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dimanche, 06 janvier 2013

Petite histoire surréaliste en marge du legs Hamoir-Scutenaire

 

Petite histoire surréaliste en marge du legs Hamoir-Scutenaire

par Marc. Eemans 
René Magritte - Portret van Irène Hamoir, 1936.

René Magritte - Portret van Irène Hamoir, 1936.

Etrange confusion d'intention que celle de ces surréalistes bruxellois des années '20 qui entendaient faire de l'anti-peinture alors que René Magritte et Marc. Eemans étaient peintres et que Paul Nougé, Camille Goemans, Marcel Lecomte et Jean (avant de devenir Louis) Scutenaire voulaient faire de l'anti-liltérature toul en ne cessant de pratiquer de la lillérature ... De méme André Souris, Paul Hooreman et Edouard L.T. Mesens s'appliquaient à faire de l'anti-musique tout en composant de la musique…

De tous ces jeunes gens, seul E.L.T. Mesens fut à ce moment le seul à être conséquent avec lui-même en renonçant à la musique, mais pour faire, lui aussi, de la littérature et des collages tout en devenant marchand de tableaux comme son ami et concurrent Camille Goemans.

Tous, ou à peu près tous, entendaient être sérieux comme des papes tout en étant évidemment anti-papistes. Rappelons à ce propos que Paul Nougé est l'auteur d'un livre intitulé "Histoire de ne pas rire" et qu'un beau jour le groupe excommunia André Souris pour avoir dirigé une messe à la mémoire de son défunt mécène. Faut-il dire que ces messieurs maniaient volontiers, tout comme leurs amis français, l'anathème contre tous ceux qui contrevenaient à leur dogme de l'anti-art ?

Mais tout cela ne relève-t-il pas d'une certaine présomption ainsi que d'une bien grande naïveté de penser bien que la plus grande rigueur et probité intellectuelles aient toujours été l'exigence primordiale du groupe surréaliste bruxellois dont l'aîné, Paul Nougé, a toujours été considéré comme le principal maître à penser ?

Certes, tous ces surréalistes n'étaient pas aussi férus de cartésianisme et tous ne se voyaient pas comme des émules du Monsieur Teste de Paul Valéry ou de la rigueur intellectuelle de Jean Paulhan, l'éminence grise de la N.R.F., car pour d'aucuns il y avait des antécédents soit symbolistes, dadaïstes ou futuristes, voire cubistes et abstraits ("plastique pure").

Mals tous étaient par ailleurs hantés de politique gauchiste allant du léninisme stalinien au trotskisme et plus tard même au maoïsme. Ils croyaient ou voulaient mellre leur anti-art au service de la révolution prolétarienne en vouant avec un certain aveuglement leur ferveur révolutionnaire au mythe bolchevik. La plupart demeurèrent jusqu'au bout fidèles à leur utopie gauchiste en dépit des révélations, dès les années '30, sur les horreurs du Goulag. E.L.T. Mesens, peut-être plus lucide que ses amis, lui au contraire, proclamait volontiers que les surréalistes en fait de révolution n'étaient que des "anarchistes sentimentaux" et il ajoutait pour sa part qu'il était "sans dieu ni maître"...

E.L.T. Mesens partageait par ailleurs, avec ses amis Irène Hamoir, Jean Scutenaire et Marc. Eemans, le privilège d'être tes benjamins de ces would-be révolutionnaires surréalistes. ce qui leur permellait certaines incartades plus ou moins pittoresques comme des visites au cirque ou à la foire du midi où les attiraient surtout les baraques de tir et le musée Spitzner.

Marc. Eemans était le plus jeune du groupe et il est actuellement le seul encore en vie de cette assez hétéroclite "Société du Mystère", comme l'appela un jour Patrick Waldberg. Marc. Eemans était plus particulièrement lié avec Camille Goemans (il avait été en classe avec le frère cadet de celui-ci) et E.L.T. Mesens, dont il avait fait la connaissance vers 1924 au fameux "Cabinet Maldoror'' de Geert van Bruaene. Il avait rejoint le groupe lors de la mémorable "bataille du Casino de St. Josse". Il y avait amené dans son sillage Irène Hamoir, une jeune militante socialiste dont il avait fait la connaissance aux cours du soir de ce qui était à l'époque l'embryon d'un Institut pour Journalistes. La jeune femme était totalement ignorante de touchait à l'avantgarde artistique et liltéraire et plus spécialement du surréalisme. Son nouvel ami eut tôt fait de l'initier et de la convertir au communisme ainsi qu'aux critères du surréalisme au point d'en faire une des trois égéries, avec Georgette Magritte et Marthe Beauvoisin, du surréalisme bruxellois.

Quant à Jean Sculenaire, le dernier venu, il devint un intime de la "Société du Mystère" à la suite de l'envoi de quelques poèmes à Paul Nougé qui les trouva à ce point proches des préoccupations poétiques du groupe qu'il crut à une mystification de son ami Goemans. Le patronyme de l'auteur de l'envoi n'avait-il d'ailleurs pas un parfum de canular avec ce Sculenaire trop visiblement dérivé du flamand Schutteneer (skutteneer = tirailleur) ? Fait était que ces poèmes étaient bel et bien l'oeuvre d'un étudiant en droit de l'Université Libre de Bruxelles. Après plus ample informé, ce jeune inconnu devint bien vite un membre à part entière du groupe avec des affinités plus particulières avec les autres jeunes recrues de celui-ci. Il naquit ainsi une amicale complicité avec Irène Hamoir et Marc. Eemans, jouant à eux trois à la "Bande Bonnot", elle devenant l'anarchiste Rirelle Maitrejean, lui Raimond-la-Science el Eemans Kibaltchiche, le futur Victor Serge, le secrétaire particulier de Léon Trotski. Il faut dire que Scutenaire était obsédé par tout ce qui était marginal depuis le banditisme et la prostitution (songeons au roman "Boulevard Jacqmain" d'Irène Hamoir) jusqu'aux fantassins du "Batt' d'Aff" disciplinaire de l'armée française.

Les Raimond-la-Science et Kibaltchiche bruxellois, faut-il le dire, étaient tous deux amoureux de leur Rirelle Mailrejean, mais au lieu d'épouser la ''Veuve", comme Je fit le Raimond-la-Science parisien, son admirateur bruxellois épousa la Rirette... Après être devenu entre-temps un docte docteur en droit et un vrai fonctionnaire modèle.

Témoins de cet épisode du surréalisme bruxellois sont une "Lettre à Irène sur l'automatisme" d'Eemans, de quoi démentir l'affirmation bien gratuite de Scutenaire selon laquelle les surréalistes bruxellois n'avaient cure de l'"écriture automatique" chère à Breton ; un poème-préface de Sculenaire pour la première exposition personnelle d'Eemans à la galerie "L'epoque" de leur ami Mesens ; une lettre éplorée d'Eemans à Nougé ; une photo de couverture d'un magazine bruxellois d'une Rirelie en maillot de bain, mais le visage caché par une pancarte portant la mention "Miss Week-end". Ajoutons-y une petite dizaine d'oeuvres d'Eemans dans la riche collection de peintures surréalistes du couple Hamoir-Scutenaire ainsi que des photos des anciens complices de la "Bande Bonnot" bruxelloise, prises lors de la présentation de "La Chanson de Roland", de Louis Sculenaire, au 18 de la rue du Président à Bruxelles.

Nous sommes en 1930, Camille Goemans et René Magiitte sont rentrés à Bruxelles, tous les deux pauvres comme Job après l'échec de la galerie Goëmans (sic) de la rue de Seine, à Paris. C'est le moment pour Goemans et Eemans de "prendre congé" de leurs amis et du surréalisme sectaire et fermé à la Nougé, trop souvent en bulle aux pièges du dérisoire el du farfelu, et d'ouvrir l'épisode d'un surréalisme ouvert, occulté (selon le précepte du "second manifeste du surréalisme"), non-dit et apolitique de la revue "Hermès", mais l'histoire de ce surréalisme reste encore à écrire...

Le mariage de Rirette avec son Raimond-la-Science, n'interrompit pas pour autant la profonde affection qui liait Irène Hamoir à son ami "Marco"l Cette amitié dura jusqu'au décès de celle-ci avec pour corollaire qu'elle suivit les conseils de son vieil ami ainsi que d'un autre fidèle des Sculenaire du nom de Luc Canon (fidèle au point d'habiter un Cour Louis Scutenaire, situé à peine à quelques lieues du. village natal de celui-ci) . Irène Hamoir soustraya ainsi son trésor d'Aiibaba de la caverne surréaliste de la rue de la Luzerne aux grilles de tous ceux qui le convoitaient et vous connaissez la suite…

Marc. Eemans

Réf. : Rirette Maîtrejean – “Souvenirs d'anarchie”. Quimperlé, 1988, Editions “La Digitale”.

Uit: Eemans, M. (1995), Une approche des surréalismes de Belgique. Bruxelles: Fondation Marc. Eemans : archives de l'art idéaliste et symboliste.

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samedi, 05 janvier 2013

Méridien Zéro a reçu Jacques Bardèche (fils de Maurice Bardèche) et Patrick Canet

Méridien Zéro a reçu Jacques Bardèche (fils de Maurice Bardèche) et Patrick Canet pour évoquer avec eux l'oeuvre et la vie de Maurice Bardèche.

Animateurs : Gérard Vaudan et Eugène Krampon.

Lord Igor à la technique.

bardeche, collaboration, brasillach, biographie, histoire, philosophie, littérature

Pour écouter:

http://www.meridien-zero.com/archive/2012/12/21/emission-n-123-un-homme-un-destin-maurice-bardeche.html

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War of the Worlds

War of the Worlds

 

Jure Vujić's new book War of the Worlds – Euroasianism versus Atlantism ( Zagreb, Croatia )

On Thursday, December 20, 2012, the promotion of Jure Vujić's book War of the Worlds – Euroasianism versus Atlantism (with a foreword by Dr. Robert Steuckers) took place at the Cultural Information Centre in Zagreb. With the author the event was also attended by historian Toni Abramović and H.E. DSc Robert Markaryan, the Ambassador of the Russian Federation. The moderator was Petar Bujas.

To date, Jure Vujić has published the books Fragmenti geopolitičke misli (2004) and Intelektualni terorizam (2007) in Croatian and the book “ LA MODERNITÉ À L'ÉPREUVE DE L'IMAGE L'obsession visuelle de l'occident in French. This is the fourth book of the prominent Croatian political scientist and geopolitical expert.
In 1919, Sir Halford John Mackinder published the book on Democratic Ideals and Reality: A Study in the Politics of Reconstruction presenting the thesis statement about the heartland: the power that managed to control Eastern Europe would also dominate Euroasia, and whoever dominated Euroasia should rule the world.
The book 'War of the Worlds – Euroasianism versus Atlantism' is a true and the first synthesis in the Croatian language that elaborates on the idea of Euroasia or the heartland as the key geostrategic area in which opposed geopolitical and economic interests come to play. The author approached the subject as a topical metapolitical, philosophical and cultural conceptual matrix that represents a real alternative to Atlantism. The rivalry relation between Atlantism and Euroasianism is symbolically represented by the illustration of Behemoth, the mythical monster of the land, and sea monster Leviathan.


The Ambassador of the Russian Federation to the Republic of Croatia, His Excellency Robert Markaryan, conveyed to the audience the thought of Vladimir Putin that 'whoever has no feeling for the disintegration of the Soviet Union has no heart, and whoever believes it will come together again has no brain.' He also mentioned that Vujić's book was pioneer work in this area and a great scientific contribution to the development of Russian-Croatian relations.


Historian Toni Abramović noted that Europe and Russia are parts of one and the same body, the so-called Big Island or Euroasia. Croatia shares more than just its Slavic roots with Russia. Juraj Križanić (17th c.) played an important role in the creation of the  'Memorandum of Peter the Great'. Croatia is geographically and politically situated at the divide between two global interests, and its future should be perceived as identical to the future of Eurasia.

Terre et Peuple Magazine n°54 Hiver 2012

Terre et Peuple Magazine n°54

Hiver 2012

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Les yeux grands ouverts sur la modernité

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Les yeux grands ouverts sur la modernité.

Notes sur le livre « Écrire contre la modernité »

par Pierre LE VIGAN

La modernité nécessite d’abord d‘être définie. Moderne vient du latin modo : maintenant. L’étymologie relève aussi au grec modos : aujourd’hui. C’est une définition qui renvoie à un moment, à une actualité, plus qu’à un contenu. C’est pourquoi il y a nombre d’équivoques sur la modernité, et donc sur ce que serait ou pourrait être la postmodernité, l’hypermodernité, la néo-modernité, etc. Christian Ruby, notamment, a étudié ces notions et particulièrement les impasses de la néo-modernité (Le champ de bataille postmoderne – néo-moderne, L’Harmattan, 1990).

Pour résumer le point de vue qui est le nôtre, on ne peut asseoir la définition de la modernité sur la seule croyance en la raison. Il faut défendre l’outil de la raison, à la différence par exemple des fascistes adeptes de la pulsion vitale, ou à la différence des ultra-religieux pour qui tout repose sur la foi, dans les actuelles religions sans culture.

Nous définissons donc la modernité non pas comme la croyance en la raison mais comme la croyance au progrès général et sans limite de l’humanité. La modernité est ainsi avant tout, du point de vue philosophique et anthropologique, un mode d’homogénéisation du monde. C’est un mode de suppression de la pluralité et un mode de négation des conflits. L’un et l’autre de ces aspects sont bien sûr liés : pourquoi y aurait-il conflit entre des hommes ou des peuples au fond identiques ? Tel est le postulat de la modernité. Bien entendu, la modernité concrète est belligène. C’est un faux paradoxe car il ne suffit pas de nier les conflits pour les supprimer, bien au contraire.

La modernité est ainsi fondamentalement anti-dialectique, elle veut la fin de l’histoire. Par la paix universelle, par le règne de l’empire du Bien, par le grand marché mondial : les moyens changent mais la logique de la modernité reste identique.

Face à cela qui sont les anti-modernes ? Antoine Compagnon dresse la généalogie d’anti-modernes qui iraient de Joseph de Maistre à Roland Barthes (Les Anti-modernes, Gallimard, 2005). Il y a du vrai dans cette thèse car elle réunit des hommes refusant une certaine naïveté historique à la Victor Hugo. Mais la thèse de Compagnon a ses limites. Cette vision de l’anti-modernité la ramène plus à un style qu’à une analyse. L’anti-moderne est, selon Antoine Compagnon, « le réactionnaire, le vitupérant, l’arrière-garde de l’avant-garde, le contre-révolutionnaire ». Mais l’anti-moderne, s’il n’est que cela, n’est pas grand-chose.

Porte-t-il une autre vision du monde ? On peut le penser pour beaucoup d’entre eux. Alors, au-delà du style, au-delà du « tempérament », il faut convenir qu’il y a une pensée. Nombre d’anti-modernes sont donc beaucoup plus, et mieux, que de simples « anti ». Exemples : Léon Bloy ou Nicolas Berdiaev sont porteurs d’une vision du monde pleine d’inquiétude, en rupture avec l’optimisme des Lumières. L’anti-modernité, avec eux et bien d’autres, n’est pas seulement « le creux du moderne » comme dit Paul-François Paoli. L’anti-modernité est une lucidité sur la modernité et une autre vision de l’homme. Avec beaucoup d’anti-modernes nous ne sommes pas seulement en compagnie de « modernes non dupes de la modernité » – ce qui ne serait  déjà pas si mal. Mais c’est bien plus que cela. Barrès, Bernanos, Péguy, pour ne citer qu’eux, ne sont pas seulement un écho ricanant de la modernité, sachant que tout ricanement est au fond déjà moderne. Ils relèvent plutôt, chacun dans leur registre, de la contre-modernité, c’est-à-dire d’une compréhension critique, interne de la modernité, qui en refuse l’optimisme, qui ne croit ni n’aspire en la fin de l’histoire, qui recherche les grands équilibres humains et refuse les monothéismes idéologiques. Le concept de contre-modernité indique la notion de proximité d’avec la modernité. Il s’agit non pas de revenir avant la modernité, il s’agit de faire un pas de côté. De là le concept d’objecteur de la modernité, construit sur le même mode que celui que celui d’objecteur de croissance. De même que l’objecteur de croissance n’est pas nécessairement un décroissant, remplaçant un dogmatisme par un autre, inversant simplement le culte de la croissance plutôt que se libérant de ce culte, l’objecteur de modernité n’est pas exactement un anti-moderne. Il faut manifester une objection sélective à la modernité. Il faut même retrouver ce qu’il y avait de plus positif à la naissance de la modernité : la notion d’ouverture du destin humain, hors des téléologies.

Le principe fondamental de l’objection de modernité est de refuser la néophilie. Le nouveau n’est pas toujours mieux que l’ancien. Il faut aussi refuser l’idée qu’il y a un sens linéaire de l’histoire. Car alors on pense inévitablement que demain sera toujours mieux qu’aujourd’hui. C’est l’impasse du progressisme que dénonce Jean-Claude Michéa et qu’il attribue à juste titre à la fois à la pensée libérale et à la gauche actuelle, qui ne fait que radicaliser la pensée libérale.

L’objection de modernité, c’est aussi penser que l’on ne peut pas tout faire avec l’homme, selon la juste expression de Chantal Delsol. On ne doit pas « tout essayer ». On ne doit pas tout faire dans le domaine expérimental tout comme dans le domaine symbolique. Le refus du transhumanisme ou du post-humanisme ne concerne pas seulement les chrétiens mais aussi tous ceux qui sont attachés au sens gréco-romain de la mesure et du tragique du destin humain. L’homme est un « être jeté » dit Martin Heidegger. Jeté dans le monde. Cela ne veut pas dire qu’il doit se jeter ou être jeté dans le monde n’importe comment. D’où la nécessité d’écouter les contre-modernes. C’est Richard Millet analysant la fatigue du sens. C’est le meilleur des mondes d’Aldous Huxley et le thème du clonage comme réaction à la perte de l’identité par l’immigration de masse, thème très présent chez Michel Houellebecq.

Le processus de la modernité a renversé tous les concepts. L’extension de la démocratie à l’humanité a tué toute vraie démocratie, forcément localisée, territorialisée. La volonté d’étendre le modèle occidental de civilisation à toute l’humanité a amené à ce que Renaud Camus a appelé une « décivilisation ». L’inversion des concepts a atteint tous les domaines. L’ironie généralisée et superficielle a tué à la fois la gravité de l’homme face au monde et la grande ironie critique, à la Voltaire ou à la Philippe Muray.

Comment en sommes-nous arrivé là ? Y a-t-il des penseurs qui ont toujours pris leur distance avec la néophilie, avec le culte du progrès, avec l’obsession d’un monde homogène ? Des réponses dans Écrire contre la modernité.

Pierre Le Vigan

• Pierre Le Vigan, Écrire contre la modernité, précédé d’Une étude sur la philosophie des Lumières, 160 p., 15 € + frais de port de 3,50 €, édité par La Barque d’or, à commander à labarquedor@hotmail.fr


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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Nivellement par le bas?

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Nivellement par le bas?

« Les actuelles diverses approches de la gestion des groupes humains ont toutes en commun de produire des effets de nivellement par le bas. A chaque fois, il s’agit de contourner le lobe frontal du cerveau, le néocortex, siège du langage et des fonctions dialectiques, pour prendre directement le contrôle des fonctions pré-linguistiques: les réflexes primitifs du cerveau reptilien, et les émotions dans le système limbique. Il s’agit de rendre impossible la sublimation, c’est à dire de désirer des mots plutôt que des objets, et de maintenir toute la vie entre deux états mentaux simplifiés pré-langagiers, dérivés de deux émotions primitives que sont la peur et l’excitation érogène. Cette atrophie du champ psychique génère évidemment toute une gamme d’états dépressifs et de pathologies mentales diverses, que l’on peut rassembler sous les termes de désymbolisation, de perte de Sens et de structure mentale. Mais pour parvenir à ses fins, à savoir la construction d’un système social totalement sûr et prévisible, l’ingénierie politique des pays développés n’a pas eu d’autre choix que de considérer l’humain comme moins qu’un animal: comme un simple objet plastique et à disposition pour le recomposer à loisir. »
 
Comité invisible, « Ingénierie sociale et mondialisation »
 
http://zentropaville.tumblr.com/post/38220204689/les-actuelles-diverses-approches-de-la-gestion

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mardi, 25 décembre 2012

Les guerres auto-génératrices des États-Unis

Analyse géopolitique : Les guerres auto-génératrices des États-Unis

 
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Les guerres auto-génératrices des États-Unis

Aujourd’hui, le défi politique le plus pressant au monde est celui d’empêcher que la soi-disant “Pax Americana” ne dégénère progressivement vers un conflit mondial majeur, comme ce fut le cas au dix-neuvième siècle durant la soi-disant “Pax Britannica”. J’emploie le terme “soi-disant” car chacune de ces “pax”, dans ses derniers stades, est devenue de moins en moins pacifique et ordonnée, mais de plus en plus centrée sur l’imposition d’une puissance compétitrice, belliciste et inégalitaire par essence.

Il pourrait sembler prétentieux de considérer la prévention de cette guerre comme un but atteignable. Néanmoins, les mesures pour y parvenir sont loin d’être irréalisables ici même, aux États-Unis. Pour cela, nous n’avons pas besoin d’une nouvelle politique radicale et inédite, mais d’une réévaluation réaliste et indispensable de deux politiques récemment mises en œuvre – qui ont été discréditées et qui se sont avérées contre-productives –. Il faudrait alors nous en désengager progressivement.

Je fais avant tout référence à la soi-disant “guerre contre la terreur” menée par les États-Unis. Dans ce pays, les politiques intérieure et étrangère sont de plus en plus altérées par une guerre contre le terrorisme qui est contre-productive, augmentant en fait le nombre d’auteurs et de victimes d’attaques terroristes. Elle est aussi profondément malhonnête, sachant que les politiques de Washington contribuent en réalité à financer et à armer les jihadistes qui sont normalement censés être des ennemis.

Par-dessus tout, la “guerre contre la terreur” est auto-génératrice puisqu’elle produit plus de terroristes qu’elle n’en élimine, comme de nombreux experts s’en sont alarmés. Et elle est devenue inextricablement liée à la “guerre contre la drogue”, la précédente campagne auto-génératrice et désespérément ingagnable des États-Unis.

En effet, ces deux guerres auto-génératrices n’en font aujourd’hui qu’une seule. En lançant la “guerre contre la drogue”, les États-Unis ont favorisé un para-État organisant la terreur en Colombie (appelé l’AUC, pour Autodéfenses Unies de Colombie), ainsi qu’un règne de l’horreur encore plus sanglant au Mexique (avec 50 000 personnes tuées ces six dernières années). (1) En déclenchant en 2001 une “guerre contre le terrorisme” en Afghanistan, les États-Unis ont contribué à doubler la production d’opium dans ce pays, qui est ainsi devenu la source de 90% de l’héroïne mondiale et de la plus grande part globale du hachich. (2)

Il faudrait que les citoyens des États-Unis prennent conscience de ce schéma général voulant que la production de drogue augmente systématiquement là où leur pays intervient militairement – en Asie du Sud-Est dans les années 1950 et 1960, en Colombie et en Afghanistan ensuite. (La culture de l’opium a aussi augmenté en Irak après l’invasion de ce pays par l’U.S. Army en 2003.) (3) Et le contraire est également avéré : la production de drogue décline là où les États-Unis stoppent leurs interventions militaires, notamment en Asie du Sud-Est depuis les années 1970. (4)

Les deux guerres auto-génératrices des États-Unis sont lucratives pour les intérêts privés qui font du lobbying afin qu’elles se poursuivent. (5) Dans le même temps, elles contribuent toutes deux à amplifier l’insécurité et l’instabilité en Amérique et dans le monde.

Ainsi, à travers une dialectique paradoxale, le Nouvel Ordre Mondial des États-Unis dégénère progressivement vers un Nouveau Désordre Mondial. Par ailleurs, bien que semblant invincible, l’État de sécurité nationale, assailli par des problèmes de pauvreté, de disparité de revenus et de drogue, devient progressivement un État d’insécurité nationale paralysé par des blocages institutionnels.

En utilisant l’analogie des erreurs britanniques de la fin du dix-neuvième siècle, l’objectif de ce travail est de promouvoir un retour progressif à un ordre international plus stable et plus juste par une série de mesures concrètes, dont certaines seraient mises en œuvre par étapes. En utilisant comme exemple le déclin de la Grande-Bretagne, j’espère démontrer que la solution ne peut venir du système actuel centré sur les partis politiques, mais de personnes qui lui sont extérieures.

Les folies de la Pax Britannica

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Les ultimes erreurs des leaders impériaux britanniques sont particulièrement instructives pour comprendre notre situation difficile aujourd’hui. Dans les deux cas, un excès de puissance par rapport aux véritables besoins défensifs a conduit à des expansions d’influence de plus en plus injustes et contre-productives. Mon analyse dans les paragraphes suivants est univoquement négative. En effet, elle ignore les accomplissements positifs du système impérial dans les domaines de la santé et de l’éducation à l’étranger. Cependant, la consolidation de la puissance britannique conduisit à l’appauvrissement de nations autrefois prospères telles que l’Inde. Elle aboutit également à une paupérisation des travailleurs en Grande-Bretagne. (6)

Comme Kevin Phillips l’a démontré, l’une des principales raisons à ce phénomène fut la délocalisation croissante des capitaux d’investissement et de la capacité productive britanniques :

«Ainsi bascula la Grande-Bretagne dans des conditions semblables à celles des États-Unis dans les années 1980 et dans la majeure partie des années 1990 – d’une part, un effondrement du niveau des salaires (hors postes de direction) accompagné d’un déclin des industries de base ; et au sommet de l’échelle, un âge d’or pour les banques, les services financiers et les valeurs boursières, une nette augmentation dans la part du revenu généré par l’investissement, ainsi qu’un impressionnant pourcentage des profits et des ressources se concentrant vers le percentile du sommet.» (7)

Les dangers des disparités croissantes de revenus et de richesses étaient facilement identifiés à cette époque, notamment par le jeune politicien Winston Churchill. (8) Mais seule une minorité avait remarqué l’analyse perspicace de John A. Hobson dans son livre intitulé Imperialism (1902). Selon lui, la recherche immodérée du profit – cause de la délocalisation du capital hors des frontières –, créa le besoin d’établir un appareil de défense surdimensionné pour protéger ce système. À l’étranger, l’une des conséquences de ce phénomène a été un usage plus étendu et brutal des armées britanniques. Hobson définit l’impérialisme de son époque, qui débuta selon lui vers 1870, comme « un affaiblissement […] de l’authentique nationalisme, à travers des tentatives de déborder de nos rivages naturels et d’absorber les territoires proches ou lointains où vivent des peuples récalcitrants et inassimilables. » (9)

Comme l’avait écrit en 1883 Sir John Robert Seeley, un historien de Grande-Bretagne, on pourrait dire de l’Empire britannique qu’il avait été « acquis dans un élan d’inadvertance » (« in a fit of absence of mind »). Mais on ne pourrait l’affirmer au sujet des avancées de Cecil Rhodes en Afrique. L’une des causes premières de l’expansion britannique a été la mauvaise répartition des richesses, et elle en fut également une inévitable conséquence. La majeure partie du livre d’Hobson attaquait l’exploitation occidentale du Tiers-Monde, en particulier en Afrique et en Asie. (10) Il faisait ainsi écho à la description, par Thucydide, de

« comment Athènes fut défaite par la cupidité sans limite (pleonexia) dont elle a fait preuve lors de son expédition inutile en Sicile, une folie présageant celles des États-Unis au Vietnam et en Irak [ainsi que de la Grande-Bretagne en Afghanistan et dans le Transvaal]. Thucydide attribua l’émergence de cette folie aux rapides changements qu’Athènes a connus après la mort de Périclès, et en particulier à la montée en puissance d’une oligarchie prédatrice. » (11)

À la fois l’apogée de l’Empire britannique et le début de son déclin peuvent être situés dans les années 1850. Durant cette décennie, Londres institua un contrôle direct sur l’Inde, remplaçant ainsi la Compagnie des Indes qui avait purement une fonction d’exploiteur.

Mais dans la même décennie, la Grande-Bretagne s’est entendue avec la France ouvertement expansionniste de Napoléon III (et avec l’Empire ottoman) dans ses ambitions hostiles envers le statut de la Russie en Terre Sainte. Bien que la Grande-Bretagne sortît vainqueur de la guerre de Crimée, les historiens ont depuis jugé cette victoire comme l’une des principales causes de la rupture dans l’équilibre des puissances, qui avait prévalu en Europe depuis le Congrès de Vienne en 1815. Ainsi, pour la Grande-Bretagne, l’héritage de cette guerre fut une armée plus efficace et modernisée, mais un monde plus dangereux et instable. (À l’avenir, les historiens pourraient juger que l’aventure libyenne de l’OTAN en 2011 ait joué un rôle comparable dans la fin de la détente entre les États-Unis et la Russie.)

La guerre de Crimée a également vu l’émergence de ce qui fut peut-être le premier mouvement antiguerre important en Grande-Bretagne, bien que l’on s’en souvienne avant tout car il mit fin aux rôles politiques actifs de ses principaux leaders, John Codben et John Bright. (12) En peu de temps, les gouvernements et les dirigeants de Grande-Bretagne se sont radicalisés vers la droite. Ceci conduisit, par exemple, au bombardement de l’Alexandrie par Gladstone en 1882, afin de recouvrer les dettes que les Égyptiens avaient contractées auprès d’investisseurs privés britanniques.

En lisant l’analyse économique d’Hobson à la lumière des écrits de Thucydide, nous pouvons réfléchir sur le facteur moral de la cupidité démesurée (pleonexia) encouragée par une puissance britannique sans limitations. En 1886, la découverte de réserves d’or colossales au sein de la république boer du Transvaal, qui était nominalement indépendante, attira l’attention de Cecil Rhodes – ce dernier s’étant déjà enrichi grâce aux concessions minières et diamantaires qu’il avait malhonnêtement acquises dans le Matabeleland –. Rhodes voyait alors une opportunité de s’accaparer également les champs aurifères dans le Transvaal, en renversant le gouvernement boer avec le soutien des Uitlanders (les étrangers, majoritairement britanniques, qui avaient afflué dans cette région).

En 1895, après l’échec de ses manigances impliquant directement les Uitlanders, Cecil Rhodes, en sa qualité de Premier ministre de la Colonie britannique du Cap, soutint une invasion du Transvaal par ce que l’on appelle le raid Jameson – un groupe hétérogène composé de membres de la police montée et de mercenaires volontaires –. Ce raid n’aboutit pas seulement à un échec, mais également à un scandale : Rhodes fut contraint de démissionner de son poste de Premier ministre, et son frère fut emprisonné. Les détails du raid Jameson et de la guerre des Boers engendrée par cette opération sont trop complexes pour être abordés ici. Néanmoins, le résultat final est qu’à l’issue de cette guerre, Cecil Rhodes s’était accaparé la majeure partie des champs aurifères.

L’étape suivante dans l’expansionnisme abondamment financé de Rhodes fut sa vision d’un chemin de fer entre le Cap et le Caire, qui aurait traversé les colonies contrôlées par la Grande-Bretagne. Comme nous le verrons dans quelques lignes, ce projet engendra la vision française concurrente d’un chemin de fer “est-ouest”, ce qui déclencha une première série de crises attisées par la compétition impériale. Progressivement, ces crises s’intensifièrent jusqu’à engendrer la Première Guerre mondiale.

Selon Carroll Quigley, Cecil Rhodes fonda également une société secrète ayant comme objectif principal une plus large expansion de l’Empire britannique. La Table Ronde (Round Table) en fut une ramification, et elle généra à son tour l’Institut Royal des Relations Internationales (RIIA pour Royal Institute of International Affairs). En 1917, certains membres de la Table Ronde états-unienne contribuèrent également à fonder l’organisation sœur du RIIA, le Conseil des Relations Étrangères basé à New York (CFR pour Council on Foreign Relations). (13)

Certains analystes ont jugé que l’argument de Carroll Quigley était exagéré. Cependant, que l’on soit d’accord ou pas avec ce dernier, nous pouvons observer une continuité entre l’avidité expansionniste de Cecil Rhodes en Afrique dans les années 1890 et celle des entreprises pétrolières britanniques et états-uniennes durant l’après-guerre, lors des coups d’État soutenus par le CFR en Iran (1953), en Indonésie (1965) et au Cambodge (1970).14 Dans tous ces exemples, la cupidité privée (bien qu’elle émanait d’entreprises plutôt que d’individus) imposa la violence d’État et/ou la guerre comme questions de politique publique. Il en résulta l’enrichissement et le renforcement des entreprises privées au sein de ce que j’ai appelé la Machine de guerre américaine, ce processus affaiblissant les institutions qui représentent l’intérêt général.

Mon argument central est que, de façon prévisible, le développement progressif de la marine et des armées britanniques a provoqué un réarmement chez les autres puissances, particulièrement en France et en Allemagne ; et ce processus a rendu inévitable la Première Guerre mondiale (ainsi que la Seconde). Rétrospectivement, il n’est pas difficile de remarquer que ce renforcement des appareils militaires ait contribué, de manière désastreuse, non pas à la sécurité mais à une insécurité de plus en plus dangereuse – pas seulement pour les puissances impériales mais pour le monde entier –. Puisque la suprématie globale des États-Unis surpasse aujourd’hui celle de l’Empire britannique à son apogée, nous n’avons pas observé, jusqu’à présent, de répercussions comparables dans les ambitions concurrentielles d’autres États ; néanmoins, une augmentation des réactions violentes venant de peuples de plus en plus opprimés (ou ce que les médias appellent “le terrorisme”) commence à se faire ressentir.

En regardant en arrière, nous pouvons également constater que l’appauvrissement progressif de l’Inde et d’autres colonies assura le fait que l’Empire britannique deviendrait de plus en plus instable, et qu’il serait finalement condamné à disparaître. Cela ne semblait pas évident à cette époque ; et au dix-neuvième siècle, comparativement à aujourd’hui, peu de Britanniques autres que John A. Hobson remettaient en cause les décisions politiques qui conduisirent leur pays de la Longue Dépression des années 1870 jusqu’à la “ruée vers l’Afrique” et la course aux armements correspondante. (15) Pourtant, lorsque l’on examine aujourd’hui ces décisions, on ne peut que s’étonner de l’étroitesse d’esprit, de la stupidité et de la courte vue des prétendus hommes d’État de cette époque. Les crises absurdes mais alarmantes que leurs décisions ont généré dans des contrées lointaines d’Afrique, comme à Fachoda (1898) ou à Agadir (1911), renforcent cette idée. (16)

Nous pouvons également remarquer comment des crises internationales ont pu être initialement provoquées par de très petites factions bureaucratiques hors de contrôle. La crise de Fachoda, au Sud-Soudan, impliqua une troupe insignifiante de 132 officiers et soldats français. Ces derniers, après un périple de 14 mois, étaient animés par le vain espoir d’établir une présence française d’est en ouest à travers l’Afrique (projetant ainsi de contrecarrer la vision qu’avait Rhodes d’une présence britannique s’étendant du nord au sud du continent africain). (17) Lors de ce que l’on appelle le “coup d’Agadir” (ou Panzersprung), l’arrivée provocatrice de la canonnière allemande SMS Panzer dans cette ville marocaine était une idée insensée d’un secrétaire adjoint aux Affaires étrangères ; sa principale conséquence fut de cimenter l’Entente cordiale franco-anglaise, contribuant ainsi à la défaite de l’Allemagne durant la Première Guerre mondiale. (18)

La Pax Americana à l’aune de la Pax Britannica

Le monde n’est pas condamné à répéter la tragédie d’une guerre mondiale à l’époque de la Pax Americana. L’interdépendance globale, et par-dessus tout les communications, ont connu une importante amélioration. Nous possédons le savoir, les compétences et les motivations pour comprendre les processus historiques avec plus de maîtrise qu’auparavant. Essentiellement, il est de plus en plus évident pour une minorité globale que l’hyper-militarisme des États-Unis, justifié par des motifs sécuritaires, devient en fait une menace pour la sécurité de ce pays et du monde entier. En effet, cette tendance belliciste suscite et déclenche des guerres de plus en plus vastes – ce qui rappelle l’hyper-militarisme britannique du dix-neuvième siècle.

Au milieu de ce déséquilibre global grandissant, il existe un motif de consolation pour le peuple des États-Unis. Puisque les causes de l’insécurité mondiale se situent de plus en plus dans leur pays, les remèdes à ce problème s’y trouvent également. Bien plus que leurs prédécesseurs britanniques, et contrairement aux autres peuples aujourd’hui, les citoyens des États-Unis ont l’opportunité de réduire les tensions globales et d’évoluer ainsi vers un ordre international plus équitable. Bien entendu, nul ne peut prédire qu’une telle restauration puisse être accomplie. Toutefois, la fin catastrophique de la Pax Britannica et le fardeau de plus en plus lourd que doivent supporter les citoyens états-uniens suggèrent qu’elle est nécessaire. En effet, l’expansionnisme unilatéral de leur pays, comme celui de la Grande-Bretagne autrefois, contribue actuellement à rompre les ententes et les arrangements juridiques internationaux qui ont apporté une relative stabilité pendant des décennies – notamment ceux de la Charte des Nations Unies.

Il doit être clairement affirmé que l’actuel renforcement de l’appareil militaire des États-Unis est la principale cause du réarmement global. De façon préoccupante, ce processus rappelle la course aux armements alimentée par l’industrie militaire britannique, qui conduisit au coup d’Agadir en 1911 et, peu après, à la Première Guerre mondiale. Cependant, le réarmement actuel ne peut être qualifié de “course aux armements”. En effet, les États-Unis – et leurs alliés de l’OTAN, dont la politique requiert de posséder des armements compatibles –, dominent tellement le marché militaire mondial que les ventes d’armes correspondantes de la Russie et de la Chine apparaissent dérisoires en comparaison :

«En 2010 […] les États-Unis ont maintenu leur position dominante dans la foire globale de l’armement, signant pour 21,3 milliards de dollars d’exportations d’armes, soit une part de 52,7% [du marché international] […].

La Russie occupait la deuxième position, avec des ventes d’armements à hauteur de 7,8 milliards en 2010, soit 19,3% du marché, contre 12,8 milliards de dollars en 2009. En termes de ventes, derrière les États-Unis et la Russie, on retrouve la France, la Grande-Bretagne, la Chine, l’Allemagne et l’Italie.» (19)

Un an plus tard, l’ampleur de l’hégémonie absolue des États-Unis dans les exportations d’armements avait plus que doublé, pour représenter 79% des ventes d’armes globales :

« L’année dernière, les exportations d’armes des États-Unis ont totalisé 66,3 milliards [de dollars], soit plus des trois quarts du marché mondial de l’armement, estimé à 85,3 milliards en 2011. Bien qu’étant en deuxième position, la Russie était loin derrière, enregistrant des ventes à hauteur de 4,8 milliards. » (20)

Et actuellement, quelle est la principale activité de l’OTAN nécessitant des armes ? Non pas la défense contre la Russie, mais le soutien des États-Unis pour leur guerre auto-génératrice contre le terrorisme, en Afghanistan comme autrefois en Irak. La “guerre contre la terreur” devrait être perçue comme ce qu’elle est réellement : un prétexte pour maintenir une armée US dangereusement hypertrophiée, à travers un exercice injuste du pouvoir qui s’avère de plus en plus instable.

En d’autres termes, les États-Unis sont aujourd’hui, et de loin, le premier pays à inonder le monde avec de l’armement. Les citoyens de ce pays doivent impérativement exiger une réévaluation de ce facteur d’aggravation de la pauvreté et de l’insécurité. Nous devons nous remémorer la célèbre mise en garde d’Eisenhower en 1953, selon laquelle «[c]haque fusil qui est fabriqué, chaque navire de guerre déployé, chaque roquette tirée signifie – est, dans son sens ultime, – un vol perpétré contre ceux qui ont faim et qui ne peuvent se nourrir, contre ceux qui ont froid et qui ne peuvent se vêtir». (21)

Il est nécessaire de rappeler que le Président Kennedy, dans son discours prononcé le 10 juin 1963 à l’American University, esquissa une vision de paix qui ne serait pas explicitement «une Pax Americana imposée au monde par les armes de guerre américaines». (22) Bien qu’éphémère, sa vision était sage. Soixante ans après la genèse du système de sécurité US – la soi-disant Pax Americana –, les États-Unis eux-mêmes se retrouvent piégés dans une situation d’insécurité psychologique de plus en plus marquée par la paranoïa. Les caractéristiques traditionnelles de la culture états-unienne, comme le respect de l’habeas corpus et du droit international, sont en train d’être abandonnées à cause d’une prétendue menace terroriste qui, pourtant, est en grande partie engendrée par les États-Unis. Et ce phénomène est observable au sein même de ce pays autant qu’à l’étranger.

L’alliance secrète USA-Arabie

OBAMA ET ABDALLAH POUR UNE SOLUTION À DEUX ÉTATS AU PROCHE-ORIENT

Des 66,3 milliards de dollars d’exportations d’armes US en 2011, plus de la moitié était destinée à l’Arabie saoudite, ce qui représente 33,4 milliards de dollars. Ces ventes incluaient des dizaines d’hélicoptères de types Apache et Black Hawk qui, selon le New York Times, sont nécessaires à l’Arabie saoudite pour se défendre contre l’Iran. Néanmoins, ils correspondent davantage à l’implication croissante de ce pays dans des guerres asymétriques et agressives (par exemple en Syrie). (23)

Ces ventes d’armes à l’Arabie saoudite n’étaient pas fortuites ; elles sont le fruit d’un accord entre les deux pays destiné à compenser l’afflux de dollars US utilisés pour payer le pétrole saoudien. Durant les chocs pétroliers de 1971 et de 1973, le Président Nixon et Henry Kissinger négocièrent un accord avec l’Arabie saoudite et l’Iran afin de payer le pétrole brut à des prix bien plus élevés, mais à condition que ces deux pays recyclent leurs pétrodollars de différentes manières – principalement par des achats d’armements US . (24)

La richesse des États-Unis et celle de l’Arabie saoudite sont devenues plus interdépendantes que jamais, ce qui est ironique. En effet, pour reprendre les termes d’un câble diplomatique ayant fuité, «[l]es donateurs saoudiens restent les principaux financeurs de groupes extrémistes comme al-Qaïda». (25) La Rabita (ou Ligue Islamique Mondiale), lancée et massivement financée par la famille royale saoudienne, a fourni un lieu pour les rencontres internationales de salafistes mondialement actifs, incluant certains leaders d’al-Qaïda. (26)

En résumé, les richesses générées par la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite financent autant les jihadistes apparentés à al-Qaïda qui opèrent à travers le monde que les guerres auto-génératrices menées contre ces derniers par les forces US. Il en découle une militarisation croissante aussi bien à l’étranger qu’aux États-Unis, à mesure qu’apparaissent de nouveaux fronts dans la soi-disant “guerre contre la terreur” au sein de régions autrefois paisibles, telles que le Mali – cette évolution étant initialement prévisible.

Les médias ont tendance à présenter la “guerre contre la terreur” comme un conflit opposant des gouvernements légitimes à des fondamentalistes islamistes fanatiques et hostiles à la paix. En réalité, la plupart des pays collaborent périodiquement avec les mêmes forces qu’ils combattent à d’autres occasions, et ce depuis longtemps. Les États-Unis et la Grande-Bretagne ne font pas figure d’exception à cette règle.

Aujourd’hui, la politique étrangère des États-Unis est de plus en plus chaotique, en particulier leurs opérations clandestines. Dans certains pays, notamment en Afghanistan, les États-Unis sont en train de combattre des jihadistes que la CIA avait soutenus dans les années 1980, et qui bénéficient encore du soutien de nos alliés nominaux que sont l’Arabie saoudite et le Pakistan. Dans d’autres nations, comme en Libye, les États-Unis ont apporté leur protection et leur appui indirect au même genre d’islamistes. Il existe également des pays, notamment le Kosovo, au sein desquels les États-Unis ont aidé les fondamentalistes à accéder au pouvoir. (27)

Au Yémen, les autorités US ont concédé que leurs clients y soutenaient des jihadistes. Comme l’a rapporté l’universitaire Christopher Boucek il y a quelques années, s’exprimant devant la fondation Carnegie Endowment of International Peace,

« [l]’extrémisme islamiste au Yémen résulte d’un processus long et complexe. Dans les années 1980, un grand nombre de Yéménites ont participé au jihad antisoviétique en Afghanistan. Après la fin de l’occupation soviétique, le gouvernement yéménite encouragea ses citoyens à revenir, et il permit également aux vétérans étrangers de s’installer au Yémen. La plupart de ces Arabes afghans furent cooptés par le régime et intégrés au sein des différentes administrations sécuritaires de l’État. Ce genre de cooptation fut également mené au profit d’individus emprisonnés par le gouvernement yéménite après les attaques terroristes du 11-Septembre. Dès 1993, dans un rapport des renseignements aujourd’hui déclassifié, le Département d’État US avait relevé que le Yémen était en train de devenir un important point de chute pour de nombreux combattants ayant quitté l’Afghanistan. Ce rapport assurait également que le gouvernement yéménite était soit réticent, soit incapable de restreindre leurs activités. Durant les années 1980 et 1990, l’islamisme et les activités qui en résultaient furent utilisés par le régime afin de supprimer les opposants intérieurs. Par ailleurs, durant la guerre civile de 1994, les islamistes combattirent les forces du sud.» (28)

En mars 2011, ce même universitaire observa que la guerre des États-Unis contre le terrorisme avait eu comme résultat de soutenir un gouvernement impopulaire, l’aidant ainsi à éviter de mettre en œuvre des réformes nécessaires :

«Eh bien, je pense qu’en ce qui concerne – que notre politique au Yémen a été [exclusivement centrée sur] le terrorisme – [qu’elle s’est focalisée sur] le terrorisme et la sécurité et al-Qaïda dans la péninsule arabique [AQPA], excluant quasiment tout le reste. Je pense que malgré ce que – ce que disent les gens dans l’administration, nous sommes concentrés sur le terrorisme –. Nous n’avons pas porté notre attention sur les défis systémiques que doit affronter le Yémen : le chômage, les abus dans la gouvernance, la corruption. Je pense que ce sont les facteurs qui conduiront à l’effondrement de l’État. Ce n’est pas AQPA. […] [T]out le monde au Yémen voit que nous soutenons [ces] régimes, aux dépens du peuple yéménite.» (29)

Dans des termes plus abrupts, la « guerre contre la terreur » des États-Unis est l’une des principales raisons expliquant pourquoi le Yémen, comme d’autres pays, reste sous-développé et demeure un terrain fertile pour le terrorisme jihadiste.

Mais la politique étrangère des États-Unis, dans les domaines sécuritaires, n’est pas la seule à contribuer à la crise yéménite. L’Arabie saoudite a des intérêts dans le renforcement de l’influence jihadiste au sein du Yémen républicain. Ce fut le cas depuis les années 1960, lorsque la famille royale saoudienne eut recours à des tribus conservatrices des collines du nord du Yémen afin de repousser une attaque contre le sud de l’Arabie saoudite par le gouvernement yéménite – républicain et soutenu par Nasser. (30)

Ces machinations des différents gouvernements et de leurs agences de renseignement peuvent créer des situations d’une obscurité impénétrable. Par exemple, comme l’a rapporté le sénateur John Kerry, l’un des principaux leaders d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) «est un citoyen saoudien qui a été rapatrié en Arabie saoudite au mois de novembre 2007 [après avoir été emprisonné à] Guantanamo[,] et qui a repris des activités radicales [au Yémen] après avoir suivi un parcours de réhabilitation dans son pays.» (31)

Comme d’autres nations, les États-Unis peuvent être amenés à nouer des ententes avec les jihadistes d’al-Qaïda pour les aider à combattre dans des zones d’intérêt mutuel à l’étranger, comme en Bosnie. La condition de cette collaboration est que ces terroristes ne se retournent pas contre eux. Cette pratique a clairement contribué à l’attentat à la bombe de 1993 contre le World Trade Center, lorsqu’au moins deux de ses auteurs avaient été mis à l’abri de toute arrestation. Ils furent ainsi protégés par les autorités US car ils participaient à un programme basé au centre al-Kifah de Brooklyn, qui visait à préparer des islamistes à la guerre en Bosnie. En 1994, au Canada, le FBI assura la libération d’Ali Mohamed, un agent double des États-Unis et d’al-Qaïda opérant au sein du centre al-Kifah. Peu après, Mohamed se rendit au Kenya où, selon le Rapport de la Commission sur le 11-Septembre, il “dirigea” les organisateurs de l’attentat de 1998 contre l’ambassade des États-Unis à Nairobi. (32)

Le soutien de l’Arabie saoudite aux terroristes

Dans ce sombre jeu, le plus important acteur est probablement l’Arabie saoudite. En effet, ce pays n’a pas seulement exporté des jihadistes aux quatre coins du globe, mais il les a également financés – comme nous l’avons vu précédemment –, parfois en coordination avec les États-Unis. Un article sur les fuites des transmissions diplomatiques états-uniennes, paru en 2010 dans le New York Times, révélait en citant l’un de ces câbles que «[l]es donateurs saoudiens restent les principaux financeurs de groupes extrémistes comme al-Qaïda». (33)

En 2007, le Sunday Times rapporta également que

« […] les riches Saoudiens restent les principaux financeurs des réseaux terroristes internationaux. ‘Si je pouvais en quelques sortes claquer des doigts et couper les subventions [des activités terroristes] par un pays, je viserais l’Arabie saoudite’ déclara Stuart Levey, le fonctionnaire du Département du Trésor américain chargé de surveiller le financement du terrorisme. » (34)

Selon Rachel Ehrenfeld, des rapports similaires, faisant état d’un financement saoudien du terrorisme, ont émané des autorités irakiennes, pakistanaises et afghanes :

«En 2009, la police pakistanaise a rapporté que les organisations caritatives saoudiennes continuaient de financer al-Qaïda, les Talibans et le Lashkar-e-Taiba. Selon ce rapport, les Saoudiens ont donné 15 millions de dollars aux jihadistes, incluant les responsables des attaques suicides au Pakistan et de la mort de Benazir Bhutto, l’ancien Premier ministre pakistanais.

En mai 2010, Buratha News Agency, une source journalistique indépendante basée en Irak, parla d’«un document des renseignements saoudiens ayant fuité. Celui-ci

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démontrait un soutien continu d’al-Qaïda en Irak par le gouvernement d’Arabie saoudite. Ce soutien prenait la forme d’argent liquide et d’armes. […] Un article paru le 31 mai 2010 dans The Sunday Times de Londres a révélé que, selon le pôle financier du renseignement afghan (FinTRACA), au moins 1,5 milliards de dollars venant d’Arabie saoudite avaient pénétré clandestinement en Afghanistan depuis 2006. Cet argent était très probablement destiné aux Talibans.» (35)

Cependant, selon le Times, le soutien saoudien en faveur d’al-Qaïda ne se limitait pas au financement :

« Ces derniers mois, des prédicateurs saoudiens ont provoqué la consternation en Irak et Iran après avoir publié des fatwas appelant à la destruction des grands mausolées chiites à Nadjaf et à Kerbala, en Irak – certains ayant déjà été ciblés par des attentats à la bombe –. Et tandis que des membres importants de la dynastie régnante des Saoud expriment régulièrement leur aversion pour le terrorisme, certains responsables qui défendent l’extrémisme sont tolérés au sein du royaume.

En 2004, le cheikh Saleh al-Luhaidan, le haut magistrat qui supervise les procès relatifs au terrorisme, fut enregistré dans une mosquée alors qu’il encourageait les hommes [suffisamment] jeunes à combattre en Irak. ‘Aujourd’hui, pénétrer sur le sol irakien est devenu risqué’, mit-t-il en garde. ‘Il faut éviter ces satellites maléfiques et ces drones aériens, qui occupent chaque parcelle du ciel irakien. Si quelqu’un se sent capable d’entrer en Irak afin de rejoindre le combat, et si son intention est de faire triompher la parole de Dieu, alors il est libre de le faire.’ » (36)

L’exemple du Mali

Aujourd’hui, un processus comparable est en train de dérouler en Afrique, où le fondamentalisme wahhabite saoudien « s’est répandu ces dernières années au Mali[,] par le biais de jeunes imams revenant de leurs études [religieuses suivies] dans la péninsule arabique. » (37) La presse internationale, incluant Al-Jazira, a rapporté la destruction de mausolées historiques par des jihadistes locaux :

«Selon des témoins, deux mausolées de l’ancienne mosquée de terre [du cimetière] de Djingareyber, à Tombouctou, ont été détruits par des combattants d’Ansar Dine, un groupe lié à al-Qaïda qui contrôle le nord du Mali. Ce site classé au patrimoine mondial [de l’UNESCO] est donc menacé. […] Cette nouvelle démolition survient après les attaques de la semaine dernière contre d’autres monuments historiques et religieux de Tombouctou, actions qualifiées de ‘destruction insensée’ par l’UNESCO. Ansar Dine a déclaré que les anciens mausolées étaient ‘haram’, ou interdits par l’Islam. La mosquée de Djingareyber est l’une des plus importantes à Tombouctou, et elle a été l’une des principales attractions de cette ville légendaire avant que la région ne devienne une zone interdite pour les touristes. Ansar Dine a juré de continuer à détruire tous les mausolées ‘sans exception’, au beau milieu d’un déferlement de tristesse et d’indignation aussi bien au Mali qu’à l’étranger.» (38)

Néanmoins, les auteurs de la plupart de ces récits – y compris celui d’Al-Jazira –, n’ont pas souligné le fait que la destruction des tombeaux avait été une vieille pratique wahhabite, pas seulement soutenue mais perpétrée par le gouvernement saoudien :

«Entre 1801 et 1802, sous le règne d’Abdelaziz ben Mohammed ben Saoud, les wahhabites saoudiens attaquèrent et envahirent les villes saintes de Kerbala et de Nadjaf, en Irak. Ils y massacrèrent une partie de la population musulmane et y détruisirent les tombeaux d’Husayn ibn Ali, le petit fils de Mahomet et le fils d’Ali (Ali ibn Abi Talib, le gendre de Mahomet). Entre 1803 et 1804, les Saoudiens s’emparèrent de La Mecque et de Médine où ils démolirent des monuments historiques, ainsi que divers sites et lieux saints musulmans – tels que le mausolée construit sur le tombeau de Fatima, la fille de Mahomet –. Ils avaient même l’intention de démolir la tombe de Mahomet lui-même, la jugeant idolâtre. En 1998, les Saoudiens détruisirent au bulldozer et brulèrent la tombe d’Amina bint Wahb, la mère de Mahomet, provoquant l’indignation à travers le monde musulman.» (39)

Une opportunité pour la paix

Aujourd’hui, nous devons établir une distinction entre le royaume d’Arabie saoudite et le wahhabisme promu par de hauts dignitaires religieux saoudiens et par certains membres de la famille royale. En particulier, le roi Abdallah a tendu la main à d’autres religions, visitant le Vatican en 2007 et encourageant la tenue d’une conférence interconfessionnelle avec des responsables chrétiens et juifs, qui s’est déroulée l’année suivante.

En 2002, alors qu’il était prince héritier, Abdallah fit également une proposition pour parvenir à la paix entre Israël et ses voisins lors d’un sommet des nations de la Ligue arabe. Son plan, qui a été soutenu à de nombreuses reprises par les gouvernements de cette organisation, appelait à la normalisation des relations entre l’ensemble des pays arabes et Israël, en échange d’un retrait complet des territoires occupés (incluant Jérusalem-Est) ainsi que d’un “règlement équitable” de la crise des réfugiés palestiniens basé sur la Résolution 194 de l’ONU. En 2002, ce plan a été rejeté par Ariel Sharon, alors Premier ministre d’Israël, ainsi que par George W. Bush et Dick Cheney, qui étaient déterminés à entrer en guerre contre l’Irak. Néanmoins, comme l’a relevé David Ottaway du Woodrow Wilson Center,

«Le plan de paix proposé par Abdallah en 2002 reste une fascinante base pour une possible coopération entre les États-Unis et l’Arabie saoudite sur la question israélo-palestinienne. La proposition d’Abdallah fut soutenue par l’ensemble de la Ligue arabe durant son sommet de 2002 ; Le Président israélien Shimon Peres et [celui qui était alors le Premier ministre Ehud] Olmert en ont parlé favorablement ; et Barack Obama, qui avait choisi la chaîne de télévision saoudienne Al-Arabiya pour sa première interview après sa prise de fonction, félicita Abdallah pour le “grand courage” dont il avait fait preuve en élaborant cette proposition de paix. Toutefois, Benjamin Netanyahou, qui est pressenti pour être le nouveau Premier ministre israélien, s’est fermement opposé à ce plan saoudien, en particulier à l’idée que Jérusalem-Est devrait être la capitale d’un État palestinien. » (40)

En 2012, ce plan est gelé, Israël laissant transparaître sa volonté d’action armée contre l’Iran et les États-Unis étant paralysés par une année électorale. Cependant, le Président israélien Shimon Peres a accueilli favorablement cette initiative en 2009 ; et George Mitchell, lorsqu’il était l’envoyé spécial du Président Obama au Moyen-Orient, annonça cette même année que l’administration Obama avait l’intention d’“incorporer” cette initiative dans sa politique moyen-orientale. (41)

Ces soutiens ainsi exprimés démontrent qu’un accord de paix au Moyen-Orient est théoriquement possible. Toutefois, ils sont loin de rendre probable son application. En effet, tout accord de paix nécessiterait la confiance mutuelle, mais il est difficile d’y parvenir lorsqu’un sentiment d’insécurité quant à l’avenir de sa propre nation hante chacune des parties. Certains commentateurs pro-sionistes tels que Charles Krauthammer rappellent que, durant les 30 années précédant les accords de Camp David, la destruction d’Israël était «le but unanime de la Ligue arabe». (42) De nombreux Palestiniens, ainsi que la majeure partie du Hamas, craignent qu’un accord de paix soit insatisfaisant et qu’il étoufferait en réalité leurs aspirations à un règlement équitable des différends.

Au Moyen-Orient, l’insécurité est particulièrement répandue à cause d’un ressentiment largement partagé. Celui-ci est engendré par l’injustice, elle-même alimentée et propagée par l’insécurité. L’actuel statu quo international trouve ses principales origines dans les injustices. Mais celle qui touche le Moyen-Orient s’avère – dans tous ses aspects – extrême, récente et permanente. Je le signale simplement pour donner ce conseil aux États-Unis : il faut se souvenir que les questions de sécurité et de justice ne peuvent être traitées séparément.

Par-dessus tout, il nous faut faire preuve de compassion. En tant qu’Américains, nous devons comprendre que les Israéliens autant que les Palestiniens vivent dans des conditions proches d’un état de guerre ; pourtant, ces deux peuples ont des raisons de craindre qu’un accord de paix puisse les laisser dans une situation encore pire que celle où ils se trouvent actuellement. Trop de civils innocents ont été tués au Moyen-Orient. Il faudrait que les actions des États-Unis n’aggravent pas ce lourd bilan humain.

Ce sentiment d’insécurité, qui est le principal obstacle à la paix, ne se limite pas au Moyen-Orient. Depuis le 11-Septembre, le peuple des États-Unis a ressenti l’angoisse de l’insécurité, et c’est la principale raison expliquant pourquoi il oppose si peu de résistance aux folies évidentes de la “guerre contre la terreur” de Bush, Cheney et Obama.

Ceux qui mènent cette guerre promettent de faire des États-Unis un endroit plus sûr. Pourtant, celle-ci continue d’assurer la prolifération des terroristes censés être les ennemis de l’Amérique. Elle continue également de disséminer la guerre à travers de nouveaux champs de bataille, notamment au Pakistan ou au Yémen. Générant ainsi ses propres ennemis, il semble probable que la “guerre contre la terreur” se poursuive sans relâche, puisqu’elle est aujourd’hui solidement enracinée dans l’inertie bureaucratique. De ce fait, elle ressemble beaucoup à la “guerre contre la drogue”, une politique irréfléchie qui maintient à un niveau élevé les coûts et les revenus narcotiques, ce qui attire de nouveaux trafiquants.

Par ailleurs, cette guerre contre le terrorisme amplifie surtout l’insécurité chez les musulmans, sachant qu’ils sont de plus en plus nombreux à affronter la crainte que des civils, et pas seulement des terroristes jihadistes, soient victimes d’attaques de drones. L’insécurité dans le Moyen-Orient est le principal obstacle à la paix dans cette région. Les Palestiniens vivent avec la peur quotidienne de l’oppression par les colons de Cisjordanie ainsi que des représailles de l’État hébreu. Les Israéliens vivent en craignant constamment leurs voisins hostiles. La famille royale saoudienne partage cette crainte. Ainsi, depuis le 11-Septembre et le déclenchement de la “guerre contre la terreur”, l’insécurité et l’instabilité se sont simultanément amplifiées.

L’insécurité moyen-orientale se répercute sur une échelle de plus en plus vaste. La peur d’Israël vis-à-vis de l’Iran et du Hezbollah trouve son écho dans la crainte iranienne d’attaques massives contre ses installations nucléaires, du fait des menaces israéliennes. Par ailleurs, d’anciens faucons états-uniens comme Zbigniew Brzezinski ont récemment averti qu’une attaque israélienne contre l’Iran pouvait aboutir à une guerre plus longue qu’annoncé – ce conflit pouvant s’étendre à d’autres pays. (43)

Selon moi, les citoyens des États-Unis devraient surtout craindre l’insécurité engendrée par les attaques de drones menées par leur pays. Si elles ne sont pas rapidement stoppées, ces frappes risquent d’avoir le même résultat que les attaques nucléaires US de 1945 : nous conduire vers un monde où de nombreuses puissances, et non plus une seule, possèdent cette arme. Elles pourraient alors être amenées à l’utiliser. Dans ce cas, les États-Unis seraient de loin la nouvelle cible la plus probable.

Je me demande combien de temps faudra-t-il aux citoyens de ce pays pour comprendre le cours prévisible de cette guerre auto-génératrice, et pour qu’ils se mobilisent contre celle-ci en constituant une force prévalente.

Que doit-on faire ?

En utilisant l’analogie des erreurs britanniques de la fin du dix-neuvième siècle, cet article a défendu un retour progressif vers un ordre international plus stable et plus juste par une série d’étapes concrètes, dont certaines sont graduelles :

 

1) Une réduction progressive des énormes budgets de la défense et du renseignement. Elle s’ajouterait alors à celle qui est actuellement envisagée pour des raisons financières, et elle devrait être de plus grande ampleur.

2) Une suppression graduelle des aspects violents de la soi-disant “guerre contre la terreur”, mais un maintien des moyens policiers traditionnels de lutte contre le terrorisme.

3) La récente intensification du militarisme US peut être attribuée en grande partie à l’“état d’urgence” décrété le 14 septembre 2001, et renouvelé chaque année depuis cette date par les présidents des États-Unis successifs. Cet état d’urgence doit être immédiatement interrompu, et ce que l’on appelle les mesures de “continuité du gouvernement” (COG pour Continuity of Government) qui lui sont associées doivent être réévaluées. Elles incluent la surveillance et les détentions sans mandats, ainsi que la militarisation de la sécurité intérieure aux États-Unis. (44)

4) Un retour aux stratégies qui dépendent essentiellement de la police civile et du renseignement pour traiter le problème du terrorisme.

Quarante ans plus tôt, j’en aurais appelé au Congrès pour qu’il entreprenne ces démarches nécessaires à dissiper l’état de paranoïa dans lequel nous vivons actuellement. Aujourd’hui, j’en suis arrivé à penser que cette institution est elle-même dominée par les cercles de pouvoir qui tirent profit de ce que j’ai nommé la Machine de guerre globale des États-Unis. Dans ce pays, les soi-disant “hommes d’État” sont autant impliqués dans le maintien de la suprématie de leur nation que ne l’étaient leurs prédécesseurs britanniques.

Toutefois, mentionner cela ne revient pas à désespérer de la capacité qu’ont les États-Unis à changer de direction. Nous devrions garder à l’esprit que les protestations politiques intérieures ont joué un rôle déterminant pour stopper une guerre injustifiée au Vietnam il y a quarante ans. Il est vrai qu’en 2003, des manifestations comparables – impliquant un million de personnes aux États-Unis – n’ont pas suffi à empêcher l’entrée de leur pays dans une guerre illégale en Irak. Néanmoins, ce grand nombre de manifestants, rassemblés dans une période relativement courte, était impressionnant. La question est aujourd’hui de savoir si les militants peuvent adapter leurs tactiques aux nouvelles réalités afin de monter une campagne de protestation durable et efficace.

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Pendant quarante ans, sous l’apparence de la planification pour la continuité du gouvernement (COG), La Machine de guerre américaine s’est préparée à neutraliser les manifestations urbaines contre la guerre. En comprenant ce processus, et en utilisant l’exemple des folies de l’hyper-militarisme britannique, les mouvements antiguerre actuels doivent apprendre à exercer des pressions coordonnées au sein des institutions des États-Unis – pas seulement en “occupant” les rues avec l’aide des sans-abri –. Il ne suffit pas de dénoncer les disparités de revenus croissantes entre les riches et pauvres, comme le faisait Winston Churchill en 1908. Nous devons aller plus loin afin de comprendre que les origines de ces inégalités résident dans des arrangements institutionnels qui peuvent être corrigés – bien que les institutions soient dysfonctionnelles –. Et l’un des principaux arrangements dont il est ici question est la soi-disant “guerre contre la terreur”.

Il est impossible de prédire le succès d’un tel mouvement. Mais je crois que les développements globaux persuaderont un nombre croissant de citoyens des États-Unis que celui-ci est nécessaire. Il devrait rassembler un large éventail de l’électorat, des lecteurs progressistes de ZNet et de Democracy Now aux partisans libertariens de Murray Rothbard et de Ron Paul.

Et je crois également qu’une minorité antiguerre bien coordonnée et non-violente peut l’emporter. Elle regrouperait entre deux et cinq millions de personnes, leur action s’appuyant sur les ressources de la vérité et du bon sens. Aujourd’hui, les institutions politiques clés des États-Unis sont à la fois dysfonctionnelles et impopulaires. En particulier, le Congrès a un taux d’approbation d’environ 10%. La résistance acharnée du monde de la richesse personnelle et entrepreneuriale face aux réformes raisonnables est un problème encore plus grave ; mais plus les riches montrent ouvertement leur influence antidémocratique, plus la nécessité de restreindre leurs abus deviendra évidente. Récemment, ils ont ciblé des membres du Congrès pour les exclure de cette institution, ces derniers étant « coupables » de s’être compromis pour résoudre des problèmes gouvernementaux. Dans ce pays, il existe certainement une majorité de citoyens à mobiliser pour que l’on en revienne à la défense du bien commun.

De nouvelles stratégies et techniques de protestation seront clairement nécessaires. Le but de cet article n’est pas de les définir. Toutefois, il est à prévoir que les futures manifestations – ou cyber-manifestations – feront un usage plus habile d’Internet.

Encore une fois, nul ne peut prédire avec confiance la victoire dans cette lutte pour le bien commun contre les intérêts particuliers et les idéologues ignorants. Mais avec le danger croissant d’un conflit international désastreux, la nécessité de se mobiliser pour défendre l’intérêt général est de plus en plus évidente. L’étude de l’Histoire est l’un des meilleurs moyens d’éviter sa répétition.

Ces espoirs de voir émerger un mouvement de protestation sont-ils irréalistes ? Très probablement. Mais quoi qu’il en soit, je suis convaincu que ce mouvement est nécessaire. 

 

Peter Dale Scott

lire :

La Machine de guerre américaine, de Peter Dale Scott,

Notes

1. Oliver Villar et Drew Cottle, MI>Cocaine, Death Squads, and the War on Terror: U.S. Imperialism and Class Struggle in Colombia (Monthly Review Press, New York, 2011) ; Peter Watt et Roberto Zepeda, Drug War Mexico: Politics, Neoliberalism and Violence in the New Narcoeconomy (Zed Books, Londres, 2012) ; Mark Karlin, « How the Militarized War on Drugs in Latin America Benefits Transnational Corporations and Undermines Democracy », Truthout, 5 août 2012.

2. Peter Dale Scott, La Machine de guerre américaine : la Politique profonde, la CIA, la drogue, l’Afghanistan… (Éditions Demi-Lune, Plogastel Saint-Germain, 2012), pp.317-41.

3. Patrick Cockburn, «Opium: Iraq’s deadly new export», Independent (Londres), 23 mai 2007.

4. Scott, La Machine de guerre américaine, pp.204-12.

5. Voir Mark Karlin, « How the Militarized War on Drugs in Latin America Benefits Transnational Corporations and Undermines Democracy», Truthout, 5 août 2012.

6. Sekhara Bandyopadhyaya, From Plassey to Partition: A History of Modern India (Orient Longman, New Delhi, 2004), p.231.

7. Kevin Phillips, Wealth and Democracy: A Political History of the American Rich (Broadway Books, New York, 2002), p.185.

8. « Les graines de la ruine impériale et du déclin national – le fossé anormal entre les riches et les pauvres […] la croissance fulgurante d’un luxe vulgaire et oisif – sont les ennemis de la Grande-Bretagne » (Winston Churchill, cité dans Phillips, Wealth and Democracy, p.171).

9. John A. Hobson, Imperialism (Allen and Unwin, Londres, 1902 ; réimpression de 1948), p.6. À cette époque, le principal impact de ce livre en Grande-Bretagne fut de stopper définitivement la carrière d’économiste de John A. Hobson.

10. Hobson, Imperialism, p.12. Cf. Arthur M. Eckstein, « Is There a ‘Hobson–Lenin Thesis’ on Late Nineteenth-Century Colonial Expansion? », Economic History Review, mai 1991, pp.297-318 ; voir en particulier pp.298-300.

11. Peter Dale Scott, «The Doomsday Project, Deep Events, and the Shrinking of American Democracy, Asia-Pacific Journal: Japan Focus, 21 janvier 2011.

12. Voir Ralph Raico, Introduction, Great Wars and Great Leaders: A Libertarian Rebuttal (Mises Institute, Auburn, AL, 2010).

13. Carroll Quigley, Tragedy and Hope: A History of the World in Our Time (G,S,G, & Associates, 1975) ; Carroll Quigley, The Anglo-American Establishment (GSG Associates publishers, 1981). Discussion dans Laurence H. Shoup et William Minter, The Imperial Brain Trust: The Council on Foreign Relations & United States Foreign Policy (Monthly Review Press, New York, 1977), pp.12-14 ; Michael Parenti, Contrary Notions: The Michael Parenti Reader (City Lights Publishers, San Francisco, CA, 2007), p.332.

14. Au sujet des intérêts – peu remarqués par les observateurs –, des compagnies pétrolières dans les champs pétrolifères offshore du Cambodge, voir Peter Dale Scott, The War Conspiracy: JFK, 9/11, and the Deep Politics of War (Mary Ferrell Foundation, Ipswich, MA, 2008), pp.216-37.

15. Thomas Pakenham, Scramble for Africa: The White Man’s Conquest of the Dark Continent from 1876-1912 (Random House, New York, 1991).

16. Voir les différents livres de Barbara Tuchman, notamment The March of Folly: From Troy to Vietnam (Knopf, New York, 1984).

17. Pakenham, ibidem.

18. E. Oncken, Panzersprung nach Agadir. Die deutsche Politik wtihrend der zweiten Marokkokrise 1911 (Dusseldorf, 1981). En allemand, l’expression Panzersprung est devenue une métaphore pour toute démonstration gratuite de diplomatie de la canonnière.

19. Thom Shanker, «Global Arms Sales Dropped Sharply in 2010, Study Finds», New York Times, 23 septembre 2011.

20. Thom Shanker, «U.S. Arms Sales Make Up Most of Global Market», New York Times, 27 août 2012.

21. Stephen Ambrose, Eisenhower: Soldier and President (Simon and Schuster, New York, 1990), p.325.

22. Robert Dallek, An unfinished life: John F. Kennedy, 1917-1963 (Little, Brown and Co., Boston, 2003.), p.50.

23. Shanker, «U.S. Arms Sales Make Up Most of Global Market», New York Times, 27 août 2012.

24. Peter Dale Scott, La Route vers le Nouveau Désordre Mondial : 50 ans d’ambitions secrètes des Etats-Unis, (Éditions Demi-Lune, Paris, 2010), pp.66-72.

25. Scott Shane et Andrew W. Lehren, «Leaked Cables Offer Raw Look at U.S. Diplomacy», New York Times, 29 novembre 2010. Cf. Nick Fielding et Sarah Baxter, «Saudi Arabia is hub of world terror: The desert kingdom supplies the cash and the killers», Sunday Times (Londres), 4 novembre 2007.

26. Les Nations Unies ont listé les antennes de l’International Islamic Relief Organization (l’IIRO, une filiale de la Rabita) en Indonésie et aux Philippines comme propriétés ou partenaires d’al-Qaïda.

27. Voir Peter Dale Scott, «La Bosnie, le Kosovo et à présent la Libye : les coûts humains de la collusion perpétuelle entre Washington et les terroristes», Mondialisation.ca, 17 octobre 2011 ; voir également William Blum, «The United States and Its Comrade-in-Arms, Al Qaeda», Counterpunch, 13 août 2012.

28. Christopher Boucek, «Yemen: Avoiding a Downward Spiral», Carnegie Endowment for International Peace, p.12.

29. « In Yemen, ‘Too Many Guns and Too Many Grievances’ as President Clings to Power», PBS Newshour, 21 mars 2011.

30. Robert Lacey, The Kingdom: Arabia and the House of Sa’ud (Avon, New York, 1981), pp.346-47, p.361.

31. John Kerry, Al Qaeda in Yemen and Somalia: A Ticking Time Bomb: a Report to the Committee on Foreign Relations (U.S. G.P.O., Washington, 2010), p.10.

32. Scott, La Route vers le Nouveau Désordre Mondial, pp.214-20.

33. Scott Shane et Andrew W. Lehren, «Leaked Cables Offer Raw Look at U.S. Diplomacy», New York Times, 29 novembre 2010.

34. Nick Fielding et Sarah Baxter, «Saudi Arabia is hub of world terror: The desert kingdom supplies the cash and the killers», Sunday Times (Londres), 4 novembre 2007 : « Des religieux extrémistes envoient une multitude de recrues dans certains des points chauds les plus violents au monde. Une analyse de NBC News suggère que les Saoudiens représentent 55% des combattants étrangers en Irak. On les retrouve également parmi les plus intransigeants et les plus militants. »

35. Rachel Ehrenfeld, «Al-Qaeda’s Source of Funding from Drugs and Extortion Little Affected by bin Laden’s Death», Cutting Edge, 9 mai 2011.

36. Sunday Times (Londres), 4 novembre 2007.

37. BBC, 17 juillet 2012,.

 

38. Al-Jazira, 19 juillet 2012.

39. The Weekly Standard, 30 mai 2005. Cf. Newsweek, 30 mai 2005. Adapté d’Hilmi Isik, Advice for the Muslim (Hakikat Kitabevi, Istanbul).

40. David Ottaway, «The King and Us: U.S.-Saudi Relations in the Wake of 9/11», Foreign Affairs, mai-juin 2009.

41. Barak Ravid, «U.S. Envoy: Arab Peace Initiative Will Be Part of Obama Policy», Haaretz, 5 avril 2009. David Ottaway, «The King and Us: U.S.-Saudi Relations in the Wake of 9/11», Foreign Affairs, mai-juin 2009.

42. Charles Krauthammer, «At Last, Zion: Israel and the Fate of the Jews», Weekly Standard, 11 mai 1998.

43. «Nous n’avons aucune idée de comment finirait une telle guerre», déclara [Brzezinski]. «L’Iran a des moyens militaires, il pourrait riposter en déstabilisant l’Irak» (Salon 14 mars 2012).

44. Voir Scott, La Route vers le Nouveau Désordre Mondial, pp.257-331 ; Peter Dale Scott, «La continuité du gouvernement étasunien: L’état d’urgence supplante-t-il la Constitution? », Mondialisation.ca, 6 décembre 2010.

Croatia’s Patron Saints; the House of Habsburg and the Idea of the Reich

Ex: http://www.theoccidentalobserver.net/2012/12/croatias-patron-saints-the-house-of-habsburg-and-the-idea-of-the-reich/#more-17020
 

Croatia’s Patron Saints; the House of Habsburg and the Idea of the Reich

Tom Sunic

 

St. George (engraving) by Albrecht Dürer

What follow is the English translation of my lecture given in the German language for the gentlemen of the Order of St. George, held on September 29, 2012 in the city of Varaždin, Croatia, under the patronage of the House of Habsburg and the crown prince Karl von Habsburg. The speech was subsequently published in the December 2012 issue of the Austrian literary monthly Die Aula.

*         *          *

The word ‘Reich’ (empire) and “the idea of the Reich” have become ugly ideas. In accordance with new politically correct language rules, these words trigger feelings of unease among German and Austrian politicians. If one were to push it further in a poignant manner, one might just as well dispose of the German language altogether. In the United States, but also in England, the word ‘Reich’ reminds many people of something sinister, something threatening, of the proverbial Hitler — and of the Third Reich. Yet the idea of a Reich has a thousand-year long history and one encounters this word in the Weimar Republic and in post-war Western Germany. In fact one could say that the EU bears also some traits of the Holy Roman (German Reich) Empire, or at least should have had them in the first place.
The idea of the Reich is also a question of identity. For a long time this idea was — in a figurative sense — a patron saint of Central Europeans. The word ‘identity’ or the “imperial idea”, however, is not appropriate for deeper social analyses, since these words are ambiguous and may convey distorted meanings.

In Central Europe of yesteryear, during the time of the Danube Monarchy and within the Holy Roman Empire, every city, every village, every estate had its respective patron saint who provided each peasant, each citizen, each knight with prowess and power. In today’s Europe the patron saints are no longer the saints like St. George, or St. Michael, or St. Isidore, but soccer players, filmmakers, Hollywood stars — or the European Central Bank speculators. This was aptly predicted, one hundred years ago, by Oswald Spengler, namely that the rootless citizens of Europe would strive for “second religiousness” (Der Untergang des Abendlandes,  p. 941) (The Decline of the West). Now, instead of the old identities new patron saints or “idols” must be worshiped.  Spengler adds: “To this corresponds in today’s Euro-American world the occult and theosophical swindle, the American Christian Science, the mendacious lounge bar Buddhism, the religious arts and crafts.”
One encounters such “second religiousness” or “substitute patron saints” everywhere in Europe today. Our new patron saints are the reflection of a mindset that comes from America and manifests itself in a particular political moralizing  and fancy feel-good talks. The American political class and their eager imitators in the EU posture today as new patron saints for a new kind of the world improvement.
 
The idea of the Reich as an Opportunity
The revival of the imperial idea is the best solution for all European nations today. It can be a good remedy against both roolness globalism and chauvinism. In Eastern Europe the interethnic situation continues to be tense. Here are some examples:
  • The national identity of a Polish nationalist, who may otherwise agree on all issues with his counterpart from Germany, such as their common criticism of globalism or their anticommunism and anti-capitalism, is often rooted in his anti-German feelings.
  • One third of Hungarians—more than 2 million people—reside in Slovakia, Serbia and Romania; their national identity is often framed by their rejection of their neighbors.
  • Despite an apparent peace between Serbs and Croats, these similar and neighboring peoples have two completely different historical narratives and two completely mutually hostile victimhoods. In short, Serbs and Croats, despite their astonishing similarity display two radically and mutually exclusive identities. For a Croatian nationalist, it is difficult to become “a good Croat” without first describing himself as a “good anti-Serb”.
After the collapse of the Habsburg Empire in 1918, the imperial idea came to an end. But the era of eternal peace did not materialize. Quite the contrary. Without the Habsburgs, the course of the 20th century soon shifted into fifth gear. The year 1945 was a biological disaster for the Croatian people, but also for countless German-born Croatian citizens who had settled in this area during the reign of Emperor Leopold and the Empress Maria Theresa. Here we are facing time and again a timeless yet useless subjunctive question: What would have happened had the monarchy not collapsed? What would Prince Eugene of Savoy say regarding the present situation inside the gates of Vienna?

The St. George’s Order inherited the legacy of the 14th-century crusaders who opposed the infidels who had pushed their way into Central Europe — of course, not to preach human rights or integration, but rather to impose on Europeans their own values and their own religion. At that time Saint George knights had no intention of acting as world improvers preaching multicultural diversity. Rather, they needed to defend themselves against the incoming Turkish threat. Had the Order of Saint George pontificated about pacifism, the city of Varaždin would look very different today. In a state of emergency, “to live means to kill” as the German writer Ernst Jünger  once wrote. Or, more aptly put, “a free man is a fighter”, as Nietzsche once wrote and as the Croatian volunteers demonstrated 20 years ago during their war of independence.
 
The Reich, the opposite of the Empire
The idea of the Reich has nothing in common with the idea of the empire, a notion which is to be found in the history of France and England.  And therefore the word ‘Reich’ remains untranslatable, just as its political application should not be confused with the English or the French word ‘empire’. Centralism had always played a major role in the development of the French “empire” — and later on during the birth of modern nationalism. This had never been the case with the Hapsburg Empire where multiethnic, supranational and federal currents had remained for centuries a guiding principle of the ruling elites.
 
The idea of the Reich excludes rabid nationalism and searches instead for its main goal in the diversity of its imperial peoples. In retrospect, one can see the disastrous legacy left by the nation- state, which has left us, over the last hundred years, devastating civil wars, false national myths, permanent territorial disputes, land grabbing and petty state particularism. In an ideal, yet feasible European future, the revival of the European Reich in Central Europe should be the only solution. This would enable the warring European nations, such as Serbs and Croats, Hungarians and Romanians, Slovaks and Czechs, Poles and Germans to retain their national and territorial sovereignty, to continue upholding their specific identity, and to best accomplish their spiritual endeavors.

But any revival of the idea of the Reich requires unconditionally a new hierarchy of values, values which stand in sharp contrast to today’s liberal values. In today’s egalitarian and economy-driven systems, where money rules and where the sameness of individuals and cultures plays the leading role, the idea of the Reich cannot take root. The Reich not only presupposes a geopolitical large space, but means first and foremost a spiritual and transcendental duty for all its citizens.
Otto von Habsburg was a big proponent of the idea of the Reich—but also of the EU. Yet he was also a strong critic of the EU. Many Eurocrats should learn something from him. Shortly before his death, the Crown Prince Otto von Habsburg made critical comments about the Eurocrats. In an interview given in the Bild daily newspaper, on June 27, 2007, he said: “Take for instance our bureaucratic language. This is a unique language that no one understands. No sane person can decipher a letter from an (EU) authority. From the Empress Maria Theresa comes the beautiful sentence: ‘A law is valid only when the last swineherd from Galicia understands it.’ ”
 
Instead of Galicia, one can substitute the word “Croatia”. It is no coincidence that at present time half-hearted Croatian diplomats speak not a single word of the German language, speaking instead with their Austrian or Hungarian countermarts in broken English. This is a long way from the Diplomatic Academy founded by Maria Theresa, not to mention the multilingual emperors and generals such as Charles V, Prince Eugene, and Otto von Habsburg. These people were genuine Europeans, in contrast to present day Brussels and Zagreb bureaucrats.
 
What does the idea of the Reich mean for the Croatian people today? Nothing. Many of them have no idea whatsoever about its meaning. In order to receive a good certificate for their politically correct behavior from the Euro-commissars, present day Croatian politicians must bend over backwards in order to keep their public discourse in line. They use empty words and phrases, such as ‘globalism’, ‘multiculturalism’, ‘European-Atlantic integration’, ‘transparency’, or “free market democracy” — without knowing what these words stand for. In any case most Croatian politicians are contaminated by communism. Shortly before the collapse of Yugoslavia they had raved about the eternity of Titoism. Now they pontificate about the eternity of the EU and liberal democracy. A new form of mimicry, a new form of mental terror has arisen, very similar to the mimicry in the former Yugoslavia, only this time couched in different words.

The EU: the replica of Yugoslavia
The EU Commissars have found good company among the Croatian post-communists. But they were already good friends during the Tito era when Tito was hailed by many Western opinion makers and politicians as the great patron saint of the Yugoslav peoples. Both sides today, be it in the East or in the West, harp on the preservation of the EU because this supranational apparatus greatly resembles ex-Yugoslavia and is apparently slated to cover best the common “un-politics”, especially in the realm of the “transfer union.” Yes, indeed the Germans and the proverbial “Michels” (self-derisory name for the German people. N.B) must pay and pay forever!
 
The break-up of Yugoslavia and the ensuing war in the Balkans, as well as the rise of extreme nationalism, were a logical consequence of the absence of the idea of the Reich. A state miscarriage, dubbed Yugoslavia, was for 50 years financially kept afloat by the liberal West and also upheld and secured by the communist terror at home. Similar to their predecessors, the current Croatian elites have inherited a solid pedigree from the communist period. Despite their ultra-liberal phraseology they can barely hide their communist convictions. Their rootless morphology, although wrapped this time in diverse modalities, can daily be observed in Croatia.
 
The Reich of those times, i.e. from the 15th until the 19th century, and its peripheral peoples like Croatians, was not a fun place where one went skinny dipping on some Croatian beach and drank oneself to death 24 hours a day. The entire space stretching from Carinthia to Macedonia was a horror place where one had to exercise military talent in order to survive. Reich citizens in Carinthia described the Turkish hordes which had almost made it to the Alps and nearly reached Venice with the words “runners and fire-setters“ (Renner und Brenner). Incidentally, it would be a wise idea for actual German diplomats based in Zagreb to engage as patron saints in the excavations of the German-Austrian Wehrmacht soldiers. Thy were murdered by the Communists in Yugoslavia in the summer 1945 with their bones still lying behind the hotel “Imperijal” in the town of Rab, on the Croatian island of Rab.
 
But the idea of the Reich in Central Europe cannot be revived as long as the whole of Europe continues to feed itself spiritually and psychologically on the communist and liberal heritage. Despite the collapse of communism across Eastern and Central  Europe, it is still impossible to bring a single former Yugoslav Commissar to justice. Not a single old Communist in today’s Croatia has been brought to justice for his participation in the crimes against the Croatian people.

*    *    *

In conclusion, one can say that the idea of the Reich offers the best solution for the mutually hostile European nations. Moreover, it is also the best way to preserve their identity. Throughout its history the imperial idea of the St. George knights was never fueled by chauvinism or multiculturalism, or for that matter self- hating motives, which are now common among the political class in Europe.

From the point of view of international law, Croatia has achieved little with its independence. The country is mentally ill and semi-sovereign, so that 20 years after its declaration of independence, as well as 16 years after the war, one must raise the question what did the Croats actually achieve with their independence.Croatia’s sovereignty is exercised no longer in Belgrade, but in Brussels and in Washington.
 
There are many parallels among Germany, Austria and Croatia. Geographically Croatia— all the way eastwards to Transylvania — is part and parcel of the Danube basin, which has been fully permeated by the Central European spirit. It is above all the idea of the Reich that has kept the Croats alive until today. In the eyes of Croats,Austria and Germany are not only the most important European countries, but the embodiment of Europe altogether. Granted, small in-between-European nations, like Croats or Slovaks will never play a decisive role in high politics. Whatever happens in Berlin or Vienna will have its effects only on the following day in Croatia. And this has always been the case in Croatia’s history.
 
For Croats, Serbs, Germans, Hungarians, Romanians, Slovaks and other Central Europeans, the only path to their sovereignty lies in their rejection of petty nationalism, as well as in their throwing off of abstract globalism. The goal for all Croats and all Central Europeans should be their common assertion of the idea of the Reich.
 
Dr. Tom Sunic (www.tomsunic.com) is former professor of political science and a Board member of the American Freedom Party (formerly the American Third Position Party. He is the author of Homo americanus: Child of the Postmodern Age (2007). 

lundi, 24 décembre 2012

La ville malade de la banlieue : sauver les villes des méga-villes

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La ville malade de la banlieue : sauver les villes des méga-villes

par Pierre LE VIGAN

Hubert-Félix Thiéfaine chantait « Quand la banlieue descendra sur la ville  ». C’est  l’expression de la vieille peur de l’encerclement de la ville par la banlieue. Une peur qui s’appuie sur la crainte des émeutes urbaines, sur la peur des immigrés qui peuplent la banlieue, sur un nœud de réalités tout comme de fantasmes. La banlieue apparaît ainsi « contre » la ville, comme son contraire : l’éloignement de tout à la place de la proximité de tout que l’on connaît dans les centres villes. Les prolétaires plutôt que les « cadres sup », les populations « aidées » plutôt que les populations « aisées ». La grisaille plutôt que le clinquant. Les enjoués de la mondialisation plutôt que ses victimes.

Il y a donc bien des facteurs d’opposition entre ville et banlieue. Mais l’une et l’autre se côtoient. Elles sont contre, tout contre l’autre. En d’autres termes, l’une se nourrit de l’autre. La misère de l’une, la banlieue, est évidente (à l’exception de quelques banlieues aisées qui sont une minorité), mais la misère dans les centres-villes existe aussi. Une misère moins matérielle que morale, relationnelle, existentielle. Disons le autrement : ville et banlieue forment système. C’est le système de la modernité. Ville et banlieue souffrent de ses signes, de ses marques, de ses manques. La modernité fait des dégâts partout.

C’est ce que j’ai essayé de montrer dans mon livre, La banlieue contre la ville. Ville et banlieue : de quoi parle-t-on ? Les mêmes mots désignent des réalités qui ne sont plus celles de 1910 ni de 1950. Les banlieues étaient les faubourgs de la ville. Elles étaient le prolongement de la ville et une transition vers la campagne. Le gigantisme est venu bouleverser cela. La banlieue s’étend désormais à perte de vue dans les mégalopoles telle la région parisienne. Paris, la ville historique de Paris, même avec ses quartiers les plus récents, ceux qui n’ont été urbanisés que sous le Second Empire, n’est plus qu’un petit point au centre de l’agglomération parisienne. Deux millions d’habitants vivent à Paris, plus de douze millions vivent à côté de Paris dans les périphéries lointaines de l’agglomération, qui déborde au-delà même de l’Île-de-France, en Picardie, en région Centre, vers la Champagne Ardennes. Tous les gouvernements de la (fausse) droite et de la (fausse) gauche poursuivent le même but, faire de Paris une méga-ville encore plus « compétitive ». Cela veut dire : encore plus financiarisée, encore plus spéculative, encore plus invivable pour la masse de ses habitants. « Nicolas Sarkozy veut donner un nouvel élan au Grand Paris » dont le projet « va jusqu’au Havre », indiquaient Les Échos du 10 octobre 2011, chiffrant à trente-deux milliards le montant des investissements en infrastructures que cela requerra d’ici à 2025. Si cette  dépense n’empêchera pas nombre de Parisiens à essayer de fuir leur mégalopole, comme un million d’entre eux l’ont fait en cinq ans, bien plus nombreux sont les nouveaux habitants qui arrivent à Paris, venus, souvent, des quatre coins du monde et de ce que l’on appelait le « Tiers-Monde », où le manque de perspective attire dans les grandes villes européennes, avec les encouragements et les aides mises en place par l’hyperclasse. Car celle-ci poursuit son objectif : elle ne fait pas du social pour le plaisir de se donner bonne conscience, elle fait un minimum de social, uniquement en direction des couches les plus défavorisées, et en vue d’un objectif précis. Cet objectif, c’est de peser à la baisse sur les salaires des travailleurs originaires du pays d’accueil, de leur faire accepter des reculs sociaux, par une concurrence de main d’œuvre peu exigeante car elle n’a pas le choix. L’immigration de masse est une stratégie du capital. Réserver les H.L.M. aux plus pauvres, généralement issus de l’immigration, est un aspect de cette stratégie, et nous ramène au cœur des questions de la ville, car c’est un moyen pour le patronat de moins payer ces travailleurs (cf. Alain de Benoist dans Éléments, n° 139, 2011, « Immigration, l’armée de réserve du capital » et Le Spectacle du Monde, octobre 2010, « L’immigration en France, état des lieux »). L’objectif du capital, c’est tout simplement un financement public le plus élevé possible de la reproduction de la force de travail permettant à la part privée, patronale, de ce financement, d’être la plus faible possible. C’est uniquement en ces termes – que l’on peut qualifier de marxistes et qui sont en tout cas réalistes – que ceci peut se comprendre et non, comme paraissent le croire certains, parce que les pouvoirs publics seraient animés d’une pseudo-préférence étrangère. Celle-ci n’est qu’une préférence pour l’immigration qui n’est elle-même qu’une préférence pour les bas salaires d’une part, pour la division et l’affaiblissement de la classe ouvrière d’autre part.

L’évolution contemporaine de la ville s’analyse en fonction de cela. En périphérie se situent les zones d’habitat, loin des entreprises, très loin des usines, afin que les travailleurs ne puissent s’organiser et soient usés par le travail, tout comme les chômeurs ne peuvent non plus s’organiser dans ces immenses zones où chacun est isolé de l’autre : car la densité des banlieues est dérisoire face à celle des centres-villes. Au centre des agglomérations se situent les espaces festifs (Festivus festivus disait Philippe Muray), où il s’agit de « s’éclater », où les élus locaux aménagent des espaces de plus en plus « jouissifs » (dixit Bertrand Delanoë), afin de faire oublier les dégâts de la mondialisation, les délocalisations, la liquidation de l’industrie, tout particulièrement en France. Objectif ultime : tuer toute envie de politique, celle-ci étant noyée dans de vagues fêtes citoyennes ou communautaires (participation des élus à des ruptures du jeune, encouragements à tous les replis communautaires, etc.).

Partout les centres-villes sont devenus inabordables pour les classes populaires ou moyennes. Ils sont devenus des musées, sans artisans, sans entreprises autres que des commerces. Immigrés pauvres entassés dans des logements vétustes, bobos charmés par la « diversité » mais très habiles en stratégie d’évitement de celle-ci quand  il s’agit de scolariser leurs enfants, le peuple est en fait chassé du cœur des grandes villes. Les artisans s’y font de plus en plus rares, les petites industries y ont disparu, les services et la tertiarisation ont remplacé les ouvriers.

Face à cela, il faudrait rétablir la possibilité de liens sociaux plus forts. Cela nécessiterait deux choses. La première, c’est la densité, insuffisante en banlieue, ce qui a pour conséquence que ces banlieues sont trop étendues. Trop étendues pour des raisons écologiques, trop consommatrices en énergie notamment pour les transports, trop souvent individuels (usage excessif de la voiture rendu indispensable par la carence des transports en commun). La seconde chose qui serait nécessaire, c’est de développer la mixité habitat-travail, avec donc l’objectif d’une réduction des temps de transport, avec un nouvel urbanisme abandonnant la solution trop facile et inepte de séparer totalement zones d’activité et d’emploi. Ce sont les deux axes majeurs à développer. Comme conséquence de leur application, les liens entre travailleurs, qui sont aussi des habitants seraient facilités, les luttes, à la fois dans le domaine du travail et dans le domaine de l’habitat seraient rendues plus aisées, les collectifs habitants-travailleurs pourraient intervenir dans la gestion des usines, des ateliers, des immeubles. Les luttes sociales redeviendraient possibles à chaque fois qu’il serait nécessaire de s’opposer à la logique du capital, l’organisation des sans travail, les initiatives pour créer des entreprises sans capital, des coopératives ouvrières de production, des entreprises associatives, de l’économie solidaire seraient là aussi facilitées.

En somme, il serait possible de refaire une société forte, autour de la valeur du travail bien sûr mais pas autour du « travailler toujours plus », a fortiori quand il s’agit de travailler toujours plus pour le capital. La mise hors d’état de nuire des trafiquants de drogue et autre  pourrait être réalisée par les habitants-travailleurs eux-mêmes dotés de leur propre garde nationale civique dans le même temps que le cœur de la politique nationale (et européenne bien sûr) devrait être de lutter contre le parasitisme financier, le blanchiment de l’argent sale, la délinquance civique tout autant qu’économique et ses réseaux.

La ville doit être conçue pour le lien social. Elle doit répondre aux besoins éthologiques de l’homme : enracinement, repères, intimité. L’anonymat est aussi un besoin dans les villes, mais c’est son excès que l’on constate, c’est son excès qu’il faut mettre en cause. Pour répondre au besoin d’enracinement, il faut rapprocher habitat et lieux d’activité, il faut voir à nouveau la ville comme un paysage, et réhabiliter la notion d’identité locale, de lieu, de site. Il faut, par la densité, réduire l’étendue des villes, combattre l’étalement urbain, retrouver la coupure franche ville-campagne. C’est que j’essaye de montrer dans mon analyse des rapports de l’homme et de la ville. Montrer pour convaincre. Convaincre pour transformer.

L’avenir de la ville n’est écrit nulle part. Entre le grand ensemble et la marée pavillonnaire, d’autres voies sont possibles. Le devenir-banlieue de la ville n’est pas inéluctable. Les idées de notre modernité ont mené la ville là où on sait. D’autres idées peuvent la mener ailleurs.

Pierre Le Vigan

La banlieue contre la ville. Comment la banlieue dévore la ville et pourquoi le devenir-banlieue de la ville n’est pas une fatalité, Paris, La Barque d’or, 250 p., 18 € (+ 3,50 € de port), à commander à :

http://la-barque-d-or.centerblog.net/

Courriel : labarquedor@hotmail.fr

• Version remaniée pour Europe Maxima d’un article paru dans Rébellion, n° 51, novembre – décembre 2011.


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

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Lode Claes en de Vlaamse Volkspartij

Lode Claes en de Vlaamse Volkspartij
 
Ex: Deltastichting - Nieuwsbrief Nr. 66 - December 2012
 
Onder deze titel werd kort geleden een “masterproef” ingediend bij de faculteit Letteren en Wijsbegeerte van de UGent. Auteur was Kristof Van de vijver, die daarmee grote onderscheiding behaalde. In zijn inleiding stelt de auteur dat hij nogal wat moeilijkheden moest overwinnen om zijn studie af te ronden: op Claes’ archief rust een embargo opgelegd door zijn weduwe Agnes Caers, die ook in persoonlijke contacten met Van de vijver weinig toeschietelijk was.

Hij moest dus wel beroep doen om “mondelinge geschiedenis”, via vraaggesprekken met toenmalige medestanders van Claes, onder andere met Luc Pauwels (die dan nog in de Provence woont) en met Wido Bourel, Els Grootaert, Roeland Raes en Francis Van den Eynde. Er is een uitgebreide bibliografie maar het ontbreken van ‘inside’ informatie laat zich voelen: over de mens Claes vernemen we té weinig, wat voor wie hem persoonlijk kende, echt té mager aanvoelt. Tot een echte schets van de persoonlijkheid komt Van de vijver amper en zijn studie schreeuwt echt om verder onderzoek, wat helaas maar na voormeld embargo zal kunnen gebeuren…

Levensschets

Lode Claes“Non-conformist en cavalier seul”, zo kan men Lode Claes best typeren. Hij was afkomstig van Borgerhout (17 juli 1913) uit een vlaamsgezinde familie. Hij was actief in het Algemeen Vlaams Studentenverbond, studeerde rechten in Leuven en was daar betrokken bij het A.K.V.S., het K.V.H.V. en het Verdinaso. In 1936 advocaat in Antwerpen, waarna hij in 1939 in München cursus ging volgen bij Karl Haushofer. In 1940 werkte hij voor de Nationale Landbouw- en Voedingscorporatie en werd onder burgemeester Jan Grauls schepen voor Groot-Brussel. Hij kreeg daarvoor 10 jaar hechtenis, waarvan hij 57 maanden zou vastzitten! Na zijn vrijlating werkte hij bij de Vlaamse Linie en later bij De Standaard. Na een moeilijke periode werd hij secretaris van de Economische Raad voor Vlaanderen, later beheerder bij de bankgroep Lambert. In 1968 kwam hij bij de Volksunie binnen, waar hij senator werd. Uit onvrede met het Egmontpact en evenzeer omdat hij zich niet meer thuis voelde bij softlinkse elementen en het compromisgerichte partijdeel trok hij zich in de zomer van 1977 terug en richtte hij in het najaar de Vlaamse Volkspartij op, tot eind 1979. Dan trok hij zich helemaal uit de partijpolitiek terug, werd directeur van Trends en schreef drie boeken: Het verdrongen verleden (in 1983), De afwezige meerderheid (in 1985) en De afwendbare nederlaag (in 1986). Hij bleef als publicist bedrijvig tot zijn overlijden in Cadzand op 16 februari 1997.

De Vlaamse Volkspartij

Lode Claes was een persoonlijkheid: hij stond moreel sterk en was ruim onderlegd en enorm belezen.  Hij was optimistisch wat betreft de toekomst van de Vlamingen in Brussel: eenmaal senator pleitte hij voor V.U.-regeringsdeelname en hij had nogal wat PVV-contacten. Toen hij zijn vertrek uit de V.U. aankondigde, werd er blijkbaar door de partij niet veel moeite gedaan om hem tegen te houden.

Vanaf juli 1977 kondigde hij de vorming van een eigen partij aan, en in een eerste korte fase was er druk contact met nationalisten als Karel Dillen en Leo Wouters, die al langer in onmin met de partij leefden. Op 19 november 1977 werd in Dilbeek de Vlaamse Volkspartij gesticht, van bij de aanvang een formatie die vooral intellectuelen en mensen uit de burgerij groepeerde, vooral uit Vlaams-Brabant.

Deze Vlaamse Volkspartij heeft in haar korte bestaan – met twee verkiezingen op twee jaar tijd – niet de kans gehad een uitgewerkt programma op te stellen. Een degelijk functionerende partijraad was er niet. Om dan toch een poging tot het opstellen van de politieke filosofie van de partij te schetsen, doe de auteur beroep op de “Verklaring van Dilbeek”, opgesteld op het eerste congres. Hij vermeldt 5 beginselen: 
  • Valorisatie van de Vlaamse meerderheid, aangevuld met (nogal vaag) Heelnederlands gedachtengoed
  • Herstel van de democratische instellingen van de rechtsstaat, met o.a. kiesrecht in plaats van kiesplicht
  • Ethische waarden: het gezin als hoeksteen, eerbied voro het leven, waarbij over abortus een open debat mogelijk moest zijn
  • Natuurlijke en nationale solidariteit
  • Verdediging van de vrije markteconomie.
In de praktijk profileerde de Vlaamse Volkspartij zich vooral als anti-Egmontpartij, onder andere door een massameeting in de Brusselse Magdalenazaal op 16 februari 1978. Eind 1977 had de Vlaamse Volkspartij net geen 1.000 leden en ontstonden voorzichtige gesprekken met Dillen’s V.N.P., die in de aanloop naar de vervroegde parlementsverkiezingen van december 1978 zouden leiden tot een kartel, het Vlaams Blok dat voor de Kamer 75.635 stemmen wist te sprokkelen. Dat leverde weliswaar één kamerzetel op, maar niet in Brussel met Lode Claes, maar wel in Antwerpen met Karel Dillen. Meteen werd het kartel stopgezet en volgde een leegloop van sympathisanten. Het werd voor Claes steeds dringender om zijn partij een nieuw elan te bezorgen, maar tegelijk kondigden veel kaderleden aan dat er definitief toenadering tot de V.N.P. moest worden gezocht. Dat leidde op het tweede partijcongres te Antwerpen – op 31 maart 1979 – tot een breuk: ongeveer 1/3de van de aanwezigen stemde voor besprekingen met Karel Dillen. Een afvaardiging nam meteen contact op. Lode Claes zette door met wat restte bij de V.V.P. en bereidde de Europese verkiezingen van 10 juli 1979 voor. Het werd een fiasco: slechts 34.706 stemmen, of 1,4%. Dat betekende meteen het einde van de partij: ze werd in de herfst in alle stilte ontbonden…

Besluit

De V.V.P was en bleef zo goed als een eenmanspartij. Na het mislukte congres en zeker na de Europese verkiezingen was de fut er bij Claes  wel helemaal uit. Zijn droom, zijn politieke ideeën ook met een partij uit te dragen, was voorbij. Zijn gebrek aan praktische ervaring met een politieke partij speelde hem al in een vroeg stadium parten: hij hechtte – terecht! – veel belang aan ideeën en achtergronden, maar al te weinig aan de vorming van militanten en kaderleden. Dat bracht mee, toen Claes geen perspectief  zag, en ook partijsecretaris Luc Pauwels zich terugtrok, dat de hele partij als het ware in rook opging. Tekenend is ook dat er niet écht gedacht werd aan het opstarten van een partijblad, wat de V.N.P. wel meteen deed…

De Vlaamse Volkspartij blijft een politieke eendagsvlieg, maar was tevens een boeiend fenomeen enerzijds door de persoonlijkheid van haar “stichter-voorzitter” Claes, anderzijds door haar opzet Vlaams-nationale en vrij-denkende ideeën bijeen te brengen en veelal politiek-ongebonden persoonlijkheden samen te laten werken.  De thesis van Van de vijver is, ondanks de hiervoor beschreven handicap, een verdienstelijk werkstuk, dat aanzet tot verder onderzoek!

(Karel Van Vaernewijck)

Blackwater wird neuer Vermieter der amerikanischen Spezialeinheiten in Afghanistan

Blackwater wird neuer Vermieter der amerikanischen Spezialeinheiten in Afghanistan

Redaktion

Während US-Präsident Obama auf eine rasche Beendigung des militärischen Engagements der USA in Afghanistan drängt, verfolgen Teile seiner Regierung andere Pläne. So wurde ein Gebäudekomplex, der dem vom früheren Navy-SEAL-Angehörigen Eric Prince gegründeten privaten Militärdienstleister Academi gehört, für 22 Mio. Dollar zur Unterbringung amerikanischer Soldaten im Jahr 2015 angemietet.

Diese private Kriegs AG, die zuerst unter dem Namen »Blackwater« firmierte, dann ihren Namen in  »Xe Services« und zuletzt seit Dezember 2011 in »Academi« änderte,  ist als stolzer Gewinner aus dem ausschreibungsfreien Vergabeverfahren hervorgegangen, dass dem Unternehmen für die folgenden Jahre lukrative Gewinne aus den amerikanischen Kriegen sichert. Wie das Wired.com angeschlossene Internetportal Danger Room als erstes berichtete, wird Academi die erst vor

Kurzem geschaffene Special Operations Joint Task Force - Afghanistan durch die Bereitstellung von Unterkünften und Büroräumen auf ihrem etwa vier Hektar großen befestigten Gebäudekomplex mit Namen »Camp Integrity« in der afghanischen Hauptstadt Kabul unterstützen.

Spencer Ackerman von Danger Room berichtete, Academi habe den Zuschlag erhalten, Camp Integrity im Mai 2015 an Spezialeinheiten zu leasen und auf diese Weise für die Unterbringung von etwa 7.000 Soldaten der Elitetruppen zu sorgen.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/redaktion/blackwater-wird-neuer-vermieter-der-amerikanischen-spezialeinheiten-in-afghanistan.html

dimanche, 23 décembre 2012

Monti crise de la gouvernance et de la démocratie

Monti crise de la gouvernance et de la démocratie

par Jean-Gilles MALLIARAKIS

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Pas facile de mesurer, même pour un pays aussi proche que l'Italie, les conditions politiques locales. Ainsi la menace de démission de Mario Monti, formulée le 9 décembre, si elle devait se confirmer est ressentie comme une formidable menace pour la gouvernance européenne. Le motif de cette crise réside dans l'annonce d'un retour de son prédécesseur sur la scène électorale.

Or les choses qui paraissent simples au départ, se compliquent souvent à l'usage. Les organes de la désinformation parisienne nous apprenaient ainsi, le 12 décembre, que Silvio Berlusconi change son fusil d'épaule. Il se dit prêt à se retirer en cas de candidature du chef du gouvernement, aux élections législatives anticipées (1)⇓ "J'ai proposé à Monti d'être candidat en tant que chef de file du centre modéré et il a dit qu'il ne le voulait pas. Si sa position change, je n'aurai aucun problème à m'écarter (...) Je n'ai pas d'ambition personnelle", déclare maintenant l'ancien président du Conseil.

Observons aussi que tout ceci pose en fait la question de la démocratie dans chacun de nos pays que nous croyons encore des États souverains.

Ce n'est pas en effet dans le cadre des débats internes, que fut décidée la chute de deux gouvernements, celui de Silvio Berlusconi à Rome et celui de Georges Papandréou à Athènes. Ils furent éliminés en fait lors de la réunion de Cannes du 3 novembre 2011 en marge du G20.

Les deux personnages n'incarnaient à vrai dire, dans leurs pays respectifs, ni les mêmes idées, ni les mêmes pratiques, ni les mêmes configurations psychologiques

Mais l'un comme l'autre se trouvaient confrontés à la même situation financière inextricable. Celles-ci résultent de pratiques budgétaires désormais incompatibles avec l'Union monétaire.

Il se trouve cependant que l'un comme l'autre disposait de majorités parlementaires. Assurant leur légitimité au regard des règles démocratiques celles-ci les avaient soutenus jusque-là.

On jugeait alors inadmissible le cas du chef de gouvernement grec, président de l'Internationale socialiste. Mais on ne lui reprochait pas la suite d'erreurs d'orientations économiques, pourtant impardonnables, et démagogiques, infligées à son pays à partir de sa victoire électorale de l'automne 2009.

On n'acceptait simplement pas l'idée qu'il pût soumettre à référendum l'accord financier de sauvetage conclu avec ses partenaires européens et avec les bailleurs de fonds. Cette procédure aurait pu sembler pourtant la moindre manifestation de politesse à l'égard du peuple souverain.

Quant à son homologue de Rome on avait laissé passer toutes ses frasques et incongruités : on n'acceptait pas son esquisse, tant soit peu bâclée, en quelques jours, de rétablissement des comptes publics. Or, rappelons-le, les finances de l'État italien dégagent ce qu'on appelle des "excédents primaires", c'est-à-dire des amorces de remboursement de la dette. En revanche, depuis plusieurs années les nouveaux emprunts contractés par le Trésor Public hexagonal servent à financer les échéances des prêts antérieurs. (2)⇓

La manière dont les deux hommes furent alors débarqués a fait l'objet d'un témoignage, pour une fois recevable, venant d'un témoin direct, le petit ministre parisien des finances Baroin. Il n'hésite pas d'ailleurs à contredire aujourd'hui, dans son livre (3)⇓ les déclarations qu'il diffusait à l'époque pour convaincre le monde de la solidité de la Zone Euro.

Et donc, sous la pression du Directoire de fait au sein de l'Union européenne, et Berlusconi et Papandréou ont dû laisser la place. Celui-ci s'est retiré au profit d'un gouvernement provisoire constitué, pour quelques mois, autour du respectable banquier central Loukas Papadimos. Celui-là s'est démis au profit d'un ministère technique dirigé par Mario Monti, honnête transfuge de la Commission.

Certains ont cru pouvoir monter en épingle les liens réels ou supposés avec la finance internationale et plus précisément avec la firme Goldman Sachs. Ils auraient sans doute gagné en crédibilité en pointant d'autres ramifications : le malaise est le même, on l'exorcise comme on veut, ou comme on peut.

Ainsi tout le monde cite cette fameuse banque, presque comme on pourrait parler des clients de la SNCF, mais on omet soigneusement de rappeler le rôle néfaste de Strauss-Kahn aux côtés de Papandréou, ou la réunion du groupe de Bilderberg à Vouliagmeni en 2009, à laquelle participait le gentil fonctionnaire de l'OCDE Papakostantinou qui allait devenir ministre [socialiste] des Finances du calamiteux gouvernement.

La réalité cependant n'est pas aussi "journalistique" ; elle ne correspond pas nécessairement à un "complot" : elle résulte en effet d'une contradiction mécanique.

Ainsi lorsque Mario Monti annonce sa décision à la fois "irrévocable", mais "à terme", et quoique soumise à condition suspensive... lorsqu'il dit qu'il déclare qu'il se retirera "après le vote sur la loi d'orientation budgétaire" ... supposée répondre en décembre 2012 à des objectifs posés en novembre 2011... il paraît logique de se poser certaines questions subsidiaires.

L'Italie va de toute manière vers des élections. Anticipées ou non, la différence ne semble pas considérable. Le parti "démocrate" ex-démocrate sinistre, et ex-communiste, est présenté comme bénéficiant d'un fort vent en poupe. Que se passera-t-il dès lors si le nouveau gouvernement remet en cause, comme le suffrage universel pourrait bien l'y inviter, les conséquences monétaires des accords européens ?

Conservant pour ma part une certaine sympathie pour Gianfranco Fini, considéré comme un traître par les inconditionnels berlusconiens, et actuellement président de la chambre des députés italiens, je consulte toujours ses commentaires et je lis celui du 9 : à propos de la démission [annoncée] du chef du gouvernement, il trouve qu'elle "fait honneur à son sens des responsabilités". Certes : mais comment compte-t-on s'y prendre pour faire face aux pressions qui vont, immanquablement s'exercer sur l'État italien et sur sa Trésorerie du fait de cette hypothétique décision.

Nous disposons, avec la Grèce, hélas pour ce pays, d'un laboratoire expérimental particulièrement riche en enseignements depuis 2009.

On doit mettre en cause la lucidité de tous ceux qui, depuis, ont répété successivement "l'Espagne c'est pas pareil", "l'Italie c'est pas pareil". Ils diront bientôt que "la France c'est pas pareil", comme les chips et les chipsters, alors qu'en réalité ce sera pareil, les mêmes causes [le surendettement] provoquant les mêmes effets [la ruine].

Qu'avons-nous pu observer en Grèce :

1° Ne perdons pas de vue le malheur d'une partie du pays. À ce jour le chômage atteint officiellement un taux de 24,8 % et les jeunes prennent comme aux pires heures de l'Histoire, chemin de l'exil. Tous les journaux de l'Hexagone en parlent. On peut regretter cependant qu'ils en profitent pour distiller un sous-entendu permanent... celui dont nous ont toujours intoxiqués les républiques successives "tout va mieux en France"... comme s'il fallait remercier notre classe politique de lambeaux de prospérité que l'État central parisien n'a pas encore gâchés.

2° Les manifestations de masse contre l'austérité se sont soldées par des échecs. Elles ne servent à rien sinon à renforcer la méfiance des investisseurs, et même à encourager la sortie, légale ou non, des capitaux : pourquoi détenir un compte bancaire local susceptible de changer de devise de référence du jour ou lendemain ?

3° la sympathie des Étrangers ne produit pas grand-chose. Elle s'émousse très rapidement, dans le meilleur des cas, quand elle ne se transforme pas en suspicion et hostilité.

4° l'incompréhension des médiats, des observateurs et même des décideurs les amène à confondre la classe politique et le pays en général, à assimiler les discours des imprécateurs et de l'opposition aux actes réels du gouvernement, etc.

Au total les réponses technocratiques à la crise, opérées par d'irresponsables et molles synarchies n'ont fait dans un premier temps que renforcer les courants d’opinions protestataires. Fort heureusement, les baudruches apparues depuis plusieurs mois commencent à se dégonfler.

Car, quelle que soit l'aide extérieure, un pays ne peut s'en sortir que par lui-même.

La simple "gouvernance", ce mot horrible réduisant les choses à leur dimension administrative, cela ne suffit jamais. Les mesures les plus arithmétiquement évidentes requièrent l'adhésion des hommes.

Plus tard l'opinion prend conscience de l'obligation de ne pas dépenser l'argent dont on ne dispose pas, plus le rétablissement se révèle douloureux.

Il était bien tard à Athènes en juin 2012 lorsque fut enfin constitué le gouvernement d'Antonis Samaras.

Et, en France l'heure tourne, au point que le soir tombe, quand chaque semaine le gouvernement Ayrault annonce de nouvelles dépenses non financées.

JG Malliarakis
        

Apostilles

  1. cf. AFP du 12/12/2012 à 18:42
  2. cf. "Pour une libération fiscale" chapitre "L'Etau budgétaire de 2012"
  3. cf "Journal de crise" JC Lattès, 2012, 220 pages.

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Deux sources radicales de l’islamophobie

Deux sources radicales de l’islamophobie

par Ulysse GIRARD

islamophobie.jpgS’interroger sur la source radicale d’un phénomène n’est pas en nier le caractère multifactoriel, ni même en dégager la cause principale, mais plutôt la cause la plus profonde et la plus cachée, celle qui en est à la racine car son impensé le plus profond. Toute réflexion réellement utile sur la cause d’un phénomène doit en dégager la source radicale, car là est le vrai travail de révélation puis de compréhension réglée du réel.

Peuvent cœxister plusieurs causes radicales d’un phénomène, qui interagissent entre elles. L’islamophobie est aujourd’hui en France un phénomène grandissant; elle s’inscrit dans un discours de plus en plus décomplexé. Elle est un problème politique et social, mais aussi un révélateur de phénomènes plus profonds, qui se disent par elle tout en se cachant, comme le symptôme peut dire et cacher la maladie. L’islamophobie est donc un phénomène intéressant en tant qu’il est un révélateur de ce que l’on ne veut pas voir, et en l’occurrence il ne s’agit pas du danger, tantôt réel, tantôt fantasmé, de l’islam, de l’islamisation ou d’un certain type d’islam (distinctions que l’on n’interrogera ni ne justifiera ici).

La première cause du caractère grandissant du phénomène est la prédisposition du peuple à la condamnation de toute religion un tant soit peu combative. Cette prédisposition s’enracine d’une part dans une histoire, une mémoire, voire un mythe, celle de la République anticléricale, du combisme au Cartel des gauches; et d’autre part, dans une idéologie anti-religieuse conditionnée par l’état actuel des modes de production en France, et en Occident de façon plus générale. La religion est une menace en cela qu’elle viendrait entraver, dans certains cas et pour certaines religions bien particulières (donc pas le capitalisme anglo-saxon, fruit d’un protestantisme dévoyé) le capitalisme de la séduction, c’est-à-dire la recherche du profit du côté de la chaîne de production (méfiance à l’égard de l’usure, du profit voire de l’argent en général) et de la jouissance effrénée du côté de la consommation. Cette idéologie consumériste est d’autant plus redoutable que, contrairement à la discipline, voire à l’ascèse du travail qui dominait toutes les classes sociales à la fin du XIXe siècle, y compris la bourgeoisie, l’idéologie de la jouissance n’a pas à contraindre nos prédispositions biologiques élémentaires et primaires au désir et à la jouissance. La religion venant s’opposer au consumérisme frénétique, celle-ci en tant qu’idéologie entre en confrontation directe avec une certaine idéologie soi-disant républicaine, c’est-à-dire libertaire. C’est là l’islamophobie des laïcards comme Christine Tasin, de certains journalistes (du Point ?) et des groupes féministes ou L.G.B.T.

Cette thèse est connue. Néanmoins, elle n’est que l’une des deux sources, la moins problématique de toutes, car elle ne touche pas au grand tabou de notre société. Critiquer la religion est acceptable en France, car par un effet d’hystérèse représentationnel, la religion est encore conçue comme l’opium du peuple, l’Infâme, l’ennemi perpétuel et enragé de la liberté, de l’intelligence, du débat et, in fine, de la démocratie. On pourrait montrer comment l’anticléricalisme a pu servir de soupape de sécurité ou de diversion pendant toute notre histoire pour détourner le peuple des vrais combats, en particulier le combat de classes, comme le Cartel des Gauches le fit en 1924 pour éviter de se justifier de sa collusion avec le Grand Capital. Là encore, l’islamophobie fait figure de diversion dans le débat public, voulue mais surtout fantasmée. Voulue, car les réseaux qui nous dirigent préfèrent que l’on s’occupe de sujets peu dangereux plutôt que de ceux qui posent vraiment problème (comme la dette, l’austérité, le T.S.C.G. … ou sous Sarkozy, la vente d’or de la Banque de France à bas prix à Washington, la posture sécuritaire et identitaire permettant de s’acheter un patriotisme au rabais). Mais cette diversion est aussi fantasmée, car elle permet de refuser, par un ennemi commode, de nommer les vrais problèmes.

Le grand tabou en France est ethnico-racial. La guerre de 39-45, qui fut pour nous une blessure narcissique grave (on n’explore pas assez la thèse selon laquelle la mémoire de cette guerre nous est traumatique aussi pour cette raison in fine bien peu noble : la défaite et l’occupation) doublée d’un génocide, en grande partie fondé sur des questions de race. Auschwitz fut notre péché originel : commis par nos ancêtres, il nous hantera pour toujours, et nous devrons l’expier à jamais. Il nous hante surtout par son non-dit : la dimension ethnique du politique. C’est bien la Seconde Guerre mondiale et le nazisme qui constituent le spectre derrière le tabou, et non un supposé universalisme républicain (les républicains, y compris de gauche, ne s’embarrassaient pas de scrupules sur la question raciale à la fin du XIXe siècle). Or l’islamophobie, voire la laïcité, permettent à peu de frais de nommer un ennemi sans dire la vérité, par un effet d’association d’idée parfois inconscients, mais aussi parfois de manière délibérément tactique. La France subit un remplacement de population à grande échelle. Parmi les populations nouvellement arrivées, une grande partie est arabo-berbère. Les Arabo-Berbères sont, pense-t-on, musulmans. En ciblant l’islam, on ciblera les musulmans, et donc les Arabo-Berbères. L’islamophobie serait donc chez beaucoup un racisme caché, qui permet de s’offrir une conscience à peu de frais (une conscience, c’est-à-dire une respectabilité). Et c’est précisément cette source-là, et non une haine particulière pour la religion ou pour la morale en tant que telles (en témoignent l’islamophobie de populations chrétiennes, ou pratiquant une forme de décence commune populaire) qui permet le succès de l’idée islamophobe et sa diffusion rapide dans la population, à cause du malaise causé par une submersion populationnelle plus ou moins bien perçue.

Or l’islam n’est pas le problème, mais la victime d’un transfert. L’islam est en tant que telle une spiritualité respectable, qui a beaucoup emprunté au paganisme européen (néo-platonisme et aristotélisme principalement). Le cœur européen du christianisme est ce qu’il a hérité du paganisme européen : le droit romain, mais aussi la philosophie grecque, héritage partagé par l’islam, et qui permit un dialogue fécond entre ces deux religions (les controverses entre Thomas d’Aquin et Averroès en sont un exemple : ces échanges n’auraient pas été possibles sans un fond aristotélicien commun). Il y a un héritage européen de l’islam, qui permettrait en droit et pour une certaine conception de l’islam de le rendre compatible avec une authentique civilisation européenne (et donc pas avec l’Occident du capitalisme de la séduction).

L’autre grand problème de ce transfert est non seulement qu’il choisit une victime innocente, mais aussi qu’il oublie une grande partie de la donnée du problème. Une grande partie du grand remplacement de population et du déracinement universel n’est pas le fait de populations musulmanes, ni ne concerne des populations musulmanes, mais aussi des populations chrétiennes (populations d’Afrique Noire), hindoues, ou athées (lumpenprolétariat de banlieue).

Le problème subsistera donc tant que l’on refusera de poser le bon diagnostic. Le problème est double : il vient première de la violence du capitalisme mondialisé, qui déracine les peuples et donc les assassine, puis les immerge dans la décadence du capitalisme de la séduction. Il vient ensuite du brassage ethnique et, in fine, racial en Europe et ailleurs dans le monde. On ne gagne rien à ne pas nommer les problèmes, car on ne les règle pas et, pire encore, on sacrifie l’innocent et peut-être même, selon les circonstances, un allié et un ami. Mais la lucidité nécessite du courage car, dans le règne du faux universel, tout jugement vrai concourt à déstabiliser le système. Cela veut dire entrer dans une guerre quotidienne dont la lutte idéologique est l’une des modalités princeps.

Ulysse Girard

• D’abord mis en ligne sur Scriptoblog, le 4 décembre 2012, et repris sur Cercle non conforme, quatre jours plus tard.


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Presseschau - Dezember 2012

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Presseschau

Dezember 2012

AUßENPOLITISCHES

Die Wende
Der Anfang vom Ende der Europäischen Union
Die EU in Aktion: In Madrid wird von der Polizei auf Demonstranten eingeprügelt, während sich Brüssel einen neuen Streich aus dem Programm "gender equality" einfallen lässt. Merkwürdige Prioritäten! Von Henryk M. Broder
http://www.welt.de/debatte/henryk-m-broder/article111172543/Der-Anfang-vom-Ende-der-Europaeischen-Union.html

EU erwägt Beschäftigungsgarantie
Kommentar: Ausgeburt der Weltfremdheit
http://www.op-online.de/nachrichten/politik/kommentar-beschaeftigungsgarantie-eu-2649595.html

Nigel Farage: Wir werden noch viel mehr Proteste und Gewalt sehen
http://de.ibtimes.com/articles/26172/20121115/nigel-farage-wir-werden-noch-viel-mehr-proteste-und-gewalt-sehen.htm

Großbritannien
Pflegeeltern verlieren Kinder wegen UKIP-Mitgliedschaft
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M57c65c657a2.0.html

(Retourkutsche)
Slowaken werfen britischer Behörde Rassismus vor
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5fc7cc6dcb9.0.html

Brüsseler Diktatoren
Von Duschkopf bis Traktorensitze: In immer mehr Lebensbereiche will Europa hineinregieren. Es tobt ungehemmte Regelwut. Jetzt revoltieren EU-Parlamentarier dagegen
http://www.focus.de/magazin/archiv/politik-bruesseler-diktatoren_aid_852611.html

EU-Beamten winkt Gehaltserhöhung
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5043bbb65ac.0.html

(Jede Krise hat auch ihre gute Seite)
Weniger Verkehrstote durch Krise in Spanien
http://orf.at/stories/2149411/

Die Geldelite verselbständigt sich
Der Soziologe Hans-Jürgen Krysmanski über die Reichen und Mächtigen dieser Welt
http://www.heise.de/tp/artikel/37/37867/1.html

Erwin Pelzig über Goldman Sachs und Angela Merkel
http://www.youtube.com/watch?v=1h1GaoAd8Hs&feature=youtu.be

„Euro-Rettung bindet Deutschland an einen Leichnam“
Wer profitiert eigentlich vom Erhalt des Euro? Die Rettungspolitik hilft deutschen Exporteuren bei Geschäften mit Krisenstaaten - zu Lasten der Steuerzahler. Besser wäre es, den Euro sterben zu lassen. Ein Gastkommentar
http://www.handelsblatt.com/meinung/gastbeitraege/gastbeitrag-euro-rettung-bindet-deutschland-an-einen-leichnam/7431622.html

(Keine 24 Stunden nach der US-Wahl wurde folgendes bekanntgegeben)
Prognose der Kommission EU übt sich in Pessimismus
Die EU-Kommission errechnet neue Tiefpunkte in der Schuldenkrise: Das Wachstum schrumpft weiter, die Arbeitslosigkeit steigt, der Schuldenberg wird immer größer. Der Bericht zeigt auch: Vorherige Prognosen waren zu optimistisch.
http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/prognose-der-kommission-eu-uebt-sich-in-pessimismus-1.1516877

(Ebenfalls keine 24 Stunden nach der US-Wahl. Man rückt an den Iran heran)
Gegen Angriff Syriens
Die Nato stationiert Abwehrraketen in der Türkei
http://www.focus.de/politik/ausland/gegen-angriff-syriens-die-nato-stationiert-abwehrraketen-in-der-tuerkei_aid_855687.html

(Bewilligung der Kriegskredite…)
SPD spricht sich für Patriot-Lieferung an die Türkei aus
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M550c3e0c6df.0.html

Wirtschaft
Frank Meyer befragt Stefan Risse: "Was passiert nach der US-Wahl?"
http://www.n-tv.de/mediathek/videos/wirtschaft/Was-passiert-nach-der-US-Wahl-article7677366.html

Cornel West
"Obama hat sich als Neoliberaler erwiesen"
http://www.zeit.de/politik/ausland/2012-11/usa-philosoph-cornel-west/seite-3
(S.3)

Obamarama
http://www.heise.de/tp/artikel/37/37933/1.html

Deutlicher Sieg für Obama
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5d64d2602a6.0.html

Wählen nach Farben
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5eb8f01bc22.0.html

(EU-Wirtschaftsdrohung)
Unabhängiges Katalonien kann nicht bei EU bleiben
http://www.kleinezeitung.at/nachrichten/politik/3154083/unabhaengiges-katalonien-kann-nicht-bei-eu-bleiben.story

Katalonien: Ein neuer Staat in Europa
http://diepresse.com/home/wirtschaft/international/1308410/Katalonien_Ein-neuer-Staat-in-Europa?_vl_backlink=/home/index.do

(Linksintellektuelle – stets globalistisch für Erhalt von Großstrukturen…)
Spanische Intellektuelle gegen Unabhängigkeit Kataloniens
http://www.nachrichten.at/nachrichten/weltspiegel/art17,1001286

Selbsttötungen in Spanien
Banken setzen Räumungen aus
http://www.n-tv.de/wirtschaft/Banken-setzen-Raeumungen-aus-article7731151.html

Schweden
Haftstrafe für rassistischen Malmö-Sniper Mangs
http://www.welt.de/vermischtes/article111428974/Haftstrafe-fuer-rassistischen-Malmoe-Sniper-Mangs.html

(Weihnachtsbaum in Brüssel abgeschafft)
Das hat uns noch gefehlt!
http://helmutmueller.wordpress.com/

Am 4 . November begeht Russland den Tag der Volkseinheit. Es ist ein recht junges Fest
http://german.ruvr.ru/2012_11_04/93440902/

Wie Russlands patriotische Kosaken Moskau erobern
http://www.welt.de/politik/ausland/article111565049/Wie-Russlands-patriotische-Kosaken-Moskau-erobern.html

Tschetschenische Hauptstadt Grosny wieder aufgebaut
http://rt.com/news/chechen-republic-grozny-city-181/

Mali
Islamisten verhaften unverschleierte Frauen
Der Druck von al-Qaida auf die Bevölkerung Malis wird immer größer. Die radikalen Islamisten haben in Timbuktu Dutzende Frauen inhaftiert, die in ihren eigenen Häusern unverschleiert waren.
http://www.welt.de/politik/ausland/article111222971/Islamisten-verhaften-unverschleierte-Frauen.html

Die "Simpsons" sind Gotteslästerer
Türkei verteidigt Geldstrafe
http://www.n-tv.de/panorama/Tuerkei-verteidigt-Geldstrafe-article9707626.html

Nordkoreas Gulag
In der Hölle geboren, aus der Hölle geflohen
http://www.welt.de/kultur/literarischewelt/article109335573/In-der-Hoelle-geboren-aus-der-Hoelle-geflohen.html

Tote Generäle in Nordkorea
Wer nicht trauert, wird hingerichtet
http://www.spiegel.de/politik/ausland/nordkorea-top-militaers-wegen-mangelhafter-trauer-hingerichtet-a-863323.html

Reaktion auf Uno-Bericht
Nordkorea sieht sich als Verteidiger der Menschenrechte
http://www.spiegel.de/politik/ausland/nordkorea-lobt-sich-fuer-menschenrechte-a-865075.html

Flugblatt-Streit mit Südkorea
Nordkorea droht mit Angriff ohne Vorwarnung
http://www.spiegel.de/politik/ausland/streit-um-flugblaetter-nordkorea-droht-mit-angriff-ohne-vorwarnung-a-862175.html

Nach Todesschüssen
Nordkoreanischer Soldat flieht in den Süden
http://www.spiegel.de/politik/ausland/nordkoreanischer-soldat-flieht-in-den-sueden-a-859837.html

Kritik gegen „Lakaien“ des chinesischen Systems
Literatur-Nobelpreisträger Mo Yan „sollte sich schämen“
http://www.focus.de/politik/ausland/kritik-gegen-lakaien-des-chinesischen-systems-literatur-nobelpreistraeger-mo-yan-sollte-sich-schaemen_aid_876700.html

Literaturnobelpreisträger Mo Yan wischt "Schmutzwasser" gelassen ab
Nun macht er seinem Ärger Luft: Bei der Nobelvorlesung in Stockholm beschimpfte der chinesische Literaturnobelpreisträger Mo Yan seine Kritiker. "Dreckwasser" und "Steinewerfen" beeindrucke ihn nicht
http://www.stern.de/politik/ausland/literaturnobelpreistraeger-mo-yan-wischt-schmutzwasser-gelassen-ab-1938942.html

INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK

Wie Apple & Co. den Fiskus austricksen Steuertrickser.com
Sie beherrschen das Internet. Sie sammeln weltweit Daten. Sie verdienen Milliarden - und zahlen kaum Steuern. Apple, Google und andere Technologiekonzerne nutzen legale Schlupflöcher, um sich dem Zugriff des Fiskus zu entziehen. Auch Deutschland ist betroffen.
http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/einsparungen-in-der-technologiebranche-wie-apple-co-den-fiskus-austricksen-1.1514685

Deutsche shoppen sich in den Schuldenabgrund
Die Zahl der überschuldeten Deutschen ist auf 6,6 Millionen gestiegen
http://www.welt.de/wirtschaft/article110786542/Deutsche-shoppen-sich-in-den-Schuldenabgrund.html

Griechenland-Hilfe
Deutschland rettet in der Euro-Krise die Hedgefonds
Die Regierung will ihren Bürgern nicht eingestehen, dass die Rettung Athens Steuergeld kostet. Deshalb wählt man komplizierte Konstruktionen – über die sich vor allem Spekulanten freuen.
http://www.welt.de/wirtschaft/article111760826/Deutschland-rettet-in-der-Euro-Krise-die-Hedgefonds.html

Die Vermögenskrise in einer Demokratie - Volker Pispers 10.11.2012 - die Bananenrepublik
http://www.youtube.com/watch?v=cRSDSPczjEE

Piraten für Offenlegung von Politiker-Nebeneinkünften
Wir machen das! Warum macht ihr das nicht auch?
http://www.youtube.com/watch?v=QQsmOGOHkmA&feature=youtu.be

(Kein Spaß für Gläubiger)
Bundesjustizministerin will private Insolvenz vereinfachen
http://www.badische-zeitung.de/wirtschaft-3/bundesjustizministerin-will-private-insolvenz-vereinfachen--63084640.html

Vorwürfe gegen Hypo-Vereinsbank
Gustl und das Schwarzgeld
http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/vorwuerfe-gegen-hypovereinsbank-gustl-und-das-schwarzgeld-1.1522324

Fall Mollath und Hypo-Vereinsbank
Der Mann, der zu viel wusste
http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/fall-mollath-und-hypo-vereinsbank-der-mann-der-zu-viel-wusste-1.1521550

Fall Mollath
Justizministerin Merk in Erklärungsnot
http://www.sueddeutsche.de/bayern/fall-mollath-justizministerin-merk-in-erklaerungsnot-1.1521652

Fall Gustl Mollath
Gefangen in weiß-blauem Filz
http://www.spiegel.de/panorama/justiz/fall-mollath-gefangen-in-weiss-blauem-filz-a-870264.html

Kurstadt erhebt Pferdesteuer
Kommentar: Einfach nur lächerlich
http://www.op-online.de/nachrichten/hessen/kommentar-erhebung-pferdersteuer-2635411.html

Identitäre Bewegung Deutschland
http://www.identitaere-bewegung.info/

Die Identitären
http://dieidentitaeren.tumblr.com/
(Antifa-Autor Bernard Schmid zum ersten…)
Convention identitaire in Südfrankreich: Französische und europäische Neofaschisten versammelten sich in Orange
http://www.labournet.de/internationales/fr/orange.html

(Antifa-Autor Bernard Schmid zum zweiten…)
Nationalistische „Identitäten“
http://www.bnr.de/artikel/hintergrund/nationalistische-identitaeten

(Antifa-Autor Bernard Schmid zum dritten…)
Auf Identitätssuche
http://jungle-world.com/artikel/2012/45/46543.html

Beim Bloc Identitaire in Orange: Strukturen
http://www.sezession.de/34605/beim-bloc-identitaire-in-orange-strukturen.html#more-34605

Beim Bloc Identitaire in Orange: Hintergründe
http://www.sezession.de/34610/beim-bloc-identitaire-in-orange-hintergrunde.html#more-34610

Beim Bloc Identitaire in Orange: Maßnahmen
http://www.sezession.de/34651/beim-bloc-identitaire-in-orange-masnahmen.html

Beim Bloc Identitaire in Orange: Ideen
http://www.sezession.de/34657/beim-bloc-identitaire-in-orange-ideen.html#more-34657

Identitäre Basisarbeit (3): Beschreibung eines aufziehenden Sturms
http://www.sezession.de/34816/identitare-basisarbeit-3-beschreibung-eines-aufziehenden-sturms.html#more-34816

(Anti-Islam-Demonstration in Paris)
Reportage Us sur la marche des français patriotes contre le fascisme islamique
http://www.youtube.com/watch?v=hJ_goXHZlPE

Der Union fehlt der Anstand
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5acd056d535.0.html

CDU will bunter werden
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M59782b94615.0.html

Die scheinheilige CDU
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M52f95a88a3b.0.html

(Telefonanruf-Affäre)
Realsatire vom feinsten
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5eb06e15caf.0.html

Kein Scherz!
Piratenpartei will Zeitreisen erkunden
http://www.op-online.de/nachrichten/politik/piratenpartei-will-zeitreisen-erkunden-2636612.html

Rainer Langhans: "Die Piraten haben von Liebe keine Ahnung"
Auch Alt-Kommunarde Rainer Langhans war beim Piratenparteitag. Im Interview lobt er die Partei als Erben der Hippies – und sagt, was sie anders machen sollte.
http://www.zeit.de/politik/deutschland/2012-11/piraten-parteitag-interview-langhans

„Ich versuche, diese Leute loszuwerden“
Exklusiv: Hubert Aiwanger attackiert die Frankfurter Freien Wähler
http://www.blu-news.org/2012/11/22/ich-versuche-diese-leute-loszuwerden/

Freie Wähler: Keine bürgerliche Alternative
http://www.blu-news.org/2012/11/22/keine-burgerliche-alternative/

Freie Wähler
Wolfgang Hübner droht der Parteiausschluss
http://www.welt.de/regionales/frankfurt/article111868562/Wolfgang-Huebner-droht-der-Parteiausschluss.html

Zum Konflikt bei den FREIEN WÄHLERN
Eine notwendige persönliche Vorbemerkung
http://freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=437

Wolfgang Hübner: Warum ich nicht widerrufe und nicht einknicke
Eine notwendige Klarstellung aus aktuellem Anlass
http://freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=440

(Drohender Überwachungsstaat)
Hände hoch, Paßwort her!
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5b8e52d5151.0.html

Polizeigeschichten: Falsche Statistik
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5226d038ff9.0.html

Grüne Spitzenkandidatin Göring-Eckardt: Atlantikbrücke ist so harmlos wie ein Fußballverein!
http://rundertischdgf.wordpress.com/2012/11/27/grune-spitzenkandidatin-goring-eckardt-atlantikbrucke-ist-so-harmlos-wie-ein-fusballverein/

(Neuer Polittalk)
Stefan Raabs kleiner Coup
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M539b924ecc4.0.html

Nichts als Probleme
Warum wir Belgrad bombardieren müssen, wie man »rechte Tendenzen« entlarvt, und warum man bei seinen Legenden bleiben sollte / Der Wochenrückblick mit Hans Heckel
http://www.preussische-allgemeine.de/nachrichten/artikel/nichts-als-probleme.html

Von Subjektivität und Objektivität
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M509764772c9.0.html

Merkel kritisiert großes Maß an Antisemitismus
Als erste Kanzlerin tritt sie bei einer Ratsversammlung des Zentralrats der Juden auf
http://www.welt.de/print/welt_kompakt/print_politik/article111490200/Merkel-kritisiert-grosses-Mass-an-Antisemitismus.html

(Die Kasse klingelt)
"Stolperstein"-Initiator Demnig mit Kästner-Preis ausgezeichnet
Auszeichnung mit 10.000 Euro dotiert
http://www.welt.de/newsticker/news3/article111485212/Stolperstein-Initiator-Demnig-mit-Kaestner-Preis-ausgezeichnet.html

Berlin: Anwohner stimmen über Treitschke-Straße ab
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5e66a8ca61a.0.html

(Toller „Experte“ von der „Geschichtswerkstatt“ ;-) )
Umbenennung der Treitschkestraße
Experte kritisiert Anwohner-Entscheid
http://www.tagesspiegel.de/berlin/umbenennung-der-treitschkestrasse-experte-kritisiert-anwohner-entscheid/7348552.html

Freiburg
Stadt prüft 1300 Straßennamen und diskutiert Umbenennungen
http://www.badische-zeitung.de/freiburg/stadt-prueft-1300-strassennamen-und-diskutiert-umbenennungen--65380319.html

Grüne empört über Rommel-Kasernen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5f144d2c598.0.html

Frankfurt
Gedenkstätte für NS-Opfer unter der EZB
http://www.welt.de/regionales/frankfurt/article110606893/Gedenkstaette-fuer-NS-Opfer-unter-der-EZB.html

Zerbst 1945: So schön war Weizsäckers "Befreiung"
http://www.youtube.com/watch?v=Ejs4ocXdBHY

Aufruf zur Gedenkfeier am 18.November um 11.00 Uhr vor dem Deutschen Reichstag
http://diefreiheit.org/home/2012/11/aufruf-zur-gedenkfeier-am-18-november-um-11-00-uhr-vor-dem-deutschen-reichstag/

Öttershausen/Stammheim
Das verschwundene Soldatenkreuz
http://mobil.mainpost.de/regional/art769,7093597

(Vorwürfe gegen Vertriebene)
Spruchkammer 2012
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5fe98fc91e3.0.html

Volker Beck wirft Vertriebenen Relativierung vor
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M53e74edcd3d.0.html

(Volker Beck haut gegen die „antisemitische Kackscheiße“ eines „Piraten“ mächtig auf den Putz. Ein weiterer Sturm im Wasserglas)
Twitter-Debatte
Antisemitismus-Eklat: Pirat entschuldigt sich - ein bisschen
http://www.tagesspiegel.de/politik/twitter-debatte-antisemitismus-eklat-pirat-entschuldigt-sich-ein-bisschen/7407422.html

(Zum Hintergrund. Volker Becks „Nebentätigkeiten“)
- Informations- und Dokumentationszentrum für Antirassismusarbeit e.V. (IDA), Düsseldorf, Mitglied des Beirates, ehrenamtlich
- Leo Baeck Foundation, Potsdam, Mitglied des Stiftungsrates, ehrenamtlich
- Stiftung "Erinnerung, Verantwortung und Zukunft", Berlin, Mitglied des Kuratoriums, ehrenamtlich
- Stiftung Denkmal für die ermordeten Juden Europas, Berlin, Mitglied des Kuratoriums, ehrenamtlich
- Stiftung Deutsches Holocaust-Museum, Berlin, Mitglied des Kuratoriums, ehrenamtlich
- The American Jewish Committee, Berlin, Mitglied des Beirates, ehrenamtlich
http://www.abgeordnetenwatch.de/volker_beck-575-37470.html

Manfred Kleine-Hartlage: Rede zum Volkstrauertag 2012
http://korrektheiten.com/2012/11/18/manfred-kleine-hartlage-zum-volkstrauertag-2012/#more-11018

Mit dem Volk verschwindet die Trauer
Nachgedanken zur Volkstrauertag-Feier 2012
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=421

Die politisch korrekte Unfähigkeit zu trauern
Ein Brief, der ohne Antwort blieb
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=426

(Deutsche Schuld vs. Französische Verwöhnungsbereitschaft…)
SPD kritisiert Bundestagspräsident Lammert
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M57ab11f5d2c.0.html

Erinnerungswille statt Erinnerungszwang
Zur Kritik des totalitären Moralismus
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=428

(Zitat: „In den Kontroversen um den deutschen Anteil der Schuld am Ersten Weltkrieg habe Wilhelm deshalb lange keine Rolle gespielt.“ …Da muss jemand etwas entgangen sein.)
Historiker John C.G. Röhl
erhält den Einhard-Preis 2013
Auszeichnung für Biographie Kaiser Wilhelms II.
http://www.einhard-stiftung.de/de/

Röhl
Kein Wunder, dass ein Historiker heutzutage mit derartigen Thesen Preise gewinnt:
http://www.perlentaucher.de/buch/john-c-g-roehl/wilhelm-ii-der-weg-in-den-abgrund-1900-1941.html

Ikea-Zwangsarbeiter: Opferverbände für Entschädigungsfonds
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5259f9b695b.0.html

Hotel entfernt nach Protesten Stasi-Gedenkstein
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M508ab57e97c.0.html

LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS

(Interessant. Ungereimtheiten zur NSU-Affäre)
Ermittlungsakten NSU-Ermittlung begann mit Panne
http://www.schwarzwaelder-bote.de/inhalt.ermittlungsakten-nsu-ermittlung-begann-mit-panne.1e136813-0ddd-436b-9e2c-ebb7dbaa963d.html

Die „NSU“-Morde werden politisch instrumentalisiert!
Ein Zwischenruf aus aktuellem Anlass
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=408

(hier der Beweis für die Instrumentalisierung)
Grüne: Mangelhafte NSU-Aufklärung hält Fachkräfte fern
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5a770c7dc2c.0.html

(Die WELT spricht in einem Artikel über den NSU von "(...) völkisch-rassistischen Wahnvorstellungen vom 'Erhalt der deutschen Nation' (...)")
Heimliche Drahtzieherin
Die Anklageschrift der Bundesanwaltschaft zeichnet ein neues Bild von Beate Zschäpe. Ihr Einfluss in der Neonazi-Zelle NSU war offenbar größer als bislang angenommen
http://www.welt.de/print/die_welt/politik/article111223155/Heimliche-Drahtzieherin.html

Grüne wollen Verfassungsschutz auflösen
Weiter Vorwürfe nach NSU-Pannen
http://www.op-online.de/nachrichten/politik/weiter-vorwuerfe-gegen-sicherheitsbehoerden-nach-nsu-pannen-2593826.html

(NSU-Affäre)
Claudia Schmid
Berlins Verfassungsschutzchefin tritt zurück
http://www.fr-online.de/neonazi-terror/claudia-schmid-berlins-verfassungsschutzchefin-tritt-zurueck,1477338,20866222.html

(auch zu NSU)
Mundlos in der Bundeswehr
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M55b979ea34d.0.html

(Hysterie nächster Akt...)
Nürnberg will "N-SU"-Kennzeichen abschaffen
http://www.welt.de/regionales/muenchen/article110935818/Nuernberg-will-N-SU-Kennzeichen-abschaffen.html

Tausch der NSU-Nummernschilder gestaltet sich aufwendig
http://www.nordbayern.de/region/nuernberg/tausch-der-nsu-nummernschilder-gestaltet-sich-aufwendig-1.2500818

NSU-Ermittler Sebastian Edathy
Anschlag auf SPD-Wahlkreisbüro
http://www.sueddeutsche.de/politik/nsu-ermittler-sebastian-edathy-anschlag-auf-spd-wahlkreisbuero-1.1543716

Extremismus
Kampf gegen Rechts: Friedrich will mehr Kooperation der Behörden
http://www.focus.de/politik/deutschland/extremismus-kampf-gegen-rechts-friedrich-will-mehr-kooperation-der-behoerden_aid_859199.html

(Da müsste er bei sich selbst anfangen…)
Uwe-Karsten Heye: Nur Bildung trocknet "braunen Sumpf" aus
Einstiger Redenschreiber Willy Brandts spricht sich beim Forum "Vorwärts" für aktive Aufklärung aus und nimmt Schulen in die Pflicht
http://www.mt-online.de/lokales/minden/7242103_Uwe-Karsten_Heye_Nur_Bildung_trocknet_braunen_Sumpf_aus.html

(Friedrich-Ebert-Stiftung)
Angst vor Abstieg macht anfällig für Nazi-Parolen
Eine Studie zum Anstieg rechtsextremistischer Tendenzen in Ostdeutschland schockte Politik und Gesellschaft. BKA-Chef Ziercke warnt vor NSU-Nachahmungstätern.
http://www.welt.de/politik/deutschland/article110988538/Angst-vor-Abstieg-macht-anfaellig-fuer-Nazi-Parolen.html

(Zur Studie der Friedrich-Ebert-Stiftung)
Die Nazistudie – Problem für die SPD
http://www.zukunftskinder.org/?p=31747

Deutschland Wir Rechtsradikalen
Eine Studie sieht Rechtsextremismus weit verbreitet. Aber wo soll der sein?
http://www.zeit.de/2012/47/Rechtsradikalismus-Deutschland-Studie-Friedrich-Ebert-Stiftung

(Satire zu Antifa-Denunzianten)
Aufregung um die Hymne
Die Wacht am Main
Das Nordend in Frankfurt ist eine optimal gepolsterte Parzelle des bundesrepublikanischen Gemeinwesens. Einer jedoch vermutet selbst hier Barbarei. Es geht um die drei Strophen des Deutschlandlieds.
http://www.faz.net/aktuell/politik/aufregung-um-die-hymne-die-wacht-am-main-11949042.html

(Tagesspiegel-Antifaschist Frank Jansen in Aktion…)
Live-Chat mit Frank Jansen zum Nachlesen
"Die Neuen Rechten gehören genauso geächtet wie NPD und Neonazis"
http://www.tagesspiegel.de/politik/live-chat-mit-frank-jansen-zum-nachlesen-die-neuen-rechten-gehoeren-genauso-geaechtet-wie-npd-und-neonazis/7344982.html

(Zu Thomas Kuban)
Dort, wo die Bestmenschen wimmern
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5d537f9756f.0.html

(Grüne als Hauptfeind)
„Katrin, Licht meines Lebens, Feuer meiner Lenden“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5bc35509513.0.html

Streit um Berliner Asylbewerber-Camp spitzt sich zu
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5b86cabc594.0.html

(Berliner Asylbewerber-Camp)
Nichts als Forderungen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5605fb1c2ed.0.html

(Der jüngste Antifaschist… „Die Öffentlichkeit hat Verständnis dafür“…)
USA
Zehnjähriger erschießt Nazi-Vater
http://www.tagesspiegel.de/weltspiegel/usa-zehnjaehriger-erschiesst-nazi-vater/7339366.html

ZDF Heute Journal diffamiert Islamkritiker
http://www.pi-news.net/2012/11/zdf-heute-journal-diffamiert-islamkritiker/

Pulverfass Deutschland?
Islamisten gegen Rechtsextreme
http://info.zdf.de/ZDF/zdfportal/programdata/08f09dee-c131-3898-beea-3efa0cea90b0/20097342

München
Demonstration für islamisches Zentrum
Breites Bündnis gegen "Pro Deutschland"
http://www.sueddeutsche.de/muenchen/demonstration-fuer-islamisches-zentrum-breites-buendnis-gegen-pro-deutschland-1.1517381

Gewissen von Köln ist im Arsch
http://www.pi-news.net/2012/11/gewissen-von-koln-ist-im-arsch/#more-290417

(Vorgehen gegen Pro Köln)
Stellungnahme der Familie Uckermann
http://www.pi-news.net/2012/11/stellungnahme-der-familie-uckermann/#more-290496

(Zitat: Kabarettist Robert Griess vergreift sich völlig in der Wortwahl: „Nazis zum Abhängen an Windräder hängen. Das ist die Energiewende, die ich mir vorstellen würde. Neben die Nazis hängen wir die Leute vom Verfassungsschutz.(...) Und die Politiker sollten wir gleich daneben hängen, die rechten Terror als Folklore verharmlosen.“)
Trotz Ätz-Kritik
70 000 beim Konzert
Hier kriegt Köln den Arsch huh
http://www.bild.de/regional/koeln/demonstrationen/hier-kriegt-koeln-den-arsch-huh-27127186.bild.html

Extremismusprobleme bei der Bundeszentrale
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M55e0e0b0f62.0.html

(Zur Bundeszentrale für politische Bildung)
Ein Hort der Leere
Von Karlheinz Weißmann
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5f33909e0ef.0.html

„Skandal“ und Skandal bei der Bundeszentrale
http://www.sezession.de/34979/skandal-und-skandal-bei-der-der-bundeszentrale.html#more-34979

(Luther-Preis für „Antifa“-Initiative, die verhindern will, dass „Nazis“ Bier serviert bekommen…)
Kein Lutherpreis für „Pussy Riot“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5c38a750afd.0.html

(Zum Luther-Preis)
Zivilcourage
Der "German Mut" feiert sich am liebsten selbst
Von Henryk M. Broder
http://www.welt.de/debatte/article111120330/Der-German-Mut-feiert-sich-am-liebsten-selbst.html

Ude und die Scheindemokraten
Münchner Freiheit: Das Münchner Bündnis für Toleranz, Demokratie und Rechtsstaat hat nicht nur fragwürdige Mitstreiter, sondern dürfte auch illegal agieren
http://www.blu-news.org/2012/11/07/ude-und-die-scheindemokraten/

Deutsche Burschenschaft
Ehre, Freiheit, Vaterland
http://www.kontextwochenzeitung.de/newsartikel/2012/11/ehre-freiheit-vaterland/

Eisenach will jährliche Treffen der Deutschen Burschenschaft verhindern
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5844f12bf12.0.html

Mitgliedschaft in Burschenschaft: CDU-Politiker weist Kritik zurück
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M579c4b9a3ba.0.html

(„Kulturzeit“-Hetze gegen Burschenschaften)
Suggestion allüberall
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5baeb1275cf.0.html

Dreieich
Schau im Dreieich-Museum zeigt Weihnachten im Licht der politischen Propaganda
http://www.op-online.de/nachrichten/dreieich/schau-dreieich-museum-weihnachten-politische-propaganda-2609615.html

Ausstellung im Dreieich-Museum dokumentiert den Missbrauch von Weihnachten
Hakenkreuze als Kerzenhalter
http://www.op-online.de/nachrichten/dreieich/hakenkreuze-kerzenhalter-2625188.html

Aufregung um StadtMarketing-Büchlein in Seligenstadt: Grüne entsetzt über „Synagocheplatz“-Gedicht und Zeichnung
http://www.op-online.de/nachrichten/seligenstadt/aufregung-stadtbuechlein-unserer-stadt-nicht-wuerdig-2622080.html

Seligenstadt
Manfred Kreis und Lothar Reinhart verwahren sich gegen Kritik an Synagogenplatz-Kapitel in ihrem Buch
http://www.op-online.de/nachrichten/seligenstadt/serioeses-bild-2627746.html

Grüner Bio-Rassismus
Eine notwendige Aufklärung aus aktuellem Anlass
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=420

Grünen-Spitzenkandidat
Trittins Vater war bei Waffen-SS
http://www.stern.de/politik/deutschland/gruenen-spitzenkandidat-trittins-vater-war-bei-waffen-ss-1926382.html

Abschreckendes Beispiel
So lernte Trittin vom Vater, Nazis zu hassen
http://www.mopo.de/politik---wirtschaft/abschreckendes-beispiel-so-lernte-trittin-vom-vater--nazis-zu-hassen,5066858,20884454.html

Jürgen Trittins Vater war in der Waffen-SS
http://www.pi-news.net/2012/11/jurgen-trittins-vater-war-in-der-waffen-ss/#more-292038

Kampfgruppe Trittin
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5193bbd06b3.0.html

Achilles' Verse: Nur noch 17 Minuten bis Joschka
http://www.spiegel.de/gesundheit/ernaehrung/achilles-verse-joschka-fischers-und-achim-achilles-beim-marathon-a-865515.html

(Vom Ex-K-Gruppen-Anhänger zum Politiker mit Spaß am Luxus...)
Mühlheim: Ex-Bürgermeister Karl-Christian Schelzke im Porträt
Krawatte auf Halbmast
Ein Sozialdemokrat, das natürlich. Als Genosse ein Gewerkschaftsfreund, das auch. Aber Mühlheims ehemaliger Bürgermeister, ein Ex-Kommunist mit Erfahrung an der ideologischen Revoluzzer-Front, der abgeschworen hat?
http://www.op-online.de/nachrichten/muehlheim/ehemaliger-buergermeister-portraet-schelzke-muehlheim-2594709.html

"Frankfurter Rundschau" stellt Insolvenzantrag
http://www.welt.de/wirtschaft/article110986852/Frankfurter-Rundschau-stellt-Insolvenzantrag.html

Frank-Furter Schnauze: Die FR ist selber schuld! Aber Vorsicht: Totgesagte leben länger...
http://www.blu-news.org/2012/11/13/ein-nachruf-und-tschuss/

Die „Frankfurter Rundschau“ stirbt nicht grundlos
Kein Grund zum Jubeln, kein Grund zur Trauer
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=417

Linkspartei fordert Steuerfinanzierung für „Qualitätsjournalismus“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5dfbd35439d.0.html

Dieter Nuhr über die Linkspartei – JBK
http://www.youtube.com/watch?v=0rtiYxGTB8M

Bezeichnung „rechtsradikal” von Meinungsfreiheit gedeckt
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5a1c805c3c1.0.html

Antirechtes Ordnungsrecht
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5859cece67a.0.html

(Gesinnungsjustiz)
NRW-Innenminister sagt rechtsextremen Straftätern den Kampf an
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M59dfdef9dd3.0.html

Nazi-Jägers Maßnahmen tragen erste Früchte
http://www.pi-news.net/2012/11/nazi-jagers-masnahmen-tragen-erste-fruchte/#more-292756

Baden-Württemberg verstärkt Druck auf „rechte Szene“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M563115e32c6.0.html

Keine Zivilcourage gegen „rechts“ (II)
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5641b9fe0e4.0.html

(Über Antifa-Autor Danijel Majic)
Identitäre Basisarbeit (1): Berliner Ausspähung, Frankfurter Insolvenz
http://www.sezession.de/34710/identitare-basisarbeit-1-berliner-ausspahung-frankfurter-insolvenz.html

Identitäre Basisarbeit (2): Identitärer Lektüre-Kanon
http://www.sezession.de/34730/identitare-basisarbeit-2-identitarer-lekture-kanon.html

Wikipedia streut weiter linksextreme Hetze
http://www.preussische-allgemeine.de/nachrichten/artikel/wikipedia-streut-weiter-linksextreme-hetze.html

Gezielte Diffamierung?!
Die PAZ bei wikipedia – eine Dokumentation
http://www.preussische-allgemeine.de/nachrichten/artikel/gezielte-diffamierung.html

Österreichische Behörden ermitteln ebenfalls gegen Kreuz.net
http://www.gulli.com/news/20290-oesterreichische-behoerden-ermitteln-ebenfalls-gegen-kreuznet-2012-11-22

Kreuz.net
Hinweise auf Macher des Hassportals
http://www.fr-online.de/politik/kreuz-net-hinweise-auf-macher-des-hassportals,1472596,20948596.html

„kath.net“ wehrt sich gegen „Frankfurter Rundschau“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M56c0c5faa35.0.html

ZDF-Aspekte über die Süd-Tiroler Band "Frei.Wild"
http://www.zdf.de/ZDFmediathek/#/beitrag/video/1786166/aspekte-vom-30-November-2012

Ehemaliger Erfurter NPD-Chef war V-Mann
http://www.mdr.de/thueringen/npd_thueringen100_page-0_zc-6615e895.html

Verfassungskonform? NPD zieht vor das Bundesverfassungsgericht
http://www.handelsblatt.com/politik/deutschland/verfassungskonform-npd-zieht-vor-das-bundesverfassungsgericht/7384466.html

NPD-Verbot
Trittin warnt vor "besserwisserischem Krähen"
Grünen-Fraktionschef Jürgen Trittin weist die Kritiker des NPD-Verbotsantrags in seiner eigenen Partei zurecht. Er selbst ist "dezidiert" für ein Verbot der rechtsextremistischen Partei.
http://www.welt.de/politik/deutschland/article111886245/Trittin-warnt-vor-besserwisserischem-Kraehen.html

(Eine Pressestimme zum NPD-Verbotsverfahren)
Kommentar: Die Zeit ist reif
http://www.op-online.de/nachrichten/politik/kommentar-npd-verbotsverfahren-2654578.html

Gericht verhängt Berufsverbot gegen NPD-nahen Schornsteinfeger
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M598bc97b81a.0.html

(dazu…)
Kehraus gegen Rechts
von Thorsten Hinz
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5665896eeb5.0.html

(harte Strafe)
Echzell/Gießen Partyraum wie ein KZ: Neonazi zu Haftstrafe verurteilt
http://www.faz.net/aktuell/rhein-main/echzell-giessen-partyraum-wie-ein-kz-neonazi-zu-haftstrafe-verurteilt-11980597.html

Verdächtiger rechtsradikaler Polizist gestoppt
Der Chef der Bundespolizei geht mit aller Härte gegen Rechtradikale in den eigenen Reihen vor. Gegen einen verdächtiger Polizeihauptmeister wurde die GSG9 eingesetzt. Er ergab sich ohne Gegenwehr.
http://www.welt.de/aktuell/article110886804/Verdaechtiger-rechtsradikaler-Polizist-gestoppt.html
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(Vorgehen gegen Polizist, der Mitglied in der „Artgemeinschaft“ ist)
Härte und Haß gegen Bürger
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M50c602db868.0.html

Unmut in Berliner Polizei Eine Kameradschaft zu viel
"SEK Berlin – Kameradschaft", unter diesem Namen haben Berliner Elitepolizisten Anfang Oktober einen Verein gegründet. Allerdings ist der Begriff "Kameradschaft" äußerst belastet, wird er doch gerade in der rechtsextremen Szene häufig gebraucht. Nun gibt es erste Kritik auch aus der Polizei.
http://www.tagesspiegel.de/berlin/unmut-in-berliner-polizei-eine-kameradschaft-zu-viel/7406508.html

Links-enttarnt
http://www.links-enttarnt.net/

(Hausbesetzung in Frankfurt)
In Frankfurter boomt weiter der Linksextremismus
Linker Extremismus am Main
http://freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=435

(Selbst entlarvend)
Hamburger Asta verhöhnt RAF-Opfer
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5af33fb5815.0.html

NRW: CDU wirft Grünen Ignoranz gegenüber linksextremer Gewalt vor
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M57794c0d2de.0.html

Berliner Linksextremisten beschädigen Rettungsauto
http://www.unzensuriert.at/content/0010724-Berliner-Linksextremisten-besch-digen-Rettungsauto

EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT

(Posener jubiliert)
Gentrifizierung
Der letzte Deutsche in der Berliner Prinzenallee
http://www.welt.de/politik/deutschland/article111773547/Der-letzte-Deutsche-in-der-Berliner-Prinzenallee.html

(Angriff gegen Sarrazin)
Broder: „taz ist und bleibt der kleine Stürmer“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M58dd72437e3.0.html

(FDP-Politiker will mehr ausländische Beamte)
Die Behörden müssen sich nach Ansicht von Hessens Integrationsminister Jörg-Uwe Hahn stärker für Zuwanderer öffnen. ...
http://www.fr-online.de/rhein-main/hahn--verwaltung-muss-sich-staerker-fuer-zuwanderer-oeffnen,1472796,21047790.html

Vom Wohngebiet zum Ghetto: Untergangsstimmung in Duisburg-Hochfeld
http://www.spiegel.de/video/duisburger-wohngebiet-hochfeld-verelendet-video-1232514.html

Zigeuner werden besonders geschützte Minderheit
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5d24b5c2ab4.0.html

Zuwanderung aus Euro-Krisenländern schnellt nach oben
http://de.reuters.com/article/domesticNews/idDEBEE8AE01Y20121115

(Zigeunerdebatte)
Grünen-Chefin Roth entschuldigt sich bei „Junger Welt“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5a5e587c491.0.html

Schweizer „Weltwoche“ wirft Roth Heuchelei vor
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M56d27f71e09.0.html

(Abschaffung der Residenzpflicht)
SPD und Linkspartei loben Hessens Innenminister
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M570aecb0fc8.0.html

(Links-alternative Stadtteilbewohner wollen keinen Zuzug von Asylbewerbern)
Asylbewerber in Bremen
Flüchtlinge sollen draußen bleiben
Ein geplantes Asylheim sorgt in Bremens Stadtteil Ostertor für Diskussionen. Flüchtlinge seien willkommen, sagen Anwohner. Woanders sei es aber besser für sie.
http://taz.de/Asylbewerber-in-Bremen/!105908/

Frankfurts Grüne und Linke diffamieren Polizei
Ein ungeklärter Vorfall soll „Rassismus“ belegen
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=413

Exklusiv: Frankfurter Rundschau startet Feldzug gegen „rassistische“ Polizei
http://www.blu-news.org/2012/11/09/das-fr-komplott/

(Antifa demonstriert – Video)
Demonstration gegen Rassismus bei der Polizei in Frankfurt
http://www.op-online.de/nachrichten/frankfurt-rhein-main/video-demo-gegen-rassismus-polizei-frankfurt-2604572.html

EU-Kommission plädiert für Lockerung der Visapflicht
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5579276cf93.0.html

(Die Lüge der SPD)
Schon jetzt fehlen mehrere tausend Ingenieure in deutscher Automobilindustrie
http://bundespresseportal.de/bayern/item/6492-csu-und-fdp-sparen-an-ingenieuren-f%C3%BCr-elektromobilit%C3%A4t-strobl-bayern-verspielt-vorreiterrolle-schon-jetzt-fehlen-mehrere-tausend-ingenieure-in-deutscher-automobilindustrie.html

(Und ihre Enttarnung)
SPD: Automobilindustrie fehlen mehrere tausend Ingenieure (DIE DAUERLÜGE)
http://rundertischdgf.wordpress.com/2012/11/20/spd-automobilindustrie-fehlen-mehrere-tausend-ingenieure-die-dauerluge/

Fachkräftemangel? Eine Lüge wird langsam auch öffentlich enttarnt!
http://rundertischdgf.wordpress.com/2012/11/07/fachkraftemangel-eine-luge-wird-langsam-auch-offentlich-enttarnt/

(Tja, offenbar ist der Fachkräftemangel wirklich eine Lüge. Denn nach dieser Studie seien 44 Prozent der Einwanderer Akademiker. Bloß nimmt man diese Massen an Studierten irgendwie nicht recht im Stadtbild wahr…)
Studie Zahl der einwandernden Akademiker nimmt zu
http://www.zeit.de/wirtschaft/2012-11/zuwanderer-akademiker-studie

Wie der Islam den Westen programmiert (3 Teile)
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=407
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=409
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=412

Die Salafisten sind wieder da
Islamische Hardliner missionieren erneut in Frankfurt und verteilen den Koran – Polizei schreitet ein
http://www.fnp.de/fnp/region/lokales/frankfurt/die-salafisten-sind-wieder-da_rmn01.c.10292825.de.html

Bildbericht: Erfolg in München
Pro Deutschland hat am 10. November in München trotz zahlloser Widerstände erfolgreich gegen radikale Islamisten und die Finanzierung des islamischen Zentrums ZIE-M aus dem Emirat Katar demonstriert.
http://www.pro-deutschland.de/index.php?option=com_content&view=article&id=603:bildserie-erfolg-in-muenchen&catid=20:top-themen

Kein Schweinefleisch
Kieler Kitas verbannen die Currywurst
Kein Schnitzel, keine Currywurst und keine Rippchen: In vielen städtischen Kindertagesstätten in Kiel kommt kein Schweinefleisch mehr auf den Teller.
http://www.shz.de/nachrichten/top-thema/artikel/keine-currywurst-mehr-in-kieler-kitas.html

(Integration mit Kopftuch)
Seligenstadt
Nadja Abdelhalim möchte einen internationalen Frauenverein gründen: Passender Raum gesucht
„Ideen und Fähigkeiten“
http://www.op-online.de/nachrichten/seligenstadt/internationaler-frauenverein-seligenstadt-raum-gesucht-2632975.html

(Kunst mit Burka)
Ausstellung „Burquoi"
Kunstverein Wiesbaden lässt Besucher Burka tragen
http://www.haz.de/Nachrichten/Kultur/Ausstellungen/Kunstverein-Wiesbaden-laesst-Besucher-Burka-tragen

(Zitat: Ihm liege eine Liste mit aktuell 49 überbelegten Häusern im Stadtgebiet vor, die zusammen mit Polizei und Bauaufsicht „abgearbeitet“ werde. „Pro Monat nehmen wir uns eine Liegenschaft vor, mehr ist personell nicht machbar“, sagt Weigand…. Das kann also lange dauern, und bis dahin sind 49 neue Häuser überbelegt)
Überbelegung von Wohnungen
Müllberge sind erstes Indiz
http://www.op-online.de/nachrichten/offenbach/muellberge-sind-erstes-indiz-2633241.html

Türkischer Botschafter für kultursensible Sprache
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5bd0e06aa36.0.html

Mahnmal gegen Gewalt am Alexanderplatz geplant
http://www.tagesspiegel.de/berlin/reaktion-auf-kriminalitaet-mahnmal-gegen-gewalt-am-alexanderplatz-geplant/7365560.html

(....”Deutsche türkischer Herkunft mit griechischer Staatsangehörigkeit”...)
Fall Jonny K
Verdächtige möglicherweise in Griechenland
http://www.tagesspiegel.de/berlin/fall-jonny-k-verdaechtige-moeglicherweise-in-griechenland/7374132.html

Arabische Familienclans bedrohen Berlin
http://www.youtube.com/watch?v=BgqOtTJvtqY&feature=g-all-f

(Auf den Straßen Berlins)
Messerattacke
Streit zwischen Autofahrern endet blutig
http://www.tagesspiegel.de/berlin/polizei-justiz/messerattacke-streit-zwischen-autofahrern-endet-blutig/7365316.html

Frau verstümmelt: Polizei jagt Omid R.
http://www.bz-berlin.de/tatorte/frau-verstuemmelt-polizei-jagt-omid-r-article1579619.html

Katenser Kreisklasse-Krawalle
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M57a78c1d2ac.0.html

Niederlande: Linienrichter stirbt nach Prügelattacke
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5b63f9a691c.0.html

Niederlande: Marokkaner als kriminogene Minderheit
http://www.sezession.de/35165/niederlande-marokkaner-als-kriminogene-minderheit.html

„Bedroht – Beschimpft – Geschlagen! Das Spiel fällt aus!“
http://www.sezession.de/35224/bedroht-beschimpft-geschlagen-das-spiel-fallt-aus.html#more-35224

„20-Cent-Mörder“ erneut vor Gericht
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M50cf164b12d.0.html

Vierfache Bereicherung in Detmold
(mit einem aufschlußreichen Video zu einem Fall in Frankreich)
http://www.pi-news.net/2012/12/vierfache-bereicherung-in-detmold/

Familienstreit: Ehefrau erstochen, Sohn schwer verletzt
http://www.e110.de/index.cfm?event=page.detail&cid=2&fkcid=2&id=61476

Offenbach
86-jährige mit „Zetteltrick“ hereingelegt
http://www.familien-blickpunkt.de/aktuelles/der-zetteltrick.html

KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES

(Steht aber unter Denkmalschutz)
Braunau: Zur Hölle mit dem Hitler-Haus
http://www.ftd.de/panorama/leute/:braunau-zur-hoelle-mit-dem-hitler-haus/70115615.html

Die neue „Wohnungsnot“ entstammt Politikversagen
Statt Nachverdichtung Stadtreparatur an vielen Stellen
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=427

Hessen-Forst verkauft oder vermietet ungenutzte Gebäude
Forsthäuser ohne Förster
http://www.op-online.de/nachrichten/hessen/forsthaeuser-ohne-foerster-2648111.html

Schachmatt für Deutsch?
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M54b0a2e4956.0.html

(Denglisch bei Opel)
Äddäm made in Germany
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5faaf722063.0.html

Bildungs-Investment und sozialdemokratische Aufklärung (Der Untergang des Abendlandes in Anekdoten, Folge 4)
http://www.sezession.de/34650/bildungs-investment-und-sozialdemokratische-aufklarung-der-untergang-des-abendlandes-in-anekdoten-folge-4.html#more-34650

Richard von Coudenhove-Kalergi
http://de.metapedia.org/wiki/Von_Coudenhove-Kalergi,_Richard

2016 soll das Aus kommen
EU-Pläne: Halogenlampe soll verboten werden
http://www.wochenblatt.de/nachrichten/traunstein/ueberregionales/EU-Verbot-12-Volt-Halogenlampe-Halogenlampe;art5568,104433

Urban Mining
Die Stadt als ewige Rohstoffquelle
http://www.3sat.de/page/?source=/dokumentationen/165406/index.html

Tegtmeier- über Energie- Sparen
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=uo2QEOlJE7Y

(Auch eine Meinung)
“Internetsucht” ist die Heilung, nicht die Krankheit
http://carta.info/41791/internetsucht-ist-die-heilung-nicht-die-krankheit/?utm_source=feedburner

(Gender-Ideologie)
EU geht gegen traditionelle Kinderbücher vor
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M52967872f80.0.html

Frauen in der „New York Times“
Stinktier auf der Gartenparty
Jill Abramson ist seit gut einem Jahr Chefredakteurin der „New York Times“. Die bekennende Demokratin verwandelt ihre Redaktion nun in eine Feministinnenoase.
http://www.taz.de/Frauen-in-der-New-York-Times/!105801/

Aus Pink wird Rosa
Namensstreit führt zur Umbenennung des „Gaynachtsmarkts“ – Gespaltene Reaktionen auf Konzept
http://www.fnp.de/fnp/region/lokales/frankfurt/aus-pink-wird-rosa_rmn01.c.10339845.de.html

Frankfurts Weihnachtsmarkt wird schwul!
Alles für die Steigerung des Bruttosozialprodukts
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=425

Homo-Szene hetzt gegen konservative Publizisten
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5744802f1a5.0.html

"Zoophilie" wird Thema im Bundestag
Berlin plant Gesetz gegen Sex mit Tieren
Berlin (RPO). Die Bundesregierung will Sex mit Tieren einem Medienbericht zufolge bald wieder verbieten. der Handlungsbedarf ist offenbar akut: Experten berichten, in Deutschland würden Tiere in erheblichem Maße missbraucht.
http://www.rp-online.de/politik/deutschland/berlin-plant-gesetz-gegen-sex-mit-tieren-1.3082332

Schule im Wandel der Zeiten (1973 und 2006) - dargestellt an acht typischen Szenarien:
http://www.urwurz.de/1420.0.html

(Kapitalismus-Kritik)
„So retten wir unseren Planeten"
Interview mit Peter Sutter, Autor des Buches „Zeit für eine andere Welt – Warum der Kapitalismus keine Zukunft hat“
http://theintelligence.de/index.php/gesellschaft/soziales/5045-so-retten-wir-unseren-planeten.html

Reemtsma
Unser klügster Kopf wird 60
http://www.mopo.de/nachrichten/reemtsma-unser-kluegster-kopf-wird-60,5067140,20963966.html
http://www.ndr.de/geschichte/koepfe/reemtsma105.html

Machismo einer Maus mit Launen
Pete Townshend hat seine Erinnerungen geschrieben. Ohne seine Texte hätten The Who nie ihre Arenen gefüllt
http://www.welt.de/print/die_welt/kultur/article110615904/Machismo-einer-Maus-mit-Launen.html

Massenmedien und Prominente:
Die nächste Gatekeeper-Funktion geht verloren
http://netzwertig.com/2012/11/12/massenmedien-und-prominente-die-naechste-gatekeeper-funktion-geht-verloren/

"Im Netz so arbeiten, wie das Netz eben funktioniert"
Michal: Print lässt sich nicht einfach auf das Internet übertragen
Wolfgang Michal im Gespräch mit Britta Bürger
http://www.dradio.de/dkultur/sendungen/thema/1922023/

Leben im Rausch
http://www.classless.org/kontakt/leben-im-rausch/

Netzhass ist gratis
Eine Kolumne von Sascha Lobo
Digitaler Hass ist anders. Der Hassende muss dem Gehassten nicht von Angesicht zu Angesicht begegnen. Das führt zu entfesselten Kommentaren und Tränen vor dem Monitor. Wir brauchen eine digitale Herzensbildung.
http://www.spiegel.de/netzwelt/web/kolumne-von-sascha-lobo-ueber-hass-in-der-digitalen-gesellschaft-a-870799.html

Arbeitszwang in der DDR: Selbst in der Freiheit nicht frei
Menschen sollten diszipliniert werden - Kerstin Barutha schildert ihre Erlebnisse
http://www.freiepresse.de/NACHRICHTEN/SACHSEN/Arbeitszwang-in-der-DDR-Selbst-in-der-Freiheit-nicht-frei-artikel7986864.php

Himmlers Leibarzt
Masseur des Massenmörders
http://einestages.spiegel.de/s/tb/25946/himmlers-leibarzt-felix-kersten.html

1934 - Erich Ludendorff besuchte die Witwe von Gregor Strasser
Die Röhm-Morde aus der Sicht Erich Ludendorffs
http://studiengruppe.blogspot.de/2012/12/1934-ludendorff-besucht-die-witwe.html

Kinodrama "Lore"
Deutsches Mädel, deutsches Monster
http://www.spiegel.de/kultur/kino/lore-cate-shortlands-starkes-nachkriegsdrama-kommt-in-die-kinos-a-862880.html
http://www.lore-derfilm.de/film.php
http://www.mz-web.de/servlet/ContentServer?pagename=ksta/page&atype=ksArtikel&aid=1349164479661

(Zitat: „Die holzschnittartige Zeichnung der Nazi-Piloten indes erinnert an Hollywood-Streifen der 50er Jahre, wenn nicht an billige B-Movies. Die stakkato-artige, gleichsam comichafte Diktion der Hitler-Flieger ist mehr dazu angetan, Klischees zu bedienen, als die Gräuel des Zweiten Weltkriegs tatsächlich abzubilden.“)
Film„Red Tails“: Kriegsfilm über schwarze Flieger
http://www.focus.de/kultur/kino_tv/film-red-tails-kriegsfilm-ueber-schwarze-flieger_aid_860564.html

Rückkehr der Götter
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M53c07b3be03.0.html

samedi, 22 décembre 2012

La grande Albanie : un projet américain contre le monde orthodoxe ?

La grande Albanie : un projet américain contre le monde orthodoxe ?

par Alexandre LATSA

Ex: http://french.ruvr.ru/

La grande Albanie : un projet américain contre le monde orthodoxe ? 

   

Le Premier ministre albanais Sali Berisha a prôné l’octroi de la nationalité albanaise à tous les Albanais, où qu’ils résident. Cette déclaration a été faite lors d’une visite de la ville de Vlora où l’indépendance de l’Etat Albanais a été prononcée, il y a juste 100 ans. A l’époque l’Albanie venait tout juste de se libérer du joug ottoman.

Cette déclaration fait suite a une autre déclaration, commune cette fois, que Sali Berisha avait fait avec son homologue Kosovar Hashim Thaçi il y a quelques semaines, promettant l'union de tous les Albanais. L’endroit était, il faut le dire bien choisi, puisque l’immense majorité des habitants du Kosovo y est aujourd’hui d’origine albanaise, ce qui n’a pas toujours été le cas.

Lors de la guerre des Balkans en 1913, les serbes constituent encore la majorité de la population. En 1941, le Kosovo est rattaché à la Grande Albanie (déjà) sous protectorat fasciste italien. Après la guerre, le maréchal Tito interdira l’immigration albanaise car la Yougoslavie ne pouvait selon lui être forte qu’avec une Serbie la plus faible possible. En 1974, c’est du reste lui qui attribue au Kosovo le statut de province autonome, statut qui sera supprimé par Slobodan Milosevic en 1989, alors que les Serbes ne représentent déjà plus que 15 % de la population.

Lorsqu’en 2008 le Kosovo se déclare indépendant, prés d’une décennie après l’intervention militaire occidentale, peu de commentateurs mettent le doigt sur l’Albanité dominante de ce nouveau petit état. L’heure est au contraire à la fête pour ce peuple soi disant oppressé et qui accède enfin à la liberté. Au sein de la plupart des pays Occidentaux et de l’Union Européenne, la reconnaissance est instantanée, sans que ne se pose la question du traitement de la minorité serbe et de l’avenir qui lui était réservé, malgré le terrible précédent de 2004, lorsque les chrétiens avaient été victimes de pogroms, les églises brulées, et les droits humains les plus élémentaires bafoués. Il est vrai que l’Europe, pardon l’UE, avait à cette époque d’autres priorités : l’organisation essentielle d’une gaypride a Belgrade.

Il aura donc fallu seulement quatre ans pour que la farce de l’indépendance du Kosovo apparaisse enfin publiquement. Seulement quatre ans pour que le Premier ministre albanais donne raison aux nationalistes serbes qui ont eux toujours affirmé affronter non pas les Kosovars (les habitants de la région du Kosovo étant des serbes) mais bel et bien des Shqiptars, dans un nouvel épisode du conflit ancestral qui oppose depuis prés de 6 siècles dans les Balkans les Slaves orthodoxes aux fils de convertis de l’empire Ottoman. Le soutien occidental à la création du Kosovo et l’acharnement contre la Serbie peuvent sembler complètements inexplicables. Pourtant de 1991 à 2008, une seule et même logique a animé les stratèges américains: la destruction de la Serbie, afin que celle-ci soit la plus faible possible a l’avenir, au moment historique inévitable ou elle allait de nouveau se tourner vers la Russie. Bien sûr, il fallait dans le même temps une Russie également affaiblie au maximum. Si de 1991 à 2000 une guerre militaire et médiatique a été menée contre la Serbie de Milosevic en vue de son anéantissement, dans le même temps, c’est une guerre économique et morale qui était menée contre la Russie d’Eltsine. La croisade contre le monde communiste s’est transformée en croisade contre le monde orthodoxe, et contre son centre névralgique et politique le plus souverain : la Russie. Le théoricien du containment russe en Eurasie, Zbigniew Brezinski, affirmait lui-même en 2007 que: « Le principal ennemi de l’Amérique était désormais l’église orthodoxe russe». La création de la grande Albanie peut sans doute être vue dans ce sens historique et géostratégique. Elle est une nouvelle allumette jetée, une allumette qui pourrait créer une étincelle et déclencher un nouvel incendie dans le brasier balkanique. Cet incendie aurait pour conséquence d’affaiblir un peu plus l’Europe, mais aussi de déstabiliser un peu plus le monde orthodoxe (Macédoine, Grèce, Monténégro, Serbie…) et de freiner son rapprochement avec la Russie. Par ricochet, c’est donc l’influence russe en Europe de l’Est qui serait remise en cause, et donc son rapprochement avec l’Europe de l’Ouest. Ce faisant, l’Amérique aurait atteint une nouvelle fois son objectif essentiel : éviter un rapprochement continental et européen entre les mondes catholiques et orthodoxes.

Lezingen door Dr. Koenraad Elst

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Beste vrienden,
 
noteer alvast in uw agenda de volgende lezingen door dr. Koenraad Elst, oriëntalist, telkens om 20u:
 
Maandag 21 januari, zaal 't Parkske, Edegemsestraat 26, Mortsel: "Kalenders en eindtijdverwachtingen".
Maandag 28 januari, zaal 't Parkske, Edegemsestraat 26, Mortsel: "Filosofieën van de dierenriem".
Maandag 4 februari: zaal 't Parkske, Edegemsestraat 26, Mortsel: "Het Boek der Veranderingen en het yin/yang-denken, sleutel tot de Chinese beschaving".
Maandag 11 februari:  zaal 't Parkske, Edegemsestraat 26, Mortsel: "De ware vedische astrologie".
Maandag 25 februari:  zaal 't Parkske, Edegemsestraat 26, Mortsel: "Het Turkse wereldbeeld. De eigen Turkse mythologie".
 
 
Tot daar en dan,

 
Koenraad Elst

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Meyssan: „Die syrischen Terroristen wurden von der UCK im Kosovo ausgebildet“

Meyssan: „Die syrischen Terroristen wurden von der UCK im Kosovo ausgebildet“

Interview mit dem serbischen Magazin Geopolitika

 

http://www.voltairenet.org/article176872.html

Thierry Meyssan beantwortet Fragen der serbischen Zeitschrift Geopolitika. Er kommt zurück auf seine Interpretation der Ereignisse vom 11. September, auf die Ereignisse von Syrien und die aktuelle Lage in Serbien.

Voltaire Netzwerk | Belgrad (Serbien) | 7. Dezember 2012

Geopolitika : Herr Meyssan, Sie haben Weltruhm erworben, als Sie das Buch L’Effroyable imposture veröffentlichten, das die offizielle Version von den amerikanischen Behörden über den Terroranschlag vom 11. September 2001 in Frage stellte. Ihr Buch ermutigte andere Intellektuelle ihre Zweifel über dieses tragische Ereignis zum Ausdruck zu bringen. Könnten Sie unseren Lesern kurz sagen, was tatsächlich an diesem 11. September passiert ist, was im Gebäude des Pentagons einschlug oder explodierte: war es ein Flugzeug oder etwas anderes? Was passierte mit den Flugzeugen, die in den Zwillingstürmen einschlugen, vor allem was mit dem dritten Gebäude neben diesen Türmen geschah? Was ist der tiefere Zusammenhang dieses Angriffs, der globale Auswirkungen hatte, und die Welt verändert hat?

Thierry Meyssan:Es ist erstaunlich, dass die Weltpresse die offizielle Version weitergeleitet hat, einerseits weil sie absurd ist, andererseits weil sie nicht in der Lage ist, manche der Ereignisse zu erklären.

Die Idee, dass ein in einer Höhle in Afghanistan hausender Fanatiker und etwa zwanzig mit Teppichmessern ausgestatteten Personen das World Trade Center zerstören und in das Pentagon einschlagen hätten können, bevor die weltweit mächtigste Armee Zeit hätte zu reagieren, ist nicht einmal eines Trickfilms würdig. Aber je grotesker die Geschichte, desto weniger stellen die westlichen Journalisten Fragen.

Andererseits spiegelt die offizielle Version weder die Börsenspekulation auf die betroffenen Unternehmen wieder, die Opfer dieser Angriffe wurden, noch das Feuer des Anhangs des Weißen Hauses, noch den Zusammenbruch des dritten Turms des World Trade Center am Nachmittag. So viele Ereignisse, die im Abschlussbericht der Präsidenten Kommission nicht einmal erwähnt werden.

Grundsätzlich spricht man nie von dem einzig Wichtigen dieses Tages: nach dem Anschlag auf das World Trade Center wurde der Regierungsplan der Kontinuität (COG) gesetzeswidrig aktiviert. Es gibt ein Verfahren im Falle eines nuklearen Krieges. Falls man die Vernichtung der zivilen Behörden konstatiert, übernimmt eine alternative Militärregierung das Ruder. Um 10h30 wurde dieser Plan aktiviert, obwohl die zivilen Behörden noch immer in Kapazität waren, ihre Verantwortung auszuüben. Die Macht kam in die Hände des Militärs, das sie erst um 16 h30 den Zivilisten zurückgab. Während dieser Zeit gingen Kommandos fast alle Mitglieder des Kongresses und Mitglieder der Regierung einholen, um sie zur Gewährleistung der Sicherheit in Antiatom-Notunterkünften unterzubringen. Es gab daher einen Militärputsch von ein paar Stunden, nur für eine Zeitspanne, die die Putschisten benötigten, um ihre politische Linie aufzuerlegen: Notfalls Zustand im Inland und globalen Imperialismus im Ausland.

Am 13. September wurde der Patriot Act im Senat vorgelegt. Dies ist kein Gesetz, sondern ein dicker Anti-Terror-Code, dessen Verfassung in den vergangenen zwei bis drei Jahren im geheimen durchgeführt wurde. Am 15. September billigte Präsident Bush den Plan der Welt-”Matrix” zur Schaffung eines umfassenden Systems von Entführung, geheimen Gefängnissen, Folter und Mord. In dieser selben Sitzung billigte er einen Plan für die aufeinanderfolgenden Angriffe auf Afghanistan, Irak, Libanon, Libyen, Syrien, Somalia, Sudan und auf den Iran. Sie können sehen, dass die Hälfte des Programms bereits erledigt ist.

 

Diese Attentate, dieser Staatsstreich und die folgenden Verbrechen, wurden durch den tiefen Staat (in dem Sinne, in dem dieser Begriff verwendet wird, um die geheime militärische Macht in der Türkei und Algerien zu beschreiben) organisiert. Diese Ereignisse wurden von einer sehr geschlossenen Gruppe entworfen: die Straussianer, d. h. die Anhänger des Philosophen Leo Strauss.

Dies sind die gleichen Personen, die den US-Kongress 1995 ermutigt hatten, aufzurüsten und die die Zerstückelung Jugoslawiens organisiert haben. Wir müssen zum Beispiel daran erinnern, dass Alija Izetbegovic Richard Perle zum politischen Berater hatte, Osama Bin Laden zum Militärberater und Bernard-Henri Lévy zum Berater der Medien hatte.

Geopolitika: Ihr Buch und Ihre anti-amerikanische Haltung, die Sie in Ihrem unabhängigen Netzwerk Voltaire frei geäußert haben, wurden Quelle von Problemen, die Sie persönlich mit der Verwaltung des ehemaligen französischen Präsidenten Nicolas Sarkozy hatten. Könnten Sie uns darüber ein bisschen mehr sagen? In der Tat hatten Sie in dem Artikel über Herrn Sarkozy, mit dem Titel: „Die Operation Sarkozy: Wie die CIA einen ihrer Agenten zum Präsidenten der Republik Frankreichs machte“, vertrauliche Informationen geschrieben, die an einen politisch-kriminellen Thriller erinnern.

Thierry Meyssan:Ich bin nicht antiamerikanisch. Ich bin Anti-imperialist und denke, dass die Menschen in den Vereinigten Staaten auch Opfer der Politik ihrer Führer sind.

Was Nicolas Sarkozy betrifft zeigte ich, dass er während seiner Jugend in New York von Botschafter Frank Wisner Jr. erzogen wurde. Diese Person ist einer der wichtigsten Offiziere der CIA, die von seinem Vater Frank Wisner Sr. gegründet wurde. Die Karriere von Nicolas Sarkozy war daher völlig von der CIA geprägt. Es war daher nicht verwunderlich, dass er als Präsident der französischen Republik Washingtons Interessen und nicht die von den Franzosen verteidigt hatte.

Die Serben kennen Frank Wisner Jr. gut: Er war es, der die einseitige Unabhängigkeit des Kosovo als Sonder-Vertreter des Präsidenten der Vereinigten Staaten organisiert hat.

Ich erklärte all dies im Detail während einer Intervention im Eurasian Media Forum (Kasachstan) und man bat mich, es in einem Artikel für Odnako (Russland) zu entwickeln. Durch einen zeitlichen Zufall wurde er während des Georgien-Krieges veröffentlicht, genau in dem Moment, als Sarkozy nach Moskau kam. Ministerpräsident Vladimir Putin hat das Magazin auf den Tisch gelegt, bevor er begann, mit ihm zu diskutieren. Dies hat natürlich mein Verhältnis mit Sarkozy nicht verbessert.

Geopolitika: Herr Meyssan, wie ist die aktuelle Situation in Syrien, die Situation an der Front und die Situation in der syrischen Gesellschaft? Sind Katar und Saudi-Arabien, sowie die westlichen Länder, die das politische System des Präsidenten Bachar El Assad stürzen wollen, sind sie nah an der Vollendung ihres Ziels?

Thierry Meyssan:Von 23 Millionen Syrern unterstützen etwa 2 bis 2,5 Millionen die bewaffneten Gruppen, die versuchen, das Land zu destabilisieren und seine Armee zu schwächen. Sie haben die Kontrolle über ein paar Städte und große ländliche Gebiete übernommen. In keinem Fall sind diese bewaffneten Gruppen in der Lage, das Regime zu stürzen.

Der westliche ursprüngliche Plan hat vorgesehen, dass terroristische Aktionen einen Zyklus von Provokation und Strafverfolgung schaffen würden, was internationale Intervention rechtfertigen sollte, nach dem Vorbild des UCK-Terrorismus und der Unterdrückung von Slobodan Milosevic, gefolgt von der NATO-Intervention. Beachten Sie im Vorbeigehen, dass es bescheinigt ist, dass militante Gruppen in Syrien von Mitgliedern der UCK auf dem Territorium des Kosovo für Terrorismus geschult wurden.

Dieser Plan scheiterte, weil Wladimir Putins Russland nicht das von Boris Jeltsin ist. Moskau und Peking haben der NATO das Eingreifen verboten und seitdem verfault die Situation.

Geopolitika: Was wollen die Vereinigten Staaten, Frankreich, Großbritannien, Saudi-Arabien und der Katar durch den Sturz des Präsidenten Al-Assad erreichen?

Thierry Meyssan:Jedes Mitglied der Koalition hat sein eigenes Interesse an diesem Krieg und glaubt, es erreichen zu können, obwohl diese Interessen manchmal mit einander in Konflikt stehen.

Auf politischer Ebene besteht der Wille, die “Achse des Widerstandes gegen den Zionismus” (Iran-Irak-Syrien-Hisbollah-Palästina) zu brechen. Es gibt auch weiterhin den Willen zum „Umbau des Nahen und mittleren Osten“.

Aber das wichtigste ist das wirtschaftliche Interesse: riesige Reserven von Erdgas wurden im Osten des Mittelmeeres entdeckt. Das Zentrum der Lagerstätte ist in der Nähe von Homs in Syrien (genauer gesagt in Qârâ).

Geopolitika: Könnten Sie uns etwas mehr über den Al-Kaida Aufstand in Syrien sagen, deren Beziehungen zu den Vereinigten Staaten nicht wenig widersprüchlich sind, wenn man sich ihre Aktionen auf dem Boden anschaut? Sie sagten in einem Interview, dass die Beziehungen zwischen der NATO und Abdelhakim Belhadj fast institutionalisiert seien. Für wen führt Al-Kaida eigentlich Krieg?

Thierry Meyssan:Al-Kaida war ursprünglich nur der Name der Datenbank, der Computerdatei, der nach Afghanistan entsandten arabischen Mujaheddin, um gegen die Sowjets zu kämpfen. Durch eine Erweiterung hieß man Al-Qaida die Dschihad-Welt, in der Söldner angeworben wurden. Dann nannte man Al-Qaida die Veteranen von Bin Laden und durch noch eine Erweiterung, alle Gruppen in der Welt, die der Bin Laden-Ideologie angehören.

Je nach den Anforderungen und der Perioden war diese Bewegung mehr oder weniger bedeutend. Während des ersten Krieges in Afghanistan, des Krieges in Bosnien und Tschetschenien, waren diese Söldner “Freiheitskämpfer”, weil sie gegen die Slawen kämpften. Dann, während des zweiten Afghanistan Krieges und der Irak-Invasion, waren sie “Terroristen”, weil sie gegen die GI’s kämpften. Nach dem offiziellen Tod von Bin Laden sind sie wieder “Freiheitskämpfer” geworden, während der Kriege von Libyen und Syrien, weil sie neben der NATO kämpfen.

In Wirklichkeit wurden diese Söldner immer von dem Clan der Sudeiris kontrolliert, einer pro-amerikanischen und ur-reaktionären Fraktion der saudischen Königsfamilie und speziell von Prinz Bandar Bin Sultan. Dieser, den George Bush Vater immer als ” seinen Adoptivsohn” (d.h. der intelligente Junge, den der Vater sich gewünscht hatte) präsentierte, hat niemals aufgehört, im Auftrag der CIA zu handeln. Auch als Al-Kaida die GI’s in Afghanistan und im Irak bekämpfte, geschah es immer noch im besten Interesse der Vereinigten Staaten, weil dies ihre militärische Präsenz rechtfertigte.

Es kam erst in den letzten Jahren, dass die Libyer innerhalb der Al-Kaida die Mehrheit bildeten. Die NATO benutzte sie daher natürlich zum Sturz des Regimes von Muammar el-Gaddafi. Sobald dies erledigt war, ernannte man die Nummer 2 der Organisation, Abdelhakim Belhaj, zum militärischen Gouverneur von Tripolis, obwohl er für seine Rolle in den Bombenanschlägen in Madrid von der spanischen Justiz gesucht wird. Anschließend haben sie ihn mit seinen Männern nach Syrien verlegt um dort zu kämpfen. Für ihren Transport verwendete die CIA die Ressourcen des Hohen Kommissars für Flüchtlinge dank Ian Martin, dem Sonderbeauftragten von Ban Ki-Moon in Libyen. Die angeblichen Flüchtlinge wurden in der Türkei in Lagern untergebracht, die ihnen als hintere Basis dienten, um Syrien anzugreifen und deren Zugang den türkischen Parlamentariern und der Presse verboten wurde.

Ian Martin ist auch Ihren Lesern bekannt: Er war Generalsekretär von Amnesty International, dann Vertreter des Hohen Kommissars für Menschenrechte von Bosnien und Herzegowina.

Geopolitika: Syrien ist nicht nur Ort eines Bürgerkrieges, sondern auch eines Medienkrieges und von Manipulationen. Wir bitten Sie als Zeuge, jemanden, der an Ort und Stelle weilt, uns zu sagen, was sich wirklich in Homs und Hula abgespielt hat.

Thierry Meyssan:Ich bin kein direkter Zeuge von dem, was in Hula geschah. Aber ich war eine Vertrauensperson in den Verhandlungen zwischen den syrischen und französischen Behörden während der Belagerung von dem islamischen Emirat Baba Amr. Die Dschihadisten hatten sich in diesem Stadtviertel von Homs verschanzt, von dem sie die Ungläubigen (Christen) und Ketzer (Schiiten) verjagt hatten. In der Tat blieben nur etwa 40 sunnitische Familien vor Ort, in der Mitte von 3000 Kämpfern. Diese Leute hatten die Scharia verhängt und ein “Revolutionstribunal” verurteilte mehr als 150 Personen zum Tode, indem sie ihnen die Kehle öffentlich durchschnitten.

Dieses selbsternannte Emirat wurde von französischen Offizieren heimlich geleitet. Die syrischen Behörden wollten den Sturm vermeiden und haben mit den französischen Behörden ausgehandelt, damit die Aufständischen sich ergaben. Schließlich konnten die Franzosen die Stadt bei Nacht verlassen und in den Libanon fliehen, während die loyalen Kräfte in das Emirat eindringen und die Kämpfer sich ergeben. Das Blutvergießen wurde so vermieden und es gab letztlich weniger als 50 Tote während der Operation.

Geopolitika: Neben den Alawiten sind auch die Christen Ziel in Syrien. Könnten Sie uns ein wenig mehr über die Verfolgung von Christen in diesem Land sagen und warum die so genannte westliche Zivilisation, deren Wurzeln christlich sind, keine Solidarität mit ihren Glaubensgenossen zeigt?

Thierry Meyssan:Die Dschihadisten vergehen sich vorrangig an jenen, die ihnen am nächsten stehen: zuerst an den progressiven Sunniten, dann an den Schiiten (einschließlich der Alawiten) und erst dann an den Christen. In der Regel foltern und töten sie kaum Christen. Jedoch vertreiben sie sie systematisch und stehlen ihr ganzes Eigentum. In der Nähe der nördlichen Grenze des Libanon gab die syrische freie Armee den Christen eine Woche, um zu fliehen. Es gab einen plötzlichen Exodus von 80000 Menschen. Wer nicht rechtzeitig geflohen war, wurde massakriert.

Das Christentum wurde vom Heiligen Paulus in Damaskus gegründet. Die syrischen Gemeinden sind älter als die des Westens. Sie haben die alten Rituale und einen sehr starken Glauben bewahrt. Die meisten sind orthodox. Diejenigen, die sich Rom angeschlossen haben, behielten ihre angestammten Riten bei. Während der Kreuzzüge kämpften die Christen des Orients mit den anderen Arabern gegen die vom Papst geschickten alten Haudegen. Heute kämpfen sie mit ihren Mitbürgern gegen die durch die NATO geschickten Dschihadisten.

Geopolitika: Kann man nächstes Jahr einen Angriff auf den Iran erwarten, und im Falle einer militärischen Intervention, was wäre die Rolle Israels? Ist der Angriff auf kerntechnische Anlagen das wahre Ziel von Tel-Aviv oder besteht er darin, dass Israel durch globale Strukturen, im Interesse einer breiten Destabilisierung der internationalen Beziehungen zu diesem Abenteuer hin gedrängt wird?

Thierry Meyssan:Es trifft sich, dass der Iran Träger einer Revolution ist. Heute ist er das einzige größere Land, das dem American Way of Life ein alternatives Modell der sozialen Organisation bietet. Die Iraner sind mystisch und ausdauernd. Sie lehrten die Araber die Kunst des Widerstands und widerstehen den Zionismus Projekten, nicht nur in der Region, sondern in der ganzen Welt.

Abgesehen davon, trotz seiner Aufschneiderei, kann Israel den Iran wirklich nicht angreifen. Und die Vereinigten Staaten selbst haben verzichtet ihn anzugreifen. Iran ist ein Land von 75 Millionen Einwohnern, wo jeder bereit ist, für sein Land zu sterben. Während die israelische Armee aus Jugendlichen besteht, deren militärische Erfahrung sich auf rassistische Ausschreitungen gegen die Palästinenser begrenzt und die US-Armee sich aus Arbeitslosen zusammensetzt, die nicht gewillt sind, für einen miserablen Söldnerlohn zu krepieren.

Geopolitika: Wie sehen Sie die Rolle Russlands im syrischen Konflikt und wie sehen Sie die Rolle des Präsidenten der Russischen Föderation, Wladimir Putin, der von der westlichen Presse stark verteufelt wird?

Thierry Meyssan:Die Verteufelung des Präsidenten Poutine durch die westliche Presse ist des Lasters Anerkennung der Tugend. Nachdem er sein Land wieder in Ordnung gebracht hatte, will Wladimir Putin ihm seinen gebührenden Platz in den internationalen Beziehungen zurückgeben. Er basierte seine Strategie auf die Kontrolle des, was die Hauptquelle der Energie im 21. Jahrhundert sein wird: das Gas. Gazprom wurde bereits das erste Gasunternehmen der Welt und Rosneft das erste Ölunternehmen. Er hat offensichtlich nicht die Absicht, die USA das syrische Gas an sich reißen zu lassen, noch auch den Iran sein eigenes Gas ohne Kontrolle ausbeuten zu lassen. Infolgedessen musste er in Syrien eingreifen und mit Iran ein Bündnis schließen.

Darüber hinaus wird Russland der wichtigste Garant für Völkerrecht, während die Westler im Namen einer Müll-Moral die Souveränität der Nationen verletzen. Man sollte die russische Macht nicht fürchten, weil sie dem Gesetz und dem Frieden dient.

Im Juni hat Sergej Lawrow in Genf einen Friedensplan ausgehandelt. Er wurde einseitig von den Vereinigten Staaten vertagt, aber sollte letztlich von Barack Obama während seiner zweiten Amtszeit umgesetzt werden. Er sieht die Bereitstellung von einer Kraft von UN-Friedenstruppen vor, hauptsächlich aus Truppen des KSVO bestehend. Darüber hinaus gesteht er die Beibehaltung von Baschar Al-Assad an der Macht zu, wenn das syrische Volk durch die Wahlurne so entscheidet.

Geopolitika: Was denken Sie über die Situation in Serbien und den schwierigen, von Serbien in den letzten zwei Jahrzehnten durchlaufenen Weg?

Thierry Meyssan:Serbien wurde durch die Reihe von Kriegen erschöpft, mit denen es konfrontiert war, vor allem dem der Eroberung des Kosovo durch die NATO. Es handelt sich tatsächlich um einen Eroberungskrieg, weil er mit der Amputation des Landes und der einseitigen Anerkennung durch die NATO-länder der Unabhängigkeit des Camp Bondsteel, d. h. des NATO-Stützpunkts endet.

Eine Mehrheit von Serben glaubte, sich der Europäischen Union nähern zu müssen. Dies verkennt die Tatsache, dass die Europäische Union die zivile Seite eines einzigartigen Stückes ist, dessen militärische Kehrseite die NATO ist. Historisch wurde die Europäische Union gemäß den geheimen Klauseln des Marshall-Plans geschaffen, sie war daher der NATO vorangegangenen, aber sie ist nicht weniger ein Teil desselben Projekts angelsächsischer Herrschaft.

Es kann sein, dass die Krise des Euro zu einem Zerfall der Europäischen Union führt. Staaten wie Griechenland und Serbien werden sich in diesem Fall spontan an Russland wenden, mit dem sie viele kulturelle Elemente und die gleiche Basis der Gerechtigkeit teilen. Geopolitika: Es wird Serbien mehr oder weniger direkt vorgeschlagen, den Kosovo aufzugeben, um in die Europäische Union gelangen zu können. Sie verfügen über umfangreiche Erfahrung auf internationalen Beziehungen und wir bitten Sie daher aufrichtig, ob Sie uns Ratschläge geben können, was Serben hinsichtlich der In- und ausländischen Politik machen sollte.

Thierry Meyssan:Es steht mir nicht zu, jemandem Rat zu geben. Ich persönlich bedauere nur, dass manche Staaten die Eroberung des Kosovo durch die NATO anerkannt haben. Seitdem wurde der Kosovo vor allem die Drehscheibe für Drogenhandel in Europa, Drogen, die unter dem wachsamen Schutz der US-Truppen in Afghanistan angebaut wurden. Kein Volk hat an dieser Unabhängigkeit im Geringsten profitiert, und schon gar nicht die Kosovaren, die jetzt von einer Mafia versklavt werden.

Geopolitika: Es gab zwischen Frankreich und Serbien eine starke Allianz, die ihre Bedeutung verlor, als Frankreich sich an der Bombardierung von Serbien im Rahmen der NATO 1999 beteiligte. Jedoch gibt es in Frankreich und Serbien immer noch Leute, die die “Freundschaft durch die Waffen” des ersten Weltkriegs nicht vergessen, und die meinen, dass man diesen kulturellen gebrochenen Beziehungen wieder neues Leben einhauchen sollte. Teilen Sie diese Ansicht?

Thierry Meyssan:Sie wissen, dass einer meiner Freunde, mit dem ich Le Pentagate schrieb, – über den Anschlag auf das Pentagon am 11. September mit einer Rakete und nicht mit einem virtuellen Flugzeug -, Oberst Pierre-Henri Bunel ist. Er wurde während des Krieges, wegen Spionage zu Gunsten von Serbien, durch die NATO verhaftet. Später wurde er an Frankreich zurückgegeben, das ihn vor Gericht stellte und zu zwei Jahren strengem Gefängnis statt lebenslanger Haft verurteilte. Dieses Urteil zeigt, dass er in Wirklichkeit auf Befehl seiner Vorgesetzten gehandelt hatte.

Frankreich, Mitglied der NATO, wurde zur Teilnahme an dem serbischen Angriff gezwungen. Aber Frankreich tat es unwillig, indem es Serbien eher heimlich half, statt es zu bombardieren.

Heute ist Frankreich in einer noch schlimmeren Situation. Es unterliegt einer Elite, die zum Schutz ihrer wirtschaftlichen Errungenschaften sich in den Dienst von Washington und Tel Aviv gestellt hat. Ich hoffe, dass meine Landsleute, die eine lange revolutionäre Geschichte teilen, schließlich diese korrupten Eliten vom Ruder vertreiben werden. Und dass Serbien gleichzeitig seine tatsächliche Unabhängigkeit wiedererlangt haben wird. Dann werden unsere beiden Völker sich spontan wiederfinden.

Geopolitika: Vielen Dank für Ihre Zeit.

Übersetzung
Horst Frohlich

vendredi, 21 décembre 2012

Sezession - Heft 51

Sezession

Heft 51, Dezember 2012

heft51 gross Aktuelle Druckausgabe (10 €): Heft 51, Dezember 2012 Editorial

 

Kolumnen

Bild und Text

zwischentag – Szene
Wiggo Mann

Grundlagen

Die Ostfrau als Avantgarde
Ellen Kositza

Ehrenrettung für einen Pastor
Thorsten Hinz

Über Othmar Spann
Michael Rieger

Identitär
Martin Lichtmesz

Debatte

Islamkritik – Leitideen und Einwände
Karlheinz Weißmann

Kreuzzug und Dschihad
Stefan Scheil

Gewalt gegen Deutsche – Auswahl 2012
Felix Menzel

Bücher

»Ich möchte nicht niederknien« –
Ein Gespräch mit Arno Surminski

Die Intelligenz und ihre Feinde
Andreas Vonderach

Gerhart Hauptmann zum 150.
Erik Lehnert

»Umstritten« – Drieu la Rochelle
Benedikt Kaiser

Rezensionen

Vermischtes

Briefe an alle und keinen

3000 SOLDATS AMERICAINS POUR L’AFRIQUE:

3000 SOLDATS AMERICAINS POUR L’AFRIQUE:
Verrouiller le continent, limiter la Chine…

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr/
 
Le service de presse d’Army Times vient de rapporter que les Etats-Unis s’apprêtent à envoyer plus de 3 000 soldats un peu partout, en Afrique, pour 2013. Pour le Major Général, David R. Hogg, « En ce qui concerne notre mission, c’est un territoire vierge ». Menteur ! Depuis quelques années, de plus en plus de soldats américains stationnent sur le continent africain et même, si le Général Hogg ne le dit pas, le but de la mission américaine est claire : verrouiller au plus vite le continent africain.
 
  
Pour les Américains, il y a urgence face à l’avancée commerciale de la Chine sur tout le continent. En fait, l’armée américaine effectue annuellement à peu près une douzaine d’opérations importantes en Afrique et pour ces opérations, des troupes et du matériel, y compris sophistiqué, sont réellement engagées. Pour les Etats-Unis, avoir un pied, militairement, dans tous les coins du continent, limiterait le risque que leurs intérêts ne soient pas protégés dans des régions où de réelles menaces existent en ce qui concerne l’’accaparement de terres agricoles ou l’exploitation de minerais rares. 
 
 
Le Mali dont on parle beaucoup, a été le site, récemment, d’un exercice militaire US du  nom  de « Atlas Accord 12 » qui a fourni aux militaires maliens une formation dans le domaine aérien. Quelques hauts-gradés maliens ont été formés ou ont suivis des stages à West Point. En fait, Paris a lâché l’Afrique depuis longtemps et les Etats-Unis préfèrent faire le travail eux-mêmes, en tout cas, diriger les opérations, superviser dans le pré-carré français, les armées nationales qui étaient pourtant traditionnellement en relation avec Paris ou avec nos écoles militaires. 

Opérations US en Afrique en 2012
 
Pour illustrer cette ingérence américaine en Afrique, quoi de mieux que de dresser la liste des opérations américaines qui se sont déroulées, au cours de l’année 2012, en différents points du continent africain :
- « Cutlass Express », un exercice naval visant ce qu’on appelle la «piraterie» dans la région du Bassin de Somalie.
- « Africa  Endeavor 2012 », basée au Cameroun, centrée sur la formation et la coordination en communications militaires. Tous les « renseignements » passant maintenant par le réseau américain Echelon. Nous avions d’ailleurs, déjà dit ici, qu’au Sahel, la France est obligée de passer par les services américains pour savoir ce qui s’y passe dans le « détail » !
- « Obangame Express 2012 », exercice naval  pour assurer une présence dans le golfe de Guinée, région au cœur d’opérations pétrolières en Afrique occidentale.
- « Southern Accord 12 », basée au Botswana dont le but était d’établir des relations de travail entre les forces militaires d’Afrique australe et les Etats-Unis.
- « Western Accord 2012 »,  exercice militaire au Sénégal, impliquant tous les types d’opération, des exercices de tirs à la collecte d’informations et au combat de tireurs d’élite.
 
D’autres exercices de même nature aux noms tels que « African Lion », «Flintlock » et « Phoenix Express » ont aussi eu lieu. De plus, des unités de Gardes Nationaux US ont effectué des rotations dans des pays qui incluent entre autres, l’Afrique du sud, le Maroc, la Tunisie, le Nigéria, le Libéria et le Ghana. Des entreprises de sécurité privées américains se sont installées en Mauritanie et dans tout le Sahel.
 
Les communiqués de presse du US Africa Command (AFRICOM) suggèrent que ces opérations sont bénéfiques tant pour les Etats-Unis que pour l’Afrique. Leur message central est que les militaires US et Africains sont des partenaires dans la guerre contre le terrorisme et d’autres formes de soulèvement. Mais ce n’est pas en réalité du partenariat, c’est de la défense classique d’intérêts économiques et stratégiques.
 
25% des besoins américains en  pétrole vers 2015 seront africains

Un rapport du Bureau de Recherche du Congrès sur les plans d’exploitation US a été publié par WikiLeaks. On y lit « en dépit des conflits dans le delta du Niger et d’autres régions productrices de pétrole, le potentiel pour des forages en profondeur dans le golfe de Guinée est élevé et les analystes estiment que l’Afrique pourra fournir près de 25% des besoins américains en pétrole vers 2015. » 
 
 
Le document cite un officiel US du Département de la défense : « …la mission principale des forces US (en Afrique) est d’assurer que les champs pétrolifères du Nigéria …soient sûrs ». Au moins, le propos est-il clair. C’est pourquoi, les Etats-Unis seraient satisfaits que des actions militaires menées par des Africains visent les militants et les groupes mafieux qui sabotent les oléoducs et les opérations des  compagnies pétrolières occidentales en Afrique occidentale. Parallèlement, en raison de l’accroissement de leurs importations de pétrole, les Américains s’opposent vigoureusement  à toute velléité africaine d’exclure par la force les dites compagnies du Delta du Niger même si leurs pipelines qui fuient ont ruiné d’innombrables hectares de terres agricoles et d’eaux poissonneuses et ont provoqué un véritable désastre écologique de toute la région.
 
 
Les intérêts de l’Afrique sont, on le voit bien, en perpétuel conflit avec ceux des Etats-Unis comme avec ceux de la Chine. Les dirigeants africains continuent de leurrer leur peuple en s’attaquant souvent dans la presse africaine à la France ou aux Européens alors qu’ils se couchent honteusement, à tour de rôle, devant les Chinois ou les Américains. 
 
Curieusement, il n’y a pas eu de réaction africaine sérieuse à cette annonce du renforcement de la présence de soldats US sur leur sol. Si l’Europe était une puissance, si la France n’avait pas abandonné honteusement l’Afrique, le vrai partenariat, le seul partenariat possible, le partenariat euro-africain aurait pu préserver le continent africain de la politique des vautours et des chacals. 
 
On a mal à l’Afrique, on pleure l’Afrique américanisée ou chinisée. 

Clément Rosset ou l’éloge du réel

Clément Rosset ou l’éloge du réel

par Pierre LE VIGAN

clement-rosset.jpgClément Rosset est un philosophe matérialiste. Il rabote. Il ne cesse de couper dans la matière philosophique pour en ôter tout ce qui ne serait pas strictement philosophique. Il expulse hors du champ philosophique ce qui relèverait de la morale, ou de l’histoire, ou de la psychologie. Résultat : une philosophie réduite à un pur constat de l’exister, au pur mystère du jeu des êtres, des bêtes et des choses du monde dans le monde. Il semble que pour Clément Rosset, être philosophe soit travailler à réduire le nombre de questions que l’on se pose, et cela parce que c’est sans doute le meilleur moyen de réduire le nombre de réponses.

La philosophie de Rosset peut se résumer en deux aspects : 1° comment voir le monde, 2° comment s’accommoder du monde. Voir le monde tel qu’il est, tel est son point de départ, qui est aussi son point d’arrivée. Entre les deux, de quoi s’agit-il ? Il s’agit de ne parler que de ce qui est, et de cerner l’existant au plus près et au plus juste. Par voie de conséquence, il s’agit de ne plus parler de ce qui n’est pas. C’est-à-dire de ce qui n’est pas vraiment : de ne plus parler du monde idéal, des excuses aux imperfections du monde et des hommes, de l’au-delà, etc. Lire Rosset, c’est apprendre à parler de moins en moins. Un éloge de la concision et du silence : le silence comme forme radicale de la concision.

Le point de départ est que l’homme est condamné à être. Il est condamné à être dés maintenant ce qu’il est dés maintenant. Il n’y a aucune place pour la distinction entre ce qui est de toujours et ce qui ne serait « que » de maintenant. L’être n’est pas un « être des étants » qui siégerait « au-dessus » des étants et ré-instaurerait une coupure métaphysique entre être et étant. Il n’y a donc pas d’étant qui serait autre chose que « être ». Il n’y a pas d’être qui serait l’être des étants. Parménide écrit : « ce qui existe existe, ce qui n’existe pas n’existe pas ». L’être est l’événement d’être lui-même. L’être, de ce fait, n’existe pas. Le monde est, ce qui n’est pas la même chose que de dire « l’être est ». L’être est verbe, et il n’est que cela. Il n’est pas un substantif. Il faut d’ailleurs se méfier des substantifs : ils finissent par être des substituts. La seule chose que l’on peut dire de l’être est qu’il est le monde tel que jamais la connaissance ne le rattrapera. « Le simple fait d’être n’est-il pas à lui seul l’événement le plus inattendu auquel il nous soit donné d’assister ? (1) »

Clément Rosset voit résolument le monde comme un, au sens d’un seul. Ce monde Un n’est pas unique pour autant. Il est « un seul à la fois ». Quand il est là, il est pleinement là, et totalement là. Il n’y a place que pour lui; il prend toute sa place, et donc il prend toute la place. Ici et maintenant, on trouvera ainsi tout le réel, mais rien que du réel. « Ne cherchez pas le réel ailleurs qu’ici et maintenant », écrit Clément Rosset. Ailleurs, en l’occurrence, on trouvera bien des choses. Mais pas du réel. Des succédanés. Alors, si, précisément, nous cherchons autre chose que le réel, allons voir ailleurs. Nous y trouverons ce que nous cherchons : rien. Si nous préférons nous raconter des histoires plutôt que trouver du réel c’est notre problème. Mais encore faut-il le savoir.

Il n’y a qu’un seul monde, et ni un ni plusieurs arrière-mondes. Clément Rosset critique une idée courante : celle d’un réel doté d’un double, l’idée comme quoi le sens du réel ne se trouverait pas dans celui-ci mais à coté. Doublant le réel, un autre réel remettrait le réel « dans sa vraie perspective ». Un arrière-réel plus intelligent, mieux éduqué que le réel simplement réel. Le réel idéel – qu’il conviendrait de s’employer à rendre idéal – expliquerait le sens présent et le devenir du réel observable, que l’on pourrait qualifier de réel vulgaire ou simple réel réellement existant (R.R.E.) – un réel en quelque sorte trop simple pour être vrai. Le réel idéel donnerait la loi explicative du R.R.E. Telle est la théorie de la réminiscence : le réel d’ici et de maintenant s’expliquerait par un réel voilé, par un réel déjà-vécu, par un déjà-là, une sorte d’être qui précéderait les étants. L’immédiat – l’immédiatement perçu – est ainsi dévalorisé. Rosset critique, autrement dit, l’idée de l’idiotie du réel, cette idée qui est la définition même du romantisme. Pour Rosset le réel réellement existant n’a pas besoin d’être « éclairé » par un « vrai réel », un double, qui l’expliquerait « de l’extérieur ». À l’extérieur du réel, il n’y a rien. Et le rien n’a évidemment rien à dire sur ce qui est, et qui lui n’est pas rien. En résumé, tout double paraît à Rosset une fuite devant la réalité, qu’il s’agisse concernant ce double d’un arrière-monde, d’un autre monde, ou d’une essence dissociée d’une existence (2).

Pour Clément Rosset, la question de l’unicité du réel, donc de sa non-dualité, est la question proprement philosophique, qui ne se superpose ni à la question morale, ni à la question de l’histoire, et de son sens éventuel. L’unicité du réel se trouve exprimée par Parménide mais aussi par Lucrèce indiquant en substance que le monde se compose de ce monde-ci, et de mondes non réels mais possibles dont nous ne pouvons rien dire.  Cette question de l’unicité du réel aboutit à s’interroger sur les histoires homériques elles-mêmes, dans lesquelles les dieux agissent dans l’histoire des hommes. Le monde visible des hommes n’est-il pas dans ces histoires le reflet du monde réel des dieux ? Or, à partir du moment où le réel visible est supposé « agi »  par un réel invisible, la suspicion sur le visible s’installe. L’idée du « peu de réalité » (André Breton) du réel visible s’insinue. C’est un tort.

Certes, la dévalorisation du Réel Réellement Existant n’est pas inéluctable. Ainsi, le réel peut être, chez Hegel, un double de l’Unique réel, qui récapitule tous les instants passés dans l’instant présent. Le réel d’ici et maintenant est ainsi en quelque sorte « anobli » mais reste un double. C’est ainsi un « monde renversé ». C’est encore ce que Gérard de Nerval désigne par un « état de grâce » (3). La plupart des philosophes ont défendu cette idée simple : le réel et son double sont proches, voire identiques (voir plus haut). Une fois encore, Hegel représente bien cette conception portée au stade supérieur de cohérence interne.

Mais cette identité du réel et de son double est en fait impossible. Deux choses identiques ne seraient pas deux. Comme l’écrit Montaigne, « la ressemblance ne fait pas tant un comme la différence fait autre ». Au vrai l’identification d’une chose nécessite que soit posée à côté une autre chose qui ne soit pas exactement la même. C’est pourquoi un réel sans double est proprement non identifiable. Ce qui caractérise le réel est qu’il est toujours totalement là et prend toute la place. C.F. Ramuz dit : « Un bonheur c’est tout le bonheur; deux, c’est comme s’il n’existait plus ». Clément Rosset remarque justement que l’on peut en dire autant du réel. Ainsi, plus un objet est réel, plus il est unique, donc moins il est identifiable. Si le réel est vraiment là, il n’y a plus de distance par rapport à lui, et donc plus d’identification possible. Prenons un exemple : on peut identifier un nuage parce qu’il y a plusieurs nuages, et même plusieurs formes identifiées de nuages. Mais d’une forme inédite, on ne peut rien dire si ce n’est qu’elle est un monstre. On ne peut la « décrire » que comme une chose qui ne ressemble précisément à aucune autre, comme les « choses » de H. P. Lovecraft.

Ce qui angoisse, par exemple le néant, est souvent – loin d’être irréel – on ne peut plus réel. Car le néant, contrairement aux autres « objets du monde » n’a pas de double. Et il est d’autant plus réel qu’il est unique. D’où la thèse de Clément Rosset comme quoi la plus réelle des choses, c’est la mort, dans la mesure où c’est aussi la plus unique des choses. En ce sens, le réel ne peut avoir d’histoire. Une histoire du réel supposerait en effet que l’on puisse se placer d’un point de vue autre que le réel. Or, si le réel est tout le réel, il est non identifiable et non historicisable. Le matérialisme en tant que prise en compte sans conditions du réel est en ce sens inévitablement non-historique (d’où selon Rosset le non-sens du « matérialisme historique » de Marx).

Rosset, c’est le réel sans double. Mais c’est un peu plus compliqué que cela (4). Le double est en effet pensable dans certaines conditions, quand il prend l’une des trois formes suivantes : l’ombre, le reflet, l’écho.

Le double peut ainsi être une ombre, et en ce sens être les confins, la banlieue d’un existant, quelque chose comme l’util (l’outil) chez Heidegger, une chose « à portée de la main », un prolongement de soi, un double qui n’est pas une illusion mais un « à côté de soi », un « avec soi » dans la contrée de soi. C’est le double de proximité. Ce n’est donc pas une illusion, mais c’est la trace et la marque d’un existant. Tout vivant a son ombre ou meurt. Les fantômes n’ont pas d’ombre, car ils sont déjà morts. Ou n’ont jamais pu naître. Telles les créatures évoquées par Ravel : ogres, lutins, diables, follets (5). Ainsi sont-elles des ombres sans être l’ombre de quiconque (6). L’ombre comme vrai double d’un vrai existant, ainsi que l’est le rêve peut être plus inquiétante. Platon évoquait cette « espèce de désirs qui est terrible, sauvage, et sans égard pour les lois (7) ».

Si l’ombre est vrai double d’un vrai existant (d’un « étant dans le monde » dirait Heidegger), le reflet, ou encore le miroir (mieux : le reflet en tant que ce qui empêche de passer à travers le miroir), est double sans objet. Double d’un objet certes mais sans objet. Exemple : la passion. On n’aime jamais (tout à fait) qui on croit aimer. Et on ne s’aime pas non plus pleinement à travers l’autre (l’amour n’est pas qu’effet de miroir). L’amour n’est jamais pur reflet ni pure altérité. Il est entre. C’est d’ailleurs tout son « intérêt » (un intérêt sans rapport avec le sens économique de ce terme, car en ce registre tout peut se donner, tout peut se perdre, rien n’est négociable). C’est là qu’est sa profondeur, précisément sans fond, car il est entre. C’est pourquoi on ne peut vivre sans ombre mais on peut vivre avec ou sans un reflet. Sauf qu’existe le risque de devenir ce reflet. Hanté et transformé par ce reflet, – pétrifié aussi par ce reflet -, reflet de soi perdu ou de l’autre perdu. Comme écrit Rosset, « dans cet autre coté du miroir où s’aventure Alice, on ne fait pas que de bonnes rencontres (p. 62) ».

L’écho est l’autre – le troisième – réel comme double, vrai réel vraiment double d’un authentique réel, qui atteste de la présence dans le monde le plus fortement. C’est le moins autiste des doubles. Et pourtant l’écho est tautologique. « Où es-tu ? » dit l’un, « où es-tu ? » répond l’écho. Même si la tautologie est parfois plus subtile, comme dans le judaïsme. « Qui es-tu ? » questionne Moïse. « Je suis celui qui suis » répond l’écho (écho-Dieu ou écho de Dieu). Pourquoi cet écho est-il en même temps le plus vivant des doubles ? Parce qu’il est dans le monde. Plus encore, il rend présent le monde. Il est le monde en sa présence. Il est la pure présence du monde. « Il est vrai (…) que l’écho, qui ne sait que nous renvoyer à nous-mêmes, possède un pouvoir de nous conforter dans notre identité et notre réalité supérieur à celui dont disposent l’ombre et le reflet » note Rosset (p. 71). L’écho nous échappe, il est du monde avant d’être de nous, il nous défie d’être au monde, d’y être plus encore, d’y être toujours plus. « Double sans maître » dit Rosset. Ce n’est pas assez dire. C’est, plus encore, l’écho qui ambitionne d’être notre maître. C’est lui qui nous intime l’ordre d’assumer tout le bruit que nous faisons en société, même si nous ne faisons pas beaucoup de bruit. C’est lui qui nous demande d’être, plus encore, dans le spectacle de la société du spectacle. L’écho, c’est la mise en abîme perpétuelle : à perpétuité. C’est l’effet vache qui rit – sans le rire. Disons-le tout net : l’écho est de tous temps, mais il est aussi bien de notre temps (comme on dit : bien de chez nous).

L’allégresse est aussi un savoir sur le réel

clémross.jpg« Rien n’aura eu lieu » notait Mallarmé. Cela résume en quelque sorte le matérialisme intégral et anhistorique de Rosset. Revenons sur cette question : le réel est l’inconditionné même, le non-mesurable. Le réel est précis, exact – il est exactement là – en tant qu’il n’est pas mesurable, ce qui supposerait un Autre du réel, fusse une duplication, une copie certifiée conforme (dieu, l’être, avec ou sans majuscule…), l’audace étant parfois poussée loin, quand la copie se prétend l’original, attribuant au réel visible et palpable le statut de simple copie. Mais que le réel soit là, qu’il occupe toute la place n’enlève pas à l’homme une liberté : celle de prendre le temps de savourer, du réel, c’est-à-dire du monde, l’inépuisable simplicité. Ainsi, trois principes se rejoignent : le principe de l’unicité du monde (pas d’arrière-monde), le principe de lucidité (voir le monde tel qu’il est), le principe de cruauté (ne pas se cacher la cruauté du monde). La vérité crue doit être crue. Ce dernier principe est bien résumé par Ernesto Sâbato : « Je désire être sec et ne rien enjoliver ». Le réel est cela, et seulement cela.

Un des problèmes qui se posent, c’est que l’essentiel de la philosophie part du postulat qu’il y aurait plus à dire de mondes dont nous ne pouvons rien dire que de ce monde-ci. La réalité immédiate est ainsi dévalorisée au profit de mondes dont l’existence est improuvable. C’est le « principe de réalité insuffisante » : raisonner à partir du réel serait insuffisant, voire vulgaire. Le succès de ce principe vient d’une crainte bien compréhensible devant la cruauté du monde. Que la réalité soit triste est triste. Que cette réalité soit de surcroît vraie est cruel. Que le remède contre l’angoisse humaine soit la révélation de la vérité, comme le suggère Lucrèce, apparaît ainsi problématique. Car en effet la vérité fait mal. Souvent. On peut même se demander si la pratique de la vie ne nécessite pas au contraire un minimum d’aveuglement (souvent un maximum d’aveuglement d’ailleurs). Cette cruauté de la vie se manifeste fort bien dans l’amour. Celui-ci commence, rappelle Rosset, par un baiser comme envie de mordre, et se termine, « si l’itinéraire amoureux va jusqu’à son terme – avec l’écartèlement et la mise en miettes (8) ».

Un autre motif de scepticisme, ou bien de paresse est que le réel n’est pas façonné par l’homme en fonction de l’énergie qu’il investit dans le monde. En effet, il faut de l’énergie pour accepter le réel tel qu’il est, mais il en faut aussi pour inventer (ce que fait le fou) un autre réel. L’énergie n’est pas un critère de vérité (non plus que le travail. Le réel n’a décidément pas de morale, ce qui n’interdit pas à l’homme d’en avoir mais en son nom propre).

Le monde selon Rosset ne comporte donc ni double ni arrière-monde. Il est réel en tant qu’il est présent à nous ici et maintenant. Il change mais il ne se transforme pas, ou si l’on préfère il bouge mais ne change pas. Il n’est jamais pareil mais c’est toujours le même. Dans la Lettre sur les chimpanzés. Plaidoyer pour une humanité totale (Gallimard, 1965 et 1999), Clément Rosset critique – avant Pierre-André Taguieff – le bougisme qui s’est tant développé depuis et cite à son propos quelques exemples particulièrement pittoresques. « Mais nous bougeons, mais nous avançons ! »  écrivait Teilhard de Chardin dans L’avenir de l’homme. L’humanité de demain, c’est l’humanité « réconciliée avec elle-même », disait-on alors. C’est la christosphère. « En haut – et en avant ! » disait le père Bergougnioux. « Le dénouement se précipite » prophétisait encore Teilhard de Chardin (9). Toutes ces propositions n’avaient d’égale que la totale gratuite de leur affirmation. Du moins cet éloge du mouvement était-il un progressisme. Alors que nous en sommes à l’éloge du « mouvement pour le mouvement », et du nouveau pour le nouveau.

En tant qu’il est donné, le réel est inévitablement tragique. Le tragique c’est penser le pire (sans s’y complaire, ce qui est coquetterie d’esthète). C’est donc penser que l’homme peut être le pire ennemi de lui-même. Le monde réel est peut-être le meilleur possible (Leibniz) ou le pire (Schopenhauer). Cela importe peu. Il peut être le meilleur tout en étant mauvais, et le pire sans être si mauvais. Le donné et le tragique désignent la même chose : ce qui ne dépend pas de nous, le fatum. L’existence, et notamment l’existence de l’homme, est l’indéterminé même. Le monde dans lequel l’homme est jeté n’est ni absurde, ni rationnel, ni raisonnable. Il est tout simplement incompréhensible. Ce monde tragique, plein des « soucis de tous les jours et de toutes les nuits (10) » ne dit mot de la peine et de la détresse des hommes. Au delà de la mince écorce des bruits du monde règne le silence. C’est le caractère angoissant de ce silence qui explique la tentation du bavardage moral. Mais c’est là encore une tentation de refus du réel.

Accepter le réel, c’est accepter un monde sans morale. Parce que l’objectif de la morale c’est de faire parler le monde. C’est de le sommer de nous livrer sa signification. Si le monde parle, et l’exigence morale le veut, c’est pour nous en dire plus sur lui, pour se justifier. Si le monde a quelque chose à nous dire c’est qu’on peut y comprendre quelque chose et aussi qu’il est « perfectible » comme disait George Sand. Si le monde n’est pas parfait, et/ou si un monde parfait n’est pas réel, cela prouve, nous dit la morale, l’existence de contre-forces au bien et à la perfectibilité. Là où il y a douleur, il doit y avoir péché. Il doit donc y avoir pénitence. « Verglas assassin, Mitterrand complice » proclamait le groupe humoristique Jalons des années 1980. Cela n’est pas si mal représenter l’esprit du temps. Conséquence : voir le monde tel qu’il est est devenu l’indécence suprême. Voir les choses comme elles sont est devenu très obscène.

Le principe de base de Rosset est de voir le monde tel qu’il est. Sécheresse du constat. Mais comment peut-on s’accommoder de ce monde ? En l’accueillant comme un don. En remplaçant l’espérance d’un autre monde par l’étonnement devant ce monde-ci. C’est le monde d’ici et de maintenant qu’il faut respecter – sinon diviniser comme le souhaitait Nietzsche (La volonté de puissance, « Les trois siècles» ). Il faut tout ramener au réel et se contenter du réel. « Ne plus se raconter d’histoires » comme disait Louis Althusser. Abandonner tout espoir, toute illusion et gagner par là le sens de la précision des choses. Avoir le souci de l’exactitude. Préférer, comme Samuel Butler, le mensonge à l’imprécision (qui est souvent un mensonge plus grand). Ne pas tricher. Ou tricher en grand. Pour que, au moins, cela se voit.

Il y a bien des mondes dans le monde

Du point de vue de l’homme, deux conditions minima suffisent à faire un monde : le tragique et l’artifice. À l’unicité / simplicité du regard de Plotin, opposons la diversité des regards. Le réel n’est pas monolithique. Il comporte des aspérités, des zones convexes et d’autres concaves, des angles morts : il y a bien des mondes dans le monde. Condamné à l’existence, l’homme est contraint à coller au plus près à sa propre présence. Il revient à chacun d’avoir un monde, de trouver ou de construire (son) monde. « Ne faire qu’un avec sa propre course. » Mais deux modes de présence au monde sont possibles, et ils sont contradictoires. La nausée est un de ces modes de présence au monde. Mais elle est inconfortable. Elle est même justement le sentiment de l’inconfort de tout ce qui est. À l’inverse, la jubilation est confort total et plein. Elle est le sentiment que tout ce qui est est réjouissant. Le point de vue jubilatoire est que  tout, dans le monde, et tout, du monde, est à déguster.

Le dyonisiaque est ici le contraire du romantisme : il se réjouit de ce monde-ci. La nausée et la jubilation ont un point commun : elles concernent le réel, et elles concernent le présent du réel. Finalement, rien de moins névrotique que la nausée ou la jubilation (d’où le fait qu’elles ne sont pas sans risque puisque nous n’aurons garde d’oublier que la névrose protège). Entre les deux – nausée ou jubilation – n’existe que la différence de l’artifice, la posture, la « disposition à ». Tant la nausée que la jubilation relèvent d’une certaine rigueur, à laquelle s’oppose le goût de l’irréel. À l’extrême, le goût de l’irréel mène à la folie. Mais dans sa version douce, c’est une simple névrose. Et donc une protection. En effet, le goût de l’irréel peut-être un petit divertissement domestique qui protège de la paranoïa, vraie folie en tant qu’elle est – comme disait les Grecs – « excès de raison ». Si la folie est une tricherie avec le réel en tant qu’elle est un artifice majeur, fréquentes sont les petites tricheries comme le dédoublement, et le mélange de bonne et de mauvaise conscience qui va avec. Autrement dit, fréquente est la fausse conscience. Celle qui consiste à tricher en petit. Quitte à tricher, il faut tricher en grand. Facile à dire certes.

clemrossID.gifPrécisons alors : qu’est-ce que la fausse conscience ? La fausse conscience est la conscience dédoublée. C’est celle du bourreau qui dit : « Achevons-le vite. Je déteste voir souffrir ». S’accommoder du monde, c’est aussi s’accommoder d’être toujours moins « moral » qu’on ne le souhaiterait. Mais aussi, c’est être ce que l’on est; c’est pour l’homme accepter d’être comme l’animal en un sens et ne pas être comme l’animal en un autre sens. De fait, ce n’est pas en tant qu’il raisonne, en tant qu’il a des stratégies (de chasse, de conquête, de séduction…), en tant qu’il est prédateur mais aussi altruiste, en tant qu’il est pudique, ce n’est pas en ce sens que l’homme se distingue de l’animal. C’est en tant qu’il est un être d’excès que l’homme se distingue de l’animal. C’est en tant qu’il recherche l’ivresse, en tant qu’il est un être de pathos, en tant qu’il ne se contente pas du présent, en tant qu’il est lubrique, pervers, et parfois même zoophile que l’homme se distingue de l’animal. Au fond, en tant qu’il est animal, l’homme est rassurant, réaliste, prévisible. C’est en tant qu’il n’est pas seulement animal que l’homme cherche à s’évader hors du réel. Que l’homme est inquiétant. L’animalité de l’homme (ce qu’il en subsiste), c’est au contraire sa garantie de ne pas décoller complètement du réel.

Une autre digression hors du réel est l’excès de bons sentiments : un excès parmi d’autres, comme l’abus d’alcool, avec lequel il entretient d’ailleurs quelque parenté. « Frémir de bons sentiments, c’est (la même chose) que bouillir de rage » rappelle Clément Rosset. On sait que la seule morale repérable selon Kant est celle de la bonne volonté. C’est le contraire d’une morale des moyens. Les conséquences des actes sont en effet susceptibles d’interprétations diverses : on peut massacrer allègrement afin d’éliminer le méchant adversaire et donc toute source de conflit futur. En d’autres termes, on peut massacrer par pacifisme foncier. C’est une histoire de ce genre que relate le film Bulletin spécial : un groupe de savants menace de faire sauter la planète… si le Pentagone ne renonce pas à ses essais nucléaires (11).

D’une manière générale, le souci de l’avenir est généralement meurtrier. Pour assurer aux Allemands une paix de mille ans, Hitler a estimé plus prudent d’éliminer le danger slave et de chercher à dominer le monde. Un principe de précaution en quelque sorte. Bilan : une atroce guerre mondiale. Avec  l’Allemagne parmi ses principales victimes. Pour assurer la construction du socialisme dans des conditions paisibles, Staline a estimé « raisonnable » de liquider les restes de la bourgeoisie russe. Bilan : la déportation de masse et l’échec économique. Moins de riches sans doute, mais des pauvres encore plus pauvres. En résumé, trop de sollicitude amène souvent à de copieux massacres – et au moins à de sinistres gâchis.

Mettre les passions au régime

C’est ainsi qu’il faut aborder la question des passions. Trop souvent l’amour est considéré comme la passion-type. Nous verrons qu’il n’en est rien. L’avarice, la haine, la tyrannie domestique, l’ambition, le goût de la collection sont des passions bien plus assurées. La passion est une souffrance : c’est la souffrance d’un objet qui fait défaut. « Ma faim qui d’aucuns fruits ici ne se régale » écrit Mallarmé (12). La passion en ce sens est proche de l’hystérie : elle entretient le malheur du manque. Mais l’hystérie s’acharne sur le réel, elle lui en veut, mais elle l’affirme, quitte à l’affirmer déformé. C’est le distort de Binswanger comme forme manquée de la présence au monde. L’hystérie  entretient ainsi quelque lien avec la paranoïa. La passion, par contre, tend à ignorer le réel qui, bien évidemment, se dérobe. Elle entretient ainsi quelque lien avec la mélancolie, qui peut lui succéder – la passion étant, bien sûr, toujours déçue. La passion est ainsi une façon de tenter de fuir le réel.

S’accommoder du réel, c’est ne pas vouloir un autre réel absolument meilleur, donc absolument autre, ce qui aboutit inexorablement à dévaloriser le réel d’ici et de maintenant. S’accommoder du réel c’est aussi accorder sa place à l’artifice. Reconnaître l’artifice, c’est reconnaître un lien « naturel » entre l’homme et celui-ci. L’artifice doit servir à l’homme à introduire une distance artificielle entre lui et lui. C’est Lucrèce qui propose comme remède à la douleur d’être homme la mise à distance par rapport à la vision de notre propre finitude, de notre propre mort, et donc la mise en œuvre d’une certaine dose d’inconscience et d’auto-amnistie (oubli) de ce que nous savons (13).

Il nous faut prendre acte de ce qu’il y a une aisance naturelle de l’homme dans l’artifice. Il n’y a pas une intériorité de l’homme qui s’opposerait à une extériorité socialement exposée. (Dans le bla-bla moderne, l’intériorité de l’homme est souvent appelé spiritualité). L’homme est tout de surface c’est-à-dire tout d’exposition – ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas de profondeur. En effet, le moi, c’est la faculté de se souvenir. Or, il n’y a pas de moi autre que le moi social car ce dont on se souvient c’est de soi parmi les autres, c’est d’émotions dont les autres sont partie prenante. Un moi non social ne peut pas être un moi réel. L’identité personnelle est sociale ou n’est pas. Bien connaître quelqu’un c’est bien connaître son comportement, le rôle qui est le sien, et l’interprétation qu’il a choisit de celui-ci. C’est connaître ce qu’il donne à voir. L’homme qui se connaît a renoncé, comme Don Quichotte, aux illusions de l’individualité.

A contrario, quand le moi social n’existe plus, que se passe-t-il ? Un sentiment de légèreté s’installe, le stress social disparaît – car le  stress est le contraire du vide. Reste donc le vide. Ce qui s’installe est un sentiment qui caractérise la psychose mélancolique, remarque Clément Rosset (14). Ce qui est perdu dans cette psychose, c’est ce qui existait de façon certaine : l’identité sociale. Si l’identité sociale est la seule attestée, c’est que s’exposer aux autres est non seulement la seule façon d’exister mais aussi la seule façon de se connaître. Les renseignements que l’on possède sur soi même, on les a au travers du miroir que sont les autres. Ce sont des renseignements de seconde main. Peut-être. Mais ce sont les seuls fiables. À l’illusion du « libre-arbitre » qui permettrait le « maintien de soi » (Paul Ricoeur), on peut préférer, comme plus réelle, la constatation que c’est le sentiment (si possible joyeux) du lien social qui garantit au mieux l’identité personnelle.

Si on accepte l’autosuffisance du tragique et de l’artifice pour faire un monde, on doit logiquement se désintéresser des causes premières tout comme des fins ultimes. On se retrouve logiquement hors d’un mouvement qui, remplaçant la religion par le rationalisme, a accru le champ de l’explicabilité du monde. Loin d’être opposés, la religion et le rationalisme ont partie liée dans la mesure où « la superstition demande des causes » (C. Rosset), tandis que la vraie raison se contente de constater que nombre de choses sont sans causes, ou bien relèvent d’une « anti-cause » comme le hasard.

Reconnaître le caractère hasardeux du monde, son caractère indéterminé, c’est considérer le hasard comme la négation même de tout destin, de toute contingence, de toute nécessité. La nature s’oppose ainsi au hasard dans la mesure où elle est constituée, déjà-là, non hasardeuse. Ainsi, l’idée de nature suppose des interventions, pas forcément humaines, tandis que le hasard postule la vanité même de toute intervention. La « nature » est ainsi l’anti-hasard. Non qu’il n’y ait de hasards dans la nature. Mais s’il y a des hasards, il s’agit de hasards contingents, de marges d’indétermination qui concernent des lois, des processus repérables et repérés. Le hasard contingent s’oppose ainsi au hasard « pur », que l’on pourrait appeler hasard purement hasardeux, et qui est le hasard constituant, désignant la nature même de la présence de toute chose au monde, et de la présence du monde, un hasard originel en amont de tous les hasards contingents, et au fond un hasard antérieur à la constitution même de toute « origine ». L’idée de hasard, même quand elle est appelée fors par Lucrèce, est en ce sens le contraire de l’idée de nature.

Aussi, la seule « nature », pour Rosset, c’est la mort. C’est-à-dire que la seule constante, la seule détermination purement assurée, c’est la mort. Parce que, au fond, la seule chose pas du tout hasardeuse c’est la mort. Conclusion de Rosset : ce qui existe, ce qui existe vraiment, ne peut être appelé que « la mort ». La vie n’en est qu’un dérivé. Rosset défend ainsi un point de vue qui – on le remarquera – pourrait facilement être inversé. L’aurait-il choisi… par pur hasard ? Nous le croirions si la psychologie la plus élémentaire ne nous indiquait qu’il n’y a pas de hasard dans son affirmation. Ou plus précisément qu’il y a dans cette affirmation de Rosset pas autre chose qu’un hasard constituant. Celui de sa vision du monde.

Une vision du monde tragique

En conséquence de cette vision du monde tragique, l’homme est perpétuellement en état de perdition. De perdition et non de perte car il ne peut rien avoir perdu, n’ayant jamais rien possédé. La perdition, ou angoisse, ou nausée, ou mélancolie, tous ces états sont, non des synonymes, mais des approches convergentes de la condition de l’homme. Mais les nuances ne sont pas minces. Si on a en vue la perdition, on est dans le registre de la pensée tragique. Si on a en vue la perte, on est dans le registre d’une pensée pessimiste, soit fondamentalement dans une pensée historique, mélancolique si l’on veut, mais historique. La perte est en effet quelque chose d’identifiable, qui renvoie à la nature des choses (qui postule la croyance en une « nature »), et non à un hasard primordial. La mort est ainsi une perte.

La perception des choses est toute différente dans la pensée tragique. La vie elle-même y est perdition. La pensée tragique n’est pas désespérée, elle est désespérante. C’est plus grave, mais c’est aussi un principe plus « actif ». Actif dans le registre corrosif. Quand Rosset définit (paradoxalement) la vie comme étant la mort, cela veut dire qu’elle est mouvement même vers la mort (c’est un point de vue qu’avait exprimé par exemple Pierre Drieu La Rochelle). La vie est mort en tant qu’elle se consume. Mais là encore, le point de vue final n’est-il pas inversable ? À savoir que la mort est preuve même de la vie et que seule la vie est réelle ? Puisque le hasard, et donc l’arbitraire est possible, puisqu’ils sont même la seule chose possible, pourquoi ne pas défendre l’idée que la mort n’est qu’une parenthèse dans la vie, que toute vie concourt à la poursuite de la vie, c’est-à-dire poursuite d’elle-même, le conatus de persister en soi qu’évoque Spinoza, que la vie est un grand flux, que le mouvement du vivant est le mouvement même de tout ce qui est ? « On ne meurt pas puisqu’il y a les autres »  disait Aragon. Position d’ailleurs tragique, elle aussi, voire la plus « tragique », car, au fond, quoi de plus désespérant qu’un mouvement que rien ne pourra jamais arrêter ?

Que tout soit « vie » ou que tout soit « mort », l’absence de croyance en la « nature » et en ses « lois » a pour corollaire le scepticisme vis-à-vis de la notion de « l’être ». Cette notion apparaît pour Rosset un nouvel avatar de la théorie du « monde-reflet ». Rosset  rejette cette notion car si le monde est monde de l’être, il est monotone – et en ce sens il est déjà mort, car l’être, par définition, ne survient jamais, il est toujours déjà-là. À l’inverse, si le monde d’ici est le monde du non-être, il se passe au moins quelque chose par la représentation tragique du rien. Il est ainsi légitime d’opposer un monde de l’être, dans lequel on s’ennuie, et un monde du non-être dans lequel l’artifice peut avoir sa place. Avec le non-être, il y a place (au moins) pour le théâtre. Choix délibérément factice de Rosset (mais nous avons vu la légitimité, voire la « naturalité », du point de vue de l’homme, de cette facticité/artificialité. La nature de l’homme est sa culture).

Si l’artifice est ce qui rend le monde supportable, chacun l’accommode à sa façon. Accepter le monde, c’est accepter la différence des autres, tous singuliers puisqu’il n’y a pas de nature donc pas de nature humaine. Si la nature de l’homme c’est sa culture donc c’est l’artifice. L’homme est mû par le besoin de reconnaissance. Mais la reconnaissance de soi par soi se heurte à la difficulté de saisir ce qui est dans une extrême proximité. La reconnaissance de soi passe par la reconnaissance des autres par soi et de soi par les autres. Il apparaît alors que c’est en tant qu’ils sont ressemblants que les autres sont dérangeants pour l’identité. De là se pose la question des conditions de la tolérance. Cette question ne se pose pas principalement pour des raisons morales. Elle se pose pour des raisons de confort. Un monde sans tolérance est en effet invivable : pour soi et pour les autres. Et on tolère tout simplement ce qui ne dérange pas trop.

Les philosophies qui ne se contentent pas du réel sont portées à l’intolérance. Au nom d’un mieux-être, au nom d’un devenir « plus et mieux », au nom de l’idée de la perfectibilité infinie du monde et des sociétés humaines, il est normal d’être excédé par les imperfections, les résistances au changement, les effets imprévus de décisions pourtant bien inspirées (hétérotélie). L’optimisme tend naturellement à être intolérant – et impatient – envers ce qui paraît le contredire. La pensée tragique est au contraire la condition nécessaire à la tolérance. Seule une indifférence aux « essences » du monde permet de ne pas faire un drame des différences, des marginalités, des dissidences.  Seule une conception qui ne déifie rien dans le monde, et surtout pas l’homme ni l’avenir de l’homme, peut être tolérante car justement cette conception ne demande pas trop à l’homme.

Toutes les pensées qui mettent l’homme dans un rapport privilégié avec Dieu, de ressemblance avec et/ou de rédemption par, toutes ces pensées tendent à être intolérantes. Des nuances existent certes. Ainsi, le christianisme peut renoncer à la conversion de certains hommes en qui il ne voit pas des semblables. « Maigre tolérance, dira-t-on, qui n’a pas empêché un certain nombre des ces “ hommes ”  sans “ nature ”  de périr dans les flammes et la langue arrachée. Sans doute : mais c’est paradoxalement une insouciance, plus qu’une intolérance, à l’égard de ces hommes qui rend possibles de telles pratiques. Tuer un “ homme ” qui, malgré toutes les bienveillantes sollicitations dont il a été l’objet, refuse de reconnaître en lui une nature divine, c’est attenter à aucune nature, tuer rien; bien de la bonté, en un sens, qu’on en ait tant fait pour lui (15). » En effet, c’est du libéralisme, de l’ouverture d’esprit que de savoir reconnaître en l’autre un étranger. « Ce que le chrétien exterminait dans l’autodafé, c’était rien; ce qu’un idéologue moderne traduit en son tribunal, c’est l’autre – soit un semblable rétif, mais semblable tout de même, en vertu de l’idée de nature (idem). » En définitive, c’était par ouverture d’esprit que les chrétiens finissaient par exterminer des gens qui, en résistant à la conversion, avaient décidément prouvé leur étrangeté. Et en d’autres termes, l’intolérance moderne est d’autant plus forte qu’elle admet, et même qu’elle veut que l’autre soit semblable. Il est alors inexcusable de ne pas être… pareil. L’« ouverture d’esprit » qui veut que les étrangers puissent devenir comme nous c’est justement cela l’intolérance.

Nous voyons que la cohérence de la pensée de Rosset est forte : matérialisme, regard sans illusion, et sans arrière-monde, acceptation de l’artifice. Les choses sont toutes là, et même déjà-là, présentes, offertes au regard, à la surface du monde et non moins profondes pour autant. Le monde est donné mais insaisissable, sans nature mais inchangeable, inchangeable mais toujours mouvant. Invivable à beaucoup de points de vue, mais de toute façon déjà-mort. Cette vision serait désespérante si elle n’était pas d’emblée désespérée.  C’est une vision qui relativise la portée du libre arbitre. Il y a, bien plus qu’un libre arbitre, des compromis entre soi et le monde, entre soi et la maladie (16).

On peut imaginer que Rosset aimerait à se résumer par la phrase suivante : « Je dis les choses comme elles sont ». Mais cela ne serait pas tout dire. Rosset voit les choses noires. Il les voit très exactement comme Louis-Ferdinand Céline : « Dans l’histoire des temps, la vie n’est qu’une ivresse, la vérité c’est la mort (Semmelweis) ». Céline écrivait encore : « L’heure trop triste vient toujours où le Bonheur, cette confiance absurde et superbe dans la vie, fait place à la Vérité dans le coeur humain. Parmi tous nos frères, n’est-ce point notre rôle de regarder en face cette terrible Vérité, le plus utilement, le plus sagement ? Et c’est peut-être cette calme intimité avec leur plus grand secret que l’orgueil des hommes nous pardonne le moins (idem) ». À l’origine de la philosophie de Rosset, il y a cette vision de Louis-Ferdinand Céline, et l’étonnement devant « cette confiance absurde et superbe dans la vie ». Le paradoxe est là : le tragique n’empêche pas la jubilation.

Il y a un mystère du réel puisqu’il est non identifiable, un mystère  sans doute proche du mystère de l’allégresse, de la joie, de la félicité sans cause. En tout cas sans autre cause que la coïncidence avec le réel. Car l’allégresse n’est pas seulement un état, une « humeur », c’est un savoir du réel et sur le réel, comme l’est aussi l’ennui, la tristesse, l’acédie, le spleen de Baudelaire. L’amour, parfois mis au dessus de tout, est (et n’est qu’) une allégresse conditionnée. Rosset écrit : « L’amour n’est rien d’autre – rien de plus – qu’un peu de joie s’étant déposé, par hasard, sur un objet quelconque (17) ». C’est pourquoi l’amour est un savoir inférieur à l’allégresse, plus fréquent, plus historique et moins réel.

Il reste enfin à savoir la chose suivante. Si la jubilation possible n’est que temporaire, si, de la vie il ne faut pas trop attendre, une autre chose est sûre : de « ce qui n’est pas la vie » il ne faut  rien attendre du tout.

Pierre Le Vigan

Notes

1 : Clément Rosset, Le monde et ses remèdes, P.U.F., 1964 et 2000.

2 : Clément Rosset, Le réel et son double. Essai sur l’illusion, Gallimard, 1984.

3 : Idem, p. 83.

4 : Clément Rosset, Impressions fugitives. L’ombre, le reflet, l’écho, Minuit, 2004.

5 : Maurice Ravel, Trois chansons pour cœur mixte sans accompagnement, 1914-15.

6 : Tanizaki Junichirö, Éloge de l’ombre, Publications orientalistes de France, 1977, 1re éd. 1933

7 : Platon, La République, livre IX.

8 : Clément Rosset, Le principe de cruauté, Minuit, 1988.

9 : Teilhard de Chardin, « La grande monade », dans Propos sur le bonheur.

10 : Céline, Nord.

11 : Clément Rossel, Le principe de cruauté, Minuit, 1988, p. 80.

12 : Mallarmé, Poésies.

13 : Clément Rosset, Le régime des passions et autres textes, Minuit, 2001.

14 : Clément Rosset, Loin de moi. Étude sur l’identité, Minuit, 1999, p. 72.

15 : Clément Rosset, Logique du pire. Éléments pour une philosophie tragique, P.U.F., 1971 et 1993.

16 : Clément Rosset, Route de nuit. Épisodes cliniques. L’infini, Gallimard, 1999.

17 : Clément Rosset, L’objet singulier, Minuit, 1995, p. 105.

• Texte paru en partie dans Éléments, n° 106, septembre 2002, et remanié pour Europe Maxima.


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Dostoyevsky: Why American dream was never a bargain

Dostoyevsky: Why American dream was never a bargain

By Nicolas Bonnal

Ex: http://english.pravda.ru/

dostoievski-head_t.jpgThe American dream...We have been told for two centuries that America was the awesome land of dreams and achievement, and that the rest of the world was a mere failure; that in Europe everyone was starving while in America everything was lush and green. What if it was all a lie? If the conquest of the west was a nightmare for those who lived there, and if the life for the poor had been very hard, and not only during the interminable and unsolved crisis of 1929? As a libertarian French economist wrote recently, 90% of the American people would be considered poor in the so despised Europe, if only we included criteria like the cost of private health or education in the calculation of American way of life.

I don't mean to be provocative. Many superior minds were already provocative in respect of this humble reality: American dream never was a bargain.

Let's start from the seventeenth century and the founding fathers. Never forget that the American climate is one of the wildest in the world, that one could hardly survive, and that the American growth is mainly due to the second industrial revolution and the demographic explosion in Europe during the last third of nineteenth century! Otherwise, the living conditions were abominable and many times colons died during wintertime. So, how could one be so "eyes wide shut" to get there? The great sociologist Daniel Boorstyn, in his wonderful rhetoric of democracy, gives us the key:

There was never a more outrageous or unscrupulous or more ill-informed advertising campaign than that by which the promoters for American colonies brought settlers here.

Advertisement is the language of America. Advertisement is an arguing technique producing addiction and consumerism, including in religious matters (Protestantism and Puritanism). The development of printing means the development of lies and British extremist politics during cromwellian times (which are allegedly the model of Orwell's Oceania!). And thus, to populate America, this far, cold and deserted land, you had to lie a little bit:

Hopeful overstatements, half-truths, and downright lies... gold and silver, fountains of youth, plenty of fish, venison without limit, all of course were promised...

Despite this art of lying, and considering the impossible conditions of living in a pre-technical world, we understand why there were only three millions Americans at the beginning of the nineteenth century, this golden age of their civilization and literature. The awkward difficulties of the American reality were thus appreciated by our favourite witness, Alexis de Tocqueville. At the time of Tocqueville, there is no European mass immigration. Yet there is an American immigration to the west, whose harshness shocks French traveller and writer:

Many of these adventurers, who rush so boldly onwards in pursuit of wealth, were already in the enjoyment of a competency in their own part of the country. They take their wives along with them, and make them share the countless perils and privations which always attend the commencement of these expeditions. I have often met, even on the verge of the wilderness, with young women, who after having been brought up amidst all the comforts of the large towns of New England, had passed, almost without any intermediate stage, from the wealthy abode of their parents to a comfortless hovel in a forest.

The conditions are thus equal to those lived by John Ford's heroes and pioneers:

Fever, solitude, and a tedious life had not broken the springs of their courage. Their features were impaired and faded, but their looks were firm: they appeared to be at once sad and resolute.

What motivated these sacrifices? I should say idealism, in a word. America is an idealistic, somewhat fanatical country, run by a wishful thinking and a fascination for the bible, and the people there enjoy blinding they eyes: in Utopia the dream is still to come!

I'm not kidding, I'm just referring to the greatest genius of literature, Dostoyevsky, who describes an amazing episode of his possessed' life. They come to America, then:

"We hired ourselves out as workmen to an exploiter; there were six of us Russians working for him students, even landowners coming from their estates, some officers, too, and all with the same grand object. Well, so we worked, sweated, wore ourselves out; Kirillov and I were exhausted at last; fell ill went away we couldn't stand it. Our employer cheated us when he paid us off; instead of thirty dollars, as he had agreed, he paid me eight and Kirillov fifteen; he beat us, too, more than once. So then we were left without work, Kirillov and I, and we spent four months lying on the floor in that little town. He thought of one thing and I thought of another."

Dostoyevsky just explains that any bad condition of living in America is well received for the country is the land of light and freedom and highly motivated people. Everything is thus deified by the possessed; it is good just because it is American (it's like Vietnamese and Iraqi bombings...) and because the other men are simply children.

On the contrary, Kirillov and I made up our minds from the first that we Russians were like little children beside the Americans, and that one must be born in America, or at least live for many years with Americans to be on a level with them. And do you know: if we were asked a dollar for a thing worth a farthing, we used to pay it with pleasure, in fact with enthusiasm. We approved of everything: spiritualism, lynch-law, revolvers and tramps.

The slaves-adventurers are thus labelled "Men made of paper" by Shatov. With his habitual and implacable shrewdness, Dostoyevsky understands that any American trait will be celebrated by the adorers of Uncle Sam. He seizes that in the future America will fascinate the minds of many, even if this country will attain its status and wealth thanks to European wars and communism, communism that will delay the development of Russia (next world power in 1914) and China. In this meaning yes America was a lucky place.

Let us conclude: we are used to assert that a man fascinated by the presently fraying America is a liberal. And what is a liberal for Dostoyevsky?

"Our Russian liberal is a flunkey before everything, and is only looking for some one whose boots he can clean."

In France and in Europe today, we have a lot of flunkeys, and, would say the great Will, an American dream still strutting and fretting his hour upon a stage...

Nicolas Bonnal

jeudi, 20 décembre 2012

REFLEXIONS SUR LA SYRIE ET L'IRAN

REFLEXIONS SUR LA SYRIE ET L'IRAN

Méridien Zéro vous propose d'écouter la conférence donnée récemment par Robert Steuckers à nos camarades du Cercle Non Conforme. Cette conférence porte sur l'histoire et l'actualité géo-politique de la Syrie et de l'Iran.

Enregistrement et montage réalisés par Lord Igor et Wilsdorf.

robert steuckers, syrie, iran, conflit, islam

Pour écouter: http://www.meridien-zero.com/archive/2012/12/14/emission-n-123-reflexions-sur-la-syrie-et-l-iran.html

Brzeziński: USA werden Israel nicht wie ein »dummer Esel« hinterhertrotten

Brzeziński: USA werden Israel nicht wie ein »dummer Esel« hinterhertrotten

Redaktion

Der führende amerikanische Geopolitiker Zbigniew Brzezinński hat die Versuche Israels, mit seinem Drängen auf einen Krieg gegen den Iran die amerikanische nationale Sicherheitspolitik massiv zu beeinflussen, scharf zurückgewiesen. Washington werde Tel Aviv nicht blind folgen, sollte sich Israel für ein einseitiges militärisches Vorgehen gegen den Iran entscheiden, erklärte er.

Weiter sagte Brzeziński, er rate Präsident Barack Obama davon ab, ein militärisches Vorgehen gegen den Iran zu unterstützen, wenn Israel einen Krieg begönne. Diese Bemerkungen fielen auf einer Konferenz des National Iranian American Council (NIAC) und der Vereinigung für Rüstungskontrollmaßnahmen (ACA).

Sollte Israel den Iran angreifen, bevor dieser die von den USA gezogenen »roten Linien« überschritten habe, besteht aus Sicht Brzezińskis für die USA keine »unmittelbare Verpflichtung, wie ein dummer Esel den Israelis hinterher zu trotten, was auch immer sie tun«. »Sollten sie einfach aufgrund der Annahme, die USA würden automatisch in diesen Krieg mit hineingezogen, einen Krieg beginnen, ist es meiner Ansicht nach eine Freundschaftspflicht, deutlich zu machen: ›Ihr werdet niemals für uns Entscheidungen treffen, die wichtige nationale Interessen berühren‹«, sagte er weiter. »Meiner Überzeugung nach haben die USA jedes Recht, ihre nationale Sicherheitspolitik selbst zu bestimmen. Dieser Auffassung würden sicherlich die meisten Amerikaner zustimmen. Und daher ist es wichtig, diesen Punkt in aller Deutlichkeit herauszustellen, und dies gilt in besonderem Maße, wenn wir uns ausdrücklich und verbindlich der israelischen Sicherheit verpflichtet fühlen.«

 

Textes sur la Syrie

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Textes sur la Syrie

Mediawerkgroep Syrië (MWS)  

http://mediawerkgroepsyrie.wordpress.com/2012/12/02/la-syrie-victime-dun-complot-une-preuve-de-plus/

mardi, 04 décembre 2012

Autorenportrait Panajotis Kondylis

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Autorenportrait Panajotis Kondylis

By Adolph Przybyszewski 

„Zu jeder Zeit liefert die Ideologie der Sieger den Besiegten einen Rahmen zur Interpretation der Wirklichkeit, ihre Niederlage wird gewissermaßen mit der Übernahme des Siegerstandpunktes besiegelt.“ Was sich liest, als stammte es aus der ersten von Fichtes Reden an die deutsche Nation, die dieser im Winter 1807 / 08 in Sorge um die geistige Lage im französisch okkupierten Berlin hielt, hat im Jahr 1998 ein bedeutender europäischer Skeptiker geschrieben: der Philosoph Panajotis Kondylis. Dieser Denker, der seine meisten Bücher in deutscher Sprache verfaßt hat, wurde am 17. August 1943 als Sproß einer griechischen Familie von Militärs und Politikern gboren, die während des Zweiten Weltkriegs auch in den Kampf gegen die deutsche Besatzung involviert war. Er studierte zunächst Philosophie und Klassische Philologie in Athen, wo er als Marxist unter der griechischen Militärjunta zum Dissidenten wurde; Kondylis wechselte sodann nach Deutschland, um neben der Philosophie die Politikwissenschaften und Geschichte zu belegen, bis er 1977 mit einer philosophiehistorischen Arbeit in Heidelberg promoviert wurde. Dort fand er auch seine zweite Heimat: Abwechselnd lebte er fortan in Griechenland und am Neckar; in Athen ist Panajotis Kondylis schließlich am 11. Juli 1998 knapp fünfundfünfzigjährig überraschend verstorben.

Da er vermögend genug war, um nicht auf Brotarbeit in den Mühlen des akademischen Mittelbaus und der Lehrstühle angewiesen zu sein, blieben ihm Verbiegungen und karriereförderliche Zugeständnisse an die Moden des Zeitgeistes erspart: Er konnte die Freiheit des ‚Privatgelehrten‘ kultivieren, um ein solitäres Werk hervorzubringen. Errang Kondylis anfangs als Außenseiter des akademischen Betriebs wenig Aufmerksamkeit, werden seine Arbeiten inzwischen längst auch von den Geistes- und Sozialwissenschaften an den Universitäten wahrgenommen und ausgebeutet. Sowohl in Deutschland als auch in Griechenland veröffentlichte er zahlreiche, teils dickleibige Monographien, die ein Spektrum vom Spätmittelalter bis zur Gegenwart, von der philosophiegeschichtlichen Spezialstudie bis zur Epochenanalyse und politischen Diagnostik umfassen, wovon mindestens seine Deutung der europäischen Aufklärung im Rahmen des neuzeitlichen Rationalismus, die Studie über den ‚Konservativismus‘, seine Analyse der Theorie des Krieges bei Clausewitz, Marx, Engels und Lenin wie auch seine Geschichte der neuzeitlichen Metaphysikkritik als Standardwerke gelten. Darüber hinaus hat er sich in erstaunlichem Maß als Übersetzer und Kulturmittler betätigt: Neben Schriften von Machiavelli, Chamfort, Montesquieu, Lichtenberg, Rivarol, Karl Marx und Carl Schmitt, um nur einige zu nennen, übertrug er auch ein heute so abgelegen scheinendes Buch wie James Burnhams frühe Analyse der Technokratie als Revolution der Manager ins Griechische. Die eigenen Arbeiten übersetzte er selbst in seine Muttersprache beziehungsweise ins Deutsche. Kondylis nahm außerdem mit zahlreichen Essays und Aufsätzen lebhaften Anteil an aktuellen Debatten in deutschsprachigen und griechischen Zeitungen und Zeitschriften.

Die Bedeutung seines Werkes geht jedoch über die akademischen und allgemein anerkannten Erträge etwa für eine europäische Geistesgeschichte hinaus: Sie ist vor allem in seiner klärenden Begriffsarbeit, seinem Denkstil sowie dem wachen Gespür für das Politische in Geschichte und Gegenwart zu sehen. Kondylis ging es zeitlebens um das Wesen des ‚Sozialen‘, um das ‚Politische‘, um das Wesen der ‚Macht‘ als das Menschliche schlechthin. Dabei suchte er Anschluß an klassisch gewordene ‚realistische‘ Denker wie Thukydides, Machiavelli, Hobbes, Marx und Nietzsche, übernahm aber auch wesentliche Akzente aus den Debatten der Zwischenkriegszeit, die sich etwa mit Namen wie Carl Schmitt, Ernst Cassirer und Karl Mannheim verbinden. Während Westdeutschland im Schatten nord-amerikanischer Atomraketen schlummerte, hat der Grieche damit einen auf konkrete Lagen und deren Eskalationsmöglichkeiten bezogenen Denkstil, einen politischen Analysemodus wachgehalten, der hier in der zweiten Hälfte des 20. Jahrhunderts unter einer offiziösen Kompromißund Konsensrhetorik endgültig verschüttet zu werden drohte. Als einer der „bedeutendsten Erben und Vollstrecker“ der deutschen philosophischen Tradition (Gustav Seibt) schien Kondylis deren fleischgewordene Synthese mit jenem auf die Antike gegründeten ‚Griechentum‘ zu bilden, auf das man hierzulande von Hölderlin bis Heidegger stets fixiert war.


pana10.gifSein erstes deutsches Buch, eine über 700 Seiten umfassende gekürzte Variante seiner Dissertation, ist in souveränem Zugriff auf die Quellen der Analyse des frühen Denkwegs von Hölderlin, Schelling und Hegel gewidmet, der Entstehung der Dialektik, deren Ursprung er in Hölderlins Vereinigungsphilosophie erkannte. Schon hier verhandelte Kondylis in systematischer Hinsicht exemplarisch das Problem der Beziehungen zwischen Geist und Sinnlichkeit, der Lust an der Macht auch in der intellektuellen Welt. Die dabei entwickelte methodische Leitfrage, „wie sich ein systematisches Denken als Rationalisierung einer Grundhaltung und -entscheidung allmählich herauskristallisiert, und zwar im Bestreben, Gegenpositionen argumentativ zu besiegen“, bleibt auch für die folgenden Arbeiten zentral. In seiner großen Studie über die Aufklärung entfaltet Kondylis 1981 eine „Entdeckung“ seines ersten Buches: die „Rehabilitierung der Sinnlichkeit“ als wichtiges Anliegen jener Epoche. Ein beachtenswertes Ergebnis war in diesem Rahmen auch seine weiterführende Diskussion des nur scheinbar strikt antagonistischen Begriffspaares Rationalismus / Irrationalismus, die den irrationalen Urgrund jedes rationalen Systems herausstellt: Rationalismus ist für ihn nur „die zweckmäßige, formallogisch einwandfreie Verwendung der argumentativen Mittel, die das Denken zur Verfügung stellt, zur Untermauerung einer Grundhaltung“; diese Grundhaltungen beziehungsweise -entscheidungen selbst liegen „jenseits logischer Begründung“, müßten also „ihrem Wesen nach als mystisch bezeichnet werden“. Rationales Denken ist demnach, mit einfachen Worten, das methodisch schlüssige Entfalten eines Vorurteils zum begründeten Urteil. In solchen Grundentscheidungen haben auch die ‚Werte‘ ihre Basis, das heißt eine rationale Letztbegründung moralischer Normen scheint nicht möglich; Kondylis’ früh an ‚klassischen‘ Texten erarbeiteter Reflexionsstand erweist sich auch hierin späteren, insbesondere im angelsächsischen Raum mit anderem Instrumentarium vorangetriebenen Arbeiten als ebenbürtig.

Die bis dahin nur am Rande zweier materialreicher Studien in der Begriffsarbeit enthaltene philosophische Anthropologie bündelte und systematisierte er in einem seiner schmaleren Bücher, das zur Programmschrift der eigenen skeptischen Theoriebildung wurde: Macht und Entscheidung (1984) stellt die „Herausbildung der Weltbilder und die Wertfrage“ im allgemeinen auf den Prüfstand. Weltbilder sind für Kondylis grundsätzlich polemisch aufgebaut; sie beruhen auf Akten der Entscheidung im Sinne einer Komplexitätsreduktion, denen das einzelne Subjekt nicht nur seine Welt, sondern auch „seine Identität und konkrete Sehweise“ verdankt. Jeder dieser vorbegrifflichen und begrifflichen Akte der Sonderung ist für ihn bereits Machtanspruch, denn das Subjekt verbindet „den Sinn der Welt mit der eigenen Stellung in ihr“, also stets in der sozialen Relation zu anderen. Dabei ist dies keineswegs auf krisenhafte Zustände beschränkt, sondern eine grundlegende Operation menschlicher Existenz. Auch das „geistige Leben“ gehorche, so Kondylis, „den gleichen Gesetzen wie alle anderen Erscheinungen des sozialen Lebens“ und verschränke sich demgemäß ebenso „mit dem Selbsterhaltungstrieb und- bestreben, mit dem Machtanspruch und -kampf“. Es war symptomatisch, daß dieses Buch bei seinem Erscheinen nur wenig besprochen und damit öffentlich kaum zur Kenntnis gebracht wurde.
Kondylis, der sein Modell konsequent auch auf die Wissenschaften mit ihren abstrakten, mathematisierten, auf Werturteilsfreiheit gestützten Verfahren anwandte und darin dieselben polemisch-agonalen Prinzipien erkennen wollte, vertrat damit pragmatische Tendenzen der Wissenschaftstheorie; deren Wurzeln reichen in die erste Hälfte des 20. Jahrhunderts zurück und sind etwa schon in Karl Mannheims wissenssoziologischer Abhandlung über „Die Bedeutung der Konkurrenz im Gebiete des Geistigen“ von 1929 zu finden. Solche heute von manchen noch immer als Zumutung empfundenen Einsichten waren bei den avancierteren Intellektuellen der deutschen Zwischenkriegszeit, als „Ausnahmezustände“ fast die Regel schienen, bereits einmal Gewißheit, keineswegs nur in Alfred Baeumlers Nietzsche-Deutung oder bei Carl Schmitt, also bei den „Schmuddelkindern“, mit denen man bekanntlich nicht spielen darf. „Im Grunde freilich ist die einzige Gewähr der rechten Einsicht, Stellung gewählt zu haben“, propagierte etwa Walter Benjamin 1927 in Denkbilder – Moskau die „Entschiedenheit“ als Ergebnis einer den vorbewußten Akt einholenden „Entscheidung“. Dies gilt ebenso für ein auf konkrete Lagen bezogenes Denken, das, folgt man Bertolt Brecht, einerseits Situationen kannte, in denen höchste Einsätze, das „Einverständnis“ mit dem Sterben gefordert war, andererseits solche, die den „Neinsager“ mit der Forderung auf den Plan riefen, „in jeder neuen Lage neu nachzudenken“.

Freilich distanziert sich der von Marx herkommende Kondylis auf einer sachlichen Ebene vom „militanten Dezisionismus“ Carl Schmitts ebenso wie von seinen „normativistischen“ Gegnern: Man müsse um der theoretischen Neugier willen die These ernst nehmen, „Welt und Mensch seien an sich sinnlos“. Von daher sind auch Kondylis’ politische Ausführungen zur geistigen Selbstaufgabe durch „Übernahme des Siegerstandpunktes“ nicht etwa speziell auf die heutigen Deutschen gemünzt. Wer von diesen würde im übrigen denn eine „Ideologie der Sieger“ als solche erkennen und dann auch noch als Problem verstehen wollen? Der Grieche zielt vielmehr mit seinem „deskriptiven Dezisionismus“ auf allgemeine Befunde und gibt ein vom Spiel der Kräfte dieser Welt losgelöstes Erkenntnisinteresse vor: Er operiert scheinbar leidenschaftslos mit dem klinisch kalten Licht der Sezierung, die allein das Wirkungsgefüge sozialer – geistesgeschichtlicher, historischer sowie politischer – Konstellationen bloßlegen will. Dabei gestattet sich Kondylis allenfalls ein verhaltenes Pathos der Erkenntnis, wenn er als Credo formuliert: „Ich finde es aufregend und spannend, daß auf diesem Planeten die Materie oder die Energie, wie man will, zum Bewußtsein von sich selbst gekommen ist, daß es Wesen gibt, die in ihrem Machterweiterungsstreben den ‚Geist‘ in der ganzen Vielfalt seiner Formen und seiner erstaunlichen Spiele erzeugen und sich am liebsten mit Hilfe von Glaubenssätzen und Theorien gegenseitig vernichten“. Normativistische Einwände wischt Kondylis beiseite als Äußerungen einer auf Nestwärme erpichten, erkenntnisfeindlichen Empfindsamkeit einerseits, als selbst im Kampf um Macht instrumentalisierte geistige Waffen andererseits: Er will beharrlich das Factum brutum, die „Tatsachen“, die formalen Strukturen politischer, mithin sozialer Prozesse in den Blick rücken, um mit dem „Takt des Urteils“, so seine von Clausewitz stammende Lieblingswendung, möglichst verläßliche Grundlagen für eine „zukunftsorientierte Lagebeschreibung“ zu gewinnen. Kondylis, der in seiner auf drei Bände angelegten, durch den frühen Tod Fragment gebliebenen Sozialontologie Das Politische und der Mensch (1999) die Erträge seiner bisherigen Arbeit zu einer großen Synthese zusammenführen und seinen machtbezogenen Ansatz weiter ausbauen wollte, läßt freilich manche Fragen offen und hat bisweilen eine reduktionistische Tendenz: Wo er sich etwa dazu versteigt, „daß jede theoretische Position als Gegenposition“ entstehe, beschneidet er das Denken auf reine Re-Actio, die jede freie Actio negiert. Da von seiner theoretischen Gesamtschau, die auf die unterhintergehbaren Kategorien und Konstanten sozialen Seins von der menschlichen Urhorde an zielte, nur der erste Band vorliegt, muß aber offen bleiben, worauf das ganze Unternehmen letztlich zusteuerte.

kriege11.jpgMit zwei großen Studien über den Konservativismus (1990) und den Niedergang der bürgerlichen Denk- und Lebensform (1991), die bereits wesentliche Bausteine seiner später in Angriff genommenen systematischen Sozialontologie enthalten, leitete Kondylis auch seine intensive Beschäftigung mit den globalisierten Dimensionen heutiger Politik ein. In ihnen zeigt sich der Wert einer gründlichen und kritischen Schulung an den Originaltexten von Marx und Engels: Kondylis’ ideenhistorische Analysen, die auf idealtypische formale Denkstrukturen und –figuren ausgerichtet sind, verlieren nie die Bodenhaftung, sondern bleiben sozialgeschichtlich verortet, damit im besten Sinn konkret. Diese beiden Studien beschreiben zwei folgenreiche historische Übergänge oder Brüche in Europa: Der Konservativismus wird begrifflich der alteuropäischen, ständisch geprägten Adelswelt zugeschlagen, deren Untergang in die liberale Moderne mündete. Diese wiederum ist als Epoche der Bürgerlichkeit von einer massendemokratischen Postmoderne abgelöst worden, in der eine „analytisch-kombinatorische“ Denkfigur zur Vorherrschaft kommt und weltweit ausgreift: Die unter dem Signum einer „synthetisch-harmonisierenden“ Denkfigur stehende bürgerlich-liberale Moderne hatte in Kondylis’ Augen grundsätzlich die Tendenz, eine Harmonisierung der gesellschaftlichen Verhältnisse unter übergeordneten Kategorien, etwa dem Staat, anzustreben; die massendemokratischen Lebensformen basierten hingegen auf atomisierten, fast beliebig kombinierbaren, prinzipiell gleichberechtigten Elementen, deren kleinster gemeinsamer Nenner das Produzieren und vor allem das Konsumieren ist.
Aus diesen Arbeiten heraus entwickelte sich Kondylis zu einem veritablen Theoretiker der „Globalisierung“: Deren Gestalt und Ideologie versuchte er in den 1990er Jahren in dem schlanken, aber gewichtigen Buch Planetarische Politik nach dem Kalten Krieg und in zahlreichen Essays zu umreißen, deren wichtigste 2001 in dem Sammelband Das Politische im 20. Jahrhundert zusammengefaßt wurden. Ihm geht es dabei weiterhin vor allem um eine „mehr oder weniger sachgerechte Erfassung des Charakters jener Triebkräfte und jener geschichtlich aktiven Subjekte, die durch ihr Wirken und ihre Begegnungen die Vielfalt der Ereignisse ins Leben rufen und somit den Bereich möglichen Handelns abstecken“. Zukunft ist dabei nur als „Form und Möglichkeit, nicht als Inhalt und Ereignis erkennbar“. Die gegenwärtig zum Schlagwort verkommene Globalisierung via Technik und Wirtschaft steht in einer Kontinuität diverser Formen planetarischer Politik, die sich mit der Neuzeit entfaltete, von den frühneuzeitlichen Entdeckungsreisen, Eroberungszügen und dem Ausbau des Kolonialhandels an bis zur industriellen und liberalen Revolution im 19. Jahrhundert, die mit dem Liberalismus den klassischen Imperialismus hervorbrachte. Schließlich trieben die Wirkungen des liberalen Kapitalismus der so verfaßten Gesellschaften auch im Inneren jenen Vermassungsvorgang voran, den Kondylis als Transformationsprozeß des bürgerlichliberalen Systems in eine moderne Massendemokratie beschrieben hat.

Der sich damit durchsetzende Topos „Wohlstand für alle“ entspricht einer gesellschaftlichen Verfaßtheit mit fortschreitender „Demokratisierung“ und sozialer Mobilität, und dieser wiederum einer individualistischen, egalitären und wertpluralistischen, tendenziell hedonistischen Ideologie, die ihren Begriff im Ideologem der „Selbstverwirklichung“ der 1968er-Generation gefunden hat. Der Kommunismus als scheinbarer Antagonismus zum „Westen“ hat in seinen Wirkungen dafür gesorgt, daß sich der massendemokratische Anspruch auf Bedürfnisbefriedigung und Konsumzugang weltweit durchsetzen konnte, normativ widergespiegelt in den „Menschenrechten“ und der Würde jedes einzelnen Menschen, indem er eine eigene Interpretation der Menschenrechte im „antiimperialistischen Befreiungskampf“ einsetzte, verbreitete und dadurch „den Westen“ im Kampf um politischen Einfluß zu Überbietungsreaktionen herausforderte. „Das Auftreten der unteren Schichten der Weltgesellschaft auf der internationalen Bühne wird daher immer selbstbewußter und die Grenze zwischen den Subjekten und Objekten planetarischer Politik immer flüssiger. Diese dramatische und epochemachende Wandlung springt ins Auge, wenn man sich den Stellenwert mancher asiatischer oder arabischer Staaten in der planetarischen Politik vor fünfzig Jahren im Vergleich zu heute vergegenwärtigt“. Hier entstehe tatsächlich „zum ersten Mal in der menschlichen Geschichte eine wahre Weltgesellschaft, die zwar durch erhebliche faktische Ungleichheiten und Ungleichartigkeiten gekennzeichnet ist, doch sich andererseits zur prinzipiellen Gleichheit ihrer Mitglieder bekennt und ihnen dieselben Rechte zuerkennt“; sie ist zwar nicht realiter vollkommen umgesetzt, verwirklicht, aber sie ist stets als Anspruch, als propagiertes Faktum präsent, an dem sich alle politisch Agierenden bewußt oder unwillkürlich ausrichten. Damit wird, nach dem vorläufigen Ende des Kommunismus, jedoch keineswegs die liberale Utopie der befriedeten Weltgesellschaft evoziert: Kondylis ist, wie Armin Mohler treffend zugespitzt hat, ein „Anti-Fukuyama“, das heißt, er sieht mit der Auflösung der bipolaren Welt des Kalten Kriegs nicht etwa ein „Ende der Geschichte“ gekommen, da der Mensch als animal sociale stets den idealtypischen Handlungsoptionen von Konkurrenz, Konflikt und Kooperation, der Definition von Freund, Neutralem und Feind nicht entkommen kann. Allenfalls sieht er einen Formenwandel geschichtlicher Aktionen; im Gegensatz zu Francis Fukuyama, aber auch zu Carl Schmitt, ist für Kondylis das Ende der Staatlichkeit beziehungsweise der Nationalstaaten nicht ausgemacht: Erscheine die Nation diesem oder jenem Kollektiv überholt, müsse es sich „erweitern und sich für eine andere Form von politischer Einheit entscheiden“; da Kollektive aber „ohnehin immer im Spiel bleiben“, sei auch die Möglichkeit nicht von der Hand zu weisen, „daß dieses oder jenes Kollektiv die Nation und die entsprechende Organisationsform als das beste Mittel begreift, um seine Interessen geltend zu machen“. In Frage gestellt werden dürfe also nicht, ob „die Nation“ schlechthin überleben könne, sondern „ob diese oder jene bestehende Nation die Bedingungen der überlebensfähigen Einheit im planetarischen Zeitalter erfüllt oder nicht“. Es sei auch nicht die kulturelle Differenz als solche, die jenen clash of civilizations verursache, wie ihn der auf Kulturkreise fixierte Samuel Huntington annimmt; es ist vielmehr der „Verteilungskampf“, der „sich in bestimmten Lagen als Kulturkampf verkleiden“ muß. Kondylis, der Huntington eine „Unterschätzung des Nationalen“ vorwirft, geht also von konkreten, historisch gewachsenen Kollektiven als Handlungsträgern aus, das heißt den bestehenden Völkern und Staaten.

Vor dem Hintergrund der Begrenztheit der Ressourcen und des globalen Bevölkerungswachstums könne sich das „westliche“ Ordnungskonzept, das auf der Annahme einer bei allen Menschen gleichen „Würde“ basiert und eng mit materiellen Glücksversprechen verbunden ist, „in einen Auslöser von Unordnung verwandeln“. Nach der Ökonomisierung des Politischen im 20. Jahrhundert scheint auch künftig eine „Biologisierung“ der Konflikte und damit der Politik möglich: „Engpässe würden zur Instabilität und dauerhafte Krisen zu Zuständen führen, in denen sich die Ökonomisierung des Politischen zu einer Identifizierung der Politik mit der Verteilung von knapp gewordenen (auch ökologischen) Gütern steigern würde. Reduziert sich das Politische aber in Zeiten höchster Not auf die Güterverteilung, so muß eine Biologisierung desselben in doppelter Hinsicht eintreten: nicht nur wäre das (direkte oder indirekte) Ziel des politischen Kampfes ein biologisches, nämlich das Überleben in mehr oder weniger engerem Sinne, sondern auch die Unterscheidungsmerkmale, die dabei als Gruppierungskriterien dienen würden, wären höchstwahrscheinlich biologischer Natur, nachdem die traditionellen ideologischen und sozialen Unterscheidungen über den menschenrechtlichen Universalismus hinfällig geworden wären“. Was in der Globalisierungsanalyse von Panajotis Kondylis am Ende aufleuchtet, ist wiederum eine Haltung, die wir aus der Zwischenkriegszeit von marxistischer wie nationalrevolutionärer Seite her kennen: „Wenn das 20. Jahrhundert die kommunistische Utopie entlarvt hat, dann wird das 21. Jahrhundert die Abschaffung des Liberalismus bedeuten. Doch niemand weiß, welche konkreten Ereignisse diese großen Tendenzen im Hinblick auf das 21. Jahrhundert einleiten werden, das meines Erachtens das erschütterndste und tragischste Zeitalter in der Geschichte der Menschheit werden wird“.
Angesichts solcher Perspektiven rechnet Kondylis mit den traditionellen politischen „Lagern“ insbesondere in der deutschen Provinz ab. Die „Linke“ habe sich „zum Schlußlicht oder zum Rottenschließer des Amerikanismus gewandelt“, sie schöpfe „nicht mehr aus einer lebendigen marxistischen Tradition, nämlich der ausnahmslosen Verherrlichung des freiheitlichen Gedankenguts“. Sie, die einst den „‚nationalen Freiheitskampf des vietnamesischen Volkes‘ bejubelten“, verdammten „heute ‚alle nationalen Bewegungen‘, anstatt den Imperialismus anzuprangern, und machen sich für die Interpretation der Wirklichkeit die Parolen der Sieger zu eigen: die Globalisierung durch den internationalen Markt und durch die ‚Menschenrechte‘“. Die „Rechte“ wiederum suhle sich in „provinziellem Tiefsinn“ und bleibe in Deutschland – ebenso übrigens wie die „Linke“ – „auf die eigene nationale Vergangenheit fixiert“: Man betreibt „linken“ beziehungsweise „rechten“ Historismus und verliert die entscheidenden Fragen aus dem Blick. „Die strategische Frage lautet: Werden die wichtigsten europäischen Nationen durch Konsens oder durch gegenseitige oder einseitige Zugeständnisse eine handlungsfähige politische Einheit bilden, die in der Weltkonkurrenz bestehen kann, oder wird sich zu diesem Zweck die faktische Hegemonie einer Nation als notwendig erweisen – was an sich wünschenswerter wäre als der gemeinsame Untergang aller ?“

Der Gewinn von Kondylis’ an Hybris grenzender Attitüde eines zum Erdengewimmel nachgerade planetarisch distanzierten Beobachters ist eine intellektuelle Freiheit und Rücksichtslosigkeit, der standgehalten sein will. Als persönlicher Ermächtigungsversuch des Philosophen steht sein Werk ganz in der Tradition stoischer Denkübungen, geistiger Kneipp-Kuren, die die Widerstandskraft des gefährdeten – weil mit Einsicht geschlagenen – Intellekts erhöhen sollen, wie wir es etwa auch von der fatalistischen Monumentalperspektive des sensiblen Geschichtsdeuters Oswald Spengler oder den ins Imperiale gewendeten Schmerz-Etüden des Literaten Ernst Jünger kennen. Da Kondylis aber seine individuelle Freiheit für unbefangene philosophische und politische Analysen gerade der aktuellen restdeutschen beziehungsweise europäischen Zustände und Befindlichkeiten nutzte, ist ihr Wert auch für eine nüchterne, grundlegende Beurteilung der Lage „unserer“ im eigenen Geviert höchst bedrohten Horde evident: freilich allein für jene, die willens und fähig sind, sich über eine trostlose Eintagsfliegenexistenz hinaus als dauerhafteres, geschichtlich gewachsenes Kollektiv mit eigenen Interessen zu definieren und wahrzunehmen.


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