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jeudi, 15 novembre 2012

(Re)devenir des unités impériales

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(Re)devenir des unités impériales
 
Il apparaît clairement qu'avant d'être un type d'organisation politico-territoriale ou une création historiquement déterminée de l'état, l'empire est avant tout une conception qui ouvre un éthos, une dimension de l'âme (...) On doit avoir conscience que ce dernier ne peut s'offrir comme une voie intérieure et être pleinement vécu qu'à la condition de partir du néant, qu'aucun passage ne soit préalablement ouvert. Dans le monde actuel, il est donc possible d'être un empire tel que Peter sloterdijk le définit, à savoir une "idée mythomotrice" de l'Europe, une image qui fait bouger nos âmes et met en forme nos consciences. L'imperium renferme en lui-même non seulement l'histoire, mais l'essence même de l'Europe.Slodertijk nous dit encore que l'Europe est puissance ou n'est pas (...) L'Europe est empire ou n'est pas. L'empire est la quintessence, la force qui fait bouger l'aventure historique des peuples européens. Donc, le véritable défi consiste à réinventer soi-même et à recréer une forme impériale pour le XXIème siècle. (...) Il s'agit, comme le dit Sloterdijk, d'imaginer des "rêves lucides" qui constitueraient des visions entraînant notre volonté et qui nous pousseraient à prendre notre destinée en mains. Etre "unité impériale" signifie exactement être porteur, devenir l'incarnation de cette idée, de cette forme, de cette force mythomotrice. Faire de l'empire une idée-force ne signifie pas simplement prendre une position politique mais se trouver une direction à soi-même, s'ouvrir de nouvelles voies, créer de nouveaux parcours, suivre une loi intérieure quand il n'y en a plus à l'extérieur, et être éventuellement prêt à justifier cette revendication. Cela signifie être les soldats d'une figure institutionnelle qui n'existe pas, qui n'existera peut-être jamais plus, mais qui pourra également nous amener vers un changement nécessaire de polarité, si elle est intériorisée.(...) L'ennemi en moi est plus dangereux que l'ennemi en lui-même. Il ne peut y avoir aucun empire dans l'avenir si nous ne pouvons d'abord réaliser l'impérium en nous-mêmes. L'objectif est donc d'être "unités impériales". Ici, la figure de l'empire apparaît comme la parfaite synthèse d'un héritage historique, d'un objectif politique et d'un parcours d'autoréalisation. Ces mêmes notions se retrouvent également dans le mystère Gibelin du Graal, qui dans son essence la plus authentique, témoigne d'une quête royale de dépassement de soi, en direction d'une vitalité spirituelle renouvelée et d'une plénitude sacrée. (...) Dans ces temps de nihilisme proclamé, l'impérium apparaît alors comme une voie héroïque à parcourir. L'unité impériale est donc le soldat de l'empereur, d'un empereur qui n'existe pas, qui dort peut-être dans le Kyffhäuser, qui existera peut-être demain...ou pas, mais qui a été intériorisé pour devenir une dimension du coeur, du cerveau, de l'esprit. L'unité impériale, c'est celui qui se voit comme un élément constitutif de quelque chose de plus grand, d'une idée, d'un projet, d'une communauté et qui agit donc en réseau, avec une impersonnalité active. C'est celui qui sait se tenir à sa place, qui marche et qui combat à côté de tant d'autres, proches et lointains, avec agilité et pragmatisme, loin de toute tentation individualiste, narcissique ou d'improvisation. Comme le dit Artaud, l'unité impériale est un "anarchiste couronné", un souverain de lui-même qui fonde cette souveraineté sur l'intériorisation d'un principe et sur une totale fidélité à celui-ci. (...) La sentinelle de l'empire (...) attaque, c'est l'avant-garde conquérante d'une machine de guerre productrice de sens. Elle est autocentrée mais exploratrice, prête à enfoncer l'étendard d'une nouvelle implantation. L'exubérance est toujours expansionniste. toute force active tend à la conquête, à déborder de ses confins, à se faire de l'espace. (...) Exubérant est celui qui plante son propre drapeau, celui qui donne un sens au monde qui l'entoure. Et c'est ainsi que mètre après mètre, jour après jour, tranchée après tranchée, inexorablement on "re-prend" tout.
 
Adriano Scianca: "Casapound une terrible beauté est née" ("Tout se réapproprier"), Editions du Rubicon, 2012, p: 205-209


Si l'homme du point zéro (...) savait conjuguer son choix directionnel de réintégration avec les idéaux d'un empire intérieur, s'il savait se concevoir lui-même comme un homme de l'empereur, tout en agissant éventuellement dans l'isolement le plus complet, dans le silence de sa propre intériorité ou même dans le bruit du monde, s'il savait se concevoir comme l'un de ces gardes-frontière aux confins de l'empire qui prennent la décision d'agir même en l'absence totale d'ordres, ne serait-ce pas le premier vrai pas vers une reconstruction intégrale ? On aime imaginer cet homme qui se relève des courants au nom de l'idée cosmique de l'empire, comme unité impériale. Unité comme élément de base, capable d'agir en autonomie ou en relation avec les autres. Ce sera l'homme en possession de lui-même, mais qui saura écouter le cosmos, l'homme qui, dans l'esssentialisme, saura choisir une direction, donner un cap à sa liberté retrouvée.

Flavio Nardi: "Devenir unités impériales" ("Divenire unità imperiali"), in Orion n°237, juin 2004, p: 50 (Cité in Adriano Scianca, "Casapound une terrible beauté est née", Editions du Rubicon, 2012, p: 206)

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Conferenza su Louis-Ferdinand Céline di Andrea Lombardi

Conferenza su Louis-Ferdinand Céline

di Andrea Lombardi

Fiera del libro di Milano, 2012

L’en­ne­mi prin­ci­pal s’ap­pelle modé­ran­tisme

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L’en­ne­mi prin­ci­pal s’ap­pelle modé­ran­tisme

par Philippe Baillet

Ex: http://www.catholica.presse.fr/

Cet ou­vrage col­lec­tif inau­gure une pro­met­teuse col­lec­tion dont les pre­miers titres se pro­posent d’ana­ly­ser, dans une pers­pec­tive plu­ri­dis­ci­pli­naire et en fai­sant lar­ge­ment appel à des au­teurs étran­gers, trois at­ti­tudes pro­duites par la si­tua­tion mi­no­ri­taire au­jourd’hui propre aux membres des re­li­gions éta­blies en Eu­rope. Outre le mo­dé­ran­tisme, sont visés le com­mu­nau­ta­risme, avec sa ten­ta­tion de la contre-​so­cié­té, et le plu­ra­lisme re­li­gieux conju­gué à l’es­prit de concur­rence.

[Note : cet ar­ticle a été pu­blié dans Ca­tho­li­ca, n.​98]

La culture du refus de l’en­ne­mi. Mo­dé­ran­tisme et re­li­gion au seuil du XXIe siècle1  : cet ou­vrage col­lec­tif inau­gure une pro­met­teuse col­lec­tion, la « Bi­blio­thèque eu­ro­péenne des idées », dont les pre­miers titres se pro­posent d’ana­ly­ser, dans une pers­pec­tive plu­ri­dis­ci­pli­naire et en fai­sant lar­ge­ment appel à des au­teurs étran­gers, trois at­ti­tudes pro­duites par la si­tua­tion mi­no­ri­taire au­jourd’hui propre aux membres des re­li­gions éta­blies en Eu­rope. Outre le mo­dé­ran­tisme, sont visés le com­mu­nau­ta­risme, avec sa ten­ta­tion de la contre-​so­cié­té, et le plu­ra­lisme re­li­gieux conju­gué à l’es­prit de concur­rence.
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D’em­blée, il faut fé­li­ci­ter les res­pon­sables de cet ou­vrage d’avoir su dé­ga­ger la pro­blé­ma­tique du mo­dé­ran­tisme de la gangue de l’his­toire de la dé­mo­cra­tie chré­tienne, fran­çaise ou non, pour lui res­ti­tuer toute sa pro­fon­deur sur le long terme. Ils ma­nient aussi bien la loupe que la longue-​vue, s’in­té­res­sant à la fois au proche et au loin­tain. L’in­ti­tu­lé des trois par­ties com­po­sant l’ou­vrage (His­toire – Concepts – Pers­pec­tives) est à cet égard très par­lant et plei­ne­ment jus­ti­fié.
Au lieu de se li­mi­ter à la des­crip­tion ou à la dé­non­cia­tion des tra­duc­tions pra­tiques du mo­dé­ran­tisme dans le champ po­li­tique ou re­li­gieux, il s’est agi d’abord de mettre en re­lief un état d’es­prit, une at­ti­tude de­vant la vie, voire une phi­lo­so­phie im­pli­cite. En deçà des ava­tars po­li­tiques (Sillon, dé­mo­cra­tie chré­tienne, par­ti­ci­pa­tion à la construc­tion de l’Eu­rope) ou re­li­gieux (théo­lo­gie mo­der­niste, ins­tru­ments du com­pro­mis et de la » ré­con­ci­lia­tion »), c’est l’es­sence du mo­dé­ran­tisme et de l’iden­ti­té mo­dé­rée — dont le ca­rac­tère mou­vant, dif­fi­cile à sai­sir, n’al­tère en rien la ca­pa­ci­té de nui­sance — qui consti­tue l’objet de l’ou­vrage. En effet, « de­puis la po­li­tique mo­derne, la culture du refus de l’en­ne­mi […] a pris forme avec une fi­gure par­ti­cu­lière, celle du mo­dé­ré » (Jean-​Paul Bled, « Pré­sen­ta­tion », p. 10). La culture en ques­tion est le pro­duit de « l’es­prit tran­sac­tion­nel qui pré­vaut dans l’im­mense ma­jo­ri­té du monde ca­tho­lique » (Gilles Du­mont, « Pro­blé­ma­tiques du mo­dé­ran­tisme », p. 17), es­prit dont l’au­teur sou­ligne bien qu’il peut prendre au moins trois formes : la col­la­bo­ra­tion avec les « struc­tures de péché », au nom de l’en­trisme et des bonnes in­ten­tions vi­sant à com­battre et rec­ti­fier le mal de l’in­té­rieur ; l’op­ti­misme niais qui pré­tend sa­voir dé­cryp­ter la réa­li­té (l’en­ne­mi est bien là, et même mas­si­ve­ment, mais en fait c’est un ami qui s’ignore) ; enfin, op­tion plus sub­tile et plus rare, le quié­tisme, qui prend dans ce cas la forme du re­trait du monde dans le jar­din de l’in­té­rio­ri­té, l’aban­don à la Pro­vi­dence étant censé pal­lier tout le reste.
Mais avant toute en­quête his­to­rique, c’est la ré­flexion phi­lo­so­phique qui doit dé­mon­trer en quoi le mo­dé­ran­tisme est une dé­for­ma­tion ou une ca­ri­ca­ture de la mo­dé­ra­tion ou, mieux, de cette qua­li­té émi­nente que le grec ou le latin nom­mait tem­pé­rance. Celle-​ci est étroi­te­ment as­so­ciée au sens de l’har­mo­nie et de la me­sure, non celui de M. Ho­mais, mais en tant que la tem­pé­rance « c’est la convic­tion que le seul ab­so­lu c’est l’uni­vers, conçu comme ce qui est tel que tout puisse y être conte­nu de ma­nière har­mo­nieuse sans qu’au­cune des par­ties ne puisse pa­raître en consti­tuer la fin propre et être culti­vée comme telle sans in­tem­pé­rance » (Claude Polin, « Mo­dé­ra­tion et tem­pé­rance : conti­nui­té ou an­ti­no­mie ? », p. 25). Pour l’au­teur, la tem­pé­rance n’a plus sa place dans le monde mo­derne, quand s’ef­face tou­jours plus la conscience de l’ordre du monde et du monde comme ordre, quand un pro­mé­théisme en­core très lar­ge­ment do­mi­nant mal­gré les aléas du « pro­grès » en­seigne en­core et tou­jours qu’il n’y pas d’autre ordre que celui constam­ment créé et re­créé par l’homme. Mais Claude Polin est un phi­lo­sophe qui sait aussi ob­ser­ver les ma­ni­gances de la po­li­tique. Ainsi quand il taille aux po­li­ti­ciens mo­dé­rés, en rap­pe­lant leurs deux règles de base, ce cos­tume si bien ajus­té qu’on le voit déjà sur le dos d’un cer­tain pré­sident-​vi­brion : « La pre­mière est de pré­sen­ter comme no­va­trices et ré­vo­lu­tion­naires des idées qui ne fassent peur à per­sonne, en tout cas pas au plus grand nombre, et la se­conde de se tenir aussi près que pos­sible de son concur­rent et de ses dis­cours (au point que la confu­sion de­vienne pos­sible), tout en se pré­sen­tant comme son ir­ré­duc­tible ad­ver­saire » (p. 31).
Avec Péguy, ce sont sur­tout les clercs au sens propre du terme qui font les frais de la cri­tique, par­fois très in­ci­sive, à la li­mite même de l’in­vec­tive quand l’écri­vain ca­tho­lique se moque de l’ap­pa­rence phy­sique des re­pré­sen­tants du « parti dévot », ces théo­lo­giens mo­der­nistes dont il dit : « Parce qu’ils n’ont pas le cou­rage d’être d’un des par­tis de l’homme, ils croient qu’ils sont de Dieu » (cité p. 35 par Laurent-​Ma­rie Poc­quet du Haut-​Jus­sé, « Péguy et les mo­dé­rés »). Pour Péguy, le théo­lo­gien mo­der­niste est « l’homme qui tremble. C’est l’homme dont le re­gard de­mande par­don d’avance pour Dieu ; dans les sa­lons » (ibid., cité p. 39). Bien qu’il faille se gar­der de gé­né­ra­li­ser sur la puis­sance plas­ma­trice des idées et des vi­sions du monde, force est de consta­ter que le mo­dé­ran­tisme, et tout spé­cia­le­ment le mo­dé­ran­tisme en ma­tière re­li­gieuse, pro­duit sou­vent des types hu­mains im­mé­dia­te­ment re­con­nais­sables jusque sur le plan phy­sique : mé­lange de mol­lesse et de suf­fi­sance, air com­pas­sé et plain­tif, di­gni­té et sé­rieux de com­mande sur le mode des huis­siers an­non­çant, parmi les ors de la Ré­pu­blique, l’en­trée du pré­sident de la Chambre dans la salle des séances. Que l’on songe par exemple à un Louis Schweit­zer, an­cien pré­sident-​di­rec­teur gé­né­ral de Re­nault-​Nis­san, membre de la fa­mille du cé­lèbre mé­de­cin, mu­si­co­logue et théo­lo­gien pro­tes­tant, à pré­sent à la tête de la Halde (Haute au­to­ri­té pour la lutte contre les dis­cri­mi­na­tions et pour l’éga­li­té). Il suf­fit de re­gar­der un ins­tant un per­son­nage comme ce­lui-​là, par ailleurs ri­chis­sime, pour sai­sir ce que si­gni­fie la sub­ver­sion ins­tal­lée, dans ses meubles, « fai­sant au­to­ri­té », mais se don­nant tou­jours pour équi­li­brée, im­par­tiale, au-​des­sus des pas­sions et des fac­tions. Chez ce genre de mo­dé­rés, il est évident que mo­dé­ra­tion rime avec tar­tu­fe­rie.
Tou­jours dans le cadre des tra­duc­tions his­to­riques du mo­dé­ran­tisme, l’en­quête se pour­suit par un ar­ticle (de Chris­tophe Ré­veillard) sur la par­ti­ci­pa­tion des ca­tho­liques à la construc­tion de l’Eu­rope, un autre (de Paul-​Lud­wig Wei­nacht) sur le même thème en lien avec les chré­tiens-​dé­mo­crates al­le­mands, et un troi­sième (de Mi­guel Ayuso) mon­trant com­bien, pour l’Es­pagne res­tée « dif­fé­rente » jusqu’à la fin du fran­quisme, l’eu­ro­péi­sa­tion a été sy­no­nyme de sé­cu­la­ri­sa­tion ac­cé­lé­rée. Ce sont là, en effet, au­tant d’exemples d’hé­té­ro­ge­nèse des fins : les rêves d’Eu­rope « ca­ro­lin­gienne » en­tre­te­nus par les ca­tho­liques mo­dé­rés ont dé­bou­ché sur un es­pace-​Eu­rope ou­vert à tous les vents, théâtre de tous les mé­langes, simple pré­lude au mar­ché mon­dial dé­ter­ri­to­ria­li­sé.
La par­tie la plus pro­pre­ment po­li­to­lo­gique et théo­rique de ce re­cueil ap­pa­raît, lo­gi­que­ment, comme im­pré­gnée de la leçon de Carl Schmitt, par­fois aussi de son « dis­ciple » fran­çais, Ju­lien Freund. Qu’il s’agisse du refus d’ad­mettre la pos­si­bi­li­té de l’en­ne­mi (Jerónimo Mo­li­na Cano), du refus du conflit (Teo­do­ro Klitsche de la Grange) ou en­core de l’ami ex­té­rieur et de l’en­ne­mi in­té­rieur (G. Du­mont), plu­sieurs des grands thèmes chers au maître de Plet­ten­berg re­viennent ici, avec une in­sis­tance sur l’en­ne­mi in­té­rieur et le cli­mat de guerre ci­vile lar­vée, tous deux consub­stan­tiels à la dé­mo­cra­tie mo­derne. Le der­nier au­teur cité sou­ligne la gra­vi­té en­core plus forte de la né­ga­tion de l’en­ne­mi en mi­lieu chré­tien, dans la me­sure où le refus du conflit est aussi né­ga­tion de la pré­sence agis­sante du Mal. Il in­tro­duit ainsi aux deux contri­bu­tions de na­ture théo­lo­gique, l’une (de Claude Barthe) por­tant es­sen­tiel­le­ment sur le do­maine moral, l’autre (d’Ans­gar San­to­gros­si) sur cer­taines dé­marches œcu­mé­niques comme exer­cices de mo­dé­ran­tisme.
Ap­pa­rem­ment sans lien avec le mo­dé­ran­tisme et la culture du refus de l’en­ne­mi, les contri­bu­tions de la der­nière par­tie en­tendent ou­vrir des pers­pec­tives de re­cons­truc­tion, comme s’il s’agis­sait de prendre acte de l’écrou­le­ment dé­fi­ni­tif des grandes struc­tures so­cio-​his­to­riques (Etat, na­tion, peuple) et de voir à par­tir de quoi il est pos­sible de re­bâ­tir. En fait, c’est par leur conte­nu « ra­di­cal » qu’elles gardent une re­la­tion pa­ra­doxale avec le thème do­mi­nant de l’ou­vrage. Tel est no­tam­ment le cas de la longue et ori­gi­nale contri­bu­tion de Ber­nard Wicht (« Re­belle, armée et ban­dit : le pro­ces­sus de res­tau­ra­tion de la cité »), en quête de ré­ponses chez des pen­seurs qui ont dû mé­di­ter sur des si­tua­tions de crise pro­fonde : Pla­ton, Ma­chia­vel ou en­core Ernst Jünger écri­vant son Trai­té du Re­belle six ans seule­ment après la dé­faite de l’Al­le­magne nazie. Par ailleurs, un thème au­quel Schmitt s’était in­té­res­sé, celui du ka­te­khon, « ce qui re­tient » ou « re­tarde » la venue du « mys­tère d’ini­qui­té », re­vient dans la der­nière contri­bu­tion (de Ber­nard Mar­cha­dier). Selon l’in­ter­pré­ta­tion de l’au­teur, il y a ana­lo­gie entre la Sa­gesse, la Vierge et la Cité, le mal re­te­nu étant l’ano­mie, « le dé­rè­gle­ment de toutes choses dans la cité hu­maine » (p. 130).
Quant à l’ar­ticle conclu­sif de Ber­nard Du­mont (« La po­li­tique contem­po­raine entre grands prin­cipes et lâ­che­tés »), il se ter­mine par une in­ter­ro­ga­tion sur la ca­pa­ci­té des dé­mo­cra­ties oc­ci­den­tales à ab­sor­ber in­dé­fi­ni­ment des contra­dic­tions de plus en plus criantes, y com­pris par l’en­tre­tien dé­li­bé­ré d’un « désordre éta­bli » per­met­tant au Sys­tème de se poser en ul­time re­cours et moindre mal.
Après cette pré­sen­ta­tion dé­taillée, il im­porte de faire une ré­serve de ca­rac­tère for­mel et de sug­gé­rer une piste de re­cherche, peu ex­plo­rée dans l’ou­vrage, sur les ori­gines du mo­dé­ran­tisme, en France du moins. La ré­serve porte sur le nombre de contri­bu­tions. L’ou­vrage au­rait gagné en co­hé­rence et en clar­té, évi­tant che­vau­che­ments et re­dites, avec moins de contri­bu­tions, mais plus four­nies. Il faut ce­pen­dant rap­pe­ler qu’il trans­crit les in­ter­ven­tions et cer­tains dé­bats d’un col­loque. Si l’im­pres­sion gé­né­rale qui se dé­gage est que le sujet a été abor­dé sous de nom­breuses fa­cettes, il res­te­rait à consi­dé­rer la so­cio­lo­gie des mo­dé­rés, quelle que soit l’époque où l’on peut à bon droit par­ler d’eux (de­puis la fin du XVIIIe siècle, pé­riode de leur ap­pa­ri­tion, jusqu’à la ré­cente et ac­tuelle po­li­tique d’ « ou­ver­ture » de la ma­jo­ri­té pré­si­den­tielle à de pseu­do-​op­po­sants), de même que la ques­tion d’une dé­li­mi­ta­tion confes­sion­nelle pré­cise du mo­dé­ran­tisme. Par exemple, le mo­dé­ran­tisme doit-​il être consi­dé­ré comme un phé­no­mène in­terne au ca­tho­li­cisme eu­ro­péen ou à l’en­semble du chris­tia­nisme du Vieux Conti­nent, et seule­ment ainsi ? Le terme de mo­dé­ran­tisme a-​t-​il en­core un sens lors­qu’il s’ap­plique à des choix po­li­tiques qui n’ont plus qu’un lien très lâche avec l’hé­ri­tage chris­tia­no-​ca­tho­lique de l’Eu­rope ?
Toute la dif­fi­cul­té pour cer­ner le sujet nous pa­raît venir du fait que les mo­dé­rés et le mo­dé­ran­tisme évo­luent tou­jours à la fron­tière de la so­cio­lo­gie et de la psy­cho­lo­gie. Comme l’avait bien vu Abel Bon­nard dans son livre de 1936, les mo­dé­rés sont, en France du moins, les restes de l’an­cienne so­cié­té ; so­cio­lo­gi­que­ment, ils se re­crutent assez sou­vent, à date plus ré­cente, parmi les an­ciennes élites (chez les des­cen­dants des no­tables de robe, par exemple). Mais le mo­dé­ran­tisme, lui, est un état d’es­prit, qui dé­borde de beau­coup les mi­lieux des conser­va­teurs hon­teux for­mel­le­ment ca­tho­liques. Cet état d’es­prit n’en doit pas moins avoir une his­toire, bien que celle-​ci soit dif­fi­cile à re­tra­cer. La piste de re­cherche que nous sou­met­tons, dans le sillage de Bon­nard, se li­mite à la France et consiste à sug­gé­rer que l’ori­gine des mo­dé­rés re­monte à la vie de so­cié­té au XVIIIe siècle, la­quelle, en France, « s’est si­gna­lée par une spé­cieuse ac­ti­vi­té de l’es­prit, et c’est par là qu’elle a pu être aussi fu­neste dans ses suites qu’elle était fas­ci­nante dans ses ma­ni­fes­ta­tions »2 . La brillante for­mule de Bon­nard — « La France est le pays où les dé­fauts des sa­lons sont des­cen­dus dans les rues »3  — nous pa­raît pou­voir rendre compte de plu­sieurs traits propres au phé­no­mène des mo­dé­rés et du mo­dé­ran­tisme : l’im­por­tance des in­tel­lec­tuels dans les rangs mo­dé­rés ; la sur­es­ti­ma­tion par ces mi­lieux de l’in­tel­li­gence dis­cur­sive et ra­tio­ci­na­trice, au dé­tri­ment de l’in­tui­tion in­tel­lec­tuelle im­per­son­nelle et de la force de ca­rac­tère ; la va­ni­té des mo­dé­rés, qui, comme di­sait Bon­nard, « com­plique » leur fai­blesse et la rend « très nui­sible » ; leur per­ma­nent com­plexe d’in­fé­rio­ri­té en­vers les opi­nions sub­ver­sives, en ce que celles-​ci leur pa­raissent tou­jours té­moi­gner d’une plus grande éner­gie, cette éner­gie qui leur fait tant dé­faut ; leur in­gué­ris­sable pué­ri­li­té, eux qui se laissent gui­der, sous pré­texte de briller, par « la croyance en­fan­tine que ce qu’ils ébranlent du­re­ra tou­jours »4 .
A tous ces titres et à quelques autres, mo­dé­rés et mo­dé­ran­tisme ap­pa­raissent donc, tou­jours en bor­nant la ré­flexion à la France, comme stric­te­ment in­dis­so­ciables de la pré­do­mi­nance dans notre pays de la men­ta­li­té bour­geoise et in­di­vi­dua­liste.
Au bout du compte, qu’ils soient for­mel­le­ment chré­tiens ou non, ca­tho­liques ou non, ce dont souffrent avant tout les mo­dé­rés fran­çais, c’est de ce que l’on pour­rait ap­pe­ler un « dé­fi­cit d’in­car­na­tion ». En ce sens, le mo­dé­ran­tisme, por­teur de la culture du refus de l’en­ne­mi, est bien l’en­ne­mi prin­ci­pal de toute ten­ta­tive au­then­tique de res­tau­ra­tion de la cité, puisque celle-​ci passe né­ces­sai­re­ment, comme l’a bien vu Ber­nard Wicht, par l’ap­pa­ri­tion, par la lente et si­len­cieuse af­fir­ma­tion d’une nou­velle sub­stance hu­maine, donc par une vé­ri­table ré­vo­lu­tion an­thro­po­lo­gique.

  1. . Ber­nard Du­mont, Gilles Du­mont et Chris­tophe Ré­veillard (dir.), La culture du refus de l’en­ne­mi. Mo­dé­ran­tisme et re­li­gion au seuil du XXIe siècle, Presses uni­ver­si­taires de Li­moges, Li­moges, 2007, 150 p., 20 €. []
  2. . Abel Bon­nard, Les Mo­dé­rés. Le drame du pré­sent [1936], Edi­tions des Grands Clas­siques, 1993, p. 99. []
  3. . Ibid., p. 101. []
  4. . Ibid., p. 111. []

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La Turquie menace l’Union Européenne et l’ENI italienne

Andrea PERRONE:

La Turquie menace l’Union Européenne et l’ENI italienne: intolérable!

 

Ankara veut entrer dans l’Union Européenne mais sa politique dite “néo-ottomane” cherche à empêcher les pétroliers italiens de l’ENI d’exploiter des gisements au large de Chypre!

 

chypre-gaz-400-de-haut_0.jpgLa Turquie réclame que l’Europe fasse un pas décisif et prenne des décisions immédiates pour faire accéder définitivement la Turquie à l’UE mais, simultanément, elle menace une importante société pétrolière européenne, l’ENI italienne, parce que celle-ci s’apprête à signer des accords avec Chypre pour exploiter les gisements de gaz au large de l’île. Pour le gouvernement d’Ankara, les mesures visant à favoriser le plus rapidement possible l’entrée de la Turquie dans l’UE devraient être prises au terme de l’actuelle présidence cypriote. De plus, la Turquie compte entrer dans le club des Vingt-Sept d’ici 2023. Ce langage fort a été tenu par le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, flanqué de son ministre des affaires européennes, Egemen Bagis, dans les colonnes du quotidien turc “Hurriyet”: “A la fin de la présidence cypriote, nous attendons une avancée décisive de la part de l’UE. L’UE a actuellement une attitude contraire à ses propres intérêts. Elle doit se ‘repenser’ et accélérer le processus d’adhésion de la Turquie”, a conclu le ministre. “Nous avons dit qu’avant 2023, la Turquie devrait être un membre à part entière de l’UE”, a ajouté Bagis dans ses réponses au journaliste de “Hurriyet”, mais nous n’avons pas l’intention d’attendre jusqu’à la fin de l’année 2023”.

 

La République de Chypre va bientôt céder la présidence de l’UE à l’Irlande: ce sera en décembre de cette année. Le 31 octobre, Recep Tayyip Erdogan a lancé un avertissement aux technocrates de Bruxelles, en affirmant que si l’UE ne garantit pas l’adhésion d’Ankara pour avant 2023, la Turquie retirera sa candidature. Erdogan fixe ainsi pour la première fois une date-butoir pour l’adhésion définitive de son pays à l’UE. “Je ne crois pas qu’ils se tiendront sur la corde raide aussi longtemps”, a précisé Erdogan lors de sa visite récente à Berlin où il a répondu aux questions des journalistes allemands, “mais si nous retirons notre candidature, l’UE y perdra et, en bout de course, l’UE perdra la Turquie”.

 

Pour notre part, et nonobstant la croissance continue du PIB turc, qui frise aujourd’hui les 9%, nous ne pensons pas, à l’instar des derniers sondages, que les Européens et les Turcs souffriront tant que cela si Ankara s’éloigne de l’UE. Il nous semble plus intéressant d’observer les turbulences que crée le gouvernement turc lorsqu’il déclare se tenir prêt à réviser les accords actuels permettant à l’ENI de travailler sur territoire turc si l’entreprise pétrolière italienne forge un accord avec Chypre pour exploiter les gisements gaziers au large de l’île. Le ministre turc des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, créateur de la nouvelle politique “néo-ottomane” vient d’annoncer dans un communiqué: “Comme nous l’avons déjà envisagé à maintes reprises, ..., les entreprises qui coopèrent avec l’administration grecque-cyptriote seront exclues de tous les futurs projets turcs dans le domaine énergétique”. Le contentieux qui oppose l’ENI à la Turquie, suite à l’accord prévu entre l’entreprise italienne et Nicosie, remonte déjà au 30 octobre 2012, immédiatement après que le gouvernement cypriote ait annoncé la concession de quatre licences d’exploitation de gaz, tout en précisant qu’il en négociera les termes de partenariat avec les Italiens de l’ENI, les Sud-Coréens de Kogas, les Français de Total et les Russes de Novatek. Aujourd’hui, le ministre des affaires étrangères turc a invité les entreprises et les gouvernements de ces quatre pays à “agir selon le bon sens”, les incitant à ne pas oeuvrer dans les eaux cypriotes et à retirer leurs offres.

 

Le ministre turc de l’énergie, Taner Yildiz, sûr de lui, a déclaré hier selon le quotidien “Hurriyet” qu’il était prêt à revoir tous les investissements de la société pétrolière italienne en Turquie, si celle-ci scelle un accord avec Chypre pour exploiter les gisements de gaz des eaux cyptriotes. “Nous soumettrons à révision leurs investissements en Turquie si l’ENI est impliquée”. Déjà au cours de ces derniers mois, Ankara avait protesté à plusieurs reprises auprès du gouvernement cypriote, qualifiant d’“illégales” toutes éventuelles activités d’exploitation au large de l’île et envoyant dans les eaux cyptriotes des militaires, des sous-marins et des navires de guerre. De son côté, Chypre est déforcée car elle est divisée en deux depuis l’été 1974, lorsque les troupes turques ont envahi l’île et occupé sa partie septentrionale, en réponse à un coup perpétré par des éléments philhellènes à Nicosie, qui voulaient réaliser l’ENOSIS, l’union de Chypre à la mère-patrie grecque. Depuis lors, l’île ne s’est plus jamais recomposée et les deux entités, nées des événements de 1974, ont continué à vivre séparément, hermétisées totalement l’une par rapport à l’autre mais en paix, en dépit d’une colonisation forcée favorisée en totale illégalité par la Turquie, qui a incité une fraction de ses concitoyens à prendre possession de la partie nord de Chypre.

 

Andrea PERRONE.

( a.perrone@rinascita.eu ; article paru dans “Rinascita”, Rome, le 6 novembre 2012; http://rinascita.eu/ ).

mercredi, 14 novembre 2012

Indian Summer of the Neocons

Indian Summer of the Neocons

The irresistible appeal of attacking Iran

 
 
 
Indian Summer of the Neocons 
 
Gulf War III: These ladies have an intuitive grasp of American foreign policy.
 

Sometimes empires just die, but often they have one last spurt before they go, and more often than not the spurt is all part of the dying. A good analogy is the Indian Summer, a period of unexpectedly warm weather that appears to turn the tide of approaching Winter. Less astute minds are sure to mistake this as proof of eternal summer and get frostbitten later. Those believing in the permanence of American hegemony are in for a similar nasty surprise, especially as in the coming years we are going to see the reassertion once again of American power.

This last hurrah won’t have the same post-9-11 naivety about turning everyone into "instant Americans" by giving them “democracy,” “freedom,” and cell phones over the craters of their bombed-out homes; even though that shrill note will probably continue to resonate through the propaganda. No, the new Neocons who will further this policy will be motivated much more by a cynical sense of realpolitik, realfinanz, and the increasingly jarring clatter of the gears of the machine that once smoothly ran the world.

It is not particularly important who wins the Presidential election today. Romney is a better fit with the dynamic of a late season assertion of American power; Obama a better fit with the economic decline powering it. Whoever is elected President, we will see a similar trajectory, whereby the hegemonic power of America will be asserted not as a burgeoning of true, broad-based power as it was in the post-WWII period, but instead as a flashy gesture disguising frailty and ultimate collapse.

Fall Guy

The crucible for this last act of overextended power will of course be Iran, the perfect fall guy because you just know they are not going to vary their route – their route being the one that leads towards a nuclear capability to balance that of Israel. Right on schedule, just when Uncle Sam wants to remind the world of what he looked like 50 years ago with his shirt off, the Iranians can be relied on to provide a convenient casus belli, especially if you have a few experts and a pet media to help refine the evidence and airbrush the fact that Israel and Pakistan have no business owning nukes either.

There is a tendency to view the coming war with Iran too narrowly. It is typically presented as an issue of security for Israel with a side order of protecting the free flow of Gulf oil and therefore that panacea of all dreams, the global economy. The security of the cute little tyrannies that dot the southern shore of the Gulf also gets the occasional mention. The real issue however is the maintenance of US power vis-à-vis its major global rivals set against a general background of its decline.

Riddled with flaws and weaknesses that are only getting worse, America is the yesterday man of tomorrow, but at least today the country still has some killer assets – and I don’t just mean its drones (either of the media or aeronautical variety).

The growth of America’s weaknesses means that its assets can no longer be kept on the shelf to exert their silent and secret power, but must now be vigorously milked for all they are worth. This is what will determine American foreign policy in the coming years, and impel it into inevitable war.

First the weaknesses: America is not a country in the conventional sense. This means it is held together artificially and mainly through bribery. Ultimately this means imports from China and elsewhere. This weakness is enshrined in the shape of the US economy. Modern Americans are incapable of enduring a fraction of the hardship, discipline, and endurance which workers in China, Japan, or even parts of Europe are capable of. This means that America is fighting a natural tendency to decline to levels of poverty where it can develop these traits again, but such a decline would inevitably rip the country apart. So, the inevitable must not be allowed to happen, and the only way to stop this is with magic money. But magic money is like the emperor with no clothes. Sooner or later the inconvenient child is bound to point the finger, and spark off the mass perception of nudity. Already the Emperor has unfastened his top button and unzipped his fly.

Another important weakness that America has is the power of the Jewish or Zionist lobby, supplemented by the religious right. This is a problem for two reasons. First it leads to unnecessary military involvements – both Afghanistan and Iraq can be laid at the door of this unholy relationship. Secondly, the anti-US sentiments of the Islamic world threaten to undermine the status of a dollar. Recent years have seen moves to decouple oil rich economies from the petro-dollar. The existence of a viable alternative world reserve currency in the Euro makes these dangers very real. And later something even better may come along.

Unused Assets

Now its strengths: America’s main strength has always been its position, a large secure continental landmass with unhindered access to the two largest oceans. This has made it the ideal country to carry out Alfred Mahan’s vision of world hegemony through sea power, something it has improved on by bottling up other major continental powers through its alliances with Japan and Britain, its two unsinkable aircraft carriers. Much of the Chinese anger directed at Japan recently over the issue of the insignificant Senkaku rocks is provoked by the way that US allies like Japan and Taiwan effectively serve as a fleet of blockading ships. More than this, China’s vast thirst for oil can only be quenched with supplies from the Middle East and Africa that America can easily cut off anytime it chooses. The main goal of Chinese foreign policy is to overcome this strategic weakness.

Secondly, although America is a major oil importer itself, it is relatively self-sufficient and secure in this respect compared to other major powers. Part of this is because it is now mainly a consumer economy rather than an industrial one. Also, in recent years domestic oil production has boomed to the point where the US is now tipped to overtake even Saudi Arabia as the biggest oil producer. A good conspiracy theorist could make much of this surprising revelation – almost as if a major Gulf war has been in the offing for the past few years of rising production.

A third strength that America has is its political and economic unity. Although the economy has major and even terminal flaws, the fact that it is united is a clear strength, especially with regard to the Eurozone, which is struggling in the no-man’s land between monetary union and deeper economic union during an economically difficult period.

A fourth strength is the US’s ability to project power. Although the campaign in Afghanistan in particular has revealed the limitations of US military power against Fourth Generation Warfare, the US is still able to control much of the world’s airspace and sea lanes. Even though it would be defeated if it entered certain of the 'houses' in the 'global village,' it still controls most of the streets between those houses.

This also gives the US the glamour of Superpower status that helps to sustain the perceived value of the dollar against inflationary economic policies, and so helps the machinery of domestic bribery on which unity and everything else depends.

These strengths, it should be noted, really come into their own when set against the weaknesses of America’s main rivals for global power, namely China and the EU, whose strengths, by the way, are equally potent when set against America’s weaknesses. These strengths and weaknesses can be summarized as follows:

US weaknesses vis-à-vis its rivals

Ethnic disunity and the financial costs this brings (vs. China/ to a lesser extent the EU)
Lack of toughness and discipline of its people (vs. China/ to a lesser extent the EU)
Reliance on debt-financed spending (vs. China/ to a lesser extent the EU)
Resistance to the dollar caused by pro-Israel foreign policy (vs. the EU)


US strengths vis-à-vis its rivals

Military power projection and global positioning (vs. China/ to a lesser extent Russia)
Relative energy independence (vs. China and the EU)
Political and economic unity (vs. the EU)
Superpower status (vs. China/ to a lesser extent the EU)

There is a kind of negative complementariness between America’s strengths and those of its rivals. If Europe and China are allowed to strengthen, the US will weaken by a similar amount.

For example, if the Eurozone is allowed to recover and consolidate its monetary and economic union this will provide the basis for an alternative reserve currency that would not only be popular with Islamic countries but also China and Russia, keen to see America weakened. Also, any weakening in America’s power projection and global positioning would create a vacuum that, in the Western Pacific, would be filled by China, which is keen to protect and control the sea lanes it depends on. Such a weakening of US prestige would also undermine the power of the dollar and lead to a vicious cycle.

These factors create the machinery, which, if worked one way, leads to the collapse of American Imperial power, but if worked the other, offers the possibility of hamstringing America’s opponents and extending US power for a few more decades.

If America was capable of slow and gentle decline as pre-multicultural Britain was, it might be easy to accept the end of the American Imperium, but the ending of Empire is also likely to have an enormous economic and social cost, with the essential falsity of the present economy being revealed, a process that would effectively tear the nation apart.

The unacceptable nature of such a fate provides the impulse for America to move the other way, whoever gets elected today; which leads us back to the prospect of war with Iran.

Iran having nuclear weapons only matters to the USA because it matters to Israel, as the Iranians would be no more likely to nuke anything than Israel. But Iran’s nuclear ambitions provide a convenient casus belli that can be sold to the unwarlike, consumerist masses, and which would allow America to capitalize on its strengths relative to its main rivals.

The nature of such a war would be largely confined to the skies with some peripheral naval and land operations. The war aim would be to destroy Iran’s air force and nuclear research capabilities. The war, however, would actually be directed at other powers, with Iran serving the role of surrogate enemy.

It would interrupt oil supplies possibly for weeks or even months to a degree which the wars against Afghanistan and Iraq never did. While post-election America would suffer from the resultant spike in oil prices, it would bear up a lot better than either China or the EU. The crisis would lead to a short period of intense economic dislocation as oil prices shot up and businesses closed down, at least temporarily. This would send a sharp signal to China that America controlled its sea lanes and oil supply. It would also turn one of China's strengths – the hard-working self-reliance of its population – into a weakness with sudden unemployment possibly feeding into public unrest. Furthermore it would also turn an American weakness – its underclass-bribing welfare system – into a strength.

In the Eurozone a sudden economic crisis like this would likely create enormous strains on an already fragile and unbalanced system, causing sharp increases in government borrowing costs for some nations, and possibly seeing countries like Greece and Spain exiting the Euro, or even new countries emerging like Catalonia or Northern Italy. This picture of confusion and division would further diminish the status of the Euro as a rival world currency to the dollar. Meanwhile the “flight to safety” caused by the war would strengthen the dollar.

The Mighty Donut

While a war against Iran serves a useful local goal for America’s Middle Eastern allies, it also has clear benefits for America’s global position, on which its domestic economy depends. Peace makes the world focus on the hole in the American donut; war makes it focus instead on the doughy ring.

There is a kind of impersonal necessity at work, so forget which telegenic narcissistic autocue-reading sociopath  is riding the presidential golf buggy.

Failing empires cannot afford the luxury of unutilized assets because this makes these assets effectively a punitive tax on that empire, one that its rivals do not share. America’s control of the seas and air is more than worthless in a world that is entirely peaceful; it is debilitating. It’s all hole and no donut!

To capitalize on these assets a certain amount of chaos is needed. The war against Iran and its repercussions for China and Europe, America’s real rivals, provides a nice, measured degree of this. For these reasons, limited war and a period of reassertion of American power is extremely likely.

But what will be the unintended consequences of this? In the case of Europe, further economic dislocation can only be good news for the continent’s nationalists. While for China and Russia, the exercise of US power will only impel them to strengthen their alliance and develop their ability to project power. There will also be attempts to draw Japan away.

The consequences in the Middle East will be more complex, but America’s blatant use of power for the benefit of Israel and the Gulf states will create a deep animus that may serve to unite Sunnis and Shiites against their common enemy. In other words, short-term gains in American power will be paid for through long-term losses.

L’idéal de l’Empire de Prométhée à Épiméthée

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L’idéal de l’Empire de Prométhée à Épiméthée

par Massimo CACCIARI

Nous reproduisons ci-dessous un texte intéressant du philosophe et homme politique italien, Massimo Cacciari, cueilli sur le site du quotidien Libération. Massimo Cacciari est l’auteur de nombreux essais et une partie de son œuvre est traduite en français. Les éditions de l’Éclat ont ainsi publié en 2011 un texte intitulé « Le Jésus de Nietzsche ».

Métapo Infos

Incontestablement, la période qui va de l’écroulement du « socialisme réel » à la nouvelle « grande crise » que nous traversons actuellement peut être définie véritablement comme une époque. Le terme Épochè indique, en effet, l’arrêt, l’interruption, mais non pas comme s’il s’agissait d’un espace vide, d’un intervalle. Il signifie, au contraire, un resserrement dans le cours du temps, une abréviation extraordinaire, dans laquelle ses caractères essentiels s’expriment comme contractés les uns sur les autres et les uns contre les autres. L’époque, de ce point de vue, n’est donc nullement un « temps long », mais le concentré de ses significations dans un spasme, qui les révèle et peut aussi, en même temps, les dissoudre. De ce même point de vue, on peut définir comme « époque » la grande guerre civile qui a anéanti la centralité politique de l’Europe entre 1914 et 1944 : trente ans seulement, à peine plus que « notre » 1989 – 2011. Dans l’époque, se précipitent évidemment des idées, des facteurs, des contradictions mûries dans le « temps long » – et c’est pourquoi il est impossible de la comprendre de manière isolée. Mais elle assume toutefois une valeur révélatrice et déploie les mêmes éléments qui étaient déjà à l’œuvre selon des dimensions et des énergies nouvelles. Alors que, précisément, toute « normalité » est arrêtée, ce qui semblait à première vue normal et facilement prévisible dans ses développements s’exprime désormais selon des formes inattendues et inquiétantes. Dans un certain sens, l’époque assume toujours une valeur « apocalyptique ». Conséquence évidente de cet état de choses : l’affirmation d’une extraordinaire porosité des mots. Leur puissance « apophantique » décroît redoutablement. Le rapport entre les mots et les choses qu’ils devraient désigner se fait dans la plus grande insécurité. Que signifient aujourd’hui les mots démocratie ? marché ? paix ? Ou encore : nous avons fait l’unité européenne – mais que signifie l’Europe ? l’Occident ? Ainsi, le terme époque résume aussi en soi sa profonde signification sceptique : toute époque authentique se révèle également en tant que doute radical sur son propre passé et ne s’ouvre au futur que de manière hasardeuse.

À la veille d’une telle « époque », les signes qui permettent de la lire restent cachés. Les temps semblent même favoriser des prévisions contraires. La veille d’une époque se caractérise par un certain bavardage sur notre capacité à « contrôler » l’avenir, tandis que l’époque qui suit semble « faite » pour démontrer la loi éternelle de l’hétérogenèse des fins. Ce fut le cas de l’anno mirabile 1989. La troisième guerre mondiale était terminée. Un seul Titan restait en scène, à la puissance inapprochable. Mais c’était un Titan qui, malgré son nom, se voulait non-violent. C’était un Prométhée bienfaiteur des misérables mortels, qui aurait travaillé et se serait volontiers sacrifié pour harmoniser et unifier leurs désaccords et leur assurer justice et bien-être. Comme Prométhée, il avait en réserve, pour nous, le don le plus précieux : la raison, le nombre, la capacité de calculer et de transformer. L’affirmation de son modèle de rationalité aurait été le fondement de la sécurité et de la paix.

Aube ou crépuscule ? L’époque rapproche les couleurs jusqu’à les confondre. Mais tous ou presque obéirent à cette Annonce, comme à l’aube d’un Nouveau Commencement. Le tragique vingtième siècle de la « tyrannie des valeurs » déclinait enfin et surgissait l’âge de la concorde entre science, technique, marché, démocratie et « droits de l’homme ». Qu’il y ait pu y avoir une symbiose inavouable entre les deux Titans (à partir d’une origine commune !) – qu’ils n’aient pu régner qu’ensemble – et que, donc, la fin de l’un ait pu représenter une menace mortelle pour l’autre – tout cela ne fut même pas suspecté. Tout au plus les traditionnels adversaires du vainqueur s’exercèrent à en dénigrer la puissance solitaire – justifiés en cela par l’indécente jubilation de ses vassaux.

L’époque qui s’est ouverte alors a fait justice de cette antiquaille, nous rappelant le célèbre dit romain : vae victoribus ! « Malheur aux vainqueurs ! » On ne remporte pas la victoire dans la guerre tant qu’on n’a pas remporté la victoire dans la paix. Prométhée pouvait-il vaincre ? Ce Titan pouvait-il mener à terme l’ordinatio ad unum, cette « aspiration à l’unité » de cette planète toujours plus étriquée et plus pauvre, pour laquelle il se sentait depuis longtemps appelé ? Certes, il représentait le courant spirituel et politique le plus fort d’Occident, la seule puissance hégémonique qui avait survécu au suicide d’Europe, profondément enracinée dans une grande culture populaire, forte de valeurs partagées. Mais là aussi résidait sa faiblesse. Sa propre puissance créait l’illusion que le monde pouvait être guidé depuis les sommets du Capitole. Il l’avait déjà été péniblement au cours des décennies précédentes à travers le foedus, l’« alliance », toujours incertaine, mais aussi toujours opérante, entre Empire d’Occident et Empire d’Orient. L’écroulement de ce dernier ébranlait de manière automatique des régions tout entières, stratégiques d’un point de vue géopolitique et sur lesquelles le vainqueur n’avait quasiment aucune prise : il « libérait » des énergies auparavant contrôlées de quelque manière et contraintes à jouer toujours, en tout cas à l’intérieur de la « guerre mondiale »; il brisait le conflit, en le rendant illisible pour celui qui avait été formé à calculer selon les paramètres « universalistes » de cette guerre.

L’époque a mis à l’ordre du jour, impérieusement, l’idée d’Empire – et tout aussi impérieusement elle l’a démantelée. Voici un exemple éclatant de cette morsure du temps qu’une époque représente. L’occasion impériale s’avérait presque comme nécessaire à la proclamation de la victoire. Les vassaux européens suivaient, en applaudissant, son char. Mais les adversaires en faisaient tout autant. Aucune apologie de l’Empire ne fut plus convaincante, concernant le destin qu’il aurait dû représenter, que les critiques de ses détracteurs. Mais Prométhée n’est pas intrinsèquement capable d’Empire. Il ne sait pas le concevoir ex nationibus; il n’a aucune idée du pluralisme (idéologique, religieux, culturel) qui est immanent à son concept; par conséquent, il ne parvient pas à donner naissance à des formes de gouvernements authentiquement « impériales ». La guerre – que, tout au long des années 60 et 70, le vainqueur s’était déjà montré incapable de conduire efficacement en dehors des schémas de la rationalité militaire, fondés sur le concept de justus hostis – n’était que la poursuite de la faillite de la politique par d’autres moyens. L’Empire dure jusqu’au 11 septembre. Puis l’époque en consume l’écroulement.

Le 11 septembre crée l’illusion d’une relance en grandes pompes de l’idée impériale; en réalité, elle en marque la fin. Les désastreuses guerres de Bush junior en poursuivent le fantôme, tandis qu’elles essaient de masquer les causes aussi matérielles qui en décrètent la faillite.

Il s’est avéré, toujours lors de ce temps bref, dans le dialogue tout aussi bref de l’époque, que le nouvel Empire avait construit une grande partie de son hégémonie en étendant sa dette; il s’est avéré que son peuple, même en se fondant sur la foi en sa propre mission, s’est caractérisé par une épargne négative. Il s’est avéré que les politiques de l’aspirant Empire ont donné libre cours à la plus glorieuse période de dérégulation que l’histoire du capitalisme ait peut-être jamais connue et à l’écroulement de toute forme de contrôle sur les activités économiques et financières. Il s’est avéré que tout cela portait le vainqueur à dépendre tout d’abord du Japon, puis de la Chine pour le financement de sa propre dette. Il s’est avéré encore que ce financement impliquait la « reddition » à la Chine sur des questions fondamentales, comme son entrée dans l’O.M.C. en tant qu’économie de marché (sic !) et le maintien de sa monnaie à des niveaux incroyablement bas. Il s’avère maintenant que l’Empire est dans une situation de « souveraineté limitée », comme n’importe quel État de la vieille Europe.

Naturellement les ressources de Prométhée sont immenses. Mais il est évident que ses velléités d’unification ont échoué. Et elles ne pouvaient qu’échouer. La présidence d’Obama enregistre et administre cet échec. Ce sera un blasphème – et ça l’est certainement – mais on ne peut s’empêcher de le penser. Qui n’a pas salué comme un nouveau lever du jour la perestroïka de Gorbatchev ? Quelqu’un s’en souvient-il ? Mais Gorbatchev était, tragiquement, uniquement, rex destruens, « roi démolisseur ». Lourd destin – mais il revient toujours à quelqu’un dans l’Histoire de devoir défaire, de n’avoir rien d’autre à faire que défaire, sans même espérer pouvoir repartir de là. Il n’y a pas de feu sans cendres. Obama : nouvelle ère, nouveau siècle, et même : nouveau millénaire. Nouveau visage à tout point de vue – comme Gorbatchev, qui ne ressemblait certes pas aux vieux staliniens, ni au typique représentant du K.G.B., comme Poutine. Obama : voici la possibilité de relancer l’idée impériale selon le fil d’Ariane des « droits de l’homme » de l’Évangile démocratique, de l’œcuménisme dialogique. Avec l’icône éternelle de J.F.K. dans le dos. Mais il semble qu’il ne lui reste qu’à « démonter » les guerres des autres, qu’à traiter avec les « maudites » agences de notation, qui, après avoir réduit en poussière tout contrôle effectif dans les années de la grande bulle, désignent maintenant, comme des censeurs sévères, les victimes imminentes à la spéculation internationale; qu’à essayer de donner une forme plausible à l’embrouillamini inextricable qui s’est formé entre économie américaine et République populaire chinoise.

Il n’y a aucun Empire à la fin de l’époque, et moins encore quelque organisation multipolaire fondée sur d’authentiques alliances. Celui qui, il y a vingt ans, semblait pouvoir aspirer à servir de « cocher » global, arrive à peine aujourd’hui à se tenir debout. Celui qui remplit aujourd’hui une fonction économique et financière clé n’est nullement en mesure d’assumer une fonction politiquement hégémonique. Le premier pourra-t-il renaître ? Le second pourra-t-il se transformer en puissance politique globale ? Les anciennes et nouvelles puissances pourront-elles donner vie à une organisation commune, à partir des « fondamentaux » financiers, économiques et commerciaux ? L’époque suspend son jugement. Les Prométhée qui croient tout prévoir ne sont que ceux qui la projettent et la préparent. Finalement, on « calcule » comment ce qui est arrivé correspond à ce qui était attendu en moindre proportion – et l’on n’ose pas faire de prévision. L’époque commence avec Prométhée, le «  prévoyant », et s’achève avec Épiméthée, « celui qui réfléchit après coup ». De la modestie de son doute et du réalisme désenchanté de ses analyses, nous pourrons peut-être tirer quelque bénéfice.

Massimo Cacciari

• Traduit de l’italien par Michel Valensi

• D’abord mis en ligne sur le site de Libération, le 30 juin 2012, puis repris par Métapo Infos, le 6 août 2012.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=2682

Le numéro d’Erdogan à Berlin

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Anton BESENBACHER (“ ’t Pallieterke”):

Le numéro d’Erdogan à Berlin

 

Grüß Gott,

En novembre 2011, le premier ministre turc Erdogan s’est rendu en Allemagne, pour fêter le cinquantième anniversaire du traité germano-turc de 1961, qui portait sur l’engagement de travailleurs immigrés pour l’industrie allemande. L’ambiance, à l’époque, en cette fin d’année 2011, n’était pas trop à la fête car le chef de la nouvelle Turquie délaïcisée n’y a pas été avec le dos de la cuiller dans un entretien accordé au journal le plus populaire d’Allemagne, le “Bild-Zeitung”. “Les hommes politiques allemands ne prennent pas assez en considération l’imbrication (socio-économique) de trois millions de Turcs en Allemagne”. D’après Erdogan, 72.000 employeurs d’origine turque donneraient du travail à quelque 350.000 personnes. “Les travailleurs immigrés d’hier sont progressivement devenus des employeurs, des universitaires et des artistes”, estimait Erdogan. Il se sentait délaissé par les Allemands dans le dossier en souffrance de l’adhésion turque à l’UE. En novembre 2011, il y avait un fait qu’Erdogan ne parvenait pas à digérer: l’obligation pour les immigrants d’apprendre la langue allemande. “Qui prétend que la condition première (à l’intégration) est la connaissance de la langue allemande, enfreint les principes des droits de l’homme”, estimait le premier ministre turc qui, par la même occasion, accusait implicitement les Allemands de ne pas respecter les droits de l’homme!

 

Quelques mois auparavant, Erdogan, dans un discours tenu à Düsseldorf, avait exhorté les Turcs d’Allemagne à ne pas aller trop loin dans l’adaptation à la société allemande et surtout à ne pas s’assimiler. Il pensait que la création d’écoles turques en Allemagne était une bonne idée. Il s’insurgeait aussi contre le soutien (tout théorique) que l’Allemagne aurait apporté aux séparatistes kurdes. Pour faire bref, on a eu la fête, mais en bémol...

 

La semaine dernière, fin octobre, début novembre 2012, Erdogan était une nouvelle fois sur le sol allemand. Il est venu inaugurer la nouvelle ambassade de Turquie à Berlin. Ce bâtiment a coûté 30 millions d’euro et il est le plus grand de tous ceux qui abritent des diplomates turcs dans le monde. Erdogan a donc tranché le ruban, de concert avec le ministre allemand des affaires étrangères, Guido Westerwelle. La nouvelle ambassade se trouve sur un terrain que l’Empire Ottoman avait acheté en 1918. Les sultans n’ont jamais pu en bénéficier, car, au début des années 20 du 20ème siècle, Mustafa Kemal, surnommé plus tard “Atatürk”, a chassé de Turquie le dernier de ces sultans, avec tout son harem. L’ambassade de la jeune république turque s’est alors installé sur ce terrain à Berlin mais en 1944 le bâtiment n’a pas résisté aux bombardements des alliés. D’après Erdogan, le lieu prouve toutefois que les liens anciens subsistent entre les deux pays.

 

Le lendemain de cette inauguration, quelque 3000 personnes ont manifesté contre la visite du premier ministre turc. Cette foule était surtout composée d’Alévites, de Kurdes et d’Arméniens qui ne sont pas d’emblée favorables à la politique d’Erdogan. Les hommes politiques allemands qui ont pris la parole lors de cette manifestation venaient de la gauche et de l’extrême-gauche. “Vous êtes les représentants des opprimés” a déclaré Memet Çilik, membre du Bundestag et élu des Verts, venu soutenir les manifestants. Le communiste Gregor Gysi, chef de la fraction “Die Linke” (= “La Gauche”) au parlement allemand, s’est tout d’un coup révélé un “Volksnationalist” pur jus: “Pourquoi les Kurdes ne peuvent-ils pas vivre en Turquie comme ils l’entendent?”. Gysi a demandé à Erdogan de respecter et de garantir la culture et l’ethnicité propre des Kurdes. Il a exprimé ensuite sa solidarité à tous ceux qui croupissent dans les prisons turques parce qu’ils s’étaient engagés à faire respecter les droits de l’homme.

 

Ce langage n’a pu que déplaire dans les salons officiels où les corps constitués des deux pays se serraient la main. Les corps constitués, un peu inquiets, voulaient connaître la teneur du discours qu’Erdogan allait prononcer dans les locaux de la nouvelle ambassade. “Nous voulons”, a-t-il déclaré, “que les Turcs d’Allemagne parlent l’allemand couramment”. Nouveau son de cloche, contraire au précédent, à celui de l’an passé. Erdogan semble avoir oublié qu’il a déclaré naguère qu’une telle exigence était contraire aux droits de l’homme. Mieux encore: les Turcs d’Allemagne ne doivent pas seulement lire des auteurs turcs mais aussi Hegel, Kant et Goethe!! Oui, on a bien entendu: on verra bientôt, sous l’injonction de l’islamisant Erdogan, tous les Turcs d’Allemagne avec, entre les mains, la “Critique de la raison pure” de Kant. Les imams ne seront assurément pas très contents.

 

D’où vient donc cette volte-face? Qu’on y croit encore ou que l’on n’y croit plus, Erdogan veut encore et toujours que son pays fasse partie de l’UE. Bon nombre d’Européens se demandent qui veut encore faire partie de cette Union qui prend eau de partout. Erdogan, apparement, le veut. Et pour y parvenir, il ne faut pas froisser les Allemands outre mesure, du moins pas trop souvent. Merkel est officiellement une adversaire de l’adhésion pure et simple de la Turquie à l’UE. Mais la dame, dans le passé, a souvent opéré des virages à 180°, donc cette posture actuelle n’est pas garantie longue durée...

 

Il ne faut toutefois pas croire qu’Erdogan soit venu mendier l’adhésion de son pays. Ce serait ne rien comprendre à l’affaire et mal connaître le premier ministre turc. Celui-ci est un homme très sûr de lui. La Turquie se porte bien sur le plan économique et cherche à s’imposer comme grande puissance régionale, avec des frontières situées dans une région hautement instable, où Ankara veut apparaître comme un havre de paix et de fiabilité. “La Turquie n’est pas une charge pour l’Europe. La Turquie veut prendre une partie du fardeau (européen) à sa charge”, à déclaré Erdogan avec toute l’assurance qu’on lui connait. La Turquie, en effet, a pratiquement payé toutes ses dettes au FMI et, ajoute Erdogan, “aujourd’hui nous pouvons prêter de l’argent à l’UE”.

 

Donc, s’il faut croire Erdogan, c’est une bénédiction d’Allah pour nous tous que la Turquie veut encore devenir membre de cette UE mitée. Et si l’UE refuse l’adhésion turque sous prétexte que la Turquie est un pays musulman, alors, affirme Erdogan, “l’UE y perdra mais, nous, non car nous devenons de jour en jour plus forts”. Ce ne sont pas là les paroles d’un quémandeur bredouillant. C’était plutôt Madame Merkel, qui a la réputation d’être forte, qui faisait piètre figure. Elle avait été houspillée au second plan par un homme politique turc bien habile.

 

Anton BESENBACHER.

(article paru dans “ ’t Pallierterke”, Anvers, 7 nomvembre 2012).

Georges ORWELL, Le Socialisme contre la modernité?

Georges ORWELL,

Le Socialisme contre la modernité?

Guerra y saber político:Clausewitz y Günter Maschke

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Guerra y saber político:
Clausewitz y Günter Maschke

Antonio Muñoz Ballesta

http://nodulo.org/

Conviene, especialmente cuando suenan tambores de guerra, no malinterpretar a Carlos Clausewitz (1780-1831), y reconocer la conclusión realista del filósofo militar prusiano, que la Guerra es la expresión o la manifestación de la Política

«George Orwell advertía en una ocasión que, en las sociedades libres, para poder controlar la opinión pública es necesaria una «buena educación», que inculque la comprensión de que hay ciertas cosas que no «estaría bien decir» –ni pensar, si la educación realmente tiene éxito–.» (Noam Chomsky en Tarragona, octubre de 1998)

A José María Laso, luchador en la paz y en la guerra

1

La inminente guerra del Imperio realmente existente en el planeta, EEUU, contra Irak, y contra otros países del llamado «Eje del mal», entre los que se encuentra, según expresión de Gabriel Albiac, el «manicomio militarizado» de Corea del Norte, y que puede provocar la primera Guerra Nuclear en la que los dos contendientes utilicen efectivamente armas atómicas –aunque en la Historia contemporánea se ha estado varias veces al borde de la misma, y no solamente en la crisis de los misiles de Cuba, sino también hace unos meses en la guerra silenciada entre Pakistán y la India–, requiere que nos dispongamos a contemplarla con las mejores armas conceptuales posibles (pidiendo, a la misma vez, a Dios, a Alá, o a Yahvè, según la religión de cada uno, que «el conflicto bélico» no nos afecte individualmente).

¿Qué mejor arma conceptual, para nosotros, que delimitar lo que sea verdaderamente la «guerra» desde el punto de vista del «saber político»?

Porque las guerras no son una «maldición divina o diabólica» a pesar de que las consecuencias en las víctimas humanas, y la destrucción que provocan, así lo sea.

Las guerras pertenecen también, como nos recuerda Clausewitz, al «ámbito de la acción humana», y aunque siempre han estado envueltas en las formas artísticas de su tiempo y han sido el ámbito en el que se han realizado avances técnicos, tecnológicos y científicos de eficaz transcendentalidad –en el sentido del materialismo filosófico– innegable para las sociedades, las guerras «no pertenecen al campo de las artes y de las ciencias», y sin embargo, no son un saber sencillo, sino al contrario, «llevar una guerra» consiste en un saber de los más complejos y racionales que existen.

En las guerras se trata de «movimientos de la voluntad aplicado... a un objeto viviente y capaz de reaccionar», y por ello, subraya Günter Maschke, para Clausewitz, la guerra (también la próxima guerra contra Irak y Corea del Norte, &c., habría que añadir) es «incertidumbre, fricción y azar» que no permite una simplificación –ni por los militares, ni por los políticos e intelectuales– de los «complejos procesos» de la guerra, presentándola de tal forma «que incluso un niño podía tener el sentimiento de ser capaz de dirigir un ejército» («militärische Kinderfreunde»). Ni admite el desarme conceptual de la Filosofía ante ella, pues estaríamos renunciando a la comprensión verdadera de una de las cuestiones más cruciales del Presente histórico. ¡Ya es hora que la Filosofía no quede al margen de la Guerra, de la Idea de «guerra»!

2

El gran ensayista y pensador de lo político y la política, Günter Maschke, ha encontrado, al respecto y recientemente{1}, una solución plausible al laberinto interpretativo de lo que realmente nos quiso decir Carlos Clausewitz (1780-1831) sobre la Idea de la «Guerra» en su obra principal De la guerra, y en concreto en su relación con la «política».

Günter Maschke, después de un preciosa, y laboriosa, labor exegética de la correspondencia y demás obras, algunas inéditas, del famoso general prusiano, ha concluido, lo que muchos siempre hemos intuido, desde hace tiempo, a saber, que:

«La Guerra es la expresión o la manifestación de la Política».

Es ésta conclusión de Maschke una tesis que acerca el pensamiento de Clausewitz al «realismo político», y lo aleja, definitivamente, de los análisis bien intencionados y humanitaristas, de ciertos filósofos, intelectuales, especialistas universitarios y periodistas, que continuamente tratan de ocultarnos o silenciarnos la verdad de la geopolítica del inicio del siglo XXI en el Mundo (los que Antonio Gramsci denominó «expertos en legitimación»).

No podía ser de otra forma ya que la realidad política internacional, y nacional, es objetiva, y es la que es, independientemente de la propaganda orwelliana que realicen los «intelectuales», los «centros de educación» y los medios de comunicación.

3

La propaganda orwelliana de EEUU, y de sus «satélites» europeos –«satélites» porque no han conseguido tener una política exterior común, ni un ejército propio–, más o menos sutil, se presenta en dos frentes.

El primero es el frente de la opinión pública y consiste en conseguir que la misma adopte el consenso «políticamente correcto» de la élite intelectual.

En este caso el «consenso» significa que la guerra contra Irak es inevitable y necesaria por parte de EEUU y sus aliados (en cambio más razones tendría Irán), independientemente de saber si realmente el Irak de 2003 ha amenazado o agredido a EEUU o a Inglaterra o a Alemania o a España, o si sabemos con certeza las consecuencias sobre la población civil que tendrán los bombardeos y la invasión de los soldados de las fuerzas terrestres (bombardeos que se vienen haciendo, por lo demás, periódicamente desde 1991, y terminación «por tierra» de la guerra del golfo de 1991, sin hacer mención de la «medida política o militar» del «embargo de medicamentos, &c.»). Pueblo irakí y kurdo que, indudablemente, no se merece el régimen político de Sadam Husein (ni de Turquía), ni la ausencia de los derechos humanos elementales, inexistencia de derechos fundamentales que, lamentablemente, se suele olvidar por los que están en contra de la guerra contra Irak, salvo la honrosa excepción de Noam Chomsky, quién siempre ha defendido los derechos humanos auténticos contra cualquier organización estatal o no, sea EEUU o se trate de otro Estado.

El segundo frente de la propaganda orwelliana se presenta en el campo de las ideas del saber político. En el análisis político interesa que no se comprenda, no ya por la opinión pública, sino tampoco por parte de los dedicados a la «ciencia política», lo que significa la realidad de la guerra y la política, pues es propio de la ideología de un determinado régimen político que su «élite intelectual» posea unas herramientas conceptuales «apropiadas» para la consecución, no de la verdad, sino de los objetivos del régimen político –que suele coincidir con los objetivos de los más ricos y poderosos del régimen y sus monopolios económicos–.

Günter Maschke, en mi opinión, contribuye con su acertado análisis o comprensión verdadera del pensamiento de Clausewitz, a no convertirnos en víctimas conceptuales de este segundo frente de la propaganda orwelliana del «eje del bien» y/o del «eje del mal».

4

Los «intelectuales humanitaristas», que están afectados, del llamado por Noam, «problema de Orwell»{2}, suelen permanecer en la «ilusión necesaria» de que la política fracasa cuando se recurre a la guerra (de que la guerra es el «fin» de la política), porque han interpretado incorrectamente la famosa frase de Clausewitz:

«La guerra es un instrumento de la política/ Der Krieg ist ein Instrument der Politik»{3}

La «ilusión» de estos intelectuales de la «intelligentsia» viene de la confusión entre «instrumento» y «objetivo» de la «verdadera política». Si consideramos la guerra como un simple instrumento del «arte de la política», y la política tiene el instrumento pacífico de la diplomacia ¿no es, por tanto, un «fracaso» de la política, el recurrir al «instrumento de la guerra»?

Planteados así las premisas o los presupuestos, habría que concluir que sí; pero ocurre que las cosas no son así, es decir, que el pensamiento de Clausewitz (ni de los más importantes y coherentes «pensadores políticos», incluido Noam Chomsky) no tiene esos presupuestos que se les atribuye falsamente. Y ello debido a que la frase de Clausewitz (ni el pensamiento de los filósofos a los que me refiero) no puede sacarse del contexto de toda su obra, incluido la correspondencia, del general prusiano (y de los autores que miren «sin prejuicios» los hechos ).

Y el «objetivo» de la «política», como sabemos, es la eutaxia de su sociedad política; y para ello el objetivo no es solamente la «paz a cualquier precio», pues ello implicaría la renuncia a su «soberanía», a su «libertad» (si, en un país, todos aceptaran ser siervos o esclavos, o vivir en la miseria y sin luchar, no habría jamás violencia o «guerras»), &c., y en el límite la renuncia, de la misma sociedad política, a su «existencia» o permanencia en el tiempo de sus planes y programas –de su prólepsis política–.

Renuncia a la existencia de la misma sociedad política, puesto que, y esto se reconoce por Clausewitz y todos los autores, la «paz» como las «guerras», no son conceptos unívocos.

La «paz», y la «guerra», puede ser de muchas formas, desde la «Pax romana» a la «Paz establecida en Versalles». Además de la existencia, quizás más realista, de un «status mixtus que no es ni guerra ni paz», por ejemplo, ¿cómo calificar la situación actual entre Marruecos y España después de la «batalla» del islote Perejil? ¿O en el futuro, entre España e Inglaterra, por el asunto del peñón de Gibraltar? ¿O en el futuro, entre España y el «País Vasco» o «Catalonia» o «Galicia»? ¿De «diplomacia» o de «guerra»?

5

En realidad la guerra es la expresión o manifestación de la política, y ella –la guerra– es como «un verdadero camaleón, pues cambia de naturaleza en cada caso concreto», aparentemente creemos que se produce la «desaparición» de la política (o del Derecho Internacional) cuando «estalla la Guerra», y en verdad no es así, pues la política y la diplomacia continúa implementando sus planes y programas, ¿para qué?, para conseguir una mayor eutaxia de la sociedad política vencedora o no, en el «tiempo de paz» posterior (así consiguió EEUU su predominio en Oriente Medio después de la Guerra Mundial II).

Pues, recordemos que las guerras terminaban con los Tratados de Paz, por lo menos hasta la Guerra Mundial I. Hoy en día, parece más bien, que estemos en un permanente «estado de guerra» mundial, en el que es imposible un «Tratado de Paz» entre los contendientes. Así las cosas en el «mundo del saber político» ¿Cómo y cuando se firmará el Tratado de Paz entre EEUU y Ben Laden? ¿Y es posible tal cosa?

Bien dice G. Maschke que Clausewitz es autor de las siguientes frases que inclinan la balanza en favor del primado de lo político sobre lo militar en el tema de la «guerra»:

«la política ha engendrado la guerra», «la política es la inteligencia... y la guerra es tan sólo el instrumento, y no al revés», «la guerra es un instrumento de la política, es pues forzoso que se impregne de su carácter » político, la guerra «es solo una parte de la política... consecuentemente, carece absolutamente de autonomía», «únicamente se pone de manifiesto –la guerra– en la acción política de gobernantes y pueblos», «no puede, jamás, disociarse de la política», «pues las líneas generales de la guerra han estado siempre determinadas por los gabinetes... es decir, si queremos expresarlo técnicamente, por una autoridad exclusivamente política y no militar», o cuando dice «ninguno de los objetivos estratégicos necesarios para una guerra puede ser establecido sin un examen de las circunstancias políticas», &c.

Ahora bien, volvamos a la Guerra contra Irak, una manifestación más (en este caso de violencia extrema «policial») de la nueva «política «del «Imperio» constituido y constituyente de la también «nueva forma de la relación-capital» –el «Capitalismo como forma Imperio», según la reciente tesis del libro de Antonio Negri y M. Hardt– e intentemos «comprender» ahora, con las «armas conceptuales tradicionales» clausewitzianas, la política del bando «occidental». Entonces, EEUU, dirigido por Bush II, se nos presenta como un «nuevo Napoleón» que reuniera en su persona política la categoría de «príncipe o soberano» al ser, a los ojos del Mundo, al mismo tiempo «cabeza civil y militar» de la «civilización». Pero otorgándole que sea la cabeza militar en el planeta, ¿quién le otorga el que sea también la «cabeza civil»?{4} –Noam Chomsky es más realista al reconocer que desde el punto de las víctimas, es indiferente que el poder que los humilla y mata se llame «Imperio» o «Imperialismo». En cambio, el poder militar y civil de Sadam Husein se nos da en toda su crueldad dictatorial, apoyada –por cierto– hasta hace once años por los mismos EEUU y Occidente, que miraban, entonces, para otro lado, cuando se cometían innumerables atentados a los derechos humanos contra su propia población irakí y kurda.

6

En verdad la guerra es la expresión de la política, y en ese orden, es decir, que la política no es la manifestación de la guerra, lo cual viene a dar la razón, no solamente al realismos político de Carl Schmitt y Julien Freund, sino también a Gustavo Bueno, pues la existencia de las sociedades políticas auténticas, de los Estados o Imperios, requiere una capa cortical que se da, entre otras causas, por la acción política partidista y eutáxica.

Se consigue así que dichos intelectuales no incidan, como deseamos todos, en su lucha y defensa por una nueva política que se exprese predominantemente en diplomacia, y no en guerras de exterminio, predominantemente «exterminio de civiles».

Estos «intelectuales» y periodistas se concentran, en cambio, en la denuncia «humanitaria»{5} de los males de la guerra (males de la guerra que por más que se han denunciado en la Historia no han dejado de producirse salvo que se ha influido de manera práctica en la política), olvidándose de luchar conceptualmente, filosóficamente, por conseguir una vuelta a la verdadera política que no se exprese en guerras nucleares generalizadas o no.

Y, en cambio, la verdadera política incluye, como nos demuestra el análisis de G. Maschke, dos partes, en su expresión, la «diplomacia» y la «guerra». Y la política de una sociedad determinada no deja de ser «verdadera política» –utilizando conceptos de la «realista» filosofía política de Gustavo Bueno– cuando se manifiesta en diplomacia o en la guerra.

No se reduce la política a la paz, y a los medios pacíficos.

Otra de las causas del error habitual, hasta ahora, en la interpretación de Clausewitz, es no percatarse del origen histórico de determinadas Ideas del saber político, y viene recogida y resaltada por G. Maschke, a saber, la trascendental importancia del cambio histórico en la concepción de la guerra, con la Revolución Francesa de 1789 y Napoleón (príncipe o soberano, y no sencillamente «dictador»), ya que se pasó del «viejo arte de la guerra» de gabinete de los Estados Absolutistas, a «los grandes alineamientos engendrados por la guerras», por la Revolución.

Gustavo Bueno ha recogido también esta modificación crucial, sin hipostatizarla, con su análisis del surgimiento de la Idea de la «Nación política» o nación canónica:

«Algunos historiadores creen poder precisar más: la primera vez en que se habría utilizado la palabra nación, como una auténtica «Idea-fuerza», en sentido político, habría tenido lugar el 20 de septiembre de 1792, cuando los soldados de Kellerman, en lugar de gritar «¡Viva el Rey!», gritaron en Valmy: «¡Viva la Nación!» Y, por cierto, la nación en esta plena significación política, surge vinculada a la idea de «Patria»: los soldados de Valmy eran patriotas, frente a los aristócratas que habían huido de Francia y trataban de movilizar a potencias extranjeras contra la Revolución.» Gustavo Bueno, España frente a Europa, Alba Editorial, Barcelona 1999, página 109.

Por ello, el realismo político, y toda la filosofía política «realista» –en cuanto sabe separar la ideología y la verdad geopolítica– que incluye, en este sentido y a mi entender, a Gustavo Bueno y a Noam Chomsky, tienen que reconocer, lo que ya dijera Clausewitz:

«Que la «guerra no es otra cosa que la prosecución de la política por otros medios»

O como dice el mismo Günter Maschke: «La tesis fundamental de Clausewitz no es que la guerra constituye un instrumento de la política, opinión de los filántropos que cultivan la ciencia militar, sino que la guerra, sea instrumento o haya dejado de serlo, es la «prosecución de la política por otros medios.» Pero Clausewitz encontró una formulación aún mejor, sin percatarse de la diferencia con la precedente. Él escribe que las guerras no son otra cosa que «expresiones de la política» (tal cita proviene del estudio, todavía inédito, «Deutsche Streitkräfte», cfr. Hahlweg en la edición citada de Vom Kriege, pág. 1235), y en otro lugar, que la guerra «no es sino una expresión de la política con otros medios».» Empresas políticas, número 1, Murcia 2002, pág. 47.

7

En conclusión, es mucho más «humano» ser «realista» en el saber político, cuando se trata de Idea tan omnipresente como la «guerra», pues se evitan más «desastres humanitarios», y se consigue más auténtica libertad y justicia, cuando superamos el «problema de Orwell» y podemos contemplar la política tal como es, es decir, como la que tiene el poder real de declarar la guerra y la paz, que van configurando, a su vez, los «cuerpos de las sociedades políticas» en sus respectivas «capas corticales». Por ello la solución de G. Maschke a las ambigüedades de la obra de Clausewitz viene a contribuir al intento serio de cambiar la política para evitar las guerras. Se trata de una lucha por la verdad, en la paz y en la «guerra».

Notas

{1} «La guerra, ¿instrumento o expresión de la política? Acotaciones a Clausewitz», traducción de J. Molina, en la revista Empresas políticas (Murcia), año I, número 1 (segundo semestre de 2002).

{2} El «problema de Orwell» es el tema central de la labor de Noam como filósofo político, y consiste en la cuestión de «cómo es posible que a estas alturas sepamos tan poco sobre la realidad social» y política de los hombres(y olvidemos tan pronto las matanzas, miserias, etc. causados por el poder estatal imperialista), disponiendo, como se dispone, de todos los datos e informaciones sobre la misma. A Orwell no se le ocultó que una «nueva clase» conseguía en gran medida que los hechos «inconvenientes» para el poder político y económico, llegasen a la opinión pública «debidamente interpretados», y para ello si era preciso cambiar el Pasado, se hacía, pues se controlaba los hechos y los conceptos del Presente. La propaganda en las sociedades «libres» se consigue sutilmente, por ejemplo por el procedimiento de fomentar el debate pero dejando unos presupuestos o premisas de los mismos sin expresarse (y sin poder ser criticadas), o discutiendo por la intelligentsia, entre sí, cuestiones periféricas, dando la impresión de verdadera oposición.

{3} Clausewitz, Vom Kriege, págs. 990-998, 19 ed., Bonn 1980.

{4} La ONU, como institución internacional con «personalidad jurídica propia», ha sido «puenteada» continuamente por EEUU, cuando le ha interesado, y sus Resoluciones incumplidas sistemáticamente, siempre y cuando no sean como la 1441, que da a entender, o no –dicen otros– que se puede utilizar la «fuerza» contra el dictador irakí.

{5} ¡Como si no fuera «humano» el análisis científico y filosófico del concepto de las guerras y sus relaciones con la política, precisamente para conseguir mejores y mayor cantidad de Tratados de Paz!

Die europäische Misere

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Die europäische Misere

Von Mag. Wolfgang Dvorak-Stocker

http://www.neue-ordnung.at/

Eigentlich befaßt sich die NO nur am Rande mit tagespolitischen Ereignissen, da sie als Vierteljahresschrift ergänzend zu den Wochen- und Monatsmagazinen eher grundsätzliche Fragen und langfristige Entwicklungen behandeln will. Doch die Vorgänge rund um den ESM sind für unsere Zukunft so bedeutend, daß wir in dieser Nummer eine topaktuelle Analyse des Entscheids der deutschen Bundesrichter in Karlsruhe aus der Feder von Univ.-Doz. Dr. Friedrich Romig bringen. Wie geht es weiter? Den Weg in einen echten Bundesstaat mit übergeordneter Budgetkompetenz etc., wie ihn etwa Außenminister Spindelegger will, hält Romig mit guten Gründen für nicht beschreitbar und ein weiteres Durchwurschteln mit immer neuen Rettungsschirmen für Griechenland und eine steigende Anzahl weiterer Staaten wird ohne Zweifel in einen Kollaps führen, der die EU als solche in den Abgrund stürzen könnte. Für Romig bleibt als einzige Lösung die möglichst zügige Renationalisierung der Währungen.

Auch Dr. Hans-Dietrich Sander befaßt sich in seinem Kommentar mit der galoppierenden Krise und meint, der Euro wäre vor allem eingeführt worden, um die Dominanz der D-Mark zu brechen und auch in der heutigen Lage ginge es in der EU in erster Linie darum zu verhindern, „daß sich Deutschland wieder aufrappelt – es wären dann die beiden Weltkriege vergeblich geführt worden“. So sehr ich Sander schätze, kann ich ihm in diesem Punkt jedoch nicht rechtgeben. Welches Deutschland sollte sich da „aufrappeln“, mit einer schrumpfenden Einwohnerzahl gegenüber Weltmächten wie den USA mit der 5fachen Bevölkerung der BRD (rechnet man nur die autochthonen Deutschen), gegenüber China und Indien mit fast der 20fachen Bevölkerungszahl? Allein die demographische Entwicklung wird Deutschland und alle anderen europäischen Länder vor so gewaltige Probleme stellen –und zwar auch dann, wenn die Immigrationsfrage wider Erwarten doch noch im Sinne der europäischen Völker gelöst werden kann -, daß die nächsten Jahrzehnte nahezu ausschließlich von ihr beherrscht sein werden. Das alternde und schrumpfende Europa ist keine Gefahr für andere Weltmächte mehr, höchstens Objekt der Begierde. Natürlich wird man nachdenklich, wenn man – wie unter „Zitiert“ auf S. 5 - liest, welche Rolle die USA bei der aufgezwungenen türkischen Massenimmigration in die BRD spielten. Doch die USA wollen alle Welt in kleine Klone ihrer selbst verwandeln, nicht nur uns. Die Misere, in der sich Deutschland mit seinem großen Bevölkerungsanteil nichteuropäischer Zuwanderer befindet, ist etwa in Frankreich oder England noch viel größer. Auch dort haben die Eliten ihr Volk verraten und – wie bei Englands Labour Party aktenkundig – aus parteitaktischem Interesse die Zuwanderung gefördert.

Hat, wie Stephan Baier in seiner Analyse meint, bei der Schaffung des Euros nicht der Gedanke Pate gestanden, damit über eine Hartwährung zu verfügen, die dem Dollar auf den Weltmärkten Paroli bieten könnte – eine Art erweiterte D-Mark mit bald 300 statt nur 80 Millionen Menschen als Basis? Wären die vereinbarten Stabilitätskriterien eingehalten worden, der Euro hätte diese Funktion erfüllt. Doch sie wurden nicht eingehalten – auch von Deutschland und Österreich nicht. Man kann nur Hartwährungspolitik betreiben oder Weichwährungspolitik. Tertium non datur. Daher halte ich es für die sinnvollste Lösung, daß jene Länder, die ersteres wollen, unter strengen Kriterien zusammengeschlossen bleiben – um dem Euro auf den Weltmärkten die denkbar beste Position zu verschaffen – und alle anderen, die dies nicht wollen oder können, zu anderen Lösungen greifen, ob diese nun eine eigene Währung oder einen gemeinsamen, weicheren Währungsverbund bedeuten.

Gegenwärtig geschieht nichts von dem, die EU macht die Krise, in die die europäischen Länder durch ihr selbstverantwortetes, nationalstaatliches Handeln gestürzt sind, nur noch schlimmer. Das sieht auf anderen Politikfeldern nicht besser aus. Auch in der Immigrationsfrage stehen die Institutionen der EU weit eher auf der Seite der Treiber als jener der Bremser oder gar Rückführer. Wie geht es weiter?

Ich stimme Stephan Baiers Analyse voll zu, daß Europa aufgrund der geopolitischen, vor allem demographischen Entwicklungen aus vitalem Selbstbehauptungsinteresse zu einem Zusammenschluß, einem gemeinsamen Vorgehen finden muß und daß dazu die europäische Integration der gebotene Weg ist. Wenn dieser aber in die falsche Richtung führt, wenn die europäische Vielfalt (und die daraus erwachsende Konkurrenz), die seit jeher die genuine Stärke dieses Kontinents ausgemacht hat, durch falsche Vereinheitlichung und Zentralisierung gefährdet wird, wenn gar die EU, wie die beiden genannten Beispiele zeigen, gerade jene Zwecke torpediert, zu deren Verfolgung sie eigentlich geschaffen worden sein sollte –die weltpolitische Stärkung unseres Kontinents und die Bewahrung seiner Identität – dann ist die Zeit gekommen, alternative Wege zu gehen. Alternative Wege, die, wie gezeigt, nicht antieuropäisch, sondern anders-europäisch sein müßten.

Noch ist es aber nicht so weit, noch hat nicht einmal die FPÖ ein echtes, durchdachtes Alternativprogramm vorgelegt, und nationale Parteien in anderen Ländern auch nicht. Noch geht es um die konkreten Beschlüsse unserer Politiker zur Bewältigung der gegenwärtigen Krise. Ich bin mir nicht sicher, ob hier nicht schon Kompetenzen und verfassungsrechtliche Verpflichtungen in strafrechtlich relevanter Form überschritten wurden – eine Frage, deren Klärung sich Juristen annehmen sollten. Wie ist etwa das Abstimmungsverhalten der österreichischen Grünen – gegen eine europäische Schuldenbremse, aber für österreichische Megahaftungen zugunsten der Schuldnerländer - erklärbar, wenn nicht damit (siehe Zitate auf S. 9), daß hier der alte linksradikale Affekt wirksam ist, nach dem man alles tut, was dieses Land ruiniert und alles zu verhindern sucht, was dieses stabilisieren könnte!

 

 

 

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Neue Ordnung III/2012

Die europäische Misere Seite 2

Austria infelix Seite 3

Zitiert Seite 4

Knap & klar Seite 4–5

Angst vor Revolten Seite 6–7
Von Dr. Hans-Dietrich Sander

§ 3h des Verbotsgesetzes menschenrechtswidrig! Seite 8

Anonymous gegen Künstler und Autoren Seite 8

Verzwickte Verwandtschaft Seite 8

Zitate zur Eurokrise Seite 9

Deutsche und Österreicher Seite 9

Warum wir den Euro brauchen Seite 10–12
Von Mag. Stephan Baier

Karlsruhe hat die ESM-Klagen abgewiesen Seite 13–16
Von Univ.-Doz. Dr. Friedrich Romig

Verhängnis Obama und keine Alternative Seite 17–19
Brief aus Amerika
Von Univ.-Prof. Paul Gottfried

Die verschwiegene Katastrophe Seite 20–23
Über die Intelligenz und ihre Feinde
Von Dr. Angelika Willig

Stadt ohne Gott? – Urbanität und religiöser Wandel in der Spätmoderne Seite 24–29
Von Wolfgang Saur

Heidentum Seite 30–36
Von Dr. Baal Müller

Otto I., der Große Seite 37–42
Von Dr. Falko Gramse

Reiter in deutscher Nacht Seite 43–51
Nationalisten in deutschen Romanen
Von Manfred Müller

Gedichte Seite 52

Libri legendi Seite 54–55

Aktuelles [NO II/2011]

Der demografische Wandel: Informative und gut gestaltete Animation über die Bevölkerungsentwicklung bis 2058

Muslimische Mehrheit in Europa binnen 20 Jahren: Interview mit dem angesehenen ägyptischen Prediger Amr Khaled, der seine Glaubensbrüder in Europa vor „überzogenen Reaktionen“ (wie Terroranschlägen) auf „Provokationen“ (wie islamkritische Karikaturen) warnt, da dies nur jenen Kräften in die Hände spielen würde, die die Muslime aus Europa entfernen wollen. Diese sollten sich ruhig verhalten und als wertvolle Mitglieder der Gesellschaft bewähren, da nur mehr die nächsten 10 Jahre für ihre Stellung kritisch sein würden.

Der amerikanische Traum: Zweiteiliger Cartoon (aus den USA), der sich kritisch mit der Rolle der amerikanischen Notenbank Fed im besonderen und des Banksystems im allgemeinen auseinandersetzt. Sicher wird manches allzu sehr simplifiziert und die Kritik teilweise stark überspitzt, doch handelt es sich um einen exzellent gemachten Zeichentrick-Film, der einige wesentliche Grundinformationen vermittelt. Fast eine Million Mal wurde der Film bereits aufgerufen. Die Fassung mit deutschen Untertiteln hat eine libertäre Organisation ins Netz gestellt. Teil 1, Teil 2
Hintergrundinformationen zu den handelnden Personen finden sich auf der offiziellen Seite des Filmproduzenten

Eine Monarchie im 21. Jahrhundert: Die französischen Monarchisten streben eine „Démocratie Royale“ an. Informative Seite über ihre politischen Konzepte mit vielen Zitaten von Louis Alphonse de Bourbon (Ludwig XX.) über sein Selbstverständnis.

Absturz des Berliner Schulsystems: So chaotisch geht es an deutschen Schulen zu

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Sehr interessantes Interview mit Gaddafis Sohn Saif

 
„Neue Ordnung“, ARES Verlag, A-8010 Graz, EMail: neue-ordnung@ares-verlag.com

mardi, 13 novembre 2012

Le Qatar et le « colonialisme salafiste »

Le Qatar et le « colonialisme salafiste »

par Rachid BARNAT

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

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Le paradoxe d’un émir bourré de pétrodollars, ami des Frères musulmans et des Etats Occidentaux, qui maintient des liens privilégiés avec Israël et le Hamas et joue au sponsor des nouveaux régimes issus des «révolutions» arabes.

Le paradoxe de l’émir du Qatar Hamad bin Khalifa Al Thani, c’est son double jeu: il joue les modernistes avec ses «amis» occidentaux, et soutient les extrémistes religieux chez ses «frères» orientaux… mais probablement avec l’approbation de ses amis occidentaux, les pétrodollars de l’émir servant à faire passer la pilule du paradoxe!

A moins que son «jeu» n’entre dans la stratégie des Etats-Unis : 1- neutraliser les extrémistes de «l’intérieur», tout en les soustrayant à une probable récupération iranienne chiite! Ce que vient de faire l’émir du Qatar avec le Hamas de la bande de Gaza qui flirtait avec le régime des Ayatollah et soutenait Bachar el Assad, l’autre «ami» des iraniens. Et 2- permettre une reprise du dialogue entre les Palestiniens et les Israéliens à fin qu’Obama (s’il est réélu !), concrétise son beau discours-programme lors de sa prise du pouvoir: en finir avec un problème qui empoisonne les relations internationales depuis plus de 60 ans !

L’émir à vie apprend au président povisoire à poser devant les photographes.

Parasiter les révolutions par l’exportation massive du wahhabisme

D’autant que le Qatar, avec l’Egypte, sont les rares pays «arabes» à reconnaître Israël et à entretenir avec ce pays de bonnes relations.

Avec au passage une «reconnaissance» de la part du monde dit «arabe» au Qatar pour sa contribution à la résolution du «problème» palestinien, et pour avoir neutralisé les Ibn Saoud et leur nuisance, alors que le monde entier «découvre» le réel danger de cette dynastie moyenâgeuse qui ne doit son salut qu’au wahhabisme obscurantiste et rétrograde, et qui est «tenue» de l’exporter et d’en faire le prosélytisme pour respecter le deal  avec Ibn Abdelwahhab, qui lui avait accordé le pouvoir temporel sur la oumma!

Mais comme cet émir veut faire de l’ombre à son frère ennemi Ibn Saoud, celui-ci tente de «parasiter» son jeu par une exportation massive du «wahhabisme saoudien», plus violent et totalement rétrograde, pour neutraliser le wahhabisme qui se veut «éclairé» de l’émir!

L’autre paradoxe, et celui-là il est occidental, est illustré par l’attitude de la France vis-à-vis d’un «ami» encombrant à certains égards.

Le gouvernement français, qui entend combattre l’islamisme radical sur son territoire, a pour partenaire privilégié l’émir du Qatar, doté d’un statut fiscal avantageux, à la tête d’une monarchie absolue au modernisme tapageur, mais trompeur, qui soutient partout les Frères musulmans et les salafistes armés !

L’émir du Qatar avec le leader du Hamas Ismaïl Haniye à Gaza.

Peut être le gouvernement français se réveillera-t-il après le renvoi de la mission française pour raison d’ingérence de l’émir dans le choix des livres jugés «haram» (illicites) pour les conformer à la doctrine wahhabite. Preuve s’il en est besoin que ces monarques exportent leur modèle sociétal, wahhabisme compris!

Les Français souhaitent équilibrer leurs liens avec les pétro monarques en se rapprochant des Ibn Saoud, frères ennemis de l’émir du Qatar, mais là encore c’est un rapprochement avec des un régime fonctionnant sur le même modèle que celui du Qatar, pratiquant le wahhabisme comme système politico-religieux, en plus obscurantiste chez les Saoudiens! Mais peut on faire autrement?

L’émir du Qatar avec le président Obama

Il est tout de même anormal qu’au nom de la realpolitik on collabore avec des régimes qui soutiennent les islamistes les plus radicaux! Viendra, hélas, le jour du retour du boomerang car ces régimes seront probablement un jour les victimes de leurs créatures : «les salafistes jihadistes»!!

Qui aurait cru à la générosité de l’émir?

Si on réfléchit bien, l’émir du Qatar est logique avec lui-même! Il sert uniquement ses intérêts et protège ses arrières: étant à la tête d’un Etat pas plus grand que la Corse, très pauvre, vivant de la pêche perlière qui très vite a était concurrencée par les perles de culture développées par les Japonais, ne devant sa richesse subite qu’au gisement de gaz au large de ses côtes… mais conscient qu’une telle manne n’est pas inépuisable, investit et place ses pétrodollars dans le monde entier en achetant des actions, de l’immobilier, des terres… aussi bien en Occident que dans le monde arabe! Comme la Tunisie sur laquelle il a jeté son dévolu depuis Ben Ali, mais que, grâce à son protégé Ghannouchi, il va pouvoir avoir pour une bouchée de pain!

L’émir du Qatar reç à l’Elysée par François Hollande.

S’il s’est invité dans les révolutions du «printemps arabe», ce n’est nullement par altruisme: il fera tout pour les avorter car le risque est trop grand pour lui qu’elles contaminent les pétromonarchies.

Et quoi de mieux, pour neutraliser ces peuples en révolte, que de diffuser parmi eux le wahhabisme, système politico-religieux parfait, qui maintient sur leur trône des pétro monarques au pouvoir absolu et incontesté comme le leur accorde l’imam Mohamed Abdelwahhab, fondateur du wahhabisme !

Qui aurait cru à la générosité de l’émir qui le conduirait à aider ses frères arabes du Hamas à Gaza? Derrière cette aide se cache des intentions politiques et économiques plus terre à terre.

Des experts ont découvert récemment des gisements importants de gaz sur lesquels l’émir veut mettre la main. Son alliance avec Hamas coupe les liens incestueux qu’il entretenait avec l’Iran chiite, voisin et ennemi héréditaire de l’émir dont il craint toujours la puissance! Et sa «présence» à Gaza, lui assure le «contrôle» du voisin égyptien toujours imprévisible et qui prétend lui aussi au leadership du monde «arabe», un leadership plus ancien que celui du Qatar et de l’Arabie …

La reine Elizabeth et le prince Philip reçoivent le cheikh Hamad et son épouse.

Le réel paradoxe est celui des Occidentaux qui n’ignorent rien des intentions de l’émir et de sa capacité de nuisance aux peuples qui aspirent à la démocratie, mais pour lequel ils ferment les yeux par calculs géopolitiques et par intérêts économiques!

Toutes ces puissances «démocratiques» ou «financières» ne jouent-elles pas avec le feu au détriment de peuples qui ne leur demandent rien? D’autant que laisser se propager le wahhabisme chez les peuples en révolte finira tôt ou tard de les atteindre de gré ou de force, les jihadiste salafistes ne reculant devant rien! Le 11 septembre n’aura donc pas servi de leçon?

Seul un peuple éclairé peut déjouer ou du moins rejeter une telle ingérence!

Les Tunisiens sauront-ils résister à cette ingérence et rejeter le «colonialisme religieux» qui la sous-tend par l’exportation massive du wahhabisme des pétro monarques?

Rachid Barnat

Color Revolutions: Argentina Next?

Color Revolutions: Argentina Next?

COMPACT November 2012

COMPACT November 2012

 
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Ausgabe November 2012

 

Inhalt COMPACT 11/2012

Titelthemen

    • Wird Steinbrück Kanzlerin?
    • Merkel: Die Patin & ihre Rivalen
    • NSU-Morde: Die Spur der Stasi-Waffen
    • Erdogan: Zündeln für den Weltkrieg
    • Hysterie: Alles Antisemiten – außer Mutti
    • Dossier: Wie wird Deutschland wieder souverän?

Vollständiger Inhalt

TITELTHEMA
  • Steinbrück: Kandidat der Bilderberger.
    Von Jürgen Elsässer
  • Von der Leyen: Aufstieg aus dem Sumpf.
    Von Niki Vogt
  • System Merkel: Die Patin und ihre Rivalen.
    Interview mit Gertrud Höhler

POLITIK

  • Cem Özdemir: Ein schwäbischer Anatolier.
    Von Lion Edler
  • NSU-Morde: Die Rätsel der Ceska 83.
    Von Kai Voss
  • Wahlalternative 2013: <<Ich fürchte um die Demokratie>>
    Interview mit Konrad Adam
  • Hyterie: Alles Antisemiten – außer Mutti.
    Von Ken Jebsen
  • Syrien/Türkei: Spurensuche in Akcakale.
    Von Hasan Bögün
  • Irankrieg: Von Stuxnet zu Flame.
    Von Frederike Beck

DOSSIER Wie wird Deutschland wieder souverän?

  • EU/ESM/Euro: Mit der Freiheit unvereinbar.
    Von Karl Albrecht Schachtschneider
  • Wie souverän ist Deutschland.
    Von Oliver Janich
  • Paris-Berlin-Moskau.
    Von Eberhard Straub
  • Ein neues Bündnis ist nötig.
    Von Natalia Narochnitskaya

LEBEN

  • Goethe-Wochen in Frankfurt: Das Rauschen des Papiergeldes.
    Von Andreas Rieger
  • Euro: Politisch korrekte Scheine
    Von Malte Olschewski
  • Wolfgang Schreyer zum 85. Geburtstag: Ein Fenster zur Welt.
    Von Marcus Mittelstraß
  • Alexander von Humboldt: Alle sind zur Freiheit bestimmt.
    Von Utz Anhalt
  • Fotoessay: Ewiges Moskau, junges Moskau.
    Fotos: Jörg Esefeld & Sascha Neroslavsky
  • Kleine Genüsse. Stefan Bludau, Elisabeth Bachmaier, Philippe Guichard

Le golfe Persique : entre histoire millénaire et conflits actuels

Le golfe Persique : entre histoire millénaire et conflits actuels

par Sarah Mirdâmâdi

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/  

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1) Le golfe Persique : entre histoire millénaire et conflits actuels

Le Golfe Persique (khalidje fârs en persan) a une riche histoire datant de plus de cinq millénaires. Carrefour commercial et lieu d’échange permanent entre Orient et Occident, il est devenu, à la suite de la découverte des premiers gisements de pétrole il y a à peine plus d’un siècle, une zone stratégique au centre de tensions et d’enjeux économiques et géopolitiques sans précédent au niveau régional et international. Plus récemment, le nom même de ce golfe a été l’objet d’une importante controverse ayant entraîné des réactions en chaîne et des tensions politiques entre certains pays arabes et pro arabes l’ayant rebaptisé « Golfe Arabique » ou plus simplement « le Golfe », et les Iraniens faisant valoir la dimension historique irréfutable de l’appellation de « Golfe Persique ».

Cette étendue maritime s’étend sur une surface d’environ 233 000 km². Sa limite occidentale est marquée par le Shatt el-Arab ou « Arvand Roud » en persan, et par le détroit d’Ormoz et le Golfe d’Oman à l’est. Le Golfe Persique borde les côtes de l’Iran, de l’Irak, de l’Arabie Saoudite, de Bahreïn, du Koweït, des Emirats Arabes Unis ainsi que du Qatar. Il mesure environ 1000 km de long et 200 à 350 km de large, avec une profondeur moyenne d’environ 50 m, la profondeur maximale ne dépassant pas 100 mètres. Il est en partie alimenté par divers fleuves iraniens et irakiens, ainsi que par les eaux de l’Océan indien poussées par les courants et pénétrant dans le Golfe par le détroit d’Ormuz.

Historique

Le Golfe Persique a été sous l’influence de nombreuses cultures antiques dont les cultures sumérienne, babylonienne et perse. Les premières traces de civilisation datent de plus de cinq millénaires, lors de l’émergence du royaume de Sumer dans la basse Mésopotamie antique (Sud de l’Irak actuel) puis, au 3e millénaire av. J.-C., du royaume d’Elam situé en bordure du Golfe Persique, au sud-ouest de l’Iran actuel. La conquête du royaume de Babylone par les Perses au VIe siècle av. J.-C. et l’extension considérable de l’empire achéménide qu’elle entraîna consacra l’influence perse dans la zone. Cette prédominance fut ensuite maintenue par les Séleucides, les Parthes et les Sassanides, qui étendirent l’influence perse sur les régions côtières arabes de l’ouest, notamment au travers de nombreux flux de migrations perses. Ceci participa notamment au renforcement des échanges et des liens entre les côtes est et ouest du Golfe Persique.

Cependant, le Golfe Persique semble ainsi avoir été le cœur d’importants échanges commerciaux dès l’époque des Assyriens et des Babyloniens. Après avoir connu un certain déclin sous l’Empire romain, notamment du fait de l’importance accrue de la Mer Rouge, il acquit de nouveau une importance commerciale durant le règne des Sassanides, ainsi que sous le califat Abbaside de Bagdad, au milieu du VIIIe siècle. Ainsi, le port de Sirâf en Iran fut l’une des principales plaques tournantes commerciales régionales aux IXe et Xe siècle. Si la chute du califat abbaside et l’influence mongole qui se développa dans la zone au XIIIe siècle marquèrent un certain déclin de la zone, et une réduction considérable du volume des échanges, une certaine « renaissance commerciale » eut lieu à partir du XVIe siècle, avec la hausse de la demande européenne pour les produits d’orient – notamment les épices – et l’extension considérable de l’influence du Portugal dans la zone. Celle-ci qui se traduisit notamment par le contrôle de nombreux ports dont plusieurs situés au sud de l’Iran, des îles de Qeshm et d’Ormuz – où l’on peut d’ailleurs encore visiter les ruines des citadelles portugaises d’antan – ainsi que, sur la côte Ouest, le contrôle de Bahreïn, Mascate, et du Qatar actuels. Leur domination fut par la suite remise en cause par les Safavides sur la côte est, et quelque peu fragilisée par le développement de l’influence ottomane sur la côte ouest à la suite de la conquête de l’Irak, qui ne parvint pas pour autant à s’emparer des places fortes portugaises de la zone. Aux XVIIIe et XIXe siècles, sous prétexte d’endiguer le développement de la piraterie dans la zone, l’Angleterre parvint à asseoir sa domination sur la majorité des places commerciales de la zone ainsi qu’à contrôler l’exportation des marchandises de ses colonies vers l’Europe. Au début du XXe siècle, elle renforça sa présence notamment en s’assurant une véritable mainmise sur l’exploitation des gisements pétroliers, récemment découverts dans la zone [1], au travers de l’Anglo-Iranian Oil Company, convertissant le Golfe Persique en un enjeu géostratégique sans précédent. D’autres gisements furent ensuite découverts du côté ouest, et leur exploitation connut une croissance exponentielle après la Seconde Guerre mondiale, ces derniers étant pour la majorité contrôlés par les Etats-Unis. L’influence anglaise connut une fin brutale en Iran avec la tentative, avortée, de nationalisation de l’industrie pétrolière par Mossadegh, même si elle fut maintenue au sein de nombreux Etats bordant la zone, notamment les Emirats Arabes Unis actuels, le Koweït, Oman ou encore le Qatar.

Ressources naturelles et enjeux stratégiques

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Œuvres naturelles réalisées à partir de sable et de pierres à l’occasion d’un festival artistique environnemental sur le Golfe Persique

De par sa position stratégique et ses nombreuses ressources naturelles, la région fut constamment au centre d’enjeux et de conflits d’intérêts divers. Dès le 3e millénaire avant J.-C., outre son rôle de lieu de transit des marchandises, tout un commerce s’organisa autour de la vente des perles présentes dans les eaux du Golfe Persique, qui concentre sans doute les lits d’huîtres perlières les plus anciens de l’humanité. A titre d’anecdote, le plus ancien collier de perles ou « collier de Suse » jamais retrouvé aurait ainsi appartenu à une reine de la Perse Antique et daterait d’environ 2400 ans. Ce fut néanmoins la découverte des premiers gisements de pétrole qui provoqua une véritable révolution économique et commerciale dans la zone, et conféra au Golfe Persique l’importance stratégique majeure dont il jouit aujourd’hui. Outre Al-Safaniya, le plus grand champ pétrolier du monde, cette zone détient également d’importantes réserves de gaz.

En outre, le Golfe Persique recèle une faune et une flore très riches, notamment de nombreux récifs de coraux et des huîtres. Cependant, ces dernières ont considérablement été endommagées par l’exploitation excessive du pétrole ainsi que par les récentes guerres ayant affecté la région, que ce soit la guerre Iran-Irak (1980-1988) ou, plus récemment, la deuxième guerre du Golfe (1990-1991), ou encore l’invasion américaine en Irak en 2003.

En 1985, un Conseil de Coopération du Golfe a été créé à Abu Dhabi, sous la pression des Etats-Unis, et dont les membres sont composés de six pays arabes de la zone. Outre son objectif de maintenir une certaine stabilité économique et politique dans la zone, le but ultime de cet organisme, qui était de créer un marché commun dans la zone, a été atteint en janvier 2008 avec la mise en place du Marché Commun du Golfe. Plus officieusement, cette structure vise également à contrer l’influence iranienne dans la région et avait également pour but, avant sa chute, de limiter celle du régime baasiste de Saddam.

Golfe Persique ou Golfe Arabique ? Les raisons d’un conflit

L’influence perse millénaire dans la région a conduit depuis des siècles l’ensemble des géographes, historiens, archéologues et voyageurs de tous horizons à qualifier de « Persique » cette étendue maritime, comme l’attestent les documents historiques et cartographiques des époques passées. Si des documents historiques datant de l’époque achéménide évoquant un « Golfe Persique » n’ont pas été retrouvés, ce nom semble avoir été d’usage dès cette époque. Certains récits consacrés à la narration des voyages de Pythagore évoquent également que le roi achéménide Darius Ier aurait nommé l’ensemble de cette étendue maritime la « Mer de Pars ».

Si, comme nous l’avons évoqué, l’appellation de « Golfe Persique » fit l’objet d’un vaste consensus durant des siècles, dans les années 1960, l’émergence du panarabisme et le renforcement des rivalités arabo-persanes ont incité certains pays arabes, notamment l’Arabie Saoudite et les pays situés en bordure du Golfe Persique, avec le soutien de la Grande-Bretagne, à adopter le terme de « Golfe Arabique » pour désigner cette zone. Cette tendance fut renforcée et encouragée par l’anti-iranisme de l’Occident à la suite de la Révolution islamique, ainsi que pour des motivations économiques et diplomatiques. A titre d’exemple, dans les questions de politique régionale et liées au pétrole, l’usage de l’expression « Golfe Arabique » a eu tendance à se répandre dans certains milieux officiels pro-arabes et occidentaux. Si le Bureau des Etats-Unis pour le nommage géographique (United States Board on Geographic Names) a officiellement consacré l’usage de « Golfe Persique » en 1917, l’évolution de la conjoncture internationale et certains intérêts stratégiques ont parfois rendu cet emploi flexible : ainsi, au cours des dernières décennies, les autorités américaines ont autorisé l’emploi de « Golfe Arabique » lors de la réalisation de transaction avec certains Etats arabes pétroliers, tout en proscrivant l’utilisation de l’expression de « Golfe Persique » aux Emirats Arabes Unis, après que ces derniers aient officiellement revendiqué l’appellation de « Golfe Arabique ».

Cependant, ce fut l’emploi par la National Geographic Society de l’expression « Golfe Arabique », inscrite entre parenthèses comme version alternative sous « Golfe Persique », dans la nouvelle édition de son Atlas géographique mondial en 2004 qui déclencha véritablement l’ire des Iraniens, qui se manifesta notamment par la création de nombreux sites internet et de pétitions en ligne. Ces protestations conduisirent également le gouvernement iranien à prohiber la diffusion des publications de la Société dans le pays jusqu’à la publication, à la fin de l’année 2004, d’une note de mise à jour de l’Atlas spécifiant qu’ « historiquement et plus communément connu sous le nom de Golfe Persique, cette étendue d’eau est appelée par certains « Golfe Arabique« .

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Carte de H.Bunting, 1620, Hanovre
Carte extraite de l’ouvrage Description du Golfe Persique par des Cartes Historiques, Bonyâd-e Irân shenâsi, 2007.

A la suite de cette affaire, un numéro de la revue The Economist ayant évoqué le Golfe Persique sous le simple qualificatif de « Golfe » dans l’une de ses cartes, fut également interdit de distribution en Iran. Suite à cette affaire, le gouvernement iranien a également mis en place un comité technique chargé d’examiner les conditions permettant d’interdire l’importation de marchandises diverses, – notamment des vêtements sur lesquels figure une carte de la région -, portant l’inscription de « Golfe Arabique », en Iran.

Faisant l’objet de nombreuses controverses et pétitions, l’affaire a été portée au niveau des Nations Unies qui, lors de sa 33e session en 2006, a confirmé l’appellation de « Golfe Persique » comme étant la seule appellation officielle acceptée pour cette zone et employée par l’ensemble des membres des Nations-Unies. Cette décision fut notamment appuyée par de nombreux documents historiques et cartes anciennes : ainsi, les cartes des historiens de la Grèce antique évoquent le « Limen Persikos », les Latins le nommant quant à eux le « Sinus Persicus ». Durant les premiers siècles de l’Islam, les plus éminentes figures intellectuelles de cette période tels que Aboureyhân Birouni, Massoudi, Balkhi, Khwârizmi… font tous référence au « Golfe du Fars », ou encore à la « Mer du Fars » (al-Bahr al-Farsi) ou « de Pars » pour désigner le Golfe Persique actuel. En outre, selon plusieurs documents historiques, il semble que l’expression de « Golfe Arabique » servait auparavant à désigner la mer Rouge actuelle. On retrouve notamment cet emploi dans les écrits d’Hécatée de Milet, historien grec du Ve siècle av. J.-C., ainsi que dans l’un des écrits d’Hérodote qui évoque la mer rouge en parlant du « Golfe Arabique ». D’un point de vue historique, l’appellation de Golfe Arabique ferait donc référence à une toute autre zone que celle qu’elle prétend actuellement désigner.

Le conflit n’est pas éteint pour autant, les deux expressions continuant à être utilisées abondamment de façon informelle. La majorité des pays arabes emploient ainsi l’expression « Golfe Arabique » et certains, tel que les Emirats Arabes Unis, ont même été jusqu’à interdire l’emploi de « Golfe Persique ». De nombreuses propositions de noms alternatifs ont été évoquées, comme celles de « Golfe Arabo-persique » ou tout simplement de « Golfe » qui ont été cependant loin de faire l’unanimité, particulièrement du côté iranien, qui a vu dans la dernière expression une tentative à peine déguisée, conduisant peu à peu à l’abandon du nom historique du lieu. Le « Golfe islamique » n’a également pas été retenu.

Dans le but de faire valoir les droits du nom historique du site, de nombreuses publications de cartes ou croquis anciens de grands géographes ou réalisés par des voyageurs plus ou moins connus, sur lesquelles figurent le nom de « Golfe Persique » et ses dérivations issues de différents musées, instituts géographiques, archives historiques et ouvrages anciens ont été édités en Iran au cours des dernières années. Le plus connu demeure l’ouvrage magistral intitulé Description du Golfe Persique dans les cartes historiques [2] publié en 2007 par l’Institut d’Iranologie et rassemblant de nombreuses cartes historiques d’Orient et d’Occident qui, outre leur dimension esthétique, révèlent les racines historiques indéniables de cette appellation.

 

2) Du « Sinus Persicus » au « golfe Persique »

Représentation occidentale du golfe Persique de l’Antiquité au XVIIIe siècle

L’Atlas historique du Golfe Persique a été publié en novembre 2006 en Belgique par l’édition Brepols, dans la prestigieuse collection de « Terrarum Orbis ». Cet atlas est le résultat d’une collaboration fructueuse entre l’Ecole pratique des Hautes études de Paris, l’Université de Téhéran et le Centre de documentation du ministère iranien des Affaires étrangères, dans un projet de recherche scientifique et académique qui a duré deux ans. La publication d’un atlas de cartes historiques du Golfe Persique se justifie par de nombreux motifs. La raison principale, pour les auteurs, était qu’un tel travail n’avait jamais été entrepris dans une démarche savante, malgré le grand intérêt que les historiens et les géographes ont toujours éprouvé pour cette région du monde.

L’Atlas historique du Golfe Persique contient des reproductions d’une centaine de cartes occidentales ayant contribué de manière significative à l’évolution de la cartographie du Golfe Persique aux XVIe , XVIIe et début du XVIIIe siècle.

La cartographie occidentale du Golfe Persique révèle une vérité historique importante : depuis l’antiquité gréco-romaine, cette région maritime a toujours été connue par sa nomination d’origine : le « Sinus Persicus » des Latins qui devient le « Golfe Persique » dans les langues modernes européennes.

Les Grecs

Bien qu’Hérodote n’en fasse pas mention, le Golfe Persique était sans doute connu des Grecs depuis le VIe siècle avant J.-C., principalement grâce au périple de Scylax [1] sur ordre de Darius Ier. Mais c’est l’expédition de Néarque [2], depuis les bouches de l’Indus jusqu’à l’Euphrate, qui fit véritablement entrer le Golfe Persique dans la connaissance grecque à la fin du IVe siècle. Aux IIIe et IIe siècles, Eratosthène [3] construisit par raisonnement la première carte du monde à l’échelle, en distribuant selon un réseau de méridiens et de parallèles les données empiriques recueillies auprès des voyageurs grecs. Le Golfe Persique jouait un rôle important dans cette structuration mentale de l’œcoumène fondée sur la symétrie, car il était placé sur le même méridien que la mer Caspienne considérée par les Grecs comme un golfe de l’Océan extérieur et non pas comme une mer fermée.

Les Romains

Les conditions politiques et économiques dominant au temps de l’empire romain ne furent pas favorables à la collecte de données très précises et à la formation d’un tableau beaucoup plus détaillé sur le Golfe Persique. Rome n’atteignit l’Euphrate que de façon exceptionnelle. Le commerce romain avec l’Orient passait davantage par la mer Rouge. La découverte et l’usage de la mousson, à une date indéterminée entre le Ier avant et le Ier siècle après J.-C., favorisèrent des liaisons directes entre l’Egypte et l’Inde. On retrouve donc essentiellement, chez les auteurs latins, les données recueillies par Néarque. Pour les Latins, le Golfe Persique était, tout comme la mer d’Oman, une division de l’Océan indien. Dans la représentation cartographique des Romains, après une entrée qui ressemble à un cou, le Golfe Persique se développe en prenant la forme d’une tête humaine ; la mesure de sa circonférence est indiquée dans les cartes dessinées à l’époque. Les alluvions du Tigre et de l’Euphrate ont provoqué, dans ces cartes, une avancée du littoral : les îles les mieux connues sont celles d’Icare (île de Faylakah, en face des côtes du Koweït) et de Tylos (Bahreïn) ; les huîtres perlières et le corail abondent. Cette richesse en marchandises précieuses est accompagnée d’une profusion de légendes merveilleuses : les régions voisines sont aussi celles où habitent des êtres étranges. Des monstres marins, baleines et serpents de mers, des îles dangereuses ou fantastiques complètent le tableau dressé par l’imaginaire romain.

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Carte réalisée par Yodows Hondius et Petrus Bertius, Amsterdam, 1616

Dans toutes ces descriptions, en conséquence d’une erreur remontant à Néarque, le Sinus Persicus (Golfe Persique) n’apparaît guère distinct de la mer Erythrée (mer Rouge, en grec), expression qui peut désigner aussi bien la mer Rouge que l’ensemble de l’Océan indien. D’autre part, durant le haut Moyen آge, la mare Rubrum (mer Rouge, en latin), du fait de la couleur qui la caractérisait, avait un contenu de réalité beaucoup plus riche que celui de Sinus Persicus (Golfe Persique), dont le nom renvoyait au peuple perse qui habitait ses rivages.

Le Moyen Âge

Nombre de textes médiévaux reproduisent la même structure d’ensemble des régions allant de l’Egypte à l’Inde. La mer Rouge (c’est-à-dire l’Océan indien, pour les géographes européens de l’époque) y est divisée en deux golfes : Mare Rubrum (la mer Rouge) qui sépare l’Egypte de l’Arabie, et le Golfe Persique qui sépare l’Arabie de l’ensemble formé par la Mésopotamie, la Susiane (Suse), la Perse, et la contrée de Carmanie (Kermân). En réalité, les cartes médiévales les plus anciennes, par delà leurs différences formelles, montrent la persistance des conceptions antiques dans la pensée des cartographes du Moyen آge. C’est la raison pour laquelle l’alignement Caspienne/Golfe Persique de la carte antique d’Eratosthène se repère sur beaucoup de cartes médiévales.

Au XVIe siècle : la cartographie portugaise du Golfe Persique

La cartographie occidentale du XVIe siècle est fortement influencée par les explorations d’une petite nation de marins qui est devenue, à l’époque, un acteur important de manière assez inattendue : le Portugal. Bien que d’autres voyageurs européens, et principalement italiens, aient exploré certaines régions d’Asie à la fin du Moyen آge, ce sont les expéditions portugaises qui ont transformé l’image de l’Eurasie et de l’Afrique de manière si radicale que, rapidement, celle-ci a fini par s’approcher de ce qu’elle est aujourd’hui.

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                                                                                                                                                                      Carte de Gerardus Mercator, Duisbourg, 1578

L’un des tournants les plus significatifs dans le processus d’apprentissage cartographique orchestré par les Portugais a eu lieu en 1502, lorsque la carte « Cantino » a été dessinée à Lisbonne. En réalité, cette carte était une copie illégale d’un document secret appartenant au bureau royal des affaires étrangères de la couronne portugaise.

En ce qui concerne le Golfe Persique, la carte « Cantino » est intéressante car elle montre le peu d’informations dont disposaient les Portugais sur cette région avant d’y accoster finalement eux-mêmes. Au début, les Portugais n’ont pas trouvé de cartes arabes ou perses du Golfe Persique, et ils ont donc dû s’en remettre à l’ancien modèle ptoléméen. Les voyageurs portugais avaient entendu parler des fabuleuses richesses de Hormuz, mais ils n’ont atteint le Golfe d’Oman et l’entrée du Golfe Persique qu’en 1507, quand Alfonso de Albuquerque4 a gagné la région pour la première fois. L’occupation portugaise d’Hormuz était considérée comme une étape essentielle vers le contrôle total du commerce du Moyen-Orient qui passait par la mer Rouge et le Golfe Persique.

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Carte d’Abraham Ortelius, Anvers, 1577

Les voyages et les expéditions militaires des Portugais dans le Golfe Persique ont eu un impact important sur la cartographie du Golfe Persique. Jusqu’à la fin du XVIe siècle, les Portugais étaient les seuls marins occidentaux qui naviguaient dans les eaux du Golfe Persique. Il est important de mentionner que les cartographes portugais ont continué à travailler sur de nouvelles cartes du Golfe Persique à la fin du XVIe siècle et pendant tout le XVIIe siècle. Mais les innovations les plus importantes du XVIIe siècle concernent la cartographie néerlandaise.

Au XVIIe siècle : la cartographie néerlandaise du Golfe Persique

Les Pays-Bas sont devenus le centre de la cartographie européenne, bien avant que les navires néerlandais aient accosté en Orient. Des cartographes éminents tels que Gerardus Mercator [4] et Abraham Ortelius [5] étaient originaires des ports commerciaux de Louvain et Anvers. Or, Anvers entretenait des relations anciennes avec le Portugal. Les relations étaient particulièrement solides parce que les Pays-Bas faisaient partie des territoires des Habsbourg et étaient donc liés politiquement à la péninsule Ibérique. Mercator, qui est principalement connu pour être l’inventeur de l’atlas moderne, a conçu plusieurs globes et cartes pour Charles Quint. A la même époque, cet empereur, qui était également le roi d’Espagne, a subventionné le travail de ce cartographe néerlandais.

Dans leur connaissance de l’Asie, les cartographes flamands et hollandais, tout comme les autres cartographes européens, dépendaient des Portugais qui étaient les premiers européens à obtenir des informations directes sur le terrain. Cet état de fait a persisté durant plusieurs décennies, pendant lesquelles les marchants flamands et hollandais achetaient les produits asiatiques presque exclusivement à Lisbonne et laissaient aux Portugais un monopole incontesté sur l’Océan indien. Cependant, le port d’Amsterdam était alors en train de devenir le nouveau centre du commerce européen et la cartographie fit bientôt son apparition dans cette ville prospère.

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                                                                                                                                                                                      Carte de Guillaume de L’isle, Paris, 1742

La Compagnie hollandaise des Indes orientales a été fondée en 1602. Les fonctionnaires hollandais qui voyageaient sur les navires de la Compagnie dessinaient de plus en plus de cartes. Toutefois, les données sur le Golfe Persique étaient encore presque exclusivement d’origine portugaise. Cela ne devait changer que dans les années 1640. En 1622, face à l’assaut des troupes perses, les Portugais subirent une défaite et perdirent le contrôle de l’île perse d’Hormuz. L’année suivante, la Compagnie hollandaise des Indes orientales établit un comptoir à Ispahan, capitale des Safavides, et conclut un traité commercial avec l’empereur perse Shah Abbas Ier. Les décennies suivantes sont marquées par des contacts croissants entre la Perse et les Pays-Bas. Les relations se sont détériorées en 1637 et la Compagnie hollandaise des Indes orientales a adopté une stratégie agressive à partir de 1645, imposant un blocus sur Bandar Abbas et bombardant la forteresse des Safavides sur l’île de Qeshm.

La cartographie néerlandaise du Golfe Persique a ainsi subi, au milieu du XVIIe siècle, un changement fondamental. Alors que cette activité se résumait à ses débuts à la reproduction de cartes portugaises et italiennes, elle est devenue une pratique de plus en plus innovante centrée sur le regroupement méthodique des données sur le terrain par les capitaines et les topographes.

Malgré beaucoup de hauts et de bas, le commerce et la navigation néerlandais dans le Golfe Persique ont prospéré durant le XVIIe siècle, soutenus par plusieurs missions diplomatiques réussies auprès des souverains safavides. Le commerce des Pays-Bas avec la Perse safavide n’a décliné que lors de la dernière décennie du XVIIe siècle, et ce, du fait de la crise économique générale en Perse : l’invasion afghane et la crise de la dynastie safavide en 1722 ont fini par dégrader les relations, même si les Afghans n’ont pris Bandar Abbas qu’en 1727. La Compagnie hollandaise des Indes orientales a néanmoins ouvert en 1738 un nouveau comptoir à Bushehr, et un autre en 1752 sur l’île de Kharg. Mais les Néerlandais ont dû quitter la région en 1758. Globalement, les relations entre les Pays-Bas et la Perse sont demeurées tendues pendant la plus grande partie du XVIIIe siècle.

Aux XVIIe et XVIIe siècles : la cartographie française du Golfe Persique

La France a été le premier pays à essayer de défier la domination hollandaise sur le champ de la cartographie maritime au XVIIe siècle. La cartographie des territoires d’outre-mer et des océans devenait ainsi une priorité dans le processus de la centralisation mené par Louis XIV et son ministre Colbert.

Il est cependant important de noter que la cartographie française était aussi profondément enracinée dans des traditions étrangères que celles des autres nations. En 1666, Louis XIV fonda l’Académie royale des sciences, l’équivalent français de la Royal Society anglaise. Dans la même année fut créé le corps mixte, militaire et civil, des Ingénieurs du Roi. Les cartes produites par les Ingénieurs du Roi furent publiées en 1693 dans Le Neptune Français. Le dépouillement visuel et la grande clarté et lisibilité en étaient les caractéristiques importantes. Il est intéressant de savoir que Le Neptune Français fut publié la même année à Amsterdam en trois langues différentes (français, néerlandais et anglais). Le projet avait visiblement un grand potentiel commercial.

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Carte de Pieter Van der Keere, Amsterdam, 1610

En ce qui concerne le Golfe Persique, il paraît que l’impact réel de ces développements de la cartographie française sur les cartes du Golfe Persique n’est pas tout à fait clair. En effet, la présence française dans le Golfe Persique fut fragile pendant cette période historique. Contrairement aux Portugais et aux Hollandais, les Français ne réussirent jamais à imposer une présence commerciale ou militaire permanente dans cette région. Même les contacts diplomatiques avec la Perse ne permirent jamais aux Français d’obtenir une présence importante dans la région du Golfe Persique. La première initiative diplomatique sérieuse fut prise sous le règne de Shah Abbas II, dans les années 1660. Les ambassadeurs français à Ispahan informèrent Colbert des possibilités commerciales et politiques qui s’offraient alors en Perse. Louis XIV envoya alors une ambassade en Perse, et en 1665, Shah Abbas II fit sortir un ordre concédant à la Compagnie française des Indes orientales le privilège d’ouvrir un comptoir à Bandar Abbas. Ce ne fut cependant qu’en 1669 qu’une petite flotte de trois vaisseaux français arriva à Bandar Abbas. L’un d’eux fit escale au comptoir français, tandis que les deux autres avancèrent jusqu’à Bassora.

Bien que Shah Abbas II rénova les privilèges en 1671, la Compagnie française ne fit pas de progrès sur le terrain car elle se débattait avec de sérieux problèmes financiers. Peu après, le comptoir de Bandar Abbas était abandonné. Par ailleurs, la dynastie safavide était sur le point de succomber, et sa politique commerciale décadente empêcha l’établissement de relations commerciales permanentes entre la France et la Perse jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Il faut cependant noter que depuis le milieu du siècle les cartes françaises du Golfe Persique s’améliorèrent de façon très considérable même si les navigations étaient occasionnelles dans la région. Ceci s’explique peut-être par une sensibilité cartographique croissante en France, plutôt que par une remontée de l’activité navale sur le terrain.

 

1) Le golfe Persique : entre histoire millénaire et conflits actuels par Sarah Mirdâmâdi pour la Revue de Téhéran

Notes

[1] Le premier gisement pétrolier fut découvert à Soleymanieh en 1908.

2) Du « Sinus Persicus » au « golfe Persique » par Babak Ershadi pour la Revue de Téhéran

Notes

[1] Scylax (VIe siècle av. J.-C.), navigateur et géographe grec, originaire du Caire. Engagé par Darius Ier, il explora les côtes du golfe Persique et de la mer Erythrée (la mer Rouge).

[2] Néarque (IVe siècle av. J.-C.), navigateur grec et lieutenant d’Alexandre, originaire de Crète. Ayant reçu le commandement de la flotte d’Alexandre, il descendit l’Indus avec l’armée, puis il entreprit une exploration des côtes de la mer Erythrée (la mer Rouge) et du golfe Persique jusqu’à l’embouchure de l’Euphrate.

[3] Ratosthène (v. 276-v. 194 av. J.-C.), mathématicien, astronome, géographe et poète grec qui mesura la circonférence de la Terre avec une surprenante précision en déterminant astronomiquement la différence de latitude entre les cités de Syène (aujourd’hui Assouan) et d’Alexandrie, en Égypte.

[4] Mercator, Gerardus (1512-1594), qui fut géographe, cartographe et mathématicien flamand. En 1568, il conçut et réalisa un système de projection de cartes qui porte maintenant son nom. Dans ce système, des lignes parallèles représentent les méridiens, et les parallèles sont des lignes droites qui coupent les méridiens à angle droit. Très utilisée en navigation, la projection de Mercator permet de tracer une route en ligne droite entre deux points sur la carte et de la suivre sans modifier la direction de la boussole.

[5] Ortelius, Abraham (1527-1598), cartographe et géographe flamand qui produisit le premier atlas moderne, intitulé Theatrum Orbis Terrarum (1570). Cet atlas contenait 70 cartes, qui constituaient la plus grande collection de l’époque. Elles représentaient ce qui se faisait de mieux à l’époque, même si beaucoup de ces cartes étaient des copies et que certaines contenaient des erreurs.

Otto und das Reich

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Fall 1941: Pearl Harbor and The Wars of Corporate America

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Fall 1941: Pearl Harbor and The Wars of Corporate America

Myth: The US was forced to declare war on Japan after a totally unexpected Japanese attack on the American naval base in Hawaii on December 7, 1941. On account of Japan’s alliance with Nazi Germany, this aggression automatically brought the US into the war against Germany.

Reality: The Roosevelt administration had been eager for some time to wage war against Japan and sought to unleash such a war by means of the institution of an oil embargo and other provocations. Having deciphered Japanese codes, Washington knew a Japanese fleet was on its way to Pearl Harbor, but welcomed the attack since a Japanese aggression would make it possible to “sell” the war to the overwhelmingly anti-war American public.

An attack by Japan, as opposed to an American attack on Japan, was also supposed to avoid a declaration of war by Japan’s ally, Germany, which was treaty-bound to help only if Japan was attacked. However, for reasons which have nothing to do with Japan or the US but everything with the failure of Germany’s “lightning war” against the Soviet Union, Hitler himself declared war on the US a few days after Pearl Harbor, on December 11, 1941.

Fall 1941. The US, then as now, was ruled by a “Power Elite” of industrialists, owners and managers of the country’s leading corporations and banks, constituting only a tiny fraction of its population. Then as now, these industrialists and financiers – “Corporate America” – had close connections with the highest ranks of the army, “the warlords,” as Columbia University sociologist C. Wright Mills, who coined the term “power elite,”[1] has called them, and for whom a few years later a big HQ, known as the Pentagon, would be erected on the banks of the Potomac River.

Indeed, the “military-industrial complex” had already existed for many decades when, at the end of his career as President, and having served it most assiduously, Eisenhower gave it that name. Talking about presidents: in the 1930s and 1940s, again then as now, the Power Elite kindly allowed the American people every four years to choose between two of the elite’s own members – one labelled “Republican,” the other “Democrat,” but few people know the difference – to reside in the White House in order to formulate and administer national and international policies. These policies invariably served – and still serve – the Power Elite’s interests, in other words, they consistently aimed to promote “business” – a code word for the maximization of profits by the big corporations and banks that are members of the Power Elite.

As President Calvin Coolidge candidly put it on one occasion during the 1920s, “the business of America [meaning of the American government] is business.” In 1941, then, the tenant of the White House was a bona fide member of the Power Elite, a scion of a rich, privileged, and powerful family: Franklin D. Roosevelt, often referred to as “FDR”. (Incidentally, the Roosevelt family’s wealth had been built at least partly in the opium trade with China; as Balzac once wrote, “behind every great fortune there lurks a crime.”)

Roosevelt appears to have served the Power Elite rather well, for he already managed to be nominated (difficult!) and elected (relatively easy!) in 1932, 1936, and again in 1940. That was a remarkable achievement, since the “dirty thirties” were hard times, marked by the “Great Depression” as well as great international tensions, leading to the eruption of war in Europe in 1939. Roosevelt’s job – serving the interests of the Power Elite – was far from easy, because within the ranks of that elite opinions differed about how corporate interests could best be served by the President. With respect to the economic crisis, some industrialists and bankers were pretty happy with the President’s Keynesian approach, known as the “New Deal” and involving much state intervention in the economy, while others were vehemently opposed to it and loudly demanded a return to laissez-faire orthodoxy. The Power Elite was also divided with respect to the handling of foreign affairs.

The owners and top managers of many American corporations – including Ford, General Motors, IBM, ITT, and Rockefeller’s Standard Oil of New Jersey, now known as Exxon – liked Hitler a lot; one of them – William Knudsen of General Motors – even glorified the German Führer as “the miracle of the 20th century.”[2] The reason: in preparation for war, the Führer had been arming Germany to the teeth, and the numerous German branch plants of US corporations had profited handsomely from that country’s “armament boom” by producing trucks, tanks and planes in sites such as GM’s Opel factory in Rüsselsheim and Ford’s big plant in Cologne, the Ford-Werke; and the likes of Exxon and Texaco had been making plenty of money by supplying the fuel Hitler’s panzers would need to roll all the way to Warsaw in 1939, to Paris in 1940, and (almost) to Moscow in 1941. No wonder the managers and owners of these corporations helped to celebrate Germany’s victories against Poland and France at a big party in the Waldorf-Astoria Hotel in New York on June 26, 1940!

American “captains of industry” like Henry Ford also liked the way Hitler had shut down the German unions, outlawed all labour parties, and thrown the communists and many socialists into concentration camps; they wished Roosevelt would mete out the same kind of treatment to America’s own pesky union leaders and “reds,” the latter still numerous in the 1930s and early 1940s. The last thing those men wanted, was for Roosevelt to involve the US in the war on the side of Germany’s enemies, they were “isolationists” (or “non-interventionists”) and so, in the summer of 1940, was the majority of the American public: a Gallup Poll, taken in September 1940, showed that 88 percent of Americans wanted to stay out of the war that was raging in Europe.[3] Not surprisingly, then, there was no sign whatsoever that Roosevelt might want to restrict trade with Germany, let alone embark on an anti-Hitler crusade. In fact, during the presidential election campaign in the fall 1940, he solemnly promised that “[our] boys are not going to be sent into any foreign wars.”[4]

That Hitler has crushed France and other democratic countries, was of no concern to the US corporate types who did business with Hitler, in fact, they felt that Europe’s future belonged to fascism, especially Germany’s variety of fascism, Nazism, rather than to democracy. (Typically, the chairman of General Motors, Alfred P. Sloan, declared at that time that it was a good thing that in Europe the democracies were giving way “to an alternative [i.e. fascist] system with strong, intelligent, and aggressive leaders who made the people work longer and harder and who had the instinct of gangsters – all of them good qualities”!)[5] And, since they certainly did not want Europe’s future to belong to socialism in its evolutionary, let alone revolutionary (i.e. communist) variety, the US industrialists would be particularly happy when, about one year later, Hitler would finally do what they have long hoped he would do, namely, to attack the Soviet Union in order to destroy the homeland of communism and source of inspiration and support of “reds” all over the world, also in the US.

While many big corporations were engaged in profitable business with Nazi Germany, others now happened to be making plenty of money by doing business with Great Britain. That country – in addition to Canada and other member countries of the British Empire, of course – was Germany’s only remaining enemy from the fall of 1940 until June 1941, when Hitler’s attack on the Soviet Union caused Britain and the Soviet Union to become allies. Britain was desperately in need of all sorts of equipment to continue its struggle against Nazi Germany, wanted to purchase much of it in the US, but was unable to make the cash payments required by America’s existing “Cash-and-Carry” legislation. However, Roosevelt made it possible for US corporations to take advantage of this enormous “window of opportunity” when, on March 11, 1941, he introduced his famous Lend-Lease program, providing Britain with virtually unlimited credit to purchase trucks, planes, and other martial hardware in the US. The Lend-Lease exports to Britain were to generate windfall profits, not only on account of the huge volume of business involved but also because these exports featured inflated prices and fraudulent practices such as double billing.

A segment of Corporate America thus began to sympathize with Great Britain, a less “natural” phenomenon than we would now tend to believe. (Indeed, after American independence the ex-motherland had long remained Uncle Sam’s archenemy; and as late the 1930s, the US military still had plans for war against Britain and an invasion of the Canadian Dominion, the latter including plans for the bombing of cities and the use of poison gas.)[6] Some mouthpieces of this corporate constituency, though not very many, even started to favour a US entry into the war on the side of the British; they became known as the “interventionists.” Of course, many if not most big American corporations made money through business with both Nazi Germany and Britain and, as the Roosevelt administration itself was henceforth preparing for possible war, multiplying military expenditures and ordering all sorts of equipment, they also started to make more and more money by supplying America’s own armed forces with all sorts of martial material.[7]

If there was one thing that all the leaders of Corporate America could agree on, regardless of their individual sympathies towards either Hitler or Churchill, it was this: the war in Europe in 1939 was good, even wonderful, for business. They also agreed that the longer this war lasted, the better it would be for all of them. With the exception of the most fervent pro-British interventionists, they further agreed that there was no pressing need for the US to become actively involved in this war, and certainly not to go to war against Germany. Most advantageous to Corporate America was a scenario whereby the war in Europe dragged on as long as possible, so that the big corporations could continue to profit from supplying equipment to the Germans, the British, to their respective allies, and to America herself. Henry Ford thus “expressed the hope that neither the Allies nor the Axis would win [the war],” and suggested that the United States should supply both sides with “the tools to keep on fighting until they both collapse.” Ford practised what he preached, and arranged for his factories in the US, in Britain, in Germany, and in occupied France to crank out equipment for all belligerents.[8] The war may have been hell for most people, but for American “captains of industry” such as Ford it was heaven.

Roosevelt himself is generally believed to have been an interventionist, but in Congress the isolationists certainly prevailed, and it did not look as if the US would soon, if ever, enter the war. However, on account of Lend-Lease exports to Britain, relations between Washington and Berlin were definitely deteriorating, and in the fall of 1941 a series of incidents between German submarines and US Navy destroyers escorting freighters bound for Britain lead to a crisis that has become known as the “undeclared naval war.” But even that episode did not lead to active American involvement in the war in Europe. Corporate America was profiting handsomely from the status quo, and was simply not interested in a crusade against Nazi Germany. Conversely, Nazi Germany was deeply involved in the great project of Hitler’s life, his mission to destroy the Soviet Union. In this war, things had not been going according to plan. The Blitzkrieg in the East, launched on June 1941, was supposed to have “crushed the Soviet Union like an egg” within 4 to 6 weeks, or so it was believed by the military experts not only in Berlin but also in Washington. However, in early December Hitler was still waiting for the Soviets to wave the white flag. To the contrary, on December 5, the Red Army suddenly launched a counter-offensive in front of Moscow, and suddenly the Germans found themselves deeply in trouble. The last thing Hitler needed at this point was a war against the US.[9]

In the 1930s, the US military had no plans, and did not prepare plans, to fight a war against Nazi Germany. On the other hand, they did have plans war against Great Britain, Canada, Mexico – and Japan.[10] Why against Japan? In the 1930s, the US was one of the world’s leading industrial powers and, like all industrial powers, was constantly looking out for sources of inexpensive raw materials such as rubber and oil, as well as for markets for its finished products. Already at the end of the nineteenth century, America had consistently pursued its interests in this respect by extending its economic and sometimes even direct political influence across oceans and continents. This aggressive, “imperialist” policy – pursued ruthlessly by presidents such as Theodore Roosevelt, a cousin of FDR – had led to American control over former Spanish colonies such as Puerto Rico, Cuba, and the Philippines, and also over the hitherto independent island nation of Hawaii. America had thus also developed into a major power in the Pacific Ocean and even in the Far East.[11]

The lands on the far shores of the Pacific Ocean played an increasingly important role as markets for American export products and as sources of cheap raw materials. But in the Depression-ridden 1930s, when the competition for markets and resources was heating up, the US faced the competition there of an aggressive rival industrial power, one that was even more needy for oil and similar raw materials, and also for markets for its finished products. That competitor was Japan, the land of the rising sun. Japan sought to realize its own imperialist ambitions in China and in resource-rich Southeast Asia and, like the US, did not hesitate to use violence in the process, for example waging ruthless war on China and carving a client state out of the northern part of that great but weak country. What bothered the United States was not that the Japanese treated their Chinese and Korean neighbours as Untermenschen, but that they turned that part of the world into what they called the Greater East Asia Co-Prosperity Sphere, i.e., an economic bailiwick of their very own, a “closed economy” in with there was no room for the American competition. In doing so, the Japanese actually followed the example of the US, which had earlier transformed Latin America and much of the Caribbean into Uncle Sam’s exclusive economic playground.[12]

Corporate America was extremely frustrated at being squeezed out of the lucrative Far Eastern market by the “Japs,” a “yellow race” Americans in general had already started to despise during the 19th century.[13] Japan was viewed as an arrogant but essentially weak upstart country, that mighty America could easily “wipe off the map in three months,” as Navy Secretary Frank Knox put it on one occasion.[14] And so it happened that, during the 1930s and early 1940s, the US Power Elite, while mostly opposed to war against Germany, was virtually unanimously in favour of a war against Japan – unless, of course, Japan was prepared to make major concessions, such as “sharing” China with the US. President Roosevelt – like Woodrow Wilson not at all the pacifist he has been made out to be by all too many historians – was keen to provide such a “splendid little war.” (This expression had been coined by US Secretary of State John Hay in reference to the Spanish-American War of 1898; it was “splendid” in that it allowed the US to pocket the Philippines, Puerto Rico, etc.) By the summer of 1941, after Tokyo had further increased its zone of influence in the Far East, e.g. by occupying the rubber-rich French colony of Indochina and, desperate above all for oil, had obviously started to lust after the oil-rich Dutch colony of Indonesia, FDR appears to have decided that the time was ripe for war against Japan, but he faced two problems. First, public opinion was strongly against American involvement in any foreign war. Second, the isolationist majority in Congress might not consent to such a war, fearing that it would automatically bring the US into war against Germany.

Roosevelt’s solution to this twin problem, according to the author of a detailed and extremely well documented recent study, Robert B. Stinnett, was to “provoke Japan into an overt act of war against the United States.”[15] Indeed, in case of a Japanese attack the American public would have no choice but to rally behind the flag. (The public had similarly been made to rally behind the Stars and Stripes before, namely at the start of the Spanish-American War, when the visiting US battleship Maine had mysteriously sunk in Havana harbour, an act that was immediately blamed on the Spanish; after World War II, Americans would again be conditioned to approve of wars, wanted and planned by their government, by means of contrived provocations such as the 1964 Gulf of Tonkin Incident.) Furthermore, under the terms of the Tripartite Treaty concluded by Japan, Germany, and Italy in Berlin on September 27, 1940, the three countries undertook to assist each other when one of the three contracting powers was attacked by another country, but not when one of them attacked another country. Consequently, in case of a Japanese attack on the US, the isolationists, who were non-interventionists with respect to Germany but not with respect to Japan, did not have to fear that a conflict with Japan would also mean war against Germany.

And so, President Roosevelt, having decided that “Japan must be seen to make the first overt move,” made “provoking Japan into an overt act of war the principal policy that guided [his] actions toward Japan throughout 1941,” as Stinnett has written. The stratagems used included the deployment of warships close to, and even into, Japanese territorial waters, apparently in the hope of sparking a Gulf of Tonkin-style incident that could be construed to be a casus belli.  More effective, however, was the relentless economic pressure that was brought to bear on Japan, a country desperately in need of raw materials such as oil and rubber and therefore likely to consider such methods to be singularly provocative. In the summer of 1941, the Roosevelt administration froze all Japanese assets in the United States and embarked on a “strategy for frustrating Japanese acquisition of petroleum products.” In collaboration with the British and the Dutch, anti-Japanese for reasons of their own, the US imposed severe economic sanctions on Japan, including an embargo on vital oil products. The situation deteriorated further in the fall of 1941. On November 7, Tokyo, hoping to avoid war with the mighty US, offered to apply in China the principle of non-discriminatory trade relations on the condition that the Americans did the same in their own sphere of influence in Latin America. However, Washington wanted reciprocity only in the sphere of influence of other imperialist powers, and not in its own backyard; the Japanese offer was rejected.

The continuing US provocations of Japan were intended to cause Japan to go to war, and were indeed increasingly likely to do so. “This continuing putting pins in rattlesnakes,” FDR was to confide to friends later, “finally got this country bit.” On November 26, when Washington a demanded Japan’s withdrawal from China, the “rattlesnakes” in Tokyo decided they had enough and prepared to “bite.” A Japanese fleet was ordered to set sail for Hawaii in order to attack the US warships that FDR had decided to station there, rather provocatively as well as invitingly as far as the Japanese were concerned, in 1940. Having deciphered the Japanese codes, the American government and top army brass knew exactly what the Japanese armada was up to, but did not warn the commanders in Hawaii, thus allowing the “surprise attack” on Pearl Harbor to happen on Sunday, December 7, 1941.[16]

The following day FDR found it easy to convince Congress to declare war on Japan, and the American people, shocked by a seemingly cowardly attack that they could not know to have been provoked, and expected, by their own government, predictably rallied behind the flag. The US was ready to wage war against Japan, and the prospects for a relatively easy victory were hardly diminished by the losses suffered at Pearl Harbour which, while ostensibly grievous, were far from catastrophic. The ships that had been sunk were older, “mostly 27-year old relics of World War I,” and far from indispensible for warfare against Japan. The modern warships, on the other hand, including the aircraft carriers, whose role in the war would turn out to be crucial, were unscathed, as per chance (?) they had been sent elsewhere by orders from Washington and were safely out at sea during the attack.[17] However, things did not quite work out as expected, because a few days later, on December 11, Nazi Germany unexpectedly declared war, thus forcing the US to confront two enemies and to fight a much bigger war than expected, a war on two fronts, a world war.

In the White House, the news of the Japanese attack on Pearl Harbor had not arrived as a surprise, but the German declaration of war exploded there as a bombshell. Germany had nothing to do with the attack in Hawaii and had not even been aware of the Japanese plans, so FDR did not consider asking Congress to declare war on Nazi Germany at the same time as Japan. Admittedly, US relations with Germany had been deteriorating for some time because of America’s active support for Great Britain, escalating to the undeclared naval war of the fall of 1941. However, as we have already seen, the US Power Elite did not feel the need to intervene in the war in Europe. It was Hitler himself who declared war on the United States on December 11, 1941, much to the surprise of Roosevelt. Why? Only a few days earlier, on December 5, 1941, the Red Army had launched a counteroffensive in front of Moscow, and this entailed the failure of the Blitzkrieg in the Soviet Union. On that same day, Hitler and his generals realized that they could no longer win the war. But when, only a few days later, the German dictator learned of the Japanese attack on Pearl Harbor, he appears to have speculated that a German declaration of war on the American enemy of his Japanese friends, though not required under the terms of the Tripartite Treaty, would induce Tokyo to reciprocate with a declaration of war on the Soviet enemy of Germany.

With the bulk of the Japanese army stationed in northern China and therefore able to immediately attack the Soviet Union in the Vladivostok area, a conflict with Japan would have forced the Soviets into the extremely perilous predicament of a two-front war, opening up the possibility that Germany might yet win its anti-Soviet “crusade.” Hitler, then, believed that he could exorcize the spectre of defeat by summoning a sort of Japanese deus ex machina to the Soviet Union’s vulnerable Siberian frontier. But Japan did not take Hitler’s bait. Tokyo, too, despised the Soviet state but, already at war against the US, could not afford the luxury of a two-front war and preferred to put all of its money on a “southern” strategy, hoping to win the big prize of resource-rich Southeast Asia, rather than embark on a venture in the inhospitable reaches of Siberia. Only at the very end of the war, after the surrender of Nazi Germany, would it come to hostilities between the Soviet Union and Japan. In any event, because of Hitler’s needless declaration of war, the United States was henceforth also an active participant in the war in Europe, with Great Britain and the Soviet Union as allies.[18]

In recent years, Uncle Sam has been going to war rather frequently, but we are invariably asked to believe that this is done for purely humanitarian reasons, i.e. to prevent holocausts, to stop terrorists from committing all sorts of evil, to get rid of nasty dictators, to promote democracy, etc.[19]

Never, it seems, are economic interests of the US or, more accurately, of America’s big corporations, involved. Quite often, these wars are compared to America’s archetypal “good war,” World War II, in which Uncle Sam supposedly went to war for no other reason than to defend freedom and democracy and to fight dictatorship and injustice. (In an attempt to justify his “war against terrorism,” for example, and “sell” it to the American public, George W. Bush was quick to compare the 9/11 attacks to Pearl Harbor.) This short examination of the circumstances of the US entry into the war in December 1941, however, reveals a very different picture. The American Power Elite wanted war against Japan, plans for such a war had been ready for some time, and in 1941 Roosevelt obligingly arranged for such a war, not because of Tokyo’s unprovoked aggression and horrible war crimes in China, but because American corporations wanted a share of the luscious big “pie” of Far Eastern resources and markets. On the other hand, because the major US corporations were doing wonderful business in and with Nazi Germany, profiting handsomely from the war Hitler had unleashed and, incidentally, providing him with the equipment and fuel required for his Blitzkrieg, war against Nazi Germany was definitely not wanted by the US Power Elite, even though there were plenty of compelling humanitarian reasons for crusading against the truly evil “Third Reich.” Prior to 1941, no plans for a war against Germany had been developed, and in December 1941 the US did not voluntarily go to war against Germany, but “backed into” that war because of Hitler’s own fault.

Humanitarian considerations played no role whatsoever in the calculus that led to America’s participation in World War II, the country’s original “good war.” And there is no reason to believe that they did so in the calculus that, more recently, led to America’s marching off to fight allegedly “good wars” in unhappy lands such as Iraq, Afghanistan, and Libya – or will do so in the looming war against Iran.

A war against Iran is very much wanted by Corporate America, since it holds the promise of a large market and of plentiful raw materials, especially oil. As in the case of the war against Japan, plans for such a war are ready, and the present tenant in the White House seems just as eager as FDR was to make it happen. Furthermore, again as in the case of the war against Japan, provocations are being orchestrated, this time in the form of sabotage and intrusions by drones, as well as by the old-fashioned deployment of warships just outside Iranian territorial waters. Washington is again “putting pins in rattlesnakes,” apparently hoping that the Iranian “rattlesnake” will bite back, thus justifying a “splendid little war.” However, as in the case of Pearl Harbor, the resulting war may well again turn out to be much bigger, longer, and nastier than expected.

Jacques R. Pauwels is the author of The Myth of the Good War: America in the Second World War, James Lorimer, Toronto, 2002

 

Notes

[1] C. Wright Mills, The Power Elite, New York, 1956.
[2] Cited in Charles Higham, Trading with the Enemy: An Exposé of The Nazi-American Money Plot 1933-1949, New York, 1983, p. 163.
[3] Robert B. Stinnett, Day of Deceit: The Truth about FDR and Pearl Harbor, New York, 2001, p. 17.
[4] Cited in Sean Dennis Cashman, America, Roosevelt, and World War II, New York and London, 1989, p. 56; .
[5] Edwin Black, Nazi Nexus: America’s Corporate Connections to Hitler’s Holocaust, Washington/DC, 2009, p. 115.
[6] Floyd Rudmin, “Secret War Plans and the Malady of American Militarism,” Counterpunch, 13:1, February 17-19, 2006. pp. 4-6, http://www.counterpunch.org/2006/02/17/secret-war-plans-and-the-malady-of-american-militarism
[7] Jacques R. Pauwels, The Myth of the Good War : America in the Second World War, Toronto, 2002, pp. 50-56. The fraudulent practices of Lend-Lease are described in Kim Gold, “The mother of all frauds: How the United States swindled Britain as it faced Nazi Invasion,” Morning Star, April 10, 2003.
[8] Cited in David Lanier Lewis, The public image of Henry Ford: an American folk hero and his company, Detroit, 1976, pp. 222, 270.
[9] Jacques R. Pauwels, “70 Years Ago, December 1941: Turning Point of World War II,” Global Research, December 6, 2011, http://globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=28059.
[10] Rudmin, op. cit.
[11] See e.g. Howard Zinn, A People’s History of the United States, s.l., 1980, p. 305 ff.
[12] Patrick J. Hearden, Roosevelt confronts Hitler: America’s Entry into World War II, Dekalb/IL, 1987, p. 105.
[13] “Anti-Japanese sentiment,” http://en.wikipedia.org/wiki/Anti-Japanese_sentiment
[14] Patrick J. Buchanan, “Did FDR Provoke Pearl Harbor?,” Global Research, December 7, 2011, http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=28088 . Buchanan refers to a new book by George H. Nash, Freedom Betrayed: Herbert Hoover’s Secret History of the Second World War and its Aftermath, Stanford/CA, 2011.
[15] Stinnett, op. cit., p. 6.
[16] Stinnett, op. cit., pp. 5, 9-10, 17-19, 39-43; Buchanan, op. cit.; Pauwels, The Myth…, pp. 67-68. On American intercepts of coded Japanese messages, see Stinnett, op. cit., pp. 60-82. “Rattlesnakes”-quotation from Buchanan, op. cit.
[17] Stinnett, op. cit., pp. 152-154.
[18] Pauwels, “70 Years Ago…”
[19] See Jean Bricmont, Humanitarian imperialism: Using Human Rights to Sell War, New York, 2006.

lundi, 12 novembre 2012

Souveränitätskonferenz

Souveränitätskonferenz

am 24. 11. 2012 in Berlin

 

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Ticket-Hotline: 03327-5698613

Wie wird Deutschland wieder souverän? Wie lange wollen wir für den Euro zahlen, für die USA in Kriege ziehen? Das sind Schlüsselthemen der Souveränitätskonferenz von COMPACT-Magazin und Institut de la Démocratie et de la Coopération (Paris) am 24. November 2011 in Berlin : FREIE UNIVERSITÄT (FU) Max-Kade-Aditorium im Henry Ford-Bau, Garystraße 35, 14195 Berlin-Dahlem, von 9 bis 18 Uhr. Auf der Konferenz dürfen Sie eine Weltpremiere miterleben: Zum ersten Mal treten Professor Schachtschneider und Peter Scholl-Latour gemeinsam auf - der führende Kopf der Volkssouveränität und der Altmeister der Geopolitik. Mit Walentin Falin und Edouard Husson referieren außerdem namhafte Experten aus Russland und Frankreich.

Im einzelnen wird auf der Konferenz untersucht und diskutiert: Wie kann Deutschland souverän werden angesichts der weitreichenden Verträge, die mit den Alliierten, der NATO und der EU/Euro-Zone geschlossen wurden?

Sollen unsere Streitkräfte im Ausland Krieg für amerikanische Interessen führen, wenn gleichzeitig die USA ihr strategisches Schwergewicht von Europa wegverlegen?

Besteht die Gefahr, dass wir im Schlepptau der USA in einen großen Krieg im Nahen Osten verwickelt werden?

Ist die traditionelle Rolle Deutschlands als Mittler, als „ehrlicher Makler“ zwischen Ost und West vielleicht die zukunftsfähigere Alternative als die unilaterale Bindung an die USA? Können wir heute etwas lernen von der Gleichgewichtspolitik eines Otto von Bismarck, von der Entspannungspolitik eines Willy Brandt?

Gehört zur Souveränität in den äußeren Beziehungen nicht die Volkssouveränität – dass die Bürger auch im Inneren direkt über ihre Geschicke bestimmen können?

Welche Rolle spielen die alliierten Vorbehaltsrechte heute? Welche Bedeutung hat das Fortbestehen der UN-Feinmdstaatenklausel, das Fehlen eines Friedensvertrages? Welche Rolle spielen die "Kanzlerakte" und andere Geheimverträge?

Ist die NATO oder die EU eine größere Einschränkung der deutschen Souveränität? Welche Bedeutung hat der ESM-Vertrag? Hat die Entscheidung des Bundesverfassungsgerichtes zum ESM-Vertrag das Schlimmste verhindert? Bleibt nur der NATO-Austritt? Der EU-Austritt?

Wie können wir die Souveränität Deutschlands wiederherstellen? Müssen wir für eine neue Verfassung kämpfen - obwohl auch Schäuble & Co. eine neue Verfassung anstreben? Sollen wir nicht lieber das Grundgesetz verteidigen, obwohl es Mängel hat? Lohnt ein Rückgriff auf die Reichsverfassung 1871 - oder kommen wir da in die Spinnerecke?

Hier gehts zur Ticketbetsellung/ Zum Anmeldungscoupon. +++++++++++++++ (Es gibt am Konferenzort preisgünstige Getränke, Verpflegung, Imbiss, Einöpfe.)

US-Wahl: Cholera hat gesiegt

 
US-Wahl: Cholera hat gesiegt

US-Wahl: Cholera hat gesiegt

Romney hat verloren, das ist nicht schlecht. Obama hat gewonnen, das ist nicht gut.

Von Jürgen Elsässer

Wer würde sich nicht über die Niederlage von Romney freuen? Die Mischung aus George W. Bush und Arnold Schwarzenegger kam direkt aus der Retorte der schlimmsten Thinktanks der Neokonservativen. Er hätte da weitergemacht, wo Dabbelju 2008 aufhören musste. Die symbiotische Verbindung der US-Klerikalen und der israelischen Likudniks kam bei ihm auf den Begriff: Er war Busenfreund von Premier Bibi Netanjahu und hätte nach eigenen Angaben jeden Schritt in der Nahost-Politik mit diesem abgestimmt. Sein Wahkampf wurde maßgeblich finanziert von einem zionistischen Casino-Tycoon. An Obama fand er nicht dessen Kriege – Afghanistan, Pakistan, Libyen, Drohnen-Morde in Serie – schlimm, sondern dass er nicht auch noch Iran und Syrien angegriffen hat.

Obama hat immerhin Netanjahu deutlich gemacht, dass er bei einem Harakiri im Persischen Golf bis hinauf nach Teheran nicht mittun will. Romney dagegen hat Netanjahu Carte Blanche gegeben. Aber das sollte man nicht der außenpolitischen Klugheit und Zurückhaltung von Obama zu Gute halten, sondern der Stärke der iranischen Vertidigungsfähigkeit. Dass die Leute von Ahmadinedschad im letzten Dezember eine US-Drohne nicht abgeschossen, sondern elektronisch abgefangen, sanft zur Landung gebracht und anschließend die gesamte Technologie ausgebaut und vermutlich kopiert haben, war ein Warnschuss. Dass vor vier Wochen die mit dem Iran verbündete Hisbollah eine eigene Drohne unbemerkt bis zur israelischen Atomwaffenanlage Dimona schicken konnte, muss jedem denkenden Amerikaner und Israeli deutlich gemacht haben: Ein Angriff auf Iran wird riskant und verlustreich sein. Immerhin, Obama denkt. Romney und Netanjahu dagegen sind hirnlose Hasardeure. Aber deswegen sollte man nicht, wie das in Deutschland gerne gemacht wird, Obama zum würdigen Träger des Friedensnobelpreises verklären. Er hat diesen Preis besudelt.

Lesen Sie mein Editorial “Obama – der hässliche Amerikaner” in der Februar-Ausgabe von COMPACT-Magazin.

Kaiserin Adelheid

Kaiserin Adelheid

Die mächtigste Frau der Ottonen

 

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La France intellectuelle de Jules Monnerot

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La France intellectuelle de Jules Monnerot

Ex: http://www.juanasensio.com/


«L’illusion intellectuelle par excellence est l’illusion de l’intellectuel sur lui-même.»
Jules Monnerot, Inquisitions (José Corti, 1974), p. 54.


Comment serait-il aimé, voire, tout simplement, lu et commenté, ce penseur durablement ostracisé par une élite médiatico-politique qu'il n'est plus vraiment besoin de présenter, puisque non seulement Jules Monnerot a magnifiquement analysé la faillite de son surgeon le plus réussi, l'intellectuel, mais a en outre averti qu'il n'écrivait que s'il avait quelque chose à dire (1), au rebours donc des pratiques lamentables de cette même élite dont l'essence labile réside dans le fait de parler, écrire ou, simplement, se montrer, pour ne rien dire, écrire ou même, montrer ?
Comment Jules Monnerot ne serait-il pas réduit à quelques signes extérieurs qui, dans ce qui reste encore l'un des pays les plus idéologisés de notre planète, la France, ont valeur, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de jugement et de condamnation intellectuelle, morale et même physique, sous une forme certes plus adoucie qu'à l'époque de l'Épuration, où n'étaient point rares les exécutions ?
Rions, a contrario, de la fausse intelligence et de la fausse bravoure d'un Richard Millet (paraît-il phalangiste lors de la Guerre du Liban, ce qu'aucune preuve historique ne vient conforter) ayant pignon sur rue, voix sur les plateaux de télévision et qui, lui, vend en quantité ses essais, à vrai dire de plus en plus affligeants, et affligeants, avant tout, pour celui qui se prétend le dernier écrivain de France, d'un point de vue littéraire.
Nous avons, en fin de compte, les proscrits et les penseurs que nous méritons, tous deux d'opérette, alors qu'un écrivain de talent comme Robert Brasillach, lui, a été expédié ad infernos, en toute bonne conscience n'en doutons point, par un jury de petits juges gris pâle.
Dès lors, nous ne pouvons que comprendre le mouvement d'humeur de Jules Monnerot qui, en préambule de son analyse remarquable du phénomène de décomposition de la vie intellectuelle française, s'étonne que son nom ne se trouve, «sauf erreur, en 1969, dans aucun dictionnaire français des auteurs ou des œuvres écrites» (Avertissement au lecteur, p. 7, en italiques).
Il n'est pas davantage acquis que son nom figure dans des dictionnaires plus récents, tant paraît scandaleuse à nos penseurs la position d'un auteur comme Monnerot : il pense, et il pense justement, méchamment, et sa pensée est une critique absolue de la non-pensée de nos penseurs.
Je me contenterai ici, n'étant point ce qu'il est convenu d'appeler un analyste politique ni même un historien des idées, d'éclairer durement quelques arêtes du texte de Monnerot, sur lesquelles je souhaite que les imbéciles à la vue courte et au cerveau atrophié se coupent mauvaisement, quitte à ce que la gangrène infecte une plaie à vif et que, à défaut de leur couper la tête, d'humanistes chirurgiens les privent de leur faculté de se déplacer.
Commençons par remarquer la façon, aussi méchante que drôle, dont Monnerot caractérise la nouvelle cléricature de l'intellectuel, laquelle n'a pu voir le jour, de même que le suffrage universel, qu'au moment où le christianisme, en tant que corps politico-théologique régissant la vie politique, sociale, morale et intellectuelle française, a été contraint de relâcher son emprise formidable.
L'homme ayant on le sait horreur du vide, il a bien fallu inventer un substitut à l'Église si, selon Monnerot, la «déchristianisation illustrait dans le fait l'axiome que Saint-Simon et Auguste Comte avaient répété toute leur vie : «Un système... ne peut être remplacé par la critique qui en fait apparaître les inconvénients.» Il s'agit en effet de deux fonctions psychologiques différentes. Le catholicisme avait été élaboré par plus de dix-neuf siècles de pensée et de charité. Il laissait derrière lui un immense manque à gagner affectif. La thématique socialiste, elle-même affectivisation du marxisme (2), lui-même philosophie à dominante affective (messianique) en dépit d'une indigence certaine, devait tomber dans un avenir qui n'était pas éloigné, comme une sorte de pluie bienfaisante sur ces landes affectives désertiques où ne poussaient, de place en place, que les affligeants cactus du progrès pour demain» (p. 12).
On constate qu'un polémiste, mais pouvions-nous l'ignorer en lisant un Bernanos, un Bloy ou un Boutang, est d'abord un écrivain de panache et surtout de talent. On constate aussi qu'un Philippe Muray n'a fait que développer, sans doute sans même le savoir, ces lignes tranchantes en quelques milliers de pages, bien souvent répétitives et, n'en déplaise à Maxence Caron, trop souvent faciles.
Jules Monnerot affirme qu'il faut dater «de l'avènement du suffrage universel l'époque où les idées politiques sont pratiquement frappées d'impuissance en politique» (p. 13) puisqu'il s'agit désormais «d'extraire des idées-forces (de la pensée conservatrice comme de l'autre), des thèmes intellectuellement assez sommaires et affectivement assez motivants, pour déterminer des individus incultes (comparés aux électeurs des précédents régimes), polarisés par des appétits ou des aversions élémentaires» (ibid.), les clercs, qui depuis les années 30, depuis qu'ils se sont défroqués, comme Julien Benda l'a si bien montré, sont devenus les véritables maîtres de l'intelligence, exerçant leur nouveau pouvoir sur les masses moutonnantes de ce qui ne portait pas encore le nom d'opinion publique.
Jules Monnerot choisit, pour illustrer cette idée d'un travestissement du pouvoir intellectuel (3) la figure de Renan, honnie par tant d'écrivains qui ne lui ont jamais pardonné sa palinodie intellectuelle, morale et spirituelle : «Il changera d'habit, mais non de ton, méritant de manière équivoque la révérence d'un auditoire déchristianisé en surface, qu'il devait rassurer sourdement par des gestes de prêtre» (p. 15).
Ainsi, les «desservants du nouveau culte ne portent plus d'ornements sacerdotaux. La soutane s'allège en redingote, avant de se raccourcir en veston» (pp. 15-6).
Cette idée du travestissement de la modernité, si chère aux yeux d'écrivains tels que Léon Bloy et Georges Bernanos, est constante, dans le livre de Monnerot, par exemple lorsqu'il aborde, dans des pages assez belles, la question de l'intellectuel en littérature, cette dernière étant définie, voici qui plairait à Roberto Calasso, comme «le surnaturel lorsqu'on n'y croit plus» (4), le fait «d'y avoir cru laiss[ant] un ancien frisson; et cet art [n'étant] que la possibilité de l'évoquer» (p. 19), puisque la «fonction spécifique de l'artiste du langage, de l'homme qui agit par le mot», est de «jouer des mots avec une telle habileté qu'il leur reste (aux mots) quelque chose des pouvoirs acquis au cours de leur usage premier, quelque chose du temps où les mots renvoyaient à la mort, à la vie, à l'ordre et au désordre» (ibid.).
Le faux écrivain, disons Jean-Paul Sartre sur le roman le plus connu duquel Monnerot écrit des pages terribles (cf. pp. 95-113) (5), évoque lui, au contraire, moins un usage second des mots (qui selon Monnerot est l'essence même de la littérature, à savoir «des mouvements de la sensibilité en l'absence de la chose», p. 19), qu'un usage frauduleux de ces mots au moyen de ce que j'ai appelé un langage vicié, de plus en plus facilité par les techniques de masse (6) dont un Serge Tchakhotine, avec Le Viol des foules par la propagande politique ou un Armand Robin avec le magistral La Fausse parole, ont donné des aperçus saisissants.
Pourtant, il serait faux de penser que Jules Monerrot place l'intellectuel moderne sous la seule lumière, ô combien crue, de l'imposture. Son analyse est plus subtile puisqu'il admet que l'intellectuel, «en même temps qu'il abuse, s'abuse. C'est un «auto-abusé». Il n'a point la stature du grand trompeur. Ce n'est pas Lucifer. Ce n'est même pas Protagoras qui voulait bien parler pour tromper les autres mais dont il était exclu que, ce faisant, il se trompât lui-même» (p. 36), peut-être parce que, comme l'écrit Monnerot en utilisant une comparaison savoureuse, l'intellectuel n'a pas la stature d'un Socrate, dont «la voix porte si loin parce qu'il y a eu la cigüe. Le whisky n'a pas les mêmes vertus» (p. 35), peut-être parce que seule l'exemplarité d'une vie, son témoignage direct, ne peuvent être contrefaits, si celui «qui est exposé, qui s'expose, est toujours autre chose qu'un professeur de morale» (p. 131), peut-être parce que l'intellectuel «s'affirme un simple justificateur» car, «professeur dans la vie, il est contre-professeur sur l'estrade», le «public populaire» étant de fait la «dupe des formes et marques extérieures de la compétence (une certaine phraséologie, l'autorité de la voix, l'assurance du maintien, tous les trucs enfin que confère une longue pratique)» et cette duperie étant escomptée «par les ordonnateurs et les metteurs en scène de la représentation théâtrale» (ibid.), ces «moutons privés [étant] des lions publics», les «surenchères verbales compens[ant] les timidités de la conduite» (p. 55).
«L'histoire des intellectuels, qui selon Monnerot se ramène, certes, à une série de faillites sur les deux plans qui leurs sont propres : celui de la justesse de la pensée par rapport à elle-même et celui de la justesse de la pensée par rapport au réel» (p. 62), est développée à l'aide d'exemples précis tout au long du deuxième chapitre du livre.
Selon l'auteur, quelque chose change à partir de la Seconde Guerre mondiale : «À cette époque la figure de l'Intellectuel se fige. Les traits s'en exagèreront après la deuxième guerre (sic) mondiale, ils ne changeront pas. Nous avons déjà l'éminent fonctionnaire qui est moralement de toutes les grèves et de toutes les révoltes, postalement de toutes les insurrections. Célébrateur rituel des défaites nationales, il hurle à la mort en toute sécurité. Quelles que soient l'outrance des exhibitions sur tréteaux, l'intensité des violences pétitionnaires, pour ce «rebelle à prix fixe», tout se passera comme si, outre ses émoluments, la société qu'il vilipende par principe, lui avait reconnu, comme à l'officier la propriété de son grade, le monopole de l'épithète morale, de la phrase révolutionnaire, de l'anathème inconséquent» (p. 85).
Ce sont bien évidemment les idéologies inhumaines du communisme (7) et de l'hitlérisme, leur lutte à mort et la défaite historique de la seconde, qui vont cristalliser, jusqu'à nos jours c'est une évidence, cette posture grotesque de l'intellectuel.
Il nous faut cependant revenir aux années trente : «La chronologie (l'existence joue de ces tours à l'essence) nous indique que l'effervescence antifasciste atteint son acmé au temps même de la Iejovtchina, la grande purge de Staline, et des plus célèbres procès de Moscou : après Zinoviev, Kamenev, Radek et Boukharine, pour ne parler que d'eux. Des cent trente-quatre membres du Comité central du P.C. de l'U.R.S.S., et des suppléants qui siégeaient au XVIIe congrès (1934), cent dix furent fusillés ou disparurent... Que ces victimes trouvent des pleureuses, ou qu'elles s'en passent ! L'intellectuel a toutes ses larmes retenues !» (p. 84).
Il les verse pourtant, ses larmes, notre intellectuel, mais sur les seules victimes, certes courageuses, qui ont lutté, au nom du communisme, contre la folie nazie. Les propos de Jules Monnerot sembleront dès lors, pour le lecteur contemporain, une dangereuse révision de l'histoire officielle de France, qui on le sait est parfaitement fausse, à tout le moins scandaleusement exagérée : le communisme nous a libéré du fascisme. Ainsi, les «condamnations à mort ou à la prison portées contre des écrivains réputés pro-hitlériens, alors que les intellectuels communistes florissaient (sic) à Paris, sont des crimes judiciaires, et doublement, puisque la société semblait soudain reconnaître à l'écrivain, pour le tuer, des responsabilités qu'elle lui refusait lorsqu'il n'était question que de le faire vivre. Mais ceux des intellectuels chez qui les sympathies pour le communisme et la haine du fascisme étaient récentes, se déchargeaient sur ces boucs émissaires d'un poids de culpabilité dont, par ce sacrifice humain, ils étaient délivrés» (p. 91).
Et Jules Monnerot, dans une page remarquable, d'évoquer le mécanisme qui, depuis que le communisme est devenu, dans l'esprit des Français, une idéologie fondamentalement moins délétère que le nazisme (alors que le bilan humain du communisme se chiffre, selon les estimations les plus prudentes, en dizaines de millions de morts), rejette en enfer tout personne qui oserait contester la bonté de ce fanatisme messianique laïcisé : «L'identité de nomination a pour fin d'étendre le même sentiment hostile à deux êtres artificiellement et abusivement identifiés. En ce sens la magie – c'est bien d'opérations magiques qu'il s'agit – a des effets réels. Car si ce transfert de haine réussit (faire passer par exemple sur la dernière en date des droites les sentiments de haine déjà investis sur les «droites» précédentes [...]), ce n'est qu'une question de moyens (les «mass media» ici sont déterminants), si ce transfert réussit, il a des effets réels, il motive des actes. Si l'on a réussi à lier par conditionnement de réflexes une épithète à des conduites hostiles, l'épithète, disons, de «fasciste», et ensuite à l'accoler à tel individu, il suffira par exemple de circonstances favorables pour que l'individu soit lynché par une foule à motivations «antifascistes». La chose n'est pas sans précédents. L'usure inévitable de l'épithète «fasciste», en dépit des malédictions rituelles de ceux qui s'appellent eux-mêmes des «mandarins», a amené nos publicistes sous contrôle «intellectuel» à y substituer progressivement l'épithète «d'extrême-droite». Mais cette dernière épithète ne tient que par le mot d'ordre. Trop abstraite, elle n'est pas assez «magique». On peut crier «fasciste assassin !» pour faire lyncher un homme; avec «d'extrême-droite assassin» on n'y parviendrait pas. Et c'est ainsi que d'insuffisance en incapacité, le mauvais logicien finit par n'être plus même un bon «publicitaire». Sur la voie déclive de l'inintelligence intellectuelle, on cherche en vain une ligne d'arrêt» (p. 123).
Des lignes qui n'ont pas vraiment perdu leur terrifiante actualité et qui me font dire que Jules Monnerot, hélas, s'est trompé sur un seul point, le plus important en fin de compte de sa démonstration : «Certes, l'Intellectuel n'a pas fini de nuire. Il peut nous montrer encore combien forte est la malfaisance des faibles. Mais nous le savions déjà. L'oraison funèbre par anticipation est aussi contraire aux lois du genre qu'aux convenances elles-mêmes. Mais peut-être, en ce qui les concerne, n'en est-il pas d'autre. Tout porte à croire qu'on ne célébrera pas le centenaire des Intellectuels en 1998» (p. 136).

Notes
(1) «Le lecteur parvenu jusqu'à la fin m'a déjà excusé si, contrairement à une idée aujourd'hui reçue, mais qui pudiquement demeure informulée, je n'écris que si j'ai quelque chose à dire, et pour le dire», Jules Monnerot, La France intellectuelle (Éditions Raymond Bourgine, 1970, p. 135). Sans autre mention, toutes les italiques sont de Jules Monnerot lui-même.
(2) Il n'est sans doute pas inutile de rappeler que Jules Monnerot est l'auteur d'une Sociologie du communisme parue en 1949 et traduite en plusieurs langues, qui constitue un réquisitoire aussi implacable que documenté sur l'idéologie la plus meurtrière qu'ait connue, jusqu'à ce jour, l'humanité. Sans doute tenons-nous là l'explication majeure de l'occultation volontaire dans laquelle les mandarins français ont tenu (et continuent de tenir) les analyses de Jules Monnerot, et cela en dépit même du fait qu'un Julien Gracq a répété son admiration pour un livre tel que La poésie moderne et le sacré. Évoquons ce jugement sans appel de l'auteur sur ses contemporains si prudemment taiseux : «Une généralisation de la lâcheté sociologique telle que les paralogismes marxistes et communistes ne rencontrent pas du tout de résistance spécifique, reste encore improbable, en dépit des immenses efforts et moyens consacrés à ce résultat grandiose», Inquisitions, op. cit., p. 84.
(3) «Il faut chercher l'origine historique de l'emploi du mot clerc comme épithète que l'intellectuel s'applique à lui-même dans les années 1930 dans l'influence qu'eut encore Ernest Renan sur les hommes d'une génération, celle de Péguy. Renan effectivement avait été clerc : séminariste. Mais ne dépouillant point les manières du clerc qu'en définitive il avait voulu être, Renan, qui mène jusqu'à son terme une carrière universitaire et académique hors de pair, est l'incarnation historique par excellence du cléricalisme qui supprime Dieu et garde le prêtre, en sorte que le nouveau «clerc» hérite du prestige de l'homme consacré sans se refuser aucune des commodités de l'homme qui ne l'est pas. Ses manières rappellent au respect un peuple qui garde en lui l'archétype social de la hiérarchie catholique. L'intellectuel va naître» (p. 15).
(4) C'est la thèse de La poésie et le sacré (Gallimard, 1949), pp. 159-60 : «Quand, au lieu du sacré, il n’y a de plus en plus que l’officiel – risible, indifférent ou profitable mais jamais exaltant – les dispositions affectives et les situations vécues d’où il tire sa substance sont rejetées de l’autre côté. Les hommes en qui le sacré demande à être, tournent le dos à tout ce que conservent, que représentent et que signifient des religions qui ne sont plus que ritualisme, des ritualismes qui ne sont plus que le rempart de ce que le profane compte de plus vulgaire, refusent d’y participer. Ou «nous ne sommes pas au monde» ou «nous y sommes pour qu’il ne soit plus». Si, comme le voulait Sorel, les «renouveaux» sont des retours aux sources, si les grands fondateurs d’ordres catholiques – comme en un autre sens les réformateurs hérétiques – ont remagnétisé leur religion par le contact de vertus et de particularités originelles que leur vocation était de retrouver et de réinventer, de ce que les derniers avatars du romantisme font curieusement écho aux premières (?) manifestations de la religion, on pourrait peut-être inférer, non seulement que le surréalisme est symptôme d’un état de besoin, mais encore qu’il prend place dans une constellation qui pourrait peut-être apparaître un jour préreligieuse, c’est-à-dire religieuse. À travers les alternances de décomposition et de recomposition du sacré, ses sources surréelles, qu’elles bouillonnent ou qu’elles filtrent, ne tarissent pas»,
(5) C'est l'intégralité de cette analyse qu'il faudrait citer : «Sartre excelle donc dans cette forme spécialisée de la rhétorique qu'on nomme philosophie universitaire, et qui semble faite tout exprès pour qu'y brillent les talents littéraires les plus introvertis et abstraits. Il lui arrive constamment d'oublier de définir les notions, de préciser la portée et les limites des conventions, de passer sous silence les postulats implicites grâce auxquels il lui donne à lui-même, et aux lecteurs qu'il abuse par des procédés littéraires, l'illusion de démontrer ce qu'il affirme», p. 112.
(6) «On prévoit le temps où le pur consommateur, comme les enfants jouent au jeu de construction, en disposant dans tous les ordres possibles des éléments de films préfabriqués à cet usage, et en se les projetant successivement jusqu'à ce qu'il ait épuisé le nombre de combinaisons possibles, pourra se faire ses romans tout seul» (p. 21).
(7) Je cite, pour le plaisir, ces quelques lignes consacrées aux chrétiens progressistes : «Apparemment, en dépit d'expériences concluantes, comme celle des prêtres ouvriers, ils n'ont pas compris que la différence entre les communistes du XXe siècle et les barbares des cinq premiers siècles de notre ère, est que les barbares se convertissaient au christianisme, alors que les communistes au XXe convertissent les chrétiens en leur laissant (pour combien de temps ?) des rites», pp. 140-1.

Il cancro del liberalismo secondo Moeller van den Bruck

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Il cancro del liberalismo secondo Moeller van den Bruck

di Luca Leonello Rimbotti

Fonte: mirorenzaglia [scheda fonte]

Che da circa tre-quattro secoli i popoli vengano giocati da un inganno assurdo e atroce è cosa nota a chiunque sia interessato alla storia come manifestazione della scienza politica applicata. Che questo inganno teso alla nazione abbia un nome e si chiami liberalismo appare evidente da oltre un secolo a tutti coloro che, davanti alla crisi sempre più chiara in cui l’Europa veniva e viene gradatamente sprofondata, si sono interrogati circa il destino che attende i popoli che si lascino irretire dalla fiaba della democrazia parlamentare. Il liberalismo come «rovina dei popoli» è un concetto utilizzato ad esempio da Moeller van den Bruck nel 1923, allorquando il piano di sovversione etica e di disintegrazione sociale ordito dal liberalismo era già evidente a chiunque avesse occhi per vedere. Interi schieramenti di alta cultura politica europea se ne resero conto in tempo, e lanciarono i loro poderosi avvertimenti. Gli Spengler o i Sombart, i Barrés o i Maurras, i Papini o i “vociani”, e dunque tutto l’ambiente vasto della Rivoluzione Conservatrice europea – da “destra” a “sinistra”: dai nazionalisti ai sindacalisti rivoluzionari, dai nazionalrivoluzionari ai nazionalbolscevici, dai fascisti ai nazionalsocialisti – avevano chiara una cosa: il liberalismo, sotto la scorza di una copertura “democratica”, è il più micidiale pericolo mai corso dalla civiltà non solo europea ma mondiale, diciamo mai corso dall’umanità, poiché nasconde una promessa di morte sociale di massa che avanza con le logiche di una inesorabile volontà di distruzione.

Moeller van den Bruck non fu che uno tra i migliori fra quanti seppero leggere con rigore e chiarezza la natura della minaccia. Novant’anni fa egli lanciò uno degli avvertimenti più crudi e veraci circa la natura dell’abisso verso il quale i popoli venivano sospinti dalla famelica volontà di corrosione di cui il liberalismo è strutturalmente animato. Qualcosa che va molto al di là delle stesse categorie politiche, che non riguarda solo la febbre economicista o il delirio usurario, ma che investe la stessa natura umana, sovvertendola. Il liberalismo come male morale, come lebbra dello spirito, come abbandono dei tratti di un umanesimo sociale in un lucido disegno di morte.

«È il distruttivo mondo ideologico di un liberalismo che, attraverso le sue soluzioni, diffonde una malattia morale nei popoli e penetra con la sua forza dominante in una nazione, decomponendola». Questa frase di Moeller, presente nel suo libro famoso intitolato Il Terzo Reich, ci dà conto della natura del contagio liberale. Esso non è solo politico o sociale, ma spirituale, anìmico, va alle viscere della mente e del cuore, e lì decompone senza posa. L’uomo liberale, soggiogato dalle logiche dell’individualismo acquisitivo, è una struttura trans-politica, è un risultato del lavoro che la macchina liberal-liberista va compiendo per lo meno dal Seicento e da quando in terra inglese si affermò la saldatura fra circuiti massonico-mercantili e puritanesimo biblista. Si tratta della sindrome visibile di una patologia che lavora negli interstizi coscienziali, fra le penombre di menti alterate dalla dis-umanizzazione della personalità, dando luogo al lucido incubo della società dei diritti: «Il liberalismo è la libertà di non avere princìpi, ma allo stesso tempo di sostenere che questi princìpi esistono». Questa asserzione di Moeller è la più potente diagnosi sul liberalismo che mai sia stata fatta da un’intelligenza europea. Facciamoci caso. Ha la portata di un aforisma nietzscheano. Essa nasconde, nella breve linearità di una frase sintetica, l’intero universo della debilitazione che va ascritta ad un disegno di snaturamento dell’uomo qual è il liberalismo. Una dottrina e una pratica che operano un vero e proprio attentato antropologico lavorando sull’uomo, destabilizzando e poi liquidando il suo arcaico onore di appartenere ad una comunità di simili tra i quali vigano amore e reciprocità. Dell’uomo animale sociale teso al suo simile il liberalismo fa una cellula afflitta da forme di egoica incontinenza sempre crescenti e che, simili al tumore, hanno nell’idea di “espansione” il loro vertice necrotico.

L’uomo liberale espande i suoi diritti e allarga il suo accesso al denaro con la logica aziendale di un procedere vorace sul mercato delle menti, egli agisce sotto la spinta di una necessità biologica, secondo istinti indotti da una rovinosa concezione dell’umano, che fa dell’interesse personale la molla prima ed unica dell’esistere. L’ignobile che diventa codice etico. Qualcosa che, nell’Antichità o nel Medioevo, sarebbe parso indegno e infame, cioè l’individuo che antepone il profitto al codice etico comunitario, sotto il trattamento dei “princìpi” liberali diventa titolo di accesso ai massimi prestigi sociali: l’uomo di successo, il ricco, il vincente. Un tale rovesciamento dei valori non riguarda solo l’uomo, ma soprattutto l’uomo associato. Investe non solo l’Io, ma soprattutto il Noi, facendolo a pezzi senza possibilità che si abbia una ricostruzione quale che sia del tessuto sociale così rozzamente e così a fondo lacerato.

L’analisi del liberalismo fatta da Moeller – che più di altri pose l’accento sugli aspetti generali, oggi diremmo “mondialisti”, di questa sinistra affermazione della disumanità – oggi attira l’attenzione di tutti coloro che ancora si pongono su posizioni antagoniste rispetto al potere mondiale liberal, proprio perché l’accento veniva da Moeller posto sul liberalismo in quanto sistema: un sistema attraverso il quale si distruggono le identità dei popoli e, su questo terreno desertificato, si erige un potere mondiale fondato sul profitto privato e sul gigantesco sfruttamento di massa. Il liberalismo ha una sostanza di progetto ultimativo. Non è una semplice dottrina politica. È una rete. È un piano mondiale ed epocale, un metodo col quale si intende chiudere la storia e liquidare le appartenenze (famiglia, nazione, etnia, cultura, civiltà), una volta per tutte.

Il liberalismo, quindi, come metodo, come prassi di un potere che non ha ideologia, né intende averla, ma ha solo un fine ultimo combaciante con una sorta di millenarismo in negativo ed invertito di segno: la «rete di intrighi estesa sul mondo» di cui parlava Moeller nel 1923 è ad esempio quella in cui ingenuamente cadde la vecchia Germania imperiale, sospinta a recitare la parte dell’imperialista aggressiva dagli stessi maggiori gestori e azionisti dell’imperialismo di rapina su scala planetaria, e così aprendo il ciclo guerresco con cui si ottenne la rovina politica dell’Europa e la sua uscita di scena come contropotere a livello globale.

Quella rete è esattamente la stessa nella quale cadono, una ad una, le nazioni al giorno d’oggi, in quella ultima fase che stiamo vivendo e in cui si assiste al passaggio finale dal liberalismo capitalista internazionale – ancora in qualche modo legato alla finzione dei “governi nazionali” – al liberalismo finanziario cosmopolita su base apertamente snazionalizzata. Moeller va oggi riletto proprio in questa chiave, come testimone diretto e di assoluto rilievo di una fase decisiva del liberalismo, già ai suoi tempi ben leggibile, nel suo passaggio da macchinazione ancora parlamentaristica e “democratica”, con vari gradi di applicazione della pantomima egualitaria, ad aperto gioco al massacro degli interessi vitali dei popoli, in nome della brutale prevalenza di quelli internazionali privati.

Moeller, con poche e illuminanti osservazioni, stilò una diagnosi del fenomeno liberale con categorie a tutt’oggi del più grande interesse. Egli seppe individuare nell’insieme delle contraddizioni del piano mondialista la natura stessa del progetto liberale: lotta contrapposta fra concentrazioni di potere divise dalle tattiche contingenti, ma unificate dalla strategia di asservimento. Un modo di procedere tipicamente massonico. Ma, attenzione: non si deve pensare alla vecchia massoneria di pensiero e di club, il metodo massonico essendo un insieme di circuiti anche in contraddizione tra di loro, ma sostenuti da un unico procedimento volto al medesimo fine. In questo, Moeller è stato un maestro come analista: «Ma il carattere ambiguo, mutevole della massoneria, la sua plasticità e quindi la sua capacità di adattarsi agli eventi» erano e sono la struttura del progetto liberale, il suo scheletro osseo, su cui si impianta l’intera operazione di sovvertimento.

«Dobbiamo inoltre considerare – continuava genialmente Moeller novant’anni, ripetiamo, novant’anni fa! – che, nel percorrere la storia della massoneria, ci si imbatte in una disgregazione di princìpi, che presuppone un uomo del tutto particolare, nel quale individuiamo la tipologia del liberale: un individuo con un cervello vacuo, debole, il quale o non è in grado di dare ordine ai propri princìpi, o si prende cura di metterli da parte. Un uomo cui non costa nessuna fatica rinunciare a tali princìpi, anzi è lieto di trarne vantaggio». Si tratta, quindi, essenzialmente di qualcosa di non-politico, anzi di a-politico e di anti-politico. La mutazione genetica dell’antropologia umana applicata dal massonismo liberale è la piattaforma su cui si erge la pratica di sbriciolamento dei legami umani. Le massonerie in competizione tra di loro – la Trilateral, il WTO, gli associazionismi ebraico-puritani, etc. – sono la maschera di un potere che nel suo fondamento è unico e unidirezionale. Questa la lettura: «La massoneria è solo una direttiva generale. Essa si rifà al liberalismo». E tutto, oggi ancora di più di ieri, è “massoneria”. Il potere mondiale è “massoneria”. Il fine agitato davanti alle masse e quello realmente perseguito dagli oligarchi liberali non sono altro che “massoneria”, esclusivamente “massoneria”. Poiché «l’appello al popolo serve alla società liberale soltanto per sentirsi autorizzata ad esercitare il proprio arbitrio. Il liberale ha utilizzato e diffuso lo slogan della democrazia per difendere i suoi privilegi servendosi delle masse». Cos’altro c’è da aggiungere? Dallo scatenamento della Prima guerra mondiale fino alle “guerre umanitarie”, fino all’Iraq, fino alla Libia di oggi o all’Iran di domani, è tutto un unico piano inclinato, un unico procedere sulla via tracciata dallo stesso, immodificato progetto “massonico” che anima il liberalismo: «Il liberalismo ha distrutto le civiltà. Ha annientato le religioni. Ha distrutto le patrie. Ha rappresentato la dissoluzione dell’umanità». Può esserci qualcosa di più da dire, rispetto a queste plastiche osservazioni espresse agli inizi degli anni Venti del Novecento da Moeller, adesso che siamo vicini agli anni Venti del Duemila?

Il segreto del progetto di rovesciamento liberale – che si è sempre servito della “patria”, del “popolo”, della “nazione” come di grimaldelli coi quali abbattere la patria, il popolo e la nazione – è il segreto stesso del male americano e del suo estendersi nel mondo con la negatività di una metastasi inarrestabile. I progettisti liberali sono gli ingegneri della dissoluzione:

La loro ultima idea è diretta alla grande Internazionale in cui vengono del tutto ignorate le differenze di lingue, di razze, di culture: si dovrebbe essere governati come un unico popolo di una famiglia fatta di fratelli selezionati dalle intelligenze di tutti i paesi, i quali assommerebbero in sé le prerogative morali del mondo nella sua globalità. Essi piegano la nazionalità a questo internazionalismo, e per fare ciò si servono anche del nazionalismo.

I liberali si servono di quella macchina infernale che è il “patriottismo costituzionale”, impiantata sul diritto acquisito per ius solii, sull’indifferenziato inglobamento nella “repubblica mondiale”: il sogno spaventoso dei massoni di vecchia data è il tappeto su cui scivola veloce la macchina della globalizzazione, che Moeller così lucidamente osservò durante quella Repubblica di Weimar, un laboratorio nel quale si fece un ottimo esercizio di prova sui metodi e i tempi con i quali si potevano ottenere ad un tempo lo sbriciolamento politico dell’Europa e l’annientamento della sua cultura differenziante e identitaria.

Oggi l’occhio dell’uomo europeo che ancora sappia sottrarsi alla rete degli inganni liberali deve di nuovo posarsi su Moeller van den Bruck come su un antesignano, un veggente e un sicuro diagnostico in cui trovare parole di risveglio. E attingere dalle sue analisi potrà significare ricostruire dalle fondamenta quella cultura politica che occorre per ingaggiare con i mondializzatori il loro stesso gioco. La lotta per la vita o per la morte, che impegna le residue energie delle avanguardie popolari ancora potenzialmente risvegliabili, passa attraverso una presa di coscienza totale del pericolo di fronte al quale si trovano i popoli e che si chiama dominio mondiale delle banche anonime e fine fisica di ogni legame dell’uomo con i suoi patrimoni di bio-storia. Una lotta con questa posta e di questa virulenza presuppone, come negli anni Venti del secolo scorso, idee radicali e una potente volontà di rivolta.


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Odiel Spruytte

Odiel Spruytte

Ex: http://www.cruycevanbourgonje.wordpress.com/

Van de Westvlaamse priester Odiel Spruytte (1891 -1940) kan met zekerheid worden vastgesteld dat hij tot de konservatief-revolutionaire strekking binnen de Vlaamse Beweging behoorde. En met even grote zekerheid dat hij zowel intuïtief als intellektueel het fascisme, resp. het nationaal-socialisme heeft gemeden. Hij heeft er nooit de zij het nog maar potentiële realisatie van ‘zijn” denkrichting in gezien. Daarvoor had hij een te luciede, afstandelijke benadering van het tijdsgebeuren, gepaard aan een grote onverschilligheid t.o.v. uiterlijkheden en openbaar vertoon.

Om misverstanden te vermijden willen we duidelijk stellen dat het uitsluitend in onze bedoeling ligt door middel van dit artikel de lezer een zo globaal mogelijk overzicht van én een inleiding tot het denken van Odiel Spruytte te geven; een andere bedoeling hebben we niet.

Spruytte’s aktiviteiten als publicist, zijn hoofdzakelijk te situeren op het metapolitieke vlak. Met aktuele vraagstukken heeft hij zich vrijwel nooit beziggehouden. Spruytte heeft, vanwege zijn konsekwent Vlaams-nationalistische houding, meermalen in verbitterd konflikt met zijn kerkelijke overheid gelegen.

We dienen rekening te houden, met de ideologische evolutie die Spruytte tijdens zijn korte leven doormaakte. De solidarist Spruytte uit het begin der jaren 20 verschilt aanmerkelijk met de korporatieve universalist van het einde der jaren 30. Op één punt heeft Spruytte evenwel nooit koncessies gedaan of evoluties ondergaan: hij was en bleef steeds vurig Vlaams-nationalist en radikaal Heel-Nederlander.

Sommigen noemen Spruytte, en niet hele maal ten onrechte trouwens, de “theoreticus van het Vlaams-nationalisme”. Ongetwijfeld waren Dosfel en Joris van Severen, om er maar enkele te noemen, voorlopers in het nationalistische denken tijdens het interbellum. Daar waar Dosfel echter niet uit zijn katholieke milieu geraakte en Van Severen, om het zacht te formuleren, niet altijd voor de hand liggende paden betrad, opteerde Spruytte voor een zgn. integraal nationalisme. Ongetwijfeld zijn er tijdens het interbellum in Vlaanderen vele, vaak verdienstelijke nationalistische theoretici geweest, maar de voornaamste én interessantste exponent blijft toch Spruytte. Voor zijn intellektuele vorming ging Spruytte zowat overal ten rade: Plato, Thomas van Aquino, Augustinus maar ook Nietzsche, Moeller van den Bruck, Othmar Spann en de Indische wijsbegeerte. Zoals we verder zullen zien, heeft Spruytte dit met een welbepaalde bedoeling gedaan. Als (anonieme) redakteur van het toonaangevende maandblad Jong Dietschland toonde hij een levendige maar tevens zeer kritische belangstelling voor het fascisme en het nationaal-socialisme. In de plaats van zich te vergapen aan uniformen en parades, zoals toen rechts (en links!) de grote mode was, zocht Spruytte naar de wezenskern en de filosofische onderbouw van deze nieuwe stromingen.

Alhoewel men kon vermoeden dat zijn furieuze afkeer van de toenmalige partij demokratische verwording hem meteen de demokratie zélf zouden doen verwerpen, blijkt dit bij onvooringenomen lektuur van zijn artikels helemaal niet zo te zijn, in tegen deel zelfs. Spruytte stond bekend als een scherp en intelligent tegenstander van het als “demokratie” geserveerde parlementaire treurspel der dertiger jaren maar hij heeft, vanuit zijn positie als theoreticus, niets nagelaten om de demokratie in gezondere banen te leiden. Voor hem betekende demokratie volksmedezeggenschap in de ruimste zin van het woord of, zoals zijn inspirator Arthur Moeller van den Bruck (1876-1925) het uitdrukte: “Het is niet de staats vorm op zich die een demokratie uitmaakt, maar de deel name van het volk aan de staat.” Voor de Vlaams-nationalist Spruytte, die leefde in een tijd dat van de Belgische grondwet niet eens een wettelijke Nederlandse versie bestond, vloeiden demokratie-kritiek, in Moellers zin, en anti-Belgische houding konsekwent in elkaar over — en vice versa. Als jong leraar aan een college te Oostende stond Spruytte een tijdje onder invloed van de Duitse kultuurfilosoof en pedagoog Friedrich Wilhelm Förster en poneerde daardoor, dat persoonlijke vrijheid steeds vergezeld van verantwoordelijkheidszin moest zijn. Persoonlijke vrijheid! Een van de reden waarom hij zich reeds te Izegem én tegen de kleursyndikaten én tegen de “partijhengsten” keerde. (1)

Wij trekken onze konklusies niet op een wijze zoals Maurice De Wilde en beschouwen Spruytte dan ook niet als een “vroege voorloper” van het fascisme of nationaal-socialisme in Vlaanderen.

Wel heeft Spruytte in aanzienlijke mate bijgedragen tot de “ruk naar rechts” tijdens de jaren 30 van het Vlaams-nationalisme. Het dichtst bij de werkelijkheid staat nog Spruytte’s biograaf, G. Vandewoude, die het gevat, zij het wel in dithyrambische bewoordingen als volgt uitdrukte: “Als een medicinale bloedzuiger zoog hij het gif met het bloed mee, om zijn bezoeker in zijn natuurechte gaven en geschiktheden, in zijn dynamisme en potentialiteit te verkennen”. (2) Spruytte’s benadering van ideologieën en filosofieën was van dezelfde natuur. Hij was een onvermoeibaar zoeker, een eclecticus bovendien, die even principieel als realistisch kon zijn. A.W. Willemsen zegt van hem in één zin : “Op tal van Vlaams-nationalisten heeft hij een grote persoonlijke invloed uitgeoefend” (3) Slechts twee namen ter illustratie : Staf De Clercq en Victor Leemans. Het leven van Spruytte is snel samengevat. Hij werd op 4 juli 1891 in het Westvlaamse Rumbeke geboren, als oudste kind uit een boerengeslacht. Hij studeerde aan het Klein Seminarie te Roeselare, werd in 1916 tot priester gewijd en vervolledigde zijn theologische studies aan de universiteit van Leuven. De baccalaureus die Spruytte was, werd achtereenvolgens in Izegem, Zwevegem, Wervik en Slijpe tot… onderpastoor benoemd. Hij zal het nooit “verder” brengen. Overal waar hij kwam, trachtte hij door middel van zelfstudie de ongeschoolde arbeiders hogerop te werken. Dat dit op tegenstand van Katholieke Staatspartij en klerus stuitte hoeft nauwelijks betoog. Spruytte werd een van de ontelbare petits vicaires die in Vlaanderen van parochie naar parochie zwerfde, om uiteindelijk te Slijpe van ellende te overlijden, op 49-jarige leeftijd. Ondanks zijn geleerdheid, enorme eruditie en haast encyclopedische kennis bleef Spruytte in wezen een Westvlaamse landman, zeer verbonden met zijn geboortegrond en met het geestelijke erfgoed van zijn voorva deren.

Een waardeloos leven? Een gefaalde man? Wij geloven het niet. Van Spruytte’s ideeëngoed is “iets” blijven hangen. Misschien staat de waarheid nog het dichtst bij wat ‘t Pallieterke in 1970 naar aanleiding van een Spruytte-herdenking ooit schreef: “Menselijkerwijze gezien is het leven van deze hoogbegaafde mislukt. Een priester rekent echter met andere maatstaven. En de geschiedenis van de Vlaamse Beweging ook.”

Wanneer wij Spruytte’s meta-politieke denken benaderen, dan dienen wij in acht te nemen dat bij hem twee opvattingen primeer deren: organische staatskoncept en de universalistische leer van Othmar Spann (4) Wegens het feit dat Spruytte zijn ideeën nooit heeft samengebundeld, kunnen we onmogelijk van een “systeem” spreken. Daardoor zullen we dan ook los van elkaar hangende themata aansnijden de organische staatsidee, universalisme, elitarisme, personalisme, pacifisme — toen en ook nu nog erg aktueel, zijn houding tegenover het V.N.V., het Verdinaso en het christendom. Voor wij met de meta-politiek aanvangen, willen wij de lezer eerst een bondig overzicht geven van het wijsgerig denken van Odiel Spruytte. Het een is onlosmakelijk verbonden met het ander. Ook willen wij iets over zijn bekende Nietzsche-essays vermelden. Het is moeilijk, om niet te zeggen onmogelijk, om Spruytte’s wijsgerig denken te situeren, of in één bepaald vakje te duwen, en aldus zijn denken te normeren. Trouwens, Spruytte’s denken is daarvoor te exuberant en te zeer verspreid. Wel vinden we in zijn leer herhaaldelijk bepaalde themata terug die toen gloeiend aktueel waren en zijn universalistische visie is meestal bepalend.

De filosoof Spruytte
Ofschoon Spruytte in menig artikel herhaaldelijk het empirisme verworpen heeft, is hij toch niet helemaal vrij te pleiten van invloeden ervan : “De levend-konkrete politieke denk- en aktiewijze die niet alleen vonken maar vuur doet loskomen is nog niet gevonden. Alleen waarheid die door het leven gewaarborgd en bekrachtigd wordt is werkelijke waarheid, beginsel van orde. Aan een abstrakte tijd- en ruimteloze waarheid gaat de geschiedenis voorbij. Om te werken moet het denken dienen midden een konkrete tijd, een konkreet volk, een konkrete situatie.” [Jong-Dietschland, nr. 37, 19331. Opmerkelijk is het eveneens, dat de Augustinus-volgeling die Spruytte was, en daardoor monotheïstisch-lineair gedacht zou moeten hebben, het thema van het cyclisch verloop van de tijd vrijwel centraal stelde : “De onbegrensde rijkdom der natuur (en van het mensenleven) drukt zich uit in steeds wisse lende vormen. Alles op de wereld vergaat, alles op de wereld vernieuwt. Wanneer het leven in vormen vastgegroeid is, groeit het erboven uit. De oude vormen zijn van dan af voos, onwaar, dood. Zij hebben hun betekenis verloren, zij drukken de kwaliteit omlaag, zij verhinderen de groei. Alleen wat in een konkrete situatie beantwoordt aan de stijg kracht van het leven, van de mens, van de gemeenschap, heeft een positieve betekenis, alleen dat bezit leven. Het is om een modern veel- en weinig-zeggend woord te gebruiken : existentiëel noodzakelijk”. [Kultuurleven, nr. 1,1935]

In dat belangrijke artikel in Kultuurleven schreef Spruytte zijn principes en doelstellingen neer omtrent hetgeen hij essentiëel en primerend vond in de konservatief-revolutionaire gedachten van zijn tijd. Hij opende zijn artikel met de vaststelling, dat : “de omkering, waarin onze wereld zich bevindt, is in haar kern van innerlijk-geestelijke aard. Er staat oneindig veel meer op het spel dan

De nieuwe denkhouding, gaat Spruytte verder, staat diametraal tegenover die van de vorige generaties, en hij spot met de “empirische geleerden” die het menselijke weten enkel kwantitatief vergroten, en de “abstrakte systematici”, die louter begrippen met begrippen vergelijken. Beiden verweet hij veelweterij, ban kiersgeest en intellektualisme. Overigens heeft Spruytte voor het “intellektualisme” niets dan verachting “Tengevolge van het intellektualisme leed onze tijd aan een tweespalt tussen geest en leven. De boom des Wetenschappen was wel dor, maar groen de boom des Levens.” Tegenover het intellektualisme, stelde Spruytte zijn koncept van “de mens der waarheid”, want die “beleeft de waarheid als vruchtbaar-organische kracht van de kosmos, en hij hangt met de blik van zijn ziel aan het levend oorspronkelijke, aan het wezenlijk eenvoudige, hij beluistert de oerklanken van het leven. Niet veel-weten is zijn zorg, maar levende deelneming aan de rijk- dom van het zijnde, aan de schoonheid van wat alles is. Derhalve is zijn denken niet los gerukt van het zijn, doch dorst naar het zijn, wijsgerige gezindheid dan. Het is ook niet vreemd aan zijn leven en eigen zijn als ijdel liefhebber, als een lastige dwangarbeid, maar het is geheel gericht op de verruiming, de verrijking van zijn menselijk wezen: het is onmisbaar levensbrood, geen sieraad maar levens bestanddeel en levensnoodzakelijkheid.”

Wanneer we stellen dat Spruytte een humanist was, dan plaatsen we dit woord in een heel andere kontekst als dewelke het woord nu symboliseert : marxistoïde, naïef, ireëel, een zoeterige smaak in de mond nalatend. Spruytte was humanist in de zin zoals Nietzsche, Spengler e.a. het waren. Hij koesterde geen verheven utopische theorieën nopens zijn medemens, maar aanvaardde hem in zijn komplexe werkelijkheid. Hij heeft boeiende geschriften aan de mens gewijd, en het lijkt ons de moeite waard om uit enkele daarvan te citeren.

De vraag, zo schrijft Spruytte, wat is edel ? kan niet opgelost worden zonder rekening te houden met de vraag: wat is de mens ? [Kultuurleven, nr. 1, 1939]. Spruytte beschouwde de mens als een “vrij zichzelf bepalend wezen, … is aan geen enkel ondergeschikt, heeft tenslotte enkel voor eigen geweten en God te verantwoorden. Hij heeft in de schepping een eigen onvervangbare plaats, is door de schepper met eigen gaven toegerust, beschikt over de vrijheid en de roeping om zijn aanleg en mogelijkheden binnen de orde van het geheel te verwezenlijken.” vraagstukken van louter uiterlijke sociaal-ekonomische of politieke aard. De in richtingsvormen der maatschappij krijgen maar een zin wanneer zij begrepen worden in hun verhouding tot het menselijke type, waarvan zij een werktuig en een weerspiegeling uitmaken. Het ideaal ‘mens’, zoals het aan onze tijdgenoten voortzweeft, is de innerlijkste ziel en de verklaring van het zichtbaar gebeuren.” Spruytte stelde vast, dat het koncept van de nieuwe mens het “strijdbeginsel van de sociale en politieke nieuwwording” impliceerde. Het ideaal van “de nieuwe mens” was inherent aan de staatsvorm. De lezer moet wel in ogenschouw nemen dat de formulering “de nieuwe mens” bij Spruytte een specifieke betekenis had. Volgens Spruytte was er eigenlijk niets absoluut nieuw, want de geschiedenis staat nooit stil en doen de elkaar opvolgende perioden “nu weer eens deze dan gene krachten en funkties van het menselijke wezen aan het licht of weer in het duister treden”. Spruytte heeft het verder over de voorzienigheid, die volgens hem, niet mechanisch van buiten af beweegt “maar immanent van binnen uit, wij bedoelen hiermede de volgende vaststelling : de mikrokosmos Mens, zoals de makrokosmos Heelal, is op even wicht aangelegd maar tevens op dynamische groei nooit staat iets stil en alles is met alles verwant. Dit geldt ook voor de gemeenschapswereld.” Hier reikt Spruytte de hand aan het oeroude Herakleitische beginsel panta rhei, alles vloeit, alles verandert voort durend.

De nieuwe denkhouding, gaat Spruytte verder, staat diametraal tegenover die van de vorige generaties, en hij spot met de “empirische geleerden” die het menselijke weten enkel kwantitatief vergroten, en de “abstrakte systematici”, die louter begrippen met begrippen vergelijken. Beiden verweet hij veelweterij, bankiersgeest en intellektualisme. Overigens heeft Spruytte voor het “intellektualisme” niets dan verachting “Tengevolge van het intellektualisme leed onze tijd aan een tweespalt tussen geest en leven. De boom des Wetenschappen was wel dor, maar groen de boom des Levens.” Tegenover het intellektualisme, stelde Spruytte zijn koncept van “de mens der waarheid”, want die “beleeft de waarheid als vruchtbaar-organische kracht van de kosmos, en hij hangt met de blik van zijn ziel aan het levend oorspronkelijke, aan het wezenlijk eenvoudige, hij beluistert de oerklanken van het leven. Niet veel-weten is zijn zorg, maar levende deelneming aan de rijk- dom van het zijnde, aan de schoonheid van wat alles is. Derhalve is zijn denken niet los gerukt van het zijn, doch dorst naar het zijn, wijsgerige gezindheid dan. Het is ook niet vreemd aan zijn leven en eigen zijn als ijdel liefhebber, als een lastige dwangarbeid, maar het is geheel gericht op de verruiming, de verrijking van zijn menselijk wezen: het is onmis baar levensbrood, geen sieraad maar levens bestanddeel en levensnoodzakelijkheid.”

Wanneer we stellen dat Spruytte een humanist was, dan plaatsen we dit woord in een heel andere kontekst als dewelke het woord nu symboliseert : marxistoïde, naïef, ireëel, een zoeterige smaak in de mond nalatend. Spruytte was humanist in de zin zoals Nietzsche, Spengler e.a. het waren. Hij koesterde geen verheven utopische theorieën nopens zijn medemens, maar aanvaardde hem in zijn komplexe werkelijkheid. Hij heeft boeiende geschriften aan de mens gewijd, en het lijkt ons de moeite waard om uit enkele daarvan te citeren.

De vraag, zo schrijft Spruytte, wat is edel? kan niet opgelost worden zonder rekening te houden met de vraag: wat is de mens ? [Kultuurleven, nr. 1, 1939]. Spruytte beschouwde de mens als een “vrij zichzelf bepalend wezen, … is aan geen enkel ondergeschikt, heeft tenslotte enkel voor eigen geweten en God te verantwoorden. Hij heeft in de schepping een eigen onvervangbare plaats, is door de schepper met eigen gaven toegerust, beschikt over de vrijheid en de roeping om zijn aanleg en mogelijkheden binnen de orde van het geheel te verwezenlijken.”

Vermits Spruytte een universalist was, zag hij de mens als enkeling deel uitmaken van het geheel der maatschappij, maar hij voegde er wel een bijzondere overweging aan toe “Het is denkbaar dat de mens én persoonlijk en sociaal aangelegd weze. Dit zou leiden tot de erkenning van een goddelijk-natuurlijke rechtsfeer én van het individu én van de staat. De spanning van dubbele rechtsfeer in de mens, die even oorspronkelijk en natuur lijk in hem woont, en de dubbele rechtsfeer maakt heel het vraagstuk uit van de gemeen schap. De twee polen zijn natuurlijk en onmisbaar. Tussen beide beweegt zich het leven en de geschiedenis. De formulering van één enkel alternatief leidt tot de uitscha keling van een der beide polen en drijft het onderzoek in tamelijk eenzijdige richting.” [Kultuurleven, nr. 6, 19341 Zoals vrijwel alle konservatieve denkers, koesterde Spruytte grote belangstelling en bewondering voor het heroïsche in de mens, hetwelk hij in nauwe relatie zag met — de volgens hem — beste tradities uit de christelijke ethiek en beschouwde beide inherent aan elkaar. Maar, aldus Spruytte, niet zelden wordt “de ethiek van adel, eer, dapperheid, heldhaftigheid, enz., geprezen ten koste van de christelijke ethiek, die deze waarden z.g. uitsluit en enkel op de liefde is gericht.” [Kultuurleven, nr. 1, 19391 Spruytte betitelde sterkte als een “kardinale deugd”. Ongetwijfeld was hij hierdoor beïnvloed door Friedrich Nietzsche, en het heroïsme stond tijdens het interbellum in vele stelsels centraal. Het is vooraf klaar, zo meende Spruytte, dat “de ontwaking van de zin voor edele waarden een grote vooruit gang uitmaakt op de louter utilitaristische en materialistische ethiek, waarop zij een reaktie betekent.”

Vanzelfsprekend verwierp Spruytte én het liberalisme én het marxisme. Volgens hem beweren de eerste te geloven dat “het staathuishoudkundige leven door niets dan stoffelijke profijtzucht vooruitgestuwd wordt en zij schakelen alle zedelijke beweegredenen uit dit gebied”. De marxistische theorie werd door Spruytte eveneens gewogen en te licht bevonden : “Karl Marx zag in de ganse geschiedenis geen ander dan stoffelijke werkkrachten aan de arbeid. De Wijze, de Held, de Heilige behoorden dan ook logisch tot het gebied, dat hij ‘ideologie’ noemde. Zij ook zijn niet anders dan een behendig masker, waarachter zeer realistische belangen zich verschuilen.” Spruytte resumeerde beide stelsels en plaatste ze onder één noemer “ De mens, die met handelsgeest bezield is, denkt te laag over het leven om aan heldenverering te doen.” Maar konkreet gezien, hoe stond Spruytte zelf tegenover het heroïsme ? Hij gaf daar over eerst een psycho-analytische verklaring “ Wij weten dat de mens niet altijd zijn ‘geluk’ wil. Hij is zelf de grootste vijand van dat ‘ geluk’ — in deze zin. Voor de beleving van een korststondige glorie, voor een droom, slaat hij jaren ver zijn ‘ geluk’ redde loos stuk. Hij verzaakt aan eigen, kleine veiligheid — uit heroïsche impulsen, uit gemeenschapszin, enz.” Spruytte stelde het zo voor : “Een heroïsche levensvisie, zonder meer, stelt voorop dat men boven het utilitaristische uitgestegen zij, doch ook dat men vreemd sta ten opzichte van de goddelijke transcendentie, volgens het woord van Nietzsche, de heraut van de moderne helden verering ‘ God is dood, — nu willen wij dat de Übermensch leve.” Het is zeer opmerkelijk, dat Spruytte’s visie op het heroïsme gekoppeld wordt aan Nietzsche’s begrip van de ‘Übermensch’, de superieure mens, want beiden zijn verschillend in wezen en geest. Spruytte beschouwde de heroïsche levensvisie inherent aan “ adel”. Dit is een natuurlijk uitvloeisel van zijn bewondering voor Nietzsche, alhoewel hij in ons geval enkele thomistische aforismen citeerde. Spruytte konkludeerde als volgt: “De verzoekingen van het heroïsme zijn :

trotse weigering om de last van het noodlot door gedachten van een voorzienigheid te verlichten, volle aanvaar ding van een niets dan tragische werkelijkheid, dappere bekentenis tot het eindige en tot het niets.” Het is merkwaardig, dat ondanks Spruytte’s voorliefde voor het heroïsche, hij in zijn geschriften daarover, merkwaardig nuchter bleef en nooit in dithyrambische lithanieën viel.

Laten wij de ethiek van Spruytte eens onder ogenschouw nemen. Voor Spruytte vormden ethiek en aristokratisch denken geen kontradiktie, maar één geheel. Hij heeft dit meermaals herhaald en benadrukt. Het blijkt, dat Spruytte’s ethiek opmerkelijke invloeden van Nietzsche heeft ondergaan : “Het goede is niet altijd groot, niet altijd edel. Het kan ook gewoon, alledaags zelfs kleinburgerlijk zijn. Men kan zelfs het grensgeval vaststellen dat het kwade van grootheid en adel getuigt.” Voor Spruytte waren “denkhouding en ethische houding steeds innig met elkaar verwant. De theoretische wereldbeschouwing van een periode en haar zedelijke idealen zijn altijd door dezelfde geest beheerst.” [Kultuurleven, nr. 1, 19351 De degeneratieverschijnselen in een bepaalde kultuur omschreef Spruytte als volgt “Indien bij een mens, of bij een periode der menselijke geschiedenis, zedelijke verschrompeling, verdorring ontstaat, dan is het steeds omdat de primaire zedelijke waarheden, waarden en krachten hun natuurlijke invloed, hun elementaire werkkracht hebben ingeboet, daar zij overdekt of gefnuikt waren. In de ongeremde werking der eerste beginselen ligt de ware zedelijke levensader en zij is de voorwaarde tot zedelijke ademtocht.” Wil men uit de impasse geraken, dan moet men aan deze beginselen heraanknopen “Alleen een mens die van volmaaktheid afweet er een innerlijke drang toe voelt, zal bekwaam zijn om een zedelijke herstelling van zichzelf tot zedelijke gansheid door te zetten”. De zedelijke gezindheid is nooit onveranderlijk geweest, want zo beklemtoont Spruytte: “Wij kunnen de natuurvaste geldigheid van alle zedelijke goederen en normen handhaven en toch bevestigen dat de voorkeur van bepaalde tijden naar bepaalde deugden gaan.”

Spruytte merkte op, dat zijn tijd een voor liefde koesterde voor de “edele mens, hun gezindheid is aristokratisch” en alhoewel dit een persoonlijkheidsideaal is beschouwde hij het evenzeer als een maatschappelijk ideaal.

Terloops rekende Spruytte af met het egalitarisme, dat zich in onze tijd meer en meer opwerpt als de nieuwe “mythe van de 20ste eeuw” “Van natuurwege bestaan onder de mensen een rangordening van uitmuntendheid, die kulmineert in de hoogste vertegenwoordigers. Ten alle tijde en in elke menselijke groepering was deze uitmuntendheid, die enige personen voorbestemde tot leiding en heerschappij. En het was deze adel die de maatschappij bewaarde en naar de toekomst droeg. Alle aristokratie brengt onderscheid mee in denken, voelen, houding een onder scheid dat weldra uitloopt op kontrast met het gemene, zodat wij komen te staan voor gesloten groepen.

De adel waarvan het moderne ethos zich oriënteert is niet deze van titels of ereposten, maar de natuurlijke adel die sluimert in het volk, een adel van levende en niet afgezonderde krachten. Het ethos der adelijke gezindheid is in tegenstelling met dat van de gelijkmakerij en van het humanitarisme.” Adel is, volgens Spruytte in strijd met het gemene, niet met het algemeen menselijke. En Spruytte ging verder met zijn aanval op het egalitarisme; of zoals hij het noemde, de ‘gelijkmakerij’ “De egalitaire strevingen maken de mensen gelijk, naar onder toe d.i. in de materiële belangen. Hun ethos is beheerst door de vraag : wat is nuttig, wat is voordeelbrengend ? Zij strijden tegen alle meerwaardigheid voor de gelijkheid di. voor de maatschappij der minderwaardigen. Het algemeen menselijke vatten zij oppervlakkig op, als de stoffelijke uiterlijke zijde van ‘s mensens bestaan. Het ethos van onze indus triële maatschappij is gekant tegen alle menselijke superioriteit, vooral tegen deze die aangeboren is.”

Even verder heeft Spruytte het over het “prestatiebegrip”, dat hij als het “scheppend kunnen” beschouwde. Spruytte was de pertinente overtuiging toegedaan, dat de persoonlijkheid van de edele mens staat of valt met zijn prestatie. Spruytte haastte zich wel — om eventuele misverstanden te voorkomen — te vermelden, dat dit voorrecht niet zou blijven voorbehouden “aan enkele genieën op het gebied van politieke heer schappij, uitvinding, kunst, grootbedrijf”. Neen, zo konfirmeerde Spruytte, “ook de geringste arbeider kan iets van zijn persoon in zijn werk neerleggen. De grondslag blijft dezelfde, alleen de graad verschilt in grote mate. Onze ethische gezindheid is een arbeidsgezindheid in de zin van dienst aan een scheppende taak.”

De aristokratische levenswijze is bijzonder gesteld op de persoonlijke eer. Ook Spruytte heeft dit goed opgemerkt, en vertelt daar het volgende over “Eer staat in nauw verband met het persoonlijk zijn van de mens. Zij hangt innig samen met wat hem onverdiend is aangeboren en toch een glorietitel uit maakt, met zijn werk en prestatie, met zijn strijdbaarheid en dapperheid. Het is een mengsel van al deze dingen samen dat eerbied afdwingt; deze inwendige grond is ver boven alle eerbewijzen verheven, lokt ze vanzelf uit doch weet ze desnoods te misprijzen, in de rustige en heilige zekerheid van eigen innerlijke louterheid en volheid.” Spruytte greep ook terug naar het oude Herakleitische principe dat strijd de vader van alle dingen is. Uiteraard deed hij dit in zijn eigen bewoordingen : “Wij zien ons aards bestaan zoals het is, kamp en strijd, verrassing en verscheurdheid. De illusie van een gemakkelijke wereld met plat ‘geluk’ is geweken en zij bekoort de besten niet. Een komfortabel leventje is het leven niet waard. Het gevaar beminnen en er zich door ten gronde richten lijkt aan menigen een groter geluk.”

Heel even, stipte Spruytte ook het Wil-tot-Macht principe van Nietzsche aan, getoetst aan zijn eigen denkbeelden: “Een gedachte of de drager ervan, een scheppend persoon, die overeenstemt met het leven zelf, wordt door de oerkrachten des levens zelf, door een natuurlijke gerechtigheid zo men wil gevoed en gesterkt. Deze gedachte, deze wil zelf is macht, beladen met geheel het gewicht van het leven. Zo een gedachte, zo een wil dringt om zo te zeggen elementair vooruit naar existentiële verwezenlijkingen. Haar bestaan zelf is macht, is niet willekeurig weg te loochenen, zij schept vanzelf ruimte krachtens haar inwendige aanspraak op heerschappij. Zo wordt de macht een bestanddeel zelf van een hogere en diepere gerechtigheid, die in de dingen werkt… De macht is de drang tot zelfverwezenlijking van de gerechtigheid. En aldus is zij edel.”

Spruytte en Nietzsche
Tijdens de jaren 1937 tot 1939, schreef Odiel Spruytte in een serie artikels voor Kultuurle ven zijn gedachten omtrent Nietzsche neer. Als enige priester in het ganse land, had hij van zijn geestelijke overheid daarvoor toe stemming gekregen. Spruytte gold tijdens het interbellum als een der eminentste Nietzsche-kenners in de Nederlanden en zijn peilingen kunnen, ook nu nog, als waardevol worden beschouwd. Het zou nog steeds de moeite lonen om de oorspronkelijke teksten samen te bundelen en te publiceren. In 1944 werden de Nietzsche-essays door de priester G. Vandewoude “gepubliceerd en met nieuw materiaal voorzien” onder de titel “Nietzsches Kringloop”. Het werkje werd door de Duitse censuur dermate verminkt, dat er van Spruytte’s originele tekst nauwelijks nog sprake is. Ons artikel is dan ook op de originele essays uit Kultuurleven gebaseerd. Wel een raar stel : Spruytte, de diepgelovige geestelijke, en de woest anti-christelijke Nietzsche, die stelde dat het christendom slavenmoraal is en van zichzelf getuigde “Indien er goden bestonden, hoe hield ik het uit geen god te zijn.” Waar en wanneer Spruytte in aanraking met Nietzsche’s werk is gekomen, zal waarschijnlijk nooit meer te achterhalen zijn. Het is bekend, dat Spruytte de meesters der literatuur en filosofie gelezen heeft. Iemand opperde ooit de mening, dat Spruytte de artikels schreef om met Nietzschc een “tweestrijd” aan te gaan. Wie de essays aandachtig leest, komt tot de vaststelling dat Spruytte’s werk steeds verklarend is. Nergens vindt de lezer in Spruytte’s werk de bij geestelijken veelvuldig voorkomende scheld partijen. Een ander opmerkelijk gegeven is, dat Spruytte’s konklusies over Nietzsche meestal regelrecht indruisen tegen de toenmalig geldende dogma’s der nazi-filosofen.

Nu is er nog een ander mysterie in de Spruytte-Nietzsche relatie. Mevrouw Michel Spruytte vertelde ons, dat Odiels broer Adolphe (eveneens priester), tijdens de meidagen van 1940 aan zijn broer de raad gaf, een door Odiel geschreven en later gedrukt boek over Nietzsche te verbranden. Mevrouw Spruytte voegde er ons verder aan toe, dat Adolphe omwille van het boek aan zijn broer Odiel moeilijkheden met de Duitsers voor spelde! Wij staan hier echter voor een raadsel, want “het boek” wordt nergens vermeld, is bij geen enkele bibliotheek bekend Houden wij ons echter aan konkrete gege vens, en onderzoeken de oorspronkelijke Nietzsche-essays. Het eerste “Nietzsche’s poging tot een goddeloze mystiek” verscheen in “Kultuurleven” nr. 5, september 1937, het vervolg daarvan in nr. 6, november 1937. In 1 “Kultuurleven” nr. 5 van 1938 verscheen het essay “Fr. Nietzsche en de Rastheorie”. Een jaar later publiceerde hij in nr. 4 “Fr. Nietzsche en depolitieke krisis”. Spruytte’s laatste Nietzsche-essay “Nietzsche en het moderne imperialisme” verscheen in nr. 6 van 1939 en nr. 3 van 1940.

Nietzsche’s poging tot een goddeloze mystiek
“Er is een mystiek van het licht, het is deze van het christendom; er is ook een mystiek van de nacht, het is deze van het heidendom. Ook de Godheid van het christendom, voorwaar, is afgrondelijk duister: zij is een mysterie, doch een mysterie van het licht dat elke geschapen geest overtreft. De godheid van het heidendom is echter blind, willekeurig, macht zonder licht of liefde: noodlot. Zij werpt neder maar laat geen vertrouwen toe, zij verplet bij voorkeur het grote, het ongewone, zij blijft stom en verleent geen antwoord op de laatste vragen naar de zin van ons bestaan.” Dit citaat is de aanloop van Spruytte’s eerste Nietzsche-essay. Spruytte beschouwt Nietzsche als een “mysticus van de nacht” wiens hoogste levensleus Amor fati luidde, maar zijn mystiek is ‘dubbelzinnig’ want, zo schrijft Spruytte : “In hem leefde immers een onsterfelijk verlangen naar het licht, een herinnering aan de kroon des levens, aan de zaligheid der liefdegemeenschap met God en mens”. En Spruytte betittelt Nietzsche’s mystiek dan ook als “luciferisch”. Zijn mystiek, zo gaat Spruytte verder, weigert te aanbidden, maar kroont de mens met goddelijke eer: een schrikwekkend mengsel van godloochenende trots en goddelijke heimwee. Spruytte resumeert enkele begrip pen over het begrip mystiek en besluit “Elke filosofie steunt in deze zin op een mystiek, in zover zij de naam van ‘wijsbegeerte’ waardig is”. Doet zij dit niet, dan vervalt de filosofie tot “profane verlichting, kennistheoretische kritiek, bodemloos gedachtenspel.” Nu is Nietzsche volgens Spruytte een kind van de profane verlichting, maar “zijn rationalisme is de vlakke zielloze verlichting niet meer : het is demonische klaarheid.” Spruytte merkt op, dat de periode van het profane rationalisme met Nietzsche haar hoogtepunt bereikte, maar tevens haar einde. Maar Nietzsche kon volgens Spruytte niet leven met het sombere NIETS, en grijpt door middel van zijn eeuwigheidsdorst en een ‘totaal nihilisme’ terug naar de mystieke totaliteit van het leven. Nietzsche’s wegstelt hij, is deze van het huidige mensdom. Spruytte vervolgt met de gekende themata uit Nietzsche’s filosofie “God is dood”, de daaruitvolgende deemstering over Europa, het nihilisme, en besluit : “De mens is losgerukt van iets oneindigs waardevols dat zich in hem uitwerkte en bevindt zich nu in de uiterste vereenzaming.” Nietzsche, zo gaat Spruytte verder, onder scheidt zich van andere denkers doordat hij de katastrofe niet wil afwenden. Integendeel, wil zij ooit herrijzen, dan zal de wereld haar zwarte periode van het ‘niets’ moeten door schrijden. De oude waarden moesten sterven volgens Nietzsche, want zij waren onecht geworden, en de christelijke moraal huichel de. Spruytte: “De toestand van vertwijfeling moet plaats ruimen voor de kritiek der vertwijfeling.” En Spruytte somt de bekende argumenten van Nietzsche’s nihilisme op. De nieuwe mens van Nietzsche zag Spruytte als volgt: “Het oude type-mens vloeide uit God, het nieuwe type zal niet meer wegstromen, maar zichzelf bevestigen, alle kracht binnen zich opsluiten en daardoor zelf stijgen, tot het bovenmenselijke dood zijn alle goden, nu willen wij dat de Übermensch leve.” Deze van goddelijkheid onverzadig bare mens, zo verklaart Spruytte, deed niets dan ersatz-goden dromen om de ijdele ruimte van de gestorven God te vullen. Maar “De droom van Nietzsche was de droom der aarde.” Spruytte heeft het ook over Nietzsche’s nieuwe levensideaal, dat zal “beant woorden aan het natuurlijkste der natuur, het zal gegrondvest zijn in de aarde en verbonden met de meest gesmade driften de wil tot macht als kern van het leven.” Spruytte somt Nietzsche’s symbolen van het nieuwe leven op Dionysos, Eeuwige weder keer, Übermensch, als kompensatie voor de gestorven God: “Door zijn mystiek van de nacht, door zijn goddeloze mythe van de aarde en het noodlot zocht Nietzsche dam men en dijken op te werpen om niet mee in God weg te vloeien…” Even verder, onderzoekt Spruytte naar de mogelijke wortel van Nietzsche’s ‘goddeloos held’: “Wij moeten op het oog houden dat het atheïsme van Nietzsche niet ontstond uit oppervlakkige onverschilligheid, die zich beperkte bij het zichtbare, en het oneindig onzichtbare als overbodig vergeet: neen, Nietzsche’s geest is bezield met de drang naar het onbeperkte en beladen met de wil tot godsmoord.” Een nogal krasse bewering van Spruytte zo lijkt het ons. Nietzsche, beweert Spruytte, overtrof Celsus, Voltaire en Renan in hun haat tegen het christendom. Spruytte beschrijft Nietzsche’s levensloop zijn vrome ouders, de kritische bijbelstudies, zijn kennismaking met Das lebenfesu kritisch bearbeitet van David Friedrich Strauss en Die Welt als Wille und Vorstellung van Arthur Schopenhauer, de daaropvolgende afvallig heid. Hij komt tot volgende vaststelling “Het prijsgeven van het christendom en van het theïsme schijnt dan wel een kwestie van ‘intellektueel geweten’ te zijn geweest, niet een vraag van persoonlijk ressentiment of wezensverschil met zijn aard.” Toch voegt Spruytte er aan toe “De intellektuele godsverzaking van Nietzsche is evenwel reeds met een zonderling niet-intellektueel bestanddeel doortrokken. In zijn godloochening werkt zich een stuk van zijn protestantse ascese uit, die het natuurlijk-gelukkige voor verdacht houdt en een neiging vertoont naar het zwaarste, naar het minst gelukkige”. Spruytte benadert hier Nietzsche als psycholoog, trekt er zijn konklusies uit, maar of ze raak zijn laten we in het midden. Spruytte geeft grif toe, dat Nietzsche “ner gens de theïstische levensopvatting onder zoekt of poogt te weerleggen”, maar dat hij het christendom eerder als een vijand van het leven zag. In het tweede gedeelte van zijn essay, schrijft Spruytte: “De godsloochening van Nietzsche is geen vrucht van redenering of van bijzondere wereldervaring, maar van een wilsdogmatisme, dat diktatoriaal beslist: God mag niet bestaan.” En Spruytte vermoedt dan ook dat Nietzsche Atheist aus lnstinkt was. Op het einde van zijn essay, vat Spruytte alles samen en besluit : “Nietzsche heeft heel zijn leven lang de eerbied voor het goddelijk lichtgeheim uit zijn ziel geweerd, hij heeft aangekampt tegen elke metafysica en elke transcendentie. Hij heeft gewaagd te leven, te strijden en te filosoferen in het aanschijn der goddeloosheid. Hij is niet teruggedeins voor de sprong in de nacht en de ondergang. Doch immer heeft hem de stijgkracht verlaten naar datgene wat hij verloochende. Boven de zwakke symbolen van zijn eigen mythische droombeelden heen, leefde in zijn binnenste een tocht naar het onbereikbare. Niet door het te erkennen doch door er zich aan te gronde te richten heeft hij zijn hulde gebracht aan het Bovenwerkelijke.”

De sterksten van lichaam en ziel
In zijn tweede essay Nietzsche en de rastheorie, begint Spruytte met ons mede te deler dat “Nietzsche het rasvraagstuk nooit methoddisch behandeld heeft”, maar dat hij het principe van “de sterksten van lichaam en ziel zijn de besten” huldigde. Hij vermeldt daarna, dat Nietzsche het wei van Gobineau Essay sur l’inégalité des races humaines tussen 1875 en 1878 te Bazel gelezen en bewonderd heeft “Door de ener wordt het gezag van Nietzsche ingeroepen om het racisme aan te bevelen, door de anderen om het te bestrijden,” stelt Spruytte vast. En Spruytte geeft toe, dat het nationaalsocialisme in ruime mate uit Nietzsche’s leer geput heeft, maar verwerpt het dogma dat Rosenbergs rassenleer door Nietzsche geïnspireerd zou zijn.

Nietzsche is inderdaad niet aan de nazi ontsnapt, en Spruytte heeft dit uitstekend begrepen, want de tamelijk filosofieloze inhoud van het nationaal-socialisme stelde ongeveer alles in het werk om toch maar grote namen voor de wagen te spannen. Spruytte stelt, dat Nietzsche de rassenleer benadert in de ethische geest en niet als antropoloog of etnoloog. Hij verwerpt ook de mythe van de “Germaanse Übermensch” die Nietzsche volgens de officiële “den kers” van het Derde Rijk zou gepredikt hebben “Zijn mensomscheppende wil gaat naar een bovennationale, Europese leidende kaste, die Herren der Erde.”

In het daaropvolgende hoofdstuk, werpt Spruytte op, dat Nietzsche slechts twee rassen kende, namelijk het “Arische”, dat een heerserras en het vóór-Arische dat een “slaven ras” zou zijn. De lezer moet daarbij wel weten, dat ten tijde van Nietzsche de antropologie nog in de kinderschoenen stond. Daarom begint Spruytte dan ook met de Europeanen raciaal volgens Ripley en Günther in te delen. Hij vervangt het woord “Germaans” door Noords en vernoemt verder het Alpiene, Mediterane, Faalse, Dinarische en Oostbaltische ras. Volgens Spruytte is het ras een “metafysische-goddelijke grootheid, waarbinnen de oneindigheid van de schepper der rassen ingeënt is” en vermeldt ook dat bij Nietzsche niet zozeer de rassenleer, maar wel de erfelijkheidstheorie van belang zijn “Het is niet mogelijk, dat de mens niet de eigenschappen en voorliefden 1 zijner ouders en voorouders in het lijf hebbe.”

Nietzsche, zo gaat Spruytte verder, beweerde dat de afstamming de mens bepaalt en dat hij zijn neigingen van zijn voorvaderen erft, maar verantwoordelijk is voor zijn eigen daden. Ook zag Nietzsche, volgens hem een 1 sterke samenhang tussen lichaam, afstamming en geest. Spruytte besluit het hoofdstuk 1 als volgt “De erfelijkheid is een feit, doch wij kennen haar wegen te weinig.”

Het hoofdstuk “Ras en Volk” is een ander staaltje van Spruytte’s inzicht in de leer van 1 de Duitse filosoof. Alhoewel, volgens Spruytte, Nietzsche goed onderscheid weet te maken tussen taalverwantschap en rasver wantschap, zijn voor hem de Europese volkeren licht verschuifbaar d.w.z. ze zijn nog geen ras. Van de “zuiverheid van het ras” neemt Spruytte vervolgens afstand : “Er zijn weliswaar geen raszuivere volkeren meer. Alle volkeren zijn rasgemengd en het Duitse niet het minst. Doch ten overstaan van de rassen maken volkeren om zo te zeggen secundaire eenheden uit.”

De raszuiverheidstheorieën stootten Nietz sche tegen de borst, maar zo merkt Spruytte op, hij voegde er wel het begrip reingeworden rassen aan toe, een begrip dat ongekend is in de rassenkunde. Spruytte beweert, dat dit begrip op “de herstelling van het even wicht in de psyche” terugvalt.

Spruytte’s eindoordeel is vernietigend, zowel voor de aanhangers als tegenstanders van Nietzsche’s invloed in de nationaal-socialistische rassenleer: “Terwijl Nietzsche een verzwakking met tenslotte een vernietiging van de Europese volkeren, en een gemengd Europees ras in het verschiet stelt, en aanstuurt op een internationaal ‘Herenras’ dat boven de rassenchaos heersen zal, wil de rassenleer de ontbinding van de Noordse raskern in het Duitse volk tegenwerken en door raspolitiek zoveel mogelijk terugkeren tot de raseenheid.”

En Spruytte eindigt: “Nietzsche is meer de filosoof van de grote politiek, dan de filosoof van het racisme.”

(1) Odiel Spruytte, Strijder, Denker en Mensch, door G. Vandewoude (= G. Lambrechts, een priester), “W)ek Op”, Brugge, 1942.

(2) Over deze droevige periode te Izegem verneemt de lezer meer in het artikel Odiel Spruytte, Vlaams strijder en sociaal werker in Izegem door Pieter Jan Verstraete in “Ten Mandere” nr. 1, 1983. Voor een meer gedetailleerde Ievenschets verwijzen wij de lezer graag naar Odiel Spruytte. een levenschets door Jozef Delbaere in “Dietsland-Europa” nr. 5, 1971. Priester Odiel Spruytte (1891-1940), Vlaams strijder en denker door Pieter Jan Verstraete in de “AKVS-Schrif ten” nr. 4, 1982. Odiel Spruvtte (1891-1940) door Frank Goovaerts in “Revolte” nr. 12, 1983. Roeland Raes, Odiel Spruytte, in “De Vendel jongen”, nov-dec. 1956. Odiel Spruytte, in “De Volksunie”, 7 maart 1964.

(3) A.W. Willemsen, Het Vlaams Nationalisme. De geschiedenis van de jaren 1914-1940, Ambo, Utrecht, 1969 (tweede druk), pag. 206.

(4) Othmar Spann (1878-1950), professor in de ekonomische en sociale wetenschappen aan de universiteit van Wenen, van 1919 tot 1938. Afgezet door de nazi’s en na 1945 niet in eer hersteld. Tussen 1925 en 1935 was Spann een van de meest invloedrijke auteurs en redenaars van de konservatieve revolutie. Zijn universalisme (niet te verwarren met het eveneens “universalisme” genoemde tegendeel van nominalisme) behoort tot de zgn. jongkonservatieve strekking.

dimanche, 11 novembre 2012

Marche solidaire pour le droit de l'enfant à Lyon

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J. Evola: Der Adelige Geist (1942)

Julius Evola:

Der Adelige Geist (1942)

Ex: http://www.velesova-sloboda.org/

Julius Evola (1898-1974) gilt als bedeutendster antimoderner Denker und Theoretiker der Tradition. Er stammte aus einem sizilianischen-normannischen Adelsgeschlecht und nahm als Artillerieoffizier am I. Weltkrieg teil. Während des Krieges schrieb er für die futuristische Zeitschrift Noi. Evola versuchte sich auch selbst als Künstler und begann als Futurist um 1915 mit dem Malen (eine erste Werkschau fand 1918 im Palazzo Cova in Mailand statt). Aus dem Krieg kehrte Evola 1920 nach Rom zurück und widmete sich neben der Malerei (Kunsttheoretisches Werk: Arte astratta, posizione teoretica, 1920) bis Mitte der 1920er verstärkt der Esoterik und Philosophie und schrieb zahlreiche Aufsätze. Später leitete er die Zeitschriften UR (hinter der eine okkulte Gruppierung stand) und Torre. Seit 1925 in Italien als Autor tätig, gelang es ihm 1928 mit dem Werk imperialismo pagano (Heidnischer Imperialismus, deutsch: Leipzig 1933) von 1928 erstmals außerhalb Italiens größere Aufmerksamkeit zu erregen, insbesondere weil er von den bisher gewählten esoterisch-philosophischen Themenstellungen abweichend, deutlich politischer wurde und scharfe Kritik an der Moderne übte. Die Rückkehr zu der von Evola kulturanalytisch beschriebenen Tradition mit ihren vorchristlichen Mythen und Lebensgesetzen wurde darin zur politischen Forderung erhoben. Im Jahr 1934 veröffentliche Evola sein Schlüsselwerk Rivolta contro il mondo moderno (Revolte gegen die moderne Welt), in der er seine Kulturanalyse erweiterte und eine Gesamtschau der Traditionen aller Indogermanischen Kulturen anbot (Die „Welt der Tradition“). Evola beschrieb die Moderne kulturkritisch als „Zeitalter des Wolfes aus der nordischen Welt“, die der verlorenen Welt der Tradition gegenübersteht.

„Der aristokratische Pessimismus“ (Alain de Benoist) der aus dem Schlüsselwerk spricht machte Evola nicht nur Freunde. Viele Köpfe des seit 1927 in Italien unangefochten herrschenden Faschismus kritisieren seine elitäre Haltung. Neben weiteren esoterischen Studien über den Yoga und den Buddhismus, veröffentlicht Evola 1937 die Studie Il mistero del Graal (Das Mysterium des Grals), die sich mit der Gralsidee als vorchristlichem Weistum auseinandersetzt. 1945 hielt sich Evola in Wien auf und wurde bei einem Bombenangriff schwer verletzt. Er kehrte 1948 nach Italien zurück und blieb trotz vielfacher Anfeindungen schriftstellerisch tätig. Sein Spätwerk Cavalcare la tigre (Den Tiger reiten, 1961) darf als Fortsetzung der Revolte angesehen werden, ist aber auf das ‚Überleben’ des Traditionalisten in der Moderne ausgelegt und wurde von der Rechten Italiens vielfach positiv aufgenommen, weil es eine lebbare antimoderne Haltung zum Ausdruck bringt. Evola starb am 11. Juni 1974 in Rom. Seine Asche wurde von Freunden, die seinem letzten Wunsch folgten, auf den 4634m hohen Monte Rosa in den Walliser Alpen getragen und in einer Gletscherspalte versenkt. [Eine längere Einführung bietet: Alain de Benoist: Aus rechter Sicht. Bd.2. Tübingen 1984. S.343-S.354.]

 

Julius Evola: Grundlagen eines Ordens: Der Adelige Geist (1942)

[Orden: von lat. Ordo (Stand, Verfassung, richtige Reihenfolge und Ordnung) ist ein für Evolas Denken zentraler Begriff. Er benennt damit die männerbündische Organisationsform, die zum ältesten kulturellen Erbe der Indogermanischen Welt gehört. Anzuführen sind die Kşhatriya, die in einer Kaste organisierten Krieger der Indo-arischen Kultur. Als Spätformen die weltlichen und „geistlichen“ Ritterorden des abendländischen Mittelalters wie den der Templer (gegründet 1120) und den Deutschen Orden (gegründet 1198). Im Herbst des Mittelalters der im Zuge der Türkenabwehr in Rumänien gegründete Drachenorden (1408) sowie der im Großherzogtum Burgund gegründete Orden vom Goldenen Vlies (1430), der sich bewußt auf die griechisch-heroischen Argonauten-Mythos berief. Im Mythos: Die Marut, die Jungmannengefolgschaft des Indo-arischen Kriegsgottes Indra. Die germanische Kampf- und Kultgemeinschaft der Asgardsrei oder Einherjer, gehört ebenso dieser Tradition an (Odin-Wodan als Gott der Männerbünde). Zu den Überresten in der Volkskultur vgl. Otto Höfler: Kultische Geheimbünde der Germanen. Bd. I. Frankfurt 1934.]

Da der Adelige Geist allen seinen Äußerungen vorangeht und über sie hinausragt, setzt die Frage jedes konkreten aristokratischen Gebildes die vertiefte Kenntnis vom Wesen dieses Geistes voraus. Man soll sich jedenfalls darüber klar sein, daß es sich für einen Wiederaufbau nicht um eine bloß politische, mehr oder weniger mit dem verwaltenden und gesetzgebenden Körper des Staates verbundene Klasse handelt. Es handelt sich vor allem um ein an bestimmte Schichten gebundenes Prestige und Beispiel, die eine Atmosphäre gestalten, einen höheren Lebensstil herauskristallisieren, besondere Formen des Empfindens wecken und damit tonangebend für eine neue Gemeinschaft sein sollen. Man könnte daher an eine Art Orden denken, in dem männlichen und asketischen Sinn, der diesem Ausdruck in der ghibellinischen, [Ein Schlüsselbegriff des Europäischen Mittelalters. Der Begriff Ghibellinen taucht Anfang des 13. Jht. in Reichsitalien auf. Er leitet sich von der Stammburg des salischen Kaiserhauses Waiblingen ab und wurde als Schlachtruf zu ‚ghibellino’ italienisiert. Mit diesem gaben sich die Parteigänger des staufischen Kaiserhauses zu erkennen. Hintergrund waren die Machtkämpfe um das Reich, in denen die staufische Partei sich gegen eine Reichsopposition (die Welfen, italienisiert ‚Guelfen’) und gegen ein anti-staufisches Papstum behauptete. Später wurde der Sinngehalt erweitert und löste sich von der Benennung einer Fraktion im imperialen Thronstreit, so daß mit ghibellinisch klar und deutlich die pars imperatoris (die Partei des Kaiserhauses) im Gegensatz zur Partei des Papstes bezeichnet wurde. Der Begriff wurde in der ersten Hälfte von Kaiser Friedrich II. (1194-1250) in den politischen Wortschatz in Reichsitalien aufgenommen und wurde in der Moderne von Parteigängern einer traditional verankerten imperialen Idee für sich in Anspruch genommen.] mittelalterlichen Kultur innewohnte.

Kaiser Friedrich II. Zeitgenössische Miniatur auf Pergament (1230), Domschatz von Salerno.

Kaiser Friedrich II. Zeitgenössische Miniatur
auf Pergament (1230), Domschatz von Salerno.

Noch besser könnte man aber an die alt-arischen und indo-arischen [Evola bezieht sich auf die für ihn vorbildhafte Kultur des alt-arischen bzw. Indo-arischen Indien. Um 1500 v.d.Z eroberten Indogermanische Stämme (Arier) den Subkontinent und unterwarfen seine Urbevölkerung (Drawiden). Auf erstere gehen die Sprachen Vedisch und Sanskrit zurück. Neben den kriegerischen, sind vor allem die kulturellen Leistungen der Indo-arischen Kultur wertvolle Anknüpfungspunkte, so z.B. die Verfassung der Veden, philosophisch-mythologischen Texten, die noch heute die Grundlagen des Hinduismus darstellen.] Gemeinschaften denken, wo bekanntlich die Elite in keiner Weise materiell organisiert war, wo sie ihre Autorität nicht aus der Vertretung irgendeiner greifbaren Gewalt oder einem abstrakten Prinzip herleitete, sondern durch einen unmittelbaren, von ihrer Essenz ausstrahlenden Einfluß ihren Rang bewahrte und tonangebend für die entsprechende Kultur war. Die moderne Welt kennt viele Nachahmungen des Elitismus, von denen man Abstand nehmen muß. Der Adelige Geist ist in seinem Wesen antiintellektualistisch. Er ist auch nicht mit einer unbestimmten autoritären oder diktatorischen Idee zu verwechseln. Schon der Umstand, daß man von einer "Diktatur des Proletariats" sprechen konnte, zeigt uns heute die Notwendigkeit einer näheren Bestimmung hinsichtlich Diktaturen und Autoritätsgedanken. Man hat übrigens versucht, das Phänomen des Elitismus - d.h. einer führenden Minderheit - als ein historisches Schicksal hinzustellen. Vilfredo Pareto [1848-1923; Der italienische Ökonom und Soziologe arbeitete zu den Themen ‚Ideologie-Kritik’ und ‚Elitenkreislauf’. Er gilt als einer der bedeutendsten Soziologen und lehrte ab 1891 an der Universität Lausanne. Laut Pareto ist die Geschichte ‚ein Friedhof der Aristokratien’. Revolutionäre und evolutionäre Systemwechsel beschrieb er aus soziologischer Perspektive. Er ging dabei davon aus, daß bei diesem einen Ablösung der Elite durch eine Reserveelite erfolgte, die Masse jedoch nicht zum Zuge komme.] hat diesbezüglich von einem "Kreislauf der Eliten" gesprochen, die einander ablösen, indem sie durch eine mehr oder weniger gleichartige Technik des Herrschens abwechselnd aufsteigen und sich verschiedener Ideen bedienen, die aber in diesem Zusammenhang weniger eigentliche Ideen sind als Suggestionen, bzw. zweckmäßig vorbereitete Kristallisationszentren für irrationale Suggestivkräfte. Elitismus erscheint hier also als ein rein formaler Begriff: eine gewisse Schicht ist insofern Elite, als sie die Macht ergriffen hat und es ihr gelingt, eine gewisse Suggestion auszuüben, während nach normaler Auffassung dies nur insofern der Fall sein sollte, als die Elite eine auserwählte Gruppe ist (Elite kommt von lat. eligo - wählen), der Überlegenheit, Prestige und Autorität innewohnen, die von gewissen unveränderlichen Grundsätzen, einem bestimmten Lebensstil und einer bestimmten Essenz untrennbar sind. Der wahre Adelige Geist kann daher nichts mit den Spielarten eines Herrschens auf machiavellistischer [Nicolo Machiavelli (1469-1527) kann als Begründer der Politikwissenschaft angesehen werden. Er schrieb mit Il Principe (Der Fürst) 1513 (gedruckt postum 1532) ein die politische Verhältnisse des territorial zersplitterten Italiens beschreibendes Handbuch für den Fürsten bzw. Territorialherrn. Machiavellis Fürstenhandbuch erläutert ohne Pathos nach größtmöglichem politischem Nutzen orientiertes Handeln. Ideale soll der Fürst bei der Ausübung von Macht hinten anstellen und sich ganz dem Machterwerb und Machterhalt widmen.] oder demagogischer Grundlage gemeinsam haben, wie es bei den antiken Volkstyranneien und im Tribunal des Plebs [Kurzform für die Plebejer, die Angehörigen der römischen Volksmasse] der Fall war. Er kann auch nicht nur auf einer Lehre des "Übermenschen" beruhen, wenn man in der Beziehung nur an ein wild gewachsenes Führertum denkt, d.h. an eine Macht, die nur auf die rein individuellen und naturverhafteten Gaben gewalttätiger und furchterregender Gestalten gestützt ist. In seinem Wesenskern ist hingegen der wahre Geist "olympisch" [Die ursprüngliche Bedeutung von olympisch geht auf den griechisch-antiken Mythos und seine Kosmogonie zurück. Dieser lag ein Urkampf zwischen den olympischen Göttern (Zeus, Ares, Apollon) und den Titanen als machtvollen Gegenspielern zu Grunde, der mit der Niederlage der „reinen titanischen Kraftwesen“ und der Herrschaft der Olympier, den Schöpfern, endete. Die olympischen Spiele der griechischen Antike waren deshalb als Bestandteile des Kultus den Göttern Zeus und Apollon gewidmet, denen in Olympia Altäre geweiht waren. Mit olympisch meint Evola: im Geiste des ursprünglichen, also kämpfend und siegreich für eine höhere Idee. Olympisch steht ferner für heroisch und schöpferisch. Vgl. Julius Evola: Grundrisse d.f.R. Berlin 1943. S.167 und 169.]

Rückbesinnung auf die Antike: Skulpturengruppe, Rom.

Rückbesinnung auf die Antike: Skulpturengruppe, Rom.

- wir sagten, daß er für uns aus einer schon metaphysischen Ordnung erwächst. Die Grundlage des adeligen Typs ist vor allem geistig. Der Sinngehalt des Geistigen hat aber, wie schon angedeutet, wenig mit dem modernen Begriff desselben zu tun: er verbindet sich mit einem eingeborenen Sinn der Souveränität, einer Verachtung für die profanen, gemeinen, erworbenen, aus Geschicklichkeit, Schlauheit, Gelehrsamkeit und sogar Genialität herrührenden Dinge, einer Verachtung, die sich gewissermaßen der des Asketen nähert, sich jedoch von dieser durch die restlose Abwesenheit von Pathos und Feindseligkeit unterscheidet. Man könnte das Wesen der wahren adeligen Natur in dieser Form umfassen: eine Überlegenheit dem Leben gegenüber, die zur Natur, zur Rasse [Evolas Rassenbegriff ist weniger biologisch als charakterlich begründet. Der Evola-Kenner Martin Schwarz deutete den Terminus ‚Rasse’ in Evolas Denken als „Nähe zum Ursprung“. Diese Nähe ist zu allererst seelisch und charakterlich bedingt und findet erst dann ihren Ausdruck im Körperlichen. Vgl. Martin Schwarz: Biographisch-bibliographische Vorbemerkungen, in: Julius Evola: Tradition und Herrschaft. Aufsätze von 1932-1952. Aschau  i. Ch. 2003. S.10.] geworden ist. Diese Überlegenheit, die wohl Asketisches an sich hat, schafft jedoch im adeligen Typ keine Zwiespälte: wie eine zweite Natur überragt und durchdringt sie in ruhiger Weise den niederen menschlichen Teil und setzt sich in gebieterische Würde, Kraft, Linie, in ruhige und beherrschte Haltung der Seele, der Worte und der gebärden um. So ruft sie einen Menschentyp ins Leben, dessen ruhevolle, unantastbare innere Macht im schärfsten Gegensatz zu der des titanischen, prometheischen und tellurischen [Diese Begriffe stammen aus Evolas Lehre von den Rassen als „Rassen des Geistes“. Evola trägt den „Völkervermischungen im mittelmeerischen Raum“ Rechnung und stellt insbesondere die „pelasgisch-mittelmeerischen“ und die „afrikanisch-mittelmeerischen“ Einschläge (Grundrisse, S. 31f.) ebenso wie einen „orientaloiden Einschlag“ (T.16) in Italien fest. Bezugspunkt bleibt für ihn die arisch-nordische Rasse als „aktive Rasse“ (T.12) bzw. „sonnenhafte Rasse“ (T.1), die er im republikanischen Rom als „treibende und vorherrschende Kraft“ (S. 36) wirken sieht. Ein frühes Bildnis des Buddha (T.8) zieht er als Beleg für ein übergreifendes Wirken dieser geistigen Rasse in der Indogermanischen Welt heran. Die in Der Adelige Geist genannten Begriffe, nämlich „tellurisch“ oder „titanisch“, „promethisch“ (mit Bezug auf den Titanen Prometheus) müssen vor eben skizzierten Hintergrund als rassisch-bedingte Geisteshaltungen verstanden werden. Mit „tellurisch“ (von lat. tellus: Grund und Boden, ursprüngl. von Tellus, der altrömischen Göttin der Saatfelder. Für Evola: auf den Ertrag ausgerichtet, matriarchalisch) bezieht er sich auf eine aktive geistige Haltung, die am „Selbstzweck“ (T.14) ausgerichtet ist und „keinen höheren Anhaltspunkt“ (ebda) besitzt und damit nicht als arisch-römisch angesprochen werden kann. Ebenso die Adjektive „titanisch“ und „promethisch“, die eine aktive Geisteshaltung beschreiben, die machtstrebend ist, ohne einer höheren Idee verhaftet zu sein.] Typs steht.

Diskurswerfer. Menschen und Marmorbilder.

Diskurswerfer. Menschen und Marmorbilder.

 

(Veröffentlichung in: Die neue Rundschau, 1942)

 

Nachwort:

Der von Evola eingeführte Terminus Adeliger Geist ist nicht mit dem historisch-politischen Herrschaftsanspruch und dem Lebensstil des Adels als herrschender Schicht (Aristokratie) in der europäischen Geschichte gleichzusetzen – diese sind höchstens Ausdrucksformen, die Verfall und Entartung unterworfen sind. Es geht Evola darum, die grundlegende geistige Haltung bzw. das ihm innewohnende Wesen (die ‚Essenz’), die sich trotz vieler Brüche in Überresten bis zum Verfall der Aristokratie bzw. dem beginnenden politischen Ende des aristokratischen Zeitalters (Französische Revolution von 1789) erhalten hat, von seinem Ursprung aus und als geistige Grundlage zu betrachten. Man könnte den Begriff Adeliger Geist auch allgemein als charakterlich ‚edel’ oder ‚elitär-heroisch’ bzw. ‚höheren Idealen verpflichtet’ deuten. Evola wendet sich hier besonders scharf gegen den in der Verfallszeit der Moderne propagierten Elitebegriff, der eine durch Finanzmittel und anstudierte Bildung (Funktions- bzw. Herrschaftswissen ohne Bindung an höhere Ideale) herrschende und kulturell unfruchtbare Clique bezeichnet. ‚Antimaterialistisch’ und ‚Antiintellektualistisch’ in reiner Haltung, dazu ein Leben nach dem Grundsatz ‚Das beste Wort ist die Tat’ sind die für Evola vom Adeligen Geist durchdrungene Elite kennzeichnende Tugenden.

Der Adelige Geist ist damit das geistige Fundament auf dem sich traditionale, männerbündische Organisationsformen gründen müssen. Hier schwebt Evola als historisches Beispiel der Ritterorden vor, der im europäischen Mittelalter eine zentrale Stellung einnahm. Evola analysiert bei seinen Betrachtungen Rittertum und Ritterorden mit durchdringender Schärfe: „Das Rittertum verkündet als Ideal mehr den Helden als den Heiligen, mehr den Sieger als den Märtyrer; es anerkennt als Wertmaßstab mehr Treue und Ehre als caritas [Nächstenliebe] und Liebe … in seinen Scharen duldet es den nicht, der das christliche Gebot ‚Du sollst nicht töten’ buchstäblich befolgen wollte. Als Grundsatz anerkennt es nicht Liebe zum Feind, sondern Kampf mit ihm und Großmut nur im Siege. So behauptete das Rittertum in einer nur dem Namen nach christlichen Welt eine fast ungemilderte heldisch-heidnische und arische Ethik“ [Julius Evola: Die Unterwelt des christlichen Mittelalters. Europäische Revue Juli/September 1933, in: Julius Evola: Tradition und Herrschaft. Aufsätze von 1932-1952. Aschau i. Ch. 2003. S.37.]. Ähnlich die Deutung des deutschen Philosophen Peter Sloterdeijk, der die „Unerträglichkeit des Widerspruchs zwischen dem christlichen Liebesgebot und der feudalen Kriegerethik“ feststellt und weiter ausführt: „Im Heiligen Krieg wurde aus dem unlebbaren Gegeneinander einer Liebesreligion und einer Heldenethik ein lebbarer Aufruf: Gott will es“ [Peter Sloterdeijk: Kritik der zynischen Vernunft. Frankfurt a. M. 1983. S.436f.]

Wie gelesen: Ein Bezugspunkt im evolianischen Denken ist die Indo-arische Kultur Indiens, die durch ihre sakralen Texte spricht. Der heute oft mißverstandene Begriff Arier muß jedoch in seiner ursprünglichen Bedeutung verstanden und scharf von dem politisierten späteren Sinngehalt getrennt werden. Zunächst als Aryá (als Adjektiv „arisch“) stellte er einen Volksnamen dar. So bezeichneten die Dichter der Götterpreislieder der Rig-Veda (sanskr. „Wissen von den Versen“, 1200 v.d.Z.) ihre Götter und sich selbst. Trotzdem besteht ein übergeordneter Deutungsgehalt, denn „arisch“ bedeutet in der Rig-Veda zudem „rechtmäßig, in Ehren stehend, edel“ und das Substantiv „Arier“ demnach „Edler, Gebieter“. In erster Linie Kultur- und auch Sprachbegriff, darf aber nicht übersehen werden, daß schon damals der Begriff auch zur Abgrenzung von der unterworfenen Urbevölkerung verwendet wurde. Später wurde der Begriff in den politischen Bereich überführt und verengte sich zusehends politisch und kulturell („nordeuropäisch“ oder „nordisch“), wobei es zur einer Verballhornung und Beliebigkeit der Anwendung bzw. Mißbrauch im Dritten Reich kam [Vgl. Ingo Leither: Der Hinduismus als Ausdruck arischen Geistes, in: Hagal. Studien zu Tradition, Metaphysik und Kultur 2 (2005). S.30f.]

Die Anschauungen Machiavellis sind für Evola Ausdruck einer titanischen Idee: Machtgewinn und Machterhalt durch eine „Technik der Macht“ und nicht an eine höhere Idee gebunden. Man spricht heute allgemein auch von „machiavellistischer“ Politik, wenn diese skrupellos und ohne Ideale bzw. Werte ist. Dabei kommt etwas zu kurz, daß Machiavelli, der selbst nicht adelig und ein zeitlebens ein Dienstmann war, eine klare und durchdringende Studie gelungen ist, die sich auch dem Kriegswesen widmet. Was Evola an dessen Werk kritisiert, sind die profanen Nützlichkeitserwägungen, denen laut Machiavelli Herrschaft folgen soll. Diesen steht eben jener Adelige Geist als geistige Grundhaltung unversöhnlich gegenüber. Wohl gemerkt: es geht hier um zwei geistige Prinzipien, die herrschendes Handeln bestimmen sollten. Betrachtet man aus historischem Blickwinkel gerade die Epoche in der Machiavelli lebte (Renaissance) so findet sich in dieser neben dem Wirken des machiavellistischen Prinzips auch das des Adeligen Geistes. Als historisches Beispiel möchte ich Kaiser Maximilian I. (1459-1519) anführen, der seine Herrschaft und Herrschaftsausübung ganz deutlich an der imperialen Idee eines göttlich legitimierten Kaisertums ausrichtete und deshalb sich – entgegen vieler politischen Erwägungen – nicht von dieser Idee lossagte, obwohl diese der Hausmachtpolitik des Habsburgers oftmals im Wege stand. Die Idee des Kaisers als semper augustus (ewiger Mehrer des Reichs) war für Maximilian sicherlich eine ganz bedeutende Motivation und hierin ist das Wirken des von Evola skizzierten Adelige Geistes zu beobachten. Auf dieses Wirken deutet auch die Tatsache hin, daß Maximilian, der in die burgundische Dynastie einheiratete und danach tief von der kulturell ungeheuer fruchtbaren burgundischen Feudalkultur beeinflußt wurde, ein begeisterter Mäzen und Teilnehmer spätmittelalterlicher Ritterturniere war und bereits früh als „letzter Ritter“ angesprochen wurde. Auch der Ordensgedanke wurde von Maximilian aufgegriffen und transformiert. Selbst Ritter des burgundischen Ordens vom Goldenen Vlies [vgl. Anmerkung zu „Orden“] schwebte Maximilian, der früh die Bedeutung der Landsknechte und ihrer Kampfformationen in der spätmittelalterlichen Schlacht erkannte, ein „Landsknechtsorden“ vor. Dieser sollte die Landsknechte aus dem Söldnerdasein lösen und sie durch eine ideelle Grundhaltung und Ordensverfassung unter Maximilians Führung an die Reichsidee binden [Vgl. Günther Franz: Vom Ursprung und Brauchtum der Landsknechte, in: MIÖG 41 (1953). S.79-98]. Auf der anderen Seite war Maximilian aber auch ein skrupelloser Machtpolitiker, der bereit war, erreichtes hohen Risiken auszusetzen und gerne Bündnisse wechselte, wenn dieses politisch opportun wurde. In diesem Sinne muß auch die Heiratspolitik des Habsburgerkaisers gedeutet werden, die Macht und Reichtum des Hauses Habsburg vergrößerte, sich aber zuletzt für das Reich teilweise negativ auswirkte (machiavellistische Haltung).

© Edition des Textes, Nachwort, Kurzbiographie von Siegling (Juli/Heuert 2006)

 

Filippo Sgarlata: Pflug vom Schwert beschützt (XXI. Biennale der Modernen Kunst, Venedig 1938).

Filippo Sgarlata: Pflug vom Schwert beschützt.
(XXI. Biennale der Modernen Kunst, Venedig 1938)

Le mariage et les enfants, des biens de consommation ?

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Le mariage et les enfants, des biens de consommation ?

par Dominique VENNER

À l’origine, tout le monde pensait que le projet de loi sur le mariage des homosexuels était l’un des attrape-nigauds (en termes crus, attrape-couillons) par lesquels les politiciens amusent la galerie, faute de pouvoir agir sur les vrais dossiers. Et puis, très vite, on a compris que derrière l’attrape-nigauds s’était glissé l’un de ces projets très réels par lesquels les fanatiques de la déconstruction veulent détruire un peu plus les fondements qui continuent de structurer les sociétés européennes aussi malades soient-elles.
La question posée ne concerne nullement la tolérance ou le respect à l’égard de particularités sentimentales ou sexuelles minoritaires. L’homosexualité n’est pas une nouveauté historique. Il serait facile de dénombrer d’illustres personnages, rois, reines ou grands seigneurs des temps anciens qui préféraient la fréquentation intime du même sexe, et dont les chroniques anciennes se sont parfois moquées.
La vie privée est l’affaire de chacun et, tant que les préférences particulières ne dégénèrent pas en manifestations provocantes et en prosélytisme outrancier, il n’y a rien à objecter. Le respect du secret de la « privacy », comme disent les Anglais, s’impose. En France, par la création du « pacte civil de solidarité et de concubinage » (pacs), la loi a créé un cadre légal permettant à deux personnes du même sexe (ou de sexe différent) de vivre ensemble avec une série d’avantages sociaux ou fiscaux. Il s’agit d’une consécration sociale du désir d’amour ou d’affection.
Le mariage est autre chose. Il ne se rapporte pas à l’amour, même quand il en est la conséquence. Le mariage est l’union entre un homme et une femme en vue de la procréation. Si l’on enlève la différence de sexe et la procréation, il ne reste rien, sauf l’amour qui peut s’évaporer.
À la différence du pacs, le mariage est une institution et pas un simple contrat. L’institution du mariage est définie par un ensemble de droits et de devoirs réciproques non seulement entre les époux, mais envers les enfants à naître. La cité (autrement dit la loi et ses représentants) intervient pour célébrer solennellement le mariage (devant le maire), estimant qu’elle en a besoin dans l’intérêt général. Jusqu’à maintenant, aucune société n’a jamais pensé avoir besoin de couples homosexuels pour se perpétuer.
Insistons sur ce point, le mariage n’est pas une célébration de l’amour. Le mariage est une institution fondée sur la filiation et la parenté, même si les circonstances, parfois, ne permettent pas la venue d’enfants. La présomption de paternité est son nœud fondateur. Nos contemporains, comme voici 3000 ans les héros de l’Iliade (Achille, fils de Pélée, Ulysse fils de Laerte, etc.) continuent de se penser comme fils ou filles de ceux dont ils sont nés. Et peu importe la bonne ou la mauvaise entente entre les générations. La rupture de filiation est toujours un drame. Pour les enfants nés hors mariage, les recherches en paternité ne se rapportent pas qu’à d’éventuels héritages, mais à un besoin impérieux de savoir d’où l’on vient, de qui l’on est l’enfant.
Il faut aussi parler de l’adoption qui est toujours un risque et une souffrance. Certains couples homosexuels exigent de pouvoir adopter un enfant, un peu comme on achète un chien, un chat ou un instrument sexuel. Pour le moment, la loi nie l’analogie entre l’adoption par un couple homosexuel et par un couple formé d’un homme et d’une femme unis par le mariage. Elle estime à bon droit qu’un enfant, pour son équilibre ultérieur, a besoin d’un père et d’une mère. C’est donc l’intérêt de l’enfant qui est pris en compte et non les lubies ou les désirs de jouissance de certains adultes.
En clair, il serait destructeur de changer la définition de la filiation et de la famille pour répondre aux attentes égoïstes de couples homosexuels très minoritaires. Ceux-là ont droit au respect de leurs différences, pour autant qu’ils ne détruisent pas une institution qui a été conçue dans l’intérêt des enfants. Si l’on admet le « mariage pour tous », pourquoi ne pas l’étendre à sa guenon ou à son chien préféré, à son frère ou à sa sœur, à son père ou à sa mère ? Pourquoi ne pas prévoir le mariage d’une femme avec deux ou trois hommes ? Toutes ces extravagances, on peut s’y adonner plus ou moins discrètement hors mariage. La seule question, finalement, consiste à se souvenir que le mariage n’est pas un bien de consommation ouvert à toutes les fantaisies.
Il est vrai qu’intervient en force la mode du gender, la « théorie des genres » (gender studies) venue des Etats-Unis et enseignée désormais dans les programme scolaires du second degré. Cette mode prétend que l’identité sexuelle est le résultat d’une construction sociale. Simone de Beauvoir écrivait déjà dans Le Deuxième Sexe, « on ne nait pas femme, on le devient ». Elle s’inspirait de la théorie de Sartre selon qui l’identité se réduit au regard que les autres portent sur nous. C’était idiot, mais nouveau, donc intéressant et « vendeur ». Les théoriciens des gender studies sont des féministes extrémistes et des homosexuels qui entendent justifier leurs particularités en niant qu’il y ait des femmes et des hommes – et sans doute aussi qu’il y ait des biches et des cerfs, des brebis et des béliers… (1) Comme cette fraction de la population dispose d’un haut pouvoir d’achat, son influence sur les décideurs de la « pub » est considérable. D’autant que leurs lubies relayées par les médias favorisent les nouveautés et les modes dont se nourrit le système marchand (2). Il est évident que pour ces toqués dorés sur tranche, le modèle familial fondé sur l’hétérogénéité des sexes et sur les enfants, n’est aussi qu’un « conditionnement social » qu’il faut éliminer. Ce sera plus difficile qu’ils ne l’imaginent.
 

Dominique Venner

 Notes

  1.  J’ai publié dans La Nouvelle Revues d’Histoire n° 30 (dossier Les femmes et le pouvoir), p. 40, un florilège des élucubrations de Mme Françoise Héritier, professeur honoraire au Collège de France, pour qui les différences physiques entre les hommes et les femmes, viendraient de la domination exercée par les mâles sur les femelles durant les millénaires du Paléolithique, les messieurs se réservant la nourriture carnée, alors qu’il imposaient aux dames d’être végétariennes… comme Hitler. Lumineux, non ?
  2. Réflexion sur le système marchand développée dans mon livre Le Choc de l’Histoire (Via Romana, 2011).