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mercredi, 25 novembre 2009

Pour sortir de l'hyperconsommation

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Pour sortir de l'hyperconsommation

Ex: http://unitepopulaire.org/

« La définition du bien-vivre a profondément changé au cours de ces dernières années, de même que l’importance accordée à la réussite économique et à la consommation ostentatoire. Que faut-il changer aujourd’hui ? Selon moi, il faut éradiquer ou, à tout le moins, largement tempérer cette obsession de l’achat qui est devenue le principe organisateur de la vie occidentale. […] Le lien avec la crise économique actuelle est évident. Dans une culture où l’envie impérieuse de consommer domine la psychologie des citoyens, les gens sont prêts à tout pour se donner les moyens d’acheter : trimer comme des esclaves, faire preuve de rapacité au travail et même enfreindre les règles pour maximiser leurs gains. C’est également pour cela qu’ils achètent des maisons au-dessus de leurs moyens et multiplient les crédits. On peut dire sans risque de se tromper que l’hyperconsommation a elle aussi joué un rôle dans le désastre économique. Toutefois, il ne suffit pas de la pointer du doigt pour la faire disparaître du cœur de nos sociétés. Il faut la remplacer par quelque chose d’autre. […]

L’expérience montre que, lorsque la consommation sert de substitut à l’objet des besoins supérieurs, elle est semblable au tonneau des Danaïdes. Plusieurs études ont révélé que, dans les pays où le revenu annuel moyen par habitant est supérieur à 20’000 dollars, il n’y a aucune corrélation entre l’augmentation des revenus et le bien-être des populations. Ces travaux indiquent en outre qu’une grande partie des habitants des pays capitalistes se sentent insatisfaits, pour ne pas dire profondément malheureux, quel que soit leur pouvoir d’achat, parce que d’autres personnes gagnent et dépensent encore plus qu’eux. Ce n’est pas la privation objective qui compte, mais le sentiment relatif de privation. Et comme, par définition, la plupart des gens ne peuvent pas consommer davantage que les autres, l’hyperconsommation nous renvoie toujours à ce dilemme. […]

L’hyperconsommation ne touche pas seulement la classe dominante des sociétés d’abondance ; les classes moyennes et populaires sont elles aussi concernées. Un grand nombre de personnes, toutes catégories sociales confondues, ont le sentiment de travailler pour tout juste parvenir à joindre les deux bouts. Pourtant, un examen attentif de leur liste courses et de leurs garde-robe révèle qu’elles consacrent une bonne part de leurs revenus à l’achat de biens liés au statut social, comme des vêtements de marque et autres produits dont le besoin n’est pas réel. Cette mentalité peut sembler tellement ancrée dans la culture occidentale que toute résistance serait vaine. Mais la récession économique a déjà poussé bon nombre d’individus à acheter moins de produits de luxe, à freiner sur les fêtes somptueuses et même à accepter de réduire leur salaire ou de prendre des congés sans solde. Jusqu’à présent, la plupart de ces comportements ne sont pas volontaires ; ils sont dictés par la nécessité économique. Il faut toutefois voir là l’occasion d’aider les gens à comprendre qu’une consommation réduite ne reflète pas un échec personnel. C’est le moment ou jamais d’abandonner l’hyperconsommation pour se consacrer à autre chose ! […]

Une société qui résisterait au consumérisme au profit d’autres principes organisateurs ne se contenterait pas de réduire la menace d’une crise économique et de rendre ses membres plus heureux. Elle présenterait également d’autres avantages. Elle consommerait par exemple moins de ressources matérielles et aurait donc beaucoup moins d’effets nocifs sur l’environnement. Elle favoriserait aussi une plus grande justice sociale. »

 

Amitai Etzioni, Prospect (Londres), janvier 2009

mardi, 24 novembre 2009

Entretien avec Bernd Rabehl: Chute du Mur, l'Allemagne a fêté son américanisation!

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Entretien avec Bernd RABEHL:

 

Chute du Mur: l’Allemagne a fêté son américanisation!

 

Bernd Rabehl, ancien professeur de sociologie, animateur de la contestation étudiante autour de Rudy Dutschke en 1967-68, nous transmet ses réflexions vingt ans après la chute du Mur et la mort de la RDA. Pour lui, ces vingt années ont fait disparaître les valeurs authentiquement allemandes.

 

Q.: Professeur Rabehl, il y a vingt ans, le Mur de Berlin tombait. Quelles mutations l’Allemagne a-t-elle connue depuis lors?

 

Bernd_Rabehl_2009.jpgBR: L’Allemagne s’est transformée à grande vitesse! D’abord, la “RDA” a été totalement démantelée; son industrie, dans une large mesure, a été délibérément détruite, ce qui a fait naître des zones dés-industrialisées en Allemagne. Ensuite, un tiers de sa population, surtout les diplômés universitaires et la main-d’oeuvre qualifiée, a quitté les nouveaux Länder de l’Est pour ceux de l’Ouest ou, même, pour les Etats-Unis ou l’Australie. Certes, on doit aussi dire qu’une petite part de cette industrie s’est maintenue et développée mais, quoi qu’il en soit, on ne peut pas parler d’une parité entre les nouveaux Länder de l’Est et les anciens Länder de l’Ouest.

 

Q.: Quel héritage l’ancienne “RDA” a-t-elle finalement apporté à la République Fédérale après la réunification?

 

BR: Votre question est intéressante parce que la politique de la SED (ndt: le parti du pouvoir en RDA, rassemblant les partis communiste et socialiste) se référait toujours à des traditions allemandes et surtout à des traditions prussiennes. Dans cette optique, la politique de la RDA restait dans le cadre de la tradition politique allemande, alors que l’Allemagne de l’Ouest s’en était détachée depuis longtemps.

 

Q.: Si l’Allemagne de l’Ouest s’était détachée de l’ancienne tradition, l’unité allemande, qui résulte du processus de réunification, peut-elle être considérée, en quelque sorte, comme un “accident de l’histoire”?

 

BR: Les partis politiques de l’Allemagne de l’Ouest ne voulaient pas la réunification, et Helmut Kohl non plus, parce que la CDU (ndt: le puissant parti démocrate-chrétien) partait du principe qu’il devait y avoir désormais deux Etats allemands. Ensuite, personne, à l’Ouest, n’avait imaginé que la RDA pouvait subitement s’effondrer: on avait donc admis, comme fait acquis, cette dualité étatique allemande et, qui plus est, on ne voulait plus rien avoir à faire avec l’ancienne Allemagne, avec la tradition politique allemande. C’est l’Union Soviétique qui a mis en branle le processus de la réunification allemande, parce que l’Europe de l’Est toute entière menaçait de s’écrouler. Dans ce contexte, les élites du KGB, qui entouraient Gorbatchev, savaient que cela pouvait entraîner une révolution ou même une guerre parce que l’Armée Rouge et ses généraux n’étaiernt pas prêts à assumer l’effondrement de leur appareil militaire et de leur Etat. Voilà pourquoi on a préparé l’affaire à Moscou deux ou trois ans auparavant et mis tout en oeuvre pour que la réunification ait lieu de manière pacifique: Kohl a donc reçu entre les mains une réunification clef sur porte. Le président américain de l’époque, Bush Senior, et Gorbatchev ont donc négocié entre eux la réunification et ont dit ensuite à l’Allemand Kohl: “Tu peux y aller, la réunification est possible”. Et lorsque les grandes manifestations de Leipzig, Berlin-Est et Rostock ont eu lieu, il était clair que la RDA ne pouvait plus se maintenir parce que les Russes n’étaient plus prêts à la soutenir en tant qu’Etat.

 

Q: Dans quelle mesure, ce que vous appelez en Allemagne le “consensus antifasciste de base” (“Antifaschistischer Grundkonsens”), qui était l’idéologie fondatrice de la RDA,  est-il devenu après la réunification un dogme politique général, y compris dans les anciens Länder de l’Ouest?

 

BR: L’antifascisme en RDA désignait l’ennemi, tous les ennemis. Etaient considérés comme “fascistes”, tous ceux qui n’adhéraient pas au système. Parmi eux, il y avait des sociaux-démocrates, des libéraux, des gauchistes et bien entendu des conservateurs et des réactionnaires. Le “fascisme”, ainsi entendu, était un concept de lutte, extensible à l’infini, tout comme l’antifascisme d’ailleurs. Au moment où la République Fédérale a perdu son ennemie la RDA, il s’est opéré un glissement: en RFA, c’était auparavant le contraire, ce n’était pas le fascisme que l’on désignait comme ennemi principal, c’était le communisme, c’était lui le grand ennemi et c’était la subversion communiste qu’il fallait combattre. Le support étatique allemand du communisme allemand a donc disparu et, par voie de conséquence, l’antifascisme a été repris et utilisé dans l’Allemagne réunifiée, cette fois contre la tradition politique nationale, contre ce qu’il restait de la “prussianité”, contre toutes les volontés de changement, contre tous ceux qui récriminent contre les empiètements de l’Union Européenne, etc. Dans ce contexte, il est significatif de constater que les partis d’Allemagne de l’Ouest, bien avant 1990, et sur le modèle américain, ont mis en avant les droits de l’homme et les “libertés” individuelles et n’ont plus mis l’accent sur l’importance de maintenir intactes les assises de la culture allemande, de la langue allemande, des valeurs spécifiquement allemandes et surtout ont abandonné progressivement toutes les traditions politiques et étatiques allemandes.

 

Q.: Si les valeurs allemandes n’ont plus aucune importance, que célèbre-t-on alors en République Fédérale réunifiée?

 

bruecke_BM_Be_473190k.jpgBR: Dans le fond, ce que l’on célèbre, ce dont on se réjouit, c’est du fait qu’il n’y a pas eu de révolutions, ni à l’Est ni à l’Ouest. A l’Est, les gens sont descendus dans les rues et ont hurlé “Nous sommes un seul peuple!”, mais on les a amadoués par une réforme monétaire et par des oboles de quelques centaines de marks données gratuitement pour leur souhaiter la bienvenue à l’Ouest. C’est ainsi qu’ils ont perdu leur identité politique. Aussi parce qu’ils étaient très faiblement organisés auparavant et parce qu’il n’y avait aucune continuité pour leurs protestations dans l’opposition. Ce que l’on célèbre, maintenant, vingt ans après, c’est le fait que la Constitution, la Loi Fondamentale, et les structures de la République Fédérale ont été implantées sans peine dans les provinces qui formaient la RDA. Et c’est ainsi qu’il n’est rien resté de la RDA. Donc, dans le fonds, ce que l’on célèbre, c’est l’américanisation totale de toutes les Allemagnes.

 

Q.: N’est-il pas remarquable que vingt ans après la chute du Mur de Berlin, le Traité de Lisbonne consacre la “dés-étatisation” de l’Allemagne et des autres Etats membres de l’UE?

 

BR: On “dés-étatise” effectivement tous les Etats nationaux et donc aussi l’Etat allemand. L’UE acquiert dans ce processus une souveraineté supra-étatique et devient ainsi un “Super-Etat”. Mais l’Europe n’en devient pas pour autant une grande puissance: elle ne le peut parce qu’elle est liée aux Etats-Unis, par les traités qui régissent l’OTAN et par les accords en matière de sécurité. On a certes fait quelques timides efforts pour accéder au statut de grande puissance mais, au début de l’année 2003, les Etats-Unis sont intevenus pour enrayer le processus et ont bien fait comprendre aux Européens que les Etats-Unis seuls, ou éventuellement l’ONU, décidaient de la guerre ou de la paix, tant et si bien que le “Super-Etat” européen n’avait pas à trancher dans cette question ô combien cruciale. Or tout Etat qui ne peut décider par lui-même de la guerre ou de la paix n’est pas un Etat souverain!

 

Q.: Quelles forces se profilent-elles derrière cette évolution, quelles forces poussent-elles en avant la “dés-étatisation” des Etats nationaux européens?

 

BR: Indubitablement, ce sont les Etats-Unis qui, depuis 1945, cherchent systématiquement à imposer à l’Europe leur propre système politique. Lorsque l’on songe aux partis, alors nous constatons que ne gouvernent généralement que deux partis, soit par le biais d’une coalition, comme en Allemagne, soit par alternance comme aux Etats-Unis, où c’est tantôt l’un tantôt l’autre parti qui fournit le président. Ce système politique, que je qualifie de “libéralisme matériel”, a pris pied en Allemagne. Dans le passé, l’Etat primait toujours: ce furent tour à tour l’Etat monarchiste ou l’Etat de l’administration ou de la fonction publique indépendantes, qui s’opposèrent à l’Etat partitocratique, à l’Etat perverti par les machines politiciennes et partisanes. Après 1945, l’Etat est devenu le jouet des intérêts politiciens et partisans. Comme on le dit vulgairement aujourd’hui, l’Etat a dégénéré en une “auberge” sans structure, où les intérêts partisans cherchent à glaner le maximum de prébendes et d’avantages. Et cela, c’est typiquement américain.

 

Q.: A quoi l’Allemagne va-t-elle ressembler d’ici vingt ans, à votre avis, le jour où l’on fêtera les quarante ans de la chute du Mur?

 

BR: Cela dépendra des conséquences qu’aura, dans la vie politique de la nation, la sélection à rebours que systématisent nos pseudo-élites, une sélection négative que favorisent les partis et qui produit un personnel politique toujours plus médiocre. Si la corruption s’impose partout, si les intérêts privés des groupes et des lobbies finissent par dominer à l’intérieur des partis et de la machine étatique elle-même, alors nous sombrerons dans la paralysie politique. L’Etat et les gouvernements seront dans l’incapacité d’agir, situation dont nous percevons déjà les signes avant-coureurs, une involution que nous apercevions déjà du temps de Kohl, qui est visible chez Merkel. Tout gouvernement affecté d’une telle paralysie, qui élude les problèmes ou qui réagit différemment selon les situations, se révélera incapable de maîtriser les crises qui surviendront; par conséquent, de tels gouvernements ne pourront pas résoudre les conflits sociaux ni éliminer ni piloter les contradictions au sein de la société. J’oserais alors affirmer que les peuples et les nations d’Europe, à un certain moment, entreront en résistance, que les classes sociales, que je n’exclus pas du processus d’insurrection potentiel, se dresseront elles aussi contre cette inaction fatale, parce que tous diront, tout simplement, “ça ne va plus, ça ne peut plus continuer ainsi!”. Si Angela Merkel ne trouve aucune solution pour Opel, les ouvriers risquent bien de descendre dans la rue, de taper sur la table et d’exiger que l’on trouve des solutions. Et quand les autres nations d’Europe, à leur tour, se sentiront grugées, alors, elles aussi, entreront en résistance.

 

(propos recueillis par Bernhard Tomaschitz pour l’hebdomadaire viennois “zur Zeit”, n°46/2009; trad. franç.:  Robert Steuckers).

 

 

Les origines de l'ostalgie

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Les origines de l'ostalgie

Ex: http://unitepopulaire.org/

« Le débat sur la RDA est resté au point mort ou, plus exactement, qu’il a été étranglé par l’unité allemande. La vie de presque tous les Allemands de l’Est ayant été de ce fait bouleversée de fond en comble, débattre de “l’autre époque” eût été un grand luxe. Il fallait d’abord souscrire les bonnes assurances, se former aux entretiens d’embauche, apprendre ce qu’était un propriétaire bailleur. La vie après la chute du Mur a été, pour de nombreux Allemands de l’Est, tellement dévorée par ces aspects peu romantiques que tout regard en arrière aurait été contre-productif. Je me suis mis à la sociologie pour en finir une bonne fois pour toutes avec ce que Neues Deutschland [l’organe du Parti] m’avait inculqué. Seuls ceux qui ne trouvaient pas leur place dans la nouvelle société, trop étrangère, pouvaient se permettre de penser à la RDA – un pays où tous les problèmes que l’on ne parvient pas à résoudre aujourd’hui n’existaient pas. C’est là que la nostalgie de la RDA a fait son apparition et s’est répandue comme une traînée de poudre, tant étaient nombreux ceux qui n’avaient pas pu s’adapter et menaient une vie insatisfaisante. Il y en avait bien plus qu’on ne le supposait à l’Ouest. Et ce n’étaient pas seulement des anciens de la Stasi et autre vermine de l’appareil d’Etat.

Le photographe Joachim Liebe a retrouvé, des années plus tard, les gens qui étaient passés par hasard devant son objectif à l’automne 1989 et il a parlé avec eux. Sur les dix personnes photographiées qui ont accepté de s’exprimer, une seule a déclaré avoir réussi sa vie. Les autres font comme ils peuvent, se débrouillent, serrent les dents. Et, je le souligne encore, ce n’étaient pas des gens démis de leurs fonctions, mais des manifestants qui avaient précipité la chute de la RDA. Il est évident que, sur tous les Allemands de l’Est que nous sommes, un seul pouvait devenir chancelier, mais l’unité aurait dû nous offrir un meilleur taux de réussite que celui de un sur dix.» 

 

Thomas Brussig, sociologue, Cicero (Allemagne), octobre 2009

00:30 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : allemagne, rda, actualité, sociologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 23 novembre 2009

Meltdown

meltdown.jpgMeltdown

February 19, 2009

By Joe Priestly / http://bnp.org.uk

It seems like every day brings with it a new and significant development and always more evidence of the conspiracies and cock-ups of Brown and co. It’s impossible to keep pace with events – this feels like meltdown. Nothing works and nothing makes sense; reality is catching up with the liblabcon fantasy.

Over the past sixty years or so the liblabcons have been spinning a web of lies to justify the destruction of British culture and the genocide of the British people. Their common purpose is to remake Britain as a society consisting of peoples and cultures from every corner of the earth. The responsibility for putting in place the final pieces of this multicultural jigsaw fell to the New Labour government, ably supported of course by the ‘opposition’. The economy was the key. It was essential that people had money to spend on the latest distractions. Hence the government-sponsored credit boom; it was a smokescreen behind which they hid our demise.

They didn’t want us to trouble ourselves with concerns about immigration, Islam, asylum, education, crime, the EU… just in case we came to the wrong conclusion. So they gave us easy credit and unbridled consumerism and added the big match and the soaps to stop us thinking about what really matters.

But a financial storm blew away their easy-money smokescreen and left the liblabcons with nowhere to hide. People are now counting their pennies and thinking less about hi-tech toys and the latest Big Brother controversy and more about the state of the nation and its impact on their lives and futures. They’re waking up to the mess that the liblabcons have made of this country.

The establishment is ideology-led and has convinced itself that nature can be moulded to fit its plan. And it’s this thinking that’s brought Britain to its sorry state. But perhaps it had to come to this. Maybe nothing short of crisis would have woken us from our slumber – that is the British way isn’t it? It seems to me though that we’re waking up now. What’s that they say about the problem being the catalyst for its own solution? And we can see it in action in the increasing number of people who are making the connection between the ideology and its manifestations.

The establishment is founded on a lie so monumentally absurd that it’s spent all its life lurking between the lines and only ever appearing as hint and suggestion. Stripped of all its camouflage the bare-faced lie is that the genocide of the British people is good for the British people – little wonder they had to sugar-coat it with a billions tending towards trillions credit boom.

But that alone wasn’t enough. It was necessary also for them to rework every aspect of society to discourage dissent and to encourage the British people’s acquiescence in their own genocide. It worked for a long time and that and the booming economy encouraged the liblabcons to think that the good times would last forever and that their transformation of Britain would proceed unnoticed.

That was then; the party finished a while back. Post party, in the cold light of a looming depression, the changes imposed on Britain are not all that their liblabcon architects had painted them to be. What they said would be utopia looks increasingly like chaos – and that’s before the lights start going out. The consequences of the lie are beginning to be felt and it’s dawning on British people that the reality of the lie is their destruction.

And as Nazi Propaganda Minister Goebbels* observed, “The lie can be maintained only for such time as the state can shield the people from the political (and) economic… consequences of the lie.” And he should know. The British political and media establishment used the credit boom to soften the impact of its ideology on the population; they encouraged people to focus on personal gain while they got on with the job of creating 21st century multiracial multicultural Britain. But the boom has turned to bust and their lie is there for all to see.

Politicians, power brokers, celebrities, and mainstream media-types have staked their reputations (read fortunes) on their sick lie and its bastard child multiracial multicultural Britain. The maintenance of the lie is all that separates them from ruin; without it they’d be irrelevant. They are the status quo and everything they do is aimed at holding that position; they have no choice but to maintain the lie. But now the spend fest is over. The cupboard is bare and winter approaches; the liblabcons have run out of the means to shield the British people from the consequences of the lie. The reality of mass third world immigration is upon us.

If we take fact as truth then a lie is a deliberate distortion of fact. In respect of mass immigration and its impact on British society the establishment distorts the facts so as to paint a positive picture of its creation the multiracial multicultural society. But the nearer a disaster looms the more it is recognised for what it is, irrespective of official explanations. Ignoring facts doesn’t make them go away nor does it diminish their truth.

The establishment lost the argument years ago and their position now is entirely dependant upon those members of the population that remain indifferent to politics and politicians until they impact on them personally. But the collapse of consumerism and the maturation of the multiracial multicultural society is encouraging even the formerly indifferent to pay attention to the shenanigans of people in power. The establishment sold out for short term advantage and the short term is almost up; the theft of a nation from under the noses of its people isn’t something that can go unnoticed forever. The British people are waking up to the liblabcons’ crimes.

Having distorted the facts for six decades the British establishment is in no position to face them. Facing facts will expose the lie and their world will come crashing down. Britain is a multiracial multicultural society because the establishment ignored the facts; in spite of the fact of the chaos of third world multiracial multicultural societies, Britain’s political and media elite facilitated the importation of millions of third world aliens into our midst as part of a plan to make Britain into such a society. Now the predictable is happening; multiracial multicultural chaos is playing on our streets.

Of course they never would have predicted it. Their world view, their equality dogma, prohibits any such prediction. And whereas a growing number of the rest of us are coming to believe that the liblabcons were negligent in failing to anticipate the chaos that would accompany mass third world immigration, the liblabcons continue the charade of the multiracial multicultural society as utopia – in the face of growing evidence to the contrary. You’ve got to laugh.

The liblabcons put me in mind of a kind of circus act that I saw on TV years ago but haven’t seen since. I don’t know what it’s called but it involved spinning plates (crockery) on canes. Those that know what I’m talking about please hum along for a moment while I explain for those that don’t… A number of canes (at a guess about 50) is set vertically and fixed at the lower point, the ‘artist’ gyrates each cane in turn and sets a plate spinning on the upper point so that it balances under its own momentum, he does the same with each cane until each has a plate spinning on it. He then attempts to maintain this equilibrium by moving from one cane to another to tend to those plates in danger of slowing beyond the critical and crashing to the floor. In a short while his movement has become a rush from one cane to another as the plates lose momentum faster than he can maintain it. And then the inevitable happens. First one plate then another and another until almost in unison the rest crash to the floor.

Their situation is analogous to that of the circus artist upon the realization that the inevitable is, well, inevitable. The plates haven’t yet all crashed to the floor but they’re going to. Like the circus artist the liblabcons have created something that can’t be maintained but unlike him they can’t just throw up their hands and walk away from the crashing plates; they’ve got far too much invested in keeping things spinning for as long as possible.

But in a meltdown everything goes wrong. And the liblabcons’ frantic effort to keep their metaphorical plates spinning merely draws attention to the illogic of setting them spinning that way in the first place. Our economy and our society aren’t working because they’re founded on an ideological fallacy, universal equality and the theory of the interchangeability of man. Yet the liblabcons’ solutions to the problems caused by their way of thinking is yet more of the same; they’re trying to solve society’s problems with the same thinking that created them. And they’re beginning to look ridiculous because of it; every time they open their mouths they contradict themselves. Their world view is in meltdown, and yet it looked so good on paper – or so they used to say.

To paraphrase Karl Marx, Marxism is collapsing under the weight of its own contradictions. There’s so much going wrong now in this country that our establishment and its idiotic thinking are permanently under the spotlight and both are being revealed as barrels of contradiction. That’s why no liblabcon type will ever stand his ground – they haven’t got a coherent argument so they avoid argument. It’s a variation on the no-platform theme. Even establishment media persons are shuffling their feet away from liblabcon egalitarianism. The lie is being found out and every time an establishment mouthpiece attempts a cover up they succeed only in shoving their foot further down their throat. Everything they do is founded on a lie and the lie is being undone by its own contradictions.

British society today is a manifestation of liblabcon equality ideology. The alienation that we feel is a consequence of society following the incoherent ideology of egalitarianism, which quite literally doesn’t make sense. It is smoke and mirrors and it’s survived to this point, since WWII, on a combination of bullying, bullshit, and brass neck. It’s bullied, bullshit, and brass necked its way to intimidating the rest of us into going along with its world view. But in spite of the power of its ‘followers’, equality ideology has never convinced more than a committed few. Tolerance of its ‘inherent contradictions’ requires a dedication far beyond the means of most people; the majority of those that go along with equality ideology do so because it’s the direction of least resistance.

The reality is that equality ideology has a fundamental weakness; it lacks continuity. Its argument is riddled with inconsistencies and so its proponents always seek refuge in vagueness. These people need plenty of room for manoeuvre.

Yet their room for manoeuvre is shrinking. It’s becoming clearer by the hour that the problem is the liblabcons and their equality thinking – the logical conclusion of which is the state of Britain today, economically, socially, and spiritually. Having created this mess, the establishment is now in the unfortunate position of not only having to defend it but to promote it as well. And so naturally incoherence features in every aspect of everything that the establishment does and says. Whatever the policy, whatever the department, whatever the statement, you know it won’t make sense. There are countless examples of the idiocy of liblabcon thought in action; three which immediately come to mind are free movement of labour, the incarceration of immigrants, and the Afghanistan ‘war’.

In their blind pursuit of ‘equality’ the liblabcons sanctioned the free movement of labour and in so doing signed away this country’s right to favour its own workers on its own soil over foreign workers on its soil – surely the most treasonable act ever committed. I wonder if they think they’re going to get away with that one forever. And as if that wasn’t bad enough, from the liblabcons’ long term health point of view that is, by severing their commitment to their own population they sort of compound their problems by effectively making themselves redundant. If they’re not there to represent our interests what exactly are they for? Is that what they mean by an unintended consequence, or was it intended and part of a conspiracy of extreme subtlety? I can never work out whether their determination to have us see them as lying, idiotic, thieving, hypocritical, treacherous cowards is due to incompetence or whether it’s part of a cunning plot that’s beyond my wit to understand.

It seems to me they’re paying the price of living a lie and the lie is coming back to haunt them.

Having said that, I’m sure I could put the case for the liblabcons better than they do. Consider the gaga they offer in explanation for the statistical over-representation of ethnic minorities in prisons and in secure mental health institutions. You don’t need me to tell you what it is – they parrot the Marxist line, that these inequalities of outcome are a consequence of the racism of the criminal justice and mental health systems. Any other explanation would set in motion a train of thought that leads back to the source of the problem, equality dogma and its application; the Marxists’ intention is to set the train of thought on a wild goose chase after whites as the cause of the problem. It’s the easy option and it’s the only one that doesn’t question their insane world view.

But there’s a nice irony in this; their explanation is a perfect example of the inconsistency it was intended to disguise. For them the problem is not the equality idea but opposition to the idea. And so every explanation they offer for any of society’s problems must always be tailored to protect the easily bruised equality idea. It’s this that has them tripping over their own feet.

Ethnic minorities are over-represented in prisons and mental hospitals either because they’re more inclined to criminality and mental health problems or because they’re not treated the same as the majority population. If it’s not one it’s the other. And that’s a no brainer for the establishment whose equality dogma dictates that ethnic minorities can never be the cause of any problem. The problem therefore is the majority population. It’s that catch-all again, racism, the only explanation that doesn’t question the equality idea.

But it’s here they get their wires crossed. According to them the criminal justice system is racist because it treats ethnic minorities differently from ethnic Britons, and the mental health system is racist because it treats ethnic minorities the same as ethnic Britons and fails to take into account cultural and ethnic difference in behaviour when diagnosing mental illness. Doesn’t that just sum up these gibbering liblabcon wrecks? The criminal justice system is racist because it discriminates; the mental health system is racist because it doesn’t discriminate.

They’re less concerned with the soundness of their argument than they are with arriving at the right conclusion; equality ideology must never be seen to be a problem. All their roads lead to racism.

The “racism” accusation began as a tactic, it developed into a strategy, and now it looks increasingly like a last ditch effort. You can tell they’re no longer comfortable with it, it’s like they’re suddenly aware that British people are sick to death with the accusation and contemptuous of its argument. But when liblabcon backs are against the door – it’s either racism or the admission that their thinking has been wrong all along.

Nothing they say makes sense because their argument is founded not on hard facts but on wishful thinking. Their explanations run contrary to the facts and as the facts become clearer so do the holes in the explanations. That’s what’s happening now; the reality of the multiracial multicultural society is hitting home and the liblabcons’ equality/diversity sweet talk is at such odds with the facts that it’s encouraging the scepticism it’s designed to stop.

Consider the conflict in Afghanistan: The establishment is putting our soldiers’ lives on the line in Afghanistan allegedly to protect Britain from terrorism yet at the same time it keeps Britain’s borders open to any Tom, Dick, or Harry who cares to cross them. Anybody else see the contradiction here? Yet the liblabcons don’t get it – their idiotic ideology won’t allow them to.

 They’re in denial. It’s a common response to overwhelming collapse. They’re taking the only option open to them, they’re burying their faces in their comfort blankets and singing nursery rhymes about joy and diversity. Liblabcon thought is reaching its logical conclusion – illogicality. They’re in meltdown.

dimanche, 22 novembre 2009

Imaginaire et réinformation

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Imaginaire et réinformation

Deuxième journée d'études sur la réinformation, organisée le 24 octobre 2009 par la Fondation Polémia

Communication de Grégoire Gambier / Ex: http://polemia.com/

L’imaginaire recèle de nombreuses définitions, renvoyant pour l’essentiel à ce qui est irréel, fictif, fabuleux ou encore, de façon plus majorative, au monde des légendes et du mythe. Sans renier cette dernière approche, nous retiendrons dans le cadre du présent exposé la définition du substantif proposée par Le Petit Robert (1987) : « Produit, domaine de l’imagination ». Etant entendu et espéré avec Gide, aussi singulièrement que brusquement remis dans l’actualité à propos de « l’affaire Mitterrand »  par Gérard Longuet (décidément très pince-sans-rire)», que « quantité de gens sont plus sensibles à l’imaginaire qu’au réel »…

Livrer une définition de la « réinformation » est plus complexe encore, s’agissant autant d’un état d’esprit que d’une panoplie de modes opératoires. Retenons l’essentiel, à savoir son objectif, tel que défini dans la présentation de ce séminaire : « Contribuer à réveiller le sens critique : rappeler en permanence qu’une "monstration n’est pas une démonstration" ; que tout ce qui nous est montré n’est pas vrai ; et que bien des faits, bien des évènements, restent cachés surtout lorsqu’ils sont essentiels ».

« De quoi s’agit-il ? »1

Face au règne de Big Mother, qui nous surveille moins qu’elle ne nous aveugle et prétend nous nourrir, et qui peut constituer un assez juste représentation du système actuel d’« information », la problématique posée tient dans cette relation toute dialectique entre « imaginaire » et « réinformation ».

Il y a a priori opposition entre les deux termes : l’imaginaire renvoie au domaine de l’imagination, quand la réinformation entend opérer un retour au réel, au principe de réalité, derrière l’écume des faits, l’illusion informationnelle, les dits et surtout les non dits de la médiasphère.

Cette opposition n’est qu’apparente.

Notre thèse est qu’au contraire l’imaginaire, du fait même de sa relation aux mythes, au monde sensible, est une voie d’accès et d’écriture de la réalité. Mieux : que le recours à l’imaginaire est un moyen de « subversion métaphysique » contre l’emprise du système informationnel. Comme l’affirme le romancier francophone d’origine haïtienne Dany Lafferrière : « La réalité imaginaire est aussi vraie, aussi réelle, que celle du quotidien », ajoutant : « Ce que je rêve est encore plus nécessaire pour ma vie que ce que je vis ».2

Il s’agira ici de privilégier l’illustration, la suggestion, plutôt que la démonstration.

Proposer des pistes comme autant de chemins de traverse contournant les « autoroutes de l’information », renouant les fils nous reliant à notre « plus longue mémoire » (Nietzsche), disant la continuité sans laquelle la solidarité n’est qu’un mot, à rebours des « déliaisons de la société de la concurrence » justement décriées par Régis Debray, à savoir : « tout-à-l’égo ; sacre de l’instant ; idolâtrie de la compétitivité ; nihilisme institutionnel ; dévoration par l’info ; (…) amnésie satisfaite et congélation des héritages ».3

Car c’est bien dans la geste médiologique chère à Debray qu’il s’agit d’inscrire ce propos, cette geste qui abat « la cloison entre l’examen du monde des choses et celui des âmes, entre la technosphère d’un côté et la "noosphère" de l’autre », celle qui entend, « contre la dégradation symbolique, sauvegarder la saveur et l’irréductibilité des cultures, toutes ces continuités cumulatives, ces singularités têtues qui rendent humaine notre espèce ».4

Mais contrairement à Régis Debray, nous estimons certes qu’il y a urgence, mais pas détresse. Car subsistent précisément des voies de passage, des points d’appui et des leviers d’action face au diktat de la Communication, « qui a dompté l’espace », pour un retour à la Transmission, donc à l’imagination, « qui lutte avec et contre le temps ».5

Temps biologique, temps culturel : l’imagination transpire d’abord par tous les sens primaires (vue, odorat, toucher…) avant d’utiliser tous les vecteurs de l’intelligence (lecture, musique, image – celle véhiculée par le cinéma comme par Internet).

L’imagination par les sens : « le recours aux forêts »

Héraclite, qui justifie et inspire les travaux de POLEMIA, le notait déjà : « La nature aime les contraires : c’est avec elle qu’elle produit l’harmonie ».

La première voie nous permettant de renouer avec l’imaginaire et toutes ses potentialités nous est fournie par notre environnement primal, de mammifère mal dégrossi : à savoir la nature.

Et en son sein, c’est sans conteste la forêt qui parle le mieux à nos âmes de Vieux Européens. Profondément enracinée, tendant vers les étoiles, ambivalente et mystérieuse, passage obligé de tous les contes et récits initiatiques de notre culture populaire, elle est l’une des plus puissantes manifestations de la vie, autant que la plus évidente représentation de notre inconscient.

Pas en tant que représentation de nos terreurs et paniques enfouies, comme le pensait Jung et avec lui l’école psychanalyste, mais comme le sanctuaire par excellence de nos valeurs les plus intimes et les plus sacrées.

Dans son « Traité du Rebelle », Ernst Jünger a réaffirmé la possibilité - et même la nécessité - du recours aux forêts. Non comme une fuite, mais comme un ressourcement. Un retour à l’essentiel.

Comme de juste, Dominique Venner lui emboîte le pas, estimant que la promenade familiale et dominicale en forêt est à même de constituer, face à la grisaille utilitariste du quotidien, un véritable acte de foi.6

Ainsi, jusque dans son sacrifice symbolique lors des solstices d’été, la forêt, et au-delà la nature dans son ensemble, attestent de la possibilité d’une réalité toute autre que celle décrite dans les éditoriaux du « Figaro madame » ou les chroniques hebdomadaires de BHL.

L’imagination par le texte : les valeurs subversives du roman

Nous disposons dans ce domaine de nombreux exemples particulièrement propices à l’évocation de notre monde « en dormition », qui nous susurrent qu’il existe d’autres religions que celles des droits-de-l’homme, d’autres valeurs que celles qui s’échangent « à la Corbeille », d’autres passions que celles de l’égalité, du confort et de la marchandise.

Comme l’affirme l’universitaire et journaliste Jean-Paul Picaper : « Cela passe par des mots. Qui crée le langage, dicte des idées ».7

Et pour les besoins du raisonnement, autant citer des auteurs à succès, voire pour certains institutionnellement établis.

C’est le cas de Michel Déon, sans doute le plus grand romancier français de l’Après-Guerre. Dans une œuvre prolifique, toujours marquée par la recherche du Beau, et donc empreinte d’une légitime mélancolie, retenons « Les Poneys sauvages » (Prix Interallié en 1970), une ode déjà crépusculaire, mais encore pleine de bruit et de fureur, en hommage à un monde dominé par les « mâles blancs » aujourd’hui si décriés : leurs rêves, leurs volontés, leur éthique de l’amour et du combat - bref leurs valeurs.

Une autre grande figure du roman français est Pierre Schoendoerffer. L'auteur et cinéaste rescapé des camps de redressement du Viet-minh a été primé à de multiples reprises, notamment pour « La 317e Section » (1963, prix de l'Académie de Bretagne), « L'Adieu au Roi » (1969, prix Interallié), « Le Crabe Tambour » (1976, grand prix du roman de l'Académie française) ou encore « Là-Haut » (1981). Ses auto-adaptations cinématographiques ont pour l’essentiel connu le même succès, alors que Schoendoerffer aborde dans son œuvre des thèmes aussi proprement réactionnaires que le sens de l’honneur, l’amitié et la fidélité viriles, le goût du risque et de l’engagement, la soif de sacré… Citons simplement « L’aile du papillon » (Grasset, 2003), dans la mesure où Polemia en a fait une critique raisonnée en y voyant, à l’image de l’œuvre de Schoendoerffer dans son entier, « une allégorie brutale et poétique du devenir d'une humanité en déshérence, mais dont une minorité peut encore retrouver un sens à son destin, en puisant au fond d'elle-même les raisons et les ressorts de sa sur-vie ».9

Plus récent et dans un style de fait un peu plus débraillé, voire quasi-« houellebecquien », Olivier Maulin est une valeur sûre, qui a obtenu le prix Ouest France / Etonnants voyageurs en 2006 pour son premier roman, « En attendant le roi du monde », truffé de citations de Nietzsche et de José Antonio. Il a depuis publié « Les Evangiles du Lac » et « Petit monarque et catacombes », confirmant un talent indéniable de conteur pour mieux dynamiter le nihilisme d’une société, la nôtre, désertée par le sacré. Dans ce dernier ouvrage, paru en octobre 2009 dans la collection L’Esprit des péninsules des éditions Balland, il fait déclamer à l’un de ses personnages : « Le monde est un grand symbole parce qu’il présente sous une forme sensible des réalités invisibles. C’est la clé de tout. Mais le problème, c’est précisément que ces formes sensibles ont dégénéré et cessé de représenter les réalités invisibles. Bilan : le grand symbole s’est fané ».10

Ce choix trinitaire d’auteurs certes connus est par nature excessivement sélectif, et beaucoup de romanciers mériteraient d’être ici signalés. En particulier Jean Raspail bien sûr, dont les « mondes imaginaires », éternellement gardés par la dynastie des Pikkendorf, constituent autant de digues face à « la montée du soir » - pour paraphraser Déon.

Il convient cependant de signaler dans un registre différent, toujours à titre d’illustration, « Le Cercle de la Croix ». Ce succès mondial de l’Anglais Iain Pears constitue, sur la base d’un roman à clé construit autour d’une enquête de nature policière dans l’Angleterre du XVIIe siècle, l’une des charges les plus totales, brutales et définitives, contre le puritanisme protestant, et fait écho à la dénonciation tout aussi virulente de la Révolution par les Français HubertMonteilhet, sous un mode des plus caustiques avec « Les Bouffons » (Le Livre de Poche 2006), et Pierre Bordage, dans le domaine de la littérature fantastique, avec la trilogie de « L’Ejomineur » (L’Atalante, 2004-2006).

Dans le registre fantastique se développe d’ailleurs toute une littérature dont le style, les valeurs et le propos sont autant d’actes de défiance à l’égard de la « société officielle ». Dans une production bouillonnante, et pour tout dire de qualité inégale, il convient de signaler le cycle du « Trône de Fer » de l’Américain Georges R. R. Martin, où transparaît l’âpre mélancolie d’un monde de feu et de fer - justement.

Et dans le domaine de la littérature pour enfants et adolescents enfin, où le meilleur côtoie là aussi le pire, surnagent les livres déjà nombreux d’Erik L’Homme, dont le succès commercial s’accompagne d’une vision du monde sans concession vis-à-vis des ravages de la modernité triomphante.

L’imagination par la musique, âme d’un peuple

Ce seul thème justifierait une étude en soi : « Sans musique, la vie serait une erreur » (Nietzsche).

A des fins d’illustration toujours, signalons seulement deux exemples significatifs, dans la mesure où il s’agit d’artistes extrêmement populaires dans leur pays, réunissant des dizaines de milliers de spectateurs à chaque concert, et qu’ils sont connus en France essentiellement par le buzz internet assuré par les militants identitaires.

A savoir :

  • Le groupe « néo-trad » québecois Mes Aïeux, dont le nom constitue déjà tout un programme, et sa chanson phare « Dégénérations » (www.youtube.com/watch?v=Z1eUMVjwuAE), qui dénonce de façon festive et éloquente l’avènement de la société de facilité, moderne, urbaine, jouisseuse - mais finalement désenchantée. Ce morceau a été désigné « Chanson francophone de l'année 2006 » par les auditeurs de Radio Energie lors du plus important vote radiophonique annuel au Canada, et l’album « En famille », dont il est extrait, a été  certifié double platine en décembre 2006 (soit 200.000 exemplaires vendus). Et ce, alors que le groupe était ignoré depuis 10 ans, bien sûr, par les radiodiffuseurs institutionnels. Tandis que plus de 100.000 internautes ont déjà visionné, sur YouTube, le clip de cette chanson « en live » lors de la Fête nationale du Québec de  2006.
  1. Le chanteur pop afrikaner Bok van Blerk, dont l’un des titres les plus connus dans le monde (et lui aussi disque de platine en 2007) est tout bonnement dédié au général boer Koos De La Rey, et se veut une ode à la fierté et à la résistance de la nation afrikaner (www.youtube.com/watch?v=nlHqKJyo3GQ). Lors d’un concert donné par Bok van Blerk au stade de Pretoria en 2006, plus de 22.000 spectateurs en ont entonné le refrain avec le chanteur. Ce chant est désormais régulièrement repris par les jeunes Afrikaners lors des concerts et des rencontres sportives, et joue quasiment le rôle d’un nouvel hymne national afrikaner. Une nation devenue souterraine, mais qui continue de vivre à travers son peuple.

L’imagination par l’image : le cinéma

Restons dans l’art populaire pour signaler encore une fois quelques exemples parmi les plus significatifs :

  1. « Excalibur » de John Boorman (1981), directement et pour ainsi dire religieusement inspiré de « La morte d'Arthur » de Thomas Malory, qui reste à ce jour la vision la plus pénétrante et la mieux aboutie du mythe arthurien jamais portée à l’écran.
  2. La trilogie du « Seigneur des Anneaux » de Peter Jackson (2001-2003), qui constitue également un summum dans l’adaptation au cinéma d’un monument de la littérature européenne, et qui a captivé des millions de spectateurs dans le monde.
  1. « Gladiator », de Ridley Scott (2000), porté par l’acteur Russel Crowe : c’est une évocation historique, dure et flamboyante, de la grandeur de Rome, et des hommes qui en ont fait, par la force et l’honneur, la capitale du premier empire européen.

Et dans le domaine de l’anticipation, propice par objet à l’extension du domaine de l’imaginaire : « Blade Runner », encore de Ridley Scott (1982), qui se déroule en 2019, dans une Los Angeles des plus cosmopolites, et où Rutger Hauer incarne de façon tout à fait convaincante un androïde (ou « réplicant ») nietzschéen, découvrant la dimension tragique de la vie, à savoir sa propre finitude, alors qu’il en avait fait « un poème » (Mishima). Son monologue à cet instant précis est en soi un manifeste :
« J’ai vu tant de choses, que vous, humains, ne pourriez pas croire...
De grands navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion…
J’ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l’ombre de la Porte de Tannhaüser.
Tous ces moments se perdront dans l’oubli,
comme les larmes dans la pluie…
Il est temps de mourir. »

Evidemment, il est préférable de visualiser la scène, sous la pluie, accompagnée par la musique de Vangelis, mais cela donne une idée du ton – et des boulevards métaphysiques ainsi ouverts à des millions d’adolescents pré-pubères qui ont fait, à l’époque, de ce film une œuvre culte.

« Les Fils de l’homme » enfin, film britannique réalisé par le mexicain Alfonso Cuarón (2006), reste dans le domaine de l’anticipation, décrivant un monde, là encore, étonnamment, submergé de flux migratoires incontrôlés – et nous sommes loin des publicités Benneton des années 80 ! Adapté du roman homonyme à succès de P.D. James (1992), ce petit chef d’œuvre dépeint une humanité agonisante à force d’individualisme, devenue littéralement stérile : condamnée à vivre dans des lieux où ne résonnent plus de rires d’enfants. Un véritable choc, notamment visuel avec l’usage de longs plans-séquence, dont une scène de guérilla urbaine particulièrement spectaculaire.
Nous sommes ici dans un cas assez typique de « réinformation par l’imaginaire » : le film développe un propos, certes ambigu, mais vaguement de gauche, tandis que ce qu’il donne à voir dénonce cruellement les impasses à venir, si loin de la démocratie de marché, des progrès technologiques et de la mondialisation heureuse…

Quand la « blogosphère » contribue au réenchantement du monde

Avec la diffusion d’Internet, et même sa tendance croissante à supplanter les mass médias en termes d’usage, et de temps d’usage, toutes ces visions alternatives aux discours et aux images autorisés dans les émissions télévisées, par exemple, ont trouvé de nouveaux espaces d’expression.

Le recours à Internet ne permet pas seulement d’acquérir, et bientôt de lire intégralement, des ouvrages devenus introuvables, voire sulfureux. Ou d’écouter des rythmes et des chansons également « maudites » - et en tout cas interdites des « bacs de la Fnac ». Il permet également, cette fois au plus grand nombre, de découvrir ou plus exactement re-découvrir une iconographie que l’on croyait disparue, remisée dans les combles des musées ou réservées à quelques cercles militants initiés.

La blogosphère est particulièrement féconde en la matière.
Signalons simplement l’un des blogs les plus visités de la Toile, François de souche (
www.fdesouche.com), dont le bandeau en page d’accueil constitue en soi un manifeste nationaliste. Et pour les sites classiques, celui de Dominique Venner (www.dominiquevenner.fr) constitue un modèle, par sa sobriété même, d’esthétique « vieille européenne », où se dégage, là aussi en bandeau, le grand cerf de nos forêts sauvages, symbole de la fécondité, des rythmes cosmiques et donc de toutes les renaissances.

L’esthétique est sans conteste porteuse d’éthique.

En guise de conclusion…

Le recours à l’imaginaire, au domaine du sensible, de l’évasion, n’est pas un moyen d’échapper au monde, de fuir le réel : c’est une autre façon de l’ensemencer, de s’en affranchir pour mieux le dominer, bref de « chevaucher le Tigre » (Julius Evola).

L’imagination ne nous porte pas à travailler contre le monde moderne, mais dans ses interstices : « Etre dans ce monde sans être de ce monde », comme l’a théorisé Guillaume Faye.

Et, dans sa virtualité même, par ses mensonges les plus grossiers, par les tabous dont il s’entoure et entend corseter la pensée, rien n’indique que le système informationnel, en tant que représentation du monde actuel, soit, en soi, porteur de réalité - ou soit tout simplement réel.
Ce n’est qu’un système de représentation parmi d’autres.

Certes, il dispose de l’apparence et des attributs du pouvoir.
Et nos valeurs, notre propre vision du monde, sont aujourd’hui sans conteste « en dormition ».

Mais rien ne nous empêche d’estimer et mieux encore de croire :

qu’Yggdrasil est bien l’axe du monde ; qu’Excalibur incarne la quintessence de l’esprit européen ; que le réveil de l’Europe, l’affranchissement de nos peuples et le retour du Roi sont davantage que des hypothèses portées par l’urgence ou la nécessité, voire des espérances trop facilement désolées, mais bel et bien des possibilités.

Il ne s’agit plus que de contribuer, à notre niveau mais à chaque instant, à rendre évidents, et accessibles, tous les possibles.

Rester prêts pour l’aventure.

© POLEMIA
24.10.2009

Notes :
1 Précision utile aux amateurs d’exactitude et de vérité qui se reconnaissent dans Polemia : attribuée à Foch, cette célèbre formule a en fait été empruntée par le maréchal français au général von Verdy du Vernois, l’un des principaux conseillers du stratège prussien von Moltke (source : Pascal VALENTIN, in « La pensée stratégique : une vocation pour l’Ecole militaire », n° hors-série de Défense nationale et sécurité collective, juillet 2009, p. 191,

2 Cité par Le Monde des Livres du 6 octobre 2009, p. 25.

3 « Relier ». Editorial de la revue Médium n°1, Automne 2004, Editions Babylone, Paris, p.3. www.mediologie.org/medium/medium.html et www.regisdebray.com/content.php?pgid=medium

4 Ibid., pp. 5-6.

5 Ibid., p. 6.

6 Cf. notamment Dominique VENNER, « Dictionnaire amoureux de la chasse », Plon, octobre 2000, http://www.amazon.fr/Dictionnaire-amoureux-chasse-Dominique-Venner/dp/2259191983/ref=sr_1_1?ie=UTF8&s=books&qid=1257008264&sr=1-1-spell

7 Jean-Paul PICAPER, « Crise du langage : la guerre des mots – Quelques procédés de la propagande », Eurbag n°19, janvier 2009, www.eurbag.eu/archives.htm

10 Olivier MAULIN, « Petit monarque et catacombes », L’esprit des péninsules, 2009, p. 189., http://www.amazon.fr/Petit-monarque-catacombes-Olivier-Maulin/dp/2353150667/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1257008485&sr=1-1-fkmr0. Pour être exhaustif, il convient de signaler du même auteur « Derrière l’horizon » (mars 2009), mais où l’imaginaire tient une place nettement plus secondaie, tant dans l’intrigue que dans le cractère des personnages.

Grégoire Gambier

jeudi, 19 novembre 2009

La fabrication de l'opinion par les sondages. Comment y parvenir?

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La fabrication de l'opinion par les sondages. Comment y échapper ?

Deuxième journée d'études sur la réinformation, organisée le 24 octobre 2009 par la Fondation Polémia
 

Ex: http://polemia.com/

Communication de Benjamen Blanchard


Introduction


1/ L'opinion publique existe-t-elle?

Étymologiquement, opinion vient du latin opinare, qui signifie « émettre un jugement sur quelque chose ou quelqu'un ».

Elle est par essence propre à chacun puisqu'elle relève d'une croyance, d'un assentiment, on assiste donc à une diversité des opinions.

Par définition, elle est difficile à cerner. Comment savoir quel est l'état d'esprit de l'ensemble d'une population? Car lorsqu'on parle d'opinion publique, il ne s'agit pas de la majorité mais bien d'un état d'esprit de l'ensemble le plus large d'une population donnée, composite et animé de forces contradictoires.

Pendant longtemps, le principal moyen pour les gouvernants de prendre le pouls de l'opinion publique était les ressources humaines. Les indics recueillaient l'état d'esprit sur les marchés, dans la rue, au comptoir. Cela permettait de mesurer l'état d'agitation (ou de calme) de la population, principalement parisienne puisque c'est elle qui préoccupait principalement le pouvoir.

Mais avec le développement de la démocratie, ce moyen devenait trop limité. Il a fallu trouvé autre chose.

2/ Rapide histoire des sondages (France et EU) afin de comprendre leur développement

Les premiers sondages datent du règne de Louis XV. Le Roi envoyait des récolteurs d'informations pour sonder l'opinion sur telle ou telle décision qu'il envisageait de prendre. En 1745, l'administration générale demande aux grands intendants de province d'établir un état de la richesse et de la pauvreté des peuples des provinces et surtout, «  de semer les bruits dans les villes franches de la province d'une augmentation d'un tiers sur le droit des entrées, et de la levée d'une future milice de deux hommes dans chaque paroisse ».

Puis dès le début du XIXème siècle sont organisés aux Etats-Unis des votes de paille. Il s'agit de simulations de joutes électorales à venir que des journaux réalisent en interrogeant leurs lecteurs dans discrimination de partis. Les modalités sont multiples: bulletin à découper dans le journal et à renvoyer, urnes installées à la sorties des bureaux, journalistes interrogeant des passants dans la rue... Le problème est qu'il s'agit surtout d'un artifice pour faire vendre un journal (et propager des idées politiques). On peut dire qu'en cela, il s'agit bien d'un sondage! Le principal problème est que ces votes de paille portent sur un échantillon très large constitué de manière complètement aléatoire.

C'est dans l'entre deux guerres que naissent les premiers sondages tels que nous les connaissons aujourd'hui, avec Georges Gallup. L'efficacité de sa méthode s'impose lors de l'élection présidentielle américaine de 1936 quand il prévoit la victoire de Roosevelt à partir d'un échantillon de quelques milliers de personnes dit représentatif. Alors que la revue Literary Digest, qui avait réalisé un vote de paille auprès de dix millions de personnes, avait prédit la victoire de Lardon sur Roosevelt.

Les sondages arrivent en France dans les années 1930 avec la création de l'IFOP

Mais, comme nous le verrons plus tard l'épanouissement véritable se fera avec l'avènement de la télévision et de l'élection présidentielle au suffrage universel direct.

Depuis, la France est devenue le premier pays producteur au monde de sondages, avec 6 millions de personnes sondées chaque année, sur des sujets divers et variés.

Chiffres et données récoltés sont autant d’oracles permettant de vendre des biens, de pressentir des succès commerciaux ou de pronostiquer des résultats électoraux.

Tout le problème réside dans la capacité ou non à utiliser des chiffres qui semblent parler d'eux mêmes. Comme nous le verrons par un exemple frappant, il faut savoir lire et utiliser les sondages. Ce n'est pas facile! Et quand on ne pas les utiliser, on dit qu'ils se sont trompés.

En étudiant un peu la question, je me suis rendu compte qu'il n'était pas du tout évident de trouver des cas d'erreurs manifestes. Car il faut bien se rendre compte qu'un sondage donne l'opinion de l'échantillon sondé à un instant T. Dès sa publication, par l'influence même dudit sondage, l'opinion aura déjà évolué.

Alors le rôle premier du sondage politique est la prédication électorale. Puis de tenter de connaître l'opinion publique. Mais on peut se demander si elle n'est pas elle même une invention des dits sondages?


A– Le sondage politique, une caution scientifique de la propagande


1/ Une technique qui se présente comme scientifique

Composition des panels de plus en plus sophistiquée

Pour comprendre ce qu'est et comment se fait un sondage, il faut tout d'abord rappeler son principe de base: l'échantillonnage représentatif.
Selon les sondeurs, l'échantillonnage est l'application basique des lois statistiques.
La métaphore de la soupe revient souvent: quelle que soit la taille de la soupière, inutile de tout manger pour savoir si la soupe est bonne ou non. Si elle est bien mélangée, une seule cuillerée suffit.

En statistiques, on appelle cela la « loi des grands nombres »: lorsque l'on fait un tirage aléatoire dans une série de grande taille, plus on augmente la taille de l'échantillon, plus les caractéristiques statistiques de l'échantillon se rapprochent des caractéristiques statistiques de la population.
Ensuite, il n'y a plus qu'à trouver la meilleure méthode pour appliquer ce principe.

Selon les spécialistes des statistiques, il faut que l'échantillon comprenne au minimum mille personnes pour être représentatif. Toute la difficulté est alors de composer cet échantillon de manière représentative. Pour cela, les sondeurs utilisent les chiffres de l'INSEE. Toutes les classifications sont utilisées: le sexe, l'âge, le niveau d'étude, la catégorie professionnelle, la géographie, l'orientation sexuelle etc. L'échantillon doit être comme une maquette: un modèle réduit de la population.

Vous pouvez remarquer dès à présent un moyen simple de manipulation: il s'agit de jouer sur les catégories utilisées pour composer le panel. Le simple fait de créer une sous-catégorie lui donne déjà un poids qu'elle n'a pas forcément réellement.


Par ailleurs, et les sondeurs l'avouent, cette technique qui, sur le papier, semble d'une précision chirurgicale, présente une imperfection majeure. Elle ne fonctionne que tant que les sondés acceptent de répondre. Pour cela, il faut avoir envie, avoir le temps et avoir une opinion sur le sujet abordé. Une part importante des sondés finit par ne pas répondre. Ce qui fait que le sondage n'est finalement représentatif que des gens qui acceptent de répondre.


Il s'agit déjà d'un premier paramètre à prendre en compte lorsqu'on lit un sondage.

Cette présentation scientifique du sondage a été renforcée par le développement des études universitaires sur le sujet. Dès l'Entre Deux Guerre, aux Etats-unis, on a assisté à l'émergence d'une science de l'opinion publique. Cette nouvelle discipline se fonde sur le caractère scientifique supposé de la technique et également en reprenant la posture des sondeurs quant à l'étude de la réalité sociale.

Enfin, il semble que la meilleure arme des sondages soient leur utilisation des chiffres. Il existe une véritable « intimidation des chiffres » sur le lecteur ou le téléspectateur. « Ca fait scientifique » comme le dit Alain Garrigou, professeur en sciences politiques à Nanterre et très critique à l'égard de l'usage politique des sondages d'opinion.

Qui n'a pas en tête un débat télévisé dans lequel les adversaires s'assomment de chiffres et brandissent leurs papiers en clamant « j'ai les chiffres »?


2/ Le bras armé de toute propagande

Dès l'origine, le sondage fut d'abord un outil de propagande. La campagne présidentielle de 1965 marque la véritable naissance des sondages en France. Sous les troisième et quatrième République, l'IFOP, premier sondeur français, n'arrive pas à vendre ses enquêtes politiques. L'élection de 1965 est l'occasion rêvée pour l'IFOP puisqu'il s'agit de la première élection présidentielle au suffrage universel direct, depuis 1848. La campagne fut pleine de rebondissements.

Lorsque le général De Gaulle annonce, tardivement, sa candidature à la télévision (« Moi ou le chaos »), son élection au premier tour semble acquise. L'IFOP le créditait de 70% et n'arrivait pas à vendre ses sondages, tant le suspens était maigre. Puis vint la candidature centriste de Jean Lecanuet. « L'américain », « Dents blanches »... qui a divisé l'électorat de droite. L'effet est immédiat: cette candidature crée une incertitude, donc l'fop et la Sofres multiplient les sondages, ce qui poussent les journaux à en commander etc. Le pouvoir, confronté à quelque chose qu'il ne maîtrise ni ne connaît, réagit par l'indifférence et le mépris, sûr de sa victoire.

Au contraire, l'équipe de Lecanuet se gargarise de ces sondages et s'en sert pour justifier la légitimité de son candidat. Alors qu'il souffre de l'absence d'un appareil partisan puissant pour le soutenir, Jean Lecanuet compense en maniant les sondages à merveille.

A 48 heures du premier tour,France-soir, qui est alors le premier quotidien de France tirant à un million trois cent mille exemplaires, publie en une le dernier sondage de l'Ifop « les derniers pronostics ». De Gaulle y est donné en ballotage avec 43% des voix. Mitterrand serait deuxième avec 27% et Lecanuet atteindrait 20%! Ce sondage était effectué sur un échantillon de 1500 personnes.

Cette une provoque l'ire du ministre de l'Intérieur, Roger Frey qui appelle le directeur de France-Soir pour lui dire que le sondage du ministère, effectué auprès de 6000 personnes, trouvais 54% pour le général. Le directeur du journal sort alors une nouvelle édition avec en une, sous le même titre, côte à côte le sondage de l'Ifop avec celui du ministère de l'intérieur. Cette nouvelle une provoque de nouveau la colère du ministre.

Finalement, les résultats donneront raison à l'Ifop puisque de Gaulle est mis en ballotage avec seulement 44% des suffrages, devant Mitterrand à 32% et Lecanuet à 16%.

Par la suite, on apprendra que les renseignements généraux n'avaient pas prévu 54% mais 46%. Le ministre avait pensé qu'en manipulant le sondage, il donnerait un coup de pouce au général. Ce qui n'est pas du tout certain d'ailleurs...

Cet épisode fait prendre conscience aux gouvernants de l'importance de cet outil, qui ne se manie pas en amateur.

Neuf ans plus tard, à la mort de Claude Pompidou, l'ancien Premier ministre et maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, constate à ses dépens l'importance de bien maîtriser les sondages et les médias qui les publie. Au cours de cette campagne rapide (à peine un mois), la candidature du candidat officiel de l'UDR va vite sombrer, perdant toute crédibilité au fur et à mesure de la publication de mauvais sondages.

Il est intéressant de noter que le 9 avril 1974, la Sofres donnait deux point d'avance à Chaban sur Giscard (29 contre 27%). Le 5 mai, au soir du premier tour le second obtient 30% des voix, soit deux fois plus que son concurrent UDR (32 contre 15,1%).

On peut retenir dès à présent que le premier sondage annonçant un décrochage de Chaban (donné largement battu par Mitterrand au second tour, alors que Giscard était donné gagnant) fut établi par les Renseignements Généraux, qui dépendaient du ministre de l'Intérieur, qui n'était autre qu'un certain Jacques Chirac... La publication dans France soir n'arrangea évidemment pas les affaire de Chaban Delmas.

Alors qui dit propagande, dit manipulation du sondage. En effet, le commanditaire doit pouvoir l'adapter au résultat qu'il veut obtenir. Pour cela les techniques sont variées et nous les connaissons bien: question biaisée, panel composé de manière à insister sur telle ou telle catégorie...

En aval, et de manière plus subtile, il peut s'agir également de la présentation des réponses lors de la publication du sondage, ou du commentaire qui les accompagne. Je ne m'étendrai pas là dessus car c'est suffisamment décrypté et dénoncé dans nos milieux.

La méthode qui semble finalement la plus simple et la plus efficace est tout simplement de modifier le résultat du sondage, comme le ministre Frey, ou d'en créer un faux.

Si cela est bien fait et bien amené, c'est très difficile à repérer. Évidemment, un sondage annonçant exactement une tendance inverse de tous les autres est un peu suspect.

Depuis 1965, les sondages se sont imposés comme un essentiel de toute propagande politique, au milieu des procédés plus classiques que nous connaissons bien (matraquage sur un sujet, exploitation d'un fait divers, compassionel, accusation...)

Au vue de la puissance d'impact des sondages sur l'opinion, s'est très vite poser la question de leur usage. Les gouvernants comprennent vite qu'il est impossible de contrôler entièrement les mouvements de l'opinion, car les masses sont pas définition très instables.

Peu à peu s'est installée l'idée que, si une équipe voulait avoir une chance de conserver le pouvoir, ou de le conquérir, aux prochaines élections, il lui fallait coller le plus possible à l'opinion, la suivre.


B–  Coller à l'opinion ou la fabriquer?


1/ Coller à l'opinion pour rester populaire: le mirage démocratique

Avec le développement de la pseudo science sondagière, nos gouvernants aux convictions très affermis vont croire avoir trouver une sorte d'élixir du pouvoir éternel. Ce phénomène émerge avec Valéry Giscard d'Estaing qui, le premier, s'est entouré d'un consultant spécifique pour les sondages afin de savoir ce que les Français pensaient de lui. Ce phénomène se renforce nettement avec l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir. C'est véritablement l'invention d'une nouvelle gouvernance. Pour rester populaire, il faut coller à l'opinion. Pour cela, il faut la connaître. Pour connaître l'opinion, il faut la sonder sur tout, tout le temps.

De l'Elysée aux différents ministères, les sommes dépensées en sondages quotidiens sont colossales. (A cette époque, tout est versé en liquide, en provenance des caisses noires). L'Elysée fait appel à des professionnels de la communication comme Jean-Pierre Audour et Jacques Pilhan pour les sondages, et s'entoure de consultants extérieurs. Jacques Pilhan était d'ailleurs passé maître, tout au moins c'était sa réputation, dans le domaine de la manipulation et en particulier via les sondages.

Le gouvernement Jospin de 1997 à 2002, fera également une consommation immodérée de sondages mais d'une autre manière. Il s'agissait plutôt d'une sorte de miroir de la belle aux bois dormants: sondage, sondage, suis-je toujours populaire? On pourrait dire que ce gouvernement s'est laissé véritablement intoxiqué par ses bons sondages de popularité, qui ont encore renforcé la déconnexion naturelle de nos élites avec la réalités.


Mais le paroxysme de cette course derrière une opinion introuvable est atteint lors de la dernière campagne présidentielle.

Nicolas Sarkozy a préparé le terrain dès 2006 puisque le ministère de l'intérieur avait commandé au Cevipof une enquête en quatre vagues sur des échantillons représentatifs de plusieurs milliers de personnes. L'importance de l'échantillonnage n'avait pas pour objet de rendre le sondage plus stable, mille personnes suffisent, mais de pouvoir travailler sur des sous-populations et des thèmes plus importants. Le but était de chercher ce qui était en train de changer dans notre société, l'évolution des mentalités. Cette enquête semble avoir été faite avec un certain sérieux scientifiques et était très complète.

En tous cas, elle a servi à préparer la campagne électorale du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy. Cela lui a permis de choisir les thèmes de campagne en fonction de ce qu'attendait les français sondés, de choisir ses réponses aux problèmes etc. Ce sondage, non compris dans les comptes de campagne, a coûté la bagatelle de 600.000 euros, payés sur fonds publics.

Par la suite, Nicolas Sarkozy va faire un usage immodéré des sondages pendant sa campagne. Il s'agit véritablement d'un travail de veille et d'anticipation de l'opinion. Il utilise la technique des focus groups: on met un groupe d'électeurs derrière une glace sans tain, on leur soumet des discours politiques et on étudie leurs réactions. Ainsi, on essaye de savoir ce qui marche auprès de l'opinion publique et ce qui ne marche pas. A cela s'ajoute des commandes quasi quotidiennes de sondages d'opinion, qualitatifs et quantitatifs.

Ainsi, Nicolas Sarkozy adapte tous ses discours, décisions et son comportement aux résultats des enquêtes. Ce n'est pas Nicolas Sarkozy que vous entendiez pendant la campagne, mais ce que l'opinion majoritaire était censée vouloir entendre.

A gauche, Ségolène Royal n'était pas en reste. N'oublions pas que ce sont les bons sondages qui lui ont permis d'emporter à la hussarde l'investiture socialiste. Dès l'été 2006, avant même sa désignation, elle commande une batterie de sondages sur sa coupe de cheveux, la longueur de son tailleur ou la couleur que devrait porter le Président de la République. Disposant de ressources plus limitées que son concurrent, elle ne peut pas commander autant d'enquêtes d'opinion.

Cependant, son thème principal de campagne, la « démocratie participative », est très évocateur. Le système mis en place, via le site internet de désirs d'avenir, et les sections locales de l'association, se veut une alternative aux sondages, une sorte de démocratie directe spontanée et volontaire....

2/ la construction de l'opinion

Tenter de coller à l'opinion ou à l'image que les sondages en donnent ne suffit pas à assurer l'élection. Il faut parfois agir activement pour faire en sorte de donner un coup de pouce à son candidat.

Il est bien sûr difficile de livrer des cas avérés de manipulation flagrante. Si on les soupçonne, on en a rarement la preuve. Par définition, les éventuelles manipulations sont appelées à rester secrètes. De plus, il est difficile de de distinguer entre les erreurs techniques commises par les instituts (« les sondages se sont trompés ») et les erreurs volontaires.


Grâce à Frédéric de Saint-Sernin, on peut étudier deux beaux cas d'écoles. Cousin germain de Dominique de Villepin, ancien solidariste, Frédéric de Saint-Sernin fut conseiller auprès de Jacques Chirac, chargé des sondages et des études d'opinion, de 1994 à 2006. Il est depuis président de club de football de Rennes, propriété de François Pinault. Est-ce parce qu'il s'est retiré de la vie politique? En tous cas il a accordé à Nicolas Jallot, auteur d'un opuscule intéressant sur le sujet, un entretien passionnant sur ses années auprès de l'ancien président, décortiquant deux magnifiques processus de manipulation dont il fut l'auteur.

Tout d'abord lors de l'élection présidentielle de 1995. Au premier tour, Lionel Jospin est arrivé en tête avec 23,4% des voix, devançant chaque Jacques Chirac qui recueille 20% des voix et Edouard Balladur 18,5%. Tous les sondages prédisent une victoire du candidat du RPR au second tour, mais une victoire plus serrée que prévue avec entre 52 et 53% des voix. Cependant, Frédéric de Saint-Sernin s'inquiète de l'éventualité de mauvais reports de voix à droite, après une campagne délétère entre les deux anciens « amis de trente ans », et d'une abstention de l'électorat de droite.

Il lance alors des rumeurs quant à l'existence de sondages confidentiels, selon lesquels rien ne serait joué, les deux candidats étant au coude à coude, voire même avec une légère victoire de Lionel Jospin. Après 14 ans de présidence Mitterrand et un raz-le-bol du socialisme assez répandu dans la population, la rumeur se répand comme une trainée de poudre. Les journalistes la reprennent, soit par volonté manipulatrice en faveur de Jacques Chirac, soit par naïveté. Toujours est-il que, de l'aveu même de Frédéric de Saint-Sernin, « ça a bien fonctionné. Nous constatons après coup que les reports à droite se sont mieux faits parce qu'il y avait une incertitude. Ça, pour nous, c'était primordial. Des sondages publiés donnant Chirac gagnant nous faisaient peur. Je craignais que l'électorat de droite ne se démobilise et se dise: Puisque Chirac va gagner, on ne va pas voter. Pour moi c'était le pire des scénarios et pour éviter cela, il faut faire peur et il faut mobiliser les gens. »

Si on compare avec la réaction du ministre de l'Intérieur Roger Frey, en 1965, évoquée au début de ce petit exposé, on ne peut que constater qu'est loin le temps de l'amateurisme, où Roger Frey ne songeait qu'à camoufler de mauvais résultats. Saint-Sernin, fin connaisseur de la psychologie des électeurs, a conscience que, près d'une élection, de trop bons sondages peuvent avoir un effet de découragement sur les électeurs les moins motivés.

On peut ajouter que, lors du premier tour de la même élection (présidentielle de 1995), Jean-Michel Lech, le conseiller en opinion de Lionel Jospin aurait utilisé la même stratégie. Il aurait fait paraître, pendant toute la semaine avant le premier tour, des sondages annonçant que Lionel Jospin n'arriverait qu'en troisième position, provoquant un second tour Chirac/Balladur. C'est en tous cas ce qu'affirme le politologue Jean Charlot mais le conseiller en question n'a jamais dévoilé ses cartes.
La deuxième anecdote racontée par Saint-Sernin est la plus marquante, car nous nous souvenons tous de l'élection présidentielle de 2002.

Depuis cinq ans, tous la classe médiatico-politique prévoit un affrontement au second tour entre les deux têtes de l'exécutif, le Président Chirac et le Premier ministre Jospin. Ce second tour inévitable éclipse totalement le premier tour auquel se présentent pas moins de seize candidats. On multiplie les sondages sur ce deuxième tour prévu. Ainsi, on recense pas moins de 26 sondages pour l'élection présidentielle dans le seul mois de mars. Tous s'accordent sur le fait que Lionel Jospin possède une avance légère, mais substantielle, que Jacques Chirac n'arrive pas à combler. Au contraire, il semble même se tasser autour de 46 ou 47 %. L'équipe de campagne de Jacques Chirac, à quelques jours du premier tour, semble désemparer et commence à préparer ses cartons à l'Elysée.

Mardi 16 avril 2002, Serge July écrit dans Libération: « Jacques Chirac et Lionel Jospin sont assurés du second tour. »

Jeudi 18 avril 2002, à trois jours de l'élection, paraissent les derniers sondages autorisés. Le Point titre « Chirac-Jospin: 50-50 ».

Saint-Sernin raconte que ce jour là, en lisant les derniers sondages, a pourtant compris que son candidat avait presque gagné la partie et qu'il avait juste besoin d'un petit coup de pouce. Peut être ne vous en souvenez-vous plus, mais quant à moi, j'étais étudiant à sciences po à l'époque et lisais chaque matin de nombreux titres nationaux et régionaux. Je me souviens bien de ces derniers sondages et surtout des courbes qui étaient tracées. En moins de trois semaines, Jean-Marie Le Pen avait vu ses intentions de vote passaient de 9 à 14 %. Jeudi 18 avril certains sondages le donnaient à 16%.

Quant à Lionel Jospin, les dernières semaines de campagne avait vu sa côte passer de 25 % à 19%, au profit des petits candidats de gauche.
Saint-Sernin s'est contenté de lire les sondages, sans les œillères du prêt-à-penser qui voulaient que le deuxième tour soit déjà joué.

Ce jeudi 18 avril, il raconte son intervention à la réunion des conseillers de Jacques Chirac, où il leur explique son plan: si on en étudie sérieusement les sondages et qu'ils ne se trompent pas, le second tour pourrait voir s'affronter Chirac et Le Pen, auquel cas Chirac volerait vers une victoire assurée au second tour. Pour cela, il faut mobiliser les électeurs chiraquiens dès le premier tour afin d'éviter que ce soit lui qui soit éliminé. Évidemment, personne ne peut le croire tellement cette « monstruosité » semble impensable dans ces cercles bien-pensants. Lorsqu'on lui demande comment mobiliser les électeurs alors que l'abstention s'annonce massive et que le temps du weekend s'annonce estival, Saint-Sernin répond: « Il faut faire peur, il faut mobiliser les gens. »

Il met alors en œuvre la même technique qu'en 1995, mais à plus grande échelle. La publication de sondages étant interdite en France les jours précédents l'élection, il fait publier de faux sondages dans la presse anglaise et suisse. Ces vrais faux sondages sont largement repris sur internet le samedi 20 avril. Ils prédisent une arrivée en tête de Lionel Jospin avec près de 25%, suivi de Jean-Marie Le Pen et enfin de Jacques Chirac autour de 15%. L'influence de ces sondages est multipliée par le caractère faussement secret issu de l'interdiction de publication en France. L'aura de mystère qui les entoure frappe l'opinion.

Saint-Sernin précise ici: « si, le 21 avril, le dernier sondage avait été publié dans un journal du dimanche disant que Jospin était au coude à coude avec Le Pen, je peux vous garantir que, le soir, Le Pen n'était pas au second tour. »

Cette position est peut être exagérée, mais il est certain que ces faux sondages, donnant Jospin largement en tête, ont contribué à la démobilisation de l'électorat de gauche qui s'est peut être plus abstenu mais surtout s'est plus facilement dispersé vers les petits candidats de gauche qui étaient légion (Chevènement, Taubira, Mamère, Besancenot etc). A l'inverse, la crainte de ne pas voir le Président sortant au second tour a mobilisé l'électorat de la droite parlementaire et surtout l'a incité à resserrer les rangs autour de son candidat principal. On constate d'ailleurs que les scores des petits candidats de droite sont très faibles (Saint-Josse, Pasqua etc)

On pourrait s'étonner de l'absence de réaction du camp Jospin à ce moment. Gérard Le Gall, le conseiller de Jospin, avait également senti que la présence au second tour n'était plus assurée. Il a informé l'équipe de campagne de cette éventualité mais personne n'a pu le croire, par suite d'une réaction émotionnelle. J'ajouterai également par orgueil, car Jospin était tellement sûr de sa victoire qu'il n'envisageait rien d'autre, comme Balladur en 1995. On a là deux exemples de candidats qui, gavés de bons sondages pendant plusieurs années, ont fini par croire en ces bonnes nouvelles et que ces bonnes nouvelles allaient se réaliser.

Il apparaît également que les médias se sont posés la question, en particulier jeudi 18 avril, de l'éventualité d'un second tour avec Jean-Marie Le Pen. Pourtant, aucun n'a osé titrer là dessus. Cela ne nous surprendra pas... mais ça c'est retourné contre eux.

Nous connaissons la suite.... Dernière petite précision sur l'élection de 2002. Vous vous souvenez tous du climat épouvantable qui a régné pendant les deux semaines de l'entre deux tours. Je me souviens d'une rumeur, concernant un sondage des Renseignements Généraux, donnant Le Pen à 40% et Chirac à 60%. Saint-Sernin explique dans ce même entretien qu'il l'avait lui même commandé aux RG afin d'assurer, s'il en était besoin, une participation maximale pour le second tour et un score record pour son candidat. Toujours la même technique: majorer les intentions de vote pour l'adversaire pour effrayer, minorer celles pour son candidat pour mobiliser.

Quand on demande à Saint-Sernin s'il y a eu manipulation, il reconnaît:  « oui bien entendu, mais il fallait aider le président à être au second tour. »

Alors tout cela est saisissant. On peut avoir du mal à y croire, mais ayant suivi d'assez près cette campagne électorale, tout cela semble crédible et mérite en tous cas qu'on s'y attarde. Méfiance, méfiance.


Conclusion

Alors n'étant pas un gourou des médias, je n'ai pas de remède miracle pour échapper aux manipulations. Comme d'habitude, le meilleur moyen d'éviter la manipulation est la maîtrise du sujet. Il faut se former, vérifier, recouper les informations, étudier le sondage en détail, voir qui est le commanditaire, qui est l'organisme ayant réalisé l'étude, comment sont posées les questions, comment est constitué le panel représentatif, surtout étudier les courbes pour y détecter tout mouvement suspect etc...

J'insiste sur le fait qu'il faut toujours regarder qui commande le sondage, car on y pense rarement. Le problème est que ce n'est pas toujours dit. Les instituts reconnaissent eux mêmes que parfois, le client commande un sondage avec un résultat. Dans ce cas, l'institut ne sert qu'à donner une apparence scientifique à une opération de pure propagande.

Mais étant donnés les liens entre les médias et les partis politiques, on peut légitimement s'interroger si cette pratique n'est pas en fait généralisée à la majorité des sondages publiés.

C'est plus facile à dire qu'à faire, surtout lorsqu'on est jeune, mais il convient également de faire preuve de prudence et de circonspection à la lecture d'un sondage. Que l'enthousiasme ne provoque pas l'aveuglement!

Il faut surtout bien penser à différencier l'opinion publique, qui n'est qu'une projection médiatique forcément déformée, de la réalité, qui ne peut être perçue que par le contact direct. Le meilleur baromètre reste le marché et le comptoir des cafés. La prise directe avec nos compatriotes vaut tous les sondages du monde.



Bibliographie:

Manipulation de l'opinion, ce sont les sondages qui le disent... Nicolas Jallot, Ed Stock (2007), c'est un grand reporter, beaucoup de témoignages.

La Fabrique de l'opinion, une histoire sociale des sondages aux Etats-Unis et en France (1935-1965), Loïc Blondiaux, Ed Seuil (1998) Thèse pour le doctorat de science politique. Très intéressante pour qui veut comprendre en détail les mécanismes statistiques, tout l'historique des sondages.

L'Empire des sondages, Transparence ou manipulation,
Michel Brulé, Ed Robert Laffont (1988) à l'Ifop, puis fondateur de l'institut BVA en 1970 Administrateur de Contribuables associés

150 petites expériences de psychologie des médias pour mieux comprendre comment on vous manipule, Sébastien Bohler, Ed Bunod (2008)
Tous ces ouvrages sont répertoriés sur amazon.fr

Image : couverture du livre Manipulation de l'opinion, ce sont les sondages qui le disent...


Polémia
16/11/2009


 

Benjamen Blanchard

samedi, 07 novembre 2009

Mei '68: de mythe, de realiteit, en de hormonen

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Mei ’68: de mythe, de realiteit, en de hormonen


 

  
Lezing gegeven in het Vlaams Parlement, 17 mei 2008

 


 Johan Sanctorum / http://www.visionair-belgie.be/

   

Van kostschoolopstand tot teletubbie-dictatuur

Ik dank de organisatoren van dit colloquium voor de uitnodiging. Een ook ter linkerzijde goed aangeschreven filosoof erbij halen, het blijft een risico, je weet nooit wat de man gaat vertellen, en het pleit alleszins voor de breeddenkendheid van de initiatiefnemers. En dat cordon sanitaire doorkruisen,- het blijft zoals U weet een geliefde hobby van me.

Ik zal het vandaag kort hebben over drie zaken die me nauw aan hart liggen,- en ik denk dat ik ook voor het grootste deel van deze achtbare vergadering mag spreken,- namelijk politiek, cultuur en sex.

Mei ’68, het betekent voor ieder van ons iets anders, in zoverre zelfs, dat ik me afvraag of het wel als algemeen begrip de geschiedenis zal halen.  Ik was toen veertien en herinner me vaag zwart-wit TV beelden van Franse studenten die met straatkasseien gooiden, Sovjettanks in Praag, gitaarspelende hippies in Berkeley, anti-Viëtnambetogingen zowat overal, kabouters in Amsterdam, en niet te vergeten: de tirades tegen het establishment vanwege studentenleider Paul Goossens in Leuven, naderhand topfiguur van datzelfde politiek-cultureel establishment, en onlangs door heel de pers uitgewuifd als gepensioneerd Belga-journalist.

Die metamorfose van rebel tot boegbeeld van een ‘links-progressieve’ elite, daar heb ik het straks nog over. Maar wat hebben al deze evenementen, van Praag tot Berkeley, eigenlijk gemeen? Vrijwel niets. Behalve dat ze zich allemaal in het jaar 1968 afspeelden en schone plaatjes opleverden. Het zijn eigenlijk vooral de media, met het nieuwe medium televisie op kop, die er een verzamelnaam aan gegeven hebben, als hing er toen wereldwijd iets in de lucht. En het zijn ook de media die vandaag hun archieven oprakelen om dit non-event met een nostalgisch parfum te besproeien. De ’68-gebeurtenissen leverden immers de beste TV-beelden van die decade op, naast de Vietnam-oorlog natuurlijk. De mediatieke hype die zo gecreëerd werd, vanuit een aantal onsamenhangende gebeurtenissen, leidde tot een historische mythe waar de protagonisten zelf in gingen geloven. Tot op vandaag.

Er stelt zich dan ook een dringende behoefte aan een kritische lezing van de feiten en een demystificatie van het begrippenkader. Een poging dus tot echte historische kritiek die ballonnen doorprikt, mechanismen ontrafelt en processen reconstrueert. Uit die reconstructie blijkt namelijk vooral de inhoudelijke leegte, de gewichtloosheid en het Narcistisch-puberaal karakter van heel dat Franse mei-68 gebeuren.  Het heeft een hypotheek heeft gelegd op het politiek bewustzijn van vandaag, ons taalgebruik, de beeldcultuur, de zogenaamde vrije sexuele moraal. Het dient overigens gezegd dat tenoren uit de Franse denkwereld, zoals de psychoanalyticus Jacques Lacan, ook al die ballon doorprikt hebben. In 1969 al sneerde hij zijn Maoistische studentenpubliek toe dat ze het woord 'revolutie' hebben uitgehold en dat ze binnenkort dat establishment, waartegen ze zo tekeer gingen, zouden overnemen. Profetische woorden...

Neem nu inderdaad het woord ‘revolutie’ zelf. Het is niet toevallig dat sinds die periode alles en iedereen zich ‘revolutionair’ is beginnen noemen,- de weergaloze inflatie van deze term weerspiegelt al het licht soortelijk gewicht van de politieke statements uit die tijd. Sinds het ultrafijn borsteltje dat Chanel bij de mascara ‘Chanel Inimitable’ meelevert, door de producent zelf als ‘revolutionair’ wordt bestempeld, is het misschien nuttig om dat woord eens tot zijn essentie te herleiden.

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Historisch gezien zijn er namelijk maar twee vormen van authentieke revoltes, namelijk de hongeropstand en de vrijheidsbeweging. Op straat komen omdat Uw kinderen van de honger creperen, dàt is een goede reden om met kasseien te gooien. Ik ben in dat opzicht een Marxist. De tirannenmoord anderzijds, een instinctief-liberaal vrijheidsgebaar tegen de verknechting, is een tweede archetype van de revolte. De Franse revolutie van 1789 verenigde die twee, dat gaf haar het historisch momentum. Wat men achteraf ook moge beweren: de intellectuelen liepen er maar achter, en zaten op café toen de hongerige meute de Bastille bestormde.

Honger en/of verknechting. De maag en het hart. De probleempjes van de Grote Revolutie ontstaan echter daar, waar er eigenlijk geen objectieve voorwaarden voor de revolte aanwezig zijn, maar waar de jeugdige hormonen toch beginnen op te spelen. Op dat moment ontstaat er een soort verkleutering, tot op een niveau van kinderachtige charades, collectieve verbrandingssessies van testosteron, Narcistische opflakkeringen van gelegenheidsredenaars, allerlei ludieke acties rond ‘emancipatie’-issues, kat-en-muisspelletjes met de politie om toch maar de schijn van een repressief klimaat te creëren in de hoop dat er eentje zijn matrak bovenhaalt en er een TV-camera in de buurt is, kortom: er wordt een virtuele realiteit gecreëerd die, in het geval van mei-68,  zichzelf opblies tot ‘een historisch moment’. En omdat er geen honger in het spel was, en eigenlijk ook geen echte repressie, althans niet in het 'revolutionaire' epicentrum Parijs, bedacht men ter plekke dan maar een derde soort revolte die hier van toepassing leek, nl. de 'culturele revolutie'.  Een lege doos, zo blijkt nu.

Want uit heel de reconstructie van het discours uit die dagen blijkt, hoe de jongens en meisjes wanhopig zochten naar een politiek-culturele legitimatie voor hun hormonenopstoot. We weten ondertussen allemaal hoe het is begonnen: in Nanterre wilden de mannelijke kotstudenten op de meisjesslaapkamers geraken. Een kostschoolopstand, als het ware. Pas toen dat niet lukte, werden de grote retoriek en het revolutionaire programma bovengehaald. Het staat inderdaad nogal idioot om het aftreden van een regering te eisen omwille van vlinders in de buik. Men afficheerde het dus als een ‘culturele revolutie’, een algemene Umwertung aller Werte, een zaak van vrouwenemancipatie, sexuele vrijheid, artistieke vrijheid, om tenslotte zelfs de arbeiders in de Renault-fabrieken wijs te maken dat dit hun strijd was

De ironie van de geschiedenis is dus, dat er rond 1968 een aantal min of meer authentieke verzetsbewegingen het nieuws haalden (de Praagse Lente, de anti-Vietnamdemonstraties, Leuven-Vlaams…), maar dat het meest gemediatiseerde feit, datgene waarvan de beelden heel de wereld rondgingen, nl. de Parijse studentenopstand, weinig meer was dan een hormonaal aangestuurd straattheater.

Los van bv. de gebeurtenissen in Praag en het protest tegen de Vietnamoorlog, vormden de Parijse studentenrellen van mei ’68 in essentie weinig meer dan een ludieke vadermoord, een uit de hand gelopen testosteron-opstoot vanwege een zorgeloze jeugd met tijd teveel. De zoektocht naar een politieke legitimatie voor deze quasi-revolutie eindigde in een volstrekt leeghoofdig ‘progressisime’, dat op zijn beurt de politiek-correcte ideeëndictatuur van de jaren ’90 zou voortbrengen. Het handhaven van deze bewustzijnsvernauwing was dé voorwaarde voor de ’68-generatie om haar politieke en culturele machtsgreep te bestendigen.

Ik denk dat de leugen, die toen al in het verhaal zat, zijn eigen leven is gaan leiden en zichzelf heeft versterkt, doorheen de tijd, tot diep in de jaren ’90-, met als apotheose bij ons het aantreden van 'paars'.

Want het tweede groot probleem dat zich stelde voor de protagonisten van die onnavolgbare Chanel-generatie, na de politieke legitimatie van de testosteronrevolte, is het moment waarop ze als veertigers en vijftigers zelf aan de macht kwamen. Toen moesten de Vandenbrouckes, de Van de Lanottes en de Van den Bossches, die in hun jonge tijd nog met het rode boekje van Mao hadden gezwaaid en nu hun ‘lange mars door de instellingen’ beloond zagen met een buikje, een ministerpost, en tenslotte een functie van gedelegeerd bestuurder bij BIAC, beletten dat hun lege doos werd opengedaan,- de doos van een tot jeugdsentiment verworden kostschoolopstand. Hoe konden de contestanten van weleer beletten dat ze zelf gecontesteerd werden?

Daartoe moest het huidige regime van de oud-'68-ers bijna voorgesteld worden als een verwezenlijkte utopie, de beste der mogelijke werelden waar zij zogezegd voor op de barrikaden hadden gestaan, en die zij nu ook rechtmatig mochten besturen. Deze buikjesdans van oudstrijders heeft een specifiek en subtiel soort onverdraagzaamheid opgeleverd. Het is namelijk in deze teletubbie-sfeer van verplichte blijdschap en het eeuwigdurende carnaval dat het ‘politiek-correcte’ discours is ontstaan: een complex van retorische en semantische kunstgrepen, censuur en zelfcensuur, waardoor vrijheid en bevoogding elkaar perfect overlappen. Het resultaat was een soort mainstream-progressiviteit die vooral gericht was op het onderdrukken van tegenstromen, het afstoppen van externe vraagstelling (‘waar zij we eigenlijk mee bezig?’) en het ontmoedigen van historische kritiek.

De eerste leugen (de mythe van de 'culturele revolutie') werd dus toegedekt met een tweede leugen (de demonisering van elke fundamentele dissidentie). Om te beletten dat er fundamentele vragen zouden gesteld worden rond die speeltuinrevolutie en haar politieke travestie, moest de euforische logica van de bezette meisjesslaapzaal ook in alle geledingen van de maatschappij doorgetrokken worden. Alles wat daarbuiten viel, was fout, politiek-incorrect, ondemocratisch, rechts, extreemrechts, racistisch, sexistisch, fascistisch enz.

Mei '68 heeft ons niet bevrijd, het heeft alleen de vrijheid tot sloganeske sluier verheven, die breed gedrapeerd is over de repressiemechanismen van de postmoderne netwerkstaat, de fluwelen logedictatuur, de democratie van de kiesdrempels, de cordons sanitaires en de politieke processen.

Mei '68 riep zichzelf eerst uit tot het jaar nul, het begin van een nieuwe tijdrekening, maar stremde gaandeweg tot het einde van de geschiedenis, het jaar 1984 van Big Brother. Binnen dit postmodern paradigma wordt elke kritiek zinloos en zijn de machthebbers tegelijk de behoeders van de vrijemeningsuiting via hun ingenieuze newspeak. Paars heeft dat procédé van de taalmanipulatie en de bewustzijnsvernauwing tot een kunst verheven. Zo ontstond er rond deze machtsgeneratie van de 68-ers een aureool van immuniteit. In het zelfverklaarde paradijs is er geen ruimte voor dissidentie, vermits het per definitie perfect is. Chanel inimitable, weigert alle namaak. De enige gepaste regeringsvorm van Utopia is die van de fluwelen dictatuur. En daar zitten we middenin. Nog altijd. Al zijn er tekenen dat er sleet op begint te komen.

 

'De verbeelding aan de macht': apotheose van het cultureel establishment

Men zou nu verwachten dat de culturele elite,- kunstenaars, academici, media- die manipulatie doorziet en er zich tegen afzet. Niets is minder waar. Ze is zelf meegestapt in de euforische parade van de verwezenlijkte utopie, en heeft het motto 'de verbeelding aan de macht' op een bizarre wijze gerealiseerd, nl. als een feest van de perceptie, een stroom van simulacres,- zoals de Franse filosoof Baudrillard ze karakteriseert. Schaduwvoorstellingen die ons het zicht op de realiteit ontnemen en dus ook de externe kritiek onmogelijk maken, hetgeen hun systeembevestigend karakter verraadt. 

 medium_moutons.gifCultuur, althans de officiële, geaccrediteerde versie, verwerd tot het hilarische trompetgeschal rond de tribune van de poco-dictatuur. De opdracht was en is om te verwarren, mist te spuiten. De ontzettende logorrhee en beeldenstroom die elke dag op ons afkomt, oversatureert ons bevattingsvermogen compleet, maakt ons murw en mentaal weerloos. Ook dat is een erfenis van het ’68-theater en de machtsgreep van deze ludieke generatie. Alles is scherts, ironie, spel, franje. Het politiek bedrijf, de cultuurindustrie en de media convergeren rond deze mateloze cultus van de schijn, het beeld en de perceptie, in een spektakelmaatschappij waarin je alleen bestaat als je op TV komt. En ook dat heeft hoger vernoemde Jacques Lacan achteraf scherp ontmaskerd,- ik citeer: "Cultuur is verworden tot een machinerie van hysterische waarheden die elkaar opvolgen als modieuze gadgets zonder samenhang en zonder schaamte."  

De aan hysterie grenzende libertaire roes van na ‘68, die ons figuren als Jan Hoet en Hugo Claus opleverde, heeft de modale burger niet kritischer of mondiger gemaakt. Integendeel, de veelbezongen artistieke vrijheid beperkte zich vooral tot de zelfverheerlijking van een nieuwe, mediagestuurde elite van trendintellectuelen die zich klakkeloos associeerden met de paarse euforie en haar perceptielogica.
Daarbij hanteerden ze het ‘surrealistische’ Belgische model als een spiegelbeeld van hun eigen flou artistique. Omgekeerd blijft het neo-unitaire regime deze elegante cultuurclowns koesteren, als apologeten van een complexe, ondoorzichtige staatsbureaucratie.

 

In het zog van Coco Chanel definieert elke kunstenaar zich als een 'rebel', terwijl hij eigenlijk de intransparantie van de postmoderne macht reflecteert. Zo’n half jaar geleden sloeg de Amerikaanse installatiekunstenaar Paul McCarthy (geboren in 1945, afgestudeerd in 1969, de data spreken voor zich) letterlijk en figuurlijk een gat in het SMAK-museum. Met een ketchupfles van 18 meter hoog, reusachtige hopen stront, een vastgebonden varken, en nog wat toestanden waarvoor muren moesten gesloopt worden, kwam de SMAK-directie uit op een deficit van een half miljoen Euro gemeenschapsgeld. Het lijkt populistisch en laag-bij-de-gronds om dat deficit te koppelen aan een waardeoordeel over die mijnheer McCarthy, maar er schuilt wel degelijk een logica in: achter de ludieke absurditeit van dit soort happenings zit een enorme kunstmarkt die in een inhoudloze vernieuwingsspiraal zit en dus constant moet choqueren om de aandacht te trekken. Alles moet duur zijn, groot, opgeblazen, excentriek, en al het nieuwe wordt even snel weer vervangen door het nieuwste. Als toeschouwers en participanten worden wij constant meegelokt in dit opbod. Iedereen moet blij zijn, enthoesiast, vooruitkijkend, positief, en vooral niet ‘verzuurd’. Zo convergeerde het exces van de kunstmarkt en de beeldcultuur met de ambities van de oud-'68-generatie om elke politieke en sociale dissidentie preventief af te blokken.

 Er is binnen deze hype-industrie immers geen enkele ruimte voor bezinning, zelfbevraging of zelfs maar kritisch voorbehoud. De post-68-kunst, die ons zogezegd bevrijd heeft, produceert de ene fata morgana na de andere. Ze wordt gecreëerd door vedette-clowns die via een absurdistisch-ludieke beeldtaal ons oordeelsvermogen buitenspel zetten en ethische reflexen bij voorbaat ontzenuwen. Kunst zou volgens hen continu langs de kassa kunnen passeren zonder zich ergens voor te moeten verantwoorden. Ik ben niet de enige die wijst op die quasi-subversiviteit van de hedendaagse post-68-kunst en zijn ‘revolutionair’ marktlabel. Ook critici als Marc Holthof komen tot die analyse. Ik citeer even een essay van hem: “Sinds marketing de kunst in haar macht heeft moet ze constant revolteren. Maar niet tegen de maatschappelijke orde, wel tegen zichzelf, tegen de concurrerende kunststromingen. De kunst speelt een permanente thuiswedstrijd. Daar gaat alle energie naar, met als resultaat dat de maatschappelijke relevantie vaak nihil is.”

Nihil, dat is dus de balans van het Jan Hoet-tijdperk. Groteske grappen die ons moeten verzoenen met het ethisch deficit, de intellectuele verwarring en de politieke intransparantie. Macht is vandaag gebaseerd op vaagheid en gecodeerde informatie. De cultus van de artistieke vrijheid loopt zo op een bizarre wijze parallel met een publiek afstompingsproces, een gewenning aan het onredelijke en absurde. De gewone man haalt finaal zijn schouders op en leest Dag Allemaal. Hij heeft afgehaakt, zowel wat de politiek betreft als wat het kunstgebeuren aangaat. Opdracht vervuld, de narren mogen andermaal langs de kassa passeren.

Zo komt het dat vrijwel alle kunstenaars hier te lande uitbundig het paarse regime bejubeld hebben,- de meest ‘progressieve’ voorop: de symbiose tussen een politieke cultuur van de perceptie en de gebakken lucht, en een op deze thermieken zwevende, vrolijke cultuurindustrie, was hier volmaakt. Politiek en cultuur, als twee podia van een surrealistische totaalhappening. En zo komt het ook dat haast heel dat cultureel establishment het 'Belgische model' vreugdevol omarmde: Ik hou van U, je ‘taime tu sais. De post-68-culturo’s houden van België, zoals het gefederaliseerde Belgische kluwen van 1970 zelf baadt in een halfslachtig flou artistique.

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Het is tenslotte evenmin een toeval dat de diepbetreurde Vlaamse schrijver Hugo Claus en aanvoerder van de artistieke ’68-generatie,  een intimus was van Guy Verhofstadt, de man die de geschiedenis zal ingaan als diegene die realiteit met perceptie compleet kon verwisselen.

Vraag is hier: Wie houdt van wie? Wie houdt wie recht? 

 

Van ‘sexuele revolutie’ tot pornificatie: sex als drug en marketing-tool

In het waanidee van de ‘culturele revolutie’ speelt de zgn. ‘sexuele revolutie’ een centrale rol. En inderdaad, de borsten en billen zijn alomtegenwoordig, je kan geen TV meer aanzetten of een tijdschrift ter hand nemen, of het gaat over sex. Meisjes van elf lopen met een T-shirt rond, waarop te lezen staat ‘fuck me’. Jongens van twaalf die ‘het’ nog niet gedaan hebben, zijn achterlijke nerds. Maar achter deze zogenaamde emancipatie blijkt weer een verhaal te schuilen van maatschappelijk-politieke recuperatie en ook weer brutale marketingstrategie.

Want hoe kan men het plebs beter aan de leiband houden, dan zijn energie helemaal te laten omzetten in sex, voor, tijdens en na het eten? Naarmate het sperma van de muren druipt en de publieke sfeer doordrenkt wordt van erotische metaforen en verborgen of open verleiders, verengt zich weerom dat bewustzijn tot een zelfverslavend spel van prikkels en reflexen. Er ontstaat een sfeer van constante hitserigheid die perfect het hysterisch consumentisme imiteert, en die door Herbert Marcuse –nochtans weer een ‘68er…- werd omschreven als ‘repressieve desublimatie’. Simpel gezegd: ‘Laat ze neuken, dan denken ze niet na.’  In deze overprikkelde samenleving is het weerom heel moeilijk om afstand te bewaren,- het is een cultuur van de onvervulbare begeerte die alle menselijke energie afleidt naar een fixatie op lustbeleving. Niet dat U alles zomaar krijgt wat wordt geafficheerd, het gaat evenzeer om illusie en ersatz-bevrediging. De knappe, halfnaakte blondine op de motorkap zal de Uwe niet zijn, alleen haar simulacre, haar afdruk wordt meegeleverd als U de auto koopt. De mysterieuze Mister Dash die de vrouwen komt verrassen temidden van hun wasgoed is even reëel als Sinterklaas, maar als erotische passé-partout en universele verleider werkt hij perfect: droom zacht, dames, zet U op de wasmachine en laat U eens goed gaan.

Onvermijdelijk lopen ook hier de massamedia mee als animatoren van het pretpark. Tegenwoordig maakt het dagblad De Standaard reklame met soft-pornoboekjes die U voor vijf Euro plus een uitgeknipte bon kan gaan afhalen bij de krantenboer. Het is echt zielig om zien,- op de redactie van die kwaliteitskrant heerst de opgewonden sfeer van collegejongens die een bordeelvitrine passeren. De lezer wordt, in zijn zoektocht naar informatie, afgeleid naar een rossig amalgaam van erotiek, fictie, voyeuristische pretlectuur. Heel subtiel draait de journalistieke missie, via een verkeerd begrepen ‘progressiviteit’, om tot een verpulping in dienst van de verkoopcijfers, maar tegelijk ook met het oogmerk om het publiek te gewennen aan een gemakkelijke, lichtvoetige en in se onbenullige vorm van infotainment.

De puberale erotomanie van mei ’68 is mettertijd weggegleden in een universele pornificatie, die de eros banaliseert, die intellectueel afstompt, en die door de moderne marketing helemaal is geïnstrumenteerd. De alomtegenwoordigheid van sex, als drug en marketing-tool, is misschien wel het meest hallucinante teken van een emancipatie-idee die in haar tegendeel is omgeslagen. Ze belemmert een echte sexuele bevrijding, in het kader van een menselijke ontplooiing op fysisch, psychisch en sociaal vlak.

 

Zo zijn we weer bij de kern van de zaak: de zgn. ‘sexuele vrijheid’ is vandaag vooral een marketeerskwestie. De strategie om kinderen zo snel mogelijk tot pubers op te fokken, heeft uiteraard niets met emancipatie te maken, maar alles met de mogelijkheid om hen zo snel mogelijk beschikbaar te maken voor de commerciële tienercultuur, de markt van GSM’s, I-pods, tot en met, jawel, de revolutionaire mascara van Chanel. Komt daarbij dat pubers veel gemakkelijker om de tuin te leiden zijn dan kinderen, net vanwege hun labiele hormonale huishouding. Borstjes en puistjes doen de kassa's rinkelen!  De alomtegenwoordige opdringerigheid van sexuele signalen, wat men vandaag aanduidt als de ‘pornificatie van de publieke ruimte’, is misschien wel het meest hallucinante teken van een emancipatie-idee die in haar tegendeel is omgeslagen. Wat Marx ooit over godsdienst zei, als ‘opium van het volk’, geldt vandaag voor het universele erotisme. Het heeft de verveling, de afstomping en de totale deconcentratie van het onderbroekenuniversum voortgebracht. Ik citeer nog maar eens Baudrillard: "Alles kan en alles mag, alles is bevrijd en er zijn geen taboes meer, maar in de plaats van een opwindend feest levert dit een geweldig gevoel van leegte op. We leven in de hel van hetzelfde".

Terug dan maar naar het preutse Victorianisme? Neen, allerminst. Sexuele ontplooiing blijft voor mij als een rode draad lopen doorheen het menselijke rijpingsproces. Dat zit echter niet in het puberaal-erotomane register van mei ’68 en zijn depolitiserende, hektische, escapistische onderstroom.  Wel in een zoektocht naar zelfverwezenlijking op fysisch, psychisch en sociaal vlak. Dat is een verhaal van emotionele intelligentie, empathie, gevoel voor intimiteit, keuzebekwaamheid, maturiteit.

Om maar te zeggen, beste vrienden: de politicus die tepels laat overplakken, heeft een probleem. We hebben als zuigeling haast allemaal aan die tepels gehangen, en ik kan me echt geen kind of tiener voorstellen die een trauma overhoudt aan een afbeelding ervan. De krampachtige censuur van wat menselijk en normaal is, is zo aberant als de pornificatie zelf. Het zijn twee kanten van één medaille. Onlangs werd in de VS een kleuter van vier veroordeeld omdat het kind zijn juf knuffelde. Men vraagt zich af wat voor soort rechters tot dit soort uitspraken komt. En in wat voor een klimaat van sexuele overspannenheid de politici leven die deze perverte magistraten benoemen. Het was evenzeer onzin om de expositie van L.P. Boon's fameuze Feminatheek als een uiting van zedenverwildering af te schilderen en te verbieden. Het eigenlijke schandaal bestond erin dat heel het gedoe inhoudelijk naast de kwestie was, ons niets wijzer maakte over het werk van Boon, en vooral diende als publiekstrekker in een door de Vlaamse boekenindustrie gesponsorde reklamestunt. Kunst, sex en marketing dus, andermaal.

Ach, dat verhaal van normen en waarden. We mogen onze kritiek op de fluwelen dictatuur van de vrijheid-blijheid-generatie niet zelf laten scleroseren tot een verhaal van ouderwets conformisme en nieuwe preutsheid,- een gemopper van opa’s die beweren dat alles vroeger veel beter was. Ook het christendom, inclusief zijn lichaamsvijandig puritanisme, is ons als staatsgodsdienst opgedrongen, omstreeks het jaar 800 van onze tijdrekening. De ‘normen en waarden’ die daarbij tot een traditie gingen behoren, zijn bij ons vastgelopen in het Vlaamse parochialisme, de verstikkende pastoorsdictatuur en de betuttelende tsjevenmoraal. Inclusief zwarte plakband op tepels. Maar Mei '68 heeft ons van die benauwdheid niet verlost. Ze heeft nieuwe cirkulaire processen gecreëerd van de obsessie en de verslaving.

Ons radicaal perspectief is niet het tijdperk van vóór het IIde Vaticaans Concilie, maar een tijdperk achter de horizon, waarin zingeving en spiritualiteit –om eens die belegen term te gebruiken- een nieuwe invulling krijgen. Vrijheid en autonomie, gekoppeld aan bewustzijn en zin voor het Grote Geheel. Onvermijdelijk zal daarin bv. ook het ecologisch thema sterk op de voorgrond komen. Voor mij moet de normen-en-waarden-discussie gepaard gaan met een nieuwe vraagstelling rond de emotionele en instinctieve uitbouw van het individu en de groep. We zijn natuurwezens met een libido en een doodsangst, en tegelijk zijn we cultuurwezens, met een tijdsbesef, een geschiedenis, en een besef dat ons verstand eindig is, dat er wellicht altijd iets achter de horizon zal blijven. Dat spanningsveld tussen natuur en cultuur moet helemaal van vooraf aan geëxploreerd worden,- en, sorry vrienden, van de begrippen ‘staat’, ‘elite’, ‘politieke macht’, ‘geïnstitutionaliseerde godsdienst’, en dies meer zal, vrees ik, eens we daaraan toe gekomen zijn, niet veel meer overschieten.

Besluit: uitzicht op een contre-démocratie?

Welke conclusie moeten we nu trekken uit dit verhaal vol charades, gezichtsbedrog en bewustzijnsvernauwing,- het verhaal van een revolutie die er geen is, en een vrijheidsbeweging die meer onvrijheid heeft voortgebracht dan welke kerk of secte ook?

Ik denk dat de revolte, of als U wil de contra-revolte, meer dan ooit aan de orde is. Maar hoe contesteren in een universum waar alles mag en alles kan? De voetafdruk van de mei-68-generatie is, via haar lange mars door de instellingen, zo groot en desastreus geworden op die instellingen,- ze heeft m.a.w. het politiek-cultureel systeem zodanig naar haar hand gezet, dat men voorlopig binnen dat systeem nog maar bitter weinig aan politiek activisme kan doen. De uitgang en de diaspora wenken, naar het internet, de zgn. burgerjournalistiek, de civil society, de buitenparlementaire oppositie, de tegencultuur. Het is een moeilijk maar louterend proces.

Het zgn. apolitisme van de burger en heel de anti-establishment-onderstroom wijzen hier de weg. Het is de weg van de contre-démocratie, (Pierre Rosanvallon), de informele en onrecupereerbare waakzaamheidsattitude die men vooral buiten het parlementair halfrond bespeurt, buiten de praatbarak, buiten de instellingen, buiten de klassieke media.

De verzieking van het Belgische regime, waar de oudgedienden van Mei ’68 zich haast paniekerig aan vastklampen, versterkt nog deze maatschappelijke onderstroom van het grote ongenoegen. En het zal sommigen in deze zaal bizar in de oren klinken, maar misschien zijn de gedoodverfde protestpartijen zoals het Vlaams Belang, Lijst Dedecker, Pim Fortuyn, maar ook de nieuw-linkse S.P. van Marijnissen in Nederland, zelfs Obama in de VS, de laatste partijpolitieke verschijningsvormen van het anti-establishment-gevoel, alvorens dat gevoel opgaat in een globale toestand van burgerlijke ongehoorzaamheid, die kan leiden tot meer politiek bewustzijn, meer mondigheid, meer echte ‘vrijheid’. Verrassend genoeg ligt de échte, late erfenis van mei ’68 dan misschien wel eerder bij vernoemde protestpartijen, in de rand van de parlementair-democratische arena opererend, dan bij de huidige 'progressieve' elites die tot nader order het establishment uitmaken...

Ik dank U allen voor Uw aandacht.

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jeudi, 05 novembre 2009

Entortende Verortung

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Entortende Verortung

ex: http://www.sezession.de/

Der Begriff „Parallelgesellschaften“ ist heute sehr beliebt, wenn es darum geht, die Auswüchse der gescheiterten Integration von Ausländern zu beschreiben. Mir erscheint er als völlig ungeeignet, weil sich in Deutschland ja kein nettes, kleines gallisches Dorf im Römischen Reich gebildet hat, mit dem es zwar hin und wieder Ärger gibt, das aber intern ganz gut funktioniert.

Weil diese „Parallelgesellschaften“ allein nicht lebensfähig sind und gesellschaftszerstörend wirken, möchte ich ein alternatives Begriffspaar vorschlagen: entortende Verortungen.

Wie ist die Lage? In allen westdeutschen Großstädten gibt es Stadtteile, in denen Ausländer bereits die Mehrheit der Bevölkerung stellen. In einigen Fällen drohen sogar ganze Städte zu kippen (z.B. Offenbach). Überproportional viele Ausländer in diesen Vierteln leben auf Staatskosten, weil sie keine Notwendigkeit erkennen, eine Arbeit zu ergreifen und weil der Staat keine Anstrengungsbereitschaft abfordert. Ein Blick in die Kriminalstatistiken beweist des weiteren, daß wiederum überproportional viele Ausländer straffällig werden.

Diese eindeutigen Zahlen dürfen jedoch nicht dazu verleiten, die Deutschen als Opfer und „die Ausländer“ als Täter oder Schmarotzer zu klassifizieren. Es ist komplizierter, denn auch orientierungslose Ausländer sind in gewisser Weise Opfer. Sie leiden ebenso wie die Deutschen an der desaströsen Einwanderungspolitik der Bundesrepublik, die einerseits dieses Land überfremdet und andererseits entortende Verortungen geschaffen hat.

Zwar ist dieser Ausdruck, den ich bei dem italienischen Philosophen Giorgio Agamben in Homo sacer aufgespürt habe, für eine breite Debatte zu kompliziert. Er hilft aber dabei, Wesen und Folgen der planlosen Masseneinwanderungspolitik offenzulegen.

Was geschieht also? Bildungsferne Ausländer kommen mit Wohlstandserwartung nach Deutschland, das in einer Identitätskrise steckt und weder Kraft noch Willen hat, die Neuankömmlinge an das eigene Leben heranzuführen. Der Staat ist aber nicht tatenlos: Asylbewerber versorgt er in Heimen und „integriert“ Migranten, indem er ihnen unabhängig von deren Leistungen und Fähigkeiten, ein angenehmes Grundeinkommen (mindestens HartzIV) zusichert. Das führt dazu, daß für sie die Möglichkeit besteht, abgeschottet von der Außenwelt in irgendwelchen sozialen Brennpunkten, in denen kaum noch einer Deutsch spricht, auf relativ niedrigem Niveau zu leben. Durch seine Sozialpolitik unterstützt die BRD solche Ghettoisierungen.

Das Leben in solchen Ghettos läßt die betreffenden Migranten in großem Abstand zu den Deutschen leben, aber – und das ist der entortende Faktor – er entfremdet sie auch von der eigenen Kultur. Sie üben zwar vielfach noch ihre Religion aus, aber insgesamt stumpfen sie doch erheblich durch monotone Tage in diesen Ghettos ab. Die Reaktion von vielen Jugendlichen mit Migrationshintergrund, die in diesem entortenden Umfeld aufwachsen, ist Gewalt. Das nennen wir dann Vorbürgerkrieg.

Bourdieu analyse le néo-libéralisme

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Bourdieu analyse le néo-libéralisme

http://unitepopulaire.org/

« L'euphémisme est indispensable pour susciter durablement la confiance des investisseurs – dont on aura compris qu'elle est l'alpha et l'omega de tout le système économique, le fondement et le but ultime, le telos, de l'Europe de l'avenir – tout en évitant de susciter la défiance ou le désespoir des travailleurs, avec qui, malgré tout, il faut aussi compter, si l'on veut avoir cette nouvelle phase de croissance qu'on leur fait miroiter, pour obtenir d'eux l'effort indispensable. […]

Si les mots du discours néolibéral passent si facilement, c'est qu'ils ont cours partout. Ils sont partout, dans toutes les bouches. Ils courent comme monnaie courante, on les accepte sans hésiter, comme on fait d'une monnaie, d'une monnaie stable et forte, évidemment, aussi stable et aussi digne de confiance, de croyance, que le deutschemark : « Croissance durable », « confiance des investisseurs », « budgets publics », « système de protection sociale », « rigidité », « marché du travail », « flexibilité », à quoi il faudrait ajouter, « globalisation », « flexibilisation », « baisse des taux » – sans préciser lesquels – « compétitivité », « productivité », etc.

Cette croyance universelle, qui ne va pas du tout de soi, comment s'est-elle répandue ? Un certain nombre de sociologues, britanniques et français notamment, dans une série de livres et d'articles, ont reconstruit la filière selon laquelle ont été produits et transmis ces discours néolibéraux qui sont devenus une doxa, une évidence indiscutable et indiscutée. Par toute une série d'analyses des textes, des lieux de publication, des caractéristiques des auteurs de ces discours, des colloques dans lesquels ils se réunissaient pour les produire, etc., ils ont montré comment, en Grande-Bretagne et en France, un travail constant a été fait, associant des intellectuels, des journalistes, des hommes d'affaires, dans des revues qui se sont peu à peu imposées comme légitimes […]

Ce discours d'allure économique ne peut circuler au-delà du cercle de ses promoteurs qu'avec la collaboration d'une foule de gens, hommes politiques, journalistes, simples citoyens qui ont une teinture d'économie suffisante pour pouvoir participer à la circulation généralisée des mots mal étalonnés d'une vulgate économique. Un exemple de cette collaboration, ce sont les questions du journaliste qui va en quelque sorte au devant des attentes de l’économiste : il est tellement imprégné par avance des réponses qu'il pourrait les produire. C'est à travers de telles complicités passives qu'est venue peu à peu à s`imposer une vision dite néolibérale reposant sur une foi d'un autre âge dans l'inévitabilité historique fondée sur le primat des forces productives. Et ce n'est peut-être pas par hasard si tant de gens de ma génération sont passés sans peine d'un fatalisme marxiste à un fatalisme néolibéral : dans les deux cas, l'économisme déresponsabilise et démobilise en annulant le politique et en imposant toute une série de fins indiscutées, la croissance maximum, l'impératif de compétitivité, l'impératif de productivité, et du même coup un idéal humain, que l'on pourrait appeler l'idéal FMI (Fonds monétaire international). On ne peut pas adopter la vision néolibérale sans accepter tout ce qui va de pair, l'art de vivre yuppie, le règne du calcul rationnel ou du cynisme, la course à l'argent instituée en modèle universel. Prendre pour maître à penser le président de la Banque fédérale d'Allemagne, c'est accepter une telle philosophie.

Ce qui peut surprendre, c'est que ce message fataliste se donne les allures d'un message de libération, par toute une série de jeux lexicaux autour de l'idée de liberté, de libéralisation, de dérégulation, etc., par toute une série d'euphémismes, ou de double jeux avec les mots. […] Si cette action symbolique a réussi au point de devenir une croyance universelle, c'est en partie à travers une manipulation systématique et organisée des moyens de communication. Ce travail collectif tend à produire toute une série de mythologies, des idées-forces qui marchent et font marcher, parce qu'elles manipulent des croyances : c'est par exemple le mythe de la globalisation et de ses effets inévitables sur les économies nationales ou le mythe des "miracles" néolibéraux, américain ou anglais. »

 

Pierre Bourdieu, "Dans la tête d’un banquier", Le Monde Diplomatique, septembre 1997

mardi, 03 novembre 2009

Triste mondialisation...

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Triste mondialisation...

Ex: http://unitepopulaire.org/

« En vingt ans, les pays de l'Est se sont mondialisés à la vitesse grand V. A peine le mur de Berlin était-il tombé que les enseignes du "monde libre" déboulaient en force pour y planter leur logo. […] Les mêmes chaînes de vêtements low-cost, les mêmes fast-foods, les mêmes centres commerciaux, reproduits à l'identique et à l'infini aux quatre coins de la planète. Les sorties dans les shopping centers sont d'ailleurs devenues un but d'excursion en soi. […]

Grâce à Ikea, les intérieurs du monde ont d'ailleurs de plus en plus tendance à tous se ressembler. Ne dit-on pas que, déjà, un Européen sur dix aurait été conçu sur un lit Ikea ? Pour ensuite vivre sa vie dans des salons et des chambres à coucher copies conformes des pages du catalogue.

Question gastronomie, voyager loin ne permet plus forcément de manger différemment et de découvrir des plats typiques. Tant il devient difficile d'échapper à la dictature des hamburgers et à leurs corollaires : les pizzas, les crêpes et les sandwiches, assortis de quelques nouilles sautées. Ces fleurons de la world food nous poursuivent jusqu'au bout du monde, sur les plages de Tunisie ou de Thaïlande, comme au pied des pyramides d'Egypte ou de la Grande Muraille de Chine.

Est-ce pour éviter tout dépaysement ? L'aéroport de Genève vient en tout cas d'inaugurer "un nouveau concept de restauration" (sic) qui, sous l'appellation Les Jardins de Genève, réunit la quintessence de la bouffe mondialisée – Burger King, Starbucks Coffee, Upper Crust... Mais à l'heure où même le Musée du Louvre à Paris va prochainement accueillir un McDonald's, il n'y a plus qu'à s'incliner. Et à se diriger dare-dare vers le premier M jaune venu, pour y commander tranquillement son McRösti. »

 

Catherine Morand, Le Matin Dimanche, 18 octobre 2009

mardi, 20 octobre 2009

Comportement social japonais

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1992

L'anatomie de la dépendance

L'interprétation du comportement social des Japonais par Takeo Doi

 

par Stefano BONINSEGNI

 

Edité au Japon en 1971, ce recueil d'articles écrits par un éminent psychiatre japonais se veut avant toute chose une contribution à la théorie psychanalytique, portée par une réflexion nouvelle sur le terme japonais amae  —que l'on pourrait traduire, grosso modo, par «pulsion de dépendance». L'amae  semble imprégner tous les aspects de la mentalité et de la pensée nipponnes. Le livre de Takeo Doi donne en bout de course une interprétation globale des comportements sociaux du peuple de l'Empire du Soleil Levant, comme le suggère d'ailleurs son sous-titre.

 

Prémisse de l'auteur: la psychologie spécifique d'un peuple, quel qu'il soit, ne peut s'étudier qu'en se familiarisant avec sa langue, car celle-ci englobe déjà tous les éléments intrinsèques de l'âme d'une nation. A toute langue correspondent des besoins et une vision du monde particulière. La langue japonaise étant radicalement différente des langues occidentales, les différences culturelles entre les mondes occidental et nippon sont très profondes. Par ailleurs, argumente Doi, il faut savoir que des pulsions et des émotions préexistent à l'émergence d'une langue; et le fait que la langue japonaise, à la différence de toutes les autres langues, possède le terme d'amae,  lequel se réfère pourtant à une pulsion qui est en soi universelle, constitue un point de départ pour la réflexion, permettant de formuler des hypothèses suggestives, non seulement sur la mentalité japonaise mais aussi sur les différences de fond qui existent entre les cultures d'Occident et d'Orient.

 

La pulsion de dépendance surgit dès que le bébé perçoit, dans la douleur, la séparation entre son soi et le reste, c'est-à-dire sa mère. L'amae  est la tentative de nier cette séparation douloureuse, de la même façon que le bébé, en s'attachant au sein de sa mère, satisfait (momentanément) son désir de subordination. Cette tentative d'échapper à ce détachement par rapport à un «tout originaire» façonne et conditionne la mentalité et la pensée japonaises. Les oppositions typiques qui structurent les langues occidentales  —interne/externe, individuel/collectif, privé/public, etc.—  sont toutes inadéquates pour cerner cette psychologie «infantile», qui idéalise la capacité de compter sur l'indulgence maximale d'autrui (amaeru), ce qui, en de nombreux cas, peut mal tourner.

 

Le modèle idéal de rapports, pour un Japonais, est celui qui unit géniteurs (en particulier la mère) et enfants, où la propension à la dépendance s'exprime de manière maximale. A l'opposé, face aux tanin  (1), c'est-à-dire aux étrangers, l'amae  n'est plus présente. Entre ces deux extrêmes, nous trouvons plusieurs groupes d'appartenance. Outre l'entourage immédiat d'un individu (uchi),  les rapports se définissent par le ninjo  (l'obligation sociale, le lien social), dans lequel sont présents et l'amae  et l'enryo  (la réserve, la distance tenue volontairement). Exemples: face à un collègue ou à un supérieur dans l'entreprise (qui est la «communauté» centrale dans la vie japonaise), le Japonais attend une certaine dose d'indulgence et de compréhension; par ailleurs, il se sent contraint de faire usage de sa réserve pour ne pas donner l'impression d'abuser de la condescendance d'autrui, sinon un conflit contraire aux intérêts de l'amae  pourrait survenir. Le Japonais veut maintenir l'«harmonie».

 

L'idéal nippon dans le champ des rapports sociaux est toujours de pouvoir exprimer un maximum d'amaeru;  en ce sens, l'enryo  est perçu comme une douloureuse nécessité. Dans ce contexte mental et culturel, l'individualité vue comme séparation n'est pas considérée comme une valeur (la langue japonaise a dû introduire des termes spécifiques pour traduire plus ou moins les mots «individu» et «personnalité», vocables qui ne sont apparus qu'à l'ère de la modernisation au siècle passé). Ensuite, le «genre humain universel» n'est pas envisagé: seul le groupe et ses intérêts prévalent. Déjà, le Japon médiéval pouvait être considéré comme un ensemble de grands groupes (de clans) qui formaient un clan plus grand, la tribu Japon, dont l'Empereur est le symbole sacré de l'unité.

 

Dans la psychologie japonaise, il n'est pas possible d'envisager un conflit intérieur entre l'instance individuelle et le devoir public (chose fréquente, en revanche, dans la mentalité occidentale). Le conflit surgit bien plutôt entre les devoirs de l'individu à l'égard de différents niveaux d'appartenance, par exemple entre son entourage le plus intime et la nation. Selon Takeo Doi, c'est parce que la mentalité définie par l'amae  est enracinée dans une histoire japonaise qui n'a jamais connu, même sous forme diffuse, une culture fondée sur les valeurs de l'individu. Tandis qu'en Occident  l'individu a pris son envol par le christianisme, en Orient, et en particulier au Japon, s'est affirmée une culture de la communauté, ancrée dans une éthique de la fidélité au groupe, dont l'intérêt est toujours considéré comme supérieur.

 

Takeo Doi nous confirme en outre, dans les grandes lignes, l'idée qui se répand de plus en plus en Occident, selon laquelle le Japon, après avoir assimilé sans interruption des cultures ou des religions étrangères, aurait maintenu tout de même une identité de fond que la modernisation capitaliste n'a pas réussi à entamer de façon significative. Sur ce plan, justement, l'amae  et son impact jouent un rôle fondamental. Le fait que le peuple japonais a été et, surtout, est encore enclin à assimiler des éléments de culture d'origine étrangère est du à cette pulsion de dépendance à l'égard d'autrui, dans la mesure où la fonction d'assimilation en est un mode opératoire caractéristique. Tout ce qui est assimilé est mis au service du groupe d'appartenance et de ses intérêts.

 

Nakamura Hajime, en prenant l'exemple de la religion, a cherché à expliquer cette attitude dans les termes suivants: «En règle générale, quand ils ont adopté des éléments issus de religions étrangères, les Japonais possédaient déjà un cadre éthique et pratique qu'ils considéraient comme absolu; ils n'ont donc recueilli ces éléments et ne les ont adaptés que dans la mesure où ces nouveautés ne menaçaient pas le cadre existant; au contraire, ils ne les adoptaient que s'ils encourageaient, renforçaient et développaient ce qui existait déjà chez eux [...]. Sans aucun doute, ceux qui embrassaient avec certitude les nouvelles religions le faisaient avec une piété sincère, mais il n'en demeurait pas moins vrai que la société japonaise se bornait en gros à adapter ces éléments pour atteindre plus facilement ces propres objectifs».

 

Takeo Doi, lui, donne une explication légèrement différente: «Pour m'exprimer en des termes légèrement différents de ceux qu'emploie Nakamura, je pourrais affirmer que, si les Japonais, au premier abord, semblaient accepter sans critique une culture étrangère, en fait, sur un mode tout à fait paradoxal, cette attitude les aidait à préserver la psychologie de l'amae,  dans le sens où ce mode d'action, consistant à adopter et à accepter, est, en soi, une conséquence de cette mentalité».

 

Ensuite, par le fait de l'amae,  la société et la mentalité japonaises se montrent extrêmement conservatrices, en dépit des convulsions profondes qui ont bouleversé, au cours de notre après-guerre, les institutions et les valeurs traditionnelles. Malgré ces mutations, il est possible de percevoir à quels moments de son histoire la mentalité japonaise a été entièrement compénétrée de cette pulsion de dépendance. Ainsi, tout fait penser, selon Doi, que même dans l'Empire du Soleil Levant, tôt ou tard, la tradition cèdera le pas à l'individualisme et à ses excès désagrégateurs: c'est une perspective qui rassure ceux qui craignent la résurgence du nationalisme et de l'expansionnisme nippons (aux Etats-Unis, la psychose va croissante!).

 

Que derrière le développement industriel et financier du Japon puisse se cacher et se réactiver un esprit belliciste et expansionniste indompté est admis partiellement, voire implicitement, par plus d'un observateur du monde nippon. Tant Antonio Marazzi que Guglielmo Zucconi, par exemple, perçoivent dans les attitudes des Japonais d'aujourd'hui, surtout dans leur univers du travail, une transfiguration moderne de l'esprit samouraï (2), qui prouve ainsi sa persistence. Selon cette interprétation, le facteur décisif, dans l'incroyable développement économique du pays, ne doit pas être recherché dans une quelconque qualité spéciale inhérente aux managers japonais ou dans l'utilisation massive et sophistiquée des technologies les plus modernes, mais bien plutôt dans le matériel humain japonais, caractérisé par un sens absolu du devoir du travailleur, vis-à-vis de son activité particulière, de son entreprise et de la «plus grande entreprise Japon».

 

Tout cela, selon Doi, ne correspond que superficiellement à la vérité; l'assiduité japonaise n'est rien d'autre que le résultat de la ki ga soumanaï,  une tendance obsessionnelle qui dérive de la frustration d'amae:  «Pour citer un seul exemple, la fameuse assiduité japonaise au travail pourrait très bien être liée à ce trait de caractère de nature obsessionnelle: si paysans, ouvriers et employés se jettent à corps perdu dans le travail, ce n'est pas tant par nécessité économique, mais plutôt parce que s'ils agissaient autrement, ils provoqueraient la ki ga soumanaï. Bien peu de salariés japonais se préoccupent de la signification de leur travail ou du bénéfice que la société, dans son ensemble, eux-mêmes et leur famille pourraient en tirer. Et pourtant, ils n'hésitent pas à se sacrifier. Cette attitude avantage évidemment le travail, même s'il est difficile de bien faire quelque chose sans une certaine dose d'enthousiasme».

 

Face à des observations de ce genre, on doit au moins remarquer qu'en dépit de ses origines, l'auteur se laisse contaminer par le vice européen, trop européen, de la psychanalyse, vice qui consiste à étendre démesurément les méthodes psychanalytiques, pour expliquer globalement tous les phénomènes d'ordre individuel ou social. Rappelons, au risque d'être répétitifs, que, en matière de conception du travail, la conception japonaise revêt au moins un aspect “sacré” qui transcende en tous points les visions actuelles et conventionnelles de l'Occident. Josei Toda, second président de la Soka Gakkaï (3), en pleine période de reconstruction, après la guerre en 1955, s'est adressé en ces termes à ses disciples: «Dès que l'on a compris le sentiment du Vrai Bouddha, comme est-il possible de négliger son travail? Pensez-y» (4). Il ne s'agit pas d'une apologie camouflée du capitalisme. Toda voulait mettre en exergue cet aspect bouddhique du don de soi absolu, idée qui, dans la mentalité occidentale est associée à la sphère religieuse ou à la rhétorique militaire. Il nous est difficile de croire qu'un tel esprit, qui s'est révélé essentiel pour arracher ce pays asiatique des décombres de la défaite et le projetter vers les sommets des statistiques de la production et du développement, ne hante plus aujourd'hui les coulisses de la «planète Japon», si complexe et si riche en contrastes.

 

Stefano BONINSEGNI.

 

Notes:

 

(1) L'indifférence à l'égard des tanin  a des conséquences particulièrement désagréables pour les Coréens installés depuis des générations sur le territoire nippon et pour les eta,  c'est-à-dire tous les Japonais qui exercent des professions considérées comme «impures» (bouchers et ouvriers des abattoirs, tanneurs, poissonniers, etc.).

 

(2) Cfr. Guglielmo ZUCCONI, Il Giappone tra noi,  Garzanti, Milano, 1986; Antonio MARAZZI, Mi Rai. Il futuro in Giappone ha un cuore antico,  Sansoni, Firenze, 1990.

 

(3) A la différence de ce que l'on dit et que l'on écrit, la Soka Gakkaï n'est pas, en fait, une nouvelle secte religieuse, mais une grande organisation laïque qui se réfère au clergé séculier bouddhiste de la Nichiren Shoshu. Récemment, ce clergé a destitué la Soka Gakkaï de ses prérogatives, en lui enlevant, entre autres choses, le droit de le représenter officiellement dans les milieux laïques et de diffuser le bouddhisme Nichiren. Au-delà des motivations exclusivement religieuses de cette dissension, il faut mentionner le fait que la Soka Gakkaï, sous la présidence de Daisaku Ikeda, a ajouté à sa mission traditionnelle de diffuser le bouddhisme un militantisme réformiste sur le plan social et des prises de position inspirées par un pacifisme absolu, qui déplaisaient forcément au clergé. Cette situation est révélatrice quant à l'atmosphère qui règne dans le Japon d'aujourd'hui.

 

(4) Cf. Il Nuovo Rinascimento,  août 1991, p. 15.

vendredi, 16 octobre 2009

Jouir sans entraves: une vaste entreprise publicitaire

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Jouir sans entrave : une vaste entreprise publicitaire

 

Ex: http://unitepopulaire.org/

« Mai 68 n’a pas été une révolution sexuelle, mais une révolution sentimentale dissimulée sous le masque du désir tout-puissant. Passée l’effervescence, le sentiment a d’ailleurs vite repris ses droits et les histoires d’amour ont continué dans la chanson, la littérature ou le cinéma, en incorporant simplement la dimension physique qui était tue auparavant. La sexualité est devenue explicite mais, contrairement à ce que disait alors Roland Barthes, le sentiment n’est pas devenu obscène pour autant. […]

On assiste au déchaînement d’une véritable hystérie sexuelle, notamment à travers les magazines qui incitent à booster le désir par tous les moyens, du triolisme au bondage. […] "Jouir sans entrave" : ce slogan de Mai 68 n’était pas libertaire mais publicitaire. On n’a pas vu, à l’époque, que c’était la société de consommation qui s’installait petit à petit à travers le prisme de la sexualité et de l’amour libres. La jouissance sans entrave, c’est celle du supermarché mondial où le désir est sollicité 24 heures sur 24. Le temps amoureux, lui, est discontinu : il comporte des pauses, des arrêts, des attentes. Nulle part, même chez les plus débridés, on ne vit sans temps mort et sans entrave. L’entrave ne bloque d’ailleurs pas le désir ; elle est au contraire génératrice de jouissance. […]

Mai 68 a laissé croire qu’on allait en finir avec le mariage et le couple, tout cela devant être balayé par des individus maîtres de leurs appétits. Le nombre de mariages a décru, c’est vrai, mais son imaginaire reste très fort, y compris dans le concubinage. […] Aujourd’hui, tout le monde réclame le droit au mariage et veut fonder une famille. Un copain homo me disait que le dernier accessoire en vogue dans le quartier gay du Marais n’est plus le godemiché mais la poussette ! »

 

Pascal Bruckner, interviewé à l’occasion de son dernier livre Le Paradoxe Amoureux (Grasset, 2009) par L’Hebdo, 8 octobre 2009

jeudi, 15 octobre 2009

L'antiracisme, la gauche et le "juif imaginaire"

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L'antiracisme, la gauche et le "juif imaginaire"

ex: http://unitepopulaire.org

 

« Nous vivons une situation d’abdication généralisée devant l’argent, devant le show-business, devant la mode, devant l’économie. Et notamment de la part de la gauche. L’antiracisme est son dernier supplément d’âme. L’antiracisme fait de nous des gens de gauche et des gens de bien en dépit de toutes nos capitulations. Nous avons besoin sans cesse de l’antiracisme pour redonner à notre identité du lustre, pour nous prouver à nous-mêmes que nous restons fidèles à nos principes au moment même où nous les laissons tomber. Cela me paraît très dangereux parce que cela tend à substituer à l’antiracisme de combat une sorte d’antiracisme identitaire.

 

alain-finkielkraut-cliche-sipa_1212993596.jpgIl ne faudrait quand même pas que les antiracistes riches, qui énervent prodigieusement ceux qui sont dans des situations difficiles, donnent sans cesse des leçons de morale aux pauvres ! Les pauvres en ont marre d’être sans cesse accusés de racisme… Nous avons perdu contact avec la réalité. Je crois qu’il faut prendre les problèmes avec humilité. Nous retrouverons le sens de la réalité le jour où la nécessité s’imposera de vraiment combattre le racisme au lieu d’y voir le moyen, pour la gauche la plus compromise dans la modernité médiatique, de préserver son identité et de s’embellir à ses propres yeux. […]

 

Beaucoup de ceux qui réagissent aujourd’hui en tant que "juifs imaginaires" n’ont pas souffert de l’antisémitisme. Ca donne à leur vie une sorte de supplément épique. Ils sont à l’affût des manifestations d’antisémitisme et s’en réjouissent quelquefois plutôt que de s’en désoler. Que dit le "juif imaginaire" ? "J’ai hérité d’une souffrance que je ne subissais pas, du persécuté je gardais le personnage mais je n’endurais plus l’oppression, je pouvais jouir en toute quiétude d’un destin exceptionnel". Le "juif imaginaire" actuel a reçu du renfort de toute une gauche imaginaire, venue se greffer sur l’antiracisme alors qu’elle a cessé d’être de gauche vis-à-vis de l’éducation, de l’économie, de l’argent, de l’industrie culturelle. Le "juif imaginaire" a été comme absorbé dans cette grande gauche imaginaire qui entonne l’air de l’antiracisme… »

 

 

Alain Finkielkraut, interviewé par Serge Moati & Jean-Claude Raspiengeas, La Haine Antisémite, Flammarion, 1991, p.214-215, 218

Tres millones de italianos en la pobreza

733662.jpgTres millones de italianos en la pobreza

El 4,4% de las familias pasa hambre

El 4,4% de las familias residentes Italia, lo que equivale a unos tres millones de personas, viven por debajo del límite de pobreza alimentaria, según una investigación llevado a cabo por la Fondazione per la Sussidarieta, la Universidad Católica de Milán y la Universidad de Milán-Bicocca.

El parámetro utilizado para fijar el límite de la pobreza alimentaria ha sido fijado en 222,29 euros de gasto mensual en comida y bebida por familia, teniendo en cuenta las variaciones regionales en el costo de la vida: 233-252 euros en el Norte, 207-233 en el Centro y 196-207 en el Sur del país.

En base a este estudio, fue trazado un retrato-promedio de las familias italianas que tienen dificultades en comprar productos alimentarios básicos, como el pan, la pasta o la carne.


Los más pobres en Italia, afirma la investigación son familias numerosas que viven en el Sur del país, cuyos miembros no tienen trabajo y disponen de un nivel bajo de instrucción.

La causa principal del descenso por debajo del límite de la pobreza alimentaria es el desempleo (60% de los casos), dato confirmado por la diferencia en la incidencia de la tasa de pobreza entre quien tiene un trabajo (3,4%) y quien no (12,4%).

El segundo factor crucial es la extensión del núcleo familiar: la pobreza alimentaria afecta sólo el 1,7% de los solteros que viven solos, y el 10,3% de las familias que tienen por lo menos tres hijos. Los ancianos que viven solos se sitúan en el promedio nacional (4,5%).

El estudio confirma asimismo la fuerte diferencia entre las regiones más ricas y más pobres de Italia: en Sicilia y Cerdeña más del 10% de la población se encuentra debajo del límite de la pobreza alimentaria, mientras en regiones como Toscana, Liguria, Veneto y Alto Adigio la tasa desciende por debajo del 3%.

Extraído de Argenpress.

mardi, 06 octobre 2009

La critica de Carl Schmitt al Parlementarismo

La Crítica de Carl Schmitt al Parlamentarismo

Por Luis Oro Tapia

El liberalismo propicia la publicidad y transparencia de la actividad política. El demoliberalismo quiso terminar con la política de gabinete y con los secretos de Estado, pero incurrió en dos prácticas análogas: la política de camarillas y el hermetismo del trabajo en comisiones. La burguesía, en su lucha contra la monarquía absoluta, opuso a la doctrina de la razón de estado y de los arcana imperii el ideal de la transparencia y de la publicidad de los actos de gobierno. Una de las finalidades originarias del parlamento era transparentar, mediante la antorcha de la razón pública y de la libre discusión, la manera como la autoridad gubernamental toma sus resoluciones.

Tal motivación tenía por meta superar la política secreta de los príncipes y de los consejos de gabinete. Este nuevo ideal concebía la política de gabinete, ejecutada por unas cuantas personas a puertas cerradas, como algo en sí mismo malvado y, por tanto, la publicidad de la vida política, por el mero hecho de ser tal, como algo bueno y saludable.

Sin embargo, la aspiración de transparencia y publicidad que pregonaba el liberalismo pronto devino en prácticas que negaban dicha expectativa. En efecto, en la Era Liberal las cada vez más pequeñas comisiones de partidos, o de coaliciones de partidos, deciden a puertas cerradas sobre aquello que afecta diariamente la vida de los ciudadanos. Más aún, los parlamentarios no deciden de manera autónoma, sino que deciden como representantes de los intereses del gran capital. Y estos últimos, a su vez, toman sus decisiones en un comité más limitado que afecta, quizás de manera mucho más significativa, la vida cotidiana de millones de personas. De hecho, las decisiones políticas y económicas, de las cuales depende el destino de las personas, no son (si es que alguna vez lo han sido) ni el fiel reflejo de la sensibilidad de la ciudadanía ni del debate público que en torno a ellas se pueda suscitar. Si la política de camarillas y el hermetismo del trabajo en comisiones se han convertido en la negación del discurso normativo liberal, que propiciaba la publicidad y la discusión, es natural que “la fe en la discusión pública tenía que experimentar una terrible desilusión”. En efecto, el funcionamiento del sistema demoliberal de gobierno ha resultado ser un fiasco, porque la evolución de la moderna democracia de masas ha convertido el eslogan de la discusión pública en una mera formalidad vacía.

Por cierto, la verdadera actividad política no se desarrolla en los debates públicos del pleno, puesto que las decisiones realmente importantes han sido tomadas previamente en las comisiones o “en reuniones secretas de los jefes de los grupos parlamentarios e, incluso, en comisiones no parlamentarias. Así, se origina la derivación y supresión de todas las responsabilidades, con lo que el sistema parlamentario resulta ser, al fin, sólo una mala fachada del dominio de los partidos y de los intereses económicos”.

Para Schmitt el Estado demoliberal es incapaz de actuar como unidad de decisión y de acción frente a situaciones límites. El liberalismo frente a un dilema que impele a tomar una determinación rápida queda atónito y elude tomar pronta y resueltamente un curso de acción a seguir. Así, por ejemplo, frente a la pregunta perentoria: “¿a quién queréis, a Barrabás o a Jesús?”, la urgencia de la respuesta queda aplazada con el nombramiento de una comisión parlamentaria investigadora que finalmente elude dar una respuesta concluyente. Para Schmitt, la esencia del liberalismo radica en la negociación y la indecisión permanente, puesto que tiene la expectativa de que en el debate parlamentario el problema se diluya, suspendiéndose así indefinidamente la resolución mediante la discusión eterna.

En el parlamentarismo, el pueblo como unidad orgánica, vale decir como totalidad, no está representado en el parlamento; por consiguiente, el régimen parlamentario no es democrático. Entonces, ¿a quiénes representan los parlamentarios? La respuesta teórica es a la nación, a la comunidad, a un todo orgánico. Sin embargo, en la práctica no es así, porque los parlamentarios representan a partidos políticos, tras los cuales están determinados intereses, y ellos están más preocupados de aumentar o de preservar sus cuotas de poder, que les permiten proteger sus respectivos intereses, que de velar por el bienestar del todo orgánico. Los partidos se relacionan entre sí “como poderosos grupos de poder social y económico, calculando los mutuos intereses y sus posibilidades de alcanzar el poder y llevando a cabo desde esta base fáctica compromisos y coaliciones”.

Schmitt afirma que en el parlamento no hay discusión, pero sí negociación y ajuste de intereses entre los partidos que tienen representación parlamentaria. Por tal motivo, Schmitt sostiene que afirmar que los parlamentarios alientan una genuina discusión pública sería faltar a la verdad. La brecha entre el ideal y la realidad es ostensible; en efecto, las relaciones entre los parlamentarios distan mucho del modelo de discusión pública que proponía Bentham. Este teórico del liberalismo sostenía que en el parlamento se encuentran las ideas y el contacto entre ellas hace saltar las chispas de la evidencia. Pero, en la práctica, no hay discusión razonada ni debate público, sino negociaciones de antesala en la que los partidos tienen por principal preocupación la defensa de sus intereses sectoriales y el cálculo estratégico de sus oportunidades para incrementar o conservar sus cuotas de poder.

Entonces, el debate público resulta ser una quimera. En efecto, en vez de prosperar una discusión en la que prevalece la argumentación racional, irrumpe la propaganda que tiene por objetivo seducir la emotividad del electorado. Así, la discusión pública primero es sustituida por la excitación de la sensibilidad e inmediatamente después por la movilización de las pasiones, lo cual se logra a través de afiches, carteles, consignas y otros medios que tienen por finalidad sugestionar a las masas.

¿Por qué el parlamentarismo está en crisis? Dicho en nuestro lenguaje: ¿Por qué la democracia liberal está en crisis? ¿Qué explica el desafecto que existe por ella? La democracia liberal como institución ha perdido sus raíces ciudadanas, manteniéndose sólo como un dispositivo formal vacío, como un organismo carente de un pathos, que funciona más por inercia y por falta de una mejor opción que por convicción. El languidecimiento del pathos del parlamentarismo ha debilitado la identidad existente entre representantes y representados; por consiguiente, el sistema demoliberal deviene, paradojalmente, en un régimen no democrático; concebida la democracia como la entiende Schmitt. ¿Qué es la democracia para Schmitt? Es, simplemente, la identidad que existe entre gobernantes y gobernados; entre la nación y el Estado; entre los seguidores y el líder; entre electores y elegidos, etc.

En las sociedades que poseen regímenes políticos demoliberales el afán de dar satisfacción a los intereses individuales y sectoriales en desmedro de la comunidad ha erosionado la moral pública. Tanto es así que en algunos Estados demoliberales “todos los asuntos públicos se han convertido en objeto de botines y compromisos entre los partidos y sus seguidores y la política, lejos de ser el cometido de una elite [de servidores públicos], ha llegado a ser el negocio, por lo general despreciado, de una, por lo general despreciada, clase”, concluye Schmitt.

lundi, 05 octobre 2009

Homo Economicus

Homo Economicus

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“The nearest buildings were almost two miles away, and formed a low belt completely surrounding the Park. Beyond them, rank after rank in ascending height, were the towers and terraces that made up the main bulk of the city. They stretched for mile upon mile, slowly climbing up the sky, becoming ever more complex and monumentally impressive. Diaspar had been planned as an entity; it was a single mighty machine. Yet though its outward appearance was almost overwhelming in its complexity, it merely hinted at the hidden marvels of technology without which all these great buildings would be lifeless sepulchres.” - THE CITY AND THE STARS. Arthur C. Clarke (1956)

Wealth has concentrated in the hands of the very few, but I reckon that Marx's explanation is only a part of the story, and I don't believe in the inevitability of class war; there are other forces at work in addition:

Wealth trajectory westward

“Brooks Adams also noted that centralized capital (the accumulation of wealth in the hands of a few inter-related families) seems to have been moving steadily West throughout recorded history. The first major accumulations are to be found in Sumer; the center of money-power then shifted to Egypt, to Greece, to the Italian peninsula, to various parts of Germany, and then to London. At the time Brooks Adams was writing (c.1900) he saw the balance teetering between London and New York, and he predicted that the decline of the English Empire would shift the balance to New York within the first half of the 20th Century. Brooks Adams had no theory as to why this Westward movement of wealth had been going on for 6000 years. He merely observed the pattern.
“The shift is still continuing, in the opinion of many. For instance, Carl Oglesby in The Cowboy vs. Yankee War, sees American politics since 1950 dominated by a struggle between 'old Yankee wealth' (the New York-Boston axis, which replaced London after 1900) and 'new cowboy wealth' (Texas-California oil-and-aerospace billionaires).” - PROMETHEUS RISING. Robert Anton Wilson (1983).

Since the 80s, Wilson and others have argued that the concentration of wealth has continued it's westward journey, crossing the Pacific to Japan and China but at the same time apparently vanishing into cyberspace.

Corporatism and Distributism

Both these theories emerged in the late Nineteenth Century as the Catholic Church's response to socialism, and I agree that both are superior (fairer and more efficient) than liberal capitalism.

Corporatism can vary from the very mild, e.g. Britain's Labour government in the late 1970s, to the idealistic full-blooded variety espoused by Alexander Raven Thomson.

“No greater mistake can be made than to regard the Corporate State as a mere mechanism of administration.
“On the contrary, it is the organic form through which the nation can find expression. Fascism is no material creed like Communism, which sets up, as its only purpose, the material benefit of the masses. Fascism is essentially idealistic, and refuses any such limitation. Fascism recognises the nation as an organism with a purpose, a life and means of action transcending those of the individuals of which it is composed.
“...it is only through co-operation with others in the organic purpose of the State that the individual can attain his highest potentiality. There is no need for any conflict between the individual and the State as neither can exist without the other. An individual exiled from the civilised communion must inevitably relapse into savagery: a State deprived of loyal co-operation with its citizens must inevitably collapse into barbarism.” - THE COMING CORPORATE STATE. Alexander Raven Thomson (1936)

Raven Thomson is describing a State with a Will. I believe that Will must be directed toward the conquest of space. All other considerations are secondary.

Automation

Growing up as a small boy in the Sixties, I vividly remember the excitement of the space race. I also remember the promise of greater automation, which would free our people from a life of drudgery and instead allow us to pursue our dreams. Like many other ideas from that scintillating decade the vision faded. It's true that less people now are involved in manufacturing – actually producing things – and the greater part of the workforce are employed in “services”, overwhelmingly financial services. We have swapped the workbench for the hot desk and office cubicle.

To my mind this is not an improvement, and I wondered who was to blame. I came to the conclusion that capitalism is essentially a control mechanism of the crudest kind; it pits each of us against all others (“the war of all against all”) in an apparent battle for survival that guarantees the preservation of an unchanging parasitical elite.

I am not an economist, which I reckon is a positive advantage because I don't accept the rules (e.g. supply and demand) upon which modern economics is based. Human behaviour is in the final analysis beyond reason and trying to make a science out of it is futile.

Also, the New Right encompasses a wide variety of economic models, from Norman Lowell's Might is Right Social Darwinism to Troy Southgate's devolved National Anarchism, so my views are not representative although they are close to Mosley's BUF policies in the 1930s. The reason why the New Right is able to hold such contradictory economic policies is because ideologically economics occupies a rather lowly rung. In Georges Dumezil's tri-partite theory of Aryan civilization, economics is “third function” (almost a natural process); whereas real politics is confined to first and second functions only.

My own economic ideas are driven by three major concerns: the necessity to maintain a technological civilization and expand into space, environmental pollution, and the general welfare of all our people in order that they can contribute fully to the Imperium. In all this it differs drastically with Marxism.

In regard to pollution/ climate change etc. I believe the best solution is along the lines of Paolo Soleri's Arcologies, where our industrial/ technological activity is effectively sealed off from the rest of the planet. These Arcologies would be very high density and imply the possibility of communal living; barracks, canteens – a bit like WW2 underground military bases – but not so gloomy. We would make huge economies of scale, and at the same time cut transport costs to virtually nil. For the few that want to try communal, organic communities, there's the land around the Arcologies to use, otherwise it will be allowed to revert to wilderness. All food for the Arcology would be produced in factories in the Arcology, and as a technological civilization (in contrast to that envisaged by Blood & Soil/ back-to-the-land enthusiasts) we would be able to defend ourselves against invasion.

It's bonkers to assume that all this can come about through the free market, let alone space exploration which has always demanded massive state funding, so I concluded that a self-sufficient planned economy is best. This command economy would have to embrace to whole of Europe, Russia and Siberia (at least) above all for racial/cultural reasons, but also because it is of sufficient extent, and with sufficient resources, to guarantee autarky.

“Men had built cities before, but never a city such as this. Some had lasted for centuries, some for millennia, before Time had swept away even their names. Diaspar alone had challenged Eternity, defending itself and all it sheltered against the slow attrition of the ages, the ravages of decay, and the corruption of rust.”

00:15 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, sociologie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 02 octobre 2009

Réédition des oeuvres de Jules Monnerot

monnerot-2.jpgJules Monnerot : « SOCIOLOGIE DU COMMUNISME »

http://www.editions-du-trident.fr/

Les Français sont malades d'une maladie qui prend ses racines dans le communisme et ils l'ignorent. Ils croient que le communisme c'est fini parce que l'URSS s'est effondrée et que le parti communiste français n'a plus que quelques députés. La vérité serait plutôt que, chez nous, en ce début de XXIe siècle, l'idéologie marxiste a gagné la partie. Aucun gouvernement en France ne l'a jamais combattue. Tous, depuis la Libération, ont laissé les communistes investir les rouages essentiels du pays, en particulier l'Enseignement et l'Information. Le résultat en est une marxisation généralisée des esprits, génératrice d'une pensée unique, qui nous conduit progressivement, à l'ombre d'un État-Providence qui s'essouffle, vers un totalitarisme masqué. Cette marxisation explique la paralysie devant des syndicats, entravant l'économie et l'école, et dont un ancien ministre socialiste a dit publiquement qu'ils sont de "véritables organisations staliniennes centralisées".

Autre raison de lire Sociologie du Communisme : Monnerot dit du communisme qu'il est l'« Islam » du XXsiècle. Il retrouve dans le communisme la confusion du politique et du religieux qui caractérise l'Islam, dont le réveil, aujourd'hui aide à comprendre le phénomène. M. Maxime Rodinson, orientaliste et ancien communiste, qui considérait comme "paradoxales, presque hérétiques" les vues de Monnerot, reconnaît aujourd'hui qu'en matière "d'orthodoxie coercitive", "l'Islam et le communisme présentent une ressemblance frappante". Les communistes ont porté les méthodes de la subversion à un très haut niveau. les mondialistes qui tendent à enserrer les peuples dans leurs filets sont à leur école. Pour pouvoir réagir intelligemment il faut s'instruire, et c'est pourquoi il faut lire Sociologie du communisme.

••• Tome Ier L'« Islam » du XXsiècle, 192 pages 20 euros ••• Pour commander ce livre • par correspondance : ••• vous pouvez imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
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JULES MONNEROT : « La Guerre en QuestionLA GUERRE EN QUESTION »

En 1951, Jules Monnerot, venait de publier sa fondamentale Sociologie du communisme.

Dans ce volume qui en constitue la suite logique, l’auteur révolutionne littéralement et prophétiquement la pensée stratégique. Il démontre que la guerre froide qui se développ[ait] ne va plus opposer, désormais, des empires territoriaux mais le monde libre au communisme.

Non seulement ce livre fut boycotté mais on persécuta tous les militaires français qui en tirèrent les leçons. Or, les conflits actuels confirment complètement cette doctrine stratégique de la guerre politique. Nous proposons aux lecteurs les derniers exemplaires de l’édition originale

••• Un livre de 250 pages au prix de 20 euros ••• Pour commander ce livre • par correspondance : ••• vous pouvez imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
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jeudi, 01 octobre 2009

Réédition: "Le péril socialiste" de Vilfredo Pareto

pareto-vign.jpgLE PÉRIL SOCIALISTE

par Vilfredo PARETO

http://www.editions-du-trident.fr/

préface de Georges Lane.
Vilfredo
Pareto ne fut pas seulement le père de la sociologie moderne.
Ingénieur  brillant, puis directeur des chemins de fers italiens, ses écrits remarqués lui vaudront d'enseigner l'économie à Florence, puis de succéder à Walras dans sa  prestigieuse chaire de l'université de Lausanne.
Dans ces écrits, il souligne, après la période romantique de l'unification de l'Italie, combien les réseaux de pouvoirs interviennent de plus en plus dans la banque, dans la "protection" démagogique de l'industrie nationale, ayant pour effet de la détruire, et de provoquer le marasme du pays. Et le socialisme d'État alimente le “péril socialiste”. Sa formation technique et scientifique permet à l’auteur de donner des preuves
tangibles des faits qu'il analyse ainsi.

Or, les lois qu'ils dégage, et de son observation, et de sa connaissance de la théorie  économique, s'appliquent singulièrement à l'Europe contemporaine et aux fausses  solutions que les politiques imaginent d'apporter aujourd'hui à la crise.           

Lire aussi sur Pareto : "Pareto successeur pessimiste de Molinari" par Murray Rothbard [ou dans nos archives]
"Pourquoi il faut lutter contre le protectionnisme"
sur le site de l'Insolent

••• 426 pages 29 euros ••• Pour commander ce livre • par correspondance : ••• imprimer notre catalogue en pdf et un bon de commande
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mercredi, 30 septembre 2009

Hommage à Guy Debord: à propos d'une réédition

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1996

Hommage à Guy Debord: à propos d'une réédition

 

Le fondateur de l'Internationale Situationiste qui se donnait pour but rien de moins que de “renverser le monde” s'est donné la mort à l'automne dernier. Nous, qui partageons avec lui cette même haine du système, devons accorder notre attention à Guy Debord qui a su bâtir une œuvre délibérément en dehors des sentiers battus. Fait paradoxal, alors qu'il a passé son temps à dénoncer le système, on n'a jamais autant parlé de lui que maintenant: réédition de ses livres, articles de presse, émissions de télévision et de radio... Il n'aurait sans doute jamais imaginé un pareil posthume tapage médiatique autour de sa personne. Bref Guy Debord intrigue. Justement au moment même ou le système médiatique semble donner quelques signes d'essoufflement (baisse de l'audience de la télévision) et ou celui-ci semble s'entrouvrir bien malgré lui aux idées politiquement incorrectes (voir l'affaire Garaudy et ses rebondissements avec l'Abbé Pierre), les éditions Folio ont eu l'idée opportune de rééditer son œuvre la plus connue qui a précédé les évènements de mai 1968: La société du spectacle. Ce livre d'une densité extrême a eu le mérite de faire figure d'anticipateur.

 

Dans un premier temps, il s'ouvre sur une critique du système médiatique dont, pour nous, il est primordial de dénoncer la perversité puisqu'il est: “la justification totale du systême existant” que nous combattons, “devenu en soit conception du monde”. L'émergence de ce type de société a été permise par la première phase de l'économisme qui a favorisé la dégradation de l'être en avoir, la deuxième phase étant l'aboutissement de celle-ci par le glissement généralisé de l'avoir en paraître. Cet ordre s'est établi et perdure grâce à “une reconstruction matérielle de l'illusion religieuse” ou le peuple se complet dans un désir de dormir, “le spectacle étant le gardien de ce sommeil”, “monologue élogieux de l'ordre présent”, univers doux et aseptisé du grand hospice occidental où l'histoire se retire comme d'une marée dont on a peur. D'ailleurs, les développements sur les rapports entre religion et conception de l'histoire rejoignent les analyses d'un Cioran, celui d'Histoire et utopie, laissant entrevoir un capitalisme unifié mondialement, régulé par les média, le village global de MacLuhan en quelque sorte.

 

Cette fin de l'histoire annoncé par Fukuyama permettrait à ces foules solitaires de se contenter de suivre éternellement sur leurs écrans: “les fausses luttes des formes spectaculaires du pouvoir”, l'alternance programmée entre la gauche et la droite pour ne citer qu'un seul exemple ainsi que d'avoir “le faux choix de l'abondance par la juxtaposition de spectacles concurrentiels et solidaires”: Arthur, Dechavanne et Delarue pour aller au plus simple.

 

Les autres formes d'évolution sociales n'ont été selon Debord permises que par l'émergence de cette société du spectacle. Celles-ci encouragent au sein de nos sociétés la primauté de l'économique sur le politique, la supériorité du quantitatif sur le qualitatif, le fétichisme de la marchandise, l'atomisation de la société, notamment grâce à une technologie omniprésente isolant le sujet sur sa machine (thème repris par la suite par des gens comme Baudrillard ou Faye), l'existence, à côté d'un capitalisme sauvage, d'un socialisme bureaucratique et policier qui aboutit à une prolétarisation du monde. De la sorte, nous aboutissons à une nouvelle forme d'organisation sociale, la nôtre, individualiste et égalitariste, où le boom du tertiaire et de la communication mène à “la logique du travail en usine qui s'applique à une grande partie des services et des professions intellectuelles”. Cet univers concentrationnaire de la tertiarisation, version moderne de la mine (mais une mine propre) permet un renforcement de la société capitaliste. Et ceci en acceptant qu'une part croissante de la population soit sous-employée et en tolérant ce que Guy Debord nomme “une nouvelle forme de lutte spontanée: la criminalité”. Tous ces processus depuis 30 ans se sont largement amplifiés.

 

Aussi, cette critique de notre société qui se veut de gauche, par bien des aspects, fait penser aux conclusions d'un Guénon ou d'un Evola. Notons cependant parfois une phraséologie marxiste qui semble céder à la mode de son époque (nous sommes dans les années 60) et qui paraît désuète aujourd'hui. Sachons également qu'il existe dans ce texte un oubli de taille: la dénonciation de la destruction de l'environnement qui elle, interviendra un peu plus tard dans Commentaires de la société du spectacle. Insistons également sur un fait où l'auteur se trompe (et c'est sans doute ce qui rend un caractère si pessimiste à son œuvre), c'est sa vision fausse de la paysannerie, qui est pour lui l'“inébranlable base du despotisme oriental”. Ce n'est sans doute pas une quelconque révolution prolétarienne (à laquelle Debord ne croit d'ailleurs justement pas) mais au contraire un réenracinement dans les valeurs immémoriales et universelles du sang et du sol que les hommes trouveront leur salut et leur épanouissement. Sans doute le fils nanti d'industriels cannois n'a-t-il pas eu l'occasion de découvrir les milieux simples des gens enracinés. Nous comprenons son mépris pour son milieu d'origine et pour la vaste poubelle parisienne où il a passé le plus clair de son existence. Sa critique du système est très lucide mais nous, nous proposons une vraie alternative aux échappatoires alcooliques des bistrots parisiens où il s'est abîmé. C'est celle du réenracinement du Maître des abeilles de Henri Vincenot, de L'Eveil de la glèbe  de Knut Hamsun ou du monde artisanal de La gerbe d'or  d'Henri Béraud.

 

Mais cela n'enlève rien à la pertinence de Debord dans les 221 paragraphes biens distincts de son texte: dans sa préface, datant de juin 1992, il parle ainsi des déçus de mai 1968: «Les pires dupes de cette époque ont pu apprendre depuis, par les déconvenues de toute leur existence ce que signifiait la "négation de la vie qui est devenue visible", "la perte de la qualité" liée à la forme-marchandise et la prolétarisation du monde». Sûr de lui jusqu'au bout, il écrit: «Une telle théorie n'a pas à être changée, aussi longtemps que n'auront pas été délimitées les conditions générales de la longue période de l'histoire que cette théorie a été la première à definir avec exactitude». Il n'y a rien à ajouter.

 

Pascal GARNIER.

 

Guy DEBORD, La société du spectacle, Folio n° 2788, mars 1996., 27 FF.

 

 

mardi, 29 septembre 2009

Le libéralisme entre aliénation et répression

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Le libéralisme : entre aliénation et répression

Ex: http://unitepopulaire.org/

« Le paradoxe constitutif des politiques libérales c’est qu’elles sont constamment amenées à intervenir sur la société civile, ne serait-ce que pour y enraciner les principes du libre-échange et de l’individualisme politique. Pour commencer, cela implique en général une politique de soutien permanent au marché dit "autorégulé", politique qui peut aller, comme on le sait, jusqu’à la fameuse "socialisation des pertes" (les classes populaires étant régulièrement invitées à éponger les dettes des banquiers imprévoyants ou des spéculateurs malchanceux). Mais un pouvoir libéral est également tenu de développer sans cesse les conditions d’une "concurrence libre et non faussée". Cela implique toute une politique particulièrement active de démantèlement des services publics et des différentes formes de protection sociale, officiellement destinée à aligner la réalité empirique sur les dogmes de la théorie universitaire. Enfin, et c’est l’essentiel, l’État libéral est logiquement contraint d’impulser une révolution culturelle permanente dont le but est d’éradiquer tous les obstacles historiques et culturels à l’accumulation du capital, et avant tout à ce qui en constitue aujourd’hui la condition de possibilité la plus décisive : la mobilité des individus, dont la forme ultime est la liberté intégrale de circuler sur le marché mondial. Marx avait remarquablement compris ce point lorsqu’il écrivait que la bourgeoisie, à la différence de toutes les classes dominantes antérieures, ne pouvait pas exister sans révolutionner constamment l’ensemble des rapports sociaux. C’est ainsi qu’Hubert Védrine rappelait récemment, dans un rapport officiel destiné au président Sarkozy, qu’un des principaux freins à la croissance était la "répugnance morale persistante" des gens ordinaires envers "l’économie de marché et son moteur, le profit". De telles déclarations sont naturellement monnaie courante chez les politiciens libéraux.

Il y a peu, je lisais, par exemple, un rapport sur la situation en Birmanie, rédigé par des experts d’une des grandes institutions capitalistes internationales, et qui expliquait qu’une partie des difficultés rencontrées par les entreprises occidentales pour s’implanter en profondeur dans ce pays, tenaient au fait que la recherche du profit individuel et le désir de s’enrichir avaient encore trop peu de prise sur la paysannerie traditionnelle birmane. Ces missionnaires libéraux en concluaient tranquillement qu’il fallait contraindre ces populations à entrer dans la modernité en les amenant à rompre avec leur mentalité archaïque et "conservatrice". Toutes ces contraintes pratiques conduisent donc un pouvoir libéral à mettre en place des politiques extrêmement interventionnistes (au premier rang desquelles une "modernisation" permanente de l’école destinée à l’ouvrir au «monde extérieur» et à l’adapter aux nouvelles réalités de l’économie mondiale). On sait du reste que, sans le concours déterminant des gouvernements de l’époque (gouvernements dont il n’est pas inutile de rappeler que, dans le cas européen, ils étaient majoritairement de gauche), les conditions techniques et politiques de la globalisation capitaliste n’auraient jamais pu être réunies. Il est donc clair que la logique réelle de l’État libéral le conduit toujours à se faire beaucoup plus interventionniste que ses dogmes officiels ne le prétendent. […]

De nos jours, il devrait être évident aux yeux de tous que la production massive de l’aliénation trouve désormais sa source et ses points d’appui principaux dans la guerre totale que les industries combinées du divertissement, de la publicité et du mensonge médiatique livrent quotidiennement à l’intelligence humaine. Et les capacités de ces industries à contrôler le "temps de cerveau humain disponible" sont, à l’évidence, autrement plus redoutables que celles du policier, du prêtre ou de l’adjudant qui semblent tellement impressionner la nouvelle extrême gauche. Critiquer le rôle de l’État libéral contemporain sans mesurer à quel point le centre de gravité du système capitaliste s’est déplacé depuis longtemps vers les dynamiques du marché lui-même, représente par conséquent une erreur de diagnostic capitale. Erreur dont je ne suis malheureusement pas sûr qu’elle soit seulement d’origine intellectuelle. Focaliser ainsi son attention sur les seuls méfaits de l’«État policier» (comme si nous vivions au Tibet ou en Corée du Nord et que le gouvernement de M. Sarkozy était une simple réplique de l’ordre vichyssois) procure des bénéfices psychologiques secondaires trop importants pour ne pas être suspects. Cette admirable vigilance ne présente pas seulement l’avantage, en effet, de transformer instantanément ses pratiquants en maquisards héroïques, seraient-ils par ailleurs sociologues appointés par l’État, stars du showbiz, maîtres de conférences à la Sorbonne ou pensionnaires attitrés du cirque médiatique. Elle leur permet surtout de ne pas trop avoir à s’interroger, pendant ce temps, sur leur degré d’implication personnelle dans la reproduction du mode de vie capitaliste, autrement dit sur leur propre rapport réel et quotidien au monde de la consommation et à son imaginaire. Il serait temps, en somme, de reconnaître que de nos jours, et pour paraphraser Nietzsche, c’est le spectacle lui-même qui est devenu la meilleure des polices. […]

On sait par exemple que, dans les pays occidentaux, près de 70% des achats opérés par les parents le sont désormais sous la pression morale et psychologique de leurs propres enfants. Cela signifie que le dressage marchand de la jeunesse s’est révélé si efficace qu’une grande partie de cette dernière a déjà tranquillement accepté d’être l’œil du système à l’intérieur de la sphère familiale. Et un nombre non négligeable de parents (généralement de gauche) a visiblement appris à vivre sans sourciller sous la surveillance impitoyable de ces nouveaux gardes rouges. Quand le pouvoir des images a acquis une telle efficacité, il devrait donc être universellement admis que l’assujettissement des individus au système libéral doit, à présent, beaucoup moins à l’ardeur répressive du policier ou du contremaître qu’à la dynamique autonome du spectacle lui-même. Or le moins que l’on puisse dire, c’est que nous sommes encore très loin d’une telle prise de conscience collective comme en témoigne, entre mille autres exemples, le fait que toute interrogation critique sur les dogmes de l’éducation libérale (à l’école comme dans la famille) est devenue depuis longtemps une question taboue chez la plupart des militants de gauche.

Parvenus à ce point, il est donc inévitable d’affronter enfin la question des questions : comment un tel retournement politique et culturel a-t-il pu avoir lieu ? Ou, si l’on préfère : par quelle dialectique mystérieuse la gauche et l’extrême gauche contemporaines en sont-elles venues à reprendre aussi facilement à leur compte les exigences les plus fondamentales de la logique libérale, depuis la liberté intégrale de circuler sur le marché mondial jusqu’à l’apologie de principe de toutes les transgressions concevables ? Il est certain que la clé de cette énigme doit d’abord être recherchée dans les mutations économiques, culturelles et psychologiques du capitalisme lui-même. »

 

Jean-Claude Michéa, interviewé par A Contretemps n°31, mai 2009

mardi, 22 septembre 2009

Retour au réel

Retour au réel

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Nous vivons aujourd’hui dans un monde essentiellement virtuel. La distance matérielle entre les êtres demeure la même, mais la distance existentielle qui les sépare se creuse. Plus encore, c’est notre rapport lui-même au réel qui s’est fragilisé. Nous nous inquiétons de la montée des « simulacres », et nous nous prenons même parfois à douter du monde qui nous entoure. Ce que nous voyons à l’image, que ce soit sur les écrans de télévision, de cinéma ou d’ordinateur, a-t-il la même réalité à nos yeux que ce que nous voyons directement devant nous ? Rien n’est moins sûr. L’image distancie, et vide les choses de leur substance. Un homme qui meurt à l’écran ne nous touche pas de la même façon qu’un homme qui meurt dans nos bras.

Il ne tient qu’à nous, pourtant, d’utiliser les outils qui nous sont offerts à notre meilleur avantage. On ne se prive pas des bienfaits d’une invention sous prétexte qu’elle comporte aussi des méfaits. Si les fusils n’existaient pas, les morts seraient moins nombreux au cours des guerres ; mais dès lors que les fusils existent, pourquoi se battre avec de simples épées ?

Le mal causé par la virtualisation du monde peut être ainsi partiellement enrayé par le monde virtuel lui-même. Il n’est pas facile de penser seul ; alors pensons tous ensemble ! Mettons en commun nos idées, échangeons, instruisons-nous réciproquement. Utilisons l’Internet pour communiquer, et suscitons un partage d’idées qui redonnera du sens à nos tentatives isolées de réflexion. Ne soyons plus solitaires…

Les ventes de livres savants chutent depuis la fin des années 1970, même chez les enseignants du secondaire ou du supérieur, et malgré l’explosion du nombre d’étudiants à l’université. Les éditeurs indépendants voient leur audience limitée à des cercles de plus en plus restreints. Certains facteurs peuvent en partie expliquer ce phénomène, comme l’essor des nouvelles technologies, qui absorbent une grande partie du temps consacré par chaque citoyen à lire et s’informer. Mais le Web ne propose en général guère plus que des fragments de pensée, sur le mode du zapping. Nous voulons contribuer quant à nous, à notre niveau, à la restauration d’une pensée de fond, qui prenne le temps d’établir ses marques. Nous voulons lutter contre la superficialité d’une ère médiatique et numérique qui nous voue le plus souvent à la fragmentation cérébrale ou à la hâte et l’emportement militants…

Intellectuels de tous les pays, unissez-vous ! Ne laissez pas mourir l’esprit ! Rejoignez-nous ! Créons ensemble une nouvelle dynamique culturelle, un nouveau parti de l’intelligence, qui nous donne enfin les moyens de penser notre époque.

Source : Retour au réel [1]


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[1] Retour au réel: http://www.retouraureel.fr

lundi, 21 septembre 2009

Comment l'âge numérique rend nos jeunes idiots

Comment l’âge numérique rend nos jeunes idiots

Comment l’âge numérique rend nos jeunes idiots

Il y a quelques mois, un quotidien romand s’émerveillait du témoignage d’une ado qui assurait pouvoir en même temps faire ses devoirs, envoyer des SMS, «chatter» sur quelque réseau social, tout en écoutant de la musique. Poudre aux yeux, évidemment.

Internet nous prépare en réalité une génération dramatiquement stupide, inculte, et coupée de la société adulte. Ce sévère constat est celui de Marc Bauerlein, professeur et directeur de recherche aux Etats-Unis. Son bestseller* a fait beaucoup de bruit, et il a été suivi par un grand nombre d’ouvrages faisant l’analyse critique de l’impact d’internet sur la société – des analyses critiques qu’on attend toujours chez nous.

Internet peut être un formidable vecteur de culture, de savoir et de développement personnel. Mais il n’est que rarement utilisé comme tel: le divertissement facile et la socialisation à niveau minimaliste en sont les usages les plus courants – même chez les adultes.

Le problème des enfants et des ados est sérieux dans la mesure où ils sont pris au piège des séductions multiples et obligatoires du réseau. Comme le relève Marc Bauerlein, la chambre de l’ado «n’est plus un sanctuaire, c’est une centrale de commande. E-mails, messages, blogs et commentaires, appels téléphoniques, tweets, photos et chansons tombent en avalanche chaque soir, et si le jeune ne répond pas, il est largué.» Or rien n’est pire pour un ado que de risquer l’exclusion du groupe, car à cet âge-là c’est ce qui compte le plus: celui qui ne participe pas, ne répond pas, ne donne pas son avis, devient un paria impitoyablement rejeté par les autres.

Cette contrainte, dont les parents n’ont pas idée, fait peser sur les enfants et les ados une pression, un stress inouïs, qui leur interdit la concentration nécessaire pour arriver au bout d’un devoir scolaire, par exemple, ou au bout de la lecture d’un livre. Observez-les pianoter frénétiquement, à toute heure du jour et du soir, et vous verrez vite qu’ils ne s’amusent pas du tout.

Mais il y a pire: en passant une bonne partie de leur temps à gérer leurs nombreux réseaux et messageries (qui se multiplient, et il faut être de tous!), ils passent à côté de ce qui leur permettra d’atteindre l’âge adulte avec un développement d’adulte: l’assimilation d’un savoir et d’une culture, historique et civique, notamment par les livres, le contact avec des générations plus âgées (les profs, les parents) – autant d’outils pour grandir qui ne sont disponible qu’à l’adolescence.

* «The Dumbest Generation», de Mark Bauerlein. Ed. Jeremy P. Tarcher/Penguin.

Par Philippe Barraud

Source : Commentaires [1]


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dimanche, 20 septembre 2009

D. Venner: Vous avez dit autochtone?

Dominique VENNER:

Vous avez dit autochtone ?

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Il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Je songeais à cet adage en lisant récemment la longue diatribe publique d’un helléniste à la retraite (1). Jouissant d’un statut privilégié en France même et aux Etats-Unis où il enseigna dans une université réputée, l’excellent professeur se moquait en terme choisis de ses compatriotes qui se veulent « autochtones », c’est-à-dire, comme le dévoile l’étymologie grecque, nés d’eux-mêmes, d’un même sang et d’une même terre.

« Au milieu du Ve siècle avant notre ère, écrit-il, une petite cité-village de l’Hellade a été frappée par le virus de l’ “hypertrophie du moi”, une épidémie redoutable », ajoute l’émérite professeur. Jugez-en : cette épidémie « a conduit là-bas à instituer une cérémonie annuelle où un orateur, expert en oraisons funèbres, célébrait devant les cercueils des morts à la guerre la gloire immémoriale des Athéniens. » Quelle idée saugrenue, en effet, que de célébrer les morts à la guerre et la gloire de la cité ! Cette inquiétante « hypertrophie du moi » a même conduit les Athéniens à édifier quelques négligeables monuments de marbre, tel le Parthénon, qui ont résisté aux millénaires et aux invasions, faisant toujours l’admiration des sots que nous sommes. Elle les a conduit aussi à édifier d’autres monuments tout aussi négligeables, ceux de l’esprit (transmission des poèmes homériques, invention de la philosophie, du théâtre tragique et de l’enquête historique), dont nous vivons encore, ce dont s’étonne le curieux helléniste que nous citons. Tout cet héritage est en effet désolant.

Et quel exemple déplorable ! « Les historiens (français), dès les années 1880, se mettent à écrire une Histoire de la France, née d’elle-même. » Un scandale, vraiment ! Et ce n’est pas tout. « Quant aux religieux qui avaient inventé au XIIe siècle le “cimetière chrétien”, excluant les juifs, les infidèles, les étrangers et autres mécréants, ils continuent à entretenir, d’une République à la suivante, la croyance que nous sommes les héritiers des morts, de nos morts précisément, et depuis la préhistoire. De “grands historiens” (on appréciera les guillemets) s’en portent garants. » Quelle tristesse ! A en croire notre universitaire retraité, en France, l’idée de l’identité nationale – qui nous vient donc d’Athènes et de la Grèce antique – serait dans l’air du temps. Cette révélation le plonge dans l’affliction. Quelle ineptie en effet, alors que le flux mondial ascendant des échanges financiers, dont on connaît les bienfaits, incite au contraire à se sentir, comme il le dit lui-même, « nomade ». Naturellement il est facile d’être « nomade » quand on est assuré de ne voyager que par les beaux quartiers du monde entier, tous frais remboursés, entouré de l’attention prévenante de nombreux préposés à votre confort et à votre sécurité. Sans doute les derniers Français « autochtones » qui n’ont pu, faute de moyens ou de chance, s’échapper par exemple de Villiers-le-Bel depuis les émeutes de novembre 2007 aimeraient-ils aussi être des « nomades » de ce type. Mais leur condition de pauvres, de vieillards ou d’ « autochtones » abandonnés, le leur interdit. Et pourtant, quel joli nom, si l’on y songe que Villiers-le-Bel. Un nom «autochtone», dont l’épithète résonne désormais avec une ironie cruelle. Pourquoi, direz-vous, un tel discours ? Réponse : parce que l’historien doit aussi prendre date et ne pas être aveugle à ce qui se fait sous ses yeux. C’est ce que nous a enseigné Marc Bloch, contemporain et victime du désastre de 1940. Il a reconnu que ses travaux l’avaient conduit à ignorer l’importance des événements de son temps. « C’était mal interpréter l’histoire… Nous avons préféré nous confiner dans la craintive quiétude de nos ateliers… Avons-nous toujours été de bons citoyens ? (2) » Je ne peux cacher qu’un tel précédent ne me laisse pas indifférent. Et si l’on n’est pas complètement idiot, une question surgit : pourquoi le désir d’identité (être conscient de ce que l’on est dans toute l’épaisseur de son existence, parmi ceux qui vous ressemblent), oui, pourquoi ce désir serait-il louable chez les Noirs américains, les Chinois, les Arabes, les Israéliens, les Ouïgours, les Turcs ou les Gabonais, mais condamnable chez les Européens et les Français ? Voilà bien une question qu’il faudrait un jour élucider.

Dominique Venner

1.Marcel Detienne, dans Le Monde des 12-13 juillet 2009, sous le titre : La France sans terre ni mort.
2. Marc Bloch, L’Etrange défaite, Editions Francs Tireurs, 1946, p. 188. On sait que, s’étant repenti de son abstention précédente, le grand historien s’est engagé dans la Résistance. Capturé, il a été fusillé en juin 1944.

Source : Dominique Venner [1]


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[1] Dominique Venner: http://www.dominiquevenner.fr/#/editonrh44autochtone/3272196

dimanche, 13 septembre 2009

Garder les traditions ou vivre selon la Tradition?

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Garder les traditions ou vivre selon la Tradition ?

Ex: http://fr.novopress.info/

L’un des premiers motifs de l’engagement militant aux Identitaires, c’est le refus volontariste de rester les bras croisés devant la « perte » de nos traditions, échos d’une identité lointaine que l’on souhaite défendre à travers l’entretien de ces rites ancestraux. Mais dans une société comme la nôtre, où les mœurs ont plus évolué en 50 ans qu’en 1 000 ans, « garder les traditions » s’apparente plus à un slogan révélateur du dépit des militants devant les grands bouleversements sociaux et culturels engendrés par le Progrès, qu’à une revendication politique sérieuse. En effet, rien de plus négatif qu’un tel slogan, rien de plus rasoir et de plus démotivant qu’une telle revendication. Le verbe « garder » a un sens précis : il est synonyme de conserver. Tel un pêcheur qui tenterait vainement de garder au bout de sa ligne l’énorme poisson emporté par l’irrésistible courant de la rivière. Je m’explique : on ne s’engage pas en politique, d’autant plus dans la mouvance identitaire, pour « sauver les meubles ». « Garder », « conserver », voire même « défendre » dans une certaine mesure, s’apparente à une posture rétrograde et aigrie, c’est un repli en défense plein d’amertume, un retour en arrière. Or, pour nous autres Identitaires, la politique est une aventure, une quête enthousiaste et une entreprise pleine de joie. Nous partons à l’assaut du pouvoir : nous ne nous agenouillons pas devant lui, implorant par nostalgie un sursis supplémentaire pour une fête ou une célébration laissée à l’abandon. Nous ne voulons pas réinstaurer un passé fantasmé (ce qui est de toute manière impossible) mais plutôt puiser dans le passé les éléments positifs utiles à une renaissance sociale, civilisationnelle et politique.

Nous ne nous engageons pas en politique comme le chauffeur de taxi, selon la caricature populaire, se lance dans une diatribe enflammée contre le fait que « tout fout le camp ». Soyons honnêtes : nous ne pouvons ressusciter ce qui est déjà mort. J’entends par là : nous ne pouvons pas vivre comme nos aïeux vivaient il y a deux siècles. Telles ces reproductions médiévales dans lesquelles de nombreux Français trouvent un certain exutoire, loin de leur malaise existentiel, blasés du métro-boulot-dodo. Cela, c’est le « folklore », c’est-à-dire l’exact contraire de l’identité, de la Tradition. Alors que le folklore consiste à danser la gigue autour du feu, habillés comme nos ancêtres et au son d’instruments disparus, vivre selon son identité, c’est tout simplement maintenir vivace, mais sous d’autres formes que celles aujourd’hui disparues, l’esprit qui animait nos ancêtres du temps où l’on dansait encore la gigue.

La Tradition ne se « garde » pas : elle s’entretient. Car la Tradition est avant tout un état d’esprit célébré sous des formes qui peuvent évoluer : la forme est importante mais le sens de la Tradition, c’est-à-dire sa raison d’être, l’est plus encore.

Or aujourd’hui, la plupart des associations s’étant donné pour objectif de « faire vivre » les traditions se limitent à faire du « folklore ». En effet, celles-ci se contentent d’être un musée itinérant d’une identité morte et enterrée. Car quiconque affirme défendre le « folklore » et le « patrimoine » formule en réalité un cruel aveu d’échec. A l’image de ces villages de Provence, vidés de leurs habitants par l’exode rural, colonisés par le tourisme de masse, résidence secondaire pour Parisiens, Britanniques et Hollandais aisés, où l’expression « enfants du pays » ne recouvre plus aucune réalité. Ces villages sont des territoires mis sous cloche (ou emballés sous vide, au choix), destinés à justifier notre statut de « première destination touristique mondiale ». Il y a des commerçants et des pseudo-artisans qui sont là pour faire rêver les touristes sur de « l’authentique » made in China, mais pas d’habitants, et donc pas de vie de village. Cela, c’est le folklore. Un mur de fumée « à l’ancienne » pour berner les touristes. C’est « sympa », « touchant », « naïf », « pittoresque », mais mort.

Ouvrons une parenthèse. La différence entre le folklore et la Tradition a des conséquences pratiques en termes de positionnement sur l’échiquier politique. Alors que l’homme « de droite » standard va draguer les électeurs à grands renforts d’images d’Epinal sur la « France des terroirs » (en tapotant le cul d’une vache devant les caméras par exemple), le militant identitaire va, lui, identifier les causes de la désertification rurale (la ruralité est le dernier refuge des traditions populaires, d’où l’intérêt de la préserver) et tenter d’y remédier via des mesures sérieuses : relocalisation de l’économie, lutte contre l’urbanisation et la spéculation immobilière, subventionnement de l’agriculture biologique, enseignement de la culture et de la langue régionale dès l’école primaire, etc.

Ainsi, une politique identitaire ne vise pas à manger du saucisson au Salon annuel de l’Agriculture, bref à être le « type sympa », mais à lutter en profondeur contre ce qui tue nos traditions depuis la racine. Refermons la parenthèse.

Les Identitaires ne s’accrochent pas désespérément à ce qui a disparu. Respectueux des rites ancestraux qui régissent une tradition millénaire, nous tenons plus encore à en respecter leur sens profond. Nous n’oublions pas qu’une tradition est la fille de circonstances sociales et culturelles, ou politiques, d’une époque donnée dans un lieu donné.

Par exemple, la bénédiction des calissons à Aix-en-Provence : chaque année, autour du 6 et 7 septembre, une messe est donnée, suivie d’une procession d’associations « folkloriques », en costume d’époque, avant de participer à la distribution populaire de calissons. Cette fête, appelée aussi « renouvellement du vœu Martelly », trouve son origine dans l’épidémie de peste qui toucha la capitale des comtes de Provence au début du 18ème siècle. L’élite politico-administrative et économique de la cité fuya, laissant derrière elle une population affamée. Seuls demeuraient l’évêque et l’assesseur (gouverneur de la ville pour le compte du roi) qui avaient organisé la bénédiction d’un grand nombre de calissons destinés à nourrir partiellement les Aixois. Martelly fait alors le vœu, en mémoire de ce drame, de faire bénir chaque année des calissons pour les distribuer aux Aixois. A l’origine, la « bénédiction des calissons » n’a donc rien de festif : elle répondait à une véritable catastrophe sanitaire et alimentaire, probablement la plus grave qu’ait connue Aix depuis sa fondation par les Romains. Aujourd’hui, combien d’Aixois connaissent le sens social et religieux de cette tradition ? De la même manière, combien d’Aixois savent que la plupart des saintes vierges qui ornent l’angle des immeubles de leur cité ont été installées à la même époque pour permettre à leurs ancêtres de prier pour la fin de l’épidémie et la guérison des blessés, depuis chez eux, afin d’éviter la contamination ? Pour un identitaire, ce qui importe par-dessus tout, ce n’est pas de défiler dans des costumes colorés pour provoquer les crépitements de flash des appareils photos tenus par les hordes de touristes japonais, mais plutôt de continuer à célébrer les valeurs humaines qui inspirent toute tradition.

Quand chaque année, des militants identitaires se retrouvent autour d’un « Noël provençal » (repas traditionnel), peu importe qu’il manque une nappe sur la table (trois selon le rite), que l’omelette aux truffes soit en réalité composée d’une autre spécificité de champignons ou que la traditionnelle morue ait cédé sa place à un poisson meilleur marché : une célébration ancestrale ne doit pas être une lubie de bourgeois aisés mais un moment de convivialité populaire. Si, pour faire perdurer un certain esprit, il est nécessaire (pour des raisons financières souvent), de déroger à quelques points précis de la règle, alors soit, il en sera ainsi, l’essentiel est de respecter l’âme d’une fête : pas de reproduire bêtement les gestes de nos aïeux par obsession mimétique. Pour nous, l’identité, ce « n’est pas ce qui ne change jamais, mais ce qui nous permet de rester nous-mêmes en changeant tout le temps » (Alain de Benoist).

Nous ne « gardons » pas les traditions, nous vivons selon la Tradition, tous les jours et en tout lieu : c’est-à-dire selon notre identité trente fois millénaire, malgré les évolutions et les révolutions. Fidèles au sens initial des traditions et à l’état d’esprit qui a présidé à leur naissance, soucieux de l’intégrité des rites qui servent de médium entre l’esprit d’antan et le peuple d’aujourd’hui, nous veillons toutefois à ne pas laisser la lettre primer sur l’esprit (selon la leçon des évangiles à propos des Pharisiens). La Tradition, c’est l’identité : passée, présente et future.
Julien LANGELLA


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mardi, 01 septembre 2009

Sur la famille: citation de Talcott Parsons

talcott-parsons.jpg

 

 

Citation de Talcott Parsons:

 

“Que peut-on dire des fonctions de la famille, c’est-à-dire de la famille nucléaire et isolée?

 

Les fonctions de la famille dans une société hautement différenciée ne doivent pas s’interpréter comme des fonctions qui impliquent directement la société mais qui impliquent plutôt la personnalité... C’est parce que la personnalité humaine n’est pas simplement “née” mais doit être “faite” par le truchement d’un processus de socialisation que la famille est nécessaire en première instance. Les familles sont les ateliers qui produisent les personnalités humaines.

 

Nous suggérons dès lors que les fonctions de base, les fonctions irréductibles, de la famille sont au nombre de deux: d’abord, elles assurent la première socialisation des enfants jusqu’au moment où ceux-ci peuvent devenir des membres à part entière de la société au sein de laquelle ils sont nés; ensuite, elles contribuent à stabiliser les personnalités adultes de cette même société”.

00:15 Publié dans Sociologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : famille, citations, sociologie, talcott parsons | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook