudence... D’où la définition de son conservatisme hérité de Berdiaev et son observation de l’inéluctable crise du capitalisme entré dans une voie sans issue conduisant dans une impasse posée contre un mur comme en rêve Donald Trump.

• Le conservatisme de Berdiaev... « A la question de savoir si ces vues [sur les pratiques sociétales dans le bloc-BAO/le bloc occidental] font de lui un conservateur, Poutine a cité le philosophe russe Nikolaï Berdiaev [expulsé d’URSS en 1922] qui disait que “le conservatisme n’est pas quelque chose qui vous empêche de monter et d’avancer, mais quelque chose qui vous empêche de reculer et de tomber dans le chaos.”

• Crise du capitalisme... « Selon Poutine, il y a une “inégalité croissante des avantages matériels et des opportunités au sein de la société” dans certains des pays les plus riches du monde.

» “Tout le monde voit bien que le modèle de capitalisme existant, qui constitue aujourd’hui la base de l’ordre social dans la grande majorité des pays, est à bout de souffle”, a déclaré Poutine. “Il n'y a plus d'issue à l’enchevêtrement de contradictions de plus en plus déroutantes”. »

En un sens, on comprendra qu’il n’y a rien pour nous surprendre dans les réactions et les jugements de Poutine. Son attention pour les questions sociétales et culturelles, voire spirituelles, est largement connue depuis de nombreuses années, une fois l’homme débarrassé des tombereaux d’insanités imbéciles dont le bloc-BAO (= le bloc occidental) ne cesse de l’accabler, comme on encense un fantasme de bouc-émissaire.

On doit donc se rendre à l’évidence : à rendre compte de sa lucidité et de la façon dont il saisit bien les fils et les effets de la crise, de la façon dont il situe les responsabilités et identifie les folies, on comprend après tout cet acharnement américaniste et occidentaliste contre lui.

“Cet homme est dangereux”, se dit le Système... Et de faire les yeux doux au premier Navalny venu : c’est dire où il en est, le Système !

Quels que soient ses travers et ses vilenies, Poutine est insupportable à cette époque à cause de sa lucidité et de la façon dont il l’exprime, et de son refus opiniâtre de notre habituel simulacre civilisationnel, cette irrésistible tendance à laquelle nous force notre déterminisme-narrativiste, de prendre des vessies pleines de vides en simulacre pour des lanternes pleines de vertus rassurantes dans leur bouffitude de moraline. S’il est corrompu, Poutine, comme disent nos docteurs en cette même moraline de Soros aux parlementaires européens, alors il l’est à l’image de Talleyrand, c’est-à-dire qu’il est également aussi brillant et clairvoyant que lui.

(Talleyrand superbement grimé en évêque, – qu’il était d’ailleurs, – et élégamment poudré en révolutionnaire pour figurer dans la célébration de la Fête de la Fédération en 1790, sur la scène, devant la foule pieusement rassemblée sur le Champ de Mars avec les parlementaires de la Convention Nationale aussi sérieux qu’autant de papes, acceptant le serment à la Patrie de La Fayette et lui chuchotant: « Ne me faites pas rire ».)

dimanche, 03 octobre 2021

L’Occident comme déclin (Guillaume Faye)

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L’Occident comme déclin (Guillaume Faye)

Dans cette vidéo, nous aborderons une œuvre capitale de Guillaume Faye, bien que moins connue des nouvelles générations: « l’Occident comme déclin ». Écrit durant la première partie de sa vie intellectuelle, il s’agit d’un texte aussi incisif que profond, opérant une distinction fondamentale entre l’Occident comme idéologie et mode de vie à part entière et la civilisation européenne. Si l’Occident est né de l’Europe, il s’est depuis longtemps constitué comme une force opposée à elle. La réflexion de Faye embrasse donc l’évolution historique de l’Occident, les caractéristiques fondamentales de « l’idéologie occidentale » ainsi que l’épineuse question du déclin, déjà abordée par Oswald Spengler. Bien que la pensée de Faye ait évolué par la suite et qu’il ait apporté certaines nuances à ses critiques de l’Occident, ce texte n’en demeure pas moins le cœur de sa pensée politique et philosophique, qui constitue la matrice de ses développements ultérieurs.
 
 
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Pour se procurer les livres de Guillaume Faye :
- L’Occident comme déclin (pdf) : https://www.revue-elements.com/produi...
- Contre l’économisme (pdf) : https://www.revue-elements.com/produi...
- La nouvelle société de consommation (pdf) : https://www.revue-elements.com/produi...
- Guerre civile raciale : https://danielconversano.com/product/...
- L’Archéofuturisme, Avant-Guerre et Pourquoi nous combattons : https://nouvelle-librairie.com/?s=gui...
 
Musique :
- Richard Wagner : Faust – Ouverture
- Franz Schubert : Der Müller und der Bach
- Franz Schubert : Impromptu 3 in G-flat major, D. 899 (Op. 90) no. 3
- Franz Schubert : Fantasy in F minor D. 940
- Antonio Vivaldi : Concerto for Strings in D minor, RV 128
- Richard Strauss : Also sprach Zarathustra

dimanche, 29 août 2021

Échecs et Jeu de Go : les deux philosophies opposées des États-Unis et de la Chine

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Échecs et Jeu de Go : les deux philosophies opposées des États-Unis et de la Chine

Federico Giuliani

Ex: https://it.insideover.com/politica/scacchi-e-go-le-due-filosofie-opposte-di-usa-e-cina.html

En observant ce qui se passe en Afghanistan, et en retraçant ce qui s'est passé sous ces latitudes ces dernières années, il est possible de comparer deux approches différentes utilisées par les puissances mondiales pour faire des incursions à Kaboul et dans ses environs.

La première approche, adoptée par les Etats-Unis et, plus généralement, par les puissances occidentales, vise essentiellement à atteindre les objectifs fixés. À tout prix, sans compromis et sans prendre de raccourcis. L'autre, beaucoup plus pragmatique et attentiste, suit le comportement de la Chine, ce qui renvoie à l'esprit asiatique dans la résolution des affaires de la vie. Dans ce cas, au lieu de mener une action verticale, il est préférable d'encercler la cible sans la frapper, en attendant sa capitulation qui, tôt ou tard, devra venir.

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Soyons clairs: ces deux façons de traiter l'adversaire géopolitique ne sont pas construites à la planche à dessin et ne peuvent pas être définies comme de véritables stratégies. Beaucoup plus simplement, nous nous trouvons devant deux modes opératoires qui peuvent être placés aux antipodes et dictés par des contextes culturels différents. De ce point de vue, l'Ouest et l'Est peuvent être considérés comme deux extrêmes diamétralement opposés, tandis que les États-Unis et la Chine incarnent les "idéaux types" parfaits des approches mentionnées.

L'approche américaine (et occidentale) : la partie d'échecs

Nous pouvons faire une comparaison pour mieux comprendre la différence entre ces deux approches. L'attitude géopolitique utilisée par les Américains en Afghanistan suit les principes appliqués dans le jeu d'échecs ; au contraire, l'approche chinoise propose les règles du go (ou weiqi), un jeu de société similaire mais en même temps différent des échecs.

Dans le détail, deux philosophies opposées sous-tendent ces modus operandi. En comparant les stratégies des échecs et du go, il est possible de déduire une "philosophie de l'attaque" que l'on retrouve également dans les actions de politique étrangère de Washington et de Pékin. Alors qu'aux échecs l'objectif est d'abattre le roi par une attaque directe, auquel cas tous les autres pions sont éliminés, au go il existe un plan d'encerclement visant à neutraliser l'ennemi grâce à la force qui l'entoure et l'empêche de se déplacer.

En d'autres termes, aux échecs, le but est de dominer le centre du terrain afin d'obtenir un échec et mat. Les deux adversaires contrôlent une "armée" de 16 pions, chacun d'importance variable, dont un roi chacun. Dès qu'un des deux rois est "mangé", la partie est terminée avec la victoire de celui qui a réussi à manger le roi de son adversaire. Le concours se termine par l'anéantissement de l'adversaire. L'un des deux challengers devient ainsi le maître du territoire après avoir détruit l'autre. Et c'est précisément l'approche utilisée par les États-Unis en Afghanistan (et ailleurs).

L'approche chinoise : le jeu de go

Le discours du weiqi est différent, comme l'a souligné le site web China Files. Le go répond à une philosophie bien éloignée de celle qui guide les échecs. Dans ce cas, les deux joueurs doivent placer des pions d'importance égale sur une grille de 19×19 lignes. Calculatrice en main, il y a 361 intersections sur un plateau de Go, ce qui est beaucoup plus qu'aux échecs. Il y a deux camps, les Blancs et les Noirs. Mais personne n'est obligé de manger quelqu'un d'autre. Au début de chaque tour, chaque challenger place sa pierre dans l'une des intersections libres. L'objectif ici est de placer les pièces de manière à encercler celles du challenger.

Le but du go n'est donc pas d'anéantir l'adversaire, mais de contrôler une plus grande surface de la table que l'ennemi. De ce point de vue, la stratégie de la politique étrangère chinoise semble suivre la voie d'un joueur de Go. En Afghanistan, Pékin a essentiellement encerclé Kaboul par le biais d'accords commerciaux, de réunions et de dialogues de toutes sortes, afin d'amener le pays sous son influence géopolitique sans y faire la guerre. Il reste à voir laquelle des deux stratégies, surtout à long terme, portera le plus de fruits.

vendredi, 09 juillet 2021

Sergej Lavrov sur l'Occident : "Son ère est terminée"

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Sergej Lavrov sur l'Occident : "Son ère est terminée"

par Rodolfo Casadei

Ex: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/sergej-lavrov-sull-occidente-finita-la-sua-era

Si les Américains pensent, après le sommet Biden-Poutine à Genève, qu'ils ont neutralisé la Russie et peuvent maintenant se consacrer à contenir la Chine afin de préserver leur hégémonie mondiale, ils se trompent. Moscou continuera à agir de concert avec les puissances révisionnistes pour accélérer la transition de l'ordre hégémonique occidental en déclin vers un ordre international multipolaire.

C'est la conclusion la plus importante en termes géopolitiques que l'on tire de la lecture de l'article du ministre russe des Affaires étrangères Sergej Lavrov intitulé "Le droit, les droits et les règles" paru sur le site de son ministère le 28 juin dernier.

Un long texte de près de 30 000 frappes qui repropose les positions traditionnelles de la Russie de Poutine en matière de relations internationales, mais aussi des soulignements relativement nouveaux et au moins une bourde de propagande qui en a fait sourire plus d'un : à un certain moment, Lavrov affirme, on ne sait pas sur la base de quelles informations, que "dans certains pays occidentaux, les élèves apprennent à l'école que Jésus-Christ était bisexuel".

Deux poids, deux mesures

Le fait que Biden ait utilisé le sommet de Genève pour jeter les bases d'une sorte de pacte de non-agression avec Moscou afin de pouvoir concentrer toutes les ressources stratégiques américaines dans le bras de fer avec Pékin, est apparu clairement lorsque lui et Poutine ont publié une déclaration commune axée sur la nécessité d'un "dialogue pour la stabilité stratégique" afin de "réduire le risque de conflits armés et la menace de guerre nucléaire", car "une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée".

M. Lavrov a clairement indiqué que la Russie considère l'attitude de l'Occident comme agressive et qu'elle ne se soumettra pas aux diktats des Américains et des Européens justifiés par les exigences de la "démocratie" et des "droits de l'homme", car l'Occident a l'intention d'imposer à tous ses règles, qui diffèrent de celles établies par les traités internationaux et l'ONU.

    "Ces réunions", a écrit M. Lavrov dans la première partie de son discours, en faisant référence au sommet du G7 en Cornouailles, au sommet de l'OTAN et à la réunion de M. Biden avec les dirigeants de l'UE, "ont été soigneusement préparées de manière à ne laisser aucun doute sur le fait que l'Occident voulait envoyer un message clair : "nous sommes unis comme jamais auparavant et nous ferons ce que nous pensons être juste dans les affaires internationales, en forçant les autres, en premier lieu la Russie et la Chine, à suivre notre exemple". Les documents adoptés lors des sommets de Cornouailles et de Bruxelles ont cimenté le concept d'un ordre mondial fondé sur des règles, par opposition aux principes universels du droit international qui ont pour source première la Charte des Nations unies".

Ce sera le leitmotiv de tout le discours de M. Lavrov : l'Occident promeut un multilatéralisme à son usage et à sa consommation, fondé sur des règles qu'il fixe lui-même de temps à autre, et rejette le multilatéralisme fondé sur la Charte des Nations unies et sur le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays. L'exemple classique du double standard occidental se répète : dans la crise du Kosovo, l'Occident applique le principe d'autodétermination de la population locale parce que cela lui convient, alors que dans le cas du référendum en Crimée, il le rejette parce qu'il ne répond pas à ses intérêts.

La Russie et la Chine dans une même phrase

Lorsque M. Lavrov veut souligner l'arrogance de l'Occident à l'égard des autres pays, il mentionne toujours la Russie et la Chine dans la même phrase :

    "Qualifiées de "puissances autoritaires", la Russie et la Chine ont été désignées comme les principaux obstacles à la mise en œuvre du programme décidé lors des sommets de juin."

    "L'Occident a réservé les termes les plus élevés au fonctionnement interne des pays "non démocratiques" et à ses efforts pour les remodeler afin qu'ils correspondent au cliché occidental. C'est pourquoi on exige que Moscou et Pékin, ainsi que d'autres, suivent les prescriptions occidentales en matière de droits de l'homme, de société civile, de traitement de l'opposition, de médias, de gouvernance et d'interaction entre les pouvoirs de l'État."

    "Les politiciens éclairés d'Europe et d'Amérique reconnaissent que cette politique extrémiste ne mène nulle part, et ils commencent à penser de manière pragmatique, en reconnaissant qu'il n'existe pas de civilisation unique dans le monde. Ils commencent à reconnaître que la Russie, la Chine et les autres puissances régionales ont des milliers d'années d'histoire, leurs propres traditions, leurs propres valeurs et leur propre mode de vie. Les tentatives visant à déterminer quelles valeurs sont meilleures et quelles valeurs sont pires n'ont aucun sens. L'Occident doit simplement reconnaître qu'il existe des façons de gouverner qui peuvent être différentes de l'approche occidentale, et accepter et respecter cela comme un fait."

Contre Macron, pour Orban

Malgré la référence aux politiciens européens éclairés, le texte de Lavrov est plein de ressentiment à l'égard de l'Union européenne, qu'il accuse d'être totalement alignée sur les intérêts de Washington et arrogante dans sa prétention à imposer son idée du multilatéralisme aux autres pays par la force des sanctions économiques contre les récalcitrants. La cible des critiques du ministre russe des Affaires étrangères sont notamment la France en la personne d'Emmanuel Macron, l'Allemagne, la Pologne et les pays baltes.

Alors qu'au moins deux clins d'œil sont réservés à Viktor Orban, qui n'est pas cité nommément. La première est lorsque Lavrov écrit qu'"il est significatif que le terme "démocratie autocratique" ait été évoqué, bien que timidement. Ce sont des considérations utiles, et les politiciens les plus réfléchis qui sont actuellement au pouvoir devraient les prendre en considération."

Dans un autre passage, il déclare : "Les tentatives des politiciens sensés de protéger la jeune génération de la propagande agressive des LGBT se heurtent aux protestations belliqueuses de l'Europe 'éclairée'".

La fin de l'Occident

Le texte prend parfois le ton de l'invective ou celui de la prophétie :

    "En étendant les sanctions et autres mesures coercitives illégitimes à l'encontre d'États souverains, l'Occident promeut un gouvernement totalitaire des affaires mondiales, adoptant une posture impériale et néocoloniale dans ses relations avec les pays tiers."

    "Pris dans son ensemble, historiquement, l'Occident a dominé le monde pendant 500 ans. Or, on assiste aujourd'hui à la fin de cette époque; l'Occident s'accroche au statut dont il jouissait en freinant artificiellement les processus objectifs qui déterminent l'émergence d'un monde polycentrique."

    "Les anciennes puissances coloniales cherchent à effacer cette mémoire en la remplaçant par des rituels conçus à la hâte, tels que l'agenouillement avant une compétition sportive, afin de détourner l'attention de leur responsabilité historique dans les crimes de l'ère coloniale."

    "Avec son attitude méprisante envers les autres membres de la communauté internationale, l'Occident se retrouve du mauvais côté de l'histoire."

Enfin, il annonce les intentions de la Russie à l'ONU :

    "Les efforts visant à apporter plus de démocratie dans les relations internationales et à affirmer un monde polycentrique comprennent une réforme du Conseil de sécurité de l'ONU qui renforcerait la présence des pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, et mettrait fin à l'anomalie de la surreprésentation de l'Occident dans le principal organe de l'ONU."

Le rameau d'olivier dans la dernière phrase de l'article contient une référence moqueuse à ce qui est considéré comme la prétention de l'Occident à dicter les règles :

    "Nous serons toujours ouverts à un dialogue honnête avec toute personne qui démontre une volonté de trouver un équilibre des intérêts mutuels, fermement ancré dans le droit international. Ce sont les règles auxquelles nous adhérons".  

 

lundi, 10 mai 2021

Paille russe et poutre occidentale

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Paille russe et poutre occidentale

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Cela fait de nombreux mois que les diplomaties occidentales, en particulier les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Pologne, la Suède et la France, ne cachent plus leur mécontentement à propos de l’incarcération d’Alexeï Navalny. Après une tentative bizarre d’empoisonnement en août 2020 et une vingtaine de jours de grève de la faim, il vient d’être hospitalisé et recommence à se nourrir. Chancelleries occidentales et officines de presse officielles s’indignent de la persécution de celui qu’elles présentent comme le principal opposant à Vladimir Poutine.

Cette belle unanimité est cependant fêlée par l’attitude d’Amnesty International. Cette ONG cosmopolite a retiré son soutien au détenu russe le plus célèbre des plateaux-télé parce qu’il a frayé, il y a une quinzaine d’années, avec des groupuscules ethno-nationalistes russes. Premier prix permanent des faux-culs, Amnesty International ne souhaite pas aider une personne qui aurait tenu naguère des « propos haineux »… Toutefois, sa décision suscitant l’incompréhension, l’association pourrait se raviser.

Escroc notoire qui a profité des failles béantes d’un système juridique toujours en élaboration, Alexeï Navalny a été condamné selon les normes, les règles et les procédures légitimes du droit pénal russe. Quand Washington, Londres, Berlin, Varsovie et Paris menacent Moscou à propos de la dégradation de l’état de santé de ce citoyen russe, il s’agit d’une ingérence manifeste dans les affaires intérieures d’un État souverain. Malgré des mises en cause souvent grotesques et qui frisent parfois la déclaration de guerre, les dirigeants russes, Vladimir Poutine en tête, conservent un calme olympien. Leur sérénité tranche avec la fébrilité de l’Hyper-Caste mondialiste. L’Occident américanomorphe se scandalise de la paille dans l’œil russe, mais ignore sûrement l’immense poutre dans le sien.

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Cette poutre monstrueuse s’appelle Julian Assange. Depuis plus de deux ans, le courageux lanceur d’alerte australien croupit dans la prison de haute sécurité de Belmarsh en Grande-Bretagne. La Suède a finalement abandonné les poursuites au sujet d’hypothétiques viols. Julian Assange devrait être en liberté. Il continue pourtant à être séquestré. Ses conditions de vie sont difficiles. On le traite comme un terroriste. Soumis à un strict isolement, il subit des tortures mentales et des privations de soins. Les tribunaux britanniques doivent statuer sur son extradition vers les États-Unis qui l’accusent d’espionnage. Son crime ? Être à l’origine des fameux WikiLeaks. Dans cette triste affaire, la « jugesse » Vanessa Baraitser répète l’attitude de ses néfastes prédécesseurs qui écrasèrent au cours des quatre derniers siècles les Jacobites (partisans de la dynastie des Stuart), les Écossais, les catholiques anglais, les Irlandais, les paysans hostiles aux enclosures, les ouvriers luddites et les mineurs. Leurs jugements indignes constituent une interminable liste de massacres collectifs.

Julian Assange est plus à plaindre qu’Alexeï Navalny. Le premier ne bénéficie cependant pas de la couverture médiatique en faveur du second. Pourquoi ce traitement inique ? Si on emploie la lecture symbolique des patronymes en français, Navalny fait penser à « naval », c’est-à-dire au monde de la Mer. Alexeï Navalny ne travaille-t-il pas, directement ou non, contre les intérêts vitaux de sa mère-patrie et pour les thalassocraties occidentales ? Selon cette même lecture symbolique rapportée aux éléments, Assange se réfère à l’Air et aux anges. Julian Assange a dévoilé au monde entier la réalité : la volonté d’appropriation planétaire du Bloc occidental-atlantiste (BOA), lui-même inféodé à quelques « États profonds » bien connus et à leurs cliques financières – bancaires.

Les récits médiatiques ont beau expliqué le contraire. Les honnêtes gens savent qu’Alexeï Navalny est un traître et Julian Assange un héros.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 213, mise en ligne sur TVLibertés, le 4 mai 2021.

mardi, 02 mars 2021

Occident/Russie : déconnexion totale

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Occident/Russie : déconnexion totale

par Alain RODIER

Ex: https://cf2r.org

Les néoconservateurs américains, suivis par leurs homologues européens, ont gagné. Il semble que les liens entre l’Union européenne et la Russie sont désormais bien coupés. Il reste bien le projet North Stream II, qui doit approvisionner l’Allemagne en gaz russe, mais nul doute que les lobbies vont tenter de le torpiller en imposant des sanctions aux entreprises qui y participent. Résultat, l’Allemagne risque de finir par être dépendante des énergies ayant reçu le blanc-seing des écologistes radicaux. En résumé, fourniture d’électricité par les centrales au charbon, appel au gaz de schiste américain et à divers apports extérieurs dont le nucléaire français.

L’inflexion de la politique étrangère américaine

Il convient de constater que la nouvelle administration en place à la Maison-Blanche applique la maxime : « America is back ! ». En attendant de s’attaquer au « dur » de sa politique étrangère – les relations avec la Chine et l’Iran -, Joe Biden a en tout cas trouvé là un slogan censé rompre avec son prédécesseur et indiquer la marche à suivre pour les prochaines années. Il convient que les États-Unis soient à nouveau « prêts à diriger le monde, pas à s’en éloigner, prêts à affronter nos adversaires, pas à rejeter nos alliés, et prêts à défendre nos valeurs. ».

Le programme est le suivant : le retour à l’ordre international tel que les États-Unis l’ont défini au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. À la doctrine du désengagement de guerres au faible rapport coût/efficacité voulue par Donald Trump, Biden propose une ancienne doxa modifiée à l’aune des « valeurs » progressistes dont il s’est fait le champion lors de sa campagne : le monde se porte mieux quand l’Amérique en assume la direction. Plus néoconservateur, on ne fait pas ! En premier lieu, il a pris le contre-pied de l’alliance passée par son prédécesseur avec l’Arabie saoudite emmenée par le prince Mohammed Ben Salman. La décision la plus spectaculaire a été le gel des livraisons d’armes à Riyad, engagé dans une longue guerre contre les insurgés houthis au Yémen. Il s’agit de « faire en sorte que les ventes d’armes par les États-Unis répondent à nos objectifs stratégiques » a souligné un porte-parole du département d’Etat, tout en qualifiant cette mesure de « routine administrative typique de la plupart des transitions. » le nouveau président a toutefois réaffirmé, le 26 janvier dernier, l’engagement de Washington « à aider notre partenaire, l’Arabie saoudite, à se défendre contre les attaques sur son territoire. » C’est que derrière l’effet d’annonce, le montage diplomatique bâti par Trump autour de la reconnaissance d’Israël et incluant désormais les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan, mérite probablement d’être prolongé. D’autant plus que les Russes sont embuscade en mer Rouge, région éminemment stratégique où ils font les yeux doux au Soudan afin de trouver un point d’appui pour leur flotte.

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Joe Biden a également décidé de prendre le contre-pied de son prédécesseur concernant l’OTAN et, en particulier concernant la présence militaire américaine en Allemagne. Trump, qui avait de mauvaises relations avec la chancelière Angela Merkel, avait annoncé en 2020 vouloir diminuer d’environ 9 000 hommes ce contingent qui compte près de 35 000 militaires. Cette décision avait été présentée comme une sanction envers Berlin – mais aussi indirectement à l’encontre des autres pays membres de l’OTAN – accusé de ne pas mettre assez la main à la poche.

Le retour de l’« ennemi » russe

Surtout, Joe Biden semble décidé à remettre les pendules à l’heure avec la Russie suspectée d’ingérences multiples, lors des élections américaines et dans bien d’autres pays. Ce n’est pas le retour à la Guerre froide mais cela y ressemble furieusement avec une nuance que ne soulignent généralement pas les experts : le Kremlin ne veut plus envahir l’Europe pour la convertir au marxisme-léninisme. Pour Washington, le temps des « indulgences » est fini. Lors de son premier appel à Vladimir Poutine, Biden n’a pas hésité à aborder les sujets qui fâchent : le sort de l’opposant Alexeï Navalny et de ses partisans, le piratage d’institutions fédérales américaines, les récompenses offertes aux talibans afghans tueurs de soldats américains – selon des informations dont une partie est, au moins sujette à caution. Il y est même allé d’un avertissement à peine voilé : « J’ai clairement dit au président Poutine, d’une façon très différente de mon prédécesseur, que le temps où les Etats-Unis se soumettaient face aux actes agressifs de la Russie, l’ingérence dans nos élections, les piratages informatiques, l’empoisonnement de ses citoyens, est révolu. Nous n’hésiterons pas à en augmenter le coût pour la Russie et à défendre nos intérêts vitaux et notre peuple ». Ce discours est à l’évidence à usage interne car il n’a aucune chance d’être entendu puisque, pour les responsables russes, l’agresseur, c’est Washington.

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Les médias pro-Biden – en particulier européens – ont applaudi, insistant beaucoup sur le soutien apporté aux « démocrates » russes. Vladimir Poutine a, comme d’habitude, gardé son calme, préférant se féliciter d’un accord ouvrant possiblement l’extension pour cinq ans du dernier traité de réduction des arsenaux nucléaires (New START), mais rien n’est encore signé : « Prenons d’abord connaissance de ce que les Américains proposent et nous ferons ensuite un commentaire » a tempéré, le porte-parole du président russe. Il sait qu’en dépit de l’enthousiasme quasi unanime affiché lors de la victoire de Biden, nombre d’Européens ne sont pas encore totalement soumis à Washington.

Plus grave encore, il semble, selon Moscou, que les néoconservateurs ont décidé d’exploiter l’affaire Navalny dans l’ambiance explosive crée par la pandémie de la Covid-19. Ces derniers espèrent, en jetant des milliers de manifestants dans la rue – chiffres pour le moment invérifiables -, provoquer une situation de chaos en Russie, dans le but de renverser le pouvoir en place qui ne leur convient pas car il n’est pas « aux ordres ». Cette manière de procéder est loin d’être nouvelle pour les États-Unis qui prennent toujours garde d’intervenir par proxiesinterposés.

La Russie est ainsi redevenue, que l’on le veuille ou non, l’« ennemi conventionnel » suite aux mesures prises par Washington.

Selon Arnaud Dubien, fin connaisseur de la Russie, « 2014 avait marqué la fin des illusions sur la convergence entre la Russie et l’Occident, processus généralement compris comme l’adoption par Moscou du modèle et des règles du jeu édictées à Bruxelles et Washington ». Autant dire un asservissement aux règles édictées par ces entités. Il est compréhensible que les Russes, de culture orthodoxe et encore imprégnés d’un héritage marxiste, aient été réticents à adhérer aux systèmes de pensée occidentaux jugés décadents et pervers.

Alors que doit répondre Moscou ? Toujours selon A. Dubien « ce qui s’est passé à l’occasion de la visite de Josep Borrell au début février à Moscou indique que la Russie n’est pas demandeuse de dialogue politique, en tout cas pas selon l’agenda et les modalités voulues par Bruxelles. Le Kremlin se sent fort, laissera venir et avisera ».

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En résumé sur le plan politique, économique, culturel, etc. la Russie n’attend plus rien de l’Union européenne, considérée comme étant en train de se saborder, à tous points de vue. Peu à peu, ce qui était acheté en Europe est fourni localement ou, à défaut, importé d’autres pays, comme la Chine. Il ne pas se faire d’illusions, les agriculteurs européens en général et français en particulier ne vendront plus rien en Russie dans les années à venir.

Sur le plan militaire, les jeux de « gros bras » se poursuivent, l’OTAN et la Russie continuant à se tester mais sans intention de conquête de part et d’autre. La Pologne et les Etats baltes ont beau agiter la menace représentée par l’Ours russe – qui certes a récupéré la Crimée jugée comme vitale par le Kremlin -, la Russie ne va pas envahir ces pays. Par contre, il n’est pas exclu que Moscou agisse comme le fait Washington, en procédé à des « révolutions de couleur », en y organisant des troubles via des tiers (ONG, sympathisants) afin de maintenir les pouvoirs politiques locaux dans l’incertitude voire l’inquiétude.

Le Grand Nord, nouvel enjeu ?

Sans évoquer sur les opportunités économiques – en partie liées au réchauffement climatique – que beaucoup citent, jusqu’à présent, le Grand Nord était le terrain de jeu quasiment exclusif des bombardiers stratégiques russes.

Mais les forces américaines ont récemment montré leur intérêt pour cette région qui ne peut plus être considérée comme une « zone tampon » pour les États-Unis. En 2020, pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide, l’US Navy a envoyé quatre navires (USS Donald Cook, Porter, Roosevelt et USNS Supply) en mer de Barents, point de départ des sous-marins russes opérant dans l’espace océanique appelée GIUK (Groenland/Iceland/United Kingdom), d’une importance capitale pour les liaisons maritimes entre l’Europe et l’Amérique du Nord.

De son côté, l’US Air Force a mené plusieurs exercices dans la région, notamment en y dépêchant des bombardiers B-1 Lancer (qui n’ont plus de capacité nucléaire) qui ont survolé la Norvège et la Suède. En 2021, l’armée de l’air américaine a l’intention de déployer quatre de ces appareils en Norvège. Ils seront stationnés sur la base aérienne d’Ørland. Cette mission devrait officiellement améliorer l’interopérabilité avec les alliés et les partenaires de Washington en Europe et habituer les forces aux opérations dans le Grand Nord. « La disponibilité opérationnelle et notre capacité à soutenir nos alliés et nos partenaires et à réagir rapidement sont essentielles au succès », a déclaré le général Jeff Harrigian, commandant des forces aériennes américaines en Europe et en Afrique. « Nous apprécions le partenariat durable que nous avons avec la Norvège et attendons avec impatience les opportunités futures pour renforcer notre défense collective », a-t-il ajouté.

*

Force est de constater que la rupture Occident/Russie est consommée. Elle était prévisible. Il y a déjà longtemps que Moscou a retiré ses observateurs de l’OTAN. Le divorce est également acté avec l’Union européenne, suite au récent voyage de Josep Borell à Moscou et au les prochaines sanctions prévisibles suite à l’affaire Navalny.

jeudi, 25 février 2021

De la surdité culturelle qui caractérise l’Occident

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De la surdité culturelle qui caractérise l’Occident


Les élites en viennent à croire leur propre récit – oubliant que celui-ci n’a été conçu que pour être une illusion faite pour capter l’imagination de leur population.


Par Alastair Crooke

Source Strategic Culture

Pat Buchanan a absolument raison : lorsqu’il s’agit d’insurrections, l’histoire dépend de celui qui écrit le récit. En général, c’est la classe oligarchique qui s’en charge (si elle finit par l’emporter). Pourtant, je me souviens d’un certain nombre de personne étiquetées « terroristes » qui sont finalement devenus des « hommes d’État » très connus. Ainsi tourne la roue de l’histoire, comme elle le fait encore.

Bien entendu, le fait de fixer un récit – une réalité incontestable, qui est perçue comme trop sûre, trop investie pour échouer – ne signifie pas qu’il n’est pas contesté. Il existe une vieille expression britannique qui décrit bien cette remise en question (silencieuse) du « récit » alors dominant (en Irlande et en Inde, entre autres). Elle était connue sous le nom d' »insolence muette ». Lorsque les actes individuels de rébellion étaient inutiles et trop coûteux sur le plan personnel, un silencieux et amère dédain, qui en disait long, exprimait cette « insolence muette » pour leurs « seigneurs et maîtres ». Elle rendait la classe dirigeante britannique furieuse car elle lui rappelait quotidiennement son déficit de légitimité. Gandhi a mené cette expression à son plus haut niveau. Et c’est finalement son récit qui est resté le plus mémorable dans l’histoire.

Cependant, avec le contrôle du récit par le Big Tech globalisé, nous sommes parvenus à un tout autre niveau que ces simples efforts britanniques pour nier la dissidence – comme le note succinctement le professeur Shoshana Zuboff de la Harvard Business School :

Au cours des deux dernières décennies, j’ai observé les conséquences de notre surprenante métamorphose en empires de surveillance alimentés par des architectures mondiales de surveillance, d’analyse, de ciblage et de prévision des comportements – que j’ai appelé le capitalisme de surveillance. En s’appuyant sur leurs capacités de surveillance et au nom du profit que leur apporte cette surveillance, les nouveaux empires ont organisé un coup d’État épistémique fondamentalement antidémocratique, marqué par des concentrations sans précédent de connaissances sur nous et le pouvoir sans limites qui en découle.

Mais le contrôle de la narrative a maintenant atteint un paroxysme :

C’est l’essence même du coup d’État épistémique. Ils revendiquent le pouvoir de décider qui sait … [et] qui va l’emporter, en tant que démocratie, sur les droits et principes fondamentaux qui définiront notre ordre social au cours de ce siècle. La reconnaissance croissante de cet autre coup d’État … nous obligera-t-elle enfin à tenir compte de la vérité dérangeante qui s’est profilée au cours des deux dernières décennies ? Nous avons peut-être une démocratie, ou nous avons peut-être une société de surveillance, mais nous ne pouvons pas avoir les deux.

Cela représente clairement une toute autre ampleur de « contrôle » – et lorsqu’il est allié aux techniques anti-insurrectionnelles occidentales de détournement du récit « terroriste », mises au point pendant la « Grande Guerre contre le terrorisme » – il constitue un outil formidable pour freiner la dissidence, tant au niveau national qu’international.

Mais il présente cependant une faiblesse fondamentale.

Tout simplement, quand à cause du fait d’être si investi, si immergé, dans une « réalité » particulière, les « vérités » des autres ne sont plus – ne peuvent plus – être entendues. Elles ne peuvent plus fièrement se distinguer au-dessus de la morne plaine du discours consensuel. Elles ne peuvent plus pénétrer dans la coquille durcie de la bulle narrative dominante, ni prétendre à l’attention d’élites si investies dans la gestion de leur propre version de la réalité.

La « faiblesse fondamentale » ? Les élites en viennent à croire leurs propres récits – oubliant que ce récit a été conçu comme une illusion, parmi d’autres, créée pour capter l’imagination au sein de leur société (et non celle des autres).

Elles perdent la capacité de se voir elles-mêmes, comme les autres les voient. Elles sont tellement enchantées par la vertu de leur version du monde qu’elles perdent toute capacité d’empathie ou d’acceptation de la vérité des autres. Elles ne peuvent plus capter les signaux. Le fait est que dans ce dialogue de sourds avec les autres États, les motifs et les intentions de ces derniers seront mal interprétés – parfois de manière tragique.

Les exemples sont légion, mais la perception de l’administration Biden selon laquelle le temps a été gelé – à partir du moment où Obama a quitté ses fonctions – et en quelque sorte dégelé le 20 janvier, juste à temps pour que Biden reprenne tout à cette époque antérieure (comme si ce temps intermédiaire n’existait pas), constitue un exemple de croyance en son propre mème. La stupéfaction – et la colère – de l’UE, qui a été décrite comme « un partenaire peu fiable » par Lavrov à Moscou, est un exemple de plus de l’éloignement des élites du monde réel et de leur captivité dans leur propre perception.

L’expression « l’Amérique est de retour » pour diriger et « fixer les règles du jeu » pour le reste du monde peut être destinée à faire rayonner la force des États-Unis, mais elle suggère plutôt une faible compréhension des réalités auxquelles les États-Unis sont confrontés : Les relations de l’Amérique avec l’Europe et l’Asie étaient de plus en plus distantes bien avant l’entrée de Biden à la Maison Blanche – mais aussi avant le mandat (volontairement perturbateur) de Trump.

Pourquoi alors les États-Unis sont-ils si systématiquement dans le déni à ce sujet ?

D’une part, après sept décennies de primauté mondiale, il existe inévitablement une certaine inertie qui empêcherait toute puissance dominante d’enregistrer et d’assimiler les changements importants du passé récent. D’autre part, pour les États-Unis, un autre facteur contribue à expliquer leur « oreille de sourd » : L’obsession de l’establishment au sens large d’empêcher l’élection présidentielle de 2020 de valider les résultats de la précédente. Cela a vraiment pris le pas sur tout le reste. Rien d’autre n’a d’importance. Leur obsession est si intense qu’elle les empêche de voir l’évolution du monde, pourtant juste là, devant leur nez.

Cette situation n’est pas unique à l’Amérique. Il est facile de comprendre pourquoi l’UE a été si aveuglée par le fait que Lavrov l’ait qualifiée de « partenaire peu fiable » (ce qu’elle a manifestement été). Yanis Varoufakis, ancien ministre grec, a écrit qu’il avait lui-même essayé de faire entendre à l’UE ses résumés et propositions détaillés concernant la crise financière de son pays : « Ils (l’Eurogroupe) sont restés assis, impavide, sans rien entendre : J’aurais tout aussi bien pu chanter l’hymne national suédois, qu’ils n’y auraient pas accordé plus d’attention », a ensuite raconté Varoufakis. Son expérience montre le modus operandi standard de l’UE. L’UE ne « négocie pas ». Les candidats, qu’ils soient grecs ou britanniques, doivent accepter les valeurs de l’UE et les « règlements du club ».

Le haut représentant Borrell est arrivé avec sa longue liste de plaintes, provenant de 27 États (dont certains ont une liste historique de plaintes contre la Russie). Il a lu les demandes et s’attendait sans doute à ce que Lavrov, comme Varoufakis, reste assis tranquillement, tout en acceptant les réprimandes et les « règlements du club », attitude appropriée à tout aspirant envisageant une sorte de relation de travail avec le « plus grand marché du monde ». Telle est la culture de l’UE.

Puis vint la fameuse conférence de presse, au cours de laquelle l’UE a été qualifiée de « peu fiable ». Toute personne ayant assisté à une réunion d’un organe décisionnel de l’UE connaît le protocole, mais laissons un ancien haut fonctionnaire de l’UE la décrire : « Le Conseil s’occupe des chefs d’État ou de gouvernement – qui relèvent de la haute politique et non de la basse réglementation – lors de sessions à huis clos. Les 28 chefs de gouvernement (avant Brexit) s’appellent par leur prénom et peuvent se retrouver à accepter des décisions qu’ils n’avaient même pas imaginées auparavant, avant de se réunir pour une « photo de famille » devant les caméras du millier de journalistes réunis pour entendre la nouvelle, leur présence rendant « tout échec impossible », puisque chaque sommet (à une seule exception regrettable) se termine par un message d’espoir et de détermination communs. »

Lavrov, comme un cousin de campagne « brut de brut », n’a pas su se comporter comme il faut dans une société européenne polie ; on n’insulte pas l’UE. Oh non !

Varoufakis explique : « Contrairement aux États-nations qui apparaissent comme des stabilisateurs de conflits entre classes et groupes sociaux, l’UE a été créée comme un cartel avec pour mission de stabiliser les marges bénéficiaires des grandes et importantes entreprises européennes. » (Elle a vu le jour sous le nom de Communauté européenne du charbon et de l’acier). « Vu à travers ce prisme, la fidélité obstinée de l’UE à des pratiques qui ont échoué commence à prendre un sens. Les cartels sont raisonnablement bons pour répartir les profits des monopoles entre les oligarques, mais ils sont terribles pour répartir les pertes ». Nous savons également que, contrairement aux États, les cartels résisteront à toute démocratisation ou à toute intervention extérieure dans leur cercle étroit de prise de décision.

Cet incident à Moscou pourrait être quelque peu amusant, sauf qu’il souligne comment le nombrilisme de Bruxelles (d’une manière différente de celui de la Team Biden), produit un résultat similaire : Cela la déconnecte du monde extérieur. Elle « écoute », mais n’entend rien. La stratégie hostile de l’Occident à l’égard de la Russie, comme Pepe Escobar l’a observé dans son analyse stratégique de la position russe, est conditionnée par l’idée que la Russie n’a nulle part où aller – et doit donc se sentir satisfaite et honorée par l’idée que l’UE condescende à « tendre un bras » vers l’Eurasie. Alors qu’aujourd’hui, le centre de gravité géo-économique se déplace vers la Chine et l’Asie de l’Est, il est plus réaliste de se demander si la grande région eurasienne, avec ses 2,2 milliards d’habitants, estime qu’il vaille la peine de tendre un bras vers l’Union européenne.

Ce n’est pas une mince affaire : L’UE qui s’énerve de la manière dont Lavrov l’a rejeté à Moscou est une chose. Mais la possibilité que les États-Unis écoutent, mais n’entendent pas, la Russie et la Chine, en est une autre. Une mauvaise écoute, une mauvaise conception de ces deux États, ramène à des questions de guerre et de paix.

Alastair Crooke

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

10:57 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, occident, occidentisme, occidentalisme, atlantisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 20 février 2021

Regarder vers l'avenir alors que l'Ouest décline

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Regarder vers l'avenir alors que l'Ouest décline

Par Srdja Trifkovic

Ex : https://www.chroniclesmagazine.org/

La défaite de l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale a été accélérée par la réticence d'Hitler à accepter des rapports en contradiction avec sa vision de plus en plus fantasque de la réalité. Ses auto-illusions furent affirmées avec une telle fermeté si bien qu'à la mi-1944, le maréchal Erwin Rommel conclut que le Führer vivait dans un Wolkenkuckucksheim ("pays du coucou des nuages").

Le même diagnostic s'applique à la droite de l'établissement, tant en Europe qu'aux États-Unis, qui affirment toujours que nous vivons dans un monde imparfait mais perfectible dans lequel l'Occident est dominant et a l'énergie de se réinventer. Les sommités de la Heritage Foundation, leurs euro-doubles et les divers partisans du nationalisme civique rejettent toute preuve que le monde occidental est en déclin par rapport à ses concurrents mondiaux, en continuant à préconiser des solutions purement législatives aux défis civilisationnels concrets. Pour Conservative Inc, tout avertissement selon lequel la puissance occidentale n'est plus qu'une façade qui cache de la pourriture et de la faiblesse serait de la propagande paléo-réactionnaire et du défaitisme antipatriotique.

D'autre part, depuis plus d'un siècle - au moins depuis la publication du Déclin de l'Occident d'Oswald Spengler en 1918 - des philosophes, des politologues, des théologiens et d'autres, principalement des incrédules face au discours sur le "progrès" et sur l'amélioration potentielle de l'homme, avertissent que notre civilisation est en péril. Ils se servent d'une masse de preuves pour souligner que nous vivons une époque anormale, caractérisée par l'effondrement des normes morales et des standards civilisationnels des deux côtés de l'océan Atlantique. Le malaise est étonnamment accru à notre époque par la croissance métastatique de la haine de soi des Weiningeriens, (soit des penseurs qui réagissent comme le philosophe suicidaire Otto Weininger, ndt), dans le monde occidental.

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Au cours de l'année dernière, la crise du système sociopolitique américain a acquis une forme mature, avec des explosions de plus en plus fréquentes de dysfonctionnements aigus. Ce processus se manifeste principalement par la légitimation de la violence, l'avilissement du "processus démocratique", l'imposition de formes grossières de censure et la criminalisation de paroles et d'actes inacceptables pour le régime de Beltway et ses cohortes dans les médias, la Big Tech, le monde universitaire et Hollywood.

Un nouvel ordre horrible est en train de se mettre en place. Pendant un bref moment, il peut encore ressembler à l'Ancienne République, mais seulement dans la mesure où le comte Dracula ressemble à une personne vivante.

L'Europe et l'anti-Europe

Sur la rive orientale de l'Atlantique, une grande partie de l'Europe se transforme culturellement et démographiquement en une caricature grossière de ce qu'elle était auparavant. Sa frontière maritime méridionale est aussi poreuse que la frontière américaine avec le Mexique. La "théocratie laïque" de l'Europe (pour emprunter le terme pertinent de Paul Gottfried) s'attache à réformer et à remodeler la conscience de ses sujets afin d'accepter l'auto-anéantissement multiculturel comme une attitude, un ensemble de croyances et une politique obligatoire.

En conséquence, le Vieux Continent est de plus en plus peuplé d'étrangers résidant physiquement à Berlin, Toulon ou Leeds, mais spirituellement en Anatolie, au Pendjab ou au Maghreb. Ils sont souvent désespérés de se rendre en Europe, mais une fois établis, ils veulent reproduire dans leur nouvelle demeure l'environnement culturel de leurs désagréables terres natales. Méprisant les professions de foi culturelles et para-marxistes de "tolérance" et de "diversité" de leurs hôtes, leur dédain n'est pas assouvi par des concessions accordées à la légère.

L'"Europe unie" d'aujourd'hui est à des années-lumière de la communauté de nations civilisées qu’elle était jadis et, dans l'ensemble, qui présentaient des sociétés décentes comme avant 1914. L'UE ne crée pas de points communs sociaux et civilisationnels, sauf sur la base d'une négation totale des normes et valeurs authentiquement européennes. Il en résulte une morne similitude culturelle entre tous tissée d'antidiscrimination et d’une vénération anti-chrétienne de l'altérité.

Les contrôleurs de la machine européenne n'ont pas non plus renoncé à leur projet de super-État après le Brexit. Dans la perte de diversité de l'évolution sociale qui va de pair avec la diminution de la diversité de la nature, ils cherchent à faire disparaître l'identité des nations européennes, leur tonalité spéciale et leur caractère unique. Ils considèrent les élections nationales (par exemple en Hongrie ou en Pologne) comme une nuisance qui jette subitement dans leurs machinations des principes archétypaux, réactionnaires et souverainistes, et contrarie l'imposition de quotas obligatoires d'immigrants musulmans dans chaque pays membre. Leurs obsessions, qui il y a deux générations encore auraient été considérées comme excentriques ou folles, dominent aujourd'hui le monde occidental.

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La trahison de l'élite

Il y a près d'un siècle, Julien Benda publiait sa diatribe contre la corruption intellectuelle de son temps, La trahison des clercs. La "Trahison" s'est produite lorsque l'élite intellectuelle a renoncé à promouvoir des valeurs civilisationnelles durables et a laissé des préférences politiques à court terme déformer sa compréhension de la vocation intellectuelle en tant que telle. Dans l'Europe des années 1920, les intellectuels ont commencé à se défaire de leur considération pour les idéaux philosophiques et scientifiques traditionnels, vénérant plutôt les particularismes et le relativisme moral.

Un demi-siècle plus tard, Christopher Lasch diagnostiquait la forme mature de la "trahison" de Benda. Faisant allusion à la Révolte des masses de José Ortega y Gasset, Lasch a appelé son recueil d'essais La révolte des élites. La caractéristique principale du phénomène réside dans le détachement graduel (mais toujours accéléré) des nouvelles élites professionnelles et managériales - avocats, commentateurs des médias, experts universitaires, analystes de groupes de réflexion, planificateurs financiers, etc. Cette nouvelle élite existe dans le monde abstrait de la manipulation des informations et des chiffres. Elle génère une nouvelle forme de discours politique, fortement idéologique, qui repose sur la laïcité, le relativisme moral et culturel, et le rejet par ses membres de tout sentiment d'attachement à la communauté au sens large.

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Ainsi, lors de la conférence de la Maison Blanche sur l'avenir du monde industriel en février 1972, Carl Gerstacker, président de Dow Chemical, a exposé sa vision de la société "anationale" du futur proche. "J'ai longtemps rêvé d'acheter une île n'appartenant à aucune nation", a-t-il déclaré, et d'y établir le siège mondial de Dow, "n'étant redevable à aucune nation ou société".

Deux ans plus tard, Richard Gardner a affirmé avec enthousiasme aux Affaires étrangères que la "maison de l'ordre mondial" devra être construite de bas en haut plutôt que de haut en bas : "une course contre la souveraineté nationale, l'érodant pièce par pièce, accomplira bien plus que l'assaut frontal à l'ancienne". Il s'agissait clairement d'une variation du thème théorisé par Gramsci de la ‘’longue marche à travers les institutions’’. Pour sa vision et ses efforts, Gardner a ensuite été récompensé par Jimmy Carter qui l'a nommé ambassadeur en Espagne et en Italie.

51jxcyQIBzL._SX344_BO1,204,203,200_.jpgDans le même esprit, le secrétaire d'État adjoint de Bill Clinton, Strobe Talbott, a déclaré peu après avoir quitté ses fonctions que les États-Unis n'existeront pas "sous leur forme actuelle" au XXIe siècle parce que le concept de nation lui-même deviendra obsolète. Talbott a déclaré en 1992, et réitéré dans son livre de 2008, The Great Experiment, qu'au XXIe siècle "la nation telle que nous la connaissons sera obsolète ; tous les États reconnaîtront une autorité unique et mondiale et tous les pays seront fondamentalement des arrangements sociaux, des adaptations à des circonstances changeantes. Aussi permanentes et même sacrées qu'elles puissent paraître à un moment donné, ils sont en fait tous artificiels et temporaires".

En bref, les membres de l'élite occidentale ne connaissent aucune loyauté envers un pays ou une nation. Ils recherchent une fin particulière de l'histoire dans la transformation du hoi polloi déraciné et lavé de son cerveau en un système socio-technologique postmoderne régulé par eux-mêmes. Leur édifice repose sur le principe selon lequel les pays n'appartiennent pas aux peuples qui les habitent depuis des générations, mais à tous ceux qui se trouvent à l'intérieur de leurs frontières à un moment donné. Les personnes éclairées ne doivent se sentir liées à aucun groupe, sauf aux minorités prétendument défavorisées. En conséquence, ils encouragent activement l'autodestruction et la haine de soi des Caucasiens et diabolisent tous les hétérosexuels masculins blancs. Ils cherchent à fusionner les races, les sexes et les préférences sexuelles en un mélange souple régi par la Single Global Authority du Dr Talbott.

Espoir et résistance

Les Pères fondateurs ont renversé le gouvernement colonial pour des délits bien plus légers que ceux-ci. Il est possible qu'un renversement se produise même à ce stade tardif. Le modèle de redressement nécessite probablement un événement catastrophique : une crise mondiale qui s'étend rapidement, combinant un effondrement financier et une pandémie véritablement mortelle. L'incapacité prévisible du régime à gérer une telle calamité obligerait des millions de personnes à reconsidérer leur vie et leurs croyances.

La première victime serait la notion de "progrès". Le passage de la notion insidieuse de "bon côté de l'histoire" au maintien de la tradition, le passage du devenir obsessionnel à l'être, voilà le changement clé de notre redressement. La famille normale, "nucléaire", serait reconstruite comme l'unité de survie essentielle. Au milieu de l'effondrement des structures politiques et de la perte de confiance dans la politique, les obsessions idéologiques actuelles de nos dirigeants seront rejetées comme absurdes. Les personnes liées par le sang, la mémoire, la culture et la foi se regrouperont pour rester en vie et prier le Dieu unique. À cet égard, un défi supplémentaire est présenté par la trahison continue au sein du christianisme organisé, l'infiltration des cinq colonnes de la classe d'élite à des positions ecclésiastiques très élevées.

Lorsque l'on examine la théorie politique de la résistance chrétienne, il est important de souligner l'abîme entre la promesse de liberté des classes dominantes (haine, violence policière, discours offensant, privilège blanc, patriarcat, racisme, discrimination, etc.). Ce cadre peut offrir une plate-forme consensuelle pour diverses traditions chrétiennes. Elles doivent être accrochées ensemble, maintenant, sinon elles seront certainement accrochées séparément.

Igor_Shafarevich.jpegFace à la brutalité gratuite de leur régime, les Américains normaux ne devraient pas désespérer. La partie n'est pas gagnée parce que rien dans l'histoire n'est "inévitable". En 1996, une période terrible pour le peuple russe, j'ai rencontré le célèbre mathématicien et penseur conservateur Igor Shafarevich (Chafarévitch)à Moscou et je lui ai demandé s'il y avait un espoir de redressement de la Russie. Il m'a répondu : "En tant que mathématicien, je ne peux pas proposer un modèle de rétablissement empiriquement viable ; mais en tant que chrétien orthodoxe, je crois que l'effet bienveillant du Saint-Esprit est possible, donc probablement, par conséquent, imminent".

Les idéologies et les régimes contre-nature et maléfiques n'ont pas la capacité d'être permanents. Les personnes réelles sont toujours dotées de sentiments et de raison, de la conscience de qui elles sont. Leur lutte contre les élites mal nommées qui sont maintenant au pouvoir est juste. L'issue est incertaine. En attendant, les vrais Occidentaux peuvent et doivent néanmoins s'accrocher à la beauté, à la vérité et à la foi, et essayer de profiter de la vie.

Srdja Trifkovic

Le Dr Srdja Trifkovic, rédacteur en chef de la revue Chronicles pour les Affaires étrangères, est l'auteur de L'épée du prophète et la défaite du djihad.

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Srdja (Serge) Trifkovic.

jeudi, 04 février 2021

L'Occident existe-t-il ?

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L'Occident existe-t-il ?

par Emanuel Pietrobon

Ex : https://www.sinistrainrete.info

Avec cette réflexion approfondie d'Emanuel Pietrobon, notre Observatoire « Sinistra in Rete » poursuit aujourd'hui son débat sur le concept d'Occident : Emanuel Pietrobon, spécialiste en géopolitique, dans cet article, confronte la problématique de la double nature de l'Occident, un concept géopolitique qui a été enveloppé dans une superstructure de valeurs créée a posteriori. Mais dans la sphère géopolitique américaine, de nombreuses tendances innées, d’essence non occidentale, persistent et continuent à se manifester, sous différents points de vue, dans divers pays: Pietrobon cite les cas de la Turquie, de la Hongrie, de la Pologne et de l'Allemagne

Lorsque l'on parle de l'Occident, on se réfère à un bloc précis du monde caractérisé par une série d'éléments communs, tels que les traditions culturelles, la philosophie politique et religieuse, les valeurs sociales, le système économique et la culture politique articulée sur le binôme État de droit - démocratie.

L'Occident, plus en détail, correspondrait à une entité géopolitique précise, articulée sur le rôle central des États-Unis et sur la présence périphérique d'autres puissances, comme le Canada, le Japon, l'Union européenne, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et la Turquie.

Qu'on le veuille ou non, l'Occident est un bloc uni et cohérent, difficile à déstabiliser car il repose sur des valeurs communes et partagées. Il n'est donc pas surprenant que la plus grande et la meilleure expression de l'Occident soit l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), la plus grande et la plus durable des alliances militaires sur la planète.

Au nom de la défense du "monde libre" que l'Occident garde, protège et représente, la guerre froide et les guerres en Corée, au Vietnam et en Irak ont été menées, des coups d'État ont été promus dans le monde entier et même ce qui a été rebaptisé "guerre sans fin", c'est-à-dire la guerre contre les djihadistes internationaux, a été lancé.

Les pays occidentaux sont tellement unis qu'ils sacrifient leurs intérêts nationaux au nom d'un bien suprême, à savoir la protection de la communauté, la survie du monde libre, et ils se préparent aujourd'hui à ce qui semble être la guerre froide du nouveau millénaire : celle contre la République populaire de Chine.

À ce stade, cependant, nous devons prendre du recul et revenir à l'unité et à la cohésion de ce bloc, parce que cette unité et cette cohésion sont fausses. L'Occident, tel qu'on le comprend actuellement, n'a jamais existé et est, en fait, maintenu artificiellement en vie par les États-Unis parce qu'il s’avère fonctionnel pour la perpétuation de l'ordre international qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale, des cendres de l'eurocentrisme, et s'est consolidé avec la chute de l'Union soviétique.

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L'Occident n'a jamais existé avant 1945 et lutte pour exister de manière autonome encore aujourd'hui, malgré les milliards de dollars investis par les États-Unis pour hégémoniser culturellement le Vieux Continent. L'américanisation de l'Europe est une réalité irréfutable: coutumes, valeurs, idées, mode de vie, politique, vêtements, culture, musique, langue ; tout est importé par l'ancien cousin rebelle devenu père-maître d'une famille dysfonctionnelle.

On disait autrefois que "quand Paris a froid, l'Europe éternue", aujourd'hui on peut dire que "quand l'Amérique a froid, l'Europe fait de l'hypothermie". Les événements qui ont suivi la mort de George Floyd en sont la preuve la plus éloquente: la bataille culturelle de la gauche radicale et des antiracistes de Black Lives Matter a rapidement traversé l'océan Atlantique, atteignant des sommets d'extrémisme encore plus élevés que ceux atteints aux États-Unis.

Pourtant, outre l'américanisation des coutumes, la spectacularisation hollywoodienne de la politique, l'appauvrissement linguistique causé par la domination de l'anglais et les luttes menées dans le monde entier pour défendre l'idée du monde qu'est l'Occident, il est légitime de soutenir qu'il s'agit d'un artifice.

Un Occident existe, c'est clair, mais c'est un monde dans un monde. Les Occidentaux sont les États-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Scandinavie, berceaux du libéralisme politique et avant-gardes des révolutions (ou involutions ?) sociales et culturelles qui, de là, se sont étendues au reste de la civilisation du bloc euro-américain. Mais ne sont pas et ne seront peut-être jamais occidentaux des pays comme la Turquie, la Hongrie, la Pologne et l'Allemagne.

Vous pouvez occidentaliser leurs coutumes et leurs esprits, et même convaincre leurs politiciens de participer à certaines guerres, mais seulement pour un temps. L'épopée occidentalisante de la Turquie a duré le temps de Mustafa Kemal mais, de 1960 à aujourd'hui, les forces armées, gardiennes d'une constitution anti-historique et contre nature, puisqu'elle est républicaine, laïque et occidentale, ont dû intervenir, ou ont menacé d'intervenir, à dix reprises pour protéger ces valeurs importées et transplantées par la force. Finalement, la force brute ne suffit pas: Recep Tayyip Erdogan, le père de la nouvelle Turquie, l'emporte sur l'ordre kémaliste, dont le dernier et faible coup de queue s’est manifesté en juillet 2016.

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Si l'Occident était vraiment le bloc cohérent et unifié tel qu'il se présente, les chartes fondamentales de ses membres ne seraient pas protégées par la force et, surtout, nous ne verrions pas de telles oscillations. L'ascension imparable d'Erdogan est la preuve que la Turquie n'est pas l'Occident et que son maintien en son sein, forcé et contraint pour des raisons géopolitiques, n'a pas été possible.

Il y a plus de rivalités entre la Turquie et ses supposés alliés qu'il n'y en a dans le monde. Erdogan est, tout simplement, l'expression d'une révolution que le peuple, c'est-à-dire la Turquie profonde, cherchait depuis soixante ans et qu'il a finalement réalisée. La Turquie n'était pas et n'est pas l'Occident, mais elle était et est encore la Sublime Porte entre l'Europe et l'Asie, le cœur battant du panturquisme et du nationalisme islamique et, surtout, le rival par excellence du Vieux Continent.

En Hongrie et en Pologne, au contraire, le dégagement se fait de manière plus douce, également en raison de l’adhésion de ces deux pays à l'Union européenne, mais, néanmoins, il se produit. Aucun parti, dans le court interlude démocratique des deux pays, n'a jamais bénéficié du consensus dont le Fidesz et ‘’Droit et la Justice’’, deux forces politiques aux aspirations révolutionnaires et non occidentales, disposent aujourd'hui.

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Viktor Orban, le leader du Fidesz, qui en plus d'être un homme politique est aussi un penseur d'une certaine complexité, est celui qui a lancé la révolution illibérale qui a traversé l'Occident pendant des années et qui a finalement atterri aux États-Unis en 2016. Orban est le théoricien d'un nouveau modèle de civilisation, antithétique à l'Occident parce que non libéral, chrétien et tourné vers l'Orient. Orban est aussi celui qui a permis à la petite Hongrie de se projeter hors des frontières européennes, en récupérant l'ancienne idéologie touranienne, sur les terres d'Asie centrale et les pentes du Mont Fuji.

Le touranisme est une école de pensée que l'on croyait morte jusqu'il y a quelques années, mais qui est maintenant un sujet d'étude en Hongrie, en Turquie et dans les pays d'Asie centrale. En tant qu’idéologie, elle a échoué au moment de sa conception, qui s'est produite au tournant des XIXe et XXe siècles, car elle n'a pas réussi à convaincre les peuples installés en Europe d'origine turque, mongole et/ou ouralo-altaïque (comme les Magyars, les Turcs, les Finlandais, les Tatars, etc.) de s'allier dans une perspective hostile au panslavisme et au pangermanisme.

Aujourd'hui, cependant, au nom de la fraternité turque, la Hongrie, la Turquie et les « -stan » coopèrent de manière fructueuse et active dans le cadre du Conseil turc, échangent des étudiants, organisent des événements culturels, se font des cadeaux, se prêtent de l'argent. Les frères turcs ont été les premiers à répondre aux appels à l'aide de Budapest lors du déclenchement de la pandémie de Covid-19 ; un signe des temps.

Le touranisme mis à part, si la cohésion et l'unité étaient les éléments constitutifs de l'Occident, puisqu'il est représenté comme un ensemble impérissable, la Hongrie aurait également dû enterrer d'anciennes revendications territoriales dans la zone des Balkans et de l'Europe de l'Est, mais ce n'est pas le cas.

La Pologne, tout comme la Hongrie et la Turquie, a dépoussiéré, au cours de ces dernières décennies, de vieux rêves hégémoniques et identitaires qui peuvent être, oui, complémentaires à l'Occident mais qui, en fin de compte, lui seront défavorables en raison de contradictions sous-jacentes. La référence est ici l'Intermarium (Międzymorze), un concept géopolitique élaboré par l'un des pères de la Pologne moderne, Józef Piłsudski, dans l'entre-deux-guerres.

Piłsudski, effrayé par l'idée d'un encerclement russo-allemand perpétuel, a estimé que la Pologne devait investir toutes ses ressources humaines, économiques et diplomatiques dans la reconstitution de l'ancien royaume polonais, même de manière informelle, en créant une union inoxydable avec le voisinage composé des actuels Bélarus, Ukraine et Lituanie (ainsi que de l'Estonie et de la Lettonie). L'histoire se répétera, la Pologne sera à nouveau engloutie par les Russes et les Allemands, les catholiques persécutés pour leur foi, le Christ de l'Europe mourra à nouveau. Le temps lui a donné raison et la Pologne n'a retrouvé la liberté et l'indépendance qu'en 1989.

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Après une brève parenthèse de pur pro-européanisme et d'enchantement libéral, le paysage politique polonais a vu l'entrée en scène du parti ‘’Droit et Justice’’, une création des frères jumeaux Lech et Jaroslaw Kaczyński. Ce dernier, qui a succédé au premier après sa mort dans le controversé accident d'avion de Smolensk en 2010, a exprimé une vision très similaire à celle d'Orban, mais sans l'ingrédient eurasiatique, rêvant de la construction d'une Pologne en position antagoniste, au sens culturel, face à l'Occident.

Même l'Allemagne, bien qu'elle ait abandonné son identité nationale au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à la suite des horreurs consécutives au nazisme, continue de montrer que les vieilles habitudes ont la vie dure, comme en témoigne le partenariat discrètement créé avec la Chine ces dernières années. Il a fallu deux guerres mondiales pour que l'Allemagne se dé-germanise (presque) complètement, mais les tendances eurasiennes et hégémoniques de ses tropismes diplomatiques n'ont pas été effacées. Tendances qui ont sous-tendu l'hostilité de l'administration Trump envers Berlin : un allié loyal plus enclin à la soumission aveugle que la plupart des autres, mais toujours redoutable car naturellement prédisposé à échapper subrepticement à l'hégémonie américaine.

L'Occident existe, oui, et l'Italie, l'un des pays les plus américanisés d'Europe, en est la preuve, mais c'est la coercition, et non le partage présumé d'éléments communs, qui le maintient à flot et perpétue son existence. Il est peut-être impossible d'éviter sa désintégration, mais les pays qui y resteront seront toujours l'Occident.

samedi, 29 août 2020

Le « mystère russe » au chevet de l’Occident

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Le « mystère russe » au chevet de l’Occident

Après Eugène-Melchior de Vogüé ou comment la Russie pourrait sauver la France , la Guebwilleroise d’origine russe Anna Gichkina publie un nouvel essai sur son thème de prédilection : L’Europe face au mystère russe : transcendance, nation, littérature.
 
Propos recueillis par M. PF.
Ex: https://www.lalsace.fr
 
 

Historiquement, l’Occident est issu du rationalisme grec, du droit romain et de la tradition chrétienne. J’appelle « naturelles » les valeurs morales qui en découlent. En rejetant son héritage chrétien, l’Occident tourne le dos à ces valeurs. Le libéralisme, tel qu’on le connaît justifie toute action individuelle qui ne dérange pas d’autres individus. Poussé à l’excès et sans encadrement, comme c’est le cas aujourd’hui, il donne lieu à une société où le matérialisme triomphe. L’Occident a perdu la notion d’éternité au profit de l’hédonisme et de la vision à court terme.

31h3qOp1YqL._SY291_BO1,204,203,200_QL40_ML2_.jpgLe rejet de la religion est-il vraiment la source de tous les maux de l’Occident ?

« Si Dieu n’existe pas, tout est permis », écrivait Dostoïevski (c’est en fait la synthèse d’un passage des Frères Karamazov, N.D.L.R.). Quand il n’y a plus de points de repère, ou plutôt quand l’Homme fixe ses propres règles, il finit par les changer. Et sans toujours en imaginer les conséquences.

Si l’Occident va mal, que dire de la Russie où, pour ne prendre que l’exemple le plus récent, l’opposition est malmenée par le pouvoir en place ?

Y a-t-il vraiment plus de violences du pouvoir en Russie que contre les manifestants en France ? Plus sérieusement, je sais très bien que tout n’est pas parfait là-bas. La Russie, même si elle va mieux qu’il y a quelques années, est un pays qui est encore très mal organisé en comparaison de la France. Il y a encore des choses aberrantes, trop de corruption, trop de pauvreté, notamment dans les campagnes…

Malgré cela, vous estimez qu’elle a beaucoup à offrir à l’Europe…

Oui car, en dépit de tous ses défauts, elle ne tourne pas le dos à sa tradition et sa religion (majoritairement orthodoxe, N.D.L.R.). Malgré son histoire tourmentée, le pays revient toujours à ses fondamentaux. Il vit avec la conscience de son histoire et la volonté de la porter et de la transmettre. L’idée que la Russie est un « pays-messie » est partagée par de nombreux penseurs et écrivains russes.

Qu’est-ce que le « mystère russe » qui donne une partie de son titre à votre ouvrage ?

C’est cette façon de toujours se relever de ses malheurs et d’aller de l’avant sans jamais se couper de son passé ni s’enfermer dans un progressisme vide de sens. Le philosophe russe Nicolas Berdiaev (qui a d’ailleurs passé une partie de sa vie en France, N.D.L.R.) avait trouvé une formule pour expliquer cela : « La beauté des ruines appartient au présent ». Et puis il y a la littérature…

La littérature russe pour « sauver » l’Occident ?

Dans mon livre, je parle de « sainte littérature russe ». Le XIXe siècle est considéré à juste titre comme l’âge d’or avec Pouchkine, Dostoïevski, Tolstoï. C’est à la fois un manuel de morale et un remède au vide spirituel européen. Elle enseigne la pitié, la compassion et la charité.

L’Europe face au mystère russe : transcendance, nation, littérature (Anna Gichkina, éd. Nouvelle Marge, 91 p., 14 €).

«L'Europe face au mystère russe» par Anna Gichkina

 
Conférence du 11 Novembre 2019
Parloir Chrétien : 9 rue du Vieux Colombier 75006 PARIS
Les vidéos des conférences d'Octobre seront prochainement mises en ligne. Nous avons eu un sérieux souci technique, en voie de réparation, merci de votre compréhension.
 
 
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dimanche, 31 mai 2020

Le Coronavirus comme va-tout du Nouvel Ordre Mondial

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Le Coronavirus comme va-tout du Nouvel Ordre Mondial

par Morad El Hattab

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

Nous vivons une époque extraordinaire, pleine de faux-semblants, de mensonges entrecroisés et de vérités occultes, contre lesquelles toutes les conjurations d'imbéciles semblent se liguer...
 
Cette crise du Coronavirus sonne comme un point d'orgue, mettant en tension tout le ban et l'arrière ban des menteurs et autres éditorialistes patentés, stipendiés pour nous faire penser le plus loin possible de toute logique rationnelle. L'Histoire qui s'écrit sous nos yeux en est tellement brouillée, que nombreux sont ceux qui se résignent à contempler ce ballet grotesque. Cette Histoire dont nous sommes les acteurs nous est, de fait, confisquée, tant et si bien que derrière ce voile de mensonges peuvent s'activer impunément tous les marionnettistes pour déployer sans fin leurs intentions subversives...

« Il y a deux Histoires : l'Histoire officielle, menteuse qu'on enseigne, l'Histoire ad usum delphini, puis l'Histoire secrète, où sont les véritables causes des événements, une histoire honteuse ». Ces mots énigmatiques de Balzac[1] rejoignaient ceux de Disraeli qui avait pressenti de grands massacres à venir en Europe, à partir d'une agitation subtilement cornaquée par les grands affairistes internationaux depuis Londres : « Le monde est gouverné par de tout autres personnages que ne se l'imaginent ceux dont l'œil ne plonge pas dans les coulisses. »[2] Ces deux éminents connaisseurs de leur époque eurent en commun de révéler subtilement leurs grandes manœuvres occultes, mais sous une apparence de fiction, ce qui correspondait à l'époque au maximum dans la dénonciation sans perdre pour autant leur situation...

Deux niveaux de compréhension, ou la limite de la démocratie face à la subversion

Les esprits lucides sauront comprendre qu'en ce sens, rien n'a changé aujourd'hui. Il y a toujours deux niveaux de compréhension, une dualité inévitable qui pose en filigrane le problème inévitable de la démocratie : l'impossibilité, certes, d'expliquer toutes les problématiques en temps réel à tout le monde en même temps. Mais également, partant de là, la terrible facilité pour des opérateurs « indélicats » ou plutôt subversifs, de profiter de l'inertie et de la paresse des masses, de jouer de leurs émotions comme on jouerait d'un piano, afin de les amener à leur propre perte. Toute la problématique des idéologies se résume ainsi : des constructions d'idées artificielles, séduisantes, prétendant remplacer la réalité, pour amener finalement le bon peuple à désirer ardemment sa propre perte... Les idéologies rouges comme noires du XXe siècle en témoignent, de même que leurs ramifications plus récentes : pêle-mêle le djihadisme, ce bolchévisme du XXIe siècle prétendant remplacer l'Islam, mais aussi l'antifascisme « réactivé », l'antiracisme de synthèse, et toutes sortes de délires débilitants à la Greta Thunberg[3], masquant l'avancée de la pire idéologie de toutes : le Mondialisme, dont les émanations ont en fait été à l'origine de toutes les idéologies mortifères récentes.

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À notre époque également, la fiction permet toujours de révéler des faits dérangeants, dans les époques troublées où toute révélation frontale signifie bien souvent la mort. Et même une fiction trop « inspirée » peut causer la mort. Le destin de Tom Clancy à ce titre, et sa mort que d'aucuns ont pu considérer comme suspecte, l'a mêlé à des événements qui virent une tentative de détournement subversif de la République américaine, laquelle aurait dû être parachevée par l'arrivée d'Hillary Clinton à la présidence des États-Unis[4]. Pour conjurer ce risque, des martyrs se sont ainsi dressés pour divulguer des révélations subtiles et synchronisées, qui ont pu aboutir à un changement historique. Mais un changement qui n'est pas encore réellement compris en France...

De fait, ce changement fut double, orchestré parallèlement sur deux théâtres d'opérations cruciaux pour parvenir à modifier le futur : au Moyen-Orient, avec l'inversion du sort des armes en Syrie grâce à la Russie de Vladimir Poutine ; et aux États-Unis, grâce à une action résolue qui porta un coup d'arrêt à la tentative de subversion des États-Unis, aboutissant à la victoire inattendue du Président Donald Trump. Ces deux retournements de situation furent en fait subtilement synchronisés, à partir de la révélation en 2015 d'un « partage d'informations » depuis les États-Unis vers la Russie. Un partage en apparence « contre nature », qui émanait en fait de l'Armée américaine, et fut mené à bien dans le dos du Président Obama, afin de mettre en échec la guerre de Syrie et le découpage hasardeux du Moyen-Orient qui était alors ourdi en coulisses[5].

La Restauration de la République américaine, tournant historique capital contre la Subversion


Cette velléité des forces de sécurité américaine visant à conjurer la Subversion aux Etats-Unis se déclencha discrètement dans le sillage des attentats du 11 septembre 2001, mais ne put éclore réellement qu'à partir de l'affaire de Benghazi (septembre 2012) : l'Armée américaine et les patriotes américains vécurent bien mal à l'époque, d'avoir dû laisser mourir un Ambassadeur américain arabisant, J. Christopher Stevens, avec la pleine complicité de Barack Obama et d'Hillary Clinton, au nom d'intérêts qui n'avaient rien à voir avec les intérêts stratégiques des États-Unis.

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Au gré de cette sourde protestation, de nombreux lanceurs d'alerte sortirent alors progressivement de l'ombre : parmi eux notamment ceux qui avaient dénoncé les zones d'ombre de la guerre d'Afghanistan (Lt-Col. Shaeffer), ou bien les curieuses connexions avec les attentats de Boston de 2013 (Sibel Edmonds), ou encore l'omerta sans précédent suite au 11 septembre 2001 (Steve Pieczenik). Ce sont ces mêmes lanceurs d'alerte, Steve Pieczenik en tête, qui formèrent ensuite le fer de lance des révélations calculées progressivement, amenant au grand jour le travail occulte réalisé en sous-marin par les forces de sécurité et les patriotes américains. Ceci, afin de mettre en échec la tentative de coup d'État « en douce » qui aurait définitivement soumis les États-Unis au pire des mondialismes. Le mot d'ordre fut lancé par Steve Pieczenik en octobre 2015 : quand les Services secrets sont contraints de faire des « sales boulots » au mépris de leurs serments, par des personnels politiques qui ne sont rien d'autres que des traîtres, ils se vengent tôt ou tard...[6]
 
51+GHzt9crL._SX339_BO1,204,203,200_.jpgEt ce « Contre-coup » d'État, en réponse à cette tentative de coup d'État « en douce », ce fut la victoire du Président Trump. À vrai dire pas uniquement, puisque cette victoire du Président Trump ne signifia en fait que le début d'une épuration antisubversive de longue haleine aux États-Unis, laquelle a eu lieu en coulisses depuis maintenant quatre ans (2016-2020), et n'est certainement pas terminée... Mais cette victoire de Trump fut l'élément historique qui rendit possible une Restauration de la République américaine, en forme de Seconde Révolution américaine dans « l'esprit de 1776 »[7].

En effet, la victoire de Donald Trump à la présidence des États-Unis n'a pas dissipé tous les problèmes du jour au lendemain, dans la mesure où les racines de ces problèmes remontaient à des décennies de détournement de l'État aux États-Unis, voire même à des siècles pour ce qui concerne les aspects les plus sensibles. On peut comprendre en effet les éléments documentés relatifs à des décennies d'instrumentalisation anglo-américaine du terrorisme : pour des raisons relativement légitimes en Afghanistan contre l'URSS, mais bien moins légitimes au Moyen-Orient ou en Yougoslavie...[8] Et même aux États-Unis où, au plus fort de l'époque subversive d'Obama, on vit émerger d'étranges centres de formations de terroristes djihadistes sur le sol même des États-Unis (« Islamberg »), non sans lien avec certaines attaques suspectes couvertes par un silence encore plus suspect des autorités[9]. À un niveau supérieur de méta-analyse, on peut également reconnaître l'aspect historiquement inconstitutionnel de la mise en place de la FED aux États-Unis et toutes ses conséquences en termes d'attrition monétaire, qui initièrent l'endettement artificiel des États-Unis[10].

Mais lorsque l'on vit le Podesta Group, en tant que cheville ouvrière de la corruption d'un certain Barack Obama par l'entremise de pays bien identifiés du Moyen-Orient[11], le fait que son directeur John Podesta ait été dans le même temps directeur de campagne d'Hillary Clinton, pouvait déjà laisser envisager quelques « irrégularités institutionnelles ». Lorsqu'ensuite fut établie une connexion directe entre Huma Abedin, la vice-directrice de campagne d'Hillary Clinton, et les Frères musulmans[12], nombre de patriotes américains pouvaient dresser d'autant plus l'oreille, que la même Huma Abedin était impliquée dans le scandale des monceaux de courriels secrets laissés au grand jour par Hillary Clinton[13]. Lorsqu'ensuite la même Huma Abedin avait utilisé, pour ses échanges de courriels non protégés avec H. Clinton, l'ordinateur de son conjoint Anthony Weiner, par ailleurs mouillé dans une affaire de transgression sexuelle connue[14], de troublantes connexions apparaissaient avec d'autres réseaux interlopes. Lorsqu'enfin le même John Podesta, suspecté pour plusieurs affaires pédocriminelles[15], devenu entre-temps directeur de campagne d'Hillary Clinton, se trouva en connexion directe avec l'affaire pédocriminelle majeure du Pizzagate, ainsi qu'avec le pseudo-« art » d'une Maria Abramovitch dégénérée non loin derrière ces deux personnages, alors... Même les esprits les moins initiés se trouvèrent forcés de ressentir instinctivement que cet entrecroisement d'irrégularités, dépassant certes l'analyse rationnelle, cachait une tentative de détournement fondamental de l'Histoire des États-Unis.

Doit être en fait comprise ici une superposition de luttes d'influence entre le meilleur et le pire, dont les racines remontent aux très vieilles dégénérescences égypto-sumériennes trop peu comprises aujourd'hui. On en retrouve des traces dans notre Histoire ancienne : dans l'Ancien Testament puis dans l'Histoire connue depuis la révolte des Macchabées : l'opposition entre la spiritualité des prophètes contre d'anciens cultes déviants, puis contre un certain fanatisme clérical conspirant contre son propre État, à partir des princes hasmonéens de Judée. On en retrouve des expressions encore aujourd'hui en Israël, avec les exigences prétendument religieuses opposées au réalisme des serviteurs de l'État israélien comme Benny Gantz, ou des patrons du Mossad Meïr Dagan et Tamir Pardo... Les serviteurs de l'État n'ont pas manqué d'héroïsme non plus en Israël, pour éviter le pire et contenir les tendances messianiques les plus bellicistes, laissant ainsi envisager des solutions plus réalistes et viables avec les Palestiniens[16].

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C'est en Syrie avant tout qu'eut finalement lieu, par un subtil contrôle réflexif unifiant plusieurs grandes puissances majeures, le volet militaire du coup d'arrêt visant à conjurer les initiatives les moins avouables au Moyen-Orient. Dans une moindre mesure aussi au Yémen, pour mettre en échec une guerre générale contre tous les restes d'harmonie ayant survécu aux guerres scélérates de l'ère Bush Jr./Obama. Mais c'est bien aux États-Unis qu'eut lieu le vrai combat : un combat de civilisation, pour mettre en échec une subversion telle que l'on n'en avait plus vue depuis Néron. Et comme du temps du général et consul Corbulon, les Légions furent à la pointe de ce combat : spécialement l'Armée américaine, le Renseignement militaire (DIA) et la NSA.

Une crise opportune du coronavirus, pour masquer une épuration en phase finale


Il existe peu d'exemples dans l'Histoire d'une épuration aussi difficile menée contre une administration aussi largement gangrenée, avec un grand nombre d'opérateurs politiques nationaux jouant délibérément contre les intérêts stratégiques des États-Unis. Tout juste pourrait-on comparer cet effort avec celui qui eut lieu durant la République de Weimar, un sujet de toute façon trop peu compris aujourd'hui[17]. Mais après quatre ans de combat antisubversif mené en coulisses aux États-Unis depuis l'affaire de Benghazi (2012-2016), puis encore quatre ans de purge devenue toujours plus évidente depuis 2016, il semble bien que ce « duel des destins » ait atteint aujourd'hui sa nouvelle étape paroxystique aujourd'hui : une nouvelle et certainement ultime étape de cette lutte antisubversive pour la civilisation se déroule sous nos yeux, dans le monde entier et plus spécialement aux États-Unis.

L'écran de fumée délirant qui s'est déployé derrière cette crise du Coronavirus, qui commença fin 2019 en Chine pour déployer ses effets à partir de mars 2020 en Occident, a en effet deux sens : « l'Histoire officielle, menteuse qu'on enseigne », et « l'Histoire secrète, où sont les véritables causes des événements, une histoire honteuse ».

En apparence, un narratif officiel se déploie en effet à partir d'une pandémie regardée comme inévitable, justifiant « pour la plèbe » le déploiement des mesures les plus liberticides depuis l'effondrement du système soviétique. Grâce à ce narratif, l'effondrement économique mondial qu'une cessation imposée de toutes les activités engendrera immanquablement, permettra non seulement de camoufler une réalité brutale de ces derniers siècles de décadence économique occidentale : toutes les guerres et toutes les crises du capitalisme moderne sont globalement artificielles[18]. Mais en plus, la peur macrosociale et la sélection négative de l'information[19], ciblant toute vision dissidente de cette crise comme celle du Professeur Didier Raoult en France, rendra possible les décisions les moins défendables. Au hasard, un empoisonnement de masse sous prétexte de médecine, à grand renfort de technologies vaccinales détournées entre de mauvaises mains monopolistes, ce que les personnels médicaux les plus honorables dénoncent aujourd'hui. Protégées par un tir de barrage médiatique extraordinaire de mauvaise foi, les mêmes recettes des totalitarismes rouges et noirs du XXe siècle convergent aujourd'hui, afin de servir la soupe au pire des mondialismes tel qu'il fut théorisé depuis des années, et dont des personnages pour le moins équivoque comme Bill Gates sont les nouveaux prophètes[20]. C'est ce narratif qui est bien l'« histoire honteuse » dont parlait Balzac : une « Histoire secrète, où sont les véritables causes des événements ».

550x827.jpgPourtant, des voix s'élevèrent en effet en Occident, face à l'hystérie collective soudaine que suscita l'emballement médiatique en Occident. Face aux médias clamant à l'unisson l'extrême dangerosité du coronavirus, pour légitimer des mesures de contrôle des populations tellement extrêmes qu'elles rappelaient les totalitarismes du XXe siècle. Aux États-Unis notamment, par la voix du Président Trump lui-même[21] et de Qanon, la voix occulte des patriotes américains[22]. Au Québec avec le média patriote Radio Québec, et même quelques personnages publics courageux qui eurent le cran de prendre publiquement position[23]. En Allemagne également, avec notamment la lettre ouverte du Professeur Sucharit Bhakdi à la Chancelière Angela Merkel[24]. En France, enfin, avec ce qui constituera certainement le plus gros scandale d'État depuis l'affaire dite du « sang contaminé », durant les années 1980.

La subversion de l'Occident passe par le détournement de la médecine

Il est une nouveauté tout à fait extraordinaire, d'avoir vu de manière si évidente en France l'application concrète de ce dont parlait Steve Pieczenik depuis des années aux États-Unis. Steve Pieczenik, médecin et psychiatre lui-même, avait en effet évoqué la façon dont certains milieux financiers de Wall Street parfaitement identifiés avaient infiltré la médecine américaine, en octroyant d'énormes financements (notamment à la prestigieuse université médicale de Cornell)[25]. Or ce fut exactement la même tentative de subversion de la médecine occidentale qui a pu être constatée en France, à l'occasion de la véritable persécution dont a été victime l'éminent professeur Didier Raoult durant cette crise du coronavirus.

Car l'un des plus grands chercheurs mondiaux parmi ceux qui appelèrent à la raison fut français : le professeur Raoult, infectiologue et professeur de microbiologie, spécialiste des maladies infectieuses tropicales émergentes. Il fut en quelque sorte l'« héritier » du meilleur de l'ancienne médecine coloniale française, qui avait été nourrie de toute l'expertise des maladies tropicales que la France soigna en Afrique et en Asie, révolutionnant les conditions de vie des populations de l'ancien Empire français. Ce fut le Pr. Raoult qui valorisa les premières études chinoises sur le coronavirus, pour arriver rapidement à la mise au point d'une prophylaxie simple, à partir des médicaments utilisés par l'Armée française depuis des décennies et prescrits partout dans le monde aujourd'hui. Sauf que cette prophylaxie simple et peu onéreuse du Pr. Raoult, remettait en question toute l'intention fondamentale derrière cette crise du coronavirus : une intention de bâtir une médecine d'après les desideratas d'un lobbying pharmaceutique révoltant, consistant à rendre toujours plus cher des traitements toujours moins efficaces. Dans le même ordre d'idée, généraliser et multiplier sans cesse les obligations de vaccination détournées de leur but premier, et contre lesquelles s'était d'ailleurs élevé en France le même Pr. Raoult, ainsi que d'autres chercheurs de renom. Or, derrière cette idée de vaccination, émergeaient des doutes sérieux quant à l'existence d'un agenda occulte de bridage de la démographie mondiale, en même temps qu'une volonté de surveillance généralisée des populations. Certes, l'idée d'une certaine discipline démographique n'était pas nécessairement néfaste en elle-même, mais elle était ici laissée à la discrétion de groupes privés et autres fondations comme la Fondation Bill & Melinda Gates, qui n'avaient de philanthropique que le nom[26].

C'est donc dans ce contexte que le Pr. Raoult fut alors massivement critiqué par les « médias PC »[27], au gré d'une campagne de désinformation qui atteignit des sommets révoltant de mauvaise foi en France. Une écrasante majorité de médias se ligua en effet pour le faire passer comme « instable », « sectaire » ou pour discréditer ses compétences et prophylaxies pourtant reconnues dans le monde entier. Toute cette crise remettait au goût du jour l'idée que la science devait normalement briser les monopoles[28], une ancienne idée-force de l'idéalisme européen, mais dans un sens inversé illustrant la décadence de l'Occident : ce n'était plus la science qui brisait les monopoles, mais les monopoles pharmaceutiques qui voulaient à présent briser la science sur l'autel de l'argent. Le même argent, finançant à la fois les grands monopoles pharmaceutiques et les médias qui les défendaient, ou pire, le même argent nourrissant l'idéologie mondialiste et son fantasme lancinant de dépopulation mondiale...

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Dans tout autre contexte, un scientifique aussi peu attaquable que le professeur Raoult aurait très certainement pu être assassiné, au vu des intérêts énormes qu'il contrariait par sa démarche scientifique inébranlable. Mais du fait des divulgations multiples sur Internet qui permirent de préserver son crédit, tout en mettant en évidence les multiples conflits d'intérêts qui se dévoilaient chez ses détracteurs, du fait également des confirmations qui provinrent notamment des États-Unis et de Chine quant à la crédibilité de ses travaux, le professeur Raoult survécut à toutes ces tentatives de déstabilisation. Il en sortit même auréolé d'une gloire populaire spontanée en France, tandis que les dirigeants français s'enfonçaient dans leurs propres mensonges comme dans des sables mouvants.

C'est dans ce contexte, ayant vu tant aux États-Unis, en Russie, en Chine ou ailleurs, des prises de position souverainistes en faveur des remèdes du Pr. Raoult, qu'une autre institution est apparue comme profondément gangrénée par la Subversion, elle aussi. L'OMS, en effet, aura joué durant cette crise du coronavirus le même rôle infamant que celui joué par l'ONU durant la guerre de Syrie : on y vit des personnages hautement subversifs œuvrer depuis l'ONU contre la paix, alors que l'ONU a pour objet normalement de prévenir la guerre. Notamment Jeffrey Feltman, ancien Assistant-secrétaire d'État sous Obama (2009-2012), devenu Sous-secrétaire général de l'ONU aux affaires politiques. De même, en Libye, l'ONU ne fit rien de sérieux pour juguler la guerre puis les troubles depuis 2011, elle préféra plutôt en institutionnaliser les conséquences avec les accords de Skhirat puis le Pacte de Marrakech, pour propager une immigration désordonnée et déstabilisatrice pour l'Europe, plutôt que de résoudre les problèmes à leur racine[29]. Le même détournement de l'OMS fut clairement identifiable durant cette crise du coronavirus, décidant sans cesse en dépit du bon sens, et propageant la peur plutôt que la raison de toutes les façons possibles... Ce qui explique parfaitement l'opposition frontale du Président Trump à cette institution, malgré le contre-feu de désinformation médiatique habituelle qui tenta évidemment de présenter le Président américain comme un irresponsable[30].

L'épilogue de cette infâme déstabilisation contre l'un des plus grands professeurs de médecine français, faillit bien être un départ du professeur Raoult pour la Chine. Départ rapidement démenti certes, mais laissant entrevoir tout de même, les conséquences lamentables des agissements du parti subversif qui s'était opposé à lui durant la crise[31]. Comme du temps des pays communistes interdisant toute carrière à quiconque s'autorisait à penser en dehors des idéologies imposées, les gens intelligents ont assurément de plus en plus de mal à faire carrière en France. Mais le problème va au-delà d'un point de vue sur la France que l'on enseigne actuellement en Chine, selon lequel les Français « aiment beaucoup discuter mais ne savent pas décider »[32]. Par opposition à la leçon d'étatisme de bon sens qui fut adressée par les pays développés d'Asie, contrastant d'autant plus avec la décadence de l'Occident, cette crise du coronavirus aura plutôt mis en évidence le réel problème de la France : l'existence évidente d'un parti subversif qui détourne l'État, et qui détruit toute forme d'intelligence en France, forçant ses meilleurs talents à l'expatriation depuis déjà des années...

Ainsi, pour qu'existe une « histoire honteuse », il faut bien qu'existent pour la générer des humains qui devraient mourir de honte face à leurs propres agissements. Mais c'est tout l'aspect ironiquement salvateur de cette crise, que de forcer chacun à dévoiler ses allégeances : on est aujourd'hui ou bien du côté du bon sens souverain et de la vérité, ou bien du côté de la Subversion. Et toute tiédeur ou mollesse ne fait que travailler en faveur de cette subversion qui ne prospère que grâce à la lâcheté et la paresse macrosociale, telle qu'elle est encouragée depuis des années en Occident. « Dieu vomit les tièdes »...[33]

Une entente des hommes de bien pour conjurer le pire des Mondialismes


Mais face à cette histoire honteuse, semble se déployer pour la première fois de l'Histoire une entente des hommes de bien, unissant les patriotes fortifiés par une spiritualité saine du monde entier, et basée sur une expertise antisubversive qui était méprisée depuis des années[34].

C'est cette entente qui pourrait bien mettre en échec tout ce narratif lourdement faussé de la crise du Coronavirus, et emporter avec lui tout ce qui aurait dû constituer le « Nouvel Ordre Mondial » : c'est-à-dire le mondialisme qui se déployait depuis des décennies, et dont le but ultime était l'écrasement définitif des peuples : le Meilleur des Mondes et 1984 combinés... Orwell en avait d'ailleurs fait son avertissement final, lui qui en avait identifié les causes profondes à partir de la guerre d'Espagne, et mis en garde lui aussi à partir de fictions, contre l'intoxication des humains les moins spirituellement conscients, par le pouvoir qu'ils pourraient avoir sur d'autres humains[35] : « Si vous voulez une image du futur ? Imaginez une botte écrasant un visage humain... pour l'éternité »... Ce Nouvel Ordre Mondial ciblant jusqu'à l'âme humaine, semblait en apparence inarrêtable aux yeux des initiés qui suivaient son déploiement depuis des décennies, non sans inquiétude[36], à partir de cénacles de décisions internationalistes comme le groupe Bilderberg, la Trilatérale et d'autres puissants relais d'influence.

Or, contre toute attente, c'est une vérité spirituelle gnostique sans âge qui retrouve sous nos yeux incrédules une nouvelle application : lorsque de mauvaises forces sont à l'œuvre, il est un contresens spirituel de croire qu'il n'y a que ces mauvaises forces qui sont à l'œuvre. Notre planète a toujours été un état de probation, et l'humanité a toujours été l'objet d'une lutte d'influence. Mais chaque humain individuellement, doit faire le choix du bien, en pensée et surtout par les actes, sans quoi il sera toujours sous l'emprise potentielle du mal, faute de s'être résolu à un choix conscient du bien... Et ce défi, faire le bien par les œuvres pour conjurer le mal, mettre en échec le mal, servir la plus haute vision de l'humanité pour conjurer la plus basse, a été relevé par les patriotes chrétiens américains, rejoignant les patriotes chrétiens russes à l'œuvre depuis des années en Syrie.

La même lutte anti-fanatique qui mena à la naissance du christianisme puis plus tard de l'islam, ce que comprit l'ancienne expertise coloniale française, trouve ses prolongements dans le combat antisubversif des patriotes américains aujourd'hui aux États-Unis...

Une guerre occulte pour le contrôle des Etats-Unis, et du monde entier

Dès le début de la crise du coronavirus, la source Qanon qui servit depuis octobre 2017 de média occulte, dans le cadre du combat antisubversif des patriotes américains, diagnostiqua une intention politique évidente derrière l'hystérisation soudaine et synchronisée des médias PC, les mêmes médias qui déployaient le plus gluant des activismes anti-Trump depuis 2016. Il était évident en mars 2020, en effet, que cette crise était le dernier artifice trouvé par l'État profond pour éviter à tout prix l'explosion du Parti Démocrate, pour détruire tous les succès du Président Trump, pour camoufler le fiasco lamentable de Joe Biden en tant qu'adversaire potentiel, et pour tenter d'enrayer la purge historique de l'appareil d'État aux États-Unis[37].
 

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Plus grave fut surtout le diagnostic inspiré, par la même source Qanon, incriminant directement l'idéologie mondialiste comme responsable d'une subversion préméditée des États-Unis, en citant les mots d'Henry Kissinger à la conférence Bilderberg d'Evian, le 29 mai 1992[38] : « Aujourd'hui, les Américains seraient outragés si des troupes de l'ONU entraient à Los Angeles afin de restaurer l'ordre, mais demain ils seront pleins de gratitude ! Ceci est [sera] spécialement vrai à partir du moment où on leur aura dit auparavant qu'existe une menace extérieure, qu'elle soit vraie ou décrétée [officiellement comme vraie], menaçant notre existence même. C'est alors que tous les autres peuples du monde vont plaider auprès des dirigeants mondiaux pour qu'ils [les Américains] soient délivrés de ce mal. Ce que craint l'humain, c'est toujours l'inconnu. Si les choses sont présentées selon ce scénario, les droits individuels seront volontairement abandonnés pour la garantie du bien-être qui leur sera octroyé par le gouvernement mondial ». Et Qanon concluait dans son même message : « La guerre silencieuse continue... », confirmant donc clairement ce que les initiés sérieux avaient auparavant compris : c'est une guerre implacable qui est livrée pour le contrôle des États-Unis, entre les mondialistes et les patriotes souverainistes. Et cette guerre est sacrée, comme l'indique aussi régulièrement Qanon à mesure que cette lutte devient dantesque, évoquant l'« armure de Dieu » de Saint-Paul[39] comme un psaume de combat de ces Templiers modernes. Que ne voilà donc point une noble Croisade de notre temps !

Les décennies de subversion des États-Unis, sont en fait la continuité d'une Subversion lancinante dans l'Histoire de l'Occident, rarement comprise aujourd'hui parce que tant le catholicisme que le protestantisme ont oublié des pans cruciaux des enseignements chrétiens originels. Mais ils en ont une conscience instinctive aujourd'hui, grandissante à mesure qu'une subversion sans âge et dégénérée nous montre à nouveau son véritable visage.

Le Coronavirus comme va-tout du Nouvel Ordre Mondial


Et c'est là que survient cette crise du Coronavirus, dans ce contexte d'une purge occulte en cours aux États-Unis. Avant cette crise, un point de situation donnait le parti subversif perdant aux États-Unis, malgré quatre ans de lutte visant à pousser Trump au pire au Moyen-Orient comme en Asie. Au lieu de cela, à coups d'un subtil jeu d'échec, de Kabuki[40] et d'intoxications pas toujours compréhensibles, c'est une réelle désescalade qui a eu lieu sur ces deux théâtres d'opérations potentiels, tandis que se menait l'épuration historique de l'Administration américaine. La dynamique fut constante et le pire évité, malgré des médias bavant constamment leurs mensonges contre chaque fait et gestes de l'Administration Trump. Le Président Trump commença également à inverser structurellement une logique de vampirisme économique vidant de sa substance l'économie américaine, non pas au bénéfice de la Chine par les délocalisations mais bien au bénéfice de Wall Street et des mondialistes, depuis la visite secrète de Kissinger en 1971.

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Instrumentalisation mondialiste de cette crise du Coronavirus, relayée par le Parti Démocrate aux États-Unis, afin de détruire les succès économiques de Donald Trump qui promettaient sa réélection. L'âne - symbole du Parti Démocrate - maintient l'économie américaine sous l'eau, un œil sur les sondages malgré tout encore favorables à Trump pour l'élection de 2020 : « ce n'est toujours pas assez sûr pour sortir [du confinement] ».Et surtout, le Président Trump eut le courage historique de cibler les grands réseaux internationalistes mêlant la pédocriminalité et le trafic de drogue, pour des raisons là encore très anciennes mais certainement pas rationnelles... L'affaire Epstein n'était une nouveauté qu'aux yeux de ceux qui n'ont pas compris l'Histoire et ses luttes d'influence profondes... Le combat contre le matérialisme débilitant et les déviances érigées en mode de gouvernement en Occident, est mené aujourd'hui tambour battant par les patriotes américains, qui sont les premiers concernés.

C'est un duel d'eschatologies qui se déroule à notre époque. Les véritables musulmans le comprennent aussi, bien que nombre d'entre eux furent atteints dans leur foi par des décennies d'influence fanatique artificielle... Chaque homme de bien doit être aujourd'hui vent debout pour soutenir le combat que mènent les patriotes américains aux États-Unis. Des années de propagande ont érigé les États-Unis comme un bras armé du mondialisme, générant artificiellement les plus gros conflits entre les civilisations qui auraient dû déboucher sur une troisième guerre mondiale : entre le monde chrétien et le monde musulman d'une part, entre les États-Unis et la Russie ainsi que la Chine d'autre part. Le « déchaînement de la matière » dont les pires mondialistes rêvaient déjà avant les deux guerres mondiales précédentes... Les plus infâmes mondialistes patentés s'étaient alors pris à rêver comme ils le faisaient en fait depuis des décennies : « leur » Nouvel Ordre Mondial allait à coup sûr émerger de toutes leurs intrigues subversives, un gouvernement mondial devant émerger « à la place de la guerre ou après la guerre », pour reprendre les mots de leur représentant français Jacques Attali, imbu de son sentiment d'impunité[41].

Et pourtant, c'est potentiellement un autre « nouvel ordre mondial », imprévu par ces mêmes mondialistes, qui peut potentiellement émerger à l'occasion de cette crise...

Un nouvel ordre mondial à cinq émerge, face au Nouvel Ordre Mondial suicidaire

Ce qui restera dans l'histoire occulte comme la Restauration de la République américaine, naquit d'une leçon vieille comme la Rome antique : « que Rome prenne garde à la colère des légions »... Cette restauration fut facilitée par les patriotes russes, qui ne perdirent jamais de vue la façon dont les idéologies rouges avaient été artificiellement inoculées à la Russie pour la détruire de l'intérieur.

EXzdd2jXkAEXMi6.jpgEt à présent, cette même entente russo-américaine occulte, qui remonte à Lincoln et dont on trouve d'autres traces bien peu comprises dans l'histoire, se renouvelle sous nos yeux. Non pas par cette pantalonnade ridicule du « complot russe », qui aurait prétendument abouti à la victoire de Trump de 2016, fondée sur la fable du « rapport Steele » qui reviendra brutalement contre ses instigateurs bientôt, et restera dans l'Histoire comme l'Obamagate...[42] Mais c'est bien à l'occasion de cette crise du coronavirus que par nécessité, un axe occulte russo-américain va perdurer, plein de réalisme face au danger qui menace tant la Russie que les États-Unis en tant qu'États souverains.

Nous avons vu en effet un renouvellement informel de cette subtile entente russo-américaine initiée en Syrie, à travers les interventions simultanées aux États-Unis comme en Russie des patriotes les mieux informés. La source Qanon, délivrant d'ordinaire des messages peu nombreux, mais subtils et calculés quant à la purge de l'appareil d'État américain, s'est soudain animée d'une intense activité depuis février 2020 pour dénoncer toutes les manœuvres suspectes et délibérément subversives derrière cette crise. Du côté de Moscou, alors qu'un remaniement gouvernemental opportun venait d'avoir lieu[43], c'est un éminent membre du Renseignement militaire russe, Vladimir Vasilievich Kvachkov, qui avait été auparavant impliqué contre le puissant parti subversif qui avait tenté de dépecer la Russie durant les années 1990,[44] qui émit un point de vue similaire et assez peu modéré. Il concluait en effet que pour éradiquer le Coronavirus, il allait falloir surtout vaincre un virus transnational beaucoup plus puissant : c'est-à-dire les menées subversives internationalistes, désireuses de dresser les nations les unes contre les autres afin de faire progresser leur agenda inavouable...[45] Et même la Chine de Xi Jinping voit à présent s'ouvrir à elle l'opportunité de rejoindre cette alliance américano-russe dans un nouveau jeu des trois plus grandes puissances du monde, afin de sortir elle aussi de l'influence subversive qui a prétendu l'instrumentaliser depuis plus d'un siècle à présent... En adjoignant encore l'Angleterre, qui porte en elle les restes de l'ancienne et puissante expertise de l'Empire britannique, et l'Arabie Saoudite, qui joue actuellement un rôle clé dans l'atterrissage en douceur du Moyen-Orient depuis 2016 sous la protection des États-Unis de Donald Trump, c'est un nouvel ordre mondial qui émerge : non pas le Nouvel Ordre Mondial de George Bush Sr. dans le contexte du « Traité 2+4 » qui permit la réunification de l'Allemagne, mais une sorte de « nouvel ordre mondial à 3+2 », reniant le mondialisme destructeur des États-Nations par un nouveau réseau de souverainetés s'entraidant réciproquement.

Les États-Unis tout d'abord, vivent la restauration de leur ancien rôle historique, devenu bien moins évident aujourd'hui au fur et à mesure de leurs détournements par un puissant État profond. De leur rôle de première puissance mondiale découle l'importance cruciale de l'évolution de la situation interne aux États-Unis, et rien ne saurait être négligé pour aider les patriotes américains à recouvrer leur souveraineté.

Á ce titre, nous ne pouvons que louer la prise de conscience des minorités afro-américaines aux États-Unis, qui ont réalisé l'instrumentalisation politique dont ils ont été victimes depuis des années par le Parti Démocrate et l'État profond américain. Les noirs américains ont en effet été « utilisés comme des prostituées par le Parti Démocrate », aux dires de Quanell X, dirigeant de la branche texane du Nouveau parti Black Panther [New Black Panther Party], alors que leur condition financière, économique, académique, en matière de chômage et d'éducation, n'a fait qu'empirer[46]. Et c'est Joe Biden, ancien Vice-président d'Obama lourdement suspecté d'un autre vice (pédocriminel), mais malgré cela « présidentiable » pressenti contre Donald Trump lors des prochaines élections, qui vient de rappeler cette réalité. Toute honte bue, ne se rendant même plus compte de l'évidence grossière de sa stratégie d'influence éculée, il vient de tancer un citoyen américain noir susceptible de voter pour Donald Trump d'une façon tellement dominatrice que c'en était ridicule : « si vous avez un problème pour choisir de voter entre moi [Joe Biden] ou Trump, alors vous n'êtes pas noir ! »[47]. Joe Biden illustrait ainsi ce qu'avait résumé auparavant l'économiste noir américain Thomas Sowell : « Le racisme n'est pas mort, mais il est sous assistance vitale, gardé en vie par des politiciens, des prostituées de la race et des gens qui gagnent un sens de supériorité par la dénonciation des autres en tant que "raciste" »[48].

Ce sont à présent les musulmans qui doivent réaliser la même prise de conscience que les noirs américains, afin de contrer l'extraordinaire activisme prétendument « musulman » que les États-Unis ont connu durant ces dernières années. Alors que les États-Unis étaient officiellement en guerre contre des pays musulmans, au gré d'une idéologie du « choc des civilisations » qui fit bien souvent passer ces guerres pour des guerres « contre l'Islam » (au grand dam des vrais soldats américains sur le terrain)[49], une dynamique tout à fait contraire s'est dévoilée aux États-Unis, dont l'apogée fut identifiable durant l'ère Obama. Ce fut en effet l'apogée d'un activisme subtilement djihadiste ayant pignon sur rue aux États-Unis sous l'ère Obama, mais un activisme qui a perduré depuis quatre ans contre Trump. Il est dès lors urgent que les « vrais » musulmans, aux États-Unis et dans le monde, réalisent enfin l'importance de la lutte d'influence qui a lieu en ce moment même aux États-Unis, pour dénoncer avec les patriotes américains cet activisme indécent de l'État profond contre le Président Trump.

91dcj-owByL.jpgSi j'étais citoyen Américain, je serais très vraisemblablement accusé par Joe Biden de n'être « pas musulman » si je décidais de voter pour Donald Trump. Mais que lui répondrais-je ? Que les vrais musulmans savent ce qu'il s'est passé à Benghazi, et plus globalement durant toute l'époque de subversion des Clinton, Bush Jr. et Obama. Ils savent aussi qui a voulu créer une immigration déstabilisante pour les États-Unis depuis 1965 afin de ruiner leur modèle d'intégration vertueux par l'excellence, avec une pure volonté de subversion qui fut parfaitement identifiable sous l'ère Obama[50]. De même, les musulmans n'ignorent pas non plus les turpitudes personnelles transgressives de « creepy » Joe, et dès lors, ne sauraient accepter toute prétention de son auguste personne à leur donner des leçons de maintien et de morale. Pour toutes ces raisons, les hommes de bien musulmans, au même titre que les chrétiens américains, ne peuvent que se réjouir à l'avance de sa future défaite lors de la réélection à venir du Président Trump...

La Russie, ensuite, vit au terme de la guerre de Syrie l'aboutissement de sa nouvelle légitimité dans le concert des nations. La volonté implacable du Président Vladimir Vladimirovitch Poutine, appuyée par l'extraordinaire talent diplomatique de Sergueï Viktorovitch Lavrov, malgré les assassinats à répétition de diplomates russes, et la combativité légendaire des forces armées russes incluant des éléments musulmans du Caucase, qui avaient eu à combattre auparavant les djihadistes artificiellement importés en Russie : ce furent là les éléments d'une victoire historique qui signifia la première guerre perdue du mondialisme, éteignant un conflit qui aurait très bien pu contaminer le monde entier, à la fois en Syrie mais aussi en Ukraine. Malgré une situation toujours difficile en Syrie face aux « imprudences » de certains pays du Moyen-Orient, elle démontre que dans le combat eschatologique actuel, les chrétiens orthodoxes et d'Orient ont une longueur d'avance, n'ayant pas oublié la vraie Gnose. En témoigna une exposition d'icônes sécurisée à Tsaritsino en octobre 2016, rappelant que les vrais chrétiens n'ont pas oublié Sophia : la « Sagesse de Dieu », source de toute chose en notre monde, et principe féminin sacré tempérant les anciennes violences du Moyen-Orient...

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Icône de Sophia, la Sagesse de Dieu, entourée de Saints aux abords, fin XVIIe-début XIXe s. Tempera sur bois La façon dont le Ministre de la défense Sergueï Koujouguétovitch Choïgou, bien que versé dans les connaissances occultes des chamanes de l'Altaï, se signa lors du défilé du 9 mai 2015 sous la tour du Christ Sauveur, était lourde de sens quant à la nouvelle « guerre sacrée » menée par Moscou au Moyen-Orient[51]. Elle fit en ce sens le pont avec l'Extrême-Orient, un pont évident pour qui connaît les racines communes des spiritualités du monde à partir du Moyen-Orient et du Tibet, et dont le soufisme fut notamment l'une des passerelles...[52]

La Chine du Président Xi Jinping, donne vie à la clairvoyance prophétique de Charles De Gaulle, qui considérait que le communisme disparaîtrait avec le temps en Russie soviétique comme en Chine populaire, que le président De Gaulle fut d'ailleurs le premier chef d'État à reconnaître. Après avoir connu nombre de déstabilisations et d'humiliations depuis le XIXe siècle, étroitement liées à la même décadence du capitalisme occidental depuis l'Angleterre, et malgré les intrigues qui tentèrent de créer une Chine communiste durablement captive des mondialistes, c'est la vieille souveraineté du Céleste Empire qui renaît. La sublime leçon de profondeur civilisationnelle qui fut donnée lors des Jeux Olympiques de 2008, fut accompagnée par les premiers signes de lucidité contre l'idéologie communiste, grâce notamment à la meilleure influence française qui puisse encore exister à notre époque[53].

Après avoir adressé des messages d'ouverture à l'Occident dramatiquement égaré (2005-2015)[54], cette nouvelle Chine renaissante accompagna également le mouvement en soutenant discrètement l'action russe en Syrie. Comme la Russie en Tchétchénie et au Daghestan, elle aussi se trouvait ciblée par le terrorisme des séparatistes ouïghours, artificiellement généré par l'Etat profond américain depuis des années en Asie Centrale, qui menaçait l'intégrité nationale chinoise en poussant le Xinjiang à la sécession. Comme dans le Caucase, des enjeux énergétiques majeurs étaient la cause profonde de ces intrigues. Dans leur empressement à cibler sans cesse la Chine, certains médias occidentaux oublient volontiers qu'il existe d'autres communautés musulmanes qui sont des patriotes chinois, comme les Hui dans la Région autonome du Ningxia[55]. Le narratif hérité de la Guerre froide contre le communisme ne tenait plus, et les anciens réseaux djihadistes apparaissaient soudainement pour ce qu'ils étaient réellement : des troupes mercenaires utilisées dans des guerres asymétriques afin de nuire à des États souverains « indociles », pour le compte de forces subversives parfaitement identifiables[56].

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La victoire de Trump, premier Président américain reçu dans la Cité interdite, signifia une nouvelle opportunité pour la Chine aussi, et la possibilité d'une entente avec les États-Unis s'est développée subtilement depuis 2016. Mais une entente qui supposait de faire machine arrière dans la promotion d'un mondialisme historiquement voulu par Wall Street, utilisant les délocalisations chinoises pour ruiner le monde entier, et dont la Chine était l'otage bien plus que l'actrice[57]. Ceci supposait alors une certaine synchronisation avec les États-Unis afin d'éviter une explosion de l'économie chinoise, indirectement victime elle aussi du modèle économique occidental décadent, solutionnant au passage la question nord-coréenne par une nécessaire désescalade, en attendant l'inéluctable réunification avec Taïwan de manière tout aussi pacifique...

C'est dans ce contexte plein d'espoir que survint la crise du coronavirus, au gré de laquelle apparurent les mêmes lignes de failles en Chine : l'opposition du Président Xi Jinping face à l'existence d'un État profond en Chine, motivé certainement par un affairisme sécrété par la décadence de l'Occident, et possiblement appâté par des rêves de puissance dangereux. Une certaine inexpérience des serviteurs de l'État chinois face aux causes profondes de la décadence occidentale était à craindre, mais des leçons de sagesse bouddhiste et confucéenne peuvent tout autant être espérées aujourd'hui du Céleste empire. Face à ces luttes d'influences internes vieilles comme le monde qui prévalent partout, la tentative de créer un nouveau racisme antichinois du plus grand ridicule, à l'occasion de cette crise du coronavirus, n'apparaîtra comme rien d'autre qu'une énième tentative mondialiste visant à dresser les peuples les uns contre les autres...

L'Arabie quant à elle, fut l'otage et le point nodal de l'instrumentalisation du terrorisme au gré de la rivalité pétrolière historique entre les Britanniques et les États-Unis, ce qui fut dénoncé comme tel dès 1930 par le Renseignement français[58]. Les États-Unis reprirent cette continuité à leur compte après la Seconde Guerre mondiale, mais vécurent entre-temps leur détournement par l'État profond, lequel sut préserver ses intérêts bien plus que ceux des États-Unis, au besoin par des morts suspectes au sein de la famille royale (Roi Fayçal Al Saoud, 1975). Mais le net recul de cette subversion par l'État profond, actuellement aux États-Unis, permet à une dynamique nouvelle d'émerger en Arabie Saoudite. Un processus dual dans lequel un Jared Kushner est certes à la fois juge et partie, à la fois gendre et ambassadeur de Trump, mais dont l'action aura déjà eu une utilité historique au Moyen-Orient. Le Prince héritier Mohammed ben Salmane, qu'on veuille bien le comprendre ou non, est en ce moment l'homme clé du Président Trump, et prend la responsabilité courageuse de tenter d'inverser des décennies d'instrumentalisation mondialiste du djihadisme à partir du Moyen-Orient. Une instrumentalisation dont là encore, les Arabes ont été bien plus souvent les otages que les promoteurs...[59]

Dans ce contexte, le rôle de la Grande-Bretagne est inévitablement dual. Car les patriotes Britanniques ont certainement possédé la meilleure des expertises antisubversives au monde, concernant la Russie comme la Chine ou le Moyen-Orient, mais que cette expertise patriotique a été durement bridée depuis les années 1920. Car parallèlement, c'est depuis la même Grande-Bretagne qu'a été conçue la subversion de leurs rivaux économiques (français, allemands, russes, chinois, étasuniens, avant d'emporter dans la tourmente les restes de l'Empire britannique... La même lutte d'influence entre patriotes et État profond a eu lieu en Grande-Bretagne, à vrai dire depuis le XVIe siècle, et elle fut durablement perdue par les patriotes, mais temporairement seulement.

Des indices de subversion évidents au Royaume-Uni sont apparus au gré d'affaires sensibles récentes, couvertes par une omerta révoltante des médias publics, masquant certainement une subtile volonté de provocation. Dans quel but ? Afin de promouvoir l'idéologie artificielle du « choc des civilisations », opposant la Chrétienté à l'Islam de façon nécessairement violente. L'affaire des viols de Telford, ayant vu des milliers d'enfants ou de jeunes filles violés par des gangs immigrés indo-pakistanais, a été entourée d'un véritable secret d'État avec l'entière complicité des médias. De la même façon, ce sont de véritables persécutions qui ciblent les patriotes et militants Britanniques comme Stephen Yaxley-Lennon, connu sous le pseudonyme de Tommy Robinson. Or, les circonstances anormales dans lesquelles des soi-disant « musulmans » ont pu le battre impunément en prison, sont l'indice d'une instrumentalisation qui révèle une subversion évidente du Royaume-Uni, disposant de puissants relais au sein de l'appareil d'État.
 
10665049_547783445376545_1293872700676976774_n.jpgOn voit encore d'autres traces de cette subversion, quand la BBC s'obstine à réécrire sans cesse l'Histoire occidentale dans un sens « antiraciste », en faisant jouer les personnages européens par des immigrés d'origine africaine.[60] Ceci est visible dans tous les pays occidentaux, jusqu'au ridicule quand Lancelot[61], Achille[62] ou Louis XIV[63] sont joués alors par des acteurs noirs. On attend avec impatience une histoire de Nelson Mandela, de Martin Luther King ou de l'Empereur Kanga Moussa du Mali joués par des acteurs blancs, afin d'être sûr que personne ne soit choqué par ces réécritures de l'Histoire ridiculement parasitées par des partis-pris idéologiques...

Mais il y a pire, derrière ces trois exemples de subversion combinés. Ils peuvent constituer l'indice d'une stratégie mondialiste de contrôle réflexif dangereux : une volonté évidente de brimer les populations européennes, en les poussant ainsi subtilement à un nouveau sursaut nationaliste qui ne pourrait être qu'excessif en réaction. Cette façon de créer une prophétie autoréalisatrice en brimant les peuples occidentaux pour les pousser au pire ensuite s'est déjà vue dans l'Histoire... Et elle aboutirait sans surprise à légitimer le choc des civilisations, en légitimant une guerre culturelle et civilisationnelle des Occidentaux qui serait dirigée spécifiquement contre l'Islam. C'est la raison pour laquelle les véritables musulmans doivent dire clairement à l'Occident que les violeurs de Telford, ou les « musulmans » qui ont été « utilisés » pour bastonner Tommy Robinson, n'ont de musulman que le nom, et mériteraient un châtiment tel que jamais ils ne pourraient recommencer leurs méfaits ignobles...

Pourtant, malgré ces traces de subversion évidente en Grande-Bretagne, il est à croire que les patriotes britanniques ont su peser dans les élections américaines de 2016, indirectement avec Julian Assange tout du moins. Ceci, alors même que se déployait depuis la Grande-Bretagne le volet internationaliste de cette même subversion, tant contre les États-Unis (Rapport Steele) que contre la Russie (Affaire Skripal), avec un rôle très sale joué en Syrie ou en Ukraine... Sans doute, la Grande-Bretagne a su comme à d'autres occasions dans l'Histoire, placer ses pions pour tirer avantage de la situation dans toutes les hypothèses. Mais il est indéniable que la véritable Grande-Bretagne souffre depuis bien longtemps face à la Subversion...

  • Ce contexte de « nouvelle donne géopolitique », est donc une opportunité de toute façon pour la Grande-Bretagne. Elle ne perdra pas son tropisme impérial, et le « Brexit » finalement obtenu par Boris Johnson lui redonnera une nouvelle souveraineté, prenant une importance similaire en Grande-Bretagne à la victoire de Trump aux États-Unis. En lieu et place des « représailles » promises par l'Union Européenne, une nouvelle entente se dessine entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, dont le futur broyage de l'UE entre la rivalité commerciale sino-américaine sera une conséquence connexe[64]. La Grande-Bretagne saura tirer son épingle du jeu, en conservant la constance diplomatique de ses intérêts supérieurs, et espérons-le, en ciblant une subversion qui n'est pas récente en son sein, et qui atteint aujourd'hui gravement la substance même du peuple britannique[65]. Là encore, les chrétiens protestants sont bien souvent handicapés par une vision partielle de leur propre Histoire... Mais la Grande-Bretagne fut également à la tête du réformisme chrétien depuis Bède le Vénérable, puis dans la lutte d'influence interne au sein de la Franc-maçonnerie depuis le XVIIIe siècle jusqu'à nos jours...

La France, dernier bastion subversif au monde, attend son renouveau politique


Dans ce contexte d'un Nouvel Ordre Mondial imprévu des mondialistes, voyant l'émergence d'une entente nouvelle qualitative entre les États-Unis, la Chine, la Russie, la Grande-Bretagne et l'Arabie Saoudite, que vont devenir les pays de l'Union Européenne impotente, nantis seulement d'une « souveraineté-croupion » ? L'Allemagne a été durablement soumise et brûle ses derniers feux économiques, son peuple réel disparaissant depuis des années sous l'effet conjugué d'idéologies ciblant là encore sa substance même. L'Italie s'est récemment débattue, mais se retrouve de nouveau soumise par un gouvernement subversif qui se moque éperdument du peuple italien. Et la France, dans tout cela ? Elle est devenue l'un des pires bastions subversifs de notre époque, et des détails très peu élogieux l'illustrent, que ne manquent pas de relever les Services de renseignement étrangers : depuis les gesticulations transsexuelles sur le perron de l'Élysée, jusqu'à la « retraite heureuse » dans le Périgord de Ghislaine Maxwell, l'ex « traitante » de feu Epstein d'après l'irréfutable Steve Pieczenik lui-même, qui jamais n'accusa personne sans preuve...[66] Or les « connexions françaises » de l'affaire Epstein sont connues, et pourtant rien n'a été entrepris en France pour collaborer avec la justice américaine[67]. Elle était considérée comme « disparue » aux États-Unis, et alors que l'Administration Trump avait lancé un mandat d'arrêt international contre elle, elle était pourtant bien au chaud en France sans être inquiétée le moins du monde...[68]

title-1576680650.jpgDepuis la victoire de Trump aux Etats-Unis et le net reflux de la pédocriminalité outre-Atlantique, la France passe de plus en plus pour le premier Etat pédocriminel au monde... Au point de susciter la préoccupation d'INTERPOL et d'EUROPOL. En France, chaque année, 58 000 enfants disparaissent et plus de 150.000 enfants sont violés[69], alors qu'à peine 0,3 % des agressions sexuelles sur mineurs sont condamnées ! C'est ainsi que l'on détruit la substance et l'avenir d'un peuple, et les Français qui tentent de protéger leurs enfants sont bâillonnés, dénigrés, voire accusés lorsqu'ils osent évoquer ce sujet. Selon Me Marie Grimaud, avocate pénaliste de l'association « Innocence en danger », « La France est l'eldorado des pédophiles. [...] Je le répète, aujourd'hui mieux vaut violer un enfant que de dealer du shit dans la rue. La sanction est beaucoup plus lourde pour le dealer que pour le violeur d'enfants ». Pire, elle rappelle que « si des magistrats estiment qu'un enfant de 5 à 6 ans peut éventuellement consentir à un rapport sexuel et éventuellement relaxer des individus pour cela, c'est que nous avons un problème dans la formation de nos magistrats. C'est ce que j'appelle la gouvernance des juges, qui va en deçà [au-delà] de ce que la loi prévoit »[70]. Djamila Allaf, directrice de l'association « Enfance au cœur », renchérit : en France, « les chiffres de la maltraitance des enfants sont terrifiants. Ils sont indignes d'une société qui se dit civilisée. Parce que le marqueur d'une civilisation, c'est sa capacité à protéger les plus faibles. Aujourd'hui, dans un pays comme la France, qui se dit pays des Droits de l'Homme, qui donne des leçons dans le monde entier, il y a 422 enfants qui sont violés chaque jour, 2 enfants qui meurent de maltraitance par jour. Et malgré cela on a toujours un silence sur cette question, ça reste tabou »[71]. Dans le contexte de l'Affaire d'Outreau, qui a défrayé la chronique, qui a fait énormément de mal à la cause des enfants en discréditant leur parole, une remarquable enquête non médiatisée d'un journaliste de l'AFP[72], rappelait qu'aucun enfant de l'affaire d'Outreau n'avait menti. Douze enfants ont bien été reconnus victimes de violences sexuelles dans un contexte de proxénétisme. Alors pourquoi leurs bourreaux ont-ils été protégés ? Était-ce un réseau susceptible de révéler des noms connus ? En tout cas, la France n'en sort pas grandie...et les enfants français continuent d'être torturés ![73]

Dans ces circonstances, comment veut-on que la France conserve encore une once de crédibilité auprès des chefs d'Etat étrangers ? Alors que dans le même temps le Président Trump a fait de la lutte contre la pédocriminalité une réelle cause nationale[74], à l'initiative notamment d'Ivanka Trump comme conseillère principale contre le trafic d'êtres humains, la France montre de graves signes de subversion, comme aux États-Unis du temps d'Obama. L'imbrication devient hautement suspecte quand la pédocriminalité se mêle aux questions antiterroristes, maltraitant des enfants au gré d'une interprétation tout à fait inadaptée des critères de « radicalisation », camouflant ses méfaits derrière la raison d'État. Ainsi en juin 2019, un Commandant des services secrets intérieurs (DGSI) se définissant lui-même comme « spécialiste de la manipulation », fut impliqué dans une grave affaire pédocriminelle avec une mineure « musulmane » au prétexte de déradicalisation, des milliers de photos pédopornographiques étant retrouvées dans ses ordinateurs[75]. Parallèlement, une cellule antiterroriste de la DGSI fut dénommée « Al-Lât », du nom d'une déesse pré-islamique, laissait envisager une volonté de considérer l'islam comme « l'ennemi intérieur »[76]. Dans ce contexte de graves détournements, les musulmans de France peuvent légitimement craindre pour leur sécurité et celle de leurs enfants. Par ailleurs, des policiers habilités « secret défense » se permettent de fanfaronner en divulguant des informations relatives à des attentats potentiels, sans être capables d'empêcher lesdits attentats. Or, les musulmans de France ne peuvent ignorer combien ces attentats terroristes leur font injustement du tort. Tous ces éléments combinés laissent envisager un risque réel de guerre civile artificielle en France, officiellement menée « contre l'Islam », qui permettrait de faire diversion en faisant oublier les graves turpitudes des politiciens français actuels.

Les révélations relatives aux derniers attentats survenus en France achèvent de brosser un tableau noir de l'état réel des forces de sécurité, et de la sape délibérée de capacités antiterroristes françaises. Dans le contexte des enquêtes parlementaires relatives aux sanglants attentats du Bataclan de novembre 2015 (131 morts, 413 blessés), plusieurs révélations de haut niveau, dont celles de l'ex-patron du Renseignement intérieur (DCRI) Bernard Squarcini, firent état d'un refus délibéré des autorités françaises et du Premier ministre Manuel Valls, qui refusa une liste de djihadistes fournie par les Services secrets syriens. Ce refus fut opposé « pour des raisons idéologiques », et eut pour conséquence la nécessité de mendier du renseignement aux sources étrangères, au grand dam des Services français dont la réputation était antérieurement sérieuse[77]. Entre-temps, un certain nombre de personnels de haut niveau des forces de sécurité furent inquiétés par le pouvoir, vérifiant la constante vieille comme Néron, voulant que les subversifs aient une peur proverbiale de leurs propres forces de sécurité lorsqu'elles ne sont pas castrées... Citons pour mémoire le cas de nos valeureux généraux Christian Piquemal (Légion étrangère), Didier Tauzin et Henri Poncet (Parachutistes), Bertrand Soubelet (Gendarmerie), Pierre Le Jolis de Villiers (Armée), outre des syndicats de police méprisés quand ils ne sont pas assez dociles (VIGI), et de nombreux exemples de personnels plus ou moins discrètement suspendus (Alexandre Langlois), évincés (Noam Anouar), suicidés (Maggy Biskupski), ou martyrs (Arnaud Beltrame)...

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Dans ce contexte de détournement et de pourriture rampante des services de l'État pour cause de basse cuisine politique et autre intrigues subversives, l'avenir de la France ne semblait déjà pas tout à fait radieux. Le contexte de la crise du coronavirus se surajoutant, les conséquences dans un futur proche pourraient surprendre le monde entier... La situation économique française était déjà fragile, sous l'effet combiné de l'Euro et de la guerre économique implacable menée contre elle depuis des années. La crise des Gilets jaunes, crise de ces « insurgés de la pauvreté » et derniers défenseurs du bon sens civil et populaire français, qui durait depuis plus d'un an attestait déjà de cette souffrance, pourtant pas récente puisque remarquée déjà par Mark Twain comme une des conséquences du capitalisme occidental décadent : « quand les riches volent les pauvres, on appelle ça les affaires : quand les pauvres se défendent, on appelle ça de la violence ». La situation économique française deviendra assurément désastreuse au sortir de cette crise du coronavirus, et nous pouvons compter sur l'extraordinaire indolence des personnels politiques français pour continuer à la rendre explosive. Pourtant, ces tristes sycophantes, comme Steve Pieczenik se plaisait à appeler les politiciens américains de l'ère Bush Jr./Obama, oublient la leçon de l'un de nos plus grands rois, Louis XI : « Quand l'orgueil chemine devant, honte et dommage suivent de près. »

La France est-elle « définitivement morte », comme s'en exclamait le futur maréchal de l'Empire britannique Jan Smuts après sa défaite de 1940 ? Que reste-t-il de la lucidité des rois de France contre l'accaparement financier, de celle de Napoléon contre les financiers internationalistes, de la doctrine sociale de l'Eglise contre son avachissement idéologique, ou de l'expertise antiterroriste française depuis Xavier de Hauteclocque[78] ? Cette expertise française existe, de même que ses continuateurs qui s'activent dans l'ombre. Mais trop peu de Français en ont une vision juste, car les moyens de l'État eux-mêmes sont mobilisés au service de la Subversion de la France, générant une distorsion de la réalité comme à l'époque subversive d'Obama aux États-Unis...

Pour autant, depuis des années les esprits lucides envisageaient un changement majeur en France, mais qui ne pourrait survenir qu'à la faveur d'un changement structurel qui allait avoir lieu aux États-Unis. Trop peu de Français ont compris jusqu'à présent, le renversement imprévu du monde et l'émergence potentielle d'un second « nouvel ordre mondial », comme constituant un contrecoup face à un premier « Nouvel Ordre Mondial » constitué progressivement et dans l'ombre. Comme à la suite de la victoire de Trump, c'est la même logique de « contrecoup patriotique » face à un « coup d'État subversif en douce », qui est en passe d'être généralisée au monde, à l'occasion de cette crise du coronavirus qui force tous les acteurs à dévoiler leurs allégeances réelles. Un net recul de l'État profond mondialiste semble pouvoir émerger dans les cinq plus importants pays du monde, États-Unis, Russie, Chine, Royaume Uni et Arabie Saoudite, avec le retour partout au bon sens patriotique et économique. Comme l'a souligné le théoricien politique russe, Alexandre Guelievitch Douguine : « L'ascension de Trump marque d'abord et avant tout la fin décisive du monde unipolaire. [...] Les peuples et les États du monde peuvent enfin respirer profondément. L'expansion du mondialisme a été stoppée au centre même de la mondialisation. Le nouveau monde multipolaire signifie que les États-Unis deviendront désormais l'un des pôles de l'ordre mondial, puissant et important, mais pas le seul, et surtout sans aucune prétention à être exceptionnel. »[79] La plus grande question, celle des enjeux monétaires, reste encore en suspens à l'heure où ces lignes sont écrites. Mais c'est pourtant un espoir réel qui se dévoile aujourd'hui sous nos yeux, à partir d'une crise sanitaire qui devait initialement pousser les peuples à la soumission par la peur, mais qui semble devoir se retourner contre ses instigateurs subversifs.

Cette dynamique nouvelle sera-t-elle comprise en France ? Pour la comprendre, encore faudrait-il commencer par en avoir une vision juste. L'historien britannique Arnold Toynbee remarquait qu'aucun processus historique n'était réellement irréversible. Nous pourrions compléter l'idée en parlant avant tout de mutations et de luttes d'influences sans cesse évolutives, entre l'harmonie et le chaos, deux forces sans lesquels les humains n'apprendraient jamais rien sur Terre...

flynn.jpgLe regretté Pierre Schoendoerfer considérait qu'un soldat avait pour devoir sacré de « mettre de l'ordre dans le désordre ». Le général Michael Flynn, directeur de campagne de Donald Trump, compara les citoyens réalisant avec responsabilité leur propre travail individuel de réinformation personnelle, à une « armée digitale » devant monter en ligne pour préserver son propre destin : sur Internet comme dans la vie réelle, afin de réduire toujours plus la surface d'action de la subversion sur les esprits non préparés. Certes, « l'Histoire est faite par peu d'Hommes », disait Jules César. Mais l'habitude résignée de voir un parti subversif, somme toute très faible, détourner impudemment un vieil État qui semble impuissant, alors que son Histoire permettrait pourtant de comprendre toutes les causes et conséquences de ce détournement, suscite une indolence qui prédispose à l'esclavage. Cette indolence résignée, c'était la situation exacte des États-Unis durant les mois qui précédèrent l'élection de Trump en 2016, lorsque les patriotes les mieux informés ne pouvaient que constater l'état de démoralisation du peuple : prêt à se soumettre à une justice subvertie qui venait de favoriser ce qui allait à coup sûr devenir une énième élection truquée, dont les États-Unis finissaient par avoir l'habitude...[80]

« - Vous plaît-il d'être des esclaves, vous plaît-il être des bébés » ?[81]

Et pourtant, il y eut une masse critique de patriotes déterminés et suffisamment informés pour se lever, pour relever le gant et renverser l'irréversible. Aujourd'hui, ce combat n'est pas terminé, et ne le sera sans doute jamais tant que des prises de conscience fondamentale n'auront pas été réalisées par un plus grand nombre d'humains. À notre époque pourtant, nous avons toutes les cartes en main pour comprendre le passé, pour entrevoir le futur, en tout cas pour combattre au présent et servir une plus juste vision du sens de l'existence humaine.

« - Tu dois prendre parti, sinon tu n'es pas humain »...[82]

Notes

[1] Balzac - Œuvres complètes, éd. Houssiaux, 1874, tome 8, p.535
[2] Coningsby ou la Nouvelle génération, 1844
[3] « Les grandes manœuvres financières derrière Greta et le « Changement climatique » : suivez l'argent... » — F.W. Engdahl, CVR, 25 septembre 2019 ; « La sombre histoire derrière le « réchauffement climatique » du GIEC » — F.W. Engdahl, RI, 30 octobe 2018
[4] « [NAVY 3] Conclusion CVR au sujet de l'amiral Williams : une information fuitée - indice de ce que les milieux patriotiques américains contestent leur Commandant en chef... » — CVR, 10 janvier 2016 ; « [IMPORTANT] La vérité sur la victoire de Trump : Analyse et synthèse. » — CVR, 21 novembre 2016 ; « Hommage des patriotes français au Dr. Steve Pieczenik PhD » — CVR, 9 novembre 2016
[5] « Sey[mour] Hersh via ZeroHedge : les militaires américains ont transmis du renseignement à Assad, dans le dos d'Obama et de la CIA. » — CVR, 25 décembre 2015
[6] « Le Dr. Steve Pieczenik défend les révélations de Trump sur le 11 septembre 2001 » — CVR, 20 octobre 2015
[7] « La Seconde Révolution américaine a été gagnée ! » — CVR, 10 novembre 2016 ; « [Entrevue Pieczenik - Alex Jones, Infowars] La République Américaine a été restaurée » — CVR, 3 janvier 2017
[8] Peter Dale Scott, L'État Profond, éd. Demi-Lune, 2016 ; Le Charme discret du Djihad, W. Engdahl, éd. Demi-Lune, 2018
[9] « Cas d'école : des reporters d'Infowars inquiétés pour vouloir enquêter sur un possible camp djihadiste sur le sol des USA... » — CVR, 2 décembre 2015
[10] Antony C. Sutton, The Federal Reserve Conspiracy/Le Complot de la Réserve Fédérale, éd. Nouvelle Terre, 1995-2009
[11] « NAVY 1 - Un amiral de l'U.S. Navy viré pour avoir questionné l'achat par Obama d'une propriété à Dubaï??? » — CVR, 10 janvier 2016 ; « L'atroce « Pizzagate » : un lien avec les récentes rumeurs de contestation des élections ? » — CVR, 26 novembre 2016
[12] « Le vrai crime dans l'«Huma-gate», ce sont les liens avec les Frères musulmans ! » — F. William Engdahl, Le Saker Francophone, 3 novembre 2016. Rappelé par Qanon, message n° 4284, le 19 mai 2020 : « Huma Abedin's ties to the Muslim Brotherhood" — The Hill, 23 août 2016
[13] « L'Inspection Générale (IG) du Département d'État a tranché : Hillary Clinton N'AVAIT PAS LE DROIT DE METTRE EN PLACE SON SERVEUR PRIVE !!! » — S. Pieczenik, CVR, 28 mai 2016 ; « Message du Renseignement Militaire (DIA) à Hillary Clinton : "retirez-vous de la course présidentielle pour cause d'investigation du FBI..." » — S. Pieczenik, CVR, 14 février 2016
[14] « "Les Trois Amigos": Anthony Weiner, Bob Filner, Eliot Spitzer... » — S. Pieczenik, CVR, 1er août 2013 ; « Le scandale Anthony Weiner sonne le glas du clan Bill/Hillary Clinton... » — S. Pieczenik, CVR, 19 janvier 2016 ; « Emails d'Hillary Clinton : trois affaires en une » — Les Echos, 31 octobre 2016
[15] « N'allez pas chercher le POTUS Trump ! » — S. Pieczenik, 30 juin 2017
[16] « Le «Superman israélien » Meir Dagan entre en dissidence sur le dossier iranien » — France24 ? 12 mars 2012 ; « Ex-chef du Mossad : l'armée prête à frapper l'Iran en 2011 sur ordre de Netanyahu » — Times of Israël, 1er juin 2018
[17] La Tragi-Comédie de la République Allemande. Albert GRZESINSKI. PLON, 1934. Comparer avec Qanon n°3991 du 28 avril 2020, montrant 21 personnages clés pro-Obama/Hillary Clinton qui furent proprement démis de leur fonction depuis 2016.
[18] Caroll Quigley, Tragedy & Hope, Macmillan Publishers, 1966, p. 1 311
[19] Andrew Lobaczewski, La Ponérologie Politique : Etude de la genèse du mal, appliqué à des fins politiques, Éditions Pilule Rouge, 2011
[20] « Le Coronavirus et la Fondation Gates » — F.W. Engdahl, RI, 19 mars 2020 ; Sur le mondialisme : Pierre Hillard, La marche irrésistible du nouvel ordre mondial, éd. Francois-Xavier de Guibert, réédition 2013
[21] Voir notamment « Une pandémie préméditée? » — Alexis Cossette-Trudel, Radio Québec, 4 avril 2020 et autres vidéos connexes de Radio Québec
[22] Entre de nombreux autres, voir notamment le message n°4009 de Qanon, reprenant l'intégralité des études disponible attentant de la dangerosité relative du coronavirus, pouvant être soigné de façon satisfaisante avec l'hydroxychloroquine.
[23] « Trudeau vs Cossette-Trudel » — Alexis Cossette-Trudel, 16 avril 2020
[24] «Offener Protest-Brief an Politik und Medien: Aufruf zur AUFHEBUNG der CORONA-ZWANGSMASSNAHMEN! » — PressePortal, 25 mars 2020
[25] Entrevue de Steve Pieczenik avec le avec le Dr. James F. Tracy, émission « Real politik », Truth Frequency Radio — CVR, 28-3-2016
[26] « Ce que les médias ont caché dans l'affaire sur l'autisme de De Niro » — F. W. Engdahl, 14 juin 2016
[27] Médias « Principaux Courants / Politiquement corrects » — Mainstream Medias
[28] Anton Zischka, La Science brise les monopoles, Bruxelles, Éditions de la Toison d'Or, 1941
[29] Morad El Hattab, Saïf al-Islam Kadhafi - Un rêve d'avenir pour la Libye, Édition Erick Bonnier, octobre 2019, p. 315
[30] « Coronavirus et nombre de décès douteux » — F.W. Engdahl, RI, 13 mai 2020 ; « Peut-on faire confiance à l'OMS ? » — F.W. Engdahl, RI, 5 avril 2020 ; « Phase de confinement : ce n'est pas un scénario futuriste » — F.W. Engdahl, RI, 12 mars 2020
[31] « Didier Raoult claquerait la porte à la France pour rejoindre la Chine, selon Entreprendre » — Midi Libre, 20 mai 2020 ; « Vers un départ de Didier Raoult pour la Chine ? Itinéraire d'une fake news » — LCI, 21 mai 2020
[32] « Propagande et contre-propagande ? Christophe Stalla-Bourdillon » — Thinkerview, 26 novembre 2019
[33] Apocalypse 3:15-16 : « Je connais tes œuvres. Je sais que tu n'es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. »
[34] Voir Qanon, message n°2645 : sur le lien entre la Ligue antifascistes dans l'Allemagne des années 1930 (aile paramilitaire du Parti Communiste allemand, interdite en 1933) et les Antifa « moderne » constituant la nouvelle aile paramilitaire du Parti Démocrate aux États-Unis.
[35] Voir les deux romans d'anticipation d'Orwell : 1984 (1949), La Ferme des animaux (1945)
[36] Daniel Estulin, La véritable histoire des Bilderberger, Editions Nouvelle Terre, 2009 ; Pierre Hillard, La marche irrésistible du Nouvel Ordre mondial ; Engdahl, F. William : Pétrole, une guerre d'un siècle : L'ordre mondial anglo-américain, éd. Jean- Cyrille Godefroy, 2007
[37] Message n°3897 et n°3896 du 23 mars 2020, Qanon
[38] Message n° 3916 du 8 avril 2020, Qanon
[39] Éphésiens 6,10-17, cité à répétition par Qanon, notamment le 11 mai 2020, message n°4207
[40] « [Frappe en Syrie, 1e vidéo] Un KABUKI [Théâtre traditionnel japonais] de GUERRE vis-à vis de la Chine et de la Corée du Nord. » — Steve Pieczenik, CVR, 8 avril 2017 ; « [IMPORTANT Un "Kabuki" de guerre feintée, pour servir une fragile dynamique de paix. » — CVR, 27 avril 2017
[41] « Il faudra un gouvernement mondial. Après, ou à la place de la guerre ? », Jacques Attali, émission « Arrêt sur Image », France 5, enregistrée le 5 juin 2010
[42] Voir l'intégralité des travaux d'Alexis Cossette-Trudel, Radio Québec, relatant 4 années de purge et de contre-influence discrète au sein de l'Administration Trump : « #ObamaGate: sédition et trahison » — Alexis Cossette-Trudel, Radio Québec, 10 mai 2020
[43] « En Russie, un remaniement qui confirme les hommes forts de Poutine » — Libération, 22 janvier 2020
[44] « Tchoubaïs, prochaine tête néolibérale à tomber en Russie ? » — F.W. Engdahl, RI, 10 février 2017 ; « Quand la Russie se débarrassera-t-elle de son talon d'Achille : la cinquième colonne ? » — F.W. Engdahl, Le Saker Francophone, 4 juillet 2016
[45] Vladimir Vasilyevich Kvachkov, ancien colonel russe Spetsnaz et officier du renseignement militaire, docteur en sciences militaires et publiques, « Полковник ГРУ: что скрывают за пандемией коронавируса? /Владимир Квачков » — Студия Рубеж, 24 mars 2020
[46] « New Black Panther Leader Quanell X: Trump Is Right About Democrats Exploiting Black Votes » — Breitbart, 26 août 2016, images de Fox 26 Houston, 23 août 2016
[47] « Biden: 'If you have a problem figuring out whether you're for me or Trump, then you ain't black'" — CNN, 23 mai 2020
[48] « Racism Isn't Dead — But It Is on Life Support » - Thomas Sowell, National Review, 18 novembre 2015
[49] Lt-CO A. Schaeffer, Opération Dark Hearth, éd. du Rocher, 2011
[50] « Le maire de Chicago Rahm Emanuel et Barack Obama : Bonnet blanc et blanc bênet ! » — S. Pieczenik, CVR, 4 janvier 2016 ; « L'Agit'prop dans le cloaque politique de Chicago, l'instrumentalisation des minorités contre Trump, et le rôle des Bush en sous-main...» — S. Pieczenik, CVR, 12 mars 2016 ; « Cas d'école du multiculturalisme importé aux États Unis : un complot antinational là-bas aussi ! » — CVR, 19 octobre 2016 ; « La guerre raciale artificielle aux États-Unis, comme conséquence de l'ère Obama. » — CVR 21 juillet 2017
[51] « Il s'est passé quelque chose de vraiment incroyable lors de la Parade du Jour de la Victoire » — RI, 12-5-2015, de Russia Insider, « Something truly amazing happened today », 9 mai 2015, via Le Saker
[52] Professeur Nader Angha, maître de la voix Oveyssi Shahmaghsoudi, Le soufisme : un pont entre les religions, MTO Shamaghsoudi Publications France, p. 8
[53] Le Dernier Loup, film franco-chinois de Jean-Jacques Annaud (2015)
[54] Dragon Blade, film sino-hongkongais de Daniel Lee (2015)
[55] « Les Hui, musulmans chinois modèles et patriotes » — Le Monde, 19 janvier 2018
[56] W. Engdahl, Le Charme discret du Djihad, éd. Demi-Lune, 2018. L'État Profond, Peter Dale Scott, éd. Demi-Lune, 2016
[57] « Le Talon d'Achille de la Chine est sa chance en or » — F.W. Engdahl, 14 octobre 2015
[58] Xavier de Hauteclocque, Le Turban vert, Éditions de la « Nouvelle Revue Critique », 1931 ; réédition Energeïa 2013
[59] Eric Laurent, La Face cachée du 11 septembre, Plon, 2004
[60] « Black to Life: Rethinking the Black Presence within British History - BBC Stories » — BBC Stories, 25-6-2019
[61] Once Upon a time, saison 5, Lancelot The Most Gallant Knight, ABC (États-Unis), 2015
[62] Troy, Fall of a City, BBC, 2018
[63] Ballet Royal de la Nuit, Présenté à l'Opéra Royal de Versailles les 24-26 novembre 2017
[64] « Le BREXIT, et la sécurisation d'une Nouvelle Union Anglophone » — F.W. Engdahl, RI, 14 avril 2017
[65] Voir par exemple le film britannique de 2018 Red Joan (Trevor Nunn), illustrant la subversion pro-soviétique en Grande-Bretagne durant les années 1930, et présentant comme positive pour l'Histoire la trahison d'une espionne britannique pro-soviétique qui contribua à donner la bombe atomique à l'URSS.
[66] « OPUS 167 : le Réseau pédophile Epstein. » — CVR, 13 juillet 2019
[67] « Jeffrey Epstein : une affaire française » — France Culture, 04 octobre 2019 ; « Jeffrey Epstein a « reçu » 3 fillettes françaises de 12 ans en cadeau d'anniversaire - afin d'abuser d'elles » — Epoch Times, 21 août 2019
[68] « Affaire Epstein: Ghislaine Maxwell, suspecte numéro 1 et introuvable » (Le Temps, 14 août 2019) ; Voir le dossier complet en 7 parties « Jeffrey Epstein et les Autres (1) — Dossier : Le Livre noir de Jeffrey Epstein » (« Faits et Documents » : n°471-477, décembre 2019-mai 2020).
[69] « Violences sexuelles faites aux enfants : une urgence humanitaire » — Libération, 2 mars 2015
[70] « Meurtre d'Angélique: "La France est l'eldorado des pédophiles" » — RMC, 30 avril 2018
[71] « Djamila Allaf : "422 enfants sont violés chaque jour en France" » — Sud Radio, 3 décembre 2018
[72] Jacques Thomet, Retour à Outreau. Contre-enquête sur une manipulation pédocriminelle, du journaliste, Ed. Kontre Kulture, 2013
[73] « Christine Djamila Allaf : "L'affaire Outreau a fait du mal à la cause des enfants" » — Sud Radio, 13 juin 2019
[74] « Trump crée un nouveau poste à la Maison Blanche dédié à la lutte contre le trafic d'êtres humains. » — Epoch Times, 3 février 2020
[75] « Ardennes : un cadre de la DGSI mis en examen et écroué pour viol sur mineure » — Le Parisien, 26 juin 2019
[76] « Al-Lât, divinité protectrice de l'État Français » — Médiapart, 7 décembre 2015
[77] « Collaboration avec les services syriens : des députés interrogent Valls » — Le Figaro, 20 novembre 2015 ; « [Scandale] L'ex-chef de la DST : M. Valls a refusé la liste des djihadistes français pour des raisons idéologiques » — Les Crises, 19 novembre 2015 ; « Insurrections, Espions, COVID-19, Crise mondiales Bernard Squarcini » — Thinkerview, 15 mai 2020 ; Voir aussi Morad El Hattab, Saïf al-Islam Kadhafi : un rêve d'avenir pour la Libye, éd. Erick Bonnier, 2019, p. 279.
[78] Xavier de Hauteclocque, éminent agent du Renseignement français et cousin du maréchal Philippe de Hauteclocque, dit Leclerc. Dans son Turban Vert (précité, 1930) et par ses autres travaux, il posa des questions dérangeantes sur les origines des crises internationales, du terrorisme armé et des guerres, et fut assassiné pour cela par les nazis — Comixtrip
[79] « La victoire de Donald Trump par Alexander Douguine » — Katehon, via Le Saker Francophone, 10 novembre 2016
[80] « Les 100 prochains jours seront critiques pour l'Amérique ! » — S. Pieczenik, CVR, 30 juillet 2016) ;
« PAS de Merci pour James Comey et Loretta Lynch! » — S. Pieczenik, CVR, 6 juillet 2016)
[81] Aldous Huxley, Le Meilleur des Monde
[82] Das Leben der Anderen, film de Florian Henckel von Donnersmarck, 2006


Morad EL HATTAB

mardi, 05 mai 2020

Peut-on faire un lien entre véganisme et suicide civilisationnel de l'Occident?

Peut-on faire un lien entre véganisme et suicide civilisationnel de l'Occident?

(via Facebook)

Sans tomber dans l'éthologie (Fabre, Lorenz surtout, ...), soit absolument calquer le comportement humain sur celui des animaux (et vice-versa), je me souviens de Spengler notifiant quelque part que les herbivores sont caractérisés par une vision monoculaire, avec leurs yeux logés sur les positions latérales du crâne, là où les carnivores ont une vision binoculaire, avec leurs yeux au front ; c'est que les animaux herbivores sont bas dans la chaîne alimentaire, ils doivent regarder autour deux pour éviter le danger, qui est surtout représenté par les animaux carnivores, qui eux regardent droit devant, puisqu'ils guettent et complotent pour leur nourritures ; Spengler écrit alors que le carnivore étant par défaut un prédateur, il regarde "face à lui" ou "vers l’horizon", et sur un plan humain on pourrait dire qu'il a une "idéologie", donc un "avenir".

tigre-de-siberie-dans-la-neige.jpg

Les végans, qui, rappelons-le, "radicalisent" le végétarisme (ils refusent absolument tout ce qui est lié à l'animal, donc même les produits laitiers), semblent donc correspondre à cette typologie : le fait qu'ils soient devenus "herbivores" pourrait être perçu comme un des nombreux symptômes de la fin de la civilisation occidentale.

51jUjQe6GUL._SY445_QL70_ML2_.jpgPlus encore, la nutrition des végans, selon plusieurs études scientifiquement, entament plus précisément un déficit de vitamine B12, de créatine et de testostérone, celle-ci étant bien sûr la testostérone mâle qui régule (à travers l'amygdale) des traits typiquement virils, et Barzilai - un Israélien - fait de la "biohistoire" (interpréter l'histoire de la civilisation à travers les modifications biologiques chez l'homme), et lui pense que c'est la chute du taux de testostérone qui justement explique la chute de l'Occident, et notamment la montée du féminisme, de l'irrationalisme, etc (par-delà même les caractéristiques que nous connaissons tous à propos des déficients en testostérone, soit la dysfonction érectile, etc).

Tout cela serait bien sûr à creuser mais il semblerait bien que, comme à plusieurs endroit, la réalité soit binaire, soit on est le prédateur, soit on est la proie, et le véganisme semble être un choix explicite.

samedi, 28 mars 2020

La division de l’Occident une chance pour l’Europe puissance

Article de Caroline Galactéros* publié dans Courrier de Russie le 25/03/2020

Avec le Coronavirus, le monde traverse une crise inédite dont les conséquences politiques, économiques et sociales sont encore imprévisibles, tant sur le plan intérieur, pour chaque État, que dans les relations internationales. Nul doute que cette épidémie historique redessine la carte politique de la planète, les zones d’influence pouvant, par exemple, esquisser, demain, une géographie macabre où les gagnants seront ceux qui, démontrant leur cohésion et leur efficacité, auront su le mieux résister à la maladie. 

Le Courrier de Russie a donc décidé de lancer un débat vif, sans détours, en ouvrant ses pages à des personnalités de tous bords – russes et françaises notamment ‒ connues pour la qualité de leurs analyses géopolitiques et la force de leur engagement.  


L’Europe existe-elle en dehors de sa fonction économique ? Mérite-t-elle d’être défendue comme un ensemble cohérent ? Peut-elle, doit-elle produire de la puissance et de l’influence, devenir un acteur stratégique à part entière sur la scène du monde, faisant jeu égal avec les autres puissances majeures qui, aujourd’hui, la tiennent ouvertement pour quantité stratégique négligeable ? Ou bien la diversité des perceptions, des ambitions et des calculs des États membres et son pacifisme hors sol, plombé d’idéalisme moralisateur, rendent-ils à jamais cette ambition utopique ? Peut-elle seulement avoir une évaluation propre de ses risques sécuritaires et de défense, ou ne sera-t-elle toujours qu’un appendice de l’OTAN que, pour ne pas trop humilier, on nomme pompeusement « le pilier européen de l’Alliance » ?

Toutes ces questions vitales restent sans réponse à ce jour. Nous sommes toujours des enfants gâtés qui ne veulent pas grandir, des « Tanguy » indécrottables refusant de quitter le nid d’une vassalité qui pourtant nous met en danger. Si nous continuons à nier l’évidence ‒ le découplage grandissant entre nos intérêts économiques, sécuritaires et stratégiques, et ceux de Washington, la claire nécessité de comprendre notre avenir comme eurasien, ce qui suppose de nous rapprocher de Moscou, donc de régler la question ukrainienne ‒, nous sommes promis à l’engloutissement stratégique définitif et nos succès économiques ne nous protégeront pas longtemps d’un dépècement sino-américain qui a déjà commencé… Nous adorons manifestement être humiliés, chaque gifle nous fait du bien. Notre pleutrerie est telle qu’elle donne raison à ceux qui en profitent. Ils ont tout à gagner à nous faire rendre gorge au nom de nos grands principes, qui nous tuent, et de notre renoncement stupide au seul promoteur possible de survie : la souveraineté.

La crise du Coronavirus en donne une fois encore une belle illustration. Pour ne pas paraître discriminants et manquer de solidarité, ou renoncer à l’ouverture généreuse du bel espace européen, nous avons perdu de précieuses semaines à hésiter sur les mesures de confinement territorial. Finalement, chaque pays agit pour lui-même dans une éloquente cacophonie. Donald Trump a beau jeu de nous le reprocher désormais. Bref, nous mélangeons tout et avons complètement perdu la mesure de la gravité des questions sécuritaires européennes au sens le plus large.

Retrouvez l’intégralité de l’article sur le site “Courrier de Russie” en cliquant sur le lien ci-dessous.

https://www.lecourrierderussie.com/opinions/2020/03/coronavirus-et-geopolitique-la-division-de-loccident-une-chance-pour-leurope-puissance/

*Caroline Galactéros, Présidente de Geopragma

lundi, 09 mars 2020

The West is Falling Apart

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The West is Falling Apart

While the US officials continue to claim that the US-Europe alliance is functioning as usual, the fact that the post-World War Two arrangement is falling apart is becoming evident with each passing day. This was pretty obvious at the latest Munich security conference. While this even has traditionally the current administration… For we know that this shift began a while ago, and it will continue even after this administration.”

France, very much like Germany, made a clearly dissenting note when its president said, while clearly countering Mike Pompeo’s assertions with regards to the ‘West’s victory’, that the US is actually doing “a rethink of its relationship with Europe”, adding further that the European continent must take ‘its destiny’ in its own hands.

The division rests significantly on how to handle China. Whereas the US policymakers have been reiterating warnings against allowing Chinese telecoms firm Huawei any role in 5G technology, countries like even Britain, otherwise considered to be the US’ closest ally, recently announced that it would allow Huawei to build parts of its 5G mobile network. The decision was taken despite the US officials spending months lobbying against it.

For instance, in the last week of January 2020, some US Congressmen wrote to the members of the British National Security Council to urge them to bar Huawei from playing a role in their next-generation telecom networks. Their letter clearly said that “The facts on Huawei are clear. We hope that your government will make the right decision and reject Huawei’s inclusion in its 5G infrastructure.” Earlier in the second week of January 2020, a US delegation presented the UK with ‘new evidence’ claiming to show security risks posed by using the Chinese firm. None of this has worked of course to wean Britain away from China.

Even in the Munich conference, it became evident that the EU leaders do not share the US idea of China as an enemy. Therefore, the US attempts at manging global issues through unilateral confrontation— be it with Russia and China or Iran and Venezuela — are increasingly failing to strike a chord with Europe, the majority of whom are averse to any form of confrontation, least of all with Beijing.  “We cannot be the United States’ ‘junior partner,” said Macron, citing recent failures in the West’s policy of defiance. German Foreign Minister Heiko Maas echoed the sentiment, warning that China and Russia were ascendant in a new world order where the United States is taking a more confrontational role.

For Europe, confronting China and Russia is increasingly pointless. For one thing, despite decades of confrontation and so-called ‘containment’, the US/West has not been able to really contain either of the two powers. On the other hand, it is the very failure of the policy of containment that is pushing the US towards even more confrontation. For Europe, Russia and China are increasingly becoming important centres of global decision making. “Decisions about the future of the Middle East are made in Astana or Sochi instead of in Geneva or New York,” said German Foreign Minister, referring to the capital of Kazakhstan, now known as Nur-Sultan, and the Black Sea resort of Sochi in Russia.

With the Munich conference thus ending on an even increasing divisions within the West, it is becoming increasingly possible that the US dominated world is dying and there is an increasing acceptance of Russia and China as countries that can be worked with and, in fact, looked towards for investment and new security arrangements—something that shows that the disintegration of the transatlantic alliance is not merely a result of the Trump administration’s policies; it is a result of the changing global geo-political dynamics.

More specifically, it is the inevitable rise of China and Russia that is making it extremely difficult for Europe to remain locked in the binary of East-West rivalry when the world has already become multipolar. Europe’s assertion of its “sovereignty” is only an expression of its own transformation from a US ally to one of the multiple ‘poles.’

Salman Rafi Sheikh, research-analyst of International Relations and Pakistan’s foreign and domestic affairs, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.

mardi, 18 février 2020

Macron et la « westlessness » à Munich

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Macron et la « westlessness » à Munich

Ex: http://www.dedefensa.org

 
 

À Munich avait lieu l’annuelle conférence anciennement et poétiquement connue (du temps de la Guerre froide) sous le nom de la Wehrkunde. D’habitude, il s’agit d’un festival de certitudes cliquetantes et de roulages d’épaules des principaux partenaires des USA, le nid de l’atlantisme regroupé en rang et au pli du pantalon autour des envoyés des USA approbateurs, en faveur de la puissance de l’OTAN et du  bloc-BAO en général, du suprémacisme occidental. L’argument pèse son poids, il va du char de combat et des bombes intelligentes aux valeurs de la civilisation et à l’indépassable démocratie occidentale.

Cette fois-ci, ce fut un peu différent. Divers orateurs geignirent considérablement en constatant que les nationalismes des divers membres du bloc-BAO, pimentés d’un zeste de protectionnisme et d’une pincée d’égoïsme isolationniste, compromettaient gravement la cohésion de l’ensemble. La commentatrice de l’excellente gazette-sur-site RT.com, Helen Buyinski, a parfaitement raison de remarquer que les geignards qui ont développé ce thème confondent cause et conséquence, comme à l’habitude. Elle prend le cas des pays européens par rapport à l’UE, mais le cas vaut universellement pour les pays du bloc-BAO, dans tous les comportements de leurs activités, et particulièrement dans celui de l’affirmation d’une suprématie qui n’est plus qu’une vieille coquille vide du passé

« Les pays Européens présents à la Conférence de Munich sur la sécurité qui accusent le “nationalisme” du déclin de l’Occident confondent la cause et l’effet. Ce sont leur caricatures vide et contraignante du « ibéralisme » qui fait fuir les pays européens [du rassemblement institutionnel qu’est l’UE] vers le nationalisme ».

Et Buyinski enchaînent à propos du « Westlessness », néologisme anglo-saxon, ou anglicisme si l’on veut, quasiment intraduisible sinon par une expression vaguement significative mais avec une certaine ambition dialectique, selon l’idée du « moins d’occidentalité », – et qui ferait mieux, pour résumer le propos, d’aller voir du côté de Spengler et de son Déclin de l’Occident… C’est effectivement ce que font les organisateurs de la conférence, qui ont effectivement  suscité cet anglicisme en le présentant comme thème de la conférence en sollicitant la référence spenglerienne, sans doute inspirés par les déclarations audacieusement iconoclastes du président français Macron :

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« Un anglicisme, créé et mis en avant dans le rapport introductif de la Conférence de sécurité de Munich-2020, est présenté non seulement comme le thème de cette conférence, mais également comme la synthèse de la situation actuelle de l’Occident : il s’agit du concept de « westlessness ». Ce terme, analysé en profondeur et avec des références dès le début du rapport présentant la conférence, peut se définir par « un sentiment généralisé de malaise et d’agitation face à l’incertitude croissante quant à l’objectif d’un Occident durable », soit une version modernisée des thèses de l’essai « Le déclin de l’Occident »’ du philosophe conservateur allemand Oswald Spengler (1880-1936).

Le rapport précise ensuite : « Des changements de pouvoir de grande envergure dans le monde et des changements technologiques rapides contribuent à un sentiment d’anxiété et d’agitation. Le monde devient moins occidental. Mais plus important encore, l’Occident lui-même peut aussi devenir moins occidental. C’est ce que nous appelons « Westlessness ».

Là-dessus, les philosophes se sont affrontés, – à savoir le secrétaire d’État Mike Pompeo et le président Macron. Leurs  deux discours semblaient être comme une joute verbale du tac au tac, autour de cette idée antagoniste du « Je suis en déclin, moi non plus ».

« Je suis heureux d’annoncer que la mort de l’alliance transatlantique a été prématurément annoncée. L’Occident est en train de gagner, nous gagnons collectivement et nous le faisons ensemble », a déclaré Mike Pompeo, samedi à la Conférence sur la Sécurité de Munich… […], dans une allusion à peine voilée aux célèbres remarques du président français Emmanuel Macron sur la « mort cérébrale » de l’OTAN.

Les nations « libres » ont tout simplement plus de succès que tout autre modèle qui a été essayé dans l’histoire des civilisations », a-t-il déclaré, en faisant remarquer que les migrants fuient vers l’Europe, et non vers Cuba, et que les gens vont étudier « à Cambridge et non à Caracas » tandis que les entreprises sont ouvertes dans la Silicon Valley et non à Saint-Pétersbourg ».

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Macron est intervenu après Pompeo. Manifestement, il a voulu lui répondre, comme Pompeo avait prétendu répondre à Macron, bref on s’échange quelques petites piques selon les règles du marquis de Queensbury. Entêté, le Français n’a voulu céder en rien à son interlocuteur américaniste, lequel n’était en plus, ou en moins, point de son rang… Le Français l’a fait indirectement, en s’adressant à ses partenaires européens, parce que pour lui la situation des USA n’est pas la même que celle de l’Europe, – belle trouvaille, – parce que l’Europe est dans le même espace continental que la Russie, et pas les USA, – observation judicieuse.

« L’Europe « devient un continent qui ne croit plus en son avenir », a-t-il affirmé, avant de proposer une vision beaucoup moins optimiste du monde occidental.

Il y a en effet un affaiblissement de l’Occident. Il y a 15 ans, nous pensions que nos valeurs étaient des valeurs universelles, qu’elles domineraient toujours le monde, et nous étions dominants en termes de technologie militaire, etc ».

Mais dans le monde d’aujourd’hui, « les valeurs ont changé » et de nouvelles puissances sont apparues, a dit M. Macron, en particulier la Chine et la Russie.

J’entends la défiance de tous nos partenaires [vis-à-vis de la Russie], je ne suis pas fou. Mais il est vrai qu’être défiant et faible à la fois… ce n’est pas une politique, c’est un système complètement inefficace », a insisté Macron. Il a observé qu’il y a toujours « un deuxième choix », ici reprendre le dialogue avec Moscou, – « aujourd’hui nous parlons de moins en moins, les conflits se multiplient et nous ne sommes pas capables de les résoudre ».

C’est toujours le même rythme, la même stratégie du « en même temps » chez Macron, et aussi bien dans sa réflexion stratégique. Ainsi parle-t-il notamment des sanctions antirusses, pour déplorer qu’elles participent au gel d’une situation qui interdit le dialogue tout en coûtant aussi cher, sinon plus cher à l’Eutrope-sanctionneuse, qu’à la Russie-sanctionnée. Et pourtant dit-il subrepticement, mais on retiendra surtout ce coup d’arrêt, et pourtant « je ne propose pas de les lever, je fais juste le constat ».

« Nous avons accumulé les conflits gelés, les systèmes de défiance, des sanctions qui n’ont absolument rien changé en Russie, je ne propose pas du tout de les lever, je fais juste le constat…[…] Nos sanctions et les contre-sanctions nous coûtent aussi cher, à nous Européens, si ce n’est plus, qu’aux Russes ».

Président « en-même-temps », Macron clame haut et fort que les sanctions sont une sottise mais surtout, surtout, – « n’allez pas croire que je propose de cesser cette sottise, je la constate simplement ». Il y a là-dedans, quel que soit le rapport de force que les experts du Quai d’Orsay mesurent avec leur calculette, comme une faiblesse grave de la volonté, une infécondité du caractère.

Curieusement, alors que l’évidence ne manque pas de nous dire que la France a gagné, avec le départ de l’UE du Royaume-Uni, une position stratégique dominante en Europe notamment comme unique puissance nucléaire, il y a comme une étrange pusillanimité, – « je suis le plus fort en Europe, mais n’allez pas croire que je veux me servir de cette position, je la constate simplement ». Non seulement, il n’en fait que le constat sans vouloir en faire un instrument de pression pour ses conceptions, – s’il en a, et dans le bon sens, – mais en plus il se précipite pour expliquer aux Allemands qu’il va faire tout son possible pour leur faire croire qu’il leur donne une sorte de participation dans le constat de cette puissance nucléaire, comme si les Allemands pouvaient s’en croire également les récipiendaires, oubliant cette règle d’or que le nucléaire ne se partage pas, – un seul bouton, un seul doigt.

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Macron pousse le « enmêmetempisme », nouvelle doctrine postmoderne, jusqu’à faire déployer une poignée de soldats français sur les frontières russes des pays baltes, pour convaincre ces importants partenaires stratégiques, à la politique si complètement équilibrée, qu’il faut aussi soutenir la France dans son intérêt quasi-exclusif pour le seul vrai danger, sur sa frontière Sud. (Et sur son Ouest, dito les États-Unis.)… « En même temps », il faut expliquer aux Russes que ce déploiement des forces françaises sur leur frontière occidentale, dans le cadre de l’OTAN lourdement tenu par les américanistes et les amis-polonais, est tout ce qu’il y a de plus amical ; une sorte de main tendue à la Russie, en signe d’amitié si l’on veut.

« En même temps », effectivement et même évidemment, Macron est plus que jamais partisan d’une architecture européenne de sécurité avec la Russie, la recherche d’un développement de « règles du jeu dans un espace partagé ». Pour autant, c’est-à-dire « en même temps », Macron n’est pas un naïf, et on ne la lui fait pas ; il sait tout de la duplicité de la Russie, et il y a même des députés de LaREM à Paris, qui constitue une redoutable escadrilles à cet égard, pour évoquer la Russie à propos du revers stratégique terrible du dévoilement des ébats intimes de Griveaux, – car il y a  du Russe dans l’affaire, comme chacun sait, Piotr Pavlenski, qui est en plus un anti-Poutine, c’est tout dire

« Je pense [dit le président] que la Russie continuera à essayer de déstabiliser, soit [via] des acteurs privés, soit directement des services, soit des « proxies », estimant que Moscou continuerait d’être « un acteur extrêmement agressif » dans ce domaine. « Mais il faut se méfier, il n’y a pas que la Russie, il y a beaucoup d’autres pays », a-t-il déclaré ».

En même temps (suite), « il y a beaucoup d’autres pays »… Lesquels ? demanderont sans doute les Russes, intéressés au moins par politesse.

lundi, 03 février 2020

Coomaraswamy et l’éternel péril occidental

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Coomaraswamy et l’éternel péril occidental

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Créature instable et périlleuse, l’occident menace le monde en se menaçant lui-même. Il a tout détruit avec le capital et les bons sentiments qui vont avec. L’impérialisme américain en phase terminale mais hystérique veut exterminer russes, chinois, iraniens et sanctionner ce qui lui résiste. Les européens (petit cap de l’Asie ou de l’Amérique ?) suivent extatiques ou éteints.  En même temps l’occident s’autodétruit rageusement à coups d’oligarchie, d’écologie, de féminisme, d’antiracisme et d’humanitarisme ; il contaminera le reste du monde comme toujours.

Golem dérangé ou marionnette folle, on ne l’arrêtera pas comme cela, cet occident. Sa matrice garde son pouvoir d’attraction étrange en plein Kali-Yuga : rappelons Spengler pour qui le triomphe de l’empire romain était déjà celui du pas grand-chose sur le vide. Ceux qui applaudissent le crépuscule américain oublient que l’on navigue dans la matrice américaine – dans un marécage de signes qui aura tout noyé, traditions, culture, spiritualités.

61TKv-9h3iL.jpgOn sait ce que Guénon pensait de l’occident et de sa mission civilisatrice. On va rappeler le grand hindouiste de Ceylan Coomaraswamy (s’il voyait ce qu’on a fait de son île…) qui écrivait vers 1945 :

« Parmi les forces qui font obstacle à une synthèse culturelle ou, pour mieux dire, à une entente commune indispensable en vue d’une coopération, les plus grandes sont celles de l’ignorance et du parti pris. L’ignorance et le parti pris sont à la base de la naïve présomption d’une «mission civilisatrice». Celle-ci apparaît, aux yeux des peuples «arriérés», contre qui elle est dirigée et dont elle se propose de détruire les cultures, comme une simple impertinence et une preuve du provincialisme de l’Occident moderne. »

Mais il ne faut pas mépriser le provincialisme américain ou occidental. Car il est résilient, insatiable, protéiforme, infatigable, et il a depuis tout corrompu avec son confort et sa propagande. Coomaraswamy écrivait il y a presque un siècle… que de progrès accomplis depuis !

Et Coomaraswamy ajoute sur l’arrogance du blanc :

« A vrai dire, si l’on veut qu’il y ait sur terre un peu plus de bonne volonté, l’homme blanc devra réaliser qu’il doit vivre dans un monde peuplé en grande partie de gens de couleur (et «de couleur» signifie habituellement, pour lui, «arriéré», c’est-à-dire différent de lui-même). Et le chrétien devra réaliser qu’il vit dans un monde à majorité non chrétienne. Il faudra que chacun prenne conscience de ces faits et les accepte, sans indignation ni regret. »

Comme on sait, l’occident est aujourd’hui suffisamment civilisateur pour vouloir effacer et le reste de blancs et le reste de christianisme (le fils de Coomaraswamy lamenta le concile antichrétien de Vatican II). Coomaraswamy rappelle ce complexe de maître d’école (Chesterton parlait de crèche féministe) :

« Avant même de pouvoir songer à un gouvernement mondial, il nous faut des citoyens du monde, qui puissent rencontrer leurs concitoyens sans se sentir gênés, comme entre gentlemen, et non en soi-disant maîtres d’école rencontrant des élèves que l’on instruit «obligatoirement» même si c’est aussi «librement». Il n’y a plus place dans le monde pour la grenouille dans le puits; elle ne prétend juger les autres que par sa propre expérience et ses propres habitudes. »

Et de se montrer polémique sur les réactions à cet occident, à une époque où l’on compte sur l’islam :

« Nous avons ainsi fini par réaliser que, comme l’a dit, il y a peu, El Glaoui, le pacha de Marrakech, «le monde musulman ne veut pas de l’inimaginable monde américain ou de son incroyable style de vie. Nous (les musulmans) voulons le monde du Qoran», et il en est de même, mutatis mutandis, pour la majorité des Orientaux. Cette majorité comprend non seulement tous ceux qui sont encore «cultivés et illettrés», mais aussi une fraction, bien plus importante qu’on ne le croit, de ceux qui ont passé des années à vivre et à étudier en Occident, car c’est parmi ceux-ci qu’il est possible de trouver bon nombre des «réactionnaires» les plus convaincus. Parfois, « plus nous voyons ce qu’est la démocratie et plus nous estimons la monarchie»; plus nous voyons ce qu’est l’« égalité », et moins nous admirons «ce monstre de la croissance moderne, l’État commercialo-financier» dans lequel la majorité vit de ses « jobs», où la dignité d’une vocation ou d’une profession est réservée au très petit nombre et où, comme l’écrit Éric Gill, «d’un côté, il y a l’artiste voué uniquement à s’exprimer, de l’autre l’ouvrier privé de tout “soi” à exprimer». »

Disons-le nûment, l’idéal occidental c’est du point de vue traditionnel le degré zéro de l’humain.

Coomaraswamy ajoute qu’il est bon de résister au commerce :

6700_1425892170.jpg« M. Brailsford objecte que «les seuls obstacles à l’accroissement du commerce intérieur sur une échelle gigantesque sont la pauvreté des villages et l’autarcie qui est propre à leurs plus anciennes traditions... Il existe encore maint village, où les artisans héréditaires, qui servent pour une ration de grains ou quelques arpents de terre franche, tisseront les étoffes dont il aura besoin, forgeront ses houes et tourneront ses pots». Malheureusement, «l’accroissement du commerce intérieur sur une échelle gigantesque » n’est aucunement l’une de nos ambitions principales. Nous tenons encore (avec Philon, De Decalogo, 69) pour vérité patente que l’artisan est de valeur supérieure au produit de son métier, et nous avons conscience que c’est avant tout dans les sociétés industrielles que cette vérité est ignorée. »

Le monde traditionnel est plus « démocratique » (Bernanos et Chesterton l’ont aussi compris, à propos de notre moyen âge des communes et des cités) :

« …le gouvernement traditionnel de l'Inde est bien moins centralisé et bien moins bureaucratique que n’importe quelle forme de gouvernement connue des démocraties modernes. On pourrait même dire que les castes sont la citadelle d’un gouvernement autonome bien plus réel que ce qu’on pourrait réaliser par le décompte de millions de voix prolétaires. Dans une très large mesure, les diverses castes coïncident avec les corps de métier. »

Et de défendre le modèle corporatif (la révolution libératrice supprima comme on sait cent jours fériés et chômés en France) :

« On pourrait dire que si l’Inde ne fut pas, au sens chinois ou islamique, un pays démocratique, elle fut néanmoins la terre aux multiples démocraties, c’est-à-dire aux groupes autonomes maîtrisant pleinement toutes les questions qui sont réellement dans leur compétence, et que peut-être aucun autre pays au monde n’a été mieux formé pour l’autonomie. Mais, comme l’a dit sir George Birdwood, «sous la domination britannique en Inde, l’autorité des corporations s’est nécessairement relâchée»; la nature d’une telle «nécessité» ne supportera guère l’analyse. »

Puis Coomaraswamy décrit l’horreur économique et militariste (et humanitaire, car tout vient avec dans le paquet-cadeau occidental,le bandage avec les bombes, comme dit le capitaine Villard dans le film Apocalypse now) :

« La simple existence de ces grands agrégats prolétariens dont les membres, qui s’exploitent les uns les autres, prolifèrent dans des «capitales» - lesquelles n’ont plus aucun rapport organique avec les corps sociaux sur lesquels elles croissent, mais dépendent des  débouchés mondiaux qui doivent être créés par des «guerres de pacification» et sans cesse stimulés par la «création de nouveaux besoins» au moyen d’une publicité suggestive - est fatale aux sociétés traditionnelles les plus fortement différenciées, dans lesquelles l’individu possède un statut déterminé par sa fonction et, en aucune manière, uniquement par la richesse ou la pauvreté; leur existence ruine automatiquement l’individu dont l’« efficacité » le ravale au niveau de producteur de matières premières, destinées à être transformées dans les usines du vainqueur; et on s’en débarrasse en les vendant à bas prix aux mêmes peuples «arriérés» qui doivent accepter leur quantité annuelle de gadgets, si l’on veut que les affaires prospèrent. »

Guénon aussi perçoit à cette époque que l’orient va craquer bien aidé par les guerres dites mondiales puis par la décolonisation (voyez notre texte sur Burckhardt). 

Puis Coomaraswamy cite le fameux et si peu lu Dr Schweitzer :

« Albert Schweitzer caractérise les conséquences économiques de l’exploitation commerciale (le «commerce mondial»): «Chaque fois que le commerce du bois marche bien, une famine permanente règne dans la région de l’Ogooué.» Lorsque ainsi «le commerce élit domicile dans chaque arbre», les conséquences spirituelles sont encore plus dévastatrices; la «civilisation» peut détruire les âmes aussi bien que les corps de ceux quelle contamine. »

Malheureusement il y a les premiers convertis à la matrice (la jeunesse orientale nage et navigue dedans) :

« Bien entendu, je n’ignore pas qu’il existe une foule d’Orientaux occidentalisés qui sont tout à fait disposés et même impatients de recevoir les dona ferentes de l’industrie sans s’attarder à examiner un seul instant ces «chevaux» donnés… »

A l’époque on résiste dans le cadre de la décolonisation (dont les effets furent pervers) :

wisdom.jpg« Qu’avez-vous exactement à nous offrir, vous qui êtes si pénétrés de votre «mission civilisatrice»? N’êtes-vous point étonnés «qu’il n’y ait plus de peuple dans toute l’Asie qui ne regarde l’Europe avec crainte et soupçon», comme l’a dit Rabindranath Tagore, ou que nous redoutions la perspective d’une alliance des puissances impérialistes dont la «Charte de l’Atlantique» ne devait pas s’appliquer à l’Inde et ne s’appliquera pas à la Chine si on peut l’éviter? »

Depuis on a progressé et tout a été balayé ou presque, même quand on prétend résister au nom du monde soi-disant multipolaire. Ni la Russie ni aucun pays oriental (pauvre Corée du Nord…) ne proposent de modèle alternatif. La Chine est bien compliquée – et combien peu attirante. Quant à Cuba ou au Venezuela…

Un peu de Debord pour compléter le maître, car le monde des années 2020 (ou 1980) est certainement plus effarant que celui des années quarante, hors-zone de guerre occidentale :

« Hormis un héritage encore important, mais destiné à se réduire toujours, de livres et de bâtiments anciens, qui du reste sont de plus en plus souvent sélectionnés et mis en perspective selon les convenances du spectacle, il n’existe plus rien, dans la culture et dans la nature, qui n’ait été transformé, et pollué, selon les moyens et les intérêts de l’industrie moderne. »

Et Debord de dénoncer justement les « inconséquents » qui croient que quelque chose du monde ancien a (ou aurait pu) subsisté :

« Non seulement on fait croire aux assujettis qu’ils sont encore, pour l’essentiel, dans un monde que l’on a fait disparaître, mais les gouvernants eux-mêmes souffrent parfois de l’inconséquence de s’y croire encore par quelques côtés. »

Lucien Cerise conclura logiquement :

« Pour Baudrillard, la véritable apocalypse n’était pas la fin réelle du monde, sa fin physique, matérielle, assumée, mais son unification dans ce qu’il appelait le « mondial », ce que l’on appelle aujourd’hui le mondialisme, et qui signait la vraie fin, le simulacre ultime, le « crime parfait », c’est-à-dire la fin niant qu’elle est la fin, la fin non assumée, donnant l’illusion que ça continue. La Matrice, comme dans le film, si vous voulez. »

Sources 

Ananda K. Coomaraswamy, Les illusions de la démocratie, in suis-je le gardien de mon frère (the bugbear of literacy), Pardes.

Lucien Cerise, gouverner par le chaos

Debord – Commentaires

Jean Baudrillard – La guerre du golfe n’a pas eu lieu (Galilée)