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vendredi, 08 mars 2013
Appel de 10 avocats européens en faveur de la paix en Syrie :
Un appel de 10 avocats européens en faveur de la paix en Syrie :
Voici bientôt deux ans que les pouvoirs publics et les médias occidentaux dirigent un concert d’accusations contre le Chef légal et légitime de l’Etat syrien, contre son gouvernement et contre l’armée de son pays. Ils cherchent ainsi à faire passer la victime pour le coupable, comme ils l’ont fait en Libye, comme il l’avaient fait précédemment pour d’autres Etats libres et indépendants. Car des bandes armées illégales, plus ou moins organisées, venues pour certaines de l’étranger, sèment la terreur en Syrie. Quoi de plus normal, pour le régime légal d’un pays, que de combattre une rébellion avec sa police et son armée ? Au regard des principes élémentaires du droit public, seuls garants d’une paix relative entre les nations, ceux qui sont à la tête d’un Etat n’ont-ils pas précisément pour premier devoir de protéger leur population des agressions intérieures et extérieures ? Le maintien de l’ordre n’est-il pas la première mission de l’Etat ? Que feraient les gouvernements de nos pays, si une partie de leur population prenaient les armes pour combattre leur gouvernement légitime avec l’aide de pays et de mercenaires étrangers ? Ne feraient-ils pas intervenir leur police et leur armée ? Et démissionneraient-ils sans rien dire comme ils le demandent au gouvernement légitime syrien ?
En vérité la Syrie n’est pas seulement victime d’une agression armée, mais également, de manière évidemment concertée, sur la scène internationale, d’une vaste opération de propagande médiatique d’agitation, de désinformation systématique (certaines images sur la prétendue répression de l’armée régulière n’étant même pas prises en Syrie) et de provocation. Le but de cette propagande est, au mépris le plus éclatant du droit international, d’encourager l’insurrection, de nourrir une guerre civile, de dénier, par la diabolisation, toute légitimité au pouvoir légal, et de se poser en juge et en bourreau.
Car ce sont bien les mêmes Etats, leurs serviteurs et leurs alliés (comme les régimes de l’Arabie Saoudite et du Qatar, monarchies absolutistes, sanguinaires et intolérants pour leurs propres populations autochtones), qui d’un côté se posent en Juges du gouvernement syrien et de l’armée régulière syrienne, et qui de l’autre encouragent, financent et arment les mercenaires, souvent étrangers, qui se livrent aux destructions et aux violences contre la population civile et contre lesquels lutte l’armée régulière syrienne. Les vrais criminels sont ainsi ces gouvernements occidentaux et leurs fantoches d’Arabie Saoudite et du Qatar. Ils ont déclenché, entretiennent et perpétuent cette guerre fratricide. Sans leur intervention et leur aide aux groupes rebelles et mercenaires il y a longtemps que l’ordre aurait été rétabli en Syrie et que les médias occidentaux ne pourraient plus se livrer à leur propagande et à son macabre décompte quotidien.
Les pouvoirs occidentaux ont profité des vents de révolte qui soufflaient dans certains pays musulmans pour provoquer une rébellion armée dans d’autres pays dont les dirigeants avaient le seul tort de leur déplaire politiquement pour n’être pas leurs obligés. Ces gouvernements occidentaux, avec certains médias serviles, entendent profiter des situations conflictuelles et difficiles qu’ils ont générées, pour dénoncer les pouvoirs légitimes de ces pays, les discréditer et finalement les combattre militairement. Ils n’hésitent pas pour cela à utiliser le mensonge et la désinformation, rendant systématiquement les pouvoirs en place et leur armée responsables d’exactions commises par les agresseurs extérieurs eux-mêmes.
Ignorants, lâches ou sans scrupules, participent de cette propagande insidieuse, en Europe, au Moyen-Orient et ailleurs, sous la bienveillante attention des Etats-Unis, des politiciens, des journalistes, des intellectuels, des juristes, tous croyant pouvoir impunément parler au nom du bon droit et du combat du Bien contre le Mal, avec l’arrogante certitude de l’unanimité.
Certitude erronée. Les signataires de la présente, avocats de différentes nationalités, ne prétendent pas s’immiscer dans les affaires intérieures syriennes, mais entendent exprimer, au nom de la seule raison et de l’honneur de l’esprit humain, leur honte et leur réprobation de tels procédés. Nous apportons notre soutien au gouvernement syrien dans sa juste lutte contre l’agression intérieure et extérieure dont il est victime. Nous dénonçons toutes les aides et soutiens extérieurs à ces vauriens, semeurs de troubles et de morts que l’Occident nous présente comme « armée syrienne libre ». Nous nous engageons à tout mettre en œuvre pour aider le gouvernement Syrien à défendre la légitimité de son autorité et à faire la vérité sur cette vaste agression dont la seule victime est son peuple dont, comme il l’a fait précédemment en Irak, en Afghanistan, en Lybie, l’impérialisme occidental ose dénoncer la souffrance alors que c’est lui qui en est la cause.
Liste des signataires
A ce jour l’appel a été signé par 10 avocats de 4 pays occidentaux.
Bruno BARDECHE, avocat au Barreau de Paris,
André CHAMY, avocat au Barreau de Mulhouse,
Fabrice DELINDE, avocat au Barreau des Hauts de Seine,
Eric DELCROIX, ancien avocat au Barreau de Paris,
Pascal JUNOD, avocat au Barreau de Genève,
Henri LAQUAY, avocat au Barreau de Bruxelles,
Philippe MISSAMOU, avocat au Barreau des Hauts de Seine,
Bernard RIPERT, avocat au Barreau de Grenoble,
Stefano SUTTI, avocat au Barreau de Milan,
Damien VIGUIER, avocat au Barreau de l’Ain.
CONTACT : appeldu1ermars2013@outlook.com
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Les mécanismes psycho-sociaux de l’aliénation néolibérale
Les mécanismes psycho-sociaux de l’aliénation néolibérale
par Olivier Labouret
Ex: http://mecanoblog.wordpress.com/
Comment penser et affronter les bouleversements impensables qui nous affectent aujourd’hui ?
On va chercher à comprendre comment le néolibéralisme nous aliène tous collectivement, certes, mais surtout chacun d’entre nous, individuellement. Pas seulement les couches populaires, les Français moyens, les « beaufs », les lecteurs de Gala, les spectateurs de TF1 ou les électeurs qui marinent, mais vous, moi, nous tous… Tant qu’on nie cette évidence que chacun d’entre nous est étroitement, inconsciemment aurait dit Freud, conditionné par les valeurs égoïstes de la compétition marchande, tant qu’on n’a pas compris que les bouleversements qui nous affectent ne sont pas seulement de nature économique et sociale, mais de nature psychologique et individuelle, c’est à dire s’immiscent en nous jusqu’à influencer notre pensée elle-même, comment peut-on prétendre faire de l’éducation populaire, concrètement, comment accomplir une quelconque transition ? En réalité, la guerre économique est aussi une guerre psychologique. Et si l’on veut penser autrement, sortir du déni de réalité dominant, guérir du « capitalisme cognitif » qui doit faire de nous les meilleurs sur le marché de l’emploi, du savoir et de la renommée, ici sur le campus du Mirail comme ailleurs, il faut connaître parfaitement l’ennemi, même et surtout quand il est tellement sournois qu’il s’est tapi à l’intérieur de soi, dans les recoins de son psychisme, ou ce qu’on nomme aujourd’hui communément tel.
Au fond, la question est de comprendre comment la loi du marché a finalement fait pour rentrer subrepticement, mais au sens propre, à l’intérieur du cerveau, de nos cerveaux… Car ce n’est pas un vain mot, quand on sait qu’une discipline nouvelle a vu le jour et a été adoptée par les plus hauts conseillers des gouvernements occidentaux : la neuro-économie. Ces économistes au pouvoir ont intégré la technique comportementale et les neurosciences à leurs travaux. Un rapport du Centre d’analyse stratégique de 2010, officine d’experts patentés aux ordres du Premier ministre français, mais rapport co-dirigé par un conseiller du président Obama, Richard Thaler, se targue ainsi de pouvoir littéralement « rentrer dans le cerveau du consommateur », grâce en particulier à l’imagerie cérébrale, pour orienter, influencer ses choix économiques… Cela ne fait que confirmer redoutablement l’essentiel de mon propos : l’idéologie comportementale et cognitive, qui considère que l’individu, réduit à un instrument de traitement de l’information, peut être conditionné dans ses choix par un ensemble de sanctions et de récompenses, la bonne vieille méthode de la carotte et du bâton, est devenue une idéologie d’État pour les gouvernements néolibéraux : à travers un ensemble de techniques de propagande, il leur est possible aujourd’hui non seulement de conformer le comportement de chacun aux normes du marché, mais surtout de favoriser leur intégration cognitive, pour en faire une loi naturelle, incontestable… Quiconque y déroge, dorénavant, peut être ainsi déclaré objectivement, scientifiquement, souffrant sinon malade, et relever d’un traitement psychologique, et médical.
Parler de ma place de psychiatre, praticien hospitalier de service public, pour décrire ces phénomènes est une position privilégiée, car l’évolution de la psychiatrie témoigne en première ligne de cette évolution de la doctrine néolibérale : la psychiatrie constitue un miroir grossissant de ce que le système de domination économique dans lequel nous vivons est en train de faire de la subjectivité de chacun d’entre nous. La psychiatrie n’a plus en effet pour rôle de soigner des maladies mentales, strictement définies par un ensemble de symptômes, mais s’occupe désormais officiellement de programmer la santé mentale des populations, santé mentale définie négativement, par l’absence de toute déviance comportementale vis à vis de la norme socio-économique. Un autre rapport, quasi-simultané, du Centre d’analyse stratégique gouvernemental, dirigé cette fois par une professeure d’épidémiologie formée à l’école comportementaliste et scientiste canadienne, Viviane Kovess, définit en effet la santé mentale, qui est « l’affaire de tous », comme « la capacité à s’adapter à une situation à laquelle on ne peut rien changer, (ou encore) l’aptitude à jouir de la vie ». Il s’agit là ni plus ni moins de la définition de l’individu libéral héritée d’Adam Smith, voire du marquis de Sade : la recherche égoïste et concurrentielle de l’intérêt individuel fait la richesse des nations et le bonheur collectif. Viviane Kovess est l’une des promotrices d’un programme européen de santé mentale visant à conditionner celle-ci par des logiciels d’apprentissage dès l’enfance. On voit que la psychiatrie est bel et bien devenue l’instrument d’une politique européenne et mondiale de santé, ou plutôt de conformité mentale, faisant d’ailleurs l’objet en France de plans quinquennaux, soutenus par la fondation d’État FondaMental. Cette dernière a pour mission de dépister tout trouble, toute défaillance individuelle le plus précocement possible, et de les corriger par la « psycho-éducation », car ils nuisent à la compétition économique, ainsi que l’affirmait son ancienne présidente, parlementaire UMP… La psychiatrie est donc aujourd’hui vraiment une affaire d’État : elle est instrumentalisée par le pouvoir néolibéral pour lui servir de caution scientiste à sa politique gestionnaire et répressive qui ne cesse de se durcir (comme le laisse à penser la continuité de la politique d’expulsion des étrangers en situation irrégulière depuis le changement présidentiel). Elle est devenue l’arme principale du contrôle socio-économique des comportements déviants, délinquants et même simplement défaillants. Comment diable en est on arrivés là ?
Survol de l’évolution historique de la psychiatrie
La psychiatrie est née avec les lumières et a grandi avec le scientisme positiviste : dès son origine, elle a constitué un système symbolique essentiel pour la civilisation occidentale (donnant une représentation acceptable de la folie et de la finitude, par le déplacement symbolique de la souffrance, de la violence sociale vers le psychisme individuel et la science médicale). Mais ce qui se passe aujourd’hui, c’est que ce système symbolique est devenu un système de propagande au service de l’ordre néolibéral : la métaphore psychologique et médicale permet de nier la violence que celui-ci exerce, de naturaliser la norme économique dans la subjectivité, de faire rentrer la loi du marché à l’intérieur de nos neurones sinon jusque dans nos gènes… La pression normative écrasante qui s’exerce aujourd’hui sur chacun d’entre nous et dans le monde entier est ainsi niée symboliquement, par psychiatrie interposée. Comment une telle mutation s’est-elle opérée, en deux siècles d’histoire ?
Passons rapidement sur les deux guerres mondiales : à leur décours, avec Freud puis Parsons, le système symbolique médico-psychologique se prend de plus en plus pour la réalité, l’adaptation psychologique devient la norme individuelle du progrès civilisationnel. Mais c’est surtout avec la chute du mur de Berlin que ce système de croyances acquiert la force d’une conviction absolue. Avec l’effondrement du bloc communiste vient le triomphe du néolibéralisme, et le début de la troisième guerre mondiale : le seul ennemi devient l’individu, à embrigader dans la guerre économique. Ce tournant se traduit par la mondialisation de l’idéologie comportementale : tout trouble est désormais une maladie mentale. Apparaissent en effet en cascade les classifications mondiales des troubles du comportement, et en France la loi sur l’hospitalisation d’office des troubles à l’ordre public, ainsi que la circulaire instaurant la politique de santé mentale. C’est aussi le début du contrôle informatique effréné des activités humaines.
Dix ans plus tard, surviennent les attentats du World Trade Center, simple incident de parcours dans cette fuite en avant hégémonique du système néolibéral : le terroriste se cache parmi nous, l’ennemi est intérieur. On assiste alors à une avalanche de lois sécuritaires (plus de trente en dix ans). Encore presque dix ans plus tard, 2008, voici la crise ultime des SubPrimes. La bulle n’est pas seulement spéculative mais psychologique, la dépression est tout autant nerveuse qu’économique : c’est la baudruche consumériste qui éclate, l’illusion de la possession matérielle pour tous qui s’effondre. Pour sauver le capitalisme, au moins temporairement, il n’y aura pas d’autre solution que de « changer les comportements et les mentalités », projet que le président Sarkozy annoncera à plusieurs reprises. Son discours de Toulon sera très rapidement suivi du discours d’Antony instrumentalisant un fait divers, le meurtre commis par un schizophrène malencontreusement échappé d’un hôpital psychiatrique, pour annoncer le grand tournant sécuritaire de la psychiatrie : celle-ci devra dorénavant garantir le risque zéro. Vous voyez qu’il existe un rapport dialectique étroit entre science psychiatrique et crise économique…
Tout malade est un criminel en puissance, et tout individu est un malade qui s’ignore, pour peu qu’il trouve à redire à l’ordre en place : moins de 3 ans plus tard, cette dérive sécuritaire se concrétise dans la loi du 5 juillet 2011, instaurant les « soins sans consentement ». On peut, on doit désormais surveiller et traiter de force tout trouble du comportement, par des « programmes de soins » à domicile. Voici comment la psychiatrie est devenue sans coup férir une arme de dissuasion massive de tout remise en cause individuelle dérangeante du système de domination néolibéral, permettant un déni symbolique de toute contrainte, de toute violence socio-économique.
État des lieux actuel de la psychiatrie : une triple dérive qui s’accélère
Dérive scientiste : c’est donc le triomphe de l’idéologie comportementale, qui diffuse la bonne santé mentale dans l’ensemble de la société, du sommet de l’État à la dernière des classes maternelles en passant par le monde de l’entreprise, à travers les procédures d’évaluation et échelles de comportement. Cette idéologie au pouvoir est renforcée par un véritable délire scientiste : la norme comportementale a une origine biologique, tout trouble doit avoir forcément une cause médicale, organique. C’est le sens des recherches faramineuses en neurosciences et sur la vulnérabilité génétique : tous les troubles, toutes les déviances sont concernés (hyperactivité, troubles des conduites, addictions, conduites suicidaires, troubles bipolaires et labiles…). Des intérêts colossaux sont en jeu, à la fois scientistes (congrès et publications de la psychiatrie universitaire, instituts de recherche privés comme FondaMental et publics avec l’Inserm), politiques (prises de positions gouvernementales, rapports du Centre d’analyse stratégique) et industriels (poids du lobbying pharmaceutique). On a parlé des recherches en neuro-économie, il faut citer également la classification internationale DSM-5 dont la parution est imminente, et qui décrit des troubles prédictifs : désormais, il faut dépister le trouble le plus précocement possible voire avant même qu’il arrive pour le tuer dans l’oeuf !
Dérive marchande : comme dans tous les services publics, ou ce qu’il en reste, c’est le triomphe de l’idéologie managériale cognitivo-comportementaliste de la rentabilité, de l’évaluation, de la qualité, réalisant une course incessante à la performance (sélection des meilleurs soignants au mérite, et culpabilisation, mise à l’écart des incapables), parallèlement à une pénurie croissante des moyens et à un contrôle administratif renforcé, et aboutissant à une perte de toute indépendance et de toute éthique professionnelle.
Dérive sécuritaire enfin, cachant une violence institutionnelle qui s’accroît : cinq lois et deux circulaires en cinq ans, psychiatrisant toujours plus la déviance et la délinquance, et accompagnant des pratiques « soignantes » de plus en plus coercitives. La mission de la psychiatrie devient l’expertise prédictive omnipotente de la dangerosité, parallèlement à la mise en place d’un fichage généralisé des populations à problèmes, qui coûtent trop cher, pour les trier voire les éliminer en douceur. Surtout, la loi du 5 juillet 2011 instaure une société de contrôle d’un genre nouveau, à travers les soins sans consentement à domicile, autrement dit le déni psychiatrique de toute contrainte extérieure pesant sur l’individu. On assiste là à l’abolition de tout libre-arbitre, de la possibilité de penser différemment, et finalement de la vie privée, par une loi qui dicte à toute la population le bon comportement individuel. Dorénavant, chacun devra se conformer de lui-même à des normes posées comme une réalité absolue, même si il n’y consent pas. C’est l’avènement d’un État policier où la psychiatrie exerce la police des comportements, le ministère de l’intérieur psychique, conditionnant une normopathie de masse, au sens de Hannah Arendt. L’implosion psychologique remplace toute possibilité d’explosion sociale, chacun est tenu d’être surveillé et traité médicalement chez soi et en soi pour être heureux… C’est l’avènement de l’hygiénisme du bonheur obligatoire, du repli programmé dans le confort de son cocon personnel, mais aseptisé, vidé de toute distance critique, de toute altérité.
La psychiatrie resituée dans l’évolution socio-économique : la propagande néolibérale
C’est la stratégie du choc psycho-économique dont parle Naomi Klein, autrement dit l’application systématique par le pouvoir des méthodes cognitivo-comportementales de soumission (on parlera de renforcement positif et négatif, ou en plus imagé de la carotte et du bâton).
La « carotte », c’est la propagande spectaculaire et marchande du divertissement, de la consommation, et la propagande techno-scientiste (mythe du progrès, de la croissance, de l’amélioration des performances…). Elle est portée par le marketing publicitaire, les industries culturelles, la télévision, les technologies de l’information et de la communication (TIC), les jeux vidéo : tous ces moyens reposent sur le culte de l’argent roi et le star système, la promesse du bonheur et de la possession ; ils agissent par hypnose, tendant un miroir narcissique dans lequel se reflète et se leurre toute la société. Ainsi se réalise une auto-excitation vers toujours plus, une fuite en avant incessante, un emballement, comme un tourbillon qui nous emporte irrésistiblement…
Le « bâton », c’est la politique de la peur de l’ennemi intérieur, du bouc émissaire : une police de plus en plus répressive (gardes à vue, délits d’outrage, manifestations piégées, affaire de Tarnac, politique migratoire, armes non létales…) ; une justice de plus en plus intrusive et prédictive (loi LOPPSI II, loi Estrosi, fichier Hortefeux PASP, FNAEG, délinquance routière = exemple de psychologisation cognitivo-comportementale généralisée, et redoutablement efficace, de la répression…) ; un dressage éducatif de plus en plus sévère (casse de l’école par la RGPP provoquant une sélection de plus en plus élitiste, politique de prévention de la délinquance, réforme de la justice des mineurs, fichage informatique des compétences…) ; une destruction sociale accélérée (précarisation généralisée, management par l’évaluation = modèle clef décidément de la psychologisation cognitivo-comportementale universelle de la soumission néolibérale, idéologie de la lutte contre la fraude, rôle de contrôle social et technologique des travailleurs médico-sociaux eux-mêmes menacés de sanctions automatiques) ; dissuasion psychiatrique visant comme on l’a vu à renforcer le moral des troupes ou du troupeau (psychiatrisation de toute défaillance étiquetée « dépression »). Tout cela a généré en quelques années seulement d’ordre néolibéral absolu incarné par la présidence sarkozienne, une société de suspicion et de surveillance généralisée (dans laquelle les TIC jouent un rôle majeur : fichiers de police, mouchardage électronique, vidéosurveillance, géolocalisation, biométrie, fichier centralisé des Cartes nationales d’identité…) et même d’auto-surveillance où la vie privée devient transparente (TIC encore avec les réseaux sociaux, plan vigipirate, voisins vigilants, matraquage permanent, à tous les coins de rue, du message « pour votre sécurité » = emblématique de l’intériorisation psychologique de toute contrainte, de toute violence socio-économique)…
Les conséquences de cette pression normative écrasante qui se dénie comme telle : la destruction de la subjectivité
C’est le conditionnement d’un conformisme, d’une normopathie de masse marquée par la duplicité. Il s’agit pour chacun d’entre nous, de faire semblant d’adhérer à des normes de plus en plus injustes et absurdes : l’alternative se pose dans l’ensemble du champ social entre se soumettre, se démettre, tomber malade, ou résister. Illustrations : Arendt (banalité du mal), psychosociologie (Asch), Foucault (nouvelle gouvernementalité biopolitique post-disciplinaire), critiques du management par l’évaluation, telle que celle de Dejours (peur de la précarisation : oeillères volontaires, cynisme viril). Mis à part déserter ou résister, on peut donc au choix :
- Tomber malade : c’est la dépression du burn out, qui touche les plus vulnérables, autrement dit les gens sincères et engagés. En témoignent également les épidémies récentes de suicides professionnels et de crimes de masse (Norvège, Toulouse, Denver = Batman en avant-première au cinéma : acte « fou » ? Pas tant que ça, car riche de sens en brisant le miroir spéculaire insupportable de la violence générée par « The American Way of Life »). Ainsi que les pathologies de la consommation (addictions) et de l’accélération (hyperactivité, labilité émotionnelle, troubles bipolaires…)
- Se soumettre : la perversion narcissique est aujourd’hui la personnalité culturelle, la néo-subjectivité malade du néolibéralisme (Lasch, Dejours, Dufour, Brown, Dardot et Laval…). C’est le conditionnement généralisé d’un narcissisme conformiste et consumériste de masse voué à la jouissance immédiate. Il traduit une fuite auto-excitatrice, comme une ivresse, dans la concurrence et le profit immédiat, c’est à dire un déni de la dépression, de la vulnérabilité, et sa projection dans un bouc émissaire. Cette instrumentalisation, cette chosification d’autrui est entièrement commandée par les nouveaux modes de contrôle social (politique de santé mentale opportuniste, idéologie comportementale conquérante, course à la performance, fichage informatique omniscient…). Passons sur les analyses sociologiques du sadisme inconscient : Habermas, Bourdieu, De Gauléjac, Prigent, Méheust (politique de l’oxymore = injonctions paradoxales, euphémisation de la violence) ; et sur les conséquences historiques redoutables de cette évolution : retour de l’eugénisme (trans-humanisme), accélération insensée du temps vers ce que Hartmut Rosa décrit comme « immobilité fulgurante ».
« Remèdes » : quelques pistes pour une alterpsychiatrie
Retrouver un mode de pouvoir non abusif, réellement démocratique : l’autorité est légitime quand elle est capable de se critiquer, quand elle est reconnue comme telle car non niée symboliquement (par psychiatrie, TIC, etc.). Le rétro-contrôle individuel doit être rendu possible dans le système sociopolitique (tirage au sort, référendum d’initiative populaire, justice indépendante, etc.).
Restaurer des limites épistémologiques strictes à la psychiatrie et au travail socio-éducatif, qui ne doivent plus s’occuper du contrôle techno-scientiste de toute déviance sociale. En particulier, promouvoir une alterpsychiatrie soucieuse de la subjectivité, des droits et des libertés individuels (la véritable santé se définit comme liberté, création de ses propres valeurs – cf. Campguilhem). Une véritable psychiatrie devrait se constituer comme médiation symbolique, capable de résister sans concession à la triple dérive actuelle, scientiste, marchande et sécuritaire.
Enfin respecter les limites éthiques de l’existence, ce qui demande un « travail » personnel et relationnel (« thérapie psycho-politique ») : accepter sa vulnérabilité, avec humilité (auto-limitation, castration symbolique, etc.), prôner la décélération voire la décroissance, revendiquer la franchise, condition de la confiance. Concrètement, il va falloir se résoudre à sortir vraiment du mythe de l’enrichissement et de la performance pour accéder à l’austérité conviviale (Ivan Illich) : c’est d’abord cela, la transition.
Sur un mode comparable, une autre politique éducative est possible…
Olivier Labouret
Source : Blogs d’Attac
00:03 Publié dans Psychologie/psychanalyse | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : psychologie, psychiatrie, philosophie, économie, libéralisme, néo-libéralisme, aliénation | |
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jeudi, 07 mars 2013
Hommage au Président Hugo Chavez
Hommage au Président Hugo Chavez
par Claude Bourrinet
Il est mort. Nous attendions la fin de son ultime combat avec appréhension, angoisse, fatalité. Nous savions que, comme toujours, il avait fait front avec vaillance. La grandeur se révèle plus, parfois, dans la solitude de la maladie que dans de grandes batailles collectives… Hugo Chavez aura partagé les épreuves et les joies des pauvres de son pays, mais il sera proche aussi au cœur de ceux qui souffrent dans leur chair, quels qu’ils soient. Ce patriote était aussi un fervent chrétien, et sa passion finale, son interminable calvaire, l’auront rendu encore plus pur, plus digne de l’amour du Christ.
Hélas ! … Nous sommes en deuil. Il manque, dans le monde, aujourd’hui, un homme, un vrai, un chef, un ami du peuple.
Non que l’humanité en soit diminuée, loin de là ! C’est la grâce de certains de laisser encore davantage dans la mémoire que durant leur vie.
Et Dieu sait si le peuple vénézuélien lui doit beaucoup ! Est-il besoin de rappeler tout ce qu’il a fait pour lui, la réduction de la misère, de l’illettrisme, une économie retirée des mains de l’étranger pour être rendue à la Nation ? Les services publics se sont développés sous sa présidence grâce au financement apporté par la compagnie nationale PDVSA, les dépenses sociales ont augmenté de 60%. Les 13 années de Révolution bolivarienne ont fait de ce pays déshérité, dépossédé par l’impérialisme, et ressuscité par le Commandante, l’un des pays pilotes de l’Amérique latine en matière d’éducation (l’analphabétisme a été éradiqué, la gratuité est assurée de la maternelle à l’université), d’emploi, de revenus, de santé publique, de sécurité alimentaire…
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le Venezuela est le pays de la région qui connaît le plus bas niveau d’inégalité (mesuré par le Coefficient Gini) : il a réduit l’inégalité de 54%, la pauvreté de 44%, du niveau de 70.8% (1996) à 21% (2010). Et l’extrême pauvreté est passée de 40% (1996) à 7.3% (2010). Près de 20 millions de personnes ont bénéficié des programmes gouvernementaux de lutte contre la pauvreté, appelés “Missions”. A l’heure actuelle 2.1 millions de personnes âgées perçoivent des pensions de vieillesse – soit 6,6% de la population. Seules 387.000 personnes recevaient des pensions avant le gouvernement actuel.
En 1990, on importait 90% de la nourriture, on n’en importe plus maintenant que 30%. Cinq millions de vénézuéliens reçoivent de la nourriture gratuite, quatre millions d’entre eux sont des enfants scolarisés, et des cantines publiques nourrissent 900.000 personnes.
Rappelons ces chiffres impressionnants : le taux de mortalité infantile est passé de 25 pour 1000 (1990) à seulement 13/1000 (2010), 96% de la population disposent à présent d’eau potable, en 1998, on comptait 18 médecins pour 10.000 habitants, on en compte actuellement 58 pour mille, et le système public de santé en emploie 95.000, le nombre de cliniques s’est accru de 169.6%, la « Mission Barrio Adentro » (qui est le programme de soins de santé primaire organisé avec l’aide de plus de 8.300 médecins cubains) a sauvé environ 1,4 millions de vies dans 7.000 cliniques et a effectué 500 millions de consultations, il y a maintenant 34 centres de désintoxication, pratiquement plus d’enfants des rues etc.
En jetant un coup d’œil très rapide sur la presse vendue, ce matin, je vois qu’il y aurait une explosion de crimes dans le pays, qu’Hugo Chavez aurait laissé un désastre économique et social… Toujours la même propagande haineuse des amis de l’Amérique, toujours cette perfidie, ce fiel, cette rage devant un peuple digne, fier, indépendant…
Car ce qui vaut la hargne de ces chiens, ce n’est pas seulement le bonheur vénézuélien (ces hyènes auraient préféré que l’argent aille, comme avant, dans les poches de l’oligarchie transnationale, apatride, dont elles sont les fidèles gardiennes), et ce n’est pas la moindre partie de sa gloire, ce qui inscrira son nom, tant que la mémoire des hommes libres subsistera, dans les livres d’Histoire, c’est que Hugo Chavez fut l’un des champions de la liberté du monde. Il fut l’un de ceux qui releva le drapeau de la révolte contre l’empire yankee, contre le Nouvel Ordre Mondial, contre le règne amoral de l’argent, et il assura un soutien sans faille à ceux qui ont combattu, ou combattent ce poulpe tentaculaire, le colonel Kadhafi, le président Ahamadinejab, la résistance palestinienne, le président Bachar Al Assad, le Président Poutine…
Grâce à la doctrine bolivarienne, il a su donner à la politique latino-américaine un objectif clair et vigoureux, que la nationale-communiste Cuba avait tenté d’incarner : l’indépendance, la dignité, la volonté, l’enracinement. La Bolivie d'Evo Morales, et l’Equateur de Rafael Correa ont suivi cette route.
Mais il fut aussi un modèle pour nous, patriotes français et européens. Notre pays, sous emprise atlantiste, a perdu sa liberté, s’est éloigné du destin qui est le sien. Nous vivons depuis des lustres dans la honte, et personne, ici, ne connaît plus la grandeur, sinon dans la nostalgie qui sert la gorge de tout vrai Français. Les nains qui nous gouvernent, et qui n’ont eu que mépris pour un homme qui a levé bien haut le drapeau de l’honneur, n’ont eu de cesse que de traîner notre nom dans la boue, et le peuple vénézuélien dans l’opprobre. Sarkozy avait même envoyé un tueur pour liquider ce grand homme qui lui faisait peur. Peut-être cherchait-il, encore une fois, la caresse de ses maîtres, comme le fait dans sa politique le président actuel.
C’est pourquoi le nom de Chavez restera à jamais gravé dans nos cœurs comme un modèle. La seule façon de lui être fidèle, c’est de continuer son combat pour notre indépendance et notre honneur.
Alors, nous pourrons dire : Commandante, présent !
18:30 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : hugo chavez, actualité, politique internationale, venezuela, amérique latine, amérique du sud | |
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Le Baas syrien face à la mouvance islamique sunnite
Le Baas syrien face à la mouvance islamique sunnite
Alors que l’on a souvent souligné le caractère « séculier » des soulèvements arabes de 2011, du moins avant que les mouvements islamistes n’en apparaissent comme les principaux bénéficiaires électoraux, la religion est rapidement apparue comme une composante importante des mouvements de protestation observés en Syrie depuis le mois de mars. En témoignent notamment la récurrence des slogans religieux, la visibilité acquise par certains hommes de religion durant les événements, et la concentration des manifestations dans et autour des mosquées, seuls espaces publics relativement épargnés par le maillage sécuritaire.
Une telle prégnance du référent islamique est a priori susceptible de conférer un rôle majeur aux représentants de la mouvance islamique, c’est-à-dire les mouvements islamistes d’opposition, d’une part, et les oulémas (« savants », spécialistes des sciences religieuses), d’autre part. Sans être négligeable, ce rôle est toutefois contraint par l’histoire et en particulier par les conséquences des politiques ultra-répressives menées par le régime baasiste contre l’islam politique. De tradition laïque, ce régime s’est montré d’autant plus hostile aux islamistes que ses principaux dirigeants, à commencer par la famille Assad, étaient issus de la minorité alaouite, perçue comme hétérodoxe par une bonne partie de la majorité sunnite.
Fondés à l’indépendance en 1946, les Frères musulmans syriens font leurs modestes débuts dans un contexte de démocratie parlementaire. En 1963, le coup d’État du Baas met un terme définitif à cette phase d’expériences démocratiques. Radicalement hostile aux islamistes, le nouveau régime socialiste et laïcisant les contraint à la clandestinité ou à l’exil. Dans les années 1970, toutefois, les Frères profitent de la popularité croissante du référent religieux parmi la jeunesse pour reconstruire discrètement leurs forces. Cette montée en puissance va de pair avec l’affirmation de l’Avant-garde combattante, une organisation islamiste dissidente prônant l’action armée. En 1979, ses militants lancent une vaste campagne d’assassinats et d’attentats à la bombe, tandis qu’un soulèvement populaire émerge dans les villes du Nord. Le régime y opposera une réponse militaire qui culmine en 1982 avec le siège de la ville de Hama et le massacre de milliers de ses habitants. Totalement éradiqués à l’intérieur du pays, les Frères Musulmans seront réduits, jusqu’à ce jour, au statut de parti d’exilés. Dès lors, les oulémas (« savants », spécialistes des sciences religieuses) constitueront les seules voix de la mouvance islamique en Syrie.
Durant les années 1960, la radicalisation gauchiste du Baas avait été à l’origine de plusieurs crises entre le régime et le clergé, dont certains membres avaient été emprisonnés pour avoir critique l’« athéisme » de l’équipe dirigeante. Suite à son coup d’état de 1970, le général Hafez el-Assad adopte une approche plus pragmatique, affichant même quelques signes de piété. La décennie est donc caractérisée par un processus de relative détente que vient toutefois interrompre l’insurrection armée entamée en 1979.
Après 1980, face à un mouvement de réislamisation sociale qu’il ne peut empêcher, le régime prend graduellement conscience que la répression de l’islam politique doit s’accompagner d’une relative tolérance à l’égard des activités éducatives islamiques, du moins lorsqu’elles sont menées par des partenaires sûrs. La décennie qui suit l’insurrection voit donc apparaître de nouveaux instituts supérieurs islamiques tels que la Fondation Abu al-Nur, établie par le Grand Mufti Ahmad Kaftaro. C’est à la même époque que le régime noue une alliance de longue durée avec le Dr Said Ramadan al-Buti, doyen de la faculté de Charia de Damas et essayiste à succès. Sur le plan des idées, l’intéressé se situe aux antipodes du parti au pouvoir puisqu’il est radicalement hostile au nationalisme et au socialisme, principales composantes du baasisme. Toutefois, au nom d’une lecture ultra-conservatrice de la théologie politique sunnite, al-Buti prône l’obéissance au pouvoir en place, la tyrannie étant jugée préférable au risque d’anarchie.
La stratégie d’al-Buti repose aussi à la fitna (« discorde ») mais aussi sur l’idée que le dialogue avec le pouvoir permettra à terme la satisfaction des revendications du clergé. De fait, à partir des années 1990, le régime libéralise progressivement sa politique religieuse en levant certaines restrictions pesant sur les pratiques cultuelles (célébration de l’anniversaire du Prophète, port du voile à l’école), en autorisant le retour d’oulémas exilés ou encore, au milieu des années 2000, en tolérant un véritable bourgeonnement des associations de bienfaisance et écoles secondaires islamiques. Ces évolutions s’opèrent notamment au bénéfice de Jamaat Zayd (« le groupe de Zayd »), un influent mouvement de prédication dont l’action se concentre sur l’éducation religieuse des étudiants de l’enseignement séculier dans le cadre de cercles d’études informels organisés dans les mosquées. Contrains à l’exil durant l’insurrection de 1979-1982, les dirigeants de ce groupe reviennent en Syrie au milieu des années 1990. Établissant des relations avec le régime, ils n’en conservent pas moins une certaine indépendance de ton et seront toujours perçus avec méfiance par les autorités.
Une telle stratégie, imposée au régime par la nécessité de resserrer les liens avec l’opinion religieuse dans un contexte de tensions régionales (invasion de l’Irak, crise libanaise), aura pour effet non désiré de donner aux oulémas une assurance nouvelle qui les conduit à s’en prendre aux éléments laïcistes dominant les ministères de l’Information et de l’Éducation. En 2008, le retour en grâce de la Syrie sur la scène internationale après plusieurs années d’isolement permet au pouvoir de faire volte face et de revenir à des politiques beaucoup plus strictes vis-à-vis de la mouvance islamique. Tandis que sont nationalisées certaines institutions religieuses demeurées privées, est lancée une campagne de « re-laïcisation » qui se traduit notamment par l’interdiction du port du voile facial (niqab) au sein du corps enseignant et dans les universités.
À la veille du soulèvement de 2011, les relations entre le régime et l’élite religieuse s’étaient également tendues en raison des activités missionnaires chiites dans le pays. L’alliance du régime baasiste avec le chiisme duodécimain débute avec l’arrivée au pouvoir de Hafez al-Assad en 1970. Premier président non sunnite de l’histoire syrienne, le nouveau chef de l’État cherche à faire reconnaître sa communauté alaouite comme une branche du chiisme et, partant, de l’oumma musulmane. Cette fatwa, il l’obtiendra de clercs chiites duodécimains étrangers alliés au régime syrien pour des raisons politiques : l’opposant irakien Hassan al-Chirazi et Musa al-Sadr, fondateur du mouvement libanais Amal. Surtout, après 1979, Damas nouera une alliance stratégique avec la République Islamique d’Iran et son extension libanaise, le Hezbollah.
Profitant de leurs relations étroites avec le régime syrien, des réseaux religieux chiites étrangers établissent des séminaires dans la banlieue damascène de Sayyida Zaynab et reconstruisent selon le style persan des sites de pèlerinage chiites dans le pays. Certains animateurs de ces réseaux ne cachent guère leur volonté d’utiliser leurs têtes de pont syriennes pour engranger des conversions au chiisme parmi la majorité sunnite du pays. Ils ne rencontrent guère de succès mais un certain nombre d’exceptions frappent les imaginations. Au milieu des années 2000, les rumeurs de « chiisation » massive trouvent un terreau favorable dans un contexte de guerre civile sunnito-chiite en Irak et de fortes tensions confessionnelles au Liban.
La dégradation des relations entre régime et oulémas à la fin de la dernière décennie a été partiellement compensée par les conséquences de la libéralisation économique menée par Bachar el-Assad après son accession au pouvoir en 2000. Il a souvent été dit que cette évolution avait surtout profité à une poignée d’hommes d’affaires proches du président, dont le plus connu est son cousin Rami Makhluf. En réalité, l’abandon du socialisme a aussi contribué, dans des proportions certes plus modestes, à l’enrichissement d’une catégorie plus large d’entrepreneurs moyens. Or, c’est de leur alliance avec ces derniers que les oulémas syriens ont traditionnellement tiré les ressources financières de leurs séminaires et associations de bienfaisance. Ces ressources augmenteront donc considérablement à la faveur de la libéralisation économique et des conséquences du boom pétrolier de 2003. Ce même contexte voit également l’ouverture en Syrie de banques islamiques, qui recrutent des oulémas au sein de leur comité de supervision. Ces transformations économiques ont donc rapproché l’élite religieuse syrienne des milieux d’affaires et, par leur intermédiaire, de l’establishment politico-militaire.
Traversée par ces dynamiques contradictoires, la mouvance islamique syrienne abordera la crise de 2011 en rangs dispersés. Si les Frères Musulmans et autres militants islamistes soutiennent le soulèvement avec enthousiasme, les oulémas sont profondément divisés. Ayant largement bénéficié du régime en place, ses alliés historiques comme Sa‘id Ramadan al-Buti et le Grand Mufti Ahmad Hassun demeurent loyaux.
En face, les « oulémas révolutionnaires » émergent surtout dans les villes périphériques insurgées telles que Der‘a, dans le Sud, ou Banyas, sur la côte. À Damas et Alep, certaines figures religieuses respectées adressent de sévères critiques au régime. Dans la capitale, les protestataires se pressent ainsi pour assister aux sermons des cheikhs Oussama al-Rifa‘i et Krayyim Rajih, dont les mosquées sont le théâtres de manifestations régulières. S’ils n’appellent pas ouvertement au renversement du pouvoir, ces prêcheurs n’en rejettent pas moins la rhétorique officielle des « bandes armées » commandées par l’étranger, défendent la légitimité des revendications démocratiques et tiennent l’appareil de sécurité pour responsable des violences. Il n’est guère étonnant que ce défi émane d’anciens ennemis du régime ne s’étant réconciliés avec ce dernier que sur le tard et de manière équivoque.
Pendant cinq mois, le pouvoir ne sait comment réagir face aux prêcheurs rebelles. Craignant les conséquences d’un affrontement ouvert, il recourt, sans succès, à divers moyens de séduction et de pression. C’est pendant le mois de Ramadan (août 2011) que les autorités sortent de leurs atermoiements : les oulémas contestataires ayant fustigé l’envoi des chars dans les villes de Hama et Deir ez-Zor, ils sont interdits de prêche, menacés et, pour l’un d’entre eux, physiquement agressés par les chabbiha, des voyous à la solde du pouvoir.
Ces événements constitueront un tournant de la première année du soulèvement. Dominait jusqu’alors l’idée que le pouvoir n’oserait pas se confronter aux oulémas contestataires par crainte de la réaction populaire. Par conséquent, suite à l’agression perpétrée contre al-Rifa‘i, certains prédisent des manifestations-monstres qui emporteront le régime. Or, si les habitants des banlieues populaires de Damas manifestent en nombre, les quartiers centraux de la capitale ne se mobilisent guère. Or, c’est dans ces quartiers relativement aisés que la victime compte la plupart de ses nombreux adeptes. Les proches disciples d’al-Rifa‘i ne cachent pas leur rancœur face à l’inaction de ceux qui, la veille encore, donnaient du baisemain à leur guide spirituel.
Ce que révèlent ces événements, c’est l’importance du facteur socio-économique dans le soulèvement actuel. Ce dernier est dans une large mesure celui des perdants de l’abandon du socialisme : ruraux et rurbains délaissés par un État qui, par le passé, se targuait de défendre leur intérêts, et habitants des ceintures de pauvreté des grandes villes. C’est au camp des bénéficiaires de l’économie de marché qu’appartiennent les grands oulémas. Par conséquent, même si leurs convictions et l’influence de leurs disciples politisés ont poussé certains d’entre eux à prendre le parti de l’opposition, ils ont dû prendre acte de la tiédeur du soutien que leur adressaient ces citadins aisés qui sont à la fois leurs fidèles et leurs bailleurs de fonds. Par là-même, ils ont pu apprécier à leurs dépens la fragilité faut-il dire l’inexistence, du sentiment communautaire sunnite.
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mercredi, 06 mars 2013
Incontro con il Prof. L. Silvestroni
00:05 Publié dans Ecologie, Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : écologie, événement, italie | |
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mardi, 05 mars 2013
Sur la notion de patrie charnelle
Robert STEUCKERS:
Causerie à bâtons rompus sur la notion de patrie charnelle
Conférence prononcée à Nancy, à la tribune de “Terre & Peuple” (Lorraine), le 10 mars 2012
La notion de patrie charnelle nous vient de l’écrivain et militant politique Marc Augier, dit “Saint-Loup”, dont le monde de l’édition —en particulier les “Presses de la Cité”— a surtout retenu les récits de son aventure militaire sur le Front de l’Est pendant la seconde guerre mondiale. Mais l’oeuvre de Saint-Loup ne se résume pas à cette seule aventure militaire, ses récits de fiction, son évocation des “Cathares de Montségur” ou de la Terre de Feu argentine le hissent au niveau d’un très grand écrivain, ce qu’il serait devenu indubitablement pour la postérité s’il n’avait traîné une réputation de “réprouvé” donc de “pestiféré”. Dans les écrits de ce Français très original, il y a beaucoup plus à glaner que ces seules péripéties militaires dans un conflit mondial du passé qui ne cesse de hanter les esprits, comme le prouve l’existence de belles revues sur papier glacé, comme “39-45” ou “Ligne de front”, par exemple. Il faut se rappeler, entre bien d’autres choses, qu’il a été l’initiateur des auberges de jeunesse sous le “Front Populaire”, lorsqu’il était un militant socialiste, incarnant un socialisme fort différent de celui des avocats aigris, “maçonneux”, encravatés et radoteurs-rationalistes: le socialisme du camarade Marc Augier (qui n’est pas encore Saint-Loup) est joyeux et juvénile, c’est un socialisme de l’action, du grand “oui” à la Vie. Saint-Loup, que je n’ai rencontré que deux fois, en 1975, était effectivement un homme affable et doux mais amoureux de l’action, de toute action amenant des résultats durables, hostile aux chichis et aux airs pincés des psycho-rigides qui ont incarné les établissements successifs dont la France a été affligée.
Un monde qui devrait être tissé de fraternité
Le terme “action”, en politique, dans l’espace linguistique francophone, possède une genèse particulière. Maurras utilise le mot dans le nom de son mouvement, l’Action Française, sans nécessairement se référer à la philosophie du catholique Maurice Blondel, auteur d’un solide traité philosophique intitulé “L’Action”, pour qui l’engagement pour la foi devait être permanent et inscrit dans des “oeuvres”, créées pour le “Bien commun” et qu’il fallait perpétuer en offrant ses efforts, sans tenter de les monnayer, sans espérer une sinécure comme récompense. En Belgique, le Cardinal Mercier, correspondant de Blondel, donnera une connotation politisée, sans nul doute teintée de maurrassisme, à des initiatives comme l’Action Catholique de la Jeunesse Belge (ACJB), dont émergeront deux phénomènes marquants de l’histoire et de l’art belges du 20ème siècle: 1) le rexisme de Degrelle en tant que dissidence contestatrice fugace et éphémère du “Parti Catholique”, et, 2) dans un registre non politicien et plus durable, la figure de Tintin, qui agit dans ses aventures pour que le Bien platonicien ou la justice (divine?) triomphe, sans jamais faire état de ses croyances, de ses aspirations religieuses, sans jamais montrer bondieuseries ou affects pharisiens. Cette dimension aventurière, Saint-Loup l’a très certainement incarnée, comme Tintin, même si son idiosyncrasie personnelle ne le rapprochait nullement du catholicisme français de son époque, amoureux des productions graphiques d’Hergé via la revue “Coeurs Vaillants”; en effet, Saint-Loup est né dans une famille protestante, hostile à l’Eglise en tant qu’appareil trop rigide. Ce protestantisme se muera en un laïcisme militant, exercé dans un cadre politique socialiste, se voulant détaché de tout appareil clérical, au nom du laïcisme révolutionnaire. Saint-Loup crée en effet ses auberges de jeunesse dans le cadre d’une association nommée “Centre laïque des Auberges de Jeunesse”. Dans cette optique, qui est la sienne avant-guerre, le monde idéal, s’il advenait, devrait être tissé de fraternité, ce qui exclut tout bigotisme et tout alignement sur les manies des bien-pensants (et là il rejoint un catholique haut en couleurs, Georges Bernanos...).
Contre la “double désincarnation”
Les linéaments idiosyncratiques de la pensée émergente du jeune Marc Augier conduisent bien entendu à une rupture bien nette avec l’ordre établi, parce que l’ordre est désormais désincarné et qu’il faut le réincarner. Comment? En recréant de la fraternité, notamment par le biais des auberges de jeunesse. Aussi en revenant aux sources de toutes les religions, c’est-à-dire au paganisme (option également partagée par Robert Dun). Sur le plan politique, les options de Saint-Loup sont anti-étatistes, l’Etat étant une rigidité, comme l’Eglise, qui empêche toute véritable fraternité de se déployer dans la société. Saint-Loup ne sera donc jamais l’adepte d’un nationalisme étatique, partageant cette option avec le Breton Olier Mordrel, qui fut, lui, condamné à mort par l’Etat français en 1940: le militant de la Bretagne libre va alors condamner à mort en esprit l’instance (de pure fabrication) qui l’a condamné à mort, lui, le Breton de chair et de sang. Chez Saint-Loup, ces notions de fraternité, de paganisme, d’anti-étatisme postulent en bout de course 1) une vision de l’espace français comme tissu pluriel, dont il ne faut jamais gommer la diversité, et 2) une option européenne. Mais l’Europe, telle qu’elle était, telle qu’elle est aujourd’hui, aux mains des bien-pensants, n’était et n’est plus elle-même; elle est coupée de ses racines par un christianisme étranger à ses terres et par la modernité qui est un avatar laïcisé de ce christianisme éradicateur. Constater que l’Europe est malade et décadente revient donc à constater une “double désincarnation”.
Les deux axiomes de la pensée charnelle
Cette perception de l’Europe, de nos sociétés européennes, se révèle dans le roman “La peau de l’aurochs”, géographiquement situé dans une vallée valdotaine. Les Valdotains de “La peau de l’aurochs” se rebiffent contre l’industrialisation qui détruit les traditions populaires (ce n’est pas toujours vrai, à mon sens, car dans des régions industrielles comme la Lorraine, la Ruhr ou la Wallonie du sillon Sambre-Meuse sont nées des cultures ouvrières et populaires riches, d’où les sculpteurs Constantin Meunier et Georges Wasterlain ont tiré leurs créations époustouflantes de beauté classique). Et les Valdotains du roman de Saint-Loup veulent aussi préserver les cultes ancestraux, ce qui est toujours plus aisé dans les régions montagneuses que dans les plaines, notamment en Suisse, où les dialectes des vallées se maintiennent encore, ainsi que dans tout l’arc alpin, notamment en Italie du Nord où une revue comme “Terra Insubre” défend et illustre les résidus encore bien vivants de la culture populaire lombarde et cisalpine. “La peau de l’aurochs” est un roman qui nous permet de déduire un premier axiome dans le cadre de la défense de toutes les identités charnelles: la PRESERVATION DE NOTRE IDENTITE = la GARANTIE DE NOTRE ETERNITE. Cet axiome pourrait justifier une sorte de quiétisme, d’abandon de toute revendication politique, un désintérêt pour le monde. Ce pourrait être le cas si on se contentait de ne plus faire que du “muséisme”, de ne recenser que des faits de folklore, en répétant seulement des traditions anciennes. Mais Saint-Loup, comme plus tard Jean Mabire, ajoute à cette volonté de préservation un sens de l’aventure. Nos deux auteurs s’interdisent de sombrer dans toute forme de rigidité conceptuelle et privilégient, comme Olier Mordrel, le vécu. Le Breton était très explicite sur ce recours permanent au “vécu” dans les colonnes de sa revue “Stur” avant la seconde guerre mondiale. De ce recours à l’aventure et au vécu, nous pouvons déduire un second axiome: les RACINES SONT DANS LES EXPERIENCES INTENSES. Ce deuxième axiome doit nous rendre attentifs aux oppositions suivantes: enracinement/déracinement, désinstallation/installation. Avec Saint-Loup et Mabire, il convient donc de prôner l’avènement d’une humanité enracinée et désinstallée (aventureuse) et de fustiger toute humanité déclinante qui serait déracinée et installée.
On ne peut juger avec exactitude l’impact de la lecture de Nietzsche sur la génération de Saint-Loup en France. Mais il est certain que la notion, non théorisée à l’époque, de “désinstallation”, est une notion cardinale de la “révolution conservatrice” allemande, relayée par Ernst Jünger à l’époque de son militantisme national-révolutionnaire puis, après 1945, par Armin Mohler et, à sa suite, par la “nouvelle droite”, via les thèses “nominalistes” qu’il avait exposées dans les colonnes de la revue munichoise “Criticon”, en 1978-79. La personnalité volontariste et désinstallée, en retrait (“withdrawal”, disait Toynbee) par rapport aux établissements installés, est celle qui, si la chance lui sourit, impulse aux cycles historiques de nouveaux infléchissements, lors de son retour (“return” chez Toynbee) sur la scène historico-politique. Cette idée, exposée dans la présentation que faisait Mohler de la “révolution conservatrice” dans sa célèbre thèse de doctorat, a été importée dans le corpus de la “nouvelle droite” française par Giorgio Locchi, qui a recensé cet ouvrage fondamental pour la revue “Nouvelle école”.
Saint-Loup, Tournier: la fascination pour l’Allemagne
Le socialiste Marc Augier, actif dans le cadre du “Front populaire” français de 1936, découvrira l’Allemagne et tombera sous son charme. Pourquoi l’Allemagne? Dans les années 30, elle exerçait une véritable fascination, une fascination qui est d’abord esthétique, avec les “cathédrales de lumière” de Nuremberg, qui s’explique ensuite par le culte de la jeunesse en vigueur au cours de ces années. Les auberges et les camps allemands sont plus convaincants, aux yeux de Marc Augier, que les initiatives, somme toute bancales, du “Front populaire”. Il ne sera pas le seul à partager ce point de vue: Michel Tournier, dans “Le Roi des Aulnes”, partage cette opinion, qui s’exprime encore avec davantage de brio dans le film du même titre, réalisé par Volker Schlöndorff. Le célèbre créateur de bandes dessinées “Dimitri”, lui aussi, critique les formes anciennes d’éducation, rigides et répressives, dans sa magnifique histoire d’un pauvre gamin orphelin, devenu valet de ferme puis condamné à la maison de correction pour avoir tué le boucher venu occire son veau favori, confident de ses chagrins, et qui, extrait de cette prison pour aller servir la patrie aux armées, meurt à la bataille de Gallipoli. Le héros naïf Abel dans “le Roi des Aulnes” de Schlöndorff, un Abel, homme naïf, naturel et intact, jugé “idiot” par ses contemporains est incarné par l’acteur John Malkovich: il parle aux animaux (le grand élan, la lionne de Goering, les pigeons de l’armée française...) et communique facilement avec les enfants, trouve que la convivialité et la fraternité sont réellement présentes dans les camps allemands de la jeunesse alors qu’elles étaient totalement absentes, en tant que vertus, dans son école française, le collège Saint-Christophe. Certes Schlöndorff montre, dans son film, que cette convivialité bon enfant tourne à l’aigreur, la crispation et la fureur au moment de l’ultime défaite: le visage du gamin qui frappe Abel d’un coup de crosse, lui brise les lunettes, est l’expression la plus terrifiante de cette rage devenue suicidaire.Tournier narre d’ailleurs ce qui le rapproche de l’Allemagne dans un petit essai largement autobiographique, “Le bonheur en Allemagne?” (Folio, n°4366).
Une vision “sphérique” de l’histoire
Toutes ces tendances, perceptibles dans la France sainement contestatrice des années 30, sont tributaires d’une lecture de Nietzsche, philosophe qui avait brisé à coups de marteau les icônes conventionnelles d’une société qui risquait bien, à la fin du “stupide 19ème siècle”, de se figer définitivement, comme le craignaient tous les esprits non conformes et aventureux. Le nietzschéisme, via les mouvements d’avant-gardes ou via des séismographes comme Arthur Moeller van den Bruck, va compénétrer tout le mouvement dit de la “révolution conservatrice” puis passer dans le corpus national-révolutionnaire avec Ernst Jünger, tributaire, lui aussi, du nietzschéisme ambiant des cercles “jungkonservativ” mais tributaire également, dans les traits tout personnels de son style et dans ses options intimes, de Barrès et de Bloy. Quand Armin Mohler, secrétaire d’Ernst Jünger après la seconde guerre mondiale, voudra réactiver ce corpus qu’il qualifiera de “conservateur” (ce qu’il n’était pas aux sens français et britannique du terme) ou de “nominaliste” (pour lancer dans le débat une étiquette nouvelle et non “grillée”), il transmettra en quelque sorte le flambeau à la “nouvelle droite”, grâce notamment aux recensions de Giorgio Locchi, qui résumera en quelques lignes, mais sans grand lendemain dans ces milieux, la conception “sphérique” de l’histoire. Pour les tenants de cette conception “sphérique” de l’histoire, celle-ci n’est forcément pas “linéaire”, ne s’inscrit pas sur une ligne posée comme “ascendante” et laissant derrière elle tout le passé, considéré sans la moindre nuance comme un ballast devenu inutile. L’histoire n’est pas davantage “cyclique”, reproduisant un “même” à intervalles réguliers, comme pourrait le faire suggérer la succession des saisons dans le temps naturel sous nos latitudes européennes. Elle est sphérique car des volontés bien tranchées, des personnalités hors normes, lui impulsent une direction nouvelle sur la surface de la “sphère”, quand elles rejettent énergiquement un ronron répétitif menaçant de faire périr d’ennui et de sclérose un “vivre-en-commun”, auparavant innervé par les forces vives de la tradition. S’amorce alors un cycle nouveau qui n’a pas nécessairement, sur la sphère, la même trajectoire circulaire et rotative que son prédécesseur.
Le nietzschéisme diffus, présent dans la France des années 20 et 30, mais atténué par rapport à la Belle Epoque, où des germanistes français comme Charles Andler l’avaient introduit, ensuite l’idéal de la jeunesse vagabondante, randonneuse et proche de la nature, inauguré par les mouvements dits du “Wandervogel”, vont induire un engouement pour les choses allemandes, en dépit de la germanophobie ambiante, du poids des formes mortes qu’étaient le laïcardisme de la IIIème République ou le nationalisme maurassien (contesté par les “non-conformistes” des années 30 ou par de plus jeunes éléments comme ceux qui animaient la rédaction de “Je suis partout”).
BHL: exécuteur testamentaire de Mister Yahvé
Je répète la question: pourquoi l’Allemagne? Malgré la pression due à la propagande revancharde d’avant 1914 et l’hostilité d’après 1918, la nouvelle Allemagne exerce,comme je viens de le dire, une fascination sur les esprits: cette fascination est esthétique (les “cathédrales de lumière”); elle est due aussi au culte de la jeunesse, présent en marge du régime arrivé au pouvoir en janvier 1933. L’organisation des auberges et des camps de vacances apparait plus convaincante aux yeux de Saint-Loup que les initiatives du Front Populaire, auquel il a pourtant adhéré avec enthousiasme. La fascination exercée par la “modernité nationale-socialiste” (à laquelle s’opposera une décennie plus tard la “modernité nord-américaine” victorieuse du conflit) va bien au-delà du régime politique en tant que tel qui ne fait que jouer sur un filon ancien de la tradition philosophique allemande qui trouve ses racines dans la pensée de Johann Gottfried Herder (1744-1803), comme il jouera d’ailleurs sur d’autres filons, secrétant de la sorte diverses opportunités politiques, exploitables par une propagande bien huilée qui joue en permanence sur plusieurs tableaux. Herder, ce personnage-clef dans l’histoire de la pensée allemande appartient à une tradition qu’il faut bien appeler les “autres Lumières”. Quand on évoque la philosophie des “Lumières” aujourd’hui, on songe immédiatement à la soupe que veulent nous servir les grands pontes du “politiquement correct” qui sévissent aujourd’hui, en France avec Bernard-Henri Lévy et en Allemagne avec Jürgen Habermas, qui nous intiment tous deux l’ordre de penser uniquement selon leur mode, sous peine de damnation, et orchestent ou font orchestrer par leurs larbins frénétiques des campagnes de haine contre tous les contrevenants. On sait aussi que pour Lévy, les “Lumières” (auxquelles il faut adhérer!) représentent une sorte de pot-pourri où l’on retrouve les idées de la révolution française, la tambouille droit-de-l’hommiste cuite dans les marmites médiatiques des services secrets américains du temps de la présidence de Jimmy Carter (un Quaker cultivateur de cacahouètes) et un hypothétique “Testament de Dieu”, yahvique dans sa définition toute bricolée, et dont ce Lévy serait bien entendu l’unique exécuteur testamentaire. Tous ceux qui osent ne pas croire que cette formule apportera la parousie ou la fin de l’histoire, tous les déviants, qu’ils soient maurassiens, communistes, socialistes au sens des non-conformistes français des années 30, néo-droitistes, gaullistes, économistes hétérodoxes et j’en passe, sont houspillés dans une géhenne, celle dite de l’ “idéologie française”, sorte de cloaque nauséabond, selon Lévy, où marineraient des haines cuites et recuites, où les spermatozoïdes et les ovaires de la “bête immonde” risqueraient encore de procréer suite à des coïts monstrueux, comme celui des “rouges-bruns” putatifs du printemps et de l’été 1993. Il est donc illicite d’aller remuer dans ce chaudron de sorcières, dans l’espoir de faire naître du nouveau.
Habermas, théoricien de la “raison palabrante”
Pour Habermas —dont, paraît-il, le papa était Kreisleiter de la NSDAP dans la région de Francfort (ce qui doit nous laisser supposer qu’il a dû porter un beau petit uniforme de membre du Jungvolk et qu’on a dû lui confier une superbe trompette ou un joli petit tambour)— le fondement du politique n’est pas un peuple précis, un peuple de familles plus ou moins soudées par d’innombrables liens de cousinage soit, en bref, une grande famille concrète; il n’est pas davantage une communauté politique et/ou militaire partageant une histoire ou une épopée commune ni une population qui a, au fil de l’histoire, généré un ensemble d’institutions spécifiques (difficilement exportables parce que liées à un site précis et à une temporalité particulière, difficilement solubles aussi dans une panade à la BHL ou à la Habermas). Pour Jürgen Habermas, le fiston du Kreisleiter qui ne cesse de faire son Oedipe, le fondement du politique ne peut être qu’un système abstrait (abstrait par rapport à toutes les réalités concrètes et charnelles), donc une construction rationnelle (Habermas étant bien entendu, et selon lui-même, la seule incarnation de la raison dans une Allemagne qui doit sans cesse être rappelée à l’ordre parce qu’elle aurait une tendance irrépressible à basculer dans ses irrationalités), c’est-à-dire une constitution basée sur les principes des Lumières, que Habermas se charge de redéfinir à sa façon, deux siècles après leur émergence dans la pensée européenne. Dans cette perspective, même la constitution démocratique adoptée par la République Fédérale allemande en 1949 est suspecte: en effet, elle dit s’adresser à un peuple précis, le peuple allemand, et évoque une vieille vertu germanique, la “Würde”, qu’il s’agit de respecter en la personne de chaque citoyen. En ce sens, elle n’est pas universaliste, comme l’est la version des “Lumières” redéfinie par Habermas, et fait appel à un sentiment qui ne se laisse pas enfermer dans un corset conceptuel de facture rationnelle.
Dans la sphère du politique, l’émergence des principes des Lumières, revus suite aux cogitations de Jürgen Habermas, s’effectue par le “débat”, par la perpétuelle remise en question de tout et du contraire de tout. Ce débat porte le nom pompeux d’ “agir communicationnel”, que le philosophe Gerd Bergfleth avait qualifié, dans un solide petit pamphlet bien ficelé, de “Palavernde Vernunft”, de “raison palabrante”, soit de perpétuel bavardage, critique pertinente qui a valu à son auteur, le pauvre Bergfleth, d’être vilipendé et ostracisé. Notons que Habermas a fabriqué sa propre petite géhenne, qu’il appelle la “pensée néo-irrationnelle” où sont jetés, pêle-mêle, les tenants les plus en vue de la philosophie française contemporaine comme Derrida (!), Foucault, Deleuze, Guattari, Bataille, etc. ainsi que leur maître allemand, le bon philosophe souabe Martin Heidegger. Si l’on additionne les auteurs jetés dans la géhenne de l’ “idéologie française” par Lévy à ceux que fustige Habermas, il ne reste plus grand chose à lire... Il n’y a plus beaucoup de combinatoires possibles, et tenter encore et toujours de “combiner” les ingrédients (“mauvais” selon Lévy et Habermas) pour faire du neuf, pour faire éclore d’autres possibles, serait, pour nos deux inquisiteurs, se placer dans une posture condamnable que l’on adopterait que sous peine de devenir immanquablement, irrémédiablement, inexorablement, un “irrationaliste”, donc un “facho”, d’office exclu de tous débats...
Jean-François Lyotard, critique des “universaux” de Habermas
Avec un entêtement qui devient tout-à-fait navrant au fil du temps, Habermas veut conserver dans sa philosophie et sa sociologie, dans sa vision du fonctionnement optimal de la politique quotidienne au sein des Etats occidentaux, posés comme modèles pour le reste du monde, une forme procédurière à la manière de Kant, gage d’appartenance aux Lumières et de “correction politique”, une forme procédurière qui deviendrait le fondement intangible des mécanismes politiques, un fondement privé désormais de toute la transcendance qui les chapeautait encore dans la pensée kantienne. Ce sont ces procédures, véritables épures du réel, qui doivent unir les citoyens dans un consensus minimal, obtenu par un “parler” ininterrompu, par un usage “adéquat” de la parole, conditionné par des universaux linguistiques que Habermas pose comme inamovibles (“Kommunikativa”, “Konstativa”, “Repräsentativa/Expressiva”, “Regulativa”). Bref, le Dieu piétiste kantien remplacé par le blabla des baba-cools ou des députés moisis ou des avocaillons militants, voir le “moteur immobile” d’Aristote remplacé par la fébrilité logorrhique des nouvelles “clasas discutidoras”... Le philosophe français Jean-François Lyotard démontre que de tels universaux soi-disant pragmatiques n’existent pas: les jeux de langage sont toujours producteurs d’hétérogénéité, se manifestent selon des règles qui leur sont propres et qui suscitent bien entendu des inévitables conflits. Il n’existe donc pas pour Lyotard quelque chose qui équivaudrait à un “télos du consensus général”, reposant sur ce que Habermas appelle, sans rire, “les compétences interactionnelles post-conventionnelles”; au contraire, pour Lyotard, comme, en d’autres termes, pour Armin Mohler ou l’Ernst Jünger national-révolutionnaire des années 20, il faut constater qu’il y a toujours et partout “agonalité conflictuelle entre paroles diverses/divergentes”; si l’on s’obstine à vouloir enrayer les effets de cette agonalité et à effacer cette pluralité divergente, toutes deux objectives, toutes deux bien observables dans l’histoire, on fera basculer le monde entier sous la férule d’un “totalitarisme de la raison”, soit un “totalitarisme de la raison devenue folle à force d’être palabrante”, qui éliminera l’essence même de l’humanité comme kaléidoscope infini de peuples, de diversités d’expression; cette essence réside dans la pluralité ineffaçable des jeux de paroles diverses (cf. Ralf Bambach, “Jürgen Habermas”, in J. Nida-Rümelin (Hrsg.), “Philosophie der Gegenwart in Einzeldarstellungen von Adorno bis v. Wright”, Kröner, Stuttgart, 1991; Yves Cusset, “Habermas – L’espoir de la discussion”, Michalon, coll. “Bien commun”, Paris, 2001).
En France, les vitupérations de Lévy dans “L’idéologie française” empêchent, in fine, de retourner, au-delà des thèses de l’Action Française, aux “grandes idées incontestables” qu’entendait sauver Hauriou (et qui suscitaient l’intérêt de Carl Schmitt), ce qui met la “République”, privée d’assises solides issues de son histoire, en porte-à-faux permanent avec des pays qui, comme la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Turquie ou la Chine façonnent leur agir politique sur l’échiquier international en se référant constamment à de “grandes idées incontestables”, semblables à celles évoquées par Hauriou. Ensuite, l’inquisition décrétée par ce Lévy, exécuteur testamentaire de Yahvé sur la place de Paris, interdit de (re)penser une économie différente (historique, institutionnaliste et régulationniste sur le plan de la théorie) au profit d’une population en voie de paupérisation, de déréliction et d’aliénation économique totale; une nouvelle économie correctrice ne peut que suivre les recettes issues des filons hétérodoxes de la pensée économique et donc de parachever certaines initiatives avortées du gaullisme de la fin des années 60 (idée de “participation” et d’”intéressement”, sénat des régions et des professions, etc.). Les fulminations inquisitoriales des Lévy et Habermas conduisent donc à l’impasse, à l’impossibilité, tant que leurs propagandes ne sont pas réduites à néant, de sortir des enlisements contemporains. De tous les enlisements où marinent désormais les régimes démocratiques occidentaux, aujourd’hui aux mains des baba-cools sâoulés de logorrhées habermassiennes et soixante-huitardes.
Habermas: contre l’idée prussienne et contre l’Etat ethnique
Habermas, dans le contexte allemand, combat en fait deux idées, deux visions de l’Etat et de la politique. Il combat l’idée prussienne, où l’Etat et la machine administrative, le fonctionnariat serviteur du peuple, dérivent d’un principe de “nation armée”. Notons que cette vision prussienne de l’Etat ne repose sur aucun a priori de type “ethnique” car l’armée de Frédéric II comprenait des hommes de toutes nationalités (Finnois, Slaves, Irlandais, Allemands, Hongrois, Huguenots français, Ottomans d’Europe, etc.). Notons également que Habermas, tout en se revendiquant bruyamment des “Lumières”, rejette, avec sa critique véhémente de l’idée prussienne, un pur produit des Lumières, de l’Aufklärung, qui avait rejeté bien des archaïsmes, devenus franchement inutiles, au siècle de son triomphe. Cette critique vise en fait toute forme d’Etat encadrant et durable, rétif au principe du bavardage perpétuel, pompeusement baptisé “agir communicationnel”. Simultanément, Habermas rejette les idéaux relevant des “autres Lumières”, celles de Herder, où le fondement du politique réside dans la “populité”, la “Volkheit”, soit le peuple (débarrassé d’aristocraties aux moeurs artificielles, déracinées et exotiques). Habermas, tout en se faisant passer pour l’exécuteur testamentaire des “philosophes des Lumières”, à l’instar de Bernard-Henri Lévy qui, lui, est l’exécuteur testamentaire de Yahvé en personne, jette aux orties une bonne partie de l’héritage philosophique du 18ème siècle. Avec ces deux compères, nous faisons face à la plus formidable escroquerie politico-philosophique du siècle! Ils veulent nous vendre comme seul produit autorisé l’Aufklärung mais ce qu’ils placent sur l’étal de leur boutique, c’est un Aufklärung homogénéisé, nettoyé des trois quarts de son contenu, cette tradition étant plurielle, variée, comme l’ont démontré des auteurs, non traduits, comme Peter Gay en Angleterre et Antonio Santucci en Italie (cf. Peter Gay, “The Enlightenment: An Interpretation – The Rise of Modern Paganism”, W. W. Norton & Company, New York/London, 1966-1977; Peter Gay, “The Enlightenment: An Interpretation – The Science of Freedom, Wildwood House, London, 1969-1979; Antonio Santucci (a cura di), “Interpretazioni dell’Illuminismo”, Il Mulino, Bologna, 1979; on se réfèrera aussi aux livres suivants: Léo Gershoy, “L’Europe des princes éclairés 1763-1789”, Gérard Montfort éd., Brionne, 1982; Michel Delon, “L”idée d’énergie au tournant des Lumières (1770-1820)”, PUF, Paris, 1988).
Deux principes kantiens chez Herder
Cette option de Herder, qui est “populaire” ou “ethnique”, “ethno-centrée”, est aussi corollaire de la vision fraternelle d’une future Europe libérée, qui serait basée sur le pluralisme ethnique ou l’“ethnopluralisme”, où les peuples ne devraient plus passer par des filtres étrangers ou artificiels/abstraits pour faire valoir leurs droits ou leur identité culturelle. La vision herdérienne dérive bien des “Lumières” dans la mesure où elle fait siens deux principes kantiens; premier principe de Kant: “Tu ne feras pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’autrui te fasse”; ce premier principe induit un respect des différences entre les hommes et interdit de gommer par décret autoritaire ou par manoeuvres politiques sournoises les traditions d’un peuple donné; deuxième principe kantien: “Sapere aude!”, “Ose savoir!”, autrement dit: libère-toi des pesanteurs inutiles, débarrasse-toi du ballast accumulé et encombrant, de tous les filtres inutiles, qui t’empêchent d’être toi-même! Ce principe kantien, réclamant l’audace du sujet pensant, Herder le fusionne avec l’adage grec “Gnôthi seautôn!”, “Connais-toi toi-même”. Pour parfaire cette fusion, il procède à une enquête générale sur les racines de la littérature, et de la culture de son temps et des temps anciens, en n’omettant pas les pans entiers de nos héritages qui avaient été refoulés par le christianisme, le dolorisme chrétien, la scolastique figée, le cartésianisme abscons, le blabla des Lumières palabrantes, le classicisme répétitif et académique, etc., comme nous devrions nous aussi, sans jamais nous arrêter, procéder à ce type de travail archéologique et généalogique, cette fois contre la “pensée unique”, le “politiquement correct” et le pseudo-testament de Yahvé.
Définition de la “Bildung”
Dans la perspective ouverte par Herder, les fondements de l’Etat sont dès lors le peuple, héritier de son propre passé, la culture et la littérature que ce peuple a produites et les valeurs éthiques que cette culture transmet et véhicule. En bref, nous aussi, nous sommes héritiers des Lumières, non pas de celles du jacobinisme ou celles que veut nous imposer le système aujourd’hui, mais de ces “autres Lumières”. Saint-Loup, en critiquant le christianisme et le modèle occidental (soit, anticipativement, les “Lumières” tronquées de BHL et d’Habermas) s’inscrit dans le filon herdérien, sans jamais retomber dans des formes sclérosantes de “tu dois!”. “Sapere aude!” est également pour lui un impératif, lié à la belle injonction grecque “Gnôthi seautôn!”. Toujours dans cette perspective herdérienne, l’humanité n’est pas une panade zoologique d’êtres humains homogénéisés par la mise en oeuvre, disciplinante et sévère, d’idées abstraites, mais un ensemble de groupes humains diversifiés, souvent vastes, qui explorent en permanence et dans la joie leurs propres racines, comme les “humanités” gréco-latines nous permettent d’explorer nos racines d’avant la chrisitanisation. Pour Herder, il faut un retour aux Grecs, mais au-delà de toutes les édulcorations “ad usum Delphini”; ce retour ne peut donc déboucher sur un culte stéréotypé de la seule antiquité classique, il faut qu’il soit flanqué d’un retour aux racines germaniques dans les pays germaniques et scandinaves, au fond celtique dans les pays de langues gaëliques, aux traditions slaves dans le monde slave. Le processus d’auto-centrage des peuples, de mise en adéquation permanente avec leur fond propre, s’effectue par le truchement de la “Bildung”. Ce terme allemand dérive du verbe “bilden”, “construire”. Je me construis moi-même, et mon peuple se construit lui-même, en cherchant en permanence l’adéquation à mes racines, à ses racines. La “Bildung” consiste à chercher dans ses racines les recettes pour arraisonner le réel et ses défis, dans un monde soumis à la loi perpétuelle du changement.
Pour Herder, représentant emblématique des “autres Lumières”, le peuple, c’est l’ensemble des “Bürger”, terme que l’on peut certes traduire par “bourgeois” mais qu’il faut plutôt traduire par le terme latin “civis/cives”, soit “citoyen”, “membre du corps du peuple”. Le terme “bourgeois”, au cours du 19ème siècle, ayant acquis une connotation péjorative, synonyme de “rentier déconnecté” grenouillant en marge du monde réel où l’on oeuvre et où l’on souffre. Pour Herder, le peuple est donc l’ensemble des paysans, des artisans et des lettrés. Les paysans sont les dépositaires de la tradition vernaculaire, la classe nourricière incontournable. Les artisans sont les créateurs de biens matériels utiles. Les lettrés sont, eux, les gardiens de la mémoire. Herder exclut de sa définition du “peuple” l’aristocratie, parce qu’est s’est composé un monde artificiel étranger aux racines, et les “déclassés” ou “hors classe”, qu’il appelle la “canaille” et qui est imperméable à toute transmission et à toute discipline dans quelque domaine intellectuel ou pratique que ce soit. Cette exclusion de l’aristocratie explique notamment le républicanisme ultérieur des nationalismes irlandais et flamand, qui rejettent tous deux l’aristocratie et la bourgeoisie anglicisées ou francisées. Sa définition est injuste pour les aristocraties liées aux terroirs, comme dans le Brandebourg prussien (les “Krautjunker”), la Franche-Comté (où les frontières entre la noblesse et la paysannerie sont ténues et poreuses) et les Ardennes luxembourgeoises de parlers romans.
Une formidable postérité intellectuelle
L’oeuvre de Herder a connu une formidable postérité intellectuelle. Pour l’essentiel, toute l’érudition historique du 19ème siècle, toutes les avancées dans les domaines de l’archéologie, de la philologie et de la linguistique, lui sont redevables. En Allemagne, la quête archéo-généalogique de Herder se poursuit avec Wilhelm Dilthey, pour qui les manifestations du vivant (et donc de l’histoire), échappent à toute définition figeante, les seules choses définissables avec précision étant les choses mortes: tant qu’un phénomène vit, il échappe à toute définition; tant qu’un peuple vit, il ne peut entrer dans un corset institutionnel posé comme définitif et toujours condamné, à un moment donné du devenir historique, à se rigidifier. Nietzsche appartient au filon ouvert par Herder dans la mesure où la Grèce qu’il entend explorer et réhabiliter est celle des tragiques et des pré-socratiques, celle qui échappe justement à une raison trop étriquée, trop répétitive, celle qui chante en communauté les hymnes à Dionysos, dans le théâtre d’Athènes, au flanc de l’Acropole, ou dans celui d’Epidaure. Les engouements folcistes (= “völkisch”), y compris ceux que l’on peut rétrospectivement qualifier d’exagérés ou de “chromomorphes”, s’inscrivent à leur tour dans la postérité de Herder. Pour le Professeur anglais Barnard, exégète minutieux de l’oeuvre de Herder, sa pensée n’a pas eu de grand impact en France; cependant, toute une érudition archéo-généalogique très peu politisée (et donc, à ce titre, oubliée), souvent axée sur l’histoire locale, mérite amplement d’être redécouverte en France, notamment à la suite d’une historienne et philologue comme Nicole Belmont (cf. “Paroles païennes – Mythe et folklore”, Imago, Paris, 1986). Théodore Hersart de la Villemarqué (1815-1895) (photo), selon une méthode préconisée par les frères Grimm, rassemble dans un recueil les chants populaires de Bretagne, sous le titre de “Barzaz Breiz” en 1836. Hippolyte Taine ou Augustin Thierry, quand ils abordent l’histoire des Francs, l’époque mérovingienne ou les origines de la France d’Ancien Régime effectuent un travail archéo-généalogique, “révolutionnaire” dans la mesure où ils lancent des pistes qui dépassent forcément les répétitions et les fixismes, les ritournelles et les rengaines des pensées scolastiques, cartésiennes ou illuministes-républicaines. Aujourd’hui, Micberth (qui fut le premier à utiliser le terme “nouvelle droite” dans un contexte tout à fait différent de celui de la “nouvelle droite” qui fit la une des médias dès l’année 1979) publie des centaines de monographies, rédigées par des érudits du 19ème et du début du 20ème, sur des villages ou de petites villes de France, où l’on retrouve des trésors oubliées et surtout d’innombrables pistes laissées en jachère. Enfin, l’exégète des oeuvres de Herder, Max Rouché, nous a légué des introductions bien charpentées à leurs éditions françaises, parus en édition bilingue chez Aubier-Montaigne.
Irlande, Flandre et Scandinavie
Le nationalisme irlandais est l’exemple même d’un nationalisme de matrice “herdérienne”. La figure la plus emblématique de l’ “herdérianisation” du nationalisme irlandais demeure Thomas Davis, né en 1814. Bien qu’il ait été un protestant d’origine anglo-galloise, son nationalisme irlandais propose surtout de dépasser les clivages religieux qui divisent l’Ile Verte, et d’abandonner l’utilitarisme, idéologie dominante en Angleterre au début du 19ème siècle. Le nationalisme irlandais est donc aussi une révolte contre le libéralisme utilitariste; l’effacer de l’horizon des peuples est dès lors la tâche exemplaire qui l’attend, selon Thomas Davis. Ecoutons-le: “L’anglicanisme moderne, c’est-à-dire l’utilitarisme, les idées de Russell et de Peel ainsi que celles des radicaux, que l’on peut appler ‘yankeeïsme’ ou ‘anglichisme’, se borne à mesurer la prospérité à l’aune de valeurs échangeables, à mesurer le devoir à l’aune du gain, à limiter les désirs [de l’homme] aux fringues, à la bouffe et à la [fausse] respectabilité; cette malédiction [anglichiste] s’est abattue sur l’Irlande sous le règne des Whigs mais elle est aussi la malédiction favorite des Tories à la Peel” (cité in: D. George Boyce, “Nationalism in Ireland”, Routledge, London, 1995, 3ème éd.). Comme Thomas Carlyle, Thomas Davis critique l’étranglement mental des peuples des Iles Britanniques par l’utilitarisme ou la “shop keeper mentality”; inspiré par les idées du romantisme nationaliste allemand, dérivé de Herder, il explique à ses compatriotes qu’un peuple, pour se dégager de la “néo-animalité” utilitariste, doit cesser de se penser non pas comme un “agglomérat accidentel” de personnes d’origines disparates habitant sur un territoire donné, mais comme un ensemble non fortuit d’hommes et de femmes partageant une culture héritée de longue date et s’exprimant par la littérature, par l’histoire et surtout, par la langue. Celle-ci est le véhicule de la mémoire historique d’un peuple et non pas un ensemble accidentel de mots en vrac ne servant qu’à une communication élémentaire, “utile”, comme tente de le faire croire l’enseignement dévoyé d’aujourd’hui quand il régule de manière autoritaire (sans en avoir l’air... à grand renfort de justifications pseudo-pédagogiques boiteuses...) et maladroite (en changeant d’avis à tour de bras...) l’apprentissage des langues maternelles et des langues étrangères, réduisant leur étude à des tristes répétitions de banalités quotidiennes vides de sens. Davis: “La langue qui évolue avec le peuple est conforme à ses origines; elle décrit son climat, sa constitution et ses moeurs; elle se mêle inextricablement à son histoire et à son âme...” (cité par D. G. Boyce, op. cit.).
Catholique, l’Irlande profonde réagit contre la colonisation puritaine, achevée par Cromwell au 17ème siècle. Le chantre d’un “homo celticus” ou “hibernicus”, différent du puritain anglais ou de l’utilitariste du 19ème siècle, sera indubitablement Padraig Pearse (1879-1916). Son nationalisme mystique vise à faire advenir en terre d’Irlande un homme non pas “nouveau”, fabriqué dans un laboratoire expérimental qui fait du passé table rase, mais renouant avec des traditions immémoriales, celles du “Gaël”. Pearse: “Le Gaël n’est pas comme les autres hommes, la bêche et le métier à tisser, et même l’épée, ne sont pas pour lui. Mais c’est une destinée plus glorieuse encore que celle de Rome qui l’attend, plus glorieuse aussi que celle de Dame Britannia: il doit devenir le sauveur de l’idéalisme dans la vie moderne, intellectuelle et sociale” (cité in: F. S. L. Lyons, “Culture and Anarchy in Ireland 1890-1939”, Oxford University Press, 1982). Pearse, de parents anglais, se réfère à la légende du héros païen Cuchulainn, dont la devise était: “Peu me chaut de ne vivre qu’un seul jour et qu’une seule nuit pourvu que ma réputation (fama) et mes actes vivent après moi”. Cette concession d’un catholique fervent au paganisme celtique (du moins au mythe de Cuchulainn) se double d’un culte de Saint Columcille, le moine et missionnaire qui appartenait à l’ordre des “Filid” (des druides après la christianisation) et entendait sauvegarder sous un travestissement chrétien les mystères antiques et avait exigé des chefs irlandais de faire construire des établissements pour qu’on puisse y perpétuer les savoirs disponibles; à ce titre, Columcille, en imposant la construction d’abbayes-bibliothèques en dur, a sauvé une bonne partie de l’héritage antique. Pearse: “L’ancien système irlandais, qu’il ait été païen ou chrétien, possédait, à un degré exceptionnel, la chose la plus nécessaire à l’éducation: une inspiration adéquate. Columcille nous a fait entendre ce que pouvait être cette inspiration quand il a dit: ‘si je meurs, ce sera de l’excès d’amour que je porte en moi, en tant que Gaël’. Un amour et un sens du service si excessif qu’il annihile toute pensée égoïste, cette attitude, c’est reconnaître que l’on doit tout donner, que l’on doit être toujours prêt à faire le sacrifice ultime: voilà ce qui a inspiré le héros Cuchulainn et le saint Columcille; c’est l’inspiration qui a fait de l’un un héros, de l’autre, un saint” (cité par F. S. L. Lyons, op. cit.). Chez Pearse, le mysticisme pré-chrétien et la ferveur d’un catholicisme rebelle fusionnent dans un culte du sang versé. La rose noire, symbole de l’Irlande humiliée, privée de sa liberté et de son identité, deviendra rose rouge et vivante, resplendissante, par le sang des héros qui la coloreront en se sacrifiant pour elle. Cette mystique de la “rose rouge” était partagée par trois martyrs de l’insurrection des Pâques 1916: Pearse lui-même, Thomas MacDonagh et Joseph Plunkett. On peut vraiment dire que cette vision mystique et poétique a été prémonitoire.
En dépit de son “papisme”, l’Irlande embraye donc sur le renouveau celtique, néo-païen, né au Pays de Galles à la fin du 18ème, où les “identitaires” gallois de l’époque réaniment la tradition des fêtes populaires de l’Eisteddfod, dont les origines remontent au 12ème siècle. Plus tard, les reminiscences celtiques se retrouvent chez des poètes comme Yeats, pourtant de tradition familiale protestante, et comme Padraig Pearse (que je viens de citer et auquel Jean Mabire a consacré une monographie), fusillé après le soulèvement de Pâques 1916. En Flandre, la renaissance d’un nationalisme vernaculaire, le premier recours conscient aux racines locales et vernaculaires via une volonté de sauver la langue populaire du naufrage, s’inscrit, dès son premier balbutiement, dans la tradition des “autres Lumières”, non pas directement de Herder mais d’une approche “rousseauiste” et “leibnizienne” (elle reprend —outre l’idée rousseauiste d’émancipation réinsérée dans une histoire populaire réelle et non pas laissée dans une empyrée désincarnée— l’idée d’une appartenance oubliée à l’ensemble des peuples “japhétiques”, c’est-à-dire indo-européens, selon Leibniz): cette approche est parfaitement décelable dans le manifeste de 1788 rédigé par Jan-Baptist Verlooy avant la “révolution brabançonne” de 1789 (qui contrairement à la révolution de Paris était “intégriste catholique” et dirigée contre les Lumières des Encyclopédistes). L’érudition en pays de langues germaniques s’abreuvera à la source herdérienne, si bien, que l’on peut aussi qualifier le mouvement flamand de “herdérien”. Il tire également son inspiration du roman historique écossais (Walter Scott), expression d’une rébellion républicaine calédonienne, d’inspiration panceltique avant la lettre. En effet, Hendrik Conscience avait lu Scott, dont le style narratif et romantique lui servira de modèle pour le type de roman national flamando-belge qu’il entendait produire, juste avant d’écrire son célèbre “Lion des Flandres” (= “De Leeuw van Vlaanderen”). Les Allemands Hoffmann von Fallersleben et Oetker recueilleront des récits populaires flamands selon la méthode inaugurée par les Frères Grimm dans le Nord de la Hesse, le long d’une route féérique que l’on appelle toujours la “Märchenstrasse” (“La route des contes”). De nos jours encore, il existe toute une érudition flamande qui repose sur les mêmes principes archéo-généalogiques.
L’idéal de l’Odelsbonde
En Scandinavie, la démarche archéo-généalogique de Herder fusionne avec des traditions locales norvégiennes ou danoises (avec Grundvigt, dont l’itinéraire fascinait Jean Mabire). La tradition politique scandinave, avec sa survalorisation du paysannat (surtout en Norvège), dérive directement de postulats similaires, les armées norvégiennes, au service des monarques suédois ou danois, étant constituées de paysans libres, sans caste aristocratique distincte du peuple et en marge de lui (au sens où on l’entendait dans la France de Louis XV, par exemple, quand on ne tenait pas compte des paysannats libres locaux). L’idéal humain de la tradition politique norvégienne, jusque chez un Knut Hamsun, est celui de l’Odelsbonde, du “paysan libre” arcbouté sur son lopin ingrat, dont il tire librement sa subsistance, sous un climat d’une dureté cruelle. Les musées d’Oslo exaltent cette figure centrale, tout en diffusant un ethnopluralisme sainement compris: le même type d’érudition objective est mis au service des peuples non indo-européens de l’espace circumpolaire, comme les Sami finno-ougriens.
L’actualité montre que cette double tradition herdérienne et grundvigtienne en Scandinavie, flanquée de l’idéal de l’Odelsbonde demeure vivace et qu’elle peut donner des leçons de véritable démocratie (il faudrait dire: “de laocratie”, “laos” étant le véritable substantif désignant le meilleur du peuple en langue grecque) à nos démocrates auto-proclamés qui hissent les catégories les plus abjectes de la population au-dessus du peuple réel, c’est-à-dire au-dessus des strates positives de la population qui oeuvrent en cultivant le sol, en produisant de leurs mains des biens nécessaires et de bonne qualité ou en transmettant le savoir ancestral. Seules ces dernières castes sont incontournables et nécessaires au bon fonctionnement d’une société. Les autres, celles qui tiennent aujourd’hui le haut du pavé, sont parasitaires et génèrent des comportements anti-laocratiques: le peuple d’Islande l’a compris au cours de ces deux ou trois dernières années; il a flanqué ses banquiers et les politicards véreux, qui en étaient les instruments, au trou après la crise de l’automne 2008. Résultat: l’Islande se porte bien. Elle a redressé la barre et se développe. Les strates parasitaires ont été matées. Nos pays vont mal: les banquiers et leurs valets politiciens tirent leur révérence en empochant la manne de leurs “parachutes dorés”. Aucun cul de basse-fosse ne leur sert de logis bien mérité. Dès lors tout vaut tout et tout est permis (pourquoi faudrait-il désormais sanctionner l’ado qui pique un portable à l’étal d’un “Media-Markt”, si un patapouf comme Dehaene fout le camp après son interminable cortège de gaffes avec, en son escarcelle, des milliards de dédommagements non mérités?). Les principes les plus élémentaires d’éthique sont foulés aux pieds.
Tradition “herdérienne” dans les pays slaves
Dans les pays slaves, la tradition archéo-généalogique de Herder s’est maintenue tout au long du 19ème siècle et a même survécu sous les divers régimes communistes, imposés en 1917 ou en 1945-48. Chez les Tchèques, elle a sauvé la langue de l’abâtardissement mais s’est retournée paradoxalement contre l’Allemagne, patrie de Herder, et contre l’Autriche-Hongrie. Chez les Croates et les Serbes, elle a toujours manifesté sa présence, au grand dam des éradicateurs contemporains; en effet, les porteurs de l’idéal folciste sud-slave ont été vilipendés par Alain Finkelkraut lors de la crise yougoslave du début des années 90 du 20ème siècle, sous prétexte que ces érudits et historiens auraient justifié à l’avance les “épurations ethniques” du récent conflit inter-yougoslave, alors que le journaliste et slaviste israélite autrichien Wolfgang Libal considérait dans son livre “Die Serben”, publié au même moment, que ces figures, vouées aux gémonies par Finkelkraut et les autres maniaques parisiens du “politiquement correct” et du “prêt-à-penser”, étaient des érudits hors pair et des apôtres de la libération laocratique de leurs peuples, notamment face à l’arbitraire ottoman... Vous avez dit “bricolage médiatique”? En Russie, l’héritage de Herder a donné les slavophiles ou “narodniki”, dont la tradition est demeurée intacte aujourd’hui, en dépit des sept décennies de communisme. Des auteurs contemporains comme Valentin Raspoutine ou Alexandre Soljénitsyne en sont tributaires. Le travail de nos amis Ivanov, Avdeev et Toulaev également.
En Bretagne, le réveil celtique, après 1918, s’inscrit dans le sillage du celtisme irlandais et de toutes les tentatives de créer un mouvement panceltique pour le bien des “Six Nations” (Irlandais, Gallois, Gaëliques écossais, Manxois, Corniques et Bretons), un panceltisme dûment appuyé, dès le lendemain de la défaite allemande de 1945, par le nouvel Etat irlandais dominé par le Fianna Fail d’Eamon de Valera et par le ministre irlandais Sean MacBride, fils d’un fusillé de 1916. La tradition archéo-généalogique de Herder, d’où dérive l’idéal de “patrie charnelle” et le rejet de tous les mécanismes anti-laocratiques visant à infliger aux peuples une domination abstraite sous un masque “démocratique” ou non, est immensément riche en diversités. Sa richesse est même infinie. Tout mouvement identitaire, impliquant le retour à la terre et au peuple, aux facteurs sang et sol de la méthode historique d’Hyppolite Taine, à l’agonalité entre “paroles diverses” (Lyotard), est un avatar de cette immense planète de la pensée, toute tissée d’érudition. Si un Jean Haudry explore la tradition indo-européenne et son émergence à l’ère proto-historique, si un Pierre Vial exalte les oeuvres de Jean Giono ou d’Henri Vincenot ou si un Jean Mabire évoque une quantité impressionnante d’auteurs liés à leurs terres ou chante la geste des “éveilleurs de peuple”, ils sont des disciples de Herder et des chantres des patries charnelles. Ils ne cherchent pas les fondements du politique dans des idées figées et toutes faites ni n’inscrivent leurs démarches dans une métapolitique aggiornamenté, qui se voudrait aussi une culture du “débat”, un “autre débat” peut-être, mais qui ne sera jamais qu’une sorte d’ersatz plus ou moins “droitisé”, vaguement infléchi de quelques misérables degrés vers une droite de conviction, un ersatz à coup sûr parisianisé de ces “palabres rationnels” de Habermas qui ont tant envahi nos médias, nos hémicycles politiques, nos innombrables commissions qui ne résolvent rien.
Robert STEUCKERS.
Avec la nostalgie du “Grand Lothier”, Forest-Flotzenberg & Nancy, mars 2012.
00:15 Publié dans Définitions, Nouvelle Droite, Philosophie, Révolution conservatrice, Terres d'Europe, Terroirs et racines | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : patrie charnelle, saint-loup, herder, habermas, bernard henri lévy, nouvelle droite, philosophie, théorie politique, sciences politiques, politologie, racines, terroirs, glèbe, enracinement, robert steuckers | |
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AMÉRIQUE HISPANIQUE : LA LONGUE MARCHE VERS L’UNITÉ (1833-2013)
AMÉRIQUE HISPANIQUE : LA LONGUE MARCHE VERS L’UNITÉ (1833-2013)
Une version abrégée de cet entretien avec Alberto Buela a été publiée
dans La NRH, nº 65, mars-avril 2013
Né en 1946, à Buenos Aires, Alberto Buela est un philosophe argentin
qui s’est spécialisé dans l’anthropologie et la géopolitique. Sous la
dictature militaire, en 1981, il a été chargé par la Centrale
syndicale CGT (alors clandestine) d’effectuer une mission de
représentation auprès de l’OIT, à Genève. Il a ensuite vécu à Paris où
il a soutenu une thèse de doctorat à l’université de la Sorbonne sur
Le fondement métaphysique de l’éthique chez Aristote (1983). De retour
en Argentine, il a enseigné la philosophie dans plusieurs Universités
dont l’Université Technologique Nationale de Buenos Aires. Depuis
1990, ses travaux portent avant tout sur la « pensée américaine ». Il
a publié notamment : El sentido de América (1990), Pensadores
Nacionales Iberoamericanos (1992), Ensayos iberoamericanos (1994),
Hispanoamérica contra Occidente (1996), Metapolítica y filosofía
(2002), Teoría del disenso (2004) et, tout récemment, Disyuntivas de
nuestro tiempo (2012). Fondateur et directeur de la revue Disenso, il
est l’auteur d’une vingtaine de livres et de plus de cinq cents
articles.
1. Arnaud Imatz : L’Amérique hispanique a toujours été l’objet de
convoitises de la part des grandes puissances. Un des premiers
exemples d’ingérence de vaste envergure est le siège de Carthagène des
Indes, dans l’actuelle Colombie, en 1740. L’amiral basco-espagnol,
Blas de Lezo, repoussa alors les assauts d’une armada anglo-américaine
de cent quatre vingt navires et de 24 000 hommes, commandée par
l’amiral Edward Vernon, aidé du demi-frère du futur président des
États-Unis, Lawrence Washington. Au XIXe siècle, l’interventionnisme
étranger augmente considérablement. En 1806-1807, le Rio de la Plata
et Buenos Aires subissent une première invasion anglaise. En 1833, les
britanniques occupent les Îles Malouines. Mais les années 1820-1830
sont surtout marquées par le début de l’expansionnisme des États-Unis.
Le Mexique, pour ne citer que lui, se voit obligé de céder plus de 50%
de son territoire entre 1836 et 1848… Confrontés à deux siècles
d’interventions anglo-saxonnes, nombre d’historiens hispano-américains
en sont venus à s’interroger sur les origines des nations
ibéro-américaines et à remettre en cause les analyses conventionnelles
des longues et sanglantes guerres d’indépendance (1810-1825),
engendrées par l’occupation française de l’Espagne et les vagues
révolutionnaires européennes. S’agissait-il avant tout de « guerres de
libération nationale » , comme on le dit habituellement ? Ou voyez
vous en elles, à l’inverse, des résistances créoles et populaires
(avec souvent l’appui d’une majorité de Noirs et d’Indiens et le
soutien marginal de la troupe espagnole venue du vieux continent)
contre la sécession hispano-américaine ? En d’autres termes, ne
furent-elles pas des guerres civiles intra-américaines, financées par
les Anglais, qui aboutirent à la destruction de l’Empire espagnol au
bénéfice de l’Empire britannique et du monde anglo-saxon ?
Alberto Buela : La guerre d’indépendance américaine contre l’Espagne
fut bien en fait une « guerre civile » favorisée par les Anglais pour
détruire l’empire espagnol en Amérique et tirer un profit commercial
de la nouvelle situation. Il en fut ainsi hier et il en est encore
ainsi aujourd’hui. Les Anglais ne sont-ils pas toujours présents dans
les îles Malouines, à Bélize ou en Guyana ? Ne sont-ils pas
représentés par des assesseurs politiques ou des groupes de pression
dans tous nos gouvernements?
J’affirme, avec un bon nombre d’historiens, que ce fut une guerre
civile parce que dans les deux camps il y avait des Espagnols, des
Créoles, des Noirs et des Indiens. Mieux ! La population indigène
était majoritairement dans le camp espagnol.
Penser la guerre d’indépendance hispano-américaine comme une guerre de
libération est une mystification.
2. Arnaud Imatz : Avant de poursuivre cet entretien, il me semble
important d’apporter quelques précisions sémantiques. Pour désigner
l’Amérique centrale et du Sud et leurs habitants, les auteurs
européens ont pour habitude d’utiliser les termes « Amérique latine »
et « Latino-américains », le vocable « Américain » étant réservé aux
Américains des États-Unis. Vous rejetez absolument ces concepts et
vous leur préférez ceux d’Amérique hispanique et d’Hispano-américains,
ou plutôt ceux d’Amérique ibérique et d’Ibéro-américains. Pourquoi?
Alberto Buela : Premièrement, et avant tout, parce qu’au sens strict
les Latins sont les habitants du Latium, contrée ancienne au centre de
l’Italie actuelle. Ensuite, parce que le concept de latinité est une
création idéologique de Michel Chevalier, l’économiste, conseiller de
Napoléon III, qui souhaitait légitimer l’intervention de ce dernier en
Amérique hispanique. Et troisièmement, parce que le concept de latin
ne nous définit pas. Nous ne sommes « ni vraiment espagnols, ni
vraiment indiens », mais hispano-créoles. Nous sommes le produit d’une
culture de synthèse ou de symbiose entre deux cosmovisions qui se sont
imbriquées pour produire l’homme américain actuel.
Notre dette envers l’Europe est énorme (langue, religion,
institutions), mais notre matrice, notre genius loci (climat, sol et
paysage), est l’Amérique. Et nous ne devons pas l’oublier. Nous vivons
en Amérique et pensons depuis l’Amérique.
3. Arnaud Imatz : Dans un article sévère sur « Les interventions
anglo-saxonnes en Amérique hispanique», vous affirmez que depuis le
début du XIXe siècle leur nombre s’élève à 700 majeures et près de
4000 mineures. La doctrine de Monroe (1823), l’idéologie de la
Destinée manifeste (1845), la politique du Big Stick de Théodore
Roosevelt (1901), la politique de bon voisinage de Franklin Roosevelt
(1932), la théorie de la sécurité nationale de Truman (1947), le
projet de zone de libre échange des Amériques (ZLEA) de Bush et plus
généralement toutes les applications historiques des différents
principes énoncés par la diplomatie états-unienne, se résumeraient en
dernière instance, selon vous, par ces quelques mots : « L’Amérique
aux Américains… du Nord ». L’Amérique hispanique n’aurait-t-elle donc
jamais été vraiment indépendante ?
Alberto Buela : En deux-cents ans d’existence « républicaine »,
l’Amérique hispanique n’a jamais été pleinement indépendante. Elle ne
l’a été que de manière très sporadique grâce à quelques gouvernements
et quelques figures politiques. Au XIXe siècle on peut citer : Gabriel
Garcia Moreno (Equateur), Juan Manuel de Rosas (Argentine), José
Manuel Balmaceda (Chili), Porfirio Díaz (Mexique), Francisco Morazán
(République Fédérale d’Amérique Centrale). Et au XXe siècle : Getúlio
Vargas (Brésil), Juan Natalicio González (Paraguay), Luis Alberto de
Herrera (Uruguay), Juan José Arévalo (Guatemala), Juan Domingo Perón
(Argentine), Carlos Ibañez del Campo (Chili), Victor Paz Estenssoro
(Bolivia), Eloy Álfaro (Equateur), Francisco Madero (Mexique), Augusto
César Sandino (Nicaragua) et quelques autres.
Les sources du véritable pouvoir n’ont jamais été dans nos pays mais
toujours à l’étranger. Voilà le problème ! Dans leur immense majorité,
nos gouvernements ont été des « gouvernements vicaires » ou de «
remplacement ». En d’autres termes, comme dans le cas du Pape pour le
Christ, ils ont gouverné pour le compte et au nom d’un autre
souverain.
4. Arnaud Imatz : Les Ibéro-américains dénoncent volontiers les ONG
nord-américaines et les églises évangéliques comme « le cheval de
Troie de l’impérialisme yankee ». Qu’en pensez-vous ?
Alberto Buela : Cette intromission des États-Unis dans l’Amérique
ibérique à partir des sectes évangéliques a été dénoncée par une
infinité d’hommes politiques, d’intellectuels et d’agents sociaux,
depuis le linguiste Noam Chomsky jusqu’à l’évêque du Salvador, victime
d’un assassinat, Óscar Romero. Au Brésil, le cas est aujourd’hui
proprement scandaleux. Devant l’inconsistance de la conscience
religieuse brésilienne, ces sectes sont devenues une source de pouvoir
qui détermine l’élection des gouvernements. Elles sont un
extraordinaire groupe de pression.
Mais soyons clair ! Il ne s’agit là que d’un des nombreux mécanismes
de domination crées par les gouvernements nord-américains. Cependant,
une grande partie de la responsabilité incombe à nos gouvernements
autochtones et à l’Église catholique qui est entrée dans une terrible
crise depuis le concile Vatican II et qui a cessé de facto
d’évangéliser. L’Église ibéro-américaine s’est tellement
bureaucratisée qu’elle s’est écartée de la communauté, son lieu
naturel. Elle s’est transformée en un appareil de plus de l’État
libéral-bourgeois, cette forme institutionnelle qui nous gouverne.
5. Arnaud Imatz : Vous rejetez le multiculturalisme - idéologie née en
Amérique du Nord -, et défendez à l’inverse l’interculturalisme.
Qu’entendez-vous par là ?
Alberto Buela : Comme vous l’observez correctement, la théorie du
multiculturalisme est une création des think tanks états-uniens. Sous
le masque du respect de l’Autre, elle « accorde des droits aux
minorités pour le seul fait de l’être et non pas pour la valeur
intrinsèque qu’elles représentent ».
C’est une fausse théorie. D’une part, elle prétend respecter
l’identité de l’Autre, tout en l’enfermant dans son particularisme,
d’autre part, elle dépolitise le débat politique en refusant de penser
en termes d’État-nation et se limite à des questions sociales,
raciales, économiques et de genre.
Je préfère la théorie de l’interculturalisme. Celle-ci nous enseigne
que dans l’hispano-créole il y a plusieurs cultures, qui conforment un
être symbiotique, porteur de la culture de synthèse dont nous parlions
à l’instant, et qui nous fait ce que nous sommes.
6. Arnaud Imatz : Vous êtes un spécialiste de l’histoire du
nationalisme grand continental ibéro-américain. Quels sont les traits
qui le définissent : la langue, la continuité territoriale, la
religion, l’adversaire commun ? Existe-t-il un « heartland »
sud-américain sans lequel « le grand espace autocentré » ne saurait
être ni pensé, ni construit ?
Alberto Buela : L’écoumène ibéro-américain (partie du monde de culture
ibéro-américaine) est constitué par tous les traits que vous
mentionnez. Il existe une langue commune, l’espagnol, qui est parlé
par plus de 460 millions d’habitants, chiffre auquel il faut ajouter
les 200 millions de lusophones pour lesquels le castillan est une
langue commode et facile à comprendre. C’est une donnée géopolitique
incontournable pour la formation du grand espace ibéro-américain.
L’autre donnée est la continuité territoriale qui permet d’assurer une
communication vitale. Les grands transports se font par terre. Ainsi,
les millions de Boliviens, Péruviens, Chiliens et Paraguayens, qui
vivent en Argentine, ne sont pas arrivés par bateaux ou par avion (ce
qu’ils auraient pu faire), mais par terre. Il en est de même des
milliers d’Argentins qui vivent en Équateur. Et le même phénomène se
produit en Amérique centrale alors qu’en Amérique du Nord, les
États-Unis tentent de faire obstacle à la continuité territoriale par
des kilomètres de murailles ou de barbelés électrifiés.
La religion est le second trait commun de l’Amérique hispanique. Le
catholicisme y est assumé de façon hétérodoxe, c’est-à-dire en
cultivant le mélange de traditions et de coutumes ancestrales, comme
le culte de la Pachamama ou d’autres du même genre, sans gêner pour
autant le message du Christ.
Il est certain, nous l’avons dit, que la religion chrétienne dans sa
forme évangélique est utilisée politiquement comme élément de
domination et de distanciation par rapport à nous même, mais
l’assemblage profond, produit de cinq siècles d’inculturation du
catholicisme ou d’adaptation de l’Évangile par l’Église, a fini par
transformer un fait religieux en une donnée distinctive
anthropo-culturelle de l’homme ibéro-américain.
Reste enfin, « l’ennemi commun », incarné par « l’Anglais » ou le «
yankee », qui est l’élément donnant la cohésion à cette communauté
ibéro-américaine.
Pour ma part, j’ai soutenu, au nom de la CGT Argentine, lors du Second
Forum social mondial de Porto Alegre (2002), la théorie du « rombo »
(losange) en tant que proposition géostratégique pour la création du
grand espace sud-américain. Cette théorie soutient que le heartland
peut être constitué par l’union des quatre sommets du losange que sont
Buenos Aires, Lima, Caracas et Brasilia. Ce heartland possède 50 000
kilomètres de voies navigables dont les eaux sont profondes, des
réserves gigantesques de minéraux et d’immenses terres labourables et
cultivables. En un mot, il possède tous les éléments nécessaires pour
constituer un « grand espace autocentré » à l’intérieur de la
diversité du monde.
7. Arnaud Imatz : Le Marché commun du Sud (Mercosur), communauté
économique, crée en 1991, regroupant cinq pays du continent
sud-américain (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Venezuela),
peut-il être considéré comme l’embryon d’un grand espace géopolitique,
économiquement, culturellement et politiquement souverain ?
Alberto Buela : Jusqu’à ce jour, et après vingt ans d’existence, le
Mercosur n’est rien d’autre que le marché de la bourgeoisie
commerciale de Buenos Aires et de Sao Paulo. Le reste est du
carton-pâte. Le Paraguay vit des tensions entre le Brésil et
l’Argentine. L’Uruguay vit de l’argent des porteños (les habitants de
Buenos Aires qui passent leurs vacances dans ce pays et qui y versent
leurs économies). Quant au Venezuela, il vient d’être admis cette
année, et il est donc trop tôt pour se prononcer.
De toute façon, il manque beaucoup d’éléments à cet embryon de grand
espace pour se constituer et se développer. Il est vrai que diverses
institutions ont été créées à ses côtés au cours des ans, comme la «
Communauté sud-américaine des nations », la « Banque du sud », «
l’Union des nations sud-américaines (UNASUR), mais le vrai problème
est que nous n’avons pas la volonté profonde et autonome de nous
auto-constituer en grand espace. Et je m’appuie sur deux raisons pour
le dire :
- Le Brésil, ou pour mieux dire Itamaraty, son ministère des Affaires
étrangères, n’a jamais admis d’intromission sur l’Amazone à partir des
Républiques hispaniques. Il ne permet pas l’accès par les voies
navigables à l’Argentine, à l’Uruguay ou au Paraguay via les fleuves
Paraná et Paraguay. Il ne permet pas non plus au Venezuela de
construire un oléoduc trans-amazonique pour alimenter les pays du Cône
Sud,
- Ensuite, et surtout, il n’existe pas d’« arcane » ou de « secret
profond partagé » par nos leaders politiques, qui est la condition
sine qua non de l’existence de tout grand espace.
8. Arnaud Imatz : La restauration de l’unité de l’Amérique hispanique,
sous différents modèles, est le rêve de beaucoup d’intellectuels et de
quelques hommes politiques. Elle était même déjà, et paradoxalement,
au centre des préoccupations des figures historiques de
l’indépendantisme Francisco de Miranda et Simon Bolivar. Pouvez-vous
nous présenter brièvement les principaux penseurs du « grand espace
ibéro-américain » ?
Alberto Buela : Les principaux penseurs de l’unité hispano-américaine
se sont fondés sur l’identité de nos peuples, sur leur passé culturel
commun et sur leurs luttes nationales contre l’ennemi commun :
l’impérialisme anglo-nord-américain. Certains avaient des convictions
socialistes, comme l’argentin Manuel Baldomero Ugarte (1875-1951),
d’autres nationalistes, comme le mexicain José Vasconcelos (1882-1959)
ou le nicaraguayen Julio Ycasa Tigerino (1919-2001), d’autres
démocrates-chrétiens, comme le costaricain José Figueres (1906-1990)
ou encore marxistes, comme le péruvien José Carlos Mariátegui
(1894-1930). Chacun entendait l’unité à partir de ses présupposés
idéologiques.
9. Arnaud Imatz : Les mouvements nationaux continentaux d’Amérique
ibérique ont pour caractéristiques l’anti-impérialisme et
l’anticommunisme. Ils se réclament souvent de la troisième position et
du populisme démocratique dont le principal objectif est pour eux la
restauration de la convivialité ou de la sociabilité partagée. Vous
avez déjà mentionné leurs grands leaders historiques, en particulier
Sandino, Haya de la Torre, Vargas, Ibañez del Campo et Perón. Ces
personnages ont-ils encore un écho dans l’opinion publique
ibéro-américaine ?
Alberto Buela : Sandino, au Nicaragua, n’a plus d’autre existence que
culturelle, car le gouvernement de Daniel Ortega, qui s’en réclame,
n’a plus rien à voir avec lui. Haya au Pérou et Ibañez au Chili ont
pratiquement disparu de la scène politique. Le cas de Vargas au Brésil
est différent parce que le PT (Parti des Travailleurs), qui est au
pouvoir depuis l’époque de Lula, et la CUT (Centrale unique des
travailleurs) se disent ses successeurs.
L’exemple de Perón mérite cependant qu’on s’y attarde. À la différence
des autres, il est toujours d’actualité en Argentine, non pas parce
qu’il aurait été bon ou mauvais au pouvoir, mais parce qu’il a laissé
une institution qui s’est consolidée dans la société civile : le
syndicat. Tant qu’il y aura des syndicats en Argentine le péronisme
vivra. Quant à savoir ce qu’est le péronisme c’est une autre question.
Le sociologue italien antifasciste, Gino Germani, qui avait vécu 15
ans en Argentine, est parti aux États-Unis en disant : « Je m’en vais
parce qu’en tant que sociologue je n’ai pas réussi à comprendre ce
qu’est le péronisme ».
10. Arnaud Imatz : Cela me rappelle une blague fameuse, dont on
attribue souvent la paternité à Juan Perón : « En Argentine il y a
30% de socialistes, 30% de conservateurs, 30% de libéraux et 10% de
communistes. Et les péronistes alors ? Ah mais non ! tous sont
péronistes ». Que reste-t-il donc aujourd’hui du péronisme ? A-t-il
encore un contenu idéologique ? Est-il seulement une coquille vide, un
appareil politique qui permet d’occuper des postes ?
Alberto Buela : Écoutez, j’ai écrit un long essai intitulé Notes sur
le péronisme, qui a aussi été édité sous le titre de Théorie du
péronisme, je vais essayer de vous le définir en quelques mots. Le
péronisme est un nationalisme de « Grande patrie », de caractère
populaire, qui considère que la majorité a raison. Son contenu
idéologique se résume dans le postulat : justice sociale, indépendance
économique et souveraineté politique. Il privilégie les organisations
communautaires, les organisations libres du peuple, sur les
institutions de l’État. Il affirme être : « un gouvernement
centralisé, un État décentralisé et un peuple librement organisé ».
Pour ce qui est du Parti péroniste ou justicialiste, il est, comme
vous dites, une coquille vide et un instrument politique, qui permet
aux dirigeants d’occuper les postes lucratifs de l’Etat et de
s’enrichir pour une ou deux générations sans travailler.
11. Arnaud Imatz : L’Argentine a connu la pire crise de son histoire
économique en 2001-2002. Après la fin de la parité peso-dollar, la
déclaration de cessation des paiements aux organismes internationaux
et l’abandon des mesures néolibérales, le pays a connu le renouveau
des politiques de signe national, l’interventionnisme de l’Etat, la
croissance… mais aussi l’inflation. Depuis 2008, le pays est retombé
dans la récession et l’hyperinflation. C’est, semble-t-il, le retour à
la case départ. Que pensez-vous des bilans présidentiels de Néstor
Kirchner et de sa femme Cristina Fernández Kirchner ?
Alberto Buela : L’Argentine est sortie de la terrible crise de
2001-2002 grâce à la gestion de son ministre de l’Économie, Roberto
Lavagna, qui a adopté et permis d’adopter aux provinces (n’oubliez pas
que l’Argentine est un État fédéral) des mesures économiques
incompatibles avec les mesures proposées par le Fonds monétaire
international et les organismes internationaux de crédit. Je me
souviens de celle qui eut le plus d’impact sur la vie quotidienne : la
création de pseudo-monnaies, qui permettaient d’acheter mais pas
d’épargner, car elles perdaient chaque jour de la valeur. Le résultat
a été une réactivation explosive de l’économie argentine qui, jusque
là, était paralysée. La consommation et la demande ont augmenté de
façon exponentielle. Dans un pays ou la capacité économique était de
400 milliards de dollars (en 2001-2002), l’effet fut de multiplier par
100 la richesse nationale.
Le premier gouvernement du couple Kirchner profita de cette
réactivation et de la situation économique mondiale qui privilégiait
alors les marchandises (viandes, graminées et pétrole). Le bilan
global fut plutôt un succès. Mais cette croissance s’est rompue à
partir de 2007. La nouvelle donne est devenue manifeste au cours du
long gouvernement (2007-2012) de Mme Kirchner. L’économie argentine
est aujourd’hui en panne, la croissance est proche de zéro. La
politique que privilégie le gouvernement est celle des subsides au «
non-travail » plutôt qu’à la création d’emplois. L’insécurité et
l’inflation, véritable impôt sur les pauvres, pèsent lourdement sur la
société.
12. Arnaud Imatz : À ce jour, quel est le poids respectif des
différentes idéologies que sont le socialisme-marxiste, la
social-démocratie, le nationalisme et le populisme dans l’ensemble de
l’Amérique ibérique ? Qu’en est-il de l’influence de la théologie de
la libération, si répandue dans les années 1970-1980 ?
Alberto Buela : L’ensemble des pays ibéro-américains constitue une
masse de vingt États-nations où deux formes de gouvernements se
détachent. Il y a, d’une part, la social-démocratie, avec des
gouvernements du type Zapatero, comme hier en Espagne, ou Hollande,
comme aujourd’hui en France. Parmi eux : Roussef (Brésil), Kirchner
(Argentine), Correa (Équateur), Mujica (Uruguay) et les indigénistes
Chávez (Venezuela) et Morales (Bolivia). Je sais que certains
s’étonneront de voir ces deux derniers dans la liste, mais les faits
sont ce qu’ils sont. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de parler avec
Morales et plus encore avec Chávez et je juge donc en connaissance de
cause.
Il y a, d’autre part, la forme libérale de gouvernement, comme Rajoy
aujourd’hui en Espagne et Sarkozy hier en France. Parmi eux : Piñera
(Chili), Santos (Colombie), Franco (Paraguay), Peña (Mexique) et
Humala (Pérou). Quant aux pays d’Amérique centrale, ils se divisent à
parts égales entre ces deux formes de gouvernement.
Si nous voulions classer ces gouvernements en utilisant, comme en
Europe, les catégories de populisme, nationalisme, gauche ou droite,
nous ne rendrions pas vraiment compte de la réalité. Tous se déclarent
en effet expressément populistes, nationalistes et de gauche. Cela
dit, la question de la signification de ces trois concepts ne manque
pas de resurgir aussi chez nous.
Ce qui est intéressant de noter, c’est que tous les gouvernements de
type social-démocrate se caractérisent par une dissonance entre ce
qu’ils disent dans leur discours politique et ce qu’ils font. Ainsi en
Argentine, on parle de lutte contre la concentration des groupements
économiques et l’on associe la principale entreprise de l’État, YPF
(Yacimientos petrolíferos fiscales) à la société nord-américaine
Chevron. En Uruguay, le président Mujica nous parle de libération et
prétend créer une entreprise nationale … pour planter et
commercialiser la marijuana.
À côté, les gouvernements de type libéral se caractérisent par une
plus grande efficacité économique dans la gestion administrative du
bien public, mais leur discours politique est d’une pauvreté
idéologique lamentable.
En ce qui concerne la théologie de la libération, elle n’est plus
d’actualité dans notre Amérique. N’oublions pas qu’elle était plus un
programme à réaliser qu’une construction concrète. Et aujourd’hui, les
quelques théologiens qui s’en réclament encore sont des fonctionnaires
des gouvernements sociaux-démocrates.
13. Arnaud Imatz : Et le socialisme-marxiste cubain, si à la mode dans
les années 1960-1970 ?
Alberto Buela : Sur Cuba j’ai une anecdote intéressante. J’ai été
invité par Chávez, en 2005, avec trois membres du comité directeur de
la CGT argentine. Chávez souhaitait alors fonder la « CGT bolivarienne
» et je me suis retrouvé, à Caracas, au milieu de 2500 délégués
hispano-américains arborant tous la chemisette rouge. Il y avait là
des membres du Front Farabundo Marti de Libération nationale du
Salvador, des Colombiens, des Brésiliens de la CUT (tous communistes)
et bien sûr les principaux représentants de la CGT de Cuba. Au nom de
la CGT argentine, j’ai fait la brève déclaration suivante : « Sans
vouloir se quereller avec Castro, ni avec le « petit » Correa
(dirigeant de la CGT de Cuba), nous disons qu’en 40 ans le mouvement
ouvrier institutionnel de Cuba n’a jamais négocié une seule convention
collective du travail et que par conséquent il n’a aucune légitimité
pour représenter les travailleurs cubains. Si Chávez adopte un
semblable modèle syndical, l’effet sera aussi étouffant que celui de
« l’accolade de l’ours ». Et j’ai ajouté : Géopolitiquement, Cuba ne
signifie rien ni pour l’Amérique hispanique, ni pour Yankeeland, alors
que le Venezuela a beaucoup d’importance en raison de son pétrole ».
Je voulais dire par là que la ligne politique de Cuba n’affecte en
rien la politique et la géopolitique de l’Amérique hispanique. Ce que
d’ailleurs Castro lui même n’ignorait pas. Lorsqu’il se rendit en
Argentine, en 2007, après avoir pris connaissance de la « la théorie
du losange », il déclara sans détours (et la presse de l’époque en
témoigne) qu’il était tout-à-fait d’accord avec elle, qu’il n’avait
jamais rien entendu de plus anti-impérialiste, mais qu’il fallait
exclure Cuba pour ne pas compliquer davantage la réalisation du
projet.
14. Arnaud Imatz : 50 millions d’hispanophones vivent aujourd’hui aux
États-Unis. Ils dépasseront les 25% de la population en 2050. Dans un
article retentissant, écrit peu de temps avant sa mort (« Le défi
hispanique », Foreign Policy, 1er mars 2004), Samuel Huntington
s’inquiétait de cette situation. Il jugeait l’immigration « hispanique
», en particulier mexicaine, trop massive. Concentrée dans certains
États, elle n’aurait plus rien à voir, selon lui, avec l’immigration
traditionnelle aux sources et destinations beaucoup plus dispersées.
La division culturelle serait en passe de remplacer la division
raciale entre Noirs et Blancs. La reconquête du sud des États-Unis par
les mexicains immigrants serait en marche. Il serait désormais
tout-à-fait envisageable que ces États du sud se joignent à ceux du
nord du Mexique pour constituer une nouvelle République du nord :
MexAmérica. Ces inquiétudes de Huntington vous semblent-elles fondées
?
Alberto Buela : Le travail d’Huntington, que j’ai étudié avec
attention, est une forte invitation à la réflexion sur les
conséquences d’une immigration hispanique massive aux États-Unis.
Cependant, son analyse exclusivement politologique laisse de côté un
important aspect économique. Il ne tient pas compte de la force
économique du marché nord-américain, qui est le plus puissant du
monde, et qui a tous les jours davantage besoin de travailleurs
bilingues.
Dans les années 1940-1950, les Hispano-américains, qui allaient aux
États-Unis, voulaient que leurs enfants parlent l’anglais. Comme ils
subissaient une sorte de capitis deminutio (diminution de leurs
droits), ils souhaitaient que leur progéniture s’incorpore rapidement
à la société nord-américaine. Aujourd’hui, la situation s’est
inversée. Les immigrants parlant deux langues sont avantagés sur le
marché du travail. Cette nouvelle donne affecte plus particulièrement
les Noirs qui, parce qu’ils sont monolingues, perdent des postes de
travail.
Je ne crois pas qu’il y ait un risque d’occupation hispanique des
États-Unis, et cela d’autant moins qu’il n’y pas de plan établi en ce
sens. En revanche, ce qui existe aux États-Unis c’est une tendance
vers la société bilingue qui va permettre aux « yankees »,
contrairement à ce que pensait Huntington, une meilleure implantation
dans le monde.
Les nord-américains sont en train de réaliser, peut-être sans le
vouloir expressément, ce que les français ne font pas : profiter du
développement exponentiel de l’espagnol au niveau mondial pour
améliorer leur positionnement international.
Il faut en outre souligner que tout le progrès technologique
(Internet, Web 2.0, tablettes, etc.) renforce le contact et le lien
des immigrés avec leurs racines. Le déracinement ne se vit plus
aujourd’hui comme il y a cinquante ans et le maintien des usages et
coutumes est devenu plus solide. La preuve : la plus grande fête du «
jour de la race » ou de l’hispanité, le 12 octobre, est célébrée à New
York et à Miami et non pas à Madrid.
15. Arnaud Imatz : Vous avez déclaré récemment dans un journal
madrilène : « Si le Premier ministre espagnol échoue dans sa politique
de redressement économique, il entrainera avec lui l’Espagne et au
passage vingt nations d’Amérique ». Pourquoi ? Quelle pourrait être,
selon vous, une bonne politique étrangère de l’Espagne et plus
généralement de l’UE en Amérique centrale et du Sud ?
Alberto Buela : Les gouvernements espagnols postfranquistes se sont
trompés d’option stratégique en se prononçant pour l’Union européenne
au lieu de choisir l’option américaine. Ces gouvernements
sociaux-démocrates ou libéraux sont des produits du complexe espagnol
de « L’Europe se termine aux Pyrénées ». Aucun d’entre eux n’a pris le
taureau par les cornes pour dire : « L’Espagne n’a pas a démontré ce
qui est un fait. L’Espagne doit assumer sa vocation américaine ».
C’est en Amérique que l’Espagne a acquis son sens dans l’histoire du
monde et non pas en Europe, même si elle en est un pays fondateur
depuis l’Hispanie romaine.
L’Espagnol, disciple des Lumières, est un homme très complexé face à
la France et ce qui est français. Ce complexe ou cette dévalorisation
de soi est ce qui a conduit à la grave erreur de préférer l’Europe à
l’Amérique hispanique, alors que celle-ci ouvre à l’Espagne des
potentialités illimitées sur le plan économique et culturel.
Tous les gouvernements postfranquistes ont renoncé expressément à
prendre la tête de cette communauté à laquelle ils appartiennent et
qui leur appartient de plein droit, au nom d’un européisme vide qui
les a finalement transformés en mendiants de l’Union européenne.
Quant à l’Union européenne, à mon avis celle-ci se limite avant tout à
l’entente Allemagne-France. L’Allemagne n’a que trois options
possibles: 1) le lien avec la Russie, 2) l’union avec les États-Unis
ou 3) l’entente avec la France (situation actuelle). Mais il n’y a pas
d’option ibéro-américaine pour elle. La communauté ibéro-américaine
n’est pas une priorité pour l’Allemagne. Le seul lien sérieux et
plausible de l’UE avec l’Amérique ibérique ne peut passer que par
l’Hexagone. La France, bernée et déçue d’investir en Afrique sans
aucun résultat positif, pourrait inviter ses partenaires européens à
se tourner vers notre Amérique.
00:05 Publié dans Actualité, Entretiens, Géopolitique, Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : alberto buela, arnaud imatz, amérique latine, amérique du sud, argentine, entretiens, géopolitique, histoire, politique internationale, mercosur | |
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lundi, 04 mars 2013
Tables Rondes: face à la crise sociale européenne
18:36 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événements, bretagne, europe, affaires européennes, économie, crise européenne, crises | |
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Afghanistan: unsinkbarer US-Flugzeugträger
…Die von der NATO favorisierte "militärische Lösung" kann es nicht geben, dazu ist sie ein gigantischer "Ressourcenschlucker". Von 2002 bis 2006 wurden in Afghanistan 82,5 Mrd. $ für den Krieg ausgegeben, jedoch nur 7,3 Mrd. für den Wiederaufbau. …
Lesen Sie weiter in diesem eindrücklichen und erschütternden Beitrag von Dr. phil. Matin Baraki.
Die Anschläge des 11. September 2001 wurden zum Anlaß des Krieges gegen Afghanistan, obwohl dieser lange vorher geplant war. Wie die Washington Post am 19. Dezember 2000 berichtete, hatte die Clinton-Administration schon neun Monate vorher einen Krieg am Hindukusch in Erwägung gezogen. Hierüber gab es Konsultationen mit den Regierungen Russlands und Usbekistans. Da die usbekische Regierung sich weigerte, ihr Territorium für eine US-Aggression gegen Afghanistan zur Verfügung zu stellen, musste der Krieg zunächst verschoben werden. Auch der ehemalige Außenminister Pakistans Naiz Naik bestätigte, dass der Krieg gegen Afghanistan vor dem 11. September beschlossen worden war, denn im Juli 2001 war seine Regierung seitens der USA darüber informiert worden. Ende September 2006 brüstete sich auch der ehemalige US-Präsident Bill Clinton damit, einen Krieg gegen Afghanistan geplant zu haben. Sowohl dieser Krieg als auch der gegen Irak waren Bestandteil der „Greater Middle East Initiative“ der Neokonservativen.
Nach der Vertreibung der Taliban 2001 bestand eine reale Chance, die Staatlichkeit Afghanistans wiederherzustellen. Noch während des Krieges gegen Afghanistan fand unter UNO-Ägide Ende 2001 eine internationale Konferenz auf dem Petersberg statt, auf der die Grundlage für den künftigen Status des Landes gelegt wurde. Auf Druck der über 20 anwesenden US-Vertreter wurde unter Beteiligung dreier islamistischer und einer monarchistischen Gruppe eine Regierung für Kabul gebildet. Hamid Karsai, der seit Beginn des afghanischen Bürgerkrieges enge Verbindungen zur CIA unterhielt, wurde zum Übergangministerpräsidenten ernannt. Da diese Regierung weder Legitimation noch Rückhalt in Afghanistan hatte, wurde sie von einer Schutztruppe der NATO-Staaten nach Kabul begleitet und vor Ort weiter gesichert. Damit hat die NATO eine militärische „Lösung“ des Konfliktes favorisiert. Afghanistan ist seitdem zu einem regelrechten Übungsplatz von USA und NATO geworden, wo die neuesten Waffen und die Einsatzfähigkeit der Soldaten, die weitere Entwicklung sowie die Einsatzfähigkeit der US-Drohnen, der Nachfolgertyp der französischen Mirage und die gepanzerten Bundeswehrfahrzeuge in der afghanischen Kriegsrealität getestet werden.
Auf Grundlage des Petersberger Fahrplans war Karsai dann 2002 auf einer Ratsversammlung zum Präsidenten gewählt worden, wobei 24 Stimmen mehr abgegeben wurden als Abgeordnete anwesend gewesen waren. Im Vorfeld dieser Wahl hatten die USA für 10 Mio. $ Stimmen für ihn gekauft. Die New York Times nannte die Art und Weise, wie die Wahl zustande gekommen war „eine plumpe amerikanische Aktion.“ Bei dieser „Aktion“ waren UNO und EU sowie die USA als Hauptakteur mit ihrem Botschafter Zalmay Khalilzad präsent. Alle Beschlüsse wurden entweder im Büro Karsais oder in der US-Botschaft gefaßt. Sowohl UNO- wie EU-Vertreter nickten die getroffenen Entscheidungen nur noch ab. Damit büßten sie ihre Neutralität und Glaubwürdigkeit ein. Es war dann nur logisch, daß die NATO auf ihrem Gipfeltreffen in Istanbul am 28. Juni 2004 die Unterordnung der Schutztruppe ”International Security Assistance Force” (ISAF) unter NATO-Kommando beschloss. Das Land wurde nach einem Operationsplan des NATO-Hauptquartiers unter den Besatzern in vier Sektoren aufgeteilt. Dadurch wurden die Aufsichtsfunktion der UNO, die Souveränität und Eigenstaatlichkeit Afghanistans aufgehoben. Diese Demütigung der Afghanen war der Nährboden, auf dem der Widerstand gedieh. Da die USA für sehr lange Zeit im Lande bleiben wollen, haben sie die dafür notwendigen Voraussetzungen geschaffen. Noch vor den Parlamentswahlen 2005 hatte Karsai eine sog. „Nationale Konferenz“ einberufen, auf der 100 Personen aus seiner Entourage zusammen kamen, die ihn bevollmächtigten, mit den USA einen Vertrag zu schließen, auf dessen Grundlage die US-Armee auf unabsehbare Zeit in Afghanistan bleiben kann. Die 2011 und 2012 unterschriebenen Verträge Karsais mit der NATO und die bilateralen Verträge mit den USA, der BRD und Großbritannien erlauben diesen Ländern unter dem Deckmantel als Berater und Ausbilder auch nach dem Abzug der NATO-Kampftruppen über 2014 hinaus in Afghanistan zu bleiben. Damit wird das Land am Hindukusch zu einer Militärkolonie und bleibt weiterhin ein unsinkbarer Flugzeugträger der USA und der NATO. Da das Kabuler Kabinett bis zu 50% aus American Afghans besteht, den Rest stellen Euro-Afghanen und einige willfährige Warlords, hatte die NATO keine Mühe, beliebige Verträge dem Kabuler Marionetteregime abzuverlangen. Hier spielen auch die in allen Ämtern präsenten US-Berater eine wichtige Rolle. „Verträge binden den Schwachen an den Starken, niemals aber den Starken an den Schwachen“, stellte schon vor fast 300 Jahren Jean-Jacques Rousseau fest.
Ab 2002 leitete die Karsai-Administration eine Politik der offenen Tür ein. Dadurch wurde die Wirtschaft Afghanistans zerstört. Wie der damalige Kabuler Wirtschaftsminister Amin Farhang hervorhob, waren 99% aller Waren Importe. Der einheimischen Wirtschaft wurde jegliche Entwicklungschance genommen, sie exportiert fast nichts. Z.B hat die BRD 2010 Waren im Werte von 269 Mio. Euro nach Afghanistan geliefert. Während es umgekehrt nur 24 Mio. Euro waren, hauptsächlich Teppiche. Die Heroinbarone nutzen den „Wirtschaftsboom“ zur Geldwäsche. Sie investieren nur im Luxussegment, wie Hotels, Häuser und Lebensmittel für den Bedarf zahlungskräftiger Ausländer, statt im Wiederaufbau des Landes zu engagieren, was zur Verbesserung der Lage für breite Schichten der Bevölkerung führen könnte. Sie und die korrupte Elite bringen ihre Dollars lieber ins Ausland. Der ehemalige 1. Vizepräsident, Ahmad Zia Masud, wurde am Dubaier Flughafen mit 50 Mio. $ im Koffer zunächst festgenommen und dann freigelassen. Am 11. März 2010 meldete Tolo-TV, daß fünfzehn hochrangige Politiker u.a. Gouverneure, Botschafter, Generale der Polizei und Kabinettsmitglieder von Karsai, wie Sediq Tschakari, Minister für Pilgerfahrt und religiöse Angelegenheiten, Rafi Atasch, Präsident für Luftfahrt, Wahidullah Schahrani, Minister für Transportwesen, und Wirtschaftsminister Amin Farhang wegen Korruption zur Rechenschaft gezogen werden sollten. Dies bestätigte sowohl der Justizminister Habibullah Ghaleb vor dem Parlament als auch Faqir Ahmad Faqiryar, Stellvertreter des Generalstaatsanwaltes, am 13. März 2010 auf einer Pressekonferenz. Farhang soll 4 Mio. $ aus dem Haushalt seines Ministeriums auf sein Schweizer Konto transferiert haben. Dies bestätigte der Generalstaatsanwalt Ishaq Aloko. Dem Spiegel zufolge soll Farhang gar 19 Mio. $ unterschlagen haben. Da Farhang einen deutschen Paß besitzt, ist er zu seiner Familie in die BRD zurückgekehrt. Nach neuesten Informationen hat der amtierende Finanzminister Hazrat Omar Zakhelwal 1, 8 Mio. $ auf seine Privatkonten überwiesen.
Seit die NATO den Abzug von Kampftruppen angekündigt hat, verlassen täglich Millionen Dollar illegal das Land. Der Präsident der Zentralbank gab offiziell an, dass 2011 über 4,6 Mrd. $, das entspricht dem Jahresbudget der Regierung, außer Landes gebracht worden seien.
Demgegenüber verschlechtert sich die Lage der Bevölkerung zunehmend. Die Arbeitslosigkeit beträgt ca. 70% mancherorts, vor allem in Osten und Süden sogar 90%. Dort sympathisieren bereits 80% der Menschen mit den Taleban. „80 Prozent der Bevölkerung Afghanistans leben am Existenzminimum. Jedes Jahr drängen eine Million junger Leute auf den Arbeitsmarkt.“ Das ist das Ergebnis der 11-jährigen NATO-Besetzung Afghanistans. Den Afghanen waren einmal blühende Landschaften versprochen worden. Seit elf Jahren müssen sie erleben, daß der Westen „eine Menge Lügen erzählt und falsche Versprechungen macht“. Selbst in Kabul funktionieren weder Wasser- noch Stromversorgung. Wegen der katastrophalen sanitären Verhältnisse kam es in den heißen Sommermonaten wiederholt zu Cholera-Epidemien. Für den einfachen Bürger sind die Mietpreise in der Stadt unerschwinglich geworden.
Die afghanischen Frauen haben viele Feinde: Armut, alltägliche Gewalt oder Entführungen. „Die Vergewaltigungsrate ist extrem angestiegen, was in der Geschichte unseres Landes völlig untypisch ist“, sagt Zoya, eine Aktivistin von der maoistischen Frauenorganisation „Revolutionary Association of the Women of Afghanistan“ (RAWA). Da die Vergewaltiger keine nennenswerten Strafen zu befürchten haben, sind die Frauen vogelfrei. Hinzu kommt noch, dass Vergewaltigung als außerehelicher Geschlechtsverkehr gilt und die Frauen dafür sogar gesteinigt werden können. „Erst vor kurzem hat Präsident Karsai die Vergewaltiger eines zwölfjährigen Mädchens begnadigt.“ Gegenüber Amnesty International äußerte ein internationaler Helfer: „Wenn eine Frau zur Zeit des Taliban-Regimes auf den Markt ging und auch nur einen Streifen Haut zeigte, wurde sie ausgepeitscht - heute wird sie vergewaltigt.“
Zu dem unsäglichen Petersberger Fahrplan hätte es eine Alternative gegeben, die jedoch nie in Erwägung gezogen wurde. Der optimale Weg zur Befriedung Afghanistans wäre die Bildung einer repräsentativen Regierung gewesen. Unter strengster Kontrolle nicht der „internationalen Gemeinschaft“, sondern der Blockfreien Staaten, der Konferenz der Islamischen Staaten, der internationalen Gewerkschaften, von Friedens- und Frauenorganisationen hätten Wahlen für eine Ratversammlung durchgeführt und dort eine provisorische Regierung und Kommissionen zur Ausarbeitung einer Verfassung sowie von Parteien- und Wahlgesetzen gewählt werden müssen. Eine Regierung, vom Volk gewählt, hätte auch in Kabul nichts zu befürchten. Schlimmstenfalls hätte man, wenn für kurze Zeit Militärschutz benötigt worden wäre, die Blockfreien und die islamischen Staaten in die Pflicht nehmen können. Damit wäre auch den Islamisten der Wind aus den Segeln genommen worden, denn Afghanistan wäre dann nicht von „ungläubigen Christen“ und dem „großen Satan“ besetzt. Diese Alternative war jedoch von Anfang an unerwünscht. Aber es ist noch nicht zu spät, die Petersberger Fehler zu korrigieren.
Ein Wiederaufbau, der ein „Krieg gegen den Hunger“ wäre, wie es „Senlis Council“ formuliert, müßte die erste Priorität sein. Die Milliarden Dollars, auf diversen internationalen Geberkonferenzen dem Land versprochen, fließen über die 6000 in Kabul stationierten und mit allen Vollmachten ausgestatteten NGOs, die „oft gegeneinander statt miteinander“ arbeiten, in die Geberländer zurück. Einheimische Unternehmen erhalten von ihnen kaum Aufträge. Der zum Planungsminister ernannte Franco-Afghane Ramazan Bachardoust wurde, als er die Machenschaften der NGOs, die er „als die neue Al Qaida in Afghanistan bezeichnet“, aufdecken wollte, von Karsai entlassen.
Afghanistans ökonomische Perspektive liegt in der Abkoppelung von kolonialähnlichen wirtschaftlichen Strukturen und der Hinwendung zu einer regionalen wirtschaftlichen Zusammenarbeit mit den entwickelteren Nachbarn Indien, China, Iran und Pakistan sowie in einer Süd-Süd-Kooperation.
Die von der NATO favorisierte „militärische Lösung“ kann es nicht geben, dazu ist sie ein gigantischer „Ressourcenschlucker“. Von 2002 bis 2006 wurden in Afghanistan 82,5 Mrd. $ für den Krieg ausgegeben, jedoch nur 7,3 Mrd. für den Wiederaufbau. „Damit übersteigen die Militärausgaben die Hilfsmittel um 900 Prozent.“ Der Krieg kostet jede Woche 1,5 Mrd. $. Selbst offizielle Angaben beziffern die Kriegskosten allein für die USA bis Ende 2011 mit 440 Mrd. $. Der Einsatz der Bundeswehr kostete 2008 über 536 Mio. €, 2009 waren es schon ca. 690 Mio. Das Institut für Deutsche Wirtschaftsforschung (DIW) gibt die jährliche Kosten mit 2,5 bis 3 Mrd. € an. Selbst „mit einem Abzug 2011 würde der Krieg insgesamt zwischen 18 und 33 Milliarden Euro kosten“, hatte Prof. Tilman Brück, Leiter der Abteilung Wirtschaft am DIW 2010 festgestellt. Einen einzigen Taleb zu töten, kostet schon 100 Mio. $.
Auf einer Konferenz in Tokio 2012 wurden Afghanistan für die nächsten vier Jahre insgesamt 16 Mrd. $ zugesagt. Als Gegenleistung hat Präsident Karsai, dessen Land Korruptions-Vize-Weltmeister und Drogenweltmeister ist, die Bekämpfung der Korruption versprochen. „Würden alle Korrupten vor Gericht gestellt, hätten wir praktisch keine Regierung mehr“, stellte am 9. Juli 2012 die Zeitung „Aschte Sob“ aus Kabul fest. Darüber hinaus hat Karsai 110 Warlords, Kriegsverbrecher und Heroinbarone als „Berater“ um sich gesammelt. Jeder erhält monatlich 5000 $ Gehalt. Viele von ihnen hatten nicht einmal im Jahr ein Gespräch mit Karsai. Hätten diese und weitere aus der Entourage von Karsai serbische Pässe, wären sie ausnahmslos vor den internationalen Gerichtshof in Den Haag zitiert worden.
Damit die NATO ohne Gesichtsverlust ihre Kampftruppen abziehen kann, hat sie Bedingungen für eine Afghanisierung des Krieges geschaffen. Sie hat ca. 500000 Kämpfer ausgebildet und ausgerüstet. Darunter 352000 Mann Soldaten der afghanischen Nationalarmee. Nun wollen die USA Geld sparen und die Zahl der Sicherheitskräfte bis 2016 auf 228 500 Mann reduzieren. Damit werden 125000 gut ausgebildete und ausgerüstete Kämpfer arbeitslos, die dann zum Widerstand überlaufen werden. Das wäre ein schönes US-Abschiedsgeschenk für die Taleban!
Nach Recherchen des britisch-pakistanischen Publizisten Tariq Ali hatte der Krieg schon 2008 hundertmal mehr afghanische Zivilisten als in Manhattan getötet, d.h. insgesamt 300 000. Beobachter vor Ort gehen von mehr als 500 000 zivile Opfer aus.
Es ist längst überfällig, daß die NATO ihre Kriegs-Strategie fallen läßt, um Afghanistan vor der Spirale der unkontrollierten Gewalt und die Region um Afghanistan vor weiterer Destabilisierung zu bewahren. Pakistan steht schon am Rande eines Bürgerkriegs. Würde diese Atommacht mit starken islamistischen Gruppen tatsächlich in einen Bürgerkrieg abgleiten, würde uns der Afghanistankonflikt fast als Bagatelle erscheinen.
Matin Baraki lehrt internationale Politik an der Universität Marburg.
00:10 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, géopolitique, afghanistan, asie, affaires asiatiques, moyen orient, états-unis, stratégie, géostratégie | |
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Lovecraft as Heideggerian Event
“A General Outline of the Whole”
Lovecraft as Heideggerian Event
By James J. O'Meara
Weird Realism: Lovecraft and Philosophy [2]
Winchester, UK: Zero Books, 2012
A winter storm in NYC is less the Currier and Ives experience of upstate and more like several days of cold slush, more suggestive—and we’ll see that suggestiveness will be a very key term—of Dostoyevsky than Dickens.
On a purely personal level, such weather conditions I privately associate[1] with my time—as in “doing time”—at the small Canadian college (fictionalized by fellow inmate Joyce Carol Oates as “Hilberry College”[2]) where a succession of more or less self-pitying exiles from the mainstream—from Wyndham Lewis and Marshall McLuhan to the aforementioned Oates—suffered the academic purgatory of trying to teach, or even interest, the least-achieving students in Canada in such matters as Neoplatonism and archetypal psychology.[3]
One trudged to ancient, wooden classrooms and consumed endless packs of powerful Canadian cigarettes, washed down with endless cups of rancid vending machine coffee. No Starbucks for us, and no whining about second-hand smoke. We were real he-men back then! There was one student, a co-ed of course, who did complain, and the solution imposed was to exile her—exile within exile!—to a chair in the hallway, like a Spanish nun allowed to listen in from behind a grill.
Speaking of Spain, one of the damned souls making his rounds was a little, goateed Marrano from New York, via Toronto’s Pontifical Institute of Mediaeval Studies, no less, who was now attempting to explain Husserl and Heidegger, to “unpack” with his tiny hands what he once called, with an incredulous shake of the head, “that incredible language of his,” to his sullen and ungrateful students.[4]
I thought of this academic Homunculus, who played Naphta to another’s Schleppfuss[5] in my intellectual upbringing, when this book made its appearance in my e-mail box one recent, snowing—or slushy—weekend. For Harman wants to explain Husserl and Heidegger as well, or rather, his own take on them, which I gather he and a bunch of colleagues have expanded into their own field of Object Oriented Ontology (OOO) or Speculative Realism. And to do so, he has appropriated the work of H. P. Lovecraft, suggesting that Lovecraft play the same role of philosophical exemplar in his philosophy, as Hölderlin does in Heidegger’s [3].
“That incredible language of his” indeed!
Part One tries to explain this Object Oriented business, but only after he tries to justify or excuse dealing with someone still often regarded as a glorified pulp hack on the same level with the great Hölderlin. He tries to short-circuit the attacks of highbrow critics, still exemplified by Edmund Wilson’s, by denouncing their rhetorical strategy of paraphrase.
Paraphrase? What’s wrong with that? Perfectly innocent, what? Well, no. Drawing on Slavoj Žižek’s notion of the “stupidity of content”—the equal plausibility of any proverb, say, and its opposite—Harman insists that nothing can be paraphrased into something else—reality is not itself a sentence, and so it is “is too real to be translated without remainder into sentences” (p. 16, my italics). Language can only allude to reality.
What remains left over, resistant to paraphrase, is the background or context that gave the statement its meaning.[6] Paraphrase, far from harmless or obvious, is packed with metaphysical baggage—such as the assumption that reality itself is just like a sentence—that enables the skilled dialectician to reduce anything to nonsensical drivel.
Harman gives many, mostly hilarious, examples of “great” literature reduced to mere “pulp” through getting the Wilson treatment. (Perhaps too many—the book does tend to bog down from time to time as Harman indulges in his real talent for giving a half dozen or so increasing “stupid” paraphrases of passages of “great” literature.)[7]
Genre or “pulp” writing is itself the epitome of taking the background for granted and just fiddling with the content, and deserves Edmund Wilson’s famous condemnation of both its horror and mystery genres. But Lovecraft, contra Wilson, is quite conscious, and bitingly critical, of the background conditions of pulp—both in his famous essays on horror and, unmentioned by Harman, his voluminous correspondence and ghost-writing—and thus ideally equipped to manipulate it for higher, or at least more interesting, purposes.
The pulp writer takes the context for granted (the genre “conventions”) and concentrates on content—sending someone to a new planet, putting a woman in charge of a space ship, etc.[8] If Lovecraft did this, or only this, he would indeed be worthy of Wilson’s periphrastic contempt. But Lovecraft is interested in doing something else: “No other writer is so perplexed by the gap between objects and the power of language to describe them, or between objects and the qualities they possess” (p.3, my italics).
Since philosophy is the science of the background, Lovecraft himself is to this extent himself a philosopher, and useful to Harman as more than just a source of fancy illustrations: “Lovecraft, when viewed as a writer of gaps between objects and their qualities, is of great relevance for my model of object oriented ontology” (p. 4).
Back, then to Harman’s philosophy or his “ontography” as he calls it. I call it Kantianism, but I’m a simple man. The world presents us with objects, both real (Harman is no idealist) and sensuous (objects of thought, say), which bear various properties, both real (weight, for example) and sensuous (color, for example). Thus, we have real and sensuous objects, as well as the real and sensuous qualities that belong to them . . . usually.
All philosophers, Harman suggests, have been concerned with one or another of the gaps that occur when the ordinary relations between these four items fail. Some philosophers promote or delight in some gap or other, while others work to deny or explain it away. Plato introduced a gap between ordinary objects and their more real essences, while Hume delighted in denying such a gap and reducing them to agglomerations of sensual qualities.
Harman, in explicitly Kantian fashion this time, derives four possible failures (Kant would call them antinomies). Gaps can occur between a real object and its sensuous qualities, a real object and its real qualities, a sensuous object and its sensuous qualities, and a sensuous object and its real qualities. Or, for simplicity, RO/SQ, RO/RQ, SQ/SO, and SO/RQ.
Take SQ/SO. This gap, where the object’s sensuous qualities, though listed, Cubist-like, ad nauseam, fail, contra Hume, to suggest any kind of objective unity, even of a phenomenal kind—the object is withdrawn from us, as Heidegger would say. It occurs in a passage such as the description of the Antarctic city of the Elder Race:
The effect was that of a Cyclopean city of no architecture known to man or to human imagination, with vast aggregations of night-black masonry embodying monstrous perversions of geometrical laws. There were truncated cones, sometimes terraced or fluted, surmounted by tall cylindrical shafts here and there bulbously enlarged and often capped with tiers of thinnish scalloped disks; and strange beetling, table-like constructions suggesting piles of multitudinous rectangular slabs or circular plates or five-pointed stars with each one overlapping the one beneath. There were composite cones and pyramids either alone or surmounting cylinders or cubes or flatter truncated cones and pyramids, and occasional needle-like spires in curious clusters of five. All of these febrile structures seemed knit together by tubular bridges crossing from one to the other at various dizzy heights, and the implied scale of the whole was terrifying and oppressive in its sheer gigantism. (At the Mountains of Madness, my italics)
SQ/RO? This Kantian split between an object’s sensuous properties and what its essence is implied to be, occurs in the classic description of the idol of Cthulhu:
If I say that my somewhat extravagant imagination yielded simultaneous pictures of an octopus, a dragon, and a human caricature, I shall not be unfaithful to the spirit of the thing. A pulpy, tentacled head surmounted a grotesque and scaly body with rudimentary wings; but it was the general outline of the whole which made it most shockingly frightful. (“The Call of Cthulhu,” my italics)
SO/RQ? Harman admits it’s rare in Lovecraft, (and elsewhere, though he finds hints of it in Leibniz) but he finds a few examples where scientific investigation reveals new, unheard of properties in some eldritch or trans-Plutonian object.
In every quarter, however, interest was intense; for the utter alienage of the thing was a tremendous challenge to scientific curiosity. One of the small radiating arms was broken off and subjected to chemical analysis. Professor Ellery found platinum, iron and tellurium in the strange alloy; but mixed with these were at least three other apparent elements of high atomic weight which chemistry was absolutely powerless to classify. Not only did they fail to correspond with any known element, but they did not even fit the vacant places reserved for probable elements in the periodic system. (“Dreams in the Witch House”)
And RO/RQ? You don’t want to know, as Lovecraft’s protagonists usually discover too late. It’s the inconceivable object whose surface properties only hint at yet further levels of inconceivable monstrosity within. Usually, Lovecraft relies on just slapping a weird name on something and hinting at the rest, as in:
[O]utside the ordered universe [is] that amorphous blight of nethermost confusion which blasphemes and bubbles at the center of all infinity—the boundless daemon sultan Azathoth, whose name no lips dare speak aloud, and who gnaws hungrily in inconceivable, unlighted chambers beyond time and space amidst the muffled, maddening beating of vile drums and the thin monotonous whine of accursed flutes. (Dream Quest of Unknown Kaddath)
You can see, in each case, how the horrific effect, and the usability for Harman’s ontography, would entirely disappear if given a Wilsonian “paraphrase”: It was a squid with wings! The object, when analyzed, revealed new, hitherto unknown elements!
Confused yet? Bored? Don’t worry. The whole point of Harman’s book, to which he devotes the vast portion of the text, is analyzing passages from Lovecraft that provide vivid illustrations of one or more of these gaps. In this way Harman’s ontography acquires its Hölderlin, and Lovecraft is rescued from pulp purgatory.
While there is considerable interest in Heidegger on alt-Right sites such as this one,[9] I’m sure there is considerably more general interest in Lovecraft. But Harman’s whole book is clearly and engagingly written, avoiding both oracular obscurity and overly-chummy vulgarity; since Harman is admirably clear even when discussing himself or Husserl, no one should feel unqualified to take on this unique—Lovecraftian?—conglomeration of philosophy and literary criticism.
The central Part Two is almost 200 pages of close readings of exactly 100 passages from Lovecraft. As such, it exhibits a good deal of diminishing returns through repetition, and the reader may be forgiven for skipping around, perhaps to their own favorite parts. And there’s certainly no point in offering my own paraphrases!
Nevertheless, over and above the discussion of individual passages as illustrations of Speculative Realism, Harman has a number of interesting insights into Lovecraft’s work generally. It’s also here that Harman starts to reveal some of his assumptions, or biases, or shall we say, context.
“Racism”
Harman, who, word on the blogs seems to be, is a run-of-the-mill liberal rather than a po-mo freak like his fellow “European philosophers,”[10] tips his hand early by referring dismissively to criticism of Lovecraft as pulp being “merely a social judgment, no different in kind from not wanting one’s daughter to marry the chimney sweep” (“Preliminary Note”). And we know how silly that would be! So needless to say, Lovecraft’s forthright, unmitigated, non-evolutionary (as in Obama’s “My position on gay marriage has evolved”) views on race need to be disinfected if Harman is to be comfortable marrying his philosophy to Lovecraft’s writing.
His solution is clever, but too clever. Discussing the passage from “Call of Cthulhu” where the narrator—foolishly as it happens—dismisses a warning as coming from “an excitable Spaniard” Harman suggests that the racism of Lovecraft’s protagonists[11] adds an interesting layer of—of course!—irony to them. As so often, we the reader are “smarter” than the smug protagonist, who will soon be taken down a few pegs.
But this really won’t do. Lovecraft’s protagonists are not stupid or uninformed, but rather too well-informed, hence prone to self-satisfaction that leads them where more credulous laymen might balk. “They’s ghosts in there, Mister Benny!”
Unfortunately for Harman, Lovecraft was above all else a Scientist, or simply a well-educated man, and the Science of his day was firmly on the side of what today would be called Human Biodiversity or HBD.[12] Harman may, like most “liberals” find that distasteful, something not to be mentioned, like Victorians and sex—a kind of “liberal creationism” as it’s been called—but that’s his problem.
It would be more interesting to adopt a truly Lovecraftian theme and take his view, or settled belief, that Science, or too much Science, was bad for us; just as Copernicus etc. had dethroned man for the privileged center of the God’s universe, the “truth” about Cthulhu and the other Elder Gods—first, there very existence, then the implication that they are the reality behind everyday religions—has a deflationary, perhaps madness inducing, effect.
Consider this famous quotation from the opening of “The Call of Cthulhu” as quoted by Harman himself in Part Two:
The sciences, each straining in its own direction, have hitherto harmed us little; but someday the piecing together of dissociated knowledge will open up such terrifying vistas of reality, and our frightful position therein, that we shall either go mad from the revelation or flee from the deadly light into the peace and safety of a new dark age.
Thus Harman could argue that HBD may be true but bad for us to know—something very like the actual position of such liberal Comstocks as Richard Lewontin.
Consider, to switch genres, Dr. No. Quarrel [4], the ignorant, superstitious but loyal native retainer, is afraid to land on Crab Key, due to the presence of a dragon. Bond and his American buddy Leiter mock his fear. (Leiter: “Hey Quarrel, if you see a dragon, you get in first and breathe on him. With all that rum in you, he’ll die happy.”) But of course the dragon—which turns out to be a flame-throwing armored tractor—incinerates Quarrel whilst Bond and the equally superstitious but much more toothsome Honey Ryder are taken prisoner. While in this genre we know that Bond is the heroic knight who will ultimately slay the dragon, for now he does seem to be what Dr. No calls him, “just another stupid policeman” who would have done well to listen to the native—not unlike any number of Lovecraft’s educated protagonists.[13]
This smug assumption that knowledge leaves us safe, and indeed safer, is what Lovecraft is satirizing when the narrator of “Call of Cthulhu” dismisses the warnings of the “excitable Spaniard,” not, as Harman would have it, lampooning “racism” on some meta-level.[14]
Also, Michel Houllebeq, an author Harman otherwise praises, has emphasized that Lovecraft is anything but self-assured, either as a White man, or for the White race itself.[15] If “racism” is able to play the self-debunking role Harman wants it to, this is only because of Lovecraft’s self-doubts, based on his horrific experiences in the already multi-culti New York City of the 1920s, that the White race would be able to survive the onslaught of the inferior but strong and numerous under-men. As Houellebecq says, Lovecraft learned to take “racism back to its essential and most profound core: fear.”
“Fascistic Socialism”
On a related point, Harman puts this phrase, from Lovecraft’s last major work, The Shadow out of Time (which he generally dislikes, for reasons we’ll dispute later), in italics with a question mark, and leaves it at that, as if just throwing his hands up and saying “well, I just don’t know!” Alas, this is one of Lovecraft’s most interesting ideas. Like several American men of letters, such as Ralph Adams Cram, Lovecraft concluded that Roosevelt’s New Deal was an American version of Fascism, but, unlike the Chamber of Commerce types who made the same identification, he approved of it for precisely that reason! [16]
More generally, “fascistic socialism” was essentially what Spengler and others of the Conservative Revolution movement in German advocated; for example [5]:
Hans Freyer studied the problem of the failure of radical Leftist socialist movements to overcome bourgeois society in the West, most notably in his Revolution von Rechts (“Revolution from the Right”). He observed that because of compromises on the part of capitalist governments, which introduced welfare policies to appease the workers, many revolutionary socialists had come to merely accommodate the system; that is, they no longer aimed to overcome it by revolution because it provided more or less satisfactory welfare policies. Furthermore, these same policies were basically defusing revolutionary charges among the workers. Freyer concluded that capitalist bourgeois society could only be overcome by a revolution from the Right, by Right-wing socialists whose guiding purpose would not be class warfare but the restoration of collective meaning in a strong Völkisch (“Folkish” or “ethnic”) state.
But then, Harman would have to discuss, or even acknowledge, ideas that give liberals nose-bleeds.
Weird Porn
Harman makes the important distinction that Lovecraft is a writer of gaps, who chooses to apply his talents of literary allusion to the content of horror; but gaps do not exclusively involve horror, and we can imagine writers applying the same skills to other genres, such as detective stories, mysteries, and westerns.[17] In fact,
A literary “weird porn” might be conceivable, in which the naked bodies of the characters would display bizarre anomalies subverting all human descriptive capacity, but without being so strange that the erotic dimension would collapse into a grotesque sort of eros-killing horror. (p. 4)
Harman just throws this out, but if it seem implausible, I would offer Michael Manning’s graphic novels as example of weird porn: geishas, hermaphrodites, lizards and horses—or rather, vaguely humanoid species that suggest snakes and horses, rather like Harman’s discussion of Max Black’s puzzle over the gap produced by the proposition “Men are wolves”—create a kind of steam punk/pre-Raphaelist sexual utopia.[18]
Prolixity
Speaking of Lovecraftian allusiveness not being anchored to horror or any particular genre or content, brings us to my chief interest, and chief disagreement, with Harman’s discussion of Lovecraft’s literary technique.
I knew we would have a problem when right from the start Harman adduces The Shadow out of Time as one of Lovecraft’s worst, since this is actually one of my favorites, and the one that first convinced me of his ability to create cosmic horror through the invocation of hideous eons of cosmic vistas. Harman first notes, in dealing with the preceding novella, At the Mountains of Madness, that while the first half would rank as Lovecraft’s greatest work if he had only stopped there, the second half is a huge letdown: Lovecraft seems to descend to the level of pulp content, as he has his scientists go on a long, tedious journey through the long abandoned subterranean home of the Elder Race, reading endless hieroglyphs and giving all kinds of tedious details of their “everyday” life.[19]
For Harman, “Lovecraft’s decline as a stylist becomes almost alarming here” (p. 225) and will continue—with a brief return to form with “Dreams in the Witch House,” where Harman makes the interesting observation that Lovecraft seems to be weaving in every kind of Lovecraftian technique and content into one grand synthesis— until it ruins the second half as well of Shadow.
In a series of articles here on Counter Currents—soon to be reprinted as part of my next book, The Eldritch Evola . . . & Others—I suggested that not only should Lovecraft’s infamous verbosity no more be a barrier to elite appreciation than the equally deplored but critically lauded “Late Style” of Henry James, but also, and more interestingly, that conversely, we could see James developing that same style as part of an attempt to produce the same effect as Lovecraft’s, which fans call “cosmicism [6]” but which I would rather call cosmic horror (akin to the “sublime” of Burke or Kant).[20] Or perhaps: Weird Realism.
While Harman has greatly contributed to a certain micro-analysis of Lovecraft’s style, he seems, like the critics of the Late James, to miss the big picture. Although useful for rescuing Lovecraft from pulp oblivion, he still limits Lovecraft’s significance to either mere literature, or illustrations of Harman’s ontography. I suggest this still diminishes Lovecraft’s achievement.
The work of Lovecraft, like James, has the not inconsiderable extra value, over and above any “literary” pleasure, of stilling the mind by its very longeurs, leaving us open and available to the arising of some other, deeper level of consciousness when the gaps arise.[21]
But this is not on the table here, because Harman, like all good empiricists (and we are all empiricists today, are we not?) rejects, or misconstrues, the very idea of our having access to a super-sensible grasp of reality that would leap beyond, or between, the gaps; what in the East, and the West until the rise of secularism, would be called intellectual intuition.[22]
Reality itself is weird because reality itself is incommensurable with any attempt to represent or measure it. Lovecraft is aware of this difficulty to an exemplary degree, and through his assistance we may be able to learn about how to say something without saying it—or in philosophical terms, how to love wisdom without having it. When it comes to grasping reality, illusion and innuendo are the best we can do. (p. 51, my italics)
As usual in the modern West, we are to shoulder on as best we can, in an empty, meaningless world, comforted only by patting ourselves on the back for being too grown up, too “smart,” to believe we can not only pursue wisdom, but reach it. As René Guénon put it, it is one of the peculiarities of the modern Westerner to substitute a theory of knowledge for the acquisition of knowledge.[23]
Notes
1. On such “private associations” see Hesse, The Glass Bead Game, (New York: Holt, 1969), pp. 70–71.
2. Whose biographer, Greg Johnson, is not to be confused with our own Greg Johnson here at Counter Currents—I think. For the fictionalized Hilberry see The Hungry Ghosts: Seven Allusive Comedies (Boston: Black Sparrow Press, 1974). Allusive—there’s that idea again!
3. Did they succeed? Judge for yourself: Thomas Moore: Care of the Soul: Guide for Cultivating Depth and Sacredness in Everyday Life (San Francisco: HarperCollins, 1992).
4. Eventually he would sink so low as to teach “everyday reasoning” to freshman lunkheads.
5. See Thomas Mann’s The Magic Mountain and Doktor Faustus, respectively.
6. The hero of this vindication of Rhetoric over Dialectic turns out to be . . . McLuhan! The medium is the message—don’t be hypnotized by the content, take a look at the all-important effects of the context. I’ve suggested before that my own work be seen, like McLuhan’s, less as dogmatic theses to be defended or refuted (dogmatism is for Harman the great sin of worshipping mere content) but rather as a series of probes for revealing new contexts for old ideas. See my Counter-Currents Interview in The Homo and the Negro as well as my earlier “You Mean My Whole Fallacy Is Wrong!” here [7]. Once more, we find that education at a Catholic college in the Canadian boondocks is the best preparation for grasping post-modernism, no doubt because it reproduces the background of Brentano and Heidegger. It was Canadian before it was cool!
7. The Wilson treatment is on display whenever some Judeo-con or Evangelical quotes passages from some alien religious work—usually the Koran these days—to show how stupid or bloodthirsty the natives are, while ignoring similar or identical passages in his own Holy Book. So-called “scholars” play the same game, questioning the authenticity of some newly discovered Gnostic work like the Gospel of Judas for containing, “absurdities” and “silliness” while finding nothing odd about the reanimated corpses—reminiscent of Lovecraft’s genuinely pulp hackwork Herbert West, Reaminator—of the “orthodox” writings. Indeed, some have suggested that Lovecraft’s Necronomicon is itself a parody of The Bible, its supposed Arab authorship a mere screen. This typically Semitic strategy of deliberately ignoring the allusive context of your opponent’s words while retaining your own was diagnosed by the Aryan Christ, in such well-known fulminations against the Pharisees as Matthew 23:24 : “You strain at a gnat, and swallow a camel” or Matthew 7:3: “And why beholdest thou the mote that is in thy brother’s eye, but considerest not the beam that is in thine own eye?”
8. Bad sci/fi hits rock bottom in the content-oriented department with the ubiquitous employment of the “space” prefix: space-food, space-pirates, space-justice, etc., frequently mocked on MST3K. David Bowie’s space-rock ode “Moonage Daydream” contains the cringe-worthy “Press your space face close to mine” but this is arguably a deliberate parody, while the rest of the song brilliantly exploits the Lovecraftian allusive/contextual mode of horror, moving from its straight-faced opening—“I’m an alligator”—through a series of Cthulhuian composites—“Squawking like a pink monkey bird”—ultimately veering into Harman’s weird porn mode—“I’m a momma-poppa coming for you.” Deviant sex and cut-up lyrics—another context-shredding technique—clearly points to the influence of William Burroughs, who created subversive texts based on various genres of boys’ books ranging from sci/fi (Nova Express) to detective (Cities of Red Night: “The name is Clyde Williamson Snide. I am a private asshole.”) to his alt-Western masterpiece The Western Lands trilogy.
9. Harman does a better job explaining Husserl and Heidegger than my little Marrano, but then he has had another three decades to work on it. He does, however, focus mainly on Heidegger’s tool analysis, and his own, somewhat broader formulation. For a wider focused, more objective, if you will, presentation of Heidegger, see Collin Cleary’s series of articles on this site, starting here [8].
10. Needless to say, he never notices that his liberalism is rooted in the ultimate dogma-affirming, context-ignoring movement, Luther’s “sola scriptura.” His liberalism is such as to allow him to tell a pretty amusing one-liner about Richard Rorty, but only by attributing it to “a colleague.” On the one hand, he cringes for Heidegger for daring to refer to a “Senegal Negro” (p. 59) but dismisses Emmanuel Faye’s “Heidegger is a Nazi” screed as a “work of propaganda” (p. 259). See Michael O’Meara’s review of Faye here [9].
11. “Not even Poe [another embarrassing “racist”, well what do you know?] has such indistinguishable protagonists” (p. 10).
12. Indeed, “racism” is one of those principles Baron Evola evoked in his Autodefesa [10], as being “those that before the French Revolution every well-born person considered sane and normal.”
13. Kingsley Amis has cogently argued that the key to Bond’s appeal is that he’s just like us, only a little better trained, able to read up on poker or chemin de fer, has excellent shooting instructors, etc. But if we had the chance . . . See Amis, Kingsley The James Bond Dossier (London: Jonathan Cape, 1965).
14. It might be interesting to apply Harman’s OOO to a film like Carpenter’s They Live. In my review of Lethem’s book on the movie [11], reprinted in The Homo and the Negro, I mentioned liking another point, also from Slavoj Žižek: contrary to the smug assumptions of the Left, knowledge is not necessarily something people want, or which is pleasant—hence the protagonist has to literally beat his friend into putting on the reality-revealing sunglasses. Here we have both Lovecraft’s gaps and notion that knowledge is more likely something you’ll regret: Lovecraft and Žižek, together again!
15. Michel Houellebecq [12], H. P. Lovecraft: Against the World, Against Life [13] (London: Gollancz, 2008). See more generally, and from the same period, Lothrop Stoddard, The Revolt Against Civilization: The Menace of the Under Man, ed. Alex Kurtagic, introduction by Kevin MacDonald (Shamley Green: The Palingenesis Project, 2011).
16. See my “Ralph Adams Cram: Wild Boy of American Architecture” here [14].
17. Again, just as Burroughs applied his cut-up technique to various pulp genres.
18. See my discussion of Manning in “The Hermetic Environment and Hermetic Incest: The True Androgyne and the ‘Ambiguous Wisdom of the Female’” here [15].
19. Everyday life of pre-Cambrian radiata with wings, of course.
20. My suggestion was based on some remarks of John Auchard in Penguin’s new edition of the Portable Henry James, that James’s work could be seen as part of the attempt to substitute art for religion, by using the endless accumulation of detail—James’s “prolixity” as Lovecraft himself chides him for—to “saturate” everyday experience with meaning.
21. Colin Wilson’s second Lovecraftian novel, The Philosopher’s Stone (Los Angeles: Tarcher, 1971)—originally published in 1969, republished in a mass market edition in 1971 at the request of, and with a Foreword by, Joyce Carol Oates, bringing us back to Hilberry—introduced me to the idea of length, and even boredom, as spiritual disciplines. One of the main characters “seemed to enjoy very long works for their own sake. I think he simply enjoyed the intellectual discipline of concentrating for hours at a time. If a work was long, it automatically recommended itself to him. So we have spent whole evenings listening to the complete Contest Between Harmony and Invention of Vivaldi, the complete Well Tempered Clavier, whole operas of Wagner, the last five quartets of Beethoven, symphonies of Bruckner and Mahler, the first fourteen Haydn symphonies. . . . He even had a strange preference for a sprawling, meandering symphony by Furtwängler [presumably the Second], simply because it ran on for two hours or so.” The book is available online here [16].
22. With the inconsistency typical of a Modern trying to conduct thought after cutting off the roots of thought, Harman advises us that “It takes a careful historical judge to weigh which [contextual] aspects of a given thing are assimilated by it, and which can be excluded” (p. 245). What makes a “careful” judge is, of course, intuition. Cf. my remarks on Spengler’s “physiognomic tact” and Guénon’s intellectual intuition in “The Lesson of the Monster; or, The Great, Good Thing on the Doorstep,” to appear in my forthcoming book The Eldritch Evola but also available here [17].
23. How one can transcend the limits of secular science and philosophy, without abandoning empirical experience as the Christian does with his blind “faith,” is the teaching found in Evola’s Introduction to Magic, especially the essay “The Nature of Initiatic Knowledge.” “Having long been trapped in a kind of magic circle, modern man knows nothing of such horizons. . . . Those who are called “scientists” today [as well as, even more so, “philosophers”] have hatched a real conspiracy; they have made science their monopoly, and absolutely do not want anyone to know more than they do, or in a different manner than they do.” The whole text is available online here [18].
Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com
URL to article: http://www.counter-currents.com/2013/02/lovecraft-as-heideggerian-event/
URLs in this post:
[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2013/02/weird-realism.jpg
[2] Weird Realism: Lovecraft and Philosophy: http://www.amazon.com/gp/product/1780992521/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1789&creative=390957&creativeASIN=1780992521&linkCode=as2&tag=countercurren-20
[3] Hölderlin does in Heidegger’s: http://en.wikipedia.org/wiki/H%C3%B6lderlin%27s_Hymn_%22The_Ister%22#Part_three:_H.C3.B6lderlin.27s_poetising_of_the_essence_of_the_poet_as_demigod
[4] Quarrel: http://www.007james.com/characters/quarrel.php
[5] for example: http://www.counter-currents.com/2013/02/hans-freyer-the-quest-for-collective-meaning/#more-36698
[6] fans call “cosmicism: http://www.tumblr.com/tagged/cosmicism
[7] here: http://jamesjomeara.blogspot.com/2011/03/youve-misunderstood-my-whole-fallacy-i.html
[8] here: http://www.counter-currents.com/2012/06/heidegger-an-introduction-for-anti-modernists-part-1/
[9] here: http://www.counter-currents.com/2010/07/heidegger-the-nazi/
[10] Autodefesa: http://www.alternativeright.com/main/the-magazine/julius-evola-radical-traditionalism/
[11] my review of Lethem’s book on the movie: http://www.counter-currents.com/2011/09/they-live/
[12] Michel Houellebecq: http://www.goodreads.com/author/show/32878.Michel_Houellebecq
[13] H. P. Lovecraft: Against the World, Against Life: http://www.goodreads.com/work/quotes/3196799
[14] here: http://www.counter-currents.com/2012/09/ralph-adams-cram-wild-boy-of-american-architecture/
[15] here: http://jamesjomeara.blogspot.com/2010/12/hermetic-environment-and-hermetic.html
[16] here: http://lucite.org/lucite/archive/fiction_-_lovecraft/14047169-the-philosophers-stone-by-colin-wilson.pdf
[17] here: http://www.counter-currents.com/2011/02/the-lesson-of-the-monster-or-the-great-good-thing-on-the-doorstep/
[18] here: http://www.cakravartin.com/wordpress/wp-content/uploads/2006/08/Julius-Evola-Introduction-to-Magic.pdf
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Presseschau März 2013
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AUßENPOLITISCHES
„Propaganda-Blitz“: EU will in Internet-Foren für Euro Stimmung machen
http://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2013/02/04/propaganda-blitz-eu-will-in-internet-foren-fuer-euro-stimmung-machen/
Frankreich plant Bargeldverbot
Die französsche Regierung plant ein Bargeldverbot ab 1000 Euro. Außerdem soll der Umlauf an 500 Euro-Scheinen limitiert werden. In Großbritannien sind 500 Euro Scheine bereits verboten. Mit dem de facto Bargeldverbot droht der totale Überwachungsstaat.
http://www.mmnews.de/index.php/wirtschaft/12106-frankreich-plant-bargeldverbot
4365 EU-Beamte verdienen mehr als die Kanzlerin
http://www.welt.de/wirtschaft/article113330591/4365-EU-Beamte-verdienen-mehr-als-die-Kanzlerin.html
Ökonomen fordern mehr deutsches Geld für die EU
Jetzt reicht es mit den Milliarden für die Euro-Rettung? Mitnichten, sagen Ökonomen. Sie wollen, dass über die Einkommensteuer viele Milliarden nach Brüssel gehen. Dies sei der letzte Ausweg.
http://www.welt.de/wirtschaft/article113748480/Oekonomen-fordern-mehr-deutsches-Geld-fuer-die-EU.html
(etwas älter, aber dennoch richtig)
Ein weiterer Schritt zur Diktatur
Prof. Dr. Karl Albrecht Schachtschneider
http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/deutschland/prof-dr-karl-albrecht-schachtschneider/ein-weiterer-schritt-zur-diktatur.html
(Neue Weltordnung)
Schachmatt für die Menschheit - Deutsche Untertitel
http://www.youtube.com/watch?v=s4tgxU0o09c
(Auch eine Institution der Neuen Weltordnung?...)
Allianz der Zivilisationen
http://de.wikipedia.org/wiki/Allianz_der_Zivilisationen
Ein Wirtschaftssystem am Ende – Erster Teil
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5be4b1d08e9.0.html
Eurokrise Staatsverschuldung 1950-2011 - Generationenvertrag ade – Hans Werner Sinn
https://www.youtube.com/watch?v=ZKv3E5AO3M8
Aktuelle Staatsverschuldung Deutschland – Schuldenuhr
http://www.gold.de/staatsverschuldung-deutschland.html
Europa enteignet erstmals die Gläubiger einer Bank
Das hat es selbst in Griechenland bislang nicht gegeben: Die niederländische Regierung hat über Nacht Anleihen der Bank SNS für wertlos erklärt. Das bedeutet für Privatanleger den Totalverlust.
http://www.welt.de/finanzen/article113939408/Europa-enteignet-erstmals-die-Glaeubiger-einer-Bank.html
Eine Million Bürger protestieren gegen Brüssels Wasserpläne
http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/richtlinie-ueber-die-konzessionsvergabe-eine-million-buerger-protestieren-gegen-bruessels-wasserplaene-1.1596892
Kühlschränke bald ferngesteuert?
Stromlobby möchte eingreifen
http://www.n-tv.de/politik/Stromlobby-moechte-eingreifen-article10182211.html
Schwächster Januar seit 1990
Autoverkauf in Europa sinkt auf Rekordtief
http://www.abendblatt.de/wirtschaft/article113752069/Autoverkauf-in-Europa-sinkt-auf-Rekordtief.html
Sevilla versinkt im Müll
http://www.zdf.de/ZDFmediathek/beitrag/video/1835386/Sevilla-versinkt-im-Muell#/beitrag/video/1835386/Sevilla-versinkt-im-Muell
http://www.dtoday.de/startseite/panorama_artikel,-Sevilla-versinkt-in-meterhohen-Abfallbergen-_arid,225747.html
(Eu-apologetischer Alarmismus; Kommentar zur Italien-Wahl)
Italien droht politische Lähmung
Kommentar: Ruf nach den Pyromanen
http://www.op-online.de/nachrichten/politik/kommentar-wahl-italien-2013-2770094.html
Italienischer Staatspräsident sagt Treffen mit Steinbrück ab
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M56ed1d8fed9.0.html
Frankreich: Nationalversammlung stimmt für Homo-Ehe
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M524dd41d22a.0.html
(Würdigung…)
Der letzte deutsche Papst
Von Ronald Gläser
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5ecea58de69.0.html
(…und Polemik)
Und jetzt: Papst Mohammed I.
Kolumne von Deniz Yücel
http://www.taz.de/Kolumne-Besser/!110801/
Berlusconi lobt Politik des faschistischen Diktators Mussolini
http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/italien-berlusconi-lobt-politik-des-faschistischen-diktators-mussolini-1.1584490
Foltervorwürfe gegen britische Armee im Irak
http://derstandard.at/1358305081218/Foltervorwuerfe-gegen-britische-Armee-im-Irak
Syrien : ZDF verfälscht Videos !!!
http://www.youtube.com/watch?v=9GO0Ul61rPE
(Zu den Raketenstationierungen in der Türkei nahe der syrischen Grenze)
German journalist Manuel Ochsenreiter on RT about the visit of Angela Merkel
http://www.youtube.com/watch?v=7QUHf1bv6MI
Belgischer Abgeordneter über Anschläge unter falscher Flagge und inszenierten Terrorkrieg
https://www.youtube.com/watch?v=6l_OFRIERTk
Moskau weist Ansprüche Japans auf Kurien-Inseln wieder zurück
http://german.ruvr.ru/2013_01_15/Moskau-weist-Anspruche-Japans-auf-Kurien-Inseln-wieder-zuruck/
Kurilen-Konflikt
Japan lässt Kampfflugzeuge gegen Russen-Jets aufsteigen
http://www.morgenpost.de/politik/ausland/article113456222/Japan-laesst-Kampfflugzeuge-gegen-Russen-Jets-aufsteigen.html
Teile von Dach und Wand des explodierten Tschernobyl-Reaktors eingestürzt
http://de.rian.ru/society/20130212/265513278.html
Tschechien
Necas verurteilt Vertreibung der Sudetendeutschen
http://www.derwesten.de/politik/necas-verurteilt-vertreibung-der-sudetendeutschen-id7644242.html
Ungarn
Hakenkreuz-Verbot: Kommunist bewirkt Aufhebung
http://www.unzensuriert.at/content/0011822-Hakenkreuz-Verbot-Kommunist-bewirkt-Aufhebung
Litauen
»... das Werk unserer Befreiung ...«
Denkmal für die Konvention von Tauroggen nach Rekonstruktion erneut eingeweiht
http://www.preussische-allgemeine.de/nachrichten/artikel/das-werk-unserer-befreiung.html
(Hintergründe zum Dutroux-Skandal)
Gesuch des Kinderschänders Marc Dutroux um vorzeitige Freilassung
http://terraherz.at/2013/02/14/gesuch-des-kinderschaenders-marc-dutroux-um-vorzeitige-freilassung/#more-18730
Sexuelle Gewalt in Südafrika
17-Jährige stirbt nach brutaler Vergewaltigung
http://www.focus.de/politik/ausland/sexuelle-gewalt-in-suedafrika-17-jaehrige-stirbt-nach-brutaler-vergewaltigung_aid_915217.html
Kriminalität - Südafrika:
Zwölf Männer nach Gruppenvergewaltigung in Südafrika festgenommen
http://newsticker.sueddeutsche.de/list/id/1421661
INNENPOLITISCHES / GESELLSCHAFT / VERGANGENHEITSPOLITIK
Ein neues „Gespenst“ geht um in Europa
Informationen zur Bewegung der „Identitären“
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=479
Identitäre Bewegung: Lage, Herausforderungen, Perspektiven
http://www.sezession.de/36391/identitare-bewegung-lage-herausforderungen-perspektiven.html#more-36391
(Ausführliche Leserdiskussion)
Scheitert die Identitäre Bewegung in Deutschland?
http://www.sezession.de/36974/scheitert-die-identitare-bewegung-in-deutschland.html
Blattschuss
Wie Rotgrün die deutsche Übermacht erledigt, wie gut unsere Konzerne die EU beraten, und wo man noch richtig Geld verdienen kann / Der Wochenrückblick mit Hans Heckel
http://www.preussische-allgemeine.de/nachrichten/artikel/blattschuss.html
Rede des Bundespräsidenten: Gauck wünscht sich europäischen Patriotismus
http://www.spiegel.de/politik/deutschland/gauck-wuenscht-sich-europaeischen-patriotismus-a-884935.html
Erste Grundsatzrede
Gauck wünscht sich gesamteuropäischen Fernsehkanal
http://www.welt.de/politik/deutschland/article113831990/Gauck-wuenscht-sich-gesamteuropaeischen-Fernsehkanal.html
Bundespräsident Gauck: Europa braucht “Gründungsmythos nach Art einer Entscheidungsschlacht”
http://ernstfall.org/2013/02/22/bundesprasident-gauck-europa-braucht-grundungsmythos-nach-art-einer-entscheidungsschlacht/
Der Johannes Rau aus dem Osten
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5b78245feac.0.html
Homo-Ehe
Konservativer CDU-Flügel gegen Gleichstellung
http://www.faz.net/aktuell/politik/inland/homo-ehe-konservativer-cdu-fluegel-gegen-gleichstellung-12092681.html
Die Selbstachtung wiedergewinnen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5bf5e0f302d.0.html
(Grüne Gutmenschen…)
Die neuen Jakobiner
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5d635c60096.0.html
Bundeswehr Marinesoldaten demütigen Vorgesetzten
Bei einer Auseinandersetzung auf einem Schnellboot der Deutschen Marine ist ein vorgesetzter Bootsmann thailändischer Herkunft von mehreren Kameraden misshandelt worden. Das Verteidigungsministerium sieht keinen rassistischen Hintergrund.
http://www.faz.net/aktuell/politik/inland/bundeswehr-marinesoldaten-demuetigen-vorgesetzten-12096133.html
"Medinat Weimar" - ein jüdischer Staat in Weimar
Ein Projekt zwischen Kunst und politischer Kampagne
Wenn derzeit von Thüringen die Rede ist, denken viele spontan an die Zwickauer Terrorzelle. Angesichts dieser Tatsache klingt es zunächst wie ein schlechter Scherz, gerade in Thüringen einen jüdischen Staat zu errichten. Doch genau das fordert der israelische Künstler Ronen Eidelman.
http://www.dradio.de/dkultur/sendungen/ausderjuedischenwelt/1679985/
Medinat Weimar Promotion Video
http://www.youtube.com/watch?v=xVGeR4r5hbk
Oettinger fordert Kurswechsel in der Türkei-Politik
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M57d2c1d997b.0.html
Essen behält „Von-Seeckt-Straße“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M56fbc22ebcd.0.html
Als Jürg Altwegg Armin Mohler lobte
http://www.sezession.de/36249/als-jurg-altwegg-armin-mohler-lobte-fundstucke-13.html#more-36249
"Hitlers Krieg? - Was Guido Knopp verschweigt!".avi
http://www.youtube.com/watch?v=hV1zlP8YCAU
NS-Forschung Wer war Adolf Hitler?
Vier zentrale Fragen zu dem Mann, der heute vor achtzig Jahren zum Kanzler ernannt wurde, sind noch unbeantwortet. Doch statt wirklicher Analyse blüht in Deutschland eine enervierende, obskurantistische Hitler-Folklore.
http://www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/ns-forschung-wer-war-adolf-hitler-12043685.html
(Mal was seltenes zu britischen Folterknechten 1945)
Todes-Folter im Namen der Majestät
http://www.focus.de/politik/ausland/tid-29413/report-todes-folter-im-namen-der-majestaet_aid_901637.html
Volk und Imperium: Der Fall Polen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5adff80cad3.0.html
(Kleingerechnetes und antifantisch überwachtes Gedenken an die deutschen Rheinwiesen-Kriegsgefangenen)
Kapelle Schwarze Madonna
http://de.wikipedia.org/wiki/Kapelle_Schwarze_Madonna
Akten aus dem "Dritten Reich" werden konserviert
http://www.n24.de/news/newsitem_8599512.html
Hessischer Landtag
Zeitweilig ein Drittel der Abgeordneten ehemalige NSDAP-Mitglieder
http://www.faz.net/aktuell/politik/hessischer-landtag-zeitweilig-ein-drittel-der-abgeordneten-ehemalige-nsdap-mitglieder-12086247.html
(Die „Frankfurter Rundschau“ braucht es plakativer…)
NSDAP
Erst Nazi, dann Landtags-Abgeordneter
Von Pitt von Bebenburg
http://www.fr-online.de/rhein-main/nsdap-erst-nazi--dann-landtags-abgeordneter,1472796,21882066.html
Pforzheim - alte Ansichten einer versunkenen Stadt
http://www.youtube.com/watch?v=aSaW9DfGLnQ
LINKE / KAMPF GEGEN RECHTS / ANTIFASCHISMUS
Ein neues „Gespenst“ geht um in Europa
Informationen zur Bewegung der „Identitären“
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=479
ZDF über Identitäre Bewegung und rechten Narrensaum
Von Felix Menzel
http://www.blog.blauenarzisse.de/5917/zdf-ueber-identitaere-bewegung-und-rechten-narrensaum.html
ZDF: "Sicherheit gegen Rechts im Internet" (Bericht zum "Safer Internet Day")
http://www.zdf.de/ZDFmediathek#/beitrag/video/1835372/Sicherheit-gegen-Rechts-im-Internet
(Zu Antirassismus, Antisexismus…)
Affentheater als Ablenkmanöver
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M51391383f35.0.html
Links. Das Prinzip Illusionismus.
http://www.sezession.de/36242/links-das-prinzip-illusionismus.html#more-36242
(Vorwürfe gegen Verfassungsschutz in NSU-Affäre)
Prozess gegen Zschäpe im April
http://www.thueringer-allgemeine.de/web/zgt/leben/detail/-/specific/Prozess-gegen-Zschaepe-im-April-898678228
NSU-Helfer und Sprengstoffbeschaffer mit Hang zu Dortmund
http://www.derwesten-recherche.org/2013/02/nsu-helfer-und-sprengstoffbeschaffer-mit-hang-zu-dortmund/
Gauck-Einladung
Kölner NSU-Opfer in Schloss Bellevue
http://www.ksta.de/muelheim/gauck-einladung-koelner-nsu-opfer-in-schloss-bellevue,15187568,21873878.html
Berlin
Gauck wirbt um Vertrauen bei Angehörigen der NSU-Opfer
http://www.ln-online.de/Nachrichten/Politik/Politik-im-Rest-der-Welt/Gauck-wirbt-um-Vertrauen-bei-Angehoerigen-der-NSU-Opfer
Cohn-Bendit erhält Theodor Heuss Preis
http://www.welt.de/newsticker/dpa_nt/regiolinegeo/badenwuerttemberg/article113082243/Cohn-Bendit-erhaelt-Theodor-Heuss-Preis.html
(Schwulengegner)
Hochschule schmeißt Lohmann raus
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M56f6cb87a74.0.html
Erneuter Eklat um K-TV Chef: Markus Lanz entzieht das "Du"
http://www.gmx.net/themen/tv/shows/12a6j5c-erneuter-eklat-k-tv-chef-markus-lanz-entzieht
Merseburg
Ausstellung von Uwe Nolte in Sitte-Galerie abgesagt
http://www.mz-web.de/servlet/ContentServer?pagename=ksta%2Fpage&atype=ksArtikel&aid=1358491057114
Merseburger Heilungszauber
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5735c52f5bf.0.html
Frei.Wild – Heimatrock und Politik
http://www.sezession.de/36485/frei-wild-heimatrock-und-politik.html#more-36485
(BHJ und Danubia werden erwähnt)
Gefangen im braunen Netz: Nazis in Nadelstreifen
http://www.derwesten-recherche.org/2013/02/gefangen-im-braunen-netz-nazis-in-nadelstreifen/
(Odfried Hepp; Der Freibund wird erwähnt)
Der Terrorist
http://www.derwesten-recherche.org/2013/02/der-terrorist/
Die Spielverderber von der NPD
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M51b6ef4a300.0.html
Rückerstattung von Parteienfinanzierung
Bundestag stoppt Zahlungen an NPD
http://www.zeit.de/politik/deutschland/2013-02/npd-bundestag-zahlungen
Polizei bewacht Filmvorführungen in Stadt/Kreis Aschaffenburg
Mit Störungen gerechnet
Zweimal hat am Mittwoch die Polizei eine Filmvorführung begleitet. Der Dokumentarfilm beleuchtete die rechtsextremistische Szene. Im Vorfeld hatte es offenbar Drohungen aus dem rechtsradikalen Umfeld gegeben.
http://www.main-netz.de/nachrichten/blaulicht/regionales/art12299,2486425
Brandenburg förderte linksextremen Szenetreff
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5fd46233d8e.0.html
(Rührstück)
37° begleitet Jörg und seine Lebensgefährtin Petra, die sich gegen rechte Gewalt in ihrem Heimatort einsetzen. Der Film zeigt, wie mühsam ihr Engagement ist und wie viel Mut es bedarf standzuhalten
http://www.zdf.de/ZDFmediathek/beitrag/video/1835344/Ich-lass%2527-mich-nicht-vertreiben#/beitrag/video/1835344/Ich-lass%27-mich-nicht-vertreiben
37 Grad: "Ich lass' mich nicht vertreiben!" - Standhalten gegen rechte Gewalt
http://www.ekd.de/medientipps/86941.html
(Migrantenkids gegen Linke; ein Jahr alt, aber vielleicht dennoch nicht jedem bekannt)
Berlin - Angriff auf linkes Wohnprojekt
https://linksunten.indymedia.org/de/node/54342
(Die witzige Kommentardiskussion ist auch interessant)
Frankfurter Polizei
Schmerzensgeld für Blockupy-Teilnehmer
http://www.hr-online.de/website/rubriken/nachrichten/indexhessen34938.jsp?rubrik=36082&key=standard_document_47444021
Schmerzensgeld für festgesetzte Blockupy-Aktivisten
http://www.fnp.de/fnp/region/lokales/frankfurt/schmerzensgeld-fuer-festgesetzte-blockupyaktivisten_rmn01.c.10453524.de.html
(Blockupy)
Demonstration
Polizei durchsucht Räume von mehreren Foto-Journalisten
http://www.zeit.de/gesellschaft/zeitgeschehen/2013-02/razzia-journalisten-staatsanwaltschaft-frankfurt
Bundesweite Aktion
Razzia bei Demo-Fotografen
http://www.hr-online.de/website/rubriken/nachrichten/indexhessen34938.jsp?rubrik=36082&key=standard_document_47468413
LINKE verurteilt Angriff auf Pressefreiheit / Zur Polizeirazzia bei einem Freiburger Fotografen erklärt Dirk Spöri, Mitglied im geschäftsführenden Landesvorstand
http://bundespresseportal.de/baden-w%C3%BCrttemberg/item/8646-linke-verurteilt-angriff-auf-pressefreiheit-zur-polizeirazzia-bei-einem-freiburger-fotografen-erkl%C3%A4rt-dirk-sp%C3%B6ri,-mitglied-im-gesch%C3%A4ftsf%C3%BChrenden-landesvorstand.html
Wien
Zynische Polizeiführung macht Ballbesucher zu Freiwild für linken Mob
http://www.unzensuriert.at/content/0011612-Zynische-Polizeif-hrung-macht-Ballbesucher-zu-Freiwild-f-r-linken-Mob
Übergriffe auf Ballbesucher: FPÖ attackiert Wiener Polizeiführung
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M53a37eeaf30.0.html
(Nicht-)Einsatz der Polizei kostete die Steuerzahler 501.000 Euro
http://www.unzensuriert.at/content/0011677-Nicht-Einsatz-der-Polizei-kostete-die-Steuerzahler-501000-Euro
Linksextremisten begeistert von passiver Wiener Polizei
http://www.unzensuriert.at/content/0011712-Linksextremisten-begeistert-von-passiver-Wiener-Polizei
Viele nicht angemeldete Linksdemonstrationen in Österreich
http://www.unzensuriert.at/content/0011876-Viele-nicht-angemeldete-Linksdemonstrationen-sterreich
Dresdner Musterdemokraten
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5037694f990.0.html
Dresden
Widerstand vom Discounter
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5d76e5a28da.0.html
(Bombenkriegsgedenken auch hier von „Antifa“ gestört)
Pforzheim Proteste und Polizeieinsatz am Gedenktag
http://www.stuttgarter-nachrichten.de/inhalt.pforzheim-proteste-und-polizeieinsatz-am-gedenktag.79436bcf-f41b-41d5-9d33-34ebd6a06f9d.html
(Deutsche Friedensgesellschaft - Vereinigte Kriegsdienstgegner)
Linke Gruppierung ruft zur Sabotage auf
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M55b8b0cf584.0.html
EINWANDERUNG / MULTIKULTURELLE GESELLSCHAFT
Das deutsche Volk in der BRD (II)
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M53a02e3402a.0.html
Identitäre Basisarbeit (7): Votivkirche durch neun identitäre Wiener besetzt
http://www.sezession.de/36438/identitare-basisarbeit-occupy-votivkirche.html
Mob vor Votivkirche attackiert Unzensuriert-Redakteur
http://www.unzensuriert.at/content/0011699-Mob-vor-Votivkirche-attackiert-Unzensuriert-Redakteur
Votivkirche Wien besetzt – ein Gespräch mit der „Identitären Bewegung Österreich“
http://www.sezession.de/36502/votivkirche-wien-besetzt-ein-gesprach-mit-der-identitaren-bewegung-osterreich.html
Votivkirche in Wien besetzt – Kleiner Pressespiegel
http://www.sezession.de/36560/votivkirche-in-wien-besetzt-kleiner-pressespiegel.html#more-36560
Niemand sagt, daß ein schwarzes Viertel mehr Vielfalt braucht …
http://www.youtube.com/watch?v=ZuReT__buV4
Pforzheims Zukunft gehört den Migranten
http://www.pz-news.de/pforzheim_artikel,-Pforzheims-Zukunft-gehoert-den-Migranten-_arid,172201.html
Nordrhein-Westfalen warnt vor neuer Welle der Armuts-Migration
http://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/2013/02/18/nordrhein-westfalen-warnt-vor-neuer-welle-der-armuts-migration/
Armutsmigration – Deutscher Städtetag empfielt Rückführungsprogramme
http://www.sezession.de/36677/armutsmigration-deutscher-stadtetag-empfielt-ruckfuhrungsprogramme.html#more-36677
Roland Berger warnt Unternehmensberater: Rechtsextremismus verhindert Aufschwung in Ostdeutschland
Der bekannte Unternehmensberater Roland Berger hält Neonazis für ein Wachstumshemmnis in Ostdeutschland. Der Osten brauche Ausländer – doch solange Rechtsextremisten durch die Städte marschierten, ziehe niemand dorthin.
http://www.focus.de/politik/deutschland/unternehmensberater-roland-berger-warnt-rechtsextremismus-verhindert-den-wirtschaftsaufschwung-in-ostdeutschland_aid_923765.html
Evangelische Kirche fordert Verständnis für kriminelle Zigeuner
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M53a1625db4d.0.html
FDP kritisiert strenge rot-grüne Abschiebepraxis
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5569c224e97.0.html
Armutsmigration: Politikunfähigkeit von Staat und Gesellschaft
http://www.sezession.de/36983/armutsmigration-politikunfahigkeit-von-staat-und-gesellschaft.html#more-36983
Jetzt fast drei Millionen Türken in Deutschland
http://www.pi-news.net/2013/02/jetzt-fast-drei-millionen-turken-in-deutschland/
http://www.welt.de/politik/deutschland/article113327480/Lebt-eine-halbe-Million-mehr-Tuerken-in-Deutschland.html
Gabriel warnt vor Flucht der Türken aus Deutschland
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M52562af4c5b.0.html
(Auf dem Foto sind übrigens viele Roma-Kinder zu sehen… ;-) )
Offenbach
„Wir können nicht mehr“
Zustrom aus Südosteuropa ebbt nicht ab
http://www.op-online.de/lokales/nachrichten/offenbach/zustrom-suedosteuropa-schulleiter-offenbach-schlagen-alarm-2738865.html
Berlin
Rentner sollen Asylbewerbern weichen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M53171e68d31.0.html
(Die nächste Sau wird durch die Medien getrieben…)
Rassismus-Vorwurf: Rösler nimmt Hahn in Schutz
http://www.spiegel.de/politik/deutschland/roesler-nimmt-hahn-nach-aeusserungen-ueber-asiatisches-aussehen-in-schutz-a-882167.html
Islamkritikerin muß Strafe zahlen
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M50c3bf3661a.0.html
Buschkowsky wettert gegen doppelte Staatsbürgerschaft
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M59fc133904d.0.html
(Die Türsteher sind meist selbst Türken und wissen schon warum…)
Türsteher der Clubs in Frankfurt weisen auffällig oft Ausländer ab:
Antidiskriminierungsbeauftragter Akli Kebaili klagt an
http://www.extratipp.com/news/aufreger/rassismus-tuersteher-club-frankfurt-auslaender-draussen-2740774.html
Kinder nicht deutscher Herkunft erhalten Begabten-Bonus
Viele Schüler haben Tests fürs Schnelllerner-Gymnasium nicht bestanden. Die Bildungsverwaltung hat nachträglich die Ergebnisse verbessert.
http://www.morgenpost.de/berlin/article113798264/Kinder-nicht-deutscher-Herkunft-erhalten-Begabten-Bonus.html
(Artikeltitel bei Google eingeben. Dann funktioniert der Link bzw. man stößt auf den Artikel)
Flüchtlingsräte: Unterstützung für kriminelle Migranten
http://ernstfall.org/2013/02/05/fluchtlingsrate-unterstutzung-fur-kriminelle-migranten/
Schweden: Wachsende Ablehnung von Zuwanderung
http://ernstfall.org/2013/02/05/schweden-wachsende-ablehnung-von-zuwanderung/
Gefängnis-Essen-Skandal in England: Schweinefleisch in Gefängnis-Fleisch gefunden
http://www.shortnews.de/id/1007892/gefaengnis-essen-skandal-in-england-schweinefleisch-in-gefaengnis-fleisch-gefunden
Die alltägliche Zensur – ein Frankfurter Beispiel
Wie ein Polizeibericht „politisch korrekt“ gemacht wird
http://www.freie-waehler-frankfurt.de/artikel/index.php?id=482
Attentatsversuch auf dänischen Islamkritiker
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M544b5fdb21b.0.html
Schweden: Moslems köpfen voller Stolz Katze
http://www.pi-news.net/2013/02/schweden-moslems-kopfen-voller-stolz-katze/
Handy geraubt - Hanau
http://www.ad-hoc-news.de/polizeipraesidium-suedosthessen-offenbach-pol-of--/de/News/25279179
Um Handy und Bargeld erleichtert - Offenbach
http://www.presseportal.de/polizeipresse/pm/43561/2413244/pol-of-pressebericht-des-polizeipraesidiums-suedosthessen-von-samstag-dem-09-02-2013
(Zitat: " Der junge Mann hatte sich nach der Bluttat zunächst in den Libanon abgesetzt, war dann aber ausgeliefert worden.")
Winzer-Enkel erstochen
18-Jähriger muss ins Gefängnis
http://www.n-tv.de/panorama/18-Jaehriger-muss-ins-Gefaengnis-article10104401.html
Räuber an Gastwirt gescheitert - Offenbach
Hiebe statt Beute - das gab es für zwei Unbekannte, die am Sonntagabend eine Gaststätte im Lichtenplattenweg überfielen. Gegen 21.30 Uhr betraten die beiden Räuber die Kneipe. Einer bedrohte den Wirt mit einer Schusswaffe und forderte Geld. Der Gastwirt dachte aber nicht daran, dem Gauner Bares auszuhändigen und meinte nur kurz: "Erschieß mich doch!" Hierauf habe es "Klick" gemacht, ein Schuss sei aber nicht gefallen. Zur gleichen Zeit habe der zweite Täter einen Gast zu Boden gestoßen. Nun wurde es dem Wirt zu bunt und er ging auf die Halunken zu. Bevor die Ganoven aus dem Lokal fliehen konnten, kam es zu einem Handgemenge, in dessen Verlauf sowohl der Wirt als auch der Gast leichte Verletzungen erlitten. Aber auch die Täter dürften etwas abbekommen haben. Ohne Beute rannte das Duo in Richtung Rhönstraße davon. Die Überfallenen beschrieben die Flüchtigen als Südländer, die beide um die 1,80 Meter groß und etwa 25 Jahre alt waren; sie sprachen Deutsch mit Akzent. Bekleidet waren die Täter mit dunklen Jacken und dunklen Hosen, maskiert mit dunklen Sturmhauben. Die Polizei leitete sofort eine Großfahndung ein, konnte die Räuber aber bislang noch nicht ergreifen. Im Rahmen dieser Fahndung fanden die Ordnungshüter allerdings eine Sturmhaube, die die Täter auf der Flucht weggeworfen haben dürften. Der Spurenträger wird kriminaltechnisch untersucht. Zudem ermittelt die Kriminalpolizei und bittet um weitere Hinweise unter der Rufnummer 069 8098-1234.
http://www.presseportal.de/polizeipresse/pm/43561/2418149/pol-of-pressebericht-des-polizeipraesidiums-suedosthessen-vom-18-02-2013
"Handy bekommt Füße" - Offenbach
Vertrauensvoll übergab ein 18-Jähriger am Samstag sein Handy einem Fremden. Der Unbekannte hatte den Offenbacher gegen 18 Uhr am Aliceplatz angesprochen und mitgeteilt, dass er für einen ganz wichtigen Anruf dringend ein Mobiltelefon benötige. Der 18-Jährige händigte freundlich sein iPhone aus - und schon war der Gauner mit der Beute in Richtung Kaiserstraße davongerannt. Bei dem Dieb soll es sich nach Angaben des Bestohlenen um einen schlanken Marokkaner gehandelt haben, der etwa 1,85 Meter groß und um die 20 Jahre alt war. Er hatte einen Boxerhaarschnitt und trug Jeans und Winterjacke. Die Kriminalpolizei ermittelt und bittet um Hinweise unter der Rufnummer 069 8098-1234.
http://www.presseportal.de/polizeipresse/pm/43561/2418149/pol-of-pressebericht-des-polizeipraesidiums-suedosthessen-vom-18-02-2013
Gruppenvergewaltigung in München
http://www.deutscheopfer.de/wp-content/uploads/2013/02/2013_02_15_muenchen.pdf
(Dazu ein treffender Kommentar…)
Ausbleibende Empörung
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5bd7ed35aac.0.html
Lehrling halbtot geprügelt: Freispruch für türkische Angeklagte
http://www.unzensuriert.at/content/0011882-Lehrling-halbtot-gepr-gelt-Freispruch-f-r-t-rkische-Angeklagte
KULTUR / UMWELT / ZEITGEIST / SONSTIGES
"Jenseits des Guten und Schönen: Unbequeme Denkmale?"
http://tag-des-offenen-denkmals.de/thema/
Politisch korrektes Deutsch
Verbände wollen „soziale Unwörter“ zensieren
http://www.faz.net/aktuell/wirtschaft/wirtschaftspolitik/politisch-korrektes-deutsch-verbaende-wollen-soziale-unwoerter-zensieren-12094314.html
(Sprachvereinfachung in Medien)
Bitte recht einfach
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M555c8c6969d.0.html
(Nun die politisch-korrekte Denkweise ist zumindest in sich schlüssig)
„Political Correctness ist super“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M5e31a06b0e5.0.html
DVU-Gründer: Gerhard Frey ist tot
http://www.spiegel.de/politik/deutschland/dvu-gruender-gerhard-frey-ist-tot-a-885170.html
Meinungsfreiheit: Hexenjagden, Hetzkampagnen, Hysterien
http://ef-magazin.de/2013/02/21/4051-meinungsfreiheit-hexenjagden-hetzkampagnen-hysterien
Von den Mißratenen und Minderwertigen – Erster Teil
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M570b3e715ef.0.html
(Das Böse in der Politik)
Das 1x1 der Ponerologie: Lobaczewski und die Wurzeln der Politischen Ponerologie
http://de.sott.net/article/2014-Das-1x1-der-Ponerologie-Lobaczewski-und-die-Wurzeln-der-Politischen-Ponerologie
Sich bereichern an einer Hartz IV-Bezieherin
http://www.sezession.de/36431/sich-bereichern-an-einer-hartz-iv-bezieherin.html#more-36431
Netzkultur
http://www.sezession.de/36211/netzkultur.html#more-36211
(Zum Hannah-Arendt-Film)
„All arrogance and no feelings“
http://www.jungefreiheit.de/Single-News-Display-mit-Komm.154+M552266358c3.0.html
(400 Jahre braucht eine Plastiktüte zum Verrotten)
Biologisch abbaubar
Ökologische Wegwerfartikel
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Crise du marché automobile
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dimanche, 03 mars 2013
Depardieu veut faire un film sur la Tchétchénie
Depardieu veut faire un film sur la Tchétchénie
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Entretien avec Laurent Obertone
Laurent Obertone :
« Tous les pays hétérogènes ont une criminalité très forte »
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La Norvegia non ha debito pubblico. Come mai?
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Citation de G. Lipovetsky

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Mitteleuropa: Ursprung des Germanischen?
Mitteleuropa: Ursprung des Germanischen?
Ex: http://www.genius.co.at/

Buchbesprechung von Heinz-Dieter Pohl
Dieses ausgezeichnete Buch ist der Frühgeschichte des Germanischen gewidmet. Die germanische Sprachfamilie selbst, mit über 500 Millionen Muttersprachlern eine der größten der Welt, ist ein Glied in der indogermanischen (auch indoeuropäisch genannten) Sprachfamilie, die aus gut einem Dutzend weiterer Sprachen und Sprachfamilien besteht (u.a. Keltisch, Italisch [dazu Lateinisch, woraus Romanisch] Baltisch, Slawisch, Indoiranisch [woraus Iranisch und Indoarisch], Albanisch, Griechisch, Armenisch und einige ausgestorbene Sprachen). Ausgangspunkt der Darstellung ist das Protogermanische, also jene Sprachform, die dem eigentlichen Urgermanischen zugrunde liegt. Dieses hat ja bereits die „Erste“ oder germanische Lautverschiebung (in vorchristlicher Zeit, s.u.) durchgeführt; die „Zweite“ oder hochdeutsche Lautverschiebung ist erst später (frühestens um die Mitte des ersten nachchristlichen Jahrtausends) eingetreten. Von den beiden Lautverschiebungen waren die Konsonanten betroffen.
Der Verfasser vertritt die Auffassung, dass die erste Lautverschiebung im 5./4. Jhdt. v. Chr. einsetzt und schließlich im 1. Jhdt. v. Chr. abgeschlossen war. Das zugrunde liegende indogermanische Lautinventar wird traditionell beschrieben, also nicht im Sinne der „Glottaltheorie“. Insgesamt gesehen wird der Sprachzustand des Germanischen vor den Wanderbewegungen der Germanen, wie er beim Einsetzen der Lautverschiebung bestanden hat, erstmals zusammenfassend beschrieben; es ist die Zeit rund 600 (und vielleicht auch etwas mehr) Jahre vor den ersten überlieferten gotischen Texten. Erst mit der Lautverschiebung vollzieht sich der Übergang vom Protogermanischen zum Urgermanischen. Diese betraf die Verschlusslaute; die stimmlosen (Tenues) wurden zu Reibelauten (p t k kw > f þ χ χw),[1] die stimmhaften (Mediae) zu stimmlosen (also b d g gw > p t k kw) und die behauchten (Mediae aspiratae, also bh dh gh gwh) wurden zunächst zu stimmhaften Reibelauten und dann weiter zu b d g gw. Zur Zeit der Lautverschiebung war der Wortakzent (Betonung) noch variabel, d.h. jede Silbe konnte den Ton tragen und der konnte sich in der Flexion ändern. Die Tenues wurden im Inlaut nur dann zu stimmlosen Reibelauten, wenn der Ton auf dem vorangehenden Vokal lag, sonst wurden sie stimmhaft (z.B. gotisch broþar ‚Bruder‘ – fadar ‚Vater‘, althochdeutsch bruoder – fater aus indogermanisch *bhrater –*pətar, vgl. altindisch bhrata – pita).[2] Dies nennt man „Vernersches Gesetz“.
Vor dem Einsetzen der Lautverschiebung hat sich das Protogermanische überwiegend nur im Formensystem gegenüber den indogermanischen Grundlagen gewandelt. Im Bereich des Verbalsystems hat sich das Protogermanische (ähnlich wie das Protobaltische) am stärksten vom indogermanischen Zustand entfernt: erhalten geblieben ist nur das Präsens, das Perfekt wurde zum Präteritum schlechthin; die anderen Tempusformen wurden aufgegeben. Allerdings lebt das indogermanische Perfekt nur im sogenannten „starken“ Verbum (Typus binden – band – gebunden) sowie bei den „Präteritopräsentia“ (s.u.) weiter, bei den schwachen (vielfach abgeleiteten) Verben wurde ein neues „schwaches“ Präteritum gebildet (Typus sagen – sagte – gesagt), wegen des charakteristischen Dentallautes auch „Dentalpräteritum“ genannt. Seine historische Entstehung ist umstritten, seine Entstehungsgeschichte wird vom Verfasser anschaulich erklärt unter Berücksichtigung der verschiedenen Deutungsversuche; teils hat hier das Partizipium auf *-to-, teils das Verbum *do- ‚tun‘ eine große Rolle gespielt (auch das Keltische hat ein t-Präteritum, doch ob bzw. wie beide zusammenhängen muss offen bleiben). Als dritte Verbalklasse treten neben die starken und schwachen Verben die sogenannten Präteritopräsentia, die zwar aus dem indogermanischen Perfekt entstanden sind, aber als Zustandsverben mit resultativer Bedeutung im Germanischen Präsensbedeutung angenommen haben. Auch zu diesen wird dann ein „schwaches“ Präteritum gebildet. Eine Sonderstellung nehmen – wie in allen indogermanischen Sprachen – die hocharchaischen athematischen Verben ein; im Germanischen gehören dazu sein, tun, gehen, stehen und tun sowie wollen.
Das germanische Formensystem (Deklination und Konjugation) wird anschaulich dargestellt, in vielen Übersichten werden die protogermanischen Ausgangsformen den einzelnen altgermanischen Entsprechungen gegenübergestellt und es werden Vergleiche mit den indogermanischen Schwestersprachen gezogen. Auch die Wortbildung (v.a. die Wortzusammensetzung oder Komposition – typisch fürs Germanische im Gegensatz u.a. zum Lateinischen und Slawischen) und die Syntax (Satzlehre) werden behandelt. Interessant sind die Überlegungen zu den typisch germanischen Stilmitteln Metapher und Stabreim. Das Germanische macht nämlich von der Metapher in vorchristlichen Texten (Runeninschriften, Götter-und Heldendichtung) reichlich Gebrauch; diese Tradition setzt sich dann in der altnordischen Dichtung fort. Zwei Beispiele: widuhudaR ‚Waldhund‘ = ‚Wolf‘ oder Beowulf ‚Bienenwolf‘ = ‚Bär‘. Eine Besonderheit in der germanischen Lyrik ist der Stabreim, der in der gesamten altgermanischen Dichtung vorkommt. Historisch kann er erst zu der Zeit entstanden sein, als das Germanische bereits die Wortbetonung auf die erste Silbe des Wortes festgelegt hatte; im Laufe des Mittelalters wurde der Stab-durch den Endreim nach und nach abgelöst, doch Relikte haben sich bis heute erhalten – in Redewendungen wie Kind und Kegel oder mit Mann und Maus.
In Mitteldeutschland entstanden
Bezüglich des germanischen Wortschatzes zeigt Wolfram Euler, dass das Germanische in bestimmten Wortfeldern sehr altertümlich ist, so haben die Verwandtschaftsbezeichnungen (Vater, Tochter, Bruder usw.) und die meisten Körperteile (Auge, Nase usw.) und Tiere Entsprechungen auch in anderen indogermanischen Sprachen, einige Körperteile (z.B. Hand, Lunge, Zehe) und Tiere (z. B. Bär, Lamm) sind jedoch germanische Neubildungen. Solche gibt es Bereich des Grundwortschatzes nicht wenig, (z.B. Himmel, Erde, Schwert, Blut, trinken, Winter). Die Gründe dafür sind vielfältig.
Am Ende des Buches werden zahlreiche Textproben geboten, so u.a. die berühmte, auf August Schleicher zurückgehende Fabel „Das Schaf und die Pferde“ (indogermanisch – Proto-und Urgermanisch) sowie germanische „Vaterunser“-Paralleltexte (spätur-und protogermanisch – Gotisch – Althochdeutsch – Altenglisch – Isländisch), wodurch ein guter Einblick in die Struktur und Entwicklung der germanischen Sprachen geboten wird.
Auch zur „Urheimat“ der Germanen äußert sich der Verfasser. Er vermeidet allerdings aus guten Gründen diesen Terminus und spricht lieber vom Entstehungsgebiet. Auf Grund zahlreicher archäologischer Überlegungen und den Beziehungen zu den Kelten kommt Wolfram Euler zum Schluss, dass das Protogermanische im Mitteldeutschland entstanden ist (daher „mitteldeutsche Theorie“, auszugehen ist von einem Raum nördlich des Erzgebirges westlich der Elbe und südlich der Aller); dafür sprechen u.a. die alteuropäischen Gewässernamen, zu denen es in diesem Gebiet fließende Übergänge zu germanischen Namen gibt, die anderswo fehlen. Der zeitliche Rahmen ist ein Zusammenhang mit der Jastorf-Kultur (in der „vorrömischen Eisenzeit“). Skandinavien, das man lange (und auch ideologisch motiviert) für die „Urheimat“ der Germanen gehalten hat, ist also auszuschließen. Vielmehr kam es in Mitteleuropa zur Ausbildung und Entfaltung der germanischen Sprachen und Völker in einem Spannungsfeld zwischen dem Keltischen im Westen und Südwesten, Italischen im Süden, Baltischen im Nordosten und Slawischen im Osten.
Besonders hervorgehoben seien die zahlreichen schönen (farbigen) Abbildungen; schon auf dem Umschlag prangt der Sonnenwagen von Trundholm, der in die mittlere Bronzezeit zu datieren ist, auf der Vorderseite die „Tagseite“, auf der Buchrückseite die „Nachtseite“ des im Kopenhagener Nationalmuseum aufbewahrten Gefährts. Wer sich für die Frühgeschichte der Germanen und deren Sprache(n) interessiert, dem sei dieses Buch wärmstens empfohlen.
Anmerkungen
[1] Die Zeichen þ χ stehen für th (= englisches th) und ch.
[2] Die Buchstaben a o usw. bezeichnen Langvokale.
Die Auszeichnung der Langvokale findet sich nur in der den Abonennten zugänglichen PDF-Ausgabe
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samedi, 02 mars 2013
Lettre ouverte d'un médecin à une société malade
A lire : Lettre ouverte d'un médecin à une société malade

Préface de Lettre ouverte d'un médecin à une société malade, Alain Bellaiche
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Die USA – ein globales Verhängnis
Die USA – ein globales Verhängnis
Das ist einigermaßen einleuchtend. Die Führer der USA inszenieren seit 1945 Staatsstreiche, organisieren Überfälle und führen versteckt oder offen Angriffskriege, für die sie vor sieben Jahrzehnten vor dem Nürnberger Kriegsverbrecher-Tribunal angeklagt geworden wären. Nicht ganz nebenbei auch noch beschuldigt der versuchten und tatsächlichen Ermordung von Staatsführern.
Zwar geht es der politischen und ökonomischen US-Elite nicht, wie etwa den Nationalsozialisten, auch um Lebensraum, aber dafür umso mehr um die Sicherung der ökonomischen Interessen ihres Landes, d. h. ihrer Konzerne, bei gleichzeitiger Ausschaltung von Konkurrenten oder Störenfriede. Auch wenn, in unvermeidbarer Zusammenarbeit mit Israel, dadurch zusehends der Weltfriede gefährdet wird.
Nun ist diese Art von Machtpolitik nichts Neues, auch Satrapen und tributpflichtige Länder hat es immer wieder gegeben. Daß aber die unterworfenen, vor allem europäischen Völker ihrem Los in Ketten freiwillig und scheinbar demokratisch zustimmen, ist schon eher eine Errungenschaft zumindest der Moderne, die, zugegeben, auch so manchen und so manchem Komfort zu bieten hat. Aber es bewahrheitet sich eben, daß, nach Marie Ebner von Eschenbach, die glücklichen Sklaven zugleich die erbittertsten Feinde der Freiheit sein können. Nun, ganz so glücklich scheinen sie aber nicht mehr zu sein.
Und auch andere hadern inzwischen mit dem einstigen Vorbild der Coca-Cola-Generation, ja selbst in Gottes gelobtem Land der unbeschränkten Möglichkeiten machen sich, zwar noch vereinzelt, Zweifel und Ängste breit. Erstmals hat die hoch verschuldete Supermacht ein Desaster zu befürchten, nachdem sie, einerseits, in argen ökonomischen und finanziellen Schwierigkeiten steckt und, andererseits, China zur größten Handelsnation aufgestiegen ist. Zudem sitzt Peking auf anwachsenden Gold- und Rohstoffreserven, während im „goldenen“ Westen laufend die Währungen entwertet, die Sparer und Leistungsträger geplündert und die Autochthonen durch massive Einwanderung um ihre Heimat gebracht werden.
Mittlerweile tobt längst ein Finanzkrieg, der durch eine andernorts eingeleitete Umgehung der Weltleitwährung Dollar weiter angeheizt wird. So breitet sich im innerasiatischen Handel der Yuan als Abrechnungswährung aus, während die Schwellenländer der sogenannten BRICS-Gruppe, Brasilien, Russland, Indien, China und Südafrika, angeblich bereits an einer Entwicklungsbank arbeiten, die noch zu einer Konkurrenz für den Internationalen Währungsfonds heranwachsen könnte. Konzerne aus diesen Ländern rücken US-Multis ohnehin schön langsam auf den Pelz.
Die USA treten also in dieser Situation vermehrt die Flucht nach Vorne an und kontern nach dem Motto „Wer nicht für uns ist, ist gegen uns“ mit aggressiver Außenpolitik. Rohstoffreiche oder militärisch-strategisch wichtige Staaten, die nicht gewillt sind, das Spiel mitzumachen, versucht man über ferngesteuerte Revolutionen und direkte wie indirekte Interventionen auf Linie zu bringen oder kreist sie ein. Vielleicht demnächst Algerien mit seinen verstaatlichten Energiereserven.
Dabei ist es für Washington kaum von Bedeutung, ob, nach einer Intervention, der neue Verbündete dann ein islamistisches Regime wie in Saudi Arabien oder ein „demokratisches“ wie in Jordanien ist.. Oder ob dabei zehntausende über die Klinge springen müssen.
Die Geschichte lehrt aber, daß auf diese Weise der Niedergang eines in vielfacher Hinsicht überforderten und geistig-moralisch absteigenden Imperiums nicht aufgehalten, sondern nur aufgeschoben werden kann. Und sie lehrt auch, daß die ihm bis zuletzt ergebenen Protektorate in vielen Fällen, wie hier schon einmal erwähnt, das gleiche Schicksal ereilen kann. Mitgefangen, mitgehangen, eben.
Für Staaten wie Deutschland oder Österreich ergäbe sich daraus normalerweise nur eine Konsequenz: Rückführung der im Ausland lagernden Goldreserven, Abnabelung vom Dollar und, auf der Basis einer neuen Wirtschaftsordnung, verstärkte ökonomische und poltische Zusammenarbeit mit aufstrebenden Ländern in Asien, Afrika und Lateinamerika. Vorher müßte aber die EU in die Wüste geschickt werden.
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La guerre d’Espagne et l’art moderne comme instrument de torture et de conditionnement social
Nicolas BONNAL:
La guerre d’Espagne et l’art moderne comme instrument de torture et de conditionnement social
Ex: http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com/
aussi j’aime le réalisme terrestre. Chez vous, tout
est défini, il y a des formules, de la géométrie ;
chez nous, ce n’est qu’équations indéterminées.
totalitaire révèle la communauté illusoire qui
l’approuvait unanimement, et qui n’était
qu’un agglomérat de solitudes sans illusions.
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Das Verhältnis von Demokraten und Republikanern
Das Verhältnis von Demokraten und Republikanern
Eine Nachlese zu den Wahlen in den USA
Von Lothar Höbelt
Die Berichterstattung der österreichischen Medien über US-Wahlen zu verfolgen, ist stets instruktiv. Denn sie ist hervorragend dazu geeignet, dem Leser ein gewisses Gefühl dafür zu vermitteln, wie es auf der anderen Seite des Atlantik zugegangen sein muss, wenn dort allerlei dämliche Klischees über Waldheim oder Haider verbreitet wurden. Wobei es in beiden Fällen natürlich wenig verwunderlich ist, dass linksgestrickte Journalisten an diesen Etüden ihre Freude haben, sondern dass es leider immer wieder auch Konservative gibt, die auf derlei Tatarennachrichten hereinfallen.
Von einer Niederlage der Republikaner bei den jüngsten Wahlen kann man gerade nach europäischen Kriterien kaum sprechen: Sie haben die Mehrheit im Repräsentantenhaus gehalten und bei den Präsidentschaftswahlen den Abstand auf Obama halbiert (von 7,3 % auf 3,7 %). Allem Anschein nach war der Sieg Obamas gerade in den entscheidenden Staaten nie in Gefahr, der Mobilisierungseffekt eines angeblichen Kopf-an-Kopf-Rennens hingegen durchaus willkommen.[1] Zweifelsohne stellte die Flutkatastrophe in den letzten Tagen vor der Wahl die Opposition vor ein Dilemma (ähnlich wie 2002 bei Stoiber in der BRD), dürfte aber wohl doch nicht entscheidend gewesen sein.
In grundsätzlichen Fragen, was z.B. die Fragen der Gesundheitsreform oder generell das Verhältnis von Staat und Wirtschaft betrifft, steht eine Mehrheit der Bevölkerung den Auffassungen der Republikaner näher als denen der Demokraten. Dennoch wäre ein Sieg über den Amtsinhaber eine Abweichung von der Norm gewesen, wie sie seit über hundert Jahren mit der Ausnahme des Jahres 1932 – als an der Talsohle der Weltwirtschaftskrise Franklin D. Roosevelt den Republikaner Hoover besiegte – immer nur dann vorgekommen ist, wenn das Antreten eines populären dritten Kandidaten den Amtsinhaber in einen Zweifrontenkrieg verwickelte, so z. B. Ross Perot 1992 gegen George Bush sen. oder Anderson 1980 gegen Jimmy Carter. Auch Gore verlor 2000 nicht zuletzt wegen der knapp über 1 % für den Grünen Ralph Nader, die ihm in der Endabrechnung fehlten.
Geändert hat sich die Ausgangsposition seit dem Jahre 2000 allerdings in einer Beziehung: Damals errang George Bush jr. mit einer Minderheit der Wählerstimmen die Mehrheit der Wahlmännerstimmen. Inzwischen hat sich die Wahlarithmetik zugunsten der Demokraten verschoben: Bei einem Gleichstand der Stimmen hätten die Republikaner zwar Florida, Ohio und vielleicht Virginia dazugewonnen, wären mit 266 zu 272 (oder ohne Virginia sogar nur 253 zu 285) im Wahlmännerkollegium aber immer noch in der Minderheit geblieben. Genauso hätte das Ergebnis bei einem Stimmengleichstand auch schon 2008 ausgesehen. Diese Konstanz der Resultate in den Einzelstaaten kann auch als Indiz dafür gelten, dass die amerikanische Politik nach den Umwälzungen, dem „re-alignment“ der sechziger bis neunziger Jahre zu einer neuen Stabilität gefunden hat. Der Bewegungskrieg ist in einen Stellungskrieg übergegangen.
Eine Art von Europäisierung der US-Innenpolitik
Regional haben die beiden Parteien inzwischen nahezu die Plätze getauscht: Der bis zu den sechziger Jahren von den Demokraten nahezu in der Art eines Ein-Parteien-Systems dominierte Süden wird inzwischen (bis auf das Umland von Washington und Miami) eindeutig von den Republikanern beherrscht, die umgekehrt ihre letzten Rückzugsgebiete im Nordosten verloren haben, und die Westküste, vor allem Reagans (und Schwarzeneggers) Kalifornien.
Galt noch in den achtziger und neunziger Jahren das Rennen in vielen Staaten als offen (vor allem, wenn die Demokraten einen Südstaatler aufstellten, wie Carter oder Clinton), so hat sich die Anzahl dieser „swing states“ seit der Jahrtausendwende radikal verringert: Es geht im Wesentlichen immer um Florida, Ohio und Virginia, welche die Republikaner gewinnen müssen, um insgesamt zu gewinnen, dazu mindestens einen von zwei oder drei kleineren Staaten im Westen (New Mexico, Colorado oder Nevada). Im Rest des Landes liegen die Verhältnisse ziemlich klar: Es wäre für beide Seiten verlorene Liebesmüh, dort größere Anstrengungen zu unternehmen. Obamas Wahlkampfmanager haben es verstanden, gerade in den entscheidenden Staaten gezielt gewisse Wählergruppen anzusprechen. Die Republikaner hingegen erzielen immer größere Mehrheiten im Süden oder Westen, wo sie ihnen aber keine zusätzlichen Wahlmännerstimmen einbringen.
Ethnien und Einkommen
Romney hat im Vergleich zu 2008 den Vorsprung bei weißen Männern noch ausgebaut, und zwar auf 62 %. Schwarze Frauen votierten dagegen zu 96 % für Obama. Auch bei der Jugend hat Romney aufgeholt, ist dafür aber – was vielfach als Alarmsignal gewertet wurde – bei Hispanics und Asiaten von rund einem Drittel auf ca. ein Viertel der Stimmen zurückgefallen. Interessant ist die Verteilung nach Einkommensgruppen: Obama führt erwartungsgemäß mit fast zwei zu eins beim ärmsten Fünftel der Bevölkerung. Zwischen Mittelklasse (bis zu einem Jahreseinkommen von 200.000 Dollar, auf österreichische Verhältnisse umgerechnet also einem Monatseinkommen von ca. 12.000 Euro brutto pro Familie) und Oberschicht (7 % der Wähler) besteht jedoch kein signifikanter statistischer Unterschied mehr. Man könnte diesen Trend zu einer vergleichsweise linksbürgerlichen Haltung gerade der oberen Einkommens- und Bildungsschichten auch als einen Schritt auf dem Weg zu einer „Europäisierung“ der amerikanischen Politik bezeichnen.
Ähnlich gelagert, aber mit unterschiedlichen Themen besetzt ist ein Dilemma, das europäischen Mitte-Rechts-Parteien nur zu geläufig ist. In Europa vermögen die traditionellen bürgerlichen Standardparteien christdemokratischer Provenienz meist nur dann ausreichende Mehrheiten hinter sich zu vergattern, wenn sie auch die so genannten rechtspopulistischen Bewegungen mit ins Boot holen. (Das einzige große Land, das keine solche Bewegung aufweist, nämlich die BRD, weist daher auch – selbst bei den für Merkel erfolgreichen letzten Bundestagswahlen – eine strukturell linke Mehrheit auf.)
Probleme der Einwanderung
In Amerika ist die Zuwanderungsproblematik anders gelagert: Natürlich gibt es eine solche Debatte, doch die ca. 13 % Schwarzen in den USA, die in erster Linie als Problemgruppe wahrgenommen werden, sind ja eben gerade nicht das Resultat rezenter Immigration, sondern des Sklavenhandels des 18. Jahrhunderts. Die Asiaten (mit allerdings nur 3 % der Bevölkerung) sind eine wirtschaftlich höchst erfolgreiche Gruppe mit tendenziell konservativer Ausrichtung. Die eigentlichen Immigranten, die Hispanics (10 %), meist Mexikaner, stehen auf dem Arbeitsmarkt wiederum oft in einem gewissen Konkurrenzverhältnis zu den Schwarzen.
Pointiert gesagt, besteht die Attraktivität des Multi-Kulti-Angebots für die USA weniger in ideologischen Vorgaben, sondern mehr darin, die schwer zu überwindende Polarisierung zwischen Weiß und Schwarz, wie sie sich eben auch im Wahlverhalten niederschlägt, zu relativieren. Oder anders ausgedrückt: Hispanics nehmen als politische Zielgruppe in den USA ungefähr jene Stellung ein, wie Zuwanderer mit christlich-europäischem Hintergrund (z. B. Kroaten oder Serben) in Österreich. Hispanics spielen eine große Rolle in den beiden größten Staaten: Kalifornien und Texas – doch die sind beide parteipolitisch in festen Händen; zunehmend umworben sind die Hispanics in den swing-states Florida (wo es sich vielfach um Kubaner handelt) und New Mexico (wo es sich z.T. nicht um Einwanderer handelt, sondern um Nachfahren der Spanier, die schon lange vor den Angelsachsen dorthin kamen).
Die religiöse Rechte
Den rechtspopulistischen – und in gewissem Sinne identitären – Faktor stellt in den USA vielmehr die sogenannte religiöse Rechte der freikirchlichen oder „wiedergeborenen“ Protestanten dar, die laut Demoskopie zwischen 25 und 35 % der Wähler umfasst. Dieser Prozentsatz reicht in der Regel aus, die Vorwahlen der Republikaner zu dominieren, nicht aber, Mehrheiten im Lande insgesamt zu gewinnen, auch wenn zwischen dem religiösen Engagement und der marktwirtschaftlichen Einstellung in den USA weniger Barrieren bestehen als im tendenziell antikapitalistisch geprägten katholisch-christlichsozialen Milieu Europas. Die „beherrschenden Höhen“ der Wirtschaft und die „starken Bataillone“ der „Fundamentalisten“ unter einen Hut zu bringen, ist dennoch alles andere als einfach.
Die „Tea Party“-Bewegung stellt inhaltlich und intellektuell eine Verbreiterung der oft einseitig auf die Abtreibungsfrage ausgerichteten religiösen Rechten dar, wirkt dafür allerdings vielfach sozial exklusiver. (Ein Kuriosum stellt es dar, dass über die Abtreibungsfrage, den Lackmus-Test der religiösen Rechten, ohnehin nie in der Legislative entschieden wurde, sondern immer nur in der Judikatur.) Obamas Erfolg beruhte schon 2008 nicht zuletzt darauf, ein ähnliches Dilemma vermieden zu haben: Für den linken, so genannten „Regenbogen“-Flügel der Demokraten genügte allein schon die Aussicht, erstmals einen Schwarzen zum Präsidenten zu wählen; der Kandidat selbst konnte sich im Wahlkampf daher erstaunlich moderat und vertrauenserweckend geben.
Ein Problem im Sinne eines Zielkonflikts stellt für die Republikaner hingegen als Legat der Bush-Jahre die Versuchung dar, über die Außenpolitik die Patriotismus-Karte ins Spiel zu bringen, obwohl sie zur Vorstellung des Rückbaues des Interventionsstaates im Widerspruch steht und obwohl Außenpolitik nur für 5 % der Amerikaner im Wahlkampf eine wichtige Rolle spielte. In diesem Sinn sind auch einige der Überspanntheiten, wie sie z. B. über Präventivschläge gegen den Iran verbreitet wurden, vielleicht weniger ernst zu nehmen und mehr als Verbeugung vor spezifischen Lobbies gedacht denn als tatsächliche Handlungsanleitung.
Der leise Wahlkampf im Internet
Eine letzte Bemerkung hat sich auch die Wahlkampftechnik verdient: Das Internet als Medium gilt in Europa vielfach als Geheimwaffe der Außenseiter bzw. der „schweigenden Mehrheit“, die in den Medien unterrepräsentiert ist und sich hier ein Ventil zu verschaffen vermag. Die USA haben vorexerziert, dass sich dieses Medium durchaus auch gezielt zum Einsatz durch die Profis eignet. Viele Botschaften eignen sich nämlich nicht oder nur schlecht dazu, flächendeckend über TV-Diskussionen oder Parteitage verbreitet zu werden, weil sie zuviel Widerspruch auslösen. Traditionelle Wahlkampfveranstaltungen haben eben immer auch den Nachteil, auch den Gegner zu mobilisieren, der im Idealfall ja gar nicht merken soll, dass hier überhaupt ein Wahlkampf stattfindet.
Bei einer Wahlbeteiligung von 50–60 % geht es darum, die eigenen Anhänger zu den Urnen zu rufen, die Gegner aber in Ruhe schlafen zu lassen. Dafür bietet sich – die entsprechenden, z. B. durch Fragebögen gewonnenen Unterlagen vorausgesetzt – ein Wahlkampfstil an, der gezielt gewisse Wählergruppen mit eigens auf sie zugeschnittenen Mails und Botschaften versorgt, die noch dazu den Anschein erwecken, nicht von den Parteien zu stammen, sondern von Interessensverbänden oder „besorgten Bürgern“. Auch die Kosten für diese arbeitsintensiven Operationen können von „Political Action Committees“ getragen werden, die weniger Beschränkungen unterworfen sind als die Wahlkampfbüros selbst.
Parteien in europäischen Ländern nützen diese amerikanischen Erfahrungen bereits für ihre eigenen Wahlkämpfe.
Anmerkung
[1] Vgl. dazu Sieglinde Rosenberger / Gilg Seeber, Kopf an Kopf – Meinungsforschung im Medienwahlkampf, Czernin Verlag, Wien 2003. Buchbesprechung in den Genius-Lesestücken Folge 2/2004, Seite 125.
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Roberto Michels: un socialismo verdaderamente superador de las oligarquías
Roberto Michels: un socialismo verdaderamente superador de las oligarquías
Alessandro Campi
http://alternativaeuropeaasociacioncultural.wordpress.com/
1. Roberto Michels, un hombre, una carrera
Recientemente (1), pudimos celebrar el cincuenta aniversario de la muerte de Roberto Michels, el gran sociólogo italo-germano, principal representante, junto a Vilfredo Pareto y Gaetano Mosca, de la escuela “elitista” italiana. Michels nació en Colonia (Köln) en 1876, en el seno de una familia de ricos comerciantes de ascendencia alemana, flamenca y francesa. Tras los estudios iniciados en el Liceo francés de Berlín y proseguidos en Inglaterra, en Francia y en la capital de Baviera, Munich, obtiene su doctorado en Halle en 1900, bajo la égida de Droysen, gracias a una tesis entorno a la argumentación histórica. Desde su primera juventud, milita activamente en el seno del partido socialista, lo cual le granjea la hostilidad de las autoridades académicas y dificulta considerablemente su inserción en los medios universitarios. En 1901, gracias al apoyo de Max Weber, obtiene su primer puesto de profesor en la Universidad de Marburgo.
Sus contactos con los medios socialistas belgas, italianos y franceses son numerosos y estrechos. Entre 1904 y 1908, colabora en el mensual francés Le Mouvement socialiste (“El Movimiento socialista”) y participa, en calidad de delegado, en diversos congresos social-demócratas. Este período resulta decisivo para Michels, pues entra en contacto con Georges Sorel, Edouard Berth y los sindicalistas revolucionarios italianos Arturo Labriola y Enrico Leone. Bajo su influencia, empieza a perfilarse el proceso de revisión del marxismo teórico así como la crítica del reformismo de los dirigentes socialistas. La concepción activista, voluntarista y antiparlamentaria que Michels tiene del socialismo no se concilia en absoluto con la involución parlamentarista y burocrática del movimiento social-demócrata. Este hiato le lleva a abandonar gradualmente la política activa y a intensificar sus investigaciones científicas. A partir de 1905, Max Weber le invita para que colabore en la prestigiosa revista Archiv tur Sozialwissenschaft und Sozialpolitik. En 1907, obtiene una cátedra en la Universidad de Turín, en la cual entra en contacto con Mosca, con el economista Einaudi y con el antropólogo Lombroso. En este fecundo clima universitario, va tomando cuerpo el proyecto de su obra fundamental, Zur Soziologie des Parteiwesens. Durante la guerra de Trípoli, Michels toma partido a favor de los proyectos imperiales de Italia y contra el expansionismo alemán. De este modo, empieza su acercamiento hacia el movimiento nacionalista italiano; si bien, obviamente, no es de extrañar, sus relaciones con Max Weber se deterioran irremediablemente.
• Un trabajo fecundo, durante el período italiano
Al iniciarse la Primera Guerra Mundial, en 1914, se instala en la Universidad de Basilea, Suiza. Es el período durante el cual Michels estrecha sus lazos con Pareto y con el economista Maffeo Pantaleoni. En 1922, saluda con simpatía la victoria de Benito Mussolini y del Fascismo. Vuelve definitivamente a Italia en 1928 para asumir la cátedra de Economía General en la Facultad de Ciencias Políticas de la Universidad de Perugia. Al mismo tiempo, imparte como enseñante en el Instituto Cesare Alfieri de Florencia. Además, en aquella época, ofrece numerosas conferencias y cursos tanto en Italia como allende las fronteras de ésta, por toda Europa. Sus artículos aparecen en la famosa Encyclopaedia of the Social Sciences (1931). Finalmente, muere en Roma a la edad de sesenta años, el 2 de Mayo de 1936.
Hombre de una vastísima cultura, educado en un medio cosmopolita, atento observador de los diversos movimientos políticos y sociales europeos habidos a caballo entre los siglos XIX y XX, Michels fue, por otra parte, un historiador del socialismo europeo, un crítico de la democracia parlamentaria y un analista de los distintos tipos de organización social, un teórico del sindicalismo revolucionario y del nacionalismo, así como un historiador de la economía y del imperialismo italiano. Del mismo modo, sus inquietudes e intereses le llevaron a estudiar el Fascismo, los fenómenos de la emigración, el pensamiento corporativista y los orígenes del capitalismo. A su manera, continuó en el proceso de profundización de la psicología política creado por Gustave Le Bon y se interesó, a este respecto, por el comportamiento de las masas obreras politizadas. Igualmente, abordó ciertos temas que, en su época, pasaban por ser más bien excéntricos o heterodoxos, tales como el estudio de las relaciones entre moral sexual y clases sociales, de los lazos entre la actividad laboriosa y el espíritu de la raza, de la nobleza europea, del comportamiento de los intelectuales y esbozó, asimismo, un primer cuadro del movimiento feminista. Además, no olvidemos en esta enumeración, mencionar sus estudios estadísticos, tanto en economía como en demografía, notablemente con respecto al control de los nacimientos y otras cuestiones interrelacionadas.
2. El redescubrimiento de una obra
Como he señalado anteriormente, su libro más importante y más conocido lleva por título, Zur Soziologie des Parteiwesens in der modernen Demokratie; fue publicado por primera vez en 1911 y por segunda vez en 1925 (siendo esta edición la edición definitiva). Se trata de un estudio sistemático, consagrado a las relaciones entre la democracia y los partidos, a la selección de las clases políticas, a las relaciones entre las minorías activas y las masas y al “leadership”. La bibliografía de Michels comprende treinta libros y cerca de 700 artículos y ensayos, de los cuales muchísimos merecerían volver a ser reeditados (2). Su principal libro ha sido traducido a lo largo del tiempo al castellano, al francés, al inglés, al italiano, etc.
A pesar de la amplitud temática, la profundidad y la actualidad de un buen número de los análisis de Michels, su obra, en general, no ha gozado del éxito que se merece. En muchos países europeos, se la cita mal a propósito y faltan las obras críticas válidas. Sin embargo, para compensar tal situación, diversos han sido los estudios serios que han aparecido en los Estados Unidos, especialmente versados entorno a las aportaciones de Michels a la teoría del partido político y a la definición del Fascismo (3). Sus simpatías por el movimiento de Mussolini son, evidentemente, uno de los (principales) motivos que han llevado a la ‘ostracización’ de su obra a lo largo de toda nuestra postguerra. Es un destino que ha compartido con otros intelectuales, como, por ejemplo y entre otros muchos, Giovanni Gentile (4). Otro motivo: la difusión en Europa de métodos sociológicos americanos, de carácter empírico, descriptivo, estadístico o crítico/utópico y que no prestan demasiada atención al análisis de los conceptos y a las dimensiones históricas e institucionales de los fenómenos sociales. El estilo científico de Michels, de carácter realista/’realitario’, anti-ideológico, desmitificante y dinámico, ha sido injustamente considerado como desfasado, como la expresión anacrónica de una actitud eminentemente conservadora (5).
• Se anuncia un regreso de Michels
Sin embargo, desde hace algunos años (relativamente recientemente), la situación ha empezado a cambiar, sobretodo en Italia, país que Michels consideraba como su “nueva patria”. En 1966, se publica, junto a un estudio preliminar de Juan Linz, una traducción de Zur Soziologie des Parteiwesens (6). En 1979, aparece una selección de ensayos bajo la dirección del especialista americano James Gregor (7). Asimismo, una antología de escritos relativos a la sociología aparece en 1980 (8). Dos años más tarde, la Universidad de Perugia organiza un coloquio sobre el tema “Michels entre la política y la sociología”, con la participación de los más eminentes sociólogos italianos (9). Con ocasión del cincuenta aniversario de su muerte, otras de sus publicaciones son incluidas en los programas de los editores. Las ediciones ‘UTET’ anunciaron una amplia colección de “escritos políticos”. La editorial ‘Giuffré’ previo, dentro de su prestigiosa colección Arcana Imperii, una antología dirigida por Ettore Albertoni y G. Sola, que llevaría por título Dottrine et istituzioni politiche (“Doctrina e instituciones políticas”). Este mismo editor tenía igualmente en mente la publicación de una traducción italiana de Sozialismus und Faschismus in Italien (“Socialismo y Fascismo en Italia”), obra que apareció inicialmente en 1925.
Una contribución reciente en el redescubrimiento de Michels puede encontrarse en el libro del profesor israelita Zeev Sternhell, consagrado a la génesis de la ideología fascista en Francia (10). Según Sternhell, Michels, al igual que Sorel, Lagardelle y De Man, encarnan en sí la corriente “revisionista”, que, entre 1900 y 1930, aporta una decisiva contribución a la demolición de los fundamentos mecanicistas y deterministas del marxismo teórico y, a la crítica del economicismo y del reduccionismo materialista. Michels favorece de este modo la difusión de una concepción de la acción política fundada sobre la idea de nación y no en la de clase, conectada a una ética fuerte y a una visión libre de la dinámica histórica y social. Según numerosos autores, es ahí donde residen los fundamentos en los cuales maduró el Fascismo con su programa de organización corporativa, de justicia social, de encuadramiento jerárquico de las instituciones políticas y de limitación de las corrupciones debidas al parlamentarismo y al pluralismo partitocrático.
Michels estuvo en contacto con las más eminentes personalidades políticas e intelectuales de su época, tales como Brentano, Werner Sombart, Mussolini, Pareto, Mosca, Lagardelle, Sorel, Schmoller, Niceforo, etc. Lo que sin embargo y en consecuencia nos falta todavía, es pues, una buena biografía. A este respecto, sería muy interesante publicar sus cartas y su diario personal; estos dos elementos contribuirían enormemente a iluminar un período harto significativo de la cultura europea enmarcado en estos últimos cien años.
3. La fase sindicalista
Dentro del pensamiento de Michels, podemos distinguir claramente dos fases. La primera coincide con el abandono de la ortodoxia marxista inicial y con una aproximación al sindicalismo revolucionario y al revisionismo teórico. La segunda, la más fecunda desde el punto de vista científico, coincide con el descubrimiento de la teoría de Mosca sobre la “clase política” y la de Pareto sobre la inevitable “circulación de las élites”. Vamos, a continuación, a examinar brevemente, aunque con toda la atención necesaria, estas dos fases.
Tras haber publicado numerosos artículos de prensa y pronunciado numerosas alocuciones durante diversos congresos y debates políticos, los primeros estudios importantes de Michels aparecen entre 1905 y 1908 en la (excelente) revista “Archiv”, dirigida por Max Weber. Particularmente significativos son los artículos consagrados a “La social-democracia, sus militantes y sus estructuras” y a las “Asociaciones. Investigaciones críticas”, aparecidos en lengua alemana, respectivamente en 1906 y en 1907. En ellos Michels analiza la hegemonía de la social-democracia alemana sobre los movimientos obreros internacionales y también contempla a través de ellos la posibilidad de una unificación ideológica entre los diversos componentes del socialismo europeo. Este proceder, inscribe simultáneamente las contradicciones teóricas y prácticas del partido obrero alemán: de un lado, la retórica revolucionaria y el reconocimiento de la huelga general como forma privilegiada de lucha y, por otro lado, la táctica parlamentaria, el legalismo, el oportunismo y la vocación por el compromiso. Michels critica el “prudencialismo” de los jefes social-demócratas, sin por lo tanto favorecer la espontaneidad popular o las formas de autogestión obrera de la lucha sindicalista. Según Michels, la acción revolucionaria debe ser dirigida y organizada y, desde este punto de vista, los intelectuales detentan una función decisiva. Pues decisivo es el trabajo pedagógico de unificar el partido político. El movimiento obrero se presenta como una rica constelación de intereses económicos y de visiones idealistas que debe ser sintetizada en el seno de un proyecto político común.
En su primer libro, II proletariado e la borghesia nel movimento socialista (“El proletariado y la burguesía en el movimiento socialista”), publicado en italiano en 1907, Michels percibe perfectamente los peligros de degenerescencia, de oligarquización y de burocratización, intrínsecos a las estructuras de los partidos y de los sindicatos. En esta primera fase de su pensamiento, Michels contempla una “posibilidad” [involutiva] que debe ser conjurada a través del recurso de la acción directa del sindicalismo. Para él, la virtual involución del socialismo político no revela todavía su verdadero sentido que no hace sino encerrar en sí una inexorable fatalidad sociológica.
4. La fase sociológica
En 1911, aparece, tal y como hemos señalado, su importante “summa” entorno al partido político (11), la obra que indica claramente su paso definitivo del sindicalismo revolucionario a la sociología política. La influencia de Mosca sobre su método histórico y positivo fue, a decir verdad, determinante. A partir de un estudio de la social-democracia alemana, como caso particular, Michels termina enunciando una ley social general, una regla del comportamiento político. Michels descubrió que, en toda organización, existe necesariamente una serie de jefes preparados para la acción y élites de profesionales competentes (tecnócratas. N.d.T.); descubrió igualmente la necesidad de una “minoría creativa” que se impulsa por sí misma a la cabeza de la dinámica histórica; descubrió la dificultad que existe para conciliar, en el cuadro de la democracia parlamentaria, competencia técnica y representatividad. La tesis general de Michels es la siguiente: “En toda organización de carácter instrumental (Zweckorganisation), los riesgos de oligarquización se hallan siempre inmanentes” (12). Denuncia a continuación la insuficiencia definitiva del marxismo: “Ciertamente los marxistas poseen una gran doctrina económica y un sistema histórico y filosófico fascinante; pero, una vez penetramos en el terreno de la psicología, el marxismo revela ciertas lagunas conceptuales enormes, incluso en los niveles más elementales”. Realmente, su libro es muy rico en tesis y en argumentos. Si bien, juzguémoslo sobre el propio terreno:
1) La lucha política democrática posee necesariamente un carácter demagógico. En apariencia, todos los partidos luchan por el bien de la humanidad, por el interés general y por la abolición definitiva de las desigualdades. Pero, más allá de la retórica sobre el bien común, sobre los derechos del hombre y sobre la justicia social se presiente cómo despunta una voluntad por conquistar el poder y se perfila el deseo impetuoso por imponerse a la cabeza del Estado, en interés de la minoría organizada que se representa. A este respecto, Michels enuncia una “ley de expansión”, según la cual todo partido tiende a convertirse en Estado, a extenderse más allá de la esfera social que le estaba inicialmente asignada o que había conquistado gracias a su programa fundamental (13).
2) Las masas son incapaces de auto-gobernarse. Sus decisiones jamás responden a criterios racionales y están influidas por sus propias emociones, por toda suerte de azares de diverso orden, por la fascinación carismática que ejerce un jefe bien determinante e influyente, que se destaca de la masa para asumir la dirección de una manera dictatorial. Tras la llegada de la sociedad de masas y del desarrollo de los grandes centros industriales, cualquier posibilidad de re-instaurar una democracia directa pasa en lo sucesivo a extinguirse definitivamente. La sociedad moderna no puede funcionar sin dirigentes y sin representantes. En lo que respecta a estos últimos, Michels escribe: “una representación duradera significa, en cualquier caso, una dominación de los representantes sobre los representados” (14). En la opinión de Michels, este juicio no significa precisamente el rechazo de la representación, sino más bien la necesidad de encontrar los mecanismos necesarios que podrán transformar las relaciones entre las clases políticas y la sociedad civil, de la manera más orgánica posible. Hoy, el verdadero problema de la ciencia política consiste en escoger nuevas formas 1) de representación y 2) de transmisión de las voluntades y de los intereses políticos, que se fundamentan sobre criterios orgánicos, en un espíritu de solidaridad y de colaboración, orientados en un sentido pragmático y no inspirados por esos mitos de extracción mecanicista, que no conducen más que al poder de los partidos y no al gobierno eficaz de la nación.
3) En la era contemporánea, la fe política ha tomado el relevo a la fe religiosa. Michels escribe: “En medio de las ruinas de la cultura tradicional de masas, la estela triunfante de la necesidad de religión ha permanecido en pie, intacta” (15). He aquí una anticipación inteligente de la interpretación contemporánea del carácter mesiánico y religioso/secular, tan característico de la política de masas moderna, como es el caso destacado de los regímenes totalitarios.
4) “La competencia es poder”, “la especialización significa autoridad”. Estas dos expresiones recapitulan para Michels la esencia del “leadership”. En consecuencia, la tesis según la cual el poder y la autoridad se determinan con relación a las masas, o en el cuadro de los conflictos políticos con los otros partidos, es insostenible. Para Michels, son, en todo caso, las minorías preparadas, aguerridas y poderosas las que entran en lucha para tomar la dirección de un partido y para gobernar un país.
5) Analizando dos fenómenos históricos como son el Cesarismo y el Bonapartismo, Michels desvela las relaciones de parentesco entre democracia y tiranía y aboga en el sentido del origen democrático de ciertas formas de dictadura. “El Cesarismo -escribe- es todavía democracia y, al menos, puede reivindicar su nombre, puesto que obtiene su fuente directamente de la voluntad popular” (16). Y añade: “El Bonapartismo es la teorización de la voluntad individual, surgida inicialmente de la voluntad colectiva, pero emancipada de ésta, con el tiempo, para convertirse a su vez en soberana” (17).
6) Carl Schmitt, en su ya clásico libro Legalität und Legitimität (“Legalidad y Legitimidad”) (18), desarrolla un análisis profundo entorno a la “plusvalía política adicional” que asume aquel que detenta legalmente la palanca del poder político; se trata de una especie de suplemento del poder. Michels tuvo una intuición parecida al escribir: “Los líderes, al disponer de instrumentos de poder y, en virtud de este hecho, del mismo poder en sí mismo, tienen como ventaja la posibilidad de aparecer siempre al amparo de la legalidad” (19).
7) El principal libro de Michels contiene muchísimas otras observaciones sociológicas: sobre las diferenciaciones de competencias; sobre los gustos y los comportamientos, los cuales, en tanto que consecuencias de la industrialización, han logrado alcanzar a los obreros y quebrado la unidad de clase; sobre las mutaciones sociales como el aburguesamiento de los jefes y la aproximación entre los niveles de vida del proletariado y de la pequeña burguesía; sobre la posibilidad de prever y de limitar el poder de las oligarquías a través del procedimiento técnico que supone el referéndum y mediante el recurso del instrumento teórico y práctico del sindicalismo.
8) la sexta parte del libro es central y está dedicada explícitamente a la tendencia oligárquica de las organizaciones. En ella, Michels enuncia la más celebre de sus leyes sociales, la que evoca la “perversión” que sufren todas las organizaciones: con el incremento del número de las funciones y de los miembros, la organización, “de medio para alcanzar un fin, se convierte en un fin en sí misma. El órgano finaliza por prevalecer sobre el organismo” (20). Es ahí donde se halla la “ley de la oligarquía” de la cual se desprende que la oligarquía es la “forma establecida de avance de la convivencia humana en el seno de las organizaciones de gran dimensión” (21).
9) El libro de Michels contiene, en su conclusión, una voluntad de lucha que recuerda, parcialmente, la visión histórica trágica de Max Weber y de Georg Simmel; se trata de una voluntad por profundizar el choque inevitable entre la vida y sus formas constituidas, entre la libertad y la cristalización de las instituciones sociales, las cuales caracterizan la vida moderna.
5. La historia
Con la publicación en lengua italiana del libro titulado L’imperialismo italiano. Studio político e demográfico (“El imperialismo italiano. Estudio político y demográfico”) (1914), el “giro” de Michels es definitivo. Con la aparición de esta obra, se hunde un mito, el del internacionalismo y del universalismo humanitarista. En la obra de Michels, aparece el nacionalismo como el nuevo motor ideal de la acción política, como un sentimiento capaz de movilizar a las masas y de favorecer la integración de éstas en las estructuras del Estado. El análisis sociológico del sentimiento nacional será profundizado en un volumen posterior, inicialmente aparecido en alemán (1929) y, después en italiano (1933), bajo el título de Prolegomeni sul patriotismo (“Prolegómenos sobre el patriotismo”).
A partir de 1913, aparecen en Italia diversos estudios importantes sobre economía: Saggi economici sulle classi popolari (“Ensayos económicos sobre las clases populares”) (1913), La teoría di Marx sulla povertà crescente e le sue origini (“La teoria de Marx sobre el crecimiento de la pobreza y sus orígenes”) (1920). La aproximación que Michels intenta hacia la economía no es más que de naturaleza rigurosamente histórica. Según él, es mucho más importante tener en cuenta la utilidad práctica de una teoría económica que sus correcciones especulativas puramente formales. La interpretación de Michels es pragmática y concreta. Critica la inconsistencia del “homo oeconomicus” liberal, porque a su juicio, no existen sujetos económicos abstractos, sino actores concretos, portadores de intereses específicos. A continuación critica la interpretación del marxismo, la cual establece la existencia de un conflicto insuperable en el seno de las sociedades. Michels reconoce con ello la función reguladora y equilibrante del Estado y la necesidad de una colaboración estrecha entre las diversas categorías sociales. Por esta razón, considera que el modelo corporativo constituye una solución. Su valoración del corporativismo se halla contenida en el opúsculo Note storiche sui sistemi sindicali corporativi (“Notas históricas entorno al sistema sindicalista corporativo”), publicado en lengua italiana en 1933.
6. El Fascismo
En esta fase de su obra, su actividad como historiador, queda consignada en diversos libros, escritos originalmente en alemán y, posteriormente traducidos al italiano: Socialismo e Fascismo in Italia (“Socialismo y Fascismo en Italia”) (2 volúmenes, 1925); Psicologia degli uomini significativi. Studi caratteriologici (“Psicologia de los hombres significativos. Estudio caracterológico”) (1927),
Movimenti anticapitalisti di massa (“Movimientos anticapitalistas de masa”) (1927); y después en varios escritos redactados directamente en italiano: Francia contemporánea (1926) y Storia critica del movimento socialista italiano (1926). Entre las personalidades “significativas” de las cuales traza su biografía, figuran Bebel, De Amicis, Lombroso, Schmoller, Weber, Pareto, Sombart y W. Müller. En 1926, Michels imparte una serie de lecciones en la Universidad de Roma; éstas serán reunidas un año más tarde en un volumen, redactado en italiano: Corso di sociologia politica (“Curso de sociología política”), una buena introducción a esta disciplina que demuestra ser todavía útil en la actualidad. En este trabajo, traza las grandes líneas de su visión elitista de los procesos políticos, emite una teorización de la institución en la que se ha convertido el “Duce” y desarrolla una nueva teoría de las minorías. El “Duce”, que obtiene su poder directamente del pueblo, extiende su legitimidad al conjunto del régimen político. Esta idea constituye en sí, total y verdaderamente, un paralelismo sociológico con la teoría elaborada simultáneamente en Alemania por los teóricos nacional-socialistas del denominado “Führerprinzip”.
Esta relativa originalidad de Michels no ha sido jamás puesta suficientemente en evidencia por los críticos, que se han limitado a considerarlo solamente como un genial continuador de la obra de Mosca y de la Pareto. En 1928, en la Rivista internazionale di Filosofía del Diritto (Revista internacional de Filosofía del Derecho), aparece un importante ensayo de Michels: Saggio di classificazione dei partiti politici (“Ensayo de clasificación de los partidos políticos”). A continuación, numerosos escritos italianos fueron reunidos en dos volúmenes: Studi sulla democrazia e l’autorità (“Estudios sobre la democracia y la autoridad”) (1933) y Nuovi studi sulla classe politica (“Nuevos estudios sobre la clase politica”) (1936).
La adhesión explícita de Michels al Fascismo quedó expresada en una obra escrita inicialmente en alemán (L’Italia oggi) en 1930, año durante el cual se afilia al P.N.F. (Partido Nacional Fascista). En sus páginas, Michels hace un elogio del régimen de Mussolini, porque ha contribuido de manera decisiva a la modernización de la nación.
7. Conclusiones
La mayor parte de las notas relativas a la vida de Michels se hallan contenidas en su ensayo autobiográfico, redactado en alemán Una corrente sindicalista sotteranea nel socialismo tedesco fra il 1903 e il 1907 (“Una corriente subterránea en el socialismo alemán entre 1903 y 1907″) y publicado en 1932; este ensayo conserva todavía en la actualidad, y lo seguirá haciendo, toda la utilidad necesaria para reconstruir las diversas fases de su existencia, así como para señalar las diferentes iniciativas políticas y culturales que emprendiera a lo largo de su vida; podemos descubrir así su itinerario que va de la social-democracia alemana al Fascismo, de la ideología marxista al realismo maquiavélico a la italiana, de las ilusiones del revolucionarismo a su credo conservador.
En resumen, se trata de una obra vasta, de gran interés. Esperamos, a modo de conclusión para esta breve introducción, que el cincuenta aniversario de su muerte, contribuirá a redescubrir a este gran sociólogo y a revalorizar de forma equilibrada su trabajo.
Notas
(0) El presente artículo apareció originalmente en la revista florentina Diorama Letterario, siendo traducido al francés para la revista belga Vouloir (B.P.B. 41, B-1970 Wezem-beek-Oppem. Belgie/Belgique), en cuyo número 50/51 (Noviembre-Diciembre de 1988) apareció, por Robert Steuckers. Siendo la versión francesa la utilizada para traducir al castellano el artículo en cuestión.
(1) Al hablar de recientemente, debe de entenderse como relativamente recientemente, pues ha de considerarse que el cincuentenario de la muerte de Roberto Michels se cumplió el 2 de Mayo de 1986 y el artículo que nos ocupa, originalmente y con respecto a este punto concreto, tuvo su máxima vigencia, evidentemente, durante el período vigente entorno a cuatro años atrás (N.d.T.).
(2) Una bibliografía entorno a los trabajos de Michels fue publicada en 1937 por los Annali (“Anales”) de la facultad de jurisprudencia de la Universidad de Perugia.
(3) Por ejemplo, D. Beetham, “From Socialism to Fascism: The Relation Between Theory and Practice in the Work of Robert Michels”, en: Political Studies, XXV, No.’s 1 & 2. Asimismo conviene citar, G. Hands, “Roberto Michels and the Study of Political Parties”, en Bri-tish Journal of Political Science, 1971, No. 2.
(4) Sobre este tema, W. Röhrich, Roberto Michels vom sozialistischsyndikalistischen zum faschistischen Credo, Duncker & Humblot, Berlin, 1972. Citemos igualmente, R. Messeri, “Roberto Michels: crisi della democrazia parlamentare e fascismo”, dentro de la obra colectiva II Fascismo nell’analisi sociologica, Il Mulino, Bologna, 1975.
(5) Destacadamente interesantes son los estudios de E. Ripepe (Gli elitisti italiani, Pacini, Pisa, 1974) y de P. P. Portinaro, “R. Michels e Pareto. La formazione e la crisi della sociologia”, en: Annali della Fondazione Luigi Einaudi, Torino, XI, 1977.
(6) Roberto Michels, Les Partis Politiques. Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, Flammarion, Paris, 1971. Traducción de la edición alemana de 1925.
(7) A. James Gregor, Roberto Michels e l’ideologia del Fascismo, Volpe, Roma, 1979. Tras una larga introducción, podremos encontrar en esta obra una amplia serie de textos de Michels.
(8) Roberto Michels, Antologia di scritti sociologici, Il Mulino, Bologna, 1980.
(9) Las contribuciones a este coloquio fueron reunidas por G. B. Furiozzi en el libro Roberto Michels tra politica e sociologia, ETS, Pisa, 1985.
(10) Zeev Sternhell, Ni droite ni gauche, Seuil, Paris, 1983.
(11) Con respecto a la contribución de Michels a la “stasiología”, o la ciencia que estudia los partidos políticos, es conveniente consultar a G. Fernández de la Mora, La partitocracia, Instituto de Estudios Políticos, Madrid, 1977, páginas 31-42. Con respecto a la influencia de Michels sobre Ortega y Gasset, consúltese a I. Sánchez-Cámara, La teoría de la minoría selecta en el pensamiento de Ortega y Gasset, Madrid, 1986, páginas 124-128.
(12) Roberto Michels, Les partis
politiques…, op. cit.
(13) Ibidem.
(14) Ibidem.
(15) Ibidem.
(16) Ibidem.
(17) Ibidem.
(18) Carl Schmitt, Legalität und Legitimität (“Legalidad y Legitimidad”), Duncker & Humblot, Leipzig/München, 1932.
(19) Roberto Michels, op. cit.
(20) Ibidem.
(21) Ibidem.
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vendredi, 01 mars 2013
BHL veut mettre l'Algérie à feu et à sang
BHL veut mettre l'Algérie à feu et à sang
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BHL , conférencier à Marseille

BHL : vice-ministre de Sarkozy en Libye


Mezri Haddad : ancien ambassadeur de la Tunisie à l’UNESCO


Ahmed Bensaada
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Catherine Rouvier : « Pour obtenir un résultat politique, il faut une action politique. »
Catherine Rouvier :
« Pour obtenir un résultat politique, il faut une action politique. »
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Catherine Rouvier est docteur d’Etat en Droit public et en Sciences politiques de l’Université Paris II (Panthéon-Assas), ancienne élève de Sciences Po Paris et professeur à l’université de Paris XI (Orsay). Sa thèse d’histoire des idées politiques sur Gustave Le Bon, parue initialement en 1986 aux PUF avec une préface d’Edgar Faure et qui a reçu le prix Fabien de morale et de sociologie de l’Académie française, a permis de redécouvrir cet auteur qui fut le père de la psychologie collective et dont l’ouvrage Psychologie des foules, paru en 1895, connut un grand succès. Son ouvrage a été augmenté, enrichi et réédité en 2012 (avec une préface de Paul-Marie Coûteaux).
Bago : Bonjour Madame, qu’a pensé la spécialiste de la psychologie des foules que vous êtes des manifestations contre le « mariage pour tous » ?
Catherine Rouvier : Le déroulement de la manifestation ; la nature même des mots d’ordre et des chants ; la couleur rose apaisante et inoffensive des panneaux, des tee-shirts, des écharpes ; la scission des cortèges, venus de trois endroits différents, ce qui diluait l’effet de masse ; le caractère très lent de la marche, souvent stoppée par de longues minutes passées dans le froid, ce qui minimisait l’échauffement des corps mais aussi des esprits ; tout était fait pour que ne se produise pas de phénomène de foule, c’est-à-dire la fusion des individualités en un « moi collectif » animé d’une pensée commune, et parcouru de sentiments contagieux comme la colère ou l’enthousiasme. Or, seule la puissance invincible d’une véritable "foule" au sens psychosociologique du terme peut faire peur à un gouvernement jusqu’à le faire plier, comme ce fut le cas en 1984.
Bago : Que faudrait-il, le 24 mars, pour que les gentils manifestants se changent en foule ?
Catherine Rouvier : En priorité, il faut deux choses : des mots d’ordres et un chef.
Bago : Les mots d’ordres ne convenaient-ils pas ? [1]
Catherine Rouvier : Le message, pour générer l’action, doit être simple, clair, univoque. On ne peut pas faire dire à une foule qu’on souhaite mobiliser vraiment deux choses à la fois, surtout si elles sont presque exclusives l’une de l’autre. Sinon le message est brouillé, donc inefficace. Ainsi, en l’espèce, on ne pouvait pas, d’un côté, refuser d’appeler « mariage » la légalisation de la vie commune de deux hommes ou de deux femmes et refuser que cette union ait les mêmes conséquences que celle d’un homme et d’une femme ; et, d’un autre coté, reprendre à son compte le terme même qui justifie ces revendications : la lutte contre l’homophobie. Donc mettre sur les tracts appelant à manifester, sous le mot d’ordre principal, « manif’ pour tous » (qui était déjà un clin d’œil amical à l’appellation fallacieuse de « mariage pour tous » des adversaires - ce qui n’est pas très bon), un second mot d’ordre : « lutter contre l’homophobie », lequel brouillait le message.
Bago : Qu’en est-il du chef ?
Catherine Rouvier : Virginie Telenne, alias Frigide Barjot, s’est attirée à juste titre la sympathie et la reconnaissance des catholiques en soutenant le pape Benoît XVI dans les médias à une époque où ceux-ci ne faisaient que relayer les critiques de toutes sortes et les attaques les plus violentes contre le « pape allemand ». Mais elle l’a fait en utilisant le personnage de parodiste, forgé pour elle par son mari Basile de Koch alias Bruno Telenne (qui, lui, reste dans la dérision dans sa manifestation « le mariage pour personne » en marge de la manifestation officielle). Or, ce surnom a une connotation positive, puisqu’il évoque Brigitte Bardot, gloire nationale, très belle actrice, femme attachante, passionnée de la cause animale. Mais dans le même temps, il a la connotation péjorative à cause de deux adjectifs peu valorisants : « frigide » et « barjot ». Or le sujet est grave et comme le notait déjà La Bruyère : « Le caractère des Français demande du sérieux dans le souverain ». Un chef doit être « auréolé de prestige » , ce que la dérision exclut de facto. Il n’est pas là pour plaire, et il ne doit pas craindre d’être accusé de ne pas être « gentil ».
Bago : Pensez-vous à quelqu’un en particulier ?
Catherine Rouvier : Le chef peut être ressenti comme prestigieux à cause d’un titre, d’une fonction, ou d’un exploit passé qui l’a fait connaître et admirer. Mais aussi parce qu’il se sera déjà exprimé fermement sur le sujet. Par exemple, le Rabbin Berheim, ou un évêque, comme ceux de Toulon, de Bayonne, ou de Vannes. Cela pourrait aussi être Marine Le Pen. Elle a refusé de se prêter au « jeu » des précédentes manifestations, comprenant l’intérêt d’être dans le registre sérieux qui la caractérise, mais s’est exprimée fermement, aussi bien contre la récente exhibition des Femen à Notre Dame que contre le « mariage homo », déclarant clairement qu’elle abrogerait le texte sitôt arrivée au pouvoir. Dans les rangs du l’UMP, on nuance, on finasse. Jean-François Copé a manifesté, mais interviewé par les journalistes pendant la manifestation, il a dit que ce qui le gênait surtout, c’était la GPA et la PMA, plus que le texte lui-même : message non clair, là encore. Monsieur Guaino a fait un beau témoignage, émouvant, sur sa propre difficulté à avoir vécu une enfance sans père. Mais il a atténué considérablement l’effet produit en protestant lui aussi longuement contre l’« homophobie » comme s’il était accusé et non accusant. François Fillon a été le plus clair, parlant lui aussi d’abrogation, mais brièvement, dans une intervention liminaire au vote à l’Assemblée, non médiatisée. Quand aux centristes, entre ceux qui « se sont trompés de bouton » et « ceux qui étaient sortis au moment du vote » (zut, pas de chance, c’est déjà voté !), on ne les voit pas en leaders sur ce sujet !
Bago : Quelles sont les autres conditions du succès ?
Catherine Rouvier : Changer de style. Le souci de satisfaire une mode « festive » et son métier, le spectacle, ont conduit Frigide à organiser une sorte de parodie de gay pride avec chars, chants, musique disco et techno, « tubes » de l’été… La scène dressée sur le Champ-de-Mars évoquait un theâtre, une émission de télé-divertissement, pas un meeting politique. Seul le jeune Xavier Bongibault a eu un mot politique. Il a comparé Hollande à Hitler parce qu’il veut « enfermer les homos dans une définition dictée par leurs choix sexuels ». Mais pour cette remarque, à l’efficacité médiatique immédiate, il s’est fait tancer par Frigide, et s’est tout de suite excusé. Ce choix du festif et du non-politique n’est pas mobilisateur, car il maintient les manifestants dans le bien-être des retrouvailles de ceux-qui-pensent-comme-eux, et les bercent de la certitude fallacieuse d’une opinion largement répandue. Se réunir devient alors le but de la réunion. Par ailleurs, à cette foule qui attendait des mots d’ordre parce qu’elle avait reçu un choc - celui d’un projet de loi ouvrant le mariage à deux hommes entre eux ou à deux femmes entre elles - la réponse apportée par Frigide Barjot a été de dire que c’était pas vrai, qu’à un enfant il faut un papa et une maman, que les enfants naissent d’un homme et d’une femme. Et la foule a récité ou chanté cela un peu comme une litanie ou une comptine apaisante et auto-convaincante. Mais on ne lui a pas demandé (et on le lui a même interdit - les mots d’ordre et chants étant limités et imposés) de dire que ce n’est pas bien. Pour obtenir un résultat politique, il faut mener la foule vers une action politique.
Bago : Pensez-vous qu’il serait alors possible de transformer l’essai ?
Catherine Rouvier : Oui, mais à certaines conditions. La foule est « expectante », dit le Bon. Son attente dure-t-elle après cette marche impuissante à modifier le cours des choses ? Là est la vraie question. Le vote mardi dernier [12 février 2013, ndlr] de l’article 1 disposant : « le mariage est ouvert aux personnes de même sexe » a sans doute été un deuxième choc, d’autant plus que l’annonce en a été faite alors que des manifestations avaient lieu en même temps en province devant les préfectures. Alors oui, on peut en effet imaginer qu’une foule immense réunie à nouveau le 24 Mars, sans flons flons, en un immense ruban compact comme en 1984 - et non divisée en trois cortèges, avec des slogans, banderoles et chants non pas imposés par le rose bonbon mais décidés par des chefs d’établissements scolaires, des religieux, des paroissiens, des chefs de syndicats et de partis, qui défileront suivis de leurs adhérents ou ouailles, dans une gravité et une colère véritable contre la dénaturation de notre modèle sociétal. Ceux qui l’imposent pourraient faire changer le cours des choses.
Mais la « réactivation mémorielle » étant une condition de la mobilisation des foules, il faudra que les organisateurs produisent des témoignages, non comme ils l’ont fait jusqu’ici d’enfants heureux d’avoir été adoptés par des parents de sexe opposé (encore une fois là, on n’attaque pas, on oppose une affirmation à une autre) mais des témoignages poignants, révoltants, ceux de ces enfants malheureux parce qu’ignorant leurs origines après PMA et qui ont écrit leur douleur dans des livres, ceux de ces adultes élevés par deux femmes ou deux hommes et qui ont été dans l’incapacité de construire une vie affective et l’ont avoué récemment dans la presse, celui de l’effarant procès de cette femme aux Pays-Bas ayant vendu à trois couples l’enfant qu’elle portait, et des conséquences terribles pour le bébé « ballotté » d’un foyer à l’autre au rythme des décisions de justice. L’empathie est l’autre source du phénomène de foule.
Autre modification nécessaire : il ne faudra pas isoler par un « cordon sanitaire » les manifestants du reste de la rue comme çela a été fait le 13 janvier. Pour que la foule agisse, qu’elle remporte le combat qu’elle livre, il faut que la rue puisse la rejoindre, la suivre, s’y agréger, il faut que la rue réagisse. Pour et contre, pourquoi pas ? La manifestation de Civitas du 18 novembre a été portée à la connaissance du monde entier en moins de 2 heures par les médias à cause de l’attaque des Femen. Il ne s’agit pas de provoquer les incidents, mais il faut laisser les adversaires montrer ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent. La présence de la police doit suffire à éviter les débordements.
Enfin, la présence à cette manifestation du plus grand nombre d’étrangers présents en France, de croyants français non chrétiens - musulmans, voire confucéens - ainsi que des Français d’outre-mer résidant en métropole qui, comme Bruno Nestor Azerot, sont scandalisés par cette loi, est indispensable au succès de ce combat. Comme une majorité écrasante d’entre eux ont voté socialiste et que certains d’entre eux, les étrangers, seront appelés à voter très bientôt par le pouvoir en place, leur présence dans la manifestation interpellera plus sûrement les dirigeants que les gentilles mères de famille versaillaises qui - ils le savent bien - n’ont jamais voté et ne voteront jamais pour eux. Les contrarier, en effet, ne change rien à leurs chances de réélection !
Bago : Quel résultat peut-on attendre ?
Catherine Rouvier : Dans l’Histoire, les foules ont fait des révolutions, des coups d’Etat, mais aussi des obstructions au bon fonctionnement des institutions. Dans le cas présent, des milliers d’officiers municipaux sont opposés à ce projet. Devront-ils se démettre de leurs fonctions, renoncer à leur mandat parce qu’ils se seront mis en infraction en refusant d’appliquer cette loi et donc de « marier » des hommes entre eux ou des femmes entre elles ? Un joli but politique serait alors atteint pour l’actuelle majorité : démission garantie de tous les maires catholiques de droite, et des élus « réfractaires » de gauche ! Ne vaudrait-il pas mieux prendre les devants, et que les maires disent comme Mirabeau qu’ils sont dans leur mairie « par la volonté du peuple et qu’ils n’en sortiront que par la force des baïonnettes », mais qu’on ne les forcera pas à faire cet acte contraire à leur conscience ? Ce sont les communes, ne l’oublions pas, qui se sont insurgées contre le pouvoir excessif du roi et ont obtenu une « chambre » à elles en Angleterre dès le XIIIe siècle. De même, les associations familiales catholiques devront-elles changer de nom et d’objet social parce que la « famille », après le vote de la loi, devra obligatoirement comprendre les unions d’homosexuels et leurs désirs d’enfants ?
Des milliers de prêtres et de religieuses devront-ils tomber sous le coup de la loi, astreints à des amendes conséquentes pour avoir simplement dit ce que la religion qui est leur vocation et leur vie leur enjoint de dire sur ce sujet ? L’Eglise va-t-elle demain être mise hors-la-loi ? Aujourd’hui, elle n’a plus de chef, mais c’est justement cette situation - qui va attirer sur elle tous les projecteurs d’ici à fin mars - qui rendra d’autant plus visibles et d’autant plus efficaces les prises de positions et les actes posés par les évêques résolument opposés a ce projet.
Notes
[1] A ce sujet, nous ne saurions que trop vous conseiller cet article : http://www.lerougeetlenoir.org/les-controverses/que-fera-t-on-de-nos-pieds
00:06 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : france, actualité, europe, affaires européennes, politique internationale, entretien, catherine rouvier, sciences politiques, politologie, théorie politique | |
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Le bouclier anti-missiles de l’OTAN viole le droit international
Le bouclier anti-missiles de l’OTAN viole le droit international
par IALANA
(Association internationale de juristes opposés aux armes nucléaires, biologiques et chimiques)
Ex: http://www.horizons-et-debats.ch/
Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité des 1er et 2 février 2013, on a une nouvelle fois débattu – en partie de façon controversée – du bouclier anti-missiles.
La décision politique de principe prise en novembre 2010 au Sommet de l’OTAN de Lisbonne, de continuer à développer le programme de l'«Active Layered Theatre Ballistic Missiles Defense» (ALTBMD) – dont le but, qui était à son lancement en 2005 la protection des troupes armées en mission, est actuellement de faire en sorte que toutes les régions des Etats européens, membres de l’OTAN, et les Etats-Unis soient «protégées» contre les missiles balistiques – viole le droit international.
A l’aide de ce bouclier anti-missiles, l’OTAN veut, selon ses communiqués, s’opposer aux menaces potentielles qu’elle voit apparaître suite au développement de missiles balistiques par toujours plus d’Etats, notamment au Moyen-Orient. A l’aide de systèmes de radar et de missiles de défense, l’OTAN prévoit pouvoir détruire les missiles ennemis suffisamment tôt pour qu’ils ne puissent pas atteindre leurs cibles. Dans ce contexte, il s’agit pour l’OTAN de mettre en réseau les systèmes de défense existants des pays membres et de consolider et continuer à faire développer par les Etats-Unis avant tout leur système Aegis-BMD.
En tant qu’état-major pour la défense anti-missiles, intégrée dans la défense aérienne, on a choisi un centre de l’OTAN en Allemagne, le «Headquarter Allied Air Command Ramstein» (HQ AC Ramstein), qui est entré en activité en mai 2012 déjà et qui est, tout comme le haut commandement de l’OTAN, sous le commandement d’un général américain. En cas d’intervention, les alliés de l’OTAN ne pourront pas être consultés, car les quelques minutes entre le moment où l’on réalise une attaque réelle ou présumée et l’ordre donné pour le lancement d’un missile anti-missile ne suffiront pas. La défense anti-missiles de l’OTAN est intégrée dans le programme anti-missiles global des Etats-Unis (Ballistic Missile Defense Review Report, 2010), avec lequel ce pays tente de se rendre aussi «inattaquable» que possible, afin de garantir sa position de suprématie globale. Indépendamment de la question de savoir s’ils arrivent à réaliser leur vision d’«invulnérabilité», ils peuvent en tous cas augmenter leur capacité d’intervention dans le domaine non-nucléaire au niveau mondial. Cela pourrait avoir des conséquences déstabilisantes et dangereuses.
Bien qu’on ait jusqu’à présent présenté au public aucune analyse des dangers concrets, et bien que les tests des missiles anti-missiles n’ont donné que des taux de succès de 60 à 90%, l’OTAN a néanmoins décidé en 2011 de construire le système de défense anti-missiles en quatre étapes. Suite aux deux premières étapes qui dureront jusqu’en 2018, on prévoit pouvoir intercepter, avec des missiles SM3 Block-1 basés sur des navires ou au sol, des missiles balistiques perçus comme dangereux dans certaines régions européennes. A l’aide des deux dernières étapes, les nouveaux missiles anti-missiles SM3 Block-2 pourront êtres dirigés contre des missiles intercontinentaux pour protéger le territoire des Etats-Unis. Lors du Sommet de l’OTAN de Chicago en mai 2012, la première étape, comportant une installation américaine de radars au Sud-Est de la Turquie et des destroyers américains Aegis en Méditerranée, a été déclarée opérationnelle.
Le gouvernement russe qui n’a, à l’encontre de ce qui avait été dit précédemment, pas été associé d’égal à égal aux décisions, craint que le système de défense anti-missiles de l’OTAN soit installé notamment pour affaiblir ou même contourner les capacités dissuasives russes; en tout cas elle observe, nonobstant les démentis de l’OTAN, la mise sur pied de telles installations. En outre, l’OTAN refuse de donner à la Russie des garanties juridiquement valables et vérifiables que son système de défense anti-missiles ne sera pas dirigé contre les forces armées russes. La conséquence actuelle de cette situation est que le gouvernent russe conditionne l’inclusion de leurs armes nucléaires tactiques dans les mesures de contrôle des armements à un accord avec les Etats-Unis au sujet du système anti-missiles. Ainsi les urgentes mesures de contrôle des armements sont en stagnation.
Etant donné qu’en 2001 les Etats-Unis ont suspendu unilatéralement leur participation au Traité ABM («Anti-Ballistic Missile Treaty»), signé le 26 mai 1972 à Moscou, ils ne sont plus limités par ce traité et peuvent installer une défense anti-missiles de grande envergure. Le système de défense anti-missiles de l’OTAN n’est pourtant pas compatible avec les engagements juridiques émanant du Traité international sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) du 1er juillet 1968.
La mise sur pied d’un tel nouveau système contrevient, selon l’art. 6 du TNP, à l’engagement des parties au Traité «de poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, et sur un traité de désarmement général et complet sous un contrôle international strict et efficace». Cet engagement contraignant pour tous les Etats a été explicitement confirmé par la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye dans son expertise juridique du 8 juillet 1996, demandée par l’Assemblée générale de l’ONU. Ce verdict a été prononcé à l’unanimité.
La tentative des Etats-Unis et de l’OTAN, de mettre sur pied un nouveau système de défense anti-missiles a un effet déstabilisant et provoque des réactions dangereuses. En dépit de l’interdiction internationale selon art. 6 TNP, les adversaires potentiels réagiront aux nouveaux projets de défense anti-missiles de l’OTAN par le développement de propres systèmes d’armement nucléaire supplémentaires qui seront capables de l’emporter sur les nouveaux systèmes de l’OTAN. C’est ainsi que ceux-ci seront la cause pour une nouvelle spirale de réarmement nucléaire. Le gouvernement russe a déjà annoncé le perfectionnement de leurs armes nucléaires stratégiques et l’ont déjà confirmé par des tests actuels de lancement de missiles intercontinentaux. La Chine aussi va prendre des mesures préventives, si elle est d’avis que sa capacité de deuxième frappe est mise en question.
De cette manière, l’OTAN renforce le rôle des armes nucléaires dans les relations internationales. Cela contrevient fondamentalement à la règle du droit international d’omettre tout ce qui va à l’encontre du devoir de «poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires». Concernant leur défense anti-missiles, les Etats membres de l’OTAN ne peuvent pas non plus se référer au Traité de l’Atlantique Nord du 4 avril 1949. Car selon ce traité, la mission défensive ne peut être accomplie que dans les limites et les règles du droit international en vigueur, dont fait partie l’art. 6 TNP.
Le gouvernement fédéral allemand est lui aussi constitutionnellement contraint de se tenir au droit international (art. 20 al. 3, art. 25 Loi fondamentale) et d’omettre toutes activités qui vont à l’encontre de la cessation de la course aux armements nucléaires ou qui l’empêche objectivement. Il est ainsi juridiquement tenu de révoquer son approbation au système de défense anti-missiles de l’OTAN, de se retirer de toute planification future et de faire en sorte que le droit international obtienne gain de cause au sein des instances de l’OTAN. Il n’est pas acceptable que – uniquement suite à une décision gouvernementale et sans approbation par le Bundestag allemand – la centrale de l’état-major pour ce nouveau programme de missiles soit installée sur sol allemand. •
Source: www.ialana.de du 31/1/13
(Traduction Horizons et débats)
Pour de plus amples informations:
Bernd Hahnfeld, Reiner Braun,
info(at)ialana.de, +49 30 20 65 48 57
00:05 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Défense | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique internationale, europe, affaires européennes, défense, bouclier antimissiles, droit internationale, armes nucléaires, missiles | |
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